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LE MILIEU BIBLIQUE

AVANT JÉSUS-CHRIST

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CHARLES-F. JEAN

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MILIEU BIBLIQUE

AVANT JÉSUS-CHRIST

II

LA LITTÉIUTURE

QXWE

LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUÏHNER

13, RUE JACOB, VI«

PRÉFACE

Notre dessein, dans ce deuxième volume comme dans le pre- mier^ nest pas de faire ressortir des contrastes ni des harmonies entre les faits, les idées, les documents contenus dans la Bible et ceux que nous connaissons par d'autres voies. Nous nous sommes proposé uniquement de grouper un certain nombre de textes qui puissent aider le lecteur attentif à faire revivre le Milieu dans lequel a baigné, si nous pouvons risquer cette métaphore, le monde de la Bible, au cours de l'Histoire.

Par le mot Littérature nous entendons non pas seulement les Belles-Lettres mais, d'une manière plus générale, l'ensemble des écrits parus dans le Milieu Biblique avant Jésus-Christ.

Ceux de nos lecteurs qui, au moment ils ouvrent le présent volume, connaissent mal les textes archaïques seront probable- ment frappés par le nombre considérable de documents qui étaient déjà écrits et soigneusement conservés, soit aux pays de Shumer et d'Akkadsoit en Egypte, avant même qu'Abraham, ainsi que le rap- porte la tradition biblique, n'eût quitté Ur, sa patrie, pour passer à Kharran. Sur les bords du Bas-Euphrate, avant Hammurabi, ce sont des inscriptions historiques, des poèmes, des psaumes^ des documents Juridiques [Codes, minutes de jugements, contrats) etc.; dans la vallée du Nil, cest toute la littérature des Pyra- mides, d'une poésie et d'un réalisme primitifs, mais si puissants! puiSj des morceaux d'histoire, des compositions morales.

Si l'on essaie d'en faire la somme immédiatement avant l'époque m,osaïque, la masse des textes est plus impressionnante encore.

VI PRÉFACE

En ce temps-là, autant que nous pouvons en juger, les Hébreux ne possèdent guère que des traditions orales, peut-être quelques papiers de famille. Moïse nest pas encore né; et là-bas, au pays de S humer et d'Akkad, depuis des siècles des poèmes ont été composés qui rapportent les traditions locales sur les origines du cosmos, et de V humanité en particulier, sur le Déluge, etc.; le droit coutumier, condensé en des articles brefs, a pris corps dans des Codes de lois deux ou trois fois reformés déjà, et dont le der- nier en date [le plus étonnant par sa valeur relative et par ses deux-cent-quatre-vingt-deux articles) est le Code de Hammurabi; depuis des siècles, aucune transaction ne se fait qui ne soit con- signée par écrit en un style dont les formules Juridiques sont dès lors classiques ; la littérature épistolaire est particulièrement copieuse. En Egypte, le roman historique a été créé ; la litté- rature morale est abondante; des hymnes d'un beau lyrisme expriment les sentiments d'une piété que ne désavoueraient pas les fidèles des religions les plus spiritualistes, n était le poly- théisme c/ui les dépare et aussi, souvent, la magie.

Un autre fait ressort en haut relief : l'antiquité de V humanité. Vécriture hébraïque de nos Bibles est alphabétique : que de siècles n'a-t-il pas fallu pour aboutir à ce progrès énorme! Dans la Basse-Chaldée, à l'époque qui correspond aux temps mo- saïques, Vécriture a évolué lentement de la pictographie primi- tive au cunéiforme; les scribes, en des traits prestement enle- vés quelquefois, peuvent rédiger fort rapidement une quittance, une lettre ou même un contrat; ajoutons que dans un même texte cunéiforme, parfois même dans le texte le plus court, on emploie tantôt un signe qui exprime une idée, tantôt des signes dont chacun ne représente qu'une syllabe : ku, kush, g'\, gir, etc., tantôt plusieurs signes dont chacun perdant sa valeur ayllahique propre en reçoit une autre et exprime une seule idée, par ex. : ed {formé de DUL-f-Du) = alsu : sortir. En Egypte, k côté de Vécriture hiéroglyphique les scribes ont créé /hiéra- tique, ou plutôt ils y ont abouti par la déformation des hiéro- glyphes imposée par la nécessité : il a fallu bien du temps

PREFACE VII

pour aboutir à ce progrès. Et combien on est loin encore de l'alphabet!

Le progrès des langues est réel aussi, mais il est très lent.

A un autr'e point de vue, les textes nous montrent que, dès les temps les plus archaïques, les spéculations des écoles sacerdotales ou théologiques se sont exercées sur les données religieuses anté- rieures. Au fur et à mesure que la vie sédentaire succédait à la vie nomade, des agglomérations humaines, primitivement indé- pendantes, étaient amenées peu à peu, de gré ou de force, à reconnaître l'une d'elles comme capitale avec un chef « féodal ». Cette nécessité pratique de l'ordre politique suggéra l'idée d'une sorte de féodalité du Panthéon, et l'un des dieux fut considéré comme le premier de tous les autres. Autour de cette idée fonda- mentale furent élaborés des systèmes divers, déjà très compliqués dès les premiers jours des temps historiques. Et tout cela donne à penser combien est loin, dès ces hautes époques, le monothéisme primitif !

Signalons un autre fait, un double fait, bien connu d'ailleurs de tous ceux c/ui étudient tes vieilles littératures de l'Orient : le caractère religieux de la littérature babylonienne et assyrienne. Dès l'époque nous les rencontrons pour la première fois, vers 3000 av. J.-C, les textes cunéiformes, quel qu'en soit l'objet direct, sont tous religieux par quelque endroit : religieux les Codes, puisque c'est la Divinité qui en a dicté ou au moins inspiré les lois; religieux les plus vieux textes historiques, car ils ont sur- tout pour objet le récit de constructions ou de r-es tau rat ions de temples ou de sanctuaires ; reUg'ieuse la poésie épique qui explique théologiquement l'origine des choses et les grands mystères de la vie ; religieuse la poésie lyrique dont les chants sont presque exclusivement des Psaumes de Pénitence, des Lamentations, ou des Litanies en l'honneur des dieux; religieuse l'abondante litté- rature des « Voyants », puisqu'elle a pour but de scruter et d'exposer les desseins de la Divinité. Nous pourrions ajouter que les contrats les plus simples et même les banales quittances sont religieux au moins en ce sens qu'ils sont rédigés par des clercs, et

vin PREFACE

aussi parce que souvent, aux hautes époques, ils ont pour objet des (( entrées » et des « sorties » de quelque temple.

Cette littérature est religieuse à un autre point de vue encore, et ce fait apparaît surtout dans les textes historiques : Tout évé- nement, quand on en signale la cause^ est attribué directement à la Divinité : cest le dieu de Gudca qui donne au pa te-si, dans une vision, f ordre de lui bâtir un temple splendidc et qui lui en dessine le plan; cest son dieu qui inspire au roi, quel quen soit le nom, de faire la guerre, et cest lui qui remporte la victoire ; aussi, pour rendre gloire à ce dieu raconte-t-on ses triomphes, en omettant pieusement les défaites. Les récits nous montrent le dieu marchant lui-même à la tête des armées, la déesse Ishtar apparaissant dans le ciel, au moment du danger, et ranimant le courage des soldats. C'est pour obéir fidèlement à son dieu que le roi punit ses ennemis, ces pécheurs qui ne vou- laient pas se soumettre au dieu dont lui, le roi, nest que le vicaire. Dévotement, les i^ois d'Assyrie font subir aux vaincus les pires mutilations : « J'ai coupé leurs membres, dira Ashurbani- « pal, l'ami des lettres; je les ai fait manger par des chiens, des « bêtes fauves, des oiseaux de proie, des animaux du ciel et de la « terre. En accomplissant ces choses, j'ai réjoui le cœur des « grands dieux, mes seigneurs ». Le dieu intervient même pour les plus petites choses. Tiglath-Pileser tue « quatre bœufs sau- vages » parce que les dieux hi-urta et Nergal « ont mis entre ses mains leiirs puissantes armes et leurs arcs augustes ». En mille circonstances, on consulte la Divinité soit directement soit par l'intermédiaire des « Voyants » et l'on note ses réponses. On dirait que la Divinité inspire tout, dirige tout, exécute tout directement. Ce caractère religieux, que nous pourrions appeler théocratique, se retrouve, à des degrés divers, dans les autres littératures du Milieu biblique, depuis le pays des Hittites jus- qu'à la Hante Egypte, en passant par le pays de Canaan.

Les différences peuvent d'ailleurs être fort grandes en raison de la diversité des lieux, du temps, de toute i évolution historique; on peut les comparer mais les compare/' seulement aux

PREFACE IX

différences qui existent entre les littératures française, italienne, espagnole, portugaise, roumaine qui se rattachent, elles aussi, à une souche commune : la littérature latine.

Tel de nos lecteurs pourrait bien s'intéresser plus particulière- ment à l'étude de la poésie lyrique et des psaumes shumériens dont le parallélisme, une dizaine de siècles avant la fondation de la royauté israélile, est à peu près tel qu^on le retrouvera dans les psaumes davidiques. Dans cette poésie, comme dans celle de l'Egypte, il y a des sentiments religieux exprimés d'une manière qui ferait aisément songer à plus d'une prière biblique.

D'autres lecteurs prêteront peut-être une spéciale attention à la manière dont les Orientaux écrivaient l'histoire.

Les caractères communs aux littératures des Babyloniens, des Assyriens, des Moabites, des Araméens, des Phéniciens, dans la mesure le petit nombre de textes de ces trois derniers peuples permet de les constater, s'expliquent aisément, en principe, puis- que toutes ces littératures sont sémitiques, se rattachent par con- séquent à une même souche dans le sens des langues se rat- tachent à une même souche et supposent une tournure d'es- prit et un fond d'idées communs. En outre, il est incontestable que la littérature shuméro-akkadienne avec toute la civilisation dont elle fut à la fois un élément et un instrument régna exclu- sivement, à l'origine, et, plus tard, exerça une influence plus ou moins profonde, suivant les époques, sur toutes les autres littéra- tures, depuis les côtes de la Méditerranée jusqu'au golfe Per- sique.

Extraordinairement fertile, et donc se suffisant à elle-même, la Vallée du Nil était, par surcroît très étroite et isolée du reste du monde par les sables du désert : la littérature des Egyptiens, comme toute leur civilisation y prit naissance et s'y développa, durant les siècles, comme en un vase clos. Sans abandonner jamais entièrement leur écriture pictographique ou hiéroglyphique, que les Shumériens avaient pratiquée, eux aussi, à l'origine, les lettrés égyptiens ne s'arrêtèrent pas à l'étape intermédiaire que repré-

X PRÉFACE

sentent les cunéiformes assy ro-haby Ioniens \ ils aboutirent à une graphie vraiment cursive, la démotique. La langue égyptienne quoi que Von puisse penser de ses ressemblances morpholo- giques avec le sémitique évolua d'une manière indépendante. Quant à la littérature, dont les documents sont extrêmement nombreux, elle est bien moins variée que celle des Assyro-baby- loniens, ou celle des Grecs : une masse de textes funéraires repro- duit, à travers les siècles, à peu près les mêmes idées religieuses et morales. On ne peut signaler, antérieurement à l'époque grecque, aucune influence vraiment importante des autres lifté- ratures sur celle de l'Egypte. Dans le contenu de celle-ci dans sa théologie par exemple et dans sa conception du cosmos et de Voingine des choses il y a bien quelques idées fondamentales semblables à celles des autres peuples c/ui nous intéressent, mais ce n'est point par des emprunts datant des âges historiques que Ion peut songer à les expliquer ces idées communes représen- tent d'ailleurs un fond assez mince; la manière et les détails sont tout égyptiens.

Les Sé/Jiites ont tenté de mettre de l'ordre dans les données de leurs traditions religieuses; les Egyptiens l'ont tenté aussi, mais il y a dans leur logique quelque chose qui nous déconcerte, non seulement à l'époque des Pyramides, mais même à l'âge d'or de la pensée et de la littérature.

Les Shuméricns, les Babyloniens, les Hittites, les Assyriens ont éprouvé et réalisé le besoin de ramener à des règles très nettes ce qu'ils considéraient comme le Droit. Or, il n'existe aucun code de lois dans la masse des textes égyptiens actuellement connus.

La civilisation préhellénique était brillante, dès le S^ millé- naire, dans le bassin de la mer Egée. La littérature grecque, au contraire, ne commence pour nous qu'au AY* s. av. J.-C, mais elle commence par des chefs-d'œuvre : /'Iliade, /'Odysée ; puis, au Villes., les Travaux d'Hésiode, trilogie admirable qui met sous nos yeux toute la vie de ce temps, sous ses trois aspects prin- cipaux : la guerre avec ses péripéties, les aventures de mer, l'agri- culture. A la suite de tâtonnements, que l'on ne peut étudier

PREFACE xf

faute de documents, s'était dégagée de la langue usuelle la plus belle langue poétique, exprimant non seulement une très grande variété de sentiments mais encore leurs nuances et, déjà, bon nombre d'idées plus ou moins abstraites. Bien de pareil en aucun autre pays biblique. La formation de grosses agglomérations urbaines, la lutte des partis, les grandes entreprises commer- ciales aux VII^ et V/® s., stimulèrent le progrès général de la pensée. Le V^ s. et Athènes furent le moment et la ville privilé- giés où la fidélité à la tradition et l'esprit d'innovation parurent se faire h peu près équilibre et réalisèrent, en s'associant, la plus heureuse harmonie : c'est la période classique de la Littérature grecque. Le IV'' s. continua le siècle précédent dans les œuvres historiques, dramatiques et oratoires; mais la pensée spéculative réalisa des progrès remarquables : deux noms en résument l'his- toire, ceux de Platon et d'Aristote.

A la suite des conquêtes d'Alexandre, les peuples de l'Orient apprirent à parler grec et se rendirent ainsi aptes à s'imprégner des idées et des sentiments de la Grèce. Tout ce que le génie hellé- nique avait produit dans l'ordre intellectuel devint le patrimoine commun de l'humanité civilisée. Les esprits vigoureux se tour- nèrent alors vers la philosophie. Les uns perpétuaient les écoles de Platon, d'Aristote et de Pgthagore ; d'autres proposèrent à leurs contemporains des doctrines résumées en ces deux mots : Stoïcisme, Epicurisme, et constituant un des éléments les plus vivaces de la civilisation hellénistique. Il faut ajouter enfin ces trois tendances : scepticisme, éclectisme et mysticisme qui proposèrent aussi cer- taines idées nouvelles. Il n'était pas possible que les Juifs, surtout ceux de la Dispersion, n'eussent pas à se prononcer, un jour ou Vautre, soit en principe soit en pratique sur ces idées pour les accepter, pour les combattre ou pour y adapter si possible leur propre doctrine. A ce point de vue, l'étude de la littérature de cette époque est nécessaire. Elle est nécessaire aussi à quiconque voudrait essayer de connaître les principales idées que les maîtres^ les livres ou Tair ambiant pouvaient suggérer à un juif intelli- gent à la veille du jour parut Jésus de Nazareth.

xii PREFACE

Dans ce ^^ volume, comme dans le /"", nous employons les termes Mésopotamie, Haute-Mésopotamie, Basse-Mésopotamie au sens étymologique de pays situé entre les deux fleuves du Tigre et de VEuphrate, au Nord ou au Sud suivant le cas.

Dans tous les mots orientaux [noms propres ou noms com- muns) le w et Tu doivent être prononcés ou.

Le *\é(/j/ptien est le plus souvent transcrit par i ou j; quel- que/ois cependant nous avons cru mieux faire de ne pas modi- fier la transcription courante a [qui devrait être pointe.)

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SAI = B. Meissner, Seltene assyrische . Idéogramme. In-4. Leipzig, 1910.

SAK = Charles-F. Jean, Sumer et Akkad. Contribution à riiistoire de la Civilisation dans la Basse Mésopotamie. In-8. Paris, 1922.

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SBII =: George Reisner. Sumerische-babylonischellymnen. Berlin, 1896.

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V. Scheil, Mémoires. Voir Délég. (5 volumes de textes élamites-sémitiques, avec la collaboration de J. Et. Gautier pour le t. IV, et de L. Le- GRAiN, pour le t. V; et 4 volumes de textes élamites-anzanites).

V. Scheil, Le j)risme S (VAsaraddon. Iu-8. Paris, 1914.

V. Scheil, Becueil de Lois assyriennes. In-8. Paris. 1921.

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BIBLIOGRAPHIE ET ABRÉVIATIONS xix

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K. Sethe, Vrkunden der 18 Dynastie. In-4. Leipzig, 1903, s.

Streck, Ashurhanipal. =z Maximil. Streck. Ashurbanipal und die letzien assyrischen liônige bis zu Untergange Ninivelis. In-8. Leipzig, 1916.

Sp = Colleclion Spartoli.

TSA = H. de Genouillac, Tablettes sumériennes archaïques. In-4. Paris,

1909. \V. Spiegelbehg, Koptisches IJandworterbuch. Texte, élam. séni. Voir Sciieil, Mémoire». T.-D. =Thuheau-Dangin, Lettres el contrats de Vépoque de la première

dynastie babylonienne. In-4. Paris, 1910. Thompson, Devils = R. C Thompson, The Devils and evil Spirits of Baby-

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TR P. Dhorme, Choix de Textes religieux assyro-babyloniens. In-8. Paris, 1907.

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A. Ungnad, Keilschriftlexte der Gesetze Hammurabi. In-foL Leipzig, 1909.

Ph. ViREY, Études sur le Papyrus Prisse. In-8. Paris, 1887.

Ch. Virolleaud, L'Astrologie chaldéenne.Gv. in-8. Paris, 1907-1912.

Ch. Virolleaud, Shamash (dans L'Astrologie chaldéenne. De même pour Sin, Ishtar, etc.)

J. ViTEAU, Les Psaumes de Salomon. In-8. Paris, 1911.

VS = Vordersasialische Schriftdenkmaeler der Koeniglichen Museen zu Ber- lin. In-4. Leipzig, 1907, suiv.

WDOG. Wissenschaftliche Veroffenllichung der deutschen Orient-Gesell- schaft. In-fol. Leipzig.

F. Weber, Jûdische Théologie auf Grund des Talmud und verwandter

Schriften. In-8. Leipzig, aufl. 1896. Weisbach-Bang, Altpers. Keil. = F. H. Weisbach, Die altpersischen Kci- linschriften [in Gemein. mit W. Rang). In-8. Leipzig, 1893-1908.

H. Zimmern, Ishtar und Saltu. Leipzig, 1916. ZiMMERN, Shurpu = l'ouvrage indiqué Rit-taf. Nous ne menlionnons pas spécialement les auteurs grecs ou latins, tels

XX BIBLIOGRAPHIE ET ABRÉVIATIONS

que Arrien, Diodore de Sic, Josèphe, Justin, Philon, Pline, Ptoléniée^. Q.-Curce, Xénophon, etc.

Quant au texte bibli({uc, nous suivons l'éd. Kittel, pour TM et l'éd. Barclay-Swete pour I-XX.

REVUES ET PÉRIODIQUES

BA = Beilriige ziir Aasyriolugie. Leipzig.

B.ihyloniaca, Études de philolotjie assyro-bahylonienncs. Paris. GIS = Cor/ius inscriptiunum semiticarum. In-fol. Paris. Compte renc/u.s de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Paris. Éludes. Revue fondée en 185G par des Pères de la Compagnie de Jésus. Paris.

Journal Asiatique. Paris.

JAOS =z Journal of the American Oriental Society. New Haven, Yale.

JBL. Journal of Biblical Literalure.

JEAzr The Journal of egyptian Archaeology. In-4. London.

MOG = Mitteilungen der Deutsch. Orient-Gesellschaft. Berlin.

OLZ = Orientalistische Literaturzeitung. Leipzig.

PEF = Palestina Exploration Fund. London.

PSBA, Proceedings of the Society of biblical archaeology. London.

RA = Revue d'Assyriologie et d'archéologie orientales. Paris.

Rech. se. relig. =: Recherches de science religieuse. Paris.

Revue archéologique. Paris.

Revue égyptologique. Paris.

RB = Revue biblique. Paris.

Revue critique. Paris.

Revue égyptologique. Paris.

Revue de illistoire des Religions. Paris.

RT = Recueil de travaux relatifs à la philologie et;) l'archéologie égyptiennes

et assyriennes. Paris. TSBA = Transactions of the Society of Biblical Archaeology. ZA =: Zeitschrift fur Assyriologie. Strassburg.

ZA = Zeitschrift fur ugyplische Sprache und Altcrtumslainde. Leipzig. -ZK Zeitschrift fi'ir ACihchriflforschung. Liopzig.

TABLE DES MATIÈRES

II LA LITTÉRATURE

CHAPITRE PREMIER. AVANT LES TEMPS MOSAÏQUES

Article premier. En Basse Mésopotamie 2

A. Aux TEMPS Shuméro-Akkadiens 4

a) Historiograph ie 5

1 . Enlemena 6

Les rois ou palesi agents des dieux 6

2. Ur-Ninâ 8

3. Urukagina 9

. La ruine de Lagash 10

4. Gudea 11

Construction du temple Ê-ninnu 12

Prière du palesi, au temple 14

Explication du songe de Gudea 17

5. Aux temps d'Ur.

Dédicace d'un édicule 21

b) Genre poétique 21

1. Poésie épique 24

Le Juste souffrant ... 24

La tablette en-e-ba-âm, poème dit « du Paradis, du

Déluge et de la Chute 24

Le Déluge d'après la recension de Nippur 33

Mythe d'Etana 35

2. Poésie lyrique 36

Psaume à Enlil 40

Hymne à Enlil 41

A Enlil 42

A la déesse Mama 44

xxii TABLE DES MATIÈRES

c) Littérature juridique

Code de lois 4G

Minute de jugement, en shumérien 47

Répudiation avant consommation du mariage 48

Rupture de fiançailles 48

d) Littérature des « Voyants )> 49

Hépatoscopie 51

B. Période uAMMi'nABiENNE 53

a) Littérature juridique.

1 . Le Code de Hammurabi 54

2. Des Contrats 64

Contrats de mariage et de divorce 65

Adoption 66

Prêt à intérêt 68

Bail de culture 68

Location 69

Sociétés commerciales 71

Héritages 72

Droit d'aînesse 74

Dons faits aux dieux 75

3. Acte de procédure 75

4. Un jugement sous Ammiditana 77

b) Poésie 79

1 . Poésie épique 81

Poème de la Création 81

Le Déluge : Fragment Scheil 94

Epopée de Gilgamesh 95

Tablette de Pennsylvanie 95

Fragment Meissner 99

Poème d'Agushaya 101

2. Poésie lyrique 105

Gloire au dieu Marduk 105

c) Littérature des « Voyants » 107

d) Histoire 109

Hammurabi.

Travaux exécutés à Sippar 10!)

Érection d'un temple à Larsa 110

Samsu-iluna 110

e) Genre épistolaire 112

Article u. En Egypte.

A. Sous i.Ancien Empire 115

a) Les Textes des Pyramides 117

Hymne au soleil H'a 118

Prière « R'a 1 20

TABLE DES MATIERES xxiii

Dans l'au-delà : la participation du roi aux propriétés

divines 1*^

jb) Le Livre des Morts 123

c) Littérature historique 124

La Pierre de Palerme 124

Autobiographie d'Herkbuf 126

La carrière du fonctionnaire Uni 527

d) Littérature morale 127

Un « juste » de la V^ dynastie 127

B. Sous LE Moyen Empire > - 128

a) Campagne de Sesostris en Canaan 129

b) Littérature populaire : Contes ou Romans 129

Romans historiques 130

Khufui et les Magiciens 131

Mémoires de Sinuhe l^''

c) Genre prophétique 1**^

« Prophéties » de Nefer-rohu 145

« Admonitions » d'un sage 1^9

d) Poésie lyrique 1^1

Hymne à Osiris 151

Hymne au Nil 153

Le chant du Harpiste 15o

e) Poème satirique : les gens de métier 158

f) Littérature morale.

Préceptes de Ptah-hotep 1^

Instruction du roi Akhtoï k son fils 164

Préceptes d'Amenhemhat 168

CHAPITEE II. DEPUIS LES TEMPS MOSAÏQUES JUSQU'A LA CHUTE DES ROYAUMES D'ISRAÈL ET DE JUDA

1 71

Article premier. En Ganâân ^ * *

Littérature énistolaire : les Lettres d'El-Amarna 171

172

1. Lettres de Canaan *'*

Milkili au roi.

173

Labaia au roi

Correspondance privée 1 *"

Akhi-Iami à Ishtar-washshur 176

" 177

Amankhashir au même ^ "

2- Lettres de pays voisins de Canaan. 1''

Chypre : le roi de Chypre au roi d'Egypte 177

Mitanni : Tushralta à Amenophis III 179

Article ii. Cher les Hittites ^^^

1. Le Code hittite ^^^

XXIV TABLE DES MATIÈRES

Les articles du Code 188

2. Traité de paix et d'alliance entre Khattusil, roi des Hit- tites, et Ramsès II 200

Article m. En Babylonie.

A. Sous LES ROIS CASSITES 204

a) Kudurrus 205

Kudurru de l'époque de Marduk-apaliddin (1129-1117). 206

Acte de donation au profit du dieu Marduk 209

b) Poésie épique 210

1. Mythe d'Adapa 210

2. Mythe de Nergal et Ereshkigal 212

c) Poésie lyrique 214

(/) Lettres 214

B. Au TEMPS DES Assyriens 215

Bibliothèque d'Ashurbanipal 216

a) Recueil de lois 219

b) Poésie épique.

Légende du ver du mal de dents 231

Poème de Gilgamesh 232

Le Déluge 239

Mythe sur lenfer : Descente d'Ishtar aux enfers 243

Mythe d'Etana 245

Le juste souffrant 247

Stèle cultuelle 252

c) Poésie lyrique.

Lamentations et Psaumes de Pénitence 257

Lamentations er-silv-ku-mal 258

Au dieu Shamash 260

Prières de la main levée 261

A Inurla 262

A Bau 263

A Ishtar 264

Au dieu Tsalbat-Anu 265

d) Littérature des <( Voyants » ' 266

Oracles 267

On consulte le dieu Shamash, à Ninive 268

Asaraddon vaincra les Gimirrai et les Kharkha-

réens 269

Phénomènes célestes 270

Rapports officiels des Voyants 271

Présages tirés des animaux 275

Présages tirés des naissances 277

Autres présages 279

Les Incantations 280

TABLE DES MATIÈRES xxv

Contre diverses maladies 281

Contre les sorciers 282

Contre les mauvais esprits 282

Prière d'Ashurbanipal 283

lacautations shurpu et maqlû 284

e) Genre historique 286

1. Tukulti-Inurta.

Extrait de l'Itinéraire de sa 6" campagne 692

2. Stèle de Bêl-kharran-bel-utsur 293

Sargon.

Extraits de sa 8'^ campagne :

a) A travers les montagnes 295

b) Expédition contre Metatti, etc 296

Salmanazar II.

Campagne contre Khazaèl de Damas 301

Sennachérib 301

Campagne contre Ezéchias 302

Asaraddon 304

Titres du roi 304

Avènement et guerre civile 305

Evénements d'Arabie 305

Dédicace d'une chapelle à Nanâ 306

Ashurbanipal 308

Ruine de Thèbes d'Egypte 308

Vingt-deux rois lui rendent hommage 308

Ambassade du roi de Lydie, Gygès 309

/") Genre épistolaire 310

Adad-shum-utsur (félicité inessianiquel) 311

Guérison d'un malade 311

Bel : envoi d'un agent diplomatique au pavs d'Ara-

rat {Urarlu) ." 312

Une femme, à la mère du roi 313

g) Textes funéraires de Suse 313

Article iv. En Egypte.

Sous le Nouvel Empire et la première période Saïte 315

La Renaissance sous les XVIII^, XIX'= et XX* dynasties (Nouvel Empire Ihébain.)

A, Histoire et légendes

a) L'histoire 317

Inscription d'Aahmè« 318

Poème de Pentaur (Bataille de Qodshu) 321

Des Asiatiques descendent en Egypte 325

Une tribu d'Édom en Egypte 32.")

XXVI TABLE DES MATIÈRES

b) Les Légendes divines 326

Destruction des hommes par les dieux et origine des

sacrifices 326

R'a et Isis 331

B. Le Livre des Morts 335

Protestation d'innocence 338

Prières 340

Pour préserver la momie 341

Pour le pardon des péchés 342

Litanies d'Osiris 343

C. Poésie lyrique 345

1. Hymne triomphal au soleil 346

2. Hymnes à Amon 349

A Amon R'a 349

Gloire d'Amon 352

Amon magicien, médecin, bienfaiteur 352

Attributs d'Amon R'a 353

La triade 353

3. Chants d'amour 354

D. Littérature gnomique.

Maximes du scribe Ani 355

E. Les Romans historiques 359

Prise de Joppé par Thwtîyi 359

Voyage d'un Egyptien (Wn-^mon) sur la côte cananéo-phé-

nicienne 363

Le prince prédestiné 370

Roman des deux frères 375

Période Saïte 380

CHAPITRE III. DEPUIS LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE JUSQU A JÉSUS-CHRIST

Article premier. En Assyro-Babylonie.

A. Pour la Science 382

Sur la copie d'un vocabulaire 383

Sur une autre copie 383

B. Rituels

Extrait d'un rituel du kalù 384

Pour couvrir do sa peau la timbale sacrée 384

Les fêtes du second nouvel an à Érek 387

C. Littérature historique.

Nabopolassar :

Reconstruction du temple d'In-urta 390

Nabuchodonosor II :

Travaux d'embellissement 391

TABLE DES MATIÈRES xxvir

Reconstruction des temples 393

Nabonide :

a) Construction d'un temple à Shamash 393

b) Nabonide reçoit une révélation divine relative à Cyrus 395

c) Destruction de Babylone en 689 396

d) Destruction de Ninive 396

Cyrus le Grand.

Envoyé du dieu de Babylone et libérateur de la ville

sainte 397

Les dix rois préhistoriques 399

D. Littérature poétique

a) Poésie lyrique 401

Mode de composition 403

b) Poème en babylonien.

Le Juste souffrant 406

Article ii. En Egypte.

Le Livre des Morts h Vépoque gréco-romaine 407

1. Livre des Respirations 408

2. Le Livre de traverser l'éternité 409

3. Lamentations d'Isis et de Nephthys 410

Évocation d'Isis 411

Évocation de Nephtiiys 412

Invocations d'Isis 412

Morceaux divers.

Récit de la Création 413

État d'âme d'un sceptique 415

Article m. Littérature moabite 416

Inscription du roi Mesa 417

Article iv, Littérature araméenne 421

Les papyrus d'Éléphantine 422

Lettres relatives au temple juif d'Éléphantine 424

Histoire et sagesse d'Akhiqar l'assyrien 427

Inscription de Hadad 430

Panammu 432

Sin-zir-ban 434

Madaba 435

Palmyre 436

Article v. Littérature phénicienne 438

Inscription d'Eshmunazar 439

Tabnit 441

xxviii TABLE DES MATIÈRES

Tarif sacré 441

Les comptes de Citium 443

Un autel à la déesse 'Aiialli 443

Un portique à Ashera-Astarte 444

Inscription de Malte 444

Inscription de Siloé 445

A RTicLE VI. Littérature grecque 445

1. Pendant VExil des Hébreux.

a) Platon 448

Dieu a fait le monde par donté 449

La Providence de Dieu 450

Les 6aîiJ.ov£ç intermédiaires entre Dieu et les hommes.. 450

L'ame et l'au-delà 451

La contemplation du beau 453

Les quatre vertus cardinales 455

6) Aristote 455

Dieu 456

Le bonheur et la vertu 463

2. Après Alexandre le Grand 466

a) Stoïciens 467

Le monde 468

Dieu 469

Hymne de Cléanthe a Jupiter 470

b) Épicuriens 472

Le fondement de la vertu 472

Le sage 473

Maximes 474

Article vu. Littérature extra-biblique des Juifs, depuis le IIP siècle jusqu'au I"^ siècle avant Jésus-Christ.

A. LlTTÉHATURE DE LA DISPERSION 476

Littérature alexandrine.

1. Histoire apologétique 478

a) III^ Livre des Machabées 479

b) IIP Livre d'Esdras 481

2. Philosophie apologétique 482

a) Les Oracles sibyllins 484

b) Les Poètes interpolés 485

c) Lettres a [)ocryphes 486

Lettre du Pseudo-Aristée 486

3. Œuvres scripturaires.

La version greccjue des Livres Saints ou les LXX. 488

Lettre sur le sens allégorique 'i9lt

Fragments d'Aristobule 490

TABLE DES MATIÈRES xxix

4. Les œuvres de Philon 491

B. Littérature palestinienne.

1. Littérature apocalyptique 495

Le Livre d'Henoch 499

Le Testament des douze Patriarches 507

L'Assomption de Moïse 508

Apocalypse d'Abraham 51 1

2. Littérature lyrique.

Psaumes de Salomon 511

3. Littérature rabbinique 521

Le Livre des Jubilés ou Petite Genèse 522

Mishna 524

Les Midrash 525

La Tosephta 526

APPENDICES

I. La CARmÈRE DU FONCTIONNAIRE UnI 527

II. Les noms des mois.

a) En Egypte 530

b) En Babylonie et en Assyrie 530

III. Calendrier Israélite agricole de Gezer 533

INDEX-LEXIQUE 535

LISTE DE MOTS :

shumériens 605

akkadiens 607

hébreux 612

arabes 612

moabites 612

araméens 613

phéniciens 613

égyptiens 613

coptes 614

grecs 614

CITATIONS DE LA BIBLE 615

CORRIGENDA

Page :

XII

8

19

24

33 130 142 149 104 205 216 220 221 245 252 276 290 319 364 383 418 420 427 483 484 273 p. 90, p. 336, lienpet.

ligne : lire :

9 pointé

1 Laçash 6 p. 37

21 Paradis, du

45 Nin-ka-utiul

12 Sinwhe

3 accusé de réception

2 composition du

19 MERIKARÉ

4 galets

17 et 19 Ashurbanipal

27 versé

9 tlrkhaiu

9 et 11 Namtaru

4 Ashur-natsir-apal 23 extension

21 Biruatti

5 An-kab n. 2 Byblos

n. 2 ci-dessous

n. lu Qirialhaym

2 Ex.

1 snaio

Jérusalem Sibylle, Hécatée

n. n. 11 15 8 10-p

au lieu de : pointe Lasgash p. 35

Paradis ou du Nin-kha-utud Sinh-vve

rédaction du

MEBIKERÉ

godets

Asliurpanipal

versée

tirkatn

Namturu

A shur-nasir-apal

extention

Birnatli

An-hab

Babylos

ci-dessus

Qiriat-haym

Ez.

Jérusulem Sibylle Hécatée

Oa peut lire Irashshi-ilu au lieu de Rashi-ilu 1. 10-p. 92, 1. 3 sont à reporter à la page 93, VI.

, 1. 5 : lire XVIII* au lien de XIX". ^Cf. L. Si-eleers, Le papyrus de Xe/'er Gr. in-8, Bruxelles, 1917.)

p. IX, 1. 31. On pense bien que nous n'avons pas entendu trancher, en quelques lignes, la question si complexe des influences, et notre métaphore comme en un vase clos ») ne veut pas aiïirmer l'indépendance absolue de la civilisation égyp- tienne. (Sur cette question des influences, on pourra lire A. Wiedeman.v, Das aile Aegypten, 47-49; J. Capart, Les oriçiines de la civilisation égyptienne, p. 31; G. BÉNÉDiTE, Compte rendus Acad. Inscr. et Bell. Leltr., 1919, 414-418; G. Jb- oi-iER, llist. de la civilis. égypt., 94-95.)

On constatera, dans le présent volume, comme on a pu le remarquer dans le premier, que nous évitons à dessein de nous prononcer d'une manière ferme sur la chronologie des hautes époques. La tendance actuelle la plus générale est de se rallier à la chronologie courte. ((Vcst donc au cours du 4* millénaire seule- ment que serait née la culture pharaonique.) Néanmoins, des savants connus conservent la chronologie longue : parce que d'après eux elle est requise par le développement de la civilisation orientale; 2" parce que la chronologie courte exige, sans raison sulTlsaute, cpie l'on fasse chevaucher les dynasties les unes sur h.'S autres. (Voir, sur ce point, l'opinion de J. de Mohoan, dans son livre récent : Llfonime préhistori([ue, in-S. Paris, 1921, p. 107.)

LE MILIEU BIBLIQUE

AVANT JÉSUS-CHRIST

LA LITTÉRATURE

CHAPITRE PREMH^R AVANT LES TEMPS MOSAÏQUES

Sur quel point du globe parut le premier couple humain? Combien de siècles dura la vie préliistorique de l'humanité? L'état actuel de nos connaissances ne nous permet pas de répondre à ces questions. Mais il est incontestable qu'au moment commence l'Histoire, depuis les bords duNil jus- qu'au lointain Elam, nous nous trouvons en présence d'une civilisation vieille de longs siècles, civilisation encore primi- tive en Canaan, vers le milieu du troisième millénaire avant J.-C, mais très brillante en Basse Mésopotamie et dans le bassin de la mer Egée, prodigieuse en Egypte.

L'agriculture, le commerce, la littérature se développent en pays shuméro-akkadien, surtout à partir du moment Hammurabi a cimenté par un Code unique de lois l'unité politique et religieuse qu'il a réalisée en ses Etats.

Dans la vallée du Nil comme en celle du Tigre et de TEu- phrate, la religion, dès que nous pouvons constater ses premières manifestations, pénètre la vie tout entière; elle anime tous les actes, elle inspire toute la littérature.

1

LA LITTKHATUHE

El ce sont ces vieux temps qui représentent le cérituhle « âge (lor » de la lil/é/'Hlure, en Babylonie aussi bien qu"en Egypte.

AHTICI.E HKKMIEK

En Basse Mésopotamie.

Le penpie assyro-babylonien est peut-être le seul au monde qui, au cours dune si longue histoire et malgré une activité littéraire très intense, ne nous ait fait connaître presque' aucun nom d'auteur- : Ce fait semble indiquer qu'on n'écrivait pas dans un but artistique, pour exprimer en des formes noiivelles des pensées neuves; Vefforl princi- pal sinon, exclusif consistait à conserver les souvenirs de l'antiquité' : Toute œuvre nouvelle ne sera donc que la répétition^ la réédition des idées traditionnelles sur le monde ou sur la. vie, ou bien leur adaption aux besoins du

1. Nous disions presque, car V Hymne h Tainmuz (CT XV, PI. 20-21 1 el le Psaume sur la ruine de Lagasli [ibid., PI. 22) sont signés DiiKjir-adda- mu; un autre aussi, en l'honneur de Ramman {Ihid. PI. 15) paraît être signé " ....pa-a » ; de même le Poème d'AgushaxjR si Ilammurabi en est réellement l'auteur, et non pas seulement l'inspirateur. Cf. infrn.

2. Ce fait peut nous j)ariiître regrettable. Dans l'intérêt de la critique littéraire moderne, nous voudrions voir tout document dûment daté et sigiié. A ce pninl de vue, les Livres Saints eux-mêmes ne donnent pas tou- jours salis/aclion à noire curiosité. (Les idées, sur ce point comme sur tant d'autres, étaient si difîérentes des nôtres surtout en ce temps et en ces pays!)

3. Les copistes d'un vieux document avaient soin de noter : copie con- forme à l'original {kima hihiri-shu shnlir). La copie était faite avec le [ilus grand soin et très souvent on notait cprelle avait été collationnée (Ijarii. Quand un j)assage de l'original était obscur, on en faisait la rem;u(|uv' (par ex. : '■ eiïacé » « détruit » : kui-hi ; « Je ne sais pas » : ul iili). Le dupli- catum était appelé ijahru. Citons un exemple. A la fin d'une recension néo-babvloiiienne d'un Rituel, le sc:ibe a noté : « Hiluol du Italû. Tnblelle d'Anu-aliU-iddin, de la ville d'Krek, fils tle Rikhat-Ani, le /..i/ù suprême d'Anu et d'Anlu. Ecrit, reçu, et collalionué conformément ;i l'original ancien. (Tablette AO i'A7\), éditée el étudiée par F. Tihiiicau-Dangin in HA XVII (1920) p. 5:{-72.

TEMPS SIIUMÉHO-AKKADIENS 3

moment. Nous avons des recensions de certains hymnes qui remontent aux temps les plus reculés, etdautres recensions beaucoup plus récentes; or celles-ci sont presque identiques aux premières'.

On peut dire que tous les documents babyloniens et assy- riens sont intéressants au point de vue biblique parce que tous ont un caractère religieux : les textes médicaux, par exemple, parce qu'on regardait les maladies comme des châtiments de fautes commises et que, par suite, il n'y avait pas de traitement qui ne fût accompagné de prières et de rites ; les textes <istrologiques^ parce qu'on était per- suadé que les étoiles exerçaient une réelle influence sur le sort des hommes; les textes commerciaux eux-mêmes portent un certain badigeon religieux, non seulement en ce sens qu'ils furent rédigés par des scribes-prêtres, mais surtout parce que nous y lisons, en formules juridiques, par exemple que les contractants font serment devant le dieu, ou bien encore que le juge dans sa décision en appelle au dieu; souvent, la date du document est celle de quelque fête ou de quelque fait religieux, tel que la construction d'un temple; cependant on conçoit que l'at- tention du bibliste doive s'attacher plus particulièrement aux poèmes épiques qui nous font connaître les mythes reli- gieux, aux textes lyriques : hymnes et prières, aux textes magiques, aux présages, aux nombreux documents histo- riques, puis, à cause d'intéressantes comparaisons avec les Godes hébreux^ aux Lois, aux Contrats et à d'autres textes analogues.

La majeure partie des documents que Ton peut citer proviennent de Lagash, d'Agadé, de Nippur, de Suse, de Sippar, de Kutha, d'Ashshur, surtout de la Bibliothèque (T Ashur-hanipal à Ninive, Les tablettes qui les contiennent

1. Leur immutabilité s'explique eu partie, il est vrai, par le fait qu'il s'agit de compositions religieuses et cultuelles.

4 LA LITTKRATlHi:

portent souvent un dire plus ou moins long ; nous y lisons le nom du possesseur: on nous avertit quelquefois que la tablette est une copie: on nous dit est l'original'; on cite, à la lin de la (ablelte, les premiers mots de la tablette suivante-.

A. Aux Temps Sliiiméro-AhUadicns.

Le peuple vil heureux sur un sol dont la fertilité merveil- leuse est entretenue avec beaucoup de prévoyance. On a organisé des entreprises d'intérêt public et de travaux agricoles dont l'administration est confiée à l'Intendant du palais, aidé d'un personnel aux altribulions définies. Les relations commerciales sont inten.=es.

Le pays est couvert de temples et de palais.

On adore les dieux; on vénère les héros. La religion ins- pire la littérature et les beaux-arts.

Dès ces époques archaïques, le goût ou le besoin d'écrire, est exlraordinairemenl intense. Soit en sémitique, soit surtout en shumérien, on écrit de tout et sur tout, depuis les plus arides quittances jusqu'aux psaumes lyriques et aux majestueuses épopées.

Au moment finit cette période, « les pères » d'Abraham vivent encore là-bas sur les bords de IKuphrate. C'est à Ur, d'après la Bible, c'est-à-dire en pays de langue et de mœurs shumériennes, que naîtra le célèbre Patriarche.

La littérature shumérienne connue jusqu'à ce jour dérive

1. \oiis avons des copies faites sur la collection dAsIisiuir, de Nippur, de Habylone, d'Ap^^adc. Elles sont citées par St. I.angdon, dans une recen- sion (RA XIII, (1916), !)!)) il fait remaiviuer que chaque temple avait peut-être sa pro]jre bibliothèque. Les scribes atr-caniles notaient toujours le lieu avait été rédii^ée la table! le. V. S( mikil in RA XV (1918). 05.

2. Par ex., la 2*^ tabl. S/nirpti ; ou encore l'hymne SBII 3, «pii est <lonné {verxo ll-I.^; comme un <• second extrait de la Série comme l'exprit cpkI iininiiahle » extrait d'une taiilette i)lus lonpue de Rèl-apal-iddin par R'd-sInMn-lishir, le Ll du mois de Tel)ct, telle année (=: 100 av. J.-C).

TEMPS SHUiMÉRO-AKKADIENS 5

de deux centres importants, Lagasli' et Nippur-. Elle com- prend surtout des textes commerciaux, puis des textes historiques et un certain nombre de documents religieux.

a. Hishriographie

Ce sont les Assyriens qui paraissent avoir éprouvé les premiers le besoin de conserver le souvenir de leurs chasses et de leurs exploits guerriers; ce sera donc seulement aux temps assyriens que nous pourrons parler d'Histoire et qu'il conviendra d'indiquer les caractères du genre historique des Assyro-Babyloniens. Toutefois c'est à l'Historiographie qu'il nous semble que l'on peut ramener les inscriptions dans lesquelles lespatésis et rois shuméro-akkadiens aimaient à commémorer leurs constructions et spécialement les temples qu'ils érigeaient en l'honneur de leurs dieux, en y insérant parfois quelques mots de leurs faits d'armes.

On peut dire que ces textes contenaient, normalement, quatre parties : ils commençaient par une sorte d'Hymne; suivait un passage commençant par ucI=lorsque^

1. Ou Tello. Les fouilles ont donné jusqu'ici plus de 10.000 lableltes de comptabilité {Inventaire des tahlelles de Tello, conservées au Musée inip. de Constanlinople, F. Thureau-Dangin, H. de Genouillac et L. Delaporte. Paris, in-4, 1910-1012-1921) et quelques tablettes de caractère historique ! Nouvelles fouilles de Tello, par le comm'i' Gaston Gros. Paris, in-4, 1910-1914).

2. La bibliothèque du plus ancien temple de Nippur a livré plus de 20.000 tablettes, contenant des syllabaires, des listes d'idéogrammes, des listes de noms propres, des exercices de grammaire en shumérien, et en shumérienet akkadien. 11 y a aussi des listes de montag-nes et de pays; des listes de dieux et de temples, des listes de pieires, de plantes, d'objets en bois et en cuir, etc.; des listes chronologifiues donnant les noms des principaux chefs de dynasties dans leur ordre de succession, avec le nombre d'années et de mois que chacun a régné. Signalons encore des prescriptions médicales pour le traitement de maladies diverses, des incan- tations, des exorcismes contre les mauvais esprits qui causent le mal de tête, la paralysie, etc.; des textes de divination et de longues listes de présages; des textes historico-religieux, tels que élégies, hymnes, prières, etc., en shumérien, contenant de fréquentes allusions d'ordre historique (noms des rois, invasions, etc.); des compositions liturgiques, etc.

3. En sémitique : enunia.

6 LA LITTKnATURE

qui faisait allusion à la vocation du roi par le dieu; puis, la formule ud-hu =en ce temps-b)^ \^ introduisait le récit des faits qui consliluaienl Tobjel de l'inscriplion. Une prière terminait le lexle.

On peut donner comme type de ce procédé littéraire l'ins- cription du roi sluiinérien Lugalzaggizi.

1. En le me nu.

Les rois ou patesis agents des dieux^

Des contestations s'élèvent entre les rois de Lagash et dUmma au sujet de la délimitation des deux pays. La dis- pute est soumise à Tarbitrage de Mesilim, roi de Kisli : elle est réglée par les dieux, dont les rois de Kish, de Lagash et d'Umma ne sont {|ue les agents ou les ministres.

^ oici le texte :

« A la parole véridique du dieu Enlil \ roi des contrées, « père des dieux, le dieu Ningirsu' et le dieu Shnrii firent « une délibération.

« Mesilim, roi de Kish, à la voix de son dieu Gù-silim « (manque une Céise), en son lieu érigea une stèle.

« Usli, patesi d Umma, suivant des desseins ambitieux « agit. Il enleva la stèle de Mesilim et vint dans la plaine de « Lagash. A la parole droite du dieu Ningirsu, guerrier du « dieu En-Iil, avec Umma un combat fut fait. A la voix du « dieu Enlil, le grand lîlet divin abattit les ennemis; des « ^e//5 funéraires, dans la plaine, en leur lieu furent établis.

« K-an-na-tum, patesi de Lagasli, grand-père d'Entemena, « patesi de Lagash, avec Enakalli, palesi d'Umma lit une

1. Kii séiiiiliquc : entiniis/ui.

2. Cône d'KnlemeiKi. I, l-VI, 20.

3. Dion reconnu dons Ions les /'.'ly/s non alnuniU-iens [l,iir-liur). Pour ,désig"nor Slmnici- on disnil Kalam z:z\v /^d/s par excelloncc.

'(. Dieu de i.:ig:i8li. 5. Dit'ii fl'Lnuna.

TEMPS SHUMÉRO-AKKADIENS 7

« délimitation : du grand flenve il fit partir le fossé et le con- « duisil jusqu'au gu-edin^\ à ce fossé il inscrivit une stèle ; il u remit en place la stèle de Mesilim. Il n'envahit pas la « plaine d'Umma.

« Sur Vin-dub-ha du dieu Ningirsu et sur le nam-nuii-da- « ki-cfar-ra il construisit la chapelle du dieu Enlil. la cha- <( pelle de la déesse Nin-khar-sag. la chapelle du dieu Nin-

« girsu, la chapelle du dieu Babbar {Passage mutilé).

« 11 leur imposa un tribut.

(( Urlumma, patesi d'Umma... [mutilé) hors du fossé « frontière du dieu Ningirsu et hors du fossé frontière delà « déesse Nina; il incendia la stèle et l'enleva; il détruisit les « chapelles consacrées aux dieux qui sur le nam-nun-da-ki- « gar-ra avaient été construites. Il envahit les contrées, « franchit le fossé frontière du dieu Ningirsu.

« En-annalum^ palesi de Lagash, dans le cliamp de « u-gig-ga, le territoire du dieu Ningirsu, combattit contre « Urlumma. Kntemena, fils chéri d'Enannalum, vainquit <( Urlumma. Urlumma s'enfuit : jusqu'au milieu d'Umma il « le poursuivit, et le massacra. De son armée, 60 hommes « au bord du canal lum-ma-gir-nun-t a il laissa ; ces soldats, « l€urs ossements dans la plaine il les laissa; il amoncela en « cinq endroits des tells funéraires.

<( En ce jour-là, Ili était prêtre du lieu appelé Ninni-esh-.

« Entemena, palesi de Lagasli, prononça une décision : « à Ili, qu'il avait fait parvenir à la prospérité, à Ili, patesi « d'Umma, il ordonna d'établir le fossé frontière du dieu « Ningirsu, le fossé frontière de la déesse Ninâ^ dans le « territoire de Kar-kar qui avait formé les plans de ré- « beUion.

« Entemena, patesi de Lagash, dont le nom a été prononcé

1. Gu-EDiN = /'/'o/i//ère de la plaine; Vedinu est une plaine très fertile^ Cf. Hist. et Civil., 19 n. 2; 33 n. 4.

2. La déesse Ninni (Ishtar) y est particulièrement honorée.

3. C'est une déesse des eaux (nix=: t/a/ne; A=zeau).

8 LA LITTERATURE

« par le dieu Ningirsu^ à la parole droite du dieu Enlil, à la (( parole droite du dieu Ningirsu, à la parole droite de la « déesse Nina, lit le fossé depuis le Tigre juscpi'au grand « fleuve. Le nam-nun-cla-ki-ga-ra, il en construisit le fon- « dément en pierre; pour son roi qui l'aime, le dieu Nin- « girsu, pour sa dame qui Taime, la déesse Nina, il le « restaura.

« Entemena, patesi de Lagash, gratifié du sceptre par « le dieu Enlil, doué d'entendement par le dieu En-ki, « élu du cœur de la déesse Nina, grand patesi du dieu « Ningirsu, homme qui fait demeurer la parole des dieux, « que son dieu Dun-x, pour la vie d'Entemena, dans les « jours à venir, devant le dieu Ningirsu et la déesse Nina « se tienne.

<( Lorsque pour ravir sous leurs mains le territoire, les <( hommes dUmma franchiront le fossé frontière du dieu u Ningirsu et le fossé frontière de la déesse Nina, soit les <( liommes d'Umma, soit les hommes des contrées, que le « dieu Enlil les anéantissel que du dieu Ningirsu le grand « filet les abatte; que sa main sublime, son pied sublime, « d'en haut se pose sur euxl que les soldats de sa ville <( soient pleins de rage, et qu'au sein de sa ville la fureur « soit dans les cœurs! »

2. ['r-yii}A.

<( Ur-Ninà, roi de Lasgash, fds de Gu-m-du, lils de Gur-

« sar, construisit le temple de Nina, creusa le canal X, et à

« Nina voua ce canal X; fabriqua l'Esn-ir, élut au sort les

« 40... époux de Nina; construisit Ta-KniN, construisit le

« nin-gar, construisit l'è-PA, construisit l'enceinte de La-

« gash, fabriqua la statue de Lugal-uru, rassembla des

<( bois dans Ma-x, la montagne-.

\. G'esl-à-diie : i|ui a élé créé par le dieu Ningirsu. 2. TableUe en pierre A; dans ISA, 12 et 13.

TEMPS SHUMÉRO-AKKADIENS

3. ['nikagiiia.

Ce roi de Lagash voulut corriger les abus, améliorer la législation, donner plus de liberté et daisance au peuple.

« ... Dans le jardin de la mère du pauvre le prêtre ne péné- « ira plus, il ne lui enleva plus ses arbres, il ne lui ravit « plus ses fruits.

<( Un cadavre était-il placé dans la tombe, 3 urnes de « bière pour sa boisson, 80 pains pour sa nourriture, un « lit, un chevreau... [lacune) le... x emporta pour lui... « [lacunes); les champs du patesi, les biens du patesi, « autant qu'il en possédait, de tout cela Ningirsu devint le « maître'.

« ... Dans le royaume de Girsu qu'il avait reçu il établit « la liberté-.

« Les bœufs des dieux étaient employés à l'irrigation des « terres données au patesi; les bons champs des dieux « étaient la dotation, le lieu de joie du patesi. Les ânes... et « les beaux bœufs, les prêtres les ravissaient. Le grain, les « prêtres aux hommes du patesi le distribuaient '.

(( Le prêtre d'un lieu quelconque dans le jardin de la mère « du pauvre enlevait ses arbres et en ravissait les fruits. « Un cadavre dans la tombe élait-il placé, 7 urnes de bière « pour sa boisson, 420 pains pour sa nourriture, 120 ga « de grains..., un vêtement, un chevreau..., un lit, le... « emportait pour \m'\

« La servitude en ce temps-là existait.

« Lorsque Ningirsu, le guerrier du dieu Enlil eut donné « la royauté de Lagash à Urukagina et qu'au milieu de

1. Cône A. Col. V.

2. Ibid., Col. VII.

3. Cônes B C, Col. I, 9-V, 3.

4. Ihid. V, 22-VI, 12.

10 LA LITTÉRATURE

« 10 sares d'hommes il eut fait demeurer son pouvoir, il « rétablit les décrets d'autrefois^ el la parole que son roi <( Ningirsu avait prononcée, dans le pays il fit demeurer". »

La ruine de Lagash-.

« Les hommes d'Umma ont mis à feu T-Eki [cjala], ont mis

« à feu l'An-ta-sur-ra, en ont ravi l'argent etles pierres rares,

« ont détruit le palais de Tirash, ont détruit l'Abzu-banda,

« ont détruit la chapelle du dieu En-lil et la chapelle du dieu

'< Babbar', ont détruit lA-kliush, en ont ravi l'argent et les

« pierres rares, ont détruit Tlvbabbar, en ont ravi l'argent

« et les pierres rares, ont détruit le Gi-ka-na du bois sacré

« de Nin-makh'% en ont ravi l'argent et les pierres rares, ont

(( détruit le Ba-ga, en ont ravi l'argent et les pierres rares,

« ont détruit le Dug-ru, en ont ra^'i Fargenl et les pierres

c< rares, ont détruit l'Ab-zu-e-ga, ont mis à feu le temple de

«. la déesse Ga-tum-dug^ en ont ravi l'argent et les pierres

« rares, ont détruit sa statue, ont mis à feu le... [petite

« lacune) de TK-anna de la déesse Innina\ en ont ravi Tar-

<( gent et les pierres rares, ont détruit sa statue, ont détruit

« le Shapad-da, en ont ravi l'argent et les pierres rares...

« [lacune), ont détruit le temple du dieu Nindar', dans le

'I bourg de Ki-ab, en ont ravi l'argent el les pierres rares,

(( ont mis à feu le temple du dieu Dumuzi-abzu% au bourg de

« Ki-nu-nir, en ont ravi l'argent et les pierres rares, ont mis

" à feu le temple de Lugal-uru, en ont ravi l'argent et les

(( pierres rares, ont détruit l'ivengur-ra de la déesse Nina,

1. Ilnd. vil, 2B-vin, 13.

2. Cf. t. I, Hisl. et Civi'.is. p. 17

3. Dieu soleil.

4. Déesse parèdre ilu dieu Enlil.

5. Déesse de reiifjinlement.

6. N'oiu sliuinérieii de la déesse Islilar.

7. Dieu des ciiamps.

8. Paiail être le niêine dieu (|ue Ihi/ntizi ou Taumiuz.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS 11

« en ont ravi l'argent et les pierres rares, ont détruit le « Sag (...), le temple d'Ama-geslitin, ont ravi à Ama- A geshtin son argent et ses pierres rares, ont détruit le grain « du Ginar-ba-ni-ru, le champ de Ningirsu, aussi loin qu'il « était cultivé.

« Les gens clUmma, pur la dévastation de Lagash^ ont « commis un péché contre le dieu Ningirsu \ La puissance <( qui est venue à eux, d'eux elle sera retranchée.

(.( De péché de la part d'Uru-ka-gina, roi de Girsu, « il n'y en a point. Quant à Lugal-zag-gi-zi, patesi (( d^Umma, que sa déesse A'isaba porte sur sa tête le poids (( de ce péché^. »

4. (hidea

Les inscriptions les plus nombreuses et les plus étendues avant Hammurabi, sont celles de Gudea, patesi de Lagash. Deux cylindres d'argile comptant, l'un trente colonnes de trente lignes chacune environ, l'autre vingt-quatre colonnes de vingt lignes, nous révèlent une civilisation florissante ; c'est l'apogée de Lagash. On nous y raconte longuement l'histoire de la construction du temple de Ningirsu, les visions dans lesquelles Gudea vit décrits tous les détails des bâtisses, le plan, les matériaux et le reste. Et chaque vision est accompagnée d'une prière à Ningirsu, à Gatumdug ou à Nina.

Nous allons traduire ici, quelques colonnes du Cylin- dre A. Le parallélisme, que nous avons soin de bien mar- quer typographiquemenl, nous paraît à peu près régulier et assez bien soutenu, du moins dans la partie que nous traduisons.

1. Dieu de la guerre et dieu des champs. Il fut parliculièrement honoré à Lagash.

2. Comman' Gaston Cnos, L. Heuzey et F. THuitEAU-DANGiN, Nouvelles fouilles de Tello (texte, Iranscr., Irad. et comment.) p. 45-51.

12 I.A LITTÉRATURE

La construction du Tkmi'le E-m,nnu au dieu de Lagash,

i. Le jour où, ;iu ciel et sur terre,

le destin était fixé', Lagash, par un décret sublime, fut exaltée.

3. Enlil sur Ningirsu

porta un regard^ bienveillant;

partout', dans la ville, tout ce qui est parfait il produisit,

6. Les eaux* montent,

les eaux d'Enlil montent;

les eaux mor.tent, les eaux profondes^ il fît miroiter^.

9. Là, Enlil

dans le Tigre de bonnes eaux il amena'.

Au sujet d'un temple, le roi ordonna TK-ninnù, sa nef et son parvis* de bâtir.

12. Le palesi, homme à la vaste intelligence,

prêta l'oreille'

"13. Toutes sortes de bonnes choses

il produisit : de beaux bœufs, de beaux chevreaux*'' il amena"

L Si ce barbarisme était toléré, on pourrait écrire simplement, pour tout ce slique : on sorlifia.

2. Igi-bar : ouvrir les i/eiix. Il n'y a pas de négation.

3. iMe-a : que ce soit; où.

■i. Shag-yù-hi, liltér. : ce qui est entre les rives, dans les rives. 5. Littér. : sombres [gig.].

(). Ou : d'éclat il remplit; ou de reflet étaient saturées, .\llusion au miroi- tement des eau.x, si frappant en Orient. Of. Anr. II, H, d : Hymne au Nil.

7. Il n'y a pas de négation.

8. Me-bi-an-hi-a : ses chapelles (ses rites'!) en haut ol on bas (?) de faire, de créer).

!). Littér. : (de) disposer l'oreille.

10. Bœuf, chevreau pris collectivement; hhâr-ra : j>arfait.

1 1 . .Sj-s.'i .• diriger.

TEMPS SHUMÉnO-AKKADIENS 13

15. La pierre de consécration

il leva; pour construire le temple auguste sa nuque il raidit.

17. Vers son roi, jour et nuit,

Gudea vers le Seigneur Ningirsu regarda ' ; de la construction du temple il lui parla.

20. L'L-ninnû, dont les décrets sont grands,

il s'en occupe ^. Gudea, dont le cœur est profond^, soupire ''^.

24. Allons, je lui parlerai ! Allons, je lui parlerai !

25. En ces termes^ je vais parler :

26. « Je suis le pasteur

« dont la souveraineté en cadeau m'a été donnée. « Une chose au milieu de la nuit m'est survenue : « sa nature^ je ne connais pas.

29. « A ma mère mon songe je veux porter.

II. 1. « Que la devineresse, celle qui connaît '' ce qui me convient 2. « que la déesse Nina, sœur de Sirara-Shum

« sa nature m'explique. »

4. Dans sa barque le pied elle pose *

5. Vers la ville Nina, passe le canal Nina, la barque elle mène.

Par le canal nouveau, en entrant^ dans le pays il remonte*".

1. Il ouvrit les yeux,

2. Il en est soucieux.

3. Profond dans ses pensées.

4. Pousse (les ffémissemenis.

5. Avec celte parole.

6. Son intérieur (shag-bi).

7. Azag-zu : la hiérophante; celle qui connait les choses pures, pré- cieuses, occultes.

8. Il n'y a pas de négation.

9. Aller vers Vamont. Quand on entre dans le pays, on va vers l'amont. 10. Il remonte (il lève).

14 LA I.ITTKUATURE

7. Le BA-GA, le temple du canal nouveau, près de l'eau est situé.

8. Toutes sortes de bonnes choses : sacrifices, choses fraîches',

9. Au roi du ba-ga celle prière il adresse^ : [il verse.

10. 0 guerrier,

dont la colère est terrible, qui n'a pas de rival, Ninjiirsu

à Nippur tu es prince.

13. 0 guerrier,

ce qui m'a été dit j'accomplirai;

14. ô Ningirsu ton temple je te bâtirai; l'oracle je te réaliserai'.

16. Puisse ta sœur, légitime enfant d'Eridu*

qui conseille^ ce qui convient, dame devineresse des puisse la déesse Nina, sœur de Sirara-shum [dieux,

49. faciliter l'entreprise^.

20. Lui, Gudea, fut entendu''

son roi sa prière rapport à Giidea'^ la statue^ de Ningirsu la reçut.

Le patesi va au Temple et fait une prière.

28. « 0 ma reine,

(( enfant du ciel pur, « toi qui conseilles ce qui convient, « immense dans le ciel, IlL 1. " <|ui rends habitable'" le pays:

« le vagabond" est dans sa ville.

1. Peut-être : de l'eau.

2. Lillér. : une prière il apporte.

3. Je le parferai.

4. Légitime enfant engendré (à) Kridu.

5. Conseillère : ner-(jal.

6. Lillér.: (^)iy'r//'' (//s/;t(so ^.' c/if//)/// ; ([n'olle ap[)réte, qu'elle facilite la chose.

7. Il y eut audition.

8. Cette manière triviale de Iraduue rend bien lo texle Cu-de-a-iis/r.

9. Uu bien : le mandataire, le pontife (dans le texte : en.)

10. Liltér. : la vie du pays.

11. \(i-du-zu : celui {ziliaru) qui ne xait aller, le vagabond.

TEMPS SIIUMÉRO-AKKADIENS 15

c< Dame de la ville de Sirpurla', celle qui la fonde, c'est toi! 4. « Sur la surface du pays, ton regard- fait merveille^; « l'homme pieux que tu regardes, sa vie est prolongée.

^. « 11 n'est pas de mère pour moi ;

« ma mère c'est toi ! 7. « Il n'est pas de père pour moi :

« mon père c'est toi ! « Là, mon père m'a procréé* « au lieu j'ai été enfanté.

9. (( 0 ma mère Gatumdug, la hiérophante'^, la bonne, 10. « (toi qui), la nuit, me protèges^, i{. (toi qui) un grand poignard me mets'' en main 12. « (toi qui) dans une lumière ardente* grandement crées, M celle qui donne le soufïle de vie', c'est toi!

14. « Divin et ample pavillon*".

w moi, à ton ombre « puissé-je te vénérer". « Par ton action puissante *-

17. « 0 ma déesse Gatumdug, vers moi incline-toi!

« Vers la ville j'irai ; que mon horoscope soit favorable! « Dans le pays sublime, dans la ville de Nina « que ton héraut*^ marche en avant, « que ton bon lamassu m'accompagne en chemin!

1 . Nin-uru-Sir-pur-la-k\.

2. U-i(/i-bar; construction analogue à ù-shi{igi)-hal.

3. Il est diiïicile de rendre le sens du texte; ni-a : dans la crainte; A/ie- (jal-la-e : il fait abondance; il est multiplicateur; en somme : il inspire de la vénération an pays, à cause de Vahondance quil y développe.

4. Shù indique un verbe d'aclion; sliù-diuj-ga : main =: remplir.

5. Celle qui connaît les choses précieuses. Cf. ii, 1.

6. jii-isAn = tsaldlu.

7. {Ushz=nashù) : mets (en) ma droite.

8. Gi-har=:giniru : totalité; une lumière totale, complète, ardente.

9. Zi-shag : ce en quoi il y a de la vielles vivants. (Shi indique la direction.)

10. An-knsh-gal.

11. Ou : je veux te vénérer; litlér. : je veux m'approclier en (avec) crainte de toi.

12. Littér. : Ta haute ("') main puissante.

13. Snlîkal-dng : dux verhi.

1(3 LA LITTÉRATURE

22. " Allons! je lui parlerai;

« Allons! je lui jiarlerai.

« l']n ces termes je vais parler. « A ma mère mon songe je veux porter. « Que la devineiesse, celle qui sait ce qui me convient, « que la déesse Nina, sœur de Sirara-shum,

« sa nature m'explique! »

Gudea fui enlendu. Il offrit un sacrifice, puis exposa à la déesse Nina un songe dont il demanda l'explication. Voici ce songe :

IV, 14, Va\ mon songe, un homme

(comme le ciel était sa l'orme', comme la terre était sa forme, IG. par la tiare ^ de sa tête il était dieu ;

à son côté était l'oiseau divin Im-gig^; 18. à ses* pieds était la foudre,

à sa droite et à sa gauche, un monstre^ était couché) 20. de bâtir un temple m'a ordonné*.

Sa nature je n'ai pas connu.

Vu soleil sur l'univers se lève. Vue femme ! Qui n'étail-elle pas? qui était-elle? Tout lumière était le hauf .^ . . ,? était le bas; 25, un calame de pureté elle portait,

une bonne'-* tablette elle avait, V. 1. d'un plan elle traçait les lignes'".

Deuxièmement" : (Je vis) comme un héros!

1. L'expression est bien vngnG, rilj : zîinu, hûriHiiu.

2, Affù.

'A. lin-rj'uj signifie vent sombre.

4. Aux pieds de cet oiseau, de celte « aigle ».

5. Panthère (?) lion (?) ùg.

(). Le sujet est un homme, 1, li.

7. Sa tète de lumière était chargée; ou même : sa tête faisait (a*/) de la lumière.

8. Kincla : ga.Uabu : tondeur, chirurgien... ?

9. Lillér. : « une laLlelte de la bonne étoile », ou « une (ahlclle puissante (lu bon ciel », une tablette propice.

10. Gi-(ji : elle allait et venait; elle traçait un plan ou des plans en allant et venant {gi-gi indique le mouvement de la main : taw;îru),

11. Min-kam (un second).

TEMPS SIIUMERO-AKKADIENS 17

La droite repliée' une tablelLe île lapis portait.

4. D'un temple le plan il établissait.

Devant moi, un portoir^ pur était placé (où) un moule •* pur il arrangea :

7. une brique du destin '^ sur le moule se trouvait;

un récipient^ debout devant moi était placé : c'était un oiseau li-])u qui (reau"^. jour et nuit, remplis- Un âne à la droite de mon roi était couché**. » isait'.

EXPUCATIUN DU SoNGi:.

Au patesi sa mère Nina répondit :

12. « 0 mon patesi, ton sonj^e je veux t'expliquer.

L'homme

comme le ciel était sa forme,

comme la terre était sa forme; 14. quant à sa tète

c'était une force ^ divine.

Quant à l'oiseau divin Im-gig,

près de lui était la foudre'";

16. à sa droite et à sa {gauche un monstre était couché.

17. Gel homme, oui! oui"! c'est mon frère Ningirsu! Son temple il t'ordonnait de bâtir.

Le soleil qui sur l'univers se levait,

20. c'est ton dieu Ningirsu se levant de terre comme un soleil.

21. ' La jeune fdle

(tout lumière était le haut'-

1. Ramenée vers le bras gauche.

2. L' « oiseau » dont les maçons se servent pour porter le mortier sur leurs épaules.

3. Moule à briques.

4. La brique qui porte mémoire de tout cela, c'est-à-dire la brique, le document de l'histoire « prophétique ».

5. A-ain : récipient, rigole, « bénitier ». (iisli a-Ainz=.adâru; il y a ici /fwr (= montagne) dans am ( = bœuf). Le a donne l'idée d'ea»; donc ai- (juièrel ou bénitier?

6. Lù~a.

7. Zal-zal : abonder.

8. Ki'khar-lthnr : mettait en poussière la terre, se vautrait, était couclu'-.

9. C'est-à-dire : un emljlème divin de la force.

10. Emblème symbolisant la foudre.

11. G.inain : en vérité.

12. ÎVu-ag =zslialii.n. Sa tête de lumière était chargée, 'ou même : faisait (a(/j (le la lumière.

18 LA LITTÉl^ATURE

. . J . .? était le bas) 22. qui un calame de pureté portait,

24. qui écrivait le plan divin-,

c'était ma sœur Nisaba-'. VI, 1. Dans la construction* du temple

en pureté'' et en éclat •"' elle te prophétisait.

3. Deuxièmement : celui qui comme un héros,

la droite repliée, la tablette de l;if)is portait, c'est Nindub''. Le plan du temple elle dessinait^ Devant toi, un portoir pur était placé (où) uji moule' pur il arran^jea'" : la tablette du destin qui sur le moule se trouvait, cest la brique sacrée de TK-ninnû. 9. Le récipient debout devant toi placé,

roisveau qui d'eau jour et nuit le i-emplissait, \\. (c'est'^) : pendant la construction du temple qu'aucun bon

î sommeil ne prenne ton œil*- Cet âne '^ qui à droite de ton'* roi était couché c'est toi qui dans l'I^-ninnû, comme un âne es couché.

44. Pour les ouvriers'^ la puriiicalion tu teras abonder;

lî). ùCrirsu, front de Sirpurla, ton pied tu promèneras*''.

De ton dépôt*' modifie les tablettes'^;

tire-moi du bois.

1. Kindn=zgallahu,<:L sf//)ra. On ne voit pas quel peut bien être le sens ici.

2. Cf. Supra, V. 1.

3. Déesse de l'écriture, puis des céréales. On éci'ivit d'abord des choses relatives à l'agriculture.

4. Dans l'acLe de construire.

5. Mul.

6. Aza(/.

7. Pour ce qui suit, voir V, 5 s.

8. Nadû : jeter ; ici : dessiner.

9. Moule à briques.

M. Litlér. : qui dirigeait.

11. Cesl-à-dire : cela signifie que pendant la construcliou....

12. N'aie de cesse, de repos, que tu n'aies achevé le temple.

13. Ane puissant (?) : dun.

14. Lire su au lieu de zag.

15. Les artisans.

U). Ki-iish : fouler i.i terre.

17. Maison du trésor; réserve.

18. Change les tablettes, les regislros; niodiiie « l'étal » de Ion dépôt, fais sortir du boi>.

TEMPS SHUiMERO-AKKADIENS 19

Pour ton roi un chariot apprête; 18. un âne fort ' au tiaion attelle.

Ce chariot, de pierres précieuses^ cloisonne-le. Les flancs^ du carquois, comme le jour qui brille, 21. d'un dieu'', gage de vaillance, orne-le^;

un emblème aimé fais-le; 23. ton nom inscris-y !

Son tympanum^ aimé (appelé) « Grand lion du pays », instrument à la voix douce''

qui rend des oracles, pour le guerrier qui aime les présents, VII, 1. ton roi, seigneur de Ningirsu,

2. dans TL-ninnû-im-gig-bar-bar-ra inlroduis-la ! le moindre de les désirs* comme important il recevra. Le Seigneur qui comme le haut des cieux est profond, Ningirsu, fils d'Enlil, pour toi sera condescendant^; le plan du temple il te révélera. C'est un héros dont les décrets sont grands ; il le bénira.

Gudea fait ce qui lui a élé révélé; il purifie le temple, offre des dons au dieu el lui fait une prière.

Le dieu revient alors lui renouveler l'assurance que c'est lui qui aura l'honneur de lui bâtir un temple; et alors :

XI. 8. vers le ciel, un vent l'eau annoncera ;

du ciel l'abondance arrivera, le pays d'abondance regorgera. 10. (De) mon temple, lorsque les fondations seront posées, que l'abondance arrive ! La plaine^" te rapportera**.

1. Fort (?) dun.

2. De choses précieuses.

3. Ici : flanc, plutôt que flèche.

4. C'est-à-dire l'image d'un dieu.

5. Sal-dug : travail de femme; de : soigner, embellir, orner.

6. Voir p. 35, n. 4 et 5.

7. Au son doux, ou : juste de voix.

8. Littér. : Tes petites paroles comme de grandes paroles il recevra.

9. A toi condescendra; ou : sera à ta disposition.

10. Littér. : champ très grand.

11. S/ju-i7 ; rtas/Ki=: apporter, rapporter.

20 LA LITTÉRATURE

Les cours d'eau' presseront^ leurs rives; 14. Dans les souterrains, l'eau qui ne sortait plus pour toi sortira. 16. Au pays de Shunier en abondance l'huile sera versée; (le pays) en abondance de laine se couvrira. »

Chacun se prépare au grand événement. On évite le maP : ainsi :

X.in. 6. le serviteur qui était coupable,

.son maître à la tête ne le frappe pas; la servante qui avait fait une action mauvaise, sa maîtresse au visa<^e ne la frappe pas. 10. Au patesi constructeur de Ih^-ninnû, à Gudea,

personne ne présente de procès juger.)

« Des prières eurent lieu pendant le jour et des oraisons pendant la nuit*, » et des consécrations dans tout le pays. Puis les travaux commencèrent.

Tout le monde est au travail ; « l'Klamite vient de TEIam, le Susien vient de Suse; Magan et Melukbkha, dans les mon- tagnes, rassemblent des bois pour construire le temple s. » Gudea lui-même part pour « la montagne des cèdres per- sonne n'avait pénétrée »

Et l'on voit affluer à Lagash des bois et des pierres de diverse sorte, du plâtre, du bitume, du cuivre, du plomb, de l'or en poudre \

Maintenant, ce sont les travaux de la construction propre- ment dite. Gudea y déploie le plus grand zèle :

comme un jeune homme qui nouvellement construit une maison,

devant lui, il ne laissa entrer aucun plaisir;

comme une vache qui tourne les yeux vers son veau,

vers le temple (tout son) amour il porta".

1. Singulier collectif, dans le texte.

2. Elles seront abondantes, fortes; elles feront une forte pression coutn- les j)arois des rives.

3. XIII, 3 s.

4. XIII, 28-29.

5. XV, 6-9. (). XV, 19.

7. XVI, 22-32.

8. XIX. 22-25.

TEMPS SHUiMERO-AKKADIENS 21

Suit la description du temple; malheureusement, il y a bien des choses obscures encore dans le récit.

5. Aux temps ciUrK

Dédicace d'un édicule au roi Gimil-Sin-.

« Au divin Gimil-Sin, cliëri du dieu Bel, que Bel son <( bien-aimé a élu « roi », au roi puissant d'Ur, au roi des « quatre régions, à son dieu Lugal-Maurri, chef de la garde, <( patesi d'Ur, son serviteur, a voué cette maison qu'il « aime. »

B. Genre poétique.

Il y a dans la littérature shumérienne, des textes qui se distinguent des simples récits par une certaine disposition symétrique des lignes sur les tablettes d'argile'^, par le mouvement de la pensée, par un style plus imagé, quelque- fois par certain parallélisme et une sorte de rime'\

Le parallélisme des lignes ou vers sur lequel nous aurons à revenir en parlant de la poésie lyrique paraît quelquefois d'une manière très marquée dans le poème dit « du Paradis et de la Chute », surtout en deux passages qu'on lira plus loin^

1. Cf. Hist. et Civil. 16-23.

2. Texte, sur pierre de seuil, publié en traascriplion et traduit par V. ScHEiL in R T XXVI (1904), 22-23. Le sens n'est pas douteux : Un haut fonctionnaire de la capitale, Ur, voue un édicule à son l'oi, Gimil-Sin, vivant ou mort.

3. On trouve aussi une certaine disposition symétrique, sur des tablettes qui n'ont d'ailleurs rien de poétique.

4. Faut-il parler aussi de mélriquel Ce n'est pas démontré, bien que des tentatives aient été faites en vue de découvrir si elle existe. Cf. sur ce point, Zimmehn, Bahijl. Hijnin. u. Geb (D. alte Or., 1905 (H. 3), et ZA, X, 1-24 (étude de Sm, 265 a) : Sr. Langdon a tenté aussi une analyse métrique de IV R 30, n" 2, Obv. 11-35 (lamentation à Tammuz), et de CT, XV, 15-16, dans Babyloniaca, II (1908), 162 s.

5. Verso II, 20-35; III, 24-41.

22 LA LITI'ËRATURE

Signalons aussi le parallélisme de construction ou retour d'une forme de la pensée en termes semblables sinon iden- tiques :

sag-cjig-gi sag-gig me-en-nu

um-iyia-h\ um-ma me-en-mi

ab ba-hi ah-ba me-en-nu '

ou encore :

àsh-zal gishpitag-gi tnk-a (d) nin-lud-aiiia-kalaina-shu {d) en-ki-ge gishpitug-gi liik-a (d) uin-liKp

On répète volontiers et à la lettre, après un vers ou quel- ques vers seulement, une formule ou même tout un passage :

Au pai/s de Dihmiii qui esl un lieu saint^

... c'est vous qui reposez;

... au pays de Dilmun gui est un lieu sainf".

Les vers :

Mon roi qui était rempli de frayeur, oui, rempli de frayeur, sa nourriture seule sur le vaisseau il plaça, deux sei'viteurs'' comme gardes il posta®

sont répétés seize vers plus loin% et les sept premiers vers intercalaires^ se trouvent déjà dans la colonne précédente', puis reviennent encore un peu plus loin*"; et, sur les sept autres vers intercalaires, trois :

sukkal-a-ni dingir-guda-ne (gù-mu-na-de-ej

1. Recto I, 23-25.

2. Recto II, 20-23. Cf. Verso I, 21-22; de même 23-24, CT XV, 14 verso. Voir aussi pour le « temps de Dréhem », l'hymne publié et ti'aduit par H. DE Genouillac, Trouvaille de Dréhem, 10.

3. Ki-azag.

4. Paradis, Recto I, 2-4.

5. Gu-n}a. Sur le sens de ce mot, voir la note de Langpon, Le poème sumérien du Paradis, p. 269.

6. Ibid. Recto III, 9-11.

7. 29-31.

8. 14-21.

9. Col. II, 33 suiv. 10. Col. II, 34-43.

TEMPS SIIUMÉRO-AKKADIEXS 23-

galu-duinu-shâg-ga-e-nc iiu-uui un- |zu-te-bil (d) nin-kùr-ra shâg' (-ga-e-ne nu-mii-iin-zu-le-bi '

sont répétés immédiuteiiient -.

Les poètes slmniérieiis terminaient volonliers toute une série de vers ou lignes sur une même rime\ ou bien ils sépa- raient une rime par un ' ou plusieurs vers de rime diffé- rente'.

Notons ce caraclèi'e de la littérature poétique : l'allure n'est jamais absolument régulière; on y constate souvent des changements imprévus de sujet et surtout des clian- gemenls de personne. On passe, sans transition aucune, du discours indirect au discours direct; sans en avertir le lecteur, on cite tout à coup des paroles d'un person- nage que l'on ne présente môme pas, que l'on ne nomme pas.

Et tout cela paraît être considéré, non pas comme une négligence du poète, mais comme un véritable ornement. (On constate le même caractère dans la littérature égyp- tienne.)

1. 23 25.

2. 26-28. Voir aussi 34-4»î, qui se IrouveiiL Col. II, 33 suiv. Ce cai-actère se perpétuera à U'avers toutes les époques de la littérature babylonienne et assyrienne.

3. Voir le passage, déjà cité en sliiimérien, Recto i, 23-25 (On y aura remarqué aussi le retour du premier mot, en chaque vers ;

sa<J-(jig-g\ sag-gig uni-ma-hi um-ma nh-ba-bi ab-ba.

Voir aussi Recto II, 34-37 (rimea-nt), 38-41 (rime nm); Verso I, 45-47; II, 8-11 ; CT XV, 24, 25 : mcn finit les lignes 6-12 gub finit les lignes 3-5

U-e-a finit les lignes 14-16 ari finit les lignes 6-12 ibid. 7-9': ley finit les lignes 1, 2 et 32-37 a-ba finit les lignes 18-

25, fin du Fez-so -j- Verso (1. I mutilée) 2-3; Chanl à Ishtar et Tainmuz (docum, Cugnin) in RA VIH (1911), 162-169. Le Recto a 27 lignes; or 1-18 finissent sui? les a/ta, puis 19-23 sur les gin. Etc. GT XV, 10 Recto : 11 lignes (sur 16) finissent sur le son a; etc.

4. Paradis-, Recto l, 27, 29; II, 20. 22; Verso II, 20-33; III, 29-41, CT XV, 11-14, puis 15, et la rime de 11-1.4 revient à 16 et 17.

5. Paradis, Verso III, 26-29 (rime tu-iid séparée par deux vers à rime gig), 46-49 (rime kh<:-a séparée par deux vers à rime luk).

24 LA LlTTEHATUIiE

i. Poésie épique.

Dans l'épopée, le poêle comble les vides laissés par la tradition dans la mémoire du passé; il les comble au moyen des idées que Ion se fait du monde; il rattache les événe- ments politiques, la vie intellectuelle, les faits sociaux aux toutes premières origines des choses et de l'histoire, aux actes des dieux, car on imagine que les dieux précédèrent les hommes dans le gouvernement du monde et que les héros antérieurs au déluge formèrent comme un trait d'union entre les dieux et les hommes nouveaux qui apparurent, après la catastrophe, sur une terre nouvelle.

Le Juste souffrant.

Nous serions probableiAent en droit de donner, ici, le poème du Juste souffrant, car il remonte sûrement à une haute antiquité; toutefois, parce que nous ne possédons jus- qu'à présent qu'une copie de la Bibliothèque d'Ashurbani- pal, nous ne le citerons qu'aux Temps nssy riens ^ afin de ne pas avoir l'air de vieillir nos documents sans raison suffi- sante.

La tablette en-e-ba-âm' poème dit « du Paradis, ou du Déluge et de la Chute. »

A première lecture si l'on ose ainsi dire quand il s'agit de shumérien ce poème paraît présenter un sens général assez suivi et particulièrement intéressant : Félicité de

1. Tablelle de Nippur rôcemmenl publiée par St. Langi>on dans Uni- versity of Pennsylvarna : The Universili/ Muséum (Babyl. Secl.) l. X 1. Celle lablelle esl une copie, en écrilure assez cursive, faite à l'époque (le Hamnuiiabi (.Sciieil, Communie, à l'Acad. des Inscripl. el Belles- Lellres, lirage à pari. Paris, lOKi). Voir surloul St. L.\NonoN, Le poème Aumi^rien du Paradia, du Déluge el de la Cliulr de l'homme. Paiis, 19U>.

TEMPS SIIUMERO-AKKADIENS 25

l'homme clans un paradis déluge chute effets de la chute et moyens d'y remédier du moins en partie.

En y regardant de plus près, des objections se présentent à l'esprit qui naissent principalement de la brièveté du récit, des lacunes du texte et de l'imprécision de la langue shumé- rienne en général; et l'on risque de se laisser égarer à tra- vers des difficultés qui, d'ailleurs, n'ont pas toutes la même importance.

Nous suivons pour l'exposé l'opinion de Langdon, mais nous faisons d'expresses réserves sur le but du document; sur le sens de la description; 3" sur Vinterprétalion du déluge ^

Le but du poème serait de raconter la chute de l'homme suivant la tradition de Nippur car c'est de Nippur que vient notre document.

Dans toute l'étendue du pays de Shumer, hommes et ani- maux vivaient ensemble dans la paix, le péché et la maladie n'atteignaient pas encore riiumanilé.

1. Voici quelques critiques sérieuses que l'on a faites à Langdon. L'au- teur de ce texte, qui est un hymne, se proposerait d'indiquer combien est fondé en droit le culte d'Enki; et il nous montrerait ce dieu envoyant un déluge d'eau fécondante sur le pays de Dilmun, qui était désolé par une sécheresse telle que tous les hommes étaient anéantis. Cela symboliserait le phénomène périodique de la sécheresse et de l'inondation euphratéenne.

Suivant Morris Jastrow Jr (JAOS XXVI (1916), 122-135), il s'agit d'une vue shumérienne sur l'origine des choses : sur la terre rien n'existe encore, si ce n'est Enki et Ninella, sa fille et épouse, parce qu'il n'y a pas d'eau encore. La déesse demande que l'eau soit créée. Après le rite de la fécon- dation physique par le dieu et la déesse, les eaux coulent pendant neuf mois.

^Le vaisseau dont on parle est celui d'Enki (Êa), et Utlu est un dieu, et non pas un héros échappé à un déluge dont il n'est pas question d'ailleurs).

L'humanité, sinon le premier homme, est instruite par Enki, ou plus exactement par son messager Usmu (Isimu), de l'usage des plantes et des arbres, mais «7 nen interdit aucun. La mort n'est donc pas un châtiment; c'est la destinée toute naturelle de l'homme.

A la fin sont énumérés les dieux créés pour obvier aux maux qui attei- gnent les troupeaux et les hommes. Une invocation aux dieux termine le tout (Voir S. Langdon, Critical Noies upon the Epie of Pai-adies in JAOS, 1916, 140-145. 7/te necessar;/ Révision of the sumerian Epie of Pavadies in The anieric. Journal of semil. Language and Literature (1917) 245-249.

26 LA LITTÉRATURE

Particulièremeiil favorisée, élail la région paradisiaque de Dilmum, centre dn pays, d'où le dieu des eaux, Enki, gouvernait riuimanité qu'il avait créée. Mais voici qu'un déluge anéantit les hommes à cause sans doute d'un manque de respect à Fégard du dieu'. Les conditions de la vie sont désormais complètement changées ; l'âge d'oT est fini. La nature est hostile aux hommes quel- ques personnages pieux avaient été sauvés du déluge; Uttu lui-même, le favori du créateur, doit travailler-. Bien plus, désormais, l'humanité est exposée à la souffrauce^ mort est son destin. Gomment expliquer cette malé^ diction?

La cause de ce malheur est dans la méconnaissance d'wn mystérieux avertissement des dieux. Cet homme devait s'abstenir d'un fruit fatal; il en mangea et, dès lors, il fut frappé. Frappé dans ses biens ; la terre ne donna pi u& à ses troupeaux assez de pâturages pour les nourrir^ ni assez d'eau pour les abreuver^; frappé dans sa personne : sa déchéance se manifeste en sa bouche peut-être pour la con- fusion du langage' et par le manque de cette nourriture légère*^ qu'il aimait en son pays d'Orient, ou bien par les difficultés à se la procurer"'.

Cet homme se sentit frappé également dans ses forces physiques^ dans ses organes vitaux les plus délicats^ dans

1. Il semble que le poème y fasse allusion. Cf. infra.

2. Sur celle parlie, il semble bien que des doules subsistent encore, même après les précisions aj)porlées par Langdo.n (PSBA 191(î, 40-43; puis dans The Exposilonj Times (1916), 165-168 et incorporé dans Le poème sumfh'ien) à savoir : 1" le poème décrit-il la création ou ce qui eut lieu api-ès la création, s'agil-il d'un déluge deslrucleur ou d'un déluge d'eaux fécondantes?

3. Verso III, 24-25.

4. Ibid. 27-28.

5. Verso III, 32.

6. Ce texte l'appelle breuvage.

7. Ibid. ;W. 8. Ibid. 38.

!>. Ibid. 36.

TEMPS SHUMÉRO-AKKADIENS 27

sa puissance généralrice', et même dans son intelligence^ Pour allénuer ces effets de la cliute, le couple créateur octroya à Tinforluné, afin qu'il pût les invoquer dans chaque détresse physique, des patrons divins, préposés, les uns à la protection des troupeaux, et les autres à la santé des organes principaux qui intéressent soit la vie de l'indi- vidu, soit la vie de l'espèce; un autre fut préposé à l'intelli- gence de l'homme.

Le dieu des eaux, Enki, et son épouse. Ninelia, régnent sur l'humanité à Dilmum. L'homme ne fait point de mal; il ne connaît ni la maladie, ni la vieillesse; les troupeaux n'ont rien à craindre des bêtes de proie. Point d'orages dévastateurs.

1. [Ceux qui sonl^ endormis, en vérité, ceux qui sont endormis, c'est

2. ^Dans la montagne] de Dilmun qui est un lieu sacré, [vous'.

3. [dans le lieu sacré], ceux qui sont endormis, c'est vous.

4. ... la montagne de Dilmun qui est un lieu sacré.

5. La montagne de Dilmun qui est un lieu sacré, la montagne de Dil-

mun est propre;

6. la montagne de Dilmun qui est un lieu sacré, la montagne de Dil-

7. Seuls, dans Dilmun ils sont couchés; [mun est pure.

8. Enki avec son épouse repose,

9. cet endroit est pur, cet endroit est propre.

10. Seuls, dans Dilmun ils sont couchés.

11. lilnki avec la reine pure repose,

12. cet endroit est pur, cet endroit est propre.

13. Dans Dilmun, le corbeau n'a pas croassé.

14. Le milan n'a pas crié à la manière du milan. 15'. Le lion n'a pas tué.

16. Le loup n'a pas ravi les agneaux.

17. Le chien n'a pas cohabité avec la chevrette au repos;

18. le zéhii, quand il mangeait du grain, il ne tourmentait pas.

19. Les rejetons grandissant

1. Ibid. 34.

2. Ibid. 40.

'à. Les textes religieux relatifs aux différents centres de culte contiennent; mainte allusion à la chambre à coucher de chacun des grands dieux et de son épouse (Note de Langdon). Ce fait est en effet bien connu.

28 LA LITTÉRATURE

20. Les oiseaux n'uni pas ^^abandonné leurs petits.

21. Les colombes, on ne les laissait pas s'envoler.

22. Personne ne disait : « 0 mal d'yeux, tu es 'l'œil malade'. »

23. Personne ne disait : u 0 mal de tète, tu es Me mal de tête'. »

24. Personne ne disait à la vieille femme : « Tu es une vieille femme. » 2.^^. Personne ne disait à l'homme vieux : « Tu es un vieux. »

26. Dans la ville, peisonne n'habitait une place pure, l'eau n'eût

[pas été répandue.

27. Persotuie ne disait : « Quelqu'un a chanj^é le canal. »

28. Nul prince ne refusait sa miséricorde.

29. Personne ne disait : k Un fraudeur fraude. »

30. Personne ne disait : u Hélas ! dans le sanctuaire de la ville'. »

Ninella félicite son mari d'avoir créé un paradis l'on peut goûter tant de bonheur \

II

PRU-AII:SSE DE GRAiNDKS PLUIES.

1. Dans ton ^rand... que les eaux se précipitent!

2. Puisse ta ville boire de l'eau en abondance!

1. Idée empruntée aux textes liturgiques, qui contiennenl de nombreux chants funèbres sur les calamités qui ont désolé les anciennes villes de la Basse Mésopotamie. Cf. Langdon. Le poème sumérien, p. 165.

Se rappelant la manière dont le Poème Enunia elish décrit le temps rien n'était encore (cf. infra), Jasthow admet qu'il s'agit, ici également, de la création et que l'auteur veut dire que rien n'existait. On objecte à cette manière de voir qu'il y a une différence trop marquée entre les passages en question pour admettre cju'ici et le but soit le même; par exemple, pounpioi, pour signifier (pie rien n'existait, l'auteur aurait-il écrit les vers 21, 27, 28? Qu'on relise Enuma clish, ou bien la tablette de Nippur no 14005 (Barto.n, Miscellaneous Dahi/l. Inscr. n" 8, et la copie collalionnée par Langdon. Le poi-nie sumérien, PI. VII-VIII, et trad. p. 13GI)! .Iastrow cite, en faveur de sa thèse, les vers 13-16 du poème (pic nous éludions; s'ils étaient seuls, il pourrait sembler qu'ils lui soient favorables; mais 22- 21 le sont moins; (juant à 32, on ne peut en donner une interprétation apodicticpie, puis(pie le passage est mutilé : il y manque 7 lignes.

On a dit aussi (|ue noire texte décrit une sécheresse à laquelle La va remédier par des pluies abondantes ; on admet donc qu'elle entraîna la mort de tous les hommes!

Il est bien sûr cpie plus d'un Mythe nous a été révélé, inséré dans un texte d'Incantation; mais il n'est pas évident que notre texte fmisse (col. VI) par une incantation cpii serait le but de tout le morceau, sui- vant Jastuow(1. c. .IAOS. p. 12U, 12. i.

2. Vers 31 sui\ .

TEMPS SIIUMÉRO-AKKADIENS 29

3. Puisse Dilmun boire de l'eau en abondance!

4. Ton puits d'eau amère, fais-le couler comme un puits d'eau douce!

5. Que ta ville soil la demeure qui rassemble le pays de Shumer!

6. Que Dilmun soit la demeure qui rassemble le pays de Shumer!

7. Maintenant, ô dieu Soleil, répands tes rayons;

8. ô dieu Soleil, dresse-loi dans le ciel!

Et tout cela se réalise; on nous le dit en répétant, en style direct, les paroles de la promesse'.

Maintenant Enki va confier un secret à Nintud :

26, Son destin, en secret, grandement, libéralement, il lui alTirma.

Quel est ce secret? D'après Laxgdon, l'homme n'est plus agréable au dieu créateur.

27. 11 dit : l'homme n'enire pas chez moi.

Aussi lui annonce-t-il qu'il va détruire - les hommes par un déluge qui durera huit mois et cessera le neuvième^ Il le jure par le ciel \

III

Nintud veut sauver un de ses serviteurs d'une piété exemplaire, Uttu; elle l'appelle au bord du fleuve, auprès de la barque d'Enki le dieu paraît le faire monter.

10. il a placé son pied, seul, sur le bateau.

Le déluge se déchaîne (répétition en style direct des vers <5ui Tout annoncé' et Ton nous décrit la montée graduelle des eaux, et la monotonie de ces jours angoissants :

13. Enki submerj^ea les champs.

14. Les champs reçurent les eaux d'Enki.

15. Ce fut le premier jour du premier mois.

1. 12-19 = 1, 1-7.

2. Ba-ni-in-rifj . Voir Languon, Le poème sumérien p. 177, note 6, et p. 178, note 2.

3. 3()-i«>.

4. 29.

5. Verso III, 13-18=r Verso II, 33-43.

30 LA LITTEHATURE

dô. Ce fut le second jour du second moi?.

d7.. Ce fut le neuvième jour du neuvième mois, le jour de la cessation

18. Comme la graisse, comme la graisse, comme le suif, [des eaux.

19. Ninkurra (comme) la g-raisse,

20. môme Nintud, mère du pays de Shumer, les a créés.

Le déluge fini, Nintud s'entretient avec Uttu sauvé des •eaiixV Elle! le recommande à Enki.

Verso I.

Enki fait venir Uttu dans son temple et lui révèle des secrets. (Uttu est précédé du signe divin, mais il est jardi- nier\)

Verso II.

Des la plus haute antiquité, en Babylonie, comme en Egypte par exemple, on s'est demandé d'où viennent les privations, les maladies, les infirmités, la difficulté de l'in- telligence à percevoir la vérité. Ne dirait-on pas que le poète qui composa notre hymne ait été préoccupé de ce problème? Il semble qu'il nous présente, après le déluge, un homme instruit par le créateur Enki et qui, par sa faute, se trouva exposé à tous les maux qui désolent l'humanité.

Après une lacune assez longue, nous avons une énuméra- tion de plantes médicinales peut-être et d'arbres, dont Jes dieux permettent à Uttu de manger les fruits. Mais il semble qu'Enki lui ait défendu de goûter à une plante « dont il avait lixé le destin. »

20. Mon roi, au sujet de la plante u-gish-^ elle dit :

21. « il peut en couper, il peut en manger! »

22. Mon roi, au sujet des plantes portant du fruit elle dit : 2.3. « il peut en cueillir, il peut en mang-er! »

1. Il y a encore, dans celle colouno, des répôlitions, fastidieuses pour nous, qui rappellent les ré|)éLitions d'autres poèmes, el aussi celles de la poésie lyrique shumérienne.

2. Verso I, passirn.

3. Langdon estime qu'il s'agit d'une plante exotique.

TEMPS SIIUMERO-AKKADIENS 81

24. Mon roi, au sujet des plantes elle dit :

25. « il peut en couper, il peut en manger! »

26. Mon roi, au sujet des plantes à épines elle dit :

27. « il peut en cueillir, il peut en manger! »

28. Mon roi, au sujet des plantes... elle dit ;

29. il peut couper,^ il peut eu manger ! »

30. [Mon roi, au sujet des plantes...] elle dit :

31. il peut en cueillir, il peut en] manger! »

32. [Mon roi, au sujet des plantes ] elle dit :

33. il peut couper], il peut en manger! »

34. [Mon roi], approcha de la plante kasû,

35. il en cueillit il en mangea;

alors la déesse éplorée s^'écria :

38. « // ne verra plus la face de la Vie jusqu'à ce qu'il meure! »

Là-dessus, Enlil. le créateur, et Ninkharsag, irrités* se lamentent aussi :

41 . Moi, Ninkharsag, j'ai engendré ces enfants, et quelle est ma récom-

[pense^?

Verso III.

Dans un dialogue sur les remèdes que comporte la nou- velle situation de l'humanité*, le couple divin se concerte en vue d'adoucir les épreuves de sa créature par le secours d'êtres supérieurs produits à cette fin.

Ninkharsag semble consoler Enlil et s'excuser elle-même d'avoir fait l'homme si défectueux* :

1. Khush-a.

2. Cela rappelle Gen. VI, 5-7 : Videns autem Yahweli quod muUa mali- t'm hominun esset in terra et ciincla cogitatio cordis intenta esset ad maluni, omni tempore, poenituit etiin quod hominem fecisset in terra. Et, tactiis dolore cordis intrinsecus : Deleho, inquit, hominem quem feci, a facie terrae. .

3. « La déesse, interrogeant le dieu, s'adresse par-dessus lui à l'homme. « En corrélation quand le dieu répond qu'il soufîre dans ses biens, dans « ses membres et ses facultés, disgrâce qui ne saurait atteindre un dieu, « il est mnnifeste qu'il répond au nom de la créature elle-même. » Scheil, p. 3.

4. Dans l'énumération des maux, l'auteur suit une marche ascendante : d'aboi'd les maux qui atteignent l'homme pasteur dans ses pâturages.

32 LA LITTÉRATURE

Verso, II!, 24. Mon frère, en quoi le sens-tu soulFrant? 2o. « Mon pàturaj^e * est soulFrant! »

26. Voici que je l'enfanterai le divin Ahii^.

27. Mon frère, en quoi es-tu soulfrant?

28. <( Mon troupeau' est souffrant! '* »

29. Voici que je t'enfanterai le divin Nin-/u//a^

30. Mon frère, en quoi es-lusouH'rant? « Ma bouche'' est

[souffrante! >>

31. Voici que je t'enfanterai la divine Nin-A<î-utud.

32. Mon frère, en quoi es-tu soulfranl? Ma bouche est

[souffrante! »

33. \'^oici que je t'enfanterai la divine Nin-A'a-si''.

34. Mon frère, en quoi es-lu souffrant? « Mon na* est

[souffrant ! >*

35. Voici que je t'enfanterai la divine A'.<-zid'.

36. Mon frère, en quoi es-tu souffrant? >< Mon bras '"est

[souffrant! »

37. \'oici que je t'enfanterai la divine Da-zi-mn^^.

1. Pâturage, ab.

2. Abu (c-à-d. Tarnmuz), le dieu qui renouvelle el prolèo-e la végétation. Il y a, dans le nom de chaque remède comme un écho du mot qui indique le mal.

3. Troupeau, lui le remède est Nin-/(;Z-la.

4. La terre que l'homme cultivait d'abord sans peine, vient de se révol- ter; faute de nourriture suHisante, les animaux sont menacés de mourir.

5. Le dieu des citernes, des fosses. On conçoit combien est importante pour les pasteurs, en Orient, la ((uestion eau. « Le bufile » par ex., s'il reste plus d'un jour sans eau, se détache à l'arrière, se couche et meurt ». SCUEIL, p. 5.

6. Bouche, ka. Remède : Min-Aa-utud.

7. Nin-/fa-si=:la dame (pii comble la bouche. (Nin-kasi est la divinité des breuvages. Br. 11003.)

8. NA (lecture Sc}ie\l) =^f nul,- hir lu m (Mkissneh SAI, 897), euphémisme pour désigner l'organe ou une partie de l'organe de la génération.

9. Na-zi(l (Scueil), au lieu de na-zi (LANGnoN) = NA sain. Celte déesse est chargée de protéger la génération et l'enfantement.

10. Dn signifie le hrns droil, et, par extension, le cùlé. On le considérait (note SciiRii.) comme l'organe principal de la force physiipje. (Pour les Babyloniens, vin i\iillanl, c'était celui dont le bras sort el n'est pas para- lysé nià-(ln.) ("est donc l'action extérieure de l'homme qui est atteinte.

11. Da-zi-ma =; celle qui lève un bras sain.

TEMPS SIIUMERO-AKKADIENS 33

38. Mon frèi-e, en quoi es-tu souffrant? « Ma côte' est

[soutirante 1 »

39. \'oici que je t'enfanterai la divine Nin-///.

40. Mon frère, en quoi es-tu souffrant? « Mon esprit-

lest souffrant ! »

41. \'oici que je t'enfanterai la divine En-shag-me^.

A chacun de ces êtres secourables on fait une situation auprès des hommes :

42. Dans leur jeunesse, à peine nés, voici leur apanage :

43. Abu sera roi des pâturages;

44. Nin-tuUa sera seigneur de Magan.

45. Nin-kha-utud épousera le dieu Nin-azu ;

46. Nin-ka-si sera Nig-shag-si;

47. Na-zid épousera Umundarà ;

48. Dazinia épousera... zini.

49. Nin-lil sera la dame des mois ;

50. Enshagnie sera le seigneur de Dilmun.

Gloire faux dieux)!

Le Déluge d'après la recension de Nippur.

Nous avons au moins six recensions assyro-babyloniennes du déhige : celle de Nippur, la plus ancienne ; le fragment PoEBEL*; le fragment Sgheil"' du temps d'Ammizaduga, ■i^ successeur de Hammurabi, vers 1868 av. J.-G. ; la recen- sion de la XP tablette de l'Epopée de Gilgamesh, 668-626 av.

1. Côte : til. TU, c'est aussi la cage thoraci(jiie qui protège les organes les plus importants de la vie; c'est pourquoi ce signe til eut bientôt, chez les Babyloniens, le sens général de vie. Donc : lil=:côte, vie. Dans la tra- dition hébraïque, la première femme est appelée Eve {khawdh, khawwùh) « vivante » ou « vivifiante » (parce que issue d'une côte de l'homme?)

2. Me r= fabriquer, ouvrer. En sémitique, me:=khasâsu : comprendre khasisu : oreille, intelligence.

3. En-shag-me : le seigneur qui guérit ou qui améliore l'intelligence.

4. Ilist. and Granimal. Texls, N" 1, pi. I.

5. ScHEiL le publia dans RT, XX, 55 suiv.

34 LA LITTERATURE

J,-C. ' ; le fragment Ea et Atarkhasis-, 650 av. J.-G. ; enfin la recension du prêtre babylonien Bérose, 330-250 av. J.-G.^ De la recension de Nippur nous avons un fragment* qui date, d'après Hieprecht, de la dynastie d''Isin, 2339 à 2115 environ^ certainement d'une époque le sanctuaire d'Enlil, à Nippur, avait la suprématie sur les temples babyloniens et la prépondérance dans l'activité littéraire. Il représente la plus ancienne version sémitique du déluge faite sur un original shumérien^ : les recensions ninivites (Tablette XI de Gitgamesli et fragment DT 42) posté- rieures de 1500 ans en, sont que des édifions différentes du même récit, avec d'importantes divergences, abrévia- tions, ou additions. L'étude comparée des divers récits montre que celui-ci ressemble le plus dans les termes, autant du moins que l'on peut en juger, au récit hébreu du déluge que l'on appelle P".

i tien

2 je dissiperai

3. . (ous les hommes ensemble englobera

4. . [toi sauve la v]ie avant qu'arrive le déluge

5. [sur tous les autres] j'enverrai massacre, extermination, destruc- 6 construit une barque et Ttion

7. . de hauteur totale soit sa construction

8. . soit un bateau qui protège la vie

î. Ces dates indiquent la durée du règne d'Ashurbanipal (c'est de la Bibliothèque de ce monarque que vient l'Epopée de Gilgamesh). Nous avons de ee récib un autre fragment uéo-bahylonien (SP II,. 9G0') qui fut copié à la même époque.

2. DT 42; CT XV, PI. 49. Ce récit vient de Ninive, comme le précédent.

3. Elle est rapportée par Eusèbe, Chronique I, 19-24.

4. Publié et édité par II. V. HiLPHEcnT, The enrliest version of the babi/lonian iMage story and the temple library of Nippur. Philadelphia. 19'10'. Voir aussi II. V. Zetintph-w, I). neue Fund Sintfl. a. d. Tenipefbibl. V. Nippur V. nUprecht. Leipzig. 1910.

5. Arguments : linguistique; paléographie; stratigraphie : trouvé dans unecouche de 20.000 tablettes, entières oufragmenlaires, du3^milL av. J.-C. Celte recension fut donc faite environ cinq ou six siècles avant Moïse et an demi-siècle avant flammurabi contemporain d'Abraham.

6. On ne l'a pas encore découvert,

7. Gen. VI, 13-20; «88, U.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS 35

9. . d'un toit* solide recouvre-la.

10. . . . le bateau^ que tu feras

11. . les bêtes de la campagne, les oiseaux du cieP 12 en nombre complet

13 et la famille.

Mythe dEtana .

Les dieux Anunnaki siègent pour statuer en faveur des hommes contre les Igigi qui leur sont hostiles.

Il semble que le malheur de Thumanité vienne de ce qu'elle n'a pas de roi. Les insignes de la royauté existent bien, mais ils sont au ciel, et ce sont précisément les Igigi qui les détiennent. Personne ne peut les ravir.

Il faut pourlanl découvrir un moyen pour s'en emparer... Une première tentative dut échouer

I, 1. Les grands dieux Anunnaki qui lixent le destin s'assirent et linrent conseil au sujet delà terre, les créatures des régions, les auteurs de la natui'e, les Igigi étaient opposés aux hommes, 1. Sceptre et tiare, diadème et bâlon de commandement devant Anu dans les cieux sont placés*.

1. Tséru (dans el-Ainarna : tsukhru), comme l'arabe ^.*i>, sigaitie dos, croupe, et aussi cime : il correspond à l'hébreu {Gen. VI, 16) isohar nn's (xT3; ÀsYO[ji.) que les modernes traduisent volontiers par toit.

2. Dans les diverses recensions du déluge, on a les mots « barque » ou « bateau » en général [elippa), c'est le mot de notre 1. 6 : « grande mai- son » [ekallu). Ici, nous avons magurgurruni qui n'est autre que le sliumé- rieii MA-GUR-GUR. Il semble bien que l'on doive entendre, par ce mot, un « bateau-maison », dans lequel les dieux, les hommes et les bêtes pussent vivre confortablement, à l'abri des vagues qui battaient les flancs de l'arche, de la pluie qui tombait sur le toit, et de toutes les autres intempéries. (Hilprecht, 1. c, p. 53-55). L'hébreu a nari lêbâh=arche (dont la racine n'est pas connue). On peut rapprocher ce mot de l'égyptien

X n H*^ f^^^^^ " caisse, coffre, tombe », qu'on lit sur les murs des plus /\ J ^^ anciens tombeaux. En Assyro-babyl., IV R 30, 2, fait allu- sion à une lehîtu de Tammuz qui paraît être une sorte de barque.

3. Fragment appartenant au R. P. Scheil, publié et traduit par Lillustre assyriologue dans RT XXIII (1901), 18-23), 18-23. « L'écriture est archaïque et, sans aucun doute possible, antérieure à llammurabi. » Scheil.

4. Ou bien : « anciennement comme le firmament dans les cieux sont placés. » Scheil.

SC) L\ LITTÉRATURK

Il n'y a pas de conseil des humains qui du ciel la royauté puisse enlever.

A la fui la tablelle en assez mauvais élal, un dialogue s'en^rau^e entre un ai^le et Etana.

Dans un texte postérieur, nous verrons comment Etana put monler au ciel sur les ailes d'un aigle. Le héros figurera ensuite avec le titre de roi, sans qu'aucun texte puisse encore nous dire comment il le mérita'.

2. Poésie lyrique.

Nous avons des hymnes religieux ou psaumes, si l'on veut marqués par les caractères généraux de la poésie shumérienne que nous avons dejcà indiqués-, et par un parallélisme assez monotone d'ailleurs des idées, des mots, des lignes ou vers, sur lequel nous allons revenir.

Presque tous' ces hymnes, dont plusieurs sont signés^ paraissent avoir été composés par des poètes, à l'occasion de calamités locales' et avoir reçu plus tard la consécration du culte public.

Nous avons des compilations d'hymnes et de prières dont le texte shumérien est accompagné d'une lecture sémitique. Ces compilations sont relativement récentes; toutefois, il est très probable que les textes shuniériens. comme tels, remon-

1. Dans VEpopép de (Hljanirsh (Tab. II, Col. IV''. 1. 45\ Etana sera aux enfers.

2. Nous ne voulons pas y revenir; ajoutons seulement ici que parfois luie rime, ou mieux une fin de ligne revient d'une manière très monotone, en manière de litanie. Par ex. voir p. 40, la première partie du Psaume à Enlil.

3. Il faut excepter, entre autres, les II\mnes à Tammuz. i. CT XV, 15; 20-21.

'>. Tel chant de la collection « il se lève comme le soleil » fut composé l)our déplorer la ruine de Nippur. On y fera, dans la suite, des additions afin (juil puisse convenir à d'autres villes. IX H 11 =K 4613, avec une reconsion K 7083.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS 37

lent à l'époque doiU nous nous occupons en ce moment, et qu'ils furent simplement copiés, compilés ou combinés dans la suite des temps. Quant aux lectures sémitiques qui accom- pagnent quelquefois chaque ligne, d'autres fois quelques lignes seulement du texte shumérien, ce seraient des traduc- tions relativement récentes.

Comme plusieurs estimentque ces textes shumériens/)Ou/-- raient bien être, à la rigueur, des retraductions de recen- sions babyloniennes, nous n'en ferons pas état dans la pré- sente étude alin de ne pas diminuer l'intérêt des faits litté- raires que nous allons exposer. Nous nous réservons de les étudier plus tard, comme ces compilations.

La littérature sacrée des shumériens se divise en deux classes : 1 " les formules « mystiques » ou magiques^ que le prêtre des incantations récitait sur le fidèle; 2" les prières pour le culte public que les psalmisles chantaient dans les temples. Et ce sont ces dernières qui appartiennent au « genre poétique )>. Les Shumériens les classaient, plus volontiers, non pas d'après leur objet, mais cPaprès l'instrument de musique qui les accompagnait- : tim- bale\ tympanum' ou tambourin. Les psaumes les plus

1. jB/i = s/H'p/u=:incanLaliou.

2. Voir une de ces classifications de psaumes à Enlil et à Ishtar, IV R 55 (A un endroit, le copiste note qu'il ne peut pas lire le titre).

3. Khalkhallatii. Cf. F. Thuheau-Dangin, RA, XVI (1919), 122.

4. Balag. Cf. F. TnunEvc-DANGiN, RA, XVI (1919), 121 suiv.

5. Manzu; melsû. Tel paraît être le sens de ces trois mots (nous traduisons les deux derniers par lynii>anuin et tambourin afin de bien marquer qu'ils paraissent avoir même nature) ; il ne suit pas de là, évidemment que ces instruments fussent identiques aux trois de même nom usités chez nous. Il existe cependant (pielques compositions religieuses shumériennes désignées par des notes liturgiques spéciales; elles sont probablement moins anciennes que les hymnes classés d'après Vinstrument accompagna- teur; d'ailleurs elles étaient suivies d'un er-shemnia ou même dun chant sm-]e tympanumeld'unaulre suvle i< tambourin » ; v. g. :1c Ps. ame-barana- ra (SBIl n"* li ; 15; 21 : 22: 25; 2t)VPeul-être ces compositions religieuses furent-elles utilisées le jour le culte public se développa en longue

38 1-A LITTERATURE

archaïques sont tons des compositions pour la timbale'

Ils sont caractérisés parnne certaine symétrie de l'idée ou même des mots que nous allons analyser.

Souvent les deuxîiémisli<;hesd'un« même ligne sont mar- qués très nettement, matériellement même, par la manière dont le scribe écrivait ou copiait son texte. dans les Ir'imentfifions à Tiimnniz^ par exemple-.

Quelquefois la wêine idée est exprimée en termes iden- tiques dans chacun des deux hémistiches d'une même ligne '.

En certains cas, les deux hémistiches ne difterent que par une très légère différence. Afin de mieux faire remarquer ce fait, nous citons la transcription shumérienne :

dirig-ga-zu-dc zn-c dirig'-g'a-ziulé dirig-ga-zu-(lé bi-il-a-zudé za-e dirig-ga-zn-dé^

Il y a parallélisme, non pas seulement d'idée, mais aussi de mo/.ç, quelquefois \

Souvent il n'y a, entre une hgne et l'autre, d'autre diffé- rence qu'une nuance de la pensée ou une circonstance spéciale :

Seigneur, qui connais le destin, en Shumer, auguste par nature; ô Enlil, seigneur qui connais le destin, en Shumer, auguste par

[nature '^

liturgie, tandis qu'à l'oiig-iiie on se serait contenté d'un seul psaume appelé er-slieninia. Cf. Langdon, Sumer and Bahyl. Psalnis. Paris, 1909. iTitrod., p. VI-XXIII.

1. L'étude de ces psaumes montre qu'une composition pour la timhalt' pouvait être un hymne de louange (CT XV, 10), un cliant presque de « genre épique. » CT XV, 15.

2. CT XV, 20-21; 18; 1!»; 20-30; IV R 27, I; 30, 2; Cbant à Ishtar de Const. m RA XV (1!)18). 127-131. Cf. CT XV, 24-25, 1. 7-11; etc., etc.

3. CT XV, 7-9, recto 17: cf. 20; 21: 17, 0; 14 ven^o, 7-10.

4. CT XV, 17, 1. 12-13.

5. CT XV. 21-25, verso \. 25 et 2(); 27 et 28; 7-!», m/u, 20-21; verso, 2-0; 19-20.

f>. CT XV, 10, 1-2.

TEMPS SHUMÉRO-AKKADŒNS 39

Les lignes ou vers parallèles peuvent d'ailleurs être assez nombreuses'.

Deux vers à peu près identiques peuvent éire séparés par u.n ve^«^

Quel<juefois, après avoir émis en deux vers -deux idées ou

deux nuances d'idée, on les unit ensemble dans un troisième

vers :

Petite grêle en main uin-me-li, qui peut rivaliser avec loi? Grande grêle en main um-me-li, qui peut rivaliser avec toi? Avec ta petite et ta grande grêle, fonds sur lui ! L'ennemi, que ta droite le détruise^.

En tel passage, les vers sont par 2 -|- 2^

Quelquefois la symétrie est déterminée par une simple analogie très réelle d'ailleurs de construction.

Faisons remarquer enfm que, souvent, plusieurs de ces procédés de symétrie ou de parallélisme sont utilisés en un maéme morceau.

K est son vent brès malaisé de fixer le sensd-e ces « poésies » , à icaus© du flou qui les caractérise; lenr texte par-aissait sans doute assez ^lair aux aèdes =* qui, les premiers, chantèrent, aux prêtres du moins à ceux des plus anciens temps qni répétaient ces hymnes; mais, pour noits, la formule produit plus d'une fois l'effet d'une sorte de gaze jetée sur la pensée et qui nous fait rêver autour de l'idée fondamentale, avec

1. 2 : CT XV, 24^, verso 15-16; 22 recto 1-2; 15, IG. 3 : ibid., 23, 7-9.

5 : ihiil., 7-9 reclo, 32-36; 22, uerso,2-6, puis 7 et 8. 7 : ihicl., 21-25, verso, 19-24. 10 : ibid., 24-25, verso, 1-lU.

2. Par ex. CT XV, 22, 1. 11 et 13.

3. CT XV, 15, 1. 23-25. Cf. Jos. X, Il : «... Yahweh fit iomber du ciel sur eux de grosses pierres jusqu'à 'Azêqâh, et ils moururent. Ceux qui périrent parles pierres de grêle furent plus nombreux que ceux qui furent tués par l'épée des enfants d'Israël ».

4. CTXV, 23, 1. 16-19.

5. On comprendra que nous n'entendons pas comparer d'une manière absolue, ni surtout d'une manière générale, les premiers auteurs de ces hymnes ou psaumes aux aèdes grecs.

40 l.A LITTÉRATURE

Tappréhension d'ailleurs que la nuance ou le sentiment exprimés par l'auteur fussent assez différents de ce que nous imaginons.

Ces réserves faites, nous devons dire que certains hymnes, dans leur teneur actuelle, peuvent être comptés parmi les compositions religieuses les plus hautes et les plus poétiques delà littérature babylonienne; tels un hymne à Tammuz', d'un rythme musical remarquable, un psaume à Enlil* péné- tré d'une très réelle piété; un autre psaume à Enlil', animé d'un sentiment profond de la faiblesse de l'homme et de la puissance de la divinité.

Les textes que nous allons citer appartiennent au groupe KR-SHEM-MA OU Psaumcs de pénitence, Lamentations*.

Psaume a Enlil^

En cet hymne, comme en bien d'autres, et dès cette époque, on proclame avec complaisance la paternité^ de la divinité : le dieu est un père ; ses adorateurs sont ses enfants.

Enlil, père, est aussi le maître de toutes choses, puissant et clairvoyant par nature; maître de la terre : de lui dépend sa fertilité; maître des hommes : la paix est un de ses dons.

Seigneur qui connais le sortdu pays, qui es puissant par nature',

Enlil, Seigneur qui connais le sort du pays, qui es puissant par nature,

Père Enlil, Seigneur des pays,

Père Enlil, Seig^neur à la parole fidèle,

Père Enlil, pasteur des « têtes noires »,

Père Enlil, le clairvoyant par nature,

Père Enlil, puissant, illumine les hommes.

1. CT XV, 18.

2. CT XV, 10.

3. CT XV, 11 ; de même 13.

4. Une aulro classe est appelée Ek-siia-kiiud-ga ou Psaumes pénilontiols pour V apaisement du cœur.

5. CTXV, 10.

6. Sur le sens de ccHo palernilc, cf. l. 111 : Idées religiouscs.

7. Im-le-na

TEMPS SHUMÉRO-AKKADIENS 41

Père Enlil, ceux qui résistent apaise-les'.

Bœuf couché, comme un veau tu abats.

Enlil, maître^ de la vaste terre;

Seigneur au nom glorieux, chef de la terre; Seigneur par qui l'huile pure et le lait nunuz-am abondent; Seigneur qui établis la paix, qui protèges le pays^. En son lieu de repos, en force il est grand,

depuis les montagnes du lever du soleil jusqu'à celles de son coucher. Dans le pays, le maître c'est toi! de la vie le seigneur c'est toi! Enlil, dans les pays la maîtresse de la vie, c'est ton épouse, la maîtresse Auguste, la terreur au haut des cieux procède de toi. [de la demeure! Enlil, la splendeur des champs fais qu'elle rayonne*! L'oiseau de ciel et le poisson du vivier tu les nourris Père Enlil, avec des chants sublimes les apports de la terre te sont

TofTerts, en dons ils te sont présentés. Seigneur de Shumer, les figues de la ville, don de la terre pour la vie.

[reçois". Père Enlil, accepte les olfrandes pures, nombreux reçois (les dons.)

Total : 25 lignes. Psaume pour la flûte.

Hymne a Enlil".

0 révérend, retourne-toi! la ville regarde-la' I

0 sublime, ô révérend, retourne-toi! ta ville regarde-la!

Seigneur des pays, retourne-toi! ta ville regarde-la!

Seigneur à la parole sûre, retourne-toi! la ville regarde-la!

Enlil, père de Shumer, retourne-toi ! la ville regarde-la!

Pasteur des « têtes noires », retourne-toi I la ville regarde-la!

Clairvoyant par nature, retourne-loi! la ville regarde-la!

Héros qui conduis l'humanité, retourne-toi! la ville regarde-la!

0 toi qui fais habiter en paix, retourne-toi! la ville regarde-la !

Vers ta ville de Nippur retourne-toi! ta ville regarde-la! Vers la brique de fonclalion d^Kkiir velouvne-ioW la ville regarde-la !

Vers Kenur la vaste demeure relourne-toi ! ta ville regarde-la!

1. Littér. : fais reposer.

2. Da/n -/ici /--/-a = celui qui a des richesses, le négociant, le « pacha ».

3. Le sens de la 2^ partie de cette ligne n'est pas sûr.

4. Bilbll = flamber.

5. Le texte porte me-a : toi. Le sens précis de celle ligne n'est pas cer- tain.

6. CT XV 13.

7. La n'est pas dans le texte; nous l'écrivons, à cause de l'inversion, afin de bien marquer que ce n'est pas la ville qui regarde.

42 LA LITTERATURE

Vers Diilazng, le lieu saint, relouiuc-toi 1 la ville regarde-la I

Vers rinlérieur de la maison l'oyale retourne-toi! ta ville regarde-ki! Vers la jurande porte, relourne-toi ! la ville regarde-la!

Vers Kganunniakh, retourno-toi ! ta ville regarde-Ja!

Vers le dépôt des apports du temple retourne-loi ! ta ville regarde-la ! Vers la grand place du dépôt retourne-toi ! la ville regarde-la !

Vers la brique de fondation d'Lkur i-etourne-toi ! ta ville regarde-la! Vers la briquede fondation de Larsa retourne-toi! ta ville regarde-la ! A ta ville dévastée, combien larderas-tu à retourner?

De celle qui est perdue, quand auras-tu pitié?

Dans. la ville, tu distribuais le blé

l'altéré soit désaltéré, à ne plus boire,

celle dont le mari est jeune, puisse dii-e : *( Mon mari ! »

celle dont lenfant est petit, puisse dire : u Mon enfant! »

oàlai jeune fille, puisse dire : « 0 mon frère! »

dans la ville la mère en couches puisse dire : « Mon iils ! » l'enfant, puisse dire : « Mon père ! »

dans les ru€s de laf|uclle les gens soient (paisibles) ou courent çà et liu Le petit périt, le grand périt;

leur proie, les chiens réalisent:

leur butin, Tennemi réalise:

dans leur salle des bancjuets le vent révèle'.

Total : 34 lignes.

Psaume pour la tlùle à Enlil.

A Enlil-.

L'auteur célèbre Enlil comme dieu créateur, providence des champs et des moissons; maître du ciel et de la terre : rien ne peut se dérober à sa puissance.

1. 0 Enlil, conseiller' ton nom* l'homme le sait-il?

a. le fort. le seigneur des champs cou-

[verts de moissons! 3. Il fut engendré sur la montagne seigneur des champs ensc-

' mencés.

1. Il est difficile de bien fixer le sens des dix dernières ligues. Ou peut donner une traduction plausible, sans être sûr ijue telle autre, plausible, ne soit pas meilleure.

2. CT XV 1 1 .

3. .y <'i/-//ia/" := conseiller de conseil.

4. Il faut se lappcler (juc nom était prL'S(jue synouyine de essence. Cf. CiiAKi.Ks-F. Ji;an, Sunier et Ahltad, 22.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS

43

père Enlil,

à jamais' tu demeures! comme le grain dans la mois- [son se lève: le pays ennemi tu abats, la montagne hostile tu abats,

4. Guerrier plein de vigueur,

5. grand, divin, puissant r>. Ta volonté sctend à tout

7. la tête altière,

8. le prépotent,

9. le pays ennemi, violemment, comme sur un pieu tu frappes 10. Les pays hostiles tu aplatis, ^sursatète! 14. « Des pays le rempart c'est moi! le verrou c'est moi ! »

12. Ceux qui lèvent orgueilleusement le front tu les renverses !

13. La porte du ciel tu ouvres-,

14. le verrou^ du ciel en le tirant,

15. la targette^ du ciel en la levant. IG. le loquet'' du ciel en le poussant.

17. Le pays qui n'obéitpas violemment tuy jettes lacon-

18. le pays ennenii qui n'obéit pas tu l'humilies''. [fusion;

19. Seigneur, qui envoies la famine, jusqu'à quand détruiras-tu?

20. La colère de ton ccour qui l'apaisera?

21. La parole de la bouche, elle jette dans l'abattement''.

22. Conti'c toi, qui marcherait en g-uerre?*

23. Seigneur, tu es la puissance dans le ciel pur, la domination

[sur la terre ^

24. « Le poisson de la mer c'est Tnoi qui le retiens, l'oiseau

klans le ciel... '" »

25. Le cultivateur quiplante " les champs, ô lùilil c'est toi!

26. Seigneur puissant, héros....

27. à ta droite, personne n'échappe \'erso : 28. à ta droite, aucun méchant n'é-

[chappe

1. \-G\-:= arkatu : ou poul admettre, ici, le sens : pour la suite des temps .

2. Gi;n paraît èlro pour gab : ouvrir

3. (gisii) su-di-ksu,

4. (gisu) sak-kul.

5. (gisu; Sl-GAn.

6. Nous Uaduisous la variante, qui observe mieux le parallélisme (juo le mot du texte (= tu ne crains pas !).

7. Littéralement : la dépression s'ensuit.

8. Littér. : arec loi qui se collèlerait ?

9. Ou bien : ... pur, le souverain dans les pavs : nir-qal uku-uku-

10. Le ni-nun final pourrait se lire ni-ri, ce qui d'ailleurs u'éclaircirail pas le texte.

11. \riy-Hv = planter ; c'est-à-dire : c'est du dieu que dépendent les récol- les.

44 LA LITTERATURE

30. ' Quand tu ouvres la bouche, la terre J^obéit'^ '

3!. Ce que tu as décidé, Ihonmie ne [l'en-

[freint point]'

32. Apaise-toi^, ôl*!i)]ill

33. Le maître des yuérets, tout-puissanl, c'est

[toi!

34 des dieux, c'est loi !

35 des Anunnaki, c'est

36 Enlil, c'est loi! [toi!

37 des Aniiunaki, c'est

[toi! 38. Le maître du chant, ô l^^nlil, c'est toi!

38 lignes de lamentation sur le tympanum, au dieu Enlil.

A LA DKESSE MaMA''.

Mama% est « la souveraine des dieux", qu'on identifiera à Nin-fud, déesse sage-femme, patronne des accouchements.

87536 Col. I, 4. Je veux chanter le chant de Bêlit-ili.

2. Compagnons, soyez attentifs; guerriers prêtez l'oreille!

3. Chanter Mama est meilleur que le miel el le vin,

4. meilleur que le miel et le vin,

5. meilleur que le khanabii et la figue *(?)

6. meilleur que le meilleur des beurres purs,

7. meilleur que le khanahu et la figue {*?)

8. Mama enfanta un premier, et

9. elle leva la tête et amena le roi.

1. La ligne 29 est illisible.

2. Sens supposé d'après l'analogie.

3. 1(1.

4. Apaise-toi : shed-dc =: paciOcaleur; voir 1. 20 : (qui) l'apaisera = iL- shed-clé.

5. CT XV PI. 1-6. Texte sémUique, contemporain et même antérieur peut-être à la période 2200-2100 av. J.-C, car bien quil soit écrit en carac- tères babyloniens, sa « calligraphie » est celle des textes de comptabilité de la dynastie d'Ur. (I-^. W. Rudge, dans la petite note qu'il a imprimée en tête de CT XV; voir aussi L. \V. King, The seven (ablels of Création, l. I, p. LXXVII). P. DiioRMi- a traduit ce texte dans RA Vil (i;)09), 11-20.

6. Appelée aussi Mami dans le Mythe d'Iia el Alarkhasis et assimilée, plus lard, à Ishtar.

7. Rêlil-ilê.

8. Khashhhuni.

TEMPS SIIUMERO-AKKADIENS 45

10. Mama enfanla un second :

il. Le second était Zari<;ga, dieu du palais.

12. Mama enfanta un troisième, et.... '

Col. \'III, 2. « O Anu, que le butin de Shumer ne s'élève pas haute-

[menl I

3. Le Shubaru habile à mettre en pièces, que Shumer tous

[les ans le mette en pièces! »

4. Ainsi lui parlèrent-ils. Ninni et lui dans l'assemblée

[descendirent.

5. Ninni dont ont cessé les offrandes fixes

6. ne s'apaise pas à la parole de Leilu.

7. Elle prit ses guerriers;

8. le Tigre avec une fermeture de bronze elle baiTa;

9. avec une fermeture de bronze, un verrou d'airain, le

[Tigre elle barra. 10. Les dieux quittèrent leur ville, et, dans l'oubli, ils

[habitèrent leur demeure.

Le scribe noie, à la ligne suivante, que le texte qu'il copie est incomplet.

938-28 ■'

1. « Entends ma prière; certes, elle est élevée!

2. « Ma dame, entends ma prière; certes, elle est élevée I

3. « Présente-la, ô ma mère, au dieu Adad.

4. « Nous entendons sa victoii-e : les forces ennemies

5. « il a repoussé et le pays il ne la pas laissé trembler.

6. « Lève-loi! V^i! parle-lui, qu'il entende la parole, qu'il mette fin

ton attaque ! »

7. Enlil ouvrit sa bouche et, dans l'assemblée de tous les dieux, il dit :

8. « Puisque Anu, le seigneur des dieux,

9. « a entrepris le combat et ne s'esl pas découragé

10. « qu'on m'amène Bêlit-ili, qu'on la fasse entrer devant moi. »

11. On amena Bêlit-ili, et Enlil lui dit :

12. « Va ! apaise ton frère... de sa main fais lever^

1. A partir de cet endroit jusqu'à Col. VIII, nous n'avons que quelques mots.

2. CT XV PI. 3-4.

3. Suivent 4 lignes sensiblement mutilées. La suite du texte intéresserait peu ; nous ne la donnons pas.

m LA LITTÉRATURE

c. Lillérature juridique. Code de Lois.

Les Shumériens eurent un code ou des codes de lois dont nous connaissons quelques articles, depuis la publi- cation de trois tablettes conservées au Musée de Pbiladel- phie. Deux de ces tablettes ont été publiées par Luxz*, l'autre par Clay-.

De la tablette Clay un seul côté est conservé; il est divisé en trois colonnes qui sont les quatrième, cinquième et sixième du document. Au bas de la quatrième et de la cinquième, on lit les chifFres 37 et 35 qui indiquent le nombre de lignes des colonnes respectives.

Le texte ^ appelle ces lois « lois de la déesse Nisaba et du dieu Khani^ » . (Hammurabi recevra les siennes du dieu Shamasli. )

Les deux premiers articles se rapportent aux mauvais traitements causés à une femme enceinte.

Le quatrième article se rapporte au cas du fils qui ne veut pas demeurer à la maison paternelle : il perd son droit « à la maison, aux champs, au jardin, aux esclaves et à toute autre propriété ^ »

Si les parents renient leurs enfants, de la maison ils sorti- ront. (On suppose qu'ils n'ont pas de raison à alléguer contre leurs parents^)

L Selecled suinerinn and babylonian Texls, PI. CVIII-CIX. Ils ont été étudiés par le P. V. Scheil in RA XVII (1920), 35-43.

2. Miscellaneons Inscriptions, PI. XVI, étudiées p. 18-25.

3. Col. 0.

4. Til-la D. Nisaba. ù D. Khani. Nisaba a été reg-ardée comme la patronne de l'écriture (Thuheau Dangin RA \'II (1909) 110) et Khani est appelé « seigneur du sceau » (Reisneu, Ilijnin. 50, 8) et (( dieu dos scribes » (Sfwrpu II, 17.5).

5. Ni(/-(/a-ra; ou bien : et à tout ce qu'il a do botes = ni<j-aniar-ra. Voir code Ilammur. 5;^ 168-109.

G. Pourrait-on supposer que ce sont les parents (jui sortiront de la maison? Cela signiDerait (ju'ils ont agi sans motif légalement suffisant en reniant leurs enfants.

TEMPS SlIUMERO-AKKADIENS 47

Art. 6. Si un jeiiiie liomme a enlevé une jeune fille, il devra payer ce que le père et la mère exigeront; et alors il pourra légalement contracter le mariage'.

Art. 7. Peine de mort contre quiconque a enlevé ou séduit une jeune fi:lle, si les parents refusent le mariage "^ jDécision du dieu : il faut qu'il meure! »).

Les deux autres tablettes de Philadelphie contiennent seize articles.

Art. 5. Si quelqu'un abrite pendant un mois une ser- vante ou un esclave fugitif, il donnera esclave pour esclave ; s'il ne le peut pas, il paiera 25 sicles d'argent.

6. Si un esclave conteste les droits de son maître sur sa personne, on le convaincra en justice et on le vendra.

11 . Si quelqu'un épouse une deuxième femme et qu'il en ait des enfants, la dot qu'elle a apportée de la maison pater- nelle appartient aux enfants. Quant au bien du père, il est partagé entre les enfants du premier lit et ceux du second.

12. Si quelqu'un épouse une femme et qu'elle lui donne des enfants et qu'il en ait aussi d'une servante, le père affranchira les uns et les autres; mais ils ne seront pas cohéritiers.

Minutes de jugeweint rédigées en siiumérien^.

Vente d'une fille par sa mère. Une veuve vend sa fille comme esclave à un cuisinier. Elle se révolte. La mère intervient; mais le maître de l'esclave établit et Tachât et le paiement : devant témoins, le maître inflige un châtiment à son esclave.

1. Dès celte époque, comme aujourd'hui eacore eu Orient, c'était avec les parents que l'on traitait la question du mariage, et les droits des parents sur la jeune fille étaient absolus. Notons cependant que le sens de la ligne 46 : ka-ar-esh-id n'est pas très clair ici.

2. Art. semblable en d'autres termes, Code Harn. 130.

3. Texte dans Tablettes de Telle, trad. Genouillac, in RA VIII (1911), 19-20.

48 LA I.ITTEHATURK

f( Sentence définitive : Elamiizu, fille de Lii-1).-Babbar « au prix: de i mines el demie d'argent à Atud, femme de f< Lù-D.-Babbar, Urshugalamma le cuisinier avait acbeié. « Etamuzu à Urshugalamma : « ton esclave je ne suis pas »>, « dit-elle. Ursliugalamma Etamuzu a acheté, un prix il a « soldé, Ur-D.-Bau, le jardinier, et Igitur sont les témoins.

<( Atud, la mère [de l'esclave ayant ] devant Alla et

« devant Lîi-ibgal Etamuzu Urshugalamma Ur-D.

« Lama, fils de Gishpula, et Alla, fils d'Erinda, se tenaient à <( l'endroit du jugement. ->

[b'' année de Bur-Sin.)

Répudiation avant consommation du mariagii;'.

Cas de répudiation demandée.

(( Sentence définitive : Ninsalzi, fille de Lugaltida, le pas- ce leur, Lù-D.-Bau, fils d'Etala, d'Ur, répudie : Etala à Lugal- <( lida « ta fille, mon fils qu'il la garde >>, dit-il. Pour ce qui « est de la femme, avec elle qu'il n'a pas couché Lù-D.-Bau « en (prête) serment.

« Ur-D.-Bau était assesseur; Ur-D. Lama, patesi. »

(44'' année de Dungi).

Ici, comme ailleurs, serment vaut titre : le mariage n'a pas été consommé. Même après le mariage, on le voit, le père de l'épouse ne traite, comme défenseur de ses droits, qu avec le père de l'époux.

L'époux n'intervient que pour dégager sa responsabilité; semble-t-il, responsabilité (pii mettait en cause les cadeaux reçus.

UUPTUUK DES FIANÇAIl.LKS : CONSENTEMENT DES PARENTS. -

Le consentement des parents était nécessaire pour le

1. Texte, 1. c. n" î)'j8; Irad. 1. c. p. 25-20.

2. Texlc, ). c. Il" %0; trad. I. c. p. 20-27.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS 49

mariage ; l'opposition de la mère suffisait pour le dirimer.

« Sentence définitive : Gim-D.-Lama, femme d'Ishkuran- « dul, contre Lù-D.-Ningirsu, le qa-shu-du^ au sujet des « fiançailles élève une réclamation. Ur-Ningishzida, encore « vivant, devant Lù-Gudea, fils d'Ur-shagga, comparaît ; « Au nom du roi, Lù-D.-Ningirsu, mon fils, ses fiançailles « qu'elles soient, » dit-il.

« Atud, femme d' Ur-Ningishzida, au lieu se lient le <( serment par le nom du roi, devant Lugina, fils de... et ] « comparaît : « Au nom du roi, Lu-D.-Ningirsu, mon fils « (mon consentement à) ses fiançailles n'est pas », dit-elle.

(( Turra. fils d'Abbama, et Ur-D.-Bau sont les témoins. <( Gim-D.-Lama récuse les témoins.

« Lù-Gudea (prête) serinent.

« Lu-D.-Ningirsu, fils d'Ur-D.-Ningishzida, épouse Giin- « nigingar, fille de Lù-Gudea.

u Kalla était assesseur. Lù-dingirra et Ur-D.-Kadi étaient « les juges. »

Ainsi, le fiancé libre de tout engagement a épousé la fille de l'enquêteuse, à moins que riiomonymie ne nous induise en erreur.

D. Liltéraliire « des Voyants. »

Le mvstère de l'avenir a toujours intrigué l'humanité.

Les philosophes réussissent quelquefois, en analysant les événements du passé ou les faits contemporains, à pro- nostiquer ce que sera demain; mais, dans la Littérature assyro-babylonienne, il nj a pas de trace de Philosophie de l'Histoire. Des « hommes de dieu » peuvent recevoir gra- tuitement du Ciel le don de lire dans l'avenir le plus lointain ; mais les lettrés assyro-babyloniens ne purent enregistrer aucun document prophétique.

Pour connaître l'avenir, les antiques Mésopotamiens s'adressèrent au firmament., aux astres., aux viscères des

4

50 LA LITTÉRATURE

victimes, elc, parce qu'ils s'étaient persuadés que l'histoire (le la terre n'était que la réplique de celle qui se déroulait dans le ciel vivait le monde des dieux, et que, par suite, les phénomènes visibles ici-bas devaient révéler les pensées de la divinité. Celui qui savait les ro?"/' fut appelé « Voyant », hârû \ on fut convaincu que l'OiV ainsi c'était /)rei'o/r ; et Ton demanda aux ^"oyanls de prévoir, de prédire de quoi demain serait fait'.

L'activité intellectuelle des hârû produisit une masse énorme de documents. Mentionnons, pour notre époque, les présages de Sargon l'Ancien-, de Naràm-Sin % d Ibi-

1. Ou sail les analogies qui exislèrenl, surtout aux anciens jours, entre les Voyants d'Israël et ceux de Babylone (d'où plusieurs ont conclu à tort que ceux-là doivent leur origine à ceux-ci). Israël était persuadé que laction de Dieu dans le monde choses et actes était bien autrement impor- tante et profonde que celle des créatures; mais cette action divine échappe souvent, et quelquefois entièrement, an regard du commun. En vertu d'une aide mystérieuse, mais réelle, reçue gratuitement de Dieu, des hommes pouvaient voir directement celle action, connaître la pensée de Dieu : aux anciens jours, on appela ces hommes des Voyants (^î^"' ou t\-^'~), I Sam, IX, 9 nous le dit explicitement; plus tard, on leur donna le nom de nabiy', que les LXX traduiront jtar Toof /.tt,;, d'où est venu notre mot prophète. Chez les Grecs, ce mot -of-riTT,; (étymolog. : i^ô 4- '-stijjl; =: parler devant) désignera celui qui transmettra ou expliquera la volonté des dieux, tels Orphée (Eur. lilies., 971) ou Thirésias (Pindare, Néméen., 1, 91) ou celui qui interprétera les révélations obscures des dieux \k\v ex., le bruisse- ment des chênes sacrés de Jupiter, à Dodone, ou les sons inarticulés de la pythoiiisse de Delphes.

Dans le langage courant, prophète désigne celui qui prédit l'avenir {ce qui correspond au [livr.; des Grecs), bien que la prédiction de Vavenir ne représente qu'une partie (et chez certains la moindre) de l'aclivîté reli- gieuse des prophètes d' Israël.

Voilà un des cas, fort nombreux d'ailleurs, il faut prendre garde de ne pas attacher trop d'importance à l'aspect extérieur, mais de fixer au contraire le principe inléneur qui fait la valeur spécifique, unique, de la prophélie en Israël (Sur ce dernier point, voir les Manuels d'Introduction à l'élude de l'Ecriture Sainte elles Introductions spéciales à l'élude des Pro- phètes).

2. IV U'- PI. 3'i copie assyrienne d'un original ljabylf)nien. Il y a, au Hri- lish Muséum (n"()7'i0i) un duplicatumde ce texte fail sur un original dif- férent, comme le prouvent les variantes et l'économie générale du docu- ment. Ou peut citer encore Rm 2212 (CT. XX PI. 2, verso !)-l(V et K 2235 (CT. XX. PI. 3!)j, col. III, 7-9.

3. K K 5988 et 10244, K K 2317, 6446, 5929.

TEMPS SHUMERO-AKKADIENS 51

Sin'; il serait même question des présages de Gilgamesh".

Citons quelques exemples :

« Si au sommet d'un palais un doigt' trace une figure* : a un devin se présentera.

« Si à l'intérieur' d'un palais un doigt trace une figure : « parole injuste, à réticences''.

« Si au milieu d'un palais un doigt trace une figure : des « brigands braveront le pays avec insolence.

(( Si à la base d'un palais un doigt trace une figure : le <( devin du pays ennemi deviendra puissant'.

HÉPATOSnOPIE.

Pour les Babyloniens, la vie, don des dieux, réside dans le sang, car l'homme a été pétri dans le sang divin*, et le foie est la source du sang, par suite la source de la vie et le siège de l'âme (en fait, «a/iy, vie, âme, foie étaient, à une

1. Cf. K 6271 (CT. XX. PI. 13) verso 12-13 ; K 3670.

2. Pirishtu Gilgamesh, dans K 4063; Cf. Bezold, Catalogue, p. 1892.

3. Cf. Dan.., V, 5 s.

4. Utsurtu : image, figure, contours, plan.

5. Ina napshat.

6. La gamrat : non complète, non finie, non entière.

7. British Mus. 4030; voir dans Bezold, Catal. p. 588. Texte rapproché de Dan. V par A. Boissier dans PSBA, XVIII (1896), 237-239.

8. C'est à la tradition d'Eridu que remonterait cette idée que ihoinme a été fait auec de la terre pétrie dans du sang divin (Cf. Sx. Langdon. Le poème sumérien... p. 34-35), idée adoptée ensuite par les Assyriens {ibid., 40-41). Voici les textes. CT. VI, 6, verso 22-25 :

Qu'on égorge un dieu.

Que les dieux

à sa chair et son sang

que Ninkharsag mêle de l'argile. Ce texte date de la I"'® dynastie babylonienne. Texte de la ville même d'Ashshur (Les Anunnaki répondent au dieu Enlil) :

Surl'Uzumâ, le lien du ciel et de la terre,

égorgeons les dieux-artisans,

et de leur sang créons l'humanité. (Ebeling, Keilinschr. 4, et duplicatum K 4175, dans PSBA, 1888 (juin). Voir Langoon, l. c, 40-57). Cf. Créât. VI, I, 5.

52 LA LITTÉRATURE

certaine époque, des termes à peu près synonymes'); aussi pensait-on que ce que l'on voit sur le foie manifeste la nature intime de la vie et représente ainsi une révélation divine % puisque toute vie est une création des dieux et que, d'autre part, la victime dont on étudie le foie étant agréée par la divinité, il doit y avoir une relation particuliè- rement étroite entre celle-ci et celui-là; de sorte que, si l'on comprend les phénomènes qui paraissent sur le foie, on peut connaître les desseins des dieux ^.

Nous citerons quelques extraits d'un présage par le foie de Sargon l'Ancien; ils donneront une idée suffisante de ces sortes de documents ^

Le rôle que joua Sargon comme conquérant et fondateur d'un nouvel Etat fit tant d'impression que l'on attribua une particulière importance aux présages sous lesquels il fit ses expéditions guerrières et accomplit les actes principaux de sa politique intérieure ; et on les conserva à titre d'indica- tions ou de fils conducteurs pour l'avenir ^

1. Chez les Grecs, le peuple regardera le foie comme le siège de la vie, de l'âme, des sentiments : amour, colère, haine; même au temps d'Hippo- crate, le foie passera pour être, au point de vue anatomique et physio- logique, le siège, la source du sang (Neubuuger u. Pagkl, Ildh. d. Gesch. d. Medizin. Yena, 1902, I, 238). Tout le monde se rappelle que, pour les Hébreux, « l'âme est dans le sang ».

2. Platon [Timée, 571"^) dira <jue le foie est un miroir qui, pendant la vie, reflète la pensée des dieux, et qui, après la mort, conserve les traces des images imprimées sur l'âme.

3. On peut regarder comme une réaction contre ces pralicpies les pres- criptions que nous lisons en dix passages du Penlaleuque {Ex., XXIX, 13, 22; Lev., III, 4, 10, 15; VII, 4; VIII, 16, 25; IX, 10, 19).

4. La Uibliolhèque d'Ashurbanipal nous a livré deux figures de foie, l'une assez simple (Rin 020; reproduite et commentée par Boissieu, Choix... p. 76-78), l'autre (CT. VI, PI. I.), divisée par 50 lignes environ en petits car- rés dans cliacun desquels une inscription indique le présage correspondant à ce carré; car on pensait que chacjue comparlinient était le siège d'un sen- timent particulier de l'âme. l'Cos deux figures devaient servir aux élèves pour l'étude anatomicpie et surtout pour la divination). On associait aux images que l'on croyait reconnaître sur le foie sentier, creux, brèche, etc. toutes sortes d'idées et de pensées (jue l'on utilisait ensuite pour l'inlerprétalion.

5. Les données historiques ipii ont été insérées après coup dans le

PÉRIODE HAMMURABIENNE 53

« Si le banlu dans son pourtour enveloppe la bile*, pré- « sage pour Sargon qui en suite de cet oracle, marcha « contre l'Elam et anéantit les Elamites ; il leur infligea un « désastre et leur coupa les vivres-.

<( ... Si le bantu est comme un imshukku et n'a ni bile, « ni shusi, qu'à la droite de la bile une pointe se dresse et « qu'on voit la gauche, el que devant lui il y ait sept fissures, « présage pour Sargon en suite de ce présage, les habi- « tants de toute la contrée se soulevèrent contre lui, dans « Agadé ils l'assiégèrent; Sargon sortit alors et brisa leurs « armes; une défaite il leur infligea, leurs hordes nom- ce breuses il défit'

B. Période hammurahienne.

Depuis 2500 environ avant J.-C, le sanctuaire du dieu Enlil, à Nippur, était, parmi les temples de Babylonie, celui qui exerçait la plus grande influence religieuse et littéraire ; mais, après que Rîm-Sin de Larsa eut été battu par Hammu- rabi, les choses changèrent rapidement : les divers petits états babyloniens constituant géographiquement le pays de Shunier et d'Akkad furent unis politiquement par le puissant monarque, qui ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire du Bas-Euphrate. Babylone devint la métropole politique et religieuse de l'empire unifié, et son dieu, Mar- duk, prit bientôt la place du dieu Enlil et absorba ses attributs.

Pendant notre période, le développement du commerce

texte de ce présage tel que nous le lisons aujourd'hui nous les trouvons aussi dans une chronique néo-babylonienne. (Editée et trad, par L. W. KiNG, Chronicles t. II, p 57-69). Sur Sargon, voir t. I, 13.

1. TS\ ^daddaru =z amer. On conçoit qu'il y eût des formules ou des termes techniques, souvent obscurs pour nous, qui désignassent soit les par- ties du foie, soit les phénomènes que l'on y remarque. (Cf. CT XX : deux séries de ces textes, une de 14 tablettes, l'autre de 17).

2. IV R2 3^i, 1. 1-3.

3. Ibid., 1. 35 verso, 1. 1.

54 LA LITTÉRATURE

et de la richesse auront comme résultat une grande culture intellectuelle. Les formes essentielles de la vie de l'esprit et de la vie religieuse sont fixées désormais d'une manière à peu près définitive; au cours des âges suivants, on ne retrouvera plus l'étincelle, le don de l'invention; on ne fera plus guère qu'imiter ou même copier servilement,

Hammurabi ne fut pas centralisateur à l'excès, puisque, par exemple, c'est lui que nous devons regarder comme le véritable promoteur de la gloire de Sippar'. Cette ville eut une bibliothèque* peut-être même plusieurs l'on conservait les vieux textes'. Le culte, pompeusement installé dans son temple célèbre, inspirera* toute une littérature religieuse et lyrique.

a. Littérature juridique. i. Le Code de Hammurahi.

Hammurabi, comprenant combien il importait de cimen- ter l'union politique' que ses armes avaient imposée, donna à ses sujets un Code de Lois qu'il fit graver sur un certain nombre de blocs de pierre dure destinés aux temples des principales villes de Babylonie. On supposait, jusquà ces derniers temps, que des copies sur tablettes portatives avaient été faites à l'usage des « professeurs » et des « étu- diants » qui fréquentaient les « Ecoles de Droit » car

1. V. ScHEiL. Une saison de fouilles... chap. V.

2. Découverte par FUssam qui en relira 40.000 tablettes (V, Scheil, 1. c. p. 25).

3. Un scribe fera le voyage de Sippar pour collationner, sur un texte archaïque, une inscription fruste, ou mutilée, ou mal transcrite. (Inscript, de l'Université de Pknnsyi.vaxi a signalée, au R. P. V. Scheil par Hii- precht).

4. V. SciiEii., dans ses fouilles de 1893-1894, a découvert une école conte- nant « une niasse énorme, complète et cohérente, de tablettes de foutes sortes », hymnes shumériens, listes métrolojiiques, syllabaires, contrats. toui documents « apparlennnl ù répoijnp l);ininiiiral>ieruii' ». L. c. p. H3.

5. Cf. t. I, Histoire p. 2(> s.

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 55

le dévelop}3emenL de la jurisprudence, sous la première dynastie, ne permettait guère de douter de l'existence de telles écoles'. Or cette hypothèse a été confirmée parla découverte d'une tablette de Nippur, de petit format % et par un fragment d'une tablette de Nippur aussi \

Le Gode sur bloc de diorite destiné au temple de Sippar fut transporté àSuse'^par un roi élamile probablement Shutruk-Nakhkhunte, grand collectionneur du xii'' siècle av. J.-C, après une guerre heureuse contre les succes- seurs du monarque babylonien.

Devant le dieu Shamash, Hammurabi est debout, vêtu d'une tunique à plis lisses, serrée à la taille par une cein- ture; à son cou, un collier; sur la tête, une calotte qu'on dirait de feutre, avec un large bourrelet.

1. Cf. infra, p. 64 s.

2. Elle provient des fouilles faites à Nippur au comple de rUniversilé de Pennsylvania qui l'a éditée en 1914 [Hislorical and l]rra.mmatical Texls, by A. PoEBEL, PI. XXXIX). Elle est carrée et mesure 0 m. 24 de côté. Elle est divisée eu G colonnes, comptant chacune 58 à GO lignes, d'une écriture fine et serrée couvrant la face et le revers. Chaque article est séparé des autres par un « blanc » à la différence du texte du Louvre : cela facilitait les recherches. La partie supérieure de la tablette manque; il reste en tout 116 lignes. Or lUG de ces lignes comblent en partie une lacune de l'original du Louvre. Ce texte a été traduit par V. Scheil (^RA, XIII (1916), 49-52) et étudié par E. Cuq, dans un des Mémoires de VAca- déinie des Inscriptions et Belles-Lettres (tome XLI), et tiré à part sous le titre : Les Nouveaujc fragments du Code de Hammurahi sur le prêt à intérêt et les Sociétés, in-4, Paris, 1918.

3. Editée par A. T. Clav, Miscellaneous Inscript., 3'i. Les articles de ce fragment se rapportent aux §§ 165, 170-171, 173, 174, 175 du Code en diorite du Louvi'e et présentent quelques variantes de signes et de mots, et quelques inversions d'expressions. En somme, on peut dire que la copie a été faite avec beaucoup de soin. Cette constatation peut avoir quelque intérêt pour un Bibliste.

4. C'est qu'il fut découvert par la Mission française dirig-ée par de Morgan, en Décembre 1901-Janvier 1902, fragmenté en 3 blocs, qui sont très bien raccordés. En quelques mois, il fut déchiffré, édité et traduit par le P. V. Scheil, O. P. (Délég. en Perse, t. IV, Paris, 1902). Ce monument est conservé au Musée du Louvre. On a découvert, à Suse encore, quelques fragments d'un autre bloc de diorite, publiés par Scheil (/. c, t. X p. 81- 84). Les colonnes 17 à 23, recto, du texte du Louvre mancjuent, parce que le bloc a été poli, en cet endroit (bas de la face antérieure), on ne sait pour quelle cause.

56 LA LITTÉHATURK

Sliamash le dieu de Sippar, est assis sur un Irône. Il a sur la tête une tiare de cornes enroulées et superposées qui rejoignent le croissant de la lune. Il est vêtu d'une robe à volants. Derrière ses épaules, se détachent deux faisceaux de rayons. Sa main gauche est fermée ; la droite présente au roi ce sceptre, coupé au milieu par une boucle, qui est, sur les monuments babyloniens, le symbole de la justice*.

Nous connaissons des articles de loi shumériens- que l'on peut appeler des prototypes du Code babylonien ; d'autre j)art, l'histoire des réformes du roi shumérien Urukagina montre que les lois auxquelles il se réfère sont semblables à celles de Hammurabi: de ces deux faits on peut conclure que le grand roi babylonien codifia une législation ancienne du moins en partie, et shumérienne.

Les lois hammurabiennes sont des « décrets d'équité », qui donneront un régime heureux au pays, rendront heureuse « la chair de la contrée », défendront le faible contre le fort et soutiendront l'orphelin et la veuve. « Que « l'opprimé qui aura un litige vienne devant mon image à « moi, le roi juste, qu'il lise ma stèle, qu'il entende mes « précieuses paroles, que ma stèle éclaircisse son affaire, « qu'il comprenne sa cause, que son cœur se dilate (et qu'il a s'écrie) : :< Hammurabi est un maître qui est comme un « père pour ses sujets \' »

Art. 1-2 : Des accusations accompagnées de maléfices' et dénuées de preuves. Suivant la nature de Taccusalion lou du maléfice), ou bien l'accusateur qui ne peut pas prouver la vérité de ce qu'il avance est mis à mort immédiatement.

1. l'.f. Ps XI. V, 7 : Le sceptre de la royauté esl un sceptre do <Irui(iire (ou d'équité).

2. Cf. supra p. 46 s. On connaissait déjà une paire de morceaux du Corpus liammural)ien copiés pour la Bibliothèque d'Ashurbanipal et deux autres frafjments copies néo-babyloniennes (vi' siècle av. .L-C.^ (pii sont au Musée de Berlin.

:L Col. I, 30 et sui\ .

/|. Cf. Ex. X.XII. 18^; Deut., XVHI, 10.

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 57

OU bien raccusé est soumis au jugement du dieu par l'épreuve de l'eau : s'il succombe, son accusateur s'empare de sa maison ; s'il surnage, son accusateur est tué et sa maison passe à l'accusé.

3-5 : Des jugements. 3 : Si, dans un procès, quelqu'un a menacé les témoins et qu'il ne puisse justifier sa conduite, il est digne de mort s'il s'agit d'une cause capitale '.

4 : Si quelqu'un a tenté de corrompre les témoins en offrant des céréales ou de l'argent, il encourt ipso facto la peine dont il s'agit".

6-25 : Des différentes sortes de vol. 6 : Voleur et rece- leur de trésor du temple ou du palais sont punis de mort\

8 : S'il s'agit d'un bœuf, d'un mouton, d'un âne, d'un porc, d'une barque, le voleur évitera la mort s'il en paie trente fois la valeur*, ou dix fois seulement si le volé est un affranchi.

9 : Si quelqu'un a perdu un objet et qu'il le retrouve ensuite, si le détenteur de l'objet perdu dit : un tel me l'a vendu et je l'ai acheté en présence de témoins % et vice versa si le propriétaire dit : je produirai des témoins qui reconnaîtront mon objet, alors l'acquéreur produira son vendeur et les témoins de l'achat ; le propriétaire qui réclame Tobjet perdu produira, lui aussi, des témoins qui puissent reconnaître son objet perdu : le juge examinera leurs témoi- gnages; tous confesseront devant dieu* ce qu'ils savent : le vendeur sera équiparé à un voleur et jugé digne de mort. Le propriétaire reprendra son objet, et l'acquéreur recevra du vendeur Targent qu'il a déboursé'.

1. Cf. Deut. XIX, 16-21.

2. Cf. Ex. XXIII, 8; Deut. XVI, 18-19.

3. Cf. Gen. XXXI, 32; Josue VII, 1 suiv. (il s'agit du khérém).

4. Cf. Ex. XXI, 37; XXII, 2-3.

5. On verra (p. 65 s.) avec quel soin étaient indiqués les noms des témoins sur les tablettes-contrats.

6. Mahhar ilim.

7. Cf. Ex. XXII, 7-9; Lev. VI, 3.

58 LA LITTERATURE

14 : Peine de morl pour le vol cl'un lils de famille' ; (16 : i pour celui qui recèle un esclave dans sa maison malgré, la réclamation du majordome-.

21 : Si quelqu'un a enfoncé le mur d'une maison, il sera tué en face de la brèche et enterré sur ])lace'.

2(3-41 : Des ministres du roi et fiutres o/Jiciers d'Etat.

42-69 : De la culture des champs et des vergers. Les baux de culture se font pour trois ans, quelquefois pour un an. f^e preneur paie ordinairement en nature, à raison de la moitié ou du tiers des fruits... Lorsque le fermier n'a pas cultivé ou fait cultiver la terre, il doit au propriétaire une idemnité basée sur le rendement des champs du voisin...

60 : Si le fermier reçoit un champ nu, il doit planter des arbres qui d'abord rendront peu de chose ; aussi n'est-il tenu à rien pour les premières années; la cinquième année, on partage par moitié en deux sections, non pas les fruits, mais le jardin lui-même, et c'est le propriétaire qui choi- sit*.

90-97 : Du prêt à intérêt. On pouvait prêter des capitaux en céréales ou en argent, gratuitement" ou à intérêt [tsibtu). Cet intérêt représentait le croit du capital".

Les céréales s'accroissaient beaucoup enBabylonie: le prêt de blé, d'orge, de sésame était donc pour l'emprunteur une cause d'enrichissement. La loi sanctionna la coutume qui autorisait le prêteur à partager avec son créancier, dans une proportion déterminée, le croît du capital.

1. Ex. XXI, 10.

2. Cf. Deut. XXIII, 1.5-16.

3. Cf. Ex. XXII, 1-2 (TM).

4 Cf. Lev. XIX, 23-25. A |.arlir de l'art. 09, il v a dans le Code du Louvre, une lacune de 40 articles environ. Une partie, correspondant à 90-101, à peu près, nous a tHé rendue par la tablette de Pennsylvania (8 art. sur le prêt ii intérêt; 3 art. sur le contrat de société). Cf. supra p. 55, n. 2.

5. Du blé VS, Vil, 81; IX. 1, 51. .52; BE, VI. i, 6i, etc.; de l'argent: BA, V, IV, 21; TD, 113: CT, VI, 40'; bricjues : BE. VI, ii, 21.

('). C'est If sens précis du mot Isihhi.

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 59

On empruntait aussi de l'argent, et les contrats stipulaient quelquefois que c'était pour acheter du blé. On pouvait escompter que ce blé, jeté en terre, allait rapporter de bons bénéfices; la part du prêteur au capital ainsi accru fut d'abord fixée parla coutume, puis sanctionnée par la loi; et de même dans le cas d'argent prêté comme instrument de commerce, parce que l'essence du commerce est l'accrois- sement des capitaux.

La loi règle le taux de l'intérêt qui ne doit pas être dépassé. Dès l'époque d'Ur, le taux n'était pas le même suivant qu'il s'agissait d'argent ou de denrées'. Le Code, consacrant l'usage-, fixa pour le blé 33 i/2p. 100^ et pour l'argent 20 p. iOO^ : ce sont les taux maximum; naturel- lement les parties sont libres de contracter à des taux moins élevés, nous en avons des exemples au temps d'Ur^ et sous la première dynastie de Babylone** c'est ce que font, entre autres, les administrateurs du Temple' et l'Etat lui- même ^

91-95 : Sanction de la loi du prêt. Hammurabi protège'' l'emprunteur contre les prétentions excessives des prêteurs et surtout réprime*" les moyens frauduleux usités pour m ajo-

1. Contrat n" 206 de Constant, dans Hilprecht Anniversary volume, 189-222 (Huber).

2. Divers contrats nous permettent de constater cet usage. On peut les voir dans Ungnad, Hanwiurabi's Ges. : pour les prêts de blé, 150-153, 853-855, etc.; pour les prêts d'argent, 880-882, 902, 915, etc. (A l'époque néo-babylonienne, on ne constatera plus la dualité de l'intérêt.

3. Ce taux ne devait pas paraître excessif aux gens du pays, 1" parce que leur sol était particulièrement fertile; parce que l'argent, rare encore, devait facilement trouver un emploi rémunérateur. (Cuq, l. c, p. 35).

4. Art. 90, et Cf. labl. Sippar 717, apportée par Scheil de Sippar à Constantinople.

5. BE, III, I, 23, 24.

6. BA, V, n" 4.

7. TD Lettres et Contrats n" 183; VS, VIII, 119.

8. CT VI, 21«.

9. Art. 91. 1. 20-27; cf. art. 113 et 116. 10. Art. 92-95.

60 LA LITTÉHATURE

rer Tiiitérêt soit en prétendant que le débiteur n'a pas payé, soit en s'abstenant de donner quittance d'un acompte afin de pouvoir réclamer l'intérêt intégral, soit en faisant usage de faux poids ou de fausses mesures.

Le contrat du prêt à intérêt nest valide que s'il est conclu en présence d'un fonctionnaire du Gouvernement appelé NER ou gir'.

100-107 : Du commerce'.

108-1 1 1 : Du débit de boissons. 109 : Si des rebelles se donnent rendez-vous chez une marchande de vin et que celle-ci ne les conduise pas au palais, elle sera punie de mo^t^

1 10 : La recluse qui entre dans un débit de boissons pour y boire sera brûlée vive\

112 : Du contrat de transport.

113-116 : De la compensation occulte, du séquestre et de l'arrêt personnel.

117-119 : Des dettes. 117 : Le débiteur pouvait livrer sa femme, son fils ou sa fille pour servir le créancier, en échange de la dette ; mais, dans la quatrième année, ils recouvraient leur liberté'.

120-126 : Du dépôt. Le dépôt proprement dit d'or, d'ar- gent, ou de tout autre objet, doit se faire par contrat et devant témoins, sous peine, pour le propriétaire du dépôts de perdre tout droit de revendication en justice. Le déposi- taire est responsable, même en cas de vol. A lui de se récu- pérer sur le voleur".

1. Art. 90. Avant la promulgation du Code, il n'y avait pas fonction- naire NER ou Giu chargé du contrôle de ces contrats; on avait soin alors- de faire contrôler la livraison de la quantité prêtée par un « homme juste et intègre ». VS VIII, n" 86 ; TD 82; CT IV, 38^

2. Cf. t. I. Histoire, p. 27-28.

3. Cf. Jos. II, 1 s.

■1. Même peine, en Israël, pour l'inceste (comme en Babylonie, Code, 157) Lev. XX, 14, et pour la fornication de la fille d'un prôtre. Lev., XXI, 9.

5. Cf. Ex. XXI, 2(TMi; Lev. XXV, 31) s. ; Gen. XLVII, lU; II Iteg. IV, 1.

6. Cf. Ex. XXII, 7, 8.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 61

127-184 : De V organisation de la famille'. 128 : Pas de mariage légitime sans conlrat. 127 : L'honneur de la prêtresse et de la femme mariée est défendu contre dinjustes soupçons : le calomniateur sera marqué au fronts

129 : La femme mariée prise en flagrant délit est jetée à Teau avec son complice, à moins que son mari ne lui par- donne ou que le roi ne fasse grâce à son amant ^

130 : Celui qui viole une vierge fiancée est mis à mort. La jeune fille est relâchée*.

132 : S'il y a vumeuv publique contre une femme mariée «lie doit subir l'épreuve du Fleuve ^

138: Si la femme est stérile, le mari peut la répudier, mais il doit lui rendre son trousseau et la dot^

144 : La femme stérile peut donner une de ses esclaves à son mari, et si cette femme a des enfants, le mari ne peut chercher une concubine".

146 : Si l'esclave a des enfants et que, par suite, elle se pose en rivale, sa maîtresse ne peut plus la vendre, mais «lie peut la marquer et la traiter comme esclave ^

155-150 : Le père qui a commerce avec la fiancée de son fils lui paie une demi-mine d'argent et la renvoie ^ Si le fils avait déjà eu commerce avec elle, le père est lié et jeté à l'eau'».

157 : Si le fils a commerce avec sa mère, les deux com- plices sont brûlés".

1. Cf. t. I. Histoire, p. 28-20.

2. La peine n'est pas claire pour nous : « aura les tempes (les sourcils?) rasés »,

3. Cf. Gen. XXXVIII, 24: Lev. XX, 10; Deut. XXII, 22.

4. Cf. Ex. XXII, IB; Deut. XXII, 26-29.

5. Cf. Nurn. V, 12-18.

6. Deut. XXIV, 1.

7. Cf. Gen. XVI, 1-2; XXX, 4.

8. Cf. Gen. XVI, 4 suiv. {Deut., XXI, 14).

9. Cf. Ex. XXII, 10; Deut. XXII, 28-29.

10. Cf. Lev. XX, 12.

11. Cf. Lev. XX, 11.

62 LA. LITTEKATURE

159 : Le prix' donné pour la fille appartient au beau-père en cas de rupture des fiançailles imputable au futur-.

162 : Le trousseau est le bien propre de la femme. Si elle meurt, il passe aux enfants'.

168 : Le père ne peut rejeter un de ses enfants sans auto- rité de justice \

171 : Si le père, tandis qu'il était en vie, n'a pas adopté les enfants de l'esclave en leur disant : « Vous êtes mes enfants », quand il mourra ces enfants n'auront point part avec les enfants de l'épouse aux biei^ mobiliers de la maison paternelle ; mais l'esclave et ses enfants seront affranchis, et les enfants de l'épouse ne pourront exiger l'esclavage des enfants de l'esclave; l'épouse prendra son trousseau et le douaire que son mari a constitué pour elle, par écrit, elle demeurera dans la maison du mari et jouira, sa vie durant, de ce qu'elle possède, sans l'aliéner, et, après sa mort, elle le laissera aux enfants^

178-184 : Des prêtresses et des courtisanes. 178 : Lorsque la jeune fille n'était pas mariée en justes noces (prêtresse, courtisane) et avait des enfants, ceux-ci n'en- traient pas en ligne de compte. Si, dans cette condition, le père avait donné à sa fille des biens immeubles, à la mort du père ils allaient aux frères à charge par eux de lui faire une pension (blé, huile, laine) proportionnelle à leur va- leur*.

185-193 : De V adoption.

1. Voir, par ex., clans V. Scheil [Une saison de fouiltes à Sippar, n" 10) l'inventaire d'une dot du temps de Sin-muballit, prédécesseur de Ilammu- rabi. Celte dot consiste en champs, toute une maison construite, « maison d'offres et de demandes, qui est située sur la place publique de Sippar w, plus 10 mines d'arf^ent, 20 mines de cuivre, G bœufs de labour, 10 buffles, 60 moulons, diverses pierres, 10 esclaves hommes et 10 esclaves femmes.

2. Cf. Gen. XXIV, 53 suiv.; XXXI, 15.

3. Cf. Gen. XXXI, IG.

4. Cf. Gen. XXI, 18-21.

5. Cf. Ex. XXI, 10-11; Gen. XXXI, 10. t). Cf. Osée II, 7.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 63

194-214 : Des dommages personnels. 195 : Si un enfant frappe son père, on lui coupe les mains\ 196 : Œil pour œil. 200 : Dent pour dent-. 199 : Pour l'œil ou le membre d'un esclave, la moitié de son prix \

206-214 : On est admis à prêter serment que les coups et blessures sont involontaires: Dans ce cas, il suffit de payer le médecin, et, en cas do mort, de donner une demi-mine pour un homme libre, un tiers pour un affranclii. Les coups qui causent Favortement entraînent une idemnité de dix sicles si la femme est fille d'un homme libre, de 5 sicles si elle est fille d'un affranchi, de 2 sicles si elle est esclave. En cas de mort de la femme, si elle est fille d'un homme libre on tue la fille de Tagresseur; si elle est fille d'un affranchi, on donne une demi-mine, si elle est esclave un tiers de mine*.

215-227 : Des honoraires et responsabilité des médecins, des « médecins des bœufs et des ânes », et des barbiers- médecins.

228-240 : De la responsabilité de iarchitecte, des cons- tructeurs et des capitaines de navire.

241-249 : Du louage d\inimaux'.

250-252 : Du dommage causé par les animaux^.

253-277 : De la location des personnes, des animaux, des choses.

278-282 : De Vacq'Jiisition d'esclaves \

1. Ex. XXI, 15, 17.

2. Ex. XXI, 24-25; Lev., XXIV, 19 s. ; Deiit. XIX, 21.

3. Ex. XXI, 26 27.

4. Cf. Ex. XXI, 18 s. ; Lev. XXII, 19 [Ex. XXI, 20-26; 15).

5. Cf. Ex. XXII, 9, 12, 14.

6. Cf. Ex. XXI, 28, 29, 32.

7. Dans ce Code célèbre de Hammurabi et, plus tard, dans le Code de V Alliance, on rencontre les »iêmes principes avec des applications diverses, comme divers étaient les milieux. Mais, en dépit de ses protestations dévoles, Hammura!)i ne laisse percer nulle part ce désir de plaire à Dieu, de pratiquer envers le prochain, non seulement la justice, mais presque la charité qui déborde dans le Deutéronome. Cf. M.-J. Lagrange in RB, XII (1903), 50-51.

64 LA LITTÉRATURE

Notons, pour finir, que ce Gode vise surtout les hautes classes; voilà pourquoi, par exemple, quand il s agit d'es- claves, il ne s'occupe que de ceux du Palais.

2. Des contrats.

Le « Gode de Ilammurabi » nous présente les normes stylisées qui devaient régir les babyloniens; les autres docu- ments juridiques réfléchissent le droit vécu. Parce que ce que nous aurons à dire ici s'applique également aux docu- ments analogues de la dynastie suivante, celle des Gassites, nous insisterons un peu maintenant, afin de pouvoir nous dispenser de revenir plus loin sur ce sujet.

Pour qu'une transaction fût valide, juridiquement, il fal- lait qu'elle fût consignée sur un document écrit, et authen- tiquée par des témoins'. Très souvent, afin d'éviter toute falsification, la convention était rédigée en double expédi- tion, delà manière suivante : on écrivait le texte, en « cur- sive- », sur une tablette que Ton faisait durcir au soleil plus tard, au four, ensuite on couvrait le document d'une enveloppe en argile sur laquelle on écrivait le même texte : en cas de contestation, on brisait l'enveloppe et l'on con- sultait le texte intérieur'. Get usage d'écrire deux fois les conventions se retrouve, plus tard, chez d'autres peuples*.

1. Ce principe n'est pas formulé en ces termes, dans le Code, mais il résume les prescriptions particulières formulées en divers articles ; par ex. : Code, Col. III, 41-56; IV, 31-43; XII, 28, 30; XV, 20, 28, etc.

2. Ecriture différant (juelcjue peu de celle qui est gravée sur les monu- ments de l'époque, par ex. : le bloc de diorite du Code.

3. En général, le texte de l'enveloppe reproduit rigoureusement, sauf des variantes grapl)i(|ues ou de style, le texte intérieur. Cependant il y a quel({uefois, sur la tablette cxlérieure, des clausules (jui n'existent pas sur la tablette intérieure, ou qui y sont h un endroit difTérent. (Ranke 33, 13-14; n" 34, 14-15; n" 49, 11-12^. Parfois il y a des divergences plus importantes; ainsi (Rankiî n" 30, 1) : la locataire de telle maison est, dans le texte extérieur, Hibatum, prêtresse de Shamasli, tandis (jue, dans le texte intérieur, c'est Ibqatum, son père.

4. Cf. par ex. : Jér. XXXII, II; de même dans les Papyrus d'Asswân.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 65

Les dociimeiiLs étaient conservés avec soin par le pos- sesseur dans un « panier à tablettes' ». Des copies des con- trats d'affaires, dûment scellées-, étaient conservées dans les archives des temples, afin que Ton pût les consulter en cas de nécessité. Elles étaient confiées à la garde d'un archiviste ^ qui était nommé quelquefois comme dernier témoin \

Le scribe ^ commençait par indiquer la matière du con- trat : (grains, dattes, argent, champ, jardin, esclave, etc.), puis les noms des contractants, l'objet du contrat (achat, don, location, adoption, etc.), les clauses, le serment des parties*^, les noms propres des témoins" et enfin la date de l'acte.

Contrats de mariagk et de divorce. Le mariage ne peut être valide que s'il est fait par contrat^.

1. J. E. GAuniiu a publié les Archives d'une famille de Dilbal an temps de la première dijnaslie de Bahylone. Le Caire, 1908. Les collections de ce temps connues jusqu'à ce jour viennent presque toutes des archives des temples de Sippar, Dilbat, Nippur, Warka.

2. Quelquefois, surtout à Dilbat, les parties quand elles n'avaient pas de sceau sans doute apposaient leur doigl ou la frange de leur vêle- ment sur l'argile encore molle, ou bien un « artiste », le bur-gul, gravait un sceau, séance tenante, en particulier à Nippur.

3. Mâr pisan duppizzz « le fils du panier à tablettes. »

4. Cf. CT 11, 32, 29; Ranke, 112, 20; etc., etc. Dans les temples de Sip- paret de Dilbat, il y avait aussi des archives cadastrales, étaient décrits les fonds de terre et de bâtisses, qui étaient utilisées en cas de contesta- tions relatives aux achats d'immeubles. Il en est question plusieurs fois dans des textes de procès, par ex. : Gautieh, 1. c, 13; CT II, 45, V. ScHEiL a trouvé un des plans cadastraux dans ses fouilles de Sippar. (V. ScHEiL, Une saison de fouilles, cf. p. 126, 127, 137, etc.)

5. Z>f;/3-sa7- = scribe à tablettes. (Cf. ncs-j, Jer. LI, 27; Nah. III, 17). Il employait des formules de droit qui étaient déjà stéréotypées.

6. Serment qu'elles ne feront aucune réclamation au sujet de l'affaire conclue. Ce serment était fait généralement au nom du dieu principal de la ville : à Sippar au nom de Shamash, à Dilbat au nom d'Urash, à Baby- lone au nom de Marduk, à Uruk au nom de Nannar.

7. Plus ou moins nombreux suivant l'importance de l'affaire ; leur nom est accompagné de celui de leur père. Des femmes figurent aussi comme témoins surtout quand l'une des parties est une femme.

8. Rikistuni.

5

6G LA LITTÉRATURE

Voici le shema d'après lequel sont rédigés, sauf quelques variantes, les contrats de mariage de Tépoque' :

N. fille de X. a épousé Y. fils de Z. Ici, on indique quel- quefois le total du « prix- >. de la femme; [)uis, les con- ventions faites pour le cas de divorce, le serment des con- tractants, les témoins et la date.

En général, d'après les documents publiés, les contrac- tants, sont : d'une part, le fiancé'' lui-même, d'autre part, les parents de la fiancée (quelquefois son père, quelquefois sa mère, une fois sa sœur).

Voici un contrat de divorce, le seul que nous ayons de cette époque* :

« Shamash-rabi a fait divorce avec Naràmtum. Il lui a « compté son ziku et elle a reçu l'argent du divorce. Si Na- « râmtum épouse un prétendant, Shamash-rabi ne pourra « pas porter plainte.

« Ils ont fait serment par les dieux Shamash, Aya, Mar- « duk, et par (le roi) Sin-muballit.

« Par devant les témoins : Ilu-shu-abushu, Suta?-pum, « Sin-immatim, Liparpar?, Shamash-inmatim, Ilu-Sha- <( mashinaia, Idakhram, Rabut-Sin, Shamash-ilum, Ili-rabi.

« L'année Shamash et Adad.... » (sous Sin-muballit, prédécesseur de Hammurabi).

Adoption.

Le Gode réglait' le droit de réclamation des parents naturels et la résolution de l'adoption de la part des parents adoptifs.

1. Ceux que nous connaissons, jusqu'à présent, viennent de Sippar et (deux) de Nippur.

2. Tirkhalrnu.

3. Une fois (CT VIII. 7»), au lieu du fiancé, ce sont ses parents (jui fig^urent.

4. M 91 =88-5-12, 157.

5. Ail. 185-193.

PÉRIODE HAMMUKABIENXE 67

Les contrats nous donnent sur l'adoption plus de détails que le Gode ; nous y voyons, par exemple, qu'il faut distin- guer entre l'adoption de personnes libres et l'adoption d'es- claves, et, pour les libres, entre la simple adoption et l'adop- tion avec droits à l'héritage.

Parmi les contractants figurent : d'une part, les parents naturels (mère S mère et sœur-), d'autre part, les parents adoptifs (père adoptif% mère adoptive*).

Voici un contrat d'adoption :

«■ Bunini-abi et Khushûtum, Sal-me de Marduk, femme <( de Bunini-abi, ont adopté comme fils Shamashâbilî de « Shakbamatum, Marât-Ishtar sa sœur et Tarîbum son « frère.

« Si Bunini-Abî et Khushûtum auront des enfants, Sha- « mashâbilî sera leur frère aîné.

« Si un jour Shamashâbilî reniait» Bunini-abî et Khushû- « tum, ils lui couperaient les cheveux et le vendraient « comme esclave. Si, au contraire, Bunini-abî et Khushûtum « reniaient" leur fils Shamasliàbili, ils perdraient leur mai- « son et leur mobilier.

" Quant aux frais de nourrice pour deux [?) ans, Shakha- « matum. Mârat-Ishtar et Tarîbum sont satisfaits.

(( Par devant les témoins Sin-shana, etc.

« Année le trône d'Innana, etc.' »

1. VS VIII, 73.

2. VS Vni, 127.

3. VS Vlll, 73.

4. P 4. C'étaient des gens sans enfants qui adoptaient, et l'adopté devait être paî'fois un appui matériel pour ses nouveaux parents. Dans l'acte, on r^le les droits des deux parties, au cas les conditions de l'adoption ne seraient pas remplies; par ex., si l'adopté renie ses nouveaux pireiits, ;! sera « vendu comme esclave » (VS, VIII, 73; 127; etc. ; si les parents renient leur enfant adoptif, ils perdent leur maison avec leur mobilier. (VS VIII, 73; P 24).

