cea. wi . . . . ° er EEE Mega AARARANAANM ANR A ARAaAe A on A: f F Ana nn RAR RAA ART a AN AMAA AAA AR AAA An RAA Ana aa EE A Aint “BRAAAAz Anan AAA AA A RARAAAAAAS RAA AR AR A A ANWAR Ani's. 3 AAR AA ARR AA à ANA NAAR AAA AAA RAR AE ANA DA aa Ann AAA YA AAA RAA AA Ana as AAA ET AA pré AA AAA Av warner SAR | ay) A a Et Raa AAA % À aa! à Aa na RAR AA AVY IAP AANA RATA AAA A enr RAA ART 2 APARAARAARRS : man Ann YW in wn Annan’. NAAR AAA AAA ties AY vy. AAA ° A A RAP 'A La al To 's AR AAA A AA NAA A j naan’ ANA NA AAA Ap ES > ¢ Rar A A _ + AA AAA PHORAMA ARE AAaAR AA anal PAR ch ‘ ARARA A f al FA : à A A « A. A é wer at apt AAA TUE AA. yaar A» AA. = ; à ! ANA Naan Z ét DRAAD AA ar AN An he DD 4 AA APN : ee} y ARADA, ~ 2 , AnAa Ann A AAA, a ¢ ana, AAA Anand”. ç A AAA A VAY VAT AAA AIAN, ¢ oa RANA NAA? AAA, Ana oy + Ar = = € AAA Wenasan ante warn serres sees ss ct AAA ” cil ANANAD AAA PARA : Al A pom A ‘4 \nnAR RA WH ay Rann Aas lah AAA a AAA PN Mais AMAR AAA à Manan an” AIRE A AL fo nAr AA AA AAA. AAA: an PACE NAAN e's 0 nn x MAARPAPOAPAN DNS PAR QE LOS eee vi) Ÿ vy | VA “M À AE h*) M Wd We) voy v i JV weer - M VAN MAN VV jw Ww Wey j Wi Ah a > "Ae 2, Phy A2 TS) À 1 a } A VV ” > _»> ; > 2 WN wel Wut iy v wi M V yey aN } aa L 22) 5> es FD p> Lap ee ae pr DD DIRE >» SDP Bulletin de recherches, observations et découvertes se rapportant à l'Histoire Naturelle du Canada. TOME CINQUIÈME L'ABBÉ L. PROVANCHER, RÉDACTEUR-PROPRIÉTAIRE QUÉBEC : C. DARVEAU, IMPRIMEUR-EDITEUR. N° 8, Rue Lamontagne. 1873, haben Heil ee TE ana ia baume drone etant 4b métal ind AE Gh are AU Ai | SIME ro MOT . WATATUATORCADMTOAGIA HUMOKAVOND AREA TABLES DES MATIERES. Notre cinquième volume, 1. Faune Canadienne.—Les Echassiers, 7, 47, 79, 111, 145, 179, 209.— Les Palmipèdes, 342, 396, 399, 431, 463. Petite Faune nie He Carabiques, 12, 51.—Silphides, 353, 391.—Staphylinides, 392, 404, 467. Le Renne du Nord, par D. N. St. Con 16. | Géologie, 32, 58.—Roches ignées, 96, 122.—Roches métamorphiques, 169, 377.—Silurien, 457, 478.—Devonien, 481. On ne lit pas, 41. Liste des abonnés au Naturaliste Canadien, 55. A nos correspondants, 65, 195, 362, 491. Naturalistes Canadiens, 67.--Sagard, 68.—Cornuti, 68.—Boucher, 70.— Charlevoix, 70.—Kalm, 71.—Michaux, 101.—Pursh, 102.—Holmes, 102.—Richardson, 103.—Hooker, 103.—Gosse, 130.—Logan, 130. —Cooper, 131.—Dawson, 131.—Hunt, 132.—Billings, 133.—D'Ur- ban, 134.—Barnston, 134.—Provancher, 134.—Lemoine, 165.— Brunet, 199.—Crevier, 200.—Small, 224—Bélanger, 225.—St. Cyr, 225,—Moyen, 229. Faire lire, 73. , Le Renne Caribou, par D. N. St. Cyr, 84. Description méthodique des Infusoires Canadiens, par le Dr. Crevier, 91, 161, 346. Faits divers—Mr. Lechevallier, 104.—Puce, 104.—Eponge, 104.—Tunnel sous le St. Laurent, 135.—Sel, 136.—Reçu, 146—Progrès en zoolo- gie, 136.—Géologue ou géologiste, 168.—Niagara, 202.—La pro- fondeur de la mer 333.—Renards, 334.—Baleines, 334.— Puits arté sions, 334. Les écoles d'adultes, 105. Le Cerf du Canada ou Wapiti, par D. N. St. Cyr, 115. Le Papillon du chou et ses parasites, 125. Chasse aux spécimens 128, 157, 191. L'Histoire Naturelle dans les écoles d'adultes, 137, 169. Le Ptéromale des chrysalides 149. Le Cerf de Virginie ou Chevreuil, par D. N. St- Cyr, 150. Education—Nos journaux, 203, 335.—Suggestions, 368. L’ Araignée, 212. La mite de la farine, 333. Le Cerf Mulet ou Cerf à grandes oreilles, 349. Mr. Lechevallier, 359. IV TABLE DES MATIÈRES. Le Nacerdes mélanoure, 360. La Scalope de Brewer 364. Le'Bœuf Musqué, par D. N. St. Cyr, 369. Bibliographie—Eléments de la grammaire française de Lhomond 389— Dix ans sur les bords du Pacifique, 390. Exposition universelle, 395. Les Myriapodes, 410. Exposition provinciale de 1873, 419. Les Ichneumonides de Québec, 435, 470. Mr. Schmouth et la Gazette des Campagnes, 452, La taille est-elle nuisible aux arbres, 488. LE Aituvailiste Canadien Vol. V. CapRouge, JANVIER, 1878. No. I Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, NOTRE CINQUIÈME VOLUME. Avec la présente livraison, commence notre cinquième volume. Depuis 4 années déjà, nous promenons, chaque mois, nos lecteurs à travers les divers champs du domaine des sciences naturelles, nous efforçant de les amuser tout en les instruisant. Tantôt, tirant de leurs sombres demeures quelques uns des seigneurs de nos forêts, nous les avons exposés en pleine lumière, pour faire admirer la richesse de leur pa- rure, l'harmonie de leurs formes, la noblesse de leurs allures, la sûreté de leur instinct, l'élévation de leur intelligence, les ressources de leur génie dans la construction de leurs demeures, dans leurs combats, leurs chasses, leurs migra- tions, etc., la noblesse de leurs sentiments dans l'éducation de la famille, etc. Tantôt, passant au monde des infiniment petits, nous avons invité le lecteur à rapprocher son oreille du sol, à écarter l'herbe du gazon, pour être témoin du tra- vail gigantesque de ces purificateurs de la nature, soit dans l'harmonie du nombre, en mettant des bornes au trop plein, soit dans la conservation des espéces, en faisant disparaitre les détritus entassés par la mort. D’autres fois, pénétrant dans les entrailles de la terre, et yous promenant a travers les cases du grand musée de 2 LE NATURALISTE CANADIEN. la nature, nous vous avons invités à numérer, si possible, les milliers de feuillets des archives de ce musée, qui sont autant de siécles de la durée des temps; nous yous avons fait admirer |’excellent ordre de ses médailles, et vous avons initiés à l’intelligence de leurs inscriptions, vous faisant as- sister à la formation des mondes et à l’organisation parti- culière de celui que nous habitons. D'autres fois encore, soulevant un coin du voile qui dérobe aux yeux du vulgaire les mystères les plus étonnants de la nature, nous vous avons fait voir la vie pour ainsi dire soufflée par Dieu dans chaque molécule de la matière : dans les aliments que nous consumons, dans les liquides qui circulent dans notre corps, dans l’eau que nous absorbons, et jusque dans l'air que nous respirons. Et par- tout nous vous avons montré une Providence non moins grande, non moins admirable, non moins nécessaire, dans l’organisation et la conservation du plus petit de ces êtres, que leur petitesse soustrait à l’action ordinaire de nos yeux, que dans la production et l'harmonisation de ces immenses corps célestes qui étonnent nos regards. Mais quelque soit l'étendue de la route déjà parcourue, elle peut à peine suffire à fournir un terme de comparaison pour celle qu'il nous reste encore à parcourir. Que de champs dans le domaine de la nature, où nous n'avons pas encore pénétré, où nous nous sommes contentés de jeter seulement un coup d'œil en passant ? Et les mollusques, et les crustacés, et les radiés, et les fossiles, que de sujets d'intéressants entretiens ne nous réservent-ils pas, même sans entrer dans les détails d’études particulières? Que de merveilles dans l’organisation, la vie, les productions de ces êtres, qui sont devenues aujourd’hui de connaissance générale parmi les savants, mais qui sont encore ignorées du plus grand nombre, même dans la classe instruite, n’é- tant du ressort, surtout en ce pays, que de ces quelques privilégiés qui en ont fait des études spéciales ! Cependant, quelque soit l'étendue des connaissances des plus érudits, la proportion de ce qui leur reste à apprendre est encore bien au dessus de celle qui les met en avant du vulgaire, car le domaine de l'inconnu n’est rien moins qu'infini. NOTRE CINQUIEME VOLUME. 3 Mais nos efforts ont-ils produit les résultats que nous devions en attendre ? les sciences naturelles comptent-elles plus d’adeptes aujourd’hui qu’elles pouvaient en nombrer il y a quatre ans ? A en juger par le nombre de nos abonnés, nous de- vrions dire, non ! car nous sommes forcé d’avouer que ce nombre va toujours en diminuant. Cependant nous ne pouvons méconnaitre que si le nombre des amateurs-natu- ralistes est encore petit, et très petit, il sen trouve cepen- dant quelques uns épris du véritable feu sacré, et pour qui la connaissance des merveilles de la nature est devenue une véritable passion. Disons aussi que le journal n’est pas l’école, que sil nous incombe d’activer, d’alimenter, de fa- voriser l’action du feu sacré, ce n’est pas à nous qu'il ap- partient de l’allumer ; que si nous devons diriger des élèves ce nest pas à nous à les former; que cette dernière tâche est particulièrement du ressort des colléges et surtout des universités, et bien plus de ces dernières que des premiers ; car on conçoit qu'un élève de Rhétorique ou de Philoso- phie dans un collége classique, absorbé par des études où tout est nouveau pour lui, ne peut que jeter un coup d’æil en passant sur des matières qui n’entrent pas nécessaire- ment dans le cadre régulier de ses cours ; mais pour l'élève universitaire, 1l en est tout autrement ; il a déjà acquis le fonds de connaissances générales qui forment la base de ses études, et il ne lui reste plus, avec l'étude de la profes- sion particulière qui a fixé son choix, qu'à agrandir, qu'à faire profiter ce fonds, en s'appuyant de l’aide des profes- seurs à sa disposition. Mais disons le aussi, jusqu’à ce jour nos universités en Canada n’ont pas accordé à cette branche des sciences l'attention qu’elle méritait. Il y a 10 ans, 20 ans que nous avons des universités d’établies, et où sont les naturalistes qui en sont sortis ? “ Je suis docteur en médecine de l’université McGill, nous disait dernièrement un médecin, et je ne connais rien en botanique, science, qui me serait cependant si nécessaire.” Les diplômés de l'Univer- sité Laval pourraient en dire autant, nous pensons. Cepen- dant la botanique fait partie intégrante des études médici- nales de ces deux institutions, d’ou vient done ce résultat ? 4 LE NATURALISTE CANADIEN. Du défaut de professeurs suivant nous. Il faut un chimiste pour enseigner la chimie, un médecin pour enseigner la médecine, et pareillement un naturaliste pour enseigner l’histoire naturelle. Un professeur de talent peut bien, muni d'un traité élémentaire d’une science particulière, se rendre, en peu de temps, capable d'exposer aux élèves les principes généraux de cette science, mais de là à faire des adeptes, à produire des savants, ily a un espace immense à parcourir. C’est comme l’instituteur ignare qui croit bien en- seigner le français en se bornant à faire réciter à ses élèves les éléments de |’ Homond; en histoire naturelle comme en gram- maire, pour obtenir quelques résultats, il faut que le maitre en sache plus que l'élève. L’aphorisme si vrai: nemo dat quod non habet, personne ne donne ce qu'il n’a pas, a son application ici comme ailleurs. Pour communiquer aux élèves le feu sacré du savoir, le désir de l'inconnu, la pas- sion du but, qui fait qu'aucun obstacle n’est capable d’ar- rêter, de décourager dans la marche, il faut soi-même être épris de cette noble flamme, et de plus, connaitre les moyens les plus propres à la communiquer, à |’entretenir. Pourquoi, v. g. le professeur de botanique, d’entomologie, de minéralogie, au lieu de dégoûter ses élèves par l’en- nuyeuse étude de textes arides et sans application, ne leur présenterait-il pas de suite ce que la science a de plus at- trayant ? ne les initierait-il pas dès le début à la partie pra- tique de la science, en les engageant à commencer de suite une petite collection? L'élève qui aura réuni dans son pupitre seulement 10 spécimens de plantes, d'insectes, de minéraux, etc., aura déjà immensément dévancé son voi- sin qui ne l'aura pas imité, parce qu'il se sera rendus fa- milliers les caractères des familles et des espèces par lui recueillies, et cette connaissance lui procurera une base solide pour termes de comparaison, qui manquera à son compagnon pour pousser plus loin ses études. Ajoutons que ces premières captures, qu'il comptera avec droit comme des conquêtes dans une région inconnue, seront pour lui un éncilamentum irrésistible pour tenter de nou- velles conquêtes, afin d'augmenter son noyau de collection. Nous avons vu les élèves du couvent de Jésus-Marie, à NOTRE CINQUIEME VOLUME. 5 Lévis, avec les feuillets de leurs livres tout pleins de plantes desséchées, et les Sœurs nous dirent qu’elles étaient obligées d'enlever parfois les livres de botanique des mains de leurs élèves, parce qu’elles auraient sacrifié toutes leurs autres études à celle-là. Nous pensons que si, depuis 20 ans qu'on enseigne la botanique dans nos universités, on n'a pas encore produit de botanistes, l’insuccés est en partie du aux professeurs employés, qui paraissent n'avoir eu en . vue que de rendre leurs élèves en état de subir leurs exa- mens d’une manière satisfaisante, sans viser a leur incul- quer l’amour, la passion de telles études. Loin de nous, toutefois, le dessein de blesser qui que ce soit par ces remarques que nous inspirent et amour d’une la science que nous voudrions voir se vulgariser partout, et lamour de la patrie, que nous voudrions voir toujours plus grande par son intelligence que par ses richesses maté- rielles, et l'intérêt que nous portons à notre jeunesse, que nous ne voudrions voir en aucun point inférieure à celle des autres nations. Nous ne sommes pas sans connaître les obstacles sans nombre en face desquels se trouvent tous les jours les directeurs de nos maisons d'éducation, qui, le plus souvent, ne leur permettent pas de faire ce qu'ils voudraient; cependant nous pensons qu'on n’accorde pas assez d'attention à étude de l’histoire naturelle, et nous nous faisons un devoir de signaler ce défaut. Comme nous avons la prétention de croire que nos pages seront conservées dans nos archives canadiennes, comme records des progrès du temps dans la voie des sciences, nous voulons, dès notre prochain numéro, com- mencer une revue de tous ceux qui, en ce pays, se sont appliqués a létude de l'histoire naturelle. Nos natura- listes sont encore très rares, il est vrai, mais tous ceux qui ont marché dans cette voie, n’en eussent-ils parcouru que quelques pas, auront contribué aux progrès qui se signa- leront plus tard; et comme plusieurs de ces pionniers ont passé sans pour ainsi dire avoir été remarqués, nous vou- lons constater ici leur état de service, et les inscrire au mérite qui leur sera dévolu. Nous donnerons donc une liste aussi complète que possible, tant de ceux qui sont 6 LE NATURALISTE CANADIEN. passés, que de ceux qui poursuivent actuellement leur course, sans oublier les débutants, qui, quoique encore sur le seuil de la voie, promettent cependant pour l'avenir. Ceux de nos lecteurs qui seraient en moyens de nous faire connaitre quelques uns de ces modestes amis des sciences, qui sans faire d’éclat se sont cependant appliqués à l'étude dos productions naturelles de notre pays, nous rendraient service en nous communiquant leurs connaissances. Nous donnerons aussi, prochainement, la liste de nos abonnés, comme marque d'honneur pour les amis des sciences et preuve de l'intérêt qu'ils portent à l’avance- ment intellectuel du pays. Notre marche à l'avenir sera à peu près celle que nous avons jusqu'ici suivie. Nous continuerons à glaner parci par là dans les divers champs du domaine de l’histoire. naturelle, les fleurs que nous jugerons les plus prepres à intéresser nos lecteurs. Nous accorderons une attention toute particulière à la géologie, nous proposant de conti- nuer dans chaque numéro les entretiens que nous avons déjà commencés sur cette science, Le gouvernement ayant doublé l'allocation qu'il nous faisait les années précédentes, nous espérons, si les abon- nés ne nous font défaut, poursuivre pendant de longues années encore nos recherches et nos observations, pour en faire jouir nos lecteurs. Que tous ceux qui nous sont demeurés fidèles Jusqu'ici, redoutent les défaillances, et se mettent en garde contre cette apathie coupable your les fruits de l'intelligence, qui fait qu’en certains lieux, on sa- crifie les plus douces jouissances au sordide intérêt, qu'on n’a d'affection que pour le gain matériel qui se traduit sans retard en louis, chelins et deniers. Autant l'esprit est au dessus de la matière, autant le savoir doit l'emporter sur les écus. ————————— — © or D - oe © —— ECHASSIERS. 7 FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 358 du Vol. IV). V. Ordre. Les ÉCHASSIERS. Grallatores. Pattes allongées, gréles, à doigts libres ou réunis seu- lement à la base, conformées pour la marche à gué dans l'eau ou les vases des marais; tels sont les caractères généraux qui distinguent les Echassiers des autres oiseaux. Ce corps élevé sur des pattes grêles, nues, démésuré- ment longues, qui le font paraître comme porté sur des échasses, a valu aux oiseaux de cet ordre le nom qu'ils portent. Le bec et le cou, d'ordinaire en harmonie avec les pattes, leur permettent de fouiller dans les vases pour y chercher leur nourriture, sans se baisser. La plupart des Echassiers fournissent d'excellents mets de table. Les uns nichent daus des arbres, comme les Hérons, et nourrissent leurs petits dans ls nid, à la facon des autres oiseaux ; les autres, comme le Râles, déposent leurs œufs dans des creux sur le sol, et les petits, aussitôt éclos, sont capables de courir et de chercher eux-mêmes leur nour- riture. Les Echassiers, dans notre faune, se divisent en 7 familles qu’on peut distinguer les unes des autres par les caractères suivants : Lores nus ou couverts de plumes particulières. Bec presque aussi fort que le crâne à la base. Petits élevés dans des nids ; Front emplumé ; doigt médian finement Gents OU :PECHINÉ recrue eee sure 0 I. ARDÉIDES. Front nu; doigt médian ni denté, ni POCHE ce cnenesaatue ares Bezier IT. TANTALIDES. 8 LE NATURALISTE CANADIEN. Lores couverts de plumes semblables à celles du reste du corps. Bec contracté à la base, plus petit que le crane. Petits courants dès leur naissance ; Bec contracté à l'endroit des narines ; celles-ci courtes, ovales ; Bec se conrbant en are à partir des narines jusqu’à la pointe............ III. CHARADIDES Bec, à narines situées près de la base et ne se courbant pas en arc... IV. HÉMATOPODIDES. Bec non contracté à l’endroit des narines; celles-ci s’ouvrant dans une rai- nure s'étendant jusqu'au milieu de la mandibule ou au delà ; Jambes couvertes d’écailles hexagonales, Rainure de la mandibule ne se pro- longeant pas au delà du milieu... V. RÉCURVIROSTRIDES. Jambes couvertes de plaques transversales, Rainure de la mandibule se pro- longeant au delà du milieu ; Doigts marginés à l’extrémité d’une membrane rétrécie aux jointures... VI. PHALOROPODIDES Doigts sans membrane à l'extrémité... VII. ScoLopAoIDES. I. Famille des ARDÉIDES. Ardeide. Bec conique, pointu, comprimé ; plumes de la base du bec se prolongeant souvent jusqu'au delà des narrines. Tarses scutellés antérieurement; le doigt médian uni à l'extérieur par une petite membrane, celui du milieu denté ou pectiné sur son bord interne. Petits élevés dans des nids. Cette famille renferme sans contredit, sinon les plus gros, du moins les plus grands de tous nos oiseaux. Elle se partage en 4 genres pour notre faune. Doigt latéral extérieur plus long que l'intérieur. Queue à 12 pennes raides ; Tarses bien plus longs que le doigt NOGGIN ss av ce vcde dunce LS aoe 1. Héron. Ardea. Tarses plus courts que le doigt MEdiaN ......00+.ssseeeeeenseee esse Ze HERON DENUIT. Nyctiardea. ÉCHASSIERS. 9 Doigt latéral extérieur plus court que l'intérieur. Queue à 10 pennes molles ; Taille petite. Plumage compact, luisant. Dos sans tache......... 3. ARDETTE. Ardetta. Taille grande. Plumage lâche, tachete omy STI. see «cece sene 4, Butor. Botaurus. 1. Gen. HÉRON. Ardea, Linné. Bec très fort, à sommet presque droit. Jambes nues jusqu'au delà de la moitié ; doigt médian un peu plus long que la moitié du tarse ; doigt extérieur le plus long; ongles courts, très recourbés. Taille très grande; de couleur plombée. Une seule espèce dans notre faune. Le Grand Heron bleu. Ardea Herodias, Lin.—Angl. Great bleue Heron ; Crane.—Longueur 45 pouces ; ailes 18.50 ; envergure 68 : tarses 6.50 ; bec 5.50 pouces. Jambes nues dans leur tiers inférieur. D'un cendré bleuâtre; cou d’un brun canelle ; tête noire avec une tache blanche au front; bord des ailes et jambes roussâtres. Dessous brun avec de grandes stries blanches ; plumes sur la ligne centrale de la gorge blanches, striées de noir.—AC. Le grand Héron bleu se voit assez fréquemment sur nos grèves, à la chasse des petits poissons et des grenouilles dont il fait sa nourriture. Il n’est pas rare surtout sur les bords du lac St. Pierre. Se tenant sonvent sur un seul pied, il demeurera immobile dans les joncs des grèves ou des marais, pendant des heures entières, attendant qu’une grenouille vienne à passer près de lui; d’un coup de bec le batracien sera alors aussitôt saisi et avalé en entier. Les Hérons nichent dans des arbres, au milieu de marais solitaires, se réunissant ordinairement un bon nom- bre en société pour y faire leur ponte. Les œufs au nombre de 3 ou 4 sont d’un vert gai lavé de bleuâtre. Comme presque tous les autres Echassiers, les Hérons sont des oiseaux crépusculaires, préférant les demi-ombres du soir ou du matin au grand jour. C’est aussi pendant la nuit qu'ils opèrent leurs migrations. 10 LE NATURALISTE CANADIEN: 2. Gén. Héron de nuit. Nycliardea, Swainson. Bec très fort, à sommet courbé dès la base; bout de la mandibule supérieure un peu recourbé. Tarses courts, égaux au doigt médian. Doigt latéral extérieur un peu plus long que l’intérieur. Tête sans huppe, mais munie d'une longue aigrette composée de trois plumes roulées ensemble. Cou assez court et modérément emplumé en arrière. Une seule espèce. Le Héron de nuit de Garden. Nyctiardea Gardeni, Baird. Ardea Nycticorax, Wils. Nycticorax americanus,—Bonap. Angl. Night Heron; Qua-Bird.—Longueur 25 pouces ; ailes 12.50 ; envergure 44 ; tarses 3.15 ; bec 3.10 pouces. Dessus de la tête et milieu du dos d’un noir verdâtre ; ailes et queue d’un cendré bleuâtre, Dessous, front et aigrette, d'un beau blanc. Longueur de l’aigrette 8 à 9 pouces, E. et C.—Les Hérons de nuit ne se rencontrent guère le jour que dans leurs héronieres, c'est-à-dire, dans les endroits qu'ils ont choisis pour y placer leurs nids en so- ciété. Ces héronières sont ordinairement établies dans des marais ou des forêts isolées, solitaires. Il en existe une dans l'Ile d'Orléans et une autre à Laval, près de Québec, qui sont habitées chaque année par un grand nombre de ces Echassiers qui y font leur ponte. Les trois plumes de l’aigrette mesurent de huit a neuf pouces, leurs barbes sont très courtes et disposés de manière que ces plumes s’emboitent les unes dans les autres dès qu'on les sépare, La femelle pond de 3 à 4 œufs d’un vert léger, teint de de bleuatre. 3. Gen. Ardette. Ardetta, Gray. Bec grèle, aigu, courbé. Jambes très courtes, tarses plus courts que le doigt médian. Doigt intérieur le plus long. Ongles courts, aigus. Queue à 10 pennes molles. Cou court, dépourvu de plumes à la base, en arrière. Point daigrette. Une seule espèce. Ardette petite. Ardetta exilis, Gray. Ardea Gmel. Ardeola, ECHASSIERS. yal Bonap.—Vule., Petit Butor ; Angl., Least Bittern—Longueur 13 pcs. ; ailes 4.75 ; tarses 1.60 ; bee 1.75 pouces. Tête et dessus du corps d’un brun foncé à reflets verdâtres ; partie supérieure du cou, é;aules, grandes couvertures et marges extérieures de quelques plumes des ter- tiaires, d'un roussâtre canelle. Une strie sur l'épaule d’un brun jaunatre. Dans la femelle, le verdâtre de la tête et du dos est remplacé par un brun roussâtre. E.RR.— Le plus petit de tous nos Hérons. Cette es- pèce qui est à proprement parler un oiseau du Sud ne se rencontre que très rarement en Canada. 4. Gen. Butor. Botaurus, Stephens. Bec moyen, à peine plus long que la tête, légèrement courbé. Tarses très courts, plus courts que le doigt mé- dian ; largement scutellés. Doigt latéral intérieur le plus long. Ongles très longs, aigus et presque droits. 10 pen- nes caudales. Plumage lâche, foncé et strié. Espèce unique. Le Butor tacheté. Botaurus lentigiuosus, Steph. Ardea stellaris, Fost, Quac, en certains endroits ; Angl. Bittern ; Stake-driver.—Lon- gueur 26.50 pouces; ailes 10 ; tarses 3.60; bec 2.75 pouces. D'un jaunâtre brun finement tacheté de brun foncé ou de rougeatre. Unelarge bande noire partant de l'oreille et s'étendant de chaque côté du cou. E. & C.—Le Butcr se rencontre sur toutes nos grèves en été, particulièrement sur celles couvertes d'herbes. A l'encontre des Hérons, il niche sur le sol ou sur de petits arbrisseaux, mais comme chez eux aussi, la ponte se fait en société. On donne dans le bas du Fleuve, le nom de Quac au Butor, sans doute en raison de son cri qui imite assez ce son, La femelle pond 4 œufs d’un brun olivatre. (A continuer). 12 LE NATURALISTE CANADIEN. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA: (Continuée de la page 361 du Vol. LV). 27. Gen. HARPALE. Harpalus, Latreille. Menton transversal, avec une dent très petite ou nulle, Para- glosses larges. Dernier article des palpes sub-ovalaire, tronqué au bout. Labre carré ou faiblement échancré. Tête à peine rétrécie en arrière. Prothorax en carré transversal. Elytres oblongues ou ovalaires. Les 4 premiers articles des tarses antérieurs et intermédiaires des mâles dilatés, triangulaires ou cordiformes, munis de squamules pectinées disposées sur 2 rangs. Les Harpales qui sont très nombreux en espèces, et d'assez forte taille, se trouvent partout, sous les pierres, dans les champs, ete. Il arrive souvent qu’on en voit entrer au vol, le soir, dans les appartements, Clef pour la distinction des espèces. A. Pattes fauves; Elytres ocellées de gros points enfoncés nombreux. 1. Stigmosus. Elytres non ocellées de points enfoncés nombreux ; a. Elytres coloriées ; Elytres rousses-jaunatres.......... eo... 3. erraticus. Elytres d’un vert métallique...... -.... 4. viridæneus. b. Elytres noires ou brunes ; c. Angles postérieurs du prothorax bien définis ; Côtés du prothorax largement arrondis et fortement déprimés, interstices des stries ponctués sur les côtés. 5. Pennsylvanicus. Cétés du prothorax rétrécis en arriére, partie déprimée étroite ; interstices aplatis..... srk i dh shi ye 6. compar. Côtés du prothorax presque droits, non déprimés, fossettes de la base peu profondes, angles presque droits.. 7. erithropus. d. Angles postérieurs du prothorax obtus, ar- rondis quoique distincts ; Thorax presque carré, fortement ponctué à la base... coscocsossossnc.ors 8, pleuritious. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA, 13 Thorax 2 fois aussi large que long, à peine ponctué à la base ,.......,......... 9. herbivagus. B. Pattes noires ou brunes; Elytres très déprimées, taille très grande...... 2. caliginosus. Elytres plus ou moins convexes ; taille moyenne... 10. daticeps. 1. Harpale ponctué. Hurpalus stigmosus, Germar, — Long. .30 pce. oval-oblong. D'un brun verdâtre métallic brillant; antennes, pattes, et palpes roussâtres. Ælytres marquées de 3 rangs de points en- foncés, marginées de fauve—RR. 2. Harpale ténébreux. Harpalus caliginosus, Say, — Long. .95 pce; c’est la plus forte taille du genre. Noir; antennes, palpes et bord du labre ferrugineux. Une impression profonde de chaque côté du front. Thorax presque carré, à ligne médiane obsolète, angles postérieurs aigus, dé- primés et largement ponctués, Tarses et base des 2 paires de pattes antérieures d’un brun fer- : rugineux. Elytres déprimées, à stries non pone- Fig. 1. wads : yin tuées, à interstices arrondis, à bords opaques. Ventre noir, rarement brun.—AR.—Fig. 1. Harpale erratique. Harpalus erraticus, Say.— Long. .65 pee. D'un rouge-brun ; dessous testacé. Tête et thorax plus clairs, brillants, élytres brunâtres, à stries non ponctuées, à interstices convexes, échan- crées au sommet dans les 9 de manière à former une dent à l’angle externe. Thorax plus long que large, légèrement rétréci en arrière, base et marges latérales ponctuées, ces dernières subitement élargies en arrière. —C. La couleur de cette espèce suffit seule pour la faire distinguer. Se rencontre particulièrement dans les terrains sablonneux. 4. Harpale d'un vert d’airain. Hurpalus viridæneus, Beau- vais.— Long. .42 pce, D’un vert métaillic brillunt plus ou moins bronzé, quelquefois cuivré, rarement noir; pattes, antennes, bouche et épi- pleures d’un rouge brun. Tête plus foncée que le thorax. Thorax un peu plus large que long, rétréci en arrière, mais non déprimé, très étroitement marginé. Elytres à stries peu profondes, non ponctuées, à interstices aplatis, fortement sinuées au sommet, formant un angle aigu à l'angle externe.—CC. Sa couleur et le sinus du sommet des élytres distinguent cette es- pèce de toutes les autres. Fig. 1.— Harpalus caliginosus, 14 LE NATURALISTE CANADIEN. 5. Harpale de Pennsylvanie. Hurpalus Pennsylvanicus, Lec.—Long. .58 pee. Noir; antennes, bouche et pattes d’un rouge tes- tacé. Thorax plus large que long, à angles postérieurs obtus, quelque peu arrondis, à bords s’élargissant par une ligne régulière et très dépri- més, à marges larges en arrière et fortement ponctuées avec la base. Stries des élytres profondes, à interstices convexes, et souvent ponc- tués sur les cétés—C. 6. Harpale compère. Hurpalus compar, Lec.—Long. 55 pce. Ovale-oblong. D’un noir rougeatre quelque peu brillant, plus clair en dessous; les pattes, les antennes et la bouche d’un jaune rougeatre, Thorax plus large que long, fortement mais étroitement déprimé aux côtés, rétréci en arrière, base et marges latérales finement ponctuées, angles postérieurs obtus, à peine arrondis. Stries des élytres peu pro- fondes quoique bien marquées, à interstices aplatis avec quelques points sur les côtés.—R. Harpale pieds-rouges. arpalus erythropus, Dej.—Long 50 pce. Oval-oblong. D'un noir rougeâtre, plus clair en dessous; pattes, antennes et bouche d’un jaune rougeâtre, Thorax presque carré, à côtés presque droits, à fossettes de la base peu profondes, base et marges en arrière finement ponctuées, angles postérieurs presque droits. Elytres À insterstices des stries lisses, sans points sur les côtés. — AC, Les 3 espèces qui prédèent sont três rapprochées les unes des autres, les différences particulièrement données dans Ja clef plus haut suffiront cependant pour les faire distinguer. 8. Harpale pleuritique. Harpalus pleuriticus, Kirby.— Long. 37 pee. Oval. D'un brun roussâtre; antennes, bouche, pattes et épipleures d'un fauve testacé. Thorax presque carré, à côtés presque parallèles en arrière du milieu, angles postérieurs presque droits, n'étant arrondis qu'à l'extrémité, base et marges fortement ponctuées. Elytres lisses et brillantes, à stries profondes et à intertices convexes.—C. 9. Harpale herbivague. Herpalus herbivagus, Say.—Long. 35 pce. Oval-oblong. Brun; antennes, pattes, bouche et côtés du prothorax d'un noir testacé. Tête un peu large, d'un noir brillant. Thorax 2 fois aussi large que long, côtés à peine déprimés en arrière, angles postérieurs largement arrondis, base à peine ponctuée, fossettes basilaires peu profondes. Elytres noires, brilliantes, à stries peu pro- fondes avec un point dorsal en arrière du milieu dans la strie. Dans les © les élytres presque opaques et distinctement réticulées se ter- minent par une épine sutarale.—C. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 15 La forme de son thorax et les réticulations de ses élytres le distin- guent du précédent. 10. Harpale téte-large. Harpalus laticeps, Lec.—Long. .55 pee. Large et convexe. D'un noir brillant; pattes et antennes d’un brun roussâtre, ces dernières noires à la base. Tête très large, noire, brillante. Thorax plus large que long, rétréci en arrière, à côtés dépri- més en arrière du milieu, ponctué à la base, angles postérieurs obtus et arrondis au sommet. Elytres à stries peu profonds, non ponctuées, EC. Sa taille plus petite et sa forme obèse distinguent facilement cette espèce du caliginosus. Se rangent encore dans notre faune les espèce amputatus et vari- corns. 28. Gen. STÉNOLOPHE. Stenolophus, DeJean. Menton sans dent. Thorax en carré transversal ou sub-orbicu- laire, avec ses angles arrondis. Tarses peu dilatés et garnis de squamules. Les Sténolophes ne diffèrent des Harpales que par leur taille, étant tout très petits, et par la forme de leur prothorax dont les angles pos- térieurs sont effacés. 1. Sténolophe conjoint. Stenolophus conjunctus, Lee.— Long, 13 pce. Glabre, sans ponctuations. Tête noire ; antennes brunes, rous- sâtres à la base avec les palpes. Thorax roussâtre, arrondi postéri- eurement, à base sans ponctuations. Llytres noirâtres, bords et suture plus clairs, interstices des stries déprimés; poitrine rousse, sternum, noir; pattes testacées; abdomen noir.—C. 2. Sténolophe fuligineux. Stenolophus fuliginosus, Dej, — Long. .25 pce. Tête et prothorax noirs, brillants; antennes brunes, rousses à la base de même que les palpes. Thorax en carré allongé, arrondi postérieurement, marginé de roux, les fossettes basilaires pro- fondes et ponctuées. Elytres roussâtres, 4 interstices aplatis. Dessous noirs; pattes et hanches testacées.—C, Son prothorax noir bordé de roux et sa taille le distinguent faci- lement du précédent. Les espèces ochropezus, humilis partiariüs, versicolor sont aussi attribuées à notre faune, 16 LE NATURALISTE CANADIEN. 29 Gen. PATROBE. Patrobus, DeJean. Menton avec une dent bifide. Dernier article des palpes sub-cylin- drique, tronqué au bout. Prothorax transversal, fortement cordiforme, impressionné près des angles postérieurs. Elytres déprimées. Les 2 premiers articles des tarses antérieurs des mâles dilatés, garnis de poils et de squamules en dessous. De taille moyenne, à corps allongé, déprimé; se trouve sous les pierres, les écorces ete. Patrobe longicorne. Putrobns longicornis, Say.—Long. 55 pce. Glabre. Téte et prothorax noirs, élytres roussâtres. Une impression longitudinale profonde, de chaque côté du prothorax. Antennes brunes, rousses à la base de même que les palpes; pattes d’un jaune clair. Prothorax rétréci en arrière, ses angles postérieurs se recourbant un peu en dehors; impression transversale du devant très profonde, de même que la ligne médiane qui devient canaliculée en arrière; impressions basilaires des angles sub-circulaires, très profondes, ponctués. Elytres à stries profondes, finement ponctuées.—PC. L'espèce tenuis se rencontre aussi en Canada. (A continuer). LE RENNE DU NORD. Tarandus Arcticus, Richardson. Par D. N. Sr. Cyr, de Ste. Anne de Lapérade. Les Rennes sont des animaux ruminants, propres aux régions les plus froides des deux continents. On les recon- nait facilement à leurs bois sessiles, pourvus d’andouillers aplatis et dentelés. Leur taille est à peu près celle du cerf; mais ils ont les jambes plus courtes et plus grosses. Le Renne diffère de tous ses congénères en ce que le bois ex- iste dans les deux sexes, mais il est plus petit chez les fe- melles que chez les males, Ce bois, comme chez les cerfs, tombe et se renouvelle tous les ans. LE RENNE DU NORD. 7 Des deux espèces de Rennes ou Caribous, comme on les désigne en Canada, que nous avons dans | Amérique Septentrionale, le Renne du Nord est le plus petit. La chair d’un male adulte ne pesant jamais plus de quatre- vingt-dix à cent vingt livres. La tête, plus obtuse en avant que chez les cerfs, ressemble assez à celle d’une vache. Son bois menu, palmé à l'extrémité supérieure, projette à sa base des andouillers qui inclinent en avant du front. Ces andouillers basilaires, de même que les médians, sont aplatis latéralement, en sorte que les empaumures savan- cent verticalement entre les yeux. Ce Renne a les oreilles petites, ovales, et couvertes en dedans et en dehors de poils touffus. Ila les pieds larges, plats, concaves en dessous et propres à creuser la neige, et la queue de longueur médiocre. La robe d'hiver consiste en un poil long et laineux ; celle d'été en poils courts et lisses. Le fond général de sa couleur est le grisâtre, avec le ventre, le dedans des jambes et le dessous du cou, blancs. Ce Caribou est un vrai Renne ; et toutes les descriptions que nous avons de ce ruminant, le représentent comme si intimement lié au Renne de l’'Eu- rope, Tarandus Furcifer, qu'il n’est pas facile de l’en sé- parer. Néanmoins les auteurs les plus récents sont d’ac- cord à considérer notre Renne, non seulement comme dif- férent du Renne de l'Ancien Continent, mais ils affirment de plus que nous en possédons deux espéces, différant entre elles par la taille, ne fréquentant pas les mêmes régions, et qui, même lorsqu'elles se rencontrent, ne se mêlent ni ne s'associent ensemble. Les espèces des deux continents cor- respondent l’une a l’autre, ou en d’autres termes, notre Renne occupe dans Péconomie générale de la nature, en Amérique, le même rang que le Renne de Laponie dans l'Ancien Continent, bien qu’ils appartiennent à des espèces différentes. C’est dans le mois de juillet que le Renne du Nord se dépouille de sa robe d'hiver, pour en revêtir une autre plus appropriée à la douceur de la température. De presque blanche qu’elle était, elle prend une couleur brune mélée de rougeatre foncé et de brun jaunâtre, le ventre et le de- 18 LE NATURALI-TE CANADIEN. dans des jambes retenant leur couleur blanche. Le poil est d’abord fin et flexible, mais peu à peu il augmente en diamètre à la racine et prend en meme temps une teinte blanchâtre. Il devient alors laineux, serré et cassant comme celui de l'Elan, Pendant l'hiver, la densité du poil devient si forte à la racine qu'il est très-pressé et qu'il se tient droit et hérissé. Il est alors tendre et très cassant au. dessous de la pointe, si bien que les extrémités flexibles et colorées se rompant facilement, l'animal parait blanc, sur” tout sur les côtés. Ce changement de couleur se fait moins sentir sur le dos. Sous le ventre, le poil quoique long, con- serve sa flexbilité et sa finesse jusqu'à la racine, en sorte qu'il n’est pas aussi facile à casser. Au printemps, l'animal est tourmenté par les larves des cestres qui lui percent ia peau pour sortir. Le Renne se frotte alors continuelle- ment contre les pierres et les rochers, afin d’apaiser la dé- mangeaison que lui causent ces larves, et les bouts colorés de son poil s’usant ou se rompant, lui font prendre une cou- leur d'un blane sale. Le poil bien fourni du Renne, et la souplesse de sa peau préparée avec soin, rendent sa dépouille très propre à la confection des vêtements d'hiver dans les ré- gions glacées qu'il fréquente. Ce sont les peaux des jeunes Rennes qu’on recherche de préférence pour ces vêtements. Les mois de juillet et d’août sont le meilleur temps pour se procurer ces peaux. Il en faut ordinairement de huit a dix pour un habillement complet d'homme ; car on n’em- ploie que les parties où le poil est le plns foncé et le plus égal. Ces sortes de vêtements sont si impénétrables au froid, qu'avec une couverture de la même matière, on peut camper sur la neige, braver les plus basses températures des régions arctiques et y dormir, non seulement en toute sureté contre les rigeurs de ces climats glacés, mais encore avec assez de comfort. En été, le Renne du Nord visite les côtes de la mer Glaciale Arctique ; mais en hiver il se retire dans les forêts situées entre les 63° et 66° degrés de latitude nord, ou il broute les herbes longues et grossiéres des savanes. Vers la fin d'Avril, et aussitôt que la neige commençant à fondre ramollit les différentes espèces de lichens, tels que les LE RENNE DU NORD. 19 Cetraria, les Cornicularia, les Cenomyce, ete, qui revêtent les vastes plaine du Nord (barrens) comme d’un épais tapis, ce ruminant sort des bois pour s’en nourrir ; mais aussitôt que revient la saison des froids, 11 regagne de nouveau les forêts pour y passer l'hiver. Au mois de Mai, les femelles se dirigent vers les côtes de l'Océan Arctique, et ce n’est qu'au mois de Juin que les mâles s'y rendent à leur tour. Aussitôt que la chaleur du soleil a desséché et durci les lichens qui tapissent les hautes plaines, le Renne du Nord descend dans les patu- rages humides et plus substantiels qui garnissent le fond des étroites vallées des côtes et des iles de la mer Glaciale, broutant les pousses nouvelles et tendres des Laiches (Carez) et l'herbe flétrie ou foin de l’année précédente, qui est encore sur pied et qui retient une partie de sa subs- tance nutritive. Les migrations du Renne du Nord ont lieu au printemps, en partie sur la neige qui couvre encore la terre au mois d'Avril, et plus tard, lorsque la terre est ‘ découverte; on ies voit alors s’avancer en troupes nom- breuses sur la glace qui couvre encore les lacs et les ri- vières dont le cours géréral est vers le Nord. Les femelles font leurs petits dès qu’elles sont arrivées sur le bord de la mer. Dans le mois de Septembre, elles se mettent en marche pour les forêts, suivies de leurs faons qui ont alors assez de force pour les accompagner. Les males les réjoignent au mois d'Octobre, époque de l’accouplement. Comme ce voyage de retour n’a lieu qu'après la chute des premières neiges, ces animaux la grattent avec leurs bois et l’enlè- vent avec leurs sabots pour y atteindre les lichens tendres et juteux, dont la fraicheur et les propriétés nutritives sont conservées par la chaleur intérieure de la terre qui n’est pas encore durcie par la gelée à cette saison de l’année. L'automne est le seul temps où les deux sexes vivent en- semble, et cela pendant deux ou trois semaines seulement- Dans tous le reste de l’année, les deux sexes vivent en troupeaux séparés. Les mâles s’enfoncent plus avant dans les forêts ; les femelles au contraire demeurent sur la lisière des bois, ou sur le bords de ces hautes plaines que les 20 LE NATURALISTE CANADIEN. An »lo-Américains désignent sous le nom de barrens, prétes à regagner les bords de la mer de bonne heure le prin- temps. Les barrens ne sont pas des régions stériles et nues, comme semblerait le donner à entendre le mot an- glais, ce sont au contraire des terrains quelquefois d’une fertilité extraordinaire, composés souvent de plusieurs pieds de sol alluvien. Ce terme de barrens signifie donc en Amérique, une étendue plus ou moins vaste de terre située à l’ouest des Alléghanies ou des Laurentides élevée de quelques pieds seulement audessus de la plaine, et qui produit en général beaucoup plus d'herbes que d’arbres. Ce sont là, à proprement parler, les paturages particuliers du Renne du Nord, lesquels, le plus souvent, couvrent des espaces immenses. Sur la presqu’ile de Melville, les navigateurs ont vu des troupeaux de Rennes jusqu’au vingt-trois de Septembre. Les femelles y arrivent avec leurs faons d’aussi bonne heure que le vingt-deux d'Avril. On a remarqué qu’en ‘ général les mâles ne s’avancent pas si loin vers le Nord que les femelles, et que le Renne des côtes de la baie d'Hudson pénètre plus au Sud dans ses migrations d’au- tomne que ceux de la rivière Coppermine ou du fleuve Mackenzie. Mais ce ruminant ne parait pas dépasser la rivière Churchill vers le Sud. Le Renne, que la rigueur du froid excessif des hivers arctiques et la nourriture peu substantielle dont il doit se contenter pendant cette saison, avaient fait maigrir consi- dérablement, reprend de !’embonpoint dès que la végétation printanière lui procure une pâture plus tendre et plus riche. Ceux qu'on tue avant qu'ils ne soient harassés par les essaims de moucherons qui infestent ces régions inhos- pitalières, ont d'ordinaire de deux à trois pouces de blanc sur le dos et la croupe. C’est cette graisse qui a souvent plus de prix que tout le reste de la carcasse de l'animal, que les voyageurs canadiens appelle dépouillé. Le dépouillé est l’objet d’un commerce important parmi les tribus in- LE RENNE DU NORD. 21 diennes du Nord. C’est au commencement de l’automne, avant le temps du rut, que le dépouillé est le plus épais; il a alors une couleur rousse, et possède une grande saveur. Pendant l'été les femelles restent d’ordinaire maigres, mais en hiver elles engraissent un peu, pour maigrir de nouveau lorsqu'elles font leur petits. Lorsque le Renne est gras, sa chair est très-tendre et ne le cède en saveur à aucune autre sorte de venaison. Mais quand il a maigri, sa chair devient coriace et insipide” La différence entre la chair du Renne gras et celle du méme animal maigre, est bien plus grande qu’on ne saurait limaginer avant de l'avoir gottée. La chair du Renne maigre charge l'estomac, sans cependant satisfaire l’ap- pétit. C’est à peine si le voyageur fatigué et tourmenté par la faim pourra y puiser assez de force pour continuer sa route, ou réparer ses forces épuisées par le travail. Les Chippéwayens, la nation du Cuivre, les Côtes-de-Chiens et la nation du Lièvre, au lac du Grand-Ours, seraient dans impossibilité dhabiter ces tristes contrées sans les res- sources qu'ils tirent des troupeaux immenses de Rennes qui y existent. Les sauvages se font des lances, des dards, des hame- cons avec le bois du Renne. Avant l'introduction du fer par les Européens, ils s’en faisaient aussi des tranches ou cizeaux pour trancher la glace, et divers autres ustensiles. Le chasseur affamé a-t-il la bonne fortune de tuer un Renne, il rompt aussitôt un os de la jambe de l'animal, et en avale, avec appétit, la moélle encore tiède. Les rognons et une partie des intestins, principalement les replis minces du troisième estomac ou feuillet, se mangent aussi quel- quefois crus. Les extrémités des andouillers tant qu’elles sont tendres, sont encore des mets délicats et recherchés qui se mangent crus. Le colon ou gros boyau se retourne, aiin d’en conserver la graisse, et se mange soit rôti ou bouilli. C’est un des mets les plus savoureux qu'offre le pays. C’est un régal pour l’homme blanc de même que pour le peau- rouge. Quant au reste des intestins, on les vide, puis on les laisse suspendus pendant quelques jours à la famée, après quoi on les fait frire. Les Esquimaux e tles Grcën- 22 LE NATURALISTE CANADIEN. landais mangent aussi l’estomac et son contenu. Il est vraisemblable que les lichens et autres matiéres végétales dont se nourit le Renne se digérent avec plus de facilité dans l’estomac de l’homme, quand ces substances sont im- prégnées de la salive et du suc gastrique de ce ruminant La plupart des Naturels, et beaucoup de voyageurs, pré. fèrent ce mélange savoureux, lorsqu'il a fermenté un peu, : pendant quelques jours, ou comme ils disent, lorsqu'il a pris un petit goût. Le sang, convenablement mélé avec une forte décoction de la chair de l’animal, produit, moyen- nant quelques soins culinaires, un potage riche, trés-agré- able au goût et trés-nourrisant, mais d’une digestion un peu laborieuse. Quand toutes les parties molles de l’ani- mal ont été consommées, on broie les os, et on les fait bouil- lir pour en extraire la moëlle. On emploie cette dernière pour confectionner les meilleures espèces de mélanges de viande sèche et de gras, et c’est ce qu’on appelle le pé- mican. Les jeunes hommes et les jeunes femmes se servent aussi de la moélle des os pour oindre leurs cheveux et se graisser le visage, dans les grandes occasions. La langue fraiche ou à demi-séchée est un mets tres-délicat. Lorsqu'on veut conserver la chair du Renne pour en faire usage plus tard, on la coupe par tranches minces, on la fait sécher a la fumée d’un feu lent, et ensuite on la broie entre deux pierres. Cette viande pilée est très coriace et tres sèche, quand on la mange seule; mais quand on y méle une cer- taine quantité de gras-noir ou dépouillé, c'est alors un des grands régals qu'on puissent offrir à un résident du pays des fourrures. Les Rennes voyagent en troupeaux variant de huit à dix jusqu'à deux ou trois cents, et leurs courses journalières ont généralement lieu du côté d'où vient le vent. Les Sau- vages les tuent avec des fléches ou les tirent au fusil ; ils les prennént aussi au piége ou les attaquent, lorsque ces animaux traversent les lacs et les rivières, en les perçant de leurs lances pendant qu'ils sont à la nage. Les Esquimaux les prennent aussi dans des trappes ingénieusement faites de glace ou de neige durcie. LE RENNE DU NORD, 23 De tous les cerfs de l'Amérique du Nord, le Renne est celui dont l’approche est la plus facile; aussi le tue-t-on en nombre incroyable. On a vu une famille sauvage en tuer à elle seule jusqu'à deux ou trois cents, dans l’espace d'une semaine; et très souvent on ne tue l'animal que pour en avoir la langue Les Naturalistes qui ont étudié le Renne du Nord de plus près, présentent cet animal comme doué d’un naturel confiant, mais curieux à l'excès; défaut qui est souvent la cause de sa perte, et dont le chasseur du Nord sait très- bien tirer parti. Dès qu'il aperçoit un Renne paissant tranquillement dans la plaine, le chasseur s’en approche le plus qu'il peut, sans être vu, puis il se baisse sur les mains, ramène son habit de peau par-dessus sa tête, sans toutefois perdre l'animal de vue, et l’arrange de manière à figurer autant que possible la forme du Renne. Il attire alors l’at- tention de l’animal en imitant son cri. Poussé par sa cu- riosité naturelle, l’imbécile ruminant s’avance sans défiance, pour examiner l’objet mytérieux d’où est venu le cri, il gambade et décrit en courant une série de cercles dont le diamètre va toujours en diminuant, le centre étant l’être étrange qui l'intrigue. Pendant ce manége, le Sauvage reste parfaitement immobile, bien sûr que sa proie ne sera satisfaite que lorsqu'elle laura vu de près; ce qui d’or: dinaire ne tarde pas lougtemps. Quand l'animal n’est plus qu'à une distance de quinze à vingt verges, le chasseur lui décoche un flèche qui manque rarement de le blesser à mort. Dansles contrées les plus septentrionales, les Sau- vages n’ont pas encore de fusils, mais ils se servent de leurs arcs grossiers et de leurs flèches barbelées avec beaucoup d effet. Voici la manière dont les Esquimaux prennent le Renne. Ils creusent une fosse dans la neige et en élévent les bords de manière à représenter, vu de loin, un petit monticule arrondi. A l’intérieur, les parois de la fosse sont perpendiculaires, et Pouverture est recouverte par une dalle de neige durcie, placée de manière que lorsque le Renne met sans défiance le pied dessus, elle cède tout à 24 LE NATURALISTE CANADIEN. coup sous le poids de l’animal et le précipite dans la fosse, puis elle reprend sa première position et ferme l'ouverture, étant tenue en bascule par un essieu qui la traverse dans sa longueur. D’autres fois, les Sauvages construisent avec les arbris- seaux de ces contrées el des broussailles de grands enclos, ayant jusqu'à un mille de circonférence ; ils y laissent une entrée étroite sur l’un des sentiers les plus battus par les Rennes. En dedans de cette enceinte, les chasseurs con- struisent encore une multitude d’allées sinueuses bordées également de broussailles. Ils y tendent en un grand nombre d’endroits des piéges (collets) faits de nœuds cou- lants de cuir de Renne, et d’une grande force, ensuite ils se comportent de manière à faire entrer les animaux dans le labyrinthe qu’ils ont construit avec tant de soin. Les animaux épouvantés se précipitent aveuglément dans ces chemins pratiqués à dessein, se prennent dans les piéges, et tombent sous les coups des chasseurs. Il s’en tue, dit-on, un grand nombre de cette manière. Il y a des familles de Sauvages qui ont fait cette sorte de chasse avec assez de succès pour n'avoir pas besoin de lever leurs tentes plus de deux ou trois fois pendant une saison. Le Caribou des Terres Arctiques ou Renne du Nord ne vient jamais aussi loin vers le Sud que le Canada, bien que son congénère le Renne-Caribou, Tarandus hastalis. Agassiz, soit très abondant dans quelques parties de la Pro- vince de Québec. D'après Audubon et Bachman, son parcours géogra- phique s’étendrait depuis le Labrador jusqu'à l'Ouest du Continent. Quelques auteurs prétendent qu'il habite même les iles Aléoutiennes. On ne le rencontre pas tant au sud sur les côtes de l'Océan Pacifique que sur celles de l'At- lantique. Il ne se trouve pas dans la partie des Montagnes Rocheuses située dans les Etats-Unis. Le Renne du Nord se rencontre daus toutes les régions de l'Amérique Are- tique y compris celle de la Baie d'Hudson, et jusqu'au de Ja du Cercle Polaire Arctique. Nous avons dit que la grosseur moyenne du Renne du LE RENNE DU NORD. 25 Nord était à peu près celle du cerf, mais il est loin d’avoir l'élégance de ce dernier. Le Renne a les jointures grosses et puissantes à proportion de sa taille ; ses sabots fendus sont très œrands, et comme cet animal est constamment obligé de lever les pieds bien haut pour traverser les immenses plaines de neige de ses domaines arctiques, son galop n’a pas, tant s’en faut, la légèreté et la grâce de celui du cerf, ni même de celui de notre Chevreuil, bien qu’il leur soit su- périeur pour la rapidité. Sa course l’a bientôt transporté hors de l'atteinte de ses ennemis, si l’on en excepte pourtant le loup aux longues jambes et à longue haleine. Durant l'été, grâce à une nourriture plus substantielle, les Rennes engraissent beaucoup; ils réparent leurs forces pour affronter les rigueurs de l'hiver qui arrive, tandisque les ours, les loups et les renards, leurs implacables ennemis leurs laissent un moment de trève ; l’attention de ces car- nassiers étant alors attirée par les jeunes phoques et les petits des autres mammiféres de ces contrées, dont la chair tendre et succulente convient mieux à leur appetit insatiable. Ils ont aussi a prendre soin de leur propre progéniture. Du- rant lasaison chaude, les Rennes vivent en partie dispersés, les mâles d’un côté, les femelles et les jeunes de l’autre. Mais lorsqwarrivent les gelées de l’automne, ces animaux poussés par linstinct de leur conservation, commencent à se réunir par groupes plus ou moins nombreux, tant pour se protéger les uns les autres contre les ennemis, que pour se communiquer une chaleur mutuelle. On voit alors se former de grands troupeaux composés de mâles, de femelles et de faons. Les vieux mâles paraissent responsables de la discipline et du salut de ces grands troupeaux. Le capi- taine Mecham rapporte qu'en traversant, en octobre 1852, la partie de Vile de Melville située entre le golfe de Liddon et le havre Winter, il ne compta pas moins de trois cents Rennes ; de fait il les rencontrait à tout moment par bandes de dix à soixante. Le sept octobre, entre autres, il tomba sur une bande de vingt têtes de ces ruminants. I tenta, mais en vain, de les approcher assez près pour les tirer, Car bien que les biches, cèdant à une faiblesse inhérente à 26 LE NATURALISTE CANADIEN. leur sexe, semblassent plus d’une fois poussées par leur cu- riosité a quitter le troupeau pour mieux voir le Monsieur étranger qui persistait ainsi à les suivre, les vieux mâles ne parurent nullement d'humeur à tolérer une telle conduite, et distribuant sans merci des coups d’andouillers aux belles curieuses, ils réussirent, à force de sévérité et de vigilance, à tenir le troupeau compact, tout en fuyant le plus vite possible.. Les vieux Rennes couraient continuellement au- tour de leur subordonnés, en poussant en même temps un cr] étrange, qui alarmait le troupeau et le faisait fuir le dan- ger qu'ils soup¢onnaient. Leur robe d'été qui est très mince et dont la couleur convient admirablement bien à celle du sol dépouillé de son manteau de neige, s’épaissit alors rapidement et revient à son ancienne blancheur. Ce n’est pas une fourrure dans Yacception véritable du mot ; mais elle n’en constitue pas moins une couverture très chaude. A mesure que le froid et la neige augmentent, que les substances nutritives de- viennent plus rares et plus difficiles à trouver, les trou- peaux se divisent par bandes de dix à vingt têtes. Les lichens, surtout le Cenomyce Rangerina, espèce de tripe-de- roche, les jeunes pousses du saule nain etc. leur servent de nourriture. Ilne faut pas oublier qu'en automne cette végétation des Terres Arctiques n’a pas le temps de se dessécher, ni de se détériorer. Car pendant que la végé- tation est encore dans toute sa vigueur, avant que le suc des plantes ait eu le temps de retourner à la racine ou de se dissiper autrement, le froid, ce terrible Roi de la zone gla- ciale, les frappe de sa baguette magique. Admirons ici la sagesse et la magnificence du Créateur qui conserve ainsi, pour le soutien des êtres qu'il a crées, une ample provision de nourriture fraiche et vivifiante, sous le manteau de neige qui couvre la terre, L'instinct de ces animaux du Nord saura bien leur faire découvrir ls aliments que la Divine Pro- vidence leur tientainsi en réserveavec tant de munificence. Remarquons de plus que chez la plupart des animaux herbi- vores, même chez ceux qui sont à l’état domestique, la diges- tion s'opère lentement, chez nos bêtes à cornes et nos mou- tons, par exemple. Cette lenteur dans la digestion est encore LE RENNE DU NORD. Dink bien plus apparente chez le Bœuf-musqué, dont nous par- lerons dans un prochain article, chez le Renne du Nord et le lièvre arctique. Cette propriété leur est d’un avantage immense dans ces contrées où la végétation est rare et dis- persée sur un vaste espace de terrain, où le temps est quel- quefois assez rigoureux pour forcer ces pauvres animaux à ne s'occuper, pendant deux ou trois jours consécutifs, que de pourvoir à leur sureté contre les tempêtes de neige de ces affreux climats, en se réfugiant dans quelques ravins profonds ou au pied de quelque rocher escarpé. Il semble que la Providence leur a donné un appareil digestif capable d'extraire de leurs aliments une plus grande quantité de principes nutritifs, qu'aux animaux destinés à vivre sous un ciel moins rigoureux. Il n’est pas improbable non plus qu'en demeurant plus longtemps dans l’estomac et dans les intestins, ces aliments contribuent à apaiser les exigences de l'appétit, meme après l’absorbtion de tous les sucs nour- riciers. On rencontre fréquemment des Bœufs-musqués et des Rennes, spécialement des premiers, avec les entrailles ten- dues par la nourriture, en apparence parfaitement digérée, lorsque tout le pays d’alentour est aussi stérile que la pierre nue ; d'où l’on peut raisonnablement conclure qu'il a dû s’é- couler bien des jours depuis que leur estomac est ainsi chargé, et qu'il a fallu quele principe vital de l'animal fut en pleine activité pour empêcher que cette accumula- tion de nourriture ne devint pourlui une source de maladies. Ce qui le prouve bien, c’est que si un Bœuf-musqué reste seulement douze heures après sa mort sans être débarrassé de ses entrailles, sa chair se corrompt et simpréene teile- ment de l’odeur de muse, qu’elle devient tout-à-fait impropre à être mangée, Un autre fait qui prouve bien que ces animaux peu- vent habiter impunément sous ces hautes latitudes, c’est qu’en Laponie, où l’on emploie le Renne comme bête de trait, on considère que quatre livres de lichens (Cenomyce Rangiferina) sont tout ce qu'il lui faut par jour, quand l'animal travaille, et même qu'avec cette ration, un Renne pourra, sans inconvénient, rester deux ou trois jours de suite sans manger. Concluons donc que le Renne est ad- 28 LE NATURALISTE CANADIEN. mirablement partagé sous le rapport de la nourriture, qu'il possède une organisation trés-appropriée à son genre de vie et quile rend tout-a-fait propre a habiter ces régions polaires. La plus cruelle épreuve qu'ont à subir les ani- maux de l'extrême nord, semble provenir de la voracité des loups qui les obsèdent sans relâche pendant l'hiver. A mesure que cette saison avance, les infortunés Rennes semblent se résigner au triste sort qui les attend inévitable- ment. On peut les voir alors creuser la neige avec une insouciance apparente pour retirer leur pâture, tandis que des bandes de loups les entourent et font retentir ces tristes et vastes déserts de leurs sinistres et effroyables hurlements. Plus d’une fois, ces pauvres animaux, dispersés par petites bandes, tout occupés à creuser la neige pour atteindre leur mets favori, sans souci du danger, ont bondi d’épouvante en entendant tout à coup les hurlements prolongés, sinis- tres, de ces bêtes féroces autant que laches. Les loups approchent-ils de trop près, les Rennes se pressent les uns contre les autres, faisant face à leurs ennemis altérés de sang. Quelque fois aussi un Renne effrayé, frappé de terreur en entendant cet affreux concert, oubliant la pru- dence, se précipite hors du troupeau; excité par la peur il fuit avec une étonnante rapidité ; à peine quelques secondes se sont-elles écoulées,et déjà on n'entend plus que faiblement le craquement de ses larges sabots; mais les loups l'ont aperçu et se sont mis à sa poursuite, ils ont les jambes longues, la force de leurs poumons est trés-grande, et dans bien des cas la scène peut se résumer ainsi; une fuite précipitée,— : un cri perçant et plein d'angoisse, —un broiement d’os mêlé aux grincements de dents de ces bêtes féroces,—et...tout est fini! Car pour bien comprendre la voracité du loup de la zone arctique, dit un témoin oculaire, et l’horrible facilité avec laquelle il avale d'énormes lambeaux de chair toute palpi- tante, il fant l'avoir vu à l'œuvre. Il n’y a pas un écrivain qui voulut risquer sa réputation de véracité en relatant par écrit ce qu'il aurait vu de ses yeux dans de telles cir- constances. Cependant ces terribles carnassiers ne réus- sissent pas toujours à atteindre le Renne. Souvent ce der- nier s'est élancé sur la plaine de neige durcie ; alors, il fuit LE RENNE DU NORD. 29 avec la rapidité de l'éclair, poursuivi par les loups; vient-il par hasard a rencontrer un autre troupeau de ses semblables il n’a plus rien à craindre ; car si un Renne isolé ne peut se défendre des loups, en troupe, ils n’ont rien à redouter. Mais si par malheur il ne fait pas de telle rencontr2, alors sa perte est certaine malgré la vélocité de sa course. Il arrive encore assez souvent que, pendant qu’un troupeau de Rennes broute tranquillement sa pâture favo- rite, l’un d’eux trouve un endroit où la nourriture est plus abondante. Il sy attarde naturellement, tandis que le reste du troupeau continue à savancer lentement contre le vent. Les loups ont remarqué le trainard, ils font un long détour, s'avancent en rempant, sans bruit, du ru- minant tout absorbé dans sa pâture, lui coupent le chemin, puis de suite poussent leur affreux hurlement, et se précipitent sur lui. C’en est fait du pauvre Renne, à moins que par des efforts extraordinaires, ils ne parvienne à rejoindre le troupeau dont il s’est imprudemment écarté. Ces scènes se continuent durant tout l'hiver. Car le flair du loup est tellement développé, que ce terrible enne- mi des ruminants et des rongeurs des plaines glacées où il a, en compagnie de l'ours féroce et de l'ours blane, établi le siége de ses exploits sanguinaires, peut reconnaître sa proie à des distances considérables, par l'odeur seule, pendant les longues nuits de ces tristes climats. Plus d’un chasseur obligé de passer l'hiver au milieu des glaces des Terres Arctiques, aurait désiré, pendant les nuits ténébreuses du mois de décembre, que ses nerfs olfactifs eussent été aussi efficaces que ceux du loup. . Car bien que les Rennes se fissent entendre, il était impossible de les distinguer dans les ténèbres de ces paysages couverts de neige, et plus d’une balle vint tomber sans effet au pied du ruminant, dont les yeux brillait à travers l'obscurité du brouillard, parce que le chasseur ne pouvait juger de la distance. Les explorateurs obligés d’hiverner dans ces régions polaires virent souvent les Rennes s'approcher de leurs na- vires pris au milieu des glaces. Etait-ce la chaleur qui s’échappait des navires qui les attirait, par un froid de 95° 30 LE NATURALISTE ‘CANADIEN. Fahrenheit, ou cherchaient-ils à se mettre à l'abri des loups? La question reste encore à résoudre. Cependant on est gé- néralement porté à croire qu'ils étaient plutôt attirés par la chaleur, comme on a pu le constater pour d’autres mammifères de ces contrées. L'hiver de ces contrées, quelqu'en soient du reste les rigueurs, a une fin. Ilest alors étonnant de voir le changement qui se fait dans la condition du pauvre iènne, et comme l'approche du printemps apporte de soulagement à ses tristes épreuves. Dès les mois de Février et de Mars les morses font leurs petits, morceaux tendres et succulants qui ne manquent pas d'attirer l'attention des bêtes de proie et en particulier du loup. Alors le Renne si maltraité peu- dant l'hiver, commence à goûter les jouissances de la vie. Délivré de la frayeur que lui inspirent ses voraces ennemis, il peut creuser la neige en paix et digérer à loisir ses lichens favoris. À mesure qu’avance la saison si ardemment désirée du printemps, les troupeaux de Rennes se divisent ; on les voit alors aller par deux, par trois à la fois, errant pour ainsi à l'aventure, car le danger est passé, les ours, les loups et les renards ont leurs petites familles à soigner et à garder, la nourriture ne leur manque plus. Le réveil de la nature a ramené à la surface de la terre, dans les petits mammifères qui peuplent ces contrées, une proie abondante et plus facile à prendre pour ces voraces carnassiers. Le nom générique de ce ruminant, Tarandus, signifie Renne. Dans l'Histoire Naturelle de l’état de New- York, il est désigné sous le nom de Rangifer Turandus, et dans les Quadrupèdes de l'Amérique du Nord par Audu- bon et Bachman, sous celui de Ra gifer Caribou. Les Sauvages Cris lui donne le nom d’Atteck ; les Chipéwayens, celui d'Etthin ; les Esquimaux, de Touktou ; les Groënlan- dais, de Tukta. Les Franco-Canadiens le désignent sous le nom de Caribou, corruption de l’expression Carré-beuf ou Beuf-carré, que lui a valu sa forme. Les Cariboux de même que les Rennes de lAcien-Continent ont des larmiers au- dessous des yeux. LE RENNE DU NORD. 31 Cet animal habite toute l'étendue de cette contrée sans arbres, dont il a été parlé plus haut, et que les Anglo- Américains désignent sous l'appellation de Barren-Grounds, d'où lui vient le nom de Larren-Ground Caribou qu'ils lui donnent. Les bornes de cette région sont au sud la rivière Churchill; à l’ouest les lacs du Grand-Esclave, Athabasca, et la rivière Coppermine; au nord la mer Polaire ; et à l’est l’océan Atlantique. Les terrains tertiaires d'Europe recèlent une immense quantité de restes fossiles de cerfs, et même de Rennes, d'espèces maintenant éteintes. C’est surtout en Irlande qu'on a découvert les plus parfaits Ils’en est rencontré un, Cervus macroceros, dont le bois mesurait jusqu’à 8 pieds de longueur, bien que le reste des os ne donnassent pas une taille dépassant celle de notre Elan. La preuve que ces restes appartenaient plutôt au genre Renne qu’au genre Cerf, c’est que toutes les têtes que l’on a trouvées étaient munies de bois, or on sait que chez les Cerfs les femelles ‘en sont privées, il faudrait done qu'ilne se serait jamais trou- vé de femelles parmi ces restes? C’est ce qui n’est pas probable. Que notre Renne du Nord soit identique ou non avec celui de la Laponie, il n’en est pas moins étonnant que les naturels de nos régions arctiques n'aient pas visé à utiliser cet animal comme on la fait en Europe. En Laponie,le Renne, quoique se trouvant encore libre dans les forêts, y est tenu en parfaite domesticité. Ce précieux ruminant constitue presque à lui seul toute la richesse des Crésus dans ces con- trées. Certains bourgeois en possèdent des troupeaux de plus de 500 têtes. Tout est utilisé avec cet animal ; chair, poil, os, cornes, rien n’est perdu. La chair offre la nourri- ture la plus recherchée; de la peau on fabrique des habits, des couvertures, des cordes, des tentes etc.: les os et les cornes offrent des tranches, des dards, des outils ete. Les femelles donnent un lait très riche et très savoureux. On ne retire pas de beurre de ce lait, mais on en obtient, par la pression, une espèce de fromage ou masse suiffeuse très estimée. 32 LE NATURALISTE CANADIEN. Mais c’est surtont comme bête de trait que l’animal est particulièrement utilisé. Une simple laniére de peau munie de son poil est passée en collier au cou du Renne, une courroie part du bas de ce collier, passe entre les jambes de l’animal et va s’accrocher à la traine plate du Lapon, et voila 3, 4, et 5 hommes installés pour parcourir plus de 30 lieues dans la journée, sur la neige de ces con- trées. La traine est garnie en dessous de peau avec son poil, de sorte que dans les montées difficiles elle permet à l'animal de prendre haleine sans l’entrainer en arrière. Pour retenir la voiture dans les descentes, les hommes munis de petits bâtons les emploient en ares-boutants en les faisant mordre dans la neige. Quoique le Renne du Nord del Amérique soit de taille un peu plus petite que celui de la Laponie, il n’y a pas de doute qu'avec des soins convenables on ne parvint à en tirer à peu près les mêmes services. D, N. St. Cyr. GEOLOGLE. ( Continuée de la page 375 du Vol. 1V.) VI. La terre consolidée par degrés. Dieu a-t-il créé le monde tel qu’il est au- jourd’hui ? Dieu ne fait rien que de raisonnable. Passage d’une formation à une autre, non par un choc soudain. Au commence- ment de notre époque. Feu central cause de boulversements, Exemples dans les temps modernes. L'observateur peu attentif qui voyage d'un pays à un autre, voit partout des plaines verdoyantes, des collines et des montagnes plus où moins chargées de végétation, des forêts plus ou moins solitaires, avec leurs hôtes sauvages : ici, la mer avec son horizon sans fin, ses animaux de toute sorte ; là, des fleuves et des rivières, tantôt promenant leurs GEOLOGIE. Se eaux paisibles à travers de riantes vallées à pente à peine perceptible, tantôt se précipitant de hauteurs considérables, en cascades écumeuses, dans un lit aux rives abruptes, creusé dans des couches de pierre, quelquefois de la plus grande dureté; plus loin, des pics de hauteur immense se montrant continuellement couverts de neige, ou exhibant leur charpente dénudée ; à côté des lacs aux eaux douces et paisibles, aux rives basses et prolongées ; quelquefois des cônes fumants, faisant trembler le sol sous l'effort des forces qui sembient les travailler à l'intérieur ; le voyageur, disons- nous, qui voit toutes ces choses, se persuade aisément qu'il en a toujours été ainsi, et que le monde, à part les quel- ques modifications opérées par la main des hommes, a toujours été tel que nous le voyons aujourd'hui! Mais nous aycns vu que pour peu qu'on veuille réfléchir et raisonner, il est facile de se convaincre du contraire. Car, si nous trouvons des végétaux, comme dans les mines de charbon, par exemple, à 1000 pieds sous terre, recouverts de nom- breuses couches de pierre et de terre, si de même nous trouvons à d’égales profondeurs des os d'animaux encaissés dans une pierre solide, de telle manière qu'ils n’ont pu y prendre place que lorsque la matière qui les contient était liquide ou du moins à l’état plastique, on doit nécessaire- ment en conclure que notre terre n’est pas surgie d’un seul 7 jet des mains du créateur, dans l’état où elle est aujourd’hui, mais qu'elle n’y est parvenue, à cet état, qu’en subissant divers changements, qu'en passant par des phases de for- mations dont les traces sont partout visibles. Mais Dieu, pourrait-on dire, n’a-t-il pas pu créer le monde pour loffrir à l’homme tel qu’il est aujourd’hui, avec ses mers et ses continents, ses montaynes et ses plaines, ses pics et ses volcans, son granite et ses couches stratifiées 2 avec ses animaux, ses arbres, ses minéraux, ses détritus, en un mot tout ce que nous attribuons à l’action du temps ? Que la chose fut possible, personne ne le conteste ; mais qu'il en ait été ainsi, ce n’est rien moins qu’absurde de le prétendre ; car ce ne serait rien moins que la soustraction des rapports des effets à leurs causes et l’assujétissement de 34 LE NATURA! ISTE CANADIEN. la raison à une fatalité imaginaire. Soutenir que Dieu aurait pu créer des animaux marins pétrifiés dans le sol, des os d’animaux et des végétaux enfouis à de grandes profondeurs sous terre, serait tout aussi absurde que la prétention de ce voyageur, qui,ayant trouvé une demeure abandonnée au sein dune forêt, voudrait soutenir que cette demeure avec tous les restes de l’action des hommes qu'elle pourrait encore contenir, pourrait fort bien avoir été ainsi créés de Dieu, et n'être pas une preuve que l’homme aurait séjourné la, Non! n’allons pas nier l’action de la Providence comme principe de toute création, bien plus, comme puissance conservatrice et régulatrice de toute existence ; mais gar- dons nous bien de la faire intervenir, pour nous tirer d’em- barras, toutes les fois que nos faux ralsonnements nous auront conduits à l'absurde. Rien n'existe que par Dien! mais ce Dieu dont la sagesse n’est pas moins grande que la puis- sance, a voulu, en créant les molécules qui devaient former le monde, et en faisant surgir du néant les premiers êtres qui y ont possédé la vie, soumettre les unes et les autres à des lois invariables, que le temps devait développer et régulariser. Or, c’est la découverte, c'est l’inteligence de ces lois qui régissent tous les êtres créés qui fait l'objet de nos recherches et de nos études. Seul de tous les êtres de ce monde; homme fut revêtu de cette sublime prérogative de pouvoir ainsi pénétrer les secrets du Tout-Puissant, Mais en perdant l’innocence par le péché il a vu sonintelli- gence se couvrir d’un voile épais, et s'est vu forcé de recon- quérir par l'étude et l'observation la science perdue. Faible, sujet à l'erreur, il est souvent exposé à faire fausse route, dans ces matières qui ne tendent pas essentiellement à son salut éternel, et que Dieu lui a permis de scruter, sans toute- fois juger à propos de les lui révéler. Que l'observation et le raisonnement viennent appuyer son intelligence dans cette. recherche des lois de la nature, c’est dans l’ordre de la Pro- videdce ; mais qu'il n’aille jamais rendre Dieu solidaire de ses faux calculs. Nous avons fait voir précédemment que ces bancs de celcaire, souvent de plusieurs centaines de pieds d'épaisseur, uniquement composés de restes d'animaux marins, et qu'on a à GEOLOGIE. 35 trouve aujourd’hui dans la terre à différentes hauteurs, et jusque sur des montagnes très élevées, n'avaient pu se for- mer que sous l’eau où vivaient alors ces animaux. Maintenant on se demande: comment ces animaux ont-ils pu être amenés à une telle hauteur au dessus de l'eau ? comment s’est opéré le passage d’une formation à une autre, d'une époque a une autre ¢ du Laurentien au Silurien, du Silurien au Dévonion, par exemple-? Est-ce par un choc soudain qui a tout fait périr et remis toutes choses dans une confusion chactique ? On l’a cru autrefois ; et il est tel auteur, comme d’Or- bigny, par exemple, qui ne compte pas moins de 27 destructions suivies d'autant de nouvelles créations, avant de parvenir jusqu'à l’homme. Mais aujourd’hui qu’une connaissance plus parfaite des différentes couches a permis de constater que les fossiles de la fin d’une formation se trouvent presque toujours mêlés à ceux du commencement de la formation suivante, on est à peu près d'accord à re- connaitre que le pa:sage d’une formation à une autre s’est opéré insensiblement, et que de même la création de nou- velles formes n’a eu lieu que graduellement. C’est a dire que les lois cosmiques imposées dès l’origine par le Créa- teur, ayant exercé leur action pendant de longues durées de siècles, tant sur la matière animée qu'inanimée, produisirent leur effet naturel, des débris à la suite de la mort, des dé- pouillements ici pour former des accumulations ailleurs, etc., et lorsqu’enfin apparut l'homme, pour faire l'inspection de ses domaines, il se vit forcé pour se reconnaitre dans la multitude infinie des êtres qui le composaient, de le par- tager en divisions et subdivisions, son intelligence toute vaste quelle fit ne pouvant en saisir tout l’ensemble; de là ces noms aux différentes formations, ces époques assignées aux âges du monde. Ces termes de Silurien, Devonien, ete, sont done absolument conventionnels pour plus de facilité dans les études et les recherches, mais n’impliquent nulle- ment l’idée, dans les desseins du Créateur, d’un changement radical d’un état de choses à un autre, d’un passage d’une tuation à un: aatr e. Celui qui veut attentivement obser- 36 LE NATURALISTE CANADIEN, ver la nature, peut y reconnaitre facilement, dans ce qui s'opère sous ses yeux aujourd'hui, à peu près les mêmes phénomèmes qui se sont montrés dans les âges précédents, moins toutefois la création de nouvelles formes, parce que la Ste. Ecriture nous dit qu'après la création de l’homme Dieu se reposa, c’est-à-dire, cessa son travail de nouvelles productions. Aujourd’hui, comme à la seconde époque, par exemple, nous voyons des dénudations et des accumulations, des dépôts sous marins qui se stratifient, des espèces d’ani- maux qui s’éteignent,et une foule de débris de végétaux et d'animaux qui se fossilisent. Aujourd’hui comme alors, ies mers laissent certains rivages pour empiéter sur d’autres, des îles disparaissent en certains endroits et sont remplacées par d’autres ailleurs, des montagnes surgissent tout à coup du sol et des iacs naïisseut instantanément, ete., ete. Notre âge poursuit donc son cours, soumis aux mêmes lois qui ont régi les âges précédents; toute la différence que nous y voyons, c'est qu'autrefois on était au commencement, le monde était jeune, et qu'aujourd'hui il est vieux, nous tou- chons à la fin, et qu'après nous notre terre aura eu son terme. En disant que notre monde tire vers sa fin, nous n’excluons toutefois pas la durée de milliers de siècles peut-être encore à parcourir, car les siècles dans les calculs géologiques ne sont que de faibles unités, et en comparant notre époque avec celles qui ont précédé, nous pourrions croire, avec raison, que nous n'en sommes encore qu'au commencement. Nous avons mentionné plus haut des bouleversements, des soulévements, des enfoncements du sol qui ont pu amener des animaux à être engloutis sous des vases et à être poussés plus tard à un niveau fort au dessus de celui de la mer; examinons donc par quelle voie de tels chan- gements ont pu s’opérer. C’est un fait admis de tous aujourd’hui que plus nous descendons dans l’intérieur de la terre, plus la chaleur est intense. Le contraire a lieu d’abord pour la surface, par ce qu’en descendant à une légère profondeur, nous nous soustrayonstà l'influence du Soleil, mais arrivés à une cin- quantaine de pieds, nous trouvons que la chaleur va tou GEOLOGIE. 36 jours en augmentant à mesure que nous descendons.: Cette progression est d’environ 1° par 65 ou 80 pieds de profon- deur. A Bath, en Angleterre, une source donne de l’eau à 117°, et une autre dans l Arkansas en donne à 180°, re qui est peu au dessous de l’eau bouillante. Le puits de Gre- nelle, de 1800 pieds de profondeur, rendait de l’eau à 82°, lorsque dans ‘es caves la température n’était qu'à 53°. A Salzwerth, en Allemagne, un puits de 2144 pieds donne de Peau à 91°. c En partant de ces données, que la chaleur en descen- dant dans la terre augmente d'un degré par environ 65 pieds de profondeur, comme on l'a constaté à plusieurs reprises, parvenus à une distance de 8 à 9 lieues, nous avons une température capable: de mettre en fusion les corps les plus réfractaires connus dans la nature. Le centre de la terre se trouve donc occupé par une ma- tière en fusion qui ne retient qu'une faible croûte figée a sa surface. Or cette croûte, comme il est maintenant facile de se la représenter, n’est pas, comme on l’a cru longtemps, une masse inerte, immobile; tout au contraire elle a été en mouvement dès le commencement et n’est jamais demeurée dans le repos, se soulevant ici, sabaissant la, tantôt par des chocs soudains qui la rompant et la déchirant ont bouleversé sa surface, et tantôt par de doux balancements qui l'ont enfoncée sous l’eau ou fait surgir en plaine de la mer. Cette matière centrale en fusion nous donne facilement la raison des variations de surface, de même que des tremble. ments de terre, des éruptions des volcans, et des autres per- turbations qu'on a pu remarquer. Citons quelques exemples de ces perturbations récentes, qui pourront nous donner raison de celles des autres âges que constatent les archives du globe dans le musée de la nature. x Naissance de montagnes.—Le 29 Septembre 1552, a environ 1h. P. M., on vit des flammes sortir de terre a Baia, de l’autre côté de la baie de Naples. Peu après, on entendit comme un bruit de tonnerres ; la terre se fendit, et vomit par cette ouverture d’énormes pierres, des cendres 38 LE NATURALISTE CANADIEN. brilantes, de la vase volcanique et de l’eau bouillante; tous les environs en furent couverts. Le lendemain, on ne fut pas peu surpris de trouver en cet endroit une nouvelle montagne de 440 pieds de hauteur et d’un mille et demi de circonférence, formée de ces débris. Le Monte-Nuovo c'est son nom) se voit encore aujourd'hui. r Au Mexique, en 1759, dans une plaine des plus fertiles, toute occupée par des fermes et des plantations de coton, on entendit, en Juin, des bruits souterrains avec secousses du sol, qui durèrent jusqu’en Septembre, puis s’éteignirent. Mais tout à coup, dans la nuit du 28 Septembre, les tremble- ments et les bruits redoublèrent, la terre s’entrouvrait partout, et des cendres, des flammes, des pierres de grosseur énorme volaient dans l'air. Les habitants effrayés cher- chèrent un refuge sur une montagne voisine, et virent de la leur belle plaine avec toutes ses fermes disparaître ; et à leur place surgir une multitude de petits cônes fumants (hornitos). L’éruption dura cing mois, et les débris vomis des entrailles de la terre formérent six grosses montagnes, la plus petite ne mesurant pas moins de 300 preds de hau- teur, et la plus considérable, le Jorullo, haute de 1600 pieds, fume encore aujourd'hui. Le fameux Etna, en Sicile, mesurant 11,000 pieds de hauteur et 90 milles de circonférence, n’est formé que de couches successives de cendres et de laves qui se sont superposées avec les différentes éruptions. En 1855, à la Nouvelle Zélande, une vaste plaine s’est tout à coup élevée de 9 pieds. On mentionne en plusieurs endroits des îles qui ont surgi tout à coup de la mer, pour disparaitre quelquefois après quelques mois, et d’autres fois aussi pour persister. Aux Açores, en 1811, se montra tout à coup l’île de Sabrina, haute de 300 pieds, avec un cratère à son centre; mais peu de temps après, ile et cratère avaient de nouveau . disparu sous l’eau. En 1783, surgit soudainement dans l'Océan Atlantique, une ile à environ 30 milles de la côte Ouest d'Islande. Le GÉOLOGIE, 39 roi de Danemark Ja rèclama comme sa propriété et lui donna le nom de Nyôe, ile nouvelle; mais un an ne s'était pas écoulé, que la nouvelle possession de Sa Majesté dis- paraissait sous l’eau, et que la mer reprenait ses domaines. Mais la plus célèbre peut-être de toutes ces iles éphé- mères est celle qui se montra dans la Méditerrannée, à l'Ouest de la Sicile, en 1831 Pendant sa courte existence de 3 mois, elle reçut différents noms des écrivains qui la visitèrent, cependant celui de Graham semble avoir prévalu. Voici comment Sir Charles Lyell en relate la naissance. “Jean Corrao, capitaine d’un vaisseau Sicilien, rapporta que comme. 1l passait en cet endroit le 10 Juillet, il vit une colonne d’eau de 60 pieds de hauteur et de 800 verges de circonférence s'élever de la mer, que bientôt une épaisse vapeur succéda à l’eau, et s’éleva jusqu'à la hauteur de 1800 pieds. Le même Corrao à son retour de Girgenti, le 18 du même mois, trouva au même endroit une petite île de 12 pieds d’élévation, avec un cratère au centre, vomis- sant des matières volcaniques et d'immenses colonnes de vapeur; la mer tout autour étant couverte de cendres et de poissons morts. Les scories étaient d’un brun chocolat, et l'eau qui bouillait dans le bassin circulaire d’un rouge foncé. L’éruption continua avec grande violence jusque vers la fin du mois, où différentes personnes vinrent la visiter, entre autres le capitaine Swinburne, de la marine royale, et Mr. Hoffman, le géologiste Prussien.” Au 4 Août, la nouvelle île avait atteint la hauteur de 200 pieds et mesurait 3 milles en circonférence. Ce n’était pourtant que le sommet d’un cône volcanique, car le capitaine Smith, dans une exploration, quelques années auparavant, avait découvert que cet endroit même n'était couvert que par 600 pieds d’eau, de sorte que la hauteur totale de la montagne pouvait mesurer 800 pieds, lors de son élévation. Depuis le comment d’Aott, Pile commença à s’abaisser, et au commencent de l’année suivante, il ne restait plus de Vile Graham qu’un rocher sous marin. (A Continuer). 40 LE NATURALISTE CANADIEN. Les Aborigénes d’Amérique. La question d’origine des aborigénes de notre conti- nent a été plus d’une fois le thème sur lequel les historiens et les géographes se sont plus à broder des hypothèses plus ou moins yraisemblables, sans trouver aucune preuve qui püt définitivement trancher la question. Les uns voulaient les faire venir de l’Asie mineure, par quelque flotte Phéni- cienne, qui, comme on sait dès le temps de Salomon, fran- chissaient parfois les colonnes d’Hercules, et qui, égarée dans l'Atlantique, serait venue attérir en Amérique. D'au- tres les faisaient venir du Nord de l'Europe par l'Islande et le Groenland. D’autres enfin les amenaient d’Asie par le détroit de Berring, ou la navigation entre les divers archi- pels de l'Océan pacifique. Les journaux de la Californie rapportaient un fait, il y a quelques mois, qui pourrait jeter une grande lumière sur le sujet et ajouter un grand poids à celle des hypothèses qu'elle tend à confirmer. C’est celui d’une jonque japonaise qui serait venue prendre terre à Alaska, après avoir parcouru, durant une navigation de neuf mois, une distance de 2500 milles. Des 27 personnes qui avaient laissé la terre d'Asie dans cette jonque, 3 seu- lement survécurent à la misère et aux privations d’une si longue navigation sur un tel vaisseau, découvert et à moitié submergé lorsqu'il toucha la terre d'Amérique. Rien d'invraisemblable donc qu'un accident du même genre ait put avoir lien, bien des siècles auparavant et jeter sur notre continent quelques familles d’où seraient sorties les peu- plades sauvages qui l'habitaient lors de sa découverte au 15e siècle. La chose est d'autant plus probable, que dans l'opinion des plus hautes autorités en fait de science, le fond de l'Océan Pacifique subit graduellement une dépres- sion qui a déjà fait disparaitre un grand nombre d'iles qui pouvaient peut-être rendre cette navigation moins longue et beaucoup plus facile alors. ¢ Cann diet Vol. V. CapRouge, FEVRIER, 1873. No. 2 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, ON NE LIT PAS Nos lecteurs peuvent voir, par notre liste d'abonnés que nous publions plus loin, combien est restreint, en ce pays, le nombre de cenx qui aiment à s’instruire. Notre publication n'est pas même admise dans le plus grand nombre de nos maisons d'éducation ! et cependant elle est seule dans son genre! Ne devrait-elle compter que comme mesure de progrès des sciences naturelles dans le temps où nous vivons, qu'elle mériterait, à ce seul titre, une place dans toutes nos bibliothèques publiques. —Je vous renvoie votre publication, nous disait der- nièrement un abonné, par ce que je ne la lis pas; d’ailleurs, si je voulais étudier ces matières, je les trouverais mieux dites que vous ne pouvez le faire, dans les livres que je pourrrais me procurer. —Tout doux! l’ami; votre remarque est tout aussi fausse qu’elle est inconvenante. Vous ne trouverez dans aucun auteur les détails sur les productions naturelles de notre pays que contient le Nafuratisle, par ce que nos ani- maux et nos plantes n'ont été que très imparfaitement étudiés jusqu'ici, et que les auteurs des ouvrages que vous pouvez vous procurer n'ont écrit que pour d’autres régions différentes de Ja nôtre. En outre, les principes élémen- taires des sciences que nous traitons, ne sont pas à votre portée dans les ouvrages étrangers; leur élaboration, pour 42 LE NATURALISTE CANADIEN. vous les rendre profitables, exigerait de vous un travail dont vous êtes incapable, puisque vous ne lisez pas même le Naturaliste. — Mais je n’ai nul désir de devenir un savant en fait d'herbes ou de bétes.—Et voila précisément pourquoi vous devriez lire le Naturaliste ; tous les hommes instruits ne peuvent être des entomologistes ou des botanistes, mais tous, sous peine de se voir justement accusés d’ignorance, doivent être au courant des progrès que font tous les jours les sciences, et en état de se mettre à l'abri, lorsqu'ils veu- lent en parler, de ces balourdises dont se rendent si souvent coupables, des personnes même réputées instruites. Il est facile de voir que le véritable motif de notre homme n’était pas la rédaction défectueuse de notre pu- blication, mais bien, à part l'avantage de ménager quelques chelins, qu’elle lui était inutile, par ce que, comme il le déclarait, il ne la lisait pas. On ne lit pas! et c’est là le grand mal de notre popu- lation ; on n'aime pas à s’'instruire! Dignes descendants des babillards Normands, nous préférons souvent la causerie, les jaseries, mêmes les plus futiles, à la lecture. Tel homme instruit, médecin, notaire, prêtre aussi quelquefois, isolé dans une campagne, parcourra souvent une grande partie des maisons de son village pour se dis- traire, pour trouver le moyen de dépenser ses après-diner, pour tuer le temps, comme il le dira, plutôt que d'ouvrir un livre ou même un journal pour s’instruire, Et pour peu que ces visites se répètent, Phabitude en sera bientôt prise. La paresse l’emportant sur la contention d'esprit qu'exige nécessairement toute application sérieuse, on en viendra bien vite à prendre de l’aversion pour les livres. On s’in- téressera fort à savoir: si le mari de Josephte est revenu sobre de la ville, la veille? si la vache de Charlotte va bientôt lui donner un veau ? ou si la fille de Baptiste ne va pas prochainement se marier, etc... ? mais pour d'études profitables, il n’en faut pas parler ! Ils sont certainement à plaindre les désæuvrés qui en sont rendus à ce point: et cependant ils ne sont passi rares ON NE LIT PAS. 43 qu'on pourrait le croire. Les coureurs de nouvelles, les colporteurs de cancans, sont bien plus nombreux dans tous nos Villages, que les hommes d'étude, que même les sim- ples lecteurs de journaux. Déshabitués de l'étude, toute lecture deviendra bientôt une œuvre fatiguante, une affaire ennuyeuse; on ne croira jouir véritablement de la vie, que lorsque, la pipe à la bouche et la canne à la main, on ira de maison en maison se poster en face de Javotte, dans sa cuisine, qui, tout en faisant rouler sa laine sur la broche, don- nera, dans leurs plus petits détails, le récit de tous les petits scandales plus ou moins appétissants qui peuvent avoir pris origine dans le quartier. Et les découvertes récentes, et les applications nouvelles des anciennes, et toutes ces nou- velles productions du génie, et tous ces procédés nouveaux dans les arts et l’industrie, et tous les progrès des sciences en général, n'auront bientôt plus aucun intérêt pour cet éventeur de rumeurs, ce collecteur de nouvelles! Il va sans dire, qu'avec de telles habitudes, le minuteur de Par- devant n'aura bientôt plus qu'une même et insignifiante formule pour toutes les transactions, où la grammaire ne sera pas plus respectée que le bon sens; et l’'Esculape, une série de recettes insuflisantes souvent à le faire distinguer de l’aveugle charlatan ! Nous avons dit qu'il se rencontrait aussi des prêtres qui venaient à perdre le gout pour l'étude. Cependant, le cas est moins commun; car pour le prêtre, surtout celui qui a charge d’âmes, la responsabilité est si grande, les devoirs si multiples, les intérêts en jeu si relevés, que l'étude lui est dabsolue nécessité. Les connaissances théologiques ne sont pas de celles que le bon sens et une grande perspica- cité peuvent suppléer; elles exigent nécessairement l'étude. Et très souvent le jeune ministre des autels en y consacrant tout son temps disponible, ne peut encore suflire à se _ mettre au niveau des besoins que requièrent de lui l’exercice journalier de ses redoutables fonctions. Cependant, un arc ne peut toujours rester bandé, et on se délasse d’une étude par une autre moins taliguante. De plus, après quel- ques années d'exercice, la pratique a fixé dans la mémoire bien des solutions de difficultés qu'on n’est plus forcé d’al Pa 44 LE NATURALISTE CANADIEN. Jer redemander aux auteurs, et l'étude des sciences pro- fanes, même d’une manière suivie, devient alors une véri- table récréation, une parfaite jouissance, pour celui qui ne s'est jamais séparé des livres. Cet homme recommandable devient alors, comme l'illustre abbé Moigno, l’homme de Dieu pour les âmes qui le consultent, et le savant du monde pour les érudits qui l’approchent. Ajoutons que pour le clergé canadien, il y a une raison particulière qui lui fait une obligation de se livrer à l'étude des sciences. C’est qu'ici, le clergé ayant l'éducation secon- daire entre ses mains, il lui importe de faire voir qu'il a les _capacités requises pour la bien diriger; et puisque notre peuple n'aime pas l'étude, c'est à lui avant tout, au clergé, à l'y attirer par l'exemple. L’illustre prédécesseur de l’ar- chevêque actuel sur le siége de Québec, comprenait si bien a chose, qu'il n’hésita pas un instant à nous accorder notre retraite de l'exercice du saint ministère, lorsque nous lui en fimes la demande, sur le motif seul de maintenir le clergé à la tête du mouvement intellectuel en ce pays, en pour- suivant notre publication que nous venions de commencer, Nous ajoutons de plus que malgré les immenses travaux de ce saint évêque, il trouvait encore le moyen de lire assidu- ment notre Naturaliste ; il en avait ordonné un exemplaire pour lui seul, et se plaisait, chaque fois qu'il nous rencon- trait, à nous faire part de ses impressions à la lecture de nos pages, ou à nous communiquer les observations qu'il avait pu faire, en passant, sur tel ou tel sujet Se rapportant à nos études. Nous permettra-t-on d'ajouter encore une considéra- tion. Un écrivain plein d'esprit, —et qui ne manquait pas non plus d’une certaine dose de philosophie, —a dit quelque part: que le cœur de l’homme est ainsi fait qu'il faut qu'il s'attache à quelque chose ; qu'il n'appartient qu'aux idiots et aux génies fractionnaires de se consumer dans l’indiffé- rence, de persévérer dans le vide au milieu de nombreuses réalités. Ces paroles sont certainement vraies! Et la vie même de l’ascète, qui à la suite des plus laborieux combats, en est rendu à s'établir dans une indifférence preque com- plète pour les biens ou les maux de cette vie, ne vient en ON NE LIT PAS. 45 aucune facon les contredire. Car si ce sage, ce saint, parait avoir renoncé à toute affection terrestre, c’est pour concen- trer toutes les puissances de son ame sur le seul être qui mérite intrinsèquement de les posséder toutes ; et le sommet sous le point de vue de la perfection, tant philosophique que chrétien, est d’en étre rendu a ce point, qu’aucune de nos affections ne s’écarte de son but véritable, et que le seul étre digne de les posséder, les ait tout entiéres! Et comme elles sont rares parmi nous, ces Ames d’élite qui, affranchies, pour ainsi dire, des faiblesses de l’huma- nité, n'aiment Dieu que pour Dieu, vont droit à lui, sans aucun intermédiaire, nous tombons dans la catégorie du plus grand nombre, qui portent leurs affections à leur auteur par une fouie de canaux différents que nous pré- sentent les créatures; nous sommes done enclins à nous attacher, à accorder nos affections aux milles et une choses qui nous environnent. Mais comme le cœur, très impres- sionable de sa nature, est borné dans sa puissance, il est rare que deux ou un plus grand nombre de ces affections puissent être tenues sur le même niveau, l’une ou l’autre finit par l'emporter et à dominer sur ses rivales. Et la vie, les recherches, les travaux d'un homme, seront d’autant plus appréciables, d'autant plus avantageux à l'humanité, que l'affection, la passion qui dominera chez lui, aura un but plus relevé, plus utile. C’est une marotte de célibataire, entend-on dire sou- vent. Les soins d’une famille, très souvent, ne laissent pas à l’homme marié la faculté de se livrer à son affection domi- nante, tandis que dans les célibataires, elle se montre, pour ainsi dire, en toute liberté. Cependant, si nous voulons étudier attentivement les personnes qui nous entourent, nous reconnaitrons que presque toutes, célibataires comme mariées, ont leur marotte. Celui-ci ce sont les biens- fonds qui lattachent, celui-là les beaux chevaux; l’un les peintures, les œuvres dart, l’autre les livres; l’un la pêche, un autre la chasse ; celui-ci ne voudra que de l’histoire, cet autre que de la poésie; lun se fera sécher sur ses vieux bouquins dans ses recherches archéologiques, un autre 46 LE NATURALISTE CANADIEN. n'aura de gout que pour les sciences naturelle etc. etc. Semblable à une pièce d’eau qui reçoit continuellement une nouvelle alimentation, il faut que notre cœur s'épanche par un côté quelconque. Nos affections, comme une vapeur comprimée, ne peuvent done se renfermer dans notre cœur ; il faut qu’elles trouvent une issue de quelque côté! Heureux si nous sommes assez sages pour permettre telle issue qui contri- buera à notre propre avantage et au bien de nos sembla- bles! Puisque marotte il nous faut, sachons donc la bien choisir. Il est certainement bien à plaindre le désceuvré qui n’a d'autre marotte que de courir les nou- velles et d’amuser les badauds! Et cet autre, qui ayant fait divorce avec les livres, fait des petits embarras de la vie son occupation principale ; qui de la cave au grenier, du hangar à l'écurie, passe tout en revue chaque jour ; qui suppute les bouchées de viande qu'il faudra mettre au po- tage et mesure le sel pour chaque assaisonnement, il ne mérite pas non plus une plus grande estime. Voulez-vous, vous surtout jeunes lecteurs, vous faire une marotte, qui, après les devoirs de votre état, puisse captiver votre atten- tion, de manière à vous mettre en garde contre loisiveté et la perte de votre temps? Choisissez-vous une étude en rapport avec vos gouts et vos aptitudes; et l'histoire na- turelle, entre toutes, vous offre une foule de surprises, de jouissances, que vous ne pouvez pas même soupçonner, si vous m'avez jamais mis le pied dans ses domaines. Et voulez-vous que cette étude vous devienne véritablement utile? voulez-vous vous attacher assez fortement à vos poursuites, pour vous mettre à l'abri du relachement, du découragement...? Commencez de suite une petite collection quelconque : insectes, plantes, minéraux, mollusques, etc. que vous ayiez tous les jours sous vos yeux les dépouilles de vos conquêtes passées, et rien ne sera plus capable d’ex- citer votre ardeur pour leur en ajouter de nouvelles, Non! notre peuple n’aime pas la lecture, ne lit pas! quel serait done le moyen de lui donner ce gout, de faire changer cet état de choses? C'est ce que nous examine- rons dans un prochain article. ÉCHASSIERS. 