AUX NV k F—- LA L4 fl | pa VY | | [ . Le ; 4 À . ms À INK = / — As ds Ê Can \ Es. à Re R Va | 4 \ u MOUSE E : : } x \ \, À om. v } il. | h b A A Î | > Mo l il | G s \ A \ bd ; EN RAGE À K ® à ges / h D. — . | /à 4 Dons © FAN Æ i r 2 ” QE) . k = : VE L 0 h + » \ } À * ANRT A ANT ÿ n Ra” < # $ n \ Ve " - vi S : à À. H * « #i\ \ Ÿ | \ n “ À ce , \ A \ 7° RES | \ QE. ep 7 A 7, V\Yy 239 ») \ SN ON NN \ QE | | \ N A AA À , A nc A NS: LA LL l x £ 1\ \ # # ; À & f | A er Les KE HR ? x | à HU n% ne / 7 | ñ 4 a 1 À \ +) À. 4 eu, pr JL) | 4 >] ZA ét ain. | AS hd, ’ 7, LT ci 9 AL A . rt en al FR Z ' | ‘ FOR TELE PEOREE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY + trut nf BR ur en 0 SL: der + NATURALISTE CANADIEN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA TOME TRENTE-TROISIÈME (TREIZIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE) L'abbé V.-A. HUARD, Directeur-Propriétaire QUÉBEC 2, RUE PORT-DAUPHIN 1906 < } PR + J "T 2 ax su E LS : a YILIE TUE NOR 1106.10 y ; MNTSEUN LOT VIDER AU » TT 7 > ni is, « RU AS, D : A 13-a1008 Les 22" ù e AAONT YARIS L “ … Fa 4 CÉMIMAR AM AE : 41 0 MIPISS A ARR even Re | è ESPRIT EE PP Men nn. ii, nor LE NATURALISTE CANADIEN Québec, Janvier 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No ! Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard LE TRENTE-TROISIÈME Ce titre un peu etrange n'a rien à faire, qu’on veuille bien le croire, avec tel haut grade de la diabolique franc-ma- çonnerie. C’est tout simplement le nombre ordinal du vo- lume nouveau que nous commençons en ce mois. Disons, sins y insister beaucoup, que notre Va/uraliste canadien est déjà parvenu à un bel âge, pour une revue canadienne-française consacrée à l’œuvre scientifique. Elle a vu, au cours de sa carrière d’un tiers de siècle, naître et mourir tant de publications littéraires, artistiques ou politi- ques, qui s’adressaient par conséquent à une clientèle rela- tivement considérable ! Quant à la clientèle du Varuraliste, elle est nécessaire- ment réduite, puisque l'étude des sciences naturelles compte si peu d’adeptes parmi nous. Nous savons parfaitement que la plupart de nos abonnés qui restent fidèles à cette revue ne le font que par patriotisme, parce qu’ils la considèrent comme une sorte d'œuvre nationale, ce qu’elle est bien en effet. C’est que, grâce à. cette modeste publication, le Ca- nada français a toujours bien un représentant dans la presse scientifique qui de nos jours a pris tant d importance dans tous les autres pays. I 2 Janvier 1906. w LE NATURALISTE CANADIEN Sur la fin de sa vie, le fondateur du MVaturaliste se dé- solait de voir que le goût de l’histoire naturelle faisait si peu de progrès chez les Canadiens-Françaïis ; il allait jus- qu’à se demander si les quarante années de ses efforts et de ses travaux n'avaient pas été inutiles à ce point de vie. Assurément son zèle n’avait pas été sans résultat; mais celui-ci était loin d’être en proportion de celui-là. Il faut bien reconnaître que, depuis les quatorze ans que l’abbé Provancher est décédé, la situation ne s’est pas non plus beaucoup améliorée. Il est permis toutefois d'espérer que l’introduction récente des éléments des sciences naturelles dans le programme d’étu- des des écoles publiques de la Province devra, à la longue, avoir pour effet de répandre parimi la population un certain intérêt pour la connaissance des trois règnes de la nature. Les instituteurs et les institutrices étant désormais tenus, par les nécessités de leur enseignement, d'acquérir des no- tions plus ou moins développées sur les sciences naturelles, il est très probable qu’un certain nombre d’entre eux seront pris à l’appât, et voudront pousser assez loin l’acquisition de connaissances si facilement passionnantes. Mais nous ne verrons rien de sérieux, en la matière, tant que l’histoire naturelle ne recevra pas de l’enseignement secondaire, en notre Province, une attention beaucoup plus grande qu'aujourd'hui. Et rien ne permet encore de corjec- turer à quelle époque se produira une réaction de ce genre, qui compléterait enfin, nous en sommes sûr, la prédomi- nance intellectuelle des Canadiens-Français sur toutes les races qui les entourent..En attendant, ce sont les Anglais, non seulement d'ici, mais de l'Ontario et des Etats-Unis, qui sont chargés d’étudier l’histoire naturelle de la province de Québec, ce qu’ils ne peuvent d’ailleurs accomplir qu’a- vec beaucoup de lenteur. Revenant, après cette digression sur le peu de progrès que fait en notre Province l’étude des sciences naturelles, LE TRENTE-TROISIÈME 3 sur la question de la clientèle du Ma/uraliste canadien nous avons la satisfaction de voir què les désabonnements sont assez rares. Par exemple, nous somines chagrin de constater que la qualité d’abonné au Va/uraliste ne confère pas l’immortalité, au moins ici-bas : de temps à autre des croix s'élèvent, comme en un cimetière, sur nos listes déjà si peu longues. Ces disparitions, pour cause de décès, et les quelques désabonnements qui se produisent chaque année, créent des vides que les abonnements nouveaux ne suffisent pas à remplir.—Et, encore, si tous ceux qui restent pre- naient soin de payer leur abonnement |—En tout cas, nous voyons s'approcher le moment déplorable où les recettes ne seront plus suffisantes pour couvrir les dépenses. Cela ne veut pas dire, par exemple, qu'alors le Vaturaliste se cou- chera dans la tombe, et cette fois pour ne plus en sortir. Ah non! C’est même alors que son existence deviendra réellement merveilleuse : car il n’est pas ordinaire de voir une œuvre marcher toujours, en déficit toujours et jamais en faillite !.. Mais, comme à chaque jour suffit son mal, n'appuyons pas sur ces perspectives plus glorieuses que ré- jouissantes, et occupons-nous plutôt du présent. Nos lecteurs ont dû trouver que notre revue avait l'air, après tout, d’être plus ou moins malade, à voir depuis quel- que temps ses livraisons ne leur parvenir que plusieurs se- imaines après le mois dont elies portaient la date. Cela pourtant n’était pas le moins du monde un symptôme de maladie, mais le résultat de circonstances qu’il n'était guère en notre pouvoir de modifier. Heureusement, d’ici à peu de mois, cet état de choses va s'améliorer, et le Vaturaliste reprendra ses dates régulières d'apparition. Nous comptons bien aussi, au cours du présent volume, reprendre, et pour les terminer, la biographie de notre Fon- dateur, l’abbé Provancher, et la monographie des Mollus- ques de la province de Québec. Nos collaborateurs, désintéressés autant que dévoués, 4 LE NATURALISTE CANADIEN nous continueront sans doute leur important concours à cette œuvre, qui est autant la leur que la nôtre. Ce groupe encore si restreint de nos naturalistes écrivains, nous espé- rons le voir se grossir de quelques nouvelles recrues. Car nous ne serons jamais trop nombreux pour étudier l’his- toirelle naturelle d’un pays aussi vaste que même la seule province de Québec. Du reste, cet excès dans le nombre des naturalistes canadiens-français, nous ne sommes pas près, suivant les apparences, d’avoir à le déplorer et à le réprimer. M MAN Nr LOS LA PRATIQUE DE L'HISTOIRE NATURELLE Nous commençons en ce numéro une série d'articles sur l’organisation d’une collection entomologiqu:. Nous y dou- .nerons successivement les directions les plus pratiques sur la chasse aux insectes, la façon d’assurer la conservation des spécimens, la manière de les disposer, le matériel re- quis pour ces diverses opérations. v Il est probable que nous. continuerons ensuite ce travail par des directions destinées à aider les amateurs en d’autres branches des sciences naturelles. Pour rédiger ces renseignements pratiques, nous mets trons à profit les travaux des spécialistes, l’expérience des collectionneurs et nos propres observations personnelles. LE MENU DU “NATURALISTE” Depuis longtemps nous regrettions que le défaut d’espace nous empêchât de faire profiter nos lecteurs, à l’occasion, d'excellents articles que nous rencontrions souvent dans les revues scientifiques de l'étranger. De ce temps-ci, et en attendant que nous puissions commencer la publication des QUEL EST CE POISSON 5 travaux de longue haleine dont nous parlons ailleurs, nous pouvons reproduire quelques articles de cette sorte, prove- nant surtout des revues de France. Nous n’avons pas besoin de dire, au reste, que notre sa- tisfaction serait encore plus grande, si nos collaborateurs se faisaient plus nombreux et remplissaient même toutes nos pages d’écrits relatifs à l’histoire naturelle du Canada, comme cela s’est déjà vu dans le passé, non encore beau- coup lointain, de notre revue. QUEL EST CE POISSON ? Nous avons reçu de M. H. Vassal, industriel de Drummondville, P. Q., la lettre suivante. Si quelqu'un de nos lecteurs reconnaissait de quel “poisson il peut être ici question, nous le prions de nous en informer. Monsieur, Permettez-moi de vous entretenir d’un poisson capturé dans un rêts dans les environs de Kikandatch, un poste de la Cie de la Baïe d'Hudson, sur le haut du Saint-Maurice, il y a cinquante-Six ans. C’est vous dire assez que la description que je puis vous en donner ne peut pas vous satisfaire ; mais je puis du moins vous en donner certains traits caractéristiques qui vous permettront d'en obtenir une description par l’entre- mise des missionnaires visitant les Sauvages de Wamonta- chingue et de Kikandatch.—On m’a nommé ce poisson une Carpe rouge ; la tête est certainement celle d’une carpe, mais plus petite que celle de nos carpes ; le corps est allon- gé-comme celui de la truite, mais le ventre est plat et sa forme est celle d’un triangle bien prononcé; les écailles sont petites comme celles du hareng, la peau est d’un rouge sang sur les côtés et plus foncé sur le dos. Je ne puis vous dé- crire les nageoires, cependant celle du dos m'a paru tout à fait étrange. De souvenir je risquerai de dire qu’elle consis- tait en une touffe de pointes à plusieurs rangs n'étant pas reliées entre elles comme les nageoires ordinaires. 6 LE NATURALISTE CANADIEN Comnre comestible, je me rappelle que nous l’avions clas- sé parmi nos meilleurs poissons d'eau douce du Canada, tels que la truite et le poisson blanc (l’Atikamak des Têtes de Boule). Montpetit ne paraît pas en avoir donné la descrip- tion parmi les poissons d’eau douce du Canada, et s’il ne vous est pas connu, il me paraît mériter de l'être. Montpetit dit dans son ouvrage ne pas connaître la nour- riture du poisson blanc. On ura dit qu’il se nourrissait d’un brin d'herbe qui croît sous l’eau à Ta décharge de sour- ces souterraines ; 1l prend aussi la mouche à fleur d’eau comme la /agraîche. Pour connaître la valeur de ce poisson, il faut le manger frais sortant de l’eau ; dans cet état on peut s’en nourrir presque constamment sans en être dégotité ou rassasié. H. VASSAL, SRE CHRONIQUE Les métiers chez les animaux.—\,es abeilles sont des géo- mètres: leurs cellules sont construites de façon à avoir, avec le moins de matériaux possible, les plus grands espa- ces et le moins de perte possible. La taupe est un météoro- logiste. La torpille, la raie et la gymnote sont des électri- ciens. Le nautilus est un navigateur, il lève ét baisse ses voiles, jette et lève l’ancre et accomplit encore d’autres ex- ploits nautiques. Des tribus entières d'oiseaux sont des mu- siciens. Les chenilles filent de la soie. [/écureuil est un nautonier, il traverse une rivière avec un éclat de bois ou un morceau d’écorce pour canot et sa queue pour une voile. Le castor est uñ architecte, un constructeur et un scieur de bois : il abat des arbres et bâtit des maisons et des barrages. La marmotte est un ingénieur civil : elle ne construit pas seulement des habitations, mais aussi des aqueducs et des CHRONIQUE 7 drains pour les conserver sèches. Les fourmis blanches en- tretiennent une armée permanente et régulière. * * * Un étrange oiseau.—On trouve, en Nouvelle-Zélande, le kiwi, un étrange oiseau de la famille de l’autruche. Les au- truches ont deux orteils, mais les moas d'antan avaient trois orteils ; il en est de même des émus, des casoars et des rhéas, les autruches de l'Amérique du Sud. Le kiwi dame le pion à tous ces échassiers, car il a quatre orteils. Autre particularité : tout en appartenant à la famille des échassiers, il a la taille d’une poule domestique. La tête est petite, son cou gros et fort, et son bec long et mince ; les narines se trouvent tout près de l’extrémité du bec ; les jambes sont courtes, mais les muscles des cuisses sont très développés et les pieds sont forts et pourvus de griffes ai- guës. Le kiwi est un oiseau apparemment sans ailes ; il ne montre pas non plus trace de queue ; mais à la place de cet appendice il y a des plumes longues, étroites et semblables à des cheveux, cependant que la partie antérieure de la tête et les côtés de la face ont des antennes éparpillées çà et là qui ressemblent à des poils. Er Les journaux d'Honolulu (îles Sandwich) mentionnent le fait qu’un pêcheur japonais de cette ville a pris une es- pèce de poisson qui n’a encore jamais été vue. On l’a ap- pelé le poisson-grenouille, parce qu’à part des ouïes et des nageoires habituelles, ce poisson a des pattes et des pieds ! On est prié de ne pas oublier que les îles Sandwich sont aujourd’hui une colonie des Etats-Unis d'Amérique. * * Il paraîtrait que l’huître, même éloignée de la mer, ouvre ses écailles à l'heure où la marée montante couvre les ri- vages de son pays d’origine. Elle sait quand elle a faim et mange toujours avant que la mer monte. LE NATURALISTE CANADIEN (9 % % % Le jardin zoologique dé Dublin (Irlande) offre em cæ moment le curieux spectacle d’une lapine qui élève um _ jeune siffleux, dont les parents sont mnrts. La petite mar- motte se couche sur le dos de sa mère adcptive. «+ : On vient de trouver, enfoncé à une grande profondeur dans une mine de charbon près de Stratford (Angleterre), un sabot de cheval pétrifié. Le sabot est d’une grandeur, extraordinaire, ce qui permet de supposer que, dans les temps préhistoriques, les chevaux étaient plus grands qu’ils ne le sont aujourd’hui. HENRY TILMANS. 4h LES RATS AU MANITOBA Nous avons entendu souvent les pionmiers du Saguenay parler di temps où les Rats domestiques étaient inconnus dans cetie région de la Province. Mais 1l y a déjà des an- nées qu’une pareille lacune dans la faune saguenéenne à été comblée, grâce sans doute aux facilités de communica- tion qui se sont établies, par ean et par terre, entre ce dis- trict et le reste du pays, et dont les quadrupèdes sont aussi à même que les bipèdes de profiter à l’occasion. D'autre part, la Northwest Review, de Winnipeg, nous ap- prenait, dans son numéro du 13 janvier, que le Manitoba manque encore de Rats, mais que cette situation, suivant les prévisions les plus raisonnables, ne va plus durer longtemps. “The ratless days of the Canadian Northwest are num- bered,” disait notre confrère. En effet, d’après les rensei- gnements qu'il a, le Rat s avance d’année en année à tra- vers l'Etat du North Dakota, Etats-Unis, et n’est plus, aux dernières nouvelles, qu’à 28 milles de la frontière eana- COLLECTION D’INSECTES 9 dienve, où il arrivera probablement dès cette année. D'ici à une couple d'années, il sera installé à Winnipeg mêmes Tout ce que l’on peut dire, c’est que le Rat ne fait que suivre le mouvement : on sait, en effet, qu’il y a ces aunées- ci un fort courant d’émigration du nord des Etats-Unis vers les provinces canadiennes de l'Ouest. Cette espèce animale, que: l’on dit originaire des pays orientaux, n’en est pas d’ailleurs à sa première migration, puisqu'il lui aurait suffi de deux siècles pour infester l’Eu- rope et l'Amérique. SU OU IL EST DÉMONTRÉ QU'UN ENTOMOLOGISTE DOIT FAIRE UNE COLLECTION D’'INSECTES Tous ceux qui ont l’occasion de voir une collection d’in- sectes, rangée systématiquement, trouvent cela beau et 1n- téressant. Il est en effet certain qu'aucun genre de collec- tions, ni de botanique, ni de numismatique, ni de timbres- poste, etc., n'offre l’attrait de casiers remplis de ces petits animaux, aux formes si curienses, souvent si élégantes, et qui généralement se conservent avec tant de facilité tels qu'ils étaient au moment de leur mort. De cette admira- tion que l’on conçoit à la vue d’une collection de cette sorte, on passe aussitôt au désir d’en posséder soi-même une sem- blable. Mais la plupart des gens en restent là, parce qu'ils n’ont pas le loisir de se livrer à la pratique de l’histoire naturelle. | Quant à ceux qui éprouvent un goût spécial pour l’étude des sciences naturelles, et particulièrement pour celle de l’entomologie, nous disons qu’ils doivent absolument entre- prendre de faire une collection d'insectes. S'ils ne se dé- cident’ pas à mettre de la sorte la main à la pâte, suivant le terme populaire, leur goût pour l’histoire naturelle ne sera qu'un feu de paille, et s’éteindra facilement sous le 2 — Janvier 1906. 1O LE NATURALISTE CANADIEN coup des impressions et des préoccupations qui se succèdent sans relâche dans la vie. Le goût de l’entomologie, pour durer, doit être alimenté. Or rien ne saurait le soutenir et le développer comme le but que l’on se propose de trouver et de posséder le plus grand nombre possible d'espèces d'insectes. Les efforts qu’il faut faire pour rencontrer et capturer les espèces que l’on n’a pas encore, l’imprévu et le hasard qui marquent Îles trouvailles que l’on fait, la joie que l’on ressent à pouvoir ajouter à sa collection une espèce ou une variété qui y man- quaïit, le désir de pouvoir encore combler le plus tôt pos- sible des lacunes qui y persistent : tout cela donne un in- térêt incroyable à l’occupation de réunir une collection d'insectes, et en fait bientôt une sorte de passion beaucoup plus vive, et surtout beaucoup plus justifiée que celle de la timbrophilie. Il y a, dans la classe entomologique, un nom- bre si considérable d’espèces différentes, qu’il est pratique- ment impossible, même pour ie seul pays qu'on habite, de: les réunir à peu près au complet dans ses casiers. Cette dif- ficulté même d'atteindre le but projeté, jointe au plaisir d'ajouter sans cesse à sa collection, est justement ce qui en- tretient et aiguise, pour ainsi dire, ce goût que l’on ressent pour s’occuper d’entomologie. Il faut donc conclure, des considérations qui précèdent, que le fait de travailler à faire une collection d'insectes est le sûr moyen d’aimer lentomologie, de conserver et d’accroître l'intérêt que l’on prend à s'occuper de cette science, si attrayante quand on s’y livre un peu sérieusement. Nous ajouterons que monter une collection entomologi- que, c’est la voie la plus certaine pour acquéir la connais- sance du monde des insectes. En effet, 1l ne s’agit pas seule- ment de capturer et de fixer sur des épingles ie plus grand nombre d’insectes que l’on pourra, et de remplir ainsi des ti- roirs ou des boîtes à fond recouvert de liège. Ce ne serait là que jeu d’enfant, et personne ne tiendrait longtemps à COLLECTION D'INSECTES II faire de l’entomologie de cette façon par trop élémentaire. Ce qu'il faut, au contraire, c’est d'établir de l’ordre parmi les spécimens que l’on possède, c’est de les disposer suivant les familles, les genres et les espèces auxquels ils appar- tiennent. Or, pour trouver quelle est la place qui convient à chacun, il faut recourir aux descriptions faites par les auteurs, où bien s’aider d’autres collections déjà classifiées: mais chacune de ces deux méthodes exige une inspection très attentive, et même minutieuse, des spécimens, — par quoi l’on acquiert en peu de temps une connaissance appro- fondie des caractères anatomiques des insectes de tous les ordres. Du reste, ce qui attache vraiment dans la pratique de l’entomologie, ce n’est pas principalement l'étude faite dans les livres, ni l'étude de l’insecte mort; c’est plutôt, pour Pesprit curieux des choses de la nature, l’observation di- recte et personnelle de l’insecte vivant, l’observation de ses mœurs si curieuses et si différentes de celles des autres êtres animés. Ces connaissances prises sur le vif, on les acquerra par les efforts mêmes que l’on s'imposera pour capturer les spécimens destinés à sa collection, par la re- cherche et la poursuite que l’on en fera dans l'air, dans Peau, dans les gazons, dans les feuillages, dans les milieux divers où l’on a la chance de les trouver. On ne peut donc pas monter soi-même une collection sans acquérir des connaissances très variées et d’un extra- ordinaire intérêt sur les insectes. Il y a même, en cette matière, et quelque surpre- nant que cela soit, un côté sentimental, poétique, voire hy- giénique. ‘ Si vous voulez monter une collection d'insectes, vous en- tendez bien que vous avez autre chose à faire qu’à vous balancer dans votre chaise berceuse. Vous ne vous atten- dez pas que, dès votre intention proclamée hautement, les Papillons, les Ichneumons, les Carabes, les Libellules, etc., 12 LE NATURATLISTE CANADIEN vont s’en venir à tire-d’aile pour nue pas manquer l’hon- neur d’entrér dans votre collection. Non, si vous ne bou- giez pas de votre chambre, vous ne pourriez guère collec- tionner que des espèces domestiques, Aouches, Punaises, Blattes, Criquets, Poux et Puces: et encore, à part les Mouches domestiques, vous ne trouverez que très excep- tionneilement les autres espèces dans les maisons bien te- nues: ce qui, après tout, est fort heureux, si lon se met au point de. vue des gens que l’entomologie n’intéresse d'aucune façon. Il faut donc aller trouver les insectes où ils sont, c’est-à- dire dans les prés verdoyants, le long des gais ruisseaux, parmi les fieurs, sous les frais bocages.. Voyez-vous la poé- sie qui déjà se dégage de ce tableau tracé en deux coups de pinceau ?..Et les “ombres” ne manquent même pas au tableau, puisqu'il est nécessaire d'indiquer, comme endroits à scruter pour trouver certaines espèces, les bois pourris, les charognes, et autres objets encore moins ragoûtants.. Mais ces courses à travers champs et forêts, dans l'at- mosphère salubre des campagnes, n'est-ce pas tout ce qu’il y a de meilleur pour la santé à recouvrer ou à maintenir, de plus hygiénique, en un mot ? Enfin, il reste encore un argument à présenter, pour achever de convaincre le lecteur qu’il y a peu de chose, dans le monde profane, de supérieur au métier ou à Part du collectionneur d'insectes. Une collection entomologique n’a de valeur, suivant les idées qui ont cours aujourd’hui, qu’en proportion de ce que son histoire écrite est plus complète. Il faut, en effet, que l’on puisse dire de chaque spécimen qu’il a été capturé en telle localité, et même à quelle date et par quelle personne. Ces renseignements s'inscrivent sur les étiquettes mêmes. des spécimens ou dans un régistre spécial. . Eh bien, il résultera de cette manière de pramdes que votre collection sera comme le journal de votre vie, durant INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA VÉGÉTATION 13 votre carrière d’entomologiste. Chacun des spécimens vous rappellera l’agréable souvenir de tel voyage ou de telle ex- cursion, dont les dates précises se trouveront fixées sur les étiquettes ou dans le journal de la collection. Quel charme, encore, de voir que tel spécimen a été capturé, il y a tant d'années, par un ami disparu, dont vous n’aurez peut-être que cet unique souvenir ! . La conclusion de ces considérations diverses, c’est qu’il est indispensable, pour quiconque veut étudier un peu sé- rieusement la vie entomologique, de se mettre sans aucun délai à réunir une collection d’insectes. FER —E INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA VEGETATION À la suite de plusieurs études publiées sous ce titre, nous manifestions le désir de voir nos savants prendre en main cette question et chercher à la résoudre dans un sens ou dans l’autre. Cet appel a été entendu, paraît-il, car le Bulletin de l'of- _Jfice de renseignements agricoles, publié sous les auspices du ministère de l'Agriculture, rend ainsi compte—dans un de ses derniers numéros, des expériences que M. Camiile Flammarion, l’astronome bien connu et si populaire, a comimencées en 1904 à la station de climatologie agricole de Juvisy, afin de vérifier la réalité de l'influence que la commune croyance attribue à la lune sur la végétation. “Bien qu’invraisemblable au premier abord, dit M. Flam- marion, 1] y a cependant lieu d'examiner avec soin si cette influence existe réellement. La lumière lunaire, en effet, diffère de la lumière solaire en ce qu’elle est relativement beaucoup plus riche que celle-ci en rayons obscurs, de sorte que ce rayonnement particulier pourrait être une cause ca- pable de produire des effets spéciaux. La différence entre les effets dus à la lune croissante et à la lune décroissante, 14 LE NATURALISTE CANADIEN si e‘le existe, pourrait également tenir à ce que le végétal ne se trouve pas dans jes,:mêmes conditions : au dernier quartier, le végétal reçoit le rayonnement lunaire après. avoir subi le refroidissement nocturne dans la prenrière par- tie de la nuit, tandis qu’au premier quartier, c’est l'inverse qui a lieu.” M. Flammarion a donc fait de nombreux semis à des: dates correspondantes aux différentes phases de la lune, em tenant compte de la température du sol au nroment des se- mailles et de son humidité. “Des pois semés en nouvelle lune, le 15 avril, ont mieux réussi que ceux qui ont été semés en pleine lune le 3 mars ; les semis du dernier quartier (7 avril} et du premier quartier (22 avril} ont mal réussi. “Pour les betteraves, c’est le semis du dernier quartier (7 avril) qui a le mieux réussi. “Des carottes semées aux mêmes dates n’ont réussi dans. aucune des planches, Des semis de poireaux n’ont présenté aucune différence bien sensible. La planche d’oignons la plis belle a été semée en nouvelle lune, ie 15 avril. “Des pommes de terre plantées en pleine lune, le 29 avril, et au dernier quartier, le 7 mai, ont mieux réussi que celles qui avaient été plantées le 15 avril en nouvelle tunes et le 22 avril, au premier quartier. “Des haricots semés le 29 avril, en pleine lune, et le 7 mai, au dernier quartier, ont bien réussi, et la récolte a été abondante: semés en nouvelle lune et au premier quartier, ils ont donné un plus faible rendement. “Des romaines, des laitues, des choux, des radis, des ca- rottes ont été semés en pleine lune, le 29 mai et le 27 juin; en nouvelle lune, le 13 juin'et le 13 juillet; la réussite a été bonne pour le semis du 29 mai; dans les trois autres semis, les graines n’ont pas bien levé et les plantes sont mal: venues.” Sans doute, le résultat de ces premières expériences n’a PSS PUBLICATIONS REÇUES 15 rien de bien concluant, mais au moins, la science s’est mise en marche et maintenant nous avons lieu d'espérer qu’elle ne s'arrêtera pas et nous fixera définitivement dans... quel- ques années. Cela ne doit pas empêcher nos lecteurs de faire, de leur côté, de sérieuses expériences. (Pèlerin.) KE, PUBLICATIONS REÇUES — Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. Vol. LIX. 1904. — Bulletin de la Socrêté royale de Botanique de Belgique, 1902-3-4-5- | | —(Bulletin of the U. S. National Museum, No 53, Part I) Catalogue of the type and higured specimens of fossils, mi- nerals, rocks and ores in the deparrment of geology, U.S. National Museum, Part I. Fossil invertebrates. Washing- ton. 1905. Ce volume, qui a plus de 700 pages, devra être suivi de plusieurs autres, pour contenir toute la liste des spécimens de l'immense musée de Washington. — Minnesota Plant Diseases, by KE. M. Freeman, Saint- Paul, Minnesota, 1905. Volume in-8° de 432 pages, illus- tré de 211 gravures. Ce superbe volume, publié aux frais de l’Université de Minnesota, contient une étude générale des champignons et autres organismes nuisibles aux végétaux de l’état du Min- nesota, avec indication de procédés pour lutter contre les ravages de ces maladies diverses. —(N. Y. State Museum.) 