5. Littér. : « S'il leur disait : » Tu n'es pas mon père! Tu n'es pas ma mère ! »

6. Littér. : «... lui disait : » Tu n'es pas notre fils! »

7. VS VIII, 127.

B8 LA litti':rature

Prêt a intérêt',

« Sin-bêl-aplim, fils de Lipil-IslUar, emprunte demi-sicle (( 15 she d'argent au temple de Shamasli. Au retour de « Texpédition commerciale-, il rendra l'argent.

« Par devant, etc. Le 20 du mois de Warakli-samna ; " année le trône pour le temple, etc.^ «

Autre contrat* : « Sin-ilùra a emprunté au temple de « Shamasli 10 sicles d'argent, sans intérêt. Dès que le (( temple le désirera, Sin-ilûra rendra l'argent ».

Encore un contrat^ : « Sin-nadin-shumi, fds de Bêla- « num, a emprunté à Utasliumundib, juge, fils de Ilushu- « ibni, secrétaire des marchands, une mine de laine, au « poids du palais, district de Utul-Ishtar, le scribe.

f< Lorsque Tagent du palais demandera l'argent, il le <( rendra au Palais, suivant le (nrif?. au grand mur du « Palais.

<* Par devant les témoins, etc. Le 20 du mois Elut, '( l'année le roi Ammidilana fit... », etc.

Bail de culture".

Le plus souvent, on louait ou cédait à ferme, contre une redevance en nature, par exemple des céréales pour la ferme d'un champ, ou des dattes pour les vergers. La durée du fermage était généralement dun an, ou de trois ans sil s'agissait d'une terre en iriche. La redevance était payée au moment de la récolte; quelquefois cependant, on devait donner, dès la conclusion du contrat, une certaine somme

1. Sur le prêt h intérêt, voir t. 1, Ilial., p. 27. n. 2.

2. Kus/ctl.

3. TI) 113; de Sippar. A. TD n" 188 (Sippar). 5. CI VI. 37^

<".. Cf. Co<le, Art. ''j2-'j7 et GO-05.

PERIODE IIAMMURABIENNE 69

d'argent ou des céréales. On fixait l'endroit serait livrée la redevance; (quand c'était une recluse du dieu Shamash qui cédait à ferme, c'était généralement à la porte du cloître^ que devait être faite la livraison.) Souvent, quand c'était une recluse qui cédait à ferme, il était question de cadeaux aux fêles de Shamash, telle quantité de viande, de farine, ou même de boisson-.

Quelquefois, au lieu de la redevance fixée par contrat, on devait donner une partie^ des revenus du fermage^ Pour le fermage d'un champ en friche, le fermier ne de- vait généralement rien à la fin de la première année.

Contrat^ :

« Iltâni, fille du roi, a pris à ferme, comme terrain de « culture, contre redevance", à la propriétaire du champ « Melulatum, recluse' du dieu Shamash, fille d'Ibkusha, *< un tiers gan de champ de bonne qualité,*' sis près du « champ de la fille du roi, dont un côté confine au canal « de Pariktum.

« Au temps de la moisson, elle livrera 1 gan 6 gur de « céréales à la mesure de Shamash, à Kàr-Sippar.

« Par devant... (Suivent trois noms de témoins, puis <* celui de) Ishkur-zimu, secrétaire.

« Le 2 de Nisàn, l'année oii le roi Abî-esukh (fit) une « couronne d'or et d'argent... », etc. (Trois sceaux sont apposés sur ce contrat).

Location. Le Code entre en bien des détails au sujet de la location

1. Gagum.

2. U. 572; 571-577; 582: 601 ; 0i6; etc.

3. 1/3 pour le propiiétaiie ei;2/3 pour le fermier.

4. Sur 86 contrats, 70 spéciOent la redevance fixe.

5. CT VllI, 17^

6. Ana bikini.

7. Sal-me.

8. t/3 gan eijl ni ugavum tabii [bu).

70 LA LITTERATURE

de choses (maisons, bateaux) danimaux, ou de personnes (bateliers, ouvriers agricoles, l)ergers, artisans'.!

Les maisons d'habitation sont louées, en général, par un an contre deux tiers de mine et 0 sicles d'argent. Très sou- vent une partie du prix de location le quart, le tiers, la moitié est versée dès la conclusion du contrai. Si la propriétaire est une recluse, on ajoute quelques cadeaux aux fêtes de Shamash.

Les bateaux et quekpies bateliers avec se louent pour un temps ou pour un voyage fixé ; ils doivent être rendus en bon état.

Pour la location des personnes, il faut distinguer entre esclaves et hommes libres : les esclaves sont loués par leur maître qui touche le prix de location; les mineurs nés de parents libres sont loués par ceux qui ont autorité sur eux, les majeurs libres se louent eux-mêmes. On loue presque toujours pour un temps déterminé, très souvent pour un an, souvent aussi pour un mois, rarement pour deux mois, pour six mois, pour neuf mois. La durée de location la plus courte est dix jours*; la plus longue, deux ans '.

Location d'esclave* :

« Ashir-Adad, fds de Lipit-Irra, a Joué pour un an « Shamash-ellil-ili, esclave de Akhatani, recluse du dieu « Shamash, fille de Shamash-khatsir. Gomme prix de « location, il versera trois sicles d'argent par an. L'esclave « s'habillera à ses propres frais. Il est entré en service « le 4 du mois d'Ezen-Adad; il sortira à la fin du mois « Mamîtum.

« Par devant... (Suivent les noms de six témoins.) Année Samsu-iluna devint roi ».

1. Code, art. 230-239; 242-249; 253-258; 261-267; 268-277.

2. M 57.

3. F n.

4. CT VI, 40».

PÉRIODE HAMMURABIENNE 71

Sociétés commerciales.

Le Code n'en parle pas.

A la constitution d'une société commerciale, les socié- taires investissent une certaine somme comme capital, au- quel chacun prend un capital crexploilation avec lequel il fait, au compte commun, toute sorte de négoce local et étran- ger\ Quand la société doit être dissoute, les sociétaires comparaissent devant le tribunal, au temple de Shamash, produisent le compte de leurs affaires, avec serment éven- tuellement, et reçoivent leur quote-part de bénéfices. Cet accommodement par devant le juge prend quelquefois le caractère d'un jugement.

A la mort d'un sociétaire, la société s'éteint.

Nous avons des contrats de sociétés de fermage. La seule différence qui les distingue des contrats ordinaires de fer- mage est que nous y voyons des personnes affermer en com- mun un champ, exécuter ou faire exécuter en commun les travaux, faire des frais en commun^ et, après avoir acquitté ensemble le prix du fermage et les autres dépenses, partager les bénéfices à parts égales. Si un sociétaire a fait une dé- pense supérieure à celle des autres, il participe proportion- nellement aux revenus.

\. Contrat de Sippar^.

(( Ibi-EIlil, le scribe, Warad-kubi, fils de Ibni-Sin, La- (( sharri-ilî, fils de Sizzatum, Adad-lû-zêr, fils d'ibnatum, « Warad-Iluli, fils de Ibnatum, et Akhuni, fils de Warad- « kubi ont constitué une société pour la gérance d'un champ « dans toute son étendue*, au canton de Tukhamu, au mi-

1. Sha kharrani u libhi alini.

2. Awilum kùna awiliin mânakhlani ishakanû.

3. Temps de Samsu ditana. R 112.

4. Ma-la ba-zu-u.

72 LA LITTÉRATURE

« lieu du bois et de la plaine' pour la eullure des céréales.

(( A la moisson, ils moissonneront, battront le grain. « Après qu'ils auront ensemencé, une part reviendra à Ibi- « Ellil, le scribe, une part à Warad-kubi, fils d'Ibni-Sin. <( une à Ea-sbarri-ili, à Adad-lû-zer, à Warad-Iluli, et une « à Akhuni, fils de ^^^arad-kubi.

« Par devant... (Suivent les noms de trois témoins, plus celui de l'archiviste).

« Le 10 du mois Simanum, année de Samsu-ditana qui suivit » etc

(Deux sceaux apposés sur la tablette).

2. Aulre contrat de Sippar-.

« Après avoir constitué une société commerciale, Erîb- « Sin et Nûr-Shamash sont entrés au temple de Shamash « et ont conclu leur affaire. Ils ont divisé, à parts égales, (( l'argent, les créances, les esclaves hommes et femmes, « les négoces locaux et étrangers.

« Ils ont fait serment par les dieux Shamash, Aya, Mar- « duk, et par Ilammurabi.

Par devant... » (Suivent les noms de 17 témoins).

Héritages.

Le principe de succession contenu implicitement dans le Code est le suivant : Les enfants nés d'une femme libre héritent « nh intestato » à parts égales ; les personnes étran- gères et les enfants des femmes esclaves ne sont aptes à succéder que par adoption.

Les actes nombreux de partage entre héritiers offrent d'importantes particularités, soit qu'elles illustrent l'appli- cation pratique des articles du Gode, soit (pi'elles révèlent des cas non prévus dans le Code.

\. Lihha hhi-il-hi ii Isi-ri. 2. CT II. 28.

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 73

Dans les textes de la Babylonie septentrionale Sippar. Dilbat la part de chaque héritier est portée sur une tablette spéciale; dans ceux du Sud Nippur, Erek les parts de tous les héritiers sont mentionnées sur une même tablette qui était probablement conservée dans les archives de la famille.

Les objets du partage sont des maisons, des fonds de terre, des jardins, des esclaves, des animaux domestiques (bœufs, vaches, porcs), des chariots, le mobilier (lits, chaises), des pierres de moulin, des battants de porte, des céréales, de l'huile, des créances. Certains demeurent indi- vis, tels un bassin, une source. Quand il s'agit de maisons ou de terrains, quelquefois un héritier achète la part de l'autre. On peut posséder en commun le mur mitoyen de deux maisons, ou de deux moitiés d'une maison unique, à la suite du partage entre héritiers.

Les héritiers légaux que nous rencontrons dans nos con- trats sont des fils, filles, fils et filles, mère et fils, fils et neveux, fils et fils adoptifs, père et fils une fois.

Le partage se fait à parts égales ^ Le droit d'ainesse n'est pas mentionné dans le Gode, ni dans les documents de la Babylonie du Nord ; mais à Nippur l'aîné a régulièrement une part de préciput-, « la puissance de son aînesse' » ; à Erek, on distingue aussi entre l'aîné et les autres frères.

Quelquefois le père donne, de son vivant, à un de ses enfants sa part d'héritage*.

t. Conlrat de Sippar''. « Part d'héritage d'Erishtum, la hiérodule«, fille de

1. Ur~a-si-ga.

2. Sib-ia.

3. Mu-nam-shesh-gal-la-shù .

4. TD n" 196.

5. CT VI, 42'».

6. Qadishium.

74 LA LITTÉRATURE

« Rîbam-i-li, qui lui est échue à la suite du partage fait « avec sa sœur Amat-Shamash, recluse de Shamasli ; 1 sur (( de maison bâtie, près de la maison de Bêlaqum et près de (( Awil-Nannar.

« Elles ont partagé; c'est fini. De la paille jusqu'à l'or', « elles ne feront pas de réclamation l'une contre l'autre.

« Son héritière est Amat-Shamash, sa sœur. Elles ont fait « serment par les dieux Shamash et Marduk, par le roi Sin- « muballit et par la ville de Sippar.

« Par devant... (Suivent les noms de 18 témoins).

2. Contrat de Nippiir- : « droil d'aînesse. »

« Part d'Apil-Amurrim, le frère aîné : onze c/in de mai- <( son bâtie à côté de la maison de Lugal-amaru, une (( écuelle% part de précipuf comme frère aîné; 1/3 de Scir « 6 gin de maison bâtie près de la maison de son préciput.

« Part de Lippit-Ellil^ son frère : 3 sar 6 gin de mai- (( son bâtie près de la maison d'Apil-amur-rim, son frère.

« Part de Lipit-Amurrim, fils d'Apil-Shamash : 3 sar 6 gin de maison bâtie près de la maison de Lipit-EIlil, son « frère.

« Part d'Amurrum-mâlik : 1/3 sar 6 gin de maison « bâtie près de la maison d'Ea-idinnam, l'oiseleur, fils d'Ea- « tukulti.

« C'est l'héritage d'Erissumatum qu'ils ont partagé après « un accord mutuel*.

« A l'avenir, aucun ne fera contre les autres de réclama- « tion. Ils ont fait serment par le roi.

« Par devant... » (Suivent les noms de 7 témoins, plus ceux du hur-gul ei du scribe).

1. Formule consacrée, dans ces contrats, pour signifier a en quoi que ce soit. »

2. P 32.

3. {(jislt) hansluir zay-ijii-h.

4. She-g A-ne-ne-la.

PERIODE HAMMURABIENNE 75

Dons faits aux dieux'.

« Nùr-ilishu, fils d'Ellil-nâda a bâti un sanctuaire -au dieu « Sharrum et à sa parèdre Shullat; il y a adjoint 1 sar de « fonds bâti" pour sa vie\

« Gimil-Shamash sera seul prêtre du sanctuaire. Nûr-ili- « shu le fondateur ne fera aucune réclamation contre (' le prêtre ^ Ennemi de Shamash et de Shuma-ilum qui- « conque élèverait une contestation !

<( Par devant... » (Suivent les noms de 7 témoins).

Acte de procédure ^

« Au sujet de 10 gan 10 sar de champ de Bît-Agargina à « côté de Ibku-Adad, et 6 ffan 25 sar de champ, canton de « Gula, à côté d'Iluni, que Apil-ilishu, fils d'Ur-kiddâ, par « un acte de partage postérieur avait pris, vendus et échan- « gés.

(( Shumum-libshi, fils de Nanna(i')-iddin, frère aîné, ap- « porta un acte de partage antérieur et en instruisit les « juges;

« Et contre Inurta-mushalim, prêtre, fils de Sisli-ki-tum, (* de ce qu'il avait acheté le champ de Bît-Agargina des « mains d'Apil-ilishn, et contre Rîsh-Nin-qazzu, fils d'Ili- (( awili, de ce qu'Apil-ilishu lui avait donné par échange le « champ du canton de Gula, il réclama.

« Ils Ir.T-ent cet acte de partage antérieur.

« Et liiurta-mushalim parla ainsi : Après cet acte de par-

1. CT VI, 3G^

2. Bt'l ilu Sharrum.

3. 1 sar bîlini.

4. Ana nst-bi-ish-li-shû; on pourrail traduire aussi par : pour son âme. Il est plus probable que le sens est, ici, qu'il a fait ce don aux deux divinités afin d'obtenir ou de conserver une bonne santé.

5. Littér. : contre le sacerdoce : ana shagûtim.

6. P 49; nous citons la trad. Scheil in RA VII (1910), 74-76.

76 LA LITTÉHATURE

« tage anlérieiir que lu apportes, un acte de partage posté- « rieur a élé confectionné, comme quoi le champ de Bît- (( Agargina et le champ du canton de Gula sont pour Apili- « lishu. Des témoins existent qui connaissent le partage « postérieur. « Appelle-les, dit-il, et écoute leur dire! »

(i Ce sont l{îsh-Nin-qazzu, fils d'Ili-awili, Amil-ilu-En- « ki-ga, fils de Nanna(r)-nirâri, Ellitum, fils de Inurta-me- « dim, et Idin-Ishtar, fils de Shar-isinni.

« Les témoins qui connaissent le partage postérieur « vinrent donc, et les juges entendirent comme quoi un (( partage postérieur existait effectivement.

« Les juges leur ordonnèrent de répéter leur témoignage (( devant le dieu Sin.

« Shumum-libshi dit alors de son plein gré : « Je ne <( pousserai pas les témoins jusqu'au dieu Sin. »

« Puisqu'on n'a pas poussé les témoins jusqu'au dieu « Sin, du plein gré de Shumum-libshi 1 1/2 Inurla-musha- (( lim adonné à Shumum-lib-shi 1 1/2 sicle d'argent.

« Jamais Shumum-libshi ne contestera au sujet du champ « de Bît-Agargina contre Inurta-mushalim, au sujet du « champ du canton de Gula. contre Rîsh-nin-qazzu, ne « contestera; ni Inurta-mushalim ne contestera au sujet « de I 1/2 d'argent contre Shumum-libshi.

« Ensemble ils ont invoqué le nom du roi.

« Par devant Idin-Enlil, prêtre, fils de Sin-irbam, Ur-azag- « dimga, prêtre, fils de Idin-Enlil, Ibi-Enlil, fonctionnaires « d'I'^nlil, fils de Nanna(r)-asharidu, Ilima fils de Sin-idin- (( nam, Shamash-irbam, officier, fils de Shamash-galzu, « Nusku-ip,fils de Dainqu, Abum-waqar, graveur (.■*), Ana- '< darish-liblut, scribe.

« Mois d'Ulul, 27' jour; année Samsu-iluna, roi, « fabriqua les trônes en or du sanctuaire, au nombre de « deux, des divinités Marduk et Zarpanit. (Sur l'enveloppe on lit :)

'( Tablette comme quoi Shumun-libshi, fils de Nanna(r)-

PERIODE IIAMMLRABIENNE 77

<( iddin, ne réclamera pas au sujet du champ, canlou Bît-

<( Agargina, et du champ du canton de Gula, contre Inurta-

« mushahm, fils de Shish-ki-tum et contre Rîsli-Nin-qazzu,

« fds d'Ili-awilim. »

Un jugement sous Am.mi ditana'.

Cet acte est rédigé d'après les notes de l'audience. Toutes les phases de la procédure y sont mentionnées : les déclara- lions des deux parties, les décisions des juges au cours de l'instance, la lecture des pièces, l'interrogatoire et les réponses des témoins, le jugement. L'acte se termine par la mention de deux personnes qui ont contrôlé la copie sur l'original, et, parmi elles, le greffier archiviste du trihunal.

L'acte est authentiqué par les noms et les sceaux des juges qui ont siégé, et le sceau de la défenderesse qui a été condamnée-. Car il s'agit d'une femme, d'une hiérodule. Elle avait vendu à une prêtresse du dieu Marduk une maison qu'elle-même avait achetée, sous le règne d'Abi-eshu', à une prêtresse de Ilbaba. Elle se plaint de n'avoir pas tou- ché le prix. D'où le procès qui fut terminé par le jugement suivant :

Face. Addi-liblut vint trouver les juges et leur exposa (( ce qui suit : « I sar de maison, faisant partie des 2 sai^ de « maison que Ilusha-khegal, la hiérodule, fdle d'Ea-ellassu, « à Belissunu, prêtresse de Ilbaba', fille de... [lacune) dans « l'année Abi-eshu', le roi, consacra sa statue, avait <( achetés.

1. Texte publié par F. TiiunEAU-DANoiN dans ses Lettres et contrats de l'époque de la /■'^ dynastie babijl., 157, transcrit et traduit par le même dans RA VII (1910) 121-127, et commenté par Edouaud Cuq, ibid., 129-138. Nous donnons la trad. de TII-D.

2. Rappelons que c'est dans quelques siècles seulement que paraîtra le législateur des Hébreux.

3. C'est un dieu de la guerre, patron spécial de la ville de Kish.

78 LA LITTERATURE

<( Ce sfir de maison situé à côté de la maison d'Ili- « iqîsha, fils dIddin-Shamash, et à côlé de la maison d'Ili- « iqîsha, fils d'Ilti-Mardnk-balâtu, devant lequel est la mai- ce son d'Ili-iqîsha, fils d'Iddin-Shamash, et derrière lequel « est la maison de Nabi-ilishu, à Ilusha-khegal, lahiérodule, « fille d'Ea-ellassu, pour 15 sicles d'argent, Belissunu, la « prêtresse' de Marduk, ma femme, fille de... (lacune), « dans l'année Ammi-ditana, le roi consacra... (lacune), « l'a acheté.

« J'ai reçu l'acte de vente, et même à Ili-iqîsha, son fiîs^ « qui avait reçu en partage 2 sar de maison, j'ai fait apposer « son sceau comme témoin.

« Or maintenant Ilusha-khegal, la hiérodule, fille d'Ea- « ellassu, qui a cependant scellé (signé) l'acte de vente, me « réclame ce sar de maison. »

« C'est ainsi qu'il s'exprima.

« Voici ce que Ilusha-khegal, la hiérodule, fille d'Ea- « ellassu, répondit : «. { sa?- « de maison, faisant partie des « 2 sar de maison qu'à Belissunu, la prêtresse de Ilbaba, <i j'avais achetés, pour 15 sicles d'argent à Belissunu, la prê- « tresse de Marduk, femme d'Addi-liblut, j'ai vendu. Les « 15 sicles d'argent ils ne me les ont pas remis. »

C'est ainsi qu'elle répondit.

« Les juges mirent Ilusha-khegal en demeure de produire « soit témoins qui certifiassent que Belissunu ne lui avait « pas remis l'argent, soit une reconnaissance' de dette « qu'elle lui aurait laissée pour le reliquat^ de l'argent. « Mais il n'en existe pas, aussi n'en peut-elle produire. Lui, « Addi-liblut, produisit l'acte de vente de 1 sar de maison : « les juges en entendirent la lecture. Les témoins, dont les « noms sont inscrits sur l'acte, ils les interrogèrent :

1. S.VL-MJi.

2. Fils d'Ilusha-khegal.

3. Kld-sha-am : reconnaissaii«c de dette.

4. II'.-TAT.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 79

Revers : « que les lo sicles d'argent, prix du .sur de mai- « son, Ilusha-khegal, les avait bien reçus, devant les juges, « à la face d'Ilusha-khegal, ils attestèrent.

« Ilusha-khegal l'avoua.

« Les juges, ayant examiné leur affaire, à Ilusha-khegal, « la hiérodule, fille d'Ea-ellassu, pouf^ avoir contesté son <( sceau, infligèrent une peine. En outre, la présente tablette « qui ne peut être contestée, ils la contraignirent à déli- « vrer.

« Que dans l'avenir, i sur de maison situé à côté de la « maison d'îddin-Shamash, et à côté de la maison d'Ili- « iqîsha, fils d'Itti-Marduk-balâtu, devant lequel est la mai- « son d'Ili-iqîsha, fils d'Iddin-Shamash, et derrière lequel « est la maison de Nabi-ilishu, achat de Belissunu, prêtresse « de Marduk, femme d'Addi-liblut, Ilusha-khegal, ses en- « fants, ses frères et sa famille à Belissunu et à Addi-liblut, « son mari, ne les contesteront pas, par Marduk et Ammi- « ditana, le roi, ils le jurèrent,

a Par devant (suivent 9 noms de témoins, dont le maire, <* 8 juges). » Contrôle de Gibil-Marduk, le greffier', et de « Bélshunu, le barbier du... (Manque la date).

h. Poésie.

Nous avons constaté, dès la période précédente, que les Babyloniens écrivirent des vers pour célébrer, ou mieux pour prier leurs dieux et pour raconter les légendes historico- religieuses plus tard, au vu*" s. au moins-, des textes his- toriques de grand style seront aussi écrits en vers. Les textes poétiques sont souvent divisés en strophes : Dans le poème d'Agushaya, que nous allons citer, la plu-

1. Littér. : « le fils du panier à tablettes », qui est la formule courante.

2. On l'a constaté dans l'Inscription L d'Ashurbanipal publiée par Lehmann Shamash shurn ukin. Leipzig, 1892. Cf. ZimiMEUN, Z.\ VIII (1893), 123. Voir déjà p, 11 suiv, (Gudea).

8(J LA LITTKIÎATUIŒ

part' des strophes comprennent quatre vers avec quatre àoT'.; ou iclus. Parfois un demi-vers à deux iclus occupe une ligne entière-; dans ce cas, la strophe de quatre vers se dé- veloppe sur huit lignes^ que le scribe a séparées de la strophe suivante par une ligne horizontale.

Dans le Poème d'Agushaya, chaque chant comprend de r> à 8 strophes environ, ainsi que Ta noté le scribe : lâchant*, '1'^ chant, etc.

La strophe ne se compose quelquefois que de deux vers parallèles", ou 2-|-2 vers*^; quelquefois elle a cinq' vers, ou bien 2-|-2, 2-|-2, 2-[-2, 2-|-2, soit huit vers, par exemple dans l'Hymne au dieu Lune d'Ur**; parfois elle a onze vers'.

Les Assyro-Babyloniens écrivaient quelquefois leurs vers en acrostiche^\ c'est-à-dire que chaque vers d'une strophe commençait par la même syllabe. Ainsi, dans Sp II, les 1 1 vers de la strophe VI commencent par gi. les 1 1 de la strophe XV par ma, les II de la strophe XXIV par^Aar".

On a étudié en particulier le Poème de la Création'-, et vSp. II, 265'" \ et voici les faits que l'on a constatés :

1. CeUe tablette est mutilée par endroits, de sorte que l'on ne peut pas toujours compter le nombre de vers de chaque strophe.

2. Quehjuefois, entre deux demi-vers le scribe a laissé un intervalle, de sorte que l'œil reconnaît tout de suite les deux membres.

3. Plus tard, on n'écrira plus ainsi.

4. Chantre ki. shub. gu. ;= shiru; cf. "''•i*. Voir Zimmern, Ishlar urul Sullii I, 3-9 (r>eipzig, 1916).

5. S P II, 265».

6. Créât.

7. Par ex. : DT, 83, étudié par Stuo.n.; dans PSBA XVII (1895), 133-137.

8. IV R^ 9; texte biling-ue copié pour la Hibliothèipie d'Ashurbanipal.

9. Sp. II 265\

10. Par ex,, le texte DT 83 déjà cité; de même Sp II, 265*.

11. Les passages de plusieurs cases sont mutilés de sorte qu'on ne peut savoir quel mot ou quelle formule donnaient les syllabes initiales. Les dernières donnent ma + ^sh -\- ma -}- sha -f- /.-a -f- sha -(- ili -j- sharri. L'autre acrostiche DT 83, (étudié par Strong, /. c.) est divisé par 5 vers. Les morceaux <pii nous restent donnent na -f- ar -+- ba + zi + Itir -f shu.

12. Cr. IV, 82-9-18, 3. 737 (Deutzscu, IXis bah. Weltschùpf.-Epos. Leip- zig, 1896; p. 60-11/1).

13. Ce document est une copie néo-babylonienne dont nous avons les

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 81

1. Chaque vers occupe une ligne et se divise en deux demi-vers.

2. Le second demi- vers est mieux rythmé que le premier '.

3. Le second demi-vers n'a que deux iclus qui peuvent être sur une syllabe ouverte ou sur une syllabe fermée.

4. On unit au mot suivant, sans ictus, le pronom relatif sha^ les prépositions ullu, ana, ina, kima, la copule w, les négations et u/, la particule optative lu.

5. Deux mots en état construit, comme plus tard en Copte par exemple, n'ont qu'un ictus, à moins que le second n'ait un suffixe (dans ce cas, il y a deuxaoT-.ç.)

6. Deux particules devant un mot, ou une particule de- vant un étal construit, n'ont qu'un ictus.

7. Deux mots étroitement unis par la copule n'ont qu'un ictus.

8. Un vocatif peut être uni à un vers sans recevoir aucune

1. Poésie épique.

Ce u genre littéraire » eut une très grande importance à l'époque hammurabienne.

Poème de la Création ^

Voici un poème d'un millier de lignes en sept sections écrites sur sept tablettes qui exerça une parliculière

duplicata KK 3452, 8463, 8491, 9290, qui sont en écriture continue, tandis que dans Sp II, 205* le texte est divisé par des lignes en 4 demi-lignes.

1. V. ScHEiL a fait remarquer, au sujet delà tablette de Constanlinople iSippar 9), qui contient 51 vers dont 7 seulement rompent le rythme que « le vers se balance en deux hémistiches dont le second est subdi- « visé en deux temps. Il y a une sorte de césure (l. 1. 3 et 8) entre le <( premier hémisliche et la première partie du second; plus souvent, elle « est entre les deux parties du second ». ZA, X, (1895), 291, 298.

2. Pour ces quatre derniers faits, voii' H. Zimmern, ZA, X (18!)5) 17-18, est étudiée la tablette de Londres Sp 11, 265*.

3. On l'appelle aussi Knuma elish parce qu'il commence par ces deux mots. Texte dans CT XIII; Ant. Deimi^l, Enuma elish, in-8, liomae, 1912.

6

82 I.A LITTÉRATURE

influence sur raclivité intellectuelle des Babyloniens et des Assyriens. Il fui lu et relu, copié, recopié', commenté^ donné comme thème d'exercices ' aux écoliers, ntilisé dans la littérature religieuse*.

Il a pour objet un problème qui a toujours préoccupé l'hu- manilé, sous une forme ou sous une autre : les origines de l'univers. Nous y lisons les croyances des Babyloniens sur l'origine des dieux, comment les forces désordonnées, repré- sentées par Apsii et Tiamat, furent soumises j>ar les dieux Èa et Marduk, et comment ce dernier, achevant le triomphe des dieux sur le chaos, créa le monde et l'homme.

Notre poème fut copié au vu*" siècle avant J. -G., pour la Bibliothèque d'Ashurbanipal, à Ninive: mais ce n'est pas à cette époque qu'il fut composé, car, tel qu'il se présente à nous, il a manifestement pour but de glorifier, non pas le dieu de Ninive, mais Marduk, le dieu particulier de Baby- lone. Il est donc bien clair que les scribes ninivites firent simplement des copies de vieilles tablettes babyloniennes.

1. Nous avons de la I''* tablelle cinq copies assyriennes et quatre copies néo-bal)yloniennes; de la II'' labl., cinq copies assyriennes et trois néo- babyl. ; de la III«, cinq copies assyr. et deux néo-ba!\yl.; de la IV^ quatre copies assyr. et une néo-babyl. ; de la V'', quatre copies assyr. dont une en deux fragments; de la VI^, une copie ass., une copie néo-babyl; de la VII^, quatre copies assyr., dont une en deux fragments.

2. Nous avons des spécimens de 3 sortes de commentaires : commen- taires de chaque ligne (V. g. : S 11 + S 960 + 8 1.416; K 4.406; R 365 + 80-7-19, 293; K 2.053; K 8.299); commentaires de passages choisis, non pas directement dans les sept tablettes, mais en d'autres tablettes de la série (Création (S 747 appartient à cette classe.); enfin commentaires ou explications d"un certain nombre d'attributs de Marduk dont plusieurs se trouvent sur la partie de la VII'= tablette qui nous a été conservée (K 2.107 + K 6.086.)

3. Nous avons six fragments néo-babyloniens de ces exercices : deux relatifs à la V" tablette; trois relatifs à la III«; h;i relatif k la 1V«. (On trouvera des détails sur ces copies et ces commentaires dans L. \Y. King, The Seven lalActs nf Création, 2 vol., in-8 London 1902, au t. I, [>. XGVII- CXVI, et Appendices, p. 157-203. Voir aussi E. F.deli.nt., Dan hAbyl. 'W'eltachoepfunyslied. Breslau, 1921.

4. Par exemple dans la littérature astrologi(|ue (tabl. n*^* 32.574; surtout 55.466 + 55.486 + 55.027; tcxie cunéif. dans \iisG, Le, t. II. PI. LXVII- LXXII.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 83

Mais puisque ce poème est uue glorification de Marduk, pourquoi le héros des premiers épisodes est-il Ea^ ? Pour- quoi Ea est-il le seul dieu dont on nous dise les attributs? pourquoi nous raconte-t-on l'activité qu'il déploya pour découvrir et mater la rébellion des dieux primordiaux? Une étude attentive permet de constater qu'en réalité notre poème, tel qu'il se présente à nous, est composé de quatre morceaux bien distincts qui durent exister' d'abord séparé- ment, pour eux-mêmes, et furent incorporés plus tard par le rédacteur final : 1 . La légende sur l'origine des dieux; 2. le mythe d'Ea et Apsû ; 3. le mythe de Tiamat; 4. Ihymne à Marduk.

Le Mythe de Tiamat exista d'abord séparément, car nous le lisons dans un fragment'^ qui n'est pas une simple copie de l'original puisque Marduk n'y est pas le héros de la lutte et que, dautre part, les hommes et même les villes existent déjà au moment de la lutte entre Marduk et ïiamat; tandis que, dans Création^ la mort de Tiamat est un préliminaire nécessaire de la création du monde.

Sur un colophon'^ d'un texte assyrien, nous lisons : cela n'est pas tout et... de cinquante et un noms de... qui sont dans la composition Asari... « Or ce texte est le commen- taire de V Hymne à Marduk qui se trouve actuellement dans Création. Il paraît donc évident qu'à une certaine époque cet hymne formait un tout indépendant \ Peut-être même fut-il écrit d'abord en shumérien : un fragment de commen- taire" tendrait à le prouver.

Notre poème a pour but de justifier la prétention de Marduk à la première place parmi les dieux, et de son temple à la primauté sur les autres temples ; il est donc natu-

1. Nudimmud.

2. Quelques-uns cer<amer>ien^; les autres, probablement.

3. CTXIII, PI. 33-34 = Rm 282.

4. R. 366 + 80-7-19, 288 + 293, 1. 35-37.

5. KiNG, l. c. t. I, Appendix I, p. 169.

6. K. 5.233.

84 LA LITTÉRATURE

rel que l'on donne plus de relief aux épisodes dont le dieu de Babylone est le héros et qu'on lui attribue la création. C'est ce que fait le « poète » : il introduit le récit de l'ori- gine des anciens dieux et de l'opposition qu'ils firent aux puissances désordonnées pour montrer comment Marduk fut choisi [)Our champion des dieux, et la légende d'Ka et Apsû pour faire ressortir la nature épouvantable de Tiamat contre laquelle Ka fut impuissant, mais qui fut abattue par le futur dieu de Babylone. La puissance de ce dieu, seul, parmi les autres dieux, capable de vaincre le monstre, res- sort, par le fait de l'introduction du Mythe de Tùtmaf, en un relief d'autant plus saisissant qu'un procédé de répéti- tions frappantes' ramène plusieurs fois l'attention sur les préparatifs de Tiamat pour la bataille contre les dieux et sur le mandat confié aux dieux par le vieux dieu Anshar de conférer à leur champion, Marduk, le pouvoir nécessaire pour la lutte.

La création- est la conséquence de la victoire du dieu de Babylone sur Tiamat.

L'Hymne à Marduk\ sorte d "éloge ou de litanie de ses cinquante attributs, a été incorporé comme une conclusion toute naturelle du Poème à laquelle on ajouta un Epilogue ^

A quelle époque Enunia elish fut-il composé? Il est dif- ficile de donner à cette question une réponse ferme. King'^

1. I, 109-142 sont répétées dans II, 15-48; II, 11-48 dans III, 15-52; III, 15-(iG dans III, 73-124.

2. Nous avons un fragment (CT XIII PI. 35, 36, 37), écrit en shumérien et en babylonien dont le point capital est Voi-ic/ine des temples : celui de Marduk, l'Èsagil, est sorti de l'océan primitif, et tous les autres furent créés par le dieu de Babylone. Le l)ul des prêtres qui remanièrent les données plus ou moins traditionnelles était sans doute de gagner les laveurs de Marduk, car notre document servait dintroduction à une incan- tation. Marduk est seul créateur, avec la déesse Aruru. Dans une autre recension (CT VIII, 34) ce sont les dieux qui figurent comme créateurs du ciel et de la terre, du bétail et des bêles de la campagne.

3. VII, 1-124.

4. VII, 125-140 si celte ligne était réellement la dernière.

5. L. c, p. LXXX.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 85

estime qu'il faut probablement en faire remonter le fond* jusque vers 2000 avant Jésus-Christ.

I

Nous sommes à l'origine des choses; rien n'existe encore, pas même les dieux. Dans ce néant apparaissent les prin- cipes cosmiques : Apsù (= l'océan) et Tiamat (= la mer), d'où sortent tous les êtres, y compris les dieux :

1. Lorsqu'en haul^ le ciel n'était pas nommé

2. et qu'en bas la terre n'avait pas de nom,

3. du primordial Apsû\ leur père,

4. et de la tumultueuse Tiamat*, leur mère à tous,

5. les eaux se confondaient en un.

6. Les jonchères n'étaient pas fixées, les fourrés de roseaux n'é-

7. Alors qu'aucun des dieux n'était créé, i taient pas vus.

8. qu'aucun nom n'était nommé, qu'aucun destin n'était fixé^,

9. les dieux y furent créés ;

d'abord Mummu, le premier-né d'Apsû et de Tiamat : c'est la triade primitive.

Les dieux se multiplient. D'abord Lakhmu et Lakhamu qui engendrent Anshar et Kishar. Anu paraît ensuite, dont il est écrit qu'il est égal [sha-ni-nu) à ses pères; il donne naissance à Nudimmud (Ka), dont la puissance dépasse celle de tous les dieux.

Alors débuts de l'Histoire mythologique ils com- mencent à se mutiner et à troubler la triade primitive :

34. Ils échauffèrent des vues au sujet des dieux leurs enfants. 3o. Apsù ouvrit sa bouche et lui dit,

1. Par suite, dans rilistoire du développement des idées, on ne peut tabler, pour la période, que sur le fond de ce Poème comme tel.

2. Nous suivrons de très près la traduction de P. DnonME(TR, 1-81), cor- rigeant ou complétant queicpiefois, d'après les nouveaux fragments de Ber- lin (dans VAT, III). Voir la traduction de E. Ebeling, in Alt. T. U., II, 4.

3. L'abîme initial.

4. C'est le nMri des Hébreux.

5. Shi-i-mu (texte de Berlin).

86 LA LITTÉRATURE

36. à Tianuit la yplendide il dit une parole :

37. « leurs menées' contre moi!

38. Durant le jour, je n';ii point de repos, et la nuit je ne puis

39. « Je détruirai leurs menées, je les disperserai! [dormir!

40. i( Que la clameur s'apaise et que nous puissions dormir-!

Apsû et Mummu doivent commencer l'attaque ; mais le sage Ka triomphe, grâce à ses opérations magiques. Il pro- nonce'* sur les eaux l'élément d'Apsû ses incantations efficaces, et endort son aïeul. Il tranche à Mummu sa viri- lité (?) et le met ainsi dans l'impossibilité de combattre. Alors il abat Apsû, enchaîne Mummu et, dans la demeure qui s'appelle maintenant apsû, se repose.

79. Dans la chambre des destins, dans la maison des sorts,

80. le sage des sages, le guide* des dieux, Anshar, il conçut.

81. Au milieu de Vapsû fut créé Anshar ;

82. au milieu du saint a/js» fut créé Anshar.

83. Ce fut Ea qui le conçut, (Ea) son père,

84. ce fut Lakhamu, sa mère, qui l'enfanta :

85. il suça des mamelles divines.

89. Quand La le vit, son procréateur, son père,

90. il se réjouit, son cœur exulta, plein d'allégresse.

9i. 11 ajouta à ses qualités, d'une double divinité^' il le dota.

92. Il est très élevé au-dessus d'eux, beaucoup plus qu'aucun

93. inelTablcment belles sont ses proportions, [d'eux;

94. impossibles à comprendre, difficiles à considérer.

95. Quatre sont ses yeux, quatre ses oreilles.

96. Quand il remue ses lèvres, du feu étincelle.

97. Quatre fois grande est son intelligence;

98. et ses yeux, étant ainsi, voient tout.

101. Revêtu delà majesté de dix dieux, il est hautement puissant.

Tiamat en fureur veut venger les vaincus :

114 ^ Elle enfanta d'énormes serpents;

116. de venin au lieu de sang elle emplit leurs corps.

1. Alkat-shnnu.

2. Avec Jknsen, Dhohme, et Ebeling.

3. Texte de Berlin, 1. 60 et suiv.

4. AbUal.

5. Shu-iin-nu-;il ili (Ebemno : Dopitclr/otlesyesl.ill, et en note, p. 90 : Janusgeslall).

6. Nous assistons à la lutte de rinlelligence contre le désordre, c'ost-à-

PÉRIODE IIAMMURABIENNE 87

117. l^lle revêtit d'épouvante les terribles dragons,

118. d'éclat elle les remplit, elle leur donna une haute apparence.

120. Leur <'orps se dresse, nul ne peut repousser leur attaque,

121. Elle fit surgir les serpents, les monstrueux reptiles' et les

fLakhamu,

122. les monstres-tempêtes, les chiens furieux, les hommes-scor- 126. En tout, onze monstres de cette sorte elle créa^ [pions.

Tianiut fait de Quingu son époux et le chef de son armée, et lui confie les lablelles du destin.

140. Parmi les dieux ses preniicrs-aés'^ il lîxa les destins. Il donna à ses soldats ce signe de leur puissance

141. « La parole de votre bouche apaisera le feu! »

II

Ka, devinant ces plans, va tout raconter au vieil Anshar père de la célèbre triade Anu, Bel, Éa Et il répète textuellement le récit de la première tablette,

50. (Anshar ému) se frappa la cuisse \ il se mordit la lèvre 51 son cœur" n'a plus de repos.

Il envoie Anu, puis Èa qui, à la seule vue de Tiamat, s'enfuient épouvantés. Alors se leva le vengeur des dieux, Marduk :

115. Anshar le vit et son cœur fut rempli de joie*^

116. Il baisa sa lèvre, sa crainte s'évanouit :

117. « 0 mon père, la parole de tes lèvres n'est pas transgressée';

118. « que j'aille et que j'accomplisse tous les désirs de ton cœur!

dire des dieux coulie Tiamal, puissance monslrueuse et désordonnée, le chaos.

1. Miish-riish.

2. Tel est du moins le sens le plus probable de cette ligne.

3. Texte de Berlin, 1. 145 : hu-uk-ri-shu.

4. Avec Delitzsch, Bah. W.-epos.

5. Ka-ras-su =. son ventre.

6. Libshii iM-ub-ba-li im-la, cf. 3T '3ii2 I Eeg. Vlll, 66.

7. A'i litt. : elle n'est pas fermée l'ouverture de tes lèvres.

88 LA LITTERATURE

\2i. « .... Tiuniat me provoque ' ; elle l'attaquera en armes,

123. « ^Mon pèrej, procréateur^, réjouis-toi et sois joyeux!

124. Le cou de Tiamat promptement tu le fouleras aux pieds...

Mardiik reçoit donc la direction suprême. Afin de lui confier le pouvoir de fixer les destins, les dieux doivent s'assembler dans une salle (rUbsluikina) du temple de Mar- duk, à Babylone.

lïl

La première invitation à l'assemblée doit être faite aux plus anciens des dieux, Lakhmu et Lakliamu.

11. « Va, Gaj^a, tiens-toi devant eux

12. M et tout te que je te dis répète-leur :

13. « Anshar votre enfant m'a envoyé;

14. « l'ordre de son cœur il me l'a fait connaître,

15. « à savoir : Tiamat, notre mère, nous a pris en haine

Et le vieil Anshar répète (extuellemeiit le récit que lui a fait Êa delà coalition de Tiamat.

53. « Or, j'ai envoyé \nu, et il n'a pas eu la force de l'aborder;

54. « Iva fut eirrayé et retourna en arrière.

55. « Il s'est levé Marduk, le sage^ parmi les dieux, votre enfant,

56. « à marcher conti-e Tiamat son cœur l'a poussé.

57. « Il me dit la parole de sa bouche* :

58. « Si moi, votre vengeur,

59. « je dois enchaîner Tiamat et vous faire vivre

et il poursuit, répétant textnellementXe récit de Marduk.

Gaga, le messager d'Anshar, se présente devant Lakhmu et Lakhamu, et leur répète à la Ici Ire le discours dWnshar.

125. Us entendirent Lakhmu et Lakhamu, ils crièrent à haute voix;

126. les Igigi, tous, pleurèrent amèrement.

L Avec DiiouMi:, an lieu de sha-si-in-ni-gha-turn =^qm est femme (King;

EBELINr,).

2. Texte Berlin, 1. 112.

3. Apkallu = saf^e (Dhorme), leader (King). Voir I, 80.

^1. Ip-shu j)i-i-shu (cf. p:1 oposhti = faire bouche, ouvrir la bouche).

PÉRIODE HAMMUnABlENNE 89

Les dieux assemblés se donnèrent le baiser de paix et prirent place à un banquet :

134. Ils mangèrent le pain, ils préparèrent le vin ; la douce boisson changea leurs craintes' A boire ils s'enivrent; les corps sont joyeux-. Ils crièrent^ beaucoup, leur cœur s'exalta; pour Marduk leur vengeur ils fixèrent le destin.

IV

Le Panthéon babylonien, s'adresse à Marduk, avant de lui décerner les insignes de la suprématie :

3. « Toi, tu es considérable parmi les dieux grands,

4. « ton destin est sans égal, ta parole est comme celle d'Anu.

5. « Marduk, tu es considérable parmi les dieux grands,

6. « ton destin est sans égal, la parole est comme celle d'Anu.

7. « Désormais ta parole ne fléchira plus ;

8. « exaller et abaisser, telle sera ta puissance ^\

9. « Elle sera stable la parole de ta bouche, ton verbe ne changera

10. « Nul parmi les dieux ne franchira ta limite; [pasl

11. « l'abondance est le désir du lemple des dieux ;

12. « le lieu de leur sanctuaire, qu'il soit établi pour ton lieu!

13. « Marduk, c'est toi qui es notre vengeur !

14. c( Nous f avons donné la royauté sur la totalité du monde en-

15. « tu siégeras et dans l'assemblée ta parole sera élevée; [lier :

16. « que tes armes ne soient pas affrontées % qu'elles mettent en

[pièces tes ennemis

17. « Seigneur, celui qui se confie en toi, conserve sa viel

18. « Mais le dieu qui a conçu le mal, répands sa vie ! »

On propose à Marduk un prodige qui doit manifester sa puissance... Et le prodige est opéré : par le seul effet de sa parole, le dieu détruisit, puis reconstitua un vêtement.

1. iVu-ra-(/t-s/tu-nu(?; dans le texte de Berlin.

2. Avec Dhorme, au lieu de leurs corps sont pleins (Delitzsch, King) enflés (Jensen) en prenant khabatsu comme synonyme de résha : se réjouir (KB VI, 1 p. 323).

3. E-gu-u, de gaUil cf. Muss-Arnolt; lyn I Sam. VI, 12.

4. Litlér. : ta main, ton pouvoir.

5. Ip-pal-tu-n de nHbaUù = Mev (?) Cf. Br 10679; 10689.

90 LA LITTÉRATURE

Et les dieux lui rendirent hommage :

29. Ils lui accordèrent le sceptre, le trône et le palùK

30. Ils lui donnèrent l'arme sans rivale qui repousse les ennemis

31. « \'a, et de Tiamat tranche la vie!

32. « Que les vents emportent son sang vers des endroits secrets ! »

Alors Marduk se prépare à la lutte :

4i . Il fit un filet pour y enlacer ^ Tiamat,

42. il tît prendre les quatre vents pour que rien d'elle ne pût échap-

44. il les fit approcher du filet, présent de son père .Anu. lP^"^?

La tablette précédente finissait probablement sur l'inter- vention des dieux partisans de Marduk, demandant grâce pour les vaincus.

1. Lorsque Marduk a entendu la parole des dieux.

2. son cœur le pousse à faire des choses niagnillques.

3. Il [dit] à Èa la [)arole de sa bouche;

4. ce que] dans son cccur il a médité, il en donne le conseil.

5. « Mon sang, je le pétrirai" et des os* je produirai.

6. Je susciterai Lili-a"^ : « homme » soit son nom!

7. Je créerai Lili-a, l'homme.

8. Que soit érigé le culte des dieux; qu'ils soient apaisés!

9. En outre, queles voies des dieux soient faites magnifiquement! 10. Ensemble qu'ils soient honorés S (bien) qu'ils soient divisés

[en deux I

Sur l'avis d'Êa, Marduk convoque les dieux. Ea propose de faire périr' celui-là seul qui a été le chef du combat, et de laisser en paix tous les autres coupables.

Les dieux sont convoqués, et Marduk fait le serment de

1. Un des insignes royaux dont on ignore la nature exacte.

2. CeltP interprétation de l'expression hirhish-tiamat, proposée par Dhorme, paraît la plus naturelle. On trouvera dans Mi:ss-.\aNOLT AW une petite bibliographie de la question.

3. Qat)saru : réunir, lier.

4. I-si-im-tu = os (?) Cf. IIolma, Koerperleile, p. 4, note 9.

5. On |>onrrait lire aussi Lù-gal-lu-a, au lieu de IJli-a. Cf. EbI'Lino, note p. 99.

6. Ou : réu/iis, si l'on préfère Am/j.i/» à kahàlii.

7. Li-a-hil-ma.

PERIODE ilAMMURABIENNE 91

ne punir que celui « qui a fait le combal*. » Les Igigi ayant répondu que c'est Qingu, le coupable est conduit devant Ea, qui le tue, et

27, de son sang pétrit(?) les hommes;

28. il (leur) confie le culte des dieux et congédie les dieux.

Dans un passage mutilé, Marduk, a roi des dieux », paraît diviser les Anunnaki en deux groupes, ceux du ciel et ceux de la terre, mais ces derniers sont mécontents; ils demandent à Marduk de se bâtir un lieu de repos :

38. Or ça! nous bâtirons un sanctuaire dont le nom soit célèbre^!

39. un lieu nuhattu ^ pour nous reposer.

Ce projet réjouit Marduk.

Les Anunnaki travaillèrent un an. La seconde année, « ils élevèrent le faîte de l'Esagil, en face de Vapsù » ; ils bâtirent la ziggurat de Vapsù ;

48. à Marduk, Enlil, Êa ils fondèrent une demeure.

Tous les autres dieux prirent place à côté de Marduk, et le dieu créateur mit la Babylone céleste à leur disposition, pour leurs fêtes. Lin festin leur fut servi, puis Tare et le trône de Marduk furent fixés dans le ciel.

On établit les rapports qui doivent exister entre Marduk et les autres dieux, entre ceux-ci et les hommes.

83. Que Marduk soit élevé! puisse-t-il...

84. Que sa seigneurie soit prééminente; sou joug !

85. Qu'il exerce le pastorat sur les « noirs de tête »..,.!

94. Que des oblations ils apportent; leur dieu, leurs déesses,

95. qu'ils n'oublient pas; de leur dieu qu'ils aient soin!

96. Leur voie qu'ils fassent belle; leur sanctuaire qu'ils bâtissent!

Ici, commence un hymne, mutilé, en l'honneur de Marduk.

1. S/ia ib-nu-u iu-ku-un-lu. 1., 19.

2. Sha na-hu-u zi-kir-shu.

3. [N]u-hal-lu-ni.

92 LA LITTERATURE

A la fui, Ausliar, Laklunu et Lakhamu convoquent les dieux pour célébrer les cinquante noms (atlribuls) de Mar- duk. On attribue à chaque dieu son rôle.

Il créa les mauvais vents pour jeter le trouble à l'inté- rieur de Tianial\

50. Il inonla. coiume char, la teinpêle sans rivale, elTrayante;

51. il lui attela quatre attelages, il les y attacha,

52. destructeurs, impitoyables, ravageurs, rapides.

Et le voilà en présence de Tiamal :

63. Alors ils le regardèrent les dieux, ils le regardèrent,

64. les dieux ses pères le regardèrent, les dieux le regardèrent.

65. Le dieu s'approcha, il considéra Tiamat au milieu;

66. de Qingu, son époux, il vit le dessein. 07. Il regarde et sa pensée se trouble.

Marduk provoque Tiamat à un combat singulier; et celle-ci, en l'entendant :

88. devint comme hors d'elle-même-, elle perdit sa raison,

89. elle cria, Tiamat, au paroxysme de la fureur;

90. jusqu'au fond tremblèrent à la fois ses fondements.

91. Elle récite une incantation, elle prononce sa formule magique,.

92. et les dieux du combat interrogent leurs armes.

Et la lutte commence :

95. Le Seigneur étendit son lîlet, il l'en enveloppa;

96. le vent mauvais qui se trouvait derrière lui, à sa face il le lâcha;

97. elle ouvrit sa bouche Tiamat, tant qu'elle put ;

98. il y Ht pénétrer le vent mauvais, en sorte qu'elle ne put fermer

99. les terribles vents emplirent son ventre, [ses lèvres :

100. son cœur fut saisi, elle tint sa bouche grande ouverte.

101. Il lança une tîèche^, il perça son ventre,

102. ses parties internes il les trancha, il fendit le cœur;

103. il la réduisit à l'impuissance et détruisit sa vie.

1. Ne pas oublier que Tiamal représente la mer primitive, t='nn.

2. Makhldiu (d'où sans doute lA^yo;) : devin; ms/th/ihùlu rr px/ase (c'est-à- dire : élat du devin). De là, l'expression que nous avons ici : malihkhutisih i<eme = elle devint comme à l'étal de devineresse, c-à-d. : comme en extase, comme hors d'elle-même.

3. Mulnuillit.

PERIODE IIAMMURABIENNE 93

L'armée de Tiamat est ballue; Marduk prend à Qingu les lableiles du destin que lui avait données Tiamat :

122. Avec un sceau il les scella, à sa poitrine il les mit*.

Puis il trancha comme un poisson le corps de Tiamat; d'une partie il fit le ciel :

139. Il lira le verrou, il posta des portiers,

140. il leur enjoignit de ne pas laisser sortir ses eaux.

V

L'auteur nous présente Marduk qui installe les astres dans le ciel. (Cette tablette était la plus importante pour les prêtres-mages-aslrologues^ qui lisaient dans le ciel les évé- nements que les dieux y avaient écrits avant de les réaliser sur la terre.)

VI

L'homme paraît (pétri dans le sang de Marduk) ; il a pour /m de maintenir le culte, destiné à apaiser les dieux, après leur lutte épique.

VII

Interprétation des cinquante noms de Marduk, c'est-à- dire de ses attributs divins'-.

1. Verbe /.t»i.-«/i/)u = prendre, i)lacer, niellre.

2. Celte (radilion épique de la créa lieu rappelle certaines images des poètes biblicpies qui représentent Yâhwéh triomphant, à l'origine, du chaos primitif et des puissances ténébreuses qui voulaient faire obstacle à son œuvre.

Ps. LXXIV, 13-17 : C'est loi qui as divisé la nier par ta puissance,

toi qui as hrisé la tête des monstres dans les eaux; c'est loi qui as écrasé les lêles de Léciathan, et l'as donné en pâture au peuple du désert. C'est toi qui as fait jaillir la source et le torrent, loi qui os mis à sec des fleuves qui ne tarissent pas.

M LA LITTÉRATURE

Le Déluge.

(FllAGMENT SCHEIL.)

Ce texte, fragmentaire, copie d'un autre texte déjà mutilé à cette époque, comme le fait remarquer le scribe', est signé : Ellit-Aya, scribe apprenti-; le 28" jour du mois Shehat, de Vannée Ammizaduga, roi, construisit le mur d'Ammizaduga, à l'embouchure de VEuphrate^'

A loi esl le jour, à toi est la nuit;

c'est toi qui as créé la lune et le soleil.

C'est toi qui as fixé toutes les limites de la terre

Ailleurs (Ps. LXXXIX, 9-13) :

Yahwéh tsebhàôth, qui est comme toi'?

Tu es puissant Yalnvéh, et la fidélité t'environne.

C'est loi qui domptes l'orgueil de la mer;

quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises.

C'est toi qui écrases Rahah comme un cadavre,

qui disperses tes ennemis parla force de ton bras.

A toi sont les cieux, à loi aussi la terre;

le monde et ce qu'il contient, c'est toi qui l'as fondé.

Tu as créé le Nord et le Midi.

Au livre de Job (XXXVIII, 8-12) :

Qui a fermé la mer avec des portes,

lorsqu'elle sorlil impétueuse du sein maternel,

quand je lui donnai les nuages pour vêtements

et pour langes d'épais brouillards;

quand je lui imposai ma loi

que Je lui mis des portes et des verrous,

et que je lui dis : « Tu viendras jusqu'ici, non au delà;

« ici se brisera l'orgueil de tes flots ! »

As-tu, depuis que tu existes, commandé au matin"?

As-tu indiqué sa place à l'aurore"?

Job ibid. 31, 32 : Est-ce toi qui serres les liens des Pléiades,

ou pourrais-tu relâcher les chaînes d'Orion"?

Est-ce loi qui fais lever les constellations en leur temps,

qui conduis l'Ourse avec ses petits"? (Cf. Ps. CIV, 5-8);

Job IX, 13 (avec LXX) ; XXVI, 12-14; Ps. LI, 9.

1. I, 12.

2. Tsi/ihru.

3. Ce document fut probablement co|)ic à Sippar, comme la plupart des textes dWmmizaduga, d'autant que l'élément divin, A>ja, du nom du scribe représente la déesse parèdre de Shamash, dieu spécial de Sippar.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 95

L'Epopée de GiLGAMEsn.

Gilgamesli, dont le nom est inexpliqué', réalise tous les exploits que rêvait Fimaginalion des peuples antiques^ : luttes contre les bêtes féroces, expéditions héroïques dans des jardins divins gardés par des monstres, courses loin- taines au delà des confins du monde, épreuve suprême d'une communication avec les ombres.

En face de Gilgamesh, qui paraît être la bravoure intel- ligente et résolue, Enkidu incarne la force brutale; sorte de paysan chaldéen, attiré à la ville par l'attrait des plaisirs, il s'y livre aux pires dévergondages de la sensualité; puis, quand il a perdu le bonheur, il entre, à la suite de son roi, dans la carrière des entreprises héroïques.

Les deux héros sont souvent représentés sur les cylindres^ des plus anciens Empires de la Basse Chaldée, mais nous ignorons s'il s'agit d'une représentation plastique de notre poème ou de la tradition qui le précéda*.

TABLETir: DK PE^NSYLVANIE°.

Une tablette de l'Université de Pennsylvanie, de six colonnes presque entières qui contenaient, d*a|)rès le scribe,

1. On lisail ruilrefois Izduhar les signes (an) iz-tu-bar. Un sylla- baire {IJab. and Or. Rec. IV, 264) donne la lecture [ilu] Gi-il-ga-mesh qui est une abréviation de Gi-bll-aga-ini&h et Gi(sh)-bil-ga-iiiish. Ou trouve (CT XII, PI. 50 = K. 4359, 1. 17) 1 équation Gish-tu-mash-shi z^ Gishhil-ga- (inesh). Dans nos deux fragments, nous avons an-gish ou {ilu) Gish. Ce sont des variantes du nom de notre héros qu'on lit explicitement Gil- gamesh dans une inscription de Sin-gâniil d'Uruk, un peu avant Hammu- rabi (tablette B, 1. G, dans ISA, p. 317).

2. C'est sans doute [jarce qu'il était gigantesque que le mur dUruk dont parle une inscription de Sin-gàmil (1. c. 5-7) est appelé ouvrage ancien de Gilganii'sh, un peu comme lorsqu'on parle de « murs cyclopéens ».

3. Cf. Ward, Seal Cgi., ch. X.

4. Alloite de la FuVe, RA XVII (1920), 25-26.

5. Publiée et traduite par St. Langdon [The Epie of Gilgamesh, iu-4, Philadelphia 1917 t. X, 3 de The University Muséum. Public, of the

96 LA LITTERATURE

240 lignes, nous donne le deuxième chant de Tépopée telle qu'elle existait à l'époque hammurabienne'.

Col. I-.

En deux songes successifs, Gilgamesh voit symbolisé un héros d'une force extraordinaire :

7. Une sorte de taureau(?j céleste tomba devant moi;

8. je voulus le soulever, mais il était trop lourd pour moi !

9. je voulus l'ébranler, mais je ne pus pas l'ébranler.

10. .l'appelai donc les gens^, ils s'attroupèrent auprès;

11. les princes baisent ses pieds ;

12. je m'accolai (contre lui), t3. (les sjens) m'appuyèrent,

14. je le soulevai et l'apportai devant moi.

La mère de Gilgamesh explique le songe :

17. En vérité, Gilgamesh, ton pair

18. est dans le désert, 49. la montagne l'a nourri;

20. tu le verras, tu seras dans l'étonnement.

21. les princes baiseront ses pieds,

22. tu lui seras bienveillant

24. (Gilgamesh) se coucha et vit un autre

25. songe qu'il raconta à sa mère :

26. Ma mère, j'ai vu un autre

27. songe. J'ai vu que près de moi, sur la voie,

28. dans Uruk aux carrefours,

29. une hache tombait.

30. On s'attroupa autour.

31. La hache était à double tranchant :

32. je la vis et je fus dans l'étonnement.

Babyl. section, p. 208-227, avec 6 pi. en autogr. et 2 pi. en béliogr. De nouveau publiée, traduite et étudiée par Monnis Jasïhow Jr and A. T. Clay, An old biihi/lonian version of Ihc Gilgamesh epic. In-8, New-Ilaveu, 1920.

\. Po'ir plus de détails, voir notre Lillérattire des liuhi/loniens et des Assyriens.

2. Pour cette colonne, nous reproduisons la traduction ilu R. P. V. ScHEiL, RA XVI (191i)), lli-115.

3. Lecture Jasthow-Clay : l-rulc (ki) malum...= le pays d'Erek(s'attroui)a auprès.)

PÉRIODE HAMMURABIENNE 97

33. Je me mis à l'aimer comme une épouse,

34. je me penchai sur elle,

35. je la saisis et la mis

36. à mon côté.

Et la mère de Gilgamesh explique ce songe*.

Col. II.

6. Six jours et six nuits,

7. Enkidii^ vint

8. et connut la fille de joie.

9. La prostituée ouvrit la bouche 40. et dit à Enkidu :

11. « Je te regarde, Enkidu, tu es comme un dieu.

12. « Pourquoi avec les animaux

13. « erres-tu dans la campagne?

14. « Allons! je vais le conduire

15. « dans l'intérieur d'Erek

16. « à la maison sainte, demeure d'Anu....

24. Il entendit ses paroles et accueillit avec faveur son langage.

25. Le conseil de la femme

26. frappa son cœur.

27. Elle arracha un vêtement

28. et l'en revêtit.

29. D'un autre vêtement

30. elle se couvrit.

31. Elle lui prit la ujain

32. et le guida comme...

33. devant le berger.

Col. III.

1. Du lait de bétail

2. il but

3. De la nourriture on plaça devant lui.

4. Il coupa du pain,

5. regardant et considérant.

1. Le passage est mulilé dans notre tablette. Dans la recension assy- rienne on liia :

(< La hache que tu as vue est un personnage (en figure). « c'est Enkidu, le brave, le compagnon, le sauveur de l'ami! » (Jeremias, Izdubar, PL III; cf. Jensen, Epen. Col. VI, 30 suiv.).

2. Mot shumérien =: Enki (ou ii,a) est créateur. A la vérité, ce mot esl écrit, ici et dans le fragment MeisSiNer que nous citons plus loin : an-en- jii-DU (du=:khi, et non pas signe du:=kak).

7

98 LA LITTÉRATURE

0. Mais I'Inkiuu ne comprit pas.

7. A manger du pain

8. et à boire de la bière

9. on ne lui avait pas appris.

10. La prostituée ouvrit la bouche

41. et dit à Enrihu :

12. « Mange du pain, Enkidu;

13. « c'est la vie ' !

14. « Bois de la bière; c'est l'usage de la terre! »

15. Enkidu mangea du pain

16. jusqu'à satiété.

17. Il but de la bière

18. sept fois(?)2.

19. Son esprit se délia et il s'exclama;

20. son cœur fut rempli de joie

21. et sa face s'illumina. 23 Son corps

24. il oignitd'huile.

25. Il devint semblable à un homme.

26. Il mit des vêtements

27. comme fait un époux'.

28. Il prit son arme,

29. le lion il attaqua

30. de sorte que, la nuit, les bergers pouvaient reposer*.

Verso. Col. I. La prostituée poursuit :

14. (Habiter) une maison avec une famille

15. c'est le sort des hommes

Col. II. Enkidu entre à Erek.

4. Les gens s'assemblèrent autour de lui

5. Comme il était dans la rue

6. d'Erek aux carrefours,

7. le peuple s'assembla

8. discutant autour de lui :

1. Zi-ina-a.1 ba-la-li-uii.

2. Alst&arninim.

3. Muli.

4. 2Ï-22: In-hi ù-gi-ir-ri ush-sa-ak-pu re^ûli />iu-s/ii-a-/(>Ji (Jastrow-Clav).

PERIODE HAMMURABIENNE 99

9. « Comment est-il devenu soudain semblable à Gilgamesh?'...

14. « Du lait de bétail

15. « il boit.

Il devienl le compagnon de Gilgamesh.

Col. III.

Cette colonne finit sur ces mots :

32. Le pouvoir royal sur le temple

33. le dieu Enlil a décrété pour toi. Deuxième tablette...

deux cent quarante lignes"^.

Fragment Meissner''.

Comme le texte n'est pas entier, il est difficile de préci- ser son objet. Il est clair, du moins, que Gilgamesh est à la recherche du secret de la vie, et, par suite, ce fragment

1. Il semble que le poète ait voulu décrire, à la manière d«s romanciers, les premiers effets de l'amour dans le cœur du jeune homme : un monde nouveau se dévoile à ses yeux, il dédaigne les jeux de son enfance ; le mobile de ses actes est désormais le désir du plaisir et des grandes choses. L'épisode de la courtisane d'Ishtar peut être un artifice littéraire; rien ne prouve que, d'après l'épopée, l'homme ait été réellement créé au milieu des bêtes, ni que les fonctions de la virilité aient été le point de départ de la vie et du progrès intellectuel. Rien, non plus, ne prouve qu'il s'agisse ici de la chute originelle.

2. Une tablette récemment acquise par le Musée de Yale paraît être la suite du texte que nous venons d'étudier. Voir notre Littérature des Baby- loniens.

3. Trouvé à Bagdad, dans un lot important de tablettes de Sippar (Abu Habba), et publié par B. Meissner, avec trad. et comment., dans MDVG, 1002, I. La un des col. I et II et le début de Ilf et IV sont brisés. Ce frag- ment remonte à la l""" dynastie de Babylone ; preuve^ : la calligraphie et l'orthographe (v. g. : orthogr. : I, 2 i-ik-ka-al; I, 13 natâlu pour nathâlu; II, 4 i-iUli-ik, etc.) est celle des contrats de la I''^ dyn. babyl. L. W. King, [The seventabl. of Cr., t. I, p. LXXVIII avec noie 1), le reporterait même volontiers à l'époque de la dynastie d'Ur. Ce texte a été traduit par P. Dhorme, TR 298-303.

100 LA LITTÉRATURE

paraît devoir précéder ce que nous fait connaître la tab. XI de l'Epopée ninivile.

CoL I, 6. (Shamash) dit à Gilgamesh' :

7. « Gilganiesh, pourquoi erres-tu de tous côtés?

8. « la vie que tu cherches çà et là, tu ne la trouveras pas. »

9. Gilgamesh lui dit, au guerrier Shamash : [dalû,

10. « Depuis que je vais (?) dans la campagne, comme l'oiseau

11. « sur la terre, les étoiles sont-elles moins brillantes'^?

12. « Je me suis couché des années entières^ :

13. « Puissent mes yeux voir le soleil! puissé-je me rassasier

14. « Loin est l'obscurité lorsque abonde la clarté, [de clarté.

15. « Puisse le mort* voir l'éclat du soleil! »

Col. II, 1. « Celui qui avec moi alFrontail toutes les difficultés,

2. « Enkiuu que j'aimais fortement....

3. « qui, avec moi, affrontait toutes les difficultés,

4. « il s'en est allé à la destinée de l'humanité^.

5. « Jour et nuit, j'ai pleuré sur lui, t). « je ne l'ai pas livré au tombeau.

7. « Un dieu vit cela et vint à mon cri.

8. « Sept jours et sept nuits,

9. « comme un ver, il tomba sur sa face :

10. « depuis sa mort, il n'a plus trouvé la vie.

11. « Je me suis élancé comme un chasseur*', au milieu du

12. « A présent, Sabîtu', je vois ta face : [désert.

13. « La mort que je crains, que je ne la voie pas!

14. Sabîtu lui dit, à Gilgamesh :

Col. III, 1. « Gilgamesh, pourquoi erres-tu de tous côtés?

2. « La vie que tu cherches çà et là, tu ne la trouveras pasl

3. « Lorsque les dieux créèrent l'humanité,

4. « ils destinèrent la mort à Ihumanité* ;

5. « ils retinrent la vie entre leurs mains ^.

6. « Toi, Gilgamesh, remplis ton ventre;

1. Dans le texte il y a toujours Gish.

2. Matii; peut-être est-ce un autre verbe qu'il faut lire ici.

3. lia-hi sha-na-tii pourrait se traduire : tous les ans.

4. Mali mi-tnin; litlér. : le mort de mort; cf. : t\^>-t\ r'-z morte morieris, {Gen. II, 17).

5. Pour : est mort; expression fréquente dans le Code de Ilanimurabi.

6. Avec Dhormk.

7. Nonx d'une déesse sans doute, à idenliDer, probablement, avec Siduri.

8. D'après celle tradilion, l'homme devait donc mourir. Le mot shakânu que nous traduisons, ici, par destiner, a un sens très large : placer, poser, mettre, faire, cnh'r, déterminer.

î). Seuls, les dieux devaient être immortels.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 101

7. « jour et nuit, réjouis-toi, toi!

8. « Chaque jour, fais la fête,

9. « jour et nuit, sois gai et joyeux !

10. « Que tes vêtements soient éclatants!

11. « Que ta tête soit pure! Lave-toi avec de l'eau!..., etc.

Au commencement de la IV*" et dernière colonne, Gilga- mesh est en face de Sursunabu qui lui demande :

Col. IV, 5. « Quel est ton nom? dis-le-moi !

6. « Moi, je suis Sur-sunabu', celui d'Uta-naishtim^ l'éloi-

7. Gilgamesh lui dit, à Sur-sunabu : [gné ! »

8. « Gilgamesh est mon nom, moi,

9. « qui suis venu de... maison des dieux,

10. « qui... de la montagne,

11. « route lointaine au lever du soleil,

12. « à présent, Sur-sunabu, je vois ta face :

13. « Indique-moi Uta-naishtim l'éloigné ! »

Poème d'Agushaya^

Afin de réaliser ï unité religieuse dans les pays qu'il venait de soumettre à son autorité et auxquels il avait imposé un code unique, Ilammurabi voulut montrer que les dieux adorés dans ses diverses provinces n'étaient pas hostiles les uns aux autres. Suivant notre poème, dont le roi fut au moins l'inspirateur sinon l'auteur, les trois déesses du com- bat : Ishtar d'Uruk, Saltu et Agushaya se sont accordées entre elles; au sujet des dieux, aucune incompatibilité ne les oppose l'une à l'autre ^

1. « Serviteur du dieu Suiiabu », nom du nautonier d'Uta-napishtim.

2. Il s'agit évidemment d'Ula-napisbtim, le héros du déluge. Ce nom propre signifie probablement : « il a trouvé la vie » (voir le verbe atû employé en ce sens dans le grand Poème {Gilgam. XI, 207) uta serait pour utta. On a proposé aussi le sens : <( Uta est ma vie; » [Uta =z Shaniash).

3. Agushêa, Gushèa, déesse guerrière (BA, III, 123 = K 2801 et Craig, Bel. texls I, 15, 18 = K 2001, 3), Ishtar de quelque groupe ethnique nou- veau venu dans le monde babylonien, peut-être araméen ou arabe. Cf. V. ScHEiL, RA, XV (1918), 177 n. 2.

4. Des textes plus récents représentent Ishtar, .\nunitu et Gushéa comme une seule et même divinité.

102 LA LITTÉRATURE

Notre texte est un poème en dix c'hants\ numérotés, et terminés le plus souvent par un motif qui résumait en quelques lignes le fond de chaque clianl.

Les trois premiers chants font l'éloge d'Ishtar-.

I

]. i. Je veux chanter la très grande

valeureuse entre tous les dieux,... "9, Ses prouesses sont éclatanles, 10. Ses voies sont insondables !

Motif. Elle est transcendante entre les déesses.

Je veux chanter la sioire d'Ishtai'.

II

Motif. Elle est, elle seule, une vaillante,

la majestueuse Ishtar, experte à vaincre.

III

Dans ce chant se dessine le sujet du Poème. Le créateur d'Ishtar lui recommande, mais assez timidement, de ne pas abuser de ses avantages redoutables, surtout dans le domaine d'Ea qui est un dieu pacifique.

IV. 1. Sceptre de royauté, trône et couronne,

Anu lui départit, à elle dispensatrice de (tout),

et lui conféra la noblesse,

grandeur et puissance,

de foudre et d'éclairs

il lenceiynit de surcroît!... 10. Elle rêva d'exploits.

II. 1. Le fond de son cœur est de bondir à l'attaque !

1. Conservés parliellemput sur deux tablettes publiées, l'une en 1913 (VAT 5946, Musée de Berlin, éditée par IL Zimmeun, Kulilied ii» 214), l'autre par V. Scmcii. (RA XV, 168-182).

2. Nous citons la IrorUiclion Scueil.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 103

IV

Les dieux du cycle d'Ea décident la création d'une rivale, et c'est Ea qui est chargé de réaliser ce prodige qui s'appel- lera *Sâ/^« ((( Combat ».)

V, 6. « Celle-là quelle soit hardie,

« que rusé soit son esprit! « œuvre surpassant les futaies, « que sa forme soit vig-oureuse....

Ëa indique à Saltu comment elle doit se comporter en face d'Ishtar.

VI. 17. « Vois et prête l'oreille,

« observe mes volontés,

« écoute mes propos

« et fais ce que je t'ordonne.

« Il est une unique déesse valeureuse

« sur toutes les déesses :

« ses exploits sont transcendants,

« celle dont le reg'ard est farouche.

25. « Son nom est Jrnina

29. « Pour lui tenir tête

« je t'ai créée,

« vaillance, force

« avec art j'ai prodigué.

« C'est ma stature, mon allure que la tienne!

« Et maintenant, va donc

« jusqu'à même son flanc!

« Revêts-toi d'épouvante,

« c'est cela que je lui mande.

« Elle, elle foncera sur toi

« et formulera une question

« en te demandant : « De qui es-tu la servante?

« Déclare ta voie ! »

« Pour toi, dùt-elle se courroucer,

« ne lui cède pas ;

« pour l'apaisement de son cœur

« ne lui réponds mot.

« Quand te l'avirait-elle quoi que ce soit,

104 LA LITTÉRATURE

« ô toi, la créature de ma main?

« Impérieuse dans la mesure de ta bouche,

« mêmement parle en face d'elle.

VI

Suprême initiation de Saltu, avant sa rencontre avec Ishtar.

VIP

Avant de se mesurer avec Saltu, Ishtar envoie son messa- ger, Nin-Shubur, se renseigner sur la nature du secret de sa rivale.

VIII et IX

On revient sur les prérogatives d'Ishtar, La déesse paraît juger peu digne d'elle de lutter en personne contre Saltu, Agushaya surgit, nouvelle déesse ishtaréenne; mais, au lieu d'engager le combat, il semble qu'elle préfère négocier.

X

Sur la demande d'Agushaya, Ea consent à mettre fin aux provocations de Saltu, à condition que l'univers sache le prodige de sa création, qu'elle ait des temples et des offrandes parmi les hommes et que la postérité en garde la mémoire.

Epilogue.

VII. 23. Et le roi qui cet hymne,

les signes de ta vaillance, ta gloire a redit, Hammurabi qui cet hymne, sous son règne, ta gloire a chanté (?) ce qui a été fait en sa faveur lui soit dévolu pour jamais.

1. Ici commence la tablette Sciieil.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 105

DOXOLOGIE.

En l'honneur des trois déesses guerrières que nul senti- ment ne peut jamais diviser :

VIII. 1. lU ta grandeur

pai' ton verbe

tu communiquas à Agushaja, le jour Saltu 5. guettait à ta sortie.

Avec tes volontés augustes quelqu'un veut-il composer? Tu confies la chose à sa main ; toi-même, l'insulte faite à elle 10. tu rejettes en arrière.

Je chante donc Ishtar, la reine des déesses; Agushaya, sa puissance selon sa sublimité j'exalte! 15. La belliqueuse Saltu

ju'à cause d'elle créa La le prince ; les signes de sa puissance je veux faire entendre à tous les hommes et leur manifester ses grandeurs.

l

2. Poésie lyrique. Gloirf: au dieu Marduk'.

Inscription bilingue shumérien et sémitique trou- vée à Bagdad, sur un gros bloc de pierre cylindrique qui, probablement, faisait partie du torse d'une grande statue.

Les dieux, à commencer par Enlil ou Bel, qui était si puissant aux temps shumériens, ont collaboré à la suzerai- neté de Marduk, et ils la proclament.

î. Texte dans King, Leliers and Inscr. t. II PI. 109, et dans RA II (1888), p. 5-7; trad. de King, 1. c. III, p. 175-176, et d'AMiAuo, RA l. c. 175-176 (un peu vieillie).

106 LA LITTÉRATURE

le dieu Bel t'a donné la suzeraineté :

de qui as-tu besoin? Le dieu Sin t'a donné la primauté :

de ((ui as-tu besoin? Le dieu Li-urta t'a donné de nobles armes :

de qui as-tu besoin? La déesse Ishtar t'a assuré l'issue du combat «t de la bataille

de qui as-tu besoin? Les dieux Shamash et Adad sont tes protecteurs :

de qui as-tu besoin?

II

Aux quatre l'égions du monde...

que ton nom soit proclamé! Que les peuples nombreux

t'adressent leurs supplications ! Qu'ils prosternent leur face

devant toi! Qu'ils exaltent

ta grande gloire ! Qu'ils chantent

tes louan-œs sublimes!

IV 2

La grandeur de sa puissance pour les jours à venir il a rendu éclatante,

Hammurabi, le roi

le destructeur de l'ennemi.

Dragon dans l'attaque,

il domine le pays ennemi,

il romp le choc,

il détruit l'insurrection, il brise comme statue d'argile les condjattants, [il l'ranchitl les barrières infranchissables des monts.

1. On peut être sûr que le nom du dieu Mardiik figurait à cette lig-ne.

2. De la col. III, il ne reste que {juchjucs mots.

PERIODE HAMMURABIENNE 107

c. Littérature des « Voyants ».

Les Babyloniens étaient toujours désireux de percer le voile qui cache l'avenir, car ils ne voulaient engager qu'à bon escient leur personne ou leurs intérêts, non seulement dans les conjonctures particulièrement graves, telles que les expéditions guerrières, mais encore dans les circons- tances les plus ordinaires. Par exemple, sous Ammiditana, successeur d'Hammurabi, « les hommes de la province' » de S'hagga ayant écrit au roi qu'ils avaient besoin de 57 gur et 184 qa et demi de blé pour la pitance des hommes de la citadelle- », Ammiditana répondit : « Que les Voyants^ qui sortt auprès de vous* scrutent^ l'avenir, et si le présage est favorable, portez ce blé à Shagga^ ».

Citons quelques passages d'un texte ^ relatif à V astrolo- gie^ : il doit remonter à la première dynastie babylonienne, car les pays dont il parle reflètent l'état politique de cette époque.

Le bârù voit annoncés par une éclipse les maux les plus désolants : ravages, destruction, mort, meurtres, soulève- ments, renversement de dynastie, échec dans les batailles, inondation, mauvaises récoltes, avortements. Le 3" mois, ces maux menacent Tilmun; le 4*, Guti; le o", Dupliash près des Hittites ; le 6% Akkad: le 7% l'Élam; le 10% Anshan; le 1 i" Amurru ; le 12'' Ur.

« S'il y a éclipse, le 14 Siwan, commençant en Orient et

1. Amêlê bi-kha-a-tim.

2. Bi-ir-li. Voir dans les documents récents de la Bible, nn's (Neh. I, 1; II, 8; VII, 2; Eslh., passim; II Chron. XVII, 12; XXVII, 4.'cf. I Chron., XXIX, 1,19).

3. Ba-ru-li.

4. Littér. : devant vous.

5. Ip-ru-su-ma ^= décident, pronostiquent.

6. Bu. 91-5-9, 340, dans King, Letlers... PI. 95.

7. HI R 60-01, dans Virolleaud, Sin n»» XXXIII-XXXV.

8. Sur l'Astrologie, cf. infra : Temps assyriens p. 270 s.; et t. III, Idées reliff.

108 LA LITTÉRATURE

« finissant en Occident, commençant la veille du milieu et (( finissant la dernière veille, avec obscurcissement visible « devant toi, le présage est pour le roi de Tilmun. Le roi de « Tilmun sera tué dans une émeute ; un inconnu s'emparera <( du trône.

« S'il y a éclipse le 16, le roi sera tué dans une expédi- « tion, et un inconnu s'emparera du trône.

« S'il y a éclipse le 20, pluie du ciel, hautes eaux dans « les canaux.

« S'il y a éclipse le 21 , lamentation et deuil dans le pays; « il mourra beaucoup de monde dans le pays.

« S'il y a éclipse le 14 Du'uzu, commençant à l'Ouest et « finissant au Sud ou au Nord, commençant la i"^^ veille et « finissant la veille du milieu, avec obscurcissement visible « devant toi, présage pour le roi de Guti; le roi de Guti sera « renversé par les armes. Le pays et ses biens' seront « ruinés.

<( ... S'il y a éclipse le 14 Shebat, commençant au Nord (( et finissant à l'Ouest, commençant la veille du milieu et « finissant la dernière, visible au Nord devant toi, présage « pour le roi d'Amurru; défaite du roi d'Amurru, etc.

Nous pourrions citer d'autres textes appartenant à la Littérature des « Voyants ». Par exemple, on connaît des documents magiques ou de divination qui doivent remonter à cette période, car, d'une part, la suprématie du dieu Mar- duk, qui y est partout exprimée, paraît nous obliger à ne pas les reculer au delà de l'époque Hammurabi réalisa la cohésion des Etats babyloniens, et, d'autre part, des indices de langage paraissent démontrer que leur rédaction définitive ne doit guère être postérieure à 2000 av. J.-C.-. Cependant nous ne citerons ces textes qu'à l'époque assy-

1. Sens élucidé par le passage parallèle II R, -47 Recto 21» ; mâtu ina hi- Isir-sha innadi.

2. Cf. Jasthow, Religion, t. II, 276.

PÉRIODE HAMMURABIENNE 109

rienne, puisque les transcriptions qui nous les font connaître sont de ce temps et que les scribes ont pu faire au texte des retouches dont nous ne pouvons apprécier avec une rigou- reuse exactitude l'importance.

d. Histoire.

Les textes « historiques » différent peu, par leur carac- tère, de ceux de la période précédente. Ils sont écrits quel- quefois en sémitique, quelquefois en shumérien et sémi- tique.

1. Hammubabi. a. Travaux exécutés à Sippar^.

« Hammurabi, le roi grand, le roi de Babylone, le roi « des quatre régions, celui qui a fait le pays, le roi dont « les actions sont agréables au cœur^ des dieux Shamash « et Marduk, c'est moi!

(( Le mur^ de Sippar, en terre*, comme une grande mon- « tagne j'ai élevé son sommet; je l'ai entouré d'un marais^ « A Sippar j'ai creusé l'Euphrate et j'ai élevé un mur* de « défense.

« Hammurabi, celui qui a fait le pays, le roi dont les^ « actions sont agréables au cœur'' des dieux Shamash et y< Marduk^ c'est moi !

« J'ai fait habiter Sippar et Babylone dans une demeure paisible* pour les siècles,

1. KiNG. Lellers and Inscr. Ham.; texte sémitique, PI. 97; texte shumé- rien, PI. 102.

2. Shiru, littér. : chair, corps.

3. Dùru.

4. SAKHAR-TA =: ùia s-pi-ri.

5. SUG-RA KHU-MU-NI-MGIN.

6. Kâr.

7. Ici encore, shîru.

8. Nîkhtu.

110 LA LITTERATURE

« Hammurabi, le fnvori du dieu Shamash, te chéri du « dieu Marduk, c'est moi!

« Ce c|ue, au temps passé, aucun roi n'avait bâti pour le « roi de la ville, Shamash mon seigneur, moi je l'ai magni- <( fiquement réalisé.

h. Erection d'un temple de Shamash à Larsa^.

Au dieu Shâma^h, le seigneur du ciel et de la terre, son « roi, Hammurabi, ministre^ du dieu Anu, serviteur du dieu « Enlil, aimé de Shamash, pasteur chéri du dieu Marduk, « roi puissant, roi de Babylone, roi de Shumer et d'Akkad, « roi des quatre régions, roi qui a rebâti les sanctuaires « des dieux.

« Lorsque le dieu Shamash lui donna Shumer et Akkad « à gouverner, et quà ses mains il en confia le sceptre « Hammurabi au dieu Shamash qui protège sa vie bâtit le « temple L-babbar, le temple qu'il aime, à Larsa, la ville « de sa seigneurie \

II. Samsu-iluna, Ses conslructiom^ .

I, 1. « Lorsque le dieu Anu et le dieu Enlil, roi du ciel « ei de la terre, regardèrent avec joie le dieu Marduk, le « premier du dieu Ea, et lui donnèrent le gouvernement « des quatre régions, et lui donnèrent un nom auguste « parmi les Anunnaki, et qu'iV* établirent les fondements « de Babylone comme cieux et terre, alors le seigneur de « ce pays, le dieu Marduk., plein de sagesse, me donna à « moi, Samsu-iluna, roi de son abondance, la totalité du

1. KiNG, /. c. : texte sluimérien, PL 121.

2. GU-DE-A.

3. NAM-EN.

4. KiNG, I. c. : texte sémitique, PI. 191 ; texte shumérien PL 199.

PERIODE HAMMURABIENNE 111

« pays à régir \ el il ni ordonna solennellement d'établir « 5071 pays en sécurité et de donner aux vastes peuples la « prospérité à Jamais.

«. Samsu-iluiia, le roi puissant, le roi de Babylone, le « roi qui a soumis les quatre régions, c'est moi!

II, 40. « Avec ma puissance personnelle et ma grande « sagesse, (je restaurai) Dûr-zakar, à Nippur, pour la déesse « Nin-makh, la mère qui m'a conçu-; Dûr-Padda pour le « dieu Rammân, mon soutien; Dûr-Lagaba pour Sin, le « dieu qui m^a engendré^ ; Dûr-Iabugani pour le dieu « Lugal-diritugab'% qui a agrandi mon royaume; Dûr- « Gula-duru et Dûr-utsi-ana-Urra pour Nergal qui a abattu « mes ennemis. Ces six puissants dur que Sumu-la-ilu, mon « auguste père, le cinquième père de mon père^, avaient « bâtis jadis, étaient tombés en ruines. En deux mois, je « rebâtis leurs ouvrages en briques®, j'élevai leur faîte « comme une montagne.

« J'ai établi solidement les fondements de tous les pays; « j^ai exalté le nom de Babjlone, je l'ai fait grand dans les « quatre régions. La terreur de la majesté de ma royauté à « couvert les limites des cieux et de la terre. Gela les dieux « l'ont regardé de leur clair regard' et il m'ont accordé ce « don* : de (vivre) une vie qui., comme le dieu-Lune , chaque « mois se renouvelle; d'exercer un pastoral pacifique sur « les quatre régions, éternellement ; de réaliser le désir de <( mon cœur, comme un dieu; de passer chaque jour., la tête « haute, la Joie et l'allégresse au cœur ».

1. Rê'u = pascere.

2. Ba-ni-ti-ia.

3. Ba-nl-ia.

4. Nous ne connaissons pas d'autre document soit nommé ce dieu.

5. Samsu-iluna était ûls de Hammurabi, et Sumu-la-ilu était le père de l'arrière-grand-père du célèbre législateur.

6. Libittashunu.

l.'Ina. bu-ni-shu-na na-me-ru-liin.

8. Ils m'ont fait présent de ce présent : ana she-ri-ig-tim lu ish-ru-ku- nim.

112 lA LITTÉRATURE

e. Genre épislolaire.

Notre mot « lettre » correspond à Tassyrien egirtu [egirtu shaN... iV... = leltre deN... N...) ou à duppu, terme qui désigne la lettre écrite (duppu N... N... ana X... = écrit de N...N... àX...)

Le texte des lettres était gravé ou poinçonné sur des tablettes d'argile que l'on faisait cuire au four ou même sécher au soleil: on enfermait ensuite la missive dans une mince enveloppe d'argile sur laquelle on mettait le nom du destinataire; et l'on soumettait le tout aune nouvelle cuis- son. A l'arrivée du courrier, le destinataire brisait la légère enveloppe et lisait sa lettre'.

Nous avons un grand nombre de lettres de la V^ dynas- tie-; une bonne partie représente la correspondance de Hammurabi à Sin-idinnam ^ : ce sont lettres d'administra- tion, relatives au calendrier, à la religion, aux affaires militaires, aux bateaux, aux fonctionnaires, aux ouvriers, à la justice, aux finances et aux impôts, aux canaux, à des travaux divers.

Nous avons aussi une quantité de lettres privées.

Ordre de rapporter les déesses élamites dans leur naos''. « A Sin-Idinnam : Hammurabi.

1. Il existe au British Muséum, une leUre particulière (no 93018) qui dut n'arriver jamais à destination, car elle a été découverte avec son enveloppe encore intacte. Quelquefois, les lettres n'avaient pas d'enveloppe du tout; par ex. VATh 809, 574, 575, 793, pujjliées par Meissner in BA, II, 557-504 et .573-580).

2. 270 ont été retraduites et groupées par A. Ungnad. Babylonische Brlefe ans der Zeil der Ilanirnurapi-dijnaslie. Leipzig, 1914 (Bibliographie, p. XXXVIII-XXXIX).

3. La plupart ont été éditées et traduites par L. W. King. Letlers and Inscriptions of Hammurabi, 3 vol. in-8, London, 1898-1900; trad. franc, par Chahles-F, Jean, Lettres de Hammurapi à Sinidinnam, in-8, Paris, 1913. Il y en a encore trois en assez mauvais état, dans Thuueau-Dangin, Lettres et contrats, Paris, 1910.

4. Ch.-F. Jean 3; King, PI. 79; Ungnad 4.

PERIODE HAMMURABIENNE 11!}

« Les déesses d'Ernuthbal ' qui sont confiées à Ion autorité « les troupes qui sont sous le commandement d'Inukhsa- « mar" te les livreront saines et sauves. Quand elles t'auront <( rejoint, détruis leurs gens' avec les troupes qui sont en « ta main. Quant aux déesses, qu'on les remette saines et « sauves dans leur demeure.

Ordre de régler les affaires d'un officier*. A Sin-Idinnam : Hammurabi.

(( Parmi les officiers de la porte du Palais, sous l'autorité (( d'Erisha, il y a des hommes à qui on a fait du tort. « Erisha viendra vers toi. Règle leur affaire; compense « leur dommage, et qu'ils ne se plaignent plus.

Ordre de curer un canaP. « A Sin-Idinnam : Hammurabi.

« Les hommes qui sur le bord du canal Damanum pos- « sèdent des champs, requiers-les de curer le canal Dama- « num. Durant le cours de ce mois que l'on achève de « curer le canal Damanum.

Citons encore deux lettres de la même époque : Du roi Samsu-iluna.

« A Sin-ilu, Bîtu-rabi et Niq-Sin : Samsu-iluna\

Le blé pour le magasin du temple de Shamash, à Sippar, que vous êtes obligés de verser, il faut le verser. C'est pour- quoi avec le blé qui est en vos mains il faut vous procurer

1. Situé entre l'Elam et la Babylonie, « pomme de discorde » entre ces deux pays,

2. Nom qu'on a lu, à une époque, Kiidurlaganiar (Ghodorlahomor).

3. On ne voit pas ce que le roi veut dire par ces trois mots.

4. Ch.-F. Jean n" 31; Kmo, PI. 1; Ungnad, n" 13.

5. Ch.-F. Jean 51; King, PI. 137; Ungnad, 42.

6. KiNG, l. c. PI. 151.

8

114 LA LITTÉRATURE

et verser le blé pour approvisionner le lemple de Sliamash qui n'est pas encore fourni.

Voici maintenant une lettre dont le contenu diffère fort de la teneur des autres missives du même temps.

Admission d'un esclave au service liturgique'.

Mâr-irtsitim envoie à Awilum, de Larsa, un esclave qu'il donne au temple du Soleil, priant qu'on l'admette après avis du Conseil aux fonctions sacerdotales.

« A Awilum, que les dieux Nin-tu et Pap-nigin-garra « font vivre, dis : Mâr-irlsitim.

« Qu'à jamais les dieux Nin-tur et Pap-nigin-garra te « fassent vivre!

(( Ibi-Nin-sliubur, l'esclave que j'ai donné à Shamash, « avec...(?), à Ana-pan-Sin-tadini, dans... je l'ai remis et « adressé. Quand Sheb-Sin, l'oint de Shamash, l'Ancien, « te l'aura présenté, assemble les prêtres de Shamash et les « oints dans la Cour de Shamash. Et Ibi-Nin-shubur, l'es- (I clave que j'ai donné à Shamash, confie-le aux mains de « Sheb-Sin, l'oint de Shamash, afin que les offrandes qu'à « Shamash il apportera de ma part il présente et, au temple « È-bbar, en fasse l'oblation! et qu'il récite les prières.

« Dans le cloître on ne le repoussera pas. Si tu aimes le (( parti de la justice, à cause de moi il entrera dans la mai- (( son de Shamash, et alors que Shamash lui-même ordonne « que tu vives!

1. La tableUe, provenant de Larsa, fait partie de la Collection de l'Ecole des Hautes Éludes. Elle est cotée par SciuiiL HE 1U7 et traduite in RA XV (1918), 61-64.

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 115

ARTICLE II

En Egypte.

A. Sous VAncien Empire.

Dès l'époque archaïque de la dynastie ïinite de 3300 à 2900 environ les formes essentielles de la civilisation égyptienne ont revêtu l'aspect qui ne changera guère à travers les transformations de F Histoire.

Cette civilisation est prodigieuse déjà sous la V'' dynastie; dans toutes ses manifeslalions, elle respire la sécurité d'une vie agréable et confortable. El cette vie reçoit l'impulsion du roi, u dieu homme » ; vers le roi, vers son tombeau, « demeure d'éternité », et vers le temple convergent toutes les énergies du pays : architecture, sculpture, gravure, pein- ture, littérature sont au service du culte culte des morts, culte des dieux, spéculations de la Y" dynastie sur l'unité de la puissance divine manifestée par la force créatrice du soleil.

La langue égyptienne a vécu plus de 4000 ans. Pendant vingt siècles (de 4000 environ à '2000 av. J.-C, époque du Moyen Empire), la langue des documents écrits si nombreux que nous connaissons demeura sensiblement la même. Mais des dialectes' se formèrent, naturellement, qui amenèrent la séparation de la langue populaire de l'ancien égyptien; aussi, si nous embrassons d'un vaste regard la longue période qui s'étend de '2000 av. J.-C. Jusqu'à l'invasion musulmane, constatons-nous, dans les documents écrits, les trois faits suivants : l'ancien égyptien écrit en carac- tères hiéroglyphiques ou en hiératiques demeure la langue

1. Principaux dialectes égyptiens, en allant du Sud vers le Nord : Sahi- dique, Akhmimique, Fayumique, Memphitique, Bohaïrique.

116 LA LITTERATURE

savante, celle des textes religieux et des textes officiels; vers 500 av. J.-C, le démodque marque un état parti- culier dans l'évolution de la langue qui correspond à un changement dans l'écriture; 3" un autre état est celui que nous révèle l'existence du copie, dernier aboutissant de la vie de la langue égyptienne, tuée, au vu" siècle, par l'invasion musulmane.

Les Égyptiens croyaient que leur écriture avait été inven- tée par le dieu Thot, et, parce qu'ils pensaient que ce dieu était une forme de l'esprit et de la sagesse du dieu créateur du ciel et de la terre, les caractères de l'écriture étaient tenus pour divins et sacrés. On croyait que les copies de chapitres ou de sections de livres attribués à Thot, avaient un pouvoir spécial dont bénéficiait le mort si l'on en pour- voyait son cercueil.

Thot avait aussi inventé la science des nombres, fixé le cours du soleil, de la lune et des étoiles, et réglé les saisons. Il était le seigneur de la sagesse, et aussi de toute science divine et humaine. Il était le clerc des dieux et gardait les livres étaient écrits les destins des hommes; c'est lui qui présidait au grand jugement.

On croyait que tous les livres religieux importants avaient été composés par lui, ou par lui inspirés à quelque scribe sacré; on les regardait comme des sources de la plus pro- fonde sagesse et bien supérieurs aux livres de tous les autres peuples. En eux résidait l'esprit de Thot; aussi les scribes qui les copiaient et les étudiaient étaient-ils particulière- ment honorés.

La Littérature de l'Egypte comme son art est pres- que exclusivement religieuse. Parmi les textes qui nous sont parvenus gravés sur pierre ou écrits sur papyrus, le plus grand nombre : légendes divines, hymnes, prières, rituels se confinent dans une zone sacrée. Les pièces même à thème profane : stèles triomphales, contes, romans, poèmes

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 117

historiques, par leur inspiration et leur allure générale sont tributaires de l'idée religieuse.

a. Les Textes des Pyramides.

On donne aujourd'hui le nom de Textes des [pyramides aux longues inscriptions' gravées en splendides hiéroglyphes dans les chambres de pierre de cinq pyramides de Saqqarah. devaient reposer, sous un plafond étoile, au centre de leurs tombes géantes. Unis, pharaon de la V' dynastie, Teti F'', Pepi I", Merenra et Pepi II, de la VP dynastie.

Ces textes représentent un des premiers produits litté- raires de l'esprit humain. C'est un « recueil » de pièces dis- parates, formules rituelles pour les diverses phases des funé- railles, prières, incantations, se suivant sans liaison, de caractère impersonnel, que l'on pouvait appliquer à n'im- porte quel roi défunt à condition d'y mettre seulement son nom propre-.

Il y a, dans cette littérature primitive, une beauté sauvage faite de réalisme sordide^, d'images fantastiques^ d'allité- rations bruyantes, de visions mythiques, une poésie âpre ef rude qui devait plaire à ces enfants de la nature*.

Le but de ces textes était d'opérer la résurrection glo- rieuse du roi et de lui assurer le bonheur dans Vautre

1. iOOO lignes environ de textes religieux, parfois en 2, 3, 4, 5 exem- plaires.

2. L'art d'écrire était encore ignoré, probablement, lorsfjue les prêtres funéraires compoi;èrent les plus archaïques de ces morceaux, <[ue l'on devait répéter à la mort de chaque pharaon. Ou les apprenait par cœur, et ce fut ainsi qu'ils passèrent de génération en génération jusqu'au jour où, plu- sieurs siècles plus tard, ils furent enfin écrits.

3. On peut se rapporter à tels passages des pyramides de Teti (Sethe, Aeg. P(//-anj/(/., G50-651) sur un traitement honteux infligé aux prisonniers de guerre; ou encore de Pepi II {iLid., 632), à un Hymne à Osiris de Pepi II (l. c, 2065), ou à un autre Hymne à Osiris de la pyramide d'Unis {l. c, 507-510).

4. Cf. A. iMallon, liel. des Ég. iChrislus éd. 1916, p. 609); G., Maspero Études de mijthoh et d'Archéol. égypt., t. II, 236, et Budge, Lifer. p. 9.

118 LA LITTERATURE

monde (le Dwat), et une vie éternelle. Pour cela, deux rites principaux étaient nécessaires :

pourvoir aux ohlntions /ournalières qui étaient offertes dans le temple funéraire de la pyramide par un prêtre spé- cial';

2" faire « Vouverlure de la bouche » du mort, cest-à-dire lui rendre la faculté de manger, boire, parler, sentir, mar- cher. Pour cela, on lui présentait les divers objets dont il aurait besoin pour l'autre vie.

Mais dans Tau delà le défunt devait rencontrer des enne- mis : animaux, serpents et autres reptiles. Pour le mettre à Tabri de leurs attaques, on récitait des incantations qui avaient souvent la forme de prières.

L'ouverture de la bouche se faisait, à l'époque des pre- mières dynasties, sur une statue du défunt. On pratiquait sur elle des purifications par l'eau et l'encens. La cérémonie principale consistait alors à appliquer aux lèvres de la statue un instrument étrange, appelé yje^/t kef \ on supposait qu'il coupait les bandelettes qui couvraient la bouche du pharaon défunt et qu'ainsi la bouche royale était libre.

Plus tard, la Liturgie de l'ouverture de la bouche sera plus développée-.

Hymne au Soleu., Pi'a*.

Le phénomène historique et religieux le plus intéressant*, à l'époque des Pyramides (2500), est le développement du

1. Dans les textes des pyramides on trouve déjà les élénieals essentiels delà religion égyptienne « classique », et, eu particulier, la forme la plus ancienne de la Liturgie des oblalions funéraires ; ce qui prouve que, dès les 1'*' dynasties, la croyance à l'eflicacité des sacrifices et oblations était considérée comme un dogme fondamental. On commençait par purifier le défunt au moyen d'une eau dans laquelle on avait fait dissoudre au préala- ble des subtances purifiantes. On hriilail de l'encens.

2. Elle est exposée dans le Livre île l'ouverture de la Louche.

3. Pyramide de Pépi II; texte dans .Sethe, Pi/ram. texte, 1587-1590.

4. Voir J. II. Bhestead : Ancient records of Egypt, t. H, 187-215.

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 119

culte du Soleil qui transforme toute l'Egypte; il se mani- feste dans les noms des rois et par les monuments, nous voulons dire qu'à partir de la VP dynastie les rois commen- cent à s'appeler « fils du Soleil », et à introduire dans leur cartouche le disque solaire ; et, d'autre part, à la même époque s'élèvent, en Thonneur de R'a, les Pyramides* et les temples solaires. Aussi le culte de ce dieu R'a occupe-t-il une place prépondérante dans les textes des Pyramides.

{Le créateur).

Salut à loi, Tum^ ! Salut à toi, Devenir^, qui deviens toi-mêmeM Tu es élevé en ton nom d'Élevé^; tu deviens en ton nom de Devenir.

(La créature).

Salut à toi, créature^ d'Horus, que de ses mains il a parée! Il ne t'a pas soumise à Thomme de l'Occident; il ne l'a pas soumise à Thomme de l'Orient; il ne l'a pas soumise à l'homme du Midi; il ne t'a pas soumise à l'homme du Nord; il ne t'a pas soumise à ceux qui sont au Milieu des quatre mais tu obéis à Horus! [terres';

1. On sait que l'obélisque était la stylisation du rayon solaire. Or, dans les pyramides, la pyramidion (obélisque en raccourci) était la partie la plus importante.

2. Le soleil considéré comme démiurge et contenant en soi les prin- cipes de toute choses.

3. Littér, : Scarabée {kh p r r) ; la i-acine lih p r signifie devenir. Nous traduisons par Devenir pour faire mieux ressortir le jeu de mots égyptien. Jeux de mots analogues dans tout ce passage.

4. Auto-générateur, générateur de loi-même.

5. Q'a.

6. Créature (=œil -\- le signe du féminin). L'œil signifie à la fois l'idée de voir et aussi l'idée de faire, de créer. Ce que Dieu fait c'est aussi ce qu'il voit, de même que (comme on le voit en d'autres textes) ce qu'il fait est aussi ce qu'il nomme ou exprime. En Mésopotamie, le shumérien PAD dans lequel entre présisément Vimage de l'œil suggère la même idée : il signifie voir et nommer). L'œil d'Horus, c'est la créature d'Horus; les larmes de l'œil d'Horus, ce sont les hommes : ici, c'est de l'Egypte qu'il s'agit.

7. L'Occident, l'Orient, le Sud, le Nord constituent quatre maisons,

120 I A LITTERATURE

C'est lui qui te munit,

C'est lui qui te bâtit.

C'est lui qui te fonde.

[Kn retour], pour lui tu f;ns ce qu'il dit partout il va.

Pour lui tu portes l'eau giboyeuse' qui est en toi;

Pour lui lu portes l'eau giboyeuse qui deviendra en toi.

Pour lui tu portes tout bois qui est en toi;

Pour lui lu portes tout bois qui deviendra en toi.

Pour lui tu portes tous les vivres^ qui sont en toi;

Pour lui lu portes tous les vivres qui deviendront en toi.

Pour lui tu portes toute offrande qui est en toi;

Pour lui tu portes toute offrande qui deviendra en toi.

Pour lui tu portes toute chose qui est en toi;

Pour lui tu portes toute chose qui deviendra en toi.

Prière a R'a\

Ne méconnais pas Téti, ô dieu, car il te connaît; ne fais pas que Téli soit méconnu, car il te connaît; dis : « Voici ! »

Ne méconnais pas Téli, ô R'a, car il te connaît;

ne fais pas que Téti soit méconnu, car il te connaît;

(lis : « Combien grande est ton abondance*! »

Ne méconnais pas Téti, o Thot, car il le connaît; ne fais pas que Téli soit méconnu, car il te connaît; dis : « Qu'il repose seul! »

Ne méconnais pas Téti, toi qui es dans le Dw'at^, car il te connaît; ne fais pas que Téli soit méconnu, car il te connaît; dis : « ^'eille*' en bonne santé! »

^jualre régions. Au Milieu, au cœiir (c'est le mot du texte liiéroglyphique), il y a aussi des habitants.

1. L'eau giboyeuse; c'est ce que parait exprimer le signe du nid d'oi- seau qui accompagne le signe de l'eau. On doit faire allusion, ici, aux nids d'oiseaux qui sont nombreux dans les marécages du Nil.

2. Signes : Pain long -{- pain ovale -\- vase d'eau, c'est la ration ordinaire de vivres.

3. Texte et Irad. dans G. Maspkro, Pi/ramides de Saqqarali, 110.

4. Celte ligne est obscure. Maspeho l'ail observer que sa traduction est incertaine.

5. Ecrit ici jjg^ q{=: l'antre monde).

6. Rs.

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 121

Ne méconnais pas Téli, Hor Sepdw', car il te connaît; ne fais pas que Téti soit méconnu, car il te connaît; dis : « Malheur! »

Ne méconnais pas Téti, Taureau du ciel, car il te connaît ; ne fais pas que Téti soit méconnu, car il te connaît; dis : « C'est l'astre Neheh de Nwt! »

Dans l'au-delà : La participation du roi aux propriétés divines'-.

Voici comment on se représentait, aux jours les plus loin- tains de la préhistoire, la manière dont le roi, en arrivant dans le ciel, s'assimilait la puissance des dieux et leurs autres propriétés.

D'abord, l'arrivée terrifiante du roi au ciel :

Le ciel pleut

les étoiles pleuveiit

les sagittaires^ s'enfuient

les os des Akeru* tremblent,

leurs bouches se taisent

leurs pas sont défaillants,

quand ils ont vu Unis se levant en qualité dame, en qualité de dieu vivant de ses pères

se nourrissant de ses mères. Le roi Unis est seigneur de la sagesse, dont la mère ne sait pas le nom\

1. Sepdiv : une forme d'Horus.

2. Pyr. 273. Ce texte est très diiricile; on ne peut répondre, évidem- ment, de rendre exactement les nuances, ni même certains détails du texte hiéroglyphique.

3. Astres.

4. Transcription usuelle en France; d'autres transcrivent 7^eru. Ce mot désigne les dieux de l'horizon (Moret).

5. C'est ainsi que Maspero traduisit cette phrase. On pourrait proposer aussi :

Cet Unis (esl) un maître coureur

dont la mère ignore le nom (c'est-à-dire sa nature nou- velle d'âme ou ba, de dieu) ou bien, au second stique :

dont le nom est (= signifie) : Celui qui ignore sa mère, tant sa nature est, désormais, différente de celle des hommes!

122 LA LITTÉRATURE

Gomme un cannibale assoiffé de sang, aux jours de la barbarie, il va à la chasse des dieux, puis il fait cuire le divin gibier, et, dans un festin de sauvage, il absorbe avec les membres des dieux, leur sagesse, leur puissance, leurs vertus magiques.

C'est Unis qui mange les hommes et se nourrit des dieux,

le maîtx'e des tributs qui délivre les expéditions (pour ses sujets) !

C'est l'empoig-ueur des boucles de cheveux,

celui qui réside dans Kehaw,

qui les prend au lasso pour Unis.

C'est Khensw, l'égorgeur des seigneurs dieux

qui leur fend la gorge pour Unis;

qui extrait leurs entrailles;

c'est le messager qu'Unis envoie les i^punir?]

C'est Shesniu* qui les dépèce pour Unis;

il fait cuire pour Unis ce qui est en eux^

dans ses chaudières du soir.

C'est Unis qui dévore leurs vertus magiques

et qui mange leurs esprits iakhw

Les grands d'entre eux sont pour son repas du matin ;

les moyens d'entre eux sont pour son repas du soir;

les petits d'entre eux sont pour son repas de la nuit;

les vieux et les vieilles li'entre eux sont poui- son brûle-parfums!

C'est « le Grand du Nord du ciel » qui pour lui jette la flamme

contre les chaudières remplies des cuisses de leurs héritiers.

Les habitants du ciel tournent (curieux) autour d'Unis;

les chaudières sont pleines des jambes de leurs femmes.

Il a couru autour des deux cieux';

il a fait le tour des deux pays*.

Ce qu'il trouve sur son chemin il le dévore.

Ihiis a renouvelé son lever au ciel, brillant comme seicneur de l'horizon.

1. Shesinu ou le dieu du Pressoir est le meurliier d'Osiris.

2. Il sagil de la magie, (jue l'on considéiail comme étant dans le ventre des dieux. Voir un peu plus loin.

3. Coirespondant aux « deux (erres; » r=rÉgyple du Nord et l'Egypte dw sud.

4. Les deux Egyptes.

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 123

Il a pris les cœurs des dieux, il a dévoré le « rouge », il a mangé u le vert ».

Le roi L'nis se nourrit dorganes repus.

Il se rassasie, se nourrissant de leurs cœurs et de leurs charmes magi- !ques

Il a avalé la sagesse de tout dieu.

La durée de sa vie, c'est l'éternité!

Son période est l'éternilé dans celte forme

(de : ) « S'il lui plaît il le fait, »

« S'il ne lui plaît pas il ne le fait pas! »

Il habite aux confins de l'horizon, à toujours, à jamais !

Oh ! leurs âmes sont dans le ventre d'Unis!

Oh ! leurs âmes sont avec Lf^nisM

I). Le Livre des Morts.

On a appelé le a Livre des Morts » une sorte de psautier ou de vade-mecum du défunt-, parce que à peu près tous les hymnes ou prières qu'il contient étaient supposés dits ou chantés par le mort et dans son propre intérêt. On attri- buait à ce « livre » une origine divine : on croyait qu'il avait été écrit par le dieu Thot.

Ces textes' ne remontent pas tous à la même époque, puisque plusieurs font allusion à la dissection et à la créma- tion du mort, pratiques qui, après rétablissement des dynas- ties royales en Egypte, furent bientôt abandonnées. Il est probable que plusieurs « chapitres » existaient, sous une

1. Inutile d'insister sur la différence qui existe entre l'anthropomor- phisme de ce texte archaïque et celui des plus vieux textes bibliques.

2. Expression du R. P. Mallon. S. J., /. c, 609.

3. J. François Champollion fui le premier à étudier ces sortes de com- positions; il en reconnut le caractère religieux et les appela * Rituel funé- raire. » En 1842, R. Lepsius donna pour titre à son édition du Papyrus de Turin (en 165 chapitres) Todlenbuch=zLivre îles Morts, titre plus exact puisque toute la compilation qu'il désigne fut écrite pour le mort et qu'elle ne s'occupe que du mort.

124 I.A LITTÉRATURE

forme ou sous une aulre, dès les temps pré-dynasliques' ; mais nous n'en avons aucune copie.

Il est certain que Ton connaissait un « Livre des Morts » dès la V"" dynastie et qu'une de ses recensions sera encore en usage quand le Christianisme commencera à s'établir en Egypte ^

Dès les IIP et IV'' dynasties, le Livre des Morts était divisé en « chapitres » puisque les « textes des Pyramides y parlent du « Chapitre de ceux qui sortent », du « Cliap. de ceux qui montent », du « Chap. de l'encens heclii ». On est porté à croire que ces chapitres appartenaient à un Livre des Morts antérieur aux Textes des Pyramides.

Certains chapitres furent écrits dans la ville de Thot ou Khenienu, d'autres à Inu\ d'autres à Busiris et en d'autres villes du Delta. C'est la Recension héliopolitaine.

c. Lilléralure historique.

C'est bien au « genre historique » qu'il convient de rat- tacher les deux textes que nous allons citer, mais à condition de ne pas oublier que, dans l'antiquité, les Egyptiens, comme les autres Orientaux, n'ont jamais connu cette manière d'écrire l'histoire qui commencera avec les Grecs et qui n'atteindra d'ailleurs sa perfection relative que de nos jours. Mais il n'en demeure pas moins surprenant et intéressant de constater que, dès l'ancien Empire, les rive- rains du Nil ont écrit des Annales officielles.

La Pierre de Palerme\ C'est sur ce petit monument en diorite que nous ont été

1. Cf. Maspeuo, Hist. I, 398 note 3, et Biblioti). égyplol. t. I, 24.

2. BuDGi:, Papyr. Ani, I, p. 10-20.

3. On de Bible ^V< '^e/i. XLI, 45; ps Geri. XLI, 50; Jis Ezech. XXX, 17; •i^ïw n'3 Jer. XLIII, 13; ^Ulioù-o-k:', Slrab. XVII, I, §§ 27 eC28; Herodot. II, 3; Diod. I, 57, 4. Nous transcrirons par i (Inu) l'hiéroglyphe qui est un panon- cule de roseau. Beaucoup le transcrivent encore par un a pointé; d'autres par un i surmonté de l'esprit doux; d'autres, par y.

4. Dimensions 6, 5 X 0.435 X 0.25. Elle fut publiée par Pi-iLncniM dans

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 125

conservées les Annales dont nous venons de parler. Celte Pierre de Palerme est une sorte de stèle portant, sur ses deux faces, une sorte de résumé très succinct de riiisloire égyptienne à partir des rois pré-dynastiques, antérieurs à l'union des deux Égyples du Nord et du Sud, jusqu'au milieu de la V" dynastie.

On y lit les noms des rois, les principaux événements, de Tannée*, l'étiage en coudées, empans et doigts des eaux du Nil. Avec la IIP, et surtout avec les IV" et V" dynasties, les événements rapportés sont plus nombreux.

Donnons quelques extraits- :

Pour la P" dynastie : « Roi\.. Année œ : Culte d'Horus^ « Naissance d'Anubis*.

« Roi... Année x, 4" mois, 30" jour : le roi monte sur « le trône ) ; union des deux pays, etc.

« Année 3 : naissance des deux enfants du roi de la Basse « Egypte. »

Pour la IIP dynastie « : Roi Snefru... Année ir-j-2 : « Construction de 100 coudées de barques Dw'-t' tvy en « bois m/', et de 60 « barques-seize » du roi. Destruction du « pays des Nègres. Apport de 7.000 prisonniers vivants et « de 200.000 têtes de bétail grand et petit », etc.

Pour les années des IV^ et dynasties, les détails un peu plus nombreux se rapportent presque exclusivement à la fondation d'oblations en l'honneur de dieux divers.

Nous allons citer maintenant une inscription privée de la

XAvchivio storico Siciliano, N. S. XX, 297-316. Parmi les traduclions^ citons celles de Maspero [Revue critique, 1899, I, 1 et 1901, I, 383) et de Breasted {Ane. liée, I, 57-72). On a découvert, plus récemment, divers fragments du texte qui est gravé sur le monument qui nous occupe.

1. A la manière des scribes de la Basse Mésopotamie; par ex. : Année de la bataille de A"...; ou bien encore : Année du 2"= dénombrement du grand et du petit bétail du Nord et du Sud ; Année du 7* dénombrement de l'or des /)aî/s; etc.

2. D'après la trad. Breasted.

3. Son nom est perdu

4. Il s'agit d'une fête

126 LA LITTÉRATURE

VP dynaslie. Parfois les textes de cette nature, gravés sur les tombes de grands personnages, constituent pour certaines périodes l'unique source de nos informations d'or- dre historique.

AUTOBIOGHAPHIE d'HeRKHUF'.

Cette inscription hiéroglyphique est gravée sur une dalle de pierre" et sur les murs de la tombe d'Herkhuf à Assouan.

Herkhuf était, peut-être sous Unis mais plus probable- ment sous Pépi P"", le guide de caravanes le plus énergique et le plus célèbre.

On lisait, sur la porte du tombeau, d'abord les titres du défunt : « Duc, smer iv''at^^ prêlre kher-heh, juge, seigneur de Nekheh, porteur du sceau royal, sheik des caravanes, administrateur de très haut rang dans le Sud, » Puis : « ... Le roi me loua... Je suis aimé de mon père, loué par « ma mère, aimé de mes frères. Je donnai à manger à ceux « qui avaient faim, je vê/is ceux qui étaient nus, et ceux qui « n'avaient pas de barque, je les passai sur l'autre rive. 0 « vous, hommes et femmes qui vivez sur la ferre et qui « passez devant cette tombe, en montant ou en descendant « le fleuve, et qui dites : « Mille gâteaux et mille cruches « de bière au maître de cette tombe! » je les offrirai pour « vous dans Vautre monde.

« Je suis un parfait esprit, muni de charmes magiques, « prêtre kher-heb, dont la bouche a la science. Si un jeune « homme pénètre dans cette tombe comme si elle lui appar- « tenait., je le saisirai comme un oison, et le grand dieu a le jugera pour ce fait. »

Herkhuf îal chargé de plusieurs missions qui furent cou- ronnées de succès.

\. J. H. Bheasted, Ancient Records of Egypt, t. I, 150-154, Cf. Budge, Liter., 131; Maspeuo, Hist., I, 430-431.

2. Aujourd'hui, au Musée du Caire.

3. Titre dont le sens est « ami unique (du roi). »

EN EGYPTE ANCIEN EMPIRE 127

Premier voi/nge. « Il dit : La Majesté de Mr-7i-R\i^ mon

<( seigneur, m'envoya avec mon père et le prêtre Iri à /'m,

« avec mission d'explorer le chemin de ce pays. Je le fis en

« sept mois à peine, et j'en rapportai des cadeaux de toute

« sorte. Je fus très grandement loué pour cela.

Deuxième voyage. « La Majesté démon seigneur m'en- « voya une seconde fois seul. J "allai par la voie d'Éléphan- « tine visiter Irtt, Afk/ir, Trrs; ce fut l'affaire de huit mois. « De ces pays j'apportai une très grande quantité de pré- ce sents. Jamais personne n'avait fait pareil exploit. Delà « demeure du chef Stiv et de Irtt je descendis après avoir « exploré ces pays. Jamais compagnon ou chef de caravane « n'avait fait pareille chose.

cl. Litlérnture morale.

Dès l'époque lointaine les ancêtres d'Israèl étaient encore au delà de l'Euphrate (dont par conséquent nous ne pouvons connaître la vie morale par aucun document con- temporain, puisque les premiers livres mosaïques sont pos- térieurs de plusieurs siècles), il est incontestable qu'en Egypte des esprits d'élite avaient, même au sein d'un poly- théisme fort grossier, des idées morales élevées. On l'aura noté en lisant les premières lignes de l'Autobiographie de Herkhuf ; on va le constater encore dans le petit texte que nous allons citer.

Un « JUSTE » DE LA V** DYNASTIE (vers 3500 av. j.-c).

Un grand fonctionnaire de la X"" dynastie disait : « Ayant « vu les choses, je suis sorti de ce monde oîi j'ai dit la vérité, « j'ai fait la justice. Soyez bons pour moi, vous qui vien- « drez après, rendez témoignage à votre ancêtre : « C'est <( le bien qu'il a fait; puissions-nous agir de même en ce « monde! » Qu'ainsi disent ceux qui viendront après. « Jamais je n'ai soulevé de plaintes; jamais je n'ai mis à « mort. 0 seigneur du ciel puissant... Maître universel! Je

128 LA LITTEHATURE

« suis qui passa en paix, pratiquant le dévouement, aimant

« son père, aimant sa mère, dévoué à quiconque était avec

« lui; la joie de ses frères; l'amour de ses serviteurs; qui

« n'a jamais soulevé de plaintes*.

B. Sous le Moyen Empire.

Au moment commence cette période, les Abrâha- mites sont encore en Mésopotamie.

Les pharaons, à la fois soldats, ingénieurs, protecteurs de l'agriculture, amis des arts, font l'Egypte très prospère et très heureuse. La réorganisation de l'exploitation des mines du Sinaï, le développement des relations commer- ciales avec l'Orient et la culture plus intense du sol aug- mentent beaucoup la richesse générale. Plus que par le passé, VEgyple est un centre d'attraction pour les asia- tiques, surtout sous les Hyksôs. Etrangers eux-mêmes, ces guerriers rudes et grossiers avaient profité des divisions du pays, sous la WY" dynastie, pour s'emparer du trône. Leur domination fut marquée par des qualités militaires incontestables; mais leur culture intellectuelle était à peu près nulle.

Notre période finit avec l'expulsion de ces asiatiques usurpateurs, dure épreuve pour les enfants de Jacob, car à partir de ce jour cessent les faveurs' dont ils ont joui sous la dynastie qui s'écroule.

A partir du Moyen Empire. La Littérature s'enrichit de genres nouveaux : contes ou romans, mémoires, chants lyriques, proverbes. Certaines inscriptions prennent des airs d'épopée.

On peut appeler cette période l'âge classique de la Littéra- ture, mais l'appellation convient aussi bien aux débuts du Nouvel Empire.

1. Lepsius, Denkinaler, II, 81., trad. par G. Maspedo dans Bibliothèque é(jyi>lolog. t. II p. 4(19. " 2. Cf.V;e«., XLVII, 5 suiv.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE . 129

a. Campagne de Sesoslris en Canaan^ (.Y//" di/nas(ie).

Un officier du grand pharaon, nommé Sebek-khu, prit part à plusieurs expéditions militaires. En tête de sa stèle, il raconte celle de Canaan. Ce texte est fort important, car il est Tunique, jusqu'à ce jour, qui mentionne une campagne de Sesostris au pays des Retenu.

Sa Majesté marcha vers le Nord poui- abattre les Asiatiques-. Sa Majesté arriva à un canton dont le nom était Sekmem.

Sa Majesté fit bon cliemin en allant au Palais de << Vie, prospérité, quand Sekmem fut tombée avec Retenu le misérable, [santé ^ !■> tandis que j'agissais comme arrière-garde.

Alors, les 'nku de l'armée furent engagés

pour combattre les Asiatiques*,

Alors, je capturai un Asiatique

et ses armes furent prises par deux '/j/cjz de l'armée.

On ne fit pas revenir du combat :

ma face était vers le front,

je ne tournai pas le dos aux Asiatiques.

Gomme Sesostris •* est vivant, j'ai parlé en vérité.

Alors il me mit en main un bâton en eleclrum et un poignard en eleclrum travaillé, et ses armes.

/;. LiUéralure populaire : CoNTF.s ou Romans ^

Un premier conte ou roman égyptien a été découvert en

1. Stèle découverte à Abydos par J. Garstang [El Aràbah, Loiulon. 1901, PI. IV-V; trad. de Newbrrhy, p. 32-33). M. MHllkr, OLZ, VI 448- 449. Autre trad. BnEAsiKn, Ane. Hec, que nous suivrons.

2. Mn(IJi^v-S(lJtz=^len(lJlD : Sinaï + ''^'0' Asie.

3. Il est possible que le fait (fu'ou va raconter ait eu lieu tandis que le pharaon revenait vers son Palais.

4. Ici, et deux fois encore, plus loin : 'Aniu. .5. Senusrcf. Ici, il s'agit de Sesoslris III.

(■». Cf. G. Maspeho. Les C.onh'S populaires de l'E(jijple, ancienne, 4*^ éd. Introd. p. V-LXXVI.

130 I^A LITTÉRATURE

1852 par A. De Kougé; nous en possédons maintenant une bonne quinzaine, sans compter les petits fragments; ils s'échelonnent le long de Tliistoire d'Egypte, depuis la XIP dynastie jusque vers le ii*" siècle après J.-G. Ils reflètent d'une manière frappante la civilisation, les mœurs et les croyances égyptiennes'.

On s'est demandé de quelle manière ont été composés ces romans, si chacun a été inventé entièrement par son auteur, ou bien si celui-ci s'est servi d'œuvres préexistantes. Mas- PERO regarde comme venus d'un seul jet et constituant des pièces originales, sous la XIP dynastie, les mémoires de Sinhwe et le conte du Naufragé; sous la XX" dynastie, la ruse de Thictiyi contre Joppé, et le conte du Prince pj'édesiiné. D'autres, au contraire, se divisent presque naturellement en deux ou trois morceaux, bien distincts, que l'auteur a unis par un lien souvent artificiel afin de le faire entrer dans le même cadre; tels, peu avant la XVIII" dynastie, le Roman du roi Khufui et des magi- ciens; sous la XVIIP dynastie, le roman des Deux frères; sous les Ptolémées, les aventures du cycle Satni Khûmoïs.

Romans ihstobiques.

Nous entendons désigner par ce mot « Romans histori- ques » des chroniques populaires, amusantes, écrites comme en marge des Annales officielles et qui transforment parfois des périodes entières en épopées romanesques. Citons, comme exemple le roman du roi Khufui et des Magiciens :

Les monuments nous apprennent que le pharaon Khufui ^Ghéops) fut guerrier : il sut contenir les nomades qui menaçaient les établissements miniers du Sinaï; construc- teur : sans nuire à la prospérité du pays, il éleva, en peu de

1. Voir, dans Maspi^ho, p. XLII cl suiv. la discnsion de quelques détails qui paraissaienl témoigner en sens contraire.

EN EGYPTE ~ MOYEN EMPIME 131

temps, la plus haute et la plus massive des pyramides; religieux : il enrichit les dieux de statues en or et en matières précieuses, il restaura les lemples anciens et en bâtit de nouveaux.

Notre roman nous présente le grand pharaon memphite sous un jour bien différent. Au lieu d'être religieusement soumis à la volonté des dieux, lorsque R'a se déclare contre lui et suscite les trois princes qui détrôneront sa famille, Khufui se ligue avec un magicien pour déjouer les projets du dieu.

KjiUFUi ET LES Magiciens'.

Ce roman nous a été conservé par le papyrus Westcar, écrit aux dernières années de la domination des Hyksôs au plus tôt, aux premières de la XVIIP dynastie au plus tard; mais le roman lui-même fut rédigé peut-être dès la XIP dynastie, d'après Erman-,

A ce que nous avons dit plus haut ajoutons que, dans cet écrit, on lit des prodiges qui nous intéressent à plus d'un titre. Citons quelques passages.

u ... Le fils royal de Kkâfrîya^ se leva pour parler et dit : « Je vais faire connaître à ta Majesté un prodige qui arriva « au temps de ton père, le roi Xabka*, à la voix juste", une « fois qu'il s'était rendu au temple de Ptah, maître d'An- « khutanî®.

« Or un jour que Sa Majesté était allée au temple de « Ptah, maître d'Ankhutanî, et que Sa Majesté faisait visite

1. Nous citons la traduction de G. Maspero, Contes, 24-44, dont nous omettrons ou résumerons les passages moins utiles à notre dessein.

2. Die Marchen des Papyrus Weslcar, in-4, Berlin, 1890.

3. Nous ne modifions pas la transcription de Maspero.

4. Ce roi n'est pas le père réel de Khufui; il est appelé père cependant, parce que tous les pharaons étaient censés ne former qu'une seule famille.

5. M'a'a kherw; nous expliquons ailleurs cette expression.

6. Un des quartiers de Memphis.

132 LA LITTERATURE

« à la maison du scribe, premier lecteur', Ubau-aniravec sa « suite, la femme du premier lecteur Ubau-anir vit un vassal - « de ceux qui étaient derrière le roi : dès qu'elle l'aperçut. « elle ne sut plus l'endroit du monde elle était.

Elle lui fit proposer d'aller la voir dans un kiosque, au bord du lac du premier lecteur. Là, elle lui proposa le mal.

Quand son mari apprit ce qui s'était passé, il dit au Majordome : « Apporle-moi ma cassette en bois débène a incrusté de vermeil qui contient mon grimoire. » Quand '< le majordome l'eut apportée, il modela un crocodile de « cire, long de sept pouces^ ilrécita sur lui ce qu'il récita de « son grimoire ; il lui dit : Quand ce vassal viendra pour se « baigner dans mon lac, alors entraîne-le au fond de l'eau. « Il donna le crocodile au majordome et il lui dit : « Dès (( que le vassal, sera descendu dans le lac. selon sa coutume « de chaque jour, jetez-y le crocodile de cire derrière lui. »

... Le majordome exécuta l'ordre de son maître : « il « jeta le crocodile de cire à 1 eau derrière lui ; le crocodile « se changea en un crocodile de sept coudées ; il saisit le (( vassal, il l'emporta sous l'eau.

« Or le premier lecteur, Ubau-anir, demeura sept jours avec « la Majesté du roi de la haute et de la basse Kgypte, Nabka. « à la voix juste, tandis que le vassal était dans l'eau sans a respirer. Mais après que les sept jours furent révolus, « quand le roi de la haute et de la basse Kgypte, Nabka, « à la voix juste, alla et qu'il se rendit au temple ; le premier « lecteur Ubau-anir se présenta devant lui et lui dit : « Plaise ta Majesté venir et voir le prodige qui s"est produit « au temps de ta Majesté au sujet d'un vassal. » Sa Majesté « alla donc avec le premierlecteur Ubau-anir. Ubau-anir dit « au crocodile : « Apporte le vassal hors de l'eau. » Le pre-

1. L'honinic ,111 roiilcnii, soile ilc inaîlie des cérémonies qui, non seule- ment indi(juail aux fidèles ce (ju'il.s avaienl à faire, mais au besoin récilail même les prières pour eux.

2. Le mot égy[)lien désigne nn pclil, un homme de basse conditio/i.

EN EGYPTE MOYEN EMPIHE 133

« mier lecleur Ubau-anir dil : a Qu'il s'arrête! » et il le « conjura, il le fit s'arrêter devant le roi. Lors, la Majesté du « roi de la haute et de la basse Egypte, Xabka, à la voix juste, « dit : « De grâce, ce crocodile est terrifiant ! » Ubau-anir « se baissa il saisit le crocodile, et ce ne fut plus dans ses « mains qu'un crocodile de cire. Le premier lecteur Ubaii- « anir raconta à la Majesté du roi de la haute et de la basse « Egypte, Nabka, à la voix juste, ce que le vassal avait fait (( ... Sa Majesté dit au crocodile : « Prends, toi, ce qui est « tien ! » le crocodile plongea au fond du lac, et l'on n'a « plus su ce qu'il advint du vassal et de lui. »

Le roi fit brûler la femme coupable et jeter au fleuve ses cendres. « Voici, c'est le prodige qui arriva au temps de « ton père, le roi de la haute et de la basse Egypte, Nabka.

... « Lors, le fils du roi, Dadufhoru', se leva pour parler « et il dit : « Jusqu'à présent ta ]\Lajesté a entendu le « récit des prodiges que les gens d'autrefois seuls ont « connu, mais dont on ne peut garantir la vérité. Je puis « faire voir à ta Majesté un sorcier qui est de ton temps et « que ta Majesté ne connaît pas. » Sa Majesté dit : » « Qu'est-ce là, Dadufhoru? » Le fils du roi, Dadufhoru « dit : « Il y a un vassal qui s'appelle Didi, et qui demeure « à Didusanafrui-. C'est un vassal de cent dix^ ans, qui « mange encore ses cinq cents miches de pain avec une « cuisse de bœuf entière, et qui boit jusqu'à ce jour ses cent « cruches de bière. Il sait remettre en place une tête cou- ce pée; il sait se faire suivre d'un lion sans laisse, il connaît « le nombre des écrins à livres dans la crypte de Tliot'^ »

1. Fils ou pelit-flls du pharaon Khiifai (Chéops).

2. L'emplacement de celle localilé n'esl pas connu.

3. Terme exlrême de la vie égyplienne. Aux gens qu'on aime ou que l'on respecle, ou souhaile de vivre cent dix ans.

4. Les Égyptiens serraient leurs livres dans des boîtes en bois ou en pierre; Thot était le secrétaire des dieux, chargé de noter les noms, la hiérarchie, les qualités des choses et des êtres, les formules qui obligeaient les hommes et les dieux. Les magiciens qui connaissaient les livres de

134 LA LITTÉRATURE

« Or, voici ! la Majesté du roi Khiifui, à la voix juste*, avait (( employé beaucoup de temps à chercher ces écrins à « livres de la crypte de Thot, afin de s'en faire une copie '( pour sa pyramide. Sa Majesté dit donc : « Toi-même, « Daduforu, mon fils, amène-le-moi ! »

Dadufhoru mil à la voile et alla prendre Didi. De retour à la Cour, il dit au roi :

« Sire, v.s.f. % mon maître, j'ai amené Didi, » Sa « Majesté dit : » Vite, amène-le-moi », et quand Sa Majesté « se fut rendue à la salle d'audience de pharaon, v. s. f. , <( on lui présenta Didi. Sa Majesté dit : « Qu'est cela, Didi, « que je ne l'aie pas encore vu?Didihii dit: « Qui est ap- « pelé il vient ; le souverain, v.s.f., m'appelle, me voici, « je suis venu. » Sa Majesté dit : « Est-ce vrai ce qu'on dit, « que tu sais remettre en place une tête coupée ? » Didi « lui dit : « Oui, je le sais. Sire, v.s.f., mon maître. » « Sa Majesté dit : « Qu'on m'amène un prisonnier de ceux « qui sont en prison, et dont la condamnation est pro- « noncée. » Didi lui dit ; « Non, non, pas d'homme. Sire, « V. s. f. , mon maître : qu'on n'ordonne pas de faire rien « de tel au bétail noble. » On lui apporta une oie à qui l'on « trancha la tête, et l'oie fut mise à main droite de la salle « et la tète de l'oie à main gauche de la salle : Didi récita « ce qu'il récita de son grimoire, l'oie se dressa, sautilla, (( la tête fit de même, et quand l'une eut rejoint l'autre, « l'oie se mit à glousser. Il se fil apporter un pélican (?); « autant lui en advint. Sa Majesté lui fit amener un taureau « dont on abattit la tête à terre, et Didi récita ce qu'il « récita de son grimoire ; le taureau se mit debout derrière « lui, mais son licou resta à terre. Le roi Khufui, à la voix

celte bibliothèque et les possédaieul tous étaient aussi loris que Tliot lui- même, aussi cherchaient-ils à les comprendre et à les recopier.

1. Voir l'explication de cette expression à ITndex-lexiqr.e, au mot m'a'a hherw.

2. C'est-à-dire : vie, sunté, force] formule qui accompagne le plus souvent le nom du roi.

EN EGYPTE MOYEN EMPlliE 135

« juste, dit : « Qu'est-ce qu'on dit que tu connais le nombre (( des ëcrins à livres de la crypte de Tliot? » Didi lui « dit : « Pardon, si j'en sais le nombre. Sire, v.s.f. , mon « maître, mais je connais l'endroit oîi ils sont ». Sa Majesté « dit : Cet endroit est-il? » Ce Didi lui dit : il y a un « bloc de grès dans ce qu'on appelle la Cbambre des rôles « à Inu* et les écrins à livres de la crypte de ïhot sont <( dans le bloc. » Le roi dit : « Apporte-moi les écrins « qui sont dans ce bloc! » Didi lui dit: « Sire, v.s.f., <( mon maître, voici ! ce n'est point moi qui te les appor- « terai. » Sa Majesté dit : « Qui donc me les ap[)or- « tera? » Didi lui dit : « L'aîné des trois enfants qui sont « dans le sein de Hudîtdidît, il te les apportera. » Sa « Majesté dit : Parbleu I celle-là, dont lu parles, qui est- « elle, la Hudîtdidît? Didi lui dit : « C'est la femme d'un « prêtre de K'a, seigneur de Sakbibu. Klle est enceinte (( de trois enfants de R'a, seigneur de Sakbibu, et le dieu (( lui a dit qu'ils rempliraient celte fonction bienfaisante « en celte Terre « entière", et que l'aîné d'entre eux « serait grand pontife à Inu. » Sa Majesté, son cœur en (( fut troublé, mais Didi lui dit : « Qu'est-ce que ces pen- « sers, Sire v.s.f., mon maître? Est-ce que c'est à cause « de ces trois enfants? Je le dis : Ton fils, son fils et un de <( celle-ci*. »

Les sages-femmes qui prêtent leur aide à [{udîtdidît donnent à chacun des enfants un nom qui est un jeu de mots; par exemple : Wser-rdf', ^ celui dont la bonche est forte ». en disant : « 0 enfant, ne fais pas le fort en son sein, en ton nom à'Wset'-rafl »

1. Iléliopolis.

2. L'l':8:yple.

3. Slyle d'oracle. Ct;Ue plu'ase paraît vouloir dire que son fils et son pelit-lils règneronl avant l'avènement des enfants de IVa. Les listes royales donnent cjnatre successeurs à Khufui avant l'avènement de la dynastie.

130 LA LITTERATURE

Mémoires de Simiil'.

Ce roman, fort intéressant pour nous, eut de la vogue dans les cercles lilléraires de l'Egypte ancienne, car il fut recopié assez souvent, et nous possédons les restes de trois manuscrits qui le contenaient en entier^ Il paraît avoir été écrit sous la XIT' dynastie ou sous la XIIP.

« Le prince héréditaire, le comte, l'Ami unique', le clia- « cal, l'administrateur des domaines du Souverain et son « lieutenant chez les Bédouins, le confident du roi en vérité, « son aimé, le serviteur Sinuhe dit :

« Moi, je suis le suivant qui suis son maître, le serviteur « du harem royal de la princesse héréditaire^ la favorite « suprême

Le roi Amenemhat I" a monta au ciel, se joignit au soleil. »

Et le palais était en silence, les cœurs endeuillés; a la « double Grande Porte était close, les courtisans restaient (( assis dans TafTliction, et le peuple était accroupi en « silence. Or Sa Majesté, v.s.f. , avait dépêché une armée « nombreuse au pays des Timihu'*, son lils aîné, le dieu « bon, Senusret, v.s.f., en était le chef.

« Il avait été envoyé pour frapper les pays étrangers et « pour réduire les Tihonu en esclavage, et maintenant il « revenait, il amenait des prisonniers vivants faits chez les Timihu et toute sorle de bestiaux sans nombre. Les amis

1. Voir BiiKAssTED, Ane. rec, l. I, 233-230, cl In paraphrase de G. Mas- PEno, (Contes, 7î)-lU3). Pour la géograpliie de ce lexle, voir Kuictiimann, Die Osigrenze Acf/yiitens (cité d'après GAru>iNKii dans Journal of aecjypUan Arehaeology, l. I (1914), 1U5.

2. La meilleure édition est celle de G. Maspero. Les Mémoires de Sinuhit, m-\ 1.1-184 p. Le Caire, 1900.

3. Les amis occupaient les postes les plus élevés à la cour du pharaon. Il y avait ]es amis uniques, les amis du sérail, les amis dorés, les jeunes. Le protocole de Sinhue renferme les dignités égyptiennes ordinaires.

4. Tribus berbères qui habitaient le désert lil)yen.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 137

« du sérail, v. s. f., mandèrent des gens du côté de i'Occi- « dent pour informer le roi du plan qu'ils avaient conçu « dans la salle du Cabinet ».

Sinuhe surprend, par hasard, un secret du nouA^ean roi. Craignant pour sa vie, il prend la fuite.

(( J'atteignis Tîle de Snefru et m'arrêtai dans un champ', « puis vint l'aube et je partis. Je rencontrai un homme « qui se tenait l'orée) du chemin; il me salua tout etlVayé. « Vers le temps du souper, j'approchai de la ville de Nagau, « je traversai l'eau sur un chaland sans gouvernail, grâce (( au vent d'Ouest, et je passai à l'Orient des Carrières, passé « la montagne dite déesse Ilaruît-nabît-dun-doshir » ; « puis, faisant route à pied vers le Nord, je gagnai la « Muraille du prince, qui a été construite pour repousser « les Saatiu- et pour écraser les Nomiu-Shâiu. Je me tins (( courbé dans les buissons de peur d'être vu par les sen- (( tinelles qui guettaient sur le fort, ce jour-là! Je me mis « en route à la nuit, et, le lendemain, à l'aube, j'atteignis « Peten. Lorsque j'arrivai au lac Kem-wr'', la soif m'as- (( saillit; mon gosier était brûlant, et je disais : « C'est le « goût de la mort! » Je relevais mon cœur et rassemblais « mes membres, quand j'entendis le bruit du beuglement « d'un troupeau. J'aperçus des « Archers*. » Un de leurs « sheiks qui était me reconnut : c'était un Egyptien 1 « voici qu'il me donna de l'eau et me fit cuire du lait; alors, « j'allai avec lui dans sa tribu; et ils me firent du bien, « Une contrée me passait à une autre. »

Le roi de Tenu'^ le mande et lui demande la raison de sa

1. ''f/ =r une étendue de champ.

2. Les Bédouins.

3. Keni-ivr ( = le grand noir), le pays au nord du golfe de Suez.

4. Archers, nom des Asiatiques.

5. Tenu pour lielenu, terme par lequel les Égyptiens désignaient le pays de Canaan. L'auteur du récit paraît peu familier avec ce mot Retenu qui sera d'un usage fréquent, plus lard, et qui était d'ailleurs employé déjà au Moy.-Emp. Cf. Iîreastkd, n" 489.

138 LA LITTERATURE

présence dans le pays, et s'il avait participé à cpielque cons- piration contre le plïaraon. Siuuhe explique le motif de sa fuite :

« Je n'avais pas été blâmé; personne ue m'avait craché à « la face; je n'avais entendu aucune vilenie et mon nom « n'avait pas été entendu dans la bouche du Héraut. Je ne « sais pas ce qui m'amena en ce pays; ce fut comme undes- <( sein de dieu ! ».

<( Qu'en sera-t-il de cette terre d'Kgypte sans ce dieu « bienfaisant dont la terreur se répand chez les nations « étrangères comme Sokhit', en une année de peste?»

Je lui dis ma pensée et je lui répondis : a Dieu- nous « délivre ! son fils est entré au palais et il a appris riiéritage « de son père. Il est un dieu qui, certes, n'a pas de second : « aucun n'est devant lui. Il est un maître de sagesse, pru- « dent en ses desseins, bienfaisant en ses décrels, sur l'ordre « de qui l'on va et l'on vient »

Et il continue à louer la puissance et la vaillance de son roi; puis il affirme qu'en même temps « il est le bien-aimé, <( le très charmant qui a conquis l'amour, et sa ci l'aime « plus que soi-même ; elle se réjouit en lui plus qu'en son (( propre dieu, et homme et femme s'en vont exultant à son « sujet; il est le roi qui a gouverné dès l'œuf', et il a porté « des diadèmes depuis sa naissance; il est celui qui a fait multiplier ses contemporains et il est l'un que le dieu « nous a donné et par qui cette terre se réjouit d'être « gouvernée »

Le roi de Tenu invita Sinuhe à rester chez lui.

« Il me mit avant ses enfants, il me maria avec sa fdle « aînée, et il accorda que je choisisse pour moi, dans son « pays, parmi le meilleur de ce qu'il possédait sur la fron-

1. Une des principales déesses du panlliéon égyptien.

2. Il s'agit du plïaraon, comme on va le voir un peu plus loin.

3. Expression égyptienne signifiai»! <{ue le pouvoir loyal appartenait au roi dès sa conception.

EN EGYPTE MOYEN EMPIHE 139

« tîère d'un pays voisin. C/est une terre excellente, laa' de «. son nom. // y a des fi(jues et des raisins ; le vin y est en (( plus grande quantité que Veau ; abondant y est le miel, « Vhuile à plente'e, et toute sorte de fruits y sont sur ses « arbres : on y a de Vorye et du froment sans limites, et « toute espèce de bestiaux. Et de grands privilèges me « furent conférés quand le prince vint en mon intention « et qu'il m'installa sheik d'une tribu du meilleur de son « pays. Teus du pain pour ordinaire et du vin pour chaque « jour, de la viande bouillie, de la volaille pour rôti, plus « le gibier du pays, car on le chassait pour moi et on me « le présentait en outre de ce que me rapportaient mes « propres chiens de chasse. On me faisait beaucoup de ff gâteaux et du lait cuit de toute manière,

« Je passai des années nombreuses; mes enfants- de- « vinrent des forts, chacun maîtrisant sa tribu. Le messager « qui descendait au Nord ou qui remontait au Sud vers « l'Egypte s'arrêtait chez moi, car ] accueillais bien tout le « monde; je donnais de Veau à V altéré, je remettais en « route le voyageur égaré, je sauvais le pillé. Les Bédouins'' « qui s'enhardissaient jusqu'à résister aux princes des pays, « je dirigeais leurs mouvements, car ce prince de Tenu, il « accorda que je fusse pendant de longues années le général « de ses soldats. Tout pays contre lequel je marchais, quand « je me précipitais sur lui, on tremblait dans les pâturages « aux bords de ses puits; je prenais ses bestiaux, j'emme- « nais ses vassaux, j'enlevais leurs esclaves et je tuais ses hommes....

1. On a rapproché ce pays du 'Aijijdh de Gen. XXXVI, 24 qui nous con- duirait vers le Sinaï; mais il y a quelque raison de situer ce pays plus au Nord, en Canaan; cf. Maspero, l. c. p. 78. En lisant la description de ce pavs, on songera à celle que l'on esquissera plus lard de la Terre promise, Num.Xm, 24-25,28.

2. L'intérêt des détails de moeurs contenus dans le passage qui suit n'échappera à personne.

3. Pour ce qui suit, nous suivons la pai'aphrase de Maspero.

140 LA LITTÉRATURE

Un foi'l de Tenu vint; il ine défia' dans ma lenle : c'était nn héros qui n'avait point de second, car il avait vaincu Tenu tout entier. Il disait qu'il lutterait avec moi; il se pro- posait de me dépouiller; il déclarait hautement qu'il pren- drait mes bestiaux à l'insligalion de sa tribu

Sinuhe paraît penser que la cause d'une telle provocation est son origine étrangère ; il l'accepte et s'en remet au juge- ment de dieu.

a Je passai la nuit à bander mon arc, à dégager mes « tlèches, à donner du jeu à mon poignard, à fourbir mes « armes. A l'aube, le pays de Tenu accourut; il avait réuni « ses tribus, convoqué tous les pays voisins, car il avait « prévu le combat. Quand le fort vint, je me dressai, je me « mis en face de lui : tous les cœurs brûlaient pour moi^ « hommes et femmes poussaient des cris, tout cœur était « anxieux à mon sujet, et on disait : « Y a-t-il véritablement « un autre champion assez fort pour pouvoir lutter contre « lui? » A'oici, il prit son bouclier, sa lance, sa brassée de tf javelines. Quand je lui eus fait user en vain ses armes et « que j'eus écarté de moi ses traits si bien qu'ils frappèrent <( la terre sans qu'aucun d'entre eux tombât près de l'autre,. il fondit sur moi; alors je déchargeai mon arc contre lui, « et quand mon Irait s'enfonça dans son cou, il poussa des « cris, et il s'abattit sur le nez. Je l'achevai avec sa propre « hache; je poussai mon cri de victoire sur son dos, et tous u les Asiatiques crièrent de joie. Je rendis des actions de « grâces à Montu-, tandis que ses gens se lamentaient sur <( lui. Et le prince Ammuianashi me serra dans ses bras.

« Voici donci J'emportai les biens du vaincu, je saisis ses <( bestiaux ; ce qu'il avait désiré me faire à moi je le fis à

1. Premier récit connu de ces joules, que raconteront les annales anecdo- tiques de peuples divers, dans lesquelles le champion le plus fort sera battu par celui qui paraissait le plus faible. Cf., dans un millier d'années, David et Goliath.

2. Dieu de la guerre, à Thcbes.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 141

« lui : je pris ce qu'il y avait dans sa tente, je pillai son « douar et je m'enrichis; j'arrondis mon trésor et j'accrus « le nombre de mes bestiaux.

« Ainsi donc le dieu s'est montré gracieux pour celui à « qui l'on avait reproché d'avoir fui en terre étrangère, si « bien qu'aujourd'hui son cœur est joyeux. »

Sinuhe demande aux dieux de pouvoir entrer en Egypte afin d'y être enseveli, c'est qu"il pensait, comme tous ses compatriotes, que pour jouir de la vie d'outre-tombe il fallait que son corps reposât dans la (erre d'Kgypte.

... Suit la copie de son ordre de rappel délivré parle pha- raon Désormais, il n'aura plus à craindre pour sa vie

dans l'au-delà : « on t'a assigné des nuits parmi les huiles « d'embaumement et les bandelettes, par la main de la « déesse Taît'. On- t'a fait ton convoi au jour de l'enterre- « ment : gaine dorée, tête peinte en bleu, baldaquin au des- « sus de toi; mais dans le corbillard, des bœufs te tireront, « des chanteurs iront devant toi ; on exécutera pour toi les « danses des bateleurs à la porte de ta syringe; on récitera « pour toi les invocations des tables d'olfrande, on tuera des « victimes pour toi auprès de tes stèles funéraires, et ta <( pyramide sera bâtie en pierre blanche dans le cercle des « Infants royaux. Il ne sera pas que lu meures sur la terre « étrangère, ni que des Asiatiques te conduisent au tombeau « et que tu sois mis dans une peau de mouton quand onfera « ton caveau , mais il y aura compensation pour l'oppression « que tu as subie sur ton corps quand tu seras revenu ici. »

« Quand cet ordre m'arriva, je me tenais au milieu de ma <( tribu. Dès qu'il me fut lu, m'étant jeté à plat ventre, je « me traînai dans la j)oussière, je la répandis sur ma che- « velure ; je fis le tour de mon douar, me réjouissant et « disant : « Comment se peut-il que pareille chose soit faite

1. Le nom de celle déesse signiûe liiuje, Landelello; c'est la déesse qui présidait à remmailloltement du nouveau-né et du nouveau-mort. (M.).

2. Ce qui suit est la description exacte des funérailles ég-yplienncs.

142 LA LITTERATURE

« au serviteur ici présent, que son cœur a conduit aux pays « étrangers, barbares?... »

Puis on nous cite l'accusé réception de cet ordre.

Et enfin : « Quand on fut venu me chercher, moi, le ser- « viteur ici présent, je célébrai un jour de fête dans laa « pour remettre mes biens à mes enfants. Mon fils aîné fut « chef de ma tribu, si bien que ma tribu et tous mes biens « furent à lui, mes serfs, tous mes bestiaux, toutes mesplan- « tation, tous mes dattiers. Moi donc, ce serviteur ici pré- « sent, je m'acheminai vers le Sud, et quand j'arrivai aux « Hariu-Horu ', le général qui est avec les garde-frontières « manda un message au Palais pour en donner avis. Sa « Majesté envoya un excellent directeur des paysans de la « maison du roi, et avec lui, des navires de charge pleins « de cadeaux de la part du roi pour les Bédouins qui étaient « venus à ma suite, afin de me conduire à Hariu-Horu. Je (( leur dis adieu à chacun par son nom; puis, comme il y « avait des artisans de toute sorte appliqués chacun à « son travail, je démarrai, je mis à la voile; et on brassa, <( on passa la bière" pour moi jusqu'à ce que j'arrivai à la « ville royale

On arriva en Egypte.

(( Je touchai la terre du front, entre les sphinx'; puis, les « Infants royaux qui se tenaient debout dans le corps de « garde me vinrent à l'encontre ; les Amis qui ont charge de « mener au salon hypostyle me conduisirent au logis du « roi. Je trouvai Sa Majesté sur la grande estrade dans l'Em- « brasure de Vermeil, et je me jetai sur le ventre; et je « perdis connaissance devant lui. Ce dieu m'adressa des

1. Ilariu-Hoi'u rr les chemins d'IIorus. Aux temps plolémaïques, on don- nera ce nom à la marche orientale du Delta. Erman, AZ, XVIII, 72-73.

2. Maspeho note que l'on préparait la bière au jour le jour, en même temps que le pain qu'on employait en guise de levure pour faire fermenter le l)rassiu .

3. Il s"ag-il des colosses qui, selon lusag-e, étaient érigés de chaque côté des portes d'un palais ou d'un temple.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 143

« paroles aimables ; mais je fus comme un individu qui est « pris dans le crépuscule : mon âme défaillit, mes membres « se dérobèrent, mon cœur ne fut plus dans ma poitrine »

Le roi lui fit grand accueil

« Eloignant les années de mes membres, je me peignai la « chevelure, je laissai la crasse aux pays étrangers et leurs « vêtements aux: Nomiu-shâîu' ; puis, je m'habillai de fin « lin, je me parfumai d'essences fines, je couchai dans « un lit; et je laissai le sable à ceux qui y vivent, l'huile <( d'arbre- à ceux qui s'en frottent. On me donna la maison (( qui convient à un propriétaire foncier et qui avait appar- « tenu à un Ami; beaucoup de briquetiers travaillèrent à la « bâtir, toutes les charpentes en furent refaites à neuf, et « l'on m'apporta des friandises du palais, trois fois, quatre « fois fois par jour, en plus de ce que les Infants me don- « naient sans jamais un instant de cesse.

« On me fonda' une pyramide en pierre, au milieu des « pyramides funéraires. Le chef des carriers de Sa Majesté « en choisit le terrain, le chef des gens au collier en dessina « la décoration, le chef des sculpteurs la sculpta; les chefs « des travaux qu'on exécute dans la nécropole parcoururent « la terre d'Egypte à cette intention. Toute sorte de mobi- « lier fut placé dans les magasins, et on y mit tout ce qu'il « fallait. On m'institua des prêtres de k\i; on m'y fit un « appareil funèbre. Je donnai le mobilier, faisant les agence- « ments nécessaires dans la pyramide même ; puis, je donnai (( des terres et j'y instituai un domaine funéraire, avec des « terres en avant de la ville, comme on fait aux Amis de (( premier rang. Ma statue fut lamée d'or avec une jupe de « vermeil, et ce fut Sa Majesté qui la fit faire.

1. Une des peuplades nomades qui habitaient le désert, à l'orient de l'Egypte.

2. L'iuiile d'olive, qu'on fabriquait en Asie, par opposition à l'huile de ricin.

3. Passage fort intéressant au point de vue des institutions funéraires, à cette époque.

144 LA LITTERATURE

« Ce n'est pas un homme du commun à qui on en eût fait « autant; mais je fus clans la faveur du roi jusqu'à ce que « vint pour moi le jour du trépas.

c( C'est fini du commencement jusqu'à la fin, comme <( c'a été trouvé dans le livre. »

c. Genre >.(. prophétique ».

Aux yeux des î']gyptiens et aussi de tous les anciens Orientaux chaque nouveau roi devait être un sauveur, un père. Avant lui régnaient l'impiété, l'anarchie, la misère; dès qu'il monte sur le trône, c'est la paix, la prospérité, la religion '. Cette conviction qui prend racine, sans doute, dans un désir insliiicli/\ pour ainsi dire suggéra un pro- cédé littéraire que l'on peut appeler genre prophétique-,

\. C'est l'obsei'valioii (jue faisait récemment, après d'autres, le R. P. Mallon, s. J., professeur à l'Institut biblique de Rome {Les Hébreux en Egypte, in-4, Rome 1921) p. 53. On lira avec intérêt (et avec le discerne- ment f|ui convient) R. Wkill. La fin du Moyen Empire égyptien, in-8. Paris, 1910-1917, p. 22-68. Nous ne citerons (ju'un texte, à titre d'illustra- tion. Il s'agit de Set-Naklit, prédécesseur do Ramsès III (XIX^ J}'"- temps Diosaïrfues) : « Le pays d'Egypte était aux mains des grands et des princes des villes, chacun tuait son prochain parmi les grands et les petits. D'autres temps vinrent ensuite, des années de détresse se fit chef (ou roi) un Syrien, parmi eux, comme prince; le jjays en entier payait le tribut devant lui. Chacun s'unissait à son voisin, cl pillait ses biens. Us agissaient avec les <lieux comme avec les hommes. Il n'y avait plus d'offrandes dans les temples.

Mais lorsque les dieux tournèrent leur esprit vers la paix, pour remettre le pays en sa situation, conformément à ses justes destinées, ils établirent leur fils sorti de leurs chairs, comme prince de la Terre-Entière (l'Egypte du noid et l'Egypte du sud), sur leur grand trône, le roi Sel-Nakhl.

On trouvera d'autres textes dans Weill, I. c, 'M, 42, 46 (stèle de Thiit- ankh-Amon), etc., jus(ju'à l'époque romaine.

2. Mais il ne faut pas confondre prophétie avec prédiction de l'avenir. Chez les Hébreux, dont la Littérature sacrée est la plus riche on prop/ié- ties, nous constatons que les nabi, « Voyants ou Propiièles », s'adressaient au peuple en un langage poétique le plus souvent, et queUpiefois très imagé pour lui représenter lélat déploral)le dans lequel il vivait, et l'exciter à mieux observers le code de Yaiiwéh, son roi réel et son Dieu. Rien des paradoxes (dans la « haute classe >•>, la pensée de la civilisation brillante et de la gloire des peuples du dieu Marduk, du dieu .\shur, du ^Jieu Amon, etc.; dans la «basse classe », la vue de la félicité des grands bien repus et écrasant le peu])le, et de la misère des petits réduits à la

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 145

manière de donner plus de piquant au style et à la pensée, et flatterie aussi plus délicate à l'adresse du pharaon.

Il est possible que ce genre littéraire ait commencé avant la présente période, et il est sûr qu'il sera plus ou moins cultivé jusqu'à l'époque romaine.

Le thème est toujours le même, pour le fond : A l'occa- sion de tel ou tel événement déterminé, un sage vient dé- peindre au pharaon une catastrophe au cours de laquelle des peuples étrangers dévasteront l'Egypte, pilleront les temples des dieux et accableront de maux les habitants. Mais, en- suite, surgira un souverain aimé des dieux qui vaincra les barbares, restaurera le culte et l'ordre social pendant un long règne de prospérité.

« PROPiniTiK » DE Nefer-rohu'.

On a appelé cette composition littéraire « une sorte de de traité d'économie politique. » Elle eut une vogue réelle*. La composition originale est du Moyen Empire; la copie principale remonte au Nouvel Empire.

Le colophon du scribe porte : C'est arrivé à une heureuse jin^ fidèlement , comme il a été trouvé en écrit, copié par le scribe Khamwêse pour lui-même, le fidèlement silencieux ,

pauvreté, à l'humilité) bien des paradoxes ébranlaient Israël. Pour rame- ner à la pratique de la Loi, les prophètes proféraient des menaces; mais. ih faisaient aussi des promesses : un « jour » viendrait l'Oint de \ah\véh fonderait ou rétablirait le Royaume de Yahivéh. Et dans les tableaux, qu'ils brossaient sans perspectives, de ce '• jour », du triomphe de Yahwéh par son Oint et de cet Oint lui-même, il y avait des prédictions d'avenir. Ainsi, même en Israël, les prédictions de l'avenir ne sont qu'une partie, relativement peu étendue, des Prophéties.

1. Papyrus de Pétrograd publié par Goi.enisgheff (Les papyrus hié- ratiques lllo, 1116 A et 1 1 IG B de V Ermitage Impérial de S. Pélershourg, 1913.) Trad. anglaise de Alan II. Gakdiner in Joi/rna/ of egyplian Archaeo- lof/y I (1914) 100-10(>: voir 20-21.

2. Il fut copié plusieurs fois; outre le texte que nous citons, des pas- sages se trouvent sur : 1" un oslracon de Liverpool, 2" un plaque de cal- caire de Flindeus Petuie, 3" une tablette dn Caire, une tablette du liri- tish Muséum 5647.

10

tm LA LITTÉRATtlRE.

hiem disposé, aimable et bon pour les autres, qui ne s est pas tenu sous le regai^d dan autre y. qui n était pas quereh- leur, le serviteur de son seigneur, le scribe qui rendait compte (?)^ habile dams l'art du dieu Thot, le scribe Khamwêse, et pour son frère, son bien aimé, le fidèlement silencieux, habile dans lart dudiew Thot, le scribe Mahu, fils de... (lacmne).

Assis dans son PaLai&, le pfearaon' a deiaianidié cju'on lui trouve un sage poiif lui tenir de beaux discours, et ses con- seillers — peut-être les princes royaux, ou bien seulement la reine lui ont indiqué Nefer-robu,, « mn homme au bras vaillant, un scribe habile de ses doigts,^ un homm>e riche qui a de grandes possessions parmi ses égaux » .

Le scribe est introduit. Il demande s'il doit dire « des choses passées ou des choses, futures » . Et le pharaon répond : a des choses futures » ; puis il prend un papyrus et un ro- seau pour écrire.

Titre. « Ce qui fut dit par le LectewrNefer-rohu, cet homme sage de VEs^t qui appartient à Bast à son lever, ce natif du nome héliopolitain. hrsquil m/éditait sur ce qwi arHverait et conjurait h' condition de fEsi quand les Asia- tiques approchent dans leur puissance et que leurs cœurs ragent contre ceuw qui récoltent dans la moisson et qw'il's enlèvent leurs vaches du labour ».

On peut distinguer deux parties :

1" la désolation : état déplorable du pays, anarchie, pil- lage;

i" la resla>uration : Tordre est rétabli; les ennemis sont chassés; la justice règne.

Citons quelques passages.

1. Désolation, 20-o>7 : « Il dit : En haut, mon cœtscc, et pleure ce pays d'oîi tu es sorti'-.

1. Nolie tex Le l'appelle yiv/ient {Imni)=. Amcnembat 1^''', fondaleur de la XI1« dynastie. Voir Mjîvp.r, Ifist. t. II, § 28<).

2. m l\

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 147

" \oïsl Gela exisle dont les hommes parlaient comme u d'une chose à redouter. Vois! le grand est tombé dans le « pajs^ d'où tu es sorti. Ne sois pas fatigué. Vois ! Ces choses « sont devant toi ; lève-toi contre ce qui est en ta présence. « Voici! Des princes tirent Tépée dans le pays... Le pays « est perdu et rien ne reste...

« Perdu est le pays, et personne qui médite dessus! « personne ne parle, personne n'agit... Le soleil est voilé et « ne brille pas aux yeux des hommes. ..

« Je parlerai de ce qui est devant moi. Je ne prophétiserai « pas ce qui n'est pas encore arrivé^.

« La rivière est à sec, (oui, même celle) d'Egypte. Les « hommes passent Feau à pied. Les hommes manquent (( d'eau pour leurs bateaux et pour les appareillages...

(( Toutes les bonnes choses ont disparu. La terre est tom- « bée dams la misère à cause de cette nourriture des Bé- « douins qui envahissent le pays, car des ennemis sont dans « l'Est et des Asiatiques descendent en Egypte... Le som- « meil esi interdit (?) à mes paupières; je passe la nuit dans « l'insomnie. Les bêtes du désert viennent boire aux rivières « d'Egypte et prennent leurs ébats sur leurs bancs de sable, « parce qu'il n'a personne pour les tenir à l'écarl (?)

« Je te montrerai ce pays sens dessus dessous (je te mon- « trerai) arrivé ce qui n'était jamais arrivé. Les hommes « prennent les armes de guerre, le pays vit dans le boulever- (( sèment... Je te montrerai le fds comme ennemi^ le frère '( comme adversaire, un homme tuant son père... Aucune « parole de la bouche n'est tolérée. Le pays est diminué, « ses chefs se multiplient. Peu abondant est le grain, grande « la mesure à grain, il est mesuré à (mesure) comble... « (Celui qui recevait des ordres en donne maintenant).

1. m t\

2. L. 14-15 : le pharaon a positivement demandé à Neferrohu de lui dire des choses futures (voir supra; d'ailleurs, voir 2 : la Restauration.) Le sage s'exprime ici, à la manière des « prophètes », comme s'il voyait Favenir présent à son esprit el à son imagination.

148 LA LITTERATURE

2. La restauration messianique^ 57^-71 : « Un roi vien- (.< dra du sud dont le nom est Ameni, fils d'une femme « nubienne, un enfant de Hn-khon'. Il recevra la couronne « blanche-, il prendra la couronne rouge \ il unira la Puis- « santé Double unités II offrira l'expiation aux dieux « Horus et Set avec ce qu'ils aiment...

« Le peuple de ce temps-là se réjouira. Cet homme de « noble naissance se fera un renom éternel ; ceux qui ru- « minent le mal, qui méditent la rébellion soumettront leurs « machinations par crainte de lui\

« Les Asiatiques tomberont sous son glaive; les Libyens « tomberont devant sa flamme* et les rebelles devant sa « colère % et les indociles devant sa majesté. L'Uraeus qui- « réside sur son front pacifiera pour lui les insoumis.

(( Alors sera construite la Muraille du Prince* pour « empêcher les Asiatiques de descendre en Egypte pour « mendier de l'eau, à leur manière habituelle, afin de don- « ner à boire à leur bétail.

<( Et la justice recouvrera sa place, et l'iniquité sera expul- « sée (?) .

« Celui qui verra et servira le roi sera dans la joie.

« Et celui qui est prudent fera pour moi une libation « quand il verra accompli ce que j'ai dit. »

(Fin. Copié par le scribe Mahu.)

1. IIn-khon=z\a. Haute- Egypte.

2. Celle de la Ilaute-Égypte.

3. Celle de la Basse-Egypte.

4. Gardinkh. Shernti (sa graphie contient le casse-léle, sceptre ou sistre et la double couronne) est une épithète de Buto et Nekhebt déesses, celle-ci du sud et de la couronne du sud, celle-là du nord et de la couronne du nord. C'est ce mot précédé de l'article égyptien (pa'sichemli) que les Grecs ont transcrit ù/vn et (jui désigne la double couronne.

5. Cf. Ps. li.'

(j. Trad. de la variante dndn (tablette du Caire), au lieu de ndjdndjd : conseil.

7. Flamme, peut-être dans le sens de zèle, comme dans Admonitions, X.

8. Voir Mémoires de Sinuhe, p. 137.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 149

« Admonitions » d'un Sage^

La langue et le style de ce texte paraissent révéler une rédaction du Moyen Empire; la rédaction n'est pas anté- rieure au Nouvel Empire.

L'accord ne s'est pas fait sur l'interprétation générale à donner àces Admonitions'. Suivant les uns (Gardiner), c'est un écrit historique dont la copie seule est postérieure aux événements: suivant d'autres (Erman), nous aurions de l'histoire, mais présentée dans le cadre d'un apologue orien- tal : un roi vieilli, relire dans son palais, a conscience de ses devoirs, mais ignore ce qui se passe; un sage vient au Palais et lui fait connaître la situation réelle du pays.

Il est difficile de se prononcer d'une manière absolue.

Quoi qu'il en soit, il paraît bien que tous les malheurs du pays soient causés par une sorte de « révolution sociale » et par les Etrangers sans que Ton puisse dire quelle est l'ori- gine de ces étrangers ; Pasteurs, Libyens, Nubiens? tous Archers qui au lieu de servir l'Egypte se seraient révol- tés.

Il n'est pas téméraire d'admettre que l'auteur a adopté la manière « prophétique » (bien que les verbes ne soient pas précisément au futur) par raconter des faits qui paraissent convenir à l'époque de la XIP dynastie.

{Désolation),

I. « Des officiers civils' disent : « Allons! faisons du « butin!... Les blanchisseurs refusent de porter leurs far- « deaux*; les chasseurs préparent la bataille; les habitants

1. Elles ont été étudiées particulièrement par H. O. Lange {Prophezei- ungen eines aegyptischen Weisen; Ber. Berl. Akad.. 1903,601s.) et par A. Gardiner (The Admonitions of an egyplian Sage), in-4 Leipzig, 19U9.

2. Le nom de ce sage est assez généralement lu Ipiv-wer.

3. Littér. : les préposés k la porte.

4. « Point, disent les blancliisseurs, porter leur fardeaux! »

150 LA LITTÉRATURE

« des marais' portent des boucliers... Un homme regarde « son fils comme un -ennemi. L'honnête homme est- dans le « deuil à cause de ce qui est arrivé... Les étrangers sont « devenus hommes de hîen^ en tout lieu.

IL (( L^homme va au labour avec son bouclier... L'ar- ec cher est maître de la situation*; la violence est par- ée tout. L'homme du passé n'existe plus^.. Le serviteur

« fait cause commune avec le ravisseur On ne dis-

« tingue pas le fils de l'épouse de celui de la concubine* « (qui était esclave).

IIL « Le désert s'étend^ à toute la terre ; les nomes sont « dévastés. Les archers immigrants sont venus en Egypte. « L'or, le lapis lazuli, l'argent, la turquoise, la cornaline, le « bronze, l'obsidienne sont au coudes femmes esclaves... « Quand aux femmes nobles, leurs chairs sont tristes à cause « de leurs vieux vêtements. . .

TV. «... Les étrangers sont habiles dans les travaux du « Delta.

VI. Les archives sont au pillage...; « les bureaux sont (i ouverts, les déclarations (de domaines) sont enleyées, les « serfs deviennent des maîtres de serfs;... les scribes du « cadastre, leurs écrits sont détruits

VII. «... Voyez! Depuis longtemps, dans le passé, « n'étaient point advenues choses pareilles*. Voyez! Gelm

1. « La région des marécages porte... »

2. « Il y a que le maître (r= propriétaire) de qualités circule dans le deuil, »

3. Les étrangers supplantent les Egyptiens. On ne dit .pas quels étran- gers.

4. Litt. : rborame de l'aix possède.

5. « Il n'y a pas d'homme d'hier », c'est-à-dire sans doute qu'il n'y a plus que des hommes nouveaux.

6. «(( Le Qls d'un homme (=;le Ms de boniiie coaidiiioii=: celui qui a un « ■pè!ce=:generosus) esi devenu l'eiifant de sa femme en fils de sa ser- « vante. »

7. a Le désert parcourt la terre... »

8. Ad verbuin : « sont faites des dioses, point cela advenu depuis longtemps ».

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 151

« qui élail exiterré comme un lîorus, maintenant on le met « dans un cercueil ' ; on viole les tombeaux,

VIII. Celui qui ne possédait rien est laiaintenant maître de richesses à monceaux... Les piébéieiasdu pays sont deve- nus riches, et le riche est devenu quelqu'un qui na rien. « Ceux qui servaient k boire possèdent mainjtenaMt des « échanson^. Celle q^ui ne possédait pas sa boîte est proprié- « taire d'uane armoire ; celle qui regardait sa facedaïas i'eau « possède maintenant un miroir.

(Restauration par le roi « messianique », c'est-à-dire le roi particulièrement fidèle à ses obligations.)

X. 11 : « Il amène la fraîcheur sur ce qui était chaud. (( On dit de lui : C'est le Pasteur de tout le monde. Point « de mal en son cœur. Ses troupeaux sont-ils peu nombreux, « il passe sa journée à les rassembler. Le zèle- est en son « cœ4M\..

d. Poésie lyrique.

La poésie lyrique es't i^eprésentée par quelques chants d'amour et surtout par des hymnes, prières ou psaumes reli- gieux. Les dates de leur composition s'échelonnent entre laXIP dynastie et 900 environ avant J.-C. sans compter les morceaux qui remontent jusqu a Tépoque des Pyra- mides, et dont nous avons donné quelques spécimens.

Pour la présente période, nous n'avons à citer que des hymnes religieux. 11 est à peu près impossible d'y distinguer ce qui est à la libre inspiration de ce qui est pure formule liturgique.

Hymnk a OsiRlS.

Il fut gravé sur une stèle' (aujourd'hui à la Bibliothèque

1. Autrefois, il était momifié.

2. Littér. : la flamme.

3. Publiée par Cuabas, avec trad. el comment, dans Revue archéol., l>^e série, t. XIV (1857) 65-81 et 193-212 (reproduits dansai/)/, égijptol. t. IX (1899) p. 95-139

152 LA LITTERATURE

nalionaley, pour le coniple d'un directeur des troupeaux, Amenemhal. Dans ce nom, rélément Amen à été martelé à Tépoque Khunaton faisait anéantir sur tous les monu- ments le nom d'Amon'. 11 est donc antérieur ù Amenophis IV, mais nous ne pouvons pas mieux fixer la date de sa composition.

Osiris y est adoré comme le premier des dieux, comme le créateur de tout ce qui existe : terre, eaux, plantes, ani- maux, hommes et dieux, comme VEtre bon, la providence dont les soins s'étendent à toute les créatures et sur toutes les parties de l'univers-.

Salut à toi, Osiris, seigneur de la longueur des temps,

roi des dieux, aux noms multiples, aux saintes transformations....

De lui le Nil célesle tire ses eaux, de lui provient le vent,

et l'air respirable est dans ses narines

Ceux qui sont parmi les augustes l'aperçoivent dans son autorité,

et la terre entière lui rend gloire lorsque sa sainteté combat;

c'est un élu, illustre parmi les « élus »,

grand de dignités, permanent d'empire.

C'est le maître excellent des dieux, beau et aimable.

Celui qui le voit lui accorde le respect,

avec amour, dans toutes les contrées.

Tous ceux qui ont été exaucés par lui

exaltent son nom au premier rang.

Il est maître de commander au ciel et à la terre....

Il est l'aîné, le premier de ses frères, le chef des dieux;

c'est lui qui maintient la justice dans les deux mondes,

et qui place le fils sur le siège de son père ;

il est la louange de son père Geb, de sa mère Nu ;

très vaillant, il renverse limpur;

invincible, il massacre son ennemi :

il impose sa crainte à celui qui le liait :

il emporte les boulevards du méchant ;

inli'épide, ses pieds sont vigilants.

C'est le fils de Geb, régissant les deux mondes.

Geb a vu ses vertus

et il lui a commandé de conduire les nations par la main

vers une prospérité multiple.

1. Amon ou Amen (ce mot signiGe caclié).

2. Cf. A. MouiiT, Rois cl dieux d'Egypte, in-12 Paris 1911 p. 66-67.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 153

Il H fait ce monde de sa main : ses eaux, son atmosphère, sa végétation, tous ses troupeaux, tous ses volatiles, tous ses poissons, tous ses reptiles et ses quadrupèdes. La terre rend justice au fils de Nu,

et le monde se délecte encore quand il monte sur le siège de son

[père. Semblable au soleil, il brille à l'horizon, il donne la clarté à la face

il irradie la lumière par sa double plume [des ténèbres;

Il est bon de volonté et de parole;

il est la louange des grands dieux et l'amour des petits dieux....

// a pris la royauté des deux mondes :

la couronne de la région supérieure est fixée sur sa tête.

Par lui est jugé le monde dans ce qu'il contient;

le ciel et la terre sont sous le lieu de sa face.

// commande aux humains, aux purs,

à la race des habitants de l'Egypte et aux nations étrangères^.

Le soleil fait sa réxiolution selon ses plans,

ainsi que le vent, le fleuve, les fluides,

le hois des plantes vivantes et de tous les végétaux.

Dieu des semences, il donne toute sa végétation et le « kufi « pré-

il réalise l'abondance et la donne à toute la terre. \cieux;

L'universalité des hommes est dans le ravissement,

les entrailles dans les délices, les cœurs dans la joie.

à cause du Seigneur miséricordieux

Chacun adore ses bontés;

doux est son amour en nous!

Sa tendresse environne les cœurs !

Grand est son amour dans toutes les entrailles !

Hymne au Nil^.

IlremonleauM. E. (XlPdyn.), peut-être même à l'Ancien Empire (VP dyn.').

\. Littér. : le nord tout entier. « Tout entier » est désigné par Isi corbeille répétée trois fois. Dans d'autres exemples, elle n'est répétée que deux fois, V. g. : dans l'inscription de Rosette, ce groupe désignera les Grecs. Pour les Égyptiens, les nations septentrionales étaient le type de la bar- barie.

2. Texte : Ed. Maspeuo (dans la Bibliothèque d'Etude, t. V. in-4). Paris 1912. C'est cette édition que nous suivons. Cet hymme nous est parvenu complet dans deux manuscrits différents, le Papyrus Sallier II etle Papyrus

154 J.A IJTT'ÉRATURE

J

Salut' à loi, ô Nil,

qui parais en cette terre,

qui viens donner la vie à l'Egypte!

Mystérieuse est ta sortie^ des ténèbres

en (ce) jour, ô toi, célébré pour ta sortie'

M

Seigneur^ des paissons,

chef de file® des vols d'oiseaux',

aucun oiseau ne s'abat sur les récoltes.

0 loi qui produis Torge,

qui donnes l'être à l'épeauti^e

qui mets les temples en fête!

Est-il paresseux? on ne respire plus*

tous les êtres ' sont dans le malheur.

Anastasi VU, tous deux au Brislish Muséum. L'Jiymne iui-niàme «st plus ancien que les manuscrits; il remonte au /«■' Entpire thébaia. G. Maspebo l'avait traduit dès 1868; Paul Guieysse en puJjrlia une autre version RTXIII, 1-26. Aucune de ces 2 Irad. n'est au point, actuellement. 3. Maspero, Bihl. élude, p. XLIX.

1. Littér. : frotlemenl, ou : caresse de ta face; c'est que, primitivement, pour se saluer deux personnes frottaient leur nez l'irn contre l'autre.

2. Sshem.

3. Sshem.

4. Nous omettons les vers moins intéressants et qui, pour la plupart, ne font guère que développer les idées contenues dans les parties que nous citons.

5. P. 1, 1.6.

6. 3//c/in(/<i (Rac, /c/i;i<t = remonter le fleuve en barque) : celui qui lient la tête du triangle du vol d'oiseaux migrateurs^ Maspero (1. c. 59) fait obser- ver que ce verbe a ë'të choisi de préférence aux autres veines de mouve- ment, parce (jne le passage des vols d'oiseaux s'observe -surtout aux tlébuts de l'hiver, pendant le temps qu'ils remontent vers le Sud. Comme c'est de que vient le Nil, on peut dire qu'il est le chef de file des oiseaux migraileurs..

7. QLfiw : ip; ys de l'eau fraiche; niai\es sur lesquelles vivent les oiseaux; vol« d'oiseauK.

8^ LiLtér. : (s') ile&l pareeseua: ou (s') il chùine, alors le nez ^e i)ouc/»e. Oai noiera le passage, sans transition, d'une personne à une autre, bien que le sujet soit le même. 'Ou eaastate le mièjne fait dans la poésie shumé- iiiesiine.

9. LiLlér. : toutes les f&ces.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 155

Si l'on retranche aux dieux* des pains de proposition, des millions d'hommes péi'issent.

III

Qu'il brille S

et la terre exulte,

tout ventre^ est en joie,

toute échine en allégresse,

toute mâchoire broie !

XI

Un hymne s'élève pour toi sur la harpe,

avec accompagnement des mains.

Tes jeunes g«ns et tes enfants t'acclament*,

ou te fait des oilVaudes^,

Que l'Auguste vienne avec ses richesses augustes,

et la terre se pare,

les bateaux prospèrent devant les homnaes,

le cœur revit aux femmes enceintes;

et lu aimes la multitude de tes troupeaux

XII

Birilles®-tu dans la capitale? le riche'' est rassasié, le pauvre^ s'exclame

caa' tout est dans l'ordre but la lerre

La nourriture vient-elle à manquer?

le bien-être s'enfuit des quartiers de la ville;

le pays court à la ruine

1. Littér. : s'il y a retranchemeut aux pains cV offrande des dieux.

2. Wha. Ce terme s'emploie généralement en parlant du soleil.

3. Littér. : Les avec ventre.

4. Nehm : se l'éjouissent en battant du tambourin (Sens primitif).

5. LiUéi'at. ; des déclarations de revenue, c'est-à-dire : bien que le Nil, en retour des bienfaits de rinondation, n'exige pasd'impôts, on lui fait cepen- ■dant des obla tiens volontaires; cf. é<l. Maspero, p. 2, 1. 16.

6. Nous avons fait remarquer, p. 12 u" 6, à propos d'une expression shu- mérienne toute semblable (dans le Songe de Gudea) que le miroitement des grandes eaux est particulièrement frappant aux pays du soleil.

7. Littér. : le directeur des bonnes choses=:le propriétaire foncier, le riche.

8. Un individu de petits revenus.

156 LA LITTÉRATURE

XIII

Quand lu montes, ô Nil,

on le fait des oblations*,

on t'immole des bœufs,

on t'olîre de g^rands sacrifices^,

on engraisse pour toi des oiseaux,

on te prend au piège des lions' du désert

Le cfiant du harpiste.

Le morceau que nous allons citer représente une des cantilènes que des chanteurs exécutaient au son des instru- ments, pendant la cérémonie des funérailles, tandis que les convives étaient occupés à manger le repas funèbre auquel, invisible, assistait le défunt et que danseurs et baladins faisaient leurs exercices.

De ce morceau, dont la composition peut remonter à la XP dynastie (avant 2.000 av. J.-C), il nous est parvenu deux recensions*.