47 XMAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 11). I] Fam. des TANTALIDES. Tantlalide. Bec long, arrondi, très pointu et courbé, avec des es- paces nus près de la base. Doigts unis à la base par une petite membrane, particulièrement l'intérieur avec le mé- dian, ce dernier ni denté, ni pectiné. Un seul représentant de cette famille dans notre faunes et encore ne le rencontre-t-on qu’accidentellement. Gen. Ibis. Jbis. Mcehring. Bec très long, courbé ; fosses nasales s’étendant jusqu’à l'extrémité. Jambes nues jusqu'à la moitié, couvertes de plaques hexagonales. Doigt postérieur élevé. L'Ibis d'Ord. Zbis Ordii, Bonaparte ; Tantalus mexicanus, Ord. —Vulg. Zbis à reflets ; Angl. Glossy Ibis, — Longueur 20.50 pouces ; ailes 10 ; tarses 3.30; bec en dessus 4.30 pouces. D'un brun châtain à reflets purpurins, sommet de la tête avec le dos reflétant un vert mé. tallic. Front emplumé presque jusqu’au bec; ce dernier brun, avee la partie nue à sa base d’un bleu ardoisé. RR. Ce magnifique oiseau qui appartient aux Etat, du Sud, ne se rencontre que très rarement en Canada. On en a tué un aux Grondines en 1864, qui fait à présent par- tie du musée de Mr. J. M. Lemoine. On sait que l’Ibis blanc était classé parmi les dieux en Egypte, et recevait des adorations. Les chasseurs des Grondines ne semblent pas respecter du tout cette dévotion. III Fam. des CHARADRIDES. Charadride. Bec alongé, un peu contracté à l'endroit des narines, ayant assez de ressemblance avec celui des colombes. Le 48 LE NATURALISTE CANADIEN. doigt médian uni a l’extérieur par une petite membrane, le doigt postérieur manquant. Téte grosse, cou court, presque aussi gros que la tête. Ailes fermées dépassant la queue. Base du bec emplumée. Cette famille, dans notre fanne, renferme 3 genres qui ne se distinguent guere que par la coloration. Plumage tachote yy reve a sosvcvscscscess A. Charadrim, Plumage plus ou moins uniforme, non tacheté ; MED son Site sn ss s0+cnuvesqyecen dans os AS RATE ASG cp Tis eas a an s nov Buses 1e (AUCH ATOLL. I. Gen. PLUVIER. Charadrius, Linné. Plumage d’un gris jaunâtre, tacheté ; jambes d’un vert bleuâtre. Point de collier au cou. Queue avec bandes transversales. Tarses & bas des cuisses uniformément réticulés. Le pluvier doré. Charadrius virginicus, Borch, Ch. pluvialis, Wils. Ch. marmoratus, Wagl.—Ang!. Golden Plover ; Bull-Head.— Longueur 9.50 pouces ; ailes 7; queue 2,50 pouces, Bee un peu court ; noir; jambes moyennes, d’un brun bleuâtre, point de doigt postérieur ; ailes longues. Dessus d’un noir brun avec taches cireulaires irrégu- lières d’un jaune doré, formant des barres transverses sur la queue. Dessous noir avec reflets brunâtres ou bronzés ; couvertures inférieures de la queue avec barres blanches. Front, bord de la partie noire du cou, avec les jambes, blancs, PA. & CC.—Le Pluvier doré, se montre surtout com- mun à l’automne, où on le rencontre fréquemment dans les champs, par bandes, à la recherche de vers et d’insectes dont il fait sa nourriture. Ce pluvier va faire sa ponte sur les grèves de la mer arctique, où un petit creux dans la mousse ou les lichens lui sert de nid. Il pond 4 œufs d’un bianc de crème, tachetés de points bruns foncés ou pour- pres, trrégulièrement dispersés. Aussitôt sortis de l’écaille, les petits se mettent à courir. Jeunes et vieux sont d’or- dinaire très gras à l’automne, mais leur chairne jouit pas généralement d’une grande estime. 2. Gen. AEGIALITIS, Boie. Plumage plus ou moins uniforme, sans taches circu- Jaires. Tête et cou avec des bandes noires; ventre brun. ECHASSIERS. 49 Devant des jambes avec écailles rangées verticalement, 2 ou 3 seulement en bandes transversales. 1. Le Pluvier criard. Aegiulitis vociferus, Cassin. Chara- drius torquatus, Lin. Oxyechus vociferus, Reich.—Anel. Kill deer.— Longueur 9.50; ailes 6.50; queue 3.50 pouces. Bee noir; bords des paupières rouges. Le sommet de la tête, le dos et le croupion bruns avec teinte verdâtre. Front avec une ligne au-dessus et au-dessous de l'œil blancs. Cou avec un large collier noir qui se répand en une bande de Ja même couleur sur la poitrine. Quelquefois toutes les plumes sont bordées de roux. A. RR.—Ce Pluvier appartient proprement au Sud et ne se montre que rarement sur nos grèves en automne. Il niche près des eaux, sur le sol; pond 4 œufs couleur de crème, tachetés de brun et de pourpre. 2. Pluvier sémipalmé. Aegialitis semipalmatus, Bonelli ; Tringa hiaticula, Wils.—Vuig. Pluvier à collier ; Angl. King Plover ; Semipalmated Plover.—Longueur 7 pouces; ailes 4.75 ; queue 2.25 pouces. Bec d’un jaune orange, terminé de noir; pattes jaunes. Des- sus d’un brun cendré avec teinte olive; front, collier autour du cou et tout le dessous, blancs ; une bande noire à travers la poitrine remontant sur le dos, en arrière de l’anneau bianc. Pennes caudales du milieu d’un brun cendré olivâtre, avec une bande sub-terminale noire terminée de blanc; les 2 extérieures blanches. ki. & CC.—Ce joli petit Pluvier se trouve sur nos grèves dès le mois d’ Aout où on le rencontre ordinairement en bandes considérables. Il niche sur les grèves, pond 4 ceufs cendrés tachetés de brun. On le trouve souvent en compagnie de notre allouette des rivages. 3. Gen. SQUATAROLE. Squatarola, Cuvier. Jambes avec 4 ou 6 écailles transversales en avant; un doigt postérieur rudimentaire. 1ère rémige la plus longue. Queue légérement arrondie. Le Squatarole Suisse. Syuatarola helvetica, Cuv. Tringa squatarola, Sim.—Vulg. Vanneau Pluvier ; Angl. Black-Bellied- Plover.—Longueur 11.50 pouces ; ailes 7.50; queue 3 pouces. Bec et jambes noirs, forts; ailes longues. Dessus blanc, presque pur et sans tache au front ; côtés du cou et croupion cendrés avec barres trans- versales brunâtres sur le dos, les scapulaires, et les couvertures alaires ; 50 LE NATURALISTE CANADIEN. tour de la base du bec, le cou en avant et le dessous du corps, noirs ; partie inférieure de l’abdomen, avec les jambes et le dessous de la queue blancs. A. & AC.—Le plus gros de nos Pluviers. Il paraît se plaire davantage sur les bords de la mer, et ne se montre sur nos grèves qu'en automne. Sa chair est réputée ex- cellente. Comme les précédents, il niche sur les grèves; les œufs sont au nombre de 4, d’un olive clair, avec taches noires. IV. Fam. des HéimaropopipEs. Homatopodide. 7 ; LL Bec aussi long ou plus long que la tête, à peine sinué à l’endroit des narines; celles-ci près de la base; sommet non arqué ni courbé à la pointe. Un seule genre dans notre faune, Gen. TOURNEPIERRE. S/repsilas, Illiger. Bec à sommet droit, se terminant en pointe mousse Jambes à écailles transverses en avant; doigt postérieur allongé, atteignant le sol. Point de membrane entre les doigts. Queue arrondie. Le Tournepierre vulgaire. Strepsilas interpres, Ill. Chara- drius cinclus, Pallas.—Angl. Turnstone.—Longueur 9 pouces ; ailes 6 queue 2.50 pouces. Bec noir ; jambes rouges. Dessus varié irréga lièrement de noir, de roux foncé et de blanc. Tête et cou, blancs, avec de nombreuses stries et taches de brun foncé sur la couronne et l'occi- put. Le ventre, le dessous des ailes et la queue, avec le dos et le crou- pion, blancs. À. AC.—Le nom de ce Pluvier indique l'industrie dont il use pour se procurer sa nourriture, Faisant un levier de son bec, 1l tourne les petits cailloux du rivage pour saisir les vers et les larves qui y font leur retraite. Il nous ar- rive vers la fin de l'été. Il niche au Nord, sur les grèves; ses œufs sont au nombre de 4, d’une couleur olive, tachetés de brun. 20 D. 0- —— mnt PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 51 PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA: (Continuée de la page 6). 30. Gen. BemBipion. Bembidium. Menton transversal avec une dent médiane. Pénultième article des palpes très grand, en cône renversé ; le dernier très petit, aciculaire Tête médiocre, légèrement rétrécie en arrière. Les 2 articles basilaires des antennes glabres, le 3e pubescent. Jambes antérieures non dilatées ; les 2 premiers articles des tarses antérieurs des 4 dilatés, le ler plus que le 2e, Elytres avec stries scuttellaires, des stries suturales n'étant pus recourbées au sommet. Corps plus on moins déprimé, glabre. Les Bembidions sont tous des insectes de petite taille, qu’on trouve le plus souvent près des eaux; leurs habitudes du reste sont à peu près celles des autres Carabiques. Notre faune en compte un assez grand nombre d’espèces. Clef pour la distinction des espèces. A. Elytres de couleur uniforme ; a. Elytres marquées de fossettes carrés enfoncées ; Impressions thoraciques peu distinctes. 1. paludosum. Impressions thoraciques très distinctes, 2. ineguale. b. Elytres marquées seulement de points enfoncés ; c. Bord postérieur du prothorax oblique aux côtés ; Corps déprimé ; angles postérieurs du prothorax ASUS en. ME Chalceume Corps convexe; angles postérieurs du prothorax rectangulaires............. 4. nigrum. d. Bord postérieur du prothorax droit...... 5. simplex. B. Hiytres plus ou moins tachées ; e. Taches postérieures des élytres plus ou moins élargies ; 52 LE NATURALISTE CANADIEN. g. Deux taches distinctes sur chaque élytre; Stries fortement ponctuées …........... 6. lucidum, Stries faiblement ponctuées................ 7. rupestre. h. Taches dispersées en nombre variable ; i. Corps déprimé, assez large postérieure- ment ; Prothorax à côtés fortement arrondis 8. patruele. Prothorax à côtés presque droits... 9. variegutum, | j. Corps convexe ; élytres rétrécies posté- TLCUTEMENL se en croco si eroseñpsssrss LU DETSICOIONR f. Taches postérieures des élytres formant un gros point ; Point de tache à l’angle huméral de Pélytre 11. frontale. Une tache à l'angle huméral de l'élytre.… 12. maculatum. 1. Bembidion des marais. Bembidium paludosum, Panzer.— Long. .31 pouce. D'un noir bronzé ; prothorax presque carré, sinué postérieurement et strié de chaque côté, à angles postérieurs droits; élytres striées-ponctuées, ayant chacune 2 fossettes carrées enfoncées, la 4e strie sinuée. Dessous noir; pieds d’un vert bronzé obscur.—AR. 2. Bembidion inégal. Bembidium inæquale, Say.—Long. .30 pouce. D'un vert bronzé. Elytres à surface inégale, portant chacune 2 fossettes carrées enfoncées dans le 3e strie, la 4e sinuée. Dessous d'un vert foncé, pieds roux à la base. T'horaxæ à impressions très pro- noncécs.—C. sur les rivages. Se distingue du précédent, dont il n'est peut-être qu’une variété, par une taille plus petite, par les stries des élytres plue dilatées et les points plus évidents, et par les impressions de la base du prothorax qui sont et plus étendues et plus distinctes. 3. Bembidion cuivré. Bembidium chalceum, De Jean.—Long. 32 pce. D’un noir bronzé. Elytres à surface égale, portant chacune 2 points enfoncés dans la 3 strie. Prothorax presque carré, plus large en avant du milieu, rétréci en arrière, à angles postérieurs aigus et à bord postérieur oblique aux côtés ; corps fortement déprimé. Antennes brunes, le ler article roux. Dessous noir, pattes rousses à la base. —C. 4, Bembidion noir. Bembidium nigrum, Say. —Long. .28 pee. D'un noir pourpre. Corps assez convexe, ovalaire. Antennes brunes, bases et palpes roux. Prothorax un peu élargi en avant du milieu, ses angles postérieurs rectangulaires, son bord inférieur oblique sur les côtés. Elytre# striées-ponctuées, chacune avec 2 points enfoncés, Des- sous d’un brun foncé; pieds roussitres.—C. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 53 5. Bembidion simple. Bembidium simplex, Leconte.—Long. 19 pce. D'un noir légèrement bronzé. Corps très déprimé; élytres, presque carrées postérieurement, stries sans ponctuations, la 3e avec 2 points enfoncés. Prothorax à bord postérieur droit, fortement im- pressionné à la base, avec une ligne relevée aux angles postérieurs. An- tennes brunes. Dessous et pattes noirs, trochantins roussâtres.—C,. 6. Bembidion brillant. Bembidium lucidum, Leconte.—Long. .25 pce. Tête et prothorax d’un noir verdâtre brillant. Antennes brunes, rousses à la base. Prothorax cordiforme, marginé sur les côtés, avec une ligne relevée aux angles postérieurs. Hlytres d’un noir rous- sâtre, brillantes, striées-ponctuées, portant chacune une tache rousse allongée à l'angle huméral et une autre oblique au sommet, ces 2 taches se continuant souvent de l’une à l’autre. Dessous noir; pattes entière- ment rousses,—CC, 7. Bembidion des rochers. Bembidium rupestre, De Jean.— Long. .22 pce. D'un noir verdâtre. Antennes branes, rousses à la base de méme que les palpes. Prothorax élargi en avant du milieu, ponctué à la base. Elytres noirâtres, strices-ponctuées, les ponctuutions manquant au sommet et sur les côtés, la 3e strie avee 2 points enfoncés, une tache rousse longitudinale, sous-marginale, à l'épaule, une autre oblique au-dessous du milieu; dessous plus on moins foncé ; pieds rous- sâtre.—R. 8 Bembidion cousin. Bembidinm patruele, De Jean.—Long. .15 pce. Noir, tête et thorax teints de verdâtre. Antennes et palpes bruns, roussâtres à la base. Prothorax fortement élargi aux côtés, à angles pos- térieurs droits. Hlytres noires, lévèrement bronzées, variées de taches roussâtres, une tache principale à la base et une autre vers le sommet avec points et lignes irrégulièrement disséminées. La 3e strie avec 2 impressions ponctiformes ; stries des côtés oblitérées au sommet.—R. 9. Bembidion varié, Bembidium variegatum, Say —Long. .12 pce. Noir légèrement bronzé ; dessous noir, pattes roussâtres, Tête et pro- thorax montrant à peine une teinte verdâtre. Prothorax à peine rétréci postérieurement. Elytres à peine bronzées, portant chacune une grande tache près de l'épaule et une autre un peu en arrière du milieu, avec quelques autres plus petites irrégulièrement dissiminées.—Q, Cette espèce très rapprochée de la précédente, s’en distingue toutefois par le prothorax presque carré, très peu rétréci en arrière et par les taches des élytres plus arrondies, etc. 10. Bembidion versicolor. Bembidinm versicolor, Leconte, — Long. .10 pce. Tête et prothorax noirs; antennes et palpes bruns, 54 LE NATURALISTE CANADIEN. plus clairs A la base; dessous noir, pattes roussftres. Pvothorax ré- tréci en arrière, à côtés déprimés. Æ/ytres convexes, rélrécies en arrière, portant plusieurs petites taches rousses irrégulières, Ja plus grande un peu en arrière du milieu, couvrant 4 interstices, divisée par les stries brunes.— A. R. Un corps plus convexe, et la tache des élytres en arrière du milieu divisée par les stries, distinguent cette espèce des précédentes, Bembidion frontal. Bembidium frontale, See.—Long. .11 pee. Tête et prothorax noirs; antennes brunes, rousses à la base de même que les palpes ; dessous noir; pattes jaunâtres. Thorax rétréci posté- rieurement. Elytres d'un brun roussâtre, brillantes, portant un gros point jaunâtre en arrière du milieu, avec le sommet de la même cou- leur.—R. 12. Bembidion quadrimaculé. Bembidium 4-maculatum, Linné. —Long. .11 pee. Tête et thorax noirs; antennes et palpes bruns; dessous noir; pattes jaunâtres. Elytres uoires, avec un gros point jaanâtre en arrière du milieu et une tache de la même couleur à l'é- paule—CC. 31. Gen. Tacuys, Tuchys, Ziegler. Prothorax plus ou moins carré ; élytres en ovale peu allongé, sou- vent assez courtes; stries extérieures le plus souvent effacées, Re ons re se recourbant à l'extrémité. Les Tachys, qu'on a séparés des Bembidions, ont avec eux beaucoup de ressemblance. Ce sont aussi des insectes de très petite taille, 1. Tachys nain. Tachys nanus, Schaum.—Long. .10 pee. Noir ; prothorax carré, à angles postérieurs droits ; élytres ovales oblongues, avec 4 stries dorsales, les externes peu apparentes, et deux points en- foncés ; base des antennes, jambes et tarses d'un noir brun ; cuisses d’un noir brun-—C 2. Tachys queue-jaune. Tuchys flavicauds, Say.—Long. .08 pee. Brunâtre; antennes, labre et palpes d'un roux pâle ; thorax d'un brun foncé, en carré, plus large au milieu, non contracté en arrière, à angles postérieurs droits, le bord postérieur droit. Elytres noirâtres, depuis le milieu au sommet, d’un blane jaunâtre ; stries sans ponctua- tions, manquant aux côtés, interstices convexes; pieds d'un roux pâle. —C. 3. Tachys recourbé. Tachys incurvus, Say.—Long. .08 pce. Brunâtre ; tête et prothorax noirâtres; antennes jaunâtres; thorax à ligne dorsale peu marquée, celle de la base profonde et ridée, bord pos- térieur ondulé. Elytres pâles, à strie suturale profonde, les autres LISTE DES ABONNÉS AU “ NATURALISTE CANADIEN.” 55 oblitérées ; stries scutellaires distinctes. Une bande jaunâtre partant de l'épaule et qui va en s’élargissant jusqu'à couvrir la sommet de chaque élytre. Dessous brunâtre; pattes jaunes.—C. La coloration des élytres et la forme du prothorax distinguent cette espèce de la précédente. (A continuer). Liste des abonnés au ‘‘NATURALISTE CANADIEN.” DANS LA PROVINCE DE QUEBEC. Tel qu’expliqué dans notre dernier numéro, nous donnons ci-dessous la liste de nos abonnés, comme marque d'honneur pour ces amis des sciences, et preuve de l'inté- rét qu ils portent au progrès intellectuel du pays. Institutions. Le Séminaire de Québec. se ‘ de Nicolet. Le Collége de Rimouski. 5 CENTRE des Trois-Rivières. de St. Hyacinthe. de Ste. Marie de Monnoir de 1/Assomption. de St. Sulpice, Montréal. « “ec [2 [a “ [a «de Ste. Thérèse. cc fe de Joliette. Le Couvent des SSrs. de Jésus-Marie Hochelaga. Le Couvent des SSrs. de Jésus-Marie, Lévis. L’école Normale Laval, Québec. + rh Jacques-Cartier, Montréal. L’ Ecole d’ Agriculture de Ste Anne. L’ Académie des Fréres, Québec. La Société littéraire et historique, Québec. L'Académie de Montréal. L’ Académie de M. Lacroix, Montréal L’école de Médecine, Montréal. L’ Archévéché de Québec. L’Evéche de Rimouski. Le Conseil Législatif. La Chambre d’ Assemblée. M. Archambault, Le Bureau de l’Instruction Publique. Le Bureau du Secrétaire Provincial. SE du Tresorier. CE du Procureur-Général. OL des Terres. 8 de |’ Agriculture. ce du Solliciteur Général. PARTICULIERS. Villes.--Québec. Son Excell. le Lt. Gouverneur. Hon. Juge Roy. “© Juge Taschereau. ‘6 Juge Casault. té "Le. Panet. ‘6 McGreevy. Révérend. J. Auclair. 66 F. X. Baillargé. oo G. Lemoine. de Z. Charest. ce L. Hamelin. . Landry. . Ahern. . Simard. . Tessier. . Meilleur. . Lemieux. . Catellier. . Rousseau. . Samson. Dr. L. H. Larue. H. G. Joly, Ecr. Avocat. 56 LE NATURALISTE CANADIEN. L. E. Deblois, Ecr. Avocat. L. G. Baillargé, * “ G. Amyot, a he GMT 1e 6 A. C. Morisset, ‘ ds Cc. N. Hamel. ‘‘ 66 P. L. Lemay, ‘‘ 2 le 2S A "7 vt G. Tessier, Ecr. Notaire. Philéas Huot, ‘ se J. B. Hamel, ‘ “ HT Snnard ee ge MM. F. E. Juneau, Insp. d'école. ‘6 C, Baillargé, Architecte. Alf. Leclerc, Pharmacien. ‘¢ J, B. Martel, % & J, B. Renaud, Commergant. 6 J. B. Cloutier, Professeur. «¢ EF, X. Bélanger, Taxidermiste. « P, Gauvreau, Architecte. À, Bélanger, Doreur. «© Q. Boulet, Et. en Médecine. & Jos. Fontaine, Graveur. « J. F. Falardeau, Bijoutier. “J. A. Langlais, Libraire. «© Oly. Samson, Sculpteur. & ©, Ducharme, Tailleur. ‘¢ Thos. Levasseur, Etudiant. ‘6 Montminy et Brunet Marchands. “© Jos. Rosa, Constructeur. & J, Huard, Menuisier. Montréal. Hon. Juge Mondelet. te “Beaudry. «© G, Ouimet, Proc. Gén. Sie i ON Deseaules. «© Chs. Wilson. «“ QO, Bureau. ‘© Taframboise. Rev. H. Verreau. Dr. J. A. Crevier. Dr. Codère. Dr. Rottot. 1 A. Leblane, Ecr. Shérif. Gonz. Doutre, ‘{ Avocat. F. Pominville ‘ d C. S. Rodier, * QU MM. F. H. Montmarquet. & Oct. Pelletier. ‘ J. Comte. “© W, H. Tétrault. & J, W. Marchand. “«“ Naz. Villeneuve. «“ J, O. Casgrain, Prof. «© J, Godin, & A, Lechevallier, Tadidermiste, «“ A, Lévèque, Architecte. & Hardoin Lionnais. J. D. Lionnais. Trois-Rivières. Hon. Juge Polette. Rév. C. O. Caron, V. G. Rév. Elp. Godin. Dr. L. A. Dubord. Nap. Bureau, Ecr Avocat. Sév. Dumoulin, Eer. Shérif. Rimouski, Rév. P. Sylvain. F. M. Derome, Ecr. Avocat. Alf. Blais. Ecr. MM. Alph. Lamontagne. «Alp. Couillard. Nicolet. Rév. L. T. Fortin. Rév. L. E. Bellemare. Joliette. Rév. P. Beaudry. Geo. Baby, Ecr M. C. C. G. DeLanaudiére, Ecr. St. Hyacinthe. Dr St. Germain. Dr. Mag. Turcot. M. Alex. Béliveau, Et. Sorel. Hon. Juge Loranger. tév. Millier, Vic. Gén. Berthier. Ls. Jos. Moll, Ecr. Campagnes. Vincent Martin, Ecr. Chicoutimi. F. X. Frenette, Ecr. Av. Malbaie. Rév. Chs. Richard, Château-Richer. Rév. M. Forges, St. Laurent, I. O. Rév. G. Tremblay, Beauport. Rév. T. Montminy ‘ Dr. Charest + Rév. F. X. Méthot, Laval. Rév. H. Gagnon, Ste Catherine. Dr. P. Larue, St Augustin. F. Savary, Ecr. St Raymond. Rvd L. E. Parent, Pointe-aux-Tremb. Rév. P. G. Clarke, St Bazile. Ulric Paquin, Ecr. Deschambault. Réy. L. A. Dupuis, Ste Anne. de Lapérade. D. N. Ste Cyr, professeur, “4 Dr J. B. Garneau, He Not. P. G. Beandry, (4 P. V. du Tremblay, Ecr Arp. “ LISTE DES ABONNÉS AU ‘‘ NATURALISTE CANADIEN.” Réy L. E. Panneton, St Prosper. (eo. Buist, Her. Ste Tite. Rvd J. H. Dorion, Yamachiche- Rév N. Caron, Dr. Genand, St Jacques Fe Y Achigan. Not. T. Garault, St. Lin. Rév. Provost, St Henri de Mascouche. J. L. DeBellefeuille Her St. Eustache. Rév.S. Tassé, Ste. Schoiastique. J. Berthelot, Ecr. us J. H. Bellerosse, Her M. P. P. St Vin- cent de Paul. Rév. F. Bourgeault, Pointe-Claire. Coutlée, Ecr. Shérif, Aylmer. C. B. Rouleau, Ker. Insp. d’école. Rév. Bélanger, Rigaud. hey. A. Martineau, Longueil. Hon. €. De Boucherville, Boucher- ville. Dr. F. Painchaud, Varennes. ° B. A. Craig, Ker. St. Antoine, Riv. Chambly. C. Loupret, Ecr. Av. St. Athanase. Dr. Franchère, Ste. Marie de Mon- noir. L. E. Laberge, Ecr. Ste Marie de Monnoir. F. G. Bouthillier, Ecr. Ste Marie de Monnoir. W. D. Chatters, Ecr. St. Césaire: Ant. Racicot, Eer. Jos. Chicoine, Ecr. St. Pie Régis Renaud, Eer. St Dominique. N. D. D. Bessette, Ker. N. D. du Ri- chelieu. Rev. L. C. Wurtele, Acton Vale. Rey. Guilbert, St Théodore d’ Acton. Dr. Mignault, St Michel d’Yamaska. Rév. P. Marchand, St Thomas de Pierreville. Dr. C. Gill, St. Thomas de Pierreville Jos. A. McDonald, Ker. ‘ 6“ Allan B. Côté, Ecr. St François du Lac. Not. St. Cyr, Ste Monique. Rev. S. Malo, Bécancour. A. Rho, Her. Artiste ‘* S. Desilets, Ecuyer *f Not. H. Tourigny, Gentilly Ov. Méthot, Ecr M. P. P. St. Pierre Les Becquets. 57 Rév. L. Lahaye, St. Jean d’Eschail- lons. P. C. Levasseur, Ecr. ‘‘ GC Not. Ths. Bédard, Lotbinière. C. Vidal. Ecr. Avoc. ‘ Rév. S. Belleau, Ste. Croix. Dr. T. Larue, Compton. Dile. A. Cormier, Instit. Wotton. L. E. Pacaud, Ecr. Avo. Arthabaska. L. Crépeau, Ecr. Avocat Not. F. Côté, Of Not. J. Pratte, Stanfold. Rev. D. Matte, St. Calixte de Somer- set. Rey. J. Bernier, Halifax. Rev. T. Bernard, Ste. Julie. A. Rousseau, Ecr. Lyster. Rév. M. Huot. Ste Agathe. Rév. Ed. Fafard, St. “Sylvestre. ACT Bussières, Ecr. St. George (Beauce.) L. Proulx, Ecr. St. François (Beauce. Rév. Ls. ‘Poulin, St. Isidore. A. Esnouf, Ecr. St Joseph de Lévis. Rév. J. B. Grenier, St. Henri. Rév. E. Poiré, St. Anselme. Rév. W. Richardson, St. Malachie. Rév. E. Dufour, St. Lazare. Geo. Tanguay, Ecr. Insp. d’école, St. Gervais. Dr. Lebel, St. Gervais. Rév. D. Martineau, St. Charles. Rév. A. Campeau, Beaumont. P. Forgues, Ker. St. Michel. M. Fontaine, Instituteur, St. Valier. Rév. M. Paradis, St. Raphael. Phil. Landry, Ecr. St Pierre du Sud. J. Oliva, Ecr. Av. Montmagny. Rév. P. Girard, Isle aux Grues. J. O. Giasson, Eer. L’Islet. P. T. Dupont, Ecr. Village des Aulnets. Hon. Elisée Dionne, Ste Anne de Lapocatière. Rév. H. Potvin, St. Denis. Chs. Déry, Ecr. Kamouraska. Rey. J. O. Simard, St. Epiphane. Rév. S. Marceau, St. Simon. Rév. J. Arpin, Cap-Chat. Pour les états étrangers, où nous comptons des abonnés, ils se rangent dans l’ordre suivant, eu égard à leur nombre respectif : Ontario, New-York, Illinois, Nouveau-Brunswick, Isle du Prince-Edouard, Massachusetts, Vermont, Pennsyl- 58 LE NATURALISTE CANADIEN. yanie, Maryland, District de Columbia, France, Angleterre et Belgique. Comme on peut le voir, les villes de Lévis, Sherbrooke, St. Ours, St. Jean, Beauharnois, Terrébonne et Lachine ne sont pas représentées dans notre liste. A part les institutions, nos abonnés pour la province de Québec se divisent comme suit, sous le rapport de leur état ou profession. Eecclemashques.... ... ohne ee 63 | Graven, obese. 707 earn die Médecin nu bu f° 82 | DORE RE 1 AVOCATS ie ies Se ane « 30 | Bijoutier. 2e re etter 1 MOMIE eA, es ae ee 25 | Constructents:.cavsnedes-& 0 + EP ee A NOS CORRESPONDANTS. Nous offrons nos plus sincères remerciments au Cowr- rier de St. Hyacinthe et au Daily Mercury de Québec, les seuls journaux qui aient bien voulu mentionner notre renouvellement d'année, et nous faire des souhaits de succès à cette occasion. Nous sommes bien convaincu que ce n'est pas par parti pris qu'on garde dans la presse le silence à notre égard, lorsqu'on montre tant d’empressement a signaler chaque mois les publications purement littéraires, telles que L'Echo du Cabinet de Lecture, La Revue Cana- 66 LE NATURALISTE CANADIEN. dienne elc., mais ce n’en est pas moins une preuve du peu de vas que l’on fait de l'étude des sciences et de l’apathie commune pour les publications qui en traitent. Disons aussi qu'un bureau de journal ne se se bornant pas d’ordi- naire à une seule individualité, on conçoit à peine qu’une publication scientifique puisse n’y être pas conservée, puisse même atteindre le panier sans avoir été ouverte, comme on le fait quelque part. Mais si d’un côté cette indiférence de la presse à notre égard est un peu propre à nous décourager, de l’antre, les chaleureuses félicitations, les marques d'intérêt de corres- pondants particuliers sont bien capables de soutenir notre zèle et de nous provoquer à de nouveaux efforts. Nous n’avous jamais compté sur le grand nombre, et nous triom- phons du moment que nous pouvons numérer un adepte de plus par-c1 par-là, parce que nos vues ne portaient pas plus loin. Le Rév. Mr. P. nous écrit de $. P., en date du 21 Jan- vier: “ Permettez-moi, en passant, de vous féliciter sur Vheureuse idée que vous avez eue d'aborder la beile science de la Géologie, dans votre feuille. Vous faites plaisir en cela, j'en suis sur, à plus d’un de vos lecteurs, qui comme moi, n’en savent pas bien long sur le sujet, et qui sont heu- reux de compléter, à temps perdu, leurs courtes études de physique.” Nous pourrions citer pas moins de trois autres lettres, à peu près dans le même sens ; et la capacité bien connue de nos honorables correspondants nous autorise à croire que la bienveillance n’a pas été seule à inspirer de tels compliments, Qu'ils veuillent bien agréer nos plus sincères remerciments. Rév. Mr. D. St. Boniface.—Le papillon transmis est la Piéride de la rave, Pieris rape, vulgairement le papillon du chow. Rien de surprenant que ce papillon ait pu se mon- NATURALISTES CANADIENS. 67 trer dans vos appartements en plein Janvier. Les larves de la Piéride pénètrent souvent à l'automne dans les appar- tements, et s'y chrysalident derrière quelque meuble ou dans quelque coin peu remarqué. La chaleur du poële leur amenant un printemps factice, les fait souvent ainsi éclore en plein hiver. L’échantillon transmis est d’une très petite taille, ce qu'indique que la larve, renfermée dans votre bureau, n'aurait pu trouver de nourriture pour son parfait développement. Vous pouvez voir dans le NATURALISTE, vol. I, page 13, l'histoire de ce papillon. Ayant nous même recueilli un cocon d’assez fort volume lautomne dernière, que nous croyions être celui du Polypheme, Saturnia Polyphemus, Fabr. nous ne fûmes pas peu surpris de trouver le 12Janvier dernier, un magnifique Luna, Saturnia Luna, Drury, accroché aux livres de notre bibliothèque, où nous avions déposé le cocon. Le Luna est un superbe papillon d’un beau vert tendre, portant au milieu de chaque aile, un ceil hyalin bordé de blanc et de roussatre. Cet individu, une femelle, mesurait 42 pouces de l'extrémité d’une aile à l’autre. Nous en avons déjà vus de bien plus forte taille. NATURALISTES CANADIENS. Tel qu'annoncé dans notre dernier numéro, nous don- nons, ci-dessous, la liste des Naturalistes qui se sont spécia- lement occupé duCanada; comprenant dans ce nombre non- seulement les résidents qui ont fait une étude spéciale de ses productions naturelles, maisencore les étrangers quil’ont visité dans ce but, ou qui, munis de documents recueillis par d’autres voyageurs, en ont écrit spécialement. Nous ne possédons sur plusieurs que des données bien incom- plètes, mais les jalons étant une fois posés, nous pourrons 68 LE NATURALISTE CANADIEN. peut-étre plus tard avoir des documents pour remplir les nombreuses lacunes que nous sommes force de laisser voir. 1. Sagard. 1632.— Le premier sur laliste, par ordre de date, est le père Récollet Gabriel Théodat Sagard, qui vint en Canada en 1624 et y demeura jusqu'à la prise de Québec par Kirtk en 1629. Le Père Sagard publia à Paris en 1632 son premier ouvrage, portant pour titre: Le grand voyage du Pays des Hurons, situé en Amérique, vers la mer douce, et derniers confins de la Nouvelle-France, dite Canada, ov il est traité de tout ce qui est du pays, des mœurs et naturel des Sau- vages, de leur gouvernement et façons de faire, tant dans leur pays qu'en allant en voyage ; de leur foi el croyance, avec un dictionnatre de la langue Huronne. Le titre seul de cet ouvrage, à défauts d’autres rensei- gnements, serait une preuve convainguante de la naiveté du bon religieux, qui, comme l'ont noté quelques écrivains, savait mieux parler qu'écrire, et s'entendait mieux à ensei- gner le catéchisme qu’à faire de l'histoire. En 1636, le P. Sagard publia son grand ouvrage : Histoire du Canada, et Voyages que les frères Mineurs Recollets y ont fails pour la conversion des infideles, où est amplement trailé des choses principales arrivées dans le pays depuis l'an 1615 jusqu'à la prise qui en a été fuile par les Anglais. Le 3e livre de ce dernier ouvrage traite spécialement des productions naturelles du pays, et renferme le retour de l’auteur en France. Ni très instruit, ni observateur pro- fond, et d'une crédulité extréme, les données du bon reli- gieux sont très imparfaites, attendu surtout que la nomen: clature scientifique n'étant pas encore née alors, la clarté souffre souvent du défaut de concision dans les descrip- tons. 2. Cornuti, 1635 —Jacques Philippe Cornuti on Cor- nut, médecin du rei, publia à Paris en 1635 : Canadenstum Plantarum, aliarumque nondum editarum Historia, dans la- quelle 11 donne la description de 40 de nos plantes non encore decrites, accompagnant son texte de planches pour une plus facile intelligence. Charlevoix qui vint après lui, n'a fait pout ainsi dire que copier Cornuti en le traduisant NATURALISTE CANADIEN, 69 et en y ajoutant quelques espéces nouvelles. Deux de nos plantes sont destinées à éterniser la mémoire du botaniste médecin de Louis XIII, la première est un Pigamon, qu'il avait nommé Thaliclrum Canadense et que Linné pour l’honorer, a nommé de son nom Thalictrum Cornuti; la seconde est notre Cofonnier, comme nous l’appelons vul- gairement. Linné lui avait donné le nom de Asclepias Sy- riaca, parce qu'il le croyait identique avec une plante du même genre originaire de l'Asie mineure, mais Mr, Decaisne ayant constaté que les deux plantes formaient deux espèces Fig. 2 Ine. 2—1, Bouton de l’Asclépiade de Cornut (Asclepias Cornuti). 2, Fleur épa- nouie ; le calice et la corolle réfléchis laissent voir la couronne stiminale. 3, Un des 5 appendices de cette couronne vu de côté, avee la corne qui sort de la cavité. 4, Sec- tion verticale d’une fleur (privée de la couronne staminale) à travers le tube des éta- mines, le stigmate si épais, les ovaires, ete. 5, Flour avec le calice, et les ovaires qui ont déjà pris de l’accroissement, couronnés par leu: commun stigmate, aux angles du- quel pendent par paires les masses polléniques échappées des loges des anthères. 6, Le fruit. 7, Section transversale du même avant la maturité. 8, Placentaire détaché du fruit et couvert de graines. 9, Graine avec son aigrette, coupée transversalrment. 10, Section verticale de la même parallèlement aux cotylédons, 11, Autre section ver- ticale perpendiculairement à la face des cotylédons. 70 ' LE NATURALISTE CANADIEN, différentes, Ini donna le nom de Asclepias Cornuti, qu’elle porte aujourd'hui et dont nous donnons ci-dessus la figure de la fleur et de ses différentes parties. Cornati qui était fils d’un médecin de Lyon, n’est jamais venu en Amérique, et n’a peint nos plantes que sur c'lles qu'on cultivait dans le jardin de Vespasien, à Paris. Li mourut assez tristement. Les disciples d’Esculape étaient alors partagés en deux camps, les uns pour et les autres contre l'émétique. Cornuti qui comptait comme un des chefs parmi les premiers, en administra une dose, dans une atlection comateuse, à une dame d’ Aligre, grosse de 2 mois; et elle mourut deux heures après l'avoir prise, dans d’hor- ribles souffrances Gnui-Patin qui était alors doyen de la faculté, assembla un comité pour y faire comparaître Cornuti, mais le malheureux, écrasé par la douleur et le dépit, mourut quelques jours avant le moment fixé pour la comparution. A Cornuti revient l'honneur d’avoir écrit la première Flore des environs de Paris: Ænchiridion Botanicum Pari- siense. 3 Boucher, 1664. - Pierre Boucher était gouverneur des Trois-Rivières. Comme Chasseur passionné, il donna une attention toute particulière aux productions naturelles du pays, particulièrement à ses animaux. Il consigna ses observations et ses études dans un ouvrage qu'il publia en 1664 sous le titre de: Histoire naturelle et vérilable des pro- ductions de la Nouvelle-France. Cet ouvrage, assez peu con- sidérable, a été aussi largement mis à contribution plus: tard par le P. Charlevoix. La famille de Pierre Boucher n’a pas encore, tant s’en faut, répudié le culte des lettres, puisqu'elle compte encore aujourd’hui parmi ses membres plusieurs hommes de plume très distingués, tels que Mgr. l’Archévéque de St. Boniface, le Dr. J. C. Taché, Honorable de Boucherville, Président de notre Conseil Exéentif, son frère l'auteur de Une de perdu deux de retrouvées etc, 4 Charlevoix, 1744.—Le P. Charlevoix, qui appar- tenait à la Société de Jésus, publia en 1744 une Histoire NATURALISTES CANADIENS, 71 Générale de la Nouvelle France, après avoir préalablement visité et étudié notre pays. Joignant les observations qu'il avait pu faire en passant aux notes et mémoires de ses dévanciers, il consacra un assez grand nombre de pages de de son ouvrage, à faire connaître les animaux et les plautes de notre pays, ajoutnant meme des illustrations au texte pour une plus parfaite intelligence. La classification mo- derne n'étant pas encore en usage l’orqu'écrivit Charlevoix, pour favoriser l'étude de l'histoire naturelle, on est frappé, | en parcourant son ouvrage, de la sureté du coup d'œil de l'observateur étranger et de la justesse d'appréciation de de l'écrivain. Disons, cependant, que de nombreux Cents récents, aidés des procédes synthétiques de la classification, ne laissent plus guère aujourd'hui d'autre intérét que la curiosité à ces anciens écrits, relativement à l’histoire naturelle. . Le P. Charlevoix qui était né en 1682, mourut en 1761. Infatigable au travail, il laissa entre autres ouvrages, à part celui ci-dessus mentionné : Vie de la mère Marie de L Incar- nation ; Histoire et description du Japon ; Histoire du Para- guay ; Histoire de St. Domingue etc. 5. Kalm, 1749.—Pierre Kalm, Suédois. né en 1715, peut etre considéré comme le premier naturaliste qui ait visité le Canada, si tant est que les auteurs ci-dessus dési- gnés ont traité des productions naturelles de notre pays plutôt en historiens ou en géographes, qu’en naturalistes proprement dits. Kalm, disciple du célèbre Linné, son compatriote, le père de la nomenclature moderne, était pro- fesseur d'histoire naturelle à Abo, ancienne capitale de Ja Finlande. Il visita l'Amérique de 1749 à 1751, sous les auspices de l'Académie des sciences de Stokholm, et en rapporta une foule de plantes qui enrichirent considérable- ment l’herbier de son illustre maitre, tout en lui fonrnissant - des matériaux précieux pour son Species Plantarum, le plus important de ses ouvrages. Kalm publia en Suédois, en 1755, l’histoire de ses voyages sous le titre: Voyage dans l Amérique Septentrionale, en 3 volumes in-8. Cet ouvrage qui renferme une foule de détails d'histoire naturelle des plus intéressants, fut ac- a2 LE NATURAiISTE CANADIEN. cueilli avec la plus grande faveur, et valut à l’auteur son admission à l’Académie des Sciences de Stokholm, la déco- ration de l’ordre de Wasa, et le degré de Docteur en théo- logie, ce qui lui ouvrait la porte aux bénéfices bien qu'il ne fut pas ecclésiastique. Cet ouvrage fut traduit en Alle- mand, en Anglais et en Hollandais. Kalm est mort en 1779. Linné lui dédia un genre de la famille des Hricacées, Æulmia, qui comprend deux espèces dans notre faune, une espèce du genre Lobelia, Lobelia Kalmii et une autre du genre Hypericum, Hepericum Kalmia- num. Nous avons aussi un Nénuphar qui porte son nom, Nuphar Kalmiana, mais la dédicace en est due à Pursh qui appartient à notre siècle. | Dés avant Kalm, quelques médecins du Canada, tels que Sarrrazin et Gaulthier avaient fait parvenir aux savants d'Europe des échantillons des productions naturelles du pays; et ces savants, par reconnaissance, firent porter les noms de ces observateurs à certaines espèces. Ainsi Tour- nefait créa le genre Sarracenia, en l'honneur du Dr. Sarrazin, et Linné celui de Gaultheria, en Fhonneur du Dr. Gaulthier bien que l’ortographe en ait été altérée. Alors comme aujourd'hui, les observateurs de la nature étaient si peu nombreux, que les quelques particuliers qui s'y dévouaient méritaient d’être signalés par quelque marque d’honneur, et nous devons savoir gré aux Linné, aux Tournefort etc. de nous avoir conservé ces noms en leur dédiant ces plantes Kalm visita Niagara en 1750, et il est le premier qui nous ait donné une description de la cataracte telle qu’elle se trouve à peu près aujourd'hui. La plus ancienne des- cription de cette merveille de la nature est celle du Père Jésuite Hennepin, en 1678 Mais alors la chute, ou plutôt les chutes, présentaient une toute autre apparence que celle d'aujourd'hui. Au lieu de 2 chutes il y en avait 3, c’est-à. dire qwalors la /able-rock, du côté Canadien, se prolongeait bien plus au large et bien plus loin en arriére de la chute, si bien que le courant d’eau prenant cette voie, venait'se ré- pandre dans le précipice en faisant un angle droit avec le fer-à-cheval actuel. Dans le grand herbier de Linné, toutes les plantes cueillies en Amérique par Kalm, sont désignées par la lettre k qu’elles portent.—(A continuer). LE Aatuvaliste Canadien Vol. V. CapRouge, MARS, 1873. No. 3 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, FAIRE LIRE. Les statistiques officielles sur l'éducation dans la Pro- vince, telles que publiées dernièrement, sont loin de donner satisfaction ; et si l’on veut de plus examiner attentivement ce qui se fait, se dit et se passe dans notre population, on reconnaitra sans peine que notre système d'instruction pu- blique exige impérieusement quelques changements pour devenir aussi efficace qu'il pourrait l'être. On ne lit pas! c’est un point admis de toutle monde, si on en excepte quelques rares sceptiques, qui aimant à se bercer de chimériques illusions, croiraient s’affaiblir en découvrant les maux qui nous tourmentent. Mais on oublie que c’est déjà un grand pas de fait vers la guérison, lorsqu'une maladie est connue jusque dans sa cause. Un certain correspondant de journal prétendait der- nièrement que notre peuple était aussi instruit que celui de la République voisine, par ce que, disait-il, en proportion du nombre, nous avons plus de personnes sachant écrire que nos voisins. Le fait fut-il bien constaté, que nous ré- clamerions encore contre l’avancé de ce correspondant, l’é- vidence étant là pour affirmer le contraire. L'instruction consiste certainement plus à savoir lire qu'à savoir écrire. Or, on lit aux Etats-Unis, et on ne lit pas ici. Donc on est plus instruit là qu’on ne l’est ici ! 74 LE NATURALISTE CANADIEN. Où sont nos journaux qu'on tire à 50 à 80 à 100 mille exemplaires? Nous n’en comptons pas même—nous par- lons des journaux en langue française —à 20,000 exemplaires. Or, pour qu’une telle quanté de matière à lire puisse se ré- pandre, il faut qu'il y ait des lecteurs. Bien plus, il faut qu'on prenne assez de gout, qu’on trouve assez d'avantages à la lecture pour qu’on s’empresse ainsi à en payer la ma- tière. ‘Et le seul fait de la diffusion des journaux dans un pays peut donner la mesure du degré d’instruction qu'y possède le peuple. Car on sait que la bibliothèque du peuple consiste plus dans le journal que dans les volumes. D'ailleurs, on n’ignore pas qu'aujourd'hui la gazette n’est plus simplement le porte-nouvelles de la localité : les sujets les plus relevés, les plus sérieux, les matières les plus inté- ressantes, les plus dignes de fixer l'attention, sont de nos jours traités dans les journaux. Donc voilà un peuple qui lit beaucoup, chaque individu pour ainsi dire y a son jour- nal? c’est un peuple instruit, qui a beaucoup de connais- sances, qui a les sources du progrès et de la prospérité entre ses mains. En voici un autre qui ne lit pas, chez lequel les journaux sont presque aussi rares que les livres ? c'est un peuple ignorant, les choses les plus communes sont des merveilles pour lui, le commerce, l’industrie, l’agricul- ture même ne peuvent que languir entre ses mains, il est en dehors de la route du progrès. Ecrire et ne pas lire! mais c’est une anomalie, un contre-sens! C’est le chasseur qui sait porter nn fusil, mais qui n’a jamais tué de gibier! Ecrire! mais tracer de vilains hiéroglyphes sur un papier pour désigner un nom plus ou moins bien orthographié, est-ce bien là ce qu'on peut appeler être instruit ? est-ce même là savoir écrire ? Non! ne nous y trompons pas; l'instruction pour le peuple ne consiste pas à pouvoir grafigner son nom d’une manière plus ou moius correcte au bas d’un document, dont bien souvent on ne pourrait pas même faire la lecture, mais bien à savoir lire assez correctement pour pouvoir en tirer avantage, s’en conserver le gout, élargir chaque jour le cercle de ses connaissances en puisant dans les journaux ou les auteurs. FAIRE LIRE. 75 Les statistiques constatent que, relativement au nombre d'enfants qui fréquentent les écoles, notre population peut supporter la comparaison avec la plupart des autres pays; comment se fait-il donc qu'on lise moins ici qu'ailleurs ? La cause en est, suivant nous, dans une lacune qui se trouve dans notre système d'éducation. Ce qui nous manque? ce sont les écoles d'adultes, les écoles du soir. Comparons ce qui se fait ici avec ce qui se passe aux Etats- Unis, nous pourrons plus exactement nous rendre compte de cet avancé. Nos écoles sont tout aussi bonnes, sinon supérieures, a celles de nos voisins. A 12 ans, 13 ans, nos enfants pos- sédent assez bien la grammaire, la géographie, l’histoire, le calcul même, souvent les réductions de fractions, les règles d'intérêt etc., ne les embarrassent en aucune façon. Jusque là toute est bien. Ils fréquentent l’école depuis 6 ans, 7 ans. Mais les voilà qui abandonnent l’école; qu’elle va être leur conduite ? Ils vont s’efforcer de se mettre de suite à la hau- teur de leurs ainés, des hommes faits. [ls apprendront aussi- tot à fumer, à se promener et à perdre leurs loisirs du dimanche et de leur soirées, dans des conversations futiles, dont les cancans du quartier feront presque toujours le thème, à en conter aux fillettes, tout en culottant leurs pipes, comme affaire de grande importance. Mais de lec- tures sérieuses, utiles, profitables ? il ne faut pas leur en parler ; le papier, les plumes et les livres sont restés à l'école, si bien que parvenus à 19 ans, 20 ans, bon nombre savent à peine signer leur nom d’une manière passable ; cependant c'était les premiers de leurs classes à l’école. Rien de surprenant; ils savaient quelque chose alors, mais ils le savaient en enfants, c’est-à-dire que la mémoire y pre- nait une plus large part que le jugement, l'intelligence. Et au moment où l’âge allait les rendre capables de s’assimiler les éléments qu’ils avaient puisés dans leurs leçons, on les a retirés de l’école, pour les tenir au travail pendant le jour, et les livrer à loisivité pendant les soirées. Ne sont-ce pas la des industriels, qui après avoir appris la théorie de leur art, ne se mettraient nullement en peine de se faire à la pratique ? Aussi on sait quels sont les résultats. 76 NATURALISTE CANADIEN, Passons maintenant aux Etats-Unis. La, comme ici, les enfants fréquentent les classes jusqu’à 12 ans, 13 ans. Mais compte-t-on leur éducation comme terminée du moment qu'ils ont abandonné les bancs de l’école? oh! non; ce n’est encore la qWune légère ébauche qu'il faut s’efforcer de suite de perfectionner. On les appliquera au travail durant le jour, mais on organisera des écoles du soir, surtout durant l'hiver, pour continuer leur éducation, après les heures de travail. C'est-à-dire qu’en même temps que la surabondance de vie de l'adolescent développera ses membres, fortifiera ses muscles, retrempera son tempérament par l'exercice du travail, le développement de l'intelligence se poursuivra dans étude; les ressources du génie seront provoquées à se faire jour, par les éléments des sciences qu’on mettra à leur portée; le caractère se formera, se redressera par les lecons et les exemples qu’on lui donnera; et tout ce feu de la jeunesse, qui dans son audacieuse impétuosité croit ne devoir reconnaitre aucun obstacle capable de l'empêcher de parvenir à son but, sera exploité par une sage direction, qui, sans rien lui faire perdre de sa puissance, saura le mettre à l'abri des écarts, et fixer son choix vers un but véritablement utile. A cet age, l'élève est capable de com- prendre que ce qu'on lui fait apprendre n’est pas de la pure théorie, dont il n’aurait nul besoin dans la pratique, il con- çoit déjà que le succès dans l'avenir quis’ouvre devant lui, dépendra entièrement de moyens, d’agents, que l'instruction seule peut lui fournir. Aussi, parmi les différentes matières des cours qu’on lui propose, choisit-il, de suite, celles qui occuperont son attention d'une manière toute particulière, parce que sur elles, il entend spécialement s'appuyer pour obtenir le succès dans la carrière qui a fixé son choix. De là cet empressement à prendre un abonnement à la publi- cation la plus en rapport avec le but qu'il a en vue, et son ardeur à la lecture, par ce que chaque jour il reconnait que l’horizon s’élargit devant lui, que sa vue peut se porter plus loin, que les nombreuses lacunes quil remarquait dans l’ensemble de ses connaissances, se comblent petit à petit, et qu'il entrevait dans l'étude la solution d’une foule de difficultés qui semblaient lui interdire le succès dans ses entreprises. FAIRE LIRE. 77 Les écoles d'adultes ou les écoles du soir, voilà pour nous le grand secret, le grand moyen, et nous oserions dire le seul efficace, de populariser l'instruction, de la faire prendre au peuple. Comparons l'intelligence, le génie à une terre que l’on offre au cultivateur. L’éducation de l'enfance correspond au défrichement de cette terre, et les écoles d'adultes répondront au drainage, aux amendements, à toutes les façons qu'un cultivateur habile sait don- ner au sol pour en tirer la plus grande quantité de produits possible. Et le moyen d'établir ces écoles du soir ? Nous pensons qu'il nest pas au-dessus de nos res- sources. Avec quelques changements dans le système sui- vi aujourd'hui, on peut l’atteindre facilement. Et d’abord nous maintenons les Ecoles Normales, soit sous la forme actuelle ou en les combinant avec des col- léges industriels, car si nous voulons des maitres capables, il faut de toute nécessité les former spécialement pour cette fin, et n/alier pas les recruter parmi ces écartés de collége, que leur incapacité ou d’autres raisons ont empêché de poursuivre leurs cours. Nous supposons donc que la plu- part des paroisses sont munies de bons maitres, du moins pour l’école centrale. Pourquoi le Gouvernement, sur cer- tificat des Commissaires dela localité, attestant que tel maitre a tenu pandant tant de mois, une école d'adultes fréquentée par au moins tant d'élèves, n’accorderait-il pas une allocation proportionnée au nombre desélèves? L’hon- néteté des Commissaires serait là comme garantie de rap- ports mensongers, et certaines mesures pourraient même être prises pour juger de l'efficacité de telle école et de ses droits a l'allocation. C’est notre conviction qu'avec un tel système en opération, avant 3 ans, on verrait des écoles du soir établies dans la généralité de nos paroisses. Et alors notre jeunesse, au lieu de passer ses soirées dans l’oisiveté et des causeries futiles, et souvent même dangereuses, irait chercher à l’école la nourriture intellectuelle quiseule fait les peuples grands et prospères. Et cela tout en se récré- ant; car, pour l’adulte, ce ne sont plus des leçons de ma- 78 LE NATURALISTE CANADIEN. tiéres scolaires qu'il faut livrer à sa mémoire, mais c’est son jugement, son intelligence qu'il faut s’efforcer de dévelop- per. Et pour peu qu'un maitre ait de capacité et com- prenne sa position, il saura varier tellement ses leçons orales, mettre dans ses causeries tant d'intérêt, que les élèves ne penseront que s'amuser en lécoutant, lors- qu'ils feront la plus profitable étude qu'ils pouvaient faire. 11 leur fera, par exemple, en leur parlant de géographie, l'histoire du peuple, des coutumes,des productions naturelles du pays dont il leur montrera les contours sur la carte. Ses problèmes de calcul seront toujours de ceux dont les besoins journaliers du cultivateur, du commerçant, etc., re- quierent l'application etc., etc. Et qui lempêchera aussi de les initier à la connaissance de tout ce qui parle à l'esprit et au cœur ? de leur apprendre à admirer la magnificence des œuvres du créateur, à observer la nature, et à semer ainsi dans leur intelligence les éléments de tout ce qui peut rendre la campagne utile, agréable, poétique ?.....- Ces jeunes gens, piqués par la curiosité, voudront tou- jours s’instruire de plus en plus, et devenus hommes faits, le gout de l’étude l’'emportera toujours chez eux sur loisi- veté, car une fois qu’on a ouvert le grand livre de la nature, la vie entière ne pourrait suflire à en épuiser une seule page. Et c’est ainsi, qu'on élèvera une nouvelle génération instruite, intelligente, éclairée, tout en faisant de bons et honnêtes citoyens, cultivateurs, commerçants, artisans ete. Mais les ressources, pour faire face à de telles alloca- tions ?...... Nous les trouverions dans les salaires des ins- pecteurs d’école, qui n’ont plus leur raison d’être aujour- d’hui, et que nous retrancherions de suite. En effet, les rouages de notre système d'éducation sont à présent en opération partout ; et ne se trouve-t-il pas dans chaque localité des commissaires pour renseigner ofliciellement le gouvernement sur l’exécution de la loi ?...... Le gouverne- ment pourrait aussi mettre quelques cleres de plus dans le Bureau de l'Education, pour sa tenue sur un pied conve- nable, et pour aller sur les lieux, comme députés-surinten- dants, toutes les fois que des difficultés sérieuses nécessite- raient une telle intervention. Ne sait-on pas d’ailleurs que — =. M ECHASSIERS. 79 Peificacité de l'inspection des écoles a toujours été relative à l'aptitude de l'inspecteur pour une telle mission, et que dans une foule de cas, cette charge n’était qu'une sinécure sans aucune utilité quelconque ? Le salaire des inspecteurs est de $21,000 annuellement, voilà déjà un appoint assez respectable. ' Nous joindrions à cette somme les $2,400 qu'on sacrifie chaque année pour la tenue des journaux de l'éducation, dont l'utilité est fort problématique, qui d’ail- leurs sont très peu lus et qu’on fait à coups de ciseaux dans les publications Européennes; avec ces deux sommes réu- nies on peut organiser des écoles du soir dans la plupart de nos paroisses. Nous croyons nous acquitter d’un devoir de citoyen en proposant des remèdes aux maux qu'on signale; nous livrons bien volontiers nos opinions à la discussion, et nous serons heureux si d’autres peuvent proposer des moyens plus efficaces que ceux que nous suggérons. FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. — (Continuée de la page 50). LES ÉCHASSIERS. V. Fam. DES RECURVIROSTRIDES. Recurvirostridæ. Bec déprimé, se terminant par une pointe recourbée. Narines s’ouvrant dans une rainure ne se prolongeant pas au delà du milieu de la mandibule. Pattes excessivement longues, cou très long et grèle, bec long. Un seul genre dans notre faune. 80 LE NATURALISTE CANADIEN. Gen. AvOCETTE. Recurvirostra, Linné, Doigt postérieur rudimentaire, les antérieurs unis par une membrane échancrée. Queue couverte par les ailes. L’Avocette d’Amerique. Recurvirostra Americana, Gmel. Rec. occidentalis, Vigors. — Angl. American Avoset.—Longueur 17 pouces ; ailes 9 ; queue 34; bec 33: tarses 34 pouces. Bec, ailes et jambes de longueur remarquable ; tarses comprimés ; queue courte, La tête et le cou d’un brun rougeître pâle, plus foncé sur la tête. Dos et couvertures alaires noirs ; scapulaires, extrémités des grandes cou- vertures, croupion, queue et dessous, blanes, le ventre souvent teint de rougeatre. Bec d’un noir brun ; jambes bleuâtres, E.R.—Cet échassier se montre assez rarement à Québec, bien qu’il pénètre jusqu’à la Baie d'Hudson ; il est beau- coup plus abondant à l'Ouest. L’Avocette construit son nid d'herbes sèches dans les hautes herbes qui bordent les rivages, et pond 4 œufs d’un olive foncé. VI. Fam. DES PHALAROPODIDES. Phalaropodide. Bec pointu, déprimé, 4 rainure se prolongeant au dela du milieu. Membrane des doigts échancrée aux jointures. Un seul genre dans notre faune. Gen. PHALAROPE. Phalaropus, Brissot, Bec trés déprimé ou aplati, plus large que haut, a pointe en forme de lance. Le Phalarope du Nord. Phalaropus hyperboreus, Temming. Tringa hyperborea, Lin. Lobipes hyp. Cuv.—Ang]. Northern Phalarope Long. 7 pouces ; ailes 44 ; queue 24; bec 1; tarses $ pouces. Bee eourt, droit, pointu ; ailes longues ; queue courte ; jambes longues. Tête et derrière du cou d’un gris cendré ; cou entourré d’un anneau d’un rouge ferrugineux brillant qui se prolonge de chaque eôté; le dos, les ailes et la queue d’un noir brunâtre, plus elair sur le croupion, mêlé à du rougeître brillant sur le dos. Grandes eouvertures terminées de blanc. Gorge, poitrine et ventre blancs, bee et jambes d’un brun foncé. E. R.—Ce joli petit échassier se montre assez rarement à Québec ; il est très commun sur les bords des lacs des plaines de l'Ouest. Ilest aussi bon nageur que coureur ; on le voit souvent sur l’eau à la chasse des mouches et autres NN OT NE = ECHASSIERS. 81 insectes. Ses œufs, au nombre de 4, sont d’un brun grisatre, largement tachés d'olive brunatre. VII. Fam. DES SCOLOPACIDES. Scolopacide. Bec généralement plus long que la tête, à rainure se prolongeant au delà du milieu. Jambes à écailles trans- verses devant et derrière. Doigts avec ou sans membrane non marginés jusqu'à l'extrémité. Doigt postérieur géné- ralement présent. Cette famille qui renferme un grand nombre d'espèces, se divise généralement en deux sous-familles comme suit : Bec couvert d’une peau flexible presque jusqu’à l’ex- trémité, qui est épaissie et élargie latéralement. Corps fort. Cou court et fort. Doigts générale- ment fendus jusqu'à la base. Ouverture de la bouche assez petite... .........,.,,e....... L, SCOLOPACINES Bec couvert d’une peau flexible à la base seulement, l'extrémité dure, cornée et atténuée. Corps assez grèle. Cou et jambes gréles et allongés. Doigts ordinairement avec membrane à la base. Ouver- ture’de la bouche large. 2... 4: ITU TOTANINES. Sous-famille DES SCOLOPACINES. Scolopacine. Bee corné seulement au sommet, renflé a l’extrémité, a machoires poreuses et sensibles. Jambes courtes, a partie nue tréscourte. Doigt postérieur généralement présent et bien développé (excepté dans Macrorhamphus). Cette sous-famille renferme 7 genres qu’on peut sépa- rer les uns des autres, par les caractères suivants : A. Bee à mandibule supérieure épaissie et recourbée sur l’inférieure à l'extrémité. Une rainune le long du sommet vers la pointe. Oreilles au dessous ou en avant des yeux. Queue non barrée ; a. Doigts fendus jusqu’à la base. Tarses plus courts que le doigt médian ; Cuisses emplumées jusqu’à la jointure ; ailes courtes; 4e et 5e primaires les plus GREC... lies ttes 2203 Ls, PHIROHELA, 82 LE NATURALISTE CANADIEN. Partie inférieure des cuisses nue ; ailes longues, les primaires extérieures les plus, Jlonpies..........,..... 2 wines GYALLINAGOs b. Doigts unis par une membrane à la base ; Tarses plus longs que le doigt médian. 3. MACRORHAMPHUS. B. Bee élargi en cuiller à la pointe ; mandibules non recourbées. Point de rainure près du sommet. Oreilles en arrière des yeux. Queue barrée ; c. Doigts fendus jusqu'à la base, ou avec une membrane rudimentaire ; Doigt postérieur présent. ......,........ 4. TRINGA, Doigt postérieur manquant. ... .......….. 5. CALIDRIS, d. Doigts avec une membrane distincte à la base ; Bec droit ; jambes courtes ; doigt médian égal au tarse..........esss se sscosoooe 6: EREUNETES. Bee légèrement courbé ; jambes longues ; doigt médian plus court que le tarse 7, MICROPALAMA. 1. Gen. BÉCASSE. Philohela, Gray. Tête, bec et yeux gros. Jambes courtes, emplumées jusqu’à la jointure. Doigts fendus jusqu'à la base. Ailes courtes, arrondies. Les 3 primaires extérieures très étroites, les 4e et 5e égales et les plus longues. Tarses plus courts que le doigt médian. Queue à 12 pennes. La Becasse petite. Philohela minor, Gray. Scolopax minor, Gmel. Rusticola, Vieill. Microptera Americana, Aud.—Angl. Ameri can Woodcock.—Longueur 11 pouces ; ailes 5; queue 21; bee 24; tarses 1} pouces. Bec long, comprimé, ponctué a l’extrémité, mandi- bule supérieure plus longue que l’inférieure et la recouvrant ; ailes moyennes, les 3 primaires extérieures très étroites ; queue courte ; yeux situés fort en arrière du bec. Bec brun, plus pâle et jaunâtre à la base. Occiput avec 3 bandes noires transversales alternant avec 3 autres d’un jaune roussâtre. Dessus varié de cendré, de roux, de jaune roussâtre de différentes teintes et de noir. Une large tache au front et à la gorge d’un rougeâtre cendré ; une ligne de l'œil au bee et une autre sur le cou au dessous de l'œil, brune foncée, Dessous d'un roux pâle, plus clair sur les côtés. Queue brune, terminée de cendré, souvent avec du blanc en dessous. f P. E. et CC.—Notre Bécasse, quoique portant le nom à à ÉCIASSIERS. 83 spécifique de petite, est cependant plus grande que notre Bécassine. Ce nom lui vient de sa congénère d'Europe qui a le double de sa taille. La Bécasse nous arrive en Avril, pour nous laisser à l'automne. C’est un oiseau éminemment nocturne, n’opérant ses migrations que de nuit. Bien que recherchant, comme les autres échassiers, le voisinage des eaux, on la trouve souvent dans les clairières des bois où elle fait sa ponte ; aussi les Anglais lui ont-ils donné le nom de cog des bois, Woodcock. Elle pond 4 à 5 œufs d’un brun clair avec des taches plus foncées au gros bout mélées à d’autres taches d’un pourpre pâle. La chair de la Bécasse est fort estimée. 2. Gen. BÉCASSINE. Gallinago, Leach. Bee aplati a la pointe. Doigt médian plus long que le tarse. Partie inférieure de la cuisse nue, et réticulée sur les côtés. Queue à 12 ou 16 pennes. La Bécassine de Wilson. Gallinago Wilsonii, Temm. Sco- lopax Gallinago, Wils.—Angl. Wilson’s Snipe ; English Snipe—Lon- gueur 103 pouces ; ailes5; queue 24; bec 24; tarses 14 pouces. Bec long, comprimé, aplati et bossué au bout ; ailes un peu longues ; jambes moyennes ; queue courte. Dessus brunâtre, chaque plame tachée et marginée de roussâtre, de jaunâtre, ou de blanchatre, le dos et le croupion montrant ces mêmes taches en bandes ; une ligne de la base du bec au sommet de la tête. Gorge d’un cendré rougeître. Dessous blanchâtre, avec barres brunes sur les côtés. Bords extérieurs des pri- maires blancs; queue brunâtre terminée de roux brillant avec une bande noire sub-terminale. Bec brun, jaunâtre à la base; jambes brunes. P. E. et CC.—Comme la précédente, la Bécassine nous arrive en Avril pour nous laisser tard à l'automne. Comme elle aussi elle opère ses migrations ge nuit. Son vol rapide et en zigzags, de même que sa chair si hautement prisée ont fait de cette oiseau une chasse de prédilection pour les sportmen de renom. La Bécassine fréquente les grèves humides du Fleuve et aussi les clairières des bois. où sou- vent elle y fait sa ponte. Elle se sert de son bec pour re- tourner les feuilles ou fouiller dans la vase, à la recherche de vers, de sangsues etc., dont elle se nourrit. Eile pond 84 LE NATURALISTE CANADIEN. 4 œufs d'un jaune olive tachetés de brun de difiérentes nuances au gros bout. 3. Gen. MACRORHAMPHUS, Leach. Tarses plus longs que le doigt médian ; une courte membrane entre les doigts médian et extérieur, à la base; pour le reste, mêmes caractères que la Bécassine. La Bécassine grise. Muacroramphus griseus, Leach. Scolopax grisea, Gmel.—Angl. Gray Snipe.—Longueur 10 pouces ; ailes 5 ; queue 23; bee 2}; tarses 1} pouces. Bec d’un noir verdâtre ; jambes de même couleur mais un peu moins foncée. Dessus varié de cendré foncé, de rougeatre léger et de noir, croupion blanc ; queue barrée trans- versalement de noir. Dessous d’un rouge brun, avec taches foncées et bandes sur les côtés. P. E. et R.—La Bécassine grise ou Roussette se ren- contre assez peu souvent sur nos grèves ; elle paraît préférer les rivages des eaux salées. On la rencontre rarement dans les bois. Les œufs de cette Bécassine, de même que son mode de construction pour son nid, n’ont pas encore été signalés, que nous sachions. (A Continuer). LE RENNE CARIBOU. Tarandus Hastalis, Agassiz. Par D. N. Sr. Cyr, de Ste. Anne de Lapérade. Cet animal ressemble au Renne du Nord dont nous avons parlé dans un article précédent, mais il est deux fois aussi grand que lui. Son bois est plus gros et plus court en proportion de sa taille. Il parvient d'ordinaire à une taille de beaucoup plus forte que celle du Cerf de Virginie, Cer- vus Virginianus, Say, qui pèse rarement plus de deux cents +. —- LE RENNE CARIBOU. 85 livres, tandisqu’un Caribou adulte pèse jusqu’à trois cents livres. Il a le corps robuste et lourd, le cou épais, les sabots minces, aplatis, larges et étendus, concaves fen des- sous, les sabots accessoires grands et minces, les jambes fortes, une brosse à peine perceptible sur les jambes de der- rières, les naseaux quelque peu ressemblants à ceux d’une vache, mais totalement couverts d’un poils délié et de lon- œueur médiocre ‘il n’a point de barbe, mais il a sous le cou une rangée de poils d'environ quatre pouces de longueur, pendant dans une direction longitudinale ; les oreilles pe- tites, ovales et revêtues de poils serrés en dedans et en dehors. A l’âge de deux ans et demi, son bois a quinze pouces et demi de hauteur; il est menu. Sur l’une des perches d’un Caribou de cet âge que j'ai eu la bonne for- tune d'examiner il y a quelques années, il y avait un an- douiller, et deux sur l’autre, tous de cinq pouces de lon- gueur ; le poil était délié et laineux ; les poils les plus longs frisés et ondés, et d’un et deux pouces de longueur. Le poil était blanchâtre à la racine, d’un gris brunâtre au milieu, et un peu plus foncé au sommet; plus blanc à la surface du cou qu'ailleurs. Cet animal avait le nez, les oreilles, la surface extérieure des jambes et des épaules brunatres ; une légère nuance de la même teinte en arrière des bras; les sabots noirs; le cou et la gorge d’un blanc terne ; une tache légérement blanchâtre sur les côtés des épaules; le front d'un blanc brunâtre ; le ventre blanc ainsi que la queue, celle ci avec une légère nuance de brun à l’origine et sur toute la surface supérieure; la surface ex- térieure des jambes brune, avec une bande blanche autour de toutes les jambes près des sabots atteignant les sabots secondaires ; le bois brun-jaunâtre, avec des taches blanches résultant de son frottement sur les arbres. Voici quelles étaient les dimensions de cet animal : Pds. Pes. Lig. Longueur du corps depuis le bout du mu- seau jusqu'à l’origine de la queue.......... Poneueur'deltqueue.:.!. nn in Pauteur'auépanles,.. 0.65. LMENUI, oUr Distance entre lestVeOUx.:....sccscessscecuscsenees SOU» oC and À © So oS 86 LE NATURALISTE CANADIEN. Pds. Pes. Lig, Longueur depuis le bout du museau jus- qu’au canthus inférieur de l'œil... 0 9 0 Longueur depuis le bout du museau jus- qu'à l'oreille Less serre ee ee Longueur des oreilles”... 1... 005000 La hauteur d’un Caribou adulte est de quatre pieds et demi et la pesanteur de sa carcasse, sans les entrailles, est de trois cents livres environ. Cet animal est extrémement farouche ; il sort rarement des forêts, mais en hiver, il se tient presque toujours dans les savannes et les plaines marécageuses où croissent en abondance les lichens et les petits arbrisseaux et arbustes dont il fait sa pâture. Le Caribou est remarquable par sa vitesse ; il marche, trotte ou galope avec autant de grâce que de rapidité. Bien des gens croient que cet animal surpasse même l'Elan par la rapidité de sa course; il fait, dit-on, des enjambées d'une longueur prodigieuse. Quand il se sent poursuivi, le Ca- ribou se dirige immédiatement vers une savanne ou un étang dont il suit le bord, se jette quelquefois à la nage, comme pour dépister les chasseurs, puis revient sur la terre ferme pour fuir de nouveau avec la rapidité du vent; d'autrefois ils’élance vers les montages les plus proches et les traverse par quelque vallon marécageux. Sil se voit trop pressé par les chasseurs, qui assez souvent continuent la chasse sans relâche pendant quatre ou cinq jours de suite, il va chercher sa sureté sur les pics les plus élevés des mon- tagnes qu'il gravit avec une agileté vraiment étonnante. La chasse est alors pleine de fatigues et de risques, et le plus souvent tous les chasseurs se sont arrêtés hors d’haleine avant que l'animal paraisse fatigué. Il arrive cepen- dant quelquefois que le chasseur tombe sur des pistes nouvelles, qu'il surprend le Caribou pendant quil est couché ou qu'il mange; il le tue alors sur place. Lorsque la neige n’est pas bien profonde, et que la glace des lacs n’en est pas encore couverte, l’animal,s’il se sent pour- suivi de trop près, dirige sa course vers l’un deux; et telle est la rapidité avec laquelle il court sur la glace, que si un ennemi se présente devant lui, il ne peut plus s'arrêter; il LE RENNE CARIBOU 87 s'écrase alors sur les hanches, et se laisse glisser dans cette position comique jusqu’à ce qu'il arrête de lui-même, alors il se lève et sélance dans une autre direction. Le Caribou une fois sur la glace, inutile alors pour le chasseur de con- tinuer sa poursuite. Si on examine la bouche et la gorge d’un Caribou nou- vellement tué, on les trouvera souvent remplies d’un mucus de couleur noirâtre, semblable à de la boue claire, mais qui paraît résulter des lichens noirâtres, en partie décomposés, dont l’animal se nourrit en hiver. Il est vraisemblable que ces matières sont refoulées dans la bouche et la gorge de l'animal par les convulsions de lagonie. Lorsque le Cari- bou est atteint durant la poursuite, il fait face à ses ennemis, prêt à combattre, il ne fait pas alors beaucoup attention au chasseur qui en profite pour s’en approcher et le tirer avec avantage. Si l'on doit croire ce que l’on rapporte du Renne de l'Ancien Continent, auquel le Caribou est si intimement allié que les Naturalistes ont été longtemps indécis sur Papropos de les considérer comme des espèces distinctes, on comprendra facilement quelles doivent être les fatigues qui accompagnent la chasse de cet habitant de nos forêts ; car pour ce dernier, une course de 25 à 30 lieues par jour ne parait requérir aucun effort extraordinaire. On affirme qu'en 1690, un Renne attelé sur un traineau, transporta un officier porteur d'importantes dépêches, une distance de huit cents milles en quarante huit heures. De tous les Cerfs, le Caribou est celui qui a le poil le moins fourni et le plus long, surtout autour de la tête et du cou, où il est si hérissé qu'il a presque l’apparence d’une crinière. C’est aussi celui dont la robe est le plus grisâtre : bien que d’un brun un peu foncé sur le dos, elle est, s'éné- ralement parlant, d’un brun clair fauve sur la tête et le cou, ou d’un gris basané, abondamment mélé de poils blancs. La chair est délicieuse, et le cuir, préparé d’une manière particulière par les sauvages, est le plus estimé pour les guêtres, les mocassins (souliers mous), etc. Quant aux habitudes de ce ruminant, nous dirons que, tandisque le Renne de la Laponie et de la Sibérie est le 88 LE NATURALISTE CANADIEN, moins farouche, et le plus docile des cerfs, le Caribou de l'Amérique en est assurément le plus féroce, le plus agile, le plus sauvage et le moins traitable. Aussi faut-il un chasseur d'une force, d’une agilité et d’une adresse plus qu'ordinaire pour chasser le Caribou. Les Sauvages seuls semblent être doués de la patience et de l’adresse néces- saires pour approcher le Caribou sans être découverts, car le flair de cet animal est si fin, qu'il peut reconnaitre la présence d’un être humain jusqu’à deux milles de distance du côté du vent, et cela sans être aperçu et sans éveiller le moindre soupçon qu'il est la. Une fois qu'il a pris l'alarme et qu'il s'enfuit, il est inutile de se mettre à sa poursuite. Autant vaudrait poursuivre le vent, tant sa fuite est prompte et son haleine a de portée. C’est en vain que le coureur des bois, monté sur ses raquettes légères, se mettrait à la poursuite du Caribou lorsque la terre n’est couverte que d’une couche de neige molle ou que la neige profonde est recouverte d’une croûte assez forte pour le porter. Monté lui-même sur les larges raquettes naturelles de ses jambes longues et élastiques, sur ses vastes sabots longuement fendues et résonnants, il vole plutôt qu'il ne court sur la croute de la neige qu'il effleure à peine de ses pieds. Là où le noble et gigan- tesque Elan s'enfoncerait jusqu'aux épaules et se débattrait en vain pour échapper à la poursuite de ses ennemis, et où le Cerf à la course légère tomberait désespéré et semble- rait implorer la pitié du chasseur, le Renne, ce navire des solitudes hyperboréennes fuit devant le vent parmi les pins et les mélèses de ses vastes domaines. On dirait le dromadaire, cet autre navire des déserts de l'Ancien Conti- nent, fuyant devant le brülant simoun du Sahara. Une fois que le Caribou est lancé, le chasseur le plus endurci à la fatigue et le plus agile peut renoncer à l'atteindre, car la chasse pourra durer un jour entier, voire même une semaine, deux semaines ; course effrénée, lutte de vitesse, de ruse, entre la victime et son persécuteur, jusqu'à ce qu'enfin une nouvelle couche de neige vienne dérober les traces du Caribou à la vue du chasseur découragé, qui n’est pas plus près de rejoindre l'invisible animal que le premier LE RENNE CARIBOU. 89 jour. Il ne reste au chasseur déconcerté que la lassitude, le désapointement et le sentiment de sa folle tentative. Voilà pourquoi les coureurs des bois, blancs ou sauvages, n’entreprennent cette chasse difficile et fatigante que lors- que la neige, d’une grande hauteur, est recouverte d’une mince couche de verglas incapable de porter cet agile et et infatigable Cerf. Alors seulement, la fuite devient telle- ment laborieuse, tellement harassante pour le Caribou, que force lui est de s'arrêter de temps à autres pour réparer ses forces épuisées. La fin de Février, ou le commencement de Mars, est le temps le plus propice pour la chasse au Caribou. C’est alors que des centaines de sauvages, et plus d’un descen- dant d’ Européen, s’enfoncent dans les forêts pour se livrer à ce rude exercice. Le moment le plus propice pour cette chasse, est après une petite neige, de 2 ou 3 pouces, sur la croute solide de l’ancienne ; cette nouvelle neige amor- tissant le bruit des raquettes, tandisque la croute de l’an- cienne lui offre un pied str, le chasseur peut alors pour- suivre le gibier avec silence et rapidité, deux conditions essentielles pour la réussite d’une telle chasse. Le chas- seur, penché en avant, se glisse, silencieux comme la mort, à travers les arbres, franchissant les collines et les vallons avec une agilité qui tient du prodige, il est sur la trace du Caribou, qu'il va peut être trouver errant dans une trom- peuse sécurité, ou broutant nonchalamment ses lichens ou les bourgeons des jeunes arbres, sans souci du danger qui le menace. Ce chasseur vieilli dans le métier juge à cer- tains indices, sûrs pour lui, mais inconnus au novice, de la distance de la proximité du gibier. Ila le plus grand soin de se tenir sous le vent, car la moindre odeur donnerait l'alarme au Caribou. Il approche toujours, de plus en plus vigilant, prend le troupeau à l’improviste, et en fait un horrible massacre, ou bien découvre bientôt que l'animal a pris l’alarme et s’est échappé. Il n’y a peut être pas un chasseur sur mille qui puisse marcher avec assez de légèreté, de silence, pour surprendre le Caribou dans les plaines. Les chasseurs viennent-ils à decouvrir un troupeau de Caribous, paissant au vent, ou 90 LE NATURALISTE CANADIEN. errant sans défiance, sans alarme; ils se placent en embus- cade aussi près du troupeau que possible, sans lui donner Péveil, tandis que l’un d’eux, après avoir observé leur allure, leur mouvement et leur direction, décrit un grand cercle sous le vent, jusqu’à ce qu'il soit arrivé à un mille ou deux en avant du troupeau, alors dans le plus grand silence, et avec les plus grandes précautions, il leur barre le chemin et leur donne le vent. C’est le temps critique de la chasse, car s’il fait le moindre bruit ou leur donne trop de vent, ou s'expose de manière a se faire apercevoir de quel- qu’un du troupeau, l'éveil est donné, les Caribous se dis- persent à l’intant, et,... adieu le gibier. Si au contraire il ne donne le vent que faiblement, gfaduellement et comme par hasard, les Caribous ne font que pressentir l'approche d’un danger encore éloigné, ils cessent de brouter, se tour- nent dans la direction du vent, et savancent à pas lents vers l’'ambuscade que leur flair ne saurait leur faire soupçonner dans de telles circonstances. Ni le chasseur a été assez heu- reux pour les amener à ce point, il les suit toujours avec les mêmes précautions, il avance pied par pied, pouce par pouce, en rampant,sans les presser, sans les hâter, et toujours dans le plus grand silence, ne leur donnant le vent que de temps en temps, et peu à la fois, de peur de les alarmer et de les jeter en confusion, jusqu’à ce quenfin arrivé à peu de distance de l’ambuscade, il se lève toute à coupen pous- sant un cri sauvage qui chasse les animaux dans la direction de la brise trompeuse et les précipite aveuglement sur les carabines meurtrières des compagnons qui se tiennent prêts à les recevoir. De toutes les ruses des bois, il n’y en a pas d'aussi difficiles à mener à bonne fin; il n'y en a pas qui exigent autant de combinaisons, de calcul, un œil plus vif et plus vigilant, un esprit plus sagace, un pas plus sûr et plus léger, l'instinct même de la ruse et un jugement plus prompt. Et quand le chasseur possède toutes ces qualités et qu'il approche Je Caribou avec assez d'art pour exciter l'admiration du flegmatique sauvage, ils ne réussit pas même encore une foisen cent. C’est pour cela que bien peu de chasseurs, même des plus habiles, osent entreprendre cette chasse dans de telles circonstances. Encore celui qui DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS, 91 en hasarde l’expérience le fait-il plutôt pour le plaisir de séprouver, et pour la gloire qui réjaillirait sur lui en cas de réussite, qu’avec V’espoir, et encore moins lattente, du succès, Le parcours géographique du Renne Caribou s'étend sur Vile de Terre-Neuve, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau- Brunswick, tout le nord de l'état du Maine, sur les deux côtés du fleuve St. Laurent vers son embouchure, et de là vers l’ouest dans la contrée inhabitée, située au nord de Québec jusqu’en arrière du lac Supérieur. Ce nest jamais vers le nord qu'il émigre en été, comme le fait le Renne du Nord, mais vers le sud, de sorte que les émigrations des deux espèces de Rennes ou Caribous de l'Amérique se font en sens contraire. Dans la province de Québec et au La- brador, le Renne-Caribou fréquente de préférence les pro- fondes solitudes des forêts, et comme il est plus grégaire que le Cerf de Virginie, il ne rôde pas, comme ce dernier, dans les champs ou les plaines déboisées. Dela le nom de Woodland Caribou que lui donnent les Anglo-Américains. Ce 2 DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS PAR LE DR. J. A. CREVIER, DE MONTREAL. (Conlinuée de la page 108, Vol. LI). 2. Bactérium chainette. Dacterium catenula, Dujar. Animalcules filiformes, cylindriques, longs de 0,003, à 0,004, épais de 0,0004 à 0,0005, * souvent assemblés par 3, 4 ou 5 à la suite l’un de l’autre par suite de la division spon- tanée, en chaînettes dont la longueur atteint, 0,02. Ces ani- malcules se rencontrent dans les matières animales en * Toutes les mesures en parlant des infusaires sont données en décimales de milli- mètre ; ainsi 0,003 exprime 3 millièmes de millimètre, 02 deux centièmes de milli- mètre etc. 6 92 LE NATURALISTE CANADIEN. putréfaction, dans les déjections des malades atteints de fièvres typhoides, et dans cette maladie communiquée aux Lapins aux moyens de l’inoculation. 3. Bactérium point. Baclerium punctum, Ehr. Animalcules de forme ovoide-allongée, incolores, longs de 0,0052 épais de 0,0017, à mouvement lent, vacillant, sou- vent ensemble par deux. Ils se développent dans diverses infusions de substances animales .Dans les animaux morts à la suite de l’inoculation de substances putréfiées se trouve un Bacterium punctum, large de 0,0016, et long de 0,004 à 0,002 4. Bactérium articulé. Bacterium triloculare, Ehr. Corps formé d’un certain nombre d'articles, pourvu à la partie antérieure d’une trompe vibratile, ayant le tiers de la longueur du corps, long de 0,0112 à 0,0056, épais de 0,002 à 0,005. C’est un des premiers êtres qui se forment dans les infusions putrides. 5. Bactérium de la pourriture. Baclérium putredinis, Davoine. Ce vibrionien parait différer spécifiquement des Bac- téries qui se produisent dans les matières animales en décomposition. Il se présente sous trois formes: 1° En corpuscules amorphes, infiniment petits et innombrables, constituant un tourbillon mouvant, dont la plupart des individus se perdent aux limites de la vision; 2° en fila- ments minces, courts, droits, quelquefois divisés en deux, atteignant au plus 0,005 de longueur, doués de mouve- ments senblables à ceux du Bacteri m termo; 3° en fila- ments généralement plus longs, et dont quelques-uns at- teignent jusqu’à 0,03 de longueur, semblables peur je reste aux précédents, qui les accompagnent toujours plus ou moins. 6. Bactérium grand. Bacterium capitatum, Davoine. Animalcules filiformes, rigides, terminés par une extré- x mité renflée, à mouyements vifs, non ondulatoires, longs DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRS CANADIENS. 93 de 0,01 à 0,15. Ils perdent leurs mouvements a une tem- pérature de 55° Cent. Ls se rencontrent dans les infusions putrides: 2e. Genre. Vibrion. Vibrio, Miller & Ehrenberg. Corps filiforme, plus ou moins distinctement articulé par suite d’une division spontanée imparfaite, susceptible d'un mouvement ondulatoire comme un serpent. 1. Vibrion linéole. Vibrio lineola, Miiller. Animacules diaphanes, cylindriques, un peu renflés au milieu, deux a trois fois plus longs que larges. Longs de 0,0033, épais de 0,00,13 à 0,0003. assemblés par deux ou trois en une ligne très mince, un peu flexueuse, longue de 0.007 à 0,01, et présentant seulement deux ou trois infléxions. On peut obtenir facilement cet infusoire, en faisant une infusion de chair avec de l’oxalate d'ammoniaque. Ce vibrion ressemble beaucoup au bacterium termo. 2e Vibrion tremblant. Vibrio tremulans, Ehr. Diffère trop peu du vibrion linéole pour qu'on puisse le regarder comme formant un autre type spécifique. 8e Vibrion rugule. Vibrio rugula, Müller. Animacules diaphanes, en fils alternativement droits ou flexueux, à 5-8 infléxions, se mouvant avec vivacité en ondulant ou en serpentant. Longueur 0,008 à 0,013 (non dé- ployés), épaisseur 9,0007 a 0,0008. Ce vibrion se rencontre dans les évacuations des personnes atteintes de diarrhée ac- compagnée de coliques. On peut se le procurer au moyen d’une infusion de mouches ou de colle de farine de blé ou autres céréales. 4e Vibrion prolifique. Vibrio prolifer, Ehr. Sous ce nom Mr. Ehrenberg indique une espèce, qui, suivant cet auteur, diffère du Vibrion rugule par son épais- seur d’un quart ou d’un tiers plus considérable, par son ’ 94 LE NATURALISTE CANADIEN. mouvement flexueux, plus lent, et par ses articulations plus visibles. 5e Vibrion serpent. Vibrio serpens, Müller. Corps trés allongé, filiforme, ondulé, suivant une di- rection, le plus souvent rectiligne, ayant 10 à 15 inflexions à angle obtus. Longueur 0,023 à 0,026. Epaisseur, 0,0007. Fréquent dans les infusions animales putrides. Il ressemble à une ligne très longue relativement à son épaisseur, serpentant à infléxions égales et laches. 6e Vibrion baguette. Vibrio bacillus, Müller. Corps transparent, filiforme, rectiligne, égal, à articu- lations fort longues, n'ayant que des mouvements d'in- flexion peu sensibles, pendant qu'il s'avance lentement dans le liquide et indifféremment en avant ou en arrière; paraissant souyent brisé à chaque articulation, Longueur d'un seul article 0,003 à 0,008, longueur totale jusqu'à 0,033 ; épaisseur de 0,0007 à 0,0010. Cette espèce se rencon- tre avec d’autres infusoires dans la matière blanche pul- peuse, qui s’amasse entre les dents quisont mal entretenues. Les vieilles infusions végétales, entre autres celles de foin, en produisent beaucoup, 7e. Vibrion lactique, Pasteur. Articles presque globuleux, très courts, un peu renflés aux extrémités; longueur d’un seul article 0,0016; dune série, 0,05 environ. On le rencontre dans le lait altéré. 8e Vibrion jaunâtre. Vibrio synxanthus, Ehr. Corps cylindrique, peu fléxueux, formé de corpuscules dépassant rarement le nombre de cinq; longueur de cha- que corpuscule 0,00073 à 0,00109. On le trouve dans le lait de vache altéré, auquel il donne une coloration jaune. 9e. Vibrion bleuâtre. Vibrio syncyanus, Ehr. Analogue au précédant. Dans le lait de vache aigri, auquel il donne une coloration bleue. DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS. 95 10e Vibrion butyrique, Pasteur. Il se présente sous forme de baguettes cylindriques, arrondies a leurs extrémités, ordinairement droites, isolées ou réunies par chaines de deux, de trois, de quatre articles, et quelquefois même d’avantage. Leur épaisseur est de 0,002 en moyenne ; la longueur des articles isolés varie de 0,002 jusqu’à 0,015 ou 0,02. On le rencontre dans le beurre aigri, ainsi que dans le petit lait, sous les mêmes conditions, lle Vibrion douteux. Vibrio ambiguus, Dujardin. Composé d’articles filiformes, raides comme ceux du vibrion baguette, mais beaucoup plus gros; diamètre 0,002, longueur 0,02; articulés par quatre, ou cing davantage. Ces vibrions simples ou bifides se meuvent dela même manière que les vibrions baguettes. On se procure ces vibrioniens en faisant une infusion de chair mêlée d’acide oxalique. 12e Vibrion subtile. Vibrio subtilis, Ehr. Il est formé de baguettes transparentes, allongées, très- déliées, droites, évidemment composées darticles globu- leux, et nageant au moyen de vibrations très faibles des articles; lesquelles vibrations ne changent pas la forme droite des baguettes. L’épaisseur est de 0,00112, et la lon- gueur de 0,062. On le trouve dans les eaux croupissantes décomposées. Ces deux dernières espèces ne doivent pas être considérées comme des Zoophytes, mais plutôt comme des Protophytes appartenant à la classe des Algues. (A continuer). 96 LE NATURALISTE CANADIEN. GEOLOGIE. ( Continuée de la page 65 ) VII 2°* ROCHES IGNÉES OU PLUTONIQUES. Roches Plutoniques formées par le feu; comment? Formation du monde. La Terre détachée du Soleil. La Lune détachée de la Terre. Terre d’abord en fusion; se coagule à la surface. La croute s'épaissit par l'intérieur. Roches intrusives à travers les terrains supérieurs. Comme nous l'avons déjà noté, les roches Piutoniques ou ignées n’ont pas été déposées sous l’eau, comme celles que nous venons d'étudier, mais doivent leur origine à l'action du feu. Des matières en fusion, sous l’action d’une chaleur extrêmement intense, auraient formé ces roches en se refroidissant. ŒÆElies ne sont done pas par conséquent stratifiées, mais se présentent sous la forme de masses con- sidérables, ne montrant que çà et là quelques fissures, oc- casionnées sans doute par la rétraction de ia masse en se refroidissant. Leur extrême dureté et leur composition de grains vitreux ou crystallins dénotent, à première vue, l'action du feu dans leur formation. Nous avons déjà dit que les roches ignées gisaient au dessus des roches aqueuses ou stratifiées; qu’elles com- posaient la couche la plus intérieure de la croute terrestre ; qu'il ne se trouvait pas de fossiles dans ces roches, parce que les êtres organisés n'auraient pu résister à la chaleur intense qui a présidé à leur formation. On de- mandera maintenant: comment les matières qui les com- posent ont-elles pu être ainsi amenées à subir l’action du feu? quelle chaudière ou fourneau a pu les contenir? où ce réservoir était-il situé ? Pour donner une réponse satisfaisante à ces questions, il faut nécessairement remonter plus haut, et prendre le monde au moment de sa formation, à sa sortie du néant. GÉOLOGIE. 97 Ici, comme en bien d’autres points, nous n'avons que des hypothèses, mais ces hypothèses sont appuyées de con- sidérations tellement concluantes, qu’elle ne laissent guère plus de place au doute, et pourraient même commander la conviction, si elles ne se partageaient en différentes bran- ches également probables. —Mais comment des hypothèses! est-ce que la bible ne nous donne pas l’histoire de la formation du monde ? — Non; pas précisément. La Genèse nous donne bien le récit de l’arrangement du monde, de son façonnement, mais non de sa formation. Qu’y lisons-nous en effet ? In principio creavit Deus celum et lerram, au commencement Dieu créa le ciel et la terre; voila tout ce qu’elle en dit. —Mais n’ajoute-t-elle pas que Dien forma le monde par parties, dans l’espace de six jours ? — Elle dit que dans l’espace de six Jours, qui sont des espaces de temps indéterminé, Dieu arrangea, disposa, amena le monde à l’état où nous le voyons aujourd'hui, car, ajoute-t-elle, cette terre créée de Dieu d’abord, in prin- cipio, était informe et toute nue, erat inanis et vacua. Et les lois imposées par le Créateur à la matière, et les termes mêmes de la Genèse, indiquent qu’il a dû s’écouler un long espace de temps entre le moment où Dieu créa la matière, le ciel et la terre, et celui où il se mit a la façonner; car il est dit : La terre était informe et toute nue, les ténèbres couvraient la fuce de l'abime et l'esprit de Dieu était porté sur les eaux. La terre était, les ténèbres couvraient, l'esprit de Dieu était. Ces expressions par l’imparfait n’expriment-elles pas un long espace de temps? Si ce n’ent ét5 que l'espace d’un moment, ou même d’un jour, que la terre sans forme dé- terminée fût couverte de ténèbres, est-ce que l’écrivain sacré se serait astreint à le noter?...... Il faut donc lire les premières paroles de la Genèse, comme si elles étaient ainsi formulées : Au commencement Dieu créa, tira du néant, la MATIÈRE du ciel et de la terre. Voyons maintenant comment cette matière créée de 98 LE NATURALISTE CANADIEN, Dieu a pu en venir a former les roches ignées qui nous oc- cupent pour le moment. Si, dans une belle soirée, nous portons nos regards vers le ciel, nous voyons briller des milliers de corps célesies, a contours préciset de forme déterminée, dispersés sans aucun ordre; et, épars parmi eux, nous remarquons des masses lumineuses de forme indécise, ne présentant a l’œil que des brouillards de teinte uniforme. C’est ce que nous appelons des lumineuses. Le télescope nous en montrera dans d’autres régions du ciel, à teinte un peu plus faible, parsemées de points où la lumière est au contraire plus intense. Ailleurs nous en verrons d’autres, où les points lumineux acquièrent plus d'intensité à mesure que le brouillard diminue. Enfin, nous en trouverons qui, comme dans les pléiades, nous mon- treront des agglomérations d’étoiles sans aucune trace de brouillard. Que peut-on conclure de là ? Sinon qu’une matière ré- pandue dans l’espace se concentre, en se condensant suc- cessivement, autour de certains noyaux, pour former ces corps lumineux qui roulent par myriades dans le domaine du Créateur ! Qui nous empêche de croire maintenant que telle a été l'origine, non seulement de la terre que nous habitons, mais de tous les corps célestes qui forment notre univers? L’écri- ture ne le dit pas; mais elle ne dit pas non plus le contraire ; et si notre manière d'expliquer un phénomène peut facile- ment le faire comprendre, n'est-il pas raisonnable de lac- cepter, quand bien méme on pourrait se tromper sur la cause qui l’a produit ? Donc, d’après notre supposition, Dieu, dès le commen- cement, in principio, donna l'existence à la matière qui de- vait, d’après les lois auxquelles il l’assujétit de suite, former tous les corps que nous voyons dans la nature. Qu'on n’aille pas croire de ]4 que nous ouvrons la porte au matérialisme, ou que nous faisons disparaitre la Provi- dence. Non! car la matière ne s’est pas elle même donné l'existence ; mais c’est Dieu qui l’a tirée du néant, creavit Deus cælum et terram ; et nous l'avons déjà dit, la conserva- GEOLOGIE. 99 tion de la matière et le maintien des lois qui la régissent, n’exigent pas un moindre acte de la volonté de Dieu, que celui par lequel il l’a amenée à l'existence. Voilà donc notre monde sorti des mains du Créateur : mais il est encore sans forme déterminée, 2nantis ef vacua ; c’est un de ces brouillards que le télescope nous montre dans l’espace. Cependant, les molécules qui composent ectte nébuleuse, quoique extrémement ténues, obéissent aux lois auxquelles le Créateur a bien voulu les soumettre, Lois de gravitation, lois d'attraction, lois de répulsion etc. Or, la physique et la chimie nous apprennent qu’en vertu de ces lois, une matière gazeuse se transforme en, liquide, lors- qu'elle est suffisamment condensée et refroidie Que la Terre, de même que tous les autres corps plané- taires, alent été originairement fluide, c’est ce que démon- trent, et les dimensions respectives de ses diamètres équa- torial et polaire, et le rapport de sa masse avec la vitesse connue de son mouvement de rotation. Mais cette fluidité de la Terre n’a pu être aqueuse ; lins- pection seule des roches les plus anciennes qui en compo- sent la croute la plus intérieure, démontre que cette fluidité a dù être ignée, et non aqueuse, comme certains auteurs assez graves l’ont soutenu autrefois. “ La densité des mers, inférieure à celle des terrains, * dit l'illustre Laplace, est une suite de la fluidité primitive de celle de la terre, et cette considération jointe à celle de la régularité des couches terrestres, prouvée par l'expérience du pendule, indique avec une assez grande probabilité qu'en vertu d’une chaleur excessive, toutes les parties de la terre ont été primitivement fluides.” Nous en avons encore une preuve dans les expériences thermométriques, qui nous montrent la chaleur augmentant en intensité d'environ un degré par 65 pieds de profondeur si bien que s’il nous était donné de pouvoir pénétrer aujour- * Les mots roches, terrains et formations sont le plus souvent pris comme synonymes en géologie. 100 LE NATURALISTE CANADIEN. d’hui à une profondeur de 9 à 10 lieues, nous y retrouverions encore la fluidité primitive des temps'primordiaux. Mais la même main qui en tirant du néant cette masse fluide l’a lancée dans l’espace, lui a aussi communiqué un mouvement de rotation sur elle-même. Or, en vertu de ce mouvement rotatoire, un déplacement de molécules a dû prendre lieu, une accumulation devant s’en faire à l'équateur tandis qu'une retraite s’en opérait aux pôles. Et de la le renflement de la terre au milieu, et son aplatissement aux extrémités, que les géomètres nous démontrent être une différence de 26 lieues entre les deux diamètres. A La force centrifuge tendant toujours à accumuler la matière vaporeuse à l'équateur de la grande sphère nébu- leuse, tandis que la force centripète et la condensation par le refroidissement tendaient à faire refluer le reste de la ma- tière vers le centre, il résulta de ce double mouvement en sens contraire, qu'une portion de la masse nébuleuse se détacha de la inasse totale, et forma vers l'équateur un anneau distinct de la même matière, et tournant d’un même mouvement que le reste de la masse. Comme cet anneau n'était pas partout de la même densité, il lui arriva de se rompre en differents endroits; ces fragments soumis à la loi de gravitation, prirent la forme sphérique, et for- mèrent autant de planètes tournant sur leur axe de l'Ouest 2 l'Est. Ce phénomène put se renouveler plusieurs fois, et donner naissance à toutes les planètes de notre système solaire. Les planètes, à leur tour, purent de la même ma- niére, donner naissance à d’autres sphéroïides plus petits qui tournèrent autour d’elles, et formerent leurs satellites, comme la Lune à l'égard de la Terre, les 4 lunes de Jupiter, l'anneau de Saturne, etc. Tel est le système qu'on attribue à Laplace et qui est presque unanimement admis par tous les savants de nos jours. Système qui ne coatredit en rien le récit de Moise, —qui tout au contraire le confirme,—et se prête admira- blement bien à l'explication de tous les phénomènes que la science proclame aujourd’hui. NATURALISTES CANADIENS. 101 Les planètes étant reconnues n’avoir pas de lumière propre, il s’ensuivrait, d’après cette théorie, que le reste de la masse nébuleuse qui a formé le Soleil, après que tous les corps planétaires en furent détachés, n'aurait été revêtu que plus tard de son atmosphère lumineuse, qui commu- nique la lumière à tout le système; et c’est ce que confirme aussi le récit de Moise, comme nous le feront voir plus loin. A continuer. ee 7 7 ] C7) DOD NATURALISTES CANADIENS. (Continué de la page 72). 6. Michaux, 1792.—André Michaux fut expressément envoyé en Amérique en 1795, aux frais du gouvernement francais, pour y faire une étude spéciale des plantes du Nouveau-Monde. Il fixa sa résidence à Charleston, dans la Caroline du Sud, et fit de la diverses excursions dans les contrées avoisinantes. En 1792, il descendit en Canada, et poussa jusqu’a la Baie d'Hudson, par le Saguenay, le lac St. Jean et la riviére Mistassini. Michaux, dans ses diverses excursions, découvrit un grand nombre de plantes jusque lA inconnues à la science. En 1801, il publia a Paris son Histoire des Chénes d'Amérique, et en 1803, l’année même de sa mort, parut sa Flora Boreali Americana, son Guyrage le plus important, où il consigne le fruit de ses recherches en Amérique par la description des nombreuses plantes qu'il découvrit. Entre autres de nos plantes qui doivent leur baptême à Michaux, citons les suivantes: Anemone parviflora, Are- naria stricta, Acer rubrum, Vilis riparia, Rubus strigosus, My- riophyllum heterophyllum, Saxifraga virginiensis, Sium lineare, Ulmus rubra, Carpinus Americana, Betula papyrifera, cage Mistassinica, etc., etc. 102 LE NATURALISTE CANADIEN. Mr. l'abbé Brunet a publié, en 1861, une notice sur le voyage d'André Michaux en Amérique. 7. Pursh, 1814.—Le botaniste Allemand Frédérick Pursh, demeura plus de 12 ans en Canada, et à la fin y laissa ses restes. C’est en 1819, si notre mémoire ne nous fait dé- faut, que pris d’une fièvre violente à Montréal, à lasuite d’un voyage qu'il venait de faire à l'ile d’Anticosti, il succomba aux attaques de la maladie, après quelques jours seulement de réclusion. Pursh publia à Londres, en 1814, un ou- vrage en 2 volumes in-12, intitulé: Flora Americe Septen- trionalis. Bon nombre de plantes y sont décrites pour la première fois, et un plus grand nombre encore, vu les lumières que les écrits, depuis Linné, jetaient tous les jours sur la classification, furent ramenées an véritable rang, dans la tribu ou la famille, qu’elles doivent occuper. 8. Holmes, 1824.—Le Dr. Andrew Fernando Holmes, qui mourut à Montréal en 1860, était natif de Cadix, en Espagne (en 1797). Sa famille vint s'établir en Canada en 1801, et après avoir été prendre ses degrés à Edimbourg, il vint se fixer à Montréal pour s’y livrer assidument à la pra tique de la médecine, tout en continuant ses études sur l'Histoire naturelle qu'il avait toujours affectionnée d’une manière particulière, Le Dr. Holmes avait rapporté d'Eu- rope un herbier considérable avec une belle collection d'échantillons de géologie et de minéralogie, qui sont au- jourd’hui la propriété du collége M'Gill. Il fut l’un des fondateurs de la Société d'histoire Naturelle de Montréal. Le catologue des minéraux et autres échantillons géolo- giques du musée de l'Université M’Gill est la seule publi- cation du Dr. Holmes sur l’histoire naturelle proprement dite, ses autres écrits se rapportant tous plus ou moins di- rectement à la pratique de la médecine. Le souvenir du Dr. Holmes vivra longtemps dans la mémoire des nombreux disciples d'Esculape qui suivirent ses cours, pendant ses longues années de professorat à Montréal; car, c'était non seulement un médecin habile, un professeur de premier mérite, mais c'était encore avant tout un honnête citoyen et un ami de la jeunesse. Il ché- NATURALISTES CANADIENS. 103 rissait véritablement ses élèves, se plaisait toujours à les rencontrer, et son assistance dans les moments critiques ne leur a jamais fait défaut. 9. Richardson, 1829.— Sir John Richardson est un célèbre explorateur Ecossais de nos régions arctiques. Fai- sant partie de l'expédition de Sir John Franklin dans ces régions, il publia, à Londres, de 1829 a 1837, le résumé de ses observations sur les objets d'histoire naturelle de l'Amérique boréale, sous le titre: Fauna Boreali- Americana ; or the Zoology of the Northern parts of British America. L'ouvrage forme quatre gros volumes in-4, avec nombreuses gravures. Une édition Américaine en a été donnée en 1837, a Norwich. Sir J. Richardson publia aussi a Londres, en 1851, Journal of a Boat Voyage through Ru- perls Land and the Arctic Sea in search of Sir John Franklin, with appendix on the Physical Geograyhy of North America, 2 vols in-8. 10. Hooker, 1840.— Sir William Jackson Hooker est un naturaliste Anglais distingué qui continua pour ainsi dire l'ouvrage de Sir J. Richardson, en donnant la description des plantes recueillies dans l'expédition de Sir John Frank- lin, Son ouvrage, qui forme 2 forts volumes in-4, fut publié à Londres en 1840, sous ce titre: Flora Boreali-Americana ; or the Botany of the Northern parts of British America; to which are added the plants collected by Mr. Douglas, from North West America. Sir William Hooker publia encore en 1861: Suggestions to the members of the Botanical Society of Canada, with reference to a colonial Flora. Sir W. Hooker qui était né en 1785, est mort a Londres en 1865. (A continuer). ent DOP EG OI en em 104 LE NATURALISTE CANADIEN. FAITS DIVERS. Mr. Lechevallier.—Nous apprenons avec plaisir que notre habile naturaliste de Montréal, M. A. Lechevallier, doit partir prochainement pour une nouvelle excursion en Floride. Il se propose de pousser cette année jusqu’au Guatimala. Il nous fait plaisir de voir que la vente d’ob- jets d'histoire naturelle force ainsi M. Lechevallier à faire chaque année de nouvelles provisions. Nul doute que la plupart de nos institutions vont se prévaloir d’une telle opportunité pour commencer cu augmenter leurs musées des précieux spécimens que recueille chaque année notre naturaliste. Puce.