20/4 Report of the State En- tomotogist on Injurious and other Insects of the State cf New }ork, 1904. Albany. 1905. Ce volume compte environ 250 pages, et les entomolo- . gistes sont au fait de son importance scientifique. / 16 LE NATURALISTE CANADIEN — Annuaire statistique du Canada, 1904. Ottawa. 1905: . — Nous accusons réception de l’A/manach Agricole, Coms mercial et Historique de 1906, publié par la Cons J.-B. Rolland & Fils, Montréal. Dans cette 40e édition se trouve le nom de tous les Membres du Parlement fédéral et de la Législature de Québec qui viennent d’être élus. Il contient aussi le nom de la Hiérarchie eatholique du Canada, l’administration des divers départements de la province de Québec, et grand nombre d'informations très utiles. Cet Almanach est en vente chez tous les principaux libraires au prix de cinq centins l’exemplaire. —Almanach des Cercles Agricoles, 1906, publié par la Compagnie J.-B. Rolland & Fils, Montréal. Il contient, outre le calendrier ordinaire des autres alma- nachs, des conseils agricoles pour chaque mois, des articles sur la culture du sol, des notions sur l’horticulture, l’hy- . giène, ainsi que des recettes sur l’économie domestique. Cet ouvrage fait vraiment honneur à son rédacteur M. Na- gant, du /ournal d'Agriculture. Cet aimanach est en vente chez tous les principaux li-. braires, à 10 cts. | — Calendrier de la Puissance du Canada, 1906. Ce ca- lendrier contient une liste complète de la hiérarchte ecclé- siastique, ainsi que le nom de tous les curés de la Puis- sance. ki Il est en vente chez tous les principaux libraires à 5. cts J'exemplaire. | (1 4 17 F. LE NATURALISTE CANADIEN Québec, Février 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No2 Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard LE DISTRICT MINIER DE COBALT Rockes et Minéraux Jusque dans ces dernières années, avant la construction du chemin de fer de ‘*Témiscamingue et Nord d'Ontario”, la récion sise à l'Ouest du lac Témiscamingue n'était guère connue que des bûcherons ; ces braves gens, forts à la hache mais très faibles en...minéralozie, avaient même, dit-on, égratigné ou labouré, avec leurs charges de bois, mais sans y prendre garde, l’affleurement plus ou mo'ns décomposé d’une grande et riche veine métallifère uon lein de l’endroit où s’élève aujourd’hui la ville nais- sante de Cobalt. Au printemps 1903, quelques employés du ‘’Temiscaming and Northern Ontario Ry.”, attirés par la teinte rosée de certaines pierres (cette teinte rosée indique souvent un ar- séniate hydraté de cobalt, érythrite ou fleur de cobalt). conçurent l'idée que ces minéraux pouvaient avoir une certaine valeur économique. Plus tard on trouva des échan- tillons de niccolite (arséniure de nickel), et les découvertes de minerais relativement rares de cobalt, de nickel et d'argent se succédèrent. Le bureau des mines de Toronto fit faire une étude de la région, et M. W. Miller, géologue provincial d'Ontario, publia l’été dernier un rapport très 3 — Février, 1906. 18 LE NATURALISTEH CANADIEN intéressant, avec une carte géologique détaillée, pouvart servir de guide à tous ceux qui accourent en foule pour prospecter et exploiter ce district. Actuellement, on y a découvert plus de 40 veines ou filons, qui sont distribués sur environ 25 lots de 40 acres, c’est-à-dire sur une petite surface entourant la ville de Cobalt ; presque chaque jour on fait de nouvelles découver- tes en egrandissant le cercle des recherches. Les filons de minerais occupent presque sans exception des fissures verti- cales traversant le terrain ‘‘Huronien inférieur”. . Voici, d’après le géologue Miller, une liste des princi- paux minéraux et minerais que renferment les gisements du district de Cobalt: I.— Eléments métalliques (à l'état natif) : Argent natif, Bismuth natif, Graphite. IT. —Arséniures : Niccolite (arsémiure de nickel): chlo- anthite (biarséniure de nickel) ; Smaltine (biarséniure de Cobalt. III. —Arséniates : Erythrine ( arséniate hydraté de co- balt) ; Annabergite (arséniate hydraté de nickel, fleur de nickel). IV.—Sulfures : Argentite (sulfure d'argent) ; Millerite (sulfure de nickel). V.—Sulfo-Arséniures : Mispickel (sulfo-arséninre de fer). VI.—Antimoniures : Dyscrasite (antimoniure d'argent). Vil.—Sulfo-antimoniures : Pyrargyrite ou argent rouge antimonié (sulfo-antimoniure d’argent). l'étrahédrite (sulfo-antimoniure de cuivre). : Outre un certain nombre de produits d’altération des minéraux précédents, tels que l’asbolane (cobalt oxydé noir) qui est de la fleur de cobalt très altérée, on trouve encore d’autres sulfures non mentionnés ci-dessus, spéciale- ment dans la roche formant le mur de la veine ; ces der- niers consistent en pyrite de cuivre et bornite (qui sont des sulfures de fer et de cuivre), galène (sulfure de plomb) et ROCHES ET MINÉRAUX 19 pyrites de fer (sulfure et bisulfure de fer). La blende (sul- fure de zinc) s’y trouve aussi en certains points. Comme on le voit, il y a ici une remarquable collection de minéraux relativement rares et nombreux. Ce groupe- ment présente quelque analogie avec les gisements célè- bres de Joachimsthal, en Bohème, mais cependant ne sem- ble pas contenir, comme ces derniers, de l’uraninite ou pechblende, ce fameux minéral d'uranium radio-actif dont M. et Mme Curie ont extrait le radium. À défaut de pechblende (dont l'absence, d’ailleurs, ne me semble pas encore démontrée), les gisements du district de Cobalt sont beaucoup plus riches que ceux de Joachimsthai en argent, cobalt, nickel et arsenic. La richesse du minerai canadien est phénoménale. On y trouve parfois des veines de dix pouces contenant une forte proportion d'argent natif, en blocs qu'il est difficile de bri- ser pour la mise en sas ; certaines veines plus étroites, n’a- yant qu’un demi-pouce d'épaisseur, sont composées d'une seule feuille onu plaque d'argent massif. ” L'argent natif ” se trouve en masses et également sous forme de pellicules, écailles, feuilles et filaments. A la mn ne “Trethewev”, à Cobalt, on a extrait des masses d’argent massif dont l’une pesait 79 livres. Le ‘“bismuth” natif se rencontre dans tous les gisements exploités à Cobalt. Sur les surfaces de cassure fraîche, il a presque la couleur de l'argent natif ; on le distingue de ce dernier par sa moindre dureté. Le “cobalt” est contenu principalement dans la smaltine qui est un biarséniure de ce métal. Comme on le sait, le cobalt est surtout employé en céramique et dans ia fabrica- tion des verres bleus. La plus grande partie du nickel se trouve surtout sous forme d’arséniure (niccolite et chloanthite). “Production et analyses”.— Pour donner une idée exacte de la richesse des minerais extraits de cinq ou six mines 20 LE NATURALISTE CANADIEN exploitées autour de la station de Cobalt, citons un exem- ple tiré des rapports officiels : Du 31 mars au 30 juin 1905, on expédia de la station de Cobalt 537 tonnes de minerai brut, évaluées à $394,000, soit à $#834 par tonne. Cette charge contenait en moyenne: AGENTS RME MENUL URSS cd PONT ICETNE COBATENE FRIC UN QE MA ALTER ge: Nickér. 00: ASE te PP 5 AFRICAN RS Le 47 A PERS " Les métaux contenus furent vendus approximativement aux prix suivants : argent, 60 cts l'once Troy ; cobalt, 65 cents la livre ; nickel, 12 cts à 15 cts la livre, et l’arsenic à 1 cent la livre. L Actuellement, 1l y a plus de 20 concessions minières mi- ses en exploitation. Une seule veine exploitée à la miue de La Rose, au nord- est de Cobalt, a déjà produit des minerais de nickel, cobalt et argent pour $1,000,000 avant la fin de l’année 1905. La mine Trethewey, au nord de la station, areçu des paiements de $ 80,000 par char de trente tonnes de mine- rails. Aperçu géologique.—X,e rapport de 1905 du Prof. Miller contient une très belle étude géologique de la région. Nous ne pouvons en présenter ici qu’un résumé très abrégé. Voici, en commençant par les plus anciennes, les div:r- ses formations géolowiques que l’on rencontre dans je dis- trict de Cobait : 1.—Le Keewatin, formé d'un mélange complexe de ro- ches d’origine ignée et consistant en diorite, porphyre quartzeux, etc., a subi un certain nombre de plissements et de perturbations. Cette formation, qui se trouve en dessous du Huromen inférieur, présente un intérêt économique réel, car elle contient de puissants gisements encore peu explo- rés de minerais de fer, fer arsénical, pyrite de cuivre, etc., et même un peu d’or. RL + ROCHES ET MINÉRAUX 21 2.—Le Granit laurentien qui pénètre par intrusion dans le Keewatin, mais s'arrête à la base du Huronien in- férieur. 3.—Le Huronien inférieur, qui contient les fameux gise- ments d'argent et d'arséniures de cobalt et de nickel et est, à ce titre, la plus intéressante formation de la région. C’est Ja plus ancienne formation d’origine sédimentaire que l’on y «it encore trouvée. Elle contient, il est vrai, des frag- ments d’une roche sédimentaire encore plus ancienne, mais non encore identifiée. Le Hnronien inférieur est très va- riable de composition dans ses horizons les plus bas, ce qui montre que les conditions de sa sédimentation ont dû être très irrégulières. Il a été dépose sur un fond très iné- gal et accidenté. On trouve à sa base tantôt un conglomé- rat grossier, tantôt nn quartzite yris à graius réguliers, puis, en montant. une succession de schistes régulièrement zonés, quartzites, etc. Cette formation du Huronien inférieur semble avoir une épaisseur moyenne de 500 pds. Dans le voisinage des gisements de minerais, les roches de cette formation sont horizontales où faiblement inclinées. Vers le nord, près du lac Téimiscamingue, leur plongement est plus accentné. 4.—Le Huronien moyen est un quartzite gris jaunâtre, feldspathique, à texture grossière, c’est-à-dire un arkose. Il repose en stratification discordante sur le Huronien infé- rieur. On le rencontre en plusieurs points sur les bords du lac Témiscamingue. Il présente peu d'intérêt. $s—Diabase.—Formation d’origine ignée, éruptive, com- posée en général de diabase, mais variant de la diorite au gabbro. Elle constitue d’importantes masses d’intrusion. Ces roches à diabase traversant toutes les autres formations précédemment nommées, on en conclut qu’elles sont de formation plus récente que le Huronien moyen ; mais elles sont cependant plus anciennes que la formation dite “Cal- caire de Niagara” qu’elles ne traversent pas. Les fissures ‘ 22 LE NATURALISTE CANADIEN occupées maintenant par ies minerais de cobalt-nickel-ar- gent dans le Huronien inférieur, furent probablement pro- duites par le bouleversement qui accompagna l’éruption de la diabase. Les minéraux d'argent, etc, aui font la ri- chesse de ce district, furent probablement déposés par les eaux chaudes et fortement chargées de solutions métalli- ques associées au phénomène de l’éruption (l’arrivée de ces eaux salines et chaudes marquent ordinairement Ja dernière phase des éruptions). 6.— Le Calcaire de Niagara.—Cette formation se pré- sente au Nord et à l'Est du district, recouvrant les roches plus anciennes. Comme elle est apparemment plus récente que les gisements de minerais étudiés dans cet article, elle est à ce point de vue sans intérêt. 7.—Enfin, les Dépôts glaciaires qui recouvrent toute la surface du sol. | Ces dépôts constituent souvent un obstacle formidable aux recherches des prospecteurs, surtout lorsqu'ils sont eux-mêmes recouverts par la végétation. - Telie est, en résumé, la série des terrains géologiques que l’on rencontre dans l’intéressante région de Cobalt. La région Nord-ouest de la province de Québec que va parcourir prochainement le chemin de fer du Grand-Tronc- Pacifique n’est, en somme, que la continuation des hori- zons géologiques étudiés ici; et il m'a semblé que les rensei- gnements condensés dans cet article seraient de quelque utilité à ceux des lecteurs du ‘“Naturaliste canadien” qui se proposent d'assister de près ou de loin au dévoilement des trésors minéraux que renferme le Nord. H. NAGANT. (1) (1) Comme on le constate, le Vuturaliste voit un nom nouveau, et loin d’être inconnu, s’ajouter à la liste de ses collaborateurs. Nos lecteurs seront heureux, comme nous, de ce que la minéralogie, depuis si long- temps absente de nos pages, y reparaisse aujourd’hui grâce à M, Nagant, qui, nous avons lieu de l’espérer, ne fait qu’ouvrir aujourd’hui une série d'articles intéressants et utiles. 269. h CHRONIQUE 23 CHRONIQUE De la Grande-Bretagne nous vient ceci : En brisant un morceau de roche d’une corsidérable grandeur, récemment, à Blackburn, des ouvriers découvrirent dans l’intérieur de la pierre un ver mesurant sept pouces de longueur. Le journal de l’endroit nous assure qu’au contact de l’air ex- térieur le ver donna des signes de vie, et il conclut grave- ment par dire que l’opinion de plusieurs savants locaux est que le ver en question devait avoir à son actif plusieurs mille ans d'existence ! De l'activité et de la somme de travail que peuvent fournir les oiseaux, nous avons une preuve dans le fait suivant. À Louisville, Kentucky, Etats-Unis, des Moi- neaux qui n'avaient pas été dérangés depuis sept ans, avaient rempli un grenier de foin, de paille et de branches. Il y a quelques jours, le propriétaire de l'immeuble, vou- lant inspecter les lieux, dérangea les Moineaux qui avaient fait du grenier leur domicile ; et quand il l’eut vidé, il se trouva qu’il y avait là deux bonnes charges de foin, de paille et de branches. On y compta plus de deux cents nids. Et les Moineaux ne battirent en retraite qu'après une résis- tance prolongée. HA Le jardin zoologiqne d'Edimburgh, Ecosse, vient de s'en- richir d’un jeune Renne, le premier animal de son espèce ué dans le Royaume-Uni et le premier aussi, dit-on, né en captivité. * * * Il n’y a pas de serpents en Irlande, du moins à ce que nos amis les Irlandais assurent. Or, on vient de tuer un repti- le de ce genre, dernièrement, dans un champ d'Orklow, comté de Wicklow, et les gens de l’endroit n'ont trouvé 24 LE NATURALISTE CANADIEN qu'une explication de ce fait extraordinaire : ils préten- ù AT ; \ dent que le reptile doit être sorti de l’eau. Un écrivain français parle. dans une revue scientifique des énorines profondeurs de l’océan, variant de 25009 à 30,000 pds. La température y descend jusqu’à zéro, et au- dessous de 1280 pds, la nuit règne sans fin. A cette profon- deur, les plantes privées de luimière ne peuvent pas vivre, et les êtres qui y habitent doivent être carnivores. L'organe de la vue, n'étant pas en usage, a disparu. Et cependant il y a une sorte de lumière, même dans ce monde sombre. En effet, un navire allemand a trouvé à une profondeur de 6,400 pds un poisson avec des yeux énormes. x Les castors recominencent à se propager dans les eaux du Manitoba. Il y a une famille de ces intéressants ani- maux à Carberry, cinq familles à la rivière du Cygne, trois ou quatre à Minitones, et plusieurs dans les coulées entre la montagne du Canard et Riding Mountain. Près de Nesbitt, sur la rivière Souris, il y a une trentaine de castors qui construisent un barrage ; et le département de l'Agricultuie a nominé nn homme dont la mission consiste à les protéger. Espérons que la protection sera efficace et permettra aux castors de reprendre domicile dans une pro- vince où ils abondaïient autrefois. k *X *X Les journaux scientifiques allemands nous apportent la description du squelette d’un éléphant de mer géant, que l’on vient de monter au jardin zoologique de Berlin et qui constitue le plus wrand exemplaire de cet animal qui aît été tué. Il mesure à peu près 21 pds du bout de la queue au bout de la défense, et devait peser vivant 10,000 Ibs ou près de quatre tonnes et demie. La circonférence de son corps à l'endroit le plus gros est de 18 pds'; le crâne seul mesure 2 pieds et 3 pes de long, sur 1 pied et 3 pouces de haut. AGE T4 CHRONIQUE 25 L’éléphant de mer, ou Eléphant-Morse, est à plusieurs points de vue une curieuse bête. Pour la taille, il peut lutter avec le Walrus, qui a l'aspect plus féroce. Son nez excepté, c’est un gros Morse noir, assez vif dans l’eau et très palot à terre, comme tous ceux de son espèce. Il est pesant comme un Hippopotame, qu'il rappelle vaguement. Il appartient aux deux hémisphères, mais il a été tant chassé que l’on en rencontre très peu d'individus au nord de l’Equateur. Il hante les rochers déserts des îles Kergue- len et Thetland, dans l’océan Antarctique, où jadis 1l exis- tait en bandes innombrables. On le tuait pour sa peau et pour l'huile que donnait sa graisse. Il se nourrit presque exclusivement de poissons. Une particularité des défenses de cet animal, c’est que celles du mâle sont pleines, tandis que celles de la femeile sont plus courtes et presque entiè- rement vides, HENRY TILMANS. + &+— UNE APPRÉCIATION Nous traduisons et reproduisons. de la livraison®de fé- vrier de l’Ot/awa Naturalist, un compte rendu bibliogra- phique de notre 7rarté élémentaire de Zoologie et ;d'Hy- giène, écrit par M. J.-A Guignard, assistant-botaniste et en- tomologiste du Canada, et qui est déjà bien connn de nos lecteurs. “Cet ouvrage, très utile et très précis sur la zoologie et l'hygiène et dent on attendait la publication depuis quel- que temps, vient de paraître. Cette publication sera sans doute accueillie avec un plaisir particulier par tous ceux qui ont du goût pour les sciences naturelles, même en de- hors de la population française du Canada. En effet, c’est à notre connaissance le seul ouvrage contenant un aperçu général de la faune du Canada qui ait encore été publié. 4 — Février, 1906. 26 LE NATURALISTE CANADIEN En outre, les genres les plns importants où les plus intéres- sants de la faune de tous les pays v sont mentionnés et souvent aussi 11lustrés, en sorte que l’on a là une. vu: d’en- semble fort complète de tout le rèxne atiiunal. “auteur du livre est un naturaliste de race et passionné pour le sujet qu'il traite ; la clarté de l'exposition est la note caractéristique de sa manière. [l n’a épirgné aucune peine pour atteindre la précision et l'exactitude, qui sont indispensabies dans un livre de science, c’est-à-dire un livré où tout doit être exact. ‘Les amateurs, les instituteurs et les étudiants trouveront donc un guide sûr, pour l’étude de la faune canadienne, dans l’ouvrage dont nous parlons, et qui contient aussi des notions fort développées de l'anatomie et de la physiologie animales. “Enfin, il est à souhaiter que ce livre soit largement in- troduit dans les écoles françaises du Cinada”: I.-A: GUIGNARD. a rt GR DE ae Em S DE LA*CHASSE AUX INSECTPES Pour faire un civet de lièvre : 2yenez un lièvre, etc. Pour faire une collection d'insectes : Prenez des insectes. C’est bien, dans les deux cas, la même coudition impé- rieuse, et d’une vérité encore plus littérale dans le second. A serrer la question de près, il y a, à vrai dire, deux fa- cons de former une collection entomologique. De même qu'il y a des marchands de boutons et de tant d’autres articies divers, il y a aussien plusieurs grandes villes des marchands d’insectes, et l’on pourrait parfaite- ment se faire expédier leurs catalogues, y choïsir les espèces que l’on voudrait avoir, et se les faire expédier chez soi, où l’on prendrait tout le loisir voulu pour les classer : DE LA" CHASSE, AUX INSECTES 27 suivant le meïlleur ordre scientifique. Seulement, ce moyen pen hérn'que de faire de l’histoire naturelle est loin d’être à la portée de tout le monde, parce qu’il serait extrê- mement coûteux, au moins autant que l+ serait l’établisse- ment d’une collection philatélique exclusivement à prix d'argent. Et puis, comme il n’est ici question que de la pro- vince de Québec, et qu'il ne se trouve en aucune de nos villes des magasins entomologiques ; comme il faudrait donc fair ses achats l: spécimens par exemple à New-Vork, pour ne pas parler de Londres, Paris, etc., on peut être as- suré an‘une collection formée ainsi de spécimens achetés en des villes de l'étranger manquerait de beaucoup d’es- pèces communes dans notre pays. One si, pour des raisons spéciales, l’on tenait absolument à monter une collection d'insectes à prix d'argent, le plus pratique serait d'acheter la collection de quelqu'un de nos amateurs obligé dese “retirer des affaires” entomologi- ques. Maïs l’on trouvera rarement des occasions de ce gen- re, surtout parce que le nombre de nos amateurs est très restreint. Non! Ce qu’il y a à faire pour l’aspirant entomologiste, c'est d’aller prendre lui-même les insectes où ils se trou- vent, c’est-à-dire partout. Des insectes ! Mais, durant cinq bons mois chaque année, les champs et les jardins, les montagnes et les vallons, les cours d’ean et es lacs en sont remplis ! I] n’y a qu’à aller les y capturer en tel nom- bre qu’on le désire. Et voilà justement ce qui rend sa col- lection si chère au collectionneur, puisqu'elle représente à ses yeux une somme considérable de soins et de fatigues, qu’elle devient même comme un tableau d’une partie plus ou moins considérable de sa vie. Il ne peut promener ses regards à travers les casiers de sa collection sans se rappe- ler, souvent avec le plus grand charme, qu'il a capturé tel et tel insecte, en telle année, en telle campagne, avec. tels ou tels incidents plus ou moins pittoresques. 38 LE NKATURALISTE CANADIEN Mais, encore, il ne fant pas oublier que ce n’est qu'e, se Jivrant à la chasse anx insectes que l’on peut amasser une réserve de ‘“doubles’”, c’est-à-dire de spécimens dont l’on possède déjà des semb'ables dans sa collection. Ces doubles, il y a intérêt à en accroître la quantité le plus qu'il est pos- sible. C’est, ei effet, pour le collectionneur, un véritable trésor qui lui permettra d’avoir les plus avantageuses rela- tions d'échange avec d’autres collectionneurs du pays, et de se procurer ainst le plus facilement du monde, des espè- ces qu’il n’a pu rencontrer encore dans ses chasses. Et com- me il pourrait avoir le goût d’ajouter à sa collection d'in- sectes du pays une collection spéciale d'insectes des pays étrangers, il n'aura qu’à se mettre en rapport avec des col- lectionneurs de ces pays, pour échanger avec eux des spé- cimens. 11 y a ainsi, dans la plupart des pays civilisés, des entomologistes très désireux d’avoir des correspondants en Amérique, et spécialement au Canada, et l’on ne sera ja- n ais en jeine de disposer de tous les spécimens que lon aurà capturés en nombre. De cette façon et sans qu’il en coûte à peu près aucun déboutrsé, on peut réunir une col- lection considérable d'insectes des autres pays ou conti- nents. Pour ce qui est de connaître les noins et les adresses. de ces collectionneurs étrangers, il n’y a qu’à consulter les annonces des revues entomologiques, où mieux encore l’'Æntomologists Directory (Etats-Unis et Canada), publié par ie Dr H. Skinner (:); ou l'/x/ernational Screntists” Directory, S. E. Cassino (Boston, Mass, U.S.): ces ou- vrages contiennent la liste assez complèt: des naturalistes professionnels ou amateurs de tous les pays. Nous croyons pouvoir supposer que le .naturaliste ; ama- teur, à qui nous nous adressons 1c1, s’est laissé convaincre de l'intérêt qu’il y a pour lui à se livrer à la chasse aux insectes. Il convient donc maintenant de,iui donner des (1) American Entomological Society, Philadelphia, Pa., U. S. DE LA CHASSE AUX INSECTES 29 conseils pratiques qui l'aideront à tirer bon profit de cètte attrayante occupation. Et de même que le chasseur de gibier à poii où à plui- nie ne se met pas en campagne sans ses cartouches et sa carabine, ainsi le chas distingue d’entre tous ses confrères d'Afrique. Bien que plus petit que l’Éléphant, il laisse néanmoins une plus large trace dans l’herbe. Les jambes de devant semblent avoir le sentiment des distances et s'y maintiennent ; celles de derrière, au contraire, o1t une A PROPOS"DE PATTES 103 affinité l’une pour l’autre et abattent l'herbe que es pieds de devant n'ont pu atteindre. Cette empreinte d'un coussinet et de quatre marques d’orteils font un sentier qui parfois mesure trois pieds de largeur. Ah!siles missionnai- res avaient ‘#z#po7 comme pré- curseur ! leur chemin, à travers les hautes herhes et la végétation tropi- cale de l’Afrique deviendrait facile : un gros c/rgyman et sa famille, son LCR piano et ses caisses de bibles faisi- ® «1: fées, y passeraient aisément. à Fig. 11.— Hippopotame. Fig. 12.—Crocodile. Voici une piste qui ressemble à une main gantée. C’est très alarmant à découvrir sur les bords d’une rivière, surtout quand on s’y baigne. Il n’y a pas à hésiter, la fuite est le salut, car il y a un Crocodile dans le voisinage. Ce particulier a, comme singularité, cinq orteils aux pieds de derrière et quatre à ceux de devant ; pieds palmés comme ceux du Canard ; les orteils extérieurs n’ont pas de criftes, les intérieures en laissent des marques. Une autre piste qui cause de l’effroi est celledu Lion, qui est très belle et qui consiste en un coussinet et quatre petits cercles. Les pieds de devant ont bien cinq orteils, mais le pre- 104 LE .N'ATURALTIS T'E CANADIEN Les Fig .13.—Lion. Le Léopard fait de même, suivant le chasseur jusqu’au camp dans l'espoir d'y trouver Chèvres preinte est semblable à celle du Lion, inais plus petite et plus allongée. Fig. 1c.—Hyène, mier ne touche pas la terre, quand le Lion marche, sauf par accident, quand il saute. Les pieds de derrière n’ont que quatre orteils. griffes n'apparaissent que rarement, re- pliées qu’elles sont dans les tissus ; quand le Lion court, elles font des petits points dans le sable. Qu'un Lion découvre un chasseur à ses trousses, il fera, parfois, un cercle et revien- dra sur ses pas, afin d’avoir son enuemi bien en face, puis décampeia bien promptement. et Moutons. Son ein- Fig. 14.—Léopard. Parmi les carnivores, l’'Hyène se dis- tingue par quatre orteils à chaque pied (les pieds de derrière sont plus étroits, et | tournent plus en dehors que les pieds de devant). Les oriffes paraissent, car étant de race canine, l’'Hyène ne peut les-ren: trer dans les tissus, comine les Chats, les Lions. Le Chien de chasse et le Chacal sont faciles à distinguer de l'Hyène : ils ont cinq orteils aux pieds de devant. TVR à à A PROPOS DE PATTES 105 La Girafe a des pieds d'â- ne, pas aussi pointus que ceux de l’Antilope. Dans les bas districts de l'Afrique, sa piste se rapproche plutôt de celle du Bœuf et mesure @ huit pouces. Fig. 16.