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FOR EDVCATION
FOR SCIENCE

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THE AMERICAN MUSEUM
OF

NATURAL HISTORY

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NATURALISTE CANADIEN

BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES

SE RAPPORTANT À L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA

+0+
TOME QUARANTE-QUATRIÈME

(VINGT-QUATRIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE)

+0+

Le chanoïne V.-A. HUARD, directeur - propriétaire

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QUÉBEC

IMPRIMERIE LAFLAMME

1917-18

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NATURALISTE CANADIEN

Québec, Juillet 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 1

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

Le Vaturaliste canadien commence avec cette livraison
sa 44e année.

LES MOINEAUX

(Continué de la page 186 du volume précédent.)

J'ai parlé de base solide, et la seule que je dise solide peut
encore prêter à la discussion ou du moins à distinction. Voici
pourquoi. C’est ma conviction que le moineau est omnivore
en cas de nécessité, que jamais il ne se laisse mourir de faim
sans avoir tout essayé, et que s’il a des préférences, c’est
quand il a le choix. Cela est surtout vrai au temps des nids:
j'en ai vu porter des graines à leurs petits, et en repartant
faire tout à coup une pirouette dans l'air pour saisir un
insecte de passage. Or ceci n’est pas habituel chez les
moineaux : ils laissent à de plus agiles qu'eux la chasse
dans l'air ; ces exceptions s'expliquent par le fait que
des estomacs affamés attendent sans cesse de nouvelles
provisions. Les jeunes moineaux sont d’une voracité très au-
dessus de la moyenne ! Il ne serait donc pas étonnant de trou-
ver dans leur estomac un mélange de deux branches de
l'arbre de vie : dès lors l'examen pourrait amener une erreur.
Il pourrait aussi amener des résultats variables avec les
localités, les jours et même les heures du même jour. Ainsi

1—Juillet 1917.

2 LE NATURALISTE CANADIEN

donc dans un endroit où le grain abondera, si les insectes
sont rares, les parents affairés charrieront du grain; ce sera
l'inverse dans une localité où il y aura peu de grain et beau-
coup d'insectes. Et voilà deux ouvreurs d’estomacs disant
deux choses contraires et ayant raison tous les deux. Dans
une méme localité où les insectes auraient un petit nombre
d'espèces et un très grand nombre d'individus à vie éphé-
mère, pendant quelques jours les parents les cueilleraient à
la porte de la demeure, puis bientôt devraient chercher ‘une
autre nourriture. De même, ayant affaire à des insectes qui
se cachent à certaines heures, un estomac ouvert pourrait
donner de faux renseignements. Il ne faut pas oublier que
ventre affamé n’a pas d'oreille: l'oiseau au nid prend tout ce
qu'on lui donne: c’est aux parents à faire le choix; or leur
premier but est de satisfaire l'appétit, du moment que l’ali-
ment n’est pas nuisible, et même dans ce cas l'instinct peut
être mis en défaut. En voici un exemple dont j'ai été témoin.
Des passereaux de la famille des moineaux avaient niché
dans le creux d’un vieux cerisier. Il y avait douze petits,
piaillant à qui mieux mieux: le père et la mère étaient très
affairés : chenilles, mouches, insectes de toute espèce se suc-
cédaient avec une étonnante rapidité; et les petits criaient
toujours. J'étais monté à l’arbre plusieurs fois, j'avais vu
les aliments de très près et n'avais jamais remarqué autre
chose que des insectes: les provisions étaient retirées d’un
champ de choux où les chenilles abondaient et d’un tilleul
en fleur où voltigeaient des milliers d'insectes. Tilleul et
choux n'étaient pas à plus de deux cents pieds du nid. Or,
un jour, le père ayant pris une direction opposée pour sa
chasse passa près d’une fenêtre où séchaient deux fromages ;
il s'arrêta, en prit un morceau et s’en retourna au nid à
tire d'ailes; je ne sais par quel langage, mais il fit connaître
sa découverte à sa compagne: cinq minutes après père et
mère allaient s’approvisionner au nouveau magasin. (C’é-
tait un va-et-vient ininterrompu, du nid à la fenêtre et de

© LES MOINEAUX à

‘la fenêtre au nid. Les fromages n'étant qu’à trois cents
pieds, chaque oiseau ne faisait pas moins d’un voyage par
deux minutes. Le lendemain matin toute la nichée était
morte. Les parents en deuil retournèrent au tilleul et aux
choux. La mort des petits fut attribuée au fromage salé.
Ce ‘que je nôte ici, c’est ce changement subit d'alimentation
| en face de la faim et d’une proie abondante ét facile. Que
le ‘fait soit possible pour le moineau déjà prédisposé par
P'élasticité de son estomac, je n’en doute pas. Voici d’ail-
leurs qui le prouve. Sur un chemin sablonneux, trois
‘moineaux se promènent, une mère et deux jeunes. Les
petits ont faim; les ailes basses et agitées, la bouche ouverte,
la voix Sibotiatité, ils demandent à manger. La mère
cherche, mais en vain, pas de grain, pas d’insectes, pas
d'herbe; son cri maternel et compatissant exhorte à la
Aattence, les petits supplient toujours et se traînent misé-
rablement. Alors la mère prend quelque chose à terre et
le dépose dans le bec du plus affamé; l’autre qui a vu re-
double ses efforts : il reçoit aussi quelque chose. Mais ni
l’un ni l’autre n’est apaisé; de nouveau, la mère prenà sur
le chemin et dépose dans le bec; une troisième, une qua-
trième, une cinquième fois la manœuvre se répète. Qu’ont
reçu ses petits? Des grains de sable, des petits cailloux.
Pour m'en assurer, je m’empare d’une victime et je l’im-
mole. Du sable avait été avalé. Il faudrait donc être très
prudent dans l'examen des jeunes pris au nid. Toutefois,
si un grand nombre d’estomacs de jeunes moineaux con-
sultés pendant toute la période des nids et à toutes les
heures du jour établissent la prédominance de l’insecte sur
le règne végétal, ce serait un excellent argument en faveur
de l’inculpé: parce que les nids sont prêts quand les feuilles
et les fleurs redoutent le plus les insectes.

Je n’ai trouvé nulle part établi par des documents cer-
tains que le moineau est avant tout insectivore. A priori,

4 LE NATURALISTE CANADIEN

vu le temps très long qu'il doit passer sans insecte dans
notre climat rigoureux, je penserais qu’il est plutôt végé-
tarien; en l’observant de très près dans les jardins et sur
le bord des chemins, à l’époque où les insectes sont spécia-
lement nombreux, j'arrive à la même conclusion. En tout
cas, s’il est insectivore à ses heures, il ne mange pas le
premier venu: ainsi il ne touche pas à la Doryphore à 10
lignes: cette année même où ces coléoptères pullulaient
dans un champ de pommes de terre et sur du tabac d’odeur,
je n'ai pas vu un seul moineau les approcher: et pourtant
les moineaux se comptaient par centaines dans le même
jardin. Ils font aussi bon ménage avec, le papillon du
chou: il est vrai que la forme et la poussière de ce papillon
s'y opposent peut-être. D'ailleurs, je n’ai jamais vu de
moineau mauger des papillons. Il est vrai qu’ils ne sont
pas obligés de m’avertir pour cela. En tout cas, j'ai vu
cette année des centaines de moineaux et autant de papil-
lons vivant en paix et voltigeant dans le même jardin.
Quant aux chenilles, celles qui sont poilues semblent à
l'abri des moineaux. J'ai vu beaucoup de ces chenilles se
promenant paisiblement sur des plantes et sur les chemins
tout près de moineaux cherchant leur nourriture: jamais
je n'ai vu un inoineau manger une de ces chenilles: peut-
être qu’ils les auraient mangéess1je n'avais pas été là. Mais
enfin, j'étais là et ils ne les mangeaient pas. Je n'oserais
pas uier qu’ils dévorent les chenilles du chou: dans ce cas
ils rendraient un grand service. J'ai vu cette année beau-
coup de chenilles, peu de choux et beaucoup de moineaux.
Les choux-fleurs ont été fortement endommagés par les
chenilles, et pourtant les moineaux allaient fréquemment
sur les choux et autour: cela prouverait que les moineaux
respectent les chenilles. J'ai vu aussi des choux très près
de moi, et sur ces choux des chenilles, et près de ces che-
nilles des moineaux qui ne les mangeaient pas: peut-être

LES MOINEAUX 5

était-ce ma faute? Cependant en cela la cause des moineaux
m'est pas perdue: les choux-fleurs dont je parle étaient dé-
vorés surtout à l’intérieur. Or, j'ai remarqué que les moi-
neaux visitent surtout les feuilles extérieures; d’autre part
sur les feuilles intérieures on voit parfois des chenilles, et
j'ai ainsi raisonné: Les moineaux ont mangé les chenilles
des feuilles extérieures et ont craint de s’embarrasser dans
les feuilles intérieures. Maïis-tous n’admettent pas ce raïi-
sonnement, parce qu’on peut tout aussi bien supposer et
même constater que les cherilles se tiennent plutôt sur les
feuilles intérieures, sans toutefois s'attaquer d’abord à la
fleur. Près des choux-fleurs il y avait des choux à boule,
de couléur violette; sur ceux-ci j'ai trouvé peu de chenilles,
les moineaux les visitaient aussi moins souvent que les
autres: de ce fait j'ai tiré un argument en faveur des moi-
neaux : ils allaient sur les choux-fleurs à cause des chenil-
les. D'ailleurs quand même ils ne mangeraient pas les
chenilles, il y a tant d’autres insectes près des choux et
sur les choux qu’ils peuvent en manger un grand nombre
quand ils se promènent tout près. Seulement la question
se représente: iront-1is vers les choux s'ils trouvent un
champ de grain à leur portée? Plusieurs faits me suggè-
rent une réponse négative. Ainsi, dans un jardin, j'ai mis
des grains d'avoine; dès que les imoineaux l’ont eu remar-
qué, ils ont tout quitté pour l’avoine. Et quand ils
l'avaient toute consommée, ils ne s'éloignaient que peu à
peu, revenant de temps en temps s'assurer qu’il n’en res-
tait plus ou qu’on n’en avait pas remis. J'en remettais un
peu plus tard: quand elle était découverte les mêmes céré-
monies se renouvelaient. Pendant quelque temps, j'en
mettais régulièrement: les moineaux qui l’apercevaient
d’abord ne s’éloignaient plus tant qu’il y en avait: bientôt
le nombre augmentait et une poignée d’avoine disparaissait
en une demi-heure. J'ai répété la même expérience avec

€ LE NATURALISTE CANADIEN

du pain, et les résultats ont été identiques. Or, dans
ce jardin, il y avait des chenilles en grand nombre, des
insectes de toute espèce mangeant feuilles et fleurs. Qu’on
me dise après cela que les moineaux sont avant tout insec-
tivores... On prétendra peut-être que ces insectes n'étaient
pas ceux que les moineaux aiment... je m'en doute bien
un peu, puisqu'ils les laissaient pour l’avoine et le pain;
mais si l’on admet que le moineau est spécialiste en insec-
tes, qu’on cherche l'espèce qu’il aime. Si par hasard cette
espèce n’habitait pas notre pays, je demanderais pourquoi
nous laissons le moineau se multiplier dans de telles pro-
portions. Je cite un dernier fait: au mois d'août, un champ
de choux a été dévoré dans la proportion de 60 à 907 par
des milliers de chenilles de la Piéride; cependant des moi-
neaux s’abattaient par centaines sur des tomates, sur de
l’herbe fauchée, sur du maïs. Or les tomates étaient con-
tiguës aux choux sur un côté, le maïs sur l’autre, l'herbe
fauchée était à 50 pieds. L'œil ne découvrait que de rares
iusectes sur les tomates et le maïs: les moineaux ne les
mangeaient pas: ils cherchaient des graines et de la ver-
dure. J'ai attiré l'attention de plusieurs témoins sur le
fait: et la réputation des moineaux n’y a rien gagné. Par
contre deux petits Rossignols avaient abandonné les graines
pour manger des chenilles. Je crois pourtant que le moi-
neau préfère la chenille de la Piéride à toute autre, s’il en
préfère une; il est probable qu’au temps des nids cette
nourriture facile aurait été mise à profit. —D'après les ob-
servations citées, ai-je le droit de conclure que le moineau
est plutôt granivore qu’insectivore? Il n’y a là qu’une
forte présomption...Je conclurai simplement que le con-
traire ne me paraît pas prouvé et je demande une enquête,
faite en prenant les précautions minutieuses que deman-
dent les innombrables causes d’erreur signalées plus haut.
Si l’on établissait que le moineau, même granivore, nour-

LES MOINEAUX 7

rit surtout sa couvée avec des insectes, je ne serais pas sur-
pris. L’assimilation du règne animal par le règne animal
étant plus facile et plus rapide; le dégagement de chaleur
étant conséquemment plus considérable; il n’y aurait là
qu’une application de cette loi qui sait rendre l'instinct
inconséquent et variable pour l’adapter aux besoins de
ceux qu’il conduit. Maïs l’oiseau n’a pas que ses petits à
nourrir, et puis le temps des nids n’est pas tout le temps
de l’année.

Le moineau granivore... ce serait un sujet de réflexions
pour l’agriculteur. Je mesuis déjà servi du mot végétarien
qui est beaucoup plus élastique. Je m’autorisais d’obser-
vations faites l'hiver: cependant dans tout ce que je lui ai
vu engloutir, j'ai surtout remarqué le pain; je n’oserais
même pas affirmer qu'il prenne autre chose que du pain
dans les déchets : en tout cas il est dans la nécessité, et la
preuve en est dans ce fait qu’il quête alors sa nourriture
dans des recoins où on ne le voit jamais en été. Son amour
du pain pourrait le laisser au rang des granivores pour
ceux qui n’admettraient pas le changement essentiel dans
la panification. Mais le moineau est plus que granivore :
il est herbivore! Que la chose étoune ou non, je suis à même
de le prouver solidement. Et d’abord avez-vous observé
cet oiseau au printemps, de bonne heure, avant que les in-
sectes soient apparus, quand sortent les premiers bourgeons
des arbres les plus précoces? Ecoutez et regardez ces coups
de bec et voyer tomber des débris ! Qu'est-ce qui se passe?
D'’aucuns vous diront que le moineau fait la chasse aux
insectes. Chasse originale, en vérité ; il protège à tout
jamais le bourgeon en le faisant disparaître. Ne dites pas
qu’il a cassé le bourgeon en mangeant l’insecte ; car notez
que je parle des premiers bourgeons des plantes les plus
précoces : le temps est encore trop froid pour les insectes
et les meilleurs yeux de l’homme n’en remarquent point,

8 LE NATURALISTE CANADIEN

Si vous me dites que le moineau en voit quand même ou
qu’il devine, ou qu’il sent les œufs placés là en automne,
je n'ai rien à répondre et je suppose que vous êtes capable
de prouver. Mais il me reste un doute: les débris qui
sont tombés sous les coups vigoureux du bec, que sont-ils ?
Examinez : ce ne sont pas des bourgeons : ce sont simple-
ment les feuilles extérieures, c’est l'enveloppe du bourgeon,
c'est-à-dire la partie la moins tendre. Où est le reste?
Sans doute l’insecte l'avait dévoré avant que le moineau
arrive? J'aimerais à le croire, maïs je ne le puis pas. J'ai
souvent examiné des jeunes ormes où les moineaux ve-
naient becqueter et j'ai trouvé les bourgeons entiers et
sains. Le moineau mange bel et bien la partie intérieure.
Ce n’est d’ailleurs pas seulement là-dessus que repose mon
accusation. J'ai vu maintes fois, à quelques pieds de moi,
ces jeunes brigands couper et avaler la tête et les feuilles
des jeunes plantes: beaucoup de personnes que j'ai consul-
tées ont fait la même constatation. On peut bien supposer
que c'est en attendant les insectes, et que les moineaux
nous font seulement payer d'avance une partie des services
qu'ils nous rendent; mais par ailleurs ces services sont
discutables, il est bon de ne pas nous en laisser imposer.
Il convient de multiplier les observations à ce sujet, car il
y a une source de méprise regrettable. Aïnsi un jardinier
a une confiance absolue dans les moineaux et il a dans des
couches de superbes petites plantes. Or, voilà qu’un jour
à son approche des moineaux sortent des couches et les
plantes sont ravagées, la tête a été coupée, lés feuilles
mangées... Ah! les insectes, s’écrie notre homme... et il
se met à leur recherche... pas d'insectes... Les moineaux
les ont tous dévorés, se dit-il, et moitié triste, moitié con-
tent il s’en va. A peine a-t-il tourné le dos que les moi-
neaux reviennent. Mais notre brave homme les bénit et
maudit les insectes. Or, les coupables, ce sont les moi-

et

LES MOINEAUX 9

neaux. L'aventure m'est arrivée. J'avais repiqué un bel
échantillon de menthe, A/zn{a piperita, je la surveillais avec
soin: un jour je remarquai quatre feuilles à moitié dévo-
tées: j'accusai les insectes; je cherchai minutieusement,
mais n’en découvris pas un seul; pensant qu’ils s'étaient
cachés, je revins à diverses heures du matin au soir, je ne
trouvai rien. Je revins le lendemain; quatre moineaux
s’amusaient près de la menthe: ce sont eux qui ont mangé
les insectes, me dis-je? Je me dissimulai derrière un arbre
dans l’espoir de contempler bientôt le châtiment des cou-
pables, s'il y en avait. Tout à coup ils se mettent à bec-
queter: en quelques instants deux feuilles disparurent.
Indigné, je m’élançai: j'examinai, mais ne vis pas un seul
insecte. Je pris alors une décision héroïque: sacrifier la
menthe et voir ce que feraient les moineaux. Ce qu’ils
ont fait ?... ils ont tout mangé, y compris les branches et
la tige jusqu’à la terre. Je les ai vus faire, caché derrière
une haie, à cinq pieds. Il est impossible de nier, impos-
sible de douter. Mon amour pour les moineaux me suggé-
rait des excuses. Après tout, c’est peut-être une exception,
la menthe est coupable à cause de son odeur. Ces moi-
neaux étaient malades et la menthe était le seul remède
efficace... Je devais apprendre bientôt qu'il n’en était rien.
Un mois plus tard je remarquai deux beaux ricins horri-
blement mutiés: des feuilles, surtout des plus jeunes et
par suite des plus tendres, il ne restait que les grosses ner-
vures. Encore les insectes. (Or l’examen des feuilles me
prouva que les moineaux étaient venus là : des traces trop
bien connues le certifiaient. Le souvenir de la menthe
était encore vivace... auraient-ils besoin aussi de ricin
pour se guérir? Si les feuilles sont aussi purgatives que
lés graines, ce n’est pas impossible? Je me mis en obser-
vation: ce ne fut pas long. Les moineaux s’installaient
sur le pétiole ou les plus robustes nervures, et par de vigou-

10 LE NATURALISTE CANADIEN

reux coups de becs distribués à droite et à gauche faisaient.
rapidement un passage pour l'air... J'ai vu manger mes
ricins comme j'avais vu manger ma menthe ; toute la partie
tendre a été dévorée. J'avoue que cette fois je ne cherchai
pas d’excuse. D'ailleurs le temps m’eut manqué: presque
simultanément j'eus à constater et à déplorer un autre bri-
gandage. Je m'étais mis dans la tête de cultiver un pew
de tabac pour étudier cette plante et essayer les principes
indiqués par M. Charlon, le chef bien connu de la division
du tabac de la Ferme expérimentale centrale. J'avais
trente pieds, vingt de cannelle et dix Comstock Spanish :
tous poussaient avec une vigueur merveilleuse. J'étais
décidé à les protéger des insectes et les examinais souvent.
Or, une après-midi vers quatre heures, j’en approchaïis quand
une bande de cent à cent cinquante moineaux en sortit.
Tant de moineaux pour trente pieds, où je n’avais vu aucun
insecte; c'était un peu fort! Ma menthe, mou ricin, mon
tabac allaient-ils aussi y passer? Hélas! oui, il ya passé! Ils
ont perforé les feuilles en mille endroits, ce qui a fait jaunir
le bord des plaies; ils ont cassé plus de cent feuilles en
s’'amoncelant sur elles. Tout a été ruiné... Je les ai vus,
impossible de douter ou de nier. Les moineaux chique-
reient-ils puisqu'ils ne peuvent pas fumer ? Leur faudrait-
il aussi du tabac comme remède? Je les ai vus manger de
la rhubarbe à quelques pieds de moi: je les ai vus perforer
des feuilles de chou. Je me demande si certains dommages
attribués à la chenille du chou ne devraient pas être mis
sur le compte du moineau. Je parle ici des vides faits dans
la feuille sans qu'on voit ni chenilles ni preuves de leurs
passages. Nous ferons bien d’avoir un œil ouvert de ce
côté! Un jour, je remarquai que deux marronniers avaient
été dépouillés de leurs fenilles au sommet, et quelqu'un
m'assura que c'était l’œuvre des moineaux. Je n’ai pu
vérifier personnellement: mais ce que j'ai vu est plus que

LES MOINEAUX II

suffisant pour me rendre défiant sur l’universalité des ser-
vices que nous rend cet hôte. Il faut noter que les dépré-
dations signalées ont eu lieu en plein été; la menthe a été
dévorée en juin; les ricins ont été mangés en juillet; le
tabac entamé en juillet a été abîmé en août. Il est évi-
dent aussi que les moineaux n’ont pas choisi ces plantes
pour éprouver ma patience ou me fournir un sujet d’obser-
vation... D'autre part, le jardin ne manquait pas d'insectes,
je l’ai déjà dit, et dans le temps où ces brigands mangeaient
mon ricin, les chenilles du chou pullulaient! J'ai pourtant
concédé plus haut qu’il mangeait cette chenille: il n’a pas
l'air pressé... Je me crois donc en droit de conclure que le
moineau n’est pas insectivore avant tout: j’ai déjà montré
qu’il est aussi granivore. Je l’appelle omnivore, maïs sur-
tout végétarien. L'observation me ramène à cette con-
clusion. Pour ne pas exagérer, je répèterai simplement :
observons attentivement et interrogeons les estomacs.

J'ai été déjà bien long. Hélas! jew’aipasfini. Je dois
formuler une autre accusation très grave. Avant de la
préciser, permettez-moi de citer un petit fait. Je l’extrais
de l’ouvrage d’un observateur parisien, de celui même que
nous avons entendu plaider la cause des moineaux et nous
rappeler l’histoire de Frédéric le Grand. Il y avait un nid
d'hirondelles près de la fenêtre de sa chambre, et sans
quitter son bureau l'observateur faisait de l’ornithologie.
Laissons-le parler : ‘Je commençais à travailler, et j'avais
déjà écrit quelques lignes, quand tout à coup un bruit
étrange m’interrompit et me fit laisser la plume.

“Te me penchai vers le balcon et je vis deux moineaux
qui attaquaient l’hirondelle femelle restée seule au logis.
Cramponnés au nid, ils frappaient à grands coups de bec
la pauvrette, qui cherchait sans doute à se défendre, lui
arrachaient les plumes de la tête, et finirent par la mal-
mener de telle façon qu'il fallut qu’elle leur abandonnât

12 LH NATURALISTE CANADIEN

la place. Quand ils la virent réduite à battre la chamade,
ils se rangèrent pour lui permettre de fuir, entrèrent dans
le nid, en jetèrent dehors les œufs et se blottirent de façon
à barrer l’étroite entrée du logis volé: en y plaçant leurs
deux robustes becs.” R. 16.

Très joli, n'est-ce pas, comme histoire. Mais il y a une
morale. Les moineaux chassent les hirondelles, jettent
dehors leurs œufs et prennent leur nid. KEt maintenant
voici mon accusation : le moineau est autoritaire et tyran:
il ne supporte à peu près aucun oiseau dans ce qu’il croit
son empire, et pour exiler ses rivaux tous les moyens lui
sont bous. L'exemple cité est absolument caractéristique.
Quel mal l’hirondelle peut-elle causer aux moineaux ? Elle
ne lui enlève pas sa nourriture et n’est pas chicanière.
Dans l'histoire rapportée plus haut, les victimes s’en allè-
rent chercher de nombreuses compagnes et toutes ensemble
fermèrent leur nid volé, emprisonnèrent les deux brigands;
c'était justice. Le fait est cependant rare. Les hiron-
delles quittent plutôt la place que de batailler. Dans nos
villes, ces brigandages nous sont inconnus parce que les
hirondelles n’approchent pas. Je regarde comme certain
que leur éloignement est uniquement causé par le moineau.
Plusieurs espèces vivent volontiers près de l’homme et ni-
chent facilement autour des villes. Actuellement, pour
voir des nids d'hirondelles, il faut s'éloigner assez des
centres pour ne plus trouver presque de nids de moineaux.
Le tort causé à l’agriculture par la destruction des œufs
ne saurait être exagéré. Pour un nid d’hirondelles j'en
donnerais au moins cinq de moineaux au point de vue
économique Peut-être devrais-je les donner tous? Il est
vrai que l'hirondelle chasse plus dans l’air que sur les
arbres et dans les champs. Maïs par contre elle mange
incomparablement plus d’insectes. D'ailleurs plusieurs
espèces, celles précisément que chasse le moineau, restent

LES MOINEAUX 13

autour des habitations, volent à travers les arbres où elles se
posent parfois, et souvent descendent près de terre, A la
campagne, dans les villages envahis par le moineau, le
nombre des hirondelles diminue rapidement. Je n’ai pu
constater personnellement que deux ou trois cas de brigan-
dage, n’ayantfpas vécu dans les campagnes canadiennes,
mais beaucoup de gens que j'ai interrogés sont indignés de
la conduite des moineaux envers ces aimables et utiles
créatures, et les cas d'expulsion de domicile sont loin d’être
rares. La question mérite d’être examinée de près.

Et puis, il n’y a pas que l’hirondelle à souffrir de sa ty-
rannie. J'ai dit que le moineau ne tolère à peu près aucun
oiseau autour de lui. Je connais trois exceptions: la grive,
la fauvette jaune et le rossignol ou pinson chanteur. Je
ne parle pas du chardonneret qui fait de rapides visites
près des habitations, mais s’en retourne promptement aba-
sourdi: par le cri des moineaux.

La grive est attaquée par les moineaux, c’est indéniable.
Je n’ai jamais vu un moineau seul poursuivre une grive,
mais j'ai Souvent vu une seule grive poursuivie par une
dizaine de moineaux. Aussi ne voit-on pas la grive aux
endroits où fourimillent les moineaux: elle cherche sa
nourriture à l'écart des attroupements. Si c’est dans un en-
droit découvert, vous verrez de toutes parts les moineaux
accourir : ils ne disent rien d’abord, ils mangent ou feignent
de manger, suivant la grive de près, la cernant peu à peu.
Bientôt celle-ci s’en va, très probablement effrayée par le
nombre ; la plupart du temps les moineaux la suivent en
piaillant, et en la menaçant. On comprend que la vie soit
pénible. Aussi la grive se multiplie peu près des villes,
malgré la protection que lui accordent la plupart des jar-
diniers. Il est vrai qu’au temps des fruits elle lève un
impôt que beaucoup trouvent exorbitant: mais on accuse
le moineau du même défaut. D'ailleurs je ne veux pas
discuter cette question: je voulais simplement montrer

14 LE NATURALISTE CANADIEN

que le moineau chasse la grive. Si c’est un oiseau nuisible,
le moineau nous rend un service; mais si ‘c’est un oiseau
utile, le mcineau est coupable. Fe FONTANEL, S. 1 À

(A suivre.) :

ne 00 =

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA.
(Continuëé de la page 175 du volume. précèdent) ?

“22 .

Agabus punctatus Melsh. .
Proc. Acad. Nat. Sci. Phil. 2, p. 27. 1844.
Habitat : Québec.
A. punctulatus Aubé.
Spec. Gen. p. 332.
Habitat: Labrador, Terre-Neuve, Québec, Ontario, Mani-
toba, Alberta, Territoires du Nord-Ouest.
A. rectus Lec.
Proc. Phil. Acad. Nat. SC1.:1858;4pt 226,
Habitat : Colombie-Anglaise.
A. reticulatus Kby.
Fauna Bor. Am. Insecta, p. 71.
Habitat: Labrador, Terre-Neuve, Ontario, Alaska, Mani-
toba.
A. scapularis Mann.
Bull. Mosc. 2, p. 303. 1852.
Habitat: Alaska, Colombie-Anglaise.
A. semipunctatus Kby.
Faun. Bor. Am. 4, p. 60. 1837.
. Habitat : Labrador, Québec, Ontario, Nouvelle-Ecosse, Ma-
| nitoba, Colombie-Anglaise, Alaska.

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 15

A, semivittatus Lec.
Ann. Lyc. Kat. Hist. 5, p. 204. 1840.
Habitat : Québec.
À. seriatus Say.
Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 97. 1823.
Habitat : Terre-Neuve, Labrador, Québec, Ontario, Manito-
ba, Alberta, Territoires du Nord-Ouest.

A. stagninus Say.
Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 100.

Habitat : Ontario.

A. strigulosus Cr.
Trans. Am. Ent. a V. 1 D. 422)

Habitat: Alberta, Manitoba, Territoires du Nord-Ouest.

A. subfuscatus Sharp.
Trans. Roy. Soc. Dublin, p. 514. 1882.
t: Manitoba, Ontario.

A. subopacus Mann.
Bu:l. Mosc. 1853, 3, p. 157.

Habitat : Alaska.
À. tœniolatus Harris.
New Eng. Farmer. 7, p. 164.
Habitat : Cricrio.
À. tristis Aubé.
Spec. Gen., p. 356:
Habitat : Lab:ador, Québec, Ontario, Alaska.

17e genre

SCUTOPTERUS Esch.

Insectes de couleur noire, que l’on trouve sous toute sorte
de débris, le long des rives des lacs et des rivières.

16 © LE NATURALISTE CANADIEN

S. angustus Lec.
Agass. L. Sup., p. 213.
Habitat : Ontario.
S, hornti Cr.
Trans. Am. Ent. Soc. V. 4, p. 405.
Habitat : Ontario, Québec.
Jos.-I. BEAULNE.

(A suivre.)

= -—.O00\

PUBLICATIONS REÇUES

—(Ministère des Mines. Canada.)

Rapport annuel de la Production minérale au Canada durant l’année
1914. Ottawa. 1916.

W.Malcolm, Gisement de Pétrole et de Gaz d'Ontario et de Québec.
Ottawa. 1917.

— Premières \Semailles, par G Bouchard, professeur d’Agronomie à
l’école d’agriculture de Sainte Anne de la Pocatière. Québec. 1917.—
Prix franco: 30 sous.

Encore une jolie plaquette, que l’on ne pourra plus retrouver dans sa
bibliothèque, parce qu'elle ne porte pas son titre imprimé sur le dos.
C'est là heureusement le seul défaut de ce plaidoyer éloquent et ému,
en faveur de la vie rurale. Ce début de M Bouchard est plein de promes-
ses pour notre littérature agricole.

—(The Florida State Geological Survey.)

E. H. Sellards, Æ/uman remains from the pleistocene of Florida.

—Mineral Industries during 1915. —Thé Pebble phosphates of Flo-
rida. —Origin of the hard rock phosphate deposits of Florida.

Publications de grand intérêt scientifique.

—King C. Gillette, World Corporation. Boston, Mass.

Ouvrage d'économie politique qui nous paraît digne d’attention, mais
dont nous ne saurions étudier ici les théories.

—La Revue acadienne, publication mensuelle, fr.00 par année, 1918,
rue Saint-Denis, Montréal.

Le premier numéro de cette revue, dirigée par le Dr Edm.-D. Aucoin,
a paru au mois de janvier.

Nos meilleurs souhaits de succès au sympathique confrère.

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Aout 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 2

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

PROVANCHER A-T-IL ÉTÉ MÉCONNU ?

Certaine feuille hebdomadaire de Montréal — que, sui-
vant l’admirable exemple donné à cet égard par toute la
presse canadienne-française, nous ne voulons pas même
nommer, à Cause de la situation irrégulière où elle reste
vis-à-vis les autorités religieuses — s’est occupée en ces
derniers temps de nous et de Ja notice biographique que
nous consacrions, il y a quelques mois, dans /a Semaine
religieuse de Québec, à la mémoire de l’abbé Provancher.

11 ne nous déplaît certes pas que l’on fasse grand éloge
de Provancher, même dans ce milieu qui n’est pas le nôtre.
Maïs ce que nous ne pouvons tolérer, c’est que le journal en
question présente notre grand naturaliste comme victime,
en son temps, et depuis, de ‘“l’animosité cléricale”. Sans
vouloir entrer dans aucun détail là-dessus et en ce moment,
nous tenons à donner sur ce sujet le démenti le plus com-
plet à ce journal. Nous appartenons au clergé depuis plus
de quarante ans, et nous avons été l’intime ami de Provan-
cher durant les vingt dernières années de sa vie. Personne

2—Août 1917.

18 LE NATURALISTE CANADIEN è

ne saurait donc récuser notre témoignage, lorsque nous
affirmons, au contraire, qu’il a été toute sa vie, comme de-
puis sa mort, l’objet du respect et de l’admiration de ses
confrères, à cause du lustre que sa grande science, connue
universellement, jetait sur ses compatriotes.

SR OU

LES MOINEAUX

(Continuë de la page 14 du volume précédent.)

Le rossignol est un oiseau paisible, gracieux et utile: il
mange bien quelques graines, mais des petites et surtout
de la famille des plantes fourragères: à ce point de vue, il
ne saurait nuire à l'agriculteur près des villes. Par contre
il détruit beaucoup d'insectes. Comme il habite volontiers
dans les jardins et qu’il n'est pas farouche, nous pouvons
le compter parmi nos meilleurs aides. Or il ne se mul-
tiplie pas. Il n’est pas querelleur: 1l vivrait volontiers en
compaguie des moineaux: 1} marche parmi eux, sans s’oc-
cuper d'eux; parfois, d’un peu loin, on ne le distingue que
par ses petits sauts alertes. Il est assez rare que le moi-
neau l'attaque directement, maïs le fait n’est pas inconnu.
Le rossignol se défend alors de son mieux, mais pas long-
temps, parce qu’il n'aime pas la brutalité. Il est des cir-
constances où le moineau se fait réellement persécuteur :
c'est quand il est question d’estomac. Si plusieurs moi-
neaux avec un seu] ou plusieurs rossignols, ou même un
seul moineau et plusieurs rossignols font une découverte
en temps de disette, vous pouvez être sûr qu’il y aura ba-
taille et que le moineau emportera la proie. Le rossignol
alors se remettra à chercher, tandis que la lutte s’engagera
entre les brigands de la même famille. S'il y a quelque

LES MOINEAUX 19

part une source d’eau fraîche où viennent se désaltérer ros-
signols et moineaux pendant l'été, le rossignol réussira
difficilement tant qu’il y aura des moineaux près de lui:
s’il s’acharne, il saura ce qu’il en coûte de résister à des
tyrans !

Et la charmante fauvette jaune, qui surveille et protège
si bien nos arbres fruitiers et nos arbustes au temps de la
floraison, qui met tant d'adresse pour prendre l’insecte sans
blesser la fleur, qui saute d’une branche à l’autre avec une
infinie délicatesse, la verrons-nous partir de nos jardins et
de nos vergers! Confierons-nous au moineau le soin de
défendre nos pommiers? Non! mille fois non! Il est trop
gauche et trop pesant pour cette besogne. Et puis nous
connaissons son appétit : il pourrait bien couper le jeune
bourgeon ou la jeune fleurette pour la protéger plus effca-
cement! Si le moineau a des plaintes à formuler, ce n’est
pas contre la fauvette: il n’est pourtant pas rare de la voir
poursuivie. Serait-ce que le moineau voudrait avoir tous
les insectes pour lui ? Non, puisqu'il ne les mange pas tous.
D'ailleurs les endroits que fréquente le plus la fauvette
sont ceux mêmes où le moineau vole moins souvent: les
haïes, les taillis épais et en général les arbres au printemps.
C’est donc l’insatiable désir de régner, de dominer, et de
dominer seul qui le pousse. Nos fauvettes sont généra-
lement estimées et protégées : et pourtant leur nombre sem-
ble diminuer aux endroits où le moineau se multiplie dé-
mesurément. Je crois qu’il faut attribuer cette fuite moins
au manque de provisions qu’à la persécution. Sa patience
doit aussi avoir des bornes. |

Et qui donc résisterait ? Si jamais vous voyez un oiseau
nouveau s’aventurer dans un jardin où abondent les moi-
neaux, surveillez-le. Dès qu’il est aperçu il est entouré
par une dizaine de moineaux, quelquefois par un plus
grand nombre: un vacarme étourdissant commence ; les

20 LE NATURALISTE CANADIEN

moineaux dispersés joignent bientôt leur voix au chœur.
L'étranger surpris hésite, regarde, puis s'envole; on le
suit ; s’il se pose À terre, ou l’entoure de nouveau; s’il se
pose sur un arbre, les branches voisines sont accaparées
comme lieu d'observation. Si l'oiseau s'enfuit, on l’ac-
compagne quelque temps, puis le calme renaît. Le nou-
veau venu est évidemment persuadé qu’il est arrivé dans
un pays sauvage. Peut-être que tout ce bruit n’était qu’une
manière de manifester la joie et de recevoir cordialement
un nouveau frère. Je suis cependant un peu sceptique
sur cette question. La scène ne manque pas d’originalité,
et je l’ai,contemplée au printemps chaque fois qu’un oiseau
venant du Sud s’aventurait près des villes. L’an dernier
j'en fus témoin à trois reprises, avec un oiseau rouge que je
pris d’abord pour un cardinal, mais qui n’en était pas un;
je ne pus l’approcher assez pour l’identifier. Il n’est resté
d’ailleurs qu’une journée; je ne l'avais jamais vu et je ne
l’ai pas revu. Si le visiteur extraordinaire vit assez près
des villes, les moineaux Île laissent généralement en paix,
à moins que ce ne soit l'Emérillon, qui vient parfois prendre
un des leurs dans les jardins avoisinant Montréal. Dans
ce cas, c'est le cri de détresse qui circule, tandis que la vic-
time est emportée dans les airs.

En terminant ces notes sur la persécution par les moi-
neaux, il convient de préciser, parce que l'accord est loin
d’être parfait parmi les observateurs. Notons que s’il s’agit
de nids, le moineau n’usurpe que ceux qui remplissent
suffisamment les conditions requises pour le sien: une cer-
taine hauteur, généralement supérieure à dix pieds; un
endroit permettant d’amasser et de fixer une quantité
d'herbes et de divers matériaux qu’il croit nécessaires ;
dans les murs et sous les toits des maisons ; dans les vieil-
les masures ou les granges facilement accessibles, il résiste
difficilement à la tentation. Des oiseaux mentionnés plus

LES MOINEAUX 21

haut, l’hirondelle est évidemment celle qui lui offre plus
d'occasions. Pour elle, la persécution se fait de deux :
façons: par usurpation pendant l’absence et par brigan-
dage pendant l’occupation. L’hirondelle, devant émigrer
l'hiver, laisse son nid vide: le moinean en fait sa demeure
pendant la froide saison : dès lors il la croit sienne ; quand
les propriétaires arrivent, ils sont reçus à coups de bec. Si
deux moineaux en frais de chercher un abri pour une fa-
mille future aperçoivent un nid à leur convenance, maïs
habité, nous avons vu plus haut ce qu’ils font. La grive,
le rossignol, la fauvette jaune ont peu à craindre à ce point
de vue : je ne sache pas que des moineaux leur aient cherché
querelle pour leur nid: mais il est indéniable qu'iis les
agacent daus la vie ordinaire, et que, les voyant manger
près d'eux, ils les prennent pour des voleurs. Je crois
volontiers que la paix est beaucoup plus facile et rarement
troublée dans les endroits où les moineanx moins nombreux
w’ont pas à craindre le manque de nourriture. Leur har-
diesse et leur méchanceté, à mon avis, sont en grande par-
ties dues à leur nombre: c'est l’histoire des foules.
Jusqu'ici j'ai parlé contre le moineau. J'ai mis en lu-
mière plusieurs défauts sérieux. Qu’on ne m’accuse pas
d'ignorer ses qualités ou de les mépriser. Je vais essayer

de préciser ma position. Je ne nie pas qu’il mange des in-
sectes: je ne uie pas qu’il en mange beaucoup. J’admet-
trais même, avec M. de Quatrefages, qu’un couple de moi-
neaux apporte 5000 chenilles par semaine à la couvée, si
les chenilles qu’ils aiment sont à leur portée au temps des
nids ; maïs il ne me paraît pas démontré que le moineau
est avant tout insectivore ; je serais porté à croire le con-
traire : je le pense avant tout végétarien, maïs il est certai-
nement omnivore même en dehors des cas d’absolue néces-
sité. Par son caractère bataiïlleur, il rend la vie insuppor-
table aux autres oiseaux : 1l chasse directement les hiron-

22 LE NATURALISTE CANADIEN

delles pour usurper leurs nids; les oiseaux les plus paisi-
bles ne peuvent vivre dans son voisinage que loin des ras-
semblements; quant aux étrangers rares qui se reposent
quelque temps, il leur fait un accueil bruyant, qui est peut-
être sa manière de souhaiter la bienvenue, mais générale-
ment suffisant pour les effrayer.

N'oublions pas qu’il s'agit des moineaux des villes.
C'est contre eux que je maintiens ma thèse que je puis
maintenant énoncèr comme suit: jusqu’à preuve du cou-
traire, je dis que les services rendus par le moineau ne com
pensent pas les dommages qu’il cause surtout quand nous
le laissons trop se multiplier. Exception faites pour Îles
arbres à ombrage qui sout réduits à leur plus simple ex-
pression dans plusieurs villes, les jardins ont beaucoup
moins à redouter qu'ailleurs, parce que chacun n’ayant
qu’un petit espace, et la culture se faisant beaucoup plus
en intensité qu'en étendue, la surveillance plus assidue
pourrait suffire pour protéger la récolte. Vous me direz
que le moineau dispense de cette surveillance, qu’il sup-
prime la dépense pour insecticides, et qu’un nombre moin-
dre d'insectes peut faire plus de tort qu’à la campagne,
précisément parce que la culture est plus intense et aussi
parce que les produits de choix perdent toute leur valeur
par les moindres attaques. À ces objections je réponds:
1° que le moineau ne dispense pas du tout le jardinier de
la surveillance; d’abord parce qu’il ne marge pas n’im-
porte quel insecte, ensuite parce qu’il peut laisser un assez
graud nombre de la classe qu’il peut manger pour abîmer
et déprécier ses produits; 2° le moineau ne dispense pas
d’arroser s’il ne détruit pas tous les insectes nuisibles.
D'ailleurs quand même il en dispenserait, les dégâts qu’il
cause parmi les jeunes plantes du printemps et parmi les
graines à la fin de l’été, font beaucoup plus de tort à la
bourse du jardinier que n’en feraient les insecticides par

LES MOINEAUX 23

ailleurs aussi efficaces. À propos d’insecticides, on peut
bien se demander si les arbres de nos villes arrosés deux
fois dans l’année nous coûteraient plus cher que les colères
occasionnées par ces souvenirs qui tombent si désagréable-
ment sur les chemins et les bancs, quand ce n’est pas sur
nos habits et notre visage !.. Tout cela yaut bien quelque
chose. 3° J'admets volontiers que les produits sont dépréciés
par le passage des insectes ; mais si les moineaux ne man-
gent pas tous les insectes, si les arrosages sont quand même
nécessaires et tout aussi efficaces, l’objection tombe. Et
puis pensez à ma menthe, à mon ricin, à mes trente pieds
de tabac: ce sort les moineaux et non les insectes qui les
ont ravagés ; les choux dont j'ai vu percer les feuilles à
coups de bec ont aussi perdu de leur valeur !...