—On dit que la Puce trouve un ennemi redou- tabte dans la Pince (Che’ifer cancroides) qui lui fait cons- tamment la guerre La Pince, qu'on appelle aussi faux- scorpion, est une espèce d’araignée très aplatie, de 3 à 5 lignes de longueur, portant en avant 2 bras recourbés munis de pinces à leur extrémité et presque aussi longs que son corps On la trouve fréquemment dans nos ap- partements, sur les murailles, les fenêtres, etc. Eponge. - L'Eponge est-elle une plante ou un animal ? D'après le Professeur Clark, qui a spécialement étudié ces productions marines, on ne pourrait plus entretenir de doute aujourd’hui que c’est dans le règne animal que se range |'Eponge. Il faut comprendre toutefois que ces boules spongieuses que nous livre aujourd'hui le commerce, et que nous utilisons à différents usages, ne constituaient pas chacune un animal, mais formaient le réceptacle d’une multitude d'animaux microscopiques, qui à la manière des Coraux et des autres Zoophytes adhèrent à un réceptacle commun, aol) V. CapRouge, AVRIL, 1873. No. 4 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, LES ECOLES D'ADULTES. Comme nous devions nous y attendre, nos articles sur l'éducation n’ont pas rencontré un assentiment unanime. Cependant, il nous fait plaisir de reconnaitre que les récla- mants, parmi ceux qui ont bien voulu nous faire connaitre leur opinion, forment une bien faible minorité. Le fait seul que des observations nous sont venues de Québec, de Montréal, de Rimouski, de St. Hyacinthe etc., la plupart approuvant, et quelques-unes seulement condamnant ou du moins hésitant à accepter nos vues, prouve que nous avons touché a une question qui préoccupe les esprits, à un sujet qui s'impose de lui-même à l'attention des hommes sérieux. Avant d'ajouter encore quelques mots à ce que nous avons déjà dit, nous croyons devoir donner quelques expli- cations à plusieurs de nos correspondants. Aux trois qui, quoique habitant des endroits bien diffé- rents et occupant des positions non moins dissemblables, ont cru devoir nous offrir des félicitations sur notre attitude à l'égard du pouvoir, et notre hardiesse à proclamer la vé- . rité, nous dirons : bleu ou rouge, conservateur ou libéral, c'est tout un pour nous, quand il s’agit de faire ressortir le vrai, quand il s’agit de mesures propres à promouvoir les intérêts du pays, à pousser au progrès. D'ailleurs, nous croyons, en autant que nous les connaissons, que MM. 106 LE NATURALISTE CANADIEN. Chauveau, Ouimet, Robertson, de méme que MM. Joly, Marchand, Bachand, veulent également le bien du pays, bien qu'ils prétendent, du moins en apparence, y arriver par des voies différentes ; mais nous savons aussi les uns et les autres fort attachés au dieu parti, et assez disposés à sacrifier à cette exigeante divinité pour soustraire aux yeux du pu- blic, dans les mouvements de leurs pièces, nombre de ficelles qu'un patriotisme pur et droit pourrait hésiter à employer. Pour nous, qui n'avons d'avancement à attendre ni des uns ni des autres, qui sommes en dehors des partis et désirons nous y maintenir, nous nous sentons assez d’in- dépendance pour pouvoir les juger avec impartialité, ces partis, et assez de courage pour pouvoir leur faire entendre le langage de la vérité, quelque désagréable qu'il puisse leur paraitre. —Mais n'avez yous pas une allocation du gouverne- ment ? —Oh ! notre allocation ; nous ne la devons ni au fa- voritisme, ni à la libéraiité de M. Chauveau bu de M. Ouimet, mais bien à l'amour de ces Messieurs pour la vérité, à leur respect pour la justice; car, tenus par devoir à procu- rer le bien du pays, ils auraient forfait à une obligation, s'ils s'étaient refusés à l'octroi de cette bagatelle, pour la diffusion des connaissances en fait d'histoire naturelle. Notre allocation ! mais ce n’est même pas une équitable rénumération de nos déboursés et de nos labeurs ! Nous pouvons délier toute personne obligée de se pourvoir à elle-même, de soutenir une publication telle que la nôtre pour $400 par année? Cependant. croirait-on qu’elle a été jugée exhorbitante, cette allocation, en certaines endroits ?.. Citons l'exemple, pour prouver jusqu'à quel point le culte du dieu parti peut produire l'aveugleinent. Le Nouwveau-Monde faisait dernièrement remarquer que Le Naturaliste Canadien, après 4 ans d'existence, ne comp- tait que 214 abonnés, et que cependant cette publication : recevait du gouvernement une allocation annuelle de $200! Mais n'est-ce pas exhorbitant ! n'est-ce pas dilapider le trésor public que d’en tirer $200 par année, pour le Natu- LES ÉCOLES D'ADULTES. 107 ralisle, qui ne compte encore que 214 abonnés ?.,.. Ce pendant, à quelques pas du Vouveur-Monde, se publie le Canadian Natnralist, qui recoit, lui, $750 par année du gou- vernement, et qui vient @annoncer qu’au leu de donner un volume de 480 pages, annuellement, comme ci-devant, il n'en donnera à Pavenir qu'un demi volume, prenant deux années pour compléter ses 480 pages; et qu’en dit le Nouveau- Monde ?...... Tucet ! Pourquoi cette double balance ? Pour quelle raison un organe de publicité pent-il ainsi s’ériger en éteignoir ? Nous l’ignorons : les mystères de Mont- réal, nous nous trompons, du Vouveuu-Monde, pourraient peut-être nous en donner une explication. Observons en passant que le Norveru-Monde respecte peu la vérité en réduisant le nombre de nos abonnés à 214: Qu'on voie-!a liste de ces abonnés, pages 55, 56 et 57, nous y trouvons 52 institutions, puis 214 particuliers, c'est done 246 et non 214; ajoutons encore 3 t échanges avec les autres publications, ce sera en tout une distribution de 28) copies de notre publication, et ce, dans la province de Québee seulement. Le Canadian Entomologist de London, Ont. reçoit $599 de son gouvernement, et quel est ie nombre de ses abonnés dans sa province ? 156, d’après son dernier rapport. D’autres nous ont écrit: vous retranchez les inspec- teurs d’école, mais voila du coup plus de 20 familles que vous jetez sur le pavé; ces employés publics nont-ils pas droit à une indemnité, pour être ainsi, tout d’un coup, dé- chargés de leurs emplois ? Ici, entendons-nous. Les inspecteurs d'école, avant la création de cette charge, étaient ou des hommes de pro- fession, ou des anciens instituteurs. Le gouvernement, en leur offrant cette situation, ne s’est, en aucune façon, lié à les fixer permanent à leur emploi. Quant aux hommes de profession, ils peuvent sans inconvénient retourner à leur pratique, le médecin à ses pillules et le notaire à ses Par- devant; et quant aux anciens instituteurs, oh! pour ceux-là, il faut avoir des égards particuliers, car ce sont d'anciens serviteurs qui ont bien mérité du pays, en le servant daus le plus rebutant comme dans le plus utile des emplois. Eh ! 108 LE NATURALISTE CANADIEN, bien, que les différents offices, daus les bureaux publics, leur soient ouverts. Ces charges si enviées et qui sont si souvent prodiguées au favoritisme, et exploitées par la cabale poli- tique, seraient au moins cette fois, la récompense du mérite et de la capacité. Des vacances ont souvent lieu parmi ces nombreux employés, en mettant de côté le népotisme et le favoritisme, on parviendrait en peu de temps à bien placer tous ces anciens instituteurs, auxquels nous le répétons, le pays doit reconnaissance et protection. D'un autre côté, en demandant la suppression des Ins- pecteurs d'école et des journaux de l'éducation, faisons-nous autre chose que de répéter tout haut ce qui se dit partout tout bas? Mettons de côté les intéressés personnellement ou par politique ; où sont-ils ceux qui prétendent que nous en avons pour notre argent avec ces deux institutions ? Mais revenons à nos écoles d'adultes. Plus nous y réfléchissons, et plus nous nous convain- quons qu’en outre de l'instruction que la jeunesse recevrait dans ces écoles du soir, ce serait eucore la un des moyens les plus efficaces de protéger, de conserver sa moralité. Car qu’on interroge là-dessus les pasteurs des âmes ; n’est-ce pas dans les veillées que la jeunesse et de nos villes et de nos campagnes se démoralise le plus souvent ? N’est-il pas vrai que loisiveté est le moindre des vices qui sont ensei- gnés dans ces soirées, et de paroles et d’exemples ? L’ivro- gnerie, les propos obscènes, le libertinage, la résistance à toute contrainte. un cynisme révoltant qui s’emporte sou- vent jusqu’à faire l'éloge du crime, les détractions les plus noires, et mille autres méfaits, ne sont-ils pas habituellement à l’ordre du jour dans ces réunions ?...... Un jeune homme élevé chrétiennement, s’est conservé bon, modeste, respec- tueux pour ses parents, jusqu'à 15 ans, 16 ans; mais alors il commence à fréquenter les veillées, c'en est fini; sa belle âme, comme une pâte molle, porte déjà les stigmates des facheuses impressions qu’elles a reçues. Déjà on l'entend proférer des jurements, des quolibets équivoques, des mur- mures contre l'autorité des parents qui n'étaient jamais sortis de sa bouche auparavant. Doit-on en être surpris ? Il jure; mais il a été à l’école du blasphème : ses paroles ‘ ? ' FER iy LME LC PUR LES ÉCOLES D'ADULTES. 109 sont peu chastes ; mais il a reeu des leçons de libertinage : il se plaint de l'autorité de ses parents sur lui; mais on la lui a représentée comme injuste, tyrannique, mais ses com” pagnons lui ont fait voir comme ils avaient bien su, eux, s’en affranchir, pourquoi n’en feraient-il pas autant ? Oh ! qu'il fréquente encore les veillées pendant quelques mois et il n’aura plus rien a envier 4 ses ainés; les semences de vertu que des parents pieux avaient pris tant de soin de faire germer dans ce jeune cœur, seront déjà gâtées, perdues ! N'est-ce pas là l’un de ces exemples qu'on a tous jours par centaines sous les yeux ? Les pasteurs des âmes, toujours jaloux de l’innocence de leurs ouailles, ont si bien compris les dangers des longues soirées d'hiver, comme cause de démoralisation pour la jeunesse, qu’ils se sont efforcés de former dans nos villes, des cercles, des réunions, où, tout en amusant et instruisant les jeunes gens, ils les retiennent à l’abri de ces funestes in- fluences. Pourquoi n’en ferait-on pas autant dans nos cam- pagnes ? La chose est certainement possible ! nous dirons même facile, si le gouvernement veut se prêter à l’établisse- ment des écoles du soir. Chaque école, dans la plupart de nos paroisses, ne pourrait-elle pas devenir ainsi un lieu de réunion où la jeunesse irait de même chercher instruction et amuse- ments? Car rien n’empécherait de joindre à ces écoles diffé- rents genres d’amusement, après les heures de leçons. Et le pasteur de la paroisse ne se plairait-il pas à aller, de temps à autres, passer là quelques unes de ses récréations, tant pour encourager la bonne œuvre, que pour s'attacher davantage ces intéressants jeunes gens en se mêlant à leurs jeux, et acquérir par là une double autorité pour les conserver dans la bonne voie ? Ne pourrait-il pas même quelquefois, leur donner des entretiens sur quelque sujet scientifique mis à leur portée ? combattre cette foule d’erreurs populaires, encore en si grande vogue en bien des endroits? voire même faire leur éducation politique jusqu'à un certain “point ? La géographie, la physique, l'astronomie, la géolo- « gie. l’histoire naturelle, l’agriculture, etc., que de sujets d’in- _ téressants entretiens ces diverses sciences ne peuvent-elles 1 1 î pas offrir ? 110 LE NATURALISTE CANADIEN. Quant à l’histoire naturelle, nous reviendrons dans un prochain article sur le parti qu'un instituteur habile, à la tête d’une école d'adultes, et anssi avec les enfants, peut en tirer, tant pour amuser que pour instruire ses élèves, Disons avant de terminer pour aujourd’hui, qu'il est une branche de connaissances qu'on néglige bien trop, et dans nos écoles normales et dans la plupart de nos autres institutions d’éducations ; c’est le dessin. Le dessin, en outre de ce qu'il est comme l'alphabet de l’école des beaux arts, est presque indispensable dans la plupart des indus- tries et des manufactures, du inoïns pour ceux qui veulent se constituer les chefs de tels établissements. C’est surtout dans les écoles d'adultes que le dessin serait nécessaire ; car dans chacune, il ne manquerait pas de s'y trouver quelque élève qui s'y livrerait non seulement par gout, mais par besoin, pour l'utilité de la carrière qu'il se propo- ” serait d’embrasser. Et quelle génération ne préparerait-on pas avec des jeunes gens nioraux, comme on l'est généralement dans nos campagnes, qui seraient ainsi initiés à toutes ces connais- sances qui constituent le citoyen éclairé, qui permettent à, Vintelligence de se faire jour, et qui forment la base du savoir ; car une fois fixées, ces connaissances ne peuvent demeurer stationnaires ; l’ainour du savoir, le désir de l’in- connu est suscité, et il exige impérieusement la lecture comme aliment, comme moyen de se satisfaire, comme complément de ces lacunes qui se montrent sans cesse à mesure qu'il avance. Oh! parvenus à ce point, le but est pour ainsi dire atteint, car du moment que nous avons un peuple qui aime la lecture, on peut dire de suite que c’est un peuple éclairé, puisque chaque jour il augmente ses connaissances, puisque chaque jour il combat l'ignorance et s'assure la possession des véritables sources du progrès et EE CSD DEL Dos ere — y | ECHASSIERS. 111 FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 84). LES ECHASSIERS. VII. Fam. DES SCOLOPACIDES.. Scolopacide. 4. Gen. MAUBECHE. Tringa, Linné. Bec long ou moyen, droit ou lésèrement recourbé à la pointe, qui est aplatie et élargie Une rainure sur chaque mandibule dans la longueur du bec presque entière. Ailes longues, pointues, la lre primaire la plus longue. Queue courte, barrée. Jambes moyennes, un peu grêéles ; tarses à écailles transversales. Doigt pastérieur très petit ; doigts antérieurs libres jusqu'à la base, écailleux en ‘dessous, et mareginés par une membrane. Les Maubeches ou Bécasseaux sont de taille moyenne ou petite. On les trouve sur les grèves, soit à la mer ou à l'eau douce, fouillant de leur bec les sables ou les vases, à la recherche des mollusques, vers, et autres petits animaux dont elles se nourrissent. Notre faune en compte 4 espèces. 1. La Maubéche grise. Zringa cunutus, Linné. 1. cinerea, Gmel. 7. Jslundica, Aud. T. rufa, Wils. — Angl. Gray Back ; Robin Snipe. Longueur 10 pouces; ailes 64; bee 11; tarses 14 pouces. Bee droit, un peu plus long que la tête, comprimé et légèrement aplati au bout. Jambes avec leur tiers inférieur nu. Doiets libres à la base, aplatis en dessous et largement marginés ; doigt postérieur petit, grêle, Dessus cendré avec des taches irrégulières, linéaires-lancéolées, noires, mélées à d’autres d’un pourpre pâle, croupion blanc ; couvertures cau- dales supéricures blanches, avec bandes transverses et taches noires en forme de croissant. Dessous d’un rouge brun clair ; cuisses, couver- tures caudales inférieures, flancs et dessous des ailes, blanes, avec taches et barres de brun. Queue à plumes liserées de blane ; bec brun ; jambes verdatres. 112 LE NATURALISTE CANADIEN. A. C.—Cette Maubéche qui est la plus grande de nos Allouelles de mer, car c’est ainsi qu’on les désigne genérale- ment en Canada, se rencontre assez fréquemment sur nos grèves en automne et au printemps, en bandes de 8 à 10, cherchant sa nourriture dans les amas de petits mollusques laissés par la vague sur le sable. Elle va couver, croit-on, à la Baie d'Hudson. Sa chair est réputée excellente. 2. La Maubêche d'Amérique. Tringa alpina, var. Ameri- cana Cassin. 7. Cinclus, Lin. T. Ruficollis, Gml. Pelidna Schinzii, Brehm.—Angl. Red-backed Sandpiper.—Vongueur 8 pouces ; ailes 5 ; queue 2}; bec 14; tarses 1 pouce. Bec plus long que la tête, large à la base, courbé, légèrement élargi et aplati à la pointe ; une rainure à la mandibule supérieure. Jambes longues, nues dans leur moitié infé- rieure ; doigts libres à la base, légèrement marginés. Dessus d'un roux jaunâtre mêlé de cendré, chaque plume avec une tache brune lancéolée au centre. Front, côtés de la tête et ventre d’un blane cendré ; une large bande transversale noire au bas de la poitrine, la partie supérieure de celle-ci et le cou avec taches brunes allongées. Queue avec les 2 pennes du milieu les plus longues et pointues, d’un gris brun, les extérieures presque blanches, Bee et jambes brunîtres. A. C.—Cette Maubêche qu'on appelle aussi souvent Bécasseau, est la plus belle en couleurs de toutes ses congé- nères. Elle se montre en bandes considérables en automne. Elle niche au Nord du Continent, ponds 3 œufs d’un vert jaunatre, tachetés irrégulièrement de brun au gros bout. 3. La Maubêche tachetee. Tringa maculata, Vieill. 7. pectoralis, Say.—Vuls. Le Chevalier ; Angel. Jack Snipe.—Longueur 9 pouces ; ailes 54; queue 24; bee 14; tarses 1 pouce. Bee long, légèrement aplati à l'extrémité, fosses nasales longues, Dessus d'un noir brun, chaque plume liserée de eendré ou de roussâtre, celles du croupion et de couvertures caudales de blanc. Gorge, ventre, couver- tures caudales inférieures, blancs. Poitrine et cou d’un blane cendré, Bec et pattes d’un noir verdâtre foncé. A. C.—La poitrine tachetée de cette espèce avec son bec jaune à la base la font facilement distinguer. Elle niche sur nos grèves ou dans les champs, où on Ja rencontre sou- vent en automne par bandes considérables. 4. La Maubêche de Wilson. Tringa Wilsonit, Nutt. 7. pysilla, Wils®Pelidna pusilla, Bon. — Vulg. Petite Alouette ; Ang. ÉCHASSIERS. 19%: Least Sandpiper.—-Longueur 54 pouces ; ailes 34 ; queue 1}; bec #; tarses ? pouce. Bec légèrement recourbé et aplati à la pointe ; une rainure à chaque madibule, près de l'extrémité ; tertiaires presque aussi longues que les primaires. Dessus grisâtre avec taches et lignes brunes ou rougedtres ; croupion noir, les couvertures caudales blanches sur les côtés avec taches noires. Poitrine et gorge d'un cendré pâle, avec taches nombreuses plus foncées. Dessous blanc. Rémiges brunes avec la tige des primaires blanche; les tertiaires bordées de rougeatre. Pennes caudales du milieu noires, celles des côtés d'un cendré pâle. Bee et pattes d’un brun verdatre. A. C.—La plus petite de nos Alouettes de mer ; ellese plait particulièrement sur les grèves vaseuses. Son vol en zigzags la rapproche plus des Bécassines que des Maubêches. Elle niche abondamment dans le Golfe. Ses œufs au nombre de 4, et fort gros pour la taille de l'oiseau, sont d’un beau jaune-créme, pointillés et tachetés de brun de diffé- rentes nuances. 5. Gen. Sanderling. Calidris, Cuvier. Memes caractères que pour le genre Tringa, à lexcep. tion du doigt postérieur qui manque. Le bee est un peu plus long que la tête et élargi en cuiller à la pointe ; queue doublement échancrée ; doigts courts. Une seule espéce. Le Sanderling variable. Culidris arenaria, Ill. Tringa arenaria, Lin. Charadrius rubidus, Gml. Calidris Tringoides, Vieill. —Angl. The Sanderling—Longueur 7} pouces ; ailes 5 ; queue 2 ; bec 1 pouce. Fosses nasales profondes et presque aussi longues que a mandibule supérieure, narines couvertes par une membrane. Ailes FA À. ongues ; queue courte ; pattes moyenrfes. Dessus cendré, le sommet x A c 2 5 ME la tête, le dos, les scapulaires et les rémiges les plus courtes portant _ les taches brunes, ovales ; le croupion et les couvertures caudales supé- eures avec barres noires transversales. Dessous d’un blanc pur. Les aules brunâtres, sans taches ; les rémiges brunes avec la tige blanche leur bord interne plus pâle. Bee et jambes d’un noir verdâtre. ‘ A. C.—Les Sanderlings se rencontrent en automne en ndes nombreuses, particulièrement sur les grèves sablon- ses, recherchant les petits mollusques que la vague y 4 114 LE NATURALISTE CANADIFN, amène. Le chasseur guette ordinairement Je moment de la vague rentrante pour les prendre en file; les survivants s’en- volent; font un léger détour, et viennent presque de suite s'offrir à de nouveaux coups. Ces oiseaux nichent dans les îles du Golle. Leur chair est excellente. 6. Gen. EREuNETE. Ereunetes, Illiger. ee ee eee Bee droit, fort et considérablement élargi. Doigts sémi-palmés, le médian à peu près égal au tarse. Queue doublement échanerce. 4, Une seule espèce, | L'Ereunète pétrifiée. Zremuetes pelrificatus, Ill. Æ. semipal- matus, Cab. £, Mawi, Gund. Pringa semipalmata, Wils. — Valg. L'alouetie de mer semi-prlmée ; Angl. Senupalmated S'ndpiper— Longueur 6} pouces ; ailes 33 ; queue 1%; bec? ; farse an ponce. Bee élargi à ls pointe et quelque peu ponctué, comme dans le genre Gul/i- nay. Ailes longues ; jambes moyennes, grêles ; doigts unis par une membrane ; qacue courte, Dessous d'un eendré brun avec taches lan- céoléces brunes an milieu des plumes. Croupion et couvertures supé- rieures caudales noirs. Dessous d’un cendré bluuc, avec de petites taches de brun sur la poitrine ; rémiges brunes, avec la tige blanche. Pennes exndales dit milieu d’un brun noir, celles des côtés plus claires. Bec d'un noir verdâtre. — A. AC.—Cette Alouette se rencontre fréquemment en , automne associées aux l’luviers sur nos grèves. | 7. Gen. ECHASSE. Wicropalama, Baird: Comme dans le genre précédent ; 1nais le bee est plus long et un peu courbé, les jambes sont aussi beaucoup plus longues. La partie nue dex jambes est couverte d’écailles transversales comme les tures. La quene est presque égale, avec une seule échancrure, Le bec est plns fortement ponctué à la pointe, Une seule espèce, L'Zchasse pattes-longues. JMicropalama himantopus, Baird Lringa him® Bon.—Angl. Srilt Sundpiper.—Jiongueur 84 pouces ailes 5}; queue 24+; bee 1}; tarses 14 pouce. Dessus d’un bru LE CERF DU CANADA. 115 noir, presque toutes les plumes liserées de blane cendré où roussitre. Une tache noire au sommet de la tête entourée d’un rouge brun bril- lant qui descend jusqu'à l'œil et aux oreilles ; croupion blane avec barres et taches noires. Dessous d'un blane cendré lavé de roussâtre, avee stries longitudinales noires sur le cou ct d'autre transversales sur les côtés. Bee et pattes d’un noir verdatre. A.R.—Cette Alouette est bien moins commune sur nos grève que les précédentes. Elle niche au Nord du Conti- nent. (A continuer). — PP DS POD rer LE CERF DU CANADA OU WAPITI. Elaphus Canadensis, DeKay. PAR D. N. ST CYR, STF. ANNE DE LAPERADE. Ce ruminant remarquable par sa grande taille et lélé- gance de ses formes, ressemble tellement au Cerf de lEu- rope que les premiers explorateurs venus de l'Ancien Con- tinent en Amérique, le rapportèrent à cette espèce. C’est aussi le sentiment de Buffon, qui dit que le Cerf du Canada ne diffère de ceux de l’Europe que par la hauteur du bois, le nombre et la direction des andouiliers. Il ajoute que si les bois de nos cerfs sont en général plus grands et plus gros, c'est parce que dans les contrées peu habitées du Nouveau Continent, ces animaux trouvent une nourriture plus abondante et plus de repos que dans les pays plus peuplés de l'Europe, Cependant comme le Cerf du Canada est de beaucoup plus grand que ceux de l'Europe, et qu'il en diffère par la couleur, les habitudes et autres particularités, les Naturalistes qui ont étudié ce sujet avec le plus de soin sont depuis 116 LE NATURALISTE CANADIEN. longtemps d’opinion de les regarder comme des espèces distinctes, (C’est ce que font entre autres Cuvier, Baird, Dekay, etc. Le Cerf du Canada est d’un quart plus grand que celui de l'Europe, il a a peu près la même couleur, avec le disque de la croupe plus pale et plus large. Ses bois sont également ronds, mais plus développés, et ne prennent jamais d’em- paumure; tandis qu'à mesure que le Cerf de l'Europe prend de l’âge, son bois se couronne d’une espèce d'empau- mure portant plusieurs petites pointes.: Au reste, voici la description d’un Cerf du Canada aduite. La hauteur varie de quatre pieds et demi à cinq pieds, ce qui lui donne environ un pied de plus haut que le Cerf d Angleterre. Son bois est rond, très gros et très long. Toute la surface supérieure du corps et de la mâchoire inférieure est d’un brun jaunâtre un peu clair; il a une ligne noire depuis langle de la bouche, le long du côté de la mâchoire infé. rieure, et un cercle brun autour de l'œil. La couleur du cou est un mélange de roux et de noir, avec des poils longs et gros qui en descendent de manière à figurer une espèce de fanon, dont la couleur est plus foncée que celle des côtés. Le gris domine depuis les épaules jusqu'aux hanches. Il ya une tache d’un jaunâtre pâle sur la croupe, bornée sur les cuisses par une ligne noire. La queue jaunâtre, n’a que deux pou- ces et demi dans le Cerf du Canada, tandis que le Cerf du l'Europe l’a de près de sept pouces de longueur. Le poil est de longeur moyenne sur les épaules, le dos, les flancs, les cuisses et sous la tête; sur les côtés et les men- bres, il est plus court. Il est au contraire très long de cha- que côté et en arrière de la tête, de même que sur le cou et particulièrement en dessous, où il forme cette espèce de fanon dont nous avons parlé plus haut. En arrière et à l'extérieur des jambes postérieures il y a une brosse de poil brun qui entoure une substance cornée, longue et étroite, Les oreilles blanches en dedans, sont recouvertes en dehors de poil touffu, de la même couleur que les parties environ- nantes. LeCerf du Canada a aussi un espace triangulaire et nu autour de ses grands larmiers, près de l'angle intérieur de l'œil. Les sabots sont petits et noirs, Li est pourvu d’un i a ' LE CERF DU CANADA. 117 museau, de dents canines en haut, et il a la langue molle. Le poil est cassant, mais à sa racine se trouve une laine courte et touffue. Le bois du Wapiti adulte pèse de trente-cinq à quarante cinq livres, tandis que celui du Cerf de Virginie ne pèse guère plus de quatre à cinq livres, ou environ le neuvième - du poids de celui du premier. Le bois n’est pas courbé en avant, mais en partant de la tête, il incline en arrière, les perches étant presque en lignes droites avec le profil facial, ou une ligne qui partirait du bout du museau jusqu'au front. A la base des perches, il y a souvent des andouillers frontaux, on rameaux qui inclinent en avant. Les colons des nouveaux cantons du Canada trouvent fréquemment, en défrichant leurs terres, des fragments de ces énormes bois. Il est toujours facile de distinguer les bois du Wapiti de ceux de l’Elan ou du Caribou qui sont remarquables par leurs larges empaumures, tandis que ceux du premier ne sont jamais palmés, mais arrondis, avec des andouillers aussi … ronds et pointus. Leur grosseur les distingue aussi du bois du Cerf de Virginie ou Chevreuil des Canadiens, qui est … bien plus petit, de sorte qu'il n’y a aucun danger de les prendre l’un pour l’autre. S'il faut en croire les traditions —…. indiennes, les Wapitis étaient très communs dans la vallée _ de l'Outaouais il y a cent cinquante a deux cents ans, ainsi - qu'au nord du St. Laurent. Les nombreux fragments de bois qu’on en a trouvés ne “ paraissent pas non plus être restés dans la terre plus d’une centaine d'années. C’est ordinairement dans le sol végétal qu’on les rencontre, sous les lits de feuilles en décomposition ou sous la mousse qui couvrent la surface de la terre dans > les forêts. In creusant le canal Rideau, il y a une quaran- | taine d'années, on retira de la terre, à Hogs-back, près de la ville actuelle d'Ottawa, le squelette entier d’un Wapiti. Le … bois de cinq pieds de long tenait encore au crane. Plus “ tard on découvrit aussi dans le comté de Lanark le sque- … Lette d’un autre gros cerf, probablement de la même espèce. j Le Wapiti est encore assez abondant dans les prairies de … l'Ouest. Le professeur Baird dit qu'il abondait autrefois dans toutes les limites actuelles des Etats-Unis, et qu’on le ren- 118 LE NATURALISTE CANADIEN. contrait encore quelquefois en Pennsylvanieet danslesmonts Adirondacks de l'état de New-York, ily a une trentaine d’an- nées I] en existe encore, dit-on, dans les monts Allégha- « nies de la Vireinie occidentale. On le trouve ensuite dans ‘ le Sud du Michigan, mais il faut s'éloigner vers l'Ouest pour le rencontrer en nombre considérable, surtout vers le Haut Missouri. On peut se former une idée du grand nombre de cerfs qui fréquentent ces régions par les mouceaux de bois de ces ruminants, que les Sauvages ont l'habitude @accumuler dans les prairies. On a vu de ces monticules qui avaient quinze pieds de hauteur sur vingt-cinq de eircontGrence, et même plus. Dans les prairies de l'Ouest, ces animaux se: rassembient en troupes depuis vingt à trente et jusqu'à six à sept cents. On prétend que dans ces vastes iners de ver- dure, ils atteignent une très-erande taille. Il n'est pas rare d'en trouver qui ont la grandeur du cheval. Ils se nour- rissent d'herbes qu'ils trouvent dans les bois, de pois sau- vages, de rameaux de saules, de lichens, et des bourgeons du rosier sauvave. In hiver, ils grattent la neige avec leurs pieds antérieurs pour atteindre Pherbe, et broutent les ra- meaux tendres et l'écorce des arbustes et des arbrisseaux, Ils aiment à résider dans les vallons boisés, dans les îles couvertes de saules, ou sur l:s pointes de terre couvertes d'arbres, près du bord des rivières. Ils se font un lit sur les longues herbes, quelquelois méme sur le tone dun arbre tombé, où ils dorment pendant là chaleur étouffante du jour. Quand ils se sentent trop tourmentés par les mouches, ils se retirent dans les étangs ou entrent dans les rivières où ils senfoncent de muniére à ne laisser hors de l'eau que le bout de leurs naseaux alin de respirer. Audu- bon qui en tint un couple en domesticité, à New-York, les nourrissait d'avoine verte, de loin, de taais et de toute espèce de nourriture quon donne communément aux vaches, à l'exception des naveis dont ils ne voulaient pas manger. Ls consommaient autant de nourriture que deux chevaux ordinaires. Les bois du Wapiti tombent en février ou en mars, et repoussent en quatre ou cing mois, Il sont comme ceux if LE CERF DU CANADA. 119 des autres Cerfs couverts d’une peau veloutée qui disparait lorsque le bois vieillit Les petits naissent en mai ou en juin, un ou deux à chaque portée. Le Wapiti sapprivoise facilement ; on le voit souvent dans les pares des riches, tant en Amérique qu'en Europe. Mais en vieillissant, les mâles deviennent extrémement batailleurs, et quand ils sont irrités ils attaquent meme leurs meilleurs amis. A l’état sauvage, le Wapiti est faronche et le chasseur ne peut ’approcher que diflicilement. Nes sens sont très développés, et il reconnait aisément l'approche de l'homme. A peine lair est-il imprégné de Podear de son ennemi, qu'il lève vivement la tête, incline les oreilles dans toutes les di- rections, comme pour saisir le moindre bruit, et son grand ceil noir brille d’un éclat vif exprimant la plus erande an- xiété. Aussitôt qu'il a découvert le chasseur, l cerf bondit en ayant pour quelques pas, comme sil voulait essayer ses forces, puis il s’arrète, se retourne à demi, et fixe un regard scrutateur sur son ennemi ; alors il rejette en arrière son énorme bois, projetant son inusean effilé en avant, puis sé- lance avec une vélocité qui Pa bientôt dérobé à la vue du chasseur ébahi. Dans lPautomue, les males deviennent comme furieux, il: courent ca et là à travers les plaines, se livrant entre eux les plus terribles combats. Leur cri est une espèce de sifflement aigu produisant un son stridulent qu’en peut entendre à plus d'un mille de distance, et qui resemble un peu au braiment de lane. Ce cri est un son aigre et prolongé, consistint des sons successils des voyelles e. 0. u. poussés avec une telle véhémence que l'oreille n’y peut tenir. En poussant ce cri l'animal lève la tète tn Ja ren- voyant en arrière. Les voyageurs et les sauvages font grand cas de la chair de ce ruininant dont ils mangent aussi le bois tant que celui-ci nest pas trop dar. La peau préparée sert pour les ouvrages de chamoisvrie, Des perches du:bois parfait du Wapiti, les Sauvages se font des arcs remarquables par lélasticité et par le poli qu'ils sont susceptibles de prendre. Ils emploient les dents pour orner leurs habits. Une robe faite de la dépouille de cet animal et dont on fit présent à Audubon était estimée à pas moins que la valeur 120 LE NATURALISTE CANADIEN. de trente chevaux. Elle était ornée des dents de cinquante- six Wapitis. On rapporte que quand cet animal est blessé, il combat avec fureur, non pas tant pour se défendre que pourse « venger des injures qu'il a reçues. | Les Anglo-Américains désignent ordinairement. le Wapiti ou Cerf du Canada sous le nom d’Ælk ou Elan, quoique ce dernier soit, comme nous lavons vu dans un article précédent, un animal d'un genre bien différent. © Cette erreur de nom est peut-être une de plus remarquables de l'Histoire Naturelle, et eile est encore en usage chez les meilleurs auteurs, par déférence, sans doute, pour la cou- tume populaire. Je n'ai pas besoin d’ajouter qu'en Europe personne ne songerait à confondre le Daim fauve ou Cerf des îles britanniques avec |’Hlan de la Scandinavie. Il n’est pas possible de ranger dans le même genre deux ani- maux qui se ressemblent moins. L’Hlan et le Cerf de l'Eu- rope appartienuent tous deux à la famille des Cervide ou Cerfs, mais ils diffèrent beaucoup plus l’un de l’autre que le cheval ne diffère du zébre, et il serait guère possible de nous convaincre qu'ils sont de la même espèce. Or, en Amérique, nous avons deux espèces qui corres- pondent exactement aux deux espèces de l'Europe. Nous avons d’abord le Wapiti, avec son bois branchu et rond, ses dents canines à la mâchoire supérieure du mâle, et ressemblant par tous ses caractères généraux au Cerf de l'Angleterre. Il n’en diffère que par ses caractères spéci- fiques ; le Wapiti est plus gros, et a la queue plus courte que son congénère de l’Europe; il en difière aussi par la couleur. D'un autre côté, nous avons l'Orignal ou Elan du Canada, avec son énorme bois aplati, point de dents canines à la mâchoire supérieure, avec sa longue lèvre supérieure pendante, et tellement semblable à l'Elan de l'Europe que les auteurs les plus versés en histoire naturelle sont encore indécis sur l’apropos de les considérer comme étant la même espèce ou comme formant deux espèces distinctes. L'Orignal est done un véritable Elan, et le Wapiti un vrai Cerf dans l’acception ordinaire de ce mot. Cependant, par un étrange abus de mots, le nom de l’un de ces ruminants LE CERF DU CANADA. 4121 a été donné à l’autre et vice versa. Hn Amérique Elan s'appelle Daim ou Cerf, et le Cerf s'appelle Elk ou Elan. Le Wapiti ayant été presque, si non entiérement ex- terminé en Canada depuis l’arrivée des Européens, nous devons recueillir avec un soin particulier tout ce qui regarde cet animal, qui, lors dela découverte de notre pays, parcourait de vastes sollitudes qui sont aujour- d'hui couvertes d’une population intelligente et laborieuse. On prétend qu’il en existe encore dans quelques forêts re- culées de la Province d’Ontario. Suivant la tradition, ce Cerf était assez commun sur la rive nord du St. Laurent il y a cent cinquante à deux cents ans, et son parcours géographique s’étendait alors sur toute l'étendue des Etats-Unis. De notre temps, il abonde dans les prairies de l'Ouest et du côté oriental des Montagnes Rocheuses, depuis le cinquante-sixième degré de latitude nord jusqu’au Texas. Dans le Territoire de la baie d’Hud- son, son parcours, selon Sir John Richardson, s’étendrait suivant une ligne tirée de l'extrémité Sud du lac Winnipeg jusqu'à la rivière Saskatchewan, au cent troisième degré de longitude occidentale, de la jusqu’à la rivière Elk ou Elan, au cent onzième degré. 1l est rare qu'on le rencontre sur les monts Alléghanies. On ne le connait, dans la Pro- vince de Québec, que par les écrits des auteurs qui en ont parlé, et par les bois et les os épars de‘cet animal que trouvent, de temps à autre, les pionniers de la forêt ; c’est pourquoi, pour ce qui regarde notre province, on doit con- sidérer le Wapiti comme une espèce éteinte. Terminons cette étude en citant quelques-uns des principaux noms sous lesquels les auteurs qui ont connu et décrit ce noble animal, l’ont mentionné. Perrault, dans ses mémoires sur nos animaux, le nomme Cerf du Canada, appellation que j'ai cru devoir lui conser- ver. Cervus Major Americanus, Catesby, Caroline: Alces Ame- ricanus, cornibus teretis, Jefferson, Virginie ; Le Cerf, Zoolo- gie Arctique de Pennant ; Wewaskiss, Journal de Hearne ; Cervus Strongyloceros, Schreber; Wapiti, Warden, des Etats-Unis ; Cervus Canadensis, Synopsis des espèces 122 LE NATURALISTE CANADIEN. de mammifères, Griffith; Æ/aplius Canadensis, De Kay, faune de l’état de New-York; et aussi Audubon et Bachman, Quadrupedes de l'Amérique du Nord. GEOLOGIE. | | ( Continuée de la page 101). Mais revenons à notre Terre. | La voilà done, détachée de la nébuleuse solaire, deve- « nue globe incandescent, tournant autour de la masse qui « lui a donné naissance, tout en tournant sur elle même. L'expérience et les calculs les plus exacts ont démon- tré que la température des espaces planétaires était à 60° centrigrade au dessous de Zéro. Subissant donc la loi du refroidissement, notre Terre adt se former d’abord une croute à l'extérieur, comme nous voyons les matières fon- dues se figer d’abord à la surface en se refroidissant. Un boulet rougi au feu est tout noir à l'extérieur lorsqu'il est » encore rouge au centre. Cette couche de matière solide qui se coagule ainsi autour de la masse en fusion, et qui continue à s'épais- sir de haut en bas, voilà la formation des roches ignées ou Plutoniques qui constituent la base de la croute actuelle de notre globe. Ces roches ne sont point stratiliées, parce que résultant du refroidissement, elles n'ont pu se super- poser en couches régulières comme les roches aqueuses, et la masse allant toujours s’épaississant par l’intérieur, avec le progrès du refroidissement, eiles présentent une forme à peu près homogène, ne montrant çà et là que quelques fissures sans ordre. Mais en même temps que la cronte terrestre allait ainsi Sépaississant de l'extérieur à l’intérieur, la condensa- tion des matières aériformes qui se précipitèrent à la surface, GÉOLOGIE. 123 vint dans un sens contraire, de l’intérieur à l'extérieur, aug- menter l'épaisseur de cette croute. Et de là le point de départ des deux formations aqueuse et ignée, qui conti- nuent encore leur course en sens inverse. Il suit de la que les couches de granite les plus anciennes ne sont pas celles situées à une plus grande profondeur, mais bien celles de la surface, les plus voisines des terrains sédimentaires, puisqu'elles ont été formées les,çpremières, On est convenu d'appeler granite la masse principale de la roche qui constitue la croute intérieure de la terre ; cette roche se compose de quartz, de feldspath et de mica * cependant elle n’est pas homogène dans toutes ses parties. Par suite du refroidissement, la masse solidifiée a dû sou” vent, et à bien des endroits, se fendre et laisser des solu- tions de continuité, que sont venues remplir des jets de matière fluide, comme la chose à encore lieu de nos jours, par l'entremise des volcans ; de là ces roches granitoïdes, qui sont moins anciennes que la masse principale et qui en diffèrent plus ou moins dans leur composition de même que dans leur mode de crystallisation, et qu’on rencontre par- fois jusque dans les terrains supérieurs. Observons encore que le granite, quoique formant la chemise la plus intérieure du globe terrestre, se montre aussi très fréquemment à l’extérieur, soit en masses consi- . dérables, comme des chaines de montagnes tout entières telles que les Cordilières, soit en blocs plus ou moins volu- mineux, arrachés aux montagnes à l’époque glaciale, comme nous le ferons connaître plus tard. Des bouleversements à la suite de tremblements de terre et d’éruptions de volcans ont pu déchirer aussi la croute terrestre, la soulever, la ren- verser, et mettre à nu ses parties les plus intérieures. Les terrains plutoniques woffrant pas de stratifications, ‘ne présentent, pour ainsi dire, entre eux, de différence que dans leur composition lithologique. On les divise générale. ment en terrains granitiques et en terrains pyroides. Le terrain granitique se subdivise lui-même en deux formations : la granitique proprement dite, qui se distingue ar une texture granulaire, se composant de granites, syé- 124 LE NATURALISTE CANADIEN. nites, protogynes et pegmatites ; et la porphyrique, a tex- ture plus compacte, plus massive, se composant de porphyre, de trapp, de diorite, d’ophite, eurite etc. Le terrain pyroide, quoique devant aussi sa formation a Ja coagulation de la matiére en fusion par le refroidissement, ne semble pas former une couche uniforme, comme le ter- train granitique proprement dit, mais parait avoir été injecté en masses plus ou moins considérables, à travers les solu- tions de continuité de la couche granitique, aussi donne-t- on d’ordinaire le nom de roches ér ‘plives aux amas de cette formation. Ces roches sont : les basaltes, les trachytes, les domytes, les conglomérats trachytiques etc. Le Canada ne présente nulle part de masses considé- rables du terrain granitique à découvert, mais nous avons en plusieurs endroits, comme a Montarville, Yamaska etc. des roches éruptives, ou intrusives de la formation pyroide. Nul doute que la croute terrestre n’a pas partout la même épaisseur ; or les endroits les plus faibles ont souvent cedé à la force d'expansion des fluides intérieurs, et donné issue aux matières en fusion. (C’est sans doute là la cause qui a forcé la formation pyroide à se faire jour, non seule- ment à travers la couche granitique, mais encore à travers tout le terrain Silurien, dans une ligne joignant transver- salement la chaine des Apalaches au Sud du Fleuve, à celle des Laurentides au Nord, longueur de plus de 180 milles et se faisant jour à l’extérieur par les montagnes de Shefford, Yamaska, Rougemont, Johnson, Belæiïl, Montaryille, Mont- réal, Rigaud, jusqu’au lac des Chats sur l’Ottawa ; toutes ces montagnes appartenant aux roches plutoniques. On donne aux terrains Plutoniques une épaisseur d’en- viron 6 lieues, sur les 9 ou 10 qu’on attribue à l'ensemble de la croute terrestre. (A continuer). ti SO ee ee LE PAPILLON DU CHOU ET SES PARASITES, 125 LE PAPILLON DU CHOU ET SES PARASITES. On nous écrit de St. Théodore d’Acton, en date du 20 Mars. “ Je suis loin de croire a la génération spontanée ; ce pendant, je viens de constater quelque chose qui m intrigue au point que je crois devoir m’en ouvrir aw père des sciences naturelles en Canada. Voici: “ Il y a quelques jours, je trouvai entre les deux chassis de ma chambre deux chrysalides de lépidoptéres que je pris pour celles de la piéride du chou. L’une des deux m’a donné ce que j'en attendais. Comme je trouvais l’autre trop lente, je l’ouvris. Quelle ne fut pas ma surprise de la voir littéralement remplie de petites larves de je ne sais quel insecte! J’ai examiné l'enveloppe avec soin pour voir sil n'y avait pas quelque ouverture qui aurait permis à un insecte d’y déposer des œufs. Je n’ai pu rien découvrir Je vous envoie le tout avec prière d'examiner et de juger.” Nous nous plaisons d’autant plus à signaler le fait de notre intelligent correspondant, que, malheureusement, de telles observations sont trop rares parmi nous. Nous foulons par milliers, tous les jours, des merveilles à nos pieds, et nous sommes étonnés et intrigués lorsqu'elles viennent à frapper nos regards. Nous nous plaisons fort à faire de la science théorique ou spéculative, et négligeons bien trop la pratique et l'application. Ce défaut d'observation nous reporte à l'enfance de la science et ne contribue pas peu à maintenir cette foule d’absurdes préjugés en si grande vogue encore chez notre peuple. Mais revenons au cas qui nous occupe. La petite boite nous est parvenue en parfaite condition, et en l’ouvrant nous avons pu compter pas moins de 60 petites larves, encore toutes grouillantes et pleines de vie, les unes éparses dans la boite et les autres entassées dans les bouts de la chrysalide qui n’était que cassée en deux. 126 LE NATURALISTE CANADIEN. IJ ne nous a pas été difficile de reconnaitre dans ces petits vers dépourvus de pattes, d’une couleur blanchatre, de consistance charnue, de forme ovale-allongée, avec l’ex- trémité postérieure amincie, des larves de Ptéromales, petits insectes de la famille des Chalcidites, de l’ordre des Hy- ménopteres. Les Chalcidites sont de petits insectes, de couleurs ordinairement brillantss, qui vivent en parasites dans le corps des chenilles et autres larves, dans les œufs, et même dans le corps d’autres insectes eux-mêmes para- sites. Les œufs sont déposés en masses considérables par linsecte parfait sur le corps des chenilles. Aussitôt éclos, les petits vers se nourrissent de la substance même de la chenille qui les porte, sans toutefois attaquer les parties vitales qui pourraient lui causer la mort. La chenille quoique souffrante, subit cependant sa première métamor- phose, elle se transforme en chrysalide, en renfermant dans son enveloppe les parasites qu’elle portait ; et voilà pour- quoi notre correspondant n’a pu découvrir aucune ouver- ture par où ces petits vers auraient pu pénétrer dans leur demeure. Ces vers ne sont pas venus habiter une maison déjà bâtie, mais on a construit sur eux l'enveloppe qui les contient. Cependant ils continuent à se nourrir de la subs- tance même de la chrysalide et absorbent presque entière- ment, si bien que le temps de l’éclosion arrivé, la chrysalide, au lieu de donner le jour à un papillon de son espèce, lais. sera s'échapper toute une nombreuse famille (quelquefois jusqu’à 1000) de petits hyménoptères. La Providence, dans sa sagesse, en réglant l'harmonie de ce monde, a voulu que les animaux nuisibles sous cer- tains rapports, trouvassent des ennemis capables de mettre un terme à leur trop grande multiplication, et voilà pour- quoi les chenilies qui, abandonnées à elles-mêmes, feraient disparaitre toute végétation d’un pays dans une seule saison, deviennent par milliers et par millions les victimes de ces petits parasites, d'autant plus redoutables pour elles qu’elles n’ont aucun moyen de défense à leur opposer, et que leurs légions sont littéralement innombrables. | | en LE PAPILLON DU CHOU OU SES PARASITES. 127 Pourquoi le Papillon du chou a-t-il fait tant de ravages pendant une douzaine d'années, en ce pays ? C’est qu'il en a été de ce papillon comme de la plupart des autres insectes qui sont transportés d’un pays à un autre; leur nouvelle patrie leur offrant souvent des conditions de développe, ment plus favorables que celles du pays d’où ils viennent, mais surtout, les soustrayant aux ennemis quiles décimaient là. Le Papillon du chou, Pieris rape, importé d Angleterre à Québec, s’y est de suite multiplié en quantité innombra- ble, grace surtout à l'absence des ennemis qui lui faisaient» la guerre dans sa patrie. Mais après quelques années, les ennemis de là bas ont pu, par hasard, pénétrer ici, et con- tinuant comme ci-devant leur bon office, on a pu voir de suite le nombre des voraces chenilles aller en décroissant. Des ennemis indigènes ont pu sans doute s'attaquer aussi à la Piéride du chou, nous en avons nous-même trou: vé un dans un diptère du genre Tachine, mais les plus re- doutables paraissent être ceux qui, comme la Piéride elle- meme, ont été importés. Nous avons tout lieu de croire que les larves recues d‘Acton sont celles du Pteromalus puparum, si commun en Angleterre, et dont on a signalé la présence dans le voisi- nage de Boston, dans ces dernières années, c’est-à-dire de- puis que la Piéride y a fait son apparition. Aujourd'hui, 3 Avril, presque toutes les petites larves sont transformées en nymphes, à découvert, sans s’étre ren- fermées dans un cocon, et nous avons tout lieu de croire que la plupart pouront parvenir à l'état parfait: Nous donnerons la description de l’insecte si la dernière méta- morphase vient à réussir. 128 LE NATURALISTE CANADIEN. CHASSE AUX SPECIMENS. Voici bientôt arrivé le temps de se procurer les spéci- mens pour l'étude de l’histoire naturelle. Nous dirons donc à tout les amateurs, aux maîtres comme aux débu- tants : à l’œuvre avec courage. “Un de plus” est une victoire qui doit se réaliser tous les Jours, pour le naturaliste, durant la belle saison, ou plutôt durant toute l’année, à part les quelques mois de nos froids extrêmes. C’est au moyen des collections que la science a pu s'asseoir sur des bases vraiment solides, sortir du chaos qui en rendait l'étude si difficile et la classification presque im- possible, Sans elles, les ténèbres de l'ignorance couvri- raient encore la plus grande partie du domaine de la science de la nature et le merveilleux tiendrait encore lieu de cri- tique et de raisonnement dans une foule de cas ; nous compierions encore comme nos ayeux, des satyres, des faunes, des tritons, des syrènes, des licornes, dans les singes, les dauphins, les phoques, les antilopes, ete. Mais grâce aux collections, aujourd’hui l’homme d'étude, sans sortir de son cabinet, peut comparer le tigre de l'Inde avec la pan- thère d’ Amérique, les énormes et redoutables reptiles des climats tropicaux, avec les paresseuses et innocentes cou- leuvres de nos régions tempérées, et relever les erreurs que des voyageurs entraînés par leur amour du merveilleux, n’ont pas hésité à proclamer ; il peut en un mot, voir mieux et juger plus surement au fond de son musée, que ceux mêmes qui parcourent le monde pour voir et étudier. Chaque amateur doit donc, dès le début, commencer une collection, non seulement dans la branche qui a fixé son choix d’une manière particulière, mais encore de tous les spécimens, quels qu’ils soient, qui peuvent lui tomber sous la main. Récoltez abondamment, dans toutes les classes et dans tous les ordres. Ces duplicatas seront pour vous une monnaie précieuse pour combler, au moyen dé- LA CHASSE AUX SPECIMENS 129 changes, les lacunes dans les séries que vous travaillez à compléter. Ajoutez que cette recherche des spécimens vous habituera à observation, gravera dans votre mémoire les faits qu’une lecture asbtraite et fugitive ne vous avait pas permis d’y fixer, et vous fera voir dans la nature prise sur le fait, une foule de caractéres qui avaient échappé aux auteurs même les plus sagaces. La collection des spécimens, leur mise en ordre dans un cabinet, c’est le moyen de soutenir son désir de con- naître, c’est la classification gravée sans effort dans la mé- moire. Sans collectionner vous pourez bien acquérir des connaissances générales sur les principales branches de histoire naturelle, mais vous manquerez toujours de ces vues d'ensemble qui permettent, d’un seul coup d'œil, d'embrasser toute une série, la classification vous fera toujours défaut, et ce manque déroutant votre mémoire, vous rendra incapa- ble de contribuer en quoique ce soit à l'avancement de la science. Amassez, et abondamment :*insectes, mollusques, plantes, roches, minéraux, ne Jaissez rien passer. Nous avons déjà donné dans le NATURALISTE, vol. I, page 163, des détails sur la manière de faire la chasse aux insectes ; nous donne- rons dans notre prochain numéro, quelques avis sur la ma- nière de se procurer et de conserver les spécimens dans les autres branches. Les insectes ont déjà commencé à faire leur apparition, dès le 8 Mars nous prenions 2 Diptères en plein air ; le 15, les dermestes se montraient dans nos appartements ; le 2 Avril nous prenions une névroptère, une perle, et le 3 une belle tipule à antennes plumeuses. > © Sh =O ES 130 LR NATURALISTE CANADIEN. NATURALISTES CANADIENS. (Continué de la page 103). 11. Gosse, 1840.—P. H. Gosse, naturaliste Anglais, de- meura plusieurs années en Canada, et publia à Londres, en 1840, un ouvrage illustré de 360 pages in-8, intitulé : The Canadian Naturalist : a series of conversations on the Natural History of Lower Canada, Bon nombre d'excellentes figures de nos animaux et de nos plantes, en outre d’une foule d’ob- servations sur la vie, la nourriture, l'habitat de nos animaux) > de même que la manière de les chasser, furent consignés dans cet ouvrage. 12. Logan, 1842.—Sir William Edmund Logan, naquit à Montréal, en 1798. , Après avoir pris ses grades à l’'Uni- versité d’Edimburg en 1818, il se livra d’abord au com- merce, à Londres, où il devint l’associé de lun de ses oncles. En 1829, après quelques années de séjour en Ca- nada, il repassa en Europe et fixa sa résidence à Swansea, dans le pays de Galles, pour se livrer à l'étude des mines et de la Géologie qui, depuis longtemps déjà avait captivé son attention. Son oncle étant mort en 1838, il reprit la route du Canada et se mit de suite à en faire une explora- tion minutieuse. Mais dès 1842, la commission géologique de la Province ayant été organisé, M. Logan fut choisi pour en être le chef; et pendant près de 30 années, il se dévoua aux travaux de sa charge avec un zèle que l'amour seul de la science pouvait ainsi soutenir. Les habiles et savant rapports de M. Logan, comme chef de la commission géologique, et surtout sa découverte du terrain Laurentien, avait déjà placé bien haut dans le monde savant le nom de notre géologue, lorsqu’en 1851, notre gouvernement le chargea de représenter la Pro- vince à l'exposition universelle de Londres, et à celle de Paris en 1855. Ce fut à cette occasion qu'il fut créé che- © velier par la reine Victoria. Les principaux ouvrages de 2 an | | d ‘ NATURALISTES CANADIENS, 131 Sir William Logan, en outre de ses rapports annuels à la législature sur les progrès de la commission, et de plusieurs articles dans les journaux tant Européens qu'Am'ricains furent les suivants: lo Geology of Canada, 1863, résumant les résultats des opérations de la commission de 1858 à 1863, un fort volume de plus de 1000 pages in-8, avec gravures +» nombreuses et un Atlas de cartes; 20 ÆEsquisse Géologique du Canada, pour servir d'intelligence de la carte géologique et de la collection des minéraux envoyés à 0 Exposition Universelle de Paris, par W. E. Logan et T. Sterry Hunt.—Paris, 1855, 100 p.in-12. 30 Descriptive Catalogue of a collection of the Economic minerals of Canada and of its crystalline Rocks, sent by the Geological Survey to the London International Exhibi- tion of 1862 ; Montréal, 1862, 88 pages in-8. M. Logan ne s’est retiré de la commission géologique que depuis 2 ans; il a été remplacé par M. Selwyn. 13. Cooper, William 1844——M. Cooper qui réside ac- - tuellement à Montréal, après avoir séjourné successivement “ à Toronto, Trois-Rivières, Québec et Ottawa, étudie Vhis- toire naturelle depuis 1844 L’Entomologie et l’Ornitholo- gie sont ses branches favorites. M. Cooper est en outre un habile taxidermiste. Il est le premier naturaliste, si nous ne nous trompons, qui ait fait une collection d'insectes à — Québec. Il a décrit un lépidoptère (Alypia Langtonii, Cooper) et une douzaine de Coléoptères inconnus jusque là à la science. Le Canadian Naturalist, de Montréal, de même que le Canadian Entomologist de London, Ont. ont reçu à diverses reprises, des correspondances fort intéres- santes de M. Couper. Collectionneur infatigable, M. Coo- per a déjà fait plusieurs visites aux côtes du Labrador et à Anticosti, à la recherche d'oiseaux, d'œufs, d'insectes, etc. Ayant perdu accidentellement le produit de son excursion de lan dernier, il se propose d’en reprendre une nouvelle l'été prochain. 14. Dawson, 1848.—Mr. John William Dawson, qui est né à Pictou, N. E. en 1820, est depuis 1855 Principal de l'Université McGill, à Montréal. Il fut gradué Maitre-es- arts à l'Université d’Edimboure, où il fit ses cours, et se voua de suite, avec passion, à l’étide de l’histoire naturelle. 132 LY NATURALISTE CANADIEN, I] accompagna, en 1842, Sir Charles Lyell dans l’explora- tion qu'il fit de la Nouvelle-Ecosse, et ne profita pas peu du contact de ce renommé géologue. Aussi ses vastes con- naissances l’appelèrent-elles bientôt aux charges les plus importantes. D’abord directeur d'une exploration géolo- gique des terrains mihiers de sa province, il fut ensuite nommé surintendant de l'Education, poste qu'il occupa pendant 3 ans. Hn 1853, il fut placé à la tête des écoles normales, et en 1855 il passa principal de l'Université McGill, à Montréal, poste qu'il occupe encore aujourd’hui. Les remarquables écrits du Dr. Dawson lui ont ouvert les portes de plusieurs sociétés savantes qui le comptent au nombre de leurs membres. En outre de ses contributions à différentes revues scientifiques, le Dr. Dawson publia encore les ouvrages suivants: 1° Handbook of Geography and Natural History of Nova Scotia.—Pictou 1846 2° Aca- dian geology. — Edimbourg et Londres, 1856, avec cartes. Cet ouvrage donne un état de la structure géologique et des ressources minérales de la N.-Ecosse et d’une portion des Provinces Britanniques qui l’avoisinent. 8° Archaia ; or studies of the Cosmogony and Natural History of the Hebrew Scriptures,—Montréal et Londres 1860, 400,1in-8. 4° Air Breathers of the Coal Period,—Montréal et Londres 1863, 81 p.in-8. L'auteur donne dans cet ouvrage une descrip- tion des restes d’animaux terrestres trouvés dans les mines de charbon de la N. Ecosse, et fait ressortir la lumière qui peut en résulter pour l'explication de la formation du char- bon, de même que pour l’origine des espèces. 5° Hanbook of Zoology, wuth exemples of Canadian species recent and fossil, Montréal 1870, avec gravures. En même temps que ces lignes passent sous la presse, on annonce un nouvel ouvrage du Dr. Dawson ayant pour titre : The story of the Earth and Man,—Montreal, 420 p. in-12, avec nombreuses gravures. 15. Hunt, 1855.—Mr. T. Sterrry Hunt est natif de la République voisine. Vers 1854, il fut attaché à la com. mission géologique du Canada, comme chimiste et minéra- logiste, et devint plus tard professeur de ces mêmes sciences à l'Université Laval. Mr. Hunt est sans contredit un miné- rologiste de haute capacité. En outre de la part qu'il prit ——__ nd Te RSR NATURALISTFS CANADIENS. 133 aux rapports annuels de la commission, il publia, conjointe. ment avec M. Logan, en 1855, à Paris, l’Esquisse Gévlog'ique du Canada. M. Hunt fournit une foule d'articles à la presse scientifique des Etats-Unis et de l'Angleterre ; on peut citer les suivants parmi les plus remarquables : Ox some felds- pathic Rocks (Norites) 1855 ; History of Ophiolites, 1859 ; Euphotide et Saussurite, 1859 ; Chemistry of Gypsums et Dolo- mites, 1859 ; Mineralogy of Laurentian limestones, 1869 ; Norite and Labradorite Rock, 1869 ; Volcanoes et Eartaquakes., 1869 ; Geology of Eastern New England, 1870; Geognosy of the Apalachians and Origin of Crystalline Rocks, 1871; On Alpine Geology, 1872 etc. ete. Mr. Hunt est de nouveau retourné aux Etats-Unis depuis sa retraite de l’Université- Laval 16. E. Billings, 1856.—Mr. Elkanah Billings s’est sur- tout distingué comme Paléontologiste. Nous lui devons la description, et même la découverte, de plus de la moitié de nos fossiles. Na famille, d’origine Anglaise, après avoir passé par les Etats-Unis, vint à la fin se fixer dans le township de Gloucester, pres d'Ottawa ; et c’est 14 quest né notre natu- raliste, en 1820. Admis au barreau du Haut-Canada en 1845, il pratiqua comme avocat jusqu’en 1856, où il fut atta- ché comme Paléontologiste à la Commission géologique, poste qu’il occupe encore aujourd’hui. En 1856, il fonda le Canadian Naturalist, dont il fut dans le début presque l'unique rédacteur. En outre de ses nombreuses contribu- tions au Canadian Naturalist de Montréal, au Canadian Journal de Toronto, au Silliman’s Journal &e. il publia en 1865, à Montréal, ses Paleozoic Fossils, octavo royal de plus de 400 pages, portant 401 gravures, Cet ouvrage con- tient la description de 443 espèces nouvelles de fossiles, avec des détails nouveaux sur plus de 50 autres. Il publia aussi a Montréal, en 1866 ; Catalogue of Paleozoic Fossils of Anticosti, with descriptions of some of the species. M. Billings continue encore à favoriser la presse du pays, et même de Pétranger, de ses profondes connaissances en géologie, tout en continuant de servir la Commission. II est, sans con- tredit, la plus haute autorité de la Puissance en fait de Paléontologie. 134 LE NATURALISTE CANADIEN. 17. D'Urban, 1556.—Mr. William Stewart D’ Urban qui habita Montréal de 1855 à 1861, repassa en Angleterre a cette dernière époque. Il parait avoir particulièrement donné son attention à l’'Ornitholosie et à l’Entomologie, et publia dans le Canadian Naturalist une foule d'articies rex. tivement à ces deux sciences, On peut citer les suivants parmi les plus remarquables : Notice of the occurrence of the Pine Grosbeak and Bohemian Chatterer, near Montreal, 1856 Description of four species of Canadian Lutterflies, 1857 ; Description of a Canadinn Butterfly, and some remarks on genus Papilio, 1858 ; A systematic list of Coleoptera found in the vicinity of Montreal, 1859 ; Addenda to Natural History of the River Rouge, etc. ete. 18. Barnston, 1857.— Mr. George Barnston est un officier de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui résida durant plusieurs années à Montréal, et qui publia plusieurs mémoires sur les animaux et les plantes de notre pays dans le Canadian Naturalist. Ou peut citer parmi les plus re- marquables, ceux sur les sujets suivants: Distribution géographique dans l'Amérique du Nord des Renonculacées, 1857 ; des Cruciféres, 1859 ; du genre Ail, 1859; Catalogue of Coleoptera collected in the Hudson’s Bay Territories, 1860 ; Recollections of the Swans and Geese of Hudson's Bay, 1861 ; Remarks on the Genus Lutra 1863 etc. 19. Provancher, 1858.—[n poursuivant l’ordre chro- nologique, c’est ici que nous devrions prendre place, puisque notre première publication date de cette époque. Nous laissons à d’autres à apprécier nos humbles productions, nous nous contentons den énumérer ici les titres: Æssai sur les maladies et les insectes qui affectent le blé, Montréal 1858 ; couronné comme 3e prix au concours alors offert. Traité Elémentaire de Botanique à l'usage des institutions d'éducation el des amateurs qui veulent se livrer à l'élude de celle science sans le secours d'un maître, avec gravures, Québec 1858; cestle prenier-du genre publié en ce pays. Le Verger Canadien, dans lequel nous traitons des insectes nuisible#aux arbres fruitiers, avee gravures, Québec, 1862; une 2e édition en 1864. Comme cette dernière édition est | | in 0 où FAITS DIVERS. épuisée, nous nous proposons d’en donner une nouvelle, cette année même, avec des changements considérables. Flore Canadienne, ou description de toutes les plantes des foréts, champs, jardins et eaux du Canada, accompagnée dun vocabu- laire des termes techniques et de clefs analytiques permettant de rapporter chaque plante à la famille, au genre et à l'espèce qui la déterminent, ornée de plus de 400 gravures sur bois, 842 pages in-8, Québec, 1862. Enfin, en Décembre 1868, nous fondions LE NaTURALISTE CANADIEN qui poursuit actuelle- ment son 5e volume. À continuer. EFALTES DIVERS. Tunnel sous le Saint-Laurent.—Nous voyons avec peine, par le Post du Détroit, que les travaux de cette gigantesque entreprice sont pour le moment abandonnés faute de res- sources. Ce tunnel était destiné a mettre en communication directe au Détroit, le Great Wester Railway du Canada, avec le Michigan Central, au moyen d’un double tunnel de 15 pieds de diamétre chacun, creusé sous le lit du Saint-Laurent, Ces deux tunnels, indépendants l’un de l’autre, devaient mesurer 8,568 pieds de longueur. Les travaux préliminaires devaient consister à percer d'abord un petit tunnel de 5 pieds de diamètre qni aurait servi comme de drain aux deux grands. Commencé à ses deux extrémités, ce petit tunnel mesurait déjà 1700 pieds du côté Américan et 1220 du côté Canadien, lorsque l’on discontinua les travaux. Espérons qu'ils seront bientôt repris et parachevés, car rien dans l'ouvrage exécuté ne fait prévoir de difficultés extraordinaires, au contraire, tout dénote qu'au point de vue de le exécution, l’entreprise est des plus faciles. 136 LE NATURALISTE CANADIEN. . Sel.— On découvrit en 1862, à la Petite Anse, dans le Delta du Mississipi, un dépot de sel de 38 pieds d’épaisseur sur une étendue de 144 arpents. Ce sel, quoique à 15 milles de distance seulement de bancs de gypse (plâtre), était re- marquablement pur, et fournit l’approvisionnement de la moitié Ouest des armées confédérées pendant la dernière guerre. Recu.—Nos remerciments à qui de droit pour l'envoi du Report of the Entomological Society of Ontario for 1872. Ce 3e rapport qui forme une brochure de 75 pages in-8, l’em- porte encore en intérêt sur ses dévanciers, s’il est possible. Il contient la description de plus de 100 insectes nuisibles et ne porte pas moins de 84 gravures pour l'intelligence du texte. Les chapitres qui le partagent se répartissent dans les titres suivants: 1° Insectes nuisibles à la vigne ; 2° au fraisier ; 3° au houblon ;: 4° à l’érable ; 5° au pêcher; 6° à la pomme de terre ; 7° Sur quelques insectes innocents ; 8° Insectes utiles. Le gouvernement d’Ontario n'hésite pas à consacrer des sommes considérables pour répandre parmi le peuple de justes notions sur ces redoutables enne- mis que nous rencontrons parmi les insectes qui déciment chaque année nos produits de tout genre. Progrès en zoologie.—Les écrits sur la zoologie en 1864 ne numéralent pas moins de 25,000 pages, 35,000 en 1865 et 30,000 en 1866. Les animaux inconnus jusque la à la science, décrits en 1865, se montaient à plus de 7,000. Le Professeur Lilljeborg établit que les Mammifères ne comptent pas moins aujourd’hui de 2,300 espèces, parmi lesquelles les Rongeurs en prennent 700, les Chéiroptères (Chauves-souris) 500, les Carnassiers 250, les Quadrumanes 200 et les Ruminants avec les Pachydermes à peu près aussi 200, 4 ( 4 { LE Aaturaliste Canadien Vol. V. CapRouge, MAI, 1878. No. 5 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, L'HISTOIRE NATURELLE DANS LES ECOLES D'ADULTES. Nous avons dit, dans notre dernier numéro, qu'un instituteur habile, à la tête d’une école d'adultes, pouvait trouver dans l’histoire naturelle une source inépuisable pour instruire et amuser ses élèves. Donnons quelques développements à cette pensée, en nous représentant com- ment la chose pourrait se passer. Sans doute que nous ne prétendons pas que de telles lecons pourraient suffire pour guider l'élève dans une étude systématique et approfondie de la nature, bien que toute- fois elles fussent propres à en inspirer le goût, mais sans viser si haut, elles seraient certainement suffisantes pour inculquer ces connaissances générales qu'il n’est permis à aucun homme lettré de méconnaitre, et qui, dans le peuple, distinguent l’homme intelligent et éclairé, du simple gros Jean, pour qui tout l’univers est renfermé dans les bornes de sa Province, et qui n’explique les opérations les plus simples de la nature que par des contes ridicules, où le merveilleux le dispute à l'absurde. Supposons done, un moment, le maitre et les élèves à l'œuvre, soit en pleins champs ou dans la classe, en face de quelques spécimens d'un embryon de collection; en- 138 S LE NATURALISTE CANADIEN. tendons ceux-ci soumettre leurs diflicultés et leurs em- barras sur les sujets qu'on aurait pu dicter à leur attention, et voyons avec quel intérêt ce maitre peut les résoudre, tout en amusant ses auditeurs. Et d’abord dans le cabinet. Le maître tient entre ses mains une bande de liége portant un papillon blanc avec une chenille verte. D'où vient ce papillon, demande le maitre ? —D'une mère papillon semblable à lui, sans doute, qui lui aura donné le jour comme le font tous les autres ani- maux. — Vous n’y êtes pas tout-à-fait; ce papillon blanc vient de cette chenille verte que vous voyez là. —Oh! pour le coup, vous voulez vous gausser de nous. Cette vilaine bête de chenille qui ne peut que ramper sur les feuilles de chou tout en les dévorant, engendrerait ces beaux papillons blanes, qui semblent se plaire à voltiger au- tour de nous pour nous faire admirer leur extrême lé- gèreté ou l'éclat de leurs couleurs? Impossible! vaudrait autant marier des lièvres avec des carpes. —Des chenilles produire des papillons, reprend un autre élève! Et cette autre engeance de chenilles poilues, rouges au milieu et noires aux deux bouts, qui se roulent en boudins dès qu’on les touche, qu'on trouve partout, dans les chemins, sur les clôtures et jusque dans les apparte- ments, engendrerait, je suppose, des papillons, elle aussi ? —-Nans aucun doute ; il en est ainsi! Et voici, continue le maitre, en montrant un autre carton, la chenille dont vous parlez, avec le papillon qu'elle produit. Oui! ce ma- gnifique papillon d'un jaune docre, avec points noirs épars ci et là sur ses ailes, avec son corps robuste, jaune marqué d’une chaine de points noirs sur le dos, avec ses cornes frangées comme une fine plume de soie, et ce velouté si délicat qui le recouvre partout, est l'Arctie Isabelle, qu'on ne voit voler que vers le soir et qui rentre souvent dans nos appartements ; et il est le produit de cette grosse che- nille poilne, que vous appelez ? —Castor, reprennent deux ou trois ensemble...... : . > L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ÉCOLES D'ADULTES, 139 —Caslor, à votre choix, qui ronge les feuilles du trèfle, du pissenlit et autres plantes. La chenille: passe d'ordinaire hiver en cet état, et il n’est pas rare qu’on en apporte plusieurs dans nos appartements, durant l'hiver, avec les morceaux de bois qu'on rentre pour le poële.* NN Ns W FX 1 LEG 4} i —Mais de grâce, veuillez nous expliquer comment la chose peut se faire, car nous croirions tout aussi bien qu’une chatte peut avoir des poulets, qu'une chenille peut pro- duire un papillon. —Quelle belle affaire, dit un second, si on pouvait élever des poulets avec des chattes, des vaches avec des chiennes, je suppose, et des poulins avec des moutonnes |... *N ous reproduisons ici les figures de la Piéride de la rave ou papillon du chou, Pieris rape, pour faciliter davantage les explications données. Fig.—3, a, larve de la Piéride, de couleur verte, de grandeur naturelle, sur une tige de Capucine ; 6, sa chrysalide, do couleur jaunâtre, aussi de grandeur naturelle, attachée à une tige de la même plante par un fil de soie que la chenille s’est filé au moment de sa transformation. 140 LE NATURALISTE CANADIEN. Non, mes amis, il n’en peut-être ainsi; ces change- — ments extraordinaires, incroyables si l’évidence n'était là pour les confirmer, ne peuvent avoir lieu pour les gros animaux; mais seulement pour les insectes, c’est-à-dire ces petites bêtes à 6 pattes, qui ont le corps divisé en an- neaux, et sont généralement munies d'ailes, comme les criquets, les demoiselles, les mouches, les guépes, les pu- naises etc. —Mais sont-ce aussi des chenilles qui engendrent les mouches ? —Pas précisement, puisque nous nommons chenilles des vers munis de pattes, et que ceux qui engendrent les mouches en sont dépourvus. —Ce sont des vers qui produisent les mouches ? —Sans aucun doute, et de la même manière que les chenilles produisent des papillons. —Mais comment se fait-il done qu'on ne voye jamais la chose s’opérer ? — Vous ne l'avez jamais vu ? —Oh! jamais, au grand jamais; et nous ne comprenons pas encore qu’elle puisse se faire. — Ecoutez moi bien, et vous allez lecomprendre. Tenez, voyez-vous ce petit grain qui ressemble assez à une grosse tete d’épingle ? c'est un œuf-de papillon, Cet œuf, déposé sur une plante par la femelle du papillon, éclot, lorsque par la révolution de la saison, il a eu le degré et la quantité de Fig. 4—La Piéride de la rave à l'état parfait ou ailé; couleur blanche ou jaun4- tro. Les mâles seuls portent des taches grises sur les ailes, les femelles en sont toujours dépourvues. | | | L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ÉCOLES D'ADULTES. 141 chaleur qui lui étaient nécessaires. Il éclot, dis-je, mais n'allez pas croire qu'il en sorte un petit papillon? Oh! non ; c’est une petite, une toute petite chenille qui en sort. : Cette petite chenille trouve de suite à sa portée, dans la plante sur laquelle elle a été déposée, la nourriture qui lui convient. Elle commence sans plus tarder son œuvre de destruction, en rongeant la feuille qui la porte. Vous allez croire qu'au moyen de la nourriture qu’elle absorbe, cette petite chenille prend sans doute de l'accroissement ? Oui ! il en est ainsi; mais d’une manière toute différente des autres animaux ; car tout est étrange, extraordinaire ici. Vous avez déjà remarqué, sans doute, que les chenilles, de même que les insectes, n’ont pas d’os dans le corps, mais sont revêtues d'une peau plus ou moins dure qui leur en tient lieu. —Mais voila bien une nouvelle merveille, un animal qui porte ses os dans sa peau et non dans sa chair !.… —Tel est bien le cas pour les insectes, tout de même ! Après donc que la petite chenille a pris de la nourriture pen- dant 4 ou cing jours, sa peau qui ne peut s'étendre, ne peut non plus résister à l’effort du corps qu'elle renferme et qui prend de l'accroissement, elle se fend alors, et la chenille en sort avec une peau nouvelle et une bien plus forte taille. Ces mues où changements de peau se répètent 4 à 5 fois, et la chenille a alors atteint son entier développement. Ele va subir maintenant un changement où métamorphose qui lui donnera une forme toute différente de celle qu’elle avait auparavant. Certaines chenilles subissent ce changement à découvert, et d’autres le font après s'être renfermées dans un cocon de soie qu’elles se sont filé. La chenille, qui jusque la était désignée par le terme couunun de larve, portera désormais le nom de nymphe ou chrysalide, et au lieu de ramper sur les corps comme aupar- avant au moyen de 6 ou 7 paires dé pattes, elle ne présen- tera plus qu’un corps de forme ovale, pointu à l’une de ses extrémités, recouvert d’une espèce de chemise crustacée, et incapable de locomotion, Il n’y a plus ni pattes, ni antennes, ni bouche, ni yeux; c’est presque un nouvel œuf, Aussi si 142 LE NATURALISTE CANADIEN. on l’ouvre à ce moment, on trouvera tout l'intérieur rempli d’une matière laiteuse, sans aucune forme de membres quelconques. Aprés un temps plus ou moins long, suivant les espéces, passé sous cette forme, cette espèce d'œuf, va éclore à son tour; c’est-à-dire que l’insecte, par une nouvelle métamor- phose, va passer à l’état ailé ou parfait. Il arrive donc que la peau rigide qui couvrait la nymphe ou la chrysalide se fend tout à coup pour en laisser sortir, non pas une nouvelle chenille, mais un agile papillon, avec ses pattes, ses antennes, ses ailes, ses couleurs, et, A son entier développement, a sa grosseur parfaite. Telle est la marche de la nature dans la vie des insectes. —Mais les papillons ne profitent donc pas ? Non; tous les insectes naissent à l’état ailé dans leur entier développement. —Cependant on en voit, par exemple des mouches, de toutes petites et d’autres assez grosses, ——La taille peut varier un peu d’un individu à un autre, mais une fois à l’état ailé, il n'y a plus d’accroissement pour l'insecte; tous ceux que vous voyez de taille si différente sont autant d'espèces distinctes, —Mais les mouches de nos maisons passent-elles par tous ces changements que vous venez de décrire pour les papillons ? —Absolument de la même façon, à l'exception toutefois que leurs larves n'étant que des petits vers sans pattes ne peuvent se promener comme les chenilles, —Mais comment peuvent-ils se procurer leur nourri- ture, s'ils ne peuvent marcher, et où se trouvent-ils que nous ne les rencontrons jamais ? —S1 vous n’avez jamais rencontré de larves de mouches, ni vu s’opérer les métamorphoses des insectes, c'est que vous ne vous êtes jamais appliqués à observer et à vous rendre compte de tout ce qui peut frapper vos regards, Nous sommes partout environnés de merveilles; nous en ren- fermons des milliers au dedans de nous mêmes : et nous ne L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ECOLES D'ADULTES. 143 nous donnons pas la peine de nous en rendre compte. Apprenez à observer, mes amis, et la nature entière devien- dra pour vous un livre toujours ouvert, où vous recon- naitrez la sagesse, la bonté, la puissance, la richesse infinie de cette Divine Providence qui a tout coordonné ici bas dans un ordre, une harmonie parfaite, et qui n’est pas moins admirable dans l’organisation et la vie des plus vils in- sectes, que dans l'agencement et la production de ces milliers de mondes qui se promènent au dessus de nos têtes dans le domaine de l'infini. C’est cette observation de la nature qui portait le prophète David à s’écrier, dans le transport de son admiration: mirabilia opera tua Domine, tous vos ouvrages, Seigneur, commandent notre admira- tion! Ainsi, voyez un peu: la larve de la mouche ne peut se mouvoir et marcher, mais sa mère a déposé l’œuf qui l’a produite dans le fumier dont elle se nourrit; les petites chenilles seraient incapables d'aller chercher au loin la plante qui leur convient, mais la femelle du papillon a déposé ses œufs sur cette plante même; les larves des abeilles, des fourmis, des guépes, des bourdons, sont aussi dépourvues de pattes et naissent dans des alvéoles où elles ne trouvent rien à manger, mais il y a chez ces insectes, des neutres ou travailleurs, qui n'étant ni mâles ni femelles, remplissent l’oflice de mères à l'égard des larves, allant cueillir sur les fleurs, et leur dégorgeant dans la bouche, le miel qui doit les nourrir etc. —-Les insectes n’élevent donc pas leurs petits comme les autres animaux ? —On peut dire généralement que chez linsecte l’édu- cation du petit n'existe pas, puisque la mère meurt presque aussitôt après avoir déposéses œufs, et que les petits qui nais- sent de ceux-ci pourvoient eux-mêmes à leur subsistance du moment de leur éclosion; cependant, comme je viens de l'observer, chez les abeilles, les fourmis et la plupart des insectes sociétaires, il y a des neutres qui font l'éducation, ou du moins qui pouvoient aux besoins des petits à l’état de larves. —-Mais si tous les insectes passent par l’état de larves, 144 LE NATURALISTE CANADIEN. les punaises des lits viennent donc, elles aussi, de petits vers ? —Oui! tous les insectes passent par l’état de larve ; mais pour un certain nombre, comme les criquets, les pu- naises etc, la larve a, à peu près, les mêmes formes, moins la taille et les ailes, que l’insecte parfait ; et voilà pourquoi on dit que ces insectes ne subissent que des métamorphoses incomplètes. —Mais les punaises viennent-elles aussi à avoir des ailes? Ce serait bien pour le coup qu'il n’y aurait plus moyen de se mettre à l'abri de ces dégoutantes visiteuses nocturnes ; les plafonds sans fissures, les murs les mieux glacés, les lits les plus propres n’y feraient rien, puisqu'elles viendraient dans leur vol s’abattre sur votre figure, comme les oiseaux au-dessus de l’eau qui recherchent quelque ilot ou pointe de rocher pour y poser le pied. —On dit, en thèse générale, que l’insecte est un animal ailé; cependant il y a, par exception, des aptères dans tous les ordres ; ainsi les Cychres chez les coléoptères, les Ceutophiles chez les orthoptères, les Mutilles chez les hyménoptères, plusieurs femelles de papillons etc., sont toujours dépourvus d'ailes, et de ce nombre est aussi l Acanthia lectularia ou punaise des lits, —Ailés ou non, les insectes ne sont toujours bien qu’une triste engeance qu'on ne saurait trop combattre pour s’en débarrasser. — Vous vous trompez, moti ami; si nous trouvons des ennemis parmi les insectes, nous en rencontrons aussi une foule qni ne nous nuisent en rien, et un grand nombre qui nous sont très utiles, tout-à-fait avantageux. Vous n’ignorez pas que la cire, le miel et la soie sont des produits d’in- sectes ; dans bien des pays, l’insecte est recherché par ie peuple comme aliment. Ne sait-on pas d’ailleurs qu'un grand nombre d'oiseaux n’ont d’autre nourriture que l'in- secte et périraient s’il venait à leur faire défaut ? Combien d'insectes aussi qui se font la guerre entre eux, et ne servent pas peu à restreindre le nombre de ceux qui nous sont nuisibles. Tenez, voyez cette espèce de guépe avec son ECHASSIERS. 145 abdomen en fuseau qui n’est réuni au corselet ou thorax que par un pédicule délié et allongé, c’est un Ichneumon ; vous auriez été porté, a premiére vue, a le redouter et a le considérer comme nuisible ? Cependant les Ichneumons sont des insectes éminemment bienfaisants, par ce qu'ils déposent leurs œufs dans le corps des chenilles qui ra- vagent nos plantes, et en font ainsi périr un grand nombre. Sans les Ichneumons il n’y aurait peut-être pas de culture possible en certains endroits. Etudiez la nature, mes amis, et vous apprendrez à distinguer parmi cette foule d'êtres qui nous environnent, quels sont ceux que vous devez protéger et ceux que vous devez combattre. Etudiez la nature, et vous reconnaitrez que tout a été réglé ici-bas avec une sagesse infinie, que tout s’y trouve dans une harmonie parfaite, et qu’insensé est celui qui blame la Providence par ce que ses vues bor- nées ne lui permettent pas de distinguer partout ses dispo- sitions et ses lois. (A continuer). IO ODS OI ee — FAUNE CANADIENNE. — LES OISEAUX. — LES ECHASSIERS. (Continuée de la page 115). Sous-fam. des TOTANINES. Totanine. Bec aussi long que la tête, la base seulement cou- verte d'une peau flexible, la pointe, au moins jusqu’à la moitié, étant dure et cornée. Doigts généralement réunis par une membrane à la base. Bouche s’ouvrant jusqu'au de la de la base du bec. Queue avec barres transversales. Les 9 genres de cette sous-famille sont peu nombreux en espèces, mais très abondants en individus. Voici comment on peut les distinguer les uns les autres, 146 LE NATURALISTE CANADIEN. Doigts réunis à la base par une membrane ; Tarses avec écailles transversales en avant et en arrière ; Bee droit ou relevé; Rainure de la mandibule supérieure s'étendant de la base à la moitié de la longueur ; Jambes longues............... 1 GAMBETTA, Jambes courtes. .... cs... 2 RHYACOPHILUS. Rainure de la mandibule supérieure se prolongeant jus- qu'aux trois quarts de la longueur ; Ouverture de la bouche dépassant à peine la base du peo. AE =~... 5. MONO PIS ee Ouverture de la bouche se prolongeant presque jus- qu'aux yeux....... doh. ORL A 4 ACTITURUS. Bee épaissi et relevé à l'extrémité, .......,.... . 5 Limosa. Tarses avec écailles transversales en avant seulement.. 6 NuMENtus. Doigts fendus jusqu'à la base ; Front couvert de plumes ; Bee grêle. Doigt postérieur d'environ le tiers de la longueur du BATH Le ---- copes, À LIRADEUR Bee fort. Doigt postérieur de la moitié au moins de la lon- BUGHT OM tANECr PNR. -- +. esau chu seme hy 8 PorZANna. Front nu, avec plaque cornée -........ ee ee .. 9 Func, 1. Gen. CHEVALIER. Gambetia, Kaup. Bec droit, la mandibule supérieure un peu relevée à l'extrémité, les rainures ne s'étendant pas jusqu'au milieu. Membrane retenant le doigt extérieur jusqu’à la première jointure ; entre les autres doigts la membrane est très petite. Jambes longues, jaunes. Le Chevalier aboyeur. Gambetta melanoleuca, Bon. Scolopax Gmel. Totanus melanoleucus, Vieil. Scolopax vociferus, Wils.—Angl. Tell-Tale ; Stone Snipe.—Longueur 14 pouces ; ailes 74; queue 3}; bec 2}; tarses 24 pouces. Bec plus long que la tête; première ré- mige la plus longue; queue courte. Dessus d’un cendré de nuances variées, généralement assez clair, avec lignes blanches à la tête et au cou, et taches et bordure des plumes d'un blane sale dans d’autres parties; bas du dos brun foncé, croupion blanc avec bandes d’un brun foncé ; dessous blanc avec stries longitudinales au cou et taches sagittées ou en croissant à la poitrine, brunes ; secondaires et tertiaires barrées de — blanc à l'extrémité. Queue blanche avec bandes brunes. Bee brun foncé, plus clair à la base; pattes jaunes. ÉCHASSIERS. 147 P. E. et C. Cette Alouette nous arrive en Mai ou Juin; elle fait son nid dans les herbes sur les bords des marais, et pond 4 œufs d’un blanc sale, irrégulièrement tachés de brun. Toujours sur les vases à la recherche des vers, mol- lusques, etc.,elle sert de sentinelle aux canards et autres oiseaux aquatiques, étant toujours la première à faire en- tendre son cri aigu pour donner l'éveil à l'approche du chasseur. 2. Gen. RHYACOPHILE. ARhyacophilus, Kaup. Bec gréle, sélargissant un peu à l’extrémité, a rai- nures s'étendant jusqu’au milieu; narines courtes. Jambes courtes. Le Rhyacophile solitaire. Rhyacophilus solitarius, Bon. Trin- ga ochropus, Lath. Totanus solitarius, Aud.—Anel. Solitary Sand- piper.—Longueur 8} pouces ; ailes 5; queue 24; bec 14 ; tarses 1} pouce. Bec un peu plus long que la tête, grêle, droit, comprimé ; ailes longues; queue courte ou moyenne. Dessus d’un brun verdatre, avec nombreuses taches grises circulaires ou irrégulières ; couvertures cau- dales plus foncées. Dessous blanc, la poitrine et le cou avec nom- breuses lignes brunes verdâtres, côtés et dessous des ailes avec barres de la même couleur. Pennes caudales blanches, à l'exception des 2 du milieu qui sont d’un brun verdâtre avec 5 bandes brunes. Bec et jambes d’un verdâtre bien foncé. P. AR.—Cette Alouette a, à peu près, lesmémes habi- tudes que la précédente ; mais on ne la rencontre générale- ment que par couples. 3. Gen. BÉCASSEAU. Tringoides, Bonap. Bec aigu, avec rainure de la mandibule supérieure se prolongeant jusqu'au trois quarts de la longueur du bec. Ouverture de la bouche se prolongeant à peine au de là de la base du bec. Queue arrondie. Le Bécasseau tacheté. Tringoides macularius, Gray. Trin- ga macularia, Lin. Actites mac. Bon.—Vulg. Alouette branle-queue ; Ang]. Spotted Sandpiper.—Longueur 74 pouces, ailes 44; queue 2 ; bec 1 pouce. Bec un peu plus long que la tête, grêle; jambes lon- gues. Dessus d’un vert olive brunâtre, avec reflets quelque peu mé- tallics ou bronzés et grand nombre de lignes et de taches lancéolées ou 148 LE NATURALISTE CANADIEN. sagittées d’un brun foncé avec le même lustre. Une ligne au dessus de l'œil et tout le dessous blanes, avec nombreuses taches brunes, plus grandes sur l'abdomen. Primaires avec l'extrémité et une tache au bord interne blanches; secondaires avec du blanc à la base et à l’ex- trémité. Pennes caudales du milieu de même couleur que le dos, celle des bords terminées de blanc avec barres brunes. Bec d’un vert jaunitre ; pieds d’un jaune rougeftre. P. E & CC.—L’Alouette branle-queue, qu'on rencon- tre sur toutes nos grèves, mais jamais en troupes, a plus que les autres l'habitude de hocher la queue et la tête à tout instant. Elle construit son nid dans les herbes près des eaux, et pond 4 œufs, gros pour la taille de l'oiseau, d'un blanc de créme, parsemés de taches brunes 1rré- | guliéres plus ou moins foncées. 3 | 4, Gen. Actiturus, Bonap. Bouche s’ouvrant presque jusqu'aux yeux. Queue lon- gue, arrondie. Pour le reste, même caractères que le pré- cédent. Le Pluvier des champs. Actiturus Bartramius, Bon. Tringa Wils. Totanus campestris Vieiil.—Angl. Bartram’s Sand- piper ; Field Plover.—Longeur 12 pouces; ailes 64; queue 34 pee. Bec aplati à la base et recourbé à l’extrémité. Ailes longues; queue assez longue. Dessus d’un brun plus ou moins foncé à reflets verdâtres, avec les plumes bordées de blanc ou de jaunâtre; croupion presque noir. Une bande au dessus des yeux et tout le dessous d’un blanc sale, presque d'un blanc pur sur l’abdomen; poitrine et côtés avec bandes étroites brunes. Rémiges brunes, avec nombreuses bandes blanches sur leur bord interne. Pennes caudales du milieu de même couleur que le dos, celles des bords d’un jaune sale rougeâtre avec bandes brunes. Bec d’un jaune verdâtre; jambes d'un jaune olive. P. A. & CC.—Ce Pluvier est particulièrement commun en automne, où on le rencontre par bandes dans les champs. Il place son nid sur le sol, dans les champs, et pond 3 et 4 œufs d’un blanc de créme avec taches brunes de deux nuances. Gen. Barge. ZLimosa, Brisson. Bec allongé, gréle, relevé à l'extrémité, avec rainures s'étendant dans presque toute sa longueur, Queue courte, égale. LE PTEROMALE DES CRYSALIDES, 149 La Barge de la Baie d'Hudson. Zimosa Hudsonica, Sw, Scolopax. Lath. Limosa melanura, Bon.—Angl. Hudsonian God- wit—Longueur 15 pouces; ailes 8; queue 3; bec 22; tarses 24 pouces. Dessus brun avec taches et barres de rougeâtre sur le dos; couvertures caudales supérieures blanches; primaires brunes, cou- vertures d’un gris foncé. Dessous d’un roux jaunâtre avec barres brunes; queue noire avec barres blanches, terminée aussi de blanc. A. PC.—Plus commune dans le bas du Fleuve et au Labrador où elle fait sa ponte. A continuer. dd CL LE PTEROMALE DES CHRYSALIDES. Les petites larves qu’on nous avait envoyées de St. Théodore d’Acton dans une chrysalide de la Piéride de la rave, qui étaient transformées en nymphes le 3 Avril, pas- salient à l’état parfait le 7. Sur les 60 larves que nous avions comptées, 5 seulement manquèrent à l’éclosion, et 55 se montrèrent à l’état ailé. De ces 55 insectes 4 seulement étaient des males et les 51 autres des femelles. Comme nous le prévoyions, c'était bien le Ptéromale des chrysalides, Pteromalus puparum, Linné. Comme toutes les autres Chalcidites auxquelles appar- tiennent les Ptéromales, celui-ci présente des couleurs métalliques très brillantes. La tête et le thorax sont du plus beau vert, finement ponctués ou aciculés ; les yeux marrons, les antennes grisâtres. L’abdomen qui est poli et luisant, est aussi vert, avec reflets dorés. Pattes d’un jaune paille uniforme ; la tète est un peu plus large que le thorax. Longueur 1 ligne. Voila pour le mâle. La femelle mesure une ligne et demie, ses couleurs sont moins brillantes, sa tète un peu plus petite. L’abdomen est d’un vert brunâtre et à reflets brillants mais non dorés. La tarrière est légèrement saillante. Les pattes ne sont jeunes qu'aux extrémités, étant brunes dans le reste de 150 LE NATURALISTE CANADIEN. leur longueur. Les aiies sont hyalines, avec une seule neryure brune. Ces petits insectes sautent plutôt qu'ils ne volent, et sont assez difficiles à saisir. Ils doivent être incapables de longues pérégrinations et ne doivent leur diffusion qu'aux larves ou chrysalides des papillons auxquels ils font la guerre. Ilya tout lieu de croire que leur introduction dans ce pays ne contribuera pas peu a restreindre le nom- bre des Piérides dont les larves nous ont déja causé de si sérieux dommages. GEOLOGLE. ( Continuée de la page 124). VIE 3° ROCHES VOLCANIQUES, Origine de la formation volcanique. Origine des montagnes et des collines volcaniques; les unes et les autres soulevées du fond. Age des montagnes. Volcans récents; leur forme, leurs éruptions. Volcans d'autrefois : basaltes, trachytes, soufre, alun etc. Les roches ou terrains volcaniques doivent leur exis- tence, comme l'indique leur nom, à l’action des volcans. Elles se composent de basaltes, de laves, de cendres et de tout ce qui constitue les déjections des volcans, tels que nous les comprenons aujourd'hui ou tels qu'ils étaient au- trefois. Elles se présentent d'ordinaire en masses de peu d’étendue, disposées par groupes ou par chaînes, et formant le plus souvent des montagnes ou collines coniques, sou- vent tronquées. Elles se montrent plus rarement sous forme de lits ou de couches d'épaisseur à peu près uniforme. Pour bien nous rendre compte de leur formation, repre- nons les choses d'un peu plus haut, GÉOLOGIE, 151 Nous avons dit que la Terre, d’abord sous forme ga- geuse, était passée à l’état liquide, puis, par le refroidisse- ment, était devenue solide. Nous avons dit que cette consolidation avait commencé par une croute qui s'était formée à la surface, et que par suite de la marche continue et prolongée du refroidissement, cette croute avait continué asépaissir tant par l’intérieur par la coagulation de nou- velles couches de matière en fusion, que par l’extérieur, par l'addition de nouvelles couches dues à la condensation des matières aériformes. N'allons pas croire toutefois que cet épaississement de la croute terrestre par un double mouvement en sens inverse, ait pu se continuer longtems, d'une manière régulière et continue, sans amener quelques perturbations dans l'assiette des couches et l’uniformité du niveau de surface. La simple inspection des stratifications des roches aqueuses, presque partout où elles se montrent à découvert, suffit pour nous convaincre qu'il n’a pu en être ainsi. Voyez, par exemple, comme les couches du Silurien sur lequel est assise la cité de Québec, telles qu’elles se montrent dans les rues Sault-au-Matelot et Champlain, sont loin de conserver la position horizontale qu’elles ont dû recevoir en premier lieu. Voyez à Lévis, dans la côte à Labadie, comme les couches ont été relevées, jusqu'à s'approcher de la ligne verticale! Comment la chose a-elle pu se faire ?......Evidemment par une force agissant en dessous qui a pu ainsi soulever ces assises for- mées sous l’eau en couches’ horizontales, les redresser en certains endroits, les contourner, les déchirer, comme nous en avons partout des preuves. Et la chose est assez facile à comprendre. Les vapeurs élastiques condensées à lintérieur par la rétraction et l’épaississement de la croûte extérieure ont du, à maintes reprises, acquérir assez de force pour vaincre la ténacité de cette croute en certains endroits, bosseler sa surface, pratiquer des ouvertures à travers Les couches de granite, redresser les parties avoisinantes de ces ouvertures, et permettre aux matières encore en fusion à l’intérieur de se frayer ainsi un chemin à l’extérieur et de se surperposer ades couches de formation aqueuse beaucoup plus an- 152 LE NATURALISTE CANADIEN. . ciennes qu'elles. Et l’on conçoit que ces perturbations ont dû se montrer bien plus fréquemment dans les temps primitifs, lorsque la croute avait moins d'épaisseur, que de nos jours. Or, telle est l’origine de nos montagnes et des volcans, et par suite des terrains volcaniques qui ne sont que les déjections des volcans, que les matières qu'ils vo- missent à l'extérieur dans leurs éruptions. Si le lecteur a jamais vu une matière fondue, par exemple du savon, du sucre etc. passer à l’état solide par la diminution de cha- leur dans la chaudière qui la contenait, il a pu, là, concevoir une juste idée de ce quisest passé sur la terre dans ces temps d'autrefois. La masse liquide déjà recouverte de toutes parts d’une croute uniforme rompt souvent tout-à- coup cette croute, la boursoutile pour projeter à la surface des courants du liquide intérieur. Or, voilà précisément ce qui s’est opéré autrefois et ce qui se continue encore, de temps à autres, par l'entremise des volcans. Les volcans ne sont donc autre chose que des soupiraux, des cheminées destinées à donner issue aux vapeurs de la bouilloire centrale du globe, peu importe que leurs conduits se rendent directement au réceptacle central, ou, ce qui est plus probable, que ce soit en se repliant et divergeant entre les différentes couches de la croute. Cette explication de l’origine des volcans nous donne en même temps la cause des tremblements de terre; car les tremblements de terre ne sont que les secousses imprimées à la surface de la croute terrestre par les vapeurs élastiques échappées de l'intérieur dans leur passage à travers les couches pour parvenir à l'extérieur. La sainte écriture ne parle pas de la formation des montagnes, mais dans maints endroits elle semble insinuer l'idée de leur soulevement. “ La mer le vit et s'enfuit; le Jourdain s’en retourna en arrière. “ Les montagnes bondirent comme des béliers et les collines comme des agneaux. “Omer, pourquoi tes-tu enfuie ? Jourdain, pourquoi es-tu retourné en arrière ? GÉOLOGIE. 153 “ Montagnes, pourquoi avez-vous bondi comme des brebris, et vous, collines, comme des agneaux ? “ La terre a été ébranlée par la présence du Seigneur, par la présence du Dieu de Jacob. ” Psaume CXIII, versets “4 9, 07. Salomon fait ainsi parler la Sagesse dans le livre des Proverbes : “ Les abimes n'étaient point encore; les fontaines n’é- taient point encore sorties de la terre, lorsque déjà j'étais conçue. “La pesante masse des montagnes n’était pas encore formée, j'etais enfanté avant la collines. “ [Il n'avait point encore façonné la terre; il n'avait point produit les hauteurs, ni les fleuves, ni fait tourner la terre sur ses pôles. “ Lorsqu'il préparait les cieux j'étais présente ; lorsqu'il environnait les abimes de leurs bornes, et qu’il leur pres- crivait une loi invariable. “ Lorsqu'il affermisait lair au-dessus de la terre,’ et qu'il soutenait en équilibre les eaux des fontaines. “ Lorsqu'il renfermait la mer dans ses limites, et qu’il imposait une loi aux eaux, afin qu’elles ne passassent point leurs bornes; lorsqu'il posait les fondements de la terre.” Chap. VIII, v. 24 et suivants. On peut remarquer que les volcans, de même que les montagnes, sont d'ordinaire par chaînes ou séries ayant une direction commune, comme les Cordiliéres, les Alléghanies etc. C’est que sans doute la cause qui les a produits, la force qui les a soulevés, ne s’est pas concentrée sur un point particulier, mais sur une étendue considérable, et que la croute a cédé partout où la résistance était à peu près la même. On voit par ce qui précède que les montagnes ne sont pas toutes de même âge. On est même parvenu à calculer cet âge d’une manière assez précise, relativement aux for- mations quiles environnent. En effet, le soulèvement d’une chaine de montagnes n’a pu se faire sans occasionner des 154 LE NATURALISTE CANADIEN. ruptures dans les dépots de sédiment formés à ses pieds et relever ces dépots sous un angle égal à celui que forment les couches dont la chaîne se compose, ces montagnes se sont donc soulevées postérieurement à la formation des dépots dont il s’agit; si donc les dépots sédimentaires qui sont sur les dernières pentes de la chaîne sont en couches horizontales, ce sera une preuve que ces couches se seront formées après le soulèvement de cette chaine. Les volcans sont ordinairement en forme de cônes, le plus souvent tronqués, mais quelquefois aussi réguliers. On donne à l'ouverture le nom de cratère, par ce que le plus souvent cette ouverture a la forme d’un vase ou d’un entonnoir, comme le Vésuve. Lorsque le cône est régulier, le cratère se trouve sur quelqu’endroit des côtés, comme la chose se voit sur l'Etna, le pic de Ténériffe etc. On distin- gue dans le cratère, les bords et le fond. Dans les volcans éteints, les bords se garnissent d’une végétation plus ou moins abondante, et il arrive souvent que le fond se con- vertit en lac qu’alimentent les eaux de pluie retenues par les bords. Les volcans émettent d’ordinaire des vapeurs sulfu- reuses avec de la fumée et des cendres, d’une manière à peu près continue. et presque tous sont susceptibles de se mettre en éruption à des époques plus ou moins rappro- chées et rarement régulières. C’est alors qu'ils se montrent dans toute leur puissance et couvrent souvent de ruines tout le pays environnant, ensevelissant les habitants sous leurs demeures mêmes. L'approche d’une éruption est or- dinairement présentie par la fumée qui devient bien moins considérable et quelquefois cesse tout-à-fait, et par de légères secousses de tremblement de terre. Puis, tout- à-coup, le travail commence; la montagne s’agitte et bon- dit comme si elle allait se détacher de la plaine, des bruits de tonnerres souterrains se font entendre en même temps que le sol tremble violemment, puis le cratère s'ouvre et lance vers le ciel une colonne de flammes et de fumée, entrainant dans sa course des cendres en immense quantité, des matières en fusion, et des blocs ou quartiers de rochers rougis qui, décrivant des paraboles dans toutes les direc- DE RE GEOLOGIE. 