—Girafe. La marque du Bison, sembla- ble à celle du Bœuf, est plus lar- ge et bien fendue. Ii aime les endroits marécageux, où il laisse une empreinte facile à lire. Un long séjour dans l’eau allonge ses sabots. Son amour de la vase est tel qu’il y séjourne jusqu’à ce qu’elle sèche et le retienne pri- sonnier, pour tomber sous la balle du chasseur passant. Fig. 17.—Bison. Comuie 1l y a vingt-cinq espèces d’Antilopes, leurs pis- tes diffèrent en grosseur et sont de deux classes: orteils ronds et orteils pointus. Une autre piste intéressante, celle de l’Elan, varie à l'infini. C’est une très noble bête, plus grosse que tous les ongulés, sauf le Bison et la Girafe. Sa piste s’échelonne depuis le mignon pied pointu de l’Antilope jusqu’à la gros- se empreinte ronde du Bison. L’Elan zébré du Nord-central laisse une piste plus fine que l’'Elan commun: plus le type est délicat, plus délicate aussi est la piste. Les Singes impriment sur le sol d’intéressantes mains qui n’ont cependant rien d’humain: les orteils (car ils ont des pieds) sont pius longs que les nôtres,- avec le gros 14—Juillet 1906. O6 LE NATURALISTE CANADIEN Fig. 18.—Singe. orteil à angle droit. Une règle si simple de géométrie ferme à jamais la porte à toute aspiration darwinienne, et détruit pour le présent notre noble parenté avec les baboons. Les mains sont plus humaines, mais on ne peut les confondre avec les nôtres. Fig, 19.—Ours. Voici un particulier qui a ôté ses bottes et marche en chaussettes ; mais ça mesure dix-huit pouces de longueur ! Quel est donc cet ours ? Les pistes du Loup ressemblent à celles du Chien, ayant un coussinet à cinq points, en avant. Un gros Loup laisse une empreinte de quatre pouces et demi, mesurée du bout des griffes au talon. Fig. 20.—Loup. A PROPOS®PF PATTES 107 Fig. 21.—Autruche. Pour faire entrer ici un oiseau, disons que l’Autruche marche et court en cercles, et laisse, somme toute, un al- phabet bien difficile à démêler. Poire et deux points : 7 vouces de long, 4 pouces de large, ce qui fait qu’on ne peut pas prendre cette dame pour une autre. On ne peut pas, non plus, se méprendre sur l’empieinte du Chameau, qui fait, du même pied, 38 enjambées par minute, quand il va de son petit pas. Sa vitesse a donc été quelque peu exagérée. Le Heirie, le chameau le plus rapide du désert, fait rare- ment plus de 4 miles à l’heure. Fig. 22.--Chameau. DT Fig. 23.—Lapin. Pour descendre aux Lapins et aux Lièvres, le Lièvre laisse une marque qui ressemble à celle du Lapin, mais I plus large, impritnant un coussinet et quatre orteils. Sur 108 LÉ NATURALISTE CANADIEN le versant des collines, où le Lièvre prend ses ébaïts, l’em- preinte de ses pieds se relève en lignes très nettes et se voit distiuctement à une grande distance. Le Lapin, en courant, fait un triangle qui a pour sommet les pieds de devant, et pour base les pieds de der- rière. Ses triangles se suivent sur une seule ligne. Un chasseur, qui n’en sait rien, voyant pareille trace conclurait que Jean allait en sens opposé à la piste ; mais non, le Lapin, en courant, oublie ses jambes de devant, pour faire passer celles de derrière. Quand 1l y a espace de plus en plus long entre les pieds de devant et les pieds de derrière, l’histoire, écrite alots sur la neige, nous en- seigne que ce Aèdre a dû débulonner à toute enjambée, et que peut-être 1l court encore... | l'outée empreinte d'animal a son histoire. Em.-B. GAUVREAU, ptre, curé de Beardsley, Minnesota. 2 STATION DE BIOLOGIE MARITIME DU CANADA Pour la première fois, le laboratoire de la Station de Biologie maritime est, cette année, fixé dans la province de Québec, à Gaspé. Nous espérons qu’on y pourra faire du travail scientifique très intéressant. Grâce à la bienveillante ‘autorisation de l'honorable M. Brodeur, ministre de là Marine et des Pêcheries, le croi- seur ?rircess sera utilisé durant quelques semaines pour faire des dragages en eau profonde dans le golfe Saint-Lau- rent, en vue d'étudier la faune marine de la région est du Canada. En outre, ce vaisseau fera un ou deux voyages aux Sept-Isles, où fonctionne une exploitation industrielle de la pêche à la Baleine, et où par conséquent les travail- Si STATION DE BIOLOGIE MARITIME DU CANADA 109 leurs de la Station pourront puiser d’utiles informations sur les Cétacés qui fréquentent les eaux canadiennes. Nous avons appris que MM. Ramsay Wright et Mc- Callum, de l’université de Toronto, MacBride, de l’univer- sité McGill, et Knight, de la Queen University, doivent passer un certain temps à la Station de Gaspé, à poursuivre leurs recherches scientifiques, que facilitera grandement, celte année, le concours du croiseur ?r2ncess pour l'étude de notre faune maritime. On aura une idée de l’importance des travaux scienti- fiques qui se font à notre Station de Biologie, en prenant connaissance du programme qui a été établi pour les études à faire durant la présente saison et dont voici le résumé : 1° Recherches sur la fanne maritime de l'Est, sur le littoral et en eau profonde. 2° Collection de spécimens de Batraciens et de Pois- sons d’eau douce. 3° Etnde comparative de la boette fraîche et de la boette en congélation, pour la pêche à la morue, etc. 4° Etudes de botanique (Diatomées, etc.) »° Etudes des Cétacés capturés aux Sept-Isles. 6° Recherches sur les migrations du Saumon et de la Truite de mer. Nous ajouterons, comme nous l’avons déjà dit ici à plusieurs reprises : quand donc y aura-t-il parmi les Cana- diens-Français des naturalistes en mesure de profiter, à l’ins- tar de nos compatriotes de langue angiaise, des facilités d'étude qu'offre la Station de Biologie maritime, grâce au soutien intelligent que lui donne le gouvernement du Canada ? —— LIO LE NATURALISTE CANADIEN LA VERMOULURE DES BOIS On rencontre très fréquemment des morceaux de bois de toute essence, tout vermoulus, soit par les Azobrum ou vrillettes, ou bien encore par toute une foule d’autres lar- ves ou même de chenilles, suivant le bois ravagé. L'un des plus savants sylviculteurs de France, M. Emile Mer, a pu- blié dans le /ournal de l'Agriculture les résultats de ses mi- nutieuses observations sur ce sujet qui lui ont permis de reconnaître la véritable cause de la vermoulure des bois d'œuvre, et de découvrir un moyen d’une efficacité certaine pour supprimer cette cause. Les bois abattus et mis en œuvre sont sujets à la ver- moulure ; l’aubier y est bien plus exposé que: le bois pai- fait ; aussi est-on presque toujours obligé de le supprimer : ce qui entraîne une perte assez considérable de matière. Il est à remarquer que les essences le plus souvent atta- quées par les insectes sont celles qui se distinguent par un bois p:rfait bien caractérisé et un aubier très amylifère. Il y a quelques années, M. Emile Mer avait remarqué que la poussière qui résulte de la perforation du bois par les vrillettes ou Arobium et qui consiste en débris li- gneux très ténus ne renferme.plus d’amidon, inême quand elle provient d'un bois où cette substance se trouve abon- damment répartie. L'amidon avait donc été consommé par les insectes. Cette observation lui fit supposer que c'était peut-être la présence de ce corps qui les attirait, et que, si l’on parvenait à débarrasser une pièce de bois de son ami- don, elle se trouverait indéfiniment préservée de la vermou- lure. Je venais précisément, dit-il, de constater que l’écor- cement sur pied, trois ou quatre mois avant l’abatage, a pour résultat de faire disparaitre l’amidon de toute la région décortiquée et j'avais même reconnu qu'une annélation de quelques centimètres de longueur suffit, pourvu qu’on ait LES GOMMES VÉGÉTALES YTI soin de ne laisser aucune pousse se développer sur la portion située au-dessous de l’anneau. L’amidon se résorbe peu à peu dans toute cette région. M. Mer vérifia alors d’une façon rigoureuse l’exactitu de de son hypothèse. Aïnsi, en faisant disparaître l’amidon de l’aubier, on rend celui-ci réfractaire à la vermoulure. Le savant sylviculteur explique pourquoi la résorption de l’amidon est la conséquence de l’écorcement. [L’amidon est produit par les feuilles sous l’influence de la lumière ; c’est par le liber qu’il se rend des branches au tronc et aux racines. Or, par suite de l’annélation, l’amidon a sa mar- che vers Ja partie inférieure du tronc interceptée, 1l s’accu- mule dans la région supra-annulaire, la région inférieure étant réduite à vivre sur la provision de matière. amylacée qui s'y trouvait au moment de l’opération. Cette provision est résorbée plus ou moins vite, suivant les essences, les dimensions de l’arbre et les saisons. En été, la résorption se fait beaucoup plus rapidement qu’en hiver. En conséquence, M. Mer propose de décortiquer l’arbre sur pied plusieurs mois avant l’abatage, ou, plus simple- ment, de pratiquer une annélation à la partie supérieure du tronc en ayant soin de supprimer toutes les pousses qui se développent sur lui. Le printemps est l’époque la plus convenable pour cette opération. L’amidon a disparu en automne et l'on peut alors commencer l’abatage dans le courant d'octobre. (Cosmosr 4-45 ORIGINE BACTÉRIENNE DES GOMMES VÉGÉTALES Elle a été mise en évidence par les travaux de M. RK. Greig Smith, publiés dans le journal de la Royal Society de ia Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney. M. G. Smith, bactériologiste à Double Bay, a pu isoler les diverses bac- téries gommogènes dans les tissus des arbres à gomme. La I12 LE NATURALISTE CANADIEN gomme arabique ou arabine, soluble, la métarabine et la para- rabine, insolubles, sont produites par des bactéries distinctes. On a pu reproduire, par culture de ces bactéries, des gomumes identiques aux gommes végétales. Il est probable \ que l’on pourra augmenter à volonté la production des gommes, par une judicieuse infection d'arbres susceptibles. Dans les milieux ordinaires, les bactéries gomimogènes vivent et se multiplient, mais sans fournir une quantité appréciable de gomme; une addition de tannin a une 1in- fluence marquée sur l’augmentation de cette production. (Bul. de la S. d'Encouragement.) ô ee PUBLICATIONS REÇUES —(Smithsonian Institution) Proceedings of the U. S. National Museum. Volume XXIX. 1906.—Une grande partie de ce volume est consacrée à des travaux entomologiques sur des pays étrangers. Nous signalerons seulement les mémoires suivants : The Classification of the American Siphonaptera ; Revision of American Paleozoic Insects. — The Philippine Journal of Science (Vol. T. N° 3, April 1906.) — The Asnerican Museum of Natural History (New-York). Annual kReport. — (Field Colnmbian Museum.) Annual Report. — Transactions of the Kansas Academy of Science. (Vol. XX, p. 1.) — Anales del Museo Nacional de Montevideo. (Serie II, entrega 2.) — (Instituto geologico de Mexico.) Za Faune marine du Trias Supé- rieur de Zacatecas. par le Dr €. Burckhardt et le Dr Salvador Scalia. — Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia. (VOST ALN ITU Ep 3 ENOlN DIM") re) —(Memoirs of the American Museum of Natural History, vol. IX p. 2.) Il. 7e Phytosauria, with especial reference to Mvstriosuchus and Rhytidodon, by J. H. McGregor. TN LE NATURALISTE CANADIEN Québec, Aout 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 8 Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard LE LUSSOEK MOTH? Dans les pays anglo-saxons, un grand nombre d’in- sectes ont des noms vulgaires. Chez nous, très peu d’es- pèces entomologiques sont assez connues du grand public pour avoir reçu les désignations qui leur soient propres. Par exemple, cette dénomination de 7zssock Motk, si usitée chez les Anglais di Canada et des Etats-Unis, n’a chez nous aucun terme correspondant. Nous avons bien vu l’insecte dont il s’agit désigné sous le nom de ‘“ mouche T'ussock ”, sur un journal de la Province ; maïs cette déno- mination, qui d’un /éprdoptère fait un diptère, n'a sans doute aucune chance de durer. Car il n’est pas nécessaire d'afficher aussi haut l’ignorance qui règne chez nos compa- triotes en matière d'histoire naturelle. Un correspondant de Montréal nous écrivait ce qui suit, à la date du 31 juillet dernier : “CJIl y a une quinzaine de jours, une multitude de che- nilles devoraient les feuilles de nos arbres. sans paraître avoir aucune préférence : Orme, Plaine, Frêne, Peuplier, tout leur était bon.—Depuis, la plupart ont filé leur cocon, dont plusieurs déjà sont sorties. 1£—Août 1C06. TA LE NATURALISTE CANADIEN ‘Je vous envoie par la poste des échantillons de trois phases de cet insecte: 1° la chernzlle, antennes formées de touffes de poils noirs terminés en massue; tout près de l'extrémité postérienre, une touffe de poils bruns à bout noir, de même longueur que les antennes ; sur le dos, -un peu eu arrière de la tête, quatre touffes de poils blancs, , courts et serrés. 2° Le cocon. 3° La nymphe, sortie du cocon depuis trois ou quatre jours, qui n’a pas encore d’ailes, et a Lu sur son cocon un dépôt blanc me paraissant un amas d'œufs. “ Vous m’obligeriez si vous vouliez bien me dire le nom de cet insecte ; si ce sont bien des œufs qui constituent le dépôt blanc; quel est le rôle de l’insecte après qu'il a fait cetteYponte. Nous avons déjà répondu à notre correspondant que l’insecte au sujet duquel il nous interroge est le fameux Tussock Moth ”, dont la désignation entomologique ac- tuelle est la suivante: Æemerocampa leucostioma Abbot & Smith. D'autre part, ce qu’il appelle du nom de “nymphe, sortie du cocon depuis trois on quatre jours ””, est bien l’insecte parfait, mais une femelle, ‘qui n’a pas encore d'ailes ”, et qui même n’en aura jamais, non seulement parce que le fil de ibie4 Le papillons son existence EST complètement rompu, du Tussock Moth. mais aussi parce que dans toutes les es- pèces du genre //emerocampa les mâles seuls sont ailés. Si jamais le féminisme s’introduit dans le monde entomolo- viaue, il est à présumer que l’une des premières revendica- tions que l’on fera valoir sera bien l'égalité, chez les deux sexes, des instruments du vol. En attendant, donnons en quelques mots l'histoire na- turelle de l’Æ/emerocampa. Le papillon mâle est brun noirâtre ; ses ailes, dont l’extension dépasse un pouce et quart, portent quelques courtes lignes b'anches. La fe- nelle, de couleur grise, a le corps beaucoup plus gros que celui du mâle. Elle ne fait pas autre chose, dans sa courte LE ‘TUSSOCK MOTH ”? 115 vie, que de pondre ses œufs. Elle les dépose sur le cocon même d’où elle est sortie. Klle les recouvre avec les poils qui se détachent de son abdomen, et auxquels elle mêle une sécrétion visqueuse qu’elle produit, de manière à former une sorte d'enduit qui durcit à l'air et devient un abri protecteur pour les œufs destinés à perpétuer la race. C'est ‘à le ‘ dépôt blanc ” dont parlait notre correspondant. Lorsque la poute est finie et les œufs couverts de leur enduit, la femelle passe de vie à trépas, sans tambour ni trompette. Le soleil, qui opère tant de choses diverses dans le vaste univers, fait aussi éclore sous ses rayons ardents les œufs de l’Æ/ermerocampa. Les jeunes larves ont dans le bas âge la propriété curieuse de sécréter un fil léger au bout duquel, si quelque danger se montre à l'horizon, eiles se laissent descendre de la feuille où elles étaient fixées, et qui leur sert à revenir à leur station lorsque la paix est ré- tablie. Cette curieuse faculté se perd quand la larve a grossi et a pris du toupet. Ces larves sont douées d’un ap- pétit vorace, et c’est durant cette période larvaire que l’in- secte exerce ses ravages sur le feuillage des arbres. Parvenue à sa grosseur, la che. nille de l’Æemero- campa est de toute beauté, avec sa tête d’un rouge vif, ses bandes noires et blanches, ses quatre toufies d’un blanc crême. Il faut avoir assez de largeur d'esprit pour reconnaître les qualités de ses ennemis ! Fig. 25.—Chenille du 7wssock Mofh. ? Toujours est-il qu'après avoir passé par le nombre ré- glementaire de mues successives et après avoir dévoré maints et maints parenchymes foliaires, notre chenille s’en 116 LE NATURALISTE CANADIEN va établir son cocon dans quelque anfractuosité de l’écorce, sur l’arbre natal, ou en quelque autre endroit mieux abiité des environs, pour en sortir papillon après un temps plus ou moins long. Dans les régions du nord, le 7#ssock Moth a deux gé- térations par été, et trois dans les pays du sud, par exem- ple sous la latitude de New-Vork. Nous ignorons si dans notre district il y a ainsi deux ou trois générations. Sui- vant le cas, les insectes de la deuxième ou de la troisième génération déposent les œufs qui subissent l’hiver et don- nent naissance à la première éclosion du printemps. Com- me les chenilles qui ont causé des ravages un peu sérieux dans notre pays l’ont fait au mois de juillet, c’est-à-dire à peu près à la même époque qu'à New-Vork et à Philadel- phie, nous ne serions pas surpris qu’il y eût encore une éclosion au mois de septembre comme il arrive en ces loca- lités : et ce serait, en notre pays comme en ceux-là, la troi- sième génération. Car 1l semble qu’il soit un peu hâtif de se mettre en hivernement dès la fin de juillet. Le Zussock Moth parait avoir fait beaucoup de dom- mages à Montréal, cette année et l’année dernière. A Qué- bec, il n’a attiré l’attention que pendant la présente saison ; mais ses ravages ont été assez restreints. Dans le faubourg Jacques-Cartier, nous avons vu des Saules absolument cou- verts de chenilles et de cocons de cet insecte. A la Haute- Ville, il a paru en assez grande quantité sur quelques ar- bres de l’Esplanade et du Jardin Montmorency. On demande souvent quel peut être le moyen de lutter efficacement contre le 7’#ssock Moth, lorsqu'il existe à l’é- tat de fléau. On conseille, pour le printemps et lorsque le feuillage est encore peu développé, d’arroser de temps à autre les feuilles et le tronc avec l’un ou l’autre des liqui- des recommandés comime insecticides: à ce moment, les larves sont encoie petites, et l’on a des chances de réussir à les atteindre et à les exterminer. CHRONIQUE 117 Mais le vrai moment de détruire ce terrible ennemi, c’est l'automne et l’hiver. Il n’y a qu'à examiner, à ces époques de l’année, le tronc des arbres, les clôtures ou les murs situés dans leur voisinage, pour y apercevoir aisé- ment les cocons, recouverts d'œufs, qui adhèrent à ces dif- férents endroits. Il n’y a qu’à enlever ces cocons et à les détruire. (C’est le moyen le plus radical; et s’il était un peu généralement employé dans une localité quelconque, on enrayerait facilement le fléau. Mais, naturellement, on ne pense à lutter que lorsque les arbres sont dévorés par les chenilles, et à ce moment il n’y a rien à faire. Il nous paraît probable que l’été prochain le 7zss0ck Moth abondera sur nos arbres, à Québec, lorsqu’ii serait si facile d'empêcher ces ravages en détruisant, cet automne ou cet hiver, le nombre relativement peu considérable des cocons couverts d'œufs qui sont destinés à éclore au prin- temps. CHRONIQUE Un yossile géant.—Te professeur Henry F. Osborn, conservateur du département de Paléontologie vertébrale au Musée américain d'Histoire naturelle, à New-Vork, vient d'enrichir sa déjà remarquable collection d’un spéci- men nouveau, le fossile d’un monstre terrestte, le plus gros que l’on connaisse actuellement, On l’a étiqueté du nom de Cyrannosaurus rex ; et s’il faut en croire les natura- listes qui ont monté son énorme carcasse—et ce sont tous des gens du métier, —_Cyrannosaurus était certainement roi dans son domaine. Ses ossements, c’est-à-dire la plus gran- de partie d’entre eux, ont été enlevés des terrains monta- 118 LE NATURALISTE CANADIEN eneux du Montana septentrional. C'était un animal car- uivore sur lequel on a très peu de renseignement encore. Le professeur Osborn raconte avec orgueil la décou- verte du monstre préhistorique. Il y a quelques années, M. Hornaday, directeur du Parc zoologique à New-York, s’en Ylla au Montana avec un parti de chasseurs. Il trouva là une corne fossile, et l’emportant avec lui vint la montrer à son ami Osborn en lui demandant si elle avait quelque valeur. Le professeur lui répondit qu’elle n'avait pas beaucoup de valeur par elle-même, mais qu’elle était d’une valeur réelle pour de futures explorations. Nous avons eu jusqu'ici, dit- il, plusieurs ossements de lanimal auquel appartenait cette corne, et votre trouvaille pourra peut-être nous ramener à une place où d’autres parties peuvent se trouver de l’ami- maljque nous avons, encore iinparfaitement, découvert. L’a- nimal auquel appartenait la corne était le 77zceratops, un herbivore. L'année suivante, le Musée de New'Vork envoya une expédition dans le Montana sous la direction de Barnum Brown, un chasseur émérite de ‘ fossiles ”, et l’on trouva des restes précieux du 7r2ceratops, le monstre à cornes qui pesait dix tonnes. Au cours des recherches, on découvrit aussi quelques ossements d’un animal apparemment tout différent. Ces ossements furent trouvés dans la pierre de sable dure et extraits avec beaucoup de difficulté. L'année suivante aussi, dans l’espoir de découvrir encore d’autres fragments du monstre inconnu, MM. Osborn et Brown re- tournèrent au Montana. Les premiers spécimens furent trouvés sous un rocher; et après bien des efforts, on parvint à recueillir les priucipaies parties du corps de l'animal. I1 a été possible de reconstruire assez exactement le monstre en question. Du bout de la queue à l'extrémité du nez, il mesurait environ 39 pieds. Du bout de la tête, levée comme un animal la lève ordinairement, la distance au sol aurait été de 19 pieds environ. Un dessin repré- , CHRONIQUE 119 sentant Ja grandeur de l’animal comparée à celle du sque- lette humain nous montre quelque chose comme une au- truche et une poule domestique. Lorsque les paléontolo- gistes auront examiné et étudié les restes du monstre, ils espèrent pouvoir nous dire quelle quantité de chair il con- sommait en un jour, quelle était la grandeur de son cer- veau, quel Âge il atteignait et à quelle époque préhistorique il terrifiait les autres habitants du globe terrestre. Cette dernière découverte est si importante pour la science que celle-ci a dû reclasser les Dinosaures carnivores de la période géologique crétasée. 7yrannosaurus est maintenant le nom d’un nouveau genre. Ces Dinosaures carnassiers ont bien pius de caractères différents qu’on ne l'avait supposé d'abord. Maïs leur amusement favori semble avoir été de troubler encore davantage l'existence déjà passablement épineuse des Dinosaures herbivores, leurs contemporains. Le Tyrannosaurus rex, disent les savants, n’aimait rien mieux que d'attaquer le 7Yzceratops à trois cornes, celui-ci, un des plus intéressants individus de la famille des Dino- saures et dont il existe au Musée national de Washington un squelette de toute beauté. Lui aussi était un monstre remarquable, mesurant 25 pieds de haut environ et ayant deux fois la pesanteur d’un éléphant. Le professeur Osborn, qui a monté le squelette du 7yrannosaurus rex, est d’a- vis que même avec ses trois cornes, le Triceratops était une proie facile pour le Dinosaure carnivore qui a été exhumé au Montana. Uue collection de coléopières.—Alexander Fry, en mourant, a légué au Musée d'Histoire naturelle de Londres (Angleterre) sa-superbe collection de coléoptères, qui com- prenait environ 200,000 numéros, divisés en 72,000 espèces. Quand un Canadien fera-t-il la même chose pour un musée du pays ? Des Grenoutlles géantes.—A la dernière assemblée des membres de ja société de Zoolovie, en Angleterre, on a ‘ 120 LE NATURALISTE CANADIEN montré une Grenouille géante qui ne mesurait pas moins de dix pouces de long d’une extrémité à l’autre du corps. C’est une espèce, inconnue de la science jusqu'ici, qui a été trouvée dans la colonie allemande de Cameroon. en Afrique, et que l’on a nommée ana Goliath. A la même as- semblée, on a exhibé une autre espèce de Grenouille remar. auable, dont la femelle porte ses œufs dans la gueule, où ils éclosent. Quand les petits sortent des œufs, ce ne sont point des têtards, mais des Grenouilles parfaitement constituées, bien que très petites. Nous avons, il est vrai, en Amérique, une sorte de rainette qui a une espèce de poche tout le long du corps, où elle porte ses œufs jusqu’à ce qu’ils éclosent. Un. Crapaud qui a la vie dure.—Au cours de répara- tions faites au clocher de l’église Evangélique à Hespeler, Ont.—édifice construit il y a seize ans,—les ouvriers ont trouvé un Crapaud qui avait été emprisonné dans le mor- tier entre deux pierres. Quand on le sortit de sa prison, le Crapaud était bien en vie et paraissait n’avoir souffert en rien de sou long emprisonnement. HENRY TILMANS. LE MARCHAND D'ŒUFS DE FOURS Un nouveau commerce vient de naître : c’est celui des œufs de Fourmis. Mes lecteurs me sauront gré, je l'espère, de leur présen- ter le marchand d'œufs de Fourmis. Il y a quelques jours, je cheminais pédestrement le long d’une de ces belles avenues qui sillonnent dans tous les sens la forêt de Bercé (Sarthe), qui à bon droit passe pour la plus belle de France et l’une des plus belles de l’Europe. Je m’arrêtaïs à chaque instant pour admirer ces merveil- ŒUFS DE FOURMIS 12} leux Chênes plusieurs fois centenaires, d’une hauteur pro- digieuse, droits comme des joncs, sans nœuds, unis comme des cylindres qui semblaient autant de colonnes supportant la voûte d’un temple de la nature. De ci et de là alternaient des Hêtres majestueux, à l'écorce d’un blanc cerndré, à la cime touffue, qui me rappelaient lorsque j'étais sur les bancs du collège, ce berger de Virgile qui, il y a deux mille ans, se reposait nonchalaminent à l’ombre d’un Hêtre. Tityre, tu patulæ recubans sub tegmime fagi. Un merveilleux tapis de mousse recouvrait le sol. Le soleil baïssait, j'activais le pas lorsque soudain j'entends derrière moi un bruit de voiture : je me retourne, je vois venir un véhicule conduit par un individu que je prends pour un cultivateur du voisinage et qui en passant m'invite à monter, j'accepte. L'homme que j'avais à côté de moi, avec sa voix rau- que, son teint basané brûlé par le soleil, ses cheveux en broussailles, sa barbe inculte, sa mise depenaillée, ne ressem- blait guère à nos braves campagnards avec leur figure fran- che et ouverte, leur mise propre et cossue. Le cheval apocalyptique qui portait sur son dos des lambeaux de harnais rapiécés avec des cordes, et traînait une voiture grinçante toute disloquée, remplie de sacs sci- gneusement fermés et bondés d’un produit dont j'étais loin de soupçonner la nature, n'avait rien de comparable avec le robuste percheron de nos campagnes bien harnaché qui enlève fièrement, d’un vigoureux coup d'épaule, une con-* fortable carriole remplie de sacs de blé ou d’avoine. Cette rencontre n'était pas très rassurante en pleine forêt... Je m'étais trompé. Mon automédon était un de ces coureurs de foires et de marchés, pilier de cabarets de bas étage, toujours à la recherche d’une position sociale, comme Jérôme Paturot, changeant à chaque saison de métier. 16— Août 1906. 