Je ne puis éluder la question des mauvaises graines.
Dans le “Catalogue des Oiseaux du Canada” de M. M.
Macoun, je lis cette phrase à propos du moïineau: ‘ Bien
que l’on parle mal de lui partout, il détruit néanmoins une
quantité énorme de mauvaises herbes nuisibles en man-
geant de leurs graines, dans les terres incultes et vides des
villes et des environs; aux mois de septembre, octobre et
novembre jusqu’à ce que la neige commence à tomb:r...??
Dans « Birds of Ontario in relation to Agriculture», M. Char-
les W. Nash a écrit : ‘ Le moineau domestique a cette qua-
lité particulière qu’il ne faudrait pas négliger, c’est qu’il
est friand des graines de la renouée et du dent-de-lion. Ces
plantes nuisibles apparaissent fréquemment sur nos boule-
vards et nos pelouses, et quelquefois détruisent complète-
ment le gazon. Aussitôt que les graines de ces plantes se
forment, les moineaux les découvrent; sans cesse ils les
visitent et les dévorent avidement, en diminuant ainsi le
nowbre dans une grande proportion et quelquefois les dé:
truisant complètement.” J'ai toujours attribué un grand
rôle au moineau vis-à-vis des mauvaises graines, à cause

24 LE NATURALISTE CANADIEN

même des observations qui me le faisaient croire grani-
vore plus qu’insectivore; et quand je vois tant de mau-
ses herbes dans nos jardins et dans nos lieux incultes, je
me demande parfois ce que nous ferions si nous n’avions
pas de moineaux. Maïs parfois aussi je me demande pour-
quoi nous avons tant de mauvaises herbes alors que nous
avous tant de moineaux! La réponse n’est pas si facile!...
Cependant je ne pense pas qu’on puisse blanchir suffisam-
ment le moineau. Je ferai d’abord une remarque. Autour
de Montréal, les jardiniers instruits et soigneux souffrent
peu des mauvaises herbes; les plus communes sont des an-
nuelles, surtout le pourpier, l’amarante à racine rouge et
le chou gras: le sarclage, habituel dans la culture intense,
en a vite raison. La source des mauvaises graines est sur-
tout dans le fumier vert: des jardiniers inexpérimentés ou
pas avertis enfouissent au printemps du fumier qu’ils re-
çoivent des écuries de la ville, sans le laisser pourrir, et
tous les ans ils empoisonnent leur terre, c’est leur expres-
sion. Les autres entassent et attendent au moins un an.
Que devient alors le rôle du moïineau? Sile jardin est bien
tenu, les mauvaises herbes ne montant jamais à graine,
leur secours est inutile. Pour le fumier, s’il est enfoui à
_ mesure qu’il arrive, les moineaux n’ont pas le temps de le
fouiller ; s’il est entassé, la fermentation détruira les grains;
et le moineau ne sera requis dans aucun cas. Son rôle de-
viendrait intéressant pour le cas où le fumier, gardé trop
peu de temps pour que la fermentation soit complète, res-
terait cependant suffisamment à sa portée pour lui permettre
Ja cueillette des graines. Mais ici se pose une question:
malgré ses goûts pour les dents-de-lion. et les renouées, le
moineau ne préfère-t-il pas l'avoine? Pour moi je suis con-
vaincu qu’il la préfère; de nombreuses observations me le
font croire. L’an dernier, un de mes amis voulut essayer
d’empoisonner les moineaux avec de la strychnine par l’in-

LES MOINEAUX 25

pi

termédiaire de l’avoine: à l'endroit et à l’époque où il
plaça l’avoine, il y avait beaucoup de graines de dent de-
lion sur les plantes et.sur un chemin voisin. Or, pendant
tout le temps que dura la provision d’avoine, je ne vis
jamais un seul moineau saluer les dents-de-lion. Jls tour-
uaient autour de la planche, regardaient rapidement autour
d’eux et se mettaient à table. Une fois l’estomac rempli,
ils ne prenaient même pas de dessert près des dents-de-lion :
ils s’en allaient jouer et digérer sur les arbres; vous vou-
driez savoir s’il en mourut beaucoup? Nous n’en trouvâ-
mes pas un seul mort: probablement parce que l’on avait
oublié la strychnine dans le laboratoire. Peu nous importe
ici d’ailleurs: ce que je concluai, c’est que le moineau pré-
férait l’avoine aux graines nuisibles. S'il aime plus les
renouées et les dents-de-lion que les autres mauvaises her-
bes et s’il préfère l’avoine aux dents-de-lion et aux renouées,
il s'eusuit logiquement qu’il prendra d’abord l’avoine dans
les mélanges et ne mangera les autres graines que si l’a-
voine lui manque. Or, près des villes, c’est surtout le fu-
mier de cheval qui est employé, et le fanmier de cheval con-
tient une proportion suffisante d'avoine mal digérée pour
nourrir les moineaux. Dès lors, il est bien permis de dou-
ter de la réalité des services din moinean dans cette ques-

tion. On im'objectera peut être que l'exemple donné pour

prouver Ja préférence du moineau pour l'avoine n’est pas
suffisant non seuleinent parce qu’il s'applique à un cas
isolé, mais aussi et surtout parce que le moineau a très bien
pu profiter de cette provision mise à sa’ portée, sûr de tou-
jours retrouver les graines des dents-de-lion quand il le
voudrait. J'aurais pu multiplier le nombre des exemples,
mais à quoi bon? Quant à l’idée qu'aurait eu le moineau
de profiter de l’occasion, je n’ai nas ciu devoir m’y arrêter.
Mettez devant un homme un mets orcinaire, près d’un
autre qui a ses préférences: qu’arrivera-t-il? Le moineau

26 LE NATURALISTE CANADIEN

se conduirait-il autrement? Ses meilleurs défenseurs lui
feraient injure en le pensaut. J'avoue d’ailleurs que bien
des causes peuvent agir qui nous sont souvent inconnues,
et un moineau qui préfère ceci aujourd’hui, peut très bien
rechercher cela demain. Quel dommage que ces oiseaux
ue parlent pas! Notre conclusion doit donc être la suivan-
te: 1l n’est pas démontré que le moineau préfère les graines
des mauvaises herbes à d’autres que l'homme n’est pas prêt
à lui sacrifier. Par ailleurs, ses préférences peuvent très
bien être pour des graines suffisamment abondantes autour
des villes pour l’alimenter. Le cas est particulièrement
frappant dans les petits villages où lés moineaux abondent
et où la culture des plantes à graines joue un rôle impor-
tant. Je l’ai constaté le loug du fleuve Saint-Laurent, sur
la rive sud entre Longueuil et Boucherville.

J'ai fait allusion en commençant au rôle hygiénique du
moineau par son alimentation durant l'hiver. Je crois que
c’est le moins étudié: et pour moi ce serait le meilleur ar-
gument en sa faveur. Le moineau est alors seul dans nos
villes, et nous ne pouvons plus dire que d’autres oiseaux
feraient son ouvrage: tous sont descendus vers le sud. Par
ailleurs il ne peut nuire dans les jardins couverts de neige.
En quoi consisterait son rôle? 1° Dans la destruction de
matières organiques indifférentes alors parce que le froid
paralyse les microorganismes, mais nuisibles au retour de la
chaleur printanière. Mais quelles matières organiques ab-
sorberait le moineau? Jusqu'à quel point nous rend-il ser-
vice ? Je n’ai pas suffisamment de documents et ceux que
je possède ne me permettent pas de répondre d’une manière
péremptoire. Je voudrais donc qu'on mul:ipliât les obser-
vations et l’expérimentatiou. (Cette expérimentation se-
rait double : elle cousisterait à interroger l'estomac et à
mettre à portée du imoineau diverses inatières pour voir
celles qu’il préfère et jusqu’à quel point il détruit les
nuisibles.

LES MOINEAUX 27

Le rôle hygiénique consisterait deuxièmement dans la
destruction des mouches et de leurs œufs. On voit fré-
quemment le moineau parcourir les gouttières, les fenê-
tres, les murs de maisons; ces coups de bec distribués
autour de lui portent à croire qu’il prend quelque chose :
mais que prend-il ? Des graines apportées par le vent, des
insectes engourdis, des nids d'insectes? Il n’est pas facile de
le. dire. J’en ai vus souvent sur ma fenêtre, tard en automne
et en hiver. Je les ai observés de très près. Je les ai vus
becqueter la pierre et le bois; mais je n’ai jamais pu m’as-
surer de ce qu’ils prenaient. Je crois qu’ils prenaient de
petits insectes engourdis ou des œufs, parce qu’ils semblaient
piquer plus souvent des petits abris naturels fournis par la
planche ou la pierre. Le moineau paraît se livrer à ce tra-
vail surtout aux endroits exposés au soleil, tant pour se ré-
chauffer que pour voir plus clair. Il faut dire aussi que les
rues et le fumier de cheval ont ses plus longues et ses plus
fréquentes visites: ce qui s’expliquerait d’un côté par la
rareté des vivres sur les murs, et de l’autre par ses préfé-
rences pour l’avoine et les graines.

Ai-je établi ma thèse? Plusieurs en douteront, parce que
quelques-unes de mes conclusions n'étaient pas assez affr-
matives. Pour qui a observé les moineaux et n’a aucun
parti pris, ma réserve paraîtra naturelle et nécessaire. Puis-
que je cherche à établir que le moineau est omnivore, puis-
qu’il est surtout granivore, je n’aplanis pas les difficultés
d'observation : je les multiplie. Avant d'entreprendre un
massacre, il faut réfléchir et prouver d’une façon indiscu-
table. Or, il est évidemment des points discutables : nous
l'avons vu. Si le mal causé et indiscutable peut être plus
que compensé par un bien douteux, nous devons d’abord
éclaircir le doute. Mais en limitant, comine je l’ai fait, mon
étude aux conditions spéciales des villes et des jardins
d’alentour, je crois pouvoir maintenir ma thèse: le bien
ne paraît pas compenser le mal.

28 LÉ NATURALISTE CANADIEN

Il me reste à expliquer une expression qui a pu paraître
claire et ne l’est ‘pas du tout. J'ai dit que les moineaux
sont d'autant plus nuisibles qu’ils sont plus nombreux :
un moineau mange une once d'avoine ; deux moineaux
mangeront deux onces d’avoine; quatre inoineaux mange-
ront quatre onces d’avoine : qu’y a-t il de plus simple? Or,
ce n’est pas là ma pensée: un moineau empêche un sou
d'entrer dans la bourse du jardinier, deux moineaux em-
pêcheront plus de deux sous d’entrer dans la même bourse,
et quatre moineaux beaucoup plus que quatre sous. Au-
trement dit les dommages montent plus vite que le nombre
des moineaux. La chose est assez facile à prouver. C’est
ici surtout qu’une comparaison entre la passion chez l’hom-
me et la passion chez le moineau nous servira. Prenez un
homme dépravé: s’il est seul, il fera du mal, mais dans un
cercle assez restreint ; donnez-lui un compagnon: l’exem-
ple, l'ambition aidant, 1l fera, pour son propre compte, plus
de mal qu’il n’en eût fait tout seul. Augmentez le nom-
bre, et le mal grandira dans des proportions effrayantes :
c'est l’histoire des foules aïffolées qui passent comme des
cyclones et détruisent tout; c’est l’histoire de l’eau venant
sous forme de vague pour détruire une terre, alors qu’elle
ne lui nuirait pas sous forme de pluie. (C’est peut-être
surtout l’histoire des enfants turbulents. aimables quand
ils sont seuls, iusupportables dès qu’ils sont groupés. Or
le moineau est un oiseau à groupes. Sans paraître avoir
de ch:f, il s'amasse naturellement par bandes: alors, c’est
l'ambition dans le tapage et l'émuiation dans le brigan-
dage. ‘Trois faits surtout nous montrent son instinct d'i-
mitation et de groupement. 1° Pendant la journée, s’ils
sont nombreux dans les arbres et qu’il y ait dans les envi-
rons des provisions abondantes ; près des granges, à la per-
te d’un poulailler ou dans un champ, vous les voyez s’a-
battre par bandes: ils hésitent d’abord, puis un se risque,

LES MOINEAUX 29

puis deux autres, puis quatre. bientôt c’est une avalanche.
2° Le soir, à des heures variables d’après la saison, entre
quatre et six heures au mois d'août: ce sont d'immenses
rassemblements, c'est une fête, un repos commun avant le
repos de la nuit. 3° Après ce repos les groupes se forment
dans les arbres voisins. Ce sont d’abord des hésitations,
des chicanes: des individus changent d’arbre à plusieurs
reprises: puis c’est un vacarme étourdissant, mais sans
déplacement : enfin à mesure que l'ombre s’épaissit, le si-
lence se fait, interrompu de temps en temps par des rêves
ou des disputes, parfois par des cris de désespoir et de
mort quand un oiseau de proie passant silencieusement
choisit quelques pièces pour lui et ses petits. Le matin,
au réveil, après les premiers saluts et les premières chica-
nes, quelques groupes se forment pour prendre ensemble le
déjeuner. Ces groupes sont assez peu importants, parce
que l’idée qui prime c’est de satisfaire l’estomac, et pour
cela beaucoup prennent la direction qui leur va. Cepen-
dant, j'ai essayé de mettre à leur portée des miettes de pain,
le soir, après leur coucher. Après deux ou trois jours, ils
avaient pris l'habitude de s’y rendre et le matin, à leur
lever, ils faisaient là leur première visite, par foules innom-
brables : après cinq minutes, il ne restait que la carte de
visite des plus polis! On les habitue facilement à faire le
soir uue dernière visite au même endroit: l’avidité du
moineau est alors plus grande et sa prudence moins minu-
tieuse: s’il devenait nécessaire de recourir à l'empoisonne-
ment, cette remarque pourrait être utilisée. Je n’ai rien à
dire des attroupements de la nuit: c’est là une question
pour les dormeurs ou les promeneurs des environs beau-
coup plus que pour les agriculteurs; mais je dois insister
sur l’instinct qui les assemble le soir et pendant le jour.
Et d’abord pendant le jour. Les rassemblements sem-
blent avoir pour but l’encouragement et l’audace dans la

30 LE NATURALISTE CANADIEN

perpétration du mal. S'ils se suivent et s’imitent, c’est
surtout pour s’abattre près d’un poulailler, sur un champ
de grain, etc. Cela se comprend, car le rassemblement n’au-
rait aucun sens pour faire la chasse d'insectes dispersés ou
la cueillette de graines uniformément répandues: ils s’a-
battent en nombre là où il y a abondance. Il s’en suit que
cet instinct les rend plus nuisibles. Il ne faudrait pas ici
exagérer ni conclure mal. On voit souvent le long des
rues les oiseaux s'envoler par bandes quand un bruit inso-
lite les surprend, pour revenir bientôt, dès que l’un d’eux
s’est risqué le premier. Il peut y avoir brigandage et ras-
semblements si le terrain est propice: mais il peut n’y
avoir aussi rien d’anormal; il peut même y avoir œuvre
utile si les oiseaux dispersés mangent des insectes ou des
graines de mauvaises herbes; mais ce n’est pas le cas que
je suppose : les moineaux habitent en nombre des arbres
tranquilles et de là s’abattent sur un terrain où nul bruit
ne les trouble: rassasiés, ils vont jouer dans les arbres,
puis tout à coup l’un d’eux descend et les autres le suivent.
C’est la nourriture abondante et facile qui les unit et les
tient dans les environs: et grâce à l'instinct de rassem-
blement, ils agissent toujours en bloc: dès que l’un a faim,
tous ont faim; et comme sur le nombre il y a toujours
quelqu'un qui a faim, les visites aux provisions sont fré-
quentes. Les poules en savent quelque chose!

P. FONTANEL, S. J.
Collège Sainte-Marie, Montréal.

(A suivre.)

PUBLICATIONS REÇUES 31

PUBLICATIONS REÇUES

— Annuaire statistique. 3e année, Québec, 1916 (Secrétariat provincial.
Bureau des Statistiques.)

Très utile publication, d’une. documentation abondante. Nous y re-
marquons une étude de M. A. Bédard, sur les forêts de la Province, et
un mémoire de M. E.-T.-D. Chambers! sur la pisciculture dans la Pro-
vince.

—11th Report of the Michigan Academy of Science (Darwin Centenary
Publication). 1909.

12th Report. 1910. :

A signaler, dans le 11e Rapport, une Clef systématique des Gastro-
podes du Michigan ; dans le 12e, une liste des Crustacés du Michigan.

—-Archivos do Museu do Rio de Janeiro. Vol. XVII, 19175.

Monumental volume in-40, mais dont les pages ne sont pas numéro-
tées. Il contient surtout la suite des ‘poissons du Brésil”, par M.
Al. de Miranda Ribeiro, illustrée de nombreuses et belles gravures.
Suit une-étude de la taxidermie telle que pratiquée au musée de Rio
de Janeiro.

— Bulletin paroissial de Charlesbourg, par le chanoine D. Gesselin,
pour l’année 1916. Québec, 1917. j

C'est la douzième fois que paraît ce bulletin annuel, et c’est, croyons-
nous, le doyen de, nos publications de ce genre. Les réflexions piquan-
tes et judicieuses sur les événements généraux de l’année, dont sont
parsemés les statistiques et autres renseignements sur les choses locales,
font que l'on parcourt à la fin chacune des 40 pages de la plaquette — et
le tour (de l'auteur) est joué.

—(Ministère des Mines Ottawa.)

Catalogue des Publications en français. 1917.

Stansfield et Carter, Produits et sous-produits de la Hourïlle. 1917.

— Nos volontaires sous les armes. Des chiffres et la vérité. Compi-
lation d'articles de la Presse, Montréal.

Brochure de 40 pages iu-8° qui est une opportune réponse aux attaques
dont la question du recrutement militaire, depuis un an et plus, a été
l'occasion contre les Canadiens-Français.

—Rapport sommaire de la Commission géologique du ministère des
Mines pour 1915. Ottawa. 1917.

La partie qui traite de la Biologie est à signaler. On y trouve des
rapports d'exploration sur la rive nord du golfe Saint-Laurent et dans
les régions arctiques.

—(Ministère des Mines. Canada.)

Malcolm & Faribault, Æégions aurifères de la Nouvelle-Ecosse. Ot-
tawa. 1916. À

Cumming, Les Puits artésiens de Montréal. Ottawa. 1917.

32 LE NATURALISTE CANADIEN

Lindeman, Le District ferrifère de Moosè-Mountain, Ont. Ottawa.
1917.

— Report of the Commissioner of Education for the year ended June
30, 1916. Washington, 1916. Vol. I. II.

Un chapitre du premier volume a pour titre: ‘‘ Educational Work ©f
American Museums ”’, et offre de l’intérêt aux naturalistes.

— Bulletin of the American Museum of Natural History. Vol. XKXWV.
1916. New-York.

Volume in-8° de 788 pages, composé de nombreux mémoires.

— A Bibliography of Fishes, by B. Dean. New York. 1916. Vol. I.

Ce volume, de 718 pages in-8°, contient les noms d'auteurs jusqu’à la
lettre K. Nous y trouvons mentionné le rapport de feu le commandant
Fortin, publié en 1863 à Québec, sui les Cétacés, Poissons, Crustacés et
Mollusques du Golfe Saint-Laurent.

—(Ministère des Mines. Canada.)

Lindeman, Les gisements de magnétile près de Calabogie, Ont. 3917.

Anrep, Recherches sur les tourbières el l’industrie de la tourbe au Ca-
nada. 1911-12. 1917.

— Boletin de la Sociedad Geographica de Lima. Année 1915, fasci-
cules 1-4.

—(Commission de la Conservation. Canada.)

Denis et Challies, Forces hydrauliques du Manitoba, Saskatchewan et
Alberta 1916.

— (Ministère des Mines. Canada.)

Ressonrces du Canada en Pétrole et en Gaz naturel. Vol. I. Ottawa.
1917.

Cole, Rapport sur les dépôts salifères du Canada et l'industrie du sel.
Ottawa. 1917. | ù

—(Field Museum of Nat. Hist. Chicago.)

The Fishes of the fresh waters of Panama. 1916.

— Boletin oficial de la Secretaria de Fomento, Colonizacion e Indus-
tria Mars, 1917. Mexico.

— (Ministère des Mines. Canada.)

A. Anrep, Recherches sur les Tourbières et l'industrie de la Tourbe as
Canada. Ottawa. 1917.

A. Stansfield, Léduction électrothermique des minerais de fer en Suède.
Ottawa. 1917. À

McConnell, Divisions minières de Portland Canal et de la Skeena, C-
PB. Ottawa, 1917.

Speck, L'Art décoratif chez les tribus indiennes, du Connecticut. Ot-
tawa, 1917.

McConnell, La région cuprifère de Whitehorse, Yukon. Ottawa, 1917.

0 _—

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Septembre 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 3

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

- L'ENTOMOLOGIE À L'UNIVERSITÉ LAVAL

Québec, le 22 août 1917.

Monsieur le Directeur,

Je reçois à l’instant le dernier numéro de votre intéres-
sante revue scientifique, dans lequel j'ai lu avec plaisir
votre étude très documentée sur l’entomolocie, son histoire
et ses développements dans la province de Québec.

Me permettrez-vous d’ajouter un renseignement impor-
tant à ceux que vous avez publiés? renseignement qui ne
manquera pas de vous réjouir, puisqu'il concerne Québec
et l'Université Laval. Vous n’ignorez pas qu’une Ecole
forestière a été fondée ici-même en 1910, et qu’elle fut
annexée la même année à la faculté des Arts de notre
université québecquoise. Or, depuis 1912, cette école
donne à ses élèves un cours complet de Protection des
forêts, et comme les insectes constituent un des plus terri-
bles ennemis des arbres, après le feu, il s'ensuit qu’un cours
élémentaire d’entomologie en forme une partie de prime
importance.

3—Septembre 1917.

34 LE NATURALISTE CANADIEN

Cette partie du cours s’est développée au point qu’au-
jourd’hui le programme comporte un cours complet et dis-
tinct d’entomologie forestière, comportant des lecons en
classe et des applications de laboratoire. L'Ecole a fait
d’ailleurs l’acquisition des intruments nécessaires à cet
enseignement, dont les autorités universitaires m'ont fait
l'honneur de me charger.

Convaincu que cette information ne peut ne pas vous
faire plaisir, je vous prie de croire, monsieur le Directeur,
aux sentiments distingués de

Votre très humble serviteur,
GEORGES MAHEUX,

3—Septembre 19:7. entomologiste provincial.

O-——

LES MOINEAUX

(Continuëé de la page 31.)

Dans le rassemblement général du soir pour le bouquet
final, ces mauvais penchants se montrent, mais avec une
exagération démesurée. Faut-il attribuer à la nuit pressen-
tie, aux fatigues accumulées ou à la joie débordante...je ne
sais. Mais ce que j'ai bien noté, c’est que leur état est tout
d'fait particulier. Ils peuveut s’amasser par milliers: j'ai
vé'un carré de 100 pieds de coté absolument couvert. On
dirait que plus ils sont nombreux plus ils sont peureux :
eux qui ont vu tant de personnes sur les rues durant le jour,
qui ont entendu tant de tramways, que n’ont-ils pas enten-
du? voilà qu’un rien les fait fuir: le claquement de fouet
perçu par l’un d'eux lève tous les autres après lui comme

LES MOINEAUX 35

un nuage de poussière ; ils reviendront bientôt, mais ce sera
pour s'envoler quelques instants après. Et ils entendent
tout, eux qui crient à pleine gorge. Ce qui importe ici,
c'est de les observer par terre: ils sont excessivement ex-
cités : ils courent, ils sautent, ils se bousculent les uns les
autres; ils sont toujours prêts à se lancer ensemble sur le
même objet; s’ils rencontrent une plante à graines mûres,
ils la dévalisent en un clin d'œil: les feuilles, les branches
tomberont sous leur poids. Il n’est pas douteux qu’ils
mangent et je crois qu’iis choissisent peu. Par conséquent,
s’ils s'abattaient sur un coin de terre où pullulent des in-
sectes engourdis, ce serait un massacre; mais s’ils se jettent
sur un champ de blé ou d’avoine, malheur au proprié-
taire: les épis surchargés tomberont: comme s'ils étaient
sur un pont qui s'écroule, les moineaux s’excitent et crient
plus fort: d’une plante ils sautent à une autre. On dirait
qu’ils ont été invités à battre le blé. S'il n’y avait qu’un
moineau, il se rassasierait et irait se coucher; si étant
plusieurs, chacun s’occupait de soi, et tandis que son voisin
pille un épi, lui en pillait une autre, le mal pourrait être
grand, maïs il s’excuserait presque. .. Avec cette manie
de s’exciter, de ce bousculer, de vouloir tous manger le
même grain, ils causent des dommages difficilement éva-
luables. Cette particularité n’a pas échappé aux observa-
teurs: c’est ainsi que M. Nash dit avec raison que le tort
causé par le battage du grain est plus grand que celui
causé par la consommation. Quand il y a des champs
près des villes, ils vont y faire une visite tous les soirs dès
que le grain est mûr: et c’est précisément la visite la plus
désastreuse. Dans les villages voisins où ils abondent, les
mêmes scènes se reproduisent. S'il n’y a pas de champ
ensementcé, ils s’abattent sur une autre chose, sur n’importe
quoi... c’est alors surtout qu’ils se feront herbivores s'ils
ne trouvent pas autre chose: les trente pieds de tabac dont

36 LE NATURALISTE CANADIEN

j'ai parlé ont été détruits entre quatre heures et six heures
du soir, fin de juillet et août. Pendant tout le temps que
dure cet attroupement, beaucoup d'insectes sont mangés :
on voit des moineaux quitter des arbres, faire des pirouet-
tes en l’air pour les saisir; on en voit d’autres changer
tout à coup de direction pour en avaler un: cette obser-
vation est beaucoup plus rare pendant le jour, ce qui me
fait croire que le moineau veut prendre un bon souper
avant le repos nocturne : cette envie de manger explique aus-
si l'excitation des rassemblements, mais excuse-t-elle les dé-
gâts? La question se représente dès lors aussi difficile
qu'avant: les services rendus dans ces banquets compen-
sent-ils pour les dégâts? Ma réponse serait ici plus fran-
chement négative qu'ailleurs, parce que tout en mangeant
beaucoup, en s’attequant à tout, le moineau détériore et
gaspille encore plus. Or, je le répète, près des villes, la
culture intense, surveillée de près, a moins de produits
nuisibles que de produits utiles : donc les bandes parcou-
rant le jardin rencontrent plus de plantes à endommager
qu’à protéger, et elles ne les distinguent pas.

On comprend, j'espère, le rôle dangereux des moineaux
dès qu’ils sont nombreux. Il ne faut donc pas les laisser
se multiplier indéfiniment, même s'ils sont utiles! J'ai
essayé de prouver qu’il n’est pas démontré d’une façon
péremptoire qu’ils soient plus utiles que nuisibles, préci-
sément parce qu’ils habitent surtout autour des villes où
leurs services sont moins nécessaires et leurs dégâts plus
regrettables. M. Nash dit que leur valeur est discutable;
nous avons entendu MM. Macoun dire qu’on s’en plaint
partout. Les plaintes semblent augmenter de jour en jour,
avec le nombre des moineaux. Je crois qu’il est temps de
reviser la question à fond. Il s'agit de la question qui
établirait que le moineau, de par sa nature et ses mœurs,
est utile ou nuisible, ou plus utile que nuisible. La ré-

LES MOINEAUX 37

ponse est difficile, je le répète. peut-être impossible, à cause.
de la souplesse de l’estomac du moineau et de la grande
diversité des circonstances où on peut l’examiner. Mais
pourquoi n'essaierions-nous pas ?

Il y a aussi la question du nombre, et c'est surtout à
cause de celle-là que j'ai entrepris cette étude. Je crois
que tous les habitants de Montréal et de la banlieue seront
unanimes pour dire que les moineaux y sont actuellement
beaucoup trop nombreux. Quand bien même ils seraient
essentiellement utiles et ne causeraient aucun tort dans
des conditions normales, il n’est pas possible qu’ils trou-
vent assez d’insectes pour satisfaire leur insatiable appétit.
C’est par milliers qu’ils faut les compter: ils se multiplient
avec une effroyable rapidité. Toutes les maisons et tous
les arbres portaient des nids cette année: j'ai trouvé en
plusieurs endroits cinq nids sur le même arbre; j'ai comp-
té plus de 180 nids pour 200 arbres dans un même jardin ;
il y en avait autant dans les gouttières et les divers recoins
des bâtiments. Les soirs d'automne, les arbres sont abso-
lument couverts de moineaux. Je sais qe la même chose
a lieu partout où se trouve un bouquet d’arbres élevés.
Seuls ceux qui ne voient qu’un être utile dans le moineau
peuvent demander sa' protection. J'ai rencontré rarement
de ces gens-là, mais j’en ai rencontrés. Je dois dire que
leurs arguinents sont des phrases générales, des affirmations

comme celles-ci: le moineau ne fait jamais de mal... le
moineau , est le meilleur aide du jardinier... Île moineau
fait beaucoup plus de bien que de mal. Le moineau

nettoie nos villes. Je ne m'arrêterai pas à ces affirmations:
nous savons ce qu’elles valent, Cependant, à propos dela
dernière, même en supposant que le moineau mange beau
coup plus que l’avoine dans les pommes de cheval, je ferai
remarquer qu’il est plus éparpilleur que nettoyeur, et que
nos municipalités ont heureusement une notion assez

»

38 LH NATURALISTE CANADIEN

exacte de la propreté et de l'hygiène pour que les services
des moineaux ne soient pas nécessaires du tout pour les
rues. |

Concluons donc. Nous connaissons une première partie
de la conclusion: l’utilité du moineau est discutable
pour nos villes modernes èt nos jardins; il est peut-être
plus discutable encore que les services rendus dédomma-
gent des dégâts.

Dans l'étude que j'ai suggérée par l'examen des esto-
macs en notant et en faisant varier le temps, l'heure et les
lieux, l'observation ne saurait être négligée : mais elle doit
également se multiplier et se varier. L’interrogation des
intéressés, des jardiniers, des cultivateurs, a aussi sa valeur.
Cependant il faut se rappeler que ces braves gens sont par-
fois d'excellents observateurs, mais que parfois ils obser-
vent avec un préjugé, avec une théorie qu’ils ont lue dans
un journal, et souvent l’avis qu’ils donnent est celui d’un
autre. Aussi seront-ils facilement catégoriques : les moi-
neaux seront ou de purs brigands ou d’impeccables bien-
faiteurs, et si vous attirez leur attention sur tel ou tel fait,
ils nient effrontément ou donnent des explications à tuer de
rire; ils concluent aussi trop vite:ils ont vu manger de
l’avoine : les moineaux ne mangent que de l’avoine; ils ont
vu saisir un insecte, les moiueaux ne mangent que des
insectes.

Pour ce qui concerne le trop grand nombre de moi-
neaux, que concluons-nous? Arrêtons la multiplication et
chassons ou tuons l’excès. Ce n’est pas une mince beso-
gne. Je moiueau est tenace: un jour je descendis cinq
nids du même arbre, tous attachés les uns aux autres;
les cinq contenaient des petits: il y eut deuil et cris, puis
consultation. Sur les cinq couples trois partirent: une
demi-heure après, les deux autres avaient recommencé de
bâtir et trois semaines plus tard les deux nouveaux nids

LES MOINEAUX 39

contenaient encore des petits. Je conseillerais d’encou-
rager la destruction des nids : il en résultera bien quelque
chose. Il n’y a pas de danger que les autres oiseaux en
souffrent, car la méprise est impossible. Pour diminuer le
nombre, il existe bien des moyens. Si on pouvait les éloigner
des villes-et les disperser dans les campagnes, ce serait suff-
sant si on établit leur utilité. Je ne connais pas de moyen
pour atteindre ce but. Par contre il est facile d’en dimi-
nuer le nombre : deux moyens efficaces pourraient être em-
ployés : le fusil et le poison. Le fusil les effraye et peut
même les faire changer de domicile pour quelque temps.
Si l’ons’en sert à propos pendant les grands rassemble-
ments qui précèdent ;le coucher, ou bien en automne quand
ils remplacent les feuilles des arbres, entre 4 et 7 heures dit:
soir, on peut en tuer un très grand nombre. D’après M.
Nash, l’usage continuel du fusil à chaque retour est le seul
moyen de se débarrasser, et il ajoute : “Je crois qu’une
éternelle vigilance serait nécessaire pour réussir partout où
les moineaux sont bien établis.” Il conviendrait que les
municipalités autorisent l’usage du fusil autour de la ville.
Pour éviter les abus et les dangers possibles, il faudrait
une autorisation individuelle permettant le contrôle, et
chacun devrait tirer de telle façon que les balles ou le
plomb restent dans sa propriété, à moins que les terrains
voisins soient incultes. ès lors personne n'aurait droit
de se plaindre. Si quelqu'un trouvait qu’on envoie les
moiueaux sur son jardin, il n'aurait qu'à se munir d’un
permis et d’un fusil. Qu'on ne s’imagine pas d’ailleurs
que tout le monde se mettrait à tirer. Outre ceux qui ont.
peur du fusil et ceux qui ne peuvent voir un insecte mou-
rir sans que les larmes coulent, il en est un grand nombre
qui vivent parmi les moineaux sans les apercevoir. Pour
éviter d’éveiller les dormeurs ou d’énerver les malades, il:
ne serait pas permis de tirer après 6 heures, d'octobre à

40 LE NATURALISTE CANADIEN

mars; pour le reste de l’année on pourrait tirer jusqu’à 7
heures.

.. La question du poison est plus délicate, surtout en ville et
dans les alentours. Le mot seulde poison fait trembler
beaucoup de personnes; et puis un empoisonnement sur
grande échelle ne serait pas sans danger ; bien des aliments
pourraient être préparés pour les moineaux et consommés par
d’autres animaux, sans en excepter les enfants; et puis en-
core, pour empoisonnerilfaut du poison: une permission
d’empoisouner suppose une permission de vendre ou d’ache-
ter du poison : où n’iraient paslesabus? Je ne vois guère le
moyen de faire un règlement autorisant à la fois une chasse
efficace et empêchant les dangers. On ne peut donc atti
rer l'attention des municipalités sur cette question. Seuls
des experts pourraient prudemment se servir de ce moyen
sur leur propriété.

Des gens s’imaginent volontiers qu’on pourrait détruire
tous les moineaux en quelques jours par le poison: les
voyant chercher leur nourriture partout, ils pensent qu’ils
mangent tout sans discrétion. C’est une grossière erreur:
le moineau est un des oiseaux les plus défiants et les
plus roués. Quelques expériences vont nous le montrer.
1° Dans un endroit où les moineaux vont se désaltérer sous
un robinet coulant goutte à goutte, mettez un récipient
contenant une dissolution de cyanure de potassium, puis
fermez lerobinet. Les moineaux reviennent. L’odeur du
cyauure les repousse à l'instant. 2° Au lieu de mettre une
dissolution, mettez du pain trempé dans cette dissolution
puis séché : après avoir tourné plusieurs fois autour, un
moineau en prendra: aussitôt il rejettera tout, et pendant
cinq minutes se frottera le bec. Dans la première expéri-
rience l’odeur les a avertis : dans la seconde c’est la saveur.
3° Reprenez ia première dissolution de cyanure et ajoutez-y
du sucre de betterave : les moineaux approcheront ;lus fa-

PRET DR

LES MOINEAUX 41

cilement ; quelques-uns y goûteront après mille précau-
tions: mais prompts comme l'éclair ils rejetteront tout et
frotteront leur bec comme ils l’ont fait pour le pain. C’est
la saveur surtout qui les a guidés. 4° Enlevez tout poison,
fermez complètement le robinet et mettez de l’eau pure et
fraîche tout près. Accoutumés à boire au robinet, les moi-
neaux viendront par bandes mettre leur bec au-dessous :
ils tourneront autour de l’eau fraîche préparée pour eux,
l’examinant, mais vingt fois de suite ils retourneront sous
le robinet pour s'assurer que l’eau ne coule pas. Si quel-
qu'un se hasarde à boire, son exemple se perd : ses compa-
gnons contemplent toujours le robinet. Ce n’est qu'après
trois ou quatre jours que leur défiance diminue : encore
faut-il avoir soin de chauger l’eau souvent. Dans cet
exemple, on ne peut accuser ui la saveur ni l’odeur. L’ha-
bitude du robinet y est pour quelque chose, mais n’explique
pas cette prudence allant jusqu'à une inconcevable bêtise.
D’autres expériences multipliées montrent que le moineau
est d’une excessive défiance : chaque fois qu’il aperçoit du
nouveau, il examine longuement avant de se risquer. Je
ne connais que trois exceptions que j'ai déjà signalées : le
matin au lever, le soir avant le coucher, et à l’époque des
nids. Quand les petits crient famine, il est beaucoup
moins scrupuleux. Si on l'habitue à des aliments inoffen-
sifs, on peut ensuite y inélanger peu à peu du poison avec
plus de succès. On aura d'autant plus de difficulté qu'on ne
supprimera pas toute odeur ni toute saveur.
L'empoisonnement est d'autant plus rapide que le poison
passe plus vite dans le sang : à ce point de vue, il faut
donner la préférence aux liquides, puis aux matières cristal-
lisables. Il ne faudrait pas croire que la question soit oi-
sive. En effet, si le moineau avale du poison avec sa
nourriture, dès qu’il sent quelque chose d’anormal il fait
tous ses efforts pour rejeter le contenu de son estomac:

42 LE NATURALISTE CANADIEN

c'est une scène pittoresque : écrasé sur ses jambes, les aïles
étendues, l'oiseau lance sa tête en avant et comprime sa
poitrine. Je me suis souvent donné le spectacle, et jai
constaté que 50 sur 100 fois il réussit à vomir. Mais ïl
ne rejette pas tout : la preuve en est que tous les moineaux
que j'ai pu surveiller en les mettant dans les boîtes sont
morts : le poison était de l'acide arsénieux pour ceux que
j'étudiais en liberté et pour les captifs. Les alcaloïdes
seraient sans doute efficaces, mais l’expérimentation est
difficile, à cause du prix. J'ai essayé les composés arséni-
caux et surtout l'acide arsénieux, et du- pain: les oiseaux
étudiés étaient pris au sortir du nid et mis dans des boîtes.
Tous ont succombé, y compris ceux qui ont vomi. Après
un quart d'heure ils deviennent calmes et cherchent les
coins et l’obscurité: du repas à la mort il y a un intervaile
variant de 34 d'heure à 27% heures. Sauf vers la fin, l’oi-
seau semble engourdi plus que souffrant. Les derniers mo-
ments sont un peu plus pénibles mais courts: l’agitation se
manifeste pendant cinq minutes environ.

J'ai cité plus haut le cas de tabac mangé par les moineaux.
N'y a-til pas pour eux dauger d’empoisonnement par la
nicotine? Je me posai cette question dès que je fus sûr du
brigandage. Or, vers les premiers temps, tous les matins
nous trouvions quatre ou cinq moineaux morts, tombés des
arbres pendant la nuit. L'idée me vint de vérifier l’hypo-
thèse : je me procurai donc des moineaux prêts à quitter
le nid. Vers cinq heures du soir, c’est-à-dire à l'heure où
j'avais surtout observé les bandes pillardes, je les forçai de
manger du taba: ; sans exigérer trop, je leur en donnai au-
tant que j'en voyais dévoré par les brigands. Le lendemain
matin, à trois heures et demie....je fus éveillé....par le piail-
lement de mes moineaux. Ils étaient pleins de vie.
Mes expériences me font donc croire que les moineaux
peuvent manger impunément du tabac...Avisaux fumeurs!

LES MOINEAUX 43

Nos ancêtres ! ont donc été imprudents en introduisant le
moineau domestique au pays? S'ils l'ont cru utile, sur
quels arguments se sont-ils basés? Osons-nous bien leur
jeter la pierre? L'objection m’a été faite : je dois y répon-
dre. J'ai cité déjà ce qu’en avait dit l’abbé Provancher
quelques années après l'importation: le moineau étant
surtout insectivore, on escomptait ses services en faveur
des plantes, à l'exemple de certains pays d'Europe. Je crois
que l’abbé Provancher fut le plus zélé défenseur des moi-
neaux, si même il ne suggéra sonintroduction dans la pro-
vince de Québec”. Or l’ardent naturaliste avança parfois
plus qu’il ne pouvait prouver sur la question: j'ai déjà
montré qu’il l'avait cru insectivore avant tout. Plus tard,
commentant le texte de loi du 30 juin 1864 pour la pro-
tection des oiseaux insectivores, il ajoutait le moineau à
la fin du groupe des ‘“insectivores et granivores”, puis
concluait : ‘Tous les oiseaux de cette dernière catégorie
consument une quantité prodigense d'insectes au printemps,
mais paraissent préférer les graines des plantes dès qu’elles
commencent à mûrir. Son opinion s'était donc modifiée
sur le moineau. La contradiction devait la changer
encore. Le docteur Coues fut son premier adversaire.
“Nous n'avons pas été peu surpris, disait l’illustre abbé, de
voir un ornithologiste aussi distingué que le docteur Coues
s'élever dernièrement contre le moineau domestique, en
prétendant que les dommages qu’il cause en mangeant les
grains ne sont pas compensés par les services qu’il rend

1— Voilà qui ne nous rajeunit pas, nous qui avons eu connaissance de
cette importation du moineau! 4.C.

2— Durant ses vingt-cinq années de relations suivies avec l’abbé
Provaucher, le directeur du V. C. n'a jamais eu connaissance de quoi
que ce soit qui puisse corroborer cette assertion, dubitative, il est vrai,
de notre collaborateur. V.C.

44 LE NATURALISTE CANADIEN

en dévorant les insectes”. Dans le même article, l’abbé
Provancher, parlant d’un voyage dans la commune de Bos-
ton, cite quelques faits bien propres à le faire réfléchir :

il avait vu des moineaux ‘‘disputant aux pigeons les quel-
ques miettes de gâteaux que les visiteurs peuvent laisser

tomber”, il avait constaté que‘‘ la chenille de l’Orgya leuco-
stigma ne semble pas convenir au petit insectivore’”; 1l en
avait vu venir prendre sur un banc, à côté de lui, les graines
qu'il jetait, et quandilsétaient un peu nombreux, l'ambition
pour devancer leurs rivaux les portait jusqu’à venir pren-
dre ces graines dans‘ nos mains mêmes.” N'y avait-il pas
d'insectes dans les environs? Le naturaliste nous dit bien
qu’il les vit aussi en très orand nombre occupés à scruter
les branches des arbres et des arbrisseaux à la recherche
des chenilles, mais il oublie de nous dire quelles chenilles
étaient mangées.

Aussi, comment répondit-il à l'accusation du Dr Coues?
“Que sont les quelques graines enlevées en comparaison des
centaines de larves que dévore chaque jour un moineau?
Ces larves épargnées auraient pu donner naissance à des
insectes capables de détruire pour 100 et 1000 fois la valeur
des graines détachées.” C'est précisément‘lepoint que je
conteste, et je le regrette beaucoup, mais cette affirmation
ne tranche pas la question. L'abbé le sentit bien: aussi à
l'autorité de l’écrivain américain opposa-t-1l celle d’un au-
teur européen, M. Decuing, quiavait dit du moineau:# S'il
se fait sa part sur les fruits qu’il défend contre les insectes,
cela vaut mieux encore que si, se mettant en grève, il lais-
sait les fruits devenir la proie des insectes. Il n’en prend
qu'uve faible partie; les insectes dévorent tout.” Vous re-
maiquerez uue jacune:il n’est pas question des appétits
herbivores des moineaux, ni de la guerre faite à de meil-
leurs insectivores. Ce deuxième point vint bientôt en dis-
cussion. Je cite textuellement. ‘“L’ornithologiste Coues,

LES MOINEAUX 45

dont nous avons précédemment signalé l’antipathie pour le
moineau d'Europe, dit que ce moineau ne tardera pas de
faire la guerre à nos passereaux de petite taille et les fera
disparaître de nos bocages et de nos jardins. En effet, M.
I.-G. Gentry écrit de Germantown, Penna., que déjà, dans
le voisinage de cette ville, les moineaux d'Europe font une
guerre très active aux merles, oiseaux bleus et autres pas-
sereaux indigènes.” Ils se multiplient si rapidement, et
sont tellement guerroyeurs, que nos petits passereaux indi-
gènes sont forcés d’aller chercher leur refuge ailleurs.
Le docteur Coues ajoute à ses raisons qu’on a fort exagéré
les services que ces moineaux pouvaient rendre en détrui-
sant certains insectes, et qu’il viendrait un temps où l’on
serait forcé de de travailler à leur destruction ou du moins
à restreindre leur trop grande multiplication.” Ze Watu-
raliste canadien fut assez perspicace pour voir que les ob-
jections étaient sérieuses et pourraient se fortifier avec le
temps. Il avait dit un mois auparavant: “Nous avons les
exemples de la France et de la Belgique pour résoudre
cette question. Là aussi on a fait le procès du moineau,
et après avoir bien considéré les raisons de part et d’autre,
on en est venu à la conclusion que cet oiseau est extrême-
ment utile.” Il allait revenir en arrière.‘ Pour nous,
nous admettons bien que les moineaux peuvent rendre de
plus grands services en Europe qu'ici: le redoutable
hanneton, que ces petits oiseaux poursuivent si activement
en Europe, ne se trouve pas ici, et parmi nos insectes
nuisibles, il en est peu qui peuvent l’accommoder comme
aliment; mais d’un autre côté, nous le trouvons si gentil et
si charmant, et sa propagation paraît devoir se faire assez
lentement au Canada, pour que nous n’ayions point à
redouter les suites de ses propensions guerroyeuses.””
Hélas ! l'esthétique et la perspicacité ont été ici en défaut :
sur la propagation, nous sommes renseignés ; quant à la

46 LE NATURALISTE CANADIEN

gentillesse et au charme, aujourd’hui que les hirondelles
nous fuient et qu’il ne reste presque plus ni fauvettes ni
rossignols, nous savons ce que nous avons gagné. Je re-
grette que l’abbé Provancher n’ait pas parlé de la propreté
du moineautt si gentil et si charmant”. Les dernières
paroles citées furent écrites en 1873; l’évolution avait été
rapide dans l’esprit de l’ardent naturaliste du Canada. JI
avait oublié tous ses arguments; il ne reposait même plus
sur l'exemple de la France et de la Belgique: un seul es-
poir lui restait: que la multiplication soit assez lente pour
ne pas faire regretter trop tôt l'importation du moineau.