159 tions, vont retomber jusqu'à des distances de 5 à 6 milles, écrasant de leur masse tout ce qu'ils rencontrent. Après un temps plus ou moins long, quelquefois de 3, 4, 5 jours, ou même plus, de cette pluie de projectiles, commence l'émission de la lave, qui se fraye souvent un passage au fond même du cratère, et d'autrefois s'échappe par dessus les bords. Le courant de lave, comme un courant de métaux en fusion, poursuit sa course avec plus ou moins de vitesse, remplissant des ravines, comblant des ruisseaux, et ensevelissant dans ses draps de feu, arbres, habitations et tout ce qu'il rencontre. La lave coule plus ou moins lentement suivant qu'elle se trouve sur un plan plus ou moins incliné, elle parcourra quelquefois jusqu’a 800 verges par heure, comme celle du Vésuve, et d’autrefois mettra des journées entières à faire quelques pas. Tantôt la matière se roule sur elle-même en s'étendant, celle qui est dessus passant dessous; tantôt la surface fige, faisant une espèce de pont sous lequel coule la lave inférieure. Hamilton dans l’éruption du Vésuve de 1765, traversa un courant de lave de 20 pieds de lon- gueur qui coulait encore. D’autrefois les courants se répandent en conservant une surface unie qui se couvre de nombreuses boursoufllures et émettent ça et la des jets de flammes et de fumée. L’épaisseur des courants est très variable de même que leur étendue. Dans l’éruption du Vésuve en 1767 les laves s'accumulérent sur une superficie de 2 milles et sur une épaisseur de 70 pieds. On sait que ce sont de tels courants de lave qui ont englouti Pompéi et Herculanum dans leur marche. La lave se refroidit plus ou moins promptement sui- vant son épaisseur; on a vu des courants de lave couler encore après 10 ans de leur sortie du cratère. Nous n'avons aucun volcan en Canada, ni actif ni éteint. Toute la côte orientale de notre continent en est même totalement dépourvue ; tandis que la côte occidentale en est toute parsemée, depuis l'Alaska jusqu’à la Terre de Feu. Remarquons ici, en passant, que tous les terrains volca- 156 LE NATURALISTE CANADIEN. niques ne sont pas le produit de collines ignivomes telles que nous les avons de nos jours et que nous venons de les décrire. La majorité des roches de cette formation s’est répandue sur le sol sans l'entremise de cratères et sans accompagnement de lave et de scories. Des fentes ou fissures dans la croute granitique leur ont livré passage et elles se sont répandues par là, vu leur état de fluidité, sur des aires mesurant jusqu’à des 10 et 20 lieues de diamètre et des épaisseurs variant de 5, 10, à plusieurs centaines de pieds. Les principales roches qui entrent dans la formation volcanique sont les basaltes, les trachytes, et des conglo- mérats de l’une et de l’autre. Ces roches se distinguent d'ordinaire, à première vue, par leur aspect vitrifié et non crystallisé, leur texture souvent poreuse, leur toucher rude, et souvent aussi leur composition prismatique. Les basaltes se composent souvent de prismes réguliers, et forment des montagnes et des collines qu'on distingue à première vue, même de loin, par ce que, soit dans leur formation ou par l'effet de la dégradation, elles prennent la forme de plateaux superposés, ou de colonnes. On utilise particulièrement les roches basaltiques pour le pavage des rues. Les roches trachytiques qui nous donnent la pierre ponce, la pouzzolane etc., entrent aussi dans une foule d'usage dans les arts. Le soufre, l’alun, et une foule d’autres produits nous sont offerts dans les roches volcaniques ; leur décompo- sition, particulièrement celles de formation basaltique, vient aussi à former un sol d’une fertilité remarquable. Comme toutes les autres roches, les volcaniques sont susceptibles de présenter une grande variété de texture, et la chose se rencontre souvent dans la même masse, où, des filons ou dykes, comme les appellent les anglais, nous montrent une texture toute différente de la masse qui les contient, Il est facile de comprendre en effet, qu'un lit de basalte déjà consolidé, par exemple, venant à laisser quel- que fissure, la matière en fusion s'échappant par cette voie, CHASSE AUX SPECIMENS 157 prendra, sous l'effort de la pression, une texture toute différente de celle des parois qui la bordent, de celluleuse ou prismatique que la masse peut être, le dyke ou filon pourra être compacte et présenter l’aspect du porphyre. Si la côte orientale du continent Américain ne présente aucun volcan, il sy trouve cependant des roches de cette formation, dues à ces épanchements ou intromissions à travers les couches, tel que nous l’avons mentionné plus haut. Ainsi, près d’Aunapolis, dans la Nouvelle-Ecosse, se trouve du basalte en masse; on rencontre aussi des con- glomérats basaltiques dans les Alléghanies etc. (A continuer). 2 ‘ 138 me — +6 DA 95 CHASSE AUX SPECIMENS. À l’œuvre, avons-nous dit aux jeunes naturalistes, dans notre dernier numéro; voici le temps de la récolte arrivé. Qu'il ne se passe pas un jour qui ne soit marqué par une nouvelle conquête. “Unde plus” est Le cri de victoire journalier de tout naturaliste, pendant la belle saison. Nous avons depuis reçu d’un débutant une lettre rem- plie de détails que nous croyons devoir mettre en partie sous les yeux de nos lecteurs, tant pour servir d'exemple aux jeunes naturalistes, que pour l'intérêt intrinsèque qu'elle renferme. “ Le 7 Avril, étant à examiner les bourgeons d’un pru- nier de mon jardin, japercus autour d’une branche, un anneau grisätre, composé d’une foule de petits prismes, à 4 où 5 faces, presque deux fois plus longs que larges, pour la plupart ouverts et vides, réunis suivant leur longueur et disposés en lignes régulières, formant tous ensemble un cylindre mobile autour de la branche d'environ un demi pouce de longueur. Examinés à la lo pe, ces prismes me parurent composés de petites pièces juxtaposées,polygonales 158 LE NATURALISTE CANADIEN. pour la plupart, de grandeurs un peu différentes, d’une matiére blanchatre, luisante et dure. Quelques uns de ces prismes étaient fermés par un couvercle composé de plu. sieurs de ces petites piéces unies ensemble, et tous étaient unis les uns aux autres. Je ne fus pas peu intrigué sur la valeur de cette trouvaille. Ne seraient-ce point là les œufs de la Clisiocampa sylvatica ?... Mais d’après la gravure 3, de la page 45 du vol. IV du Na/wraliste, l'anneau formé par les œufs de ces insectes est renflé au milieu, tandis que celui que j'ai sous les yeux ne l’est pas du tout et parait même d’un diamètre légèrement moindre à son milieu. ” Nous dirons à notre correspondant que ce sont bien la les œufs de la Clisiocampa, mais ceux de l’année précédente c'est-à-dire qui ont servi à l’éclosion de la dernière saison, Les anneaux sont toujours cylindriques, car les œufs du milieu ne sont pas plus allongés que ceux des bords, le renflement apparent du milieu n’est du qu’à la gomme dont les insectes recouvrent ces anneaux. Nous continuons la même lettre. “ Je vous souhaite, comme je le désire pour moi, une saison des plus fructueuses pour vos collections, et surtout une excellente santé, si nécessaire au naturaliste sans cesse parcourant les plaines, gravissant les montagnes, méprisant la fatigue, toujours le filet entomologique au bout du bras et la boite de Dillémius au côté ; je le vois épuisé sous une charge de plantes, de pierres, de mollusques etc., à travers mille obstacles, mille contrariétés. Il ne veut pas qu'on le plaigne dans ses fatigues; “ l'amour du métier fait oublier tout cela,” nous dit-il. Je le comprends. Une fois engagé dans cette pente qui est la passion de savoir, il ne peut plus s'arrêter, entrainé qu'il est par une force irrésistible. ” Oui! ce sont bien là les dispositions réelles du natu- raliste; et nous voudrions les voir partagées par tous nos lecteurs, tous ceux du moins à qui l’âge et les dispositions peuvent permettre d'aussi douces jouissances que celles que procure l'étude de la nature. De tous les spécimens, ceux de la minéralogie sont, sinon les plus communs, du moins les plus faciles à cueillir dt ds (ii CHASSE AUX SPECIMENS. 155 et à conserver. L'outil le plus indispensable, ou plutôt le seul indispensable pour leur collection, est le marteau, pour briser les roches dont on veut prendre des échantillons, soit pour elle-mémes, soit pour les crystaux ou les fossiles qu'elles peuvent contenir. On lemploie à tout instant pour obtenir une cassure fraiche et nette des échantillons, où l’on pourra reconnaitre les caractères physiques de la pierre que n'auront pas oblitérés une longue exposition aux agents atmosphériques. La forme la plus commode de ce marteau est celle d’un prisme à base carrée d’un côté, et en biseau cunéiforme de l’autre, avec le tranchant longitudinal. Il doit être en bon acier, mais non trempé trop dur, par ce que les angles s’éclateraient facilement. Un sac ou panier sert au transport des échantillons 4 mesure qu'ils sont recuillis, ayant soin toutefois de ne pas trop les remuer pour altérer la netteté des cassures ou bri- ser ceux qui seraient fragiles. La disposition méthodique des échantillons et leur soustraction à la poussière sont les seuls soins requis dans dans les musées minéralogiques. Quand à la disposition méthodique, c’est un point des plus importants et sur lequel tous les hommes de la science ne sont pas d'accord. Cette disposition toutefois doit être en rapport avec le but que l’on a en vue; car la minéra- logiste et le géologiste s'occupe tous deux des roches, mais sous un point de vue différent. Aïnsi, tandis que le miné- ralogiste ne considère les roches qu’en elle-mémes, et sous le rapport des éléments minéralogiques qui entrent dans leur composition, le géologiste, lui, les considère au point de vue de leur origine et du mode particulier d’agrégation des éléments chimiques qui les constituent, relativement à ses spéculations sur la constitution de l'écorce du globe. Pour le premier, le tableau suivant peut offrir une dispo- sition satisfaisante, bien que ce ne soit pas encore une vraie méthode naturelle. 1ère CLASSE. ( cuivreuses. Roches métalliques | plombiques. ou zinciques. minerais des | manganiques, métaux : \ ferrugineuses. 160 LE NATURALISTE CANADIEN. quartzeuses. schisteuses. | argileuses. orthosiques. feldspathiques. albitiques. labradoriques, 2e CLASSE. silicatées. 4 pyroxéniques. | amphiboliques. Roches pier- amphigéniques. reuses : | | micaciques. (talciques. fluorurées, chlorurées, aluniques. sulfatées, barytiques. gypseuses, | carbonatées, 3e CLASSES. | Roches com- houille lignite......- ? bustibles : Pour le géologiste, qui ne veut voir dans ses spéciments que des représentants des diverses tormations, la série peut | être établie comme suit: lre CLASSE: Roches plutoniques ou pyrogènes, considérées comme granitiques. produites par le refroidissement des matières ignées, porphyriques. 2e CLASSE : ayant fait éruption au dehors à travers les couches 4 trachytiques. Roches volcaniques, dues à l’action du feu ; mais ( basaltiques. qui les recouvraient. amphiboliques. minerais divers, quartz. barytine. fluorine, ete. On peut y placer les roches des dykes ou filons. 3e CLASSE. la texture a été modifiée par la chaleur. taschiste, quartzite ete. 3e CLASSE. argileuses, calcaires, arénacées, conglomérées, gypseuseset salées ferrugineuses. | combustibles. { gneis Roches métamorphiques; anciens sédiments dont micaschiste. | «À Roches stratifiées ou sédimentaires. . DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS. 161 Il est encore une série qui doit occuper une place importante dans le cabinet du géologue, c’est celle des étres organisés fossiles. Comme les fossiles ne servent pas peu a déterminer les différentes formations, nous renvoyons le lecteur à la page 370 du vol. IV du Naturaliste, pour l'ordre dans lequel les différents spécimens doivent se ranger. Observons que le géologue n’a dordinaire besoin que des types de chaque groupe, car les pétrographes ont telle- ment multiplié les espèces, qu’on les voit pour ainsi dire passer insensiblement de lune à l’autre, et ne constituer ainsi que des variétés des mêmes types. 0 “20 D - ee ——— DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS PAR LE DR. J. A. CREVIER, DE MONTREAL. (Conlinuée de la page 95). Sous Genre. Bactéridie, bucteridium, Davaine. Corps filiforme, droit ou infléchi, plus ou moins dis- tinctement articulé, par suite dune division spontanée im- parfaite, toujours immobile. 1. Bactéridie Charbonneuse. Bacteridium anthracis, Dax. fig, 5,0. Elle se présente sous forme de filaments droits, raides cylindriques, quelquefois composés de deux, trois et très rarement quatre segments, offrant alors des inflections à angle obtus en rapport avec les articles; très mince relati- vement à la longueur qui va jusqu'à 0,01 ou 0,012 pour un seul article, et jusqu'à 0,05 pour un filament composé. Elle se rencontre dans le sang des animaux affectés de charbon et de pustule maligne. 2. Bactéridie intestinale. Bacteridium intestinalis, Dav. Elles forment des filaments généralement droits, épais, offrant souvent au milieu un espace clair, indice d’une segmentation binaire, quelquefois coudés en ce point. 162 LE NATURALISTE CANADIEN. Ces filaments existent quelquefois chez l'homme, mais surtout dans les intestins des Canards, des Faisans, des Perdrix, Cailles, Poulets et Pigeons etc., etc. Chez tous ces oiseaux, ils offrent les même aspects et ne diffèrent que par la longueur. Voici les dimensions des filaments les plus longs : Canard 0,02 rarement 0,03 ; Perdrix 0,02, rarement 0,04 ; Faisan 0,015,rarement 0,025; Poulet 0,01, rarement 0,015, généralement minces ; Caille 0,01; Pigeon 0,01. Chez l'homme, de 0,01 à 0,02. 8. Bactéridie du levain. Bacteridium fermenti, Dav. Elle offre des filaments ordinairement minces et courts, atteignant au plus 0,01 de longueur, quelquefois divisés en deux articles droits ou coudés, immobiles ou doués d’un . léger mouvement Crownien. Dans certains cas, les fila- ments atteignant juqu’a 0,02; ils sont divisés en deux, trois ou quatre articles formant des angles plus ou moins obtus. Ces vibrioniens existent en grand nombre dans le levain de froment et d'orge. 4, Bactéridie glaireuse. Lacteridiwm glutinosa, Day. Elle offre des filaments d’une minceur extréme, droits ou coudés, hyalins, atteignant 0,01 de longueur. Ces animalcules se voient en grande abondance dans le mucus épaissi et altéré. 3 Genre. Spirillum, Ehr. Corps filiforme, contourné en hélice, non extensible, quoique contractile. 1. Spirillum ondulé. Syirillum undula, Ehr. fig. 5, k. Corps filiforme, contourné en hélice lâche, à un tour et demi ou deux tours, déprimé dans le sens de l'axe de l'hélice et plus mince vers le contour; longueur totale de 0,008, à 0,010, ou même 0,012 ; largeur, 0,005 ; épaisseur du filament 0,011 à 0,0013. Cet Infusoire apparait comme une simple fibrille on- dulée, cylindrique, non extensible, représentant, quand il est en repos, la lettre V, et, quand il se meut la lettre M. Son mouvement est si vif qu'il échappe presque à l'œil DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS. 163 armé du microscope. Il se distingue surtout du Vibrion rugule parcequ'il ne s’étend jamais en ligne droite. Cet animalcule se montre dans presque que toutes les infusions de matiéres animales en décomposition. 2. Spirillum tournoyant. Spirillum volutans, Ehr. fig. | 5, 1. Corps filiforme, contourné en hélice, à 3, 4, ou plusieurs tours serrés, paraissant noiratre. Longueur de l’hélice totale 0,01 à 0,04; largeur de Vhélice 0,007, épaisseur du corps 0,0014. Il n’y a aucun objet microscopique qui puisse exciter plus vivement l'admiration de lobservateur que le Spi- riltum volutans. On s'arrête malgré soi pour contempler ce petit étre qui, sous le plus fort microscope, ne parait que comme une très fine ligne noire en tire-bouchon, tournant par instant sur son axe avec une vélocité merveilleuse, sans que l'œil aperçoive ou que lesprit devine le moyen de locomotion qui produit ce phénoméne. : On peut obtenir cet infusoire, en faisant une infusion de chair avec de l’oxalate d’ammoniaque. Il se rencontre aussi dans les matières animales putréfiées. Dans l’intestin de la Courtillière du Criquet Domestique et du criquet noir. 3. Spirillum ténu. Spirillum tenuis, Perty. fig. 5, n. Il ne diffère du Sp. wndula que par son filament plus épais 0,0022, moins fortement contourné et moins distinc- tement articulé. IL se trouve dans les matières animales altérées. 4. Spirillum rougeâtre. Spirillum rufum, Perty. Il ne diffère du Sp. undula que, par sa couleur rou- geâtre. On le rencontre dans l’eau des marais putréfiée, et dans les matières animales sous les mêmes conditions putrides. 5. Spirillum plicatile. Spérillum plicatile, Dujar.fig. 5, m. Corps filiforme, non extensible, contourné en une hélice très longue, flexible et susceptible de se contourner sur elle-même, et de se mouvoir en ondulant. Longueur totale de 0,12 à 0,20. On ne peut séparer cette espèce du Sp. volutans, dont elle ne parait différer que par le nombre de 164 LE NATURALISTE CANADIEN. ses tours de spire. nombre qui va jusqu'à soixante-et-dix, et qui empêche cet infusoire de tourner sur son axe comme le précédent. Fig. 5. ll se rencontre dans les vieilles infusions de matières Fa. 5.—a, Bacterium termo, grossi de 500 diamètres.—b, Le wéme grossi de 1,010 diamètres. —c, Bacterium Catenula grossi de 500 diamétre.—d, Les mêmes L'UESIS de 3)0 dianmétres.—-e. Vibrio lineola, grossi de 800 diamètros.—-f, Bacterium punctum, grossi de 500 diamètres —9, Vibrio rugula grossi de 800 diamètres.—}, Vibrio se pers grossi de 600 dianèties--1, Vibrio «mbhicuus, gressi de 300 diamètres. —j, Vibrio Bacillur, grossi de 400 diamétre:.—k, Spirillum undula grossi de 1,500 diamètres. -~, Apirilum volutans.—m, Spirillum plicatile grossi de 1200 diamètres. —n, tenuis, grors: de 1,200 diamètres—0, lac/eridium anthracis grossi de 500 diamètres. a, a,a, Dactéridies, b,b, globules de lymphe, c, c, glubules de sang, d, d, globules de sang altéré, d'un mouton mort du charbon, NATURALISTES CANADIENS, 165 animales. Les vibrioniens, en règle générale, se rencontrent dans toutes les fermentations, dans la putréfaction et dans les secrétions morbides. Exposé des milieux où se rencontre les vibrioniens, et des maladies particulières, dont 11 sont la cause excitante. 1. Matières intestinales —Dans les matières intestinales chez l’homme et les animaux il existe des vibrioniens, mais à l’état normal i!s y sont en très petite quantité. Ils existent en quantité innombrable dans la diarrhée mias- matique, le choléra et la dysenterie, et dans les fièvres pu- trides, le typhus, la variole, la fièvre jaune, la rougeole, la scarlatine. Les autres sécrétions, tel que l'urine, la trans- piration, la salive, le mucus et même le sang en contiennent une quantité notable dans les maladies sus-mentionnées. 2e Déjections Cholériques.—C’est dans ces déjections que lon rencontre en quantité innombrable le Bacterium termo accompagné du Bacterium punctum, du vibrio rugula et v. bacillus, et, quelquefois du vibrio serpens, et du Spirillum volutans et Sp. undula. Le sang, les urines, la transpiration des cholériques contiennent une grande quantité de Bactéries. À continuer. $e LOD DES A Eire — NATURALISTES CANADIENS. (Continué de la page 135). 20. Lemoine, 1859.— M. James MacPherson Lemoine est né à Québec en 1825, d'un père Canadien-francais et d'une mère Hcossaise. Plus tard,'il resserra davantage ses liens avec la race saxone en s’unissant à une Dile Atkinso n, qui en outre de sa villa de Spencer Grange, lui apporta en dot quelques milliers d’écus. Aussi ses enfants sont-i s plus anglais que francais par le langage et lédueation, Admis au barreau, il laissa bientôt la pratique pour ur ) I une 166 LE NATURALISTE CANADIEN. situation d’employé du gouvernement. Ayantdès son en. fance méme mené de front les deux langues anglaise et francaise, M. Lemoine écrit dans l’une ou dans l’autre. Peut- être ne connait-il parfaitement ni l’une ni l’autre ? c’est ce que ses écrits sembleraient laisser voir. Plein @’imaginalion et de verve, enthousiaste passionné de la belle littérature, d’un zèle infatigable dans la pour- suite de ses recherches, et d’une constance sans pareille au travail, ses écrits ne manquent pas d’un certain charme qui entraine parfois, mais ils sentent toujours l'emprunté, ils laissent toujours voir par-ci par-là que la moisson se ressent d’un sous-sol qui n’a pas été suffisamment travaillé. Une tournure élégante, une figure originale, une phrase ronflante exercent sur M. Lemoine une espèce de fascination à la- quelle il ne sait pas résister, et de suite les guillemets sont tendus pour l’encadrer dans sa prose ; mais quelque soin qu'il prenne, ça sent toujours le décousu ; et si parfois, avec ses nombreux guillemets, la pièce, présente une mozaique d’une apparence captivante, la soustraction qu'il faut tou- jours faire de l'emprunt vient de suite en gâter leffet. On sent toujours l’homme qui a plus lu qwétudié. L'archéologie, l’histoire, et l’ornithologie sont les bran- ches auxquelles M. Lemoine a particulièrement voué son attention. Ses nombreuses recherches, dans les deux pre- miéres surtout, donnent à ses écrits une valeur inappréciable ; et avec les ressources que lui ménage sa fortune, nous es- pérons que M. Lemoine ajoutera encore pendant longtemps aux produits de ses utiles travaux. L'amour de l'étude est si souvent négligé parmi nous, qu'on ne saurait faire trop ressortir le mérite d'écrivains qui, comme M, Lemoine, se vouent sans réserve au Culte des lettres. Les Maple Leaves, Etudes sur les Explorations Arctiques de McClure, de McClin- tock, de Kane, ete., et Album du Touriste, sont les princi- paux ouvrages de M. LeMoine relativement à l’histoire et à l'archéologie, Ceux sur l'histoire naturelle sont les sui- vants : L’Ornilhologie du Canada, Québec, 1860, 400 pages in-12, Les" Pécheries du Canada, 1863, 146 p. in-8. Tableau synoplique de l'Ornithologie du Canada, 1864, 24 p. in-12. On the Birds of Canada, 18€6, 34 p. in.8. ù ‘ ie NATURALISTES CANADIENS. 167 L’Ornithologie de Mr. Lemoine est plus destinée aux littérateurs qu'aux naturalistes. L'étudiant, lamateur, y chercheraient en vain les moyens d'identifier les espèces d’oiseanx qui peuvent leur tomber sous la main ; point de classification, point de méthode, point de clefs analytiques qui peuvent conduire à ce résultat. De courtes descrip- tions peu précises, jointes à des détails de mœurs traduits de Wilson ou empruntés à Audubon, voila, à peu près, à quoi se réduit l'ouvrage. Le plus grand mérite de Mr. Le- moine, et peut-être celui qui apparaît le moins aux yeux de Ja plupart des lecteurs, est d’avoir consigné la présence ou le passage à telle époque de l'année de telle ou telle es- pèce d'oiseau” parce que pour ce faire, il lui a fallu ob- server, noter, identifier les espèces; voila ce que les natu- ralistes 1ront chercher dans son ouvrage et ce qui contituera sa plus grande valeur. Une belle page de Wilson, d’Au- dubon, de Lesson, est toujours agréable à lire, mais ceux qui les recherchent vont d'ordinaire les trouver dans les auteurs mêmes. Loin de nous la pensée de vouloir con- traindre les naturalistes de nos jours à observer tout par eux-mêmes ; oh; non, nous voulons bin qu'ils profitent de toutes les découvertes de leurs dévanciers; mais ce que nous exigeons cest que, imitant les modèles que nous avons dans les princes de la science, lorsque quelqu'un écrit qu'il parle par lui-même ; qu'il ait pris la connaissance de ce qu’il rapporte dans ses observations, ou qu'il l'ait puisée dans Buffon, Bonaparte ou autre, peu importe, pourvu que ce qu'il rapporte soit exact, et qu'il le dise suivaut sa manière à lui, de parler. Le Tableau synoptique del Ornithologie du Canada, eut été plus correctement intitulé : Liste des oiseaux du Canada, puisque ce n’est rien autre chose qu’une telle liste, avec les noms scientifiques latins, les noms français et anglais les uns à la suite desautres, sans aucune explication quelconque, Ce Tabléau cependant n’est pas d’une mince utilité pour les naturalistes, en ce qu'il constate quels sont les individus de la gent ailée qu'on peut exactement considérer comme nôtres, et qu’il servira de point de départ à ceux qui vien- dront après nous, pour ajouter ou retrancher au nombre UF rl 163 LE NATURALISTE CANADIEN. suivant que des études et des observations postérieures permettront de le faire. Les Pécheries du Canada ne sauraient être, à proprement parler, considérées comme un ouvrage original. C’est une compilation de tout ce que l’auteur a pu trouver dans les journaux, les rapports officicls des gouvernements et les auteurs concernant la pisciculture et les pêches en eaux profondes, sans autre soin que celui d’alligner les emprunts les uns à la suite des autres, et de retrancher ou d’ajouter à tel chapitre ou telle phrase pour les faire cadrer avec le reste. On croit au début qu'on va lire du Lemoine, mais à | peine quelques pages sont-elles passées, qu'on est tout sur- pris de se voir, sans presque l'avoir senti, dans Buffon, Perley, ou tel scribe innommé de tel ou tel journal. L’ou- _ vrage néanmoins, pour perdre du prix comme ceuyre pro- pre, n’en est pas moins utile pour la foule de renseignements qu'il renferme, et surtout pour réveiller attention des autorités sur les trésors sous-marins qu'on ne sait pas assez exploiter pour l'avantage de la Province. Disons que dans son ensemble, le livre touche à peine a l’histoire naturelle. OT Te (A continuer). GEOLOGUE OU GÉOLOGISTE ? On nous demande si géologiste est français, et sil y a quelque différence entre géologue et géologiste. Bescherelle fait géologiste synonyme de géologue; et le premier parait bien plus rationnel que le dernier, On ne voit pas pourquoi l’on ne dirait pas plutôt géologiste que géologue, lorsqu'on dit entomologiste, mammologiste, orni- thologiste etc. et qu’entomologue, mammologue, ornitho- logue seraient considérés comme de véritables barbarismes. — On donne géologue et géologiste comme synonymes ; il semble cependant que ie terme géologue conviendrait plus particulièrement à ceux qui s'occupent spécialement des différentes théories de la science, tandis que géologiste désignerait d'une manière particulière le savant qui join- drait la pratique à la théorie. | IEE ee à CL Tree Vol. V. CapRouge, JUIN, 1878. No. 6 : Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, L’HISTOIRE NATURELLE DANS LES ECOLES D'ADULTES. (Continué de la page 135). Suivons maintenant le maître et ses élèves aux champs. Chacun “est muni dun instrument quelconque pour la cueillette des spécimens ; l’un porte le fusil sur l'épaule pour la réception des oiseaux; l’autre ala boîte de Dillé- nius sous le bras, pour les échantillons de botanique ; un autre une fiole d'alcool pour recueillir les coléoptéres ; un autre le filet et la boite à fond liégé pour les lépidop- tères, diptères, etc., un autre porte un panier pour les mol- lusques; un autre enfin étale orgueilleusement le marteau du géologue avec la pince acérée pour éclater les roches et dégager les fossiles. Le parti se trouve, nous supposons, dans la paroisse de St. Henri, comté de Lévis, sur les bords de la rivière Etchemin. — Quelle est, demande le maitre, cette production, en désignant du doigt une espèce de croûte foliacée attachée aux perches d’une vielle clôture qu'il leur faut franchir ? —Mais c'est une mousse. —Une mousse? Vous n’y êtes pas. Les mousses s'attachent aussi, souvent, de la même façon, aux troncs des arbres, mais elles sont toujours divisées en brins distinets et ne s'étendent jamais ainsi en lames foliacées; leur fructi- fication est d’ailleurs bien différente. 170 LE NATURALISTE CANADIEN. —Mais est-ce qne les mousses portent des fruits ? —J’entends par fructification la semence que porte. toute plante pour se reproduire. — Mais ces croutes de rouille qu'on voit ainsi sur les clôtures et jusque sur les pierres seraient-elles des plantes ? Elles n’ont ni racines. ni branches, ni feuilles ! —Sans aucun doute ce sont des plantes. Elles n’ont ni racines, ni tiges, ni feuilles, et cependant elles fleurissent à leur manière et produisent une semence capable de les reproduire, —Mais comment peuvent-elles vivre, si elles n'ont ni racines, ni feuilles ? 18 | A i — 16 14 Les semences qui sont extrémement ténues et trés- légéres sont emportées dans les airs par le vent. Retennes \ à un tronc d'arbre, une pierre un peu rugeuse, etc., par F16. 7. Mnium cuspidatum. 8. Le calyptre détaché de l’urne. 9. Urne grossie dont on a enlevé l’ojercule, fig. 10. pour laisser voir le péristome. 11. Portion des péris- tomes interne et externe, fortement grossie, 12. Fleur dans le jeune âge, consistant en de jeunes sporanges ©, et des anthériiies dj. entremélés de quelques filamen ts stériles (paraphyses), le: feuilles involucrales ayant été enlevées. 13, Une anthéridie encore f ( ~*~ ay plus grossie, accompagnée de quelques paraphyses et Inissant échap) er la fovilla par son sommet. 14. Simple péristome Ju Sphagnum ; les dents sont unies par pires. 15 M Double p ristome de l'Hypne, l'extérieur étalé et l’intérieur dressé. 16. Physcomitrium (Gymnostomun) periaforme, 17 Son calyptre détachce de lurne, 18. L’opercule en- levé de l'urne dont l’oribce est dépourvue de pé:istome. à L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ÉCOLES D'ADULTES. 171 l'humidité. elles entrent aussitôt en germination et pro- dnisent ces croutes foliacées qui sont bien fléxibles à l’hu- midité, mais qui deviennent rigides et cassantes à ls séche- resse. On donne à ces plantes le nom de Lichens qui vient du grec leiken, qui signifie dartre ou exanthéme, par- ce qu'elles se montrent en effet comme des dartres sur les corps qui les portent. Au lieu de tirer leur nourriture du sol par des racines, comme la plupart des autres plantes, les Lichens se nourrissent exclusivement de l’air ambiant. Leur végétation qui se ranime avec l'humidité, se ralentit et même demeure suspendue avec la sécheresse. Elles ne portent pas de fleurs; mais voyez cette partie rougeñtre sur le revers des lames de la feuille ou fronde qui les cons- titue, ce sont leurs organes de reproduction, que le vent, à Fig. 19. Pierre sur laquelle se montrent divers Lichens, tels que, en commençant par la gauche : Parmelia conspersa, Sticta miniata, Lecidea geographica, etc., etc. 20. Portion du thal'e de la Parmelia conspersa, avec une section à travers une apothécie. 21. Section d’une apothérie plus grossie. 22. Deux thèques avec les pores qu’elles contiennent et les paraphyses qui les accompagnent, le tout très grossi. 23. Section d’une portion de thalle du Sticta miniata, montrant les apothécies immergées dans la fronde. 24, Cladonie écarlate qui porte sa fructification en masses rondes et rouges sur les bords d’une espèce de coupe stipitée. 172 LE NATURAL'STE CANADIEN. la maturité, enlèvera pour les distribuer pius loin. Les Lichens qui s’attachent aux arbres, aux rochers. et jus- qu'aux métaux, sont les premières productions à se mon- trer, lorsque toute autre végétation est encore impossible. Leurs détritus ne contribuent pas peu à la formation de l'humus, si riche en principes futilisants pour les autres plantes. | Mais voyez cette belle rosette sur ce caillou, devant vous; c’est aussi un Lichen, celui là n’a qu'un support central qui le retient attaché à la pierre; il porte le nom de Par- mélie, qui signifie une espèce de petit bouclier, par ce qu’en effet il en a un peu la forme. Et le caill-u lnieméme qui porte ce lichen, pourriez- yous me dire d’où il vient? avez-vous fait attention à sa composition ? — Joh 11 vient ?,.. Mais est-ce que les cailloux voy- agent? Do hommes ne pourraient pas encore porter celui-là ; saus doute qu'il a été mis la par Dieu lui-même quand il créa le monde. —Tiens! dit un autre, le bon Dieu ne s’est pas amusé à tourner des cailloux quand il a formé le monde; mais l'eau avec l'air viennent à former de la pierre, j'ai lu cela dans un livre; et je suppose qu'une fois ua caillou en voie de formation, il continue ainsi à s’accroître par les mêmes causes, et j'ai pu me convaincre moi-même que les cailloux profitaient. — Comment cela ? — J'ai remarqué dans le champ, chez mon père, plu- sieurs cailloux qui n’effleuraient pas même la surface du sol, et au bout d’un an on deux, ils se montraient à décou- vert de 6 à 8 pouces. — Pensez-vous, mes amis, que Dieu ait formé le monde dans l’état où nous le voyons aujourd’hui ? da. } — Beau dommage qu’Adam, en arrivant sur la terre, n’ait pas tiouvé sa terre toute bâtie et cloturée, et l’église de sa paroisse avec son clocher ? — Laissons de côté les œuvres de l’homme ; pensez- L ‘ ( ‘ L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ECOLES D'ADULTES. 173 vous que pour le reste, les montagnes, les riviéres, les rochers, etc., Dieu ait formé toutes choses telles qu’elles sont à présent ? — Mais comment en serait-il autrement, puisque l’his- toire sainte qu'on nous fait apprendre à l’école, dit que Dieu forma le monde dans l’espace de six jours ? — Et ces jours étaient semblables à ceux d’aujour- d'hui?...Qui est-ce qui forme le jour? Ces jours étaient- ils de 24 heures ? — Mais sans doute ; nous ne connaïisso:s qu'une seule espèce de jours, et nous ne pouvons pas comprendre qu’il y en ait d’autres qui aient plus ou moins de, 24 heures ? — C'est très-bien ; c’est le soleil qui détermine la durée du jour. Maintenant l'écriture sainte dit que Dieu créa le soleil le 4e jour; qu'étaient donc les 3 premiers, puisque le soleil n'existait pas encore ? —Oh! voila une difficulté à laquelle nous n’avions pas pensé. —Ecoutez-moi bien ; vous aller trouver ici l’explication de plus d’une difficulté qui pourraient vous embarrasser. Evidemment Dieu n’a pas créé le monde dans l’état où nous le voyons aujourd’hui. Nous trouvons des arbres, des débris d'animaux, à plus de 1000 pieds sous terre, recou- verts ou englobés dans de la pierre solide, en masses consi. dérables. Pensez-vous que Dieu aurait créé des débris 2 Non sans doute. Bien plus, sur les plus hautes montagnes, on trouve des coquillages pétrifiés, renfermés dans des bancs de pierre solide, et ces coquillages sont des espèces qui ne vivent que dans la mer. Ces rochers aujourd’hui si élevés ont donc été autrefois sous l’eau, pour recevoir ainsi, lorsqu'ils étaient encore à l'état de vase, ces coquillages qu'ils renferment. Le monde a donc eu ses évolutions, ses transformations, ses changements qui l'ont amené à l’état où nous le voyons maintenant! La chose est évidente; et d’ail- leurs le cours de ces transformations se poursuit encore sous nos yeux. Les rivières rongent leurs bords, leurs lits pier- reux susent, les rochers se désagrégent etc. Et combien de milliers d’années n’a-t-il pas fallu pour amener sur le 176 LE NATURALISTE CANADIEN. sommet des montagnes, et recouverts encore par des couches de pierre solide de plusieurs cents pieds d’épaisseur, ces co- quillages qui étaient au fond de‘la mer ?......Les jours de la création ne peuvent done pas avoir été des jours de 24 heures, mais bien des époques d’une durée de temps indé- terminé, mais comprenant certainement des milliers d’an- | nées. Dieu, dans le commencement, comme le dit la sainte ; écriture, créa la matiére qui devait former plus tard tous les | corps de la nature. Ilimposa dès lors à cette matière des lois qui la régissent, et laissa ensuite ses lois aller leur cours. Les atomes de matière soumis aux lois d’aflinité, d'attraction, | de pression, de cristallisation, etc. formèrent, avec le temps, | les terres, les mers, les rochers, etc., et quand, avec le pro- | grès du temps, Dieu vit que la terre pouvait porter tels ou tels êtres, plantes ou animaux, alors, par sa puissance créa- trice, il leur donna l'existence, jusqu’à ce qu’enfin le monde étant prêt à recevoir l’homme, Dieu lui-même l'y plaça. Les jours de la création ne sont donc autre chose que les diffé- rents progrès qui ont marqué la formation du monde. Mais revenons à notre caillou. Vous avez lu quelque part que la pierre se formait par Pair et l'humidité. Oui! en bancs, sous l’eau ; mais non à lair extérieur; car là, les pierres les plus dures au lieu de se consolider, se décomposent et se désagrégent. Tenez, voyez ici, à la rive de la rivière : vous remarquez que le rocher est tout partagé en couches ou lits réguliers; et bien, ce sont là les couches qui se sont formées sous l’eau. Mais le caillou qui est là, plus loin, n’a pu être formé ainsi à l’en- droit où il repose, il a donc été amené là. Sa forme arron- die, dit assez qu’il a été détaché d’une masse gisant quelque part, et que, culbuté, renversé, roulé, frotté par les corps sur lesquels il s’est heurté, il en est venu à la forme qu'il a actuellement. Maintenant il faut trouver d’où il est venu. Pensez-vous qu'il ait été détaché de ces rochers-ci qui bordent la rivière ? — C'est ce qui devrait être, puisqu'il est ici tout près ; cependant il n’a pas la même apparence, il n’est pas de la même composition, L’ HISTOIRE NATURELLE DANS LES ÉCOLES D’ADULTES. 177 — Quelle différence lui trouvez-vous avec les bancs du rocher ? — La pierre du rocher est bleuatre, à grains fins et ser- rés, et le caillou est d’un gris clair, a gros grains brillants comme du verre ; on dirait qu'il a été cuit au feu. — Très bien ; maintenant, mes amis, portez vos regards de l’autre côté du Fleuve, au dessus de Québec. Voyez vous, par de là Charlesbourg, cette chaine de montagnes qui bardent l’horizon ? Vous lesappelez...............……. — Les Laurentides. — Bien ! les Laurentides ; et bien, allez visiter ces montagnes, et vous les trouverez composées précisément de la même espèce de pierre que ce caillou. Aussi donne- t-on à cette pierre le nom de roche ou terrain Laurentien. Notre caillou a donc été détaché de ces montagnes et roulé jusqu'ici. — Mais la chose est impossible! Il y a plus de 30 milles d'ici aux montagnes en arrière de Charlesbourg. Et d’ail- leurs une fois au fond du Fleuve qui aurait pu len retirer pour l’amener ici ? — Voici une dificulté qui vous embarrasse n'est-ce pas ? Cependant les faits sont la, il a dt en être ainsi. La science à pu se rendre certaine que le climat de notre pays n'avait pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui. Nous trou- vons, enfouis dans la terre, des os de mastodontes et autres genres d'animaux dont on ne rencontre plus aujourd’hui de représentants que sous les tropiques, dans les climats les plus chauds. Si notre pays a pu en venir à une telle cha- leur, il a pu de même passer par un degré de froïd extrême, et c'est ce que confirme partout des changements qui en laissent des traces évidentes. En effet, enlevons la terre qui recouvre le rocher en cet endroit et examinons en at- tentivement la surface. Que veulent dire ces rainures qu'on y distinguent et qui dénotent évidemment qu’elles ont été creusées par quelques corps dur qui l’ont frottée ? Examimez bien: quelle est la direction de ces rainures ou gercures ? — Du Nord au Sud, à peu près. 178 LE NATURALISTE CANADIEN. — N’en trouvez-vous pas qui vont de l'Est à l'Ouest ? qui au lieu de se diriger vers la Beauce, se porteraient vers Montmagny, par exemple ? — Aucune. Elles ont toutes la même directioh. — Eh! bien, ces rainures ont été creusées dans le ro- cher par les cailloux et débris pierreux quiy ont été trainés. Supposez en effet toute cette partie du continent couverte, | par suite d’un froid extrême, durant des centaines d'années, d’une couche de glace de plusieurs milliers de pieds d’é- paisseur. Vous entendez que nous parlons là d’un temps antérieur à Adam. Que notre pays tende maintenant à prendre la température qu'il a aujourd’hui, à peu près; qu’arrivera-t-il ? Il arrivera ce qui se passe actuellement dans les endroits de montagnes assez élevées, comme en Suisse, par exemple, pour conserver des glaciers perpétuels. La glace commençant à se fondre par le Sud, la masse de- vra se mouvoir dans cette direction à mesure que la cha- leur se fera sentir. Il est facile de concevoir à présent qu’une foule de débris de rochers engagés dans la masse de glace seront entrainés dans le mouvement, et rayeront, sous l'effort de la pression, les surfaces solides sur les- quelles ils glisseront, jusqu'à ce qu'ayant atteint un degré de chaleur suffisant, la masse se liquéfie petit à petit, en laissant épars sur çà et là les débris pierreux qu’elle conte- nait. De là ces cailloux ou blocs erratiques plus ou moins arrondis par l’eflet du frottement qu’on trouve à de grandes distances du lieu où ils ont été arrachés. Il n’est pas diffi- cile de comprendre d’après cela que des blocs de pierre détachés des Laurentides, engagés dans la masse de glace une fois en mouvement, ont pu traverser la dépression du sol à Beauport, glisser sur les autres couches de glace qui recouvraient alors le St. Laurent et parvenir jusqu'à St. Henri et même bien au delà. Ila pu arriver aussi qu’à une époque un peu plus avancée, des glaces flottantes, retenant dans leurs flancs des blocs pierreux, ont passé par dessus bien des collines et des élévations que l’eau recouvrait encore. On peut voir par ces quelques exemples quelle somme de connaissances, un instituteur un peu au fait de l'histoire * . ECHASSIERS. 179 naturelle, peut ainsi communiquer, sans effort, et comme par divertissement, a des lèves en état de les comprendre et de les apprécier. Et nul doute que de tels élèves, une fois leur curiosité reveillée, leur émulation stimulée, ne s’em- presseraient d'aller chercher eux-mêmes dans les auteurs des explications plus précises, sur les phénomènes dont on les aurait entretenus. Ayons des écoles d'adultes, et ce sera le moyen le plus efficace de former une génération intelligente, éclairée et instruite. > . © EDR a ——>—_—_—_ FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. LES ÉCHASSIERS. (Continuée de la page 149). 4 Gen. CourLis Numenius. Linné. Jambes couvertes d’écailles transverses en avant, celles des côtés et du derrière étant hexagonales. Bec très long, recourbé dans sa dernière moitié, épaissi en une espèce de massue à l'extrémité; les rainures ne dépassant pas le milieu. Tertiaires aussi longues que les primaires. Le Courlis de la Baie d'Hudsou. MNumenius Hudsonicus, Latham. Num. rufus, Vieill. Scolopax borealis, Gmel-—Vulg. Cor- bigeau; Angl. Hudsonian Curlew —Longueur 18 pouces; ailes 9; queue 4; bec 4; tarses 24 pouces. Bee d’un brun foncé, base de la mandibule inférieure d’un jaune rougedtre; pattes d’un brun verdatre. Dessous de là tête brun avec une bande longitudinale, le reste du dessus brun, teint de cendré, avec une tache d’un blane jaunâtre, plus claire sur le croupion. Dessous jaunâtre, avec stries longitudinales brunes sur le cou et la poitrine; couvertures inférieures des ailes d’un roux cendré pâle, avec barres noires. Rémiges brunes avec barres d’un roux clair sur les bords internes. Queue brune avec barres d’un cendré pâle. Couleurs très variables avec l’âge des individus. 180 LE NATURALISTE CANADIEN. A et AC.—Ce Courlis, qu'on dit nicher à la Baie d'Hudson, nous arrive en automne. On le rencontre ordi- nairement sur les gréyes et quelquefois aussi dans les champs. 2. Le Courlis du Nord. Numenius borealis, Forster. Num. brevirostris, Licht-—Vulg. Corbigeau des Esquimaux ; Angl. Esqui- maux Curlew.—Longueur 134 pouces; ailes 84; queue 3; bec 23; tarses 1% rouces. Bec brun; base de Ja mandibule inférieure jaune ; jambes d’un brun verdâtre. Bec grêle, ailes longues, queue courte. Dessus brun avec taches de roux jaunâtre sale, rémiges brunes, sans barres; couvertures inférieures des ailes d’un roux clair avec stries transverses de brun clair. Dessous d'un brun sale teint de roux, avec des stries longitudinales sur le cou et la poitrine et transversales sur les côtés et les couvertures caudales inférieures. Queue d’un brun cendré avec barres de brun foncé. A. R.—Ce Corbigean se rencontre aussi en automne, sur les grèves ; sa taille plus petite et son bec faible et plus court le distinguent particulièrement du précédent, (A continuer). LE CERF DE VIRGINIE OU CHEVREUIL. Cervus Virginianus, Boddaert. PAR D. N. ST CYR, STE. ANNE DE LAPERADE. Bien que le nom de Chevreuil que nous donnons a cet animal,dérive de Chèvre, il n’a pas plus de ressemblance avec cette dernière ou avec le bouc, qu'avec aucun autre animal du même ordre. Le Chevreuil n'a de commun avec ces animaux que de ruminer, d’avoir le sabot fendu, et d’avoir à peu près la meme taille. Pour tout le reste, il se 1approche beaucoup plus du Caribou et de l'Elan dont nous avons parlé précédemment. Des cinq espèces de Chevreuils indigènes dans l'Amé- rique du Nord, celui-ci est le seul dont le parcours s'étend jusqu'en Canada. Ii a le pelage d’un gris bleuâtre ou rougeatrey suivant la saison, tacheté de blane dans le jeune age, le bois de grandeur médiocre, courbé en arriére dans LE CERF DE VIRGINIE OU CHEVREUIL. 181 sa première partie et porté en avant vers l'extrémité, pourvu dune à six dentelures et quelquefois palmé, ou légèrement aplati. Une particularité remarquable des bois du Che- vreuil est que les andonillers ne partent jamais que de la partie postérieure de chaque perche. Le Cerf de Virginie est un animal au port noble, à l'allure gracieuse, qui abonde dans les nouveaux établisse- ments de la province d’Ontario, et dans les parties Sud-Est et Ouest de celie de Québec, quoiqu’en plus petit nombre dans cette dernière. Ill surpasse tous les Cerfs de l'Amé- rique du Nord, par l'élégance de ses formes. Son museau long et effilé, ses beaux grands yeux d’un noir bleuâtre et lustré le distinguent également de tous ces congénères. Il a les jambes minces, mais bien conformées et pourvues d une force musculaire prodigieuse, si l’on considère sa taille, tandisque le corps est assez épais et flexible. Le bois n’est pas gros, mais il est bien armé de dagues fortes et aiguës. Près de la base, les perches inclinent en arrière pout revenir en avant dans leur moitié supérieure. Elles sont ordi- nairement cylindriques, mais on les trouve assez souvent palmées d’une manière notable. Le bois varie beaucoup quant à sa forme et à sa grosseur, suivant les individus. Les andouillers sont ronds, aigus et dirigés en haut. Chez Fig. 24. Le Cerf de Virginie, Cervus virginianus. 182 LE NATURALISTE CANADIEN, la piupart des individus, un petit andouiller frontal se dé- tache de la base de chaque perche en dedans pour se diri- ger plus ou moins en avant, Fig. 26. —~ TT ~~ Fic. 26. Le bois, dans les plus gros chevreuils pèse jusqu'à six livres, quoique communément, il ne dépasse pas 4 livres. Le mâle seul en est pourvu. La coulour de cet animal varie suivant les saisons. duraut l'automne et l'hiver, le pelage est d’un gris bleuatre ; au printemps, il devient rougeatre, et bleuâtre en été. Sous le menton, la gorge, le ventre, à la surface inférieure de la queue et en dedans des jambes, il est blanc. Les faons sont d’abord d’un brun rougeatre et tachetés de blanc le long des e6tés. Dans l'automne de leur première année, Fie. 26. Bois gauche du Cerf de Virginie vu en dedans. LE CERF DE VIRGINIE OU CHEVREUIL 183 leurs taches blanches disparaissent et ils prennent, aprés ce temps, la couleur des vieux individus. Leurs poils sont aplatis et angulaires; le poil du dessous de la queue est long et blanc. La longueur moyenne du Chevreuil est de cing pieds et quatre pouces, depuis la pointe du museau jusqu’à lori- gine de la queue, qui a, sans le poil qui est à l’extrémité, six à sept pouces de longueur, et un peu plus de douze pouces avec le poil. Les femelles mettent bas en mai ou en juin. Elles font un ou deux petits, chaque printemps, et quelquefois trois. En Canada, les Chevreuils passent l'hiver dans les sa. vannes ou croissent le cèdre et l’épinette, c’est la qu'ils se réunissent en troupes nombreuses et établissent leurs ravages. Un ravage n’est autre chose que cette partie d’une savanne que les Chevreuils ont choisie pour y établir leurs quartiers d'hiver, traversée en tous sens par los sentiers qu'ils ont battus à travers la neige. Pendant Vhiver, il est rare de rencontrer leurs traces dans les contrées couvertes de bois franc. Mais aussitôt que la neige est fondue, ces animaux quittent leurs retraites d'hiver, pour gagner les terres hautes, dans le voisinage des champs cultivés qu'ils visitent fré- quemment pendant la nuit. Lorsqu'ils ont pris leurs quar- tiers d'hiver dans les savannes, ils se nourrissent principale- ment de bourgeons de merisier, de cèdre, d’épinetie et de diverses espèces de lichens. En été leur nourriture consiste de feuilles d’arbre, d'herbes tendres, de baies, de pois, de navets, et ils ne se gènent pas, quand ils en trouvent l'occa- sion, de pénétrer dans les champs de pommes-de-terre où ils commettent souvent des dégâts considérables. Ils paraissent néanmoins préférer les pois et les navets à tous les autres produits de l’agriculture. Ils se plaisent a errer des jours entiers dans le voisinage des champs. Le Chevreuil se construit d'ordinaire un lit confortable dans quelque fourré où se trouvent en abondance les feuilles et les herbes tendres dont il aime à se régaler, et y passe la plus grande partie de la journée à dormir. Lorsque, vers la fin de mai ou au commencement de juin, les essaims de moucherons com- 184 LE NATURALISTE CANADIEN. mencent a le tourmenter, il quitte les bois vers le soir, pour venir rôder dans les champs. I! fréquente aussi les eaux pendant la nuit quand les mouches l’incommodent trop. Il y a dans certaines parties du pays de nombreuses sources salines, surtout dans les endroits où le sous-sol con- siste en schiste d’Utica Ces animaux sont très-friands de l'eau de ces salines, ce qui a fait nommer ces endroits par les Anglo-Américains * Deer licks” terrains salés que viennent lécher les cerfs on daims, Ces salines fournissent souvent aux jeunes chasseurs, dans les nouveaux établissements, un moyen assez sur pour chasser le Chevreuil. Ils se choisis- sent auprès de la saline un arbre bien branchu, dans lequel ils se construisent une espèce d’échafaud, muni d’un siége pour une ou deux personnes. C’est Ja que le chasseur armé de sa carabine, ou d’un fusil ordinaire, chargée de che- vrotines ou d’une couple de balles, vient se placer pour attendre l’arrivée de animal qui s'approche sans défiance de l'endroit où il a coutume de venir s’abrenver. Comme le Chevreuil n’examine que les objets qui sont à terre dans le voisinage de la source, le premier indice qu’il a de la pré- sence de son ennemi est la détonation de larme à feu, et la blessure mortelle qu'il en reçoit. C’est vers le soir, pendant la nuit, ou avant le lever du soleil, que le Chevreuil visite ses abreuvoirs favoris; il y vient rarement durant le jour. On dit qu'il boit à très-petites gorgees et qu'il se plait sou- vent à lécher la matière salée qui s'attache aux pierres. | Dans les temps secs et chauds, il boit cependant beaucoup. Les vieux Chevreuils font d'ordinaire preuve de beau- coup de circonspection ; et il est trés-difficile de les appro- cher suffisamment pour les tirer, à moins toutefois qwils ne soient absorbés par leur pâture, ou que le chasseur ne les surprenne endormis dans leurs gites. Durant les mois d’oc- tobre, de novembre et de décembre ils deviennent comme furieux, et dirigent leur course effrénée et aveugle à travers les forêts en suivant certains sentiers de préférence à d’au- tres 11 leur est arrivé souvent dans ces courses furibondes, de passemassez près d’une personne pour la toucher, sans cependant paraitre l'avoir vue. Dans ces circonstances, ils - LE CERF DE VIRGINIE OU CHEVREUIL. 185 tiennent la tête basse, près de terre, comme s'ils voulaient flairer à la manière des lévriers. Les Chevreuils se livrent entre eux de terribles com- bats, se servant également de leurs bois et de leurs pieds pour l'attaque ou pour la défense. Leurs bois se mêlent quelquefois de telle sorte, que les deux adversaires restent pris sans pouvoir se séparer. Ils périssent alors de faim et de misère, ou deviennent la proie des bêtes féroces. Le naturaliste américain Say rapporte qu'un jour un parti d’explorateurs descendant une hauteur, leur attention fut tout a coup attirée par un bruit étrange, une espéce de cli- quetis, provenant d’un fourré voisin, à quelques pas de leur sentier. Arrivés à l’endroit, ils trouvèrent deux Chevreuils les cornes tellement embarrassées les unes dans les autres, que maleré les efforts des deux combattants pour se libérer, ils ne pouvaient y parvenir. Ils étaient tellement épuisés de fatigue qu'ils ne pouvaient plus se tenir debout. Voyant l'impossibilité où se trouvaient les deux ruminants de séparer leurs bois, et qu’ils devaient nécessai- rement périr de langueur ou étre dévorés par les loups, les hommes les expédicrent avec leurs couteaux, après avoir fait d'inutiles efforts pour les dégager. Ll n’y a nul doute que bon nombre de ces animaux périssent ainsi tous les ans. C’est dans l’automne que le Chevreuil est le plus eras. Mais dès le mois de décembre, les mâles commentent à maigrir, tandis que les femelles restent grasses jusqu’au milieu de lhiver. Au printemps elles sont trés-décharnées et tres-fuibles. Il n’y a certes pas de chasse plus barbare que celle qui consiste à attaquer ces animaux dans leurs ravages C’est plutôt une boucherie qu’une véritable chasse. Les chasseurs lancent leurs chiens ‘à la recherche de ces endr@ts, et quand les aboiements les avertissent qu’un ra- vage a été découvert, ils sy rendent et se placent le long des sentiers battus des Chevreuils. Les animaux fuient tout épouvantés devant les chiens qui les harcèlent, et les chasseurs les tuent à leur passage. C’est or linairement au mois de mars, quand la neige encore épaisse sur la terre est recouverte d’un mince.verglas qui leur blesse les jambes et les met tout en sang, qu'a lieu cette chasse ou plutôt ce massacre. 186 LE NATURALISTE CANADIEN. Pour chasser le Cheyreuil à la piste, ilsfaut beaucoup d'expérience et Papprocher avec beaucoup de précaution. Des que la terre est couverte d’une mince couche de neige, le chasseur le suit à la piste dans le plus grand silence pos- sible, jusqu'à ce qu'il puisse le tirer avec quelque chance de succès, ce qu'il n'a pas la bonne fortune de faire tous les jours, surtout si l'animal est vieux ; car alors le chasseur devra ‘e poursuivre bien des milles et endurer bien des fatigues avant même de l’apercevoir, et le moindre bruit le fera fuir ie nouveau avec la rapidité du vent, car il a l’ouie extrémement fine, et son œil perçant lui fait découvrir son ennemi, avant meme que celui-ci puisse soupçonner sa présence. Le Chevreuil, aussitôt qu'il a aperçu le chas- seur, fuit à quelques centaines de verges, s'arrête et écoute de nouveau en tenant la vue fixée du côté où il craint le danger. prêt à s’enfuir à la moindre alarme. Dans le voisinage des eaux, on procède d’une autre ma- nière. Le Chevreuil qui se sent poursuivi par les chiens, se dirigera vers le lac ou la rivière la plus proche, afin sans doute de dépister les chiens en interrompant les oleurs qui les guident. Les chasseurs ont su tirer parti de cet instinet de l'animal. Ils postent l’un deux a l’endroit où le Che- vreuil à coutume de traverser, et celui-ci le tire à son pas- sage. Cette chasse, de même que toutes les autres, n’est pas ‘toujours couronnée de succès. Car souvent le Che- vreuil fait un long détour dans la forêt et dirige sa course vers quelque lac éloigné, en sorte que pour ce jour-la, il n'y à plus d'espoir d'atteindre le gibier ; les chiens eux- mêmes sont souvent entrainés si loin par leur ardeur qu'ils ne reviennent pas de quelques jours, et qu’ils sont même quelquefois perdus tout à fait. On fait aussi cette chasse avec une lanterne. de Chas- seur se met sur la tête un long chapeau cylindrique d’é- corce de bouleau, avec une ouverture pratiquée dans la partie supérieure. Il y met une chandelle, de sorte que la lumière se trouve immédiatement au dessus du front du chasseur, Ainsi cette lumière tout en attirant le Chevrenuil, non moins curieux que les autres cerfs, éclaire le canon du LE CERF DE VIRGINIE OU CHEVREUIL. 187 fusil, lorsque le chasseur vise. Le Chevreuil en apercevant cette lumière, reste immobile, les yeux fixés sur l’objet étrange qui le fascine, montrant des yeux luisants comme des charbons ardents à travers lobscurité, et c’est alors le moment où le chasseur l’ajuste et le frappe mortellement. On peut aussi se servir avec avantage d’une lanterne où dune torche comme dans la chasse à l’Elan. Lorsque le Chevreuil est surpris dans un champ, il ne s'enfuit pas avec toute l’agilité dont il est capable. Mais il hérisse tout à coup les longs poils de sa queue, à peu près comme le fait le chat à la vue dun chien. Pour la . distance de deux ou trois cents verges, il s'éloigne par bonds prodigieux, s’arrêtant apres chaque bond, et se reposant sur trois pieds seulement, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Ceci donne à son corps et à sa queue qu'il tient droite et dé- ployée en une espèce de balai ou de grande brosse blanche, un mouvement d'oscillation qui ne saurait être bien com- pris sans l'avoir vu. Bientôt après cependant, ses bonds prodigieux font place à des sauts allongés, qu'il fait de plus en plus drus et qui l'ont, en un clin d’œil, dérobé à la vue du chasseur. Quelque rapide que soit sa course, sur les plaines dépourvues d'arbres, un cavalier bien monté, ou un levrier l’ont bientôt rejoint. Telle est souvent la ma- nière de le chasser dans les Etats du Sud où il y a de grandes plaines sans bois. La Chevrette fait ses petits en mai ou en juin et les cache dans quelques fourrés. où ils restent roulés sur eux- mêmes tandisque la mère broute à quelque distance. Quand on les trouve où les a déposés leur mère, ils restent d’ordi- naire parfaitement tranquilles et se laissent prendre sans essayer de s'échapper. Le bois du Chevreuil tombe en janvier ou en février ; il repousse vers la fin de mai, et en septembre l'animal le frotte contre les arbres pour enlever la peau veloutée qui le couvre. La chair du Chevreuil est excellente; sa peau est très-estimée pour sa durée et sa souplesse, Les Sauvages après avoir trempé la peau, en enlève le poil en le râclant ; puis ils l’enduisent avec la cervelle de l’animal qu’ils con- 188 LE NATURALISTE CANADIEN. servent avec soin pour cette fin, et à force de la frotter et de létirer, il l’amènent à un haut degré de souplesse. Ils la suspendent ensuite au-dessus d’un feu qu'ils alimentent de bois pourri afin de la faire pénétrer par ia fumée, pour lui conserver sa souplesse, même après avoir été mouillée. : Les sauvages de l'Ouest consomment toutes les parties du Chevreuil, même le contenu de l'estomac. Onprétend | que les matiéres végétales à demi-digérées dans l'estomac de ce ruminant ne sont pas désagréables même à l’homme blanc. Quant à nous, cependant, nous préférons croire les peaux-rouges sur parole, et nous réserver le soin de sou- mettre nous-même à la mastication tout ce que nous ingur- gitons. Le Chevreuil s’apprivoise aisément, mais en domesti- cité, il devient d’une familiarité incommode. Le parcours géologique du Chevreuil, Cervus Virgi- nianus, sétend depuis le Golfe St. Laurent à travers les Provinces Anglaises et les Etats-Unis, jusqu'aux Mon- tagnes Rocheuses, au-delà desquelles on ne le rencontre pas, excepté au Mexique. Il ne se rencontre pas, pensons-nous, au noid de Québec. Mais il existe sur le St. Maurice et de là en arrière de Montréal jusque dans la province d’Ontario. Dans la contrée montagneuse située au nord de la rivière Outaouais, son parcours s'étend jusqu’à cent cinquante mille au nord de ce grand cours d’eau, quoiqu'il ne se rencontre que rarement à la hauteur des terres entre le St. Laurent et la baie d'Hudson, si l’on en doit croire les traitants de four- rures. On rencontre des troupes isolées de ces animaux dans le voisinage des lacs Nipissing et Témiskaming. On le trouve aussi dans toutes les parties des Etats-Unis, au Texas, an Nouveau-Mexique, si l'on en excepte pourtant les Etats-Unis à l’ouest des montagnes Rocheuses, où, comme nous l'avons dit plus haut, il est remplacés par d’autres espèces, Audubon remarque, que les Chevreuils du Maine et de la province d'Ontario sont en général plus grands que ceux qui babitent les îles de la Caroline du Sud; que ceux qui viveut habituellement dans les savannes sont plus grands GÉOLOGIE. 189 et ont les jambes plus longues que ceux qui vivent sur les terres hautes ; que les les Chevreuils qui résident dans les contrées montagneuses sont plus gros que ceux qui fré- quentent les bords de la mer ; cependant, comme ces diffé- rences proviennent plutôt de la nourriture et du climat, on n’a pas cru devoir en faire des espèces différentes. Le Chevreuil ou Cerf de la Virginie a été décrit sous plusieurs noms suivant les auteurs qui en ont parlé. Les Français lui avaient donné le nom de Cerf de la Louisiane. Les Anglo-Américains lui donne le nom de Daim ordinaire, Common Deer ; son nom technique de Cervus Virginianus, lui a été donné par le naturaliste Hollandais Boddaert, en 1784. Dans la nouvelle classification des Cerfs donnée dans l’En- cyclopédie Anglaise, cette espèce est nommée Cariacus Vir- ginianus, Cariacou de Virginie. Buffon dit que les Che- vreuils de la Louisiane sont ordinairement du double plus gros que ceux de la France, et Kalm, qu'ils s’apprivoisent facilement. Ce dernier cite un Chevreuil qui allait, pen- dant le jour, prendre sa nourriture au bois et revenait le soir à la maison. Daubenton a donné une description de la femelle du Cariacou ou Cerf de Virginie. Les Franco- Canadiens le connaissent sous le nom vulgaire de Chevreuil. Cuvier lui a conservé le nom de Cerf de la Louisiane ou de Virginie. GEOLOGIE, ( Continuée de la page 157). IX 4° ROCHES MÉTAMORPHIQUES Leur origine ; leur composition ; leur situation relativement aux autres formations. Les roches métamorphiques étant stratifiées, doivent par conséquent leur origine à des dépôts qui se sont opérés sous l’eau, et pourraient être rangées parmi les roches aqueuses ; mais leur texture plus ou moins cristalline les 190 LE NATURALISTE CANADIEN. rapproche davantage des roches plutoniques. Aussi les géologistes s'accordent-ils à les considerer comme des ro- ches aqueuses, ou ayant été formées sous l’esu, et qui, pour avoir été exposées d’une manière plus immédiate à l’action de la chaleur intérieure de Ja terre, ont été altérées dans leur texture; et de là leur nom de métamorphiques, qui a@ changé de forme. Leur inspection seule suflit à convaincre qu'elles ont di subir l’aetion d’une chaleur très intense. La plupart des marbres, et notamment Je beau marbre d'Italie, si recherché des statuaires, les ardoises, etc., ap- partiennent à cette formation, sont des roches métamor- phiques. D’après la théorie des géologues, les roches ou terrains qui composent la croute de la terre se divisent donc en quatre formations distinctes, comme nous l’avons exposé dans les articles qui ont précédé. Ces 4 formations sont les suivantes: 1° roches plutoniques; 2° roches volcaniques ; 3° roches aqueuses; et 4° roches métamorphiques. Les 2 premières sont dues à l’action du feu, qui en se retirant leur a permis de se cristalliser, et les 2 dernières sont des dépots formés sous les eaux et plus ou moins altérés par des forces mécaniques ou chimiques, ou par l'absorption de matières organiques. Quant à leur position relative, les plus basses sont les plutoniques ou granitiques. On trouve quelquefois le granite à la surface de la terre, mais toutes les fois que des roches gisent empilées les une sur les autres, les grani- tiques sont toujours les plus basses. Et de fait, l2 granite est par tous considéré comme formant la couche la plus intérieure de la croute terrestre, Après les granitiques viendraient les roches aqueuses qui se sont déposées sous les eaux, couches par couches, durant de longs âges, tantôt dans une partie du monde et tantôt dans une autre, suivant que chacune pouvait être exposée à l’action des eaux, Les roches volcaniques qui, dues à l’action du feu, se sont frayé un chemin à travers les roches aqueuses pour pénétrer a la surface, ne peuvent, elles, se présenter dans un CHASSE AUX MOLLUSQUES. 191 ordre fixe de succession. Elles forment ici des montagnes coniques, là d'immenses piliers terminés en plateaux, en d’autres endroits des dykes ou filons qui ont été comme moulés dans les fissures des autres roches qui leur ont livré passage efc. Quant aux roches métamorphiques qui doivent leur caractère particulier au contact de matières minérales en fusion, partout où on les rencontre, elles se trouvent dans le voisinage immédiat des roches plutoniques. Ayant ainsi sommairement exposé l’origine et la situa- tion des diverses roches de la croute terrestre, nous exami- nerons plus en détail, dans les articles qui vont suivre, les caractères des êtres organisés des premiers âges du monde, dont les roches aqueuses nous ont conservé des restes. A continuer. LOO DES QD DONNE eee CHASSE AUX MOLLUSQUES. L’habitat des différentes espèces de Mollusques exige des soins particuliers pour en faire des collections. Les Mollusques terrestres, comme les Hélices, les Succinées ete. n’exigent d’autre soin que de les prendre a la main, là où on les rencontre. On se munit d’un panier ou d’une boîte pour les recueillir et les transporter. Les Mollusques terrestres sont particulièrement abondants sur les sols calcaires et humides. C’est ordinairement à l'automne et au printemps qu'on trouve les spéciments les plus parfaits. Les feuilles mortes, les cailloux, les copeaux, etc., sont les lieux les plus ordinaires de leurs retraites. Pour retirer l’animal de sa coquille, il suflit d'ordinaire de plonger le Mollusque, quelques instants, dans de l’eau bouillante, et dès lors, au moyen de pincettes où même d’une épingle, on débarrasse facilement la coquille de l'animal qu’elle recelait. 4 192 LE NATURALISTE CANADIEN. Pour les Mollusques d’eau douce, on emploie à leur égard le même procédé que pour les insectes aquatiques. C'est-à-dire qu'on promène au fond des ruisseaux, mares ou lacs qu’on visite, un /roubleau ou filet à insectes, fixé au bout d'un long baton. Les herbes aquatiques, les cailloux des rivages, les pièces de bois baignant dans l’eau permettent aussi d'en recueillir un assez bon nombre à la main. I faut avoir soin de conserver l’opercule aux espèces qui en sont munies, comme les Cyclostomides, les Mélaniades, ete. La plupart des bivalves peuvent le plus souvent être aussi cueillis à la main, dans les ruisseaux et au bord des rivières. Pour débarrasser les bivalves de l’animal qu'ils renfer- ment, on les laisse en repos pendant quelque temps dans un baquet rempli d’eau, ils ne tardent pas à ouvrir leurs coquilles. Plongeant alors la lame d’un couteau dans lin- térieur, on l’agite de manière à couper les muscles qui lient l'animal à la coquille, ayant soin de ne pas briser ou lacérer les bords. On peut aussi, peut-être avec plus d’a- vantage, les plonger dans l’eau bouillante. Une fois vides, on remplit la cavité de ouate, et on les lie pour les laisser sécher, évitant de ne pas rompre la jointure, qui sert dans bien des cas de caractère distinctif pour l'identification des espèces Quant aux Mollusques marins, les basses marées, sur- tout le printemps et l’automne, permettent d’en recueillir un grand nombre à la main ou avec le troubleau. Les mers à grèves pierreuses sont d'ordinaire très riches en animaux de tous genres, Mollusques, Crustacés ete. Les gros cail- loux, les herbes marines, les pierres mobiles, les banes de coraux, les flaques d'ean laissées par la marée, vous offriront des mollusques par centaines. Si les grèves sont vaseuses ou sablonneuses, il faudra vous armer d’une bêche, et partout où vous verrez l’eau bouillonner à l'orifice de petits trous, vous serez sur d'y trouver quelque bivalve. Ces grèves fournissent aussi grand nombre de coquilles vides que la lame a rejetées sur le rivage. Mais les Mollusques les plus rares et les plus précieux sont ceux que l'on obtient par des dragages en eau profonde, CHASSE AUX MOLLUSQUES. 193 à la mer. On se sert pour cette fin d’une drague qui peut être construite en la manière représentée dans la fig. 27. a, a, est un cadre en fer plat d’un pouce et demi, de 20 pouces de long sur dix pouces de large: 6, b, sont des bras en fer rend d’un demi pouce, de 17 pouces de longueur, qui sont réunis à leur extrémité par l’anneau de la corde c. Cette corde doit avoir de 100 à 200 brasses de longueur suivant la profondeur de l’eau où l’on veut opé- = Ter. Lesace doit être en fil fort et à fa mailles très petites; il peut avoir 3 pds de longueur. f est une pièce de cuir en dessus et en dessous du sac pour le 8 D protéger contre le frottement, et empé- V \ cher qu'il ne s'accroche aux aspérités y \ Je 3 V \ qu'il pourrait rencontrer. d est un plomb de 4 à 5 lbs. ou même plus, que Yon place à 3 ou 4 pieds en avant du sac, pour l'empêcher de flotter et le tenir dans la même position pendant qu'on opère. Quand on opère à une grande profondeur, il convient souvent d’ajou- ter à la corde un autre plomb en avant Fig. 27. de celui-ci. Il est rare qu'une semblable drague, immergée à 60 ou 100 brasses d’eau seulement, ne rapporte pas, après quelques minutes seulement de dragage, une ample provision d’ani- maux des plus intéressants, tels qu’Astéries, Pennatules Mollusques, Actinies et souvent aussi des petits poissons. On peut se servir, de même que pour les autres Mol- lusques, d’eau bouillante, pour séparer les coquilles de leurs parties charnues. Si après la préparation, elles don- naient encore quelque odeur, on pourrait employer le chlo rure de chaux pour les désinfecter. Les Mullusques dans les musées forment une des par- Fic. 27—Drague pour la pêche au mollusques en eau profonde. a, a, le cadre en for ; b, b, les bras; ¢, la corde ; d, plomb pour maintenir la drague dans la même positiou e, le sac; f, pièce de cuir pour protéger le sac contre le frottement. 194 LE NATURALISTE CANADIEN. ties des plus intéressantes. Cet engonement qui a prévalu naguère en Europe pour les espèces rares, quia porté des amateurs à payer jusqu'à 100 guinées pour un seui spé- cimen, est en partie disparu aujourd'hui ; mais l'étude de ces intéressants animaux ne s’est point pour cela ralenti; tout au contraire, les facilités de communicasion et ces hauts prix offerts aux espèces exotiques, les ont fait rechercher davantage, et n’ont pas tardé à les amener à la portée des bourses ordinaires. La plus belle coliection de Mollusques et la plus consi- dérable de la province est, pensons-nous, celle du collège de $. Sulpice à Montréal. La Société d'Histoire Naturelle de cette ville en possède aussi une fort remarquable et qui saccroit graduellement. Mr. Whiteaves, le curateur des musées de cette institution, est la personne la plus entendue que nous connaissions dans cette branche. Sur cet article, comme sur beaucoup d’autres, les livres spéciaux sont rares et coutent fort cher; il n'y aurait pour ainsi dire que les institutions qui pourraient se les procurer ; mais ces études ont été jusqu'ici si négligées, qu'on n'a pas encore songé à remplir ce vide dans la plupart de nos bibliothèques. Le Manual of the Mollusca de Woodward est, suivant nous, l'ouvrage élémentaire le plus complet sur les Mollus- ques; et les ouvrages de Say, Binney, Bland, Tryon, etc. des Etats-Unis, sont presque les seuls qui peuvent conduire à l'identification de nos espèces indigénes.* Nos tablettes comptent déjà quelques centaines de mollusques et nous nous proposons de temps à autres de donner quelques articles sur ces intéressants animaux. * Woodiward's Minual of the Mollusca peut être obtenu de Dawson and brothers Montréal. Prix : $1.50. Say. Description of Shells of North America... Sabusenee A Tec + $10.50 Tryon. Monograph of the Terrestrial Mollusca of the United States... … 13.50 Haldeman. Monograph of the Fresh Water univalve Mollusca of the U. S.. 18.00 tryon. Americon Marine Conchology. Eu cours de publication. L’ouvrage se composera do 6 à 7 livraisoos au prix de $5.00 la livraison, pour l'édition coloriée, et de $5.00 potr la noire. On pout se procurer ces différents ouvrages en s’adrossant au Naturalist’s Agency Salem, Mass. A NOS CORRESPONDANTS. 195 A NOS CORRESPONDANTS- C’est toujours pour nous un bien sen-ible plaisir que de recevoir des communications sur quelque sujet so ratta- chant à l’histoire naturelle, par ce que nous avons en cela la preuve que l'attention se réveille sur des études bien trop négligées parmi nous, et que d’un autre côté, en nous efforçaut d'éclairer un correspondant qui nous aura posé quelques questions, nous sommes certain de répondre à plus d’un autre qui auraient pu ou pourraient avoir l'opportunité de faire les mêmes observations. Nous regrettons de voir qu'on ne sempresse pas plus de commencer des musées dans chacune de nos maisons d'éducation et même dans chacune de nos villes. Les mu- sées sont des bibliothèques où tout ceux qui ont des yeux peuvent lire et sinstruire, Notre estimable correspondant des Trois-Rivières, n’aurait eu qu’à jeter un coup d'œil dans un musée, s'il en eut eu un à sa portée, pour trouver la so- lation de la question qu'il nous pose. M. le Dr. G. nous écrit de St. Thomas de Pierreville, en date du 29 Mai— “ Il se présente une occasion bien re- marquable de prouver a vos lecteurs l'avantage qu’il y a pour tous de connaitre l’histoire naturelle, et la nécessité d'avoir des hommes compétents à qui on puisse réfrrer les cas extraordinaires qui peuvent se présenter. Pent-etre que ce qui me parait extraordinaire n’est qu'une circons- tance assez commune, mais des faits de cette nature étaient encore inconnus dans nos parages. Voici le fait en ques- tion. “ Un de mes parents a un lot de farine de blé de plus de mille livres, dont la surface a pris depuis quelque temps une couleur de plus en plus jaunâtre, jusqu'à ce qu’aujour- d’hui elle présente la teinte de ce qu'ou appelle le gru. En Yexaminant de bien près, on observe un mouvement consi- dérable de culbutage des grains, mais sans distinguer d’où 196 LF NATURALISTE CANADIEN. il provient; ce n’est qu'en en prenant une pincée et la fiottant légèrement qu'on aperçoit des insectes de volume variable, et dont les plus gros sont à peine’ visibles à l'œil nu. Comme ces insectes présentent beaucoup de ressem- blance avee le Sarcopte de la gale, que j'ai vu al Hopital de marine, l'ayant trouv le premier à Québec, (disaient mes confrères), je suppose qu'il appartient au même genre,’ ou plutôt au genre Acarus, comme |’Acarus du sucre, On dit que ce dernier peut se loger sous la peau, comme le Sarcopte. Sil fallait qu'il en fut ainsi de celui que j'ai pré- sentement sous ma loupe, et en si grand nombre !... Le corps m'en frisonne rien que d'y songer. Peu importe! comme disait votre correspondant dans le dernier numéro ‘ du Naturaliste ; voyez-les! Ici, ils s'agittent, se bousculent, | se culbutent; c’est un combat, une mêlée générale. Trans- | portez-vous dans d’autres régions, un demi-quart de pouce à côté; vous les voyez tous prendre une même direction ; | c'est alors un steeple-chase échevelé, des courses au trot | comme en un jour de turf; vous les suivez difficilement sur le terrain. Si quelque retardataire veut relentir sa course, je l’aiguillonne d'un coup d'épingle, et, aussitôt il rivalise | avec les plus alertes. Mais qu'est-ce donc que je leur aper- | çois au bout des pattes antérieures que ma loupe est impuis- | sante à me faire distinguer ? Seraient-ce des cestes ou bien | des bottes comme on en met aux chevaux pour les faire trotter franc ? ou bien encore des grains d’amidon ?.. -“ Allons, puisque me voila revenu sur le terrain de la réalité, je n’ai qu'à m'excuser de m'en être écarté si long- tems. J'espère du reste que les insectes ci-inclus vous parviendront pleins de vie et d'activité. “ Quel moyen pourrait-on employer pour mettre fin à cette infection ? Réussirait-on en mettant plusieurs mor- ceaux de camphre à la surface de la farine ? L’insecte du l'Arachnide menacerait-il de se répandre, et l’a-t-on signalé bien souvent dans ce pays ? Quelques renseignements sur cet acarus ne manqueraient pas d’intéresser vos lecteurs. ” Bien queda pression à laquelle la lettre a pu être sou- mise eût fait périr un assez bon nombre des êtres qui habi- A NOS CORRESPONDANTS. 197 taient la farine qu'elle contenait, nous avons pu en voir encore une multitude tout actifs et pleins de vie. Soumis à la loupe, ces êtres nous ont paru de forme ovale, extrême- ment mous, presque transparents, portant 4 paires de pattes de 4 articles terminées par des ventouses susceptibles de prendre des formes très variables. A ces caractères, il ne nous a pas été difficile de reconnaitre l’acarus de la farine, tel que décrit par DeGeer, Tyroglyphus farine, DeGeer. Les Acarides, qu'on appelle vulgairement mites, tiques ou sicins, etc., ne sont pas de véritables insectes, mais appar- tiennent aux Arachnides. Nous avons nous-même rencon- tré ici, au Cap Rouge, l’année dernière, dans un grenier, la mite de la farine, T'yroglyphus faring, mais c’ était seulement sur des balayures qu'on avait négligé d'enlever. Nous ne sachons pas qu’on ait jamais signalé sa présence auparavant. Il est probable que le développement de cette peste exige des conditions de température et d'humidité qui lui font souvent défaut, car on entendrait plus souvent des plaintes à son sujet. De la farine infestée telle que la portion que nous avons reçue serait tout à fait impropre aux usages cu- linaires, et il est bien probable que les aliments qui en seraient composés pourraient encore, malgré la cuisson, être dommageables à ceux qui en feraient usage. Quant aux moyens de combattre cet ennemi, nous ignorons s'il s'en trouve d’efficaces. Les herbes aromatiques, et particulièrement l’absinthe, sont un préservatif infaillible contre les insectes, mais il pourrait bien se faire que leur odeur n'aurait aucun effet sur ces êtres quasi microsco- piques. Ce serait cependant une expérience à tenter. D'un autre côté, nous recevons de M. A. L. D., avocat des Trois Rivières, la lettre qui suit, en date du 30 Mai: “Permettez moi de vous soumettre la question suivante : Quelques pêcheurs et autres soutiennent ici que le poisson connu sous le nom d’escargot, que l’on prend dans le St. Laurent et quelques uns de ses tributaires, près de Trois- Rivières et ailleurs, n’est que le petit ou le produit de l’es- turgeon que l’on pêche aussi dans les mêmes rivières, et que lon vend sur nos marchés, ou, en d'autres termes, qu'en vieillissant l’escargot devient l’esturgeon. 198 LE NATURALISTE CANADIEN. “ D’autres, et je suis de ce nombre, soutiennent le con- traire, et disent que l’escargot ne fait jamais un esturgeon, que sa chair, ses ligaments, et surtout sa téte démontrent qu'il est d’une espèce différente, et que les plus vieux mêmes n'ont ni les allures, ni Les formes des jeunes esturgeons. “ Désirant savoir à quoi m'en tenir à cet égard, je m’a- dresse à vous avec confiance et plein de l'espoir qu’une réponse satisfaisante me parviendra bientôt.” Notre estimable correspondant a parfaitement raison contre ses adversaires, Le gros esturgeon et celui qu’on appelle vu'gairement en Canada escargot ou écailler, quoi. que appartezant à la même famille et au même genre, cons- tituent deux espèces différentes, à caractères bien distincts- Le premier est l’ Actpenser rubicundus, qui atteint quelquefois jusqu'à 8 et 9 pieds de longueur; ila le dos d’un rouge jaunatre et les côtés d'un rouge olivatre, la tête plate, des- cendant obliquement de la nuque à l'extrémité du museau, Le second, Acipenser oxyrhyncus, Mitchell, dépasse rarement 3 pieds en longueur; il est d'un olive foncé presque uni- forme, le dessus étant souvent grisatre et quelquefois brun ou rosé ; sa tête se termine en un museau allongé, aigu, quelque peu relevé. Les sturionides sont à proprement parler des poissons de mer; mais ils peuvent aussi vivre à l’eau douce. A la manière du Saumon, ils remontent les fleuves pour y dé. poser leur frai, Les 2 espèces d'Esturgeon de notre fleuve constituent chacune un mets de table fort estimé. De tous les poissons, les Esturgeons sont ceux dont la chair se rap- proche le plus de celle des quadrupedes. Sur le marché de New-York, on donne le nom d’ A/bany beef, bœuf d’Albanie, à la chair des gros Esturgeons qu'on prend dans la rivière Hudson, et de fait, la chair de ces poissons a quelque peu le gout du veau. Les Esturgeons ont tous 4 barbillons, en ligne trans- versale, entre la bouche et le museau. Ces barbillons assez longs, déliés, très flexibles, ne servent pas peu, d'après le dire des pêcheurs, à attirer, par leur ressemblance à des vers, les menus poissons dont ils se nourrissent. NATURALISTFS CANADIENS. 199 Les anglais donnent à l'Esturgeon rougeñtre, Acipenser rubicundus, le nom de Lake Sturgeon, parce qwou le trouve dans les grands lacs qui communiquent avec la mer; et ils appelleut l'Esturgvon nez-pointu, Aripense: oxyrhyncus, de son nom spécifique propre, Sharp Nose Sturgeon. NATURALISTES CANADIENS. (Conlinuée de la page 168). 21. Brunet, 1861.—Mr. l'Abbé Ovide Brunet est pro- fesseur de Botanique à l'Université Laval depuis pres de 20 ans. Une mémoire heureuse et tenace, jointe à un grand talent d'observation, ont permis, en peu d'années, à Mr. Brunet, de se rendre maitre de sa science de prédilection. Mr Brunet a publié divers opuscules sur la Botanique dans lesquels il a malheureusement laissé voir que chez lui l'écrivain n'était pas à la hauteur du savant. Si les périodes à effet, les surcharges d’épithétes, les tournures piquantes semblent être des hors d'œuvre dans les livres scientifiques, la justesse d’expression, la clart’ d'exposition, et par dessus tout la précision des termes y sont de rigueur. Le manque d'élégance du style est ficilement pardonné en raison de sa concision, mais on exige partout que la diction soit pure et et la phrase correcte. Les principales publications de Mr. Brunet sont les suivantes : Voyage @ ‘indré Michaux en Canada, 1861. Notice sur les Plantes de Michaux et sur son voyage au Canada et à la Baie d'Hudson, d'après son journal manuscril et autres docu- ments, 1863. Catalogue des végétaux ligneux du Canada, 1867. Histoire des Picea qui se rencontient dans les limiles du Canada, 1866. Notice sur le Musée Botanique de l'Université Laval, 1867. Eléments de Bolanique et de Physiologie végétale, 1870. 200 LE NATURALISTE CANADIEN. On peut voir dans le Naturaliste, vol. IT page 144, l’appré- ciation que nous avons faite de ce dernier ouvrage ; nous ne pensons pas avoir été trop sévère. Nous apprenons avec plaisir que la maladie qui avait forcé depuis 2 ans Mr. l'Abbé Brunet à abandonner sa chaire, et même à cesser toute étude, donne aujourd’hui tout espoir d’un parfait rétablissement, Le nombre de nos hommes de science est si restreint que nous ne pouvons que faire des vœux pour la longue durée de ceux qui le composent. 22. Crevier, 1866. - Voulez-vous un forgeron, un me- nuisier, un mécanicien ? Voulez-vous un graveur sur mé- taux, un dessinateur, un peintre, un musicien ? Voulez- vous un médecin, un microscopiste, un géologiste, un pa- léontologiste, un malacologiste, un astronome, un chimiste, un minéralogiste ? Vous avez tout cela dans le Dr. J. A. Crevier, ci-devant de St Césaire et maintenant de Montréal. Qi trop embrasse mal étreint, dit le proverbe; ne serait-ce pas le eas pour le Dr. Crevier ? Nous n’oserions décider. Si nous n'avons pu apprécier encore la profondeur des con - naissances du savant Dr., nous nons sommes du moins con- vaincu que leur étendue est immense ; et sous ce dernier point, il n’est surpassé par nul autre, en ce pays, pensons- nous Un astronome-amateur à qui nous avions présenté le Dr Crevier, nous disait pittoresquement, après quelques quarts d'heure de conversation et d'observation au téles- cope : “mais votre Dr., je pense qu'il connait toutes les étoiles par leur nom de baptéme ? On dirait qu'il a long- temps voyagé dans la lune, tant il en connait la topogra- phie ?? Le Dr. Crevier est bien la mémoire la plus heureuse- ment douée que nous ayions encore rencontrée. La mé- moire des noms surtout semble ne lui coûter aucun effort. Faites avec lui une petite promenade au clair de la lune, il vous donnera la désignation de chaque constellation en vue, nommant, comme le disait notre spirituel astronome, chaque étoile qui la compose par son nom propre ; ou bien portez vos pas avec lui sur le rivage, au beau soleil, a NATURALISTES CANADIENS. 201 sans hésitation aucune, il vous nommera tous les petits eail- loux qui passeront sous vos pieds, en vous en donn nt leur composition minéralogique ; ou bien encore mettez avec lui l'œil au microscope sur une goutte d'eau qu'il vient d'y exposer, pas un de ces animalcules lilliputiens ne remnera un cil, n’agitcra quelque membre, ne fera un mouvement, sans qu'il ne le détermine, le rangeant dans la famille et le genre dont il fait partie. Eton est d'autant plus étonné de cette masse de connaissanées, que chez le Dr. bien qu’on voie qu'il se plait à nous intéresser, il n’y a pas d’entrain, d'enthousiasme dans le récit ; la phras¢ologie souvent même nest pas rigoureusement exacte. C’est un -coursier impé- tueux, qui ne vise que le but, sans regarder aux diflicultés de la route, et se souciant peu des heurts qu'il peut donner ou recevoir en passant. A cette mémoire prodigieuse, joignez un coup d'œil des plus stirs, une pénétration des plus subtiles, une ardeur pour le travail, disons mieux, une passion pour l'étude, un désir insatiable de savoir que rien ne peat rebuter, et vous pourrez comprendre, jusqu’à un certain point, comment un homme qui dépasse à peine la quarantaine a pu acquérir déjà une telle somme de connaissances. Le Dr. Crevier a plus confié à sa mémoire qu'à sa plume dans la poursuite de ses connaissances, et les quelques écrits qu'il a publiés laissent encore voir l'écrivain novice. La capacité ne parait pas faire défaut, mais le tour, la manière manqueiit parfois, la grammaire même n’est pas toujours respectée. Il nous donnera, par exemple, des phases comme celles qui suivent, que nous lisions dans les numé- ros 18 et 19 de l’A/bum de la Minerve : “ Le Faucon, Pellerin oiseaux de proies vule. l'Eper- vier à Poules, le mangeur de Poules (des Canadiens). Falco peregrinus Audubon (Duck Hawk) des Anglais. ” “ Les Passereaux, (Perchers) que les auteurs rangent sous le nom de Passeres, d’ Ambulatores, de Sylvains, ce que nous appelons oiseaux de passages. ” Sans doute que la pratique jointe à une scrupulense attention, viendront à lui rendre la plume facile, et il ne 221 ll LE NATURALISTE CANADIEN. manquera pas de faire part an public du fruit de ses pré. cieux travaux. ) à En 1866, le Dr. Crevier publia : Etudes su le Choléra Asiatique, petite brochure, de 16 pages. Si le savant perce dès les premières lignes dans cet écrit, l'écrivain y parait mal à l'ai-e, et sa diction, que de nombreuses fautes typo- graphiques viennent encore défigurer, est loin d’être irré- prochable. Depuis 1869, divers articles du Dr. Crevier ont paru dans le Naluraliste Canadien et quelques autres jour naux, et on a pu les apprécier, A propros du tremblement de terre du 22 Decembre 1870, le Dr. a émis des opinions que nous avons désarouées en accord avec tous les hommes de science du pays. Isolé dans la campagne, n'ayant pro- bablement que peu d'auteurs à sa disposition, il peut se faire qu'il se soit laissé entrainer par quelque fabricant de science de nouvel aloi, et qu: n'ayant pas eu occasion de discuter con!radictoiremeut ces questions, il ait donné son adhésion à des opiniois moins probables où meme géné- ralement rejetées. SS ee FAIIS DIVERS. Niagara.—Il est facile de se convaincre, en jetant un coup d'œil sur les environs de Niagara, que la cataracte n’a pas toujours existé à l'endroit où elle se trouve aujourd'hui, mais qu'en minant petit à petit le calcaire sar lequel elle repose, elle s'est crensé ce canal de 200 à 350 pieds de han- teur qui s'étend ae Lewiston à l'enuroit de la chute actuelle, distance de 7 milles, sur une largeur de 800 à 2,200 pieds. D'après les caleuls de Sir Chs. Lyell, la chute était a Lewiston il y a environ 35,000 ans ; et le Professeur H dl, d’ \lbanie, suppute que dans quelques milliers d’années d'ici elle aura disparu presque complètement, ne laissant qu'un rapide entre les lacs Hrie et Ontario, que les vaisseaux pourront probablement franchir, si vaisseaux il y a encore alors avec hommes pour les conduire. On parle d'élargir Je canal Welland, mais pourquoi le convernement n'attend-il pas que la chute disparaisse d’elle méine ?...... Eh! Mais... nous oublions qu'il fau- drait attendre une dizaine de mille ans, et le lard de Cin- cinnatti avêc la fleur de Chicago courraient peut-être le risque de se gâter avaut cette époque. + a + we owe \ LE iste Canadien Vol. V. CapRouge, JUILLET, 1873. No. 7 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, EDUCATION—NOS JOURNAUX. Le développement de quelques pensées que nous vou- lions soumettre à nos lecteurs sur notre système d’éduca- _ tion, nous a entraîné plus loin que nous l’avions d’abord prévu ; cependant, quelque long que nous ayions pu être, nous ne pouvons consentir à abandonner la question, sans ajouter encore quelques réflexions. Puisque nous en sommes à jeter un coup d'œil sur les différentes sources qui peuvent et doivent produire l'instruction, pour la faire couler, circu- ler parmi le peuple, disons done un mot de nos journaux, car les journaux aussi sont des foyers destinés à produire la lumière qui doit éclairer les masses. Nos journaux, tels qu’ils existent actueliement, ré- pondentils aux besoins du moment ? sont-iis ce qu'ils de- vraient être ? Nous n’entendons parler ici que des journaux politi- ques, et nous répondons sans hésiter: non! nos journaux ne sont pas ce qu'ils devraient être, ne répondent pas aux besoins actuels de notre population. Notre pays est encore jeune, sans doute; cependant il n'en est plus à ses premières années de colonisation, où le travail des bras, la nécessité de pourvoir aux besoins maté- riels, permettaient à peine, et pour ainsi dire par exception, 204 LE NATURALISTE CANADIEN. la culture de l'intelligence. Notre Province de Québec, car nos remarques ne s'appliquent ici qu'à la langue française possède actuellement une population assez dense, et jouis: sant d’assez de ressources pour avoir des bras aux champs, dans la forét, et dans les ateliers, pendant que ses hommes d'étude peuvent continuer leurs recherches dans leurs cabinets, suivre le progrès intellectuel se manifestant de toutes parts, bien plus, fournir eux-mêmes, de temps à autres, leur contingent aux productions de l'esprit. Or, nous disons que nos journaux aujourd'hui ne répondent pas tout à fait aux besoins d’une si noble fin, ne sont pas au niveau d’une si importante position. La quantité et la qua- lité de leurs produits font également défaut, Disons de suite que, puisque notre peuple lit si peu, nos journaux sont de beaucoup trop nombreux. Cette multi- plicité de publications divisant les ressources, paralyse le développement, et retient nécessairement dans l'infériorité. Quel besoin, par exemple, la petite ville de Sorel a-t-elle de trois journaux ? Aussi vous pourriez fondre les trois en un seul, que vous n’auriez encore qu'un assez chétif échantillon de ce que doit être un bon grand journal, tenu sur un pied convenable, si tant est que les commérages de paroisses et de rues,leschicanes domestiques, et autres faits de même valeur, fournissent d'ordinaire les themes sur lesquels brodent les rédacteurs. On pourrait en dire à peu près autant de Qué- bec; pourquoi ses quatre journaux français? Ne sont-ils pes, le plus souvent, littéralement, la reproduction les uns des autres ? Quel besoin, par exemple, l’abonné du Journal de Québec peut-il avoir de voir le Canadien ou le Courrier, et vice versd? Pour l'Evénement, il en est un peu autrement, pour le moment; car bien que la stabilité n'entre guère dans les habitudes de cette feuille, comme elle est, aujourd'hui, dans une opposition extrême, elle peut avoir sa valeur pour ceux qui cherchent le juste milieu entre les exagérations des deux côtés. D'ailleurs tout journal, pour avoir sa raison d’être, doit avoir un but, une fin, un mode de procéder qui lui soient propres, et ne peut étre toléré comme simple écho ou reflet de son voisin ou de son aîné. Or, quelle différence, sur ces principes comme base, peut-on établir ma” EDUCATION—NOS JOURNAUX. 205 entre le Journal, le Canadien et le Courrier ? Nous n’en voy- ons aucune, si ce n’est que l’un veut en tout et partout la glorification de Mr. .4., tandis que l’autre au contraire veut lui substituer Mr. Z. et le troisième semble dire qu’il a des colonnes à la disposition de la première bourse qui s’ou- vrira devant lui. Aussi cette politique étroite, mesquine, égoiste, ne contribue-t-elle pas peu à déprécier notre presse à l'étranger, à la ravaler dans l'estime des personnes en de- hors des courants politiques, et à faire perdre leur valeur aux articles même les mieux pensés, en vue du motif re- connu qui les a inspirés. Les lecteurs sérieux, qui bien souvent connaissent par- faitement le dessous des cartes, lèvent les épaules de pitié, en voyant telle feuille s'évertuer à nous faire prendre Mr. A pour un héros, ou telle autre à nous donner Mr. B pour un immaculé, et ne peuvent que gémir en voyant ainsi la presse dévoyée dans son but, ravalée dans ses allures, et reniant pour ainsi dire le sublime apostolat qu’elle est ap- pelée à exercer. Diriger, instruire, moraliser le peuple, est certainement une noble et sublime mission; mais comment la recon- naître dans cette politique égoïste, toute personnelle, toute d'intérêts privés qui ont le pas sur le bien public, et qui domine d'ordinaire dans nos feuilles politiques ? Quand aurons-nous un journal assez indépendant pour résister à la pression des chefs de parties ou de coteries po- litiques ? assez libre dans ses allures pour faire abstraction des hommes, et juger les faits d’après leur vaieur intrin- sèque ? Si du moins l'abondance des matières permettait au lecteur de laisser de côté tout ce qui se rattache à l’a- pothéose du fétiche de chaque journal ,pour se rabattre sur le reste? mais impossible; car à côté de l’exaltation de Mr. A ou de Mr. B, vous n’avez plus que les petites nouvelles à la main, ou dinsipides correspondances sur un cadean fait au Colonel C, ou au Capitaine D, lorsque par hasard la feuille n’est pas remplie en partie par un mandement bien _ordinaire qui aura déjà été lu dans toutes les chaires. Ne vaudrait-il pas mieux avoir moins de journaux plus 206 LE NATURALISTE CANADIEN, étendus, plus abondants, mieux pourvus, que d’en avoir un si grand nombre si pauvres et si vides, sans intérêt? Sans aucun doute ; car avec un journal abondamment pourvu, si tels ou tels articles ne peuvent vous accommoder, vous en rencontrez d'autres, et dans le même numéro, qui vous conviennent ; vous avez d’ailleurs d’amples reproduetions pour vous instruire et vous amuser. Mais avec les jour- naux que nous avons aujourd'hui, nous ne voulons pas dire seulement à Québec, mais dans toute la Province, on ne peut pas même compenser la pénurie des matières par la multiplicité des feuilles, car elles ne sont que des échos les unes des autres. Aussi, combien de fois n’avons-nous pas entendu répéter ce que nous venons d'exposer, et rencon- tré des gens lettrés qui appelaient de tous leurs vœux le moment où nous aurions un journal véritablement indépen- dant et pouvant s'assurer une rédaction capable de ré- pondre aux besoins du moment ! Nous ne nions pas qu'un propriétaire de journal qui veut vivre doit avant tout songer à ses intérêts matériels, et qu'il lui faut parfois se plier à des exigences en opposition avec ses vues, et de là nous en inférons qu'un journal ne peut être véritablement indépendant que lorsqu'il est une pro- priété collective de diverses individualités ; cependant, c’est notre conviction qu'un journal de premier ordre, une fois établi, pourrait fort bien, dans'notre condition présente, ré- sister à la pression de certaines notabilités par trop sus- ceptibles, supporter bien des défectuosités, et triompher de mille obstacles, par ce que son mérite reconnu lui assure- rait de suite un patronage assez étendu et assez varié pour le mettre en moyens de résister à toutes les exigence in- dues auxquelles les feuilles faibles sont continuellement en butte. Nous ne voulons la mort de personne, mais nous ap- plaudirions de tout cœur à celle de nos feuilles qni, sortant la première de l’ornière, se mettrait de suite sur un ton de première classe ; car nous n’entretenons pas de doute quelle s’assurerait du coup le succès, L’abonné qui paye aujour- d'hui $12, $15, pour 2 ou 3 de nos feuilles actuelles, qui lui rappor nt la même chose, l’une après l’autre, laisserait là EDUCATION—NOS JOURNAUX. 