122 LE NATURALISTE CANADIEN Au bout de quelques instants, je ressens de vives pi- qûres aux jambes. Je regarde à mes. pieds... et, stupéfac- tion ! je vois des processions de Fourmis qui couraient d’un ‘air inquiet ; j'en fais l'observation à mon homme qui me répoud en souriant qu’il est marchand d'œufs de Fourmis ; puis, avec une bonne grâce dont je lui sais gré, il me racon- te les dessous de son métier. I1 rayonvait, sur 40 kilomètres à la ronde. Il passait à jour et heures fixes dans des endroits désignés à Pavance ; ses employés lui appottaient le produit de leur chasse, qu’il leur pavait immédiatement sur le pied de 4 à 5 francs le boisseau de 20 litres, suivant la qualité de la marchandise. Une fois son chargement fait, il portait ses œufs de Fourmis chez ses acheteurs, dont par discrétion je n’ai pas cherché à connaître les noms. Le métier était lucratif; 11 faisait des journées de 40 à 50 francs. Ce comimerce n’est pas aussi banal qu'on pourrait le croire de prime abord. Il paraît que depuis quelque temps l'Angleterre entre en scène pour venir s'approvisionner chez nous d'œufs de Fourmis, dont elle fait une énorm: consommation pour l'élevage des Faisans destinés au peu- plement des grandes chasses à rabat. C'est donc à un redoublement d'enlèvement d'œufs de Fourmis que nous allons assister au printemps prochain. (L'Elevage, Bruxelles.) SC 0 LES LES MOYENS DE DÉFENSE DES INSECTES Quand on touche un coléoptère, une Fourmi, une Coc- cinelle, on sait que ces insectes #4 le mort ; ils replient sous ‘, *.: rc leurs antennes et leurs pattes; *SEMIASSEnt DÉFENSE DES INSECTES 123 tomber à terre et gardent pendant longtemps une immobi- lité parfaite. C'est leur moyen de défense pour dérouter leurs ennemis habituels, Lézards et Batraciens, qui ne se nourrissent que de proies vivantes et surtout mouvantes. Au moment où l’insecte se roule sur le sol, on voit sourdre par sa bouche ou ses pattes de grosses gouttes d’un liquide un peu visqueux coloré généralement en jaune ou en rouge. La nature de ce liquide a fourni l’occasion de nom- breuses controverses, et, tout récemment encore, une reve anglaise, dont, par politesse, nous tairons le nom, imprimait cette erreur monumentale que le liquide ainsi sécrété était un produit spécial, instantanément sécrété par l'animal dans un but de se/fdefence. Nous nous contenterons de rappeler à notre confrère d’outre-Manche que, il y a plusieurs années déjà, M. Cuénot, professeur à Nancy, s’est assuré au microscope que ce li- quide est du sang. Bien que son opinion ait été lon- guement et abondamment combattue, elle n’en a pas moins prévalu, et, à l’heure actuelle, elle est généralement ad- inise. Ce rejet de sang est, d’ailleurs, un procédé de défense chimique analozue à celui qu’emploient d'autres insectes en projetant le liquide nauséabond que sécrètent certaines de leurs glandes. Rappelons à ce propos qu’au cours de ses expériences M. Cuénot a placé dans un récipient des Adé- monta et des Lézards verts. Un des Lézards n’a pas tardé à attaquer une Adémonia en la prenant dans sa gueule : celle- ci a rejeté par l’orifice buccal une grosse goutte de sang jaune. Le Lézard a immédiatement lâché sa proie et s’est frotté la gueule contre la terre, afin de la débarrasser du li- quide dont elle était enduite. Dans la suite, il ma plus jamais attaqué des Adémonia. Le sang, ainsi rejeté par ces insectes, a une odeur assez forte : il renferme une substance chimiquement voisine des alcaloïdes, et capable de tuer des Cobayes et des Grenouilles 124 LE NATURALISTE CANADIEN par arrêt du cœur. Le sang des mouches cantharides contient de même une grande quantité de cantharidine, dont les _ propriétés vésicantes font un produit éminemment défensif. (Cosmos.) FM LES ARAIGNÉES A SOIE DE MADAGASCAR A l’époque où nous vivons, chacun travaille, d’un la- beur soit intellectuel, soit manuel, et nous mettons même à profit les travaux que les insectes font pour leur propre plaisir. En d’autres termes, ces insectes existent, ils doivent donc, pour justifier cette existence, produire ce qui peut être d’une utilité quelconque à la communauté humaine. En vertu de ce principe, l’Araignée de Madagascar est soumise aujourd’hui à un élevage qui permettra, avant peu, au gouvernement français, d'établir l’industrie perma- nente des Araignées à soie dans cette vaste colonie. On a, d’ailleurs, souvent parlé déjà dans la presse du développement de l'Aranéiculture à Madagascar, et nous croyons intéressant de donner quelques détails sur la façon dont on force les Araignées à produire leur fil précieux. Les indigènes désignent sous le nom de ‘“ Halabé” cette espèce particulière d'Araignées, qui diffère sous plus d’un rapport des autres espèces connues, bien que leurs points caractéristiques soient semblables. Les Halabés sont de dimensions beaucoup plus gran- des, et chez elles comme chez toutes les Araignées, en gé- néral, la femelle est plus forte que le mâle, et son naturel incertain, changeant, n'est pas fait pour rendre l’existence heureuse à ce dernier, par moments du moins. LES ARAIGNÉES A SOIE 125 À la saison de l’accouplement, les mâles qui sont en quête de compagüe doivent employer, dans leur choix, de très grandes précautions, car si leurs assiduités ne sont pas du goût de celle-ci, si tel ou tel poursuivant ne répond pas à son idéal, ou si elle est d'humeur méchante, elle fond sur les bestioles et les dévore sans plus de façon. Après l’accouplement, la femelle se montre très diff- cile sur le choix de la résidence du couple nouvellement uni et, fort avisée, refuse obstinément de s'installer en des endroits où la nourriture qui lui est nécessaire, à elle et à ses petits futurs, ne se trouverait pas en abondance. Les vastes buissons de manguier des Jardins royaux de Tananarive sont un de ses lieux de prédilection : aussi les Araignées à soie s’y trouvent-elles en très grand nom- bre. Dame Halabé, il faut bien le dire, a des habitudes dé- testables. Se trouve-t-elle, par accident, dans un lieu où les provisions sont rares, ou bien éprouve-t-elle le besoin de faire diversion à ses menus quotidiens, qu’on la voit aussi- tôt se mettre en quête d’une collègue; à peine la-t-elle trouvée, qu’elle l’attaque de coups terribles, et celle des deux combattantes qui survit à l’autre se met en devoir de se livrer à un vrai festin de cannibale. Les autorités coloniales de Madagascar encouragent de leur mieux l’industrie de la soie d’Araignées. Des écoles professionnelles ont été fondées pour la pro- pagation et l’élevage scientifiques des Halabés, et pour la tuition à donner aux indigènes sur le travail de la soie. Ces écoles, dues à l'initiative du général Gallieni, sont l’une des créations les plus utiles parmi celles qui ont été fondées à Madagascar par les soins de cet officier : elles donnent du travail aux indigènes et forment le noyau d’une industrie peut-être appelée à prendre une très grande extension dans un avenir piochain. Malheureusement ces insectes, en raison même de leur 126 LE NATURAIISTE CANADIEN nature ultra-sanvage, sont d’un élevage très difficile, et bien que l’Araionée ne soit pas eucore parvenue à atteindre le succès sans précédent du ver à soie, l'expérience est inté- ressante tout au moins, et le tissu ainsi obtenu deviendra sans nul doute rare et de grande valeur. Peut-être arrivera-t-on aussi, avec le temps, à transfor- mer le caractère personnel de ces Araignées et à en faire des producteurs de soie, sains et dosiles. Les indigènes suivent les cours de cette institution très attentivement et mettent bien en pratique: les leçons que leur apprend la théorie. Lorsque les Araignées ont été capturées dans les buis- sons de mauguiers, les femmes indigènes les apportent à Pécole dans de légers paniers ; elles ont bien soin de ne pas les y laisser trop longtemps, car, à l'arrivée, il pourrait se faire que chaque panier nue contînt plus qu’une seule Arai- gnée qui se serait alors nourrie du corps de ses compagunes, tout le long du chemin. Le travail des Halabés diffère de celui des vers à soie, en ce qu’elles emploient leur soie à tisser leurs toiles, et non à faire des cocons : aussi est-on obligé d’extraire le fil de lPinsecte, pendant qu'il est en vie, si l’on veut obtenir un filament bien égal. Les Araignées conservées dans les écoles de Mada- gascar sont donc, à cet effet, placées dans un appareil cu- rieux, qui en contient de vingt à vingt-cinq, encagées séparément. Chacune de ces petites cases carrées contient ce qu’on pourrait appeler une guillotine en miniature, une petite deimi-lune faite de bois, ‘qui tient solidement l’Araigaée à l'endroit exact du corps où la tête ‘vient rejoindre l’abdo- men ; les pattes sont ramenées vers le thorax, et l'abdomen se trouve ainsi dirigé du côté où l'on doit extraire la soie. Pour mettre les bestioles dans cette position bizarre, LES ARAIGNÉES À SOIE 127 on doit prendre de grands soins, afin de ne pas les blesser ou les mutiler. La quantité de fil de soie qu’elles peuvent produire est énorme : on a vu des spécimens dévidés jusqu’à 12,500 mètres en un mois, au cours de quatre à cinq opérations, mais ils sont morts ensuite, de surmenage probablement. Les jeunes filles indigènes ont, pour ce travail. un doigté très délicat, et par l’action très légère de leurs doigts elles parviennent à extraire les filaments doucement et totis à Ja fois des différentes Araignées que contiennent les vingt à vingt-cinq cases d’un même appareil. Elles se bornent à placer un doigt sur chaque insecte, l’un après l’autre, et à _retirer ensuite la main. Le fil ainsi extrait s’enroule dans une cordière mécanique qui, à son tour, le dirige sur une bobine. Les insectes, ainsi fixés solidement dans ces sortes de camisoles de force, se laissent extraire leurs filaments de soie sans montrer la moindre résistance. Lorsque leur pro- vison est épuisée, on les enlève de la position qu'elles ont occupée jusque-là, et d’autres Araïgnées prennent leur place dans les cases. Les Araignées, du fait de cé surmenage, se trouvent naturellement très fatignées, mais on met tout en œuvre pour ranimer leur santé débilitée. On les envoie dans le # Parc aux Araignées”, qui est le lieu de convalescence des travailleuses affaiblies ; elles sont placées au milieu-de bam- bous dont les tiges sont entrelacées de façon à former un véritable treillage, et les Halabés délicates ‘y regagnent, avec leurs forces perdues, de nouvelles provisions de fils de soie. Quelques jours après, celles qui n’ont pas été dévorées par leurs compagnes plus robustes sont réintégrées dans les cases, soumises à un rouveau travail d'extraction de soie. Le fil des Halabés est d’une couleut d’or merveilleuse et sa qualité est absolument supérieure. 128 LE NATURALISTE CANADIEN On n’a point encore essayé de laver cette soie, coinme on le fait de celle que fournissent les vers :. aussi est-il im- possible de savoir si la couleur ne passe pas, mais son ex- trême finesse, son élasticité et sa fermeté, de beaucoup su- périeures à la soie des vers, permet de la tisser en tissus dé- licats, souples et très solides. Réaumur fut le premier à tenter d’extraire de la soie des Araignées, et ses expériences remontent à 1710: elies portaient sur l’Épeira de France, qui est nn insecte de très petites dimensions. Selon les calculs de ce savant, il eût fallu 700,000 de ces bestioles pour produire une livre de soie. Ces essais furent donc abandonnés en Europe. Les Chinois du Vunnan extraient depuis longtemps de la soie des Araignées, et celle qu’ils ont ainsi mise en vente a souvent été confondue avec celle qu’on obtient du Bom- byx, ce papillon dé nuit qui ressemble au ver à soie et qu'on: rencontre également à Madagascar. Le Bombyx fait un cocon et vit le plus souvent dans les acacias. On ne sait encore ce que l’avenir réserve à cette bran- che nouvelle de l’industrie de la soie, mais, d’après les rap- ports connus, on est en droit d’espérer que les filatures mal- gaches rivaliseront un jour avec celles de Lyon. Adapté de l'anglais, de J.-E. WHITBy, (Le Naturaliste.) par H.-R. WOESTYN. Gb PUBLICATIONS REÇUES —E.-Z. Massicotte, Cent Fleurs de Mon Herbier. Etudes sur le Monde Végétal, à la portée de tous. Suivies d’un Calendrier de la Flore de la Province de Québec. Nombreuses illustrations, Montréal, Librairie Beauchemin. 1906. (Vol. in-8° de 222 pages. Prix, $o0.75.) Ce volume de M. Massicotte est le plus bel ouvrage de vulgarisation scientifique qui ait été publié chez nous, et nous comptons qu’il aura pour résultat d'amener bien des amateurs à l’étude de la botanique Plantes aquatiques et des lieux humides ; Plantes des prés et des bois ; Arbres et arbustes : telles sont les divisions de l’ouvrage. Après quelques détails techniques très succincts, chaque article, consacré à une plante en particulier, contient des renseignements sur la localité où on la trouve, l’usage qu’elle peut recevoir, son histoire ancienneet moderne, et souvent quelque extrait de prosateur ou de poète qui en fait le panégy- rique. Tout cela en un style aimable. L'ouvrage de M. Massicotte est donc très intéressant ; et, quand on se met à le feuilleter, on n’en sort pas aisément. ÉE NATURALISTE CANADIEN Québec, Septembre 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 9 Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard EXTINCTION DU POISSON BLANC Encore une espèce qui disparaît, qui aura bientôt dis- paru ! Après le Dodo et le Grand Pingouin ; après la vache marine, ÆAyéinus borealis ; après le Bison des prairies, Bonassus Americanus ; voici le tour du Poisson blanc, ou Lavaret blanc, Coregonus albus, de se faire rare et de ten- dre à disparaître des grands lacs du Haut-Canada. Hélas! où donc s'arrêtera l’acharnement de la stupide espèce hu- naine dans la destruction des espèces animales que le Créateur lui avait données pour son utilité ou son agré- inent ? Déjà les ornithologistes prétendent qu’ils pourraient dresser une longue liste mortuaire des espèces d'oiseaux qui ont disparu dans le cours de la période historique. On sait encore que le Phoque à fourrure, Cal{korinus ursinus, est condamné à disparaître avant longtemps. Pour en revenir à nos poissons, on a donc le chagrin d'apprendre, par les journaux du Haut-Canada, que les pêcheurs canadiens, le long de la rivière Détroit et dans le lac Saint-Clair, accusent une rareté de plus en plus considé- rable du Poisson blanc, à tel point qu'ils n’en prennent plus assez pour payer leurs dépenses. Il n’y a encore que peu d'années, le Lavaret blanc se trouvait en abondance 17—Septembre 1906. 130 LE NATURALISTE CANADIEN dans la rivière Détroit et les environs. Aujourd’hui on le demande avec impatience, et les pêcheurs sontincapables de satisfaire leurs pratiques. Les bassins d’incubation de Sandwich ont envoyé ne- guère un approvisionnement de 25 millions de jeunes su- jets pour les Grands Lacs. Or les pêcheurs nous disent que cette quantité n'approche même pas du montant qui serait nécessaire pour combattre la destruction amenée par la pêche et par la voracité de plusieurs autres. espèces de poissons. Des millions de Carpes de toutes sortes, Meuniers, Catastomes, etc., se nourrissent des œufs et des petits du Poisson blanc. A peine sur un millier de petits, un seul parvient-il à maturité. L’incubatoire de Sandwich a une capacité de 100 muil- lions de jeunes sujets; mais la difficulté est qu’on ne peut capturer une quantité suffisante de femelles, dans le temps du frai, pour en extraire les œufs. Elles manquent de plus en plus ; ce qui fait que le Poisson blanc dans les lacs sera bientôt aussi rare que le Bison d'Amérique dans les prairies. On dit que le département ne dépense guère plus de 50 mille piastres, en tout, annuellement, pour la propaga- tion du poisson dans les pêcheries intérieures de Québec, Ontario, Manitoba et du Nord-Ouest ; tandis qu’il dépense jusqu'à 55 mille piastres pour les pêcheries des seules provinces maritimes. On ne réagit donc pas assez. Les pêcheuts ont observé comment les Poissons blancs déposent leurs œufs. . Les fonds pierreux en seraient litté- ralement couverts. Mais tout à coup apparaissent les Car- pes, et les œufs disparaissent. Une petite partie seulement échappe au massacre, dans les interstices des rochers. Il va sans dire que les pêcheurs eux-mêmes, décimant les adultes, ajoutent énormément à cette guerre d’extermi- nation. B. bo. LES FRUITS AU KLONDIKE 131 DES FRUITS AU KLONDIKE Pourquoi pas ? On se fait une fausse idée de la tem- pérature estivale de cette région. On croit qu’il n’y a à que neige et glace éternelle et que toute espèce de végéta- tion est aussi rare que rabougrie. (C’est une erreur. Une telle opinion reçoit un formel démenti de la part de M. Harvey Grant, de Dawson, qui, de passage à Montréal ces jours derniers, parle d’une abondante moisson de fruits sauvages, cette année, dans le Vukon. Ces fruits sont des baies de différentes sortes. “ Les familles, dit-il, récoltent une riche moisson de baies sauvages sur les flancs des collines autour de Dawson et sur les plaines où des mineurs sont campés. De toutes parts, au Vukon, vers le mois d'août, plusieurs sortes de baies se trouvent en grande abondance. On peut y faire ample provision de gadelles, de bluets, de framboises, d’atocas et même de groseilles, mais en plus petite quan- LEE" La population accueille avec joie cette agréable variété dans sa diète ordinaire. On en ramasse des monceaux. Il n’est pas rare de voir des familles de plusieurs enfants se faire des réserves de plusieurs centaines de livres pour la diète d'hiver, sans compter ce que l’on consomme au jour le jour durant l'été. On va tout exprès camper dans les plaines ; on va aux framboises, aux biuets, sur les flancs des collines, à la façon du Canada. Fait-on de ces fruits des confitures? Oui; maïs pas toujours, pas même le plus souvent. On a des manières de les empaqueter qui les conservent tout l’hiver dans leur condition naturelle de fraîcheur. La méthode favorite est d’y répandre du sucre et de mettre les vaisseaux conte- nant les fruits sur la glace au fond de trous creusés dans le glacier sur lequel est sise la ville. Une autre méthode. 132 LÉ NATURALISTE CANADIEN spéciale aux framboises, consiste à les presser dans le vaïs- seéatt jusqu'à ce que le jus recouvre entièrement la masse des fruits. Mise en cet état sur la glace, la provision se conserve parfaitement fraîche et indéfiniment. Voilà pour nous une consolation au sujet de nos parents et amis du Klondike, si nous en avons d’échotés à. Nous savons maintenant que les friandises ne leur manquent pas sous forme de ces bons fruits, de ces bonnes confitures, de ces bonnes tartes, de ces bons pâtés du pays! ANNE CHRONIQUE La conservation du Bison.—La Société zoologique de New-Vork vient d'offrir au gouvernement des Etats-Unis de placer le troupeau de Bisons, dont elle est propriétaire, dans la réserve forestière de Wichita, Oklahoma du Sud. Le gouvernement a accepté et l’on expédiera de New-Vork un troupeau de 15 à 20 Bisons. dès que l’on aura clôturé un bon terrain de pacage. La Société veut aider au gor- vernement à empêcher ce qui reste de Bisons de s'éteindre, mais elle a exigé qu’un endroit propice leur fût réservé, où l’on n’eût pas à les nourrir continuellement, où l’on pt avoir ün abri contre les tempêtes et où les Bisons pus- sent se reproduire sans difficulté. On est d'accord pour reconnaître que le Bison d'Amé- rique ne peut pas être sauvé d’une complète extinction, si on le renferme dans des parcs ou des. jardins zoologiques, où sa liberté de marcher est trop restreinte. On ne peut réussir à préserver la race qu'en mettant des troupeaux dans de très grands espaces de terre, de façon à leur donner autant que possible lillusion d’une complète liberté, et où ils peuvent trouver l'exercice qui est absolument indispen- CHRONIQUE Re sable à leur santé. On a donc choisi un excellent terrain de pacage, où il y à de l’eau en quantité et en tous temps, et le département d'Agriculture a fait voter $15,000 pouf construire la clôture. Il n'y à pas de doute que l'essai tenté dans Oklahoma sera suivi avec beaucoup d'intérêt par bien des personnes ; et si le succès peut récompenser les efforts du gouverne- nent américain et de la Société zoologique de New-Vork, on leur devra la canservation du Bison qui, il y a une cin- quantaine d'années, silonnait en tous sens les grandes prairies de l'Ouest. Encore Le Serpent de mer:—Pour être complet, nous signalerons une autre apparition du fameux Serpent de mer. Devant une nombreuse assemblée de membres de la Société zoologique de Londres, le mois dernier, MM. Meade Walds et Nicol ont raconté qu’étant sur un navire le long des côtes du Brésil, à hauteur de Para, ils virent ce qui pafaissait être, au-dessus de l’eau, les nageoïtes d’un grand poisson ; puis ils virent s'élever une énorme tête et un cou d'à peu près sept pieds, gros comme un homme; le tête ressemblait à celle d’une tortue, et l'étrange animal se mouvait par secousses curieuses. M. Walds ajouta que le monstre ressemblait, à s'y méprendre, à un sous-marin à demi enfoncé. (Peut-être en était-ce un?! !) Un Chat.….qui n'en est pas un.—Peut-être un de nos lecteurs pourra-t-il nous renseigner au sujet de l'étrange animal qui vient de délivrer les habitants du Queensland (Australie) d’une énorme invasion de Soutis. Les jour- naux australiens enregistrent le fait qu'une invasion de ces petites bêtes, très malfaisantes, dont les exploits ennuyaient beaucoup les fermiers du Queensland, a été soudainement et complètement arrêtée par l'apparition d’un petit animal qui a fait maison nette des Souris envahisseuses. Chose étrange : aucun Européen n'avait jamais vu le destructeur des rongeurs en question; quelques-uns des plus vieux 134 LE NATURALISTE CANADIEN naturels du pays prétendent que l’animal existait en foule, bien des années écoulées, et ils l’appelaient “ Modockoora.”? [1 a près de neuf pouces de long du bout du nez à l’extré- mité de la queue ; sa taille est de 272 pouces, 1l a le nez très pointu, une tête ressemblant à celle du Renard et de grands yeux noirs très brillants. Sa queue est longue de quatre pouces environ, la moitié en est ronde et couverte de poil gris, tandis que l’autre moitié est plate et d'un noir sombre. Le corps de l’animal est gris et ses mouvements sont vifs et tiennent un peu du Chat. Les Souris, elles, semble-t-il, connaissent leur ennemi; car celles qui avaient pas été tuées par le ‘“ Modockoora ” disparurent immédiatement. Si ce fait signalé par les journaux australiens n’est pas un vulgaire canard, —et il semble que ce soit un fait avéré, — il nous serait bien agréable de savoir le nom scientifique de ce nouvel ennemi de la gent rongeuse. HENRY TILMANS. PERRRE ) —— UNE RÉIMPRESSION Notre Zraité Clémentaire de Zoologie et d'Hygiène, publié au mois de décembre dernier, s’est écoulé en quel- ques semaines, [La demande a même dépassé l'offre de beaucoup, et nous avons été loin de pouvoir remplir toutes les commandes que l’on nous a faites. C’est à rechercher si nous sommes bien dans la province de Québec, où nos compatriotes n’ont pas coutume de perdre souvent le souffle à s’efforcer d'acquérir les récentes publications scientifiques ni littéraires ! Une réimpression immédiate de l'ouvrage était tout indiquée. Nous avons dû pourtant en différer l’entreprise, pour donner tous nos soins à l'achèvement et à la publica- LES PARURES CRUELLES 135 tion d'une autre œuvre (/w»pressions d'un Passant, volume paru au mois de juillet). Nous pouvons toutefois annoncer ici que la deuxième édition du 7rarté élémentaire de Zoologie et d'Hygiène est maintenant sous presse, et qu'elle sera mise en librairie dès le commencement du mois de novembre. Cette nouvelle édition sera ‘revue et corrigée”, sui: vant la formule séculaire et consacrée. Quelques vignettes y seront remplacées ; le style sera quelque peu revisé, et certains détails recevront quelque modification au point de vue technique. En outre, l'ouvrage ayant été adopté dans plusieurs institutions scolaires, nous lui dennerons le format plus pratique dun in-douze, plus favorable au maniement quotidien. Surtout son aspect soigné sera une améliora- tion sensible sur son prédécesseur, que nous avions tant de confusion à présenter au public en une forme que les circonstances avaient faite assez pitoyable, Puisse la population étudiante, et inême le grand public, accueillir cette nouvelle édition avec autant de faveur qu’on a fait à l'égard de la précédente ! Nous leur dirons d'avance, pour finir par ce misérable détaïl matériel, qu'il n’y a pas jusqu’au prix de vente de cette deuxième édition qui ne sera aussi, probablement, l’objet d’une amé: lioration assez notable... CT e _ 6) “+ LL Nes Se Jin LES PARURESURUELLES Une campagne à laquelle nous nous associons entière: iment—dit le Moniteur d'Horticuliure (Paris)— est entre: prise contre les plumes qui ornent les chapeaux des dames, et voici ce qu'écrit à ce sujet, Friquet, un de nos confrères très sensé : 136 LE NATURALISTE CANADIEN Etant allé, il y a quelque temps, au théâtre et étant placé aux fauteuils d'orchestre au neuvième rang, je crois, j'eus soudain l’impression d’être, non pas dans un théâtre, mais dans une volière. Autour de moi ce n’était que plumes d'oiseaux ornant les chapeaux des spectatrices, flottant dans l'air, droites, recourbées, hautes ou larges, faisant panache. Et la réflexion que toutes ces plumes m'inspiraient ne fut pas, comme vous pourriez le croire, une pensée de révolte contre les chapeaux de femme au théâtre, mais un étonnement presque douloureux en pensant au grand nombre de gracieux volatiles que la coquetterie féminine forçait à tuer. En effet, le commerce des plumes d'oiseaux a pris depuis quelque temps une extension considérable. Toutes ces dames tiennent à avoir, surmontant leur coiffure, une petite dépouille de Geai où d'Hirondelle. Et, pour que nul n’en ignore, certaines ne se contentent pas de l'aile; elles veulent l’oiseau tout entier qu’elles disposent élégamment, l'œil fixe et le bec menaçant, entre les rubans et les fleurs. Pour subvenir à cette production de jour en jour plus tyrannique, des chasses s'organisent dans toutes les Colo- nies, et des pays d'Orient nous viennent les oiseaux mer- veilleux aux robes éclatantes. | Il en est de fort précieux, donc de fort chers ; ilen est de race plus commune, donc accessibles à toutes les bourses. Mais qu'ils soient rares où non, le massacre n'en est pas moins ordonné sur une très grande échelle. | Un récent document de statistique nous apprenait qu’à Londres, voici de cela deux ans, un marchand avait relevé en un seul envoi, 32,000 Oiseaux-Mouches, 80,000 oiseaux aquatiques, 809,099 paires d'ailes. N'est-ce pas formidable ? En France, pour subvenir aux besoins de la mode, les correspondants de Long-Island expédièrent aux modistes * LES PARURES CRUELLES 137 parisiennes 40,000 Hirondelles de mer en une seule saison. N'est-il pas temps de mettre un terme à cette rage de des- truction qui menace de faire bientôt totalement disparaître les oiseaux, ces fleurs du ciel, fleurs animées, fleurs chan- tantes ? Le bienfait serait double, car en dehors de la joie esthétique que nous éprouverions à ne pas priver la nature d'un de ses ornements les plus précieux, nous ferions du même coup cesser des coutumes barbares. Les oiseaux rares, dont sont vendues très cher les ailes ou les aigrettes, ne sont généralement pas tués d’un coup de fusil. Le plomb est brutal, il risque de détériorer la matchandise. Aussi a-t-on imaginé des moyens plus pra- tiques. Pratiques, c’est impossible, mais d’une cruauté vrai- ment exagérée. Savez-vous par quel procédé on obtient chez les petits oiseaux qu’on pose sur les coiffures entièrement empaillées, entre autres chez les Colibris aux multiples couleurs, “ la beauté de la plum”? Savez-vous pourquoi cette plume demeure toujours bien fournie et frissonne comme si elle était vivante ? C’est qu’en effet, malgré la mort, il lui reste un sem- blant de vie, qu’on a essayé de lui conserver en évitant de tuer l'oiseau tout de suite, et en l’écorchant vif ! Il paraît qu’ainsi les plumes adhèrent plus fortement à la peau, et que la marchandise expédiée est meilleure, étant plus durable. | Ecorcher vif un oiseau, quelle horreur ! Le procédé s'emploie en Amérique, et c’est bien là qu'il devait naître, en ce pays où couramment on scalpe. Scalper, c’est enlever la chevelure. Mais ce scalpe du Colibri, c’est toute la peau arrachée, le corps de l’infor- tunée bestiole apparaissant sanglant et misérable... Je vois, 15— Septembre 1906. 