Aujourd’hui que nous connaissons mieux le moineau,
comment jugerions-nous l’acte de nos ancêtres? Je ne parle
pas d'Ontario: M. Nash nous dit que l'importation y fut häâ-
tive dans l’espoir que les chenilles seraient dévorées, sans at
tention à l’amour bien connu que les moineaux montrent
pour les graines. Dans Québec, sans oser dire qu’il y eut
imprudence, il n’y eut pas suffisamment de prudence. Je le
prouve. 1°, L'exemple de la France et de la Belgique
n'était pas clair ; 2°, il. n’était pas suffisant. Pour prouver
qu’il n’était pas clair, il suffit de constater que l’on discute
encore en beaucoup d’endroits pour savoir si le moineau
est plus utile que nuisible; et dans un ouvrage publié en
1916, par M. A. Godard, le moineau est sur la liste de ceux
que l’on peut chasser. Que l'exemple des pays d'Europe
u'ait pas été suffisant pour importer le moineau est facile
à prouver. D’abord on pourrait admettre que, si aucune
espèce n’est détruite, tous les animaux d’un pays sont équi-
librés de façon à permettre l'extension de la vie dans des
conditions normales. Les oiseaux et les insectes semblant
aller ensemble, un pays aura les oiseaux nécessaires pour
tenir ses insectes en échec. L'homme changera l’équilibre
en introduisant un nouveau facteur ; mais cette question est
trop compliquée pour être traitée ici. En partant de ce

LES MOINEAUX 47

double fait que le moineau n’est pas uniquement insecti-
vore et qu’il ne mange pas n’importe quel insecte, nous
constatons une importante cause de méprise: l’hiver étant
beaucoup plus long ici qu’en France et en Belgique, et
le moineau ne trouvant pas d'insectes en hiver, ses habitu-
des seront nécessairement modifiées. Bien plus, si le moi-
ueau est avant tout granivore, et si, en arrivant dans un
pays nouveau, il ne trouve pas les insectes de son choix, il
pourra devenir presque exclusivement granivore. Neserait-
ce pas pour se dédommager du manque des insectes qu’il ai-
me, que le moineau, pour contrebalancer la sécheresse des
graines, s’en prend aux jeunes pousses du printemps et
mange de la verdure en été? Pour ma part, j'ai observé
beaucoup le moineau d'Europe en Europe même, et j'avoue
que les ravages que j'ai signalés pour le Canada n'avaient
attiré mon attention que très rarement. Ce n’est donc plus
Je moineau d'Europe que nous devons étudier désormais,
c'est le moineau canadien.

P. FONTANEL, S. ].
Collège Sainte-Marie,
Montréal.

—- :00 :—

48 LE NATURALISTE CANADIEN

PUBLICATIONS REÇUES

= À

—Cairnes, Za Frontière internationale Yukon-Alaska entre les
rivières Porcupine et Vukon. Ottawa. 1917.

— Peiit Catéchisme agricole, par l'abbé Ad. Michaud. Québec 1917.

En moins de cent pages, ce joti opuscule fait un éloge, à tous points
de vue, de l'agriculture. Des citations d’écrits, signés par des compa-
triotes éminents, appuient les considérations de l’auteur, toujours pré-
sentées en un langage intelligible pour l'enfance.

—P. Odoric M. Jouve, O. F.M., Ze 3e Centenaire de l'établiissement
de la Foi au Canada. Volume-Souvenir. Québec. 1917.

Ce beau volume, splendidement illustré, habilement ordonné, conser-
vera la mémoire des belles fêtes de l'inauguration du monument de la
Foi, à Québec, en octobre 1916.

— Proceedings ofthe Academy of Natural Sciences of Philadelphia.
Vol. 69, P. 1.

— Proceedings of the Indiana Academy of Science, 1915.

A signaler : l'article ‘‘Indiana Fungi.”

—Hopkinson, À Pibliography of the Tunicata, 1469- 1010. London-
Dulau & Co. 1913.

Beau volume de près de 300 pages, dont certains spécialistes appré-
cieront la grande valeur.

— Annuaîire (16e année)de l’Uuiversité Laval de Montréal. Année aca-
démique 1917-1918.

Annuaire du Collège de Sainte-Anne de la Pocatière. N°30. Année
académique 1916-1917.

Collège de Saint-Laurent. Palmarès. 1916-1917.

Annuaire de l'Ecole normale Laval pour l'année académique 1917-
1918. N°14.

Tous ces annuaires sont intéressants à divers titres, et témoignent de
l'esprit de progrès qui anime toutes nos maisons d'éducation.

— À mes prétres. Vol. 1. Conseils sur la vie spirituelle. Vol 11. Des
Sacrements. Par Mgr O.-E. Mathieu, archevêque de Regina.

Riches d'onction et de sève spirituelle, ces pages font un égal éloge
de l’évêque et de son clergé.

— Boletin de la Sociedad Geografica de Lima, Péru. Tomo 32, Trim.
1-3. 1916.

—Elford, ZLes Principes de la construction du poulailler. (Aviculture.
Ottawa )

— Archivos do Museu Nacional do Rio de Janeirio, Vol. XX. Rio
Janeirio. 1917.

—— 0: —

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Octobre 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 4

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

PRIX D'HISTOIRE NATURELLE

(Fondation Huard)
IÈRE ANNÉE-I017
Séminaire de Québec

Première année de Philosophe: 1er Prix, M. Jean Duval;
2e Prix, M. Napoléon Morisstette.

Seconde année de Philosophie: 1er Prix, M. Adrien Ca-
ron; 2e Prix, M. Albert Naud.

Séminaire de Chicoutinri
Prix : M. Louis Aubin, élève de Philosophie (2e année).

N. B.—Nous avons expliqué, dans la livraison de juillet
comp-

0

1916, comme quoi les prix décernés l’an dernier ne
taient ”’ pas dans le nombre des cent fois qu'ils doivent être
attribués. Ce m'est que cette année 1917 que le siècle de la
Fondation commence à courir.

4.— Octobre 1917.

50 LE NATURALISTE CANADIEN

On remarquera que, au Séminaire de Québec, les Prix
Huard ont été cette année décernés en double. Cela est pure
affaire d'administration, et résulte de ce que, cette année, le
cours de Sciences naturelles a été donné simultanément aux
deux classes de Philosophie.

——— !00 !—-

AD MEMORIAM

Dans les premiers jours de ce mois, nous avons eu l’occa-
sion de nous rendre au Cap-Rouge, et nous avons regardé
comme un devoir d'aller faire une prière sur la tombe de
notre illustre maître et ami, l'abbé Provancher, inhumé dans
église paroissiale du lieu. Nous n'avons pas été peu surpris
et affligé de constater qu'il ne s'y trouve aucune indication du
fait que motre grand naturaliste a son tombeau dans cette
église—pendant que les chrétiens les plus humbles ont au
moins, sur leurs restes mortels, une croix portant leur nom.

Nous avions eu connaissance, autrefois, que l'artiste Rho,
neveu de l'abbé Provancher, s'occupait d’un monument funé-
raire à placer sur la tombe du prêtre défunt, et nous pensions
bien que le projet avait été réalisé. La mort prématurée de
M. Rho explique sans doute qu'il n’a pas été donné suite à
l'idée. |

En tout cas, nous avons résolu de reprendre le projet et de
placer sur la tombe de Provancher quelque modeste monu-
ment, füt-ce une simple planchette de marbre avec inscrip-
tion.

Si quelques amis des sciences veulent bien s'associer à
nous pour rendre ce pieux hommage au savant compatriote
qui a fait briller au loin le mom canadien, nous en serons heu-
reux, et nous serons de la sorte en mesure de donner, en pro-
portion, un peu plus de valeur au mémorial que nous proje-

LA 44€ ANNÉE DU ‘NATURALISTE CANADIEN” SI

tons. Nous recevrons donc, de leur part, les sommes—même
très légères—qu'ils voudront nous remettre pour l'œuvre
dont il s’agit. La liste de souscription sera fermée le 30 no-
vembre, et nous nous occuperons aussitôt de la réalisation du
projet. En cette année même tombe le 25e anniversaire de
la mort de Provancher, et cette circonstance fait encore plus
opportun l'hommage qu’il s’agit de rendre à sa mémoire.

LA 44e ANNEE DU N'ATURALISTE CANADIEN

Le Naturaliste canadien entrait, avec le numéro du mois
de juillet, dans sa 44e année. C’est un âge remarquable pour
une revue scientifique publiée dans la province de Québec.

Personne ne sera étonné d'apprendre que, pour la 43e
année, comme pour les précédentes, les dépenses ont encore
notablement surpassé les revenus. Si nous avons pu nous
consoler de la tristesse de la situation en calculant, l’une de
ces années dernières, que la publication de la revue nous avait
valu, pour la précédente vingtaine d'années, une rémunéra-
tion quotidienne d'un sou et d’une fraction, nous devons
avouer que les déficits de ces années-ci n’ont pas manqué de
faire. . .sauter, non seulement /a fraction, mais même le sou
lui-même, et même encore davantage. En sorte que, désor-
mais, non seulement nous travaillons à cette œuvre sous au-
cune rémunération, mais nous devons même y aller de nos
propres deniers, pour la maintenir sur pied.

Inutile de dire que, malgré tout, nous continuerons notre
effort encore longtemps, s’il plait à Dieu. Malgré les sacri-
fices que cela signifie pour nous, la province de Québec aura
encore sa voix, toute faible qu'elle soit, dans le concert scien-
tifique des nations...

52 LE NATURALISYE CANADIEN

—Mais, d'autre part, si nous déplorons l'indifférence qui
existe chez nos compatriotes à l'égard du journalisme tech-
nique, nous ne voudrions pas qu'il en soit conclu qu'ils sont
de ce fait au ban de la civilisation et une exception parmi les
peuples de l'univers. Nous allons même, pour édifier les gens
là-dessus, traduire et reproduire un éditorial d’une revue-
sœur des Etats-Unis, par quoi il sera prouvé qu’en ce pays
même, où l’on croit que la science est le plus chez elle, les
magazines scientifiques n'ont pas la vie plus facile que chez
nous.—Nous comptons bien, d’ailleurs, que ia lecture de ces
considérations, écrites de l’un et l’autre côté de la frontière,
ne refroidira le zèle de personne à payer, sans retard, son
abonnement de l’année courante...

Voici l’article que nous venons de signaler et qui est de
l'American Botanist, revue trimestrielle, publiée à Joliet, III.
(Vol. XXI, No 3, août 1915.)

“ Le magazine scientifique bien connu, le Popular Science
Monthly, vient de se partager en deux publications distinctes.
En annonçant le fait à ses lecteurs, le directeur de cette pu-
blication a fait, sur l’encouragement que l’on donne en géné-
ral aux revues scientifiques, quelques remarques qui méritent
d'attirer l'attention de tous ceux qui cultivent de quelque
façon une branche quelconque de la science. Le peuple amé-
ricain, dit l'écrivain dont il s’agit, ne prise pas assez la sûreté
et la valeur des cornaissances scientifiques pour les payer le
prix qu'elles valent. La pseudo-science du journal quotidien,
et à l'occasion, dans les publications mensuelles, un article
sensationnel, d’une valeur douteuse, cela suffit pour satis-
faire nos compatriotes. Pratiquement, aux Etats-Unis, toute
publication sérieuse qui se consacre à la tâche de donner, en
faveur des gens dépourvus d'instruction technique, des ren-
seignements et des travaux scientifiques, a perdu de l'argent,
perd de l'argent et perdra de l'argent—de l'avis de notre

LA 44e ANNÉE DU ‘“NATURALISTE CANADIEN” 53

écrivain, si elle continue d'exister. Il y a en Amérique plus
d’une centaine de journaux et revues dont l’objet est de
publier des travaux techniques : eh bien, pas un seul ne paie
ses dépenses ‘“ on a regular business basis ”. Chaque année
se termine, pour eux tous, par un déficit que devront combler
des souscriptions particulières ou les ressources de quelque
organisation solide.

“L'American Botanist est assurément là-dessus sur le
même pied que les autres publications. Il est pourtant à cer-
tains égards en meilleure posture. Il iouit en effet de l’hon-
neur d’être, en Amérique du Nord, la seule revue botanique
qui ne reçoit aucune subvention, et qui pourtant n'a jamais
eu de déficit apparent. Nous voulons dire par là que ses re-
venus lui ont toujours permis de payer toutes les dépenses
que l'argent doit solder. Mais s'il fallait calculer sur cette
base monétaire ce qu'il doit à ses collaborateurs et à son di-
recteur, le montant auquel on arriverait aurait l’air d’un em-
prunt de guerre! Actuellement, les collaborateurs reçoivent
pour rémunération des... remerciements, des exemplaires
extra, le service de la revue et quelque argent, tandis que le
directeur, lui, nour un nombre d'heures de travail ardu qu’il
n'ose même calculer, est regardé comme bien payé si le jour-
nel peut paraître à la date fixée. Si, en Amérique, il se
trouve un directeur de revue botanique dont le travail soit
dûment rémunéré, l'argent qu'il reçoit vient d’ailleurs que de
son journal.

‘ Dans des conditions telles que nous venons de dire, on
aurait tort de s'attendre à voir les magazines scientifiques
paraitre avec autant de régularité ou se livrer à autant de
prodigalités que leurs confrères de la littérature. Pour être
en état de se payer le luxe de nublications scientifiques, il
faut tout d’abord que leurs directeurs et éditeurs s’assurent,
de sources étrangères, des ressources suffisantes pour subve-
nir aux dépenses régulières. Le fait que de telles publica-

54 LE NATURALISTE CANADIEN

tions se soient maintenues, en de pareilles conditions, durant
un nombre plus ou moins grand d'années, en dit long sur le
dévouement à la science qui anime leurs directeurs. Mais ce
qui est hors de tout doute, c’est qu’un peu plus d’encourage-
ment de la part du public, sous la forme d'abonnements, ali-
menterait merveilleusement la flamme de ce dévouement. ”?

Mais que dirait donc notre confrère de l'American Bota-
nist, d’un magazine qui ne reçoit pas même assez de ses abon-
nés pour subvenir à ses dépenses réelles, et qui tout de même
persiste à vivre! Nous osons à peine, par un sentiment bien
compréhensible de modestie, lui dire que c'est le cas de...
l’“héroïque” Naturaliste canadien.

ZOOLOGISTE CONSULTANT

La Gazette agricole du Canada a publié, en sa livraison du
mois de juin, l’intéressante nouvelle que voici :

‘ Un arrêté en conseil, en date du 10 avril 1917, donne le
titre de zoologiste consultant au docteur C. Gordon Hewitt,
en sus de son titre actuel d’entomologiste du Dominion. Cet
arrêté déclare que les fonctions de ce bureau sont de conseil-
ler sur toutes les questions qui se rapportent à la protection
des oiseaux, des mammifères, et au traitement des espèces
nuisibles.”

Nous nous réjouissons de la création, dans le service civil
du Canada, de ce nouvel emploi dont l'utilité pourra être
importante. C’est en tout cas la confirmation officielle des.
services que l’on demande de plus en plus à l'histoire natu-
relle.

LE CONSEIL CONSULTATIF 55

LE CONSEIL CONSULTATIF HONORAIRE
CHARGE DES RECHERCHES SCIENTI-
FIQUES ET INDUSTRIELLES
AU CANADA :

Le 6 juin 1916, un comité du Conseil privé du Canada,
composé du ministre du Commerce ( Président,)des ministres
de l'Intérieur, de l'Agriculture, des Mines, du Revenu de
l'intérieur et du Travail, a été formé par le Conseil privé, et
chargé de toutes les mesures destinées à assurer le dévelop-
pement scientifique des industries canadiennes, pour que ces
industries puissent être en mesure, pendant la guerre et
après, de répondre à toutes les exigences du Canada et
d'étendre le commerce du Canada à l'étranger.

Un comité consultatif honoraire, chargé de recherches
scientifiques et industrielles, a été constitué le 29 novembre
sous la direction du comité du Conseil privé. Il est composé
des onze membres que voici et qui représentent les intérêts
scientifiques, techniques et industriels du Canada :

Président administrtif :—A.-B. Macallum, M.D., Ph.D,
CD, LÉD'F.RS., Ottawe

Membres :—

F.-D. Adams, Ph.D. Sc.D., LL.D., F.R.S., doyen de la
faculté de Science appliquée à l’université McGill, Montréal.

T. Bienvenu, vice-président et directeur général de la ban-
que provinciale du Canada, Montréal.

R. Hobson, président de la Steel Company of Canada,
Hamilton, Ont.

1 L'importance de cette institution scientifique, créée par le gouverne-
menf du Canada, nous paraît si grande que nous croyons devoir insérer
dans nos pages les détails de son organisation, etaussi le compte rendu
des débats qui ont eu lieu à ce sujet dans la chambre des Communes, le 3
septembre dernier.

56 LE NATURALISTE CANADIEN

S.-F. Kirkpatrick, M.Sc., professeur de Métallurgie, uni-
versité Queens, Kingston, Ont.

J.-C. McLennan, Ph.D., FRS. professeur de Physique et
directeur du laboratoire de physique à l’université de To-
ronto, Toronto.

A.-S. Mackenzie, Ph.D., D.C.I.,, président de l’université
Dalhousie, Halifax, N.-E.

W.-C. Murray, M.-A., LL.D., président de l’université de
la Saskatchewan, Saskatoon, Saskatchewan.

R.-A. Ross, EF. (Tor.), M. Can. Soc. C.E,., ingénieur
consultant, 80, St-François-Xavier, Montréal.

R.-F. Ruttan, M.-A., M.D., Sc.D., professeur de Chimie et
directeur des laboratoires chimiques à l’université McGill,
Montréal.

Arthur Surveyer, B.A.Sc., M.Can. Soc. C.F., ingénieur
consultant, 274 Beaver Hall Hill, Montréal.

Secrétaire—].-B. Challies, C.-E. (Tor.), M. Can. Soc. C.
E., surintendant de la division de l'énergie hydraulique du
Dominion, Ottawa.

Ce conseil consultatif a été charsé des fonctions suivantes
par ordre du président du comité du Conseil privé:

(a) Dresser une liste des agences canadiennes qui effec-
tuent actuellement des recherches industrielles et scientifi-
ques dans les universités et collèges, dans les laboratoires du
gouvernement, dans les organisations commerciales et les
i.dustries, les sociétés scientifiques, ou des investigateurs pri-
vés ou associés qui font ces mêmes recherches.

(b) Noter et dresser une liste des recherches et des en-
quêtes qui sont effectuées par chacune de ces agences, les fa-
cilités et l'outillage dont ces agences disposent, les possibilités
de développement et d'expansion, et spécialement de déter-
miner les experts scientifiques disponibles pour ces recher-
ches et la nécessité d'en augmenter le nombre.

LE CONSEIL CONSULTATIF 57

(c) Coordonner ces agences afin d'éviter tout empiète-
ment dans leurs domaines respectifs, d'encourager la coopé-
ration, l’action commune, et de créer ainsi une communauté
d'intérêt, de savoir et d’aide mutuelle.

(d) Etudier les problèmes d’une nature technique et scien-
tifique que les producteurs et les imdustriels sont appelés à
résoudre, et aboucher ces derniers avec les agences de re-
cherches chargées de résoudre ces problèmes, et relier ainsi
les ressources de la science avec la main-d'œuvre et le capital
employé dans la production de façon à obtenir les meilleurs
résultats économiques possibles.

(e) Faire une étude scientifique de nos ressources ordi-
naires non utilisées, des déchets et des sous-produits de nos
fermes, forêts, pêcheries et industries, en vue de les utiliser
dans des procédés nouveaux ou subsidiaires de manufacture
et de contribuer ainsi à la richesse et à l'emploi de notre
peuple.

(f) Etudier les moyens permettant d'augmenter le nom- :
bre actuel trop restreint d'experts compétents et exercés, en
faisant un choix parmi les élèves et les diplômés des cours de
science dans nos universités et dans nos collèges, et créer
ainsi une collaboration plus complète entre les intérêts indus-
triels et producteurs du pays et les centres d'enseignement et
les forces de la science et de la recherche.

(g) Renseigner l'esprit public sur l'importance et l’uti-
lité d'appliquer les résultats des recherches scientifiques et
industrielles, aux procédés de la production, au moyen de
conférences données aux organisations commerciales et in-
dustrielles et par la publication de bulletins et de monogra-
phies et de toutes les autres méthodes qui peuvent être con-
seillées.

Le conseil honoraire a institué des bourses d'étudiants et
d'agrégés qui sont soumises aux règlements généraux que
voici en 1917:

58 LH NATURALISTE CANADIEN

A. REGLEMENTS GOUVERNANT LES BOURSES
D'ETUDIANTS

1. Ces bourses sont destinées, non pas à faciliter la fréquen-
tation aux études ordinaires du collège, mais à permettre aux
étudiants, qui ont suivi un cours d’études au collège et qui
ont donné des preuves frappantes d'aptitude pour des recher-
ches originales, de continuer l'étude de la science, en vue
d'aider à ses progrès ou à son application aux industries du
pays. Ces bourses sont offertes aux femmes comme aux
hommes.

2. Les bourses sont d'une valeur de six cents dollars cha-
cune la première année et de sept cent cinquante dollars la
deuxième année. Elles seront continuées pendant la deux-
ième année si les travaux effectués pendant la première sont
jugés satisfaisants par le conseil honoraire.

3. Le postulant doit présenter sa demande au conseil con-
sultatif ; 1l doit, avec cette demande, soumettre un rapport
complet de sa carrière académique et une lettre de recomman-
dation du président de son université ou de l'institution à la-
quelle il était attaché, et du professeur ou de l’instructeur
sous lequel il travaillait. Il indiquera l'institution à laquelle il
préfère étudier et les travaux généraux qu’il compte suivre.
Cette demande sera considérée et acceptée ou rejetée par le
conseil consultatif ou par un comité spécial nommé par le
conseil consultatif.

4. Les postulants doivent être sujets anglais résidant au
Canada, ou diplômés des universités canadiennes. Ils doivent
avoir de vingt à trente-deux ans.

5. Un postulant doit être un diplômé boua fide d'une uni-
versité ou d’un collège où les études scientifiques sont l’objet
d'une étude spéciale, ou avoir reçu une formation équivalente
dans une institution possédant des facilités adéquates d’une
nature scientifique pour pourvoir à cette formation.

LE CONSEIL CONSULTATIF 59

6. Les sciences pour lesquelles le postulant devra montrer
des aptitudes spéciales afin d'obtenir une bourse sont les sui-
vantes : biologie (économique), chimie, génie, géologie, mé-
tallurgie, minéralogie et physique.

7. Le postulant doit donner des preuves brillantes d’apti-
tude par des recherches originales pour les sciences avancées
ou pour leur application. Les preuves de cette aptitude sont
strictement exigées ; c’est là la condition principale à l’obten-
tion d’une bourse. La preuve la plus satisfaisante serait un
compte rendu satisfaisant des recherches déjà accomplies.

8. Ces études peuvent être faites à une université cana-
dienne ou à toute autre institution approuvée par le conseil
consultatif la première année; mais la deuxième année, les
recherches se font dans un laboratoire scientifique ou dans
une usine.

9. L'élève boursier doit se consacrer principalement à des
recherches dans une branche de la science dont l'expansion
importe pour notre industrie nationale.

10. Les élèves doivent se consacrer pendant une période
d'au moins neuf mois par an exclusivement aux objets de
leur bourse, et il leur est interdit de conserver une position
qui leur vaut des émoluments ou de s'engager dans l'ensei-
gnement.

11. Les élèves doivent fournir, à la fin de chaque demi-an-
née, des rapports de leur travail; à l'expiration de chaque
année les rapports de l’élève sont soumis à une autorité sur le
sujet traité, qui fournit une opinion sur ces sujets au conseil
consultatif.

12. La bourse est payable en deux versements égaux, le 15
septembre èt le rer février.

60 LE NATURALISTE CANADIEN

B. REGLEMENTS TOUCHANT LES BOURSES
D’AGREGES

I. Les bourses d'agrégés(research fellowships) sont d’une
valeur de $1,000 la première année, et de $1,200 la deuxième
année, si le conseil consultatif décide de continuer ces bourses
plus de deux ans.

2. Ces bourses ne sont accordées qu'à ceux qui, à titre
d'élèves boursiers ou autrement, ont fait preuve d’une haute
capacité dans la poursuite de recherches sur des problèmes
dont l’expansion a une certaine importance pour les indus-
tries nationales canadiennes. f

3. Les demandes de bourses d’agrégés doivent être faites
de la même manière que celles des bourses d'étudiants.

BUREAU DES RECHERCHES INDUSTRIELLES
ET SCIENTIFIQUES :

—

Appointements et dépenses, y compris les impressions et la
papeterie, ainsi que le recueillement et la distribution des
renseignements, $43,600.

Le très hon. sir WILFRID LAURIER: ‘“ Appointements
et dépenses, y compris les impressions et la papeterie ”, voilà
des termes bien élastiques.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: I faut qu'ils le
soient. Mon très honorable ami est au fait de l’organisation
du bureau consultatif. Celui-ci se compose de onze membres
dont chacun, à une seule exception près, prête gratuitement

1. Extrait du ‘‘Hansard’' de la chambre des Communes, Ottawa, séan-
ce du 3 septembre 1917. j

BUREAU DES RECHERCHES 6x

ses services. Le commissaire administrateur, M. le profes-
seur Macallum, reçoit $10,000 de traitement. Cette somme
de $43,600 est destinée à solder les frais de déplacement des
membres du bureau et les dépenses qu'ils devront faire pour
recueillir des renseignements et poursuivre leurs investiga-
tions.

Pour ce qui est des bourses, nous nous en tenons au sys-
tème que le bureau consultatif a adopté en Angleterre et ail-
leurs, notre objectif étent d'encourager les étudiants qui
sont sur le point de quitter l’université et qui, au cour: de
leurs études, ont fait montre de dispositions particulières
pour les recherches dans un domaine quelconque. La pre-
mière année, la bourse est de $600, et de $750 la seconde. —
quand l'étudiant poursuit ses recherches une année de plus.

L'hon. M. MURPHY : Est-ce dans le but de ies garder à
l'université ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Je vais m'expliquer.
Pour obtenir une bourse, les étudiants doivent poursuivre
leurs recherches dans un domaine approuvé par le bureau
consultatif. On se renseigne de facon complète sur leurs an-
técédents, sur le travail qu'ils ont accompli et sur leurs apti-
tudes particulières pour les recherches dont ils s'occupent. Si
le bureau consultatif juge qu'au point de vue industriel ces
recherches peuvent être utiles et avantageuses au pays, il lui
est loisible de proposer qu’une bourse soit accordée à l’étu-
diant qui s’v livre. L'année où la bourse lui est payée, l’étu-
diant a le libre accès de l’université, c'est-à-dire qu'il a à sa
disposition le matériel du laboratoire et tout ce qui est néces-
saire à la poursuite de ses recherches.

C'est la contribution de l’université au travail de l’année et
une bourse de $600 lui est accordée, pour qu'il continue ses
recherches. Si, à la fin de l'année, le bureau consultatif, après
mûr examen, constate que les progrès que l'étudiant a faits
dans cette ligne promettent des résultats avantageux et prati-

62 LE NATURALISTE CANADIEN

ques pour l'industrie dont il s'occupe, on pourra lui accorder
une deuxième année d’études aux mêmes conditions et de la
même manière, excepté qu’il ne sera pas obligé de la passer
à suivre les cours de l’université; on peut attacher l'étudiant
à une compagnie industrielle importante, où il pourra faire
les recherches concernant les spécialités de l’usine elle-même.
Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on exige que l’étu-
drant fasse un certain stage dans une usine en exploitation.
Tout étudiant ou tout gradué s'engage à consacrer son tra-
vail et ses capacités à notre pays.

N'est-ce pas pénible de constater que 12s neuf-dixièmes
peut-être des élèves les plus brillants qui ont acquis leurs con-
naissances en ce pays ont pris le chemin d’autres pays, sur-
tout des Etats-Unis, pour y utiliser leurs talents? Il y a de
ces étudiants sortis de nos universités qui touchent aujour-
d’hui, aux Etats-Unis, des traitements qui varient de $5,000
à $20,000. Ce sont ces gens capables que nous devrions gar-
der au milieu de nous autant que possible; ce sont ces gens
de talent qui sont aujourd'hui plus que jamais absolument
nécessaires à l’industrie, si nous voulons obtenir les résultats
pratiques qui découlent des connaissances scientifiques.
Comme exemple de ce que nous voulons obtenir, une de ces
bourses sera accordée à l’université de Saskatchewan, où l’on
s'occupe entre autres choses de la possibilité de fabriquer du
gaz avec de la paille. La fabrication du gaz avec la paille
donnera une quantité considérable d’une huile précieuse. Ces
recherches se font sous la direction d’un des professeurs de
l'université de Saskatchewan, et nous lui donnerons un de
nos experts pour l’aider à mener ses recherches à bonne fin, si
possible, avec des résultats pratiques, de façon que la quantité
énorme de paille produite au pays, surtout dans l'Ouest (bien
que notre bétail en consomme beaucoup), puisse être utilisée
pour le chauffage et l'éclairage et la production de la force
motrice dans les prairies.

BUREAU DE RECHKRCHES 63

L'hon. M. PUGSLEY : Quand le bureau a-t-il été établi ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Il y a eu un an en
juin dernier.

L'hon. M. PUGSLEY : Le ministre a dit que, parmi les
traitements, il y en a un de. $10,000 pour le docteur Macal-
lum. Quels sont les autres traitements, compris dans les
$43,000 ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Le docteur Macal-
lum, le président chargé de l’adnumistration, est le seul de
tous les membres du bureau consultatif qui touche un traite-
ment. Nous avons comme secrétaire un fonctionnaire du
ministère de l'Intérieur. Ce fonctionnaire a offert gratuite-
ment ses services au bureau consultatif, cette année, et il rem-
plit ses fonctions à merveille. Il partage son temps entre ses
devoirs au ministère de l'Intérieur et ses devoirs au bureau,
pour lequel il travaille surtout le soir.. Je parle de M. Chal-
lies qui est un secrétaire très précieux pour le moment. Il est
très au fait du système des forces hydrauliques du Dominion.
Ses connaissances du sujet et sur d’autres questions qui s’y
rapportent nous sont très utiles. À part cela, nous ne payons
aucun salaire, sauf pour les commis et les sténographes qu'il
nous faut employer. Je puis dire au comité que le travail le
plus important du moment consiste probablement dans l’en-
voi aux universités et collèges, associations scientifiques et
établissements industriels du pays, d'une série de question-
naires afin de nous rendre compte de la nécessité et de la pos-
silité des recherches qu'il y a à faire et des moyens de les
utülser. Pour obtenir dans les différentes industries les in-
formations désirées, nous demandons aux grands industriels :
‘ Quels problèmes avez-vous à résoudre dans le développe-
ment de votre industrie ? ” qu'il s'agisse de l'acier, du gaz, de
l'énergie hydraulique ou de quelques-uns des nombreux pro-
blèmes qui se présentent. Nous désirons dresser un tableau de
tous ces renseignements. Nous avons distribué tous ces ques-

64 LE NATURALISTE CANADIEN

tionnaires, et j'ai expliqué l’autre jour que cette distribution
n'est pas le seul moyen que nous avons de nous renseigner.
L'institut des mineurs, l'association des manufacturiers, l’as-
sociation des chimistes et d’autres sociétés ont offert leurs
services, et ils verront à ce qu’une question adressée à une
usine quelconque soit bien comprise et reçoive une réponse
satisfaisante.

Après avoir complété leur organisation, ces différents corps
se sont mis avec ardeur à la tâche de recueillir et de contrôler
les renseignements que leur ont fournis 500 à 600 persoones
qu'ils avaient chargées de se procurer ces données. Ces socié-
tés ont fait cette besogne volontairement, dans le but unique
de soumettre ces renseignements sous forme analytique qui
puisse servir de base d'action future. Ces réponses, aussitôt
qu'on les obtient, sont soumises à un conseil consultatif qui
prend connaissance des problèmes qu’elles comportent, et les
fait analyser par différents comités. Le bureau pricipal choïi-
sit parmi ces renseignements ceux qui entravent les proble-
mes dont la solution importe le plus et, comme il possède les
connaissances et les facilités voulues, ainsi que les moyens et
les ressources nécessaires à ce travail de recherche, 1l assigne
l'étude du problème au comité préposé à ce travail. Une autre
recherche importante dont le bureau s'occupe aujourd’hui a
trait aux sables bitumineux de l'Ouest, question dont les uni-
versités de cette partie du pays ont déjà fait l'objet de leurs
études. Ce crédit permettra jusqu'à un certain point la con-
tinuation de ces recherches scientifiques.

L'hon. M. MURPHY : Le ministre dit-il que ce crédit
aidera M. Challies dans son travail ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : J'ai dit que M.
Challies désirait vivement faire son possible en ce sens et
qu'il avait offert gratuitement ses services pour une année

durant la guerre.
(A suivre)

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Novembre 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 5

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

L'HERBIER PROVANCHER

Dans notre livraison du mois d’avril 1916, nous racon-
tions que nous avions fait l’acquisition de l’herbier compo-
sé par l’abbé Provancher, et que nous avions eu la joie de
l’offrir à l’Université Laval — moins cependant l’un des
huit cartons dont il se compose. Ce volume se trouvait
au Couvent de Jésus-Marie de Sillery, près Québec, et les
Révérendes Sœurs, à qui l’abbé Provancher l'avait autre-
fois prêté, étaient persuadées que, par telle parole que leur
avait dite le savant quand elles avaient voulu le lui rendre,
elles en étaient devenues propriétaires. N’admettant pas
cette. interprétation, nous n’avons pas manqué de mettre
l'Université au fait de l'affaire et de lui transmettre for-
mellement notre droit de réclamation. Le mois dernier,
Mgr Pelletier, recteur de l’Université, nous a fait le plaisir
de nous annoncer lui-même que le Couvent de Sillery a
bien voulu se départir en faveur de l’Université de ce qu’il
considérait comme son droit de propriété du volume en
question, et que l’herbier Provancher existe désormais au
complet dans les musées de l’Université. Nous sommes

5—Novembre 1917.

66 LE NATURALISTE CANADIEN

hautement satisfait de cette conclusion, dont nous félici-
tons à la fois l'Université Laval et l’estimé couvent de

Sillery, pour lequel notre illustre naturaliste avait une
considération toute spéciale.

——— GO! ——

LA QUESTION DU MOINEAU

Monsieur le Directeur,

Vous m'avez demandé si j'aurais un mot à dire sur la
fameuse question du Moineau, si bien traitée par le savant
Père Fontanel, S. J., dans les récents numéros du Vatura-
Ziste. Non, je n’ai rien à ajouter à cette magistrale étude,
que j'ai lue avec tant d’intérêt et de plaisir. Mon témoi-
gnage, au reste, ne serait pas favorable à ces petits bri-
gands, ces petits voleurs de grand chemin. Je les ai’trop
vus chasser les Hirondelles de leurs nids sous les gouttières
des toits, et les chères petites Fauvettes de leurs domiciles
dans les jardins et les’ vergers.

Comme dernier mot de la présente dissertation, je me con-
tenterai donc de vous offrir la boutade suivante, qui fera
plaisir, je n’en doute pas, au bon Père Fontanel et à bien
d’autres lecteurs qui partagent son opinion.

Je ne prétends pas que ce soit le dernier mot de la ques-
tion; car cette question, on la débattra encore longtemps :
et ce n’est pas de sitôt que l’on en viendra à des mesures
pratiques pour l’extermination, au moins pour la restric-
tion de cette vilaine engeance des Moineaux, dont on se
passait bien il y a une cinquantaine d’années, et dont on
se passerait bien encore, vu surtout que, par effet de leur
brigandage, on a vu disparaître dans une grande propor-
tion les oiseaux utiles, réellement insectivores, dans nos

LA QUESTION DU MOINEAU 67

champs et autour de nos habitations, depuis un demi-
siècle.

MORT AUX MOINEAUX

Tout habillé de gris, avec ta gorge noire,
Petit moineau,
Tu n’es point beau.

Tu n'es, ne fus jamais, au dire de l’histoire,
Qu’ur malappris
Fort compromis.

Tu ne fais que dégâts: on lit, dans ton mémoire,
Plus de bon grain
Que de crottin.

Les sueurs de ton corps, comme d’une écumoire,
Pleuvent partout,
Ah ! quel dégoût !

Turbulent et méchant, la bataille est ta gloire ;
Cruel bourreau,
Maint bel oiseau

Tu chasses du pays: ta nuisance est notoire.
Quel bien fais-tu ?
Nulle vertu

N'efface tes forfaits: donc, si l’on veut m’en croire,
Ton digne sort
Sera la mort.

F.-X. BURQUE, ptre.

68 LH NATURALISTE CANADIEN

BUREAU DÉS RECHERCHES INDUSTRIELLES
ET SCIENTIFIQUES

(Continuë de la page 64.)

M. KNOWLES: Le crédit se rattachant aux ‘études
de problèmes spéciaux ” me semble trop vague pour que je
l’appuie. Cela pourrait s'appliquer à toute sorte de pro-
blèmes, et les observations du ministre ne m'ont nullement
éclairé ni n’ont dissipé mes doutes.

Aujourd’hui, il faut économiser les deniers publics. C’est
le peuple qui paie et il me semble que le grand problème
du jour, c’est de trouver l’argent pour payer les impôts, et
non pas d'augmenter ces impôts par des dépenses stériles
consacrées à une question académique se rattachant à la
solution de certains problèmes. Si l’on veut résoudre les
problèmes qui se dressent devant le pays, il faudra des cré-
dits d’un chiffre bien plus élevé que celui que le ministre
a soumis au comité.

À mon avis, les plus graves problèmes que le pays doit
résoudre maintenant, sont celui des servantes, la question
bilingue et celle de la conscription. Pourquoi jouer ainsi
avec les deniers publics à une époque où les prix sont si
élevés, en inaugurant des études et des recherches sur des
sujets exclusivement académiques et nébuleux, sous le titre
de problèmes spéciaux? Badinage à part, le problème le
plus pressant qu’il incombe au pays de résoudre, aujourd’hui,
et auquel on doit avec raison consacrer notre argent, c’est
la guerre. Le ministre pourrait parfaitement mettre au
rancart cette chose SE et res qu’il appelle
‘problèmes spéciaux??.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Je suis certain
que mon honorable ami (M. Knowles) ne s’est pas rendu

BUREAU DES RECHERCHES 69

justice à lui-même, en formulant ici ce qu’il juge une légi-
time critique d’un crédit consacré à pareil objet. Je laisse
au comité le soin de décider s’il croit que l'honorable
député a atteint son but. Personne ne s'attend à ce que
cet argent soit puisé à une source autre que celle à laquelle
on demande d’ordinaire l’argent dont on a besoin. Il faut
se le procurer par les différents modes en vogue pour la
perception et l’affectation de ces deniers. Si mon honora-
ble ami veut lire un peu—je suis certain qu’il lit beau-
coup—et réfléchir un instant—et sans le spectacle qu’il
vient de donner, j'aurais supposé qu’il avait l'habitude de
la réflexion—, il constatera qu’il n’ya pas de nation pro-
gressiste, aujourd’hui, qui n’ait pas consacré toute son éner-
gie à la solution de ces mêmes problèmes.

Comme la plupart des autres pays, les Etats-Unis com-
pris, la Grande-Bretagne a constaté, dès le début de cette
guerre, alors que les communications ont été rompues, ce
qu’elleavait perdu au cours des dix ou douze années précé-
dentes en négligeant de résoudre des problèmes d’une nature
semblable à celui-ci et en ne leur donnant pas une forme
concrète. Elle a constaté qu’elle était réellement impuis-
sante, à l'égard de quelques-uns des besoins les plus vitaux
du pays. L’Angleterre s’est réveillée de sa torpeur, et elle a
compris avec un empressement merveilleux la nécessité où
elle se trouvait de veiller à ce que pareil état de choses nese
renouvelât pas. Ce bureau de recherches industrielles et
scientifiques repose sur le système qui a présidé à l'institution
du bureau consultatif de la Grande-Bretagne. Cette institu-
tion se compose, aujourd’hui, d'hommes du plus grand ta-
lent et elle compte des bureaux consultatifs dans toutes les
sphères scientifiques, industrielles et commerciales que
l'Angleterre peut offrir. Le gouvernement britannique a
affecté un crédit de £1,000,000 à ce conseil, et que celui ci
peut consacrer à des objets tendant à cette même fin. I!

70 LE NATURALISTE CANADIEN

serait inutile de prendre le temps du comité pour répou-
dre à cette tentative de critique que mon honorable ami a
tenté de faire. Cela neseraïit rendre justice ni à mon hono-
rable ami ni au comité. Il ne s’est pas rendu justice à lui-
même, en faisant cette critique, sans trouver un seul mot
pour discuter autrement cette question, et je suis persuadé
qu’il se rangera à mon avis sur ce point. Je n’entends pas
le mettre par trop mal à l’aise, et voilà pourquoi je n’en
dirai pas davantage.

M. CARROLL : Si je ne me trompe, ces fondations de
bourses d’étudiants et de cours d’agrégés ont pour objet
d'encourager l’investigation de certains problèmes, mais je
u’ai pas saisi l’explication au sujet de l’emploi de ces
$ 25,000.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Il y a d’abord
l'attribution de bourses aux étudiants et de subventions aux
agrégés, et il y a ensuite l’investigation de certaines ques-
tions spéciales.

M. CARROLL: Je m'explique ce qu’on veut faire à
l'égard des étudiants et des agrégés.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Il s'agit en somme
de procédés grâce auxquels les étudiants comme tels sont
constamment activés dans leurs recherches. Si, au cours
de lenrs recherches, ils font des découvertes scientifiques,
le pays en profitera, tout comme les étudiants qui se perfec-
tionnent ainsi et deviennent des observateurs experts.
Au cours de ces investigations conduites par des univer-
sitaires de première ou de deuxième année, il pourra leur
arriver de trouver la solution de certains problèmes, ils
pourront se distinguer dans cette voie. Mais les problè-
mes dont j'ai mentionné quelques-uns devront être attaqués
par des hommes d’expérience, et le crédit de $25,000 est
dans le but de pourvoir aux frais de ce travail.

M. CARROLL: L'université de Saskatchewan étudie

BUREAU DES RECHERCHES 71

les diverses manières dont la paille peut être utilisée. Le
ministre croit-il, par exemple, qu’une partie de ces $25,000
pourraît être attribuée à l’étude de ce problème spécial ?

Le très hou. sir GEORGE FOSTER : Si je me rappelle
bien, on se propose de solder sur ce crédit les appointements
d’un analyste pour le professeur qui s’est occupé de ces re-
cherches depuis plus d’un an.

Le très hon. sir WILFRID LAURIER : On se propose,
je pense, de choisir ces étudiants parmi ceux qui sont le
mieux versés dans certaines sciences ; ils seront choisis par
le professeur Macallum ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Ceux qui compo-
sent le bureau consultatif sont réellement des représentants
de nos universités où l’on donne des cours scientifiques,
comme, par exemple, McGill, Kingston et autres. Ce con-
seil se met eu rapport du mieux qu’il peut avec les étudiants
qui finissent leurs cours dans ces différentes universités, et
il se renseigne sur leur compte auprès des autorités univer-
sitaires.

C’est par ce moyen et très souvent aussi en causant avec
les jeunes étudiants que ce conseil se renseigne. Les sciences
sont enseignées dans les universités par des professeurs ou
des hommes d'expérience qui renseiguent le bureau consul-
tatif sur les aptitudes de leurs élèves. Tout dépend sur-
tout de la carrière dans laquelle l'étudiant désire s'engager.
Dans certains cas, le bureau dira: les études scientifiques
suivies par un jeune homme sont très utiles au point de vue
exclusif de la science, mais nous voulons appliquer les con-
naissances qu'il a obtenues à l’industrie elle-même, Les
études scientifiques sont excellentes en elles-mêmes, mais
nous voulons plus que cela. Ces jeunes étudiants pourront
choisir l’industrie particulière qu’ils désireront étudier et
nous leur accorderons des bourses.

L'hon. M. PUGSLEY : Le ministre voudra-t-il nousdire

72 LE NATURALISTE CANADIEN

dans quelle science particulière le professeur Macallum s’est
distingué? Le ministre devrait pouvoir nous dire quels sont
ceux qui composent le bureau consultatif.

Le très hon.sir GEORGE FOSTER :Je croyais que mon
honorable ami était renseigné à ce propos, et je ne voulais
pas l’ennuyer avec ces détails.

L'hou. M. PUGSLEY : Je crois qu’il est bon que le
public soit renseigné.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : J'ai déjà fait con-
naître la composition du bureau consultatif.