207 de suite ces doublures, pour prendre le grand journal, ou il trouverait plus de matières, et qui ne lui coûterait encore que $8 à $10 tout au plus D'ailleurs l’expérience de nos voisins est là pour confirmer nos prévisions. Presque chaque petite ville, aux Etats-Unis, a son grand journal, et tout le monde s’en contente, parce qu'avec ce journal, bien rempli et bien rédigé, le plus grand nombre n’a nul besoin d’avoir de plus amples sources. Nous avons habité Macon, en Géor- gie, durant 2 mois, en 1871. Macon est une petite ville, de 13,000 âmes seulement. Eh! bien, cette petite ville de 13,000 âmes avait son journal quotidien de 8 grandes pages pour les matières à lire et les annonces. Ce journal, le Telegraph and Messenger, était tellement conduit, qu'on n'en voyait presque point d’autres dans la ville. Les feuilles de Savannah, la ville la plus considérable de I’ Etat, ne Jui étant nullement supérieures, peu de personnes trou- -vaient quelqu’avantage à sy abonner. Ce journal, en outre dun correspondant de Washington et un autre d'Europe {c'était au milieu de la guerre franco-prussienne), avait 4 écrivains de talent et de haute capacité attachés à sa rédac- tion. Tous les matins, à 5 heures, nous avions les dépêches télégraphiques de minuit de Washington, qui nous répé- taient les derniers télégrammes reçus d'Europe, puis les pronostics du temps pour la journée, transmis de Wash- ington par le bureau des signaux (Signal office), et en outre des nouvelles locales, 8 à 10 longues colonnes de ma- tières sur tous les sujets du ressort ordinaire des journaux. Peut-on croire qu’il n’en serait pas ainsi parmi nous, si nous entrions dans la même voie ? Croit-on, par exemple, que sil y avait aux Trois-Rivières un grand journal quotidien, avec rédaction soignée, dépêches télégraphiques d'Europe et des diverses parties de la Puissance, les différents abon- nés de cette ville et des environs aux feuilles de Montréal et de Québec, ne préféreraient pas se contenter du seul journal de leur localité qui leur donnerait autant que peuvent leur offrir 2 ou 8 feuilles telles qu’elles sont faites actuellement ?...... Et ces abonnements épars ramenés à un seul journal ne seraient-ils pas suflisants pour lui per- mettre de se tenir sur un ton de première classe 2...... La chose ne fait pas doute pour nous. 208 LE NATURALISTE CANADIEN. ; Nous avons dit plus haut que non seulement la quantité faisait défaut, quand aux matières dans nos journeaux, mais que la qualité laissait aussi fort à désirer. Nous ne voulons pas nier à la plupart de nos journa- listes actuels la capacité et des aptitudes incontestables; les fréquentes reproductions de leurs articles de fond dans les. journaux d'Europe les mieux posés en sont la preuve; mais nous prétendons qu’un rédacteur seul, quelque soit sa facilité à écrire, est incapable de bien remplir une grande feuille, même semi-quotidienne. En effet, quelque soient les aptitudes d’un écrivain, ses connaissances ne peuvent s'étendre à tous les sujets, et seul à sa rédaction, le temps lui manque pour l'étude approfondie des sujets que souvent il est appelé à traiter sans l'avoir prévu. Et l’on sait que la plupart de nos journaux en Canada n’ont qu'un seul rédacteur avec un assistant pour la correction des épreuves, les traductions et les petites nouvelles. Aussi, voyez comme souvent se fait sentir ce vide dans la rédaction.. Tel journal nous donne aujourd’hui un article de fond admirable, bien pensé, bien exposé et qui dénote l'écrivain parfaitement au fait de la question qu'il traite, tout le monde est satisfait; mais qu'en sera-t-il dans le numéro suivant? qu'y trou- vera-t-on? Bien souvent, absolument rien. La chose se comprend lorsqu'on sait qu'il n’y a qu'un seul rédacteur. Quandocunque dormitat bonus Homerus, Homère s'endort quelquefois, a dit Le poëte latin, et ce sera au moment où ce sommeil s’emparera de l'écrivain unique, c’est-à-dire lorsqu'il se sentira le moins disposé à écrire, qu'il lui faudra remplir sa feuille du lendemain; aussi se rabattra-il alors sur des lieux communs pour combler les lacunes que les ciseaux auront laissées dans ses colonnes. C’est alors qu'une correspon- dance, quelque insignifiante qu’elle soit, est accueillie avec plaisir, qu'un compliment à un individu quelconque, un rapport d'examen d'école, un mandement déjà rendu publie ete., sont avec complaisance étalés dans la feuille. On craint bien un peu que les lecteurs ne s'accommodent guère de ces lieux communs, s’ennuient en face de ce vide; mais on les a habitués à ne pas viser plus haut, et on rachètera plus tard ces faiblesses par quelque sortie vigoureuse. ECHASSIERS, 209 N'est-ce pas la une peinture fidèle de la manière dont nos feuilles politiques sont aujourd’hui conduites. Espérons que cet état de choses aura bientôt son terme, et qu'on verra, dans peu, surgir un grand journal. qui acca- parant le patronage du à son mérite, pourra se maintenir, malgré toute opposition, sur un ton de premier ordre. Fr 9 — FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. —_——_ (Continuée de la page 149). 7 Gen. RALE, Rallus, Linné. Bec plus long que la tête, un peu grêle, comprimé ; front emplumé jusqu’à la base du bec. Narines dans une longue rainure et avec une large membrane. Ailes courtes; queue très courte; jambes moyennes. Doigts longs et un peu gréles, le postérieur d’environ le tiers de la lon- gueur du tarse. Ce genre, dans notre faune, se borne aux deux espèces qui suivent : 1. Le Râle tapageur. Rallus crepitans, Gmelin. 2. longirostris, Boddaert.—Vulg. Le Râle d'eau salée ; Ang]. Clapper Rail ; Mud Hen. —Longueur 14 pouces; ailes 5$; queue 24 pouces. Dessus d’un cendré olive avec stries longitudinales brunes, plus nombreuses sur le dos; une ligne d’un blanc jaunâtre part de la base du bec et s'étend au dessus de l’œil, qui est bordé de cendré en avant et en arrière. Gorge blanche, cou et poitrine jaunâtres, avec teinte d’un bleuâtre cendré sur cette dernière partie ; les côtés, l’abdomen et les cuisses avec barres de brun et de blanc. Couvertures supérieures des ailes d’un brun olive, les inférieures noires, barrées de blanc. P. A. & RR.—Ce Rale ne se rencontre pour ainsi dire qu'accidentellement en cette Province. C’est particuliére- 210 LE NATURALISTE CANADIEN. ment sur les grèves des eaux salées qu'on le trouve. Comme tous ses congénères, c’est un oiseau timide, se cachant d’or- dinaire dans les herbes qui bordent les rivages. Son vol est peu soutenu, mais sa course est fort rapide. Il profite du moment du reflux pour se répandre sur les battures à la recherche des insectes, vers, limacons etc., dont il se nourrit. Il se creuse un nid très profond sur le sol et pond jusqu’à 15 œufs d’un blanc sale maculés de brun. 2, Le Rale de Virginie. Rullus Virginianus, Linné. R. linicola. Vieill.—Angl. Virginia Rail.—Longueur 7} pouces ; ailes 4; queue 14 pouce. Dessus d’un brun olive avec stries longitudinales plus fon- cées; ligne de la base du bec au dessus des yeux d’un blanc rougeître. Gorge blanche ; cou en avant et poitrine d’un roux brillant. Abdomen et couvertures caudales inférieures avec barres de blanc et de brun. Couvertures supérieures des ailes d’un roux brun brillant, les inférieures noires avec barres blanches. P. A. et AC.—Ce Râle, sans être abondant, est ce- pendant assez commun en cette Province. On le rencontre sur les grèves des eaux douces et salées, sur les bords des mares et des ruisseaux, et même dans les champs et les sa- vannes. 1l est, comme le précédent, un coureur fort rapide, il nage aussi facilement et plonge même au besoin pour échapper au danger. La femelle pond de 447 œufs dans un nid qu’elle se construit sur le sol. 8 Gen. Porzana, Vieillot. Bec fort, plus court que la téte, comprimé, droit. Ailes moyennes; primaires plus longues que les tertiaires; queue courte ; doigts longs, le postérieur de la moitié au moins de la longueur dn tarse. Jambes un peu courtes. Forme générale g grêle et comprimée. | Cs genre ne renferme que les deux espèces qui suivent dans notre faune. 1. Le Râle de la Caroline. Porzana Carolina, Vieillot. Rallus Carol. Linn.—Vulg. Le Rale de genêt ; Angl. Lora ; Common Rail ; Ortolan. — Longueur 84 pouces; ailes 4k; queue 2 pouces. Tout le tour de la base du bee s'étendant j jusqu’au Car de la tête, noir. Des- sus d’un brun verdâtre avec bandes longitudinales noires et grand nombre . RS ————————— dk Taw LIRE DE 1 ECHASSIERS. 211 de plumes tachées de blanc sur leurs bords. Derrière des yeux, côtés du con et la poitrine, d’un beau cendré bleuâtre, avec taches circulaires et bandes transversales de blane sur la poitrine; milien de abdomen blane, les côtés avec bandes de brun et de blanc. Bec-d’un jaune ver- dâtre, pattes d’un vert brun. P. A. et C—Ce Râle a à peu près les mêmes habitudes que le précédent, et se rencontre aussi dans les mêmes lieux. : La femelle établit d'ordinaire son nid dans les prés qui bordent les rivages. lle pond de 4 à 6 œufs d’un blanc sale, maculés de noir ou de brun. 2. Le Râle jaune. Porzana Novæboracensis. Baird. Fuliea Gul. Coturnicops, Bonap. Rallus ruficollis, Vieillot.—Angl. Yellow Rvil._— Longueur 6 pouces; ‘ailes 34; queue 1% pouce. Dessus d'un jaune d'ocre avec stries longitudinales brunes et barres transversales blanches. Cou et poitrine d'un jaune rougcâtre, grand nombre de plumes termi- nées de brun; milieu de l’ablomen blanc, avec les côtés et le ventre berrés de blanc et de brun. Couvertures inférieures de la queue rousses avec petites taches blanches, couvertures alaires blanches. P. A. et AC.—Ce Rale qui ressemble assez à un jeune poulet, se rencontre près des eaux tant salées que douces, et a, à peu près, les mêmes habitudes qu? les précédents. 9 Gen. FOULQUE, Fulica, Linné. Bec fort, droit, plus court que la tête et se prolongeant sur le front en une plaque cornée. Narines avec une large membrane, dans une profonde rainure à pea près à la moi- tié du bec. Ailes un peu courtes, la 2e et la 3e rémige or- dinairement les plus longues, queue très courte: tarses ro- bustes, doigts longs avec lobes semi-circulaires. Des 10 à 12 espèces que renferme ce genre, une seule se rencontre en Canada. Le Foulque d'Amérique. Fulica americana, Gmelin. F. atra, Wils. F. Wilsonii, Steph.—Vulg. Poule d'eau ; Angl. Coot ; Mud Hen. — Longueur 14 pouces; ailes 7; queue 2 pouces. Tête ct cou d’un brun luisant, légèrement cendré ; tout le reste d’un brun d’ardoise avec teinte d'olive sur le dos, plus foncée sur le croupion. Bord de l'aile blanc à l'épaule, de même que celui de la 1ère primaire; les secondaires terminées de blanc. Bec jaune, presque blanc, avec une barre trans. 212 LE NATURALISTE CANADIEN. verse brune vers l'extrémité qui est blanche; jambes d'un vert gri-atre fonc :. P A. & C. -Le Foulque. comme tous les autres Râles, habite los rivages. I] place d'ordinaire son nid dans des marais h:rbeux presque inaccessibles. Ses œufs au nombre de 7 à 12 sont d’un blanc de creme sale, pointillés et ma- eulés de brun et de lilas Rapide coureur, le Foulque montre une grande répugnance pour le vol, et ne s’y livre que pour échapper aux poursuites trop actives. Il nage très bien et sait aussi plonger pour se soustraire au danger. A continuer. ae 08 I FO arr L'ARAIGNÉE. Voyez-vous, lecteurs, cet être à conformation si étrange, qui s'avance sur votre fenêtre ? Il n’est point bean! Il a même quelque chose de répu- gnant dans son aspect. Un énorme sac, qui est chez lui la partie la plus apparente, lui tient lieu d’abdomen, et semble n'être attaché que par un fil à une autre portion, que les appareils locomoteurs indiquent être le tronc, mais dans laquelle vous cherchez en vain la tête. : Vous craindriez de le toucher de peur de l’écraser, tant il parait mou et peu consistant. Huit longues pattes qui semblent parlir d'un point unique en dessous, le bordent tout autour; du reste nulle trace d’ailes ni d'antennes. Sa démarche est aussi peu gracieuse que son aspect, Son lourd abdomen ne se détache du sol que sous l'effort de contractions musculaires des organes locomoteurs en apparence fort pénibles, lui imprimant une marche sac- cadée qui ne lui semble pas naturelle, et qu’on prendrait plutôt pour un écart dans ses allures. + L'ARAIGNÉE. 213 Quel est cet être ? L’Araignée,—car vous l'avez déjà reconnue, —est si fortement spécialisée à tous égards, que les quelques carac- tères ci-dessus exposés vous ont suffi pour la distinguer. Mais l'Araignée est-elle un insecte? Les 6 pattes, les ailes. les anneaux bien distincts de abdomen, les antennes, les yeux composés de l'insecte ne se retrouvent plus chez elle. Dans quelle dénomination faudra-t-il donc la ranger ? Quelle est la classe de la série animale, qui pourra réclamer un être si étrange ? Ce petit tronçon de matière vivante qu'entrainent 8 longues pattes articulées, représente assez étroitement ces petites crabes que l’on voit sortir de l’eau salée pour grim- per sur les pierres et les quais qui bordent la mer ; comme à ces derniers, on ne sait où lui prendre la tête, où lui trou- ver la bouche. Mais les crabes ne sont pas ainsi coupés, par un nœud qu'on croirait destiné à diviser l'animal en deux ; d'ailleurs, ce sont des animaux essentiellement aquatiques. Considérée attentivement, Araignée vient cependant se ranger, sans trop d’hésitation, à sa place, dans la série zoologique. En effet, son squelette extérieur l’exclut de suite de la division des vertébrés, et ses membres locomo- teurs articulés la séparent des mollusques et des vers, elle doit done nécessairement prendre place parmiles ARTICULÉS. Son test extérieur et ses membres articulés rangeant , > ta a 5 LA 2 ji PAraignée entre les vertébrés et les mollusques, elle se trouve cependant encore confondue avec les insectes, les myriapodes et les crustacés, qui partagent avec elle ces signes distinctifs. Comment parviendrons-nous done à Visoler de ses voisins, et à la circonscrire dans la véritable: classe qui lui est propre ? Sans séparer l’Araignée des Scorpions et des mites qui constituent avec elle la classe des Arachnides, nous recon- naitrons sans peine que, si ces animaux se rapprochent des véritables insectes par leurs instincts, leurs besoins et leur alimentation, ils s’en ¢loignent cependant par leur organisation. Les insectes, en effet, présentent toujours une tête, un thorax et un abdomen distincts; dans les 214 LE NATURALISTE CANADIEN. tinets ; dans les Arachnides au contraire, la tête confondue avec le thorax ne nons montre que deux divisions bien tranchées, Dissemblance non moins grande avec les My- riopodes, car ici le thorax sombie s'être efficé, pour ne nous laisser voir qu'une tête apposée à un abdomen. Pour les Crustacés, à part le nombre des pattes, qui chez eux n’est ja- mais moindre de dix, la dissemblance extérieure semble un peu moins apparente ; mais les branchies qui tiennent ici lieu de trachées et de poumons pour la respiration, viennent établir une ligne bien tranchée de séparation. Mettant donc ces caractères en face les uns des autres, nous pour- rons former le tableau suivant, pour distinguer les 4 classes qui composent la division des ARTICULES. ( Tête, thorax et abdomen ; 3 paires de pattes; des ailes en général, (Une téte | distincte 4 du thorax, | Thorax confondu ) avec l'abdomen; | 24 paires de pattes } MYRIAPODES. on davantage; ja- | INSECTES. ( Respiration aérienne à l’aide de tra- 4 (mais d'ailes, ) chées ou de | poches pul- ANIMAUX | monalres, AWTICU~ "4 Point de tête distinete du thu- LÉS. rax; 4 paires de pattes; point } ARACHNIDES. | (d'antennes, Respiration aquatique au moyen de bran- chies; 5 ou 7 paires de pattes en général. | Cauaracks. Les naturalistes divisent la classe méme des Arach- nides en 3 ordres, savoir; les Aranéides, les Pédipalpes et les Acarides. Les Aranéides, dont l'Araignée commune peut être considérée comme le type, se distinguent par des mandi- bules conformées pour mordre, un abdomen en forme de sac non divisé en segments, et un abdomen uni au tronc par un pédicelle assez gréle. Elles respirent par des trachées L’ ARAIGNEE. 215 ou des poumons, et ne subissent point de métamorphoses, les petits ayant leur 4 paires'de pattes au sortir de leit. | Chez les Pédipalpes, les palpes maxillaires sont très développés et se terminent ordinairement en pinces, et Vab- domen distinctement segmenté, se prolonge souvent en en queue, comme chez les Scorpions. Les Faucheurs, ces espèces d'araignées à pattes démesurément lonvues qu’on rencontre dans les chimps, sur les clôtures ete, L:s Pinces ou faux-Scorpions qu'on trouve dans nos maisons ete, ap- partiennent à cet ordre. Eufin les Acarides, que. distingue une forme ovale ou arrondie sans articulations distinctes, ont la Bouche confor- mée pour mordre où pour sucer, ne respirent que par des trachces, et ne présentent la plupart du temps qu’un disque unique, oti la tete, le thorax et Pabdomen se trouvent con- fondus. Ce sont tons des êtres de fort petite taille ; c'est à peine si les plus grands mesurent un demi pouce. On Jes désigne généralement sous les noms de mites, de tiques ete. Les Trombidions. ces petites araignées ronges qu'on trouve dens les champs, les Ixoles. les Ricins qui vivent en para- sites sur les chevaux, le Sareopte de la guile ete. appartien- nent à ce dernier ordre. Notre intertion n’est pas de faire ici l’histoire des Arai- gnées et encore moins celle des Arachnides, mais poursui- vant notre habitude de glaner tantôt dans un champ de l'histoire naturelle et tantôt dans un autre, nous voulons offrir à nos lecteurs quelques aperçus sur un sujet que nous n'avons pas encore abordé jusqu’à ce jour. Tout le monde connait les Araignées et les toiles qu'elles fabriquent; bien peu eependant ont pris le temps et la patience de se rendre compte de l’organisation de ces intéressants animaux et de la manière dont ils tissent les toiles qui leur servent de piéges. Quelle est ta maitresse de maison qui ne:s’est plaint d'avoir à passer tous les jours Pépoussetoir dans les plus petits coins de ses appartements, pour les débarraser des toiles que les Araignées y re- nouveluient sans cesse? Qael est celui qui en entrant dans une forêt, ou même en se promenant sous les allées 216 LE NATURALISTE CANADIEN. ombragées de son jardin, ne s’est pas senti la figure bridée par les fils que lindustrieuse ouvrière y avait tendus? Mais la ménagère se contente d’écraser la vilaine bête quand elle peut découvrir sa retraite, et le promeneur se débarrasse aussi vite qu'il le peut du voile qu'il vient de prendre, sans s’astreindre l’un plus que l’autre à pousser plus loin leurs investigations. Cependant, les rouets, les métiers quemploient ces industrieuses tisserandes, la « manière dont elles se servent des instruments dont la nature les a douées, les lieux qu'elles choissisent de préférence pour leurs exploitations etc., sont autant de sujets bien dignes de fixer l’attention de l'observateur, et capables aussi de donner plus d’une leçon au roi même de la nature. Comme nous l'avons déjà dit, ’Araignée diffère de l'insc'e en ce que chez elle la tête est confondue avec le thorax; on donne à cette partie le nom de céphalothoraz. L’Araignée n'a pas d'antennes, ni d’yeux à facettes comme les insectes; mais elle possède 2 palpes maxillaires qui prennent dans les mâles un développement tort « fférend de ce qu'ils sont dans les femelles, comme on peut le voir daus la planche 1, fig. 4, palpe maxiliaire de la femelle, fig. 8, palpe maxillaire du male. La singulière oonformation de cet organe dans le mâle porterait à croire qu’il serait de quelque usage dans l’accouplement des sexes. Bien que dépourvue d’yeux a facettes aux côtés de la tête, les 8 yeux lisses qu’elles porte en dessus semblent les remplacer très à. ntageusement, PI. I. fig. 2, disposition des 8 yeux de l'Eptire. L'ouie et l'odorat n’ont pas d'organes apparents chez les Araignées ; il est cependant reconnu qu'elles jouissent de ces deux sens, surtout du premier, parcequ’on sait que plus d’une fois les Araignées se sont montrées sensibles à la musique. Voici une anecdote à ce sujet citée par Mi- chelet : “ Une de ces petites victimes qu'on fait virtuoses avant l'âge, Berthome, illustre en 1800, devait ses étonnants suc- cès à la réelusion sauvage où on le faisait travailler, A 8 ans, il Gtonnait, stupéfiait par son violon. Dans sa constante L’ ARATGNEE, 217 solitude, il avait un camarade dont on ne se doutait pas, une araignée. .... lle était d’abord dans l'angle du mur, mais elle s'était donné licence d'avancer de langle au pupitre, du pupitre sur Penfant, ef Jusque sur le bras si mobile qui tenait l’archet, La, elle écoutait de fort près, dilettante émue, palpitante. Elle était tout un auditoire. Il n’en faut pas plus à l'artiste pour Jui renvoyer, lui dou- bler son âme. ‘ L'enfant malheureusement avait une mère adoptive, qui, un jour, introduisant un amateur au sanctuaire, vit le sensible animal à son poste. Un conp de pantoufle anéan- tit l'auditoire. .... L'enfant tomba à la renverse, en fut ma- lade 3 mois, et il faillit en mourir.” Certains naturalistes prétendent que cette faculté d’au- dition reposerait chez l’Araignée dans l:s poils qui la re- couvrent, et particulièrement ceux des jambes. Ces der- niers, en effet, vus an microscope paraissent conformés en cupule à leur base, ce qui leur donne, lorsque l’animal est vivant, une telle flexibilité, qu'ils pourraient être sensibles aux plus légers ébranlements de lair. Or, on sait que le son ne se communique que par l’ébranlement, la vibration des molécules atmosphériques. Si vous prenez entre vos doigts une Araignée, par exemple lEpéire commune, Epeira vulgaris, Hentz, et que vous la retourniez sur le dos, tel quelle est représentée dans la fig. 3 de la planche I, vous remarquerez qu’elle est divisée en 2 parties presque égales, réunies par une pédi- celle fort délié, ces parties sont le céphalothorax en avant, et l'abdomen en arrière. Au céphalothorax sont attachées les 4 paires de pattes a, a, a, et les palpes b, tandis que lab- domen ne renferme que des organes intérieurs, si l’on en excepte les filières qu’on voit en e. Les pattes des Araignées qui généralement sont fort longues, sont composées de 7 articles, qu'il serait difficile de distinguer en cuisse, jambe et tarse, tant leur conforma- tion est uniforme Le second article cependant étant tou jours fort petit, pourrait, peut-être, avec raison, être consi- déré comme un trochantin. 218 LE NATURALISTE CANADIEN. Ces pattes sont aflmirablement conforméés pour la marche sur les toilés)) L'article terminal est anmé: de 3 ongles ou-crochets dont celui du milieu .est recourbé en forme’ de doigt pour! assurer la marche sur les cordes ou pour retenir le fil-en le déyidant; les érochets extérieurs sont recourbés et dentés en peigne, pl. I, fig. 7, 6b, e, ce: En avant de'ces 8 pattes, sen trouve deux autres ‘un peu plus petites qu’on appelle palpes, et qui semblent être les organes du toucher, :Pi. I, fig. 3,b. Ces palpés ont le premier article fort: élargi et aplati, fig. 4, de sorte qu'ils peuvent faire l’oflice de Re ou de lèvres pour rete- pir la nourriture. C'est précisément au milieu, entre les palpes, que se trouve Ja bouche, qui est protégée par une paire de fortes mandibules fig. 2, se terminant. par un, cro- chet mobile fort et aign.. Ce phage sert non seulement à saisir la proie, maisteneore à la paraliser pour vaincre ses résistaucés, au moyen d'un venin spécial que secrète. une gluide particalière que |’ Araignée a dans la tête, pt qui s’é; ehappe par une petite ouverture dans le crochet même de la mandibule, fig) d, a Ce poison ,suffit, du moment, que mord. l’Araignée, pour donner la mort aux insectes, dont elles se nourrit ; maissur l'homme etles animaux supérieurs, tout l'effet de telles morsures se réduit à une légère inflam- mation de la partie attaquée. Dans les sliwate tropicaux, on possède des Araignées, comme les’ Tarentules par ex- emple, de bien plus forte taille que celles de nos s contrées, EXPLICATION DE LA PLANCHE L SORÈTE Fig: 1 Un toile daraighée 35, à, fils bordant les: parois ; 6, 0, b, b, rayons oy chaîue de la toile ; €, ¢, ©, d, d, d, trawe ou fil en Sach ‘e réurissant les rayons. ‘ Fig. 2.—Vue de face de la tête d’une Ey éire grossie ; ; cles mandibules, a Py ero; chet qui les termine. On voit au dessus In disposition des 8 yeux. Fig. 3. — L'Epéire commune, Epetrs vulgaris, Hentz, de grandeur naturelle, vue ed dessous ; a, a, les pattes; 6, 28 palpes; e, les filidres repliées. ; Figs 4.—Un palype d'une femelle, grossi. 1 : Fig. 6.—Une ma dis aves son crochet grossie; a ouverture par où s'écoule le venin. Fiz. 6.—-Un tube des fiè es grossi. j Fig. 7. —L’'extrémité Vane patte gro:s e; a, te croahet du milieu ; b, 4, les ero- chets xiÉr MPs ; 0, pols dentés pour soutenir les fils, 3 Fig. 8.—Uu palpe de mae grosei. a or 4 QS So à L’ ARAIGNEE, 219 mais on ne sache pas que leur morsure ait jamais pu étre fatale pour l'homme. C’est à peine si linflammation s’est jamais étendue au delà du membre atteint, comme la jambe le bras, etc. Disons que nos Araignées, à moins qu'on ne les saisisse avec les doigts, sont à peine capables de nous pincer la peau de leurs mandibules. Bien qu'il se trouve des Araignées en état de pouvoir voyager dans les airs, toutes cepedant sont dépourvues de tout vestige d'ailes. Les Araignées aériennes qu'on a si- gnalées de temps à autres, n'opéraient leurs migrations qu'au moyen de voiies qu'elles savaient fabriquer de leurs toiles pour les offrir au vent. La respiration, chez les Arachnides, se fait au moyen de trachées ou de poumons. Les mites, les faucheurs, ete. respirent par des trachées ; es Araignées, les scorpions, etc. respirent par les poumons ou sacs pulmonaires, composés de différentes lamelles superposées les unes aux autres comme les feuillets d'un livre, et recevant l’air extérieur pas des fissures à la base de l'abdomen ; car poumons et trachées prennent place dans l'abdomen. . Observons que les longues pattes des Arachnides qui peuvent si facilement être rompues, jouissent, à instar de celles des Crustacés, écrevisses, crabes, etc., de la faculté de remplacer les parties amputées. Une patte vient-elle par accident à être mutilée, le moignon aussitôt cicatrisé, se met de suite à reproduire la partie enlevée. L’Araignée est laide, avons-nous dit; oui! foncièrement laide, et ne peut pas même, comme un grand nombre d'in- sectes, se réhabiliter au moyen du microscope. De près, de loin, sous le microscope comme à l'œil nu, c'est toujours un être sans grâces, répugnant, qu'on n'aime pas à voir et que l’on se plait à sacrifier. Et si nous étudions ses mœurs, nous lui trouverons guère aussi de ces qualités supérieures qu'on rencontre méme chez les êtres les plus infimes, et qui en raison de leur harmonie avec les nobles visées de l’être raisonnable, commandent toujours l'admiration, lorsqu'elles ne gagnent pas toutefois nos sympathies. Vivant de proies incertaines, l’Araignée a tout le caractère 220 LE NATURALISTE CANADIEN. du chasseur, du sauvage, qui redoutant des concurrents dans toutes ses rencontres, demeure toujours inquiet, dé- fiant, envieux, exclusif, solitaire. Elle est pour ainsi dire fatalement égoiste; elle périrait si elle cessait de l’étre. “ Sa chasse à elle, dit Michelet, est coûteuse et exige une constante mise de fonds. Chaque jour, chaque heure, de sa substance elle doit tirer l'élément nécessaire de ce filet qui lui donnera la nourriture et renouvellera sa sub- stance. Donc, elle s'affame pour se nourrir, elle s’épuise pour se refaire, elle maigrit sur l'espoir incertain de s’en- graisser. Sa vie est une loterie, remise à la chance de mille contingents imprévus.” L'industrie est née chez elle de la nécessité, Dépour- vue d’ailes pour poursuivre sa proie, elle la guettera au pas- sage, et se constituant ouvrière pour la fabrication de ses armes, elle se fera cordier, fileur et tisseur. ‘ Mais, dit en- core Michelet, elle n’est pas seulement un fileur, elle est une filature. Concentrée et circulaire, avec huit pattes au- tour du corps, huit yeux vigilants sur la tête, elle étonne par la proéminence excentrique d’un ventre énorme. Trait ignoble, où l'observateur inattentif et léger ne verrait que gourmandise. Hélas ! c'est tout le contraire ; ce ventre, c’est son atelier, son magazin ; c'est la poche où le cordier tient devant lui matière du fil qu'il dévide ; mais comme elle n’emplit cette poche de rien que de sa substance, elle ne la grossit qu'aux dépens d'elle-même, à force de sobriété. Et vous la verrez souvent étique pour tout le reste, conser- ver toujours gonflé ce trésor où est l'élément indispensable du travail, l'espérance de son industrie, et sa seule chance d'avenir. Vrai type de l'industriel, Si je jeûne aujourd'hui, dit-elle, je mangerai peut-être demain ; mais si ma fabrique chome, tout est fini, mon estomac doit chômer, jetner à jamais.” Tout vit de proie dans la nature ; les être les plus faibles étant les victimes d'autres plus forts, et ceux-ci de meme les proies d’autres encore plus puissants ; la nature va continuellement se dévorant elle-même. Mais parmi tous ces chassetrs par nécessité, i] en est peu qui soient moins le jouet du sort que l’Araignée. Son œuvre et sa personne L’ARAIGNEE. 221 y sont continuellement exposées. La plupart des insectes n'ont que leur corps et leurs armes à risquer dans les ba. tailles, l’Araigné a de plus son usine, sa boutique à protéger. Pour lesautres, les ailesles dérobent aux poursuites,oudes re- traites sûres leur assurent la sécurité ; l agile Cicindèle, la re- doutable Libellule, la vorace Azile ne semble destinées qu’à tuer ; mais pour l’Araignée, incapable de poursuivre sa proie, il faut qu’elle la guette toute exposée elle-même à devenir la victime de ses nombreux ennemis. Le crapaud en bas lui lance sa longue visqueuse, Phirondelle en lair s'en fait un régal en se riant de son filet, la svelte demoiselle même ne redoute nullement le piége, qu'elle abat d’un coup d’aile, pour s'emparer du chasseur. Et chaque combat soutenu, ou, sans être vainqueur elle aura pu s’en retirer du moins la vie sauve, lui coûte une nouvelle dépense d'elle-même. I faudra tirer de sa propre substance un nouveau filet pour la chasse, car sans filet point de nourriture et sans nourri- ture plus de filet ; de sorte que cet industrieux travailleur semble être à jamais renfermé dans un cercle vicieux. Brisez sa toile, il la refera aussitôt ; enlevez la une seconde, une troisième fois, ah! la matière manque pour une nou- velle confection ; pour produire du fil il faudrait manger, et pour manger il faudrait une toile; plus de toile c’est done le jeûne, c’est la mort. Après ces considérations sur les habitudes de notre industriel, voyons le donc à l’œuvre maintenant, et tachons de nous rendre compte de sa manière de procéder. Trois paires de filières, terminées par unirès grand nombre de petits tubes semblables à celui représenté, con- sidérablement grossi, dans la fig. 6, terminent l'abdomen de l’'Araignée. Ces filières, lorsqu'elles ne sont pas en opéra- tion, se replient les unes sur les autres et peuvent à peine être distinguées, fig. 3,e. Desglandes placées dans le corps de l’animal secrètent une liqueur assez semblable à du blanc d'œuf, laquelle s'échappant par les tubes, se fige du moment quelle est exposée à l'air et forme les fils dont se compose la toile. Chaque fil est lui-même composé de centaines de brins, et lAraignée les divise ou les réunit suivant usage qu'elle en veut faire. A mesure que les 222 LE NATURALISTE CANADIEN. fils sortent des filières, les pieds de derrière les soutiennent pour les isoler des corps avoisinants, et le simple contact de la filière suffit pour les nouer entre eux ou les attacher aux autres corps. Du moment done que |’ Araignée a choisi le coin où elle veut tendre sa toile, elle commence par attacher quel- ques fils aux parois voisines, PI. I, fig. 1, a ; puis partant du haut, elle se suspend au bout d'un long fil, et attend que le vent la pousse à un bord ou à l’autre, où elle attache son fil en le raccourcissant suivant le besoin ; partant de nou- veau d’un autre endroit, elle répète le même procédé pour ratraper le premier fil à peu près à l'endroit où elle veut placer le centre de son filet, continuant ainsi, elle a bientôt fixé la chaîne entière de sa toile 6.6.6. Il lui faut main- tenant procéder à la trame. Se plaçant au centre, elle commence, en s'appuyant sur les rayons, à filer une corde spirale réunissant tous les rayons les uns aux autres, ¢, €, €, d, d, d, écartant plus où moins les spirales suivant le besoin jusqu’à ce que la toile soit complete. Certaines cordes surnu- méraires qui lui auront servi de passage d'un point à un autre, sont alors enlevées, d’autres trop laches sont rae courcies et resserrées, jusqu'à ce que la toile entière puisse ffrir le degré de résistance convenable. Ce sont les mandibules qui servent à l'enlèvement de ces cordes devenues inutiles, de même que des parties de la toile brisées et qu'il faut réparer. Ces cordes sont alors rou- lées en boules au moyen de ces mêmes mandibules et laissées choir sur le sol par leur propre poids. Cette manière d’en- lever les fils a porté quelques auteurs à croire que !’Arai- gnée avalait elle-même les fils devenus inutiles; mais on a constaté qu'il n’en était rien. La toile ainsi tendue servira à l’ouvrière, non seule- ment de filet, mais encore de télégraphe pour l’avertir de la présence du gibier. Tapie dans un coin, à peine visible, le moindre mouvement de la toile la fera sortir. Sautant alors sans hésiter sur le malheureux insecte qui n'aura pas remarqué le piégeet sera venus’y empétrer, elle le transperce de ses mandibules, et le venin qu’elle lui communique le L'ARAIGNEE. 223 paralyse sur le champ. Elle l’entraine alors le plus souvent dans son coin pour se repaitre a loisir du sang de sa victime, car quoique carnassière, l’Araignée se contente de sucer le jus de sa proie pour en rejeter les débris. Il arrive parfois que notre guerrière a affaire à forte partie, et se voit obligée de retraiter en voyant sa toile à demi détruite, lorsqu'elle ne devient pas elle-même la vic- time de son antagoniste. Mais la retraite ne s'opère jamais que dans les cas désespérés, et jamais sans avoir mis en œuvre toutes les ressources dont elle peut user. Comme nous étions occupé l’été dernier, à examiner une belle Araignée blanche qui semblait mettre les derniers fils à une toile qu’elle venait de tendre sur un pied d’airelle, voilà que tout-à-coup une imprudente petite guwépe, une Andréne, vient s'abattre sur la toile. Le combat s'engage aussitôt. Voyons, nous dimes-nous, quelle en sera l'issue. Je crains, ma belle Aaraignée, que tu ne te sois attaquée a plus puissant que toi. Car lAndréne a une cuirasse à l’é- preuve de tes mandibules, ettu pourrais bien avoir à comp- ter avec son redoutable aiguillon. Mais nous avions calculé sans les ressources de notre ingénieuse ouvrière. A peine a-t-elle reconnu à qui elle avait affaire, que saississant aussitôt l'Andrène de l'extrémité de ses pattes, elle la roule sur elle-même en la couvrant tellement de fils, que bientôt ‘les ailes, les pattes, les antennes sont sans mouvement, et que la pauvre hyménoptère n’a plus l'apparence que d’une petite bobine soyeuse. Mais sans doute que le combat a été engagé sans l’avoir prévu, et que c’est là une victime pour le moins inutile? Nous n'y sommes pas encore. Après l'avoir retournée en tous sens, l’Araignée lui dégage une partie de abdomen, et introduisant les pointes de ses mandibules dans les replis des anneaux qui le composent, seule place vulnérable de l’Andrène, elle l’a bientôt péné- trée et la suce avec satisfaction. L’Araignée n’est pas du tout voyageuse. La plupart du temps elle passe sa vie à l'endroit qui l’a vu naître. C'est à peine si ses longues pérégrinatiens s'étendent à quelques verges. 224 LE NATURALISTE CANADIEN. Un petit trou, une crevasse dans un mur ou sous une écorce, lui offriront un asile pour lhiver. Elle tapissera cette demeure d’une bonne couche de fils et s’y engourdira pour attendre, sans prendre aucune nourriture, le retour du printemps. La plupart des Araignées qu'on rencontre sur les toiles sont des femelles. Ll est rare que les males se mettent en frais d'en construire. Ces derniers se tiennent d’ordinaire cachés pendant le jour et vagabondent la nuit d’une toile à l'autre, en cherche de victimes. Rien de surprenant alors que les épouses laborieuses ne donnent souvent la chasse à ces maris indolents et injustes. | Chaque femelle d’Araignée pond plusieurs centaines d'œufs, et c’est à peine si un dixième de ces petits par- viennent à l’état adulte, tant ils ont d’ennemis dans le jeune âge. Les œufs sont renfermés dans des cocons soyeux cachés dans quelque crevasse, le pli d’une feuille, ete., et les petits une fois éclos n’en sortent que lorsqu'ils sont assez forts pour se suffire à eux-meme, ayant presque doublé leur taille sans prendre de nourriture apparente. Les Scorpions et certaines espèces d’ Araignées portent leurs petits sur leur dos pendant le jeune age. Nous savons que le célèbre Lalande qui, joignant l’ex- emple ap précepte dans sa poursuite des articulés comme aliment, avait dégusté la plupart de nos insectes, disait que |’ Araignée avait un gout de noisette qui lui assurait le premier rang sous ce rapport. NATURALISTES CANADIENS. (Continuée de la page 202). 23. Small, 1864.—Le Dr. H. Beaumont Small, de Mont- réal, est un gradué d'Oxford qui a donné une attention par- ticulière à J'histoire naturelle de ce pays. En 1864, le Dr. Small commença la publication d'une série d'ouvrages sur NATURALISTES CANADIENS. 225 nos productions naturelles. Le ler volume, 112 pages in-8, raite des mammifères. Ce nest à proprement parler qu'une liste de nos quadrupèdes, mais avec des renseignements sur leur habitat, leurs parcours géographique, et des notes . critiques sur leurs distinctions d’espéces, très intéressantes- Le titre en était: The Animals of North America ; 1 Series, Mammalia. En 1865, parut le 2e série: The Animals of North America ; 11 Series, Fresh Water Fish, 72 pages in-8. Des descriptions exactes, quoique un peu courtes, de presque tous nos poissons d'eau douce sont renfermées dans cet opuscule. La Série III qui doit comprendre les oiseaux a été annoncée, mais n’a pas encore paru. 24, Bélanger, 1864.—M. F. X. Bélanger, taxidermiste et curateur des musées de lUniversité-Laval, a publié en 1867, dans le Courrier du Canada, en étant alors assistant rédacteur, une étude fort intéressante sur nos Bombyx a soie, le Polyphéme et le Cécropia; et depuis la fondation du Naturaliste, M. Bélanger a ravi, de temps à autres, quel- ques quarts d’heure a ses nombreuses occupations, pour y faire passer certains écrits de grand intérêt Depuis que M. Bélanger a été chargé de la direction des musées de l'Université, il en a considérablement augmenté les échan- tillons, et il ajoute encore tous les jours à leur nombre : mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, insectes etc., M. Bélanger glane dans tous les ordres ; ses collections d’oi- seaux et de poissons sont, pensons-nous, les plus considéra- bles de la province. M. Bélanger qui a fait un cours d’études des plus solides, a pu surprendre plus d’un visiteur déjà, qui croyant ne trouver qu'un manouvrier dans le taxider- miste, se trouvaient en présence d’un naturaliste de forte capacité. 25. St. Cyr, 1869.—Vers les 5 h. de l'après-midi d’une belle journée de Juin, vous êtes dans le charmant village de Ste. Anne de Lapérade, le plus considérable de tout le comté de Champlain. Si, après avoir admiré sa magnifique église, où le calcaire Silurien de Deschambault semble avoir été rendu plastique pour se prêter à la courbe gracieuse des ogives, se découper en dentelle dans les corniches ou s’affi- ler en aiguilles dans les nombreux clochetons qui couron- 226 LE NATURALISTE CANADIEN. nent ses murs, et qui, semblable a un colosse, domine du double et du triple la hauteur des édifices avoisinants ; si après avoir laissé derrière vous le double pont qui relie par ses arches nombreuses l'ile Baribeau-à l’une et l’autre rive, yous enfilez la rue, qui avec ses deux rangées de maisons longe la rivière en remontant, arrivé à la route d’Oryilliers, à quelques arpents seulement de l’église, vous pouvez voir dans l'angle Nord de cette route, une maison de modeste apparence, un peu retirée de la voie publique, et qu’ombra; gent quelques peupliers baumiers mélés à des érables ; c’est la maison d’école du village. A part deux marmots sur le perron qui discutent assez bruyamment sur les moyens de restituer à un cheval de bois, fort mutilé d’ailleurs, la queue postiche qu'ils viennent de lui arracher, vous pourriez croire la maison déserte, les fenetres en étant partout ouvertes, et rien n'indiquant de mouvement quelconque à l’intérieur. Si, enjambant par dessus le véhicule des marmots qui sem- blent à peine remarquer votre présence, tant ils portent d'attention à l'opération qui les occupe, vous franchissez la porte du milieu, et jetez un regard furtif dans le salon de gauche, vous pourrez y voir sur la table du centre, plusieurs volumes empilés sans ordre, entremélés à des coquillages et surmontés de plaques de liége toutes couvertes d'insectes de toutes sortes qu'on y a piqués, et à côté, enfoncé dans une berceuse à accoudoirs, un homme avec un volume à la main, paraissant tout absorbé dans la lecture qu'il poursuit. Pas le moindre mouvement, si ce n’est de légers filets d’une fu- mée bleuñtre qui s'échappent de la pipe qu'il tient à sa bouche et s’envolent en spirales dans les airs, remplacés de temps en temps par de larges flocons d’une fumée plus in- tense qui semblent se filtrer à travers la moustache rabattue qui lui couvre la bouche. Cet homme paraît à peine tou- cher à l’âge mur, cependant ses joues caves, son front dé- nudé et la convexité des verres qui lui couvrent les yeux et vous en dérobent la couleur, indiquent assez que les veilles et les études prolongtes ont dévancé chez lui le tra- vail des ans. Entrez, vous êtes en présence du magister du village, et en méme temps d’un savant, aussi fins que modeste. Un accueil bienveillant yous préviendra de suite, | | NATURALISTES CANADIENS. 227 et si vous lui parlez de science, vous verrez aussitôt cette figure sévère s'épanouir, et son œil briller à travers le verre de ses lunettes. Parlez histoire, philosophie, géologie, bo- tanique, entomologie etc., vous voyez de suite dans son as- pect l’homme qui vous comprend. Si vous portez vos re- gards sur le livre qu'il tient ouvert, les caractères grecs qui en couvrent les pages vous permettront peut-être de distin- guer un Saint-Bazile ou un Xénophon, et si vous vous ha- sardez à en ouvrir un de ceux qui sont devant vous, ce sera peut-être un Ovide, un Virgile, un Cuvier ou un Lyell, car les classiques grecs et latins des temps anciens lui sont aussi familiers que les auteurs modernes des sciences nouvelles. Sobre de paroles, il se montrera tout oreille pour ne rien échapper de ce que vous lui direz, et poussera même la mo- destie jusqu'à la timidité, se contentant à peu près de répon- dre à vos questions, et se hasardant à peine à vous en poser quelques unes, paraissant empressé de pouvoir apprendre quelque chose et semblant incapable d’y donner un retour. Ne craignez pas de prolonger votre visite ;tant que vous l’entretiendrez de sciences, son attention vous est assurée. Mais si au contraire votre présence n'avait d'autre but que de vouloir tuer le temps en diversifiant, et que vous ne l’en- tretinssiez que de nouvelles sans intérêt et de lieux com- muns, vous ne tarderiez pas à reconnaitre, par ses réponses en monosyllabes et sa préoccupation évidente, qu'il regrette déjà le temps que vous lui faites perdre et qu'il a hâte d'être débarrassé de votre présence. M. Dominique Napoléon St. Cyr, après un cours clas- sique brillant au Séminaire de Nicolet, se livra de suite à l'enseignement, tâche certainement honorable, mais si pé- nible et si peu rétribuée. Cependant, après plus de 25 ans de cette rebutante besogne, son zèle ne paraît pas encore s’étre ralenti: Ajoutons que depuis plus de 15 ans, sa tâche était bien autre de celle des instituteurs ordinaires ; car en outre de ses à heures par jour requises par la loi pour l’en- fance, il donnait un cours à une classe d'adolescents, où le latin, le grec, l'anglais, la géométrie, l’histoire etc. devaient marcher de front avec le caleul, la grammaire, la composi- tion, etc, que requièrent les cours supérieurs. Aussi peut. 228 LE NATURALISTE CANADIEN. il se flatter aujourd’hui de voir plusieurs de ses éléves parmi les membres du sanctuaire, avantageusement placés dans le commerce, ou membres distingués des professions libé- rales. On est vraiment étonné qu'avec une telle besogne, M. St. Cyr ait pu se livrer à l'étude des sciences de maniére à faire une autorité en fait de géologie, de botanique et d’en- tomologie ; bien plus, qu'il ait pu suivre un cours de droit et se faire admettre au notariat aprés un examen des plus brillants. Ajoutons que les modiques revenus d’un insti- tuteur, déduction faite de l'entretien d’une famille, ne laissent que peu de ressources à l'amateur pour se pro- curer les ouvrages nécessaires à ses études. Mais la passion du savoir était en iui, et faisait tout surmonter pour parve. nir à son but. La bienveillance des amis était mise à con- tribution pour certains auteurs, et il prenait sur la nuit pour ajouter aux heures bien trop courtes pour lui de la journée. Un problème difficile à résoudre, une solution à trouver, un point à éclaircir, sont'pour lui autant d’attraits irrésistibles qui l’attachent au travail. Ah! si la considération était toujours en rapport avec les services rendus, si la noblesse de la science et du talent portait des armoiries, c’est bien avec droit que M. St. Cyr pourrait faire graver sur son écusson : labor ipsa voluptas. Mais non; la satisfaction du devoir accompli devra lui suflire pour récompense, et celui qui pendant un quart de siècle s’est sacrifié à la plus noble comme à la plus importante fonction dans l’état, ne sera apprécié que par des exceptions, et devra se voir continuel- lement avec sa famille dans un état voisin de lindigence. Quand se montrera-t-on plus équitable, et saura-t-on re- connaitre les services de ceux qui servent si utilement l’état ? Ce jour est encore à venir en ce pays. Avant méme de fonder le Naturaliste Canadien, nous nous assurames la collaboration de M. St. Cyr, et on a pu voir dans les études qu'il a publiées sur la houille, sur les lynx, de même que dans celle qu'il poursuit actuellement sur les cerfs du Canada, avec quel talent il savait intéresser les lecteurs et mettre la science à la portée de tout le monde. Si le devoir n'avait pas requis pour ainsi dire tous les mo | NATURALISTES CANADIENS. 229 ments de M. St.,Cyr, nul doute qu'il aurait déjà publié plus d'un ouvrage précieux ; espérons que des jours plus heureux viendront bientot pour cet utile citoyen et lui laisseront plus de loisirs, afin qu'il puisse faire part au public des trésors qu'il a entassés par ses laborieuses études. 26. Moyen, 1871.—M. l'Abbé Moyen qui appartient à la communauté de $. Sulpice, est francais de naissance et professeur de sciences naturelles au Collége de Montréal depuis plusieurs années. Il a publié en 1871 : Cours élé- mentaire de Botanique et Flore du Canada, à l'usage des mai- sons d'éducation, Montréal, 334 pages in-12, avec planches. Voila le 3e Traité de Potanique publié en Canada. Est-ce que le besoin s’en faisait sentir ? Pas tout à fait, pensons- nous. Nous avons débuté en 1858 par un Traité élémen- taire de Botanique à l'usage des maisons d'éducation et des ama- teurs qui voudraient se livrer à l'étude de cette science sans le secours L'un maitre. Le livre fut bien accueilli du public et recut force louanges. Mais M. l'abbé Brunet était profes- seur de Botanique a |’ Université-Laval, et aurait bien voulu voir une œuvre de son crt entre les mains de ses élèves, il publia donc son traité de 1864; on sait avec quel succès. Enfin, en 1871, arrive M. Moyen avec son traité, aussi à lui, pour ses élèves. A l'exemple de M. Lemoine, M. Moyen se plait sou- vent à coucher entre guillemets, dans son texte, des cita- tions plus ou moins précises ; et la concision en souffre quelquefois, la définition en devient moins facile à saisir. Sa Flore est beaucoup trop abrégée pour pouvoir être dune grande utilité à d’autres qui n'auraient pas été ses élèves. Voir l'appréciation que nousavons faite de cet ouvrage à la page 251 du vol. 1v du Naturaliste. Si, laissant maintenant de côté ceux qui ont écrit sur l’histoire naturelle, nous voulons énumérer ceux qui, sans écrire, se sont livrés à cette étude d’une manière particulière et ont pu par cela même en activer le progrès, nous pou- vons mentionner. M. A. Delisle, notaire, décédé à Montréal, il a y 7 à 8 ans, _ 230 LE NATURALISTE CANADIEN. Dès 1825 M. Délisle se livrait à l'étude dela botanique et commençait un herbier. Nous avons pu nous prévaloir de l'obligeance de ce Monsieur dans la rédaction de notre Flore pour une foule de renseignements sur Ja distribution géographique des nos plantes. M. le Notaire Glackmeyer avec M. le Juge Roy pra- tiquaient des herborisations à Québec, à peu près en même temps que M. Delisle à Montréal. Il est à regretter que ces MM. n'aient pas dès le début commencé des collections, elles auraient été de grande valeur pour ceux qui ont écrit dans ces dernières années. M. Chasseur commençait vers 1830 cette collection d'échantillons zoologiques qui devint plus tard la propriété de la Province et fut détruite dans l'incendie du Parlement, où elle était conservée, en 1854. M. le Dr. Meilleur, qui fut le 1er Suintendant de 1 Edu- cation en cette Province, et qui est aussi l’un des fonda- teurs du collégede l’Assomptions,lit de lagéologie et deplomb la minéralogie ses études de prédilection pendant plusieurs années. Le Dr. Meilleur est aussi l'un des fondateurs de la Société d'histoire naturelle de Montréal, et seuls les im- portants devoirs publics qu'il a eu à remplir l’ont empêché de se livrer spécialement à des études qui l'avaient attaché dès le début. M. le Notaire Thomas Bédard, de Lotbiniére, qui de- puis plus de 25 ans se livre à l'enseignement avec tant de succès, s'appliqua de bonne heure a l’étude de la botanique, se composant en même temps un herbier de toutes les plantes de son voisinage qu'il était. parvenu à identifier. Seul, sans aucun avis de personne entendue en fait de bo- tanique, et n'ayant que quelques auteurs encore très im- parfaits à sa disposition, il est vraiment étonnant que M. Bédard, sans négliger les devoirs de sa position, ait pu ac- quérir une telle connaissance de nos plantes. Nous ne savons si le Dr. Bibaud dé Montréal a conti- nué à s’occuper de Géologie, mais on nous a communiqué une lecture faite par ce Monsieur, il y a quelques années, qui dénote l’homme parfaitement au courant de cette nou NATURALISTE CANADIEN. 231 velle science. L'étude de la nature est si étroitement unie à celle de la médecine, qu'on aurait lieu de s'étonner que tous les médecins ne fussent pas des naturalistes. Malheu- reusement il n’en est pas ainsi, en ce pays surtout, car chez les Esculapes comme chez les autres lettrés, c’est par excep- tion que l’on rencontre des amateurs voués à l’étude systé- matique de la nature. M. J. B. Cloutier est un professeur distingué à l'Ecole Normale Laval. M. Cloutier n'ayant pas eu l'avantage de faire un cours classique, pensait, par cela même, être dé- pourvu des moyens nécessaires pour étudier l’histoire na. turelle avec profit, lorsqu’ayant jeté les yeux sur notre Flore, il reconnut par l'examen des chefs analytiques, qu'il pou- vait fort bien identifier les plantes, connaître leurs propri- étés, les classifier suivant leur familles, leurs genres et leurs espèces, sans le secours du latin. Il se livra de suite à cette étude avec une une telle ardeur, une telle passion, pour- rait-on dire, que dans l’espace d’un seul été, il s'était déjà non- seulement mis au fait des principes de la botanique, mais avait même identifié la plupart des plantes qu'il avait ren- contrées, et en avait formé un herbier se montant à plu- sieurs centaines d'échantillons. Poursuivant ses études avec cette sévérité, cette précision pour les règles qu’ac- quièrent bientôt les professeurs, par leur habitude de criti- tiquer les fautes mêmes les plus légères, M. Cloutier s’est constitué en peu d'années une autorité en fait de botanique, et ne manquera pas, nous en avons l'espoir, d'inspirer aux instituteurs ses élèves, le gout de cette belle science, qui a immortalisé les Linné, les Jussieu, les De Candolle ete. Le Rév. Nap. St. Cyr, qui est aujourd’hui vicaire a St. Romain de Winslow, est neveu de M. le professeur St. Cyr de Ste. Anne de Lapérade, et partage avec lui son goût pour les sciences naturelles. La botanique,et l’entomologie particulièrement ont fixé le choix de M. St. Cyr. Tout en poursuivant ses études théologiques au Séminaire de Nicolet, M.St. Cyr utilisait ses heures de récréation par Péiude de ces sciences attrayantes, et commencait une col- lection d’insectes où les espèces canadiennes se comptent déjà par centaines. Il n’y a pas de doute que tout en se 232 LE NATURALISTE CANADIEN. livrant à l'exercice du St. Ministère, le jeune prêtre va pour- suivre ses observations et ses chasses, et side plus longs moments de loisir lui sont donnés plus tard, il pourra, comme son oncle, devenir un savant sans rien négliger des devoirs dé son état. La plus grande somme despoir pour l'avenir repose toujours dans le jeunesse, et on ne peut que se réjouir lorsqu'on voit de jeunes intelligences se livrer de bonne heure aux études sérieuses ; pour eux de longues années viendront encore ajouter aux premières études, et dans des branches qui comme l'histoire naturelle, doivent nécessairement reposer sur l'observation, les années sont pour ainsi dire de rigueur pour le vrai savoir, pour la capa- cité véritable qui puisse faire autorité. Mr. À. Lechevallier est un naturaliste français fixé à Montréal depuis plusieurs années. L’ornithologie est la branche de prédilection de Mr. Lechevallier. ; Sa connais- sance de la faune Européenne lui a permis, en peu de temps, de se rendre familière la distinction des nombreuses es- pèces d'oiseaux d’ Amérique, et son talent d'observation exercé dans de nombreuses chasses tant sur l’ancien que sur le nouveau continent et aidé d’une vaste correspon- dance avec des connaisseurs de presque toutes les parties du monde, a rendu Mr. Lechevallier une autorité de pre- mier ordre en fait d'ormitholocie. Nos expositions provinciales de ces dernières années ont permis à Mr. Lechevallier de faire admirer son talent comme taxidermiste. Ses groupes d'oiseaux, exposés à Qué- bec en 1871, dénotaient, à première vue, l'homme qui avait étudié la nature sur place, qui avait pu, pour ainsi dire, la surprendre à l'œuvre. M. Odilon Boulet vient de passer des bancs du collége à l'étude de la médecine. Il est maintenant élève de l'Uni- versité Laval. Natif de Québec méme, tout en poursuivant ses classes, M. Boulet consacrait ses jours de congé à la chasse aux insectes et à l'étude de l’entomologie. Sa col- lection d'insectes canadiens est déjà considérable, et les noms de la plupart lui sont devenus familiers. Nul doute FAITS DIVERS. 333 que l’étude de la médecine ne vienne favoriser cette apti- tude, et fournir au jeune amateur de plus amples moyens pour se livrer à ses études de prédilection. a ——— LA MITE DE LA FARINE. Mr. le Rédacteur, Si je ne me trompe, le Tyroglyphus farine, dont vous parlez dans votre dernier numéro, est connu chez nos gens des campagnes sous le nom de Mite de la farine. Ce fut en 1863 que j'en vis pour la première fois. Une dame me montra de la farine en me demandant comment il se faisait que cette farine perdait en quelques secondes seulement le poli qu'on lui donnait à la surface en la pressaut légére- ment de la main ? Le microscope me révèla aussitôt le mystère. C'était le Tyroglyphus farine. Je trouvai de suite que cet insecte avait une étroite ressemblance avec celui de la gale, que je n'avais encore vu qu'en gravures jusqu'en 1865, lorsqu à cette époque, ayant rencontré des cas de gale, je pus reconnaitre distinctement de visu le pa- rasite cause de cette affection. Votre ete. Dr IES a S IOI I es FAXTS DIVERS, La Profondeur de la mer.— On croyait généralement que la profondeur de l'océan égalait à peu près la hauteur des montagnes les plns élevées. Mais le capitaine Denham, du navire anglais le Herald, vient de faire des sondages dans l'hémisphère Sud de l'Océan Atlantique qui dépassent de beaucoup les profondeurs atteintes jusqu'à ce jour. A la latitude Sud de 30° et à la longitude Ouest de 37°, il trouva l'énorme profondeur de 43,380 pieds francais, ce qui excède 334 LE NATURALISTE CANADIEN. de 17,000 pieds le sommet de la plus haute montagne du globe. Parvenu a une certaine profondeur, la densité de l'eau est telle que la sonde n’y pénètre que très lentement. L'un des sondages ne prit pas moins de 9 heures 25 minutes avant que la sonde n'atteienit le fond. —— — Renards.—Le Professeur Müller prétend que les Re- nards sont polygames et que les males ne s’embarrassent en aucune façon de l'élevage des petits, Baleines.—Les naturalistes nous disent que ces co- lonnes d’eau que les Baleines font jaillir de temps en temps sont dues à l’eau qu’elles ont introduite dans leur bouche et qu'elles rejettent par leurs évents ; d’après Mr. G. O. Sars, cet avancé serait erroné ; les Cétacés ne chassant que de l'air par leurs évents, la projection de l’eau ne serait due qu'au courant d’air qui l’entrainerait ; etil arrive souvent que les Baleines avec la tête en dehors de l’eau ne conti- nuent pas moins leurs expirations en ne chassant que de Pair. Puits artésiens— A Gilmon, comté d'Iroquois, dans l'Illinois, tout près de la ligne de l'Illinois central, on creuse des puits artésiens qui, à seulement 100 ou 150 pieds de profondeur, donnent un jet continu, de 15 à 20 pieds au dessus du sol, d’une eau pure et limpide, à la} température de 52° Fahr. Le forage d'un tel puits ne coute pas plus cher que le creusage et boisage d’un puits ordinaire de 18 à 20 pieds de profondeur. Quelles ressources pour l’agri- culture que d’avoir l'eau à sa portée ! Un état qui offre des plaines immenses à la charrue, du charbon à 10 ou 12 pieds de la surface, et de l'eau au besoin avec si peu de frais, a certainement devant lui un avenir de prospérité tout à fait exceptionnel. | | LE Aainealiste Canadien Vol. V. CapRouge, AOÛT, 1873. No. 8 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, EDUCATION—NOS JOURNAUX. En disant, dans notre dernier numéro, que nos jour- naux étaient trop nombreux, nous n’entendions parler, comme nous l'avons noté, que de nos journaux politiques. Car pour les autres, scientifiques, littéraires etc., on ne saurait encore leur faire le même reproche ; bien plus, il y a des vides mêmes qui demanderaient à être remplis. La littérature a certainement, dans La Revue Cana- dienne, L’ Echo du Cabinet de Lecture et L’Opinion Publique, des organes parfaitement qualifiés, non seulement pour for- mer des archives précieuses de nos productions nationales, mais encore pour activer le progrès, pour épurer le goût. Ajoutons que le choix judicieux quel’on fait dans ces publica- tions des pièces qu'on livre au public, permet aux jeunes imaginations qui sentent chez elles l'inspiration, de se for- mer l’esprit, de se meubler la mémoire, de s’assimiler une nourriture saine tout autant que délicate, sans aucune ap- préhension pour‘la vertu, sans aucun danger pour le cœur; à Vencontre de la plupart des productions de l’ancien monde, dans lesquelles les fleurs du génie, les perles de la poésie, ne se rencontrent qu'éparses dans des récits d’une moralité suspecte, ou entremélées aux décombres de vertus naufra- gees. Le commerce a, dans le Négociant Canadien, un organe spécial de forte capacité; et nos feuilles politiques, qui ne 336 LE NATURALISTE CANADIEN. peuvent s'abstenir de parler souvent commerce, se trouvent heureuses de pouvoirspuiser à une source si abondante. Notre Naturaliste est 1a, pour représenter l’histoire na- turelle aussi dignement que nous le permet notre faible capacité et maintenir ses droits à la considération du public lettré. La médecine aunbien digne organe dans l'Union Mé- dicale, et il serait à souhaiter que cette utile publication fût mieux appréciée et plus connue. Quoique spécialement dévouée à l’art de guérir, le choix des matières et la ma- nière dont elles sont exposées font de cette publication un journal des plus intéressants pour toute personne instruite. On se forme généralement, en ce pays, de fausses idées sur les spécielités. La plupart des personnes lettrées en en voyant les productions, se hâtent de passer outre, comme à la porte d’un sanctuaire réservé aux seuls adeptes. C’est certainement là une erreur. Initiés aux clefs des sciences par nos études tant collégiales que particulières, nous de- vons, sans doute, laisser aux spécialistes la tâche de scruter les coins obscurs de leurs domaines respectifs, d’approfon- dir les questions encore contestées, de reculer les bornes de l'inconnu ; mais nous devons aussi nous faire un devoir de nous mettre en état d'apprécier les succès obtenus, d’ap- plaudir avec connaissance au progrés, et par cela méme de bénéficier des conquêtes de ceux qui s’en constituent les champions, pour le bien général de la communauté. La médecine d’ailleurs étant l’art de conserver, de restaurer la santé, peut-elle ne pas nous intéresser d'une manière toute spéciale ? Et sans vouloir usurper les fonctions de l'homme de l’art, voulons-nous, lorsqu'il faudra nous pré- valoir de ses services, dans des cas où peut-être il ne s'agira de rien moins que de nous conserver la vie, voulons-nous nous constituer patients dans toute la force du terme, et remettre nos intérêts les plus chers entre les mains d’un homme dont on ne pourra pas même juger de la capacité, sans pouvoir apprécier par nous-mêmes, jusqu'à un certain point, l'opportunité des procédés dont on fera usage ? Nous ne saurions donc trop encourager nos lecteurs ÉDUCATION—=NOS JOURNAUX. Sk à prendre des abonnements al’ Union Médicale. Ses articles sur les charlatans, dans ses deux derniers numéros, sont tellement frappés au coin du bon sens et de la morale pu- blique, qu’ils auraieut dû être répétés par tous les autres journaux pour être lus de tout le monde. Il va sans dire que cette publication est de rigueur pour tous les médécins, particulièrement ceux des cam- pagnes, où l'isolement, le manque d'auteurs et mille autres distractions faisant perdre le soût de l'étude, laissent sou- vent en peu d'années, nos Esculapes avec une médecine fort rouillée, se renfermant dans une étroite routine qui peut à peine les faire distinguer de nos plus vulgaires charlatans. Mais il est une cause, qui par son importance prend le pas sur toutes les autres ; il est un art, qui, en ce pays surtout, mérite toute attention et toute considération, qui a ses règles et ses lois qu’on ne saurait jamais assez connaitre, et dont l'ignorance conduit infailliblement à la ruine; et cependant, on ne lui voit plus aujourd’hui d’organe spécial dans la presse. On nous a déjà compris, nous voulons parler de l’agriculture. L'agriculture, ce premier des arts, celui qui doit servir de base à tous les autres, ce point de départ de toutes les industries ; l’agriculture, quia fait notre pays ce qu'il est aujourd’hui, et qui mal comprise et négligée depuis quelques années, menace à présent de le dépeupler, n’a pu attirer assez l'attention de nos législateurs pour les amener à lui- consacrer un organe spécial. Si une émigration aussi irrationnelle que préjudicieuse prend tous les jours des proportions de plus en plus alar- mantes, si des fonds qui autrefois faisaient régorger leurs pro- priétaires ne suffisent plus aujourd'hui au soutien de leurs familles, c’est par ce que l’on ignore l’art agricole. Un sol d’une fertilité sans pareille, ouvert en premier lieu à la culture, a donné, pendant des années, des rendements tels qu'on s’est laissé aller à croire que la culture du sol ne constituait un art en aucune façon, que l'étude n'avait rien à faire avec sa pratique, que la semence confiée à la terre 338 LE NATURALISTE CANADIEN. devait toujours et en toutes circonstances donner une bonne récolte. Traitant la terre en maratre, tirant toujours sur elle sans jamais rien lui rendre, on a fini à la fin par l’épui- ser. Des disettes prolongées, de nombreux désastres de fortunes particuliéres, un appauvrissement général de nos campagnes, et par suite leur désertion par nos cultivateurs, proclament bien haut aujourd'hui, qu’il nous faut, à nous aussi peuple Canadien, marcher sur les traces des anciens peuples de l'Europe, appeler la science à notre secours, pour restaurer notre sol épuisé, rendre à nos champs leur fertilité première, et ramener l’aisance là où prédominent déjà la disette et le dénument. Mais la tâche est diflicile, ardue, considérable. La roue du char engagée dans une ornière profonde ne s’en retire pas sans de violents efforts, le sillage même qui conduit à cette ornière n’est pas aban- donné au premier cri de gare qu'on lance au conducteur insouciant, inattentif, ou trop peu clairvoyant. Il faut que ceux a qui il incombe de surveiller la marche soient con- tinuellement a leur poste, observent tous les mouvements, et répétent sans cesse les commandements pour faire prendre et maintenir une direction sûre, raisonnée, capable de mener au succès. Il faut qu'instruits, éclairés par les expériences de peuples plus anciens qui ont marché dans la voie, ils soient en tout temps, en moyens de faire sentir à leurs administrés tout ce qu'a de vicieux la routine qu'ils suivent, et capables de leur faire comprendre la nécessité qu'il y a pour eux de changer de système. Bien plus, il faut qu'ils soient toujours prêts à indiquer la direction à ceux qui se montrent disposés à entrer dans la bonne voie, et tou. jours disposés à pousser plus loin ceux qui ont déjà fait les premiers pas. Or, on peut se demander si le département de l’agri- culture avec le Conseil qu'il s'est adjoint sont bien convain- cus de l'importance de la tâche qu'ils sont appelés à rem- plir, lorsqu'on les voit ne pas même se soucier d’avoir un organe spécial pour avocasser l’importante et noble cause de la culture du sol, pour les mettre en rapport avec tous et un chacun des cultivateurs, pour répéter à satiété les règles sûres, les principes bien établis d’une culture bien ÉDUCATION—NOS JOURNAUX. 339 entendue, qui ne seront mis à l'épreuve, qu'autant qu’on sera convaincu de leur raison d’être et des avantages qu’on peut retirer de leur pratique. On s'étonne parfois de voir nos cultivateurs s'abstenir, maleré leurs revers, à poursuivre leur routine vicieuse ; mais ne doit-on pas s'étonner davantage de voir l’apathie et l'indifférence de ceux mêmes qui ont mission de montrer la bonne voie, d'activer le progrès ? Un ministre d'agriculture, amené là souvent à la suite de combinaisons politiques où les aptitudes particulières ne sont rien moins que comptées, peut quelquefois n’avoir pas fait les études préalables pour payer de sa personne par- tout où l’on requerra le secours de lautorité ; mais ne de- vrait-il pas être toujours entouré dans son bureau de subs- tituts et de commis parfaitement au fait de toutes les ques- tions qui peuvent ressortir de son ministère ?* Ht à quoi lui sert donc ce Conseil d'Agriculture qu'on lui a adjoint et que le gouvernement choisit comme il l'entend ?.... Oh ! le patriotisme pur, désintéressé, est chose si rare de nos jours que nous ne pouvons nous empêcher de croire que la politique égoiste, mesquine, toute d'intérêts privés, est venue aussi s'imposer la. On est si habitué à ne voir que des jobs, des calculs d'intérêts dans tontes les proposi- tions qui parviennent aux départements publics, que lors- qu'il en arrive parfois de totalement désintéressées, n'ayant en vue que le bien public, on se hâte de les mettre de côté, comme couvrant quelque embüûche. Bien plus, le patro- nage est si largement mis à profit, lorsqu'il n’est pas direc- tement payé à deniers comptants pour résister aux cabales et aux intrigues des parties, que celui qui se présente aux ministères sans avoir à faire valoir une influence quelconque, sans autre monnaie que son dévouement à la chose pu- blique, ne mérite pas même, souvent, de réponse. Le gouvernement a, il est vrai, un apôtre habile et in- fatigable du progrès agricole dans la personne de M. E. Barnard, au moyen des lectures qu’il donne dans les cam- pagnes. Mais quel effet durable peuvent produire ces lec- tures sans être appuyées du texte même des principes 340 LE NATURAL STE CANADIEN. énoncés, pour être continuellement sous les yeux du culti- vateur ? Aussi M. Barnard pourra crier encore longtemps à l'oreille des cultivateurs qu'il faut égoutter, ameublir, nettoyer, engraisser, on n’en verra guère, moins de fonds des plus fertiles, perdus par une humidité constante, moins de champs improductifs faute de labours et de fa- cons suffisantes, moins de moutarde, de marguerite, de laitron etc. sur les chemins et dans les grains, et guère plus de fumiers, aussi, parcimonieusement recueilllis et judi- cieusement employés. Sans doute que établissement d'un journal d'agriculture ne serait pas du coup la victoire sur ces vices capitaux de notre mode de culture, mais ce serait du moins un grand appoint de plus pour parvenir au succes, Le journal, en effet, tient constamment sous les yeux de l'homme des champs le texte des règles qu’il est appelé tous les jours à mettre en pratique, lui relate les succès de ceux qui ont marché avant lui dans la voie, résout les diffi- cultés qui pourraient l'arrêter dans sa mise à l'œuvre et ne contribue pas peu, par l’appas des profits qu'il fait entre- voir et par les exemples qu'il lui cite, à stimuler son zèle pour les améliorations, et à le réveiller de l’apathie qui le retient dans cette routine irrationnelle où 1l ne trouve qu'insucces et ruine. Malgré le grand nombre de publications que nous avons déjà, un bon journal d'agriculture serait donc de rigueur dans les circonstances actuelles pour nos cultivateurs. Espérons que le gouvernement ne tardera pas plus long- temps de répondre à ce besoin. Il est encore une autre publication qui a sa place toute marquée dans notre presse, et dont le vide s’est particu- lièrement fait sentir dans ces dernières années. (C’est une Semaine Religieuse. Il est probable que si un tel journal eût existé, les mal- heureuses polémiques qui ont semé le trouble et la divi- sion dans notre société depuis quelques années, n'auraient pu avoir lieu, La Semaine Religieuse, so 1s la surveillance immédiate de l'autorité diocésaine, n'aurait certainement pas constitué le public juge de questions tout-à fait en dehors EDUCATION—NOS JOURNAUY. 341 de son ressort et de sa compétence, et n'auraient pu, non plus, prendre la dangéreuse tactique de soulever l’opinion du peuple pour amener l’autorité à suivre ses vues. L'établissement d'un tel journal ne pourrait être que grandement avantageux et pour les ecclésiastiques et pour les laïques. Confié à des écrivains compétents que recom- manderaient des études spéciales, il offrirait aux premiers des sources précieuses et sûres pour continuer leurs études théologiques, aux seconds des moyens d'acquérir sans efforts une foule de connaissances sur des sujets qu'ils n’ont pu étudier spécialement, et, à tous, en un mot, lumière et édifi- cation. Les rédacteurs de nos feuilles politiques, qu’on impro- vise souvent dans un moment, et qu’on appelle à traiter toutes les questions, pourraient, si un tel journal existait, consacrer plus d'attention et d'espace aux matières politi- ques, et se contenter, le plus souvent, du narré des faits religieux qui peuvent intéresser spécialement leurs lecteurs, les renvoyant au journal même pour de plus amples détails; et la feuille religieuse, de son côté, pourrait en faire autant pour la politique. Sans doute que dans notre société encore pleine de foi et de religion, grâce à Dieu, nos feuilles politiques ne peuvent s'abstenir de parler souvent de religion; mais avec un journal religieux, on spécialiserait davantage les sphères d'actions respectives; les feuilles politiques auraient plus de matières politiques et le journal religieux plus de matières religieuses. Ajoutons qu’en restreignant ainsi les sphères d'action des uns et des autres, on rétrécit par cela même le champ d'étude des rédacteurs, et on ne les expose pas à traiter des questions qu'ils n’ont eu, souvent, ni le temps ni l’occasion d'approfondir. EG EG HO ere 342 LE NATURALISTE CANADIEN. | FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 212). VI. Ordre. Les PALMIPÈèDES. WNatatores. Pattes courtes, implantées à l'arrière du corps, à tarses aplatis, emplumés presque jusqu'au bas, à doigts plus ou moins réunis par une membrane les rendant propres à faire l'office de rames, fig. 28, Oiseaux essentiellement aquati- ques, les Pal-mipèdes sont d’ordi- : naire plus habiles à la nage qu'au Fig. 28. vol, quoiqu'il s'en rencontrent aussi, comme les Mouettes, qui ne redoutent nullement les courses rapides et prolongées. Ce sont aussi de fins plongeurs, Ayant le plus souvent le tronc lourd et allongé, avec les pattes fort reculées en arrière, la plupart n'ont qu'une dé- marche fort génée sur terre. Un plumage serré, enduit d’une sécrétion huileuse, et composé, en autre des plumes ordinaires, d’une épaisse couche de duvet, leur sert tout à la fois à conserver la cha- leur du corps et à le soustraire au contact immédiat de l'eau. Ce duvet est largement exploité pour les lits, les édredons etc. et comme fourrure d'ornement. On sait, qu'entre tous, les Canards Eiders fournissent le duvet le plus estimé. La plupart des Palmipèdes nous offrent aussi d'excellents mets de table; et de tous les oiseaux, ce sont peut étre ceux dont la chasse est d’ordinaire et la plus es- timée et la plus abondante. Nous devons aux Palmipèdes les Oies et les Canards de nos basses-cours, de même que les Cygnes qui ornent les piéces d’eau dans les parcs des grandes villes. Fig. 28.—Une patte de Palmipéde. i PALMIPEDES. 343 Les œufs d’un certain nombre, même a l’état sauvage, sont l’objet d'un commerce assez important. Nos rivages du Golfe sont largement exploités sous ce rapport. A part ceux que nous conservent la domesticité, les Palmipèdes sont tous pour nous des oiseaux de passage Mais nos mers glacées du Nord avec les grandes chaleurs de nos étés, nous permettent de voir passer les habitants des tropiques de même que ceux des régions artiques, aussi le nombre d'espèces rencontrées dans les seules limites de notre Province ne séléve-t-il pas à moins de 65 jusqu’à ce jour. | Le vol semble si naturel à l'oiseau, que ceux qui ne pourraient s'élever dans les airs nous sembleraient devoir être relégués dans une autre classe ; cependant, certains Palmipèdes, comme les Manchots, par exemple, sont tout-à- fait privés de cette faculté. Ne pouvant guère plus faci- lement courir sur terre, ces oiseaux paraissent appartenir essentiellement aux eaux, aussi leurs ailes offrent-elles plus l'apparence de nageoires que des organes ordinaires du vol, et ces oiseaux semblent-ils se joindre sous quelques rap- ports aux Tortues aquatiques. Les ornithologistes divisent les Palmipèdes en deux grandes sections, savoir: les Ansérides, Anseres, ou les Oies ; et les Gaviides, Gavia, ou les Mouettes. Les Ansérides se distinguent par un bec plus ou moins denté, et le doigt postérieur libre. Les petits laissent le nid aussitôt qu’éclos pour suivre la mère. Les Gaviides, au contraire, ont le bec sans dents, tous les doigts réunis par une membrane continue, ou bien le doigt postérieur dégagé et réuni par une petite membrane aux 3 antérieurs qui sont palmés. Ils élèvent leurs petits dans le nid. | Cet Ordre, dans notre faune, se divise en 6 familles qu'on peut distinguer les unes des autres par les caractères suivants : A, Bec à bords plusou moins dentés. Doigt postérieur libre.l. ANATIDES. B. Bec à bords lisses ou simplement cochés, Doigts tous réunis par une membrane, ou du moins les 3 antérieurs, avec le postérieur libre ; 344 LE NATURALISTE CANADIEN. Doigt postérieur plus ou moins lié aux antérieurs par une mem- brane ; Face et gorge nues. Gorge munie d’une poche. IT. PÉLÉCANIDES. Téte sans espace nu. Gorge sans poche ; + Ouvertures nasales tubuleuses. …..... III. FROCELLARIIDES. Ouvertures nasales linéaires, non tubuleuses. .. [V. LARIDES. Doigt postérieur libre ou manquant ; Doigt postérieur distinct, avec un large lobe pen- GAGE EL. Se OCR Doigt postérieur o et ongles comprimés VI. ALCIDES. 1. Fam. des Anatides. Anatide. Les 2 mâchoires dentées, la supérieure se terminant par un ongle obtus, arrondi. Plumes du front se prolon- geant en avant sur le sommet du bec, celles des côtés et sous la mâchoire inférieure s'étendant dans la même direc- tion. Commissure droite. Jambes courtes. Cette famille se compose d'oiseaux généralement ré- pandus dans toutes les parties du globe, tant dans l'ancien que dans le nouveau continent. Tous se distinguent par l'abondance de leur duvet, et la plupart fournissent d’ex- cellents mets de table. Cette grande famille se subdivise en 6 sous-famiiles qu'on peut séparer les unes des autres par les caractères suivants : Un seul rang de dents à la mâchoire supérieure ; Jambes couvertes d'écailles hexagonales en avant ; Cou très long. Tarse plus court que le doigt MEDIAN, mens eee » ceastensceeaees ee OYGNINES, Cou long. Tarse plus long que le doigt médian... ANSÉRINES. Jambes couvertes de plaques transverses en avant ; Doigt postérieur à lobe membraneux très étroit... ANATINES. Doigt postérieur à lobe membraneux très large ; l Extrémité du bec relevée et recourbée. Queue molle ..... Rue cos sense nes tt DRE Extrémité du bee brusquement rabattue. Queue ae"... se ses esecers sence HRIMATURINES Deux rangs de dents à la mâchoire supérieure, séparés par une rainure dans laquelle vient se loger la mâchoire inférieure...... MERGINES, PALMIPÈDES, 345 1. Sous-fam. des CYGNINES. Cygnine. Mémes caractères que ceux du genre Cygne, le seul ? ps qu'elle renferme. Gen. CYGNE. Cygnus, Linné. Cou très long. Bec plus long que la tête, à base cou- verte par une peau molle se prolongeant jusqu'au milieu de l'œil. Narines à peu près à la moitié du bec. Partie in- férieure de la jambe nue ; tarse bien plus court que le pied, très comprimé, couvert d’écailles hexagonales qui de- viennent plus petites sur les côtés et en arrière. Doigt postérieur très élevé, à lobe étroit. Queue à 20 pennes ou plus, arrondie ou en coin. Même plumage dans les 2 sexes. Les Cygnes sont les plus grands oiseaux de tout l’ordre des Palmipèdes ; ils sont essentiellement nageurs, et se ren- contrent rarement sur terre. Ils se nourrissent particu- lièrement d'herbes aquatiques. Nous n’en rencontrons qu'une seule espèce dans notre Province et encore est-ce accidentellement. Cygne d'Amérique. Cygnus Americanus, Sharpless. Olor Amer. Bonap. Cygnus ferus, Nutt.—Angl. American Swan.—Longueur 55 pouces ; ailes 22; tarses 4.25; bee 4.20 pouces. Blane, bec et pattes noires, le premier avec une tache orange ou jaunâtre en avant de l'œil. Bec haut à la base, à plumes du front se terminant en demi-cerele, Marines s’ouvrant en arrière du milieu du bec. R. et ACC.—Ce Cygne ne se rencontre que rarement en notre Province ; c’est celui qu'on voit dans presque toutes les pièces d’eau des pares des villes des Etats-Unis. Nous en ayons vus de magnifiques à Chicago. Quoique excellent nageur, il ne plonge jamais. Ilse soumet facile- ment à la domesticité et se rend même en peu de temps familier avec ceux qui le visitent. On en a vus, de temps à autres, sur le lac Memphra- magog. [ls couvent d'ordinaire dans le territoire de la Baie d'Hudson ; leurs nids se composent d’herbes sèches qu'ils posent sur les rivages. Leurs œufs, au nombre de 8 à 10, sont de forme ovale très prononcée et d’un vert olive pâle. (A continurr). Ne A CR ILD SLL A — — 00 ge om — ~ NON ONU SN 346 LE NATURALISTE CANADIEN. DESCRIPTION METHODIQUE DES INFUSOIRES CANADIENS PAR LE DR. CREVIER, MONTRÉAL. Exposé des milieux où se rencontrent les vibrioniens, et des maladies parti- culiéres dont ils sont la cause excitante. (Conlinué de la page 165). 3e Matières purulentes.—Des Vibrions et des Bac- téries se rencontrent dans les crachats purulents des per- sonnes atteintes de catarrhe pulmonaire ou de bronchite chronique ; ainsi que chez les individus affectés de coriza ou d'ulcération des fosses nasales, ou d’écoulements puru- lents fétides provenant des oreilles. Tous les abcès ou le pus devient altéré, ainsi que tous les ulcères sappurants, les pustules des varioliques etc. contiennent en abondance des vibrioniens. Ils se rencontrent aussi dans le pus siphi- litique, daus les nécroses des os, et la carie des dents. 4e Dans le sang.—Tous les malades atteints de cho- léra, de typhus, de dissenterie, de fiévres putrides, de variole, de scarlatine, et de maladies charbonneuses, ren- ferment dans leur sang une quantité innombrable de vibri- oniens. Quant aux Bactéries de la variole ou picote, ce n’est qu'au commencement du printemps de 1872, que je fis mes premières expériences microscopiques, pendant que la variole sévissait à St. Césaire, alors lieu de ma résidence. En examinant au microscope le sang des malades atteints de variole, je découvris une grande quantité de Bactéries, tenant le milieu entre le Bacterium termo et le Bacterium punclum; cette espèce n'ayant jamais été décrite, je me pro- pose de la nommer Bacterium variolis ou Bactérie de la picote. C’est dans le pus des pustules et dans l'urine des malades que ces animalcules se trouvent en plus grande abondance ; la transpiration et les antres sécrétions en contiennent aussi, mais en moindre quantité ; cependant les matières alvines en sont remplies. Plus la variole est confluente et maligne, plus le nombre des Bactéries est considérable. Les gales qui se détachent pendant la des- DESCRIPTION METHOD! QUE DES INFUSOIRES CANADIENS. 347 quamation, et qui sont formées par la condensation de la lymphe et du pus variolique, contiennent encore tres longtemps après leur chute—des Bactéries varioliques, à l'état de mort apparente, mais, qui ressuscitent en peu d'heures si on redissout les gales dans un peu d’eau tiède. Cette matière vénéneuse reproduit la variole par inoculation. Les gales produites par la vaccination con- tiennent les mêmes Infusoires, à l’exception que dans celles- ci, les Bactéries sont moins abondantes. Au mois de Juin, Yan dernier, j'eus le plaisir de communiquer ma décou- verte à l’un des savants professeurs de l'Université Victoria de Montréal, M. le Dr. Emery Coderre, qui a publié un pamphlet sur les désavantages et les dangers de la pra- tique de la vaccine, quelle soit de bonne ou de mauvaise na- ture......... Ici, j'avouerai franchement que je partage en- tièrement les vues du savant Docteur......... et que j'ai pu, par ma propre expérience, constater les effets pernicieux et non préservatifs de la vaccine, qui est actuellement une des plus grandes erreurs médicales du jour. Le savant Dr. Jos. Hermann, de Vienne, n’a til pas dit, en parlant de la vac- cine: ‘La vaccination est uue erreur des plus grandes de la médecine ; c’est une illusion fantastique de l'esprit de celui qui l’a introduite (Jenner), c’est une apparition phé- noménale, sans fondements scientifiques, et ne possédant même pas les éléments d’une science”........ Le savant Dr. E. Coderre qui a étudié la question à fond nous dit dans une de ses correspondances : “ le virus vaccin est un poison, son inoculation dans le système em- poisonne l'organisme entier.” M. le Dr. Coderre, en a con- gu l'idée ; l'expérience, l'observation et le microscope l'ont dé- montré !...... Honneur done!...... au savant Dr. E. Coderre, d’avoir été ie premier médecin Canadien qui a eu le cou- rage d'attaquer en face le monstre vaccin malgré tous les préjugés du corps médical et des différentes corporations du pays. A l'heure qu'il est, l'élite des médecins savants de toutes les parties du monde civilisé préparent le coup de grâce du monstre vaccin. Déjà le beau ciel des vaccinateurs commence à se noircir, la foudre gronde dans le lointain, le sinistre éclair sillonne le sombre firmement, et bientôt la 348 LE NATURALISTE CANADIEN. foudre écrasera et pulvérisera ce monstre qui sera enfin anéanti pour toujours !...... Alors !...... un immense cri d'allégresse s échappera de toutes les poitrines humaines, qui s écriront d'un commun accord : bénis soient la science et les savants qui nous ont délivrés de ce monstre qui nous a enlevé ce que nous avions de plus cher au monde |...... nos enfants, nos époux, nos femmes, nos parents et nos amis ! .. Oui, le vaccin est un poison et un terrible poison !... il est composé de lymphe, de globules de pus, et des ter- ribles Bactéries varioleuses qui en sont le principe actif. Qu'on sépare les Bactéries de la lymphe et des globules de pus du vaccin, de suite celui-ci perd toutes ses vertus délé- teres et devient inoffensif. La même chose a lieu si les Bactéries du vaccin ont perdu leur vitalité. C’est pourquoi le vaccin en vieillissant, perd sa vertu virulente, et devient inoffensif. Quelques jours après ma communication sur les Bactéries de la variole, le Dr. Coderre me fit l'honneur de l'accompagner à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, où dans ce moment, il y avait plusieurs cas de variole. Nous exami- names au microscope les différentes sécrétions des malades atteints de cette maladie, et nous trouvâmes les mêmes ani- malcules, c'est-à dire des Bactéries varioleuses de même espèce que celles que j'avais observées, dans les cas de variole que j'avais traités à St. Césaire, comté de Rouville. Peu de temps après cet examen, les Docteurs Craig et Gariépy, auxquels nous avions fait part de nos observations de l’ho- pital de l'Hôtel Dieu, sunirent à nous pour de nouvelles expériences que nous fimes sur des patients du Dr. Coderre atteint de la variole à divers dégrés d'intensité. Ce second examen nous fit voir en quautité innombrable le Bacterium variolis, Crevier. Le sang de l'Homme et des animaux atteints du charbon contient une quantité immense de Bactéridies. Ces Zoo- phytes Infusoires sont aussi un des élements constitutifs de la pustule maligne, .et de l'ædème malin, affections dont les relations avec le charbon sont depuis longtemps bien établies. Les Bactéridies se rencontrent constamment chez les animaux qui deviennent malades à la suite de l’inocula- tion du sang charbonneux ou du sang de rate des herbi- LE CERF MULET, 349 vores, et dans le sang de l'homme qui succombe au charbon ou à la pustule maligne. De même que pour les Bactéries de la variole, si on extrait les Bactéridies du sang charbon- neux, on peut inoculer ce sang sans aucun danger. Chez les animaux réfractaires au charbon,tels sont les chiens, les loups, les renards et les oiseaux de proie, etc., etc., le sang inoculé, quoique renfermant des Bactéridies, n’en reproduit jamais dans le sang de ces animaux. C’est pourquoi ils peuvent manger impunément les cadavres des animaux morts du charbon, quand bien même ils auraient des éro- sions à la bouche. Chez les animaux en état de gestation, le sang de la mère ne transmet pas au fœtus les Bactéridies qu'il Contient ; ainsi le sang d’une mère décédée du charbon, ou d’une maladie charbonneuse quelconque, ne peut communiquer cette maladie au fœtus. Les Bactéridies du charbon ne se produisent point après lapparition des phénomènes de la maladie ; elles les précèdent au contraire. Des recherches faites à de courts intervalles chez les animaux inoculés, en dissolvant les globules du sang sous le microscope, soit par de l’eau, soit par une solution de potasse, permirent de consta- ter l'existence des Bactéridies lorsque les animaux pa- ralssaient encore très bien portants. Des animaux tués longtemps avant l'époque probable de l'apparition des phé- nomènes morbides, ont offert dans le sang de la rate et du foie des Bactéridies nombreuses et parfaitement caracté- Tisées. A continuer. LE CERF MULET OU CERF A GRANDES OREILLES. Cervus Macrotis, Say. Par D. N. Sr.Cyr, Ste. ANNE DE LAPÉRADE,. Cet animal, dont la taille tient le milieu entre le Wapiti et le Chevreuil, dont nous avons parlé précédemment, se rencontre aussi dans les Possessions Anglaises. Il a le bois cylindrique, doublement fourchu ; les oreilles très-longues ; le dessus du corps d’un gris brunâtre ; la queue courte, == ey Ne Pt } ral 350 ; LE NATURALISTE CANADIEN. d'une couleur cendrée un peu brunâtre en dessus, excepté à l'extrémité supérieure où elle est noire ; le poil grossier comme celui de l'Elan ; ouvertures glandulaires très longues sur les jambes postérieures. Ce ruminant est remarquable par la beauté de son port, par sa légèreté et sa force ; ses longues oreilles étant la seule difformité qu'on lui connaisse, Son bois se divise ver le milieu de sa longueur en deux rameaux égaux, et ces deux derniers se bifurquent de nouyeau vers leur ex- trémité. Près de la base de chaque perche, il y a un petit andouiller, comme chez le Cerf de Virginie. La courbure des perches est presque la meme dans les deux espèces, fig. 29. Ce bois ne tombe d'ordinaire qu'en Mars, et dès le mois d’ Aout, il est déjà entièrement refait. Le pelage du Cerf Mulet est en général d’un brun- .Jaunâtre, avec le nez, les joues, ie ventre et la surface inté- rieure des jambes d'un blanc grisâtre ; il a une barre de brun foncé sur le dos depuis le front jusqu’à la queue ; le bout de la queue noir sur une longueur de deux pouces. De chaque côté de la queue, sur chaque fesse, se voit une tache d'un blanc sale, lesquelles en se croisant sur la croupe, couvrent en partie lecroupion. L'ouverture glandulaire qu’il a en dedans de la jambe a environ six pouces de long, et les larmiers sont aussi plus grands que chez le Chevreuil ou Cerf de Virginie. La femelle du Cerf-Mulet est plus grande: que les plus gros Cerfs de Virginie, et le mâle est encore plus grand que la femelle. C’est un animal farouche et défiant ; aussitôt qu'un territoire est habité, il l'abandonne. On le rencontre du côté oriental des montagnes Rocheuses, depuis le Texas jusqu'à la vallée de la rivière Saskatchewan, dans I Amé- rique Anglaise. On n'est pas encore bien au fait de ses habitudes. La femelle met bas en Mai ou Juin, et fait un ou deux petits. C’est la plus grande espèçe du petit genre Cervus qu'on trouve dans l'Amérique du Nord. Il tire son nom scientifique, Macrotis, de la longueur de ses oreilles, qui ressemblent à celle d'un mulet, de la son nom de Cerf-Mulet. On l'appelle aussi quelquefois Cerf à queue noire, parce qu'il a l'extrémité supérieure de la queue noire. LE CERF-MULET. 351 Le parcours géographique de cette espèce est limité à PEst par la rivière Missouri, en deca de laquelle il est très- rare de la rencontrer. En remontant le cours de cette ri- vière, on le rencontre sur un de ses afluents, le Vermillon ; après quoi il devient plus fréquent jusqu’à la vallée de la Saskatchewan. On le trouve aussi au Nord-Ouest du lac Supérieur, et dans le territoire de la baie d'Hudson. Il est très-abondant dans les montagnes Noires, ainsi que dans la chaîne des montagnes Rocheuses jusqu'au Texas, ne fréquentant néanmoins que le côté oriental de ces monta- ones. Il est remplacé du côté occidental par une espèce voisine, le Cervus Richardsonii. . Le Cerf-Mulet était autrefois / très abondant, et se rencontre en. core fréquemment dans le terri- toire d'Arizona. Mais les établisse: ments des blancs dans cette con- trée, joints à la chasse incessante que lui font les Indiens, l'y feront avant longtemps disparaître. De même que pour le Renne, sa peau et sa chair sont également utili- sées. Blancs et Indiens trouvent dans la première un cuir précieux et dans la seconde un aliment sain \ Net de fort bon gout. \ ) À Le Cerf-Mulet ne se rencontre BI on ûr = AE gp) guère en troupeaux ; il est rare f,2aef qu'on en trouve plus de 2 ou 8 au Ci f ensemble. II fuit d’ordinaire les ‘7 prairies et les plaines découvertes. Fig. 29. Les penchants des montagnes boi- sées, particulièrement où dominent le sapin et legenièvre, sont les lieux qu'il affectionne davantage et où l’on va d'or- dinaire le chercher. Il n’y a pas de doute que l’homme, dans son impré- voyance pour l'avenir, finira bientôt par amener l’extinc- Fig. 29—Corne droite du Cerf-Mulet ; n, le nez. 352 LE NATURALISTE CANADIEN. tion de plusieurs espèces d’animaux qu’il a déjà su rendre assez rares, Ayant trouvé dans son génie des leviers assez puissants pour renverser les montagnes et combler les vallées, la vapeur lui fournit aujourd’hui des ailes pour pousser ses promenades jusqu'au milieu des demeures des hôtes des bois réputées inaccessibles jusqu'à ce jour, et les farouches habitants des plus sombres solitudes verront bientôt pénétrer cet implacable tyran au sein même de leurs retraites les mieux protégées, pour mettre à mort jusqu’au dernier de leur race. Dans les âges géologiques antérieurs, lorsque ce n’était pas la nature elle-même en convulsions, c'était des carnassiers plus puissants que leurs voisins qui amenaient l'extinction de certaines races d’ani- maux ; dans notre âge de lumière, ce sera le roi même de la nature qui se chargera de cette besogne de brigands. - L’Elan, l'Orignal, le Cerf, le Castor et une foule d’autres animaux, ne seront bientôt plus que des reliques d’un temps antérieur, si toutefois on parvient à en conserver des restes dans nos musées. La sagesse de l’étre raisonnable ne per- mettra pas même, peut-être, à la civilisation d'accomplir son œuvre. Le parcours du Cerf-Mulet ne s'étend pas jusqu'en Canada, et il n’est pas probable qu'il y ait jamais existé, aucun indice fossile ou autre n’en ayant été découvert dans cette région. Ilest donc probable que cette espèce a tou- jours occupé la contrée qu’elle habite aujourd’hui. Le Cervus Richardsonii ou Chevreuil de Richardson : est un animal plus petit, à queue noire, trés-commun dans YOrégon, et dont le parcours s’étend le long de la côte occi- dentale de l'Amérique du Nord jusqu’au territoire d’ Alaska, Dans ce cas, on doit aussi le comprendre parmi les mammi- fères qui habitent les Possessions Anglaises. Mais ce rumi- nant est encore si peu convu que nous n’en dirons pas da- vantage pour le présent. Mentionnons encore le Cervus Lewisii, Peale, ou Che- vreuil à queue noire ; Cervus leucurus, Douglas, Chevreuil à ; à ry 13 : longue queue, ou Chevreuil à queue blanche, suivant son étymologie, qui se rencontrent aussi dans l'Amérique du Nord. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 353 En mettant en face les caractéres les plus saillants des 4 genres de Cerfs que nous avons décrits dans les articles qui ont précédé, nous formons le tableau suivants : Bois a larges empaumures ; Bois chez les mâles seulement. Point de canines dans les 2 sexes .. . RL à LL SSP Genres ACES. Alces Americana, Baird. L’Elan d’ Amérique ou l’Orignal. Bois et canines dans les 2 sexes............. . Gen. TARANDUS. Tarandus arcticus, Richardson. Le Renne du Nord. Tarandus hastalis, Agassiz. Le Renne Caribou. Bois divisé, mais sans empaumures, et chez les mâles seulement ; Canines chez les mâles... SEE due »-- Gen. ELAPHUS. Elaphus Canadensis, Dekay. Le Cerf du Cana- da ou Wapiti. Point de canines dans les 2 sexes............ Gen. CERVUS. Cervus virginianus, Boddaert. Le Cerf de Virginie ou Chevreuil. Cervus macrotis, Say. Le Cerfs à longues oreilles. Cervus Lewisü, Peale. Le Cerf à queue noire. Cervus leucurus, Douglas. Le Cerf à queue blanche. PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. COLEOPTERES. (Continuée dela page 55). Fam. VI, SILPHIDES, Silphide. Téte petite, plus ou moins cachée sous le prothorax. Antennes insérées sous un rebord du front, à 11 articles, rarement à 9 ou 10, s’épaississant graduellement ou subitement en massuo à l’ex- trémité, quelquefois presque filiformes. 354 LE NATURALISTE CANADIEN. Machoires à lobe interne quelquefois terminé par un crochet, Menton carré, quelquefois légèrement échancré, à languette proé- minente, échancrée, bilobée; sutture gutturale distincte, Yeux nuls ou finement granulés. Prothorax sans épimères ni épisternums distincts, Mésosternum très court, les pieces des côtés atteignant les hanches. Métasternum grand, presque tronqué en arrière ; épisternums Jongs, épimères grands, distincts. Hanches antérieures grandes, co- niques, contigués ; celles du milieu obliques, non proéminentes ; les pos- térieures contigués, proéminentes en dedans, n’atteignant pas les côtés du corps. Abdomen à 6 segments libres. Jambes souvent élargies, presques fossoriales ; tarses ordinaire- ment de 5 articles. Les insectes de cette famille sont tous éminemment utiles, en ce que vivant, tant à l’état parfait qu'à l'état de larves, de matières ani- males en décomposition, ils ne contribuent pas peu à purifier l'air que nous respirons. Leurs larves ont toutes les segments du corps couverts en dessus d’écussons cornés, deux appendices styliformes bi-articulés sur le dernier segment, et un prolongement oval servant à la progres- sion. Cette famille, dans notre faune, se borne aux 6 genres qui suivent, qui sont tous assez restreints dans le nombre de leurs espèces. Clef analytique des genres. 1 (6) Trochantins postérieurs proéminents ; 2 (5) Tête séparée du thorax, mobile ; 3 (4) Autennes de 10 article... .......…:..... 1. NécroPnore. 4 (3) Antennes'de ll artichie..)... . 2, 2202: wee 2. SILPHE. 5 (2) Tête plongée dans le thorax ................. 3. Carors. 6 (1) Trochantins postérieurs non proéminents ; 7 (8) Corps non contractile, non susceptible de se rou- ler en boules... nn. avs ce Sy AMIBOTOME. 8 (7) Corps contractile, plus ou moins susceptible de se rouler en boule ; 9 (10) Massue des antennes de 5 articles......... “0 LIODEB: 10 (9) Massue des antennes de 3 articles. ........... 6. AGATHIDIE. I. Gen, NÉOROPHORE. Necrophorus, Fabricius. Tête carrée, penchée, munie d’un cou brusquement formé en arrière. Labre très court, échancré ou bilobé. Yeux grands, oblongs, PETITE PAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 355 obliques, non saillants. Antennes courtes, robustes, brisées, de 10 ar- ticles, les 4 derniers formant une massue ovalaire, perfoliée. Prothorax suborbiculaire, tronqué en avant. Elytres plus courtes que l’abdomen, tronquées au bout. Pattes robustes, ; hanches antérieures et posté- rieures saillantes.—Corps plus ou moins allongé, épais, robuste, ailé. Les Nécrophores sont depuis longtemps célèbres par l'instinct qui les porte à enterrer les cadavres des petits quadrupèdes, rats, souris, taupes ete. Aussitôt qu'ils en ont trouvé un, ils se réunissent 5 à 6, et creusant audessous, ils l'ont bientôt fait disparaître en le recouvrant de 5 à 6 pouces de terre, pour y déposer leurs œufs. Ce sont tous des insectes de taille au moins moyenne. Presque tous sont plus ou moins velus en dessous et sur le prothorax. Leur couleur est le plus souvent noire avec des taches d’un rouge fauve sur les élytres. Ils font en- tendre, lorsqu'on les saisit, un certain bruit produit par le frottement du premier arceau dorsal sur l’intérieur des élytres. Comme tous les insectes à élytres courtes, ils volent assez lestement. Les Nécrophores appartiennent particulièrement à l'hémisphère boréal; des 40 espèces que renferme le genre, les régions tropicales n’en comptent que deux. Nous en comptons 7 espèces dans notre faune qu’on peut distinguer comme suit : Clef pour la distinction des espèces. _ (8) Epipleures * fauves, au moins en partie ; (5) Bande fauve de la base des élytres atteignant la pointe de l’écusson ; (4) Massue des antennes fauve..... SE PRE 1. Marginatus. i = © (3) Massue des antennes noire.._-2................ 6. Velutinus. (2) Bande fauve de la base des élytres n’atteignant pas l’écusson ; (7) Epipleures fauves dans toute leur longueur...... 5. Sayi. or a 7 (6) Epipleures fauves seulement vis-à-vis la bande de ay DASE =) 25722 BSB Roc. PRES. LS 2e Ta Aad) ROB Ss 8 (1) Epipleures noirs. 9 (10) Une bande fauve à la base des élytres...... ..... 3. Orbicollis. 10 (9) Une tache seulement a la base des élytres ; 11 (12) Trochantins postérieurs avec une pointe droite en dedanee 13... LAURE NE da ejay e-meut AP BREE Cea 12 (11) Trochantins postérieurs avec une épine furtement recourbée en dedans. .... eects! SN eee 4. Lunatus. 1. Nécrophore Marginé. Necrophorus Marginatus, Fabricius.— Long. .7 pouce. Noir; une tache semicirculaire au-dessus du labre, la *Les Epipleures sont cette partie des bords des élytres qui se replie pour couvrir le flanc. 356 LE NATURALISTE CANADIEN. massue des antennes, les épipleures, 2 bandes dentelées sur les élytres, fauves. Prothorax dilaté en avant. La bande antérieure des élytres atteint la pointe de Vécusson et se joint avec celle du sommet par les épipleures.—PC. 2. Nécrophore pustulé.— Necrophorus pustulatus, Herschel.— Long. .6 pce. Noir ; labre, massue des antennes et taches sur les élytres fauves. Prothorax presque orbiculaire. Les élytres au lieu de bandes fauves n’ont que 2 taches, celle de la base se bornant à une seule lunule et celle du sommet en comprenant 2, qui se touchent à peine. Les trochantins ‘postérieurs sont tronqués et échancrés au sommet, l'angle antérieur s'allongeant en une épine courte et droite : —R. 3. Nécrophore orbicolle. Necrophorus orbicollis, Say.—Long, .9 pce. Noir; une large tache carrée nu-dessus du labre, la massue des antennes, une bande vers la base des élytres et une tache réniforme vers leur sommet, d’un rouge fauve. Æpipleures noirs dans toute leur longuer. Prothorax orbiculaire, à l'exception du devant qui est coupé presque carrément.