138 LE NATURALISTE CANADIEN au cas Où la mort bienfaitrice ne serait pas surveñue ati cours de l'opération, se sauver sur ses deux pattes titubantes cette pauvre loque rouge ! Vous ignorez ce détail, mesdaines. Puisse le spec- tacle que j’'évoque, vous détourner de donner suite à ces coquetteries cruelles ! Je veux également parler du Héron qui fournit à nos jolies mondaïnes les aigrettes si recherchées. La pauvre bête, à l'heure du massacre, n'a même pas le pouvoir. moral de se défendre. . + Le Héron (je parle d’une certaine espèce qui se plaît en Océanie) n'a pas la tête perpétuellement ornée de cette aigrette, Ilne la porte que pendant la saison nuptiale, durant les jours où ces oiseaux perpétuent leur race et survetllent leur nid. l À cette époque l'usage veut que l'on respecte les oiseaux de toute sorte. ‘Il y a un intérêt à cela: Ja perpé- tuité de l'espèce. C’est la raison qui fait condamner les braconniers, lesquels non contents de prendre les perdreaux au collet, en détruisent bêtement les œufs. Mais alléchés par l'espoir d'une proie précieuse, les chasseurs de: Hérons profitent au contraire de ce que parle au cœur de ces oiseaux l'instinctif sentiment paternel, pour les troubler dans leur œuvre de création. Is guettent les nids : aussitôt qu'ils en ont découvert, ils escaladent l’arbre, et trouvent devant eux le ménage héron occupé à nourrir leurs petits. Impossible de les soustraire au péril, car les oiselets ne savent pas encore voler. Les parents les défendront, Ils font face à l’enniemi qui n’a pas de peine à s’en rendre maître, à les tuer au seuil de la maison qu’ils gardent. Les enfants? On ne s'en occupe plus Qu'importe, puisque l'on a l’aigrette convoitée ? _ “Et trop jeunes pour se suffire, les petits Hérons récla- went pendant de longues heures la nourriture coutumière ; REVIVISCENCE DU ‘GORDIUS AQUATICUS ? 139 des cris plaintifs traversent l'air, s’affaiblissent, cessent... Tout est fini. Ils sont morts de faim ! Saviez-vous cela, mesdames, que chaque aigrette dressée férocement sur le chapeau qui contribue à votre beauté, a causé le supplice de toute une couvée ? Et que chaque année, pour votre plaisir, on écorche vifs des ‘‘ centaines de mille ” de Colibris ? Ne pensez-vous pas que les fleurs suffiraient pour faire de vous les plus belles ? FRIQUET. Re CR REVIVISCENCE DU “GORDIUS AQUATICUS ” ET DE L'ANGUILLULE DU BLÉ NIELLÉ (x) (Du Cosmos, 25 avril.) Dans un article du Cosmos (1er novembre 1902), J'ai eu l’occasion de signaler un animalcule dont le moindre défaut est d’être réfractaire à toute pose photographique. Je n'aurais pas à y revenir, n’était que le même sujet par moi ‘‘ pêché ” (je ne dis pas découvert) dans une petite ri- vière de Normandie vient d’être l’objet des plus curieuses observations de la part de plusieurs naturalistes canadiens. Toutefois, malgré l’intérêt considérable que présentent ces observations, je tiens à écarter le nom de Dragonneau par (1) Nous croyons devoir reproduire cet article où M. Emile Maison, l'un des distingués collaborateurs du €257105, fait si agréablement écho au travail que nous avons publié, en 1905, sur le Go’dius aqguaticus (N. C., XXXII, pp. 117-seq.) M. Maison fait un peu chicane aux naturalistes canadiens, parce qu'ils désignent ce Gordius sous le nom de ‘‘ Dragonneau.’' Nous vou- lons bien croire que nous avons tort de lui donner cette dénomination. Mais, du moins, nous sommes en compagnie passable dans notre erreur, puisque nous trouvons cette désignation jusque dans le Vouveau Dic- lionnaire des Sciences, publié en r9o2 (chez Delagrave, Paris), par Edmond Perrier, etc.—Note du Vafuralisle canadien. [40 LE NATURALISTE CANADIEN eux donné au Gordius aguaticus. Le Dragonneau appar- tient exclusivement à la filaire de Médine (Gemlin, 1789) que, dès 1690, Lister décrivait sous le nom de /racunculus, peu ou prou emprunté du grec. Certains autres contemporains, parmi lesquels Cuvier, se sont au contraire obstinés à penser que la /7/aria medi- nensis n'était pas différente des Gordius ; et c’est ce qui explique l’erreur d'appellation où ont été entraînés nos distingués confrères des bords du Saint-Laurent et de l’Ot- tawa. Aucun doute en effet dans leur esprit, quant à lPes- pèce, puisqu'ils spécifient bien le Gordins aquaticus, tout en lui maintenant le surnom de Dragonneau, par une sorte d’accoutumance classique ou atavique. Rappelons en deux miots, pour ceux qui n'auraient pas lu notre premier article, que le Gordius est un genre de ver ‘créé? par Linné pour caractériser une VamÉenEnt famille des nématoïdes ; :ver filiforme, très long, très grêle, téguments élastiques, résistants. Les embryons ont une bouche, un intestin, un eloaque. Munis d'un perforateur trifide, ils s’'enkystent dans les larves de certains éphémères. Les coléoptères et autres insectes aquatiques, les crustacés et certains arachnides avalent ces larves, et les jeunes Gor- dius se développent dans leur cavité viscérale. D'après Villot, les embryons peuvent devenir libres dans lPintestin des poissons, puis s'enkyster une seconde fois dans la muqueuse. La métamorphose à toujours lieu en hiver; au printemps, les jeunes Gordius quittent leurs kystes et arrivent dans l’eau avec les fèces de leurs hôtes. La reproduction a lieu en été. ‘“ Vit en Europe dans les eaux stagnantes et à faible courant ” ; disons plutôt de fai- ble tirant, quoique la nautique n’ait rien à voir ici. Au Canada comime en Normandie, les paysans sont persuadés que les Gordius sont des crins de jument qui re- muent dans l’eau. Il est vraisemblable, nous dit M. Paul Sébillot, l’auteur du folk-lore de France, que la superstition REVIVISCENCE DU “GORDIUS AQUATICUS ” 141 l'après laquelle des poils ou des cheveux peuvent produire des reptiles est basée sur ue analogie d'aspect entre des petits serpents très déliés et des crins auxquels l’eau com- munique une sorte de mouvement. En Poitou, les cheveux mis dans l’eau, où même abandonnés à l'air libre, se méta- morphosent en reptiles. Une vieille sorcière de ce pays vait infesté de serpents le champ d’un voisin en venant s’y peigner chaque jour..... Ne dit-on pas ailleurs que la ma- tière s’est créée toute seule ? Revenons au Canada, où le Gordius noûs réclame. Comme chez nous, la longueur ordinaire de cet animalcule est d'environ une douzaine de pouces (le système métrique n'ayant pas encore été adopté par le Dominion). Cepen- dant, l'abbé Provancher en reçut un spécimen en 1878, du district de Saint-Hyacinthe, prevince de Québec, qui était long de 20 pouces, soit près de deux pieds. Et maintenant laissons parier le professeur E.-E. Prince, commissaire des Pêcheries du Canada, dans la livraison d'octobre 1905 de l'Ottawa Naturalrst. * [l'est démontré, dit-il, que ces êtres, même tfetirés de l’eau et desséchés, peuvent rester en vie. On a mis en doute l’histoire, d’une saveur un peu antique, de ce Dra- vonneau que Pabbé Fontana conserva dans un tiroir durant trois années et qui, séché et durci, ne donnait plus signe de vie; mais, ayant été remis dans l’eau, il retrouva très vite sa vigueur et son activité de jadis. Eh bien, l'autorité du distingué professeur Alexander MacAlister est venue confirmer la véracité de ce récit lécendaite. “Les Dragon: ‘ neaux, dit-il, sont remarquables par la persistance de leur “ vie ; ils peuvent en effet se dessécher, au point de n'être ‘plus qu’à l’état de fils raides et fragiles, et reprendre pour- “tant, au contact de l’eau, toute leut activité.” Certain au- teur, dont je ne me rappelle pas le nom, ajoute M. Prince, parle d’un directeur de musée qui vit un Dragonneau sortir 1427 LE NATURATLISTE CANADIEN du corps d’un coléoptère qui depuis longtemps était mort, desséché et placé dans une case de collection.” De son côté, dans le premier volume du MVaturahste canadien, imprimé à Québec, l'abbé Provancher raconte cecit (M. Maison reproduit ici le récit de l'abbé Provancher, cité dans le NACRE p'ATO et Conte .:) L'abbé Provancher eut donc l’envie d'étudier les Goy- dius à l’état larvaire, s'enkystant dans le corps des petits mollusques, des grenouilles, des poissons, au moyen d’une tête couronnée d'épines en crochets, tandis que leurs petits corps sont très mous. Maïs il y a aussi, suivant M. Prince, des Gordius qui, sous une autre forme larvaire, plus allongée et sans crochets à la tête, s’introduisent dans le corps des gros insectes, des araignées, de certains poissons et amphi- bies, et circulent à travers les orgaues intérieurs de leurs hôtes. Enfin, au bout de cinq ou six mois de cette vie pa- rasitaire, la larve passe à l’état adulte en prenant la forme dufameux ‘Ecrin de cheval: Ici, une observation personnelle. Les adultes du Cana- da revêtent la couleur noire; en France, au contraire, als sont d’un rouge très vif, comme les vers de vase dont se servent les pêcheurs de la Seine pour taquiner le goujon. En remontant le cours de la Bièvre jusqu'au-dessous du village de Bouviers, peut-être aurait-on quelque chance de trouver le Gordius ; dans la zone parisienne, non, la Bièvre étant une gadoue. En tout cas, les zoologistes qui vou- draient se livrer à des expériences de reviviscence pourront s'en procurer dans toutes les petites rivières de Norman- die. Veut-on que je précise mieux? Eh bien, qu’ils explo- rent l’ancienne Béthune, aujourd’hui la Varenne, en s’a- dressant de ma part au moulin de Biville, commune de Saint-Germain-d'Etables, à une lieue d’Arques-la-Bataille. Bacon a dit excellemment : ‘“ Un peu de science éloi- gne de Dieu, beaucoup de science y ramène” ; moyennant, REVIVISCENCE DU GORDIUS AQUATICUS ” 143 peut-on ajouter, que le chercheur puise cette science dans le livre de la nature et non dans les ouvrages de pure imé- taphysique. C’est ce qu'on fait l'abbé “Prov ancher, M. Prince et quelques autres estimables savants canadiens. Un point d’interrogation, à présent, auquel ils ont déjà répondu. Quand des Gerdius sont animés de l'esprit d'aventure, qu ils désirent voir du pays, comment s'y pren- uent-ils pour passer d’un ruisseau à un autre? Très ingé- nieusement, ma foi. Ils pénètrent à l’intérieur des saute- relles qu des grands coléoptères aquatiques et s’y allongent de leur mieux, pour en sortir lorsque le véhicule est par- venu à destination. D’autres individis moins frileux s’en- Ale tout simplement autour de l akdomen, par-dessous les ailes de l’insecte, et fouette cocher ! Cette dernière mé- thode est év idemment d'une exécution moins hasardeuse. Quant au fait de la reviviscence du Gordius, dans son numéro de novembre 1905, notre confrère du AVa/wraliste canadien, M. l'abbé Huard, conclut ainsi: ‘“ Pour nous, voulant apporter à la science, en cette petite matière, notre petite contribution, nous dirons qu’au mois d'août 1904, nous reçûmes un Dragonneau vivant, long d’une douzaine de pouces et venant de Saint- Eleuthère (Kamouraska). Nous l’avons placé au musée de F Instruction publique, et les visiteurs prenaient grand intérêt à le voir s ’enrouler et se dérouler constamment dans son petit flacon rempli d’eau. En septembre ou octobre il cessa tout mouvement, et il est ainsi resté plus d’un an dans le même état. L'eau du flacon n’a pas été changée depuis cette époque ; elle est encore limpide et l'animal lui-même ne présente aucun si- one de corruption. (1) Nous regardons donc comme possible qu'il soit encore vivant. L'avenir qui garde tant de secrets nous renseionera peut-être sur celui-là.” Le fait de la reviviscence du Gordius est d'autant plus acceptable en principe que, dans la famille des néma- todes, l’anguillule dite du blé niellé joue le même rôle d’une façon péremptoirement démontrée par une série d’ob: servations d'ordre en quelque sorte rustique ; d’où son sur- nom, cat elle cause de sérieux ravages dans les graines de () En septembre 1906, ies choses sont encore dans le même état. L'eau Gu flacon est toujours limpide, et l’animalcule ne donne aucun signe de décomposition. Nous piquant au jeu, nous voulons poursuivre l'expérience jusqu'au bout, quand il y faudrait des siècles... V. C. 144 LE NATURALISTE CANADIEN blé encore vert et y occasionne la maladie bien conne sous le nom de yze//e. Chaque grain est un nid de larves d'anguilulides. Aussitôt qu’ils tombent, observe M. Raphaël Blan- chard, les grains attaqués de la sorte se ramollissent si la terre est humide, et commencent à se putréfier; en même temps les larves reviennent à la vie et commencent à grim- ger le long de la tige de blé. Sont-elles saisies en route par la sécheresse, elles tombent de nouveau en vie latente et demeurent en cet état cachées dans la gaîne des “feuilles jusqu’à ce que la pluie vienne derechef les faire ressusciter. Finalement ces larves atteignent l’épi, pénètrent dans son épaisseur et deviennent adultes pendant qu'il fleurit et mûrit. Bientôt après, les anguillules s’accoupient, puis meurent après avoir pondu des œufs. De ceux-ci sortent des embryons qui parcourent à leur tour le cycle. Les lar- ves de l’anguillule du blé niellé peuvent rester de longues années en vie latente. .. M. Raphaël Blanchard mentionne ensuite quelques cas de reviviscence, dont un au bout de vingt-sept ans. I cite également l’expérience de Davaine faisant revivre, après un séjour de trois heures dans l’eau tiède, des anguil- lules sèches depuis trois ans et soumises au vide absolu pendant cinq jours. Foutes ces observations sont extrêmement curieuses et elles méritent de retenir l'attention du philosophe autant que celle du naturaliste par détermination professionnelle : car si les êtres les plus bas placés dans l’échelle animale peuvent ainsi revivre, pourquoi l'être humain dispataitrait- il tout entier, une fois emporté par la mort? Donc mort apparente, puisque tout revit! d’où, chez les hommes, à quelque religion qu'ils appartiennent, la certitude d’une Âme immortelle. Que s’ii y a des doutes dans l'esprit de quelques-uns, ces doutes valent des certitudes. Il n’est pas besoin d’être grand élève en philosophie pour opiner en ce sens et constater en inême temps que l’homme s’ingénie parfois à tourner le dos à la lumière; de sa part, simple préjugé pseudo-scientifique. Le transformisme dont il se réclame n’en a pas fait encore un être de raison: ce sera pour plus tard, dans la suite des siècles. EMILE MAISON. "BE NATURALISTE CANADIEN Québec, Octobre 1906 VOL. XXXIII (VOL. XII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 10 Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard PÊCHE ET RENDEMENT DE LA BALEINE DEPUIS LE XVile SIÈCLE Grâce à un canard gigantesque expédié de Terre- Neuve, via New-Vork, en septembre, la Baleine a fait beaucoup parler d’elle en ces temps derniers. A en croire ce pseudo-messager sous-marin, un certain professeur du nom de Muller, en villégiature à Saint-John ou aux envi- rons, aurait capturé cinquante Baleines femelles, qu’il au- rait domestiquées ; elles se laisseraient traire avec autant de bonne grâce que les hôtesses indolentes des pâturages normands. Le lait de ces Baleines, recueilli à l’aide d'un appareil spécial, posséderait des vertus curatives auprès desquelles pâlirait l’huile de foie de morue. N'insistons pas sur la valeur de ce produit pharma: ceutique ; énonçons simplement ceci que, vu là rareté du cétacé en question, qui est la Baleine franche et non un mammifère quelconque du même ordre, quant à la classifi- cation de l’espèce, la capture d’une cinquantaine d’exem- plaires (du même sexe) exigerait plusieurs années, même en y employant de nombreux équipages baleinïers ; puis il faudrait nourrir les captives dans des endroits de quelque 19— Octobre 1906. 146 LE NATURALISTE CANADIEN profondeur et les ramener à soi suivant les besoins de cette nouvelle industrie laitière. | Encore un coup, ce canard d'Amérique est d’une en- vergure à défier la Baleine de la mer indienne dont parle Pline, longüe de plus de 900 pieds, cependant moins extra- vagante que celle des AZ7/le et une nuits, recueil de contes écrits, on le sait, d'après des légendes et des manuscrits arabes fort anciens. Sindhbad le Marin aborde quelque part: “ Un jour que nous étions à la voile, le calme nous prit vis-à-vis une petite île. Le capitaine fit plier les voiles et permit de descendre aux personnes qui le voulurent. Je fus du nombre de ceux qui débarquèrent. Mais dans le temps que nous nous divertissions à boire et à manger, l’île trem- bla tout à coup et nous donna une rude secousse.. “C'était une Baleine.” On voit que les Marseillais n’ont pas eu à se creuser la tête pour inventer l'histoire de la Sardine obstruant le port de la Joliette. Mais laissons là tous ces contes à dormir debout, pour amusants qu’ils soient, et voyons Îles Baleines d’un peu plus près, même chez nous; car il fut un temps, non trop éloigné encore, où, au témoignage de Frédéric Martens (1), les Français en mangeaient, ‘tous les jours,” aussi bien ceux de l’intérieur que du. littoral. Cependant, dit-il, la chair de Fa Baleine est coriace et gros- sière, (1) Emibärqué comme chirurgien, Îe 15 avril 1671, à bord du trois- mâts du port de Hambourg baptisé sous le nom bizarre de /onas-dans-la Baleine et commandé par Pierre Peterson, de Friseland, Martens nous a laissé une curieuse relation de ses Foyages au Nord. Noir aussi le Journal d'un baleinier, par ÉIERCELIN (1866), et Les monstres sous- marins, par ARMAND LANDRIN (1889), mais après avoir lu d’abord le bel ouvrage de M. Estancelin, publié en 1832, sous le titre de: Wecherches sur les voyages et découvertes des navigateurs normands, suivies d’obser- vations sw la marine et les établissements coloniaux des Français. 11 me plaît toujours de rendre hommage à cet écrivain sagace et érudit, dont le nom est un peu trop oublié, même de ses compatriotes de la Ncrmandie; LA CHASSE À LA BALEINE 14? Il paraît que les Anglais, comme les Français, ne par- tageaient point le mépris du voyageur hambourgeoïis pour cette viande de boucherie aquatique. Ce fut longtemps, en effet, un mets royal en Angleterre, à telle enseigne que, vers le milieu du XIIIe siècle, un des successeurs imimé:- diats de Guillaume le Conquérant, Henri III, invitait les shérifs de Londres à fournir à sa table cent pièces de Baleines. Celles qui étaient capturées dans la Tamise ap- partenaient de droit au lord-maire, qui les faisait servir dans les festins municipaux. Grands amateurs de victuailles, les Normands ser: vaient les quartiers de Baleines bouillis avec des pois : d’autres fois, nous apprend le Dr ‘Tiercelin, ils mélan: geaient cette viande à du porc salé pour en confectionner de ‘ ces énormes boulettes qui font les délices des balei- miers. | Chacun d'eux, jusqu’au mousse, plaçait une üe ces boulettes, bien saupoudrée de farine et assaisonnée d'ail et de poivre, dans un filet de bitord, et, l’attachant au bout d’un manche de harpon, la plongeait dans l'huile bouil- lante pour la faire frire. Après quelques minutes, la cuis: son était complète ; “ les boulettes sortaient bien: rissolées et constitnaient alors un plat .de hachis dont la couleur provoquait l'appétit, dont l’odeur chatouillait l'estomac, dont la saveur âcre et mordante flattait le palais de nos marins, comimne aurait pu le faire une friture de sole ou un rôti de vencison.” Festin de Balthazar. À Londres, à présent, faute de Baleines, on se contente d’une soupe à la Tortue, et c’est encore un mets quasi royal. Au temps de;François Ier, où l’on chassait dans le voife de Gascogne la Palæna biscayensis, seule la difficul- té du transport de ces monstres marins sur le marché inté- rieur présentait un aléa, du moins sous le rapport comes- tible. Néanmoins, comme on les traquait de tous côtés, leur exode commença bientôt vers les parages de l'Écosces 148 LE NATURALISTE CANADIEN pe CAC . * "4 e pour reculer encore, et déjà, voici à peine un siècle, elles ne franchissaient plus la hauteur de lIslande. Nous par- lons ici des Baleines boréales. On la détruisait alors par milliers. Aïnsi, en 1697, on en prit 1957 ; de 1719 à 1778, 69086 ; de 1784 à 1840, les Groenlendais en prirent 858; de 1827 à 1830, les Anglais, 3391 ; de 1847 à 1851, on en a tué6; de 1852 à 1854, au- cune ; de 1855 à 1856, 3; en 1857, on n’en vit même pas ; en 1858, on en captura 4. La capture d’une seule Baleine franche rapportait jusqu’à 70,000 francs. Avec les fanons de la Baleine, suffisamment atmineis, on garnit les corsets, robes, parapluies communs, etc. Unique pour la prépara- tion de certains tissus, l'huile que donne la fusion de la graisse sert en outre à l'éclairage, au corroyage. Phoques et Marsouins sont également condamnés à disparaître ; car c’est une grave erreur de s’imaginer que Pocéan est un réservoir inépuisable. Au regard du moins des espèces mammifères, l'erreur est manifeste, comme le prouvent les chiffres ci-dessus, et étant donnés les moyens de destruction dont disposent aujourd'hui chasseurs et pêcheurs, avec cette circonstance aggravante qu’on ne laisse même pas aux monstres marins le temps de croître et de multiplier. C’est la ruine d’un métier qui faisait des hommes, et d’une industrie que les chimistes ne remplace- ront pas. Cependant, de terips à autre, quelques individus échouent sur nos côtes ou sur nos plages, mais ce sont des isolés. Le 29 juillet 1874, un jeune individu mâle de l’es- pèce boréale, Iong de 8 mètres, fut jeté à la zôte dans les parages de Biarritz ; son squelette figure au musée de Tou- louse. Le 6 janvier 1877, une grande Baleine de l'espèce stbbaldr a été recueillie près des Sables-d'Olonne (Vendée). Longue de 15 mètres, sa circonférence approximative était de 14 mètres ; un monstre ! Enfin, en 1886, plusieurs Ba- LA CHASSE À LA BALEINE 149 leines »usculus ont échoué sur les côtes de Provence. Ce furent les dernières que l’on vit sur nos côtes. A Betsiamis, au Labrador, un portique assez curieux décore l'entrée de l’ancien presbytère de la mission ; 1l est fait de deux côtes de Baleine, longues de 22 pieds et réu- unies par l’une de leurs extrémités de façon à former ogive. Tout auprès sont des vertèbres de Baleine disposées comme des fauteuils, qu’elles imitent assez bien. Ceci est extrait d'un fort intéressant ouvrage intitulé Labrador et Antirosti et dû à la plume de l'abbé V.-A. Huard, supérieur du Séminaire de Chicoutimi et directeur du Vaturaliste canadien (Montréal, 1897). M. l'abbé Huard a visité en missionnaire toute cette région voisine de Terre- Neuve, vivant parmi les pêcheurs et se familiarisant avec les choses de la pêche, sur lesquelles il nous fournit des documents de première main. Or, c'est seulement à Bet- siamis qu'apparaît la Baleine, et l’on a vu comment. C'est pourquoi il nous semble bien que la Baleine a fait son temps là-bas comme ailleurs. (Cosmos, 30 déc. 1905.) ÉMILE MAISON. Nos lecteurs auront lu avec plaisir l'agréable et ins- tructif article qui précède, et qui est du même écrivain que l’article reproduit ici, le mois dernier, sur le Gordius aqua- dcus. M. Maison nous avait bienveillamment signalé et même communiqué, au mois de janvier dernier, ce travail sur la pêche de la Baleine. Dès lors, nous voulions, au nom des cétacés de ce côté de l'Atlantique, dire au spiri- tuel collaborateur du Cosmos qu'il n’a pas tant raison que cela de verser des larmes sur le trépas de la dernière Ba- leine d'Amérique, et qu’il pourra même,—au cours de son futur voyage du Canada, lorsqu'il sera tanné de prendre des Ouananiches, des Truites et des Achigans,—goûter aux 150 LE NATURAIISTE CANADIEN émotions de la chasse aux Baleines en plein fleuve Saint- Laurent. Mais, l'hiver dernier, les documents nous man- quaient pour appuyer nos affirmations; et, sachant bien que la saison prochaine nous les fouruirait, nous avons pré- féré attendre jusqu’à l'époque où nous sommes pour éclai- rer la religion de M. Maison sur le chapitre des Baleines. Disposons d’abord du fait que M. Maison tire argu- inent, pour démontrer la disparition de la Baleine de nos eaux du Canada, de ce que dans notre Zabrador et Antr- costi —dont il parle si aimablement,—nous n'avons fait inention de ces cétacés que pour décrire le curieux por- tique du presbytère de Betsiamis, fait de deux côtes de Ba- leine formant ogive. Mais il ne faut rien conclure de cette sorte de ce que nous avons dit, ou plutôt du silence que nous avons gardé là sur la chasse à la Baleine. Car, 1 uous n'avons rien dit de cette chasse, c'est qu'on ne la fai- sait pas, à cette époque, sur la côte du Labrador canadien. Car on peut croire que, après nous être arrêté si longtemps et si fréquemment, dans l'ouvrage susdit, sur la pêche du Hareng, de la Morue, et autres poissons peu volumineux, si nous avions eu aussi des Baleines à nous mettre sous la dent, nous ne les aurions pas oubliées dans un coin de notre portefeuille. Donc en 1895, année de notre expédition au Labrador, il n’était pas question de chasse à la Baleine, ni de plu- sieurs autres choses que l’on y a vues depuis. Ce pauvre hameau des Sept-Isles, que nous trouvions si chétif, 1l est voisin aujourd’hui d'une usine qui coûte des millions ! I] entend le bruit des locomotives! Bien plus, il est devenu la résidence d’un évêque (vicaire apostolique du Labrador) ! —Mais aussi, et voici qui tombe en notre sujet : une com- pagnie industrielle formée depuis une couple d'années, la ‘ Quebec Steam Whaling Co.”, a établi dans la baie des Sept-Isles une station de chasse à la Baleine: ce qui, tout de suite, donne à penser qu'il y a encore des Baleines là-bas. LA CHASSE À LA BALEFINE 151 D'après des renseignements donnés par les Journaux, cette Compagnie, composée de Canadiens-Français et d’'An- glais (l'entente cordiale, encore !), est organisée sur un pied considérable. KHlle emploie 75 hommes. Elle a bâti un quai long de 500 pieds, et des réservoirs d’une conte- nance de 100,000 gallons d'huile. Enfin son installation aurait coûté déjà $130,000.00, c’est-à-dire plus de 650,000 francs, | On capture les Baleines dans un rayon d’une vingtai- ne de milles, autour des Sept-Isles. En 1905, on dépeça 66 Baleines, au cours de la saison. Cette année, durant les seuls mois de juin et juillet, on a pris 47 spécimens. D’après des nouvelles récentes, vers la mi-septembre on avait atteint le nombre de 71 captures, la dernière étant une Baleine de 80 pieds de longueur. Comime plusieurs membres de la Station de Biologie maritime du Canada ont dû visiter, cet été, la station des Sept-Isles, nous espérons pouvoir connaître bientôt quelles espèces de cétacés l’on capture ainsi dans ces parages du fleuve Saint-Laurent. Il paraît que les marchés où la Compagnie dispose des produits de son industrie sont les-provinces d’Ontario et du Nouveau-Brunswick, la France et l’Ecosse. Passons maintenant à la colonie de Terre-Neuve. Dans un récent article d'un journal québecquois sur la chasse à la Baleine, on lit que, en ces dernières années, on a capturé annuellement de 1000 à 1200 Baleines dans les eaux qui entourent la grande île. Il faut dire aussi que les entreprenants T'erre-Neuviens sont supérieurement outil- lés non seulement pour la poursuite des cétacés, maïs aussi pour l’utilisation de toutes les parties de la Baleine. Etil paraît que l’industrie baleinière, pratiquée en de telles con- ditions, est extrêmement lucrative.