L'hon. M. PUGSLEY: Les noms sont-ils dans le
hansard ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Oui. Le président
est A: B:Macallum, NE D; Ph. D SDS LL 'DNERSS
Ottawa.

Le très hon. sir WILFRID LAURIER: Qu'est-ce que
toutes ces lettres-là signifient ?

L'hon. M. GRAHAM:]II faudrait avoir une clause
explicative.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Je ne veux pa-
faire la besogne de mes honorable amis de lagauche. Les
membres du conseil sont : F. D. Adams, Ph. D., Sc.D., LL.D.
EF.RSS., doyen de la faculté des Sciences appliquées à l’uni-
versité McGill de Montréal; T. Bienvenu, vice-président et
gérant général de la banque Provinciale du Canada, Mont-
réal ; R. Hobson, éc., président de la Steel Company, d'Ha-
milton, Ont.; S. F. Kirkpatrick, professeu1 de métallurgie,
Université Queen, Kingston, Ont.; J. C. McLennan, Ph.D»
F.R.S., professeur de physique et directeur du laboratoire
de physique à l’université de Toronto, Toronto; A.S. Mac-
kenzie, Ph.D., D.C.L., président de l’université Dalhousie,
Halifax, N.S.; W.C. Murray, M.A., LL.D., président de
l’université de la Saskatchewan, Saskatoon, Saskatchewan ;
M. R. A. Ross, E. E. (Toronto), membre de la Société cana-

BUREAU DES RECHERBHFS 73

dienne des ingénieurs civils, ingénieur consultant, 80, rue
Saint-Frauçois-Xavier, Montréal; M. R. F. Ruttan, M.A.
M.D., Sc. D., professeur de chimie et directeur des labora-
toires de chimie à l’université McGill de Montréal; Arthur
Surveyer , B.A. Sc., membre de la Société canadienne des
ingénieurs civils, iugénieur consultant, 274, côte du Beaver
Hall, à Montréal ; sécrétaire, M. J. B. Challies, I.C. (Toronto),
membre de la Société canadienne des ingénieurs civils,
directeur du service des forces hydrauliques à Ottawa.

L'hon. M. PUGSLEY : Par qui ces messieurs ont-ils été
nommés ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Par le Gouver-
neur enconseil. Je dois dire que M. McLennan, professeur
de physique à Toronto, est maintenant en Angleterre, où 1l
représente notre conseil consultatif auprès de ce même
conseil en Angleterre. L'avantage mutuel que nous y ga-
gnons est d'obtenir réciproquement des informations sur ce
qui se passe de part et d'autre, relativement à ce service.
C’es un échange de renseignements. d'idées et de suggestions-

L'hon. M. PUGSLEY : Au lieu de répondre à ma ques-
tion, mon honorable ami communique à la Chambre une
longue liste des noms de personnes qui aident le docteur
Macallum dans sa tâche à des titres divers, l’un à titre de
docteur en philosophie, l’autre àtitre de docteur ès sciences.
Dans quelle partie s'est-il distingué, on ne ledit pas. Est-
ce dans les sciences appliquées ?

L'hon. sir THOMAS WHITE: Il est un dessavants lé
plus remarquables du Canada. Depuis de longues années
il enseigne la pathologie à l’université de Toronto. C’est
un physiologiste de marque, en même temps qu’un chimiste
de haute valeur. Jene connais personne au Canada de
mieux qualifié pour cette mission que le professeur Ma-
callum, au point de vue général des connaissances scienti-
fiques.

74 LE NATURALISTE CANADIEN

L’'hon. M. PUGSLEY: Je suis heureux d'apprendre
qu'il s’est distingué en chimie, puisque ce doit être, je
suppose, le travail le plus important à remplir dans ce bu-
reau. Cela, je l’admets volontiers, mais j'ai désiré savoir
par-dessus tout si l’on allait entreprendre cette œuvre dans
un sens pratique.

L’hon. M. MARCIL: Parmi ceux que le ministre a
mentionnés comme faisant partie de ce bureau, se trouve-t-
il un représentant de l’université Laval ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Non. En dres-
sant cette liste, notre objet a été de prendre dans les uni-
versités du pays les plus capables théoriquement et prati-
quement. Puisqu’on a parlé de l’université Laval, je dirai
bien à mon honorable ami qu’on n’y a trouvé aucun profes-
seur dont les connaissances répondissent aux besoins de
cette commission. (1)

L'hon. M. MARCIL : Cela m'étonne, puisque l’univer-
sité Laval est affiliée à tous les collèges de la province de
Québec. C'est du nouveau pour moi d'apprendre qu’on
n’a pu trouver dans cette université un seul homme en état
de prendre part aux travaux de cette commission.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Mon honorable
ami a tort de prendre la chose de cette façon. Il ne man-
que pas dans ce pays d'hommes capables deservir dans une
telle commission, mais il n’en faut qu’un nombre assez-
restreint, et nous nous sommes efforcés de réunir les meil-

1—Cette étonnante assertion du ministre fait l'effet d’une grossière
plaisanterie, quand l’on connaît le personnel des universités Laval de
Québec et de Montréal, et que l’on considère les qualifications scientif-
ques de tel et tel membre du conseil consultatif institué par le gouver-
nement fédéral. Cette outrageante mise à l’écart de notre grande insti-
tution canadienne-française démontre encore une fois, et àtout le moins,
combien nos compatriotes de langue anglaise ignorent absolument tout
ce que nous sommes et tout ce que nous faisons, dans le domaine scien-
tifique comme dans les autres. V. C.

BUREAU DES RECHERCHES 75

leurs. J'apprends que M. Surveyer est un gradué de lu-
niversité Laval.

L'hon. M. PUGSLEY : Est-ce l’avocat ?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Non, et cette
commission, Dieu merci, va pouvoir se passer des services

d’un avocat.
L'hon. M. MARCIL: L'université Laval occupe dans

ce pays un rang à part. KElleest la première qui ait obtenu
au Canada une charte royale ; elle représente un groupe de
la population et, dans une entreprise comme celle-là, le
désir du ministre est, je le suppose, de s'assurer le concours
de tous les éléments de notre population. Laval a produit
beaucoup d'hommes distingués, dont quelques-uns sont
aujourd’hui dans les collèces de la province de Québec, où
ils sont fort considérés. On en trouve aussi dans la Société
royale du Canada et autres corps savants. Je suis sûr que,
si le ministre veut bien examiner cette affaire, il en arrivera
à conclure qu’il serait de bonne politique de faire entrer
dans cette commission un représentant de l’université
Laval.

L'hon M. OLIVER : Au risque d’encourir le reproche

du min...

Le très hon.sir GEORGE FOSTER: Necraignez point.

L'hon. M. OLIVER :..je dirai que je partage dans une
grande mesure l'opinion émise par l'honorable député de
Moosejaw (M. Kuowles). Je nesaurais m'empêcher de croire
en effet, que, pour méritante que soit ou puisse être cette pro-
position, les circonstances sont bien peu propices à une en
treprise de cette sorte.

On pose ici les bases d’une grande institution, nécessi-
tant l'emploi de fortes sommes consacrées à des frais d’or-
ganisation, qui n’aboutiront pas à des résultats bien tangi-
bles. Aujourd’hui il faut surtout viser aux réalités. Au
moment où nos besoins sont si immenses, si urgents qu’il

76 LE NATURALISTE CANADIEN

nous faut solliciter l’aide -des particuliers pour suppoiter
les fardeaux de la guerre, il ne convient pas d’inaugurer
un projet nébuleux de recherches scientifiques, comme l’a
fait observer mon collègue de Moosejaw. Mon collègue
a mentionné deux projets qui intéressent surtout la région
des prairies de l'Ouest. Citons d’abord la découverte d’un
procédé pour la production du gaz extrait de la paille.
Ici il ne s’agit nullement d’une invention ou d’une idée
géniale, ni du résultat d’un système de recherches scienti-
fiques, et cette découverte ne se rattache nullement à
la proposition à l’étude ou à tout autre projet similaire.
Mon honorable collègue veut maintenant rattacher à ce
projet une question accessoire à titre d’excuse pour l’éta-
tablissement de cette importante institution. S'il tient à
assurer le succès de l’extraction des résidus de goudron pro-
venant du gaz, la minime subvention accordée à l’univer-
sité de la Saskatchewan aboutira à tous les résultats que
produirait son projet d'institution. La même observation
s’appliquerait au sable bitumineux de l’Athabaska. Simon
honorable collègue désire obtenir des renseignements qui
puissent aboutir à l’utilisation du sable bitumineux, une
minime subvention accordée à l’université de l'Alberta pro-
duirait probablement de meilleurs résultats que ne le ferait
l'institution dont il propose la création. L'heure ne se
prête pas à l’inauguration d’une institution qui nécessitera
des frais élevés, abstraction faite des résultats qu’elle pour-
rait produire. Le crédit dont ii demande l’ouverture n’est
pas fort élevé: ce qui est critiquable, à mon avis, c’est le
principe même, c’est la création de nouvelles dépenses et le
grossissement du budget en ces heures critiques, alors que
nous prêchons ou prétendons recommander au public la né-
cessité de l’économie, pour les besoins de la guerre.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: La proposition
à l’étude tend à accorder une subvention affectée à l’extrac-

BUREAU DES RECHERCHES 7

tion de la benzine et du toluène du gaz de houille, au
moyen d’absorbants, dans le but de déterminer avec préci-
sion la quantité de ces composés. Il existe dans le gaz de
houille des différentes villesde ce continent une notable
quantité de ces deux composés, surtout du premier. Ces
précieux dérivés se perdent dans les gazogènes, et la solution
de ce problème serait d’un avantage inappréciable. Il
s’agit d'accorder à l’université du Manitoba une subvention
qui sera utilisée sous la direction d’un de ses professeurs, et
c’est là précisément ce qu’il faut faire, de l’avis de mon ho-
norable ami. La subvention accordée est sous la surveil-
lance du conseil consultatif, Il ne s’agit pas d’une sub-
vention tendant à venir en aide à l’université, mais d’une
somme affectée à un but spécial.

La séparation du goudron du sable bitumineux est une
autre question importante. Si l’on réussissait à résoudre
ce problème, l’Ouest en bénéficierait énormément. La
subvention que doit recevoir cette université sera soumise
à la surveillance du professeur compétent qui est au cou-
rant de la question et se livre à des recherches en ce mo-
ment. Cette aide lui permettra de faire aboutir ses tra-
vaux. Voilà le principe quenous invoquons, et cela répond
à l’objection formulée par mon honorable ami dans une
partie deses observations.

L’'hon. M. OLIVER: L'observation formulée par le
ministre au sujet des subventions aux universités confirme
ce que j'ai dit : c’est au moyen de minimes subventions ac-
cordées aux universités qu’on peut s'attendre à obtenir des
résultats pratiques. Je ne suggère pas au ministre d’accor-
der des subventions aux universités à l’égard de la solution
de ces problèmes, mais s’il se sent enclin à prendre quelque
initiative, qu'il accorde aux universités des subventions
affectées à ces objets. Qu'il n’impose pas au pays, à pareille
heure, une dépense de $91,000 pour l'établissement de

78 LE NATURALISTE CANADIEN

cette institution, sans compter ce que coûtera son adminis-
tration, alors que tout ce qu’il demande aujourd hui pour
le sable bitumineux se résume à #1,500. Il faudra sans
doute consacrer une somme du même chiffre aux travaux
de recherche se rattachant à l’extraction du goudron du
gaz, en calcinant la paille, et peut-être la même somme à
l'extraction du gaz de houille. Ce sont là de minimes
crédits, et personne sans doute ne s’opposera à une dépense
affectée à de pareils objets. Que le ministre exécute ces
dépenses, s’il le veut, et le pays l’approuvera ; mais qu’il
n’aille pas pas grever le pays d’une dépense de #100,000
dans le but d’affecter quatre ou cinq mille dollars à des tra-
vaux de recherche.

M. MACLEAN (Halifax): La dépense de #100,000
affectée à des recherches scientifiques au Canada n’est nul-
lement critiquable, si nous avons l’organisation voulue.
Si les travaux de la commission aboutissent à un résultat
pratique, il est fort possible qu’une dépense de $100,000
donne un rendement de $1,000,000.

Je crois qu’un des meilleurs exemples de la valeur des
travaux scientifiques pour un pays est ce qu’a accompli feu
M. Saunders, du département de l’Agriculture. M. Saun-
ders a obtenu pour le Canada une semence de blé qui mû-
rit quelques semaines plus tôt qu'aucun autre blé connu
avant cette époque au Canada.

M. SCHAFENER : De quel blé s'agit-il ?

M. MACLEAN (Halifax) : Je nesais pas quel est le nom
de ce blé, mais j'ai vu dans les publications du Gouverne-
ment que, grâce aux travaux de M. Saunders, on avait ob-
tenu un blé spécial qui mûrissait beaucoup plus tôt au
Canada qu'aucun autre blé connu auparavant. Je ne sa-
vais pas que ce fait pouvait être mis en doute. Je pourrais
facilement retrouver l'écrit dans lequel des personnes très
compétentes assurent que le résultat de cette découverte a

PUBLICATIONS REÇUES 79

été d'augmenter de plusieurs milles la superficie de l’ouest
du Canada ensemencée en blé.

M. SCHAFFNER : Je lcrois que le blé dont parle l’ho-
norable député est le blé Marquis. Les agriculteurs pra-
tiques ont reconnu par expérience que ce blé mûrissait
huit ou dix jours plus tôt que les autres variétés.

M. MACLEAN (Halifax): L’honorable député peut avoir
raison, mais je communique simplement au comité un fait
que j'ai vu affirmer une vingtaine de fois. Je le donne au
comité tel que je l’ai acquis par mes lectures et ‘je ne doute
pas que sur ce point j'ai raison.

M. SCHAFFNER : Je souhaiterais que la nouvelle fût
exacte.

(A suivre)

PUBLICATIONS REÇUES

— (Contributions from U.S. Nat. Herbarium.) Grasses of the West,
by A.S. Hitchcock and Agnes Chase.1917.

—47 th Report of the Entomological Society of Ontario.1916. Toronto.
1917.

— (Ministère des Mines, Ottawa.)

Summary Report of the Geological Survey. Dept. of Mines. 1916.0tta
Wa. 1917.

Stauffer, Le Dévonien du Sud-Ouest de l'Ontario. 1917.

Mackenzie, Géologie d'une partie du bassin houïller de Flathead, C.B.
1917.

Bulletins du Musée, Nos 3-7. —Le Bulletin N°3 comprend un travail
de M. Twenhafal, intitulé : Les Faunes de l'ile d' Anticosti, où se trouve
la description de uouveaux genres et espèces de fossiles.

— Annuaire du Canada. 1915, Ottawa. 1916.

Nous remarquons dans cet ouvrage un article snr la flore du Canada
par M. T. M. Macoun, et un article sur la faune du Canada, par M. P.
A. Taverner, tous deux bien illustrés.

80 LE NATURALISTE CANADIEN

— Pleridografia del sur de Mexico o sea clasificacion y descripcion de
los pelechos de esta region, precedida de un bosquejo de la flora gene-
ral, por el Ingenerio José N. Rovirosa. profesor de historia natural. 1900.

Volume in-4° illustré de 70 planches hors texte. Cette flore des Fou-
gères du Mexique contient une abondance d'indications biliographi-
ques. Cet ouvrage est une contribution scientifique de haute valeur, qui
nous vient du Musée National de Mexico.

—(Ministère des Mines. Canada.)

Barlow, Le Corindon, gisement, distribution, exploitation, et usages,
Ottawa. 1917. :

Johnston, District de Remy river. Ont. Géologie superficielle et sols.
Ottawa. 1917.

Rapport concernant les travaux des Archives publiques pour 19r4
et 1915. Ottawa. 1917.

Howells Fréchette, Lapport sur les minéraux non-mélalliques em-
ployés dans les industries manufacturières du Canada. Ottawa. 1917.

Kalmus et Blake, Les Propriétés inagnétiques du Cobalt. Ottawa.
1917.

—(Smithsonian Institution. Washington.)

Proceedings ofthe U. S. National Museum. Vol. 51. 1917.

Rien ne concerne particulièrement l’histoire naturelle du Canada
dans ce beau volume, où l’entomologie a sa bonne part.

— Plant Materials of Decorative Gardening. 7ke Woody Plants. By
W. Trelease, prof. of Botany in the University of Illinois. Urbana.
1917.

Petit volume cartonné de 204 pages, muni de clefs analytiques permet-
tant de trouver les noms des arbres et arbrisseaux cultivés pour l'orne-
mentation. Il y est question de 247 genres et 1150 espèces, appartenant
à la flore de l’est des Etats-Unis, et généralement aussi du Canada. L’uti-
lité de ce manuel est mauifeste, et nous voudrions bien qu’il se publiât
dans la province de Québec un ouvrage analogue. En attendant, l’ou-
vrage de M. Trelease serait utile à beaucoup de nos amateurs.

— Bulletin of the N. Y. Botanical Garden. VIII, 31.

— (Smithsonian Institution.)

Annual Report of the Ü. S. National Museum. 1916. Washington.
1917.

J. A Cushman, À Monograph of the Foraminifera of the North Paci-
fic Ocean. Washington, 1917. Part. VI.

Canu & Bassler, À Synopsis of American early tertiary Cheilostome
Bryozoa. Washington. 1917.

— 0, —

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Décembre 1917

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 6

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

SUR LES. POILS ‘'URTICAMES DES:CHENILLES

Ce n’est pas toute la question de l’action physico-physio-
logique des larves de Lépidoptères en fonction de l’hom-
me que je veux ici aborder: l'étude en serait pas trop lon-
gue, et par ailleurs inversement proportionnelle au nombre
des individus dont la nocuité s'exerce en ce sens dans le
Québec. /

Tout simplement, je crois intéresser les lecteurs du Va-
turaliste canadien en portant à leur connaissance un cas
tout récent de cette influence délétère, quieut pour théâtre
un village de notre Province.

Pendant le mois de septembre dernier, une chenille s’est
imposée à l’attention des habitants de Saint-Joseph-du-Lac
près Montréal, en leur causant des ennuis, pour d'aucuns
considérables. Cette larve appartient à la famille des Arc
tiidae et se rattache au genre Æa/stdota. Le spécimen qu’on
nous a fait parvenir s’est métamorphoséen chrysalide pen-
dant le trajet, si bien qu’il nous a été impossible de le dé-
finir spécifiquement. Comme toutes ses sœurs, cependant,
cette espèce porte coquettement une dense et longue pu-

6—Décembre 1918.

82 LE NATURALISTE CANADIEN

bescence, qui est d’ailleurs une des caractéristiques de la fa-
mille;pour cette raison, les Anglais donnent à ce groupe le
nom de “Woolly bears”.

Fort intéressante est la structure des éléments du système
pileux. Chaque poil a la forme guerrière d’un fer de lance
à triple série de pointes superposées. Jusque-là, il n’y a pas
d’inconvénient. Maïs où l’ennui commence, c’est lorsqu'un
de ces poils barbelés vient en contact avec la peau. Si, par
exemple, vous prenez dans la main une de ces chenilles,
ses poils serrés sedétachent automatiquement du corps;
à la moindre pression, au plus léger frottement, ils pénè-
trent dans la chair et y causent une urtication variable en
gravité selon le degré de résistance de la peau. Les mains
recouvertes d’un épiderme épais et durci ne ressentent à
peu près rien, tandis que les mains à peau fine subissent
immédiatement une sensation de brûlure produite par les
arêtes vives des poils. Cela n’est évidemment pasle cas le
plus général. On peut toutefois poser en principe que tout
épiderme à sensibilité non émoussée traversé par plusieurs
de ces pointes acérées devient très vite le foyer d’une vive
douleur.

Quoique cela puisse étonner, le cou est la victime
préférée, le siège le plus fréquent de l’irritation. En voici
l'explication très simple. Phytophage comme ses parentes,
l’espèce d’Æalisidota dont il est ici question choisit pour
pâturage la cime touffue des arbres à feuilles caduques (sur-
tout de ceux de la famille des Juglandacées, 1.e. /7zcor1a spe.,
Juglans nigra et cinerea) et lefeuillage des arbres fruitiers
(Pyrus malus et ses variétés). Au cours de ses gastronomies,
la larve, par suite des mues où puissance d'émission, laisse
tomber des poils-fer-de-lance. Le promeneur, qui d'aventure
passe sous un arbre hôte de tels hexapodes, risque fort
qu'un ou plusieurs poils ne viennent lui choir sur le cou. Les
frottements déterminés par la marche, du cou sur le faux-

L'HISTOIRE NATURELLE AU CANADA 83

col, forcent les poils à pénétrer dans la chair. Il en résulte
alors un dermititis désagréable, parfois même douloureux.
Heureusement, l’action de ces poils n’est que mécanique,
seules les arêtes vives provoquant l’urtication. Plusieurs
chenilles amènent chez leurs victimes des désordres phy-
siologiques sérieux. Ainsi, la larve de l’Zproctis chrysor-
rhæa L. (bombyx cul-brun)est douée d’une plus grande et
plus notoire nocuité. Les poils provenant de certaines touf-
fes dorsales sont non seulement aigus, mais aussi impré-
gnés d’un poison sécrété à leur base par une glande spécia-
le. De graves troubles physiologiques résultent de leurs piqû-
res ; plusieurs personnes en sont même mortes dans la ville de
Medford,N.H., en 1895-06. Forbush et Fernald rapportent
que le nombre de ces chenilles était tellement phénoménal
qu'elles recouvraient arbres,clôtures,maisons,chaussées,tout,
et qu’on entendait la nuit le bruit sec de leurs mandibules
broyant les feuilles. Cet insecte excessivement dangereux
n’est encore qu’à une cinquantaine de milles de la frontiè.

re. Dieu nous préserve de son invasion.
GEORGES MAHEUX

00

L'HISTOIRE NATURELLE AU CANADA

Un corespondant nous écrivait cequi suit, il y a quelques
semaines, sur le sujet indiqué :

Il me souvient d’avoir lu dans les premiers volumes
du Vaturaliste canadien les efforts que l’abbé Provancher

1.— Nous sommes heureux de souhaiter la bienvenue, en nos pages, à
un collaborateur nouveau et de haute valeur. M. Maheux, pro-
fesseur d'entomologie à l’Université Laval, nous a succédé comme
entomologiste officiel de la province de Québec.

84 LE NATURALISTE CANADIEN

faisait pour propager sa revue, faisant remarquer que c'était
le seul organe scientifique en français au pays. J'ai
rencontré peu de maisons qui aient la collection: vous me
dispenserez de rapporter ici les excuses qu’on doune. Mais
quand on voit l'Histoire naturelle enseignée en Canada
avec des ouvrages faits à l'étranger, il est au moins permis
de se demander qui est responsable du peu d'enthousiasme
qu’on rencontre en certains milieux. Les professeurs au-
raient pourtant trouvé bien des exemples pour intéresser
leurs élèves aux richesses et aux beautés du Canada, s'ils
avaient lu le Vaturaliste canadien. Que dire aussi de
ceux qui publient en anglais dans des revues anglaises,
lorsque leur langue maternelle est notre belle langue
française !

N'ayant pas eu le bonheur de naître en Canada, je ne
pourrai jamais me vanter d’avoir dépensé ma vie dans
l'étude de ce pays. Une étude assez détaillée m'a montré
qu’il y aici assez de beautés pour satisfaire les esprits les plus
exigeants. Si la Providence m'oriente vers l'Histoire na-
turelle dans ma carrière d'enseignement, je me propose de
laisser ou de mettre le Canada à la place qu'il doit occuper.

J'ai fouillé tout ce qui s’est publié sur cette branche'es
anglais et en français, au Canada et aux Etats-Unis, et j'ai
fait les constatations suivantes:

1° L'Histoire naturelle du Canada a surtout été étudiée,
par des étrangers.

2° Le travail fait en Canada est surtout l’œuvre d’'off-
ciers du gouvernement et de quelques sociétés.

3° La grande majorité des publications est anglaise;
et les écrivains semblent surtout de langue anglaise.

4° Si l'abbé Provancher avait eu un plus grand nombre
de collaborateurs; si une douzaine de naturalistes de sa
trempe avaient continué son œuvre, nous n’aurions pas de
lacune à regretter.

BUREAU DES RECHERCHES 85

Y a-t-il exagération? Si oui, dans quel sens ? si non, à

ne DO EEE

BUREAU DES RECHERCHES INDUSTRIELLES
ET SCIENTIFIQUES

(Continué de la page 79.)

M. MACLEAN (Halifax): Il est parfaitement connu
que les travaux de M. Saunders à ce sujet ont permis d’ob-
tenir pour le Canada des semences de blé qui nous mettent
en état de récolter du blé beaucoup plus tôt que nous pou-
vions le faire aupravant, et c’est une question très impor-
tante dans un pays où l'été est si court. Si ce que j'ai dit
est vrai, les travaux de M. Saunders ont rapporté des mil-
lions de dollars au Canada.

Quand on a présenté au comité le bill qui établissait
cette commission, j'ai soulevé une objection à propos du
personnel de la commission et je tiens à renouveler mon
objection. Il n’est pas satisfaisant pour le peuple cana-
dien ; il ne satisfait pas quelques membres de la commis-
sion. Les hommes qui composent cette commission de-
vraient être beaucoup plus jeunes et posséder certaines con-
naissances pratiques. Je n’ai pas confiance dans l'établis-
sement d’une commission composée d'hommes qui ne peu-
vent consacrer leur attention à ces travaux que pendant
quelques jours par an. La nomination d’une semblable
commission est grosse de possibilités pour l’avenir du pays.
L'idée est absolument bonne. C'est le moment, plus que
jamais dans notre histoire, de faire des travaux de ce genre.
Par cela même que nous aurons à payer une dette énorme

86 LH NATURALISTE CANADIEN

comime résultat de la guerre, c'est une raison pour entre-
prendre ce genre de recherches. Pour moi—et je suis
sûr que c'est ce qui arrive à d’autres de mes collègues—je
suis souvent abordé dans ma province par des homimnes qui
sont en présence de problèmes dont la solution nécessite
une aide scientifique. Ils ne peuvent pas facilement acqué-
rir cette connaissance ; ils ne peuvent pas aller à l’étranger
pour amener au pays des experts qui solutionneraient des
problèmes de cette nature, et ce travail devrait être entre-
pris par l'Etat parce qu’il contribuera à développer notre
commerce et notre industrie. On devrait faire très atten-
tion dans le choix des commissaires. J’estime qu’on s’est
déjà trompé; en réalité la commission toute entière est
une erreur, Je ne tiens pas à en dire davantage, parce que
ce n’est pas agréable de discuter le personnel d’une com-
mission semblable ; car, après tout, les hommes qui la com-
posent sont des hommes distingués et comptent parmi nos
meilleurs citoyens. Mais il est possible de commettre une
grande erreur de jugement en choisissant des hommes pour
cette œuvre, même si vous les prenez parmi les professeurs
les plus éininents de nos universités. La fertilisation du
sol serait un grand problème à soumettre à une commis-
sion semblable. Rien n’est plus important pour le pays.
Si la commission pouvait découvrir quelque méthode de
fournir aux cultivateurs du pays un fertilisant en quantité
suffisante et à un prix raisonnable, elle ferait une décou-
verte qui vaudrait des millions de dollars, et la dépense de
$100,000 serait peu de chose en présence du résultat obte-
nu. Qu'est-ce que le ministre se propose de faire pour coor-
donner le travail dela commission et celui quisefait main-
tenant dans d’autres départements? Il y a des hommes de
science dans le département de l'Agriculture. Il y a dans
le budget supplémentaire un crédit de $6,000 pour des
études forestières. J’ignore s’il convient de faire en ce

BUREAU DES RECHERCHES 87

moment une dépense à cette intention. Il y a aujourd’hui
dans le département de l'Agriculture quelques fonction-
uaires techniques dont les travaux sont confinés à ce genre
d’études.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Des études fo-
restières ?

M. MACLEAN (Halifax): Oui.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : C'est dans le dé-
partement de l’Intérieur.

M. MACLEAN (Halifax): Dans le département de l’In-
térieur, jusqu'à un certain point ; mais dans le département
de l'Agriculture il y a au moins un fonctionnaire dont les
travaux sont dans cette direction. Dans la division des
Mines, il y a un bon nombre d'hommes de science qui cou-
sacrent leur temps à étudier des questions qui concernent
nos mines et nos minéraux, et il y en a probablement aussi
dans d’autres départements. Le ministre se propose:t-il de
faire travailler ces fonctionnaires de concert ou séparément ?
I] serait peut-être à propos de réunir dans ce service tous
les experts des différents ministères.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Voilà exactement
la méthode qui est suivie avec succès et avec la meilleure
volonté du monde par tous les départements. Ils s'enten-
dent les uns les autres et ils travaillent de concert avec le
bureau. Le plan consiste à coordonner et à mettre au
point, si je puis me servir de cette expression, tous ces
divers éléments, qui ont séparément accompli une excellente
tâche. Mon honorable aini est absolument dans l'erreur
quant au nombre des fonctionnaires s’occupant des ques-
tions forestières dans le ministère de l'Agriculture. Ces
fonctionnaires sont au service du ministère de l'Intérieur
et de la commission de Conservation. Ils travaillent en
union étroite les uns avec les autres, et les expériences pour
lesquelles je demande ce crédit seront effectuées par les

88 LE NATURALISTE CANADIEN

experts du ininistère de l'Intérieur. Il n’est pas du tout
question de faire deux fois le même travail. Notre inten-
tion est justement d'éviter cela en coordonnant et concen-
trant le travail de tous sur le développement des ressources
du Canada.

M. SCHAFFNER : Si j'ai bien compris, mon honorable
ami d'Halifax a déclaré que quelques uns de ces experts
ne consacrent qu’une partie de leur temps et de leur tra-
vail à cette tâche. S'il en est ainsi, quel est le nombre des
membres du conseil qui consacrent tout leur temps et toute
leur énergieà ces travaux? Il doit certainement y en avoir
quelques-uns.

Le très hou. sir GEORGE FOSTER : Le seul mzmbre
du conseil qui consacre tous ses instants à ces travaux,
c'est le président. Mon honorable ami doit se rappeler
que ces messieurs ont été choisis à cause de la réputation
dont ils jouissent et des connaissances pratiques qu’ils ont
acquises dans certaines branches du domaine scientifique
Nous n'avons jamais eu l’idée que ces savants s’enferme-
raient dans les laboratoires et qu'ils surveilleraient en
personne les expériences qui seront tentées. Ils constituent
purement et simplement un comité destiné à mettre en
marche, à surveiller et à coordonner les efforts des différents
facteurs, et à voir à l'application pratique des sommes que
nous consacrerons à la poursuite de ces recherches scienti-
fiques.

Tous ces membres du conseil, sauf le docteur Macallum,
donnent leurs services gratuitement à l'Etat, mais il ne
faut pas conclure de làqu'ils se contentent de prendre une
vacance et qu'ils ne s'intéressent pas à la tâche à accom-
plir. Il y a maintenant plus d’une année que ces savants
sont entrés en fonctious et je suis au courant de ce qu’ils
ont fait. Ils ont consacré à cette œuvre une bonne partie
de leurs instants si précieux etils sont animés d’un sincère

BUREAU DES RECHERCHES 89

enthousiasme; ils tiennent à ce que le projet soit mené à
bonne fin ; ils désirent qu’il produise des résultats pratiques
dont le pays puisse retirer des bénéfices inappréciables.
Depuis sa création, le conseil s’est réuni une couple de fois
par mois à Ottawa. Les réunions durent de trois à cinq
jours ; en une certaine circonstance, la réunion s’est pro-
longée pendant toute une semaine. Ces messieurs sont
bien loin de traiter la question comme un passe temps ou
quelque chose de cette nature.

Le conseil s’est placé à un excellent point de vue, qui
concorde absolument avec mes idées. Des hommes com-
me ceux-là, ainsi disposés et possédant les connaissances
nécessaires, ne doivent pas travailler chacun de leur côté
et sans que personne ne soit responsable de la tâche à ac-
complir, si nous voulons obtenir des résultats satisfaisants.
II était donc essentiel de désigner quelqu'un pour coordon-
ner les efforts de tous ; et dans ce but, nous avons choisi le
plus distingué d’entre eux—il a été leur choix aussi bien
que le mien—pour coordonner, diriger et donner des con-
seils, en un mot faire fonctionner le mécanisme auquel les
autres membres du conseil fournissent la force motrice.
Mais c’est là le moindre des résultats obtenus. Ily a main-
tenant un peu plus d’une année que le conseil consultatif
s'est mis à l’œuvre, et dans ce court espace de temps il a
réussi à unir les divers éléments qui se livrent à des recher-
chent scientifiques ou industrielles dans le Dominion, les-
quels, à venir jusqu'à ce jour, avaient travaillé séparé-
ment, faisant parfois double emploi et manquant de l’éner-
gie et de l’entrain qu’amène inévitablement la coopération
d'autres chercheurs dans une même direction et vers un
but commun.

Le service des recnerches du département de l’Intérieur
et des Mines, la cominission de Conservation, le départe-
ment du Revenu de l'intérieur et autres services de recher-

90 LE NATURALISTEH CANADIEN

ches ont tous été liés à cet effort général. Dans l’espace
d'un peu plus d’une année, tous ces efforts disséminés ont
été concentrés, sont devenus animés d’une énergie et d’un
entrain nouveau, avec la détermination bien arrêtée de
coopérer à cette grande œuvre qu'ils ne soupçonnaient
même pas quelques mois auparavant. Le conseil a inspi-
ré un nouveau courage dans tous ces divers départements
de l’administration.

Il est inutile de renchérir sur lesobservations qu'a faites
mon honorable ami d'Halifax relativement à l’absolue né-

essité de ces travaux, particulièreme:t à l'époque que nous
traversons en ce moment. La dépense de quelques milliers
de dollars n’est qu’une pure bagatelle en comparaison des
bénéfices énormes que la force économique du pays peut re-
tirer de la solution heureuse d’un seul des problèmes scien
tifiques actuellemeut à l'étude.

Ce travail est pour ainsi dire indispensable, si nous ne
voulons pas être distancés par les autres pays. Mon ho-
norable ami dit que cette commission n’est pas celle que
nous aurions dû nommer. S'il veut bien lui laisser le
champ libre pendant environ un an, je suis certain qu'il
sortira de l'état coutemplatif dans lequel il s'est complu
depuis près d'un an en s’abstenant de critiquer à tort et à
travers, .et qu’il changera d'idée sur le compte de ces com-
missaires. Il n’est pas possible de choisir des commissaires
qui soient au goût de tout le monde : nous avons chacun notre
manière de voir à leur sujet. AÀ mon avis, nous avons à
peu près le meilleur bureau qu’il soit possible de former
dans tout le pays.

M. MACLEAN (Halifax): Ne serait-il pas à propos
d’avoir un représentant de l’agriculture dans ce bureau?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Je ne crois pas
qu’il y ait un seul collège ou une seule université dans tout
le pays quisoit plusintimement lié au progrès agricole que

]
BUREAU DES RECHERCHES OI

l’université de la Saskatchewan dirigée par M. Murray.
C’est la raison d’être de cette institution fondée pour étudier
les ressources agricoles de la province et les mettre en
œuvre.

M. MACLEAN (Halifax): Ce n’est pas tout à fait une
réponse à ma question. Je connais très bien M. Murray.
Il s’est très peu occupé d'agriculture scientifique ou prati-
que. Il a entrepris un travail considérable, celui de fonder
une université dans une nouvelle province. Je ne m’op-
pose pas à ce qu’il fasse partie du bureau, car c’est un
homme très capable, un des meilleurs que l’on pût choisir.
Je crois cependant qu’il serait à propos de nommer un au-
tre représentant de l’agriculture, possédant les qualités que
j'ai dites.

M. SINCLAIR: Puisque ces hommes de science ne
touchent pas d’appointements, je ne vois pas pourquoi
le ministre n’en nommerait pas un plus grand nombre.
Ces commissaires entreprennent une tâche considérable et
il n'y a pas de raison pour que le nombre en soit si
restreint. Nous avons dans la Nouvelle-Ecosse l’univer-
sité Saint-François dont le personnel enseignant compte
plusieurs hommes éminents qui consacrent leur temps à
des recherches scientifiques, et je suis certain que parmi
ces professeurs on en trouverait dont les services seraient très
précieux, si le ministre consentait à élargir le cadre de son
bureau. J'espère qu’il tiendra compte de cette proposi-
tion. Je partage l'avis de l’honorable député &’ Halifax
(M. Maclean), quand il dit que la jeunesse est un grand
point dans les travaux de cette nature. Si le ministre
charge de la direction de ce bureau un‘homme qui n’est
plus dans la force de l’âge, qui ne peut pas déployer toute
activité nécessaire, je crois qu’il commet une erreur.
Je ne connais pas du tout le professeur Macallum, mais des
remarques de cette nature ont été faites à son sujet par des
personnes qui s'intéressent à cette question.

02 LE NATURALISTE CANADIEN

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Quel Âge pensez-
vous qu’a M. Macallum?

M. SINCLAIR: C'est ce que je désire savoir.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Vous semblez
croire que c'est un vieillard. Il est comparativement jeu-
ne.

L’hon. M. PUGSLEY: Que veut dire ‘“‘’comparative-
ment ?"?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Il est âgé de
cinquante-cinq ou cinquante-six ans, je ne considère pas
qu'un homme soit vieux à cet âge.

L’hon. M. GRAHAM: Il serait presque trop jeune,

M. SINCLAIR: Le ministre devrait ts me ren-
seigner exactement.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Il est peut-être
plus âgé que cela; je ne le sais pas au juste.

M. SINCLAIR : Le ministre n’a pas encore dit le chif.
fre des appointements.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : $10,000 par an-
née.

L'hou. M PUGSLEY: C'est un assez joli traitement.

M. ROSS: Tous les membresde cé comité admettront
qu'il y a lieu, pour le Gouvernement, d’instituer des recher-
ches au sujet de certaines questions spéciales. Ce travail
peut avoir d’'heureux résultats pour le pays. Il est permis
de se demander, cependant, si le temps est bien choisi pour
entreprendre un travail de cette nature, dans les conditions
financières où nous nous trouvons et dans un moment où
nous avons uu si grand besoin d'argent pour d’autres fins.
Le ministre ne devrait pas nous demander de voter les
différents crédits compris dans cet article du budget, sans
donner plus d'explications. Le premier item affecte $43,600
aux appointements, y compris les dépenses, les impressions,
la papeterie, etc. Le salaire du président sera de $10,000,

BUREAU DES RECHERCHES 93

Le ministre a aussi expliqué que les autres membres du
bureau ne seront pas rétribués. Il reste dont une somme
de $33,600 au sujet de laquelle nous n'avons pas de ren-
seignements.

Le ministère, depuis qu’il a les rènes du pouvoir, a en-
trepris fougueusement de créer des postes de fonctionnaires
et le présent crédit semble indiquer qu’il persévérera dans
la voie où il s’est engagé. Le ministre est tenu d’appren-
dre-au comité comment cette somme sera employée. Quel
sera le personnel de ce bureau? Devra:t-il subir les exa-
mens de la commission du Service civil et être choisi par
elle ou par le ministère? Au dire du ministre, le profes,
seur Macallum devra veiller à ce que tout marche, et ce
sera là la plus faible partie de sa tâche. Cependant, outre
le traitement du président, il reste $33,600. Le ministre
devrait donner des renseignements plus circonstanciés sur
l'emploi de cette somme d’argent.

M. NICKLE: Les critiques de la Le semblent ins-
pirées par une fausse notion des besoins du Canada pour
la solution des problèmes industriels qui s'imposent à lui.
Avant l’ouverture des hostilités, 1l était admisque l’Alle-
mague et les Etats-Unis faisaient plus de progrès que les
autres nations dans le domaine de l’industrie. C'est que
l'Allemagne avaitprocuré l’enseignement professionnel à ses
artisans, et qu’elle avait, grâce à la chimie et aux autres
sciences, résolu les prob'èmesindustriels. Quelqu'un a dit
que, si l'Allemagne avait voulu attendre quinze années de
plus, elle aurait dominé le monde au point de vue indus-
triel et économique et aurait pu se dispenser d'engager la
présente lutte.

Les Etats Unis faisaient les mêmes progrès que l’Allema-
gne.dans la sphère industrielle, et si ces deux nations
marchaient à si grandes enjambées, c'est qu’elles étaient en-
trées beaucoup plus tard que l'Angleterre dans le champ

94 LE NATURALISTE CANADIEN

de l’industrie. L’Angleterre avait été individualiste dans
son développement industriel; son champ d’action n'était
pas universel comme celui de l'Allemagne et des Etats-
Unis. Ceux-ci avaient tiré parti de la coordination des
richesses et des efforts, et ils avaient donné l’essor à d’im-
menses établissements industriels. L'Allemagne avait at-
teint le même but, grâce au concours de l'Etat, et il s'ensuit
que ces deux nations ont pu, à la faveur de leurs puissantes
industries, se prévaloir de l'intelligence humaine et appli-
quer la chimie et les autres sciences à la solution des pro-
blèmes industriels. ;
L’Angleterre, dont les établissements industriels étaient
moins considérables, a fait moins de progrès. Au Canada,
nous somnies encore au début. Des membres de Ja gau-
che ont dit que ce n’est pas le moment de nous tourner
vers des entreprises nouvelles, que nous devrions attendre
la fin de la guerre et employer les deniers publics à autre
chose qu’à la solution de ces problèmes industriels. Ils
font fausse route, me semble-t-il, car le Canada n’a jamais
eu autant besoin qu'aujourd'hui de s'engager dans cette
voie. Ils n’ont pas dû voir ce qui se passe dans le monde
depuis vingt ans. Contemplons ce que les sciences appli-
quées accomplissent pour diminuer la maladie au cours de
la présente guerre. Elles maîtrisent la fièvre typhoïde,
maladie qui, il ya dix ans, emportait deux hommessur dix :
car dans les guerres d’autrefois la maladie faisait plus de
victimes que les balles. Voyons ce que la science a
accomplilorsqu’on l’a appliquée à l’industrie. Nousavons
aujourd’hui de l'acier à bon marché. Pourquoi? Parce
que Bessemer a appliqué à sa fabrication un procédé qui
en a abaïssé le prix de revient au point qu’on peut main-
tenant acheter ce produit pour la moitié du prix d’il y a quel-
que années. Examinons les résultats récents de. l’appli-
cation scientifique de l'électricité produite par l'énergie

PUBLICATIONS REÇUES 95

hydraulique. On fabrique aujourd’hui, en ce pays, des
munitions avec des outils en acier durci employés dans
des tours évoluant avec une vélocité qu’on aurait crue
impossible il y a quelques années. L'acier est trempé et
durci au point qu’on peut l’employer dans des tours évo-
luant si rapidement que l'outil est chauffé au rouge, tandis
que, avec l’ancien procédé, il se serait émoussé. Tout
- cela est rendu possible par l'application des sciences à
l’industrie. Prenons les substances à polir qu’on emploie
dans la fablication des munitions et des articles en métal.
Cette fabrication n’est possible que grâce aux sciences ap-
pliquées.

De plus, si l'Allemagne n'avait pas résolu le problème, et
si elle ne tirait pas parti de la production de l’énergie
électrique par la Norvège pour extraire les nitrates de l’air,
elle ne pourrait pas avoir les munitions qui lui permettent
de soutenir la lutte, et les alliés auraient remporté la vic-
toire depuis longtemps.

Ces pensées nous font songer à un autre problème.
Nous avons-en ce pays de belles chutes d’eau. Nous de-
vrions entreprendre de créer une autre industrie puissante ;
nous devrions prendre des mesutes pour trouver un moyen
économique de tirer des nitrates de l’atmosphère et de pro-
duire des engrais peu coûteux pour nos cultivateurs.

A l’heure actuelle, les Etats-Unis consacrent des millions
à la solution de ce problème, et nous n’avons encore rien
fait. Le moment est venu, ce me semble, de se mettre à
l’œuvre.

(A suivre)

—— 0: —

PUBLICATIONS REÇUES
— (Ministère des Mines. Ottawa.)

Stopes, #Vore carbonifère des ‘‘ Assises à fougères’ de Saint-Jean
N.-B. Ottawa. 1917.

96 LE NATURALISTE CANADIEN

Daly, Une reconnaissance géologique entre Golden et Kamloops, C.-B.
Ottawa. 1917.

—AÀ Preliminary List of the Insects of the Province of Quebec. Part IX.
Coleoptera. By G. Chagnon. Montréal. 1817.

Avec les listes de Lépidoptères et de Diptères précédemment publiées,
celle des Coléoptères apporte une aide très importante aux ent molo_
gistes. La Société de Protection des Plantes rend un grand service à
notre histoire naturelle en se chargeant de cette publication. Pour cha-
que espèce, les localités et les auteurs de captures sont indiqués en abré-
gés. Nous y trouvons même mentionnées, mais sous le nom de l’abbé
Provancher, quelques-unes de nos trouvailies d'autrefois dans la région
de Chicoutimi, Saguenay.

— (Ministère des Mines. Ottawa.)