Ce chant nous montre que les gens cultivés sont tombés dans le pessimisme et le matérialisme parce qu'ils ont perdu la foi dansl'Osirianisme. Leur pessimisme se remarque sur-

1. V/dnw : il s'agit de roblatiou des fleurs et de la libation.

2. ^A'aht : oblalion de pains, de gâteaux et de boissons. Ici, le mot est déterminé par le pain long. Dans une note (p. 33) de son édition de VHynine au Nil, Maspkho a fait remarquer rpie cette offrande constituait peut-être le banquet auquel prenaient part les assistants.

3. M'aiw : lions, d'après Maspero, /. c, p. 52.

4. L'une gravée sur les parois de la tombe de Nefer-holep, de la XVIII'' dynastie (dans Benedite, Mémoires de la mission fran(;aise au Caire, Ane. série, t. V); l'autre est dans le papyrus Hahris 500, du Nouvel Empire. Elles ont été éditées et traduites par Muller dans sa Liehespoesie (mais ce n'est pas du tout une « Liebespoesie »); la l""*, PL I, et la 2'', PL XII-XV. Maspero avait étudié ce texte dans Etude égijplol. t. I (1879) 160-177 et lUsl. t. II, 523-52."). Autre version anglaise, dans Breasted, Rdig. 182-183. Dans notre traduction nous tenons compte de ces divers travaux et aussi des explications de M. Moret dans son cours de 1!)20-1021 (aux Hautes- Études.)

EN EGYPTE - MOYEN EMPIRE 157

tout en ceci : les gens cultivés constatent avec une certaine amertume que tout ce qu'ont fait les rois pour sauver leur corps et leur âme est vain. Personne ne sait ce qui se passe dans l'autre monde; mieux vaut donc profiter des joies de la vie présente'.

C'est un décret de ce grand Bienveillant '^ : la bonne destinée (qu'on avait pendant la vie) dépérit ; une génération passe, d'autres restent, depuis le temps des ancêtres. Les dieux qui existaient autrefois qui reposent dans leui' pyramide, que fait-on d'eux !

J'ai entendu les paroles d'Im-hotep^ et d'IIer-didif*

très^ proclamées dans leur proclamation.

est l'emplacement de leurs tombeaux^?

Leurs murs sont disjoints;

leurs places sont comme si elles n'existaient pas.

De personne ne revient

qui nous dise leur forme',

qui nous dise leur sort,

qui réjouisse* notre cœur, jusqu'à ce que nous gagnions le lieu ils sont allés.

Encourage' ton cœur à oublier cela.

Ce qui est utile pour toi, c'est de suivre ton cœur'"

tandis que tu es en vie.

Mets de l'encens sur ta tête,

des étolFes sur toi, du byssus décoré avec les merveilles authentiques des choses

[divines.

\. Dans la recension de Nefer-IIotep, il y a des variantes assez mar- quées.

2. Lilt. : Bon, c'est-à-dire Osiris. piol)ablement ; peut-être R'a.

3. Sous la III* dynastie.

4. Fils de Cliéops {Khii/'ii), IV« dyn.

5. Très : r-sjrr fréquemment.

(3. Litt. : Qu'est-ce la place à eux?

7. Des rois défunts.

8. Stin (causalif de tni) : laire complet,

i). Littér. : assainis, contente ton cœur (io(//'a-/i ib-k)=r sois de bonne Juimeur pour oublier toutes ces préoccupations. 10. Dans le sens de : les désirs de ton cœur.

158 LA LITTÉRATURE

Acer oi Si tes biens!

Ne désole pas ton cœuri

Suis ton cœur et ton bien-être !

Fais tes affaires sur la ferre, selon ton cœor'.

jusqu'à ce que vienne pour toi le jour des funérailles.

(Si) le dieu Osiris^ n'entend pas leurs lamentations,

(alors) leurs cérémonies funèbres ne sauvent point le cœur

[des hommes dans la nécropole.

Refrain : Fais un jour heurenx,

ne t'alfaiblis pas en lui! Il n'est point donné à l'homme de prendre se» biens avec lui. Aucun revenant parmi ceux qui s'en sont allés!

e. Poème satirique.

Les GEiNS DE MÉTIER^.

Je n'ai jamais vu forg-eron en ambassade,

ni fondeur en mission ;

mais ce que j'ai vu c'est l'ouvrier en métal à ses travaux,

à la gueule du four de sa forge.

les doigts rugueux comme crocodiles

et puant plus que frai de poisson.

L'artisan de toute sorte qui manie le ciseau ne se donne pas autant de mouvement que celui qui manie la

[houe; mais ses champs à lui c'est le bois, son affaire c'est le métal, et, la nuit, quand l'autre est libre,

lai, il fais œuvre de ses m,ain& par dessus ce qu'il a déjà fait, car, la nuit, il travaille chez lui à la lampe.

Le tailleur de pierre qui cherche de la besogne en toute espèce de quand il a fini par gagner quelque chose [pierre durable,

et que ses bras sont usés, il s'arrête; mais s'il demeure assis, au lever du soleil, on lui lie les jambes au dos.

1. Littér. : d'après ce que ton cœur ordonne.

2. Lillér. : le dieu doiiL le cœur ne bal plus.

3. D'après le l'upijrus Sallier II, écrit sous la XVIII* ou la XIX* dj'n. La composition remonte à la XI" ou la XII** dyn. Cf. Hymne à Anion li'a, p. 340, n. 2. Notre texte est emprunté à M.\spero, Ilist. t., I, 311-314.

EN EGYPTE M'OYEN EMPIRE . 15U

Le barbier qui rase jusqu'au soir,

quand il se met à mang-er, c'est sur le pouce,

tout en courant de ruell'e en ruelle- pour chercher ses pratiques;

s'il est brave l'œuvre), se^s deux bras remplissent son ventre:

de même que labeille mange selon son labeur.

Te dirai-je le maçon combien le mal le goûte? Exposé à tous les vents,

tandis qu'il bâtit, sans vêtements qu'une ceinture, et que le bouquet de lotus (qu'on attache) aux maisons (lermi- est encore loin de sa portée, [nées)

ses deux bras s'usent au travail,

ses provisions sont pêle-mêle avec toutes ses ordures, 11 se mange lui-nLême, car il n'a de pains que ses doigts, et il se lasse tout à la fois. Il s'épui-se lyeaucoup et fort,

car il y a (sans cesse) un bloc traîner) dans cet édifice-ci un bloc de dix coudées sur six; [dans celui-là,

il y a (sans cesse) un bloc traîner) dans ce mois-ci ou dans

[celBi4àv (jusqu'aux) mâts (où, l'on attache) les lotus des maisons (termi- Quand le travail est tout achevô,. [nées).

s'il a du pain, il retourne à la maison, et ses enfants ont été roués de coups (pendant son absence).

Le tisserand dans les maLsons,

y est mal plus que sa femme ;

accroupi les genoux à restomac.

il ne respire pas.

Si, pendant le jour, il ralentit le tissage,

il est lié comme les lotus de l'étang-,

et c'est en donnant du pain au gardien des portes

q^uece4ai-ci lui permet de voir la lumière.

Le teinturier, ses doigts puent,

et leui" odeur est celle du frai de poisson ;

ses deux yeux sont battus de fatigue,

sa main n'arrête pa&^

et, comme il passe son temps à tailler des loques,

il a les vêlements eu horreur.

Le cordonnier est très malheureux; il geint éternellement, sa santé est la santé du poisson qui fraie, et il ronce les cuirs.

i60 LA LITTERATURE

Le boulanger pétrit,

met les pains au feu :

tandis que sa tête est dans Tinlérieur du four,

son fils le tient par les jambes;

s'il échappe aux mains de son fils,

il tombe dans les flammes*.

f. Littérature morate. Préceptes de Ptaii-hotep.

Ils sont contenus en divers papyrus plus ou moins com- plets et, en particulier, dans le Papyrus Prisse, qu'on a appelé « le plus ancien livre du monde ». Il est probable que cet ouvrage fut transcrit sous la XVIIP dynastie [temps mosaïques), mais il remontait aux premières dynasties*.

Ptah-hotep était un personnage assez célèbre ' pour qu'on pût lui attribuer, sans choquer les vraisemblances, la rédac- tion d'un recueil de Maximes politiques et morales qui témoignaient dune connaissance approfondie des hommes et des Cours.

On suppose que, sur le déclin de sa vie*, il s'est présenté au pharaon Assi et lui a demandé l'autorisation de faire profiter la postérité des trésors de sagesse qu'il a amassés ou qu'il a reçus des anciens^

Les analyses savantes, les discussions railînées, les abs- tractions métaphysiques n'étaient pas de mode, à l'époque de Ptah-hotep. On négligeait les idées spéculatives pour

\. Au poial de vue du genre littéraire, ou pourrait rapprocher de ce ]}oème satirique ISam. VIII, 1 1- 1 S. Onnouhl'wmpas Eccli. XXXVIII, 24-3 i.

2. Il coulenait les œuvres de deux auteurs classiques, (îonl l'un passait pour avoir vécu sous la III"' et l'aulre sous la dynastie. Les l'^'"* feuillets maiHjuent, et la partie conservée débute par la fui d'un traité de morale. Venait ensuite un ouvrage aujourd'luii perdu; les 15 dernières jiages sont remplies par \cs préceptes de Ptah-hotep.

3. Il se dit lui-même fils du roi. PI. V, 1. 0-7.

4. A l'âge de / 10 ans.

5. II choisit son fils pour auditeur; mais sa doctrine s'adresse à tous les hommes.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE . 161

les faits positifs : on observait l'homme, ses passions, ses habitudes, ses tentations, ses défaillance, non pas afin de construire un système, mais dans l'espoir de réformer ce que sa nature a d'imparfait, et de lui montrer le chemin de la forlune. Aussi Pta-hotep ne se met-il pas en frais d'inven- tion et de déductions. Il note les réflexions qui lui reviennent à l'esprit, sans les groupe?^ et sans en tirer la moindre conclusion d'ensemble. (Gela fait songer à plus d'une page du livre biblique des Proverbes.) La science est utile pour arriver à une bonne place : il recommande la science'. La douceur envers les sulbaternes est bien vue : il fait l'éloge de la douceur-. Il entremêle le tout de conseils sur la conduite à tenir dans les diverses circonstances de la vie^

IP. Ne sois pas hautain à cause de ce que tu sais; entre- tiens-toi avec l'ignorant comme avec le savant.

X. Si tu t'abaisses en obéissant à un supérieur, ta con- duite est entièrement bonne devant Dieu. Sachant qui doit obéir et qui doit commander, n'élève pas ton cœur contre celui-ci. Comme tu sais qu'en lui est l'autorité, sois respec- tueux pour lui comme il lui appartient. La fortune ne vient qu'à sa volonté et n'a de loi que son caprice; quant à celui qui [... lacune], Dieu quia fait sa supériorité se détourne de lui, et il est abattu.

XI. L'activité produit la richesse, et la richesse ne dure pas quand l'activité se relâche.

XII. Si tu es sage, forme un fds qui soit agréable à Dieu.

1. Prisse, PI. XV, 1. 8; PI. XVI, 1. 1; V; Virey, p. 91-95.

2. Prisse, PI. VI, 1. 3; Pi. VII, 1. 5-7 ; Virey, p. 39-41 ; 47-49.

3. Cf. Maspero, Ilisf. I. 399-401.

4. Bibliogr. : Prisse d'Avesnes, Fac-siniile d'un Papyrus égyptien en caracl(^res hiératiques trouvé à Thèbes. Paris, 1847, analysé par Chabas in Revue archéologique, l''« série, t. XIV, p. 25. Lauth, Sitzungsberichte der Kônigl. Bayer-Akad. der Wissenschaflen zu Mûnchen, 1869, 1870. Ph. Virey, Etudes sur le Papyrus Prisse, 1887. Texte et transcrip. dans E. A. Wallis Budge, Egyptian reading Book, London, 1806, 244-274. Nous suivons ViBEY.

11

162 LA LITTÉRATURE

S'il ajuste son régime à la manière et s'occuj3e de tes affaires comme il convient, fais-lui tout le bien que lu pourras; c'est ton fils, un (être) attaché toi)^ qu'a engendré la personne.

Ne sépare pas ton cœur de lui i Maisl s'il se conduit mal

et transgresse ta volonté, s'il rebute toute parole, si sa bouche marche en parole mauvaise, frappe droite

XVI. Si tu es en qualité de directeur ayant le pouvoir d'exécuter ce que tu décides*, fais des choses parfaites dont se souvienne la postérité.

XVII. Si tu es en qualité d'arbitre', écoute le discours du requérant. Ne le maltraite pas, cela le découragerait. Ne lui dis pas: « Tu as déjà raconté cela! ». L'indulgence l'encouragera à faire ce pour quoi il est venu. Quant à mal- traiter le plaignant parce qu'il raconte ce qui se passait au moment fut fait ce tort, au lieu de se plaindre du tort lui-même, que cela ne soit pas ! Le moyen d'obtenir une explication sincère, c'est d'écouter avec bienveillance.

XX. Ne sois pas d'humeur difficile pour ce qui se passe à côté de toi; ne gronde que pour tes propres affaires. Ne sois pas d'humeur difficile à l'égard de tes voisins; mieux vaut un compliment à ce qui déplaît que de la rudesse.

XXII. Traite bien les gens, autant qu'il t'appartienl. Gela appartient à ceux que Dieu a favorisés.

XXIV. Si lu es un homme sage, siégeant dans le conseil, dirige ta pensée vers ce qui est sage. Tais-toi, plutôt que de répandre tes paroles. Quand tu parles, sache ce que Ton peut objecter*.

XXV. Si lu es puissant, donne ton respect à la science et à la parole sereine"'. A^e commande que pour diriger; être absolu, c'est aller au maP. Que ton cœur ne s'élève pas,

1. Trad. libre.

2. Ad lilter. : faisant marcher les plans à ta volonté.

3. D'arbitre, ad lill. : d'amenant la paix.

4 Ad liLLer. : ta contradiction, ton objection.

5. Ce cha()ilre est consacré à l'éloge de la modération.

(}. Ad lilter.: étant l'absolu il entre au vice.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 103

qu'il ne s'abaisse pas. Ose ordonner', mais parle sans chaleur.

L'homme doux pénètre les obstacles.

Il faut être modéré et savoir se borner en tout; l'excès du travail ne vaut rien; l'excès du plaisir ne vaut rien-.

XXVIII. Si tu es gardien délégué à la tranquililé publique, exécute ta consigne sans comprendre ^ et parle fermement. Ne remplace pas ce que l'instructeur a dit par (ce que tu crois être) son intention: les grands emploient la parole comme il convient. Ton rôle est de transmettre plutôt que d'apprécier.

XXX. Si tu es grand après avoir été petite si tu es riche après avoir été gêné, (lorsque tu es) à la tête de la ville, sache ne pas te faire avantage {de ce que) tu es parvenu au premier rang; n'endurcis {?), pas ton cœur, à cause de ton élévation; tu [n'')es devenu (que) l'intendant des biens de Dieu. Ne mets pas après toi le prochain qui est ton sem- blable. Sois pour lui comme un compagnon.

XXXIII. Si tu vises aux manières polies, n'interpelle pas celui que lu abordes. Entretiens-toi avec lui en particulier, de manière à ne pas le gêner. Ne discute avec lui qu'après lui avoir laissé le temps d'imprégner son esprit du sujet de l'entrelien. S'il laisse échapper son ignorance et s'il te donne occasion de lui faire honte, traite-le avec égards plutôt.

XXXVIII. Si tu écoutes ces choses que je t'ai dites, la sagesse sera tout à fait en progrès.

Après l'exposition de ses préceptes, Ptah-hotep revient plus directement à son auditeur : s'il écoute ce qu'il vient d'entendre, il arrivera au <( ma^ ». Et puisque ces vieux pré- ceptes .sont bons, il faut s'y tenir et fon ne doit point ensei- gner d'idées nouvelles'. « Que nul n'innove dans les préceptes

1. Ad lit 1er. Ne tais pas les instructions.

2. C'est le sens de la fin du chap.

3. C'est-à-dire : le vrai, le beau, le bien.

1G4 LA LlTTEHATUnE

de son père; que les mêmes préceptes fassent ses leçons à ses enfants' ». Sans doute, il peut arriver que des hommes se fassent écouter de la foule ignorante et, pour un moment, inspirent confiance au public, mais leur gloire ne durera pas autant qu'il leur plairait-.

// faut donc ne rien ôter^ rien ajouter^ rien changer^ à renseignement établi; et, si ion sent germer en soi des idées contraires, se bien garder de les découvrir''.

Cette horreur des idées nouvelles est intéressante à noter dans « le plus ancien livre du monde ». Toutefois Ptah-hotep n'est pas absolument hostile à toute espèce de progrès : seul l'enseignement de la morale a été parfait dès le premier jour, parce qu'il est d'origine divine, aussi doit-il rester immuable^

D'ailleurs il n'est pas défendu de commenter ces pré- ceptes, mais il n'en faut pas fausser l'esprit; pour cela, la science est nécessaire acquise par l'application et par la docilité à la parole des anciens'.

Instruction du roi Akiitoï a son fils Mérikéré \

Cette Instruction est du Moyen-Kmpire, ainsi que le montre la comparaison avec les autres comparaisons litté- raires du même « genre ».

L'auteur l'attribue à Akhtoï% pharaon hérakléopolitain de

1. ViREY, II, p. 101.

2. Id. XLII, p. 102.

3. I(J. XLII, p. 103 : <( N'ôte pas une parole; n'en ajoute pas une; ne mets pas une chose à la place d'une autre ».

4. « Garde-toi de découvrir ce qui germe en toi; enseigne d'après la parole des savants ». Id. XLII, p. 103.

5. Id. V, p. 40.

♦). Id. XXXIX, p. 96. Cf. Vihky, p. 8.

7. Papyrus 1110 A de Pélrograd. On connaît aussi des fragments qui sont les uns à Moscou et les autres sur une planchette du Caire. Le texte a été édité par GoLUMScnEFK. Les papi/r. hiéral. «"' ///>, 1 16 A et 1 16 B.

(S. Ecrit Khti [Manélhon : Achloès). ('.'est le fondateur de la IX*= dynastie. Voir Meyeh, Ilbt. t. II, S 273.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 165

la IX'' dynastie (Ancien Emp.), peut-être parce qu'il avait entre les mains un bref recueil des conseils de ce pharaon. Le texte est malheureusement très mutilé, aussi est-il difficile d'en discerner l'unité. L'Instruction est mise sur les lèvres du roi.

VIII, 32 ', « Sois habile dans (ton) langage^ afin de pré- « valoir. Le langage est plus puissant que tout combat.

IX, 35-38. « huile tes pères qui t'ont précédé... Voici, « leurs paroles sont rapportées par écrit. Ouvre, lis, et « imite ce que tu apprends (?)... Ne sois pas méchant.

X et XI, 38''-46. « Aie de la considération pour les nobles

« et fais prospérer ton peuple. Affermis tes frontières...

« C'est une bonne chose que de travailler pour V avenir...

« Exalte tes nobles afin qu'ils exécutent tes décrets. Celui

(( qui est riche chez soi ne traite pas avec partialité...

« L'homme pauvre ne parle pas conformément à (ce qui

« est) pour lui la vérité. Celui qui dit: « Je désire » n'est

a pas impartial...

XII, 46-53. « Pratique la justice afin que tu puisses durer « la terre. Apaise celui qui pleure. Nopprime pas la veuve. « Ne chasse pas l'homme des possessions de son père. Ne « destitue pas les magistrats. « Prends garde de ne pas « punir injustement. N'égorge pas, à moins que cela ne « soit profitable; mais punis de prison et de coups, car ainsi « ton pays prospérera. Ne tue pas un homme dont tu con- « nais les bonnes qualités, avec qui autrefois tu répétais - tes « lettres.

XIII, 53^ 57. (( Eternelle est l'existence au delà. Fol est celui qui l'a traitée légèrement...

XIV... (Recrute des troupes).

XV, 01^-60='. « Ne distingue pas entre le fils d'un noble et

1. Le texte a été étudié et traduit par Gardinf.r {.Journal of egyplian Archaeolof/ij, I (1914) 22-36.) Notre premier chiffre correspond au § de Gahdineii ; le second renvoie à la ligne du texte.

2. A l'école.

l(5ë LA LITTÉHATUIŒ

« celui qui est d'humble naissance. Choisis-loi des liommes « d'après leur capacité. . . Exécute de beaux monuments pour « le dieu ; cela fail vivre le nom de celui qui a agi ainsi. <( L'homme fail ce qui esl profitable à son àmc (même) le <( service mensuel du prêtre, môme le port des sandales « blanches... Sois discret sur les mystères, entre dans le « sanctuaire. Mange le pain dans le Temple.

XVI, (>0''-08. Remplis la salle d'offrandes, augmente les pains. « Ajoute aux sacrifices journaliers, car cela esl « profitable à celui qui le fail ». Construis des monuments à proportion de ta richesse.

XVII-XX. (Défendre la patrie au N.-E. et N.-O.). Description du Canaan :

XXI, 91 ''-98. u Voici le malheureux lamul Pénible est (( le pays il est^ coupé de (cours d' Jeau, rendu difjicile « par beaucoup d'arbres. Ses chemins sont pénibles à cause « des montagnes^ Il n'habite pas à la même place, mais « ses jambes sont toujours en marchef?) Il guerroie fcons- « tamment) depuis le temps d'Horus. Il ne conquiert pas,

H ni n'est conquis Abomination est Vlamu pour(?) VE-

« gypte ; ne t'inquièie pas à son sujet Il pille un poste(?j

« séparé, mais il n attaque pas une ville populeuse. »

Préceptes d'Amenemhat-.

Nous avons cinq exemplaires de ces Préceptes: le papyrus MiLLiNGEX, les papyrus Sallier I et Saluer II et les oslraca 5692 et 5G38 du British Muséum.

Le texte du papyrus Millingen a été écrit longtemps avant les autres.

Les Préceptes d'Amenemhat ne ressemblent presque en rien aux autres œuvres de morale qui nous sont parvenues:

1. Cf. Deut. XI, IL

2. E. Amkli.neau, Elude sur les préceptes d'Ainenemhnl (texte, trad. el commentaire) in RT X (1888) 99-121 el XI (1889) 101-110.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE , 167

celles-ci étaient composées par de simples particuliers pour de simples particuliers; ceux-là furent écrits par un roi pour un roi.

Amenemhat veut enseigner à son fils la manière dont il doit se conduire sur son trône, et, pour cela^ il ne trouve rien de mieux que de parler d'après sa propre expérience. Aussi, après avoir donné quelques conseils généraux, com- mence-l-il le récit de sa vie.

Elle fut assez mouvementée, cette vie. Amenemhat, avant d'asseoir solidemenl son autorité, dut supplanter le dernier représentant de la XI" dynastie. Quand il se crut à l'abri de tout danger, une révolte terrible éclata soudain; il fut délaissé de tous, alors que son fds n'était pas encore en âge de combattre avec lui. Il lui fallut d'abord rallier ses propres soldats, puis résister à ses ennemis et les abattre.

Il prit soin de l'administration intérieure de son royaume, de l'agriculture et de l'irrigation.

Il fit preuve d'habileté politique.

Le roi exhorte son fils à marcher sur ses traces. Au fond, l'œuvre entière n'est que le récit de la vie du pharaon enca- dré de réflexions morales K

II

Le vieux roi paraît conseiller à son fils d'être tout d'abord souverain absolu, de ne point se laisser dicter ses actions par ses sujets, sinon ceux-là même qui lui sont le plus fidèles auraient des appréhensions. Poursuivant sa pensée, il recom- mande à son fils de paraître seul, au milieu de ses sujets quand il se montre parmi eux, de ne point se faire accom- pagner des courtisans qui ont toujours intérêt à se tenir aux côtés du roi. Il lui conseille surtout de ne point avoir de favori, car tôt ou tard on perdrait le respect qu'on lui doit.

1. E. A.MÉL1NEAU, in RT X (1888) p. 99-102.

168 1 A LITÏÉHATURE

Pour le même motif, qu'il ne fasse pas la fortune de ceux qui approchent le plus près de sa personne, car sa propre expérience lui a enseigné à lui-même qu'il ne faut jamais taire fond sur l'amitié humaine.

Ne te laisse pas diriger par les sujets, car Vélile des gens livreraient

[leur cœur à la crainte, à cause de cela. Ne t'approche pas d'eux sans être seul de ta personne! Ne remplis pas ton cœur d'un ami, si tu connais le respect qu'on te

[doit! Ne fais pas la fortune de ceux qui ont accès près de toi, car pour moi

[ramitié n'a pas duré^.

III

J'ai fait mes efforts pour te faire garder ton cœur toi-même, parce qu'il ny a point de gens attachés pour l'homme, au jour de sa J'ai rendu celui qui me suppliait misérable pour moi, [gêne,

et j'ai atteint [ainsi) ce qu'il n'était pas, comme ce qne je suis.

La première partie de ce paragraphe est la suite du précé- cédent. La seconde partie pousse plus loin encore les con- seils égoïstes d'un homme qui a réussi et qui veut faire réussir son fils. Se garder d'être sensihle aux supplications! Lui-même, il s'est bien trouvé de cette conduite. C'est parce qu'il a rendu plus misérable le misérable qui le sup- pliait, qu'il est parvenu à s'emparer d'un pouvoir que l'autre n'avait pas-..

IX

Etant que le gynécée se rangea parmi ceux qui me combattaient,

étant que je fus chassé du palais par les révoltés,

étant que furent détruites pour moi les ouvertures des sources,

1. Ibid., p. 1U5.

2. On se souvient qu'à la mort de Salomon, le peuple fatigué (I Hey. XII, 4) des corvées et impôts dont ce roi les avait grevés, fit des repré- sentations à son successeur Roboani. Celui-ci suivit le conseil de jeunes gens qui lui parlèrent {ibid., 8-11) à peu près comme fait ici le vieil Egyp- tien. Leur sag(>ssc était bien mal avisée; elle détacha presque tout le peuple (10 tribus sur li) du successeur de Salomon.

EN EGYPTE MOYEN EMPIRE 169

étant que ceux qui agissaient ainsi tenaient compte de ta jeunesse;

comme jamais je ne reculai depuis ma naissance,

jamais il n'y eut chose semblable à cela parmi les exploits des héros.

XI

Cette strophe exprime clairement ce que le roi fit pour l'agriculture. Népri récompensa sa dévotion par d'abon- dantes récoltes; Hapi (le Nil) par d'abondantes inonda- tions :

Je fis produire du blé, étant l'ami de Népri '

je fis des adorations et Hapi couvrit toute la terre :

il n'y eut point d'affamé, grâce à moi,

personne neut soif, grâce à moi,

car on était constant à agir pour moi, selon les ordres que je

et je donnai toujours des ordres parfaits. [donnais;

CHAPITRE II

DEPUIS LES TEMPS MOSAÏQUES JUSQU'A LA CHUTE DES ROYAUMES D'ISRAËL ET DE JUDA

Canaan est sous la mouvance de l'Egypte, mais il subit aussi l'influence de Babylone régnent les Cassites. Comme par le passé, des caravanes chargées de marchan- dises parcourent les routes commerciales, et des courriers transmeLLent les dépêches, écrites en hahy Ionien sur tablettes d'argile, que les rois de FOrient échangent entre eux; cour- riers et caravanes ont à subir plus d'une fois des avanies de la part des Hittites. C'est qu'ils commencent à parler haut, ces Hittites; leur puissance a grandi; elle finit par s'impo- ser même aux pharaons.

Moïse fait sortir d'Egypte les enfants d'Israël; dans « le désert », il en fait un peuple. Ce peuple marche vers Canaan et l'occupe; mais, séduit par la civilisation du pays, il en adopte d'abord les usages ; puis, avec la monarchie, il cherche, sans y réussir entièrement, à se suffire à lui-même.

Tandis que l'Egypte décline, au point de devoir faire appel à des mercenaires étrangers pour recruter son armée,^ là-bas, sur le Tigre, l'Assyrie se rend toute puissante. Les pharaons se ressaisissent et se dressent contre leur superbe rivale, mais ils doivent mordre la poussière, aussi bien que les princes de l'Urartu et les rois du vieil Elam.

Avec Ashurbanipal, l'Assyrie est à son apogée. Et pour- tant l'heure va sonner des envahisseurs venus de l'Est pourront imposer au monde des destinées nouvelles.

On serait prescpie tenté d'appeler notre période « l'âge d"or » de la Httérature extra-biblique, dans le milieu qui

EN CANAAN ÉPOQUE D'EL-AMARNA 171

nous occupe el cependant « âge d'or » est un mot trop pompeux, surtout pour l'Assyro-Babylonie, car sans doute les documents les plus nombreux que nous possédions actuel- lement datent de cette époque, mais n'oublions pas que ce ne sont que transcriptions ou compilations de textes anciens. La période d'invention remonte beaucoup plus haut, jus- qu'aux temps shuméro-akkadiens.

ARTICLE PREMIER

En Canaan.

Canaan est soumis à la suzeraineté des pharaons.

L'Egypte tolère l'autonomie relative des roitelets du pays et leurs rivalités jalouses, car elles sont une des garanties les plus sûres pour sa domination, au moment se dessine, au pays d'Amurru entre le Liban et l'Anti-Liban, un mou- vement d'indépendance prêt à faire cause commune avec les mécontents de Canaan, dans l'espoir de délivrer le pays de l'ingérence égyptienne.

Sous cette domination des pharaons, Canaan adopte un syncrétisme religieux plus ou moins profond, fait d'élé- ments cananéo-babyloniens et égyptiens; mais, en retour, le pays impose à l'Egypte robligalion de lui écrire en baby- lonien qui est la langue adoptée par les principicules pour leurs dépêches officielles et même quelquefois pour leur correspor.dance privée. Le peuple, lui, parle un idiome le cauaii a qui tient le milieu entre le babylonien et riiébreu.

Littérature épistolaire. Liss Lettres d'El-Amar>a.

En 1887, on découvrit à El-Amarna, à 300 kilomètres au sud du Caire, 358 tablettes-lettres entières ou frag-

172 LA LITTERATURE

mentaires la plupart écrites en langue assyro-babylo- nienne*, avec des gloses en cananéen. C'est la correspon- dance des rois de Chypre, du Mitanni ou Mésopotamie supérieure, des Hittites, de Babylonie, d'Assyrie, et de divers roitelets ou chefs cananéens avec le pharaon dEgypte ou ses otïiciers; et, d'autre part, la correspondance expé- diée, à la même époque, d'Egypte en Asie : les pharaons étaient alors Amenophis III, puis Amenophis IV; nos lettres remontent donc à la période 1410-1300 environ av. J.-C.

Ces documents sont d'une importance capitale pour la connaissance de l'état politique de l'Asie Antérieure et spécialement de Canaan. Elle nous font constater, en parti- culier, quau XV'-XIV'' s. av. J.-C, après deux siècles de domination égyptienne en « Syrie », le babylonien était la langue officielle pour la correspondance entre les princes vassaux de V Egypte et leur suzerain. (Les découvertes faites à Ta'annak ont montré que l'on se servait aussi de cette langue pour la correspondance privée.) Les gloses cana- néennes dont ces lettres sont émaillées nous révèlent qu'à cette époque la langue en usage en Canaan était, nous l'avons dit, intermédiaire entre le babylonien et notre hébreu-.

\. Lettres de Canaan.

En lisant ces lettres, on est frappé par le servilisme, la platitude des roitelets de Canaan. Ils écrivent au pharaon, par exemple : Je suis la boue de tes pieds ; la poussière au dessous de la sandale du roi'; l'escabeau de tes pieds- . Un autre écrira : « Même si le roi m'avait écrit : mets un

\. Deux en langue arznwa, et une en langue du Milunni.

2. Cf. t. I, Ilist. el Civilis., p. 258; Roiil, Sjir. Arn. ; Diiohmi:, Langue Can,

3. Caire, 5752. 00; Amarna-Berl. 1584, 4; etc.

4. Arnuirna-Lond, 29812, 4, suiv.

5. Amurna-B. 1033, 4; 344, 0; Am,-Lond. 29809, 4; etc.

EN CANAAN ÉPOQUE D'EL-AMARNA 173

poignard de bronze dans Ion cœnr et meurs! esl-ce que je n'aurais pas accompli Tordre du roi^?

Quand on s'adresse au pharaon Amenophis III, le grand restaurateur du cul le du Soleil sous forme d'un disque àten d'où le nom qu'il voulut prendre Khunaten^ on l'ap- pelle constamment : « mon soleil )>^; mon seigneur est le soleil qui se lève chaque jour sur les pays, suivant la des- tinée du Soleil, son père splendide'\

Le pharaon est véritablement un dieu ; aussi l'appelle- t-on « mon dieu », ou « mes dieux' ».

On écrira encore : Vers toi sont mes deux yeux! Si nous montons aux cieux^ si nous descendons aux enfers^, notre tête est dans tes mains^

MlLKlLI AU ROl^

<( Au roi, monseigneur, mes dieux, mon soleil, dis : Ainsi « parle Milkili, ton serviteur, /)ou**iè/-e de les pieds :

« Aux pieds du roi, mon seigneur, mes dieux, mon Soleil, « sept fois et sept fois je me prosternerai.

« Le roi, mon seigneur^ voit qu'il y a de fortes hostilités « contre moi et contre Shuwardata. Qu'il sauve, le roi, mon « seigneur, son pays de la main de la gent sa-gaz®. Sinon, « que le roi, mon seigneur, envoie au moins des chars pour « nous prendre afin que nos serfs ne nous tuent pas. En « outre, que le roi, mon seigneur, demande à Yankhamu,^ « son serviteur, ce que l'on a fait dans son pays.

1. Arn.-Berl. 335, 40-46.

2. Ou Khunaton. Cf. Ilist. et Civilis. p. 277.

3. (( Soleil des pays » {Arn.-Berl. 1633; 868) « fils du soleil » [Am.-Lond. 29820; etc.).

4. Am.-Lond. 29812.

5. Am.-Lorul. 29800, 10; Am-Berl. 323, 2; Am.-Lorulon. 29813.

6. Littér. : en terre, dans la terre.

7. Amarna-Loml. 29853.

8. Amarna-Lond., 29863.

9. Cf. Ilist. et Civil., p. 308, et infra, p. 175, note 1.

174 LA LITTÉRATURE

Labaia au roi'.

« Au roi, mon seigneur, mon Soleil, dis : Ainsi parle « Labaia, Ion serviteur ei poussière des sandales de (es pieds.

« Aux pieds du roi, mon seigneur et mon soleil, sept fois « et sept- fois je me prosternai. J'entendis les paroles que le « roi m'écrivit. Et qui suis-je, moi, pour que le roi perde « sa terre à cause de moi?

« Vois; je suis un serviteur fidèle du roi, et je n'ai pas « transgressé, et je n'ai pas péché, et je ne refuse pas mes « tributs et je ne refuse pas le désir de mon Préfet. Vois; « on me calomnie, on me fait du mal; et le roi, mon sei- « gneur, ne m'a pas manifesté ma transgression.

« En outre, ceci est ma trangression : lorsque j'entrai à « Gezer' et dis : Absolument*, le roi a pris ce qui m'appar-

1. A ma ma -B., 335.

2. Les Orientaux, et en particulier les Assyro-Babyloniens, aimaient ce chiffre 7. Voir par ex., dans le poème de la Création IV, 46, 47. Les textes parlent aussi de luinâshi ou séries de 7 étoiles que l'on regardait comme des images des dieux. On admettait aussi l'existence d'esprits mauvais, les utukku, divisés en 7 catégories terrestres et 7 catégories célestes qui avaient pour mission de répandre dans le monde les Héaux des maladies; de 7 Igi(ji ou espi-its célestes [Mythe d'Etana, cf. fragm. Schki: , I, 10; ou fragm. K 2607, 1. 17). Dans un passage relatif à la création, on nous parle « de 7 et 7 mères : 7 construisirent les mâles et 7 construisirent les femmes. (Ea et Alarkhasis, IV, 0 et lO). Le déluge avait duré 7 jours; le 7* jour après qu'il eut cessé, le héros lâche une colombe, puis d'autres oiseaux {Gilgam. XI, 128, 146). Le prêtre ashipu devra disposer 7 casso- lettes, remplir 7 vases de vin, dresser 7 autels, préparer 7 vases de miel, d'huile, de beurre, etc. (K 3245, I, 31-32; II, 10; IV, 27, dans Martin, TR, 253 et 263). Et l'on pourrait citer bien d'autres textes.

3. Gazri, aujourd hui tell Djezer à 51 kilomètres de Lydda, sur le che- min — un peu à droite qui mène de Jaffa à Jérusalem. Elle appartien- dra aux Hébreux sous le règne de Salomon (I Beg. IX, 16; Jos. XVI, 10; Jud. î, 20). De 1902-1!)05, R. A. Stewaht Macalisteh dirigea fouilles qui furent faites au nom du Palestinn Exploration Fund. 11 constata, entre autres choses, à la partie inférieure du tell, des cavernes avec des usten- siles en silex habitaient des hommes du 3* millénaire av. J.-C; au-dessus, la ville cananéenne la nôtre ; plus haut encore, une ville antéiieure à la Captivité, et enfin la ville postérieure à In Captivité des Israélites. Voir t. I, 2(54.

4. Pii-ukh-ri-ish [!)-nn.

EN CANAAN ÉPOQUE D'EL-AMARNA 175

« tient; et oii est ce qui appartient à Milkili'. Je connais « l'aclion de Milkili contre moi.

« En outre le roi m'a écrit au sujet de Dumuia, Je ne sache « pas que Dumuia soit allé avec la gent sa-gaz-. Je Fai livré « aux mains d'Addaia.

(( En outre, même si le roi avait écrit an sujet de ma

1. Ce passage n'est pas clair. Quoi qu'il en soit, Labaia se plaint de Milkili. On avait accusé Dumuia d'avoir prêté la main aux sa-gaz, et Labaia de l'avoir livré à Addaia. On comprend qvie les roitelets et même les cliefs indigènes fussent tentés de participer aux perpétuelles rébellions et aux razzias des sa-gaz.

2. Dans la correspondance d'El-Amarna, les sa-gaz sont souvent unis aux Shulu et aux Khahiru et, par conséquent, ils doivent être eux aussi des bandes nomades de pillards toujours prêts à faire quelque razzia ou quelque incursion contre les villes soumises à l'Egypte; quelquefois, au contraire, ils s'unissaient aux gens du pharaon, s'ils estimaient plus oppor- tune et proGtable cette pratique.

On a agité assez vivement la question de savoir si les Khahiru étaient identiques a«ix sa-gaz ou bien s'ils constituaient des bandes spéciales.

sa-gaz est un idéogramme : gaz =r(ia/iu;= tuer (Br. 4(519). sa-gaz, pré- cédé du délerminalif amplu-=z\\on\me, signiûe hhabhalu=:\)'\\\avd (Br, ■3123). Dans une lettre [Am.-L 29832), nous avons (arnélu) sa-gaz (mesh) {luin). Mesh est le déterminatif qui indique un pluriel; tuni déterminatif phonétique; ce qui suppose une lecture (awje/u) kliabhatum.

Nous rencontrons ces hhabhalu non seulement en Canaan, mais aussi au pays d'Amurru. Dans nos lettres, nous les voyons, à l'appel des chets, •accourir, assiéger les villes, y pénétrer quelquefois sans combat à la suite d'un accord préalable avec les habitants.

Les Kkabiru exercent, dans le voisinage de Jérusalem, la même action que les sa-gazziz khabbaiu au Nord et le long du rivage de la mer. Ce qui aurait amené la conclusion naturelle que ces Khahiru furent un clan spé- cial des khabbatu s'il n'y avait eu homonymie, au moins apparente, entre Khahiru et 'iberiym (= Hébreux).

Les Khahiru seraient-ils donc des Hébreux?

Philologiqurinenl, rien n'empêche d'identifier Khabiru à '■iberiym, car dans nos Lettres lih correspond à l'hébreu '.

Ilistoriqueinenl, nous n'avons aucun argument, aucun fait qui puisse servir de fondement solide à l'hypothèse de l'identification. Tous ces SA-GAZ, Khabiru, Shutu sont donc des nomades qui volontiers résistent à Vin- fluence des étrangers dans le pays (cf. B. D. Eeudmans : Altt. Stud. II, 65), dont l'amour pour l'indépendance était peut-être excité par le roi de Baby- lone qui n'osait pas encore rompre ouvertement avec l'Egypte, mais qui s'appliquait à afîaiblir son autorité. Cette dernière hypothèse est de M.-J. Lagraxge, dans HB VHl (1899), 127 suiv. Sur les sa-gaz. voir Knudtzon, /.c, 45-53; P. Dhorme in RB (nouv. sér.) VI (1909) 67-73. WiNCKLER, KAT 2, 196-198.

176 L\ LITTEHATURE

« femme, est-ce que je refuserais? Même si le roi m'avait

« écrit : mets un poi^^naid de bronze dans ton cœur et

« meurs! est-ce que je n'aurais pas accompli l'ordre du

« roi ? »

Correspondance privée.

Dans les ruines d'un monument qui pouvait être un temple ou le palais du prince Islitar-washshur, à tell Ta'an- nak^ au sud-est de Megiddo, on a découvert une véri- table petite bibliothèque de tablettes de notre période, parmi lesquelles des lettres privées-. Nous en citerons deux.

Akhi-iami^ a Isiitar-washsiiur*.

« A Ishtar-washshur Akhi-Iami.

*< Que le seigneur des dieux te conserve la vie, car tu es '( un frère, et l'amour est en tes entrailles^ et en ton cœur.

« Comme j'étais à Gurra% en embuscade' quelqu'un m'a « donné deux couteaux% unelance^ et deux massues*"(?) Et « quand la lance était détériorée, cet homme" me la répa- « rait et me l'envoyait par intermédiaire de Buritpi.

« Maintenant : Pleure-t-on encore au sujet de tes villes? « ou t'en es-tu de nouveau rendu maître?... »

1. E. Sellin, Tell Ta^annek, in-4, Wien, 1904

2. Ibul.; elles sont éditées et traduites par Hrozny.

3. Il n'est pas sur qu'A-khi-ia-mi ^ A-khi-ia-wi et que Ion puisse le com- parer à '.n^nM (I lieg., XIV, 4). Peut-être est-il plus sage de le traduire simplemenl par ^'n^-

4. Sellin, 1. c, n" 2.

.5. 7/1.1 ashri ma-à-at. Cf. hébr. : Q»">'^.

(j. Cf. Giir (?), non loin de Ibleam, II Reg. IX, 27.

7. Arhaku ans : guetter, épier, tendre des embûches.

8. (/s) magari.

9. (/s) be-Ut {bélu =:arme).

10. Ou bottes (?) ^)DD = courber, ployer; plutôt massue, ou quelque arme analogue, à cause du contexte.

11. Il s'agit de celui qui adonné ces armes.

EN CANAAN EPOQUE D'EL-AMARNA 177

AmaNKIIASHIR a IsiITAR-I-SriUR'.

« A Ishlar-i-slîur Amankliasliir.

« Le dieu Adad te conserve la vie î

« Envoie Les frères avec leurs cliars; envoie aussi un che- « val, Ion Iribul, et les présents, et tous les prisonniers- qui <' sont auprès de toi; envoie-les demain', à Megiddo^

2. Lettres de puys lun'sins de f'finaan. Chypre.

Nous avons huit lettres écrites de Chypre, sept^ par le roi au roi d'Egypte et une par le préfet* au préfet d'Egypte.

Le roi de Chypre au roi d'Egypte.

« Au roi d'Egypte mon frère, dis : « Ainsi parle le roi « d'Alashia", ton frère. Je me porte bien. Mes maisons, ma « femme, mes enfants, mes princes, mes chevaux, mes « chars, mes pays vont vraiment très bien.

« Que mon frère se porte bien 1 que tes maisons, les « femmes, tes enfants, tes princes, les chevaux, tes chars, « tes pays se portent parfaitement bien I

« Voici, mon frère, que j'ai envoyé mon messager avec « ton messager en Egypte. Lorsque je t'ai envoyé cinq cents

1. SuLLIN, n" 5.

2. {Ainêlùlij asiiiri; cf. hébr. : "".'DS.

3. Unii nia-hha-ri;ci. Prov., XXVII, I : "c ='».

A. Tu'nnnali est à peu de distance do Megiddo. Voir d'autres frag- ments de correspondance du même, dans Skllin, Eine nachlese auf di'in Tell Ta'annelc, \Vien*1905, 'M\ suiv., et Taf. I-III.

5. Amarna-Ber. 105i; l:j:J; Amarna-Lo. 2978i>; 2S788; 29790; Caire, 17 48 ; 4750.

0, Caire, /i74i).

7. Chypre (Cf. W. M. Mullf.h in ZA, X, 257-264).

12

17« LA LITTÉRATURE

« (^talents?) de cuivre', je le Tai envoyé comme présent. Mon (( frère, parce que c'est peu de cuivre, ne le fais pas de cha- <( grin : en mon pays, la main du dieu Nergal- a tué tous « les hommes de mon pai/s, et il n'y a personne pour pré- « parer le cuivre. Mais", mon frère^ ne le chagrine pas. « Envoie avec mon messager ton messager, rapidement, et « tout le cuivre que tu as demandé, mon frère, je le l'en- « veri-ai.

« Tu es mon frère, envoie-moi de l'argent en plus grande « quantité\ Donne-moi de l'argent des dieux. Et moi aussi, (( à toi mon frère tout ce que tu as demandé je te l'enverrai, « ô mon frère.

« Eu outre, mon frère., le bœuf" que mon messager a de- ce mandé, envoie-le-moi, mon frère. Et Thuile de la « bonne , mon frère, envoie-m'en deux mesures.

« Et un conjura leur d'aigles envoie-moi.

« En outre, mon frère, les gens de mon pays me parlent « de mon bois que le roi d'Egypte (désire?) recevoir de (( moi*^

(( En outre, un homme d'Alashia est mort en Egypte et <( ses affaires*' » sont restées en ton pays, mais son enfant et « sa femme sont chez moi. Mon frère, fais prendre les « affaires » des gens^ d'Alashia et remets-les entre les « mains de mon messager, ô mon frère.

« Mon frère, ne le fais pas de chagrin parce que ton mes- « sager est resté trois ans en mon pays, car la main du <( dieu Nergal est sur mon pays et sur ma maison ; ma

1. Il est question d'envois de cuivre presque dans chacune de nos lettres d'Alashia.

2. Dieu des enfers; c'est à lui de peupler son royaume par les maladies, la peste, la guerre, etc.

3. Nous ne conservons pas strictement le » = ', traduit par et. \. Ma-ad <lan-nesh.

5. Peut-être est-ce un singulier à prendre colleclivement.

». La lecture de la demi-ligne f[ui suit n'est pas sûre.

7. U-nu-ln.

H. C'est bien un pluriel ipie nous avons ici.

EN CANAAN ÉPOQUE DEL-AMARNA 179

« femme avait un enfant qui est mort maintenant, ô mon « frère.

« Ton messager avec mon messager envoie vite : j'en- « verrai un présent pour toi, mon frère.

« En outre, mon frère, l'argent que je t'ai demandé envoie « en plus grande quantité, ô mon frère; et les « affaires » <i que je t'ai demandées, mon frère les enverra, et tout ce « dont il est question, mon frère le fera, et tout ce dont tu « pourras me parler, je le ferai.

« Avec le roi des Khatti et avec le roi de Shamkhar ne « fais pas alliance. Et moi, tout ce que mon frère a pu m'en- « voyer de présents, je t'en ai envoyé deux fois autant*. »

2. Lettres du Mitanni^.

Le pays, du Mitanni dont le peuple est apparenté aux Hittites, comprenait le nord de la Syrie et de l'Assyrie au- dessus de Ninive.

TUSHRATTA A AmENOPHIS IIP.

Gilukhepa, sœur de Tushratta, était à la cour d'Ameno- phis III \ Le pharaon demande en mariage au roi du Mitanni sa fille Tatumkhepa.

Tushratta est enchanté de cette proposition.

« A Nimmuria^ le grand roi d'Egypte, mon frère, mon « gendre, qui m'aime et que j'aime, dis : « Ainsi parle « Tushratta, le grand roi, ton beau-père qui t'aime, roi du « Mitanni, ton frère :

<( Je me porte bien. Toi, porte-toi bien! Que ta maison,

1. Le sens des deux dernières lignes est obscur.

2. Nous avons sept de ces lettres; une est écrite en idiome mitannien.

3. Amarna-Lond. 29791. On pourra noter la répétition du et par lequel nous traduisons le u, correspondant du i hébreu qui est souvent, on le sait, un signe de séparation des phrases plutôt qu'une conjonction.

4. Amarna-Lond. 29792.

5. On trouve encore Mimmuria, Nimulria, Nibmiiria, etc., équivalents de Neb-ma't-B'a, nom égyptien d'Aménophis III.

180 LA LITTEHATUUE

<( ma sœur' et tes autres femmes, tes enfanis, les chars, les (( chevaux, tes troupes, ton pays, et tout ce qui t'appartient « se portent parfaitement bien !

« En leur temps, tes pères furent avec mes pères en « solide relation d'amitié: tu as enchéri de beaucoup, et (( avec mon père tu as été en très solide relation d'ami lié, (( Maintenant, toi et moi, nous sommes en relation de ;( mutuelle amitié. Celle amitié, tu Tas faite dix fois j)lus (( solide qu'avec mon père. Puissent les dieux conduire ces « choses de sorte que nous demeurions en relation d'amilié. « Puissent Teshub", mon seigneur, et Amon, pour Téter- « nité, comme cela est maintenant, le proclamer^

« Et lorsque Mane, mon frère, envoya son messager, ainsi <( parla mon frère : <( Mène-moi ta fdle pour femme, pour « souveraine d'Egypte! »

« Je ne remplis pas de douleur le cœur de mon frère, mais (( je lui accordai cela. Et celle que mon frère me demanda, « je la montrai à Mane; et il la vit, et, lorsqu'il l'eut vue, « il la préféra'* de beaucoup aux autres (?) Puisse-t-elle être « reçue saine et sauve au pays de mon frère ! Puissent Ishtar « et Amon la rendre conforme au désir^ de mon frère!

« Gilia, mon messager, m'a apporté les paroles de mon « frère. Lorsque je les entendis, elles me furent très « agréables, et je m'en réjouis certes très grandement. Je « dis ainsi : « Que ce soit chose sacrée, qu'entre nous nous « soyons pour toujours en relations de mutuelle amitié! »

« Voilà! Sur ces paroles établissons pour toujours des « relations d'amitié.

« Lorsque j'écrivis à mon frère et que je lui parlai, en « vérité, je dis ainsi : « Soyons en très solides relations

1. C'est-à-dire la femme du pharaon,

2. Dieu de l'orage chez les Ililtiles.

3. Verbe futhà, cf. n's:.

4. De atû (?), w</m = regarder quelqu'un de préférence aux autres.

5. Lillér. : au cœur.

CHEZ LES HITTITES 181

« d'amilié, el entre nous soyons en bons termes. » Et à « mon frère je dis ainsi : « Que mon frère m'accorde dix « fois plus abondamment qu'à mon père! »

« Et de mon frère j'obtins beaucoup d'or, avec ces mots : « Beaucoup plus qu'à mon père puisse-t-il m'échoir et « puisse mon frère m'envoyer! » et à mon père tu envoyas « beaucoup d'or, de grands récipients à sacrifice en or. et « tu lui envoyas de grands vases (?) en or. Un plateau en or « semblable à cuivre pur' tu lui envoyas. Quand, moi, j'en- « voyai Gilia à mon frère et que je demandai instamment « l'or, en vérité je dis ainsi : « Puisse mon frère dix fois « plus qu'à mon père me faire donner, et beaucoup d'or que « l'on ne puisse compter puisse-t-il m'envoyer! que mon « frère m'envoie beaucoup plus qu'à mon père! » Et alors « je parlai ainsi à mon frère : « Le karashku de mon grand- « père puissé-je faire! » Ensuite, en vérité, je dis ainsi : <( Gomme un fidèle... je ferai l'attirail. »

(L'or n'a pas encore été envoyé, car Thushratta le de- mande avec insistance. Il demande aussi que l'on renvoie le plus tôt possible son messager, et enfin il fait une énu- mération des cadeaux qu'il envoie au pharaon : grand objet en or avec des lapis lazuli, des morceaux d'or, deux belles pierres khulalu serties en or, 10 attelayes de che- vaux, 10 chars en bois, et 30 femmes).

ARTICLE II

Chez les Hittites.

C'est au xiv" s. av. J.-G. que les Hittites ont atteint l'apogée de leur puissance-.

1. Pur pour ma-a-zu qui veut dire : exprimer, macérer; par conséquent : dont on a extrait toutes les matières impures.

2. Cf. t. I, 270.

182 LA LITTEHAÏURE

Les principales sources de leur Littérature sont des ins- criptions^ hyéroglyphiques \.ix\\{bV en reliefs i^nioi incisées ^ et des lahletles cunéiformes dont plusieurs niilliers ont été découverts à Boghaz-keui-, en 1906. Ces tablettes cu- néiformes sont écrites, les unes en hittite, les autres en sémitique babylonien ; elles contiennent des vocabulaires hittites-babyloniens qui ont donné la traduction d'une centaine de termes.

Il est admis aujourd'hui, que la Inngue n'est pas sémiti- que ; divers indices portent à croire qu'elle est indo-euro- péenne".

On a réussi à identifier, jusqu'à ce jour, 200 hiérogly- phes\ On estimera peut-être que c'est peu ; mais il ne faut pas oublier que l'on n'a pour s'aider dans le déchiffrement qu'un seul texte bilingue : l'empreinte du petit sceau de Tarkondemos^ (et le sceau d'Indilimma, si toutefois ces soi-disant hiéroglyphes ne sont pas de simples symboles*).

Les textes des tablettes cunéiformes ont fourni des résultats bien plus appréciables; nous citerons ici les deux documents les plus importants : le Code de Lois hittites et le Traité entre Khattusil et Ramsès II.

1. Le Code hillile\

Ce Code est écrit, sur tablettes d'argile, en caractères cunéiformes et en langue hittite. On ignore quel roi le fit rédiger; on suppose que ce fut l'un de ces trois : Shub-

1. Index de ces inscriptions dans Gastrang, Ilitlites, 395-401.

2. Cf. t. 1, 242.

3. L. c. 236 : Aryens.

4. GoNTENEAu, Bibliogra])fiie hiil., p. 17.

5. Citons, ici, les études que pul)lie C. Autban (chez Geutiineu) sous le titre Tarkondemos.

G. Résumé de ces questions dans Contlneau, 1. c. 7-16.

7. Découvert par H. Wincklkh, en Asie Mineure, dans la vieille capi- tale des Ilitlites appelée Khadiishash (aujourd'hui lioghaz-heiii). 11 a été traduit pai' II. Zimmehn, avec la collaboration de J. Krikdiuch [Ilelhilische Gcseize um 1300 v. Chr.) in-8, Leipzig- 1022 et par F. IIhozny sous le titre

CHKZ LES HITTITES 183

bilulinma (1390-1350 environ), Murshil II (1347-i310 en- viron), Khallushil ; 1300-1 270 environ).

Nous citerons de larges extraits de ce Code à cause du jour qu'il projette sur la vie de ce peuple dont le nom se rencontre si souvent, sous la forme Khitliym (Het/uiei, Hé- thée/hs), dans les premiers « livres historiques » de la Bible.

Groupons, d'abord, quelques-unes des données princi- pales qu'il nous fournit'.

Au-dessous du roi, il y a des hommes d'armes et des vassinix liommes de fief-. ») On distingue, dans la plu- part des articles, entre hommes libres et esclaves.

Le terme hommes (larmes, est assez vagne. Un article' nomme les guerriers, les archers, les pages d'écurie, les écuyers.

Il est question (:/'c7.s50c/e.v des hommes libres'*.

On distinaue entre hommes et femmes instruils et non instruits;^ et il s'agit sans doute de gens du peuple, puis- qu'on les loue.

Le législateur s'occupe des médecins*, des marchands % des mêleurs c/'o/?(/«e/i^5 (pharmaciens ?'), desbarbiers^ des ouvriers en métaux'", des forgerons", des charpen tiers *^

(Iode hill'Ue 1»'= parlie (Iranscriplion, U'aduclion française, 20 planches) in-8 Paiis 1922. Nous cilerons d'après la numérolation des paragraphes de ceUe traduction française.

1. Nous regrettons ijue le 2"* vol de Ilnoz. [Cominenlaire) n'ait pas eucore j)aru au moment nous terminons ce rapide résumé (rapide, afin de ne pas ajouter de nouveaux relards à l'impression du présent ouvrage).

2. Passim.

3. .54.

4. 50.

5. 147 et 177. ti. 10.

7. 5.

8. 175 1. 17 el 35 1. 25. y. 144.

10. .56.

11. 176 B 1. 24 el 20U B 1. 29.

12. L. c.

184 LA LITTÉRATURE

des potiers', des lisserands, des lailleurs, des cordonniers, des fabricants de lacets-, des bergers^, des jardiniers \ des oiseleurs, des éleveurs de chiens® et d'autres animaux' : porcs, clievaux, bœufs.

Un article** nous fait connaître toute une série de vête- ments : vêtement de dessous^ (de 30 sicles d'argent), et habit de dessous (de 3 sicles d'argent), culotte, habit de dessus, vêtement fendu de 3 sicles d'argent), vêtement de laine azurée (de 20 sicles d'argent), bandeau (précédé du déterminatif des vêtements : tùg)^ vêtement im-ki.

Dans le même article "*, il est question de drap et de toile; un peu plus loin" de peaux d'agneau, de chevreau, de mouton, de chèvre, de veau, de bœuf. Et ailleurs on parle de souliers de cuir '-.

1. L. c.

2. Le mot lacet est précédé du déterminatif drap : liig S 176 B L 24.

3. Passim.

4. 56.

5. 177 \. 27.

6. 88.

7. 77 suiv. ; 81 suiv.

8. 182.

«>. Cf. 144, 1. 11.

10. 182 Col III, Rev. 1 et 2.

11. 185 A.

12. 22. Dans une des plus récentes études sur les Ililliles [La Glyp- tique sijro-hiltite, in-8, P., 1922) M. G. Conteneau, s'appuyant sur les monuments archéologiques, signale comme :

.1. Costatne masculin : un sous-vêtement qui consiste en un pagne slrié, sorte de « vêtement de pudeur, •) et un caleçon collant ou maillot dont le pagne paraît faire partie quelquefois, avec une ceinture large qui serre et amincit la taille. Par-dessus, le manteau bordé d'un galon à rayures cou- vrant l'épaule et l'avant-bras gauches et laissant à découvert l'épaule et l'avant-hras droits, et fi.\é par des fibules. La coiffure consiste en une calotte ou turban; plus tard en un haut bonnet légèrement incurvé soit en avant, soit en arrière.

li. <2o»lume féminin : longue robe, soit unie, soit plissée verticalement, serrée à la taille par une ceinture; (pielquefois une robe ;i volants, c'csl-à- dire à stries iiori/.ontales « étagées », donnant l'impression de bandes super- posées soit en fourrure, soit en étoffe. La coiffure féminine est une haute tiare cylindri(jue d'où part un grand voile qui encadre le visage et descend jusqu'aux pieds, souple, et assez large i)Our envelopper tout le corps.

Le soulier à pointe relevée, enfm, est bien connu. Cf. 1. o. 15-31.

CHEZ LES HITTITES 185

On mentionne plusieurs fois le palais royal, les maisons*, les granges-, les greniers'; et les briques et les pierres de fondement pour les bâtira

A la porte du palais, il y avait un (peut-être plusieurs) emblème ou étendard en bois^

Divers articles du Gode se rapportent aux portes% lits", chariots^. charrues'' plats"*, couteaux et rasoirs", lances*-, colliers pour les animaux '% harnachements dont certaines parties sont, quelquefois du moins, en bronze'', et les autres en cuir'^

Dans les écuries ou les basses-cours, on élève des che- vaux'% des mulets*', des ânes'^ des bœufs '% des porcs -\ des moutons^*, des chiens : chiens de berger-- et chiens de garde (?)-\ On élève les abeilles, dans des ruches-'.

L'agriculture est développée. Des canaux d'irrigation

1. On parle (49, 1. bl^ de la cellule ou prison royale pour les détenus (elle a comme déterminatif l'idéogramme du bois). Il semble (cf. IIroz. 37 note 32) que les durs travaux des routes, des forges, etc., fussent confiés, du moins en partie, aux détenus : 49.

2. 100.

3. 96-97.

4. 128.

5. 126.

6. Passim; v. g. : 171, 1. 5.

7. Ibid.

8. 122.

9. 166.

10. 157, 1. 1.

11. 143 (144 : « couteau de barbier ».).

12. 126, 1. 12.

13. 125 I. 9.

14. 129 1. 27. 1.5. 125 I. 9.

16. 58.

17. 70.

18. 76.

19. 57 suiv.

20. 81 suiv.

21. 62 (béliers : 59; brebis : 65; boucs : 65).

22. 87-88.

23. Chiens d'avant cour : 89. Il n'est pas sûr qn'il s'agisse de chiens de garde puisque ailleurs (82) il est question de porcs d'avant cour.

24. 91 suiv.

186 LA LITTÉHATURE

sont creusés à travers le pays', qui perineltenl d'arroser les champs (le terme itrroseur est même employé, clans ce Gode, à peu près comme synonyme de cultivateur'^). Nou8 constatons que l'on cultive les oignons \ des arbres frui- tiers* : grenadiers, poiriers, pommiers", lavigne% Forge".

Un article* nous apprend qu'il y a des corporations d'a- griculteurs.

Du fait de la possession, du louage ou de l'administration des champs résultent des impôts, contributions, travaux, etc.. au profit du roi, du temple ou de la communautés

On loue des locaux (établQS*", maisons", villages même'-), des objets (plats et plateaux en métal'''), des animaux (bœufs'^ chevaux'^), des personnes'".

Signalons, parmi les comestibles et les boissons : le pain" la viande de bœuf, de chevreau, d'agneau, de mouton '% de porc'", le beurre et le fromage, le miel-"; on a du vin^' et de la bière --.

1. 102.

2. 48-49 et no I, A i; 40-41. Voir Iluoz. 42 note I.

3. 101 1.4.

4. 109.

5. 104-105.

6. 101; 113.

7. IGl, etc.

8. 49 1. 54.

9. Hnoz. 31 note 14.

10. 145.

11. 146.

12. 146.

13. 157.

14. 78.

15. 152.

16. 42; 147; 150; 158; 176 B, 1. 23^ suiv.; 167.

17. Levain 181, 1, 47; blé (oi-ge) 161, etc.

18. 186.

19. 181 1. 45 (son prix). Citons lait. 90 (jui ne manque pas de saveur : Si un chien dévore du saindoux, le maître du saindoux le prend et le lac, ensuite il prend le saindoux de son ventre. Il n'i/ a pas de compensation.

20. Cf. 181.

2L 16i; 183, 1. 4. 22. h;7.

CHEZ LES HITTITES 187

On utilise les métaux. D'abord, les amendes, les salaires, les prix des animaux, des denrées, etc., sont indiqués sur- tout en sicles (ou même en mines^) d'argent-. On a des lances dont la pointe^ est en bronze: le bronze est, quel- quefois du moins, un ornement du harnacbement des chevaux ou des mulets*. On fait usage de plats ou de plateaux en bronze aussi^ et d'autres en cuivre^, de réci- pients eu cuivre', de figures [?) de cuivre% de couteaux et ' de rasoirs en cuivre*.

Au point de vue religieux., nous apprenons peu de chose. On mentionne le dieu'" Soleil el le dieu Teshup'^ Il est question de prêtres'" et aussi de sacrificateurs", semble-t-il : de vêtements pour le sacrifice '\ Avant de partir pour une expédition guerrière, sans doute on fait un oblation de fine farine ou une libation de vin'^; et, afin de trouver sa maison iulacte quand on reviendra, ou la « consacre » par l'oblation d'un mouton, de 10 pains, d'une mesure de bière". On fait aussi une oblation de fine farine pour con- sacrer la limite d'un champ que l'on acquiert '\ Il est un autre'* cas pour lequel on offre en sacrifice 5 moutons, 30 pains, 3 mesures de bière : « si sur une semence une

1. 5.

2. Par ex. : 180 1. 39; 182 HI Rev. 1.

3. 126 1. 12 {ils) siii-KAK. D'après les monuments, celte pointe était Iriangulaire.

A. 129. 1. 26-27.

5. 157, 1. 1-4.

6. 160-161, 1. 14 el 16.

7. 160 [erû] pisan.

8. 126 1. 13.

9. 143-144.

10. Hnoz. : déesse.

11. 169.

13. 200 A 1. 25.

13. 168.

14. 182.

15. 164.

16. 168.

17. 169.

18. 166-167.

188 LA LITTÉRATURE

(autre) semence (|uelqu"un sème » et qu'il y passe la charrue.

Dans ce Gode, il n'est pas question de contrat de mariage. Ce sont les parenls (pii disposent de leur fille, moyennant « le prix d'achat « de la femme. Le mariage peut être (s'il ne l'est pas toujours), précédé de fiançailles par lesquelles « la fille est liée à l'homme*. »

Il est difficile de voir à qui est confiée l'administration de la justice: il n'est guère question du trihunal qu'une fois-.

Les AHTiCLES DU Gode\

Tels qu'ils se présentent actuellement, les articles ne paraissent pas groupés autour de titres nettement divisés: mais il nest pas hors de doute que les scrihes* de nos tablettes aient respecté" Tordre qui existait peut-être dans le Codex original. On pourrait cependant proposer trois rubriques^ à condition que ce soit d'une manière tout à fait générale: L Des Personnes; IL Des Animaux; III. Des Choses (puis, quelques articles, intéressants d'ailleurs, rela- tifs aux Personnes et aux Animaux).

Les articles les plus nombreux ont pour objet le vol, le louage, l'homicide, les coups et les blessures.

Souvent le législateur fait observe que la Justice n'est pas aussi sévère qu'autrefois : les sanctions sont adoucies; bien

\. Cf. 29.

2. 38.

3. Nous utiliserons les deux liaduclions citées ci-dessus quand elles ne diffèrent pas profondément. Nous suivrons de plus près IIhozny qui a une compétence spéciale; mais naturellement des réserves s'imposent toujours sur l'exactitude rigoureuse de la traduction de textes écrits en une langue encore mal connue. Nous ne prétendons pas nous faire juge de cette exactitude.

4. Ceux de la tablette I étaient Khanima-ilini-ish, avec l'assistance de ses élèves, les peiils-Ols de Kartiruivash, et un autre I(haninui-ilim-i»h. Hnoz. p. 99 1, 1-1 du Bord gauche.

5. Cf. IIhoz. p. 10<l-l<tl, note 1.

CHEZ LES HITTITES 189

des fois, il indique quelle était jadis la peine précise (amende ou autre) infligée à tel ou tel délit.

1. « Si quelqu'un tue, avec prémédilalion, un homme <( ou une femme il doit rendre le cadavre; il doit aussi « donner 4 personnes, hommes ou femmes. Il acquitte ainsi « sa dette.

2. « Si quelqu'un tue, avec prém édition, un ou une « esclave, il doit rendre le cadavre, il doit aussi donner « 2 personnes, hommes ou femmes. Il acquitte ainsi sa « dette.

3. « Si quelqu'un blesse grièvement un homme ou « une femme libre, et qu'il en meure, si sa main seule « pèche*, il doit rendre le cadavre, il doit aussi donner deux « personnes. Il acquitte ainsi sa dette-.

4. « S'il s'agit d'un ou d'une esclave, le meurtrier « devra rendre le cadavre et donner une personnel

5. « Si* quelqu'un tue un marchand de la ville de Khatti « à cause de son savoir, il donne... mines d'argent; il doit « aussi donner une indemnité égale à 3 fois l'avoir. Que si « quelqu'un n'a pas pris l'avoir, mais qu'il ait tué cepen- « dant avec préméditation (c'est-à-dire : si ce sont des « motifs personnels, et non pas le vol qui ont déterminé « l'homicide) il ne donne que 6 mines d'argent. Si sa main « seule a péché, il ne donne que 2 mines d'argent.

6. « Si une personne, un homme ou une femme, meurt (( dans une ville quelconque (l'héritier coupe et prend « 100 giheshshar'' du champ du circuit elle meurt^

7. « Si quelqu'un blesse une personne libre ou fait

1. C'est-à-dire : si cesl par hasard, sans prémédilalion.

2. Ex. XXI, 12-13... S'il n'a pas eu cet homme en vue, mais que Dieu Vait présenté à sa main, je le fixerai un lieu il pourra se réfugier.

3. Cf. Ex. XXI, 20.

4. Cet art. est emprunté au \ qui est plus clair, et daprès Zimmekn, p. 5, n. \.

5. Mesure de longueur et de surface IIuoz. p. 7, n. 23.

6. Code Ilammur. 207.

190 LA LITTER.\TURE

« tomber ses dénis, autrefois on donnait 1 mine d'argent, « mais maintenant il donne 20 sicles d'argent. Il acquitte <t ainsi sa dette.

8. « S'il s'agit d'un esclave, l'amende et de 10 sicles ^

9. (c Si quelqu'un frappe une personne à la tête, autre- « fois on donnait 6 sicles d'argent dont 3 sicles d'argent « pour le blessé et 3 sicles d'argent pour le Palais, mais^ « maintenant, le roi a aboli (l'amende) pour le Palais; c'est « pourquoi il n'y a plus que le blessé à recevoir 3 sicles « d'argent.

10. « Si quelqu'un frappe une personne, la met à mal « et dans l'impuissance de travailler, il doit en écbange « fournir une (autre) personne; et dans sa maison elle tra- « vaille, pendant que celle-là guérit. Puis lorsque celle-là « guérit, alors il donne 6 sicles d'argent. De même, il « donne au médecin- son salaire ^

11 et 12. Pour un bras ou une jambe cassés, amende de 20 sicles d'argent s'il s'agit d'un homme libre; 10 sicles, s'il s'agit d'un ou d'une esclave''.

17. « Si quelqu'un fait avorter une femme enceinte de « 10 mois, il doit payer 10 sicles d'argent'; si c'est le « mois, il doit payer 5 sicles d'argent. Il acquitte ainsi sa « dettes

18. Pour une esclave enceinte de 10 mois, 5 sicles d'ar- gent ^

1. Ex. XXI, 27.

2. Hammuiabi (Code, 215-227) 6xe le salaire des médecins ou chirur- giens, en divers cas.

3. Ex. XXI, 19.

4. Pour un nez jjrisé, une mine d'argent : 13 cf. Ilammu. 197; s'il s'agit d'un esclave, 3 sicles : 14; pour l'oreille fendue, 12 ou 3 sicles d'argent, suivant qu'il s'agit d'un homme libre ou d'un esclave : 15 et 16.

5. C'est l'amende fixée par les Codes shumérien (Clay Miscell. PI. XVI, 1-5) et de Hammur. 209, sans rien préciser pour le temps de la gros- sesse.

6. Ilam. 209; Ex. XXI, 22-25.

7. Sans rien déterminer pour la date de la grossesse, le Code shumér. impose 1/3 de mine (1. c, 1. 0-10) et celui de Hammur. ait. 213, 2 sicles.

CHEZ LES HITTITES 191

19*. « Si un Lûyen a volé un ou une Hittite et l'a u emmené au pays de Lùja' et que son maître (réussisse) « à s'en emparer, (le voleur) doit livrer sa maison.

19''. « Si, au contraire un Flittite en pays hittite a volé « un Lûyen et l'a emmené au pays de Lûya autrefois, « il devait donner 12 personnes; maintenant, il ne doit « plus donner que G personnes. Il acquitte ainsi sa dette".

27. « Si un homme prend sa femme' et l'emmène dans sa maison, » il verse la dot aux parents de sa femme. Si celle-ci meurt, les parents rendent à Ihomme son bien, et lui, il prend la dot, « Mais si la femme meurt dans la mai- son de son père, » le mari ne prend pas la dot pour ses enfants.

28"^. Si une fiile était promise à un homme et qu'un autre l'épouse, elle doit rendre au premier ce qu'il lui avait donné, mais ses parents n'ont rien à rendre.

28*^. Si ce sont les parents qui la donnent à un autre, en ce cas, ils doivent rendre ce qu'ils avaient reçu.

29. « Si une fdle est liée (fiancée) à un homme et qu'il « lui ait donné le prix d'achat (de la femme), mais qu'en- <( suite les parents combattent cela et l'ôtent à l'homme, « alors ils restituent 2 fois le prix d'achat (de la femme'*.)

30. Si l'homme refuse la jeune fille avant de l'avoir épou- sée, il perd le prix qu'il a versée

,31. <( Si un homme libre s'éprend d'une esclave et qu'ils « aillent ensemble, qu'il la prenne pour femme et qu'ils « fassent une maison et des enfants, mais qu'ensuite ils se « fassent du mal l'un à l'autre ou se brouillent, alors ils

1. Lûya serait Arzawa. Ilnoz. H n. 7.

2. Autres cas relatifs aux esclaves que l'on volerait ou qui se seraient enfuis,

3. Ni dans cet art. ni dans un aucun autre, il n'est question de contrat de mariage. Dans le Code de Hammurabi, art. 128 : « Si quelqu'un a épousé une femme sans contrat, celte femme n'est pas épousée. »

4. Gode Ham. 1(30.

5. Id. 150.

192 LA LITTERATURE

« partagent la maison; Thomme prend les enfants, mais la « femme en prend un.

32-33. Même droit si un esclave épouse soit une femme libre, soit une esclave.

35. « Si un mêleur d'onguents ou un pasteur épouse une « femme libre, il ne lui donne pas le prix d'achat (de la « femme), et elle devient esclave pour 3 ans*.

40. <( Si un homme d'armes périt et qu'un vassal vienne « et dise : u ceci sera mon service % et ceci mon fief! » « alors, il pourvoit au champ de l'homme d'armes, et il « prend (aussi) et fait son service '. S'il refuse le service, il « perd aussi le champ vacant de l'homme d'armes, et les (( gens de la ville le cultivent. Si le roi donne un prisonnier « de guerre, on lui donne le champ, et il devient homme « d'armes.

41. Mêmes dispositions si c'est le vassal qui meure et que l'homme d'armes se comporte comme le vassal de l'ar- ticle 40.

42. « Si quelqu'un loue une personne et qu'elle aille dans « le camp et meure, si le prix du louage est donné, alors il « ne compense pas; si son prix de louage n'est pas donné, « il donne une personne. Comme prix de louage, il donne « 12 sicles d'argent, et comme prix de louage dune femme « il donne G sicles d'argent.

46 « Si. dans une ville, quelqu'un reçoit comme présent « des terres, un fief, il fait le service (du champ, du fief). « Si peu de champ lui est donné, il ne fait pas le service « (du champ), mais (ceux) de sa maison paternelle le font. « S'il prend les terres du maître du présent comme il « prend le service d'armes, ou que les hommes de la ville

1. Art. 3(> (interprét. IIuoz.) Si un esclave donne le cadeau conjugal à un fils libre et prend celui-ci (comme époux de sa fille), en ce cas, per- sonne ne le fait sorlir (de son nouveau milieu social?)

2. Charge ou service d'armes.

3. Cf. supra p. 4, les charges qui élaienl inhérentes à l'exploitation des champs.

CHEZ LES HITTITES 103

(( lui donnenl des terres, alors il fait le service des terres'.

49. « Si un arroseur^ vole, il n'y a pas de compensation « lui imposer). S'il (fait partie) d'une corporation, alors « sa corporation restitue. Quand on les a tous pris (comme) « voleurs, on les a tous maltraités ou bien on les a mis en « détention. Aussitôt qu'on a saisi celui-ci, aussitôt qu'on « a saisi celui-là, on les a mis dans la cellule royale.

51. (( Autrefois, qui était devenu tisserand dans la ville (( d'Arinna, sa maison était libre, ses associés et sa parenté (( étaient libres ; mais, maintenant, sa maison est libre; ses « associés et sa parenté s'acquittent du service (des terres, (( etc.).

« Pareillement, dans la ville de Zippalanda. »

53. « Si un homme d'armes et son associé sont ensemble ft et se font du mal, » ils partagent leur maison (gens et bétail.) La majeure partie est pour le premier.

54. « Autrefois les guerriers Manda, les guerriers Shâla, (( les guerriers de la ville de Tamalki, les guerriers de la « ville de Khatrâ, ceux de la ville de Zalpa, ceux de la ville « de Tashkhinia et ceux de la ville de Khemuva, les archers, « les ouvriers en bois, les pages d'écurie et les écuyers ne « faisaient pas le service (du champ, etc.), ils n'exécutaient (( pas la charge du (champ, etc.).

56. (Interprét. nuoz.). De l'obligation d'aller dans un camp fortifié pendant une expédition du roi, et de cueil- lir des raisins dans la vigne des ouvriers en métaux per- sonne n'est libre. Les jardiniers font tout le service (du champ, etc.).

57. « Si'* quelqu'un vole un grand bœuf si ce bœuf « n'a pas un an, ce n'est pas (encore) un grand bœuf; si (( c'est un bœuf de deux ans. (en ce cas) c'est un grand

1. A l'art. 47 A, il s'agit de champs reçus comme présent du roi. Ils sont exempts d'impôts (service).

2. Cf. supra, p. 18G.

3. Pour 57-60, cf. Ex. XXII, 1-4.

13

194 LA IJTTi-:RATURR

« bœuf, aulrei'ois, on devait donner 30 bœufs; aujour- « d'hui, il n'esl tenu de donner que 15 bœufs savoir) : « 5 bœufs de deux ans, 5 bœufs d'un an, 5 bœufs au-des- « sous d'un an. Il acquitte ainsi sa dette. »

58. « Si quelqu'un vole un grand cheval s'il n'a pas un « an, ce n'est pas (encore) un grand cheval, s'il a un an, (( ce nest pas encore un grand cheval; s'il a deux ans, (en « ce cas) c'est un grand cheval autrefois, on devait don- « ner 30 chevaux; aujourd'hui, il n'est (plus') tenu de don- « ner que 15 chevaux savoir) : 5 chcA^aux de deux ans. (( 5 chevaux d'un an, 5 chevaux de moins d'un an. C'est « ainsi qu'il acquitte sa dette. »

59. « Si quelqu'un vole un bélier, autrefois on devait « donner 30 moutons; aujourd'hui, il ne doit (plus) donner « que 15 moutons savoir) : 5 brebis de laine, 5 béliers, « 5 agneaux. Il acquitte ainsi sa dette. »

63 « Si quelqu'un prend un bœuf de labour, autrefois on « devait donner 15 bœufs; aujourd'hui, il ne doit (plus) « donner que 10 bœufs savoir) : 3 bœufs de deux ans, « 3 bœufs d'un an, 4 au-dessons d'un an. Il acquitte ainsi « sa dette.

64. Sanction analog^ue s'il s'aoit d'un cheval d'attelaee.

67 « Si quelqu'un vole une vache, autrefois on devait <( donner 1 2 bœufs ; aujourd'hui il ne doit (plus) donner que « 6 bœufs savoir) : 2 bcjeufs de deux ans, 2 bœufs d'un « an, 2 bœufs au-dessous un an. Il acquitte ainsi sa dette »

68 Sanction analogue s'il s'agit d'une jument de trait.

74 « Si quelqu'un casse la corne d'un bœuf ou le pied « d'un bœuf, il prend pour soi ce bœuf, mais il doit don- « ner au propriétaire du bœuf un bon bœuf, mais si le pro- <( priétaire du bœuf dit : « ,Ie prends plutôt mon bœuf » il « peut prendre son bœuf, mais (le voleur) doit lui payer « 2 sicles d'argent. »

75. « Si quelqu'un attelle un bœuf, un cheval, un mulet, « un âne et que 1' (animal) meure, ou que le loup le dévore.

CHEZ LES HITTITES 195

« OU qu'il périsse (n'imporle de quelle autre manière), il (( doit lui (au propriétaire) donner l'équivalent; mais s'il « dit : « C'est plutôt par la main de Dieu ' {ou : du dieu) « qu'il est mort! » il est obligé de jurer cela.

77^". « Si quelqu'un frappe une vache pleine et la fait « avorter, il doit payer 2 sicle& d'argent ; si quelqu'un frappe « une jument pleine et la fait avorter, il doit payer 2 sicles « d'argent (Var. : 3 sicles).

77 ^. « Si quelqu'un crève l'œil d'un bœuf ou d'un cheval, « il doit payer 6 sicles d'argent. Il acquitte ainsi sa dette. »

79. <^ Si des bœufs vont dans un champ, le propriétaire « du champ peut les prendre et les atteler un jour; mais « quand les étoiles paraissent, il doit les rendre à leur pro- « priétaire. »

81. « Si quelqu'un vole un porc d'engrais, autrefois on devait donner une mine d'argent; aujourd'hui il n'a (plus) à donner que 12 sicles d'argent. Il acquitte ainsi sa dette'-.

86. « Si un porc va dans une prairie, un champ ou un « jardin, et si le propriétaire de la prairie, du champ ou du <( jardin le blesse et qu'il meure, il doit rendre le (cadavre) « à son propriétaire. S'il ne le rend pas, on le met en déten- « tion.

87-88. Pour avoir causé la mort d'un chien on est frappé d'une amende de 20 ou de 12 sicles d'argent, sui- vant qu'il s'agit d'un chien de berger ou d'un chien d'éle- veur de chiens.

91. « Si quelqu'un vole des abeilles dans une ruche « autrefois, on donnait 1 mine d'argent, mais, mainte- « tenant, il donne 5 sicles d'argent. Il acquitte ainsi sa « dettes

1. Cf. pour cette expression, p. 189, n. 2.

2. Suivent 5 articles l'clatifs aux porcs (vol, blessures, etc.).

3. Pour le vol d' « une ruche, de 2 ruches », autrefois le voleur était fait proie des abeilles; maintenant il paye 0 sicles (3 sicles, s'il n'y a pas d'abeilles dans la ruche.)

190 Ï^A LITTÉRATUHl-:

94. « Si un homme libre vole dans une maison, il doil « donner tout ce qu'il a volé; autrefois, les voleurs devaient H donner, en outre, 1 mine d'argent; aujourd'hui, ils ne « doivent plus donner que 12 sicles d'argent. S'il a volé « beaucoup, on lui impose beaucoup; s'il a volé peu, on lui « impose peu. Il acquitte ainsi sa dette.

9â. « Si un esclave, pille une maison, il doit donner tout « ce qu'il a volé. (En outre), le voleur doit payer C sicles « d'argent ; on coupe à l'esclave son nez et ses oreilles, et « on le rend à son maître. S'il a volé beaucoup, on lui « impose beaucoup; s'il a volé peu, on lui impose peu. Si « son maître dit : « Pour lui je restituerai! » alors, il resti- « tuera; mais s'il refuse, il livrera l'esclave lui-même.

96-97. Pour du grain volé au grenier, le voleur doit rendre le grain et payer 12 sicles d'argent s'il est homme libre ; s'il est esclave 6 sicles.

98. « Si un homme libre met le feu à ime maison, il <i doit rebâtir la maison ; quant à ce qui périt qui était dans « la maison, soit homme, soit bœuf, il nele restitue pas.

100. Si l'incendie est le fait d'un esclave, on coupe les « oreilles et le nez du coupable (même si son maître offre « les indemnités), et on le rend alors à son maître. Si celui- « ci ne paye pas les indemnités, c'est à l'esclave de les « acquitter.

101-104. Amendes pour vol d'arbres.

105-1 18. Incendie (et autres dommages) de jardins ou de champs.

1 19-144. Autres vols : portes (127), briques (128).

145-152. Location de locaux (puis Licune).

157. Prix de location à\\\\ phi de hronze du poids d'une mine : 1 sicle d'argent par mois; pour un plaide cuivre du poids de 1/2 mine : 1/2 sicle par mois ; pour un pla- teau du poids d'une mine : 1/2 sicle par mois.

158. Salaire du travailleur qui lie les gerbes et les charge sur un chariot; salaire de la cuisinière (?)

CHEZ LES HITTITES 197

159-161. Salaires de charreliers etde forgerons.

162. Sur la dërivalion deseau.v d'un canal.

164-165. « Si quelqu'un va pour aller à cheval (en « guerre?), alors il l'ait ce choix : il met dans le vaisseau « du sacrifice de la fine farine ou du vin. Alors, il donne a 1 mouton, 10 pains, l pikhu de bière; alors il consacre « sa maison : lorsqu'une année s'écoule, alors il atteint (il « retrouve en bon élat) le front de sa maison.

166-167. « Si quelqu'un sème une semence sur une « (autre) semence, qu'on y mette la charrue, qu'on attelle « des bœufs d'attelage, et qu'on dirige de ceux-ci la face « par ci, de ceux-là la face par : les hommes meurent et « les bœufs meurent, et celui qui antérieurement ensemen- « çait le champ (le) prend. Autrefois on faisait cela.

« Mais maintenant, on donne 1 mouton comme rempla- « çant de l'homme, 2 mentons comme remplaçants des bœufs, 30 pains, 3 pikhu de bière, et on les sacrifie (con- « sacre). Et qui ensemençait le champ antérieurement le « cultive [arrose).

168. « Si quelqu'un consacre la limite d'un champ, il « amène 1 sacrificateur. Le maître du champ coupe une « mesure de champ et le (prêtre) le prend. Et qui consacre « la limite donne 1 mouton, 10 pains, 1 pikhu de bière; « alors il consacre le champ.

169. « Si quelqu'un acquiert un champ, alors il consacre « la limite ; il prend de la farine, il la sacrifie à la déesse» du « Soleil et il dit : « Mon plant dans la terre tu as planté I » « Il dit cela. La déesse du Soleil ou Dieu Teshup, il n'y a « pas de choix ^

172. « Si quelqu'un met en liberté un homme libre, au « nouvel an, alors il donne son remplaçant : mais si c'est « un esclave, il donne 10 sicles d'argent.

1. IIhoz. ; ZiMMicnN : Soitnengott (p. 27, ô'i).

2. C'est-à-dire : On no doit sacrifier, en ce cas, qu'à la dresse du soleil? (Note de Huoz. p. 131, n. 34.

198 lA LITTÉRATURE

173. « Si quelqu'un combal la justice du roi. sa maison « devient (=sera réduile à) un amas de morts. Si quelqu'un « combal la justice d'un dignitaire, on lui coupe la tête. Si « un esclave s'élève contre son maître, il va dans le grand « pot'.

174. « Si parmi des hommes qui se battent un tel meurt, « le (coupable) donne 1 personne.

175. « Si un berger ou un mêleur d'onguents prend une « femme libre, elle est esclave pour 2 ans ou pour 4 ans. (( On ceint - ses enfants et personne ne prend les ceintures.

176^-177. Articles divers, intéressants d'ailleurs.

178-186. Prix d'animaux, boisson, comestibles, etc.

187. « Si quelqu'un a commerce avec une vaclie, puni- « tion : il meurt'. On l'amène dans la cellule du roi, et le « roi le lue et le roi le fait vivre. Mais au roi il ne vient pas « (pour demander sa grâce) ?

189. « Si un homme a commerce avec sa propre mère, « punition : il meurt'. Si un homme a commerce avec la « fille, punition. Si un homme a commerce avec le fils, « punition.

190. Mais si, homme ou femme, ils viennent librement, « il n'y a pas de punition. Si un homme a commerce avec (( la belle-mère, il n'y a pas de punition ; mais si son père (( est vivant, punition.

191. Point de punition pour un homme libre cohabitant avec une femme libre.

192. « Si l'homme d'une femme meurt, son épouse prend « la part du conjoint.

193. « Si un homme prend une femme^et que Ihomme

1. C'est-à-dire, probablement : il est lue (échaudé? noyé?) dans un grand vaisseau (v. g-. : chaudron) Ilnoz. p. 133 n. 21.

2. Marque des esclaves temporaires?

3. In 187, 188, 190, voir Ex. XXII, 19; Lev. XVIII, 23 el XX, 15-16. A. Voir Code Ilamm. 154, et Lev. XVIII, 0-7.

5. Loi du léviral; ou ne mentionne pas, comme condition, l'absence dVnfant (Cf. Dent. XXV. .5-10; Gen. XXXVIII, 8.

CHEZ LES HITTITES 19»

« meure, sa femme prend son frère ; ensuite, son père la « prend. Si la deuxième fois aussi son père meurt, alors u un frère de 1' (homme décédé), quelque femme qu'il « ait prise, la prend. Pas de punition.

{94. « Si un homme libre a commerce avec des esclaves, « avec celles-ci et celles-là, pas de punition*. Si des parents « ont commerce avec une femme libre, pas de punition. Si « un père et son fils ont commerce avec une esclave ou une « prostituée, pas de punition.

195. (' Si un homme a commerce avec la femme de son « frère ^, tandis que son frère est vivant, punition.

« Si un homme épouse une femme libre, puis a commerce « avec sa fille, puis avec sa mère ou la sœur (de cette fille), <( punition.

197. 108. « Si un homme saisit"' une femme dans les « monts, c'est un crime de l'homme et il meurt. Mais s'il la « saisit dans la maison, la femme a péché aussi ; fa femme (( meurt. Si le mari de la femme les surprend, il peut les tuer : « il n'y a pas de punition pour lui.

« S'il les amène à la porte du Palais et dit : « Que ma « femme ne meure pas ! » et qu'il fasse (ainsi) vivre sa « femme, il fait vivre de même l'homme adultère. S'il dit : « Que tous deux meurent! » alors ils reçoivent la punition. « Le roi les tue et le roi les fait vivre. »

Avec l'art. 200 finit la 2"'" tablette* (KBo VI n" 13). Le duplicatum de cette tablette porte ce colopJwn : Tablette 2 (Série) : « Si des vignes ». Elle est finie ^ »

1. Z.eu. XIX, 20.

2. Lev. XX, 21.

3. Pour 197-198, cf. Code Ilamm. 629, et Lev. XX, 10.

4. Elle commence par ces mots : Si des vignes, art. 101 de la numér. Hroz.

5. La l^e tablette finit ainsi : « Khanima-ilim-ish, le scribe, fils du jar- « dinier, petit-fils du chef des scribes, et les petits-fils de Karunuvash, « liomnxe khaiipùsh du pays supérieur, et les petits-fils de Khanima-Uim- « ish, chef des- bergers. (A la fin de la ligne quelques mots grattés; peut- « être : <i il a écrit. »

200 LA LITTÉRATURE

2. Traité de paix et d'alliance^ entre Khaltusil, roi des Hittites, et Ramsès II, vers J 270.

Les épisodes de la lulte entre l'Egypte et les Hittites et le traité qui y mit fin étaient déjà connus grâce aux inscrip- tions égyptiennes du temple de Karnak.

Une version babylonienne du traité a été découverte récemment à Boghaz-keui et publiée en 1918. Voici quelques- unes des conclusions qui paraissent résulter de l'étude com- parée des deux textes (égyptien et babylonien) du traité.

1. Le traité primitif aurait été élaboré à Boghaz-keui en babylonien, entre plénipotentiaires égyptiens et hittites, au nom de Khattusil, puis gravé sur une plaque d'argent et envoyé à la cour d'Egypte.

2. Le pharaon, après avoir approuvé, aurait fait dresser, à son nom,, par ses scribes babyloniens une réplique en cunéiformes qu'il aurait expédiée, gravée sur plaque d'ar- gent, à Khattusil.

3. Les fragments de Boghaz-keui nous donneraient la copie de ce texte expédié par Ramsès IL

Et cela expliquerait l'accord général des deux textes, de Karnak et de Boghaz-keui, et les dilTérences et les traits caractéristiques de la forme.

Ainsi, nous aurions à constater qu'au xiii® siècle encore, comme à l'épocpie d'El-Amarna, le babylonien était em- ployé comme langue diplomatique.

Notre traité le plus ancien que l'on connaisse n*a pas l'allure impersonnelle des traités modernes, on va le voir : il tient à la fois du contrat et de la lettre.

1. Pul)lié en l!»l(î (II. II. Figli-la el C. F. Weidneh. Keil&chrifllexte aus Boghazkôi.) Klude du texte Kgyptien et du texte babylonien par A. GAnoiNEn et Si. Langdon, in The Journal of eyyptian Archneology, VI (1920) 179-205.

CHEZ LES HITTITES 20J

« Il en esL ainsi ! Uiamashesha-mai-Amana', le grand roi, (V roicrÉgyple, le plus puissant, avec Khattushili-, le grand « roi du pays KhaLli, son frère, en vue de donner une bonne « paix, une bonne fraternilé et d'obtenir un puissant « royaume (?), entre eux, lant qu'ils vivront et à jamais, ont « fait un traité.

« Riamasheslia-mai-Amana, le grand roi, le roi d'Egypte, « le puissant dans tous les pays, lilsde Minmuaria, le grand <( roi, roi d'Egypte, le puissant, iils du fds de Minpakhiri- « taria, le grand roi, roi d'Egypte, le puissant, à Khattus- « lîili, le grand roi, roi du pays Khalti, le puissant, le fds (( de Mursbili, le grand roi, roi du pays Kbatti, le puissant, « fds du fds de Shubbiluliama, le grand roi, roi du pays « Khalti, le puissant, voici I je donne bonne fraternité par « un traité (?) de l'Égyple avec Khalti, à jamais. Ainsi en « est-il.

« Voici ! (En ce qui concerne) les desseins du grand roi, « roi d'Egypte, et du grand roi, roi de Khalti depuis l'éler- « nité, au moyen d'un traité le dieu' ne permettra pas « qu'ils se fassent la guerre entre eux, à jamais.

« Voici! Riamashesha-mai-Amana, le grand roi, roi « d'Égyple, en vue de réaliser les desseins que le dieu Sha- « mash et le dieu Teshup font pour l'I^gypte avec le pays « Khalti, à cause de leurs desseins qui sont pour félernité, « de ne pas devenir méchamment (?) ennemis au point de se « faire la guerre, éternellement et de tout (temps).

« Riamashesha-mai-Amana, le grand roi, roi d'Egypte, « en un traité (écrit) sur une tabletle d'argent, avec Khat- « lushili, le grand roi, roi du pays Khalti, s'est fait son

1. Ramsès-meri-Amon = Ramsès IL Dans le texte hiérojî^lyphique : R'a~ j)i€S$e-ni i-A mwn .

2. Khaltusil.

3. A^-litn.

202 lA LITTÉRATURE

« frère, à partir de ce jour, pour donner bonne paix eL bonne « fraternité entre eux, à jamais.

« Et nous avons fait fraternité, paix et bienveillance « mieux que (n'étaient) la fraternité et la paix du temps « précédent, qui étaient entre Egypte et Khatti.

(( Voici! Riamashesha-mai-Amana, le grand roi, roi « d'Egypte, est en bonne paix et bonne fraternité avec « Khattushili, le grand roi, roi du pays Khatti. Voici! « Les fils de Uiamashesha-mai-Amana, le roi d'Egypte, (( sont en paix (et) sont frères les fds de Khattushili, le « le grand roi, le roi du pays Khatti, pour jamais; et ils <( sont en accord avec nos desseins de (notre) fraternité et « de ne (notre) paix.

« Et l Egypte avec le pays de Khatti ils sont en paix, « ils sont frères comme nous, pour jamais.

« Et Riamashesha-mai-Amana, le grand roi, roi d'Egypte, « ne passera pas au pays Khatti pour en emporter quoi « que ce soit à jamais; et Khattushili, le grand roi, roi de « Khatti, ne passera pas en Egypte pour en emporter quoi « que ce soit à jamais.

« Voici le décret d'éternité que le dieu Shamash et le « dieu Tesîiup ont fait pour l'Egypte et le pays Khatti, « pour faire paix et fraternité en vue de ne plus donner* « d'hostilité entre eux.

« Et voici! Riamashesha-mai-Amana, le grand roi, roi « d'Egypte, s'engage à faire la paix à partir de ce jour.

« Voici! Egypte et Khatti sont en paix, et ils sont frères « à jamais.

« Et si un autre ennemi marche contre le pays Khatti ^

1. La-a na-da-a-ni.

CHEZ LES HITTITES 203

« et que KhalLushili, le grand roi du pays KliaUi envoie me <( dire : « Viens à moi, à mon secours contre lui! » Alors, (( Riamaslieslia-mai-Amana, le grand roi, roi d'Egypte, (i enverra ses troupes et ses chars et il battra' ses ennemis, « et il rendra confiance (?)^ au pays Khatti.

« Et si Khattushili, le grand roi. roi du pays Khatti, « devient irrité contre les serviteurs et qu'ils pèchent contre « lui, alors toi, envoie à Riamashesha, le grand roi, roi « d'Egypte, à ce sujet ; aussitôt, Riamashesha-mai-Amana « enverra ses troupes et ses chars, et ils détruiront tous « ceux contre qui tu es devenu irrité. »

Clauses réciproques, et en termes identiques (corres- pondant à celles des deux derniers paragraphes) en faveur du pharaon.

Le texte de la clause suivante est en très mauvais, aussi bien dans l'instrument égyptiein que dans Finstrument hit- tite.

La suite ne nous est connue que par le texte hiérogly- phique, n y était question de 1 extradition des émigrés de marque et des fuyards de moindre importance réfugiés soit d'Egypte en pays khatti, soit de pays khatti en Egypte. On y prenait à témoin « un millier » de dieux et de déesses (mais on ne donnait le nom propre que de quelque-uns, par ex. ; Astarté, Iskhara [I-s-kh-r).

Puis, on promet des bénédictions ou des malédictions de la part d' « un millier de dieux du pays de Khatti et « d'un millier de dieux du pays d'Egypte », suivant que ion gardera ou que Ton violera les clauses du traité.

On promet l'amnistie aux extradés, et, finalement, on décrit la plaque d'argent sur laquelle est gravé le traité.

1. I-da-ak-ku.

2. Ti-il-la-ta.

204 l^A LITTERATURE

ARTICLE m

En Babylonie.

A. Sous les rois Cassiies.

De rudes montagnards du Zagros, les Cassiies, venaient de loin en loin razzier les grasses campagnes de 1' « eden » babylonien. Vers la fin du xyiii" siècle, ils finirent par fon- der une dynastie à Babylone. Ils étaient encore à demi barbares mais, par leur commerce journalier avec les gens du pays, ils ne lardèrent pas à se civiliser.

D'épaisses ténèbres couvrent la Babylonie enlre les xvii" et xii° siècles.

Lorsque le jour reparaît, le babylonien est devenu une langue mondiale; l'Egypte elle-même (nous l'avons vu) s'en sert pour sa correspondance officielle, non seulement avec l'Assyro- Babylonie, mais même avec ses suzerains de Canaan. Et ce fait en dit long sur ce que dut être l'activité des rois Cassites.

Rappelons ici les efforts qu'ils firent pour conserver libres les routes commerciales vers la Syrie et le Nord; ils en écrivaient aux pbaraons d'Egypte; mais l'action des uns et des autres était paralysée par la poussée des Hittites au grand avantage d'Ashsbur dont l'activité inquiète com- mençait précisément à préoccuper Babylone.

La Littérature de celte période est riche surtout en « pa- piers d'affaires » ; mais nous avons aussi de celte époque quantité de tableltes scolaires, exercices de lecture et mo- dèles d'écriture, état des bergeries royales et sacerdotales, pièces liistoriques, mathématiques, médicales.

sous LES ROIS CASSITES 205

a. Kiidarrus^ .

Les kudurru- sont des duplicata de titres de propriété; le vrai titre de propriété était constitué par un acte scellée On connaît deux sortes de kudurru : les uns sont des pierres dures roulées, ou godets ovoïdes, et les autres des stèles taillées.

Les kudurru en pierre dure polie sont couverts de textes et de has-reliefs \ les textes énunièrent les conditions, les garanties, les noms des témoins et les divinités protectrices et les malédictions; les has-i^eliefs représentent une série de figures bizarres : monstres, animaux, personnages, armes, qui, comme nous l'apprennent les kudurru eux-mêmes, ne sont autres que les représentations des dieux, de leurs armes, de leurs attributs.

Une bonne partie de ces petits monuments sont des stèles taillées^ de formes et de dimensions assez différentes; elles tendent à se transformer en simples plaques rectangu- laires ou en tablettes sans bas-reliefs.

Les actes royaux dont les kudurru sont des duplicata sont de trois sortes : 1'' le plus souvent, il s'agit de dona- tion faite par le roi à son enfant, au prêtre, au temple ou à des personnages de marque; 2" quelquefois, le document royal a pour objet d'affirmer, de confirmer ou de res- taurer un droit de propriété préexistant, mais insuffisam- ment établi, ou contesté, ou tombé en désuétude; 3" quel- quefois, il s'agit non pas précisément du droit de propriété, mais seulement de la concession de certains privilèges :

1. Voir DE Morgan, Délég. en Perse, I, 165; Thureau-Dangin RA XVI (1919), 117-120.

2. Kudurru, « pierre bornale »; plus souvent narû : sliumer. : na-ru-a « pierre levée, stèle », ce qui ne veut pas dire que ces petits monuments aient jamais servi efTectivemcnl de bornes; ils n'avaient à cet égard qu'une valeur purement symbolique. RA 1. c, 117.

3. Voir les textes cités par F, Thureau-Dangin, l. c, 118-119.

2m LA LITTÉRATURE

exemptions de taxes, prestations, corvées. Ajoutons que quelques kudurru représentent des actes passés entre simples particuliers.

Le titre de propriété, ou tablette scellée, devait rester entre les mains de l'intéressé. La stèle ètnil placée proha- hlemenl^ dans un temple, afin d'assurer la publicité k Vacle sans doute, mais aussi afin de lui donner un caractère reli- gieux.

Tous les kudurru connus jusqu'à ce jour sont de prove- nance babylonienne-.

KUDLHRU Dli L'ÉfOQUK DK MaRDUK-APAL-IÛDIiN, 1129-1117'.

Le roi Meli-Shipak avait fait octroi d'une belle propriété à l'un de ses serviteurs. Après la mort du donateur, un des voisins du fief éleva une contestation sur un dixième de la propriété. Le différend fui réglé au profit du favori royal*.

c( Le roi Meli-Shipak a octroyé à son serviteur Munna- f( bitta, fds de Dugga-melù, 30 gurs d'emblavure évaluée à « 30 qa la grande aune, champ de la ville de Sluiknanâ, au « bord du canal Mê-kal-kal.

« Dans la bienveillance de son cœur et faveur, il a ainsi « mandé : De ce champ le bord inférieur, sur le Nord, donne « sur Akhunièa, lils de Daian-Marduk ; le bord supé- « rieur, sur le Sud, sur la maison de... et la maison de

1. Pour certains cas, le fait esl certain. Cf. Textes élani. séin. I, 86suiv.; I, 99 suiv., III, 47 suiv. ; V, 2 suiv., 21 suiv.

2. Avant les Cassites, on mettait quelquefois sous la protection des dieux, des édifices ou des propriétés; mais, dans les textes connus jusqu'à ce jour, il ne s'agit pas de propriétés privées. Ainsi, on peut citer le Cône de fondation shumérien d'Entemena, mais il y est question de la frontière <lu paya; quant aux pierres du seuil, leurs textes se rapportent aux temples. L"obélisque de Manishtusu (vers 2700* av. J.-C), ne peut être appelé Icudurru (jue dans un sens large.

;L V. SfMiEiL, Déléfj. Pers^, t. IH, suiv.

'i. On notera que le roi, pour constituer /a grande propriété, achète comme un simple particulier à ses sujets, qui vendent de gré ou de force.

sous LES ROIS CASSITES 207

« Nan..., le pâtre, le jeune... Pour II... front supérieur, à " rOuest, le champ confine à la maison de Khimagu; quant <( à quatre (?), front inférieur, à l'Est, il confine au verger « de la ville de Shaknanâ jusqu'au bord du canal Mé-kal- u kal. Quant à 15 gurs d'emblavure, face au désert, le bord « supérieur, au Nord, il confine à la ville d'AN-zA-QAR, la <( maison du pacage des àues, et au ban de Bagdad; le bord « inférieur, au Sud, confine à la ville de Shubat-sharri, ban « de Bagdad, et aux plantations des Nakhassi. . . pan ; le front « supérieur, à l'Ouest, au bord du canal Ararra, ban de « Bagdad; le front inférieur, à l'Est, confine au domaine « d'Izkur-Nabû, fils d'Arad-Èa.

« Le roi Meli-Shipak délégua Kidiu-Inurta, fils de Namri, « préfet de Bagdad, et Nabu-shum-iddin, fils de Shuzib- « Marduk, fils d'Arad-Ea, scribe du roi; ils mesurèrent ce « champ et l'attribuèrent à Munnabitti. Cependant le roi « Meli-Shipak n'avait pas scellé l'acte. En la première année <( du roi Alarduk-apal-iddin, Akhuniêa, fils de Daian-Mar- « duk, éleva une contestation au sujet du verger, pour 3 (/urs (( 20 qa d'emblavure : « C'est là, dit-il, l'entrée de mon « champ! »

« Le roi Marduk-apal-iddin avisa Munnabittum et Kidin- « Inurta, préfet de Bagdad, l'ancien, le vendeur du champ; « Sir-shum-iddin, fils d'Akhu-bani, préfet de Bagdad, le « successeur, et les édiles anciens de Bagdad s'en vinrent. « Le roi Marduk-apal-iddin les interrogea. « Ce n'est pas « là, dirent-ils, l'entrée du champ d'Akhuniéa, c'est le « champ de Munnabitti ! »

« Et le roi Marduk-apal-iddin délégua Sir-shum-iddin, <( fils d'Akhu-bani, préfet de Bagdad, et Bêl-bashmé, fils « d'Arad-Ea, le scribe; et ils levèrent la capacité de ce « champ; ils mesurèrent 30 (/urs d'emblavure et l'adju- « gèrent à Munnabittum, fils de Dugga-melu. Le roi scella « avec le sceau de justice et octroya à Munnabittum faune « et le litre du champ.

208 LA LlTTÉHATUliE

(( Assistèrent au scellé de l'aune et du titre du champ

« avec le sceau de ce jugement, Libur-zanin-Ekur, officier,

(( Kliashardu, sukhfil du Marduk-Kudurri-utsur, major-

« dôme, l'Zib-Bêl, sukknl. et Iqishu-Bau, fils d'Arad-Ka,

« préfet.

« Onques, dans l'avenir, dans le vieillissement des temps,

« soit un fonctionnaire, soit un chef, soit un intendant, soit

« un conseiller, soit un préfet, soit un gouverneur, soit un

« patesi, soit un capitaine, soit un voisin, soit un lieutenant

« qui, dans la. préfecture de Bagdad serait établi, soit de la

« tribu d'Akhuniêa, fils de Daian-Marduk, un quelconque

« qui se lèverait, et au sujet de ce champ contesterait ou

« ferait contester, réclamerait ou ferait réclamer, établirait

« prélèvement, décimation, reculerait rigole, limite, chan-

« gérait la borne, dirait : « ce champ n'est pas un don des

« rois », si cet homme par peur des malédictions celles-

« ci même instruirait un autre individu, en chargerait

« un sot, sourd, aveugle, idiot, et cette pierre ferait enlever

« et dans l'eau et le feu le jetterait, dans le sol cacherait,

« dans un lieu obscur placerait, avec une pierre dégraderait,

'< l'inscription effacerait, ou encore, avec de la poussière

« pour remplir la porte et le lieu boucherait son canal,

« emporterait son arrosage, ou tramerait toute action mau-

« vaise.

« Cet individu, que les dieux Anum, Bel, l]a, Nin-khar-

« sag. Sin. Nin-gal, Shamash, Ava, Bunênê, Malku-lsiru,

« Sheru-Shish, Kittu, Mesharu, Marduk, Zarpanitum, Nabû,

« Tashmelum, Inurta, Nin-karrak, Ilbaba. Bau, Damu,

« Geshtinnam, Ishtar, Nanâ, Anunnitum, Adad, Shala,

« Misharru, Nêr-urugal, Laz, Ishum et Shubula, Lugal-

« girra, Meshlamlaê, Lugal-(gish)-a-tu-gab-lisli, Ma'metum,

« Lil, Nin-bat, Tishpak, Gù-silim, Nusku, Sadarnunna, Ib,

« Nin-ê-gal, Shuqamuna, Shumaliya le dieu du roi et le génie

« protecteur du roi, les grands dieux, tous ceux dont les

« noms sont cités sur celte pierre-ci le regardent en colère

sous LES ROIS CASSITKS 209

« el qu'ils le retirent de ciel et terre..,; d'une malédiction

« implacable de maladie qu'ils le maudissent I D'une lèpre

« de mort, d'un état(?j grave que son corps soit revêtu, et

<( que, captif, il soit chassé des portes de la ville I Aux portes

« de la ville qu'ils le fassent blottir! Tant qu'il vivra, qu'il

« se presse aux portes du pays et qu'il ne puisse approcher

« de ses habitants! Qu'ils l'affligent d'une iiydropisie? Que

« son corps ne soit pas enseveli en terre ! Que son âme auprès

« dune âme ne puisse presser sa main... [manque un mot)

« une drogue de vie une drogue de non vie qu'ils lui dé-

« crètent, qu'ils anéantissenl son noml Qu'ils arrachent son

« fondement! Qu'ils perdent sa progéniture et qu'ils ne mul-

« liplient pas ses enfants. ><

ACTH DE DONATlOiN AU PROI'IT DU DIEU MaRDUK'.

En ce kudurru, il sagit d'une propriété donnée au temple de Marduk, à Babylone. Le texte est gravé sur un galet de calcaire bitumineux.

(( Nazi-Maruttash, roi des pays, fils de Kurigalzu, descen- « dant de Burnaburiash, le roi sans pareil, a donné à Mar- te duk, son seigneur, les champs en face de Babylone. Il a « donné à Marduk la ville de Tur-zagin, de la tribu de « Muqqut Gisn lar, avec 4 localités et une emblavure de « 700 gurs. dessus, les gouverneurs ont dédommagé la « tribu de Muqqut Gish-kit. 70 gurs d'emblavure, canton « de Risni, au bord du canal de Suri-GAL; 30 gu?'s d'em- « blavure, canton de Tiriqan, au bord du canal Daban, en a tout 100 gurs d'emblavure, évalués à 30 qa la grande « aune, au district de BîtSin magir; 70 gurs d'emblavure, « canton de Shasaiki, au bord du Daban, etc., etc.

« Oncques à l'avenir des temps, parmi les chefs du pays,

1. V. ScnEiL, Mémoires Délég. Perse, t. II, p. 86-92, cf. t. I, p. 170-172.

14

210 LA LITTÉRATURE

« les gouverneurs, les directeurs ou gardiens de ces sols-ci,

« quiconque au sujet de ces champs-ci ferait une réclama-

« Lion, leur imposerait une dîme, un prélèvement, tous les

« grands dieux dont les noms sont commémorés sur cette

« pierre-ci. les armes manifestées, les sièges représentés,

« qu'ils le maudissent d'une malédiction funeste ! Son

« nom, qu'ils le perdent! Sa postérité qu'elle n'ait pas de

« repos sur flanc, parmi les ruines (?). Que Marduk, le

(( puissant, répande comme Feau la vie de ce cliamp-ci, etc. « Autrefois Kashakti-Sliugab, fds de Nushku-na'id, sur

« une stèle d'argile inscrivit ce document, et devant son

« dieu le plaça. Sous le règne de Marduk-apal-iddin, roi des

« légions^ fds de Melishipak, roi de Babylone, sur cette

« stèle le mur tomba et l'écrasa. Shukhuli-Shugab, tils de

« Nibi-Shigu, sur une stèle de pierre nouvelle, une copie de

« l'ancien texte écrivit et aux dieux voua. »

b. PoÉSlK ÉFIQUE.

i. Mythe d'AdapaK

Adapa est à la pêche. Le vent du Sud le fait chavirer; alors il menace ce vent de lui briser les ailes'-; et, par ses seules paroles, les ailes sont brisées; aussi, pendant sept jours, le vent du Sud ne souffle-t-il plus. Anu sen inquiète et mande au ciel le mutilé.

Mais Èa, craignant un faux rapport, résout d'y envoyer

\. Aniania-BerL 240 et VAS XII (1915) PI. 5-7. St. L.vngdon pense que celle rédaction d'El-Amarna est cnnanéenne, et non pas bal>ylonienno, ni assyrienne. (L? poème sumérien... 94 note). Parmi les traductions, citons celles de P. Dhorme (TR. 151 s.), de Jensen (KB, VI i, 94 s.) et de Iv>l- DTZON, El-Am. n" 350 Nous avons de ce Mythe 3 autres fragments, assez courls. de la Bibliothèqne d'Ashurbanipal; l'un d'eux a été publié et traduit par V. Scheil (RT XX, 127 s.), le deuxième par A. Stuong (PSBA, 1894, 274 s.), et traduit aussi par V. .Scheil (RT XX, 132 suiv.), el par P. Dhchme (/. c, 159 s.); cnQn, le troisième se trouve dans Je.nsen (KB VI, I, p. XVII, s., il est parallèle au Recto du frugment d'El-A marna,

2. Cf. t. I, Histoire... : Jérusalem, p. 116.

sous LES ROIS CASSITES 211

Adapa lui-même. Il lui révèle le mol de passe et lui fait revê- tir des babils de deuil, A la porte d'Anu, Tammuz et Gish- zida' lui demanderont : « Pourquoi ce vêtement de deuil? » Adapa répondra : « Parce que deux dieux ont disparu de notre pays. » (( Quels dieux? » « Tammuz et Gisb- zida. » Ceux-ci émerveillés, intercéderont auprès d'Anu qui deviendra favorable. Alors :

Reclo 29. « Un aliment de mort on le présentera,

30. « tu n'en mangeras pas. Des eaux de mort on t'offrira,

31. « tu n'en boiras pas. Un vêtement on t'offrira,

32. « revêts-le. De l'huile on t'offrira, oins-loi.

33. u L'ordre que je t'ai donné n'oublie pas: la parole

34. « que je l'ai dite reliens-la ! »

Tout se passa d'abord comme avait dit Ea. Anu était bien mécontent que ce dieu eût révélé à un mortel « les choses du ciel et de la terre, » mais le mai était fait; mieux valait donc garder Adapa au ciel :

Verso 24. « Nous, que lui ferons-nous? La nourriture de vie, 2.5*. « offrez-lui; et qu'il mange! »

Mais docile aux paroles d'Ea, Adapa n'accepta que le vêtement et l'huile.

25^. La nourriture de vie

26. ils lui offrirent, et il ne mangea pas! Les eaux de vie

27. ils lui offrirent et il ne but pas !

Et Anu, émerveillé, le renvoya à la terre.

La lutte d'Adapa contre le vend du Sud aura été sans doute pour le héros l'occasion de manifester son pouvoir surnatu- rel et de pénétrer les secrets du ciel'.

Dans un des documents postérieurs , qui appartient

1. Dreux de la végétation.

2. Dans le fragment Strong, 1. 17, apparaît Nin-karrak, déesse de la gué- rison. Peut-être le Mythe se terminait-il par une conjuration contre les maladies.

3. Document Soheil.

212 LA LITTÉRATURE

sans doiile à la première partie du cycle Adapa, on lira :

'i. l'iie intellij^ence v;isle' il lui parfit pour révéler les destins de la

[contrée, 4. à lui la sagesse il lui donna, une vie éternelle il ne lui donna pas... H. Pour gouverner^ l'iunnanité ha le créa.

7. Le sage dont nul n'enfreint l'ordre,

8. rintelligent, le très prudent, dont les Anunnaki le nom

0. proclamèrent, le pur quant aux mains, Toint^, l'observateur des

[ordres sacrés...

Adapa esl-il simplement un roi divinisé, comme furent divinisés plusieurs rois des temps archaïques? Ou bien est-il rhomme tel que l'a voulu Ka, créateur et bienfaiteur de l'humanité, c'est-à-dire Ihomme doué d'intelligence et de science, mais sujet à la mort? Dans cette hypothèse, Ka ne voudrait pas qu'il obtienne l'immortalité de peur qu'il ne devienne comme les dieux et que, par suite, n'étant plus homme, il ne puisse accomplir sur la terre les desseins d'Ea.

Il sera difficile de se prononcer catégoriquement tant que nous n'aurons pas de texte complet de ce Mythe.

2. Mi/lhe de Nerç/al el Kreshkigal''.

Les dieux vont faire un festin dans le ciel. Les voilà assemblés I Seule, Kreshkigal est absente, « elle ne peut pas

1. La Iradilion conserva le souvenir qu'Adapa fui doué d'une sagesse remarquable; ainsi Seniiacliéiib dit qu'f.a lui a oclroyé « une vaste intel- ligence et la ressemblance du sage Adapa » (Lay., 38, 4.); Sargon affirme qu'il est ua roi « ayant la ressemblance du sage Adapa (Sarg. . Cyl. 38). D'après une lettre (IIaupku, 923, 8), « sage, et (véritable) Adapa » sont des litres d'un roi. ((Citations empruntées à Clav, Paradise, p. 64 note 1, et : Le poème sumérien... p. 128, noie.)

2. DnoRME : Comme ua chef (?) parmi llmmanilé, Èa... Jensen : comme la sagesse....

3. Le mol est le même que l'hébreu m-slt-lili n-c'a (oint, messie).

4. Cf. t. 111. Idées relif/ieuses. Le texte fragmentaire de ce Mythe fut Irouvé parmi les tablettes d'El-Amarna. (Texte dans Winckleh-Abel, Thonlaf. 1G4 el VAS Xll (1915) PL 8 et 9; traduct. Knudtzon, El-Am. n" 357. Sur cet exemplaire comme sur celui du Mythe précédent, des points rougfs, bien marqués, séparent les mots ou les groupes de mots.

sous LES ROIS CASSITES 213

quitter son poste » les enfers'. Les dieux lui envoient un messager, afin qu'elle fasse prendre sa part. Elle leur envoie son messager Namtaru, qui se présente devantles divins con- vives, ^ ; mais, à son arrivée, Nergal' ne prend pas même

la peine de se lever pour le saluer. Furieux de l'injure qui lui est faite, Namlaru va s'en plaindre à l'^reshkigal'. Celle-ci, regardant comme un outrage personnel le manque d'égards dont son messager a été l'objet, renvoie Namtaru an ciel avec ce message :

Le dieu qui ne s'est pas levé devant mon niessaf^er. auièiie-le-moi, que je le lue!

Les dieux, dissimulant, l'invitent à ciierclier le coupable et à l'amener à sa souveraine^

... Il semble que les recherches de Namtaru. au ciel, aient été vaines. Il semble aussi que les dieux soient d'avis de ne pas s'exposer à indisposer sonventEreshkigal et qu'ils engagent Nergal à se présenter spontanément à la souve- raine irritée.

Des mois se sont écoulés ... Nergal reçoit, comme gardes de corps, quatorze démons. Et le voici aux portes des enfers! Il demande à entrer. Le portier va trouver Namtaru et lui demande de voir s'il faut laisser passer. Namtaru reconnaît tout de suite le dieu qui ne s'était pas levé pour le saluer; et il en réfère à Ereshkigal.

La déesse ordonne de le laisser entrer. El Xam tarir, dissimulant :

lîlnlrez, Seigneur, chez voire sœur! Que voire ccuur se réjouisse!...

... Nergal poste aux quatorze portes des « enfers » ses quatorze gardes et s'empare de Namtaru, puis pénètre dans

1. Kifjiillu =z grande (erre, enfers.

2. Grande lacune dans le texte.

3. Nergal, ou Xe-uiiu-<jal z= » seignevu' de la grande terre ».

4. Ereshkigal = dame de la grande terre ».

5. Autre lacune dans le texte.

214 LA IJTTEHATURE

le palais clKi-eshkigal, empoigne la déesse par les cheveux el la précipite à bas de son trône afin de lui couper la tête. La déesse, tout en larmes, demande grâce :

Ne me Trappe pas, mon frère, j*<ii un ni(-)t à le dire!

Nergal la lâche. Pleurant et beuglant, elle lui dit :

Sois mon mari; je serai la femme! Je te donnerai la souveraineté de « la grande lerre! » Je metlrai en ta main la tablette de la science! Sois mon seiyneur. je serai la dame.

Nergal se met à rire; il la prend, Tembrasse, essuie ses larmes et lui promet d'accomplir ce qu'elle a désiré depuis des mois

c. Poésie lyrique.

Il est probable que l'on peut faire remonter à cette époque un certain nombre de Psaumes ou Hymnes \ écrits en une langue appelée eme-sal caractéristique des chants du kâlù. Bien qu'il s'agisse de textes liturgiques, la graphie est peu soignée, ou plutôt elle est très cursive.

Comme ces compositions sont semblables à celles dont nous avons parlé à l'époque shuméro-akkadienne, nous n'en citerons aucune ici.

d. Lellres. Kadashman-Kharbe- à Amenophis III.

« A Nibmu'waria, roi d'Egypte, mon père, dis : Ainsi « parle Kadashman-Kharbe, roi de Karduniash% ton frère : « Je me porte bien. A toi, à ta maison, à tes femmes, et à

1. On les trouvera dans St. Langdon, Liturgies.

2. Hoi cassile de Babylone. (Cette lettre fait parlic de la Correspon- <lance d'El-Amarua. Cf. supra).

.S. Mol cassile dont le sens esl inconnu; au lenips tlt> la dynastie cas- silo, il désigne toule le* Bahylonie.

AUX TEMPS ASSYRIENS 215

« tout ton peuple, à tes chars, à tes chevaux, à tes princes, « bonne santé!

« En ce qui concerne la jeune fille, ma fille, que tu (( m'écrivis vouloir épouser, elle est devenue femme, en « état de prendre mari; envoie quelqu'un la prendre.

<( Autrefois, mon père t'envoya un messager, et tu ne le « retins pas de long jours, en hâte lu le renvoyas; un prê- te sent splendide lu fis à mon père. Maintenant, quand je « t'envoyai un messager, tu le relins six ans; tu m'envoyas « comme présent trente mines d'or qui est comme de l'ar- « gent

B. Al' Tioips DES Assyriens,

Les succès des Hittites, en paralysant l'action de Baby- lone, aA^aient favorisé les ambitions des Assyriens; exhubé- rants de vie. les farouches guerriers d'Ashshur purent dépenser contre 1 Empire du Sud leur jeunesse belliqueuse : la dynastie cassite était trop vieille pour les arrêter. Ils détruisirent systématiquement ou annexèrent progressive- ment les tribus à demi barbares ou les petits royaumes incapables de leur résister; et, en 728, Téglat-phalasar III se fit proclamer roi de Babylone, Ce fut sous son règne que commença, à Jérusalem, ractivilé religieuse du prophète Isaïe\ vine dizaine d'années avant lui, avec moins d'éclat sans doute, mais d'une manière singulièrement frappante cependant, Amos et Osée avaient fait entendre de graves avertissements au royaume d'Israèl. J//c/jee jouera un rôle analogue, à Jérusalem, du temps de Salmanazar IV.

L'Assyrie est à son apogée. Elle se trouve maintenant en face d'Etats solidement organisés et assez vigoureux pour lui résister et même pour la battre : l'Egypte, l'Urartu et le vieil Empire d'Elam, Sargon et ses successeurs bataillent plus d'un demi-siècle contre ces trois royaumes et finissent par en triompher; ils y installent alors leur système d'oc-

216 LA LITTÉRATURE

ciipation à main armée et de vasselage. Et Asluirbanipal devient le monarque le plus puissant du monde oriental. 11 dépasse ses prédécesseurs en énergie et en cruauté. Et cependant il a le goût des Lettres; il s'applique à développer la culture intellectuelle et le goût artistique de ses sujets. Il collectionne, à Ninive, les dociimenls les plus importants de la littérature de la Babylonie et de TAssyrie.

Ninive est à son apogée. Et pourtant la décadence est toute proche; en 607, la ville tombe sous les coups que lui portent les Mèdes. Jéi'émie, Sophonie et Nahum sont con- temporains de ces tragiques événements.

C'est à cette époque, vii'^ siècle avant J.-C, que remonte la plus ancienne école philosophique connue, TEcole Ionienne.

Sargon, Sennacherib, Asaraddon de 722 à 668 avaient déjà constitué, a Ninive', une sorte de « Biblio- thèque » ; Ashurpanipal donna de tels développements à cette institution qu'il peut en être appelé le fondateur.

La Bibliothèque d' Ashurpnnipul- contenait toute une littérature historique, et nous pouvons faire observer dès maintenant' que quelquefois les scribes^ copiaient textuel-

1. Plus exactement à Koijuiidjik de le sigle K (ou K K, quand on cite plusieurs documents).

2. l^es documents en sont conservés au Drilish Muséum.

3. Nous y reviendrons plus loin.

4. On avait choisi soigneusement la matières des tablettes el. veillé par- ticulièrement à leur cuisson, car à ce double point de vue les tablettes de celle bibliotliôque l'emportent sur les autres. Peu sont intactes (le fait s'explicjue par les pillages de Ninive), el plusieurs ont subi l'action de l'incendie.

Le scribe a tracé des lignes verticales pour diviser son texte en colon- nes, et des lignes horizontales soit pour marquer des divisions dans le texte, soit pour guider la n)ain. Pour séparer les mots, pour indiquer une omission ou pour diviser une colonne en deux parties, on se servait par- fois du signe <, ou de | .

Dans nombre de tablettes, on a mis en marge, à chaque dixième ligne, le signe qui veut dire dix.

Certains lext(>-^ sont accompagnés de figures géométriques; souvent il y a des gloses.

AUX TEMPS ASSYRIENS ^17

lement leurs documents'; quelquefois ils ajoutaient une traduction, des notes explicatives en assyrien à tel texte shuméro-akkadien-; des « épigraphes », c'est-à-dire de petites inscriptions'' sur tablettes d'argile destinées aux scul- pteurs ou autres artistes qui devaient les graver sur les bas- reliefs, les statues, les chars, etc. ; des textes relatifs à la chrono graphie et à la chronologie, tels que la Chronique des premiers rois de Babylone'% VHistoire synchronolo- giqiie des événements qui se passèrent entre 1600 et 800 avant .T. -G. ; le Canon des Epongnies ou liste des officiers royaux dont on attachait le nom à chaque année ils rem- plissaient leur office à Ninive, avec indication de leur titre et mention des principaux événements de leur « épony- mat »%

A la suite de ces textes, citons les lettres, dépêches, rap- ports écrits soit par le roi lui-même, soit par ses officiers*^; des contrats'' relatifs à des achats d'esclaves hommes ou femmes , de maisons, de champs, de produits agricoles, d'animaux.

La majeure partie des documents de notre bibliothèque se rapportent à Vastrologie, à la médecine, à la religion qui

1. Par ex. K K 11596; 1088H.

2. Par ex. : K K 26.57: 9901 ; Sm 2034.

3. Les sujets aux'juels elles se rapportent sont de diverses sortes; cf. K K 3096; 6806; 7862; etc.

4. K 8532.

5. Ce document et le Canon de Plolémée ont permis de dater avec exac- titude les événements qui eurent lieu entre 900 et 640 av. J.-C.

6. Un certain nombre de ces documents sont adressés à la mère du roi, à son fils, à sa fille, à de grands otEciers; ils ont souvent pour objet les atTaires militaires ou les affaires publiques. Signalons les lettres qui rap- portent une conquête de l'Egypte (K 2701), la révolte du roi d'Elam (80-7- 19, 16), des éclipses de soleil et de lune (D T, 98), un songe envoyé par le dieu Bel (K 4785), etc; celles qui ont pour objet un transport de chevaux (K 12045), des articles de vêtement (K 11468), l'appel d'un médecin pour soigner une jeune fille de la maison royale (82-5-22, 174), etc.

7. Ces documents sont scellés. Quelquefois on imprimait l'ongle, et cette marque tenait lieu de sceau. Cf Rm 2, 19. Cet usage remontait d'ailleurs à la plus haute antiquité.

218 l.A LITTÉRATURE

étaient si élroilement unies et siirlout aux omina. Ces omina étaient tirés de certains caractères et de certains actes des animaux (clievaux. ânes, lions, bœufs, chiens, veaux, etc.), des oiseaux (hirondelles, aigles, etc.), des serpents, des scorpions, des sauterelles, etc. ; ils étaient tirés aussi des naissances des hommes et des animaux, des « monstres »; de l'état des villes et de leur rues, des champs, des rivières; de l'étal de la bouche, du nez, des lèvres, des yeux, des cheveux, des pieds, des mains, du cœur, du sang; des songes.

Signalons encore les présages ns/roloc/iques, dont on connaît deux grandes séries', et les textes écrits sur les astrolabes. D'autres présages étaient fondés sur l'observa- tion des météores, des étoiles filantes, de la forme, de la couleur, des mouvements des nuages, des éclairs et de la foudre"-.

Pour guérir leurs malades, les médecins se servaient d'herbes, de certaines parties du corps des animaux, de pierres que Ton supposait efficaces pour éloigner les in- fluences astrales; mais les prêtres insistaient surtout sur refïîcacité des prières et des incantations que l'on devait réciter en même temps que l'on administrait au malade le remède prescrit. Les documents de Ninive nous font connaître tout cela.

On a trouvé aussi, dans la même Bibliothèque, des prîèi^es à Ishtar, à Ishtar, Sin et Tashmîlu, à Shamash, à Anu, Bau, Nusku, et à d'autres divinités, des Hymnes, des textes de Rites et de Cérémonies à exécuter aux fêles des dieux et du nouvel an, dans l'oblation des sacrifices., etc.

Les scribes royaux de Ninive nous ont conservé encore

1. La première, qui dalerail du temps de Sargon I''', entre 2700 et 2600 av. J. -('.., conteiifiit au moins 00 lai)leltes. Son litre était : Intima kakkab Bél= quand l'étoile Bel; la seconde Inuma Sin ina tamartishu = lorsque la lanc à son lever.

2. Par ex. : K K o8; 760; 2013; elc.

AUX TEMPS ASSYRIENS 210

des textes épiques très imporlanls (Epopée de Gilgainesh, Récit de la Création, Descente d'Ishtar aux Enfers), des Légendes et des Mythes, et des copies, fragmentaires, du Code de Hammurabi'.

Enfin, nous devons à la même source des Listes de carac- tères avec indication de leur usage et de leur valeur dans les diverses branches de la Littérature; des Listes de mots ou Voc<ihulaires\ des Listes d'idéogrammes avec leur valeur.

L'étude de ces tablettes montre que beaucoup furent copiées sur les originaux conservés dans les anciennes villes d'Akhad, d'Ashshur, Babylone, Kutha, Nippur.

a. Litléndure juridique.

ReCIJKH> DI s lois ASSVKlKiNINKS-.

Antérieurement à 900 av. J.-C. (entre 1400 et 1200, d'après Scheil), un roi assyrien, probablement de la puis- sante dynastie d'Ashur-uballit, promulga les ordonnances légales dont nous allons nous occupe^^ Elles constituent une sorte de Recueil (non pas un Godej formé, semble-t-il, à Taide de jugements rendus par le roi ou ses délégués, et qui ont reçu force de loi. Ce Recueil paraît ne contenir (iW une faible partie du droit assyrien \ ainsi, on n'y trouve

1. Ces fi-agnienls ont été reprocluils par Ungnad. Keils. Ge^. Ilam. p. 36-42.

2. Le lexlo cunéiforme se trouve dans E. Sgiiroeder, Keilschrifllexte ans Assuv rcrschiedenen Inhalts. lu-fol. Leipzig, 1920. Les trois tablettes sur lesquelles se trouve ce texte ont été trouvées dans les fouilles prati- quées à Qalat Shergat, de 1903-1914, par la Deutsche Orienlsgesellschafl. La 1'^" tablette est la mieux conservée et la plus étendue; elle contient une soixantaine d'articles (un cinquième environ du Code de Hammurabi.) Une dizaine d'articles seulement, sur 21, sont bien conservés par la 2*^ tablette. La Z*' est la plus mutilée; 11 articles sont lisibles.

3. Ces textes ont été traduits par V. Scueil dès 1921 : Recueil de lois assyriennes. Nos citations seront empruntées à cette traduction.

Dans notre exposé, nous suivrons l'étude de E. Cuq, Un recueil de lois assyriennes, dans RA XIX (1922) 46-69.

220 I..\ LITTÉRATURE

poinl les règles sur les coiilrats tels que la vente, le louage, les sociétés, le prêt à intérêt.

Lu ]nslice pit/j/ic/i/e est exercée par le roi ou [)ar ses délé- gués, assistés quelquefois du maire de la ville et de trois ou cinq notables. Le chef de famille est le macjistrat domes- tique] il a le droit d'exercer Injustice pricée à l'égard des membres de la famille, en certains cas.

Le Gode admet le système des peines légales et surtout celui des peines morales. A défaut de preuves, le défendeur se disculpe par un serment : en cas de parjure^ il s'expose à la colère dioine^ cl on estime qiiil n'oso'ait pas F encou- rir \ si le dieu ne le punit pas, c'est qu'il reconnaît la sin- cérité de son afïirmation.

L'ordalie (immersion dans le dieu Fleuve) assure, par une sorte de miracle, le triomphe du droit.

Peines. 1. La peine e^i égale pour tous, sauf pour les esclaves. Par ex. : le mari ne peut pas absoudre sa femme et punir son complice.

2. En général, la peine est déterminée par h loi; en quelques cas, la détermination est abandonnée à la volonté du roi ou du magistrat domestique : mari, père. Et la peine légale est fixe.

3. La peine est personnelle. Par ex. : le mari n'est pas responsable du délit de sa femme, ni les frères du crime commis par leur frère, etc.

Les peines établies sont corporelles (bastonnade, asphalte versée sur la tête, castration, mutilation de la face, corvée royale), ou pécuniaires.

La compensation est admise dans quelques cas : vol, viol de jeune fille, avortenient.

Analyse. Notre Recueil a pour objet le mariage, la propriété, le

AUX TEMPS ASSYRIENS 221

gage, les crimes el délils. Les matières ne sont pas envi- sagées dans leur ensemble : la loi se borne à considérer des cas particuliers l'intervention du législateur a paru néces- saire. Quant au reste, on suivait sans doute le droit coût u- mier.

I. Le Mariage. Il est précédé de la cérémonie des fiançailles. Le fiancé verse de l'huile parfumée sur la tête de la jeune fille' et lui offre des gâteaux (?). Il lui remet des parures el une valeur appelée tlrkatn^, et fait des cadeaux au père de la fiancée.

En principe, le mariage exige la rédaction dun écrit qui détermine les obligations de la femme. La cohabitation tient lieu d'écrit pour la veuve qui demeure deux ans dans la maison de son nouveau mari'.

Signalons cette particularité que la femme n'est pas obli- gée d'habiter chez son mari; elle peut rester chez son père, elle reçoit son mari.

Lorsqu'elle doit habiter chez son mari, elle apporte les biens que son père lui a donnés pour subvenir aux charges du mariage. Ces biens sont garantis à ses fils; les frères de son mari n'y ont pas droit.

Lorsqu'elle habile chez son père, le mari peut lui faire une donation [niuhinnu] dont l'acceptation la rend respon- sable des dettes du mari.

Qu'une femme habile chez son père, ou que son mari l'ait fait demeurer dans une maison séparée, le mari doit, s'il part en campagne, pourvoir à son entretien. Nous citerons cet article intéressant '^; il envisage diverses hypothèses.

1. Art. 43.

2. Art. 39.

3. Art. 35. Dans le droit babylonien (Code Ilam. §128), le contrat écrit était nécessaire. (Le contrat de mariage écrit paraît avoir été inconnu des anciens Hébreux; il n'est mentionné que pour le mariage de Tobie et de Sara {Tob. vu, 13); le mariage de Booz et de Rulh se fait par engagement oral devant témoins [liulh, iv, 10 suiv.)

4. Art. 37 et 46.

222 LA LITTERATURE

La femme qui habite la maison conjugale y reste a.ii décès de son mari. Ses fils doivent pourvoir à sa nourriture et à son entretien.

Si une veuve va habiter chez son nouveau mari et y amène un fils du premier lit, cet enfant, bien qu'il soit élevé à la maison de son beau-père, est traité comme un étranger, à moins qu'il ne soit adopté'.

La loi impose à la femme le devoir de la fidélité. La sanc- tion est la peine de mort pour elle et pour son complice.

Lévirat. La veuve doit épouser son beau-frère, même si, durant le mariage, elle habitait chez son père. Si le beau- frère est fiancé au moment du décès de son frère, il n'en est pas moins tenu d'épouser la veuve; mais ses fiançailles ne sont pas rompues, le père du fiancé peut exiger le mariage : son fils aura deux femmes et la fiancée ne sera que la seconde, alors qu'elle pensait être la première.

Remarquons que la loi assyrienne du lévirat, comme celle des Hittites-, n'impose pas comme condition ou motif l'ab- sence d'enfant issu du mariage.

La fiancée, comme la veuve, en cas de décès ou de dispa- rition du futur, est obligée d'épouser un frère de son fiancé qui ait au moins dix ans'. A défaut de frère, elle épousera le père du fiancé. S'il est lui-même décédé, elle épousera le fils de son futur, s'il y en a un d'au moins dix ans; sinon, le père de la fiancée recouvre le droit de la marier à son gré, après avoir rendu l'équivalent de ce qu'il a reçu.

Les femmes mariées doivent toujours être voilée!^, quand elles circulent sur la voie publique; c'est un signe de la propriété du mari. L'hiérodule mariée, la femme de second rang accompagnant l'épouse légitime, doivent être voilées*.

IL La propriété. Les champs, appartenant à des pro-

1. Art. 29.

2. Art. 193; cf. p. 198-199.

3. Art. 44.

4. Art. 41.

AUX TEMPS ASSYRIENS 223

priéLaires différents, sont séparés par des bornes ou des fossés.

Quiconque est convaincu d'avoir réduit la superficie du champ voisin en déplaçant les bornes doit rendre trois fois autant de terrain quil en a usurpé; en outre, il encourt une triple peine : œ... coups de bâton, un mois de corvée royale, un doigt coupé\ La peine est moindre si l'on a déplacé un fossé ^

D'autres cas d'empiétement et d'autres peines sont pré- vus ^

En cas de conflit au sujet de l'utilisation des eaux d'irri- gation ^ les juges attribueront à celui des deux voisins de canal qui fait preuve de bonne volonté, le droit exclusif de se servir de Teau. Même règle quand il s'agit des eaux flu- viales; mais, ici, la loi (w;/^z7ee) signale l'intervention du maire de la ville et de cinq notables.

Le patrimoine du chef de famille reste souvent indivis à son décès. Les fils peuvent le partager entre eux ; mais, s'ils ne le font pas, la loi a édicté des règles afin de prévenir des contestations.

Le transfert de la propriété des immeubles précieux, tels que champ ou maison, est soumis à des conditions de publi- cité. L'acheteur doit, à trois reprises pendant un mois, faire annoncer par le crieur public sa volonté d'acquérir. Somma- tion est faite à tous ayants droit de produire leurs titres au tribunal compétent; passé le mois ils sont forclose

in. Le gage. Le créancier a pour gage la personne du débiteur. Il a le droit d'emmener chez lui son débiteur et de le faire travailler à son profit. Il n'a pas le droit de le vendre.

1. Art. VIII.

2. Art. IX.

3. Arl. X.

4. Alt. XVII el XVIII.

5. Arl. VI.

224 LA LITTERATURE

Le créancier qui a reçu en gage un enfant du débiteur a droit aux services de cet enfant jusqu'à ce qu'il ait, par son travail, acquitté la dette paternelle. Le créancier n'a pas le droit de vendre l'enfant.

Le créancier qui a reçu en gage la fille de son débi- teur a le droit de la marier : il renonce à son gage au profit du futur mari, moyennant un prix convenu. L'exer- cice de ce droit étant subordonné au consentement du père, qui pourrait se libérer par et soustraire sa fille à la ser- vitude.

IV, Les CHiMEs et délits : vol, maléfice, diffamation, adul- tère, viol, attentat aux mœurs, avortement et meurtre.

De huit articles sur le vol, cinq supposent le vol commis par une femme.

Le maléfice est puni lorsque le délit est flagrant. L'objet doit être surpris dans la main de la personne qui fait len- voûtement.

Le crime est puni de mort.

L'homme qui surprend sa femme en flagrant délit d'adiil- tère peut se faire justice ou conduire les coupables devant le roi. Dans le premier cas, il peut choisir entre trois partis : tuer la femme et le complice; couper le nez de la femme, rendre le complice eunuque et lui mutiler la face; par- donner.

Le viol d'une femme mariée est puni de mort*,

\J avortement provoqué par des coups portés sur la femme d'autrui est puni de cinquante coups de bâton, d'un mois de corvée royale et d'une amende de 2 talents de plomb. S'il s'agit d'une prostituée, on inflige seulement autant de coups qu'il en a donné. Si la femme est à sa première gros- sesse, le coupable paie seulement une amende de 2 talents de plomb.

1. Ail. 56-57.

AUX TEMPS ASSYRIENS 225

Les articles'.

l . « Si une femme, femme dliomme libre ou lille « d'homme libre, pénètre dans le temple, dans le temple « dérobe du lieu saint (?) quoi que ce soit qui est pris dans « sa main, on la convaincra... la rasure du... on lui fera.

3. « Si d'un homme soit malade, soit mort, la femme « dérobe quelque chose de sa maison ou à tout autre le (( vend, la femme de cet homme et les acheteurs on tuera. « Et si la femme mariée dont le mari est bien portant dérobe « quelque chose de la maison de son mari, et si à un « homme, à une temme ou à tout autre le vend, l'homme « en prouvera à sa femme et lui imposera la peine, et Tache- « leur qui des mains de la femme mariée a reçu l'objet « restituera le vol; et la peine pareille à celle que « l'homme imposera à sa femme on imposera à l'acheteur. »

4. L'esclave, homme ou femme, qui reçoit d'une femme mariée un objet volé à son mari, doit le remplacer. On lui coupe les oreilles, à moins que le mari ne juge ntile de punir sa femme en lui coupant les oreilles.

5. Si une femme mariée vole dans la maison d'autrui un objet d'une valeur supérieure à o mines de plomb, le pro- priétaire a le droit de l'arrêter. Le mari peut entrer en arrangement et délivrer sa femme, mais il doit lui couper les oreilles et restituer l'objet volé.

C. Celui qui achète un objet déposé à la campagne par une femme mariée est assimilé à un voleur.

8. Si dans une rixe avec un homme, une femme lui broie les parties, on lui coupe un doigt ou les deux ( mains ?j sui- vant la gravité de la blessure'.

12. Le viol d'une femme mariée est puni de mort.

1. Quand nous n'sunions les articles, nous suivons le plus souvent Cimj 11. c.).

2. Cf. Deut. XXV, 11.

15

22G LA LITTÉRATURE

13. Si une femme mariée se rend au domicile d'un homme qui sait qu'elle est marié, on la tuera avec son com- plice.

14. Dans le cas d'infidélilé, si la femme habite chez son mari, celui-ci peut se contenter de la mutiler ainsi que son complice, ou pardonner.

15. « Si quelqu'un surprend un homme avec sa femme, « lui fait la preuve, le convainc (sommairement) et les tue « tous deux, il n'y a pas de faute. S'il Ta arrêté, et soit chez « le roi, soit chez les juges, Fa conduit, on lui fera la « preuve, on le convaincra. Si le mari tue sa femme, il tuera « aussi « le mâle » ; s'il coupe le nez de sa femme, il rendra « l'homme eunuque, et on lui mutilera toute la face. Mais « si (le mari) absout sa femme, il absoudra aussi l'homme ».

16. Si une femme mariée a une intrigue avec un homme qu'elle a sollicité, le mari la punira à son gré; l'homme n'est pas en faute. Mais, si en pareil cas, l'homme a pris de force la femme, tous deux sont en faute.

18-19. Lorqu'on impute, sans en faire la preuve, à une femme mariée un adultère, à un homme un acte contre nature, le diffamateur est puni de .50 coups de bâton et d'un mois de corvée royale, d'une amende d'un talent de plomb et delà castration.

21. L'avortement provoqué par des coups portés sur la femme d'autrui est puni de 50 coups de bâton, d'un mois de corvée royale et d'une amende de 2 talents de plomb.

22-23. Celui qui, sans être le père, le frère ou le fds d'une femme mariée, l'emmène dans un voyage d'affaires, igno- rant qu'elle est mariée, n'en esl pas moins tenu de payer 2 talents de plomb au mari, qui a été privé de ses services. Il doit en outre, se soumettre à une ordalie pour établir sa bonne foi, alors même qu'il n'aurait pas eu commerce avec elle. Il ira au tleuve sans liens, s'il revient du fleuve, on le traitera comme le mari traitera sa femme.

26. Chacun des frères est autorisé, lors de son mariage,

AUX TEMPS ASSYRIENS 227

à prélever sur les biens communs les parures qu'il est d'usage d'offrir à la fiancée. Si le donateur est mort avant que l'indivision ait pris fin, ces objets ne feront retour à la masse commune qu'à défaut d'enfants issus du mariage.

30. « Si une femme entre (se marie) chez son mari, son « shirku (dot?) et tout ce que de chez son père elle a appor- « et aussi ce que son beau-père, à son entrée, lui a donné « est garanti à ses fils; les beaux-frères n'y toucheront pas, « et si le mari la répudie (?), il le donnera à ses fils comme « il voudra ».

32. Si la fiancée meurt après que son père a reçu les cadeaux (consistant en argent, blé, mouton) du futur, celui- ci peut les reprendre (sauf les objets d'alimentation*), ou épouser une sœur de sa fiancée s'il y en a. Le mariage avec la future belle-sœur est facultatif et subordonné au consenteinent du père de la jeune fille.

33. L'acceptation du nudunnu (donation facultative du mari à sa femme quand elle habite chez son père) par la femme la rend responsable des dettes du mari.

35. Cas la cohabitation tient lieu de contrat écrit de mariage 2.

37. « Si une femme est mariée chez son père et si son « mari dans une maison isolée (?) la fait demeurer, et si son « mari part aux champs sans que huile, laine, vêtement, « nourriture et rien ne lui ait laissé, ni rien du produit du « champ ne lui envoie, cette femme sera fidèle à son mari, « pendant cinq ans, et ne se remariera pas ; si elle a des « fils qui se louent et mangent du pain, (cette) femme « attendra son mari et ne se remariera pas. Si elle n'a pas <( de fils, elle attendra son mari pendant cinq ans; au seuil « de 6 ans, elle demeurera avec le mari de son choix.

« Son premier mari au retour, ne la touchera pas; elle est « garantie à son dernier mari.

1. Blé, mouton et tout ce qui est aliment on ne lui rendra pas.

2. Cf. supra, p. 221.

22S I>A LITTERATURE

« Si au delà de 5 années il a tardée parce qu'il n'a pu

« se rapprocher librement, soit qu'un despote lait pris

« et qu'il se soit enfui, soit que comme rebelle il ait été

« pris et ainsi ait tardé, il en Justifiera au retour, une

« remplaçante de sa femme il procurera dxw nouveau

« mari) et il reprendra sa femme. Et si le roi en pays

« étranger l'a encoijé, et s'il tarde jusqu'à 5 années, sa

« femme V attendra ; près d'un autre mari elle nedemeu-

« j'era pas. Mais si avant les 5 atis révolus elle se remarie

« et a des enfants, le {premier) mari au retour la pren-

« dra, elle et ses enfants, parce qu'elle n'a pas attendu,

« selon la loi, et qu'elle s'est éloir/née.

40. « Si quelqu'un une fille qui n'est pas à lui a donné « à un mari, alors que d'abord le père (de la fille la lui « avait donnée en gage parce qu'il) était endetté, et que a comme gage elle restait (chez cet homme), si un « ummianu antérieur s'en vient et si, le prix de la fille « étant entièrement soldé, il ne reste rien à donner au li- « vreur, [V ummianu?) prendra le livreur.

<( Si elle a vécu dans le gêne, elle est libre envers celui « qui Ta nourrie.

« Et si à celui qui a épousé la fille on veut faire signer (( une tablette (de reconnaissance) ou si un réclamant se « présente contre lui, on lui restituera le prix de la femme, « et le livreur la reprendra.

41. (( Les femmes mariées doivent être voilées ^.. « L'hié- « rodule qu'un mari a épousée, (elle aussi) dans la rue sera « voilée ; celle qu'un mari n'a pas épousée, dans la rue sera « tête découverte, et ne sera pas voilée; la prostituée ne sera « pas voilée, sa tête sera découverte.

« Celui qui verrait une prostituée voilée la saisira, se pro- « curera des témoins, devant le Palais l'amènera, il ne prcn- « dra pas ses ornements. Celui qui l'a arrêtée recevra son

1. Cf. siijira p. 222.

AUX TEMPS ASSYRIENS 229

«< vêtement. On la frappera de 50 coups de bâton, on versera (( de l'asphalte sur sa tête.

(( Et si quelqu'un voit une prostituée voilée et la laisse <( aller, ne l'amène pas devant le Palais, celui-là on le frap- « pera de 50 coups de bâton, (on) prendra son khanjar et « son vêtement, on fendra ses oreilles, avec un cordon (?) on « tirera en arrière, on attachera; un mois de corvée royale « il fera.

« Les servantes ne se voileront pas. Celui qui verrait une <( servante collée, la saisira, devant le Palais emmènera; '< ses oreilles on coupera. Celui qui l'a arrêtée recevra son « habit,

« Si quelqu'un voit une servante voilée et la laisse aller « sans l'arrêter et devant le Palais ne l'amène pas, on lui fera « la preuve, on le convaincra, de 50 coups de bâton on le « frappera, ses oreilles on fendra, avec un cordon on tirera, « derrière lui on attachera, son khandjar et ses vêlements <( on lui prendra, un mois de corvée royale il fera ».

42. Celui qui veut épouser sa concubine doit en faire la déclaration devant 5 ou 6 amis et lui impose)' le voile sur la tête.

45. Lorsque la dette est inférieure à la valeur vénale du débiteur^ et que le créancier, pour tirer de son débiteur nne somme supérieure^ lui rase la tête (pour essayer de le vendre comme esclave) , on percera et l'on fendra les oreilles du créancier.

46. « Si une femme a été livrée (épousée), et si l'ennemi « prend son mari, si elle n'a ni beau-père, ni enfant, elle « attendra son mari pendant deux ans. Si, pendant ces deux « ans, elle n'a pas à manger, elle s'en ira et (le) déclarera. « Si elle est une ekallattu du Palais (c'est-à-dire au service « du Palais), son... la nourrira; le travail du temple elle « fera .

Si elle sait travailler la terre, les juges inviteront les no- tables de la ville à lui attribuer une maison et un champ

230 LA LITTERATURE

qu'elle cultivera pendant 2 ans. Les conditions de cette 'attribulion seront fixées par écrit. Au bout de 2 ans, on délivrera à cette femme une tablette de veuve. Dès lors, elle sera libre de se remarier et d'habiter chez son nouveau mari.

49. « S'il est quelqu'un dont la fille de son débiteur, pour « dette, demeure dans sa maison et qu'il demande au père « de la fille pour la donner en mariage, si le père ne con- « sent pas, il ne la donnera pas. Si le père de la fille est « mort, il demandera à l'un des frères de la tille, et celui-là « en référera à ses (autres) frères. Si le frère dit : dans un « mois Je libérerai ma sœur ! si dans un mois il ne l'a pas « libérée, le créancier, s'il veut, l'affranchira et la donnera « à un mari... » (Lacime.)

51-57. De r:a vertement et du viol.

Art. I. Est assimilé à un voleur le dépositaire qui a facilité le vol de l'objet confié à sa garde en négligeant de fermer sa maison .

Art. II et III. Les membres de la famille ne 9,o\\i pas so- lidaires les uns des autres devant la loi.

Art. XII. Celui qui sous les yeux du propriétaire plante un verger ou des arbres, creuse une fosse dans le champ d'autrui, devient propriétaire du terrain qu'il a mis en va- leur; mais il doit rendre au propriétaire dépossédé un terrain d'égale étendue.

Art. XIV. Si le champ usurpé contient de la terre à brique^ Vusuiyateur rendra le triple du terrain, sera frappé de T)0 coups de bâton, et fera wi mois de corvée royale. Les briques qu'il a moulées seront confisquées.

Art. XVII. Si dans les champs se trouvent des eaïax qui « coulent à employer pour TiiTigalion. les propriétaires des

AUX TEMPS ASSYHIENS :;>3l

« champs s'eutreparlageronl; chacun sur son champ culti- « vera, arrosera.

« Mais si entre eux il n'y a pas entente, celui qui est de « bonne volonté, parmi eux, demandera aux juges et il fera « sa culture; ces eaux pour lui il prendra et arrosera son <( champ; aucun autre n"arrosera ».

}). Poésie épique.

LA. LÉGENDE DU VEH DU MAL DE DENISE

Cette composition débute sur le ton des grandes épopées. Comme en tant d'autres cas, le mal de dents est expliqué, non pas i)ar les causes secondes, mais par la cause première et ultime.

1. Lorsque le dieu Anu eut créé le ciel

le ciel créé la terre,

la Lex're créé les fleuves

les fleuves créé les canaux

o. les canaux créé lelimon,

le limon créé le ver,

le ver se présenta tout en larmes- devant Shamash

devant ha il vinl.

10. Que me donneras-tu pour ma nourriture?

Que me donneras-tu pour ma pitance?

On lui olîre la sève du palmier et de l'arbre shashshur\ mais le ver est mécontent : il demande de loger dans l'en- ceinte des dents et dans la pulpe des dents afin de pouvoir sucer le sang et ronger la mâchoire.

Le passage suivant est une transition destinée à introduire une Incantation pour guérir le mal de dents.

On le voit, la science des causes n'embarrassait pas les u savants >; de Babylone ; ils trouvaient toujours une généa-

1. BM.55, 547 m CT, XVII, 50. Cf. Thompson, The DeiUs; II, 160; PI. I. Ce texte avait été co/nt' pour la Bibliothèque d'Asiuuhauipal.

2. Illaka (Uinâsha.

232 LA LITTÉHATURE

logie qui portail jusqu'à la création du monde la chose à expliquer.

Poèmes de Gilgamesh.

Dès la période hammurabienne, il existait un poème de (iilgamesh dont nous avons quelques fragments; nous les avons déjà étudiés.

D'un poème de (iilgamesh, rythmé, en douze tablettes' qui, d'après les indications fournies par le texte lui-même, est une copie faite au vu" s. av. J.-C, pour la bibliothèque d'Ashurbanipal, nous avons plusieurs exemplaires- très frag- mentaires.

Dans toute la littérature assyro-babylonienne, il n'y a pas de document les dieux fassent plus piètre figure : ils tremblent « comme des chiens », au moment du danger^; ils s'assemblent « comme des mouches* » autour du sacri- fice. Ishtar surtout est une ignoble courtisane sans vergogne.

Et pourtant les psaumes et les hymnes manifestent un sentiment religieux si réel"'!

Le prohème agité dans notre poème pavait être de savoir comment Gilgamesh est devenu Juge des morts sans avoir obtenu les honneurs divins.

1. Les fragments n'"' 51 el ai {in BA, I, 19, 5U et 57-G5), portent en effet « tablette XII ». A la fin de cliaque tablette, on lit la première ligne de la tablette suivante.

2. Tous sont en écriture assyrienne, sauf SP II î)60=i.NE60; Rm 907 = NE 49, SP 297? cf. BA II (1890) 151, en écriture néo-babylonienne. Ils ont été publiés par Paul IIaupt, D. babyl. Niinrodepos. Leipzig, 1884 et (la tablette Xll) dans BA, l. Citons, en français, les trad. de Sauveplank dans la Revue des Religions, 1892 et de P. Diiokmk dans TR. Nous suivrons de très près cette dernière traduction.

Signalons dans cette épopée : 1*^ le grand rôle des songes. 2" Comme dans Enunia elish, les récits d'un personnage, (juand ils doivent être répé- tés par un autre, sont reproduits textuellement.

3. XI, 110.

4. XI, 102.

5. D'après M.-J. Lagmangk (ERS^ 342-347), le fait s'expliquerait en admet- tant (|ue le Poème avait peut-être pour but principal d'intéresser la curio- sité.

AUX TEMPS ASSYRIENS 23»

Gilgamesh fatigue par ses vexations les gens d'Erek dont les lamentations montent jusqu'à Toreille des dieux. La déesse Arurii^ co-créatrice de l'humanité, est chargée de former, îivec un peu de houe, un rival du tyran : c'est Enkidu.

Celui-ci est élevé au milieu des animaux sauvages, prend part à leur vie, et joue de mauvais tours aux bergers du voisinage. Pour s'en débarrasser, un chasseur conçoit Vidée de V arracher à la vie sauvage; une courtisane sera l'instru- ment de ce dessein : Enkidu ne résiste pas à ses séductions (le récit en est brutal). Quand pendant six jours et sept nuits, il a satisfait sa passion bestiale, les gazelles s'enfuient, le bétail du désert s'éloigne de lui :

Col. IV, 26 : Il eut honle Enkidu, son corps était paralysé. 29 Et il comprend, il sent grandir l'enlendenient.

Alors il retourne à la prostituée qui lui propose de venir dans Erek :

34. K Tu es beau, Enkidu, lu es comme un dieu!

35. « Pourquoi avec les troupeaux cours-tu par le désert?

36. « Allons! Je vais te conduire dans Erek aux enclos,

37. « à la maison pure, demeure d'Anu et d'Ishtar,

38. « lieu Gilgamesh est parfait en force

39. » et, comme un bœuf sauvage, s'est affermi sur les gens! »

Enkidu et la prostituée arrivent à Erek en pleine fête.

Gilgamesh, lui, a deux songes que sa mère lui explique : ce qu'il a vu c'est l'image d'ENKiDU, le héros à la force prodigieuse qui va devenir son compagnon'.

II IV

Ces tablettes son bien mutilées.

II. Enkidu maudit la courtisane d'Erek. Elle est seule

1. Cf. Période haminurahienne : Epopée de Gilgamesh, p. 96.

234 LA LlTTl-RATUHE

punie; vêtiio d une peau de chien, elle doit errer dans la campagne.

... En songe, Exkidu est descendu au Sheol, qu'il décrit dans le sLjle de la Descente cClshlnr aux enfers^ :

Col. IV. 30. A la maison d'où rentrant ne sort pas, 3!. à la route dont l'aller n'a i)as de retour, 'Mi. à la maison dont l'habitant est privé de lumière,

33. la poussière est leur nourriture et leur aliment la boue,

34. ils sont vêtus, comme 1 oiseau, d'un vêtement d'ailes.

35. Ils ne voient pas la lumière et dans l'obscurité ils de-

Tmeurent

Enkidu va emmener au loin Gilgamesh : les habitants d'Erek seront donc délivrés de leur tyran, et les chasseurs du désert sont exaucés puisque Enkidu nesera plus là.

Les deux amis s'entrelieunent de leur prochaine expédi- tion contre Khumbaba.

III. Ils viennent consulter la mère de Gilgamesh, prêtresse de Nin-Sun. Elle se pare des ornements sacrés, répand Teau lustrale et monte sur la terrasse du temple pour offrir à Shamash le sacrifice de l'encens-. Elle recommande son iîls à Aya, l'amante du dieu,

IV. Les obstacles s'accumulent contre l'entreprise de

Gilgamesh Eniin voici nos deux héros en présence de la

fameuse montagne "d-e Khumbaba.

V

Les deux amis sont en extase devant le bois sacré, « demeure des dieux, sanctuaire d^Irnini\ » Ils appellent le gardien; mais Khumbaba ne vent pas entendre. Enkidu a une vision nocturne. Gilgamesh est fds d'une voyante; il interprète le songe :

Mon ami, ton rêve est beau... Nous prendrons Khum-

1. Cf. infra, p.

2. Cf. Jer., XIX, 13 cl XXXII, 29.

3. Un des noms d'Itshlar.

AUX TEMPS ASSYIÎÏENS 235

babaM Auparavant, ils rendent leurs devoirs aux morts : nourriture funèbre, chant de deuil.

Pendant la nuit, Enkidu a un autre songe que lui ont obtenu les prières de Oilgamesh :

Col. III, 40. « Mon ami, ne m"as-tu pas appelé? Pourquoi suis-je

[éveillé? H. « Ne m'as-tu pas touché ? Pourquoi suis-je trouble? 42. i< Un dieu n'a-t-il pas passé? Pourquoi ma chair est-elle 13. « Mon ami, j'ai vu un troisième son.j'e. [abattue

Songe effroyable! Les cieux retentissent, la terre mugit. Une profonde obscurité; et, soudain, des éclairs et des flammes! Puis, tout s'éteint.

(La tablette est de nouveau mutilée).

VI

Les deux héros ont triomphé de Khumbaba. Gilgamesh se purifie des souillures de la lutte, se coiffe de sa couronne et revêt son justaucorps. Ishtar l'aperçoit dans tout l'éclat de sa beauté guerrière et s'éprend de lui.

Allons! Gilgamesh, sois mon amant!

FAle lui promet honneurs et richesses s'il répond à son amour. Mais le héros, au lieu de céder aux avances delà déesse, lui reproche ses brutales et inconstantes amours, sa cruauté.

Devant ce refus et ces insultes, Ishtar en fureur exige de son père Anu un vengeance. Et Anu envoie le veau céleste contre Gilgamesh : ENKn:>u met en pièces l'animal et en jette un quartier à la face d'Ishtar-.

1. Col. II, 38 et 1!.

2. Le culte primitif d'Erek était celui de la A'oluptuedse Ishtar; or, c'est Lugal-banda qui est mentionné comme dieu spécial de Gilgaraesli; d'autre part, dans les inscriptions de la dynastie d'Erek (KB 111, I p. 82 suiv.), c'est ce dieu et sa parèdre qui reçoivent tous les honneurs; enfin Ishlar est ici très maltrailée. De ces faits on peut conclure, avec P. Dmohme, que noire épopée appartient à un courant de réaction contre le culte éhonté de Vlshlar d'Erek, réaction qui doit remonter à l'époque de la dynastie d'Erek (3* millénaii'e av. J.-C).

236 LA I-IÏTÉRATURE

La déesse, environnée du chœur des courtisanes sacrées, gémil sur la viclinie, tandis que Gilganiesh offre pour le culte de son dieu, Lngal-Banda, les de inv cornes du taureau : elles contiendront de Vhiiile des onctions rituelles.

De nouveaux songes troublent le sommeil d'EN'Kn)u.

VII IX

VII. Très mutilée. Enkidu est gravement malade.

VIII. Enkh^u est mort. Et Gilganiesh :

Col. II, W. « Enkidu, mon ami, mon petit frère, panthère du désert,

12. « avec qui nous avons descendu partout et avons gravi

[les montagnes',

13. « nous avons pris et frappé le taureau céleste,

d4. « nous avons exterminé Khumbaba qui habitait dans la

[forêt de cèdre;

15. « maintenant, quel est le sommeil qui t'a saisi?

16. « tu es assombri, tu ne m'entends pas! »

17. Mais lui ne lève pas les yeux.

18. 11 toucha son cœur et il ne battait plus...!

19. Il couvrit l'ami comme une fiancée....

Durant six jours et six nuits, Gilganiesh fait entendre des lamentations; puis, pris d'une véritable panique, il erre à travers la campagne, et, quand on lui en demande la raison :

« J'ai eu peur de la mort et j'ai fui à travers le désert Mon

ami, celui que je chérissais est devenu semblable à la boue! Et moi n'aurai-je pas à me coucher, un jour, pour ne plus

me relever :

IX. Il résout alors d'aller demander à un de ses ancêtres, Uta-napisthim, le secret de lu vie.

La première étape est au mont Mushu, en Arabie, il rencontre des hommes-scorpions; puis, il devra suivre « lu route du soleil •», c'est-à-dire le chemin que le soleil par- court la nuit pour revenir à l'Est. L'obscurité règne en effet sur le parcours... Mais voici une oasis; et la lumière brille

1. Le texte de celle ligne est assez douteux.

AUX TEMPS ASSYRIENS 237

de nouveau; « V arbre des dieux », aux rameaux de lapis lazuli, porte des fruits magnifiques... Il y a une profusion de pierres précieuses.

Nous sommes chez la nymphe Siduri. l']fFrayée par Taspect de Gilgamosh, elle s'enferme chez elle. Le héros approche, menace d'enfoncer la porte. La nymphe lui fait les questions d'usage; et le héros répond par le récit stéréo- typé de la mort de son ami, du deuil 11 la supplie de lui

indiquer comment il pourra se rendre chez Uta-napishtim; comment franchir la mer qui lui ferme le passage. Siduri lui répond que Shamash (le soleil) seul peut la franchir. Et puis, il y a les eaux de la mort! Qu'il aille dans la forêt chercher le pilote d'Ula-napishtim ; il aura un guide sûr.... Nouveau dialogue stéréotypé^ qui se répète encore

quand enfm Gilgamesh arrive en vue de son ancêtre

Uta-napishtim fait des considérations philosophiques peu rassurantes : la mort comme la vie est réglée pur la desti- née, mais nul ne connaît le Jour de la mort.

Col. VI, 20. Kst-cc pour toujours que nous faisons une maison? Est-ce

[que nous scellons pour toujours?

27. Est-ce pour toujours que les frères se séparent?

28. Est-ce pour toujours que la haine existe dans....?

36. Les Anunnaki, les dieux grands, se rassemblent;

37. Mammilu, qui crée la destinée, avec eux fixe les destins,

38. ils déterminent la mort et la vie,

39. ils ne font pas connaître les jours de la mort !

XI

Gilgamesh demande avec inniistance à Uta-napishtim comment il a pu pénétrer dans l'assemhlée des dieux et trouver la vie.

Et l'aïeul raconte l'histoire du déluge'.

1. Cf. infra.

f38 LA LrrTERATURE

A ta suite de cette aventure fameuse, un dieu l'a conduit à l'embouchure des fleuves et lui a fait trouver la vie. Mais Gilgamesh, lui, n'a pas de protecteur divin. Que faire?

Uta-napishtim prouve à Gilgamesh, par l'expérience de sa faiblesse, qu'il ne mérite pas d'échapper au destin commun. Mais la femme de l'aïeul est émue de pitié; elle intervient deux fois. Le héros du déluge se laisse attendrir et commu- nique à Gilgamesh un merveilleux secret : qu'il aille pêcher, au fond de l'eau, la plante épineuse qui rend la Jeunesse.

Notre héros réussit, malgré les difficultés, à cueillir la plante; il peut donc retourner chez lui.

Cependant, arrivé près dune fontaine, Gilgamesh veut se baigner : survient alors un serpent qui dérobe la plante.

Et le héros se lamente :

310. Pour qui, ô Ur-shanabi ', mes bras se sont-ils fatigués?

311. Pour qui donc est anéanti le sang de mon cœur?

312. Je n'ai pas fait une belle œuvre pour moi-même.

Cependant le bateau arrive en face d'Erek. Gilgamesh fait part à son nocher de son dessein de travailler à de nou- velles constructions.

XII

Gilgamesh a l'intention d'évoquer l'ombre de son ami, P^NKîDU, pour se renseigner sur le sort qui attend l'homme après la vie.

.... Grâce à l'intervention des divinités Nin-Sun, Bel, Sin et Ea, Nergal roi du Sheol consent à en ouvrir la trappe, et Enkidu en sort. Gilgamesh l'accable de questions :

Col. IV, 1. « Dis, mon ami, dis, mon ami!

« Dis la loi de la terre que tu as vue !

« Je ne te dirai pas, mon ami, je ne te dirai pas!

« Si je te dis la loi de la terre que j'ai vue,

« assieds-loi; pleure!

1. Shanabi = La.

AUX TEMPS ASSYRIENS 239

Tout ce qu'on a aimé tombe en poussière. Cependant les sorts ne sont pas absolument égaux :

Col. \l, 4. « Sur un lit il est couché et il boit de l'eau pure M

« Celui qui est louibé clans le combat, l'as-tu vu? Je l'ai

[vu : « Son père et sa mère élèvent sa tète, et sa femme sur

[lui.... « Celui dont le cadavre gît dans la campagne, l'as-tu vu?

' Je l'ai vu : « Son ombre ne repose pas dans la terre ! « Celui dont l'ombre n'a pas quelqu'un qui s'en occupe,

[l'as-tu vu? Je l'ai vu : « Les l'ogatons du pot, les restes de la nourriture qui

[gisent dans la rue. il mange! »

C'est sur ces paroles que s'achève l'épopée.

Le dernier mot du poète est l'expression des opinions communes : ne pas redouter, et même rechercher la mort dans la bataille^ ensevelir ses morts et s'acquitter pieuse- ment des offices qui leur sont dus.

L'existence aux Enfers n'est pas riante ; encore, la meil- leure part est-elle acquise aux héros tombés sur le champ de bataille et pieusement honorés par leurs descendants. La destinée de Gilgamesh était en définitive la plus belle que pussent souhaiter ceux qui naissaient au bord des deux fleuves; il en était le héros : homme pour un tiers, dieu pour les deux autres. S'il n'a pas atteint la divinité, c'est qu'elle est inaccessible : il a du moins conquis tout ce qui ' dépend des efforts de l'homme, un ranc/ presque divin-.

Le Déluge. Tablette XI^ de l'Épopée de Gilgamesh^.

Gilgamesh a offensé Ishtar'', et son ami Enkidu est mort^

1. On ne sait à qui s'applique cette condition privilégiée. ERS^ 365, n. 1.

2. Cf. ERS2 342-347; 365-366.

3. Cf. p. 237. Nous reproduisons la traduction de P. Dhorme.

4. Cf. p. 235, tabl. VI.

5. Cf. tabl. VII et VIII.

240 LA LITTERATURE

Craignant le même sort, le héros va trouver Uta-Napishtim afin de connaître (( le secret delà vie ». Interrogé sur la manière qui lui a permis de pénétrer dans l'assemblée des dieux el de trouver la vie, l'aïeul est amené à conter la cataslroplie du déluge.

A Shuripak sur les bords de l'Euphrate les dieux ont décidé le déluge. Le dieu La révèle à son protégé, Uta- Napishtim, le dessein des immortels, et lui suggère de cons- truire un vaisseau pour fuir sur l'Océan :

24. « Conslruis un vaisseau,

25. « laisse les richesses, cherche la vie,

26. « déteste les biens el conserve la vie,

27. « Fais monter la semence de vie de toute sorte dans le vaisseau,

28. « Qu'elles soient uiesurées ses dimensions I

29. « Le vaisseau que tu construiras, toi,

30. « qu'elles se correspondent sa larj^eur et sa longueur !

On nous dit les dimensions et les matériaux du vaisseau.

58. Quant à son enceinte^, ses murs étaient hauts de 120 coudées.

59. Le pourtour de son toit mesurait également 120 coudées. ^0. Je traçai ses contours-, je les dessinai ;

61. je le recouvris six fois.

62. Je partageai son... en sept;

63. son intérieur, je le partageai en neuf,

64. j'enfonçai en son milieu des chevilles^ contre les eaux,

65. j'avisai une rame et je plaçai le nécessaire;

66. six shar d'asphalte je versai à l'intérieur;

67. trois shar de bitume à l'intérieur.

Un sacrifice fut offert et une fête célébrée ; puis î

81. (Tout ce que j'avais) je le chargeai,

^"2. tout ce que j'avais darg^ent, je le chargeai,

83. tout ce que j'avais d'or, je le chargeai ;

84. tout ce que j'avais je le chargeai; toute semence de vie

85. je fis monter à 1 intérieur du vaisseau ; toute ma famille et ma

[parenté. ^6. Le bétail de la campagne, les animaux de la campagne, les arti-

[sans, eux tous, je les fis monter.

1. KAN khi-shn(de Ichillii, /cliilu). Le sens deuAN n'est pas absolument sûr.

2. Lan pnni, ad lilt. : forme de li face, du visatfe.

3. Des ciievillcs dans les troiis pour empêclicr l'eau de s'infiltrer.

AUX TEMPS ASSYRIENS 241

87. Shamasli avait tixé le moment :

88. « Le chef des ténèbres, au soir, fera pleuvoir une pluie de saleté.

89. « Kntre dans le vaisseau et ferme ta porte' »,

90. Cet instant arriva :

91. Le chef des ténèbres, au soir, pleut une pluie de saleté.

92. Du jour je regardai l'aspect,

93. à considérer le temps j'eus peur;

94. j'entrai dans le vaisseau et je fermai ma porte;

95. pour la direction du vaisseau à Puzur-KiR-GAi.^, le bàteliei', 90. je conliai le bâtiment'' avec son contenu*.

L'allure du passage qui suit indique bien qu'il s'agit d'une catastrophe extraordinaire. Les dieux déchaînent l'orage et l'incendie' :

97. tiOrsque brilla un peu du matin,

98. du fondement des cieux monta une nuée noire,

99. Adad'^ en elle rugissait,

100. Nabû ' et le Roi* marchent en avant;

101. ils vont les hérauts, parla montagne et le pays;

102. NergaP arrache le mât.

103. Il va, Inurla'", il presse l'attaque ;

104. les Anunnaki" ont porté les torches :

105. par leur éclat ils embrasent le pays;

106. le tumulte d'Adad atteint les cieux.

107. Tout ce qui est brillant se transforme en ténèbres.

Les dieux eux-mêmes sont effrayés : 114. Les dieux eurent peur du déluge;

1. Variante : Ion vaisseau.

2. Piizur-Kun-GAL (liuii-GAL =: Amurru.)

3. nkallii, littlér. : grande maison, palais.

4. iîu.s/iè = possessions, biens.

5. Dans tous les événements, même les plus futiles, les Orientaux voyaient raclion des dieux; k plus forte raison devaient-ils faire intervenir la divinité dans un cataclysme comme celui (jui est décrit ici. (Cf. Deux caractères du sli/le assyro-habyl., dans CuAnLi;s-F. Jkan, Lettres de Ilant- inurapi à Sin-idinnain, p. 1-56).

6. :\dafl, dieu de l'orage.

7. Nabû, « héraut ».

8. C;e Roi dieu est Marduk.

9. Nergal, dieu du Sheol.

10. Inurla, dieu de la guerre el de la chasse.

11. Auuunaki, esprits delà terre et du monde inférieur.

16

242 LA LITTÉRATURE

415. ils s'enfuirent, ils montèrent aux cieux d'Anu. 116. I^s dieux s'accroupissent comme le chien; sur la muraille ils sont

^couchés.

Survient Ishtar: c'est elle qui a occasionné le déluge; mais elle ne l'avait pas voulu si épouvantable.

Le septième jour, le déluge s'apaise. Uta-Napislilim refyarde : il voit toute Thumanité « changée en boue » ; et il pleure. Une île apparaît à l'horizon, c'est le sommet du mont Nitsir, le vaisseau vient aborder. Alors:

147. Je fis sortir une colombe, je la lâchai ;

148. elle alla la colombe, elle revint :

149. comme il n'y avait pas d'endroit, elle revint.

150. Je lis sortir une hirondelle, je la lâchai;

151. elle alla l'hirondelle, elle revint :

152. comme il n'y avait pas d'endroit, elle revint.

153. Je fis sortir un corbeau, je le lâchai ;

154. il alla le corbeau, et vil le tarissement des eaux :

155. il mange, il patauge, il croasse, il ne revient pas.

156. J'en fis sortir aux quatre vents.

Uta-Napishtim sort du bateau et offre un sacrifice d'ac- tions de grâces :

156 Je répandis une libation',

157. je plaçai une olFrande - sur le sommet de la montagne. 159 Je répandis du roseau, du cèdre et du myrte.

160. Les dieux flairèrent l'odeur,

161. les dieux flairèrent la bonne odeur.

162. Les dieux, comme des mouches, se rassemblèrent au dessus du

[sacrificateur^

Le dieu Bel arrive aussi : Ishtar et Ka lui reprochent d'avoir fait le déluge. Èa :

182. « n loi, le sage parmi les dieux, le héros!

183. « Gomment, comment n'as-tu pas réfléchi et as-tu fait le déluge?

184. Le pécheur, place sur lui son péché;

185. le coupable, place sur lui sa faute!

1. LiUcT. : je lih;d une lil)ation.

2. Shiinjtuu, de shardqu = verser; il s'agit d'une offranfJc répandue.

3. 150" 102.

AUX TEMPS ASSYRIENS 243

i86. Mais délivre, avant qu'il soit anéanti ! Retire! qu'il ne (...) 187. Pourquoi as-tu fait le déluge*?

Bel répare sa faute par l'apothéose d'Uta-Napishtim et de sa femme.

Mythe sur l'Enfeu. La descente d'hhlar aux Enfers^.

Ce document nous intéresse surtout par les données qu'il nous fournit sur les conceptions babyloniennes de « l'au- delà. »

Ishtar a décidé de descendre au royaume des ombres :

Recto, i. Vers la terre sans retour le sol ( )

2. Ishtar, fille de Sin, (résolut d'aller),

3. Elle le résolut, la fille de Sin ( )

4. Vers la. maison de ténèbres, demeure de Nergal^

5. vers la maison d'où l'entrant ne sort pas,

6. vers le chemin dont l'aller na pas de retour,

7. vers la demeure qui y pénètre est privé de lumière,

8. la poussière est leur nourriture et leur aliment de la

bouel

9. Ils ne voient pas la lumière, dans l'obscurité ils demeurent,

10. ils sont vêtus, comme l'oiseau d'un vêtement d'ailes.

11. Sur la porte et le verrou est répandue de la poussière.

Arrivée à la porte, elle fait une scène au portier :

14. « Ah çà ! portier ouvre ta porte!

15. « Ouvi^e ta porte pour que j'entre moi !

16. « Si tu n'ouvres pas ta porte et que je ne puisse entrer

17. « j'enfoncerai la porte, je briserai le verrou,

18. « je démolirai le seuil, je romprai les battants,

19. « je ferai remonter les morts et ils mangeront les vivants^ :

20. « Les morts deviendront plus nombreux que les vivants.

1. 182-187.

2. CT XV, 45-48; P. Du. TR 326-341. Notre recension faisait partie de la Bibliothèque d'Ashurbanipal.

3. Nous soulignons quelques passages intéressants.

4. Sens adopté par Maspero, Hist. I, 694; c'est la trad. de P. Dhorme, 1. c. p. 329.

244 LA LITTKRATURE

Le royaume infernal est gouverné par le couple divin, Nergal et Ereshkigal. C'est celle-ci, « souveraine de la grande terre », qui impose les lois au monde des ombre?, dont la première est que quiconque pénètre dans Vlhidès doit être absolument nu. C'est pourquoi, à chacune <\e?, sept portes q\\i précèdent l'Enfer, Ishtar elle-même doit, «■ selon les lois antiques' » se dépouiller d'un vêtement ou d'un ornement.

Lorsqu'elle fut descendue dans le « pays sans retour- ». sa sœur, Ereshkigal, troublée, la fit emprisonner et lâcha contre elle soixante maladies.

70. « La maladies des yeux sur ses yeux,

71. « la maladie du côté sur son côté,

72. « la maladie des pieds sur ses pieds,

73. « la maladie du cœur sur son cœur,

74. « la maladie de la tête dans sa tête,

75. « sur elle ensemble (....).

Ishlar était la déesse de la volupté et de l'amour; le résul- tat de son emprisonnement fut que les êtres ne se multi- pliaient plus.

Le messager divin, Papsukal, se plaignit auprès des dieux de cet état de choses. Shamash intervint, et Ea prêta l'oreille. Celui-ci créa un efféminé, Atsushunamir. qu'il envoya vers Ereshkig-al, sans doute pour la séduire et déro- ber l'outre mystérieuse :

Verso, 13. « Va, Atsushunamir; à la porte du pays sans retour place

[ta face.

14. « que les 7 portes du pays sans retour s'ouvrent devanl

Joi!

15. << Qu'iilreshkigal te voie et qu'en ta présence elle se ré-

joui.^se !

16. « Lorsque son cœur se sera calmé et que son âme se sera

éclaircie.

17. conjure-la de le donner l'outre mystérieuse pour y boire

[de son eau.

1. Recto, 38.

2. 63.

AUX TEMPS ASSYRIENS 245

Celte demande mel Ereslikigal en couitoux, et elle <( enchante par un grand enchantement »> V efféminé .

24. Les aliments des ruisseaux de la ville, qu'ils soient ta

[nourriture !

25. Les conduits de la ville qu'ils servent à ta boisson !

26. li'ombre des murs, qu'elle soit ta demeure!

27. Les seuils des portes, qu'ils soient ton habitation!

Mais la reine des Enfers doit subir les volontés de Ea ^mage divin qui a trouvé les paroles secrètes dont reffîca- cité est irrésistible), et délivrer Ishtar. Naniluru, messager d'Ereshkigal, est chargé d'exécuter les ordres d'Èa.

34. « Va, Namturu, frappe au palais de justice,

32. « fais du tapage sur le seuil qui est en pierres brillantes.

33. « fais sortir les Anunnaki, sur le trône d'or fais-les asseoir!

34. « Quanta Ishtar, asperge-la des eaux de la vie et emmène-

[la de devant moi !

Mythe d'Etana.

Dans un fragment archa'ique', qui doit appartenir à la première partie du Cycle iVEtana'^, on nous dit qu'à l'ori- gine il n'y avait pas de roi, sur la terre, et que les insignes de la royauté étaient au ciel.