—C. C’est l’espéce que nous avons le plus fréquemment rencontrée, après le vélouté, NV. velutinus. . 4. Nécrophore lunulé. Necrophorus lunatus, Leconte.—Long. «9 pce. Noir; une tache carrée au-dessus du labre, massue des antennes et taches sur les élytres d’un rouge fauve. Les bandes des élytres sont ici remplacées par des taches rondes ou lunules, une seule sur chaque élytre vers la base et 2 vers le sommet, distinctement séparées. Epi- pleures noires. Trochantins postérieurs tronqués, la pointe interne se contournant en deduns en forme d’épine.—R., 5. Nécrophore de Say. Necrophorus Sayi, Laporte.—Long. .8 pee. Noir; massue des antennes, épipleures et taches des élytres d’un rouge fauve. Point de tache fauve au-dessus du labre. Les élytres portent à la base une bande dentelée qui se joint aux épipleures mais qui n'atteint pas la suture, et vers le sommet une tache réniforme qui ne joint ni la suture ni les épipleures. —R,. Très rapproché de l’orbicolle mais s’en distinguant par la: couleur des épipleures, 6. Nécrophore velouté. Necrophorus velutinus, Fabr. — Long. .7 pee. Noir; antennes toutes noires ; prothorax et mésosternum couverts d’une poil jaune plus ou moins abondant ; épipleures jaune-pâle. Deux bandes dentelées sur les élytres d'un rouge fauve, se joignant toutes deux aux épipleures, la première atteignant la pointe de Vécusson et la seconde touchant presque aussi à la suture, —C, PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 357 La plus commune de nos espèces. 7. Nécrophore pigmé. Necrophorus pigmeus. Kirby.—Long. .6 pee. Noir; antennes toutes noires. Elytres avec deux bandes den- telées fauves, la première se répandant sur les épipleures et atteignant la suture sans toucher à l’écusson, et la 2e n’atteignant ni la suture ni l’épipleme. Epipleures noirs vis-à-vis la bande antérieure.—R. La plus petite de toutes nos espèces. Les espèces suivantes que nous ne connaissons pas sont aussl données comme appartenant à notre faune : Melsheïmert, Americanus, mortuorum, confossor et obscurus. 2. Gen. SILPHE. Silpha, Linné. Fête petite, allongée, penchée, carénée transversalement entre les yeux. Labre très court, échancré ou fendu en avant. Antennes de 11 articles, la massue en comprenant de 3 à 5. Menton carré ou arrondi. Dernier article des palpes subcylindrique ou ovalaire. Prothorax grand, largement foliacé sur ses borde et couvrant la base des élytres. Ecusson très grand, en triangle curviligne. Elytres plusou moins rebor- dées sur les côtés. Hanches antérieures proéminentes, contigués. Corps de forme variable, ailé, glabre. Les Sylphes, qu’on appellent aussi Boucliers, de la forme de leur prothorax, sont des insectes qu'on trouve tant à l’état de larves qu’à l'état parfait, dans toutes les charognes exposées à lair, et souvent en quantité innombrable. [ls sont médiocrement agiles dans leurs mouve- ments et laissent échapper, lorsqu’on les saisit, une odeur fétide, en même temps qu’ils rendent par la bouche et l’anus une liqueur noirâtre non moins désagréable. On en compte 6 espèces dans notre faune. Ce sont tous des in- sectes de taille moyenne. Clef pour la distinction des espèces. Prothorax noir ; Prothorax glabre ; Elytres avec une bande de points rouges vers le SOMMEt 2-4. «ree M... Core . 1. Surinamensis. BHiytreg toutes nolreg et ALL. .E. «delete . 4. Inequalis. Program evelu:.:.... "#20 D rete ane Si thee 2. Lapponica. Prothorax bordé de roussatre, élytres d’un noir rous- SA TA. |: JR dits tac e -s-.... 3 Marginalis. Prothorax bordé de blanchatre; élytres noires, liserées de blanc au sommet........... BN «chara -oe0 eat. 358 LE NATURALISTE CANADIEN. 1. Silphe de Surinam. Si/pha Surinamensis, Fabricius.—Long. 9 pee. Noire, glabre. Prothorax presque orbiculaire. Massue des antennes de 3 articles couverts d’une pubescence blanchâtre. Elytres à bords relevés, portant trois côtes sur chacune et une bande de points rouges vers le sommet, Un turbercule assez gros, se voit un peu en arrière du milieu dans l’espace entre la première et la 2e côte extérieures. Ce turbercule est commun à toutes nos espèces. —CC. 2. Silphe de Laponie. Si/pha lupponica, Herbst. — Long. .6 pes. Noir ; tête et prothorax couverts d’une pubescence jaunâtre très serrée, Prothorax anguleux postérieurement, Hlytres chacune avec 3 lignes soulevées, la plus extérieure s’arrêtant au tubercule. Espaces entre ces lignes garnis de points soulevés.—AR. 3. Sylphe marginal. Sy/pha marginalis. Fabr.—Long. .6 pee. Corps oblong, noir, finement ponctué. Tête noire; prothorax noir, bordé tout autour, mais plus largement sur les côtés, de rouge pâle. Elytres d’un noir roussâtre, avec 3 lignes soulevés, l'extérieure se ter- minant au tubercule un peu en arrière du milieu.—C. 4, Silphe Roboteux. Si/pha inequalis, Fabr. — Long. .7 pee. Tout noir; massue des antennes cendrée. Prothorax échaneré en avant, avec 4 lignes obscures soulevées sur le disque, les latérales ondulées et obliques, celles du milieu droites. Elyÿtres avec 3 côtes soulevées, l'ex- téricure se terminant au tubereule, et la suivante se courbant en dedans vers le sommet. —CC. 5. Silphe en bouclier. Si/pha peltata, Catesby. —Long. .8 pee. Noir ; massue des antennes cendrée. Prothorax blanchâtre, portant une grande tache noire au milieu, LElytres noires, terminées de blanchâtre au sommet, chacune avec 3 lignes soulevées; non très apparentes, la plus extérieure s’effagant avant d'arriver au sommet. Les espaces gar- nis de points soulevés faisant paraître toute l’élytre comme tuber- culée.—C. On donne aussi comme appartenant à notre faune l'espèce trituber- culata, Kirby ; cette espèce, très voisine de la Zapponica, s'en distingue cependant en ce qu'elle porte 3 tubercules sur ses élytres au lieu d’un seul, comme les autres espèces. 3. Gen. (Carors. Cutops, Paykull. Choleva, Latreille. Tête penchée, obtuse en avant, engagée dans le prothorax. Labre court légèrement sinué en avant. Mandibules unidentées avant leur sommet, Menton carré, transversal, Antennes de 11 articles, les 5 M. LE CHEVALIER. 359 derniers formant une massue. Prothorax carré, de la largeur des élytres à la base. Elytres oblongues ou ovales, arquées en dessus, Les 4 hanches antérieures saillantes, les premières non contigués.—Corps oblong ou ovale, revêtu d’une très fine pubescence soyeuse. Petits insectes très agiles qu'on trouve sous les écorces, sous les pierres et quelquefois dans les ordures dans l’intérieur des maisons. Notre faune en compte deux espèces. Catops opaque. Catops opucus, Say. — Long. .2 pce. Noir, opaque,’ les 2 articles basilaines des antennes avec le terminal roux. Tout couvert d’une pubescence soyeuse. lytres avec une ligne sub- AR. La 2e espèce que nous ne connaissons pas est le Ch clavicornis, Lee. (A Continuer). suturale, mais non striées, finement ponctuées ; pieds noirâtre. +» Mr. LECHEVALLIER. Comme on peut le voir par l'annonce sur notre couver- ture, Mr. A. Lechevallier, naturaliste de Montréal, se voit forcé de laisser le Canada, pour raison de santé de la part de sa famille, Nous regrettons vivement ce départ, car ce Mr., par ses connaissances en histoire naturelle, son habileté comme taxidermiste, son activité pour les chasses et les observations, ses relations avec les sommités du monde savant de tous les pays, etson honnêteté dans ses transactions commerciales, n'a pas peu contribué, durant les quatre années qu'il a passé au milieu de nous, à faire connaître nos productions natu- relles à l’étranger, en même temps qu'à réveiller chez nos compatriotes le gout pour l'étude de la nature; étude bien trop négligée, comme nous l'avons mainte et mainte fois ob serve. Le choix rare des spécimens que Mr. Lechevallier offre en vente, et la réduction de ses prix en vue surtout de son prochain départ, offrent à nos institutions d’éducation une chance précieuse pour l’augmentation de leurs musées, et nous les invitons chaudement à ne pas laisser passer une occasion si favorable. Nous verrions avec plaisir quelque compatriote, amateur d'histoire naturelle, prendre des arrangements avec Mr- 360 LE NATURALISTE CANADIEN, Lechevallier pour continuer son établissement, qui, sans lui assurer une fortune, lui permettait cependant de gagner honorablement la vie de sa famille. Ce serait une chance rare pour quelque jeune débutant, car en outre de la nom- breuse clientelle de son établissement, Mr. Lechevallier donnerait avec plaisir des leçons de taxidermie à celui qui voudrait continuer son œuvre. Obligé de chercher un climat plus doux, et ne voulant pas abandonner l'étude de la faune Américaine, Mr. Leche- vallier se propose d'aller fixer sa résidence en Floride, dans un endroit qu'il connait déjà pour l'avoir visité. Nos rela- tions amicales avec ce savant modeste nous font espérer qu'il ne nous oubliera pas pour être éloigné et qu’il voudra bien de temps en temps favoriser notre Naturaliste de com- munications sur les productions de cette nature si belle et si riche du pays qu'il va habiter. Voir l'annonce à la 3e page de la couverture. 3 —_—_—— — ++ D + LE NACERDES MELANOURE. — Plusieurs fois déjà nous avions entendu répéter que les appartements de la maison de Douane, à Québec, étaient infestés par un insecte fort incommode, redoutable sur- tout par les piqüres ou morsures qu'il distribuait gratuite- ment à tous ceux qu'il pouvaient rencontrer. Ces piqüres, disaient les informateurs, ne le cèdent en rien pour la dou- leur à celle des guépes et des bourdons, car aussitôt infligées, ce sont de suite des boursouflures des plus douloureuses qui viennent vous émailler la peau. Comme ceux qui nous rapportaient la chose n'étaient rien moins qu'entomologistes, nous ne fûmes pas peu intrigué sur la nature de l'insecte en question, et cherchames par différentes questions à pré- ciser davantage ses caractères, pour parvenir à son identi- fication. * Mais tous les entomologistes connaissent quelles descriptions nous font d'ordinaire les personmes étrangères LE NACERDES MELANOURE. 361 à la science, lorsqwelles veulent vous désigner quelque in- secte qu’elles disent avoir remarqué, et comme souvent les monstres qu'elles nous composent seraient dignes d’atten- tion si réellement ils pouvaient exister. — Mais combien a-t-il d'ailes, cet insecte ? — Quatre. — Ces ailes sont-elles toutes claires et transparentes ? ou du moins les supérieures ne sont-elles pas opaques ? — Ces ailes ne sont pas transparentes. — Sont-elles dures et cornées comme celles des bar- beaux ? : — Un peu fermes mais non très dures. — Cet insecte ne ressemble-t-il pas aux coquerelles (blatles) ? n’a-t-il pas à peu près la même forme ? — Oh ! certainement non, ce n’est pas une coquerelle, il n’a pas cette forme. Il est moins large, plus consistant, et n’a pas les mêmes allures. — Quelle est sa longueur ? — Ils ne sont pas tous de même taille, mais la grandeur commune peut varier entre 5 et 7 lignes. — De quelle couleur est-il ? — ll est dune couleur café à peu près uniforme, à l’ex- ception toutelois d'une petite barre noire qu'il porte sur le derrière. Evidemment, nous dimes-nous, c’est un coléoptère. Mais comment expliquer les blessures qu'il inilige. — Cet insecte, continuâmes-nous, pique-t-il réellement ? a-t-il un aiguillon comme les guépes, les abeilles, ou si plu- tot il ne pique pas de la bouche comme les punaisses et les mouches, ou si encore il ne mord pas plutôt 2 — Nous n'avons pas pris la patience de l’examiner à l’œuvre, mais tout ce que nous savons c’est que sil s'abat sur votre cou vous ne tarderez pas à vous voir surgir une boursouflure fort cuisante. Et comme il paraît surtout se plaire a voltiger le soir, il n’est pas rare qu'il vienne vous trouver au lit, pour nous régaler de ses piquantes caresses. 362 LE NATURALISTE CANADIEN. Nous le demandons a tous les entomologistes qui liront ces lignes si, avec une telle description, il est facile de dé- viner l’insecte qui étant ainsi construit se trouve redoutable par les blessures qu'il inflige. Nous nous hatames donc de nous transporter sur les lieux pour reconnaitre de visu l’en- nemi en question. Arrivé à la Douane, nous frappâmes à la porte de Mr. L'Heureux, le gardien de l'édifice, qui occupe dans le rez-de- chaussée, des appartements dont le plancher est au-dessous du niveau du sol, au plutôt du niveau du quai, si tant est que la Douane de Québec est totalement bâtie dans l’eau et entourée d’un quai qui la lie à la terre ferme. Nous étions à peine installé sur le sofa du salon de Mr. L'Heureux, qu'un insecte vint sabattre sur nos genoux. Nous le sai- sissons aussitôt ; c'était un coléoptère, non très commun d'ordinaire, mais qui nous était bien connu, le Nacerdes me- lanoure ou queue noire, Nacerdes melanura, Schmidt. —Est-ce la l’insecte qui vous incommode, dimes-nous à la dame qui avait déjà commencé a nous faire l'histoire de ses exploits ? —C’est celui-là même. —Mais cet insecte n’a pas d’aiguillon, il ne peut piquer ; il ne peut non plus sucer comme le font les mouches et les punaises, parce que sa bouche n’est pas construite pour cette fin ; il pourrait tout au plus mordre, mais je doute fort qu’il soit capable d'attaquer la peau, ses mandibules ne sont pas assez fortes pour cela, et d’ailleurs pourquoi le ferait-il ? Cet insecte ne se nourrit pas de sang, mais cherche uniquement sa pâture sur les fleurs. Ht voyez, ajoutames- nous, en lui montrant l’insecte sur nos doigts, comme il est parfaitement inoffensif ! —Tout de même, dit la dame, nous ne craignons nulle- ment de le prendre avec nos doigts, ce n’est pas alors qu'il est redoutable, mais c’est quand il vient s’abattre sur notre cou ou nous attaque au lit qu'il nous inflige des blessures fort désagréables. —Je comprends maintenant, repliquimes-nous; cet insecte ne peut mordre ni piquer, mais ses pattes sont LE NACERDES MELANOURE. 363 armées de griffes très aiguës ef assez fortes, et lorsque vous le forcez à lacher prise, ces griffes attaquent suffisamment la peau pour occasionner une démangeaison, et bien qu'il n’y ait aucun venin, des grattements répétés peuvent pro- duire des boursoufflures par la seule lésion des tissus. Les Nacerdes appartiennent à la famille des Gidéme- rides, la dernière de la division des coléoptères hétéromères. Le facies général des insectes de cette famille les fit long- temps confondre avec les Longicornes, mais à la fin La- treille en forma une famille distincte. Le Nacerdes mélanoure, Nacerdes melanura, Schmidt, est d’un rouge brun pâle, avec le bout des élytres noir et 4 lignes soulevées sur chacune. Les yeux noirs et légèrement échancrés. Le prothorax un peu élargi en avant du milieu. Dessous du corps et pieds noirs, un peu soyeux. Longueur un demi pouce environ. Cet insecte, importé d'Europe, est depuis longtemps naturalisé en Amérique. Sa larve vit dans le bois mort, et on en a souvent trouvées dans les pièces de bois immergées par chaque marée montante. La présence de cet insecte dans des appartements aurait lieu de surprendre, puisque d'ordinaire on le rencontre sur les fleurs. Maison s’en rendra facilement compte pour la douane de Québec, si lon veut remarquer que la batisse reposant dans l’eau, les pièces de la charpente, comme lam- bourdes, planchers etc. se trouvent dans une humidité constante, qui convient parfaitement aux larves de ces in. sectés. Nous en avons pris plusieurs aussi sur les quais autour de la douane ; rien de surprenant alors que ces in- sectes puissent aussi pénétrer dans les appartements par les fenêtres entre ouvertes, celles surtout comme celles de M. L'Heureux qui toutes garnies de fleurs en pots peuvent d'avantage les inviter à entrer. Cet insecte est à peu près crépusculaire et se plait davantage à prendre ses ébats vers le soir. N'ayant nt aiguillon ni sucoir, il est aussi parfaite- ment inoffensif, sauf toutefois les légères grafignures qu'il peut produire, comme la plupart des autres coléoptères. il 4 pe ee 364 LE NATURALISTE CANADIEN. LA SCALOPE DE BREWER. Scapanus Breweri, Baird. Dans la liste des Mammifères du Canada que nous avons donnée aux pages 43 et suivantes de notre Vol. I, nous n'avons énuméré que les espèces dont la présence en ce pays nous était assurée par nos propres observations ou par des renseignements incontestables, remettant à ajouter à cette liste, à mesure qne nous ferions de nouvelles dé- couvertes. Déjà, une première fois, nous avons fait une telle addition, pages 345 et 346 du Vol. II. Nous avons encore aujourd’hui a ajouter une nouvelle espéce a celles déja mentionnées. C’est la Scalope de Brewer, Scapanus Breweri, Baird, Scalops Breweri, Bachman, la Taupe à queue poilue, la Hairy tailed Mole des Anglais, qui se range parmi les Carnassiers-Insectivores dans la famille des Talpides ou des Taupes. Le manque doreilles apparentes, des yeux extréme- ment petits, des mains larges et palmées distinguent par- ticulièrement cette famille de sa voisine les Soricides ou Musaraignes. Une téte terminée par un museau allongé, mais non pourvu de lanières à l’extrémité, des narines supérieures et latérales à l'extrémité de ce museau, des yeux cachés, une queue courte, 36 à 44 dents avec les deux de devant assez semblables à celles des Rongeurs, caractérisent parti- culièrement le genre Scalope tel que formé par Cuvier. Mr. Baird a détaché de ce genre les espèces qui au lieu de 36 dents en portent 44, sous le nom de Scapanus, et voici la formule dentaire de ce sous-genre : meisives =, canines +, prémolaires, ++, molaires #% = #3 = 44; c’est-à-dire 3 incisives de chaque côté aux deux mâchoires, 1 canine, 4 prémolaires et 3 molaires. Les 2 incisives du milieu (1 de chaque côté) à la mâchoire supérieure sont grandes et très larges, les 2 suivantes sont coniques et à peu près égales, la 3e, qu'on regarde comme la canine, ne se distingue de ses voisines que par ses plus fortes dimen- PORTE LA SCALOPE DE BREWER. 365 sions, étant aussi à peu près de même forme, les 4 qui suivent et qu’on appelle prémolaires sont aussi coniques et assez semblables aux 2e et 3e incisives, et quoique d’égale longueur elles vont en augmentant en grosseur depuis la 1ère jusqu’à la 3e, la 4e est beaucoup plus forte et présen- terait une section triangulaire. La dernière des prémolaires porte un petit lobe aigu à son bord antérieur externe. Les molaires sont toutes en contact et hérissées de pointes fort aigués. Les narines sont situées vers le bout du museau, au dessus ou un peu sur les côtés. Cette disposition des dents caractérise bien distincte- ment ce sous-yenre du genre principal Scalops. Le 12 du courant, à quelques pas seulement de notre demeure, nous trouvions sur le chemin un joli petit mam- mifère qu'une roue de voiture venait d’écraser. [xa- miné attentivement, nous reconnumes que c'était la Sca- lope de Brewer, Scapanus Breweri, Baird. En voici la des- cription exacte. Longueur 53 pouces du bout du museau à l’origine de la queue ; queue 1? pouce y compris le faisceau de poils qui la termine. Couleur gris de plomb uniforme. Les poils qui couvrent la queue sont assez clairs pour laisser voir la peau et sont terminés d’un blanc argenté. Museau long et grêle, quelque peu déprimé et nu en dessus, tronqué à l'extrémité. Narines latérales, s’ouvrant à l'extrémité du museau, leur ouverture allongée. Mains un peu plus larges que longues à l’exclusion des griffes, couvertes en dessus d’une courte pubescence blanchâtre. Pieds posté- rieurs petits, à doigts fendus jusqu’à l'avant dernière articu- lation. Veux très petits et recouverts par la peau ; point d'oreilles apparentes. Les Scalopes, comme les Condylures etles Musaraignes, passent la plus grande partie de leur vie sous terre, à la poursuite des lombrics, insectes, etc. dans les longues gale- ries qu'elles sont si habiles à se creuser. Les terres meubles et fraiches, particulièrement dans le voisinage des ruisseaux et fossés, sont celles qu’elles choisissent davantage pour y établir leur demeure. Elles causent souvent de sérieux 366 LE NATURALISTE CANADIEN. désagréments aux jardiniers, lorsqu'elles viennent s'établir dans leurs parterres; et leur capture est assez difficile. Destinées a vivre sous terre, elles n’ont point d’yeux, ou plutôt elles sont comme n’en ayant pas, puisqu'ils sont recouverts par la peau, La transparence de cette peau ne peut guère leur permettre la distinction des objets lors- qu’elles viennent sur terre ; elles ne peuvent, il est probable, que distinguer la clarté du jour de l'obscurité de leurs souterrains. Forcées à se construire des routes sous terre, elles sont abondamment pourvues des outils propres à ce genre d'ouvrage. Leur museau n’est rien autre chose qu’une tarrière ou pointe destinée à pénétrer la première dans le sol; par son mouvement, l'ouverture est bientôt assez grande pour y permettre l’introduction de la main. Celles-ci, con- formées en véritable pelle et dans une position oblique de manière à présenter la paume en dehors, de plus, très rap- prochées du corps par la brièveté du bras, ont bientôt fait passer en arrière du corps la terre qu'elles sont parvenu à dégager. Se rencontre-t-il quelque petite racine pour mettre obstacle à ce travail de creusement, les incisives sont la comme ciseaux pour la couper ou comme tenailles pour l’extirper. La bouche qui ne s'ouvre pas à moins de 5 lignes de l'extrémité du museau, se trouve, pendant tout ce travail, parfaitement à l'abri sous le couvert de la mâchoire supérieure, qui la débordant de toutes parts, lui sert de voute. Une fourrure fine et tellement serrée que l’eau ne peut qu'avec peine la pénétrer met le corps à l'abri de l'humidité que les pluies et les sources peuvent faire passer dans les galeries. I] faut ici reconnaître que la Providence qui a bien fait toutes choses a richement doté les Scalopes pour le genre de vie qu'elle leur a destiné. Cette Description devrait prendre place à la page 273 du vol I du NATURALISTE. an 8 OES GES prenne — Cocrecrioxs.—M, le Juge Roy et M. Glackmeyer n'ont pas manqué de faire des cOllections, comme nous l'avons énoncé par erreur ‘ans notre dernier No. La lère a été détruite dans un incendie et la 2nde fait actuelle- ment partie du musée de l'Université-Laval, HOV 22 1873 ia oh el Cai A A t (fxm (| Dataraliste Canadien Wolves CapRouge, SEPTEMBRE, 1878. No. 9 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, EDUCATION—SUGGESTIONS. Nos précédents articles au sujet de l'éducation n’on pas été du gott de tous le monde; il en devait être ainsi. Quelque défectueux que soit un systéme, il s’en trouv® toujours qui n’en voient point les vices, ni même les fai- blesses; et comme tout changement à un ordre de choses établi exige nécessairement une nouvelle somme d’énergie, on doit Le à trouver toujours plus d’une oreille sourde à toute proposition de remaniement quelconque. Quoiqu'il en soit, n’aurions nous eu que notre amour du bien public pour justification, que nous nons applau- dirions encore d’avoir fait connaître nos vues, et lorsque nous les voyons goutées par l’immense majorité de nos amis, sans compter les quelques approbations que nous avons reçues d'inconnus, nous ne pouvons que nous affermir d'avantage dans la pensée que si les changements que nous avons sugoérés étaient mis à exécution, ils ne contribueraient pas peu à donner un nouvel essor à l'éducation en ce pays, surtout quant à ce qui concerne les adultes, qu'on semble totalement oublier aujourd’hui en dehors des colléges. Encore deux suggestions nouvelles et nous avons fini. Notre littérature, nous le voyons avec plaisir, continue à s'aflirmer de plus en plus, et cesse de n'être qu’un reflet des productions étrangères. Notre jeune pays compte au- 368 LE NATURALISTE CANADIEN. jourd’hui ses auteurs et montre des œuvres originales. A part nos journalistes, parmi lesquels nous comptons des capacités réelles, nous avons nos poétes, nos romanciers, nos nouvellistes, nos archéologues, nos historiens, en un mot des écrivains dans presque tous les genres, et chaque jour en voit surgir de nouveaux. Pourquoi ne nous efforcerions. nous pas de favoriser cet élan, d'activer ce progrès ? Qui empécherait, par exemple, de fonder ici une Aca- démie Canadienne, qui, à l’instar de l’Académie Française, n’admettrait dans son sein que l'élite de nos écrivains, que les auteurs d'ouvrages qui par la pureté du style, l’éléva- tion des pensées, l'élégance de la forme, dénoteraient un vrai mérite et pourraient étre considérés comme soutenant ou continuant le progrés? L’admission ne serait décidée que par ballotage et après discussion des mérites réels du candidat. L’éloge ou la critique par le récipiendaire des ouvrages du membre parti, de mème que certaines séances publiques qu’on pourrait donner de temps à autres, ne con- tribueraient pas peu à relever l'estime des lettres dans le peuple, à épurer notre littérature, et à stimuler le zèle de nos jeunes écrivains, en leur offrant une nouvelle carrière pour y faire briller leurs talents. Si au lieu des 40 siéges de la capitale de la France, on n’en prenait que 20 pour notre Province, nous pourrions trouver dès aujourd’hui des titulaires pouvant dignement les occuper. Certainement que parmi les noms d’auteurs qui suivent, et nous en omettons peut-être de plus capables encore, on peut faire un choix de 20 personnes, qui représenteraient fort digne- ment notre littérature: MM. Chauveau, Casgrain, Mar- mette, Larue, Lemay, l'abbé Bégin, Bédard, Sulte, Lajoie, Lemoine, Routhier, Fréchette, Taché, DeBoucherville, Bourassa, l'abbé Raymond, l'abbé Daniel, l'abbé Verreau, l'abbé Moyen, Meilleur, Loranger, Baillairgé, Turcotte, Tassé, etc. ete.—Ht d’une ! Tant qu'à l’agriculture, que n’établit-on de suite un bon journal spécialement dévoué à cette cause ? journal qui se recommanderait non pas tant par l'abondance des repro- ductions d'outre-mer, que par l'élaboration des matières LE BŒUF MUSQUÉ. 369 traitées au point de vue du climat et des besoïns actuels du pays, en vue surtout de les mettre à la portée de toutes les intelligences. Et pourquoi ne pas commencer, sans plus tarder, la for- mation d’un musée agricole, où les machines perfectionnées les instruments améliorés, les produits bruts et manufac- turés, les insectes nuisibles, les oiseaux qui méritent pro- tection etc., etc. seraient perpétuellement exposés aux Tegards du cultivateur, pour son instruction et sa gouvern, dans ses améliorations, pour corroborer les préceptes qui seraient donnés dans le journal.—Et de deux! A ceux à qui il incombe de donner le mouvement d'agir. D'ailleurs, la science marche à pas de géants tout au- tour de nous; pourquoi nous bornerions-nous à n'être que les observateurs de ce mouvement ? Les aptitudes four- millent parmi nous; pourquoi leur refuserait-on lessor qu’elles demandent ? Le progrès intellectuel requiert le con- cours de tous, faisons-nous donc un devoir de lui fournir le contingent que nous sommes en mesure de lui offrir. re D EC Q OI Nrraemmr LE BŒUF MUSQUE. Bos Moschatus, Blainville. Par D. N. Sr. Cyr, de Ste. Anne de la Pérade. Voilà bien l'espèce la plus remarquable du genre Bœuf, Si nous la comparons attentivement avec notre animal domestique, nous reconnaissons de suite que le méme genre doit les réunir: même nombre et même disposition des dents, même conformation des parties essentielles ; la diffé- rence ne parait consister que dans certaines formes exté- rieures, insuffisantes pour faire douter de leur parenté, et cependant le Bœuf musqué habite des régions que notre bœuf domestique pourrait à peine visiter sans risquer d’y périr ; c’est à peine si l’homme civilisé peut lui même y atteindre, tant les froids y sont intenses et la vie diflicile. 370 LE NATURALISTB CANADIEN, Le parcours géographique du Bœuf musqué ne s’étend pas en deca de la région arctique de l'Amérique anglaise, située bien au Nord du Canada. Peut-on ne pas admirer la sagesse du Créateur en voyant des animaux à caractères si rapprochés capables cependant de vivre dans des condi- tions d'existence si opposées ! Peut-on aussi être surpris, en comparant le Bœuf musqué avec le bœuf ordinaire, que des Eléphants, dont les espèces sont maintenant éteintes aient pu vivre et prospérer sous des climats Sibériens dont, les espèces aujourd'hui existantes ne pourraient pas même supporter la rigueur d'une seule saison. La formule dentaie du Bœuf musqué est comme celle du bœuf ordinaire :ineisives ¢ ; canines °° ; molaires 5 £=32. 0 0? Les cornes naissent au sommet de la tête et se touchent à la base ; elles sont ployées le long des côtés du cou, puis recourbées vers le ciel. Cet animal à le corps bas et d’une structure compacte. La couleur générale de son pelage est le brun ; son poil est long, ondé et un peu frisé sur le cou et entre les épaules où il est grisâtre ; sur le dos et les hanches, il est long mais couché ; sur les épaules, les flancs et les cuisses, il est assez long pour pendre jusqu'à la moi- tié des jambes et même jusque sur les sabots. Le Bœuf musqué a au milieu du dos un disque d’un blanc brunâtre sale, auquel le Capitaine Parry a donné le hom de selle. La queue courte est cachée par le long poil des hanches. Ce poil extérieur cache à sa racine une espèce de laine ou de duvet laineux qui ne contribue pas peu à protéger l'a. mal contre les rigueurs du froid. Le poil des jambes est court, d’un blanc brunâtre léger et sans duvet. Les sabots sont plus longs que ceux du Renne, auxquels ils res- semblent tellement pour le reste qu'il n'y a que l'œil ex- ercé d’un chasseur expérimenté pour distinguer l'empreinte de ses pieds de celle de ceux du Renne. Chez la vache, qui est plus petite que le bœuf, les cornes sont aussi plus petites, et au lieu de se toucher à la base, elles sont séparées par un espace couvert de poil. Sur la surface de la gorge et de la poitrine le poil est plus court que sur lereste du corps. LE BŒUF MUSQUE 371 Le Bœuf musqué habite surtout les contrées rocheuses dépourvues de bois, excepté les bords des grandes rivières qui sont plus où moins couverts d’épinettes. Sa nourri- ture est la même que celle du Renne du Nord ; tantôt d'herbe, tantôt de lichens. Cet animal est très bon coureur, bien qu'il ait les jambes courtes, et malgré la conformation de ses sabots, il grimpe sur les rochers à pic et les collines escarpées avec une agilité surprenante. Les Bœufs musqués vont par troupes de vingt à trente, s’'accouplent vers la fin d’Acut ou au commencement de Septembre. La femelle donne naissance à son veau vers la fin de Mai ou en Juin. On dit qu'il y a dans chaque troupeau moins de mâles que de femelles, ce qu'on attribue aux combats furieux que se livrent ces animaux, combats où 1l arrive souvent que l’un des deux rivaux trouve la mort. Lorsque les chasseurs tirent sur un troupeau de ces ruminants, ils ont soin de se tenir cachés ; les animaux ne sa- chant alors d’où vient ce bruit et croyant entendre le roule- ment du tonnerre, se pressent les uns contre les autres, tan- disque leurs compagnons tombent mortellement blessés autour deux. Mais viennent-ils à découvrir leur ennemi, soit par leur vue extrêmement perçante ou par leur odorat qu'ils out aussi très-développé, ils cherchent immédiate- ment leur salut dans la fuite. Les taureaux sont cepen. dant très irascibles, surtout lorsqu'ils sont blessés. Ils se précipiteront alors sur le chasseur qui ne pourra leur échap- per que par sa présence d'esprit et son adresse. Les Esquimaux qui sont bien accoutumés aux pour- suites du Bœuf musqué, ont su tirer parti de son caractère irritable. Un chasseur expérimenté commence par provo- quer l’animal à l’attaquer, et du moment que l’animal se précipite furieux sur lui, le chasseur tourne autour du bœuf, plus vite que celui-ci ne le peut faire, et le frappe dans le flanc jusqu’à ce que l'animal, épuisé par ses bles- sures, tombe sans vie. Jérémie est le premier qui fit connaître ce ruminant, Ayant porté en France une certaine quantité de la laine de cet animal, ilen fit faire des bas qui égalaient, dit-on, la soie “ 372 LE NATURALISTE CANADIEN. en finesse. Sir John Richardson dit que cette laine ressemble à celle du Bison, mais qu’elle est peut-être un peu plus fine. Il ajoute que sion pouvait se la procurer en plus grande quantité, on pourraits’en servir avec avantage dans la fabri- cation des étoffes. I] paraît aussi que quand l’animal est gras, sa chair a bon goût, quelle ressemble à celle du Renne quoique plus grossière. Mais quand ces animaux sont tués maigres, elle répand alors une forte odeur de muse, elle est noire et coriace, et d’une qualité bien inférieure à celle de tous les autres ruminants de l'Amérique du Nord, La carcasse du Bœuf musqué, sans les entrailles, pèse en- viron trois cent cinquante livres, ou trois fois autant que celle du Renne du Nord et deux fois autant environ que celle du Renne Caribou. Ces animaux habitent les terrains montagneux et sté- riles situés au nord du soixante-unième degré de latitude jusqu'à la mer Glaciale, et vers le nord-ouest jusqu'aux iles Parry. Ils voyagent de place en place à la recherche de leur pâture, mais ils ne pénètrent jamais avant dans les bois. Ils se procurent leur nourriture en hiver sur les côtés es- carpés des collines que les vents ont mis à découvert, sur lesquels ils grimpent avec une agilité que leur aspect lourd et massif est loin de faire soupçonner. Ils diffèrent du bœuf domestique par la brièveté et la force des os de leur cou, aussi bien que par la longueur de l’'éminence dorsale qui supporte leur lourde tête, La base renflée des cornes leur recouvre le front dans les deux sexes, mais elle est beaucoup plus développée dans les vieux males, Une particularité qui distingue encore le Bœuf musqué des autres individus de la race bovine, c'est qu'il n’a presque pas de queue, les six vertèbres caudales qui la constituent étant aplaties et presque aussi courtes, relativement au bassin, que dans l'espèce humaine. De fait, cet appendice est inutile à un animal qui ne fréquente que des contrées froides où les maringouins, les moustiques et autres fléaux de ce genre sont comparativement rares, tandisque sa robe de poil long, touffu et laineux, le protége suffisamment contre les attaques de ces insectes. Leurs pieds de devant sont munis en dehors d'un os accessoire, mince, d'environ + LE BŒUF MUSQUE 373 la moitié de leur longueur. On peut dire qu'en général les habitudes du Bœuf musqué sont les mêmes que celles du Renne du Nord. C’est surtout sur l'ile Melville, la terre de Bank et une autre grande île située au sud-est de la der- nière qu'on les rencontre. Les Bœufs musqués sont très-farouches en Avril, on les rencontre alors en troupeaux depuis dix jusqu'a cent. Lorsque la chaleur se fait sentir en Juin, ils deviennent comme stupides, et paraissent être incommodés par leur pesante robe de laine qui leur pend des épaules et de la croupe ; les troupeaux sont alors moins nombreux, et com- posés principalement de vaches et de veaux. Ces animaux sont alors si peu farouches qu'on peut sen approcher à quelques verges pour les tirer. Le Bœuf musqué présente une apparence bien diffé- rente de celle du bétail ordinaire. Ses membres courts, ses cornes très grandes, se touchant sur le front à leur base, et dirigées en bas sur les côtés, puis recourbées versle ciel ala pointe, son front bombé, ses yeux proéminents et qu'on dirait prêts à jaillir de leurs orbites, surtout quand J’animal est en fureur; son museau garni de poil jusqu’au bout, son épaisse robe de poil touffu qui lui couvre tout le corps et qui pend presque jusqu'à terre; sa queue courte, ployée en dedans et recouverte par le long poil de la croupe et du train de derrière, tout concourt à donner à ce ruminant l'aspect le plus étrange. Le poil qu'il a sous la gorge et sur la poitrine est surtout très long et très serré, ayant quelque peu lair d’une crinière renversée. Plus on étudie la structure et l'extérieur de cet animal, plus on reste con- vaincu qu'il est admirablement pourvu pour habiter les régions glacées, en compagnie de lOurs blanc, du Renne du nord etc. Son corps porté sur des jambes courtes, se trouve moins exposé aux tempêtes de neige et au froid que sil était plus élevé; tandisque la masse épaisse du long poil dont il est couvert, qui en hiver devient une couver- ture dense de duvet laineux, le protége efficacement contre les vents pergants et le froid intense des contrées inhospi- talières où il a établi sa demeure. 374 LE NATURALISTE CANADIEN. Ainsi protégé contre l'intensité du froid des hivers arctiques, et exigeant peu de nourriture pour se maintenir en bon état, 1l vit heureux dans le pays le plus stérile et le plus désolé de la terre. Au delà du cercle polaire arctique, dans des lieux très rapprochés du Pole et presque inacces- sibles à l’homme, se rencontre de grands troupeaux de ces animaux qui paraissent s’y plaire autant que nos troupeaux dans les prairies de nos climats tempérés. à la chaleur vivi- fiante d’un beau jour de printemps. Ils se tiennent assez souvent dans le voisinage des bois; mais quand ils paissent dans les plaines non boisées, ils préfèrent les endroits les plus escarpés. On les voit alors grimper parmi les rochers avec autant dagilité et de précision que la chèvre des montagnes. De l'herbe, quand ils en trouvent, des lichens, de jeunes branch’s de saule, des rejetons de pin, voilà ce eu quoi consiste leur pature. Pendant l'été, le Bœuf musqué visite les îles Geor- giennes du Nord. Ils arrivent dans l'ile Melville vers le milieu de Mai, traversant sur la glace dans leurs migra- tions du sud au nord, et retournent au sud vers la fin de sep- tembre. Le Bœuf musqué parait habiter aussi la contrée située à l’ouest du détroit de Davis et au nord de la baie de Baffin. Il est probable que ceux de ces animaux qui sa- vancent en été jusqu'au nord-est de cette dernière baie, retournent hiverner sur le continent Américain ou dans le voisinage, car on n’a jamais vu de Bœufs musqués dans le Groénland méridional, bien qu'on ait souvent trouvé de ses os qui y ont sans doute été transportés par les glaces. Le capitaine Franklin dans son voyage à la mer Polaire s'exprime ainsi en parlant de cet animal. Les Bœufs musqués, comme les buflles, vont par bandes et se tiennent ordinairement dans les plaines non couvertes de forêts, durant les mois d'été, parcourant les bords des rivières, mais en hiver se retirant dans les bois. lls paraissent moins vigilants que les autres animaux sau- vages, et quand ils paissent, le chasseur peut s’en approcher aisément, pourvu qu'il se tienne sous le vent. S'il arrive que deux ou trois hommes s'avancent assez près d'eux LE BŒUF MUSQUE 375. pour les tirer de différents points, ces animaux, au lieu de se séparer et de s’enfuir, se collent les uns contre les autres, en sorte qu'il est facile de les tuer tous. Cependant si les blessures qu'ils reçoivent ne sont pas mortelles, ils de- viennent furieux et s’élancent sur les chasseuxs qui ont alors besoin de beaucoup de dextérité et de présence d'esprit pour leur échapper. Les longues et fortes cornes dont ils sont armés, leur permettent aussi de se défendre des loups et des ours qu’ils blessent à mort fréquemment. Durant la seconde expédition du eapitaine Parry, il en fut tué qui pesaient sept cents livres, produisant quatre cents livres de viande,. leur hauteur était de trois pieds et demi au garrot. Les Bœufs musqués sont doués d’un caractère très- variable. Tantôt ils tiendront leurs yeux proéminents stu- pidement fixés sur ieurs assaillants, aiguisant leurs énormes cornes contre leurs jambes antérieures ; tantôt ils se préci- piteront furieux sur le chasseur qui aura besoin de toute son agilité et de beaucoup de sang froid pour leur échapper. Ces animaux ont l'instinct de se protéger mutuellement quand ils prévoient quelque danger. Le Capitaine Mecham, pendant le séjour qu'il fit dans la terre de Bank durant l’hiver de 1853-54, s'avanga par terre vers la baie de Hardy, dans l’Ile de Melville. Cette terre s'élève jusqu'à la hau- teur de huit cents pieds au dessus du niveau de la mer et les sommets de presque toutes les collines sont remar- quablement plats. Les Bœufs musqués sy rencontrent en tres grand nombre. Dans les plaines, le Capitaine Mecham en compta jusqu'à soixante-dix dans la courte distance de deux milles. À son approche, ces animaux se divisèrent par bandes de douze à quinze têtes, conduites chacune par deux ou trois énormes taureaux. Ils manceuvrérent avec tant de vivacité et de précision qu'on pouvait les comparer à des escadrons de cavalerie. Une de ces bandes s’avanca plusieurs fois en galopant jusqu’à la portée de sa carabine et se forma en ligne régulière de bataille, les taureaux se plaçant au front de la ligne, et présentant une formidable rangée de cornes. La dernière fois, ils avancèrent ainsi au galop jusqu'à moins de soixante verges du Capitaine 376 LE NATURALISTE CANADIEN. où ils se formérent encore en ligne, les taureaux fai- sant entendre de sourds mugissements et déchirant la neige durcie avec leurs cornes recourbées. Aussitôt que le Capi- taine eût tiré, blessant un des animaux, ils firent volte face, rejoignirent en toute hâte le gros du troupeau, et tous en- semble, ils se dérobèrent à sa vue, mais non sans s’être ar- rétés plusieurs fois pour attendre leur compagnon blessé. Dans le voyage que le capitaine McClintock fit en trai- neau le long de la côte septentrionale des îles de Melville et du Prince Patrick, il eut la bonne fortune de tuer deux de ces terribles ruminants qui étaient en assez bon état pour la saison. L’un de ces animaux avait été frappé dans le poumon, le sang lui sortait en abondance par les narines et rougissait la neige. L'aspect féroce de cet animal, avec ses yeux petits, mais étincelants de rage, prêt, mais néan- moins incapable de se précipiter sur son assaillant, son corps affreusement agité par les convulsions de l’agonie et dont le tremblement se communiquait à son épaisse cou- verture de poil et de laine entremélés, inspirait la terreur. On aurait dit même que sa crinière grossière et épaisse se dressait indignée en se balançant lentement d’un côté et de l'autre. Il semblait que toute la fureur de sa passion était concentrée dans son être pour assouvir une dernière ven- geance sans merci. L'animal terrible était muet, pas le moindre mugissement ne se faisait entendre. Mais les éclairs que lançaient ses yeux, son attitude menaçante, en disaient plus que les plus hideux beuglements. Cependant la mort faisait son œuvre ; le sang coulait toujours à flots, épuisant ses forces; enfin l'animal tourna sur lui-même et tomba inanimé. Jamais, dit le Capitaine McClintock, je n’ai été témoin d’une pareille intensité de rage, et de ma vie je n'aurais pu m'imaginer qu'un être en apparence si stupide, eût pu, par la violence de la douleur ou de la rage, présenter un spectacle aussi effrayant, Il est presqu'im- possible de concevoir une scène aussi capable de glacer d'épouvante que celle dont je fus témoin à la mort de ce farouche habitant des solitudes du Nord. Cet animal peut lutter avec avantage contre les loups, et même les ours, grace à ses énormes cornes et à sa force GEOLOGIE, 377 e f musculaire. On prétend qu'il peut tuer un loup d’un seul coup de ses cornes. Les loups, dit-on, n’attaquent que les individus blessés ou malades de cette espèce. Le parcours géographique de ce ruminant s'étend, comme nous l'avons dit plus haut, depuis le soixante- unième degré de latitude nord jusqu'au 75°me de Vile Melville, bien qu'il ne se rencontre ni au Labrador, ni au Groénland. Il n'existe pas non plus dans le Spitzberg ni dans la Laponie. A l’ouest des montagnes Rocheuses, il y a une vaste contrée déserte qu’on dit étre habitée par le Bœuf musqué et le Renne du Nord. Le nom de Bœuf musqué lui a été donné par Jérémie, Pennant et autres le nommèrent en Anglais Musk Ox ; Gmelin, Sabine et Richardson l'ont décrit sous le nom scien- tifique de Bos Moschatus ; les Indiens Cris l’appellent Match Moustous, vilain Bison ; les Chippeweyans et la Nation du Cuivre, Adgiddahyawseh, petit Bison; et les Esquimaux Oumingmak. GEOLOGIE. (Continuée de la page 191). x La vie sur la terre. Le plus ancien animal connu, l’Eozoon, dans le plus ancien terrain sédimentaire, le Laurentien. Diagramme de l’histoire de la terre Non encore de fossiles trouvés dans le terrain Huronien. Les Lingules dans le Cambrien. Trilobites. Animaux et plantes du Cambrien. Coup d’œil sur le monde à cette époque. Le récit génésiaque ne fait intervenir la vie animale sur notre globe qu'au cinquième jour ou cinquième époque. “ Dieu dit encore: Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans l’eau, et des oiseaux qui volent sur la terre sous le firmament du ciel. Dieu créa done de grands poissons et tous les animaux qui ont vie et mouve- 378 - LE NATURALISTE CANADIEN. ments dans les eaux, que les eaux produisirent par son ordre, chacun selon son espèce. Et il vit que cela était bon. til les bénit en disant : croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer; et que les oiseaux se mul- tiplient aussi sur la terre. Et du soir et du matin se fit le cinquieme jour.” C’est done dans les eaux que parurent les premiers êtres animés. Et les données de la science sont ici en parfait accord avec le récit de Moise. Dieu aurait bien pu sans doute créer le monde d’un seul coup, mais ayant jugé à propos de créer «d’abord les atômes qui devaient former le monde, il les soumit de suite aux lois qui devaient les régir; et ce sont ces lois qui, dans leurs évolutions, ont amené par degrés la terre à un état de consolidation suflisant pour y recevoir des êtres organisés. Rien n'empêche de croire aussi que, comme tout ce qui est soumis à l'empire du temps est périssable, ce sont ces mêmes lois qui en poursuivant leur action, amèneront la dissolu- tion de notre globe, comme elles en ont opéré la consoli- dation. La terre, comme nous l'avons exposé, étant donc passée de l’état gazeux ou moléculaire à l’état liquide, puis de l’état liquide à l’état solide, c’est-à-dire qu'une croute solide s'étant interposée entre les matières en fusion de l’intérieur et les matières aériformes à l’extérieur, continua, toujours sous l’action des lois qui la régissaient, à s’affermir, à se con- solider davantage, jusqu'à ce quelle fut devenue capable, tant par son état de refroidissement que par l’épuration de son atmosphère, de recevoir des êtres organisés. Déjà, dès la troisième époque ou troisième jour, à l’ordre du Créateur, la vie végétale avait surgi du sol et couvrait de la verdure de ses plantes les rivages, les eaux peu profondes et les terres élevées qui pouvaient leur offrir une nourriture suf- fisante, lorsqu’au cinquième jour Dieu peupla les eaux de leurs habitants et les airs de leurs oiseaux. Aussi tout était déjà prêt pour les recevoir. Les algues et autres plantes qui croissent dans les eaux offraient aux reptiles et aux amphibies la nourriture qui leur convient, tandis que les GÉOLOGIE. 379 graines des diverses plantes terrestres assuraient la vie des habitants de lair. A notre pays revient l'honneur d’avoir pu signaler le premier être vivant connu jusqu’à ce jour pour avoir habité le monde, l'£ozoon Canadense, Dawson. Sir William Logan avait le premier fait connaître le terrain Laurentien, roche métamorphique qui repose immédiatement sur le granite et où se trouve l’Eozoon, et Mr. T. W. Dawson, principal de l'Université McGill de Montréal, est celui qui le nomma et le décrivit en 1865, sur des échantillous recueillis au Grand-Calumet et a Grenville. C’est dans la seigneurie. de la/Petite-Nation, sur le 3e lot du rang St. Pierre qu’on a trouvé depuis les échantillons les plus parfaits de ce fossile. L’EKozoon du Canada quoique incontestablement un animal, n'offre cependant aucune trace des membres ni des formes que nous reconnaissons d'ordinaire aux ani- maux. Nous savons que si nous partons des êtres les plus parfaitement organisés pour descendre l’échellé de la série animale, nous trouvons au bas. de cette échelle, des formes tellement anormales, tellement faibles, tellement peu dis- tinctes, que nous hésitons souvent à décider si elles ne se rangeraient pas plutôt dans le règne végétal que dans le rèone animal, tant la vie qui est bien manifeste pourtant semble tenir de l’un et de lPautre. Quelquelois, comme chez les méduses, ce sont des masses ¢ forme bien distincte; et d’autres fois, comme chez les Foraminifères, ce sont des masses pierreuses, fixées au roc, et affectant souvent dictinctement les formes extérieures d'un végétal. Or c’est à ces, derniers qu'appartient |’ Ko- zoon. | rélatineuses sans Les Foraminifères sont des animaux marins jouissant de la faculté de sécréter à Vextérieur de leurs corps une écaille calcaire souvent divisée en cellules nombreuses, communiquant ensemble et communiquant aussi avec le liquide environnant, au moyen d’une multitude de petits trous ou pores par lesquels s’échappent des filaments du corps gélatineux de l'intérieur, lesquels filaments agissant comme bras ou membres pour amener à l'animal les parti- 380 LE NATURALISTE CANADIEN. cules végétales qui flottent dans l’eau et qui constituent leur nourriture. Les Foraminifères de nos jours sont tous de très petite taille, et souvent microscopiques ; mais parmi les fossiles, on en trouve de bien plus fortes dimensions. L’Hozoon du Canada mesure de 4 à 5 pouces de hauteur; il paraît avoir été un animal sessile, c’est-à-dire fixé au fond de la mer, comme il en existe encore beaucoup de nos jours, couvrant son corps gélatineux de couches successives de calcaire ou carbonete de chaux, attachées les unes aux autres par de nombreuses partitions et percées de milliers de trous pour l'émission des filaments gélatineux. De là leur nom du latin foramen, trou et fero, je porte. Cette croissance conti- nue de matière animale gélatineuse et de carbonate 1e chaux se poursuivant d'âge en âge, forma en certains endroits des bancs de calcaire où les plus petits caractères de l’animal sont conservés, tandis qu'ailleurs les organismes ont été tellement brisés et divisés que la roche ne forme plus qu'une masse compacte de leurs débris. L’Eozoon est-il réellement le premier être vivant sorti des mains du Créateur pour habiter ce monde? Nul ne saurait l’affirmer avec certitude. Tout porte à croire au contraire que plusieurs autres animaux, appartenant aussi aux formes les plus élémentaires, les moins parfaites, ont dû être contemporains de celui-ci. Le calcaire des forma- tions postérieures à la Laurentienne fourmille de mollus- ques et autres animaux ; il est bien probable que le calcaire Laurentien devait de même en renfermer un certain nom- bre, et si nous n’en pouvons plus distinguer les restes, la cause en est évidemment due au métamorphisme de ces roches, les organismes délicats, pour la plupart, de ces créatures primitives, n'ayant pu résister à la chaleur in- tense à laquelle ils furent exposés; et nul doute que l'Eozoon doit uniquement sa préservation à la chemise pier- reuse qui le recouvrait. On a tout lieu de croire que de nouvelles recherches amèneront la découverte de contem- porains de notre précieux fossile, En attendant, nous n'avons pas moins le droit de nous énorgueillir d’avoir fait faire à la science ces deux pas si remarquables, le premier GÉOLOGIE. 381 dans la découverte du plus ancien terrain stratifié, le Lau- rentien, et le second dans celle du premier être vivant connu, |’ Kozoon. Ces deux révélations jetérent un tel émoi parmi le monde savant, que le célébre Sir Chs. Lyell, ne craignit pas @avancer, a l’égard du dernier, dans la réunion de l'Association Britannique pour l Avancement de la Science, tenue à Bath en 1864, que c'était sans contredit la plus grande découverte géologique de son temps. Qu'il nous soit permis de faire remarquer ici que jus- qu'à ce jour notre gouvernement n’a pour ainsi dire favorisé convenablement l'étude que d’une seule branche des sciences, la géologie, et déjà nous prenons rang parmi les coryphées de la science ; nul doute que si les autres bran- ches, comme l’astronomie, l’histoire naturelle etc., eussent reçu une pareille attention, nous ne pourrions de même y compter aussi des victoires. Pour une plus parfaite intelligence des explications qui vont suivre, nous donnons dans le tableau qui suit un diagramme de l’histoire de la terre, permettant de voir du même coup d'œil les diverses formations de chaque âge et notant la première apparition des différentes classes d’ani- maux et de plantes. Entre l’Eozoon qui se trouve dans les couches infé- rieures du terrain Laurentien, qui n’a pas moins de 36,000 pieds d'épaisseur, et les autres formations qui nous montrent des fossiles, s'étend une vaste lacune dans notre connais- sance de la succession de la vie sur le globle. Les couches supérieures du Laurentien, dont la formation a du requérir de longs espaces de temps, ne laissent aucune trace d'êtres vivants, ni même d'indices qu'il a dû en exister alors? La succession de la vie aurait-elle été interrompue pendant ces âges ? La chose n’est pas probable. Mais si l’on veut faire attention que les mers Laurentiennes qui permirent à l’Eozoon de fleurir sur leurs fonds, en émergeant de l’eau ne soulevèrent pas tout d’un coup leur immense étendue, mais se rompirent en certains endroits pour se relever en ces crêtes ou bords qui dessinèrent dès lors les contours de nos continents, 1l y a tout lieu de croire que la vie animale 382 LE NATURALISTE CANADIEN. DIAGRAMME DE L’HISTOIRE DE LA TERRE. | Ages|Plantes Formations des Roches. | Animaux. n a y © |r» Os et ou- £ RÉOENT. 5 enr vrages de ei Pe} ’ 2 Post-PLIOCENE = ‘ Vhomme | e [er ARE AA SO 8 le PLIOCENE. "&|Quadrupèdes gigan- 3 a | tesque maintenant © g | éteints. > = MIOCENE, A A 2 £ Ex 8 E bo EocEnk. | £ oo ST Coquilles de petits anit malcules composan 0000000 O&O à © cRArr. & 6 OO | Mammifères non placjentaires la craie. CRETACÉ. ss Développement extra S 5 ordinaire de reptile; let marins, £ 43 = 2 S a Les plus anciens mam. © | D # miféres. = = JURASSIC. = 3 Ls Ey 2 © Triassic. NOUVEAU GRES ROUGE. = Premiers vestiges d’oiseaux. SS EeE GROS etereuss à COMENT Teens ee J 5 CRT UN a Y 7 E | PERMIEN. f YY V7 =| Premières découvertes de ÿ LULL | &| Reptiles dans le charbo æ © DOHAR ON. | SA | de Strasbourg en 1847. a - . >. | Bu &| CARBONIFERE. EE 557: © 2 6 3 , SE Ë a oS = Poissons fossiles en abondance e 6 : : 3 DEVONIEN. | |plus ancien poisson fossile. à. |— 2 \ ae 2 © À = © SILURIEN. > Ee LA E < CAMBRIEN. 070- ïque. L'Eozoon du Canada découver au Grand-Calumet en 1863. | Plantes a | ‘2| LAURENTIEN. | a | | GEOLOGIE. 383 a dû souffrir considérablement de ces bouleversements et que grand nombre de créatures ont pu dans ces âges passer et s’'éteindre sans laisser même de trace de leur présence. Le terrain Huronien qu’on regarde comme appartenant au Cambrien inférieur ne présente aucune trace bien dis- tincte de fossiles. Tout le Cambrien, qu'on désigna longtemps par les termes de terrains primordiaux, parce qu'avant la décou- verte du Laurentien on le considérait comme le plus ancien terrain stratifié, ne nous montre encore que des animaux des classes inférieures: mollusques, crustacés, échinodermes etc. Le premier dans la série telle que con- nue aujourd’hui qui ferait suite à l’Eozoon est une petite coquille du genre Lingulella, qu'on a trouvée en Angleterre dans le Longmynd, qu'on regarde comme le successeur immédiat du Laurentien. Le fossile le plus commun de la formation Cambrienne est la Lingule, Lingula, Bruyère, petite coquille bivalve, de la grandeur de l’ongle, qui fixée au sable ou au roc par un pédoncule charnu, s’assurait sa nourriture au moyen de deux bras frangés qui se roulaient en spirale pour rentrer dans la coquille. On trouve des dalles de calcaire a St. Jean, Nouveau-Brunswick, dont la moitié au moins est composée de Lingules. Les Lingules, quoique devenues rares de nos jous, se trouvent encore dans les mers australes, et ce qui les rend particulièrement intéressantes, c'est qu'ayant pris origine dès l'aurore de la vie sur le globe, elles ont parcouru tous les âges, sans presque subir de modifications ; les coquilles fossiles du Cambrien peuvent à peine se distinguer de celles de nos jours. Une classe singulière d'animaux qui ont disparu avec le dépos des couches carboniferes est celle des Trilobites. Ces animaux, fig.31, qu'on range parmi les crustacés, paraissent assez voisins des Cloportes de nos jours quoique vivant dans l’eau. Susceptibles de se rouler en boule, ils portaient une tête grande, clypéiforme, ovalaire, sans antennes, avec des yeux à facettes comme nos insectes. Le thorax qui parait 384 LE NATURALISTE CANADIEN. confondu avec l’abdomen, portait un grand nombre de segments tous divisés par deux sillons longitudinaux en trois sections distinctes, de la leur nom de Trilobites. Pendant longtemps on a cru que les Trilobites étaient dépourvus de pattes; mais depuis on a pu en trouver des échantillons qui en indiquaient des vestiges. Ces pattes, adaptées pour la nage principalement, paraissent avoir été totalement charnues, voila pourquoi les fossiles en sont si souvent dépourvus. \ 1 = 1 CE t A 1 | : 1 o "; Le Cambrien se montre d'ordinaire d’une consistance ardoisée, indice de la grande pression qu’il a subie. Les couches de cette formation parraissent particulièrement avoir été déposés dans les inégalités laissées par les boule- F, 31 .. Paradowxides Micmac, Hart. GEOLOGIE. 385 versements et les contorsions du Laurentien, voila pourquoi elles sont si souvent accidentées. Elles se montrent surtout en Angleterre, en Bohéme, en Suéde, en Norvége et aussi dans l Amérique du Nord, particulièrement dans la Nouvelle Ecosse. Les fréquents bouleversements qu'éprouvait alors la croute terrestre dans son travail de consolidation, ont en bien des endroits, comme dans notre Province, fait dispa- raitre les couches Cambriennes, pour permettre aux Silu- riennes de reposer directement sur le roc Laurentien; soit qu’exposées à l’action du temps elles aient été enlevées par la dénudation, soit que soumises à l’action des volcans et des tremblements de terre, elles aient été ensevelies dans les crevasses du Laurentien ou couvertes de ses débris repoussés de l’intérieur. Tous ces accidents réunis et la nature encore peu con- sistante des végétaux de cette époque n'étant encore que des algues, nous expliquent comment il se fait que le terrain Cambrien renferme si peu de plantes fossiles. On a pu cependant constater la présence de 22 espèces dans leurs débris. Voici d’après le Thesaurus Siluricus du Dr. Bigsby, en 1868, un tableau des formes de vie reconnues à la clôture de la formation Cambrienne. Plantes, toutes herbes marines ou réputées telles. 22 espèces. Eponges et autres animaux de cette nature... 27 Coraumef leurs alliés ....:, .. RS 2.0. sierteee oalG Astériesien leurs alliés... #2: Des DES Meee cee he sca) Sk a tr de ot) tele Trilobites et autres crustacés.. ...............ee.... 442“ Molluscoides........... do crie Re 4. (% Bivalres communs .….:...04#0%... i) Lunvéun 12 Univalves /etileurs alliés, 3.0. at dr. 179). Nautiles, Octopodes et autres Mollusques su- PÉMENTS pe ane den tt Goudy off En tout 972 espèces, 386 LE NATURALISTE CANADIEN. Quel aspect aurait donc présenté le monde, vers la fin de cette époque, s’il eut été donné à l'œil humain de le considérer alors ? Notre terre, n’en étant encore qu'à son aurore, possé- dait-elle au moins notre Soleil, notre Lune et nos autres corps planétaires dans leur parfait développement? Lat- mosphére encore toute saturée d’acide carbonique, au point que les animaux à respiration pulmonaire n’aurait pu y ré- sister, permettait-elle du moins le libre passage à la lumière ? La haute température de la mer, et par suite l’immense évaporation qui s’en opérait, ne devait-elle pas tenir l’'atmos- phère dans un état constant de brouillard humide où la lumière avait peine à pénétrer ? Autant de questions qui du premier abord semblent en dehors de la connaissance de l’homme, mais que la science est parvenue à résoudre d’une manière à peu près certaine. L'homme, dans son désir insatiable de tout savoir, de sonder même l'inconnu, ne s’est pas contenté d’admirér les beautés extérieures du domaine que le Créateur lui livra pour demeure, mais il voulut le con- naître en détail jusque dans ses fondements. Ayant trouvé dans son génie le moyen de multiplier la puissance de ses organes, armé de ses outils, il pénétra jusque dans linté- rieur de la terre pour en examiner les couches les plus intimes. Chaque grain de sable fut soumis à ses inves- tigations, et le microscope lui révéla des secrets, des mystères qu’on aurait pu croire pour toujours au dessus de ses atteintes. La cristallisation d'un grain de sable lui montra ici la présence du feu ; sa composition lui révéla plus loin le lieu de sa provenance et lui permit de sup- puter les accidents oules causes qui avaient pu ainsi le dépla- cer; la masse compacte de pierre lui laissa voir ici la forme d’un animal, là empreinte d’une plante, ailleurs les scories et cendres des nombreux volcans d’alors, plus loin, sur les couches de sédiments pétrifiés, jusqu’à des traces des grains de pluie, qui sont venus comme encore aujourd'hui s’enfoncer dans la vase plastique des rivages, laquelle dur- cie davantage et recouverte de nouvelles couches, a pu GÉOLOGIE. 387 © nserver ces empreintes comme des caractères sur les feui!e lets de nos livres. Malgré l’extrème évaporation des eaux amenée par la haute température de ces temps, il y avait donc dès lors in- termittence d’orages et de beau temps, de sécheresses et de tempêtes, puisqueles grains de pluie ont pu pénétrer dans largile. Le Soleil livrait déjà une lumière parfaite, puisque les Trilobites et autres crustacés nous montrent des yeux à facettes, c’est-à-dire disposés à recevoir la lu- mière dans tout son éclat et sa portée. Si donc, il eut été donné à un œil humain de contem- pler la mer Silurienne vers la fin de l’époque du Cambrien, il aurait pu en soir les bords circonscrits par les montagnes du Laurentien qui était encore seules peut-être à s'élever au-dessus de l’eau, les masses granitiques qui forment les Montagnes Rocheuses etc., n'ayant pas encore été soulevées de leur assiette. Il aurait donc pu voir notre roche Lau- rentienne former un rivage à la mer Silurienne, à partir du Labrador en remontant le St. Laurent jusqu'aux lacs Huron et Supérieur, puis reprenant une autre direction venir cou- per le St. Laurent dans les Mille-îles au-dessous de King- ston, pour aller former les Adirondaks, ces montagnes qui se montrent entre les lacs Champlain et Ontario. Le Groénland, la Norvège, l’Ecosse avec les îles qui lavoisinent à l'Est se montraient aussi alors, avec la plus grande partie, il est probable, du continent Européen; du lac Supérieur, le rivage se repliait au Nord jusqu’à l'océan arctique. Les bords des lacs Huron et Témiscaming cachaient déjà le Laurentien sous la couche Huronienne qu'ils montrent encore et qu'on regarde comme appartenant au Cambrien inférieur. Par-ci, par-la, sur des pics aujourd’hui disparus, devaient se montrer de nombreux volcans vomissant flammes et fumée, comme autant de soupiraux du réservoir intérieur. Les montagnes Laurentiennes encore vierges de toute végé- tation, recevait l'eau des pluies alternant avec les rayons desséchants du Soleil, pour en opérer la désagrégation; mais nul animal n’habitait encore leurs retraites, nul oiseau ne 388 LE NATURALISTE CANADIEN. - planait au dessus de leurs cimes, c’est à peine si leurs rivages montraient quelques indices de végétation. Des algues de plusieurs espèces avec quelques autres plantes, comme les Oldhamias, se baignaient dans le bord des eaux, tandis que les lingules étendaient leurs siphons sur le sable, a côtés des Orthis et autres molluques. Des espèces de homards, des octopodes, quelques étoiles de mer avec des oursins se montraient à travers la végétation sous-marine de ces rives, tandis que des Trilobites de différentes formes sagittaient dans les eaux plus profondes. Telles étaient alors les formes les plus communes de la vie; car les animaux supérieurs n’avaient pas encore paru; lair n’était pas encore assez épuré pour les recevoir, et la végétation assez développée pour les nourrir. Chose assez singulière, les Foraminifères du Laurentien semblent s’effacer dans le Cambrien pour reparaitre plus tard dans le Silurien ; mais cette anomalie apparente peut s'expliquer par le fait que les fossilles de ces âges primitifs ne sont pour ainsi que des exceptions parmi les êtres de leur temps, et les évolutions du globe qui ont suivi avec le méta- morphisme de ces roches ne permettent que rarement de pouvoir les distinguer et surtout les identifier. On pourra peut-être demander ici: à quel jour du récit génésiaque appartiendrait la formation Cambrienne ? Observons en passant que les jours ou époques men- tionnés par Moise ne doivent pas s'entendre d'opérations précises, circonscrites dans une durée de temps déterminée, mais bien d’époques de durée variable, servant plutôt à indiquer la succession des êtres dans l’œuvre de la création qu’à déterminer les limites précises du temps de cette créa- tion. Ainsi, bien que Dieu créat les plantes le 3e jour, le Soleil le 4e et les oiseaux avec les poissons le 5e, ce n’est pas à dire qu’il n’y eut pas d'animaux de créés avant que toutes les plantes le fussent ; mais bien que dans l’œuvre de la création qui s'opéra successivement et par parties, Moïse crût pouvoir indiquer des époques où tel être sem- blait être le type de telle époque. Ainsi du moment que Dieu créa des plantes comme des algues, il put dès lors y BIBLIOGRAPHIE. 389 avoir certains animaux marins comme des protozoaires et autres, et de ce que Dieu créa les plantes le 8e jour et le Soleil le 4e, il ne faudrait pas conclure qu’aprés la création du Soleil, il ne sortit plus de plantes nouvelles du sein de la terre. Dieu, comme nous l’avons déjà dit, imposa ses lois à la matière, et à mesure que le monde, par les évolu- tions de ces lois fut capable de recevoir des plantes ou des animaux, il les fit surgir du néant avec une organisation en rapport avec l’état du monde à chaque époque. Moise, à la façon des savants de nos jours, voulant analyser l’œuvre du Créateur, la divisa en 6 époques qu’une création parti- culièrement caractérisait spécialement, sans exclure toute- fois les êtres moins marquants qui pouvaient précéder ou suivre. Nous aurons d’ailleurs occasion de revenir plus tard sur l'interprétation du récit de la genèse relativement à son accord avec les données de la science. + — BIBLIOGRAPHIE. Eléments de la grammaire française de 0 Homond, entière- ment revue, corrigée et augmentée, par J. B. Cloutier, de l'Ecole Normale-Laval.—Ne voulant pas nous rendre cou- pable d’une faute que nous avons plus d’une fois reprochée à la presse, d’avoir un éloge banal stéréotypé pour toutes les nouvelles productions qui se font jour, quelque soit leur mérite, nous avons parcouru attentivement la nou- velle Grammaire de Mr. Cloutier, et nous n’hésitons pas à la proclamer supérieure à toutes celles qui ont été publiées jusqu’à ce jour. Parler pour être compris de l’enfant, tout en conservant au langage sa précision et même son élégance, n’est certes pas tâche facile; Mr. Cloutier, cependant, l’a victorieuse- ment remplie. Ses modifications du texte de l'Homond, ses changements de disposition en certains endroits, ses additions en d’autres, et partout une scrupuleuse exacti- 390 LE NATURALISTE CANADIEN. tude de langage pour conserver à la pensée son expression propre, exclusive, tout dénote dans le livre de Mr. Cloutier l'écrivain parfaitement au fait de la question qu'il traite. On y reconnait le professeur qui, tous les jours aux prises avec les difficultés de notre belle langue, a su depuis long- temps montrer aux enfants la voie la plus sûre pour les surmonter, leur a rendu familières les règles élémentaires du langage, tout en leur indiquant les réformes à apporter dans leur manière de dire. La division des préceptes en articles numérotés, le questionnaire au bas de chaque page, avec les quelques notes pédagogiques au commencement de l'ouvrage, seront d'un grand secours et aux maitres et aux élèves, tant pour les répétitions que pour les références. Mr. Cloutier ne manquera pas sans doute de complé- ter son œuvre, en donnant sans délai un cours d'exercices basés sur son texte. Nous lui souhaitons de bon cœur tout le succès possible. Dix ans sur les bords du Pacifique par un missionnaire Canadien —On n'a qu'un regret lorsqu'on a lu les 100 pages du Rév. Mr. Blanchet, missionnaire sur le Pacifique, c’est qu'elles ne se prolongent pas d'avantage. Ses notes de voyage, ses descriptions des licux, des mœurs et des cou- tumes des sauvages, dans un style simple et sans prétention» captivent l'attention et excitent le plus vif intérêt. Les faits qu'il cite parlent aussi souvent au cœur et ne manquent pas de leçons pour ceux qui veulent en faire une juste ap- plication. Nous ne pouvons donc qu'engager nos abonnés à débourser un trente-sous pour cet opuscule ; tout en con. tribuant à une bonne œuvre, ils se procureront quelques quarts d'heure de bien douce jouissance. Nos remerciments à qui de droit pour l'envoie de ces deux publications. — = Fes =— PETITE PAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 391 PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. (Continuée dela page 359). 4, Gen. ANISOTOME. Anisotoma, Illiger. Tête petite, penchée. Labre bilobé. Antennes de 11 articles, les 5 derniers formant une massue. Menton tronqué en avant. Protho- rax transversal, avec une rangée de gros points à la base, Jambes épineuses sur leur tranche dorsale. Trochantins postérieurs non pro- éminents. Tarses de 5 articles aux 4 pattes antérieures et de 4 aux postérieures. Mésosternum caréné.—Corps non susceptible de se rouler en boule. Petits insectes de forme sub-globuleuse qu'on trouve dans les cham- pignons, les vieilles écorces et les détritus de végétaux. Deux espèces dans notre faune. Anisotome à collier. Anisotoma collaris, Leconte — Long. .17 pee. D’un roux ferrugineux. Thorax finement ponctué, avee une ligne de gros points à la base? Elytres portant 9 lignes de points en- foncés, la 2e extérieure sinuée à la base et n’atteignant pas le sommet ; les espaces vaguement ponctués.—R. L'espèce obsoleta qu'on donne aussi à notre faune, ne nous est point connue. 5. Gen. Liopes. Liodes, Latreille. Epistome séparé du front par un sillon très marqué, ~ Mussue des antennes de 5 articles, le 2e très petit. Prothoray transversal, échancré en avant pour loger la tête, coupé presque carrément en arrière. Les 4 tarses antérieurs de 5 articles, les 2 autres de 4. Mésosternum formant une lame légèrement saillante entre les hanches intermédiaires, —Corps globuleux, susceptible de se rouler en boule. Trois espèces dans notre faune. Liodes bicolor. Liodes dichroa, Leconte.—Long. .12 pce. D’un roux ferrugineux ; tête et prothorax noirs, ce dernier luisant, lisse, Elytres à lignes panics très fines, noires à la suture et pit ou moins teintes de brun au sommet.—R. Les 2 autres espèces de notre faune sont les globosa et polita Lec. 392 LE NATURALSTE CANADIEN. 6. Gen. Agamminte. Agathidium, Tiger. Epistome continu avec le front. Masswe des antennes de 3 articles. Labre court, arrondi en avant. Prothorax transversal, échancré en avant, presque carré à la base, Mésosternum caréné, Très petits insectes qu’on trouve surtout dans les champignons, ayant la faculté de se rouler en boule. Agathidie fausse-onisque. Agathidium oniscoides, Beauvais.— Long. .15 pce. Noire; tête et prothorax brunâtres, le dernier plus clair à la base, celle-ci beaucoup plus large que les élytres. Elytres lisses, sans ponctuations, roussâtres au sommet.—R. | On donne encore à notre faune les espèces exiguum, Mels. et revol- vens Lec. Fam. IX. STAPHYLINIDES, Slaphylinde. Tête de forme très variable. Menton carré, entier, la languette le plus souvent membraneuse, Antennes variables, de 11 articles, rarement de 10. Mâchoires à 2 lobes ciliés, palpes à 4 articles, rarement 5. Prothorax à pièces latérales non séparées ; prosternum à cavités coxales ouvertes en arrière. Elytres en général pas plus longues que la poitrine, à suture droite et recouvrant complètement les ailes. Abdomen très mobile, à 7 ou 8 segments, tous cornés et libres. Tarses à 5 articles ordinairement; quelques genres cependant n’en présentent que 4 ou même 3 seulement, Cette famille compte un grand nombre d'espèces, la plupart de fort petite taille et montrant une grande différence dans ls conforma- tion des différentes parties du corps. La brièveté des élytres jointe à un abdomen corné sont les seuls caractères qui permettent toujours de les distinguer. L’abdomen est très mobile, la plupart le portant relevé dans la marche et s'en servant surtout pour refouler les ailes sous les élytres. Les Staphylinides recherchent particulièrement les matières pu- trides animales et végétales, on les trouve dans les cadavres, les fumiers, les feuilles mortes, les mousses, etc. Les quelques espèces qu’on trouve sur les fleurs paraissent être carnivores. Leurs larves qui se rapprochent plus des insectes parfaits que celles de la plupart des autres Coléoptères, ont à peu près les mêmes habitudes. On compte à peu près aujourd’hui 2000 espèces de Staphylinides, PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 393 et il est probable que ce nombre s’augmentera encore de beaucoup en les étudiant davantage, car ils ont été généralement négligés des au- teurs. Dans notre faune, les Staphylinides se partagent en 32 genres, qu’on peut distinguer les uns des autres par les caractères suivants : Clef pour la distinction des genres. 1 (55) Hanches antérieures coniques, leurs cavités ouvertes en arrière ; 2 (32) Stigmates prothoraciques visibles ; 3 (8) Antennes insérées au bord interne des yeux ; 4 (7) Tarses antérieurs à 4 articles, les moyens et les postérieurs à 5 ; 5 (6) Tête resserrée en cou étroit en arrière........ 1. FaLAGRrA. 6 (5) ete non. resserrée enICOH EE: -...._ seen u's 2. Homarora. i 1¢4), Cing articles dtous! Vestarses.. ..... 002 3. ALEOCHARA. 8 (17) Antennes insérées sous les bords latéraux du front; 9 (16) Elytres plus longues que la poitrine, egalement ponctuées; 10 (15) Abdomen marginé ; PRG) Mesosternuml Carene: RE... 42. 0 4. COPROPORUS. 12 (11) Mésosternum non caréné ; 13 (14) Palpes maxillaires filiformes. ......... OS - 5. Tacuinus. 14 (13) Palpes maxillaires subulés=*............... . 6. Tacuyporvus. 15 (10) Abdomen non marginé ; corps pubescent....... 7. Conosoma, 16 (9) Elytres pas plus longues que la poitrine, lisses ou à 3 rangs de points ; 17 (8) Antennes insérées sur le bord antérieur de l’é- pistome ; 18 (19) Thorax à bords latéraux simples. ............. 9. Quenius. 19 (19) Thorax à bords latéraux doubles ; 20 (29) Antennes distantes ; 21 (24) Palpes maxillaires à 4e article plus court que le 3e; 22 (23) Thorax lisse, rétréci à la base _............. 10. CReoPxiLus. 23 (22) Thorax ponctué, pubescent .............-... 11. Lisrorropaus. 24 (21) Palpes maxillaires à 4e article égal ou plus long que le 3e ; 25 (28) Languette échancrée ; 26 (27) Hanches intermédiaires séparées, abdomen ré- trécia l'eztrémiféne MB 2. : Lee 12. STAPHYLINUS. 27 (26) Hanches intermédiaires contigués; ablomen très long, à bords parallèles. .................. 13. Ocypus. 28 (25) Languette entière ; cuisses inermes..........… 14, PHILoNTHUS. 29 (20) Antennes rapprochées ; 30 (31) Antennes fortement géniculées, suture imbriquée.15, XANTHOLINUS, 394 31 32 43 45 (30) ( 2) (42) (39) 5 (36) (35) (38) (37) (34) (41) (40) (43) (42) (50) (46) 5 (45) (48) (49) (48) (44) (96) (53) (52) (53) (54) i (51) 38) (57) (1) LE NATURALISTE CANADIEN. Antennes faiblement géniculées ; suture droite..16. BaPproriNus, Stigmates prothoraciques cachés par les épimères du prothorax ; Hanches postérieures coniques, les antérieures grandes ; Tarses postérieurs à 4e article simple ; Antennes geniculées ..............- -.s...17. CRYPTOBIUM. © Antennes droites ; | Tarses postérieurs avec les articles L-4 presque OPAUE sts.) Sew. so a ope ee FER 18. LATHROBIUM. Tarses postérieurs avec les te 1-4 décrois- sant graduellement... .........,... .....19. LITHOCHARIS. Tarses postérieurs à 4e article lobé ; Paipes maxillaires à article terminal très petit, PTO. mas CORRE. --::-:-- re rc 20. Sunius. Palpes maxillaires à article terete ODtNE. 2. - 21. Papervs. Hanches postérieures coniques, les antérieures Petites...) Ca ee .-..22, STENUS. Hanches postérieuses transverses ; Antennes géniculées; Hanches intermédiaires distantes..... .......23, Oxyporvs. Hanches intermédiaires contigués ou à peu prés ; Jambes antérieures à 2 rangs d’épines..... ....24, BLEDIUS. Jambes antérieures et moyennes à un seul rang d’épines -.,-<° ee .... 25. PLATYSTETHUS. Jambes antérieures à un seul rang d’épines....26. OxYTELus. Antennes droites ; Tarses postérieurs avec les articles 1-4 inégaux ; Mandibules dentéesgea..... : ....10 ......27. ANTHOPHAGUS. Mandibules non dentées ; Jambes ÉPINÉUBÉS RME .. .... coins 9s mete AUTOUR. Jambes non @pinemses.....-. ... ...... ...29. LATHRIMÆUM. Tarses postérieurs avec les articles 1-4 courts, ésaux ; Jambes très épineuses ; élytres longnes .......30. OmAzIuM. Jambes non épineuses vs RE 31. ANTHOBIUM. Hanches antérieures transverses ........32. MICROPEPLUS. 1. Gen. FALAGRIE, Fulagria, Mannerheim. Menton légèrement échancré. Tête suborbiculaire tenant au pro- thorax par un cou très court et très grêle. Antennes assez longues, fortes. médiocres, tronguées en arrière. Abdomen sublinéaire. Tarses anté- rieurs de 4 les autres de 5 articles.—Corps assez allongé, ailé, très finement pubescent, Prothorax rétréci en arrière, assez convexe en dessus. Elytres 7 PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 395 Très petits insectes qu'on trouve dans les nids de Fourwiis, dans les bolets ete. 1. Falagrie divisée. Falagria dissecta, Krichson.— Long. .08 pee. D'un brun foncé, brillant, à pubesence grise. Antennes aussi longues que la tête et le thorax, épaissies. Thorax un peu plus court que large, subcordiforme, profondément canaliculé. Ecusson bi-earéué. Elyires plus courtes que longues, finement ponctuées, Pattes brunes, tarses testacés.—R. 2 Falagrie vénustule. Falagria venustula, Erichson.— Long, «07 pce. Brunâtre, ponctuée. Antennes aussi longues que la tête et le thorax réunis, grêles, testacées, légèrement pubescentes. Tête noire, à peine brillante. Thorax suborbiculaire, rougeâtre ; éeusson lisse, brun. Elytres finement ponctuées, rougeâtres aux angles huméraux. Pieds jaunes.—R. 2. Gen. Homatote. Homalota, Mannerheim. Tête suborbiculaire, sans cou. Labre arrondi en avant. An - tennes médiocres, peu robustes. Hlytres tronquées en arrière, avee un court sinus près de leurs angles externes—Corps de forme variable, en général déprimé et ailé. Petits insectes dont l’étude est fort difficile et qu'on trouve aussi dans les nids de fourmis, dans les bouses, les bolets, ete, Homalote plane. Homalota plana, Gyllenhall.—Long, .12 pee. Noire, finement pubescente, linéaire, déprimée. Antennes brunes, A s ! C - à r ps aroo y légèrement épaissies vers le sommet. ‘Thorax plus large que long, finement ponctué, canaliculé. Hlytres une fois aussi longues que le thorax, déprimées, ponctuées, d’un brun testacé ou roussâtre, Pieds et anus testacés.—R. Il est probable que notre faune renferme un assaz bon nombre d’autres espèces, mais le peu d'attention qu’on leur a porté jusqu’à ce jour, n’a pas permis encore de les identifier. (A Continuer). —— D) + — Exposition Universelle. —On s'occupe déjà, chez nos voisins, de la Grande Exposition Universelle que l’on veut tenir à Philadelphie, en 1876, à l’occasion du centenaire de l'indépendance Américaine. Parmi les comités déjà or. ganisés, on en remarque un composé de 13 dames, ayant pour but de former des sous-comités de dames dans chaque 396 LE NATURALISTE CANADIEN, Etat, aux fins de servir les intérêts financiers de la grande Exposition en obtenant des souscriptions au fonds du cen- tenaire, par parts fixées a $10 devant étre payées par in- stallements. Le comité central des dames à |’intention de modifier ses règlements de manière à admettre dans son sein une dame par chaque Etat on Territoire, avec mission de for- mer des sous-comités dans chaque cité, ville, village de l'Union entière. — PE LD Q OO PE de FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 212). lI. Sous-fam. des ANSERINES. Anserine. Jou plus court que chez les Cygnes mais plus long que chez les Canards. Bec généralement court, plus haut que large à la base, contrairement aux Canards, terminé par un crochet large et recourbé. Joues densément emplu. mées jusqu'au bec. Jambes assez longues; tarses plus longs que le doigt médian. Les Oies, par leurs pattes plus longues, quoique bons nageurs, semblent plus destinés à la vie terrestre que les Cygnes. Ils marchent aussi plus lestement que les Canards. Leurs couleurs peu brillantes sont semblables dans les deux sexes; le blanc, le noir ou le gris prédominant toujours dans leur livrée. Deux genres dans notre faune, Bec aussi long que la tête, rouge ou orange. Doigt pos- térieur atteignant le 801... veoee cnrs TER Bec plus court que la tête. noir, Doigt postérieur rudi- mentaire, ne touchant pas le sol .............. eeeseees 2, BERNICLA. 1. Gen. OIE. Anser, Linné. Narines en arrière du milieu de la commissure. La- PALMIPEDES. 397 melles de la mandibule supérieure s’allongeant au delà du bord en pointes coniques. L'Oie du Nord. Anser hyperboreus, Pallas; A caerulescens, Lin. Anas nivalis Forster.—Vulg. L’Ote sauvage ; Angl. Snow Goose.— Long. 30 pouces, ailes 16.40 ; tarses 3.13; commissure 2.10 pouces. Bec et pattes rouges. D'un blanc pur. Ailes noires à l'extrémité, d’un gris bleuâtre argenté vers la base, avec cependant les tiges des plumes blanches. Dedans des ailes blanc à l'exception des primaires. Les jeunes sont de couleur bien différente, le gris l’emportant souvent sur le blanc. De passage, C.—L’Oie sauvage se voit ici au printemps et à l'automne, lors de son passage pour les régions arcti. ques ou à son retour. On la rencontre en petites troupes sur les grèves vaseuses du Fleuve, à la recherche des mol- lusques, vers, herbes, etc., dont elle fait sa nourriture. Il paraît eonstaté aujourd’hui que l’Oie à tête blanche des Es- quimaux, Anser cærulescens, Lin., n’est que le jeune de l'Oie du Nord. Cette Ole, quoique très rapprochée de la domestique, n'en est cependant pas la souche, c’est à l’Oie sauvage d'Europe, Anser ferus, Temmink, que nous devons l’origine de notre Oie domestique. 2. Gen. BERNACHE. Bernicla, Stiphens. Bec plus court que la tête, noir de même que les pieds, à commissure presque droite. Narines en avant du milieu de la commissure. Dents de la mandibule supérieure ca- chées par le bord du bec, excepté à la base de celui-ci. 3 Espèces dans notre faune. 1. Bernache du Canada. Bermicla Canadensis, Boie; Anas Canad. Lin.—Vulg. Outarde ; Angl. Canada Goose. — Long. 35 pes. ; ailes 18 ; tarses 3.10 ; commissure 2.10 pouces. Queue de 18 pennes. Tête, cou, bec et pattes, noirs. Joues blanches. Dessus brun bordé de gris. Dessous d’un blanc sale avec teinte légère de gris pourpre. Couverture inférieure de la queue d’un blanc pur. Queue noire ; croupion et primaires d’un brun très foncé. De passage, CC.—Notre Outarde est connue de tous ici. Elle nous arrive au commencement d’Avril, en troupes considérables. Après 5 à 6 semaines de séjour, elle se rend plus au Nord pour y faire sa ponte, et se montre de nou- 398 LR NATURALISTE CANADIEN. veau à son retour vers la mi-Septembre. Les bandes, dans leurs migrations, se tiennent sur deux lignes en forme de triangle, donnant la figure d’un V renversé et faisant sou- vent retentir les airs de leur voix puissante et sonore. Elles placent leurs nids près des rivages, et tout le temps que la femelle couve, le mâle veill: sur elle avec une telle atten- tion qu'il n'hésite pas à attaquer jusqu'à l’homme même lorsqu'il tente de s'en approcher. La femelle pond 4 à 6 œufs d’un vert jaunâtre sale. Le volume du gibier, l’ex- cellence de sa chair et le duvet qu'il fournit font de la chasse à l'Outarde une des plus recherchées des amateurs. C’est en se cachant dans des trous creusés sur les battures à basse marée qu'on réussit le mieux à la surprendre, sur- tout lorsqu'on en a d’apprivoisées pour les attirer. Les outardes se plient assez facilement à la domesticité, tout en gai dant une partie de leurs goûts sauvages, comme le choix de la location de leur nid, lindocilité aux ordres du maitre ete. On réussit à accoupler l’outarde avec l’'Oie domestique, mais les produits sont toujours stériles. 2. La Bernache de Hutchin. Bernicla Huchinsii Bonaparte; “ hs ; Anser Hutc. Richardson.—Angl. Huichin’s goose—Long. 30 pouces ; ailes 15. 80; tarses 2.70; commissure 1.76 pouces. En tout semblable à la précédente, à l'exception des pennes caudales qui sont au nombre de 16 au lieu de 18, et d’une plus petite taille, PA. & RR.—Cette Bernache ne se rencontre que très rarement dans nos parages. 3. La Bernache commune. Pernicla Brenia, Steph. Anas Bernicla, Lin. Anser torquitus, Frisch—Angl. Brant—Long. 23.50 pees; ailes 12.75; tarses 2.26; commissure 1,4, Tête, pieds, bee, cou, corps en avant des ailes, primaires et queue, noirs, les secondaires presque noires. Un petit croissant blanc rayé de noir se montre de chaque côté du cou, vers le milieu. Ventre d'un gris bleuâtre argenté, passant au blanc en arrière, la queue en étant aussi toute entourée, Dos et couvertures alaires d’un bleu grisâtre, à bords plus piles; croupion d’un bleu plus prononcé. PA et C.—-Les Bernaches se plaisent particulièrement à l’eau salée, faisant leur principale nourriture de varechs, bien qu’elles mangent aussi des mollusques, pefits poissons, ete. Nous en avons souvent vues associées a des Goëlands et à des Canards dans le bas du fleuve; maisla paix ne parais- sait pas toujours régner dans ces réunions, car les Ber- naches donnaient souvent la chasse aux étrangers. Dans leurs migrations, les Bernaches se mettent aussi en lignes triangulaires, mais il arrive souvent que ‘la pointe du tri- angle est ogupée par 3 ou + individus, comme s'ils vou- laient se disputer la première place. La femelle pond de 5 à 8 œuls d'un blanc jaunatre sale. HOV 22 1873 (A continuer). LE Aaturaliste Canadien Vol. V. CapRouge, OCTOBRE, 1873. No. 10 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. — (Continuée de la page 398). III. Sous-Fam. des ANATINES. Anatine. Pattes plus longues que dans les Fuligulines, mais plus conrtes que chez les Oies. Tarses couverts antérieurement d’écailles tranverses, et doigt postérieur avec le lobe mem- braneux étroit et trés resserré. Cette sous-famille dans notre faune ne renferme pas moins de 8 genres, tous forts rapprochés les uns des autres, la coloration étant pour ainsi dire le caractére le plus sail- lant pour pouvoir les distinguer. Clef pour la distinction des genres. Bec plus long que le’ pied ; Côtés dn bec à peu près parallèles ; Bee large d’environ le tiers du bord inférieur ; Bec sans dents distinctes.......... 1. ANAS. Bec à dents distinctement visibles AUX COLES cire PRES 4, QUERQUEDULA. Bec étroit ; Bee légèrement élargi à l'extrémité. 2. DAFILA. Bec à côtés paralléles........ NRC 3. NETTION. Côtés du bee s’élargissant à l'extrémité de plus du double de sa largeur ....... Si cecessdenced Os DA TUS, 400 : LE NATURALISTE CANADIEN. ‘ Bec plus court que le pied ; Angle supérieur du côté du bee ne dépassant pas en arrière le commencement du bord in- férieur ; Bec aussi long que la tête, à dents dis- TINCHCH ER (es ee veus ee ctecsusnersense D OHAULELASMUS Bec plus court que la tête, sans dents dis- tint LETHE Ee sos. .....: RL NT M AREOE Angle supérieur du côté du bec dépassant en arrière le commencement du bord inférieur. 8 Arx. 1, Gen. CANARD. Anas, Linné. Bec plus long que la tête ou le pied, à côtés à peu près parallèles jusqu’à l'extrémité qui est quelque peu rétrécie et terminée par un crochet d'à peu près le tiers de la lon- gueur du bec. Angle supérieur à peu près en ligne avec Vinférieur. Queue pointue, d'à peu près les deux cin- quièmes de la longueur de l'aile. Les Canards, essentiellement nageurs, peu marcheurs, et peu ou point plongeurs, se tiennent presque constamment sur les eaux douces. Ils estivent au Nord et hivernent dans le Midi ; nous les trouvons sur nos lacs et nos rivières à leur double passage ; le bas du Fleuve en conserve même tout l’été qui y font leur ponte. Les petits sont revétus de duvet et suivent la mère à l’eau aussitôt qu'éclos. Les mâles ont une: livrée plus riche et plus brillante que les femelles. Les jeunes ont à peu près les couleurs de la mère jusqu’à la première mue. Leur nourriture consiste en frai de poissons ou de batraciens, en vermisseaux, graines aquatiques etc. Notre faune n’en compte que deux espèces. 1. Le Canard gris. Anas boschas. Linn. A. domestica Gmel. A, maxima, Gosse.—Angl. Mallard ; Green Head.—Long. 23 pees ; ailes 11; tarses 1.70; commissure 2.50 pouces. Bee d’un jaune ver- dâtre ; pieds oranges. Tête et cou d’un vert métallie ; un collier blanc. Dessus d’un brun cendré zigzagué de blanc; desessous d’un gris blanc linéaté en zigzag de brun cendré. Miroir de J’aile d’un vert violet avec bande blanche au-dessus et au-dessous, Une touffe de plumes re- dressées sur le croupion, La femelle a le plumage veiné de brun sur un fond grisiitre. PS ne 1: PALMIPEDES. 401 PA. CC.—Le Canard gris, qui est la souche de notre Canard domestique, nous arrive en Avril pour reparaitre en Septembre, à part les quelques couples qui nichent parmi nous. Sa chair est excellente et très recherchée. La fe- melle pond de 8 à 14 œufs d’un gris verdâtre très clair. 2. Le Canard noir. Anas obscura, Gmelin.—Ang. Black Duck; Dusky Duck.—Tong. 22 pees; ailes 12; tarses 1.80; commis- sure 2.56 pouces. Bec verdâtre; pieds rouges. D’un brun foncé, chaque plume obseurément marginée de brun rougeître, celles sur le devant de la poitrine avec des marques de la même couleur en forme de V, peu distinctes. Occiput d’un brun foncé avec réflexion de vert sur les côtés, le reste de la tête et du cou d’un jaune brunâtre tacheté de noir. Miroir des ailes violet terminé de noir, le reste de l’aile d’un brun foncé avec reflets verdâtres. Queue de 18 pennes. La femelle est de couleur plus foncée avec les bords des plumes plus clairs et sans reflets verdatres. PA. CC.—Le plus commun de nos Canards et celui dont la chasse est le plus poursuivie, tant pour son volume que pour la qualité de sa chair. La femelle pond de 8 à 10 œufs d’un jaune sale. On trouve fréquemment son nid sur les rivages des côtes et iles du bas du Fleuve. 2 Gen. PILET Dafila, Leach. Bec long et étroit, bien plus long que le pied, s’élargis- sant un peu vers l'extrémité qui est tronquée, arrondie et terminée par un petit crochet. Narines petites, dans le tiers basilaire du bec. Queue pointue avec les 2 pennes du milieu allongées. Le Pilet paille-en-queue. Dafila acuta,Jenyns; Anas acuta, Lin. Phacianurus accutus, Wagler. —Vulg. Paille-en-queue ; Angl. Pintail ; Sprigtail.—TVong. 30 pouces ; ailes 11 ; queue 8.60 ; tarses 1.75; commissure 2.36 pouces. Bec noir en dessus et aux côtés à la base, le reste des côtés et le dessous bleu. Tête et haut du cou d’un brun uniforme à reflets verts et pourpres en arrière. Le bas du cou, la poitrine et le dessous, blancs. Le dos antérieurement est rayé de lignes transverses de blanc et de noir, Les ailes sont d’un gris bleuâtre. Le miroir de l’aile est d’un pourpre verdâtre avec une barre noire en arrière et une blanche en avant. Les scapulaires noires terminées de gris ar- genté. Queue de 16 pennes, les 2 allongées du milieu noires. 402 LE NATURALISTE CANADIEN. La femelle a les couleurs plus sombres ; le miroir est brun avec quelques taches de vert. Les plumes du dos sont bruaes avec une marque d'un jaune brunâtre en forme de V sur chacune. PA. R.—Le Pilet est fort recherché des chasseurs tant pour la beauté de son plumage que pour l'excellence de sa chair. 11 plonge assez promptement pour se soustraire aux poursuites. La femelle pond 8 ou 9 œufs d’un bleu ver- datre. 3. Gen. SARCELLE. Nettion. Kaup. Bec très étroit, plus long que le pied, à côtés parallèles, l'angle supérieur latéral ne s’étendait pas aussi loin en ar- rière que le bord supérieur. Crochet du bec étroit, linéaire, d'environ un cinquième de la longueur du bec. La Sarcelle aux ailes vertes. Nettion Carolinensis, Baird ; Anas Carolinensis, Gml. Querquedula Car. Steph.—Angl. Green—wing- ed Teal.—Long. 14 pouces ; ailes 7.40 ; tarses 1.14 ; commissure 1.68 pouces. Tête et cou d’un brun marron, menton noir, front brun. Une bande verte de chaque côté de la tête. Dessous blanc ; le bas du cou, les côtés de la poitrine et du corps, les longues plumes des flancs et les scapulaires, densément barrés de noir et de gris clair, Miroir grand, d’un beau vert ; un croissant blanc en face de la courbe de l'aile, La femelle est d’un brun foncé sur le dos, avec les plumes bordées de gris. PA. C—Les Sarcelles qui se montrent d'ordinaire en assez grand nombre au printemps et à l'automne sont tou- jours très recherchées sur nos marchés. La ponte des femelles se compose de 5 à 6 œufs d’un blanc sale lavé de verdatre. 4. Gen. Querquedula, Stephens. Bec étroit, allongé, un peu plus long que le pied, s’é- largissant un peu vers l'extrémité, le crochet étant à peu près du tiers de la largeur du bec ; dents visibles aux côtés. L’angle latéral supérieur s'étendant plus loin en arrière que le bord inférieur. La Sarcelle aux ailes bleues. Querqguedula discors, Stephens. Anas discors, Lin.—Angl. Blue-winged Teal.—Long. 16 pees ; ailes 7.10 ; tarses 1.20; commifsure 1.85 pouces. Sommet de la tête noir; tête et cou d’un gris plombé. Un croissant blanc en avant des yeux. 4 a É - a j ion 403 Dessous à partir du milieu du cou d’un gris purpurin, chaque plume tachetée de noir. Dos brun avec 2 bandes de gris pourpre. Le dos en arrière et la queue d’un brun verdâtre. Miroir d’un vert brillant. Bec noir ; pattes rougeîtres. La femelle a la base du bec, excepté en dessus, le menton et le haut de la gorge d’un blanc jaunâtre sale. Dos brun à plumes marginées de gris. PA, C.—Cette Sarcelle a à peu près les mêmes habi- tudes que la précédente. Elle pond de 6 à 10 œufs d’un jaunâtre sale avec légères teintes de brun. 5. Gen. SPATULE. Spatula, Boie. Bec bien plus long que la tête, spatulé, 2 fois aussi large à l’extrémité qu’à la base, terminé par un crochet long et étroit. Dents à la mandibule supérieure très serrées, fines et allongées, se projetant en bas du bord. Queue aiguë, moins de la moitié des ailes en longueur. La Spatule en bouclier.—Spatula clypeata, Boie ; Anas clyp. Anas rubens, Gml.—Angl. Shoveller ; Spoonbill.—Long. 20 pees; ailes 9.50 ; tarses 1.38; commissure 3.02 pouces. Téte et cou verts; le devant et les côtés de la poitrine, la majeure partie des scapulaires, les côtés et la base de la queue, blancs ; le reste du dessous d’un brun pur- purin ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue, noirs, ces dernières avec réflexion verdôtre. (Couvertures alaires bleues, le der- nier rang brun dans la partie cachée, terminé de blanc ; les tertiaires les plus longues bleues, avec stries blanches en dedans, les autres d’un vert rougedtre avec stries blanches au centre. Miroir de l'aile d’un vert métallic bordé étroitement en arrière de noir et de blanc. La femelle a la tête et le coy d’un jaune brunâtre, tacheté de cendré, et tout le ventre d’un brun rougeâtre. A. AR.—Ce beau Canard ne se montre qu’assez rare- ment dans notre Province, La femelle pond de 12 à 14 œufs d’un jaune verdâtre. Les Spatules se nourissent d’in- sectes aquatiques, de tétards etc.; elle paraissent moins rechercher les graines des plantes aquatiques que les autres espèces. 6. Gen. RIDENNE. Chaulelasmus, Gray. Bec aussi long que la tête ; la mandibule inférieure aussi longue que le doigt extérieur et plus longue que le 404 LE NATURALISTE CANADIEN. tarse. Dents distinctement visibles au dessous du bord du “à bec. La Ridenne Chipeau. Chäulelasmus streperus, Gray ; Anas strepera Lin.—Angl. Gadwall ; Grey Duck.—Long. 22 pees; ailes 10.50 ; tarses 1.64 ; commissure 2.04 pouces. Tête et cou d’un blane sale tacheté de cendré, le sommet de la tête quelque peu rougeñtre. Poitrine et dos noirâtres avec barres concentriques blanches. Cétés du corps zigzagués de noir ct de blanc. Miroir de l’aile d’un blanc pur, bordé extérieurement de gris suivi de noir ; couvertures supérieures de la queue noires. Dedans des ailes d’un blanc pur. Bee noir. La femelle a le bec brun, rougeâtre sur les bords. À. R.—Ce Canard est encore plus rare que le précé- dent; ce n’est pour ainsi dire qu'accidentellement qu'on le rencontre sur nos eaux en automne. Marchant avec aise sur le sol, on le trouve parfois dans les champs à la re- cherche des graines de graminées. La femelle pond de 8 à 12 œufs d’un brun pâle avec légère teinte de verdatre. Blessé, il n'hésite pas à plonger pour se soustraire aux poursuites, (A continuer). EE QD Q Fr PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. (Continuée de la page 395). 3. Gen. ALÉOCHARE. Aleochara, Gravenhost. Menton très court, largement échancré, Tête sessile, penchée, non rétrécie en cou en arrière, Labre transversal, tronqué en avant, An- tennes courtes, rigidules. Prothorax transversal, aussi large que les élytres, arrondi à sa base et sur les côtés. Hlytres courtes, légère- ment arrondies à leur extrémité. Abdomen linéaire, quelquefois ré- tréci en arrière. Pattes peu allongées ; cing articles’ à tous les tarses. — Corps oblong, assez large, revêtu d'une pubescence non soyeuse. ; 6 ~ PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 405 Petits insectes qu’on trouve dans les fumiers, les cadavres etc. Les mâles ont le dernier arceau ventral sinué de chaque côté au bout avec la portion médiane un peu triangulaire. 1. Aléochare pieds-bruns. Aleochara fuscipes, Fabricius.—Long, .20 pouce. Noir, ponctué, légèrement pubescent. Palpes et pattes bruns. Antennes à articles perfoliés, pubescents, excepté ceux de la base. Prothorax rétréci en avant, plus large que les élytres, arrondi en arrière. Elytres très courtes, finement ponctués. Abdomen fort, assez court.—AR. 2. Aléochare large. Aleochara lata, Gravenhost.—Long. 20 pee. Noir: pieds et palpes bruns. Antennes à massue grisâtre. Pro- thorax à ponctuations allongées, en formes de petites lignes, pas plu large que les élytres, celles-ci très courtes, ponctuées. Abdomen très fort, plus large que les élytres.—R. 4. Gen. Copropore. Coproporus, Kraatz. Antennes insérées sous les bords latéraux du front. Tête penchée, enfoncée dans le prothorax. ŒElytres plus longues que la poitrine, également ponctuées. Abdomen légèrement marginé. Mésosterum caréné.—Corps ovalaire. Copropore ventricule. Coproporus ventriculus, Brhart.—Long. 08 pouce. Noir quelque peu rougedtre. Tête presque entièrement cachée. Prothorax s’ajustant exactement avec les élytres à sa base, à ponctuations peu visibles. Elytres longues, rougeâtres à la suture. Anneaux abdominaux en dehors des élytres rougeâtres, très courts, se rétrécissant en pointe.—AC, dans les bois pourris. 5 Gen. TACHINE. Tachinus, Gravenhost. Tête trigone, transversale, fléchie en dessous. Antennes assez longues, gréles, s’épaississant un peu vers l'extrémité. Prothorax trans- versal, au moins de la largeur des élytres à la base et les revoüvrant un peu, ses angles postérieurs souvent saillants en arrière, les antérieurs un peu aigus. Pulpes maxillaires filiformes. Pattes assez courtes ; tarses de 5 articles. Mésosternum non caréné.