Reinecke, Gisemments minéraux de la région de Beaverdell, C.-B.
1917.

—(A:rerican Museum of Nat. Hist., New Vork.)

A Bibliography of Fishes, By Bashford Dean, enlarged and edited by
Ch. Rochester Fastman. Vol. II. Authors’ Titles L-Z.

Nous avons signalé en son temps l’apparition du vol. I de cet ouvrage
considérable—où nous voyons mentionnée plus d’une fois notre pu-
blication.

—(Ministère des Mines. Ottawa.)

Rapport sommaire pour 1915. Ottawa. 1917.

Annual Report on the Mineral production of Canada during the ca
lendar year 1915. Ottawa. 1917.

Kalmus, Harper & Savell, Gal/vanoplastie au Cobalt. Ottawa. 1917.

Wilson, Z#dustries métallurgiques du Cuivre au Canada. Ottawa. 1917.

De Schmid, Æecherches sur un gisement de phosphate signalé dans
l'Alberta. Ottawa. 1917.

Allan, Géologie de la région de Field, C. B. et Alberta, Ottawa. 1917.

Drysdaie, Géologie du Districtiminier de Franklin, C.B. Ottawa 191%.

, Dodge, Ziste annotée des plantes à fleurs et des fougères de La Pointe
Pelée, Ont. Ottawa. 1917.—Voilà une publication du genre de la Æ#lore
du Yémiscouala publiée par notre savant collaborateur le Fr. M.-
Victorin.

Haanel (B.-F.), 7ourbe, Lignite el Houïille, Leur valeur respective
comme source de gaz de moteur et d'énergie, dans les gazogènes à sons-
produits. Ottawa. 1917.

—Hendry, Rapport intérimaire des Levés hydrométriques du Manito-
ba. Ottawa. 1917.

—Annals of the Missouri Botanical Garden. April, 1917. St.Louis.

Uue bonne partie de cette livraison contient des travaux sur la
‘‘Physiologie des Champignons’.

DE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Janvier 1918

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

LE * MEMORIAL AMPROVANCHER

L'appel que nous adressions, en notre livraison d'octobre,
aux amis des sciences qui voudraient se joindre à nous pour
placer un monument quelconque sur la tombe de l'abbé Pro-
vancher, a été entendu, et bien au delà de ce que nous avions
prévu. Alors que nous osions à peine espérer réunir une
quarantaine de plastres pour faire les frais d'une simple
planchette de marbre, nous avons recu, sans faire aucune dé-
marche personnelle, plus du double de ce montant. Nous
éprouvons une grande joie de ce résultat, soit parce qu’il
témoigne du souvenir que l'on garde de l'abbé Provancher et
de l’appreéiation que l'on fait de sa grande œuvre scienti-
fique, soit aussi parce que nous serons en mesure de donner
plus de valeur artistique au monument projeté. |

Nous allons au plus tôt nous occuper de la réalisation de
cet hommage, trop tardif, à la mémoire de Provancher. Et
nous aurons sans doute à entretenir encore nos lecteurs de
ce sujet. “

La souscription que nous avons ouverte, pouvant sans

7.— Janvier 1a18.

98 LE INATURALISTE CANADIEN

doute être considérée comme terminée, nous nous empres-
sons de publier ici la liste des parents de notre illustre natu-
raliste et des amis des sciences qui ont bien voulu répondre à
notre appel.

Liste des souscripteurs

Ralliement catholique et français en Amérique et Ligue de
la Presse catholique.

Archevéché de Québec.

S. G. Mgr G. Forbes, évèque de Joliette.

Université Laval, Québec. |

Séminaire de Nicolet (Alma Mater de l'abbé Provancher).

M. l'abbé Chs-Ë. Provancher, curé de Daveluyville, P. Q.

M. l'abbé F.-X. Burque, Québec.

M. le notaire H.-O. Roy, Québec, et Mme H.-O. Roy (nièce
de l'abbé Provancher ).

M. Germain Beaulieu, du Bureau d'Entomologie, Ottawa.

M. l'abbé H. Simard, Séminaire de Québec.

M. l'abbé T. Paquet, * +

M. C.-K. Dionne, conservateur du musée de l'Université La-
val, Québec.

M. Zot. Turgeon, Saint-Roch de Québec.

M. l'abbé ].-A. Manseau, curé, et les Marguilliers de Bécan-
court (paroisse natale de l'abbé Provancher).

Les paroissiens de Bécancourt (par une quête à l’église).

M. le notaire A.-O. Désilets, Bécancourt.

M. Henri Hébert, se
M. le Dr Eud. Blondin, cs

M. Télesphore Tourigny,

M. Léopold Cyrenne,

Mme Vve Albert Champoux
M. Hippolyte Auger,

M. l'abbé P.-A. Bégin, Séminaire de Sherbrooke.
M. l'abbé L. Marcotte, # F #6

M. le Chan. V.-A. Huard, Québec.

SOCIÉTÉ DES ARTS, DES SCIENCES ET DES LETTRES O9

SOCIETE DES ARTS, DES SCIENCES
ET DES LETTRES

Nous avons lu, avec beaucoup d'intérét, dans un journal de
Québec, le Franc-Parleur du 7 décembre dernier, le compte
rendu de la fondation d'une nouvelle société d'étude à Qué-
bec, sous le nom de ‘“ Société des Arts, des Sciences et des
Lettres ”. L'association, qui est déjà parfaitement organisée,
a pour président M. Geo. Morisset, et pour secrétaire M.
Dam. Potvin. Le journal où nous avons lu ces détails don-
nait les noms des dix-neuf membres de la nouvelle associa-
tion.

Cette initiative de la jeunesse instruite de Québec nous a

‘

apporté une joie très vive, et nous faisons des vœux pour
qu'un plein succès réponde à un effort si louable. C'est, na-
turellement, la section scientifique de la nouvelle société qui
nnus intéresse particulièrement, et mous nous ferons un plai-
sir, dans la mesure de nos moyens, de faire écho à ses tra-
vaux, dans notre Revue.

Nous trouvons étonnant que la grande presse ait laissé
ignorer à ses lecteurs une création si opportune et si intéres-
sante. Mais peut-être les fondateurs de la nouvelle société
ont-ils préféré entourer de la sorte, d'une modestie peu habi-
tuelle en ce siècle, les débuts de leur association.

Quoi qu’il en soit, cette fondation nous rappelle qu'il y a
près de cinquante ans, exactement en 1870, l'abbé Provan-
cher, fondateur du Naturaliste canadien, prit aussi l'initia-
tive d’un mouvement pour la création d'une société d'His-
toire naturelle. Mais il arriva qu'il ne put faire prévaloir ses
vues, et que la plupart des amis des sciences qui s'étaient
réunis à son appel, décidèrent d'établir un ‘ Club scienti-
fique, industriel et agronomique ”. L'abbé Provancher, avec
le groupe d'amis qui le suivirent, fonda, le 26 avril 1870,

100 LE NATURALISTE CANADIEN

une Société d'Histoire naturelle, dont l’activité dura une an-
née ou deux. Quant au Club scientifique, industriel et agro-
nommique, nous n'avons aucun souvenir ni aucun document
qui nous puissent renseigner sur sa carrière. Nous croyons
bien qu'il s'éteignit presque tout de suite et me fit aucune con-
currence à la Société d'Histoire naturelle de l'abbé Provan-
cher.

Eh bien, la nouvelle * Société des Arts, des Sciences et des
Lettres ” nous fait penser beaucoup, par la largeur et la com-

.

plexité de son programme, au “ Club scientifique, industriel
et agronomique ” de 1870. Nous voulons espérer, et nous le
souhaitons très sincèrement, qu'elle fera preuve d'une vita-
lité parfaite et deviendra avec le temps une institution de
grande importance. Il est vraiment nécessaire qu'1 y ait,
soit dans la vilie, soit dans la province de Québec, une asso-
abstraction faite des pré-

ciation scientifique très sérieuse
occupations artistiques ct littéraires qui se sont fait Jours
dès le début de la Société dont nous venons de parler, et dont

nous n'avONS pas à HOus OCCUper ICI.

BUREAU DES RECHERCHES. INDUSTRIELLES
ET SCIENTIFIQUES

(Con tinuëé de la page 7 9.)

Pour revenir à ce que je disais du peu de dévelo}:;: ment
de nos industries et au fait que ce sont leurs grandes indus-
tries qui ont permis à l'Allemagne et aux Etats-Unis d’em-
p'over leurs meilleurs hommes à la solution de leurs pro-
b'èmes, qu’il me soit permis de rappeler que nombre des
plus brillants parmiles gradués des universités canadiennes
émigrent aux Etats-Unis, parce qu'ils ne peuvent tiuuver

BUREAU DES RÉCHERCHES 'RÉTOE

au Canada d'emploi qui leur convienne, ni obtenir de ré-
muuération suffisante de leurs services. Or, puisque nos
établissements industriels ne sont pas encore, pour la plu-
part, assez importants pour employer des chimistes de pre-
mier ordre, le Gouvernement pourrait-il mieux faire que
d’instituer une sorte de commission centrale qui se tien-
drait au fait des grands problèmes relatifs à notre vie in-
dustrielle et à l’industrie mondiale, et qui, se tenant en
relations suivies avec les plus grandes lumières universi-
taires, accorderait de l’aide à telle ou telle université, selon
qu'on s’y occuperait de la solution de tel ou, tel problème ?
51 l’ou mettait cette idée en pratique, en s’y prenant comme
il faut, le pays en retirerait un immense avantage.

Mieux vaut, selon moi, instituer une commission .ceu-
trale que subventionner telle ou telle université,car si
lon s’en remettait aux universités—c'est à titre
d’universitaire que je parle en ce moment—il existe-
rait toujours une tendance à faire servir l'argent à la scien-
ce pure plutôt qu’à l'avancemeut des sciences industrielles.
Si la dépense dont il s’agit ici devait amener la découverte
de quelque procédé permettant de convertir en engrais le
feldspath ou le nitrogène contenu dans l'air, l'avantage
qu'en retirerait le pays vaudrait plus de cent fois le mon-
tant du présent crédit.

Je ne saurais parler de chacun des membres du bureau,
ne les connaissant pas tous; mais je connais de longue
date M. Macallum, distingué gradué et professeur de l’u-
niversité de Toronto. Je connais aussi M. Kirkpatrick,
qui est professeur de métallurgie à la Queen’s University ;
c'est un homme de talent et d'énergie que ses rares quaïii-
tés placent au premier rang parmi les membres distingués
de la faculté des Sciences de cette institution. Il s’est ap-
pliqué à la solution de problèmes pratiques, et ses travaux
ont porté des fruits dont le pays a eu le bénéfice. Qu'il

102 LE NATURALISTE CANADIEN

me soit permis de rendre ici hommage aux efforts de la
jennesse universitaire.

Il y a quelques années, le gouvernement fédéral mettait
à la disposition de l’école des Sciences de Kingston une
certaine somme qu’elle devait consacrer à la recherche de
quelque procédé pour l'utilisation du minerai de cobalt.
Au bout de trois années de recherches, le professeur
Kalmus et ses aides finissaient par découvrir le procédé

qui permet de faire servir le cobalt au placage.
Ce métal est plus dur et moins coûteux que l'argent,
il ne se ternit point et résiste plus longtemps à l'usage.
Je ne cite le cas que pour faire voir quel parti
l’on peut tirer de l'intelligence et de l'énergie du person-
nel de nos collèges. Je me plais à espérer que le comité
approuvera l’ouverture du présent crédit et aidera le minis-
re à atteindre le but qu'il se propose.

Le jour n’est pas éloigné, j'aime à le croire, où la
Chambre sera saisie d’un projet ayant trait à l’ensei-
gnement professionnel. Pour former des hommes capables
d'appliquer à l’industrie les découvertes de la science, il
faut établir l’enseignement professionnel ; car c’est par lui
que l’on apprendra à apprécier les procédés scientifiques et
à en tirer le parti le plus utile.

M. SINCLAIR: Que pense le ministre de la proposi:
tion que je lui ai faite, d'augmenter le nombre des membres
du bureau pour y inclure un représentant du collège Saint-

François-Xavier?

Le très hon. sit GEORGE FOSTER : Nous avons tout
d’abord décidé que le bureau ne se composerait pas de re-
présentants de chacune des universités, parce que le nombre
des membres en eût été si considérable que tout travail pra-
tique en serait devenu à peu près impossible. Nos com-
missaires, nous les prendrons dans les différentes parties du
pays. Je crois avoir très bien fait d’instituer une commis-

BUREAU DES RECHERCHES 103

sion relativement peu nombreuse. Cela ne mettra en au-
cune façon obstacle au concours de chacune des universités
et institutions scientifiques, et de tous les savants du Cana-
da. Le bureau a pour but d'organiser le talent et le savoir
scientifique au moyen de comités qui agiront de concert avec
lui,et c’est chose dont il s'occupe déjà. Les avantages que
nous offrons, les étudiants de toutes nos institutions scienti-
fiques seront admis à en bénéficier, ceux de l'université
Laval aussi bien que ceux du collège dont parle l’hono-

rable député (M Sinclair).

Tous seront invités et ils formeront des comités secon-
daires pour travailler en rapport avec le corps central.
C’est ce qui se fait en Grande-Bretagne. Elle a formé,
sous l'égide de son bureau consuitatif, des sous-comités par-
tout, en Grande-Bretagne, chacun avec sa spécialité. Le
but est de faire par tout le pays un appel au talent et aux
gens capables, afin de les engager à donner leur concours à
cette œuvre de coordination.

L'hon. M. PUGSLEY : Je vois par le statut qu’au-dessus
de ce conseil consultatif, de savants, il a été constitué un
sous-comité chargé de s'occuper de recherchesscientifiques
et qui doit uommer le conseil; quel est le personnel de ce
sous-comité?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Il se compose du
ministre des Mines, de ceux de l'Intérieur, de l’Agricultu-
re, du Travail, du Revenu de l’intérieur et du Commerce.
A l'exception du ministère du Travail, tous ces ministères
out des bureaux qui s'occupent de recherches spéciales.

M. ROSS: De quel personnel s’est entouré le docteur
Macallum, et qui devra être payé sur ce crédit de $43;-
600? Combien y a-t-il de fonctionnaires etcomment sont-ils
nommés? Sont-ils nommés par la commission du Service
civil, par le gouvernement ou par le docteur lui-même?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : L'honorable dépu-

104 © LÉ NATURALISTE CANADIEN

té s'enquiert du rouage chargé de l’exécution du travail, et
il me paraît craindre quelque irrégularité au sujet de la no-
mination des aides dont ces messieurs ont besoin. L’ho-
norable député n’a rien à craindre de ce côté. Il ne s’agit
nullement ici de faveurs ministérielles et l’on n’aura pas de
plainte à formuler à cetégard. Si ces messieurs ont besoin
de renseignements sur un sujet quelconque, nous fournis-
sons au docteur Macallum toute l’aide qu’il demande et
nous nous adressons À la commission du Service civil pour
avoir l’aide requise. Ces aides sont retenus tant qu’ils ren-
dent des services, pas davantage. |

Il y a, dansle moment, un secrétaire sans appointements,
un commis qui a la direction générale du département sous
la surveillance du docteur Macallum et des aides tempo-
raires, au nombre de cinq ou six, chargés de la besogne
occasionnée par ces questionnaires. Quand ils auront ter-
miné ce travail, s’il y a autre chose à faire, ils seront à la
dispositiou du Conseil cousultatif, tant qu’on en aura besoin
mais on ne les gardera pas une seule journée à rien faire.
L'honorable député peut être certain qu’en cette affaire
ce n’est nullement l’intention—comme ce n'est pas la pra-
tique dans mon ministère—d’en faire un prétexte à faveurs
ministérielles. Il n’en saurait être nullement question ici.

L'hon. M. PUGSLEY : Quelle remarquable exception!

Le très hon. sir GEORGE FOSTER :En effet, l’honora-
ble député de Saint-Jean doit être fort surpris, considérant
la manière dont il gérait naguère sou département.

M. ROSS: La question est tout à fait pertinente, bien
qu'elle paraisse n'avoir pas beaucoup plu au ministre.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: L’honorable
député se trompe, je suis prêt à donner toutes les informa-
tions.

M. ROSS: Il s'agit ici des fonds publics, et tout député
a droit de s'enquérir à tous égards. Je le ferai, quant à

BUREAU DES RECHERCHES 105

moi, tant que j'occuperai un siège en cette enceinte. La
réponse du ministre ne me satisfait pas. Il lui reste
$ 33,600 à sa disposition, après que le docteur Macallum
a retiré ses $ 10,000.

Le projet me paraît dipue, d'éloges et devrait être très
utile à n’importe quel pays, mais je doute que ce soit un
temps favorable pour entreprendre un travail comme celui-
là, en dépit de l’opinion de l’honorable député de Kingston.
Le ministre nous dit que le conseil a un secrétaire qui n’est
pas payé et qu’il y a, en plus, six ou septemployés surnu-
méraires, et que les dépenses dece conseil consultatif ne
peuvent être bien élevées, parce qu’il se réunit peu souvent.
Le seul autre item composant la dépense est la papeterie, et
cependant il demande #33,600. Je crois qu’il devrait nous
donner plus de détails ou faire disparaître cette somme si
elle n’est pas requise.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Jesuis prêt à don-
ner toutes les informations que je puis donner ; l'honorab'e
député a tort de croiie que je veux luienreluser. Je com-
prends sa crainte qu’il ne se passe quelque chose d'irrégu-
lier; j'aurais mauvaise grâce de m'en formaliser. Il parle
de $32,600, voudra-t-il indiquer les items ?

L'hon. M. MURPHY : En déduisant de #43,600 le trai-
tement de $10,000.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : D'abord, ces
meissieurs qui donneront leurs services ne peuvent être
d'aucune utilité à moins qu’lis ne se réunissent.

M. ROSS: Ont-ils des réunions?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Oui.

M. ROSS: Combien de fois?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Une fois ou
deux fois par mois. Ils se sont réunis régulièrement, au
moins une fois par mois, et, dans certains mois, denx fois.
Ils viennent d'Halifax daus l'Est, et des points aussi éloi-

LA

106 LE NATURALISTE CANADIEN

gnés dans l'Ouest que laÿSaskatchewan. Nous acquittons
leurs frais de déplacement et de subsistance, et ils ont en-
virons 20 réunions par année. Ces dépenses sont impu-
tables sur ce crédit. Il faut pourvoir au coût des impres-
sions et de la papeterie. S'ils ont besoin d'une presse
pour les aider dans leur travail, il faut l'acheter. Ils de-
vront assurer la distribution des renseignements de différen-
tes manières. Les questionnaires dont j'ai parlé ont trait
à la besogue principale qu'ils expédient À l'heure qu’il
est, et ils nécessitent beaucoup de compilation. Je dépose-
rai sur le bureau une copie de ces questionnaires. Lors-
que les établissements industriels, les collèges et les insti:
tutions scientifiques nous auront envoyé les réponses, il
faudra les collationner et les cataloguer et préparer. Ce
crédit acquittera le coût de ce travail. Je ne suis pas prêt
à dire si cette somme de $43,600 sera ou non suffisante:
J'ai fait un calcul approximatif de la dépense de lä premiè-
re année, parce qu'il s’agit d’un essai. Maïs je puis assu-
rer mon honorable ami et le comité qu’on n’encourrä
que les dépenses jugées nécessaires par le conseil consul:
tatif.

M. CARROLL: J'ai surveillé avec un certain intérêt
la tentative qu’on a faite de cultiver des arbres dans l’Ile-
au-Sable, dans le but de prévenir la disparition complète
de cette île et d'empêcher qu’elle ne devienne plus dange-
reuse qu’elle ne l’est, aujourd'hui, pour la navigation. Est-
ce ce bureau qui a commencé ce travail?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Ce travail avait
été commencé auparavant.

M. CARROLL: Avec quel succès?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: Jen’en ai pas
suivi le développement.

M. CARROLL: Il pourrait être intéressant d'appeler l’at-
tention du bureau surce sujet. La graude difficulté pro:
vient du sol qui est sablonneux.

BUREAU DES RECHERCHES à 107

L’'hon. M. MARCIL: Je n’ai pas entendu le ministre
mentionner de problèmes spéciaux à résoudre sauf deux,
dans l'Ouest du Canada, le premier se rapportant à la con-
version de la paille à gaz, et l’autre au sable. Se trouve-t-il
d'autres problèmes à résoudre dans les autres pro-
vinces ? |

Le très hon. sir GEORGE FOSTER: On ne laissera
pas de côté les autres provinces. Il m'est impossible de
suivre toutes les délibérations du bureau et de savoir exac-
tement ce qu’il fait. Les membres en sont nommés pour
exécuter un certain travail, et l’on doit supposer qu’ils pos-
sèdent les aptitudes voulues pour choisir les questions les
plus importantes, Je me rappelle avoir parlé d’une ques-
tion d’une grande importance qu’on étudie, à l'heure qu’il
est: je veux parler de l'influence de la brume sur la trans-
missions du son ; ce problème intéresse au plus haut point
la navigation. Il présente certaines difficultés dont la
solution profitera grandement aux cultivateurs.

M. SINCLAIR: Me serait-il permis de mentionner l’im-
portance d'étudier une question pratique se‘rapportant aux
pêcheries? Par exemple. Sur le littoral des provinces mari-
times nous avons d-s problèmes qu’on n’a jamais encore té-
solus ; je crois même qu’on n'a jamais tenté de les résoudre.
Ainsi, par exemple, nous dépensons beaucoup d’argent
pour les installations de pisciculture, et des millions d'œufs
de homard sont répandus sur la surface de l’océan, chaque
année. Bien qu’on se soit livré depuis plusieurs années à cet-
te propagation du homard, personne ne peut dire, d’une façon
positive et autorisée, comment ces homards vivent et se dé-
veloppent. C’est une question pratique et qu’un expert pour-
rait résoudre après un peu d'étude. Il y a une autre question,
celle des frayères de la morue et de l'aiglefin. On a demandé
l'interdiction de la pêche au chalut dans certaineseaux—
celles du golfe Saint-Laurent, parexemnle— et beaucoup de

108 LE. NATURALISTE CANADIEN

pêcheurs croient que c’est à ces endroits que se trouvaient
les frayères de ces poissons, ce qui, s’il en était ainsi, serait
une excellente raison pour interdire aux chalutiers d’exer-
cer leur industrie dans ces eaux, au temps du frai. Je men-
tionne ces détails, afin que le ministre puisse les soumettre
à l'étude de ceux qu’il chargera de l'étude de ces problè-
mes, qui sont d’une si grande importance pour l’industrie
des pêcheries. |

L'hon. M. PUGSLEY :Ce bureau choisit-il lui-même
les questions à étudier, ou s’appliquera-t-il à l'étude des
questions que le Gouvernement ou les particuliers iui sou-
mettront? J'aimerais à savoir quelle sera la règle suivie.
Nous savons qu’il y a beaucoup de questions d'intérêt pra-
tique que la population voudrait voir étudier à fond. La
question que mon honorable ami de Kingston a posée au
sujet de l'extraction du nitrogène du feldspath est très im-
portante; le problème est en partie résolu, mais on pour-
tait l'étudier d’une façon pratique.

I} en est ainsi de l'extraction de l'huile des schistes dont
les gisements sont très nombreux dans notre pays; la méê-
me chose au sujet des produits secondaires de la houille bi-
tumineuse. Est-ce que ceux qui sont intéressés dans ces
genres de travaux pourront faire des propositions à ce bu-
reau?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Je suis bien cer-
tain que l’un des objets du bureau consultatif sera de dé-
couvrir quels sont les problèmes auxquels s'intéressent les
industriels et producteurs du Canada. Les questionnaires
qui ont été distribués dans le pays ont cet objet en vue.
Leur but est d'apprendre des chefs des diverses industries
et manufactures quels sont les difficultés et les problèmes
qui les embarrassent. Ces renseignements seront catalo-
g'ués, et l’on commencera tout d'abord par chercher la so-
lution des problèmes les plus importants. Je n’ai aucun

BUREAU DES RECHERCHES 109

doute que le bureau consultatif ne réponde à toutes les ques-
tion qui pourront lui être posées par des particuliers, tout
comme par les établissements industriels. Je dois dire à
l'honorable député de Bonaventure que j'avais oublié que
M. Survevyer est professeur à l’université Laval.

L'hon. M. OLIVER : Les renseignements qui ont été don-
nés À la Chambre et ceux que nous a fournis le ministre
aujourd'hui me donnent droit de dire que l’organisation
que le Gouvernement propose sera uné corporation privilé-
giée qui supprimera l'initiative individuelle dans les re-
cherches scientifiques.

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Eh bien soit,
si l'honorable député en est convaincu.

L'hon. M. MURPHVY: La Chambre a dans le passé vo-
té des somimes considérables pour faire des expériences en
vue de l'établissement de hauts-fournaux électriques
pour la fonte de l'acier. Je crois que ces dépenses ont été
faites sous là direction du département de l'Intérieur?

Le très hon. sir GEORGE FOSTER : Du dépaitement
des Mines.

L'hon. M. MURPHY : L'intention du Gouvernement
est-elle de placer ces deux industries sous la direction spé-
ciale du bureau industriel dont il est ici question ?

ï.e très hon. sir GEORGE FOSTER: Le ministère
des Mines travaillera de concert avec le comité co‘sultatif.
Un des buts principaux de ce comité est de coordonner
toutes les industries. Je ne sais pas quels ont été les résul-
tats pratiques de ses travaux. Je crois que l’on a réussi à
tirer de la tourbe un combustible utilisable; je ne saurais
dire cependant si l'industrie rapporte des profits au point
de vue commercial. Il faudra probablement dépenser
encore beaucoup d'argent avant d'atteindre au plein succès.

——— :00 :——

IIO LE NATURALISTE CANADIEN

LES COLEOPTERES DU CANADA

(Continué de la page 16.)
18e Genre.

RHANTUS Esch.

Les espèces de ce genre se rencontrent sous les pierres et
autres débris sur le bord des rivages des lacs, étangs et ri-
vières. Nous avons 8 espèces dans notre faune.

R. calidus Fabr.
Syst. EL: 'p: 260:

Habitat : Québec.

R. binotatus Harr.
N. Eng. Farmer. 7, p. 164.

Habitat : Territoire de la baie d'Hudson, Labrador, Québec,
Ontario, Colombie-Anglaise, Manitoba.

À, bistriatus Bergst.
Nom. I. 42.

Habitat: Labrador, Terre-Neuve, Nouvelle-Ecosse, Mani-
toba, Alberta, Ontario, Colombie-Anglaise, Territoire de
la baie d'Hudson, Territoires du Nord-Ouest, Québec.

R. divisus Aubé.
Spec. Gen. p. 248.
Habitat: Alaska, Colombie-Anglaise.
R. flavogriseus Crotch.
Trans. Am. Ent. Soc. vol. 4, p. 400.
Habitat : Québec, Ontario.
R. notatus Fab.
Spec. Ins. I. p. 206. 26.
Habitat: Québec, Territoires du Nord-Ouest, Alberta, Ma-
mtoba.

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA III

KR. sinuatus Lec.

Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. p. 522. 1866.
Habitat : Québec, Ontario.
À, tostus"Lec.

Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 18066, p. 366.
Habitat: Québec, Manitoba, Colombie-Anglaise,

19e Genre.
COLYMBETES Clairv.

Les Colymbetes ressemblent un peu aux Dytiscus, mais
ils sont moins grands; leur corps, médiocrement convexe,
est rarement tout noir, et presque toujours d’un brun foncé
en dessus, avec le corselet roussâtre ; les élytres des fernelles
sont presque toujours finement striées en travers. Ils sont
très communs dans les mares, les étangs et le long du rivage
des lacs et des rivières. Nous avons 9 espèces dans notre

Iaune.

C. Groenlandicus Aubé.

Mann. Bull. Soc. Imp. Mosc. 1853. 3. p. 65.
Habitat : Labrador, Territoire de la baie d'Hudson, Alaska.
C. Groenlandicus Aubé.

Spec. Gen. 6, p. 233.

Habitat: Alaska, Labrador.
C. longulus Lec.

Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. p. 522. 1862.
Habitat : Québec, Ontario.

C. obscuratus Mann.

Bull. Soc. Imp. Mosc. 1853. 3, p. 154.
Habitat : Alaska.

(À suivre.)

=—— 00: —

112 LE NATURALISTE CANADIEN

PUBLICATIONS REÇUES

—

—-Le Mérite agricole à Y Exposition provinciale de Québec. 1916.

Jolie plaquette illustrée, de 68 pages, qui contient le récit de la fête du
Mérite agricole à l'Exposition de Québec, le 30 août 1916.

— Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia. Vol.
68, part 3. 1917.

A signaler : ‘‘New.or little known crane-flies from the United States
and Canada,'’ by Ch.P. Alexander. |
— Proceedings of the Entomological Society of Nova Scotia for 1916.
Jan. 1017.

Brittain, 7%e Green Apple Bug in Nova | Scotia. 1917.

Brittain and Good, 74e Apple Maggot in Nova Scotia. 1917.

Ces publications, rédigées avec soin et bien illustrées font honneur
à la gent entomologique de la Nouvelle-Ecosse,et montrent combien
l’Entomo'ogie reçoit d'attention dans la province-sœur.

— L'Association canadienne antituberculose. 16e Rapport Annuel. 1916,

Eu plus du Rapport annuel, ce volume contient le compte rendu de
l’assembilée annuelle, tenue à Québec en septembre 1916.

(Ministère des Mines. Canada.)

Drysdale, Géologie el Gisements minéraux de Rossland, C.-B. Ottawa.
1917. Illustré de 25 planches hors texte.

— Pleridografia del sur de Îexico, por el Ingeniero José N. Rovirosa.
Mexico: 1909. Volume in-4° ; avec 70 planches hors texte.

Somptueux ouvrage sur les Fougères du Mexique, précédé de clefs
analytiques des genres, et comprenant la description détaillée
des espèces.

—(American Museum of Nat. History, New York.)

A Check-List of Mammais of the N. Amer. Continent, the West In-
dies and the neighboring <eas. Supplement by D. G. Elliot. Edited
byJ. A Allen, New Vork/#r917.

Volume de 192 pages in-8°, de grand intérêt scientifique. Donne la
description, la distribution géographique et les ‘‘mesures’’ des espèces.

— (Commission de la Conservation. Ottawa.)

Huilième Rapport annuel. Ottawa. 1917.

— Annals of the Missouri Botanical Garden. Feb. 1917.

Etudes sur les Nytnphées hybrides, le genre Senecio, l'Æ/abenaria
psycodes, et le genre 7Yri/l1um. Riche illustration.

— Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts, and Letters.
Vol. 18, part II. Madison. 1916.

A signaler: le mémoire intitulé ‘‘A preliminary List of Algæ found in

Wisconsin lakes,"” by G. Morgan Smith.

15 5

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Février 1918

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

LA “HYLA PICKERINGIT ” Holbrook

En octobre 1917, le Naturaliste parlait d'‘“addition à notre
faune ”, à propos d'une Rainette trouvée à Sherbrooke. Je ne
pus, alors, la classifier exactement, ma bibliothèque scienti-
fique étant plutôt restreinte. D’après ce que j'avais écrit, le
directeur du Naturaliste crut reconnaitre la Æyla pickeringü
Holbrook. Aujourd'hui, grace au bel ouvrage de Dickerson,
The Frog Book (XIIe volume de la “ Nature library ”, pu-

bliée chez Doubleday, à New-York), je suis en mesure de
certifier que, ‘ malgré ” ma description, M. le Directeur a
deviné absolument juste.

I] v a certainement encore plusieurs espèces à trouver, car
Dickerson en mentionne quinze pour l'Amérique du Nord,
dix appartenant au genre //la. 1 donne d’aileurs la ya
pickeringii comme ayant été rencontrée au Canada, du Nou-
veau-Brunswick au Manitoba.

Actuellement, j'ai trois spécimens bien conservés dans l'al-
cool: deux adultes et un jeune, mesurant respectivement
114, 114, 1% pouce.

8— Février 1918.

II4 LE NATURALISTE CANADIEN

Comme c'est de mode chez les Raïnettes, les couleurs sont
très variables, et, dans très peu de temps, le même individu,
je lai obseré souvent moi-même, passe d’un ton clair, pres-
que uniforme, à une teinte sombre, marquée, quelquefois
bien régulièrement, de bandes étroites d’un brun très foncé.
Les deux individus adultes en ma possession illustrent par-
faitement ces différences et de coloration et de “ marbrure ”.

Il est donc indubitable que la H yla pickeringü habite notre
Province et même qu'elle y est assez commune, du moins ici à
Sherbrooke, et à Saint-Hvacinthe: car, ces jours-ci encore,
un professeur de cette maison m'assurait em avoir vu sou-
vent.

LÉON MARCOTTE, ptre,
Séminaire de Sherbrooke.

PLUS DE CINQ ANS SANS MANGER

Nous voyons, par le Scientific American du 24 novembre
1917, qu'en un mémoire de M. J.-E. Wodsedalek, de l’uni-
versité de l’'Idaho, E.-U., se trouvent des constatations éton-
nantes sur le maintien de la vie chez des larves d'insectes
privées de nourriture.

Les expériences dont il s'agit ont été faites sur des larves du
petit coléoptère Trogoderma tarsale Melsh., que notre ancien
collaborateur, M. Chagnon, a déjà capturé dans la région de
Montréal, et qui a la réputation d'etre l’un des fléaux à redou-
ter dans les musées.—I1 y a donc quelques années, M. Wod-
sedalek laissait dans un tiroir, sans aucun moyen d’alimenta-
tion, plusieurs larves vivantes de cette espèce, et les oubliait
là cinq mois durant. Il s’aperçut alors que ces larves étaient

UNE NOMBREUSE POSTÉRITÉ 115

encore toutes vivantes, ayant seulement perdu de leur taille.
Il se mit alors à faire des expériences sur une plus grande
echelle. IT plaça de ces larves chacune dans un petit flacon de
verre, sans nourriture, et quelques-unes vécurent daus ces
conditions plus de cinq années! Il y eut même des exemples
de larves nouvellement écloses, et n'ayant jamais goûté de
nourriture, qui vécurent jusqu'à quatre mois. Et ce qui est
digne d'attention, c'est la diminution graduelle du volume
de ces larves. Quelques-unes des plus grosses perdirent jus-
qu'à 1/000 de leur masse. Non moins étonnant est le fait
que lorsque ces larves jeüneuses, après avoir atteint pour
ainsi ire le minimum de leur volume, furent placées au sein
. d’une abondante alimentation, elles se mirent à grossir, jus-
qu'à atteindre leur taille normale. On en fit passer jusqu'à
trois fois par cette épreuve.

= 00! —

UNE NOMBREUSE POSTERITE
LE PUCERON DE LA RUDBHCKIE (GOLDEN GLOWE APHIS)
Aphis Rudbeckiæ FIicH.
Les pucerons ne sont pas inconnus; mais ils causent tant
de dommages qu'on ne saurait attirer trop souvent sur eux
l'attention et... l’exécration. C’est pour cela que j'écris le

résultat de quelques observations. Pour préciser les idées, je
les ramasse autour du puceron de la Rudbeckie.

I. Quelques traits caractéristiques

C'est un puceron rouge, moins vilain que beaucoup
d’autrés espèces ; si ce n'était pas un puceron, on le trouve-

116 LE NATURALISTE CANADIEN

rait beau! Complètement développé 1l peut mesurer un hui-
tième de pouce de longueur.

En avant, deux cornes de 3 à 4/16 de pouce, élégamment
rejetées en arrière, des veux vifs et sombres, une trompe de
plus de 1/16 de pouce, généralement inclinée sur l'abdomen
pendant la marche, au repos toujours enfoncée dans la vic-
time: la partie enfoncée plus sombre que l’autre.

Au milieu, trois paires de pattes d’inégale longueur, les
plus longues à l'arrière, pliées en deux parties presque à
angle droit, la jointure plus épaisse et plus sombre; des ailes
chez quelques individus, plantées dans un corset très visible.

En arrière une sorte de queue mesurant 1/32 de pouce, et
deux tubes de 1/16 de pouce.

Sur la plante, sauf pour grimper, tous les individus ont la
tête en bas: c’est une des habitudes de l'espèce; à la fin de
l'été, cependant, beaucoup prennent une autre position.

Aïlé ou non, le puceron de la Rudbeckie est facilement
identifié, car il varie peu dans sa forme et sa couleur durant
le cours de sa vie; à la naissance le rouge est pale, mais il
s'assombrit dès que le petit conmmence à se nourrir.

IT. Constatations sur la fécondité

J'avais remarqué un œuf à l'automne de 1916; je le sur-
veillai dès les premiers beaux jours du printemps de 1917.
Le 25 mai la terre portait une bête de plus: un puceron ve-
nait d'éclore. Pour l’'examiner de plus près, j'avais mis dans
une chambre des plants de Rudbeckie : c’est là que notre hé-
ros vit le jour. Comme la saison était encore froide, je soup-
conne la température de la chambre d’avoir favorisé et hâté
l’éclosion : en fait, malgré des recherches minutieuses, je ne
trouvai aucun puceron avant le 3 juin sur les Rudbeckies
poussant au grand air.

Le trois juin, le premier-né était père! Père ou mère? Peu

UNE NOMBREUSE POSTÉRITÉ 117

importe; j'avais deux pucerons, un gros et un petit. Et le
petit me donna de superbes espérances dès son arrivée sur le
globe : il n’était pas au monde depuis une minute que déjà 1!
avait enfoncé sa petite trompe dans læ# plante familiale! Il
pompa si bien qu'il grossit vite. Je dis 1/, je devrais dire ts,
car 1/ fut rapidement suivi de plusieurs autres.

Bientôt il devint difficile de distinguer le père des plus
erands garçons. Craignant de ne pouvoir m'assurer que Îles
futurs petits seraient des fils et non des neveux, je résolus
d’éloigner le producteur. C'était le 14 juin: je mis le puce-
ron sur une autre Rudbeckie. Le soir il était mort! Qu'est-ce
qui avait causé sa mort? Je ne sais.

Du reste, 1l pouvait mourir: 76 enfants allaient continuer
son œuvre! 76 en II jours: soit presque 7 par jour!

Or, ce 14 juin qui aurait pu être un jour de deuil fut un
jour de joie: les prenners-nés à leur tour commencèrent à
semer des petits. Bientôt ce fut un déluge. Il me fut impos-
sible de faire la part de chacun: mais la moyenne fut de 75
fils pour chaque père !

Le 26 juin, la troisième génération commença. J'étais déja
en possession de plus de 5000 pucerons.

A cette tourbe sans cesse à table 1l fallait des aliments;
j'avais à ma disposition et à la leur cinq plantes vigoureuses :
es tiges mesuraient 3/16 de pouce de diamètre et deux pieds
de haut. Ces plantes étaient couvertes de pucerons dans
toute leur longueur ; j'en comptai de 30 à 50 par pouce. Plu-
sieurs se sentant à l'étroit émigraient volontairement, pour
leur bien et celui de leurs voisins.

Vous me demandez ce que devenaient les plantes: elles
travaillaient jour et nuit, elles aussi, pour payer la rançon
aux envahisseurs. La constatation suivante nous donne ume
idée de cette rançon. La plante qui reçut le premier puceron
était d’une exceptionnelle vigueur : elle mesurait trois pouces
de plus qu'une voisine poussant dans le même pot et servant

118 LE NATURALISTE CANADIEN

de témoin. Le 24 juin, cette voisine protégée contre les puce-
rons avait quatre pouces de plus : elle avait donc gagné sept
pouces sur sa concurrente en 21 jours! La différence n'était
pas seulement dans Ja hauteur : l'envahie était devenue ché-
tive, tandis que l'autre manifestait une force extraordinaire.
Alors je fis envahir celle que j'avais protégée; dès ce mo-
ment le rapport entre les hauteurs et les vigueurs resta cons-
tant.

Mais nous étions encore en juin! Les générations se succé-
dèrent: deux par mois. C’est à la fin de septembre que dis-
parurent les pucerons: j'avais compté neuf générations!

Récapitulons :

1 père: 70 enfants.

rère génération: 76 x 75 = 5,700.

2e génération: 5,700 x 75 — 427,500.

3e génération: 427,500 X 70 — 29,925,000.

4e génération: 20,925,000 x 60 — 1,795,500,000.

5e génération: 1,795,500,000 x 55 — 98,752,500,000.

O8,

6e génération: 98,752,500.000 x 40=3 ss 000,000,000.

7e génération: 3,950,000,000,000 X 30 — 118,503,000,-
000,000.

Se génération: 118,503,000,000,000 X 20 — 2,370,060.,-
000,000,000.

Le nombre calculé serait plutôt faible, car plusieurs indi-
vidus de la 8e génération donnèrent la vie à 30 petits: j'ai
p'is une moyenne de 20... ;

Combien de plantes seraient envahies à la fin de la 8e gé-
nération ? Prenons pour la Rudbeckie une hauteur moyenne
de quatre pieds, et supposons qu'il y ait 30 pucerons par
pouce : nous aurions 48 X 30 = 2,400 pucerons par plante.
Dés lors le nombre des plantes envahies serait :

2,370,000,000,000,000 : 2,400. — 987,525,000,000 !

En laissant à chaque plante quatre. pouces carrés de sol
pour pousser vigoureusement, la surface envahie serait :

UNE NOMBREUSE POSTÉRITÉ 119

987,525,000,000 : 250,885,000 — plus de 3,000 milles carrés !
Que deviendraient nos plantes, que deviendrions-nous si
nous n'avions pas de protecteurs !!

UT. Conclusions exagérées

Je me hâte de dire que les chiffres donnés pourraient sug-
gérer des conclusions absolument fausses. Les calculs sont
exacts et basés sur des observations indiscutables. Il convient
cependant de signaler deux sources d'erreur.

1°. Il n'est pas possible de suivre tous les individus: il
faut se limiter à un petit nombre et prendre des moyennes.
Or on prend des individus en bonne santé: mais combien
d'enfants d'une même génération meurent accidentellement
sans engendrer ?

2°, Les observations et les calculs sont faits sur des puce-
rons élevés dans des conditions spéciales, dans une chambre
pour le cas présent. C’est nécessaire, car en plein air on ne
pourrait contrôler tous les détails. Mais 11 v a là de multiples
causes d'erreurs graves. Ainsi, on tient les pucerons à l'abri
de leurs ennemis naturels qui causent parfois des ravages
très sérieux ; on les protège également contre les intempéries
des saisons, qui peuvent non seulement nuire à la fécondité,
mais tuer de nombreux individus ; enfin on maintient les con-
ditions constantes : si ces conditions sont favorables, on ob-
tient un maximum de fécondité qui peut influer très consi-
dérablement sur le nombre après sept ou huit générations.

Il faut donc être prudent en interprétant les résultats des
observations sur les sujets sélectionnés. En voici d'ailleurs
une preuve irréfutable à propos du puceron qui nous sert
d'exemple. Deux années de suite il avait envahi un bouquet
de Rudbeckies dans un jardin: il avait si bien pompé que pas
une fleur n'avait pu s'épanouir. Cette année 11 commença son
œuvre comme de coutume:;lasmultiphcation fut d'abord

120 LE-NATURALISTE CANADIEN

lente parce que la température était froide; quand la cha-
leur augmenta le nombre des petits s'accrüt rapidement, mais
la plupart périrent. On se rappelle que les orages furent nom-
breux et violents à Montréal; or, après chaque orage il ne
restait presque plus de pucerons sur les plantes : ils avaient
été écrasés par les gouttes d'eau tombant avec une grande
force vive ou jetés à terre par le vent et noyés dans les petits
étangs improvisés par la pluie. Cependant ceux que j'élevais
vivaient en paix et se multipliaient !

Il est évident aussi que la température favorable est plus
vite réalisée dans une chambre qu'au dehors: c'est à cela que
j'attribuai l’éclosion en mai. Enfin il faut noter qu'au prin-
temps et en automne, en plein air, la production est plus ra-
pide le jour que la nuit, tandis que dans une chambre à tem-
pérature idéale constante on ne remarque pas de différence;
j'ai même observé des cas où il y avait plus de naissances la
nuit que le jour, ce qui cadre bien avec nos idées sur le pho-
totropisme.

Du reste, même dans l'élevage, 11 y a des causes de dimi-
nution dont il faut tenir compte dans les calculs. On sait que
pour un grand nombre d'espèces il y a des individus aïlés:
or, méme dans les premières générations, ces individus sont
beaucoup moins prolifiques : pour l'espèce qui nous occupe,
je n'ai pas vu un seul individu engendrer: c'est une consta-
tation négative, car le puceron n'était pas tenu de m'avertir,:
mais enfin c'est une constatation qui a son importance. De
plus, les individus aïlés sont moins dodus, moins voraces,.se
promènent volontiers: or, la feondité dépend de la matière
absorbée. Tandis que plusieurs espèces-n'acquièrent des ailes
que vers les dernières générations, celle de la Rudbeckie en a
dès la première; les individus aïlés sont d’abord rares, 75
pour 3,000 dans la première génération; le nombre augmente
dans les générations suivantes : dans le même temps la fécon-
dité diminue, comme le montrent les chiffres précédents.