—Tant pis, alors, au point de vue de l’histoire naturelle. Plus en effet cette in- dustrie donnera de profits, plus on l’exploitera, et plus tôt 152 LE NATURALISTE CANADIEN l’on en aura fini avec les gros cétacés, l’ornement des océans ! Maïs, on peut croire que les industriels ne vont pas renoncer à tirer des Baleines tous les profits qu'ils pourront, afin de laisser aux naturalistes de l'avenir le ‘plaisir de contempler des monstres marins de cent pieds ! En tout cas, nous croyons que notre estimable ami de Paris sera charmé d’apprendre qu’il y a encore des Baleines dans les eaux canadiennes, et qu’il ne différera pas trop le voyage qu’il projette de faire en Amérique, pour ne pas laisser le temps aux gens des Sept-Isles et de Terre-Neuve d’exterminer tous nos cétacés. TT GLANURES D'HISTOIRE NATURELLE LE PLUS VIEIL HABITANT DE LA TERRE Ï1 vient de mourir! C'était Drake, la fameuse vieille Tortue du Jardin zoologique de Londres. Il s'agit de cen- taines d'années ! La Tortue fut capturée dans les îles Ga- lapagos, vers la fin du XVIIIe siècle. On estima alors son âge à une couple de siècles, d’après une date écrite au couteau sur sa carapace, où l’on voyait encore le nombre 16, les autres chiffres à droite étant effacés. On conclut de là qu’elle avait dû être capturée d’abord au XVIIe siècle par les pirates anglais ou français qui, à cette époque, disputaient aux galions espagnols le passage de Mexico aux Philippines et avaient fait des îles Galapagos leur lieu de rendez-vous. Un de ces flibustiers, en veine de plai- santerie ou de zèle scientifique, aura inscrit la date de la capture sur le dos de l’animal et remis celui-ci en liberté. Drake, le fameux Sir Francis Drake, ayant été le chef de ces pirates, on donna son nom à la Tortue. Klle fut em- portée en Angleterre en 1821. Après avoir changé plu- GLANURES SCIENTIFIQUES 153 sieurs fois de propriétaire, elle finit par trouver un refuge confortable pour son vieil âge dans les jardins du Xegexls Park. Sion ajoute foi à cette histoire et si on tient compte du fait que le reptile, lors de sa première capture, avait au moins cinquante ans, le temps requis pour at- teindre l’âge adulte, on voit qu’il a vécu au delà de trois siècles ! Sa mort a été une surprise pour les employés du Jardin zoologique. Ils étaient accoutumés à le voir abso- lument immobile pendant de longues périodes, ne remuant même pas les yeux. Il y aura dans la biographie de ‘“ Drake ?” une sérieuse lacune : c'est qu’on ne poufra indi- quer la date précise ni de sa naissance, ni de sa mort ; car lorsqu'on s’aperçut du fait, elle était probablement morte depuis plusieurs jours. ,Szc éransit gloria mundi LES BIJOUX VIVANTS Il y a quelques années, le Caméléon vivant était le bijou favori des grandes dames et des belles demoiselles de New-York, dont aucune, soit sur la rue, soit en voituie où en char, n'aurait voulu paraître sans le petit reptile multi- colore aux yeux brillants, retenu, par une chaînette d'or pas- sée autour de son cou et dont l’autre extrémité, au moyen d’une épingle à diamant, se fixait au sein de la propriétaire, Un instant, on put croire que le Caméléon serait aussi le favori des messieurs, du moins des messieurs chaüves, dont il était chargé de défendre l’occiput désert contre les atta- ques des mouches. De cette tâche il s’acquittait à mer- veille. D'un coup de langue infaillible, il happait l’in- truse à tout coup. Maïs dans son élan m’avait-il pas l’indé- licatesse d’enfoncer ses griffes dans le cuir chevelü—ou ex- chevelu—de son maître ? A cela point de remède. Il fal- lut y renoncer. Le gros coléoptère appelé “ pinch-bug” fut quelque temps en faveur auprès de ces dames, Noir et brillant 20— Octobre 1906, 154 LE NATURALISTE CANADIEN comme du cuir verni, il faisait assez bonne figure. Mais enchaîné, il mourait du tétanos. Il n'eut qu’un règne éphémère. Le diminutif chimpanzé vint à son tour disputer au petit chien les faveurs de mesdames. A son tour il passa. Aujourd’hui ce sont les puces qui font fureur à New- Vork ! Elles ont envahi l’avenue Riverside, où se trouvent les résidences les plus chic de Gotham. (Cela ranime les ‘“ sangs bleus”; et on se demande si la nouvelle fantaisie, accréditée dans la haute gomme, ne se répandra pas géné- ralement dans toutes les grandes villes de la Nouvelle- Angleterre. ETRANGE SAURIEN FOSSILE, Une découverte paléontologique du plus grand inté- rêt a été faite récemment, à Peterborough, Angleterre, dans une excavation de briqueterie. En coupant dans l’ar- gile dure, à une profondeur de 60 pieds, les travailleurs mirent à découvert les restes d'un des sauriens les plus re- marquables dont on ait encore signalé l'existence. Le squelette est celui d’un reptile qui mesurait 14 pieds de longueur. La queue était longue de trois pieds. Le corps, semblable à celui du Crocodile, devait être épineux. Dé- pourvu de pieds, l’animal était muni de pattes-nageoires (fippars), dont on trouva des centaines de petits os. Mal- heureusement, la tête manquait ; ce qui va rendre l'identi- fication fort difficile. Tous les experts qui ont examiné cette trouvaille ne savent qu’en dire. Un Crocodile avec des membres-nageoires, voilà qui est étrange. En tout cas, s’il s’agit d’une espèce d’Ichthyosaure, elle est entièrement différente de toutes les espèces déjà connues. LAPINS D'AUSTRALIE Depuis un bon nombre d'années, les Lapins en Aus- GLANURES SCIENTIFIQUES 155 tralie sont un des plus grands fléaux des agriculteurs. Mais ils semblent maintenant être une source de revenus et l’objet d’une florissante industrie. On estime que lex- portation du Lapin rapperte annuellement à l’Australie une dizaine de millions. Et l’industrie se développe rapi- dement. Le revenu ne fera qu'augmenter. Comment le Lapin a-t-l été rendu profitable ? Les car- casses, en chambre froide (cold storage), sont expédiées en Angleterre et dans l’Extrème-Orient à Vokohama et Hong: Kong. Des milliers de caisses à Jour en sont journelle- ment expédiées. Mais ceci ne représente qu’une fraction du profit La chair de l’animal mise en conserve rapporte aussi beaucoup. Toutefois, ce sont les peaux qui rappor- tent le plus. Chaque semaine, 150 tonnes de peaux sont vendues à Sydnev, et 100 tonnes à Melbourne. Les prix ont déjà monté de 50 pour cent depuis janvier dernier. Cette dernière industrie est devenue tellement profitable que nombre de chasseurs négligent entièrement les car- casses et ne retiennent que les peaux. Au reste, le Lapin australien ne peut plus être comme autrefois un objet de si grande terreur. Autrefois c'était un fléau sans profit, et un fléau dont 1l était impossible d’enrayer la prodigieuse multiplication. Aujourd’hui, non seulement on en retire un immense revenu, inais on peut encore le détruire si on y tient. Tous les procédés employ- és pour faire disparaître ces animaux si nuisibles étaient jusqu'à présent demeufés sans effet. Mais on vient d’in- venter une petite chaudière à vapeut pouvant se transpor- ter aisément au milieu des champs. Des tuyaux, partant de cette machine, s'adaptent hermétiquement aux terriers, et des jets de vapeur sont lancés qui vont tuef tous les rongeurs à domicile. On a donc le choix maintenant ou de les exterminer ou de les convertir en or! Pour Îles ex: terminer, il ne s’agit plus que de trouver les orifices des terriers. Quand on connaît les trous, on prend les Loup:, 156 LE NATURALISTE CANADIEN dit le proverbe. C'est maintenant la même chose avec les jeannots d'Australie ! B. ——( O)—— LES ROIS DE RATS (1) Je serais curieux de savoir si l’on a observé récemment fe singulier phénomène connu sous le nom de Xoz de Rats, et s’il en existe une explication satisfaisante (2). Le seul cas qui, à nta connaissance, ait été signalé ent France (dans la Sarthe) est celui qui est relaté en 1900 dans le joutnal la Mature, et sur lequel je reviendrai pius tard. Si, en France, ce phénomène paraît tout à fait excep- tionnel, il semble, au contraire, qu’autrefois en Allemagne il était assez fréquent. J'ai fait à ce sujet quelques re- cherches dans ma bibliothèque et y ai trouvé les documents suivants relatés dans trois anciens opuscules : 1° Observatio D. Günthert Christophort Schelham- mert Hurts maïoris monstrosus partus (Ex. Æphemeridac Naturae Curiosorum, 1690, Pp. 253). 2° Jos. Joach. Bellermann. Ueber das bisher bez- wetrelte Daseyn des Raltenküniges. Etre naturgeschicht- liche Vorlesung. Berlin, 1820. 3° Alan. Der Rattenkünig, rex rattorunr. Raltt (1) Si quelqu'un de nos lecteurs x eu connaissanc : d'exemples, arri- vés en Amérique, de la monstruosité dont il est quest'on dans l'articie que nous reproduisons ici, nous le prions d’en dire un mot au Vafuru- liste canadien.—(Note du À. C}) (2) On appelle Lois de Rats des agglomérations de Rats dont les queues sont nouées, formant ainsi une couronne dont les corps sont les rayons ; le nœud des queues est généralement surélevé. Ces singuliers monstres ne peuvent pas se déplacer et paraissent être nourris par les Rats libres du voisinage. LES ROIS DE RATS 157 Un caudis implicati (Ex. Fünfter Jahresb. des Mannhermer l’ereines für Naturkunde, 1838, p. 13.) Le cas cité par Schelhamimer (1690) est le suivant: Le plancher carrelé d’une cuisine laissait par un trou sortir quelques Rats. On essaya de les ébouillanter par cette ou- verture ; on vit aussitôt s'échapper quatre Rats et, de petits sifflements plaintifs se faisant entendre, on enleva les car- reaux et on vit un Rat qui ne pouvait fuir. Une servante le saisit avec des pincettes, mais la queue se détacha; elle plongea de nouveau les pincettes et amena tout le paquet sifflant et gémissant, au milieu duquel se dressaient les queues ‘ comme une chevelure de mégère ou une tête de méduse”. Ces Rats ainsi réunis ne pouvaient pas se dé- placer, car ils étaient disposés en cercle autour du centre formé par la jonction de leurs queues ; on les tua et on les jeta au cabinet. Schelhaimmer croit qu’ils étaient nourris par les quatre Rats libres qui s'étaient échappés les pre- iniers, Ce mème Schelhammer dit que, quelques années au- paravant, à Weimar, on trouva également un Roi de Rats dans le mur d’un vieux moulin. Passons aux faits plus nombreux décrits par Beller- mann. En 1714, Valentin: (Wuseum Museorum, 1714, page 151) parle d’une couronne de six individus trouvée à Son- dershausen (est-ce celle qui existait encore dans le musée de cette ville plus d’un siècle plus tard ?) En 1727, le pharmacien Lincke, de Leipzig, raconte dans Sammilnng von Natur-und Medicin. Geschichte (1727, pages 205-223), plusieurs anecdotes sur les Rois de Rats et en cite un notamment que possédait le licencié Carl à Gæ- deru (Saxe). Il dit aussi qu’en juillet 1719, un domestique du comte de Stolberg en trouva un de neuf individus sous ua toit, et qu'à Tambachshof près Gotha, en 1722, on dé- couvrit un Roi de Rats 1rort et desséché dans une petite 158 LE NATURALISTE CANADIEN cage au fond d’une vieille chambre qu'on déménageait ; 1f avait encore cinq corps, sans poils. La cage n’avait que 7 pouces de long et 5 de latge, tout juste la place nécessaire pour contenir le monstre, et on ne put l’en retirer qu’en dé- truisant la cage dont l'ouverture était petite. Ce sont là d’intéressants détails, car ils permettent de supposer que l'animal composite était probablement né dans la cage et y avait grandi sans pouvoir en sortir. Enfin, Lincke parle d’un écrit remontant à 1683, édité à Strasbourg chez J.-J. Felsenecker, qui couwipare (à tort) les Rois de Rats aux Chats soudés par leur cordon ombili- cal dont il cite un exemple repris par Chr. B. Carpzov dans son X'alzenhistorie. Ce dernier auteur donne d’autres ex- emples de Chats soudés ainsi. [1 n’y a pas lieu d'insister ici, car il s'agit évidemment d'un phénomène tératologique d’un ordre différent de celui qui nous occupe. Le Dr Lieffmann (Zreslauer Naturgeschichte, mars 1722, p. 296) remarqua, en cette année 1722, dans la pro- priété de M. Dicskau, à Leipzig, dix à douze Rats dont les queues complètement jointes (il ne dit pas soudées) formaient un appendice très épais et très large ; ce monstre fut con- servé dans le cabinet d’histoire naturelle polonais-saxon. Lyons-la-Forêt (Eure). ADRIEN DOLLFUS. (Feuille des Jeunes Naturalistes). (À suivre.) O LE MASSACRE DES OISEAUX Nous reproduisions, le mois dernier, un article d'une tevue parisienne sur le véritable massacre qui se pratique, en divers pays, d'oiseaux destinés à l’ornementation du chapeau de ces dames. L'ARACHIDE (PEA-NUT) 159 Qu'on lise maintenant cette coupure de l’U/wzvers, du 19 septembre dernier, sur ces barbares tueries : D'après la revue Awimals friend, V'Angleterre a 1m- porté en 1905 trente millions d'oiseaux exotiques destinés aux chapeaux de femmes. Un seul fabricant de Londres a reçu des Indes-Orientales, pour les besoins de sa clientèle, 400,000 Oiseaux-Mouches, 600,000 Oiseaux de paradis, 450, 000 oiseaux de variétés diverses. La revue en question affirme que, tous les ans, de 290 à 300 millions d'oiseaux sont tués pour faire face aux demandes des modistes des pays civilisés ! [e) J/ARACHIDE (PEA-NUT) Le Courrier de Saint Hyacinthe (6 octobre) rapporte qu'on a cultivé, cette année. des Arachides (Pea-Nuts) à Saint-Hyacinthe. Sans doute, les fruits ne sont pas arri- vés à maturité ; mais il est déjà ‘intéressant de constater qu'ils ont pu être produits dans notre Province. L'abbé Provancher a raconté (W. C., vol. V, p. 423) que, à l'exposition provinciale tenue à Montréal en 1873, il a vu cette même plante, portant des gousses, parmi les productions du Kansas. Il n’y a donc rien d'étonnant à ce qu'elle puisse croître, fleurir et faire des fruits sous notre climat. Seulement, il n’y a pas lieu d’espérer que ces fruits arrivent à maturité en notre pays. Le noin botanique de l’Arachide, dite aussi Pistache de terre, est: Arachys kvpogen, L. Elle appartient à la fainille des Légumineuses, et n’a qu’un pied de hauteur. Après la floraison, ses gousses s'enfoncent en terre pour v croître et müûrir: une façon d'agir qui est pour le moins étrange, les végétaux ordinaires n'ayant pas coutume de fuir le soleil pour mener leurs graines à maturité. 160 LE NATURALISTE CANADIEN PUBLICATIONS REÇUES — Annual Report of the Smithsonian Institution, 1904. U. S. National Museum. Washington, 1906. —Une grande partie de ce volume est consa- crée à une histoire de la Géologie américaine, avec nombreux portraits. La question de l’Zozoon y est traitée dans un chapitre spécial et résolue dans la négative. — Annales de la Société entomologique de Belgique.— Tome 49. Bru- xelles, 1905. -_ Bulletin de la Société linnéenne du Nord de la France.—Nos 366- 368. 1905. — Bulletin de la Société des Siences historiques et naturelles de Semur- en-Auxois.— Année 1904. — Annuaire du Séminaire de Chicoutimi, 1905-06. Belle brochure, très intéressante pour les amis de l'éducation, et qui indique combien en cette maison d'enseignement se continuent les progrès du passé. —Le Nouveau Québec, région du Témiscamingue. Ressources agri- coles, forestières, minières el Sportives. Par Alfred Pelland, publiciste du Département de la Colonisation, des Mines et Pécheries. Québec, 1906. Cette brochure de 168 pages contient,avec une carte de la région décrite, une foule de gravures hors texte très bien exécutées. Géographie, his- toire, ressources, tout est mis à contribution pour faire connaître le ‘* Nouveau Québec.” L'auteur n’a pas manqué non plus de donuer des preuves de ses assertions, sous forme d'‘‘exemples de prospérité’, dont l’on peut dire qu'ils sont ‘‘vécus”’. Enfin, une foule de renseignements propres à guider les colons futurs, ou du moins possibles, ajoutent beau- coup de valeur pratique à cette publication officielle, qui est bien l’une des plus avenantes qu’ait publiées le gouvernement de la Province. SR CE NATURALISTE CANADIEN Québec, Novembre 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No jf = LEE _— == 22 Directeur-Propriétaire : L'abbé V.-A. Huard LES VERS DE TERRE OÙ LOMBRICS On nous demande s’il est un moyen pratique pour se débarrasser des Lombrics ou vulgaires Vers de terre se trouvant en abondance dans la terre d’un jardin. Cette question montre que l’on a encore, sur le rôle joué par ces animaux dans la terre arable, des idées erronées, ce qui justifie quelques explications à leur sujet. L'action des Lombrics sur la terre arable a été étudiée par Darwin qui a écrit, sur cette question, un magistral ouvrage ; à sa suite, d’autres naturalistes ont repris cette étude et leurs recherches ont confirmé les observations faites par ce savant. Chacun sait que les Vers creusent dans le sol des ga- leries pouvant atteindre jusqu'à 1 et 2 mètres de pro- fondeur ; ces galeries contribuent à l’aération, à l’assainis- sement du sol, dans une proportion qui n’est pas négli- geable, si l’on songe qu’un hectare de jardin peut héberger jusqu’à 100,000 Lombrics. On admet que la terre des champs et prairies en contient environ la moitié de ce chiffre, quoique leur nombre varie beaucoup, suivant la nature du sol; les terres fraîches, argileuses et humifères 21—Novembre 1906. 162 LE NATURALISTE CANADIEN en renferment davantage que les sols légers, pauvres en humus. Les plantes utilisent les galeries creusées par les Vers pour enfoncer leurs racines à une profondeur plus grande que celle qu'elles pourraient atteindre dans une terre compacte, ce qui leur permet d'utiliser mieux les réserves accumulées dans le sous-sol. Pour creuser leurs galeries, les Lombrics avalent la terre qu’ils rejettent pendant la nuit à la surface du sol, où elle forme les petits tas ou turricules bien connus, abon- dants surtout dans les prairies, après la pluie. Darwin a calculé qu’ils rejettent, en moyenne, environ 24.500 kilog. de terre par hectare, dans le cours d’une année, contribuant ainsi à niveler la surface. Ce sont donc de véritables la- boureurs, et le rôle qu’ils jouent pour l’ameublissement et l’aération du sol est des plus utiles. Les Vers de terre se nourrissent essentiellement de feuilles tombées, de débris végétaux qu'ils entraînent dans leurs galeries pour les ramollir par le suc alcalin sécrété par leur bouche et les avalent ensuite. Ces débris sont transformés ensuite en humus plus rapidement décompo- sable, à preuve que la terre contenant des Vers dégage plus d'acide carbonique, produit de la décomposition, que celle qui en est dépourvue. La nitrification s’y fait aussi plus rapidement ; dans des recherches que nous avons faites ainsi que M. Th. Bieler, la proportion d’azote passé à l’état de nitrate était la suivante, après trois'semaines : CEE : Mérre primitive .. 14 te l000,7n7 Terre rejetée par les Vers 3,80/ Cest une proportion de cinq fois plus considérable. Le Lombric possède de chaque côté de l’œsophage ou canal digestif, trois paires de grosses glandes qui sécrètent une quantité surprenante de calcaire ou carbonate de _chaux ; celui-ci s’y trouve en petits cristaux ou sous forme de concrétions. Ces glandes servent d'organes d’excrétion LES VERS DE TERRE OÙ LOMBRICS 163 et aident à la digestion, en neutralisant les acides contenus dans les débris végétaux qui constituent la nourriture. Dans les échantillons de déjections de Lombrics, recueillis sur des sols divers, nous avons trouvé que la proportion du carbonate de chaux v est plus grande que dans la terre ad- jacente, n'ayant pas passé dans le corps de ces animaux; d’après nos chiffres, la quantité de carbonate de chaux ainsi régénérée serait de 25 à 250 kilog. par hectare, en admettant pour la terre rejetée le poids indiqué par Dar- win. Le calcaire du sol tend à disparaître de la couche arable, entraîné dans la profondeur par l’action dissolvante de l’eau de pluie et de neige chargée d’acide carbonique. Les Vers jouent donc, à ce seul point de vue, un rôle des plus utiles, en régénérant le calcaire, dont la proportion tend sans cesse à diminuer. I résulte des explications précédentes que les Lom- brics sont d'importants auxiliaires de l’agriculture, en ameublissant, aérant le sol, activant la formation et la dé: composition de l’humus, reconstituant le calcaire, etc. Au lieu de les détruire, en arrosant par exemple le sol avec du purin fort, on doit, au contraire, en favoriser la multiplica- tion, en supprimant leurs ennemis, en particulier les T'aupes. Ce n’est que dans des conditions exceptionnelles, quand leur nombre serait devenu très grand, dans un jardin, par exemple, que l’on pourrait craindre qu’ils ne s’attaquent aux plantes elles-mêmes ; et les moyens pour en diminuer le nombre ne manquent pas: labourage, arrosage au purin, etc. G. DUSSERRE, directeur de la Station d'essais de Lausanne (Suisse). —— (0) — 164 LE NATURALISTE CANADIEN CHRONIQUE Un oiseau à quatre pattes. —Y,es indigènes de l’Amé- rique méridionale donnent le nom de ‘ Cigana” à un oiseau remarquable, assez rare, dont un explorateur vient de capturer un exemplaire. L'oiseau a quatre pattes, et celles de devant, en même temps que l’oiseau se développe, deviennent des ailes. Pendant un temps assez considérable après son éclosion, le jeune oiseau, incapable de voler encore, monte sur les arbres en se servant de ses griffes, L’habitat favori de cet étrange volatile est parmi les Callas géants des tropiques, dans des endroits vaseux et bas. La taille du Cigana est celle de notre Faisan ordinaire. J/oi- seau émet un cri lugubre qui n’est pas précisément encou- rageant pour le voyageur perdu au milieu d’une région sauvage et peu fréquentée. Un Eléphant extraordinaire. —On a plus de facilité à croire à l’énorme taille du défunt Mastodonte quand on voit des Eléphants tels que le Musée d'histoire naturelle de South Kensington (Angleterre) vient d’en recevoir un d'Afrique. Ie pachyderme en question—le plus gros qui aété tiré en Afrique depuis bien des années — mesurait 11 pieds 6 pouces de hauteur sur 23 pieds 2 pouces de lon- vueur | Æncore le Serpent de mer.—Un correspondant d’Ecosse in’envoie un journal de Lochbroom qui contient la relation suivante. ‘Un énorme Serpent de mer a été vu dans nos environs plusieurs fois depuis quelques jours. Ses ébats ont été constatés par plusieurs pêcheurs écossais, dont l'imagination n’a pas pris le mors aux dents et qui ont fait le récit qui suit. Le monstre marin a une longueur pro- bable de 90 pieds, et hante sans doute les profondes caver- nes situées dans l’océan près de nos côtes. Il a d’abord été aperçu par trois pêcheurs de Corgeach, ensuite par deux CHRONIQUE 165 commis des accises ; il sortit de l’eau à environ 800 verges d'eux et s’en vint droit à eux à une vitesse de 60 milles à l'heure. Un coup de fusil l’atteignit et le fit plonger subi- tement. Quelque temps après, le monstre en question heurta un yacht de 100 tonneaux qui s’en allait à Ullapool, et le choc fut si violent que le petit navire fut soulevé à plusieurs pieds hors de l’eau et sa coque plus ou moins endommagée.” Ce dernier détail me rend rêveur. Peut-être que sachant tout le bruit qui se mène autour de sa curieuse personnalité, le Serpent de mer a l’intention d’en finir avec la vie, et a trouvé ce moyen original pour essayer de mettre son plan à exécution... Un vandalisme. — Un individu, malheureusement resté jusqu'ici inconnu, a considérablement endommagé l'œuf du grand Pingouin au musée de Scarborough (Angle- terre), Cet œuf, valant £300, est conservé dans une boîte avec un couvert vitré. Il y a quelque temps, cette boîte fut trouvée sur une chaise du musée, tandis qu’une petite fêlure qui avait commencé dans l’œuf l’aunée passée était agrandie, et une partie de la coquille manquait. Cet acte de vandalisme a enlevé à l’œuf une grande partie de sa valeur, naturellement, le dommage étant évalué à £60. Longévité des oiseaux. — Dernièrement mourait en Angleterre une Oïe à l’âge authentique de 50 ans. Un journal ayant qualifié cette mort de “prématurée”, un chercheur établit clairement dans la Pal Mall Gazette, de Londres, que 50 ans d'existence n’a rien de bien extraor- dinaire pour une Oie, et qu’il y a des preuves bien établies d'Oies et de Canards ayant vécu pendant plus de 100 ans. Un ouvrage publié en 1807 mentionne l'existence dans un des faubourgs de Glasgow d’une Oie encore très alerte à âge de 120 ans. Il est curieux de constater que la plus grande longévité existe chez des oiseaux de genres bien différents : l’Aigle, par exemple, qui généralement dépasse 166 LE NATURALISTE CANADIEN la centaine, et le Perroquet, qui lui aussi devient souverit centenaire ; l’Oie et le Pigeon, qui vivent ordinairement de 50 à 75 ans. Parmi les oiseaux chanteurs, c’est l’Alouette qui remporte la palme : il y a un cas bien prouvé d’une Alouette encagée vivant jusqu’à l’âge de 22 ans et chantant encore. Il est aussi prouvé que les bons soins et la nour- riture propre à l’espèce prolongent de PHARES années la vie des oiseaux chanteurs. Un arbre...meurtrier.