—Corps oblong, peu convexe. Insectes de taille petite ou moyenne qu’on trouve dans les mousses et dans les débris végétaux et animaux. Tachine fimbrié. Tuchinus fimbriatus, Gravenhost.—Long .35 pouce. D'un roux brunâtre; élytres d’un roux clair. Antennes avec les 4 articles basilaires et le terminal roux, le reste brun. Prothorax Jisse, légèrement rebordé sur les côtés, recouvrant un peu les élytres, celles-ci courtes, quoique plus longues que la poitrine, à sillons peu pro- 406 LE NATURALSTE CANADIEN. noncés marqués de ponctuations peu enfoncées. Abdomen large, à seg- ment terminal quadridenté—AcC. 3 On donne encore les espèces fumipennis, Say, et picipes, Erhart, comme appartenant à notre faune. 6. Gen. Tackyporre. Tachyporus, Gravenhost. Tête transversale, fléchie en dessous. Yeux assez convexes. An- tennes grêles, grossissant un peu à leur extrémité, les articles basilaires plus longs que les autres. Prothorax ample, aussi large à la base que les élytres qu’il recouvre un peu. Elytres plus longues que la poitrine, leurs angles terminaux externes plus ou moins tronqués. Mésosternum non caréné. Abdomen fortement rétréci en arrière. Palpes maxillaires subulés. Pattes médiocres ; tarses de cinq artieles.—Corps ailé, obtus en avant, fortement rétréci en arrière, lisse et glabre sur la tête et le prothorax, Mémes habitudes que les Tachines. L Tachypore joyeux. Tuchyporus jocosus, Say.—Long. .12 pouce. Noir ; thorax, élytres, bouche et pieds, jaunâtres. Tête, brun foncé, polie ; Thorax poli, sans ponctuations, ses bords antérieurs et postérieurs noirâtres. ÆElytres jaunâtres, avec lécusson et les parties avoisinantes noirâtres. Abdomen plus long que les élytres, bord posté- rieur des segments jaunâtre.—AC. 2. Tachypore sans queue. Zachyporus acaudus, Say.—Long. 14 pouce. Jaune ; thorax plus pâle sur les côtés. Tête noire. Elytres jaunes avec teinte de rouge, brunâtres dans la région de l’écusson ; angle términal intérieur tronqué. Abdomen moins de la moité de la longueur des élytres, d’un brunâtre cuivré, quelque peu pubescent, Pieds, jaune-pâle.—R. Se distingue surtout du précédent par la brièveté de son abdomen, 7. Gen. Conosome. Conosoma, Kraatz. Très rapproché des Tachypores, n’en différant que par les earac- tères suivants : yeux peu saillants; angles postérieurs des élytres droits. Abdomen non rebordé latéralement. Mésosternum caréné, Corps revêtu d’une fine pubescence soyeuse, Mêmes habitudes que les Tachines et les Tachypores. Conosome basale. Conosoma basale ; Erhart.—Long. .12 pee. Brun ; tête noire. Prothorax bordé de rougeñtre à la base et sur les côtés. Elytres brunes, bordées de rougeñtre, Abdomen de la longueur des élytres, à bords postérieurs des segments rougeâtres. Pattes et palpes jaune-rougedtre.—AC. | $ 2 mh s 5 4 -; < À re «4 wy ‘ PETITE PAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 407 ~ _ L'espèce crassum, Gravenhost, est aussi donnée comme apparte nant à notre faune. 8. Gen. Bocéroge. Boletobius, Leach. Menton très court ; languette échanerée au milieu. Labre trans- versal. Tête sessile, penchée. Antennes assez longues. Prothorax aussi large que les élytres, celles-ci pas plus longues que la poitrine, tronquées en arrière. Abdomen graduellement rétréci en arrière. Palpes maxillaires filiformes.—Corps long, rétréci à ses 2 extrémités. Bolétobe ceint. Boletobius cinctus, Gravenhost.—Long. .28 pouce. Noir ; élytres testacées avec une grande tache noire sur chacune au côté n’atteignant ni la base, ni la suture, ni le sommet, noires atssi dans la région de l’écusson. Abdomen plus long que les élytres, se rétrécissant graduellement vers l'extrémité, les 4 premiers segments testacés, le 5e noir dans sa première moitié et testacé dans l’autre, les : Ge et 7e noirs. Pattes de la couleur des élytres.—R. 9. Gen. Quépie. Quedius, Stephens. Tête rétrécie en arrière. Antennes insérées sur le bord antérieur de l’épistome. Prothorax suborbiculaire, ses bords latéraux simples. ‘Elytres tronquées en arrière, Hanches intermédiaires contigués ; tarses de 5 articles. Stigmates prothoraciques non cachés par le pro- notum, mais recouverts par une lamelle triangulaire. Quédie luisante. Quecdius melochinus, Gravenhost. — Long. .34 pouce. Noire; tête et prothorax lisses, brillants. Antennes brunes ; palpes jaunâtres. Tête avec un rebord court en forme de cou. Pro- thorax arrondi postérieurement, un peu plus large que les élytres aux côtés et leur couvrant la base au milieu. Hlytres fortement ponctuées, brunes, à angles postérieurs externes arrondis. Abdomen plus long que les élytres, noir, cilié sur les bords.—AR,. L'espèce fulgidus, Fabricius, est aussi donnée à notre faune. 10. Gen, CrtopHite. Creophilus, Stephens. Menton très court. Tête subquadrangulaire, munie en arrière d’un cou court. Antennes distantes, s’épaississant vers l'extrémité, les articles 6-10 transversaux. Palpes maxillaires filiformes, le 4e article plus court que le 3e. Jambes épineuses, tarses antérieurs dilatés. Une seule espèce dans notre faune. Créophile vélu. Creophilus villosus, Gravenhost.—Long. .80 pouce. Noir, tête et thorax lisses, brillants. Labre roussâtre. Pro- thorax rétréci et arrondi en arrière, portant quelques points blanchâtres Sur ses angles antérieurs. Elytres courtes, pubescentes de même que minaux et sur une bani FN au milieu des élytres. M allongé, ponctué. Abdomen à côtés parallèles, avec quelques Se à blanchâtres à l'extrémité. Pattes noires. —C. =. 11. Gen. Liisrorropre. Leistotrophus, Perty. 4 ‘ Tête subquadrangulaire, A sterucs gids, ies articles basilaires Pt très allongés, faiblement épaissis à cur extrémité, subdenticulés à par- tir du 6e, le dernier échaneré au bout. Palpes maxillaires filiformes, eg le 4e article beaucoup plus court que le 3e. Thorax ponctué, pubescent, 5, a Pattes longues ; jambes pubescentes en dessous. “Léistotrophe ceinturé. Leistotrophus cingulatus, Gravenhost. —Long. .60 pouce. Brunâtre, pubescent. Labre roux. Thorax portant des excavations visibles malgré sa pubescence, arrondi en arrière... Antennes rousses, noires en dessus à l'extrémité. Elytres courtes, densément couvertes de même que le prothorax d’une pubescence quelque peu . rousse. Flancs portant une pubescence d’un jaune doré. Abdomen assez long, pubescent, les 4 premiers segments noirs, le cinquième d’un jaune doré plus ou moins apparent, Pattes longues, les cuisses noires, les jambes roussâtres.—PC. mie 12. Gen. SrAPHYLIN. Staphylinus, Linné. Menton très court, languette légèrement échancrée. Dernier ar- ticle des palpes maxillaires égal ou plus long que le 3e. Labre trans- versal, bilobé, avec une bordure membraneuse. Prothorax trans- : versal, arrondi en arrière, avec ses angles antérieurs distincts et rabattus. Abdomen subparallèle. Pattes moyennes, plus ou moins robustes.— Corps plus ou moins allorigé, de forme généralement robuste. Les Staphylins comme les précédents vivent de détritus végétaux a et animaux. Nous en comptons 5 espèces dans notre faune, 1. Staphylin maculé. Staphylinus maculosus, Gravenhost— - Long. .70 pouce. Tête et prothorax noirs; élytres rousses., Téteet — prothorax ponctués et couverts d’une courte pubescence ; palpes, élytres Br et pattes roussâtres. Les élytres sont densément couvertes d’une pu- i: : bescence roussâtre tachetée de noir. Abdomen noir avec les rebords 4 “€ latéraux roussâtres ; segments 1 et 2 avec une ligne d’un jaune clair à ‘Che leur bord postérieur en dessus et en dessous, les 3e, 4e et 5e bordés de 1 roux, le 6e noir et le 7e roux avec 2 lignes noires au milieu et les ap- à o + pendices terminaux d’un jaune clair.—R. as Sate 2.Staphylin pieds-pâles. Staphylinus badipes, Leconte—Long. 4 L ie (WE 52 pouce Noir; pattes jaunûtres. Labre noir, cilié de poils roux. x ‘ | PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 409 4 Tête et prothorax finement ponctués. Antennes rousses à la base. Prothorax avec une carène au milieu. Elytres densément pubescentes. Abdomen à côtés subparallèles, tout noir, les arceaux ventraux avec une bordure de poils jaunâtres aux côtés.—CC Les pieds jaunes de cette espèce la font distinguer à première vue. - 3. Staphylin ailes-brunes. Staphylinus cinnamopterus, Grav. — Long. .50 pouce. Noir; élytres d’un roux canelle, Antennes et palpes bruns. Phothorax ponctué, ce dernier caréné au milieu et lavé de roussâtre au bord postérieur. Abdomen noir, à segments bordés de roussâtre postérieurement, le ler bordé de jaune clair. Cuisses noires, jambes et tarses roussâtres.—PC, : 4. Staphylin violet. Slaphylinus violaceus, Grav.—Long. .50 pouce. Noir; élytres d’un beau violet. Tête noire, ponctuée, avee une barre jaune au dessus du labre. Phothorax noir, ponctué, earéné au milieu, à reflets métalliques. Elytres couvertes d’une pubescense violette, à angles postérieurs déprimés. Abdomen noir, le premier segment bordé postérieurement d’une ligne claire, les autres avec une pubescence grisâtre sur les côtés. Antennes et pattes noires.—R. 5. Staphylin capite. Staphylinus capitata, Bland.—Long. 50 pouce Noir; tête rousse. Mandibules fortes, rousses, noires à l'extrémité ; lobes du labre noirs. Prothorax densément pubescent, ca- réné au milieu, noir, bordé de roussâtre postérieurement et portant aussi un gros point roussâtre de chaque côté, au milieu. Antennes rousses à la base, noires à l’extrémité. Elytres noires, pubescentes, avec points enfoncés en forme de fossettes. Abdomen noir, les segments bordés d’une ligne pâle postérieurement, les 4e et 5e à pubescence jaunâtre. Pattes noires, les cuisses avec une tache rousse en dedans vers l’extré- mité.—R. Les espèces exhulans Hr. vulpinus, Nordman, et fossator, Gray. sont aussi attribuées à notre faune. . (A Continuer). nt DDD Em Q OD IT 0 “3 410 Quel est cet étre serpentiforme que vous venez de décou- vrir en enlevant quelques feuilles mortes sur le sol, et qui agite de suite deux rangées de pattes sans nombre pour se chercher une nouvelle retraite ? Le nombre de ses organes locomoteurs vous a de suite donné sa classe ; c’est un mille-pieds ou myriapode, du grec myrios, dix mille, sans nombre, et pous podos, pied. Les Myriapodes sont-ils des insectes ? Chez eux point d’ailes, point de thorax, point d’abdomen distincts, c’est un ver ou un serpent muni de pattes. Les Myriapodes ne sont certainement pas des insectes; car chez les insectes, il n'y a jamais moins ni plus de 3 paires de pattes, et chez les Myriapodes on peut ‘en compter des centaines. Sans faire partie de leur ordre, les Myria- podes sont cependant très rapprochés des insectes, et semblent servir d’intermédiaires entre ces derniers et les — Annélides ou vers. Comme les insectes, ils sont munis d'antennes, leurs organes locomoteurs et leur corps même sont composés d’anneaux ou de segments articulés, leur bouche est munie de mandibules et de mâchoires, leur res- piration s'opère au moyen de trachées, etc. etc. Aussi, les naturalistes ont-ils formé de ces animaux un ordre spécial dans la classe des Articulés, lui faisant prendre place entre les insectes et les Arachnides, dont nous avons parlé précé- demment. (a). Les Myriapodes se distinguent à première vue par leur corps allongé, cylindrique ou aplati, composé de seg- Fig. 32—Julus Multistriatus, Walsh. (a) Voir page 214 du présent volume, la classification que nous avons donnée de la classe des Articulés. LES MYRIAPODES. , 411 ments variant en nombre depuis 10 jusqu’au de la de 200. Au contraire des Arachnides, la téte est toujours distincte du reste du corps, mais par contre, le thorax est confondu avec l’abdomen, de sorte que la tête parait comme soudée directement à cette deaniére partie. La bouche des Myriapodes est généralement composée du même nombre de parties et dans le même ordre que celle des insectes. Ainsi nous trouvons ici les mandibules, les mâchoires avec leurs palpes, et aussi les palpes la- biaux etc. Les yeux sont chez quelques-uns composés comme dans les insectes, Scutigéres; chez d’autres, Lithobies, Scolopendres, ils sont stemmatiformes ; enfin ils manquent tout à fait dans certains genres, Géophiles, Polydèmes ete Les antennes n’ont jamais moins de 7 articles dans les Chilognathes, tandis'que dans les Chilopodes elles en ont toujours un plus grand nombre. Les pattes se composent de la hanche, de la cuisse, de a jambe et du tarse, comme chez les insectes. Les anneaux du tronc sont tantôt cylindriques et tantôt aplatis, le plus souvent cornés, et portent tous une ou deux paires de pattes, Le système nerveux est très peu différent de celui des insectes; chaque anneau du corps comprenant un ganglion qui envoie latéralement des filaments plus ténus, et qui par sa suture avec les voisins, forme une série continue depuis la tête jusqu’à l'anus. La respiration s'opère au moyen de stigmates qui sont placés latéralement sur les anneaux alternes du corps. La génération est bisexuée et la reproduction ovipare ou ovovivipare. _ Ê Bien que les Myriopodes soient inférieurs aux insectes sous le rapport de la conformation, de l'éclat des couleurs, de leurs mœurs etc., leur étude ne laisse pas d’être fort in- téressante. Ces animaux ne subissent pas de métamorphoses et ne prennent jamais d'ailes, mais chose assez singulière, les 412 LE NATURALISTE CANADIEN. | anneaux de leur corps, et méme leurs yeux, augmentent en nombre avec laze, au moins dans certains genres comme dans les Géophiles, les Iules ete. ; les embryons de ces derniers ne montrent méme que six pattes comme les jarves des Coléopteres. Certaines espèces de Myriapodes sont frugivores, comme les Iules, les Gloméris etc. tandis que d’autres, comme les Lithobies sont carnassiéres, faisant continuellement la chasse aux vers, larves etc. Tous sont plus ou moins luci- fuges, ne se montrant au Soleil, pour ainsi dire qu’acciden- tellement. Ils affectionnent particulièrement les lieux hu- mides, et la sécheresse prolongée les fait bien vite périr. Les feuilles mortes sur le sol, ies mousses, les écorces, sont d'ordinaire les lieux qui leur servent de retraite et ou on les trouve. Sans jouir de la faculté de refaire leurs membres am- putés comme la plupart des Crustacés, ils souffrent cepen- dant assez facilement les mutilations ; on a vu des tronçons — de Polydémes donner encore signe de vie aprés plus de 15 jours de leur séparation. Ni l’on ampate la tête à un Géo- phile, on le voit de suite marcher dans le sens de la queue, mais si au lieu de la tête, c’est la queue qu’on lui enlève, il dirigera de suite sa course en avant, semblant dans tous les cas fuir l'objet qui l’a blessé. Les Myriapodes sont généralement réputés incapables de nuire. Cependant plusieurs espèces ont la faculté d’é- mettre un venin, qui dans les pays tropicaux, est assez actif pour causer une irritation considérable et même la mort dans certaines circonstances. On se rappelle l'aventure de ce ménestrel français, en tournée au Mexique, il y a quelques années. Il était d'ordinaire retenu dans les bals pour le plaisir des danseurs. Il sort, une nuit, dans un entre acte de danse, pour se rafraîchir sur le perron de la maison où avait lieu la réunion. Empressé d’appaiser sa soif, il n’attend pas qu’on lui passe le gobelet qui était alors entre les mains d’autres compagnons, mais saisissant de ses deux mains‘le pot qu'on avait déposé sur un pilier de la galerie, il boit à longs traits, à ouverture même du pot. LES MYRIAPODES. . 413 L'obscurité lavait empêché de remarquer une énorme Scolopendre qui, au moyen des lianes recouvrant le bras de la galerie, était parvenue à se glisser dans le vase. Notre homme fait aussitôt voler le pot sur le sol, et se portant les doigts à la bouche, il pousse des cris rauques et étouffés comme quelqu'un que l’on étranglerait, tout en se roulant sur le pavé et s’agittant comme véritablement pris de furie. On s'empresse autour de lui, on apporte de la lumière, et l’on reconnait l'étrange animal que l’on voit senrouler dans sa bouche sans toutefois lâcher prise. Deux médecins se trouvaient dans l'assemblée, ils se hâtent de venir au secours du patient, mais sans succès. La traction est opérée avec les doigts jusqu’à diviser le corps de l’animal, mais ses mandibules fortement enfoncés dans l’une des amygdales, ne veulent pas lâcher prise. Déjà toute la figure et les yeux du patient sont in- jectés de sang, sa respiration devient de plus en plus em- barrassée, sa gorge se gonfle. N’ayant d'autre instrument à leur disposition qu'un canif, les médecins s’efforcent de désarticuler l’animal pièce par pièce, et ne parviennent à lui faire lâcher prise qu'après lui avoir enlevé jusqu'au dernier segment et fendu la tête. Mais quelque promptitude qu'on ait apportée dans cette opération, elle avait duré trop longtemps ; le poison avait eu le temps de produire son effet, et excitation avec une demi suffocation aidant, notre malheureux ménestrel rendait le dernier soupir quelques heures seulement après avoir été délivré de son redoutable ennemi, C’est là c’est doute un cas exceptionel, car quoique le venin des Myriapodes soit bien plus actif sous les climats tropicaux que dans les régions tempérées, on peut dire en général que leur morsure n’est pas dangereuse et se borne d'ordinaire à la seule irritation de la partie attaquée. Sur les bords de l’Amazone, au Brézil, les Myriapodes, et de forte taille, sont si nombreux, qu'il n’est pas rare d’en trou- ver jusque dans les couvertures des lits le matin ; cepen- dant on n’a encore jamais signalé d’accidents fâcheux à la suite de leurs morsures ; ce n’est même que très rarement 414 LE NATURALISTE CANADIEN. que ces morsures ont lien, ces animaux ne paraissant faire usage de leurs armes que pour s'assurer leurs proies ou en cas de légitime défense. Bien que certains Myriapodes, comme les Polydémes, aient été signalés comme mangeant de jeunes plants dans les jardins, choux, laitues etc., comme ce ne sont pas les jardins qu’ils habitent de préférence, on peut dire en géné- ral, surtout pour nos contrées, que ce sont des animaux innocents où même utiles, en ce qu'ils font la guerre à de nombreuses larves d'insectes nuisibles. Les Myriapodes, comme de récentes découvertes pa- léontologiques le constatent, se sont montrés de bonne heure sur le globe, surtout ceux de la première division, les Chilopodes. Le Dr. Dawson a découvert des Iules dans les roches carboniféres de la Nouvelle-Ecosse, et le Dr. Dohrn en a de méme trouvé un dans le charbon en Alle- magne. Les Naturalistes divisent les Myriapodes en 2 sous- ordre, savoir: les Chilopodes et les Chilognates. Les pre- miers se distinguent par les anneaux de leurs corps qui ne portent qu’une seule paire de pattes et des antennes qui n’ont jamais moins de 14 articles. Chez les Chilognates, au contraire, les antennes n'ont que 7 articles et chaque anneau du corps porte 2 paires de pattes. Le tableau sui- vant permettra de distinguer les différents genres dont nous ayons pu reconnaitre la présence dans les environs de Québec. Clef analytiques des genres. Plus de 7 articles aux antennes; une paire de pattes à chaque segment jrssse see ssssseseerenne 15 paires de pattes ; 30 à 40 articles aux an- TONNES. . « oe sssussensnmessess sewers cossvcenesees de LITHORIN, De 30 à 100 paires de pattes; 14 articles aux ANLCDNCS....ee0ee severacsesvesseess eve seseeeees oe GQEOPHILUS. Antennes de 7 articles ; 2 paires de pattes à chaque segment ; Corps aplati ; yeux nuls,. .….......... censure Oe POLYDESMUS, Corps cylindrique; yeux agrégés.…..........… 4, JULUS. LES MYRIAPODES. 415 CHILOPODES. (De cheilos, lèvre, et pous, podos, pied ; allusion aux fortes mandibules de ces animaux qui partant du derrière de la tête semblent n’étre que la ler paire de pattes). Ce groupe est caractérisé par chaque anneau du corps ne portant qu'une seule paire de pattes et par des antennes de pas moins de 14 articles. Gen. LiTHoBiE. Lithobius, Leach. (Du grec lithos, pierre, et bios, vie, parce qu’on les trouve d'ordinaire sous les pierres). À Tête large et aplatie. Antennes de 40 ar- ticles, allant en diminuant de la base à l’extré- \ mité. Yeux simples, stemmatiformes. Corps { y déprimé, 4 15 segments alternativement plus S ZZ étroits, munis chacun d’une paire de pattes. == Les pattes postérieures sont beaucoup plus = = longues que les autres. YA ~~ Les Lithobies se trouvent sous les pierres, les copeaux etc. Ellesse nourrissent de vers et de petits articulés pour lesquels leur mor- sure est venimeuse. Nous n'avons encore ren- contré que l'espèce suivante. = Fic. 33. Lithobie pieds-épineux.—Li/hobius spinipes, Say.—Lon- gueur uu peu plus d’un pouce. Corps brunatre, poli, sans ponctuations, avec quelques poils épars. Segments avec les angles latéraux réfléchis, les postérieurs échancrés ou ' rétrécis en arrière, le terminal conico-cylindrique. An- tennes pâles, à pubescence courte et raide. Pieds testa- cés, portant à l'extrémité de chaque article quelques épines courtes et une plus longue en dessous. Labre échancré longitudinalement.—CC. Se rencontre surtout sous les écorces et dans souches pourries. Gen. GEOPHILE. Geophilus, Leach. (De gé, terre, et phileo, j'aime; allusion à leur habitat). Corps gréle et tres long, portant de 30 a plus de 100 segments, chacun formé de 2 sous-segments complets et portant une seule paire de pattes. Antennes toujours de 14 articles. r Fig. 33.— Lithobius Americanus, Newport. 416 LE NATURALISTE CANADIEN. Les Géophiles se trouvent sous terre, dans les dé- combres, sous les écorces etc. dans les endroits humides, Ils paraissent rechercher particulièrement la sève sucrée des arbres au printemps, car nous en avons souvent pris sur les souches d’érables récemment abattues qui laissaient encore écouler de la sève, Fig. 34. On dit que les Géophiles sont susceptibles de s'intro- duire dans les narines des personnes qu’elles peuvent at- teindre durant leur sommeil. Le compte rendu des tra- vaux de l’Académie des sciences de Metz, pour 1830, en rapporte un cas des plus intéressants. Une femme des en- virons de cette ville fut prise de douleurs de tête, qui se faisaient sentir dans la moitié du erâne et affectaient prin- cipalement le front et ses sinus; cet état dura pendant plusieurs mois, et la malade éprouvait de telles souffrances, que sa santé avait été profondément altérée. Son sommeil était depuis longtemps suspendu, et souvent l’exaspération était telle qu’elle se montrait comme folle ; ces crises vio- lentes se répétaient fréquemment, et souvent chacune d'elles durait plusieurs jours. Tous les remèdes furent adminis- trés sans succès, et l’on désespérait de la guérison, lorsque tout à coup le calme fut rétabli, après que la malade eut rendu par le nez un Myriapode que les savants du pays reconnurent pour le Géophile frugivore, Geophilus carpo- phagus, Leach. Plusieurs espèces de Géophiles sont susceptibles d’é- mettre de la lumière ou de se montrer phosphorescentes du- rant Ja nuit. Nous n’en avons encore pris qu'une seule espèce que nous n’avons pu édentifier faute d'auteurs. Fig. — Geophilus bipunctipes, Wood. LES MYRIAPODES, 417 CHILOGNATHES. (De cheilos, lèvre et gnathos mâchoire ; allusion à la nature cornée des mandibules). Dans cette division les segments du corps sont toujours très nombreux et portent chacun 2 paires de pattes ; les antennes n'ont jamais plus de 7 articles. Gen. POLYDÈME. Polydesmus, Latreille. (De polys, plusieurs, et desma, écailles ; allusion à la nature écailleuses des segments). Corps déprimé, à segments portant une carène aux côtés. Tête large et massive; yeux nuls; antennes pe- tites. Mêmes habitudes que les Iules et les autres Myria- podes en général, cependant les Polydémes semblent se nourrir de préférence de végétaux. L'espèce suivante se trouve partout dans nos bois sous les feuilles mortes. Bie. 35. Polydéme du Canada. Polydesmus Canadensis, New- port.— Longueur .90 pouce. D’un roux testacé. Tête avec une ligne longitudinale enfoncée sur le vertex. Antennes pubescentes, courtes, un peu plus épaisses à l'extrémité. Segments aplatis, portant huit soulèvements squamiformes sur leur face dorsale rangés sur 2 lignes, et se prolongeant en saillie sub-épineuse à leur angle postérieur. Segment terminal mucroné au milieu, et sans saillies aux côtés. —CC. Se trouve surtout sous les feuilles mortes. Gen. IULE. Julus, Linné. (De Joulous, nom donné par les Grecs à un insecte). Corps cylindrique, ayant toujours plus de 31 segments Yeux granulés. Antennes de 7 articles, insérées sur le devant de la tête. Deux paires de pattes à chaque seg- ment. Bic, 35.— Polydesmus érythropyqus, Brandt. . Sl ia a 418 LE NATURALISTE CANADIEN. Mémes habitudes que dans le genre précédent. Ju- lus Sechellarum, Desjardins, qu'on trouve aux iles Néchelles, mesure jusqu’à 9 pouces de longueur. Nos espèces sont d'une beaucoup plus petite taille. Nous n'avons encore rencontré que les suivantes. 1. Iule marginé. ulus marginatus, Say.—Long. plus de 3 pouces. Corps cylindrique, noiratre, à segments bor- dés de roux postérieurement ; dernier segment inerme. ler segment aussi large que les 8 suivants réunis ; le 2e obtusément anguleux aux côtés ; le dernier aussi long que les 2 précédents réunis, rétréei à l'extrémité qui est arrondi et sans mucron. Labre pâle avec une échancrure large et profonde au milieu, portant 10 à 12 ponctuations, cilié de poils roussatres. Ce magnifique Myriapode est assez rare. Nous en possédons 3 spécimens ; le ler nous est venu de Somerset, le 2e de St. Edouard (Lotbinière), et nous avons pris le 3e à Portneuf. Les 2 premiers mesurent 2.80 pouces, et le 3e 2 pouces seulement. Ce dernier est d’un brun assez foncé. Cette espèce est reconnue d’ailleurs pour être très variable dans ses couleurs. 2, Iule marqué. Julus impressus, Say. — Longueur 1.20 pouce. Brun, jaunâtre en dessous ; corps cylindrique, chaque segment avec un point noir aux côtés et des lignes blanchâtres, quelquefois obsolètes, marqué de plus d'une série de lignes longitudinales plus distinctes au dessous des stigmates ; dernier segment mucroné, Labre d’un blanc jaunâtre ; antennes brunatres—CC. Se trouve partout sous les feuilles mortes, sous les pierres etc., dans les endroits humides, 8. Iule du Canada. Iulus Canadensis, Newport. — Long. 2 pouces. D'un brun rougeatre avec une ligne noire plus ou moins apparente sur le dos et une ligne de points noirs de chaque côté. Labre d'un blanc jaunatre, large- ment échancré au milieu, cilié, sans points enfoncés près du bord. Chaque segment bordé postérieurement de youssitre, le dernier anguleux mais sans mucron.—AR. L'EXPOSITION PROVINCIALE DE 1873. 419 Ij n’y a pas de doute que des recherches plus attentives permettront de signaler la présence de plusieurs autres espèces de Myriapodes, C’est aux entomologistes à perter leur attention sur ce point. — 79 =— L'EXPOSITION PROVINCIALE DE 1878. L'histoire naturelle.—Les beaux arts.—Un potier.—L’ Arachide.—L’ échelle Skinner.—-Une femme-colose.—Un fossile. Le 16 Septembre dernier, s’ouvreit à Montréal l’'Expo- sition Provinciale de cette année, qui dura quatre jours. Notre premier soin en y arrivant fit de pénétrer au coin en rapport avec l’histoiro naturelle ; et nous ne fûmes pas peu désappointé en voyant qu'il n’y avait qu’un seul expo- sant, Mr. Lechevallier. Pas une seule case d’insectes, pas une seule de ces collections privées qu'on étalait à Québec, il y a deux ans! Montréal renferme cependant des ama- teurs dont les collections auraient pu avec avantage figurer sur les tables de l'Exposition ; car quant à ceux en dehors de la ville, les objets d'histoire naturelle sont en général si difficiles à transporter et si exposés à être endommagés en les déplaçant, que la lutte leur était à peu près interdite. Disons toutefois que Mr. Lechevallier pour être seul avait noblement rempli son role: œufs d'oiseaux, de tor- tues, peaux d'oiseaux, têtes de quadrupèdes, poissons, oiseaux montés etc, son exposition pouvait former, à elle seule, un joli musée d’amateur. Parmi ses pièces les plus remar- quables, nous avons noté un magnifique Crocodile de plus de 8 pieds de longueur, admirablement bien disposé pour laisser voir son eflrayante beauté, une Scie, Pristis anti- quorum, Latham, mesurant 9 pieds et montrant son museau aplati en lame de plus de 3 pieds de longueur, garni de fortes dents de chaque côté à la manière de l'instrument dont elle porte le nom; une énorme Raie etc., etc. Ces 420 LE NATURALISTE CANADIEN. trois magnifiques pièces produits des chasses de Mr. Leche. vallier en Floride. Les juges ont su apprécier le mérite de notre natura- liste et lui ont décerné les prix qui lui revenaient à si justes titres: ler prix pour collection d'oiseaux; ler prix pour collection d’autres animaux; ler prix pour une liqueur pré- . servatrice contre les Dermestes, Anthrènes et autres insectes destructeurs des cabinets d'histoire naturelle de même que des fourrures ; ler prix, avec diplome recommandé, pour collection d'œufs, pour préparation du Grebe, cet oiseau si recherché de nos jours, dont le plumage remplace les four- rures pour les riches habits d'hiver des dames, etc., etc. Nous ne pouvons qu’exprimer de nouveau le regret. que nous cause le départ d'au milieu de nous de Mr. Le- chevallier, surtout si son établissement vient a se clore. Mr. Lechevallier est un naturalliste tout rempli du feu sacré; rien ne peut l’arréter quand il s'agit d’ajouter à ses collections: mauvaise nourriture, marches forcées à travers mille obstacles, navigation sur des lacs fourmillant d’Alligators, dans des esquifs si frêles que ces redoutables reptiles auraient pu les broyer d’un seul coup de ma- choires ; brülé par le Soleil ou trempé jusqu'aux os par la pluie, point d’autres abris que la calotte des cieux au milieu de ces forêts de la Floride pleines de serpents, de lézards et autres animaux dont on n’aimerait guère les caresses, tout cela est mis hors de compte, le gibier est abondant, la chasse fructueuse, la misére et la fatigue ne sont rien, Mr. Lechevallier nous fait le récit de ses courses et de ses précieuses captures avec tout l'enthousiasme de l'homme de la science, et nul doute que son trop court séjour parmi nous n’aura pas peu contribué à réveiller le goût, pour une science que nous avons tort de si fort né- gliger. L'Université Laval, la Société Littéraire et Historique de Québec, la Société d'Histoire Naturelle de Montreal, n'ont pas voulu laisser s'éloigner Mr. Lechevallier sans profiter de la bonne occasion d'enrichir leurs musées de pièces rares et intéressantes. Le seul lot de l'Université bah) L’ EXPOSITION PROVINCIALE Dn 1873. 421 v Laval se montait à plus de $600; dans ce lot se trouvaient la Scie, le Crocodile et la Raie que nous avons mentionnés plus haut. | Comme il reste encore à Mr. Lechevallier une grande quantité de peaux et d'œufs d'oiseaux, de reptiles, de mam- mifères, ete., qu'il offre à prix réduits, c’est là une belle occasion pour les maisons d'éducation d’augmenter leurs mnsées à bon marché. Les beaux arts, sans faire complètement défaut, n’é- taient représentés que par quelques échantillons. MM. Burland & Lafricain exposaient des gravures sur métaux d’un beau fini. Comme à Québec, on admirait les portraits au crayon et au pastel de Mr. Rho, de Bécancour. Les portraits de Mr. Dubord, le tabaconiste, du feu maire Cassidy et de M. Gaudet pouvaient servir de modèles, tant pour l’ex- écution que pour la ressemblance. Une magnifique litho- graphie, représentant le pape, au milieu des 7 principales puissances Européennes, figurées par autant de lions qui lui montrent plus ou moins les dents, et due aussi au crayon de Mr. Kho, provoquait des exclamations de la part de tous les visiteurs la première journée, mais dès le lendemain, des doigts crochus avaient jugé a propos d’en débarrasser le pilier qui la portait pour se l’approprier. Pour toute peinture à l'huile, il n’y avait qu’un grand portrait du feu maire Cassidy, dont l'exécution était loin d'être parfaite. Aussi cette toile était-elle signée de Gre- nier, photographe. C'était tout simplement une photo- eraphie agrandie qu'on avait habillée de couleurs plus ou moins bien appliquées, tout en laissant subsister les dé- fauts que les photographies de grandes dimensions ne peuvent éviter. En poursuivant notre visite des tables, nous remar- quâmes dans un certain coin, un étalage de vaisselle brune, d’un fini superbe: thépots, chrachoirs, plats, pots à l'eau, etc. Neus crûmes de suite que c’étaient là des échantillons de notre manufacture du Cap-Rouge, bien que les patrons nous parussent un peu différents. Mais nous ne fumes pas peu surpris d'apprendre que le tout 422 LE NATURALSTE CANADIEN. était l’œuvre d'un potier de L’Ancienne Lorette, Mr. Antoine Dion, quiseul, sans capital, sans pour ainsi dire d’apprentissage préalable, était parvenu a fabriquer cette poterie, à en opérer la cuisson et le vernissage d’une ma- nière si parfaite, que les juges n'avaient pas hésité à at- tacher une pancarte de premier prix à son étalage. En interrogeant le fabricant lui-méme, il nous apprit de plus qu'il prenait sur sa terre mème, sur les bords de la rivière St. Charles, la terre avec laquelle il confectionnait sa po- terie, et que plusieurs des pièces exposées étaient des pa- trons de son invention. —Mais au CapRouge on fait venir à grands frais du New-Jersey de la terre pour faire de la vaisselle semblable à la vôtre,et vous, vous la prenez chez vous, pourquoi n’irait-on pas la chercher là ? —Liaffaire les regarde ; mais moi je n'ai jamais em- ployé d'autre terre que celle que je prends chez moi. —Du moins vos pièces sont-elles bien cuites? On m’a dit que la terre du pays qu'on avait employée au Cap- Rouge ne faisait rien de bon, que contenant une certaine quantité de fer, les pièces on éclataient à la cuisson, ou se tortillaient et se déformaient. —Voyez dit-il, en prenant une pièce et la faisant son- ner en la frappant, sil peut y avoir cuisson plus parfaite ! — Vous avez vous-même, dites-vous, modelé certains patrons, mais vous connaissez donc le dessin, yous avez donc fait un apprentissage de sculpture pour faire ainsi des figures en demi-bosse. —Je n’ai jamais appris ni l’un ni l’autre. —QOh ! je comprends; vous avez pris une empreinte en platre sur un vase que yous vouliez reproduire, puis vous avez ensuite moulé votre terre dans cette empreinte ? —Pour certaines piéces, oui! mais pour d’autres, c’est moi-méme qui ai sculpté sur terre les patrons que je voulais avoir. On fait venir au CapRouge, à grands frais des Etats- Unis, des artistes pour modeler des patrons en terre; nous | ; | | | 4 L'EXPOSITION PROVINCIALE DE 1873. 493 avons nous-même observés ces artistes à l’œuvre ; quoique le travail de la demi-bosse s'opère bien plus faciiement sur terre que sur le bois, vu surtout la facilité presque illi- mitée de corriger, ça n’en exige pas moins uue grande con- naissance du dessin et de la sculpture, et voilà un simple po- tier, qui sans aucune étude ni apprentissage, exécute des pièces qu'aucun connaisseur ne pourrait refuser d'admettre ! Partout, dans nos paroisses, nous trouvons de ces talents supérieurs qui, avec les seuls ressources de leur génie, exé- cutent des œuvres tout-à-fait étonnantes; qu'on juge done de ce que de tels hommes pourraient faire s’ils étaient aidés d’une éducation appropriée. Nous admirames plus loin des marbres artificiels, con- fectionnés à Toronto, d’une grande dureté et susceptibles de prendre un beau poli, À côté, un agent de la compagnie des terres du Paci- fique Américain, exposait des produits naturels du Kansas, avec cartes des terres encore disponibles. Nous remar- quâmes parmi ses plantes, lArachide ou Pistache de terre, Arachys hypogea, Linné, cette plante si singulière, qui après la floraison, enfonce ses gousses en terre pour y prendre leur accroissement et leur maturité. La plante, à part ses gousses toutes décolorées et tachées de terre, a toute l'ap- parence d'un pois ou d’une gesse ; elle mesure à peine un pied de hauteur, et appartient de même que nos fèves à la famille des Légumineuses-papilionacées. Le fruit, [soumis à la cuisson, à la manière des chataignes, se mange sec comme les noix et les amandes. Les tables des revendeuses à Chicago, St. Louis etc, sont, à tous les coins de rues, gar- nies de pea-nuts, c'est ainsi qu'on désigne ce fruit, et les trottoirs couverts de leurs écailles peu consistantes, tant est grande la consommation que l’on en fait. Les instruments agricoles, charrues, herses, semoirs, faucheuses etc., nous ont paru à peu près les mêmes que dans les expositions précédentes. Nous avons cependant remarqué une barrière fort ingénieuse, qui au moyen d’un simple levier, à la portée du conducteur, pouvait être ou- verte et fermée sans qu’on fût obligé de descendre de voi- ture. Tout le système repose sur une double bielle de 424 LR NATURALISTE CANADIEN. chaque côté de la barrière, prise en charnière dans le bas de la charpente fixe qui lui sert de cadre: Le simple mou- vement de bascule imprimé au levier soulevant la barrière, la dégage de sa serrure, et les bielles faisant leur office, la portent en cote du chemin ; un mouvement en sens inverse Ja ramène à sa place, au moyen d’un semblable levier placé de l’autre côté. C’est à peu près le mouvement des paral- lèles dont se servent les ingénieurs dans leurs tracés d’édi- fices, l’une des parties étant retenue fixe sur le papier, tandis que les petites bielles transportent l’autre en côté. On ne pouvait rienimaginer de plus simple et de plus commode, au moins pour l'été, car on conçoit qu'avec notre neige, ces mouvements ne seraient pas possibles en hiver. Les animaux nous ont paru aussi beaux, el peut-être plus nombreux qu'aux expositions précédentes. L'échelle Skinner, si tristement célèbre, nous a paru à première vue un énorme contre-sens, à moins d'en appuyer l'extrémité sur un édifice. Car isolée, tel qu'elle se pré- sentait, elle offrait an centre de gravité trop en dehors de son point d'appui pour résister à un versement, surtout avec une base de si faibles dimensions; la malheureuse ex- périence que l’on en a faite ne l’a que trop démontré. Somme toute, il serait difficile de trouver que cette exposition fat un progrès sur ia dernière de Québee en 1871, la partie industrielle ou manufacturiére lui étant certainement inférieure. Comme il arrive toujours dans de semblables circons- tances, les exploitateurs ne la curiosité du peuple profitant de l’afluence, avaient érigé leurs tentes aux abords du terrain de l'exposition pour exhiber leurs phénomènes. Cinq à six hurleurs, à poumons des mieux conditionnés, vous faisaient un vacarme d'enfer, en débitant à l'entrée des tentes, chacun dans sa langue et sur les notes les plus discordantes, les merveilles plus ou moins étonnantes que recelait chacune d'elles. Bousculé par la foule et à moitié étourdi par les chansons de ces crieurs, nous fumes pres- que malg?é nous, transporté à lentrée de lune de ces tentes. a ae se coupe i: cou, oe a! —En voila plus qu'il ne faut pour satisfaire un cu rieux ; entrons. ” Une femme-colosse ; nous en avons déjà vu plus d’une, et aucune ne nous a particulièrement intéressé; de l’autre côté de la clôture nous avons vu des chevaux et des bœufs déformés par la surabondance de graisse qu'on leur avait fait prendre, ici c'est tout simplement une femme. qui en est semblablement bouffie. Il lui pend sousle menton une espèce de jabot assez semblable à la poche que les pélicans portent sous le bec, et ses bras ont tout près le volume du corps d’un jeune homme ordinaire. C’est une brune qui dans un état naturel ne serait ni belle ni laide, mais qui avec cet embonpoint qu’elle parait avoir peine à porter, n’est pas belle du tout. Elle peut avoir de 30 à 35 ans, et son poids dépasse, nous a-t-on dit, 400 livres. — Et cette jeune fille, à côté, aux joues si fortement em- pourprées, qu’a-t-elle d’extraordinaire ? —Mais vous ne voyez donc pas sa chevelure qui se ‘tient droite sur sa tête ? —Tenez ; voyez donc! Nos rues sont pleines de fillettes qui se Rise pendre la chevelure sur le dos, et celle-ci a jugé à propos de se la relever en gerbe sur la tête; c’est vraiment étonnant ! Passons. Nous allions nous retirer, lorsqu'un gardien nous rete- nant par le bras nous dit: attendez donc une minute, l'homme qui se coupe le cou va bien vite se montrer. — Un homme qui se coupe le cou? mais je ne voudrais A NE . . . 2 3 Dr de = pas être témoin et quasi complice d’un suicide, et je me retire. —Tenez, le voici, fit-il en nous le montrant du doigt ; il se coupe le cou 5 à 6 fois par jour, et il est toujours de bonne humeur et pret à recommencer. _ —Assez repliquames-nous, ces farces n’ont rien d’inté- i; | ressant pour nous. cea a cour | RL de deux. jeunes filles qui, etes s'étaient assisses sur ‘une longue caisse basse qui était | Prenez garde, mesdemoiselles, leur dit-il, il y a dans cr caisse de serpents très dangereux, et comme le couvercle © en est mal ajusté, il pourrait vous arrivér malheur. Quon ~ juge de leffroi, à ces paroles, des deux pauvres fillettes et de la plupart de ceux qui entouraient la caisse ! Blanches du terreur, elles fendent la foule en s’aidant des mains et des coudes, et malgré les éclats de rire de tous ceux qu’elles bousculent, elles ne se croient en sûreté que lors- qu’elles sont à la porte de la tente. Mais il y avait une de ces tentes que nous tenions à visiter plus que toutes les autres; car le phénomène qu’elle … renfermait, füt-il réel, eut été l’une des plus grandes mer- veilles que la science eût encore reconnue. Ce n'était rien moins qu'un jeune homme complètement pétrifié. Il fallait voir avec quel renfort de réclames cette merveille était énoncée. La poésie même avait été mise à contribu- tion pour faire mousser la blague américaine. On lisait dans le pamphlet qu’on nous présentait en exhibant sa pho- tographie : U Some sixteen thousand years ago, As scientific men declare, This boy, with arrow, string and bow, Bagged noble game—trogs, fish and hare. A boyish feat he undertook, Namely, to leap a swollen stream, He triped ‘and fell into the brook, _ So runs the tenor of our theme. His end he met by being drowned, A fact we cannot disbelieve ; Strong are the proofs, and largely found, Which scientific men receive. Long days and nights with fervent prayers, His parents sought their missing boy ; Time only sw elled their tears and cares, And darkened every wave of Joy. But nature quickly, kindly gave The missing lad enduring form It petrified the youthful * brave #, Defying death’s putrescent storm. | | Through the long night of ages past, The little lad has soundly ‘slept, Till disinterred by friends at last. To tell the secret he hath kept. F4 dore are in stones, ” tis said. And “ every thing affords same good,” Lectures in science here are read By eyes and hearts, in mystic mood. “Tl y a quelques seize mille ans, comme les hommes de science l’attestent, cet enfant, avec son arc, sa corde et ses flèches se livrait à une noble chasse —grenouilles, pois- sons et lièvres. Dans sa témérité de jeune homme, il en treprit de sauter un ruisseau gonflé, il trébucha et roula dans le courant, ainsi que |’établit notre thèse. Il trouva la mort en se noyant, c'est un fait qui ne saurait être mé, les preuves en sont nombreuses et fortes et admises par les hommes de science Durant de longs jours et de longues nuits, ses parents, avec de ferventes prières, cherchèrent leur enfant perdu, et le temps ne fit qu’accroitre leurs pleurs et leurs regrets en assombrissant chez eux tout transport de joie. Mais la nature généreuse donna promptement à cet enfant perdu une forme durable. Elle pétrilia ce hardi jeune homme, et le mit à l'abri des ravages de la putréfac- tion de la mort. Durant la longue nuit des Aves PACE ce jeune homme a dormi d’un profend sommeil, Jusqu’a ce qu'à la fin il fut découvert par des amis pour révéler le secret qu'il gardait. “ Les pierres parlent, est-il dit, et toute chose produit quelque bien.” Ici les yeux et le cœur, d’une ma- nière mystique, peuvent y lire une leçon de science. Le fossile, était-1l dit, avait été découvert en Janvier 1871, à Montague, comté de Franklin, Massachusetts, près de Turner’s Falls, à 40 verges de la rivière Conneetient, et à 15 milles de Brattleboro, Vermont; voici dans quelles cir- constances. Un Mr. G. A. Parsons avec deux enfants, l'un de 14 et ‘l'autre de 15 ans, étaient avec fusils et un chien à la chasse au lièvre, lorsque ce chien força plusieurs lièvres à cher- cher refuge dans un trou à travers les pierres Mr. Parsons laissa les enfants à ce moment, mais eux se mirent de suite à écarter les cailloux et à creuser dans la terre, lorsqu’étant L’ EXPOSITION, PROVINCIALE DE 1873. 49) Seer Te Ten m LE NATURALISTE res \ LH 21 ae » oe men hy arrivé a la profondeu d'environ 4 ibde des la s rencontrérent des pieds qui selon toute apparence appartenu à un être humain. Effrayés à cette rencontre, ils _ s’enfuirent aussitôt et reprirent le chemin de lewr domicile. Ayant rencontré M. Parsons, ils lui racontérent la décou- verte qu'ils avaient faite ; celui-ci retourna russitôt avec eux, et après avoir creusé davantage retira le fossile du lieu où il reposait. C'était une pétrilication complète d’un enfant de 13 à 14 ans, sans autre mutilation que celle des doigts d’un pied qui se trouvait adhérer au roc et que Mr, Parsons brisa en voulant les détacher. | La découverte, dit la notice, fit grand bruit dans les environs, et si considérable fut la foule de ceux qui s’em- pressèreut de venir voir la merveille, que dans l’espace d’une seule journée, on collecta $160, lorsqu'on ne faisait payer que 10 centins par tête. | Le fossile fut trouvé, dit toujours la notice, dans la même couche de grès si bien connue des géologues, dans la vallée de la rivière Connecticut, pour receler des em- preintes de pieds d'oiseaux. Ce grès autrefois dur et solide mais altéré depuis par l’action des éléments, put s’enlever _ facilement. | Ayant donné rendez-vous au Dr. Crevier à cette tente pour examiner ensemble ce prétendu spécimen de paléon- tologie, nous trouvâmes notre ami au poste à l'heure fixée. L'enfant repose sur le dos, ayant la tête un peu tournée — de côté ; la main gauche est appuyée sur la poitrine un peu au dessous du sein gauche, et la droite repose sur l’ab- domen ; le genou. droit est relevé d’au moins 45°, et la jambe gauche croise la droite à la cheville du pied. Le cou est rompu, mais le gardien nous dit que c'était tout dernièrement dans le transport que l'accident avait eu lieu. A part les doigts du pied gauche, rien ne manque ; les pavillons des oreilles avec leurs lobules pendants, le nez saillant avec ses narines, le menton etc.; il n’y a pas jusqu'à la langue qui vient s'interposer entre les dents, en sortant — un peu de la bouche. L'abdomen est aussi gonfié que dans l'état naturel, et à part la main gauche appuyée sur la poi- trine, aucune des parties molles ne parait avoir subide ~ pression quelconque. “4 Cette simple inspection commençait déjà à ébranler fortement nos convictions sur la réalité du prétendu fossile, ou plutôt confirmait nos soupçons sur sa confection arti- ficielle. » ee: Voyons donc maintenant, dimes.nous au Dr. la com- position lithologique de la piece, | digs > i, [ae ICIALE DE ay ™~ i ae gate ae La fissure du cou nous _ ment reconnaître les éléments de la pierr: qu’à la surface _ quelque peu altérée par les lavages qu'on lui avait fait subir. Munis d’une forte loupe, nousreconnümes de suite qûe cette _ masse pierreuse n’était ni du silex ni du calcaire, mais plu- tôt un composé de l’un et de l’autre, des grains de sable siliceux se distinguaient partout à travers le calcaire dans lequel on les avait fait rentrer. C'est-à-dire que le prétendu fossile, qui d’après la notice n'avait pas moins de 18,000 ans d'existence, avait bel et bien été fabriqué dans quelque bri- _querie de la vallée de la Connecticut, depuis quelques mois seulement peut-être, avec le sable et l'argile qu'on emploie la pour la confection de la brique. forme à lui seul le mamelon gauche ; comment la chose au- rait-elle pu se faire naturellement, d’après les lois ordinaires - de pétrification ? L’exhibiteur qui ne comprenait pas le français était tout œil pour tacher de saisir dans nos figures et nos gestes le sens de nos remarques. — Que pensez-vous de la pièce, nous dit-il ? chose. —-Comment, une blague? Mais les savants des Etats- Unis se sont tous accordés à dire que c'était une merveille des plus extraordinaires ! — Les savants des Etats-Unis ? Mais quels savants ? — Le professeur Webber du collége de Middlebury et un grand nombres d’autres qui l'ont visité. —Le professeur Webber peut être un fort honnête | homme et d’une haute capacité, mais c’est un inconnu dans le monde de la science. Que n’avez-vous des certificats d'hommes tels que Hall, Dana, Agassiz, Packard, etc.2 _ Vous écarteriez, à leur simple production, tout soupçon de supercherie. Mais de tels certificats vous font défaut, et nous n’en sommes nullement surpris, car eussent-ils été sollicités qu'ils n'auraient pu être obtenus. | Notre homme, qui peut-être était de bonne foi, lui, ‘ parut fort décontenancé a ces remarques; pour lui faire À comprendre la justesse de nos observations, nous ajou- tâmes : | _ Les pétrifications ne peuvent sopérer à l'air libre, mais seulement sous terre. On dit que ce prétendu enfant a dû se noyer. Alors enseveli sous une couche de vase ou ide ; permit de détacher quelques fragments à cassure fraiche, où nous pourrions plus facile- | Voyez done, nous dit le Dr., ce gros grain de silice qui. — Nous pensons que cest une blague et rien autre fer rene aes AL et ue Fu ie § DE dore RALISTE CANAD ae charnugs et peu résistantes. Hn second lieu, la pétrifica- | _ tion ne se produit pas d’un seul jet et tout d'un coup, mais seulement molécule par molécule, ce qui requiert un très . * long espace de temps. Lorsqu'un corps organisé enfoui dans la terre se trouve, avec certaines conditions de tem- pérature, baigner dans une eau portant en dissolution une plus ou moins grande quantité de chaux ou de silice, il arrive quelquefois qu'à mesure qu’une molécule de ce corps se dissout, le vide imperceptible laissé par cette dé- an composition, est rempli par le liquide chargé de chaux ou 1 de silice, et ainsi de proche en proche, avec le cours de la JE décomposition et le laps. des années, la masse du corps organisé se trouve changée en une masse calcaire ou sili- we ceuse exactement de la meme forme. Voila pourquoi . ‘toutes les pétrifications se trouvent d’une composition + lithologique homogène, du calcaire ou du silex. Mais ici, ML il n'y a rien de tel; la masce pierreuse nous fait voir des + grains de silice englobés ‘dans du calcaire; ce n’est rien st autre chose que du sable siliceux mêlé à de largile, abso- | ah lument comme on le fait dans la fabrication de la brique. by Votre notice dit que lorsqu'on découvrit l'enfant une couche blanche de calcaire l’enveloppait camme d’un lin- AGE. ceul. Ceci donnerait à entendre que ce serait un moule, De comme on en trouve si fréquemment de mollusques On conçoit aisément qu'une coquille dure puisse se remplir + de vase ou d'argile plus ou moins sablonnense, cette argile ahs © peut avee le laps des années se convertir en pierre, et ‘ fi lorsque la coquille aura disparu, conserver encore la forme reçue du moule. Mais peut-il en être ainsi pour un corps humain, dans lequel les parties les plus consistantes se trouvent à l’intérieur? En supposant qu'une couche de calcaire serait venue lui servir de moule, comment le sable et l'argile auraient-ils pu sintroduire dans ce moule fermé on de toutes parts, pour prendre la place du corps ? La chose eu n’est pas possible. Notre homme qui voyait par nos remarques fuir les ee dollars qu'il s'était promis, nous pressa vivement de revenir J le lendemain pour étudier davantage la question. Mais nous en avions plus qwil nous en fallait pour arréter nos convictions, et nous nous promimes bien de mettre à nu cette nouvelle supercherie qu'on voulait joindre à tant d’autres poursoutirer l'argent du peuple. À Et nous croyons maintenant nous être acquitté de notre promesse. | Vol V. CapRouge, NOVEMBRE, 1878. No. - Rédactene : M. PAbDE PROVANCIIER, FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. iv , — e (Continuée de la page 404). ‘ y 5 14 i 7. Gen. MACREUSE. Mareca, Stephens. | sd à k | Bec plus court que la tête, un peu haut, sans dents _ distinctes, le crochet qui le tennine étant environ du tiers de la longueur dit bec. Queue pointue, à peu près de la moitié des ailes en longueur. - du La Macreuse d'Amérique. Mureca Americana, Steph. Anas A . Am. Gml—Angl. Baldpate; Americar. Widgeon.— Long. 21.75 ; ~ ailes 11; tarses 1.42; commissure 1.80 pouces. Bee bleu, noir à la pase et à Vextrémité. Tête et cou d'une jaune rougcâtre et comme J 2 a tachetés de brun; sommet de la tête blanc pur, côtés verts ; menton ‘ 4 2 if ? À 2 brun. Poitrine et côtés du corps d'un rouge chocolat, le reste du , dessous d’un blanc pur. essus ondulé iransversalement de noir, de gris, ou de bruu rougedtre. Les couvortures alaires-blanches, ter- __ minées de noir. Miroir vert, entouré de noir, Les tertiaires sont ya noires sur leur bord externe, et marginées de gris. Queue d’un brun ; grisâtre. . PA & R—Ce magnifique canard se rencontre assez rarement dansses migrations du printemps ou de l'automne. TI fait sa ponte dans la Baie d'Hudson. Les œufs au nombre ; à : . de 8à 12sont dun blane jaunâtre sale. On dit que la - Macreuse se nourrit particulièrement d'herbes aquatiques _ qu’elle vole au canard Aithye, en compagnie duquel on la ME TA rencontre souvent. Du moment que l’Aïthye plonge, la MT . - he. 432 LE hArURALIOrE CANADIEN. : Macreuse est là, guettant son retour sur l'eau, pour lui enlever les herbes que celle-ci peut rapporter du fond, 8. Gen. Aix. Aix, Boie. ‘ Bec plus court que la tête, très haut à la base, angle du bord supérieur s'étendant en arrière du bord inférieur. Narines grandes, à peines enveloppées par une membrane ; crochet terminal très large, occupant toute l'extrémité du bec. Dents déprimées, larges et distantes. Occiput cou- ronné d’une crête. Queue de la moitié de la longueur des ailes, en coin, mais tronquée au sommet, L’Aix époux. Aix sponsa, Boïe ; Anas sponsa Linn.—Vulg. Canard branchu ; Angl. Summer Duck; Wood Duck, Long. 19; ailes 9.50 ; tarses 1.40 ; commissure 1.54 pouces. Tête verte, pur- purine sur les côtés. Une ligne de l'angle supérieur du bec, et une autre en arrière de l'œil avec 2 barres sur les côtés de la tête communiquant avec le menton et le haut de la gorge, blanches; croupion et côtés de la queue d’un beau pourpre, le reste du dessous blane, de même qu’un croissant au devant des ailes bordé de noir én arrière. (Côtés d’un gris jauvâtre, linéatés de noir. Dos et dessus du cou uniformément bronzés de vert et de pourpre ; miroir d’un vert bleuâtre ; primaires d’un blanc pur extérieurement, au bout, PA & R.—Sans contredit le plus beau de tous nos canards, L’habitude qu’a ce canard de se brancher dans les arbres, et d’y établir aussi son nid, lui a fait donner le nom vulgaire de Canard branchu. C’est au sommet d’une souche ou dans le creux de quelque vieux chicot que la mère fait sa ponte, qui consiste en 12 à 14 œufs d’un blanc jaunatre sale. Une fois les petits éclos, la mère les saisis- sant avec son bec, les transporte à l’eau l’un après l’autre, . Un observateur a pu voir une fois une femelle Aix, tirer ainsi 13 petits du creux d’un vieux tronc de Chêne, pour les transporter au rivage à quelques verges de la. Ce canard se prête aisément à la domestication, et fait l’un des plus beaux gibiers de basse cour qu'on puisse ren- contrer. IV. Sous-famille des FULIGULINES. Fuligulinae. Pattes très fortes, à tarses courts, et situées bien en arrière du corps; le doigt postérieur portant un lobe xt brénite du bec relevée et — 2 Queue molle, — ne Fuligulines, qu’ on ‘appelle aussi Canards de mer, PE présentent, peut être plus que tous les autres encore, une _ grande similitude dans leur conformation, de sorte que les couleurs sont, le plus souvent, le moyen le plus sûr pour les distinguer. La clef suivante peut cependant aider a séparer les différents genres. wit g 2 Clef pour la distinction des genres. | Bec avec une protubérance à la base latéralement 4 . et en dessus, se continuant en arrière . CHAN aussi loin que l’angle de la bouche; : Crochet petit, étroit, et n’oceupant que le { oi: milieu de l'extrémité du bec: ° ey Bec plus long que la tête; xs Narines en arrière du milieu du bec. 1. FuLrx. We Er Narines au milieu du bec ou très peu 4 | CRM AITIÈLO ne dec aan a cocon CAUTEY At : Bec plus court que la téte,.................. 3. BUCEPHALA. | Le Crochet très large, occupant toute l’extrémité ‘WARS Git DEG: ee CR... A (HIS DRIONIO US NN Bec sans aucune protubérance à la base aux côtés, ; | ou ne s'étendant pas aussi loin en arrière que " l'angle de la bouche; les plumes du front | s'étendant plus en avant en dessus qu'aux côtes ; Bec sans aucune gibbosité à la Dee: Plumes des joues, ordinaiges ; queue très longue. CE... x 0 Oo) ÉPAREDDA. Plumes des joues DRE. ; queue courte.. 6. CAMPTOLAIMUS. ~ Bec gibbeux à la base; narines en avant du milieu ; Couleur toute noir: plumes du front ne dépassant pas la base de la gibbosité. 7. OrpemrA. Couleur variée de noir et de blanc; plumes du front s’étendant assez loin en avant ; Couleur noire, avec taches blanches | sur la tête... 04... 8. PELIONETTA. LEI 1 " me : . é Couleur noire, avec taches bianthas | tt ; BUF les BUleS.........-casecnseersonsrsn Oe MELANETTA. Bee étroit, comprimé, se rétrécissant vers le bout ; crochet très large, couvrant toute la mandi- bule inférieure; queue courte, arrondie......10. SOMATERIA. 1. Gen. FOULQUE. Fulix, Sundewall. Bec plus long que le tarse ; crochet ne formant que la portion centrale de l'extrémité du bec. Plumes du front, des joues et du menton s’avangant à peu près à la même © distance. Narines ouvertes, en arrière du milieu. Queue courte, arrondie, de 14 pennes. Tête et cou noirs. 1. Foulque Milouinan. Fulix Marila, Baird; Anas marila, “Linn, Fuligula mar. Steph. Marila frenata, Bonap.—Vulg, Grand Canard de mer à tête noire ; Anal. Big Black-head ; Seaup Duck.— Long. 20; ailes 9; tarses 1.58; commissure 2.16 pouces. Tête et cou tout autour, épaules, croupion, queue et ses couvertures, noirs; la tête avec réflets de vert foncé sur les côtés. Reste du dessous blane, ondulé de lignes noires en zigziss sur les côtés. Les sexpulaires mar- quées de la même manière. Miroir blanc, bordé en arrière de noir verdâtre. Bec bleu, avec le crochet noir. Pattes d’uu brun plombé. PA & R.—Ce canard se rencontre assez rarement dans ses migrations à l'automne ou au printemps. Bien qu'il se tienne le plus souvent à l’ean salée, il fait générale- ment sa ponte près de quelques lacs ou marais dans l'in térieur. Ses œufs au nombre de 6 à 10 sont d’un brun sale avec légère teinte d'olive. 2. LeFoulque allié. Fulix afinis, Baird ; Fuligula aff. Eyton; Fuligula minor, Giraud.—Vulg. Petit ee de mer à tête noire ; Angl. Little Black-head; Blue-bill.—VLong. 16.50; ailes 8; tarses 1.34; commissure 1.94 pouces. Bee bleu, à crochet noir. Mémes couleurs que dans le précédent avec les exceptions suivantes : la’ tête est à reflets pourpres; les côtés et les longues plumes des flanes sont moins sujets à être ondulés de noir; moins de blanc sur les primaires. PA & R.—Ce west aussi qu’assez rarement que ce canard se rencontre dans notre Province, lors de ses mi- — grations. » On le dit excellent plongeur, et souvent lorsqu'il est blessé, il plonge pour s'attacher à quelque herbe marine — pour y attendre la mort. Ses œufs sont aussi d’un brun sale. LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 435 3..Le Foulque a collier. Fulia collaris, Baird; Anas coll. Donovan; Fuligula coll. Bon.; Marila coll. Bonap.—Vule. Le Canard à collier ; Angl. Ring-necked Duck.—Long. 18 pes. ; ailes 8; tarses 1.28; commissure 2.10. Bee noirâtre avec une barre à la base et vers la pointe d’un blanc bleuâtre. Tête, cou, tout le corps tout autour en avant des épaules, dos et couvertures caudales, noirs; la tête teintée de vert en dessus, et de pourpre violet aux côtés, le dos de verdâtre. Un collier marron qui se complète à peine en dessus, au milieu du cou. Dessous blanc. Les scapulaires avec petites taches de gris. Ailes d’un brun grisâtre; le miroir consistant dans la moitié terminale des secondaires, d’un plombé grisâtre, les plumes les plus intérieures terminées de blanc. PA & RR.—De même que les précédents se ren- contrent rarement en cette Province. (A Continuer). PDT TO COI me LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC AVEC DESCRIPTION DE PLUSIEURS ESPÈCES NOUVELLES. La connaissance de nos insectes est une étude qui demeurera encore longtemps difficile, fante d'auteurs qui en ont spécialement traité. La faune entomologique com- pléte de l'Amérique du Nord est encore à venir. Depuis une vingtaine d'années cependant, la science des insectes a pris des développements considérables, sinon en cette Province, du moins dans cette partie du continent. Une foule d'espèces ont été reconnues par la science et exactement décrites; des monographies mêmes de plusieurs familles, dans les différents ordres, ont été publiées. Mais ces écrits ne sont encore que des matériaux épars pour Youvrier à qui il appartiendra plus tard de réunir toutes ces pièces pour en donner ungrand tableau, pour en former un tout complet. Nul doute que ce moment se fera encore attendre longtemps, car quelque nombreux que soient déjà les matériaux accumulés, il existe encore, en plus d’un endroit, des lacunes considérables. 5 =? 4 ¢ a ee f ve NRC Me. ANADIEN. hae ord ” 4 a 708 : Tous les j jours ‘ong Pat nn LES nouveauté entomologique pour # science ; mais combien en res te-t-il hee encore d’incounues ? L'Europe, qu une foule d’entomolo- | gistes étudient attentivement depuis près de deux siècles, _- l’Europe voit encore chaque jour, pour ainsi dire, la dé- A. | couverte de quelque nouvel insecte. On voit par là ce | ce qu'il en doit être par rapport aux vastes contrées de notre partie du continent Américain. Combien de ces contrées n’ont encore reçu la visite d’aucun entomologiste ? D'ailleurs l’insecte, par sa petitesse, par sa vie cachée, par ses sommeils et ses résurrections, se soustrait de lui- même à nos investigations. Une simple visite ne suffit pas, le plus souvent, pour reconnaitre sa présence. Il faut pour ~*~ ainsi dire cohabiter avec lui, il faut voir ses œuvres, être témoin de son travail, le surprendre dans le cours même de ses transformations, pour constater son individualité, pour être sur de son identité. Notre Canada, et notre Province de Québec en parti- culier, offrent un vaste champ à l’entomologiste obserya- teur. N’ayant pu jusqu'à ce jour, pour ainsi dire, compter dentomologistes dans leurs limites, nous rencontrons, presque à chaque pas que nous faisons, des espèces incon- | nues à la science, Mais que de difficultés à surmonter pour l'identification de chaque nouvelle trouvaille ! Les caractères des genres ne vous sont le plus souvent donnés _ que dans des ouvrages Européens; et pour les détails des espèces, ils se trouvent disséminés dans une foule de publications étrangères peu répandues et d’un coût fort élevé. Il vous faut souvent feuilleter jusquà des 10 et 12 volumes pour vous assurer que tel insecte que vous venez de trouver n'a pas encore été décrit auparavant, sans compter la collection des spécimens qui est de ri- gueur, car l'écriture seule, dans la plupart des cas, ne suffit pas, pour une identilication sûre, il faut qu'ellese _ joigne à la comparaison des spécimens. On comprend de suite tout ce que cette étude ade rebutant, surtout pour les commengants. Dans le but de faciliter davantage cette étude ànoscom- "patriotes, nous voulons, dans les quelques pages qui vont + NE CNE 2. (CRU LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 437 suivre, initier ceux de nos lecteurs qui ne le seraient pas encore a la connaissance d’une famille des plus intéressantes de l’ordre des Hyménoptères, celle des [chneumonides, tout en apportant notre contingent au progrès de la science, en faisant connaître les nombreuses espèces nouvelles que nous avons à y ajouter. Pour la distinction des Hyminoptères des autres ordres d'insectes, nous renverrons le lecteur à ce que nous avons précédemment exposé dans le Naturaliste, notamment à la page 138 du vol. IV ; mais pour une plus facile intelligence des descriptions qui vont suivre, nous ferons une nouvelle revue de l’aile des Hyminoptéres, afin de pouvoir bien dis- tinguer ses différentes parties, pour ne pas les confondre daus les explications. Fig. 36. La fig. 36 représente une aile de Tenthrédine, avec ses nervures et ses cellules. Dans cette figure, la cellule a est la cellule radiale, par ce qu’elle est fermée inférieurement par le radius inférieur 6 9; les cellules b, c, d, sont les cel- lules cubitates où sous-marginales, fermées inférieurement par le cubitus inférieur 8 7 ; enfin les cellules e, f, g, sont les cellules discoïdales. On appelle nervures récurrentes celles qui divisent les cellules discoïdales entre elles; ainsi la nervure qui sépare la cellule e de la cellule f, est la première récurrente, et celle qui sépare ia cellule f de celle g, est la deuxième ré- currente. Dans les Ichneumonides, les ailes ne sont jamais aussi complètes que celle que nous venons de décrire. Chez ces _ Fig. 36.—Une aile de Tenthrédine: 1 % nervure costale ; 2 6 nervure sous-costale ou radius supérieur; 3 7 nervure médiane ou cubitus ; 4 8 nervure sous-médiane ; 6 9 radius inférieur ; s stigma ou carpe , b, £, d, 1re, 2e, 3e cellules cubitales; e, f, g, lre, 2e, 3e cellules discoïdales ; a, cellule radiale, v ALSTE CANADIEN. as LOS | rth ia derniers, la première Bini. discoidale e est ALTO ESA fondue avec la première cubitale 4 ; cette cellule est alors — désignée par le terme cubito-discoidale ou simplement appelée la grande cellule, a, fig. 37; et la nervure inédiane qui ferme cette cellule par le bas, porte très souvent un ru- diment de nervure. Cette nervure médiane recoit tantôt les deux nervures récurrentes, comme dans les Ophions, et tantôt elle n'en recoit que la première, b, fig. 37, la seconde, c, allant se perdre dans l’aréole 0. Dans un grand nombre ce genres, immédiatement après la grande cellule, suit une toute petite cellule cubitale, à laquelle on donne le nom daréole ; cette aréole est carrée, quadrangu- laire, pentagonale, triangulaire, très petite ou assez grande, plus ou moins pédicellée quelquefois, ou manquant même tout à fait, o, fig. 37. Cette disposition de Paile, où la 1ère cellule cubitale se confond avec la lére discoïdale, ne se rencontre que dans les seules familles des Ichneumonides et des Braconides, et suffit à première inspection, pour ranger tout hyménop- tère dans l’une ou l’autre de ces deux familles. Voici maintenant comment on pourra distinguer les Ichneumonides des Braconides. Chez les premiers, il y a toujours 2 nervures récurrentes ; c'est-à-dire que la cel- lule discoïdale extérieure f lis. 56, est toujours fermée par une nervure, tandis que chez les Braconides, cette cellule est toujours ouverte, la seconde récurrente faisant défaut. De plus, les Ichneumonides ont toujours le premier article des antennes suivi de deux autres plus petits, tandis que dans les Braconides ce premier article n’est sui- vi que d’un seul autre plus petit Ces dèux points bien | observés ne permettront donc jamais de confondre un 1chneumonide avec un Braconide. Ce premier article des antennes, qui est toujours beau- coup plus gros que les autres, porte, avec les 2 petits qui le suivent, le nom de scape ; ; et on appelle tige (flagellum), le reste des autre articles qui varient en nombre de 18 a 60. ll - Le scape porte souvent une tache de couleur plus claire en dessous, et le premier article qui emboite plus ou moins parfaitement les 2 autres, est ordinairement échaneré obli- -quement à son sommet, + La tige est filiforine ou sétacée, jamais coudée ni en massue. lle est quelquelois plus grosse vers le bout, comme dans quelques Cryptes, dans ies Joppes et les Phy- gadeuons ; dans les Euncères et les Barycères ce renflement est quelque peu aplati et fait paraitre l'antenne comme dentée en dedans. Fig. 37. Lextréme mobilit@ des antennes des Ichneumonides avait porté Réaumur à donner à ces insectes lo nom de mouches vibrantes. Dans un assez orand nombre d'espèces, ces antennes s’enroulent en se desséchani. La tête, Ja bouche, les palpes des Ichneumonides noffrent rien de particulier. La lèvre supérieure est sou- vent cachée sous le chaperon, et ec dernier offre quelquéfois des particularités qui servent à distinguer certains genres, comme les Thy codons ete. eh Le mésothorax présente presque toujours 5 lobes bien distincts. L’écusson est très variable dans sa forme, et porte quelquelois, comme dans certains Banches, une épine plus ou moins allongée. Le métathorax présente plusieurs lignes saillantes dont on fait usage pour la dis- tinction des espèces; souvent la rencontre de ces lignes se prolonge sur les côtés, en pointes plus ou moins aigués, qui varient considérablement avec les espèces. _L’abdomen des Ichneumonides est tantôt sessile et tantôt pédiculé, c’est-à-dire que sa base qui le lie au méta- thorax est plus ou moins large. Il est déprimé (Pimples), comprimé (Ophions), ou ovoide (Ichneumons, Cryptes &e.) ; ce dernier cas est le plus ordinaire, Son premier segment Fig. 37.—Une aile d’Ichneumonide. a@ cellule cubito-discoïdale ou grande cel- lule; 6 première récurrente; e deuxième récurrente; o aréole, ‘ LES ICHNEUMONIDES DE QUÉBEC, 439 ; ce) Le BST Le | ï NATUE A) LISTE p CANA IEN, Nr 4? MC 14 LI ; We Bin. est souvent tras étroit e e me Beant et de ou moins. é | ©? arrière; on donne le nom de pédicule à cette parti se Ver + 1 trécie, et elle sert dans. la plupart des cas pour la distine- tion des genres. : 0000 Les segments abdominaux, qui sont au nombre de huit, se terminent dans les femelles par une tarière ou oviducte plus ou moins longue, plus ou moins apparente. Cette — | tarière est quelquefois plus longue que l’abdomen (Rhysses, -” Mésostènes), d'autrefois à peu près d’égale longueur - (Cryptes), souvent plus courte (Pimples, Anomalons), et quelquefois ne parait pas exister du tout (Cryptanures). Cette tariére, qui paraît assez simple à première vue, est toujours composée de cinq parties savoir: 2 gaines ou valves extérieures, souvent velues, qui, creusées en demi- cylindres, ne servent que d’éfui à la tarière proprement dite, qui est elle-même composée de trois pièces, l’une im- paire, formant un cylindre incomplet, qui reçoit dans une canelure de sa face inférieure deux soies raides, spicules, dentées à l'extrémité, et qui sont les instruments de per- foration. Ces spicules et le cylindre incomplet qui les reçoit forment par leur réunion un tube par lequel passent ‘les œufs. Voyez si cet instrument porte bien le nom de tarière qu’on lui a donné! Le fourreau de ces spicules est la pointe qui fait la premiére ouverture dans le corps à forer, il se retire aussitôt, et laisse s’avancer les spicules dentées, qui, agissant en lames de scie, agrandissent l'ou- verture pour permettre de pénétrer plus avant, jusqu’à ; ce que par la répétition du méme procédé, le point désiré ; soit atteint. ‘ Dans les espèces qui n'ont pas de tarière apparente, les segments terminaux de l'abdomen toujours plus gonflés, et _ généralement déprimés, permettent de distinguer les . femelles des mâles, Quelques mots maintenant sur les habitudes des Ichneumonides. i Les Ichneumonides doivent être rangés au nombre des insectes utiles; car bien qu'à l’état parfait ils soient à peu près indifférents, c'est-à-dire ni utiles ni nuisibles, dina tes) pour la Re nuisi on comme celles as oo _ nombre de Lépidoptéres, par exemple. Les femelles d’Ichneumonides déposent donc leurs œufs sur le corps des chenilles et autres larves; les petites * larves qui éclosent de ces œufs se nourissent de la chair même de celles qui les portent. Comme elles nese repaissent que des parties craisseuses’de leurs victimes, elles se gardent | bien d'attaquer les intestins, de crainte de leur causer la “mort et de se condamner elles-mêmes À périr, car ces larves sont dépourvues de pattes et ne sauraient changer d'habitation. La chenille ou larve ainsi chargée de ces parasites, continue sa croissance plus on moins misérable- ment, et parvient souvent même jusqu’à passer à l’état de nymphe. Si les larves parasites se trouvent aussi elles- _ mêmes parvenues au point de leur métamorphose, elles se | transforment en nymphes en même temps que leur victime, RENTE D SENTE TS et on est tout étonné, au moment de l’éclosion, de voir — sortir d’une chrysalide, non le papillon qu’on en attendait, < mais bien quelque espèce d’Ichneumonide. Souvent aussi les larves parasites ont abandonné aupa- ravant leur victime, pour subir leur métamorphose sur le reste plus assez de force pour subir sa métamorphose, elle périt alors sans aller plus loin. On trouve assez fréquem- ment, sur les clôtures, de ces cheuilles desséchées, toutes trouées par les vides qu'ont laissés les parasites qu’elles portaient. à Ce sont les femel:es à tariére courte ou non apparente qui déposent ainsi leurs œufs à nu sur le corps ou sous la‘ ‘peau des chenilles, car pour celles à tariére longue, elles … vont chercher leur victimes dans leurs retraites mêmes, en ‘perforant les corps qui les recouvrent, bois, écorces, cocons, — « at . = > : . chrysalides etc. Tantôt, la femelle soulevée sur ses six . pattes, se courbe l'abdomen de manière à ce que la tarière vienne s'appuyer sur le métathorax comme point d'appui, “pour opérer Re OS le forage. C’est ainsi sol, ou bien l'ont tellement trouée et ravagée qu'il ne lui | ’ # . premier lieu en quatre sous-familles, dont les genres Pimple, | on ei) re LISTE CANADI EN, tri 00 que nous avons ae me femelle de Mésosténe « quie foncait sa tarière dans l'écorce d'un bouleau mort, recelan rt des larves dans son bois à demi pourri. D'autres D tariére se replie sous le corps in¢me et vient attendre sa victime en avant de la tête. | Certaines espèces, comme ies Ophions, les Anomalons ? etc., pondent des œufs pédiculés qaw’elles attachent au corps i q des chenilles par ce pédieule. La larve aussitôt éclose pé- nètre de sa tete dans le corps de la chenille, tout en de- meurant dans son écaille. Nous avons, plus d’une fois, rencontré de ces chenilles toutes hérissées d'œufs pédiculés qu'elles portaient ainsi sur leur dos. C'est le plus souvent sur des larves que les femelles d’'Ichneumonides placent leur œufs ; on en trouve cepen- dant qui les conlient à des chrysalides ou même à des in- _ sectes parfaits, comme des criquets, des araignées etc. A Pétat parfait, les Ichneumonides se nourrissent du “suc des fleurs, et c’est ordinairement là qu’on les ren- contre. Nous en avons fréquemment pris aussi sur les feuilles des arbres fruitiers, recherchant, en compagnie des fourmis, la miéllée que les pucerons laissent sur ces feuilles. Plusieurs répandent une odeur plus ou moins agréable lorsqu'on les saisit. Aucune espèce ne paraît munie de glandes à venin, car leur piqüre ne cause d’or- dinaire qu'une douleur peu considérable et de courte durée. Les larves VIchneumonides se filent un cocon de soie, ordinairement très mince, pour se transformer en nymphes, Comment les femelles à loneue tarière parviennent- elles à reconnaitre la présenc: des larves cachées, par exemple, dans le bois mort, sous des écorces ? C’est là un - instinct qui leur est propre et qui demeure encore un mys- tère pour nous. Chaque espèce parait avoir une larve particulière pour nourriture de ses petits ou que du moins elle recherche de prélérence. »” : . La grande famille des Ichneumonides se partage en , Crypt chneumon sont les ee particuliers, et nous avons en conséquence : 1° .Jes. Pimplides, 2° les Ophionides, 3° les Cryptides et 4° les Ichneumonides vrais. La forme et le mode d'insertion de l'abdomen, avee le dé- veloppement de la tarière, servent particulièrement à sé- parer ces 4 groupes les uns des autres. Dans les Pimplides, l'abdomen est déprimé dans toute son étendue et sessile, c'est-à-dire large à la base, et la larière est généralement : longue, bien que dans certains genres elle soit peu apparente ou meme cachée. Chez ie Ophionides, l'abdomen est : comprimé d’une manière plus ou moins complète, et la tarière généralement count ou meme invisible. Les Cryp- - tides se font remarquer par leur abdomen a pédicule étroit EE ee eee 4 is 3 ? . ‘allongé, ct par leur longue tarière. Enfin les Ichneumo- | nides vrais ont le pédicule court et la tarière aussi très : 1 courte, La séparation des genres et des espèces d’Ichneumo- ides est assez difficile dans un grand nombre de cas: nous donnons ci-dessous une clef pour la distinction des genres dont nous avons pu constater la présence dans les environs de Québec. Nous n’entretenons pas de doute que, n’ayant eu à-notre disposition à peu près que les seuls spécimens que nous avons pu capturer nous-ineme, il ne s’en trouve encore plusicurs autres genres qui doivent aussi y étre re- présentés ; cependant nous bornons nos données à ceux-là seuls que nous avons rencontrés, pour ne pas donnef trop (à d'étendue à ces remarques, qui, poussées plus loin, embar- rasseraient davantage les commencants. Il sera d’ailleurs toujours facile d'ajouter à ce cadre plus tard, à mesure que de nouvelles observations permettront de le faire. ‘ Clef systématique pour la distinction des genres. -N. B.—Si la réponse à chaque proposition émise suivant le chiffre d'ordre a gauche est affirmativ €, passez au numero suivant, jusqu’ à ce que vous rencontriez un nom de genre; mais si cette réponse est négative, AT LUE faut passer au numéro indiqué par le chiffre dans la parenthèse pour conti- | nuer le même procédé. ba ‘ C Seb? re my | 97 ra * PIMPLIDES. Mo 4 | { 1 [43] Abdomen sessile et déprimé dans toute son ’ étendne; tariére généralement longue; 2 [5] Dos du mésothorax ridé en travers; : 3 [4] Abdomen lisse, poli.........-. A athe, CR 1. THALESSA. 4 [3] Abdomen aciculé transversalement......... . 2. Rayssa. 5 [2] Dos du mésothorax non ridé en travers; 6 [14] Abdmen avec impressions ou tubercules sur ses segments ; 7 [13] Abdomen à impressions transversales ; 8 [91 Tarière plus longue que le corps.......-..-- 9 [8] Tarière plus courte que le corps ; 3. EPHIALTES. 10 [21] Tarière moyenne ; 11 [12] Ailes antérieures avec une aréole........... 4. PimpLa. 12 [11] Ailes antérieuses sans aréole.......3...... 5. PoLyspHinoTa. 13 [7] Abdomen à impressions obliques........... 6. Guypra. 14 [6] Abdomen sans impressions ni tubercules ; 15 [22] Abdomen non comprimé à l'extrémité ; Fi 16 [17] Tarière plus longue que le corps, gréle....... 7. LAMPRONOTA. [18] Tarière moyenne, forte, comprimée......... 8. Meniscus. [17] Très courte ; [20] Antennes non dilatées au milieu... -.--- 9: ORTHOCENTRUS. [19] Antennes épaissies et dentelées au milieu.... 10. Euceros. [10] Tarière tres courte, ler seginent abdominal en Ce | 2h --. 11, Bassua. ; 22 [15] Abdomen comprimé à l’extrémité; 23 [82] Abdomen sans écaille pour gaine en dessous ; 24 [27] Ailes antérieures sans aréole ; 25#1261 Nervure entre les 2 cellules cubitales très DOUTE CARRE - --.-- <> ~--...--. 12. XYLONOMUS. 26 [25] Nervure entre les 2 cellules cubitales assez longue... #50 ey +... 13. HOTHRUS. 27 [24] Ailes antérieures avec une aréole; 28 [29] Cuisses postérieures avec une épine en dedans. 14. Oporromervs. 29 [28] Cuisses postérieures sans épine ; 30 [31] Tarière ne dépassant pas l’abdomen........ 15. Baxcnvs. 31 [30] Tarière dépassant l'abdomen. ....... ss... 16, EXETASTES. 32 [23] Abdomen avec une écaille pour gaîne en des- sous; 33 [38] Ailes antérieures avec une aréole ; { 34 [35] Crochets des tarses pectinés............... 17. PHYTODIETUS. 35 [34] Crochegs des tarses simples ; 36 [37] Aréole petite, triangulaire. ..............., 18. COLEOCENTRUS. 37 [56] Aréole grande, rhomboidale...... ........ 19. LEPTOBATUS. Bh a stn. . cin Sates, BON MRROPISTES Ga us; . Tras longé en fer de ba LAGUNA -... 21. ACÆNITES. | 2s oe -, 22) ROWS. ANNEE [10] Abdomen caréné en desst [39] Abdomen non caréné en Al [42] Dernier’ arceau abdomin ia er: _ Oputonipes. a Bi | - : t . K 70 heme [60] Abdomen comprimé plus ou moins complète- ANA SRE # ment; tarière courte ou moyenne ; a 4 L _ 44 [47] Nervure moyenne recevant les 2 nervures MR 1 ihe recurrentes,; à A5 [46] Chaperon non relevé en dent an milieu ..... 23. OPH10N. : 4 46 [45] Chaperon relevé en dent au milieu ..... ... 24, THYREODON. D 47 [44] Nervure moyenne ne recevant qu'une seule ju 5 récurrente ; | : 48 [53] Ailes antérieures avec une aréole; dE: KL. 49 [52] Aréole petite, triangulaire ou pentagonale ; ae ‘14 50 [51] Stigmate du ler segment abdominal en avant — 3 Te dutmilieus oo =e ose _. ee ROME ME ANTI CUS tae à 51 [50] Stigmate du ler segment abdominal en arrière ; 4 dis nanlieuy. des ess 2 .-. 26. CAMPOPLEX: Aa 52 [49] Aréole grande, pentagonale 0 or macro 7 _ 53 [48] Ailes antérieures sans aréole ; hi ET 54 [55] Tarses postérieurs plus épais que les autres.. 28. ANOMALON. | à _ 55 [54] Tarses postérieurs pas plus épaix que les : oy 1 | autres; ; joie nae 1 56 [57] Nervure moyenne arquéeen ...........-. 29. /CREMASTUS-. LU * 57 [56] Nervure moyenne droite; | a i 58 [59] ler article des tarses postérieurs 2 fois aussi SU i" longi que lee tee... 0 .. 30. Exocmium. x 59 [58 ] ler article des tarses postérieurs 4 fois aussi = ; long que le 2e.._-..... D. ....--s-.--) Ol.) HEMEROPBEMAS Li ov Crypripes Tor 60 [72] Abdomen non comprimé, pédicule étroit, Pi allongé ; tarière ordinairement longue ; _ 61 [66] Une aréole grande, pentagonale aux ailes ‘ ned | ON antérieures ; ; He 62 [65] Jambes antérieures sans fossette ; OR 63 [64] Tarière longue ou moyenne .............. . 32. CryPrus. - Bes) G4 [63 IN Eariere courte OR... 93. PHYdADeuux +) 65 [62] Jambes antérieures dilatées en fossette...... 34. Mesocuorus, 66 [71] Aréole petite, triangulaire ou incomplète ; no? 67 [70] Tarière plus ou moins longue que l'abdomen ; qe “hs ù Gj 0 ; oe L 69] Aréole en ps ‘a ‘ ROME S « Go [651 Aréole pentsnile | 70 [67] L'arière très: c: He, ie. - Jif eA ee Crvrran 71 [66] Font d'arévle: aniennes conprinées au mie > “ai 38. D | TCHNEUMONIDEE VRAIS. 72 [60] Pédicule court: uariére ire; covries anicunes J souvent forces ef enrovlees ; 73 [74] Eeus-on élevé en pointe . 39. Trocus. 74 [73] Feusson non élevé en pointe ; ’ à 75 [76] Ecus-on saillant, mais nov épineux . 40. Jorpa. 76 [75] Eeusson plat on à peine saillant; 77 [86] Face non bombée ; 78 [83] Aréole assez :rande, pentagonale ; 79 [82] Stigma ordinaire; 80 [81] Pé licule de Fabdomen ru:neux on ponetné.. 41. ICHNEUMX. 81 [80] Pédicule de l'abdomen li-se : 42, ISCHNUs. 82 [79] Stizna trés grands... .... .... 45, Srnpyus. 83 [78] Aréole ptite, triangulaire ; 84 [85] Pédicule de Vabdonnn étroit; antenne: paltes gréles 2 - 44, MESOTEPTUS. 85 [8 #1] Abdomen plus ou moin< sessile; antennes a--e2 grossts, Sétacée .. 45. TRyYPHOX. 86 [77] Pace bonbée an milieu ; . 87 [88] Avéole pentasonile... . +6, ALOMYA. 88 [87] Aréole o, on triangulaire, pti 47. Exocnus. 1. Genre. THALESSA, Hoimgreen. (Thalesse.) (De thaled, être florissant ; aïlusion à la taille robuste de 1a plupart des espèces). Abdomen LOG: 220 nee MNEs ccten eo berltes cr Le ae Abdomen varié de jaune et de brun ; Ashes telah Ces in CN... nc ie vapor ots Lunator. Ailes sans tuches ; Fg OLAX TARA. eo sas Rte FE Quebecensis. L MT HOVAX NOR. ...... won Wak ATLAS (ee ee at à i at 1. Thalessa atrata. labricius, (Thalesse noir). Brullé, Hym, . page ats , ' aie O Keussun et prothorax sis i.ches, Une tache jaune soulevée au dessous des ailes antériènres ; noe Peak tache j h we de chaque cô à l'extrémit"@u métathorax, 1 seul spécimen. LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 447 3 Cuisses des pattes intermédiaires presque toutes jaunes, n’ayant qu'une petite tache noire en dehors vers la base. Prothorax avec le bord supérieur jaune ; métathorax noir avec les sutures jaunâtres. Ecusson, post-écusson, une grande bande de chaque côté du métathorax s'étendant de la base à l'extrémité, les & hanches antérieures, quelques petites taches sur les flancs, d’un jaune plus ou moins clair. Les han- ches postérieures sont noires avec une grande tache jaune en arrière ; les hanches intermédiaires sont noires à l’extrémité. Abdomen d’un brun uniforme, avec une seule tache d’un jaune clair au sommet du premier segment. Les segments 3, 4, 5, 6 et 7 portent une petite fos- sette au sommet dont le milieu est quelque peu jaunâtre. Long. 12 pouce. Un seul spécimen. 2. Thalessa lunator, Fab. (Thalesse porte-lunes). Rhyssa lunator, Brullé, Hym. p. 78. @—Une large bande brune à l’endroit du stigma, avec le bout de l'aile aussi taché. Les jambes sont plutôt jaunes que rousses ; le méta- thorax est roux avec une tache noire à l’extrémité et une jaune de chaque côté. Les côtés sont bruns avec différentes taches jaunes. Long. 1.40 pouce ; tarière 4+ pouces. Un seul spécimen. d'—Ailes tachées comme dans la 9. Jambes postérieures entière- ment et les deux autres paires en dehors seulement, d’un jaune brun. Hanches brunes, les antérieures jaunes en avant, les intermédiaires avec une tache jaune sur les côtés et les postérieures avec une semblable tache en arrière. Abdomen brun avec une tache jaune transversale à l’extré- mité du ler et du 2e segment. Long. 1.30 pouce. 1 spécimen. Les taches brunes des ailes avec la disposition des taches jaunes sur le corps permettent avec assurance d’at- tribuer ce mâle à cette espèce. La description ci-dessus correspond assez exactement à celle de Rhyssa levigata, Brullé, qui évidemment n’est autre que le 4 du lunator. Thalessa Quebecensis, nova species. (Thalesse de Québec). 2—Long. 14; tariére 3 pouces. Roux, varié de jaune. Tête jaune ; labre et mandibules, noir; face avee une bande rousse au milieu ; an- tennes brunes. Ailes jaunâtres, avee nervures noires ; stigma jaune. Prothorax avec une tache jaune de chaque côté vers le milieu. Méta- thorax d’un roux uniforme. Heusson et post-Geusson, une tache soule- vée au dessous des ailes'antérieures, une double tache de chaque côté à l'extrémité du métathorax, les 4 jambes antérieures avec tous les tarses et les genoux, jaunes. Métathorax noir à l'extrémité. Abdomen roux avec une tache jaune à l'extrémité des segments 1 et 2; les autres 448 LE NATURALSTE CANADIEN. segments portent sur leurs côtés, vers l’extrémité, une tache jaune cir- culaire ; une bande de brun foncé s’étend longitudinalement sur les segments du milien et se répand sur le sommet, la base, et les côtés du 2e segment. Tarière noire, à gaines roussâtres. Les flanes sont roux avec les sutures noires, une longue tache noire se voit aussi en ayant des hanches intermédiaires. Les stries transversales sur le dos du mésothorax sont très apparentes. Une large tache polie et luissante se voit de chaque côté du prothorax. Le métathorax ne porte aucun sillon et est presque parfaitement lisse. 1 spécimen. ; d'.—Long. 1.10 pouce. Diffère peu de la ®. La plaque polie des 2 côtés du prothorax est sans tache jaune. Le métathorax est plus clair vers l’extrémité, maïs sans taches distinctes sur les côtés. Les flancs sont d’un roux uniforme, avec les sutures noires, mais sans taches jaunes. Abdomen roux, luisant ; les segments 1 et 2 portent une bande jaune vers le sommet. Le 2e segment est, de même que dans la 2, bordé de noir au 2 bouts et sur les côtés. 1 spécimen. Bien que les couleurs soient assez variables chez les Thalesses, nous pensons que cette espèce se sépare rigou- reusement de la précédente. Ses taches jaunes des côtés de l'abdomen qui sont circulaires au lieu d’être en chevrons, ses ailes sans taches etc., la distinguent à première vue. Le d'est aussi distinctement caractérisé. 4, Thalessa Nortoni. Cresson, (Thalesse de Norton). Proceedings of Ent. Soc. Phil. III. p. 317. Nous attribuons à cette espèce, un d' que nous avons pris nous même au CapRouge, et qui ne diffère que par les caractères suivants de la 2 décrite par Mr. Cresson : La plaque polie des cotés du prothorax est rousse en haut et d’un jaune clair inférieurement ; bord postérieur du métathorax noir; point de tache jaunatre sur les hanches antérieures ; les 2 segments de l’extrémité de labdomen n’ont point de tache jaune et le premier est noir a la base. 1 spécimen. Comme l'espèce Wor/oni appartient au Colorado, la femelle de notre espèce permettra peut-être de constater qu'elle constitue une espèce distincte, LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 449 2. GEN. Rhyssa, Gravenhorst. (Rhysse). (De rhissos, ridé ; allusion aux rides du dos du mésothorax.) 1. Rhyssa persuasoria, Linn. (Rhysse attrayant), Ichneumon persuasorius, Linn. Faun. Suec. n. 1593. Pimpla persuasoria, Fabr. Syst. Piez. p. 112. Rhyssa persuasoria, Grav. Ichn. Eur. IIT. p. 267. Six 9,20. Cette espèce est commune a l'Europe et à l'Amérique. 2. Rhyssa albomaculata. Cresson. (Rhysse taché de blanc). ” Rhyssa albomaculata, Cress. Proc. Ent. Soc. Phil. III. p. 318. 8 ©. Diffère de la précédente par les caractères sul- vants : antennes avec un anneau blanc au delà du milieu ; taches sur les flancs plus grandes; écusson blanc ; tache supérieure sur les flancs du métathorax plus grande que Vinférieure. Aréole plus petite et distinctement pétiolée ; hanches postérieures avec une tache blanche en arrière. Long. de .70 à .80 pouce ; tarière de la même longueur. Les larves de ces 2 espèces sont particulièrement para- sites de celles des Monohammus scutellatus et titillator. Nous avons fréquemment surpris les 2 de ces deux Rhysses oc- cupées à déposer leurs œufs dans les larves des Monoham- mes qui rongeaient des troncs de sapin et d’épinette abat- tus de l’année précédente, souvent aussi dans des cordes de bois de chauffage où leur moulée décelait leur présence. 3. GEN. Ephialte. Gravenhorst, (Ephiaite). (Du grec ephallomai, tomber sur ; allusion aux habitudes parasitiques de dé insectes). 1. Ephialtes occidentalis, Cress. (Ephialte occidental.) Ephialtes occidentalis, Cress. Proc. Ent. Soc. Phil. FV "p. 269. 10 ©. Long. de .70 à .90 pouce. Nous n’avons encore pris que des 9. | 2, Ephialtes manifestator, Linn. (Ephialte manifesta- | teur). _Ephialtes manifestator, Linn. Faun, Suec. n. 3 $. Nous en avons aussi vu 2 exemplaires pris à 450 LE NATURALISTE CANADIEN, Québec par M. Bélanger. Cette espéce, qui est commune à l'Europe et à l'Amérique, a la même coloration que l’autre, elle n’en diffère que par une taille plus robuste ; ses pattes postérieures sont moins longues, les segments abdominaux plus courts, tout le corps est aussi plus brillant. 4 GEN. Pimpla. Fabricius. (Pimple). (De pimplémi, remplir ; allusion aux gonflements des segments abdominaux). Pattes rousses, les postérieures variées de noir et de blanc ; | Jambes postérieures entièrement noires ou brunes. 1. Pedalis. Jambes postérieures noires, annelées de blanc ; Tarses postérieurs entièrement noirs ou bruns. 2. Tenuicornis. Tarses postérieurs variés de blanc et de noir ; Le ler article seulement blanc à la base... 3. Novita. Tous les articles blancs, terminés de noir; Segments abdominaux marginés de blancs... 4. Conquisitor. Segments abdominaux entièrement DOME... «cating nerébh 010, HAIN AGED Dee Pattes toutes rousses ou légèrement enfumées..... 6. Pterelas. 1. Pimpla pedalis, Cresson. (Pimple d’un-pied). Pimpla pedalis, Cress. Proc. Ent. Soc. Phil. IV p. 268. M. Cresson ne donnant la description que du g nous donnons ici celle de la 9. 2—Long. .55 ; tarière .30 pouce. Noire ; antennes brunes, gréles. Thorax brillant, peu ponctué; métathorax strié transversalement au milieu. Ailes hyalines, légèrement enfumées, nervures et stigma noirs, ce dernier avec une tache blanche à la base ; aréole triangulaire, non pétiolée, un peu oblique. Pattes fortes, d’un roux foncé ; les hanches antérieures avec les genoux postérieurs, leurs jambes et leurs tarses, noirâtres. Abdomen fort élargi vers l'extrémité, densément ponctué excepté aux sutures et sur les 2 derniers segments. Taridre forte, rousse, à gaînes noires, comprimées, velues, dépassant l'abdomen du tiers de sa longueur. 8 2,4. Nous avons fréquemment capturé cet insecte sur la verge d'or, Solidago Canadensis. Lorsqu'on saisit la 2 avec les doigts, elle est assez prompte à nous lancer sa tarière dans les chairs, et sa piqtire est assez douloureuse. Elle émet aussi une odeur assez semblable à celle de pièces de fer échauffées par le frottement lorsque le graissage fait défaut. LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 451 2. Pimpla tenuicornis Cresson. (Pimple à-cornes-grêles). Pimpla tenuicornis, Cress, Proc. Ent. Soc. Phil. IV p. 267. M. Cresson n’ayant décrit que la 2, nous donnons ici la description du &. d'—Long. .40 pouce. Même coloration que dans la 9° Les genoux postérieurs, leurs jambes et leurs tarses, noirâtres ; les jambes portent un peu au dessous de la base un anneau blane. Méta- thorax ponctué, mais sans stries transversales ni carénes sur les côtés comme dans le pedalis, et portant, de même que l’abdomen, une courte pubescence grisâtre. Abdomen ponctué, excepté sur les marges des segments, droit, cylindrique. Antennes un peu plus fortes que dans la © Oe ETS Cette espèce, de même que la précédente, est très va- riable dans sa taille. 3. Pimpla novita, Cresson. (Pimple nouveau). Pimpla novita, Cress. Trans. Ent. Soc. IIT p. 146. 4 2. Aucune ne porte de tache blanche aux mandi- bules ; du reste la coloration des pattes ne permet pas d’at- tribuer cet insecte à une autre espèce. 4. Pimpla conquisitor, Say. (Pimple conquérant). Cryptus conquisitor, Say. Say’s Entomology II p. 689. 5 2. Non encore pris de o&. Les lignes blanches de l'abdomen de cette espèce la font reconnaître à première vue. 5. Pimpla inquisitor, Say. (Pimple inquisiteur). Ichneumon inquisitor, Say’s Ent. I p. 375. 9? aucun d. La descripjion de Say est un peu vague, Mais nous Croyons que nos insectes se rapportent certainement à cette espèce. Dans aucune des 2 que nous avons prises, la face n’est blanche, comme le dit M. Cresson, mais dans toutes, les jambes intermédiaires sont rousses avec la base et un anneau vers le milieu, d’un jaune pâle ; les cuisses postérieures sont tachées de noir à l'extrémité, et les tarses postérieurs sont tantôt blancs avec les articles terminés de noir, et tantôt bruns avec la base des articles blanche, 452 LE NATURALISTE CANADIEN. 6. Pimpla pterelas, Say. (Pimple petites-ailes), Ichneumon pterelas, Say’s Ent. I p. 376. 19. Se distingue du pedalis par ses jambes posté- rieures qui sont entièrement rousses ou très légèrement en- fumées ; la nervure costale est jaune à la base, et le méta- thorax brillant, sans stries transversales. Long. .40 pouce. (A continuer). M. SCHMOUTH ET LA “ GAZETTE DES CAMPAGNES. ” Ce n’est que le 25 octobre dernier, que nous avons été informé par un ami, que M. Schmouth, le rédacteur de la Gazette des Campagnes, avait fait une sortie furibonde contre nous, dans l’un de ses numéros du mois d’Aout, au sujet de nos remarques sur la presse du pays. De suite nous cherchons dans nos files le fatal numéro, mais en vain, ilne s’y trouve pas. Comme nous avions plus d’une raison pour croire noire ami mal renseigné, nous écri- vons de suite à M. Schmouth, lui demandant quelques explications et le priant surtout de vouloir bien nous faire parvenir ce numéro du mois d’Août dans lequel il s'agissait de nous. Point de réponse. Nous faisons alors des démarches d’un autre côté, et nous parvenons à la fin à mettre la main sur le fameux nu- méro. Qu’y lisons nous ? Que nos appréciations sont d'ordinaire erronées, que nous n’écrivons que pour satisfaire des haines sourdes, ...... que nous ne sommes qu'un hypocrite..... que notre Vaturaliste est bien inférieur à la Gazette des Campagnes, puisqu'elle a près de 2000 abonnés et que nous n’en avons que 400, qu'il ne vaut pas /a centième partie de ce qu'il coûle Sc ; le tout entremélé à mainte autre insinuation, où le dépit le dispute à la mauvaise éducation. M. SCH MOUTH ET LA ‘GAZETTE DES CAMPAGNES.” 453 Ces avancés sont-ils au moins appuyés de preuves ? On n'en voit pas même l’ombre. Mais qui est-ce qui a donc pu exciter si fort lire du pauvre homme? Ah! c’est que nous avions osé écrire : “ l’a- griculture quia fait notre pays ce qu'il est aujourd'hui, et qui mal comprise et négligée depuis quelques années, me- nace à présent de le dépeupler, n’a pu attirer assez l’atten- tion de nos législateurs pour les amener à lui consacrer un organe spécial.” Et là dessus, M. Schmouth qui se croit un écrivain, blessé de ne pas voir sa Gazette exaltée, et piqué au vif dans sa dignité d’organe futur du Conseil d’Agri- culture, a mis flamberge au vent. Ce n’est que plus de deux mois après la sortie de M. Schmouth que nous en avons été informé, et après plus de trois mois que ses traits nous ont été lancés, nous ne nous en portons pas plus mal. Nous pourrions fort bien, par consé- quent, laisser passer. Maïs comme nous avons eu occasion de rencontrer M. Schmouth depuis son attaque, lorsque nous ignorions encore qu'elle eut eu lieu, et que notre silence pourrait fort bien être mal interprêté par ce M., nous nous croyons en conséquence tenu à lui donner quelques mots d'explication. Faisons d’abord observer à M. Schmouth que les in- jures gratuites et les malveillantes insinuations sont des armes à la portée de tout le monde, mais que les gens d’hon- neur et de bonne éducation sen interdisent toujours lu- sage. Nous ne le suivrons donc pas sur ce terrain. Nous ne citerons que des faits, ou ne ferons aucun avancé sans l’appuyer de preuves. I] plait à M. Schmouth de nous revêtir d’un habit de sa fantaisie, de nous peindre tel qu'il voudrait nous voir. Nous suivrons, nous, une marche toute opposée: nous dé- pouillerons le prétentieux rédacteur de la Gazette des Cam- pagnes des oripeaux dont il s’affuble, et le montrerons tel qu'il est: ostendam gentibus nudilatem tuam. Le 28 Août dernier, M. Schmouth fait contre nous une sortie aussi injuste que peu polie. Le 17 Septembre nous rencontrons M. Schmouth à Montréal, nous dinons ensemble, 454 LE NATURALISTE CANADIEN. nous passons une partie de la soirée avec lui; le lendemain nous le rencontrons encore dans le bateau à vapeur, à plusieurs reprises, en présence d’amis et seul avec lui, nous causons d'agriculture, de presse etc.. Ignorant l’at- taque qu'il avait lancée contre nous, nous répétons, mat pour mot, pour ainsi dire, ce que nous avions avancé dans le Naturaliste à propos de la presse, relativement surtout à l’agriculture. Vous pensez sans doute, lecteurs, que M. Schmouth, là-dessus s’est empressé de soutenir ses avancés, d'appuyer ses prétentions ?..... Vous le croirez à peine : M. Schmouth est en tout point d'accord avec nous, et dit comme nous; il donne son adhésion à toutes nos proposi- tions. Insulter, faire le fanfaron à distance, et se taire, bien plus, donner son adhésion en présence de son adversaire ! Quel nom donne-t-on à cette vertu dans le code de l’hon- neur et du savoir-vivre ? Mr. *chmonth avait osé avancer que nos plantes ont dégénéré. Nous avons démontré, clair comme le jour, qu'il n’en est rien. Que uos plantes sauvages ont encore au- jourd’hui la même force vegétative qu’elles avaient autre- fois, que pour nos plantes cultivées, n'étant plus dans leur état normal, leur prospérité ne peut se soutenir que par des engrais et des soins convenables, mais qu'on leur donne ces soins et ces engrais nécessaires, on en obtiendra les mêmes rendements qu'autrefois, sauf les maladies et les influences accidentelles auxquelles elles peuvent être sou- mises. Ht ne voila-t-il pas qu'il vient ensuite se vanter de nous avoir écrasé, de nous avoir mis à notre place ? La Gazelle des Campagnes se vanter de nous avoir mis à notre place à propos de science ! l’Africain, à face d’ébène, qui s’en irait criant par les rues qu'il a les pommettes roses et les prunelles bleues, ne serait vraiment pas plus ridicule, Mais elle a done oublié que chaque fois qu’elle a voulu wettre le pied dans le champ de la science, elle n’a commis que des bévues? N'est-ce pas Mr. Schmouth avec elle qui a trouvé des queues aux oïigncns et des colons aux pommes de terre? N'est-ce pas lui qui a fait croître le genét à Ste. Anne et sauter les pucerons (Aphis) ? .. qui a voulu donner M. SCHMOUTH ET LA “GAZETTE DES CAMPAGNES.” 