Nous retrouvons une suite de la Légende en des textes plus récents '.

Pour obtenir que sa femme enceinte eût une heureuse délivrance, Etana offre à Shamash ses prières et son sacri- fice. Et le dieu l'envoie vers une montagne célèbre par Y épisode de V aigle et du serpent :

\. Cf. supra, p. 35.

2. Onze tablettes, acluellemenl coniuies, se rapportent à ce Cyle. On peut les classer en 3 groupes :

K 2606, et le texte Scheil : Pas de roi sur la terre! Les insignes royaux sont au ciel.

K 2527 et K 1547, plus Rm 79, 7-8, 43 et K 8578 : Histoire du serpent et de l'aigle, et prière d'Etana pour son Gis.

Rm 2454 + 79, 7-8, 180, plus K 3651, K 8563 et Rm 522 : Ascension d'Etana enlevé par l'aigle, Cf. BA II (1892), 391-392.

3. Publiés dans BA II, 439 s., et BA III, 379 s.

246 LA LITTEHATURE

Un aigle et un serpent vivaient de compagnie, élevant chacun sa progéniture. Mais voici qu'une mauvaise pensée surgit au cœur de Taigle :

7. « Les petits de ce serpent, je les mangerait, moi! ce serpent...

son cœur ! »

Le plus jeune et le plus rusé de ses petits cherche à le détourner de ce crime :

\\. « Ne les mange pas, ô mon père, le filet de Shamash le saisirait : M le filet, le charme de Shamash passeraient sur toi et te saisi-

[raient.... »

L'aigle n'écoute pas ; il dévore la famille du serpent. Celui-ci, dans une touchante prière, crie vengeance au juge suprême, Shamash. Le dieu lui enseigne, pour punir son ennemi, un stratagème grâce auquel l'aigle est en effet à moitié broyé. Or, c'est vers cet aigle que Shamash envoie Etana chercher l herbe d'enfantement . Etana prépare au blessé quelques bonnes bouchées d'oisillons ; et l'oiseau royal sent ses forces revenir

L'homme et l'ais^le sont maintenant de bons amis... L'aigle raconte ce qu'il a vu au ciel d'Anu il est allé cher- cher Vherbe d'' enfantement^ et il propose à Etana de lui faire contempler oe spectacle :

III, 17 : y Sur ma poitrine place ton dos,

« sur les plumes de mes ailes place tes mains, « sur mes flancs place tes flancs! » Sur sa poitrine il plaça son dos, sur les plumes de ses ailes il plaça ses mains, sur ses flancs il plaça ses flancs.

Après deux heures d'ascension, l'aigle dit à Etana :

25. « Regarde, mon ami, la terre! Comment est-elle? « Considère la mer, les rivages de l'océan ! »

Toutes les deux heures, même demande; et Etana de répondre que tout devient de plus en plus petit :

33. " La mer s'est changée en une petite rigole de jaixlinier! »

AUX TEMPS ASSYKIENS^ 247

Les voici devant Anii! Mais ils doivent monter encore pins haut, jusqu'au trône d'Ishtar (la planète Vénus); et le dialogue reprend' :

18. « Mon ami, vois la terre! comment est-elle? il. « La terre s'est changée en jardin...

« et la vaste mer est comme une corbeille!

Mais la terre disparaît ; elle s'etl'ace dans le lointain. Ktana a le vertige ; il tombe, entraînant l'aigle dans sa chute...

Le héros est mort... Il apparaît à sa femme; il a le titre de roi.

Etana a-t-il, dans la première partie de son ascension, mis la main sur les insignes royaux cpii étaient devant Anu? Dans ce cas, la chute serait le châtiment de son audace.

Quoi qu"il en soit, dans le poème de Gilgamesh, Etana esl au fond de l'enfer avec le dieu Gira.

Lr Juste souffrant-.

Ce petit poème que Ion peut très uatuiellenient divi- ser en strophes nous met en présence d un Job ' babylo- nien, abandonné de tous, même des dieux, et en proie aux plus atroces soutfrances.

Et pourtant il a conscience de son innocence!

I! ne peut comprendre les desseins des dieux.

1. TR 180.

2. NoU*e texte est une recension assyrienne; nous en avons plusieurs exemplaires : IVUGO, texte B (avec explications assyriennes dans V R 47^ : DT3o8 et Sni 1715 cf. Bezold, Catalog. p. 480 , auxquels il faut ajou- ter celui qu'a découvert V. .Scheil à Sippar (Une saison de fouilles... p. 105). Ce dernier docunienf, le contenu du texte et le commentaire assyrien montrent que ce petit poème remonte à une haute antiquité.

3. Le nom de Job (z *x) se trouve dans les Lettres d'El-Amarna (El- Ani. Berl. n" 256 et AO 71)04) sous la forme Aiab, roitelet de Bikbishi (qui peut se lire Bihhilim) en Palestine. Sur l'emplacement de celle ville les avis sont partagés. Voir T!H!ni:AU-DANGiN in W\ XIX (11)22) l>o-l)6.

2AS I.x\ LITTÉRATURE

I

(Mon nutl est rebelle à lous les remèdes).

Hecto : \. \ peine arrivé à la vie, j'avais dépassé le temps fixé.

2. J'avais beau me retourner, c'était le mal, encore le mal !

3. Mon oppression croissait, je ne trouvais pas mon droit !

4. J'invoquai mon dieu, il ne me montra pionl sa face;

5. je priai ma déesse, sa têle ne se leva même pas!

6. Le voyant dans une vision' ne fixa pas mon avenir,

7. et l'interprète des songes par un sacrilice n'établit pas mou

[jugement

8. Je consultai le nécromant, il ne me lit rien connaître;

9. le magicien avec ses rites ne m'ôta pas mon sort-. 10. Quels événements divers dans le monde!

H, J'ai reg'ardé en arrière : le malheur'' était à ma pour-

[suite !

II

{Je paraissais frappé comme uu impie).

12. Comme si à mon dieu le sacrifice n'était pas

[offert,

13. comme si dans le repas (sacré) ma déesse n'était pas

[commémorée.

14. comme si ma face ne s'inclinait pas, ni mon adoration ne

[paraissait ;

15. comme celui sur les lèvres duquel ont cessé les prières les

[supplications,

16. pour qui a cessé le « jour de dieu'' », est morte la néoménie,

17. qui s'est montré négligent^, a méprisé leurs images,

18. qui n'a pas appris à ses gens la crainte et le respect,

19. qui n'a pas invoqué son dieu, a mangé sa nourriture '',

1. Bârù ina hi-ir.

2. hiniilliz= ma colère, c'est-à-dire : celle dont je suis la victime.

3. Ippiru : le commentaire assyrien V R 47 donne comme explication, (1.41) de ce mot : inanalihta, au sens de malheur, misère, sans doute comme dans celte invocation à Tammuz (dans RA XIII (1916) p. 110; : [ilu) Dumu-zi khar-ma-liima-na-a/;h-li lil-hal : que Tammuz, ton époux, éloigne mon malheur!

4. " Jour de dieu » := fêle religieuse,

f). Littér. : qui couche son flanc (expression couianle). (). C'est-à-dire : le repas sacré du dieu.

AUX TEMPS ASSYRIENS

249

20. qui a délaissé sa déesse,

21. à celui qui fut oppresseur

22. qui a prononcé à la légère

tel je paraissais !

n'a pas apporté l'écrit; qui a oublié son maître, la prière de son dieu,

III

{Pourtant je fus toujours fidèle aux dieux et au roi.)

23. Pour moi, je m'occupais

24. la prière était mon souci,

25. Le jour du culte des dieux

de supplications, de [prières; le sacrifice ma loi ! faisait la joie de mon [cœur ;

26. le jour l'on suiA'ail la déesse, c'était mon gain, ma ri-

[chesse '

27. La prière du roi,

28. et sa musique

29. J'ai appris à mon pays

30. à honorer le nom de la déesse

31. La majesté du roi

32. et la crainte du palais

33. Je sais que pour un dieu

c'était ma joie, un plaisir pour moi. à garder le nom du dieu : j'ai instruit mes gens. j'ai exalté bien haut* j'ai appris au peuple, cela est agréable.

IV

(Les desseins des dieux sont obscurs.)

34. Ce qui est bon en soi,

35. ce que l'on retient en son cœur^

36. Qui connaît le dessein

37. Le conseil du dieu,

pour le dieu c'est [un mal; pour son dieu [c'est bon ! des dieux qui sont [au ciel? qui... le compren- [dra? 38. Comment les humains apprendraient-ils la voie d'un dieu?

(L'homme est si changeant \)

39. L'homme vivant le soir

40. vite il est abattu,

est mort le lendemain soudain il est brisé.

1. Llttér : J'ai fait égale à ce qui est haut.

2. C'est-à-dire : ce qui est honteux.

250 LA LlTTliltATURE

41. Il chantait, à rinstaul, il exultait!

42. un moment après, il geint comme un pleureur.

43. Comme ouvrir et fermer, varie sa volonté.

(L'homme jjftsse d'un extrême à r.'iulre.)

44. Est-on dans la disette? Ton est pareil au cadavre;

45. Est-on rassasié? l'on est semblable à son dieu.

46. Est-on dans le bien-êlre? l'on dit : Je veux monter aux

[cieux.

47. Est-on dans la douleur? l'on dit : Je veux descendre

[aux enfers. ... (lacune.) *

(Une paralysie enchaîne mes membres.)

Verso : i. En une prison pour moi ma maison est changée;

2. dans les liens de ma chair mes bras sont enchaînés';

3. dans mes propres entraves mes pieds sont tombés.

4. ... (lacune d'une ligne.)

5. D'un fouet i! m'a frappé, [demi ligne obscure.)

6. d'un bâton il m'a percé; la pointe en était forte.

7. Tout le jour, le persécuteur me poursuit,

8. à la tombée de la nuit, il ne me laisse pas respirer un

[instant:

9. à force d'agitation, mes articula lions- sont dis-

[loquées,

10. mes forces sont déprimées, je vois un mauvais présage".

11. Sur ma couche alFalé comme un bœuf,

12. je suis comme un moulon, inondé de mes ordures.

VI

(Abandonné de fous.)

13. Mes muscles malades ont mis les magiciens

la torture \

14. et aux présages qui m'arrivent le devin s'est troublé;

15. rincantateur n"a pas éclaix'ci l'état de ma maladie,

1. Lillér. : sont Jetés.

2. lilk-su-u-a.

3. Pour ce demi-vers, nous lisons avec Diigume : i-(a al-ta~a a-khi-lum. \. hhhulu.

19. La tombe est ouverte.... *

20. Avant que je sois mort, la lamentation est

AUX TEMPS ASSYRIENS 251

16. et le devin n'a pas mis lin à mon infirmité,

17. Mon dieu ne m'a pas secouru, il ne m'a pas tendu

[la main ;

18. ma déesse n'a pas eu pitié de moi, elle n'a pas marché

mon côté.

n est [finie.

21. Tout mon pays a dit : Il est perdu !

22. Mon ennemi l'a entendu et son visage a brillé;

23. on lui a annoncé la joyeuse nouvelle : son cœur s'est illu-

[miné.

24. Je sais le jour ma famille en-

ftière,

25. au milieu des dieux protecteurs était aimée de leur

I divinité^.

Le commentaire assyrien nous fournil le nom du Job babylonien : Tahi-utul-Bêl^, habitant Nippur\ Or, on con- naît une liste, clans laquelle sont expliqués les noms de cer- tains anciens souverains de Babylone et se lit ce nom-'; on en conclut que le Tahi-utul-Bêl de notre poème est le même que le Tabi-utul-Bêl roi de Babylone, d'autant que, dans sa forme actuelle, la copie assyrienne d'une composi- tion de Nippur a été faite sur une recension babylonienne ce dernier point serait prouvé par le fait que le nom du dieu de Babylone, Marduk, est mentionné plusieurs fois*.

Notre Juste souffrant aurait donc été roi\ nous aurions donc un Messie souffrant bahylonien\

Mais les lignes 27 et 31 nous paraissent exclure catégori-

1. Le second demi-vers est obscur, à cause du mot shukânu. P. Dhorme propose : habitation. (On aurait : on a pris possession de mou habitation)

comme en arabe ^J^S,j^ =z habilation, si'jour.

2. On peut aussi traduire ce vers : ... dont la divinité est au milieu des génies protecteurs, elle (ma famille) aura pitié.

3. V R 47, verso 5.

4. V R 44, Col. 11, 17 {a-shiJj En-lil-ki, emprunté aux chronographes babyloniens).

5. V R, 44, Col. 11, 17; cf. le duplicalum II R 65 2.

6. Deux fois dans le texte (V R 47 verso 40 et 42) et dans la souscrip- tion.

252 LA LIÏTÉRAÏUIŒ

qiiement celle hypolhèse ; ce juste n'élail pas roi et nous pouvons ajouter qu'il ne souffrait pas avec résignation, ni en vue d'expier les crimes des autres.

Stèle cultuelle'.

L'Assyrie se couvrait de gloire avec Atsliur-nasir-apal, elle élargissait ses frontières et élendait son influence. La Babylonie, au contraire, ne savait pas contenir les bandes du désert, les peuplades voisines qui convoitaient ses richesses : Sutéens, Araméens, etc. Le roi de Babylone, Nabù-apla-iddina. comprenant que la lutte contre son puis- sant voisin était inutile, préféra entretenir avec lui des relations pacifiques : cela lui permit de restaurer le temple de Shamasli, à Sippar, et de rétablir somptueusement son culte.

C'est de ce temple que parle notre texte, et c'est sous Nabù-apla-iddina qu'il fut rédigé. Nous en citons quelques passages intéressants :

Col. I, 1. Shainash, le Seigneui' grand,

2. habitant de l'E-barra^

3. qui est à Sippar,

4. que, dans les désordres

5. et les troubles d'Akkad

6. les Sulécns, ennemi méchant,

7. avaient ruiné

8. en avaient détruit les images.... Col. II, 48. Nabû-apla-iddina,

19. roi de Babylone,

20. nppelé pur le dieu Marduk,

21. chéri des dieux Anu el Bel,

22. réjouissant le cœur de Sarpanit^

23. homme' tort,

1. V H, 60-01. Trad. HA III, 2G8 suiv.; K B III, 1, 175 suiv. ; P. Diiorme, T R 383 suiv.

2. Nom du lem[)le du soleil {Shanuigh); on disait aussi K-buLhant.

3. Déesse parèdrc de Marduk.

4. VJIcru; hébreu. : ~zt zr mâle.

AUX TEMPS ASSYRIENS 253

24. qui pour la royauté est bien*,

25. portant l'arc terrible,

26. abattant l'ennenii méchant,

27. les Sutéens dont sont grands

28. les péchés-,

29. auquel, pour venger Akkad,

30. pour faire hahiler les villes, Col. III, I. pour fonder des sanctuaires,

2. tracer des images,

3. garder intacts les rites ^

4. et les préceptes divins''

5. fixer les offrandes régulières,

6. rendre somptueuses les offrandes facultatives,

7. le Seigneur grand, Marduh,

8. d'un sceptre d'équité^

9. pour exercer le pastoral sur les gens 10. a « rempli sa main »*

M. Shamash, le Seigneur grand, qui, depuis des jours

12. nombreux,

13. contre Akkad était irrité,

14. avait détourné son cou^,

15. sous le règne de Nabù-apla-iddina, IG. roi de Rabylone,

17. il eut de la bienveillance,

18. il retourna sa face....

Col. IV, 47. 1 qa de nouiriture, 1 qa de vin.

48. Tancienne offrande fixe à Shamash,

49. avec le jardin

50. que le roi E-ul-mash-shakin-shum

51. à l'Aur-shum-ushabshi,

52. prêtre de Sippar, devin*

53. avait accordé''

1. Lillér. : est beau, asniu.

2. Khitn, cf N'Jn. Ces pécliés sont déerils aux inemièros lignes de la Col. I.

3. Partsè.

4. Billmlè)

5. Equité ; i-shar-ln. C'est un mot dérive de la même racine que nous avons dans Ps. XLV, 7 virga aequUnlis (Ti"»c), virga rogni lui.

6. On connaît, en hébreu, l'expression T k'-c := re/nplir la main (philo- logiquenient identique à celle-ci), au sens de consacrer {P'x, XXll, 29) et de installer un piélre {Ex. XXVIII, 41; Lcv., VIII, 33; Jinl. XVII, 5: I lieg., XIII 33).

7. Sous l'empire de la colère. Le verbe shahihu, (|ue nous avons ici, signiOe s'irriter, être en colère.

8. Bdrii.

d. I-ri-niu. On emploie ce verbe dans le aeusd'élahlir, fixer son domicile.

254 LA LITTERATURE

54. en nourriture, en vin,

55. nourriture à l'huile, libation, viande de bœuf,; Col. V. 9. viande de mouton, poissons,

2. légumes verts, que, de nouveau,

3. Nabû-apla-iddina,

4. roi de Babylone,

5. pour Samash, Aya*,

6. et Bunene"^

7. a fixé : la part du roi,

8. la pitance du prêtre en moutons^

9. les sacrifices du roi pour toute l'année, iO. les reins, la peau,

11. les cuisses, les jointures*

12. la moitié des viscères du ventre,

13. la moitié des viscères du qirbn ^

14. 2 pattes de quadrupède^

15. 1 pot de jus de viande''

16. sur les sacrifices des bœufs et des moutons

17. de l'olTrant,

18. dans la proportion suivante :

19. sur 5 parts

20. la corporation des « entrants dans le temple* »,

21. 2 parts de nourriture,

22. vin, nourriture à l'huile, libation,

23. viande de bœuf, viande de mouton,

24. poissons, légumes verts;

25. la corporation de ceux qui portent le poignard

26. et les ustensiles de l'intérieur :

27. dans la proportion de 2, les « entrants dans le temple ».

28. Sur toute offrande fixe, faible

29. ou copieuse,

1. Parèdre du dieu Shamash.

2. Ce dieu avait pour attribution d'atteler et de conduire le char du soleil [Shamash).

3. Pour ce qui suit ou pourra comparer Lev. I-IV ; et, pour la part des prêtres dans les sacrifices, Lev. VI, 8-38.

4. Jointures = Au^ne Cf. Holma, Korp. telle, p. 5. Les cuisses =: ar/ca/u ; hébr. : T}'; arab. : ^.»

5. En hébr. : 3"ip r/éréb, comme matière du sacrifice, désigne les

entrailles (Ex. XII, 9; Lev. 1, 13 : III, 3, etc. A cause de la ligne 12, faut-il traduire par viscères de la poitrine'^ (IIaupt l'a pensé, J B L XIX, 76 rm 09). Ce n'est pas sûr. Voir IIolma, Koerperieile, 179. (). Kursinnu.

7. Jus de viande; littér. : eaux de viande.

8. Avec DuonME.

AUX TEMPS ASSYRIENS 255

30. selon le statut de la ville, Vupuntu^

31. de rolFrant. et tout ce qui est

32. du produit

33. de lÉ-barra.

34. tout ce qu'il y a :

35. la part du roi,

36. la pitance du prêtre,

37. et i2 parts

38. dans la proportion de 2, les « entrants dans le temple »

39. de beaux vêtements- de toute espèce

40. pour Shamash, Aya

41. et Bunene :

42. vêtement /Ju/A7iu,

43. vêtement karbil,

44. vêtement du matin,

45. vêtement khvllanu,

46. vêlement nihikhu,

47. de la laine écariate,

48. de la laine pourpre violette*

49. un g^rand vêtement karhit,

50. et la taxe de l'offrant.

51. Au mois de Nisan, le 7^ jour :

52. le vêtement du matin;

53. au mois d'Aiar, le 10" jour :

54. le vêlement du matin;

55. au mois d'Ulul, le 3'' jour : le vêtement karhit; Col. VI. 1. au mois de Tashrit, le 7" jour : le vêtement ka.rhit;

2. au mois de Arakh-samma, le 15® jour :

3. le vêlement du matin;

4. au mois d'Adar, le 17* jour ; le vêtement karbif.

5. Total : 6 beaux vêtements pour toute l'année,

1. Dans Maqlû ï, 10, ïallqvist, à la suite de Jensen (Z K II, p. 31 s.), pense que Vupuntu est une lierbe (le pois, d'après Halévy, Docuin, relig., p. 138; d'après Jensex, K B VII, I, 447 in 48: sorte de farine Zimmern, Shurpu, V-VI, 123, 130, 141 : grains, céréales, et Hit. taf., n«27, 15 ■.fine{i) farine. P. Diiorme h. 1. et Gilgam., V, Col. II, 48 : graine, ainsi traduit parce que, dans Rit. taf. n" 27, 15, ce mot est intercalé entre le mot céréales et le mot semence.

2. Les vêtements des prêtres hébreux sont décrits. Ex. XXVIII et XXIX.

3. Pourpre violette : takillu. La ribpn :=z tekêléth était au nombre des offrandes que les Israélites feraient à Moïse [Ex. XXV, 4; XXXV, 6, etc.); de rétoffe tekêléth devait servir, avec d'autres, pour les tentures du taber- nacle (jS'jc. XXVII, 16), pour les vêtements des prêtres ^Ex. XXVIII, S, 6, 8, etc.). Plus de 30 fois, il est question de tekêléth, dans V Exode.

256 LA LITTÉRATURE

6. don du roi,

7. pour Shamash, Aya

8. et Bunene,

y. Nabù-apla-iddiiui,

10. roi de Babylone,

11. à Nabù-nadin-shum,

1:2. prêtre de Sippar, devin'

13. son serviteur, a accorjé

14. et, pour n'avoir pas de réclamation,

15. il a scellé et

16. pour jamais il a donné.

17. Pour sceller celte tablette^

18. Marduk-shum-ukîn,

19. lils de Khabban, mage^,

20. Ushabshi-ilu

21. fils d'Ka-riniauni, minislx'e^,

22. Marduk-tabik-zèr

23. fils de Tubalat-Isbtar, ofllcier*,

24. et Marduk-balatsu-iqbi,

25. lils d'Arad-Éa,

26. gouverneur^, sont témoins.

27. Babylone mois de Nisan, le 20* jour,

28. année 3 1^ de Nabù-apla-iddina,

29. roi de Babylone.

30. Duplicatiim^ du sceau royal

31. des travaux,

32. Oncques à l'avenir.

33. dans le palais, en maître

34. se placera et

35. la donation du roi

36. Nabù-apla-iddina

37. contestera et

38. à un autre accordera'

39. sur les aliments un prélèvement^

40. fera et pour le gouverneur comptera

41. ou bien pour lui-même détournera,

1. Dârû.

2. Ka-lu.

3. Sukallu.

4. Shaku.

5. Bêl-palilvUi

6. Gabrû.

7. Liltér. : fera cadeau.

H. Prélèvement : nu-shnr-ra. Piciser (KAS, 70, 5) rappelle n— t-r, mu/nis iJoniim de I Sam. IX, 7, el hu. LVH, 9.

AUX TEMPS ASSYRIENS 257

42. ou, par n importe quelle œuvre de mal,

43. cette stèle

44. détruira,

45. cet homme,

46. par la parole de Shamash, d'Aya,

47. el de Bunene,

48. seigneurs de la décision '

49. des dieux grands,

50. que son nom périsse/

51. que soit exterminée sa postérité I

52. dans le besoin et la faim,

53. que sa vie s'évanouisse !

54. que son cadavre tombe et

55. n obtienne pas de tombeau'^!

c. Poésie lyrique.

Lamentations et Psaumes de Pénitence.

On doit grouper, sous ce Litre, deux classes de textes : ceux de la série Er-shem-ma' et autres de même caractère qui sont des lamentations pour la timbale, et ceux de la série Er-sha-ku-mal ou lamentations pour V apaisement du cœur. Les unes et les autrent se lamentent sur des adver- sités et malheurs divers.

Les textes de la première série ont un caractère plus géné- ral; les autres sont plus personnels. Dans les premiers, il s'agit d'événements malheureux qui affligeaient toute une ville, tout le pays ; les autres ont pour objet les revers, la douleur d'un individu, la conscience de son péché personnel, et le sentiment religieux qu'ils expriment sont plue intimes, plus élevés. Les uns et les autres commencent par un hymne ;

1. Sliamash et Aya avaient engendré Kiltu [le Droit dans toute son ampleur) et Mesharu [Véquité).

2. Cette malédiction était une des plus redoutées des Babyloniens comme des autres Sémites, parce que si le corps n'était pas enseveli u l'âme était empêchée de descendre aux enfers et se trouvait condamnée à errer sur la terre, dans un domaine qui n'était plus le sien », et elle pouvait tour- menter les vivants, ERS 2, 330-331.

3. Nous avons cité, à la période shuméro-akkadienne, quelques Psaumes de cette série.

17

258 LA LITTÉRATURE

vient ensuite la description de l'adversité, de la douleur; le morceau finit par une demande du secours divin. La struc- ture de ces textes est donc la même, et, quand le titre est absent, il est souvent difficile, ou même impossible, de dire à quelle série ils appartiennent.

Même quand il ne se propose pas directement d'exprimer la conscience de son péché parce qu'il s'agit surtout de souf- frances et de misères physiques, corporelles, Forant, per- suadé que ce sont ses fautes qui ont irrité les dieux, cherche à apaiser leur colère en confessant ses péchés'. C'est à ces textes que se rattachent les « Prières de la main levée. »

Lamentations Er-siia-ku-3IAl- ou

LAMENTATIONS DIC l'aPAISE.M ENT DU CŒUR.

(Motif).

■1. Que la colère du cœur de mon Seigneur s'apaise^!

Que le dieu que je ne connais pas s'apaise !

6. Que la déesse que je ne connais pas s'apaise !

Que le dieu que je connais ou que je ne connais pas s'apaise !

Que la déesse que je connais ou que je ne connais pas s'apaise! 10. Que le cœur de mon dieu s'apaise!

Que le cœur de ma déesse s'apaise !

Que la colère de mon dieu et de ma déesse s'apaise!

46. Le dieu qui est irrité contre moi, puisse sa colère s'apaiser I

La déesse qui est irritée contre moi, puisse sa colère s'apaiser!

Dans le passage très mutilé, qui suit, il s'agit de l'aveu des fautes inconnues de l'orant.

36. Seigneur, mes transgressions sont nombreuses, graves mes péchés !

1. On peut relire en hébreu le Psaume VI, par exemple. (Les Commen- tateurs fout remarquer que, bien qu'il soit placé parmi les psaumes de Pénitence, il ne renferme aucune accusation personnelle, ni aucune expres- sion de repentir).

2. Ou KH-suA-KiiuD-GA. IV R - 10 textc bilingue. Cf. Zimmern, Hah. liusispsalin. (51 s.

.3. Muer, : retourne en son lieu : ana ashrishu litûra.

AUX TEMPS ASSYRIENS 259

0 ma déesse, mes transgressions sont nombreuses, et graves mes

[péchés! O dieu, connu ou inconnu, mes fautes sont nombreuses, graves

[mes péchés! 0 déesse, connue ou inconnue, mes fautes sont nombreuses,

[graves mes péchés !

42. Les fautes que j'ai commises, je ne les connais pas;

les péchés que j'ai commis, je ne les connais pas ;

La chose impure que j'ai mangée, je ne la connais pas ;

la chose impure que j'ai touchée, je ne la connais pas.

48. Le Seigneur dans le courroux de son cœur, m"a regardé défavora-

[blement

Le dieu, dans le couroux de son cœur, m'a frappé comme un

[ennemi. La déesse s'est irritée contre moi. elle ma rendu sem-

[blable à un malade. 56. Le dieu connu ou inconnu, m'a tourmenté

la déesse, connue ou inconnue, m'a plongé dans la douleur.

Je cherche du secours, et personne ne me donne la main ;

je pleure, et personne ne vient à mon aide;

Verso i. je pousse des cris, et personne ne m'entend ;

plein de chagrin, je suis confondu, personne ne me regarde!

Vers mon dieu miséricordieux, je me tourne, je l'implore »

[chaudement; je baise les pieds de ma déesse, je les touche !

le dieu connu ou inconnu j'implore chaudement ;

12. la déesse connue ou inconnue j'implore chaudement...

36. Seigneur, ton serviteur ne le renverse pas;

tombé dans les eaux fangeuses ^ saisis-le de ta main. Les péchés que j'ai faits convertis-les en bien ;

l'infraction que je commets que le vent l'emporte !

mes nombreuses méchancetés déchire-les comme un vê-

[tement Mon dieu, mes péchés sont-ils 7 fois 7, annule mes péchés! ma déesse, mes péchés sont-ils 7 fois 7, annule mes péchés » 0 dieu connu ou inconnu, annule mes péchés !

déesse connue ou inconnue, annule mes péchés !

1. Ulnennu, cf. i:nnn (Rac. pn) implorer grâce, miséricorde

2. D'après la éd. de IV R (10 b 37, 38} il faut lire ru-shum-ti.

î>60 LA LITTÉRATURE

Au DIEU Shamash'

i. 0 Shamash..,.

Fais-moi vivre; aux mains pures de mon dieu et de ma déesse

pour le salut et la vie, confie-moi^

Incantation. 0 Shamash, tu es le roi du ciel et de la terre, tu gouvernes les choses d'en haut et d'en bas. 5. 0 Shamash, il est en ton pouvoir de rendre la vie au mort,

[de délivrer le caplif.

Tu es un juge incorruptible^, tu gouvernes l'humanité.

Rejeton illustre du seigneur d'illustre origine,

fils puissant, brillante lumière des contrées,

tu éclaires la totalité du ciel et de la terre, ô toi, Shamash.

iO. 0 Shamash, parce que le charme qui, depuis de longs jours, s'est attaché à moi ne s'est pas rompu,

la dévastation, la corruption et le mauvais état de la chair

[sont en moi ; par l'homme, les animaux des champs, tout ce qui porte un

[nom, il me brise; de maladie, de faiblesse incurable, il m'a rempli, 15, par le brisement du cœur et le mauvais état de la chair, je

[suis anéanti.

Et moi, jour et nuit*, je suis sans repos;

je suis dans les ténèbres, je suis affaissé, je suis plein d'an-

[goisse; par la douleur et la lamentation je suis affaibli.

Ma petitesse, je ne la connais pas; le crime que j'ai commis,

[je ne sais pas. 20. Quand j'étais petit, j'ai péché;

j'ai transgressé les défenses de mon dieu^.

1. Texte dans Chaig, Assyrian and Babijlonian religions Texls, t. I, PI. III. Nous citons la traduction de F. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, in-8 Paris 1900, p. 15.

2. Cf. Ps. XXXI, 6 : Entre tes mains je remets mon esprit,

tu me délivreras Yahwéh, Dieu de vérité.

3. Cf. Ps. IX, 9 : Il juge le monde avec justice;

il juge les peuples avec droiture.

4. Cf. Ps. XXII, 3 : Mon Dieu, je crie pendant le jour, et tu ne réponds

la nuit, et je n'ai point de repos. [pas;

5. Cf. Ps. XXV, 7 : Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, ni

[de mes transgressions.

AUX TEMPS ASSYRIENS 261

Prières de « la main levée'. »

Parmi les textes copiés^ par les scribes d'Asluirbanipal pour sa bibliothèque, les prières de <( la main levée ^ », coiislituent une classe spéciale' caractérisée par la forme et la qualité des tablettes, par lécriUire, la disposition du texte et la répétition de certaines expressions.

La forme et la structure des tablettes est presque tou- jours la même. H y a d'abord une sorte d'introduction dans laquelle on nomme la divinité, on célèbre sa puissance et sa miséricorde, on énumère ses attributs et ses fonctions. Dans une deuxième partie, l'orant se replie sur lui-même, dit sa détresse, demande secours et délivrance. La troi- sième partie est une doxologie.

Toutes ces prières faisaient partie des Incantations. Elles représentent des formules communes, c'est-à-dire que cha- cun choisissait dans la Collection la prière qui correspon- dait à ses besoins et la faisait réciter par l'exorciste. En gé- néral ^^ le nom du fidèle nest pas écrit, c'était à l'exorciste qu'il appartenait de l'exprimer oralement.

1. Ces textes font partie de la Collection de Kuyundjik, conservée au Bristish Muséum. L. W. King en a édité, traduit et commenté soixante- deux {Babylonian Mayic and Sorcery. London 1896, in-8 XXXI-199 p. et 76 PI.).

2. Cf. King p. XV suiv.

3. Amâi nish qàli sha [ilu] X. N. z= Parole de la main levée vers le dieu N. N.

4. De même que les textes Laharlu, ils ne forment pas de série numé- rotée. Cependant, à l'origine, ils étaient classés suivant un ordre fixe, puisque la dernière ligne d'une tablette représente la première ligne de la tablette qui devait suivre. Quelques textes appartiennent pourtant à des séries; par ex. ; K 15.5 à la série rim-ki, la tablette K 816 représente la 8* partie de la série Bîl sha la-mi-i.

5. Sauf sur un duplicalum, c'est-à-dire qu'une prière ijui se présente une fois sans le nom du fidèle, se retrouve une seconde fois avec le nom du roi Ashurbanipal : Moi, ton serviteur Ashurbanipal, le fils de son dieu dont le dieu est Ashur, etc. Duplic. de K 222, 1. 26.

2&> LA LlTTElîATUHE

A Inurta'.

Le fidèle célèbre les louanges de Inurla-; puis il énumère les sacrifices qu'il a oirerls et demande d'êlre purifié de son péché, d'êlre consolé et fortifié dans son chagrin et de recouvrer la faveur du dieu et de la déesse,

La tablette conserve des traces d'une autre prière.

H. lacautalioii. Fils puissant, premier d'Enlil,

12. fjranci, parlait, rejeton de l'LiSharra^

43. qui es revêtu de terreur, plein de colère!

14. 0 Inurla^, au combat duquel on ne résiste pas,

15. sublime est ta place parmi les grands dieux!

16. Dans l'È-kur^, maison de délices*^, sont exaltés tes cliefs

17. et Enlil, ton père, t'a accordé

18. que ta main prenne l'oracle" de tous les dieux!

19. Tu jupes le jugement de l'humanité;

20^. tu conduis qui n'a pas de guide, le nécessiteux qui est dans le

\ besoin !

21. tu prends la main du faible, tu soutiens celui qui n'est pas fort!

22. Celui qui est descendu dans l'Arallu'', tu ramènes son corps!

1. K I{ 2487, 2502, 2591, King 2 PI. 4. (Le 3 en est un duplicatum fragmentaire). Les 8 premières lignes contenaient une prière à Tashmîtu; les lignes 9 et 10, des indications de cérémonies.

2. Inurta fut, dès les origines, dieu de la guerre et des armes. 11 était « le javelot fort, le grand, l'enfant d'Enlil; avec sa flèche pointue il enleva la vie de mes ennemis » dit Ashurbanipal. (Cyl. Rm. IX, 84, 85.) Il était aussi dieu de la chasse.

3. Temple d'Enlil à Nippur; on l'appelait plus habituellement Ekur L'idéogramme è. shar. ha veut dire rtiaison de la totalité.

4. Ud-gishgal-lu =r Inurta (^quelquefois Shamash). Voir Deimel, Pan- théon, 123.

5. Littér. : Maison de la montagne.

6. King, p. 22, propose « decree, décisions ["}) » pour ta-shi~la-a-ti. Ce serait un substantif de la forme JlAaAJ ou peut-être jLjjuu comme tanittu de hn:. Delitzsch, AHW 635, ' propose, au contraire, voluptas, deliciae de htt'v. C'est le sens admis par Muss-Ahnolt, AHW.

7. Te-rit. C'est la têrtn (cf. m'in ), c'est-à-dire la réponse du dieu, son oracle, sa révélation.

8. Les lignes 20-23 représentent Inurta sous un aspect de bonté et de mansuétude, bien (ju'il soit dieu de la guerre : il est le guide des égarés, le soutien du faible; il guérit le malade et purifie le pécheur.

9. \.'A?-allu est l'équivalent du b-Nw des Hébreux, c'est le monde infé- rieur, le royaume des morts.

AUX TEMPS ASSYRIENS 203

23. Celui qui a quelque péohé, lu fais disparailre son péché !

24. A celui contre qui son dieu est irrité, tu te montres promptement

25. 0 Inurta, prince des dieux, tu es vaillant. [favorable.

26. Moi, N. N., fils de N. N. dont les dieux N. N. et la déesse N. N., 27'. j'ai lié pour toi une corde^ je t'ai offert;

28. je t'ai offert Vencens d'agréable odeur.

29. Je t'ai fait une libation d'hydromel, de bière^.

30. Qu'avec toi soient les dieux d'Eulii !

31. Qu'avec toi soient les dieux de l'Èkur!

32. Aie pitié de moi, lidèlement ; écoute mes cris!

33. Accueille mes soupirs, accepte mes supplications!

34. Que ma voix soit agréée par toi!

35. Sois-moi favorable : je te crains.

36. J'ai contemplé ta face : sois-moi favorable.

37. Tues plein de pitié : aie pitié de moi, fidèlement,

38. Fais disparaître mon péché^; libère-moi de mon iniquité.

39. Eloigne ma disgrâce; dissipe mon offense.

40. Que mon dieu et ma déesse me prennent en considération et qu'ils

[ordonnent la bonne fortune! M. Puissé-je glorifier la grandeur, me prosterner humblement devant

[toi! Parole de la prière à Inurta.

Prière a Ba'u^

71. Incantation. OBa'u*^, puissante, souveraine, mère miséricordieuse,

[qui* habites dans les cieux brillants,

1. A partir de 26, il s'agit des cérémonies et des sacrifices faits par le suppliant au dieu Inurta.

2 Cette corde doit faire allusion à quelque pratique magique, analogue à celle des noeuds. Mahomet mettra ses fidèles en garde contre « les sor- cières qui soufflent sur les noeuds ». Voir Carra de Vaux, La doctrine de rislam. Paris, 1909, p. 70.

3. Shikaru; cf. le JlJSi arabe, fait avec le raisin sec, et le na^ des Hébreux, sorte de breuvage composé, distinct du vin, et fait avec du raisin ou avec des grains d'orge pressés et mêlés au miel, etc. Ce breuvage devait ressembler au vin de riz d'Extrême-Orient, dont certains « crus » sont excellents et même capiteux.

4. Cf. 1. 23. C'est le même mot patâru (cf. n^s et ar. Jai) : perrum- pere, liberuni esse, liherum se reddere; dissoudre, rompre une alliance par exemple.

5. KiNG, PI. 10-14. Ce texte a été reconstitué par King au moyen de 12 fragments de la Collection K, en se basant sur le style et les caractères de l'écriture, en s'aidant aussi des duplicata. La tablette contenait

264 LA LITTÉRATURE

72. je fai appelée; ô ma souveraine, sois attentive; écoute-moi!

73. Je t'ai cherchée, je suis revenu vers toi; comme ïulinnii ' et de ma

[déesse, ton ulinnu j'ai saisi

74. parce que juger le jugement, rendre la décision,

75. parce que l'aire vivre et rendre prospère est en toi;

76. parce que tu sais protéger, accorder des bienfaits et sauver.

77. 0 Ba'u, puissante, souveraine, mère miséricordieuse

78. parmi la multitude des étoiles des cieux,

79. ô souveraine, ton... est dans ton esprit;

80. accepte Vupuntu^, accueille mes soupirs.

81. Puissé-je l'envoyer à mon dieu irrité, à ma déesse irritée,

82. au dieu de ma ville i/ui esl courroucé, furieux contre moi. 83-84 ... (lacune)

85. 0 Ba'u, puissante, souveraine, à la parole de ton puissant com-

[mandement qui est dans l'Ékur...

86. et la lidèle miséricorde qui n'est point violée,

87. que mon dieu irrité revienne, que ma déesse courroucée...

88. que le dieu de ma ville qui est irrité, dont le cœur est furieux contre

89. qui est en colère, qu'il se calme, lui qui est en fureur... [moi,

90. 0 Ba'u, déesse puissante, qui prend...

91. 0 Marduk, roi des dieux, mon souverain miséricordieux...

92. ta protection est grande, ta compassion puissante...

93. le don de la faveur et de la vie...

94. que je glorifie ta grandeur, que je me prosterne en humilité devant

[toi! Prière de la main levée à Ba'u.

Prière a Isiitar^

i. ... bonne est ta supplication lorsque est favorable le kiruhù de ton

2. Ton regard est prospérité, ton commandement lumière! [nom!

3. Aie* pitié de moi, ô Ishtar; commande l'abondance;

13. Que ce qui est à ta droite augmente la prospérité; qu'il obtienne

[la faveur ce qui est à ta gauche t

"5 prières aux divinités Anu, Sin, Ba'u et Shamash probablement. Les prières à Ba'u et à Shamash seules nous donnent un texte suivi.

6. Déesse de l'enfantement, qui donnait la vie et l'abondance, bienveil- lante aux princes et au peuple de Lagash.

1. C'est un vêtement.

2. Cf. Tablette cultuelle, Col. V, 30 note, suprn, p. 2.55.

3. K K 2396 et 3893; King, PI. 18.

4. La répétition, fréquente dans les Prières de la main levée, de râniu rùnnu rùnînu rappelle presque involontairement la formule stéréoty- pée par laquelle commence chaque sourate du Coran : Au nom d'Allah

AUX TEMPS ASSYRIENS 265

14. Parle, et que ta parole soit entendue !

4. fidèlement sois-moi pitoyable; fais* cesser mes soupirs!

6 Puissé-je trouver le bien du cœur!

7. J'ai porté ton joug : console-moi!

8. ... la tête : accorde-moi bonheur et bienfaits!

9. J'ai maintenu ta splendeur accorde-moi prospérité et faveurs!

10. J'ai cherché ta lumière : fais resplendir mon visage!

11. Je suis retourné vers ta seigneurie : qu'il y ait vie et paix!

12. Que soit favoi-able le shêdii - propice qui est devant toi ;

le lamassu qui va derrière toi, qu'il soit favorable!

15. La parole que je dis, quand je parle, qu'elle soit accueillie favora-

[blement!

16. Le bien du corps et la joie du cœur qu'on me l'apporte chaque jour !

17. Prolonge mes jours; donne-moi vie; fais-moi vivre, fais-moi pros-

[pérer, fais-moi révérer ta divinité !

18. Quand je fais un dessein, fais-le-moi réaliser: que le ciel soit ta

[joie, Vapsû^ ton salut!

19. Que les dieux de l'université soient favorables; que les grands

[dieux réjouissent ton cœur !

Prière de la main levée à Ishtar. Devant Ishlar place le hrùle-par- fums^ de l'encens, fais la libation, l'élévation des mains répète trois fois.

Au DIEU TSALBAT-ANU®.

Le psaume suivant" qui se trouve dans une Incanta- tion — est du temps de Shamash-shum-ukin, frère aîné

1. Ad. lin. : ôte!

2. Les shêdu étaient des animaux divins, ou mieux les génies symbo- lisés par les taureaux ailés, à face humaine: mais, ici comme en d'autres textes, employé parallèlement à lamassu, le mot a le sens de dieu protec- teur. Le shêdu se trouve quelquefois aussi dans la série des êtres malfai- sants; le lamassu, au contraire, est toujours un être bon, un génie pro- tecteur.

3. L'apsû représentait une sorte de ceinture d'eau douce qui encerclait le globe terrestre. De l'apsû étaient sortis les dieux, d'après Créât, [l, 29). Dans les incantations et la divination, l'eau de Vaspû jouait un rôle impor- tant, et c'est pourquoi, sans doute, à Vapsû était unie l'idée de science et de sagesse. Èa, roi de Vapsû, était le dieu de la sagesse.

4. Littér. : </e la totalité.

5. sjiA-NA désigne, non pas une mesure, mais une sorte de brûle-par- fums, encensoir, trépied ou brasero.

6. Dieu de la planète Mars.

7. Texte 2 dans V. Scueil, Une saison de fouilles... PI. IL Nous citons la trad. Scheil.

2m LA LITTERATURE

d'Ashiirbanipal. à qui son père Asaraddon donna la vice- royauté de la Babylonie.

Incantation. O dieu Tsalbat-anu, ^rand seigneur, dieu miséricordieux, secourable ', noble, qui rompt les charmes, auguste, vivi-

[fiant l'homnie, moi, Shamash-shum-ukîn, serviteur de son dieu, ton esclave est dolent, (jénuasant, soupirant, un chagrin violent, un feu, lempoignenienl d'un dieu, une mauvaise maladie, un utukku-. fièvre de mon corps, un mal funeste est sur moi.

Sur ma couche de désolation Je m'étends, et Je t'invocfue, contre dieu connu et inconnu. J'ai commis le péché et étendu la rébellion !

J'ai craint et révéré l'aspect de ta l'ace divine, la grandeur! Que les pleurs de mon gémissement l'atteignent et que la

!^coIère de ton cœur s'apaise ! Ta faveur rendue est douce, ton apaisement est solide, tes retours inmienses!

Qu'ils soient donc acquis à ton serviteur Shamash-shum- et qu'il célèbre la gloire de la divinité ! i ukîn,

Incantation. Main levée à Tsalbat-anu.

d. Littérature des « Voyants. »

Nous avons vu que, dès la plus haute antiquité, les Voyants avaient joué un rôle considérable dans la vie des Babyloniens. Le roi principalement, les princes, et aussi, naturellement, les simples particuliers*, venaient les inter- roger dans les circonstances les plus diverses'. Afin de pou- voir répondre plus facilement, eux et leurs successeurs, aux questions qu'on leur posai!, les bêrii constituèrent peu à peu des Collections dans lesquelles ils consignaient le plus grand

1. Tsabit qa.tâ..

2. Les utukku étaient des elres méchants qui causaient les maladies, les fléaux, etc.

3. Cependant nous n'avous aucun document direct qui se rapporte aux particuliers.

4. On se souviendra (Cf. I Sa.m., IX, 3-20) que Saiil ne pouvant retrouver les ânesses de son père, alla consulter le » Voyant » (vv. 9, 11, 19) de Yalnveh pour savoir elles étaient et comment il les retrouverait.

AUX TEMPS ASSYRIENS 267

nombre possible de phénomènes observés ou observables, avec leur signification, utilisant pour cela non seulement leurs expériences personnelles et celles de leurs devanciers dans la ville ils résidaient, mais encore les matériaux recueillis par leurs collègues dans les autres centres de culte'. De vient que la Littérature que nous appelons « des Voyants » est énorme".

Oracles.

Nous ne connaissons encore aucune Collection d'oracles antérieure à Asarhaddon, ce qui ne veut pas dire évidem- ment que l'on n'en eût pas sollicité des dieux dans les temps antérieurs. C'étaient encore les Voyants qui rendaient ces oracles au nom de la divinité ; toutefois, dans la Collection dont nous allons parler, nous constatons que six prêtresses d'Ishtar eurent à communiquer au roi le message divin.

Pour les règnes d'Asaraddon et d'Asliurbanipal seule- ment, nous connaissons plus de cent cinquante demandes

1. Citons, par exemple, K 6237 (CT XX PI. 14-15). K 2235 (PI. 39-42) sont exposés, d'une manière plus ou moins systématique, tous les phéno- mènes possibles avec leur signification, en vue de l'enseig-uement scolaire des apprentis-/>a/-u.

A côté du phénomène, on mettait quelquefois simplement : favorable ou défavorable {daniqàt, ou daniqât, shalmat), CT XX PI. 28 V'e/-st>; ou bien une biève explication, v. g. : bonne sanlé [shiihim napishti V R PI. 63, Col. II, 12) ou : joie du cœur [tub libbi, ibid. 1. 15); santé du roi (Thompson, Reports n" 272, verso XI); mort de Vennemi {sad nakri, CT XX, PI. 39, Col. III, 12). L'usage que l'on faisait des Collections pour inter- préter les présages explique les ressemblances— et pour la forme et pour la signification donnée entre ces Collections et les récits historiques des présages.

2. La seule collection de Kuyundjik contient 4000 pièces qui sont des présages; ils se rapportent à 6 chefs : 1" phénomènes célestes, soleil, lune, étoiles et planètes, nuages, vents; calendrier avec la significa- tion des phénomènes de la nature, chaque jour du mois, ou pour tel jour donné; observation des animaux pour des buts divers; 4" signification de phénomènes de diverse sorte chez les animaux et les hommes, y com- pris les malformations natives et les monstres; phénomènes dans le règne végétal; maladies et accidents divers dans la vie publique et dans la vie privée. Cf. Bezold, Catalogue.

268 l.A LITTÉRATURE

d'oracles publiées': elles se rapportent presque toutes aux événements politiques dont il est question clans les Annales de ces deux monarques; quelques unes se rapportent à leur personne ou aux gens de leur maison ; par exemple : on demande si la maladie du roi, de sa mère ou d'autres membres de sa famille aura une heureuse issue, si l'asso- ciation du prince royal au gouvernement sera approuvée. La forme dans laquelle était rédigée la demande- pouvait influer beaucoup sur la qualité de l'oracle, aussi ne l'aban- donnait-on pas à l'improvisation, on écrivait au contraire avec soin et en entier la question, et l'on plaçait la tablette aux pieds du dieu que l'on interrogeait; si elle était suivie d'un oracle favorable, elle devenait un modèle que l'on imi- tait pour des demandes subséquentes.

On consulte le dieu Shamash, a Nimve

<( 0 Shamash, grand seigneur, à ma demande daigne « rendre une réponse fidèle !

« Depuis ce jour, le troisième jour de ce mois, du mois « de Airu, jusqu'au onzième jour du mois de Abu de cette « année, dans ces cent jours et ces cent nuits, espace de <( temps fixé pour limite à l'oracle du prêtre divin; dans « cet espace de temps fixé esl-ce que Kashtariti avec ses « troupes ou les troupes des Gimirréens '. ou les troupes « des Mèdes, ou les troupes des Mannéens, ou tout autre <( ennemi^ réussiront dans leurs projets? Soit d''assaut^ « soit par force, soit par les armes et la bataille, soif par

1. Knudtzon, Geb. Sonn. Parmi les peuples dont il est question dans ces demandes, citons les Cimmériens, les Mannéens, les Mèdes, les Ishkuzai, les Égyptiens, les Éthiopiens.

2. Knudtzon a publié 15i demandes au dieu Shamash seulement, et il y en a bien d'autres encore inédites, au Brilish Muséum. La conclusion <|ui paraît résulter de ces nombreuses rédactions de demandes sans réponses est que l'on tenait pour essentiel d'écrire la question faite au dieu, et de la Inen écrire, afin d'obtenir une réponse.

1. Gimirréens = Cimmériens.

AUX TEMPS ASSYRIENS 269

« une brèche, une mine, ou à l'aide des machines de

(( siège soit par la famine, soit en vertu des noms du

« dieu et de la déesse, soit par des pourparlers et des « transactions amicales, soit par tout autre moyen et « stratagème usité pour la prise des villes, prendront-ils « la ville de Kishassu? S empareront-ils de cette ville de « Kishassu? Tomhera-t-elle entre leurs mains? Ta grande « divinité le sait.

« La prise de cette ville de Kishassu par quelque « ennemi que ce soit, depuis ce Jour jusqu'au dernier (( Jour du temps fixé, est-elle ordonnée, résolue, par « r ordre et les arrêts de ta grande divinité, 6 Shamash, « grand seigneur? Est-ce qu'on le verra? Est-ce qu'on « l'entendra dire? etc.'.

ASABADDON VAINCRA LES GlMlRRAl ET LES KhARKHARÉENS".

1. Je livrerai les Gimirréens entre ses mains,

2. je mettrai le feu au pays d'Ellipi!

3. Le dieu Ashur lui donnera les quatre coins du globe,

4. il se lèvera de sa maison;

5. il grandira sa maison !

6. II n'est pas de roi pareil à lui,

7. il brillera comme le soleil levant,

8. (C'est l'oracle favorable qui avait été placé devant Bêl-

9. Shassuri, devant les dieux.) 10. Voici que les Kharkharéens H. se ruent contre toi, t'attaquent,

12. t'assaillent! Toi, tu ouvres

13. la bouche : « Grâce, ô dieu Ashur !

14. Et f ai entendu ton cri,

15. et, de la porte des deux,

16. je les couvre de honte!

17. Dans le bûcher, je les décime.

18. Toi, tu occupes leur forteresse.

1. J. A. Knudtzon, Ass. Gehete... zeit Asarhaddons u, Asurbanipal n' 1 (Trad. A. Condamin dans Etudes, Revue.,.. XCIV (1903), 799. (Cf. I Sam., XXIII, 9-12).

2. Trad. V. Scheil, dans Revue de l'histoire des religions, 1897; F. Mar- tin TR, Première série, p. 88-91.

270 LA LITTERATURE

19. Je les fais lever devant toi

20. et gagner la montagne ;

2i. je fais pleuvoir sur eux des pierres de malheur' !

22. je brise les ennemis,

23. et de leur sang je remplis le fleuve!

24. Qu'ils voient et qu'ils soient jetés par terre;

25. Gomme Ashur, maître des dieux, je les renverserai -

26. C'est l'oracle favorable trouvé devant la statue.

27. Cette tablette des volontés du dieu Ashur

28. est portée sur..., devant le roi.

29. On l'arrose de bonne huile ;

30. on y sacrifie des victimes,

31. on la parfume de parfums,

32. on en fait lecture devant le roi.

Phénomènes célestes

On étail persuadé que, les dieux habitant au ciel et dans les astres, il devait y avoir une relation intime entre les événements qui se succèdent sur la terre et ce qui se passe aux cieux, que ceci présage cela, et que, par suite^ quiconque peut voir la vie du ciel, les phénomènes célestes, est en mesure de soulever le voile qui cache les mystères de l'avenir. C'est cette croyance qui explique l'extraordinaire impor- tance que, dès les siècles les plus lointains, les Babyloniens attachèrent à l'observation des astres. Et, comme des dieux furent identifiés aux astres, la science des choses divines ne se distingua guère de la science astrolo(/ic/ue\ bien plus, l'exposition des faits historiques fut influencée de telle façon par l'astrologie qu'il est souvent bien difficile de discerner la ligne de démarcation entre les légendes historiques et les mythes astraux.

La lune. Sous leur ciel merveilleux, les Orientaux ne pouvaient pas ne pas être frappés, plus que d'autres,

1, Cf. Jos. X, IL Voir siij)ra p. 39 avec la n. 3.

2. Ligne traduite par A. Condamin dans Etudes, Revue... XCIV (1903), 800.

AUX TEMPS ASSYRIENS 271

même dès l'époque de la vie nomade par la splendeur majestueuse de la lune et par les phénomènes qui la concer- nent : nouvelle lune, pleine lune, halo, obscurcissement à des circonstances atmosphériques diverses, éclipse. Ils observèrent aussi les autres astres, particulièrement Vénus, l'étoile du matin et l'étoile du soir; Jupiter, dont l'éclat attire spécialement l'attention, et encore Mars, Saturne et plus tard Mercure. Du soleil ils observèrent les périhélies et l'obscurcissement à des phénomènes atmosphériques divers.

En fait, la lune occupa une place particulièrement impor- tante' dans la vie religieuse des Assyro-Babyloniens, comme dans celle de tous les Sémites. Les Collections astrologiques montrent que Ton attachait une très grande importance aux observations de celte planète, et les Rapports officiels des Voyants aux rois confirment le fait. Ces Rapports sont très courts quelquefois; par exemple :

« Si la lune est visible le l*"" jour' : ordre, bien-être^ dans « le pays.

« Si la durée du l"" jour est anormale : long règne. « Signé : Bulhitu'.

Citons cinq ou six autres de ces Rapports :

« La nuit dernière un halo entoura la lune, et les Gé- « meaux y étaient-'.

« Le présage ne change pas. J'envoie l'observation royale « au roi, mon seigneur. Signé : Zakir^

1. Elle est nommée avant Shamash=z\e soleil : I R 9, 5-8; III R 7, 1 ; RTI, 14, 41.

2. Il était de bon augure que, le l^"" mois, la lune ne fût pas voilée.

3. Ordre, bien-être dans le pays (ka-gi-na lih-bi mâti itâb) est une formule stéréotypée, donc une manière conventionnelle d'indiquer l'état prospère du pays.

4. Thompson, Reports of Ihe Magicians, 1. Dans celte Collection, il y a 9 autres rapports de BuUutu,

5. Thompson, Reports 114.

6. Ibid. n" 108.

272 LA LITTÉRATURE

« Quand un halo entoure la lune et que Regulus y est, les « femmes porteront des enfants mâles. Signé : Nergal- « êtir'.

« Quand un halo entoure la lune et que Saturne y est, « justice dans le pays. Le père parlera justice avec son fils. « Bien-être des multitudes. Etc.\

(( Si la lune est visible le l'^'^jour : ordre^, bien-être dans « le pays. Si la lune est pleine à son lever, le roi aura la « suprématie.

« Lorsque la lune paraît, si sa corne droite est longue et « sa corne gauche courte, la main du roi conquerra un pays (( autre que celui-ci.

« Si la lune, quand elle paraît, est très brillante, les « récoltes prospéreront.

« Lorsque le jour est long selon le calcul, il y aura long « règne.

« Le 30^ jour complète le mois ^ Au mois d'Ulul, éclipse « d'Élam. Signé : Nêrgal-êtir\

Le soleil. Le soleil est presque toujours mentionné après la lune. Dans les Rapports officiels, comme dans les recueils d'oracles, on ne s'occupe que d'un nombre relati- vement limité de phénomènes concernant le soleil, tels que périhélie, obscurcissement, éclipse, positions du soleil par rapport à la lune et aux planètes.

Voici deux exemples :

« Si le soleil est entouré d'un halo incomplet ^^ vers le « Sud, le vent du Sud^ s'arrêtera' ».

Au lever du soleil, apercevait-on des rayons lumineux

1. 97.

2. 100.

3. Cela veut dire que le mois a 30 jours pleins,

4. 30.

5. Littér. : avec une porte.

6. Le terrible vent du Sud, le démon du midi.

7. Izzaz. Thompson, 179.

AUX TEMPS ASSYRIENS 273

s'étendantà droite et à gauche, on en tirait des conclusions. Par exemple :

« Si les rayons lumineux vont vers le Sud, les dieux déci- « deront du bien pour le pays. S'il y a quatre rayons : des- « truction des bœufs et du gros bétail. Si les rayons se « dirigent vers l'Orient : pluie et hautes eaux. Si, au lever « du soleil, les rayons se dirigent ver-s le chemin du soleil \ « les maîtres (?) du pays seront abattus, Signé : Rashi- « ilu, serviteur du roi, l'ancien- ».

Les éclipses de soleil, comme celles de lune, présagent toujours des malheurs. Nous avons des textes qui indiquent, pour chaque jour de chaque mois de l'année l'on croit une éclipse possible, quels malheurs fondront sur le pays si l'éclipsé a lieu ce jour-là'.

L'importance pratique de ces Collections de présages relatifs aux éclipses ou à l'obscurcissement est mise en relief par les données ou allusions de la Littérature épistolaire.

Ainsi, au sujet d'une éclipse que Ton appréhendait, mais qui heureusement n'eut pas lieu, Adad-shum-ulsur écrit au roi' : « Au roi, mon seigneur : ton serviteur, Adad-shum- « utsur. Salut au roi! Que Nabû et Marduk bénissent le « roi, mon seigneur! Relativement au puhhu royal, au a sujet duquel le roi a demandé combien de temps il doit « durer, nous attendions une éclipse de soleil, mais elle n'a « pas eu lieu. Comme, le L5, les dieux (c'est-à-dire la lune « et le soleil) furent visibles ensemble, on peut observer le « 16, et faire un rapport au roi, mon seigneur »,

1. C'est 1 ecliplique.

2, Thompson, 182.

3, Cf. ViROLLEAUD, Slcaniask n" 10 (mois de Nisan) ; n" 8, 1-24 (mois d'Airu) nos, 8, 25-58 et 10, 40-68 (mois de Siwan et de Du'uzu) ; n°^ 8, 59-69 et 10, 69-83 (mois d'Ab) ; 10, 84-103 (mois d'Ulul) ; 11 (mois de Tasliril); 9 (mois d'Arakhshamna et de Kislew); n<" 11, 31-44 et 9, 25-41 (mois de Tebet) ; 31 (mois de Shebat); n" 9, 59-84 (mois d'Adar),

4. Ilarper, Lellers, 359.

18

274 LA LITTÉRATURE

Si les conditions atmospliériques donnaient lieu à un parhélie frappant, on lui attribuait une signification spé- ciale; aussi avons-nous un certain nombre de tablettes rela- tives à ce point \

Au sujet des nuages, qui enveloppent quelquefois le soleil, nous lisons, pai^ exemple- : « Si le soleil, le 1®^" Du'uzu, au « commencement, est obscur et entouré d'un halo : expia- « tion dans le pays^.. Si, le l'''" Arakh-shamna^ au commen- « cernent, le soleil paraît dans les nuages, le jour sera « sombre; Adad'^ fera retentir puissamment sa voix, mais « il ne pleuvra pas^.. Si le soleil, le l'"' Arakhshamna, « paraît dans un nuage jaune, au coucher comme au lever « du soleil, il ne pleuvra pas beaucoup, cette année. Vent « d'Ouest. Froid et neige ».

Les nuages à côté du soleil jouaient un grand rôle, comme il appert des exemples cités. Dans un texte% les nuages sont noirs, ou clairs, rouge sombre, verts, bigarrés; et le sens change suivant qu'ils ont été vus, dans le ciel, au lever du soleil, ou que le soleil se lève dans les nuages, ou encore suivant qu'il est couvert de nuages depuis son lever jusqu'au milieu du jour, ou durant toute la journée.

L'apparition simultanée de la lune et du soleil, à certains jours, ont un sens spécial : « Si, le 13, la lune et le soleil « sont visibles en même temps : perturbation et malheurs « dans le pays; le pied de l'ennemi sera dans le pays" »

Le 14, l'apparition simultanée de la lune et du soleil étaient toujours de bon augure ^

L[i planète Vénus. Celte planète, qui s'appelait Dilbat,

1. ViROLLEAUD 11" 2, pal" excmple.

2. Id., n»!. H. Ligne 13.

4. Dieu de l'orage.

5. L. 35-39.

6. VlUOLLEAUD, II" 18.

7. Thompson, n" 123.

8. Cf. VinoLLEAUi), .Sm, IV, 15 (Thompson, 125); Thompson, n" 48; etc.

AUX TEMPS ASSYRIENS 275

étoile du matin et étoile du soir, a joué un rôle spécial, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en parcourant les tablettes de la série Anu-Enlil et les Rapports des bârù. Ainsi Akhê- sha, rapporteur d'Uruk, écrit' :

« Si, au mois de Nisan, du 1^" au 30, Vénus disparaît au « lever du soleil : désolation. Si la lune est entourée dun « halo et qu'elle soit avec Sibzianna, le roi de Subartu exer- « cera la suprématie et son pays sera dans labondance. »

Dans la Collection des présages de Vénus, nous lisons par exemple^ : « Si le 12 Kislew, au lever du soleil, Vénus « disparaît et, pendant deux mois et quatre jours, est déro- « bée au ciel pur pour reparaître le 10 Shebal, au lever du « soleil : riche récolte.

« Si le 28 Tashrit, au lever du soleil, Vénus disparaît et, « pendant trois jours est dérobée au ciel pour reparaître « le 1"'' Araldishamna, au lever du soleil : disette de céréales « et de foin dans le pays; ruine.

« Si le 25 Du'uzu, au lever du soleil, Vénus disparaît et « pendant trois jours est dérobée au ciel pour reparaître le « 2 Ab, au lever du soleil : pluie dans le pays.

« Si le 25 Adar, au lever du soleil, Vénus disparaît : « trêve des armes et or en abondance, etc.^

Présages tirés des animaux.

Nous n'en citerons que quelques-uns en vue de donner simplement une idée de ce qu'ils étaient.

Serpents. « Si un serpent est furieux contre un homme (( et siffle et que sa langue sorte, cet homme deviendra

1. Thompson, n" 203 : et. 207, 208, 211, etc.

2. ViROLLEAUD, Isfitai', 12.

3. Ce texte compte 43 lignes; le suivant, qui a le même objet, 48 lignes. On sait le mépris et le ridicule dont Isaïe couvre « ceux qui mesurent le ciel, qui observent les astres et qui font connaître, à chaque nouvelle lune, ce qui doit arriver », dans un chapitre il invective contre Babylone. {ha. XLVII, 12.)

276 LA LITTERATURE

(( vieux et sera lue. Si un serpent devant un homme à « droite lombe : chute de son (?) il s'en ira, le non bien-être *( dans son corps. Si un serpent devant l'homme à gauche « tombe : réalisation du désir. Si un serpent tombe sur (( Tépaule dun homme : malheur; Thomme mourra. Si « un serpent tombe dans le sein d'un homme, ses fils mour- * ront*.

Moutons. « Si un bélier ses cornes devant lui sont pla- « cées, cette cour sera diminuée ».

Il y a quelquefois des cas qui paraissent particulièrement étranges; il ne faut pas imaginer que les Assyro-Baby- loniens les aient regardés comme possibles, mais ils les avaient vus en songe, et ils leur attribuaient un sens tout de même. On voudra bien se souvenir de cette observation en quelques présages que nous citerons plus loin.

« Si un petit (un jeune mouton) ses cornes â la place de (( ses oreilles à droite et à gauche se trouvent, le roi sera « maître du monde-.

Chiens. « Si un chien dans la maison de lliomme éteint « le feu qui y est, dans cette maison il y aura révélation \ « Si un chien blanc sur un homme mingif, cet homme « l'épreuve s'emparera de lui\ Si un chien est de cons- « tilution mâle et femelle, ce pays prendra de ^extention^ « Si un chien entre dans un palais, se couche sur un « trône, ce palais sera bouleve^sé^ Si un chien blanc « entre dans un temple, son fondement sera stable". Si « des chiennes mettent bas un être humain, celte ville exer- « cera la domination, la farine du pays sera altérée*.

L K 2128 + 4098, Boissn-n, 1-2 11. 14-19. - On regarde comme de mauvais augure la rencontre d'un serpent sur son chemin.

2. 80, 7-19, ()0, BoissiEn, 11, 11. 1-2, 4-5.

3. K 217 et 40i(;, Boissikh, 31, 1. 9.

4. Ibid., 1. 10. Diverses sont le.s hijpolhèscs rêvées analogues à celle-là.^ ,5. Ibid., 1. 20.

6. L. 30.

7. L. 33.

8. L. 42.

AUX TEMPS ASSYRIENS 277

II y a des choses bien plus étranges encore sur ce sujet. Passons.

Le feu. On observait les diverses couleurs de la flamme et de la fumée, on écontait le crépitement du feu, etc.

« Si du feu, ses flammes sont noirâtres, dans trois jours « le malade...

« Si du feu, ses flammes sont vertes, le maître de la mai- « son et la dame de la maison dans le deuil

« Si la flamme, qui est sur un flambeau qu'on porte, « brille, cette maison...

« Si la flamme idem est amassée : souffrance...

« Si la flamme idem est épaisse : destruction (?) '.

Présages tirés des naissances.

De tous les présages assyro-babyloniens les plus étranges sont ceux que l'on tirait des naissances. On peut appeler naïf, mais non pas absolument invraisemblable, le point de départ de Diépatoscopie et de Tastrologie, à savoir, pour l'une, l'examen du foie en tant que siège de la vie, et, pour l'autre, la persuasion qu'il y a une relation entre les phéno- mènes du ciel considéré comme séjour des dieux, et les phénomènes de la terre considérée comme champ d'action de ces dieux. Il est un peu plus difficile de trouver une rai- son d'être plausible aux présages tirés des animaux ; mais oîi l'imagination paraît dépasser toute limite c'est dans les présages tirés des naissance. Que l'on ait pensé devoir attri- buer à un phénomène extraordinaire, à la naissance d'un « monstre », une signification, c'est-à-dire une cause parti- culière, on peut le concevoir; mais il est difficile d'admettre que ce fait eût une signification pour l'avenir; c'est pourtant ce que pensèrent les Assyro-Babyloniens ; et, en outre, au lieu de chercher la cause du phénomène, on cherchait en se

1. BoissiEH, Choix Je textes relatifs h la divination (Genève 1905), p. 170- 181, 1. 1-9. Nous citons texluellement sa liaducUon.

27« LA LITTERATURE

basant sur l'examen cln « monstre », sur certains cas for- tuits, sur l'association d'images ou didées. à découvrir ce qu'il povivait pronostiquer pour l'avenir. Et afin de ne se trouver jamais à court, V imagination des « harû » rêva toutes sortes de « monstres » ou de naissances a mons- trueuses », soit pour les hommes, soit pour les animaux; à chaque cas elle attribua un sens, et avec tout cela on forma des répertoires ou longues listes dont nous avons de copieux échantillons.

Citons quelques extraits, à titre d'illustration.

A'.

4. (( Si une femme enfante un lion, cette ville sera prise, « ce roi sera enchaîné.

5. « Si une femme enfante un chien, le maître de la mai- « son mourra, et cette maison sera détruite, le pays perdra « la raison, un dieu ravagera.

Et l'imagination poursuit ses étranges hypothèses

Notons encore :

81. « Si une femme enfante deux garçons, il y aura un « désastre dans le pays et le pays connaîtra Taffliction; le (( malheur se mettra dans la maison de leur père.

84. « Si une femme enfante deux enfants, un garçon et « une fille, il n'y aura pas d'entente dans le pays; celte « maison sera diminuée.

90, « Si une femme enfante des jumeaux et qu'ils se « tiennent par les côtes, le pays qu'un seul gouverne, deux « le gouverneront.

Le texte fait une dizaine d'hypothèses sur des <( jumeaux qui se tiennent par les côtes » à leur naissance....

141 . « Si une femme enfante, et que l'enfant ait une tête

1. Textes nombreux dans CT XXVIIL Nous citons la Irad. de C. Fossey, Bahijloniaca, V (11)12), 2 suiv.

AUX TExMPS ASSYRIENS 5>79

« de chien, la ville changera de place; il y aura des mas- « sacres dans le pays ^ ».

« Si le petit a huit pieds, deux queues, le prince s'empa- « rera de larovauté, de riiéffémonie.

Le bouclier qui a nom Uddanu annonce : « Une truie, « quand elle mit bas, le petit avait huit pieds et deux queues. « Je l'ai mis dans le sel et déposé dans la maison. »

« Signé : Nergal-êtir »

Ces quelques exemples suffiront, ici, pour donner quelque idée de ces présages dont nous n'avons pas choisi, certes, les plus étranges.

Autres i»résagi':s.

Citons enfin quelques textes relatifs aux fleuves et aux eaux, pour n'avoir ^9, à y revenir :

« Si dans le mois d'Adar, les eaux stationnaires dans « elles des flammes de feu s'élèvent, un cyclone de violence « qui provoque l'inondation s'élèvera et ravagera le pays « tout entier.

« Si une rivière de l'eau constante entraîne et que de « son milieu les tlammes d'un feu s'élèvent, cette rivière <( sera obstruée et la ville dans son milieu (?) le malheur sai- « sira.

« Si la rivière des eaux constantes entraîne et que de son « milieu les flammes d'un feu vers le bord s'élèvent, ce « fleuve d'eau manquera ^

« Si dans le mois de Xisan, une crue a lieu et que le

1. Si... il a une tête d'oiseau, le pays sera détruit (147); s'il n'a pas de main droite, les êtres vivants iront à leur perle; invasion puissante (151); etc., etc.

2. K 749; Fossey, ibid. (1913), 129.

3. BoissiER, ibid., 237-238, //. 22-27.

280 LA LITTÉRATURE

<( fleuve ait la couleur du sang^ [dans le pays la mort sera.]

« Si le fleuve comme du sang brun^ des maladies dans le « pays seront,

<( Si le fleuve comme du sang noir est épais et comprimé, « la [récolte] du pays ne prospérera pas'.

Les Elamiles de Suse avaient aussi leur lilLérature divi- natoire; elle était toute semblable à celle des Babyloniens.

Nous connaissons une sorte de « choix varié ^ » de pré- sages dans lequel les faits divinatoires, en grande partie si- non tous, semblent relever de l'Oniromantique, c'est-à-dire que les éventualités indicatives sont supposées avoir été ac- complies en songe.

Si un homme vole en l'air, tout ce qu'il possède périi'a^ Si un homme porte du sel, le dieu enrichira cet homme*. Si un homme, dans son rêve'^, descend sous terre... '^ Si un hommedescend sous terre, et si les morts l'acclament, cet homme [mourra, et dans la terre il est il ne sera pas enseveli". Si un homme descend sous terre et que les morts l'insultent, celui-là

[est béni de la part des dieux ^

Les Incantations.

Les Assyro-Babyloniens étaient persuadés que tous les maux qui désolent l'humanité étaient causés par des esprits mauvais et par des personnes sortes de sorciers et de sor-

1. Ihld., 239, 11. 1-3. On connaît la prohibition du Deut. XVIII, 10-12 : « Qu'on ne trouve chez toi personne qui s'adonne à la divination « et à la magie, qui pratique l'art des augures et des enchantements, qui " ait recours aux charmes, qui consulte les évocaleurs divins, et qui « interroge les morts; car tout homme qui fait ces choses est en abomi- « nation à Yahwéh. » Cf. Ex. XX, 10.

2. Tablette éditée, traduite et commentée par V. Scukil, Mémoires, l. XIV, p. 49-59.

3. Rev. I, 13.

4. Ibid., 24-25.

5. [Ina] shut-li-shu.

6. Rev. II, 9.

7. Ibid., II, 11-12.

8. Ibid., 15-16.

AUX TEMPS ASSYRIENS 281

cières qui frappaient du « mauvais œil, de la mauvaise langue », elc'. Il importait souverainement de conjurer ces dangers; on eut Tidée de mettre la parole humaine au ser- vice des malheureux, et, puisque par la parole humaine s'exerçaient l'autorité des dieux et celle des hommes, on pourrait bien, de la même manière, commander et imposer l'obéissance aux êtres mauvais. Ou eut des formules qui, peu à peu, se cristallisèrent les incantations qui avaient, pensait-on, la vertu de conjurer l'être méchant et, par suite, le mal qu'il causait, à condition qu'elles fussent dites d'une manière déterminée. En outre, de même que les chefs seuls peuvent obtenir obéissance à leur parole, de même les incantations devaient-elles être dites par qui de droit, par le prêtre, puisque le prêtre, parce qu'il représente et qu'il incarne même la divinité, a seul l'autorité suffisante; c'était à lui de diriger le fidèle, de l'assister devant la divi- nité, d'appuyer ses prières par ses propres prières, d'accom- plir les rites convenables.

Ces convictions ont donné naissance à des textes nom- breux qui sont désignés par des titres indiquant soit leur groupe général^ soit leur contenu particulier', ainsi un groupe de seize tablettes s'apelle « les mauvais démons^ » ; un autre groupe « mal de tête^ » ; deux autres groupes por- tent les titres A/ay/w ei Shurpu^

GONTKE DIVERSES MALADIES ^

Col. I, 1 S. a Conjuration : dieu méchant, mauvais utukku. « utukku du désert, utukku de la montagne, utukku de <( la mer, utukku delà tombe; méchant shedu. alû bril-

1. Voir le texte cité un peu plus loin.

2. C TXVI; XVII.

3. CTXVII, 3; 6; 8: 9; etc.

4. Voir un peu plus loin.

5. II R 17-18; cf. Haupt, Akkad. u. Siini Keil. texte, p. 82 s.

282 LA LITTÉRATURE

« lant(?), vent méchant qui ne craint pas, peau velue du « corps, assailli par le mauvais utukku^ au nom du ciel « sois conjuré, au nom de la terre sois conjuré »

GOMRE LUS sorciers'.

« Sorcier, qui que tu sois, dont le cœur a conçu mon « malheur, dont la langue a prononcé des sorts contre moi, « dont les lèvres m'empoisonnent et sur les traces de qui « est la mort, je maudis ta bouche, je maudis ta langue, je « maudis tes yeux brillants, je maudis tes pieds agiles, je « maudis tes genoux, je maudis tes mains, je lie tes mains « derrière ton dos. Puisse le dieu Sin détruire ton corps, « puisse-t-il te précipiter dans un lac d'eau et de feu !

GOISTRE LES MAUVAIS ESPRITS '.

Incantation :

Ce sont orag'es destructeurs et vents méchants,

méchant coup de vent qui annonce orage funeste,

méchant coup de vent précurseur d'orage funeste.

Ce sont enfants puissants^, fils puissants,

hérauts de pestilence,

porte-trônes d'Eresh-Ki-gal

ils sont l'inondation* qui fond sur le pays,

sept dieux du vaste ciel,

sept dieux de la vaste terre,

sept dieux brigands^

sept dieux puissants,

sept dieux méchants ;

sept méchants démons oppresseurs

1. K 2728 +Sm 1768 + Sm 1776, texte biling-ue, assyrien et shumérien, cité par Budge et King dans A Guide la the Babylonian and Assyrian Antiquities British Muséum, London, 1908, p. 71 3.

2. CT XVI PI. 13, Col. III, 11. Texte bilingue. D'après King (note en tête de CT XVI), ce texte aurait été écrit en shumérien.

3. Ciilmalutum.

4. Ahubu.

5. Massi'ûti.

AUX TEMPS ASSYRIENS 283

25. sept au ciel et sept sur la terre.

Esprit mauvais, mauvais démon, mauvais génie,

mauvais diable, ami mauvais,

par le ciel sois exorcisé 1

Par la terre sois exorcisé ! 30. Par Bel, Seigneur du monde, sois exorcisé!

Par Bêlit, dame du monde, sois exorcisé!

Par In-urta, iils d'Esharra, sois exorcisé ! 35. Par Ishtar, maîtresse du monde,

qui éclaire la nuit, sois exorcisé!

Jusqu'à ce que tu sois écarté,

jusqu'à ce que tu sois parti

du corps de l'homme, fils de son dieu,

tu ne trouveras pas de nourriture à manger,

tu ne trouveras pas de boisson à boire.

Notons cette intéressante prière d'Ashurbanipal'.

« 0 dieu Adad, prince du ciel et de la lerre, dont la pa- <( rôle crée l'humanité, dis un mot et que les dieux soient « à côté de toi! Plaide ma cause el assure-moi un jugement « favorable.

« Car moi, Ashurbanipal, je suis ton serviteur et le fils « de mon dieu Ashur et de ma déesse Ashuritu. Je le fais « ma demande et je te donne des louanges, parce que le « mal qui accompagna t éclipse de la lune^ et V hostilité des « puissances du ciel et de la terre, et les mauvais présages « sont en mon palais et en mon pays ; et parce qu'un mau- « vais charme et une impure maladie et la transgression « et Viniquité et le péché sont en mon corps, et parce qu'un « spectre méchant est attaché à moi.

« Accepte l'élévation de ma main, prêle l'oreille à ma « prière, libère-moi du sort qui me lie, chasse mon péché « et fais que soit écarté tout mal, quel qu'il soit, qui me- « nace ma vie. Fais qu'un esprit bon soit toujours à ma « tête !

« Puissent le dieu et la déesse de l'humanité (Ashur et

1. K 2808 + 9490, 1. c, p. 73, n" 29.

284 LA LITTÉRATURE

« Ashiiritu) m'être propices ! Fais-moi vivre par la parole ! « Fais-moi m'abaisser et exaller la srrandeur ! »

IiNCANTATIONS ShURPU ET MaQLU.

Nous désignons ainsi deux séries d'incanlalions dont les litres, shuî^pu eimaqlû, sont synonymes étymologiquemenl respectivement : embrasement et combustion; mais qui étaient ainsi nommées, la première parce que, en ré- citant les formules, on jetait au feu des objets qui représen- taient le sorcier ou la sorcière, et la seconde parce qu'on brûlait l'image du sorcier ou de la sorcière. Ces textes furent copiés pour la bibliothèque d'Ashurbanipal', mais ils re- montent bien plus haut.

Citons quelques passages de la deuxième tablette Shurpu^. On remarquera l'intérêt qu'elle présente au point de vue des idées morales que l'on avait à l'époque elle fut composée.

1. Incantation. [Je vous invoque,] grands dieux, ... [dieu et] déesse, seigneurs de la délivrance. [Pour un tel, fils d'un] tel, dont le dieu est un tel, la déesse une qui est malade, inquiet, troublé, afttigé. [telle,

5. A-t-il olîensé son dieu, olFensé sa déesse?

6. A-t-il donné un refus au lieu d'une promesse, une promesse au 20. A-t-il séparé du père le fils, [lieu d'un refus?

a-t-il séparé du fils le père?

A-t-il séparé de la mère la fille,

a-t-il séparé de la fille la mère?

A-t-il séparé de la belle-mère la belle-fille, 25. a-t-il séparé de la belle-fille la belle-mère?

A-t-il séparé le frère de son frère?

A-t-il séparé de l'ami son ami,

a-t-il séparé du compagnon le compagnon?

Le prisonnier, ne l'a-t-il pas délivré? l'enchaîné, ne l'a-t-il pas

[délié? 30. Celui qui est en prison, ne lui a-t-ii pas fait voir la lumière?

Au prisonnier a-t-il dit : qu'on le prenne! à l'enchainé qu'on l'en-

[chaîne!

1. Cf. Bi:zoLD, Catalogue, V, Inlrod.

2. ZiMMi:it.N, Shurpii, IL

AUX TEMPS ASSYRIENS 285

33. A-t-il affligé un dieu, méprisé une déesse?

Son péché est-il contre un dieu, sa faute contre une déesse? 35. Y a-t-il violence contre son aïeul, haine contre son frère aîné?

A-t-il méprisé père et mère, oITensé sa sœur aînée?

donné au petit, refusé au grand,

dit oui pour non, 39. dit non pour oui. 42. A-t-il employé une balance fausse?

S'est-il servi d'argent faux, pas servi d'argent vrai?

A-t-il dépassé la borne ' juste, a-t-il placé une borne fausse? 45. A-t-il installé un kiidurru faux, non installé un kiularrii juste?

A-t-il enlevé une limite, une frontière, un kiidurru?

Est-il entré dans la maison de son prochain ?

S'est-il approché de la femme de son prochain ?

A-t-il versé le sang de son prochain? 50. A-t-il volé l'habit de son prochain?

54. S'est-il élevé contre son supérieur?

55. A-t-il eu la franchise en sa bouche et la fausseté dans son cœur? 65. A-t-il enseigné des choses ténébreuses, a-t-il fait savoir ce qu'il ne

69. A-t-il mis les mains à la magie et à la sorcellerie? [faut pas?

70. Est-ce pour une faute grave qu'il aurait faite, pour les péchés nombreux qu'il aurait commis, pour une société qu'il aurait dispersée,

pour une famille bien unie qu'il aurait désunie ? Est-ce pour tous les mépris qu'il a pu avoir pour son dieu et sa

[déesse? 75. Aurait-il promis du cœur et de la bouche sans tenir sa promesse? Aurait-il, dans une offrande, méprisé le nom de son dieu? Aurait-il retenu ce qu'il aurait consacré?

On éniimère maintenant diverses façons de tomber dans un sortilège :

89. Soit que par l'image de son père ou de sa mère il ait été ensorcelé:

90. que par l'image de son frère aîné ou de sa sœur aînée il ait été 99. soit qu'il ait rencontré un ensorcelé, [ensorcelé;

100. soit qu'un ensorcelé l'ait rencontré,

qu'il ait dormi dans le lit d'un ensorcelé, qu'il se soit assis sur le siège d'un ensorcelé, qu'il ait mangé dans le plat d'un ensorcelé, qu'il ait bu dans la coupe d'un ensorcelé.

1. Aplu au sens de kudurru, avec P. DiiORiME, Relig., 228 (qui renvoie à V R, 55, 5 et à V, Sciieil, Délég. Perse, : Texte. Elani. séni., I, 109 kudurru de Melishipak).

286 LA LITTÉBAÏURE

Le conjuraleiir cherche par quel objet s'est transmis le sortilège :

105, il cherche, il cherche

il cherche clans le lit,

il cherche sur le siège,

il cherche dans le plat... m. il cherche au flambeau,

il cherche au soufflet, 1 13. il cherche à la tablette et au roseau pour écrire.., 124. il cherche à la sortie de la ville et à l'entrée de la ville...

l). Genre historique.

Rien ne nous permet d'affirmer que les Assyro-Babylo- niens aient jamais écrit d'Histoire Générale, même à la manière assez primitive des Hébreux. En revanche, leur littérature « historique » embrasse toute la série des plus importantes formes de l'Historiographie : légendes histori- ques, annales et autres documents officiels.

Ces documents « historiques » ont des caractères étran- ges, ou, si l'on préfère, très différents de ceux qui spécifient notre littérature historique moderne. Il est indispensable de les connaître, si l'on veut /)ïe/? comprendre les données, qu'ils nous fournissent sur les origines et l'évolution d'une civili- sation/)ar//cw/j;'èremen^ intéressante pour nous.

Nous avons fait observer ailleurs que les textes assyro- babyloniens sauf quelques rares exceptions ne portent pas de nom d'auteur : cela n'avait pas d'importance parce que l'écrit valait par lui-même'.

1. Cette remarque s'applique, d'ailleurs, même aux temps postérieurs : Au nombre des 600 compagnons de Mahomet qui furent lues à Akraba, quelques années après la morl du prophète, il y avait des lecteurs du Coran et des porteurs du Coran qui en savaient par cœur les sourates. Dans la crainte que le livre ne se perdît, une Commission fut nommée des lecteurs et des porteurs les plus instruits : ils recueillirent tous les frag- ments et en formèrent un ensemble, notre Coran, œuvre composite, sans ordre chronologique. Ce mode de composition ne diminua jamais en rien, aux yeux des Musulmans, la valeur du Livre. Voir l'inlrod. à la trad. du Coran de M. IvAsiMinsiii (Le Koran, in-8, Paris, 1902) p. XXIX.

AUX TEMPS ASSYRIENS 287

Notons encore que les annalistes officiels n'écrivaient gnère que les actions glorieuses de leurs monarques et que souvent ils les exagéraient*. Ainsi le nombre des ennemis tués par Salmanazar II, à la bataille de Qarqar, en 854, passe de 14.000 dans les inscriptions de Kurkli à 20.000 dans rObélisque, 25.000 dans l'inscription des Taureaux, 29.000 dans une inscription trouvée à Aslishur. Dans une autre cir- constance, l'inscription de Balawat fait tuer par Salmanazar 300 ennemis, celle du Monolithe 3.400. Aussi ce principe fondamental de la Critique moderne en vertu duquel, quand on veut déterminer la valeur respective des sources, il faut prendre pour hase cVétiide d'un ouvrage /a dernière édition publiée du vivant de Vauteur ne peut pas être appliqué normalement aux textes cunéiformes; en Assyrie, le récit le plus fidèle^ le plus complet^ est, en général^ pour chaque événement^ le premier^ le plus proche des faits. Dans le recul des années, les scribes enflaient, démesurément quelque- fois, l'importance des victoires du roi ; ils se permettaient de lui attribuer celles de ses généraux ; ils décuplaient, centuplaient même, le nombre des prisonniers faits à l'en- nemi, des villes prises ou détruites.

En outre les scribes se mettaient volontiers au large en matière de chronologie particulière des événements d'un règne-. Ils pouvaient condenser en une seule plusieurs cam- pagneS;, ou en omettre quelqu'une surtout si elle avait été moins glorieuse, ou pour toute autre raison que nous ignorons. Quelquefois, ce qu'un scribe avait condensé ainsi, un autre l'exposait en détail. On peut admettre qu'en général lorsqu'un fait nouveau amenait les scribes k repren- dre l'histoire du souverain pour la mettre à Jour, ils

1. Cette remarque s'applique même au récit de la 8* campagne de Sar- gon, publié par Thubeau-Dangin, Une relation de la huitième campagne de Sai'ffon, in-4, Paris, 1912. Voir ce que dit l'éditeur, p. XIX et XX.

2. Cf. V. ScHEiL, Le prisme S d'Asaraddon (iii-8, Paris. 1914), Appen- dice I, p. 43.

288 LA LITTERATURE

résumaient de plus en plus brièvement les documents ils trouvaient le récit des faits antérieurs et ne racontaient en détail que les faits les plus récents. Cependant il y a des exceptions : Ir plaque de Nimrud', par exemple, la plus ancienne inscription de Tiglat-Pileser III, est inférieure en étendue à une tablette plus récente*.

Relevons en outre dans nos textes historiques, comme dans toutes les littératures sémitiques antiques, le manque total de critique des soujxesel d'élaboration des matériaux : on se bornait à copier, à mettre bout à bout des morceaux tirés des histoires plus anciennes, sans avertir le lecteur de la différence de leur origine. Même en des temps moins éloignés du nôtre, chez les Arabes, l'Histoire sera souvent^ à l'origine, l'expression des partis ennemis; la tradition historique de la Syrie, par exemple, sera tout à fait opposée à celle de l'Iraq ; et pourtant elles seront mises à profit de la même manière, sans distinction de leur origine, par les historiens postérieurs qui sauront les réunir et les remanier si habilement que leui^s ouvrages auront V apparence d'être originaux et composés entièrement par les auteurs à qui on les attribue ^

Les Assyro-Babyloniens introduisaient aussi, sans en avertir, dans leurs récits ou dans les longues inscriptions, des narrations ou des légendes plus anciennes, et, si les découvertes n'étaient venues nous le révéler, nous n'au- rions pu deviner qu'elles étaient antérieures à tel document dans lequel nous le lisons aujourd'hui \

Un autre trait distinctif des textes historiques est ce que

1. Layaud, 17 s.

2. Voir Paul Rost, Die KeihchrifUexle Tujlat-Pileser III, Leipzig, 1893, p. II-III ; et cf. KB II. 3 n. 2 et 9 n. 8.

3. On iiouria voir les textes cités et étudiés par I. Guidi dans RB (nouv. sér. III (1906) 509-519. On pourrait faire des constations analogues au sujet du Prologue du roman arabe des Mille el une nuits. Cf. E.mm. Cosquin, ihid. VI (1909), 7-49 et 161-197.

4. Il ne serait donc pas étonnant que l'on puisse constater (juelque chose d'analogue dans la Bible dont les auteurs humains étaient sémites.

AUX TEMPS ASSYRIENS 28H

nous appellerons le caractère religieux : religieux eu ce sens que longtemps on ne raconta guère que des faits relatifs à la religion et au culte, religieux encore parce que, dès Torigine et jusqu'aux derniers temps, on écrivait sans préoccupation des causes secondes', que par la divinité étaient causés tous les événements^ même les plus anodins, comme l'heureux coup de lance qui, à la citasse . avait abattu une belle bête. Ecoutons, par exemple. Tiglath- Pileser : « Les dieux In-Urta et Nergal ont mis entre mes K mains de souverain leurs puissantes armes et leurs arcs (( augustes : au service d'In-Urta qui m'aime, J'ai tué « quatre bœufs snuvages, robustes, puissants, dans le « désert, » au pays de Mitanni-... « Ailleurs » : Aidé de « Vauguste puissance du dieu Ashur, mon Seigneur, je « marchai contre le pays appelé Kharia et les troupes du « vaste Qurti. Le dieu Ashur, mon Seigneur, m'enjoignit « de parcourir les montagnes qu'aucun roi n'avait foulées ». Le texte raconte cette expédition, qui fut une série de victoires. « ... Dans les taillis des hautes montagnes ils « s'envolèrent comme des oiseaux. V éclat du dieu Ashur, « mon seigneur, les terrassa^... » Ashurbanipal entre- prend sa huitième campagne sur l'ordre des divinités Ashur et Ishtar... « Avec la force du dieu Ashur et de la déesse « Ishtar, Je partis... Mes troupes virent Ididi, semblable « à une impétueuse marée ; son approche les jeta dans « l'épouvante. La déesse Ishtar qui demeure à Arbèle. « envoi/a un songe à mes troupes, vers la fin de la nuit, et <( elle leur dit : Je marche devant Ashurbanipal que mes .<( mains ont créé ». Ce songe inspira confiance à mes « troupes. » Et la victoire fut assurée^..

Il est clair que ce qu'il y a à retenir au point de vue de la

1. ToiiL le monde sait que ce caroctère est 1res fréijuenl dans la Bible.

2. Prisme, VI 58-67.

3. Prisme IIl, 39-44; cf. 73-7().

4. Cyl. Rassam, V, 6.3 et «O-KM.

19

•>W h\ LITTKRATUHE

politique extérieure de ces monarques et d'autres dont les textes parlent de même façon, c'est que, dans telle ou telle circonstance, ils ont fait la guerre à tel ou tel roi parce qu'il avait secoué le joug et refusé de payer le tribut, ou bien parce qu'il avait songé lui-même à faire des conquêtes.

Ces façons de parler nous manifestent des convictions profondes, incarnées en quelque sorte dans Tàme orientale, et c'est pourquoi nous les rencontrons partout chez les Sémites; par exemple en Moab : « Kamosh, nioiidieu, m'a sauvé de tous les agresseurs et m'a fait voir tous nos enne- mis vaincus... Et Kamosh me dit : » Va! prends Nébo sur Israël'... »

Signalons entin lusage des formules stéréotypées, pour ainsi dire, à partir d'une certaine époque, résultat dune tradition littéraire qui transmettait aux scribes, de généra- tion en génération, des formules toutes faites dans lesquelles ils encadraient les gestes royaux et quelques narrations un peu plus vivantes-.

A l'exemple des Shuméro-Akkadiens, les Assyriens com- mémoraient la dédicace de leurs temples. Citons, comme exemple, cette inscription d'irishum : Irishum, vicaire (( du dieu Ashur, fils d'Ilushuma, vicaire du dieu Ashur, au « dieu Ashur, son Seigneur, pour sa vie et pour la vie de « son fils a dédié". »

Ce j^enre d'inscriptions, gnivées sur des briques ou sur des dalles qui ornaient les palais ou les temples, ne nous fournit que de maigres données historiques'. Sur des dalles qui servaient aussi d'ornement architectural sont gravés les Fastes dont la forme ressemble à celle de nos Annales. Leur

1. Inscripl. de Mésii, 11. "i, 14-17 (éd. M. Lidzbauski AKsem, Texte) Giessen, 1907. Voir la Iraduction, Ch. ///, Arl. III.

2. Pour plus de détails, cf. Ciiaules-F. Jean, Lettres de llanimin-ajn à Sinidinnam, p. 1-W.

3. JoHNS, Ani. Juiir/i. Seni. Lany., X\'II1, 176.

4. Ex. : Inscii|il. d'Adnd-nirari I, in Biidge-King. 4 s. : Apiès ses litres cl une Inève iiidicnlion do ses campagDes.

AUX TEMPS ASSYRIENS 291

valeur est mince quand les Annales d'où les Fastes sont extraits ont été conservées; mais, quelquefois, ils constituent la seule source de nos informations par exemple, pour le règne d'Adad-nirari (812-785 av. J.-G.) ; de là, leur valeur relative : il faut alors se souvenir, en les lisant, que ces Fastes n'entendaient pas faire Ihistoire chronologique du règne, et aussi qu'ils suivent généralement, au point de vue géographique, la marche Est Ouest.

Les Annales ont une certaine chronologie qui, malgré quelques erreurs, inlentionnelles ou non, est généralement exacte; cela ne veut pas dire d'ailleurs que ces documents soient toujours absolument dignes de foi : en maints passages, au langage grandiloquent des monarques viennent mettre une sourdine quantité de matériaux découverts en ces derniers temps, tels que oracles, documents commer- ciaux, lettres de généraux en campagne, de gouverneurs de province ou d'autres officiers royaux, sans oublier les sources hébraïques ni les babyloniennes.

Plusieurs documents peuvent raconter les mêmes faits; ils n'ont pas tous la même valeur. Quelquefois, il s'agit sim- plement de recensions différentes d'un même texte. Ainsi, pour les Annales d'Ashur-natsir-apal, nous connaissons dix-sept duplicata de la Colonne I, sept de la Col. II, cinq de la Col. IIP. Quelquefois, il s'agit de documents réellement distincts. Par exemple pour le règne d'Ashur natsir-apal, nous avons les Annales", le Monolithe de Kurkh' et des dalles avec des textes peu étendus^ Or, l'étude de ces documents divers montre que le texte du Monolithe est généralement meilleur que celui des Annales^ et que les

1. Voir l'édition de Lk Gac, Les inscriptions d'Ashur-nasir-aplu (Paris, 1907), Introd.

2. BuDGE-KiNG, 254 suiv.

3. Ibid., 22 suiv.

4. Ibid., 254-255, en note.

5. Le texte du Monolithe est de 880 av. J.-C, il est donc antérieur à celui des Annales qui poursuit son récit jusqu'en 867 av. J.-C, et qui cons- titue un document contemporain pour cette année 867 seulement.

292 LA LITTÉRATURE

petits textes sont généralement d'accord avec le Monolithe contre les Annales'. Parfois, les textes racontent les mêmes événements d'une manière divergente. Ainsi, nous avons trois récits relatifs au sort de Merodach-Baladan : d'après Tun, il fut pris^; d'après un autre, il implora la paix^; d'après le troisième et la suite de l'Histoire montre que c'est le vrai il s'échappa*.

Le mode de composition des scribes orientaux dont nous avons déjà parlé nous met plus d'une fois dans l'impossi- bilité de déterminer la valeur respective des sources. Ainsi les Prismes A et B de Sargon ont même caractère ; si l'on étudie le récit qu'ils font de l'expédition contre Ashdod, on conclura qu'un de ces Prismes dépend de l'autre, ou l'un et l'autre d'une troisième et même source; mais il est impos- sible de discerner quel est celui des deux qui est antérieur à l'autre ^

Le Prisme brisé B de Sargon est un résumé de la tablette Thureau-Dangin\ Trente six lignes des Annales paraissent copiées sur cette tablette; mais elle peuvent tout aussi bien dériver du Prisme B; peut-être même est-il préférable d'admettre que Prisme et Annales dépendent d'une troi- sième source, autre que la tablette, parce qu'ils ont en commun un passage^ qui n'est pas sur la tablette.

4. Tukiilti-Iinirfa. Extrait** de l'Itinéraire de sa sixième campagne (865). « Pendant 4 jours, je descendis le long du Tartar. Sur

1. Cf. KiNG, 255 suiv., notes passim.

2. Fastes de Sarr/on, 133.

3. Annales de Sargon, V.

4. Annales, 349.

5. Pour l'épisode de Dalla, ils dépendent de sources dilTérentes : leurs divergences le prouvent.

G. Relation de la S" campagne de Sargon, déjà citée.

7. Annal., 125 s., Prisme H, cf. 8" campagne, 7(i.

8. V. ScHKii. ot .l.-KT. G.urriicn, .l/i/ia/es Je Tiilmlli-Ninip IIF, \n-S, Paris, 1909, 11. 45-52.

AUX TEMPS ASSYRIENS 293

« mon chemin, le long du Tarlar, je luai 9 buffles. Sur les « bouches du fleuve Tartar je campai; on puisa de l'eau.

(( De sur les bouches du Tarlar' je partis, et descendis « en plein Khamale, lieux difficiles; dans les champs de « Margani je découvris des canaux; sur les deux côtés, je '( détruisis des..., nourritures abondantes, je campai; tout « un jour et la nuit, on puisa de l'eau.

« J'approchai du Tigre, et les villages du pays d'Utu'ate, <( la ville de leurs tombes, sise sur le Tigre, je conquis; je « leur tuai du monde et pillai force butin. Dans Atsutsi je « campai.

« D'Atsutsi je partis. Au troisième jour, je m'avançais « à l'aventure, sans savoir les chemins, par les fourrés; (( j'approchai de Dur Kurigalzu et campai

2. Stèle de Bèl-kharrùn-hèl-ulsur-,

Ce monument, très intéressant à divers points de vue et que nous utiliserons ailleurs, provient de Tell-Abta, à seize lieues au sud-ouest de Mossul, était probablement la ville de Bêl-kharrân-bêl-utsur fondée et érigée en municipe parle nagir êkalli de ce nom, sous Teglatphalasar III. La stèle peut remonter à l'an 727.

1. A Mardiik, seigneur grand, roi des dieux, qui lient les pôles des

[deux et de la terre, qui établit les villes, fonde les cités, surveille les temples de tous

[les dieux ; à Nahû, Vécrivain des dieux, qui tient le calame auguste, porte

[tablette des destins divins. Prince des Igigi et des Anunnaki, dispensateur des aliments, dona-

[teur de la vie; 5. à Shaniash, la lumière des pays, l'arbitre de l'ensemble des villes,

[dieu qui s'éploie sur les régions,

1. Fleuve que les Arabes appellent encore Tharlhar, Thirlar, Sarsar; il prend sa source aux monts Sindjar et va se perdre dans les déserts maré- cageux, direction de Hit. (Scheil 1. c. p. 34.)

2. Publiée et trad. par le P. Scheil in R T XVI (1894). 176-182.

294 LA LITTÉRATURE

à Sin, l'iliuminateur des cieux et de la terre, qui porte des cornes

[augustes, qui se revêt d'éclat; à Ishtar des étoiles, spleudeur du ciel, vers laquelle toute prière

[est bonne, qui agrée les supplications; à tous les grande dieux qui exaucent ses prières, à ses alliés, à ses

[seigneurs; moi, Bêl-kharrân-bêl-utsur, /{^(jr/r du palais de Teglatjjhalasar, roi

[d'Assyrie, qui révère les grands dieux. 10. Or, les dieux piiiss^tnts m'ont mandé, dans leurs oracles augustes

[et leurs volontés immuables,

que j'apprêtasse une ville dans le désert, dans la campagne. De

[ses fondements jusqu'à son faîte, je l'achevai.

Je construisis un ê-kar^, et j'y plaçai au milieu le tabernacle^ des

[grands dieux; son temen^, je l'assis comme une butte de montagne, j'atfermîs

[ses fondements pour l'éternité,

et, dans la langue des habitants, j'appelai son nom Dûr-I3êl-khar-

[ran-bêl-utsur, et je lui traçai une route.

i5. J'inscrivis une stèle et je reproduisis l'image des dieux et la plaçai

[dans la demeure de la divinité; des revenus, des dotations, des festins sacrés je fondai pour jamais,

[en l'honneur des dieux.

Qui que tu sois, à l'avenir, qu'Ashur, Shamash, Marduk et Adad

[dans leur bonté appeleront et à qui ils confieront le pays,

si tu répares les ruines de cette ville et de ce temple, ne supprime

[pas les revenus, les oITrandes de ces dieux.

Quant aux franchises que j'ai octroyées à cette ville, qu'on ne lève

pas ses... ne soient pas... ses nioissons(?)

20. Ne coupe pas ses eaux pour un autre canal, ne change pas les

[limites et les bornes. Ne fais pas de prélèvement sur les bœufs et les moutons ; n'impose [pas à ses habitants de porter la planche à brique. Ne décrète sur eux aucune corvée.

Ne t'occupe pas de leur administration, et cette stèle ne la ren-

[verse pas de son lieu; ne la place pas dans un autre lieu, ne la relègue pas dans une mai-

[son de ténèbres, ne la brise pas;

ne l'enfouis pas dans la poussière, ne la jette pas dans l'eau,

[n'écarte pas l'enduit, ne la brûle pas au feu.

N'eCPace pas l'écriture et les dieux dont le nom écrit est gravé sur

[la stèle.

1. « Maison de la montagne; » c'est le nom du temple de Bel, à Nippur.

2. Parak ilani.

3. Ce mot désignait les fondations et aussi le hurillet de fondation.

AUX TEMPS ASSYRIENS 295

Dans le choc de la mêlée eUle la bataille, à Tapproche du jugement.

[au contact de Girra, dieu de la mort, quand les mains s'élèveront, il écouteront ta prière, t'accourront

[en aide. Pour celui qui changera mou inscription et mon nom, Ashur,

[Shamash, Marduk, Adad, 30. ô g^rands dieux, qu'il n'y ait point, non, qu'il n'y ait pas de pitié

[jusqu'à l'anéantissement!

2. Ssrgon.

Extraits de la hklation de sa iicitième campagne'. (714 AV. J.-C.)

H. A travers les montagnes.

u Avec le grand secours des dieux Ashur, Shamash, « Nabû, Marduk, pour la troisième fois, je mis mes troupes « en ordre de marche vers l'intérieur des montagnes, ^'ers « le pays de Zikirlu et d'Andia je dirigeia le joug du char « des dieux Nergal et x\dad, les emblèmes qui me précèdent.

(c Entre le Nikippa et l'Upâ, monts élevés qui sont cou- rt verts de toute espèce d'arbres, dont la surface est chaos, « dont les défilés sont redoutables, sur la région desquels (( l'ombre s'étend comme en une forêt de cèdres, le voya- a geur ne voit pas l'éclat du soleil, je passai : le Buia, cours « d'eau qui les sépare, jusqu'à 26 fois je traversai; mes « troupes en leur masse, ne s'effrayèrent pas des hautes « eaux.

« Le Simirria, grand pic qui, comme un fer de lance, se « dresse, qui élève sa tête au dessus des montagnes, séjour « de Bêlit-ilê, dont en haut la tête soutient le ciel, dont en <( bas la racine af feint le centrée des enfers, qui, en outre,

1. Tablette d'argile de 0 m. 375 X Om. 245, du Louvre, pubhée par F. Tnu- reau-Dangin. [Une relation de la huitième campagne de Sagon; in-4 Paris, 1912.) C'est un rapport, sous forme de lettre, envoyé par Sargon, résidant à Kalakh, à son dieu qui, lui, réside à Ashshur. Cette relation, en 139 lignes, est la plus développée <[ue nous possédions d'une campagne des armées assyriennes.

296 LA LITTERATURE

« comme une arêle de poisson n'a pas de passage d'un côlé « à l'autre, dont devant et derrière l'ascension est difficile, « sur les flancs duquel des gouffres et des précipices se « creusent, dont la vue inspire la crainte, qui pour la mon- (( tée des chars et la fougue des chevaux n'est pas propice, (( dont les chemins sont difficiles pour le passage des fan- <( tassins, avec l'ouverture d'entendement et le souffle inté- « rieur que m'ont attribués Ea et Bêlit-ilê qui ont ouvert « mes jambes pour aller abattre les pays ennemis, de forts « pics de bronze j'avais chargé mes pionniers : les rochers(?) « des hautes montagnes ils firent voler en éclats comme de « la pierre de taille; Is améliorèrent le chemin'.

25. (( Je pris la tête de mes troupes : les chars, la cavale- ce rie, les combattants qui vont à mon côté, comme des « aigles vaillants, je fis voler au dessus de ce mont. Les <* liommes de peine, les sapeurs, je fis suivre : les cha- « meaux, les ânes de charge, comme des bouquetins élevés « dans la montagne, bondirent par dessus sa cime. Aux « massives troupes d'Ashshur, je fis heureusement gravir « ses pentes difficiles; au sommet de ce mont je retranchai « mon camp. Le Sinakhulzi, le Birnatti, puissanfs monts (( dont l'herbe se compose de /{urshu et de tsumlalû^ bons « arômes, le Turtani, le Sinabir, l'Akhshùru et le Suia, ces « sept monts malaisément je franchis-, »

h. Expédition contre Metatti, roi de Zikirlu, et Ursù, roi (/7 rarlii.

<( 40. Metatti désirait me rencontrer sur le champ de « bataille; il méditait sans merci la défaite de Y armée du <( dieu Enlil d'Ashshur. Dans une fente de cette montagne « il avait rangé son armée en bataille : il m'envoya un mes- « sager me parler de combat et d'engager la bataille ^

L Cf. ha. XL, 3; Mal. III, 1.

2. Iluilième campagne, 1. 13-29.

;i. Traduction corrigée, proposée par TiiuiîiiAU-I)ANGiN RA XI (1914), 87,

AUX TEMPS ASSYRIENS 297

« Moi, Sargon, roi des quatre régions, pasteur du pays « d'Ashshur, qui observe les lois du dieu Enlil et du dieu « Marduk, attentif au jugement du dieu Shamash, originaire « d'Ashshur, la ville de science, dont l'entendement est « ouvert, qui est plein de craintive attention pour la parole (( des grands dieux, qui ne s'approche pas de leurs bornes, « le vrai roi qui parle avec bonté, qui a en horreur le men- « songe, de la bouche duquel ne sortent jamais l'œuvre « du mal ni le dommage, le sage d'entre les princes du « monde, qui en conseil et raison a été créé et soutient en <( ses mains celui qui craint les dieux et déesses, vers le dieu (( Ashur, le roi de la totalité des dieux, le seigneur des pays, « ïauteur de tout, le roi de l'ensemble des grands dieux, « qui illumine les régions, tout puissant seigneur de la ville « d'Ashshur, qui dans le feu de sa grande colère... [lacune), « les princes du monde... [lacune), l'auguste, le vaillant, au u filet duquel le malfaiteur n'échappe pas, qui déracine le « contempteur du serment, qui à Végard du contempteur « de sa parole, de celui qui se confie en sa propre force, « méprise la grandeur de sa divinité et tient d'orgueilleux « propos, châtie celui-là avec colère lorsque se livre le « combat, brise ses armes et convertit en vent ses troupes <( assemblées, mais qui, à l'égard de celui qui garde la jus- « tice des dieux, qui se fie en le bienveillant jugement du « dieu Shamash, qui du dieu Ashur, TEnlil des dieux, craint « la divinité et ne méprise pas les faibles, fait venir celui- « à son côté et l'exalte dans la victoire au dessus de ses « ennemis et adversaires, parce que je n'avais pas franchi f( les bornes d'Ursâ, TUrartéen, ni les limites de son vaste « pays, que sur le champ de bataille, je n'avais pas versé '( le sang de ses guerriers, je levai mes mains vers le dieu « Ashur. en le priant de causer sa défaite au milieu du « combat, de retourner sur lui l'insolence de sa bouche et « de lui faire porter sa peine. Le dieu Ashur, mon sei- (( gneur, écouta mes paroles d'équité : elles lui plurent. Il

298 LA LITTÉRATUIŒ

« se lourna vers ma Juste prière : il ac/ré^t ma, requête. Ses « armes impétueuses à Vapparition desquelles.^ du levant « au couchant., les rebelles s'enfuient ; il les envoya à mon « côté : les malheureuses Iroupes du dieu Asluir qui, ayant « fait une longue route, étaient lasses et épuisées, qui, ayant a traversé en quantité innombrable de puissantes mon- « tagnes, dont la montée et la descente étaient difficiles, « avaient changé d'aspect, leur fatigue je ne l'apaisai pas, « d'eau pour la soif, je ne les abreuvai pas; je n'établis pas « mon camp, je n'en fortifiai pas l'enceinte, je n'envoyai « pas mes guerriers en avant', je ne rassemblai pas mon « armée ; ceux qui étaient à droite et à gauche ne revinrent « pas à mon côté, je ne fis pas attention eu arrière, je ne « redoutai pas la masse de ses troupes, je dédaignai ses che- « vaux : pour la grande quantité de ses guerriers revêtus « d'armures, je n'eus pas un regard. Avec seulement mon a char personnel et les cavaliers qui vont à mon côté, qui « en pays ennemi et hostile ne me quittent jamais, la troupe, « l'escadron de Sin-akh-utsur, comme un javelot impétueux « je tombai sur lui, le défis, le mis en déroute.

« Je fis de son armée nu immense carnage : les cadavres « de ses guerriers comme du malt j'étalai : j'en remplis les « ravins des montagnes. Leur sang dans les gouffres et les « précipices comme un lleuve je fis couler : plaine, cam- « pagne et monts j'en teignis comme... [lacune). Ses com- « battants, soutien de son armée, ceux qui portent l'arc ou « la lance, à ses pieds, comme des agneaux je les égorgeai, « je tranchai leurs têtes. Ses grands, les conseillers qui se « tiennent devant lui, au milieu du champ de bataille je « brisai leurs armes, avec leurs chevaux je les pris, 260 des « membres de sa famille royale, des préfets, ses fonction- « naires, et de ses cavaliers je fis prisonniers : je rompis les « lignes ennemies. Quant à lui, dans le rassemblement de

1. C'est-à-dire qu'il partit lui-même avec les Iroupes (pril avait sous la main. (Th.-D.)

AUX TEMPS ASSYRIENS 299

u son camp je le cernai : ses chevaux de trail par les flèches « et les javelots je décimai sous lui. Pour sauver sa vie il « abandonna son char : sur une jument il monta : il s'enfuit « en avant de ses troupes.

« Metatti, de Zikirtu, avec les rois ses voisins, je défis 4K leur troupe, je taillai en pièces leur armée. Je rais en <( déroute les troupes, d'Urartu, le méchant ennemi, et de « ses alliés; au milieu du mont Uaush il fit volte-face. Leurs (( chevaux emplirent les gouffres, les précipices des mon- « tagnes. Quanta eux, comme une fourmi en détresse^ ils « se frayèrent des chemins difficiles.

« Dans l'impétuosité de mes puissantes armes, derrière « eux je montai : montées et descentes j'emplis des cadavres « des combattants. L'espace de 6 lieues depuis l'Uaush jus- ce qu'au Zimur la montagne du jaspe, à la pointe du javelot (.( je le poursuivis. Le surplus des hommes qui pour avoir « la vie sauve s'étaient enfuis, et que javais laissés pour « qu'ils glorifiassent la victoire du dieu Ashur, mon sei- « gnear, le dieu Adad', le fort, le vaillant fils du dieu Anu, « lança sa grande voix au dessus d'eux : par des nuages a d'averse et par lagrêle^^ il acheva le reste.

« Ursâ, leur prince qui avait franchi les bornes du dieu « Shamash et du dieu Marduk, qui d'Ashur, le roi des dieux, « ne respectait pas le serment, craignit le bruit de mes puis- ce santés armes : pareil à un oiseau de nuit qui s'enfuit « devant un aigle, son cœur palpita d'effroi.

« Gomme un homme qui aurait versé le sang, il quitta « Turushpâ sa résidence royale : comme Tanimal qui fuit

1. Dieu de l'orage et de la tempête.

2. Mot-à-mot : pierre du ciel (aban shame-e) Cf. Jos. X, 10-11 : « Israël « infligea [aux Gahaonites) une grande défaite près de Gabaon, les poursui- « vit sur le chemin qui monte à Bétlioion, et les battit jusqu'à Azéca et « Macéda. Comme ils fuyaient devant Israël, Yahwéh fit tomber du ciel sur « eus. de grosses pte/ves jusqu'à Azéca, et ils moururent; ceux qui périrent « par les pierres de grêle furent plus nombreux que ceux qui furent tués « par l'épée des enfants d'Israël. » Voir p. 39, n. 3.

300 l'A LITTÉRATURE

« le chasseur, il gagna le flanc de ses montagnes. Gomme « une femme en travail il se jeta sur un lit : nourriture et « boisson il relusa à sa bouche ; une maladie incurable il « s'infligea à lui-même.

« Lh victoire du dieu Ashiir, mon seigneur^ pour Véter- <( nité sur Uritrtu f établis: sa crainte, inoubliablement, je (( laissai pour l'avenir. La force de mon immense puissance « et la levée de mes grandes armes, qui, dans les quatre « régions, sont sans rivales, qu'on ne fait pas retourner en « arrière, au milieu d'un violent combat, à Urartu j'ai fait « amèrement sentir.

« Les gens de Zikirtu et d'Andia j'ai couverts de la bave « de mort. Aux méchants ennemis l'accès du pays des Man- « néens je fermai : je contentai le cœur d'UUusunu leur « maître : pour ses malheureux peuples je fis briller la « lumière.

<( Moi, Sargon, qui garde la Justice, qui ne franchis « pas les homes du dieu Ashur et du dieu Shamash, le « pieux, Vinfatigable, qui crains les dieux Nabû et Mar- « duk, avec leur assentiment bienveillant j'atteignis les « désirs de mon cœur : je dominai mes orgueilleux enne- « mis dans la victoire. Sur l'ensemble entier des mon- <( tagnes je répandis la stupeur: cris et lamentations j'im- « posai aux peuples ennemis. Dans la joie du cœur et « de Tallégresse, avec des chanteurs, des harpes et des « tambourins, je rentrai au milieu de mon camp. Aux (( dieux Nergal, Adad, Ishtar, les maîtres du combat, « aux dieux demeurant dans les cieux et sur la terre et « aux dieux demeurant dans le pays d'Ashshur, j'oft'ris « de superbes et purs sacrifices : dans les prosternements « et les prières devant eux je me tins : j'exaltai leur divi- « nité'. «

1. Ihid., 11. 11(»-101.

AUX TEMPS ASSYRIENS 301

3. Salmanazar II {860-S25.) Campagnr contre Hazael, roi de Damas'.

(( Dans ma dix-liuilième année de règne, je iVancliis TEu-

« phrate pour la seizième fois. Hazaèl de Damas se fia à

« la masse de ses troupes et il convoqua ses troupes en grand

« nombre. Il prit pour forteresse le mont Sanir-, pic de

« montagne qui se trouve en face du mont Liban. Je com-

« battis contre lui; je le battis, je renversai parles armes

« 16.000 soldats de son armée, je lui enlevai 1.121 de ses

« cliars% 470 de ses chevaux de troupe, ainsi que son camp.

« Il s'enfuit pour sauver sa vie. Je me mis à sa poursuite;

« je l'enfermai dans Damas sa ville royale. J'abattis sesjar-

«■ dins. J'allai jusqu'aux montagnes du Ilauran. Des villes

« sans nombre je les détruisis, les dévastai, les brûlai par

« le feu. Je pillai leur butin sans nombre. Jusqu'aux mon-

<( tagnes de Ba'lira'si, qui sont au dessus de la mer, je me

« rendis; j'y érigeai ma statue royale. Alors Je reçus le

'( tribut des Tyriens, des Sidoniens et de Jehu'\ descendant

« d'Omri. »

4. Sennachérih { 705-6 S I .)

heié Inscriptions des Taureaux postérieures au Cylin- dre Bellino, au Cyl. B% aux Gyl. K 1674 et 1675 rédigés entre 702 et 697, et au Cyl. 10:].000'^ de 694 av. J.-C. remontent à 694 environ.

1. III R5 6; cf. HB (n. sér.) VII, (lOlU), 73.

2. -'r^ff (Cf. I Chr. V, 23 et Gant. IV, 8.1, montagne au Nord de Damas, aux environs de Baalljek, d'après la tradition arabe. H H /. o.

3. Sur les Taureaux, on lit « 1131 cliars »; sauf en ce point, VInscr. des Taureaux et celle de VOhrlixtiuc sont d'accord avec le texte que nous citons ici.

4. Cf. II nef/. IX-X.

5. Il est représenté par 13 cylindres, dont (5 complets et 7 fragmen- taires.

0. Au Bristish Muséum, publié dons C T XXVI; B M 102. 9!)G et 22.508 sont des duplicata de ce texte.

302 LA LITTÉRATURE

Le Prisme Taylor^ dont plusieurs passages sont paral- lèles au Gyl. 103.000- esl daté de 091 av. J.-C.

Il importe, en étudiant ces textes, de se rappeler le prin- cipe que nous avons formulé plus haut.

GAMPAGNf: CONTI'.K EzÉCfilAS ^

« Dans ma troisième campagne, je marchai contre le pays <( de Khatti. La crainte, à mon approche, saisit Luli, roi de '( Sidon, et du milieu de la terre d'Akharri il s'enfuit à (( Yatnan, qui est au milieu de la mer. Je soumis son pays; « je plaçai Tubal sur le trône de son royaume, j'établis sur « lui un tribut pour ma majesté.

« Les rois de TOccident, tous, leur riche tribut comme rt présent, devant la ville d'Ushu, en ma présence ils appor- '( tèrent. Et Zidqa, roi d'Ascalon, qui ne s'était pas soumis a à mon joug, les dieux de la maison de son père, lui-même f< avec sa famille je pris et j'emmenai en Assyrie. Sarludari, « fils de Rukibti, le précédent roi, je plaçai, sur les peuple « d'Ascalon et je lui imposai le tribut à ma domination. « Dans le cours de mon expédition, j'ai pris et emporté la « dépouille de ses cités qui ne s'étaient pas houmises à mon

« Les chefs et le peuple de la ville d'Amgarunna qui, Padi, « leur roi, allié de l'Assyrie, de chaînes de fer avaient lié « et livré à Ezéchias, roi de Juda, leur cœur fut saisi de « crainte. Les rois d'Egypte rassemblèrent les archers, les

1. Trouvé à Nebi Yunus. Voir ITuLiod. de King au C T XXVI, 7-9.

2. Tableau des passages pai*allèles des premières colonnes, d'après Kjno (/. c, p. 9) :

Cyl. 1030UU Col. I = Cyl. Tayloh. Col, I, H. l-73'\

Col. Il = _ _ Col. I 73b _ Col. II, 65.

Col. MI = Col. II 60 Col. 111,52».

Col. IV, 1-60 = Col. III, 52" Col. IV, 20.

3. Ce récit est empruiilé à ïlnscr-iption des Taureaux (III R 12, 18-32) auquel est parallèle un passage du Cylindre Tai/lor, II, 34, III, 41 Cf. II J{.'u. : XVni-XIX, el t. I, Ilist. et Civil. : p. 139-140.

AUX TEMPS ASSVUIENS 303

« chariots el les chevaux du roi de IMiluklikhi, une armée « sans nombre. Devant Altaqu je comballis avec eux et je « les battis. Le chef des arcliers, les fils des rois dEgypte « avec les chefs des chars des rois de Milukhkhi ma main « les prit vivants. Contre Amgarunna j'approcluii, et les « chefs qui avaient causé la révolte je les fis périr par l'épée ; « les habitants de la ville qui s'étaient mal conduits envers <( moi, je les destinai à la déportation; le reste de ceux qui « n'avaient rien fait de mal je les déclarai innocents. Padi, « leur roi, je le fis ramener au milieu de Jérusalem et sur (( le trône je le plaçai au dessus d'eux, et je lui inq^osai le (( tribut à ma domination.

((. Ezéchias, roi de Juda, ne se soumit pas à mon joug. « J'assiégeai 46 de ses villes, places fortes et cités qui étaient « sur son territoire, sans nombre; j'emmenai leurs habi- « tants ' et je les comptai comme butin. Lui-même, comme « un oiseau dans sa cage, au milieu de .Jérusalem, la ville <( de sa royauté, fut enfermé. Il éleva des tours avec des « soldats; ses villes dont j'avais emmené les habitants, de « son territoire je séparai et aux rois d'Azot, d'Ascalon, « d'Accaron et de Gaza je les donnai et je diminuai son ter- ce ritoire. En plus des tributs antérieurs, je leur imposai « comme tribut un don de leurs propres ressources. Ézé- « chias lui-même, la terreur de la majesté de ma puissance « le saisit, ainsi que les Urbi et ses propres soldats et les « autres soldats qu'il avait fait entrer à Jérusalem, sa cité « royale. Il consentit au paiement du tribut de 30 talents (( d'or et de 800 talents d'argent: des objets de toute espèce, n le trésor de son palais, ses filles, les femmes de son palais, « les serviteurs et les servantes il fit conduire à Ninive, la (( ville de ma puissance, et pour le paiement du tribut il « envoya son ambassadeur ».

1. Le Cylindre ïayloh (Col. III, 17-ll)j ajoute : « 200.150 hommes et femmes, grands et petits, des clievaux, des mulets, des ânes, des cha- meaux, des bœufs et des brebis sans nombre j'emportai.

304 LA LITTÉRATURE

5. Asaraddon' {68J-668). Tnuiis DU ROI.

« Moi, Asaraddoii, roi des peuples, roi d'Assyrie, viril « guerrier, chef, coryphée des princes, fds de Sennaché- (( rib, roi des peuples, roi d'Assyrie, fils de Sargon, roi « des peuples, roi d'Assyrie, créature des dieux Ashur et « Ninlil, chéri des dieux Sin et Shamash, le préféré des « dieux Nabû et Marduk, le favori de la reine déesse Ishtar, « le désiré des grands dieux, le sage, Thabile, Tintelli-

<( gent que pou?' la rénovation des images des grands

« dieux et V achèvement des sanctuaires de toutes les cités (( des grands dieux, ils ont élevé à la royauté ; le construc- « leur du temple du dieu Ashur, l'auteur de l'K-sagil et de « Babylone, le rénovateur des dieux et des déesses qui s'y « trouvent, celui qui a restitué en leur lieu, loin d'Ashshur, <( les dieux pris comme butin et les a installés dans une « demeure paisible, jusqu'à ce qu'on eût terminé leur « temple; qui a fait habiter les dieux dans leur sanctuaire, <( demeure d'éternité.

« Par leur grâce toute puissante, depuis le Levant jus- « qu'au Couchant, en maître je me suis promené et n'eus <i pas dérivai; ils hrent plier à mes pieds les princes des « quatre régions. Si un pays avait péché contre le dieu <( Ashur, ils le mettaient à mes ordres. Ashur, le père des « dieux, me confia le soin d'étendre les confins du pays « d'Assyrie; le dieu Sin. maître du disque-, m'octroya « force, vaillance, plénitude de poitrine; Shamash, la M lumière des dieux ', exalta ma renommée jusqu'au som- « met* ».

1. Prisme S, édile, Iradnil et commenlé par V. Sciikii., Le prisme S d'Ag- surhnddon. In-8, Laris, 1914.

2. Sia esl le dieu Lune.

3. Shamash esl le dieu Soleil.

4. Face II, H. 17-28.

AUX TEMPS ASSYRIENS 305

Avènement et guerre civile.

<( Il interrogea Shamash et Adad. les dieux des révéla- « tions, et ils lui rendirent un décret favorable en disant : <( « C'est celui-là ion associé! » Il respecta ce grave oracle, « et les gens d'Assyrie, petits et grands, mes frères nés dans « la maison paternelle, ensemble il réunit; et, devant les « dieux Ashur, Sin, Sliamash, Nabii, Marduk, les dieux du « pays d'Assyrie, les dieux habitants du ciel et de la terre, « il les fit jurer de garder mon droit de principal.

« Au mois de Nisan, en un jour propice, selon leur « auguste volonté, dans le bit ridùli^ lieu terrible sont « conservés les « destins » de la royauté, joyeusement je fis « mon entrée.

« Un mauvais esprit se répandit sur mes frères; ils aban- « donnèrent les dieux, pendant que pour leurs desseins

« monstrueux ils préméditaient le mal. Propos pervers,

« œuvre contraire à la volonté des dieux contre moi ils ins- « liguèrent, en tramant derrière moi trahison et perdition.

<( Moi humble, le cœur de mon père, en dépit des dieux, « ils voulurent courroucer contre moi; mais à son fils son « cœur garda affection, et sur mon principal ses yeux veil- « laient' ».

c. Evénemenis il Arabie.

« La ville d'Adumu est une forteresse du pays des

« Arabes que Sennachérib roi d'Assyrie, le père qui m'a

« engendré, avait conquise et il avait pris comme butin

c< et emporté en Assyrie les dieux du roi des Arabes. Kha-

« sail, roi des Arabes, avec un gros présent, à Ninive, ville

« de ma seigneurerie, s'en vint donc et baisa mes pieds.

« Il me supplia de lui rendre ses dieux; j'eus pitié de lui....

{. Ibid. Face, I, 11. 10-27.

20

306 LA LITTERATURE

a le dieu Daia', le dieu Nukhaia-. .. le dieu Kbirillu% le « dieu Athar^-qurumaia, je restaurai le dégât de ces idoles, <( et la vaillance du dieu Ashur, mon seigneur, et la men- <( lion de mon nom f y inscinvis et les rendis en don. Je mis a Tabûa, femme élevée dans mon palais, à la royauté sur « les Arabes et avec ses dieux dans son pays je la retour- « nai. J'ajoutai et lui imposai 65 chameaux sur le tribut « antérieur. Mais le destin emporta Khazail, et je plaçai « sur son trône son fils Yata'. J'ajoutai au tribut de son « père et lui imposai 10 mines d'or, 1000 pierres hirûti, « 50 chameaux, 1000 hungi d'aromates. Ensuite, Uapu « pour exercer la royauté souleva tous les Arabes contre « Yata'. Moi, Asaraddon, roi d'Assyrie, roi des quatre <( régions, qui aime la justice et pour qui la trahison est « une abomination, j'envoyai mes combattants au secours « de Yata', et ils écrasèrent tous les Arabes. Uapu et ses « compagnons d'armes, on les mit aux fers et on les trans- « porta à Ninive, et on attacha ces gens au flanc de ma « grande porte ^ ».

Dédicace d'une chapelle a la déesse Nana

DANS l'E-ANNA, le GllAND TEMPLE d'UuUK, PAR AsARADDON®.

(( A Nanâ, la plus aimable des déesses, pleine de grâce et <( de séduction, remplie de vénusté, auguste fille aînée

1. Da.ia rappelle le dieu nabatléen Nr, = t', souvent nommé dans CIS, v. g. : nos 50G ; 1748, etc. On peut en rapprocher le dieu Alâ, du pays de Kharran (cf. Jokns, Doomsday Book, p. 51, 7, 3; etc.).

2. De la racine n-,:, comme le nom de Noé; on trouve ce nom en vieux babylonien déjà (CT VI, 4, 13.).

3. Il y a trop de racines d'oii l'on peut faire dériver ebiri ilhi pour que l'on puisse lixer le sens de ce mot.

4. On songe à Alarsainain (G. Smith, Assurb. p. 283, et à la tribu Atar SH-mn-a-in [Ashiirh Col. VIII, 112). Qurunia pourrait être le nom d'un lieu ou d'un sanctuaire fameux.

5. V. ScnEiL, /. c, Kace IV, 11. 2-29; et cf. les notes, p. 39-41.

6. Barillet du Louvre, provenant de Warka édité, traduit et commenté par F. Thureau-Dangin, RA, XI (1914),96-101.

AUX TEMPS ASSYRIENS 3U7

<( d'Anu, dont, entre toutes les déesses, la puissance est « grande, sublime épouse, concubine illustre du dieu Nabû, (( objet d'amour de sa majesté, Autu miséricordieuse, « qui vient à l'aide du roi qui la révère, qui prolonge son « règne, habitante de TK-khilianna, à l'intérieur de l'K- (( anna, reine d'Uruk, grande dame, sa dame, Asarad- « don, roi du monde, roi du pays d'Ashshur, lieutenant de « Babylone, roi du pays des Shumériens et des Akkadiens, (( roi pieux, qui recherche les lieux des grands dieux, qui <( révère le seigneur des seigneurs, constructeur du temple « d'Ashshur, bâtisseur de l'E-sagil et de Babylone, conser- « valeur de FE-zida, qui restaure TE-anna, qui parfait « temples et cités, qui y accoitiplit tout ce qui convient « fils de Sennachérib, roi du monde, roi du pays d'Ashshur, « lieutenant de Babylone, roi du pays des Shumériens et « des Akkadiens :

« L'E-khilianna, la chapelle de Xanà, ma dame, à Tinté- « rieur de l'E-anna, qu'un précédent roi avait construite, et « qui étant parvenue à la vétusté tombait en ruines, je « recherchai son plan et en brillantes briques de four je « consolidai ses ruines; ayant pris les mains de Xanà, la « grande dame, je la lis entrer à l'intérieur de cette chapelle. « je lui fis habiter une demeure d'éternité ; je lui offris « de magnifiques sacrifices, j'embellis son sanctuaire.

« O Nanâ, dame sublime, tandis que joyeusement tu habi- « teras à l'intérieur de cette chapelle, pour moi Asaraddon, « le prince qui te révère, intercède devant le dieu Nabû, « ton époux : vie de longs Jours, satiété de descendance^ a hien-être du corps et joie du cœur attribue-moi pour « destin, au fondement de mon trône donne la solidité du « roc, autant que le ciel et la terre rends stable mon règne.

« A jamais, dans les jours à venir, le prince futur sous le « règne duquel cette chapelle menacera ruine, qu'il la res- « taure; qu'il inscrive mon nom avec le sien, qu'il oigne « d'huile l'inscription est écrit mon nom, qu'il lui offre

308 LA LITTÉRATURE

« un sacrifice eL la joigne à son inscription. Les dieux enten- « dront sa prière.

« Mais celui qui artificieusement efTacerail mon nom, que « Nanâ, la grande dame, le regarde avec colère, qu'elle lui '( assigne un mauvais destin, qu'elle anéantisse son nom et « sa race, qu'elle soit pour lui sans miséricorde!

6" Ashurhanipul {668-626). Ruine de Thèbes'.

« Dans ma seconde campagne, vers l'Egypte et lEthio- « pie je dirigeai ma marche. Urdaman apprit les progrès de « mon expédition et que j'avais franchi les frontières de l'Egypte. Il abandonna Memphis et, pour sauver sa vie, « il s'enfuit à Ni'u^. Les rois, les chefs et les gouverneurs « que j'avais établis en Kgypte vinrent en ma présence et « embrassèrent mes pieds.

« Je suivis la route qu'avait prise Urdaman, j'allai à Ni'u, « sa ville forte. Il vit l'approche de ma puissante armée et « et il abandonna Ni'u, et il s'enfuit à Kipkip. Cette ville « (Ni'u) tout entière au service du dieu Ashur et de la déesse a Ishtar mes mains la prirent. L'argent, l'or, les pierres pré- ce cieuses, les meubles de son palais, tout ce qu'il contenait,. « des vêlements de laine et de lin, de grands chevaux, des « esclaves hommes et des esclaves femmes, deux obélisques (( élevés couverts de belles sculptures, 25.000 talents « étaients leur poids, dressés devant la porte d'un temple, « de leur place je les enlevai et les transportai en Assyrie. « Un bu lin grand et innombrable je l'emportai de Xi'u.

Vingt-deux rois rendent hommage a Ashurbampal.

<( Le dieu Ashur et la déesse Ishtar vers l'Kgype et

1. C]il. lim., II, 28-41. Cf. Nafwm, III, 7-10.

2. Niu=: Thèbes; Cf. Nahu/n, 111,8 :

AUX TEMPS ASSYRIENS 309

(( l'Ethiopie dirigèrent ma marche. Dans le cours de mon « expédition, 22 rois des bords de la mer, du milieu de la « mer et de la terre ferme, mes serviteurs, dépendant de « moi, m'apportèrent leurs lourds tributs et baisèrent mes « pieds'. Et voici les noms de ces rois :

« Ba*al, roi de Tsurru^ Minsê% roi de laudu* Qaus-

« gabri, roi de Udumu' Mutsuri, roi de Ma-'a-ba"

« Tsil-ba'' al {'!) roi du pays de Khazitu' Mitinti roi

« d'Isqaluna^ Ikausu roi d'Amqaruna^ Milkiashapa,

« roi de Gublu*" Iakinlû, roi d'Arwad Abi-Ba'al roi

« de Samsimuruna" Amminadab, roi de Bith-Ammana

« Ahhi-melek, roi d'Asdod Ekishtura roi d'Edi'ali

« Pilâgurâ, roi de Kitros Kîsu, roi de Silûa Itûandar,

« roi de Pappa'' Erîsu roi de Sillu Damasu roi de

« Kuri['?) Acimisu, roi de Tamisu Damûsu, roi de

« Qartikhadasti Unasagusu, roi de Lidîr Putsusu,

« roi de Nurê : en tout, 22 rois*\

Ambassade du roi de Lvdie

« Gygès, roi de Lydie, un pays qui est au delà des mers, « une terre lointaine dont les rois, mes pères, n'avaient pas

1. Cyl.Rin.,!. 67-71.

2. Tsurru, ~"s =: Tyr.

3. Minsêrr Manassé. Cf. Chron. XXXIII, 9-13 : (On peut aoler, au sujet du V. 9, qu'à une époque récente les textes cunéiformes disent Assyrie pour Babylonie et vice versa. Voir les textes cités par Winckler, Fors- chungen, II, 444, 456; etc.).

4. Juda.

5. Edom.

6. Moab.

7. Gaza (niv).

8. Ascalon.

9. Accaron.

10. Byblos, ou Gebal.

11. Cf. Jos. XII, 20 Shimerùn-Mer on.

12. Paphos.

13. Cyl. Rm 3, 1-23.

310 LA LITTÉRATURE

« enlendn prononcer le nom Ashnr, mon généralenr divin,

(( en un songe lui révéla mon nom en disant : <( Ashurba-

« nipal. le roi d'Assyrie, mets-loi à ses pieds et par son

<( nom In vaincras tes ennemis. » Le jour même qu'il eut

« ce songe il envoya ses cavaliers me saluer, el, par Tentre-

(( mise de son messager, il m'envoya ce songe qu'il avait

« eu.

« A partir du jour il se mit à mes pieds, il soumit les

« Cimmériens, dévastateurs de son peuple, qui ne crai-

« gnaient pas mes pères et ne s'étaient pas mis à mes pieds.

« Avec l'assistance du dieu Asliur et de la déesse Ishtar, mes

(( seigneurs, il prit deux chefs Cimmériens; avec de fortes

« chaînes de fer et des liens il les lia, et avec de gros pré-

« sents il les fit conduire en ma présence.

(f Ses cavaliers que pour me saluer il avait constam-

« ment envoyés, il cessa de les envoyer. Gomme la volonté

<( d'Ashur, mon générateur divin, il avait méprisé, à sa

« propre puissance il se confia et parla (?) à son propre

« cœur. Il envoya ses forces an secours de Psammétiq\

« roi d'Kgyple. qui avait secoué le joug de ma seigneurie.

« J'entendis cela et je priai le dieu Ashur et la déesse Ishtar

« en ces termes : « Que devant ses ennemis son cadavre

« soit jeté, qu'on emporte ses ossements! » Lorsque j'eus

u prié le dieu Asliur, ma prière se réalisa. Devant ses en-

« nemis son cadavre fut jeté; on emporta ses ossements. Les

(( Cimmériens que par la gloire de mon nom il avait battus,

« ils le vainquirent et ravagèrent tout son pays. Après lui,

« son fils monta sur le trône-. »

e. Genre épistolaire.

Comme celles des temps antiques, les lettres de cette époque étaient enfermées dans une enveloppe d'argile sur

1. Les Assyriens prononçaient. P/s/ta/»f7/iW.

2. Cyl. Rm., 11, 0.5-120.

AUX TEMPS ASSYRIENS 311

laquelle était écrit le nom du destinataire et, parfois, celui de Texpéditeur.

Lettre d'Adad-shum-utsur*.

« Le dieu, roi des dieux, a mentionné le nom du roi mon « seigneur, pour la royauté sur le pays d'Ashsliur. Les « dieux Shamash et Adad, dans leur présage véridique ont « établi le roi, mon seigneur, pour la royauté sur le pays. « Gouvernement pi'ospère, iours durables, années d'équité^ « pluies abondantes, crues considérables, commerce pros- « pèrel Les dieux sont bien disposés, la crainte du dieu « est grande^ les temples sont riches ; les grands dieux des « deux et de la terre ont relevé les choses^ au temps du roi « mon seigneur. Les veillards sautent, les enfants chantent, « les filles exultent de Joie, les femmes conçoivent ; elles « déposent des petits, elles font des garçons et des filles : « r enfantement marche bien. Dans leur joie, elles disent « aux enfants : le roi notre seigneur Va fait vivre! Ceux « qui, depuis de nombreuses années, étaient prisonniers , tu (( les délivres! Ceux qui depuis des jours nombreux étaient « malades vivent! Les affamés sont rassasiés, les maigres « deviennent gras, les nus sont couverts de vêtements^. »

N'est-ce pas un règne messianique que décrit ici le Voyant de Ninive, un siècle environ après Amos et Osée, un demi siècle à peine après Isaïe ?

Lettre privée : guérison d'un malade^ « Au roi du monde, mon seigneur, ton serviteur Kudurru,

1. Ce personnage est un Voj'anl {hârû) qui communique un présage. Ce doit être le même dont nous avons plusieurs autres rapports. Voir Camp- bell Thompson The Reporls... n°' 135; et K K 5470, 1087, 1197, 1428; et encore 81-2-4, 53; 81-2-4, 58.

2. Harper, Lettres I, 1 ; trad. Dhorme, Religion, 172.

3. K 81, dans Budge A Guide... (British Muséum). London 1908, p. 67,^ n" 156.

312 LA LITTÉRATURE

« Puissent la ville d'Érek et le temple Ë-aniia être propices (( au roi du monde, mon seigneur. Je prie chaque jour « Ishtar, la déesse d'Erek et la déesse Xanâ pour la conser- « va lion de la vie du roi, mon seigneur.

« Iqîsha-aplu, le médecin que le roi, mon seigneur, « envoya pour sauver ma vie ni a guéri. Puissent les grands « dieux du ciel et de la terre être propices au roi, mon sei- (( gneur; puissent-ils établir à jamais le trône du roi mon <( seigneur dans le ciel! Car fêtais mort, et le roi, mon (( seigneur, m'a fait vivre, et la bienveillance du roi, mon « seigneur, à mon égard, est excessivement grande.

« Je pars voir le roi, mon seigneur en disant : « J'irai et <( je verrai la face du roi, mon seigneur; je descendrai « et je vivrai cependant. » Mais tandis que j'étais sur la <( route d'Erek, un officier me fit retourner en disant : « Un capitaine a porté pour toi une lettre scellée du palais, (( et il faut que tu retournes avec moi à Erek. » Il exécuta « les ordres du roi, mon seigneur et m'emmena à Erek. Je « voulais que le roi, mon seigneur, sût cela ».

LETTRii DE Bel au roi* :

UN AGENT DIPLOMATIQUE ENVOYÉ AU PAYS d'ArARAT

« Au roi, mon seigneur, ton serviteur Bel.

« Salut au roi mon seigneur; salut au fils du roi ! Paix aux « citadelles! que le cœur du roi, mon seigneur, soit content!

« Au sujet de l'ordre concernant le pays d'Urarlu, le « messager est parti; j'ai envoyé le préfet qui était sous <( mes ordres; il a arriver. Suivant la décision du roi, « mon seigneur, il y parlera en ces termes : « Nous, nous « sommes pacifiques; vous, vous vous emparez de nos « citadelles; moi que dois-je faire? Encore si à votre fron- « tière, à vos forteresses, j'avais volontairement causé un « préjudice! »

1. K 593.

AUX TEMPS ASSYRIENS 313

« Ses forces sont réunies. Dans la ville de Kharda il « tient garnison. Voilà les nouvelles sur ce point. »

Une femme a la mère du roi* :

LE SACRIFICE PRESCRIT A ÉTÉ OFFERT

« A la mère du roi, mon seigneur, ta servante.

« Salut à la mère du roi. mon seigneur; que les dieux « Nabû et Marduk bénissent la mère du roi, mon seigneur.

« Au sujet des sacrifices que Ton nous a prescrit de faire, <( voici qu'en présence du roi nous avons immolé. Le tout a « été fait devant la déesse ïashmetum^ deux brebis et un « taureau gras.

« En résumé : ceci et cela; c'est tout! »

/". Textes funéraires de Suse.

Dans des tombes de Suse, des derniers temps de l'indépen- dance élamite, (vu*' s. av. J.-G.) on a découvert quelques inscriptions funéraires^ d'autant plus intéressantes que ce sont les premières de ce pays que Ton possède jusqu'à ce jour.

Citons deux de ces textes*.

Le mort paraît quitter la vie sans regrets. Sur une terre de misère, il avait reçu en partage de son dieu et bon génie un champ aride tout était pour lui peine et labeur; aussi lui tarde-il d'être emporté dans la maison des ténèbres. Il veut s'en aller et comparaître devant les Anunnaki qui sont les juges des enfers, avec la déesse Mamiti. Son âme

1. K980.

2. Déesse parèdre de Nabû.

3. Rapport de 1914 sur les fouilles de Suse par M. de Mecquenem, cité par le P. Scheil, RA XIII (1916), 165-166.

4. D'après V. Scheil, /. c, 167-170.

314 LA LITTÉRATURE

traversera le tombeau sans s'y arrêter, et il paraîtra devant les dieux grands, guidé par son dieu protecteur et interces- seur dont il embrasse les pieds, c'est-à-dire qu'il implore, afin d'obtenir par lui indulgence et grâce à l'heure du juge- ment.

1. Or sus! que je m'en aille, ô mon dieu, ô mon seigneur,

devant la face des Anunnaki!

Que je francliisse le Lom[beau] !

Que je saisisse ta main devant les dieux grands! 5. Que j'entende ma sentence, que j'embrasse

tes pieds !

Tu as tardé! (Enfin) la maison de ténèbres, ô mon dieu,

tu la fais m'emporler. 10. Un marécage de fatigue

et de peine,

sur la terre de misère

tu as eu à me (donner en partage) ;

tu m'as mesuré précieusement Teau et l'herbe. 15. dans le champ de la sécheresse!

II

Le mort a pris le sentier fatal. A son arrivée dans les enfers, il est reçu par deux dieux bienveillants \ et, sous les auspices de ces deux protecteurs des morts, il s'avance avec confiance. L'ordonnateur du régime des ombres, le dieu Shugurnak, dicte ses ordres pour l'entretien et l'alimentation des morts.

1. Ils ont pris le sentier; ils s'en vont leur chemin!

(Les dieux) Ishnikarab et Lagamal viennent au devant! (Le dieu) Shugurnak, dans la fosse, dicte les ordres; il se tient près du imishekil- et commande.

1. IsHNiKAUAB pour IsHMiKAUAB rr cslui f/iii exRiice la prière, et Lagamal var. hAGAMAi\=: celui qui conserve V homme cl ne l'achève pas.

2. Mushekil = celui qui procure la nourriture. Ce terme revient, en un passage identique dans le texte que V. ScaiiiL publie et traduit, ibid. p. 170-171, sous le no 3.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 315

ARTICLE IV

En Egypte. Sous LE Nouvel Empire et la prk.mièue période Saïte.

(XVI11«-XXV« DYNASTIES.)

L'Egyple. fatiguée de la domination étrangère, venait de chasser enfin les Hyksôs, Cette guerre de l'indépendance et les expéditions qui la suivirent excitèrent très opportuné- ment, chez le peuple l'esprit militaire, et chez les princes l'amour des conquêtes; car, du côté de l'Est, une puissance nouvelle celles des Hittites sagitait qui bientôt devint très menaçante. A la tête' de la coalition qui, du Nil à lEuphrate, souleva les peuples contre cet ennemi commun, Hamsès II remporta de brillants succès; mais, à la fin, il se vit obligé de signer avec les Hittites un traité rédigé en leur propre langue ^.

Les guerres continuelles épuisèrent à tel point la popula- tion indigène qu'à la fin du Nouvel Empire, l'Egypte se vit

1. LÉgj'pte renouvelée prend l'offensive : Offensive économique, car cest de ce temps que datent la plupart des objets égyptiens rencontrés dans toutes les contrées que baigne l'Egée, objets attestant l'intensifica- tion des rapports de la vallée du Nil avec les peuples méditerranéens. Offensive diplomatique : voyages d'information en Palestine et dans les Grandes Iles; expulsion des colonies étrangères « indésirables » pour des raisons politiques ou autres; organisation militaire sérieuse due en grande partie à Tincorporalion d'importants corps de troupes asianiques qui ont permis, à leur tour, une offensive politique efficace, sinon réelle- ment victorieuse, contre les Cananéens et la confédération liétéenne. Des relations se sont nouées avec le roi de Khéta. Les princes féaux, soumis, demeurent en repos et paient leurs tributs. Mitsraim, rafraîcliie par cet influx d'énergie étrangère, confiante en ses forces, fière de sa richesse accrue, jouit dans toute la mer orientale d'une audience sans précédent ; elle s'affirme vigoureusement, avant de sommeiller à nouveau, C. Autran Tarkondemos, gr. in-8. Paris, 1922, p. 93.

2. Voir supra, p. 200. Sur les Hittites, on peut voir le résumé récent de G. CoNTEN.u-, Mercure de France, CLIV (1922) 379-401 : Les Hittites.

316 LA LITTÉRATURE

obligée de recourir aux mercenaires étrangers pour recru- ter son armée.

Profilant des difficultés intérieures des Hébreux, à la suite du Schisme des dix tribus, le pharaon Sheshonq reprit en Canaan la politique de ses prédécesseurs en vue de rétablir le prestige de TEgy pte. Ses successeurs, au contraire, paraissent ne s'être guère souciés de ce qui se passait au delà de leurs frontières ; ils ne s'occupèrent que de travaux d'utilité publique. Toutefois, au moment des hordes aryennes menaçaient les frontières de l'Assyrie, rÉgypte mit tous ses soins à aider, en Syrie, les vassaux de Ninive dans leur effort pour l'indépendance; mais elle ne réussit qu'à attirer chez elle les armées assyriennes. Malgré des tentatives répétées de venger l'affront, malgré l'énergie indomptable de Psammétique, les Egyptiens furent toujours battus.

Au début de cette période, la suprématie de ïhèbes avait attiré au temple d'Amon d'abondantes richesses et donné à ses prêtres une influence très grande, trop grande aux yeux d'Amenophis IV; aussi, pour s'y soustraire, ce pharaon fonda-t-il une nouvelle capitale, à El-Amarna, et au « mono- théisme » d'Amon opposa-t-il un culte nouveau, celui du « disque solaire » Aten qui disparut d'ailleurs avec son fondateur.

Au point de vue artistique, le Nouvel Empire fut très brillant. Ramsès II, par exemple, fit bâtir des temples somptueux et des monuments superbes dans les villes principales ; citons simplement, pour mémoire, les noms de Luqsor et d'Ibsambul.

La Littérature fut remarquable, plus remarquable même que celle de l'Ancien Empire ; il y eut une sorte de Renais- sance littéraire, qui d'ailleurs n'eut pas de lendemain.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 317

La Renaissance sous les XVIIP, XIX'^ et XX'^ dynasties Nouvel Empire thébain.

C'est au cours de cette période qu'eut lieu lexode mosaïque.

A. HisioiRE ET Légendes. a. L'histoire.

Depuis la tentative que représente la Pierre de Palerme si l'on peut parler ainsi , les Égyptiens n'ont plus écrit d'histoire générale de leur pays'; jamais il n'onl tenté, même à la manière de la Genèse, une esquisse cV Histoire univer- selle; et la raison en est facile à comprendre.

Chaque pharaon aimait à être regardé comme un grand roi, et c'est pourquoi les courtisans ne perdaient aucune occasion de montrer qu'il était le plus grand en effet de tous ceux qui avaient occupé le trône d'Egypte; célébrer les faits et gestes de ses ancêtres n'était donc ni sage, ni sûr, ni ne pouvait conduire aux honneurs. Dans aucune inscription des descendants nous ne trouvons racontés les actes, ni les grandes conquêtes d'Amenemhat III, d'Usirtesen III, de Thutmès III.

Les écrits des chroniqueurs ou « scribes de cour » devaient être conservés dans la « Maison des Livres » ou Bibliothèque de chaque temple local, autrement il eut été impossible aux scribes de la XVIIP dynastie et de la XIX** de compiler les listes de rois qui figurent sur la Pierre de Palerme, sur

1. A moins qu'on ne veuille regarder comme Histoire générale l'œuvre de Manélhon au m* s. av. J.-C, dont nous ne connaissons d'ailleurs que la liste des rois conservée par Atiicanus [553 ou 554 rois auraient régné en Egypte, pendant une période de 5380 ans] et par Eusèbe [421 ou 423 rois en 4547 ou 4939 ans], qui ne sont pas absolument concordants. En réalité, la période historique de l'Egypte, c'est-à-dire celle pendant laquelle elle fui gouvernée par des rois, couvre 4100 ans selon les uns, 3300 suivant les autres.

318 LA LITTERATURE

le Papyrus de Turin, sur les Tablelles de Séti P' et de Kam- sès II à Abydos, sur la Table des Ancêtres à Karnak. »

Ainsi, les sources de nos informations consistent en une série de textes c/ui furent écrits avec V intention^ non pas de rédiger r histoire dune dynastie^ ni V évolution générale de VEgypte, mais uniquement de glorifier tel ou tel pharaon en particulier.

Nous avons, en outre, un certain nombre d'inscriptions funéraires de grands personnages : parfois, elles constituent nos seules sources relativement à certaines guerres ou aux conditions sociales du pays, à l'époque ces textes furent gravés ; et souvent on y raconte des faits que le chroniqueur officiel de la Cour a passés prudemment sous silence. En les lisant, il ne faut pas oublier que les rédacteurs sont orien- taux, donc pompeux, exagérés à nos yeux; cependant, quand il s'agit des faits, le style est simple en général et clair, et donne une impression de sincérité réelle.

Inscription d'Aahmès *.

Cette inscription est gravée en hiéroglyphes sur les murs du tombeau d'Aahmès à El-Kab, dans la Haute Egypte. C'est la biographie d'un officier de marine qui servit avec distinction sous trois rois successifs : Amasis P"", Amen-hotep etThutmès P^

Ce texte est important parce qu'il constitue Vunique source contemporaine relative à Vexpulsion des Hyksôs.

(Introduction)-. « Le capitaine des marins, xAahmès, fils

1. Le texte hiérog-lj-phique a élé publié par Champollion, Notices des- criptives, I Paris, 1844, p. (555-658 (il a copié 31 lignes sur 40 moins la 13« par erreur); Lepsius, Denk. III, Tafel 12 b-d ; Sethe, Urk. XVIII Dijn., I-II; V. LoBET dans le t. IV de la Bibliothèque (VEtude (c'est cette édition que nous suivons, tout en nous référant au besoin à Sethe). Cf. Breasted, Ancienl Records of Éffypl, II G-9; 17-18; 33-35. Pour la suite des faits, voir G. Maspeuo, Hist., II, 85-90.

2. Nous nous abstiendrons à dessein de mettre aucun mot de liaison

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 319

« d'Elbaiia', triomphant- dit : « Peuples, je veux vous dire, « je veux vous faire savoir les honneurs qui me furent faits : « sept fois, j'ai reçu Tor^ à la vue de tout le pays, et aussi « des esclaves, hommes et femmes. On m'a fait don, égale- « ment, de beaucoup de champs ! »

« (La jeunesse.) Il dil : « Je naquis en la ville de « Nekheb''; mon père était officier du roi de la Haute et de la « Basse Egypte, Sqnyn-R'a, triomphant. B b', fils de R'ynt, « était son nom. Je servis comme officier en ce lieu, sur le « bateau appelé « le Veau ■' », au temps du roi des deux pays « Neb-phiy-U'a% triomphant. J'étais jeune; je n'étais pas « marié, je dormais encore dans le vêtement shmv\ Or, « après que j'eus fondé un foyer, je fus transféré sur le « le navire Septentrion », à cause de ma valeur. Je suivais <( le roi (vie! santé I force!) à pied quand il voyageait en « char.

(Campagne confiée les Hyksôs : Siège d'' Avains .) « Le roi « assiégea Ht-(ç'-rt\ Je fis preuve de vaillance, à pied, « devant le roi. Et je fus attaché, comme officier au navire « Lever de Memphis ^ »

entre les phrases quand il n'existe pas clans le texte parce que, puisqu'il s'agit ici du Milieu biblique, nous pensons aux cas, si fréquents, le waw hébreu (que les LXX ont rendu par ^aî et les traducteurs latins : Itala, S. Jérôme, par et ou une autre particule de liaison) équivalait à un simple signe de séparation entre les phrases.

1. Il y a quelques difficultés au sujet de la filiation d'Aahmès. Cf. Mas- PERO, l. c, 85, note 4.

2. M'a khrw littér. : Juste de voix, c-à-d. : qui a le ton, la manière, tout ce qui est nécessaire pour que les formules magiques qu'elle prononce soient efficaces. Voir l'Inde-x-lexique.

3. Le texte va expliquer plus loin qu'il s'agit de « l'or de la bravoure ».

4. An-hab ou El-kab, l'ancienne Eileithya.

5. « Le Veau » (Maspero, Budgk) ; o l'OCFrande » (Breasted); texte : p'a sam.

6. Amasis I^"".

7. Tissé en poils. Le mot se termine par la touffe de cheveux comme délerminatif.

8. Avaris.

9. Pour ce mot, nous prenons la traduction de Maspero, Hist., II, 86.

320 LA LITTÉRATURE

(î?® bataille cVAvaris). « On se baltil sur eau, sur le canal P'-djdkw* d'Avaris. Je mengageai dans la bataille \ je « rapportai une main^ Le héraut royal proclama ce fait; <( je reçus Tor de la bravoure* ».

(,?" bataille d'Avaris). « Le combat fut livré de nouveau « en cet endroit". Je m'engageai encore dans la bataille ; je t( coupai une main ; je reçus l'or de la bravoure. »

(/'" révolte intestine; interruption du siège^). « On com- « battit en Egypte, au sud de cette cité". Je fis un prisonnier « blessé^; je Temmenai vivant par le chemin de la ville; je « passai l'eau le portant sur mon dos^ Le héraut royal « publia le fait. Je reçus de nouveau'" l'or [de la bravoure.]

(Prise d'Avaris). « On prit Avaris, J'y fis prisonnier un « homme et trois femmes; total : quatre têtes. Sa Majesté « me les donna pour esclaves. On mit le siège'* devant u Sh'rh'n^-, la troisième'^ année; sa Majesté s'en empara.

1. Ou pdjdhw, c"est-à-dire, d'après Maspero (ibid.) : le Djdkw, c-à-d. que /)' serait l'article simplement.

2. Khf'a : empoigner, faire des captures de guerre (ZA, 1873, 3). Se dit d'un cheval ramassé sur ses jambes comme pour s'élancer ^Chabas, Antiq. hisl., 444).

3. Comme trophée.

4. Probablement sous forme de colliers, de chaînes ou de bracelets (d'après Maspero, ibid).

5. Avaris.

6. Le paragraphe qui suit n'est pas entendu par tous de la même ma- nière.

7. Z>emi = ville, village, ferme; c'est El-kab.

8. Sqr 'ankh; sqr désigne un ennemi qu'un coup de massue a abattu, mais qui n'est pas mort; ici, on dit positivement : vivant ('ankh).

9. Littéral. : je passai l'eau souj? lui.

10. Ilr-sn-niv-si.

11. Les assiégés avaient évacué les derniers postes occupés par eux jusque là, à l'orient du Delta, et s'étaient réfugiés en Syrie, dans les can- tons les moins éloignés de l'Egypte.

12. C'est le Slirw/îhn de Josué, XIX, (i.

13. Cf. Skthe, ZA XLIl, 13('», Bukasted lit : cinquième. Pour Sethe, le premier m indiquerait le pluriel de rcnpit, le second m indiquerait l'an- née.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 321

« J'y pris trois' femmes, et une main. Je reçus l'or de la « bravoure, et les femmes pour esclaves. Ensuite, après « avoir frappé les Mnlyw-Stt', sa Majesté remonta le Nil, « vers la Nubie, afin de détruire les tribus^ du désert de « Nubie et de Kush. »

« Suit le récit de cette expédition. Elle fut dure car, après « ciiaque défaite, Tennemi relevait la tête : « sa Majesté était « en fureur comme une panthère''. »

« Enfm il fut abattu. <> Alors le roi fit une expédition « contre les lîtntv-., pour se venger'' sur les pays étrangers. « Sa Majesté s'avança jusqu'à Naharina l'ennemi misé- « rable avait disposé ses soldats en bataille rangée. Sa Majesté « en fit un grand carnage, et ceux qui furent pris vivants et « emmenés par elle ne peuvent être comptés. J'étais capi- « taine de nos soldats : sa Majesté vit mes exploits »

Aahmès reçut une récompense.

L'inscription se termine en indiquant en quelques mois que le vaillant capitaine arriva à un grand âge et qu'il fut comblé d'autant d'honneurs qu'aux premiers jours de sa vie.

Poème de Pentalk : La Bataille de Qodshu.

Une révolution av.iit éclaté chez les Hittites ; elle fut l'occa- sion d'un soulèvement contre Ramsès II et les Égyptiens. Les Hittites mobilisèrent le ban et larrière ban des mer- cenaires : le Naharina entier, Khalupu, Karkemish, Arad, les

1. La copie de Champoi.i.ion poile 3 femmes. Ce cliifYre ajouté à ceux des lignes lA, 18, 28, fait le total de 10 que donne en efTet la liste récapi- tulative. SiiTHE, Urk., IV, 11. Ici Setue a lu 2, peut-être parce que lors- qu'il a collationné son texte un trait avait disparu de l'inscription.

2. Tribus du désert oriental.

3. In kiisti =:\tiii populations de Nubie et de Kush.

4. L. 33. Expression toute faite, fréquente.

5. Sj'rie septentrionale; 1. 30 suiv.

6. Lit ib-ef: s'en donner à cœur joie (littéral. : laver son cœur); expres- sion fréquente dans la littérature ép^yptienne.

21

S>i LA LITTÉHATURE

bandes de Dardaniens, de Mysiens, de Troyens, de gens de Pédaso&efi âe Girgasha', des Ljciens.

Rannsès informé par les généraux et les gonverneurs des places frontières rassembla une armée presque aussi dispa- rate que celle de son ennemi et s'avança jusqu'à Qodsivu ou Qadès à proximité des forets qui couvraient aloi-s les ver- sants du Liban.

\a\ bataille fut terrible; elle dura deux jours. Hamsès triompha glorieusement, après avoir supporté, seul ou peu a'etî fauK, le poids de la bataille voulut qu'on retraçât sur les pylônes ou sur les murs des temples les épisodes caractéristiques de la campagne. « Un poème en strophes (( rythmées accompagne partout ces tableaux de sa gloire à <( Luxor, au Ramesséum. dans le Memnonium d'Abydos, « à Ipsambul. L^auteur avait assisté au combat, ou il en « avait recueilli la description de la bouche même du Sou- '( verain, niixis son œuvre n\'i rien de la froideur officielle; « un souffle puissant la traverse d'un hoat à Vautre et lu « vivifie encore à plus de trente siècles d'intervalle-.

L'exemplaire que nous en avons sur papyrus a été copie' par Pentaur; de son nom de Poème de Pentaur. 11 fut découvert à Aix-en-Provence par Champollion% et édité en 1835 par Salvolim*. E. Dr. Rougé en lit une traduction magislrale'^ d'oii dérivent toutes les analyses et traductions successives.

Le choc fut si violent qu'à un moment donné le pharaon se trouva cerné : « Aucun prince nélait avec moi, aucun

1. Girgasha (Maspi-ho, Muli.ku). Mais il est douteux (jiic Kshkali soit une oori'upLiou (le Q'-r'-qi-sh\ CA. Rioîasted, Ane. Rec. t. III, 138 note il.

2. Maspeuo, Ilist. ir, 3<)5-396.

3. Lettres écrites d' l^fji/ pie, 2'' éd. p. 21.

4. (Campagne de liaiiisés-le-(iran(i contre les Scfiétas. Paris, 1835.

.5. Le Poème de Pen-tn-nnr. 185G. Nous suivons la traduction que Mas- it:iio a iiili'oduite '!;mis sou llhloire.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 323

« chef de guerre, aucuii ofEcier des archers, ni gendarme « des cbars. Mes piétons mont déserté, mes charriers ont <i fui devant eux, et pas un n'a fait ferme pour les coni- « battre avec moi! Alors sa Majesté dit :

(( Qui donc es-tu, mon père Amon? Un père qui oublie « son /ils! Or. ai-Je fait quelque projet à ton insu? Ai- je « pas marché et me suis-je pas arrêté à ta parole"! Lorsqu'il « ne viole pas tes ordres, il est bieu' grand le Seigneur de « l'Egypte et il renverse les barbares sur sa route! Que sont « donc ces Asiatiques pour ton cœur? Amo/i humiliera ceux- « qui ignorent le dieu; or, moi, t'ai-je pas consacré « offrandesr innombrables. Remplissant ta demeure sainte « de mes prisonniers, je te bâtis un temple pour des millions « d'années, je te prodigue tous mes biens pour tes magasins ; (( Je t'offre le monde entier pour enrichir tes domaines... « Certes, un sort misérable soit réservé à qui se bute contre « tes desseins; mais heureux soit, à qui t'apprécie, ce qu'il « fait pour toi d'un cœur plein d'amour. Je t'invoque, ô « mon père Amon! Me voici au milieu de peuples si nom- « breux qu'on ne sait qui sont les nations conjurées contre « moi, et je suis seul de ma personne, aucun autre avec « moi. Mes nombreux soldats m'ont déserté; aucun de *c mes charriers n'a regardé vers moi quand je les appelais; (( pas un d'eux n'a écouté ma voix quand je leurs criais. (( Mais Je trouve qu Amon vaut mieu.r pour moi quun « million de soldats., que cent mille charriers, qu'une « myriade de frères ou déjeunes fils réunis tous ensemble, « car le nombre des hommes ny fait rien., mais Amon (i remporte sur eux. Chaque fois que fsd accompli ces « choses, ô Amon, par le conseil de ta bouche, comme je ne u transgresse pas tes ordres, voici que je t'ai rendu gloire « jusqu'aux extrémités de la terre. »

Le secours ne se fait pas attendre.

« Tandis que la voix roule dans Hermonthis, Amon surgit i( à mon injonction, il me tend la main et je pousse un cri

324 LA LITTERATURE

« de joie quand il me hèle par derrière : « Face et face « avec loi! face et face avec loi! Kamsès Miamun, je suis « avec toi! C'est moi ton père; ma main est avec toi et je (( vaux mieux pour toi que des centaines de mille. Moi, le '< fort qui aime la vaillance, j'ai reconnu un cœur coura- (( geux, et mon cœur est satisfait; ma volonté va s'accom- « plirl »

a Je suis comme Monlu; de la droite je darde, de la « gauche je saisis les ennemis. Je suis comme Baal en son (( heure, devant eux ; j'ai rencontré deux mille cinq cents « chars, et, dès que je suis au milieu deux, ils se renver- « sent devant mes cavales. Pas un de ces gens-là n'a trouvé « sa main pour combattre, leur cœur manque dans leurs « poitrines, la peur énerve leurs membres; il ne savent « plus lancer leurs traits et ils n'ont plus de force pour « tenir leur lance. Je les précipite dans l'eau comme y « choit le crocodile; ils sont prosternés face en bas, l'un sur « l'autre, et je tue au milieu deux, car je n'ai pas voulu « qu'un seul regardât derrière lui, ni qu'un autre se retour- « nât: celui qui tombe ne se relève pas.

Le prince Hittite, frappé lorsqu'il croyait son triomphe certain « recule de terreur. Il lance alors des chefs nombreux « suivis de leurs chars et de leurs gens exercés à toutes les

(( armes, le chef d'Arad, celui de Lycie, le chef d'Ilion »

Leur effort échoua : « je me ruai sur eux pareil à Montu, (( ma main les dévora dans l'espace d'un instant, je taillai « et je tuai au milieu d'eux. Ils se disaient l'un à l'autre : Ce « nest pas un homme qui est parmi nous, cest Set h le « grand guerrier, cest Baal incarné ! Ce ne sont pas les « actions d'un homme quil accomplit : seul, tout seul, il « repousse des centaines de mille, sans chefs, ni soldats. « Hâtons-nous; fuyons devant lui.... »

Lorsque son armée arriva enfin, vers le soir, elle trouva la défaite consommée

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 325

Des Asiatiques descendent en Egypte (XVIII- et XIX« DYN.).

Un fragment de Vienne', malheureusement très mutilé nous apprend que, sous Iknaton ou ses successeurs immé- diats, des Asiatiques dont la « ville » a été « attaquée, pillée, incendiée et détruite », mécontents en somme de la situa- tion qui leur était faite en pays syro-cananéen, à l'époque d'El-Amarna, viennent en Egypte demandant d'y habiter.

Inutile d'insister sur l'intérêt de ces textes 2.

(( ... Asiatiques;... ont été détruits, et leur ville dévas-

« tée et incendiée Leurs contrées sont dans lu disette;

« eux vivent comme des chèvres sur la montagne ; leurs <( enfants... disant : « Quelques Asiatiques qui ne savent « pas comment vivre sont venus mendier une demeure sur « le domaine du pharaon., v. s. f,. suivant la manière (dont

(( usèrent) les pères de vos pères depuis le commencement

« Maintenant, le pharaon, v. s. f., les confie à vos mains « pour protéger leurs frontières. »

Une tribu d'Edom en Egypte^ (XIX« dynastie).

Un officier préposé à la garde de la frontière égyp- tienne, sous le règne de Mernephta, informe son supérieur hiérarchique que, suivant les instructions reçues sans doute, il a fait passer une tribu d'Edom qui va faire paître ses trou- peaux vers Pithom.

«... Autre sujet de satisfaction pour le cœur de mon sei- « gneur :

1. Publié par Wiedemann, PSBA XI, 425, et BEncMANN, AZ XXVII. 125- 127; trad. de Breasted, Ane. Rec. t. III, 7.

2. Cf. Gen. XII, 10-20; et spécialement XLVII, 1-12.

3. Papyrus Anastasi VI, 4, 15. Voir Breasted, Ane. Rec. t. III, 273.

326 LA LTTTÉRATORE

« Nous avons fini de faire passer les Liibiis des shasu « d'Edom par la forteresse de Merneptah-Helep-hetep-her- <( Maat, V. s. F., à Dj-ku^ vers les marais de Pilhom de « Merneptah-Hetep-her-Maat, à Dj-ku^ afin de faire vivre <( eux et leurs troupeaux sur le domaine du pharaon...

h. Les Légendes divines.

Les EgypUeus croyaient qu'à l'origine les dieux eiles déesses avaient vécu sur la terre et gouverné l'Egypte, à manière de pharaons avant la lettre. Ces déilés éprouvaient les mêmes sentiments, les mêmes passions que les hommes; comme les hommes ell«s étaient exposées aux a<;cidentsdela vie et à toutes les vicissitudes humaines: elles vieillissaient, elles mouraient.

Le plus grand des dieux fut H 'a. Son règne dura de longues années ; ce fut un temps de {particulière équité et justice, un âge d^or, l'idéal que doit se proposer tout pha- raon.

On conçoit que ces croyances aient suggéré à l'imagina- tion des Egyptiens bien des légendes. Nous en citerons ici quelques-vmes.

La destruction des hommes par les dieux et l'origine des sacrifices.

Cet événement avait été gravé dans deux des tomli>e8 royales de Thèbes, celles de Séti I" et de llamsès IIL Les inscriptions ont subi de nombreuses mutilations '.

« R'a \ieillissail, et les hommes échangeaient des propos « contre lui : « Voici, sa Majesté vieillit, ses os sont d'ar-

1. Le texte fui découvert par N.vville, traduit et conunenté dans tes Transaclions, t. IV, ci t. VIIL Nous empruntons nos cilalions à M.vsPKno. llisl. l. I, 164-169.

EN EGYPTE NOUVEL KMIMHE 327

« geiil, ses chairs soiiL d'or, ses cheveux soiil de lapis- « lazuli '. »

« Quand eJJe entendit ces discours, sa Majesté dit :

« Convoquez de ma part mon Œil divin-, Shu, Tafnut, « Geb, Nui, les pères et les mères-dieu qui étaient avec moi. « quand j'étais dans le Nu, auprès du dieu Nu. Que chacun « d'eux amène son cycle avec lui; puis, quand tu les auras « amenés en cachette, tu viendras avec eux au grand châ- « teau, afin qu'ils me prêtent leur avis et leur assentiment, « arrivant du Nu à cet endroit je me suis produit. »

Le conseil de famille se réunit, à savoir les ancêtres de H'a et sa postérité qui alteudait encore, au sein des eaux primordiales, l'instant de se manifester. Ils se rangent sur les côtés du trône, et la déliLération commence :

« O Nu, dieu aîné eu qui j'ai pris l'être, et vous, dieux « ancêtres, voici que les hommes émanés de mon œil ont « tenu des propos contre moi. Dites-moi ce que vous feriez « à cela, car je vous ai mandés avant de les massacrer^ afin « d'entendre ce que vous diriez à cela. »

Nu réclame la mise en jugement des coupables et leur condamnation selon les formes régulières : <> Mon fils, H'a, « dieu plus grand que le dieu qui Ta fait, plus ancien que « les dieux qui l'ont créé, siège en ta place, et la terreur « sera grande quand ton œil pèsera sur ceux qui complotent « contre toi. »

Mais R'a craint que les hommes, en voyant l'appareil solennel de la justice, se doutent du sort qui les attend et ne (( se sauvent au désert. » Le désert était hostile aux divi-

1. Cette façon de décrire la vieillesse du soleil se rencontre mol pour mol dans d'autres textes, par ex. au papyinis géographique du Fayum (Ma- riette, les Papyr-iis Inéraliques de Boulaq, t. I, pi. II, u" 6, I. 2-3.)

2. Les hommes furent formés des larmes qui tonibaientde l'œil divin. Cf. Récit de la Création.

3. Ou songe au mot delà Vulgale, Gen. VI, 7 : « J'exterminerai de dessus « la terre l'homme que j'ai créé... car je me repens (Ilébr. : nikhâm tiy) « de les avoir faits ».

328 LA LITTERATUIŒ

nilés proteclrices de lEgyple el olfrail un asile presque inviolable à leurs ennemis.

Le Conseil reconnaît que les appréhensions de R'a sont juslifiées et se prononce pour une exécution sommaire; rOl^il divin servira de bourreau : « Fais-le marcher, afm (( qu'il frappe ceux qui ont médité contre moi des projets « funestes, car aucun œil n'est plus redoutable que le tien « alors qu'il charge en forme d'IIàlhor. »

L'Œil prend donc la figure d'Hâthor, fond sur les hommes àl'improviste, les massacre à grands coups de cou- teau par monts et par vaux.

Au bout de quelques heures, H 'a qui veut châtier ses enfants, non les détruire, lui commande de cesser le carnage : mais la déesse a goûté le sang el refuse de lui obéir. Seule la tombée de la nuit arrête sa course aux environs d'Héra- cléopolis : entre Iléliopolis et cette ville, elle n'avait cessé de piétiner dans le sang. Tandis qu'elle sommeillait, R'a prit en hâte les mesures les plus propres à l'empêcher de recommencer le lendemain.

« 11 dit : « Qu'on appelle de par moi des messagers agiles, « rapides, qui filent comme le vent! » Quand on lui eut «■ amené ces messagers sur le champ, la Majesté de ce dieu « dit : « Qu'on coure à Eléphantine et qu'on m'apporte des « mandragores' en quantité. » Dès qu'on lui eut apporté « ces mandragores, la Majesté de ce dieu grand, manda le « meunier qui est dans Iléliopolis, afin de les piler. Les ser- « vantes ayant écrasé le grain pour la bière, on mit les «■ mandragores avec le brassin et avec le sang des hommes, (( et l'on fil du tout sept mille cruches de bière.

1. Les mandragores d'Eléphantine servaient à fabriquer une boisson eni- vrante et soporifique qu'on employait en médecine (Papyrus Ebers, Pi. XXXIX, 1. 10) ou en magie. Les anciens, et encore aujourd'hui les Arabes, regardaient les mandragores comme un moyen propre à procurer la fécon- dité. Rachel (Gen XXX, 14-24) qui désirait avoir des enfants est heureuse que Lia lui cède ses mandragores (c'est le sens du mot hébreu (lùdâ'itjm, d'après les anciennes versions. La racine (/«(/ veut dire aimer, cl les fruits de la mandragore sont appelés pommes d'amour).

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 329

R'a examina lui-même ce breuvage allécliant el, lui ayant reconnu les vertus qu'il en attendait, il dit : « C'est bien ! « avec cela je sauverai les hommes de la déesse! »

Puis s'adressant à ceux de sa suite : « Chargez vos bras « de ces cruches et les portez au lieu elle a sabré les <( hommes.

Le roi R'a fit pointer l'aube au milieu de la nuit pour qu'on pût verser ce philtre à terre; et les champs en furent inondés à la hauteur de quatre palmes, selon qu'il plut aux âmes de Sa Majesté. La déesse vint donc au matin, « afin de (( se mettre au carnage, mais elle trouva tout inondé et son <( visage s'adoucit : quand elle eut bu, ce fut son cœur « qui s'adoucit; elle s'en alla ivre, sans plus songer aux « hommes ». On pouvait craindre que sa fureur ne lui revînt, passé les fumées de l'ivresse; pour écarter ce danger, R'a institua un rite destiné, en partie à instruire les géné- rations futures du châtiment qu'il avait infligé aux impies, en partie à consoler la déesse de sa déconvenue. Il décréta qu'on « lui brasserait au jour de l'an autant de cruches de « philtre qu'il y avait de prêtresses du soleil. »

La paix était rétablie. Mais les hommes revenus de leur terreur, ne reprendraient-ils pas bientôt à comploter contre le dieu ? R'a d'ailleurs n'éprouvait plus que du dégoût pour notre race : l'ingratitude de ses enfants l'avait blessé profondément; et, d'autre part, il lui répugnait d'avoir à ordonner de nouveaux massacres l'humanité périrait entière. Il dit aux dieux de son escorte : « Par ma vie, mon cœur « est trop las pour que je reste avec les hommes et que je « les sabre jusqu'au néant : annihiler n'est pas des dons « que j'aime à faire ». Et les dieux de se récrier dans leur surprise : « Ne soufïle mot de tes lassitudes au moment tu remportes la victoire à ton gré ». Mais R'a ne se rend pas à leurs représentations ; il veut quitter un royaume oii l'on murmure contre lui, et se tournant vers Nu : « Mes membres sont décrépits pour la première fois,

330 LA LITTERATURE

<( je ne veux pas aller à un endroit Ton puitsse mal- « teindre. »

Il n'élail pas facile de lui procurei' une retraite inacces- sible dans létal d'im[>erfeelion le premier elfort du démiurge avait laissé Tunivei^s. Nu s'avisa donc de se remettre à l'œuvre et d'achever la création.

La tradition antique avait imaginé la séparation du ciel et de la terre comme un acte de violence exercé par Shu sur (reb et sur Nut. L'histoire présentâtes faits d'une manière moins brutale. Shu devint un fils vertueux qui consacrait son temps et ses forces à porter Nut, pour rendre service à son père. Nut de son côté, se montrait la fille dévouée qu'il n'était point nécessaire de rudoyer afin de lui enseigner ses devoirs; elle consentait, d'elle-même, à quitter son juari et à mettre hors d'atteinte son aïeul bien-aimé. « La Majesté « de Nu dit : Fils Shu, agis pour ton père R'a selon ses « commandements, et toi, fille Nul, place-le sur ton dos et « tiens-le suspendu an dessus de la terre ». Nut fit ce que Nu lui ordonnait : elle se transforma en vache et plaça R'a [le soleil], sur son dos.

Quand ceux des hommes qui n^'avaient pas été tués vinrent rendre grâces à R'a, voici qu'ils ne le trouvèrent plus dans son palais; mais une vache était debout, et ils Taperçurenl s«r le dos de la vache. Pour lui dojioer une preuve de repentir qui leur assurât le pardon complet de leur crime, ils lui dirent : « Attends jusqu'à demain, ô R'a, notre « maître, et nous abattrons tes ennemis qui ont tenu des « propos contre toi ».

Le lendemain, les iiommes sortirent avec leurs arcs et leurs flèches, et commencèrent à tirer contre les ennemis. Sur quoi, le dieu leur dit : « Vos crimes dous sont pur- y( donnés, cur le sacrifiée exclut V exécution du coupablel » (( Kt ce fut V origine des sacrifices sanglants sur lu terre. » Nous voyons, plus loin, que le dieu éprouve de la répu- gnance à accepter ainsi la mort de ses enfants : il substitue

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE

331

la bêle àThomme^ désomiais le bœuf, la gazelle, les oiseaux seront les victimes du sacrifice.

Puis il continue d'organiser le monde.

li'A ET IsiS.

Ce texte représente la partie la plus considérable d'un papyrus^ qui contient une collection de formules magiques ayant pour but de conjurer la morsure des serpents.

L'écriture est de la bonne époque (de la XX'' dynastie, d'après Pleyte).

PI. GXXXI, 1. 12. 48. Chapitre du dieu divin se créant^ lui-même,

auteur du ciel, de la terre, de l'airvital, du feu, des dieux, des hommes, des fauves, des trou- des reptiles, des oiseaux, et des poissons, [peaux, le roi des hommes et des dieux réunis 14. dont les siècles sont les années,

aux nombreux noms qui ne sont pas connus, et que ne connaissent pas les dieux.

Or Isis était une femme habile en paroles : sou cœur était dégoûté CXXXII, 1. du monde des hommes, elle préférait le monde

[des dieux, elle estimait mieux le monde des esprits. Ne pouvait-eJle pas, au ciel et sur la terre, posséder la terre et être déesse, [comme R'a pensait-elle en sou cœur,

2. par le moyen du dieu auguste? Or R'a venait chaque jour

à la tête de ses nochers

iaistallé sur le trône du double horizon

Le dieu avait vieilli ; la bouche lui gouttait,

3. la salive lui coulait vers la terre

1. Publié par Rossi et Plevte, Papijrus de Turin, in-fol. Leide, 1869- 1870. PI. 31, 77 et 131-138. Nous citons la Irad. de Lefébure dans Zeit- schrift fur âgypi. Sprache, 1883 p. 27-B3, Wallis Rudge en a donné une trad. anglaise, dans The Book of the Dead. Papyrus of Ani, t. I, 121-125.

2. Se créant, avec Rudge. Lefébure ; exhLanL

332 LA LITTÉRATURE

et ce qu'il bavait tombait sur le sol.

Isis pélril cela dans sa main :

avec de la terre et ce qui était dessus,

4. elle en composa un serpent sacré; elle le lit en lornie de dard.