—

UNE NOMBREUSE POSTÉRITÉ I21I

La mue est aussi une entrave à la multiplication. Les
pucerons changent de peau, comme beaucoup d’autres ani-
maux : ils se font de temps én temps un habit neuf à leur
taille. C’est un fait singulier de voir au pied d’une plante
envahie un monceau de débris qu'on prendrait d’abord pour
des cadavres desséchés et décolorés. Le puceron déchire son
vieil habit à la partie postériere et en sort comme “ à recu-
lons ”’. Or, assez fréquemment la tête reste prise et le puce-
ron meurt suspendu à son habit! Pour certaines générations
ces morts accidentelles s'élèvent à deux et trois pour cent.

En somme, la fécondité est contrebalancée par les enne-
mis naturels, par la température, par diverses causes d’im-
portance variable. 11 convient donc de ne pas exagérer les
chiffres. D'autre part, il reste indubitable que si les condi-
tions sont propices, la propagation est prodigieusement ra-
pide : on conçoit par là le Gommage possible et l'importance
de lutter contre les envahisseurs de bonne heure. IT existe
des espèces moins fécondes que celle de la Rudbeckie, mais
il en existe aussi de plus prolifiques.

IV, F'ariation de la fécondité

Les chiffres donnés plus haut amènent nécessairement la
question: ‘“ Pourquoi les dernières générations sont-elles
moins prolifiques ? ” On peut constater le même fait chez la
plupart des espèces : dès lors la question se généralise : “* A
quoi faut-il attribuer cette diminution de la fécondité? ” La
réponse n'est pas facile ; cependant l'expérimentation permet
de l’entrevoir au moins partiellement.

Distinguons d’abord entre la fécondité d'un individu et
celle d’une génération. Qu'un individu produise moins de
petits par jour lorsqu'il est vieux que lorsqu'il se met à lou-
vrage, il n'y a rien d'étonnant: les organes sont moins sou-
ples, les fonctions moins rapides; mais s'il s'agit des indivi-

- dus de la dernière génération, on ne peut dire que les organes

122 LE NATURALISTE CANADIEN

et les fonctions diffèrent de ceux de la première: rien ne
prouve qu'il y ait dégénérescence en passant d'une génération
à l’autre. 11 faut donc chercher la cause en dehors du pro-
ducteur. Quels facteurs rendre responsables? la plante? la
température ? ...

Notons qu'il y a parfois variation chez le même individu :
ainsi le puceron de la Rudbeckie ne produit pas le même
nombre chaque jour. À priori on pourrait se demander s'il
n'y aurait pas d’abord progression puis régression: le pre-
mier jour un petit seulement naiîtrait ; le deuxième jour deux
viendraient au monde; ainsi de suite jusqu'à un maximum
de six par exemple; il y aurait ensuite retour jusqu'à un mi-
. mimum de un, puis de zéro. L'observation montre des cas de
ce genre; mais il ne faut pas se hâter de conclure: car chez
la même espèce et dans la même génération, des individus
donnent lieu à des constatations différentes : ainsi on trouve
tantôt des hausses, tantôt des baisses journalières.

Ces faits ne donnent pas la raison de la diminution de fé-
condité, mais ils attirent fortement notre attention sur les cir-
constances extérieures.

L'accord des naturalistes est loin d’être parfait sur le
nombre et l’importance de ces circonstances : ainsi M. L.-C.
Miall, dans “ Injurious and Useful Insects ”, p. 155, parlant
de Rhopalosiphum dianthi, dit “ qu'une saison chaude et
sèche est éminemment favorable à une propagation ra-
pide ”; M. J.-B. Smith, dans “ Economic Entomology ”, 24
edit., p. 125, traitant la question d'une façon générale, écrit :
“une température chaude et humide favorise le développe
ment et la reproduction est alors rapide. À mesure que l'été
avance la reproduction est moins rapide; la plante a une
tendance à sécher et la provision de sève n'est pas aussi
abondante. ” La divergence des deux auteurs à propos de la
sécheresse et de l'humidité est peut-être plus apparente que
réelle. Une ‘remarque la fait disparaître: la sécheresse est

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 1g2

favorable à l'insecte lui-méme qui n'aime pas l'humidité;
mais l'humidité est favorable à la plante qui en retour four-
nit plus de sève. Les deux grands facteurs sont la tempéra-
ture et la sève.
P. FONTANEL, $. ].
Collège Sainte-Marie,
Montréal.
(A suivre.)

———— 00:

LES. COLEOPTERES: DU CANADA

19e Genre
COLYMBETES Clairv.

(Continué de la page TITI.)

C. picipes Kby.

Faun. Bor. Am. 4, p. 71.
Habitat : Québec, Ontario, Labrador.
C. 4-maculatus Aubé.

Spec. Gen. Hydro.

Habitat : Québec, Ontario.

C. rugipemus Sharp.

Trans. Roy. Soc. Dublin, 1882, p. 628.

Habitat: Labrador, Québec, Ontario, Territoire de la baïe
d'Hudson, Manitoba, Alberta, Colombie-Anglaise, Ter-
ritoires du Nord-Ouest.

C. seminiger Lec.

Proc. Phil. Acad. Nat. Sci. 1862, p. 522: IT.

Habitat : Québec, Saskatchewan.

C. strigatus Lec. |

"Ann. Lyc. Nat. Hist. p. 205.
Habitat : Colombie-Anglaise, Manitoba.

124 LE NATURALISTE CANADIEN

20e Genre

HYDATICUS Leach.

Les Hydaticus ont le corps plus oblong, plus convexe, à
peine ou non élargi en arrière; corselet d'un rouge testacé :
d'autres sont d’un brun cendré en dessus, roux en dessous.
Ils sont assez communs. Les femelles n’ont pas les élytres
sillonnées. 3 espèces rencontrées dans notre faune.

H. laevipennis Thom.
Op. Ent. 3, p. 324.
Habitat : Ontario.
FH. piceus Lec.
New. Spec. N. Am: Col. TL p. 23. 1863.
Habitat : Québec, Ontario.
H. stagnalis Fabr.
Mant. I, p. 191.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

21e Genre
DATI SCUS Erin.

À ce genre appartiennent nos plus grosses espèces de colé-
optères de la famille des Dytiscides. Ils sont moins ovalaires:,
plus oblongs, plus convexes que les espèces du genre Cybis-
ter. Le dernier article des palpes est égal aux autres; les
élytres des femelles sont fortement sillonnées. Tous ont une
bande jaune sur les côtés du corselet et des élytres, et une
facie nébuleuse vers l'extrémité de ces dernières. Les uns
ont le corselet entièrement bordé de jaune. On les trouve
rarement en dehors de l'eau le jour, où ils se tiennent cons-
tamment, faisant la chasse aux autres insectes dont ils se
nourrissent; c'est particulièrement dans les rivières et les
étangs peu profonds et à fond sablonneux qu'on les rencon-
tre. Le soir, ils viennent en grand nombre près des lumières
électriques. Onze espèces dans notre pays.

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 125

D. anxius Mann.

Bull. Soc. Imp. Mosc. 1843. 2, p. 218.
Habitat : Alaska, Manitoba, Territoire de la baie d'Hudson.
D. dauricus Gebl.

G. & H. Col. Cat. 1868.

Habitat : Labrador, Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario, Ter-
ritoire de la baie d'Hudson, Manitoba, Alberta, T'erri-
toires du Nord-Ouest.

D. circumcinctus Ahr.

G. & H. Col. Cat. 1868.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba, Colombie-Anglaise.
D. fasciventris Say.

Pmes Exp. ll, p.270:
Habitat: Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario, Manitoba.
D. Harrisüi Kby.

Faun. Bor. Am. 1837, p. 76.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Colombie-
Anglaise, Territoires du Nord-Ouest.

D. hybridus Aubé.

Spéc. Gen. Hydro. 6. 1838, p. 116.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba.

D. marginalis Linn.

SysE Nat. 10, 1758, D. 414
Habitat : Manitoba.

D. marginicollis Tec.

Proc. Boston Soc. Nat. Elist. I, p. 201.
Habitat: Québec, Manitoba, Colombie-Anglaise.
D. parvulus Mann.

Bull. Soc. Imp. Mosc. 1853, 3, p. 05. 273.

Habitat : Alaska, Labrador.

D. sublimatus Lec.

Rep. Exp. Survey. Pac.:Ry. 1857, vol. 12, p. 34.

Habitat : Québec, Ontario, Manitoba, Colombie-Anglaise.

126 LE NATURALISTE CANADIEN

D, verticalis Say.
Trans. Am. Phil. Soc. IL. 1823, p. 92.
Habitat: Nouvelle-Fcosse, Québec, Ontario.

22e Genre.
ACILIUS Leach.

Insectes de taille moyenne, que l'on trouve dans les
ruisseaux et les petits étangs. Ils ont le corps déprimé, ova-
laire, élargi en arrière, le prosternum arrondi en arrière, et le
dernier article des palpes plus long que le précédent ; en outre,
les femelles ont sur les élytres de larges sillons couverts de
poils. Quant à la couleur, elle varie d’un brun cendré, ponc-
tué de noir, tacheté de jaune et de roussâtre. Quand on les
surprend, ils plongent avec rapidité pour aller se cacher sous
les feuilles et autres débris dans le fond de la mare ou de
l'étang ou du ruisseau. Quatre espèces au pays.

A. abbreviatus Aubé.

Spec. Gen. Hydro. p. 134.
Habitat: Alaska.
A, fraternus Harr.

New Engl. Farmer. 1830, p. 8.
Habitat : Terre-Neuve, Québec, Ontario.
À, mediatus Say.

Trans. Am. Phil Seb 2°p 24
Habitat : Ontario.

A. semisulcatus Aubé.

Spec. Gen. Hydro. 6, 1838, p. 132.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Colombie-

Anglaise, Territoires du Nord-Ouest.

23e Genre.
THERMONECTES Esch.

Insectes de taille movenne, en apparence ressemblant beau-
coup aux espèces du genre précédent. La partie basale des

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 127

élvtres des femelles est marquée de ponctuations courtes,
profondes et allongées. On les trouve très tard en automne,
sous les feuilles et autres débris végétaux, sur le bord des
mares et des étangs. Une seule espèce dans notre faune, et
les spécimens sont assez rares.
TZ. basilaris Harr.

New Engl. Farmer. 1828, p. 8.
Habitat : Québec, Ontario.

24e Genre
GRAPHODERES Esch.

Les insectes de ce genre ressemblent de près aux Thermo-
nectes. On les trouve dans les étangs et les mares d'eau, dans
les éclaircies des forêts. Les élytres des femelles sont lisses
ou rugueuses. On rencontre quatre espèces dans notre faune.
Les spécimens me sont pas communs.

G. liberus Say.

Journ. Phil. Acad. Nat. Sci. 5: 1825, p. 160.
Habitat : Ontario, Manitoba.
G. cinereus Lann.

Fauna. Suec. No 771.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.
G. occidentalis Horn.

Trans. Am. Ent. Soc. vol. 10, p. 281.
Habitat : Manitoba.
G. fasciatocollis Harr.

New Engl. Farmer. 1828, p. 156.
Habitat : Ontario, Manitoba.

25e Genre
CYBISTER Esch.

Le genre C'ybister est représenté dans la faune canadienne
par une seule espèce, que l’on trouve l'automne sous les dé-

128 LE NATURALISTE CANADIEN

bris, sur les rives des lacs et des étangs. Ce genre représente
la forme la plus haute et la plus développée que l'on con-
naisse chez les Dytiscides. C’est un gramd insecte ovalaire,
aussi gros que certaines espèces du genre Dvtiscus, élargi en
arrière, déprimé, jaunâtre en dessous, d’un vert olivâtre en
dessus, avec le labre, les côtés du corselet, et une bande le
long du bord externe des élytres, jaunes. Il est assez rare.

C. fimbriolatus Say.
Trans. Am: Phil Soc: 2276
Habitat : Ontario.

(A suivre.)
RS

PUBLICATIONS REÇUES

— Rapport sommaire de la Commission Géologique du ministère des
Mines pour 1915. Ottawa. 1917. é

À signaler des notes sur l’histoire naturelle du Labrador.
—(Ministère des Mines. Canada.)

Lawson, Géologie archéenne du lac La Fluie. 1917.

Dowling, /assins houillers de la Colombie britannique. 1917.
—(Smithsonian Institution, Washington.)

Evermann & Radcliffe. 7%e Fishes of the West Coast of Peru and the
Titicaca basin. 1917.
—Michigan Academy of Science. Lansing, Mich. 77/4 Report, 1915.
18th Report, 1916.
— Proceedings of the California Academy of Sciences. San Francisce.
4th Series. Vol. VI, 8, 9; VII, r-9
— (Ministère des Mines. Ottawa.)

Stansfeld, Les dépôts pleistocènes et récents de l'île de Montréal. Ottawa
1917.

Schofield, Géologie de la région de Cranbrook. Ottawa. 1917.
—(Bureau des Statistiques. Québec.)

Etat financier des Corporations scolaires pour 1915-16. Québec. 1917

Jo

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Mars 1918

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 9

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

ICI REPOSE
LÉON PROVANCHER,PTRE
DOCTEUR ÈS SCIENCES
FONDATEUR
DE LA "SEMAINE RELIGIEUSE DE QUÉBEC"
ET DU "NATURALISTE CANADIEN"
1420-1492
R.I.P.
HOMMAGE DE QUELQUES PARENTS ET AMIS DES SCIENCES
1917

Jobin & GEnois, sculpteurs, Québec

Monument érigé le 6 février 1918 sur la tombe de l'abbé Provan.
cher, dans l’église du Cap-Rouge, près Québec.
9.—Mars 1918.

130 LE NATURALISTE CANADIEN

PROVANCHER

En ce mois de mois de mars, qui termine la 25e année
depuis la mort de l’abbé Provancher, nous croyons devoir
cohsacrer à son souvenir cette livraison presque entière.

Depuis le 6 février, un marbre commémoratif placé sur
la tombe de notre illustre compatriote, dans l’église du
Cap-Rouge, assure la conservation de sa mémoire. La
souscription que nous avons ouverte ici pour couvrir les
frais de ce monument a été accueillie avec une générosité
qui nous a surpris et réjoui. On nous a même demandé
d'Ontario, et de quartiers bien autorisés, d'annoncer cette
souscription dans le Canadian Æntomologist, de London,
et de faire de la sorte appel au concours des entomologistes
des États-Unis et des provinces anglaises. Mais il était
déjà trop tard, et le monument était déjà érigé quand ces
propositions nous sont venues. L’homimage à Provancher
aurait donc pu avoir plus d'éclat, si nous avions été moins
pressé d'exécuter notre projet. Pour excuser notre hâte,
nous dirons que nous avions à cœur d'ériger le monument
dans la 25e année même qui suivait la mort de Provancher,
et que d’ailleurs nous ne soupçonnions pas — en quoi nous
nous trompions profondément—que les entomologistes
de langue anglaise s’intéresseraient sensiblement à cette
glorification posthume de l’abbé Provancher.

En tout cas, l'œuvre est maintenant accomplie, et notre
satisfaction est grande.

Nous adressons l’expression bien vive de notre recon-
naissance à toutes les institutions et à toutes les personnes.
qui ont si généreusement répondu à notre appel. Elles
auront la satisfaction de voir, par la vignette qui se trouve
en première page de cette livraison, sous quelle forme a
été réalisé l'hommage qu’elles nous ont aidé à rendre à la
mémoire de notre plus illustre savant du Canada.

PROVANCHER 131

Il nous paraît tout à fait convenable, pour bien marquer
ce 25e anniversaire, de publier en ce même numéro la no-
tice biographique de l’abbé Provancher que, sur demande
spéciale, nous présentons en ce mois même à l'assemblée
annuelle de la Société de Protection des Plantes. :

Ajoutons, pour répondre à de légitimes préoccupations,
que nous nous sommes remis à l’œuvre pour terminer
au plus tôt la biographie de Provancher, déjà publiée en
partie dans le Vaturaliste canadien, et malheureusement
interrompue depuis plusieurs années.

a OO EE

PROVANCHER CHEZ NOS COMPATRIOTES DE
LANGUE ANGLAISE

PROF. J. PL. MCMURRICH, DE TORONTO

À la session du mois de mai 1917 de la Société royale du
Canada, le Prof. J. PI. McMurrich, de l'Université de ’T'o-
ronto, et président de la section IV (Géologie et Biologie ),
traita dans son ‘adresse présidentielle” du sujet suivant:
“Cinquante années de zoologie canadienne.” Après
avoir mentionné la valeur des Rapports sur les pêcheries
écrits par le Commandant Fortin, il ajouta ce qui suit au
sujet de Pro ,ancher:

‘““But one finds special pleasure in mentioning the
name of the Abbé Provancher who in hisquiet
home at Cap Rouge, far from the facilities of libra
ries and laboratories, worked indefatigably to perfect the
knowledge of our native insects and mollusca. Born in
1820 at Bécancour, he was for some time curé of Portneuf,
but his health proving insufficient for the strain of clerical
life he retired to Cap Rouge near Quebec, and devoted

132 LE NATURALISTE CANADIEN

himself to the study of Natural History. His first efforts
were applied to Botany and in 1862 he published his
Flore du Canada, but later gave his attention chiefly to
Entomology, beginning in 1874 the publication of his ex-
tensive Faune entomologique du Canada, a Work that may
be comimended as evidence of extraordinary zeal and assi-
duity, while its errors may be condoned in consideration
of the isolation in which its author worked. The Vatu-
paliste Canadien, inaugurated in 1868, was also a work of
love and was carried on uninterruptedly until 1891. The
Abbé Provancher died in 1892, and in him there passed
away one of the keenest observers and most zealous natu-
ralists that Canada has produced, one who, under more fa-
vorable conditions, would have attained high rank in the
roll of distinguished naturalists. ?”?

A PROPOS DU MONUMENT PROVANCHER

Une généreuse souscription de l’Entomological Society
of Ontario, pour le monument Provancher, nous a mis à
l'aise pour satisfaire à tous les accessoires de la réalisation
de cette œuvre. Ce concours de la puissante association on-
tarienne, que nous a valu l’intervention du Dr. C. Gordon
Hewitt, entomologiste du Dominion, nous a fait le plus
grand plaisir, et nous en sommes profondément reconnais-
sant à l’un et à l’autre.

__ En nous remettant la souscription de l’Entom. Soc.
of Ontario, le Rév. C. J.S. Bethune, “editor emeritus ” du
Canadian Entomologist, de London, Ont., nous écrit (le 4
mars ):

&« .., It would be well, I think, to publish in the Cawa-
nadian Entomologist a short account !ôf the Memorial, and
ask for contributions from those interésted in Provancher’s
work. There are several in the United States who would
probably be glad to share in so landable undertaking.”

PROVANCHER 133

De son côté, l'entomologiste du Doiminion, le Dr Hewitt,
nous avait écrit ce qui suit le 7 février:

‘,., J am now writing to suggest that you do not close
your subscription list, but that vou give the many english
speaking admirers of the Abbé Provancher and his great
work the opportunity of participating in the perpetuation
of his memory in the manner you suggest. I am sorry
that you did not publish your appeal in the Cazadian
Entomologist at the same time, as there are unfortunately
a large number of english speaking entomologists who do
not see Ze Naturaliste Canadien, and who would like, I
feel sure, to add their small monetary tributes to your
funud.—As the burial place of the Abbé has remained
unmarked for so long, I do not think that the post-
ponement of the erection of the memorial for a few more
months would be serious, and it would give many ento-
mologists the opportunity of taking part in the carrying
out of vour excellent proposal.—If you would prefer not
to insert a brief notice regarding this matter in the Cawa-
dian Entomologist, 1 should be very pleased to write such
a paragraph and to be responsible for the collection of any
subscriptions, or they could be sent “direct to you.—The
Abbé Provancher was such an ïillustrious pioneer of
Canadian entomologists that I think it would be very
unfortunate if this recognition was confined to his’own
Province. His work was truly Canadian, and I think I
am safe in saying that there are a larger number of men
who are acquainted with and admirers of his work outside
the province of Quebec than within, and many of these
will no doubt be glad to contribute to this proposal.”

Comme tous ces témoignages, venant de milieux étran-
gers à notre race, sont glorieux pour la mémoire de notre
illustre Provancher ! |

\

134 LH NATURALISTE CANADIEN

Mais, en tout cas, nous avons dû répondre à ces mes-
sieurs qu’il était trop tard pour donner suite à leur propo-
sition, le monument étant déjà en place. Surtout, force
nous a été d’avouer que nous n'avions pas imaginé qu’il
fût utile de nous adresser aux savants de langue an-
glaise pour la réalisation de notre projet. Il est de fait
que nous ne nous rendions pas un compte exact de la re-
nommée dont jouit chez eux l’abbé Provancher.

Nous devons ajouter que si nous avons mené un peu vite
l'exécution de l’œuvre du monument Provancher, c'est
que nous estimons qu’à notre Âge il est peu prudent de
différer le moindrement d'accomplir ce que l’on a à cœur
de faire. D'autre part, nous tenions absolument à ce que
cet hommage tardif à la mémoire de Provancher lui fût
rendu au moins au cours de la 25e année qui a suivi sa
mott, et cette année se termine dans le présent mois de
mars. Nous avons bien obtenu ce résultat, puisque le
matbre funéraire a été mis en place le 6 février dernier.

Quoi qu’il en soit de tout cela, notre joie est grande
d’avoir pu honorer d'une façon assez digne, grâce au con-
cours de personnalités et d'institutions très distinguées,
la mémoire de notre illustre maître et ami.

LBSTE COMPLÈTE DES SOUSCRIPTEURS

AU MONUMENT PROVANCHER

Ralliement catholique et français en Amérique et Ligue de
la Presse catholique.

Archevêché de Québec.

S. G. Mgr G. Forbes, évêque de Joliette.

Université Laval, Québec.

Séminaire de Nicolet (Alma Mater de l’abbé Provancher).

PROVANCHER 135

M. l'abbé Chs-E. Provancher, curé de Daveluyville, P. Q.

M. l'abbé F.-X. Burque, Québec.

M. le notaire H.-O. Roy, Québec, et Mme H.-0. Roy (nièce
de l'abbé Provancher).

Dr. C. Gordon Hewitt, entomologiste du Dominion.

M. Germain Beaulieu, du Bureau d'Entomologie, Ottawa.

M. Arthur Gibson, mn E ) de

M. J.-M. Swaine, se ” ne

M. l'abbé H. Simard, Séminaire de id

M. l'abbé T. Paquet. Le "

M. C.-E. Dionne, conservateur du musée de l’Université
Laval, Québec.

M. Zot. Turgeon, Saint-Roch de Québec.

M. l’abbé J.-A. Manseau, curé, et les Marguilliers de Bécan-
court (paroisse natale de l'abbé Provancher).

Les paroiïissiens de Bécancourt (par une quête à l’église),

M. le notaire A.-O. Désilets, Bécancourt.

M. Henri Hébert, ‘

M. le Dr Eud. Blondin, : fé

M. l'élesphore Tourigny,

M. Léopold Cyrenne,

Mme Vve Albert Champoux, ü

M. Hippolyte Auger,

M. l'abbé P.-A. Bégin, Séminaire de Sherbrooke.

M. l'abbé L,. Marcotte, se ;s ÿ

M. le Chan. V.-A. Huard, conservateur du Musée provincial,
Québec.

M. l'abbé Jos. B. Mignault, curé de Saint-Lambert

| (Chambly).

The Entomological Society of Ontario.

Idem, Montreal Branch.

La Société québecquoise de Protection des Plantes.

M. F.-N. Corriveau, assistant-conservateur du Musée
provincial, Québec. |

—— 0!

PLU AC LA AU

136 LE NATURALISTE CANADIEN

NOTES BIOGRAPHIQUES SUR L'ABBÉ
PROVANCHER (1)

L’'entomologiste du Dominion, le Dr C. G. Hewitt, cro-
yait pouvoir dire récemment, dans une lettre qu’il m’écri-
vait, que l’abbé Provancher et son œuvre sont plus connus
et admirés en dehors, qu’au dedans, de la province de Qué-
bec. Et je crois qu’il a eu raison de formuler cette asser-
tion. Il faut avouer, aussi, que c’est une condition bien
désavantageuse, au point de vue de la notoriété, que d’être
mort depuis vingt-cinq ans. Peu de mémoires résistent à
une pareille épreuve du temps, et je suis d'avis que chacun
de nous doit se résigner à être à peu près oublié un quart
de siècle après sa mort. Du reste, l'abbé Provancher passa
sa dernière vingtaine d'années dans une sorte de retraite et
à la campagne, et cela contribua encore à diminuer le nom-
bre de ceux qui‘le connaissaient personnellement. Il fit,
il est vrai, beaucoup de publicité durant cette période, qui
va de 1869 à 1892. Mais ce fut surtout des ouvrages
techniques qu’il publia, et ces publications ne pouvaient
atteindre qu’un petit nombre de lecteurs. Comme ces ou-
vrages techniques relevaient principalement de l’entomolo-
gie, et qu’il y a peu de sciences qui se soient encore si légè-
rement imposées à l’attention publique, dans la province
de Québec, il n’est guère étonnant que le nom de Provan-
cher soit resté inconuu du grand public québecquois. En
dehors de nos frontières, par contre, et dans tous les pays
où l’on s'occupe de l’entomologie canadienne et américaine,
il a fallu tenir compte des travaux de Provancher sur les
insectes du Canada. Le nombre des associations et des in-

——

1— Mémoire présenté à l'assemblé annuelle, tenue au mois de mars
1918, de la Société québecquoise de Protection des Plantes.

PROVANCHER 137

dividus qui font de l’entomologie dans plusieurs pays
étrangers étant assez considérable, il en résulte donc cet
effet naturel, mais surprenant au premier abord, que Pro-
vancher est aujourd’hui beaucoup plus connu chez les
étrangers que parmi ses compatriotes, chez qui les ento-
mologistes restent toujours en nombre infime. Il faut
d’ailleurs reconnaître—et cela soit dit avec autant de
modestie que possible de ma part — que si le nom de mon
illustre maître et ami surnage encore la mer immense de
l’oubli, pour ce qui est de la province de Québec, cela est
dû surtout au maintien du Vaturaliste canadien, qui rap-
pelle souvent la mémoire de son fondateur.

J'avais l'honneur, l’an dernier, de présenter, à la Société
de Protection des plantes, une étude sur l’œuvre entomolo-
gique de Provancher. On m'a représenté qu’il conviendrait,
cette anuée, et comme pour compléter cet hommage ren-
du à la mémoire de notre savant canadien, de rédiger un
aperçu des événements de sa vie; et je me rends très volon-

N

tiers à ce bienveillant désir, en résumant ce que j'ai déjà
écrit ailleurs sur la vie de Provancher.

Léon Provancher naquit à Bécancourt (Nicolet) le 10
mars 1820. Après avoir passé son enfance dans cette
vieille paroisse rurale, il commença en 1834 ses études
classiques au collège de Nicolet. Ce fut là quese manifesta
d’äbord son goût pour l'histoire naturelle, grâce à certain
livre traitant incidemment de botanique et qui lui tomba
sous la main. Mais quand il voulut reconnaître sur des
fleurs vivantes les divers organes dont il était question dans
sou livre, 1] échoua tout à fait, et ne put même trouver en

St dé

138 LE NATURALISTE CANADIEN

cette affaire aucun secours parmi le personnel du Collège.
Il y avait pourtant là des hommes de grand talent, et l’ins-
titution, alors comme aujourd'hui, était haut cotée dans le
pays. Mais cela fait voir qu'à cette époque, voilà trois
quarts de siècle, les préoccupations n’allaient guère dans
notre pays du côté des sciences naturelles.

Le jeune Provancher termina son cours d’études en 1840,
et embrassa aussitôt l'état ecclésiastique au même collège
de Nicolet. Tout en étudiant la théologie, il y fut profes
seur, achevant son professorat par la classe de rhétorique
où il succéda à l’abbé Laflèche, la gloire future du siège
épiscopal de Trois-Rivières.

Nicolet faisant encore partie en ce temps-là du diocèse
de Québec, le jeune Provancher vint recevoir, en compa-
guie de quatre autres lévites, dans la cathédrale de Québec,
l’ordination sacerdota!e, le 12 septembre 1844. Des cinq
ordinands, deux reçurent plus tard la consécration épisco-
pale: Mgr J. Langevin, évêque de Rimouski, et Mgr A.
Racine, évêque de Sherbrooke.

De 1844 à 1847, l'abbé Provancher fut vicaire à Bécan-
court, sa paroisse natale, à Saint-François de Beauce—qui
avait alors pour curé M. L.-E. Bois, l’érudit bien connt
parmi les amateurs de l'histoire nationale, et à Sainte-Marie
de Beauce.

En 1847, il fut l’un des 42 prêtres (dont fut aussi le
futur cardinal Taschereau) qui se succédèrent à la Grosse-
Ile auprès des immigrants d'Irlande en proie au typhus.
Près de la moitié de ces missionnaires y contractèrent
l'épidémie, et quatre en moururent.

Après une nouvelle année de vicariat à Saint-Gervais,
M. Provancher fut chargé de la nouvelle cure 1e Saint-
Victor de Tring—où il débuta dans l’art de la greffe, d’ail-
leurs sans aucun succès, Quatre ans après, en 1852, il fut
transféré à la cure de l’Isle- Verte, et deux ans plus tard,
en 1854, à celle de Saint-Joachim (Montmorency).

PROVANCHER 139

M. Provancher passa huit années à Saint-Joachim, de
1854 à 1862. Il yallongea l’église, qu’il “assura” pour la
première fois, et surtout il y introduisit, dès son premier
hiver, l’usage des poêles! Car nos pères ne s'étaient pas
avisé qu’il fût possible de chauffer les églises.

Ce fut à Saint-Joachim que l'abbé Provancher commeu-
ça sa carrière de naturaliste et de publiciste, par la publi-
cation de son 7Yaité élémentaire de Botanique, en 1858, et

‘ d'un Tableau chronologique et synoptique de l'histoire du

Canada, en 1859.

De 1862 à 1869, M. Provancher “it curé de Portneuf.
Il y travailla heureusement à l’extinction de la dette pa-
roissiale. Il y introduisit la musique à l’église, sous les
espèces d’un harmonium qu’il alla en personne acheter à
Boston. Il y établit le système administratif des marguil-
liers. Ily fonda, en 1866, la première Fraternité du Tiers-
Ordre franciscain qu’il y ait eu dans le pays. Il fit même
des démarches pour ramener chez nous les religieux de
saint François d'Assise, ee qui ne s’accomplit toutefois
que longtemps après. Enfin il alla jusqu'à organiser une
compagnie de navigation à vapeur entre Québec, Portneuf
et autres lieux.

Par ce qui précède, on voit quel homme d'initiative a
été l’abbé Provancher. On verra par ce qui vasuivre qu’il
le resta jusqu’à la fin.

Ce fut à Portneuf, à la fin de l’année 1862, que M. Pro-
vancher publia sa grande œuvre d'une Æore canadienne,
la première qui ait été publiée au Canada. La même
année 1862 fut encore celle de la publication du lerger

‘canadien, aussi le premier ouvrage du genre qui ait paru
au Canada, et qui devait arriver en 1885 jusqu’à sa 5e
édition.

Toutes ces entreprises n'étaient pas cependant les seules
dont s’occupât le curé de Portneuf. Il travailla même à

140 LE NATURALISTÆ CANADIEN

former dans sa paroisse une compagnie de milice, et il y
établit une pépinière considérable! Enfin, en 1868, il y
commença la publication du Vafuraliste canadien, qu'il
rédigea vingt années durant—période qu’il m'a été donné
de prolonger jusqu'ici de 24 autres années.

Eu 1869, il quitta le saint ministère, et s'établit d'abord

à Québec, puis au Cap-Rouge, où s’écoulèrent les vingt
FRA années de sa vie.

Ces vingt dernières annés de la vie de Provancher furent
encore remplies d'œuvres et d’occupations variées.

Je ne ferai que meationner ici: sa collaboration réguliè-
re à la Arnerve, important journal de Montréal, jusqu’en
1870; ses voyages aux Petites-Antilles, en Europe et en
Orient, et les deux pèlerinages canadiens à Jérusalem qu’il
organisa et dont il dirigea l’un personnellement ; ses publi-
cations de piété ; son volume sur les Mollusques de la pro-
vince de Québec; son cours élémentaire d’histoire du Ca-
nada pour les écoles; enfin sa fondation, en 1888, de Za
Semaine reiglieuse de Québec, qu’il confia à d’autres mains
au bout de quatre mois, et qui accomplit présentement sa
30e année.

Mais ce fut au milieu de tout cela, et au cours de cette
vingtaine d'années, que l’abbé Provancher exécuta son
œuvre gigantesque d’entomologie. Ce que personne avant
lui n'avait osé entreprendre: la description de toutes les
espèces d’insectes d’un pays, il l’entreprit pour la province
de Québec, et faillit l’exécuter en son entier. Ce fut la
Petite Faune entomologique du Canada, où il a décrit, y
compris trois ou quatre centaines d'espèces jusque-là incon-
nues à la science, toutes nos espèces de Coléoptères, d'Hé-
miptères, d’Orthoptères, de Névroptères et d'Hyménop-

PROVANCHER 141

tères. Cela représente quatre volumes compacts, d'environ
2000 pages en tout. Deux autres volumes, où il aurait
traité des Diptères et des Papillons, auraient complété
cette œuvre unique et monumentale, si les ressources ne
lui avaient manqué pour en organiser la production.—
Comme, d'autre part, il avait aussi traité, ailleurs et en
détail, des Plantes, des Mammifères, Oiseaux, Poissons et
Reptiles, on peut dire qu'il a laissé une histoire naturelle
à peu près complète de la province de Québec.

Le court aperçu qui précède suffit à indiquer à quel
point l’abbé Provancher a fait au Canada œuvre de pion-
nier, et montre que peu d’hommes ont jamais fait preuve
d'autant d'initiative.

L'abbé Provancher mourut après une courte maladie, le
23 imars 1892, dans sa 72e année. Il fut inhumé dans
l'église paroissiale du Cap-Rouge.

Il peut être intéressant d'ajouter que les deux revues
qu’il a fondées, /a Semaine religieuse de Québec et le
Naturaliste canadien, sont encore en pleine existence,
vingt-cinq ans après sa mott.—Sa bibliothèque scientifique
fait aujourd’hui partie de la bibliothèque du Palais légis-
latif de Québec.—Quant aux trois collections entomologi-
ques qu’il avait formées, l’une est conservée au Collège de
Lévis, et les deux autres au Musée de l’Instruction publi-
que de Québec.

Ayant pu constater, en l'automne de 1917, que rien n’in-
diquait, dans l’église du Cap-Rotüge, que l’abbé Provancher
y était inhumé, j'ai ouvert aussitôt, dans /e Naturaliste
canadien, une souscription qui obtint un succès remar-
quable, et qui m’a permis de faire installer, au mois de
février, un beau marbre commémoratif sur la tombe de
notre illustre savant, que l’on peut qualifier justement du
nom de ‘“‘Linné du Canada.”

Chanoine V.-A. HUARD

142 LE NATURALISFE CANADIEN

UNE NOMBREUSE POSTERITE

Aplus Rudbeckiæ FICH.
(Continué de la page 64.)

S 11 fait chaud, pourvu que le soleil me frappe pas direc-
tement le puceron, du moins pour la plupart des espèces, la
fécondité peut atteindre’de suite un maximum, quand la sève
est abondante. D'autre part, si la sève surabonde, même si
la température est relativement basse, la propagation est ra-
pide : d'où l'on conclut que la sève a plus d'importance que la
température. L’expérimentation met cette vérité hors de con-
teste pour les espèces qui ne sont pas trop sensibles au froid:
ainsi le puceron de la Rudbeckie peut produire le même nom-
bre de petits chaque jour alors que la température varie de
10 à 15 degrés, pourvu qu'on maintienne la montée de la
sève aussi constante que possible.

On peut montrer facilement l'influence relative de la sève
et de la température sur la propagation : 1l suffit de varier les
arrosages et la chaleur de l'appartement jusqu'à obtention
d'une production maxima par jour: en maintenant dès lors
la température constante et en arrosant régulièrement, le
nombre des jeunes produits journellement reste constant ; 1l
l’est d'autant plus que les conditions varient moins. Cette
constance persiste parfois durant toute la période active de
l'individu, ce qui fait penser que les organes souffrent peu
du travail. Comme contre-épreuve, il suffit de changer les
conditions pour changer le nombre des nouveaux-nés à vo-
lonté, en restant entre un minimum et un maximum va-
riables avec les espèces. Au grand air, le maximum n'est pas
toujours atteint, par suite du manque de sève ou du froid:
c’est pour cela qu'on remarque des différences au printemps,

UNE NOMBREUSE POSTÉRITÉ 143

non seulement avec chaque année, mais, la même année, avec
la méme espece en des localités différentes. *

Nous n'avons pas encore la raison de la diminution dans
la fécondité en passant d'une génération à l’autre. Cette rai-
son découle immédiatement de l'importance de la sève: le
nombe des petits diminue dans la même proportion que la
sève.

Au printemps le tissu de la plante est souple et actif; les
vaisseaux largement ouverts fournissent un chemin royal; le
puceron en profite : il boit dans un grand fleuve. Les organes
de la plante développés, c'est la vieillesse qui conmmence : la
circulation se ralentit: le puceron s'abreuve dans un ruisse-
let. L'expérience permet de vérifier ce point. Pour cela,
choisir une plante annuelle fréquentée par un puceron: on
fait germer les graines à des dates différentes, de façon que
des plants soient dans toute la vigueur, tandis que chez
d'autres, les giaimes étant müres, la sève devenue inutile ne

circule presque plus. On transporte des pucerons d'une

plante âgée sur une jeune, et la fécondité augmente. Ce
transport des générateurs doit se faire avce précaution si
l'on ne veut pas occasionner la mort: ainsi un vieux puceron
meurt souvent lorsqu'on le transporte d'une plante à l'autre,
et la mort est plus fréquente quand le passage se fait d’une
vieille plante à une jeune que d'une jeune à une vieille. On
obvie à la difficulté en mettant sur deux plantes d'âge diffé-
rent des insectes d'une même génération: ceux de la jeune
plante sont plus prolifiques.

La question de la diminution de la sève est du ressort de
la Botanique: 11 serait trop long d'examiner ici le rapport
‘entre la quantité de sève et la perméabilité des tissus du vé-
gétal. Nous pouvons admettre en principe que pour les
plantes annuelles et bisannuelles la sève circule d'autant plus
facilement que les tissus sont moins lignifiés. Dès lors la
«question de la fécondité peut se poser comme suit :

=

144 LE NATURALISTE CANADIEN

Le nombre des petits est-il en rapport avec le degré de
lignification des tissus du végétal nourricier ?

La réponse est affirmative. J'admettrais même volontiers
que c'est en définitive la lignification qui influe davantage sur
la fécondité, à tel point que si la composition et la quantité
de la sève restaient invariables le nombre des jeunes pro-
créés diminuerait quand même. Il faut avouer que l'explica-
tion est plus facile que la démonstration expérimentale.

P. FONTANEL, S. J.
Collège Sainte-Marie,
Montréal.
(À suivre.)

OS

PUBLICATIONS REÇUES

—(L;'Action sociale catholique. Québec.)

Almanach de | Action sociale catholique pour 191$. 2e année.

Vol. in-4°, illustré, de 128 pages. Œuvre très remarquable par la
tenue et l'intérêt des articles qui le composent, et par une riche illustra-
tion, Se vend 35cts l’ex., franco.

—Alnanach Rolland, agricole, commercial et des familles, pour 1918
Cie J.-B. Rolland & Fils, libraires, 53, rue Saint-Sulpice, Montréal.
52e année. Prix, 15cts; franco, 2octs. Vol. in-12, 240 pages. Très
varié et intéressant.

— The Voice of Belgium, being the War utterances of Caräinal Mercier.
Burns & Oates, 28, Orchard str.,London, W. I. Price : 2 sh. and 6 pence.

Volume de 330 pages, dont on peut imaginer l'intérêt et la valeur
documentaire, à la seule lecture de son titre.

—(University of Kansas, Lawrence, Kansas.)

Science Bulletin, Vol. X, 1-15,

—(Bureau des Statistiques. Québec.)

Statistiques annuelles des Etablissements pénitentiaires et des Institu-
tions d’ Assistance. Année 1916.

— Rapport du Surintendaut de l’Instruction publique de la province
de Québec. 1916-1917.

2

LOS

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Avril 1918

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 10

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

UNE ANGUILLE, ŒUVEE CAPTUREE DANS LE
SAINT-LAURENT EN 1897

Nous avons traité au long, jadis, dans le Naturaliste cana-
dien, de la question si discutée autrefois de la reproduction
de l'Anguille. Nous en avons parlé pour la dernière fois,
croyons-nous, dans notre livraison du mois de mars 1911,
page 141, où nous citions, d’après le Cosmos du 30 décembre
1809, ce résumé de la question établi par le président de
l'Académie des Sciences, M. P. Van Tieghem, dans la séance
du 18 décembre 1899:

‘* La biologie animale ou zoologie. . . a fait connaître la re-
production des Anguilles, qui vont pondre à la mer, où leurs
œufs se développent en larves nommées Leptocéphales, qui
remontent ensuite dans les rivières.”

On connaissait assurément, auparavant, les poissons nom-
més Leptocéphales; mais, ce que l’on ignorait absolument,
c'est que le Leptocéphale n'est que la forme larvaire de l'An-
guille, un poisson——pourrait-on dire—qui se transforme en
Anguille. 1

Ce qui intriguait les ichtvologistes, c'est que l’on ne trou-

10.— Avril 1918.

146 LE NATURALISTE CANADIEN

vait Jamais d'Anguilles portant des œufs. Et l'on se deman-
dait toujours comment se reproduisaient les Anguilles. Il est
facile maintenant de comprendre pourquoi l'on ne capture
pas d'Anguilles œuvées. C'est que l'on ne prend jamais d'An-
guilles que dans les fleuves et rivières, et qu’elles n'ont pas à
porter d'œufs lorsqu'elles sont là, puisque leur ponte me
s'effectue qu'en plein océan.

Mais cela n'empêche pas que l’on a toujours bien trouvé
une Anguiile œuvée dans notre fleuve Saint-Laurent, à cent
lieues de l’océan, et dès l’année 1897.

Nbus avons bien eu connaissance de ce fait, dans le temps,
mais nous croyons avoir omis de le signaler dans /e Natu-
raliste canadien, et c'est pourquoi nous revenons aujourd’hui
sur la question. Ce qui d'ailleurs nous y ramène, c’est une
coupure du Progrès du Saguenay, datée du 31 décembre
1914, et que nous venons de retrouver. En ce temps-là, le
journal chicoutimien publia une série de chroniques du plus
vif intérêt sur la pêche, écrites par M. J.-D. Guay, de Chicou-
timi. Dans la chronique publiée le 31 décembre 1914, on voit
reproduite une lettre de M. l'abbé 11.-P. Hervieux, dü clergé
de Chicoutimi, où il témoigne avoir vu, en novembre 1897, à
la table du curé de la Baie Saint-Paul (Charlevoix }, une An-
guile portant des œufs en quantité.

Le curé de la Baie Saint-Paul, c'était alors M. Ambroise
Hafard, aujourd’hui décédé. Au diner célèbre, historique
même, qui se prit là, il y avait aussi l'abbé Rouillard, aujour-
d'hui des Etats-Unis, croyons-nous, mais qui appartenait
alors au diocèse de Chicoutimi.

Une belle Anguille, capturée à la Petite-Rivière-Saint-
François, paroisse voisine et renomimée pour la pêche inépui-
sable de ce poisson qui s’y pratique, était l’un des articles du
menu de ce soir. Dès qu’il en eut un tronçon dans son assiette,
l'abbé Hervieux s'aperçut aussitôt qu’il s’y trouvait des œufs,
et cela avec la plus grande surprise, parce qu'il nous avait

L'HISTOIRE DU TARAXACUM OFFICINALE Web. 147

souvent entendu traiter nous-même du problème scientifique
qu'était restée, jusqu'alors, la reproduction de l'Anguille.
“Tenez, et voyez, s'écria-t-il. Depuis si longtemps que les
savants discutent et cherchent en vain, si oui ou non l’An-
guille est ovipare; voyez vous-mêmes la grappe énorme
d'œufs de cette année.”

Nous avons lieu de croire que ce fait de l'Anguille œuvée
de la Baie Saint-Paul est unique dans l’histoire naturelle de
l'Amérique, et c'est pourquoi nous avons tenu à l'enregistrer
ici, quoique si tardivement.

00

L'HISTOIRE DU TARAXACUM OFFICINALE Web.
(Vulg. Pissenlit.)