—Les journaux du Nicaragua annoncent que le gouvernement de ce pays a nommé un expert pour examiner un arbre remarquable récemment découvert, et ce, à la suite de la mort d’un jeune homme dont on trouva le cadavre, ainsi que celui du cheval qu'il montait, au-dessous de l’arbre en question. Le cadavre semblait avoir été touché par des flammes, et l'arbre exha- lait une senteur extrêmement pénétrante, Il y avait au- dessous de l’arbre meurtrier des ossements en quantités considérables de Cochons, d’Anes, de Serpents et d'oiseaux. HENRY TILMANS. PCT ere GLANURES D'HISTOIRE NATURELLE UN BON MOT POUR LA MOUCHE Ne vous répandez pas trop en imprécations contre la Mouche domestique, Son extermination est loin d’être désirable. (Comme beaucoup d’autres petits organismes méprisés des hommes, elle accomplit une fonction vitale dans la nature, en se multipliant dans des substances mortes. ou putréfiées qu’elle prépare pour de précieuses productions de vie animale et végétale. La pureté et la douceur de l’atmosphère dans laquelle elle flotte sont en grande partie dues à son ouvrage. Comme être nettoyeur GLANURES SCIENTIFIQUES 167 et vidangeur, la Mouche, par conséquent, a droit à notre estime et à notre reconnaissance. Mais pour la même raison, bien entendu, elle doit être exclue autant que pos- sible de nos demeures; et il faut soustraire à sa conta- mination avec le plus grand soin toutes les substances co- mestibles. Puissions-nous seulement, en considération de leurs services, pardonner un peu aux Mouches les piqûres qu’elles nous font et les ennuis qu’elles nous causent | EE à - L'ÉLEVAGE DES PAPILLONS Une industrie nouvelle : l'élevage des Papillons. C’est à Scarnborough, en Angleterre, que vient d’être faite cette tentative d’ailleurs pleine de promesses. L'année dernière, des Anglais avaient lancé dans les parcs de Londres, plusieurs douzaines de magnifiques Papillons, aux couleurs diaprées et chatoyantes, qui firent la joie des habitués de ces lieux verdoyants. Ce n’était qu'un essai, il a réussi admirablement. Aussi va-t-on le renouveler, mais cette fois sur une plus vaste échelle. En effet, on a créé, il y a quelque temps, près de Scarnborough, une ferme modèle, où l’on élève toutes les variétés de Papillons, depuis les Papillons des régions équatoriales, qui portent sur leurs grandes ailes toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Actuellement, il y a 20,000 Papillons dans cette ferme ; ils seront répartis dans tous les parcs de la grande cité. En outre, on tient en réserve 40,000 chrysalides desti- nées, en cas de besoin, à combler les vides. Et, sous peu, les Londoniens verront s'élever sur leurs têtes de grands vols de Papillons de toutes grandeurs et de toutes nuances qui peupleront les arbres de leurs parcs. *k * *X 168 LE NATURALISTE CANADIEN LA ‘“GvyrPrsy MOTH ” EN AUTOMOBILE I1 ne manquait plus que cela pour mettre le comble à l’exécration publique envers les automobiles : il paraît que les teufs-teufs servent à la transportation des “Gypsy Moths?, cette peste qui a déjà causé des millions de dommages dans le Massachusets, s’est répandue dans le New-Hampshire et le Connecticut, et menace d’envahir maintenant, au sud l’État de New-Vork, et au nord, le Canada A Mont- réal, le cri d’alarme s’est déjà fait entendre contre cet ennemi des arbres et de la végétation. Eh! bien, l’ento- mologiste officiel de l'Etat de New-York, en prémunissant le public de son Etat contre cette peste, révèle ce fait, aussi effrayant qu’épatant, que la “ Gypsy Moth” se colle aux automobiles et se transporte ainsi rapidement à de longues distances. ‘“I/expérience, dit-il, a démontré que les auto- mobiles sont réellement des moyens très actifs de transpor- tation pour cet insecte; et étant donné la multiplication toujours croissante de leur nombre, nul ne peut prévoir, sous ce rapport, leur influence néfaste.” (C’est bien cela : dorénavant tous les chemins appartiendront aux automo- biles, que rien au monde n’empêchera de brûler les distances, d’écraser les poules et les chiens, les moutons et les cochons, les enfants et les femmes, bref, tous les piétons assez stu- pides pour se trouver sur leur passage! Et par-dessus le marché ces machines infernales répandront partout Île fléau des “Gypsy Moths ” ! B. LES ROIS DE RATS (Suite et fin) Le Dr Bellermann raconte qu'étant étudiant, à Erfurt, en 1772, il y vit un Roi de Rats qu’on venait de capturer, et malheureusement de massacrer. Il était formé de onze LES ROIS DE RATS 109 individus dont les queues étroitement entrelacées formaient une pelote de la grosseur d’un poing d'homme. (Cette masse de queues entortillées dominait un peu les corps des Rats qui rayonnaient autour de ce centre. Ce monstre fut recueilli, en compagnie de Rats libres, en soulevant le plancher d’une vieille maison qui servait de grenier. D’après Lieffmann (toujours cité par Bellermann), le le Dr Schultze trouva un Roi de Rats desséché comme une momie en démolissant un vieux mur; il avait dans cet état la largeur d’une gtande assiette. Les queues étaient si bien embrouillées qu'un ‘fabricant de courroies n'aurait pu faire aussi bien””, Dans le Wiltenbergsche Wochenblatt, de 1774, pages 41-45, le Prof. Titius mentionne et figure seize Rats, dont les queues étaient ‘‘ artistement nouées’”, trouvés dans un moulin. L'auteur ne peut admettre qu’un pareil phéno- mène soit l’œuvre de la nature et croit que pour le pro- .duire il a fallu une intervention artificielle. Pourtant le même Titius cite l'exemple d’nn autre Roi de Rats, formé de douze individus, trouvé dans une écurie pendant la guerre de Sept Ans, Bellermann vit, à Arnstadt, en 1783, dans l’ancienne résidence des princes de Schwarzburg, cinq tableaux à l'huile qui représentaient autant de Rois de Rats: il en donne la description. Nous en retenons la couleur des Rats ainsi reproduits: le premier était formé de six Rats d’un jaune brun (trouvés, dit la légende, à Arnstadt, le 26 novembre 1759). Le second se composait de huit grands individus d’un brun rouge, recueillis, le 18 février 1705, à Sondershausen. Le troisième paraît reproduire le phéno- mène décrit par Valentini. Le quatrième, très intéressant, est formé de plusieurs (on ne dit pas le nombre) Souris blanches. 1, cinquième, qui comprend neuf individus, ne présente rien de particuler, 22—Novembre 1906, | 170 LE NATURALISTE CANADIEN M. Weitsch, directeur de l’Académie de peinture, raconte qu’en 1794, à Brunswick, dans une fosse à fumier ) 9 qui n'avait pas été vidée depuis dix ans, on trouva une ag- glomération de sept individus. Les observations du Prof. Meisner, de Berne, ont un certain intérêt, car elles sont accompagnées d’hypothèses bizarres pour l'explication du phénomène; elles sont con- signées dans VNaturwissenschafiliher Anzeiger der allge- meinen Schweizserischen Gesellschaft für die gesammiten Naturtwissenschaften, Zweiter Jahrgang, Aarau, 1819. Un. de ses amis lui apporta, en 1816, un groupe de quatre in- dividus morts trouvés dans une pièce où on avait conservé de la tourbe. L’'explication est amusante : le savant pro- fesseur, ayant constaté que la cavité formée par le nœud des queués était remplie de tourbe et de paille, suppose qu’il s’agit là d’une sorte de nid formé par la mère rate; celle-ci sur le point de mettre bas aurait mis à mort d’au- tres Rats et leur aurait noué la queue pour en faire une véritable litière ! [1 y a mieux encore. Ayant entendu par- ler de la découverte, sous un parquet, d’un Roi de Rats vivant, fotiné de sept gros individus, il conclut sans hési- ter que ces malheureux captifs se sont introduits dans l’'étroit espace qu’ils occupaient et s'y sont noué la queue afin de faire de leurs corps une couche moelleuse pour une Rate pleine qui aurait sans doute, quelques jours plus tard, trouvé ainsi un doux berceau pour la jeune portée ! ! Laïssons ces dévouements sublimes à la gent ratière et à l'imagination du professeur Meisner, et voyons les faits exposés par d’autres auteurs. Le professeur Kilian, dans l’excellente note citée plus haut, dit qu’en 1837, à Zaisenhausen, près Bretten, à la fin de mars, un homme travaillait dans ‘une écurie d’où il vit sortir, à diverses reprises, quatre Rats qui cherchaient des fruits et rentraient aussitôt. Il les tua l’un après l’autre et il entendit alors du bruit derrière la boiserie; il décloua LES ROIS DE RATS 171 celle-ci et vit une masse de douze gros Rats adultes dont les queues étaient nouées ; le correspondant de Kilian fait remarquer qu'il lui aurait été impossible de défaire ce nœud gordien sans le briser et qu'il devait évidemment s'être formé dès le jeune âge des Rats. Il est certain aussi que le Roï de Rats devait être nourri par les Rats libres qui apportaient continuellement de la nourriture dans le trou. Passons aux auteurs modernes. Brehm, dans sa clas- sique Ve des Animaux illustrée (édition française, 12e série, p. 109), raconte le singulier procès qui s’est déroulé en 1774 devant le tribunal de Leipzig: un Roi de Rats formé de seize gros individus adultes avait été découvert en janvier dans un moulin à Lindenau et tué par un nom- mé Christian Kaiser; un de ses amis, Fasshauer, avait em: prunté le monstre, pour le peindre, disait-il Mais il en tira parti en le faisant voir pour de l’argent, d’où procès à lui intenté par Kaïser. Le médecin chargé par le tribunal d'examiner l’objet, conclut que les Rats devaient s'être blottis dans un coin pour chercher à se protéger mutuel- lement ; et les excréments des Rats placés au-dessus étant tombés sur leurs queues qui étaient au-dessous devaient s'être gelés et avaient maintenu les queues collées ; dans leurs efforts pour se détacher, celles-ci s'étaient entortillées, Nous ne nous arrêterons pas à cette invraisemblable ex- plication. Brehm cite d'après Lenz un autre exemple plus inté- ressant à cause du nombre des Rats qui s'étaient ainsi réu- nis: “ A Dollstedt, près Gotha, on trouva en même temps deux Rois de Rats en décembre 1822 ‘Trois batteurs en grange entendirent un léger piaulement dans là grange du forestier ; ils cherchèrent avec l’aide du domestique, et virent qu'une poutre était creuse. Dans sa cavité, se trou- vaient quarante-deux Rats vivants. Cette cavité avait été probablement faite par eux; elle avait environ 15 centi- mètres de profondeur ; on ne voyait aux alentours 172 LE NATURALISTE. CANADIEN ni excréments, ni débris de nourriture. Elle était d'u accès facile surtout pour des Rats, et restait couverte de paille toute l’année. Le domestique retira les Rats qui ne voulaient ou me pouvaient quitter leur de- meure. Îles quatre hommes virent alors avec horreur vingt-huit de ces Rats attachés par la queue et formant un cercle autour du nœud ; les quatorze autres présentaient la même disposition. Ces quarante-deux Rats paraissaient tous souffrir de la faim et piaulaient continuellement ; du reste, 1ls paraissaient bien portants. Ils étaient tous de même grandeur et, d’après leur taille, on pouvait conelure qu'ils étaient nés le printemps précédent. Leur couleur était celle des Rats ordinaires. Aucun ne paraissait mott. Ils étaient très tranquilles et supportaient paisiblement tout ce que leur faisaient les hommes qui les trouvèrent. Les quatorze Rats furent portés vivants dans la chambre du forestier, où arrivèrent bientôt une foule de gens, curieux de voir cette monstruosité. Quand la curiosité publique fut satisfaite, les batteurs les transportèrent en triomphe dans la grange et les tuèrent tous à coups de fléau. Ils prirent ensuite deux fourches, les transpercèrent, tirèrent de toutes leurs forces en sens opposé, et sous cet effort trois Rats se séparèrent du groupe. Leur queuen’en fut point arrachée ; elle paraissait intacte, et montrait seu- lement l’empreinte des autres queues, à la façon d’une courroie qui aurait été longtemps serrée par une autre. Les vingt-huit furent apportés à Pauberge et exposés aux veux de tous les curieux.” Nous retenons dans ce dernier exemple deux faits in- téressants : d’abord la présence simultanée, dans un même réduit, de deux Rois de Rats, dont l’un était formé de vingt-hurt individus, nombre de beaucoup supérieur à celui d’une portée unique (celle-ci ne dépassant guère seize jeunes). Lautre, c’est que les queues de l’un des groupes ont pu se détacher sans se briser. De sorte qu’elles ne LES ROIS LE RATS / 173 sont pas toujours si étroitement entrelacées que semblent le faire croire les exemples cités plus haut. Dans Za Nature, 1900 (11), p. 19-20, M. Oustalet, professeur au Muséum, dit avoir reçu de M. Henri Richer la photographie d’un Roi de Rats formé de sept individus encore jeunes, dont les corps avaient environ dix centi- mètres. Ce Roï de Rats, trouvé à Courtalain, en novembre 1899, au fond d’un trou de mur(1}, a été donné au musée de Châ- teaudun par M. H. Lecomte. M. Oustalet croit, comme le médecin de Leipzig dont je viens de parler, que les adhéren- ces des queues sont causées par la gelée; cette hypothèse est d'autant moins plausible que presque tous les Rois de Rats se trouvent dans des endroits très abrités, hors de toute atteinte de la gelée. Quoi qu’il en soit, laissant de côté les hypothèses ori- ginales ou simplement invraisemblables dont j'ai donné des exemples, et les croyances populaires qui, autrefois, en Allemagne, avaient fait du Roi de Rats l’objet de légendes merveilleuses, 1l faut admettre tout simplement (ainsi que Kilian l’expose très nettement dès 1838) qu’à l’état jeune, les petits Rats, d’une ou de plusieurs portées voisines, se trouvant dans un réduit très étroit, s’entortillent et s’entre- lacent en formant un nœud d’autant plus inextricable que ces queues, à cet Âge, sont tendres, longues, très mobiles et couvertes d’un exsudat collant. La présence de paille, de foin ou de poil dans le trou où se trouve la jeune nichée peut faciliter l’entrelacement des queues. Un autre fait qui me paraît curieux à faire ressortir, car il a une réelle importance au point de vue psycholo- gique, c’est la manière dont les Rois de Rats sont alimen- tés. Des exemples cités plus haut, il résulte bien net- tement que les Rois de Rats sont incapables de se mouvoir (1) C’est par erreur que, dans le dernier numéro, en parlant de cette « découverte, j'avais écrit Sarfhe. C'est Eure-et-Loir qu'il faut lire, f74 LE NATURALISTE CANADIEN partant d'aller chercher leur nourriture, et qu’ils sont err- tretenus d’une façon continue et pendant toute la durée d’une vie normale, par des Rats libres, sans doute de la même portée qu'eux. Sans aller aussi loin que le Prof. Meisner, on ne peut qu'être frappé de la constance de ce sentiment de solidarité dans la gent ratière. Lyons-la-Forêt (Eure). ADRIEN DOLLFUS. NOTES ADDITIONNELLES SUR LE ROI DE RATS Je reçois de M. le marquis du Buysson lintéressante lettre qui suit : Je ne veux pas attendre la fin de votre note pour vous envoyer quelques détails sur ce que j'ai observé moi-même cette année-ci à ce sujet et pour la première fois il y a environ deux mois, On vint un jour me prévenir qu'il y avait un nombre considéfable de gros Rats dans le compartiment d’un pou- lailler où l’on avait mis une mue à engraisser la volaille. Deux de mes domestiques et moi-même, les uns armés d’une pelle, les autres d’un balai, nous nous mîmes à faire la chasse et à abattre à mesure les Rats quigrimpaient aux murs. On en tua neüf et tous appartenaient à la même espèce, au Rat noir (Aus rattus L,.), auquel le Rat dégoût (Mus decumanus Pall.) déclare une guerre acharnée au point de faire craindre la disparition de cette espèce (V. Ern. Olivier, Æssar sur la faune de l'Allier, p. 19, 1880). Deux des couvercles de la mue étaient relevés depuis un temps assez long, et les Rats y avaient accumulé un monceau de paille qui leur servait de cachette. C'était en abaissant ün de ces couvercles qu’on avait découvert cette nombreuse famille. Un seul d’entre eux s’échappa par un trou qu'on n'avait pas eu la précaution de boucher tout d’abord. Il y avait là le père et la mère, faciles à recon- naître à leur taille plus avantageuse, et huit petits qui avaient presque atteint la taille d’adulte. C'était ceux LES ROIS DE RATS 175 d’une première portée, car, en écartant la paille, on en trouvait une seconde de tout jeunes, non encore sevrés, mesurant environ six centimètres du nez à la naissance de la queue. Chose bizarre qui frappa mon attention et m’em- pêcha de les tuer sans regarder, c’est qu’ils étaient tous adhérents les uns aux autres par la queue, et je me suis demandé aussitôt comiment cet amas de sept bêtes, deve- nues adultes, auraient pu trouver les moyens d’existence. En les saisissant, le septième se détacha, il n'avait plus que la moitié de sa queue, et l'extrémité qui le retenait aux autres s'était atrophiée et j'estime qu’il serait arrivé de lui- imême à se détacher du bloc. Quant aux autres, la sou- dure était à peu près faite par le milieu de la queue de chacun, l'extrémité conservant peu sa mobilité; l’un d’entre eux avait même une de ses pattes postérieures en- gagée dans ce nœud gordien; je l’ai tirée de force pour l'en arracher et je l’ai trouvée blanchie et atrophiée, comme le bout de la queue de celui que j'avais d’abord dé- taché. Je continuais à examiner cette rosace composée de cinq animaux, et Je vis que cet accident provenait de ce que la mère avait fait ses petits dans un nid garni de duvet et c'est ce duvet qui, par l’effet d’une bizarrerie due au put hazard, s’est feutré de lui-même sous le frétillement de toutes ces petites queues, probablement encore humides du lit de la mère ou humidifiées par son lait. La bizar- rerie consiste surtout en ceci, c’est qu’il a fallu que tous ces Rats en naissant soient exactement placés dans le même sens, côte à côte, ou en rond et se tournant le dos. Le duvet ne pouvait prendre de l’adhérence et se feutrer en englobant toutes ces queues au même point de leur lon- gueur que parce que celles-ci se sont mues d'un mouve- ment de rotation uniforme. J'ai été très surpris de ce que j'avais rencontré, mais j'ai pensé que ces bêtes, ainsi atta- chées, seraient crevées dès que la mère aurait cessé de les allaiter. C’est la première fois que j'observais cela, et 176 LE NATURALISTE CANADIEN comme je l’ai expliqué, cette soudure n'était pas congéni- tale, mais due à un simple accident survenu après la nais- sance. Le Vernet (Allier). H. pu BUYSsoN. M. Louis Dupont, aux Damps (Eure), m'écrit pour ine signaler, dans la Pze curieuse des Bêtes, par Henri Coupin, la phrase suivante : ‘ Dernièrement on a envoyé au Muséum un Roi de Rats composé de sept individus et trouvé à Châteauroux. Je recois cette lettre au moment de donner le bon à tirer de ma note, et n'ai pu donc m'informer si le Roi de Rats en question offre des particularités intéressantes. (Feurlle des Jeunes Naturalistes.) AND CE OC > pe sut a ONCE ESS PUBLICATIONS REÇUES — THE CECROPIA EMPEROR MorH (Sumia cecropia Länn.), by Arthur Gibson, Assistant Entomologist, Experimental Farm, Ottawa, 1906. Ce bel article de M. Gibson, sur l’un de nos vers à soie, ‘‘le plus grand et l’un des plus beaux insectes de l'Amérique du Nord’’, a paru d’abord dans l'Offawa Naturalist äu mois d'octobre. — The Tylostomeæ, Wlustrated by twelve plates and six figures, by C. G. Lloyd, Cincinnati, 1906. Nous avons déjà signalé le bulletin Æycological Notes que publie aussi M. Lloyd, et qui est consacré à l’étude des Lycoperdacées, famille des champignons nommés communément ‘‘ Vesces de Loup.” — Report of the Museum of Natural History. Springfeld, Mass. 1906. — Catalogue of British Columbia Lepidoptera. Provincial Museum, Victoria, B. C. 1904. Cette liste, comprenant 1128 espèces—ce qui est déjà une belle col- lection, a été publiée par l’assistant-conservateur du Musée provincial, M. E. M. Anderson. Nous avons eu le plaisir de visiter ce beau musée en 1904, et nous en avons parlé un peu dans nos /mpressions d'un Passant. ir 4 NATURALISTE CANADIEN Québec, Decembre 1906 VOL. XXXIII (VOL. XIII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 12 A NOS LECTEURS En ces derniers mois nous avons consacré tout notre temps à ter- miner ce Manuel des Sciences usuelles que, de concert avec M. :’abbé H. Simard, professeur à l'Université Laval, nous préparons pour le pei- sonnel enseignant des écoles de la Province. Aussi, à notre grand regret, nous n'avons pu rien faire durant cette fin de l’année pour la rédaction du Vaturaliste canadien. Nos lecteurs, du reste, n’y perdent pas, puis- que, à la place dle nos écrits, nous pouvons leur offrir des articles de choix, extraits d'excellentes revues scientifiques. ès notre prochaine livraison, espérons-nots, il nous sera possible de reprendre notre place au... fauteuil de rédaction du .Vaturaliste, — 2 — () — — CHRONIQUE Un oiseau de prix.—M. Beville Stanier, de Peplow Hal, Shropshire, Angleterre, a informé la Sociéti d'histoire naturelle de Shrewsbury qu’il a vendu un spécimen em- paillé du Grand Pingouin pour 400 guinées,. La maillequi...manquait.—Un télégramme venant d'Australie, et qui est arrivé à Londres en passant par les Etats-Unis de l'Amérique du Nord, est actuellement publié par tous les journaux de langue anglaise du monde entier. D'après cette dipêche télégraphique,le professeur (?)Flatsch 23— Décembre 1906. 178 LH NATURAIISTE CANADIEN aurait découvert à Port Darwell, dans le nord du continetit australien, une femme aborigène dont les pieds ressem- blent aux mains. Et le professeur, naturellement, consi- dère cette découverte comme d’une importance biologique extraordinaire, et...Darwin doit sûrement en tressailir dans sa tombe. I/auteur du canard en question est le cor- respondant melbournois du CArouzcle, de Londres, et je vous laisse à juger si notre homme doit en avoir du plai- sir! Cette ineptie sera évidemment traduite dans la plu- part des grands (!!) journaux d’autres langues, et traînera dans la presse universelle aussi longtemps probablement que cette autre sottise : la découverte de la langue des sin- ges par je ne sais plus quel histrion. La moisson de. fossiles.— Après une absence de plu- sieurs mois passés dans les régions avoisinant les Monta- ones Rocheuses, trois missions du Musée américain d'His- toire naturelle viennent de revenir à New-York. Les explorateurs apportent avec eux des squelettes pétrifiés d'environ 500 animaux, dont beaucoup sont inconnus ou peu connus des savants. Il y a dans la cargaison, entre autres, deux Dinosaures non encore classés, dont l’un est d'énormes dimensions et ressemble vaguement at monstre géant que l’on a baptisé du nom de 777ceratops. L'Emu d'Australie.—Cet oiseau étrange est menacé d’une disparition prochaine. De tous côtés on a érigé des clôtures de broche pour barrer le chemin aux Lapins qui dévastent le pays ; mais en même temps on a barré Île che- min à l'Emu, qui chaque année émigre de l’est à l’ouest, et eprend la route de l’est au commencement de la saison de sécheresse. Sur leur chemin, les Emus arrivent aux clô- tures. trouvent leur marche arrêtée et meurent de soif par centaines. Un voyageur a trouvé une cinquantaine d’oi- seaux morts sur un parcours de six milles, tandis que, sur une distance de 60 milles, on a estimé qu’il v avait au moins 300 Emus morts de soif. CHRONIQUE 179 Le Diable de Ceylan.—Tous ceux qui ont visité l’île de Ceylan et pénétré dans son intérieur mystérieux ont entendu le cri du diable. Ce cri terrible ressemble étran- gement au cri d’un être humain à qui l’on ferait subir les tortures les plus féroces. Ce diable n’est heureusement qu'un oiseau, que l’on dit apparenté avec le Hibou brun des bois de l’Inde. Les indigènes l’appellent ‘ Ulama ” ; c'est un oiseau inoffensif et extrêmement farouche dont on n’a pu encore capturer un spécimen, mort ou vivant. Il est naturel qu'étant doué d’un cri si terrible, l'oiseau passe là-bas pour un “manitou””, à qui à l’occasion les indi- gènes offrent des sacrifices pour détourner les désastres que sa voix lugubre ne peut manquer d'annoncer. M. Mitford a étudié l'étrange oiseau pendant un long séjour dans Ceylan. ‘La note ordinaire, dit-il, est un cri ma- gnifique et clair, tel un cri humain, et peut être entendu à une très grande distance ; pouss£ dans le silence du cré- puscule, il produit un bel effet. Mais le cri qui lui a valu son vilain nom et que je n’ai entendu distinctement qu'une szule fois, est indescriptible, le plus épouvantable cri qui 52 puisse imaginer et que l’on ne peut écouter sans frisson- aer. C’est n1 plus ni moins que le cri qu'arracherait à un ètre human un supplice qui se terminerait par la stran- gulation.” HENRY TiLMANS. ———(0)———— LE MAMMOUTH GELÉ DE LA SIBÉRIE Le Mammouth (ZÆ/ephas primivenins CUV.) est une espèce d'Eléphant qui vivait au commencement des temps quaternaires ou pléistocènes. Il était bien plus grand que l’Eléphant actuel de l'Inde ; ses défenses étaient bien plus longues et largement recourbées par en haut ; il était muni d'une crinière et tont 180 jE NATURALISTE CANADIEN son corps était couvert d'une longue et épaisse fourrure, Cet animal s’est éteint avant l'époqne historique ; maïs il 4 dû être très abondant, car on retrouve, çà et là, presque partout, des fragments plus où moins importants de son squelette. | [1 semble avoir persisté plus longtemps dans l'Asie septentrionale et en Sibérie que partout ailleurs, et l’abon- dance de ses ossemenis qu'on découvre dans ces fégions semble les indiquer comme étant sa véritable patrie. «A l’époque où les troupeaux de ce pachyderme parcouraient ces pays, le climat, dit M. de Lapparent, était doux et humide. De la sorte, la Sibérie septentrionale formait une steppe ou une forêt immense abondamment pourvue de la végétation convenable aux Eléphants. Il est vraisemblable que l'invasion du froid s’y est, fait sentir à la fois par le nord sous l'influence des glaces polaires, et par le sud en raison des neiges accumulées sur les montagnes des chaînes méridionales, déterminant la fuite du Maiu- mouth dans la direction de l’Europe. De plus, cette inva- sion a dû être très subite; car non seulement on a de la: peine à s'expliquer d’une autre manière l’innombrable quantité de restes de Mammouth que recèlent les rivages septentrionaux de la Sibérie et plus encore les îles qui les bordent ; mais il convient de ne pas oublier la rencontre plusieurs fois réalisée de cadavres entiers de cet animal, dont la chair a pu être mangée par des chiens: les cadavres étaient enfouis, quelquefois debout, dans les aluvions, et, pour que la chair en ait été conservée sans avoir subi la transformation en adipocire que produisent les tourbières, il faut que peu après la chute de l’animal dans les marais où il avait péri, la gelée ait Hour doujours pris possession du sol.” La dernière découverte de ce geure, et la plus impor- tante, eut lieu dans le courant du mois d'avril 1901. À cette époque, l’Académie impériale des sciences de LE MAMMOUTH GELÉ DE LA SIBÉRIE 181 Saint-Pétersbourg fut informée par le gouverneur de Yakutsk de la trouvaille d’un Mammouth gelé, dans un état de conservation presque parfait, enfoui dans une fa- laise des rives de la Berezovka, affluent de droite de la Kolymaäa, à 200 milles environ au nord-est de Sredne- Kolymsk, c’est-à-dire à environ Soo milles à l’ouest du détroit de Behring et à 60 milles en deça du cercle arctique. Cette nouvelle, d’une importance capitale, mit en émoi tout le monde savan‘: une expédition fut organisée pour aller sur les lieux dégager le Mamimouth, et une som- me de 15.300 roubles fut affectée par le ministre des Finan-: ces de Russie aux paiements des nombreux frais nécessités par la inise au jour de l'animal et son transport