Il ne marcha pas dressé devant elle : elle le laissa couché sur la route par laquelle le dieu grand passait

5. suivant le désir de son cœur, dans son double

[royaume.

Le dieu auguste parut au dehors, les dieux compagnons de ce pharaon, v. s. /. , il se traînait, comme chaque jour. Ta sa suite ; Le serpent sacré le mordit : la flamme de vie sortie de lui-même G. dompta celui qui réside dans la forêt de cèdres.

Le dieu divin ouvrit la bouche, et le cri de sa Majesté v. s. f. monta jusqu'au

[ciel.

Son cycle divin de dire ; « Qu'est-ce que c'est? » et ses dieux de dire : « Quoi donc? »

7. Il ne trouva pas la possibilité de répondre sur Ses mâchoires claquaient. [cela, tous ses membres frissonnaient;

le venin s'emparait de sa chair

8. comme le Nil s'empare de son domaine. Le dieu grand ralfermit son cœur;

il cria à ses compagnons :

« Allons ! à moi ! enfants de mes membres,

« dieux sortis de moi !

« Expliquez cela à Khepri.

9. « Quelque chose de douloureux m'a transpercé : « mon cœur a perçu cela, et mes yeux ne l'ont « ma niain ne Ta pas causé ; [pas vu, « je n'ai connaissance de personne qui me l'ait

[fait. « Je n'ai pas senti de douleur comme celle-là :

10. « Il n'y a pas de mal au dessus.

« Je suis le chef, fils du chef, « l'émanation issue de dieu; « je suis le grand, fils du grand; « mon père a médité mon nom;

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 333

« je suis le myrionyme, « le inulliforme;

11. « mon être existe en chaque dieu.

« Acclamé par Tum et Horus les Nomencla-

teurs, « mon nom a été dit par mon père et ma mère, « puis il H élé caché dans mon sein par qui m'a

[eng^endré,

12. « afin (le ne pas laisser é//e le maître Venchan-

[leiir qui m'enchantait. « J'étais sorti pour voir ce que j'ai créé, « j'allais par les deux royaumes que j'ai faits,

13. « quand quelque chose m'a piqué que je ne con- « Est-ce du feu? [nais pas. « Est-ce de l'eau?

<( Mon cœur est un brasier, « mes chairs tremblent;

14. ((tous mes membres éprouvent les etTets d'un

[frisson terrible « Qu'on m'amène les fils des dieux « aux paroles bienfaisantes, (( qui connaissent leur bouche, « et dont l'influence atteint le ciel. »

GXXXIII, 1. Chaque fils divin vint à lui en se lamentant;,

Isis vint avec ses sortilèges, sa bouche pleine de souflïes de vie, ses formules pour détruire les maux,

2. et ses paroles vivifiant les gosiers morts. Elle dit : (( Qu'est-ce que c'est, père divin?

« Quoi donc? Un serpent a répandu les maux

[en toi (( un que lu as créé a dressé sa tète contre toi?

3. (( Oh! il sera renversé par des charmes efficaces; (( je le ferai reculer, [i la vue de tes rayons ».

Le dieu saint ouvrit la bouche : « Moi, je passais sur le chemin : « j'allais parles deux royaumes de ma terre,

4. « selon le désir de mon cœur pour voir ce que

[j'ai créé : « je fus piqué par un serpent, sans l'avoir vu. « l'ist-ce du feu ? « Est-ce de l'eau? « Je suis plus froid que l'eau, <( je suis plus brûlant que le feu.

334 LA, UTTEHATURE

5. « Tous mes membres sont en sueur,

« je suis tremblaut, mon œil est sans force,

« je ne distingue plus le ciel,

« l.'eau/ monte à ma lace, comme clans la saison

6. Isis dit à R'a : [d'été. « Oh ! dis-moi Ion nom, père divin.

« Celui-là vivra, qui sera délivré par son nom. » « J'ai fait le ciel et la terre, arrangé les mon- « et créé les êtres qui sont dessus; [tagnes

7. « j'ai fait l'eau, produit le ç/rand ahhne, <( et fait le Taureau-de-sa-mère,

a auteur de la jouissanc-e;

« j'ai fait le ciel, et voilé les deux hoi'izons;

8. « j'ai placé l'ànie des dieux dedans;

M je suis celui (jui, s'il ouvre les jeux, produit

[la lumière, « et qui, s'il ferme les yeux, produit les ténèbres; « l'eau du Nil monte quand il l'ordonne,

9. « et les dieux ne connaissent pas son nom; u j'ai fait les heures et produit les jours;

« j'envoie les fêtes de l'année, et créé lesinonda- « je produis le feu vivant [tiens,

40. « pour purifier les maisons;

« je suis Khepri le malin, B'a à midi,

« et Tum le soir. »

Le venin n'était pas chassé; il progressait,

11, et le dieu grand ne marchait plus.

Isis dit à R'a :

« Ce n'est pas ton nom l'énumération que tu « Oh ! dis-le-moi, et le venin sortira, [m'as faite : « Celui-là vivra dont le nom sera révélé! » Le venin brûlait comme du feu : il était plus fort que llamme et que fournaise. La Majesté de R'a dit : « Je consens à être fouillé par Isis, « et à ce que 'mon nom passe de mon sein à son

43. Le dieu se cacha pour les dieux : [sein large était la place dans la barque des millions

[d'années. Quand vint le moment de la sortie du cœur, elle dit à son fils Horus : « Qu'il s'engage par un serment divin

44. i< à livrer ses deux yeux! »

Le dieu grand, son nom lui fut enlevé,

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 335

et [sis, la grande magicienne, dit : u Coulez, poisons; soi lez de R'a ! XXi; LXW'^II, l. « Œifd'Horus, sors du dieu. Resplendis hors

« Moi, j'agis! [de sa bouche

« Moi, j'envoie tomber sur la terre le venin

[don»pté, « car le nom du dieu grand lui a été enlevé. « R'a qu'il vive ! « Que le venin meure au contraire!

2. Un tel tiLs d'une telle qu'il vive! Que le veuin meure au contraire !

C'est ce qu'a dit Isis, la grande, la régente des

[dieux, cetle qui cannait R'a par son propre nom. Rubrique : Paroles à dire sur

3. une image de Tum et d'Horus les Noniencla- sur une représentation d7sis, [teurs, et sur une image d'Florus.

« Ecril à nietlre dans une dissolution avalée pur laper- « sonne. On le fait pareillenienl sur un morceau de vrai lin « mis à son cou. C'est un remède e/Jicace. On fait une po- « tion avec de la bière ou du vin pour être bue par la pér- il sonne que le mal tient. G'e&t la destruction du venin par- « faitement et pour toujours' ».

Cette légende, remarque Lefébure, reflète les dilTérenls aspects du développement religieux en Egypte. Le vieux fond naturaliste s'accuse dans le nom et le rôle delà divinité principale, Wa, c'esl-à-dire le soleil. De plus, les titres de U'a révèlent une tendance prononcée à établir l'unité dans le polythéisme, puisqu'il est représenté comme le créateur des choses et même des dieux; mais cetle unité est panthéis- tique : R'a existe en chaque dieu.

c. Le Livre des Morts. Avec la XVIII" dynastie, le Livre des Morts entre dans

1. Maspero donne un résumé de la légende dans son Hist. t. I, 162-104.

336 I>A LITTÉRATURE

une nouvelle phase : on Técrit sur des rouleaux de papy- rus que Ton dépose dans le sarcophage du mort. Gomme le plus grand nombre de ces rouleaux a été trouvé dans les tombeaux de Thèbes, la recension qui fut en usage de la XIX' à la XXP dynasties (i600-900 environ av. J.-C.j est appelée communément Recension ihéhaine. Elle est écrite en noir, en colonnes verticales A' hiéroglyphes. Les titres des « chapitres », les premiers mots de chaque sec- tion et les rubriques étaient e/i rouge. Vers le milieu de la XXP dynastie, on parsemait le texte de vignettes qui, en certains cas, donnent la clef de certaines parties obscures du texte.

Sous la XX' et la XXP dynasties, c'est en hiératique ou cursif qu'on écrit ces textes.

La dernière recension connue est la Recension saïte, 600 av. J.-G. A partir des Ptolémées, le Livre des Morts fut remplacé par de courtes compositions qui se basaient sur la grande compilation traditionnelle.

Pour beaucoup de scribes, la copie du texte sacré n était qu'une a/faire d'industrie. Tous ne comprenaient pas l'écri- ture hiéroglyphique dont ils avaient à tracer les signes. Quelques-uns étaient fort habiles à dessiner les vignettes, à faire des illustrations qu'on payait fort cher,... De des différences considérables dans la valeur des textes\

Les Egyptiens imaginaient que l'âme du défunt, en quit- tant ce monde, avait à traverser une région vaste et difficile appelée le Dirai qu'habitaient des démons, diables, esprits mauvais et les âmes des méchants, puis des serpents, des animaux sauvages, des monstres et qu'après cela seule-

1. G. Maspero. StèU-s fuiu'rairex delà XII'' (Ji/iinstic, iii UilAiulli. é<j!/i>lul. l. I, p. 25; voir aussi id. I.a veUij'utn étjijptieniu; in limir de l'Histoire <h-s Heliçfions, t. XII, 125, el RT IV, ()2. On conçoit bien <|ne quehiues-unes des i-emarfjues (jne nous venons de faire peuvent s'apijTMiuer à d'autres scribes que ceux d'Kgypte.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 337

ment elle pouvait atteindre les Champs Elysées et paraître en présence d'Osiris.

A l'origine, on croyait qu'au Royaume d'Osiris seules pouvaient pénétrer les âmes pourvues d'incantations, de charmes, de prières, de mots de passe et d'amulettes. Les incantations et les charmes étaient nécessaires pour ensor- celer les êtres hostiles; les prières, les mots de passe pour déterminer les êtres qui jouissaient de grands pouvoirs à secourir l'âme dans son voyage et à la délivrer de ses enne- mis; enfin, les amulettes la revêtaient elle-même de force et de puissance. Or l'objet du Livre des Morts était précisément de doter le défunt de tous ces charmes, prières, amulettes, etc., et de le rendre capable de surmonter tous les obstacles du Dwat, de pénétrer à Sekhet laru et à Sekhet hetep (les Champ Elysées), et de prendre place parmi les sujets d'Osi- ris, dans les Champs de V éternelle vie.

Le temps modifia bien des choses en Egypte; au point de vue religieux, les croyances étaient bien plus affinées sous la XIX^ dynastie, par exemple, que sous la XIP; cependant c'étaient les mêmes « chapitres y du Livre des Morts que l'on employait, même sous la XXVI® dynastie.

En religion', les Egyptiens n'oublièrent rien, n'abandon- nèrent rien; ils furent toujours convaincus que ce qui avait assuré le salut de leurs ancêtres les sauverait eux aussi-; c'est pourquoi on trouve des passages de la pyramide d'Unis qui est la plus ancienne : V" dynastie reproduits sur des cercueils des XL', XIP, XIIP dynasties, et d'autres textes de la V*' dynastie sur une tombe de la XVIIP et même sur le papyrus écrit vers 200 av. J.-C. pour la dame Sais^ Toutefois puisque le Livre des Morts est à Hélio- polis, du moins quant à ses parties principales, c'est surtout

1. Nous parlons ici, d'une manière générale, et principalement des rites. Nous préciserons au t. III.

2. Cf. BuDGE, Lit. ch. IV.

3. BuDGE, Papyrus A ni, t. I, 1-2 noie.

22

338 LA LITTÉRATURE

la doctrine de celte ville et de ses prêtres qu'il représente, el, par suite, il serait dangereux d'y chercher des documents pour les appliquer sans critique à V ensemble de la pensée religieuse des Egyptiens \

Le Papyrus Ani du Livre des Morts remonte à un mo- ment qu'on ne peut préciser mais qui doit être compris entre 1500 et 1300 av.^ J.-G. temps mosaïques.

Citons quelques passages du Livre des Morts.

Protestation D'iNiNOCKNCK ^

Aussitôt après sa mort, l'Egyptien subit un jugement devant Osiris. Cette scène est célèbre ; elle est reproduite sur presque tous les papyrus funéraires.

Le dieu des morts est assis sur un trône. A droite et à gauche du Maître, quarante-deux jurés, choisis chacun dans une ville d'Egypte, qui reconnaissent son autorité atten- dent silencieusement qu'on leur adresse la parole. Devant Osiris une balance, avec, dans un plateau, une plume droite symbole de la justice, et dans l'autre plateau, le cœur du défunt. Osiris fait la pesée; Thot en écrit le résultat. En

1. Voir E. Navillk dans sa Préface à Le Page Renoue, The Egyptiaii D ook of fhe Dead. Translallon and Commentary conlinuated and comple- ted by the Professer E. Naville, London. 1904.

Bien des questions intéressantes relatives à ce Livre, et qui pourraient faire songer à des questions bibliques analogues, sont encore insolubles. En voici quelques-unes indiquées par P. Lacau (Textes religieux in RT, XXVI (1904) p. 59-81, et 224-^36) : Cette masse de textes a-t-elle été com- posée.... dans une même localité? Et, s'il n'y a pas eu de centre unique de production, mais plusieurs, dans quelle mesure cbaque nome a-t-il travaillé à se donner des formules spéciales? Quelle est l'origine possible de chaque chapitre?.... Comment tel chapitre est-il passé d'un nome dans un nome voisin?....

Tous ces textes semblent très anciens el la pix)duclion a s'arrêter de bonne heure, mais sont-ils tous de la même époque?

2. Budge, Papgr. Ani, t. I, p. V.

3. Cf. Maspero. Ilisl. I, 188 suiv.; Budge, Liter. 51-52; Le Page Renoue, The egijpiian Book of Ihe Dead, chap. 125. London, 1914, 212-214; Mallon Rel. in Dicl. apologéli'jue col. 1332-1333. Il y a quelques nuances entre les diverses traductions.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIP.E 339

avant, le défunt percevant, maintenant d'une manière bien nette, les cris de sa conscience et les obligations de vie morale compreiid qu'il n'y a qu'un moyen de salut : c'est d'être innocent. Son innocence, on la lui fait proclamer dans cette « confession négative » :

Hommage à toi, grand dieu, seigneur de justice!

Je suis venu à toi, ô mon maître,

j'arrive pour voir la beauté.

Je te connais,

je connais le nom des quarante-deux dieux

qui sont avec toi dans la salle de justice,

qui vivent des artisans du mal,

qui dévorent leur sang,

au jour du jugement, devant Un-nefer*.

Me voici, j'arrive à toi;

je t'apporte la justice,

j'ai écarté toute faute.

Je n'ai pas commis d'iniquité envers les hommes.

Je n'ai pas tué ma parenté.

Je n'ai pas dit le mensonge au lieu de la vérité.

Je n'ai conscience d'aucune trahison.

Je n'ai rien fait de mal.

Je n'ai pas exigé, comme prémices de chaque jour,

plus de travail qu'il n'en était fait pour moi^.

Mon nom n'est point venu dans la barque du dieu*

qui est au gouvernail.

Je ne suis pas transgresseur des volontés divines.

Je ne suis pas un rapporteur; Je ne suis pas un détracteur.

Je n'ai pas fait ce que détestent les dieux.

Je n'ai indisposé personne contre son supérieur. Je n'ai fait souffrir personne de la faim. Je n'ai pas fait verser de larmes.

1. C'est-à-dire « celui qui est bon », Osiris.

2. a Je n'ai jamais imposé de travail à homme libre quelconque en plus de celui qu'il faisait pour lui-même <>, (Maspero, 1. c, 189). « I hâve net tried to make myself over-righteous » (Budge, 1. c, 52).

3. « I hâve not put forwai'd my name for exalted positions. » (Budge, 1. c).

340 LA LITTÉRATUHE

Je n'ai pas tué.

Je n'ai pas ordonné de tuer.

Je n'ai causé de souffrance à personne.

Je n'ai pas volé les offrandes des temples. Je n'ai pas diminué le pain des dieux. Je n'ai pas l'avi les dons des morts.

Je ne suis pas adultère.

Je n'ai rien fait d'impur dans les sanctuaires du dieu local.

Je n'ai pas augmenté, ni amoindri le boisseau de blé;

je n'ai pas faussé la mesure d'une coudée;

je n'ai pas raccourci la mesure des champs;

je n'ai pas pesé sur le fléau de la balance;

je n'ai pas faussé l'aiguille de la balance.

Je n'ai pas enlevé le lait de la bouche d'un enfant.

Je n'ai pas chassé le bétail de son herbage.

Je n'ai pas pris au filet les oiseaux des dieux;

je n'ai pas péché les poissons dans les étangs des dieux.

Je n'ai pas détourné l'eau en son temps; je n'ai pas empêché le courant de passer. Je n'ai pas éteint le feu en son temps.

Je n'ai pas frustré le Cercle divin de ses offrandes ; je n'ai pas éloigné les bestiaux des propriétés divines; je n'ai pas arrêté un dieu quand il sort.

Je suis pur; je suis pur; je suis pur!

En parcourant ces lignes, on songe, comme malgré soi, à Moïse : quelle impression purent faire sur lui ces idées morales formulées par une élite religieuse (éphémère peut- être ') l

Prières.

Les prières du Livre des Morts ont pour but, en général, de demander des oblations funéraires et des objets divers qui concourent au bien-être du mort; d'obtenir la conserva- tion de la momie ou une vie sans fin. Çà et là, on rencontre

1. Cf. E. DniOTON, Confess. néqul. in Bec. et. eg., p. 545-564.

EN EGYPTE - NOUVEL EMPIRE 341

quelques prières par lesquelles le défunt demande que lui soient remis les péchés quil a commis,

1. Prières pour préserver la momie^.

Hommage à loi, ô mon père, divin Osiris! Tu vis avec tes membres; tu ne peux pas dépérir ; tu ne peux pas aller aux vers; lu ne peux pas te corrompre; lu ne peux pas tomber en putréfaction. Je suis le dieu Kheper-! Mes membres auront une existence éternelle.

Je ne dépérirai pas;

je ne pourrirai pas;

je ne me putrélierai pas;

je n'irai pas aux vers;

je ne verrai pas la corruption devant les yeux du dieu Shw.

Je garderai mon être je garderai mon être!

Je vivrai je vivrai!

Je serai florissant je serai florissant!

Je m'éveillerai en paix;

je ne me putréfierai pas.

Mes parties intérieures ne périront pas; je ne subirai pas d'ouli'ages. Mes yeux ne pèrironl pas; la forme de mon visage ne disparaîtra pas. Mon oreille ne deviendra pas sourde. Ma tête ne sera pas séparée de mon cou. Ma langue iie sera pas emportée. Mes cheveux ne seront pas coupés. Mes sourcils ne seront pas rasés. Aucune injure funeste ne m'atteindra.

Mon corps sera établi ;

il ne tombera jamais en poussière,

ni ne sera détruit sur celle terre.

1. Chapitre 154.

2. Étymol., kheper ■=^ arriver à l'être, être.

342 LA LITTÉRATURE

2. Pour le pardon des péchés \

Hommage à vous, ô quatre dieux qui siégez sur la barque de R'a, qui conduisez fidèlement à Neb-er-djer-, qui siégez pour juger ma faiblesse et ma force, qui satisfaites les dieux par la flamme de vos bouches, qui offrez aux dieux des oblations sacrées et aux âmes des repas funéraires; qui vivez de vérité, qui vous nourrissez de vérité, qui êtes sans fraude ni tromperie, à qui le mal est en abomination. Rejetez mes aclions mauvaises

et repoussez mon péché qxii méritait des coups sur la terre; détruisez toute chose mauvaise qui s'accrocherait à moi, et faites quil ny ait aucun obstacle entre moi et vous! Faites que je puisse faire mon chemin dans la chambre Amhet^; faites-moi enti*er dans Restaw^.

Les dieux répondent :

Viens, nous avons rejeté ton mal, nous avons repoussé ton péché qui méritait des coups, que tu avais commis sur la terre ; nous avons détruit la chose mauvaise qui s'ac- crochait à toi.

Entre donc dans Restaw; franchis les portes d'Amenfi^. On te donnera des gâteaux, de la bière, des douceurs.

Tu pourras, à volonté, entrer et sortir, comme ceux dont les âmes sont louées par les dieux, et ton nom sera pro- clamé chaque jour à Thorizon.

1. Cbap. CXXVL

2. « Le Seigneur de la pléuilude » = Osiris.

3. Chambre du royaume de Seker, le mort était examiné.

4. C'est-à-dire les corridors du i-oyaume de Seker.

5. <( La terre cachée » (amen signifie caché) =\e ixjyaume des morts.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 343

Litanies d'Osiris*.

Hommage- à vous, étoiles^, clans Inu,

à vous, peuple*, dans Kher-'Aha^, et à toi, Unti*^, le plus glorieux'' des dieux divers cachés dans Inu!

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle ! Je n'ai pas dit de mensonge volontaire ! Je n ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi, ô In*, en Intès^?

Grand Her-Khuti***, qui t'élances puissant

Qui parcours le ciel ton père, ô Her-Khuti ",

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle 1 Je n'ai pas dit de mensonge volontaire! Je n ai pas commis de duplicité !

Hommage à toi, âme'- éternelle,

âme divine*^ qui habite en Dedw'*

Un-nefer, fils de Nut, Ion père. Seigneur d'Iqert!

1. Papyrus Ani, PI. XIX, chap. XV (éd. Bugde, t. H, 491-495). Sur la date de ce papyrus, voir p. 338. La recension Saïte présente quelques variantes. Cf. éd. Lepsius, PI. V.

2. Inedj lier : incliner la tête en suppliant.

3. A'/iaès^ groupe de 36 dieux-étoiles.

4. Hnmemel = liommes et femmes, peuple.

5. Sur l'emplacement de cette ville s'élève aujourd'hui le vieux Caire.

6. Dieu représenté tenant une étoile et précédant la barque solaire.

7. l'akhw.

8. Dieu solaire très archaïque, honoré à Inu =: Héliopolis.

9. 1^^

lu, Horus des deux horizons; c'est le dieu Harmakhis des Grecs. 11, Cf. Ps. XIX, 6-7* : (Le soleil) semblable k l'époux qui sort de la chambre nuptiale

s'élance joyeux comme un héros pour fournir sa carrière. Il part d'une extrémité du ciel et sa course s'achève à l'autre extrémité. On n'oubliera pas que c'est une litanie du soleil que nous donnons dans notre texte. 12-13, (B'a) è^ 14, Busii'is.

344 LA LITTÉRATURE

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle ! Je n ai pas dit de mensonge volontaire! Je n ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi en ton gouvernement sur Dedw. La couronne Urrt' est fixée sur ton front.

Tu es l'unique qui as créé^ ta propre protection! Tu habites en paix.

[en Dedw.

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle/ Je n'ai pas dit de mensonge volontaire! Je n'ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi, Seigneur de N'art!

La barque sacrée de Seker est sur un traîneau;

tu refoules le démon, le malfaisant!

Tu fais reposer sur son trône le Puissant^

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle ! Je n'ai pas dit de mensonge volontaire ! Je n ai pas commis de duplicité \

Hommage à toi, puissant à ton heure, prince grand, le premier en Na-ired-f", Seigneur éternel, créateur de l'éternité, tu es le Seigneur de Khensu^.

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle! Je n'ai pas dit de mensonge volontaire ; Je n'ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi, toi qui repose sur la vérité!

1. Symbole antique de la souveraineté. Le mot remonte probablement aux temps prédynastiques.

2. /r=: faire, façonner, former, créer.

3. Wdjat "^^ c'est l'œil de R'a, d'où vient toute puissance, toute force, toute proleclion.

5. ^-^, ha., XXX, 4 (Copie- 2NHC; arab. ^U* Héracléopolis).

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 345

Tu es le seigneur d'Abydos qui formes de tes membres Ta-Djesert'l Tu as horreur de la tromperie^ et du maP 1

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle ! Je n ai pas dit de mensonge volontaire! Je n ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi en ta barque ! Tu guides le Nil depuis sa source^! Brillante lumière est son corps en Nekhen^!

Donne-moi un chemin je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle! Je n'ai pas dit de mensonge volontaire! Je n'ai pas commis de duplicité!

Hommage à toi, auteur des dieux,

roi du Sud, roi du Nord, Osiris justifié*,

Maître du monde en son temps de gracieuse bonté!

C'est toi qui es le Seigneur d'Itebwi''!

Donne à mes pieds un chemin ou je puisse passer en paix,

car je suis juste et fidèle ! Je n ai pas dit de mensonge volontaire ! Je n ai pas commis de duplicité!

d. Poésie lyrique.

Il y a dans les morceaux que nous allons citer, des sen- timents, un mouvement qui font impression, surtout quand on songe à la très haute antiquité à laquelle ils remontent :

1. Etymolog. : Terre sain/e = la nécropole.

3- I I I

4. Litléral. : depuis sa caverne.

5. HiérakonpoUs, ville de la Haute Egypte.

6. M'a'a kherw; ad lilt. -.juste de voix. Notons qu'ailleurs, v. g. : dans la grande Inscription d'Abydos I 1. 62 et 108, Osiris {Un-nefer = VÉtre bon) est appelé maître de la justification.

7. Nom des deux bandes de terre à froment qui bordaient le Nil, à droite et k gauche {iteb = région, territoire; wi indique le duel).

346 LA LITTÉRATURE

ils datent tous des « temps mosaïques », c'est dire qu'aucun livre poétique de la Bible n'existait encore évidemment, quand ils furent composés.

1 Hymne triomphal au Soleil K

On remarquera que, dans cet hymne d'Amenophis IV (Ikhnaten), à El-Amarna, (temps mosaïques) on n'aperçoit aucune trace de polythéisme, de thériomorphisme, ni d'an- thropomorphisme.

Plusieurs traits rappellent l'hymne à Osiris déjà cité^ Après une introduction nous disant que le roi et la reine adorent Aten, Thymne commence^ :

Le matin. Ton lever est beau à l'horizon du ciel, ô Aten vivant, el la vie recommence, tu brilles à l'horizon de l'Orient, tu remplis la terre de tes bienfaits.

1. Breasted, De hymriis in Solern sub Rege Anienophule IV conceptis. Berlin, 1894 (Texte et traJ. latine); trad. anglaises dans W. M. Flinders Pétrie, Hislory of Égypl, t. II (4« éd. 1904), 215-218 (trad. de Griffith), et dans Bre.vsted, Hislory of Égypl, London, 1908, p. 273.

2. Cf. supra p. 152.

3. Breasted met en parallèle avec cet hymne le Ps. CIV : Yahweli, mon Dieu, tu es infiniment grand,

tu es revêtu de majesté et de splendeur!

Il s'enveloppe de lumière comme d'un manteau,

il déploie les cieiix comme une tente;

dans les eaux du ciel il bâtit sa demeure.

Des nuées il fait son char;

il s'avance sur les ailes du vent.

Des vents il fait ses messagers;

des flammes de feu ses serviteurs. l'=-4.

Il a fait la lune pour marquer les temps,

et le soleil qui connaît l'heure de son coucher.

Il amène les ténèbres, et il est nuit;

aussitôt se mettent en mouvement toutes les bêtes de la forêt.

Les lionceaux rugissent après la proie

et demandent à Dieu leur nourriture. 19-21.

Le soleil se lève : ils se retirent

et se couchent dans leurs tanières.

L'homme sort alors pour sa tâche

et pour son travail jusqu'au soir. 22-23.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 347

A midi. Tu es vraiment beau, étincelant, élevé au dessus

[de la terre

tes rayons enveloppent toutes les terres que tu as

tu les embrasses de ton amour; [faites,

tu es éloigné et les rayons sont sur la terre.

Tu es dans les hauteurs et le jour est la trace de

[tes pieds Lsi nuit. Tu te couches à l'horizon de l'Occident,

La terre est dans les ténèbres comme la mort.

Les hommes se couchent dans leurs maisons; leurs

[têtes sont couvertes,

leur nez bouché, l'œil ne voit plus personne.

Ils prennent toutes leurs alJ'aires,

elles sont sous leur tête.

Ils sont sans connaissance.

Le lion sort de son repaire,

les serpents moi-dent,

la terre est en silence :

leur auteur s'est couclaé dans son horizon.

Le lever du soleil. La terre s'illumine, lu te lèves à l'horizon, Aten brille et ramène le jour; il chasse les ténèbres, car tu répands tes rayons ; chaque jour, l'Egypte est en fête.

Les hommes s'éveiJleat; ils sont sur pied

car tu les excites ;

ils lavent leurs membres et revêtent leurs habits;

ils adorent, à ton lever.

Sur la terre, tous sont au travail.

Tous les animaux s'installent dans leurs pâturages, les arbres et les plantes poussent; les oiseaux volent dans leurs fourrés; leurs ailes adorent ton « double ». Les bestiaux bondissent.

Les petits oi&eaux revivent quand tu te lèves sur

[eux

Les bateaux descendent et remontent le fleuve', Car toute voie s'ouvre à ton apparition;

1. Ps. CIV, 25-38 : Voici la mer, large et vaste : fourraillenl sans nombre des animaux petits et grands se pioiïiènejit les navires,

et le iéviathan que tu as formé pour s* pr<Knener

[dans les flots.

348 LA LITTERATURE

les poissons du fleuve sautent vers loi.

Tes rayons pénètrent jusqu'au fond de la mer.

Aten source de vie. C'est toi qui suscites le germe des femmes* et qui crées la semence chez les hommes. C'est toi qui fais vivre l'enfant dans le sein de sa

[mère, Toi qui calmes l'enfant pour qu'il ne pleure pas, qui le nourris par le sein de sa mère qui donnes les souilles pour animer ce que tu crées. Quand l'enfant tombe du sein, au jour de sa nais- Tu ouvres sa bouche pour les pai'oles, [sance, et satisfais à ses besoins. Quand le poussin est dans l'œuf, un caquet dans la pierre, tu lui donnes les souffles à l'intérieur pour le faire vivre.

Quand tu as fait quil se soit développé au point de crever l'œuf, il sort pour crier son existence. Et il marche sur ses pattes dès qu'il sort.

Aten présent partout. Combien nombreuses sont tes œuvres!

Tu as créé la terre, par ta volonté, toi seul, les hommes, les bestiaux grands et petits, tout ce qui marche, sur la terre, tout ce qui vole dans les airs.

Depuis la Syrie jusqu'à Kush, et en Egypte, tu mets chaque homme à sa place ^....

1. Cf. réalisme analogue dans Sap. VII, 2-4 :

J'ai été formé quant à la chair dans le sein de ma mère,

pendant dix mois prenant consistance dans le sang

par le moyen de la semence de l'homme,

durant le repos du sommeil.

Moi aussi, à ma naissance, j'ai respiré l'air commun à tous,

je suis tombé sur la même terre,

et c'est avec des pleurs que j'ai comme tous les autres,

fait entendre mes premiers sons.

J'ai été élevé dans des langes avec des soins infinis...

2. Restent trois ou quatre strophes, de même ton, qui nous intéressent moins. On trouvera une trad, complète de l'hymne dans A. Moret, Bois et dieux d'Egypte. Paris, 1911, p. G2-G5 (sans indication de stiques), et une trad. de la première partie par A. Mallon, dans Dictionn. apologétique, col. 1339.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 349

2. Hymnes à A mon.

Après la longue domination des Hyksôs', durant laquelle presque tous les monuments antiques avaient été renversés par les barbares envahisseurs, quand les rois nationaux eurent mené à bonne fm la lutte, peut-être séculaire, dans laquelle l'Egypte conquit son indépendance, lorsque les pharaons de la XVIIP dynastie restèrent maîtres de tout l'Empire, un effort nouveau se fit partout sentir. Alors les temples se relevèrent^ des conquêtes lointaines furent entre- prises, Babylone et Ninive devinrent tributaires des souve- rains de Thèbes, Les poètes rivalisèrent pour proclamer les exploits des Thutmès et des Sésostris. Alors furent recherchés et copiés avec soin les monuments de l'ancienne littérature^.

A. A Amon R'a^.

Nous ne possédons ni l'original, ni même aucune des premières rédactions de cet hymne. L'écriture de notre texte n'est pas antérieure à la XX" dynastie (xiii" siècle av. J.-C); mais le style montre que la composition remonte jusqu'à la grande époque littéraire. C'est une œuvre de la Renais- sance égyptienne, c'est-à-dire de la XVIIP dynastie, on du début de la XIX"' (xvii®-xv* s. av. J.-C).

On constatera dans ce morceau, à travers les formules ordinaires de la liturgie, un constant effort pour s'élever au

1. Voir E. Meyer, Ilist. t. II, § 303-309; et notre t. I, 270.

2. Plusieurs des papyrus de cette époque sont des l'ééditions d'œuvres remontant à la XII* dyn,, par ex. le papyrus Sallier n" 2.

3. Cf. EuG. Grébaut, Hymne à Amon lia, in-8, Paris 1874 (texte et trad.), et, le même, dans Revue Archéol. XXV (1873), 384-.397 (sans le texte hié- roglyphique). Le texte fut publié par Mariette dans le t. II des Papyrus^ égyptiens du Musée de Bnulaq. PI. XI, p. 8; il était en hiératique comme la plupart des papyrus {R. archéol. 384). Voir dans E. Wallis Budge, Egypt. reading Book, 294-305 (texte hiérogl., transcr. et trad.).

4. Mais les formules qui y sont compilées sont de beaucoup plus an- ciennes (on en trouve un grand nombre sur les monuments des XII* et XIII* dynasties, et même dans les textes des Pyramides).

35ft LA LITTÉRATURE

dessus des lieux communs, sinon en faisant jaillir des idées absolument nouvelles, du moins en donnant aux « dogmes » consacrés des développements nouveaux et parfois poé- tiques.

I. « Gloire à Amon R'a, taureau à Inu', chef de tous « les dieux, dieu bon^ aimé, donnant toute chaleur vitale à « tout bon bétail.

II. « Salut à toi, Amon R'a, seigneur du trône d'É- « gypte*, maître à Ipt^, mari^ de sa mère, maître de son « champ, qui allonge le pas, maître du pays du Sud, seigneur « de M'adjau, prince^ de Punt, roi*^ du ciel, premier de la « terre, seigneur soutien de toutes choses!

III. « Un dans son temps% rôle(?) comme parmi les « dieux^; taureau bon dans la compagnie des dieux, chef de « tous les dieux, seigneur de la vérité, père des dieux, « auteur des hommes, producteur d'animaux, seigneur qui « fait fleurir les plantes ^ auteur des pâturages qui font u vivre le bétail.

IV. « Forme faite par Ptah, bel enfant d'amour! Les « dieux lui rendent hommage. Auteur des choses de la terre « et de celles d'en haut, illuminant l'Egypte'", naviguant en « paix dans le ciel, roi de la Haute et de la Basse Egypte, « R'a à la parole fidèle^ chef de l'Egypte'* !

1. On /ranscrii aussi An et On =: Héliopolis.

2. Littéral : des deux terres, c'-a-d. : de la Haute et de la Basse Ég^'pte.

3. Un quartier de Tl)èl>es.

4. Littéral : taureau.

5. Heq=:prince, cheL (C'est le premier élément du mot Hyksôs=/ii7 ou heq Shasu.)

(i. Ser.

7. ?>epu.

8. Sens obscur.

9. Producteur de l'arbre de fleurs.

10. Littér. : les deux terres, cf. note*.

11. Les deux terres.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 351

X. « Hommage à toi. R'a, maître de vérité dont le « sanctuaire est caché, seigneur des dieux, dieu Kheperi <( dans sa barque. Il émet son verbe, et les dieux existent! « Il est Tum, créateur des humains, distinguant leurs « formes, auteur de leurs vies, variant leur teint.

XI. « // exauce la prière de qui est opprimé^ il est « bienveillant, envers qui l'invoque. // délivre le timide du « violent; il est le juge du puissant et du faible.

XII. « Maître de science, sa loi est un aliment', par « sa volonté* est venu le Nil; seigneur plein de douceur, <i grand en amour ! Il est venu pour faire vivre les mortels

XVII. « Hommage à toi par toute créature \ Acclama-

« tion à toi en toute région^ depuis le haut du ciel jusqu'à

« l'extrémité de la terre et aux profondeurs de la mer\ Les

« dieux s'inclinent devant ta Majesté, exaltant la volonté®

« de leur créateur. Ils tressaillent à l'approche de celui qui

« les a engendrés. Oh! viens en paix, te crient-ils. Père de

« tous les Pères divins! »

On ne peut nier qu'il y ait une idée élevée de la divinité, un sentiment profond de la Providence qui prend soin des hommes.

Les quatre hymnes^ qui suivent sont de l'époque des Ramessides (xiv^ et xiii siècles).

1. Neb sa hu lep-re-f ad litt. : seig-neur du savoir [sa], nourriture [hu] son décret (loi, ou ordonnance ^/ep re). Il est le maître de l'intelligence (Grébaut); the lord of intelligence, knowledge(?) is the utterance of bis moulh (E. Wallis Budge, Egyptian reading Book).

2. Mertu ; c'est le même mot que nous traduisons plus loin par amour : la racine mer veut dire en effet aimer et vouloir.

3. C'est le pluriel 'aul-w, littér. : bêtes, animaux, quadrupèdes.

4. Set ■=. désert, pays montagneux, montagne.

5. Uadj wr. littér. : la grande verte, c-à-d. : la Méditerranée.

6. Baiu ; et non pas hiaiu = merveilles.

7. Alan H. Gardiner, Hymns ta Amon from Leyden Papyrus (texte, trad. et notes critiques), in AZ, xlii (19U5), 12-42.

352 LA LITTÉRATURE

B. Gloire f/Vlmon.

Tout pays est plein de ta crainte :

les gens [sont prosternés] devant ta gloire.

Ton nom est grand, fort et puissant !

Les mers Pkhr-wr et Shn-tvr sont pleines de la crainte de ton...

Les collines s'abaissent en admiration devant toi.

Tout pays [rebelle] est plein de ta frayeur.

Les gens de Punt viennent à toi;

la Terre sainte porte de la verdure, à cause de ton amour.

Les barques s'avancent chargées d'aromates

pour réjouir ton temple de leurs parfums de fête.

Les arbres à encens distillent leur résilie :

le parfum aromatique caresse tes narines.

Les abeilles font leur miel...,

huile de mnit et de ihmt

pour composer les douceurs' qui sont sur tes lèvres.

Le cèdre a poussé pour toi... :

la barque-tabernacle est construite.

Les montagnes te portent des blocs de pierre

pour faire les grandes portes de ton Temple.

Pour lui, les vaisseaux voguent sur les mers ; le Nil coule ; le vent du Nord soufïle afin d'amener à Thèbes les vais- seaux chargés d'offrandes ^

c. A mon magicien, médecin el bienfaiteur'^.

Dans cet hymne, les idées sont par instants très élevées.

Il chasse les esprits, il guérit les maladies.

Médecin qui guérit les yeux, qui empêche de loucher [...] Amon !

Il guérit qui il veut, même qui est dans l'au-delà.

1. Douceurs, ou mieux onguent si ce mot sonnait mieux en français.

2. Alan H. Gardiner, 1. c. II, p. 14-16. On pourrait « magna com- ponere parvis », et citer plusieurs passages d'Isaïe ; bornons-à celui-ci :

La gloire du Lil;an, le cyprès, le platane et le buis

tous ensemble viendront à loi,

pour orner le lieu de mon sanctuaire. Is. lx, 13.

3. Ibid. XI, 28-30.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 353

// entend les supplications de celui qui crie vers lui. Il vient de loin, à l'instant, vers celui qui Vappelle. Il allonge la vie, et il l'abrège.

// vaut plus que des millions d'hommes

pour celui qui le place dans son cœur.

Par son nom, l'homme est plus fort que des centaines de mille...

d. Attributs d'Amon R'aK

Mystérieuses sont ses formes, brillants sont ses aspects.

Merveilleusement bon, multiple de formes.

Tous les dieux sont fiers de lui :

ils se magnifient eux-mêmes de sa beauté.

R*a lui-même est uni à son corps.

Il est ce grand, unique, qui est en Héliopoli's :

il s'appelle Tanen, Amon qui sort de Nun ;

il dirige l'humanité.

L'ogdade est aussi une de ses formes. Père des dieux primordiaux, auteur de R'a,

il se complète lui-même comme Tum

// est le Seigneur universel,

principe de tout ce qui existe.

Il est, dit-on, l'âme qui est au ciel.

C'est lui qui est aux « enfers »,

son âme est au ciel, son corps est à l'Ouest.

// est trop mystérieux pour que sa gloire soit révélée,

trop grand pour qu'on puisse poser des questions à son sujet,

trop puissant pour quon puisse le connaître.

quiconque prononce son nom mystérieux et inconnu

à l'instant périt de mort violente'-.

e. La triade^.

Cet hymne est 1res intéressant au point de vue « théolo- gique » : les trois dieux de Tépoque Ramesside sont repré-

1. Ibid. XV, 33-35.

2. Nous nous bornons à souligner ce passage.

3. Alan II. GAi.DiNEn, /. c. XVI, 35-36.

23

354 LA LITTÉRATURE

sentes comme une triade en une unité, et, comme tels, leur volonté est une. On cherche à montrer comment cette volonté est exécutée : le message part du ciel.... C'est à Thèbes, siège du pouvoir^ que la question est décidée et exécutée.

Il n'y a que trois dieux : Amon R'a, etPtah; et ils n"ont pas leur semblable.

Cachant son nom en tant qu'Amon' sa face est B'a, son corps est Plah.

Leurs villes sont établies à jamais :

Thèbes. Héliopolis et Memphis pour l'éternité.

Le message divin vient du ciel :

il est entendu a Héliopolis et répété à Memphis.

Il est envoyé à Tlièhes en une lettre de Thot^ il est solutionné à Thèbes ; « Bon » ! dit le dieu.

Chants d'amour.

Deux papyrus, Tun au Musée de ïurin% l'autre au Bri- tish Muséum % nous ont conservé des Chants d'amour. On remarque de réelles ressemblances entre ces Chants et le Cantique des Cantiques : même façon de désigner l'héroïne sous le nom de sœur, mêmes images poétiques empruntées par exemple à la voix de la colombe, de la tourterelle, mêmes comparaisons; mais on n'est pas obligé pour cela d'admettre des emprunts. Pour expliquer les faits littéraires sur lesquels nous attirons l'attention, il suffit de se rappeler que l'hébreu et l'égyptien avaient à peu près la même

1. Amon veut dire caché.

2. Thot était le secrétaire des dieux.

3. Pliîvte-Rossi, Les papyrus hiératiques de Turin, PL LXXIX-LXXXII ; G. Maspeuo, Etudes égyptiennes, Paris, 1879, t. I, 217-239.

4. G. W. GooDwiN, On four Sangs containeil in an egyplian Papyrus in Transactions of Society of biblical Arcfiaeology, III (1874) p. 380-388, G. Maspeuo, ibid. 230-259 (texte, trad. et commentaire).

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 355

conception de l'amour; et c'est pourquoi ils ont parlé à peu près la même langue'.

D. Littérature gnomique. Maximes du scribe Ani.

Le texte de ces maximes se lit sur le Papyrus n" 4 de Boulaq-, de la XVIIP dynastie ^

C'est un recueil de maximes concernant la religion, la sagesse, la prudence, le savoir-vivre, adressées par le scribe Ani à son fils Ilonshotep.

i. « Prends femme pendant que lu es jeune*

2. « Fais la fête de ton dieu, renouvelle-la en sa saison :

« sa transgression irriterait le dieu. Dès que tu lui as rendu

« une première fois le devoir religieux, le fait d'avoir agi

« ainsi porte jugement. 6. « Si quelqu'un est ivre% nentre pas devant lui, quand

« même ce serait un honneur pour toi d'être introduit.

1. Nous ne citerons aucun de ces passages : en français, ils paraîtraient trop crus, aussi bien ceux du Cantiq. des Canl. (même dans la traduction Crampon) que les autres. Nous nous bornerons aux quelques indications suivantes pour ceux des lecteurs qui désireraient étudier de plus près les ressemblances. C'est des Chants du Papyrus IIarris 500, de la XI' dijnaslce (texte et trad. dans Maspero, /. c, t. Il, 230-239) que nous rapprochons certains textes du Cantiq. des Cantiq. :

Chant, p. 232-233 et Cantiq. VII, 2-4. Chant, p. 238-239 et Cantiq. VII, 8-9; II, 5; IV, 2-5: V, 14. Chant, 242-244 et Cantiq. IV, 10; VII, 11-13. Chant, 246-248 et Cantiq., III, 1, 2; V, 2; VI, 8; cf. II, 14. II, 8-9. Chant, 254-255 et Cantiq. I, 13-14 et II, 1-5. Chant 253-254 et Cantique 1,4 et 12-14.

2. Aujourd'hui au Musée de Gizéh.

3. D'après E. Amélineau, La Morale Egyptienne, quinze siècles avant notre ère. Paris 1892, p. XII. Peut être de la XX^ dyn.. d'après Chabas, L'Égyp- tologie t. I, p. 10-12. Le papyrus avait été découvert et publié pour la pre- mière fois par Mariette, Les papyrus ég,)/ptiens du Musée de Boulaq, t. I, PI. 15-23. Il fut traduit en français par E. de Rougé. Etude sur le papyrus du Musée de Boulaq, in Comptes rendus Acad. Inscr. et Belles Leltr. t. VII (18T2) 340-351, par Chabas [cf. supra) et par Amélineau (c/. supra).

4. Cf. Prov. V, 18^ : Mets ta joie dans la femme de ta jeunesse.

5. Cf. Prov. XXIH, 20-2 L

356 LA LITTÉliATURE

8. « Garde- Loi de la femme qui sort sans qu'on le sache « en sa ville; ne la suis pas elle ou sa pareille, ne t'expose « pas à savoir ce qu'il en coule à l'homme qui affronte un (( Océan dont on ne connaît point le tour. La femme qui a « son mari au loin t'envoie des billets et t'appelle à elle « chaque jour, sitôt qu'elle n"a pas de témoins' : si elle vient (( à t'empêtrer dans son filet, c'est un crime qui entraîne la <( peine de mort, dès qu'on l'apprend, quand même elle ne (( l'aurait pas consommé jusqu'au bout, car les hommes « commettent toutes sortes de forfaits, rien que pour ce seul « appât.

11. <( Ce que déleste le sanctuaire du dieu, ce sont les fêtes « bruyantes. Si tu Vimplores avec un cœur aimant, dont « toutes les paroles sont dites en secret, il te protégera « dans tes affaires, il écoutera tes paroles, il acceptera tes « offrandes.

12. « Verse une libation à ton père et à ta mère qui '( reposent dans la vallée funéraire : il est convenable pour « toi d'agir ainsi, et l'on dit que les dieux lacceptent (avec « joie) ; ne néglige pas de le faire pour tes parents, afin que « ton fils le fasse pour loi.

13. « Ne te montre point querelleur dans les brasseries, « de peur qu'on ne dénonce ensuite des paroles qui sont « issues de ta bouche et que tu n'as plus conscience d'avoir « prononcées. Tu chois, les membres rompus, et personne (( ne le tend la main, mais tes compagnons de beuverie sont « qui disent : « Au large, l'ivrogne" I » On vient le quérir

1. Prov, VII, 7, 10, lG-19 cf. 1-27 et V, 18-23.

2. Prov. XXIII, 29-35 : Pour qui les ah? pour qui les hélas?

Pour qui les disputes, pour qui les murmu- Pour ceux qui s'attardent auprès du vin, [res?.., pour ceux qui vont boire du vin aromatisé. Ne regarde pas le vin : comme il brille! comme il fait des perles dans la coupe! Il finit par mordre comme un serpent... et Ion cœur tiendra des discours pervers...

EN EGYPTE NOUVEL EMPIHE 357

« pour traiter affaire avec loi, et Ton te trouve vautré à « terre comme un pelit enfant,

15. « Place devant loi, comme but à atteindre, une vieil- ce lesse dont on puisse témoigner, afin que tu sois trouvé « ayant parfait ta maison qui est dans la vallée funéraire, « au matin de cacher ton corps. Place cela devant toi, dans « toutes les fonctions que tu as à considérer de ton œil. « Lorsque tu seras ainsi un grand vieillard, tu te coucheras « au milieu d'eux ; // ny a point de surprise pour celui « qui agit bien, il est préparé. Ainsi, quand viendra pour « toi ton messager (de mort) pour le prendre, qu'il trouve (( quelqu'un qui est prêt. Certes, tu n'auras pas le temps de « parler, car en venant il se précipitera au devant de toi. « Ne dis pas : Je suis un jeune homme, saisis-toi (de moi)! « car tu ne connais pas ta mort. La mort vient, elle, s'em- « pare du nourrisson qui est dans les bras de sa mère, « comme de celui qui est devenu vieux. Vois! j'ai dit ces « choses excellentes que (tu dois) considérer en ton cœur : « fais-les! tu deviendras un homme bon, et tous les maux « seront éloignés de toi.

IQ. « Garde-toi de pécher en paroles; quelles ne soient « point blessantes : condamnable est en l'homme le mali- « cieux bavardage qui ne se repose jamais. Tiens-toi loin « de Thomme qui a failli; ne le laisse pas devenir ton com- « pagnon.

20. « C'est une vie que la discipline dans la maison : la « réprimande est salutaire à ton état à venir.

24. « Ne remplis pas ton cœur du bien d'autrui, garde « t'en : agissant dans ton intérêt, n'approche pas les choses « d'un autre, s'il ne les monte pas dans ta maison.

25. « Bàlis-toi une maison, si tu te trouves haïr la rési-

« on ma frappé.... Je n'ai point de mal !... « ou m"a balUi... Je ne sens l'ien ! « quand me réveillerai-je?... Il m'en faut en-

[core.

358 LA IJITÉHATUUE

« dence en commun. Ne dis pas : C'est une part de maison « qui m'est venue en liérilage de mon père et de ma mère, <( qui sont dans la tombe! car si tu viens à partager avec « ton frère, ta part, ce sont les greniers.

27. « Ne reste pas assis, quand un autre est debout, s'il est « plus âgé que loi, même si tu es plus grand que lui dans « les fonctions.

28. « On ne produit pas des choses bonnes quand on dit « des choses mauvaises.

30. « De quoi parle-t-on chaque jour? Que les professions (( parlent de leurs devoirs; que la conversation de la femme « prenne son mari (pour sujet), et que la conversation de « tout homme soit sur sa profession.

32. « Si tu te trouves vaillant au jour de ta prospérité, « l'adversité venue, tu la supporteras.

34. f< Si tu es bon, tu seras regardé; qne In sois dans un « cercle nombreux on que tu sois solitaire, tu trouves tes « gens, et on exécute ce que tu dis.

38. « Celui qui a été opprimé par le menteur accuse à son « tour, ensuite le dieu proclame la vérité, et, le trépas étant u venu, enlève le premier accusateur.

40. « Je t'ai donné la mère. Lorsqu'elle t'a porté comme « on doit porter, elle s'est donné en toi un lourd fardeau « sans pouvoir s'en décharger sur moi. Quand tu naquis, (( après tes mois révolus, elle s'est assujettie au joug vrai- « ment, son sein a été dans la bouche trois années; bien « que l'horreur de tes ordures allât croissant, elle n'a point « dégoûté son cœur jusqu'à dire : « Qu'est-ce que je fais H ? » Lorsque tu te rendais à l'école pour l'instruire aux « écrilures, elle était après toi, chaque jour, avec les pains « la bière de ta maison. Maintenant, te voilà et homme (( fait, tu as pris une femme, tu tes monté un ménage : (( aie toujours l'œil sur les douleurs de ton enfantement « et sur les soins d'éducation que ta mère l'a prodi- « gués, afin qu'elle ne s'indigne pas contre toi et qu'elle

EN EGYPTE NOUVEL EMPIIΠ359

« ne lève pas ses mains vers le dieu, car il écouterait sa « plainte. »

E. Les romans historiques^

On a regardé longtemps les Egyptiens comme des gens routiniers, casaniers, entichés de la supériorité de leur civi- lisation et amoureux de leur pays au point de n'en sortir que par force. Cela sera peut-être vrai aux temps gréco- romains; à coup sûr cela ne Tétait pas aux époques anciennes. L'exode des employés, des marchands et bro- canteurs" qui, presque chaque année, quittaient l'Egypte pour suivre les armées des pharaons, rendit si familière l'idée du voyage qu'elle devint un thème pour les exercices des scribes ^

Les héros des romans voyagent beaucoup. Un fils du pha- raon, s'ennuyant chez lui, court l'aventure au Naharanna, dans la Syrie du Nord*. C'est dans la même région, à Joppé, que Thwtîyi déploie ses qualités de soldat rusé. Le roman maritime de Wn-Amon est le périple d'un officier que le grand prêtre d'Amon envoie acheter du bois sur la côte syrienne, au xii« siècle av. J.-C.

Déjà sous le Moyen Empire XIP ou XIIP dynastie les contes du Naufragé et de Sinuhe nous avaient menés loin de l'Egypte.

Pbisi: Di;: Joppé par Thwtiyi^

Ce roman remonte à la XX" dynastie.

Le roitelet de Joppé s'est révolté contre Thutmès IIL

1. Voir ce que nous avons dit sur ce sujet au Moyen Empire, p. 141.

2. On pourra s'en souvenir en lisant Ex. XII, 38 : En outre une grande multitude de gens de toute sorte monta avec eux (les enfants d'Israèl, à leur sortie d'Egypte).

3. Cf. Papyrus Anastasi 1, Pi. XVIII, 1. 3-Pl. XXVIII, 1. 6, et Chabas, Le voyage d'un Egyptien, in-4; Paris, 1866.

4. Conte du Prince prédestiné.

5. Papyrus IIaiuus n" 500.

360 LA LITTÉRATURE

Thwtîyi l'attire au camp égyptien el, sous prélexLe de lui montrer la grande canne du pharaon, il le lue. Mais il s'agit de réduire la ville. Thwlîyi met cinquante soldats en des cruches énormes; il les transporte jusque sous les murs de Joppé, et, là, il contraint l'écuyer du roi égorgé à déclarer que les Égyptiens ont été battus et qu'on ramène leur général prisonnier. Les portes s'ouvrent; les soldats sortent de leurs cruches et enlèvent la place.

Il y a un fond de vrai. Joppé figure réellement sur la liste des conquêtes deThutmès III; mais elle conservait ses lois propres et son roitelet héréditaire. D'autre part, on con- naît un officier Tliwlîyi qui vivait sous Thutmès et qui exerça de grands commandements en Syrie et en Phénicie'.

Ce qui paraît invention purement romanesque, ce n'est pas précisément la ruse de Thwtîyi-, mais d'avoir imaginé qu'il avait écrasé ses hommes sous le poids de vastes jarres en terre, contenant chacune un soldat armé ou des chaînes, au lieu de les charger simplement de vases ordinaires ren- fermant des armes bien affilées.

« Thwtîyi ■* connaissait toutes les ruses qu'on emploie à la « guerre, et il recevait chaque jour l'or de la vaillance^ car « c'était un excellent général d'infanterie, et il n'avait point <( son pareil sur la Terre-entière'*: voilà ce qu'il faisait.

<i Et beaucoup de jours après cela, un messager vint du « pays de Kh'-rw% et on le conduisit en présence de Sa « Majesté v. s. f., et sa Majesté lui dit : « Qui t'a envoyé vers « Ma Majesté? Pourquoi t'es-tu mis en chemin? » Le mes- '( sager répondit à Sa Majesté v. s. f. : « C'est le gouverneur « du pays du Nord qui m'a envoyé vers toi disant : Le

\. Voir clans Bheasted, Ane. Rec. t. II, 153-158.

2. Ou racontera des faits analogues, ailleurs, plus tard. Cf. Polyen, Slrat. V, XI.

3. Nous citons la traduction de G. Maspeho, Les Contes, 110-122.

4. C'est-à-dire toute l'Egypte, la Haute et la Basse.

5. La Syrie.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 3(51

« vaincu' de Japii s'esl révolté contre Sa Majesté, v. s. f., « et il a massacré les fantassins de Sa Majesté v. s. f., aussi « ses gens de char, et personne ne peut tenir contre lui. »

Le pharaon en colère résolut de détruire Joppé. « Il « appela ses nobles, ses chefs de guerre, aussi ses scribes « magiciens, et il leur répéta le message que le gouverneur <( du pays du Nord lui avait envoyé. Voici ! ils se turent d'une « seule bouche et ils ne surent que répondre ni en bien ni « en mal. »

Alors Thwtîyi proposa de faire lui-même cette expédi- tion, à condition qu'on lui donnât «. de la fleur des braves » et « la grande canne du roi ». Le pharaon lui accorda ce qu'il demandait; et le chef partit pour le pays de Kh'-rw. <( Là, il fit préparer un grand sac de peau l'on pouvait « enfermer un homme; il fit forger des fers pour les pieds « et pour les mains; il fit fabriquer une grande paire de « fers de quatre anneaux, et beaucoup d'entraves et de col- « liers en bois, et quatre cents grandes jarres. Quand tout « fut terminé, il envoya dire au vaincu de Japu : a Je suis « Thwtîyi, le général d'infanterie du pays d'Egypte, et j'ai « suivi Sa Majesté, v. s. f., dans toutes ses marches vers les « pays du Nord et les pays du Sud. Alors, voici le roi Men- « kheper-R'a, v. s, f., a été jaloux de moi parce que j'étais « brave, et il a voulu me tuer; mais moi, je me suis sauvé « devant lui, et j'ai emporté la grande canne du roi Men- « kheper-R'a, v. s. f. , et je l'ai cachée- dans les mannes du « fourrage de mes chevaux, et, si tu veux, je le la donnerai, « et je serai avec toi, moi et les gens qui sont avec moi de la « fleur des braves de l'armée d'Egypte. » Quand le vaincu (( de Japu l'entendit, il se réjouit beaucoup, beaucoup, des « paroles que Thwtîyi avait dites, car il savait que Thwtîyi

1. Tous les étrangers sont appelés, dans le langage de la chancellerie égyptienne : le tombant, le renversé, ou le vaincu.

2. On pensera peut-être à la coupe de Joseph cachée dans le sac de Ben- jamin; le rapprochement est assez vain.

362 LA LITTÉRATURE

« était un brave qui navait point son pareil dans la terre (( entière,

(( Il envoya à TInvtîyi disant : « Viens avec moi, et je serai (( pour loi comme un frère, et je te donnerai un territoire « choisi dans ce qu'il y a de meilleur au pays de Japu. »

<( Le vaincu de Japu sortit de sa ville avec son écuyer et « avec les femmes et les enfants de sa cité, et il vint au « devant de TInvtîyi. Il le prit par la main et il l'embrassa, « et il le fit entrer dans son camp; mais il ne fit pas entrer « les compagnons de Thwtîyi et leurs chevaux avec lui. Il « lui donna du pain, il mangea et il but avec lui, et il lui « dit en manière de conversation: « La grande canne du roi '( Men-kheper-R'a, comment est-elle? » Or, Tiiwiîyi, avant « d'entrer dans le camp de la ville de Japu, avait pris la <( grande canne du roi Men-kheper-R'a, v. s. f. : il l'avait « cachée dans le fourrage et il avait mis le fourrage dans les « mannes, et il les avait disposées comme Ton fait les manne& « de fourrage de la charrerie de l'Egypte. Or, tandis que le a vaincu de Japu buvait avec Thwtîyi, les gens qui étaient (( avec lui s'entretenaient avec les fantassins du pharaon» « V. s. f. . et ils buvaient avec eux El après qu'ils eurent « passé leur heure à boire, Thwtîyi dit au vaincu de Japu : « S'il te plaît, tandis que je demeure avec les femmes et les « enfants de ta cité à loi, qu'on fasse entrer mes compa- « gnons avec leurs chevaux pour leur donner la provende, « ou bien qu'un Apuru^ coure à l'endroit ils sont! » On « les fit entrer, on entrava les chevaux, on leur donna la « provende, on trouva la grande canne du roi Men-kheper- « R'a, V, s. f. , on l'alla dire à Thwtîyi, »

Le roi de Japu demanda à voir celle grande canne. Thw- tîyi l'apporta. « Il saisit le vaincu de Japu par son vêtement « et il se dressa tout debout, en disant : « Regarde ici, ô « vaincu de Japu, la grande canne du roi Men-kheper-R'a,

1. On avait pensé (jue Apura était pour ^4/.iur(; ^^ Hébreu. C'est peu pro- bable.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 363

V. S. f. , le lion redoutable, le fils de Sokliîl', à qui donne Ainon, son père, la force et la puissance ! Il leva sa main, il frappa à la tempe le vaincu de Japu, et celui-ci tomba sans connaissance devant lui. Il le mit dans le grand sac qu'il avait fait préparer avec des peaux. Il saisit les gens qui étaient avec lui, il fit apporter la paire de fers qu'il avait préparée, il en serra les mains du vaincu de Japu, et on lui mit aux pieds la paire de fers de quatre anneaux. Il fit apporter les quatre cents jarres qu'il avait fait fabri- quer, il y introduisit deux cents soldats; puis on remplit la panse des trois cents autres de cordes et d'entraves en [ bois; on les scella du sceau, on les revêtit de leur manne ( et de l'appareil de cordes nécessaires à les porter; on les ( chargea sur autant de forts soldats^ en tout cinq cents ( hommes, et on leur dit : « Quand vous entrerez dans la

< ville, vous ouvrirez les jarres de vos compagnons; vous ( vous emparerez de tous les habitants qui sont dans la

< ville, et vous leur mettrez les liens sur le champ. » Le stratagème réussit; la ville fut prise.

VOYAGK d'un EgYPTIKN SUR LA CÔTE CANANÉO-PHÉNICIENNE^.

Le but'^ de l'auteur paraît avoir été de donner de la vogue à une modalité du dieu Amon R'a : Amon du Chemin. Le texte se présente sous la forme d'une relation de voyage adressée par le héros, Wn-Amon, à celui qui l'avait envoyé, Herhor, prêtre d'Amon et dans laquelle il lui raconte com- ment il a été protégé par Amon du Chemin.

Ce document offre un réel intérêt, par exemple au point

1. Une des principales déesses du panUiéon égyptien; c'était une lionne ou une déesse à tête de lionne.

2. Papyrus Goi.émsciieff. Voir U T, XXI (1899), 74-104; citons les trad. de G. Maspero. Contes, 217-230 et de Breasted, Ane. Bec, t. IV, 274-287.

3. D'après Erman (ZA XXXVIII, 2) et Breasted [Ane. Records, t. IV, 274 note h), nous aurions à faire à un rapport historique et non pas à une fiction.

364 LA LITTÉRATURE

de vue religieux, quand Wn-Amon s'efforce d'inspirer au roi de Byblos de la dévotion pour le dieu égyptien. En outre, les négociations dont on nous y parle font songer à celles de David et de Salomon en vue d'obtenir le bois nécessaire pour la construction des palais et du Temple de Jérusalem. On remarquera aussi ce qui est dit des Zakkala'; et encore le fait que l'Egyptien paraît compris, du moins parles personnages de haut rang, sur la côte cananéo-phénicienne-.

« Je descendis dans la grande Syrie, le quatrième mois « de la 3" saison, le i*"*^ jour. J'arrivai à Dor", ville de « Zakkala, et Bedel'% son prince, me fit apporter beaucoup de « pain, une amphore de vin, une cuisse de bœuf. Un homme « de mon navire déserta, dérobant un vase d'or du poids de « cinq cleben'% quatre vases d'argent de vingt dehen, et un « sac d'argent de onze dehen; ce qui fait un total de cinq « debeii d'or et de trente et un dehen d'argent.

« Je me levai de bon matin, j'allai à l'endroit le prince « était; je lui dis : On m'a volé, dans ton port. Or, c'est toi « le prince de ce pays, c'est toi son inquisiteur; cherche « mon argent »

Il ajoute que cet argent ne lui appartient pas; il appar- tient à Amon-R'a, le roi des dieux, à Herhor son grand- prêtre, à d'autres princes égyptiens et syriens'*.

« Il me dit : «... Vois, je ne sais rien de cette histoire que « que tu me dis. Si donc le voleur est de mon pays, celui qui « est descendu dans ton navire et qui t'a volé ton argent, je te « le rembourserai de mon trésor, jusqu'à ce qu'on retrouve

1. Df-Ji-r' Cf. IlisL.el Civil, p. 330.

2. On remarquera aussi ce fait que, pendaul deux générations, les princes de Babylos ont conservé le journal ou livre {'r) de leurs comptes; et encore que parmi les objets envoyés par le pharaon au roi de Byblos il y a 500 rouleaux de papyrus.

3. Au-dessus du Nalu'-ez-Zerqa

4. R'-di-r\

5. Le dehen pesait de 0,89 à 0,91 grammes en moyenne.

6. Par ex. à Dj''-Ji-rw-B-'-r—^y:i^zf Z.lliAr-Ba'al.^

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 365

« le voleur lui-même ; mais le voleur qui t'a volé il appar- (( tient à ton navire. Demeure quelques jours auprès de moi <( que je le cherche! »

« Je fus neuf jours abordé dans son port; puis, j'allai près de lui, et je lui dis : a Voici tu n'as pas trouvé mon argent.

« Je partirai donc ainsi que le capitaine du navire J'arri-

« vai au port de ïyr, je contai mon histoire au prince du « pays de Tyr et je me plaignis du prince de Dor qui n'avait « pas trouvé les voleurs et qui ne m'avait pas rendu mon « argent; mais le prince de Tyr était l'ami de celui de Dor. (( Il me dit : Tais-toi, ou il t'arrivera malheur! »

« Je sortis de Tyr dès le matin J'arrivai au port de (( Byblos. Je fis un lieu secret j'y cachai Amon, le dieu du <( CAemm; j'y mis à l'intérieur le matériel du dieu.

<( Le prince de Byblos me fit dire : « Va-t-en de mon « port! » Je lui envoyai dire : « [Pourquoi me chasses- « tu?]...

« Je passai dix-neuf jours dans son port, et continuelle- « ment il envoyait me dire chaque jour : « ^'a-t-en de mon '< port! »

« Or,* comme il sacrifiait à ses dieux, le dieu saisit un de « ses nobles pages", et il le fit tomber en convulsions, il « dit : « Apporte le dieu ici. Amène le messager d'Amon

f< qui le possède Renvoie-le ; fais-le partir ! » Tandis que le

« convulsionnaire était en convulsions, cette nuit-là, j'avais « trouvé un navire à destination de l'Egypte, j'y avais chargé « tout ce qui était à moi, et j'attendais l'obscurité, disant: « Quand elle descendra, j'embarquerai le dieu, afin qu'au- « cun autre œil ne l'aperçoive! Le Maître du port vint à « moi et me dit : « Reste jusqu'à demain au gré du prince! » « Je lui dis : « N'es-tu pas celui qui continuellement venait « à moi chaque jour, disant : « Va-t-en de mon port! » « Ne me dis-tu pas maintenant : Reste ici! » afin de laisser

1. On soulignera le passap^e qui suit.

2. Un de ses nobles jeunes gens ('(/ (/).

366 LA LirrÉRATURE

« partir le navire que j'ai trouvé? Après quoi tu pourras « venir et me dire de nouveau : « Sauve-toi vite! » Il tourna « le dos; il alla dire cela au prince et le prince envoya dire « au capitaine du navire : « Reste jusqu'à demain matin, au « gré du prince! »

« Quand vint le matin, il m'envoya prendre en haut, tandis « que le sacrifice avait lieu, dans le château oîi il réside au (( bord de la mer. Je le trouvai assis dans une chambre haute, « le dos appuyé à une fenêtre Je lui dis ; « A la grâce « d'Amon ! » Il me dit : « Combien y a-t-il, jusqu'aujour- « d'iiui, que tu es venu du lieu oîi demeure Amon? » Je lui « répondis: « Cinq mois et un jour jusqu'aujourd'hui ! » Il « me dit' : « Si tu dis vrai, sont les rescrits d'Amon qui « devraient être dans ta main? est-elle la lettre de ce ((■ grand prêtre d'Amon qui devrait être dans ta main? »

Je lui dis : « Je les ai donnés à Smendès- et à Tentamon. » « Il se mit fort en colère ; il me dit : « Ainsi donc il n'y a « ni rescrits, ni lettres en ta main? Et est-il ce navire « en bois de cèdre que t'avait donné Smendès? est-il « son équipage de Syriens? Ne serait-ce pas qu'il t'avait « remis à ce capitaine de vaisseau, (lors du départ), pour « qu'il te fit tuer et qu'on te jetât à la mer? S'il en est ainsi, « de la part de qui chercherait-on le dieu, et toi aussi, de la « part de qui te chercherait-on

... Il reprit : « Pour quelle affaire es-tu venu ici? »

« Je lui dis : « Je suis venu pour la charpente de la barque « grande et auguste d'Amon-R'a, le roi des dieux. Ce que (' fit ton père, ce que fit le père de ton père, fais-le aussi! » Ainsi lui parlé-je.

1. Le prince de Byblos, apprenant qu'Wn-Amon n'a pas de lettres de créance le soupçonne d'être un aventurier et pense qu'on peut le traiter comme tel : s'il lui arrive quelque mésaventure, qui s'intéressera à lui et à sa statue d'Amon? Plus loin, Wn-Amon dira que, s'il venait h dispa- raître, ou le chercherait jusqu'à la consommation des temps pour venger sa mort.

2. Xs-sw-b'-nb-dd =z Smendès.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 367

« Il me dit : « Eux l'ont fait; c'est vrai ! Si tu me donnes « (quelque chose) pour que je le fasse, je le ferai. En vérité, « mes agents firent les affaires; le pharaon, v. s. f. envoya « six navires chargés de produits d'Egypte qu'on déchar- « geait dans leurs entrepôts. Toi donc, fais m'en amener « aussi î »

« // avait apporté le journal de ses pères et il lavait lu « en ma présence. On trouva qu'en tout mille dehen^ d'ar- « gent étaient inscrits sur sou registre.

« Il me dit : <( Si le souverain d'Egypte était mon maître (• et que je fusse moi, son serviteur, il n'aurait pas à faire « apporter de l'argent et de l'or, disant : «. Exécute l'ordre « d'Amon. » Ce n'était pas le paiement d'un (tribut) qu'on <( exigeait de mon père. Or moi, certes, je ne suis, moi, en « aucune façon, ton serviteur: ni je ne suis, moi, le servi- « teur de celui qui t'a envoyé. Si je crie à voix forte au (( Liban, le ciel s ouvre, et les arbres demeurent étendus sur « le sol, au bord de la mer. »

Et il lui représente que son navire, mal gréé, sombrera, car, après tout, il ne fait pas toujours beau temps : Amon fait gronder le tonnerre et se déchaîner l'orage. Or Amon, s'il veille sur tous les pays, veille principalement sur l'E- gypte et il lui a donné la sagesse plus qu'aux autres nations. Gomment donc se fait-il que le souverain d'un pays si sage ait commendé à ^^^n-Amon un tel voyage, en de telles con- ditions.

« Je lui dis : « Il n'y a point de course folle pour ceux à <( qui j'appartiens! // n'y a navires sur le Nil qui ne soient « d'Amon', à lui^ la mer, et à lui^ ce Liban dont tu dis : « // est mienl* » Il pousse pour Userhet, (la barque)

1. Par conséquent 92 kilogrammes d'argent.

3. Id 4

. 14il

368 LA LITTÉRATURE

« d'Amoii qui est le maître de toutes les barques. Las! il « a parlé Amon-R'a, le roi des dieux, disant à Herhor, « mon maître : « Envoie-moi! » Et il m'a envoyé avec ce « dieu grand'. Or, vois, tu as fuit attendre ce dieu grand a pendant vingt-neuf jours depuis qu'il a, abordé à ton <( port, bien que tu pusses savoir qu'il était là. Lui, il « demeure ce qu'il était, tandis que tu marchandes du « Liban, avec Amon, son maître?

Les pharaons antérieurs ont envoyé des présents maté- riels; mais qu'était cela en comparaison de la vie et de la santé! Or, « Amon-R^a, le i^oi des dieux, il est, lui, le maître H de la vie et de la santé. Il était, lui, le maître de tes pères, (( qui passaient leur temps de vie à sacrifier à Amon « Toi-même si tu exécutes son ordre, tu vivras, tu seras « heureux, tu seras en santé, tu seras agréable à ton pays (( tout entier et à ton peuple,.., » mais donne gratuitement le bois à Amon; ne demande pas qu'il te paie.

Le roi envoie en Egypte un messager qui reviemt avec de quoi payer le bois : quatre cruches et un bassin d'or, « cinq cruches d'argent, dix vêtements, dix manteaux (?), « cinq cents rouleaux de papyrus, cinq cents peaux de « bœufs, cinq cents cables, vingt mesures de lentilles, trente (( couffes de poisson sec, et (Tenlamon) m'expédia à moi « cinq pièces de lin royal pour cinq vêlements, une mesure « sac de lentilles, cinq coulFes de poisson sec.

<( Le prince se réjouit; il leva trois cents hommes, trois « cents bœufs, et il mit des officiers à leur tête, pour faire « abattre les arbres. »

Ils les abattirent, et les bois passèrent l'hiver gisant sur le sol ; puis, le troisième mois de la Moisson, on les traîna au rivage de la mer.

... Le prince fait observer à Wn-Amon qu'il lui a accordé

1. L'ambassadeur humain, Wn-Amon, est parti en compagnie de l'am- bassadeur divin, la statue à' Amon du Chemin, en laquelle résidait pen- sait-on — comme une vertu du dieu. Cf. infra.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 369

plus vile qu'à d'autres ambassadeurs égyptiens ce qu'il de- mandait. Et Wn-Amon lui réplique qu'il y a ambassadeurs et ambassadeurs. «... Voyons n'es-lu pas content? Que ne « te fais-tu une tablette sur laquelle tu dirais: « Amon-R'-a, « le roi des dieux m envoya lAmon du Chemin comme son « ambassadeur divin, avec Wn-Amon comme son ambas- « sadeur humain pour le bois de la barque grande et « auguste d'Amon-R'a, le roi des dieux? Je le coupai, Je « le chargeai, je lui fournis des navires et mes équipages « et Je r expédiai en Egypte, afin d'obtenir d'Amon dix (( mille années de vie en plus de ce qui m'était destiné : qu'il « en soit ainsi I Quand, dans l'avenir, un messager viendra « de la terre d'Egypte, qui connaîtra l'écriture et qu'il lira « ton nom sur la stèle, lu recevras l'eau de l'Amenti', « comme les dieux qui y demeurent ! »

(( Il me dit : « C'est un grand témoignage ce que tu me « dis! »

« Je lui dis : « Les nombreuses choses que tu mas dites, « quand je serai arrivé à l'endroit est le grand prêtre « d'Amon, et qu'il aura vu comme tu as exécuté son « ordre(?), il te fera amener des dons. »

« J'allai au bord de la mer à l'endroit les bois restaient, « et j'aperçus onze navires qui venaient du large et qui ap- « partenaient au Zakkala, disant : « Arrêtez-le, et qu'il n'y ait « pas bateau de lui qui aille au pays d'Egypte! » Je m'assis « et je pleurai; le secrétaire du prince vint vint vers moi, et il <( me dit : « Qu'as-tu? » Je lui dis : « Tu vois, certainement, « ces oiseaux qui redescendent vers l'Egypte. Vois-les ! Ils « reviennent à l'étang; mais las! jusques à quand resterai- « je abandonné! Car tu vois certainement ceux-là qui vien- « nent pour m'emprisonner encore !... »

Le prince est attristé; et aux Zakkala qui lui disent : « Nous sommes venus briser ces navires que tu expédies en

1. --- Libations d'eau fraîche faites en faveur des défunts.

2i

370 LA LITTÉRATURE

« Egypte avec nos [...] camarades! », il répond : « Je ne « puis pas arrêter le messager d'Amon dans mon pays, « Laissez que je l'expédie, et puis vous courrez après lui « pour l'arrêter. »

Il « m'embarqua, il m'expédia. Je m'éloignai du port de « la mer et le vent me jela au pays d'Alasia\ Ceux de la « ville sortirent contre moi pour me tuer. Je fus traîné au « milieu d'eux, à l'endroit ou était Heteb", la reine de la « ^alle. Je la trouvai qui sortait d'une de ses habitations « et qui entrait dans l'autre. Je la saluai ; je demandai « aux gens qui se tenaient auprès d'elle : (( Il y a, sûre- <( ment, quelqu'un d'entre vous qui entende la langue de « l'Egypte? » L'un d'eux dit : « Je l'entends! » Je lui « dis : « Dis à ma dame : « J'ai entendu dire, jusque dans « la ville de Thèbes et dans l'endroit est Amon : « On (( agit injustement en toute ville; mais on agit justement au « pays d'Alasia !... «

((Si la mer était en furie et que le vent me poussât au « pays je suis, tu ne leur permettrais pas de me tuer, (( moi qui suis messager du dieu Amou. Je suis quelqu'un « que l'on recherche sans cesse »

... (Le texte est incomplet).

Le prince pr>Éi)ESTrsE'\

D'après Hoeller\ ce texte aurait été copié au début de la XIX^ dynastie; mais, puisqu'il présente un certain nombre de caractères semblables à ceux des papyrus thébains des derniers Ramsès (forme des lettres, usage de certaines liga- tures, tournures grammaticales nouvelles) on peut, avec MASPEH0^ placer sinon la rédaction première, du moins la

1. Chypre {'-r'-s' .

2. H'-ly-h\

3. C'est un des ouvrages (jne contient le Papyrus Harris 500.

4. Hierat. Lesext. H, 81.

5. G. Maspero, Cnnto», p. l'.IO-lO?.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 371

recension que nous donne le Papyrus Harris, vers la (in ou vers \e milieu de la XX^ dynastie au plus tôt.

Un roi nn roi d'Egypte* se voyant sans enfant mâle en demanda un aux dieux: « et ils décrétèrent de lui en faire naitre un. » Quand l'enfant fut né, les déesses Ha- thors lui fixèrent ce destin : « qu'il meure par le crocodile, « ou parle serpent, voire par le chien ! »

Le jeune prince- fut élevé dans un palais que son père lui avait fait bâtir sur la montagne. Quand il fut devenu grand, il fit dire au roi : « Pourquoi être comme les fainéants? « Puisque je suis destiné à trois destinées fâcheuses, quand « même j'agirais selon ma volonté, dieu n'en ferait pas moins « ce qui lui tient au cœur! » On écouta tout ce qu'il disait; on lui donna toutes sortes d'armes ; on lui donna aussi son lévrier pour le suivre; on le transporta à la côte orientale^ On lui dit : « Ah! va tu désires! Son lévrier était avec « lui. Il s'en alla donc, selon son caprice, à travers le pays, « vivant des prémices de tout le gibier du pays. »

Or le prince de Naharinna* n'avait pas d'enfant mâle, mais seulement une fille. Pour celle-ci il bâtit une maison « dont les soixantes-dix fenêtres étaient éloignées du sol de <( soixante-dix coudées. Il se fit amener tous les enfants des

princes du pays de Kharu et il leur dit : « Celui qui attein- (( dra la fenêtre de ma fille, elle lui sera donnée pour « femme. »

« Or, beaucoup de jours après que ces événements furent « accomplis, tandis que les princes de Syrie étaient à leurs <i occupations de chaque jour, le prince d'Egypte étant venu « à passer à l'endroit ils étaient, ils conduisirent le prince « à leur maison; ils le mirent au bain, ils donnèrent la pro-

1 et 2. Ibid. 197-207.

3. Dans le pays que nous appelons la Syrie, comme le montre la suite du récit.

4. Syrie septentrionale.

372 LA LITTERATURE

« vende à ses chevaux, ils firent toutes sortes de choses « pour le prince : ils le parfumèrent; ils lui oignirent les « pieds; ils lui donnèrent de leurs pains; ils lui dirent en <( manière de conversation : « D'où viens-tu, bon jeune « homme? » Il leur dit : « Moi, je suis fils d'un soldat des <( chars du pays d'Egypte. Ma mère mourut; mon père « prit une autre femme. Quand survinrent des enfants, (( elle se mita me haïr; et je me suis enfui devant elle, » « Ils le serrèrent dans leurs bras, ils le couvrirent de « baisers.

« Or, après que beaucoup de jours eurent passé là-dessus, « il dit aux princes : « Que faites-vous donc ici? » Ils lui a dirent : « Nous passons notre temps à faire ceci : nous « nous envolons, et celui qui atteindra la fenêtre de la fille (< du prince de Naharanna, on la lui donnera pour femme. « Il leur dit : « S'il vous plaît, je conjurerai* mes jambes, et <( j'irai m'envoler avec vous. »

Le prince atteint la fenêtre, et malgré les premières répu- gnances du roitelet de Naharanna à prendre pour gendre le fils d'un simple soldat des chars, le mariage a lieu. Il lui donna sa fille pour femme; il lui donna une maison, des vassaux, des champs, aussi des bestiaux et toutes sortes de bonnes choses.

<( Or, après que les jours eurent passé là-dessus, le jeune (( homme dit à sa femme : Je suis prédestiné à trois des- « tins : le crocodile, le serpent, le chien. » Elle lui dit : « Qu'on tue le chien qui court devant toi! » Il lui dit : Sil « te plaît, je ne tuerai pas mon chien que j'ai élevé quand « il était petit! » Elle craignit pour son mari beaucoup, « beaucoup, et elle ne le laissa plus sortir seul. Or il arriva (( qu'on désira voyager. On conduisit le prince vers la terre « d'Egypte pour s'y promener à travers le pays. Or voici, <( le crocodile fleuve sortit du fleuve, et il vint au milieu du

1. Par des procédés ning'K|ues.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIKE 373

« bourg était le prince. » Mais un géant se chargea de « maîtriser le crocodile.

« Un soir, tandis que le prince venait de s'endormir, chez « lui, sa femme emplit un vase de lait et le plaça à côté « d'elle. Quand un serpent sortit de son trou pour mordre « le prince, voici, sa femme se mit à veiller sur son mari « minutieusement. Alors les servantes donnèrent du lait au « serpent. Il en but. il s'enivra, il resta couché le ventre « en l'air; et la femme le mit en pièces avec des coups de (( sa hache. On éveilla le mari qui lut saisi d'étonnement; « et elle lui dit : « Vois! ton dieu t'a donné un de tes sorts « entre tes mains; il te donnera les autres. » Il présenta des « offrandes au dieu, il l'adora, il exalta sa puissance, tous « les jours de sa vie.

Un jour qu'il se promenait « dans le voisinage de son domaine », le prince arriva au fleuve : il fut sauvé du cro- codile par le géant.

Le monstre demanda plusieurs fois au prince de tuer son sauveur et, après plusieurs refus, lui posa cet ultimatum : si, au coucher du soleil, tu ne m'as pas juré de tuer le géant, « tu verras la mort. » Mais le chien avait entendu; il courut à la maison. Sa maîtresse était tout en larmes ; « il « l'attira vers la porte, comme pour l'inviter à sortir. Elle se « leva; elle prit la hache avec laquelle elle avait tué le ser- « peut, et elle suivit le chien jusqu'à l'endroit de la rive « se tenait le géant. » Elle entendit la dernière recomman- dation du crocodile; « elle le frappa de sa hache^ et le « géant se jeta sur lui et l'acheva. » Alors elle embrassa le (( prince et lui dit : « Vois! ton dieu t'a donné le second « de tes sorts entre tes mains; il te donnnera le troisième. « Il présenta des offrandes au dieu, il l'adora, et il exalta sa puissance tous les jours de sa vie. »

Cependant les princes du pays de Kharu, furieux de voir la princesse aux mains d'un aventurier, avaient rassemblé leurs fantassins et leurs chars, ils avaient anéanti l'armée du

374 LA LITTERATURE

chef de Naharinna, et ils avaient fait le chef prisonnier. « Comme ils ne trouvaient pas la princesse et son mari, « ils dirent an vieux chef : « est ta fille et ce fils dunsol- « dat des chars du pays d'Egypte à qui tu Tas donnée pour « femme? » Il répondit : « Il est parti avec elle pourchasser « les bêtes du pays; comment saurais-je ils sont? » Alors « ils délibérèrent, et ils se dirent les uns aux autres : « Par- « tageons-nous en petites bandes et allons de ça et de « par le monde entier, et celui qui les trouvera, qu'il tue le « jeune homme et qu'il fasse de la femme ce qui lui plaira. »

Avertis par le géant, le prince et sa femme se cachèrent avec leur chien dans une caverne; mais les aboiements du

lévrier révélèrent leur présence Frappés par les lances de

leurs ennemis, les infortunés tombèrent à terre sans con- naissance.

« Et voici, quand le dernier des princes se fut retiré, le « jeune homme ouvrit les yeux, et il vit sa femme étendue « par terre, à côté de lui, comme morte, et le cadavre de son (( chien. Alors il gémit et dit : « En vérité, les dieux accom- « plissent immuablement ce qu'ils ont décrété d'avarice. Les (( Hathors avaient décidé, dès mon enfance, que je périrais « par le chien, et voici, leur arrêt a été exécuté, car c'est le u chien qui m'a livré à mes ennemis. Je suis prêt à mourir « car, sans ces deux êtres qui gisent à côté de moi, la vie « m'est insupportable. » Et il leva les mains au ciel et « s'écria : « Je n'ai point péché contre vous, ô dieux ! C'est « pourquoi accordez-moi une sépulture heureuse en ce « monde et la i>oix j'uste^ devant les Juges de F A mentit. » Il retomba comme mort. Mais les dieux avaient entendu sa voix, et l'Ennéade des dieux vint vers lui, et R'a-IIar- makhis dit à ses compagnons : « Le destin s'est accompli; <( maintenant donnons une vie nouvelle à ces deux époux, « car il convient de récompenser dignement le dévouement

J. Nous avons expli(jiié cette expression, p. 279; et voir l'Iudex.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 375

« dont ils ont fait preuve run pour l'autre. » Et la mère des dieux approuva de la tète les paroles de R'a-Harmakhis.... les autres dieux approuvèrent aussi. Puis, les sept Ilathors dirent ; « Le destin est accomplit : maintenant qu'ils « reviennent à la vie! » Et ils revinrent à la vie.

Roman des deux fhères'

Ce récit est fait, en réalité, de deux ou trois contes sou- dés bout à bout au moyen de simples incidents destinés à faciliter le contact.

Deux frères, l'un marié, l'autre célibataire, habitent ensemble et s'occupent aux mêmes travaux. La femme de Faîne s'éprend du cadet au vu de sa force: elle voudrait, profitant de l'absence du mari, satisfaire un accès de passion. Bitiu refuse. Pour se venger, elle l'accuse de l'action hon- teuse qu'elle-même avait proposée et le charge avec tant d'adresse que le mari, persuadé et exaspéré, se décide à tuer son frère. Mais celui-ci, averti par le bœuf qu'il ramenait, s'enfuit, échappe à la poursuite, se mutile, se disculpe, mais refuse de revenir à la maison commune. Il s'exile au Val de de Tarbre ash. Anpu, le frère aîné, rentre chez lui déses- péré; il égorge la calomniatrice et « demeure en deuil de son petit frère. »

C'est un premier conte.

Il est suivi d'une série de prodiges extraordinaires qui occupent tout le reste du roman. Par exemple, Bitiu, retiré <iu Val pour y vivre dans la solitude, dépose son cœur sur une fleur^ de l'arbre ash; mais les dieux, visitant la terre,

1. Papyrus Orbiney, du Brilish Muséum. Ce texte a été reproduit, tra- duit et analj'sé bieu des fois. (Citons les deux reproductions manuelles : WiLL. N. Grofk, Elude sur le Papyrus d'Orbiney, Paris, 1888, et Budge, Égyplian reading Book, p. 1-40, et la traduction de G. Maspero dans Les Contes populaires de l'Egypte ancienne, k^ éd., p. 3-21.

2. L'idée d'enchanter son cœur, de le placer en lieu sûr, par exemple au sommet dun arbre, afin qu'aucune puissance ne puisse prévaloir conti'e le

370 LA LITTÉRATURE

prennent Biliu en pitié et lui font une femme. Gomme il l'aime éperdumenl, il lui confie son secret et lui ordonne de ne pas quiter la maison, car le Nil, est épris de sa beauté et ne manquerait pas à vouloir l'enlever. Mais un jour que Biliu est à la chasse, sa femme sort. Le Nil est sur le point de s'emparer d'elle;, lorsque l'arbre ash la sauve en jetant au fleuve une boucle de ses cheveux. Cette épave, charriée jus- qu'en Egypte, est remise au pharaon qui, conseillé par ses magiciens, envoie à la recherche de la fille des dieux. Les envoyés usent de force et échouent; ils réussissent par la ruse : ils coupent Y ash, et aussitôt Bitiu meurt. Au bout de quatre ans, il est ressuscité, grâce à Anpu, et songe à se venger. C'est désormais, entre l'épouse infidèle et le mari outragé, une lutte d'adresse magique et de méchanceté. Bitiu se change en taureau; la fille des dieux fait égorger le taureau. Son sang, touchant le sol, en fait jaillir deux perséas, qui dénoncent la perfidie : la fille des dieux fait abattre les per- séas, dont elle ordonne de façonner des meubles en sa pré- sence. Un copeau, envolé sous l'herminette des menuisiers lui entre dans la bouche; elle l'avale, elle conçoit, elle met au monde un fils qui succède au pharaon, et qui est Bitiu réincarné. A peine monté sur le trône, il assemble ses con- seillers, leur expose ses griefs et envoie au supplice celle qui, après avoir été sa femme, était devenue sa mère malgré elle.

Citons une partie du premier récit incorporé dans le roman.

« Il y avait une fois deux frères d'une seule mère et d'un « seul père : Anpu ' était le nom du grand et Bitiu* le nom du

corps qu'il anime quand même, est fréquent dans les littératures popu- laires. Lepage-Renouf en a cité, jadis un certain nombre d'exemples dans .\Z, 1873, 136 s, et PSRA, XI, 177 s.

1. Inpw, nom primitif du dieu que les Grecs appelleront Antibis,

2. Ritiu, Baiti, Bêti, Bull, nom d'un dieu très ancien à double tête do taureau.

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 377

0 petit. Or Anpu, lui, avait une maison et une femme, mais « son petit frère' était avec lui comme un serviteur. C'était « lui qui faisait les vêtements, tout en allant derrière ses « bestiaux aux champs. C'était lui qui faisait les labours, « battait le grain (?), lui qui exécutait tous les travaux des « champs; car ce petit frère était un ouvrier excellent, et « il n'y avait point son pareil dans la Terre-entière -, mais « le germe de tout dieu était en lui. Bien des jours après cela, « lorsque le petit frère était derrière ses bestiaux, selon sa « coutume de tous les jours, il venait à sa maison chaque « soir chargé de toutes sortes d'herbes des champs : il les « déposait devant son grand frère qui était assis avec sa « femme. Il buvait, il mangeait, il dormait dans son étable, (( avec ses bestiaux, chaque jour. Et quand la terre s'éclai- « rait et qu'un second jour était, dès que les pains étaient « cuits, il les déposait devant son grand frère, et celui-ci (( donnait des pains pour les champs. Il poussait^ ses bes- « tiaux pour les faire manger aux champs, et tandis qu'il « allait derrière ses bœufs, ils lui disaient* : « Elle est bonne « l'herbe en tel endroit! » Or, lui, il écoutait tout ce qu'ils « disaient et les menait au bon herbage qu'ils désiraient. « Eux, donc, les bœufs, qui étaient avec lui, ils devenaient « beaux, beaucoup, beaucoup, ils augmentaient beaucoup, « beaucoup, beaucoup.

« A la saison du labourage, son frère lui dit un jour : « Prenons nos attelages pour nous mettre à labourer, car « les champs sont sortis de l'eau, et ils sont bons à labou- « rer. Toi, donc, va-t-en aux champs avec les semences, car « nous nous mettrons à labourer demain matin....

1. Frère cadet.

2. La Terre-entière désigne la terre de l'Egypte du Nord et de l'Egypte du Sud.

3. Littér. : il excitait.

4. Un récit (Papyr. de Berlin 3, 1. 156-191), antérieur à la XVIII^ dyn., montre que le bon berger devait être un peu magicien pour protéger son bétail.

378 LA LITTÉRATURE

« Bien des jours après cela, landis qu'ils étaient aux « champs et qu'ils houaieni (?), le grand frère dépêcha son « petit frère, disant : « Cours, apporte-nous des semences « du village! » Le petit frère trouva la femme de son grand « frère assise â sa coiffure. Il lui dit : « Debout! donne- « moi des semences que je coure aux champs, car mon « grand frère (a dit) en m'en voyant : « Point de relard ! » « Elle lui dit : « ^'^a, ouvre le grenier, toi, emporte ce que « désire ton cœur, de peur que ma coiffure ne tombe en « allant. »•. » Le jeune homme entra dans son étable, il « emporta une grande jarre, car son intention était de « prendre beaucoup de grain ; il se chargea de blé et d'orge « et il sortit sous le faix. Elle lui dit : « Quelle est la quan- « tité qui est sur ton épaule? » Il lui dit : « Orge, trois « mesures ; froment, deux mesures; en tout : cinq mesures. « Voilà ce qu'il y a sur mon épaule. » Ainsi lui dit-il. Mais « elle, elle lui adressa la parole en disant : « Il y a grande « vigueur en toi, et j'observe tes forces chaque jour.... »

Fâ^ entraînée par la passion, elle lui proposa le mal

<( Le jeune homme devint comme une bête sauvage- du « sud en rage grande, à cause des vilains propos qu'elle lui (( disait et elle eut peur beaucoivp, beaucoup. 11 lui adressa « la parole en disant : « Mais tu es pour moi comme une « mère! mais ton mari est avec moi comme un père, car il « est mon aîné et il me fait vivre! Ahl cette grande infamie « que tu as dite, ne me la dis pas de nouveau, et moi je ne « la dirai à personne, et je ne la laisserai échapper de ma « bouche pour personne. »

... Le soir, au moment les deux frères avaient coutume de rentrer des champs, la femme qui craignait la suite des propos qu'elle avait tenus « s'accoutra comme qui aurait été

1. La coilfure fies Eg-yptiennes élail compliquée, elle exigeait plusieurs heures; mais on ne la renouvelait qu'après un intervalle de plusieurs jours, ou même de plusieurs semaines.

2. EuMAN-GnAPOvs', Aeg. IIW : Bôckchen (chevreau, cabri).

EN EGYPTE NOUVEL EMPIRE 379

« roué de coups par un malfaiteur' », afin d'accuser le jeune frère de ces mauvais traitements.

Quand donc le mari rentra, « il trouva sa femme gisante « et se mourant pai' suite comme de violence; elle ne lui « versa point de l'eau sur les mains selon son habitude de « chaque jour, elle fit pas de lumière devant lui, sa maison « était dans les ténèbres.... Son mari lui dit: « Qui donc a « parlé avec toi? » Voilà qu'elle lui dit : « Nul n'a parlé « avec moi si ce n'est ton petit frère. Lorsqu'il est venu « prendre pour toi des semences, me trouvant toute seule », il m'a proposé une chose criminelle. Je ne l'écoutai point : « Mais, ne suis-je pas, moi, ta mère? ton grand frère n'est-il « point pour toi comme un père? » Ainsi lui dis-je. Il eut « peur; il me battit pour que je ne te fisse point de rapport. « Si donc tu le laisses vivre, je me tuerai; car, vois, quand « il reviendra, le soir, comme je me suis plainte de ces « vilaines paroles, ce qu'il fera est évident. »

« Le grand frère devint comme une bête sauvage du sud"; « il donna du fil à son couteau, il le prit dans sa main. « L'aîné se tint derrière la porte de son étable afin de tuer « son petit frère, lorsque celui-ci viendrait, au soir, pour « faire entrer ses bestiaux à l'étable »

Mais la vache de tête, au moment d'entrer à l'étable fit connaître au cadet le sort que son aîné lui réservait. Le « petit frère » invoqua alors le dieu soleil, R'a; et celui-ci « fit j)araître une eau immense entre lui et son grand frère, « et elle était pleine de crocodiles. »

Le frère cadet cria à son aîné, sur l'autre rive, que le lendemain matin, au lever du soleil, il se justifierait de l'ac- cusation calomnieuse. Et c'est ce qui eut lieu : « Pourquoi, « dit-il au frère aîné, viens-tu derrière moi afin de me tuer « en fraude, sans avoir entendu ce que ma bouche avait « à te dire? Mais moi je suis réellement ton petit frère ! Mais

1. 'dj'w.

2. Expression consacrée pour dire qvie quelqu'un se met en colère.

380 LA LITTÉRATURE

« toi, lu m'es comme un père! Mais La femme m'est comme

« une mère. » Et il lui raconta le détail de ce qui s'était passé... « puis, il prit un couteau ». se mutila, s'affaissa

« et s'évanouit. Le grand frère en maudit son cœur beau-

<( coup, beaucoup: et il resta à pleurer haut; il ne pou-

<( vait pas passer sur la rive était son petit frère, à cause

« des crocodiles. »

Nous avons résumé, plus haut, la suite du récit.

Cette aventure fait songer au récit biblique de Putiphar» ; ce que l'on rapporte dans les deux documents est un mor- ceau d'histoire trop humaine pour que l'on soit autorisé à admettre la dépendance littéraire d'une narration par rapport à l'autre-.

Période saïte.

La marche de la civilisation, le contact quotidien, inévi- table, avec le monde hellénique et avec d'autres peuples, la nécessité d'entrer avec eux en relation écrite, surtout pour les affaires, amena à créer pour la langue populaire une écriture spéciale, pluscursive que le hiératique. Ce fut l'écri- ture démofique, inventée par on ne sait qui, peut-être par quelqu'un (ou par quelques uns) des écrivains publics qui, dans les marchés, assis par terre, écrivait pour les gens leurs lettres d'atfaires. C'était un progrès; ce n'était pas l'idéal, car l'écriture démotique offrait surtout pour des étrangers, de très réelles difficultés.

Avec la XXL' dynastie (1'"'' période saïte), commence,

1. Pa-di-pa-IVa :=Cehii (jiie donne le dieu li'a; en Copie n6T€<l>pi.

2. D'ailleurs, on a signalé la môme analogie entre le conte égyptien et telle légende grec(jue {Iliade, Z 1.^5-210), et telle autre des Mille et une nuits, 221-249.

EN ASSYRO-BABYLONIE 381

pour la littérature égyptienne, la décadence qui finira dans l'Hellénisme.

(C'est au cours de première moitié de la 1'" période saïte que David règne à Jérusalem).

Nous n'avons aucun document intéressant à citer de cette période.

On continue décrire des chroniques amusantes (romans historiques). Le petit peuple, dépouillé ou battu, y prend sa revanche quelquefois sur le pharaon qui lécrase, en le représentant dans des situations qui contrastent avec celles de l'imagerie religieuse. C'est ainsi que, dans ï Histoire d'un Matelot^, par exemple, le pharaon s'enivre sans ver- gogne, sous les yeux de ses intimes.

1. Aux temps plolémaiques. Le texte a été publié, étudié et traduit par E. Revillout dans la Rev. Égi/plol., 1 (1880), 49-82, IX (1000), 2-3; XII (1908), 113-116.

CHAPITRE III DEPUIS LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE JUSQU'A JÉSUS-CHRIST

Les Assyriens avaient usé leurs ennemis, mais ils s'étaient usés aussi; à la fin, il furent sans nerfs et sans ressort contre l'irruption de peuples nouveaux. Nabopolassar, roi de Baby- lone, se déclara indépendanl de son suzerain d'Ashsliur, Saracos, et appela à son aide les Mèdes : Cyaxare s'empara de Ninive, en 607, et fit de T Assyrie une province de ses États, tandis que Nabopolassar s'attribuait la suzeraineté de la Mésopotamie, de la Syro-Palestine, de TEIam et même de l'Egypte.

Ce dernier pays se ressaisit avec Néchao. Battu par Nabucbodonosor, à Karkemish, en 604, le pharaon refit sa flotte et son armée en silence, tandis qu'à son instigation. Jérusalem prenait son parti, malgré V opposition de Jérémie, et se soulevait contre le grand ennemi de l'Est. Mais Juda fut broyé; et l'Egypte enregistra une défaite de plus.

Là-bas, à Babylone, dont Nabucbodonosor avait fait une des plus belles villes du monde, les Juifs exilés ne pouvaient oublier Sion, dont les oracles d'Ezéchiel, puis ceux de Daniel, ravivaient le souvenir. Mais... encore un peu de temps, et l'orgueilleuse Babylone tombera, à son tour, au pouvoir de l'étranger. Cyrus le Perse devenu le maître du monde oriental, les Juifs pourront rentrer dans leur patrie et relever leur temple et leur capitale. C'est le temps des prophètes Aggée, Abdias, Zacharie, Malachie, Joël; le temps Néhémie et Esdras déploient leur activité.

Rien d'intéressant, à notre point de vue, que nous ayons à citer dans la littérature de l'I'^gypte.

EN ASSYRO-BABYLONIE SS'i

ARTICLE PREMIER

En Assyro-Babylonie.

A. Pour la science.

Des scribes ou des dévols du dieu Nabû' copiaient ou faisaient copier des documents dans les écoles de Borsippa ou d'Uruk en l'honneur du dieu des sciences et poui^ le salut de leur vie-. Ces tablettes, déposées dans les temples devaient servir aux apprentis scribes'\

/. Sur la copie d'un vocabulaire.''.

a ... En riionneur de la déesse Ninni\ sa dame, pour le <( salut de sa vie, la prolongation de ses jours, la conservation « de sa prostérité, pour qu'il n'ait pas de maladie, a fait <( écrire cette copie et l'a placée dans le temple Eanna.

« Le savant qui n'écarlera pas le document, mais en son <( portoir replacera, que la déesse Ninni le voit avec contente- « ment ! Celui qui le ferait sortir d'Kanna, qu'elle le dénonce « en colère ! »

2. Sur une autre copie''.

On met encore en garde contre les détournements et les détériorations ;

(( Celte copie, Nabû-Kusurshu a écrite et contrôlée. Le (( clerc qui craint les dieux Bel et Nabù, bors de l'Archive

1. Dieu des sciences et de la liLtérature.

2. Ils notaient cela dans vin posl-scriplum. Cf. texte ci-dessus,

3. Cela leur épargnait des frais ou du temps. Cf. Eccl, XXXVII, 24 : La sagesse du scribe s'acquiert à la faveur du loisir. Voir XXXIX, 1-11.

4. Transcrit et traduit par V. Scheil, RA XV (1918), 143, notule LV, A.

5. Nom sluimérien de la déesse Islitar.

6. Transcrit et traduit par V. Scheil, ibid., 144, E. Ces deux docu- ments smit du temps d'Artaxerxès I'^'' (465-425).

384 LA LITTERATURE

« ne l'emportera pas, et, dans son contenu, n'endommagera <( pas ! »

B. Rituels.

Extrait d'un Rituel du kalû.

Le kalù était un prêtre babylonien dont la principale fonction était d' « apaiser le cœur des dieux ». Pour cela, il chantait des hymnes lyriques écrits en eme-sal^ en s'ac- compagnant d'un instrument à percussion : timbale, (yrn- panum ou tambourin.

Le principal de ces instruments de musique était la tim- bale [lilissu), qui était faite partie en métal, partie en peau, et qui avait la forme d'une timbale'.

Citons un texte de V époque séleucide^ sont décrits les rites à observer pour couvrir de sa peau la timbale sacrée-.

« Lorsque [tu te proposeras] de couvrir le lilissu d'airain,

« un bœuf sans défaut^ noir^ dont les cornes et les sabots

u sont intacts^ depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue

<( un connaisseur idoine l'examinera : si son corps est noir

« comme du bitume, pour les rites et observances il sera

« pris. S'il est tacheté de sept (toufTes de) poils blancs

« en forme d'étoiles, si du bâton il a été frappé, ou du

(( fouet il a été touché, pour les rites et observances il ne

« sera pas pris.

« Lorsque tu introduiras le bœuf dans la maison de science,

« en un jour favorable, tu iras te placer debout à côté du

« bœuf, tu balayeras (?) le sol, tu feras une aspersion d'eau

« pure Deux briques, à droite et à gauche de la maison

« de science^ tu poseras. Tu feras une elTusion (d'arômes i

« pour les dieux du ciel, les dieux du ciel et de la terre et

« les grands dieux. Tu répandras de la bière de première

\. RA XVI (1910) 145 : reproduction du dessin du lilissu qui se trouve *ur un fragment de Rituel conservé au Musée de Bruxelles (0 175). 2. Thureau-Dangin, liituels accadiens (In-4, Paris, 1921) 11 suiv.

EN ASSYRO-BABYLONIE 385

« qualité. Le bœuf dans la maison de science tu l'intro- « duiras.

« ïu placeras une natte; sous la natte du sable tu [verse] « ras, et de sable tu entoureras les côtés de la natte. Ce « bœuf, sur la natte tu le feras se tenir; puis, avec une « corde en poil de chèvre [par le jarjret tu rattacheras. De « la bière... dans une timbale d'airain, en face du bœuf tu « placeras. Deux bénitiers pour les dieux Azag-sug et Nin-a- <( kha-kud-du tu installeras. Deux tables d'offrande tu instal- « leras : sur chacune, 7 pains d'orge^ 7 pains de blé, de la « confiserie de miel et crème, des dattes et de la farine sha- « shqû tu placeras, de la bière, du vin, du lait, tu y instal- <( leras; un vase adagurru tu y installeras... (Dans la partie <y mutilée, il est question de : cyprès, vase à boire, laine « blanche, poil de chèvre, tamaris, huile de cèdre, brûle- « parfums, torche, (cuisse) droite, reins, viandes rôties.

« iS briques tu poseras : 1 2 linges par-dessus tu poseras ; « les 12 dieux par-dessus tu les feras siéger.

u De l'eau du bénitier de Nin-a-kha-kud-du tu ofFri- « ras ; puis tu purifieras les apprêts de sacrifice, tu installeras « i^ tables d'' offrandes, 12 sacrifices tu offriras : la (cuisse) « droite, les reins, des viandes rôties tu présenteras. Tu « répandras de la bière de première qualité, du vin, du lait. « tu verseras des graines (aromatiques); tu installeras le <( lilissu.

« Une brique pour le dieu Lumkha» tu poseras; une table « à offrandes tu installeras; un sacrifice tu offriras; la « (cuisse) droite, les reins et des viandes rôties tu présen- ce teras; tu répandras de la bière de première qualité, du « vin, du lait. Tu installeras de l'eau devant ces (dieux); tu « tendras des toiles. A ce bœuf tu feras le lavage de la « bouche.

« L'incantation (intitulée) Gu-gal gu-makh u ki ush

1. Son nom était écrit D. Balag ; dieu du tympanum [ba.laggu), le patron du kalû. L. c. p. 48, n. 13.

25

38(; LA LITTÉRATURE

« azag-gu,, au moyen d'un chalumeau en roseau aroma- (( tique, à l'intérieur de son oreille droite tu murmureras. « L'incantation A Ipii i-lil-lum Zi-i at-ta-ma^ au moyen d'un « chalumeau en roseau aromatique, à l'intérieur de son « oreille gauche, tu murmureras. Avec de l'essence de cèdre « tu l'aspergeras; au moyen du brûle-parfums et de la « torche tu le purifieras; de shizurruin l'entoureras ». {On indique ensuite un morceau à chanter et un autre à réci- ter ; ensuite) (^ ce bœuf tu l'immoleras; puis, tu allumeras « [un feu] de cèdre, et son cœur avec du cèdre, du cyprès, « de la poudre (aromatique) matskhatu^ devant le lilissu (( lu le brûleras. Le tendon de son épaule gauclie !u pren- « dras, puis tu enterreras dans une étoffe rouge le corps de « ce bœuf : de l'huile de gunnu par-dessus tu jetteras; sa « face vers l'occident tu placeras.

« La peau de ce bœuf, tu la prendras; puis, dans de la « farine pilée de pure Nisaba, dans de l'eau, de la bière de « première qualité, du vin, tu la tremperas; dans de la « graisse fine d'un bœuf pur et des aromates (pris) du cœur « de leurs plantes avec 4 qa de farine de malt, 4 qa de farine « hitqa^ { (qa de farine) kur-ru tu la placeras; avec la noix « de galle et de l'alun du pays des Hittites tu le presse- « ras; tu (en) couvriras le lilissu d'airain. Une corde de lin « par-dessus tu tendras. Des baguettes en bois de musu- <i kannu, en buis, en cèdre, en uskù et le reste de toutes « les baguettes en bois dur pour le lilissu d'airain avec du « vernis pur (tu teindras).

(' Avec le tendon de son épaule gauche tu consoHderas (?) (( (la fermeture de) la porte du lilissu. La corde tu la dénoue- « ras, puis un napdû tu poseras sur (le lilissu).

« Le contenu de la panse du l'enterreras.

« Tu feras les apprêts d'un sacrifice pour le dieu Lum- « kha; (ce) sacrifice, tu l'offriras : la cuisse droite, les reins, « des viandes rôties, tu présenteras; tu répandras de la « bière de première qualité, du vin et du lait.

EN ASSYRO-BABYLONIE 387

« Anu, Eiilil etÉa, les grands dieux, Lugal-girra el Mes- <t lam-ta-è-a, Zi-sum-mu* qui est dans Nippnr, Bigiikhush (( =Shuzianna de l'abîme. [Suivent les noms de quelques « autres dieux.)

« Au quinzième jour, le lilissu d'airain vers la face de « Shamash tu le feras sortir. Les apprêts de cinq sacrifices « pour les dieux Êa, Shamash, Marduk, Lumkha et le divin « lilissu lu feras; (ces) sacrifices tu les offriras : (la cuisse) « droite, les reins, des viandes rôties tu présenteras; tu « répandras de la bière de première qualité, du vin, du lait, « au moyen du brûle-parfums et delà torche tu purifieras, « avec l'eau du bénélier Lu sanctirieras.

« Enki Ulu.. . za-de-de trois fois tu réciteras. Le lavage de « bouche... au (lilissu) tu feras. Avec de la graisse fine et « l'huile bar-ge tu l'oindras.... Les apprêts (des sacrifices) « tu les rompras. Au moyen du brûle-parfums et de la « torche lu les purifieras. Tu prendras la main du lilissu (et « tu le conduiras) en face des dieux; puis lu l'installeras « parmi des graines (aromatiques) . La lamentation (intitulée) « Lugal-e-dim-me-ir an~ki-a lu la feras.

« Ces rites que tu feras, le novice les verra ; l'élranger, <( l'intrus, ne doit pas les voir, (sinon) ses jours seront rac- « courcis. Que l'initié à l'initié les montre! Le profane ne « doit pas les voir. C'est parmi les choses interdites d'Anu, « Enlil et Ea, les grands dieux. »

Les fêtes du second nouvel an a Erek

ou l'aKITU du mois de TlSHRlT^.

L'usage paraît avoir été très général, et dès les plus hautes époques, en Babylonie et en Assyrie, d'honorer le dieu par une fêle dont le rite essentiel était la marche processionnelle

1. Zi-sum-mu :=.Nin-sig.

2. Dans Thukeau-Dangin, Bituels accadiens In-4. Paris, 1921 ; texte cunéif. p. 66-67 ; transcription et traduction, p. 89-96.

388 LA LITTÉRATURE

de ce dieu de son temple ou palais principal de la ville à une sorte de temple de plaisance qui se trouvait à la cam- pagne : ce dernier temple et la fête dont nous parlons s'ap- pelaient akilu.

Cette fêle akitu était, semble-t-il, pour chaque dieu, la principale fête de Tannée. A Babylone, Vakitu du dieu Mar- duk ouvrait l'année au printemps; à Erek, ï akitu d'Anu et à Ur Vakitu de Nannar se dédoublaient en fête du prin- temps et en fête de l'automne'.

Cependant, Vakitu n'avait peut-être pas partout le carac- tère d'une fête du nouvel an.

Le texte que nous allons citer a pour objet Vakitu d'au- tomne à Erek, ou akitu du second nouvel an, au mois de Teshrît, le 7" mois^.

Ce texte est de Vépoque des Séleucides. Les cérémonies y sont énumérées sommairement parce qu'elles étaient les mêmes qu'au mois de Nisan.

« Qu'en la parole d'Anu et d'Antu ceci reste intact !

« Mois de Tîshrît, premier Jour : Enlil, Ea et les (dieux) « d'Uruk seront vêtus.

« Le char d'Anu en argent, le char d'Anu en or, une fois « par jour jusqu'au 8** jour, avec le petit (repos) du matin, à « la haute akitu d'Anu iront : les chantres devant eux iront.

« Les rites... dans l'E-khi-li-azag-ga Vê-nir de TÈ-ki-li- « an-na, le temple de Nanâ seront réglés.

« 6" Jour : Adad, Shamash, Lugal-marda et Nin-sun « seront vêtus. Dans la première veille de la nuit le béni- « tier sera installé.

1. Voir la peuve, 1. c. 87-88.

2. Les fêtes duraient une semaine. C'était le 7* jour que l'on fêtait avec le plus de solennité et que la procession du grand temple h l'akîtu était la plus grandiose; mais il y avait une procession chaque jour de la semaine.

EN ASSYRO-BABYLONIE 389

« 7^ Jour : réveil du temple par les « kalîi » et les « chantres; les boulangers, pains et chants de Joie; les « viandes rôties, chair de bœuf et mouton, « kalû » d'of- « frande régulière ; V ensemble des bières de première qua- « lité avec le « vin pressé » et le lait; les dattes, le mélange « fermenté de bonne qualité et le mélange fermenté « labku »; les « tirnât », Jarres et récipients; Ventrée (F) « de Pap-sukkal et Gusfhkin-azag-banda dans le sanctuaii-e; « la véture d'Anu et Antu et la vêture d''Ishtar; la mise « en place du bœuf entre les toiles^ ; les chants des chantres « et des « kalû »; les « guqqanû » qui suivent la véture et G V offrande de fleur de farine (?); la purification du « temple; la procession par les rues et en barques et le « (temple d'J akîtu ; les apprêts et ^enlèvement des repas u du matin et du soir, comme au l*" Jour de ISisan, idem.

« Séjour : la porte devant Anu et Antu sera ouverte; puis « Papsukkal se lèvera; ensuite, à la sublime porte il des- « cendra; puis, dans la maison... sa station, il se placera « dans la direction d'Anu. Nusku, Sha et Azag-sug se lève- « ront, puis s'arrêteront à côté de Pap-sukkal. Le tallu « d'or du temple à Anu sera remis. Les armes- (divines), « les soleils^ et les chars se lèveront, puis dans la sublime- « cour se placeront dans la direction d'Anu. Adad, Shala, « Sin, Palil, Lugal-marda et Nin-sun de leurs temples se « lèveront, puis à la sublime cour descendront, puis dans « la direction d'Anu se placeront.

« L'eau des mains à Anu et Antu (le prêtre) présentera, « puis il en touchera le roi et le peuple, Il fera une libation « avec un vase d'or, puis le repas et les viandes rôties brû-

1. Birit shiddi; cette expression paraît désigner une sorte de tente, un reposoir fait de pièces d'étoffes tendues. Voir ce qui est dit, un peu plus loin, d'Anu qui arrive dans les toiles et s'assied sur un trône d'or. Cf. 1. c. p. 50, n. 14.

2. Les « armes », c'est-à-dire les emblèmes (shurinnu) des dieux. L. c. 95, n. 2.

3. Même remarque.

390 LA LITTÉRATURE

« lantes sur des plais d'or à Anu il présentera ; les plats d'or « présentés à Anu, il les fera passer devant les dieux qui « sont dans la sublime-cour.

« Pap-sukkal ira, puis sur 1-Ê-ka-bi-dug-ga il s'arrêtera. « Le prêtre avec un vase d'or fera un libation, puis Pap- « sukkal et les incantateurs prendront la main d'Anu, puis « en compagnie des incantateurs (Anu) sortira, puis un « prêtre ceint de la nibittu portefa devant lui le sceptre « royal; puis, comme Anu arrivera dans les toiles, il s'as- « siéra sur un siège d'or entre les toiles. (Le prêtre présen- « tera l'eau des mains. Sur le lieu des offrandes il fera une « effusion (d'arômes), puis un sacrifice de bœuf et de mou- « ton devant devant Anu il offrira : le cœur du bœuf et la « tête du mouton il placera devant (Anu). Il renA^ersera sur « le cœur une écuelle d'or (pleine) de poudre (aromatique) « matskhaiu. Avec un vase de vin il fera une libation sur la « tête du mouton. Il présentera l'eau des mains à Anu, puis « [il en touchera le roi et le peuple]. Il fera une libation

« avec un vase d'or; puis, Pap-sukkal et Nusku [la-

« cune).

G. Littérature historique.

Nabopolassar (625-604), fondateur de la dynastie néo-babylonienne.

Reconstruction du temple de In-urta'.

Après ses campagnes contre les Assyriens, Nabopolassar reconstruisit le temple du dieu des armées, In-urta :

« ... Alors l'Epatutila^ temple de In-urla, à Babylone, « que, avant moi, un roi précédent avait fait faire, mais

1. St. Langdon, Neuhabyl. K.-lnschr. : Nabopolassar, 4, 22-30. On lit le même texte sur le cylindre de fondation de lEpatutila. R. Koldewey, l. c , p. 226, avec une trad. de Meissneb, p. 225.

2. E-pa-tu-ti-la = hit /chat-tu-balHti= maison du sceptre de vie.

EN ASSYRO-BABYLONIE 391

(( n'avait pas achevé sa bâlisse, ma résolution fut de rebâ-

« tir à nouveau ce temple ; jfe levai donc les foules des dieux

« Enlil, Shamash et Marduk, je leur fis porter la pioche', je

« leur fis imposer le coussinet- [T)^ j'achevai sans inlerrup-

« tion le travail du temple; je fis disposer pour sa toiture

« de nombreuses poutres, je consolidai à ses portes de

(( hauts battants; je fis briller ce temple comme le soleil et,

« pour mon seigneur In-urta, je le rendis éclatant comme

« le jour, »

Nabuchodonosor II (604-561).

Il est célèbre, dans l'Histoire babylonienne, par ses cam- pagnes en Syrie et en Palestine, et par les travaux somp- tueux qu'il fit exécuter pour embellir Babylone. Ce fut ce monarque qui, après avoir incendié Jérusalem, emmena en captivité les soldats, les prêtres, les scribes et toute la classe influente.

1. Travaux d'kmheli.issement^.

« Lorsque le dieu Marduk, le grand Seigneur, m'eut créé « légitimement, il me commanda solennellement de mainte- « nir l'ordre dans le pays, de garder* le peuple, d'élever les « villes, de rebâtir les temples. Moi, j'obéis % plein de « crainte,

(( J'achevai Babylone, la ville sublime, la ville de sa sei- « gneurie, et ses grandes murailles l'Inigur-Enlil** et leNimit- « ti-Enlil"'. Au seuil de ses portes, je plaçai d'énormes taU'

1. Allu.

2. Dupshikku.

3. V R 34 in BA III, 542-544, Col. I, ll-II, 2,

4. Littér. : pascere.

5. U-ta-qu; cf. arab. : waki'a.

6. C'est le dûru de Babylone, c-à-d. la muraille avancée.

7. C'est le shalkhu de Babylone, c-à-d. la muraille interne.

392 LA LITTERATURE

(( veaux et des cérastes\ Ce qu'aucun roi antérieur n'avait « fait, mon père avait entouré la ville de ses murailles^ en '< asphalte et en briques cuites; et moi j'élevai, en asphalte « et en brique cuites, une puissante muraille, la troisième, « longeant les autres, et je les unis et réunis aux murailles (( de mon père. J'assis leur fondement sur le seuil même « des enfers^ et j'élevai leur faîte aussi haut qu'une mon- « tagne. D'un mur* de briques cuites, dans la direction « de l'Occident, j'entourai la muraille avancée^ de Baby- « lone. Le mur de canalisation de l'Arakhtu en asphalte « et briques cuites mon père avait bâti; il avait construit « au delà de l'Euphrate un quai en briques cuites, mais il « n'avait pas achevé. Moi, son premier né, le chéri de son « cœur, je bâtis le mur de canalisation de l'Arakhtu en « asphalte et brique cuites, et avec le mur que mon père « avait bâti, je le fortifiai*'.

« Dans l'Esagil, sanctuaire" terrible % grande maison du « ciel et de la terre, de meurede délices, je fis recouvrir d'or « brillant l'Ekur, chapelle du dieu Marduk, seigneur des « dieux, Kaduglisug demeure de la déesse Zarpanit% l'Èzida « demeure du roi du ciel et de la terre, et je le fis briller « comme le jour. Je rebâtis rÈtemen-anki'% la ziggurat de « Babylone. Je rebâtis à Borsippa l'Èzida, le temple nor-

1. iV/us/i-rus/is/ié = animaux fantastiques avec une tête et un corps de serpent à quatre pattes, les deux de devant armées de griffes et celles de derrière de serres.

2. Ka-a-ri khi-ri-ti-shu = mur de son fossé.

3. Ina irai kegalli.

4. K-a-ari.

5. Dûri.

6. Voir, sur ce point, le résultat des découvertes récentes de R. Kolde- WEV (D. wied. Babylon. §§ 21 et 22).

7. Kissu.

8. Expression qui rappelle le texte biblique : Quam terribilis locus iste! hic donius Dei est et porta coeli.

9. Parèdre du dieu Marduk.

10. C'est-à-dire : maison qui est le fondement du ciel et de la terre. Sur ce monument, voir R. Koldewey : 1. c. § § 30 et 34.

EN ASSYRO-BABYLONIE 393

« mal*, le temple chéri de Nabû; sous l'or et les pierres « précieuses je le fis resplendir comme le firmament'. »

2. Reconstruction des temples^

« L'Émakh*, temple de la déesse Nin-makh^, l'E-nigpa-

(( kalamasumma, temple de Nabû de Khariri, l'E-gishshir-

« gai, temple de Sin, FEkharsagila, temple de Ninkarrak^

« rÊnamkhe, temple de Rammân, au quartier de Kumari,

« rÈsakudkalama, temple de Shamash, l'E-kidurinim, tem-

« pie de Nin-êanna", qui habite à l'intérieur des murs de

« Babylone, je les rebâtis et les élevai jusqu'à leur faîte*.

« Les grands dieux qui y habitent, je les y introduisis. »

Nabonide (555-538).

Ce qui préoccupe Nabonide ce ne sont pas tant la politique et la guerre que la restauration des temples ou le culte des dieux étrangers, ceux d"Ur et de Sippar surtout. Citons, sur ce sujet, un texte parmi tant d'autres.

a. Construction d'un temple a Shamash ^ « Au dieu Shamash, le Juge du ciel et de la (erre, Nabu-

1. Ki-i-nim,

2. Shikhirlu : le firmament semé d'étoiles; cf. Joh, XXXVIII, 33 : -nowa.

3. Cyl. du B M, A H 82, 7-14, 1042, Col. I, 43-53; (texte : BA, III, 534-539).

4. KOLDEWEY, § 9.

5. « Grande dame, domina excelsa » ; parèdre du dieu Enlil.

6. Déesse de la médecine.

7. On ne peut pas préciser sa nature. Il est encore question de cette divinité dans Shurpu II, 168; et cf. Br. 13604.

8. Parlant de la tour à étages de Babel (ziggurat Babili), Nabucho- donosor II dira qu'il a mis la main « à élever son faîte pour le faire riva- liser avec les cieux ». (Dans Langdon, Neubabyl. Kôn. n" 17, II, 8-11). Ail- leurs, Nabopolassar dit en parlant de la même tour que son dieu lui ordonne de la rebâtir et « de faire rivaliser son faîte avec les cieux ». (L, c. 1, 1,36-39).

9. Grand cyl. de Sippar, II, 41 III, 21.

394 LA LITTÉRATURE

« chodonosor, un roi antérieur, avait bâti à Sippar son « temple, TE-barra; il avait cherché le tenien antique mais « il ne l'avait pas trouvé. Ce temple il l'avait bâti en qua- rt rante cinq ans. Le mur d'enceinte' de ce temple était « tombé. Je me tourmentai; je fus hésitant ; mon visage fut a frappé de terreur et troublé tant que je n'en eus pas fait « sortir le dieu Shamash et que je ne l'eus pas fait habiter ft dans un autre temple-. Ce temple je le démolis, et je « cherchai l'antique temen.

« Dix-huit coudées de terre '(?) en profondeur je creusai.

« Le temen de Naràm-Sin, fils àeS^v^on, que, pendant « 3.200 ans, aucun roi avant moi n avait vu, le dieu Sha- « mash, le grand seigneur de l'E-barra, temple*, demeure <( agréable à son cœur, il me le fit découvrif\

« Au mois de Teshrit, mois propice, à un jour faste que a les dieux Shamash et Rammàn m'avaient fait connaître « dans une vision, avec de l'or, de l'argent, de riches pierres « précieuses, du bois de la forêt, du parfum de cèdre, avec « joie et allégresse j'établis solidement ses murs ; les pierres « ne faisaient saillie, ni ne rentraient même d'un pouce.

« De 5.000 puissants troncs de cèdre je fis couvrir son « toit; j'amenai'* aux portes de hauts cèdres pour les bat- « tants, les linteaux^, les gonds\

« L'E-barra, et l'E-idib-an-azagga sa ziggurat, je rebâtis, « et j'en achevai le travaiP.

« Je pris la main du dieu Shamash, mon seigneur, et « avec joie et allégresse je le fis habiter dans la demeure « qu'aime son cœur. La légende du nom de Narâm-Sin, ûls

1. Ifjaru.

2. liîlu.

3. Qnqqarii.

4. Bit, liébr. n'3 = maison {dvmus Dei).

5. Rai à.

6. As-kup-pu.

7. Nu-ku-she-e,

8. Shi-hi-ir-shii.

EN ASSYRO-BABYLONIE 305

« de Sargon, que j'avais vue, je ne la changeai pas; j'y fis « des onctions d'huile; j'y offris des sacrifices, et, avec « mes tablettes, je les rapportai à leur place.

« 0 dieu Shamash, grand seigneur du ciel et de la terre, « lumière des dieux ses pères, rejeton du dieu Sin et de la <( déesse Ningal, lorsque tu entres dans lÈ'-barra, le temple « que tu aimes, lorsque tu viens occuper ton sancluaire « éternel, moi, Nabonide, roi de Babylone, prince, ton con- « servateur', celui qui réjouit ton cœur, constructeur de tes « sanctuaires- augustes, regarde avec bienveillance mes « actes pieux! Chaque jour, au lever du soleil et à son cou- « cher, au ciel et sur la terre, rends propices mes présages ; (( accueille mes prières, exauce mes supplications. Le scep- « tre et le solide bâton de commandement que tu m'as mis « entre les mains, puissé-je les porter dans les siècles des « siècles!

b. Un dieu révèle a Nabonide que Cyrus doit ciiAxiER Astvage\

« Au commencement de ma royauté éternelle, feus une « vision en songe. Le dieu Marduk, le grand seigneur, et le « dieu Sin, flambeau du ciel et de la terre, se rencontrèrent. « Le dieu Marduk me dit : « Nabonide, roi de Babylone, « avec tes chevaux et tes chars charrie des briques crues; « bâtis l'Ekhulkhul et fais que le dieu Sin, le grand sei- « gneur, y établisse son domicile. »

« Rempli de crainte, je dis à Marduk, seigneur des dieux : <( Ce temple que tu me dis de bâtir, les Mèdes l'ont entouré, « et leurs forces sont puissantes. »

« Marduk me dit : « Les Mèdes dont tu parles, eux, leur « pays et leurs rois qui se tenaient à leurs côtés, ils n'exis- « tent plus. Au bout de la troisième année, surgit Cyrus,

1. Za-ni-in-ka.

2. Ku-un-mi-ka.

3. Grand Cyl. de Sippar, I, 16-35.

396 LA LITTERATURE

« roi d'Anzan, le jeune serviteur du dieu Marduk; avec le « petit nombre de ses troupes il détruisit les nombreuses <( troupes des Mèdes, Il prit Astyage, roi des Mèdes, et « l'emmena en son pays, prisonnier de guerre. »

« Telles furent les paroles du dieu Marduk, le grand sei- « gneur des dieux, et du dieu Sin, flambeau du ciel et de « la terre, dont Tordre ne peut être éludé.

c. Destruction de Babylone par Sennacherib^ en 689 2.

« Oracles de malheur; son cœur maudit le pays il n'y

« eut pas de merci, il vint à Babylone, il détruisit les tem- « pies, enleva le sol, brisa les reliefs et les statuts^ prit les « mains du seigneur Marduk et le fit entrer à Ashshur. Il « traita le pays selon la colère du dieu. Le seigneur Mardukne « tempéra pas son courroux. Pendant vingt et un ans, il « demeura à Ashshur. Enfin le temps vint, et la colère du « roi des seigneurs-dieux s'apaisa, et il se souvint d'Esaggil « et de Babylone, siège de sa seigneurie.

d. La destruction de Ninive par les Umman-manda^

(( Le roi des Umman-manda qui n'avait point de rival, il

« le soumit et le fit marcher comme allié sous ses ordres. En

« haut, en bas, à droite, à gauche, il ravagea, pareil à un ou-

« ragan; il vengea Babylone. Iriba-Tuktê, roi des Umman-

« manda, l'intrépide, détruisit tous les temples des dieux

(c d'Assyrie; et les villes des confins d'Akkad, qui avaient

« fait opposition au roi d'Akkad et n'avaient point marché

« avec lui comme alliées, il détruisit leurs sanctuaires. Nul

1. Slèle de Nabonide, CoL I, 1-34. Cette stèle, demi-circulaire, en ba- salte, porte sept lig-nes de texte. Elle fut trouvée près de Ililleh; publiée et traduite par V. Scheil, dans RT, XVIII (1896), 15-26.

2. Cf. t. I Ilist. et Civilis., p. 140.

3. Billudê : ordonnances gravées sur la pierre ou sur le mur (Schkil, 1. c, 27).

4. Cf. Ilisloirep. 150.

EN ASSYRO-BABYLONIE 397

« n'échappa; il ruina leurs villes. Gomme un ouragan, le (( roi de Babylone accomplit amplement l'œuvre des malé- (( dictions expiatrices de Marduk. Il ne se compromit pas « envers les statuts* d'aucun dieu-. »

Cyrus le Grand (538-529). Il se présente comme l'élu du dieu de Babylone

ET le libérateur DE LA VILLE SAINTE*.

« Le dieu Marduk considéra la totalité des pays. Il les « vit et chercha un roi Juste, un roi selon son cœur quil « amènerait par la main. Il appela son nom : Cyrus, roi « Anshan! et il désigna son nom pour la royauté sur toutes « choses. Il courba à ses pieds le pays des Guti, tous les « Mèdes. Les hommes à tête noire, qu'il amena à prendre « ses mains, il en prit soin*, suivant le droit et l'équité.

« Le dieu Marduk, le grand seigneur, le protecteur de <( ses gens, regarda avec Joie ses actes pieux et son cœur « Juste; il lui ordonna d'aller à sa'^ ville de Babylone. Il « lui fît prendre le chemin de Babylone et, comme un ami « et un compagnon, il marcha à son côté. Ses troupes im- « menses, dont le nombre comme celui des eaux du fleuve « n'est pas connu, marchaient^ Sans bataille, ni combat, « il le fît entrer dans Babylone, sa ville. Il épargna à « Babylone la souffrance.

« Nabonide, le roi qui n'honorait pas le dieu Ma?^duk, « Marduk le livra aux mains de Cyrus. Les gens de Baby- « lone, tous, tout le pays de Shumer et d'Akkad, les grands

1. Billudê cf. supra, note 3.

2. Stèle, Col. II, 3-38; traduction V. Scheil.

3. Cyl. Cyrus (V R35), 11. 11-25.

4. Ish-te-ni--e-shi-na-a-lim.

5. Du dieu Marduk.

6. Shadâkhu. Ce mot rappelle une marche pacifique et religieuse, celle des processions; procession se disait (V R 8, 98) sha-da-lchu, ou, plus souvent : mashakhu (I R 52, 4 verso 7; II R 33, 13 c. d. : etc.) dérivé du verbe de notre texte.

398 LA LITTÉRATURE

« et les shakkanak se prosternèrent devant lui, baisèrent ses (( pieds, se réjouirent de sa royauté ; leur visage fut radieux \ « Le seigneur, ^}x\ par sa puissance a fait vivre ce qui était « mort^ qui a épargné à tous la ruine et les rigueurs ^ ils le « bénissaient joyeusement et honoraient son nom^

« Je suis Cyrus, roi de tout, roi grand, roi puissant, roi « de Babylone, roi du pays de Shumer et d'Akkad, roi des « quatre régions, fils de Gambyse, roi grand, roi de la ville « d'Anshan, arrière peLiL-fils de Teispes, roi grand, roi de la »( ville d'Anshan, rejeton éternel de la royauté, dont les « dieux Bel et Nabû aimaient la dynastie dont ils désiraient « le règne pour la joie de leur cœur .

<( Lorsque je fus entré dans Babylone, pacifiquement, et « que dans le palais des princes j'eus occupé la place de la « seigneurie, au milieu de la joie et de Fallégresse, le dieu (( Marduk inclina vers moi le large cœur des Babyloniens (...), et moi, chaque jour, j'avais soin de l'honorer. Mes « troupes immenses passèrent* en paix dans Babylone ; dans « tout le pays de Shumer et d'Akkad, je ne laissai subsister « aucun ennemi^

« 28-34 : La totalité des rois habitant des « palais* », de « toutes les régions depuis la mer supérieure jusqu'à la mer «. inférieure, qui (.,..) habitent, les rois de l'Occident habi- « tant des tentes, tous apportèrent de lourds tributs et bai- « sèrent mes pieds, à Babylone.

« Depuis (....) jusqu'à la ville d'Ashshur et Suse, Agade, « Eshnunak, Zamban, Me-Turnu, Dêr, près des frontières « du pays de Guti, les villes de l'autre côté de l'Euphrate « qui avaient été fondées depuis les temps antiques, ye rame-

1. Namârii.

2. Le sens de ces deux derniers mots [bu-ta-f/u, pa-ki-e) n'est pas sûr.

3. Ou bien : prenaient en considération sa parole.

4. Is-sha-ad-di-kha; voir, supra, la note sur shadâkhu.

5. Mugallitu,

G. Ashih parakkê (mesh), par opposition à ashib kushlàré= habitant des tentes, qui suit (1. 29).

EN ASSYHO-BAB\LONIE

399

« nai en leurs lieux les dieux qui y habitaient et Je les ins-

« t al lai dans une demeure éternelle. Je rassemblai la iota-

« lité des gens et je les rétablis dans leurs domiciles ; et les

« dieux de Shumer et d'Akkad que Nabonide, à la grande

(( colère du seigneur des dieux, avait apportés à Babylone,

« sur l'ordre du dieu Marduk^ le grand seigneur, sans être

« importuné je leur fis occuper dans leurs sanctuaires la

« demeure que leur cœur aime. »

Les dix rois préhistoriques.

Bérose' rapporte une tradition d'après laquelle, avant les temps historiques, auraient régné sur la terre dix per- sonnages, rois ou demi-dieux, qui aidèrent riiumanilé à ■demi-barbare à se civiliser; et puisque plusieurs légendes citées par le prêtre chaldéen, telles celles de la Création et du Déluge, existaient dès les époques les plus anciennes, on peut tenir pour vraisemblable que cette tradition remon- tait également très haut dans l'antiquité, et peut-être eu retrou vera-t-on un jour quelque copie archaïque, sinon le texLte primitif.

Voici la liste de ces rois% avec la durée de leur règne.

10 Sar'* ex {Sa^uXâivo^ XaXSaw,;. 3 Sar filius Alori.

13 Sar b ex UoLov.&.QXuyy (ex

ex Clialdaeis e civitate Pautibiblon. 12 Sar 0 XaXSaîo;. ex Chal- daeis e Parmibiblon {Pautibiblon).

1. Prêtre chaldéen qui vivait en 300, avant J.-C. YoivV Index-Lexique.

2. Dans Eusèbe, Chronic, lib. prior (ed Schoene), p. 7 suiv.

3. Les noms latins correspondent à la traduction arménienne d'Eusèbe.

4. Le Sar équivaut à 36.000.

1.

'AAwpoc;

Alorus^

2. 3.

'AXa-Trapo;

'A[J.TiXol>V

('AfJL'.AAzpOs)

Alaparus

[Alaporus)

Almelon

4.

'AuLuievtov

Ammenon

400

5. MsyaXapo;

(MeyaXavoç)

6. Aawvo^

(Aaco?)

7. EûeSwpa^o? (EùeS(op£(7^o;

8. 'Aij.£pL']/i.vo?

LA LITTÉRATURE Amegalarus 18 Sar £xnauT!.êt,6)vwv TtgXewî.

Davonus 10 5ar not.iji.yiv ex najTt.êi6X(ov.

18 Sar £x nauTiêiêXtov.

Edoranchus [Edoreschus] Amemphsinus 10 Sa/

9. '^T'.apTTjÇ Otiartes

8 Sa/'

10. S'.o-ouOpoç Xisuthrus 18 Sa/*

(Si.<Tou8poç\ S',(Tt,GpOÇ /

XaXSaïo? £x Aapay^wv.

Chaldaeus e Lancha-

ris (Chancharis). XaXSaîoç èx Aapay^wv.

Chaldaeus e Lancha-

ris.

Total: 10 rois; 120 Sar.

Ces dix rois auraient donc régné 432.000, d'après la tra- dition.

Quelques remarques sur cette liste.

'AXaTcaooç, si Ton supprime la finale poç, peut correspondre à Adapa, dont nous connaissons un mythe très ancien.

'A[XYiXwv est l'équivalent de l'assyrien amêlu : homme*.

'A[i.[X£vwv peut être rapproché de l'assyrien ummànu : artisan.

Eùeowpa/o;, qui correspond peut-être à En-meduranki, au sujet duquel nous lisons dans un texte ^ de la Bibliothèque d'Ashurbanipal :

« En-meduranki, roi de Sippar, chéri d'Anu^ Bel, Èa,

« Shamash Il lui accordèrent de voir l'huile sur l'eau %

« le mystère d'Anu, Bel et La; ils lui mirent en main la (( tablette des dieux, la tablette des omina^ du mystère du <( ciel et de la terre, le bâton de cèdre Le sage, le

1. Dans la liste Gen. V, le patriarche antédiluvien s'appelle aussi Homme (En hébreu : Enosh.).

2. ZiMMERN, RU. Taf., 24,

3. Observer l'huile sur l'eau était un des moyens de connaître l'avenir. C'est de la science de l'avenir qu'il est question dans ce passage.

EN ASSYRO-BABYLONIE 401

« maître, celui qui garde le mystère des grands dieux, fit « jurer son fils, qu'il aime, sur la tablette et le calame « devant Shamash et Adad et lui fit apprendre le enuma « mâr [amêl) bârê^ ».

« Parfait en sa prestance et ses dimensions-, il peut s'ap- « procher, devant les dieux Shamash et Adad^, du lieu de a la vision^ et de la décision^ ».

'AasjjL'^'.vo;; est peut-être l'équivalent du nom propre Amêl- Sin^ c'est-à-dire homme du dieux Sin^.

'ii-zioLorq^ est une mauvaise lecture de Bérose ; c'est 'Q^àprifi; qu'il faut lire, et nous avons le nom shumérien Ubar- Tutu' , du père d'Atra-khasis ou Xisuthros, héros du dé- luge^

E'.aouOoo;; est le héros du Déluge : Atra-khasis\

D. Liltéraliire poétique, a. Poésie lyrique.

Les caractères de la poésie lyrique shumérienne que nous avons fixés plus haut'" s'appliquent aux psaumes dont nous avons à parler ici. Nous n'y reviendrons pas. Nous signalerons seulement les faits littéraires qui conviennent

1. C'est le titre de la tablette de divination, ou mieux de la grande série d'omina astrologiques.

2. Le Voyant devait avoir un corps parfait.

3. Shamash et Adad étaient patrons de l'art divinatoire.

4. Birù.

5. Purussu.

6. Le huitième patriarche biblique antédiluvien a aussi un nom composé : Methû-Shsilakh (Gen V, 21, 22, 25, 26.), que la Vulgate transcrit Mathusala (LXX Ma6ou(7â>.a.)

7. Ubar-Tulu =/)ro/^^é (/u dieu Tutu (ubar ou iii)ara = kidinu := pro- tégé, et Tutu est quelquefois un des noms de Marduk, à l'époque assy- rienne. Créai. VII, 9. Mais à l'époque nous fait remonter la tradition, c'est-à-dire aux temps préhistoriques, le syncrétisme n'était évidem- ment pas réalisé de Tutu = Marduk. Cf. Langdon. l. c, 132 note 2.

8. Cf. Gilgam. IX, 1, 6.

9. C'est-à-dire le très sage; par interversion Kliasis-atra. 10. Période shuméro-akkadienne.

26

402

LA LITTÉRATURE

particulièrement aux compositions qui font l'objet du présent paragraphe; elles sont de la période grecque'.

Plusieurs de nos Hymnes sont des invocations, des sortes de litanies se pressent les noms et les épilhèles divines. Ainsi, dans une louange au dieu Lune, nous lisons :

seigneur d'Kkishshii-gal ; seigneur d'Etendug; seigneur d'E...anna;

Seigneur ^ Nannar, Père *' Nannar, Seigneur ^ Nannar,

Père '' Nannar,

seigneur d'Egalanna ;

et la litanie continue avec, au début, les deux mots qui alternent en douze lignes père et seigneur^.

Ailleurs, bien qu'il ne s'agisse pas d'invocation, le déve- loppement procède en manière de lilanie. Par exemple :

comme Tesprit il est immuable ; comme Fesprit il est immuable; comme l'esprit il est immuable; comme Tesprit il est immuable;

J^e verbe de Gula, le verbe d'Enlil, le verbe d'ha, le verbe de Marduck,

puis, en quelques lignes, au lieu du nom de la divinité, un attribut du verbe; et la litanie reprend sous une autre forme :

le verbe de Gula, le verbe d'Enlil, le verbe d'ha,

est un verbe de majesté ; est un verbe de majesté; est un verbe de majesté';

ou encore :

Lorsque Enlil seigneur des pays élève la voix, au coucher du

[soleil,

lorsque Ninlil, la grande mère, élève la voix, au coucher du

[soleil,

1. Ces textes ont été publiés par George Reisner, Sumer-babijl. llym- nen. Berlin, 1896.

2. SBH, n'^ 24 verso, 4 suiv. Voir aussi n°' 8-10; 13; 14 'verso, 1. 4-14 (les 3 premières lignes manquent); 15, recto I. 15-26; 18-19 (de la série « Au- guste héros de la terre »; 22 recto el verso. Et encore 48, rec/o et ue/-so jusqu'à 1. 38, puis de 1. 1. 39-62, c'est-à-dire qu'à la suite d'une longue litanie vien- nent 23 lignes qui ne diffèrent l'une de l'autre que parle mot final (le nom d'un temple).

3. SBIIn" 1.

EN ASSYRO-BABYLONIE 403

lorsque la grande déesse, mère d'Adad, élève la voix, au cou-

[clier du soleil, lox'sque la dame, déesse du ciel, élève la voix, au cou-

[cher du soleil*;...

Dans telle lamentation^ douze fois de suite les vers com- mencent par le mot malheur et finissent par le mol parole :

Malheur à ta ville de Nippur, ù ta parole!

Malheur aux murs de briques d'Êkur, à la parole!

Malheur aux murs de briques de Sippar, à ta parole!

Dans une lamentation au verbe d'Anu et d'Enlil, quatorze fois de suite le vers commence par ce mot e-ne-em-ma-a-ni^ :

Son verbe, quand il est porté au Voyant. le Voyant hésite!

Son verbe, quand il est porté au Prophète, le Prophète hé-

[site!...*

ailleurs^ les vingt dernières lignes d'un psaume finissent par cette sorte de rehain du g -g a-an-na-ab; dans un autre morceau®, une dizaine de lignes finissent par ils pillent :

Le temple et la ville ils pillent;

ma propriété et mes biens ils pillent;

ma couche de porphyre ils pillent; etc.

suivis d'une dizaine de lignes dont chacune ne diffère guère de la précédente que par un mot :

Ceux qui outragent mon époux ce sont eux;

ceux qui outragent le seigneur de Nippur ce sont eux;

ceux qui outragent le seigneur de Shirpurla ce sont eux''...

Mode de composition.

Quand on étudie le mode de composition de ces psaumes shumériens par la comparaison des diverses recensions que

1. SBU n" 65, {Cf. SBH 68) recto 70 verso 46. De même H. Radau, SHP idans BE, XXX, I), 1, Col. II, 3-22.

2. SBH 3.

3. « Son verbe. ».

4. Cf. aussi SBH 6 recto 5-13, et verso; 24; 7 et 8-10 passim.

5. SBH n" 25, verso.

6. SRH n" 47, verso.

7. De même SBH 49, 28-52.

404 LA LITTERATURE

nous en avons quelquefois', on remarque que souvent l'on esl en présence de morceaux empruntés à des copies diffé rentes et cousus ensemble.

Prenons comme exemple GT XV, 24-25. Les lignes lisibles 6-12 sont aussi GT VII, 25-31. Le verso est un duplicaium de K. 41 Recto, Goll. III -\- Verso I. D'autre part l'étude deK. 41 montre que ce morceau est d'un style plus pur que GT XV, 24-25^. Enfin K. 41 est une copie, avec traduction sémitique; par conséquent le texte remon- tait à un texte différent de celui de GT XV, 24, et anté- rieur \ et donc il existait déjà un autre texte différent de GTXV, 24.

Quelquefois on applique à un dieu ce qui est dit d'un autre; ainsi le texte SBH 1-3 est un Hymne au Verbe d'Enlil. Or K 69, qui est un Hymne au Verbe de Nergal consiste simplement en 27 vers de SBH ^-3^

Le fond^ primitif de la série « Giel élevé » ^, en l'honneur de Sin, fut composé pour le culte d'Ur. Une imitation en fut faite, à Sippar semble t-il. en un hymne à Shamash. Et, plus tard, celui-ci fut inséré dans la série d'Ur, oîi elle se trouve ^

Dans un hymne de la liturgie d'Isin", nous avons un passage en l'honneur d'Enlil* avec une enclave' en Ihonneur de Shamash qui dérive des écoles de Sippar ou de Larsa'°.

1. Ainsi de SBII n" 48 (copie néo-babylonienne) nous avons un frag- ment de duplicaium SBH n" 50 et deux copies assyriennes K. 4629 et Rm 132 (m V R 52).

2. Cf. les études de Pinches (PSBA, 1895 Febr.) et de ST Langdon (Surn. Bab. Psahns, 1909, p. 1 ; Cf. ZA, XXII, 203.).

3. Exactement K 69 = SBH, I, Recto 49- Verso 18.

4. SBH 5.

5. An na eliinie (SBH, 5, 23, 24.).

6. SBH 23, Recto 1 Verso 4.

7. SBH, 46.

8. L. 12-26.

9. L. 17-19.

10. Cf. Langdon, Sum. bah. Psalms, 130-1.39. SBH 4o est une copie babylonienne; du même psaume composite nous avons aussi une copie ni- nivile : IX R 28*.

EN ASSYRO-BABYLONIE 405

Quelquefois, bien que l'on soit en présence d'un morceau très certainement composite et d'une certaine étendue, il est impossible d'en démêler l'idée primitive'.

De la série im-ma-al gù-de-de, « l'ouragan hurlant », nous avons la deuxième tablette et une partie de la troi- sième. La deuxième est SBH 66 et 82 fragmentaires. Trois autres* sont des extraits de section de la série « l'ouragan hurlant » ; or les auteurs de ces trois morceaux ont suivi deux méthodes de rédaction : leur verso correspond à V Hymne au verbe, de SBH 6Q; mais, pour le recto, l'un emploie VHymne au verbe du recto de la deuxième tablette, l'autre la litanie du verso de la même tablette. Le recto de la troisième' tablette a entièrement disparu.

Nous avons deux recensions d'un hymne à Enlil de Nip- pur; l'une est écrite en babylonien archaïque*; l'autre est une copie assyrienne récente' faite sur un original babylo- nien : cette copie est une adaptation : elle diffère du premier texte par l'invocation des dieux, des villes, des temples**, mais elle garde inchangée la saveur archaïque.

De ce qui vient d'être dit^ il résulte que plusieurs de nos

1. Ainsi en est-il pour SBH 48. bien qu'il en existe plusieurs recensions.

2. SBH 58; BA V, 617 (= K. 2875); BA V, 618 (= K. 2004.)

3. BA V, 617. Cf. Langdon, Suin. bab. Psalrns, 16-17.

4. CT XV, 12-13.

5. Reproduite dans IV R 28* 4.

6. Dans le texte babylonien archaïque, l'invocation aux dieux se limite à Enlil (Bel) qui se présente avec ses « puissants noms » sept en tout, dans ce texte et on ne mentionne que les temples ou sanctuaires de Nippur. (Avec cette ville on ne nomme que Ur et Larsa.). Dans la recen- sion postérieure, outre les sept « puissants noms » de Bel de Nippur, figurent Éa, Marduk, Nebo et Madanu, et les villes de Babylone, Borsippa, Sippar, Isin et Nippur.

7. On pourrait citer d'autres faits littéraires de même genre. En voici encore un nous constatons que le rédacteur a adapté a une divinité ce qui avait été écrit pour une autre, en d'autres temps et en d'autres lieux : Une série {muten-nu-nunuz-giin « la déesse de la naissance de l'enfant » = SBH 46; 47; 48; 49) annonce la série qui suit (uru-/i/iuZ-a-</e= « celle dont la ville est détruite, ») dont nous avons quatre tablettes, les l*"®, 2*, 5* et 6' (SBH 51; 52; 55; 53.). Les deux l'*^ de ces quatre sont une lamentation

406 LA LITTERATURE

hymnes ou psaumes, dans leur état actuel, sont des com- pilations dans lesquelles on a adapté ou même simplement enfilé, eu. l'honneur d'une divinité donnée, des séries de vers composés quelquefois en l'honneur d'autres dieux et en des temps déjà lointains peut-être.

Pour apprécier ces psaumes à leur juste valeur, il faudrait pouvoir avec certitude séparer les éléments constitutifs de chacun, savoir en quelle circonstance, dans quel but et à l'adresse de quel dieu ils avaient été composés. Or cela est presque toujours malaisé, et quelquefois même absolument impossible,

b. Poème en hahi/ Ionien. Le Juste souffrant.

Un fragment de poème du Juste souffrant, en babylonien classique du Nouvel Empire babylonien, si ce n'est du temps des derniers Sargonides, a été trouvé à Suse en 1910. Nous en donnons seulement l'analyse ^

La face du fragment décrivait, très probablement, les revers immérités du Juste, mis en contraste avec sa pros- périté et sa générosité passées. Au temps des beaux jours, le Juste ne gardait pas pour lui, mais dispensait aux indi-

à Bau d'Isin; les deux suivantes, de même forme lilléraire que les précé- dentes, sont une lamentation à Nanâ dErek.

Deux tablettes une de chaque série ont le même contenu litté- raire :

1" sér. SBH 48 sér. SBH 52

lamentation à Bau d'Isin décrivant ses souffrances, elle se lamente sur Isin et ses temples, avec le motif : a ils ont

[jeté au vent. » Enlil, cause de la calamité. Bau continue de se lamenter, désolation de Bau. Hymne à Enlil.

ancienne lamentation à Enlil, concernant Nippur, avec inser-

[tion pour Isin. 1. Elle est empruntée au P. Scheil, qui a publié ce fragment dans Mé- moires, t. XIV (1913), p. 46-48.

a.

1-28

b.

29-35

c.

39-50

d.

1-9

e.

10-11

/'■

12-26

9-

27-fin

EN EGYPTE 407

gents, troupeaux, richesses, aliments ; depuis sa déchéance, ceux qui possèdent des biens les réservent pour eux-mêmes et le laissent dans les privations ; il invoque sans cesse son dieu, et on le traite d'impie, parce qu'il est malheureux; on le relègue avec les chiens et les porcs ; les rites lui sont interdits, et les eaux du fleuve qui justifient ou purifient restent hors de sa portée.

Le revers montrait ce Juste rentré en grâce auprès de la Divinité, et les impies confondus. Celui-là est dans la joie : il mange, et ceux-ci sont affamés; il boit, et ceux-ci restent altérés; il fréquente le fleuve, et ceux-ci demeurent attachés loin du rivage. Ce qui avait causé le courroux du dieu a cessée la chaîne de fer est rompue; tous voient le triomphe du Juste et sa lumière brille à jamais.

ARTICLE II

En Egypte.

Le Livre des Morts à V époque gréco-romaine.

La matière, quelle qu'elle fut, sur laquelle on copiait le Livre des Morts, était fort coûteuse, aussi les riches seuls pouvaient-ils s'assurer la possession d'une copie sacrée.

Vers fin de la XXVI'' dynastie, on se persuada que seules certaines parties du Livre des Morts étaient néces- saires pour la résurrection du corps et le salut de lame, et l'on commença d'ensevelir avec le mort la copie des plus importants chapitres seulement, et encore dans une forme abrégée. Un peu plus tard., les scribes rédigèrent des ou- vrages dans lesquels ils ne mirent que les passages des cha- pitres principaux regardés comme nécessaires pour la résur- rection du corps; les éléments magiques furent exclus; on ne retint que les formules et les textes appartenant au culte d'Osiris, le premier homme ressuscité.

408 LA LITTÉRATURE

/. Livre des Respirations.

Un des plus anciens de ces substituts récents du Livre des Morts est le Shai en Sensen ou Livre des respirations^ Il est de l'époque des Ptolémées\ En voici quelques passages :

ô Osiris un tel !

Amon est avec toi

pour te rendre la vie.

Ap-heru t'ouvre la bonne route.

Tu vois par tes yeux,

tu entends par tes oreilles,

tu parle par ta bouche,

tu marches avec tes jambes.

Ton âme est divinisée dans le ciel inférieur

pour accomplir toutes les transformations à son gré!

Tu accomplis les réjouissances de la perséa sacrée dans An;

tu te réveilles chaque jour,

tu vois les rayons du soleil.

Amon vient vers loi avec les souffles de la vie ;

il te fait respirer dans ton cercueil.

Tu montes sur la terre, chaque jour,

le Livre des respirations de Thot étant ta sauvegarde,

tu respires par lui tous les jours.

Tes yeux contemplent les rayons du disque.

La vérité te sera annoncée par Osiris.

Les formules de justification sont (écrites) sur ton corps.

Horus, le défenseur de ton père, protège ton corps;

il divinise ton âme ainsi que celle de tous les dieux.

L'âme de R'a fait vivre ton âme;

l'âme de Shu remplit tes organes respiratoires de doux souffles '.

On promet donc au défunt qu'il entrera en possession de toutes les fonctions de la vie terrestre, qu'il aura à son gré la faculté de prendre toutes les formes, de se transporter instantanément d'un lieu dans un autre, de se mêler aux vivants.

1. De Hoorack. Le Livre des Respirations in Bibliotti. égyptol., t. VII, [1907), 110-137, et Irarl., avec commentaire.

2. liiht. ('-r/yi'lol. ihi. p. 99.

3. Page 11 , § 0.

EN EGYPTE 409

Voici maintenant une belle prière qui s'adresse aux divi- nités infernales. Elle était récitée par l'ofiRciant et avait pour but de rendre le défunt agréable aux dieux. Elle est empreinte d'un sentiment profondément religieux et con- tient des maximes de morale remarquables.

0 dieux qui habitez le ciel inférieur, écoutez la voix de l'Osiris un tel. Il est venu auprès de vous; il n'a conservé aucune souillure de péchés; il n'y a plus aucun mal en lui: aucun délateur ne s'est élevé contre lui; il vit dans la vérité, il se nourrit de vérité.

Les dieux sont satisfaits de tout ce qu'il a fait; il a donné des pains à celui qui avait faim, de l'eau à celui qui avait soif, des vêtements à celui qui était nu. Il a présenté des offrandes aux dieux, des oblations funéraires aux mânes.

Il n'a pas été fait de rapport contre lui devant aucun dieu. Qu'il enti-e (donc) dans le ciel inférieur, sans être repoussé;

qu'il serve Osiris et les dieux de Kerti, (car) il est favorisé par les fidèles et divinisé parmi les parfaits. Qu'il vive! Que son âme vive!

Que son âme soit admise en tout lieu qu'elle aime. 11 a reçu son Livre des respirations,

pour qu'il respire avec son âme, (avec) celle du ciel inférieur, et pour qu'il accomplisse toutes les transformations à son gré, avec les habitants de l'Amenti Que son âme aille en tout lieu qu'elle aime,

et qu'elle vive sur la terre à tout jamais, éternellement et à perpé- G'est fini. [tuité!

2. Le Livre de traverser l'éternité.

Cet ouvrage, de même genre que le précédent, offre un grand intérêt. L'exemplaire le plus complet est à Vienne. On décrit la manière par laquelle l'âme du défunt, quand

410 LA LITTERATURE

elle est armée du pouvoir que lui donne le Livide de traver- ser Véternilé, est en état de voyager d'une extrémité à l'autre de l'Egypte, de visiler toutes les villes saintes, d'as- sister aux fêtes, de jouir de la communion non seulement des dieux et des esprits qui s'y assemblent, mais encore des parents qu'il laisse sur la Lerre.

Parmi les ouvrages composés pour être récités dans les fêtes d'Osiris eL qui avaient une spéciale connexion avec le culte de ce dieu, trois méritent d'être mentionnés à cause de la vogue qu'ils eurent à l'époque gréco-romaine : Les La- mentations d'Isis et de Nephthys; le Chant de fête d'Isis et de Nephthys; le Livre de magnifier l'esprit d'Osiris. Nous donnerons quelques détails sur la première de ces œuvres.

3. Lamentations dLsis et de Nephthys.

Le papyrus qui nous les a transmises' est divisé en deux parties bien distinctes : la i^" contient des chapitres du Rituel funéraire, en caractères hiéroglyphiques; la 2^ con- siste en cinq pages de belle écriture hiératique de la basse époque (probablement des Ptotémées).

Cette dernière partie se compose d'une série d'évocations et d'invocations, précédées d'un préambule et suivies d'une clause finale. Ce sont des chants de deuil l'on implore en faveur d'une défunte, qu'on désire voir appelée à la vie éternelle, le secours des deux sœurs dont les prières ont ressuscité rame d'Osiris'^.

1. Papyrus de Berlin 1425, provenant des ruines de Thèbes, décou- vert par Passalacqua dans l'intérieur d'une statue d'Osiris. Reprod. De HoRRACK. OE livres diverses dans Bibliolh. égyplol., t. XVII (1!)07), 34-53 et 83-98, texte accompagné d'une double trad. française, et d'une trad. an- glaise.

2. Ceci est indiqué dans le préambule.

EN EGYPTE 411

iÉvOCATIOiN d'IsIS.

Elle dit* :

Viens à ta demeure, viens à ta demeure, ô dieu AN", viens à ta demeure ! Tes ennemis ne sont plus! 0 excellent souverain viens à ta demeure! Regarde-moi. Je suis ta sœur qui t'aime. Ne t'arrête pas loin de moi, ô bel adolescent. Viens à ta demeure, vite, vile. Ne t'aperçois-lu pas?

Mon cœur est dans Tamertume à cause de toi : mes yeux te cherchent; Je fe cherche pour te voir. Tarderai-je à te voir, larderai-je à te voir, ô excellent souverain, tard«rai-je à te voir? Te voir, c'est le bonheur, te voir, c'est le bonheur ! ô dieu AN, te voir c'est le bonheur ! Viens à celle qui t'aime, Viens à celle qui t'aime, ô Unnefer^ justifié ! Viens à ta sœur, viens à ta femme; viens à ta sœur, viens à ta femme, ô Urt-het viens à Ion épouse ! Je suis ta sœur par ta mère; ne te sépare pas de moi!

Les dieux et les hommes [tournent] leurs faces vers toi pour te pleurer, tous, à la fois, quand ils me voient. Je t'appelle dans mes lamentations jusques au haut du ciel ; et tu n'entends pas ma voix. Je suis ta sœur qui t'aime sur la terre; personne autre ne t'a aimé plus que moi, [ta] sœur, [ta] sœur.

1. Le passage qui suit rappelle le scène de la momie étendue sur son lit funèbre auprès duquel se tiennent, dans l'attitude du deuil, Isis et Neph- tbys, veillant sur le défunt et se lamentant, comme elles Vont fait, dit la rubrique, pour leur frère Osiris.

2. AN, titre d'Osiris; il se trouve au chap. LXXXIX du Rituel funéraire.

3. Surnom d'Osiris.

412 LA LITTEfîATURE

II

Évocation de Nephthys.

Elle dit :

0 excellent Souverain, viens à la demeure!

Réjouis-toi, tous tes ennemis sont anéantis.

Tes deux sœurs sont auprès de toi,

en sauvegarde de ton lit funèbre,

à t'appeler en pleurant

toi qui es renversé sur ton lit funèbre.

Tu vois [nos] tendres sollicitudes;

parle-nous, ô chef suprême, notre Seigneur!

Détruis toutes les angoisses qui sont dans notre cœur.

Tes compagnons, qui sont les dieux et les hommes,

lorsqu'ils te voient [s'écrient] :

A nous ta face, ô chef suprême, notre seigneur!

La vie, pour nous, c'est de voir ta face.

Que ta face ne se détourne pas de nous!

La joie de notre cœur est de te contempler;

ô Souverain, notre cœur est iieureux de te voir.

Je suis Nephthys, ta sœur qui t'aime.

Ton ennemi a succombé,

il n'existe plus.

Je suis avec toi,

en sauvegarde de tes membres pour toujours éternellement.

V

Invocations d'Isis.

Elle dit

Viens à ta demeure, viens à ta demeure!

Excellent souverain, viens à ta demeure !

Viens et vois ton fils Horus

chef suprême des dieux et des hommes.

Il a pris possession des villes et des campagnes

par la grandeur du respect qu'il inspire.

Le ciel et la terre sont sous sa crainte,

les barbares sous sa terreur.

Tes compagnons* qui sont les dieux et les hommes

sont devenus siens, dans les deux hémisphères,

1. Ton escorte.

EN EGYPTE 413

pour accomplir tes cérémoniss mystérieuses.

Tes deux sœurs sont auprès de toi,

offrant des libations à ta personne;

ion fils Horus accomplit pour toi l'oblation funèbre

de pains, de breuvages, de bœufs et d'oies.

Thot institue la panégyrie

en l'appelant dans ses louanges.

Les enfants d'Horus sont la sauvegarde de tes membres,

glorifiant ton âme chaque jour.

Ton fils Horus salue ton nom,

dans ta demeure mystérieuse,

en te présentant les choses [consacrées] à la personne.

Les dieux tiennent à la main des vases

pour faire des libations à ton être.

Viens à tes compagnons,

chef suprême, notre Seigneur!

Ne te sépare plus d'eux.

Ici finissent les invocations'.

Cette section est un chant triomphal. Osiris, renaissant sous la forme d'Horus vainqueur ou du soleil levant, est devenu le maître du monde entier qui le révère : les dieux et les hommes acceptent et pratiquent son culte, qui est insti- tué partout.

MORCKAUX DIVERS.

i. Récit de la Créatoin.

Ce récit est emprunté au Papyrus n" iO.iSS, du Bristish Muséum, qui fut écrit vers 305 av. J.-C. Les éléments de la légende sont très anciens, mais on ne peut préciser à quelle date ils remontent. Il faut noter toutefois que les dieux Ptah et Amon, dont la réputation fut si grande à partir d'une certaine date et à l'époque même fut copié le papyrus, ne figurent pas dans la Légende.

1. Une autre belle édition de cette œuvre est celle de E. A. Wallis BuDGE {Fac-similés of Egyplian hieratic papyri in the British Muséum, grand in-folio, London 1910, avec la trad. angl. p. 1-6) elle porte le nom de Pa- ipyrus Nesi-Amsu ou Nesi-Min et diffère un peu du Papyrus de Berlin que nous venons de citer.

414 LA LITTÉRATURE

Au milieu d'une incantation magique^ il y a, dans ce pa- pyrus^ deux exemplaires du « Livre de savoir comment R'a commença à exister, et de renverser Apepi », exemplaires qui ne diffèrent d'ailleurs que par des détails^

On nous avertit que ce qui va suivre a été dit par le dieu Neberdjer^ :

« Je suis le créateur de tout ce qui a commencé d'exister. (( Je commençai d être sous la ïovme Kheperi. Je commençai (( d'être sous la forme Paivtti^. Je me formai moi-même « hors de la matière primordiale; je me fis moi-même hors « de la substance qui existait au temps primordial. »

Rien n'existait alors, si ce n'est la grande masse d'eau primordiale appelée Nu, dans laquelle étaient les germes de tout ce qui devait exister plus tard. Il n'y avait ni ciel ni terre, et le dieu ne trouvait aucune place se mettre; il dit : « J'étais seul- »

Use créa lui-même enprononçan tson propre nom comme un nom de puissance, et, quand il fut prononcé, sa forme visible parut. Il prononça ensuite une autre parole de puis- sance qui eut pour résultat de donner l'être à son âme \ha].

Pour chaque acte créateur, Neberdjer pense la chose à créer, et, quand il a prononcé son nom ! la chose existe dans le ciel et la terre.

De son corps et de son ombre, le dieu produit les deux dieux Shu et Tefnut qui, avec Neberdjer^ constituent la pre- mière triade, « un dieu devient trois. » La tradition de l'en- fantement de Shu et de Tefnut remonte jusqu'à l'époque des Pyramides, puisqu'il est mentionné dans un texte de Pépi l'""-.

Vient ensuite le deuxième acte créateur : l'œil de Neher-

1. Cf. BuDGE, Liter. Chap. VL (On notera ce fait de la juxtaposition de textes différents dans un nmême papyrus, et de la transcription de deux exemplaires presque identiques à la suite Vun de l'autre).

2. C'est-à-dire : dieu de la plénitude; c'est une appellation d"Osiris.

3. C'est-à-diie : les temps primordiaux.

4. L.466.

EN EGYPTE 415

djer (idenlifié plus lard avec R'ci), émerge au-dessus de la masse liquide [Nu], et la lumière luit au-dessus des eaux Shu et Tefnul sont unis : ils donnent naissance à Geb^ le dieu Terre, et kNut, le dieu Ciel.

Neberdjer eut un accident à l'œil, qui s'obscurcit. Cette période de ténèbres est la nuit. Pour porter remède aux in- convénients du retour fréquent des ténèbres, le dieu créa un second œil, c'est-à-dire la Lune, qu'il plaça dans le Ciel. Le grand œil présidait au jour, et le petit œil à la nuit. Un des résultats de l'obscurité quotidienne fut que, chaque soir, la déesse Ciel revenait s'unir au dieu Terre.

Cinq dieux et cinq déesses furent ensuite créés.

Les hommes et les femmes furent d'abord formés des larmes qui tombaient de l'œil de Kheperi\ sur son corps. Plantes, végétaux, herbes, arbres doivent leur origine à la lumière de la lune tombant sur la terre.

Notre texte ne mentionne pas de création spéciale de « bêtes des champs » mais le dieu dit expressément qu'il créa les enfants de la terre, c'est-à-dire les êtres rampants et, probablement, les quadrupèdes aussi.

Hommes et femmes et tous autres vivants créés par Neber- djer se reproduisirent eux-mêmes, dans la suite, chacun suivant sa propre voie.

2, État d'âme de sceptique.

Le doute avait envahi certaines âmes ; la mort leur appa- raissait comme une chose terrible. A Philae% une femme défunte s'adresse ainsi à son mari :

« 0 mon frère, ô mon ami, ô mon mari! ne cesse pas « de boire, de manger, de vider la coupe de la joie, de faire

1. Le dieu soleil, le même que Neberdjer.

2. Texte dans Lepsius, Auswahl der wichtigsten Urkunden des Aegyptis- chen Alterthnms, grand in-fol. Leipzig, 1842 Tafeln XVII; trad, de G. Mas- PERO dans la Bibliolh. égyplol. t. II, p. 468-460.

416 LA LITTErxATURE

« l'amour, de célébrer des fêtes; suis toujours ton désir et « ne laisse jamais entrer le chagrin dans ton cœur, si long- <( temps que tu es sur la terre.

<( Car VAmenti est le pays du lourd sommeil et des « ténèbres, une demeure de deuil pour ceux qui y restent. « Ils dorment dans leurs forces incorporelles; ils ne « s'éveillent pas pour voir leurs frères ; ils ne reconnaissent « plus ni père, ni mère ; leur cœur ne s'émeut plus vers leur « femme, ni vers leurs enfants.

« Un chacun se rassasie de l'eau de vie; moi seule j'ai « soif. L'eau vient à qui demeure sur la terre; je suis, « l'eau me donne soif. Je ne sais plus je suis depuis que « je suis entrée dans ce pays; je pleure après l'eau qui a « jailli de là-haut.

<( Je pleure après la brise, au bord du courant, afin qu'elle (( rafraîchisse mon cœur en son chagrin. Car ici demeure (( le dieu dont le nom est Toute mort. Il appelle tout le « monde à lui, et tout le monde vient se soumettre à lui, (( tremblant devant sa colère. Peu lui importent et les « dieux et les hommes; grands et petits sont égaux devant « lui. Un chacun tremble de le prier, car il n'écoute pas. « Personne ne vient le louer, car il n'est pas bienveillant « pour qui l'adore : il ne regarde aucune offrande qu'on lui « tend. »

ARTICLE III

Littérature Moabite.

Le texte que nous allons citer est le seul que l'on con- naisse. Il contient toutes les particularités de grammaire et de style qui caractérisent le dialecte cananéen le mieux connu, l'hébreu.

LITTÉRATURE MOABITE 417

Inscriptions du roi Mesa*.

Cette inscription, gravée sur un stèle monolithe de basalte noir, arrondie ou cintrée à la partie supérieure, rap- pelle les stèles égyptiennes. Elle représente, pour nous, le plus ancien spécimen de Técriture alphabétique (ix" av. J.-C.) et a la plus grande importance au point de vue paléo- graphique, archéologique, historique- et biblique.

« 1 \ Je suisMesa, fils de Kamosh-kn% roi de Mo'ab, le dy- « bonite ^ Mon père a régné sur Mo'ab, trente ans, et moi (( j'ai régné après mon père. | Et j'ai fait ce bâmâh^ à Ka- « mosh de Qorkhoh^ [... (?) en signe* de salut], parce qu'il « m'a sauvé de toutes mes chutes (?) et m'a fait triompher « de tous mes ennemis.

1. Texte dans Lidzbarski, Altseinitische Texte 1 Heft (éd. manuelle, sans trad. avec de bonnes notes); M.-J. Lagrange, RB X, 522 suiv.; texte et trad. avec comment, philol. et histor. ; R. Dussaud, Les monuments pales- tiniens et Judaïques. In-8, Paris, 1912, p. 4-20 (texte, trad., étude).

Le nom du roi Mésa est écrit, sur la stèle il/s/i' : TM : Mêysh'a II Reg. III, 4. Josèphe, Antiq. IX, 29 : lAetuâ?; [Ataotî ; LXX : !aw!J3.

2. Cf. Histoire et civilisation, p. 130.

3. Les chiffres indiquent les lignes de la stèle; les traits verticaux | reproduisent c^^ux du monument; le (?) signifie que le sens est douteux;

le [ ] représente une lacune ou omission probable; les..., une mutilation

du texte original et [] une restitution.

4. Le père de Mesa portait, sans doute, un nom théophore composé dont nous ignorons le second élément. Si la lecture kn était sûre, on pourrait songer, avec Lidzbarski, à ''^J^s-

Kamosh était le dieu national des Moabites.

5. Dj'bon ; aujourd'hui: Diban.

6. Doux; un lieu de culte fut érigée, sans doute, la stèle {mtsb ou nsyb nlsyb) sur laquelle se trouve la présente inscription. Cf. I Reg. XI, 7 : « Salomon bâtit un bâmâh à Kâmôsh. ».

7. Qrkhh; Lidz, propose de lire ce nom de lieu Qorkhoh, comme Shiloh, Shokoh. Lagr. : Qorkhâ. Etait-ce l'ancienne capitale de Moab, celle qu'Isaïe (XV, 1) appelle Qiyr Mo'ab (cf. Lagr. 528-530), ou un faubourg de Dybon, plutôt que sa citadelle, sonacra? Les avis sont partagés. D'après ce qui est dit aux 1. 1. 22-23, il est difficile d'admetti'e qu'il s'agisse d'une forteresse dont l'aire était naturellement assez étroite.

8. Ns. Se rappeler l'autel élevé par Moïse et appelé par lui « Yahwih est mon signal : Yahewéh nissi. {Ex, XVIII, 15.) Peut-être, au lieu de ns, brrit état construit) : « bâmâh (sanctuaire) de salut; » avec R. Dussaud.

27

418 EA UTTÉBATUBE:

« 'Omry, roi d'Israèl, fui l'oppresseur de Mo'ab pendant « de longs jours, parce que Kamosh était irrité contre son (( pays I . Et son fds lui succéda, et il dit, lui aussi : « j'opprimerai Mo'ab! | C'est de mon temps qu'il parla « [... ainsi'].

7. « Et j'ai triomphé de lui et de sa maison. | Et Israël a u péri pour jamais. Or 'Omry avait pris possession de la « terre de Medaba* | et y demeura^ durant ses jours S et le « terme ^ des jours de ses fds, à savoir quarante ans; et Ka- « mosh [nous] l'a rendue*^, de mon temps. | Et j'ai restauré"' « Ba*al-Me'on^ et j'y ai fait un bassin% et j'ai restauré (( Qaryatlien^» | .

« Or les gens de Gad habitaient dans la terre d''Ataroth", (( de toute antiquité. El le roi d'Israèl s'était bâti 'Ataroth. « I Et je combattis contre la ville'"-, et je la pris, | et je « tuai tout le peuple de la ville, spectacle'^ pour Kamoskh « et pour Moab. Et j'emportai de l'autel'* et son « génie '^

1. Lagrange.

2. Mhdb' ; TM, passim : M^ydeba ; aujourd'hui : Mâdebâ.

3. Le sujet est 'Omry; mais il faut entendre: les Israélites, évidemment. Demeurer : Ysb, au sens de occuper.

4. C'est-à-dire : son règne.

5. WiNCKLER [Altor. Forsch, III, 1 p. 401 s.) a proposé: terme, compte; voir d;ms Ps. LV, 24; h. XXX, 28; Neh. III, 38.

6. Lagrange. « Kaiuosh l'a habité, » (Dussaud).

7. Plus probable que bâti. C'est le même verbe qui est employé, en ba- bylonien et en assyrien, pour restaurer et pour bâtir.

8. Voir le même nom propre de ville Num. XXXII, 38, Ez. XXV, 9; Chron. V. 8: cf. Jos. XIII, 17; Jer. XLVIII. 23. Aujourd'hui Mâ'in.

9. 'shwkh; le même mot se trouve dans l'hébreu d'Eccl., L. 3 (écrit 'shykh); LXX (B) yxlMi : bassin, on (A) 'kiy.y.o^ : réservoir.

10. Dans la Bible: Qiryât-haym. Sur cette ville et les suivantes, cf. Num. XXXII; XXXIV suiv. Jos. XIII; XVI; s. ; Jer. XLVIII. IL Dans la Bible : 'Atârôth.

12. C'est le mot qr; hébr. bibliq. qyr = mur, ville dans Is. XV, 1 pro- pos de Moab.)

13. Dans le sens de spectacle agréable, sans dbute.

14. '/•/. Cf Gesknius-Buhl : 'aryèl. Lidzbahskj croit plus probable, ici, le sens de prêtre.

15. Dwd; d'après le conte.xte, ce doit être quelque chose comme le dieu local d'Ataroth. Oa notera, d'ailleurs, avec Lagr,, dans .A /nos VIU, 14.:

LITTÉRATURE MOABITE 419

« et je le tramai* devant Kamosh à Qiriyah". | Et j'y fis ha- <* biter les gens\ de Saron* et de Maharath.

i4. « Et Kamosîime dit : « Va ! Prends Nebo^ sur Israël. )> « Et j'allai de nuit et je corabaltis contre elle depuis la « pointe de l'aurore® jusqu'à midi | el je la pris. Et je tuai « tout : sept mille hommes et jeunes garçons' | et femmes <( et jeunes filles et esclaves^ car je l'avais faite khereni^ à (( 'Ashtar-Kamosh", et je pris de les... [=vases? autels?] « de Yàhwéh et je les traînai devant Kamosh". |

« Or le roi d'Israèl avait bâti Yahats*^, et il y demeurait « tandis qu'il me faisait la guerre; [ mais Kamosh le chassa « devant moi, et je pris de Moab deux cents hommes, toute (( son élite** j et je les portai contre Yahats, et je la pris pour « l'annexer à Dybon. |

21. (( C'est moi*^ qui ai bâti Qorkhoh, le mur de Yeharin (( et le mur*^ d'Ophel*^; et c'est moi qui ai bâti ses portes, et « c'est moi qui ai bâti ses tours, | et c'est moi qui ai bâti le

ô Ôeô; ffou ce qui suppose quelque chose comme dodka, au lieu de derek. DussAUD : « l'autel de de Dodoh » (Dodoh étant expliquée au sens de genius local.).

1. Même verbe skhb dans II Sam. XVII, 18, avec même sens.

2. Bible : Qeriyôth.

3. 'Sih.

4. Probablement celle de 1 Chron., v, 16, située au delà du Jourdain.

5. Ville située non loin du mont Nebo.

6. Même expression dans /.sa. LXIII, 8.

7. Lagrange; Lidz : Fu^r/e (extension du sens connu de gûr : petit d'ani- mal).

8. C'est le mot rkhm : esclave de guerre. Le même mot, dans le même sens, Jud. V, 30 : « une rhhm, deux rkhm par homme ».

9. C'est-à-dire : je l'avais consacrée; je l'avais vouée. Sur le kherem bi- blique, voir L. Delaporte, Recherches de science rel. V (1914), 296-338.

10. Ce mot rappelle tout de suite ^Athr-'Aihh (Atergatis.)

11. Le dieu Kamosh peut être satisfait : tout ce <{ue Mesa avait voué à l'analhème est sacrifié à la divinité.

12. et. Niim. XXI, 23 : Yahats, entre Màdebà et Dibân (d'après Eusèbe, Onomasticon, 264,94), poste avancé pour le roi d'Israèl.

13. Littér. : toute sa tête.

14. Mésa fait des travaux pour mettre la ville en état de défense, sans oublier la question de l'eau (cf. travaux analogues entrepris pour une autre ville d'Orient, Jérusalem, par Ezéchias, II Chron. XXXII).

15. Il s'agit de deux murs, chacun pour un quartier différent; le premier

420 LA LITTÉRATURE

« palais' royal; et c'est moi qui ai fait le double réservoir* « pour l'eau, au milieu | de la ville ^ Et il n'y avait pas de « citerne* au milieu de la ville, à Qorkhoh. Et j'ai dit à « tout le peuple : Faites- | vous chacun ^ une citerne dans « sa maison. Et c'est moi qui ai fait creuser les fossés de « Qorkhoh par les prisonniers^ d'Israèl. | Et c'est moi qui « ai bâti 'Aro'er, et moi qui ai fait la route de T'Arnon.

27. « C'est moi qui ai bâti Belh-Ramoth"' parce qu'elle « était en ruines; c'est moi qui ai bâti Beser, car elle était « en ruines» [avec les gens] de Dybon, au nombre de cin- « quante car tout Dybon est enrôlé» | et j'ai placé le « [nombre complet de] cent [hommes dans les villes que j'ai « annexées au pays. Et c'est moi qui ai bâti [] Mahdaba' « et Beth-Diblaten et Beth-Ba'alme'on, et j'y ai porté les « pasteurs... troupeaux du pays. Et Khoronen'" habi-

« tait Et Kamosh me dit : Descends, combats contre

« Khoronen »! | Et je suis descendu [nous l'a rendue] « Kamosh, de mon temps. Et..,, année. Etc'estmoi.

est le mur des jardins (si l'on traduit le mot) ; et le second, le mur de l'ar- rière-ville {'!} (Conjecture Lagr.) ou de l'acropo/e (Dussaud).

16. Nous avons dans le texte : ^phT qui est exactement, comme à Jérusa- lem, le mot 'Ophel et qui, comme à Jérusalem aussi (cf. note Lagr.) est le quartier entouré d'un mur, au S.-E. du Temple (II Chron. XXVII, 3; etc.).

1. Bth mlk : maison du roi.

2. Expression analogue dans Ez. XVI, 22 shny h^nir. Réservoir, citerne h'shwkh; rac. shwkh. Peut-être vaudrait-il mieux traduire, avec Dussaud : « le mur de revêtement du réservoir », etc.).