C'est une plante très commune avec un nom très vulgaire,
et l’on me dit qu'elle habite à peu près partout sur notre globe.
Originaire d'Europe, elle s’est mise tout à fait à son aise chez
nous, car elle commence à fleurir lorsque la neige n’est pas
encore disparue du creux des vallons, et si, à l'approche de
l'hiver, le soleil semble vouloir, durant quelques jours, rame-
ner l'été, elle lève hardiment la tête et expose au vent d’au-
tomne ses fleurs couleur d'or.

Les auteurs nous disent qu'il y en a deux espèces: la pre-
mière l’offcinale, la plus commune, et l’autre l’erythrosper-
mum, qui est beaucoup plus rare et se trouve sur les rochers
et dans les endroits sablonneux.

Elle appartient à la famille la plus nombreuse du monde
végétal, les Composées, formant, dit Provancher, au moins la
dixième partie des plantes phanérogames.

Pour beaucoup de gens, la floraison du T'araxacum est tout

148 LE NATURALISTE CANADIEN

simplement une fleur, mais l'on ignore ou l'on oublie:que ce
qui parait être une fleur, est en réalité un ensemble de fleurs
réunies en tête ou capitule, qui prennent naissance sur un
receptacle commun et sont entourées par plusieurs rangées de
folioles ou bractées constituant ce que l’on appelle l'invo-
lucre.

L'involucre, du reste, est loin d’être immobile, puisqu'il
peut, lorsque les circonstances l’exigent, se fermer de façon à
cacher complètement les fleurs. [Il en est ainsi la nuit, et pen-
dant les jours nuageux ou pluvieux, ou encore pendant que
les akènes muürissent. Il n'est pas, cependant, doué d'une con-
naissance parfaite du temps, car 1l se laisse souvent sur-
prendre par un orage subit et les fleurs qu'il renferme, trem-
pées par la pluie, souffrent beaucoup des ardeurs du soleil qui
suit la tempête.

Si maintenant nous arrachions une des nombreuses fleurs
du capitule, nous trouverions à son extrémité inférieure
l'akène, petite masse de forme ovale, donnant naissance à
une tige creuse et très courte qui porte le calice.

Le calice est représenté dans cette plante par une rangée de
poils qui s'appliquent sur la face externe de la portion infé-
rieure de la corolle, et constitueront plus tard l’aigrette qui
portera au loin le fruit mür.

Quelques auteurs donnent au calice le nom de frappus, et
ce nom, très convenable en lui-même, occasionne parfois un
malentendu chez ceux qui commencent l'étude de la bota-
nique.

La corolle commence par former un tube très court, s'ou-
vrant bientôt pour se terminer par une sorte de languette
‘bordée par cinq dents. Ces dents sont supposées représenter
les cinq pétales soudées pour former la corolle, mais rien ne
démontre que ceci ait eu lieu, malgré les affirmations des dis-
ciples de Darwin. |

Comme tout le monde le sait, la corolle est d'un jaune

L'HISTOIRE DU TARAXACUM OFFICINALE Web. 149

clair qui ferait beaucoup rechercher et admirer la plante, si
elle n'était pas si commune. :

Les filets des étamines prennent naissance sur les parois de
la corolle, et se portent vers le centre où leurs anthères se
soudent pour former un tube. Cette soudure des anthères est

ln pe la
(0 MAS res dr.

É la.

bu n1AË

un des caractères spéciaux de la famille des Composées. Le
pollen est versé dans le tube, les anthères ouvrant de ce côté,
pour être plus tard poussé au dehors par le pistil. Nous trou-
vons assez souvent des fleurs de cette famiile dont le pistil
porte des poils raides servant à entrainer le pollen à l’extré-
mité supérieure du tube.

Le pistil chez le T'araxacumu présente un style assez long,
qui, partant de l'akène, passe d'abord à travers la tige creuse
qui supporte le calice, et paraissant enfin au-dessus des an-
thères, se divise pour former deux stigmates.

Ici une question se pose. Nous savons qu'en général la na-
ture abhorre la fertilisation ou pollicination directe, et qu’elle

150 LE NATURALISTE CANADIEN

s'ingénie de mille manières pour l'empêcher. Et voilà cepen-
dant que le pistil passe entre les anthères qui déchargent leur
pollen; on dirait qu'il sera impossible dans ces circonstances
que ce résultat n'arrive pas; miûais il faut se rappeler que les
stigmates restent fermés en passant à travers la zone dange-
reuse, et que leur surface sensible est du côté interne et non
du côté des anthères. Il arrive conséquemment qu'ils sont

pollinisés généralement par les fleurs voisines, le pollen leur
étant apporté par le vent ou par les insectes.

Supposons maintenant que la pollicination a eu lieu, com-
ment la nature s’y prend-elle pour arriver à la propagation

de l'espèce ?

L'HISTOIRE DU TARAXACUM OFFICINALH Web. 151

Nous voyons d’abord l’involucre se fermer, de manière à
comprimer étroitement les fleurs. Les corolles se fanent, et
perdent leur couleur brillante, mais ce n’est pas tout.

La petite tige qui porte le calice s’allonge, le style disparait,
et peu à peu la corolle avec les débris des étamines et du pis-
til est poussée vers le sommet du capitule, et ces débris for-
ment une masse jaunâtre qui paraît à l’orifice de l'involucre
pour tomber bientôt sous l’action du vent. Pour observer ce
phénomène il faut un peu de patience, mais avec le nombre
énorme d'individus qui se trouvent autour de nous, il est fa-
de rencontrer quelques têtes portant encore cette masse jaune
qui s’enlève si facilement.

La tête du Tararacum reste encore fermée pendant plu-
sieurs jours, mais l'on peut voir une touffe laineuse qui pa-
rait au sommet de J’involucre, formée par les plumules ser-
rées les unes contre les autres. Pendant ce temps le fruit de
la plante murit, et se développe.

Enfin quand le fruit est arrivé à maturité, les folioles de
l'involucre s'inclinent en dehors, et en bas le réceptacle apna-
rait, chargé de ses nombreuses graines que l’aigrette portera
au gré des vents pour propager la plante.

Nous voyons souvent des champs d’une étendue considé-
rable tellement couverts de ces têtes de Z'araxacumr que, de
loin, ils nous paraissent crépis de neige; qui les a observés ne
s'étonnera pas de l'abondance et de l’ubiquité du pissenlit.

Le Tararacum a, cependant, ses ennemis. D'abord un so-.
leil chaud après une averse peut et doit détruire bien des
fleurs. Puis les oiseaux doniestiques et sauvages sont très
friands des graines de cette plante, et avec leur vue merveil-
leuse, ils ne manquent pas d'en découvrir un grand nombre.
Il arrive aussi, comme pour la semence de l'Evangile, que
beaucoup de graines tombent su run sol aride et sec, où elles
meurent. I'homme enfin, par les ordonnances de beaucoup
de municipalités, a décrété que Île Taraxacum est une plante
nuisible evprescrit sa destruction.

152 LE NATURALISTE CANADIEN

Nous pourrions ajouter que la racine du Taraxacum est
employée dans la médecine.

Telle est l'histoire de cette plante, vulgaire sans doute,
comme nous l'avons dit en commençant, mais nous avons la
confiance que le récit de sa floraison et de sa propagation ne
sera pas sans intérêt pour ceux qui veulent lire par eux-
mêmes, dans le grand livre de la Nature.

Dés MIGNAUILTE

VARIETE, NOUVELLE" D'ASTER 7

Nous avons retrouvé une coupure du Rhodora, novembre
1914, où se trouve la description, par M. M. L. Fernald,
d'une nouvelle variété d’ Aster appartenant à notre flore de
la province de Québec. Le botaniste américain a dédié cette
variété à notre savant collaborateur, le Frère Marie-Victorin,
qui l'avait trouvée à Saint-Raymond (Portneuf ).

Voici le texte de la description de la variété l’ictorinu de
l'espèce linnéenne Aster linartifolius.

ASTER LINARIIFOLIUS L., var. Victorint, n. var., humi-
lis 1-1.6 dm. altus: foliis adscendentibus vel patentibus con-
fertis viridibus oblongolinearibus, longioribus 1.3-1.8 cm.
longis 2-4 mm. latis, apice rotundatis, margine ciliolatis ; ca-
pitulis 1-6: involucris 8-10 mim. altis; squamis subherbaceis
oblongo-linearibus ciliatis, apice rotundatis vel obtusis. QUE-
BEC : on rocky banks of River Ste. Anne, St. Raymond, Co.

= = — ———

1. Le Dr Mignault est un ancien collaborateur du Va/uraliste cana-
dien, dont on trouvera les contributions dans les volimes X-XIII.
Nous sommes particulièrement heureux de saluer son retonr, asrès un
si long temps, dans les pages de notre revue. AV. C.

PKOVANCHER 153

Portneuf, August, 1914, Brother Marie-Victorin, no. 618
(TYPE in Gray Herb.)

Differing from typical Aster linarüfolius in its more
crowded mostly ascending greener and less rigid short
round-tipped leaves and in the more herbaceous bracts, the
outer oblong-linear. In typical À. linarüfolius from New
England southward and southwestward, the less crowded
spreading or spreading-ascending linear or linear-spatulate
leaves are rigid and more pointed, the larger leaves 2-4 cm.
long, and at least the outer linear-lanceolate bracts of the in-
volucre taper gradually to acute tips.

2 !C:

L'ABBE PROVANCHER

(Continué de la page 46 du vol. XX XII, avril 1005.)

(Dans la hivraison d'avril 1905, à la suite d'une tranche de
là biographie de l'abbé Provancher qui s'y trouvait, avec l'in-
dication coutumière À suivre, j'ajoutais, entre parenthèses,
la note que voici: * Nous interrompons la publication de ces
notes biographiques durant quelques mois, afin de pouvoir
compulser en son entier la correspondance de l'abbé Provan-
cher, de facon à rendre aussi complète que possible la rédac-
tion de notre travail.” Voilà bien douze années que cela fut
écrit, et que j'ai de la sorte tenté “ la fortune ” en interrom-
pant si longuement une œuvre que j'ai pourtant à cœur de
terminer et que je suis seul à pouvoir exécuter de facon com-
plète. à cause des relations suivies et prolongées que j'ai eues
avec l'abbé Provancher. Et voilà donc que les “ quelques
mois ” que j'assignais à l'interruption de ce travail, en avril
1905, se sont transformés non pas même en quelques années,
mais en tant d'années! Je dois bien remercier la Providence
de m'avoir conservé la vie et toute ma faculté de travail,

JH OL LE NATURALISTE CANADIEN

pour me permettre d'achever, je l'espère, cette notice biogra-
phique de notre illustre savant canadien. Mais que cet exem-
ple serve aux écrivains, et aux autres, et les mette sur leurs
gardes, quand ils seront tentés d'interrompre une œuvre quel-
conque, surtout si elle exige des efforts d'étude et d'applica-
tion. Qu'il est difficile de sv remettre!

En tout cas, il y a longtemps, même des années, que j'ai
fini ‘ de compulser ” et d'annoter toute la correspondance de
l'abbé Provancher, et j'ai à ma disposition d'utiles rensei-
gnements pour raconter et apprécier les faits et gestes des
derniers vingt ans de sa vie, la période même où 1l exécuta
toute son œuvre entomologique, la plus remarquable de toute
sa carrière. Je remets donc “ la main à la plume ”, pour ne
plus la déposer, je l'espère, qu'après avoir accompli en son
entier cette œuvre, que je puis presque qualifier de piété
filiale. )

L'ABBÉ PROVANCHER PUBLICISTE

Il y a des hommes sur lesquels l'encre d'imprimerie exerce
une sorte de fascination. Dès qu'ils ont commencé de publier,
ils ne pensent plus qu'à publier. Il est vrai que, avant de pu-
blier, il faut d’abord composer, et que, surtout s'il s'agit d'ou-
vrages techniques, cela n'est pas l'affaire la plus simple du
monde, tant il y faut d'étude et de recherches. Mais ce n'était
pas des conditions de ce genre qui auraient pu arrêter l'abbé
Provancher, l'un des plus grands travailleurs que j'aie con-
nus. En tout cas, ce fut surtout pendant les vingt-trois an-
nées de sa retraite cle la vie active, à partir de 1860, qu'il se
livra presque exclusivement au métier de la plume, et publia
tous ses ouvrages, moins ceux.qui intéressaiènt la botanique
et qui avaient paru antérieurement, comme nous l'avons vu
déjà. La seule énumération de ces ouvrages ferait voir que

PKOVAN. HER 155

ce n'est qu'une façon de parler que de dire que notre natura-
liste s'était retiré de la vie active en 1869. Il entrait alors, au
contraire, dans l’une des périodes de sa vie où il travailla le
plus.

Le Naturaliste canadien, ses ouvrages entomologiques et
des publications diverses, voilà les chefs sous lesquels nous
étudierons l'œuvre de publiciste qui remplit principalement
la vie de l'abbé Provancher durant son séjour à Québec et au
Cap-Rouge, depuis 1869 jusqu'à sa mort en 1892.

CHAPEDRE, I

Hisrorre pu Naturaliste canadien

L'année 1868 et la modeste paroisse de Portneuf furent
témoins d'un événement nouveau non moins qu'étonnant
dans la province de Québec : la fondation d'une revue d'his-
toire naturelle. S'il s'était agi d'une publication scientifique
de progrannne général, le fait, étonnant encore, surprendrait
moins, parce que dans ces conditions on aurait pu compter
sur une clientèle de quelque étendue. Mais établir une re-
vue spécialisée dans les sciences naturelles, et espérer de voir
une entreprise de cette sorte recevoir du public de ce temps-
là un appui suffisant, c'était d’une belle audace; alors que,
cinquante ans plus tard, c'est-à-dire aujourd'hui, notre classe
instruite, qui s'est bien élargie assurément, comme mombre
et comme culture, ne sait pas encore mettre cette même revue,
qui est pourtant l'unique publication scientifique du pays, en
état d'équilibrer ses recettes et ses dépenses. Or, comme on
ne lance pas une entreprise avec la perspective assurée de la
voir accumuler des déficits, il faut bien en conclure que l'abbé
Provancher s’est fait illusion sur le succès de son entreprise.
Il écrivait dans son Prospectus: “* Le pasteur, le médecin,

156 LH NATURALISTÉ CANADIEN

l'instituteur, l'agriculteur, en un mot tous ceux qui savent lire
et réfléchir, devront lire assidüment le Naturaliste: tous y
trouveront profit et instruction.” Malheureusement, depuis le
mois de décembre 1868, où ces lignes ont été publiées, les
pasteurs, médecins, instituteurs, législateurs, agriculteurs, et
‘tous les gens qui savent lire et réfléchir ”, ont lamentable-
ment violé leur devoir de “ lire assidument /e Naturaliste ”;
ou bien, peut-être est-il fort restreint, le nombre de ceux
‘ qui savent lire et réfléchir ”’: car la nouvelle revue devait
passer par des jours bien difficiles, et voir à la fin ne lui rester
fidèle qu’un groupe d'abonnés très peu nombreux.

L'abbé Provancher connenca par envoyer un prospectus
et des bulletins de souscription. La publication devait étre
mensuelle, et chaque livraison contenir 24 pages in-8°. Le
prix d'abonnement était de $2 par année. “ Populariser les
connaissances en histoire naturelle, provoquer les recherches,
recueillir les observations, constater les découvertes et faire
connaitre les nouvelles applications que l'on peut faire des
connaissances déjà acquises au profit des arts, de l'industrie
et des besoins de la vie, ” tel était le but que s'assignait le
fondateur de la nouvelle revue. “ Nous voulons, ajoutait-il,
tout en fournissant à l'amateur le moyen de s'initier par lui-
méme à l'étude de la nature, offrir en même temps au savant
un bulletin des progrès journaliers de cette importante
science, et un médium pour faire participer le public à ses
observations et à ses découvertes. ” Je crois que ce pro-
gramme de l’entreprise a été assez fidèlement rempli, et que
les quelques personnes qui en ont suivi le développement du-
rant ces quarante-quatre années dernières en rendront volon-
tiers le témoignage.

V.-A. FE
(À suivre.)

Oo

UNE NOMBREUSK POSTÉRIIÉ 157

UNE NOMBREUSE POSTERITE

Aplis Rudbeckie FicH.
(Continué de la page 144.)

La démonstration peut être indirecte ou directe. Je consi-
dère comme une démonstration indirecte la difficulté et la
lenteur avec lesquelles le puceron enfonce sa trompe dans le
tissu durci, alors qu'elle parait descendre d'elle-même dans
un tissu tendre.

Directement, on peut constater le fait de deux façons; en
diminuant le nombre des pucerons d’une plante et en aug-
mentant la proportion de sève; en réalité, dans les deux cas
on augmente la ration de chaque individu.

En diminuant le nombre des pucerons dans la propottion
de dix à un, on ne mote pas de changement appréciable dans
le nombre des jeunes. En envoyant de la sève sous pression
par une incision faite à la base de la plante on ne réussit pas
davantage. Et ce qui prouve bien que c’est la résistance du
tissu qui nuit au pompeur, c'est que si la pression est exercée
assez près de lui pour se faire sentir dans sa trompe, la fé-
condité augmente. L'expérience est laborieuse. Heureuse-
ment certaines plantes nous permettent de mous en dispen-
ser: celles qui produisent facilement des bourgeons quand
on coupe une partie de leur tige: la sève semble courir au
secours de la partie blessée et s'y accumule. De deux puce-
rons, l’un placé sur le jeune bourgeon, l’autre à quelques
pouces de distance, celui-là est plus prolifique qui pompe
avec moins de résistance. D'où il semble résulter que la
trompe plus difficilement enfoncée dépense aussi plus d'éner-
gie pour le travail, parce qu'elle est fortement comprimée par
le tissu. Dépensant plus de travail pour un moindre résultat,

158 LE NATURALISTE CANADIEN

le puceron doit nécessairement moins engendrer: c'est une
vérification de la loi de la transformation de l'énergie: car
la fabrication des êtres vivants demande, elle aussi, de la
matière et de l'énergie.

L'adaptation des organes à la résistance des tissus ex-
plique assez bien la mort d'individus transportés d’une
plante à une autre. En travaillant sur une plante jeune, à
tissu mou, le puceron dépensant peu d'énergie s'était acquis
des habitudes de paresse: la trompe dilatée à l'intérieur par
une sève abondante n'était pas gênée au dehors: en arrivant
en contact avec le tissu lignifié, tout change: la trompe pé-
nèêtre difficilement, tant à cause de la résistance que par
manque d'énergie propulsive: aassi verra-t-on les zieillards
errer, essayer à diverses reprises, mais sans succés, tandis
que des jeunes réussissent plus facilement.

S1 le transport a lieu d’une plante âgée à une jeune, il
semble que nul individu ne doive mourir, puisque le travail
devient plus facile et la nourriture plus abondante: cepen-
dant la mort survient quelquefois. Comment l'expliquer ?

Figurez-vous “un pauvre gueux ayant longtemps gagné
péniblement une croûte de pain pour se nourrir; tout a faim
en lui, tous les ressorts sont bandés. Or, un jour on trans-
porte ce misérable dans un palais; on l’assied à une table
royale. Vous devinez le reste: les dents habituées à frapper
fort, frappent fort, mais rien ne résiste: les aliments fuient
dans l'estomac! bref, il y aura pour le moins une indiges-
tion; une grave maladie, la mort peut s'en suivre. Refuse-
rons-nous au puceron le droit de se payer pareille débauche,
après un pénible jeûne? Mais les conséquences peuvent être
les mêmes. Je trouverais une vérification de cette hypothèse
danc ce fait que le déplacement est plus nuisible aux vieux
pucerons qu'aux jeunes: tout comme un repas immodéré
serait plus facilement fatal à un vieillard qu'à un jeune
homme. Mais en tout cela nous ne pouvons pas dépasser la

LES COLÉOPTÈRES LU CANADA 159

probabilité, car on pourrait suggérer d'autres explications
qui ne manqueraient pas de valeur. Quant à une preuve ex-
périmentale directe, je ne l’ai pas essayée; j'avoue même ne
pas bien voir comment je pourrais m'y prendre.

En résumé, le nombre des petits dépend de la température
et de la sève, plus de la sève que de la température; la quan-
tité de sève pompée dépend moins de l'abondance de cette
sève dans la plante que de la difficulté à se la procurer ; cette
difficulté semble elle-même en rapport intime avec la résis-
tance ou la lignification des tissus.

P. FONTANEL, S. ].
Collège Sainte-Marie,
Montréal.

a De

LES COLEOPTERES DU CANADA

(Continué de la page 128.)

6e Famille
GYRINIDÆ

Ces insectes aquatiques ont des représentants dans toutes les
parties du monde, sauf dans l'extrème Nord et sur les régions
montagneuses trés élevées, où l'eau n'est pas assez longtemps
liquide, bien que ces mêmes régions suffisent au développe-
ment d'un nombre de Dytiscides et d'Hydrophilides. Ces in-
sectes vivent normalement à la surface de l’eau, où ils dé-
crivent, en nageant prodigieusement vite, des sinuosités et
des cercles entrecroisés à l'infini ; la plupart vivent en groupes
souvent fort nombreux, et au moindre danger ils se disper-
sent dans tous les sens, et même plongent rapidement pour
se cacher et s’accrocher aux plantes ou autres corps submer-
gés. Les uns habitent exclusivement dans les eaux courantes,

160 LE NATURALISTE CANADIEN

torrentueuses même, les autres recherchent au contraire les

eaux calmes et dormantes. Ils se nourrissent de proies vi-

vantes, généralement de petits insectes, qu'ils chassent à la

surface de l'eau. Les larves vivent dans l’eau, mais en sor-

tent, à leur entier développement, pour se fabriquer, sur

quelque tige de plante, une coque ovoïde en tissu feutré très

serré, dans laquelle a lieu la nymphose.

Les auteurs suivants traitent de cette famille difficile à

classifier :

Leconte: The Gyrinidæ of America, North of Mexico. In
Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1868, p. 365.

Roberts, C. H.: The Species of Dineutes of America, North
of Mexico. In Trans. Am. Ent. Soc. 22, p. 270. 1805.

Blatchley : Coleoptera of Indiana, 1910, pp. 236-242.

(Cet auteur ci-dessus mentionné est un très bon ou-
vrage pour la classification des coléoptères.)
Provancher : Petite Faune Entomologique. Les Coléoptères,

pp. 206-208.
Regimbart, M.: Essai monographique de la famille des Gyri-
nides. Ann. Soc. Ent. Franc. 1882-1883, pl. 8.
‘ Genera Insectorum, Fasc. I, p. 12, pl. I. 1902. Fam.
Gyrinidæ.

Je crois avoir en main toutes les pièces nécessaires me per-
mettant de faire le catalogue de cette famille pour le Cana-
da.

ler Genre
DINEUTES McLean.

Mclean.—Ann. Jav. éd. 1825, p. 30; éd. 2, p. 133, 183%
Léc., Proc. Acad Nat. Sci. Phila. 1868, p. 366. Leécre
Horn, Classif. Col. North Amer. 1883, p. 69. Roberts,
Trans. Afner Ent Soc:, 22, 1805, p. 270. Prov;"Eet
Faune Ent., Les Col., p. 206. J:

(À suivre.)

CE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Mai 1918

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 11

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

LES NIDS SUSPENDUS

Voici un extrait d'une lettre que nous écrivait de la Pointe-
Bleue (Lac-Saint-Jean), au mois de février 1912, feu le
R. P. Arnaud, O. M. I., le célèbre missionnaire des Monta-

gnais.
Pointe-Bleue, Lac Saint-Jean, 20 février 1912.

A Monsieur l'abbé Huard,

Archevéché de Québec.

...Il v avait une trentaine d'années que j'étais à la Pointe-
Bleue. Je me proposai alors d'ériger un oratoire à N.-D.-
des-Sept-Douleurs, dans un joh bocage qui se trouve sur le
haut de la côte. J'étais, avec quatre ou cinq sauvages, occupé
à enlever les mauvaises herbes et plantes qui déparaient le
bocage, lorsque j'aperçus tout à coup, à dix pieds au-dessus
de ma tête, un objet suspendu par de minces rubans d'écorce
de bouleau. Je crus d’abord que c'était une agglomération
de chenilles ou d'araignées. Je le fis remarquer à Marc-Basile
qui était à côté de moi. * O Père, me dit-il, n'y touche point!

11.— Mai 1918.

162 LE NATURALISTE CANADIEN

C'est le nid du petit oiseau qui suce les fleurs...” Je crois
que ces nids sont assez communs dans la forêt. Ces jours
derniers, notre bon Frère Henri Laporte était occupé à cou-
per le bois de chauffage ; il me rapporta un de ces nids sus-
pendu comme le premier. Huit jours après, il m'en rapporta
un autre, non suspendu à la manière des premiers, mais sus-
pendu entre deux branches de la même tige; le nid était dans
le vide et fait de la même manière.

Autrefois, j'ai vu à Betshiamits des oiseaux qui venaient
butiner dans les fleurs de notre jardin. J'ai vu même un
jeune oiseau venir se reposer, à peine à deux pieds de moi,
sur le bras de l'escalier qui monte au presbytère où j'étais
assis: j'eus le temps de le voir comme il faut, puis il partit
avec un vol si rapide que je ne pus le suivre des yeux.

Maintenant, voici ma demande. Est-ce que les Oiseaux-
Mouches n'appartiennent pas au Canada plus qu'à la Loui-
siane ou à la Floride, puisque c’est ici qu'ils viennent dans
la belle saison élever leur jeune famille, pour s’en retourner
ensuite dans les pays chauds?... Pourquoi viennent-ils ici
où tous les autres oiseaux ont déjà fait leur ponte et élevé
leur famille depuis longtemps. .. Je crois que c’est pour évi-
ter les mauvais insectes si nombreux et si variés dans la Flo-
ride, la Louisiane, le Mexique, etc...

Cxs ARNAUD, O. M. I.

L'assertion du P. Arnaud, relativement à la situation du
nid de l’'Oiseau-Mouche, renversait tout ce que nous connais-
sions du sujet en question. Nous avons soumis le cas à notre
savant ornithologiste québecquois, M. C.-E. Dionne, et voici
ce qu'il nous en a écrit:

Les nids suspendus dont parle dans sa lettre le R. P. Ar-
naud, et qu’il croît être ceux de l’'Oiseau-Mouche, sont,
d'après la faible description qu’il en donne, ceux du Viréo

L'HÉMÉROCAMPE MARQUÉE DE BLANC 163

aux yeux rouges (lireo olivaceus). Le nid de cet oiseau est
bien caractéristique, et il suffit d'en avoir vu un une fois
pour pouvoir ensuite reconnaitre tous ceux de cette espece.

En effet, avec les différents filaments cotonneux, les hér-
bes sèches, le crin, etc., dont le nid est confectionné, l'oiseau
ajoute à l'extérieur nombre de parcelles d'écorce de bouleau
ou de merisier, de telle sorte que, vu à distance, ce nid a
l'apparence d'une boule inégale, faite avec des fragments
d’écorce des arbres déjà mentionnés.

Ces Viréo, de même que les quelques espèces que renferme
cette famille, sont des oiseaux essentiellement insectivores.
Mais ils sont rares en Canada, à l'exception de celui qui
nous occupe et qui se voit fréquemment dans les forêts, les
bocages et même dans les jardins des villes où il niche.

On ne saurait confondre, même à distance, le nid de l'Oi-
seau-Mouche avec celui du Viréo: le premier est beaucoup
plus petit, ne mesurant que deux pouces de diamètre, et il est
placé sur une branche, tandis que celui du Viréo est suspendu
à une branche, et 11 a un diamètre de quatre à cinq pouces.

C.-E. DIONNE.

TO —

NOTES CONCERNANT L'“HEMEROCAMPE
MARQUÉE DE BLANC *

Dans l'Est de Québec, nos vergers ont été envahis, au
cours de l'été dernier, par un insecte connu déjà, mais qui,
en 1917, s'est développé comme une véritable plaie dans
notre région.

Cette peste s'est présentée sous la forme de l'insecte appe-
lée vulgairement la chenille à houppes blanches (en anglais :
Tussock Caterpillar), qui est la larve de l'Orgye à taches

164 LE NATURALISTE CANADIEN

blanches, aussi nommée: Hémérocampe marquée de blanc
(en latin: HMemerocampa leucostigma, Orgya leucostig-

ma et, en anglais: White marked tussock Moth, appellation
qui, en français, veut dire, littéralement, “ papillon crépus-

culaire à touffes, marqué de blanc ”.)
La larve de cet insecte est une des plus jolies qui se puisse
voir. “ Rendue à maturité, elle a plus d'un pouce de long,

11. DT

Fig. 4.—Le cocon (portant en son imilieu la masse des œufs).

L'HÉMÉROCAMPE MARQUÉE DE BLANC 165

est de couleur jaune brillante, et a la tête et deux petites pro-
tubérances sur la partie postérieure du dos d'un rouge corail
brillant. Le long du dos, il y a quatre touffes en brosse de
couleur crême, deux longues pluunes noires sur la partie an-
térieure du corps et une sur la partie postérieure. Les côtés
sont revêtus de beaux longs poils jaunes. Il y a une raie
étroite noire ou brune le long du dos et une bande plus large
et sombre de chaque côté.” { Saunders. )

Bien que certains entomologistes aient écrit qu’il y a,
chaque été, deux générations de cet insecte, nous avons cons-
taté que, dans Ontario et Québec, il n'y en a qu'une seule.
Ceci a été aussi constaté par M. Caesar, entomologiste du
Collège agricole de Guelph, Ontario, qui corrobore ainsi
notre propre constatation.

L'insecte femelle n'a pas d'ailes, ou plutôt n’en a que des
rudiments ; et, lorsqu'elle sort de son cocon, vers la fin d'août,
elle pond de 300 à 500 œufs qu’elle dépose sur ce cocon et
qu'elle recouvre d'une substance blanchatre, collante, qui se
durcit à l'air. Ces œufs éclosent, le printemps suivant, vers
la fin de mai et il en sort de petites Chenilles qui commencent,
immédiatement, à manger des feuilles d'arbres dont elles
font leur nourriture jusqu'à ce qu'elles aient atteint leur par-
fait développement, ce qui leur prend environ un mois.
Elles se mettent, alors, à filer leur cocon sur les feuilles de
l'arbre où elles ont vécu. Au bout d'environ deux semaines,
les insectes mâles aïlés et les insectes femelles sans ailes
émergent de ces cocons.

Une fois sortie de son cocon, vers ia fin d'août, la femelle
attend patiemment la visite du male, puis, tel que dit plus
haut, fait sa ponte.

Pour empêcher les ravages et la multiplication de ces in-
sectes, il faut, 1° avoir recours au ramassage des cocons
chargés d'œufs que l’on trouve sur les feuilles mortes, fixés
aux branches des arbres, où un peu partout dans les anfrac-

166 LH NATURALISTE CANADIEN

tuosités des clôtures, sous les crevasses des écorces, dans les
rainures des lambris à déclin extérieurs des maisons de bois,
etc. On recommande de conserver ces cocons, ainsi ramas-
sés, dans des boîtes recouvertes d’une toile métallique, jus-
qu’au printemps, vu que ces cocons ainsi recueillis sont habi-
tés non seulement par les chrysalides de la Chenille à houppes
blanches, mais encore par les nymphes de certains diptères
parasites de cette chenille qu'on détruirait en brülant ces co-
cons à l'automne, mais qui, si on les garde jusqu'au prin-
temps, auront une chance d'éclore et de nous aider à détruire
ces insectes.

On doit, 2° se servir pour combattre les chenilles écloses
en mai et juin des pulvérisations employées pour faire périr
les chenilles à tente et autres.

J.-C. CHAPAIS.

L'ABBE PROVANCHER

(Continué de la page 156.)

Dès la première livraison (décembre 1868) du Naturaliste
canadien, l'abbé Provancher se félicitait de “ l'unanimité
d’éloges ” avec laquelle la presse du pays avait accueilli son
prospectus. Il s'était toutefois trouvé, ajoutait-il, “ un petit
journal qui, en notant simplement l'apparition prochaine de
notre publication, a paru ne voir en vous qu'un antagoniste.”
Le “ petit journal ” que signalait de la sorte l’abbé Provan-
cher, c'était la Gazette des Campagnes, revue hebdomadaire
agricole, publiée à Sainte-Anne de la Pocatière. Comme on
le voit, les relations entre les deux magazines commençaient
sur un ton quelque peu aigre et qui faisait trop prévoir quelle

L'ABBÉ PROVANCHER 167

sorte d'amitié allait s'établir entre eux. Et de fait, dès sa
deuxième et sa troisième livraison, le Naturaliste canadien
faisait de la polémique avec la Gagette, des Campagnes; 11 y
allait même d’une allure qui manquait joliment d'aménité.
Au reste, durant tout le cours de son existence, mais princi-
palement tant qu'il fut sous la direction de son fondateur,
le Naturaliste canadien a eu maintes fois l’occasion de croi-
ser le fer. On ne serait peut-être pas étonné de m'entendre
dire qu'il eut toujours raison dans toutes ces campagnes;
mais je dois reconnaitre que l’on trouverait probablement
que mon jugement en la matière n'offre pas, à priori, les
meilleures garanties d'imipartialité. Aussi je laisserai autant
que possible toutes ces discussions dans l'oubli où elles sont
entrées depuis longtemps, d'autant mieux que l'objet n’en est
plus aujourd’hui que d’un intérêt absolument léger.

Je disais plus haut que, en fondant le Naturaliste cana-
dien, l'abbé Provancher faisait preuve d'une hardiesse signa-
lée ou d’une illusion profonde. Car notre public n'était guère
alors préparé à comprendre ni à soutenir une publication
technique. À sa quatrième année, il n'y a plus que 350
abonnés à la revue; à la sixième année (1874), ce nombre
est réduit à 250 abonnés! A la quatorzième année, en 1883,
le chiffre tomba à moins de 100 abonnés payants! Et comme,
dans notre pays, parmi les abonnés d’une publication, il y en
a un groupe plus ou moins nombreux qui remet toujours au
lendemain le souci de solder l'abonnement, il était difficile
pour l'abbé Provancher de subvenir aux frais que coûtait
son journal et à la dépense de sa propre maison, avec d'aussi
maigres revenus. Toutefois, pour éviter que, du fait que les
Canadiens-Français montraient si peu de zèle pour le soutien
du Naturaliste canadien, l'on ne profite pour accuser la pro-
vince de-Québec d’être l'ennemie de la science, je me hâte
d'ajouter le renseignement que voici. Le Canadian Entomo-
logist, de London (Ontario), qui fut fondé à peu près à la

168 LE NATURALISTE CANADIEN

mème époque que le Naturaliste canadien, et qui s’adressait
à une population de langue anglaise si nombreuse, dans
l'Amérique du Nord, m'avait lui-même, en 1874 également,
que 136 abonnés sur ses listes! Comment la revue ontarienne
pouvait-elle, en des conditions pareilles, rester dans le monde
des vivants? L’explication de ce phénomène n’a rien qui
touche au merveilleux: c’est qu’elle recevait, du gouverne-
ment de sa Province, une allocation annuelle de $500. Telle
est bien, en effet, la solution la plus pratique et la plus effi-
cace du problème, pour le maintien des publications dont
l'objet, quelque important qu'il soit, n’appelle pas assez au
gout et aux lumières du grand public pour en recevoir -un
appui suffisant.

Mais on peut croire que le secret dont il s’agit n’était pas
inconnu de l'abbé Provancher, qui était d’un esprit si avisé.
Sa thèse était, d’ailleurs, et cela n’est pas en désaccord avec
la saine doctrine de l'économie politique, qu'il appartient aux
pouvoirs publics de favoriser les travaux scientifiques qui
importent à l'intérêt de la nation, et même d'en faire les
frais. ‘ N'est-ce pas, s'écriait-il dans sa livraison du mois
de juin 1890, n'est-ce pas l’œuvre du gouvernement de faire
connaître l'histoire de son pays, non seulement son histoire
civile et gouvernementale, mais encore son histoire natu-
relle! ” Dès le cours de la première année de sa revue, l'abbé
Provancher avait reconnu l'impossibilité du maintien en
notre pays d'une publication technique, avec les seuls reve-
nus d’une clientèle nécessairement restreinte; et dès cette
première année il avait heureusement trouvé moyen de tou-
cher là-dessus le cœur du premier ministre provincial, M.
Chauveau. Le gouvernement lui accorda donc, depuis 1869,
un modeste secours annuel de $200, qui fut doublé en 1873,
et l’abbé Provancher porta aussitôt à 32 pages, de 24 qu’il
était jusque-là, le nombre des pages de chaque livraison de
sa revue.

“

L'ABBÉ PROVANCHER 169

I1 faut dire que, durant les vingt années de sa publication
du Naturaliste canadien, M. Provancher fut constamment
aux prises, pour cette œuvre, avec les angoisses du plus
intense. .. struggle-for-life. Les abonnés n'étaient même pas
assez nombreux pour subvenir aux dépenses de l'entreprise.
Le secours du gouvernement devant être voté chaque année
par les Chambres, comme les autres articles du budget, il
fallait chaque année recommencer la lutte pour faire reve-
nir, vers la caisse de la revue, le petit filet nécessaire pour
tenir en marche la roue du petit moulin. De fait, l'histoire
du Naturaliste canadien, durant cette période, se compose
pour beaucoup des péripéties de cette espèce de lutte avec le
trésor provincial. Tout le malheur vient de ce que les Cana-
diens-Français, et par conséquent les députés, et par consé-
quent aussi les membres du gouvernement, ont reçu une
éducation très remarquable dans le domaine des langues, des
lettres et de la philosophie, mais plutôt écourtée du côté scien-
tifique, et ne sont donc pas beaucoup intéressés dans le pro-
grès des sciences naturelles. En de telles conditions, il ne
faut pas s'étonner de voir ces messieurs de la politique
s'émouvoir très peu lorsqu'on vient leur demander de l'aide
pour soutenir une publication dont la plupart des pages, con-
sacrées par exemple à la description de.nos hémiptères ou de
nos mollusques, sont purement illisibles pour les profanes,
c'est-à-dire pour la masse des gens. C'est le contraire qui
serait surprenant.

Quoi qu'il en soit, et pour donner ici une idée des condi-
tions dans lesquelles l'abbé Provancher réussit, vingt années
durant, à tenir vivant le Naturaliste canadien, lisons le résu-
mé historique de son existence mouvementée, qu'il publia
dans la livraison du mois de juin 1890 (vol. XIX, No 12),
alors que se posait nettement la question de sa survivance,
qui ne fut plus d’ailleurs que d’une année sous la direction de
son fondateur.

170 LE NATURALISTE CANADIEN

‘C’est en novembre 1868 que, de notre propre initiative,
parut le premier numéro du Naturaliste canadien, à livrai-
sons mensuelles de 24 pages.

‘* Dès l’année suivante, M. Chauveau, alors premier mi-
nistre, lui faisait une allocation de $200, et aussitôt nous lui
donnions 32 pages au lieu de 24.

“En 1873, le même M. Chauveau portait notre allocation
à $400, nous donnant à entendre que plus tard elle pourrait
être augmentée, car 1l en appréciait le mérite et en recon-
naissait la valeur, l'ayant entendu vanter en Europe par des
autorités compétentes.

“En 1870, M. Joly, alors premier ministre, retrancha cet
item du budget, laissant à notre charge, malgré sa parole
donnée, la publication de cette année qui en était alors au
mois de septembre.

‘ Rétablie en 1880 par M. Chapleau, notre allocation fut
de nouveau supprimée en 1883 par M. Mousseau, et de nou-
veau rétablie par M. Ross en 1885.

“Le ministère Mercier remplaça le ministère Ross en
1886, et l'allocation fut continuée.

‘ Depuis lors notre publication poursuivit sa course, nous
ne dirons pas sans encombre, car chaque année ce n'est que
par de nouvelles luttes que nous pouvons conserver notre
existence. Cette année encore on a voté notre allocation
sous condition; mais quelle est cette condition ?

“ C’est assez extraordinaire que des deux côtés, du minis-
tère et de l'opposition, on vote ainsi sans demander d’expli-
cations. On donne bien là la preuve que des deux côtés on
n’a nul souci des intérêts de la science. Que cette publication
vive ou qu'elle meure, que nous importe! semble-t-on dire de
part et d'autre. ”

V.-A. Fk
(A suivre.)

——— :0:

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 171
LES COLEOPTERES DU CANADA

GYRINIDÆ,
(Continué de la page 160.)

ler Genre
DINEUTES McLean.

McLean.—Ann. Jav. éd. 1825, p#30; éd. 2, p. 133, 1833;
Lec., Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 366. Lec. &
Horn, Classif. Col. North Amer. 1883, p. 69. Roberts,
Trans. Amer. Ent. Soc., 22, 1895, p. 279. Prov.., Pet.
Faune Ent., Les Col., p. 206.

Ce genre nombreux comprend actuellement une cinquan-
taine d'espèces réparties dans toutes les parties du monde,
principalement dans les régions chaudes, excepté en Europe,
ce qui est très remarquable. Nous avons 5 espèces dans notre
faune. |
D. assimilis Kby.—Faun. Bor. Am. 4. 78. 1837; Lec. Proc.

Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 367; Roberts. Trans.
Am. Ent. Soc. vol. 22. 1805.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

D. Carolinus Lec.--Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 367;
Roberts. Trans. Am. Ent. Soc. 22. 1895, p.283. t. 5. u.
Gta. b.

Habitat : Québec, Ontario.

D. discolor Aubé.—Spec. Gen. Hydro. 1838, p. 784; Lec.
Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 366; Prov. Pet.
Faun. Ent. Les Col. p. 208; Roberts. Trans. Am. Ent.
Soc. 22. 1805, p. 287. t. 5. 86. f. IT. à. b.

Labratus Melsh.—Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. Phila. 2.
1846, p. 20.
Habitat: Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario.

172 LE NATURALISTE CANADIEN

D. emarginatus Say.—Trans. Am. Phil. Soc. 2. 1825, p. 108;
Lec. Proc. Acad. Nat. Sci. Phil. 1868, p. 367; Roberts.
Trans. Am. Ent. Soc. 22.:1805, p. 283. t. 5. u. 6. f. 3. a. b.
Americanus Aubé.—Spec. Col. 1838, p. 777; Prov. Pet.
Faun. Ent. Les Col., p. 207. .
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Territoires
du Nord-Ouest.

D. Hornü Roberts.—Trans. Am. Ent. Soc. 22, p. 284. t. 5.
u. 6. f. 5a, b. 1805.
Habitat: Québec, Ontario.

2e Genre

GYRINUS Geoffr.

Geoffr.—Ins. Par. LL 1762, p. 193; Lec. Proc. Acad. Nat
Sci. Phila. 1868, p.367 ; Lec. & Horn. Classi. Col. North
Amer. 1883, p. 69; Prov. Pet. Faun Ent. Les Col. P.

Espèces nombreuses, souvent très voisines les unes des
autres et alors très difficiles à distinguer les unes des autres;
elles sont répandues dans le monde entier, principalement
dans les régions tempérées ; peu nombreuses dans les régions
chaudes, et s'avançant au nord plus loin que dans aucun
autre genre.
G:aeneolus Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 368.
u. 370.

Habitat: Québec, Ontario.

G. affinis Aubé.—-Spec. Col. 1838. 6, p. 669; Lec. Proc.
Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 360.

Habitat: Labrador, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta,
Territoires du Nord-Ouest.

°G. analis Say.— Trans. Amer. Phil. Soc. 2. 1825, p. 108;
Kby, Faun. Bor. Amer. 4. 1837, p. 81 ; Lec. Proc. Acad.

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 173

Nat. Sci. Phila. 1868, p. 369; Ibid. List. Col. N. Amer.
1863, p. 18.
gibber Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 370.

Habitat : Québec, Ontario.

G. aquaris Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 368.

Habitat :Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Territoires
du Nord-Ouest.

G. borealis Aubé.—Spec. Col. 6. 1838, p. 692; Lec. Proc.
Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 360.

aeneus Kby.—Faun. Bor. Amer. 4. 1837, p. 80.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Territoires
du Nord-Ouest.
var. lugens Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868,
p. 369.

Habitat : Ontario.

G. Canadensis Reg. — Ann. Soc. Ent. de France (6).
1063, D.-150.

[#S]

Habitat : Québec, Ontario.

G. confinis Lec. — Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1868, p.
368-370.

Habitat : Québec, Ontario.

G. dichrous Lec. — Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1868, p.
368-370.

Habitat : Québec, Ontario.

G. fraternus Couper.—Can. Naturalist. (2). 2. 1837, p. 109;
Lec. Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1868, p. 366-370.

Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

G. impressicollis Kby.—Faun. Bor. Amer. 4, p. 70. 1837.
Habitat: Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario, Manitoba.

174 LE NATURALISTE CANADIEN

G. limbatus Say.—Trans. Amer. Phil. Soc. 2. 1823, p. 109;
Lec. Proc. Acad. Nat. Phila. 1868, p. 368-370.

Habitat : Québec, Ontario.

G. maculiventris Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868,
p. 368-371.

Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

G. marinus Gyll.--[ns. Suec. [. 1808, p. 143.

Habitat : Groenland.