au Musée de Saint-Pétersboure: L'expédition, sous la direction de M. O..F. Herz, par: tie le 31 mai 1007. n’atteignit que le 9 septembre la loca: lit5 où se trouvait le Mämmouth, et après avoir établi son campement, elle se mit immédiatement à l’œuvre. On conçoit que c'était une opération délicate et difficile de déterrer un animal enseveli depuis tant de siècles, dout les chairs, les téguments ét les os ne devaient leur conservation qu'à une gelée persistante et risquaient de perdre toute cohésion et toute adhérence à l'instant fatal où survien- drait le dégel. Il fallut employer de très minutieuses précautions : M. Herz écrivit jour par jour le résultat de ses travaux, et son rapport fut publié intégralement dans le Æw/letii de l’Académie impériale de Saint-Pétershourg. Le Mainmouth était enfoui dans une haute falaise, à 35 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de la Bere: zovka et à 62 mètres en atrière de la rive. Cette falaise est formée d'une masse de terre argileuse mélangée de pierres, de racines, de moïrceaux de bois agglutinés avet des fragments de glace depuis un temps incalculable, Du- 152 LE NATURALISTE CANADIEN rant l’été de 10a00, à la suite de fortes pluies et d’un com- mencement de dégel, il se produisit un éboulement qui mit à nu une partie du corps de lPanimal. Des chasseurs de rennes de la tribu des Lamuts, habitants de cette région, le remarquèrent et firent part de leur découverte au gouverneur de Vakutsk qui prévint à Saint-Péters- bourg. L'opération du déblayage dura un mois entier, du 11 septembre au 11 octobre. On commença par enlever le plus de terre possible autour du cadavre sans l’endommager, ce qui n'était pas facile, car la gelée avait solidement lié toutes les parties du corps avec les masses argilenses qui l’entouraient. A cause de la rigueur de la température, ce travail u'a pu être terminé à ciel ouvert : on était obligé de tailler dans le bloc comme dans une carrière de pierres; et l’épaisse four- rure du Mammouth qui était ébouriffée en tous sens ne pouvait être dégagée des matières glacées qui l'enserraient. Il fallut construire au-dessus de l'animal une sorte de hangar, dans lequel nuit et jour on entretint une tempéra- ture qui monta graduellement à quelques degrés au-dessus de zéro, et amena un dégel bienfaisant qui permit de sépa- rer les membres et la fourrure de la terre gelée qui v adhérait depuis si longtemps. Les membres et les différentes parties de la tête furent désarticulés, enveloppés de bandages et soigneusement empaquetés ; la peau fut enlevée et subit de suite, avant d’être emballée, une première préparation ; des portions de chair, de graisse et le contenu de l'estomac ainsi que du sang solidifié furent également recueillis, et le tout par- vint en bon état à Saint-Pétersbourg où :le squelette du Mammouth put être complètement reconstitué: L'animal, qui était un mâle, avait la jambe droite de devant, un os du bassin et plusieurs côtes brisés ; il avait la bouche pleine d'herbes, et d’après la position de ses LE MAMMOUTH GELÉ LÉ LA SIBÉRIE 183 membres, il résulte qu’étant en train de manger, il a dû tomber subitement dans une profonde crevasse d’où il à fait des efforts pour sortir; mais il s'était blessé trop sé- rieusement dans sa chute; il ne put s’en tirer et les ali- ments qui remplissaient sa bouche, dont il n’avait pas eu le temps de se débarrasser, dénotent que sa lutte contre la mort fut courte et qu'il a dû périr rapidement. La peau de la tête et la trompe, qui, par suite de l’'éboulement partiel de la falaise, étaient découvertes de- puis plusieurs mois, avaient été presque totalement dévo- rées par les ours et les loups La défense de droite manquait, elle avait dû être brisée durant la vie de Panimal. La fourrure s'était conservée sur presque toût le corps, sauf sur le dos. La lèvre inférieure était garnie de poils, noirs, de 50 centimètres de long ; sur les joues ils n'avaient que 23 centimètres et étaient partie brun châtain et partie blonds; les poils du ventre, jaunâtres, avaient 35 centi- mètres, mais ils étaient beaucoup moins épais; les jambes étaient couvertes d'une sorte de laine d’un brun jaunâtre ou roux d’où sortaient d’épaisses touffes de poils raides, d’un brun sombre, de 12 centimètres de long. La queue était courte (36 centimètres), composée de 22 à 25 vertè- bres; son extrémité était garnie de longs et gros poils (25 centimètres) d’un brun roux. Les aliments qui se trouvaient entre les molaires sont des fragments d’heibes variées ; l'estomac en contenait une énorme quattits, près de 27 livres ; le cœur, les poumons et les autres viscères avaient été détruits. La chair, fibreuse et marbrée de graisse, était d’un rouge brun et paraissait aussi fraîche que de la viande de bœuf ou de cheval congelée. Malgré son appétissante apparence, les membres de l’expédition ne purent se déci: der à en goûter et ne changèrent pas leur ordinaire quoti- dien dont la viande de cheval faisait le fond. Les chien 184 LE NATCRALISTE CANADIEN furent moins difficiles et dévorèrent tout ce qu’on voulut leur abandonner. L'épaisseur du cuir variait entre 19 et 23 millime- tres ; au-dessous se trouvait une couche de graisse blanche, inodore, spongieuse, d’une épaisseur de 9 millimètres. Tel est succinctement décrit l’état de conservation presque parfait où fut trouvé le Mammouth de la Bere- zovka. Tout le monde savant s’est occupé de cette capti- vante découverte ; mais personne n’a essayé d'établir des conjectures sur la date de la mort de cet animal et de son enfouissement dans la falaise formée des matériaux allu- vionnaires qui l’ont si bien préservé, C’est qu’il s'agissait de discuter les données de la science officielle, et que nul n’a osé risquer de convaincre d'erreur grossière l’enseignement 7#,#po056 dans les hautes écoles gouvernementales. Le Mammouth vivait en même temps que les premiers hommes, dès le commencement de l’époque quaternaire, 1l y a certainement beaucoup de siècles. Mais G. de Mortillet (Le Préhistorique) fait remonter l'apparition de l’homme à 230 000 OÙ 240 000 ans au InOINS ! Pas un savant n’a tenté d'établir un doute sur cette chronologie qui n'a pas de bases sérieuses et est évidem- nent tout à fait arbitraire. Le fait actuel est un argument probant pour réduire considérablement ces chiffres, C'était une bien bonne usine de conserves que cet amas d’alluvions en partie éboulé, qui a permis à des chiens de se régaler de la chair en très bon état d’un animal mort depuis 240,000 ans...au moins ! Il est plutôt probable que les Mammouths ont existé beancoup plus longtemps qu’on ne l’admet, et qu'à une époque relativement récente, ces animaux habitaient encore les immenses solitudes inconnues de la Sibérie du Nord. (Revue scientifique du Bourbonnats.) ERNEST OLIVIER. RECHERCHES BOTANIQUES D'UN CHAT 185 LES RECHERCHES BOTANIQUES D'UN CHAT Darwin a dit que les pays où l’on rencontre le plus de vieilles demoiselles sont les plus riches au point de vue agricole, et il l'explique ainsi: les vieilles demoiselles ont toutes des Chats ; or, ceux-ci se plaisent à détruire les nom- brenx rongeurs, fléau des guérets, donc...Quelques mau- vais esprits se sont empressés d'ajouter que si les Chats aiment le gibier à poil, ils ont un goût non moins prononcé pour le gibier à plumes, qu’ils massacrent nombre de petits oiseaux, grands destructeurs d'insectes nuisibles, et que ces méfaits doivent largement compenser les avantages ré- sultant de la mise à mort de quelques Mulots. D'après eux, le Chat pourrait être plus nuisible qu'utile aux choses de l’agriculture. Or, voici qu’une observation, faite à Boston, en Amé- rique, apporte un nouvel argument aux ennemis de la race féline. Le professeur Sargent, de l’Arboretum de Boston. avait importé de la Chine centrale une plante absolument inconnue en Amérique aussi bien qu’en Europe, une nou- velle vigne, l’Actinidia polygama. On entreprit d’accli- mater les quelques sujets que l’on possédait : ils furent plautés dans une serre et entourés de tous les soins néces- saires. Bientôt, on s’aperçut qu’un animal inconnu dévo- rait tous les jeunes rejetons ; ce ne pouvait être un Rat, car un Chat était enfermé en permanence dans la serre. On n’arrivait pas à découvrir le coupable, car l’idée ne pou- vait venir que le Chat, animal carnivore, pensait à s’atta- quer aux plantes; on sait qu’en fait de végétaux ces félins u’apprécient guère que la Valériane. C'était cependant ce gardien infidèle qui commettait le dégât; non seulement il mordillait la plante, mais il en dévorait toutes les par- ties. Il fut chassé, et tout alla bien. 24— Decembre, 1906. 186 LE NATURALISTE CANADIEN Au printeimps, on put établir dehors, sur une couche, une centaine de jeunes plants; dès qu’ils eurent pris de la vigueur, on enleva les châssis, et alors on vit accourir tous les Chats du voisinage qui, en un rien de temps, détruisi- rent toute la plantation. Je Chat de la serre m'était done pas un animal exceptionnel, ayant des goûts contre nature ; il partageait seulement ceux de sa race ; en la circonstance, il les devançait. Depuis, on n’arrive à élever le précieux arbrisseau qu’en l’entourant complètement d’un treillage en fil de fer, et encore, toute pousse qui s'approche des mailles est aussitôt dévorée. Le fait est curieux et suggère quelques réflexions à M. David Fairchild, qui le signale dans Scence. Comment les Chats ont-ils pris goût à cette plante nouvellement importée et qui leur était complètement in- connue ? Elle n’a ni odeur ni goût spécial que nous puis- sions reconnaître ; l'odorat de ces animaux est-il plus subtil que le nôtre, ou leurs instincts carnivores les portent-ils à goûter à tout ce qui tombe sous leurs veux, même aux plantes ? En l’admettant, comment se fait-il que tous les Chats d'une région aient appris aussitôt les vertus d’une plante qui leur était absolument inconnue ? Faut-il croire que le Chat de la serre, chassé de son domaine, a été leur révéler le fruit de son expérience, ou tous ont-ils eu en même temps l’idée de tenter une expérience personnelle ? 11 n’y a pas là un instinct conservé par hérédité, puisque la plante était inconnue aux ancêtres des Chats actuels, aussi bien en Amérique qu'en Europe. C’est un nouveau chapitre de histoire des Chats qui mérite l'attention : Ont-ls, la ques- tion d'intelligence mise de côté bien entendu, des facultés de recherche et d'investigation plus développées que celles de l’homme ? (Cosmos.) GLANURES SCIENTIFIQUES 19; GLANURES D'HISTOIRE NATURELLE MONNAIES D'ALUMINIUM Il semble que les Etats-Unis vont être la première na- tion à employer l'aluminium pour la fabrication de la monnaie, Dès cet automne, paraît-il, on va faire l’expé- rience de pièces d'aluminium pour les substituer aux piè- ces en bronze de un centin. Il n’y a encore que quelques années, la considération économique eût seule empêché une tentative de cette sorte. En 1855, une livre de ce métal coûtait $200. En 1880, il fallait encore payer $4.50 pour une livre. Il est probable maintenant que le prix va tom- ber à 39 cents. Ordinairement l'aluminium est extrait de l'argile commune. Jusqu'à une date récente, cependant, on n’a pu l’extraire que par des procédés extrêmement dis- pendieux. Depuis une dizaine d’années, les savants et les inventeurs américains ont surmonté un bon nombre des obstacles primitifs. Le premier article en aluminium dont on fasse men- tion est une table à l’usage du tout jeune Prince Impérial, —compliment du premier manufacturier, St-Clair Neville, à l’empereur Louis-Napoléon qui l'avait assisté. De nos jours 1l serait presque impossible de signaler un usage pour lequel ce métal n’est pas employé. L’'aluminium est plus léger que le verre, et pèse les trois quarts moins que l'argent auquel il ressemble beau- coup. Quoiqu'il soit aussi dur que le zinc, c’est à peine si aucun autre métal est aussi malléable et ductile. I1 peut être étiré en fil de la plus grande ténuité, et battu en feui les de la plus délicate épaisseur. Une fois vendu à bon marché, comme il ne tarnit pas, il aura vite fait de remplacer l'argent, sur une grande échelle, pour toutes les œuvres décoratives. (C’est un ex- cellent conducteur et il pourra être substitué avantageuse- 135 LE NATURALISTE CANADIEN ment au cuivre dans toutes les installations électriques. Aucun métal, si ce n’est l'acier le plus raffiné, ne pouvant lui être comparé, poids pour poids, pour la force de résis- tance, il pourra rivaliser avec l’acier dans toutes les indus- tries de manufacture. La France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont construit des torpilleurs en aluminium, après avoir constaté que sa légèreté augmente la vitesse du navire, tandis que sa dureté résiste à la corrosion et à l’ac- tion galvanique mieux que celle d'aucun autre métal. On en a fait des yachts, des chalouvpes, des bicycles, des chars à moteur, des instruments de chirurgie, des patins, des wsten- siles de cuisine, etc. Onen fera des monnaies, et mille autres choses encore. RE DES OISEAUX DANS LES PRAIRIES On se propose aux Etats-Unis, avec infiniment de raï- son, de peupler les prairies de l'Ouest de plusieurs espèces d'oiseaux de chasse. Pour commencer, on a commandé 1000 couples de Faisans de l’Orégon, et on va prochaine- ment les lâcher dans les prairies du Kansas. On les dis- tribuera par lots de quatre à cinq couples, en différentes sections. Déjà, depuis quelques années, une cinquantaine de couples avaient été lâchés en cet endroit et s’y étaient répandus. [is seront protégés par la loi pendant cinq ans. Et comime ils se multiplient rapidement, on a bon espoir de les fixer. On les établira de préférence dans les comtés de l'Est, parce qu'ils y seront mieux protégés contre les vents et les froids de l'hiver, aussi parce que les comtés de l'Est ont contribué plus que les autres au fond d’acquisi- tion et d'établissement. Cette première entreprise va coû- ter au delà de #5000. On achète les oiseaux avec le revenu des licences de chasse, licences qui sont surtout accordées et surtout profitables dans la partie est du Kansas. Le Faisan est un très bel oiseau de chasse; et dans tous GLANURES SCIENTIFIQUES 18Ù des Etats où il s'est introduit, son établissement a été un succès. Au reste, on introduira aussi d’autres oiseaux dans les prairies. Ainsi, dans les mêmes prairies du Kansas, on introduit des Cailles bleues, qu’on a fait venir du Nouveau- Mexique ; seulement, ces Cailles bleues sont dirigées vers les parties occidentales, où les conditions atmosphériques sont à peu près les mêmes que celles de leur pays d’ort- vine. * * * UN GRAND PROJET D’'IRRIGATION C’est toujours l'Ouest qui se développe et crée des merveilles. Un projet est sur pied à Denver, Colorado, pour emmagasiner les eaux de la rivière Platte et, par ce moyen, soumettre à l’irrigation, par conséquent fertiliser un imillion d'actes de terre stérile. Le plan est de créer un réservoir long de 34 milles et «en moyenne profond de 35 pieds. On calcule que 40 mil- liards de pieds cubes d’eau de la rivière Platte sont perdus annuellement, et que cette quantité est amplement suff- sante pour l'irrigation d’un million d’acres de terre Une compagnie a été formée pour l’utilisation de ces terres sur lesquelles on coustruira des fésidences pour cent mille habitants. La dame coûtera $4,000,000, ce qui revient à $4.00 de l’acre pour la terre fertilisée. La terre, après irrigation, augmentera en valeur ; de là, soutce de profit. Aujour: d’hui cette terre stérile vaut à peine $2.00 où $3-00 l’acre Après irrigation, elle vaudra de $50 à $100 l’acre selon sa qualité. (Certaines pafties vaudront encote plus. De cette manière, il est évident que l’entreprise rappottera à ses contributeurs de larges profts, tout en constituant un bienfait public immense à raison de la vaste étendue ou- verte à la colonisation. À présent, on peut dire qu’il n'y a plus de bonnes terres de colonisation aux Etats-Unis. Cependant de telles O0 LÉ NATURALISTE CANADIEN terres sont en plus grande recherche que jamais. Les co lons en quête d'établissement devront donc se rabattre sur les terres d'irrigation, les seules disponibles. Ces terres: seront certainement occupées aussi vite que l’action privée ou l’action du gouvernement pourra les ouvrir. Il ya d’ailleurs, en réserve, des millions d’acres de terre qui attendent l'irrigation pour devenir fertiles. A ce point de vue, le développement de lFOuest américain ne fait que: commencer. LÆ CANADA ET LE COMMERCE DE FOURRURES Le Canada, ‘et spécialement la partie septentrionale, encore sauvage, est la dernière des grandes réserves de: fourrures du monde entier. En dépit du fait que le com- merce de fourrures y a été vigoureusement exercé depuis. au delà de trois siècles, il n’y a encore aucun sienne de déficit dans la quantité d'animaux, si ce n’est dans un petit nombre d'espèces. Le Bison, comme animal sauvage, à pratiquement disparu. Je Castor sera lui-même exter- iminé si on ne recourt pas à des mesures extraordinaires, pour le préserver. La Loutre de mier et le Renard argenté sont devenus très rares, depuis un certain nombre d'années. Mais il y a de vastes régions encore inexplorées, et la di- sette de fourrures, en général, n’est pas à craindre, d’ici à de longues années. Telles sont les vues exprimées naguère à Montréal par un M. R.-G. Groves, de Vancouver, qui est un spéci- aliste en fait de fourrures et qui parle d'après sa propre science et expérience. Quant aux mesures à prendre pour la conservation des animaux à fourrure, il avoue que l’on n'a encore rien ou presque rien fait à cet égard. La raison en est que lapprovisionnement du commerce ayant toujours été con- tinu et facile, personne jusqu'ici ne s’est trouvé en face d’une telle nécessité. Généralement, c’est quand il ne reste . GLANURES SCIENTIFIQUES 191 presque plus rien à conserver que l'on commence à parler de conservation, surtout à agir. Cependant il est remar- -quable que les sauvages, les premiers, paraissent déjà com- prendre la nécessité de la prudence, afin de se conserver des moyens d'existence en conservant les animaux qui leur donnent la fourrure du commerce; et ils prennent à cet effet des précautions que l’on pourrait à peine attendre de leur patt, étant donnée leur caractéristique imprévoyance. Voici comment le commerce de fourrures est prati- qué avec les sauvages : ils apportent deurs peaux aux dif férents postes et les échangent pour des marchandises. C’est un simple trafic. L’étalon de valeur, selon les en- droits, sera une peau de Castor, ou une peau de Marte, ou une peau de Renard rouge. L’apparence actuelle pour le commerce est-elle bonne ? Elle est excellente. [1 demande pour les fourrures aug- mente sans cesse, non seulement dans les pays où elles sont nécessaires comime vêtements, pour protéger contre le froid, mais dans d’autres où elles sont portées comme at: ticle de luxe et d’oraement. Cette demande croissante est probablement le résultat de 1a prospérité générale qui rè- ‘ne actuellement des deux côtés de l'Atlantique. La fin de la guerre russo-japonaise peut aussi, partiellement, en être la cause, parce que la Russ'e est un des plus grands marchés de fourrures qne l’on connaisse dans l'univers. Fa HISTOIRE D'UN CAMÉLÉON Faute de pouvoir distinguer entre un anneau d’or à diamant et un collier d’or, que la petite créature avait cou- tume de porter au bout d’une jolie chaînette, un Caméléon fut dernièrement, pour un Monsieut KE. A. Crippen, hôte de l'hôtel Murray Hill, Omaha, la cause d’une demi-heure de très vive anxiété. Ce monsieur avait laissé son anneau dans le plat à savon, dans sa chambre. Quand il revint après le lunch, l'anneau avait disparu. Il chercha sans r92 LE NATCRALISTÉ CANADIEN succès dans toute la chambre, puis il appela le garçon à qui il déclara sa perte. Or le lave-mains sur lequel était le plat à savon se trouvait adossé à une fenêtre ouverte, protégée par un grillage en fil de fer. Sur ce grillage, le jeune homme aperçut le Caméléon du premier commis, un bijou vivant, qui avait déjà porté uu petit collier d’or au bout d’une chaïnette pour l’empêcher de se perdre: au loin. Eu ce moment la petite bête avait justement un anneau autour du cou, mais sans chaînette. (On examine ce collier : c’est l’anneau que l’on cherche Le Caméléon avait été dressé à mettre, à ôter de lui-mêime son collier ; et en vertu de son habitude, peut-être aussi fasciné par l’éclat de l’or et du diamant, 1l avait tout bonnement fait glisser par dessus sa tête l'anneau de M. Crippen, pris pour son propre collier ! B. n oo PUBLICATIONS REÇUES: J.-C, Chiapais, L' Œuvre des Ecoles ménagères agricoles. Québec, 1906. Cette brochure de l’assistant-commissaire de l'Industri: laitière du Canada contient une conférence prononcée, en juillet derni-r, Gurant la convention des missionnaires agricoies de la province de Québec. les idées qu'y exprime M. Chapais, sur la nécessité et les avantages de la bonne éducation ménagère, ont paru tellement justes aux missionnaires agricoles, qu’à l’issue de la conférence ces messieurs oit formulé le vœu de les voir de plus en plus mises en pratique. — Notes sur la Truffe, par M. Em. Boulanger (1904-1906). Lons-le- Sauuier, 1906. M. Boulanger a réuni dans cette plaquette plusieurs mémoires qu’il a présentés, depuis deux ans, à la Société mycologique de France, et où. sont consignés les résultats des intéressantes expériences qu’il a pour- suivies dans la culture de la Truffe. De belles planches hors texte ac- compagnent ces mémoires. — Recherches physiologiques sur les matières de réserves des arbres, par M. Jeclerc du Sablon. (Extrait du Tome XVI de la evnue générale de Botanique, Paris.) 35 pages in-8°. | ‘“ Je me suis proposé, dit l’auteur, de recherclier comment les réser- ves et, d'une façon générale, les substances pouvant servir d’aliment à la plante variaient pendant le cours d’une année dans les tiges, les racines: et les feuilles des arbres.’ Tel est l'intéressaut sujet de physiologie végétale qu'a traité M. Leclerc du Sablon dans le savant m£moire dont il a bien voulu nous envoyer un exemplaire. TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME XXXIII PAGR LE gt ET ETES OR PRES RS Le A RS A lmpratique de'l’histoire, naturelle ...0.. 4m... 4 M CRM Va MPa Se Re RE . . be anse decide Ouelest ce poisson ?...... ...... Lt Ne btelier 5 Chronique (H. Tilmans). ............ 6, 23, 35, 69, 85, 117, 132, 164, 177 les Rats au Manitoba. ...... .... ... D ro bobutioc one 0 UE 8 Où il est démontré qu’un entomologisie doit faire une collection SEE... dur niuna ve à Me ces aussa connus lp mai ce 9 Influence de la lune sur la végétation ..... PAS ne id ouh aà | 13 BIBPIGGRAPEREER de: 2 donasasie, noel 15, 45, 80, 96, 112, 128, 160, 176, 192 Le district minier de Cobalt (H. Nagant)...... ................... 17 Re chasse aux-inisectes: .:.2."2215400.. ue ds NO e ET PÉMPoISsoN SOlEIL 4. 6 den Pet ed 30 Nos fruits canadiens en Belgique (N. RE ter) ET MORE CT sésstin az La grande Lamproie de mer (L'abbé E. Roy)...... SAMIR TE NOR a De la chasse aux insectes... .. ...... Bo AA CE CL 38, S7 104 TABLE DES MATIÈRES Traité élémentaire de Zoologie et d'Hygiène................. 25, 43, 134 Les terres comestibles (H."Nagant).- 1..." Er ENENERERR PE 44 Nouvel ouvrage scientifique sur le lait...... ....................: 47 Migration des Hiboux blancs (C.-E. Dionne) .. ....... ........... 49 Le scintilloscope (H. Nagaut)........:........: "tr SI Un insecte étrange... OM . 2.1, CRE NN 55 Histoire d'un'entomologiste.#......,.1.. ... NE 58 Le Gulf-Streamise dérärngerait-1l ?:....420,1 21 SN PANNES 3 61 De l’origine des plantes rultivées ..... ....... .. 2" 64072 Atxamateurs d'listoirematurelle "FEMME EEE N ENTREE NET 65 Feu P.-H. Dumais ..... En : OR to ut € 67, 82 Hem C-Baillairent 2-00. : nc concu oncne. 67, 84 Congrès géologique international.... ............. 1 RÉECREE 67 Une enquête entomologique:Æ#. . ! °° MON SONORE 68 Les terres rares de la province de Québec (H. Nagant) ...... ..... 74 Oiseaux à vol NE SAME RON < OR DEA 3 NEMOTENER A TMNM EN E 79 Bniretard Chic Ha RE à cette M NOT ENTER 81 Les minuscules ouvriers de la terre...... Duus STONE 93 Contrepoison\ universel: "22%... 4er RP SAIOS A propos de pattes (Etude sur les pistes de quelques An L'abbé Em.-B. Gauvreau ....... see ee CREER 97 Station de Biologie maritime du Cause SES a - M lors L'arvéetmoniureries DOIS SM ICNCSR:. . TOR TR ONE se à BIT) Origine bactérienne des gommes vépainiee de 0 one TRS TII Let Tassock MORIN MIEL EURE. : 2, UTC PRES LÉ NÉE RES 113 Le marchand d'œufs de Fourmis. .. 7 ECC RE RER 120 les moyens de défense des insegtes 07 MST 122 Les Araignées à soie de Madagascar (J.-K. Whitby) 2 0 CORRE : st bed Extinction du Poisson blauc (L’abbé F.-X. Burque). .... ......., 129 Des fruits au Kilondike: 5.22... 1.8 CANON EEE 135 Les parures cruelles....... on A oo ose use eue SE RER 131 Reviviscence du Gordius ve 0 et de r ane In du blé niellé (EF. Maison)... h214.26e MR. . CREER NS EE NES 139 Pêche et rendement de la Baleine depuis le XVIIe siècle (E. Maison). 145 Glanures d'histoire naturelle (L'abbé F.-X. BRrQUE) s DES CES 152, 166, 187 Les Rois de Rats (A. Dollfus).2%....,.42.24), 2 cÉENeReS 156, 168 ILe massacre des oiseaux... 2... SSSR 158 L'Arachide (Pea-Nut).. 7-20... tr SR ie 159 Les Vers de terre ou Lombrics (G. Dusserre) ............ 161 Amos lecteurs Lee TRIER... NAN PRE 177 Ie Marmouth gelé de la Sibése É. .L ANNSNSRT ERATRSS à Les recherches botaniques d’un Chat .,.. ...... Lu 185 TABLE ALPHABÉTIQUE HÉPLÉEVALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX NOMS DE FAMILLES, DE GENRES ET D'ESPECES MENTIONNÉS DANS CH VOLUME NCHMAUS eue + 48 Actinidia polygama .... 185 ATÉMONIAEE Re acer 123 Agaricus campestris.......... 72 ATODIUL ce 110 ATACNYS HV DOSEA SL... 159 Balæna Biscayensis ... ...... 147 Bonasus Americauus.......... 129 CalOnDINUs HrSinUus 3 2.10! SASTATEAINES CAE, het 72 Champsosaurus...... 48 SE D LL Rd rto no 73 Colu:nba domestica 79 COIUIPbId SE 20 ER E. 80 Coregonus albus ...... 129 CoRvHANSiCorAutA, +... 56 CyraunosantnsirTex 7". 117 DITACHACNIASER EN 140 Elephas primigenius...... 179 ÉEVUMAIENS 2 LE De... 73 Feba vulgaris..... Se see se Filaria medinensis .... Fragaria vesca..... 72 Gordius aquaticus......... 139, 149 Hemerocampa leucostigma.... 114 Monohammus scutellatus..... 40 Mus decumanus........ 174 ARTS EE EE Ce ne ci MYStMOSUCRUS Ne 112 Necrobia rUfCOrUIS.......... 59 Nicotianatabacum ........... 73 PaTaArO MOSEA Re ee 36 Petromyzon marinus.......... 33 Phytosaane ts en 112 RATATGONAN EC RER EC NE 120 Rhytdodon nt 1.000. 112 Rhytinus borealis...... 129 RibeS UD TE 72 Sata lCeCTOPIR ET 7 Lriceratops Li. heu 118, 175 L'RICHMAYAISATE PE CE 73 Lea MAYS ER MEET re ERRATA Page 41, rère ligne, lisez : horrible mélange. 55, z3e ligne du bas, lisez : Saint-Roch de l’Achigan. ‘“ 120, 4e ligne, lisez: Bonasus. 4, 73e ligne, lisez : Callorhinus. AT 0 ALL __ 100125279 ) LA \ 29 NY os , È SZ PE d'ON \ & 1. « = nn 2 £ F= * Ps ASE CPE e- 2 LR - £ K # [0 D \ - £ er Sa = gr vi : , = _ : a 2 HS