3. Qr.

4. Br. On ignore la différence qui peut exister entre 'shwkh et br.

5. NW.

6. Pris par Mesa, dans la campagne de Mahdaba'.

7. Il faut l'identiGer, sans doute, avec Bâmolh ou Bâmoth Ba'al de Num. XXI, 19, et Jos. XVIII, 17, un sanctuaire ou haut lieu primitivement, et qu'il faut situer quelque part entre le mont Nébo {Nehâ') et le Zerqâ'. Cf. Jaussen et Savignac, Mission archéol. en Arabie, in-4, Paris, 1909, p. 16- 18. Bien que Mesa ne le dise pas, on peut supposer avec vraisemblance que cette ville avait été détruite par les Israélites à cause du lieu de culte.

8. Nous suivons l'interprétation du P. Lagrange,

9. Mshm'th, au Pi. passif : convoquer, grouper autour d'un chef. (Note

l.AGR.)

10. Dans la Bible, Jer XLVIII, 5 : Khoronaym.

LITTÉRATURE ARAMÉENNE 42t

ARTICLE IV

Littérature araméenne.

Les anciens désignaient une langue^ non pas par ses carac- tères grammaticaux et philologiques, mais joar le nom du peu- ple qui la parlait de leur temps. C'est ainsi qu'à l'époque de N. S. l'hébreu (è^pailTTt.) désignera la langue des « hébreux » du temps. De même, les anciens appelaient « araméen » le dialecte parlé par les habitants de l'Aram, vaste région qui comprenait des populations mélangées et non pas seulement les Araméens proprement dits. Ces derniers eurent-ils, dès le xin® siècle, époque à laquelle on reporte leur invasion en Mésopotamie d'abord, puis en Syrie, une langue et une écri- ture spéciales'! L'ancienne philologie l'a pensé; mais il ne paraît pas que l'on puisse admettre cette opinion, car ne serait-il pas vraiment trop étrange que Ion ne retrouve aucun vestige de cette langue entre le xni*' siècle et l'époque de l'inscription de Panammu (vni* s.) ou les contrats avec notes marginales (vii^s.)?

Certains admettent, aujourd'hui, que l'araméen représente un dialecte qui finit par supplanter le cunéiforme dans toute l'étendue de l'Aram. Il est sûr que l'araméen a été précédé par le cunéiforme, en particulier dans le royaume de Samal ou Y'ôdi dont les souverains se donnent comme sujets de Tiglath-Pileser. C'est qu'ont été trouvées les plus anciennes inscriptions araméennes, celles de Panammu et de Bar-Rekub. Leur ancêtre Kilammu a laissé aussi une ins- cription, mais celle-ci est en phénicien : Si Kilammu avait eu une langue et une écriture araméennes, pourquoi son inscription serait-elle en phénicien?

Quoi qu'il en soit, à un moment donné, l'araméen devint si général en Mésopotamie qu'il dut y avoir une chancellerie araméene à côté de la chancellerie assyrienne. Asaraddon

^32 LA LITTERATURE

prie quelque part son dieu (Shamash) pour le bonheur de ses scribes assyriens et araméens.

Parmi les documents bilingues, signalons les poids de bronze en forme de lion appartenant à la fin du viii^ siècle. Ils portaient des inscriptions en cunéiforme assyrien et ara- méen. L'inscription assyrienne donne la date de l'objet et le nom du roi : cela constitue la partie officielle, la marque royale du poids; mais sa valeur et le nombre d'unités qu'il représente sont donnés en araméen qui ne mentionne rien d'autre. L'araméen paraît donc être l'écriture populaire, celle que les commerçants, acheteurs et vendeurs, savent lire.

Signalons surtout les tablettes assyriennes avec des notes marginales en araméen. Ces tablettes sont en général des contrats, et les notes donnent en araméen le nom des per- sonnes intéressées ainsi qu'un court résumé du contenu de la tablette. Une des plus anciennes est du règne de Sennaché- rib (687 av. J.-C), les plus récentes vont jusqu'à l'époque perse.

Dans l'état actuel de la documentation, l'araméen appa- raît tout à coup avec son écriture constituée ; il est au moins probable qu'avant d'être ainsi employé dans des documents écrits, il avait longtemps vécu à l'état du lan- gage populaire*.

Les Papyrus d'Eléphantine.

Un peu en deçà de la première cataracte du Nil, une ville, appelée Jeb par les Egyptiens, et Eléphantine par les Grecs, avait une importance assez considérable, d'abord au point de vue commercial, parce que sa situation près de la cataracte faisait d'elle et de Syène un entrepôt propice pour le trafic avec les régions du Haut Nil, ensuite au point de vue

1. On peut s'en souvenir, positis pomndis, à propos de certains psaumes hébreux dans lesqiiels les critiques reJèTent des mots araméens.

LITTÉRATURE ARAMÉENNE «3

stratégique parce qu'elle permettait de barrer assez aisément aux Éthiapiens le chemin de l'invasion.

En cette ville de Jeb on avait établi une colonie militaire composée d'éléments disparates : au vi^s. av. J.-C, un con- tingent important de Judéo-Araméens en faisait partie ; au «., il y a aussi des Perses et de Babyloniens.

Les Judéo-Araméens, comme les autres « colons » sans doute, n'étaient pas occupés eicclusivement à des exercices militaires : ils possédaient, à Eléphantine, des biens fonds dont ils disposaient et qu'ils administraient; ils s'occupaient activement de commerce et d'affaires d'argent. Des détails intéressants se rapportant à la forme fajndique des contrats, au droit matrimonial^ et à la langue montrent que la com- munauté judéo-araméenne de Jeb était fortement « baby- lonisée. »

Dans la ville, antérieurement à la conquête de l'Egypte par Gambyse, en 525, les Judéo-Araméens avaient bâti en l'honneur du Dieu d'Israël, Yahô ou Yahwéh, un temple dans lequel ils offraient des sacrifices'. Ce temple était érigé en face du temple de Khnub ou Khnum, dieu égyptien de la cataracte.

En plein quartier juif, des Egyptiens (et en particulier un prêtre du dieu Khnub) avaient leurs maisons. Les fidèles de Tun et l'autre culte entretiennent d'abord des relations de tolérance; mais au v" s., des dispositions hostiles se mani- festent contre les adorateurs de Yahô, les haines s'enve- niment à l'occasion du zèle avec lequel Egyptiens, Judéo- Araméens et autres, exploitent la vénalité des fonction- naires perses. Et le temple de Yahô est ruiné, en 410. Nous ignorons s'il a été jamais rebâti.

Ces faits et d'autres encore nous ont été révélés par les

1. Ce qui ne les empêche pas d'admettre, sinon de leur rendre un culte, ^Anath-Yahô, Kharam-Bethel, 'Anath-Bethel. Cf. van Hoonackeb, Com- munauté, 73 suiv.

424 LA LITTERATURE

papyrus d'Éléphantine\ trouvés dans un même groupe de maisons, à peu près au même endroit. Tous les papyrus de celte provenance sont rédigés en araméen, et non seule- ment les instruments juridiques et officiels, mais aussi la correspondance privée et les compositions d'ordre littéraire. Parmi ces dernières, citons des fragments d'une version araméenne de l'inscription trilingue de Behistun, qui se rattache au texte assyro-babylonien ; citons encore des frag- ments considérables du Livre de la sagesse d^Akhiqar (dont le texte est plus simple que celui des versions postérieures).

Lettres relatives au temple juif d'Eléphantine.

1.

« A notre seigneur Bagohi, gouverneur de la Judée, tes « serviteurs Yedonya et ses consorts, les prêtres qui se « trouvent dans Jeb% la forteresse. Le salut de notre sei- « gneur, que le Dieu du ciel s'en assure grandement en « tout temps; et qu'il te mette en faveur devant le roi « Darius et les fils de la maison (royale), plus que mainte-

1. Ils sont contenus aujourd'hui dans deux grandes Collections :

1«> A. H. Sayce-A. E. Cowley, Aramaic Papyri discovered at Assuan, London, 1906. Ce sont des documents ou actes légaux relatifs aux biens et intérêts d'une famille judéo-araméenne d'Eléphantine au cours de trois générations. Au moment de leur découverte, ils étaient en parfait état, encore roulés et entourés de leurs bandelettes scellées.

Ed. Sachau, Aramaïsche Papyrus und Ostraka aus einerjûdischen Mili- tàr-kolonie zu Elephantine, Altorientalische Sprachdenkmàler des 5 lahriin- derts vor Christ, Leipzig, 1911. Ici les documents sont partagés en six groupes qui en indiquent l'objet : 1. Messages et lettres de caractère public ou privé; 2. listes des noms de personnes; 3. documents légaux et actes relatifs à des règlements d'affaires (ils sont analogues à ceux de Sayce- Cowley); 4. documents d'ordre littéraire comprenant une bonne partie d'une relation araméenne de l'histoire d'Akhiqar, un fragment de récit, et une version araméenne de l'inscription de Darius I*"" à Behistun; 5. des fragments divers ; 6. oslraka, inscriptions sur cruches et autres analogues.

2. Nous conservons la transcription Jeb, parce qu'elle est la plus con- nue. En égyptien hiéro- 4' B ^ = ^^ (ou U" f 5K C3 = Ib" glyphique, le mot est I J Ù:C::Û Yb) ou I J Ji /N^v^ = Ele- phantine.

LITTÉRATURE ARAMÉENNE 425

« nant un millier de fois, et qu'il t'accorde longue vie, et « sois heureux et plein de santé en tout temps.

« A présent, ton serviteur Yedonya et ses consorts te « parlent ainsi :

« Au mois de Tammuz de l'an 14 du roi Darius, alors « qu'Arsham était parti et s'était rendu auprès du roi, les « prêtres du dieu Khnub demeurant dans Jeb, la forte- « resse, de concert avec Widarnag qui était commandant « ici " feraient bien que le temple de Yahô, qui est dans « Jeb, la forteresse disparaisse de làl »

« Après quoi, ce Widarnag maudit envoya une lettre à « Naphayan, son fils, qui était chef d'armée dans Syène, « la forteresse, disant : Le temple qui est dans Jeb^ la for- « teresse, qu'on le détruise!

« Après quoi, Naphayan prit sous sa conduite des Egyp- « tiens et d'autres troupes. Ils arrivèrent à la forteresse « de Jeb avec leurs engins, entrèrent dans ce temple, le « démolirent Jusqu'au sol. Et les colonnes de pierre qui « étaient là, ils les détruisirent. De même les portes monu- « mentales (au nombre de 5), bâties en blocs de pierre (( équarris, dont ce temple était muni, ils le détruisirent. « Et ils mirent leurs battants debout (et les gonds de ces « battants étaient d'airain), et la toiture en poutres de « cèdre tout entière, ensemble avec le reste de l'installa- « tion(?) et les autres choses qui y étaient, ils brûlèrent « tout par le feu.

« Et les vases d'aspersion en or et en argent, et les objets « qui étaient dans ce temple, le tout ils prirent et s'appro- « prièrent.

« Or, depuis les Jours des rois d'Egypte, nos pères ont « bâti ce temple dans Jeb, la forteresse; et lorsque Cam- « byse vint en Egypte, il trouva ce temple bâti; et les « temples des dieux d'Egypte on les détruisit tous ; mais « nul ne détériora quelque chose de ce temple.

« Et après que ion eut agi de cette sorte, nous et nos

426 LA LITTÉBATURE

« femmes et nos enfants nous nous sommes revêtus de sacs, « nous avons Jeûné et adressé nos prières à Yahô, le Dietu « du ciel, qui nous a donnés en spectacle à ce M^idarnag. « Les chiens ont arraché les cordons de ses pieds et tous les « trésors qu'il s'était aoquis ont péri; et tous les hommes « qui avaient tramé du mal contre ce temple, tous ont été « tués et nous les avons eus en spectacle.

« Déjà autrefois, au temps ce mal nous fut causé, « nous avons envoyé une lettre (à) notre seigneur et à (( Yehokhanan, le grand prêtre et ses collègues, les prêtres « de Jérusalem, et à Awslan, le frère de 'Anami, et aux <f notables des Juifs. Ils ne nous ont pas envoyé de lettres.

c> Cependant, depuis le mois de Tammuz de l'an 14 du roi a Darius jusqu'aujourd'hui, nous sommes vêtus de sacs et « nous jeûnons. Nos femmes sont réduites à la condition de « veuves. Nous ne nous oignons pas d'huile et nous ne « buvons pas de vin.

(( Aussi, depuis ce temps-là jusqu'à (ce) jour de l'an 17 du « roi Darius, oblation et encens et holocauste on n'a point « offert dans ce temple.

« A présent, tes serviteurs Yedonya et ses consorts et les « Juifs, tous les gens de Jeb, parlent ainsi : S'il semble bon « à notre seigneur, au sujet de ce temple, qu'on le rebâ- « tisse, puisqu'on ne nous permet pas de le rebâtir, eh bien! « les favoris de ta bonté et de ta bienveillance ici en Egypte « qu'une lettre de ta part leur soit envoyée touchant le « temple du Dieu Yahô, pour qu'an le rebâtisse dans Jeb, « la forteresse, comme il était bâti autrefois; et que l'on « offre oblation et encens et holocauste sur l'autel du Dieu « Yahô, en ton nom, et nous prierons pour toi en tout temps, « nous et nos femmes et nos enfants et les Juifs tous qui « sont ici.

« Si tu fais ainsi, de sorte que ce temple soit rebâti, une « récompense te reviendra devant Yahô, le Dieu du ciel, « plus grande qu'à celui qui lui offrirait holocauste et

LITTÉRATURE ARAMÉENNE 427

<( sacrifices équivalents k la valeur d^un millier de talents « d'argent.

« Quant à la question or, là-dessus nous avons instruit « notre envoyé.

(( En outre, de toutes choses nous avons, dans une lettre « fait part en notre nom à Délaya et Shelemya, les fils de <ii Sin-uballit, le gouverneur de Samarie.

« Encore : De toutes ces choses faites entre nous Arsham « n'a eu aucune connaissance.

« Le 20 Markheswan de Tan 17 du roi Darius. »

2.

« Mémorandum touchant ce que Bagohi et Délaya (m')

«. ont dit à moi, mémorandum ainsi qu'il suit : « Tu pour-

« ras, en Egypte, parler, devant Arsham, au sujet du sanc-

« tuaire avec autel' du Dieu du ciel, qui fut bâti dans Jeb,

« la forteresse, autrefois, avant Cambyse, que Widarnag,

« ce maudit, à détruit en Tan 14 du roi Darius, afin qu'il

« soit rebâti en son lieu comme il était auparavant, et que

« l'on offre l'oblation et l'encens sur cet autel, conformé-

« ment à ce qui autrefois était pratiqué. »

Histoire et sagesse d'Akhiqau l'assyhien^.

Certains manuscrits ont pour titre : Les maximes et la sagesse d'Akhiqar; d'autres, Histoire d'Akhiqar, ou His- toire c'est-à-dire sagesse d'Akhiqar.

L'écrit original aurait été composé en Assyrie, par un Juif babylonien^, antérieurement au v** siècle av. J.-C, en araméen ; on n'en possède que des versions en syriaque, arabe, arménien, grec, etc. La version syriaque est la plus importante, elle fut faite sur l'original^.

1. î^naio n>3 : maison à autel.

2. Histoire et Sagesse d'Ahikar, traduction par F. Nau, in-8, Paris, 1909.

3. L. c. p. 13-14.

4. Ibid, : Introd. ch. V, i.

428 LA LITTÉRATURE

Akhiqar qui aurait pris modèle sur les proverbes aurait été imité par Jésus, fils du Siracb, dans l'Ecclésias- tique, et les ressemblances textuelles des deux livres pro- viendraient do ce que Jésus fils de Siracb, qui rédigeait l'Ecclésiastique, connaissait les maximes d'Akbiqar\

L'ouvrage consiste en une double collection de sentences ou proverbes insérée dans une bistoire : Akbiqar, scribe de Sennacbérib et de Sarkbédom, adopte Nadam, le fds de sa sœur, l'élève et lui adresse une première série de sages maxi- mes pour compléter son éducation. Nadan n'en profite pas et, craignant d'être desbérité par son oncle, imagine, à l'aide de lettres écrites en son nom, de le faire passer pour un cons- pirateur et condamner à mort. Fort beureusement, le bour- reau est un ami d'Akbiqar; il n'exécute pas l'ordre donné.

Peu après, le roi d'Egypte demande au roi d'Assyrie de lui envoyer un bomme qui puisse répondre à toutes ses questions et bâtir un palais dans les airs.

Akbiqar seul peut suffire à cette tâcbe. Il va en Egypte, répond aux questions du pbaraon et, à son retour, demande que Nadan lui soit livré. Il lui fait donner la bastonnade, afin de faire entrer la sagesse « par les épaules puisqu'elle n'avait pu entrer par les oreilles; » puis il lui adresse une grande série de maximes.

Ces deux séries de maximes^ ont autant d'importance que Fbistoire : elle constituent la Sagesse dWkhiqar^ par analogie avec la Sagesse de Salomon et la Sagesse de Jésus, fils de Sirach^.

Cette sagesse a exercé une grande influence sur les litté- ratures orientales et, à un degré difficile à préciser, sur certains Livres Saints*.

1. Ces ressemblances ne proviendraient pas de ce qu'un auteur Juif, rédacteur d'Akhi(iar, aurait utilisé le texte hébreu de l'Ecclésiastique. L. c, p. 111.

2. III, 1-15 et XXXIII, 96-142.

3. Nau, p. 1.

4. Nau, p. 15-74.

LITTÉRATURE ARAMÉENNE 429

Citons quelques extraits :

« Mon fils, ne te hâte pas de répondre et ne mets pas de « jactance dans tes réponses et tes discours, comme l'aman- « dier qui pousse des feuilles et verdoie avant tous les « arbres et ne donne de fruits qu'après tous (les autres) ; « sois comme Tarbre agréable, admirable, doux et plein de « saveur, comme le figuier, qui incline ses branches, ver- « doie et pousse des feuilUes à la fin, bien que son fruit « soit mangé avant tout autres »

« N'élève pas ta voix avec jactance et tumulte, car s'il « suffisait d'une voix puissante pour construire une mai- « son, l'âne en bâtirait deux en un jour, et si la charrue <( était dirigée par la force, le chameau la conduirait au « mieux-. »

« Mon fils, ne t'oublie pas avec l'insensé, n'aie pas com- « merce avec celui qui n'est pas chaste ^ »

« Mon fils, reçois chez toi celui qui est au-dessous de « toi et celui qui est moins riche que toi ; s'il s'en va et ne « te rend pas. Dieu te rendra*. »

« Mon fils, tel un arbre opulent sous ses fruits, ses « feuilles et ses rameaux, ainsi est l'homme avec une « femme excellente, et ses fruits (sont) des enfants et « des frères. L'homme qui n'a ni femme, ni enfants, ni « frères au monde sera dédaigné et méprisé de ses ennemis, « (comme) un arbre qui est le long du chemin : tous les « passants le frappent du pied et mangent de ses fruits, et « l'animal sauvage fait tomber et choir ses feuilles^ »

« Mon fils, celui dont la main est pleine est appelé sage <( et honorable, et celui dont la main est vide est appelé

1. Hist. etsag. Ahikar, 111,11.

2. III, 11 b.

3. III, 24.

4. III, 31.

5. III, 39.

430 LA LITTERATURE

« méchant, pauvre, besogneux et indigent, et personne ne « l'honore*. »

« Mon fils, j'ai mangé de l'absinthe et j'ai dévoré de la <( myrrhe, mais je n'ai rien vu de plus amer que la pau- « vreté et l'indigence-. »

« Mon fils, la beauté périt, se corrompt et s'évanouit et « le monde cesse, s'en va et passe, tandis qu'un bon renom « ne passe pas, ne cesse pas et ne se corrompt pas^ »

« Mon fils, si tu es prêtre de Dieu, prends garde à lui et <( parais devant lui avec pureté*. »

« Mon fils, celui qui brille par son vêtement brille aussi « par son langage, et celui qui est méprisable dans son « vêtement Test aussi dans sa parole ^ »

« Mon fils, la main qui ne se fatigue pas, ne travaille pas « et ne peine pas sera coupée à cause de sa paresse®. »

Insgriptioin de Hadad^

Cette inscription, trouvée à Sindjirli, entre Antioche et Marash, est du viii® siècle av. J.-G.

« C'est moi Panammu, fils de Qrl, roi de Y'odi, qui ai (( élevé cette statue à Hadad parce que se sont tenus avec (( moi les dieux Hadad et El etReshef et Rekub-El, et Sha- « mash, et qu'a donné dans ma main Hadad et El et Rekub- (( El et Shamash et Reshef le sceptre de bénédiction (?) et « s'est tenu avec moi Reshef, et ce que j'ai pris en main « [a réussi?], et ce que j'ai demandé aux dieux, ils me font « donné, et(?) une terre d'orge (?)..., une terre de froment (( et une terre d'ail, et une terre (?) Même je me suis

1. III, 55.

2. III, 56.

3. III, 05

4. III. 81.

5. III, 89.

6. XXXIII, 119. Nous avons suivi la traduction Nau.

7. D. II. MuLLEn Allseinil. Inschr. von Send^chirli; ERS" 492. Nous re- produisons la traduction de ERS^ 493.

LITTERATURE ARAMÉENNE 431

« assis sur le trône de mon père, et Hadad a donné dans (( ma main le sceptre de bénédiction (?) [j'ai fait dispa- (( raîLre] le glaive et la langue (mauvaise) de la maison de « mon père, et, de mon temps, Y'odi a soit mangé, soit bu, « et, de mon temps, il y eut de l'émulation (?) dans le « pays(?) pour établir des cités et pour établir des (?)... et

« pour bâtir des villages de bénédiction (?) On priL cha-

« cim son voisin, et donna en aJDondance Hadad [et] El et « Rekub-El et Sbamash et Arq-reshef ; et la grandeur il me « l'a donnée et il a fait une sûre alliance avec moi.

« De mon temps, la graisse (?) [des sacrifices] je donnai « aux dieux, et certes ils prirent de ma main, et ce que je « demandai des dieux, certes ils le donnèrent abondam- <( ment à moi, et ils ont été favorables.

« Et [interrogea mon père(?) Qrl] les dieux certes, et « Hadad n'accorda pas certes... il m'a appelé à bâtir, et c( dans ma majesté il a donné certes Hadad... de bâtir, et « j'ai bâti certes, et j'ai dressé celte statue Hadad et le « lieu sacré' de Panammu, fils de Qrl, roi de Y'odi, avec « la stèle [gravée celle-ci (?)].

« Qui que ce soit parmi mes fils qui saisira le sceptre et « qui s'assiéra sur mon trône et qui confirmera sa puis- « sance et qui sacrifiera à Hadad... et il sacrifiera... et il « sacrifiera à Hadad et il invoquera le nom de Hadad ou « bien [lui-même?] et qu'il dise : que mange l'âme de Pia- (( nammu avec toi et que boive l'âme de Panammu avec toi, « pourvu qu'il mentione l'âme de Panammu avec Hadad... « ce sacrifice... qu'il s'y complaise commeun présent(?) à « Hadad et à El et à Rekub-El et à Shamash... Panammu... « j'ai fait habiter les dieux, et dans sa bénédiction (?) je me « suis reposé(?)... et ils m'ont donné une race (?)... [celui « de] mes fils qui saisira le sceptre et s'assiéra sur le trône « royal sur Y'odi, et qui confirmera sa puissance, et qui

1. MQM.

432 LA LITTÉRATURE

« sacrifiera Hadad et qui ne mentionnera pas] le nom « de Panammu en disant : que mange l'âme de Panammu « avec Hadad et que boive 1 ame de Panammu avec Ha- « dad... [qu'il n'accepte pas] son sacrifice, et qu'il ne s'y « complaise pas, et ce qu'il demande, que Hadad ne le lui « donne pas, et que Hadad colère répande sur lui (?)... « qu'il ne lui donne pas à manger... et qu'il écarte de lui « le sommeil pendant la nuit, et qu'il lui donne la ter- « reur , etc.

Inscription de Panammu*.

Cette inscription est gravée sur le bas d'une statue dra- pée, aujourd'hui au musée de Berlin, qui représentait le roi Panammu et avait été consacrée par son fils Bar-Rekub. Elle date du viii^ siècle av. J.-G.^.

« Cette statue a placé Bar-Rekub à son père Panammu « fils de Bar-sur roi de Y'ôdi, en l'an....

« Mon père Panammu [pendant qu'on massacrait] son « père, les dieux de Y'odi l'ont sauvé de la destruction. « Une conjuration eut lieu dans la maison de ses pères, et « se leva le dieu Hadad (?)... son siège (?)... destruction... « dans la maison de son père, et il tua son père Bar-sur, et « il tua soixante-dix frères de son père, le maître de la <( cavalerie (?)... le maître... de l'armée (?) du roi Panam- « mu, et de ce qui restait certes il remplit les prisons, et « il rendit les villes ruinées plus nombreuses que les villes « habitées... [et X... dit] : Vous avez mis le glaive dans « ma maison, et vous avez tué un de mes fils, et même a « sévi le glaive dans le pays de Y'ôdi [et il a atteint] le clan « de Panammu, fils de Qrl, [le père (?)... de] mon père, a

1. Texte dans D. H. Mûller, /. c. Nous reproduisons la traduction de ERS2, 496-497.

2. Cf. Syria, revue d'art oriental et d'archéologie, t. II, 101-104.

LITTÉRATURE ARAMEENNE 433

<( péri... le blé et le grain et le froment et l'orge et une « demi-mine valait un sicle, etc.

« Et il envoya mon père. . . jusqu'au roi d' Ashshur, et il le <( fit régner sur la maison de mon père, et il tua la pierre de « scandale de la maison de son père. . . des trésors [des dieux] « du pays de Y'ôdi de... et il élargit les prisons et il délivra <( les captifs de Y'ôdi. Et mon père se leva et délivra les « femmes... la maison des tuées et Qenuel... la maison de « son père, et il y eut plus de prospérité qu'avant lui et se « multiplia le froment et l'orge, et le blé et le grain, de son « temps; et alors on mangea et on but... à bon marché.

« Au temps de mon père Panammu, il établit certes des (( chefs des villages et des chefs de cavalerie, et [était (( compté] mon père Panammu au milieu des rois puis- « sants... mon père étaient possesseur d'argent^ possesseur « d'or, et cependant dans sa sagesse et son loyalisme, il « saisit la frange de son seigneur le roi d'Ashshur' »

Quand Panammu meurt, tout le territoire d'Ashshur le pleure : <( et le pleurèrent ses frères, les rois, et le pleura « le camp tout entier de son seigneur le roi d'Ashshur, et « son seigneur le roi d'Ashshur prit... son âme, et il lui « dressa une stèle dans le chemin, et il fit passer son père « de Damas à [cet] endroit-[ci]

« Et moi Bar-rekub, fds de Panammu, à cause du loya- « lisme de mon père et de mon propre loyalisme, mon « seigneur m'a fait asseoir [sur le trône] de mon père, Pa- rt nammu, fds de Bar-sur, et j'ai placé cette statue à mon (( père, à Panammu fils de Bar-sur... ».

Ce qui suit est obscur. Il est possible que Bar-Rekub organise une sorte de culte de la statue, et, dans ce cas, on peut le résumer ainsi avec le P. Lagrange^ : « D'abord les lamentations ; puis, le roi d'Assyrie fait une cérémonie en

1. Deux lignes plus loin, nous apprenons que ce roi s'appelait Téglat- phalasar.

2. ERS2 p. 428 m 21.

28

434 LA LITTERATURE

l'honneur de Fâme du défunt; il fait élever en route, c'est-à- dire sans doute au lieu de la mort, une stèle commémorative, et il rapporte le corps au pays du défunt. Là, son fils Bar- Rekub lui fait élever une statue, organise une sorte de ser- vice divin et écrit une inscription en recommandant la mémoire du défunt aux dieux du pays « Hadad, et El et « Rekub-El et Sliamash et tous les dieux de Y'odi », afin qu'elle demeure en bénédiction « devant les dieux et de- vant les hommes' ».

Inscription de Sin-zir-ban^.

Elle a été trouvée à Neirab et remonte probablement au vi*" s. av. J.-C. On y remarque un véritable syncrétisme. D'abord, le nom Sin-zir-bcin qui veut dire le dieu Sin crée une descendance est purement assyrien. Quatre dieux sont nommés, le premier Sahar est araméen, le second Shaniash a été honoré dans tout 1 Orient et les deux autres sont assyro-babyloniens Nikkal pour Nin-gal épouse de Sin, et Nusk pour Nusku fils de Sin.

Une autre inscription, de même époque et toute sembla- ble, a été trouvée au même endroit ^

« De Sin-zir-ban, prêtre de Sahar en Neirab, défunt, et « c est son image et sa couche.

« Qui que tu sois qui déroberais cette image et couche de (( son lieu, que Sahar et Shamash et Nikkal et Nusk arrachent « ton nom et ton lieu de la vie, et qu'ils te tuent d'une « mort prématurée et qu'ils détruisent ta race!

« Et si tu gardes (cette) image et cette couche, qu'un (( autre garde ce qui est à toi I »

L Même formule dans EcclL XXV, 1.

2. Cleiimont. Ganneau. Elud. cVArchéol. or. II, 182 suiv. Nous reprodui- sons la traduction de ERS-, p. 500.

3. Reproduite et traduite dans ERS^ p. 501 : 14. Une inscription un peu postérieure de Teima porte des traces analogues de syncrédisme. Cf. ERS2, 501-503.

LITTERATURE ARAMEENNE 435

Inscription de Taba*.

Sur une stèle de Garpentras représentant, dans sa partie haute, une scène funéraire égyptienne. Ce texte serait du v** ou du iv" siècle av. J.-C. Ici, l'araméen est légèrement hébraïsant, mais la « protestation d'innocence » et l'eau bue devant Osiris sont tout à fait égyptiennes. Il semble donc qu'il s'agisse d'une Sémite qui avait adopté la religion égyp- tienne\

« Bénie soit Taba, fille de Takhapi, parfaite par rapport « au dieu Osiris.

u Tu n'as rien fait de mal! tu n'as calomnié personne! « Là-bas, devant Osiris, bénie sois-tu! Prends de l'eau « devant Osiris. Sois une dévote...? et parmi les pieux »

Inscription de Madaba^.

Cette inscription, de l'an 37 après J.-C, est gravée sur un bloc de basalte découvert en pays nabatéen, à Madaba. On y lit, à la première ligne, le mot nephesh au féminin. Le sens de ce mot a été révélé par un dessin gravé sur le rocher et surmontant une épitaphe nabatéenne de Pétra. « C'était un cippe de forme pyramidale. Quant au rôle sym- bolique de la nephesh^ il me paraît avoir été en relation intime avec la personnalité même du défunt et avoir carac- térisé en quelque sorte son individualité, ce que faisait déjà pressentir l'étymologie du mot « souffle, vie » et par suite « personne ». C'est ce qui me paraît ressortir des faits sui- vants :

Le tombeau élevé par 'Abd'Obodath était destiné à deux

1. Le texte dans CIS, II, 141, et dans ERS^, 504. Nous reproduisons la traduction de EHS^ l. c.

2. Cf. ERS2 504.

3. CIS, II 196, et ERS^ 505. Nous donnons la traduction de ERS^ /. c.

436 LA LITTERATURE

individus : un premier Ilaïbel, qui était son père; un second Itaïbel, qui était son fils. Or le tombeau était surmonté de deux nefesh; par conséquent, une pour chacun des deux défunts.

Le fameux sépulcre des Machabées qui s'élevait à Modin et qui était destiné à recevoir 5e/?/ personnes (Simon, auteur de la dédicace, ses quatre frères et leurs père et mère) était couronné de sept pyramides

Le superbe mausolée que la reine Hélène d'Adiabène avait fait exécuter aux portes de Jérusalem et qui existe encore (les lOhûr es-salàlin) était orné de trois pyramides ici également il faut comprendre trois nefesh] or, il était destiné essentiellement à trois personnes : les rois Izatès et Monobaze, et la reine elle-même* ».

(( Ce tombeau et les deux stèles funéraires^ qui sont au- « dessus de lui (sont) ce qu'a fait 'Abd-'Obodath, stratège, « pour Aithi-Bel, stratège, son père, et pour Aithi-Bel, chef « du camp qui est à Lukhitu et au passage, fils d''Abd-'Obo- « dath, le stratège sus-dit, au siège de leur gouvernement « qu'ils ont exercé par deux fois, durant trente-six ans, au « temps de Harethath, roi des Nabatéens, Aimant-son- « peuple, et l'ouvrage qui est au-dessus a été fait en son « année quarante-sixième ».

Inscriptions de Palmyke-.

Palmyre fut habitée longtemps avant de prendre place dans l'histoire. Une source abondante au milieu du désert aride constitue une station importante pour les caravanes, un point favorable à l'installation d'un groupement humain. Nous ne savons rien de ses origines ^ Son nom n'a pas

1. Cermont-Ganneau, Recueilli, p. 190 suiv.

2. Publiées par |J.-B. Chabot, Choix d'Inscriptions de Palmyre. In-4, Paris. 1922.

3. Son nom ne figure pas dans l'Ancien Testament, car c'est Tâmâr

LITTERATURE ARAMEENNE 437

encore élé trouvé dans les textes babyloniens, ni dans les assyriens.

Tout autour de la ville se trouvent des tombeaux; il y en a surtout à l'ouest, dans le Nahr-el-Qehur=z(i Vallée des tombeaux ». Les uns sont bâlis en forme de tours] les autres sont creusés dans le roc, sur le flanc de la colline.

Ces monuments étaient faits par les grandes familles, sans doute quelque peu par vanité, mais aussi pour s'assurer une « demeure éternelle », comme disent les textes.

Les plus anciennes inscriptions /ja/mz/renze/me* datent de l'an 9 av. J.-C. Elles sont rédigées en un dialecte sémi- tique qui s'accorde essentiellement avec V araméen biblique] il contient beaucoup de mots empruntés au grec, particu- lièrement des titres de fonctionnaires et des termes tech- niques.

L'écriture-, appartient aussi à la branche araméenne; elle présente les plus grandes analogies avec l'écriture hébraïque dite carrée, qui était en usage aux environs de Tère chré- tienne.

Citons deux inscriptions funéraires.

Inscription de Van 9 av. J.-C. ^ « Ce tombeau est celui de Athe^-natan, fils de Kohailu,

nan (ville mentionnée dans Ezech. XLVII, 19) et non Tadinor =: Pal- myre, qu'il faut lire dans I Reff. IX, 18 et II Chron., VIII, 4. (Salomon bâtit donc Tâmâr) et non Tadnior.

1. Comme la plupart des Syriens, les Palmyréniens avaient adopté l'ère des Seleucides.

2. On a trois types d'écriture : la cursive (dont il n'existe qu'un petit nombre d'exemples) tracée avec le pinceau ou la calame sur les parois stuquéesdes monuments; la semi-cursive que l'on trouve à Palmyre et en dehors de Palmyre Nazala, à mi-chemin entre Damas et Palmyre; à Rome, en Egypte, en Algérie, en Angleterre, etc.) elle était portée par des marchands qui suivaient les armées romaines dont ils étaient les fournisseurs; 3" la monumentale,!, c. p. 11-12.

3. Sur une tour, à 4 m. environ au-dessus de la porte. La porte est foi'- mée de gros blocs sans décoration. Trad. de Chabot, 1. c. p. 88.

4. Nom théophore : « la déesse Alhe a donné » Athe est évidemment une abréviation d'Atar-athe (Alargatis). Au texte suivant, nous aurons une

438 LA LITTERATURE

« qu'ont bâli pour lui ses enfants, Kohailu et Hairân, « ses fils, qui sont de la tribu de Maita. « Au mois de Kanum*, de l'année 304 \

Inscription de fan 5 av. J.-C.\

« Au mois de Nisan, de Tan 308\ Ce tombeau est celui « de Jabdibol, fils de... petit-fils d'Atarsuri, des Komaré- « niens, qu'il a fait pour lui et pour ses enfants. »

ARTICLE V

Littérature phénicienne.

Le Phénicien est un dialecte cananéen, le plus important après l'hébreu. Le système des consonnes concorde entière- ment avec celui de l'hébreu ; mais la syntaxe, autant que l'on peut en juger par le style concis des inscriptions, était un peu différente. Ainsi, le phénicien n'a pas cette particu- larité de l'hébreu et du moabite qui consiste à employer, dans un récit, des temps aux parfait et de poursuivre à l'imparfait apocope; mais, par contre, le phénicien comme

autre abréviation du même mot dont on prendra le 1'='' élément A<a/'-suri. Voici les divinités de Palmyre, d'après Chabot, 1. c. p. 65 :

Bel, identifié à Zeus,

Aglibol, divinité lunaire,

Malakhél (= l'ange, l'envoyé de Bel),

larkhibôl, divinité solaire, l'Apollon des Palmyréniens,

Ataraleh =:A.largSil\s qui avait un sanctuaire à Hiérapolis (=Membidj.)

Allai, la grande déesse des Arabes (proscrite plus tard par le Koran), fort honorée par les Nabatéens, voisins des Palmyréniens,

Baalsamîn-=m le maître des deux, »

Sanias, le Soleil,

Rnhasîré, une déesse infernale. Les dédicaces religieuses de stèles, d'autels, etc., sont faites au dieu iranien Sadrafa, au dieu nabatéen Saï al gaun, à Samas, à Baalsamîn et surtout à un dieu anonyme.

1. Novembre.

2. Donc, l'an 9 avant J.-C.

3. Sur une autre tour funéraire à demi ruinée. Dans Chabot, 1. c. p. 107.

4. Avril de l'an .5 avant J.-C.

LITTÉRATURE PHÉNICIENNE 439

plus tard l'arabe, pour exprimer les temps avec plus de précision emploie un verbe auxiliaire (kân : il fut) devant le parfait du verbe pour rendre l'idée du plus-que-parfait.

Par leurs colonies, les Phéniciens répandirent leur langue dans les principaux ports du littoral méditerranéen, mais ce n'est que dans l'Afrique du Nord, à Garthage et dans le pays environnant, qu'elle s établit d'une manière ferme.

La plupart des inscriptions que nous possédons sont pos- térieures au v" siècle av. J.-G.

I^scRlPllON d'Eshmun'azar^

Au Louvre. Le sarcophage d'Eshmun-azar a été décou- vert dans la nécropole de Sidon. Nous sommes à la période perse, mais on ne peut pas préciser rigoureusement la date de l'inscription^.

« Au mois de Bul, en l'an XIV du règne du roi Eshmu- <( nazar, roi des Sidoniens, fds du roi Tabnit, roi des Sido- « niens, a parlé ainsi : J'ai été retranché avant le temps, au « milieu du tissu de jours prospères, orphelin, fils d'une « veuve, et je suis couché dans ce sarcophage et dans ce « tombeau, au lieu que j'ai bâti. J'adjure toute personne « royale et tout particulier qui ouvriraient sur ce lit de « repos ou s'ils enlevaient le sarcophage de mon lit de « repos, ou s'ils me transportaient de ce lit de »] repos, « qu'ils n'aient pas de lit de repos avec les liephaïm, et <( qu'ils ne soient pas ensevelis dans un tombeau et qu'ils (( n'aient pas de fils, ni de postérité à leur place, et que les « dieux saints les enferment avec [le roi] Adar qui domine « sur eux. pour extirper cette personne royale ou ce parti- « culier qui ouvrirait sur ce lit de repos ou qui enlèverait ce

1. Texte reproduit dans CIS, I, 3;édit. manuelle M. Lidzbahski, ^//se/u. Texte, p. 16-19.

2. Voir ScHURER, Geschichte, t. II, p. 100. n. 130.

440 LA LITTERATURE

« sarcophage. Et quant à cette race royale ou à ces parti- « culiers, qu'ils n'aient pas de racine en bas ni de fruits en « haut, ni d'éclat parmi les vivants sous le soleil. Oui c'est « moi, infortuné, qui ai été retranché avec le temps, au « milieu du tissu de jours prospères, j'étais orphelin, fils « d'une veuve.

« Oui, c'est moi Eshmun-azar, roi des Sidoniens, fils du « roi Tabnit, roi des Sidoniens, petit fils du roi Eshmun- « azar, roi des Sidoniens, et ma mère Amastarté, prêtresse « d'Astarté, notre dame, la reine, fille du roi Eshmun-azar, « roi des Sidoniens, qui avons bâti les temples des dieux, (( le temple d'Astarté à Sidon, dans la région maritime, et « nous y avons conduit Astarté en grande pompe (?), et <( c'est nous qui avons bâti un temple à Eshmun, prince « très saint, à la source Idlal dans la montagne, et nous « l'y avons installé en grande pompe (?), et c'est nous qui « avons bâti des temples aux dieux des Sidoniens à Sidon, a dans la région maritime, un temple au Aa'a/ de Sidon, « un temple à Astarté du nom de Ba'al'. Et, de plus, le « Seigneur des rois nous a donné Dor et Japho, splen- « dides pays de froment qui sont dans la plaine de Saron « à cause des hauts faits que j'ai accomplis, et il les a ajou- (( tés au territoire du pays afin qu'ils soient aux Sidoniens « à jamais.

« J'adjure toute personne royale et tout particulier qu'il «. n'ouvre pas sur moi et qu'il ne me mette pas à nu, et qu'il « ne me transporte pas [de] ce lit de repos et qu'il n'en- « lève pas le sarcophage de mon lit de repos, pour que ces « dieux saints ne les enferment pas, et qu'ils n'extirpent « pas cette personne royale ou ces particuliers et leur race « à jamais. »

1. Astarté du nom de Ba'al; on ue sait ce que veut dire exactement ce membre de phrase.

LITTÉRATURE PHÉNICIENNE 441

Inscription de Tabnit*.

Tabnit est fils d'Eslmiunazar, roi des Sidoniens du temps de \?i période perse.

« Moi Tabnit, prêtre d'Astarté, roi des Sidoniens, fils (( d'Eshmunazar, prêtre d'Astarté, roi des Sidoniens, je « repose dans cette caisse.

(( Qui que tu sois, homme quelconque, qui trouverais (( cette caisse, oh! n'ouvre pas sur moi et ne me trouble « pas, car il n'y a point chez nous d'argent, il n'y a point « chez nous d'or ni aucune sorte de vases. Dépouillé, je « repose seul dans cette caisse.

« Oh! n'ouvre pas sur moi, ne me trouble pas, car c'est « une chose abominable à Astarté, et si tu oses ouvrir sur « moi et si tu oses me troubler, que tu n'aies ni progéniture « parmi les vivants sous le soleil, ni lit de repos avec les « Rephaïm ».

Tarif sacré^.

Cette inscription, appelée tarif de Marseille parce que l'original est conservé au Musée de cette ville, fut écrite entre le iv'' et le ii^ siècle av. J.-C. Il y est question de la part de victime (ou le salaire) qui revient soit à l'offrant, soit au prêtre, dans les divers sacrifices offerts au temple d'un ba'al spécial de la côte phénicienne. On ignore si ce temple était à Carthage ou à Marseille, de toute façon il s'agit d'un culte transporté de la mère patrie à l'étranger. Citons quelques passages^:

« Temple de Ba'al [Tsaphon].

« Tarif des redevances qu'ont fixées les personnes prépo- « sées aux redevances, etc.

1. Texte dans Hoffmann, Uber einige phoenikische Inschriften, édit. ma- nuelle LiDZBARSKi, 1. c. 15-16, reproduit dans ERS^ p. 481. Nous em- pruntons la traduction à ERS^ l. c.

2. Texte dans CIS, I, 165; Lidzbarski p. 47-51 ; reproduit dans ERS^ 469.

3. Nous citons d'après la traduction de ERS^ 470-471.

442 LA LITTÉRATURE

(( Pour tout bœuf, que le sacrifice soit expiatoire ou paci- « fique ou liolocauste, les prêtres auront dix [pièces] d'ar- « gent pour chaque et, pour l'expiatoire, ils auront en sus « de celle redevance, de [la chair d'un poids de 300 'j. Et « pour le pacifique, les abatis (?) et les articulations (?) et les « peaux et les jambes (?) et les pieds et les restes de la « chair seront pour celui qui offre le sacrifice.

(( Pour un veau dont les cornes n'ont pas encore poussé « non coupé (?) ou pour un cerf, que le sacrifice soit expia- « toire ou pacifique on holocauste, les prêtres auront cinq a pièces d'argent pour chaque, et pour l'expiatoire ils au- (( ront en sus de celte redevance, de la chair d'un poids de « 150 et pour le pacifique les abatis (?) et les articula- « lions (?) ; et les peaux et les jambes (?) et les pieds [et le « reste de la chair seront pour celui fait le sacrifice]

« Pour un bélier ou une chèvre, etc. Pour un agneau ou « un chevreau ou pour un faon de cerf, efc.

« Pour un oiseau domestique ou de vol (?), que ce soit un « holocauste ou un purgatoire ou un haruspical, les prêtres « auront 3/4 de pièces d'argent, 2 zer pour chaque; et [la « chair sera pour celui qui offre le sacrifice -].

« Pour un oiseau, s'il s'agit de prémices sacrées, ou « s'il s'agit d'un sacrifice de gibier, ou s'il s'agit d'un sacri- « fice de bête, engraissée les prêtres auront en argent la... (( pour chaque, etc.

« Quant aux libations e1 quant à la graisse et quant au « lait et quant à tout sacrifice en offrande... [les prêtres « n'auront rien...].

« Pour tout sacrifice que sacrifie un propriétaire de (( troupeaux ou un propriétaire d'oiseaux, les prêtres « n'auront [rien de cela]. »

1. Il s'agil sans doute d'une uniié que Unit le monde connaissait et que, pour cela, on n'a pas mentionnée.

2. Litlér. : le maître du sacrifice, comme en assyrien bel niqi. Même expression en sahéen (Hommel. Lud-ar. chrest. p. 25.

LITTÉRATURE PHÉNICIENNE 443

Les lignes qui suivent sont mutilées. Il s'agit^ des corps constitués qui offrent un sacrifice : ils ne devront payer que comme un seul offrant.

« Tout prêtre qui prendrait une redevance en trans- a gression de ce qui est statué sur cette table, sera mis à « l'amende..., etc.

LlîS CUMl'TKS DE GlTlL'M^.

Sur une pierre calcaire du iv* siècle av. J.-G. trouvée dans l'île de Chypre, près de Larnaka, l'antique Gitium, deux comptes sont dressés par les administrateurs du temple.

« Somme pour le mois d'Etanim. Etc. « I. Aux constructeurs qui ont construit le temple d'Astarté « de Citium... ; aux huissiers et à ceux qui sont à la porte... ; « aux serviteurs...; aux sacrificateurs...; aux barbiers tra- « vaillant à la fonction : 2 qfa... ; etc. A'Abd-Eshmun, chef « des scribes... ; etc. « II... Aux maîtres des jours... en paix. Aux esclaves du

« temple etc Aux jeunes filles, et les jeunes filles*

« Aux hiérodules et pour les prosélytes... »

Un autel a la déljssk 'Anath*.

Inscription de Larnax Lapithu (Chypre), probablement du iv'' siècle av. J.-C.

« A la déesse 'Anath, force de la vie, et au seigneur des <( rois, Ptolémée, Ba'al-shillem, fils de Sesmaï, a consacré « l'autel. En heureuse destinée. »

1. Cf. Clermont-Ganneau, /?ecHej7III, 25 s.

2. Texte dans CIS, 1, 86, A et Redit, manuelle Lidzbarski /. c.,p. 29-31. Trad. ERS'^ p. 479.

3. On se demande pourquoi le même mot est répété. On suppose qu'il s'agit peut-être, ici, de chanteuses.

4. Texte dans CIS, 1, 95; reproduit dans ERS^ p. 482, édit. manuelle Lidzbarski, p. 33. Nous citons la traduction de ERS^ l. c.

444 LA LITTERATURE

UN PORTIQUE A ASllÉRA-ASTARTE^

Inscription de Tan 222 av. J.-C, trouvée à MaUsub, entre Tjr et Ptolémaïs, un peu au sud d'Umm-el-Aw^âmid.

(( Portique du côté du levant et du septentrion qu'ont « restauré les divins-, représentants de ' Milka-Astarté, et (( ses serviteurs, les citoyens de Hammôn, pour Astarté « sous le vocable d'Ashéra, divinité de Hammôn, en Tan 26 « de Ptolémée, seigneur des rois, illustre Evergète, fds de <( Ptolémée et d'Arsinoé, dieux frères, la 53° année du « peuple de Tyr, comme ils ont restauré tout le reste des (( sanctuaires qui sont dans le pays, pour que ce leur soit « en mémoire et bon renom à jamais. »

La meilleure interprétation des faits nous paraît être celle- ci qui est du P. Lagrange : La grande déesse cananéenne, Astarté, était la divinité des gens de Hammôn, à Hammôn même, sous le nom de Mil ka- Astarté; au lieu appelé aujourd'hui Ma'tsub, sous le vocable dWshéra.

La ville principale avait sans doute un temple considé- rable, dont les prêtres ou les administrateurs, nommés elim « divins », se considéraient comme les chargés d'affaires de la déesse pour la restauration des sanctuaires dans toute la

région*.

I^SCRIPTION DE MaLTE^

Cette inscription, probablement du ii*' siècle av. J.-C, existe en deux exemplaires semblables, rédigés en phénicien et en grec; l'un des deux est à Paris, l'autre à La Valette.

« A notre Seigneur, à Melqart de Tyr, qu'a voué ton

1. Texte dans Clkrmont-Ganneau, Recueil 1, 81 s., édit. manuelle Lidz- BARSKi, p. 23-24. Nous citons la traduction de ERS^ p. 489.

2. ahsn.

3. iNbc.

4. ERS2 p. 491.

5. Texte dans GIS I, 122 A et B; édit. manuelle LinzB.vnsni p. 42.

LITTÉRATURE GRECQUE 445

« serviteur 'Abd-osir et son frère Osir-shamar, tous deux « fils d'Osir-shamar, fils d'Abd-Osir, car il a écouté leur

« voix. Qu'il les bénisse! »

Inscription de Siloé*.

Six lignes de caractères hébraïques gravés sur le roc, dans le canal de Siloé qui fut creusé, vers 700 av. J.-C, pour amener l'eau de la Fontaine de la Vierge à la piscine de Siloé\

« [Voici] la percée. Et voici comment se fit la percée : « Lorsque... le pic l'un contre l'autre, et lorsqu'il n'y eut « plus que trois coudées à abat[tre, on entendjit la voix de « chacun criant à l'autre parce qu'une trouée avait été pra- « tiquée dans le rocher de part [et d'autre^]. Au jour de la « percée, les mineurs frappèrent chacun à la rencontre de « l'autre, pic contre pic. Alors, les eaux coulèrent de la « source à la piscine, sur (une longueur de) mille deux « cents coudées; et de cent coudées était la hauteur du « rocher au-dessus de la tête des mineurs.

ARTICLE VI

La Littérature grecque*.

1. Pendant VExil des Hébreux^. Vers le début du vu® s., les Grecs possédaient, dans

1. Nous reproduisons la traduction de M. R. Dussaud, Les Monuments Palestiniens et Judaïques, in-8, 1. 1912, p. 23-24.

2. Cf. II Reg. XX, 30. Voir Clermont-Ganneau, Recueil d' archéol. orient., 1,293-299, et VI, 167-111.

3. Littér. : de droite à gauche.

4. On ne s'attend pas à ce que nous résumions, ici, l'Histoire de la Littérature grecque, ni que nous donnions les extraits des plus beaux chefs-d'œuvre ou les textes qui pourraient faire le mieux ressortir les motifs pour lesquels nombre de Juifs, même en Palestine (tels les Saddu-

440 LA LITTERATURE

leurs Epopées^, une sorte de résumé idéalisé de leurs principales formes d'activité. Dans ces beaux poèmes, ils pouvaient prendre conscience de leurs qualités et de leurs défauts; à ces œuvres, d'imagination et de réflexion à la fois, ils puiseront comme à sa source toute leur sagesse.

« Ces poèmes, faits de substance vivante, plongeaient « profondément dans la réalité. Ils représentaient des émo- « tions, des sentiments, des passions, choses qui sans cesse « se diversifient et se contrarient ; mais une pensée puis- « santé avait su dominer cette confusion'^ ». Leurs qualités littéraires peuvent se résumer en ces deux mots : simplifi- Cciiion et idéalisation. Et ce seront précisément les principes fondamentaux de Vart grec.

Au VII'' et au vi'' s., Taugmentation de la population qui donna naissance à de grosses agglomérations urbaines, les luttes des partis, les grandes entreprises commerciales sti- mulèrent le progrès général de la pensée. Sous le nom des « Sept Sages ^ », se répandirent dans le pays des préceptes de modération, et le collège sacerdotal de Delphes résumait le même genre de sagesse en quelques maximes célèbres, telles que « Rien de tropl » ou « Connais-toi toi-même l » répondant à l'expérience d'hommes qui s'étaient instruits au milieu des discordes civiles.

Ce qui subsiste de la poésie des lesbiens Alcée et Sapho montre combien la sensibilité était devenue délicate et fré- missante dans la société élégante de Lesbos, et quelle finesse d'esprit s'y associait déjà. Les mêmes goûts régnaient

céens), se laisseront fasciner par la civilisation hellénisante, tandis que d'autres feront tout pour en prémunir le peuple. Nous devons supposer cette Littérature sufTisaniment connue.

5. La première déportation date de la prise de Samarie par Sargon (722-721) ; la seconde, de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor eu 586.

1. Iliade, Odyssée, Les Travaux et les Jours.

2. Choiset. Civilis. hellén. l. I, 50.

3. Voir Milieu, I. I, 308.

LITTÉRATURE GRECQUE 447

à Samos, chez les fils de Pisistrate à Athènes; et aussi en Thessalie*.

Le progrès général des esprits est mieux attesté encore par les débuts de la philosophie et de quelques-unes des sciences, avec les milésiens Thaïes, Anaximandre et Ana- ximène, avec, dans la Grande Grèce, Pythagore et son Insti- tut de Crotone, et Xénophane. Ces penseurs, consciem- ment ou non, ébranlaient les bases de la croyance religieuse traditionnelle; mais, dans le même temps, prenait forme et consistance l'Orphisme-, qui tentait de donner à la religion une théologie et une morale.

Incontestablement, à la fin du vi'' siècle, la Grèce avait pris, dans l'humanité, un rang privilégié. Au siècle suivant, la civilisation hellénique apparaît dans toute sa perfection, grâce surtout à V influence tout é) fuit exceptionnelle d'A- thènes : les deux forces qui travaillent incessamment l'hu- manité semblent se faire à peu près équilibre et réalisent, en s'associant, la plus heureuse harmonie.

Les philosophes antérieurs à Socrnte : physiocrates ioniens du vi'' s., et au s., Parménide, Heraclite, Em- pédocle, Anaxagore et les atomistes Leucippe et Démocrite avaient montré dans la vie de V univers le jeu des grandes forces naturelles; c'était détruire en fait tout l'édifice de la mythologie. Mais cette philosophie, par sa nature même, était presque inaccessible à la plupart des intelligences.

Dans la seconde moitié du v" s. , Socrate esquissa, sous une forme beaucoup plus simple, une philosophie qui contenait les éléments d'une religion intimement unie à la morale et, par conséquent, propre à donner une certaine satisfaction aux consciences qui ne pouvaient se passer de surnaturels

1. Preuve : les Odes amoureuses et bachiques de l'ionien Anacréon qui fut l'hôte des grands seigneurs de ces villes.

2. Ainsi appelé parce que les poèmes qui l'attestent, composés par Onomacrite, étaient donnés par son auteur pour des révélations du légen- daire Orphée.

3. Socrate tendait à une sorte de monolatrie sinon de monothéisme. Il niait

448 LA LITTERATURE

a. Platon.

Gomme Socraie, son maître, Platon associa la morale à la j^eligion et, soumettant celle-ci à la raison^ il rejeta tout ce que la mythologie contenait d'absurde et d'immoral. Dans la conception polythéiste, maintenue, il introduisit une notion d'ordre et de hiérarchie. Convaincu de l'inter- vention divine dans les choses humaines, il l'imputa à des puissances distinctes mais subordonnées à une autorité supérieure'.

Platon accordait bien une certaine autorité à la tradition religieuse et aux révélations antiques, mais en même temps il affranchissait l'esprit de la foi à la mythologie et à ses fables poétiques : c'était rompre les attaches qui enchaî- naient les croyances de la Grèce au sol natal.

Chacun sait que, d'après Platon, l'âme de chaque homme apporte, en prenant un corps, les souvenirs plus ou moins effacés d'une vie antérieure, elle a eu l'intui- tion des réalités substantielles que l'intelligence seule peut saisir.

S'inspirant de l'orphisme^ et des mystères, qu'il adaptait d'ailleurs à ses idées personnelles, il admit un jugement des morts, des peines et des récompenses et un cycle de trans- formations auquel il assignait pour terme et pour but le retour à la pure contemplation de Dieu '.

les conflits des dieux, leurs passions, en un mol tout ce qui les dégradait; mais il restait attaché à certaines parties fondamentales de la croyance commune et au culte traditionnel,— Nous nous bornerons à citer quelques passages de philosophes grecs dont l'influence, combinée avec d'autres influences, contribuei-a à former le milieu alexandrin si intéressant pour nous.

1. Il ne précise ni la nature, ni les pouvoirs de ces dieux secondaires.

2. Cf Index-Lexique.

3. Nos citations grecques sont empruntées à l'édition de Tauchnitz : Plalonis opéra oninia. In-18, Lipsiae, 1850. Nous suivons d'une manière presque absolue la traduction de Em. Saisset, Œuvres complètes de Platon. In-8, Paris, 1869.

LITTÉRATURE GRECQUE 449

Dieu a fait le jioindp: par bonté*.

« Disons pour quelle cause (abiav) l'Ordonnateur de tout « cet univers l'a ordonné. // était bon, et celui qui est bon « ne saurait éprouver aucune espèce d'envie. Exempt de ce « sentiment, // a voulu que toutes choses fussent, autant « que possible, semblables à lui-même. Quiconque, instruit « par des hommes sages, admettrait que c'est la prin- « cipale cause de la formation du monde, admettrait la « vérité.

« Dieu donc voulait que tout fût bon et rien mauvais, « autant que cela dépendait de lui (xa-uà oùvaix-.v). C'est pour- « quoi, ayant pris (îraoaXaêwv) toutes les choses visibles qui, « loin d'être en repos, s'agitaient d'un mouvement sans « règle et sans suite (7tXr,pLijL£lcôç xal à':àxTwç),il les fit passer « du désordre à l'ordre (sU xà^'-v aùxo /iyaysv) jugeant cet état <( préférable.

« Or un être très bon ne pouvait ni ne peut rien faire <( qui ne soit excellent. A la lumière de la raison, il com- « prit donc qu'il était impossible de faire sortir des choses « visibles de leur nature une œuvre privée d'intelligence « qui, considérée dans l'ensemble, fût plus belle qu'une « œuvre pourvue d'intelligence (voùv) ; comme aussi qu'au- « cun être ne pouvait avoir d'intelligence sans avoir une « âme (vojv 5' au ytopU 4"-'XÔ^ àoûvaTov). En conséquence, il « mit l'intelligence dans l'âme, l'âme dans le corps, et « ordonna l'univers de manière à en faire un ouvrage de « nature excellente et parfaitement beau (5 v. xàXÀ'.arov si/i xaxà cpuo-Lv àp',(7Tov ts è'pyov.) De sorte que la vraisemblance nous « oblige de dire que ce monde est véritablement un être « animé et intelligent (tÔvos tov x6ap.ov J^ôiov è'jjLip'j'^ov evvouv ts -c^ àXyiôela) produit par la providence (xriv icpôvot.av) de Dieu.

1. Timée, 29e, suiv.

450 LA LITTERATURE

La Providence de Dieu*.

« Ne faisons pas celte injure à Dieu de le mettre au <( dessous des ouvriers mortels (Ovt.tcôv 5-fi[jLt,oupyo)v); et tandis « que ceux-ci, à proportion qu'ils excellent dans leur art, « s'appliquent aussi davantage à iinir et à perfectionner « toutes les parties de leurs ouvrages, soit grandes soit « petites, ne disons pas que Dieu^ qui est très sage (aoccw- « Taxov) qui veut et peut prendre soin de tout, néglige les « petites choses auxquelles il lui est plus aisé de pourvoir, « comme pourrait faire un ouvrier indolent ou lâche rebuté « par le travail, et ne donne son attention qu'aux gran- it des Celui qui prend soin de tout a pris des mesures

« efficaces pour maintenir l'univers dans son intégrité et « sa perfection ; chaque partie n'éprouve ou ne fait rien que « ce qu'il lui convient de faire ou d'éprouver; il a commis « des êtres pour veiller sur chaque individu jusqu'à la (( moindre de ses actions et de ses affections; en sorte que « la perfection de l'ouvrage est poussée au dernier détail. (( Toi-même, chétif mortel, tout petit que tu es, tu entres « pour quelque chose dans Tordre général, et tu t'y rap- « portes sans cesse 2

Les ûaô[jLov£s intermédiaires entre Dieu et les hommes*.

« Quelle est la fonclion diin démon [v.yx ojvajjL-.v è'xov)? « D'être l interprête et l entremetteur entre Dieu et les « hommes (éppLrjVeûov xal §t.a7rop8[jL£0ov Osoîç '^à Tzap' àvSpwTitov xal àvOpa)7îot.c; -rà Tcapà Oswv), d'apporter au ciel les prières et « les sacrifices des hommes et de rapporter aux hommes les

1. Lois, 902, s.

2. Dans le développement de cette idée est aflirmée la métempsycose : (' Puis donc que la même âme est assignée tantôt h un corps, tantôt à un autre » 1)04.

3. Banquet, 202-203.

LITTÉRATUHE GRECQUE 451

« ordres des dieux et la rémunération des sacrifices qui leur « sont offerts.

(( Les dénions remplissent l'intervalle qui sépare le ciel « de la terre : ils sont le lien qui unit le grand tout.

« C'est d'eux que procède toute la science divinatoire {■r\ [jiavTLX7i) et l'art des prêtres relativement aux sacrifices, « aux mystères, aux enchantements, aux prophéties et à « la magie (irepl xàç Ouo-iaç xal zk^ xcÀeTàç xal toç £7i:ij)ôàç xal t/^v [jiavTeîav Ttao-av xal yo-f\izLay .) Z/R nature divine n'' entrant jamais « en communication directe avec l'homme^ cest encore par «. l'intermédiaire des démons que les dieux commercent et « s'entretiennent avec les hommes^ soit pendant la veille, « soit pendant le sommeil (Osoç àvOpwTiw ijL'^yvuTa',, kXXk xal oCoL toÛtou irâo-à saxi-v vi oaCkioL xal r, 0!,àAcXTOç Qîo^ ~ûo^ avSpo'j- Tcouç, xal syp-^iyoûÔT'. xal xaÔcUOO'JTi,. ) Celui qui est savant (aocooç) « dans toutes ces choses est un ôa'.aôv.o; àv/io... Les démons « sont en grand nombre et de plusieurs sortes, et l'Amour « est l'un d'eux.

L'ame Ef l'au-delà'.

« Notre âme est très semblable à ce qui est divin, immor- « tel, intelligible, simple, indissoluble, toujours le même (( et toujours semblable à lui-même (tco uiv fisûo xal àOavàxw xal yo't\x(^ xal ijlovoî'-osI xal ào'.aXù-rw xal iîl wo-a'Jtoç xal xaxà Taux' tyowi £auT(j) o[j<.oi.6TaTov slva». <j;u^7)v) et que notre corps res- te semble parfaitement à ce qui est humain, mortel, sen- <( sible, composé, dissoluble, toujours changeant et jamais « semblable à lui-même

« Cela étant, ne convient-il pas au corps d'être bientôt « dissous, et l'âme de demeurer toujours indissoluble, ou « dans un état peu différent?

C'est une vérité constante.

Tu vois donc qu'après que l'homme est mort, sa partie

1. Phédon, 80 /)suiv.

452 LA LITTERATURE

« visible, le corps, qui demeure exposé à nos yeux et que « nous appelons le cadavre, auquel il convient d'être dis-

« sous, etc

« Et l'àme, cet être invisible, (to àeiSèç) qui va dans un « autre lieu semblable à elle, excellent, pur, invisible, c'est- « à-dire dans IHadès, auprès d'un Dieu plein de bonté et « de sagesse, (to sic to'.oÙtov tÔtïov STspov olyôpisvov, yevvaT.ov xal xaOaoôv xal àsiSf,, etç "AiSo'J w; àXr.Owç, Tcapà tov àyaOov xal ©povijjiov Qeov), un lieu j'espère que mon âme ira dans un moment', a s'il plaît à Dieu, quoi ! une âme telle et de telle nature « n'aurait pas plutôt quitté le corps, qu'elle serait dissipée « et anéantie, comme la plupart des hommes le croient.'... « Voici plutôt ce qui arrive : Si l'âme se retire pure sans « conserver rien du corps, comme celle qui pendant la vie « n'a eu volontairement avec lui aucun commerce- (oùoèv xo'.vtovoùo-a aÙTÙ) £v tw piw), mais au contraire l'ayant toujours « fui, et s'étant toujours recueillie en elle-même en médi- « tant toujours, c'est-à-dire en bien philosophant (op8w; ï)'.Ao(70ï)0'jo-a) et en apprenant effectivement à mourir; car « n'est-ce pas une préparation à la mort?

« Mais si elle se retire du corps, souillée, impure ([ji.£jji.t,aT ijLsvri xal àxàOapTo^) comme celle qui a toujours été mêlée à lui, « occupée à le servir, possédée de son amour, enivrée de « lui au point d'estimer qu'il n'y a rien de vrai que ce qui « est corporel, ce qu'on peut voir, toucher, boire et manger^ « ou ce qui sert aux plaisirs de Tamour, tandis qu'elle « haïssait, craignait et fuyait habituellement tout ce qui « est obscur et invisible, tout ce qui est intelligible et dont « la philosophie seule a le sens, penses-tu qu'une âme en « cet état puisse sortir du corps pure et libre?

1. C'est dans un moment que Socrate, qui parle, doit boire la cip^iK-.

2. On sait (jue, pour Platon, l'union de lYune et du corps est arlificielle^ extrinsèque. L'âme ici-bas est donc dans un état violent, contre nature; elle ressemble au dieu marin Glaucos méconnaissable par le revêtement de mollusques (jui s'est collé à sa chair, lU^piihliq. X, 611.

LITTÉRATURE GRECQUE 453

« Non, cela ne se peut.

« Au contraire, elle sort embarrassée de souillures « corporelles, que le commerce continuel et l'union trop « étroite qu'elle a eus avec le corps, pour n'avoir jamais été « qu'avec lui et occupée de lui seul, lui ont rendues comme « naturelles...

« Ces souillures, mon cher Gébès, sont comme une « enveloppe lourde, pesante, terrestre et visible; et l'àme, « chargée de ce poids, est entraînée encore vers ce monde « visible par la crainte qu'elle a du monde invisible, de « l'Hadès; et elle erre, comme on dit, dans les lieux de « sépulture, autour des tombeaux oîi l'on a vu des fan- « tomes ténébreux (o-xtoeiS-ii (pavTâa-piaTa) comme sont les spec- « très de ces âmes (ola TiaoiyovTa', al xa'.aùxai (i/u-^al tlùOiXa.) « qui n'ont pas quitté le corps, toutes purifiées, mais « retenant quelque chose de cette matière visible, qui les « rend visibles encore*. »

La GOMEAIPLATION DU BeAU'.

C'est par l'amour que l'homme s'élève à Dieu. L'amour poursuit le Beau, comme la science poursuit le Vrai. En dernière analyse, l'objet de l'amour est le beau et le bien que Platon identifie sous un seul mot, la Beauté : to xaXov.

L'amour s'élève du corps aux esprits, de la beauté des formes à la beauté des sentiments, des beaux sentiments aux belles connaissances, jusqu'à ce qu'il atteigne le Beau tel qu'il est en soi.

Dans le Banquet, l'étrangère de Mantinée dit ; <* Celui « qui, dans les mystères de l'Amour, se sera élevé jusqu'au « point nous en sommes, après avoir parcouru dans

1. Un peu plus loin (82 a), il est dit que ces âmes continuent d'errer ainsi « jusqu'à ce que, par l'amour qu'elles ont pour cette masse corpo- « relie qui les suit toujours, elles s'engagent de nouveau dans un corps » (ixiXiv Èvôeôwaw ei; awjia.)

2. Banquet, 211, suiv.

454 I>A LITTÉRATURE

« l'ordre convenable tous les degrés du beau, parvenu enfin « au terme de Tiniliation, apercevra tout à coup une Benufé <f merveilleuse qui étail le but de tous ses travaux anté- « rieurs : beauté éferne/le, incréée, impérissable, exempte « (T accroissement et de diminution, beauté qui ncst point a belle en telle partie et laide en telle autre (xaXôv... oûxe v'.wôu.svov O'JTc y.TzoyXù^.syov, o'jtî a'j^avojjievov o'jte o8ïvov, £— siTa Tvj [Jièv xaX6v, rr, o' alc")^p6v), belle seulement en tel temps, « et non en tel autre, belle sons un rapport et laide sous (( nn autre, belle en tel lien et laide en tel autre, belle « pour ceux-ci e\ laide pour ceux-là; beauté... qui existe « éternellement et absolument par elle-même et en elle- (( même, de laquelle participent toutes les autres beautés (t6

y.vXov , auTO xaO' y.'jxo [xt^' a'jxoû [J-ovoîiosç v.î\ ov, ùe aXXa

Tcàvra xaXà sxe'lvou aîTsyovxa)

« Le droit cliemin de l'amour... c'est de commmencer « parles beautés d'ici-bas\ et de s'élever jusqu'à la beauté (( suprême, en passant, pour ainsi dire, par tous les degrés (( de récbelle... jusqu'à ce que de science en science on « parvienne à la science (par excellence) qui n'est autre que « la science du beau lui-même (toj xaXoû [j.àOY,ij.a) et qu'on « finisse par le connaître tel qu'il est (en soi).

« 0 mon cher Socrate, poursuit l'étrangère do Mantinée, «■ si quelque chose donne du prix à notre vie, c'est la contem- « plation de la beauté absolue (ôîtojjisvo) y.ù-zb xaXov); et, si tu « y parviens jamais, que te sembleront auprès d'elle Tor et « la parure, etc.. Que penser d'un mortel à qui il serait « donné de contempler la beauté pure, simple, sans mé- (( lange, non revêtue de chairs et de couleurs humaines et <( de toutes les autres vanités périssables, mais la beauté « divine elle-même. Penses- tu que ce serait une destinée « misérable que d'avoir les regards fixés sur elle, que de « jouir de la contemplation et du commerce (Oswpiévou xal

1. La pédérastie Icrnil cette belle page.

LITTÉRATURE GHECQUE 455

çuvovToç) d'un Lel objet? Ne crois-tu pas, au contraire, que cet « homme étant le seul ici-bas qui perçoive le beau par (la «- faculté) à laquelle il est perceptible, pourra seul engendrer, <( non pas des images de vertu, puisqu'il ne s'attache pas à « des images, mais des vertus véritables (oùx siotoXa àpexTiç..., cùX àXriôri), puisque c'est à la vérité qu'il s'attache? Or, « cest à celui qui enfante et nourrit la, véritable vertu quil « appartient d'être chéri de Dieu ; et si quelque homme doit

« être immortel, cest celui-là surtout (... aùxw uTzi^^/zi

Osoœî-Xsl VcV£a-8a'. xal, e'J-nrsp t(«) àXXo) avSpcoTrtov, àGavàxco xalsxslvto)?

LlîS QUATRE VERTES « CARDINALES. »

« Si les lois que nous avons établies sont bonnes, notre « État* doit être parfait. Sans doute. Il est donc évident « qu'il est /)/'Uf/e/i/, fort, tempérant et Juste (<70'fr\ -z s-ttI xal àvopeîa xal o-wcpptov xal o'.xala) Gela est évident. Quelle « que soit celle de ces quatre qualités que nous décou- « vrirons en lui, ce qui restera sera ce que nous n'aurons « pas découvert. »

Platon a admis que « chaque citoyen ne doit s'adonner « qu'à une fonction dans l'Etat, à celle pour laquelle il est « », aussi dit-il que « la justice consiste à s'occuper de « ses propres affaires », et que de dérivent les trois autres vertus : prudence, courage, tempérance qui doivent se trouver en chaque citoyen-.

h. Aristote.

Aristole (384-322) étudia pendant vingt ans la philoso- phie à l'école de Platon.

1. liépubliq. 428. On sait que l'Étal dont Platon trace l'image dans la République n'est pas un Etat réel. C'est une hypothèse suggestive qui lui « sert à faire sentir vivement ce qu'il y a de défectueux dans la plupart « des sociétés humaines et quelles sont les passions qui les dirigent. » Il y a dans cette œuvre des aperçus profonds dépassant de beaucoup tout ce qui avait été dit jusque ; mais ils sont mêlés à des erreurs grossières.

2. L. C. 441 suiv.

456 LA LITTÉRATURE

Socrate avait inauguré el Platon appliqué timidement la méthode d'observation] Arislote a le culte du fait : il est avant tout un observateur de la nature. Son activité litté- raire tient du prodige. Il assemble des matériaux immenses, puis construit une synthèse générale de V ordre universel qui le place au rang des grands penseurs qui ont illustré l hu- manité. Il avait ouvert, à Athènes, l'école péripaticienne à l'âge de 50 ans'.

Aristote a démontré'^ que tout mobile en mouvement sup- pose un moteur lequel, s'il est lui-même en mouvement, pré- suppose un autre moteur, et ainsi de suite.

« Qu'il y ait en toutes choses un principe supérieur, et « que les choses ne puissent pas être infinies en succession « directe pas plus qu'en espèce (xax' elSo;), c'est une « vérité de toute évidence. Ainsi d'abord, sous le rapport «■ de la matière (è^ ûX?);), il est impossible que ce soit à l'in-

« fini qu'une chose vienne d'une autre En second lieu, la

« série est également impossible en ce qui concerne le prin- « cipe du mouvement (-ri kpyri rn:; x-.vyio-sw;).... De même « encore pour le but final (tô ou Ivexa), la série ne peut pas « être davantage poussée à l'infini.... La même remarque <( s'applique tout à fait aussi à la cause essentielle (xal èizl toù « xl Tiv elvat. o' wo-auTtoç)....

« Une autre considération, c'est que l'objet en vue

1. On admet que plusieurs livres bibliques de l'Ancien Testament ont été écrits postérieurement au iv« s. ; par ex. ; ÏEcclésiaste, F Ecclésiastique, la Sagesse. Voir les Manuels.

2. Notons ici, pour mémoire, quelques-unes des lacunes que l'on a rele- vées dans la théodicée d'Aristote. D'abord, un doute plane sur la personnalilé de Dieu (par ex : tout vouloir est incomj)atible avec l'immobililé de l'acte pur); Dieu n'est pas Providence; l'existence des causes secondes dehors de Dieu implique le dualisme de Dieu el du monde (la créalion n'a point de place dans la pliilosopliie d'Aristote.

3. Phijs, H, 2; 4; G. Nous citons la traduction de Barthélémy Saint- HiLAinE, Œuvres d'Aristote. ln-8, Paris, 1844-1892.

LITTÉRATURE GRECQUE 457

« duquel quelque chose a lieu est une fui; et la fin est pré- <( cisément ce qui ne se fait plus en vue d'une autre chose, <( mais au contraire ce en vue de quoi tout le reste se l'ait. « Par conséquent, si c'est bien le rôle du terme dernier, « il n'y a plus d'infini; et si le dernier terme n'est pas cela « il n'y a pas de but final en vue duquel puisse se faire « quelque chose. Ajoutez à cela que les philosoplies qui sou- « tiennent la doctrine de la série à l'infini, ne s'aperçoivent « pas que, du même coup, ils nient et détruisent toute idée « du bien. Cependant personne ne voudrait mettre la main « à une œuvre quelconque s'il ne pensait devoir aboutir à « une certaine fin. Il n'y aurait pas l'ombre de raison dans « de tels actes; car, pour peu qu'on soit raisonnable, on « n'agit jamais qu'en vue de quelque résultat final. Or, ce « résultat dernier, c'est une limite; et la fin qu'on se pro- « pose est la limite Ton s'arrête.

« Quant à l'essence (c'est-à-dire ce qui fait qu'une chose « est ce qu'elle est*) il n'est pas possible non plus de rappor- te ter sans fin la définition d'une chose à une autre défini- « tion; ce ne serait qu'accumuler des mots inutiles, cartou- « jours la définition précédente est plus définition que la « suivante, et la dernière n'est plus même une définition. Si « la première ne convenait déjà pas très bien au sujet défini « à plus forte raison la dernière définition lui convient-elle « bien moins encore.

« Cette doctrine de la série infinie a un autre tort; c'est u d'anéantir la science. Il n'est pas possible en effet de « savoir quoi que ce soit avant d'être arrivé aux indivisibles. « Sans cela, on est hors d'état de rien connaître ; car com- « ment la pensée pourrait-elle parcourir tous les infinis de « ce genre?... Bien plus la pensée ne peut nécessairement « concevoir la matière que dans un objet en mouvement; « et il est impossible que rien de réel soit infini (xal oi7zdpti>

1. Parenthèse explicative qui n'est pas dans le texte.

4&S LA LITTERATURE

« oùOsvl sVt'.v slva»,). Si le réel pouvait être infini, Têlre de l'in- « fini ne serait pas du moins infini [tl ok p./^, oùx à7t£t.pôv y' (^ èorl To ocTtetpaj e tva». ' . )

« Enfin, si c'étaient les diverses espèces de causes qui « pussent être en nombre infini, cela seul suffirait pour « rendre encore impossible une connaissance quelconque -

Supposé que la série régressive des mobiles et des moteurs soit infinie, l'on ne trouve rien nulle part qui soit éternelle- ment en acte : le dernier des mobiles est en puissance à l'égard de son moteur immédiat, qui est lui-même en puis- sance à l'égard de son moteur immédiat; et ainsi du reste. Tout est en puissance ; par suite, tout peut ê/re ou ne pas être. Fa si tout peut être ou ne pas être, rien nest.

((... L'acte est antérieur à la puissance (TtpÔTspov Ivépyeîx « 5uvà|jL£cb-; £(7T'.v.) Et quand je dis puissance je n'entends pas « parler seulement de cette puissance déterminée que nous « avons appelée le principe du changement dans un autre en « tant qu'autre; mais je veux parler en général de tout « principe quelconque de mouvement ou d'inertie (Trào-iriç « àpy?;^ x'.vr,T!.xYi; 7] o-iraTtixYiç.) La nature en est aussi au même « point, car elle appartient au même genre que la puis- « sauce ; et elle aussi est un principe de mouvement, seule- « ment ce n'est pas dans un autre : c'est dans l'être lui-même « en tant qu'il est ce qu'il est.

« Pour toute puissance ainsi entendue, l'acte est antérieur, « à la fois, pour la raison et substantiellement (xal Xôycj) xal « rifi oùaiaj; sous le rapport du temps, l'acte est tantôt anté- « rieur, et tantôt il ne l'est pas \.. »

«... Substantiellement, l'acte est antérieur à la puissance, « et, ainsi que nous l'avons démontré, il y a toujours un « acte qui, ciironologiquemenl, est antérieur à un autre^

1. Phrase peu claire, de l'aveu des commentateurs.

2. Met. A £À 2 (passi/n).

3. L. c. H, 8 {passiin).

LITTÉRATURE GRECQUE 459

<( jusqu'à ce qu'on arrive enfin à Vacte du mo/eur premier « et éternel.

« Ce qui prouve peut-être encore mieux la vérité de ce « que nous disons sur la supériorité de l'acte, c'est que les « choses éternelles sont, sous le rapport de la substance^ « antérieurs aux choses périssables, et que rien de ce qui « est éternel n'est en puissance. Et en voici la raison.

« Toute puissance comprend à la fois les deux termes de « la contradiction, car ce qui ne peut pas être ne saurait « appartenir à quoi que ce soit. Mais tout ce qui est possible (( peut aussi n'être pas en acte. Donc, ce qui est simple- « ment possible peut être ou n'être pas ; et, de cette « manière, une même chose peut être et ne pas être. Dès « lors, il est très possible que ce qui peut ne pas être ne (( soit point. Or, ce qui peut n'être point est périssable, ou « d'une manière absolue, ou de cette façon nous disons « de lui qu'il peut ne pas être, ou relativement au lieu à « la quantité ou à la qualité. Mais il est périssable absolu- « ment quand il est périssable dans sa substance même. (( Ainsi, il n'y a jamais de chose absolument impérissable « qui puisse être absolument en puissance ; mais rien ne « s'oppose à ce qu'elle soit en puissance à certains égards, « par exemple sous le rapport de la qualité ou du lieu. (( Quant aux choses nécessaires, elles ne peuvent pas non « plus être en puissance puisque ce sont les principes (( premiers, et que si les principes n'existaient pas, rien ne « pourrait exister sans eux.

« A plus forte raison le mouvement n'a-t-il pas la puis- « sance d'être ou de ne pas être, s'il s'agit d'un mouvement « éternel ; et s'il s'agit d'un mobile qui soit éternellement « mû, ce n'est pas non plus en puissance qu'il est mû, si « ce n'est pour le point d'où il part et pour celui il se « dirigea »

1. Ibid.

460 LA LITTEHATURE

« // ny a qu'une substance élernelle qui puisse être « immobile. Les subsLances en effet sont les premiers des « êtres; et si toutes les substances étaient périssables, tout (( absolument serait périssable comme elles. Mais il est im- (i possible que le mouvement naisse ou qu'il périsse, puis- <( qu'il est éternel, ainsi que nous lavons établi'. Le temps « ne peut pas davantage commencer ni finir puisqu'il ne « serait pas possible qu'il y eût ni Avant ni Après, si le « temps n'existait pas. Ajoutons que le mouvement est con- « tinu de la même manière que le temps peut l'être aussi; « car, ou le temps se confond identiquement avec le mou- « vement, ou il est un de ses modes. Or le mouvement ne « peut être continu que dans l'espace ; et le seul mouvement « qui, dans l'espace, puisse être continu, c'est le mouvement « circulaire.

« Mais l'être capable de mouvoir, ou capable de faire « quelque chose, a beau exister, s'il n'agit pas actuelle- ce ment dans une certaine mesure, il ne peut pas y avoir de « mouvement, puisqu'il se peut fort bien que ce qui a la « puissance d'agir n'agisse pas.

« Il serait donc bien inutile de supposer des substances « éternelles, et nous nous abstiendrons de le faire (comme « d'autres supposent les Idées) s'il ne devait pas y avoir un « principe qui fût en état de produire le changement, mais « ce principe lui-même, non plus que toute autre substance « qu'on supposerait en dehors des idées ne suffit pas; car, « si celte substance n'agit point, le mouvement sera impos- « sible. Et même elle agirait, que ce n'est encore rien, si sa <( substance n'est qu'en puissance ; car alors le mouvement « ne sera pas éternel, puisque ce qui n'est qu'en puissance « peut aussi n'être j)as. // doit donc exister un principe «< dont l'essence soit d'être en acte {v.pyr^^^ TO-.aÛTY.v r,; oùo-îa « èv£pYet.a.) De plus, il faut que de telles substances soient

1. Phijs. VIII, 3.

LITTÉRATURE GRECQUE 461

« sans matière, car ce sont les substances sans matière qui « doivent être éternelles, s'il y a quelque chose d'élernel au « monde. Donc, elles sont en acte*.

« Oui, il existe quelque chose qui est éternellement

« d^un mouvement qui ne s'arrête jamais; et ce mouve- « ment est circulaire^. Cette vérité n'est pas évidente seule- « ment pour la raison ; elle est, en outre, évidemment prou- « vée par les faits eux-mêmes. Donc le premier cieP est « éternel ; donc, il existe aussi quelque chose qui lui donne « le mouvement.

« Mais, comme le mobile intermédiaire est et meut à « son tour, il faut concevoir quelque chose qui meut sans « être mû, quelque chose d^éternel qui est substance et qui « est acte (to'Ivuv 'écrv. v. o x'.voupisvov x'.vel, àtoiov xal oùo-îa xal « evépye'.a o'jo-a.)

« Or, voici comment il meut : cest comme le désirable et « l'intelligible, qui meut sans être ...» La cause suprême est comme une âme intelligente qui trouve en sa spontanéité le principe de ses actions.

Cependant si le premier moteur se meut lui-même, il

1. Met. lA, 1071, s.

2. C'était une vieille opinion (admise aussi par Platonj que le mouvement le plus parfait est le mouvement circulaire.

3. De tout temps, les corps célestes en imposèrent aux hommes par leur mystérieuse immobilité dans Vespace et par la régularité de leur apparition, et c'est pourquoi, sans doute, Von en fit des dieux. Sous l'influence de cette erreur, Aristote admet une distinction de nature entre les corps célestes et les corps sublunaires ; les premiers sont doués du mouvement circulaire qui est le plus parfait, uniforme; donc ils sont soustraits à la croissance et à la décroissance, immuables, impérissables, eiVéXémeni dont ils se com- posent est l'éther. Les corps célestes sont rivés à des sphères et accom- plissent leur évolution diurne en même temps que celles-ci. Chacune de ces sphères est informée par une intelligence, une divinité, principe de son mouvement. La plus éloignée de la terre, la plus rapprochée du premier moteur et dès lors la plus parfaite, est la sphère unique des étoiles fixes, le premier ciel i:ptI)TOî oùpavôî. (Les sept planètes, au contraire, sont mises en mouvement par des sphères diverses et multiples, qui s'appellent épi- cycles.

462 LA LITTÉRATUBE

passe de la puissance à Tacte ; par suite, son mouvement pouvait ne pas se produire ; il pourra cesser aussi à un mo- ment donné; il est purement contingent. Arislote conclut que le premier moteur doit être essentiellement et absolu- ment immuable. Et « en tant que nécessaire, il est parfait (( tel qu'il existe (xaî :^ àvây/.r,, xaXw;, xal outw; àpy-/].)... // « Jouit éternellement de la vie, sa félicité suprême, c'est (( l'acte de cette vie supérieure

« Ce que l intelligence semble avoir de divin appartient <i plus particulièrement encore à ce principe; et la contem- <( plation est ce qu'il y a, dans V intelligence, de plus déli- ai deux et de plus relevé (r, Oswp'la to rjO-.o-xov xal àp'.orov.)

« Si donc Dieu jouit éternellement de ce suprême bon- « heur que, nous, nous ne goûtons qu'un moment c'est une « chose déjà bien admirable; mais s'il y a plus que cela, « c'est encore bien plus merveilleux.

« Or, il en est bien ainsi ; et la vie appartient certaine- « ment à Dieu puisque Tacte de l'intelligence c'est la vie « même (ti yàp voù èvip-^'sLa J^wtij et que rinteiligence n'est « pas autre chose que l'acte (èvlpysia).

« Ainsi /'ac/e en soi est lavie deDieu (exelvo? Se T| èvépyaa), <( cest la vie la plus haute qu'on puisse lui attribuer: c'est (( sa vie éternelle.

« Et voilà comment nous pouvons affirmer que Dieu est « l'être éternel et r être parfait.

« Donc, la vie avec une durée continue et éternelle est « son apanage, car Dieu est précisément ce que nous venons (( de direK »

Au chapitre suivant, Aristote dit que « llntelligence « divine se pense elle-même, puisqu'elle est ce qu'il y a de « plus parfait ; et l'Intelligence divine est l'intelligence de « rinteiligence (xal sot'.v t, vôrio-i,ç vo/]a-eco; vÔYja!.*;.)

1. Met. lA, 1072.

LITTÉRATUnE GRECQUE 463

Le Bonheur et la Vertu.

« Le bonheur est certainement quelque chose qui est <( définitifs parfait^ et qui se suffit à soi-même^ puisqu^il « est la fin de tous les actes possibles à i homme.

« L'œuvre propre de l'homme en général est une vie

•« d'un certain genre; et cette vie particulière est l'activité « de l'âme et une continuité d'actions que la raison accom- « pagne. Nous pouvons admettre que dans l'homme bien « développé toutes ces fonctions s'accomplissent bien et

« régulièrement Le bien propre de V homme est V activité

<( de Vàme dirigée par la vertu ; et, s'il y a plusieurs vertus, « dirigée par la plus haute. Ajoutez encore que ces condi- « tions doivent être remplies durant une vie entière et « complète; car une seule hirondelle ne fait pas le prin- « temps, non pins qu'un seul beau jour; et l'on ne peut pas « dire davantage qu'un seul jour de bonheur, ni même que <( quelque temps de bonheur suffise pour faire un homme <; heureux et fortuné'.

«... Ce sont les actions conformes à la vertu qui sont en « elles-mêmes les vrais plaisirs de l'homme. Elles ne sont « pas seulement agréables ; elles sont en outre bonnes et « belles ; elles le sont par-dessus toutes choses, chacune en « leur genre si toutefois l'homme vertueux sait en juger à « leur juste valeur; et il en juge comme il faut, ainsi que « nous l'avons dit. Ainsi donc le bonheur est ce qu^il y a « de meilleur.^ de plus beau et de plus doux

« Néanmoins, le bonheur pour être complet semble ne

<( pouvoir se passer des biens extérieurs Il est impossible,

« ou du moins il n'est pas facile de faire le bien quand on « est dénué de tout; pour une foule de choses, ce sont des « instruments indispensables que des amis, la richesse,

1. FAhic. Nicoin. I iv, § 8 et 14-16.

464 LA LITTERATURE

« l'influence politique. Il est d'autres choses encore dont « la privation altère le bonlieur des hommes à qui elles « manquent : la noblesse, une heureuse famille, la beauté'...

On ne peut pas dire d'un homme, tant qu'il vit sem- ble-t-il qu'il soil heureux, puisqu'il est toujours exposé à mille vicissitudes pénibles.

(( Mais, s'il faut accepter cette théorie, l'homme n'est-il « donc heureux qu'après qu'il est mort? N'est-ce pas « une absurdité frappante surtout quand on soutient, « comme nous le faisons, que le bonheur est une certaine « application de l'activité^? »

« Non, il n'est pas besoin d'attendre la mort d'un homme « pour pouvoir dire s'il est heureux, car c'est la vertu qui « fait le vrai bonheur' ».

« La vertu est de deux espèces; l'une, intellectuelle; « l'autre, morale. La vertu intellectuelle résulte presque « toujours d'un enseignement auquel elle doit son origine « et ses développements; et de vient qu'elle a besoin « d'expérience et de temps.

(( Quant à la vertu morale, elle naît plus particulièrement « de l'habitude et des mœurs*... »

Trois conditions sont requises pour qu'un acte soil vrai- ment vertueux : le savoir, la volonté, la constance (et la première est la moins importante^).

«... Toute vertu est, pour la chose dont elle est la vertu, « ce qui tout à la fois en complète la bonne disposition et « lui assure l'exécution parfaite de l'œuvre qui lui est

« propre S'il en est bien ainsi pour toutes choses, la

« verfu dans rhomme serait cette manière d'être morale

\. L. c. §5.

2. VII § 13.

3. VIII.

4. II, I i; 1.

5. II IV.

LITTÉRATURE GRECQUE 465

« qui le rend an homme bon, un homme de bien et grâce « à laquelle il saura bien accomplir l'œuvre qui lui est « propre... ' »

« Ainsi donc la vertu est une habitude, une qualité qui « dépend de notre volonté, consistant dans ce milieu qui « est relatif à nous et qui est réglé par la raison comme le « réglerait un homme vraiment sage. Elle est un milieu « entre deux vices, lun par excès, l'autre par défaut] et, « comme les vices consistent, les uns en ce qu'ils dé- « passent la mesure qu'il faut garder, les autres en ce qu'ils « restent en dessous de cette mesure, soit pour nos actions « soit pour nos sentiments, la vertu consiste au contraire à 0 trouver le milieu pour les uns et pour les autres, et à « s'y tenir en le préférant.

« Voilà pourquoi la vertu, prise dans son essence et au « point de vue de la définition qui exprime ce qu'elle est, « doit être regardée comme un milieu. Mais, relativement « à la perfection et au bien, la vertu est un extrême et un « sommet^. »

L'Ethique à Nicomaque se termine par un livre admi- rable où Aristote étudie les relations du plaisir avec le bon- heur et la hiérarchie des diverses sortes de bonheur. Il trouve la plus parfaite dans l'activité de la partie divine de l'âme, la Raison^ : l'homme qui vit par la raison pure mène une vie plus qu humaine ; il y a vraiment en lui du divin [ti S-/) Gslov 6 toùç irpôç tov àvQpcoTïOv xal 6 xaxà toGtov ^w; Qewç ■ûpôs TOV àvGpoJTt'.vov ^iov^.)

Aristote a vu finir un monde. La Grèce indépendante est morte. L'empire d'Alexandre s'est fondé. Un autre âge de la civilisation commence. Placé à la limite de deux

1. II VI §2 et 3.

2. II VI § 15 et 17.

3. L. X, ch. VII.

4. X, 1177.

30

4U0 LA LITTERATURE

inondes, le Stagyrite lient à Tiin et à l'autre. Il appartient à la Grèce ancienne (Socrate, Platon, Démocrîte, Hippo- crate) par son savoir d'abord, ensuite par beaucoup de ses idées; mais il annonce déjà la, prochaine apparition de VAlexandrinisme par son érudition : avec Aristole précisé- ment, grand observateur de la nalure d'ailleurs, commence l'âge de la science livresque (les grandes bibliothèques datent des Ptolémées); // annonce aussi VAge nouveau par son esprit plus scientifique que littéraire et par ce cosmo- politisme ou universalisme scientifique qui fait qu'au lieu de s'enfermer dans la contemplation de sa petite patrie cest tout le monde connu qu'il embrasse dans ses études « politiques^».

2. Après Alexandre le Grand.

Lorsque Alexandre mourut, au terme de ses prodigieuses conquêtes, les peuples d'Orient soumis par lui s'ouvraient aux influences helléniques.

Les rois Séleucides et Lagides, héritiers des traditions orientales ne furent pas seulement les représentants de la puissance mihtaire ou politique, ils furent aussi des sortes de dieux. Autour des villes : Alexandrie, Antioclie, Per- game, Syracuse, créées par eux, ou des villes anciennes par eux transformées, ils organisèrent l'administration et la défense militaire de leurs royaumes. Et, rapidement, ces villes privilégiées prirent une importance exceptionnelle. Les rois fondèrent des bibliothèques ou ils entassèrent des manuscrits. Les écrivains devinrent alors les clients des rois.

Dans les royaumes factices de ce temps, le patriotisme avait perdu toute vertu. Les traditions anciennes s'efTaçaient Sauf quelques exceptions, dont la plus importante fut celle des Juifs sous les Asmonéens, les monarchies orientales

1. Voir A. el M. Choisi;». IlisL LUI. grecque, l. IV (1895) ch. XL

LITTÉRATURE GRECQUE 467

étaient incapables d'opposer un obstacle sérieux ; aussi les Grecs apparurenl-ils seuls apporlant aux multitudes désor- ganisées un ensemble d'idées et de sentiments assez forte- ment élaborés pour satisfaire aux besoins indestructibles de r humanité.

On avait appris à parler le grec. Par suite, tout ce que le génie de la Grèce avait produit en fait de poésie, de science, de philosophie, d'hisloire et de créations artistiques devint le patrimoine commun de l'humanité civilisée; mais, en même temps, ces trésors s'altérèrent parce que les peuples laissèrent ce qu'ils ne comprenaient pas et parce qu'ils y ajoutèrent des éléments nouveaux'.

Il n'est pas surprenant que, dans un temps se prêtant si peu à l'action indépendante", l'on vît les esprits les plus vigoureux se tourner vers la philosophie, car la liberté de la pensée n'était pas entravée dans ce domaine comme dans celui de la politique'.

Et c'est la vie morale qui préoccupa tous les philosophes de ce temps.

a. Stoïciens.

Pour ces philosophes, l'homme appartient à un tout admi- rablement ordonné, le cosmos. Ce cosmos est la manifesta-

1. Pour la rédaction de cette page, nous avons suivi, quelquefois à la lettre M. Croiset, Civilis. hellén. t. II, iv'= P., cli. I^"".

2. Cela explique pourquoi les Argonautiques d'Apollonius de Rhodes (2''* moitié du m** s.) ne sont qu'un travail d'érudition et d'imitation : il leur manquait à la fois l'intérêt national et l'intérêt religieux qui sont indispensables au genre épique. La formation et l'accroissement cons- tant des bibliothèques royales (Alexandrie, Pergame, etc.) expliquent, d'autre part, pourquoi l'activité laborieuse des savants de cette époque se tourna vers la critique philologique et littéraire, vers la grammaire et même l'histoire et la géographie.

3. L'élégie fut cependant un genre très pratiqué (Philétas de Cos, Calli- maque de Cyrène) : un public très sensible à l'influence des femmes s'in- téressait aux récits poétiques d'aventures amoureuses. Les épigrammes (Asclépiade de Samos, Posidippe, Léonidas de Tarente), et les bucoliques (genre créé alors par Théocrite) eurent aussi beaucoup de succès.

468 LA LITTERATURE

tion d'une raison divine, ou mieux c'est Dieu lui-même. De doit résulter, en l'homme, la paix même au milieu de la souffrance puisque ce que l'on appelle vulgairement souf- france ou mal tend à des fins conformes à la raison suprême, et donc au bien.

La loi de V homme ne peut être qu'une application de la loi universelle; tout être doit donc vivre conformément à sa nature propre. Gela revient à dire que la vie humaine doit être réglée conformément à la raison, puisque la raison est le propre de l'homme; et, par conséquent, il faut soumettre ses instincts, ses craintes, ses désirs, en un mot tous les mouvements de son âme à la raison.

La liberté consiste dans V adhésion à une loi supérieure; le sage est donc parfaitement libre. Il trouve tout en lui- même : la vraie puissance et la vraie richesse; il ne lui manque rien, il est inaccessible à la douleur et incapable de défaillir; il ressemble donc à Dieu.

L'expérience de la vie suffît à démontrer que cet idéal est évidemment par trop irréel. Il séduisit cependant et soutint bien de nobles âmes.

Le Monde*.

Les philosophes stoïciens « prennent le monde (xôo-jjlov) « en trois sens : premièrement pour Dieu même, qui « s'approprie la substance universelle ; qui est incor- « ruptible, non engendré; xôo-[j.ov tôv ex r?iç T:àa-T,ç oja-îa^ lo'.Ws TTO'lov acpGaoTÔs xal àyévyjToç) ; V auteur de ce grand et bel « ouvrage; qui enfin au bout de certaines révolutions du « temps engloutit en lui-même toute la substance et l'en- « gendre de nouveau hors de lui-même (xaxà -^oôvwv Tro-.à; Tzepiôoo'J^ àva).',axwv sic éauTOv t/jV a7:ao-av oOo-îav xal TzàX'.v è^ Éa'jxo'j yevvwv) .

1. Diogène de Laërte : Zenon, vu, 1, 70 (éd. Didol).

LlTTÉRATUnE GRECQUE 469

« Ils donnent aussi le nom de monde à l'arrangement « des corps célestes, et appellent encore ainsi la réunion des « deux idées précédentes. Le monde est la disposition de la <( substance universelle en qualités particulières..., l'assem- « blage du ciel et de la terre, et des natures qu'ils contien- « nent; ou bien l'assemblage des dieux, des hommes et des « choses qui sont créées pour leur usage. Le ciel est la der- « nière circonférence dans laquelle réside tout ce qui par- « ticipe à la divinité.

« Le monde est gouverné avec intelligence et conduit « par une providence (tov St; x6a-p.ov Sio'.xsla-Oat. xaxà voùv xal

« Tcpôvo'.av) U entendement est répandu dans toutes les

« parties du monde, comme il l'est dans notre âme, moins « cependant dans les unes et plus dans les autres (elç aixav auToG du x6(Tp.oç) jj-spoi; S'.tixovtoç toÙ voù xaOàitep èœ' -riiJitôv r^is ^j^u^TJç, aXX' 7]§7i S'.' (ov [j.£v p.âX).ov, §'.' tov TiTTOv). Il en est cer- « taines il n'y a qu'un usage de faculté, comme dans les « os et les nerfs; il en est encore dans lesquelles il agit « comme entendement, par exemple dans la principale par- « tie de l'âme.

« C'est ainsi que le monde universel est un être vivant « doué d'âme et de raison, dont la partie principale est « l'éther (ouxoj ùr\ xal tov oXov xôa-[j.ov î^wov ovxa xal £|ji.(|/uyov xal Xoyixov, i-^eiy TiY£{JLOVt.xov piàv tov alOspa) »

Dieu».

« Dieu est un être vivant immortel, raisonnable, parfait « ou intellectuel dans sa félicité, inaccessible au mal, « lequel prend soin du monde (Gîov S' elvai. "C^^o^ àôàvaTov, Xtrytxov, Té).et.ov "O voepov sx £Ùoat.tJLOvîa, xaxoù -rravTÔs àvsiriSexTOv, TtpovûTiT'.xov xôo-|ji.ou...) ct dcs choscs qu'il contient^

1. Diogène Laërce : Zenon (vu, 1, 71-72).

2. Un peu plus haut, on lit : C'est Dieu qui, « par le moyen des prin- « cipes qui sont en lui, change toute la substance d'air en eau; et, comme

470 LA LITTÉRATURE

« // n'n point de forme humaine] il est l'architecte de « l'univers et Je père de toutes choses^ (jjltj clva». jjLiv-ro'. àvOow- TrôtJiopcpov, ewa'. Se xôv uàv oY.aio'jpyôv twv o).(ov xal wtttîo TcaTsca TcàvTcov).

« On donne aussi vulgairement la qualité d'architecte « du monde à cette partie de la. divinité qui est \répandue « en toutes choses (to \xz^oz, a'jxoG to S'.-fjxoy h.h. TcàvTtov) et qui « reçoit diverses dénominations, eu égard à ses différents « effets (xaTa Tac ouvàaô'.ç). On l'appelle « Jupiter », parce « que, suivant la signification de ce terme, c'est d'elle que « viennent toutes choses, et qu'elle est le principe de la <( vie, ou qu'elle est unie à tout ce qui vit; « Minerve », « parce que sa principale action est dans l'éther ; « Junon »... « Vulcain » etc.

« Le monde entier et le ciel sont la substance de Dieu. (ouT'lav os Sso'ji tÔv h\o-i x6<T|jL0v xal TGV oùpavôv).

HvMNIi Dli GlÉANTHE A JUPITKR"-.

Dans ce beau texte, nous rencontrons les deux principaux dogmes des Stoïciens; V unité de Dieu, et son universelle Providence.

11 n'y a qu'wn Dieu, Père du Grand-tout, soit que tous Jes immortels ne soient qu'un même être sous différents

" les germes sont contenus dans la matière, il en est de même de Dieu « considéré comme raison séminale du monde; cette raison demeure dans « la substance aqueuse et reçoit le secours de la matière pour les choses « qui sont formées ensuite; enfin, après cela, Dieu a créé premièrement « quatre éléments : le feu, l'eau, l'air et la terre. »

1. Ailleurs, Diogène L. avait écrit qu'il y a « deux principes de l'uui-

« vers l'un agent, et l'autre patient. Le principe [jalienl est la matière,

<< qui est une substance sans qualités. Le principe agent est la raison qui « agit sur la matière, savoir : Dieu qui, étant éternel, crée toutes les « choses qu'il contient. »

2. Slohée, Eclogaruin et physicorum et moralium lihri duo. (Ed. Teub- ner. In-18. Leipzig, 1860). 1,30 Pour la trad., nous suivons J. Drnis, His- toire lies théories et des idées morales de Vantiquité. In-18. Paris, 1879.

LITTÉRATURE GRECQUE 471

noms, soit qu'on les considère comme des émanations du Dieu premier. Les Stoïciens balançaient entre ces, deux interprélations de la théologie grecque traditionnelle.

1. Le plus glorieux des immortels, être qu'on adore sous mille

[noms, être éternellemenl tout puissant, maître de la nature, toi qui gouvernes avec loi toutes choses', ô Jupiter, salut r C'est le devoir de tout mortel de te prier-, car c'est de toi que nous sommes nés^ et que nous tenons le don

[de la parole, 5. seuls entre tous les êtres qui vivent et rampent sur la terre. C'est pourquoi je t'adresserai mes hymnes et ne cesserai de

[chanter ton pouvoir. Ce monde immense qui roule autour de la terre te suit tu le conduis et se soumet docilement à tes ordres; c'est que tu tiens dans tes invincibles mains ton ministre 10. enflammé, la foudre au double trait animée d'une vie immor- Tout dans la nature frissonne à ses coups. [telle.

Par elle lu diriges la raison universelle' qui dans tous les

[êtres circule et se mêle aux grands comnie aux petits luminaires du

[ciel [....] Tant, ô roi suprême, ton empire es^ grand et universel^ 1 15. Rien ne se fait sans loi sur la terre, 6 dieu^;

rien dans le ciel élhéré et divin, rien dans la mer, hors les crimes que les méchants commettent dans leur folie'. Par toi ce qui est excessif rentre dans la mesure, la confusion devient ordre, et la discorde hfirmonie. 20. Ainsi tu fonds tellement ce qui est bien avec ce qui ne l'est pas, qu'il s'établit dans le tout une loi unique ^ éternelle, que les méchants seuls abandonnent et méprisent. iLes malheureux! Ils désirent sans fin le bonheur, et ils ne voient ni n'entendônt la loi commune de Dieu^ 25. qui leur procurerait une vie heureuse avec l'intelligence *", s'ils

[voulaient l'écouter.

1. vô|j.ou fiéia Ttâvxa xuêepvôjv.

2. 'Tipotfa'jSxv.

3. 'Ex ïoû yàç yéwoi èff|j:év. Cf. Acl. XVII, 28.

4. xoivôv Xôyov.

5. BotffiXs'j? 8ià izavTÔ:;.

6. ôaï[Jiov.

7. àvoîaiç.

8. É'va Xôyov.

9. ôeoû xotvôv VÔJJ.OV. 10. aùv vw 6(ov èffSXôv.

472 LA LITTÉRATURE

Ils se précipitent, sans souci de l'honneur, chacun vers l'objet

[qui l'attire. Ceux-ci se passionnent pour la possession disputée de la gloire; d'autres courent à des gains sordides ;

beaucoup s'abandonnent à la mollesse et aux voluptés du corps. 30-31 [Phrase mutilée... \

32. Mais, ô Jupiter, autour de tous les biens*, toi à qui la fr.udre et

[les nuages obéissent, retire les hommes de cette funeste ignorance; dissipe celte erreur de leur âme, ô Père; donne-leur de trou-

[ver 35. cette sagesse^ qui te guide et par qui tu gouvernes Vunivers

[avec justice, afin que, glorifiés, nous puissions te glorifier à notre tour, chantant sans fin tes ouvrages^ comme il convient à lêtre faible et mortel. Il nest pas de plus grand bien pour

[les hommes

et pour les dieux que de célébrer éternellement par de dignes

[accents la loi commune'^ {de tous les êtres).

b. Epicuriens.

L'athénien Epicure commença ses leçons en 306, à Athènes. Son objectif était de régler la vie en vue du bonheur.

Considérant la providence divine comme la cause princi- pale de l'inquiétude des esprits, il la supprime par sa con- ception de l'univers fondée sur le hasard. L'âme elle-même est matérielle; donc, joa* de survie.

Une tranquillité faite d'une série indéfinie de sensations douces, tel est l'idéal du sage.

Des écrits nombreux d'Épicure il ne reste que deux Let- tres contenant le résumé de sa doctrine, et des Maximes ; les unes et les autres nous ont été conservées par Diogène de Laërte. Nous allons en citer quelques passages.

1. Zeû T:âvô(j)pe.

2. y;u>|XT,;.

3. tj[ivoOvTêi; xi è'pya.

4. xoivàv v6|iOv.

LITTÉRATURE GRECQUE 473

Le fondemem de la vertu'.

« La jeunesse n'est point un obstacle à l'étude de la phi- « losophie.... Méditez donc, mon cher Ménécée, et ne négli- « gez rien de tout ce qui peut vous mener à la félicité. Heu- « reux celui qui s'est fixé dans cetle situation tranquille ! il « n'a plus de souhait à faire, puisqu'il est satisfait de ce « qu'il possède ; et s'il n'a pu encore s'élever à ce degré « d'excellence, il doit faire lous ses efforts pour y atteindre.

« Suivez donc les préceptes que je vous ai donnés si sou- « vent, mettez-les en pratique, qu'ils soient l'objet conti- « nuel de vos réflexions, parce que je suis convaincu que « vous y trouverez, pour la règle de vos mœurs, une « morale très régulière (o-TO'.ysia xoG xaXwç ^y\y TaG-za of.aXap.- « êàvwv elvai).

« Attachez-vous à (ceci) que Dieu est un être vivant, im- « mortel et bienheureux, ainsi que l'affirme l'opinion com- « mune. Donnez à votre esprit, sur cet Etre divin, tout « l'essor qu'il vous plaira, pourvu que son immortalité et sa « béatitude n'en reçoivent aucune atteinte. »

Le sage^.

La prudence « est la source de toutes les vertus qui

« nous enseignent que (J^fiv àvcu toû œpovîfjiwç xal xaXws xal

« St-xaito;;) la vie est sans agrément si la prudence, Vhonnê-

« teté et la justice WQ dirigent tous ses mouvements, et que,

« suivant toujours la route que ces choses nous tracent,

« nos jours s'écoulent avec cette satisfaction dont le bonheur

(( est inséparable ; car ces vertus sont le propre d'une vie

« pleine de félicité et d'agrément, qui ne peut jamais être

(( sans leur excellente pratique.

1. Epicure : Lettre à Ménécée, dans Diogène de Laërte X,122 (éd. Didot.)

2. L. C. 132.

474 LA LITTERATURE

(( Cela supposé, quel est riiomme que vous pourriez pré-

« férer à celui qui pense des dieux fout ce qui est con-

« forme à la grandeur de leur être, qui voit insensihle-

« ment nvec intrépidité V approche de la mort, qui raisonne

« avec tant de justesse sur la fin nous devons tendre

« naturellement, et sur Vexistence du souverain bien, dont

« il croit la possession facile et capable de nous remplir

« entièrement, qui s'est imprimé clans Tesprit que tout ce

« qu'on trouve dans les maux doit finir bientôt, si la dou-

« leur est violente, ou que si elle languit par le temps, on

« s'en fait une habitude qui la rend supportable ; et qui,

« enfin, se peut convaincre lui-même que la nécessité du

« destin n'a point, ainsi que Font cru quelques philosophes,

<( un empire absolu sur nous, ou que tout au moins elle

« n'est pas tout à fait la maîtresse des choses qui relèvent

(( en partie du caprice de la fortune, et qui en partie sont

« dépendantes de notre volonté parce que cette même

« nécessité est cruelle et sans remède, et que l'inconstance

« de la fortune peut nous laisser toujours quelques rayons

« d'espérance.

« D'ailleurs, la volonté que nous avons d'agir comme il

» nous plaît n'admet aucune tyrannie qui la violente, aussi

« sommes-nous coupables des choses criminelles; de même

« que ce n'est qu'à nous qu'appartiennent les louanges que

« mérite la prudence de notre conduite. »

Maximiis'. Y.

« Il est impossible de vivre agréablement sans la pru- « dence, sans Vhonnêteté et sans la justice (oùx è'ot'.v f.Séo); çriv avs'j loù '^oovîfjiw; xaA xaAo)ç xal S-.xauoç). La vie de celui qui

L Epicurc, 1. c. 138 s.

LITTÉRATURE GRECQUE 475

« pratique rexcellence de ces vertus se passe toujours dans « le plaisir, de sorte que Thomme qui est assez malheureux « pour n'être ni prudent, ni honnête, ni juste, est privé de « tout ce qui pouvait faire la fécilité de ses jours. »

VIII.

« Toute sorte de volupté n'est point un mal en soi ; celle- « seulement est un mal qui est suivie de douleurs beau- « coup plus violentes que ses plaisirs ont d'agréments. »

IX.

« Si elle pouvait se rassembler toute en elle et qu'elle « renfermât dans sa durée la perfection des délices, elle « serait toujours sans inquiétudes, et il n'y aurait pour lors « point de différence entre les voluptés.

X.

« Si tout ce qui flatte les hommes dans la lascivité de « leurs plaisirs arrachait, en même temps, de leur esprit la a terreur qu'ils conçoivent des choses qui sont au-dessus « d'eux, la crainte des dieux et les alarmes que donne la pen- « sée de la mort, et qu'ils y trouvassent le secret de savoir « désirer ce qui leur est nécessaire pour bien vivre, j'aurais « tort de les reprendre, puisqu'ils seraient au comble de « tous les plaisirs et que rien ne troublerait en aucune « manière la tranquillité de leur situation.

XXXV.

« La justice n'est rien en soi (oùx -^v xi xaQ' èccwzô 5t,xat,oo-ûwi) ; la société des hommes en a fait naître l'utilité dans les « pays les peuples sont convenus de certaines conditions « pour vivre sans offenser et sans être offensés. »

476 LA LITTÉRATURE

ARTICLE VII

Littérature extra-biblique des Juifs depuis le IIP siècle jusqu'au I" siècle avant Jésus-Christ.

A. Littérature de la Dispersion.

L'hellénisalion des Juifs ne se fit pas partout avec la même rapidité, ni d'une manière également profonde et complète. Ainsi, à la fin du ii** siècle av. J.-C, la Palestine n'était pas encore hellénisée, alors que toute la région orien- tale de la Méditerranée l'était déjà. Il faut chercher la cause de ce fait dans l'influence de la grande Synagogue : le vieux parti juif résistait toujours; il s'ensuivit des luttes, dans la ville même de Jérusalem, entre les khnsidim in- transigeants et les novateurs hellénisants. Puis surgirent les Machabées.... En somme, pendant trois siècles, la lutte ne cessa pas ou cessa à peine.

En Egypte, au contraire, l'hellénisation fut beaucoup plus rapide (dès le m" siècle avant J.-C, une traduction grecque de la Bible était déjà nécessaire) et elle fut profonde et durable, puisque, au i" siècle, une synthèse à peu près complète de la pensée grecque et de la croyance juive pou- vait s'accomplir dans les écrits de Philon. Avec patience, avec souplesse, fidèles par intérêt, les Juifs parvinrent à se mêler plusieurs fois au gouvernement du pays (leurs doc- teurs se firent écouter des rois) ; ils furent persécutés, mais ils souffrirent avec courage. A une certaine époque, ils occu- paient deux des cinq quartiers d'Alexandrie. Ils étaient négociants, banquiers, rarement artisans ; les plus pauvres mendiaient. On ne les aimait pas, mais on les supportait; leur vie retirée les rendait suspects.

Les Prophètes avaient annoncé qu'Israèl serait la limiière du monde. LIsraèl d'Alexandrie a conquis la fortune; il rêve d'une autre conquête, bien supérieure, celle des idées..

LITTERATURE DES JUIFS 477

Il veut fondre le Judaïsme et l'Hellénisme, donner au pre- mier un tour plus philosophique et plus moderne, ranimer ie second en lui infusant des dogmes plus solides.

Le premier soin des Juifs avait été d'étudier la langue grecque, parce qu'elle était indispensable au développement de leurs intérêts matériels. Bientôt cette langue leur devint si familière qu'ils oublièrent leur idiome national. Ils par- lèrent une sorte de dialecte composite et bizarre, inintelli- gible quelquefois pour des Grecs de naissance*. La pratique de la langue grecque leur permit d'entrer en contact avec la pensée hellénique;, surtout à Alexandrie, grâce à la Biblio- thèque et au Musée. Les circonstances politiques favori- sèrent ce mouvement : les emplois de l'Etat furent de bonne Iieure confiés à des Juifs. Ce fut à travers les vicissitudes politiques que nous avons résumées ailleurs-, au milieu de cette société cosmopolite, dans l'essor de la littérature, de la philosophie et des arts que naquit la littérature judéo- alexandrine,

A proprement parler, on ne peut pas dire qu'il existât dans la grande ville égyptienne, une école juive au sens strict du mot, comme il y eut une école néo-platonicienne; mais, chez les Juifs alexandrins, il y eut un état d'esprit net- tement caractérisé qui paraît être bien plutôt l'expression de l'opinion collective que le résultat d'initiatives individuelles. L'effort de la pensée juive tendait, naturellement, à faire donner à l'histoire et à la religion contenues dans la Bible, la place d'honneur dans l'Encyclopédie alexandrine. Dans ce but, les Juifs se mirent à compiler et à comparer, comme faisaient leurs modèles, les savants grecs de ce temps, avec la même méthode incomplète et sans critique et avec, en plus, un dessein arrêté d'apologie religieuse et nationale. Il ne faut pas oublier ces faits quand on veut apprécier les renseignements que les Juifs nous ont transmis.

1. Cf. Jos., Ant.jud.. XX, 9.

2. Cf. l. III, Hist. et Civilis. Réveil de la nat. juive, p. 187-197.

478 1-A LITTERATURE

Pour s'adapter au milieu alexandrin eL-y être acceptés, ces hommes estimèrent qu'ils devaient expliquer le silence des historiens grecs sur Israël^ et faire entrer l'histoire juive dans rhistoire générale.

Ce fut 1 œuvre des historiens dont Eusèbe nous a con- servé les noms et des extraits.

LlTTÉRATURI': AlEXANDRINE.

1. Histoire apologétique.

Il nous reste deux fragments de l'ouvrage Des Juifs d'Assyrie d'Eupolème : a) sur Abraham maître des Phéni- ciens et des Egyptiens, sur les généalogies primitives (Atlas est le même personnage qu'Hénoch ! etc.'); h) sur Moïse maître des Juifs, des Phéniciens et enfin des Grecs.

Du T.tcX 'lojoa'lwv d'Aristée distinct du pseudo-Arislée nous connaissons un fragment qui est une amplification de l'Histoire de Job. Les interlocuteurs de la Bible devien- nent ici des rois et des tyrans ^

Des 'louoat.xa d'Artapan nous avons une histoire fabuleuse d'Abraham ^ Il nous reste du -sol Iojoa'lo)v du même auteur : 1. l'histoire de Joseph; 2. l'histoire de Moïse (maître d'Or- phée et des Egyptiens, inventeur des hiéroglyphes*).

Nous avons aussi d'un ouvrage, sans titre connu, de Demetrius, une chronologie plus complète et plus précise que celle de la Bible, donnée à propos de l'histoire de Jacob^

Du Ttspl 'lo'jSa'lwv de Gléodème, appelé aussi Malchos, nous avons une histoire d'Abraham, père d'Afer, d'Assur et Afran, compagnons d'Hercule en Afrique, et, par eux, père des Assyriens et des Africains ^

1. Eus. Praepar. eu. PG XXI, Col. 705-709, IX, XVIII.

2. Ibid., IX, XXV, 728.

3. Ibid., IX, XVIII, 709.

A. Ibid. IX, XXVIII, 727-735. .5. IX, XXI, 713-721. G. IX, XX, 173.

LITTÉRATURE DES JUIFS 479

Les 'Eçr.'^j'YjTE'.; TT,; Mtouorsto; ypaoyis d'Aristobule représenteiil une tentative pour rattacher à la Révélation toute la science païenne : Platon a étudié à fond la Loi juive et l'a prise comme guide. Suivent des vers apocryphes d'Orphée et d'Aratus sur le Aoyj; et la Puissance de Dieu \

On connaît encore les fragments d'Histoire composés dans les genres poétiques chers aux Grecs, des extraits d'une tragédie d'Ezéchiel sur la sortie d'Egypte, et quelques autres fragments poétiques^. Citons enfin un fragment du pseudo- Hécatée : l'auteur y idéalise les rapports d'Alexandre avec les Juifs; il cite des vers de Sophocle sur Abraham. Ailleurs, il dit que si les Grecs nont pas parlé de l'histoire juive, c'est qu'elle est sainte et inaccessible aux profanes\

a. Le troisième livre des Machahées*.

Ce livre fut écrit en cfrec par un Juif alexandrin, dans le but d'encourager ses congénères d'Alexandrie à souffrir pour leur foi en leur montrant que le Tout-Puissant triomphe toujours de ses ennemis. Voici l'analyse de l'ouvrage.

Ptolémée IV Philopator% après la victoire remportée sur Antiochus le Grand, à Rapliia, en 217 av. J.-C, reçut les félicitations d'envoyés Juifs qui lui firent visiter Jérusalem et l'exhortèrent à offrir des sacrifices. Il voulut pénétrer dans le Saint des Saints^ En vain le peuple le supplia-t-il de renoncer à son projet sacrilège, il persista. Le peuple fut sur le point de résister les armes à la main". Le grand prêtre Simon pria Dieu, qui châtia le prince impie en le frappant

1. VII, XIV, 548; VIII, XII, 1097-1104.

2. IX, XXX, XXIV, XXVII, 712, 725, 726.

3. MiJLLEB, Fragm. histor. graec, t. II, 393-369.

4. Texte dans Barclay-Swetk.

5. Nous empruntons notre analyse à E. Beurlier in Dict. Bible, IV, 498-499.

6. III Mac. I, 1-10.

7. L. c. 1,11-29.

480 LA LITTÉRATURE

de paralysie^. Revenu à lui, Ptolémée retourna en Egypte et résolut de se venger sur les Juifs d'Alexandrie. Il les priva de leurs privilèges et les fit marquer au fer chaud d'une feuille de lierre comme adorateurs de Bacchus. Seuls, ceux qui acceptèrent volontairement le culte de ce dieu furent épargnés*. La masse du peuple resta fidèle à sa foi, et le roi ordonna d'arrêter les Juifs de tout le pays et de les amener à Alexandrie ^ Un grand nombre purent échapper aux émissaires du roi, grâce à l'aide que leur donnèrent les Égyptiens ^ Ceux qui furent arrêtés furent conduits à l'Hip- podrome. Avant de procéder au massacre, Ptolémée ordonna qu'on inscrivit les noms de tous les prisonniers. Alors se produisit un fait merveilleux. Après avoir travaillé pendant quarante jours, les scribes déclarèrent que le nombre des Juifs était si grand qu'ils manquaient de roseaux et de papyrus*. Le roi ordonna d'enivrer de vin et d'encens cinq cents éléphants et de les faire entrer dans l'Hippodrome pour qu'ils foulassent aux pieds les Juifs. L'exécution de l'ordre fut différé parce que Ptolémée fut pris soudain d'un sommeil profond qui dura jusqu'à l'heure fixée chaque jour pour son principal repas ^ Le lendemain matin, Ptolémée avait providentiellement oublié les ordres qu'il avait don- nés et se rappela seulement la loyauté des Juifs envers ses ancêtres^ Le même soir cependant il recouvra la mémoire et ordonna le massacre. Gomme ses officiers parais- saient se moquer de ces revirements, il fit serment d'envahir la Judée et de détruire le temple'. Un prêtre nommé Eléazar, vénérable vieillard, pria pour son peuple et, quand le roi et sa suite arrivèrent à l'Hippodrome pour assister au

1,

L. c. II, 24-30.

2.

11,31-111, 1.

3.

III, 2-IV, 10.

4.

IV, 10-2L

5.

V, 1-22.

6.

V, 23-25.

7.

V, 26-48.

LITTÉRATURE DES JUIFS 481

massacre, deux anges effrayèrent les éléphants et ceux-ci se précipitèrent sur l'escorte de Ptolémée'. La colère du roi se changea alors en pitié pour les Juifs^ il leur donna la liberté et fit une grande fête en leur honneur. En mémoire de leur délivrance, les Juifs instituèrent une fête annuelle'. Le roi leur promit de punir ceux d'entre eux qui avaient apos- tasie ^

b. Troisième livre d'Esdras^.

Ce livre, écrit en grec, est postérieur à Zorobabel, dont il parle, et antérieur à Josèphe qui le transcrit presque en entier.

Ce ////i5c/r. reproduit le livre canonique de Néhémie auquel il ajoute l'histoire, prise dans les Chroniques^ du royaume de Juda depuis la restauration du culte sous Josias jusqu'au départ pour la captivité; et ailleurs le récit, pris dans Néhé- mie% de la lecture de la Loi qu'Esdras fit aux enfants d'Is- raèl. Entre deux", ce récit propre à l'auteur :

A la suite d'un festin, trois gardes du corps de Darius font le pari à qui écrira la sentence la plus sage et méritera par les faveurs royales. Le premier écrit : « Le vin est fort ». Le second : «Le roi est plus fort. » Le dernier : « Les femmes sont plus fortes, mais la victoire reste encore à la vérité. »

A son réveil, le roi lit les sentences, assemble son con- seil et ordonne aux sages de défendre chacun son opinion.

Suit une description de la force du vin, de la puissance royale et de la séduction féminine. Toutefois l'avocat de

1. V, 44-vi, 22.

2. VI, 23-VII, 9.

3. VI, 10-23.

4. Texte, dans Barclay-Swete, The Old Test, in Greek,i. II; Trad. latine en appendice à la Vulgate.

5. // Chron. XXXV-XXXVI = llIEsdr. I.

6. Nehem. VII, 73-VIII, \2 = III Esdr. IX, 37-55.

7. /// Esdr. III— V, 6.

31

482 LA LITTÉRATURE

celle troisième cause conclut par l'éloge de la vérité et de sou pouvoir inviucible : c'est que la vérité est Dieu.

Toute rassemblée acclame l'orateur et s'écrie après lui : « Grande est la vérité ; à elle reste la victoire I » Le roi, charmé lui-même, promet au vainqueur de combler tous ses désirs. Or, le vainqueur est Zorobabel : il rappelle au prince le dessein qu'il avait formé de relever Jérusalem et de rebâ- tir le Temple. Darius lui permet de rentrer dans la patrie de ses pères et de relever la Maison de Yahwéh aux frais du trésor roj^al. Zorobabel part avec une escorte octroyée par Darius'.

Le Temple et le culte légal dont il est le centre font tout le sujet de III Escir. L'auteur paraît se proposer d'encourager les Juifs dans leur observance z.élée de la Loi et peut-être aussi, par l'exemple de la munificence des rois de Perse, de gagner au judaïsme de nouveaux protecteurs du même genre parmi les souverains étrangers, peut-être les Ptolémées.

III EscIr. passa dans les manuscrits Vaticanus elAleœan- driîius.

11 fut utilisé par plusieurs Pères el auteurs ecclésiastiques : Origène, pseudo-Cyprien, S. Cyprien, S. Ambroise, Pros- per d'Aquitaine ^

2. Philosophie apologétique.

Pour s'adapter au milieu d'Alexandrie si bien cultivé, les Juifs s'aperçurent qu'il leur fallait dissiper les préjugés grecs et faire accepter la doctrine juive et les Livres qui la con- tiennent. Plusieurs écrivains païens avaient plus ou moins explicilenienf contribué à faire naître et à entretenir ces préjugés. Nous allons en citer quelques-uns'.

Manéthon, prêtre égyptien, écrivit sous Philadelphe

1. Analyse de P. Batiffol, dans le Diction, de la Bible de F. Vigouhouk, t. II, col. 1944, B.

2. Références dans Diction. 1. c., Col. 1945.

3. Sur ce point, voir SciiiJnEn, t. III, p. 398-411.

LITTERATURE DES JUIFS 483

(270-250 environ av. J.-G.) des Af.y'j7ïT!.axà qui traitent de l'histoire d'Egypte d'après des sources sacrées. Il raconte qu'Amenophis III avait assemblé en un même lieu les 80.000 Juifs qui étaient en Egypte et les faisait travailler aux carrières qui étaient à l'Est du Nil. Plus tard, les Juifs avaient obtenu du roi l'autorisation d'habiter Avaris; mais ensuite ils s'étaient soustraits à l'autorité du pharaon et s'étaient choisi pour chef un prêtre d'Héliopolis : Osarsiph. Celui-ci leur avait donné une loi nouvelle^ leur interdisant d'adorer aucun des dieux et leur commandant de tuer les animaux sacrés. Osarsiph aurait alors appelé de Jérusulem les Hyksôs qui, unis aux Juifs, auraient chassé Ameno- phis et gouverné le pays. Alors Osarsiph aurait pris le nom de Moïse.

Au bout de treize ans, Hyksôs et Juifs auraient été chas- sés de l'Egypte'.

Apollonius Molon écrivit, non pas occasionnellement comme Manéthon, mais directement et e;r/)ro/e**o, contre les Juifs \

Lysimaque^ . Le fragment que Josèphe a conservé de cet auteur prouve qu'il écrivit contre les Juifs, au moins au sujet de leur sortie d'Egypte^.

Chérémon^ . Le fragment qui est parvenu jusqu'à nous, emprunté à son A',yj7CT'.axri Icr-ropia, prouve qu'il racontait la sortie dEgypte à peu près comme Manéthon.

5** Apion, grammairien contemporain et compatriote de

1. Cf. Josèphe, C. Apion. I, 26-31. ^'

2. S'JTASJT, [insidiae) y-a-zÔL 'lo'jSaîuv. Josèphe, /. c, II, 14, 36. Sur ce 3/o- lon et le problème que soulève son idenlification, cf. Schurer, t. III, 400- 403.

3. Josèphe, /. c, I, 34-35 ; II, 2, 14.

4. Dans une Histoire d'Egypte, d'après Cosmas Indicopleustès (Cosm. Indic. : Topogr. christ, l. XII in Gallandi, Dibl. Pair. XI, 572); mais cela n'est pas prouvé. Lysimaque vivait en Egypte vers le I^' siècle av. J.-C, si c'est bien lui qui écrivit les 6T,6oïxà itapiSoïa el NôaToi ou Retours de Troie des héros grecs (Détails dans Schurer, 1. c. 403-404).

5. Jos. C. Apion. I, 32-33.

484 LA LITTERATURE

Ghérémon dont Pline' a écrit : « hic [quem Tiberius Cae- sar cymbalum mundi vocahat, cum propriae famae tympa- num potius videri posset) immortalitate donari a se scripsit ad quos aliqua componebat », eut une activité littéraire variée. Dans une Histoire d'Egypte^ en plusieurs livres, il fait aux Juifs des reproches qui peuvent se ramener à trois : a. des fables sur la sortie d'Egypte; b. des affirmations hai- neuses contre les Juifs d'Alexandrie; c. des accusations rela- tives à leur culte et à leurs lois ou coutumes. Josèphe a réfuté ces reproches \

On a appelé les ouvrages que nous groupons sous le titre de Philosophie apologétique des « écrits juifs sous des masques païens. » Dans leur diversité, ils ont ce caractère commun qu'ils se présentent tous sous le nom de quelque autorité païenne ou mythologique : la Sibylle Hécatée, etc. C'est ici surtout qu'apparaît la tendance de toute la littéra- ture Judéo-hellénistique à agir sur les lecteurs non Juifs : les Oracles sibyllins, par exemple, montrent aux païens la folie du culte des idoles et l'abjection de leur vie morale; ils les menacent, s'ils ne font pas pénitence, de châtiment et de perdition et leur promettent, au contraire, récompense et félicité s'ils se convertissent. Les autres écrits, telle la Lettre du pseudo-Aristée, procèdent d'une façon différente : ils veulent concilier aux Juifs de la considération et de l'hon- neur.

a. Les Oracles Sibyllins'^.

Les Sibylles étaient des espèces de prophétesses qui attri- buaient leur sagesse à la uavîa.

En Asie Mineure et en Grèce circulaient des oracles écrits attribués aux Sibylles et qui étaient la propriété de tous.

1. Hist. Nat. Praef. §25.

2. A'.YUTtTtaxi.

3. C. Apion, II, 1-13.

4. Alexandre, Oracula sibyllirui, in-8, Paris, 1809.

LITTÉRATURE DES JUIFS 485

Certains de ces oracles jouissaient d'une grande considéra- tion. Ce fait détermina les Juifs à les multiplier dans un but de propagande religieuse : ils firent parler les Sibylles contre leurs ennemis: ils mirent sur leurs lèvres des pas- sages du Pentateuque ou des Prophètes.

Tels qu'ils se présendent aujourd'hui, ces oracles sont divisés en quatorze livres. La section qui comprend les vers 97-8SS du Livre III est antérieure à 140 av. J.-C, puis- qu'elle est citée par Alexandre Polyhistor, et qu'elle con- tient de nombreuses allusions aux guerres d'Antiochus Epi- phane (100-50.)

Tout le reste fut rédigé après J.-C.

Dans la section sus-mentionnée, les vers 652-794 sont messianiques. Citons :

652-656. Alors Dieu enverra [du côté] du soleil un roi

qui fera cesser, sur toute la terre, la guerre funeste, tuant les uns, faisant avec les autres alliance stable. Or il fera tout cela, non pas pour ses propres desseins, mais suivant les nobles décisions du grand Dieu.

702-704. Tous les enfants du grand Dieu autour du Temple vivront en paix, se réjouiront de ce que leur donnera le Créateur et le monarque juste juge.

715-718. Quand les Gentils se convertiront, ils diront

prions

le roi immortel, le Dieu grand et éternel;

envoyons au Temple puisqu'il est l'unique souverain,

767-771. Alors il suscitera un empire à jamais

[sur tous les hommes, lui qui autrefois leur donna la Loi

[sainte] en faveur des pieux auxquels il promit d'ouvrir à tous la terre et le monde, et les portes des bienheureux et toutes les joies, et un esprit immortel et une félicité éternelle.

h. Les Poètes interpolés.

Les Apologistes juifs et plus lard les chrétiens en appellent plus d'une fois à des poètes grecs célèbres pour

486 LA LITTÉRATURE

démontrer que des Grecs de grande valeur onl eu des idées justes sur Dieu, son unité, sa spiritualité. Beaucoup de cita- tions, surtout chez Clément d'Alexandrie, dérivent réelle- ment d'écrits authentiques des poètes nommés, mais beau- coup aussi ont été falsifiées dans l'intérêt de l'apologie du judaïsme. Ces citations falsifiées se trouvent surtout chez Aristobule', et les vers cités sont attribués surtout à Eschyle, Sophocle, Euripide, aux comiques Philémon, Ménandre, Diphile; beaucoup à Orphée, et quelques uns à Hésiode^ Homère, Linus (ou Callimaque.)

On a montré que les citations d' Aristobule- dérivent dune source commune à Clément d'Alexandrie et à pseudo- Justin, et c'est Youvraye de pseudo-HecHtée d Abdère sur Abraham, composé par un Juif à une date que l on ne peut préciser.

L'Hécatée historique était, d'après Josèphe, contempo- rain d'Alexandre le Grand et de Ptolémée La^us.

Un poème moral rédigé par un Juif, aux temps hellé- niques, fui mis sur le compte de Phocylide de Milet qui avait vécu au vi" s. '.

3" Un autre poème de même nature fut publié sous le nom de Ménandre.

c. Lettres apocryphes.

On peut citer des lettres attribuées par les rédacteurs juifs à Heraclite et à Diogène.

LeTTRK du PSKlIDO-AlUSTÉE.

Aristée se dit égyptien d'origine, païen de religion,

L Eus. Praepar Ev., XIII. 12. On en trouve aussi chez Clément d'Alexan- drie. Slroin. V, 114, cf. Eus /. c. XIII, 13; cl chez i)seudo-Justin, Cohort. Bd Gr., 15ell8.

2. Cf. SchïSreb, i. III, 453-466.

3. ScHiinEH, t. III, 473 à 476.

LITTÉRATURE DES JUIFS 487

devenu prosélyte juif, officier des gardes de Ptolémée Phi- ladelphe (287-247), et très aimé de ce prince. Sur le conseil de Demetrius de Phalère, Philadelpbe voulut faire traduire en grec la Loi de Moïse pour la placer dans la Bibliothèque qu'il avait fondée à Alexandrie : Aristée fut un des messa- gers envoyés au Grand-prètre Eleazar, à Jérusalem. Dans une lettre à son frère Philocrate, il raconte les événements dont il est censé avoir été témoin.

Sa lettre est un panégyrique de la Loi juive, de la sagesse juive, du nom juif.

Aristée réussit si bien dans son ambassade que le Grand prêtre cboisit 72 Israélites, dont les noms sont donnés, 6 dans chaque tribu, et les envoya en Egypte avec un exemplaire de la Loi juive transcrite en lettres d'or, et avec des présents.

Philadelpbe reçut avec honneur les députés juifs et leur fit fête pendant sept jours; puis il les fit conduire dans un de ses palais, dans l'île de Pharos, ils exécutèrent dans le silence, leur traduction. Chaque jour, ils en faisaient une partie qu'ils collationnaient ensemble pour se mettre d'accord sur le sens à donner au texte. L'œuvre fut termi- née en 72 jours. La traduction entière fut lue aux Juifs assemblés et tous en louèrent l'exactitude. Elle fut ensuite lue au roi ; il admira la législation hébraïque et fit mettre la version dans sa bibliothèque.

Cette lettre d' Aristée fut unanimement tenue pour authen- tique jusqu'au xv® siècle. Aujourd'hui, tout le monde la regarde comme apocryphe, à cause de ses inexactitudes et de ses invraisemblances .

Ce document ne peut guère remonter au delà de 200 av. J.-C.^

Ce que l'on peut retenir de son contenu, c'est que Ptolé- mée Philadelpbe encouragea l'initiative de la traduction

1. Dates extrêmes : 200-100 av. J.-G.

488 LA. LITTÉRATURE

des LXX, soit par curiosité personnelle, soit pour se conci- lier davantage la sympathie de ses sujets israéliles, soit pour promouvoir parmi ces derniers la connaissance du grec'.

3. Œuvres scripluraires. La version alexandiune des Livres Saints

ou LES LXX.

La nécessité de satisfaire aux besoins religieux des Juifs d'Alexandrie et de toute l'Égyple qui la plupart du moins ne savaient pas l'hébreu ou ne le savaient que d'une manière insuffisante, amena à traduire les Livres Saints en grec, le grec étant désormais pour les Juifs une vraie langue maternelle.

La version fut commencée, par le Pentateuque, sous Pto- lémée Philadelphe et continuée durant les siècles suivants. Le Prologue de l'Ecclésiastique prouve que vers 150 av. J.-C, la plupart des Livres Saints, sinon tous, étaient déjà traduits, et Tusage que les auteurs néotestamentaires ou autres firent de cette version démontre que son achève- ment n'est pas postérieur au I*"" siècle. Et, par suite, la ver- sion intégrale est l'œuvre de traducteurs différents. Cela explique que les mêmes mots ou les mêmes formules hébraïques ne soient pas rendus de la même manière.

La connaissance que les traducteurs du Pentateuque avaient du grec vulgaire que l'on parlait à Alexandrie et que les papyrus ont révélé paraît bien démontrer qu'ils étaient alexandrins. Pour le même motif, on peut regarder les tra- ducteurs des autres livres comme des hommes qui ont vécu à Alexandrie.

La version la meilleure est celle du Pentateuque, soit parce que les traducteurs étaient plus habiles, soit parce qu'ils utilisaient des manuscrits plus corrects, soit parce que

1. Cf. Vigouroux-Bhassac, l. 1, u" 138.

LITTÉRATURE DES JUIFS 489

leur œuvre était plus facile. Les livres poétiques sout en général inférieurs aux livres historiques; cela s'explique : il y a tant de mots rares ou de figures difficiles! Dans Isaïe ou Jérémie (traduits probablement un siècle environ après le Pentateuque), les prophéties principales sont traduites d'une manière obscure. Ezéchiel et les petits prophètes sont mieux interprétés. La traduction de Daniel était si peu satisfaisante que l'Église grecque ne l'accepta point et qu'elle lui préféra celle de Théodotion (entre 130 et 180-189 après J.-G.i).

Les LXX se sont appliqués, en général, à éviter les anthropomorphismes et l'attribution aux hommes des qua- lités divines. (Il ne faudrait pas imaginer cependant que ce fait doive être considéré comme essentiellement et exclusivement hellénique ; on le constate aussi dans le Targum ou paraphrase chaldaïque d'Onkelos.) Ainsi, nous lisons dans le texte hébreu- : Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. « C'est ainsi, ajoute-t-il, que tu répondras « aux enfants disraèl : Celui qui est m'envoie vers vous. » Les LXX désignent Dieu par o (^v, ce qui paraît plus abstrait.

Ailleurs' : Moïse, Aaron, Nadab et Abiu et soixante-dix anciens d'Israèl « virent le Dieu d'Israèl », Les LXX tra- duisent : « .... virent le lieu le Dieu d'Israèl s'était <( tenu. »

Dans Josué* «.... que tous les peuples de la terre appren- « nent que la main de Dieu est puissante. » Les LXX : « la puissance de Dieu... »

On pourrait citer d'autres exemples. En somme, les chan- gements dont il s'agit sont à peine sensibles; et ils n'ont rien de rigoureusement systématique, puisque, en maints

1. Vigouroux-Brassac, l. c, I. n" 138 et 141,

2. Ex., III, 14.

3. Ex. XXIV, 9, 10.

4. IV, 24.

49© LA LITTERATURE

endroits, les LXX accepLent les apparitions de Dieu telles que le texte hébreu les présente.

La version des LXX fut faite sur des manuscrits hébreux écrits, par endroits', encaraclères phéniciens, mais, le plus souvent, en caractères en partie évolués vers l'alphabet carré ^.

Cette version eut une grande vogue parmi les Juifs hellé- nistes.

Dans le même milieu alexandrin paraît avoir été écrit le Livide de la Sagesse, qui est un des documents les plus importants pour la connaissance du milieu intellectuel judéo alexandrin avant Philon. Mais Tétude de ce livre sacré relève de la Littérature biblique et de la Théologie biblique.

Lktire du grand prêtre Eléazar^.

La préoccupation de faire accepter les idées et les livres des Juifs se constate dans cette Lettre sur le sens allégori- que. Cet écrit se rattache à la légende des LXX. L'auteur s'applique à montrer Idsens caché et spirituel des prescrip- tions matérielles de la Loi. Ces prescriptions ne sont que les symboles d'idées morales et religieuses et, par suite, elles sont acceptables pour l'esprit des Grecs, tout railleur qu'il est, et pour leur genre de vie émancipée.

Fragmkmts d'Aristobulk*.

Les mêmes idées sont développées dans les Fragments d'Aristobule. Nous avons dit que cet auteur tenta de ratta- cher au Judaïsme^ les Philosophes et Poètes grecs; il s'ef-

1. Orig-ène [Selecta in Ezech. IX, 5) dit que le law a la forme d'une croix; or cela nest vrai qae dans l'ancienne écriture.

2. Cf. SwETE, An Inlrod. p. 321.

3. Conservée par Eusèbe, Praepar. Ec. VIII, l.\, 625-636.

4. Eus. /. c. VIII, suiv.

5. Eusèbe dit (VIII, ix, 636) qu'Aristobule unissait aux traditions natio- nales les principes de la pliilosopliie d'Arislole : xf.i; xax' Apto-xoTÉXT.v -npô; tt^ ■TiaTptw |xeTeÀ£t/(»);.

LITTERATURE DES JUIFS 491

força aussi d'interpréter l'Ecriture à l'aide de l'allégorie. Aristobule nous dit que Ptolémée s'était étonné de voir attribuer, dans la Bible, des mains, des bras, un visage, des pieds et une démarche à la Puissance divine (Notons qu'A- ristobule ne dit pas à Dieu, mais à la Puissance divine, ôsia; 8uvà[Ae(o;). Dans son écrit au roi, il invite Ptolémée à « prendre et à interpréter ces mots d'une manière naturelle, « Souvent, notre législateur Moïse, voulant exprimer une « idée, se sert à dessein, pour la rendre, d'expressions sen- « sibles Tiov xa-rà Tf,v i-'/^àve.av. C'est ce qu'ont bien compris « les hommes de grand sens qui ont admiré la Sagesse de

a Moïse C'est ce que n'ont pas compris les hommes de

« petit esprit qui se sont attachés uniquement à la lettre, « et qui, par suite, n'ont rien trouvé de remarquable aux « œuvres de Moïse. » Et Aristobule essaie d'expliquer, une à une, les expressions que Ptolémée a relevées et qui l'ont choqué.

4. Les Œuvres de Philon.

Le Juif Philon naquit entre 20 et 10 av. J.-C. Il reçut une forte éducation grecque, mais demeura toujours juif avant tout. Durant la seconde partie de sa vie, il s'occupa beaucoup de politique! il fut chargé d'une mission auprès de Galigula en faveur des Juifs d'Alexandrie.

Philon écrivit beaucoup. Il eut d'abord une manière grecque, représentée par des traits moins religieux que phi- losophiques, dans lesquels l'inspiration païenne est très marquée; puis, on note une période de transition dont il nous reste les Questions et solutions sur la Pentateuque. Enfin Philon fit œuvre de commentateur ; et de son labeur il nous reste le Commentaire allégorique et histoiHque sur la Genèse et V Exposition de la Loi. En tout, nous avons de lui cinquante-huit traités de longueur et d'importance très inécrale.

Pour Philon, la science universelle c'est la Philosophie

492 LA LITTÉRATURE

donl l'objet le plus important est la nature de Dieu et la nature du monde. C'est une science véritable puisque, comme toute science, elle est un ensemble de conceptions fermes et assurées que le raisonnement ne peut renversera La méthode de Philon est ï allégorie-. Mais celte mé- thode, extrêmement libre, peut devenir dangereuse : en fait, chez Philon, bien souvent elle suit les caprices de l'ima- gination, même si parfois ils sont ridicules^. Notre exégète admet que le sens littéral doit être exclus quand il suppose en Dieu une qualité indigne de Lui, quand il est inintelli- gible et absurde, et enfin quand il semble moins élevé que le sens allégorique.

Dieu. La méthode qui nous conduit à la connaissance de ce que nous savons sur Dieu, c'est l'extase et r induc- tion. L'induction consiste à rechercher dans les qualités des créatures les attributs de Dieu. Quant à Vextase, il faut en distinguer quatre sortes :

La frénésie qui fait perdre la raison et qui fait naître le trouble dans l'esprit*.

2" La violente commotion dont nous sommes saisis en présence de ce qui nous arrive soudainement et à l'impro- viste.

L'état de calme de la raison lorsqu'elle se repose*.

4" Un transport divin et inspiré., celui qui fait les pro- phètes et qui procure une sainte ivresse ^

Sur le Logos. Philon a écrit' : « Dieu, être unique, a « autour de lui ses Puissances. Elles sont, pour ainsi dire, « ses gardes du corps ». Elles unissent entre-elles toutes les

1. De congressu erudilionis et grai,, 25 et 26.

2. Cf. De confus lingu., c. 38.

3. Cf. De sacrifie. Caïn et Abel., 34.

4. Quis (Uvinar. rer.. .2S.

5. Leg. allegor. II, 9.

6. Quaesl. et sol. in Gènes, in III, 9.

7. De confus, ling. ; 34-35.

LITTÉRATURE DES JUIFS 493

parties du monde et le soutiennent*; elles unissent Dieu au monde^

Parmi ces Puissances, on distingue surtout la Puissance créatrice^ la Puissance royale^ la Puissance prévoyante, la Puissance législative^ la Sagesse^.

Ces Puissances « de leur vrai nom, sont des idées*. » Mais il n'est pas facile de concilier tous les textes; il faut admettre, dans la pensée de Philon, des fluctuations, et ces fluctuations se comprennent assez bien si Ion estime qu'il a considéré les Puissances comme des abstractions simple- ment, personnifiées à l'occasion pour les besoins de l'exé- gèse^

Ces Puissances sont les Anges de l'Ancien Testaments Or, chez Philon, la conception du Logos est^ presque sur tous les points, parallèle à celle des Puissances. Ainsi, partout oîi les Livres Saints, décrivant les théophanies, font mention de l'Ange de Yahweh, Philon y voit le LogosS

La voix de Dieu est le Logos; mais cette voix et, par suite, ce Logos ne sont pas matériels : les Rabbins avaient admis que les dix commandements avaient été articulés sen- siblement par Dieu; Philon, lui, écrit : « Dieu les a-t-il pro- « férés verbalement? C'est une hypothèse absurde qui ne « doit pas même venir à l'esprit; car Dieu n'est pas comme « l'homme se servant de bouche, de langue, de bronches. « Mais il me semble qu'alors il opéra une merveille, for- « mant dans l'air une voix invisible, plus admirable que « tous les organes, formée d'harmonies parfaites, non point « inanimée, ni, comme un animal, composée de corps et « d'âme, mais une âme raisonnable, pleine de transparence

1. Ibid., 32; Fragment. II, 656.

2. De miilat. nomin. 4; cf. spécialement In Exod. II, 68.

3. Leg. ad C. 1.

4. De spec. leg., l, 339.

5. Cf. Lebreton, Origines dogme Trin. 1'* éd. 179.

6. Passini; par ex. : De Somn. l, 141-142; 147; De confus ling., 28, etc.

7. De Cherub. 3; De Somn. 1 ; Q. rer. divin her., 201, 205.

494 LA LITTÉRATURE

« et de pureté, qui formant Fair et le tendant et le chan- «■ géant en feu enflammé, produisit cette voix articulée, « comme de l'air dans une trompette, la faisant entendre « également des plus éloignés et des plus proches \ »

Dans la théologie judaïque% l'ange de Yahwéh fait con- naître Dieu parce qu'il est son envoyé ; pour Philon, le Logos le révèle parce qu'il est son image* et son empreinte^ Cha- que Puissance, c'est-à-dire chaque idée n'est que l'image fragmentaire et incomplète de Dieu^ Le Logos est présenté comme l'ensemble des idées ou le monde intellisrible'^: cependant, quelquefois il est distingué des idées\

Pliilon écrit : « Dieu a accordé à la race humaine un pri- « vilège exceptionnel, la parenté à son Logos, à l'image « duquel l'esprit humain a été fait ^ » Et il en vient quel- quefois à présenter le Logos comme l'homme idéal».

Le Logos joue dans l'Univers le même rôle que l'âme en chacun de nous^"; la diversité des éléments n'est que le vête- ment qui le recouvre'*. Il est, à la fois, le soutien et le lien du monde*^.

Souvent Philon, comme les Stoïciens, identifie le Logos et la loi morale'\

En somme, toute une série de textes représente le Logos comme une force impersonnelle; et il en est toute une caté- gorie dans laquelle le Logos paraît nettement personnifié : il est appelé grand-prêtre, ange suppliant, dieu, dieu secon-

1. De Decalogo, 32-33.

2. Weber. Jùd. rhéologie, 180.

3. Passirn. De spec. leg. III, <S3.

4. Déplantât., 18.

5. De opif. mundi, passim.

6. L. C, 24-25.

7. In Exocl. II, 68; cf. De ojnf mundi, 139.

8. De Exsecr., 163.

9. Leureton, /. c, 192.

10. Mos. II, 127.

11. De fuga, 110.

12. De plantât. Noe, 8, 9; De fuga, 112.

13. Mos. I, 48; De Ebriet. 142.

LITTÉRATURE DES JUIFS 495

daire'. Souvent celle personnification est comme imposée à Philon par le texte qu'il commente [dans toute son œuvre, on ne trouve que trois passages le Logos soit appelé dieu' et^ dans les trois cas, son exégèse Va contraint à cette impropriété de langage quil atténue et excuse le plus qu il peut^) ou par son goût pour la prosopopée*.

Il esl impossible d'attribuer au Logos une personnalité distincte, car il a les mêmes caractéristiques que la Puis- sance dont la distinction d'avec Dieu est subjective, basée sur notre faiblesse. Mais ses personnifications ne sont-elles que des figures de langage ? Non, la rhétorique n'explique pas tout; la philosophie religieuse du temps, celle du Stoïcisme tout particulièrement, a joué son rôle, elle à habitué l'esprit de Philon et celui de ses lecteurs à ces personnalités indécises qui desf orces de la nature avaient fait des objets de culte, sans cependant disperser leur unité profonde en des individualités distinctes. Tandis que les dieux du pan- théon hellénique gardaient des vestiges du caractère person- nel que les légendes leur avaient imprimé, chez Philon, les Puissances et le Logos restaient engagés dans le monde des abstractions ils étaient nés\

B. LniÉRATUKE PALKSTINIENNE.

i. Littérature apocalyptique.

L'âge d'or de la littérature apocalyptique s'étend de 160 environ av. J.-C. jusqu'à 120 après J.-C.

Ce sont les circonstances au milieu desquelles se déve- loppait l'histoire religieuse du Judaïsme qui explique le pas-

1. De somniis I, 37; autres référ., infra.

2. Leg. allée/. III, 207, De Somn. I, 229; q. in Gènes. II, 62.

3. Lebreton, /. c. 199-2U0.

4. Cf. De det. pot., 40; De Poster. C. 1 00. Par exemple, à propos d'Isaac, c'est le rire qui est nommé le fils intime de Dieu. De mut. nom., 131.

5. Lebreton, l. c, 204-205.

496 LA LITTÉRATURE

sage de la Prophétie à l'Apocalyptique. Le fait ne fut pas Tœuvre d'un homme; il résulta d'une lente évolution.

Les Prophètes étaient des hommes qui, ayant pleine con- science des besoins du temps dans lequel ils vivaient, s'ap- pliquaient à diriger la nation dans la voie voulue par Dieu. Ils montraient que toute Vhistoire était dirigée par Yahiveh vers un but qui était la félicité de l'ère messianique; mais ils savaient l'action que la liberté humaine peut exercer dans l'univers, aussi rien ne les intéressait-il comme la réforme des mœurs. Les perspectives d'avenir qu'ils ouvraient à leurs contemporains étaient généralement en rapport avec cette réforme intérieure.

Cependant un nouveau concept se fît jour.

Déjà, tel des premiers Prophètes dont nous avons les écrits' avait annoncé l'avènement des temps messiani- ques en des termes qui ne paraissaient pas exiger comme condition l'observance des préceptes moraux. Les événe- ments favorisèrent le développement de cette tendance à ne plus regarder que l'avenir en l'isolant de plus en plus des conditions de la vie présente. L'exil fut pour Israèl une épreuve d'autant plus douloureuse qu'elle était moins atten- due du plus grand nombre. Jérémie l'avait bien annoncée sans trêve^, mais de faux prophètes, souvent mieux écoutés par le peuple, avaient traité de songes ses oracles mena- çants. Ézéchiel avait eu à lutter, lui aussi, contre de sem- blables ennemis^ Les châtiments tant de fois annoncés étaient venus, la pénitence et la conversion étaient désor- mais impuissantes à en arrêter le cours; mais, au delà de ces jours mauvais, on pouvait entrevoir des perspectives de félicité et de paix qui se réaliseraient nécessairement quand la purification serait accomplie.

D'autre part, tant de faux prophètes avaient trompé le

1. 7s., II, 1-4; Michée, IV, 1-3.

2. Jer. V, 31; XIV, 13; XXIII, 'J siiiv.

3. Ezech. III, 10.

LITTÉRATURE DES JUIFS 497

peuple que celui-ci finit pour se méfier de quiconque pré- tendait apporter une parole de Yahwéh.

Après Malachie, Jonas, Joèl, Daniel, aux v** et iv^ siè- cles, — la voix de l'ancienne prophétie se lut. A l'époque grecque, du temps de Néhémie, il est encore question* de ces prophètes sans mission qui annoncent l'approche immi- nente des temps messianiques; mais ils sont les derniers témoins d'un passé qui s'en va.

La petite communauté juive, étroitement attachée à la lettre de la Loi, observait minutieusement les pratiques rituelles qu'elle avait reçues de ses pères, et vivait la mono- tonie de sa vie de chaque jour au milieu des dangers et de lincertitude, sous le joug étranger, dans la crainte des dif- ficultés nouvelles avec des ennemis de tout genre; elle avait perdu celle invincible confiance dans le présent qui carac- térisait certains Voyants.

Sans doute on croyait toujours que l'histoire du monde était dirigée par Yahwéh, mais on réservait le résultat de ses merveilleuses promesses pour un avenir désormais plus lointain, pour ce temps pour ce jour pour le jour du jugement de Yahivéh pour la consommation des siècles.

Et plus pressant que jamais se posait aux esprils troublés le problème de la souffrance des justes, du peuple juste et des individus attachés à la justice. La justice de Yahw^éh exigeail, pensait-on, que les justes jouissent du bonheur dès cette terre. Mais tandis que les Rabbi affermissaient le peuple dans sa foi monothéiste et dans son altitude hostile à l'égard du paganisme, ses espérances de bien-être maté- riel étaient, chaque jour, contredites par les faits, de sorte qu'une grave opposition se manifestait entre l'ancien idéal prophétique et les expériences présentes de la nation. La crise fut particulièrement violente sous Antiochus Épiphane (175-164).

1. Neh. VI, 7.

32

498 LA LITTÉRATURE

Ce fut en vue de ramener la confiance dans les promesses de Yahwéh et de diriger vers l'au-delà qui approchait les cœurs incapables de trouver dans le présent des motifs de confiance que furent écrits les ouvrages apocalyptiques.

Une apocalypse^ est une révélation dont l'auteur est un visionnaire ou un voyant qui ne fait, pense-t-on, que trans- crire le récit fidèle des choses qu'il a vues ou entendues. Indiquons quelques caractères communs aux divers écrits apocalyptiques.

1. Ce ne sont pas les objets du monde naturel qui frap- pent le regard des « Voyants », mais des êtres extraordi- naires qui appartiennent à un autre monde. Ainsi, dans la version slave des Secrets d'Henoch^ et dans VAscension d'Isaïe^, le Voyant traverse sept cieux dont il contemple les secrets (anges plus glorieux lés uns que les autres; chemin du soleil et des étoiles; demeures de la neige, de la grêle, de la pluie), avant d'arriver au trône de Dieu.

2. Toutes ces phantasmagories qui nous transportent dans un monde nouveau, sortent non pas du simple contact avec la réalité, mais de l'imagination des Voyants.

3. C'est toujours pendant la nuit, en songe, que se mani- feste à eux le monde supérieur dont la vue les jette dans l'épouvante.

4. Ils sont embarrassés pour décrire ce monde; un ange les accompagne toujours pour leur expliquer, plus ou moins clairement, le sens des symboles qui leur sont montrés. Dans des cas analogues, les anciens Prophètes recevaient aussi les explications opportunes., mais ils les lecevaient de Dieu; maintenant, Yahwéh n'entre plus en relation directe avec les hommes; les Anges sont ses intermédiaires. (On constate déjà celte substitution dans Zacharie\)

1. Nous ne nous occupons ici, que des apocalypses exlra-bibliques.

2. 4 suiv.

3. Trad. Tissfranu, p. H2.

4. I, 9; 13, 1^1 ; II, îi, 7;IV, 1, 4. 5.

LITTÉRATURE DES JUIFS 49<»

Le LiVRi: d'Hénoch\

L'influence exercée par ce livre a été considérable jus- qu'au n* siècle ap. J.-C. Il a été utilisé par les auteurs du Livre des Jubilés, de Y Apocalypse de Baruch, du IV Es- dras, du Testament des Douze Patriarches^ et par plusieurs auteurs chrétiens (y compris S. Jude-), tels l'auteur de rÉpitre de S. Barnabe et de l'Apocalypse de Pierre, par S, Justin, Tatien, Athénagore, Minutius Félix, S. Irénée, Clément d'Alexandrie. C'est que ce livre a fort contribué à propager l'attente du Messie, à vulgariser les concepts du jugement, de la Géhenne, du Royaume, toutes les doctrines qui alimentaient les espérances des Juifs fidèles, à la veille de la venue du Christ et, par là-même, il a préparé les esprits, dans une certaine mesure, à comprendre sa mission et à recevoir ses enseignements'.

Le Livre d'Hénoch, dont l'original est perdu, fut écrit en sémitique et probablement en hébreu. La version éthio- pienne, faite sur le grec, est la seule qui paraisse complète''. L'ouvrage est une sorte de recueil qui circulait aux ii" et i*^" siècles av. J.-C, mosaïque dont le fond est formé par une dizaine d'œuvres ou traditions distinctes provenant du cycle d'Hénoch ; plusieurs, comme les Paraboles^ ont même combiné des traditions divergentes ou cont^adictoires^

I-V. Introduction qui résume tout le sujet : juge- ment messianique dans lequel les anges déchus, les impies et les méchants seront punis et les justes récompensés, jugement que les Anges ont appris à Hénoch et quil doit annoncer h son tour aux générations futures.

1. Voir surtout Fr. Martin, Le Livre d'Hénoch., in-8. Paris, 1906.

2. Preuves et référ. dans Martin, p. CVI-CXXXIX.

3. L. c, p. CXII-CXIII.

4. L. c. LIII-LVII.

5. L. c. LIII-LVII et LXXXVIII.

500 LA LITTERATURE

VI-XVI. Récit du châLiment des « deux cents » anges qui s'unirent aux filles des hommes et leur dévoilèrent les charmes, les incantations, elc.\. l'art de fabriquer des armes, de travailler les métaux, de faire les bracelets et les parures, de peindre le tour des yeux à l'antimoine et d'embellir les paupières ; etc.,^.

Dieu confie aux bons Anges le soin de châtier les mauvais ; les bons à leur tour chargent Hénoch qui vit avec eux^ d'an- noncer aux mauvais le sort qui les attend.

Hénoch va remplir sa mission... mais le récit s'inter- rompt brusquement.

XVII-XXVI. Voyages d' Hénoch dans un autre monde :

XVII-XIX. Au séjour de la tempête, de la lumière, du tonnerre etc., « et je vis l'embouchure de tous les fleuves de

« la terre et l'embouchure de l'abîme'' Je vis les réser-

« voirs de tous les vents et je vis les fondements de la terre. « Je vis encore la pierre angulaire de la terre et le firma- « ment du ciel. Je vis les vents qui font tourner le ciel, qui « font coucher le disque du soleil et toutes les étoiles Je « vis un gouffre profond... au delà de ce gouffre, je vis un « lieu sur lequel ne s'étendait pas le firmament des cieux, « sous lequel il n'y avait point le fondement de la terre... « ce lieu était désert et terrible. L'ange me dit : « Ce lieu <( est la prison des étoiles et des puissances du ciel. Les (( étoiles qui roulent sur le feu sont celles qui ont trans- « gressé le commandement du Seigneur dès leur lever, car « elles ne sont pas venues en leurtemps\ »

Hénoch voit le lieu réservé aux anges qui se sont unis aux femmes.

2" XX-XXVL Les noms et les fonctions des sept archan- ges; la faute des sept étoiles qui sont « enchaînées pour

1. Ch. VII.

2. Ch. VIII.

3. XII, 7. /i. XVII, 8.

5. XVIII, pa.ssim.

LITTÉRATURE DES JUIFS 501

« dix mille siècles, nombre des jours de leurs péchés. » L'abîme de feu, prison des anges'.

Dans une grande montagne, à l'Occident, quatre cavités très larges, très profondes et très lisses, sont le séjour des âmes des morts avant le jugement\

Vers rOccident encore, un feu ardent poursuit tous les luminaires du ciel^ Ailleurs, Hénoch voit sept montagnes splendides et un arbre merveilleux, et Michel explique que « par le fruit de cet arbre, la vie sera communiquée aux « élus; la bonne odeur de cet arbre pénétrera leurs os, et « ils vivront d'une longue vie sur la terre, comme ont vécu « leurs pères''. »

Hénoch voit des montagnes et des vallées profondes ; une de celles-ci, la vallée maudite (la Géhenne) est réservée aux maudits^ Il voit aussi un cours d'eau, des arbres (celui du jugement et d'autres, odoriférants"^), le paradis terrestre et l'arbre de la science, les extrémités de la terre et les portes par se lèvent les astres; au Nord, à l'Ouest, au Midi et à l'Orient, les portes par passent les vents^

XXXVII-LXXI : Livre des Paraboles.

Cette section constitue un livre distinct, composé entre 95 et 78^ av. J.-G. On pourrait l'appeler le Livre du Messie.

XXXVIII-XLIV. Première similitude ou parabole. Tout de suite apparaît l'opposition entre deux mondes, celui d'en haut, celui des Saints, et le monde d'en bas dominent les pécheurs; tout finit par le jugement; et le jugement sera la manifestation du monde d'en haut qui est appelé aussi le règne.

1. XXI.

2. XXII.

3. XXIII.

4. XXV, passim.

5. XXVI-XXVII.

6. XXVII-XXXI.

7. XXXII-XXXVI.

8. Martin, l. c, p. XGVII.

502 LA LITTÉRATURE

XLV-XLVII. Deuxième parabole. L'Elu siégera sur un Irôue de gloire et il jugera. Le ciel sera plus beau; la terre sera transformée; les élus habiteront au ciel et sur terre il n'y aura plus de place pour les méchants. La « Tète des jours », qui est l'Elu lui-même ou le Fils de l'homme, fera lever les rois et les puissants de leurs couches et les forts de leurs sièges; et il rompra les freins des forts, et il brisera les dents des pécheurs, et il renversera les rois de leurs trônes et de leur pouvoir parce qu'ils ne l'ont pas exalté et qu'ils n'ont pas confessé humblement d'où leur avait été donnée la royauté. Avant la grande crise, les justes de la terre prient et souffrent, et les saints du ciel intercèdent.

« Je vis la source de justice qui est inépuisable, et tout « autour, il y avait beaucoup de fontaines de sagesse, et tous « les altérés y buvaient et étaient remplis de sagesse ». Le Fils de l'homme est lumière et espoir des peuples. Les rois et les puissants seront punis. « Je les livrerai aux mains de « mes élus ; comme la paille dans le feu et comme le plomb « dans l'eau, ainsi ils brûleront devant la face des saints, et « ils seront submergés devant la face des justes; on n'en a trouvera plus trace'. Les montagnes de fer, de cuivre, « d'argent, d'or, d'étain et de plomb fondront devant le « Messie", parce qu'alors tous ces métaux seront inutiles\ »

Les anges du châtiment préparent des instruments pour Satan afin de faire périr les rois et les puissants de cette terre.... Et les justes se reposeront de l'oppression des pécheurs*. (Et les rois et les puissants furent jetés dans une vallée profonde un feu flambait^).

Ilénoch vit fabriquer aussi les instruments de supplice des mauvais anges ^

1. XLVIIL

2. LU, 4.

3. LIL

4. LIIL

5. LIV,

G. LIV. Dans ces jours viendra le Seigneur des esprits. Toutes les

LITTÉRATURE DES JUIFS 503

Les anges du châtiment jetteront leurs élus dans la cre- vasse de la vallée. Les rois des Parthes et des Mèdes marche- ront contre la terre des élus de Dieu, mais tous les méchants seront engloutis dans le Sheol'. Des chars montés par des hommes et portés sur les vents traversent le ciel.

LVIII-LXIX. Troisième parabole. Elle décrit la consom- mation des choses qui suit le règne messianique.

Les justes seront heureux; leur part sera glorieuse. « Les « justes seront dans la lumière d'une vie éternelle; et les « jours de leur vie seront sans fin\ » Hénoch vit les secrets des éclairs, des luminaires et du tonnerre'. Un ange lui donna des explications cosmiques, sur l'esprit de la mer, l'esprit du vent, l'esprit de la pluie, l'esprit de la neige, l'esprit du brouillard, etc.'.

Des anges, avec de longues cordes, vont du côté du Nord mesurer le séjour des justes; puis, sont jugés les saints, les rois et les puissants. Les rois et tous ceux qui possèdent la terre loueront et exalteront « celui qni règne sur tout ce qui « est secret, car devant lui est caché le Fils de l'homme, <( et le Très Haut l'a gardé devant sa puissance et l'a révélé « aux élus^ » Les rois et les puissants supplieront inutile- ment leur juge^

eaux, celles qui sont au-dessus dos cieux et qui sont du sexe masculin, et celles qui sont au-dessous de la terre et qui sont du sexe féminin, se mélangeront, et elles anéantiront les pécheurs. (LIV)

« La tête des jours » fera le serment qu'il n'anéantira plus les hommes. (LV.)

1. LVI.

2. LVIII.

3. Interpolation : (( Je vis que le ciel des cieux élail secoué d'une £>Tande « secousse, et ses habitants étaient dans l'agitation : « La tête des jours » « sur le siège de sa gloire était assis, et les anges et les justes se tenaient « debout autour de lui. Et moi, un grand tremblement me prit, la crainte (c me saisit, mes reins s'ouvrirent, mes reins se fondirent et je tombai sur « ma face. » Un ange le releva. (1. c.)

4. LX.

5. LXII.

6. LXIII.

Le Livre de Noé LXV-LXIX, 25 est une interpolation dont ou ignore la date. Hénoch prédit à Noé les châtiments des autres hommes et sa pré-

504 LA LITTERATURE

LXX-LXXI. Assomption d'Hénoch admis à contempler les secrets et les splendeurs des cieux.

LXXII-LXXXII. Livre du changement des luminaires du ciel.

La loi du soleil. Portes par lesquelles il se lève et se couche aux diverses époques de l'année^ Lois de la lune : ses phases; l'année lunaire; les jours intercalaires. C'est l'ange Uriel qui est préposé aux astres'. Les douze vents et leurs portes; les quatre régions de l'univers; les sept montagnes; les sept fleuves; les sept îles; le soleil dans le disque du « soleil, il y a sept parties de lumière qui lui sont ajoutées « de plus qu'a la lune ») ; la lune'.

Les prodiges des derniers jours et les châtiments des pécheurs \

LXXXIII-XG. Livre des songes.

Hénoch, tout jeune lorsque j'apprenais à écrire ») est couché à côté de son grand-père Malaleel. «■ Je vis en vision « le ciel abattu, enlevé et tombant sur la terre. Et, lorsqu'il « tomba sur la terre, je vis la terre engloutie dans un grand « abîme, les montagnes suspendues sur les montagnes, les « collines s'abîmant sur les collines, et de grands arbres « séparés de leurs troncs, projetés et submergés dans l'abîme. » Et Hénoch de s'écrier : « La terre est détruite ! ^ »

Sur l'invitation de Malaleel, Hénoch prie, et la terre n'est pas anéantie ^

scrvation à lui, Noé. Dieu lui-même lui annonce sa préservation. Les mauvais anges, les rois et les puissants seront châtiés dans les fleuves du feu. (LLVII.)

Michaël et Raphaël s'étonnent de la sévérité du châtiment des mauvais anges. (LXVIIL)

Nous apprenons ensuite les noms propres des mauvais anges et le ser- ment mystérieux qu'ils ont révélé.

1. LXXll.

2. LXXIII-LXXV.

3. LXXVI-LXXIX.

4. LXXX.

5. LXXXIII, 2, 7 et 3-.5.

6. Ihid. 6-LXXXlV.

LITTÉRATURE DES JUIFS 505

Dans un deuxième songe, Hénoch voit se dérouler l'his- toire du monde, dans laquelle Adam, Eve, etc. sont repré- sentés par des taureaux et par des génisses, les mauvais anges par des étoiles, et les bons anges par des hommes blancs'.

Un taureau devient homme : c'est Noé. Le Déluge Puis, histoire du monde depuis Abraham jusqu'à Alexandre le Grand, dans laquelle les hommes sont représentés par des animaux-.

Depuis Alexandre le Grand jusqu'au temps vivait l'auteur, avant la mort de Judas Machabée, en 160^

Les temps messianiques et le jugement final. « Un trône « fut élevé sur la terre agréable* et le Seigneur des brebis « s'assit dessus et un ange prit tous les livres scellés, et il « ouvrit ces livres devant le Seigneur des brebis^ Les « méchants sont punis. L'ancienne Jérusalem disparaît®; « une nouvelle la remplace" dans laquelle tous les peuples, « représentés par des animaux, seront soumis aux Juifs et « leur obéiront, et toutes les nations viendront invoquer le « vrai Dieu^ Ce ne sont pas seulement les justes morts avant « l'ère messianique ou les Juifs de la Dispersion qui parti- « ciperont au royaume, mais encore les Gentils (bêtes sau- « vages, oiseaux du ciel) qui n'ont pas opprimé Israèl, et « qui n'ont pas été abîmés dans la terre'. »

Après l'établissement de la nouvelle Jérusalem'", naît le

1. LXXXV-LXXXVIII.

2. LXXXIX,1-17.

3. XC, 1-17.

4. Cf. Dan. VIII, 9; XI, 16, 45. Cette terre est la Palestine. Certains plaçaient le jugement dans la vallée de Josaphat. (Hénoch LUI, 1.)

5. XC, 20.

6. XC, 28.

7. XC, 29.

8. XC. 30.

9. XC, 33.

10. L'auteur du Livre des Paroholes (Hénoch XCVIII,2; LXX, 1) admet la préexistence du Messie; il le montre prenant part au jugement et à l'établissement du royaume messianique. (Hénoch, LXIII, 1-2.)

506 LA LITTÉRATURE

Messie représenté par un taureau ' blanc aux grandes cornes,

XGI-GV. Le livre de Vexhorlation et de hi malédiction.

Exhortations crHénocli à ses enfants, prédictions sur le châtiment des pécheurs Toutes les idoles des païens et (( leur temple seront livrés au feu ardent. On les chassera (( de toute la terre, et ils seront jetés dans le suplice du feu et « ils seront détruits par la colère et par un supplice terrible « qui sera éternels »)

Récompense des justes ^

Exhortation aux justes et malédiction contre les impies*. Motifs d'espérance pour les justes et de crainte pour les pécheurs ^

Les pécheurs s'extermineront les uns les autres. Au jour du grand jugement, les anges veilleront sur les justes, tan- dis que les pécheurs iront brûler dans une fournaise de feu* Exhortation à craindre le Tout-Puissant : toute la nature tremble devant lui, à l'exception des pécheurs^ Terreur des derniers jours, malheur apparent des justes : « aucune « violence n'a été trouvée en eux jusqu'à leur mort. El ils « ont péri cepeiidant. et ils ont été comme s'ils n'avaient

1. Noie de F. Martin à XC, 37 : « Si l'auteur est fidèle à son symbo- lisme, il conçoit le Messie comme un homme, puisqu'il le représente par un Taureau, et comme an homme juste, puisque c'est un Taureau blanc.

2. XCI, 9. D'après XCI, 14, ce ne sont pas tous les païens, mais les impies seulement qui seront frappés.

3. XCII. L'Apocalypse des semaines (XCIII et XCI, 12-17) n'est pas en place dans celte dernière partie du Livre (fHénoch.

Elle nous donne une histoire du monde en dix semaines, ou période dont chacune est cai-actérisée pnr un grand événement : 1" naissance d'IIénocli ; 2" le déluge; 3" vocation d'Abraham; loi mosaïque et entrée dans la Terre promise; 5" construction du Temple; apostasie d'Israël et des- truction du Temple; 7" publication des écrits d'Hénoch; 8" Ilénoch prédit l'histoire de la fin des temps; établissement du royaume messianique et reconstruction du Temple; révélation de la vraie religion à tous les hommes; 10° jugement final; nouveaux cieux; bonheur sans fin.

4. XCIV-XCV.

5. XCIX-XCIX. H. C.

7. CI.

LITTÉRATURE DES JUIFS 507

« pas été, et leurs âmes sont descendues dans le slieol de (( l'affliction ^ » Mais je vous jure à vous, ô justes : « Moi, « je connais le mystère, je l'ai lu sur les tablettes du ciel, et « j'ai vu l'écrit des saints, et j'y ai trouvé écrit et gravé au « sujet des justes que tout bien et joie et honneur a été pré- « paré et écrit pour les âmes de ceux qui sont morts dans « la justice et que de nombreux biens vous seront donnés « en récompense de vos travaux et que votre sort sera meil- (( leur que celui des vivants '\ »

Les méchants paraissent mourir dans le bonheur, mais leurs âmes seront malheureuses dans le sheol et leur afflic- tion sera grande ^

Assurances données aux justes. Apostrophe aux pécheurs et aux falsificateurs de la vérité*. Dieu ordonne aux justes de publier la sagesse des écrits d'Hénocli^

Le Testament des douze Patriarches'*.

L'original, a saupoudré d'interpolations chrétiennes », paraît avoir été écrit en hébreu et, pour le fond, dès le temps de Jean Hyrcan (de 135 à 104 av. J.-C), tout à la louange de Lévi, c'est-à-dire des grands prêtres asmonéens.

Plus tard, vers 70-40 av. J.-C, on y joignit des morceaux écrits dans un style tout différent, hostiles au Sacerdoce \

Cet ouvrage fut utilisé par plusieurs PP. et auteurs ecclé- siastiques anciens^

1. Cil, 11.

2. cm. 1-4.

3. cm.

4. civ.

5. CV. CVI-CVII : Fragment d'une Apocalypse de Noé... Noé naît très beau, « il ressemble à un enfant des anges du ciel » (CVI, 5). Lui et ses enfants seront sauvés du Déluge. (CVI-G VII).

Seconde addition : Exhortation pour raffermir les justes dont la foi s'ébranlerait en voyant que le royaume messianique tarde à venir.

6. Texte dans Sinker, Testamenla. XII Palriarcharum (1869).

7. M.-J, Lagrange, Messianisme, 68.

8. Cf. ScHURER, 1. c, t. 111, 252-262.

508 LA LITTÉRATURE

Gomme l'indique le titre, il sagit de testaments faits par les enfants de Jacob à leurs descendants. Dans chacun, un patriarche raconte sa vie, accusant les péchés qu'il a commis ou célébrant ses vertus. En général, les détails biogra- phiques correspondent à ceux que nous fournit la Bible, mais ils sont enrichis de beaucoup d'autres; ce sont des sortes de midrash hagadiques ; citons entre autres, le Tes- tament de Joseph.

L'Assomption de Moïse'.

Cet apocryphe nous donne, sous forme de prophétie, une histoire du peuple juif depuis Moïse jusqu'à Tan 4 av. J.-G. Et c'est alors qu'il fut composé, puisque après avoir men- tionné l'expédition de Varus (4 av. J.-G.) il dit ex quo fado jînientur tempora^.

L'auteur es! un ennemi des Pharisiens qu'il appelle honiines pestilentiosi^\ il n'est pas Essénien, puisqu'il se moque de leurs ablutions'^; ni Saclducéen, puisqu'il attend le royaume de Dieu et sa manifestation extérieure. G'était « un patriote et un fanatique^ imbu d'un messianisme (( exaspérée »

Le contenu du livre montre qu'il fut écrit en Palestine, donc en araméen ou en hébreu. Nous n'en possédons qu'une version latine faite sur le grec. La fin manque.

D'après Origène% il aurait été cité par S. Jude". Il fut utilisé par Glément d'Alexandrie, Origène et d'autres*.

Nous donnons une brève analyse des douze chapitres. Moïse, sur le point de mourir, développe les prophéties du

1. ScHÛRER, III, 213-222.

2. Ch. VII.

3. Ch. VI.

4. Ch. X.

5. Cf. RB, 1905, 484 et 486. Ce serait un zélole d'après Scui'uER, /. c, 210; ce n'est pas sûr du tout; cf. Cle.mkn et Lacbangk, RB, 10U5, 483-484.

0. Péri arch., III, 2, 1.

7. V. 9.

8. Références dans Scuïueh, /. c, 221.

LITTÉRATURE DES JUIFS 509

Deutéronome de façon à confirmer les autres. La loi fut créée à l'origine; Moïse prédestiné comme médiateur^ et un lieu destiné à recevoir ses livres jusqu'au jour de la pénitence qui sera suivie delà consommation du temps'.

L'auteur indique, par l'allégorie, les destinées des Israé- lites dans la Terre promise (les années représentent des règnes, des rois) ; il met en relief le schisme des dix tribus, les rois fidèles et les infidèles ; ces derniers sacrifient leurs fils à des dieux étrangers". Alors, un roi venu de l'Orient (Nabuchodonosor) brûle leur colonie et emmène les deux tribus; elles rejettent la faute sur les dix autres. Toutes pleurent et ont recours à Dieu, au souvenir des prédictions de Moïse. La servitude doit durer environ soixante-dix-sept ans^

Sur les instances de leur chef, Dieu inspire au roi de les renvoyer dans leur pays. Deux tribus persévèrent dans leur foi*, mais tristes de ne pouvoir offrira Dieu des sacrifices. Les autres se dispersent». Les Séleucides persécutent, et les Israélites se divisent.

L'auteur est très sévère pour le sacerdoce et pour les docteurs de la Loi\ Il ne mentionne pas la réaction macha- béenne; il dit qu'Hérode traite le peuple comme il le mérite ^

On approche de la fin des temps. Les chefs du peuple sont alors des impies qui se disent justes, unis à des hypo- crites. (La description répond exactement à l'idée que l'histoire nous donne des Pharisiens. Puisqu'ils n'ont pas régné, ce terme à'hypocrites les englobe peut-être avec les grands p^êtres^)

1. Ch. I.

2. Ch. II.

3. Ch. III.

4. On peut penser qu'il s'agit des deux tribus restées à Babylone.

5. Ch. IV.

6. Ch. V.

7. Ch. VI.

8. Ch. VII.

510 LA LITTÉRATURE

Pour dépeindre la persécution des derniers temps', l'au- teur emprunte toutes ses couleurs au temps d'Antiochus Epiphane- et suppose que Home entreprendra de réduire les Juifs à l'apostasie'. Que restera-t-il à faire? Taxo répond à ses sept lils : a Cette persécution dépasse la première. Aucune nation coupable n'a été si cruellement traitée. Plu- tôt que de pécher contre Dieu, jeûnons pendant trois jours,

puis retirons-nous dans une caverne et mourons Dieu

vengera notre sang\..(?) » Les espéi'ances de l'auteur sont exprimées dans ce psaume :

Alors paraîtra son règne sur toute sa création,

alors le diable aura son terme,

et la tristesse sera emmenée avec lui.