G. minutus Fabr. — Suppl. Ent. Syst. 1708, p. 65 ; Fabr.
Syst. Eleut. L. 18or, p. 276; Kby. Faun. Bor. Amer. 4.
1837, p. 81; Lec. Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p.
370.
rockighamensis Lec. — Proc. Phila. Acad. Nat. Sci.
1868, p. 370.

Habitat: Labrador, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta,
Colombie-Anglaise, Territoires du Nord-Ouest, Terri-
toires de la baie d'Hudson.

G. pectoralis Lec.—Proc. Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p.
369-372. |
Habitat: Ontario.
G. picipes Aubé.—Spec. Col. 6. p. 694. 1838; Lec. Proc.
Acad. Nat. Sci. Phila. 1868, p. 360.
Habitat: Labrador, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta,
Colombie-Anglaise.

G. ventralis Kby.—Faun. Bor. Amer. 4, p. 80. 1837; Lec.
Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1868, p. 368-371.
limbatus Aubé.—Spec. Col. 6. 1838, p. 670.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Co-
lombie-Anglaise.

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 175

7e Famille

HYDROPHILIDÆ

Insectes de facies et de mœurs très différents, mais ayant
tous pour caractères les palpes maxillaires aussi longs ou plus
longs que les articles des pattes, parfois comprimées et nata-
toires, souvent robustes et épineuses. Plusieurs sont aqua-
tiques et nageurs; d’autres rampent dans la vase et la boue,
ou s’accrochent aux pierres submergées ; d’autres, enfin,
moins nombreux, vivent dans les matières excrémentielles,
dans les champignons et les détritus végétaux. Les larves
sont entièrement aquatiques, à part celles qui vivent dans les
fumiers, et passent toute la période larvaire sous la surface
de l’eau, mais sont incapables de nager. Les œufs, au nom-
bre de 80 à 100, sont déposés dans une petite coque ovoïide
de soie très fine, tissée par la femelle et attachée sur les
herbes marines, telles que les Iys d’eau (nymphar). Les Hy-
drophilides sont généralement inclus dans la catégorie des
coléoptères aquatiques, ét se nourrissent de matières végé-
tales, quoique certains entomologistes prétendent que leurs
larves sont carnivores à certaines périodes de leur croissance.
Le genre Cercyon et ses alliés se rencontrent dans les fu-
miers (bouse de vache) et ne sont en aucun sens aquati-
ques. La plupart des espèces sont prises avec le filet dans les
étangs riches en matière végétale en voie de décomposition.
Beaucoup d'espèces, et spécialement celles de forte taille,
viennent le soir près des lumières électriques et peuvent être
capturées avec beaucoup de facilité. Les femelles de certaines
espèces gardent la coque ovoïde contenant leurs œufs sous
leur abdomen jusqu'à ce que les œufs soient éclos. La trans-
formation de la larve à l’état d’adulte a lieu sur terre dans de
petites chambres souterraines, ou sous n'importe quel objet,
sur le bord des étangs, des lacs, mares d'eau et rivières.

PUBLICATIONS REÇUES 176

Maintenant, pour la classification des genres et espèces de
cette famille, voici une liste d'auteurs qui seront des aides
efficaces.

Leconte. — Synopsis of the Hydrophilidæ of the United
States. In Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 7, p. 356-375.
1855. |

Horn.—Revision of the Genera and Species of the tribe Hy-
drobiini. In Proc. Amer. Phil. Soc. 13, p. 118-137.
1672:

Synoptic Tables of some Genera of Coleoptera. In
Ttans. Amer. Entom. Soc. 5, p: 251. 1876.

Notes on the Species of Ochthebius of Boreal America.
In. Trans. Amer. Ent. Soc. 17, p. 17-26. 1800.

Notes on some Hydrobiini of Boreal Amer. loc. cit., p.

À Revision of the Sphæriduni inhabiting Boreal Ame-
14. |

…

rica: loc. cit., :p:.270

PUBEICATIONS REÇUES

— Soletin de la Sociedad Geographica de Lima,Tomo 37, trim 4. 1917.

—C.-J. Magnan, Au service de mon pays— Discours et Conférences.
Québec. 1917.

Très bel in-octavo de 536 pages, illustré de huit gravures hors texte,
dont la lecture, toujours intéressante, est propre à jeter beaucoup de lu-
mière sur notre système d'instruction publique. Cette œuvre de M.
Magnan respire partout un esprit religieux et patriotique du meilleur
aloi.— Les notes de voyage qui terminent le volume sont un récit très
agréable.

—Miguel Galindo, Wirando al porvenir. Colima, Mexique. 1918.

Plaquette de 56 pages, contenant quatre chapitres sur l'instruction pu-
blique au Mexique.

«0

LE

NATURALISTE CANADIEN

Québec, Juin 918

VOL. XLIV (VOL. XXIV DE LA DEUXIEME SÉRIE) No. 12

Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard

DE LA NECESSITE DE PROTEGER LES OISEAUX
DANS LA PROVINCE DE QUEBEC :

Les oiseaux furent les premiers amis à me souhaiter la
bienvenue sur le sol canadien. Il y a déjà plusieurs années
de cela. Etranger, j'arrivais de par delà les mers. Qui, dans
de telles circonstances, n'a pas été touché de la beauté des
goélands et des mouettes escortant le voyageur, dont les
veux s'ouvrent tout grands dans la contemplation d'un
monde nouveau! Me voilà aujourd'hui dans la vieille cité de
Champlain. J'évoque tous ces souvenirs. C’est pourquoi
j éprouve cette intense joie de prècher dans la capitale d’une
province si richement peuplée d'oiseaux, en faveur de la pro-
tection que nous devons accorder à nos amis aériens. Si quel-

1. Résumé d’une conférence faite à Québec, au Morrin College, le 29
mai 1918, par M. C. Gordon Hewitt, D. Sc., entomologiste et Zoologiste
officiel du Canada, du ministère fédéral de l'Agriculture. Nous avons:
eu nous-même l’avantage d'assister à cette très intéressante ‘‘Lecture’”,
eù notre ami le Dr Hewitt a plaidé avec beaucoup de talent la cause des
oiseaux. N.C.

12 — Juin 1918.

178 LE NATURALISTE CANADIEN

qu'un d’entre vous allait mettre en doute la nécessité de
cette protection, je n'aurais qu'à référer celui-là au livre ad-
ntirable de M. Dionne sur les oiseaux de la province de
Québec. |

Votre Province doit s’estimer heureuse d’avoir, à la tête
du ministère qui a juridiction sur la protection des oiseaux,
l'honorable M. Honoré Mercier, ministre de la Colonisation,
des Mines et des Pêcheies. C’est un ami de la race ailée, un
de ceux qui ont fait un effort tout spécial lorsqu'il s’est agi
de conclure, dernièrement, la convention internationale pour
la protection des oiseaux au Canada et aux Etats-Unis. Je
reviendrai plus tard sur les mesures importantes qui font
l'objet de cette convention.

Le but de la présente réunion, c'est d’abord l’organisation,

dans la province de Québec, d'une société de protection des
oiseaux. L'union fait la force. Les chantres de l'air comptent
parmi vous de nombreux amis. Et il est certain qu’en dehors
de cet auditoire se trouve une multitude de personnes qui par
ignorance—car 1l faut l'imputer à leur ignorance et non à un
brutal instinct de destruction—massacrent sans pitié nos oi-
seaux les plus utiles. [1 faut instruire ces personnes sur la
valeur de nos oiseaux, leur en faire voir l'intérêt économi-
que, si des motifs plus élevés ne peuvent les atteindre.
, C'est par l'éducation du peuple que notre cause triomphe-
ra. Il faut aussi faire connaître les lois qui nous régissent là-
dessus. Car nous avons des lois pour la sauvegarde des oi-
seaux et nous devons voir à ce que ces lois soient respectées
lorsqu'elles seront connues. L'éducation à répandre, voilà
donc l’un des premiers buts de notre association.

A ceux qui aiment les oiseaux pour eux-mêmes, il n'est
guère nécessaire de parler de leur valeur matérielle, des ser-
vices économiques qu’ils nous rendent. Ils les aiment pour
la note gaie que ces êtres charmants mettent dans la nature:

NÉCESSITÉ DE PROTÉGER LES OISEAUX 179

nous saluons le printemps dans l'arrivée du pinson qui perce :
de son cri joyeux le long et lourd silence de l'hiver, et nous
nous disons que bientôt nous entendrons dans les ormes le
sifflement harmonieux de l’oriole, que la prairie s’emplira de
la roulade du goglu, et que, dans les vergers et les jardins, le
fouge-gorge, à sa compagne à livrée plus modeste, modulera
le plus tendre des chants d'amour. Tous, enfin, mettent une
joie si tranquille et si sereine autour de nous, sans que nous
nous en doutions, qu'il semblerait que le monde soit devenu
morne si ces chantres nous quittaient pour toujours.

Mais il n’est pas donné à tous d'appuyer leurs actes sur la
poésie des êtres et des choses. Dans les temps où nous vivons
l'intérêt est la grande force motrice qui pousse trop d’hom-
mes vers leur destin. En ceci comme en toute autre chose,
voyons donc l'intérêt que nous avons de protéger les oi-
seaux : ce sera pour beaucoup la meilleure démonstration du
droit que la gent porte-plume — sans jeu de mots — a de
vivre.

Tous les gouvernements, tous nos journaux, toutes les clas-
ses dirigeantes nous supplient d'augmenter le plus possible
la production agricole, afin que nous puissions fournir des
vivres à nos alliés d'outre-mer; non seulement cela, mais
encore pour que nous puissions prévenir le manque sérieux
de vivres en notre propre pays. Or, les plus funestes ennemis
de nos jardins et de nos champs, ce sont les insectes ; vous le
savez tous, vous qui avez essayé la culture des pommes de
terre et des légumes. Les statistiques les plus exactes démon-
trent que les insectes détruisent, chaque année, àu Canada
seulement, pour une valeur de $125,000,000. Supposons,
pour bien comprendre la valeur de ces chiffres, que nous
portons toute cette perte sur le blé seulement : elle en repré-
senterait suffisamment pour nourrir toute la population du
Canada pendant toute une année.

180 LE NATURALISTE CANADIEN

Eh ! bien, nos alliés les plus fidèles et les plus efficaces dans
la destruction des insectes, ce sont les oiseaux: ils en dé-
truisent des myriades, et l'on peut affirmer avec force que,
sans le secours de nos oiseaux, le travail du cultivateur serait
impossible à cause des ravages des insectes; aucun moyen
artificiel ne serait capable de remédier à ce fléau destruc-
teur. |

Nous devons donc nous faire à tous devoir de travailler
à la protection de nos oiseaux. On y arrivera en leur four-
nissant des endroits convenables pour la nichée, bouquets
d'arbres, taillis, haies, et, pour certaines espèces, des boîtes,
des abris, de petites maisons sur perches, etc. On y arrivera
aussi en pourvoyant à leur nourriture, par la culture d'ar-
bustes et de plantes dont ils sont friands des fruits et des
baies; quelques cerisiers sauvages tiendront souvent les o1-
seaux à l'écart des arbres fruitiers. Ft même s'ils endom-
magent en volant quelques-uns de nos fruits, ne leur en gar-
dons pas rancune; songeons que c'est bien peu à côté des
services immenses qu'ils nous rendent. Procurons leur aussi
de l’eau: on ne saurait exagérer l'importance d'une belle
eau claire et fraiche pour attirer les oiseaux.

Le gouvernement du Canada a entrepris dernièrement
d'aider les provinces dans l'œuvre de la protection à donner
aux oiseaux, et cela par la conclusion d’une convention in-
ternationale avec les Etats-Unis. Cette convention pourvoit
à la protection des oiseaux qui émigrent entre les deux pays.
En vertu de cette convention, il est strictement défendu, sous
peine d'amende et même d'emprisonnement, de tuer les o1-
seaux insectivores ou de détruire leurs nids ou leurs œufs; il
est pareïllement défendu de faire la chasse, le printemps, aux
canards, aux outardes et autre gibier migrateur; la con-
vention pourvoit aussi à la protection des oiseaux de mer
migrateurs. À part certaines exceptions, tous les échassiers
limicoles sont protégés.

MONUMENT PROVANCHER 181

La province de Québec a été la première à supporter ce
mouvement qui constitue le premier de ce genre dans le
monde entier. Avec des amis aussi ardents que le sont l’hon.
M. Mercier, le Lieut.-Col. William Wood, Monsieur C.-E.
Dionne, Monsieur E.-D.-T. Chambers, Monsieur W.-C.-J.
Hall et tant d'autres, on peut être assuré que la cause de la
protection des oiseaux est entre bonnes mains.

Le manque de pratique de votre belle langue m'empêche
de continuer mon discours en français. Je ne sais plus quel
est celui de vos poètes qui a écrit ce vers admirable:

Même quand l'oiseau marche, on sent qu'il a des ailes.

J'ai suffisamment parlé, j'en suis certain, pour que vous
sentiez que je suis Anglais. Je compte donc sur votre indul-
gence pour me permettre de continuer dans ma langue ma-
ternelle.

Oo —

MONUMENT PROVANCHER

Supplément à la liste des souscripteurs (p. 135.)

L'honorable À. H. Mackay, surintendant de l’Instruction
publique, Halifax, N.-E.

LE “HIBOU MACULE *

I] a été tué à Beauport, à la fin de mars dernier, un Hibou
maculé (Megascops asio). C'est la première fois que je vois
cet oiseau près de Québec, quoiqu'il vienne quelquefois à
Montréal. Cependant il n’est pas rare aux Etats-Unis.

ER, DIONNE.

182 LE NATURALISTE CANADIEN

L’ABBE PROVANCHER

(Continué de la page 170.)

Je ne résiste pas à la pensée de reproduire le reste de l’ar-
ticle, lequel était intitulé “ Après plus de vingt ans”. Le
lecteur aura plaisir, je crois, à v voir le jugement porté par
l’abbé Provancher lui-même sur son œuvre et sur les difficul-
tés qu'il eut à surmonter pour la poursuivre. Il continue
donc, dans sa manière pittoresque, de la façon que voici:

‘“ Cependant nous croyons nous acquitter de notre tâche
loyalement et généreusement. Notre travail peut être mis
en parallèle avec celui de n'importe lequel des employés ci-
vils à gros salaire; dix-neuf volumes du Naturaliste, trois
volumes de notre Faune, volumes de 700 à 800 pages, etc.,
quel est celui qui pour le même espace de temps peut en mon-
trer davantage?

“Et n'est-ce pas l’œuvre du gouvernement de faire con-
naitre l’histoire de son pays, non seulement son histoire ci-
vile et gouvernementale, mais encore son histoire naturelle ?

“Mais c’est là une note qui n’a pas d'écho, c'est une gamme
incomprise et de nos gouvernants et de nos représentants,
nous dirons plus, de la presse même. Nous échangeons avec
la plupart de nos journaux, et quand voit-on le Naturaliste
mentionné? Nous avons donné dans des récits de voyage des
renseignements nouveaux et certainement dignes d'intérêt ;
et quel journal en a fait des reproductions ? Des insectes, des
plantes, de la science, fi donc! et on passe outre.

‘Un de nos hommes haut placés dans le gouvernement
de la Province, un de nos abonnés constants, nous accostant
un jour sur la rue, nous dit: “ Mais, monsieut l'abbé, vous
‘êtes en avant de votre siècle!—Mille pardons, monsieur,

L'ABBÉ PROVANCHER 183

“ c’est vous qui êtes en arrière du vôtre. Mes écrits vous ont
‘peut-être fait voir un monde nouveau; mais pour n'avoir
“ pas été connu plus tôt chez nous, ce monde n'en existait
‘pas moins. Voyez, tout autour de nous, quelle importance
“on attache à l'étude des sciences naturelles. Nous semblons
“ relucter, nous, contre cet entraînement. Evidemment, nous
‘sommes en arrière à cet égard.”

“ Sans aucun doute.

“Nos gouvernants surtout ne connaissent pas l'impor-
tance de la science. Parce qu'ils s’en sont bien passé, ils
‘croient que de même tout le monde doit s’en passer. Et là-
dessus les partis politiques se valent à peu près. A part deux
nobles exceptions en faveur de M. Chauveau et de M. de
Boucherville, tous les autres, conservateurs et libéraux, ont
tenu à peu près la même ligne de conduite.

“On marchande, pour un homme haut placé dans la
science, qui fait à ses propres frais la partie du gouverne-
met dans l'étude de notre territoire, le salaire d’un messager
de troisième classe, lorsque des sinécuristes, des parasites,
des tireurs de ficelles se pavanent les goussets gonflés des
faveurs gouvernementales.

‘ On fait les choses si mesquinement à notre égard, que
déjà la république des lettres commence à en souffrir.

“ Forcé de restreindre le tirage de nos ouvrages, plusieurs
sont déjà épuisés. Pas plus tard que la semaine dernière,
nous n'avons pu qu'avec peine compléter un volume de nos
Hyménoptères, pour répondre à une demande de Berlin en
Prusse ; et il ne nous en reste pas un seul autre. L'histoire
de nos Orthoptères, de nos Névroptères, que nous avons
publiée, est depuis longtemps épuisée et ne peut plus se ren-
contrer que par occasion.

‘Qu'on veuille bien remarquer que nous ne donnons ici
qu'un exposé des faits, sans vouloir faire la guerre à celui-ci

o]

1 84 LE NATURALISTE CANADIEN

ou à celui-là, C'est le système que nous attaquons; c'est
l'ignorance que nous combattons ; c'est un oubli regrettable
que nous signalons et que, pour notre honneur national,
nous voudrions voir disparaitre. D'aileurs en dehors des
partis politiques, nous ne faisons ni ne défaisons les gouver-
nements; nous les prenons tels qu'ils sont, toujours prêt à
applaudir au bien d'où qu'il vienne et à proscrire le mal d’où
qu'il surgisse.

“ Nous pouvons affirmer sans crainte que nous sommes
un rude travailleur. Et, habitué à mous contenter de peu,
nous voudrions qu'on nous donnât un salaire, non pas de
milliers de piastres comme on en gorge tant d'autres, mais
de quelques centaines seulement, pour nous permettre de
maintenir notre publication sur un pied convenable, de faire
un tirage plus considérable, et surtout d'illustrer davantage
pour l'avantage de tous ceux qui s'occupe de ces sciences.

“ Voici qu'avec ce numéro se termine notre 19e volume.
Allons-nous continuer dans les mêmes conditions? Nous hé-
sitons à l’entreprendre. Avec les ans le travail devient plus
pénible, et nous nous lassons d’avoir chaque année à plaider
pour avoir notre maigre allocätion. Encore cette année on l’a
votée sous condition!!! quelle est cette condition? ...

“ Notre publication est jugée très favorablement dans le
conseil des savants, on cherche partout à l'étranger à se la
procurer ; mais ici le gouvernement lui fait la grimace: c’est
de l'argent gaspillé, semble-t-il dire; la chambre entière lui
fait écho. Mais disparaissons donc! puisqu'on le désire si
généralement. Pourquoi s'obstiner à faire du bien à ceux
qui nous repoussent! et laissons à ces éteignoirs de tout
grade l'honneur de leur triste rôle, que tôt ou tard l’on saura
bien apprécier.

‘“ La réponse à notre dernière demande décidera de notre
sort.” rh

L'ABBÉ PROVAN HER 185

Cet article parut dans la dernière livraison du volume
XIX, en juin 1890.

N'est-1l pas touchant d'entendre ce vieux savant supplier
son pays de lui continuer l’aide modeste qu'il lui avait donnée
jusque-là, pour lui permettre de terminer son œuvre glo-
rieuse ! Malheureusement, comme l'histoire en offre tant de
preuves, les communautés n'ont généralement ni âme, ni
cœur, et la voix de l'abbé Provancher ne devait guère avoir
d'écho.

Dix années auparavant (décembre 1870, vol. XI, 12),
alors qu'il était déjà menacé de se voir privé du secours gou-
vernemental, il s'était écrié:

“Oui, nous n’en avons pas le moindre doute, plus tard,
lorsque l'éducation se sera répandue davantage parmi nos
compatriotes, lorsque les sciences seront plus connues et
mieux appréciées, on s'étonnera que nous ayions pu faire
tant avec si peu de ressources. Cependant, on ne pourra peut-
être jamais se rendre compte de la somme de courage et de
labeurs qu'il nous a fallu employer pour nous initier nous-
même, seul, isolé, sans ressources matérielles, à ces sciences
complexes et difficiles, pour trouver mème les sources où il
nous fallait aller puiser, n'ayant personne pour nous les in-
diquer —Qu'on profite donc de l'avantage du moment. Nous
nous faisons vieux, et notre santé laisse beaucoup à désirer ;
et 1l faut, pour une œuvre telle que celle que nous poursui-
vons, un concours de circonstances qu'on ne rencontre pas
partout. Tel pourrait avoir la capacité pour un semblable
travail, mais ne se sentirait pas de dispositions pour s'y sa-
crifier ; un autre s'y adonnerait volontiers, mais le temps ne
lui est pas donné pour s'y livrer, etc., etc.”

L'histoire de la science canadienne sera sévère, je le crois,
pour ceux qui, par indifférence, par ignorance ou par mau-
vais vouloir, ont privé quelquefois notre savant québecquois

186 LK NATURALISTE CANADIEN

‘du maigre secours officiel qui lui permettait de poursuivre
ses travaux: Car il n'avait pas de ressources personnelles
suffisantes pour en faire les frais d'impression, étant donné
surtout le débit très restreint que pouvaient avoir en ce pays
des ouvrages purement techniques comme les siens. En défi-
nitive, cette inintelligence a conservé, une couple de fois, au
Trésor de la province de Québec les quelques centaines de
piastres que représentait l'allocation annuelle à la revue de
l'abbé Provancher. Mais, d'autre part, pour me signaler que
l'un des résultats de cette maladresse des pouvoirs publics,
on a écourté par là de deux ou trois volumes la prenuère
série du Naturaliste canadien, et par suite on a empêché
motre illustre naturaliste de terminer sa Faune entomolo-
gique de la province de Québec, œuvre monumentale et
unique au monde, aucun auteur n'ayant jamais, comme lui,
entrepris la description de toutes les espèces d'insectes d’un
pays. Personne encore, depuis un quart de siècle, ne s'est
présenté pour combler une lacune aussi regrettable. Et la
conséquence, c'est que, pour étudier les diptères et les lépi-
doptères de notre propre pays, il nous faut recourir à des
ouvrages publiés aux Etats-Unis et en langue anglaise, et où
les espèces particulières à notre faune se trouvent comme
noyées parmi les espèces innombrables d’un immense terri-
toire.
V.-A. H.
(À suivre.)

LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 187

LES COLEOPTERES DU CANADA

(Continué de la page 176.)

HYDROPHILIDÆ
Leconte. — Syopsis of the Hydrophilidæ of the United
States. In Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 7, p. 356-375.

1 1855.

Horn.—Revision of the Genera and Species of the tribe Hy-
drobuni:y In. Proc: .Amer:#Ph1.: Soc.) 13,: p. 118-137.
1873.

Synoptic Tables of some Genera of Coleoptera. In

Trans. Amer. Entom. Soc. 5, p. 251. 1876.

Notes on the Species of Ochthebius of Boreal America.

In. Trans. Amer. Ent. Soc. 17, p. 17-26. 1890.

Notes on some Hydrobiii of Boreal :Amer. loc. cit., p.

237-278. Fee

A Revision of the Sphæridini inhabiting Boreal Ame-
rica. loc. cit., p. 279-314.

Wickham.—The Hydrophilidæ of Ontario and Quebec. In
Can. Ent. 27. 1895, p. 181, 213.

Blatchley.—Coleoptera of Indiana. 1910, p. 247-271.

Provancher.—Petite Faune Entomologique. Les Coléop-

tères, p. 208-225.

Zaitzev, Ph.—Catalogue des Coléoptères aquatiques de la
famille dés Hdrophilides. Hort. Soc. Ent. Ross. 1908,
p. 138.

Regimbart, M.—Revision des Grands Hydrophiles. Ann.
Soc. Ent. France. 1902, p. 188-252.

188 LE NATURALISTE CANADIEN

ler Genre

HELOPHORUS Fabr.

Insectes de petite taille, bien reconnaissables par la forme
du corselet, qui est un peu rétréci en arrière, creusé de fos-
settes ou sillonné. On les rencontre dans les étangs et les
mares d'eau, où ils s’accrochent aux plantes aquatiques et
sont facilement capturés en brossant la boue et les plantes
au fond des mhres et des étangs. Ce sont de pauvres na-
geurs, et ils sont incapables de plonger avec rapidité.
D'autres, peu nombreux, vivent dans la terre humide. Cer-
taines espèces ont une prédilection pour les mares d’eau sta-
gnante. Nous avons onze espèces dans notre faune.

H. angustulus Mann.—Bull. Soc. Imp. Mosc. 1853, p. 82. 3.
Habitat : Alaska, Ontario, Québec.

H. auricollis Esch. Mann.—Bull. Soc. Imp. Mosc. 2. 1842,
p. 188.
Habitat: Alaska.

H. inquinatus Mann.—Bull. Soc. Imp. Mosc. 1852, p. 118. 2.

Habitat: Alaska, Ontario, Labrador, Manitoba, Colombie-
Anglaise, Québec.

H. lacustris Lec.—Agass. L. Supr. 1850, p. 217.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Colombie-
Anglaise, Territoires du Nord-Ouest.

H. linearis Lec.—Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 1855, p. 357.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Territoires
du Nord-Ouest.

H. lienatus Say.—Journ. Phila. Acad. Nat. Sci. 3, p. 200.

Habitat: Terre-Neuve, Labrador, Québec, Ontario, Mani-
toba, Alberta, Territoire de la baie d'Hudson, Terri-
toires du Nord-Ouest, Alaska.

LEKS COLÉOPTÈRES LU CANADA 189

H. nitidulus Lec.—Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 7, p. 357.
MIPSE:

Habitat : Ontario.

H. oblongus Lec.—Agass. Lake Supr., p. 217. 1850.

Habitat : Québec, Manitoba, Alberta, Territoires du Nord-
Ouest.

H. obscurus Lec.—Ann. Lyc. Nat. Hist. 2, p. 210.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

H. scaber Lec.—Agass. L. Supr. 1850, p. 217.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba.

H. tuberculatus Gyll.—Ins. Suce. 1808, p. 120.

Habitat : Québec, Ontario, Colombie-Anglaise, Alaska.

2e Genre

HYDROCHUS Germ.

Les Hydrochus ont le corps allongé, métallique, la tête un
peu plus large que le corselet, celui-ci oblong, à fossettes ; les
élytres sont oblongues, plus larges que le corselet ; les pattes
sont courtes et greles. Ce sont des insectes de petite taille,
ayant les mêmes habitudes que les Heclophorus. Au lieu des
sillons qui existent chez ces derniers sur le prothorax, ils
portent au même endroit quelques fossettes plus ou moins
distinctes, disposées régulièrement.

H. excavatus Lec.—Proc. Phila: Acad. Nat. Sci. 7, p. 360.
1855.

Habitat : Québec, Ontario.

H. rufipes Mels.—Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 2, p. 100.

Habitat : Ontario.

H. scabratus Muls.—-Ann. Soc. Nat. Phy. 7, p. 373.

Habitat : Québec, Ontario.

190 LE NATURALISTE CANADIEN

H. simplex Lec.—Proc. Phila. Acad. Nat. Sci. 7,:p. 369,
1855.

Habitat: Québec, Ontario, Manitoba.

H. subcupreus Rand.-—Bost. Journ. Nat. Hist. 2, p. 40.
1838.

Habibtat : Ontario.

H. squamifer Lec.—Proc. Phil. Acad. Nat. Sci. 7. 1855,
P. 359.

Habitat : Québec.

3e Genre

OCHTHEBIUS Leach.

Coléoptères de très petite taille. On les rencontre sur ou
près le bord des petits étangs ou mares, dans les éclaircies
des bois, et aussi sous les roches et les cailloux dans l’eau
courante. Ils sont de couleur noire bronzée. Ils sont très
rares. Nous en rencontrons 4 espèces dans la faune cana-
dienne.

O. cribricollis Lec.—Agass. L. Supr., p. 217.

Habitat : Ontario.

O. Holmbergi Makl.-—Mann. Bull. Soc. Imp. Most. 3. 1853,
pi83:

Habitat: Alaska, Colombie-Anglaise, Manitoba.

O. lienatus Lec.—Ann. Lyc. Nat. Hist. 5, p. 210.

Habitat: Manitoba. \

O. nitidus Lec.—Agass. L. Supr., p. 217.

Habitat : Ontario.

4e Genre

HYDRÆNA Kng.

Les Hydræna ont le corps oblong ou allongé, peu convexe,
la tête saillante, presque horizontale, le labre échancré, les

PUBLICATIONS REÇUES 191

palpes maxillaires très longs, élytres ponctuées, générale-
ment régulières, l'extrémité formant une petite pointe. On ne
les trouve que dans les eaux stagnantes, dans les sapinières
et tous les terrains bas et sujets à inondation. Une seule es-
pèce dans notre faune. Les spécimens sont très rares.

H. Pennsylvanicus Kng.—Linn. Entom. 4. 1846, p. 166.
Habitat : Québec, Ontario.

5e Genre

HYDROPHILUS Geoff.

A ce genre appartiennent les géants de la famille des Hy-
drophilides de l'Amérique du Nord. Tous sont d’un noir
plus ou moins olivatre. Ils sont ovalaires, convexes en des-
sus, plats en dessous ; leur tête large est un peu inclinée, leur
corselet trapézoïdal ou largemkent échancré en-avant ; leurs
tarses postérieurs sont comprimés pour la natation. Ils pas-
sent l'hiver sous la forme adulte. Quelquefois ils viennent
par centaines aux fortes lumières électriques.

H. ovatus Zieg. Proc. Phil. Acad. Nat. Sci. 2, p. 45. 1844.
Habitat : Québec, Ontario.
H. triangularis Say.—Jounn. Phil. Acad. Nat. Sci. 3, p. 201.
1823.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba. ik
(A suivre.)

De

PUBLICATIONS REÇUES

— Annals of the Entomological Society of America. X, 4. Columbus. O-

A noter: Etude phylogénétique de la tête des larves et des adultes, chez
les Névroptères, les Mécoptères, les Diptères et les Trichoptères.

— Boletin oficial de la Secretaria de Fomento. Mexico. II, 7; III, 1.

— Annals of the Missouri Botanical Garden. Nov. 1917. St.Louis, Mo.
Contient, entre autres travaux, une liste d’Algues du Dacota nord.

192 LE NATURALISTE CANADIEN

—(Cornell University Agric. Experiment Station. Ithaca, N. Y.)
W. D. Fonkhouser, Piology of the Membracidæ of the Cayaga Lake

basin.
Mémoire de plus de 200 pages sur une intéressante famille des Hé-

miptères.

— (Academy of Natural Sciences of Philadelphia, U.S.) Proceedings.
LXEX "2:

À remarquer‘: Dermapterological Notes, by M. Hebard.

— (Ministère des Mines. Canada.) é

Recherches sur les Charbons du Canada, au point de vue de leurs qua-
lités économiques, faites à l'université McGill, par Porter et Darley,
Vol. 6. Ottawa. 1917.

Rapport annuel de la production minérale au Canada durant l’année
1915. Ottawa. 1917.

— (Secrétariat de la Province. Québec. 1917. 1

— Statistiques de l'Enseignernent pour l’année scolaire 1915-16.

Publication fort intéressante pour tous ceux qui s'occupent de la ques-
tion éducationnelle.

— Statistiques municipales pour l’année 1916.

— Le 3e Centenaire de l'Etablissement de la Foi au Canada. Volume-
Souvenir. Par le R. P. Odoric M. Jouve, O. F. M. 1917.

Beau volume illustré, de 500 pages in-80, où sont heureusement réu-
nis tous les documents relatifs à l'érection et à l’inauguration du Monu-
ment de la Foi, en octobre 1916.

—]' Histoire sainte enseignée. Vie et Discours de N.-S. Jésus-Christ,
3e partie. Par l'abbé F.-A. Baillairgé, curé de Verchères, P. Q. Prix:
75C- 1918. (Livre du Maître.)

L'ouvrage de M. l’abbé Baïllairgé sur l’histoire sainte est un véritable
monument. Les instituteurs et institutrices en tireront le plus grand pro-
fit pour rendre vivant et pratique leur enseignement de l'Histoire sainte,
s’ils savent s’en inspirer.

—(University of California, Berkeley.)

A Synopsis ofthe Bats of California, by Hilda Wood Grinnel. 1918.

Ouvrage remarquable sur les Chauves-souris de la Californie, illustré

de belles planches.
— (Extrait des Annales de la Société d'Agriculture de la Gironde,

France.)
La Protection des Oiseaux utiles à l'agriculture, par H. Kehrig. Bor-

deaux. 1917.
Plaquette relative à un sujet, la protection des oiseaux insectivores,

dont on s'occupe anssi de ce côté de l’Atlantique.

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TABLE DES MATIÈRES

DU VOLUME XLIV

ÉeRMREAUXx CR. P. FontaneDss eme, : 4, 7e ANT, MITA
Les Coléoptères du Canada.......... 14 4108123459 M4710408"7
BIBFIOGRAPHIE .: : 1ON 31, 48000 0 AA2ME2 SU TCNAON
Brovanchera-t-il été) méconnu 2e. . L'ORIENT 17
L’entomologie à l’Université Laval (G. Maheux)............. 33
Errondihistoire naturelle. 5): ARE: 2 PANNE ER Re 49
Admemotam (Monument Provanchen)).!. REPARER 50
La 44e année du Naturaliste canadien..................... 51
ADOIOMISTEMEONSULLANENRET 2... 2 COR, SU CL AM OR En) 54
Le Conseil consultatif honoraire chargé des recherches scienti-
fiques et industrielles au Canada :....... ST 0885 100
PIED ErO ANCIENNE... RON RE CROIRE 65
Paquestion dutMoineau (F-X, Burqiemptre)-17 NME er. 66
Sur les poils urticants des chenilles (Geo. Maheux).......... 81
Énsroire naturelle am iCanada : 1,40 RAT 83
PER AMEmMmOnmalNProvancher. 2". : TR. :. SCOR LS IR NNNE 97
Sociéténdes Arts: des Sciences et destlééttres. . +: 42.10" 99
La Hyla Pickeringii Holbrook (L. Marcotte, ptre)............ 113
Bluside Cinq'ans Sans. MALE 6. MN... . sie Lead 114
Le Puceron de la Rudbeckie (R. P. Fontanel) ....:.. AAA 42 2057

Monument -Provancher (eravure) 087, ..4.0 MH NN 129

194 LE NATURALISTE CANADIEN

Provancher KL RS CRE), . OR RE EEE AR CRE le 130
Provancher chez nos compatriotes de langue anglaise......... 131
Liste des souscripteurs au Monument Provancher........ 134, 181

Notes biographiques sur l’abbé Provancher (Chan. Huard).... 136
Une Anguille œuvée capturée dans le Saint-Laurent en 1897... 145
L'histoire du Taraxacum officinale Web. (Dr L.-D. Mignault) ... 147

Variété mouvelle Aster... URI ET LINE e ARR RRIE 152
lPabpé/Provancheru(Vi= AM) suite. ANT 1591106182
Les nids suspendus (R. P. Arnaud et C.-E. Dionne).......... 161
Notes concernant l’Hémérocampe marquée de blanc (J.-C.

CRADAIS) CS PRE. SR OS A AT ST ee UNE 163
De la nécessité de protéger les oiseaux dans la province de Qué-

DEC DT LMENITE) ET: RSR PRE CRETE NE 479
serHiboummaculé (C-ENDIONNÉ) MER ITR ERREUR MERE 181

ERRATUM

Page 51, 8e ligne du bas, lire: ‘ sans ”’ aucune rémunération.
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LE NATURALISTE CANADIEN

TABLE ALPHABETIQUE

DES PRINCIPAUX NOMS DE FAMILLES, DE GENRES er
D'ESPÈCES MENTICNNÉS DANS CE, VOLUME

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ATARI ele de ere à 14
Aphis rudbeckiæ Fich..... 15
ATOUT EAN TRES ANA ILT eat 81
Aster Jlinariifolius L. var.
Victorinii Fernald 452
Golymhetese 742375." AMAME MZ
OUMSTE PA, du eue 127
PAINÉGÉBS EE TE ue ae 160, 171
Dytiscus A CRAN 124

Euproctis chrysorrhæ®a L.. 83

Granhoderes htc. a 127
CAMES RE AMEN EC 159
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Habenaria psycodes ...... (GE
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ÉOlOTULUS LR 2. 1558
Hemerocampa leucostigma. 164
ÉTAT ANSE Re 82
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Hydræna

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Hydrochus

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Hat Oophila SENS LT
Hyla Pickringii Holbr.....
Juglans cinera

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Minta piperita
Ochthebius

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crivent au journal durant l’année reçoivent les numéros parus depuis le
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La direction entend laisser aux correspondants du journal l'entière
. responsabilité de leurs ‘écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’administra-

‘| tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
M: k chanoïne V.-A. Huard, à l’Archevêché, Québec. — Téléphone 1519.

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SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON

L’Enutomologie à l'Université Laval (GEO. MAHEUXx). . 33
Les Moïneaux (P. FONTANEL, SJ.) , 1e, 34

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par l’abbé V.-A. Huard.

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cation. — Elle forme à la fin de l’année deux beaux volumes
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Par les abbés V.-A. HuaARD et H. SIMARD.
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plaire, joli cartonnage toile. En vente chez les principaux libraires ; en

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spécial à ia douzaine.

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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE ZOOLOGIE ET D'HYGIÈNE
par l’abbé V.-A. Iuard.
Volume in-12 de VIII-265 pages, illustré de 202 vignettes
dans le texte.
— Prix : 60 cts l’ex., en vente chez l’auteur, à Québec
et chez les libraires de Québec et de Montréal.

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Le Rhumatisme, le Lumbago, la Sciatique, les douleurs des reins ont
été guéris de la façon la plus complète au monde par l’emploi de la
Stillingia, de l’iodure de Potassium, de Racine de Vigne, de Résine de
Gaïac, et de Salsepareille. Il a été prouvé que leur combinaison constitue
le meilleur remède en existence pour le rhumatisme; il a guéri des cas
opiniâtres durant depuis 30 et 40 années et au-dessus, même chez des
vieillards. 2

Les cinq ingrédients mentionnés ci-dessus préparés avec soin et habi-
leté non seulement comme proportions, mais encore comme choix de ma-
tières ont été compressés en forme de tablettes et sont appelés

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et 50,000 boîtes sont offertes gratuitement pour le faire connaître.
Après expérience personnelle le directeur du Naturaliste recommande
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dement. Envoyez simplement votre nom et votre adresse en y joignant
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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES

SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE
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fondé en 1868 par l’abbé Provancher

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. Imprimerie LAFLAMME, 34, rue Garneau, Québec.

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Conseil chargé des Recherches scientifiques

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Bureau des Recherches industrielles et scientifiques .

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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
son de 16 ou 20 pages in-8°.

Le prix de l’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, est d’'UNE
PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l’Union
postale, SIX FRANCS.

Les reçus d’abonnement seront renfermés dans la livraison suivant la
date où l’on aura payé.

On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les personnes qui sous-
crivent au journal durant l’année reçoivent les numéros parus depuis le
commencement du volume.

La direction entend laisser aux correspondants du journal l’entière
responsabilité de leurs écrits.

Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’administra-
tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
M. k chanoine V.-A. Huard, à l’Archevêché, Québec. — Téléphone 1519.

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Paris. — MM. R,. Roger & F. Chernoviz, Editeurs.
99, Boulevard Raspail, Paris.

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En vente au bureau du Naturaliste :

—Labrador et Anticosti, par l’abbé Huard, 520 p. in 8°, $1,25; franco
$1.45 pour tous pays.

—L’'Apôtre du Saguenay, par l’abbé Huard, 3e édition, 55 cts franco.

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logue illustré de fournitures entomologiques, in 8°, 104 p. : expédié pour
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Vol. XLIV (xx1v de la 2e série), No:,5, 1 Québec, Novembre 1917

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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES

SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE

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SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON

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La question du Moineau (Abbé Burque.) . . + ) . = 66
Bureau des Recherches industrielles et scientifiques (Szxz/e) . . 68
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
son de 16 ou 20 pages in-8°.

Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, est d’'UNE
PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l’Union
postale, SIX FRANCS.

Les reçus d’abonnement seront renfermés dans la livraison suivant la
date où l’on aura payé.

On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les personnes qui sous-
crivent au journal durant l’année reçoivent les numéros one depuis le
commencement du volume.

La direction entend laisser aux correspondants du journal l’entière
responsabilité de leurs écrits.

Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’administra-
tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
M. Le chanoine V.-A. Huard, à l’Archevêché, Québec. — Téléphone 1519.

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Pañis. — MM. KR. Roger & F. Chernoviz, Editeurs.
99, Boulevard Raspail, Paris.

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En vente au bureau du Naturaliste :

— Labrador et Anticosti, par l’abbé Huard, 520 p. in 8°, $1,25; franco
$1.45 pour tous pays.

—L’Apôtre du Saguenay, par l’abbé Huard, 3e édition, 55 cts franco.

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55, Stuyvesant Ave., Brooklyn, N. Y.

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logue illustré de fournitu’es e:tomologiques, in 8°, 104 p. : expédié pour
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Geo. Franck, Manager

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Vol. XLIV (xx1v de la 2e série) No. 6 Québec, Décembre 1917

BULLETIN DE-RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES
SE RAPPORTANT À L'HISTOIRE NATURELLE

DU CANADA

fandé en 1868 par l’abbé Provancher

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SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON

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Bureau des Recherches industrielles et scientifiques (Sxi/e.) . . 65
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
son de 16 ou 20 pages in-8°.

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postale, SIX FRANCS

Les reçus M'abonest seront renfermés dans la livraison suivant la
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Paris. — MM. R. Roger & F. Chernoviz, Editeurs.
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En vente au bureau du Naturaliste : :

Labrador et Anticosti, par l’abbé Huard, 520 p. in 8°, $1,25; franco -
$1.45 pour tous pays.

—L'’Apôtre du Saguenay, par l’abbé Huard, 3e édition, 55 cts franco.

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55, Stuyvesant Ave., Brooklyn, N. Y.

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Nouveautés. — Prix modérés. — Articles eCiynes.

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LA REVUE CANADIENNH

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revue -littéraire française de ji Amérique— 52€ année de publi-
cation. — Elle forme à la fin de l’année deux beaux volumes
de près de 700 pages, magnifiquement illustrés. L’abon-
nement n'est que de 53.00. S’adresser à la REVUE CANA-
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Par les abbés V.-A. HuaRD et H. SIMARD.
4ÈME ÉDITION
Vol. in-12 de 380 pages, illustré de 234 vignettes.—Prix, $1.00 l’exem-
plaire, joli cartonnage toile. En vente chez les principaux libraires : en

gros, chez M. le chanoine Huard, à F Archevêché de Québec. — Prix
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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE ZOOLOGIE ET D'HYGIÈNE
par l’abbé V.-A. Huard.
Volume in-12 de VIII-265 pages, illustré de 202 vignettes
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— Prix : 60 cts l’ex., en vente chez l’auteur, à Québec
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Le Rhumatisme, le Lumbago, la Sciatique, les douleurs des reins ont
été guéris de la façon la plus complète au monde par l’emploi de la
- Stillingia, de l’iodure de Potassium, de Racine de Vigne, de Résine de
Gaïae, et de Salsepareille. I1 a été prouvé que leur combinaison constitue
le meilleur remède en existence pour le rhumatisme; il a guéri des cas
opiniâtres durant depuis 30 et 40 années et au-dessus, même chez des
vieillards. ;
, Les cinq ingrédients mentionnés ci-dessus préparés avec soin et habi-
leté non seulement comme proportions, mais encore comme choix de ma-
tières ont été compicssés en forme de tablettes et sont appelés

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Prix 25 sous,

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DU CANADA

fandé en 1868 par l’abbé Provancher

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Imprimerie TAFLAMME, 34, rue Garneau, Québec.

Québec, Janvier 1918 _

SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai- |
son de 16 ou 20 pages in-8°.
Le prix de l’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, est d’'UNE
PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l’Union
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date où l’on aura payé.

On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les personnes qui sous-
erivent au journal durant l’année reçoivent les numéros parus depuis le
commencement du volume. æ

La direction entend laisser aux correspondants du journal l’entière
responsabilité de leurs écrits.

Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’administra-
tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
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XLIV (XX1V Meta de série) No./ it)! Québec, Avril 1918

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L'histoire du 7araxacum mn Web. ( Dr L.-D. Mignault ).. 147
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J abbé Proyancher (iS216). : 6 NT ER EE PE A ECRIRE 153
Une nombreuse postérité, R. P. Fontanel (Suite) A A AU oc 157
Les Coléoptères du Canada (Suite). ........... ue Re NT 159

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Les Coléoptères du Canada (Sue) LE CNRS 171
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tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
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