Alors on investira de sa charge l'ange

qui est établi au sommet,

qui aussitôt les vengera de leurs ennemis.

Car le céleste se lèvera du trône de son règne,

et sortira de sa demeure sainte,

avec indignation et colère en faveur de ses fils.

Et la terre tremblera et sera ébranlée jusqu'à ses extrémités, et les hautes montagnes seront abaissées et secouées, et tomberont [dans] les vallées.

Le soleil ne donnera pas de lumière et se changera eu ténèbres, les cornes de la lune seront brisées et elle se changera toute en sang et le concert des étoiles sera troublé.

Et la mer descendra jusqu'à Tabîme, et les sources d'eau manqueront, et les fleuves seront dans Teirroi.

Car il se lève le Dieu suprême, seul éternel, et il se manifestera pour punir les nations, et il détruira toutes leurs idoles.

1. S'il n'y a pas de désordre dans le texte.

2. Il y ajoute la crucifixion qui est cependant un supplice romain. Cf. t. I. Ilist. et civilis., p. 2()8.

3. Ch. VIIL

4. Ch. IX.

LITTÉRATURE DES JUIFS 511

Alors tu seras heureux, Israël,

et tu monteras sur la nuque et sur les ailes de l'aigle,

et elles seront enflées [pour voler ^

Et Dieu Le haussera

et te fixera au ciel des étoiles,

au lieu elles résident, et tu regarderas d'en haut.

Et tu verras tes ennemis sur la terre, et tu les connaîtras et tu te réjouiras, et tu rendras grâce et hommage à ton Créateur.

Moïse recommande à Josiié son livre qui doit être décou- vert 250 temps après 1750 ans s'il s'agit des semaines d'années^

Josué exprime ses regrets de la mort de Moïse". Celui-ci le <;onsole par la pensée de la toute puissance de Dieu et de sa providence. Ses desseins sur le peuple doivent se réa- liser. S'il pèche, il sera châtié par les pa'ïens, mais il ne peut être abandonné de Dieu, à cause de l'alliance^

Apocalypse d'Abraham '\

Il est difficile de fixer la date de cette apocalypse, d'ori- gine juive, parsemée d'interpélations cllrétiennes^

Apocalypses de Joseph; cFElie ; de Sophonie; Livre d'Eldad et de Modad. Nous n'en connaissons que les titres; le texte est perdu.

2. Liilératuve lyrique. Psaumes de Salomon ^. Dans les canons chrétiens de l'Ancien Testament on

1. X.

2. XI.

3. XII.

4. SchOrer, l. c, t. III, p. 250-252 et RB (Lagrange), 1905,511-514.

5. Le IV Esclr. et V Apocalypse de Baruch sont postérieurs à J.-C.

6. Voir ScuiJRER, I. c., t. III, 150-156 et J. Viteau, Les Psauryies de Salo-

512 LA LITTERATURE

trouve, quelquefois parmi les àvT'.Xeyôuicva à côté de Mach., Eccli^ Tobie, Judith, quelquefois à côté du Livre d'Hénoch, les dix-huit psaumes de Siilomon.

Pompée était entré dans le temple, avait pénétré dans le Saint des Saints et l'avait profané de sa présence. La douleur des Juifs avait été immense; l'un d'entre eux, un Pharisien^ exprima son indignation en composant 18 psaumes, imités de ceux de David, et qu'il place lui-même sur les livres de Salomon. Tous les critiques en font remonter la composition entre 68 et 43 av. J.-G. On admet qu'à l'exception du XVIII", ils furent tous rédigés par le même auteur, en Palestine et probablement à Jérusalem, en araméen ou en hébreu. Ils sont arrivés jusqu'à nous dans une version grecque et dans une version syriaque.

L'espérance messianique s'y manifeste particulièrement au psaume XVIP-. Et le messianique est national. ^

VIII

T(j) SaXwjjitov : de Salomon. Psaume historique pour la. victoire^

La guerre approche. Dieu montre la justice de ses juge- ments en révélant les abominations et les iniquités qui se commettent à Jérusalem.

Il appelle l'ennemi qui occupe paisiblement Jérusalem

mon, texte grec avec la traduction, précédés d'une Introduction, in-8, Pa- ris, 1911. Nous rédigeons ce paragraphe presque exclusivement sur l'ou- vrage de ViTEAU.

1. En effet la résurrection des corps y est nettement affirmée; III, 16; XIII, 9: XIV, 2; XV, 17; XVII. Viteau admet comme prol)able qu'il était prêtre. L. c. Introd. ch. IV.

2. Et aussi XVIII, 6-10; XIV, 2; XI; III, 16.

3. Gr. : e'-î vixo;. On peut admettre que l'original signifiait : a Au maître de musique » (hébr. : lanienalséakh, comme dans certains Ps. canoniques, que les LXX ont traduit : pour la fui, ^U tsao;, et Tliéodotion (Ps. XII, 1 ; XIII, 1, etc.) : pour la victoire, eU v(xoç.

LITTÉRATURE DES JUIFS 513

qui met à mort ou envoie en captivité ses habitants. Que Dieu aie pitié d'Israèl.

1. Mon oreille a entendu le tumulte et le bruit de la guerre

le bruit de la trompette sonnant le carnage et la mort:

2. bruit d'un peuple immense, comme celui d'un vent immense,

comme le tourbillon d'un incendie immense, avançant à travers le désert.

3. Aloi's j'ai dit à mon cœur : donc Dieu le jugera-t-il?

4. J'ai ententu le bruit vers Jérusalem la ville sainte*;

5. mes reins ont été brisés de l'entendre, mes genoux paralysés,

6. mon cœur a été effrayé, mes os secoués comme le lin^.

7. Je me suis dit : (Ses habitants) dirigent-ils

leurs voies dans la justice? J'ai récapitulé les jugements du Seigneur depuis la création du ciel et de la terre; j'ai reconnu Dieu juste dans ses jugements rendus depuis l'origine des temps.

8. Dieu a dévoilé leurs péchés à la face du soleil :

toute la terre a connu les justes jugements de Dieu.

9. Dans des souterrains cachés (se commettaient)

leurs iniquités exaspérantes; 10. ils s'unissaient, le fils avec la mère, et le père avec la fille, i\. ils forniquaient chacun avec la femme de son voisin;

ils faisaient entre eux des conventions sous serment à ce sujet,

12. ils s'emparaient de force du culte de Dieu'

comme s'il n'y avait pas d'héritier qui le revendiquât;

13. ils fréquentaient^ l'autel du Seigneur

au sortir de toutes les souillures,

et, pendant le flux menstruel du sang^ ils profanaient

les victimes comme des viandes communes ;

14. ils n'ont pas laissé de péché qu'ils ne l'aient commis.

plus que les païens.

15. Pour ce motifs, Dieu a mélangé à leur breuvage

un esprit de vertige;

il les a abreuvés d'une coupe de vin pur jusqu'à l'ivresse.

1. Pompée campait à Jéricho. Soudain, il parut devant Jérusalem; delà l'appréhension du psalmiste.

2. V. 5-6 : cf. Jer. XXIII, 9 : Ez. XXI, 6; et passim chez les Prophètes.

3. Allusion à Aristobule qui s'était emparé de force du pontificat, avec la royauté, soutenu par les prêtres sadducéens.

4. Il s'agit des prêtres sadducéens.

5. Les prêtres sadducéens ferment les yeux sur la violation par les femmes de Lev. XII, 1-8; XV, 19-33. Cf. Ez. XVIII, 6.

33

514 LA LITTÉRATURE

■16. 11 a amené rHomnie* des coniins de la terre, l'Homme aux coups puissants.

17. Celui-ci décida la guerre contre Jérusalem et son territoire.

18. Les princes du pays- allèrent au devant de lui avec joie;

ils lui dirent : Ton arrivée est très désirée; venez, entrez en paix.

19. Ils aplanirent les chemins raboteux devant ses pas',

ils ouvrirent les portes de Jérusalem, ils en couronnèrent les murs.

20. Il est entré comme un père chez ses fils paisiblement,

il a posé ses pieds en toute sécurité;

21. il a occupé les tours et les remparts de Jérusalem;

22. car Dieu Ta conduit en sécurité, gi'âce à leur aveuglement.

23. Il* a fait périr leurs chefs et tous les sages conseillers,

il a versé le sang des habitants de Jérusalem comme de Teau sale;

24. il a déporté leurs fils et leurs filles,

qu'ils avaient engendrés dans la profanation.

25. Ils avaient agi dans leur* profanations comme leurs pères;

26. ils avaient souillé Jérusalem

et le culte consacré au nom de Dieu.

27. Dieu a été justifié^ dans ses jugements

parmi les peuples de la terre.

28. Mais les saints^ de Dieu sont comme des agneaux innocents

au milieu d'eux.

29. Loué soit le Seigneur qui juge toute la terre avec sa justice!

30. Voilà donc, ô Dieu, que tu nous as montré ton jugement

plein de justice;

33. Tourne, ô Dieu, ta miséricoi'de vers nous, et aie pitié de nous.

34. Rassemble la Dispex'sion d'Israèl avec miséricorde et bonté,

35. car tu es fidèle avec nous, tandis que nous,

nous raidissons notre cou, et toi tu es notre correcteur.

36. Ne nous regarde pas dédaigneusement, ô notre Dieu,

de peur que les païens ne nous dévorent,

comme s'il n'y avait pas (pour nous) de défenseur.

1. Pompée surnommé le Grand, à cause de ses victoires rapides surtout en Orient (contre Milhridale, contre Tigrane, contre les Ibères, etc.)

2. Comme Hyrcan, avec Antipater, et les princes de son parti.

3. Joie du parti dT^y^can, qui croyait que Pompée venait renverser Aris- tobule pour lui substituer Hyrcan et le parti pharisien.

4. Il s'agit de Pompée.

5. Justifié, reconnu comme ayant agi avec justice dans les jugements rendus par lui.

6. Les Juifs pieux et fidèles.

LITTÉRATURE DES JUIFS 515

40. Loué (soit) Dieu pour ses jugements par la bouche des saints, et béni (soit) Israël par le Seigneur à jamais;

XI

Tw SaXtoi/wv sic Tcpoo-Soxlav :

de Salomon. Pour raltenle.

(Le retour de la dispersion.)

Psaume messianique.

Dieu rassemble de toutes parts les tribus dispersées. Que Jérusalem se pare pour recevoir ses enfants !

1. Sonnez, dans Sion, de la trompette du signal des fêtes* : publiez, dans Jérusalem, la parole du message de joie^ :

que Dieu a eu pitié d'Israël en le visitant. Debout, Jérusalem, sur la hauteur, et vois tes enfants

rassemblés en masse par le Seigneur,

de l'Orient et du couchant. Ils viennent du Nord, pleins de la joie de leur Dieu;

Dieu les a rassemblés depuis les îles lointaines; 5. il a abaissé les monts élevés en les nivelant pour eux, les collines se sont enfuies à leur approche,

les bois les ont ombragés^ pendant leur défilé, Dieu a fait pousser pour eux tout arbre odoriférant,

pour qu'Israël passât, favorisé de la gloire de son Dieu. Revêts-toi, Jérusalem, des habits de ta gloire*,

prépare la robe de ta sanctification ;

car Dieu a promis le bonheur d'Israël

pour toujours et toujours ; 9. Que le Seigneur accomplisse sa promesse

sur Israël et Jérusalem,

1. Cf. Joël II. 1 et 15; I Macc. IV, 50. Le psalmiste fait alhision à la cou- tume des Juifs d'annoncer les fêtes en sonnant de la trompette, la veille. Cf. Num. X, 10.

2. Message de Joie, qui apporte la nouvelle que Dieu a enfin pitié de son peuple, et qu'il va le ramener heureux et triomphant à Jérusalem.

3. Baruch, V, 8.

4. Le psalmiste fait allusion à des passages tels que Jer. XXXIX. 36-42.

516 LA LITTERATUIU^

que le Seij,^neur relève Israël par son nom glorieux. Que la miséricorde du Seigneur (soit) sur Israël pour toujours et toujours!

XVII

Psaume de Salomon avec chant. Pour le Roi.

(Le Fils de David, Roi et Christ.)

Psaume historique et messianique.

Le vrai roi des Juifs est Dieu, et leur roi temporel qui remplace Dieu sur terre, c'est David ou un descendant de David.

Mais des usurpateurs se sont emparés du trône de Dieu et de David. Dieu les a exterminés, les païens ont dévasté le pays, envoyé les habitants en captivité et profané le culte. Le peuple juif est tombé dans la corruption et l'iniquité. Que Dieu suscite le roi, fils de David ! Il purifiera alors le pays des païens et des pécheurs. Le Roi y rassem- blera ensuite tous les Juifs dispersés pour en faire un peuple saint et juste. Il se soumettra aussi les nations païennes, converties et dociles. Il sera le roi juste et saint, tout puissant par l'appui de Dieu, et le bon Pasteur.

Puisse Dieu hâter son avènement!

1. Seigneur, lu es notre roi toujours et toujours*;

aussi est-ce en toi, notre Dieu, que se glorifiera notre âme. D'ailleurs quelle est la durée de la vie de l'homme sur la terre?

Pendant sa vie, toutefois, son espoir est placé en lui-. Nous', au contraire, nous espérerons eu Dieu, notre sauveur;

1. Le 3 pieux et fidèle ne reconnaît pas d'autre royauté que celle de Dieu, il rejette toute royauté humaine qu'il tolère seulement à l'ex- ■ception de celle du Messie.

2. L'homme réduit à liii-mrmc, n'a pas d'autre espoir que celui qu'il place en sa propre vertu et puissance.

3. Nous, c'est-à-dire les Juifs pieux et fidèles.

LITTÉRATURE DES JUIFS 517

car la puissance de notre Dieu est éternelle et miséricordieuse, et la royauté de noire Dieu est éternelle sur les nations'. S. Toi, Seigneur, tu as choisi David comme roi sur Israël,

et tu lui as juré, au sujet de sa postérité, pour l'éternité 2,

que sa maison royale ne s'éteindrait pas devant toi. Mais, à cause de nos péchés, les pécheurs

se sont dressés contre nous.

ils nous ont assaillis et ils nous ont expulsés ^

Eux, à qui tu n'as (rien) promis, ils ont (tout) pris de force, et ils n'ont pas glorifié ton nom digne de tout honneur;

ils ont fastueusement établi pour eux la royauté

en récompense de leur élévation;

8. ils ont dépouillé* le tx-ône de David,

avec l'orgueil de l'y remplacer.

Mais toi, ô Dieu, tu les renverseras,

et tu enlèveras leur postérité de la terre.

9. quand se dressera contre eux un étranger à notre race, iO. Tu leur rendras selon leurs péchés, ô Dieu,

de manière qu'ils trouvent ce que méritent leurs œuvres. H. Dieu n"a pas pitié d'eux; il a recherché leurs descendants, et il n'en a pas laissé échapper un seul^. Le Seigneur est iîdèle dans tous ses jugements, qu'il rend sur la terre.

13. L'Impie^ a vidé notre pays de ses habitants

il a fait disparaître jeunes et vieux avec leurs enfants, dans la colère [de sa beauté''], il les a envoyés

1. Cette royauté de Dieu s'étend même sur « les nations », c'est-à-dire sur les peuples païens pour les châtier et les contenir loin de la Judée et des Juifs.

2. Allusion à II Sam. VII, 12.

3. De la royauté et du pontificat; le souverain juif était alors et en même temps roi et grand prêtre. Aristobule avait enlevé à Hyrcan.

4. Les futurs de 8-11 peuvent être entendus au sens propre du futur; ils proviennent d'un mouvement d'indignation du psalmiste, convaincu que la vengeance de Dieu, déjà commencée par la chute d'Aristobule, emmené avec ses fils et toute sa famille continuera implacable. Mais ces futurs sont mélangés avec des passés et, par suite, ils peuvent correspondre simple- ment à l'imparfait hébreu, traduit tantôt par le futur, tantôt par le passé (que les événements soient en réalité passés ou futurs).

5. Allusion à la mort violente d'Aristobule et de ses deux fils, (j. L'étranger du V. 9 : Pompée et les Romains vainqueurs.

7. -Ev ôpvfi xâ/Aou;. Cf. 6&Yf, ejixou, Ex. XXXII, 12; Num. XII, 9: etc., et passim (toujours) dans LXX. Dans nos Psaumes, partout ailleurs : opyr, est «uivi de ôûiioç. Donc, peut-être : dans sa colère et sa fureur, ou ; dans la colère de sa fureur.

518 LA LITTERATURE

en exil jusqu'au couchant,

et (il a envoyé) les princes du pays pour l'insulte;

il n'a rien éparg^né; 15. l'ennemi a agi en étranger, avec orgueil;

son cœur était étranger à notre Dieu, et tout ce qu'il a fait à Jérusalem,

c'est ce que (font) les païens dans leurs cités avec leurs dieux, 47. et les fils de l'Alliance dominaient' sur eux

au milieu de ce mélange de païens.

Il n'y avait personne qui pratiquât parmi eux, à Jérusalem,

la miséricorde et la vérité. 18. Loin d'eux avaient fui ceux qui aimaient

les assemblées des saints,

comme les passereaux s'envolent de leur nid; ils eiTaient dans les déserts, pour sauver leur vie du danger....

20. Ils avaient été dispersés dans tout le pays par les impies;

car le ciel s'était refusé à répandre la pluie sur la terre,

21. les sources s'étaient arrêtées (qui coulent) perpétuelles

du fond des abîmes, du haut des montagnes élevées; car il n'y avait personne parmi eux qui pratiquât l'équité et la justice;

depuis leur prince jusqu'au peuple le plus infime (on) vivait dans toute sorte de péchés :

22. le roi dans l'impiété, et le juge dans la prévarication,

et le peuple dans le péché.

23. Vois Seigneur, et suscite-leur^ leur Koi, fils de David,

à l'époque que tu connais, toi, ô Dieu,

pour qu'il règne sur Israël, ton serviteur, 25. Purifie Jérusalem des païens qui la foulent, en les perdant de manière à chasser les pécheurs de l'héritage

par la sagesse, par la justice,

de manière à briser l'orgueil des pécheurs

comme des vases de potier,

de manière à briser avec une verge de fer toute leur substance, 27. de manière ;i détruire les païens impies

d'une parole de sa bouche.

1. C'est Je sens de èr-zx-tew; il est employé dans ce sens par les LXX.

2. Aux Juifs inûdèlos [tour les ramener à Dieu, et aux juifs fidèles pour leur ramener la paix.

LITTÉRATURE DES JUIFS 51^

28. Alors' il rassemblera le peuple saint

qu'il conduira avec justice,

il gouvernera les tribus du peuple sanctifié

par le Seigneur son Dieu ;

29. il ne laissera pas l'iniquité séjourner encore parmi eux,

et aucun homme sachant le mal n'habitera avec eux;

30. car il les connaîti-a comme étant tous

les enfants de leur Dieu;

il les répartira dans leurs tribus à la surface du pays;

31. l'immigré et l'étranger ne demeureront plus avec eux^.

Il jugera peuples et nations dans la sagesse de sa justice,

32. et il aura les peuples païens pour le sei'vir sous son joug;

il glorifiera le Seigneur à la vue de toute la terre;

33. il purifiera Jérusalem par la sanctification,

comme c'était autrefois,

34. de sorle que les nations viendront de l'extrémité de la terre

pour contempler sa gloire, à lui,

en apportant comme offrande ses fils, à elle, privés de leur

35. et pour contempler la gloire du Seigneur [force,

avec laquelle Dieu l'a glorifiée.

C'est qu'il est un Roi juste, instruit par Dieu, placé sur eux;

36. et il n'y a pas d'iniquité pendant ses jours au milieu d'eux;

car tous sont Saints, et leur Roi est le Christ Seigneur.

37. Il n'espérera pas, en elfet, dans le cheval, le cavalier et l'arc,

il n'accumulera pas chez lui l'or, ni l'argent pour la guerre, et il ne rassemblera pas une [armée], espérances pour le jour de la guerre. ^

38. Le Seigneur est son roi, son espérance, à lui,

tout puissant par son espérance en Dieu ;

il aura donc pitié de toutes les nations (vivant)

devant lui dans la crainte ;

car il réduira la terre par la parole de sa bouche pour toujours 40. Il bénira le peuple du Seigneur dans la sagesse, avec joie;

il sera pur du péché pour commander aux peuples immenses,

pour repi'endre le chef et détruire les pécheurs

par la force de la parole ; 42. il ne faiblira pas pendant ses joux's, appuyé sur son Dieu,

car Dieu l'a fait puissant par l'esprit saint,

1. Les deux versets suivants dépeignent la « sainteté » que Dieu donne au peuple du Roi et la disparition de l'iniquité et du mal. Cela rappelle Ézéch. XXXVII, 23-28.

2. Le nouveau royaume établi en Palestine est réservé aux seuls Juifs. Cf. Joël. III, 17.

520 LA LITTÉRATURE

et sage par le don de conseil éclairé, accompagné de la force et delà justice; 43. la bénédiction du Seigneur est avec lui dans la foi'ce,

et il ne faiblira pas : son espérance s'appuie sur le Seigneur, et, alors, qui est puissant en comparaison de lui? Il est puissant dans ses œuvres et fort par la crainte de Dieu;

45. il paît le troupeau du Seigneur dans la foi et la justice,

et il n'en laissera pas, parmi eux, être malades, dans leur pâturage;

46. il les conduira tous dans l'égalité, et il n'yaura pas,

parmi eux, d'orgueil pour y opprimer (les autres).

47. Telle est la majesté du Roi d'Israël, que Dieu a prévue

dans son dessein de le susciter sur la maison d'Israël pour la corriger.

48. Ses paroles sont purifiées plus que l'oi- le plus précieux;

dans les assemblées il jugera les tribus du peuple sanctifié;

49. ses discours seront comme les discours de saints

au milieu du peuple sanctifié;

50. Heureux ceux qui vivront en ces jours-là pour contempler

le bonbeur d'Israël dans la réunion des tribus; que Dieu le fasse!

51. Que Dieu hâte sa miséricorde sur Israël :

il nous délivrera delà souillure d'ennemis impurs!

Le Seigneur est notre roi, pour toujours et toujours!

XVIII

WaXjio? Ttî) SaAwpLtbv tv. Toû Yp'.o-Toû xopiou :

Psaume de Salomon. Encore le Christ du Seigneur.

Psaume en partie messianique.

Bonté de Dieu pour ses créatures. Le Messie. Stabilité du cours des astres.

6. Que Dieu purifie Israël pour le jour de la miséricoi'de

pleine de bénédiction,

pour le jour de son choix il suscitera son Christ!

7. Heureux ceux qui vivront en ces jours-là, pour contempler

les bienfaits du Seigneur qu'il prouvera à la génération à venir.

LITTERATURE DES JUIFS 521

8. Sous le sceptre correcteur du Christ du Seigneur

dans la crainte de son Dieu,

dans la sagesse de l'esprit, de la justice et de la force,

9. de manière qu'il dirige les hommes dans les œuvres

de la justice par la crainte de Dieu, pour les établir tous en présence du Seigneur ! 10. Génération bonne par la crainte de Dieu aux jours de la miséricorde

3. Liltérature rabhiniqiieK

En Palestine, l'activité intellectuelle des Maîtres ou Rab- bins s'exerçait principalement mais non exclusivement sur les Ecritures ; elle avait un double objet : i" expliquer la Loi par des discussions juridiques; 2" enrichir et déve- lopper l'histoire et les idées religieuses et morales par des combinaisons « savantes ». On appelle Halaka le résultat des études du premier genre : c'est, en somme, le Droit traditionnel'^ les travaux de la seconde manière sont ap- pelés Hagada, c'est-à-dire l'enseignement non juridique : Légendes, Dogme, Morale. Pendant un siècle, Halaka et Hagada furent transmises oralement, et, à cause de leur objet respectif, la seconde fort librement, la première plus servilement. C'est la liltérature, abondante et variée, repré- sentant le résultat de ces travaux, que nous appelons Lit- térature rabbinique.

En tant que document écrite un seul ouvrage appartient aux temps antérieurs à Jésus-Christ, c'est le Livre des Jubilés dont nous parlerons plus loin, les autres ont été écrits au cours des deux premiers siècles après Jésus-Christ. Mais tous ces documents à cause du caractère de leur con- tenu, n'en constituent pas moins des sources recevables pour les temps que nous étudions.

Dans r/Zf-i/a/ta, il faut distinguer : {" un commentaire qui suit de près le texte de la Loi ; un corps de doctrine

1. Cf. SCHÛRER, l. C, t. I, 111-161.

522 LA LITTÉRATURE

qui le divise en quatre parties; la Mishna, la Tosepkta (le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone, qui n'appartiennent pas aux temps que nous étudions). On peut appeler tout cela Littérature talniudique.

Malgré leur distinction théorique, Halaka et Hagada sont toujours plus ou moins mêlées, dans les quatres parties que nous venons d'indiquer, et surtout dans le Targum de Babylone.

Il faut mentionner aussi les Targums, pour un motif analogue à celui qui nous fait citer YHalaka et VHagada, Lorsque, après la captivité de Babylone et antérieurement à Jésus-Christ, la langue hébraïque tomba en désuétude^ on éprouva le besoin de traduire l'Ancien Testament dans la langue que le peuple comprenait; on le fit en chal- daïque pour les Juifs d'Asie. C'est celte traduction que désigne le mot Targum. \

A l'origine, le targumiste traduisait de vive voix le texte sacré et y ajoutait les explications qu'il jugeait utiles pour le faire mieux comprendre. Les Targums babyloniens furent écrits, celui d'Onkelos au siècle après J.-C. et celui de Jonathan au ni^ s. après J.-C, et tous les deux remaniés définitivement au iv*' s. après J.-C. La rédaction des Targums palestiniens- ne remonterait pas au delà du vil"" siècle après J.-C.

Le Livre des Jubilés ou Pktiie Genèsk^ L'auteur se propose de confirmer les Israélites défaillants

1. Targum est un mot chaldaïque qui veut dire traduction, interpréta- tion (le mot Drogman dérive de la même racine); il peut donc s'appliquer à toute traduction de la Bible: en fait on ne l'emploie que pour désigner les traductions araméennes.

2. Tarp^ums sur le Pentateuque (il y en eut au moins trois) et Targums sur les Ilagiographes.

3. Nous citons l'édition de A. Cuarles, The ethiopic Version of the hebreiv liool; of Juhileos, in 'i, Oxford, 1805. Voir F. MAini.N, Le Livre de» Jubilés, dans RB, 1911, 321-344, 502-533.

LITTERATURE DES JUIFS 523

dans la foi par le récit de leur passé; aussi l'histoire n'est- elle, pour lui, qu'un prétexte ou un cadre. Son ouvrage est en réalité une apologie de la Loi d'Israël par l'histoire du peuple de Dieu, depuis la Création jusqu'à l'Exode.

L'auteur n'est pas helléniste^ puisqu'il n'écrit pas en grec et qu'il combat le libéralisme des hellénisants, ni Essé- nien, puisqu'il ne mentionne aucune purification et qu'il ne condamne pas les sacrifices, ni Sadducéen, à cause de sa doctrine sur les Anges. Il admet d'ailleurs l'immorta- lité bien qu'il nie la résurrection des corps : ces derniers points tendent à prouver que l'auteur appartient au parti des Pharisiens, sans être un pharisien rigide. Il écrit au II* siècle av. J.-C.

L'ouvrage a la forme d'une révélation faite à Moïse pen- dant son séjour sur le mont Sinaï et contenant des avis pro- phétiques sur les temps à venir. Le récit des faits, depuis le commencement du monde jusqu'à l'entrée dans la terre de Canaan, est partagé en cinquante années jubilaires.

L'ouvrage fut écrit en hébreu ou en araméen ; il fut traduit en grec. Nous n'en avons plus que trois versions : syriaque, éthiopienne et latine.

Nous constatons dans ce midrash, la méthode exégétique usitée à cette époque. Rarement l'auteur suit le texte pas à pas ou le cite littéralement. Souvent il résume, supprime, ajoute, modifie ou interprète. Par exemple, afin de faire disparaître ce qui lui paraît ternir la gloire d'Adam, de Noé, d'Abraham^ d'Isaac, de Jacob, de Joseph, de Moïse, l'auteur, tantôt dans l'esprit de la Bible, tantôt tout à fait en dehors d'elle supprime, ajoute ou abrège. La plupart des passages qu'il cite textuellement sont ceux qui contien- nent les bénédictions ou promesses faites par Dieu aux Patriarches ou les biographies d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, sources de la grandeur d'IsraëP.

1. RB, 328.

524 LA LITTÉRATURE

L'auteur est un précurseur de VHalaka el de VHiigada\ son n'œiivre n'est pas précisément « un commentaire liagadique' » ; elle a quelque chose du traité juridique et de la narration historico-homilétique".

La Bible est la source principale du rédacteur; cependant il emprunte aussi à des sources légendaires, aux traditions ou aux idées théologiques de son temps ou de son école, et aussi sans doute à des vues purement personnelles.

MiSHNA.

Mishna, par opposion à Thora, désigne l'enseignement oral de la Loi. La Mishna représente pour nous la plus ancienne codi/îcaiion du droit traditionnel des Juifs. Elle est divisée en soixante traités (soixante-trois dans les éditions imprimées), distribués en six parties. Donnons quelque idée du contenu.

Dans la première partie, on parle : 1 . des bénédictions et des prières; 2. des parties de champ que les moissonneurs devaient réserver pour les pauvres, et surtout du droit des pauvres au produit du sol^; 4. des mélanges hétéroclites condamnés par la Loi^; 10. de la défense de jouir, pendant les trois premières années des fruits des arbres récemment plantés ^

Dans la deuxième partie, il est surtout question des fêtes : 2. de la liaison des espaces séparés, dans le but de se mouvoir librement le jour du Sabbat; 7. s'il est per- mis de manger un œuf qui a été pondu un jour de fête; et, en général, de la sanctification des fêles et du Sab- bat; 10. de la lecture du livre d'Esther et de la fête des Purim.

1. Opinion de Schurer, l. c, t. III, 372. .

2. Cf. RB, 343.

3. D'après Lev. XIX, 9, 10; XXIII, 32 et parallèles.

4. Lev. XIX, 19; Deut. XX, 9-11.

5. Lev. XIX, 23-25.

LITTERATURE DES JUIFS - 525

Dans la troisième partie : l.de la loi du Lévirat'; 2. des contrats de mariage; 3, des vœux et, en particulier, de la validité de ceux des femmes-; 4. du Nazireat\

Dans la quatrième partie : 1. des conséquences juridiques des diverses manières dont une personne peut nuire à une autre; 2. des plaintes et réclamations, spécialement du loca- taire contre le propriétaire, du travailleur contre le patron, de l'emprunteur contre le prêteur, 4. du Sanhédrin et de la justice criminelle; 8. du culte des idoles et en général du Paganisme ; 9. Pirkê Abôt ou recueil de maximes des plus célèbres docteurs, depuis 200 av. J.-C, environ jusqu'à 200 ap. J.-G.

Dans la cinquième partie : 1. des victimes; 2. des obla- tions de fruits; 3. de la a sainteté » des premiers-nés des hommes et des animaux; 9. du culte journalier au Temple.

Dans la sixième partie : l . du mobilier et des ustensiles, de leurs purifications; 2. des impuretés contractées par les habitations, enparticulier par le fait d'un mort; 5. des petites espèces d'impuretés; 6. de l'eau qui convient pour se bai- gner et pour laver. Les traités suivants ont pour objet d'autres impuretés et purifications.

Les Midrasfi.

Nous avons noté, plus haut, que la Mishna et les Talmuds contiennent, non pas seulement le Droit juif, mais aussi des Commentaires qui suivent le texte sacré pas à pas; ces commentaires portent le nom de midrash, leur contenu est mi-halakite, mi-hagadique ; l'halaka domine dans les plus anciens, l'hagada dans les autres; ceux-là se rapprochent de la Mishna par leur âge et leur contenu; ceux-ci, plus

1. Deut, LXV, 5-10.

2. Lev. XVII, et Num. XXX.

3. Num. VI; XXX.

526 LA LITTERATUHli:

récents, sont le produit, non pas de discussions juridiques, mais d'exhortations « édilîanles », faites dans les Synagogues.

Le midraJV désigne proprement la recherche exégétique elle-même; il part de la Bible pour en venir à ïhalaka ou à Vhagada, tandis que talmud- part des halakôth pour remon- ter à l'Ecriture. Le midrash peut être appelé un genre lit- téraire^ de forme historique, mais composé principalement pour enseigner. Les Juifs ne devaient croire que les véri- tés contenues dans la Bible; par suite, quand une doctrine était devenue courante, il fallait pour la justifier la trouver dans TEcriture et ce ne pouvait être que dans les passages obscurs, dûment torturés. Voilà ce qui explique le carac- tère de l'exégèse et des midrash rabbiniques\

(Il faut considérer comme formant un groupe à part les trois œuvres suivantes : 1 . Mekilta sur une partie de l'Exode ; 2. Siphra sur le Lévitique ; 2. Siphra sur les Nombres et le Deutéronome ; mais elles ne sont pas antérieures au ii* s. après Jésus-Christ. Ce sont les Midrash les plus anciens et les plus importants.)

La Tosephta. Cette collection a le même objet que la Mishna.

1. Rad. : drscii : cJiercher.

2. Talmud z=z enseignement (rad. : lmt) =z enseigner.)

3. Sur les midrash, cf. Lagkange, Messianisme, 141 s.; Schurer, t. H 338-350.

APPENDICES 527

APPENDICES

I

La carrière du fonctionnaire Uni^

Ce texte est un des plus importants des Annales de l'An- cien Empire^.

Uni sortait d'une famille de fonctionnaires royaux* de la VP dynastie. Il occupa d'abord des postes inférieurs : ceux de juge et d'intendant, sous Teti P"^ et Pépi P''.

« ... Tandis que j'étais juge, attaché à Nekhen, sa Ma- « jesté métablit seul compagnon et intendant des do-

« maines du pharaon Je me comportai si bien que sa

« Majesté me faisait des éloges lorsque je préparais la cour, « lorsque je préparais les voyages du roi ou que je faisais « les étapes. Je fis si bien chaque chose que sa Majesté me « fit des éloges au dessus de tout.

« Lorsqu'une procédure légale fut instituée'*, en secret, au « harem, contre la reine Imts, sa Majesté me fit entrer afin « que j'entendisse (le cas), seul. Aucun juge en chef, aucun « vizir, aucun prince n'était présent; moi seul j'étais là, « parce que j'étais excellent, parce que je plaisais au cœur « de sa Majesté, parce que sa Majesté m'aimait. Ce fut cf moi seul qui mis (cela) par écrit, ensemble avec un seul « juge attaché à Nekhen, tandis que mon office était (seule-

1. Gravé sur un mur extérieur de la chapelledela lombe-7nas<ai)a d'Uni, à Abydos. Publié par de Rougé, Mémoires Acail. Inscr. el Belles-Leltres XXV (1866.) Texte dans Sethe, Urk. I, 98-110; trad. Brivasted, Ane, Bec. t. I, p. 134 suiv.

2. C'est par suite d'un lapsus purement matériel que ce texte se trouve en Appendice. Sa place naturelle est à la p. 126, avant I'Autobiogbaphié d'Herkhuf.

3. Meyeb, Ilist. t. II, §264.

4. Pour cause de conspiration ou de quelque infidélité d'un autre genre? On l'ignore. Cf. Maspero, Hist., t. I, 419 et Breasted, 1. c. § 306.

528 APPENDICES

(( ment) celui d'intendant des domaines du pharaon. Ja- « mais, auparavant, personne comme moi n'avait entendu « le secret du harem royal

« Sa Majesté fit la guerre aux 'Aamu, habitants du « désert. Sa Majesté fit une armée de plusieurs dix-mille; « au sud tout entier, du sud (Eléphanline') au nord (Aphro- « ditopolis"), au nord tout entier en ses deux côtés, à la « forteresse au milieu des forteresses; à Irdjit des Nègres, « à Madja' des Nègres, à Ima'm des Nègres, à Wawa't des « Nègres, à Ka'a'w des Nègres, au pays de Djmh.

« Sa Majesté m'envoya à la tête de cette armée, en même « temps que les comtes, les porteurs du sceau royal, les « compagnons uniques du Palais, les monarques, les com- « mandants des places du Sud et du Nord, les compagnons, « les conducteurs de caravanes, les chefs des prophètes du « Sud et du Nord, les inspecteurs des biens de la couronne, (( chacun à la tête de son contingeant du Sud et du Nord, « des places et des villes de son gouvernement et des Nè- « grès de ce pays.

« Et ce fut moi seul qui pris leur direction, alors que « mon office n'était que celui d'intendant des domaines du « pharaon. »

Et tout fut bien organisé. « Pas un ne molesta son com- « pagnon ; pas un ne vola de pâte, ni de sandales sur le « chemin ; pas un ne pilla de provisions de ville quelcon- « que; pas un ne déroba chèvre quelconque à personne « quelconque.

« Je les expédiai de l'île du Nord, la porte d'I-hotep....

« Cette armée retourna en paix, après avoir haché le <( pays des <( habitants du désert » ;

1 et 2. Ces deux villes marquent les deux limites extrêmes, S. et N.^ de rÉgypte.

APPENDICES 529

« cette armée retourna en paix, après avoir écrasé le pays « des « habitants du désert » ;

« cette armée retourna en paix, après avoir démoli ses « forteresses;

« cette armée retourna en paix, après avoir coupé se& t< figuiers et ses vignes;

« cette armée retourna en paix, après avoir semé la « flamme dans toutes ses moissons (?) ;

« cette armée alla en paix, après avoir massacré ses « troupes par myriades ;

« cette armée alla en paix, après avoir pris une multi- « tude de prisonniers.

<( Sa Majesté me fit, pour cela, des éloges au dessus de tout.

Les « habitants du désert », au Sud de la Palestine^ se révoltèrent. Uni fut envoyé contre eux et dompta les re- belles.

Sous Mer-en-Re, 4^ pharaon de la VP dynastie, Uni fut nommé Gouverneur du Sud, et, comme tel, charge d'une expédition aux carrières de la première cataracte avec mis- sion d'en ramener les pierres nécessaires pour la pyramide royale. Il reçut aussi la mission d'amener de la carrière d'Hatnub, du côté d'El-Amarna, un autel d'albâtre (?) pour le temple de la pyramide :

« Sa Majesté m'envoya à Hatnub afin que j'amenasse une « grande table à offrandes de pierre dure d'Hatnub. J'ame- (( nai cette table à offrandes en 17 jours seulement; elle « avait été taillée à Hatnub. Je lui fis descendre le fleuve « sur ce bateau : j'avais coupé pour celte (table) un ba- « teau de bois d'acacia de 60 coudées de long et de 30 cou- « dées de large, fait en 17 jours seulement »,... Malgré la difficulté, il s'acquitta fidèlement de sa mission.

Uni fut ensuite chargé de canaliser la première cataracte en creusant cinq canaux de dérivation.

34

530

APPENDICES

II

Les noms des mois.

a. En Egypte.

L'année égyptienne se divisait en 3 saisons ayant chacune

4 mois de 30 jours. En dehors de ces mois, on intercalait

5 jours que les Grecs appelèrent épagomènes [\)!Axy^ l'écri- ture, les 4 mois de chaque saison sont désignés simplement par des chiffres).

Les noms des mois ne furent introduits que sous la XX^'I- dynastie : ils sont dérivés des noms de fêles men- suelles. Quelques-unes de ces fêtes sont des fêtes locales de ïhèbes et ne furent introduites qu'au temps du Nouvel Empire. D'autres sont très anciennes ; mais on les célébrait, à Forigine, dans le mois qui précédait celui auquel plus tard elles donnèrent leur nom.

I. Sha ou Eshul : saison de l'inondation : i'^'^ mois Thot.

2" Paophi.

Athir.

¥ Khoiak. II. Per ou perl : saison des semailles, ou hiver : l^'" mois Tyhi.

96 _ Mekhir.

S"" Phamenoth.

4^ Pharmuthi. III. Shmu : saison de la moisson, ou été : 1" mois Pakhons.

2*^ Payni.

Epiphi.

Mesori. Dua heriu rnpit : les 5 jours épagomènes.

Ce calendrier est artificiel. Le seul élément qu'il ait em- prunté à la nature est le jour : mois, saisons et année ne sont que des sommes de jours totalisés en une unité commode.

h. En fiahylonie et en Assyrie. Pour le comput du mois et de la semaine, les Shuméro-

APPENDICES 531

akkadiens se basaient sur les phases de la lune : le mois le mois lunaire^ par conséquent commençait à Tappari- tion du croissant de la lune et durait jusqu'à ce qu'il parût de nouveau. Aussi liL-on, dans la recension hammurabienne du Poème de la Création'.

Il lit briller la lune, il lui confia la nuit,

il la détermina comme un être (ou un corps) nocturne pour régler

chaque mois, sans cesse, il l'orna d'une tiare : [les jours ;

« Au début du mois, pour briller sur le pays

« des cornes tu montreras pour déterminer 6 jours ;

« le jour, fais disparaître le croissant.

Bientôt, il parut opportun de prendre en considération une période plus longue, et l'on essaya de faire correspondre un certain nombre de mois avec les saisons. Or, les saisons dépendent du soleil principalement, sinon exclusivement; mais il n'y a pas de commune mesure entre les lunaisons et l'année solaire ; il fallut attendre longtemps avant d'aboutir à une année civile acceptée de tous.

A l'époque présargonique les noms de mois varient d'une ville à l'autre, et tous ne sont pas identifiés -. Voici une liste ^

a

Ezen-Ba-B

i

b

Gûr-im-dii-a

3 ou Sh

c

Gûr-diib-ha-R

4

d

Udu-shu-she-a-il-la l

5

Udu-shu-she-a-A^-da )

e

An-ia-sur-ra

5(6?)

f

Nin-gir-su ê-hil an-ta-sur

-ra 7

g

Ezen dingir-ne-shii-NA

8

h

Ezen dim-kû Nin-gir-su

10

i

Ezen she-kû Nina

ii

j

Ezen dim-kû Nina

12

k

Ezen ah-è

713 = intercalaire; ou autre nom du l^'^ mois.

1. Fbagm. V, 131. Cf. Gen. I, 14.

2. Voir, par ex. ; TSA p. XX-XXI n. 3.

3. F.-X. KuGLER in ZA XXV (1917) 172.

532

APPENDICES

Sous les rois d'Ur, chaque ville a son compul particulier. Voici les noms des mois à Drehem et à Nippur :

Ezen-Dungi.

Shu-esh-sha,

Ezen-7nakh.

Ezen-an-na.

Ezen-me-ki-gùl.

dir Ezen-me-ki-gàl.

She-gûr (ou kin)-kud.

\.

Mash-dû-kù.

7.

2.

Shesh-dak-ù.

8.

3.

U-ne-kù.

9.

4.

Ki-s ig -Nin-a-z u .

10.

5.

Ezen-Nin-a-zu.

H.

6.

Â-ki-ti.

11^ 12.

A Umma, à la même époque :

1. She-gûr-kud.

2. Sig-gish-i-shuh-ha-gar.

3. She-kar-[ra)-gal-la.

4. ? (Signe à lecture incon-

nue, n° 63 du Recueil ScuEii,).

5. Ri.

6. Shii-Numun.

Min- Ah.

E-i(ii-àsh.

Ding ir-Ne-g ù n .

Ezen-Dungi.

Pap-ù-e.

Diimuzi.

7. 8. 9.

10. 11. 12. 13. Dirig.

A l'époque de Hammurabi

1.

Khu-iim-

tiim'i

7.

?

2.

Aiarum.

8.

Ki-nii-ni (et Na-ah-rit)

3.

Sihutim.

9.

?

4.

Dumiizi.

10.

Ma-mi-iim.

5.

Isin-a-hi.

11.

I s in- Ad ad.

6.

Elûlum.

12.

?

Noms des mois à l'époque assyrienne et néo-bahylo- nienne :

1.

Nisanu.

7.

7'ishritu.

2.

Airu.

8.

Arakh-Samna

3.

Si ma nu.

9.

Kislimu.

4.

Dûzu.

10.

Thehilu.

5,

Abu.

11.

Shahàthu.

6.

Vlùlu.

12.

Adaru.

6^

Vlûlu shamu.

12''

. Adaru arkû.

1. B. LANNSBEnGEn, Der hulliscke halcnder, 82-8S.

APPENDICES

533

III

Calendrier Israélite agricole de Gezer'.

Ce texte, gravé sur une pierre-palimpseste, représente - peut-être une sorte de petit code agronomique, édicté au VI® ou au s. av. J.-C, par quelque cheikh avisé de Gezer 4ésireux de fixer, pour l'utilité de tous, le temps opportun pour les travaux agricoles, c'est ce que paraissent prouver la matière assez dure du document, la gravure relativement soignée et claire, la concision juridique du texte, le fait que le document est perforé et que, par conséquent, il était probablement destiné à être solidement fixé en quelque lieu apparent.

Lecture probable.

« Deux mois : récoltes tardives. « Deux mois : semailles.

« Deux mois : végétation printa-

nière. « Un mois : cueillette du lin.

« Un mois : moisson de l'orge. « Un mois : moissons dans leur

totalité. « Deux mois : fruits spéciaux.

Vendange. « Un mois : fruits d'été [figues.]

Concordance avec Vannée réelle.

I. Récolles de V arrière saison ('sph) : du 15 sept, au 15 nov., 2 mois

II. Semailles (zr') : 15 nov. au 15 janv., 2

III. Végétation prinlanière (lqsh) : 15 janv. au 15 mars, 2

IV. Cueillette du lin ('tsd phsht) : 15 mars au 15 avril, 1 V. Moissons de Vorge (qtsr sh'r) : 13 avril au 15 mai, 1

VI. Toutes les moissons (qtsr klm) : 15 mai au 15 juin, 1

1. Inscrit sur une pierre calcaire de 0.10x0.07 (épaisseur 0.01) trouvée, en 1909, par M. Macalisteh dans ses fouilles de Gezer. Sur cette pierre avaient été successivement gravés, puis effacés irrégulièrement, plusieurs textes; celui qui est resté, sur le Recto, est notre calendrier. On trouvera le texte avec une étude du R. P. Vincent dans RB (nouv. sér.) VI (1909), 243-269.

2. Hypothèse du P. Vincent, 1. c.

534 APPENDICES

VII. Cueillette des fruits

spéciaux. Vendange (zmr) : 15 juin au 15 août, 2 VIII. Cueillette des fruits d'été (qts) : 15 août au J5 sept., 1

La zone climatérique à laquelle ce calendrier agronomique pourrait s'appliquer, encore aujourd'hui, embrasse les grandes plaines du littoral méditerranéen : Saron, Shépélah, Daroma jusqu'au Negeb dans le Sud, et, dans l'intérieur, jusqu'aux premières rampes de la chaîne montagneuse*,

1. L. c. 259.

INDEX-LEXIQUE

le K se trouve incorporé au C; le J et l'Y à l'I; le KH vient après l'H.

Aahrnès, officier de marine égyptien. Texte (source historique de l'expul- sion des Hyksôs), 318.

Aamu (ég. : 'a/?jù=: probablement les hommes au boomerang) désigne d'une manière générale les Arabes du dé- sert, appelés aussi horiu-sha =:ceux du sable, c.-à-d. du désert, 528. Le terme Si<;u =: Archers fut employé aussi, plus tard, pour les désigner, 166, 477.

*Abd-Eshmun, nom propre phénicien d'un chef de scribes, 443.

Abdias, pi'ophète juif du vi* s., dont il nous reste une page d'invectives contre l'Idumée, 382.

*Abd-'Obodath (u serviteur d'Obo- dath»), nom propre d'un « stratège » [Inscr. aram.), 43.5 s.

*Abd-Osir (pour ^Abd-Osiris : « servi- teur d'Osiris ») nom propre phéni- cien, 445.

Abi-Ba'al, roi de Samsimuruna au vu* s. (sous Ashurbanipal), 3U9.

Abydos. (Voir t. 1,227.) Ville la Haute- Egypte, centre du culte d'Osiris, le plus populaire et le plus persistant; « sorte de Mecque « de tous les points du pays se tournaient les re- gards des fidèles, affluaient des milliers de pèlerins prier leur bon dieu {=Un-nefer), 318, 322.

Abi-eshu' (Cf. t. 1, 218), 77.

Abiu. Voir Nadab.

Abraham. La Bible le présente comme le grand Patriarche des Hébreux, descendant de Sem (cf. I Par. 1,27),

Qls de Tharé [Gen. XI, 26), à Ur, 4. (cf. t. I, 227), 4, 486, 478, 479.

Abraham, « maître des Phéniciens et des Égyptiens, » 478.

Abu ou Ab, nom du 5" mois babylo- nien, 532.

Abu [d. Ab-'j), nom le plus ancien peut-être du dieu Tammuz en tant que père des plantes et de la végétation. Références dans St. Langdon, Tammuz and Ishlar (in-8 Oxford, 1914), 8, n. 1. Ce titre fut donné aussi à In-urla et k Nabîi. (L. c), 32.

Ab-zu (et apsu), voir Ê-a.

Abzu-banda, lieu de culte en l'honneur du dieu Enki, 10. Paffrath. Gôtter- lehre, 112.)

Ab-zu-e {-ga), temple en l'honneur du dieu Enki. (Ur-Nina. passim ; Urukag. Tabl. verso III, Ils.), 10.

Akkad, nom d'une ville fondée ou res- taurée par Sargon l'Ancien; elle donna son nom à toute la contrée sémitique de la Basse Mésopotamie, (Voir t. Ip. 7.), 107, 253, 396 s.

Akkadien, terme employé par opposi- tion à shumérien ; il désigne la lan- gue sémitique de la Basse Mésopo- tamie (cl peut s'appliquer aussi à celle des Assyriens). Ce même mot s'emploie aussi pour désigner les populations qui parlaient cette lan- gue sémitique et leur territoire, 307.

Accaron = 'Eqron ('Axxapov et 'Axapi&v dans les LXX ; assyr. : Amqaruna), ville philisline, 303.

536

INDEX-LEXIQUE

Akerw; voir Ikerxv, 121.

AkCtu (en bien des endroits, celait la fête du nouvel an], fêle principale de l'année, semble-t-il, chez les Baby- loniens. Détails, 387 suiv.

Acrostiches, chez les Assyro-babylo- niens, 80.

Acte et puissance dans Aristote, 458 s.

Adad, dieu babylonien de la pluie, des orages et de la foudre, symbolisé par un taureau, 45, 208, 241, 274, 294, 299, 388, 401, 403. Ce dieu était ho- noré chez les Hittites sous le nom de Teshup; chez les Araméens, sous ce- lui de Hadad. A Ta'annak (Canaan), 177. En Canaan, on l'appelait aussi Rimmon (qui correspond à Raniman. (Voir ce mot.)

Adacl-nirari, nom de plusieurs rois d'Assyrie, 291.

Adad-shum-utsur, « Voyant », signa- taire de quelques rapports de présa- ges, 273, 311.

Adapa (Le Mythe d') conservé dans les Lettres d'El-Amarna. Autres frag- ments, 210. A. doué d'une grande sagesse, d'après la tradition assyro- babylonienne, 212, n. 1.

Adar, nom du 12"^ mois babylonien, 255.

Adardans rinscriptiond'£'s/jmun-azar; si c'est un nom propre, il désigne un dieu infernal, 439.

Addaia, sorte de préfet ou d'inspecteur [rabitsu) du Sud de la Palestine, à l'époque d'El-Amarna, 175.

Adiabène, entrée de l'ancienne Assyrie, à TE. du Tigre; forma un royaume particulier sous la protection des Parthes, 436.

'< Admonitions ■■ d'un sage égyptien, 149, s.

Adnan. Voir Vadnan.

Adoption {V) dans le Code de Ilammu- rabi, 62; dans les contrats de la même épo<^ue, 66 s.

Adumu, forteresse du pays des Arabes (sous Asaraddon), 305.

Adnii{o\i e)su, roi de Tamisu, en (Chy- pre, 309.

Aèdes. On appelait ainsi, chez les Grecs, les poètes de l'époque primi- tive, qui, dans les grandes solenni- tés, chantaient des théogonies, des cosmogonies, des hymnes. A l'ori- gine, les aèdes étaient des prêtres; plus tard, ils furent des artistes fai- ques, dont les chants devinrent plus profanes que religieux, 39.

Africanus (Sextus Julius), historien chrétien à Emmaûs (Palestine) au lu" s. Auteur de la Chronogra- pliie, en 5 livres : histoire univer- selle depuis Adam jusqu'à 221 ap. J.-C. On lui attribue Gestes (Cein- ture de Vénus) qu'il aurait écrit avant sa conversion et qui traite de médecine, d'agriculture et d'art mi- litaire, 317, n. 1.

Agade, capitale du pavs d'Akkad, 3, 4.

Cf. 398 (Cyrus.)

Age d'or de la Littérature assyro-ba- bylonienne, 1-2.

Aggée, prophète écrivain juif (vers la finduvi^ s.), 382; cf. t. 1, 228.

Aglihol, divinité lunaire de Palmyre, 438, n.

Agriculture, chez les Hittites, 185.

Agushnya, déesse guerrière; une des formes d'Ishlar, 101, n. 3. Le Poème d'A. (époque de Hammurabi), 79 s.,. 101; son but, 101, 104, X.

Agushêa =z Agushaya.

Akharri, pays de l'Ouest par rapport à l'Assyrie ; correspond à peu près, pratiquement, à la Syrie actuelle. (En assyr. : a-khar-ruz=niar-tu-=: rOucsl. En égypt. : /.7r-ru"=: Syrie), 302.

Akhc-sha, signataire de 5 ou 6 Rap- ports astrologiques (réf. dans Thomp- son. Reports, t. II, 132), h l'époque assyrienne, 275.

INDEX-LEXIQUE

537

Akhiahw, prophète originaire de Shi- loh (tribu d'Ephraïm.) Il annonça à JérolDoam, son compatriote, qu'il deviendrait roi de dix tribus révol- tées contre Roboam, roi de Jérusa- lem, et qu'ilconstitueraitun royaume indépendant. Cf. 176.

II Chron. ix, 29 parle d'un livre des « Prophéties » (nebùa^t) d'Akh- iahw de Shiloh. On suppose que c'était une partie du grand travail historique sur les rois, auquel an- imaient travaillé beaucoup d'autres prophètes. Akhi-ia-wi. Voir Akhi-iami.

Akhi-iami (= Akhi-ia-wi?), personnage (de Canaan, sans doute) correspon- dant du prince de Ta'annak, Ishtar- washshur, 176.

Akhi-melek, l'oi d'Asdod, en Palestine, au vii^ s., 309.

Akhiqar, scribe de Sennachérib, 428. {Livre de la sagesse dA.), 424 avec note 1,2°; i27 suiv. Autres titres du livre, 427.

Akhmîm, ville égyptienne k 470 km, au S. du Caire; cf. 115.

Akhmimique, un des 5 principaux dia- lectes de l'ancien égyptien, 115, 1.

Akhshuru, montagne, 296.

Akhtoï (dans Manéthon : Akhtoès), pharaon héracléopolitain de la IX* dyn. (Ane. Emp.), 164, n. 8. Instruc- tions à son fils, 164.

A-khush, temple bâti par Entemena roi deLagash, en l'honneur du dieu Nin- girsu. Il fut détruit par les troupes d'Umma, sous le règne d'Urukagina de Lagash, 10. Il y avait un A-khush (sorte de chapelle?) dans VE-ninnu (Gud. Cylindre A, 10), 19, s.

Aya, déesse parèdre de Shamash, 94, n. 3, 234, 254.

Aiab {=.Job), roitelet de Palestine, 247, n. 3.

Aiar (Airu), nom du 2" mois babylo- nien, 532, 255.

Aigle et le Serpent, dans le Cycle d'E- tana, 245.

Ayyâh (pays de) dans la Genèse, 139.

yl messe (droit d') sous la I*'" dynast. de Babylone, 73, 74.

Aithi-Bêl (ba'n'N lu par les uns Itti-Bêl, par d'autres : 'ytay-Bêl; mieux peut- être : Aithi-Bèl = ^yly-Bêl z= Bel a amené), nom propre d'une inscription de Mâdebâ, 435-436.

'AXârapoî {Alaparus, Alaporus) 2* roi préhistorique (shumérien?Adapa(d)?) dans la liste de Bérose, 399.

^/as/ija=: Chypre, 177, 370.

Alasia, comme /lZas/ita=r Chypre.

Alcée, poète lesbien (fin du vu" s.) composa des chansons d'amour et des chansons de guerre civile, 446.

Alexandre Polyhistor, savant écrivain grec dn i*"" s. av. J.-C. Composa 42 traités de grammaire, d'histoire et de philosophie dont il reste des frag- ments, 485.

Alexandrie, 466. (Cf. t. I, 229). École d'A., voir Musée d'A. Les Juifs d'A., 476, s.

Alexandrinus, un des manuscrits les plus anciens (iv'' s. ap. J.-C.) de la Bible, conservé à Londres, 482.

Allât (Al-Lât), grande déesse des Ara- bes, proscrite plus tard par leKoran, honorée aussi par les Nabatéens et par les Palmyréniens, 438, n.

Almelon, var. de 'A[j.t,Xwv. Voir ce mot.

Altaqû (assyr. ; hébr. : '■Elteqêh), ville de la tribu de Dan [Jos. XIX, 44), 303.

"AAwpo; (Alorus) premier roi babylonien préhistorique (liste de Bérose), 399.

Ama-gestin, déesse du pays de Lagash qui n'est encore connue que par le passage cité p. 11.

Amankhashir, correspondant d'un prince de Ta'annak, 177.

Amasis i", pharaon de la XVIII« dyn., 319, n. 6.

Amastarlé, prêtresse d'Astarté, mère d'Eshmun-azar, roi de Sidon, 440.

538

INDEX-LEXIQUE

Ame = sang =z vie = foie, en Babylo- nie, 51 suiv. Union de l'âme et du eorps dans Plalon, 452, n. 2. Voir 419, 451 ; « Que râmc du Panammu mang-e avec Iladad ! n, 432.

Aniegalarus, var. de Megalaros.

"Aia/jXwv (= amélu = homme), 3*^ roi akkadien préhistorique, d'après la liste de Bérose, 399.

"A[;i£;j.'|ivoc; {=:Amél-Sin (?)=:lionime du dieu Sin), nom du 8* roi préiiis- lorique, d'après la tradition babylo- nienne, 400 et 401.

Amrmpsinus, nom latinisé du roi préhistorique, d'après ia tradition babylon., 400.

Amenemhat, pharaon de la X1I« dynas- tie. Préceptes d'A., 160, s., 130, 317. « Prophétie » attribuée au règne de ce pharaon, 145, s.

Ameni, nom du pharaon Amenemhat l'''' dans la « Prophétie » de Nefer-rohu (Moyen Empire), 146.

Amenophis III et IV, pharaons de la XVin« dyn. (voir t. I, 215 et 230). Amenophis IV (voir Khunaten), 172, 173, n. 2, 179 n. 5, 214, 316, 346, 483.

Anienli, en Egypte : royaume des morts, Occxàeni; a ment iw : les morts. (A7?!e/i-

_ = caché), 342, 369, 374, 409, 410.

Amgarunna = Acc!\ron.

« Ami », titre égvptien. Sens, 146, n. 3.

"Aiit/Jvapôç^ variante (Abydène) d' 'Ajîfj- 'Koi'/. Voir ce mot.

Animenôn (de iimmanu (?) = ouvrier hal^ile) nom du A^ roi préhistoritjue, <raprès la tradition babylon., 399.

Ainmidilana, 3' successeur de Ilammu- rabi, roi d'Amurru, 107. Voir l. 1, 218, 230.

Amminadah, roi de Bît Ammana (Benê Ammon),309. Asharhan,Anndi\,C. I, 34.

Ainmizaduga, ¥ successeur de Ilam- inurabi. Voir t. I., 218, 221. La plu-

part des textes d'Ammizaduga furent copiés à Sippar, 95, n. 3. Cf. 33.

Anton (Amen, Imen), dieu spécial de Thèbes (l''gypte), prit une impor- tance exceptionnelle sous le Nouvel Empire. Ne pouvant détrôner le dieu IVa d'IIéli()|)olis, il prit le nom â'Amon li'a. Les prêtres le présen- tèrent comme l'époux de la reine et le père du pharaon. C'était Amon ({ui, dieu des armées, conduisait les troupes des XVIII* et XIX« dynasties et leur donnait la victoire- (cf. 180), 323 s. Amenophis IV essaya de lui substituer le culte d'Alen; la réforme lie survécut pas à ce pharaon. Voir t. 1,230. Hymne antérieur à Ameno- phis IV, 1.52.

Hymne à Amon B'a iXVIIi^ ou XIX'= dyn.), 349. Autres hymnes à Amon (du Nouvel Empire', 352, s. Prière de Ramsès 11, 323. A., magi- cien, médecin et bienfaiteur (Hymne du Nouvel Empire), 352. .1 et le dé- funt, 408.

« Amon du Chemin », une modalité du dieu Amon (?), dans le papyrus

GOLENISCUEFF, 363 S.

Amos, bei'ger du pays de Juda qui fut le premier prophète écrivain hébreu. La partie principale de son activité prophétique eut lieu au royaume d'Israël, durant la seconde moitié du règne de Jéroboam II, et en particu- lier vers 746 av. J.-C. (temps de Té- glathphalasar.) Il nous reste de lui un petit livre, écrit en Iiébreu et divisé aujourd'hui en neuf chapitres qui paraissent représenter de petits résumés d'oracles proposés et com- mentés au peuple, 215, 311.

Mmw, 129, n. 4. Voir Aamu.

Amour (Chants d') en Egypte iNouvel Empire), 354.

Amrjaruna. \o'\r Accaron, 302 s.

Amulettes (en Egypte) revêtent l'àme de force et de puissance ])Our péné- trer dans l'au-delà, 337.

INDEX-LEXIQUE

539

Amiirru. 107, 241, n. 2. Cf. t. I, 231 et

283 (mar-tu) Amurru (d. kur-gal) voir Deimel, Panthéon, 1715.

AN, titre d'Osiris, 411 avec n. 2.

Anacréon (vi* s.), 447, n. 1.

'Anani, frère d'AwsLan, personnage considérable de Jérusalem (v*' s.), 426.

'Analh. Le texte grec de cette inscr. phénicienne identifie 'A. à Alhena, 443.

'Anath-Belhel, nom d'une divinité re- connue par les Judéo-Araméens d'E- léphantine, au vi® s. av. J.-C. 423, n. 1.

'Anath-Yahu, nom d'une divinité re- connue par les Judéo-Araméens d'E- léphantine, au vi'= s. av. J.-C, 423, n. 1.

Anaxagore de Clazomène (lonie) au s., poursuit le même but qu'Em- pédocle; conçoit la matière comme une sorte de poussière formée de tou- tes les substances irréductibles qui en- trent dans la composition des corps; professe que le principe qui les dis- crimine par un mouvement tourbil- lonnaire est un élément radicalement distinct de tout le reste, le seul qui ne soit jamais mélangé aux autres, le Nous =. Raison (c'est-à-dire sans doute, une sorte d'intelligence imper- sonnelle, force obscure) dont il ne semble pas qu'il ait défini exactement la-nature (M. Croiset), 447.

Anaximandre, philosophe de Milet, pensa qu'au lieu de Veau, imaginée par Thaiès pour expliquer Vorigine de tout ce qui est, il valait mieux concevoir quelque chose d'indéfini et d'illimité et, par même, plus pro- pre à prendre toutes les formes par le seul effet du mouvement (vi'= s.), 447.

Anaximène de Milet (vi« s.) à la suite de Thaïes et d'Anaximandre, essaya d'expliquer l'origine de toutes choses par une seule substance; il pensa

mieux faire que ses prédécesseurs en choisissant l'air et ses transforma- tions, 447.

An-kab, [El-kab), cf. Ncicheb.

Andia, pays contre lequel marche Sargon, lors de sa 8'^ campagne, 300. (On peut voir Delitzsch, Para- dies, 100-101.)

Anges dans le Livre dllénoch, 469 s. Intermédiaires entre Dieu et les hom- mes dans les Apocalypses, 498.

a Anges et les filles des hommes » dans le Livre d'Hénoch, 500 s. ; les A. au- raient enseigné les arts aux hommes, ihid.

Ankhutani, 131, n. 6

AM [Papyrus), 338, 343. Maximes du scribe A. (Nouvel Empire égyp- tien), 355 s.

Animaux (dommages causés parles), d'après le Code de Hammurabi, 63.

Animaux (Présages tirés des) en Baby- lonie, 49, 275.

Anpu (mieux Inpw), nom primitif du dieu égyptien que les Grecs ont appelé Anuhis, 376.

Anshan. Voir Anzan.

Anshar, Dieu du ciel, dans le Poème de la Création, 84; avec Kishar, dées- se de la terre, seraient les premiers rejetons de Lakhmu et Lakhamu (premier couple sorti d'Apsu et de ïiamat), 85. Les Assyriens l'identi- fièrent à leur dieu Ashur.

An-ta-sur-ra, temple ou chapelle en l'honneur du Dieu Ningirsu, 10.

Anles (Inthes), localité dont le site est inconnu. Cf. Budge, The Book of the Dead (Papyr-ANi), I. 203.

Anthropomorpliisme dans les textes des Pyramides, 121, 123. (cL 123, n. 1.)

Antioche. Plusieurs villes de ce nom furent fondées (ou restaurées) en Asie Mineure, sous les Antiochus; 430, 466 (Cf. t. 1, 231.)

Antiochus. (Voir t. I, 479.)

540

INDEX-LEXIQUE

Anlipaler (fils de Jason) nn des ambas- sadeurs juifs envoyés par Jonathas aux Romains et aux Lacédémoniens pour renouveler avec eux l'alliance (Cf. I Mach. XII, IG; XIV, 22), 481, n. 2.

Antu, déesse parèdre dAnu, 307.

1. Anu, Voir Inu.

2. Anu, dieu qui apparaît à la tète du Panthéon babylonien des les époques les plus anciennes historiquement documentées, à Erek, à Lagash, à Ur, 35, 45. Cf. 85, 252, 307, Bel et Ea constituent avec lui la grande triade babylonienne, 87, 208, 211, 235, 387, 388, 400 (la fête akïlu d'A., 388.) Dans le Mythe d'Adapa, 210.

Anu-akh-iddin le dieu Anu a donné un frère »), nom propre d'un scribe néo-babylonien d'Erek, 2, n.

Anubis, 125, dieu égyptien protecteur des nomes 12% 17% et 18''; spéciale- ment honoré à Abydos. On le repré- sentait avec une tête de chacal. Lorsque le cadavre d'Osiris eut été dépecé, Anubis envoyé par son père R'a (ému des pleurs d'Isis) réunit et mit en place les membres disjoints et embauma le grand mort. Il est ap- pelé, dans les textes « chef du mys- tère », en tant qu'inventeur' des rites de la momification.

Anunitum {A-nun-ni-tum, Scueil, Text. élam. sém. III, 37, 1. 30; A-nu-na-i- tu{ou te), ScnnoEDER KAII II 50; cf. ZA xxxiv, (1822) 189, une des for- mes de la déesse Ishtar considérée comme guerrière.

Anunna/ii, 35, 91, 293. La conception ba- bylonienne des A. varia avec le temps. Furent-ils à l'origine, des dieux des sources, des génies bien faisants pour les bons et terribles pour les mé- chants? Quoi qu'il en soit, à une cer- taine époque ils représentaient les divinités de la terre et des enfers, 241. Parfois, le mot Anunnahi est employé pour désigner simplement

les dieux, sans distinction, 44, 51„ n. 8.

Les A. proclament Adapa « le pur, le « messie », l'observateur des ordres sacrés », 212, 1. 9; Nabû prince des A., 255.

Anunnitum=: Anunitum, 208.

Anzan ou Anshan, partie du pays d'É- lam occupée par des hommes de race et de langue non sémitiques, 107, 396, 397.

An-za-qar, n. pr. de ville (époque cas- site), 207.

AptmoDiTOPOLis, à une cinquantaine de kilom. au s. du Caire, appelée autre- fois ïep-ieh ou Per-IIalhor neht Tep- ieli [=z maison d'IIathor, souveraine de Tep-ieh). Les Grecs identifiaient Ilathoravec leur Aphrodite, 528.

Ap-heru, un des noms d'Anubis chargé d'introduire les âmes dans l'autre monde, 408.

Apion, grammairien qui écrivit contre les Juifs, 483.

Apis. Voir Hapi.

Apocalypse, deQnition, 498; Apoc^ des Semaines dans le Livred'IIénoch,

506, n. 3; Apoc. de Noé, ibid. p.

507, n. 5. Apoc. dAbraham, 511; de Joseph ; d'Elie ; de Sopho~ nie, 511; Livre d'Eldad et de Mo- dad, 511. Apoc. de Baruch, 499, Apo- cal. de Pierre, 499.

Apocalyptique (Littérature) yw/iie pales- tinienne, 495 suiv.

Apocrj/phes (Lettres) composées par des Juifs alexandrins, 480 s.

Apollonius de Rhodes (2^" moitié du III* s. av. J.-C), 467, n. 2.

Appollonius Molon, écrivit contre les Juifs ex professo, 483.

Apologistes juifs, 478 et suiv.

« Apparition » du dieu Amon à Ramsès

II, après une belle prière, 323. Apsu ou absu, ahzu. Voir E-a, cf. 82,

83.

INDEX-LEXIQUE

541

Apuru {=■ Aburu = Hébreu (!!!) dans un texte égyptien, SQ2.

Arabie. Evénements d'A. sous Asavad- don, 305 s.

A?'ad, Arwad, ville située sur un petit îlot de la côle phénicienne; en face, sur le continent : Marath, Karne, Antharados. Prend part à la confédé- ration hittito-" syrienne » contre RamsèsII, 321 s.

Arakhsamna, nom du 8^ mois babylo- nien, 532.

Arakhtu, nom d'un canal de Babylone, 392.

Arwad. Voir Arad.

Arallu, équivalent du Sheôl hébreu; c'est le monde inférieur, le royaume des morts, 262, n. 9.

Ararra, n. pr. de canal, prèsde Bagdad (époque cassite), 207.

Araméenne (Littéi'ature), 421.

Araméens. Dans les textes cunéiformes les plus anciens, il est question d'A- raméens, nomades dont les incur- sions préoccupent les Mésopotamiens du centre, de l'Ouest ou même du Sud et qui, parfois, déferlent en Sy- rie ou, en Phénicie... 252.

Parmi ces Araméens, il y en eut qui se fixèrent à Kharran, d'autres dans la région de Damas et du Hau- ran, d'autres sur l'Oronte; certai- nes vagues s'arrêtèrent en Arabie seulement ou en Egypte. Au vin'' s. av. J.-C, leur langue se répandit en Assyrie et même en Palestine, 421. De la langue araméenne dériva celle des Nabatéens, des Palmyré- niens et des Juifs de l'époque de Jésus-Christ, 421 s.

Les Grecs appelèrent ces Araméens Syriens, et Syrie leur pays; ce der- nier mot était employé d'ailleurs, tantôt en un sens large ( =:pays com- pris entre le Tigre, la Gilicie, l'Ara- bie et l'Egypte), tantôt en un sens plus étroit ( = pays situé à l'Ouest de l'Euphrate, entre V Arabie, la Pales- tine et la Gilicie).

Ararat (Voir Urartu). Un agent diplo- matique envoyé au pays d'A., 312.

Aratiis, poète et astronome grec, à Soles ou à Tarse (Gilicie), vécut à la cour d'Alexandrie, auprès de Ptolé- mée Philadelphe (milieu du siè- cle), puis fut appelé en Macédoine. Son poème, intitulé Les Phénomènes, représente les idées que l'on se fai- sait de son temps sur la terre, les corps célestes, les pronostics ou si- gnes précurseurs des changements de temps.

Archers; s'applique (dans les textes égyptiens) aux étrangers, Asiatiques ou autres; 137, 149.

Architectes (leurs responsabilités), d'a- près le Gode de Hammurabi, 63.

Archives des temples, (Voir Bibliothè- ques) aux temps hammurabiens, 54. Plus tard, 351.

Argonautiques d'Apollonius de Rhodes (2<ie moitié du iii« s. av. J.-G.), 467.

Aristée, auteur juif alexandrin, 478.

Aristée {ï>sQ\iào), 484, 486.

Aristobule, 517. (Gf. t. I, 234).

Aristobule, auteur juif alexandrin qui s'appliqua à rattacher au Judaïsme les Philosophes et les Poètes grecs, 479, 490.

Aristole, 455 s. (Gf. t. I, 235)

Armes. Hommes d'armes, chez les Hit- tites, 183.

Arrion, fleuve du pays de Moab; se jette dans la mer Morte. (A certains endroits, il coule au fond d'une gorge sauvage profonde de 650 m.), 420.

'Aro'er, ville du pays de Moab, sur le fleuve Arnon, 420.

Arq-Reshef, mentionné à la suite de divinités araméennes (Inscrip. de Hadad), 431.

Arsham, gouverneur perse préposé k l'administration de l'Egypte, 425.

Arsinoé, fille de Ptolémée Lagus, née vers 316 av. J.-C. Elle fut successi- vement femme de Lysimaque, roi de

542

INDEX-LEXIQUE

Thrace, de Ptolémée Céraumis et de Plolémée II Philadelplie, son proj)re frère. Elle fui adorée, en Ègyplc et en Grèce, sous le nom de Venus Zé- phyrltis.

2. A?'sinoé, fille de Ptolémée III Ever- gète, épousa Ptolémée IV son frère, assista avec lui à la bataille de Ra- phia et contribua à la défaite d"An- tiochus le Grand. Son mari, épris de la courtisane Agaloclée, la fil mettre à mort, 444.

3. Arsinoé, fille de Plolémée XI Au- lète et sœur de la fameuse Cléopâtre. César, tuteurde ces deux princesses, donna l'Egypte à Cléopâtre et Chypre à A. Celle-ci, mécontente essaya d'enlever la couronne à sa sœur, mais, battue, elle fut reléguée dans une ville d'Orient et tuée par An- toine (41 av. J.-C.) sur la demande de Cléopâtre.

4. Arsinoé, nom de plusieurs villes en Cilicie, en Egypte, en Ethiopie, dans l'île de Chypre, etc.

Art de VÉgypte est surtout religieux, 116-117.

Arlapan, auteur juif alexandrin; 478.

Ai'tisans, chez les Hittites, 183.

Aruru, déesse créatrice, 84 n. 2, 233; déesse de l'enfantement, patronne spéciale de la ville de Kesh, dans la Basse Mésopotamie. Elle fut consi- dérée comme la sœur du dieu Ellil et aussi comme son épouse. Son temple, à Kesh, s'appelait Ê-inakh (grande maison.)

Arvad, Arwad, île et ville de la Médi- terranée, au ras de la côte phéni- cienne, à hauteur de Chypre, 309.

Arzaiva. Voir Lu y a.

Asaraddon, Asarhaddon, (681-668), fils et successeur de Sennachérib, roi d'Assyrie. (Voir t. 1, 236.), 216. Oracles publiés sous son règne, 267. Textes historiques d'A., 304 s.

Ascalon, Ashqlôn, ville située sur la Méditerranée, entre Gaza et Azot,

dans la Shéphéla, déjà mentionnée dans la correspondance d'El-Amarno et dans les Annales de Ramsès 11. Les Philistins en firent leur port de commerce, qui fut aussi une de leurs principales villes. Dans les An- nales assyriennes, 302, 303.

Entre 175 et 135 av. J.-C, Ascalon était toute païenne. Elle honorait Dagon et Aslarté ; sur ses médailles figurent Poséidon, Asclépios, Ilélios, Athéna. Elle avait un temple à Apol- lon.

Ascension d'haïe, 498.

Asclépiade de Samos, 467, n. 3.

Asdod, Ashdôdh (plus tard Azol), port de commerce des Philistins; une des villes dont s'empare Ashurbanipa, roi d'Assyrie (au viii® s.) dans son expédition contre l'Égvpte, 292, 309 (303).

Entre 175 et 135 av. J.-C, vassale des rois de Syrie, elle était toute païenne. Si nous pouvions entrer dans tous les détails, en ce Vocabu- laire, il faudrait dire que Judas Ma- chabée pilla cette ville en 163 av. J.-C, brûla les autels et les idoles païennes, etc.

Ashéra, déesse bonne, protectrice, qui donne le bonheur et la grâce, parè- dre du dieu Adad ; déesse du pays de Canaan et des régions environ- nantes, dès les temps hammura- biens. (Ce mot Ashéra est le féminin de Ashyr, qui est lui-même une forme àWshur par lequel on désigne le dieu national de l'Assyrie, 444.

As/i/v!2:aj=:les Scythes nomades (les Scythes proprement dits). Voir t. I, 237. Les Ashkuzai dans les Ora- cles, 268. n. 1.

Ashipu, prêtre choisi par les dieux Ea et Miirdiik pour prononcer les exor- cisnies et pratiquer les rites qui déli- vrent l'homme du mal et de la souil- lure. C'est celui des prêtres assyro- babyloniens qui exerçait le plus d'infiuence dans le culte, 174, n. 2.

INDEX-LEXIQUE

543

Ashnunnak. Voir Eshnunak.

Ashshiir=z Assyrie ou bien la capitale de l'Assyrie, suivant le déterminatif dont ce mol est accompagné, 4, 433

* et passim.

Les progrès d'A., 215 ; Ashshur « la ville de science », 297, cf. 3, 269 s. ; 283, 289 s. ; 294 s. ; 297, 396 s. (Cyrus).

^Ashta?'-Kainosh (nom propre composé de deux éléments dont le premier est le nom de la déesse et le second, celui du dieu) formé comme le nom de 'Athar-'Athe [Alargalis).

Ashur, dieu national d'Assyrie.

Ashurbanipal (668-626), fils et succes- seur d'Asaraddon, roi d'Assyrie, 216. Bibliothèque d' Ashurbanipal : description, 216, s. Oracles publiés sous son règne, 267. Prière inté- ressante dA., 283; cf. 289. Ruine de Thèbes d'Egypte, 308. Vingt- deux rois rendent hommage à A, 308- 309.

Ashur^-natsir-apal, roid'Assyrie auix* s. (Voir t. I, 237), 252, 291.

Akhshûru, montagne mentionnée par Sargon, roi d'Assyrie, 296.

Ashuritu (=r Islitar) nom de la déesse parèdre d'Ashur, 284.

Ashur-uballit (Voir t. I), 219.

Asiatiques en Egypte (Voir 1. 1,237), 128, 129 (cf. 140). Des A. syro-cananéens descendent en Egypte (147 s.), à l'épo- que d'EI-Amarna, 325.

Asmonéens, nom donné à la monarchie juive des Machabées, 466 (Cf. t. 1, 238).

Assomption de Moïse (Livre de), 508.

Asswdn 125 (les papyrus d"), 64, n. 4.

Assyrie. Voir Ashshur. A une épo- que récente, les textes cunéiformes disent Assyrie pour Babylonie, et vicv versa, 309, n. 3.

Aslarté, déesse qui correspond à l'ish- tar babylonienne, 441, 444; prise ex- plicitement à témoin dans le traité

conclu entre Hittites et Égyptiens, 203. (Voir Ishtar.)

Astyage, fait prisonnier par Cyrus (Vi- sion de Nabonide), 395.

Astres divinisés, 461, n. 3; A. Dans le Livre d'Hênod, 500 suiv.

Astres. Observations des a. 49, 270.

Astrolabe, instrument dont on se ser- vait autrefois pour observer et dé- terminer la hauteur des étoiles au dessus de l'horizon, 218.

Astrologie, 217. Présages astrologiques, 218, 270, suiv. (le principe, 270). Rap- poi'ts officiels au roi, 271. Littérature astrologique, 82, n. 4, 218, 270.

A-ta-a, Atâ, Aia, dieu du pays de Khar- ran connu par les noms propres Atâ- idri (G. H. W. Johns, Doornsday Book : n. 5, vu. 3 ; et Assyi'ian Deeds, 193 R 3) et Ata-sûri [Assyr. Deeds, 207 R 2.) Johns l'identifie à Atê (dooms-day Book, p. 17.) On peut songer au dieu arabe (ilu) Da- a-a du Prisme S d'Asaraddon, îace IV, 10 qui, lui-même, rappelle le dieu nabatéen N5ri. 306, n. 1.

Atarateh ('.4/ar-A/e)=:Atargatis, dé- esse palmyrénienne; elle avait un sanctuaire à Hiérapolis de Syrie, 419, n. 10; 437, n.

Atarkhasis héros d'un fragment de my- the (CT XV). Le dieu La est son protecteur. A. paraît être le même personnage qu'Uta-Napishtim le sur- vivant du déluge babylonien (=A'j- suthros. Voir ce mot), 401. ^Ataroth (auj. d'h. '■Attarus), ville du pays de Moab, au N.-E. de l'ancienne Machaerus, 418. Atar qurumaia, un des dieux arabes du temps du roid'A?syrie Asaraddon, 306. Atar-Samain, di\imlé féminine des Ara- bes au temps du roi d'Assyrie Ashur- banipal, 306, n. 4, Atar-suri, nom propre palmyrénien,

438. Atergatis {on Aiargalis}. \oir Atarateh.

544

INDEX-LEXIQUE

Athe (Voir 437, n. 4), cf. R. Dussaud. Not. Mylhol. sijr, 82 suiv,

Aten [Alon] est avant tout le disqueso- laire. Généralement, il est nommé en connexion avec R*a ; par ex. : li'a dans son Alen; cependant il reçut lui-même, directement, un culte probablement à Iléliopolis il eut un temple et, plus lard, avec Amenophis IV, son culte constitua la religion d'Etat. (Wiedemann, Reli- gion of (lie anc. Egypl. 53), 31G; cf. 346.

Alhe-natan, nom propre d'un individu palmyrien, 437.

Athènes (Voir T. I, 238). Ses goûts aux vi^-v* s., 447.

Allas, personnage légendaire, roi de Mauritanie, Ois de Zeus et de Gly- mène (suivant d'autres, de Japet, père des Hyades et des Pléiades, ap- pelées pour cela Atlanlides). Les tra- ditions expliquent de manières dif- férentes pourquoi il fut condamné à soutenir le ciel.

Alra-khasis. Voir Atarkhasis.

Atsu-shu-namir (=sa sortie est bril- lante), nom de ïefféminé {assinnu : UR-SAL = SAL : femme -|- un : chien) créé par Èa et envoyé vers Eresbki- gal, dans la Descente d'ishtar aux en- fers, 1. 11, suiv., 244.

Atsutsi, « ville » située au pays de Uluate, 293.

Au-delà. L'autre monde, dont celui-ci est la réplique, 50, 314. Incanta- tions, amulettes, etc., nécessaires pour y pénétrer (d'après les Égyp- tiens), 337. Cf. 121 ; d'après Platon, 451. dans le Livre d'Hénoch, 500.

Atum. Voir Soleil.

Auteur. Le nom d'auteur, dans les tex- tes babyloniens, 2, avec n. 1 et 2.

Avaris, ville du Delta appelée ht-tv'rt = " maison de la fuite », parce que, disait-on, ce fut de que Set, meur- trier de son père, le juste Osiris, s'enfuit en Orient. Mais llorus, ven-

geur d'Osiris, et son frère Set firent un compromis : celui-ci garda la Basse Egypte et Ilorus la Haute tgypte (jusqu'au jour un puis- sant pharaon unit les deux sceptres. )- Avaris fut le camp retranché des Ilyksôs, et Set fut leur dieu. (Sur la situation d'Avaris, cf. A. Gauuiner in Journal of aegypt. Archaeology; III, (1916) 99-101.), 319, s. 483.

Avenir (Le mystère I') chez les Shumé- riens, 49 s. ; aux temps hammura- biens, 107, dans la Bible, 140, n. 2; chez les Egyptiens, 110 s. A l'é- poque assyrienne, 200. Aux yeux des Juifs, après l'Exil, 496.

Avorlenient, suivant le Droit assyrien, 224, 226.

Awstan personnage considérable de Jé- rusalem (v* s. av. J.-C.), 42('>.

Azag-sug), dieu babylonien invoqué à côté de la déesse Nin-akha-kud-du, 385, 389.

Azêqâh est une ville de la Séphléa, dès l'époque de Josué. Elle est pres- que toujours nommée avec Socho [Shôcoh-rz Esh-Shuwêke au S. de Bêt-Nettif), mais on ne peut pas la localiser avec plus de précision, 39, 299.

Azot. (Voir Asdod.)

1. Ba'al; dans le monde sémitique dé- signait un attribut de la divinité. Plus tard, il fut considéré comme le principe générateur masculin, époux d'Astarté. (Cf. t. I, 240) Ce dieu fut importé de Canaan en Egypte, à la suite des guerres des xvii« et xix^ dyn.. Cf. 324.

2. Ba'al, roi de Tyr, sous Ashurliani- pal, roi d'Assyrie {Ashurb. Cyl. de Rassam, Col. ii, 49), 309.

Ba'al-Me'on ville de Moab, au S.-U. de Mâdebâ (Cf. t. I. 130), 418.

Daal-samin : » Le Maître des cieux », un des dieux palmyréniens, 438.

Baal-shilleni, nom propre d'un Chy- priote, 443.

INDEX-LEXIQUE

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£aaZ-rsa/)/ion = probablemenl un ba'al spécial de la côte phénicienne. 441.

Babbar, un des noms shumériens du dieu soleil, 7, s.

Babyîone (Voir Koldewey, W ied. liaby- lon). L'ancienne B. s'étendait sur- tout sur la rive gauche du cours ac- tuel de l'Euphrale; mais l'ancien lit devait traverser la ville. A l'angle S.-E. de la citadelle, on a découvert des briques de Nabuchodonosor qui ont un intérêt spécial, car elles por- tent cette inscription : « J'ai édifié le palais, la demeure de ma royauté, sur la terre de Babyîone qui est dans Babyîone... » L. c. 84.

On a conjecturé (RB, 1914, 279) que sur cette terre de Babyîone (Ba- bylone veut dire en accadien : porle de dieu ou porte des dieux) se fit l'installation primitive; et cette /Jor<e de dieu ferait songer à la « maison de Dieu et porte du ciel » sur la- quelle fut fondée Bethel. (Sur Baby- îone,voir encore nolvc 1. 1, 240.}. Fon- dée par Anu et Enlil, 110. [Copies de textes faites par les scribes sur la collection de B., 4, n. 1.

Babyîone devient, sous Ilammu- rabi, la métropole politique et reli- gieuse de la Babylonie, 53. La Babyîone céleste, 91. La B. de Na- buchodonosor II, 391, s. La fin de B., 382; détruite par Sennachérib (oracle de Nabonide), 396. (Cf. t. I, 240.) Fête du nouvel an à B., 388, 397 s.

Babylonie. Voir Assyrie.

Babylonien. Le b. langue « diploma- tique » au xv^-xiv«^ s. au J.-C, 172. (Cf. 200), 204.

Ba-ga, dans le grand temple t'-ninnu de Lagash 910, 14 ; c'était probable- ment l'endroit oîi se trouvait la table ou autel (Ur-Nina et Urukagina, pas- sim.)

Bagdad l'époque cassile [al) Bag- da-da, 207.

Bagohi, nom d'un gouverneur de la Ju- dée, à l'époque perse, 424.

Bail de culture dans les contrats de la I" dyn. de Babyîone, 68.

Baîli, autre transcription de Biliu, 376.

Balawat, nom moderne d'un tell situé à 15 milles anglais à l'est de Mossul, fouillé en 1878 par Hobmuzd Rassam. On y trouva des bandes de bronze qui avaient été appliquées sur les vantaux de portes de bois. Sur ces bandes, le sculpteur avait représenté en bas-reliefs les campagnes et les victoires de Salmanazar II (860-825.) Voir Perrot et Chipiez, //js<. de VArt, t. II, passini, en particulier 620-627. (En Grèce, les arts n'ont pas encore commencé : on date les débuts de 1 vie nationale du viii« s. ; les premiers xoana sont des vii*-vi* s.), 287.

Ba'lira'si, montagne dominant la mer de Syrie, 230.

Bâmoth ou Bâmot Ba'al, 420.

Barbiers, en Babylonie, 63; 79; chez les Hittites, 183.

Bar-Bekub, roi araméen de Y'ôdi, 421, fils de Panammu, 433. Inscription de B. 432, s.

Bar-sur (=Bar-tsur), père de Panam- mu, roi de J'ôdi, 432.

Bârû. Les b. et l'avenir en Babylonie, 50, s. 107.

Basl. Voir Ubast.

Ba-u, Bau (parèdre du dieu Ningirsu), déesse de l'enfantement qui donnait vie et abondance. Elle était particu- lièrement honorée à Lagash (Basse Mésopotamie), 208, 406. Prière a Ba-u, 264.

Beau (Contemplation du B.), dans Pla- ton, 453.

Bedel, prince zakkala, 364.

Behislun (ou Bi-Sutun), l'ancienne Ba- gastana, montagne escarpée du Kur- distan; elle s'élève perpendiculaire- ment à plus de 400 m., non loin de la ville de Kermanschah. A sa base,

35

M

INDEX-LEXIQUE

sol est jonché de ruines. Sur le 1 rocher, au-dessus d'un l)as-relief re- présentant Darius, fils d'Hystaspe en une inscription trilingue (babylonien, élamite, perse) de -100 lignes, le roi remercie le ciel des 19 victoires (ju'il a remportées sur les rebelles de son empire, 424.

Bel (shumér. : En-lil). Etymol, : sei- gneur, maître peu près au sens du seigneur féodal, possesseur du sol.) A l'époque de la I""^ dynastie baby- lonienne (celle de Hammurabi), ce mot est pris à peu près comme sy- nonyme du dieu de la capitale, Mar- duk, lequel supplanta Enlil. (Voir Enlil), 208, 238. 383. (Voir Anu), 283, Lettre d'un certain Bel au roi (temps assyriens), 312.

Bel, identifié à Zeus, un des dieux de

Palmyre, 438, n. Bél-kharran-bél-utsur , administrateur ou intendant [nâgiru) de Tiglatpile- ser III. (Sur le nâgiru, voir E. Klau- BER, Assyr. BeamtenLum, Kap. 7), 293, s, Bêlit (shumér. : Nin-lil), parèdre du

dieu Bel (shumér. : Enlil), 283. Bèlil'ilê, appellatif pris comme syno- nyme de Marna, dans un Hymne (CTXV, PI. 1), 44 n. 7. (Cf. 295). Bél-shassuri {= Bel de la fécondité), dans un oracle a Asaraddon, 269, 1. 8-9. Bérose, prêtre babylonien sous Alexandre-le-Grand, mort sous An- tiochus II Théos, connu comme his- torien. Il avait écrit en grec trois livres appelés Babyloniaca ou Chal- daica ou encore chaldaica^i hislo- riai ; nous n'en connaissons que des fragments conservés par Josèphe, Eusèbe, le Syncelle elquelques Pères qui se servirent de ses écrits pour conBrmer la véracité de la Bible. Ces fragments permettent d'admettreque l'œuvre globale comprenait des tra- ditions sur l'origine de l'humanité, une description de la Babylonic et

de ses populations, une liste chrono- logique de ses rois depuis les ori- gines jusqu'à Cyrus. De même que Maxime de Tyr pour la Phénicie et Manéthon pour l'Egypte, Bérose se proposait de faire aux Grecs l'his- toire de son pays. Bérose nous dit que pour composer son ouvrage il compulsa les archives du temple de Bel à Babylone, il suivit aussi les traditions chaldéennes et juives (les sources de Ctésias,au contraire, sont assyriennes et perses; cette ditîé- renceexpliqueque celui-ci ne soit pas toujours d'accord avec Bérose); mais il paraît avoir interprété les récits de l'époque mythique suivant l'esprit évhémériste de son temps. On attri- bue à Bérose des ouvrages d'astro- nomie, d'astrologie et de mathéma- tiques, 34, m\.

Beser, ville du pays de Moab, 420.

Bel-Ba^al-me^on, localité de Moab, 420.

Beth-Dihlalen, localité de Moaab, 420.

Bethoron, localité (aujourd'hui BeiVur) à l'ouest de Jérusalem, 299.

Belh-Ramoth [=Bâmoth ou Bâmolh-Ba 'aZ?), ville de Moab située probable- ment entre le mont Nebo et le fleuve Zerqâ', 420.

Bêti, autre transcription de Bitiu, 376.

Bibliothèque; détails des documents trouvés dans l'antique bibl. de Nip- pur, 5, n. 2. B. des temples égyptiens, 317. B. d'Ashurbanipal, 3; 82; 216; chaque temple avait peut-être sa bi- bliotlièque, 4, n. 1.

B. de Sippar, 55. En Egypte, 133, n. 4. (Les grandes b. commelicent, à proprement parler, avec les Ptolé- mées,466). B. d'Alexandrie, voir Musée d'Alexandrie.

Bi-gir-khush=Shu-zi-an-na, dieu com- pagnon d'Enlil; cf. Deihel Panth. 3156, Legrain, Histor. fragm. 41, 16.

Byblos {=zGubla dès l'époque d'El- Amarna), ville célèbre de la côte

INDEX-LEXIQUE

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SAi-iennc, au dessus de Beyruth. (Voir t. I, 266), 364 s.

Bilthishi ou Bikhilim, 247, n. 3.

Bilingues, shumérien et accadien, 105, etc., etc. (Inscriptions et textes) en araméen et assyrien, 422.

Birualli, montagne que Sargon d'Assy- rie se vante d'avoir franchie, dans sa 8*^ campagne, 296.

fii<-Amniana = pays des Ammonites. RmVII, 110; etc., 309.

Biliu, nom d'un dieu égyptien très an- cien, à double tête de taureau, 376, n. 2, héros du Conte des deux frères (Papyrus Oubinev.), 375 suiv.

Bit ridûti=.\e Palais du Gouverne- ment. 305.

Bœuf. Qualités du b. dont la peau de- vra recouvrir la timbale sacrée en Babylonie, 384.

Boghaz-keui, nom moderne de la vieille capitale hittite, Khatti ou Khattush- ash, 182, n. 7. (Voir t. I, 68-69.)

Bohaïrique (de l'arabe /)oAaJ>=: Basse- Egypte), un des 5 principaux dia- lectes de l'ancien égyptien, 115, n. 1.

Boisson (débits de), dans le Code de Ilammurabi, 60. B. chez les Hit- tites, 186.

Bon {L'être bon)=: Osiris, 152; cf. 157, n. 2.

Bonheur, d'api'ès Aristote, 463.

Borsippa (t. I, 243), 382.

Bouche. L'ouverture de la bouche du mort, dans le Rituel égyptien, dès l'époque des Pyramides, 118. La- vage de la b., rite babylonien, 387.

Brûle-parfums en Babylonie, 386.

Brique (terre à), 230.

Brûlé vif, peine infligée en Babylonie, 60 avec n. 4.

Bucolique, évocation charmante des mœurs rustiques et des paysages champêtres, 467, n. 3,

Buia, cours d'eau qui sépare les monts Nikippa etUpâ; mentionné par Sar-

gon, roi d'Assyrie dans la Leltre- récit de sa 8*^ campagne, 295.

Bul, nom de mois {Inscr. d'Eshmuna- zar, r. de Sidon), 439.

Bûlâq, port du Caire, situé au delà du canal Ismâ'îlîya.

Bullulu, signataire d'une dizaine de Rapports astrologiques (temps assij- riens), 271, n. 4.

Bunene (on trouve aussi Bunini dans les noms propres). Ce dieu avait pour fonction d'atteler et de conduire le char du dieu Soleil. Son temple, è-qur-ra, de Sippar, fut reconstruit par Nabonide. Cf. 208 ; 254.

Buritpi, n. pr. de personne (Lettre de Ta'annak), 176.

Burnaburiash ou Burraburiash, roi Babylonien (Dynastie cassife) du xiv* s, av. J.-C. Dans la correspondance d'El-Amarna (Amarna-Berl.), nous avons 6 lettres de ce roi : elles sont adressées, l'une à Amenophis III (?) et les cinq autres à Amenophis IV, cf. 214.

Busiris, 343. Voir Dedw.

Buti, autre transcription de Bi/iu, 376,

n. 2.

Buto; voir Uadjit.

Bulsushu (ou Putsushu) roi de Nurî, ville de Chypre) sous Ashurbanipal. (Annal. Cyl. C, 1), 309.

À"a. Ce terme égyptien désigne une réalité assez difficile à définir. Selon les uns, c'était un double, une sorte d'ombre ou de génie invisible, nais- sant avec la personne, résidant en elle, l'accompagnant, lui sui'vivant et, après la mort, continuant à s'in- téresser au corps et à l'âme. Sui- vant d'autres, le /c'a serait une sorte de genius supérieur, séparé de la personne, résidant dans le monde de l'au-delà et ayant pour mission de diriger la destinée du mort dans Vau-delà, 149.

Ka'a'w, localité de Nubie, 528.

5i8

INDEX-LEXIQUE

Radashman-Kharhc, nom de deux rois cassiles de Babylore, dont l'un régna au xv*^ s. et l'autre au xiii' s. Lettre à Amenophis III, 214.

Cailastres a Sippar, à Dilbat (aux temps hamniurabiens),(>5, n. 4.

KA-Di lire Gû-silim d'après II l\ 48, 40 e) est un dieu de la justice, spé- cialement honoré à Dùr-ilu (et aussi à Kish). Il y avait aussi une déesse du même nom honorée dans Vc sag- ila (Str. ZA, VI, 241, 2 suiv.)

Kaduglisug, chapelle de Zarpanit, pa- rèdre du dieu Marduk.

Calendrier égyptien, 530; C. agri- cole israélile de Gezer, 533; babylo- nien et assyrien, 520, s.

Caligula, 491.

Callimaque (ni« s, av. J,-C.), gram- mairien et poète alexandrin, très en faveur auprès de Ptolémée Philadel- phe, il devint directeur de la biblio- thèque-musée où il eut pour audi- teurs Aristophane de Byzance et Apollonius de Rhodes, 467, n. 3.

Kalû, prêtre babylonien ayant pour mission d'à apaiser » par ses chants (' le cœur des dieux » et aussi d'of- frir des sacriQccs. Le principal des instruments à percussion dont il s'accompagnait était une timbale de métal, recouverte de peau {lilissu). Ses chants lyriques étaient com- posés en enie-sal. (TII.-Dang, liidiels accadiens, 1 et 2, n. 1), Voir eu-suem- MA. Rituel du Kalû (époque séleu- cide), 384.

Cambyse, successeur de Cyrusie Grand 398; 422, 425. (Cf. t. I. 243).

Karnosh, dieu national des Moabites.

Sa parèdre est Aslarlé, 417 suiv. Cf.

290. Kamosh-lcn, nom du père du roi Mesa,

roi de Moab, 417. Canaan (Voir t. I, 243-244), 129, 170.

Voir laa. Description de Canaan (?)

par un Égyptien du Moy.-Emp.

[K Alchtoï »), 1()G. Lettres de Canaan

en b;iI)vIonien, 172 s.

Cananéen. Le c. aux xv'^-xvi^ s. av, J.-C.,. 172. Des syro-cananéens descendent en Egypte à l'époque d'El-Amarna^ 325. Description (probablement) de ce pays par un Égyptien du Moyen-Em- pire, 166.

Canon de Ptolémée, Canon des règnes ou Table chronologique des rois as- syriens, mèdes, perses, grecs et ro- mains, depuis Nabonassar, jusqu'à Antonin le Pieux. (Ptolémée Claudius^ vivait au ii* s, av. J.-C), 217, n.

Canon des Eponymes, 217. (Voir Epo- nynies).

Cantique des Cantiques, poème hébreu ayant l'amour pour objet. Il semble bien que l'union humaine que pa- raît raconter le poète une date in- certaine) et ses descriptions soient des voiles, des symboles, destinés à signiOer l'union Yahweh avec Israël et avec l'humanité. (Les auteurs qui admettent l'historicité de ce livre disent qu'il raconte le mariage de Salomon avec la Sulamite, d'autres estiment qu'il s'agit du mariage d'un berger avec une bergère), 354 s.

Kanum, nom du mois de Novembre en palmyrénien, 438.

Karkemish (Djerabis), une des villes principales des Hittites (cf. t. I, 275), fait partie de la confédération lùtti- to-svrienne contre Ramsès II XIX' dyn!), 3^1.

Cardinales (Vertus), dans Platon, 455.

Cardinaux (les 4 points c.) en Egypte^ 119, n. 7.

Karduniash, mol cassite (élymologie inconnue), désignant toute la Baby- lonie, à l'époque cassite, 214.

Karna/i, village égyptien sur l'empla- cement de Thèbes (cf. t. 1 275). Ins- criptions du temple de K. 318.

Kar-har (territoire de) en Babylonie, 7.

Karunuvash, scribe hittite, 188, n. 4.

hashalcli-Shugab, 210.

I\ashlarit{u), prince mèdc (cf. Strcck Assurbanipul, t. I, p. clxviii), 268.

INDEX-LEXIQUE

549

Cassiles =z Cosséens = Kashshu, sortis du mont Zagros ; ils fondèrent à Ba- bylone une dynastie, deux siècles environ après celle de Hammurabi, 170, 204.

Kehaw (k-h-'a-io) =? 122 (texte des Pyr.).

Kem-wr (= « le grand noir »), pays au nord du golfe de Suez, 137, n. 3.

Kenur, temple ou lieu sacré mal connu, 41 (Hymne à Enlil.).

hepen, dans le Conte ou fiction litté- raire de Sinuhe, désigne Byblos. (Cf. A. Gardineu in RT, xxxii, 23). 136 s.

Cercle divin en Egypte = Ennéade di- vine. I. Conception des » théolo- giens » d'IlÉLiopoLis pour expli(juer l'origine du monde. Du chaos primi- tif (ou Nun) il résidait seul Tuni sortit sous la forme de R'a (ou le So- leil). Fécond par lui-même, il pro- duisit huit descendants (dieux com- me lui), huit mâles et huit femelles Shu et Tafniil, Geb et Xut, Osiris et Isis, Selh et Nephthys. Ce fut la grande ennéade. Une petile ennéade fut conçue, plus tard, comprenant les dieux de rang inférieur : Horus Thot, Anubis, Ilathor et quelques autres. (Voir chacun de ces mots). II. Un « théologien de Memphys » voulut prouver que tous ces dieux de VEnnéade d'Héliopolis avaient élé créés par Plah. Et il conçut une au- tre Ennéade : Nwn (l'océan ou chaos primitif) et Nwnit, sa parèdre, père et mère d'Aluni qui, à son tour, pro- duit Shu et lafnui et le reste de son Ennéade.

Kerti; les dieux (égypt.) de Kerti, 409.

Champs (Culture des), dans le Code de Ilammurabi, 58,

Charmes en Egypte (Voir Incantations).

Chemin du soleil {Y oir Route).

Chéops. Voir Kwfwi.

Chérénion écrivit contre les Juifs, 483.

Chiens (Présages tirés des) en Baby- lonie, 276.

Chrisi (—Messie) 519. Voir t. 1,285: Messianisme.

Chronique des premiers rois de Bahy- lone, 217.

Chronographie (Documents relatifs à), dans la Bibliothèque d'Ashurbanipal, 217.

Chronologie (Documents relatifs à), dans la Bibliothèque d'Ashurbanipal, 217.

Chodorlahomor, 113, n, 2.

Chute. Poème dit « du Paradis, du Dé- luge et de la Chute » aux temps shu- méro-akkadiens, 21, 24, 33.

Ki-ab, nom d'un bourg du territoire de Lagash, 10.

Cyaxare s'empare (c'est l'opinion le plus vraisemblable) de Ninive en 607 (cf. t. I, 251), 382.

Kidin-Inurta, n. pr. d'un préfet de Bag- dad, à l'époque cassite, 207.

Ciel. Le premier ciel; les deux divers, 462, n. 3, 504, suiv.

« Ciel élevé » titre d'une série d'Hym- nes cunéif. en l'honneur de Sin, 404.

Kilammu, ancêtre de Panamu, roi de Y'ôdi, 421.

Cimmériens. Voir Gimirréens.

Ki-nu-nir, localité du pays de Lagash était un temple en l'honneur du dieu Dumuzi-abzu, 10. On connaît des << prêtres » ush-ku, pré-sargoniques, de ce lieu (DP 159).

Kipkip, ville au sud de Thèbes (Egypte), 308.

Chypre = Yadnan (Voir t. 1247). Let- tres de Chypre (époque d'EI-Amarna) en babylonien, 177.

Cyrus le Grand (petit-fils de Cy- rus I"), rend leurs dieux aux cités; permet aux Juifs de rentrer en Pa- lestine. 382 (cf. t. I, 252). C. détruit les Mèdes (Vision de Nabonide), 395. Sa vocation par Marduk dieu de Ba- bylone, 397; c'est Marduk qui le fait

INDEX-LËXIQUE

entrer à Bahylonc sans combat, 397, qualités de C, 397, ses titres, 398.

Kish, ville du pays d'Akkad. Elle eut la primauté après Layasli, G, el fut soumise ensuite par Ur, Son dieu protecteur était Ilbaba (un dieu de la guerre) dont le temple s'appelait c-inele-ur-sag (Voir Th.-Dangin. RA IX (1912), 3i-37.

Kishar. Voir Anshar.

7ûs/ia.ss{;, n. pr. de ville, dans une de- mande d'oracle, 269.

Kisleic. Voir Kislimu.

Kisliniu, nom du 9*= mois babylonien, 532.

KiAu, roi de Silûa (dans l'ile de Chy- pre) au vii« s., 309.

Ciliuin (aujourd'h. Lurnalnij ville de Cliypre, 443.

Kiiros, Kilrusi, ville de Chypre, 309.

Killu ou Ketta [z= la Justice déifiée), rejeton de Shamash et d'Aya. Sha- mash était, dans le ciel, le dieu su- prême de la Justice, et Aya sa parè- dre, 208, 257, n. 1.

Cléanlhe, philosophe stoïcien. Il était à Assos, en Troade ; il mourut en 225 av. J.-C. Esprit lent, mais labo- rieux et méthodique. Il succéda à Zenon et exposa fidèlement ses doc- trines mais sans en combler les la- cunes. La grandeur de son caractère et la pureté de ses mœurs lui acqui- rent une haute réputation à Athènes il enseignait. 11 ne reste de lui que le titre de ses ouvrages (une bonne trentaine) et un bel hymne à Juj)iter que nous avons cité, 470 s. Sa biographie et le catalogue de ses ouvi'iiges sont dans Diogèae de Lnërte.

Cléinenl d'Alexandrie, maître célèbre et chef de l'Ecole clirétienne d'A- lexandrie au ii« s. après J.-C; s'ap- pliqua à montrer comment la doc- trine de l'Évangile peut convenir aux inlellecluels, aussi bien qu'aux sim- ples, 486; 508.

Cléndème (appelé aussi Malchos), au- teur juif alexandrin, 478.

Cloître pour femmes (sal-mk : reclu- seti], auprès du temple du dieu So- leil, 09, 70, 114.

A'/?i-(t"r^pays auN. du g-olfe de Suez,

Code de Uamnuirahi, 54 s. Fragments sur tablettes, 219.

Code assyrien, écrit dans sa forme con- nue, sur tablettes fragmentaires dont trois principales qui ont été tradui- tes par V. ScuEiL. Ces lois auraient été promulguées par un des rois de la puissante dynastie d'Ashuruballit (1390-1190 ; elles ont pour objet : le mariage, la propriété, le gage, les crimes et délits. A proprement par- ler, ce Recueil est, non pas uji code, mais an ensemble de Jugemenls qui ont reçu force de loi (Voir E. Cuq in RA, XIX (1922), 44-65.)

Code hiltile. Résumé des données qu'il fournit, 183 suiv. Les articles, 188 suiv.

Code sJnimérien, 46.

Kohailu, nom propre palmyrénien, 437.

Komarénens, gens d'une tril)u palmy- rénienne, 438.

Comestibles, chez les Hittites, 186.

Commerce, dans le Code de Ilammura- bi, 60. Sociétés commerciales, 71 s.

Compilations d'hymnes et prières cu- néiformes, 36 s.

Composition (Mode de) dans le grand « poème de la Création ->, 83.

Confession négative, ou mieux Protes- tation d'innocence chez les Egyptiens, 127 s. Voir 338 suiv.

Conjurateurs. Voir Incantations.

Contes égyptiens, 128,129.

Contrats de la I'"^ dyn. babylonienne, 64; conditions pour qu'ils fussent va- lides, 64 s. C. écrit de mariage, né- cessaire dans le droit babylonien et aussi, en principe, dans le Droit as- syrien; (peut-ûlre pas chez les ,i/u/ens Hébreux), 220-221 avec n.3. (Cf. 65s.)

îNDEX-iLEXIQUE

551

Copies de textes cunéiformes faites par les scribes sur collections de diver- ses villes, 4, n. 1 ; 54, n. 3 ; cf. 82, n. 1; 219; 251; 383. Copies du dieu Thot. en iigypte, 116.

Copte, dernier aboutissant de la langue égyptienne, 116.

Coran. Les porteurs et les lecteurs du C, 28'J, n. 1. La formation du texte actuel du C, 286, n. 1.

Corde, dans les pratiques magiques, 263.

Corporations chez les Hittites, 186.

Cosmas Indicopleustès, marchand et voyageur (vi' s. ap. J.-C), à Alexandrie. Il se fit moine et écrivit divers ouvrages de géographie et de théologie; 483, n. 4.

Costume des Hittites, 184 avec n. 12.

Courtisanes, dans le Code de Ilammu- rabi, 62.

Koyundjik, 216, n. 1, 267, n. 2.

Créancier, dans le Droit assyrien, 22^ s.

Création [^ohxne de la), aux lemps de la I" dynast. babylonienne, 80 s., 398 (Cf. 219), un récit égyptien de l'épo- ({ue gréco- romaine, 413.

Crimes, dans le Code assyrien, 224,

Critique. Notes critiques des vieux scri- bes babyloniens, 2, 102.

Crotone (Grande Grèce) : l'Institut py- thagoricien, 447.

Kudurlagamar, 113, n. 3.

Kudur-Mnbuk, roi de lamulbal « ou Emutbal) = Élara occidental. Voir t. I, 25.

Kudurru (gouverneur d'Erek), remer- cie son roi de lui avoir envoyé un médecin qui l'a guéri, 311.

Kudurrus, duplicata de titres de pro- pi'iété, écrits les uns sur des pierres l'oulées ou galets ovoïdes, les autres sur des stèles taillées, 205 s.

Kuyundjk. Voir Koyundjick.

Culte, but de la création, 90. Esclave admis au service liturgique, à Larsa, sous la l'^" dyn. de Babylone, 114.

Cultures, dans le Code de Ilammurabi, 58. Bail de c, 68.

Kumari, quartier de Babylone.

Kurkh, ville située en Assyrie, au nord de Mârdin, à mi-chemin entre le Ti- gre et l'Euphrate (Cf. Guthe. Bibel Atlas], 291.

A'wrf (Kouptov), ville de Chypre, 309.

Kurigalzu, nom porté par trois rois cas- sites, aux xvii«, xv*^ et xn'** s. av. J.-C, 209.

Kush, dans les textes cunéiformes, dans la littérature égyptienne et dans la Bible, désigne le pays situé au sud de l'Egypte, 321, 348.

Kutha, ville du pays d'Akkad, située au nord de Babylone, 2. Parmi les nom- breuses inscriptions de Dungi (11"^ dyn. d'Ur) deux seulement sont ré- digées en sémitique (les autres -en shumérien) et l'une des deux est de Kutha. Le dieu de cette ville était Nergal dont le temple s'appelait e- meslam.

Un Mythe de Nergal et Ereshkigal a été trouvé dans la correspondance d'El-Amarna.

Daban, nom d'un canal babylonien (époque cassite), 209.

Dadufhoru, fils ou pelit-ûls du pharaon Khufu, 133, n. 1.

Daia, un des dieux arabes du temps d'A- saraddon. Il rappelle le dieu T', na- batéen, 306. Voir A ta.

Damasu, roi de Kurî = Koôpiov (ville de Chypre), sous Ashurbanipal, 309. Annal. Cyl. C, 1, 41.

Damu, déesse attestée par les noms propres pour la période antérieure à Hammurabi (cf. Hubeu, Personen.) Elle est honorée sous le gi-and roi babylonien; elle figure plus tard, sur les kudurrus. Elle n'est pas réelle- ment disctincte de Gula, déesse de l'enfantement, de l'art de guérir et aussi des bornes des champs, 208.

Daniûsu, roi de Qai^ti-khadashti, en Chypre. (Voir ce mot), 309.

552

INDEX-LEXIQUE

Daniel, proplièle écrivain juif [(époque de la Captivité de Babylone), 382, 489. Cf. t. I, 252.

Aâwvo; ou Aaw;, nom du 6* roi préhis- torique, d'après la tradition babjion., 400.

Dur<lHnieris^22, 309; prennent part à la confédération hitlito- « syrienne », contre Ramsès II. Battus, ils passent en Italie (Cf. t. I, 252).

Darius (Voir t. I, 253). 424, s.; 481.

David, suce, de Saiil comme roi d'Is- raël, organisa en son royaume nais- sant une sérieuse administration ci- vile, économique, militaire, et fonda une capitale (Jérusalem.) David fut très populaire à cause des services qu'il rendit au peuple, à cause aussi des avantures de sa jeunesse et enfin des infortunes de sa vieillesse, 140; 304; 381.

David et Goliath, 140.

Z)a«onu.s^A30)voî.

Da-zi~ma {<.<■ qui lève un bras sain »), conçue comme une divinité, dans le poème shumérien en-e-ba-am, 32, 33.

Dehen, poids égyptien de 0.98 à 0.91 grammes, 364, n. 5.

Dédicace (Voir Temple.) D. d'une cha- pelle à Nand par Asaraddon, roi d'Assyrie, 300, s.

Dedw {^Busiris) ville du Delta assez obscure; patrie d'Osiris, pense- t-on, 343, s.

Délaya, fils de Sin-uballit, gouverneur de Samarie (v* s.), 427.

Délits, dans le Code assyrien, 224.

Delphes, ville de la Phocide, sur le versant du S.-O du Parnasse. A D., les dieux entraient en communica- tion avec les hommes par l'intermé- diaire de la Pythie. Ses oracles, célèbres surtout depuis le vi« s. av. J.-C, illustrèrent et enrichirent la ville. On venait de très loin consul- ter la Pythie 50, n. 1. La Sagesse du collège sacerdotal de D. 446.

Déluge. Poème dit « du Paradis, du Déluge et de la Chute )>, aux temps shuméro-akkadiens, 24, s.

Le D. d'après la recension de Nip- pur, aux temps shuméro-akkadiens, 33, d'après la recension de l'époque de Ilammurabi, 94, s. Dans VEpopée de Gihjamès, 239. Dans le Livre d'IIénoch, 505.

1. Déniélrius, auteur juif de l'époque alexandrine, 478.

2. Déniélrius de Phalère, homme d'État et orateur grec (mort vers 283.) H gouverna à Athènes, de 318-308 avec sagesse et douceur. En 307, le parti démocralifjue reprit le dessus et D. n'échappa à la mort que par la fuite. En Egypte il aurait décidé Ptolémée Lagus à ia fondation de la fameuse bibliothèque d'Alexandrie. D. écrivit sur une foule de questions; 487.

Dérnocrile philosophe à Abdère, (Thrace) entre 520 et 460 av. J.-C. Il avait beaucoup voyagé, Leucippe (d'Abdère) et Anaxagore auraient été deux des philosophes qui auraient exercé sur lui le plus d'influence. Il fut très lié avec Ilippocrate de Cos. Quatre grandes thèses (contre les Eléates) paraissent résumer sa doc- trine : la matière n'a qu'une divi- sibilité limitée; le vide existe aussi bien que le plein; rien ne se fait de rien; le semblable attire el perçoit le semblable, 447.

Démons, en Babylonie, 281, s.

« Démons », d'après Platon, 4.50; chez

les Stoïciens [Cléanlhe), 474, 1. 15,

n. 6. Démon du midi. Voir Shiitu. Démolique, état particulier de la langue

égyptienne, 116. Ecriture démotique,

380. Dents. Voir Ver.

Déportations des Juifs, ViS, n. 5. Dépôt, d'après le t'odé do IIammurai)i,

60. En Droit assyrien, 225. Dér, ville située en Babylonie, à l'est ilu

Tigre, dans le pays de lamutbal, 398.

INDEX-LEXIQUE

553

Dettes, dans le Code de Ilammurabi,

60. Deutéronome, 5* livre mosaïque du

Pentateuque, 509. Deux frères (Roman des), du Nouvel

Empire égyptien, 375, s.

Dialectes égyptiens, 115. Diban. \o\v Dijbôn.

Dybon, ville de Moab sur la rive droite de l'Arnon, 417, s.

Didi, un des héros du roman égyptien de Khufu, 134.

Didusanafrui, localité, 133.

Dieu bon, bon dieu se disaitdu pharaon, cf. 138; 142.

Dieux, en Assyro-Babylonie : Tout par ordre desd. exemple, 255-256. (Voir Dons). Rapport (récit historique) sous forme de lettre adressé par Sargon à son dieu, du palais royalde Kalakhau temple d'Ashshur,295. Les armées sont armées du dieu, les victoires sont victoires du dieu, 300, cf. 289. De même chez les Egyptiens (Amon et RamsèsII), 323, s.

Dieu, chez Aristote, 456; chez les Stoïciens, 469, 470-472. Contempla- tion de Dieu d'après Platon, 448. D. a fait le monde par bonté, 449; 453; D. d'après Epicure, 473. D. dans Philon, 492, s.

Dilbat^zla planète Vénus, chez les Babyloniens, 274.

Dilbal, petite ville non indentiflée dé- pendant du territoire de Babylone. En 1908, M. J. É. Gautier a publié les Archives d'une famille de Dilbat, au temps de la 7'* dynastie de Baby- lone, 65 n. 1 s., 73.

Dilmun fut un des centres les plus an- ciens de la civilisation shumérienne. (Voir t. I, 255). 22, 25 n. 1, suiv.

Dingir-adda-mu (ou Dingir Adda-mu'l « le dieuA(/(/afaitcadeau))), auteur (?) d'un hymne et d'un psaume, 3.

Djmh, localité de Nubie, 528.

1. Diogène (le Cynique), vers 414 av.

J.-C, à Sinope (Pont-Euxin); enne- mi des philosophes spéculatifs, de la religion de son pays et de ceux qui la représentaient ; il excluait même l'idée d'un dieu comme incer- taine et inutile. Adversaire de tous les préjugés, il affectait de se per- mettre publiquement tout ce qui n'est pas mal en soi. Pris par des pi- rates, il fut vendu comme esclave et refusa de se faire racheter; 486.

2. Diogène de Babylone, philosophe stoïcien du ii' s. av. J.-C. Il avait étudié à Athènes sous Chrysippe et Zenon de Tarse.

Diogène Laërce était né, pense-t-on, à Laërte, en Gilicie (d'où son nom de laërce) et aurait vécu au in« s. ap. J.-C. Il écrivit en grec. Les vies des plus illustres philosophes de Vanliquilé. [CL Croiset, Ilist. dr la Litlér. grecque, t. V, 818-820), 408, 470, 472.

i)ye3er=:Gezer, Gaz-ri. Voir Gezer.

Diphile, poète comique grec du iv* s. av. J.-C,, un des principaux repré- sentants de la comédie nouvelle, ainsi que Ptiilémon et Ménandre, ses contemporains (Voir ces mots), 452.

« Dispersion », terme employé pour désigner l'ensemble des Juifs disper- sés en divers lieux de l'Empire grec ou romain (en dehors delà Palestine). dans le Livre d'Hénoch, 505. dans les Psaumes de Salonion, 515. Littérature de la dispersion, 476 s.

Divorce (Voir Mariage). Contrat de d. (pe dyn. babylon.), 66.

Dodone, ville de lÉpire. Son temple de Zeus un des plus anciens de la Grèce et son oracle étaient cé- lèbres, 50 n. 1.

Doigt mystérieux traçant figures[1) (Pré- sages), 51.

Donation de champs au dieu Marduk, sous les Cassites, 209 s., au temple de Dûr-Bêl-kharran-bêl- utsur, 293.

Dons faits aux dieux sous la I" dyn. de Babylone, 75. Autres, 209.

554

INDEX-LEXIQUE

Dor ou Dora, ville de Canaan, au dessus du golfe de Caïfa, 3G-1. (Voir 1. 1, 255.)

Dol dans le Code de Hammurabi, 62. Inventaire d'une dot à Sippar, au temps de la I" dynasl. de Babylone, 02, n. 1.

Drapeau. Voir Eniblèjues.

Droit. Ecoles de D., 54; Tublelles-code, à l'usage des « étudiants en D. » 55 avec n, 2 et 3.

Dwat^Xc pays que le soleil parcourt la nuit. On peut assez bien définir ce terme en l'appelant le She'ol égyptien ; mais sa conception doit avoir varié comme les conceptions de l'au-delà. fCf. t. in : hiéex religieuses) 18, 120, n. 5, 336.

Dugya-melû, n. pr. de personne, à l'époque cassite, 207.

Dug-ru, temple en l'honneur du dieu Ningirsu de Lagash, 10. (Entem. et Urukag, passiiii.)

Dul-azag, nom de la montagne de l'Est ou se fixent les destins (Ziji.mern, Babrjl. Ilymn. und Geh in Ausu^ahl, 14, s.) Un Dul-azag fut construit dans YUpshu ukinna ou sanctuaire des des- lins, lequel se trouvait dans VÉ-kur. (Jastrow, Relig., t. I, 337 et East India House, II, 54, s.) 42.

Dumuzi. (Voir Tamtnuz.)

Duinuzi-abzu, dieu (non pas déesse) probalileraent distinct de Dumuzi, ^Deimel, Panthéon, 104-lOG), 10.

Dumuzu. Voir Dûzu.

Duniuia, un des principicules de Ca- naan, à l'époque d'El-Amarna soupçonné d'avoir passé aux sa-gaz, 175.

Dun-x, nom propre d'un dieu sluuné- rien non idenfié, 8.

Dupliash, Tupliash, fleuve d'Élam (le Duwerig'i) Le pays arrosé par ce neuve s'appelait aussi Dj tupliash, nommé également Ash-nunnak, 107.

Duplicata de documents cunéiformes, jjassini, par ex., 84, n. 1 et 3, 95 ; de de textes égyptiens, par ex. 145 n. 2.

Dûr-Dél-kharran-bêl-utsur, u ville d'As- syrie sur le fleuve Tartar; c'est pro- bablement le moderne Tell-Abta, 294.

Dûr-labugani, 111.

Dûr-kurigalzu =::Aghevgui, dans le rayon de Bagdad (Cf. Scueil et Gau- TiER, Annal. Tukulti Ninip 11, 37 ), 293.

Dûr-Lagaba, 111.

Dûr-zakar, fort de Nippur, consacré à la déesse Niukharsag ( = Nin-makb\ 111.

Dûr-utsi-ana-Urra, 111.

Dûzu, Du'uzu, nom du 4^ mois baby- lonien, 532. E-a était le dieu de la ville d'Éridu, située dans la plaine basse de la Chaldée, et dieu de Vab-zu (mot shumérien qui signifie maison de science, ou maison de profondeur (profonde) : hit mnieqi en babylo- nien).

Et Vab-zu paraît avoir été (Noter l'observTilion de Deimel, Pantlt., 2Ô2 b. à cette opinion de Jensen) cette sorte de ceinture d'eau douœ qui encercle la terre, mais qui s'étend aussi au dessous et qui jaillit dans les sources.

Dans les exorcismes, le patient était aspergé par le prêtre avec de l'eau de Vabzu d'Eridu, conservée dans des bénitiers ou réservoirs, aux temples. (Eridu était la ville qui pa- raissait faire le trait d'union entre les eaux douces de terre amenées par le Tigre et l'Euphrale et celles du ruban ceignant la terre). Éa, le dieu û'Eridu, « roi de la sagesse », « qui crée l'intelligence » (cf. 102, 211, 238^ 240, 296], jouait un grand rôle dans les incantations et dans les fonctions sacerdotales. (Cependant le dieu soleil, Shamasb, demeura le dieu de la divination). Voir .'\nu.

Une tradition fit de l'.,a le créateur de riiumanité,cf.«2 s.; 85; 212; 244. Verbe d'E, 4(12.

INDEX-LEXIQUE

555

Le même dieu fut, sous des noms divers, patron des artistes ou artisans de diverses catég-ories, 208, 387.

^a dans le Mythe cFAdapa, 210 s., Ea et Atarkhasis, 34.

Êa-bani. Voir En-ki-dû.

Ê... anna, 402.

É-aniia, nom du grand temple de la déesse Nanâ a Erek, Cf. 10, 307 s. ; 312.

Ea.nna.tum, fils d'Akurgal, patesi de Lagash, au cours du 3* millénaire av. J.-C, 6.

Eau u de vie» (Descente d'hiitar aux enfers, 1. 34.), 245.

Eaux (Présages tirés des) chez les Ba- byloniens, 279.

Ehana, père d'Aahmès (voir ce mot), 3l9 avec n. 1.

E-habhar, nom du temple du soleil à Sippar, et aussi à Larsa, 10, 110.

É-harra ou É-habhara autres noms de VE-babbar, temple du dieu Shamash, à Sippar, 252; 255 c hâti » par Nabu- chodonosor en 45 ans, rebâti par Nabonide, 394-395.

Ehirillu, un des dieux arabes, du temps d'Asaraddon, 306.

£-ka bi-dug-ga, sorte de chapelle pro- baljlement, 390.

Ekishtura, roi d'Edi'li, du temps d'As- hurbanipal. 309, Annal. Cyl. C, I, 36.

Ê-hi-[qala] nom d'un temple mal connu, du temps d'Urukagina, 10.

É'kîdurinim, temple de Ninêanna à Ba- bylone, 30;i

Èkishshirgal i= Egishshirgal.

Ecclésiastique, livre de la Bible appelé pi»r les Pères grecs La Sagesse de .Jésus, /ils de Sirach, ou La Sagesse de Sirach. Suivant une opinion fon- dée, ce livre poétique, qui «e ratta- che au genre gnoinique, (écrit en hé- breu vers 180 av. J.-C), aurait été traduit en grec vers 130 av. J.-C,

- 488. (Cf. 512).

Eclipse. Présages tirés des é., à l'épo- que de la P^ dyn. de Babylone, 107 s.

Eclipse, en astrologie babylonienne : présage de malheurs, 272 suiv., 283.

Ecoles ; à Sippar, 54, n. 4 et ailleurs

(Cf. 82, n. 3). Voir 94-95. É. juive

d'Alexandrie, 477. E-kur, temple du grand dieu Enlil

(niBêl), à Nippur, au pays de Shu-

mer, 41; 262; 392; 403.

Un è-kur dans la « ville » de Dûr-

Bêl-kharran-bêl-utsur, 294.

Ë-kur-shuni-ushahshi, nom d'un prêtre de Sippar, 253.

Edi'ali, Ed ïli:= làaVion, ville de Chy- pre, 309.

Edom, 309. Une tribu d'É. en Egypte, sous la XIX« dyn., 325.

Edoranchus, var. du nom du roi préhistorique, d'après la tradition babylon., 400.

Edoreschus, var. d' Edoranchus.

É-engur-ra, temple du pays de Lagash en l'honneur de la déesse Nina. (En- lemena, passini ; Urukagina, Tabl. Vers. I, 6 s.), 10.

Ègalanna, 402.

Ê-ga-nun-makh, lieu sacré sans doute, que nous ne connaissons que par CT XV, PI. 13, 1. 16; supra, 42.

Egypte, isolée par la Méditerranée et les déserts arabique et lybique, favo- risée d'un climat chaud et d'un sol d'une fertilité exceptionnelle, pério- diquement renouvelée par les inon- dations du Nil. Il suffisait à l'homme d'un léger effort pour réaliser un sé- rieux progrès de bien-être.

Dès 4.000* av. J.-C, un royaume est constitué en Egypte, régulièrement et solidement ; la langue est depuis longtemps formée. Le peuple est déjà très avancé dans la connaissance des arts. L'Egypte ne pouvait que rayon- ner dans tout l'Orient (Voir 1. 1, 257), 315, offensive économique, diploma- tique, politique après l'expulsion des Hyksôs, 315, n. 1, 382, Histoire d'Eg.

556

INDEX-LEXIQUE

de Manéthon d'après des sources

sacrées, 483. Egyptien. La langue é., 115 s., dialectes

ég., 115 II. 1. Les Égyptiens dans

les Oracles, 268, n. 1. Egishshirgal, temple de Sin à Ur, 393. E-kharsag-il, temple de Ninkarrak, à

Babylone, 393.

E-khi-li-an-na, chapelle consacrée à la déesse Nanâ, dans le temple È-an-na d'Erek, 307, 388.

E-khi-li-azag-ga z=v:-Nin de V E-khi-li- an-na d'Erek, 388.

E'khulkhul, temple de Sin (Lune) à

Kharran, 395 (Nabonide.) Ekiqala, 10.

E-idib-an-azagga, nom de la ziggurat du temple de Shamash à Sippar, 394.

El, dieu nommé dans l'inscription de Panamu au dieu Hadad, 430, s.

Elam (107) situé à l'Est de la Mésopota- mie. Dès le 4" millénaire, deux races (Sémites et Anzanites)sont en rivalité en ce pays. Après avoir subi l'in- fluence d'Ur et de Babylone, lÉ. re- prend le dessus. Dès le 3*= millénaire, on constate l'influence de sa céra- mique en Canaan.

Littérature divinatoire des Elamiles de Suse, 280.

Au xii« s., Shutruk-Nakhkhunte, roi d'Anzan et de Suse, mit à sac Sip- par, y enleva les stèles de Narâm-sin, le Code de Ilammurabi, et tous les kudurrus de l'époque cassite. (Voir t. I), 222 et 257, 382.

El-Amarna, à 300 km. au S. du Caire; capitale créée par le pharaon Ameno- phis IV (XV1II« dyn.). On y a décou- vert une correspondance très impor- tante entre Amenophis III et Ame- nophis IV et des princes ou roitelets de Canaan, des rois khittites, baby- loniens et autres. (Voir 1. 1,257-258\ 171, s. 346, 529.

El-Kab. Voir Nekheb.

Eldad {El-dâd : Dieu aime), Israélite désigné pour faire partie des 70 An-

ciens qui devaient aider Moïse dans le gouvernement du peuple. Quand l'homme de Dieu fit ranger ces An- ciens autour du Tabernacle, pour recevoir l'esprit de Dieu, Eldad était absent ; cependant il put prophétiser (Cf. et A'wm. XI, 24-29). Livrcd' El- dad et de Modad, 511.

Eléazar au III* Mac. 480; dans la Let- tre du Pseudo-Aristle, 487.

Eléazar (Lettre apocryphe du Grand prêtre) sur le sens allégorique, 490.

Electrum, alliage de trois parties d'or et d'une partie d'argent, 129.

Elégie, à l'époque hellénistique (peu de sentiments, beaucoup d'érudition, Jo- lis détails); racontait agréablement des aventures amoureuses, rassem- blait des souvenirs mythologiques ou historiques, expliquait de vieilles coutumes ou traditions, célébrait les rois, ou bien encore prêtait son con- cours à la religion ofTîcielle, 467, n. 3.

Eléphantine, île du Haut-Nil. Vers 4.000 av. J.-C, dépôt de commerce de l'Egypte avec le Soudan. Vers 407 av. J.-C, il y avait une colonie juive assez importante (Voir t. I, 268), 328. (Voir Jeb.) Papyrus d'E. 422 s. 424 note. Temple de Yahô à E. 423, s. Les papyrus d'E, 423 s. Les mandragores d'E., 328.

Ellipi, pays au N.-O. de l'Élam. Dans un oracle à Asaraddon, 269, 528.

Elu [=: Messie), dans le Livre d'IIénoch, 502.

È-mahh, 392.

Emblèmes des dieux précédant les ar- mées. 157.

Empédocle d'Agrigenle iSicile), au v* s., s'appliqua à ramener la vie de Vu- nivers à un ordre immanent qui ren- dit compte de ses variations et de sa régularité tout à la fois. Il crut en trouver le principe dans un mouve- ment giratoire dont il définissait lac- tion à l'aide de combinaisons difTércn»

INDEX-LEXIQUE

557

tes des quatre éléments : eau, terre, air, feu, sous l'influence de la haine et de iamitié, 447. Émuibal. Élam occidental ou pays si- tué à l'est du Tigre, 115. En-a-kal-li, patesi de Urama, 6. E-nainkhe, temple du dieu Rammân, au quartier de Kumari, à Babylone, 393. En-annatum. Deux rois de Lagash (entre 3000* et 2800*), ont porté ce nom. Ils ont régné, l'un immédiate- ment avant, et l'autre immédiatement après Entemena (le roi dont il nous reste le grand et beau vase d'argent), 7. E'/iinnû, temple célèbre érigé à Nin^ girsu, dieu de Lagash, 12 s., 18, 20. En-ki {=: seigneur de la terre), nom sbu- mérien du dieu La. Voir Ea, 8, 25, n. 1. s. Enkidu, hérosmylhique babylonien per- Dans sonnifiant la force brutale, 233 s. les Fragments Scheil et Meissner de l'Épopée de Gilgamesb, ce mot est écrit en-ki-du; dans des recen- sions postérieures : en-ki-dû (dû- kak) qui peut alors se lire ca-bani (nom propre attesté par plusieurs textes de comptabilité, dès l'époque dUr, V. g. SAk n. 154; Keiser, Doc, Ur 238; 79. Etc. (Voir aussi Ed. Cihera, Lists, I. 59, n. 113), 95 s., 97 n. 2. Enfantement (L'herbe de 1'), 246. Enigpakalaniasumma, temple de Nabû, au quartier de Babylone appelé Kha- riri, 393. Enlil ou Ellil. Dès les premières épo- ques historiques (3" millénaire), En- lil Ggure comme dieu suprême de Nippur, de Lagash, et peut-être de tout le pays de Shumer, jusqu'au temps du roi Urukagina (2800*). 6, 8 s. ; 12 s. Alors Anu paraît prendre, peu à peu la première place et la triade se constitue : Anu, Enlil, Ea, 297, 387 (cf. Anu).

Sous la !'■'= dynastie de Babylone,

Marduk, le dieu de la capitale, prend sous le nom de Bel, la place d'En- lil, 105 s. Cf. 53. Enlil, Shamash, Marduk, 391. Psaumes et hymnes shumériens à E., 41-45, cf. 404. Influence religieuse et littéraire de so» temple à Nippur, avant Ilammurabi, 53. Verbe d'E., 402. Textes divers, 404-406. En-meduranki, vieux roi de Sippar, révélateur des rites divinatoires. (Voir Zimmern, Ritualtaf. n" 24), 400. Ennéadcs, en Egypte. Voir Cercle di- vin. 'Enosh (=: homme), nom du 3* patriar- che antédiluvien biblique, 400. En-shagme, litre du dieu Nabû (déjà connu comme dieu de Dilmun), 33. Voir St Langdon, Le poème sumé- rien, 209, n. 7. Entemena, roi de Lagash (3*^ millé- naire), célèbre pour cette magnifique œuvre d'art qu'est son beau vase d'ar- gent, p. 6 (Voir t. I, p. 13, n. 1). Énuma elish sont les deux premiers mots du grand Poème babylonien de la Création et lui servent de titre. 11 aurait été composé vers 2.000 av. J.-C, 81, 84. Enveloppes. Voir Tablettes. Epagomènes, mot par lequel les Grecs désignaient les 5 jours supplémen- taires du calendrier égyptien, 530. Êpatutila maison du sceptre de vie »)

temple d'Inurta, à Babylone, 390. Epicure; 472. (Cf. t. I, 259 : Epicu-

risme.) Epigramme, eut grand succès, à l'é- poque hellénistique, 467, n. 3. Épistolaire (Genre), babylonien, 112 s.,

assyrien, 310. Cf. Lettres. Éponymes, officiers royaux dont on at- tachait le nom à chaque année ils remplissaient leur office, à Ninive, avec indication de leur titre et men- tion des principaux événements de leur éponymat. Le roi était éponyme la première année qui suivait son

558

INDEX-LEXIQUE

avènement; puis le tiirlanu, le com- mandant du Palais, le grand échan- son et d'autres grands ofiîciers suc- cessivement. — Pour la Grèce, voir t. I, 259. Canon des Eponymes-, 217.

Epopée (le Gilganiesh, à l'époque de Hammurabi, 95, son but, 99, n. 1 ; à l'époque assyrienne, 232 (cf. 219). Epopées grecques : leurs caractères. 446. Erek (=:Uruk), ville de Shumer. (Voir t. I, 259). Héritages, 73. Son culte primitif était celui de la déesse vo- luptueuse Ishtar (cf. 97), 233 s.; 235, u. 2; 312. Fête akilu à E. 387. Ereshkigal princesse de la grande terre »), déesse parèdre de Nergal, dieu des enfers, 282. Mythe de Ner- gal et Ereshkigal, 213, 244. Eridu. A l'époque le golfe persique remontait bien plus haut qu'aujour- d'hui, la ville d'E. se trouvait entre les embouchures du Tigre et de l'Euphrate qui se jetaient séparément dans la mer. Elle se trouvait donc sur l'eau douce, eaux des deux fleu- ves se jetant dans Vabza ou ceinture d'eaux douces séparant la terre des eaux salées.

D'après une antique tradition, on pensait que les rites et les sacerdo- ces étaient venus d'Eridu. C'est que le dieu En-ki (= Ea) avait fondé le plus ancien sanctuaire du monde, ïÊ-abzu. Code Ham. R II, 1. Cf. 14, 51, n. 8. Erîsu, roi de Sillû (Soloi), ville de Chypre, à l'époque d'Ashurbanipal, 309. Ê-sakudkalama, temple de Shamash, à

Babylone, 393. Ê-sag-il, E-sag-gil (=: maison à la tète haute, ou « m. au faîte élevé », temple du dieu Marduk, à Babylone. Bâti par les Anunnaki, 91. Cf. 84, n. 2, 304, 307, 392, 396. Eschyle, 486. Dans chacune des situa- tions pathétiques que lui fournissait la légende, il apercevait une question

proposée à la conscience humaine, aussi chacune de ses tragédies con- tenait elle un problème d'ordre mo- l'al. 11 se plaisait à faire voir la vo- lonté humaine se frayant en quelque sorte une route douloureuse au mi- lieu des forces mystérieuses quê- taient pour lui (puisqu'il acceptait les vieilles croyances) la Jalou!>ie des dieux, la puissance inéluctable du destin, la transmission héréditaire des antiques malédictions, la responsabi' lité collective des générations. { Croi- SET.) Cf, t. I, 259. Esclaves dans le Code Shumérien, 47; d'après le Code de Hammurabi, 61, 63; partagés comme les biens mobiliers et immobiliers, 73. Cf. 67, n. 4; en Droit assyrien, 225; Chez les Hittites, 183, admis au service litur- gique, 114. En Egypte, 150. Esdras. Cf. t. I, 382 (Livre III) en grec,

481 ; 499. E-sharra (=: maison delà totalité), au- tre nom de Vv^-kur ou temple du dieu Enlil (Bel) à Nippur. Lorsque Ashur, dieu national des Assyriens, eut usurpé les prérogatives du dieu Bel, les prêtres de sa capitale appelè- rent son temple n-sharra (Cn.viG, Re- lig. Texls, I, PI. lxxxiii, 1. 6.) Et c'est Ashur lui-même qui l'avait édifié (Créât. V, 141-146.) Ce temple paraît représenter ou synthétiser à la fois le ciel et la terre, xôaiioî, dans le poème de la Création. (Résumé de la question dans P. Duorme, TR 57 in 144.)

L'L-sharra était, du moins à l'épo- que séleucide, un nom du sublime parakku de la tour à étages d'Anu Erek), dépendance du temple bit resh. (Tllrr Dangin, Rituels accad, p. 74. Eshmun, dieu de Sidon ; sa parèdre était Astarté, 440; dieu guérisseur que les anciens identifièrent à Escu- lape. Son temple a été dérouvert à Sidon (Saïda), en 1902, par M.^cui- DY bey.

INDEX-LEXIQUE

559

Eshmu?iazar, roideSidon; son inscrip- tion (époque pex'se), 439, 441.

Esséniens. Ils constituaient une sorte d'ordre religieux, « superfétation du Judaïsme en décadence », à l'époque de J.-G. (Stapfer). Parmi les khassi- dim, 4000 dédaignant la vie active, la politique militante et les discus- sions ardentes s'adonnèrent à la vie religieuse et contemplative ; on les appela khassaïm (forme sjTiaque de khassklim) d'où Eaaa'.oC = Esséniens, Ils vivaient, dans l'oasis d'Engaddi (bord oriental de la mer Morte), en de grandes maisons (véritables cou- vents), prali({uaient la mortification, le silence, le travail, de nombreuses purifications; 508, 523.

Eshnunak, Eshnunnak, Ashnunnak, nom ancien de Tupliash, pays situé au S.-E. de la Babylonie, au S. du fleuve Kerkha (Voir Streck, Assur- hanipal, t. I, p. CXIV n. 3), 398.

Esptnls causant les maux qui désolent l'humanité (chez les Assyro-Babylo- niens),281 s. (Voir Démons.), 282.

Etana, sorte de demi-dieu (son nom est précédé du signe de la divinité) héros d'un mythe dont nous possédons quelques fragments. Dans tabl. II du Poème de Gilgamesh (Col. IV, 1. 45), nous constatons qu'Etana est dans le royaume d'Ereshkigal, l'Hadès. Le mythe d'E. 35, 245.

Cycle d'Elana, 246.

Elanim, nom de mois phénicien, 443.

Etal, dans Platon, 455, n. 1.

E-temen-an-ki, 392.

Êtendug, 402.

Eiernilé. {(( demeure d' ») = le tombeau du pharaon, 115.

Elher, chez les Grecs, 461, n. 3.

Ethiopiens ceux dont parlent les Grecs, n'ont pas colonisé l'Egypte mais ont été colonisés par elle, à partir de la XII<= dyn. Pendant des siècles, ils ont été sujets des phara- rons. Avec Piônkhi, ils conquirent

l'Egypte (viii« s.) Voir t. I, 135. Ils furent battus par Asaraddon et Ash- urbanipal. Cambyse fit aussi une expédition dirigée contre eux. Les Ethiopiens dans les Oracles cunéifor- mes, 268 n. 1.

EùeSwpajroî, nom du 7"^ roipx'éhistorique, d'après la tradition babylonienne, 400.

Eûeôwpea/Oi;, var. du nom du 7*= roi pré- historique, d'après la tradition baby- lon. (=En-meduranki ■?), 400.

E-ulmash, temple d'Anunitum (Ishtar) à Akkad et à Sippar.

E-ul-mash-shakin-shum, nom propre de roi (dans les tablettes rituelles de Sippar) régna, à Babylone, de 1031-1015. p. 253.

Eiipolème, auteur juif alexandrin, 478.

Euripide, 486. Son œuvre poétique fut une de celles qui dut exciter le plus la pensée contemporaine. «(Croiset). L'influence de la philosophie (v*^ s., c'est le siècle de Socrate) avait pé- nétré jusqu'au fond de son âme et y avait créé une sorte de dualité entre le penseur et le poète : celui-ci ac- cepte les vieilles légendes et en tire parti avec tous les dons de son gé- nie (il en dégage tous les sentiments de piété ou de terreur dont elles étaient pleines); mais le penseur mêle au dialogue ses réflexions per- sonnelles, tantôt fines et moqueuses, tantôt graves et légèrement attris- tées.

Eusèbe (264-338) de Césarée en Pales- lestine ; évêque de cette ville; célè- bre surtout à cause de son Histoire ecclésiastique (il y cite des sources nombreuses ; plusieurs documents seraient, sans lui, totalement incon- nus). 317; 478.

Exode mosaïque, sous le Nouvel Em- pire égyptien, 317.

Exorcistes. (Voir Conjurateurs.)

Expiatoire (sacrifice) en Phénicie, 442.

Extase; ce qu'elle est d'après le juif Philon, 492.

5G0

INDEX-LEXIQUE

Ezéchias, roi de Juda (vin* s.) contem- porain de Sargon et de Sennachérib, rois d'Assyrie, des pharaons Boc- choris {Bulcunrinif) et Sabacon, et du prophète Isaïe. (Voir t. I, p. 261), 302.

Ezf'chiel, prophète écrivain juif déporté en Babylonie, 382; 489 ; 496. (Cf. t. I, 261.)

Ezéchiel (tragédie), ouvrage d'un juif alexandrin. 479.

Ê-zi-da. (= maison stable), temple bâti à Babylone, par Hammurabi, pour le dieu national Marduk. 307; 392.

Famille dans le Code de Hammurabi, 61.

Fatjùm, région ou oasis d'une extraor- dinaire fertilité, au S.-O. du Caire, sur le grand plateau du désert lihy- qiie.

Fayumique, un des 5 principaux dia- lectes de l'ancien égyptien, 115, n. 1.

Femmes, dans le Code shumérien, 47, s; dans le C. de Hammurabi, 61, s. 65, n. 7, 70. Dans le code hittite, 188, s: dans le Droit assyrien, 221, s., 225.

Fermage (bail de culture) 71, cf. 68. Voir Location.

Feu (Présages tirés du') chez les Baby- loniens, 277. Voir 279.

Fiançailles, contrats humérien, 48 ; dans le Code hittite, 188, dans le Code as- syrien, 220.

(' Fils d'un homme » en égyptien : fils de bonne condition, 150, n. 6.

Firmament et les prédictions de l'ave- nir, aux temps shuméro-akkadiens, 49.

Fleuve. Epreuve du fl. à Babylone, 61. Présages tirés des fleuves, chez les Babyloniens, 279.

Foie et divination chez les Babyloniens, 5 s., 52 s. F. chez les Grecs, 52 n, 1 et 2.

Fiinf'Lres (Chants) babyloniens, 28,n.l, égyptiens, 156.

Funéraire. Textes f. de Suse, au vm* s. av. J.-C, 313 s. Institutions f. en Egypte, 143, 156.

Gabaon, ville située au N.-N.-O. de Jérusalem, 299. (Voir t. I, 262.)

Gaga, messager {suklîal) du dieu An- shar, dans le Poème enuma elish, 88.

Gage (le)dans le Code assyrien, 223 suiv.

Gatumdug, déesse (( mère de Lagash », « dame qui a fondé Lagash ». A l'ori- gine elle était distincte de Bau, bien que, plus tard, elle ait pu être con- fondue avec elle, 10, 11, 15.

Gaza, une des principales villes et port de commerce des Philistins. (Voir t. I, p. 263), 303.

Gaz-rt = Gezer. Voir ce mot.

Geb (voir Nwt) passim, 152, 327 s.

Gémeaux, dans les observations astro- logiques assyro-babylon., 271.

Genèse [Petite] ou Livre des Jubiles, 522.

Gezer (Voir t. I, 264), 174, n. 3.

Geshlin-nam (un des noms de Geshtin- an-na) déesse de la végétation et spé- cialement du vin ; honorée à Érek surtout; sœur du dieu Tamuz. (Voir Dkimel, Panthéon, 87), 208.

GiBESHSHAn, mesure de longueur et de surface, dans le Code hittite, 189.

Gi-ka-na, lieu de culte en l'honneur de la déesse Nina (Entem. T. d'alb., vers 2, 5 s., etc.), des dieu Ningirsu (Entem. P. de seuil A et B, 4), de la déesse Nin-makh, 10. Cf. Paffrath, Gotterlehre, 143, n. 2.

Gligamesh graphies de son nom, 95, n. 1, cf. 100, n. 1, héros mythique de la Basse-Mésopotamie, personniûant la bravoure intelligente et résolue, a acquis un rang presque divin, 239.

Voir Epopée de Gilgamesh, 95 s. (Cf. 33-34). 232 s.

Présages de G., 51 ; mur d'Uruk « ouvrage ancien de G. », 95, n. 2.

Gilia, messager de Tushratta, roi du Milanni, 181.

INDEX-LEXIQUE

561

Gimil-Sin, roi de la II« dynastie d'Ur, 21. (Voir l. I, 17, 216 et 220.)

Gimirréens = Cimmériens = Gimirrai, Scythes sédentaires, d'origine aryen- ne Cf. 310. (Voir t. L, 65 : Gimir- rai.) Les Cimmériens dans les Ora- cles, 268, n. 3.

Ginar-ba-ni-ru, sorte de dépôt ou de silos du dieu Ningirsu, sur le terri- toire de Lagash, 11.

Gira, Girra, Irra, Ira, dieu de la famille du dieu Nergal; personnifica- tion du dieu de la peste. Bien des détails demeurent encore obscurs au sujet de ce dieu.

Girgasha ou Qeleqesh (en égypt. : y'-r'- qy-ksh' les Egypt. écrivaient r pour l), alliés des Hittites dans leur grande campagne contre l'Egypte, 322. (Cf. Breasted, Ane. liée. t. III, 136, n. c.)

Girsu, nom d'un quartier delà ville de Lagash, en Basse-Mésopotamie, 9, 11, etc., 18.

Gishzida, dieu qui se lient, avec Dumuzi, à la porte du palais du grand dieu Anu. (Mythe d'Adapa), 211.

Gnomique [Lillérature) en Egypte sous le Moyen-Emp. (Instruction du pha- raon Ahhtoï), au Nouvel Empire, 355 s.

Goliath, 140.

Grecque (Littérature), 445.

Grecs. Leur mission après Alexandre le Grand, 467. Le grec des Juifs d'Alexandrie, 477, 488.

Grêle miraculeuse, causant défaite des ennemis, 299.

Gublu,= Gubla Gebal, c'est-à-dire By- hlos, 309. Dès le 4^ millénaire, cette ville phénicienne a des rapports com- merciaux avec l'Égvpte. Voir t. I, 266.

Gudéa, roi (patesi) de la II«^ dynastie de Lagash (2450*) Ils.

Gù-edin = frontière de la plaine. L'edin, edinu, était une plaine très fertile, 7n. 1.

Gula, déesse de l'enfantement et de la médecine; prolectrice des bornes des champs, 402.

Gu-ni-du, père d'Ur-Nina roi de La- gash, 8.

Gûr, dont il est question dans II Reg. IX, 25, devait se trouver, d'après le contexte, à l'entrée des montagnes, entre Jezrahel et Megiddo, 176.

Gur. Voir Gurra.

Gurra ( = Gur?, localité près de Ible- am), 176.

Gur-sar, grand-père d'Ur-Ninâ l*"'' roi connu de Lagash (3000*), 8.

Gur, mesure de capacité babylonienne, équivalant à 69 qa. Le qa équivalait, du moins aux époques anciennes, à 0. 81 centil. environ.

Gushkin-azag -banda, délté citée à côté de Pap-sukkal.

Gushêa. Voir Agushaya.

Gù-silim, 208. Voir ka-di.

Guti, Gutî, Gutium, Qutî, nom d'un pays de populations nomades situé au N. et au N.-E. de l'Assyrie (Streck, Assurban. t. 111, 784-785), 107, 397, 398.

Gygès, fondateur de la dynastie des Mermnades de Lydie. Epoque du roi d'Assyrie Ashurbanipal (vii« s.), 309 s. Voir t. I, 267.

Hache. Double hache ou hache bipenne, (Voir t. I, 267), arme ou emblème divin du dieu générateur sans doute. Elle paraît bien mentionnée dans la recension hammurabienne de l'Epo- pée de Gilgamesh (Voir, 96 1. 31) : kha-ats-tsi-nu-um-ma sha-ni bu-nu- shu.

Iladad, dieu hittite de l'orage. (Voir Adad). Inscription de II. 430.

Iladès (Platon), 452.

Hagada, 521.

Ilairân, nom propre palmyrénien, 438.

Ilalaka, b21.

Ilammôn (Khammôn), nom d'une loca- lité phénicienne (cf. Jos. XIX, 28;

36

562

INDEX-LEXIQUE

on cite aussi 'Aîn-IIâmul dans le voi- sinage d' Urntyi-el-Axvâinid , au S. de Tyr), 444.

Hammurabi (Khammurabi), grand roi de la I'*^ dynastie de Babylone, célè- bre par son Code de Lois (vers 2050 av. J.-C ), 532. Voir t. 1,267.

P^riocie hammura])! on ne, 53 s. Tra- vaux exécutés à Sippar et à Larsa, 109 s.

Hapi [Aplsj, dieu égyptien considéré à Letopolis, comme un des fils d'IIorus (Cf. Pyr.i§ 2078-2081). Il était symbo- lisé par le bœuf Apis (Hapi) en qui était censée résidei l'àme du dieu Ptah. Quand le bœuf sacré mourait l'àme passait dans un autre, et Hapi revivait, 100.

Ilai-clhath, roi des Nabatéens, 430.

Ilariu-Horu les chemins d'IIorus ») = la marche orientale du Delta, 142, n. 1.

Harpiste (Chant du) égyptien, 150.

IFannakhis ou Ilerinakhis des Grecs (= Her-in-khù-ti = (( Horus des deux horizons » : l'horizon de l'Orient et l'horizon de l'Occident), c'est-à-dire Ilorus à son lever et à son coucher. Souvent, il fusionne avec R'a, et alors on dit R'a-IIarmakiiis (Wiedeman, Religion, 28-29), 343.

Ilaruà-nabi-dun-doshir, déesse égyp- tienne (?), 137.

Ilalhor [hl-Hr r= demeure d'IIorus), déesse de l'amour et de la joie qui synthétisait toute la bonté féminine. Toutes les autres déesses étaient considérées comme des formes ou des attributs d'Hathor. Son temple principal était à Denderah (Une autre déesse portant le même nom avait une toute autre origine. On l'appelle (juelqucfois la dame de FHadès, Elle remplace, parfois, Nût et donne l'eau au mort.)

H. est généralement représentée comme une femme avec les oreilles, les cornes, la tête d'une vache. (WiEDLMANN, RcUgioTi, 143), 328.

Hatnuh, carrière de pierres du côté d'El-Amarna (Egypte), 529.

Ilauran, montagne volcanique au sud de Damas, 301 (Voir t. I, 267, 202.)

1. Ilazaèl (Khazaèl), roi de Damas, tenta de dominer en Syrie et en Palestine. Il fut battu (843) par Salmanazar II, roi d'Assyrie, 301.

2. Ilazaèl (Khazail), roi des Arabes, battu par Asaraddon, roi d'Assyrie (681-008).

HécaLée d'Abdère ou de Théos, histo- rien grec de la fin du iv'= s. av. J.-C, disciple de Pyrrhon le sceptique. Il paraît avoir vécu à la cour de Ptolé- mée, fils de Lagus; 484.

Uécatée (pseudo-), auteur juif alexan- drin (il cite des vers de Sophocle sur Abraham, etc.), 479, 480.

Hélène, reine CCAdiahène, 430.

Héliopolis (voir On), ville du Delta, au N.-E. du Caire, 124, n. 3, 135, 328. La littérature religieuse de l'Egypte doit son origine principalement aux prêtres d'il. Voir t. I, p. 208. Le Livre des niorls représente surtout la doctrine des prêtres de cette ville, 124, 337 s.

Hellénisaiion, 470 s. Cf. Hellénisme, t. I. 208.

Hellénisme. Cf. t. I, 208.

Ilénoch, fils de Jared et père de Ma- thusalem. Livre d'IIénoch, 499 suiv. Les Secrels d'il., 498.

Ilépatoscopie. Examen du foie des ani- maux pour en tirer des présages. Cette « science » était très déve- loppée en Babylonie, 51.

lier. Voir Ilorus.

Hcracléopolis, a 200 km. environ au S. du Caire; lieu du culte de Ilershi'f, dieu à tête de bélier, 344, n. 5.

Heraclite d'Ephèse (v» s.), 447, 486. Cf. t. I, 209.

Her-didif, fils du pharaon Chéops, 101.

lîerhor, nom d'un prêtre égyptien d'A- nion-R'a, 364.

INDEX-LEXIQUE

563

Herkhuf, 126.

Iler-khuli, Horus des deux horizons (du Levant et du Couchant), 343.

Héritages, dans les contrais de la I" dynast. de Babylone, 72.

Her in-kliû-li. Voir Hartnakhis.

Herinonthis, ville 15 km. au S.-O. de Thèbes) dite aussi Erment. Etymol : per-Monl=z maison, ou temple thi dieu Mont, d'où les Grecs firent Hermon- this. Mont était un dieu de la guerre, à tète de faucon, 323.

Her-wr Horus le héros ») dont les Grecs ont fait Aroèr, une forme du dieu égyptien Horus particulière- ment honorée à Létopolis (environs de Memphis.) Sa mère était Ilalhor. (Wejdemann, JM. 27-28.)

Hésiode, poète grec de Béolie (vii« s. av. J.-C, auteur de Les Travaux et les Jours. Il donne des détails inté- ressants sur les travaux des champs, et des conseils qui ne conviennent, en somme, qu'à de bien petits pro- priétaires ou plutôt à de pauvres gens.

Quelle part H. fait-il h la Mytholo- gie et à la philosophie pratique"} Dans la mythologie (mythes de Pro- méthée, de Pandore et des âges suc- cessifs de l'humanité) il trouve l'ex- plication de la nécessité du travail imposé à l'homme. Il admet qu'il exista un âge d'or (qui ne reviendra pas) durant lequel la dure loi du tra- vail ne s'imposait pas; maintenant, pcnse-t-il, tout va de mal en pis. Cependant dans l'application prati- que aux choses de la vie, il croit fermement que la justice est la loi de l'humanité et que Zeus accorde en général la prospérité aux bons et des châtiments aux méchants, 486,

Hethaei. Voir Haïti.

Héfhéens. Voir Haïti.

Hyksôs en V'gypte (Voir t. L, 270), 128, 483. Pour Vétymologie, voir Gunn et Gardineb, in Journ. of. egypt. Ar- chéologie, t. V(1918), 38. Une bonne

note aussi (plus abordable pour plu- sieurs) dans Mallon. Les Hébr en Ég., 186.

Source historique de leur expulsion d'Egypte, 318. Après l'expulsion de H., 315.

Hiérakonpolis, ville de la Haute Egypte, 345, n. 5 (Voir Nekhen).

Hiérndvles,k Sippar, 73; cf. 77 s.; phé- niciens, 443; en Droit assyrien, 222, 228.

Hiéroglyphes ég., 115; h. hittites, 182.

Hymnes égyptiens au Soleil, 118, 346 à Osiris, 151 ; au Nil, 153; à Amon, 349-354.

Hymnes babyloniens et Assyriens, 36 s., 106 s.; 218; 257 s.; 401 s.; h. shumériens : mode de composi- tion, 403 suiv. //. au Verbe, 405; h. grecs (stoïciens), 470; h. ])harisiens, 511 s.

Hyrcan (Cf. t. I, 270), 514.

Histoire (Cf. Historiographie) à l'épo- que de la V^ dynast. de Babylone, 109, s. Le genre historique en Assyro- Babylonic, 286 s.

L'Histoire en Egypte, 124, 317.

Histoire synchr'onologique (1600-800), de la Bibliothèque d'Ashurbanipal, 217.

Historiographie, aux temps shuméro- akkadiens, 5.

Hittites (cf. Hatti), 315, 386; cf. 321, apogée de leur puissance, source de leur littérature, tablettes cunéifor- mes h, écrites soit en hittite, soit en sémitique, babylonien, la langue h., 181 s., hiéroglyphes h. et Code h., 182s. Traité entre Khaltusil et Ram- sès II, 200.

Hn-khon = La Haute Egypte, 148, n. 1.

Holocauste phénicien, 442.

Homère. On ne sait rien de certain sur sa vie; on doute même de son exis- tence : il ne serait que le représen- tant mythique des homérides de Chios (famille ou groupe de familles de Chios, qui prétendaient descendi^e

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INDEX-LEXIQUE

d'Homère el qui conservaient le dé- pôt de ses poèmes). On lui a attribué une foule d'ouvrages en vers. On ne regarde plus comme homériques que les deux célèbres épopées, l'Iliade et l'Odyssée, 452.

Homme. Les hommes sont pétris dans le sang divin (tradition d'Eridu, 51, n. 8; Poème babylon. Enuma elish, 93.) Voir 90.

Destruction des h. par les dieux, d'après les légendes égyptiennes, 320. « Homme au rouleau » en Egypte, 132, n.

Ilor. Voir Horus.

Ilorus, Ilor, ou lier (Voir Soleil). Un des principaux dieux de l'Égyple, fils d'Osiris et d'Isis, 119, 333, 412 s. (Voir Osiris.)

Khabban, n. pr. de personne babylon, 256.

Khahiru, bandes de pillards, dans le voisinage de Jérusalem, à l'époque d'El-Amarna (xiv^ s.). Ils résistent volontiers (comme les sa-gaz et les Sutu) à l'influence des étrangers. (Voir t. I, 95-9G), 175, n. 2.

Khâfriy a (transcription Maspero), mieux Khafre (=Ghefren, Khefren) pharaon de la IV" dynastie, 131.

Khalupu=zA\ep, au nord de Hama et à l'est d'Antioche de Syrie. Fait partie de la confédération khitlite et « sy- rienne ï contre Ramsès II (XlX^dyn.), 321.

Khamate, nom de pays non identifié, temps de Tukulti-Inurta II, 293.

Khamwêse, scribe égyptien, copiste de la « Prophétie » de Nefer-rohu, 145- 148.

Khani, dieu des scribes {Shurpu, II, 175); le « seigneur du sceau n (Reis- NEn, Ilymn. 50, 8), mari de Nisaba, 46, n. 4.

Khanima-ilim-ish, scribe du code hit- tite, 188, n. 4.

Kharam-Belhel, nom d'une divinité re- connue par les Judéo-Araméens d'É- léphantine au vi« s., 423.

Kharda, ville (au pays d'Urartu?), 313.

Kharkharcens, gens de la province de Kharkhar, en Médie, châtiée rude- ment par Sargon (716) à la suite d'un soulèvement. Dans un oracle à Asaraddon, 269, 1. 10.

Kharia, pays situé sur la rive gauche du Tigre, entre les deux Zab (Cf. FoRREu, Provinzeinleilung, 39), 289.

Khariri, quartier de Babylonc (temps de Nabuchodonosoi), 393.

Kh'-riv = \3i Syrie. 373.

Kharunuvash, n. propre de personne hittite, 199, n. 5.

Khasis-alra, 401, n. 9.

KhassidiDi : « les pieux, les dévots », 476. (Cf. t. I, 276).

Khatra, ville hittite, 193.

Haïti, Kheta (dans les textes égyptiens) Hittites ou Iléthéens de la Bible, population dont le royaume s'étendit entre l'Euphrate, le Taurus, Hamath (et même un peu plus bas en pays cananéen) et dans les pays situés à l'intérieur de la boucle du fleuve Ilalys (Voir t. I, 270), 170, 172, 179. I.enr littérature, 181, s. Code hittite, 182, s. Langue, 182. Traité de paix avec Ramsès 11,200, s.

Khatti, capitale des Hittites (aujour- d'hui Boghaz-keui), 189.

Khallusil, roi hittite qui traita avec Ramsès II (cf. t. 1., 277), 182, s. Texte babylonien du traité, 200, s.

Khatlushash, (Voir Boghaz-keui).

Kkazitu, Khaziti = Gaza.

Khazail, roi des Arabes, sous Asarad- don roi d'Assyrie, 305.

.ff/iemenw^Hermopolis, à 290km.au S. du Caire.

Khemuva, ville hittite, 193.

Khensu = Khenès = Héracléopolis, h 130 km. environ au sud du Caire. (Son nom primitif était Khenen-se- ten), 344 n. 5.

Khensu ou Khonsu, 3* membre de la triade divine de Thèbes, flls d'Amon

INDEX-LEXIQUE

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et de Mut; dieu lunaire (cependant on le confondit quelquefois avec tel dieu solaire; il fut même identifié avec Thot, par ex. à Edfu), 122.

liheperi, Khepri celui qui est deve- nant ») = le Soleil levant déifié; un papyrus de Turin dit: Je suis Kheperi le matin, R'a à midi, Twm le soir », 334. Mais cette distinction ne fut pas toujours observée et, quelquefois, Kheperi désigne le Soleil en général. L'idéogramme (scarabée) qui sert de déterminatif à ce dieu signifie deve- nir, 332, 414 s.

Kher-'Ah'a, ville sur l'emplacement de laquelle peu près) s'élève au- jourd'hui le vieux Caire, 343.

Khittiyni, Voir Ilalli.

Khittites. Nous écrivons tantôt Khit- tites, tantôt Hittites (Héthéens).

Khnub (dans les Papyrus d'ÉIéphan- line):=A7tnum, dieu égyptien. (Voir ce mot.)

Khnuni, Khnef (pour les Grecs -.Khnu- mis ou Khnef; dans les Papyr. d'Élé- phanline : Khnub), particulièrement honoré aux environs de la 1'^'= cata- racte du Nil comme dieu potier, mo- deleur de l'humanité (le l^"" hiéro- glyphe qui entre dans la graphie de son nom est un vase qui a quelque ressemblance avec Vaenochoé grec.) Son animal sacré était le bélier, 423.

Khoronaym; 420. (Jer XVIII, 5) Vulg. : Oronaïni. Cette ville n'est pas encore identifiée ; on a pensé qu'elle se trou- vait au S. de l'Arnon (Moab). Voir le résumé de L. Leidet in Diction, Bible, t. IV, col. 1895-1897.

Khoronen, localité de Moab, 420.

Khwfwi {Khufu, Chéops) pharaon de la IV'dynast., 130 suiv.

Rhulihnuri, Khukhunuri, Khukhunri, nom d'un pays (situé du côté de l'E- lam, sinon en Llam même), ravagé par le roi Bûr-Sin (Il<= dyn. d'Ur, 2400*-2300*),la T*" année de son règne, et qui est souvent mentionné dans

les textes de comptabilité de cette époque.

Khumbaba, roi mythique d'Élam qui personnifiait, probablement, la puis- sance élaraite(?).

Dans l'épopée du héros national mésopotamien, Gilgamesh, se trouve chantée, avec la défaite de Khumba- ba, la revanche des peuplades du Bas Euphrate sur celles de l'Élam (?)234. (On trouve aussi les graphies Khu- ba-ba et Khu-iva-iva.)

Khunaten ou Khunaton, nom pris par Amenophis IV (pharaon de la XVIII« dyn. ; 1383-1365) lorsqu'il eut opéré sa réforme religieuse en faveur du culte du disque solaire [aten), 152, 316 (Voir Aten.) Hymne triomphal au soleil, 346.

laa (/", ACa), canton très fertile de Canaan dans la région de Kedem, d'après Bueasted, Ane. Rec, t. V,103 écrit comme si c'était un nom de plante, dans le Conte de Sinuhe, 139.

Jabdibol (Yabdibol), nom propre palmy- rénien, 438.

Yahals, ville de Moab, entre Mâdebâ et Dibân. 419 avec n. 12.

Yahô. une des formes abrégées du nom de Yahweh dans les Papyrus d'Eté- phantine (vi^ s.), 423. Temple de Ya- hô à Éléphantine, 423.

Yahweh, prononciation traditionnelle du nom du Dieu d'Israèl, bien que les voyelles affectées aux consonnes nin» soient celles de 'Adonay (et voi- là pourquoi les LXX traduisent par Kûpio; qui est le sens de 'Adonay et non pas celui de Yahweh.) Ce nom est cité par d'anciens auteurs (S. Epiph., Clém. Alex., Théodoret, Ori- gène, etc.) sous les formes laêe, laous, laouai, laou, law, la, \a.-r\, Ata.

Celte manière d'éluder la pronon- ciation du nom divin fut probable- ment introduite par les Hébreux lorsque, sous l'influence d'un mouve- ment complexe d'idées et de senti- ments, ils furent arrivés à une con-

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INDEX-LEXIQUE

ception très levée de la tvanscen- dance divine. Nous pouvons dire que, pour le même motif, le texte hébreu disait : « Mort ù quicoiujue blasphème le nom de Yaliweh! « les LXX ont écrit : ùvojiiÇ(i)v ovo]j.a K'jpfou OatvïTw ôxJa-ro'jjGfo (Lev. xxiv, IG.) On n'avait plus le droit de pro- noncer, simplement, le nom divin.

Yahweh signifie celui qui e&L, ou celui qui fait être, suivant que l'on voit on ce mot la forme verbale simple ou la forme causalive.

Le mot était connu bien avant Moïse; il entrait comme élément constitutif dans les noms propres de personne. Au Sinaï, les benê Israël sur le point de devenir un peuple, auront reçu ce nom, avec l'explica- tion divine, comme celui de leur Dieu national. Passini, 419, 423.

lakinlû (on a aussi les formes Ikhi-lû. Ikkalû (roi d'Arwad, au temps d'As- hurbanipal,309. Doit-onlerapprocher des noms propres bibliques Vr'

r^;"", etc.?

lamu (Voir Aamu) = Ca/iaan? Descrip- tion de ce pays, 1G6.

7a/j/io, ville de la plaine de Saron, 440.

Yata' roi d'Arabie, 306.

Yadnana (non pas Yat-na-na, Yatnan, puisqu'on lit, 'WDOG, XVI, 69, 1. 10 : Yadanana, sur une inscription d'A- saraddon), nom de l'île de Chypre. {Yadnana =z Ioniens? ou Yarr'N : ile + Danéens1),2Q3.

Yb, Ybu, Ibu (= Jeb = Eléphantine). Le mot égyptien ybu veut dire élé- phants. A l'origine on donnait ce nom [pays des) éléphants à la région d'Eléphantine probablement parce que les Égyptiens y virent pour la première fois les éléphants africains; 424, n. 2.

Ib, nom shumérien (écrit aussi ib-ba) du dieu de Dilbat, dieu de l'agricul- ture et de la guerre, 208.

Ibi-Sin, dernier roi de la 2''' dynastie

d'Ur, mort captif en Élam. Voir I. I,

p. 23. Jaffa. Voir Jnpu. Yam [lani), région habitée par des

nègres (VI* dyn. égj-pt.), 127. Japu [Ipu) en égyptien = ''2' et n^d', /a-

pu (El-Amarna, Japu ou Jappu en assyr. 'loîtzT,, 130, 859 s. Yata, fils de Kha/.ail roi d'.\rabie ^lemps d'Asaraddon, roi d'Assyrie.) Voir A'/ia- zail, 306.

Jaùdu, nom du pays de Juda dans les

Annales assyriennes, 309. Ikausu, roi d'Accaron (Eqron), à l'é-

pocfue d'Ashurbanipal. (Annal. Cyl.

C I, 30), 309. Ikerw ou Akerw [i écrit par le panon-

cule de roseau), dieux de l'horizon.

(MORET.)

Idéogrammes. Les i. sont des signes qui expriment les idées et non pas les sons des mots. Ainsi, pour nous, les chiffres arabes 1, 2, 3, 4 ou ro- mains I, II, III, IV, etc., représen- tent des idées, identiques chez fous les peuples qui les emploient, bien que les sons par lesquels ils les ex- priment soient difTérents. A l'ori- gine, on exprimait les idées par les images qui les représentaient; par ex. ; pour exprimer étoile, on dessi- nait une étoile. Peu à peu, l'écriture devint plus cursive, plus simple.

Ididi, Ididé (nâr id-id-e), fleuve d'Élam. (Sur l'identification de ce fleuve, voir Max. Streck, Ashurhanipal, t, n, 48 n. 1), 289.

Idlal, nom d'une source, dans Vins- cription d'Eshmunazar, 440.

Jeb (= Eléphantine) 422. (Vraie trans- cription du mot égyptien, 424, n, 2.) Entrepôt commercial commode, 422. Au VI'' s. av. J.-C il y a une colo- nie militaire de Judéo-Araméens, de Babyloniens et de Perses, 423. (Voir Yb et Eléphantine.)

Yedonya, nom d'un Judéo-Aramécn d'Eléphantine (vi* s. av. J.-C), 424.

INDEX-LEXIQUE

507

Yeharin, nom d'au mur de la ville de Qorkholi (au pays de Moab), 419.

Yehokhanan, nom d'un Grand prêtre de Jérusalem (v"^^ s. av. J.-C), 426.

Jéhu, x'oi d'Israèl, 301.

Jérémie, un des grands prophètes écri- vains hébreux, contemporain de la chute de Ninive sous les coups des Mèdes (607). Pénétré des grandes idées d'Isaïe et fort de son exemple, et ti'ès attentif aux événements qui se déroulaient, depuis les frontières de l'Egypte jusqu'au bord de l'Eu- phrate, il s'appliqua à dissiper la vaine insouciance dans laquelle s'obs- tinait le peuple de Juda. Incompris, rarillé, pesécuté, le cœur broyé sous le coup des effroyables catastrophes qui anéantissaient sa chère patrie, il donna libre cours à ses larmes, mais sa vaillance ne faiblit point Jusqu'au bout, en Egypte même on l'avait entraîné malgré lui, il demeura le fidèle ambassadeur de son Dieu, Yah- weh, 216, 382, 489, 496.

Jérusalem (Voir t, 1), 391, 436; 505 (la nouvelle J. dans le Livre d'Iléiioch, 505.)

Jésus, fils de Sirach, de Jérusalem; auteur de la Biljle appelé Ecclésias- tique, 428.

Iffiffi, mot par lequel les Assyro-Baby- loniens désignaient : 1'^ quelquefois toute la catégorie des dieux du ciel (par opposition à Anuniiaki=:\a ca- tégorie des dieux de la terre) et 2" quelquefois les esprits célestes [Anun- naki désignait alors les esprits de la terre et du monde infernal), 35, 88, 293 7 Irjiffi, 174, n. 2. Nahû, prince des I., 293.

Ikhnafon, Khunalen (voir ce mot) ou Khunalon ou Khnaton=zAmenophis IV.

Yankhainu, fonctionnaire représentant de l'Egypte au pays de Canaan, à l'époque d'El-Amarua, 173.

1-holep (en Egypte), 528.

llbaha 11, 208. Voir Zamamn.

m, nom propre d'un prêtre du lieu ap- pelé Ainni-esh, et patesi d'Uinma, 7.

Ilion (Voir t. I, 328 : Troie), 324.

Ilushuma, père d'Irishum roi d'Assyrie, 290.

Inia'm, localité de Nubie, 528.

Imenti, IinntJ. Voir Amenli.

Imgig, nom shumérien de l'oiseau di- vin de la noire tempête. (En sémi- tique on appelait cet oiseau Zû.) A Lagash, il était représenté sous la forme d'une aigle à tête de lion ; c'était le blason de la ville, 16.

Imgur-Enlil, nom de la muraille avan- cée de Babylone, 391.

Im-holep, grand vizir, chef des archi- tectes et sage fameux (règne de Djo- ser, III« dyn. (Cf. Breasted, Develop- ment of Religion, 182.)

Inini. y o'w Ameni.

Imts, femme du pharaon Pépi I*^'" (VI« dyn.) commit quelque infidélité (d'or- dre intime ou politique? 1) qui donna lieu à une instruction judiciaire menée très discrètement par un sage intendant, Uni.

In, divinité égyptienne, archaïque, 343.

Incantations. (Chez les Babylonikns), formules (jui, à condition qu'elles fussent prononcées de la manière Gxée, et par le prêtre, avaient la vertu de conjurer l'esprit (ou les esprits) mauvais et, par suite, la ma- ladie par lui causée au possédé. A l'époque assyrienne, 280 suiv.

Chez les Egyptiens, les inc. sont nécessaires pour ensorceler les êtres hostiles du Dwat, 118, 337.

Indilimma. Sceau hittite (?) dit « d'Indi- limma », conservé à l'Ashmolean Muséum, cf. Contenau, Glyptique, 125, n. 2.

Infidélité dans le mariage, suivant le Droit assyrien, 225 suiv.

Innina, 10 avec N. 6.

Inpw (ou Anpu) non primitif du dieu égyptien que les Grecs ont appelé Anuhis, 376.

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INDEX-LEXIQUE

« Instiniction » chez les Hilliles, 183.

Inslrurnenls. Yoir Outils. I. de musique sacrée en Pabylonie, 37 s.

InlérC'l (Prêt à), dans le Code de flam- murabi, 58 s. ; dans les contrats ham- murabiens, 68.

Intl'S, localité égyptienne non identi- fiée, 343.

Inu (Bible,' On; gr. IIéliopolis)aiU N.-E. du Caire, 124, 135, 313, 350.

In-arta, une des lectures du nom du dieu NiN-iB. (On peut se demander, cependant, si ia=: urta dans le nom divin NiN (ou in)-ia, n'est pas une équivalence purement ou principale- ment scolasliquc. On pourra se rap- peler que le dieu Ih (dont les attri- buts sont les mêmes que ceux d'/n- tiria, se lisait réellement ib puisque on a les graphies ir-ba. In-urta était un dieu de la guerre, fils d'Enlil (Bel, et aussi dieu de l'agriculture), 208, 241, 283, 289.

Prière à In-urta, 202. Reconstruc- tion d'un temple à I., par Nabopo- lassar, 390.

Job babylonien. A l'époque assyrienne, 247 (le Juste sou/jTranl), il s'appelle Tabi-utu-Bél, 251.

Y'ûdi, royaume aux environs de Ha- malh (Syrie), 421, 430 s,; 432 s,

Joèl, prophète écrivain juif dont on sait peu de chose. Les deux ou trois pages que nous avons de lui sont éci'ites en un style très élevé, 382, 497.

Jonas, fils d "Amittai, naquit à Gath- Khêphér, dans la tribu de Zabulon. Il annonça l'extension du royaume d'Israèl. II ner/. XIV, 25 l'appelle prophète [nâbi/'), 497.

Le livre de Jonas serait postérieur à la ruine de Ninive (GOO) qui a cessé d'exister, et daterait de l'exil qui prit fin en 538, ou même lui serait pos- térieur. Ce livre serait une parabole ayant pour but d'enseigner que Yah- v,éh appelle tous les hommes, môme

les payens, à faire partie du Royaume messianique. (Cf. Vigouroux-Bras- sAc, t. II, no» 599-605)

Ionienne (Ecole), la plus ancienne école philosophique (vii<= s. av. J.-C.) contemporaine de la chute de Ninive. Mais ce n'est encore que le Moyen- âge hellénique. La belle carrière d'intelligence, de lumière et de beauté de la Grèce classique ne date que du V^ s. (Platon et Arislote appartiennent au iv^ s.), 216.

Joppé. Voir Japu.

Joseph, fils du Patriarche Jacob, 361.

Josué, successeur de Moïse à la tète du peuple hébreu, 455.

Jour de dieuz={èle religieuse, 212, n. 1.

Ipsambul, ville de Nubie; monuments grandioses {spéos ou temples ca- vernes, ornés de colosses du pharaon etc.) érigés par Ftanisès II, 322.

Ipt ou Ipt ist, quartier deThèbes, d'E- gypte, 350.

Ipw-wer, 149, n. 2.

Iqert, en Egypt. =: l'autre monde, do- maine du dieu Iqer, 343.

Iqisha-aplu, nom d'un médecin en- voyé par le roi à Kudurru (d'Erek?) qui a été guéri, 312.

Iraq, Iraq arabi, une des provinces de la Turquie, dont la ville principale est Bagdad, 288.

Irashshi-ilu, signataire d'une vingtaine (référ. dans Thompson. Reports, t. II p. 134) de Rapports astrologiques (époque assyrienne), 273.

Irdj't [Irthet), pays de noirs mentionné dans les textes égyptiens, 528.

Yry [Iri), père de llerkhuf, 127.

Iriba-Tufilê, roi des Umman-Manda, détruit Ninive, 396.

Irishum, roi d'Assvrie, (vers 2000 av. J.-C).

Irnina 103, 234 Irnini, Innina), un des noms shumériens de la déesse Ishtar, cf. Tu. Dangin. Lettres et Contrats, p. 01.

INDEX-LEXIQUE

bm

Irrigation (Voir t. I, 272) chez les Hit- tites, 185-186; en Assyrie, 223 et 230.

haïe, grand prophète écrivain hébreu du VIII* s. av. J.-C. Il passa sa vie à Jérusalem, au centre de la vie reli- gieuse et politique et fut très mêlé aux affaires publiques de son temps. Aucun autre prophète n'a touché à tant de sujets, ni embrassé un aussi vaste horizon.

Son livre est un des plus beaux documents des littératures religieu- ses de l'antiquité. Il est écrit en ma- gnifiques sliques poétiques divisés en strophes, 215, 275, 311, 352, 489.

Ishkhara, déesse prise à témoin dans le traité de paix hittite entre Khattu- shil et Ramsès II, 203.

Ishkuzai (Voir Ashkuzai.)

Jshme-karab { = <■< celui qui exauce la prière ».) Nom d'un dieu du pays d'Élam sans doute. ) Temti-agun, suk- kal de Suse, lui bâtit" un temple de briques ».) Sheil, Mémoir. t. VI, 23, 1. 5. Dieu bienveillant des enfers, 314.

Jshnikarab [pour Ishmikarab ou Ishnie- karab.) Voir Ishme-karab.

Ishtar 101-105, 208, 289. I. d'Agadé, l'étoile du matin qui conduit les ar- mées célestes, déesse de la guerre (Cf. ScHEiL in RA XIV (1917), 163), 300. Sur Ishtar d'Erek, voir Nanâ (Cf. 180), 235, n. 2, 283. Asaraddon quali- fie Nanâ « la plus suave des déesses » et Ishtar d'Erek « la vaillante entre les dieux. » Cf. Thuueau-Danoin in HA XI (1914) 96, et Lettres et Con- trats, 61 suiv.) Voir t. III, Idées reli- gieuses.

Prière à Ishtar, 264. (Voir Astar- lé.) Descente d'Ishlar aux enfers. 234, 243 s.

Is hta r-i-shur ( ^zlshtar-icashshur'i), correspondant de Amankhashir (Let- tres de Ta'annak), 177.

Jshtar-washshur, prince de Ta'annak (époque d'El-Amarna).Ses lettres (en babylonien), 176 s.*

Ishum est un dieu du feu. Il est sou- vent appelé nagiru, c'est-à-dire : surveillant, préfet, gardien (sans doute parce qu'il défend le malade contre les démons IV R, 15 R, 46- 49) et encore : ra-bi-si si-i-ri sha ilâni ( = sans doute quelque chose comme haut commissaire de dieux. L. c), 208.

Isin (Dynastie d') peu après la chute dUr. (Cf. t. I, 272), 34, 404, 406.

Isis, épouse fidèle du dieu-roi Osiris. Femme prudente et forte. Cf. 331. Son amour réussit à ramener Osiris à la vie 410 s. Voir Nom,

Isqa luna=: Ascalon .

Itaïbêl. Voir Aithi-Bél.

Israèl, 418 s.

Itebwi, nom des deux bandes de terre à froment qui bordaient le Nil à droite et à gauche, 136.

Itû-andar, roi de Pappa (Paphos), en Chypre (temps d'Ashurbanipal), 309. Annal. Cyl. C. L, 39.

Jubilés (Livre des) 499, 521, 522.

Judith (Libératrice de Béthulie) ne nous est connue que par le livre qui porte son nom. Aucun autre écrivain sacré, ni Philon, ni Josèphe ne la mentionnent; mais plusieurs écrits hébraïques postérieurs, du genre niidrash, relatent ses exploits. Cf. F, P«AT in Dict, Bible III, 1822-1833.

Jugement, les j. d'après le code de Ham- murabi, 57, j. d'après les notes d'au- dience (sous la I''* dynast. de Bn- bylone), 11. J. du mort devant Osiris (338 suiv.) assisté de 42 jurés pris chacun dans une ville d'Egypte, 338. D'après Platon, 448.

Juifs, 382; ouvrages de Juifs alexan- drins sur les J., 478 suiv. Les J. d'A- lexandrie, 476 s. Pourquoi les Grecs n'ont pas parlé de l'Histoire des J.(!), 479.

Jupiter. Chez les Romains, J. était la principale divinité, souverain du ciel

570

INDEX-LEXIQUE

et du monde. De très bonne heure, on l'identifia avec Je Zeus des Grecs. (Cf. 50, n. 1), 470. I.a planète J. spécialement observée par les astro- logues babyloniens, 271.

Juste souffrant, 24, cf. 30 Verso II. Cf. 497 (Après la Captivité). Voir Job babylonien. Un j. égyptien de la dyn., 127.

Justice chez les Hittites, adoucie à l'é- poque du Code, 188; exercice de la J. chez les Assyriens, 220. J. d'a- près Epicure, 475.

Izcluhar, une des lectures du nom de Gilgamesh.

K voir C.

Kh voir lettre II.

La-az ou La-ats (voir Laz) un des noms de la déesse parèdre du dieu des en- fers Nergal. Son nom le plus usuel est Eresh-ki-gal; on l'appelait aussi Al-la-tum .

Labaia, un des principaux ennemis de l'Egypte, en Canaan, à l'époque d'El- Amarna, 174.

Labartu, démon féminin, présentée quelquefois comme fille d'Anu ou comme fille d'Enlil; elle parait quel- quefois résumer toutes les personna- lités féminines du monde des dé- mons.

Textes Labartu, 261, n. 4.

Lagamal (divinité du « non épargner », ou mieux encore du « non crain- dre », <( l'intrépide » (cf. I R, 39, 73, et Salinan. Statue II, 6, 7) nom sé- mitique, dont les Élamites firent La- ijamar, de la déesse reine de la ville de Kisurri (au N.-E. de Lagash), fille d'Ea, et une des formes d'Ishtar. (D'après V. Scheil, Mémoires, Text. élam.-anzan. t. I, 49), 314.

Lnfjarnar. Voir Lagamal.

Lagash {Tello), petite ville shumé- rienne (existant dès 3500*) située sur !e cours de l'Euphrate, non loin du S^olfe Persique; centre d'une princi- pauté régulièrement constituée et

très prospère, dès les origines de l'hisloire 0 siiiv. Elle fut soumise par Ur, puis par l'Elam. Voir t. I, 288 Nombreuses tablettes sliumé- riennes trouvées à L., 5, n. 1.

Lagides, 460 (Cf. t. I, 278.;

Lakhmu; Lahhamu. Dans le Poème enuma elish, ils figurent comme le couple divin qui sort le premier du couple primitif Apsu (ahzu) et Tia- mat, et qui donne naissance aux au- tres dieux. D'après le texte de CT XXIV, I, 15, Lahhamu est le complé- ment féminin, la parèdre de Lakh- mu.

Lamassu. Les /. d'Assyro-Babylonie sont toujours des génies protecteurs

. ou dieux d'ordre secondaire, minis- tres des grands dieux, députés pour proléger les mortels contre les mau- vais démons qui causent toutes les maladies et tous les autres maux. On appelait aussi l. les colosses qui, aux portes des palais des l'ois assy- riens, représentaient ces génies pro- tecteurs.

Lamentatiouii babyloniennes ;ou Psau- mes de Pénitence) sur des adversités et des malheurs divers. Les unes [Lamentations pour la timbale) ont un caractère plus général ; les autres [L. pour rapaiscment du cœur) sont plus personnelles, 37. 257. L. d'Isis et de Nephlgs, 410.

Lancharae ou Laranchae ville, d'A- mempsiïios et d'Opartès; c'est La- rak, mentionnée dans le Poème de la Création et ailleurs (cf. CT XV PI. 25 11. 20 et 23^ à côté dTsin.

Larak (Voir Lancharae.)

Laranchae. Voir Lancharae.

Larnax Lapithu, localité de Chypre, 413.

Larsa, ville de Sliumer. A lit fin de la suprémalie d'Ur, deux dynasties pa- raissent à peu près simullanément, l'une à Isin, l'autre à Lars.i; colie-ci éclipse sa rivale avec le roi Gungu-

INDEX-LEXIQUE

1

num. Elle aurait été renversée par Muti-abal, roi de Kazallu (entre Ma- rad et Ulmasli) et c'est sur celui-ci que Kudur-Mabug, roi d'Elam, se se- rait emparé de Larsa. Voir Th. -Dan- gin, RA IX (1912), 121-124.

Laz ou La.-a.ts (Voir La-az), parèdre du dieu Nergal [la, als : on ne sort pas), 208.

Lellu. Voir Lillu.

Léonidas de Tai'ente, 467, n. 3.

Lesbos. Société élégante de L., vers la fin du vii^ s. av. J.-C, 446.

Lettres, de la /""«^ dynast. de Babylone, 112 s.; de l'époque assyrienne, 310.

Lettres d'Epicure, 472.

Leucippe, philosophe grec du v^ s. dont le nom se trouve toujours uni à celui de son ami Démocrite (qui fut peut-être son disciple). On ignore s'il exista quelque différence entre leurs doctiùnes.

Lévirat, chez les Hittites, 198-199; dans le Code assyrien, 222.

Lia, fille de Laban qui était Araméen; sœur de Rachel {Gen. XXIX), 328.

Liban : dès les plus hautes époques on y venait aussi bien d'Egypte que de Babylonie chercher du bois de cons- truction, 301; 322; 367; 352, n. 2.

Libations sacrées, en Assyro-Babylonie (temps séleucides), 385; en Phénicie, 442.

Lyciens (région occidentale de l'Asie Mineure) entrent dans la confédéra- tion hittito-« syrienne » contre Ram- sès II. 322 s.; 324.

Lydie, province d'Asie Mineure sur la mer Egée, capitale : Sardes. Son premier roi fut Gygès (fin du vii<^ s.). Elle succomba avec Crésus, A^ suc- cesseur de Gygès, en 545. (Voir t. I, 281), 309.

Lidîr (Ledron, Mcool), ville de Chypre, 309. Annales Ashurban. Cyl. C I, 44.

LU, nom divin attesté par les noms propres archaïques, par ex. : Urlil

(Référ. dans IIubeu, Personennam. 64, et passim). Paraît être Lillu [Li- el-lu CT XV, PL I, Col. ii et PI. suiv.) Serait In-urta (Br. 6700.) Lil-luni = En-lil d'après Jastuow, Relig. I, 490- 491. 208.

Lillu, Lellu (Cf. Lil), 45.

Lilia, 90 1. 6-7.

Linus, poète grec (dont l'existence est contestée). Comme Orphée, il aurait réuni les caractères du chantre, du prêtre et du prophète. On se deman- de si son nom n'a pas été confondu avec celui du chant funèbre, le linus, dont il est question dans Homère et Eschyle, 452.

Lysimaque écrivit contre les Juifs, 483.

Litanies d'Osiris, 343; 1. babylon. 402.

Littérature assyro-babylonienne : but et caractères généraux, 2, s.

Littérature de l'Egypte est surtout re- ligieuse, 116-117.

Liturgies égyptiennes, dès l'époque des Pyramides, 118.

Livre des Jubilés, 499; 521 ; 522, s.

Livre de savoir comment /î'a comnien' ça à exister et de renverser Apepi, 414.

Livre des respirations, 408.

Livre de magnifier l'esprit d'Osiris, AlO.

« Livre de traverser l'éternité)), destiné à assurer aux âmes le moyen de participer à la vie d'ici-bas, même après la mort [temps gréco-rojnains), 410.

Livre des morts. (Voir Morts.)

Livres de Tliot 133, n. 4. (Voir Thot). Les livres ou sections délivres copiés par ce dieu, pensait-on, avaient un pouvoir spécial favorable au mort, si l'on en pourvoyait son cercueil, 116.

Location (même de villages) chez les Hittites, 186.

Logos d'après Philon le juif, 493, s.

Lois. Voir Codes. Exposition de la Loi mosaïque par Philon, 491.

572

INDEX-LEXIQUE

Louage, d'après le Code de Ilammu- rabi, 63; dans les contrats delà même époque, 69, s. (Voir Location.)

Luyal-hamla, dieu d'Erek; ses attri- bulious ressemblent fort à celles d'In-urla. C'est le dieu spécial de Gilgamesh, dans l'Epopée de Gilga- mesh, 236.

Lugal-dir-lvgab, dieu dont on ne connaît le nom que par le texte cité, 111.

Lugal-girra, dieu appartenant à la fa- mille de Nergal,208; 387.

Lugal gish a tu gab-lish (lecture provi- soire), un des dieux invoqués dans la malédiction formulée sur un IcuJurru cassite de l'époque du roi Marduk- apaliddin (xii^ s.), 208. Scheil, T. élam. sém. m, 37, Col. vi, 3.

Paraît apparenté au dieu Nergal (cf. S/iurpu, 7, 14) ; Mamitum est sa parèdre (/. c.) et Bollenrucher, Gebete und Ilynin. an Nergal, n. 3, 8 (et 1. 10 âshir ê-gurra.) Pour la lec- ture a-tu-gab-lish, voir Charles-F. Jean, Shumer et Ahkad, 37 n, 9 et Errata. 208.

Lugal-marda, dieu consort deNin-sun, honoré à Eiek, 388.

LusraZ-//ia-H/"-/7", haut fonctionnaire d'Ur, 21.

Lugal-urn, nom d'un dieu shumérien mal connu. A certains jours de fête (textes dans Deimel, Panthéon, 167), on lui offrait des sacrifices. Urninâ fit une statue de ce dieu, 8, 10.

Lugal-zag-gi-zi. roi d'Erek qui saccagea Lagash. (Cette ville verra encore de beaux jours, particulièrement avec Gudéa,) 6; 11.

Liïtja=Arzaiva{-!) 191. Lesited'Arzawa est d'ailleurs encore inconnu. Cf. Knudtzon, El-Am, 1074.

LuU, roi de Sidon, sous Sennacherib roi d'Assyrie (viii" s.), 302.

Lullubi (ou LuUuhu), population vi- vant dans le Zagros. Naram-Sin et Dungi ravagèrent son territoire.

(cf Scheil, T. élam., sém, I, 53, s.) Un de ses rois, Anu-banini, grava son image et celle de sa déesse Ninni (=: Ishtar) sur les rochers. De Morgan, Mémoires, iv, 161.

Lumashi, séries de 7 étoiles, 174, n. 2.

Lumkha (D. Balag), dieu babylonien du tympanum et patron du prêtre kalù, 385 ; 387.

Lune (observations des phénomènes concernant la) en Assyro-Babylonie,. 270; éclipses de 1. (présages), 273, 283.

Lj/çsor, village moderne sur l'emplace- ment de Thèbes d'Egypte (Voir t. I, 280), 316, 322.

Ma-x, nom propre de montagne non identifiée, 8.

.Va-'ai)a= Moab., 309.

Macéda, localité de la Shéphéla, à l'ouest de Jérusalem (r= peut-être el- Mughar), 261.

Machabées, 436, 476; cf. t. I, 281.

Machabées (111« livre des), écrit en grec par un juif alexandrin, 479; analyse du livre, 479, s.

Madaba, Mahdaba=z Mâdebâ .

Madanu, déité de la famille de Marduk, 405, n. 6,

Mâdebâ, ville moabite qui appartint à la tribu de Huben, puis à Israël, de nouveau aux Moabites et, plus tard, aux Arabes nabatéens. Sous les Ma- chabées, c'était une forteresse im- portante dont Ilyrcan s'empara. Sous les Romains, elle fit partie de l'Ara- bie Pétrée,418; 435.

APa'a kherw. Cette expression peut se traduire et a été traduite par juste de voix (Maspero), véridique (Piehuet), triomphant (Devéria, Na- ville), réalisant la imix (Moret), ce- lui qui réalise en parlant, dont la voix fait être vraiment (paraphrase de

ViREY.)

Lorsque, suivant les conceptions égyptiennes, un être se trouve, par le fait soit de son origine, soit de ses

INDEX-LEXIQUE

573

mérites personnels, soit des procé- dés magiques, en un élat analogue à celui que nous appelons sainteté ou divinité, on dit de lui qu'il est oj'a'a hheriv, c'est-à-dire qu'il a à sa dis- position le verbe créateur qui donne toute puissance à n'importe quel mo- ment. Et tel est le privilège des dieux, du roi qui est un dieu vivant sur la terre, des hommes défunts qui se sont munis des rites pour at- teindre le « paradis », des hommes qui vivent en « état de grâce » : les prêtres célébrant Voffice, et les ma- (jiciens armés de formules. 131, 345, etc.

M'adjau (Déterminatif : homme-femme avec le signe du pluriel) dans un hymne égyptien. M'adja (?) n. propre d'une localité ou d'une popu- lation de Nubie, 298.

M'khr, pays de Noirs mentionné dans les textes égyptiens, 127.

Magan était, dès le début delà période proto-historique, un des centres de la civilisation shumérienne. La ques- tion de sonidentificationn'est pas ré- solue. (Voir T. 1,281), 20. 33.

Magasin du temple de Shamash (Baby- lonie), 113.

Magiciens, en Egypte, 131, s., 133, n. 4. le dieu Amon magicien, 352.

Magie. La m. et la divinisation du roi, en Egypte, 121 s. incantation magi- que en Egypte, 414. Mahdaba' ou Mhdb', 418 n. 2, 420.

Maharath, localité mentionnée sur la stèle de Mésa, roi de Moab, 419.

Mahu, scribe égyptien pour lequel Kha- movêse copia la « Prophétie » de Neferrohu, 156.

Main levée. Classe spéciale de prières dites « de la main levée », faisant partie des Incantations, 261, suiv.

Mâ'in Ba'al-Me'on, 418, n. 8.

Maison des livres = bibliothèque, en Egypte, 317.

« Maison de science » en Babylonie (texte d'époque séleucide), 384.

« Maison de ténèbres » = la tombe (Suse, vu» s.), 313.

Maisons, chez les Hittites, 185.

Maila, nom propre paimyrénien d'une tribu, 438.

Mal (Voir Péché.) Cette « terre de mi- sère » (Suse, vii« s.), 313.

a Mal de tête », titre d'un groupe de tablettes cunéiformes, 281.

Malakbêl= « l'ange (l'envoyé de Bel », divinité de Palmyre, 438, note. .

Malachie, prophète écrivain juif; il s'a- dressait à ses compatriotes revenus de l'exil depuis assez longtemps et devenus fort tièdes dans la pratique de leur Loi (mariages mixtes; divorce ou l'équivalent) parce qu'ils étaient déçus de ne pas voir se réaliser l'âge d'or messianique qu'ils avaient cru prochain, 382; 497.

Malade. Lettre privée d'un malade guéri, 311-312.

Maladies (Cf. Médecin), 3; les 60 ma- ladies (époque assgr.), 244. Maladie =: péché [assyr.), 20G : conjurât, con- tre maladie (a.ssî/r.), 281-282.

Malaléel, patriarche antédiluvien, père de Jared et grand-père d'Hénoch, 504.

Malchos = Cléodème. Voir ce mot.

Malku-lsiru ( = dieu Malik? fort peu connu d'ailleurs) sur un kudurru cas- site dans une liste de 54 divinités, 208.

Malédictions divines à la fin du traité entre Ramsès II et les Hittites, 203; sur kudurru cassite, 208-209; sur autres documents cunéif. 257; 294- 295; sur une inscript, phénicienne, 441.

Maléfices, 56 (Code de Hammurabi).

Mania, déesse de Kesh : une forme spéciale de Nintud déesse de l'en- fantement, assimilée plus tard à Ish- tar. 44 s. On écrit aussi Mami.

Mametum z=Mamilum, 208.

Mami. Voir Marna, 46, n. 6.

574

INDEX-LEXIQUE

Mainili, Mniniium, Mami)iUum parèdre

du dieu Nergal el du dieu Luga.l-(jish

a lu r/ahlish. (Voir ce dernier mot),

313. ' Manassé, roi de Juda. au vjj<^ s., 309,

n.3. Manda (guerriers M.) dans le Code hil-

lite, 193. Mandrar/oies (d'Eléphanlinc, et autres)

employées en pharmacie et en magie :

effets, 328, n. 1. Mane, n. pr. de personne (Lettre du

Milanni), 180.

Manétlion en 263 av. J.-C. en Egypte; préposé aux archives sacrées du temple d'IIéliopolis. C'est à Faide de ces archives qu'il écrivit son Histoire d'Egypte dont il ne nous reste que des fragments conservés par Josèphe, Eusèbe et le Syncelle. Diverses cho- ses contre les Juifs, 482-483.

Manishlusu (on lisait autrefois Manish- lu-irha; su =r erêhu, d'où irba), roi de hish [cf. 1. 1. 216) dont on pos- sède un important obélisque [Ménioir. Délég.), l. I 6-52, trad, Scheil; voir WZKM, XXI (1906), 11, s.

Mannéens, population d'un des étals de rUrarlu [Araral.) Les M. dans les Oracles, 268, n. 1.

Maqlû, sortes d'incantations, 284.

Marduk, dieu national de Babylone. Sous llammurabi, il absorba les atlri- J}uts du grand dieu Enlil, .53. Voir 82, s. ; 89; 92, s. Voir t. 111. Idées reli- gieuses. Sa grandeur, dès l'époque de Hammurabi (voir Enuma elish), 82 s., 105; roi des dieux, etc., 293 Textes divers : 108, 109, 110, 208, 209. 251, 252 s. Donation à M., 209 s. ; 293. Autres textes : 295, 297, 299, 304, 305, 313, 387, 391 s.; 395, 398, 399, 401, n. 7; 405, n.ii.—Akîtu de M., 388. M. roi du ciel et de la terre, 389.

Marduk-apal-iddin, nom de deux rois de Babylone des xii* et viii'= s. (Voir t. I, 282), 206.

Marduk-shuin-ulùn, n. pr. d'un kalû de

Sippar. Margani, nom de pays non identifié

(Annales de Ïukulti-Inurta II), 293.

Mariage : aux temps shuniéi-o-ahlca- diens (code 47; répudiation, etc. 48); dans le Code de Ilammuraln, 61, s; dans les contrats de la r<= dyn. ba- byl., 05 s.; chez les Hittites, 188 (cf. 191 s.); dans le code assyrien, 221 s. (Voir Contrats). Droit matri- monial dans les Papyrus d'Eléphan- tine, 423.

Mars (= Tsalbat Anu) planète, en litt. cunéif., particulièrement observée par les astrologues babyloniens, 271.

Mashu, nom d'une montagne d'Arabie, dans le Poème de Gilgamesh, 236.

Mastaba, 527, n. 1. (cf t. I, 41).

Matelot [Roman d'un) dans la littéra- ture égyptienne (époque ptoléraaï- que), 381.

Matérialisme dans les hautes classes égyptiennes (Moy. Emp.), 156.

Malhusala. Voir Methû-Shalakh.

Mat'lsub, localité située entre ïyr et Ptolémaïs, 444.

Maximes. (Voir Gnomique.) M. d' Epi- cure, 474.

Mê-kal-kal, n. pr. de canal) époque cas- site), 206 suiv.

Mekilta, 526.

Medaba. Voir Mâdebû.

Médecine. (Voir p. 217. Biblioth.

d'Asliurbanipal.)

Médecins (leurs honoraires), dans le Code de llammurabi, 63. (Voir Kudurru). (Textes médicaux, 3.) Dans le Code hittite, 183. Textes de méde- cine dans la Bibliotlièque d'Ashurba- nipal, 217 (cf. 218.) Amon médecin (Egypte), 352.

Mèdes, populatioud'originearyenne, qui partie des montagnes de l'Arménie, s'échelonna sur les frontières de l'As- syrie, de la Babylonie el de l'Élam. En 607, ils s'emparèrent de Ninive.

INDEX-LEXIOUE

575

(Voir t. I, 283), 268, 216, 382. Les M. dans les Oracles, 268, n. 1. M. détruits par Cyrus (Vision de Nabo- nide), 395.

Megalanos, var. de Mega.la.ros.

Megalaros, nom du 5" roi préhistorique, d'après la ti'aditiou babylon., 400.

Megidclo, nom d'une ville el d'une plaine à l'issue d'un des déQlés du mont Carmel par passait la route commerciale et aussi une des deux routes militaires des armées se ren- dant par exemple de l'Egypte vers le Nord de Canaan. Le roi de Juda, .losias, y fut battu par le pharaon Né- chao, en 610. (Voir 1. 1, 284), 176, 177.

Meijdeha (cf. Mâdehâ.)

Méleur d'onguents (Pharmacien?) dans le Code hittite, 192; 198, art. 175.

Meli-shikhu. Voir Melishipah.

Meli-shipak (autrefois on lisait Meli- shikhu ', Knu=: aussi pak); nom de deux rois Cassites (xii'^ s. av. J.-C); kudurru de cetls époque, 206 s.

Melqart = « roi de la cité », dieu de Tyr, identifié par les Grecs avec Hé- raclès; dieu solaire. Sou culte se ré- pandit en Chypre, en Egypte, à Car- tharge ; Jezabel l'introduisit en Israël, 206 s. ; 444.

Mehikhkha, un des centres les plus an- tiques de la civilisation shumérienne. Le problème de son identification n'est pas encore résolu. (Voir 1. 1.284), 20.

Meinhidj z=. lîiérapolis de Syrie, 438, n.

Memnonium Abydos) ou temple de Sethi I*''; ne fut achevé que par son successeur Ramsès II. Son plan dif- fère de celui des autres Temples d'Egypte; au lieu d'une chapelle, il devait y en avoir sepl, consacrées à Osiris, Isis, Horus, Ptah, Harakhte, Amon et à Sethi I" divinisé. Nom- breuses représentations murales, 322.

Mcmphis, ville d'Égvpte au sud du Caire. (Voir t. I, 284), 131, n. 6; 308; 354.

Ménandre, poète comique grec du iv' s. av. J.-C. ; le principal représentant de la comédie nouvelle; disciple de Théophraste et d'Épicure. Comme Dipliile, il fréquanta les lieux et les personnes de plaisir, 486.

Mn-khpr-R'a, nom des pharaons Thut- mès, 361 s.

Mntyw-Sdjt, tribus du désert oriental du Delta égyptien, 321.

Mercenaires grecs introduits dans les armées égyptiennes (Voir t. I, 285). 316.

Mercure (niulu lu-bad-gud-ud), une des planètes particulièrement observée par les astrologues babyloniens, 271.

Mer-en-Re, A" pharaon de la VP dyn., 117, 123, 529.

Mérikéré (lire dans notre texte : Méri- karé). Son père, le pharaon Akhtoï lui aurait adressé des Instructions, 164 suiv.

Merodach-haladan =: Marduh apla-id- din (Voir ce mot), 291.

Mésa (oi-s/i-'), roi de Moab, au ix« s. Voir t. 1,285), 252. Inscription (stèle) de M., 417, s.

Mesharu := le Droit déifié, rejeton de Shamash st d'Aya, 208.

Meshlamtaè, Meshlani-ta-è-a {= celui qui sort du Meshlam), un des noms du dieu Nergal dont le temple, à Kutha sa xille sainte s'appelait il/es/t- lam, 208, 387.

.¥esi7/ni, roi de Kisk (3000*), 6. Voir t. I, 216.

« Messianisme » en Assyro-Babylonie (voir Roi) ; lettre, 311. En Égypte(?) 144, n. 1, 151. Avènement des temps messianiques (dans la littéi-ature apo- calyptique juive), 496, 497 (cf. 499 s.),

dans le Livre d'IIénoch (recueil, écrit en sémitique qui circulait aux II»: et i" s. av. J.-C.), 505; dans le Testament des XII Patriarches, 510;

dans les Psaumes de Salomon, bl2. Cf. t. I, 285 : Messianisme.

576

INDEX-LEXIQUE

Messie. Roi messianique (mscr. de Pa- nammu) 133. M, souffrant babylo- nien (?), 251.

Melalli, 295 suiv.

Métaux cliez les Hittites, 187.

Methù-Shalakh, nom du 8'' patriarche antédiluvien biblique = Mafhusala, 401, n. 6.

Métiers, chez les Hittites, 183-184. Les gens de m. en Egypte (satire) 158.

Métrique, dans la poésie cunéiforme, 21, n. 4.

Mè-Turnu, ville sur le fleuve Turnad (Tornadotos : aujourd'hui, la Diyâla), 398.

Meubles (biens) chez les Hittites, 185.

Meurtre, dans le Code hittite, 189 (Cf. 195, art. 187 s.

Mhdh. Cf. Mâdebâ.

Michée, prophète hébreu du viii* s. qui exerça son activité sous Salmanazar IV. dans un obscur village, il sympathisa particulièrement avec le petit peuple dont il se fit le défen- seur. A la différence de son contem- porain Isaïe qui vivait à Jérusalem, près de la Cour, il négligea les alTaires publiques, ne s'occupant que des questions religieuses et morales. Il est probable que ce que nous avons de lui n'est guère qu'une anthologie de ses discours, 215.

Michel (Michaèl) dans Ilénoch, 504 n.

Midrash dans la Littérature juive, 490, 523, 525 s.

MilkaAstarté, nom d'une divinité fémi- nine phénicienne; (d'autres ont lu Molok-Astarté, ou reine Aslarté, ; ml- kastrt), 444 (cf. ERS 2, 488-491).

MiUciashapa, roi de Gebal (Byblos) sous Ashurbanipal, 309. Annales Cyl. C. I, 31.

Milk-ili, un des principicules de Ca- naan,à l'époque d'El-Amarna, 173, 175.

Mille et une nuits ; mode de composi- tion, 288, n. 3; 380.

Milukkkhi, 302.

Miniinuria, Minniuria pour Nihniuria.

Minsi = Manassé, roi de Juda, dans les Annales d'Ashurbanipal, 309.

Miroitement des eaux en orient, 12, n. (j; 155.

Misharrum, divinité documentée plu- sieurs fois sous cette forme (non Me-sa-ru],2Q8.

Mishna (rad. shnu : répéter) répéti- tion de la Loi, 524. Cf. t. I, 288.

Mntyw-Slt =: tribus du désert oriental de l'Egypte, 321.

Mysiens d'Asie Mineure entrent dans la confédération hittito- « syrienne » contre Hamsès II, 322.

Mitanni, pays comprenant le nord-est de la Syrie et la Haute Mésopotamie jusqu'à^ Ninive, 172, 179, 289. (Voir Tushratta.)

Milatli, roi de Zikirtu. Sargon d'Assy- rie fait une expédition contre lui, 296 s.

Mythes, d'Ea et Alar-khasis, 44; de Tiamat, 84. Dans la Bibliothèque d'Ashurbanipal, 219. (Voir Tables des Matières.)

Mithridate, 514 n. 1. Cf. t. I, 288.

Mitinti, roi d'Ascalon, sous Ashurl^a- nipal, 309. Annales, Cyl. C I, 29.

Milsrnïm {= Egypte), 315, n. 1.

Moab, pays situé à l'orient de la Mer Morte. Son « apogée » paraît remon- ter au IX* s. av. av. J.-C. Mésa est son roi le mieux connu, à cause de la célèbre inscription de sa stèle conservée au Louvre, 290, 309, n. 6.

Moabite (Littérature), 416, s.

Modad (hébr. : Meydàd; grec MwSiô). Il faut appliquer à cet israélite ce que nous avons dit à'Eldad. (Cf. Num. XI, 26-29.) Livre d'Eldad et de Modad, 511.

Modin (el Médyé) à l'E.-S.-E. de Lyd- da, patrie des Machabées, 436.

Mois (noms des) en Egypte, 530; en Assyro-Babylonie, 530, s.

INDEX-LEXIQUE

577

Moïse, 170, 417, n. 8; « maître des Juifs, des Phéniciens et des Grecs », 478; M. et l'anthropomorphisme de Dieu, d'après les Juifs d'Alexandrie, 491. (Voir t. I 288.) Assomption de M. (Livre de), 508. M. dans le Testament des XII Patriarches, 511.

Monde; son origine d'après Platon, 449. Le m. chez les Stoïciens.

{Zenon), 468.

Monobase, 436.

« Monstres » (Présages tirés des) en Babylonie, 279.

Monta, Mentu, Mont, dieu égyptien de la guerre, patron d'Hermonthis (■= Erment); coiftéd'une tête de fau- con surmontée du disque solaire et de deux plumes, 140, 324..

Morale (Littérature) des Egyptiens, Ancien Emp., 127 s. Au Moyen Emp., 160 s. Idées morales des Assyro-Rabyl. (époque assyrienne), cf. 84 s. M. des Égyptiens sous le Nouvel Empire, cf. 339, 343, suiv. 355 s. M. d'après les Epicuriens, 472- 475.

Morts. Livre des morts, 123; sous l'An- cien Empire égyptien, 123, s. Le L. des ni. représente surtout la doc- trine des prêtres d'IIéliopolis, 124. Questions intéressantes, non en- core résolues, 338, n. 1. Le Papyrus Ani de ce Livre remonte aux temps mosaïques, 338. L* des m. au Nou- vel Empire, 335, s., à l'époque gréco- romaine, 407. Dissection du mort, en Egypte, 123; crémation du mort, en Egypte, 123.

A Suse : textes funéraires du vii^ s., 313.

Moteur immobile, chez Aristote, 456.

Mouvement circulaire regai'dé comme le plus parfait, 461, n. 2.

Mr-n-Ii'a, pharaon de la VI* Dyn., 117, 123.

Msh\H7, n. 1.

Mummu, dieu sukkal (messager?) d'Ab- zu (Créai. I, 30 s.; 47 s.), person-

nification, peut-être, du tumulte des flots (P. Dhoume, TR, 8 in 30) mummu Tiamat = tumultueuse Tia- mat (Créât. I, 4), 85.

Munnabitlu, n. pr. de personne, à l'é- poque cassite, 206-208.

Muraille du prince (place forte ou peut-être série de places fortesj « construite à l'est du Delta pour repousser les Saaliu (Bédouins), 148.

Murshil ou Mursil II, roi hittite du xive s., 183.

Musée d'Alexandrie (avec une Biblio- thèque qui conlinl, dit-on, de 400.000 à 700.000 volumes; brûlée quand Cé- sar fit incendier la flotte alexandrine, elle fut remplacée par celle du Séra- peum Antoine apporta 200.000 vo- lumes de Pergame). Dans ses vastes dépendances enseignaient et vivaient en commun des savants, rappelant le genre de vie du collège sacerdotal d'Héliopolis que Ptolémée avait es- sayé de reconstituer à Alexandrie. Un prêtre nommé par l'État était « Recteur », 477.

Les efforts de l'esprit y furent considérables; les vraies intuitions, rares. Cette école eut surtout des rhéteurs, des grammairiens, des ar- chéologues, des mathématiciens, des géographes, des astronomes; peu ou point de poètes et de philosophes.

On chercha à découvrir dans les mythes anciens des idées toutes. .. modernes. Cette école exerça une grande influence sur les Juifs de l'E- gypte du Nord.

Musique « profane », en Assyro-Baby- lonie (époque assyrienne), 300.

Musique religieuse en Assyro-Babylo- nie, dès les temps shuméro-akka- diens, 37; à l'époque assyrienne, 257.

Moutons (Présages tirés des) en Baby- lonie, 276.

Mutsuri, roi du paysdeMoab, du temps d'Ashurban ipal, 309. Annales Ashurb. Cyl. C I, 27.

37

578

INDEX-LEXIQUE

Nabaléens, 435, 43G.

Nabka {Neblia-Re), pliaraon de la 11^ dynastie. 131, suiv.

Nabonide, roi de Babylone (vi® s.) Res- tauration de temples, 389; préoccu- pé du culte des dieux étrangers, 303 s., 397, 398.

Nabopolassar,Zm, n. 8. Texte, 390. (Cf. t. 1, 291.)

Nabù dieu (particulièrement honoré à Borsippa) assyro-babylonien de la sagesse et de la science, 383; dieu scribe et dieu des scribes, de l'écri- tui'c, des incantations et des oracles; et aussi dieu de l'agriculture qui ouvre les sources et fait pousser le blé, cf. 208; écrivain des dieux, etc., 293. Autres textes : 241, 295, 300, 305, 313, 393, 398, 405, n. 6.

Nabû-aj)la-iddina, roi de Bal)yloue. (883-852), 252.

Nabucliodonosor 11, 382. Textes, 391. (Cf. t. I, 291.)

Nadab, fils aîné d'Aaron et d'Elisabeth (Cf. Ex. VI, 23 et parall.). Avec son père, son frère Abiu et 70 anciens, il fut appelé à monter au Sinaï. Sa punition comme prêtre, Lev. X, 1-5 et parall. 489.

Nadan (dans Akhiqar), A2S.

Nahr-el~Qebur, à l'O. de Palmyre, 437.

Naharina Naharanna, Neharina. (Voir ce dernier mot.)

Nahuni, (contemporain de Sophonie), prophète écrivain hébreu du vii^ s. Il écrivit après la ruine de Nô-Amon (=: Thèbes d'Egypte) en 665, vers l'époque (606/607) de la chute de Niuive. Il paraît fonder ses prédic- tions sur la désorganisation intérieure de l'empire assyrien. « Dans son ar- dent palriolisnie exaspéré par l'op- pression il sonne avec les accents de la jubilation et du triomphe l'hallali de Ninive, maudite pour son despo- tisme, Ji> 216.

Na-ired-f, Na-irwd-f ou In-ncd-f en-

droit où rien ne pousse. ») Une par- lie du Dwat d'Iléracléopolis, 344.

Naissance. Présages tirés des nais- sances, chez les Babyloniens, 277. s.

Nanilaru, démon de la peste et de la mort, siikkal d'Éreshkigal, reine des enfers. [Mythe de Nergal et Ereshki- rjal,) 213, 245.

Nanâ [Na-na-ai] se confond rarement avec Ishlar. Dans le grand temple Ê-anna d'Erek, à l'époque d'Asarad- don, Ishtar habitait dans la chapelle appelée E-nir-gal-an-na, et Nanâ dans celle appelée i^-khi-li-an-na. Nanâ est fille d'Anu et épouse de Nabû; Ishtar d'Érek est fdle de Sin et épouse d"Anu, d'après la tradition d'F^rek. (Suivant une autre tradition, Ishtar d'Eiek est fille d'Anu. (Voir Thuueau-Da.ngin //). RAXI (1914) 96.) Dédicace d'une chapelle à N. par Asaraddon, 306. Autres textes : 208, 388, 406.

Nannar, un des noms du dieu Sin (Lune.), 402. Son akitu, à Ur, 388.

Naphaijan, commandant militaire perse à Syène (v« s. av. J.-C), 425.

Narâm-Sin roi d'Akkad (2600*), fils et successeur de Sargon l'Ancien, 50; un des plus grands conquérants et des plus grands constructeurs de son époque. Sa Stèle triomphale fut em- portée de Babylonie en Élam par Shutruk-Nakhkhunle. Voir t. I, 291. Le tenien de N. au temple de Sha- mash, à Sippar, retrouvé par Nabo- nide, 394.

Navires (responsabilité des construc- teurs de), d'après le Code de Ham- mui'abi, 63.

N'art, nom propre non identifié. On traduit quelquefois le mot (il signi- fierait acacia.), 344.

Naufragé [Conte égypt. du), 359.

Nazala, localité à mi-chemin entre Da- mas et Palmyre, 437, n. 2.

Na-zid, dieu de la génération et de l 'en- fantement (Scheil.) 32, 33. Voir aussi à

INDEX-LEXIQUE

579

Snse, soit dans les textes sémitiques, soitdans les textes anzanites. (Scheil, Text, sém., t. I, 132; Textes anzan, t. I, 21.)

Nazi-Maruttash, roi de Babylone (dy- nastie cassite) du xiv* s., 209.

Nebâ, 420.

Neb er-djer : « seigneur de la pléni- tude » ou « du Tout » ; épithète d'O- siris et d'autres dieux égypt., 342, 414, 415.

Neb-ma't-R'a. Voir Nimrnuria, 179, n. 5.

1. Nebo (= Naèû.) Moni Nébo, au pays de Moab, 419, n. 5. Voir t. I, 292.

2. Nébo, nom d'une localité ou d'un poste (occupé par les Israélites et conquis par Mésa) du pays de Moab, au N.-O. de Mddebâ. Cf. R. Dussaud, Monurn. palestiniens (Musée du Lou- vre.) 10-11. Supra, 290; 419.

Neb-phlij-Wa :=z Amasis I""', pharaon de la XVilI« dyn., 319.

Nekebt, 148.

Néchao (A^-/fa-i<;)petit-fils de Néchao I*"", pharaon d'Egypte, bal Lu à Karke- mish par Nabuchodonosor, 382. (Cf. t. I, 292.)

Nefer-hotep, 156; 157, n. 1.

Nefer-rohu, scribe égyptien, sage, « prophète », homme vaillant et riche, 145, s.

Negeb, 534.

Nègres (textes égypt.), 125.

Neharina, NaJiarina, Naharanna, ré- gion située à peu près entre l'Oronte et le Balikh (affluent de la rive gauche de l'Euphrate, 321, s.), 371, s. Pour une étudedétaillée d'après les textes historiques, on peut voir Breasted, Ane. Rec, t. V, 89.

Néhénib', juif, échanson d'Artaxerxès, à la cour de Suse; demanda au roi et obtint d'aller rebâtir sa ville na- tale, Jérusalem, étaient retournés une partie des Juifs exilés. Dans cette œuvre, il rencontra de grosses

difficultés de la part de Sanaballat, gouverneur de Samarie et originaire de Beth-IIoron et de son serviteur Tobie, l'Ammonite, ainsi que des Arabes, des Ammonites et des Azo- liens ligués, puis de la part de Juifs influents que des alliances matrimo- niales unissaient à Tobie. Néhémie fit faire au prêtre et scribe Esdras devant le peuple la lecture de la Loi, puis sut faire accepter les ré- formes (ou mieux l'application des lois religieuses et morales).

Les Juifs furent fidèles pendant les 12 ans que Néhémie resta à Jéru- salem; mais, à son retour à Suse, les abus reparui'ent. Le réfoi'mateur re- vint et, cette fois, se montra plus sévère. La fin de la vie de Néhémie n'est pas connue, 382.

Neheh, 121.

Nekheb (aujourd'hui FA-kàb) capitale du l'oyaume de la Haute-Egypte, aux temps préhistoriques, 426, 319.

Nekhebt, déesse égyptienne du Sud et de la couronne du Sud, particulière- ment honorée à Nekheb (El-Kâb), et mal connue d'ailleurs, 148, n. 4.

Nekhen, une des plus anciennes villes de la Haute-Egypte. Sa divinité lo- cale était un Horus (d'où son nom grec Hiérakonpolis: ville du faucon.) Se trouve à 1 h. environ de Nekheb (El-Kâb), 34b, 527.

Nephthys, parèdre du dieu Selh; mais elle n'intervient guère, à côté de lui, dans l'Ennéade hiérapolytaine, que pour le parallélisme, 411, n. 1, cf. 410 s.

Nepri (Nepra), dieu grain, en Egypte, 169.

Nergal, dieu (spécialement honoré à Kutha. Voir ce mot), bienfaisant spé- cialement pour les bergers et les agriculteurs peut-être (King, Babyl. Magic. 27, 9-10). Chargé de punir les méchants par la peste, la guerre, la famine, la maladie (car ces fléaux sont les châtiments du péché aux

580

INDEX-LEXIQUE

yeux dos Babyloniens'i qu'il confie aux « démons ». Il peuple ainsi les enfers il règ-ne avec sa parèdre Ereshkigal, 212 s., 241, 243. Verbe de N. 404.

Mi/lhc (le Nergal et Ereshkigal, 212 s.

X'Tgnl-elir, signataire d'une quaran- taine (référ. dans Thompson, lieports, t. II, p. 140) de liapporlti astrologi- ques (époque assyrienne), 272.

Ne-unu-gal = Ne-uru-gal = Nergal, 213, n. 3.

Xer-iiru-gal, Ne-unu-gal, variantes du nom de Nergal, 208.

Nibi-Shigu, 185.

Nibmuria. (Voir Nibniu'waria), 179.

Nibmu'ioaria = Nibmuria {=Neb-maU- li'a) nom d'Anienophis dans la Cor- respondance d"El-Amarna. Lettre de Kadashman-kharbe, 179, n. 5.

Nilclcal (pour Nin-gnl, parèdre du dieu Sin), dans l'inscription araméenne de Sin-zir-ban, 434.

Nihippa, montagne mentionnée par Sargon, roi d'Assyrie, 295.

Xiconiaque, 465.

Nil l'Hymne au), remontant au moins au Moyeu Empire, 153 s. N. céleste, 152.

Niiiiittu-Enlil, nom de la muraille in- terne de Babylone, 301.

Nimniuria {Niniutria, Nibmuria, Nib- mu^ivaria), équivalent de Neb-ma^l- li'a, nom égyptien d'Amenophis III, 179, n. 5.

Nimutria, Voir Nimniuria. 179, n. 5.

Nin.l dame des eaux »' , déesse fille d'r^a particulièrement lionorée à La- gash. On lui dédiait les eaux et les sources. Sou idéogramme est l'image stylisée d'iuï vase renfermant un pois- son; cet idéogramme représentera aussi la ville de Ninua (Ninive), 7-5», 10,13,15 s.

Son nom, transformé en Nanâ (Voir ce mot) désignera Ishtar; son idéogramme représentera la déesse Ishkliario. (\'oir ce mot.)

;Ym-a-/f/ja-/cwf/-(/», déesse babylonienne invoquée avec Azag-su(g) dans les purifications et les exorcismes, 385.

Nin-azu, dieu de la végétation proba- blement, puisqu'il est père de Nin- gish-zida; mari de la déesse Eresh- kigal. (Voir Legrain, Ilistor. fragm,

71-74), 33.

Nin-bai (ou bad), dieu dont on ne con- nail que le nom. Sur un kudurru du xii* s., il figure après le dieu LU et avant les dieux Tishpak et Gu-silim, 208.

Atn(/ar dieu dont les attributions sont mal connues; paraît être un dieu des champs. Son nom est quelquefois associé à Nina dans les textes, l(t.

Nindub, dieu dont les attributions sont mal connues, 18.

Xin-â-anna, nom d'une divinité mal connue, 303.

Nin-dulla = Nin-tuUa.

Nin-ê-gal (= dame du palais), déesse aux attributions mal connues, 208.

Nin-el-la, déesse parèdre du dieu des eaux Euki, 25, n. 1. (Poème « du Pa- radis, du Déluge et de la Chute », Reclo 11 el 34.

Xingal, déesse parèdre du dieu d'Ur Xannar [dieu Lune), 206, 395, 434.

Xingirsu, un dieu de la guerre, dieu de Girsu, c|ui était un quartier de La- gash. G, 7, 11 s.

Xingishzida est un dieu de la terre et aussi un dieu des enfers.

Xin-kharsag {= dame de la montagne) déesse de la ville de Kesh ; une des déesses de l'enfantement, en Baby- lonie, 7, 31, 51, n. 8; 208.

Xinivc, cai>italo du royaume assyrien. (Voir t. 1. 293.), 82, 303, 311. 310. Bibliothèque d'Ashurbanipal à N. 21(> s., 3(l5 c. N. devenant tribu- taire de l'Egypte {Noun'l Emji.), 349; détruite par les Umman-Mando, 396.

Nin-karrali, grande déesse de la mé- decine et déesse de l'enfantement;

INDEX-LEXIQUE

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parèdre d'In-urta. On la confondit avec Gula, 208, 211, n. 2, 293.

Nin-ka-si (<( dame qui comble la bou- che » emesal : d. ga.shan-ka.-si), déesse des breuvages. (Références dans Deimel, Panthéon, 213 a), 32, 33.

Nin-ka-u-tud, conçu comme un dieu, dans le Poème shumérien en-e-ba-âm, 32, 33.

Nin-kurra seigneur de la monta- gne »), dieu du groupe d'Ea, sinon Éa lui-même en tant que protecteur des tailleurs de pierre (?) : Ea sha {amêl) sasinu (IV R2 25 a 41 ; 11 58 n" 5, 64) si d. Nin zadini est une ap- position à d. Nin-kur-ra dans Zim- mehn, lUtual Taf, n»' 31-37, 1. 15; invoqué, avec les autres dieux du groupe d'La, dans les incantations

(Zl.MMERN, l. c.)

Nin-lil, 304, 402.

Nin-makh, déesse paièdre d'En-lil. Son nom signifie dame auguste ou dame grande; à cause de sa portée générale, cette appellation s'applique quelquefois à d'autres déesses, 10, 393, 111.

Nin-mar ou Nin-mar-ki. Déesse qui appartiendrait à la famille de Sin. Déesse de la ville de Mar.

Ninni, 45, 383.

Ninni-esh, nom propre d'un lieu, non identifié, la déesse Ninni (Ishtar) était particulièrement honorée, 7.

Nin-shag-si, autre nom de la déesse

Nin-ka-si, 33. Nin-shubur, déesse dont le culte à La-

gash est attesté dès l'époque d'Uru-

kagina. Fille d'Anu et de la famille

d'Ishtar, 104, VII.

Nin-sig, 387, n. 1.

Nin-sun, déesse aux attributions mal connues, 238, 388, s.

Nin-ti[l) dame de la vie » ou « dame de la côte «), déesse parèdre de ta. Docum. dans Deimel, Panthéon, 222 A (ajouter : Poème shumérien en-e- ba-âm, verso I, 39), 33.

Nin-tud (ou Nin-lùr], 30; déesse de l'en- fantement, de la ville de Kesh. Res- semble fort à la déesse Xinkharsag.

Nin-lul-la, dieu (ou déesse, car, dans CT XXIV, 7, 14, Nin-dulla paraît comme parèdre de Ninurashu), des points d'eau, des fosses, des citernes, 32 (Poème en-e-ba-âm).

Nin-tùr. Voir Nin-tud.

Nippur, ville du pays de Shumer, sur le cours ancien de l'Euphrate, entre Kish et Umma; ville sainte du grand dieu Enlil, 3, 5, 34, 36, n. 2, 41, 53, 111, 387, 403, 405, 406, note . (Voir t. I, 293.) InÛuence religieuse et littéraire de son temple, 5, n. 2, 25, 55, 66, n. 1, 219.

Nisaba ou Nidaba. Les textes assyro- babyloniens révèlent deux déesses de ce nom ; l'une : Nidaba-she, déesse de la fertilité des champs; l'autre : Nidaba-shid, déesse scribe, déesse de l'astrologie et des nombres sym- boliques. (Voir Deimel, Panthéon, 2771 ), 1 1 , 18. Cf. p. 380. Lois de la déesse Nisaba (Code shumérien, 40.)

Nisan, nom du l^^^mois babylonien, 532.

Nitsir, montagne située entre le Tigre etle Zâb inférieur (As/iur-na<sir-a/)a;, Annal. II, 34 et passim.)

NCu {Ni', No', N\ graphies diverses du nom de Thèbes d'Egypte), 308.

Noé (Livre de), 503 note (cf. bOb). Fragm. d'une Apocalypse de N., 507, n. 5.

Nœuds, dans la sorcellerie arabe, 263, n. 2.

Nom, presque synonyme d'essence, en Assgro-Babylonie, 42, n. 4, 257; eu Egypte (Nouvel Empire), 333, 354(?); dans une inscript, araniéenne, 434 (?) Au sens ordinaire du mot, 294-295 {assyr.), 306 {assyr.). Les 50 noms de Marduk, 93; « puissants noms » d'Enlil, 405, n. 6. Eu Egypte, outre de nombreux noms, le dieu R'a avait son nom propre caché, sur le- quel reposait sa puissance. La con-

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INDEX-LEXIQUE

naissance de ce nom conférait à qui la j)ossédait la puissance divine, Isis, qui savait, aussi bien que R'a, tout ce qui était au ciel sauf le nonn propre de ce dieu, voulut savoir cela aussi. (Cf. Erman, Aegijpten, 359 s.), 334 s.

Nomenclaleurs (dieux), en Égvple (Nou- vel Einp.), 333, 335.

Noniiu-shaiu. 137, 143.

Nu, Nw, ou Nun, Nwn (coj)le novn) correspondant à la Tianial babylo- nienne (voir ce mot), ahyssiis, océan céleste, père des dieux, sur les eaux du{[nel vogue la barque solaire. Sa parèdre est Nivl, 153, 353, 414, 415.

Nuages (dans les présages assyriens), 274.

Nubie, 321 ; Nubiens Archers »), 149. Nu-dimmud, une des formes du dieu Éa, 85.

Nukhaia (racine m:), un des dieux arabes du temps d'Asaraddon, 306. Prisme S, face IV, 10.

Nun. Voir Nu et Nwt.

Nurè (Nu-ri-e dans Annales Ashurb. Cyl. C, I, 45), ville de Chypre, 309.

Nusk (pour Nusku, dieu assyro-baby- lonien, fils de Sin) dans l'inscription de Sin-zir-ban, 434.

Nusku, dieu du feu; dès l'époque d'Ur (xxv s.), on constate qu'il appartient à la famille du grand dieu shumérien Enlil de Nippur. Il chasse les ténè- bres et les démons des ténèbres, 208, 218 (prières), 389. Sur les kudurrus, il est symbolisé par une lampe.

Nushku-na'id, 185.

Nwt, déesse parèdre de Geb. Suivant les théologiens d'Héliopolis, lorsque Alwrn-n'a fut sorti du chaos (Nwn), il produisit d'abord le dieu Sliio (et aussi sa parèdre Tafnwi), [)uis Geb et A'f/)<. Ceux-ci étaient accouplés; Shw (V Atmosphère) les sépara vio- lemment : Geb, c'était le dieu de la terre, du monde inférieur par rap- port ;i Nwt qui était la déesse du Fir- mament, du monde supérieur : tout

ce qui vit sur terre provient de Geb;

tout ce qui vit au firmament provient

de Nwt, 121, 327, 343. Nouvel an (P'ête du) à Babylone et à

Erek. Voir akilu, 387. Nouvel Empire (Egypte), 315. 0£)^/?s^wf. Chez les égyptiens, l'o. était

une stylisation du rayon solaire, 119,

n. 1.

'Obodath, roi des Nabatéens divinisé. Son tombeau a été trouvé à 'Abdeh par les PP. Jaiîssen, Savignac et Vin- ci-NT, (Cf. RB nouv. sér. I (1904), 403-424.)

Odes amoureuses et bachiques d'Ana- ciéon, 447, n. 1.

Œil d'IIorus. Dans la bataille qu'il li- vra à Sel pour venger son père Osi- ris, Ilorus perdit un œil. Le savant dieu Thot le lui rendit en mettant de la salive sur la plaie; mais Horus fit le sacrifice de cet œil pour qu'O- siris mort devint une âme, ha (Bueas- lED, Religion, 59); aussi cet organe d'Horus fut-il particulièrement sa- cré; il devint le symbole de tout sa- crifice (toute oblation, tout don, sur- tout s'il était fait en faveur d'un mort, pouvait être appelé « œil d'Ho- rus » ; toute oblation aussi faite au pharaon défunt, dans le rituel des Pyramides; 1. c. 79) De là, la profu- sion d'(( œils » découverts en Egypte, 119, n. 6. Cf. 335. Œil divin, 327.

L'œil de Neherdjer ;^Osii'is) et la création, 414 s.

Offensive. Triple o. (malheureuse, d'ail- leurs) de l'Egvpte contre les Hittites, 315 n 1.

Omina, 400.

'Omry, roi d'Israèl, au ix'= s. av. J.-G. (Cf. t. 1, 294), 418.

On (dans la Bible) = In, Inu ou Hélio- polis, 124, n. 3, 350, n. 1.

Onkelos, 489, 522.

Onctions sacrées d'huile, 395.

Ongle, tenant lieu de sceau, sur ta- blettes cunéiformes, 217, n. 7.

INDEX-LEXIQUE

583

Oniromanliqne en Babylonie, 280.

Onomacrite, 447, n. 2.

Opartès. {Voir Otiartès.)

Ophel, nom d'un mur de la ville de Qoikhoh (au pays de Moab), 419.

Or. L'or de la bravoui'c, de /a vaillance (Égypl.), 360.

Oracles. Les o. des dieux sont rendus par des « Voyants », 207. Oracles aux temps assyriens, 267. Peuples dont il est question dans ces oracles, 268, n. 1. Textes de demandes d'oracles (sans réponse), 268, n. 2. Cf. 294, 305.

Oracles sibyllins, 481 s.

Orbiney (Papyrus d") du Nouvel Em- pire ég-yplicn, contient le Roman des deux frères, 375.

Origène, célèbre maître chrétien et chef de l'Ecole d'Alexandrie (185- 254), a écrit des œuvres très nom- breuses. Ses travaux d'ordre exég-é- tiqueetde critique textuelle sont par- ticulièrement importants, 482, 508.

Orphée; suivant la légende : poète et musicien ihrace, fils d'Apollon et de la nymphe Eurydice (ou bien du roi Oeagre); aurait pris part à l'expédi- tion des Ai'gonaules. Quand il eut perdu sa femme, il alla la réclamera î'IIadès et obtint de l'en ramener, à condition de ne pas la regarder avant d'être remonté. 11 la regarda au mo- ment où il allait atteindre la terre, et elle lui fut ravie. Les Ménades, qu'il dédaigna, le mirent en pièces et ses membres épars furent portés par l'Hèbre sur les côtes de Lesbos on les ensevelit. 0. n'est pas men- tionné avant Pindare, Il paraît être une personnificalion mythique de la doctrine et de la littérature orphiques, 50, n. 1, 447, n. 2, 478, 479 (Voir Orphisme.)

Orphisnie. En Grèce, au vi" s. av. J.-C. (époque d'extrême activité politique, intellectuelle et morale) se produisent une fermentation mi/stique et un be- soin de merveilleux dont les causes

sont : !•> Vinfluence orientale qui in- troduit un large courant de mysti- cisme avec les cultes de Cibèle et d'Adonis; 2* l'insuffisance de la reli- gion publique (qui remontait aux âges les plus antiques), ne répondant plus aux besoins religieux d'une époque plus cultivée; insuffisance, spé- cialement, pour ce qui concerne la vie morale et la vie future (p. ex. : la Némésis paraissait trop dure; les fils payaient pour les pères; on n'était jamais sûr de pouvoir fléchir les dieux, et ni la conversion, ni le re- pentir n'y suffisaient.) Ce fut l'époque des mystères : mystères des Kabires (KaîSEipoi du phénicien Kabirym=z\cs grands =■ les Osol ixsydAot) honorés à Samolhrace, Lemnos, Imbros.

L'Orphisme (ainsi appelé parce que les initiés prétendaient se rattacher à Orphée, personnage de légende qu'ignorent Homère et Hésiode) a été une tentative de réforme religieuse se proposant de faire pénétrer dans la vie courante les mystères et l'esprit des mystères.

Vers la un du vi<^ s., le Pythago- rismc persécuté dans la Grande Grèce se fusionna avec l'Orphisme; ce fait amena un développement nouveau des doctrines orphiques.

L'Orphisme s'occupa de refaire la théogonie d'Hésiode en y dévelop- pant le rôle des divinités abstraites.

Les initiés honoraient particuliè- rement Dionysos Zagreus, le cliasseur des âmes qui présidait à leur purifica- tion durant cette vie et assurait l'éter- nité avec ses châtiments ou ses récom- penses. Ils menaient une vie austère [végétarisme) et s'abstenaient des sa- crifices sanglants. Dans leurs ban- quets sacrés, ils mangeaient la chair crue du taureau consacré à Dionysos. (La célébration des mystères impli- quait d'ailleurs l'accomplissernent de rites obscènes.)

Les rites finirent par prendre le dessus sur les croyances, et les prêtres orphiques devinrent des sor-

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INDEX-LEXIQUE

tes de devins ou de charlatans, de sorte que leur dégradation contri- bua puissamment, sinon exclusive- ment, à frapper d'impuissance mo- rale la réforme dont ils étaient les agents.

Nous n'avons cité, dans le présent ouvrage, aucun texte orphique parce qu'il est fort difficile, sinon impos- sible, de distinguer la littérature or- phique authentique (qui date du iv"^- V* s. av. J.-C.) de celle qui est apocryphe (composée au cours des trois 1«" s. ap. J.-C). Ce furent Onomacrite, le premier, puis les Pythagoriciens (Gn du vi^ s.) qui compilèrent ces hymnes, chants de purification, récils ou discours sa- crés. Des œuvres apocryphes (tenues aujourd'hui comme postérieures à J.-C, du moins dans leur étal ac- tuel) trois ont été regardées long- temps comme antérieures aux épo- pées homériques, ce sont les Hymnes, VArc/onautique, les Lithiques. Ce der- nier ouvrage est un poème sur les pierres précieuses. Les Hymnes (87 ou 88) furent composés par des phi- losophes alexandrins : ils nous mon- trent comment celte école compre- nait l'Orphisme, 447, 448. Cf. t. III : Idées religieuses. Osarsiph dans la légende de Manéthon, 483.

1. Osée, dernier roi du royaume d' Is- raël dont la capitale, Samarie, fut pri- se par les Assyriens en 722.

2. Osée, prophète écrivain hébreu, qui exerça son ministère dans le royaume de Samarie et en vue de ce royaume. Il fut à peu près contemporain du proj)hèle Ames (du royaume de Ju- da). Il nous a laissé en hébreu un livre, divisé aujourd'hui en quatorze chapitres, dont la parenté littéraire avec le livre d'Amos est indéniable (elle s'explique par les tendances de l'esprit d'Osée et par les circons- tances dans lesquelles il exerça son ministère), 215, ;{1 1.

Osir, abréviation d'Osiris dans des noms propres phéniciens, 445.

Osiris (mot hellénisé de Isir), un des dieux les plus célèbres de l'Egypte, dès la plus haute antiquité, el des plus populaires. On le considérait comme Gis de Geb (la lerrcj el petit- Gls de R'a. Tué par son frère jaloux, Set, il fu tramené à la vie par l'amour d'Isis. Mais, désormais, il vécut non plus sur la terre, mais dans VAmenti, séjour des morts, dont il fut le roi. Abydos fut sa seconde patrie [Dedxv aurait été la première). Devant le tribunal d'Osiris devait paraître tout homme pour entendre la sentence qui ûxait son sort éternel. Royaume d'O., 337. Jugement du mort de- vant O., 338, s. Un-referz=:<( ce- lui qui est bon », synonyme ou autre nom d'O. 339, n. 1. Hymnes à O., 117, n. 3 (Ane. Emp.). 151 s. (Moy, Emp.). Litanies d'O., 343. Textes divers, 341, 408, 409, 410, 411, n. 1. O. dans une inscr. araméenne, 435. Voir Abydos.

Osir-shamar {pour Osiris-sha?nar), nom propre phénicien, 445.

Osfraka : mot grec qui désigne des tessons sur lesquels on écrivait; ils remplaçaient le papyrus, les tablettes de cire ou d'argile, le parchemin, le cuir, etc. On en a découvert des quantités en Egypte; ilssontcouverls d'écriture araméenne, démotique , copte, grecque. Celle matière à écrire était aussi utilisée dans le monde hellénique d'Asie -Mineure et de Grèce. En l'Egypte, les ostraha les plus nombreux sont relatifs aux ser- vices administratifs : quittances d'im- pôts en argent et en nature délivrées par les banquiers au caissier général (xaTsÇirr,;) ; ou l)ien par le sitologue (adminislraleur des deniers publics, ()T,îaupûf) au percoi^leur de l'impôt; (fermier ou agent de l'Ktali, ou bien au contribuable. Opendant, il existe des os//v(/ia portant des reçus entre particuliers, des billets, des comptes,

INDEX-LEXIQUE

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^es contrais privés. On connaît plus <le 70 ostraka de Samarie en carac- tères phéniciens; ils paraissent con- temporains de VInscription de Siloé (Cf. Ostrakon; ostrakisnios par P. JouGUET dans Daremberg et Saglio, Diction, Anliq. ; D. Wilcken, Gries- chische Osiraka aus Aegyplen und Nubien 1, 1 ; A. Deissmann, Lichl voni Osten'^ (8° Tiibingen 1909), I, 1, c (Nous n'avons pas à parler ici des Ostraka qui contiennent des passages du Nouveau Testament, et qui nous permettent de nous faire une idée de ce qu'était « l'Evangile entre les mains du pauvre », comme dit Deiss- mann), 145, n. 2; 424, n. 'flTtâp-cTiî ('tîitfltpTTic = Ubar-tutu?) 9^ pa- triarche préhistorique, d'après la tra- dition babylon., 100.

Outils chez les Hittites, 185. « Ouverture de la bouche », 118.

« Ouvrage ancien de Gilgamesh », 95, n. 2.

Pacifique (sacrifice) en Phénicie, 442.

Padi, roi que Sargon d'Assyrie avait imposé à 'Eqron (Accaron), envoyé à Jérusalem par ses sujets mécontents, est rétabli sur le trône par Senna- chérib (Voir 1. 1, 138-139), 302.

Pa-di-pa-R'a, 380.

P'-djdkw, nom du canal d'Avaris, en Egypte, 320.

Palerme (Pierre de), 124, s., 317.

Palil, nom de divinité (écrit igi-du), 389. Cf. Delitzsch, Sunier. gloss., 73. Voir Deimel, Panthéon, n" 1516.

Palniyre, ville au N.-E. de Damas et au S.-S.-E. de Homs. On n'en parle guère av. J.-C. (Elle n'atteindra son apogée qu'au iii« s. ap. J.-C), 430 s. Tombeaux de P., 437. Inscripl. funéraires, 437. Langue et écri- ture, 437. Divinités de P., 438.

Panammu (Panamu), roi araméen de Y'ôdi, au vnie s. av. J.-C, 421; 430 (Inscription pour une statue au dieu Iladad). Inscript, de Panammu (con-

sacrée par son fils Bar-Rekub., viii* s.), 432 s.

Pantibiblôn, Pantibiblias Pantibiblus (=Sippar?), 399.

Paphos. Voir Pappa.

Pappa = Paphos, en Chypre (vu* s.), 309, n. 12.

Papsukal, messager divin. Les textes en font connaître deux : le divin Pap- sukal d'Ilbaba (=: za-ma-ma) et le di- vin P. d'Anu, 244, 389.

Paraboles (Livres des) dans le Livre d'IIénoch, 499, 501, 505, n. 10.

Paradis. Poème dit « du Paradis, du Déluge, de la Chute », aux temps shuméro-akkadiens, 21, 24.

Parallélisme dans la poésie, aux temps shuméro-akkadiens, 38 s.

Parménide (v« s. av. J.-C.) d'Elée. Ses prédécesseurs, confiants dans le té- moignage des sens, ne s'étaient pas interrogés sur la nature de Vêtre (problème entrevu par Xénophane) ; ils avaient été amenés pour expliquer les transformations de la matière à admettre que celle-ci peut toujours se diviser en parcelles de plus en plus petites. Mais si la matière est divisible à l'infini, la continuité est inexplicable, puisque, entre deux par- celles distinctes, il faut une sépara- tion, et pour que les parcelles se déplacent il faut que celte séparation soit vide. Et cela s'applique aussi au mouvement. Au nom de sa logique, Parménide nia l'existence du vide, celle de la divisibilité à l'infini et celle du mouvement, réduisit ces conceptions à des illusions des sens et aflîrma Vunité intime de l'être, in- divisible et immobile. Il exposa son système dans un poème dont il nous reste des fragments, 447.

Passe (mots de) pour le voyage dans le Divat, 337.

Pasteur. Roi pasteur (Shumer), 13, 1. 26; lîO (époq. hammurab.); 253, 1. 9 (époq. assyr.). « Archers » = P.

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INDEX-LEXIQUE

Hyksôs, 119. Bon pasteur, dans les Psaumes de Salonion, 51(5.

Patesi, mol sliuinéiien (pa-tk-si, isha/iJai en accadien) désig-nanl à rorigine le prince ou « roi «-prêtre, vicaire du dieu; plus lard, un simple fonction- naire, 5, etc.

Patriarches (Teslamenl des Douze), 507.

Panfihihlon, 399.

Pawlli, 114.

Pchent =. la double couronne égyp- tienne du Sud et du Nord. Élymo- logie, 118, n. 1.

Pi'ché, chez les Assyro-Babylonicns : Quelquefois =r révolte d'ordre poli- tique, 253, 1. 28 (cf. 305), P. = dévas- tation de la ville, 11 (cf. 301.)

Péché-maladie-démon, etc., 266, 283. Autres textes : 258 s., 263 (cf. 28i. En Egypte : 342, 343 s., cf. 339 (Nouvel Empire.)

Pédasos, dans la région occidentale de l'Asie Mineure. Entre dans la confé- dération hitlito-(( syrienne » contre Ramsès II, 322.

Pédérastie, dans Platon, 451, n. 1.

Peines, dans le Code assyrien, 220 s.

Penlateuque, on appelle ainsi les cinq premiers livres de lAncicn Testa- ment (Cf. t. I, 288. Moïse), 485. Tra- duction grecque du P., 488. Éludes de Philoa sur le P., 491. Targum sur le Pentateuque, 522, n. 2.

Pent-^uh = Pn-l'-wrt, scribe (et non a.uleur du Papyrus Sallifcu III (où est racontée la Bataille de Qodshu (= Qadesh) par Ramsès II (Cf. En- MAN, NcuaofjyjUische GrainnXnlik, 7\ 321 s.

Pépi 1", 117; 126. Pépi II, 117.

Pert/ame^ 407, u. 2.

Personnes (distinguer entre esclaves et libres) sous la T" dynastie habylon., 70.

Pessiinisnir dans les hautes classes égyptiennes (Moy. Emp.), 15<i. Un pcssimisle !? 1) à Suse au vii« s., 313.

Pharaon =■ dieu-homme, 115, participe aux propriétés divines dans l'au- delà, 121 s.

Pharisiens, 508. Cf. t. I, 298.

Phénicien (Littérature), 438. Le ph., dialecte cananéen, 438. Cf. 478.

Philénion, poète comique grec du iv*" s. av. J.-C; un des principaux repré- sentants de la comédie nouvelle, ainsi que Diphile et Ménandre, 486,

Philéias de Cos, 467, n. 3.

Philocrale, 487.

Phihn, 491 s.

Philosophie apologétique des Juifs d'Alexandrie, 482. Les Philoso- phes grecs ot le Judaïsme alexan- drin, 490. La Ph. d'après Philon, 491-492.

Phoojlide de Milet, poète grec du vi' s. dont il reste peu de chose, 486; poème moral qui lui est attribué, 486.

Pierre de Palcrme; description et ex- traits, 124; cf. 317.

Pilar/ura, roi de Kitrusi (ville de Chy- pre) sous Ashurbanipal, 309. (Annal. Cyl. C. I, 37.

Pisistratc, 447.

Pyramides (Voir t. I, 43). Les Textes des P.; caractères et but, 117 suiv. P. pour les gens du pharaon, 143.

Pyramidion (ou partie supérieure des Pyramides) est un obélisque en rac- courci, 119, n. 1.

Pishamilliu, prononciation assyrienne du nom de Psammétiq, 310, n. 1.

Pytharjore, 447 (Cf. t. I, 304).

Pithom ou Pitom (ég. : per-Alum = maison du dieu Atum), aujovu'd'hui tell el-Maskhutha (ruines explorées par Navji.lk) en Basse I^gypte, 325.

Planètes, chez les Grecs, 461, n. 3.

Platon, 52, n. 2, 448, s. P. d'après les Juifs d'Alexandrie, 479. Cf. t. I, 300.

Poèmi^s. Voir Table îles /natières.

Poètes f/recs et le Judaïsme alexandrin, 4;m). Cf. 478; 485 s.

INDEX-LEXIQUE

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Polythéisme; pas de trace dans tel hymne égyplieu du Nouvel Emp., 346 s.

Pompée, 514, n. 2, A (Cf. 1. I, 301).

Porteurs du Coran, 286, n. t.

Posidippe, 467, n. 3.

Présages ^textes de) se rapportant à 6 chefs (Collection de Koyundjik), cf. 50 s., 207, n. 2. Pr. par le foie, 51 s., 52, n. 4; pr, astrologiques, 218; p. tirés des animaux, 275 s. Cf. 267, n. 1 et2 Uissijr.), 311 {assyr.) P. de Gilgamesh, de Sargon, de Narâm-Sin, 50, 52.

Prêt à intérêt, dans le Code de Ham- murabi, 58. Dans contrats de la l--^ Dyn. babyl. 68.

Prêtres. Abus commis par les p. au pays de Lagash, 'à. Esclave admis aux fonctions sacerdotales (P* dyn. bnbyl.),114. Dans Sagesse d'Akhi- qar, 430.

Prêtresses. Dans le Code de Hammu- rabi, 62. P. de Marduk, 78; d'Ilbaba (=: Zamama), 77.

Prières de Gudea (Lagash), 14. P. de « la main levée », 261 suiv. En Egypte (Nouvel Emp.), 341 s. (Textes de p. assyro-babylon. dans la Biblio- thèque d'Ashurhanipal), 218.

Prière de Ramsès II dans le dan- g-er, 323. P. de Nabonide, roi de Ba- bylone (vi» s.), 395.

Prince prédestiné, roman historique du Nouvel Empire égyptien (XX*' dyn.), 130.

Prisse i Papyrus), contenu et date, 160- 161.

Procédure i^Acles de) sous la I'« dyn. de Babylone, 75; 77.

Processions sacrées en Babylonie et en Assyrie, 388, s.

« Prophète » chez les Assyro-Babylo- nieus (voir Voyants chez les Grecs, 50, n. 1), 49, s.

Prophètes hébreux (Voir Proj)hétie).

Prophétie chez les Assyro-Babyloniens

(Voir Voyants), cf. 17, n. 4, 18, VI, 1.

Chez les Hébreux, 50, n. 1, 144, n. 2, 476, 485, 4% suiv. Les Pro- phètes et l'Apocalyptique, 496 s.

Prophétique [Genre) chez les Égyptiens, 144, s. ; 149, s.

Propriété, dans le Code assyrien, 222.

Prosélytes cvpriotes (iv^ s. av. J.-C),

443.' Protestation d'innocence (cf. 409), 339

et cf. 343 s. (Egypte du Nouvel Emp.) Proverbes (Egypte), 161 s. Providence, d'après Platon, 450.

Chez les Stoïciens [Cléanlhe], A70. Psaumes et Psaumes de Pénitence, défi- nition. (Voir Lamentations), 36-38, 40 s.; ps. d'époque assyr., 257 s. ps. d'époque cassite, 214.

Psaumes er-siiem-ma et ps. eu-sha-ku-

MAL, 257. Psammétiq, Ps&mmétique, nom porté

par trois pharaons de la XXVI'^ dyn.,

au vii« s. (Cf. t. I, 303), 310, 316! Ptah, dieu égyptien qu'une légende

associe à Khnum dans l'œuvre de la

création. (Voir 1, 300), 131, 350, 354,

413. Ptah-holep, fils d'un pharaon de la V«*

dynastie. Maximes de P., 160, s. Ptolémée Évergèle, 444; Pt. IV Philo-

pator, 479; Philadelphe, 482, 487. Plolémées {Livre des morts, sous les),

336. Ptolémée (Canon de), 217, n. 5. Ptolémée Lagus. (Voir Lagides, t. I,

278), 466. Puissances, d'après Philon, 493. Puni, pays correspondant à peu près à

la côte actuelle des Somalis, 352. Putsusu, roi de Nuri,en Chypre (vii"^ s.),

309. Pufiphar nom du chef des gardes du

pharaon, dans Gen. XXXVII, 36, et du

grand prêtre dlléliopolis, dans Gen.

XLI, 45. Ce nom qui équivaudrait au

grec nsTEfPS au copte n6T6<|>pt,

588

INDEX-LEXIQUE

et à régyplien Pa-Ji-ija-Ii'a signifie- rait : <( Celui que donne (le dieu) lïa ». (Cette explication paraît la plus pro- bable.) Voir A, Mallon, Les Hébreux en Egypte, 77-78; on y trouvera les références utiles. 380.

Puzar-Bèl,2^il.

Qadesh. Voir Qodsku,

Qaryathen, 418. Cf. Qiryâtaym.

Qarqar, ville dans le voisinage de Hamalli. (Référ. DtLiTzscn, Paradis, 275,) 287.

Qartililiadashli ( =r T~in np =: ville neuve = carthaye), ville de Chypre, 309. (Annal. Ashurban. Cyl. C. I, 43.

Qaushgabri. roi d'Edom, sous Ashur- banipal., 309 (Annal. Cyl. C. I., 20.)

Qenuel, nom propre de linscription araméenne de Panammu, 433.

Qrriijôth, 419, n. 2 (Cf. Qiriyah.) Qingu, dans le Poème de la Création :

est fait chef des monstres produits

par Tianiat pour marcher contre les

dieux qui ont vaincu son époux Apsu,

87. Qiriyah, ville de Moab, non loin d''Ata-

roth, 419. Qiryâtaym, ville de Ruben, 118, n. 10. Qiyr Mo'ab, capitale du pays de Moab,

417, n. 7. Qodshu = Qadesh {lell NebiMend), ville

surTOronte. (Voirt. 1,304). Victoire

de Ramsès II, 321, s. Qor/ihHh ou Qorlihohy Voir ce dernier

mot. Qorkhoh, ancienne capitale de Moab?

ou quartier de Dybon? Voir 417, n. 7,

419. Qrlih. Voir Qorkhoh. Qrl, père de Panamu, roi de Y'ôdi,430. Que nom d'une ville et d'une province.

Celle-ci correspond à peu près à la

Cilicie. (Précisions dans FonncB, Pro-

vinz, 70, s.) Qu-u-ai = Que. Qurti, 289.

Qurunia, 300, n. 4.

lia (/?'a ou It'e; voir Soleil) = le Soleil, le plus grand dieu du Panthéon égyptien sous l'ancien Empire. liélio» polis était sa ville sainte. Le culte de ce dieu occupe une place prépondé- rante dans les Textes des Pyramides, 118, suiv.; ùge d'or, quand il régnait en Egypte, à l'origine, 326, 354. Hymne à R., 118, s. Voir Nom. lia et Isis (Nouvel Empire). 331. Cf. 408, 414.

liabasiré, déesse infernale palmyré- nienne, 438, n.

liabbins, 521. Cf. t. I, 305.

liabbinique (Littérature), 521 s.

liachel, 328, n. 1.

R'a Ilarmahhis, 375.

lîamesse-mi-Amon = Ramsès II, 201, n. 1.

liainesseum, près de Thèbes. Grand temple bàli par Ramsès II (XIX* dyn.) en l'honneur du dieu Amon. A l'in- térieur sur de grandes surfaces tour- nées vers la l""^ cour, étaient repré- sentées les campagnes du pharaon (entre autres son expédition contre la confédération syro-hittite ; elle fut gravée encore dans la 2'' cour et aussi à Luqsor, 322.

liamman (dans les noms propres : lia- man, Ra-ma-na, Ba-ma-a-nu,eic). Un des noms du dieu Adad, 393, 394.

liamsès II, pharaon de la XlXi^ dvnastie (Cf. t. I. 306), 315, 318. Texte baby- lonien du traité avec Khattusil, roi des Hittites, 200 s.; voir 315. Bataille de Qodshu, 322.

liumsès III, pharaon de la XX"" dvn. 326. (Voir t. I, 306.)

Ranisès-mer i-A mon = l\SimsîiS H, 201. Raphaèl (dans Ilénoch), 504, note. Raphia (auj. tell Rifakh), entre Gaza et

el-'Arish (Palestine), 479. Reliub-El, dieu araméen nommé dans

l'inscription de lladad, 430, suiv.

INDEX-LEXIQUE

58»

Béfjulus, dans les observations astro- logiques assyro-babyl., 272.

Religieux {Caractère) des textes histo- riques assvro-babyloniens, vii-ix,3-4, 288 s.

Religion chez les HiUites, 187.

Répétitions textuelles de passages en- tiers ; voir Poème de la Création {pas- sini.)

Rephaïm, sortes de morts privilégiés (EHS^ 318) que l'on peut assimiler aux Dis manUms, 439, 441.

Respirations [Livre des), substitut du Livres des Morls à l'époque gréco-ro- maine, 408.

Reshef, l'Apollon phénicien, 430.

Restaw ou Ra-Staiv, nom donné aux passages, auxcouloirs(!)qui menaient de ce monde à l'autre. Primitive- ment, il ne désignait que la nécro- pole de Saqqârah. Son dieu était Se- kor, Egypte (Nouv. Emp.), 342.

Résurrection du pharaon, dans les Textes des Pyramides, 117-118.

Retenu, 129. Voir Tenu.

Rianiashesha-mai-Amana = Ramsès- 7?j''/'t-/l mon =Ramsès II, 201.

Rikhat-Ani, d'Erek. Kalù (prêtre) su- ]irême d'Anu et d'Antu, aux temps néo-babyloniens.

Rimes, dans la poésies, aux temps shu- méro-akkadiens, 23.

Rùn-Sin, frères et successeur d'Arad- Sin, roi de Larsa 'xxii* s. av. J.-C), battu par Ilammurabi, 53.

Risni, non d'un canton babylonien (épo- que cassite), 209.

Rites (textes) dans la Bibliothèque d'As- hurbanipal, 218. R. pour recou- vrir de sa peau le lilissu d'airain, 384.

Rituel du lîalû assyro-babylonien (épo- c^ue séleucide), 384. R. funéraire Egypte), 410; 411, n. 2.

Roboani, 182, n, 6.

liai. Les rois, agesils des dieux, en pays babylonien, i., 212 et passim;

« dieu-homme », en Egypte, dès les plus hautes époques (Voir Royauté), 115. Roi. Divinisation du roi, en Egypte, cf. dieu; le roi représenté par le pe- tit peuple de façon assez libre, 381. Les 10 rois préhistoriques (Baby- lonie), 399 s. Roi messianique dans les Psaumes de Salomon, 519 s. (511, 521.)

Romans historiques, sous lo Moyen Empire égyptien, 130, sous le Nou- vel Empire égyptien, 359 suiv,; à l'époque saïte, 381.

Royauté (Origine de lai, dans le My- the d'Etana, 35-36, 245 s. Mission divine (Cf. Roi), en Assyrie, 252,253, 304.

Rosette (Inscription de). On appelle ainsi une inscription trilingue (hié- roglyphique, démotique grec) qui était un décret de Ptolémée Épi- phane en faveur des temples d'Egyp- te. C'est la partie hiéroglyphique qui fut déchiffrée (1822), par J.-Fr. Champollion.

Rouleau L'homme au R. ») en Egyp- te, 132, n. 1.

Rtnw, 321. Voir Tenu.

Rukihli, roi d'Ascalon (époque assy- rienne), 302.

Ruditdidit, femme d'un prêtre égyp- tien (Conte de Khufu), 135.

Route du soleil, chez les Assyro-Bab. =: parcours (supposé) du soleil pour revenir de l'Ouest à l'Est pendant la nuit.

En Astronomie, écliptique ou orbiie du soleil, 236.

Roules commerciales (époque cassite), 170, 204.

Ruth (Mariage de), 221, n. 3.

Saatiu =:Les Bédouins, 137.

Sabitu à identifier, sans doute, avec Siduri, puisque non seulement dans NE tabl. X, 1, Siduri et Sabitum sont en apposition, mais, de plus, dans la recension antérieure repré-

590

INDEX-LEXIQUE

sentée par le fragm. Meiss-neu, le rôle de Siduri (on ne peut guère le conlester) est joué par celle que le texte appelle simplement : Sabitu, 100.

Sacrifices et ohlntions, en Egypte, dès l't'jjoque des Pyramides, 118 avec n. 1. Origine de s. sanglants (Nou- vel Empire égyptien, 326 s. Cf. 409. Sacrifice offert à la déesse Tashme- tum (lettre d'une femme assyro-ba- hylon.), 313. Autres te.vtes assyr., 253 s.,' 263, 300, cf. 356, 12; 384 s., 389. Chez les Hittites, 187. S. l)abylonien (temps dos séleucides), 384-390. Chez les Hittites, 187. Clhèz les Araraéens, 431, 432. Sa- oriGces phéniciens, 442.

Sadarnunna, paraît être une déesse parèdre de Nusku. Elle était honorée à Babylone et à Kharran, 208.

Sadducéens, 508 ',Cf. t. I, 308), 513,

n. 5. Sadrafa, dieu iranien, à Palmyre, 438,

note.

Sag..., 11.

Sa-gaz, bandes nomades de pillards de Canaan, toi-ijours prêles à faire quel- que incursion en Egypte, à l'époque d'El-Amarna. Voir Khabiru, 175, n. 2.

Sages, en Egypte, 160 s. et 355 s. Ad- monitions d'un sage, 149 s. Sept sages de la Grèce, 446. Le sage, d'après Épicure, 473.

Sagesse (Livre de) de l'Ancien Testa- ment, écrit en grec(S. Jérôme m PG. l. XXXVIII, 1242); peut-être entre 120 et 100 av.J.-C; sorte de poème (\ui se rattache au genregnomique. L'auteur a subi .< directement ou indirectement l'influence de la Grèce, sans adopter la méthode rigoureuse de ses pen- seurs. » (Cf. Vigoureux-Brassac, t. II, n^« 381-395). 490. .S. de Salomon, 428. .S. de Jésus, fils de Sirach. 428. S. d'Akhiqar l'assyrien, 427 s. .S. des SibijW's, 484. - La S. dans Phi- Ion, 493,

Saharnom du dieu Lune sous sa forme araméenne, 434.

Sahidique, (de l'arabe s.i/ii't/ = Haute- Egypte), un des 5 principaux dia- lectes de l'anc;<"n égvptien 115, n. 1.

Saints, dans les Psaumes de Salomon, 519.

Sais (écrit .S"///y«), 337.

Saïte (La période). 380 s.

Sallieh ' Papijrus), date, 166, 153, n. 2, 158, n. 3.

Salmanazar (= en assyr. : Shulmanu asharidii : le dieu Shulmân est le premier) nom de plusieurs rois d'As- syrie des xiv«, IX* et vm'^ s. Voir t. I, 225 et 309. Salmanazar H, roi d'As- syrie yix' s.), 287. Campagne contre Hazaèl [Khazaél), roi de Damas, 301. S. IV, 215.

Salomon, roi de Juda. Il porta ;i son apogée la royauté que David, son père, avait su faire accepter. Le culte participa à cette splendeur el dans la capitale, .Térusalcm, un temple ma- gnifique fut bâti en l'honneur de Yahweh; cela n'empêcha pas Salo- mon, par complaisance pour les femmes, d'ériger des autels à des divinités pa'iennes. A sa mort, le royaume se divisa ; deux tribus seu- lement (Juda et Benjamiti;, restèrent fidèles au successeur légitime de Sa- lomon, 168, n. 2, 364, 417, n. (i. Psaumes de Salomon, 511 s.

Saltii (lire Tsalta), Jéesse du combat, 101 s.

Samal (S7ia/?i"a/) = Sendjerli? (capitale du royaume de Y'ôdi. Cf. RIi 1910, p, 183-182, et 1912, p. 253, n. 1), 421.

Samas =z Sliamash, une des divinités de Palmyre, 438 noie.

Samos, (île de la mer Egée), au vi« s. : cour brillante, société élégante, fi- nesse d'esprit. 447, 467, n. 3.

Samsimuruna, ville de Palestine ou de Syrie mentionnée sur le Prisme de

INDEX-LEXIQUE

591

Taylor, Il 47 et sur Rin Cyl. C. Col. I 33 (Ne peut être rapprochée utile- ment deShimrôn nir'ôii de Jos. XII, 20), 309.

Samsiidilana (=Sbamash-ditana), roi de la I""* dynast. de Babylone.

Samsa-iluna (Shamshu-iluna), roi de la I"* dyn. de Babylone. Ses cons- tructions, 110 suiv.

Sanhallat (ou Sin-uballit), gouverneur de Saraarie, en 408-407; grand adver- saire de Néhéniie dans l'œuvre du relèvement des murs de Jérusalem, 427.

Sesmaï, nom propre d'un chypriote, 443.

Sanff. La vie est dans le s. L'homme est pétri dans le sang divin, d'après la tradition d'Eridu (temps shuméro- akkadiens), 52, n. L

Sanir, montagne au nord-ouest de Da- mas, aux environs de Baalbek, d'a- près la tradition arabe, 301.

Sapho, lesbienne; dans une sociélé de jeunes filles et de jeunes femmes, elle épanchait en ses EpUhalames sa tendresse passionnée et jalouse, (fin du vu» s.), 446.

Saqqarah, 117.

Saracos {=Sin'Sharra-ishkun),filsd'As- hurbanipal, 382 (cf. t. I, 310.;

Sare {shdru, b lipoi), la plus grande uni- té de mesure des Babyloniens. Comme unité numérique, 1 sare = 3000.

Sargon V Ancien (xxvii* s. av. J.-C), un des princes les plus célèbres du pays sémitique d'Agadé, 50. Voir t. I, 13. Présage (par le foie) de S. 52-53. 4 Série » de présages astrologiques qui remonteraient à S., 218 n. 1. Texte de Nabonide, 394.

Sargon le Grand. Sous ce roi (vm* s.), l'Assyrie atteint son apogée, 215. Cf. 292, 304. Récit de sa campagne (sous forme de lettre expédiée à son dieu), 287. n. 1, 295 s. S. et Adapa, 212, n. 1.

Sirkédom, 428.

Sarludari, placé sur le trône d'Ascalon par Sennachérib, roi d'Assyrie (viu« s.), 302.

1. Saron, ville palestinienne (en face du pays de Moab?), 419.

2. Saron, plaine du littoral palestinien, entre Jaffa et Césarée, très fertile, 440, 534.

Sarpanil (voir Zarpanitum), déesse pa- rèdre de Marduk, dieu de Babylone. Commence à paraître sous la 1"- dyn. babylonienne, 252.

Sarsar, 292, n. 1.

Satni-K/ianioïs, héros d'un roman égyp- tien de l'époque ptolémaujue destiné à « justifier l'opposition que la classe sacerdotale faisait à la classe mili- taii'e depuis la chute des Ramessides, et à montrer la supériorité du gou- vernement théocratique sur les au- tres gouvernements. » (G. Maspeuo, Contes, p. 181), 130.

Saturne, dans les observations astro- logiques, assyro-babyl-, 271.

Saûl, 26u, n. 4.

Scarabée, 119, n. 2.

Scepticisme. Etat d'âme d'un sceptique, à l'époque gréco-romaine, 415.

« Sceptre de bénédiction (?) » dans l'ins- cription de Hadad, 430, 431.

i< Sceptre d'équité », 253 1. 8.

« Sceptre d'équité », 253, 1. 8.

Schisme des 10 tribus d'Israël, 316.

Science en Assyro-Babylonie (Voir ti- tres divers). Voyage d'un scribe à Sippar pour coUationner un texte, 54, n, 3. Ashshur « la ville de science », 297; On faisait copier des documents en Vhonneur du dieu des sciences et pour le salut de son âme, 383. Offrandes au dieu Nabû pour la science, 1. c. Se. dans le monde grec des ui^ et ii'' s. av. J.-C, 467, n. 2.

Scribes assyro-babyl., 383 a.

Sdjw (et non Slw) « ville » et région en pays noir (mentioiuié dans les textes égyptiens), 127.

592

INDEX-LEXIQUE

Sehek-khu, 129.

Sekenenre; cf. Sqmjn-Ii^a.

Selcer (Sokaris) était primilivement un dieu solaire. 11 fut particulièrement, mais pas exclusivement, honoré à Memphis, au solstice d'iiiver le petit soleil », comme disaient les Egyptiens). Avec le temps, il fut con- sidéré comme le dieu yt.7.1' £;oxV'' de la nécropole de Memphis. (A. Wiede- MANN. Religion of Ihe ancien!. Egy- ptians), 134 s., 342, notes 3 et 4, 344.

Sehhet (Sokhit), seconde personne de la triade divine de Memphis, épouse de Ptah et mère de Nefer Tum et d"Im-hetep. Elle est représentée avec une tête de lionne, le disque et Vu- raeus, 138.

Sel{li€t-A{ï)aru ou A(i)anru rr le « champ de roseaux » ou les Cha?nps-Elysées des Égyptiens, 337.

Sekhel-helep = le « champ de la paix » ou « des offrandes », un des noms des Champs-Elysées égyptiens, 337.

Selcmeni, pays de Syrie (/îe/e;n/), qu'on ne peut pas autrement localiser, 129. (Jf. Breasted, Ane, liecA. I § 678.

Secrets d'Hénoc/t, 498.

S'-leucides, 46G; 509 (cf. t. I, 311;.

Semaines (Apocalypse des), appartenant au Cycle d'IIénoch, 50G.

Sendjirli ou Sindjirli, ville hittite en 509, 466, 509. Antioche et Marash. (Voir t. I, 312), 430.

Sennachérib, célèbre roi d'Assyrie de l'époque la plus brillante de ce royaume. (Voir l. I, 139 suiv.), 216. Cf. 304. 305 c, Ses inscriptions, 301. Campagne contre Ezéchias, 302. S. détruit Babylone, 396 (texte). Textes assyriens avec notes ara- néennes, 422. S. et Afchicjar, 428.

Senusret, 136.

Sepdw = une forme d'IIorus, 121.

Sept. Le nombre 7 chez les Orientaux, en particulier chez les Assyro-Baby- loniens, 100 1. 8 (Epopée de Gilga-

mesh); 174, n. 2, 210 (Mythe d'A- dapa), 282 (mauvais esprits). Les LXX. Favorisés par Alexandre le Grand, puis par Ptolémée P*" Lagus (après qu'il eut pris Jérusalem er»' 320), les Juifs acquirent une grande influence à Alexandrie d'Egypte. On peut tenir pour probable que, soit par curiosité personnelle, soit pour se concilier davantage la sympathie de ses sujets Israélites, soit pour pro- mouvoir parmi ces derniers l'étude du grec, Ptol. Philadelphe (284-247) encouragea l'initiative de la traduc- tion en grec de la Bible hébraïque; mais le motif principal de celte tra- duction fut la nécessité de satisfaire aux besoins religieux des Juifs d'A- lexandrie et de toute l'Egypte, étant donné que la plupart d'entre eux ne savaient pas l'hébreu ou ne le sa- vaient que d'une manière imparfaite.

L'achèvement de cette traduction n'est pas postérieur au siècle qui pré- céda la venue de J.-C.

La version des LXX (ainsi appelée à cause des 72 qui auraient traduit le Pentateuque) fut universellement reçue par les premiers chrétiens, par les PP. et auteurs ecclésiastiques des premiers siècles (et non seule- ment les Grecs, mais aussi les La- tins, parce que ce fut sur les LXX que fut faite la traduction latinedite//aîa, si répandue avant la version latine de S. Jérôme), 319 note, 488. Serment dans les Contrats babylon. 65, n. 6; sens, dans les Codes assyrien et autres, 220.

Serpents (Présages tirés des) en Baby- lonie, 275 s. L'Aigle et le s. (assyr.), 245 s. Formules magiques pour conjurer la morsure des serpents (Egypte, Nouvel Empire), 331-332.

Sésostris = Senivsret (XII* dyn.) La lé- gende grecque de Sésostris a con- centré autour d'un seul personnage des récits divers ayant pour héros,, non pas seulement Senwsret III, mais aussi d'autres pharaons belliqueux^

INDEX-LEXIQUE

593

entre autres Ramsès II. (Voir Meyer, Ilisl. t. II § 281, note), 349. Campagne en Canaan, 129.

Set, Selh {Sutekh, au Nouvel Empire) dieu égyptien, fils de Nut et de Geb, frère d'Osiris. Dans les plus anciens textes, il est considéré comme un dieu bienfaisant. A l'origine, il était simplement la personnification de la nuit et des ténèbres naturelles. Sa victoire (en tant que dieu de la nuit) sur son frère, Osiris (dieu soleil) défait au Couchant, fut considérée comme résultat d'une guerre offen- sive. Il fut regardé comme dieu de la guerre et dieu du mal. Vers la fin de l'Empire, son nom fut effacé des mo- numents anciens Ion avait eu la dévotion de le graver. (M. Broduick and A. A. Morton, A concise Diction, of egypt. Archaeoloçjy , 160-161 ; Er- MAN, Aegypten, 383 et 418 s.), 148, 324.

Setekh ou Sulekh désigne le dieu Set, sous le Nouvel Empire (Voir Set, et t. I, 313.)

Séli /", pharaon de la XIX'^ dyn., 318, 326.

Set-Nakt, pharaon prédécesseur de Ram- sès III. (XIX« dyn.), 144.

Sha, déité assyro-bab., 389. (Cf. Dei- MEL, Panthéon, 3042.)

Shabatu, nom du 11*"' mois babylonien, 532.

Shaknanà, n. pr. de ville (époque cas- site), 206.

Shagga, province babylonienne, du temps de la l'"^ dynastie, 107.

Shala, parèdredudieu Adad (Ramman). Paraît à la V^ dyn. babylonienne. (Ce couple divin fut peut-être intro- duit de l'ouest, de la région du Li- ban), 208.

Shâla (guerriers S.) dans le Code hit- tite, 193.

Shaniash, dieu Soleil, particulièrement honoré à Larsa et à Sippar, à l'ori- gine, 56, 252, 106, 109, 113, 114. (En

shumérien Bahbar et Utu.) Sin, dieu Lune {sin est du masc.) était consi- déré comme son fils. Oracles nom- breux demandés à Sh., 268, s. Voir Soleil. Sh. lumière des pays, « sei- gneur (ou « roi ») du ciel et de la terre », etc., 110, 260, 293. Prières à S., 218; psaume (époq. assyr.), 260. Autres textes : 237, 244 suiv , 252 s., 293, 295, 297, 299, 304, 305, 387 s., 391, 393 s., 400 s., 404. Nommé dans le traité conclu entre les Hit- tites et les Égyptiens, 201-202. Sli. invoqué pour le bonheur des scrihes assyr. et araméens, 422. Sh. dans dans l'inscription d'Hadad, 430 s. ; dans l'inscription de Neirab, 434.

Sh. Juge du ciel et de la terre (Nabo- nide), 393, cf. 395.

Shamash shuni-ukîn, fils aine d'Asarad- don (vu" s.), avait reçu la vice-royauté de la Babylonie. Son frère Ashurba- nipal était roi d'Assyrie, 265. Voir t. 1,313.

Shamkhar, nom d'un roitelet (cité à côté du roi des Hittites) dans une lettre de Chypre, de l'époque d"El- Amarna, 179.

Shapad-da, 10.

Shara, dieu d'Umma; forme du dieu Adad (?)

Shasaiki, nom d'un canton babylonien (époque cassite), 209.

Shassurt, 209.

Shat-n-Sensen, 408.

Shebat. Voir Shabatu.

Shêdu, génies symbolisés (comme les laniassu), par les taureaux ailés à faca humaine. Quelquefois, le mot shêdu, employé parallèlement avec laniassu, a le sens de dieu prolec- teur. Quelquefois^ le shêdu est aussi parmi les génies malfaisants, 265.

Sheleniya, frère de Sin-uballit gouver- neur de Samarie (v'= s.), 428.

Sheôl, mot hébreu désignant le monde inférieur, le royaume des morts, des

38

&94

INDEX-LEXIQUE

âmes après la mort, 235 ; dans le Livre d'IIénoch, 5U3.

Shépfiéh, 534.

Sheru-shish, divinité nommée dans une énuméralion de 53 autres {kuJurrii de Melishipak), 208.

Sheshonq, nom porté par quatre pha- raons d'origine libyenne (XXII« dyn.) Voir t. I, 313. Sheshonq I'^"' proGle du Schisme des 10 tribus pour inter- venir en Canaan. Supra, 31(i.

Shesmu, 122; dieu du pressoir, meur- liier d'Osiris. (Moret, oral.)

Shiloh (auj. d'h. Seilùn) entre Jéru- salem et Naplouse. (Cf. Jer, vu, 12; Jud. XXI, 19, s., I Sam. m et iv.) 417, n.7.

Shinirrùn-Me7-'ôn, 309, n. 11.

SliirpurLi (autre nom de la ville de

Lagash), 403. Shillanitaè, lecture vieillie de Mes/i^a/zi-

Sh'r'h'n (siège de) et victoire des Égyp- tiens sur les Ilyksôs, 320.

Sh (-ù-) d/.-o/i(aujourd'h.S/(ue/A'é), «ville » entre Gaza et Jérusalem. (Cf. Jos. XV, 35; I Sam. xvii, 1, s.), 417, n. 7. Voir t. I, 317 : Sokoh.)

Sliu, chez les Égyptiens; l'atmosphère; ^ dieu atmosphère qui, à l'origine, sé- para Nwl (la déesse Firmament) de Geb (le dieu terre) primitivement enlacés, et qui soutient le Crma- ment, 327, 408, 414, 415.

Shuharû, nom gentilice désignant les gens du pays de Subir ou Shubartu (Subarlu), en shumérien su-edin, mot désignant l'Assyro-Babylonie ((|uclquefois, l'Assyrie seulement), 45. Cf. Streck, Ashurbanipal, t. 1, p. CDXVII-CDXVllI.

Shuljbiluliuma, roi hittite du xiV s. (cf. t., 314), 183, 201.

S hu bu la, nom d'une divinité mal con- nue, 208.

Shugurnah, dieu des morts à Suse, 314.

Shulihuli-Shugab, 210.

Shumalya, nom d'une divinité dont les attributions sont mal connues, 208.

Shumer (par opposition à Akkad), une des deux parties de la Basse-Mésopo- tamie, 21, 45. (Voir t. I, 314.) kalam = Sli., 6, n. 3. Sh. et Akkad réunis par Ilammurabi, 53.

Shumérien (Le) est regardé comme une langue agglutinante (sans flexions grammaticales internes) et qui pro- cède par de simples juxta positions. (Cf. CiiAHLES-F. Jean. Liltér. des Ba- bylon. et des Assyr. (p. IV-V.) Shuqamuna, dieu mal connu : une forme de Marduk, d'après CT, XXIV 50, 13 h {Sh. = Marduk sha pisa-an- nu), 208. Shuripak et Shuruppak, nom dune ville du pays de Shumer, et nom de son dieu. 240. (Voir t. 1, 314.) C'est que les dieux auraient décidé le Dé- luge (Epopée de Gilgamesh ; époque assyr.)

Shurpu (= embrasement), nom d'une série d'incantations contre les sor- ciers et les sorcières. On les appelait emhi'asemont parce que les objets qui représentaient sorciers ou sorcières étaient jetés aux flammes, 284.

Shutruk-Nakhkhu?i(e, roi d'Élam (xii= s. av. J.-C.) Cf. t. I, 314). Grand « col- lectionneur d'antiquités », 55.

Shûtu {=. sud), vent du sud en Baby- lonic, torride et déprimant, repré- senté sous les traits d'un fauve hy- bride et malfaisant ( rrle « démon du midi »), 175. n. 2.

Shuwardata, principicule de Canaan (époque d'El-Amarna); durant une partie de sa vie, il fut ennemi de l'Egypte, et plus tard lui fut fidèle,. 173.

Shuzianna, 387.

Sibylles, 484.

Sybillins (Oracles), 484.

Sibzianna, chez les Babyloniens : groupe important d'étoiles fixes. K. Weidner, Babyloniaca, 1912, 5.

INDEX-LEXIQUE

595

Sillon, une des villes jiriucipales de Phéiiicie. (Voir t. I. 314.), 4il.

Sidiiri, 1(X>, n. 7, 237; nom d'une " nymphe » ou d'une déesse, dans le Poème de Gilgamesh (elle a son trône dans la mer, NE, tabl. X, 1.) Siduri = Shidari? {shiduri : jeune fille) dans ce cas elle serait une forme d'Ishtar. Shiirpii, 2, 172. Cf. Jensex KB, VI, 578-579; Zimmern in KAT^, 574-575.

Syène (transcription grecque de Sué- net, la moderne Assuàn) en face d'Élépbanline. Dès la plus haute an- tiquité les Egyptiens y exploitèrent, pour leurs constructions et leurs sculptures, les beaux granits com- posés de quartz et de mica jaune, brun, rougeâtre et noir. (Le nom de syénile est réservé à une roche de composition un peu différente), 422.

Sil~Ba-'al ou Sil-Bél, roi de Gaza, sous Ashurbanipal. (Annal. Cyl. C. I, 28.)

Syllabaires cunéiformes = listes expli- catives des signes dressées par les scribes eux-mêmes. Il en est de plusieurs classes. (Voir le dernier chap. de notre Littérature des Baby- loniens et des Assyriens). Voir 219. D'après H. Pognon in RA IX (1912), 131, n. 1, les syllabaires cunéiformes ne seraient pas extrêmement anciens, << ils dateraient dune époque les scribes commençaient à ne plus très bien connaître l'ancienne écriture idéographique, ou plutôt les ancien- nes écritures idéographiques. »

Sillô ( = Soloi), ville de Chypre, 309. (Annal. Ashurban. Cyl. C. I, 40.

Siloé, 445 (Cf. 1. 1, 135.) Canal de S., 445. Inscription du percement du canal de Siloé (vers 700 av. J.-C), 445.

Silûa {Silliia), ville de Chypre, 309. (An- nales d' Ashurbanipal) .

Simanu, nom du mois babvlonien, 532.

Simirria, nom propre d'un grand pic de montagne que Sargon d'Assyrie

se vante d'avoir fait franchir à ses troupes « comme des aigles vail- lants », 295.

Simon, grand prèlre juif, 479.

Simti-Shilkhak, hégémon. de l'empire élamito-mésopolamien, 2^ successeur de Kulur-Nakhkhunte qui vivait vers 2280. Voir t. I, 315.

Sin, dieu Lune, particulièrement ho- noré à Ur et à Kharran, et aussi à Nippur, 208. Père d'Ishtar, 243. Cornes de S. (assyr.), 294. Invoqué contre les sorciers {assyr.), 282 Prières à S. 218. Autres textes : 238, 304, 305, 389, 393, 394 suiv., 404. Voir Lune.

Sinabir, mont que Sargon d'Assyrie

se vante d'avoir franchi, dans sa 8*

campagne, 290. Sinakhulzi, mont que Sargon d'Assyrie

se vante d'avoir franchi, dans sa 8"

campagne, 296. Sinaï (Moy.-Emp. égypt.), 129, n. 2. Sindjirli, 430; ville au N.-E. du golfe

d'Alexandrette et au N.-E, du mont

Amanus.

Sin-Gamil, roi d'Érek (Voir t. I, 33, n. 2), 95, n. 2.

Sin-idinnam, gouverneur de Lai'sa et correspondant de Ilammurabi, 112 s.

Sin muballit, roi de la F* dynastie ba- bylonienne, prédécesseur de Ham- murabi, 62, n. 1.

Sin-uballit (Voir Sanballat), 427.

Sinuhe, noble égyptien de haut rang, sous la XII<= dynastie. Ses aventures, 130, 136, 359.

Sin-zir-han, nom du prêtre du dieu Lune [Sahar) dans l'inscription ara- méenne de Neirab, 434.

Sion, 382; cf. t. 1,316.

Siphra, 382.

Sippar, ville du pays d'Akkad mi- chemin entre Bagdad et Babylone) fut très vivante jusqu'à Darius I*^"" (521-485). (Voir 1. 1, 316), 113. Bloc de diorite du Code de Hamraurabi

596

INDEX-LEXIQUE

destiné au lemple de S., 55. Slia- mah, dieu de Sippar, 56. Archives cadastrales, 65, n. 4. Contrats de mariage, 66, n. 1 ; autres contrats de S., 71-74. Fragm. Meissner de y Epopée (le Gilgamesh, 99, n. 3. Mur de S. 109, Autres textes : 252, 393 s., 400, 403, 404, 405, n. 6.

Sirach (Jésus, fils de), 428. Nom du père de Tauteur du livre biblique V Ecclésiastique, d'après Eccli, L, 29.

Sirara-shum, nom d'une divinité mal connue. 13, 17. Un temple de Nina s'appelle ê-sirara (ki) -shum (Th. Dang, RA VI (1899), 25.

Sirpurla, autre nom de Lagash (aujour- d'hui Tello), 15.

Sir-shum-iddin, n. pr. d'un préfet de Bagdad (époque cassite), 207.

Sisithros. Variante de Xisuthros.

Sisuthros. Voir Xisuthros.

Sitiu. Voir Aamu.

Siwan; voir Simanu.

Sniendès des Grecs = Ns-sw-b'-nb-dd [Nesubenebded], pharaon de la XXI* dynastie, 366.

Snefru, pharaon de la III« dynastie, 125.

Snefru, nom de pays au N.-E. de l'E- gypte (Cf. Breasted, Ane. Bec. I, 143, n. d.), 137.

Sokaris. Voir Seker.

Sokhit. Voir Sekhet, 363.

Société hittite, 183; S. commei'ciales, dans les Contrats de la I" dynast. babylon., 71.

Sacrale, 447, 448, 452, n. 1. (Cf. t. I, 317).

Soldais, dans Code hittite, 192 s.

Soleil divinisé dans toutes les religions antiques du Milieu biblique. Pour le monde sémitique, voir Shainash ; pour l'Egypte, li'a.

En Egypte, le dieu Soleil était, le matin, Horus de l'horizon paraissant comme le faucon {horus ou hr); en plein jour, il est R'a, tout court {soleil = r'a) sous forme humaine; la nuit,

il est Alum ou Tuui, sous forme hu- maine, vivant de lui-même, alors que tout est ténèbres et néant; avant de renaître à la lumière, il est li'a khe- per {= R'a qui devient et aussi R'a scarabée, les consonnes kh-p-r et kh- /)-/'-/' signifiant aussi scarabée), 119, n. 3. Route du soleil (chez les Assyro- Bab.) Voir celte expression, 236. Particulièrement observé par les as- trologues babyloniens, 272 s. u Fils du Soleil », titre pris par les pha- x'aons, à partir de la VI« dyn., 119. Hymne au S., 118. S. = pharaon, dans les Lettres d'El-Amarna, 118.

Hymne triomphal au soleil, d'Ame- nophis IV, 346. Chez les Hittites, 187, 197, 202. A Palmyre, 438, note.

Songe, 232, n. 2. Explication d'un songe, aux temps shuméro-akkadiens : 17;

S. de Gilgamesh, 96. S. des troupes d'Ashurbanipal, 289. S. de Gigès, 310.

Songes dans le Livre d'Hénoch, 504.

Sophocle, 504. Au v^ s. il exerça une influence profonde sur l'âme athé- nienne. Il s'inspirait des mêmes idées générales qu'Eschyle, mais les for- ces 7nyslérieuses semblent passer à l'arrière-plan, chez lui. Ses person- nages raisonnent davantage. « 11 fut un des plus complets représentants de la civilisation attique, en un temps celle-ci concentrait en elle-même le meilleur de la civilisation grec- que » (Croiset). s. et Abraham, d'après les Juifs d'Alexandrie, 479.

Sop/ionie, probablement prince du sang, prophète-écrivain hébreu, contempo- rain de Jérémie (vii« s.). Son écrit est divisé aujourd'hui en trois petits chapitres, 216. Apocalypse de S., 511.

Sorciers en Babylonie (époque assy- rienne). 282 (Cf. Sortilèges).

Sortilèges en Babylonie (époque assy- rienne), 285.

Souffrance, 24, 247, 406. Voir : le Juste souffrant. SoufTrances des justes, d'après les Juifs des derniers temps» 497.

INDEX-LEXIQUE

597

Sourate (de l'ar. : surat) = chapitre du

Coran, 286, n. 1. Sphères célestes chez les Grecs, 461, n. 3. Sphinx, 142,

S(jnyn-R'a z=Sekenenre (Ta-o), pharaon de la XX« dyn., 319. (Cf. Breasted, Ane. Rcc, t. IV, 256.) Stèles-hudurrus, 205; stèle cultuelle {assyr.), 252 suiv. S. dans temple assyr. 294, 1. 15 et 1. 26. Stoïciens, 467 s. Cf. t. I, 320. Pour la première fois, hors du milieu juif, cette voix se fît entendre (qui susci- tera, après trois siècles, l'héroïsme pratique des Thraséas, des Epictète, des Marc-Aurèle) : le bien moral est tout, le reste nest rien! Ni Aristote, ni Platon n'étaient allés jusque là. Mais l'expérience de la vie démontra <jue cet idéal était par trop irréel; aussi, le Stoïcisme ne fut-il jamais que la religion philosophique d'une élite peu nombreuse, toutefois il ren- dit cette élite si grande et exerça une influence si réelle qu'il mérite une mention spéciale. Cf. 494-495. Strophes, à l'époque de la !■■« dyn. de

Babylone, 79. Slw. Voir Sdjw.

Subartu, la Mésopotamie (Voir Thu- reau-Dangin, RA, XVII (1920), 32. Supra, 275. Suia, montagne mentionnée par Sar-

gon, roi d'Assyrie, 295. Sumu-la-ilu, 2* roi de la F^ dynastie

babylonienne, 111. Suri-GAL, nom d'un canal babylonien

(époque cassite), 209. Sursunahu, nom du nautonnier d'Uta- napishtini, dans l'Épopée de Gilga- mesh, 101. .Si;se,3 ; capitale de l'Élam. Sa céramique la plus ancienne (!''■' style) remonte vers 3000 ou 2800. E. Pottier, Mé- moires Délecj. XIII, 63-66. Voir Milieu hihl., t. I, 321.

Gens de S, venant pour construire le temple de Lagash, 20. Code de

Hammurabi (sur bloc en diorite), et autres fragments en diorite décou- verts à S., 55 avec n. 4. Divination à S., 280. Textes funéraires du vu"' s., 313. Cf. 398 (Cyrus).

Sutéens = Sulu, 252. Sutû, bandes de pillards de Canaan ré- sistant volontiers à l'influence des étrangers, à l'époque d'El-Amarna (xiv<= s.), 252.

Au XI* s., des Su tu (les v'"^') du dé- sert syrien dévastent la Babylonie et sont refoulés, par les Araméens et les Chaldéens, contre les monta- gnes médiques (KAT^ 22). Au vin* s., Sargon {Fastes, 1. 82) en installe à Til-garimme (Voir ce mot) qu'il vient de rebâtir. Sous le même Sargon, il y en a au pays de Kaldu au service de Mérodach-baladan II (RB, VII (1910), 384-385.

7" = dieu nabatéen, 306, n. 1.

Ta^annak, à l'époque cananéenne, place forte, au S.-E. du Carmel, sur la route militaire d'Egypte vers la Sy- rie. (Voir t. I, 322), 177, n. 4, 172. Lettres privées de T., 176.

Taba, fille de Takhapi (Inscription ara- méenne du v'^-iv* s.), 435.

Tabernacle des grands dieux, 294, 1. 12.

Tabi-utul-Bêl, nom propre du Job ba- bylonien. Un autre (probablement) Tabi-utul-Bêl fut roi de Babylone, 251.

Tablettes à enveloppe, 64 (Contrats), « Panier à tablettes », 65; notes cri- tiques des scribes, 4, 83, etc,

Tabnit, prêtre d'Astarté, fils d'Eshmu- nazar, roi de Sidon, 439; 441. Inscr. de r.,441.

Tabûa, princesse imposée comme reine aux Arabes par Asaraddon, 306.

Ta-djesert =z « terre sainte »; mot sou- vent employé pour désigner l'autre monde, 345.

Tafnut, sœur ou parèdi-e de Shu ; son rôle est insignifiant, 327, 414, 415.

598

INDEX-LEXIQUE

Takhapi, nom pr. de personne (ïnscript. arani du ou iv* s.), 435.

Tait, déesse égyptienne. Voir p. 141.

Talmuds, 525,

Talmudique (Littérature), 522.

Tamalki, ville hittite, 193.

Tambourin, dans les cérémonies reli- gieuses en Babylonie, 37, 384.

Tainii'esu (grec Taniassos), ville de Chypre (vu* s.), 309.

Tammuz ou Tamuz (appelé aussi Du- niii-zi abrégé de Dumu-zi-abzu =z " fils légitime de Vahzu), c'est l'Ado- nis dos Grecs. Dans tout le monde sémitique païen, il était considéré comme le dieu do la végétation prin- tanière. Il mourait quand le Soleil d'été avait tout brûlé sur la terre (au mois qui portait son nom). Les Baby- loniens racontaient [Descente cVlshtar aux enfers) que son amante, la déesse Ishtar se rendait aux enfers pour l'ar- racher à la mort, 243, 32, n. 3, 36, n. 3, 38, 40, 248. Dans Mijlhe d'Adapa, 211.

Tàndarnan (non Urdaman], roi d'Egyp- te (Ethiopie), successeur de Tarqû, 308 (Cf. Streck, Asfuirb., 726.)

Tanen, Tatùnen et Ptah Tanen. Sous sa forme simple (Tanen ou Tatunen) paraît avoir été un dieu de la terre, en Egypte. Dans une inscription d'Abii Simbel, Ramsès II est fils de Ptali Tanen. (Wiedeman, Religion, 134). Tanen dans un hymne à Amen R'a (Nouvel Emp.), 353.

Tanutamon, pharaon de la XXV'' dy- nastie

Tarkondcmos, nom d'un dynaste qui figure sur une bulle ou sceau dit de Tarkondenios. Cette bulle est en réa- lité une empreinte sur plaque d'ar- gent au centre de laquelle un guex'- rier est représenté << à la hittite ». Autour du personnage sont des ca- ractères cunéiformes dont la lecture est très discutée. En général, on a lu : Tnrkudimmç roi du paijs d'Ermé.

Tarkondemos est un nom Ihéo- phore dans lequel Tarku [Tarqu, Tarkhu. Sur les différentes lectures ou grapliios, voir Autuan, Tarkonde- mos, chap. II), représente l'élément divin, 182.

Targums, 489, 522.

Tarif sacré phénicien, 441.

Tartar, cours d'eau qui prend ses sources aux monts Sindjar et va se perdre assez bas dans les déserts marécageux, direction de Hit. 292 (Scheil Annales de Tukulti Ninip II, p. 34 in 42).

Tashkhinia, ville hittite, 193.

Tashmetum, déesse parède de Nabù, 208, 218. Sacrifice offert à T. (lettre d'une femme assyro-babylon.), 313,

Taxa, dans V Assomption de Moïse, 510,

Tebet, nom babylonien du 10« mois de l'année, 532.

Tefnul=z Ta faut.

1 eglathphalasar III (viii« s.). Grand roi d'Assyrie (Voir t. I, 223), 215, 288, 289, 293.

Tcima (Théma, Têmâ' Teymâ'), ville d'Arabie située sur la route du pèle- rinage de Damas à la Mecque, dans le voisinage de la Dumah ismalile, 434, n. 3.

Teispès, 398.

Tell-Abta: sa situation, 293.

Tello, 5.

Tells funéraires, 6.

Témoins, dans les contrats, aux temps hammurabiens, 57, n. 5, 65, n. 7, 256.

Temple (Voir Dédicace). Construction du fameux temple Ê-ninnu, aux temps shuméro-akkadiens, 12 s. Ori- gines des t., d'après un fragment de poème de la Création en shumérien et en babylonien, 84, n. 2. Blé au temple de Shamash, à Sippar, 1 13- 114. T. érigés à des dieux assyro- bab. pour .sa vie, 290.

T. de plaisance du dieu, à la cam- pagne (assyro-babyl.), 388. Ro-

INDEX-LEXIQUE

599

■construction de temples, sous Na- buchodonosor, 393.

T. ou sanctuaires, à Nippur. 405, n. (3. Voir l'Index, aux mots com- mençant par È. Cf. 294, 1. 10 suiv.; 393-394.

T. de Yahô à Élépbanline (Haute Egypte), au vi« s. av. J.-C, 423 suiv., 425.

T. de Jérusalem, 482. T. de Jé- rusalem, dans les Oracles sibyllins, 485.

Teniamon, 306.

Tenu [Rejtenu, mot employé par les Egyptiens pour désigner les régions septentrionales de Canaan. Dans le Conte de Sinuhe. le R est tombé. (Cf. MoLLER, Asien und Europa, 47. Breasted. Ane. liée. ï, 238 note b.), 137 suiv. Cf. 129.

« Terre de misère ». Cette vie (Suse, au vil* s.), 313.

(( lierre entière » expression égyp- tienne qui désigne la terre de l'Egyp- te du nord et celle de l'Egypte du sud, 144.

« Terre sainte » = nécroj3oZe, en Egypte,

345, n. 1, 352. Teshrit. Voir Tishril. « Têtes noires »=:les humains, dans les

textes cunéiformes, 42. Testamenldes 12 Patriarches, 499, 507 s.

Teshuhjp, dieu représenté sur les mo- numents hittites, avec les vêtements hittites et avec la hache et la foudre du dieu sémite Adad 180, 187, 197. (Il ne figure pas dans le Panthéon sémite).

Dans le traité conclu entre Khat- tushil et Ramsès II, 202.

léti, fondateur de la VI« dynastie égyptienne, 117, 120 s.

Thaïes, de Milet (fin du vu* s.), ingé- nieur, astronome, géomètre, homme d'Etat; ouvrit la voie à une explica- tion rationnelle des phénomènes de la nature, eut l'idée et athrma que la genèse du monde était autre chose \

qu'une théogonie : une substance primordiale aurait, par ses trans- formations, donné naissance à l'in- finie variété des choses (cette subst. serait l'eau), 447.

Tharthar. Voir Tartar,

Thèhes d'Egypte, à mi-chemin vol d'oiseau) entre El-Amarna et Élé- phanline. Elle naquit à la vie poli- tique au début du Moy.-Emp., vers 2000 av. J.-C, et exerça une grande influence politique et religieuse. Mo- numents merveilleux (Voir t. I. 325- 326). Ruine de T. par Ashurbani- pal, 308. Voir 31G, 326, 349, 352, 354.

Théocrite, créateur du genre bucolique, à l'époque hellénistique (la Magi- cienne, les Syracusaines, etc.), 467, n. 3.

Théodotion (prosélyte Juif d'E- phèse? ébionite?) postérieurement aux LXX et au prosélyte juif Aquila, traduisit l'Ancien Testament de l'hé- breu en grec, entre 130 et 180 ou 189 ap. J.-C. Il ne savait pas parfaite- ment l'hébreu, aussi certains mots sont-ils simplement transcrits en lettres grecques. Les chap. III, 24- 90, XIII et XIV de Daniel (dont l'o- riginal était perdu à l'époque de S. Jérôme ont passé dans la Vulgate latine traduits sur Théodotion. (Tout Daniel de T. a été adopté par l'Ég-lise grecque, à la place des I.XX), 512, n. 3.

Thériomorphisme; pas de trace dans un hymne égyptien du Nouvel Emp., 346.

Thinile i Dynastie), 3300-2900 envi- ron. La civilisation égyptienne, 115.

Thot, un des dieux principaux de l'E- gypte. On pensait qu'il avait inventé l'écriture, les lettres et les sciences: mathématiques, astronomie, etc.; clerc des dieux, gardien des livres étaient écrits les destins des hommes, il présidait au jugement dont il écrivait le résultat, 116, 123, 133, n. 4, 140, 338, 354, 408, 413. Les

600

INDEX-LÈXIQUE

livres de Thot el les magiciens, 1. c, cf. 135.

Thwlîy, un des généraux du pliaraon Thvvtmès III (XVIII dyn.), 130, 359, suiv.

Thiitniès III, pharaon de la XVIII'' dyn. I Voir t. I, 326), 317, 349, 359.

Tiainat est le premier principe fémi- nin de tout. Cf. Enumaelish III, 88. Voir 81 s. Le Mythe de T., 83.

Tiglat-Pileser= Teglath-Phalasar.

Tigrane, 514, n. 1.

Tigre, 45.

Tihonu, 130.

Tilgarimme, province et ville, situées entre l'Anti-Taurus 'et l'Euphrate. Til-garimme = (Thogorma) Thogar- mâh de Gen, X 3, la Gorûn actuelle. Voir E. FoRRER. Die Provinzeintei- liing des asst/rischen Beiches (Leipzig, 1921), 75, 84, etc.

ri///; un = Dilmun (ni-tuk ki).

Tiinhale, dans les cérémonies religieu- ses, en Babylone, 37, 257, 384. Rites pour recouvrir de sa peau la timbale sacrée, 384.

Tiniihu, nom de tribus libyennes, 136.

Ttjrnpanuni, dans les cérémonies reli- gieuses en Babylonie (Cf. Timbale), 384.

Tyr, [Cî. 301, 309, n. 2; 365, 44).

T irash, noïn d'un temple ou d'un palais de Lagasb, probablement partie ou dépendance du grand temple L-nin- nû, 10. Le jour de la nouvelle lune on y célébrait une fête en l'honneur du dieu Ningirsu. (Cf. Ur-Ninâ, Tabl. E. Col. II, 5-6 et plaque Iriang. III, 1-2; etc. Voir King. Ilist. I, 109 et 189).

Tiriqan, nom d'un canton babylonien (époque cassite), 209.

Tirtar = Tarlar.

Tish-{khu=) pâli. Voir Tis/ipak.

Tis^hpah (CT, XLV a, 27 Ti-ish-pa-Id- im. Voir la note de Tu.-Dangin in Lettres et Conlr., p. 67), une forme du dieu In-urta en tant que patron spé-

cial du prêtre-ram/iu, 208. Schrank, Stud. babyl. Relig., 9.

Tishrit, nom du 7* mois babylonien, 532.

Tubie (Mariage de), 221, n. 3. Livre (biblique) de T., écrit par un Juif, probablement avant 300 av. J.-C. (en hébreu? en araméen (chaldaïque)? ou en grec?) présentant en 6 tableaux, les vertus et les épreuves de T., à Ninive; les vertus et les épreuves de Sara, à Ecbatane (LXX); le voyage de T., Gis, en Médie; le mariage du jeune T.; le retour à Ninive; et, comme conclusion, la manifestation de l'Ange Raphaël, compagnon de route de T., et les dernières années de T. Ce livre est remarquable, spécialement à cause des idées qu'il contient suvV Angélologie et l'Escha- tologie, 512.

Tombeau du pharaon « demeure d'é- ternité », 115.

T.=maison de ténèbres. On n'y reste pas {Suse, vn« s.), 313; « de- meure éternelle » (Palmyi'e), 437.

Tosephta, 526.

Tour à étages (ou ziggurat) babylon.; 393, n. 8; 394.

Tradition, dans la littérature babylon. et assyr., 2 s.

Traité de paix et d'alliance (le plus an- cien connu) entre Khattusil. roi des Hittites, et Ramsès II, 200 suiv. (texte).

Travail; travailleurs (Code hittite)» 196 s.

Triade. Trois dieux en une unité, et une volonté Thèbes, Nouvel Em- pire), 353 s. ; époque gréco-rom., 414.

Tribu. Schisme des 10 t. d'Israël, 316. Troie; Troyens, 322, 324 [Ilion.) Trres, pays de noirs mentionné dans

les textes égyptiens, 127. Tsalbat-Anu, dieu de la planète Mars.

Prières à Ts., 265 s. Tsarpanitum, Zarpanil, déesse parèdre

de Marduk, 208, 252, 391.

INDEX-LEXIQUE

60Î

Tsil-Ba'al {=. « ombre, protection de Ba'al ». Voir t. III. Idées religieuses) roi de Gaza, au vn« s., 309.

Tsiirru =Tyr, 309. Cf. Tyr, (Voir t. I, 328).

1. Tuhal, graphie de l'Ane. -Test, pour Tabal (chez les classiques : T'.Sap-rivîa; gentilice : Ti6apr,vo!), pays compre- nant le S.-O. de la Cappadoce, la contrée de Malatia (Mélitène) et s'é- tendant peut-être jusqu'au fleuve Ilalys. Dans l'Ane. -Test., ce mot est toujours (sauf Ps. CXXX, 5) uni à Mosoch (hébr, : rnéshék; Grec : Mor/ot, MÉr/ot, etc.). Voir Streck, t. I, cccl-

CCCLII.

2. Tuhal { = Ithoha'al II) mis sur le trône de Sidon par Sennachérib, roi d'Assyrie (viii« s.), 302.

TukuUi-lnurla, nom de deux rois d'As- syrie, 292.

Tarn. Voir Soleil et 333, 334, 353.

Turushpâ, résidence royale d'Urô, roi d'Urartu (époque assyrienne), 299.

TuR-zAGiN, ville babylonienne, 209.

Tushralta nom d'un roi de Mitanni, à l'époque d'El-Amarna (xiv« s.). Le Mitanni couvrait le nord de la Méso- potamie jusqu'à Ninive ; sa popula- tion était « apparentée » aux Hittites, 179.

Tuluz=z Marduk, à l'époque assyrienne, 401, n. 7.

Tympanum, dans les cérémonies reli- gieuses, en Babylonie, 19.

Uadjit, déesse égyptienne du Nord et de la couronne du Nord ; particulière- ment honorée dans le Delta et mal connue d'ailleurs. (Les Grecs l'appelèrent Bufo, et la comparèrent à leur Leto.)

Uapu, chef de conjurateurs arabes contre le roi Yata', Gis de Khazaïl, roi des Arabes (temps du roi d'As- syrie, Asaraddon),306. Prisme S d'A- sarad., fasc. IV, 16-29.

Uaush, nom propre de montagne si-

gnalée par Sargon (campagne contre i'Urartu), 299.

Ubar-Tutu protégé du dieu Tutu. » Tutu := Marduk à l'époque assy- rienne), 401, n. 7.

Ubast ou Bast, nom ancien de la ville de Bubaste (Per-Baste), au S.-E. du Delta, 146; et aussi nom de la déesse solaire Bast, qui représentait la chaleur du soleil douce et utile (par opposition à Sekhet qui repré- sentait la chaleur solaire brûlante).

Ubau-anir, un des héros du l'oman égyptien de Khufu, 133.

Ubshukina [uh-shu-ukkin-na) « sanc- tuaire des destins », une des salles du temple ds Marduk, à Babylone, 88.

Ud~gishgal-lu =z In-urta, 262, n. 4.

Udunw, =■ Édom, 309.

Ud-uru-lu, un des noms du dieu In- urta.

Ullusunu, roi des Mannéens (région de I'Urartu), sous Sargon d'Assyrie, 300.

Ulul, nom du 6* mois babylonien, 532.

Uninia, ville du pays de Shumer, 6.

Umman-Manda (Voir t. I, 155) détrui- sent Ninive, 396.

Unim-el-Aivdmid, localité du littoral phénicien, au dessous de Tyr, 444.

Wn-A/zioR, 359;363, s.

U (sham)-/ja-sa-gru-su, roi de Lidîr AÉopa = Ledron), ville de Chypre (temps d'Ashurbanipal), 309. Annal. Ashurb. Cyl. C I, 44.

Uni, fonctionnaire remarquable de la VI"^ dyn. égyptienne, sous Teti I<='V Pépi l" et Mernere. Récit de sa car- rière, 527.

Unis (transcrit souvent Unas), pharaon de la dynast. 117. Textes de sa pyramide reproduits sous les XI^- XIII« dyn., 121 s.

Un-nefer, 339, 343, 345, n. 6; 411.

î/pâ, montagne mentionnée par Sargon, roi d'Assyrie, 295.

f>02

INDEX-LEXIQUE

Ur, ville de Shuraer, en Basse-Méso- potamie. Patrie d'Al)rahaiu. Les prin- ces d'Ur exerçaionl la suzeraineté au XXIV* s. av. J.-(^. ; ils lurent tolérants, au point de vue religieux. 2, 44, 1U7, 393, 404, 405, n. 6. Cf. t. I, 329. Vaki'tu du dieu Nannar à U., 388.

Uraeus (oùpaîoî, i'art = aspic), emblème des divinités solaires; il se dresse sur leur front (et sur celui du pha- raon divinisé) prêt à cracher des flammes sur les ennemis, exprimant ainsi l'idée qu'on ne peut s'approcher de la divinité sans s'exposer à la mort.

Urdanian (Voir T^/idaman), 308.

Urartu {■=. Araral), pays prennent leur source le Tigre ol lEuphrate, 170, 296, 312.

Urbi, 303.

Urlumina, nom d'un pa<csf d'Umma, 7.

Ur-Ninâ, roi de Lagash (3000*), 8. Voir

t. I, 216. Urrf, nom d'une couronne, symbole

antique de la souveraineté. Le mot

remonte probablement aux temps

prédynastiques. 344, 1.

Ursâ, roid'Urartu, sous Sargon (époque assyrienne), 296.

Ur-Shanabi, messager d'L'la-naijishtim, dans l'Épopée de Gilgamesh. 238 1. 310 [Shanabi = Êa.)

Urt-het, 411.

rVii/i =z Erek, mur d'U., « ouvrage an- cien de Gilgamesh » 95, n. 2; U. « aux carrefours », 96 1. 28. Cf. 306, 307, 388. Ecoles, 383.

Vrukagina, dernier roi de Lagash (3* millénaire), voulut corriger les abus, améliorer la législation, don- ner plus de liberté et d'aisance au peuple, 9 suiv.

Userhet, 367.

Ushu (dans les Lettres d'EI-Amarna, Uzii, Usa) = Palaityros := Tyr sur la terre ferme, par opposition à Tyr-ile, 302.

Usirtesen III, pharaon do la XII* dyn. 317 (Voir t. I, 56). Ce mol doit se lire Senwsrel (Voir Mkveu, lîist. t. H ,^ 281, note.)

Usnui, 25, n. 1.

Ula-napishtini (= a il a vu, il a trouvé la vie ))), héros du Déluge dans le Poème de Gilgamesh. C'est lui qui fait le récit du grand cataclysme pour expliquer à Gilgamesh comment il a survécu, 101 iUta-naistitim), 236 s., 240.

Utnate, canton situé sur la droite du Tigre, peu en aval de Samarra, pro- bablement (Cf. ScHEiL et Gautikh, Anmdes de Tukulli Ninip, p. 36-37), 293.

Ultu (idéogr. : tag-tug), dieu brique, 25, n. 1, 29. ScHEiL, Nouv. vocahuL 22 in 84.

Ulukkii. Les u. étaient des êtres mal- faisants qui causaient les maladies, les fléaux, et toutes sortes de maux. Divî^és en séries de 7, 174, n. 6.

Uzunvi = ? L'w. est appelé « lien du ciel et de la terre. » 21, n. 8. {Azamû : vestibule, parvis. Voir Sgheil-Dieu- LAFoy, Esagil, 39 ad 3.)

Vaticanus, un des manuscrits les plus anciens et les plus importants de la Bible, de l'aveu de tous; ainsi nom- mé parce (ju'il est conservé à la Bi- bliothèque vaticane. U est du iv* s. ap. J.-C.

Veau céleste [assyr.], 235.

Vent du sud. Voir Shûiu.

Vénus [^ Dilhat, dans la littérature cunéiforme) planète spécialement ob- servée par les astrologues babylo- niens, 271, 274 s.

Ver. Légende du ver du mal de denti^ (babylonienne), 231 s.

Verbe du dieu, 404 suiv.

Vergers culture des), dans le Code de Hammurabi, 58.

Vertu, chez Aristote, 4t>3, les 4 vertus cardinales (Platon^ 455. Chez Epicure, 472.

INDEX-LEXIQUE

(X»3

Vêtements, chez les Hittites, 184.

Vétérinaire médecin des bœufs et des ânes ») dans le Code de Ilam- murabi, 63.

Vision (Cf. Songe.)

Vocabulaires cunéiformes. On en con- nait un très grand nombre, les uns shuméro-akkadiens, les autres exclu- sivement akkadiens, et aussi des lexi- ques akkadiens de synonymes desti- nés à l'enseignement littéraire. Cf. 383. 1.

Voile des femmes. Le Code assyrien prescrit aux femmes mariées d'être toujours voilées quand elles circulent dans les rues (de même l'hiérodule mariée et la femme de second rang) : c'est un signe de la propriété du ma- ri, 229.

Vol, dans le Code de Hammurabi, 58.

Voyages. Les Égyptiens et les v., 359 suiv. V. d'Hénoch dans l'autre monde, 500.

« Voyants » en Babylonie, 49 s. Lit- térature des « Voyants» : à l'époque shuméro-akkadienne, 1. c. ; au temps de la P'^ dyn. de Babylone, 107 s. à l'époque assyrienne, 266. Cf. 401, 403. Rapports officiels au roi, 271. Chez les Grecs, 50, n. 1.

V. s. F. ou D. s. f., dans les textes égyp- tiens, à la suite du nom du pharaon, signifient vie, santé, forcel (passim.^ \ ol (Code de Hammurabi), 57; (Code hittite), 191 s.; 193 s.

Wawa't localité de Nubie, 528.

"Westc.^r (Papyrus), 131.

Widarnag, commandant militaire des Judéo-Araméens d'Elephantine, au s. (Sachau, Papyr., 1), 425.

Wn-Amon, héros égyptien d'un récit de voyage sur la côte cananéo-phéni- cienne (Nouvel-Empire), 363,

Xénophane de Colophon, en Grande Grèce; philosophe poète, sorte de rhapsode voyageur (vi^ s.) errant de ville en ville dans l'Italie méridio-

nale. Ses poèmes étaient satiriques, historiques ou philosophiques. /f rail- lait la mythologie anlhropomorphi'/ue et affirmait ïunité de Vèlre qu'il iden- tifiait avec Dieu, 447.

Xisuthros, Xisuthrus {=: Alra-kfiasis »), 10* patriarche préhistorique d'après la tradition babylon., héros du dé- luge, 400 et 401.

Zahhan ; cf. Zamhan.

Zakkala, (d'autres, par ex. Breasted, transcrivent l'égyptien T'-k'-r par Thekel) population qui paraît, dans l'Histoire, à côté des Philistins aux- quels elle ressemble fort. Les Zak. faisaient partie de la confédération d'Asie-Mineure qui marcha contre l'Egypte (XIX« dyn.), 364 s. (Voir t. I, 330).

Zakarie, prophète écrivain juif (vei's la fin du VI* s.), à Jérusalem, encourage les Juifs à la reconstruction de leur temple, 382, 498.

Zakir, signataire d'une douzaine de Rapports astrologiques (époque assy- rienne.) : référ. dans Thompson, Re- ports, t. II, p. 144. Cf. supra, 271.

Zagros, montagne située à l'est du Tigre et qui s'étend dans la direction N.-O. S.-E., depuis le cours du Zâb inférieur jusqu'à celui de la Kerkha, 204.

Zalpa, ville, 193.

Zamama (A lire Ilhaha), dieu de Kish. C'est un dieu guerrier comme Inurta et Ningirsu, 77, 184.

Zamban, bit Zamhan [Zabban, Zâban), pays du Zâb inférieur, en Assyrie, 308. (Il existait un Zaïnha ou bit Zamha dans la région du mont Kashiâri =: Mons Masius. Cf. Streck Assurbani- pal, t. I, p. LXXXVIII), 398.

Zarbanitum, Tsarpanitum. Voir Sar- panit.

Zarigga, dieu mal connu, bien qu'il soit attesté plusieurs fois soub la forme Zariqu, 45.

Zerqd, 420, n. 7,

604

INDEX-LEXIQUE

Zidqa, roi d'Ascalon (lemps de Senna- chérib, roi d'Assyrie), 302.

Ziffgurat, tour à étages de Babylonie, 392.

Zihirtu (Zikarlu), pays dont le roi, Me- tatti, à l'instigation de l'Urartu, se souleva contre Sargon, roi d'Assyrie (719.) Celui-ci marche contre Z., 295 s.

Zimiir, montagne signalée par Sargon (campagne contre l'Urartu), 299.

Zippalanda, ville hittite, 193.

Zi-sum-mu = Nin-aiff, divinité babylo- nienne mal définie, 387. Voir référ. dans Deimel, Panthéon, 270(5.

Zi-ud-suddu, [zi-vd pour ud-zi = uta- napishtini, et siiddu := arik), nom du héros du déluf^e, dans le texte de Pennsylvania publié par Pckbel {Ilis- toric. lexls). C'est le même mot que

Uta-napisJdini, nom du héros du ré- cit sémitique du déluge dans la Xl« tabl. du Poème de Gilgamesh.

A la fin de la première de ces deux recensions, Ziudsuddu est établi roi du pays de Dilmun. Zorobabel (LXX), en hébr. : 'Aerûbljd- hél [o\x encore Shesh balslsar, car on a des raisons de penser que ces deux noms désignent un même per- sonnage), prince de Juda(cf. I (Ihron. III, 19), fut élevé conformément à son rang. Il se mit à la tête des exi- lés qui, avec l'autorisation de Cyru&, rentraient en Palestine, restaura le Temple malgré les difficultés que lui opposèrent les Samaritains (il fut terminé en 51G) et favorisa la réorga- nisation du service religieux. La fin de l'histoire de Zorobabel n'est pas connue.

LISTE DE MOTS

1. Mots shumériens.

a = eau.

A-am : récipient, rigole, « bénilier »,

17, n. 5. ab : pâturage, 32, n. 1. aff : faire, 16, n, 7. a-ga : pour la suite des temps, 43, n. 1.

sgam = 1/12 de ya (?) Cf. Delaporte. Civilis. habyl., 250.

A-edin = ? (nom d'une construction

d'Ur-Nina roi de Lagash, 8. azag : éclat, 18, n. 6. azag-zu : (celle qui) connaît les choses

pures, précieuses, occultes; hiéro- phante, 13, n. 7. <in-kush-gal : divin et ample pavillon,

15, n. 10. apin-ru : planter, 43, n. 11. halag, d'où balaggu : tympaniim, 37,

n. 4. ha-ni-in-rig : je détruirai par la pluie.

29, n. 2. (Langdon, Poème sumér,,

172, n. 6et 178, n. 2.) hanshur {gish) zag-gu-la : écuelle, 74,

n. 3. bantu : ventre (Holma), 53. bar-ge, sorte d'huile, 387. bur : mesure de superficie équivalant,

au millén., à 6" 35^ 10''^ 48 (Cf.

Delaporte, Civilis. babyl., 250), pas-

sim.

bur-gul : tailleur, graveur de pierres, de cachets, 65, n. 2 (Cf. Scueil, T. élam. sém., t. V. 98).

hil-bil : flamber, 41, n. 4.

bit qa : sorte de farine, 386.

gab : ouvrir, 43, n. 2.

gaz = daku : tuer, 175, n. 2.

gan {=: champ) mesure de superficie de 100 sar au 3^ millénaire (Donc 35* 28*^" 36), passim (Cf. Delaporte, Civi' lis. babyl., 250.)

ganatn : en vérité, 17, n. 11.

gù-dé-a : ministre,

gu-edin : frontière de la plaine, 7, n. 1.

gu-ma: serviteur. (Cf. Langdon, Poème

sumér., 269.) gi-bar : totalité, 15, n, 8. gig : sombre. gi-gi : aller et venir; tracer des plans

en allant et venant, 16, n, 10.

gin=i 1/60 de qa.

gish a-am : aiguière (?) bénitier (?), 17,

n. 5. da : bras droit, côté, 32, n. 10,

dam-kar-ra : celui qui a des richesses, le négociant, le « pacha », 41, n. 2.

dun=:l, 18, n. 13; 19, n. 1.

dup-sar : scribe à tablettes, 65, n. 5.

ê-kur : maison de la montagne.

eme-sal : langue de femme, parler de

femme; forme de la langue des kalû,

384. en : « statue »; littér. : prêtre, pontife;

mandataire, 14, n. 9. en : incantation, 37, n. 1. t'-nir, 388. en-shag-me : seigneur qui guérit (ou qui

améliore) l'intelligence, 33, n. 3. ê-pa-tu-ti-la : maison du sceptre de vie,

390.

00(3

LISTE DE iMOTS

ereAh-l;i-(jal : dame de la grande terre,

:;^13, iK 4*.

er-sha-kii-nial (lire er-sha-hhnd-fja.) : lamentalion pour l'apaisement du cœur, 40, n. 4, 257.

ê-shar-ra : maison de la totalité, 262, n. 3.

er-shkm-ma := « laiiiPiitalion au son du SHEM (instrument de musiqucj dési- gne un répertoire de chants que le lialù exécutait pour « apaiser le cœur des dieux », en s'accompagnant d'une timbale (/i7iaZA7ia//a/(v). Voir Thuheau- Dangin in RA XVI (1919), 121 et 122. Cf. h'alù, 257.

esh-ir = 1 (nom d'une construction dUr-Ninâ, roi de Lagash, 8.

ê-PA ; chapelle du grand temple de Nin- girsu, à Lagash (Babylonie).

ubar : protégé, 401.

ùg : panthère (?), lion (?), 16, n. 5.

u-f/ish : espèce de plante (exotique?),

30 avec n, 3. ud : jour; lorsque, 5. ud-ha : en ce temps-là, 6. uku-uliu {kalani-kalam)-me dans les

pays, 43, n. 9. uni-me-li = (?), appliqué à la grêle, 39. usku : sorte de bois, 386. ur-a-si-ga : partage à parts égales, 73,

11. 1. uni ■=z ville, 15, n. 1. uru-khul-a-ge, 405. us/i : mettre, placer, 15, n. 7. zal-zal : abonder, 17, n. 7. zi-ahag : ce en quoi il y a de la vie;

les vivants, 15, n. 9. khe-gal-la-e : il fait abondance : il est

multiplicateur, 15, n. 3.

hhush-a : irrité, 31, n. 1. khi-hi : détruit, 2, n. 3. ib (TV>ij-tal : reliquat, 78, n. 4. ini-ki : sorte de vêlement (dans le Code hittite i, 184.

im-le-na : par nature, 40, n. 7.

ka : bouche, 32, n. 6.

ka-ares/i-id : pour la violation de la maison, le prix (la compensation)? 47, n. 1.

kaskal : expédition commerciale, 68, n.2.

kur-ru : (sorte de farine?), 386.

kinda : tondeur, chirurgien, 16, n. 8; 18, n. 1.

igi-har : ouvrir les yeux.

im-gig : vent sombre, 16, n. 3.

in-dub-ba = ?, 7.

kalam =. le pays par excellence, c'est-à- dire le pays de Shumer.

knr-kur= les pays non shumériens. ki-azag : lieu saint, 22, n. 3. ki-ush : fouler la terre, 18, n. 16. ki-khar-khar : mettre en poussière la

terre; se vautrer; être couché, 17,

n. 8. lù-a (homme + eau), 17, n. 6. lugal-e-dim-me-ir an-ki-a, 387.

lum-ma-gir-nun-la ( =?), nom de ca- nal du pays d'Umma, 7.

ma (sHER)-rfa : celui dont le bras n'est pas paralysé; vaillant (Cf. SAI 2838^ 32, n. 10.

ma-gui'-gur ; bateau, 35, n. 2.

mar-mar : conseiller de conseil, 42, n. 3.

me : fabriquer, ouvrer, 33, n. 2.

me [nie-a] : toi; moi, 41, n. 5.

me-a : ; que ce soit.

me-bi-an-ki-a : ses chapelles (ses rites?) en haut et en bas (?) de faire (de créer).

mul : pureté, 18, n. 5. mu-nam-shesh-g;d-la-slui : la puissance

de son aînesse, 73, n. 3. inusukannu, sorte de l)ois, 386. mii-len-nu-nunuz-gini, 405. min-kam : second, 16, n. 11. na : (euphémisme pour) l'organe ou une

LISTE DE MOTS

607

partie de î'organe de la génération

32, n. 8. nam-en : seigneurie, 1 10, n. 3. 7iam-nun-cla-ki-gar-i'a^= ?, 7, napdû=? 386.

na-ru-a : pierre levée, stèle, 205, n. 2. ne-anu-ffal : seigneur de la grande

terre, 213, n. 3. ner {nir)-g,il : conseiller, conseillère,

14, n. 5, le souverain, 43, n. 9. tiu = homme {zikaru = imUe, homme,

en accadien), 14, u. 11. nu-du-zu : celui [zikaru : homme) qui

ne sait pas aller; vagabond, 14,

n.ll.

?ii-a : dans la crainte, 15, n. 3.

nig-amar-ra : à (tout) ce qu'il a de bêtes, 46, n. 5.

nig-ga-ra : à (toutei propriété, à (tout)

bien, 46, n. 5. nm= dame.

ni-nad : protéger, 15, n. 6. nm-grar =? (dans le grand temple de

Ningirsu, à Lagash, en pays shumé-

rien.) nir-gal. Voir ner-gaJ. sa-gaz (lu) : pillard, 175, n. 2. sag-kul (gish) : targette, 43, n. 4. she-ga-ne-ne-te : après accord mutuel,

74, n. 4. sakhar-ta : en terre, 101), n. 4. sal-dug : travail de femme, soigner,

embellir, orner, 19, n. 5. sal-me : recluses (du dieu Shamash),

67; prêtresse, 78. sar (=: verger) mesure de surface. Au

millénaire av. J.-C, le sar = 35'^"

2836 (Cf. Delaporte, Civilis. bah.,

250.) sug-ra khu-mu-ni-nigin : je l'ai entouré

d'un marais, 109, n. 5. su-di-esh {gish) : verrou, 43, n. 3. si-gar {gish) : loquet, 43, n. 5. si-sà : diriger, 12, n. 11. fja = environ 8 décilitres (au 3* millé- naire av, J.-C.)

,shag-bi : son intérieur.

shag-gù-bi : ce qui est entre les rives, 12, n. 4.

sukkal-diH/ : dux verbi, héraut, 15, n,

13. pad : voir; nommer, 119, n. 6. Isi : amer, 53, n. 1. rib : forme, 16, n. 1. shed-dé : pacificateur, 44, n. 4. shu-dug-ga : remplir, 15, n. 4. shu-il : apporter, rapporter, 19, n. 11, SHi-KAK (its) : pointe de lance (Gode

hittite), 187. temen, 394.

lùg, déterminatif du drap, 184. tul : troupeau, 32, n. 3. ti-bu =: ? (oiseau ti-hu), 17.

m : cage thoracique (voir 33, n. 1); côte ; vie, l. c.

2. Mots akkadiens (babyloniens et assyriens.)

abubu : inondation, 282, n. 4.

abkal, abkallu : guide; messager, 86, n. 4; sage (?), 88. n. 3.

agû : tiare, 10, n. 2.

awilum kima awilim manakhtam ishak- kanu : ils ont fait les frais en com- mun (membres d'une société com- merciale), 71, n. 2.

akilu, 387-388.

alla : pioche, 391.

alû : sorte de démon, 281.

alkal ■=. shunu : leurs menées, 86, n, 1.

amat nish gâti [qâli) : parole de la main levée, 261, n. 3.

amêlê bi-kha-a-tim ; les hommes de 1* province, 107, n. 1.

an-na e-lum-e : ciel élevé, 404.

apsû : océan primitif, 82 suiv.,265, n. 3.

arbaku, dans !a correspondance de Canaan, 170, n. 7.

as-kup-pu : linteau, 394.

608

LISTE DE MOTS

atslsammim : 7 fois (?), 98, n. 2.

arkalu : cuisses, 254, n, 4.

arkatu : pour la suite des temps, 43,

n. 1. ashih parahhê : hal)itant des <> palais »,

398. ashipu. Voir l'Index-Lexique. ashiri (amé/u/i), dans la correspondance

de Canaan, 177, n. 2. ashrishu {ana) lilûra : qu'(en) son lieu

il retourne, 258, n. 3. halaggu (Voir le shuniérien balag),

385. ba-ni-ia : (le dieu) qui m'a engendré,

111, n. 3. ba-ni-ti-ia : (la déesse) qui m'a conçu,

111, n. 2. bânlii : ventre (IIolma), 53. barû : voir [bârû, sorte de prêtre-de- vin, 253, n. 8, 267, n. 1), 50. bârû ina bi-ir : le Voyant, dans une

vision, 248, n. 1. ba-ru-ti : les voyants. (Cf. bârû), 107,

n. 3. be-lil {Us), dans la correspondance de

Canaan, 176, n. 9. bel pakhâli : gouverneur, 250, n. 5. budne : jointures, 254, n. 4. bûnânu : forme, 16, n. 1. bu-ni-shu-nu (ina) na-me-ru-tim : (de)

leur clair regard, 111, n. 7. bushê : possessions, 241, n. 4. J)i-ir-(i : de la citadelle, 107, n. 2. billudc.: ordonnances (gravées sur la

pierre ou sur le mur), 396; 397. billun (ana) contre redevance, 69, n. 6. hirit shiddi : sorte de tente ou de repo-

soir, 389. hitii : maison, temple, 394. Itît khat-tii balâli : maison du sceptre

de vie, 390. bil ilu Sharrum : maison (= temple ou

sanctuaire) du dieu Sharrum, 75,

n. 2. bflim [1 sar) : 1 fonds bâti, 75, n. 2.

bît ridûti : palais du Gouvernement,

303. gabru : duplicatum, 2, n. 3, 256, n. 6. gag uni : cloître, 69, n. 1. gamral (la) : non complète, non finie,

non entière, 51, n. 6. gallabu : tondeur, barbier, chirurgien,

16, n. 8; 18, n. 1. guqqanu =. '!, 389. gunnu =, 386. giniru : totalité, 15, n. 8. gilnialûtuni : puissants (gitmâlu), 282,

n. 3. daddaru : amer, 53, n. 1. dâku : tuer, 175, n. 2. daniqâl : favorable, 267, n. 1.

d. ; défavorable, /. c. dug-ga-an-na-ab, 403. dupsliikkii, 391. dûru : la muraille avancée d'une ville,

enceinte, mur, 109 ; 391 ; 392. e-gu-u (rac. : ga'u'i)z=zUs crièrent, 89,

n. 3. edinu : plaine, 7, n. 1. ekallu : grande maison ; palais, 35, n. 2,

241, n. 3. elippu : barque, bateau, 35. n. 2. enunia : lorsque, 5, n. 3. enuma elish : lorsque en haut, 81, u. 3. enumishu : en ce temps-là, 6, n. 1. e-pi-rl fina) en terre, 109, n. 4. eqlini [eqlu), champ, 69, n. 8. ul, négation, 2, n. 3. unii ma-kha-ri, dans la correspondance

de Canaan, 177, n. 3. u-nu-tu, dans une lettre de Chypre,

178, n. 7. upuntu (sens, voir 255, n. 1). utsurlu : image, contours, plan, 51 . n. 4. ush-sa-ak-pu re'ùli mu-shi-a-tiin ne

pouvaient reposer les bergers, pen- dant la nuit, 98, 1. 30. ulaqu : j "obéis, 391. ulnennu : j'implore, 259, n. 1.

LISTE DE MOTS

609

vlukku. Voir V Index-Lexique.

za-ni-in-ka : ton conservateur, 395.

ziggurat, 394.

zikaru : mâle, homme, 252, n. 4.

ziku =? (dans le contrat du mariage),

66. zi-ma-at ba-la-ti-iin : c'est la vie! {sùn-

lu : tout ce qui convient;...), 98, n. 1. zimu : forme, 16, n. 1. khahâlsu : se réjouir? 89, n. 2. khahhatu : pillard, 175, n. 2. khahiru : clan de pillards, 175, n. 2. khalkhallatu : timbale, 37, avec n. 3. khasâsu : comprendre, 33, n. 2. khasis atra : très sage, 401. khasisu : oreille, intelligence, 33, n. 2. khar-jna-ki [ilu Duttiiizi) ma-na-akh-ti

lil-bal : que ton époux (le dieu Du-

muzi) mon malheur éloigne, 248, n. 3. kharrani (sha) a libbi alim : (négoce)

local et étranger, 71, n. 1. khi-sha-am : reconnaissance de dette,

78, n. 3. khilii : péché, 253, n. 2. igaru : mur d'enceinte, 394. i-da-ak-ku ; rac. : dàku ^ abattre ; tuer;

203, n. 2. idi : je sais, 2, n. 3. i-ik-ka-al ; il mange, 99, n. 3. i-il-li-ik ; il est allé, 99, n. 3. iUaka dimâsha : se présenta en larmes,

231, n. 2. ip-pal-tu-u ; ils allèrent, 89, n. 5. ippirii : malheur, misère, 248, n. 3. ip-ru-su-ma : ils décident; ils pronos- tiquent, 107, n. 5. ip-shu pi-i-shii : il fit bouche, il ouvrit

la bouche, il parla, 88, n. 4. i-i-i-?na (de i-amû, en relation avec

shublu : établir fixer son domicile),

253, n. 9. i-shnr-ta : équité, 253, n. 5. ish-le-ni--slii-na-a-lim : il prit soin

d'eux, 397.

i-ta {al-ta-a) a-khi-lum : (je vois) un pré- sage mauvais, 250, n. 3.

iieme (makhkhutislî) : elle devint (I, 2 de emû) comme en extase, comme hors d'elle-même, 92, n. 2.

kabâlu : honorer, respecter, 90, n. 6.

KA (rfugr)-Gi-NA lib-bi mâti ilâb : ordre, bien-être dans le pays, 271, n. 3.

kakkab (inuma) Bel : (lorsque) l'étoile Bel, 218, n. i.

kalù, mot désignant une classe spéciale

de prêtres babyloniens, 2, n. 3, 256,

n. 2, 384 ; 389. ka-lu sha-na-tu : d'entières années, ou

tous les ans, 100, n. 3. kapâtu : réunir, 90, n. 6. kâr [kâru), mur, rempart, quai, digue,

109, n. 6. ka-a-ri [kâru) khi-ri-ti-shu : mur de son

fossé, 392. ka-ras-su : son ventre, 87, n. 5. kudurru : pierre bornale. (Voir l'Index-

Lexique.) ku-um-/ni-ka [kùniu et kummu)..., de- meure, sanctuaire, 395. kursinnu : patte (des quadrupèdes),

254, n. 6. kushtarê : lentes, 398. kigallu : grande terre; enfers, 213, n. 1. kidinu : protégé, client, 401. kima : comme, 2, n. 3. kimiUi : ma colère, 248, n. 2. ki-i-nim : normal, 393. kissu (prononç. : kifsfsu) : sanctuaire,

392. kirbish. Yoïv qirbish. kittu. Voir l'Index-Lexique. là; la-a : non. la-bi u-gi-ir-ri (rac. : gâru) : le lion il

attaqua, 98, 1. 29. labiri, labiru : vieux, 2, n. 3. lahku, sorte de mélange fermenté, 389. lamassu. Voir l'Index-Lexique. lumâshu, série de 7 étoiles, 174, n. 2.

39

6.10

LISTE DE MOTS

li-a-bit : qu'il fasse périi\ 90» n. 7.

lihha khi-il-bi u t&i-ri : milien du bois et de la pl»ine, 72, u. 1.

libittashunu : leurs (ouvrag-es en) bri- ques, 111, n. 6.

lih&fiu tU'ub-bat-li irn-la : son cœur de joie fut rempli, 87, n. 6.

Ulisiu : timbale iinstrumenl de musi- que), 384, 386. 387.

ma : et; ou enclilir/ue.

maffari {ils), dans la correspondance de

Canaan, 176, n. 8. macjuvgurrum : bateau, 35, n. 2. ma-ad dan-nesh : dans une lettre de

Chypre, 178, n. 4. ma-a-zu : exprimer, macérer, 181, n. 1. makhkhu : devin, 92, n. 2. makh/ihùtu : état de devin; extase, 92,

n. 2. ma-la ba-zu-u : autant qu'il y en a,

71, n. 4.

malû : remplir, 15, n. 4.

manakhtu : malheur, misère, 248, n. 4.

mstnzu : tambourin, 37, n. 5.

maiskhalu : espèce de poudre (aroma- tique), 386; 390.

maqlû : combustion, 284.

mashdàkhu (même sens que shadâkhu d'où il dérive), 397.

mashshïûli (niashshu') : pillards, bri- gands, 282, n. 5.

matû (ma-du-u) : diminuei', 100, n. 2.

inati nù-tuni : le mort de mort, 100, n. 4.

melsu : tambourin, 37, n. 5.

mâlu ina ki-tsir-sha innadi : le pays avec ses biens seront ruinés, 108, n.l.

iiicsliarii : Voir l'Indcx-Lexique.

mugallUu : adversaire, ennemi, 398.

mubnullu : flèche, 92, n. 3.

mu-she-kil : celui qui procure de la nourriture, 314, a. 2.

mush-riish, inu»h-riishshé, 87, n. 1 ; 392.

niuti : cunaorl; époux, 98, n. 3.

m-l-' y-d : templir la main = consaci'er, 253, n. 6.

nabaltu : aller, 89, n, 5.

na-bi-isJï-ti-&hu {ana) : pour sa vie, 75, n. 4.

na-da-a-ni, de nadàrw : donner, 202, n. 1.

nadû : jeter;... dessiner, 18, n. 8.

namâru : ...; être radieux, 398.

narû : pierre levée, stèle, 205, n. 2.

nashù : mettre, placer, 15, n. 7. ap- porter, rapporter, 19, n. 11,

napshat {ina) : à l'intérieur, 51, n. 5.

natâlu (pour nathâlu) : contempler, 99, n. 3.

nu-bal-lu : pleur funéraire; lamenta- tion. Quelquefois, autre sens (Cf. nu- bal-li lâ-i-ba-a-fa = sans « lanibiner» KEisEft, Letters... from Erek, n. 31, 9; cf. 39, 25-26J, repos, jour de fête; cf. rac. : hâiu.)

nudunnu : donation du mari à la femme (Gode assyrien), 221.

nu-ku-she-e : les gonds, 394.

nu-?'a-di-shii-nu (?) rac. : nar^/a (?), 89, n. 1.

nibiltu = •?, 390.

nikhlu : paisible (fém.), 109, n. 8.

sad nakri : mort, destruction de l'enne"

mi, 267, n. 1. sarâqu : faire uae libatioQ., 242, n. 2. sukallu, sukkallu : ministre, 256, n. 3. surqînu : libaleur; sacrificateur, 242,

n. 2. sib-ta, lire tsib-la,. epéshu : faire bouche, parler (Cf.

ipshu })i-i-shu), 88, n. 2. palû : un des insignes de la royauté,

90, n. 1. parak ihini : tabernacle des dieux, 294. palAru : libérer, dissoudre, faire dis- paraître, 263, n. 4. pikha : mesure de capacité (employée

pour la biôre, dans le Code hittite),

197.

LISTE DE MOTS

611

pirishlu : présage, 51, n. 2.

pisan duppi (mâr) : 61s du panier à ta- blettes = archiviste, 65, n. 3.

tsahit qalâ : secourable [prendre les mains), 266, n. 1,

tsalâlu '. protég-er, 15, n. 6.

isêru : dos, croupe, cime, 35, n. 1.

tsukhru (El-Am.) : sens de tsêru.

tsih-la : préciput, 73, n. 2.

tsibtu : croit, intérêt, 58, n, 6.

Isikhru : petit, jeune; (scribe) apprenti, 94, n. 2.

qadishtum : hiérodule, 73, n. 6.

qaqqaru : le sol, la terre, 394.

qirbish Tiamal : (pour) y (enlacer) Tia- mat; qirbish : à l'intérieur de; etc., 90, n. 2.

ratû, 394.

re'u : faire paître, 111, n. 1.

rêshu : se réjouir, 89, n. 2.

ru-shum-li [rne-e) : (eaux) de boue, 259, n. 2.

rikistiini : contrat, 65, n. 8.

rik-su-u-a : mes articulations, 250, n.2.

rimki (bit) : (Voir Caul Frank, Stud. babyl. lielig., 8), 261, n. 4.

shahâsu : s'irriter, être en colèi'e, 253, n. 7.

shagûtim (ana) : contre le sacerdoce (contre le prêtre), 75.

shadàkhu : s'avancer processionnelle- ment, 397; 398.

sha ib-nu-u tu-ku-un-tu : celui qui a fait le combat [tukuntu pour tuqum- tu : attaque, combat), 91, n. 1.

shakânu : placer, mettre, faire, déter- miner (Verbe au sens très large, qui doit être précisé d'après le contexte), 100, n. 8.

shaku : officier, 256, n. 4.

shalkhu : muraille interne (par rapport à la muraille avancée) d'une ville, 391.

shalmat ; shalmat : favorable; défa- vorable. 267, n. 1.

sha-na : brûle-parfums. (Voir 265, n. 5.)

sha na-bu-u zi-kir-shu : dont le nom soit célèbre, 91, n. 2.

sha-ni-nu : égal, 85. sharâqu. Voir sarâqii. shatir : écrit, 2, n. 3. shêdu. Voir l'Index-Lexique. shu, pron. 3' pers. sing. m.; et adj. démonstr.

shu-un-na-at ili : double divinité. 86, n. 5.

shu-ka-nu-u-a : mon habitation (?) 251, n. 1.

shuluni napishti : bonne santé, 267, n. 1.

shurpu : embrasement, 284.

Shurqînu. Voir surqînu.

shi-bir-shu (pour shipir : ...œuvre) : son travail, 394.

shizurru = ?, 386.

shikhirtii : le firmament semé d'étoiles, 393.

shikaru : bière, 263, n.3. shipiu : incantation, 37, n. 1.

shiru : chair; corps ; par extens. ; cœur, 109, n. 2.

she-ri-iq-tini (ana) lu ish-ru-ku-nini : (de ce) présent ils m'ont fait présent, 111, n. 8.

takiltu : pourpre violette, 255, n. 3.

lallu = ?, 389.

tamâkhu : prendre, placer, mettre, 93, n. 1.

tanittu : gloire, 262, n. 6. ta-shi-la-a-ti. Pour le sens, voir 262,

n.6. lebîtu : barque (?), 35, n. 2. tâbu : bon. 69, n. 8.

te-rit, têrtu (= réponse du dieu) oracle,

révélation, 262, n. 7. tub libbi : joie (bien) du cœur, 267, n. 1. tiamal (tânilu) : la mer, 85. ti-il-la-ta := ?idée de vie, de confiance?,

203, n, 3.

39.

•il 2

LISTE DE MOTS

lirkhatu, (irkhalum : prix (de la femme, pour le mariage) dans le Droit baby- lonien, 06, n. 2. T. dans le Code assyrien, 220.

tirnâl (plur.), sortes de récipients (?), 389.

3. Mots hébheux.

'âvén, 124, n. 3.

V«, 124, n. 3.

'on, 124, n. 3.

'asyr, 177, n. 2

'shykh' : élang, bassin, 418.

hdniâh : haut lieu, 417.

Beylh Shéniésh, 124, n. 3.

n-'s, 107, n. 2.

derek, 418-419.

Jûd : aimer, 328, n. 1.

dûdâ'iym : mandragores, 328, n. 1.

Z.i/iâr-Ba'al, 364.

Khâncs, 344.

w, 178, n. 3; 318-319, n. 2.

■y;i, 89, n. 3.

zaliâr : mâle, 253, n, 4.

hhawâh, Jikair/lh : vivante, viviGanto,

33, n. 2. khereni (mot techni(jue), 419. hJiozéh : voyant, 50^ n. 1, kh-th-' 253, n. 2. zi »3iT3, 87, n. 6. nasTS {dup-sar), 65, n. 5. yarek : cuisse, 254, n. 4. ywm niâkhâr, 177, n. 3. ysb : demeurer, 418. hânyahw, 417. r^îjr, 176. n. 10. Méysh'a, 417. n^on r'io, 100, n. 4. =3'?=!, 176, n. 5.

mshkh : oint; lueisie, 212, n. 3. nabiij' proi)hèto, 50, n. 1.

nikhûmliy, 327, n. 3.

niast : mou signal, 417.

ns (/lés) : signal, 417.

skhb : tramer, 419.

-.-r, 263, n. 4.

tsohar, 35, n. 1.

<7(?/ti/> : entrailles, 254, n. 5.

qyr : mur. ville, 418.

rkhm : esclave de guerre, 419.

ro'éh : voyant, ,50, n. 1.

shny' nir [shenèy hâ'omer) : deux go-

mer, 420. she'ôl. Voir l'Index-Lexique. shékdr, 263, n. 3. têhâh : arche, 35, n. 2. tainn, 92, n. 1.

tekêlét, 255, n. 3. toriih, 262, n. 7. (eshiînlh, 256, n. 8.

4. Mots Arabes

^yî, ^yî, 264, n. 4.

y|W : dos, croupe, cime, 35, n. 1,

jLèi, 263, u. 3.

suKiNav : habitation, séjour, 251, n. 1.

^, 263, n. 4.

^Ua, 344.

vSS".- : cuisse, 2.54, n. 4.

5. Mots moabites.

rs : chacun, 420.

br : citerne, 420.

bth nilk : maison du roi, 420.

dicd : génie, dieu loeal, 418.

/fZ'î/ (duel à l'état construit ] double ou deux'! ou bien : mur de revête- ment?) dans Inscr. deMésa, 1. 23, 420.

hlirni : faire kherem, 419.

mshm'th : convocpier, grouper autour d'un clief, 420.

sk/ib : trainer, 419.

LISTE DE MOTS

618

'/•/ : autel, 418.

*sh : les gens, 419.

'shwkh : bassin, 418.

qr : ville, 418.

rkhm : esclave de guerre, 419.

6. Mots araméens.

br : fils (... MQM... br), 431.

Knaia n>3 : maison à autel, 427.

mqm (...br...) : lieu sacré (de. ..fils...),

431. natan : donner, 420.

7. Mots phéniciens.

*lt : sur (EsHMUN., 1. 5.)

'sh : qui, lequel (Eshmun., 1. 15).

b'I hzbkh ; maitre du sacrifice [ = celui

qui offre le sacrifice), 442. h'im : les divins, 444. mVk : représentant, 444. ryishkb : couche (Eshmun., 1. 5). sgr : enfermer (et non : livrei^), dans

Eshmun, 1. 9. qnmy : ma personne (Eshmun., 1. 4).

8. Mots égyptiens.

amen (imen) : caché ; 342.

ba : « âme », 121, n. 5; 343; 414.

B'-di-r\ 364.

haw [ba) : volonté, 351.

betio : mal, péché, tromperie (Voir la graphie), 345.!

heq ou hiq : chef, 350.

biaiw ; merveilles, 351.

Bitiu. Voir V Index-Lexique .

Df-h'-r, 364.

hu : provisions (?) nourriture (?), 351.

uadj wr : la Verte grande (la Méditer- ranée), 351, n. 5.

ivdjal : œil (de R'a), 344.

bi'w : merveilles (choses merveilleuses), 351, n. 6.

dehen, poids égypl. équivalant à pevi près à 0,89/0,91 grammes, 364.

debl : caisse, coffre, tombé, 35, n. 2.

dw'at : l'autre monde, 120, n. 5.

H'-ly-b\ 370.

wdnw : oblations, 156, n. 1.

wi : signe du duel.

un-nef er : être bon, 345.

wser-ra-f : forte (est) sa bouche, 145.

ivr : grand, 147, n. 3.

khabs : groupe de 36 dieux-étoiles, 131, n. 6.

hninernel : hommes et femmes, peuple, 131, n. 7.

khnti : remonter le fleuve (Nil) en bar- que, 156, n. 5.

kh p r : devenir, arriver à l'être, être, 119, n. 3; 34U

kh p r r : Scarabée, 119, n. 3.

iakhw : 1. choses sacrées, glorieuses, profitables; 2, initié a muni, qui con- naît les formules », « qui connaît toute la magie secrète de la cour », 122 (Cf. A. Morel, Mystères égyptiens, 3-4 et 90.); glorieux, 343.

ined/her : incliner la tête en suppliant, 343.

ink-sw : (à) inoi (miens) eux, 367.

Inpw =:Anuhis, 376.

{V : faire façonner, créer, 344,

iteb : région, territoire, 345.

m^aiw : lions, 156, n. 3.

kem : noir, 147, n. 3.

ni'a'a kherw (Voir l'Index-Lexique), 345.

mkhnlili : chef de file des oiseaux mi- grateurs, 154, n. 6.

meri : aimer; vouloir, 351.

merwt : amour, faveur, 351.

Na-ired-f, 344.

neb : seigneur, 351 n, 1.

nhju : se réjouir en battant du lam- I bourin (sens primitif), 157, n. 1. j Ns-sw-b'-nh-dd, 360.

614

LISTE DE MOTS

n-l-f : à lui, 31)7.

sa : savoir, 351,

sepu (sep) temps, 350.

ser, prince, chef, roi, 350.

sel ; désert, pays montagneux, 351, n. 4.

Sh'al enSensen : livres des respira- lions, 408.

(s/j/v). Voir la graphie, 345, n. 3.

gshein : sorlir; sortie, 150, n. 1 et 2.

'f/ î'a'aJ), étendue de terrain, 147, n. 1.

^aul-w (Cf. iw-l) bêtes, animaux, qua- drupèdes, 3, n. 351.

'djd : jeune homme, 365,

'a'ai/ : oblalion, 156, n. 2.

'df : malfaiteur, 379.

■/•'-s" : Alasa, Alasia (Chypre), 370, n. 1.

Pa-di-pa-R'a. Voir Index-Lexique : Pii- liphav.

p'awl : le temps primordial.

p'awti, p'awl-li : dieu primordial (trad. vieillie : plénitude), 414.

j/a sam i^Sens. cf. 319, n, 5),

pesh kef : instrument employé, en Egypte, pour le rite de l'ouverture de la bouche, 118.

<]'a : élevé, 1 19 n. 5.

qhhw : pays de l'eau fraîche, mares sur lesquelles vivent les oiseaux; vols d'oiseaux, 154, n, 7,

rs : veiller, 120, n, 6,

lep-re{-f) : (son) ordonnance (sentence, loi), 351.

9. Mots coptes, 2NHC, 344.

neTe<|>ai, 38o.

10. Mots grecs.

alTÎotv, 449. ôariiov . dieu, 471.

ÔTijj'.ry^p-'âiv (Ow.xcûv) ouvriers mortels, 450. 0'jva[J.'.v (y.aTà), 449. 'Ul-.où-oMi, 124, n. 3. xo'.vov Xèyov : raison (?) universelle, 471. xotvôv vôijLov : loi commune, 471 ; 472. li/./.o; : réservoir, 418. Aoyoî, 479.

jj-âyo; : devin, 92, n. 2. aavia 484.

lj.âvT'.î, : celui qui prédit l'avenir, 50, n. 1.

ÎJ.£lTiî, 417.

IJ.iT«;,, 417. [X(i)7â, 417. vojM, 449. •napa)>a6ù)v, 449.

T.^ÔvO'.Ti (tTiV), 449.

Tpo'f/,TT,; : celui qui explique ou trans- met la volonté des dieux; dans LXX : prophète, 50, n. 1.

■/aXv.6i : bassin, 418.

wv ;ô) : celui qui est, 489.

Phrases, 449-456; 458; 460 462; 465; 468-474; 491; 517.

Noms propres, 399-401.

Titres d'ouvrages, 478; 479; 583; 484; 512.

LA f!o<:niî-si.'u-YON. iMrniMiiiui; i:hNTiiAi.i-: m; i, oi r.sx

CITATIONS DE LA BIBLE

Gen.

Ex.

l, 14.

531

Ex. XXI, 29.

63

II, 17.

100

XXI, 32.

63

V.

400

XXI, 37.

57

V, 21.

400

XXII, 1-4.

193

V, 22.

400

XXII, 2-3.

57

V, 25.

400

XXII, 7.

60

V, 26.

400

XXII, 7-9.

57

VI, 5-7.

31

XXII, 8.

60

VI, 7.

327

XXII, 9.

63

VI, 13-20.

34

XXII, 12.

63

VI, 16.

35

XXII, 14.

63

XII, 10-20.

325

XXII, 16.

61

XVI, 4 s.

61

XXII. 18 c.

56

XVI, 1-2.

61

XXII, 19.

198 n. 3

XXIV, 53 s.

62

XXII, 29.

253

XXX, 4.

61

XXIV, 9.

489

XXX, 14-24.

328

XXIV, 10.

489

XXXI, 15 et 16.

62

XXV, 4.

255

XXXI, 32.

57

XXVIII.

255

XXXVI, 24.

139

XXVIII, 5 et 6.

255

XXXVIII, 8.

198 n. 8

XXVIII, 8.

255

XXXVIII, 24.

61

XXVIII, 41.

253

XLI, 45.

124

XXIX.

255

XLI, 50.

124

XXIX, 13.

52

XLVII, 1-12.

325

XXIX, 22.

52

XLVII, 19.

60

XXII, 1-2.

58

XLVII, 5 s

128

XXXII, 12.

517

III, 14.

489

XXXV, 6.

255

XII, 9.

254

Lev.. I.-IV.

254

XVIII, 15.

417

I, 13.

254

XX. 10.

280

III, 3.

254

XXI, 2.

60

III, 4.

52

XXI, 16.

58

III, 10.

52

XXI, 10-11.

62

III, 15.

52

XXI, 12-13.

189

VI, 3.

57

XXI, 15.

63 n, 1 et 4

VI, 8-38.

254

XXI, 17.

63

VII, 4.

52

XXI, 18 s.

63

VIII, 16.

52

XXI, 19.

190 n. 3

VIII, 25.

52

XXI, 20

189 n. 3

VIII, 33.

253

XXI, 20-26.

63

IX, 10.

52

XXI, 22-25

190

IX, 19.

52

XXI, 24-25.

63

XII, 1-8.

513

XXI, 26.

63

XV, 19-33.

513

XXI, 27.

63; 190

XVII.

523

XXI, 28.

63

XVIII, 6-7.

198

016

CITATIONS DE LA BIBLE

XVIII, 23.

198

II Sam

VII, 12,

517

XIX, 9-10.

524

XVII, 18.

419

XIX, 19.

524

IReg.

iX, 16.

174 n. 3

XIX, 20.

199

n. 1

IX, 18.

437

XX, 23-25.

59

524

XI, 7.

417

XX, 10

61

199

XIII, 33.

253

XX, 11.

61

XIV, 4.

176 n. 3

XX, 12.

61

XXVIII, 66.

87

XX, 14.

60

II lieg.

III, 4.

417

XX, 15-16.

198

IV, 1.

()0

XX, 21.

199

IX-X.

301

XXI, 9.

60

IX. 27.

176 n. 6

XXII, 19.

63

XVIII-XIX'.

302

XXIII, 32.

XXIV, 19 s. XXV, 39 s.

Nu m. V, 12-18. VI. X, 10.

524

63

60

61

523

515

I Chron. V, 8.

V, 16.

V, 23. XXIX, 1. / Chron. XXIX, 19.

418 419 301 107 107

XII, 9.

517

// Chron. VIII, 4.

437

XIII, 24-25.

139

XVII, 12.

107

XIII, 28.

139

XXVII, 3 suiv.

420

XXI, 19.

420

XXVII, 4.

107

XXX.

523

XXXII.

419

XXXI I.

418

XXXIII, 9-13.

309

XXXII, 38.

418

Neh.

1,1.

107

XXXIV suiv.

418

11,8.

108

Deut. XVIII, 10.

56

III, 38.

417

XIX, 16-21.

57

VI, 7.

497

XIX, 21.

63

VII, 2,

107

XX, 9-11.

524

VII, 73-VIlI, 13.

481

XXI, 14.

61

Toh.

VII, 13.

221

XXII, 22.

61

Job.

IX, 13.

95

XXII, 28-29.

61

XXVI, 12-14.

95

XXIII, 15-10.

61

XXXVIII, 8-12.

95

XXIV, 1.

61

XXXVIII, 31-32.

95

XXV, 5-10.

198

n. 5

Ps.

IL

148

LXV, 5-10.

523

IX, 9.

260

Jo$. II, 1 s.

60

XIX, 6-7.

343

VII, 1 suiv.

57

XXI L 3.

260

X. 10-11.

299

XXV, 7.

260

X, 11.

39

270

XXXI, 6.

260

XII, 20.

309

XLV, 7.

56; 253

XIII.

418

LI, 9.

94

XIII, 17.

418

LV, 24.

418

XVI s.

418

LXXIV, 16-17.

93

XVI, 10.

174

n. 3

LXXXIX, 9-13.

95

XVIII, 17.

420

CIV, 5-8.

95 n.

Jud. I, 20.

174

n. 3

CIV, 25-26.

347

XVII, 5.

253

Prov.

V. 18-23.

356

BuUi. IV, 10, s.

221

VII, 1-27.

356

/ S.tm. VI, 12.

89

VII, 7.

356

VIII, 11-18.

162

VII. 10.

356

IX, 3-20.

266

VII, 16-19.

356

IX, 7.

256

XXVIl. 1.

177

IX, 9.

50

XXIII, 2!»-35.

35(i

XXIII, 9-12.

269

XXVII, 1.

177 u. 3

CITATIONS DE LA BIBLE

617

Eccl.

XXXVII, 24.

L, 3.

Eccli.

XXV, 1.

XXXVIII, 24-34

Cant.

I, 4.

I, 12-14.

I, 13-14

II, 1-5.

II, 8-9.

II. 14.

III, 1-2.

IV, 2-5.

IV. 8.

IV, 10.

V, 2.

V, 14.

VI. 8.

VII, 2-4.

VII, 8-9.

VII, 11-13.

S'a/).

VII, 2-4.

Is.

II, 1-4.

XV, 1.

XXX, 4.

XXX, 28.

XL, 3.

XLVII, 12.

LVII, 9.

LX, 13.

LXIII, 8.

Jer.

XIX, 13.

XXIII, 9 s.

383

XXXII, 11.

418

XXXII, 29.

434

XXXIX, 36-42

160

XLIII, 13.

355

XLVIII.

355

XLVIII, 5.

355

XLVIII. 23.

355

LI, 27.

355

Baruch

V, 8.

355

OfET

Ez.

III, 10.

355 355 301 355 355 355 355 355 355

Ez.

XVI, 22.

XVIII, 6. XXI, 6. XXV, 9. XXX, 17.

XXXVII, 23-28

XLVII, 19.

Dan.

VIII, 9.

355

XI, 16.

348

XI, 45.

496

Osée.

11,7.

418

Joël.

11,1.

344

II, 15.

418

III, 17.

296

Amos.

VIII, 14.

275

Mich.

IV, 1-3.

256

Nahum.

III, 7-10.

352

III, 8.

419

III, 17.

234

Mal.

III, 1.

513

1 Mach.

IV, 50.

63 n. 4 234 515 124 418 420 418

65 515 496 420 513 513 418 124 519 437 505 505 505

62 515 515 519 418 496 308 308

65 296 515

Nihil obslat, F. Verdier, s. gen. C. M. Parisiis, 29-viii-1922.

Imprimatur. /. Lapahne, v. gen. Parisiis, 30-ix-1922.

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