455 des petits aux larves et faire disparaitre les ichneumons du Canada?... (Voir ses numéros de 1869). Mr. Schmouth faisant consister la valeur des publica- tions dans le nombre des abonnés, se vante de ses 2000 souscripteurs, lorsque nous n’en avons que 400. Mais vous ne remarquez donc pas que vous vous confondez avec cette argumentation ? Si, ne nous adressant qu'à la classe instruite, et avec une seule spécialité, nous pouvons compter 400 abonnés, la Gazette des Campagnes, qui est à la portée de tout le monde, devrait, pour nous égaler, en compter au moins 20,000 ! Dans son numéro du 23 Aout, Mr. Schmouth fait sonner fort haut ses 2000 abonnés, et dans son numéro du 23 Octobre, faisant aux législateurs ses remontrances et à ses lecteurs l’étalage de ses misères, il n’en a plus gw'enwron 1500. Comment qualifiez-vous ce respect de la vérité, Mr. Schmouth ? Dans ce même numéro du 23 Octobre Mr. Schmouth demande a être constitué l’organe du Conseil d Agriculture, ou du moins à recevoir une aide de la législature. Que la Gazelle des Campagnes veuilie bien nous permettre ici de lui faire observer quelle n’a ni les qualités ni les aptitudes qu'il convient pour faire un organe décent du Conseil d'Agriculture, car pour une telle position il faut savoir être digne en toute circonstance, et savoir aussi respecter les hommes et les choses. Quoi! la législature irait soudoyer une feuille qui s’est arrogé le droit de régenter l’autorité 2 de faire la leçon à ses supérieurs ecclésiastiques ? de n’avoir que l’injure pour raisonnement et le sarcasme pour défense ? Nous est avis, avec bien d’autres, que si la Gazelle avait su se renfermer dans son rôle, ne parler aux cultivateur, que champs, légumes, bétail et fumiers, elie m'aurait point vu le patronage du public ’abandonner, et aurait pu prétendre aux faveurs du gouvernement. Mais en se faisant l’instru- ment de haines particulières ou l’organe d’une coterie, elle est justement tombée dans l’isolement et la déconsidération dont elle se plaint aujourd'hui, et pour se rétablir dans l'estime et la confiance du public, il lui faudrait de toute bth ig: ANT ' vA View nécessité, modifier,ses allures, changer sa tactique. Mais en est-elle susceptible ? Nous en doutons un peu; car la justice, les égards, le savoir-vivre ont des exigeances qu’on parait méconnaitre dans ses quartiers. Quelques preuves à l'appui. Tous ceux qui ont protégé et aidé la Gazelle, depuis MM. les abbés Pilote, Leclerc, jusqu'aux Hon. Chapais, Beaubien, &c. ont été plus ou moins mal-menés par elle; est-ce là de la justice ? 456 LE NATURALISTE CANADIEN. Mr. Bonnemant, un respectable émigré français, che- valier de la légion d'honneur, invité par le gouvernement, arrive en Canada pour sy livrer à des entreprises indus- - trielles ; de suite la Gazelle, sans le connaître et tout gra- tuitement, le traite comme le dernier des voyous; si bien que preuves en main on vient la forcer à faire, de très mauvaise grace, une humiliante apologie. Est-ce 1a savoir respecter les personnes, observer les égards? Nous faisons connaitre nos vues sur la presse de ce pays, Mr, Schmonth s’en trouve offensé et nous lance une bordée d'injures ; ignorant cette sortie, nous rencontrons Mr. Semouth et répétons tous nos avancés ; il les approuve sans aucune objection. Informé plus tard de ses attaques contre nous, nous lui écrivons pour lui demander des ex- plications ; il ne daigne pas même nous répondre. Est-ce la faire droit aux règles de l'honneur ? montrer du savoir- vivre ? Quant à la valeur de Mr. Schmouth comme écrivain, elle est au même niveau que sa bonne éducation. Qu'on lise seulement une colonne de sa Gazelte, on en sera de suite convaincu. Nous en tirons un exemple au hasard. Page 366, 2e colonne, dans son attaque contre nous: Mais, nous demandera-l-on, dit Mr. Schmouth......... Celle question nous surprend... Ul est lui même surpris de sa propre supposition! En vérité la logique et le bon sens ont-ils jamais tait visite dans cette cervelle ? Un dernier mot. Vous avancez Mr. Schmouth que le Naturaliste ne vaut pas la centième partie de ce qu’il coûte. Sice n’est läsque votre appréciation particulière, qu’elle - GÉOLOGIE. 457 reste là, il n’y a pas de conséquence. Mais si vous êtes ca- pable de démontrer que notre publication, comme œuvre scientifique ne vaut rien; nous vous pressons de le faire, et vous ne pouvez, en honneur, vous y refuser. rn DS € on IG I mr GEOLOGIE. (Continuée de la page 191). XI Epoque Silurienne. Les mers intérieures ; le Gulf stream. Correspon- dance des couches dans les deux continents. Le Postdam et les autres formations Siluriennes. Groupes de Québec et d’ Anticosti. Faune Silurienne: les Protichnites, les Orthocéras, les Crinoides, les Graptolithes, &c. Si, suivant toujours le progrès de la terre dans son œuvre de consolidation, nous passons du Cambrien au Si- lurien, nous trouvons la mer Silurienne qui a abrité la for- mation de cette époque, couvrant les deux vastes plateaux qui forment aujourd'hui la partie centrale des continents Européen et Américain. Cette mer intérieure de notre continent Nord Américain avait pour borne les crêtes du Laurentien qui forment au Nord-Ouest la chaîne des Mon- tagnes Rocheuses, au Nord les côtes du Labrador et au Sud- Est les Alleghanies ; les Laurentides lui livrant une com- munication avec l'Atlantique par notre Golfe St. Laurent. Dès lors comme aujourd'hui, la chaleur équatoriale agissant sur les eaux de la mer, avait déjà établi le double courant océanique, qui porte les eaux échauffées de la sur- face à gagner les pôles, en même temps que les eaux gla- cées des régions arctiques se dirigent par le fond vers l’é- quateur, promenant ces gigantesques icebergs, qui ont souvent le temps de pénétrer fort avant dans la région tem- pérée, ayant que la chaleur ait pu les faire disparaitre. Le 458 LE NATURAIISTE CANADI!N. gulf-stream avait donc dès lors son cours régulier, exerçant sa puissance avec bien moins d'obstacles qu'aujourd'hui, puisque nos continents m'en étant encore qu’à leur char- pente, laissaient à peu près ses courants couler directement dans leur direction primitive. Et voilà ce qui peut servir à expliquer la présence de coraux et autres productions tropicales dans nos mers*arctiques. Toutes les îles qui en- travent aujourd’hui le courant chaud du gulf-stream en le détournant, le divisant, le ralentissant, n’existant pas en- * core, ce courant allait presque sans obstacle directement vers le pôle, jusqu’à ce que refroidi et appesanti par la tem- pérature de cette région, il senfongat pour revenir à l’équa- teur par le fond. Du moment donc que par une cause quel- conque les fonds venaient à s'élever assez en certaines par- ties, pour rencontrer le courant chaud, ces îles sous-marines pouvaient se couvrir de productions de climats tout diffé- rents de ceux que leur assigne aujourd’hui leur latitude. Qui sait aussi, si la croute solide du globe, qui avait alors moins d'épaisseur qu'aujourd'hui, ne permettait pas, sur- tout en certains endroits, à la chaleur intérieure d'exercer son action jusqu’à un certain point à l'extérieur ? : Les formations Siluriennes peuvent être considérées comme caractérisant particulièrement l’Amérique du Nord; car bien qu'une méditerrannée Silurienne ait aussi baigné le plateau central de l'Europe à cette époque, les formations postérieures qui sont venues la recouvrir, semblent jusqu’à un certain point, avoir amoindri son importance. Mais en Amérique, les formations mésozoiques faisant défaut pres- que partout, l’accès aux couches paléozoïques nous devient facile et nous permet de pénétrer davantage dans les mys- tères de leur formation. Aussi nulle part les couches Silu- riennes ne présentent de fossiles aussi nombreux et aussi parfaits qu'en Amérique. Nous avons dit précédemment que l'étendue des fos- siles permettait d’assigner aux roches une origine contem- poraine ; oui, quant aux types de la vie organique ; car quant aux espèces, les couches Siluriennes qu'on a recon- nues assez récemment dans I’ Amérique du Nord, dans l'Inde, en Australie, etc., servent à démontrer, qu’alors comme au- GEOLOGIE. 459 jourd’hui, la faune du globe se partageait aussi en provinces géographiques distinctes. Comme les géologues des deux continents, et presque de chaque pays, ont adopté des noms différents pour les subdivisions des grandes formations, les fossiles ont permis de constater au moins leur correspondance, lorsqu'un pa- rallélisme parfait ne permettait pas d'affirmer sûrement leur identité. Le tableau suivant nous montre les couches Silu- riennes de l'Amérique en correspondance avec celles de l’Europe, Correspondance des couches Siluriennes des deux mondes. SILURIEN SUPÉRIEUR. CoucHES AMERICAINES. EQUIVALENTS ANGLAIS. = ot ] inférieur. 4 Heldelberg inférieur Formations de Ludlow 14. Onondaga. et de Wenlock. SILURIEN MOYEN. 13. Guelph. } D i og à . nn \ Groupes de Mayhill et de 11. Clinton. Anticosti. | Llandovery. 10. Médina. - SILURIEN INFERIEUR. 9. Rivière Hudson. | 8. Ardoise d’Utica. ae ston. Formation de Caracdoc 6. ee de Bird’s eye et Black River. | et couches du Llandeilo 5. « deChazy=Sillery ) Groupe de supérieur et inférieur. 4. Grès Calcifère= Lévis. | Québec. 3. “ de Postdam. J La couche la plus inférieure de la formation Silurienne est le grès de Postdam. Ce nom lui vient de Postdam, dans l’état de New York, ou ce grès semble former la base des formations paléozoiques. Là, ce grès est à grains fins, brun-jaunatre, à lits très réguliers, coupés par un grand nombre de joints verticaux et parallèles. La couche parait 460 LE NATURALISTE CANADIEN. remplir les inégalités du terrain Laurentien sur lequel elle repose, le Cambrien faisait défaut en cet endroit. À partir de Postdam, on peut la suivre dans le Nord de l'Etat de New-York, puis sur notre territoire jusqu'à Beauharnais, où elle se trouve plus développée que partout ailleurs, et de la traversant le lac St. Louis et allant se perdre dans le comté des Deux Montagnes. A la montagne d’Hemmingford, près de la ligne pro- vinciale, lacouche présente une épaisseur de 540 pieds. Elle se montre là sous forme d’un conglomérat de grains grossiers, avec des cailloux de quartz blanc arrondis variant d’un huitième à trois quarts de pouce de diamètre. En bien des endroits, ce grès offre d'excellentes dalles pour le pa- vage des rues ou les constructions. Le verre qu'on fa- brique à Beauharnais est tiré de ce grès. C'est sur les couches du Postdam qu'on a trouvé à Beauharnais, ces empreintes, qu'on croit être des pistes d’un certain crustacé, auxquelles on a donné le nom de Protichnites. On peut en voir de magnifiques échautillons au musée géologique pro- vincial à Montréal. Du comté des Deux Montagnes, on peut suivre la couche du Postdam, en descendant le St. Laurent, jusqu’au Détroit de Belle-Isle, bien que ies afleurements soient assez rares et que de nombreuses failles, que les terrains dallu- vion ne permettent pas toujours de constater, puissent en interrompre la distribution. Sur la riviére Chicot, en ar- rière de la Rivière-du-Loup (Maskinongé), sur le St. Maurice, aux Gres, à St. Ambroise, près Québec, le Postdam se montre encore à découvert. Au Chicot, on a trouvé les Protichnites de Beauharnais ; aux Grès, on tire du Postdam les matériaux pour la confection des hauts-fourneaux en usage dans les forges du St. Maurice. A St. Ambroise, la couche mesure environ 20 pieds d'épaisseur. La carrière de la Malbaie, d'où lon a tiré cette quart- zite blanche, translucide, dont se composent les dalles des avenues du Palais de Justice à Québec, a été reconnue ap- partenir aux Couches Laurentiennes. Le Postdam se montre partout très pauvre en fossiles; Si GÉOLOGIE. 461 quelques mollusques, Lingula acuminata particälièrement, des traces de vers, Scolithus Canadensis, d'autres qu'on rap- porte à des crustacés, Protichnites, ou à certains mollusques, Climatichnites, avec un certain nombre de Fucoides, sont à peu près les seules restes de la vie organique de cette for- mation. ‘ Les empreintes à la surface du Postdam avec l’ineli- naison des couches dans ses différents gisements, semble- raient démontrer que cette formation n'est due qu'aux dé- pots sablonneux des rives de la mer Silurienne inférieure : ses conglomérats surtout ont tous les caractères des dépots riverains. | Le grès de Postdam se montre aussi à découvert sur la côte Sud du St. Laurent, en certains endroits, notamment, sur la rive: de Cacouna à ia Rivière du Loup, de Kamou- raska à la Rivière Ouelle, la pointe de St. Roch des Aulnets, celle de St. Jean Port-Joli, ete.; il se montre aussi sur la ligne du chemin de fer à lIsle-Verte, à Ste. Anne, à St. Roch, etc. La petite montagne du collége de Ste. Anne, composée de strates de schistes rouges et verts, n’est pas de cette for- mation; elle appartient à celle de Sillery, du groupe de Québec. Immédiatement au dessus du Postdam, vient le grès Calcifère, qui est plus ou moins chargé de magnésie, puis les couches de Chazy, de Black River et de Bird’s Eye, qui toutes, comme le Postdam, ont été déposées sur les rivages de la mer Silurienne, et se composent de conglomérats plus ou moins grossiers, ne contenant que peu de traces de la vie organique. Le groupe de Québec, qui correspond à ces dernières formations, ne contient aussi que peu de fossiles. Il est probable que les courants froids venant du pôle, s’engouf- frant dans le golfe St. Laurent, alors plus profond et plus vaste qu'aujourd'hui, pouvaient être un obstacle au dévelop- pement de la vie organique sur les rivages exposés aux cou- rants océaniques, tandis que les eaux moins profondes et plus chaudes de la mer intérieure pouvaient se montrer ‘ 362 LE NATURALISTE CANADIEN. beaucoup plus riches en existences tant animales que vé- tales. Aussi le calcaire de Trenton, qui vient à la suite des formations plus haut mentionnées, nous présente-t-il des masses colossales, d'une immense étendue, presque unique- ment formées de débris organiques cimentés par du cal- caire. C’est au calcaire de Trenton que nous devons nos riches carrières de pierre de taille de Montréal et de Des- chambault. Les grès d’Utica et d'Hudson River viennent à la suite du calcaire de Trenton, et sont suivis par Je conglomérat d’Onéida et le grès de Médina, couches toutes assez pauvres en fossiles, et qui paraissent devoir leur formation à des dépots de gravier, sable et vase sur les rivages ct les estu- aires des mers Siluriennes. A NOS CORRESPUNDANTS. N. B.—La réponse ci-dessous n’a pu trouver place dans notre dernier numéro faute d’espace. Mr. G., Trois-Riviéres.—Les insectes transmis nous sont parvenus encore tout pleins de vie. Ce nesont ni des larves ni des nymphes de coléopteres, mais bien une famille complète d Hémipteéres, œufs, larves, nymphes et insectes parfaits. Ce sont des Aphides ou pucerons, qui, comme vous le savez, sont très nombreux en espèces et en genres. L'espèce est I’ Eriosoma tessellita, Fitch, qu'on trouve sur Paulne, Alnus rubra. Ces insectes se tiennent d'ordinaire réunis en groupes considérables sur des branches d’aulne, particulièrement dans les endroits humides et ombragés. À première vue, on serait plutôt porté à croire qu'on a de- vant soi une touffe de moisissure ou quelque autre cham- pignon, tant la longue laine blanche qui les recouvre semble ne faire de tout l’ensemble qu'une masse homogène ; mais pour peu qu'on les dérange, ou les verra tous aussitôt s'agiter, et souvent aussi plusieurs de la bande étendre leurs ailes pour s'envoler dans les airs. Grand nombre de ceux que vous nous avez envoyés étaient pourvus de leurs ailes, aussi, à l'ouverture de la boite, plusieurs prirent-ils aussitôt le vol dans notre chambre. La famille des Aphides ren- ferme plusieurs genres et un grand nombre d'espèces. LH ria E Daturaliate Canadien Vol. V. CapRouge, DECEMBRE, 1873. No. 12 Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER, FAUNE CANADIENNE. LES OISEAUX. (Continuée de la page 435). Sous-fam. des FULIGULINES. Fuliguline. 2. Gen. AITHYE. JAithya, Boie. Très rapproché du genre Fuligula ; les narines sont au milieu du bec, ou méme un peu en arrière, Bec un peu haut à la base et presqu’en ligne droite jusqu'au narines. Téte et cou rouges. 2 espèces dans notre faune. 1. Aithye d'Amérique. Aithya Americana, Bon. Anas feri - na Wils. Fuligula ferina, Sw.—Vulg. Canard à tête rousse ; Angl. Read-Head.—Long. 20.50 pouces ; ailes 9.50; tarses 1.60; commis- sure 2.30. Bec bleu, noir à l'extrémité, la partie antérieure aux na- rines, brunâtre. Tête et plus de la moitié du cou, d’un rouge brun avec reflets en arrière de rouge violacé ; reste du cou jusqu'aux épaules, partie inférieure du dos et couvertures caudales, noir. Dessous blane, tacheté de gris et de noir en avant ; les côtés linéatés de noir et de blanc en ondulations. Le miroir qui consiste de l’extrémité des se- condaires, d’un bleu grisâtre, plus clair extérieurement et marqué de noir intérieurement. Queue de 14 pennes. PA. et R.—Ce beau canard ne se rencontre que rare- a . . - ment dans notre Province, lors de ses migrations. 2. Aithye de la valisnérie. Aithya valisneria, Bon. Anas valisn. Wils.—Angl. Canvass-back Duck.—Long. 20.10 pouces ; ailes 464 LE NATURALISTE CANADIEN. 9.30 ; tarses 1.70 ; commissure 2.65. Bec long, gréle et pointu. Téte et cou tout autour, brun marron ; le sommet de la tête et les environs de la base du bec, brunâtres ; le reste du cou jusqu'aux épaules, le dos en arrière, le croupion et les couvertures caudales, noir. Dessous blanc, les côtés finement linéolés de noir. Miroir d’un gris bleuâtre, plus clair extérieurement. Iris rouge. PA. et RR.—Ce canard est encore plus rare que le précédent. Il doit son nom a la Valisnérie dont la racine fait sa nourriture favorite. I] niche vers la Baie d'Hudson ; ses œufs sont d’un bleu pâle lavé d'olive, très fragiles et très doux au toucher. 3. Gen. BUCÉPHALE. Bucephala, Baird. Bec plus court que la tête, haut à la base; à profil s’amincissant vers l'extrémité ; crochet un peu large, mais n’occupant encore que le milieu de l'extrémité. Plumes du front et du menton ne s'étendant que peu en avant de celles des joues. Queue moyenne, de la moitié de la lon- gueur des ailes environ, un peu pointue, de 16 pennes. Nos chasseurs donnent le nom de Siffleurs à ces canards, à raison du sifflement qu'ils font entendre en volant. 1. Le Bucéphale d'Amerique. Bucephala Americana, Baird ; Anas clangula, Forst. Clangula vulgaris, Sw.—Angl. Golden Eye ; Wistle wing.—Long. 18.75 pouces ; ailes 8.50 ; tarses 1.50 ; commis- sure 2.—Bee noir. Tête et haut du cou de couleur foncée avec ré- flections variées de vert, de pourpre ou de violet. Le bas du cou tout autour, le dessous avec les côtés, les scapulaires, les couvertures grandes et moyennes, et une partie des secondaires, blanc. Dessus noir. Une tache blanche au devant de chaque ceil et le long des côtés du bee. Dedans des ailes entièrement brun. Les longues plumes blanches des flancs sont marginées supérieurement de noir. PA. et C.—Ce canard est beaucoup plus commun que les précédents. I] place son nid dans le creux de quelque vieux tronc de Pin. Ses œufs, au nombre de 6 à 10, sont d’un bleu verditre. Il se nourrit de petits poissons et d'herbes aquatiques. 2. Le Bucéphale d’Islande.— Bucephala Islandica. Baird. Anas Isl. Gml. Clangula Isl. Bon.—Vulg. Le Siffleur de Barrow ; Angl. Barrow’s Golden Eye.—Longueur 22.50 pouces ; ailes 9.50 ; PALMIPEDES. 465 tarses 1.58; commissure 1.80. Tête et haut du cou d’un violet bleu- âtre, quelquefois à reflets verdâtres ou purpurins. Une tache blanche en avant de chaque wil occupant tout le côté du bec et s’avangant en pointe sur le front. Dessous et bas du cou, blanc. Couvertures alaires blanches, traversées au milieu par une barre noire. Scapulaires anté- rieures blanches, bordées extérieurement de noir, les postérieures noires avec une strie centrale blanche. Le reste du dessus, noir. Longues plumes des flancs blanches, terminées et bordées en dessus de noir. AK.—Sa plus forte taille et la marque blanche en triangle à la base du bec le distingue particulièrement du précédent. Quoique un peu moins commun que le précédent, on le rencontre assez fréquemment en automne dans le bas du fleuve. Mêmes habitudes que chez le pré- cédent. 3. Le Bucephale Blanchatre. Bucephala albeola, Baird ; Anas Bucephala, Lin. Clangula alb. Jenyns.—Vulg. Le petit canard grosse-téte ; Angl. Butter Ball ; Buffle Head.—Tongueur 15 pouces ; ailes 6.65 ; tarses 1.25 ; commissure 1.44. Bec bleu. Tête et haut du cou d’un brun foncé, l’espace en avant des yeux et les côtés du cou d’une riche couleur verte, à reflets purpurins ; une large tache de chaque côté de la tête, le bas du cou tout autour, le dessous, les couvertures alaires excepté les petites, une grande partie des secondaires et les sca- pulaires, blanc ; les dernières étroitement bordées de noir en dehors. Le reste du dessus noir. Les couvertures alaires inférieures d’un brun sale, plus ou moins largement terminées de blanc. PA. et C.—Ce canard se rencontre fréquemment sur notre fleuve dans ses migrations de l’automne et du prin- temps. C’est un excellent nageur, et les chasseurs con- naissent combien souvent cette faculté le dérobe à leurs coups. Il niche dans le Nord du Continent, plaçant son nid garni de 5 à 6 œufs, dans le trou de quelque vieux tronc d'arbre. 4. Gen. HISTRION. Histrionicus, Lesson. Bec très petit, samincissant jusqu’au bout qui est arrondi et entièrement occupé par le crochet. Narines un peu en arrière du milieu du bec. Un angle bien marqué au coin postéro-supérieur. Plumes du front s'étendant peu en avant. Un lobe membraneux à la base du bec. Tertiaires 466 LE NATURALISTE CANADIEN. recourbées en dehors de manière à traverser la pointe de l'aile. Queue de 14 pennes, très pointue. L'Histrion à collier. Histrionicus torquatus, Bonap. Anas histrionicus. Lin. Cosmonetta histrionica, Kaup.—Vulg. L’ Harlequin Angl. Harlequin Duck.—Téte et cou tout autour d'un bleu foncé, la gorge, les côtés de la poitrine et le dessus, d’un bleu plus clair devenant plus foncé sur les couvertures caudales. Une large bande noire sur le sommet de la tête s’étendant de la base du bec à la nuque ; les pennes caudales noires aussi. La couronne noire du sommet de la tête bordée en arrière et en avant d’une bande blanche qui se prolonge jusqu’à la base du bec aux côtés. Une tache ronde aux côtés de l’occiput, une plus allongée sur les côtés du cou, un collier à la base du cou, inter- rompu en avant et en arrière et marginé de bleu foncé, une autre tache allongée transversalement sur chaque côté de la poitrine, semblablement marginée, une autre ronde au milieu des couvertures alaires, une autre transversale vers l’extrémité des grandes couvertures, les scapulaires en partie, une tache de chaque côté de la queue, blanches ; côtés en arrière d’un brun marron. Secondaires avee un miroir variant du bleu au vio- let purpurin métallic. Dedans des ailes brun foncé. A. et RR.—Ce canard ne se rencontre que très rarement dans notre Province. Il niche au Nord dn Continent ; ses œufs au nombre de 5 à 6 sont d’un jaune verdatre uniforme. 5. Gen. HARELDE. Harelda, Leach. Bec plus court que la tête, samincissant latéralement jusqu’à l'extrémité qu'occupe entièrement le crochet. Pro- file de la mandibule supérieure droit à la base et se rele. vant vers l'extrémité. Narines grandes, au milieu de la commissure. T'ertiaires longues, lanceolées, droites. Queue pointue, de 14 pennes, les centrales aussi longues que les ailes. Bec presque sans angle postérieur supérieur aux côtés ; les plumes des côtés s’avancant obliquement en avant. Queue de 14 pennes. Le Harelde du Nord. Jurelda glacialis, Leach ; Anas gla- cialis Lin.—Vulg. La Longue queue ; Angl. South Southerly; Old Wife ; Long-tail. — Longueur 20.75 pouces; ailes 8.90; queue 8 ; tarses 1.38 ; commissure 1.62. Bec noir, rougedtre vers le bout. Tête, cou et poitrine d’un brun noirâtre foncé, le sommet de la tête, le dos, le croupion et les pennes du milieu de la queue, noir, Les côtés de la PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 467 tête depuis le cou jusqu’en arrière des yeux, d’un gris pâle bleuâtre. Le dessous en grande partie et les pennes caudales extérieures, blanc. Les plumes sur la partie antérieures du dos, de même que celles des scapulaires, largement bordées d’un brun rougedtre léger. Couvertures alaires inférieures d’un brun chocolat. Aucune tache de blane sur les ailes. PA. et C.—Ce canard, qu'on rencontre assez fréquem- ment dans ses migrations au printemps et à l’automne, niche au nord du Continent. Ses œufs qui sont très polis, sont d’un vert jaunâtre léger uniforme. Lorsqu'il est blessé, il plonge souvent pour s'attacher au fond et y attendre la mort. Sa chair fort huileuse est peu estimée. A continuer. ADO C0 PP ee PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. (Continuée de la page 191). 13 Gen. OcyPre. Ocypus, Kirby. Mêmes caractères que chez les Staphylins, à l'exception des hanches intermédiaires qui sont contiguës. Les antennes sont toujours fili- formes, légèrement et graduellement atténuées à leur extrémité ; les 4 premiers articles des tarses antérieurs sont toujours dilatés. Une seule espèce dans notre faune. > Ocype noir, Ocypus ater, Grav.—Long. .60 pouce. Tout noir ; une ligne pâle à la base du labre, palpes bruns ; jambes brunes ; tarses antérieurs dilatés, jaunâtres. Prothorax subquadrangulaire, ponctué de même que la tête. Elytres peu pubescentes ; légèrement échancrées postérieurement à leur angle interne. Abdomen allongé, à côtés paral- lèles. —R. En tout semblable aux Staphylins par son apparence extérieure. 468 LE NATURALSTE CANADIEN. 14 Gen. Pumontrue. Philonthus, Curtis. Languette membraneuse, arrondie et entière en avant. Labre transversal, échancré en avant. Tête suborbiculaire ou ovale, munie d’un cou médiocre. Antennes filiformes, droites. Prothorax un peu plus étroit que les élytres, arrondi à sa base, avec ses angles antérieurs déprimés et obtus. Elytres tronquées en arrière, Abdomen subparal- lèle. Pattes moyennes ; cuisses inermes. Insectes de taille moyenne ou petite. Leur tête et leur prothorax glabres et brillants permettent d'ordinaire de les distinguer à première vue des Ocypes et des Staphylins, avec lesquels ils ont une ressemblance assez étroite. On en compte 7 espèces dans notre faune. 1. Philonthe aïiles-bleues. Philonthus cyanipennis, Fabri- cius.—Long, 42 pouce. Noir; élytres d’un beau bleu métallic. Tête et prothorax avec quelques gros points enfoneés, épais. Ecusson noir, ponctué. Pattes noires.—R. La couleur des élytres ne permet de confondre cette espèce avec aucune autre. 2. Philonthe bronzé. Philonthus œneus, Rossi.—Long. .36 pouce. Tout noir à l’exception des élytres qui sont d’un bronzé métal- lic brillant. La tête porte 2 points enfoncés au dessus de chaque œil et quelques autres sur le vertex. Prothorax avec points enfoncés. Elytres à pubescence très courte. Abdomen tout noir.—CC. 8. Philonthe blanchatre. Philonthus blandus, Gray, — Long. .30 pouce. Noir et rouge ; la tête les élytres, les 3 derniers segments de l’abdomer et les antennes, noir ; le prothorax, les 3 pre- miers segments de l’abdomen, les hanches, les cuisses et le labre, d'un roux brillant. Les palpes, les jambes et les tarses sont bruns.—CC. Bien distincte de ses voisines par ses couleurs. 4. Philonthe ventral]. Philonthus ventralis, Grav. —Long. 22 pouce. Noir; bouche, palpes, ler article des antennes et pattes, d'un roux pâle. Elytres brunes, bordées postérieurement et sur les côtés de roussâtre. Abdomen à segments bordés postérieurement de rous- sitre, cette bordure plus apparente en dessous. Ventre densément pu- bescent.—R. 5. Philonthe prompt. Philonthus promptus. Erhart—Long. .20 pouce. Noir. Antennes testacées. Elytres d’un brun sale, plus claires sur les bords. Abdomen fort, large, à segments bordés posté- PETITE FAUNE ENTOMOLOGIQUE DU CANADA. 469 rieurement de testacé. Pattes testacées, cuisses presque noires en dessus—R. 6. Philonthe pernicieux. Philonthus lomatus, Erhart. —Long. .22 pouce. Noir. Premier article des antennes roussâtre, le reste noir. Bouche et palpes roussâtres. KElytres d’un brun quelque peu roussâtre, Abdomen a segments obscurément bordés postérieure- ment de roussâtre. Pattes d’un brun testacé.— AR, 15. GEN. XANTHOLIN. Xantholinus, Dahl. Languette entière, Tête en carré arrondi aux angles, tenant au prothorax par un cou assez grêle. Antennes rapprochées à la base, assez courtes, geniculées, à premier article allongé, le terminal subacuminé au bout. Labre fortement sinué en avant, ses bords latéraux mem- braneux. Prothorax allongé, arrondi à sa base. Elytres à suture im- briquée. Abdomen linéaire; pattes courtes, les intermédiaires très distantes ; tarses simples.—Corps allongé, linéaire, ailé, le plus souvent gabre. 3 Espéces dans notre faune. 1. Xantholin céphale. Xantholinus cephalus, Say. —long. .20 pouce. Noir, antennes d’un brun rougeâtre; pattes d’une jaune brun. Tête allongée, ponctuée, avec 2 fossettes très prononcées sur le front. Prothorax se rétrécissant un-peu en arrière, portant plusieurs lignes de points enfoncés. Elytres d’un brun jaunâtre, irrégulièrement ponctuées. Poitrine d’un roux brun ; pattes d’un jaune brun.—R. 2. Xantholin*noir-brillant. Yantholinus obsidianns, Mel- sheimer.—Long. .20 pouce. D’un noir brillant ; antennes brunâtres à l’extrémité. Tête grande, allongée, ponctuée. Thorax plus long que large, à bords parallèles, avec des séries de ponctuations. Elytres noires, à reflets verdâtres, à ponctuations peu serrées. Pattes brunes, les jambes et les tarses quelque peu roussâtres.—C. 3. Xantholin recourbé. Xantholinus hamatus, Say.—Long. .31 pouce. Brun ; antennes, élytres et pattes jaunâtres. Tête oblongue, aveé quelques ponctuations profondes. Prothorax avec environ 10 lignes de ponctuations, les latérales se recourbant, à l'angle antérieur, en dedans et en arrière. Elytres jaunâtres, avec ponctuations claires et sans ordre. Pattes d’un jaune brun—C, (A continuer). 470 LE NATURALISTE CANADIEN. LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC AVEC DESCRIPTION DE PLUSIEURS ESPECES NOUVELLES. (Continué dela page 452). 5. GENRE. POLYSPHINCTA, Gray. (Polysphincte). (De polus, plusieurs, et sphinctos resserré ; allusion aux étranglements des seg- ments abdominaux). Abdomen ponctué ou rugueux ; Antennes noires ou brunes ; Jambes postérieures blanches, annelées de noir ; les 4 trochantins antérieurs DIQNIGS RE os .... 1. Texana, Cress. Jambes postérieures annelées de noir; tous les trochantins blanes 2. vicina, n. sp. Antenses brunes, blanches à l'extrémité 3. Rubricapensis, ». sp. Abdomen poli, sans ponctuations............. 4. Bruneti, n. sp. 1. Polysphincta Texana, Cress. (Polysphincte du Texas). Polysphincta Texana, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. IIT. p. 149, ©. Un seul spécimen. 2. Polysphincta vicina. (Polysphincte voisin). nov. sp. d—Long. .18 pouces. Noir; les scapulaires avec un point en avant des ailes antérieures, blanc. Antennes brunes, assezfortes. Ailes un peu enfumées, stigma brun, nervures noires. Pattes rousses ; les hanches antérieures avec tous les trochantins, blane ; les 4 jambes antérieures avec les tarses de devant, blanc. Tarses intermédiaires bruns, blancs à la base et à l'extrémité. Cuisses postérieures noires à l'extrémité, leurs genoux blancs, leurs jambes aussi blanches avec un anneau noir près de la base, et l’extrémité aussi noire. Tarses postérieurs noirs, blancs à la base du 1er article seulement. Un seul spécimen. Très rapproché du précédent par sa coloration, mais en differant par sa taille, la couleur de ses trochantins postérieurs, et ses ailes enfumées. 3. Polysphintta Rubricapensis (Polysphincte du CapRouge). nov. sp. ‘ LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. _ 471 @—Longueur .22 pouce. Noir; les palpes, avec les scapulaires et un point en avant des ailes antérieures, blanc, Antennes plus longues que la moitié du corps, brunes, assez pâles en dessous et blanches à l'extrémité. Ailes un peu enfumées, iridescentes, stigma et ner- vures, noir. Pattes rousses ; hanches antérieures noires à ia base, leurs trochantins blancs. Jambes postérieurs noires avec un anneau blane au milieu ; leurs cuisses avec une petite tache noire à l'extrémité. Tarses postérieurs blancs avec l’extrémité des articles noire. Abdomen fortement ponctué, chaque segment soulevé à l'extrémité et portant une petite côte transversale an milieu interrompue à la ligne médiane. Tariére à peu près de la moitié du corps. Un seul spécimen. Les extrémités blanches des antennes de cette espèee la rendent très reconnaissable. 4. Polysphincta Bruneti. (Polysphincte de Brunet). nov. sp. ?— Long. .20 pouce. Noir, brillant; palpes et scapulaires avec un point en avant des ailes antérieures, blanc. Antennes filiformes, assez fortes, noires. Ailes hyalines; nervures et stigma brunâtres. Pattes rousses ; tous les trochantins avec les genoux et la face posté- rieure des jambes, blanc, les jambes postérieures noires en dedans et à l'extrémité. Tarses postérieurs noirs, blancs à la base du premier article, Abdomen poli, brillant, sans ponctuations ; tubercules sur les côtés des segments allongés transversalement. Tarière à peu près du quart de l’abdomen. Un seul spécimen. Assez rapproché du limala, Cresson, mais en différant par son écusson tout noir et la coloration de ses pattes. Nous dédions avec plaisir cette espèce à M. l'Abbé Brunet, professeur de Botanique à l'Université-Laval, et que la ma- ladie éloigne du travail depuis près de trois ans. 6. GEN. CYLLOCERIA. Schiddte. (Cyllocérie). (De kullos, tortu, et keras, corne ; allusion aux échancrures des antennes des mâles). Cylloceria Lemoinei. (Cyllocérie de Lemoine). nov. sp. d'—Long. .27 pouce. Noire; palpes avec les scapulaires et un point en avant des ailes antérieures, blanc. Antennes plus courtes que le corps, filiformes, les 5e et 6e articles échancrés en dehors. Heusson proéwinent, poli. Ailes hyalines, stigma noir, de même que les ner- vures. Pattes rousses ; hanches et trochantins antérieurs, blane ; jambes intermédiaires rousses avec un anneau blanc au milieu, les pos- térieurs noires avec un semblable anneau au milieu ; genoux postérieurs noirs. Les 4 tarses postérieurs noirs avec le 5e article roux. Abdo- 472 LE NATURALISTE CANADIEN, men allongé, ponctué, les segments relevés en côte polie à leur bord pos- térieur. Un seul spécimen, Nous dédions avec beaucoup de plaisir ce bel insecte a notre infatigable ornithologiste M. J. M. Lemoine, de Québec. 7. Gen. GLYPTA. Grav. (Glypte). (De gluptos, sculpté, gravé; allusion aux sillons obliques de l’abdomen). Jambes et tarses postérieurs annelés de noir et de blanc ; Jambes postérieures blanches, avec 2 anneaux nOÏTS se « 1. tuberCulifrons. Walsh. Jambes postérieures blanches, avec 2 bandes en dehors et une strie en dedans, DOITES.. 2... 2. erratica, Cress. Jambes et tarses postérieurs d’un roux plus ou moins brun, non annelés de blanc et de noir ;........ re Abdomen entièrement noir ;....... 3. Canadensis. Cress. Abdomen noir, plus ou moins va- rié GE TOUX 5 ...ssassenao or ceoo oo Segments 2 et 3 marginés Fe POUR ARS N RE SENS . 4. borealis. Cress. Segments 1, 2 et 3 ae. bordés de roux à l'extrémité 5. rufofasciata. Cress. Abdomen roux, taché de noir à la base et à l’extrémité........... 6. ruficornis. 2. sp. 1. Glypta tuberculifrons, Walsh. (Glypte à front tubereu- Jeux). Glypta tuberculifrons, Walsh. Trans. Am. Ent. Soc. IIT p. 152, 3° ©. Trois 9, les trochantins noirs à la base. 2, Glypta erratica, Cresson. (Glypte erratique). Glypta erratica, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 152, d' ©. Trois ? aucun d!. 3. Glypta Canadensis, Cresson. (Glypte du Canada). Glypta Canadensis, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. LIT, p. 157, & Un seul ©. 4. Glypta borealis, Cresson. (Glypte boréal). Glypta borealis, Cress, Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 158, d. LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 473 Un Set 3 9. Même coloration dans les © que dans les 4, avec les exceptions suivantes : hanches antérieures avec les 4 trochantins antérieurs d’un roux semblable au reste des pattes. Jambes postérieures entièrement rousses et leurs tarses à peine teintés de brun. Le premier seg- ment abdominal porte un point roux, de chaque côté, à son bord postérieur. Tarière longue, plus longue que l'abdomen. 5. Glypta rufofasciata, Cresson. (Glypte à bandes rousses). Glypta rufofasciata, Cress. Trans. Am. Ent. Soe. III. p.158, &. Q—Longueur .32 pouce ; tarière un peu plus courte que l'abdo- men. Antennes brunes, roussâtres vers l'extrémité. Chaperon roux, mandibules jaunes. Les 4 trochantins antérieurs, jaune pâle. Tiers terminal des segments 1, 2 et 3 de l'abdomen, roux. Pour tout le reste, même coloration que dans le 4. Var. Les segments. abdominaux 1, 2 et 3 marginés seulement de roux à leur extrémité ; la coloration des pattes empêchant toutefois de les confondre avec le borealis. 6. Glypta ruficornis. (Glypte à antennes rousses). nov. sp. d'—Longueur .38 pouce. Noir, allongé, linéaire. Antennes rousses, brunâtres à l'extrémité. Chaperon, mandibules, palpes, sca- pulaires, un point en avant des ailes antérieures, les 4 hanches anté. rieures avec leurs trochantins, jaune pâle. Tête et thorax ponctués ; métathorax à lignes soulevées très apparentes. Ailes hyalines, ner- vures brunes, stigma jaunâtre. Pattes rousses ; les postérieures avee les genoux et l'extrémité des jambes, noir ; tarses bruns, Abdomen roux ; les 2 segments terminaux avec la moitié antérieure du basilaire, noir ; le 3e segment avec une tache brunâtre au milieu un peu obli- térée. Un seul spécimen. 8. Gex. LAMPRONOTA, Curtis. (Lampronote). (De lampros brillant, et notos dos; allusion à l’absence de lignes soulevées sur le métathorax). Abdomen noir ; Hanches postérieures rousses ; Flanes plus ou moins tachés de jaune ou de roux ; Aréole petite, pétiolée ; Face noire ; Abdomen tout noir.. 1. scutellaris, Cress. 474 LE NATURALISTE CANADIEN. Abdomen noir, à seg- ments marginés de blanc........... 2. marginata. n.p. Face blanche... ....... . 3. albifacies. x. sp. Aréole grande, non pétiolée.... 4. pleuralis. Cress. Flanes sans taches ; Bords antérieurs du métathorax jauves ....- Sen. - .->-n0 D. PATE, OI Bords antérieurs du mésotho- Tax NOME. CCR ---- +s . 6. punctulata. Cress. Hanches postérieures toutes noires ; Jambes postérieures noires ; Hanches antérieures DOI... - -.--# 7. rufipes. Cress. Hanches antérieures jaunes.......... 8. nigricornis. 7. sp. Jambes postérieures rousses... 9. macra. Cress. Abdomen rouge, ou jaune et noir ; Abdomen noir à la base et à l'extrémité ; Jambes, jaune pile; éeusson taché dejaune.. 2-22... ..--10/waria, Cress. Jambes rousses ; Ecusson jaune... ....... 11. humeralis. n. sp. Ecusson noir. .... DRE 12. frigida. Cress. Abdomen noir à la base seulement. ....13. Americana. Cress. Abdomen entièrement rouge ; Thorax noir ; Ecusson noir). .V2000 8... 2 . 14. exilis. Cress. Ecusson plus ou moins jaune... ... 15. rubrica. Cress. Thorax roussâtre . . ... /.. jee 16. brunnea. Cress. 1. Lampronota scutellaris, Cress. (Lampronote à écusson coloré). | Lampronota scutellaris, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 161, $. Un seul spécimen ©, écusson roussatre. ‘9. Lampronota marginata. (Lampronote marginée). nov. sp. © — Longueur .40 pouce. Noire ; chaperon, mandibules, palpes, 2 points en arrière dés yeux, scapulaires avec un point en avant, une ligne bordant les lobes latéraux du mésothorax à pointe en crochet près du lobe médian, les 4 pattes antérieures avec les hanches de devant, LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 475 blanc ou jaune-pale. Lobes latéraux du mésothorax, disque de I’écus- son, flancs eu avant des pattes intermédiaires, les 4 hanches postérieures, d'un jaune roux. Ailes légérement enfumées, à aréole très petite, pé- tiolée. Abdomen cylindrique, noir, chaque segment, à l'exception du premier, marginé de blanc au bord postérieur, Les lobes latéraux du mésothorax et l’écusson sont roux au milieu et bordés de blanc ; le post-écusson porte aussi une ligne blanche. Trochantins postérieurs blancs avec un anneau noir à l'extrémité. Cuisses postérieures avec leurs jambes et leurs tarses, blanchâtres, d’un brun plus ou moins foncé en dedans. Tarière aussi longue que l’abdomen. Un seul spécimen. Voisine de l’occidentalis, Cress. mais s'en distinguant par son abdomen annelé, son métathorax sans tache ete. 8. Lampronota albifacies. (lampronote face-blanche).nov, sp. d'—Longueur .30 pouce. Noire ; la face au dessous des antennes, les joues, les mandibules excepté à l’extrémité, les palpes, 2 points sur locciput à côté des yeux, 2 lignes sur l’écusson, les scapulaires, une ligne en avant et une autre au dessous des ailes antérieures, une tache en coin sur les lobes latéraux du mésothorax, le bord inférieur du pro- thorax, une tache sur les flanes du mésothorax, les 4 hanches anté- rieures avec leurs trochantins, d'un jaune pâle. Antennes brunes ; scape taché de jaune inférieurement. Ailes légérement enfumées ; ner- vures et stizma brunâtres ; aréole très petite, pétiolée. Pattes rousses, les postérieures avec les jambes et les tarses plus ou moins lavées de brunâtre. Abdomen noir; les segments 2 et 3 marginés de roux pos- térieurement. 3 3. Bien distincte de la pleuralis et de la pulchella, Cress. par son aréole et la coloration de ses pattes anté- rieures. 4, Lampronota pleuralis, Cress. (Lampronote à flanes co- lorés). Lampronota pleuratis, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. IIT p. 161,3 ©. Uu seul spécimen &. 5. Lampronota parva, Cress. (Lampronote petite). Lampronota parva, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. III, p.163, ©. Un G'etune 9. Le g' que nous rapportons à cette espèce dif- fère de la Q par les caractères suivants : point de ligne blanche sur les côtés du mésathorax ; les 4 hanches antérieures avec leurs trochantins sont d'un jaune pâle ; l'abdomen a les segments 1, 2 et 3 étroitement 476 LE NATURALISTE CANADIEN. marginés de roux postérieurement. Longueur .19 pouce. (C’est peut- être une espèce différente. 6. Lampronota punctulata, Cress. (Lampronote ponctuée). Lampronota punctulata, Cress, Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 163, ©. 12 $ et 1 4. Led a absolument la même coloration que les 2. , "7. Lampronota rufipes, Cress. (Lampronote pattes-rousses). Lampronota rufipes, Cress. Can. Ent. I, p. 36, ©. Une seul 9. . v s *. . . *. 8. Lampronota nigricornis, (Lampronote à antennes noires). nov, Sp. Q —Longueur .20 pouce. Noire, finement ponctuée ; antennes noires. Palpes, chaperon, mandibules et scapulaires, blanc. Mésotho- rax tout noir. Ailes légérement enfumées, iridescentes ; stigma et ner- vures, brunâtres ; aréole petite, petiolée. Pattes rousses, hanches anté- rieures.avec leurs trochantins, jaune pâle, ces derniers tachés de noir en avant ; les hanches intermédiaires rousses et les postérieures noires, les 4 trochantins postérieurs tachés de noir. Extrémité des cuisses et des jambes postérieures avec leur tarses, plus ou moins brunâtres, Abdo- men noir, les segments 2 et 3 marginés de roux au bord postérieur. Tariére plus longue que l’abdomen. Un seul spécimen. Bien distincte de la rwfipes et de la macra. 9. Lampronota macra, Cress. (Lampronote maigre). Lampronota macra, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 163, %. Un seul spécimen 4. 10. Lampronota. varia, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 164, d. 6 J. Il est assez singulier qu'on n’ait pas encore rencontré de $ de cette espèce. Vv 11. Lampronota humeralis. (Lampronota humérale). nov. sp. o—Long. .38 pouce. Varie de blanc, de jaune et de roux. Tête et thorax noirs ; abdomen roux. Toute la face, avee les orbites se prolongeant jusqu'aux vertex, les mandibules, les palpes, le bord infé- férieur du prothorax, les scapulaires avec une ligne en avant et une autre au-dessous, une ligne bordant les lobes latétaux du mésothorax jusqu'au milieu du disque, l'éeusson, les 4 hanches antérieures avec LES ICHNEUMONIDES DE QUEBEC. 477 leurs trochantins, les côtés et le dessous du mésothorax, d’nn blane jaunâtre. Les pattes avec l’abdomen, excepté les deux tiers antérieurs du premier segment et les 2 derniers, une tache sur les côtés du mé- tathorax, manquant quelquefois, d’un roux plus ou moins foncé, Les segments médians de l’abdomen sont quelque peu maculés de brun. Les antennes sont brunes avec le scape jaune en dessous. Ailes légère- ment enfumées ; stigma et nervures brunâtres ; aréole très petite, pé- tiolée. Un seul spécimen. Très rapprochée de la frigida par son apparence, mais sen séparant distinctement par sa coloration. Son abdo men roux, au lieu d’être jaune, n'ayant jamais plus de 2 segments noirs à l’extrémité, et ses pattes aussi rousses et non jaunes avec sa taille plus petite la distinguent de la varia. Var.—Le blanc sur l’écusson manque plus ou moins et quelquefois entièrement ; les flancs quelquefois sont tont noirs, de même pour le métathorax ; les lignes blanches du disque du mésothorax manquent aussi quelquefois ; quel- ques lignes noires dans la face etc. 12. Lampronota frigida. Cress. (Lampronote froide). Lampronota frigida, Cress. Can, Enr. 1, p. 36, J ©. 4 © — Var. flancs du métathorax tachés de roux. 13. Lampronota Americana, Cress. (Lampronote d'Amérique). Lampronota Americana, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. IIT, p.164, Q La plus forte taille du genre ; 7 spécimens ©. 14. Lampronota exilis, Cresson. (Lampronote gréle), Lampronota exilis, Cress. Trans. Am. Eut. Soc. IIT, p, 165 9 @. 4. Spémens 9. 15. Lampronota rubrica, Cress. (Lampronote rougeatre). Lampronota rubrica, Cress. Trans. Am. Eut. Soc. III, p.165, 2. 2 Spécimens @. 16. Lampronota brunnea, Cress. (Lampronote brune). Lampronota brunnea, Cress. Can. Ent. I, p. 37. ©. Un seul spécimen &. (A Continuer). 478 LE NATURALISTE CANADIEN. GEOLOGIE, (Conlinuée de la page 462). Lorsque la mer Silurienne intérieure, par suite des dépots et dessoulevements fut devenue trop peu profonde pour la vie de ses habitants, ceux-ci se virent forcés de se réfugier dans l’océan, occupant particulièrement ses golfes et ses baies, où les formes de la vie du Silurien inférieur purent encore se conserver ,pour se mêler plus tard, avant de disparaître, aux êtres du Silurien supérieur. Les dépots si riches en fossiles d’Anticosti peuvent se rapporter à cette période. C’est alors que la mer Silurienne en partie disparue, forma en certains endroits des marais salés, qui donnèrent plus tard des dépots de sel, tandis qu'en d’autres endroits, des multitudes de coraux et de mollusques donnèrent lieu au caleaire de Niagara et aux autres couches qui forment Je Silurien supérieur. Sur les crêtes qui formaient les bords de cette vaste mer, qui allait se convertir en plaine, s'élevaient, à plus d’un endroit, des pics volcaniques, dont les déjections se mélèrent aux dépots sous-marins, comme nous en trouvons des traces en différentes localités, Suivons maintenant la vie, comme nous l’avons fait précédemment, à mesure qu'elle se montre dans des orga- nismes de plus en plus parfaits, suivant le progrès des âges. Des polypes en grand nombre, mais différents en espèces de ceux de nos jours, bâtissaient aussi, dès ce temps, leurs conctructions sous-marines de carbonate de chaux, comme le font encore ceux de nos mers tropicales aujour- d'hui. L'un des plus remarquables parmi ces derniers fat le Beatricea, dont animal unique dans son habitation, oc- cupait le sommet d'une colonne ou tronc de plus de 20 pieds de hauteur, tandis qu’une foule d'êtres plus délicats s'attachaient aux côtés de son support, comme les lichens et les mousses sur le tronc arbres. GÉOLOGIE. 479 A côté des coraux florissaient les Crinoïdes ou Lis-de- pierre, comme les appellent les Anglais (S/one Lilies), qui ressemblaient plus à une fleur qu'à un animal. Sur une tige de plusieurs pieds de longueur quelquefois, formée de disques singulièrement articulés les uns avec les autres, était portée une espèce de cupule composée de différentes pièces unies par leurs bords, et se terminant par 5 rayons ou bras, armés eux-mêmes de rameaux et de ramules ca- pables de se mouvoir dans toutes les directions. Ces bras par leurs mouvements, amenaient à la bouche de l’animal les petits animaux nageant dans l’eau dont il faisait sa nourriture. Les Crinoides devaient sans doute reposer au fond des mers trés profondes, pour n’étre pas renversés et balayés par les grands courants. Ces animaux qui se rangent parmi les radiés, oursins, étoiles de‘mer etc., n’ont que très peu de représentants dans nos mers modernes. Les mollusques, tant univalves que bivalves, fourmil- laient dans les mers Siluriennes, et déjà apparaissaient des anologties des formes les plus parfaites parmi ceux de nos jours. Les Orthocéras, qui mesuraient quelquefois jusqu’à 12 pieds de longueur, n'étaient autres que des Nautiles de nos jours à forme droite, au lieu d'être contournée en hélice. Ce devaient être les tyrants des mers d'alors. Parmi les crustacés, les Trilobites se montrent encore plus nombreux et plus diversifiés que dans les temps anté- rieurs. Alors se moutraient aussi les Graptolithes, ces singuliers animaux qui ont donné lieu a tant de discussions parmi les savants. Tantôt rangés parmi les animaux et tantôt parmi les plantes, opinion prévalut à la fin que ce devait être des zoophytes, se composant d’une ou plusieurs tiges avec une seule rangée de cellules d’un côté ou bien une de chaque côté, divergeant d’un centre commun, qui, proba- blement, renfermait une chambre remplie d’air leur per- mettant de s'élever et de s’agiter librement dans l’eau. Les Graptolithes sont à proprement parler des animaux carac- téristiques de l’époque Silurienne, puisqu'ils disparaissent : avec elle. Leurs traces se montrent sur le calcaire assez 480 LE NATURALISTE CANADIEN. semblables à d’étroites frondes de fougères qu’on y aurait étampées. On en compte un grand nombre d’espéces, C’est dans le Silurien supérieur que se montrent des restes des premiers vertébrés connus, de ces organismes destinés à dominer le monde dans la suite des ages, et qui devaient recevoir leur complet développementdansl’homme, l'œuvre la plus parfaite sortie des mains du Créateur. Comme pour les organisations moins parfaites, c’est aussi dans la mer que les premiers vertébrés font leur apparition. La première découverte qui en fut faite remonte à 1859, où Mr.Lee de Caerleon, trouva à Church:Hill, en Angleterre, un squelette de Pleraspis, associé à des coquilles de la formation de Ludlow qui correspond à notre Heldelberg inférieur. Ce poisson, assez proche de notre Esturgeon, quoique d’une famille différente, était comme lui à squelette carti- lagineux, portait une peau chagrinée munie de fortes épines osseuses, et armé de dents tranchantes. Quoique d'assez petite taille, ses dents et les coprolites ou excréments fossiles qu'on trouva près de lui, dénotent que ce devait être un carnassier, et que les premiers vertébrés commen- cèrent de suite à faire valoir leur domination sur les antres animaux, en en faisant leurs proies. Sans doute que les nombreux mollusques de ces temps, les Crinoides sur leurs stipes, les Graptolithes, les Orthocéras mêmes devaient leur offrir une nourrture riche et abondante. Le Dr. Bigsby dans son Zhesaurus Siluricus, en 1868, compte 8,897 espèces vivantes pour le Silurien, tandis que le Cambrien ne dépassait pas 972. Quelque considérable que soit ce nombre, il est indubitable qu'il sen trouve encore en quantité qui n'ont pu jusqu'à ce jour tomber sous nos observations. Nous ne voyons encore apparaitre aucun animal ter- restre, à l’époque Silurienne, et la pauvreté de la flore de cet Age ne permet guère de supposer qu'il en put exister. Quelques genres de Lycopodes avec des prèles et quelques autres arbres se rapprochant des pins (Prototaxites) sont les plantes les plus marquantes connues. Un coup d'œil jeté sur la faune Silurienne, convainera GEOLOGIE. 481 de suite que le systéme de dérivation ou de sélection serait d’une difficile application parmi les milliers d’étres de cet âge. Car nous y voyons apparaître des organismes dent les anologues font absolument défaut dans les âges pré- cédents, tels que les Crinoides, les Orthocéras, les Grap- tolithes etc.; et les premiers vertébrés, au lieu de se présenter comme des échantillons à peine ébauchés dans leur ordre, prennent place de suite sur un degré fort élevé de l'échelle qu’on pourrait assigner à leur plus ou moins grande perfection ; il serait donc fort difficile d’as- signer le mollusque, le crustacé, ou le zoophyte qui aurait pu servir @embryon ou de larve à une organisation si parfaite. Oh! reconnaissons plutôt lintervention directe de la puissance créatrice et la justesse du récit mosaïque : “ Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans leau...... et illes bénit en disant; croissez et multi- pliez-vous, et remplissez les eaux de la mer.” | XIE Le Devonien. Dépots riverains. Grésd’Oriskany. Calcaire cornifère. Formations de Hamilton, Portage et Chemung. Formation de Bonaventure. Volcans et montagnes intrusives. Bancs de coraux à Louisville. Crustacés énormes. Poissons formidables. Le Psi- lophyton. Au Silurien succède le Devonien, qui doit son nom au comté de Devon, en Angleterre, où l’on a d’abord cons- taté que les couches qui le constituaient différaient et de celles du Silurien qui le précèdent et de celles du Charbon qui le suivent. i On renfermait autrefois le système houillier ou du Charbon entre le vieux grès rouge et le nouveau grès rouge; mais les progrès de la science ont permis de cons- tater depuis, par l'étude des fossiles, que les couches inter- médiaires entre ces deux lignes, doivent être considérées comme une formation d'un caractère propre, bien que supérieurement et inférieurement la démarcation soit assez peu tranchée avec les couches voisines. Le Devonien est surtout une époque de transition, et 482 LE NATURALISTE CANADIEN. bien qu'il offre un certain nombre de plantes et d’animaux a lui propres, il est bien plus remarquable par les change- ments du globe dont il nous donne les preuves, que par ie nombre des fossilles qu’il présente. Le Devonien n'offre ni en étendue ni en épaisseur une masse aussi considérable que le Silurien, cependant ses couches atteignent dans la Pennsylvanie jusqu’à une épaisseur de 15,000 pieds, et l'étendue qu’elles présentent est encore plus considérable que celle de toute l'Europe. Des grès, des conglomérats de graviers, de sable et de vase, des calcaires formés surtout de coraux, dénotent de suite que ses couches doivent leur formation à des dépots riverains 6u au moins dans des eaux peu profondes. Tirons du tableau que nous avons donné, à la page 313 du vol. IV, des formations géologiques du Canada, la suite des couches du Devonien, et mettons les en face de leurs équivalents en Europe. Formations DEVONIENNES CovcHes EN CANADA. EQUIVALENTS EN ANGLETERRE. 19. Portage et Chemung. { Groupe de Piltou 18. Hamilton. tk ‘¢ Tlfracombe 17. Calcaire cornifère. Helderberg 2 it; Lintonics ion 16. Oriskany. supérieur, { Plusieurs de ces divisions se partagent, aux Etats Unis, en deux et mêmes trois formations différentes; mais en Canada on n’a pas encore pu constater d’une manière bien certaine la présence et l’ordre régulier des diverses cou- ches Américaines. D'ailleurs, les formations Devoniennes de notre continent sont essentiellement Américaines, ce qui s’en trouve en Canada ne consiste pour ainsi dire qu'en quelques ramifications qui ont pénétré sur notre territoire. Les Etats de New-York, Pennsylvanie, Ohio et Virginie sont particulièrement ceux notés comme les plus riches en dépots Devoniens, et à part la péninsule entre les lacs Erié et Haron, on n’en retrouve guére de traces sur le territoire Canadien qu'à Gaspé, et sur quelqurs points avoisinants la ligne provinciale entre le lac Champlain et la Baie des Chaleurs. GÉOLOGIE. 483 Le orès d’Oriskany est généralement de couleur blan- che ou jaunâtre, à grains rudes, un peu grossiers, renfer- mant souvent du silex et contenant une grande quantité de pyrites de fer; i] pénètre en Canada à Waterloo sur la rivière Niagara; il est assez riche en fossiles. Le calcaire cornifère qui le suit est beaucoup plus étendu, puisqu'il parait occuper toute la péninsule entre les lacs Hrié et Huron; on le rencontre aussi à Gaspé Son nom de cornifère lui vient de ce qu’il renferme une grande quantité de silex, dont lapparence est assez rap- prochée de celle de la corne ; il est un peu moins riche que le précédent en fossiles. Les couches de cette forma tion sont toutes plus ou moins bitumineuses, et fournissent en certains endroits, comme à Enniskillen, Ontario, des sources de pétrole d’une richesse incalculable. On a aussi trouvé du pétrole à Gaspé dans la même formation, et il est probable qu'on tentera bien vite les moyens de l'ex- ploiter. Les formations de Hamilton, Portage, et Chemung for- ment le Devonien supérieur. Elles consistent en schistes, calcaires, et grès de composition et de structure assez diverses. Plusieurs couches sont aussi fortement bitumi- neuses. On les rencontre avec les précédentes dans la grande peninsule de l'Ouest d’Ontario. Enfin les formations Devoniennes sont closes en Canada par celle de Bonaventure, qui ne se rencontre qu’à Percé et dans la Baie des Chaleurs, cette dernière forme la base du terrain carbonifère et clot pour nous l’âge paléozoique. L'âge Devonien, avons-nous dit, est surtout une époque de changements et de transition. Ses dépots se sont accu- mulés sur les rives de la mer Silurienne pendant que celle- ci achevait de se convertir en lacs, terre ferme, et marais, qui devaient préparer les matériaux nécessaires à l’âge carbonilére qui devait la suivre. La croute terrestre allant toujours s’épaississant en s’ajoutant de nouvelles couches par les dépots extérieurs, en même temps que le refroidissement de l’intérieur ajou- tait encore à son volume, dut en bien des endroits céder 484 LE NATURALISTE CANADIEN. sous le poid de sa masse, pour s’enfoncer et se déprimer ici, pendant qu’elle se soulevait là en érêtes abruptes ou en montagnes arrondies. Une foule de soupiraux ou cheminées livrant issue aux gaz de l'intérieur, vomirent des torrents de cendres, de laves et de métaux en fusion, qui roulérent sur les bords pour aller méler leurs débris aux sédiments bouleversés par les convulsions de leur base et aux productions marines privées tout à coup de leur élé- ment. La science a permis a l’homme de pénétrer ces mystères cachés, et en fouillant dans les débris entassés par ces cataclysmes d'autrefois, il est parvenu à les ana- lyser et à retracer pour ainsi dire pour chaque pièce, la route quelle a du suivre, le rang, la condition qu’elle a dt occuper. Plusieurs de ces fourneaux souterrains ont poursuivi leur action jusqu’à nos jours, et continuent encore à lancer dans les airs flammes et fumée ; mais le plus grand nombre a disparu et nous permettent aujourd'hui d’inspecter leurs foyers éteints. Le géologue suit sur leurs flanes les déchi- rements qui se sont opérés dans les couches sédimentaires, lorsque ces pics improvisés ont surgi de l’intérieur. Les forces agissant ainsi à l’intérieur ont, dans bien des cas, crevé la croûte pour se trouver une issue; mais dans beau- coup d’autres aussi, elles n'ont produit que des bouflissures plus ou moins étendues, plus ou moins escarpées, Quand les soulèvements n’ont pas été trop considérables, l’élasticité des chemises sédimentaires leur a permis de s’y prêter sans se rompre ; mais quand la tension a été trop forte, elles ont cédé sous l'effort, et permis à la charpente granitique de se montrer à découvert. C’est ainsi que les montagnes de Rigaud, Montréal, Boucherville, Yamaska, Rougemont, Mégantic ete., se sont fait jour a travers les immenses couches Siluriennes qui les recouvraient, pour montrer à leur sommet la roche plutonique dont elles se composent. Le Devonien est par excellence l’âge des polypes et des coraux. Les calcaires d'Onondaga et le Cornifère ne sont autre chose qu'un immense récif de corail s'étendant de l'Etat de New-York au Mississipi, sur une largeur variant de 300 à 600 milles. La rivière Ohio montre dans ses ra- GÉOLOGIE. 485 pides à Louisville, Kentucky, des coraux tellement bien conservés, qu'on les croirait encore vivants. Les courants lavant et décomposant le calcaire qui sert de ciment à ces coraux, les présentent souvent tout-à-fait dégagés et isolés. Le Favosites Gothlandica avec sa magnifique structure en rayons de miel, a donné des échantillons de six pieds de diamètre. Le Favistella avec ses étoiles, le Cyatephyllum avec sa forme de coupe, la Fenestella à trame si délicate, le Corail-chaine, Catenipora escharotdes, dont les alvéoles sem- blent séparées les unes des autres par des chainettes etc., aprés avoir fourni des échantillons a tous les musées de l'Amérique et de l'Europe, sy trouvent encore en immense quantité. On en a déjà décrit plus de 200 espèces. Le Devonien nous présente plusieurs formes de vie nouvelles et caractéristiques de cet âge, sans toutefois dé- passer encore le domaine des eaux, du moins, les décou- vertes jusqu’à ce jour n’ont encore signalé aucun vertébré terrestre dans ses formations. Mais tandis que les coraux semblent être dans toute leur splendeur dans le Devonien, et que les poissons sy multiplient en nombreuses espèces différentes, les Crustacés semblent au contraire toucher déjà au moment de leur dé- croissance, du moins pour les espèces les plus marquantes, c’est ainsi qu'on voit les Trilobites et les Euryptérides de- venir de plus en plus rares, pour disparaitre tout-à-fait dans les âges qui vont suivre. Mais chose bien digne de re- marque, on voit apparaître tout à coup dans le Devonien, ces rois des Crustacés avec des armures et des ornemen tations qu'on ne leur avait pas encore connues auparavant ; comme si, dit Dawson. ils avaient voulu, dans ces derniers jours de leur domination, se livrer à des habitudes de luxe inconnues à leur prédecesseurs, et s'armer pour la défense de priviléges qu'on semblait disposé à leur disputer. Le Pplerigotus anglicus qui avait ses quartiers généraux en Ecosse, ne mesurait pas moins de 6 pieds de long sur 2 pieds de large. Il portait deux grands yeux sur sont front et deux autres plus petits sur le sommet de la tête, et ses antennes au lieu de seffiler en soies comme celles de nos modernes crustacés, étaient armées à leur extrémité de 486 LE NATUKALISTE CANADIEN. deux formidables pinces, munies de dents nombreuses et aigués. Ses rames latérales pouvaient lui assurer une course fort rapide en avant, tandis que sa queue, en se repliant comme celle de nos écrevisses, pouvait lui ména- ger une prompte retraite en arrière. Mais d’un autre côté, le Devonien semble avoir été avant tout un âge de troubles, de combats, de boulevers>-. ments, non seulement dans la nature inorganique, mais en- core parmi les êtres vivants, et ce ne sont pas sculement les crustacés que nous voyons s'armer en guerre, mais les pois- sons semblent aussi vouloir se mettre de la partie. Grand nombre se couvrent de plaques osseuses, tant pour résister aux attaques de leurs ennemis, qae pour pouvoir affronter sans danger le frottement des ramifications pierreuses des coraux au milieu desquels ils vivaient, Les Pleraspis, Cephalaspis, qui par leur tête en bouclier et leur corps grêle présentaient assez la forme d’un cerf-volant, ne pré- sentaient qu'un disque osseux dans leur partie antérieure, allongé en pointes aiguës sur leurs côtés. Le P/erigolus était aussi tout couvert de plaques osseuses, et ses nageoires pectorales mêmes n'étaient formées que de semblables plaques articulées les unes à Ja suite ees autres. Mais le plus remarquable de tous peut-être était le Dinichthys, du groupe de Hamilton, qu'on a trouvé dans l'Ohio. Une tête de 3 pieds de long sur 18 pouces de large, telle qu'on en a trouvé, pouvait appartenir à un corps de 25 à 30 pieds de long. Sa bouche, en outre des dents formidables ordi- naires, portait à l'avant de chaque machoire, 2 énormes incisives taillées en sabre, d'un pied de longueur, et s’ajus- tant les unes dans les autres. Quelle ne devait pas étre la puissance d’une semblable armature servie par une force musculaire en proportion ? Au contraire des poissons de nos jours qui comptent plus de 9,000 espèces à squelette osseux, lorsqu'on en compte à peine 30 à squelette cartilagineux, presque tous ceux du Devonien appartenaient à cette dernière division. Les forêts qui commencent à se montrer de plus et plus étendues, présentent plusieurs espèces nouvelles, sans GELOLOGIE. : 487 pourtant dépasser encore la ligne des gymnospermes. Parmi les essenses les plus remarquables, on peut distin- guer : les Colamites,qui n'étaient que des préles gigantesques, le Leptophleum, qui se range parmi les Lycopodes, le Pro- totaxites, une espèce de pin, le Lepidodendron, qui était aussi un Lycopode en arbre, ete. etc. Mais la plante la plus remarquable et aussi la plus caractéristique de cette époque est le Psilophylon, qui se rapproche aussi de nos Lycopodiacées. Elle s'élevait d’un rhizome à demi caché dans le sol, à la hauteur de 2 à 3 pieds, et tandisque sa tige se dresse verticalement en divisions dichotomiques pour porter les organes reproducteurs sous les bractées qui lui servent de feuilles, les jeunes pousses se contournent toutes gracieusement en crosses à leur sommet. Les argiles de Gaspé en ont fourni de magnifiques échantillons. Mais ces forêts du Devonien étaient-elles absolument sans habitants ? | Depuis la découverte du professeur C. F. Hart, dans les schistes du Devonien supérieur à St. Jean du Nouveau- Brunswick, nous sommes certains du contraire. Si on n’a encore pu constater la présence de vertébrés terrestres, on est du moins parvenu à trouver des fragments d'insectes. Mr. Hart n’en trouva pas moins de six différents appar- tenant tous à l’ordre des Névroptères. Bien que ce ne fussent que des fragments d'ailes, on à cru reconnaître sur Pun deux, des instruments à peu près semblables à ceux des Criquets pour produire un son, de sorte que certaines demoiselies d'alors devaient avoir la faculté de chanter, comme ie font nos sauterelles d'aujourd'hui. Avant ‘a découverte de Mr. Hart, on n'avait encore reconnu ia présence des insectes que dans des couches carbonifères, en Allemagne. LID DS ODM Er Tee ve 488 LE NATURALISTE CANADIEN. LA TAILLE EST-ELLE NUISIBLE AUX ARBRES ? Partout où, en fait de culture, l'ignorance est sortie de ses langes, on a enseigné que la taille est nécessaire à l'éle- vage des arbres fruitiers, tant pour leur assurer une bonne venue que pour leur donner une forme convenable. Ce- pendant voila que Mr. Schmouth, dans sa \Gazelle des Campagnes du 20 ultimo, vient nous dire que la taille des arbres n’est autre chose qu'un procédé barbare. Quelle sensibilité ! “ Nous tenons la taille, dit-il, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, pour un procédé aussi barbare que celui qui conseillerait (un procédé qui conseilie !) de crever un œil, de retrancher, sans urgence, un membre, sous prétexte de donner plus de force à l’autre. Non, cent fois non, il ne faut couper ni branches ni membres.” L'avouerons-nous? malgré le ton magistrat que prend ici Mr. Schmouth, nos convictions ne sont encore nullement ébranlées! Et nous dirons encore, comme nous l'avons déjà enseigné : (1) pincez, coupez, retranchez,surtout dans le jeune âge, si vous voulez vous'former des arbres forts et vigoureux. Mais Mr. Schmouth appuie-t-il au moins ses avancés de preuves ? Pas le moins du monde; des preuves! Mr. Schmouth ne se trouble jamais pour de semblables vétilles. Pourtant, ici, il veut nous en faire entrevoir une ombre. “Il a été vu en Orient, notamment à Damas, de beaux abricotiers de 24 à 30 pieds de haut, également bien garnis de branches et de fruits dans toute leur hauteur.” 11 faut avouer que Mr. Schmouth va chercher ses preuves un peu loin. Que ne les prenait-il’ done sur ses abricotiers de Ste Anne, plutôt que daller les chercher sur ceux de Damas? car si les péchers peuvent croître à Ste Anne, nous ne voyons (1) Voirle Verger Canadien, page 24. LA TAILLE EST-ELLE NUISIBLE AUX ARBRES ? 489 pas d’objection à ce que les abricotiers y viennent de même. Mais laissons les arbres des climats tropicaux avec les soins de culture qui leur conviennent et raisonnons sur les nôtres. Nous en voyons partout dans nos campagnes, de ces sauvageons que n'ont pour ainsi dire jamais touché ni la scie ni la serpette; quelle apparence ont-ils ? La fig. 38 nous le fait voir. Et quels fruits donnent-ils ? “ Un arbre qu'on abandonne à lui-même, disions-nous dans le Verger Canadien, émettra souvent des drageons de sa racine qui l’épuiseront, poussera des branches trop basses qui ne se soutiendront pas, donnera une multitude de pousses effilées, gréles, dont la moitié périront chaque année; les froids de l'hiver faisant aussi souvent périr les extrémités des nouvelles pousses, celles-ci reprendront leur croissance par des yeux plus bas placés, mais en lais- sant un chicot sec plus ou moins long, de sorte que la tête de l'arbre présentera l'apparence d’un buisson touffu où lair aura peine à pénétrer; les fruits se montreront plus tard, peu abondants et mal nourris, par ce que la sève se perdra dans des rameaux faibles, trop nombreux ou malades.” Tandis que dans un arbre convenablement taillé, non seulement la symétrie pour le coup d'œil sera partout 490 LE NATURALISTE CANADIEN. observée, mais l'équilibre entre ses différentes parties sera constamment maintenu. La sève ne sera pas laissée libre* de s’épancher ici en drageons de la racine, là en branches gourmandes pour faire périr la tête en faisant défaut aux fruits, mais sera constamment dirigée et ménagée de ma- nière à affluer là où le besoin s’en fera davantage sentir. Et avec l'apparence gracieuse que présente la fig. 39, ’arbre donnera en abondance des fruits bien nourris et savoureux. Dans son exaltation Mr. Schmouth a mis en oubli deux principes qu'il ne faut jamais perdre de vue. Le premier que nos plantes de culture ne sont plus dans leur état normal, mais dans une condition forcée qui ne peut se maintenir que par des engrais abondants et des soins con- venables. Le couteau ne doit pas plus être épargné au jeune arbre pour en faire un sujet fort, vigoureux et pro- ductif, que la verge à l'enfant qui se laisse entrainer par ses penchants vicieux. Le travail et la peine sont le par- tage de l'homme déchu, et ce serait folie que de vouloir attendre son bien être des seules forces de la nature. La seconde erreur de Mr. Schmouth vient de ce qu'il compare un arbre à un animal membre pour membre. Est-ce que Mr. Schmouth n’a pu voir que tandis que lani- mal n'a qu'un Centre unique de vie, la plante en a tout A NOS CORRESPONDANTS. 491 autant qu’elle porte de bourgeons ? et que chacun de ceux- ci peut devenir la souche d’un nouvel individu, tandis que le membre amputé à l’animal ne peut se refaire ? Si Mr. Schmouth appelait plus souvent la réflexion et le raisonnement à son secours dans ses élucubrations, nous pensons qu'il s'en trouverait beaucoup mieux et ses lecteurs aussi. En voulant faire le savant avec de grands mots, en parlant d’abricotiers, de pêchers, de cognassiers etc. à peu près comme un aveugle peut le faire des couleurs, il en imposera peut-être, a quelques badauds qui ladmireront sans le comprendre ; mais les gens sensés reconnaitront de suite qu'il ne sait pas ce qu'il dit, qu'il parle de ce qu'il ne connait pas. Un mot de preuve à l'appui. “ Tous les arbres greffés, dit Mr. Schmouth, surtont ceux qui le sont sur cognassier et sur prunier, ne vivent que par la sève du sujet qui leur sert de support. Pourquoi ce surtout s'ils sont greffés sur cognassier ou prunier ?.....,.Hst-ce qu'il peut en être autrement ? Les pommiers et cerisiers, par exemple, greffés sur francs de leur espèce, peuvent-ils vivre autrement que par la sève du sujet quileur sert de support ?......Répondez Mr. Schmouth. = #904) ————— A NOS CORRESPONDANT. Mr. B. St. Hyacinthe.—Votre plante nous est parvenue en trés bon état ; les fleurs, en étant encore toutes fraiches. Vous avez pu raisonnablement étre porté a croire que ce pouvait être un Rhododendron, car elle a toute l’apparence d’une Ericacée, d’un Azaléa surtout. Mais ses anthères souvrant par des fentes longitudinales au lieu de souvrir par des pores, et ses étamines au nombre de 5, la rangent dans une autre famille. En lexaminant avec attention, on reconnait que l'insertion de sa coroile, au lieu de périgyne qu’elle paraît, est réellement hypogyne, puisqu'elle est 492 LE NATURALISTE CANADIEN. soudée à un disque hypogyne libre de l'ovaire. Ces ca- ractéres nous portent done à la famille des Solanées et au genre Cestreau, Cestrum, Linné. Votre plante est le Ces treau Glegant, Cestrum elegans, Schlechtendal (Habrothamnus elegans, Scheidweiler), C’est un arbrisseau originaire du Mexique et répandu dans la culture ornementale. Vous en trouverez la description à la page 342, vol. III, du Manuel Général des Plantes, par Jacques et Hérincq, dans la Flore de Lemaout ete. Mr. Bl.—Bécancour.—De toutes les plantes que vous énumérez pour avoir des haies vives capables de résister aux inondations auxquelles vous êtes exposé, aucune, nous pensons, ne vous donnera satisfaction complète. Le Ma- clure (Maclura aurantiaca, Osage Orange), et le Robinia (Locust tree) ne résistent pas a nos hivers Nous en avons nous-méme tenté l'essai. L’épine anglaise souffre souvent aussi de notre climat, elle est d’ailleurs lente à croitre. Notre épine indigène est aussi de croissance lente et elle a linconvenient d'émettre des drageons de ses racines et de se répandre dans les terrains avoisinants; elle donne d’ail- leurs une tige trop faible pour retenir les animaux tant qu'elle n’est pas complètement adulte. Nous pensons que la plante qui vous accommoderait le mieux serait le Saule blanc, qui croit si rapidement, surtout dans les terrains humides, et qui est d’une reprise si facile, Plantez des bâtons de Saule, au printemps, de la grosseur du poignet, sans aucune racine ni branche, et après trois ans, vous aurez un bel arbre tout formé. Le Saule n’a ni aiguillons ni épines, mais quand on en fait des haies, on le plante assez dru pour ne pouvoir livrer pas- sage à aucun animal. Il se prête d’ailleurs aux entrelace- . ments, tontes, mutilations de tout genre auxquelles on le soumet. Le Saule blanc est déjà passablement ré- pandu en Canada comme arbre d'ornement. La jeune ville de Joliette avec le coquet village de L'Assomption en sont remplis. Nous pensons qu'on pourrait très facile- ment s'en proeurer là, anx conditions les plus ayanta- geuses. A NOS CORRESPONDANT 493 Le Microps.—Nous avons recu de pas moins de trois sources différentes des questions au sujet du Microps, poisson-diable, dont les journaux ont dernièrement ra- conté la capture près de Terreneuve. Existe-t:1l réellement un animal ainsi conformé, de telles dimensions ? si redou- table ?......Telles sont les questions qu’on nous a faites. L'animal qu’on a voulu mentionner existe réellement et même est connu de la plus haute antiquité, puisque Aristote lui-même nous en donne une description. Mais que dans le cas présent, ont ait forcé la note pour ses di- mensions, nous en avons presque la certitude. Les Poulpes, Octopus, car tel est leur nom, se trouvent dans presque toutes les mers; les côtes de la Grèce et de presque toute la Méditerrannée, celles du Brézil, des Antilles etc. en voient chaque année, et communément, sur leurs bords. Un Mr. L. S. George, de Nassau, îles Bahamas, écrivait en Décembre, l’année dernière, qu'on venait de trouver là, sur le rivage, un de ces animaux, mort, de dix pieds de long, pesant de 200 à 300 livres, chaque bras mesurant 5 pieds de longueur. On a plus dune fois déploré la perte de baigneurs imprudents dans la Médi. terrannée, qui saisis par ces monstres, se sont vus, attachés à leurs redoutables ventouses, entrainer au fond de la mer. Ceux qui ont vu des Encornets, Squids, sur nos rivages du Golfe, peuvent se former une juste idée de l'apparence des Poulpes, car c’est à peu d’exceptions près, la même conformation. Un corps qui parait ne consister qu'en un abdomen renfermé dans un sac ou bourse, se terminant supérieurement par 4 paires de pieds ov bras armés de ventouses, au milieu desquels se trouve la bouche, close par un énorme bec comme celui des Perroquets, tels sont les caractères principaux de l’animal. Il se sert de ses bras pour saisir, nager, marcher. I] nage à reculons, et marche toujours sur la tête. Les plus gros qu’on a pris dans la Méditerrannée pouvaient embrasser un espace de 12 pieds avec leurs bras. Quant à ceux de dimensions gigantesques, pouvant enveiopper des bâtiments entiers et les entainer 494 LE NATURALISTE CANADIEN, sous voile au fond des abymes, la chose n’a été vue encore que dans les récits merveilleux d'auteurs plus désireux d’étonner leurs lecteurs que de respecter la vérité. Ce qui rend les Poulpes encore plus redoutables, c'est que, comme les Encornets, ils ont la faculté d’émettre une ligueur spéciale qui colore tellement l’eau de la mer, qu'on ne peut plus rien distinguer, soit pour s’en débarasser ou pour les poursuivre. On mange la chair des Poulpes en certains endroits, mais dure et coriace, c'est un met fort peu recommandable. TABLE DES GRAVURES. Planche 1—L’ Araignée et sa toile..... Bets sini Shoo no sco tc ocre 218 Bien Farpalus CALUCINOSUS! RE... enr 13 2 HeAsciépiade de Cornutt. «atestiie ee er ee 69 meta) Piéride COEChOW late PRE e---teseme-sccle 139 5—Infusoires. . . .. HD OODUC EL c COOP CC OC ere 164 las MOUSER. foo cwier icin cio 'eca tare s98ROueeebs cee cocanss = TD HO WACK ENG LU see cet LEE. He oc es ete À 25—Le Cerf de Virginie......... | > nes ie ne 181 20——-Bois du Cerf de Virginie"... Hanoone LE 27—Drague pour la pêche aux mollusques........ Secganccocsos Use 28—-Uné patte de palmipède: 22222... .... sos Sis ee steel 342 29— Corne droite du Cert Mulet Eee... . 351 30—Diagramme de l’histoire de la terre............... codes 382 31—Paradoxides micmac......-- MAIC) PRES Matane es wo wists 384 32—Tulus, Multistv1atus. . 22.0 cccces ss sccceccccccsecesercee 410 33—Lühobius Americanus. . ...-cesceece--- see secerscecccres 410 34—Geophilus bipunctipes..... PC cesse sea «…... 416 35—Polydesmus erythTopyZus. ..ccecscccccccccecescecesceese 417 36—Une aile de Tenthrédine................. Per et race .. 437 37—Une aile d’Ichneumonide...... ................esscos.ee 439 38— Arbres négligés....:. 2... .. ess scoposememmme 489 39—Arbre! sOlgnG.!. <2. secaaasiendeaeccests nie rene .--s 490 oy ue ee ey at : Le ryt fon 7 | AN ANNE UE ré une JE Le fl x e ae . ae Lakiay home aes OS, à ou D No: Léa bé vk bam AT D wae at 4, NÉ NN us Te a "HOT riety ay, Ora ov eee 1 HAS: UE 1e es iat ENCR" Zollar ga hide spa a | MAD M lacs db 7 oe . cole sting ilie pala Onan PGR ES RNA fes CA 1: COS > ee gee OUD Ni ‘shat APRES aot A Sd eme vor - cest PR TNT _ cure ‘ .. .. CR LL ÿ 1 | 46: i LC | 11 haven ERA. : a sé ME PTO PTE. tal rise ati At Pre Perey yey | l'E VORRESPOR PIRE Sh, ACER PERL 11. PEPETRES D 686 tr UTS DE LL TETE ; oh = ! : | 4 4 u nr | ob Sat ohne aebre ng VE. ot ar ie) | ; + « RER l arb ‘gcd Pal Sewededs wee =o aoe ss ae , Tik TOV eRe weet Hen dade a C—O 1 m eb weet wet wes 4 4 i Lk, J + a. 2 08 | ed mi gba Nes kt tdeneaee i ab semi ede ene fat ZT. eee iss tr i} 1: - “ LE OUR EROPEEERRREET DL L fee 4, | i all hi . ur. TABLE ALPHABETIQUE DES NOMS DE FAMILLES, DE GENRES ET D’ESPECES. N. B. Les noms français et anglais sort en +taliques. ENC SODILESy 2 22e cree s aineiauee tele 445 Acanthia lectularia........... 144 ACATUSR ere Le ane Au 186 NCERIEUDEU ME saa RACE ae rae 395 Acipenser oxyrynchus........ 197 ot rubicundus:........ 197 Actites macularius........... 197 PRE LILULUS ARE Teese 146 *S) \iBartramib. cette a. < 4% [48 ROHAN en TITLE nics eciasic ce 48 ‘ semipalmatus.. ..... 49 6s OGHETIIG! shah ees ois 49 {O18 ON fees Arete EE COR TS 433 £00 MAUI OTICAN A. cia. d'hmidie s die 463 OE VAILGMELIG = = sigeisalcierss eu 363 Re oot ta blot stot uns 600 MELON een <} tatarsvate 432 VEG OG WC IIIS Eye 354 6 oniscoide........... 392 Agathidium oniscoides. ....... 392 Alces americana......... 121, 353 IVICAGITS EN OES Aen tcl Ae 344 PNICOCMATA Vier rose LOST 393 if fUSCipeniyeiag ative 405 46 Aa as TEE PATATE 405 Aleochare pieds-bruns. ....... 405 CE LOT Te SEREE ESS 495 AInUSTUDrA 2 AIL ets ote ho 462 PRL Ole Ha) caicien sainins ~ LOREEN à ce 446 Alouette branle-queue........ 147 46 GOMER, Sata lst 112 ce CPelte) TE 112 Alypia Langtonii............. 131 Anse Be EE A ET Te -. 399 aeutaeh Ask 224 ob 401 (rAmericanatiisdinuues 0 431 sHibernicla, NAME tente. 398 D PDosChas, 22 Pire serve 400 Se SDHECBIAIS... 02 2910400 MN Canadensis, -.. ities ieee 397 sC- (Carolinensis....s2usen bs 402 cialis 1 464 £0 Vclypesitplars 208 clalee ee Le 403 io collarisy sale sete aie POUR ECOLE CU LE T- tere 402 S6— domestica. dssteok o- « dace 400 CON fering. Sees ee ere aio eens 463 ASU ho lacialig\. «oi. tesislacislaidi 466 Anas haréldas acca ee cae 466 histrionicus .......... -- 466 ‘ Tslandica «. 24-24 aac Haye! MAT A EN bane PR . 400 nee >>. eee 83 $6 re 433 abeola............. 405 LE NATURALISTE CANADIEN, Bucephala Americana......... 464 a Telandicss « CATDOPUHADUS. . #4 as 416 Sip tan terete ees oh aces oe ne 472 Pe) OONGHIIBT ete ys «oe ee 472 Pew MODES: Line alas wera 472 PES MOT RHUROB YS. lou e's mc 4 ----- 472 FOR COTRIS Co's «sur anc RE 473 AUTOIOIECIALE «or: sue à oe 473 “© tuberculifrons......... AT 2 Godwit (Hudsonian).... ..... 149 Goose (Canada). .......-.-acc6 397 ACAUICRAAN 8). |... Eee le Ce Sa) 7) ee LU Peat 397 ROPAISTONES Vo de. eee 7 Crapiolihes Je. 2e 480 CAD DGC nd cree mu DO 111 ÉRIC 2707 MR A a Po 400 ERP OTOOSLOR III ys sean ss cere 170 Habrothamnus elegans........ 492 UAT OO Pycct ob Soe 6c uns 433, 466 MPP IBENAIIS «nc ws 2e => ns 466 7 9 OCT cain cs sv ncn cw noe 466 PlarpadUS: 0m 40... NES 12 BS ARIPULBONE, . . 0 15 ad caliginosus....... 13, 15 J compar ..... 12, 14 4 erraticus ..... 127805 à CFV UNrOpus. sin awe à ee © herbivagus....... 13, 14 i: IANICEDS...< , Len 13, 15 As Pennsylvanicus... 12, 14 Xe PICUBIDICUS ae 12, 14 ie stigmosus .... 1408 À VBTIGOMNISS, ex de dues 15 de viridæneus.. .... 12, 13 Hemotopodidæ. ........... 8, 50 Hemitéle es oa. CR 446 en Cup EPS 77e 209, 211 MEOYOR, SC on. want ag IR 8 ee | RNIN py 8, 10 (grand) ben 7. de 9 Heteropelma.... . Mu Je 445 LE La T SS A « 465 8 COURES cx oe EE CUIR 466 BeIMETIONICUS. ck x 6 wan LUE 433 6 torquatus.. ....... 466 LE NATURALISTE CANADIEN, Homalatar "#2 ESE HSC PEU (6 9) IONE een aerate ee 395 Hypericum kalmianum ....... 72 Ibis PERS SP ARR ENT 47 6 à'PORERR TER FAR SERRE 47 UNOPS as SA eee Sie EL [bis OT SERRE AT Ichneumonie. .-. eee cee 446 oe WISE. oe ee cae 451 ie persuasorius........ 449 be ptertians fc seas ETS Ichieumonides ee nae RE 435 JechitigSsy. seas. coe oe o nce eeree 446 Lulus SRE ARE 4 ee 414 se. “@anddensise EEE 418 66> “DMpressUb epee asses 418 (+ “ATVs eee oe ee 419 ORMUITISIUIANE ee eee ee 410 co pechellartini ao erate 418 Jack SMIDE Saree RER 112 JOP Piles = dm wine le aaa leas eee eee 446 Kalmigioo) cesta cepa eee Ta RL Re 49 Lampronota....... 5 ie) bo eee ‘6 albifacies........ te Ch MA Meri Canarcsets RE CE RINETIT (“A DEUL OS LES eee cree 477 We TERING) nce PR Bee ee 477 am Cot i): Wace enero 477 $e THUMETAIS. oe cee 476 i NaCra., so soe eek 476 ‘6 maryinata,..ccce.eas 41% eh WUBTICON NR ete el ee ce 476 SO PORWR, Sourate 475 ae lela nt sue 475 “ “punctilata..... pM he SON SODPMOM RECETTES ATT F6 poflpes: es nse 476 ‘¢ gcutellaris............ 474 EC VAT SR dere eee 476 Laridés.3i Re Re 344 Lathrim@um fesse re 396 Lathrobitm ess eee 394 Lecidæa geographica......-.-. 171 Leistotrophus.. Re se 393 (e eingulatus. ... <1. «pes 408 Lepidodeng@ron: 52>. sense pes 487 Leptobatua. 4445 444 Leptophlegm.... < ««san sees © 487 Limosa ss west Sh toe à se 146 de Hudsonica........ A LL + melanura...... Re 149 Lingula: «sos x. ch PRE 383 “6 ACUMINALA nee . 461 Lingulella ....sss.peossn == . ‘i pustulatus....... oe TABLE ALPHABETIQUE. 501 Bibles... 41 | IN CCrOphOrns SAV mwiercreyhe 356 “e hichroa , < -- ENV N UE 391 de VELUINUE RER 356 3 bicolors PTS E toe ÉRIRNEttION es re ee aon 399 Pis demierre 2 EI 479 és «Carolinensisse "20e 402 ItHObIug.: 2.2.2 RCE Mita INUMENIUS SEC EEE CAE 146 wb Americanus.......... 415 Ob Oneal ise eee aero 180 À spinipes.....- LR 415 se bre VITOSERIG ieee siete 180 Hithochariss- 25e re Como no Hudsonicus...... 119 Little Black- Head... 2 sraaley es oe 434 . TUÏUS PES Re 179 Hobelia Kalmii:--©-.--es2st 72 | Nuphar Kalmiana............ 72 Docusttree. es ee/s+ cecienmon cats yao || Nyetiarded...< ue nn 8 MGR mn rraumace sets 210 F6: Gardenitee SRE 10 Nycticorax Americanus........ 10 Macreuse d’Amérique....-.- . 431 Maclura aurantiaca........... Al Octopus... RARE wines ee 493 Mlard ii cel OCYPUSs cesicicmrc eu eets St Es NOUS MTATECA M5 ue me comellee ee de 400 F6 Bieta e te SOE 467 s AMeELICANA ie sae ee male) Odontomeruss-2.c- eee 444 Maria ®collaris. see." pl Oidemia As Rene ere 433 RU RIGCNALS. ie LR MEU ORE... Katies oe 224 386 Gat Ch MOUSEOUSs tcc: erouonuapepemtt| 6S GU Nord. 22). Rene 397 VU DECR esas acest. eae © to 1H Olor Americanus.- 22222722 345 ee d'Amérique... 5.2. AA) Omalium.. rss sas 374 GE de Wilson sie te MR lOphion.: sente cata coe 445 NRC STISe Ts staves siden | Orthocerasccc. 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Billdr ANISCUS..,a(a ssinerenvaae week ome 445 Mite de'la farine .......--.- 333 | Papillon-du-chou. ....... 66, 125 IMAGE CS, site": Tele ae 197 | Paradoxides micmac.......... 384 Mnium cuspidatum........... 170 | Parmelia conspersa........... 171 Mole (hairy-lailed)........... 304) Patrobus. .. ~~ sy .<.° PC PR Re 16 Monohammus scutellatus.,..... 452 eb longicornis 2" °Er 16 6 tiullator:... .-24 452 Ut LOMA OAS ae eS HE 15 Mask OF. « - (a= sad ew dla PARC MCG: nuts inc oc tee Apr 423 MYrApodes- 2e ei -- = ahs MD) pPélicanides. ASE 344 Myriophyllum heterophyllum. enol Pelidna pusilla, cones. eye 112 de Schinz eee 112 Nacerdes melanura........... 2 |:Bellonelta. «cies Soe oa ee 433 Natatores.-22:-:.----sc--"teu2 | EBACI@aMUrUS) ACULUG) 2. 401 N ecrophorus HEPES sera. 354 | Phalaropodides........... 8, 80 Americanus.... ... 357 | Phalaropus hyperboreus..... 80 bs CONIOSBOT-- cale ele ao |e bilohela minor... 222 82 QU lunatugs) 7-0: eno) fBhil0nthuS 2-27 a marginatus........ 355 UL æneus. . ... ARR 1 468 a Melsheimeri....... 357 CE blandus:.2..2 2220724603 CC mortuorum........ 357 os CyYanIpennis.....-.-. 408 < ODSCUFUS. .cxeiemue enon! GE LOM Ais ES En 468 a orbicollis.........- 956 oe promptus........... 468 . PISMLUB sam 0007 LE ventralis.......s. 468 356 | Phygadeuon............ senc 440 50 2 Physcomitrium perisforme..... 178 À Pieris rapæ.........… 66, 127, 139 Pig amon "die es ee Venn ae 69 Pilet paille-en queue.......... 401 Pimple 2523225 e+e sss tbe 444 + conquisitor zien ote . 451 +: inquisitor............ 451 de MOVIDA ME Reese 451 ‘“ pedalis.............. 450 “0 persuasoria ....--... 449 as pterelas............ 452 CL tenuicornis..... .... 451 PUNT eee cee ci ee sole ae 401 Platystethus ..........----- 394 Plover (Black-bellied)........ 49 i lly (1 31-17} erie ary à 148 ES) SCUTOUIEM) § 2:22 meee 48 eS NET) Et ee 49 i WSemindimated) SM 49 TA TT ART EE 3 48 ON COWEN ES SES CEE SE 49 OU ne PRE ee 49 tis "des ChAMPE. . "mer 148 CRPNTOTEN ARS Steele 48 semipalmé..........": 49 PIECES. sue: tess UE A Polydesmus.....--.......... 414 Canadensis........ 417 ~ erythropus........ 417 Polys splaucie ear x PRES 444 Brounettisssrre 471 te Rubricapensis .... 470 ‘6 Déxana.ce'Ætrs 470 “6 VICI... Lee eR eee OU 1 eA: BOSOM RS TONER 146 RO MOAT DI I RP RE Se 210 ‘© Novæboracensis....... 211 J LTT MATA ho eo oS 211 Poulpe............. ne Sees 493 Primula Mistassinica.......... 101 Pristis antiquorum........... 419 Procellariides............... 344 ProticHnIlLeS Mets Sig vere 350 Prototaxites............. cence 480 Psilophyton..,....... ...... 487 Pteraspis............... 480, 486 Pterigotus anglicus........ 485, 486 Pteromalus puparum...... 127, 149 PUCES EME US SSL eee 104 Qua-bird...... un ES EE PRESS 10 QUAC EE vitae silat gs Sheets 11 OUelnb aioli eR ee ee ieee 393 “fulgidus ............. 407 (D'melochIAUs. ee eee 407 Querquedula....m..--... 71599 “6 Carolinensis....... 402 56 GiscOPss tsa ieas sue 02 Rail (Clapper): «1... owen 249 (6. (Common) RITES 210 1, (Paretinta) 2e EUR DELL 210 46: (Yellow) acc SEE PIE Rôle d'eawsalée:... ive eae 209 (6. de gent SSSR coals 210 ‘ dela Caroline... ....... 210 ‘ale. Var OUnies «= seuebiceee 210 FI GAUME: tete tele 211 SE COPAP CUT: se sc ao eee 209 Rallis nas isessee easier Soe ee 66) MART ONIAD sa aides Sean sw eae 210 66 CLO PUEANS he este 210 (6. dinicola.. ARDENNE ak SEs 210 (6. Jongirostris tie Et - 209 Os SCUCOlIG! EE te Peer ee 211 66s SIPC FAMIG: ba Eee 210 Rangifer Caribous 2200000... 30 be .Tarandus…. nits CPIQE-CM8D | Read ead: ocx .0 ss aateeleae 463 Recurvirostra Americana...... 80 FS occidentalis 80 ecuryirostridea! Skew ahs sna 79 Renne. Caribou..." 84 |B: eA NOTE... PE 16 Rhyacophilus....... ¥- leit... 2) 46 2: solitarius... 4024 147 | RNY SB scan da Gane Rene JE +. . -albomaculata..... Jule 449 Oh. JUN ALOPs eee AUDE 447 16,0 POFBUASOTIA. + sure nine 449 RiCiN8 Ardour s weet USSR 197 Ridenne chipeau ...........… 404 RobIMSRIPELLRUIMENUE aseac lil | Rubus strigosus....... ALLIER 101 Rusticole: «sf VERS EU 82 Sanderling variable.......... 113 Sandpiper (Bartram’ vi bss old 148 (Least). . SRE AS 6 ( Red- back)... AA? 112 a (Semipalmated).... 114 rf (Solilary)......... 147 si (Spotted)... T4 147 fi (SUD) PAPA RP UE € L / Sarcelle aux ailes blewrs...... 402 a un ECT DETLER, A on 402 Sarracenia... s+ 5.<6s- se snavintets 72 Saturnia luna... » 22 7 aN SD LE net Ke»/ r . " QUEBEC: Bureau du “Naturaliste Canadien,” a Vu PELLE JWALKEA À Ë aaa U | UU) RUAN \ CMLL EO a a7) COSTS ILA OTL ES + be? ¥ 4 aul ROUTINE RIT E ah 4 2 oak a SOMMAIRE DE CE NUMERO. Notre cinquième Volume Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite)... RER : Petite Faune Entomologique du Canada PES AIS Le Renne du Nord... PP NOR EE NES 11 Géologie (suite)... Rues ee soc u Les Aborigènes de ANR. os ects oo PERNTAU EE Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. : Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an, Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. pas Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec. Agents du NATURALISTE : New-York, pour les Etats-Unis: Mr. J. Q A. Warren. Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. L°AMERICAN NATURALIST, A commencé son 7e. volume avec Janvier 1878. C’est le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, quisoit publié sur le continent. Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de pom breuses gravures des mieux exécutées. Se publie à-Salem, Mass.—$4 par année. THE CANADIAN ENTOMOLOGIST Est la seule publication qui s'occupe spécialement des insectes du Canada. La rédaction principale est con- fiée au Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- cation mensuelle de 24 poses in-8, au prix de $1 par année. Le NATURALISTE CANADIEN ($200) avec le Ca- * NADIAN ENTOMOLOGIST ($1.00) seront envoyés à une même adresse pour $2.50, Le NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec le SCIENTIFIC AMERICAN ($3.00) à une même adresse $4. Le Scientific Avista wie en pee ra SE son n 28ème sède une circulation plus étenc ue que tous les autres Font même genre publiés dans le » entier. error 8 Ses matiéres embrassent les, informations les plus : récentes et les 8 ins- tructives au sujet des progres }de Industrie, de’ la RUE op etd dans tout l'univers. Cette publication contient | ar iptione Hits des Invention nou velles, des nouveaux Tnetranients, des nouveaux Procédés, et des a) sors tions en tons genres qu'a subies l'Industrie ; NA UE des faits utiles, Fo yee: recettes, des suggestions et des avis mis à. ‘la portée des patrons et d ce employés par la plume d'écrivains compétents. CR es Lie & Des descriptions détaillées des Améliorations, Découverte “et ÊTRE importants, ayant trait à Jar des Ingénieurs Civils. et autre y des propriétaires de Moulins, ou se rapportant à Tex ploitation des mir et à la Métallurgie; un rapport des derniers: progrès obeues dans fi... liga 1 & 5 tion de la Vapeur, dans la confection des Engins à vapeur, dans les « ne à de fer, la Construction des r navires, la Navigation, Ja Télégr tricité, le Magnétisme, la lumière et la Chaleur, Les plus récentes découvertes relatives à la er d’utiles applications de la Chimie aux Arts et à l'Econor Les derniers aperçus conan la Technologie, l’emp les Mathématiques, |’ Astrono: ie, la Géographie, la ur Jorie, la Géologie, la Zoologie, Ja Botanique, l'Horticulture, P Agr l'Economie Rurale et Domestique, la N Sur "Hclbirage,; Ja l'obtention de la Chaleur, etl Hygiène. En un mot, les Sciences et les Arts sont en Rio dans toutes 1 rs ties par le Scientific American. Nul de ceux qui désirent gtr he: y gnés sous ce rapport, ne devrait se passer d er oueil. Pills Les Cultivatenrs, les Mécaniciens, les Mac nis bricants, les Chimistes, les Amateurs de la Sc e bres du Clergé, les Avocats, les de de tous les iers et prot veront d'une grande valeur. a yrait avoir sa place dans tou Bibliothèqnes, Salles d'Etude | Bureaux, d dans tout cabinet dele école et académie. Due og Las aa try % Le Scientific American ) ait tontes leet semaines, sxpetement il à raison de $3 par an seule À) Les livraisons du Scien Imerican taie à fin de Fans beaux volumes de près a ille pages, realermant autant de matiè que quatre mille pag ves d uw i fiers ordinaire. Une liste officielle de: les Patentes émanées est publiée dans chaque numéro, Ss Des numéros spécimens se expédiés sur demande are aa ser aux édifeure: Muun.& Cie, 37, Park Row, Ne York. ; RP. TENTES. toe reBpoeibe En Union avec la direction du. Siontfo Amcriean, M M: M de Patentes, américaines et étrangères : ils ont plus FAT es l'ex et possèdent le plus grand établisse at du monde. Bi vous avez écrivez leur et envoyez-leur un d | de cette dernière dans votre Vous counaitre promptement et gratia, si bb inp invention est nouvelle sii Petre : ne Ils vous expédieront aussi, sans rien | "ine 8 charger, un exemplair cernant les Patentes, uiusi qe cp inn eHtne sur la manière de | phe: une patente. | A EUR rd A 6 À: Les personnes qui voudront PRE Scientijie . dressant au Kédarteur ou au Bureau du Naturadiste © vt ous Voir la page aig se): TZ Ae 7 se MY | FS, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES ge RAPPORTANT A À T'ISTOURE NATURELLE DU CANAD: A. Fa GS ot Nr Rédacteur ; ah anne PROVANCHER. graliste Ca radien N nr. : Rue Lamontagne. {PA BWALKER OÙ Qu | PU BOY MULDER : Re, 2 27707 ne ESS: Der. V7 Ono Fit pas, :24 "5 ONE... CREER Faune Canadienne— Les Oiseaux (suite). ses Petite Faune Entomologique-du Canada (suite)... Liste des abonnés au Maturaliste Canadien. 4... Géologie (suite)... 247... A nos correspondants ...... Naturalistes Canadiens ......... :........4 ECS ©-——— Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou’$2.25 en papier américain. N. B.— L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an, Tout souseripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. pay" Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec. Agents du NATURALISTE : New-York, pour les Etats-Unis: Mr. J.Q A. Warren. Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques: Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. Li ERRATUM. Page 8, au lieu de CHARADIDES, lisez : CHARADRIDES. L’ANERICAN NATORALIST, À commencé son Te. volume avec Janvier 1873. C’est le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, qui soit publié sur le continent. Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de Doors: gravures des mieux exécutées. ade Se publie a Salem, Mass #4 par année THE CANADIAN ENTOMOLOGIST Est la seule publication qui soccupe spécialement des insectes du Canada La rédaction principale est con- fiée an Rév. Mr, Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des E ats-Unis que du Canada. C’est une publi- cation mensuelle &e 24 pages in-8, au prix de $1 par année. LE NATURALISTE un ($2 00) avec le Ca- NADIAN ENTOMOLOGIST (#1.00) seront envoyés à une même adresse pour $2.50.. Le NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec les ARCHIVES OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 POP RPA PSS ST PO LAPD Dd Tel est le titre d’une aly lication trimestrielle formant un volume de 250 pages in-8 chaque année, et dont Je ler volume Sera complété Y'été prochain. Ce journal est dévoué à la Geologie, fa Minéralogie, la Botanique, la Zoologie; Ja Chimie, l'Archéologie, Ja Paléyntologie l'Entomologie, la Mierésecpie, |’ Astronomie, les Mathématiques, Ta Géographie physique, la Conch yliologie. ! Evhnologie, Ja Physique; Ja Chimie animale et vézétable et la Biologie. Ilse compose d'un ensemble de faits et d’observations dans tontes les branches de Ja science, ses articles étant tous originaux et traités par des hommes de science de hante capacite. Publié à Melndoe’s Falls, dans le Vermont, les données qu'il renferme se rapportant particulièrement à cet état, ont un intérêt tout particulier pour nous. Le Dr. J. M. Currier en. est le rédacteur principal, assisté" des Drs D. W. Charleston et H. A. Cutting de Lunenburgh, le Géologiste d'Etat pour le Vermont. Prix $2.50 par volume. Voir la page précédente pour sa réunion avec le Nan CRALISTE CANADIEN. Wood's Household Magazine Est une publication, mensuelle editée à Hawbcreh, Ny Y. traitant de Littérature, d’ Histoire, de Sciences, d'Economie domestique, de modes ete. ete. formant à Ja fin de l'année un volume de 156 pages. Ce journal a Commencé.son |2e volume avec Janvier dernier, Prix : $1 par année, S'adresser aw NaTCRALISTE CANADIEN Cap-Rouge. . + = LE. 2 en ee PAS hr be tt erika EE Au > Imprimé par ©. Danvran, 8 rue Lamontagne, : ner ns, LR y wes vos mh - rail i N <7 Ar) AC Pas ds tech - , wi 2 ¢ \ iG A NI i 10) i EIN D PULIETIN DE RECHERCHFS, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA, PAUL es Rédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. QUÉBEC: | Bureau du “Naturaliste Canadien,” | No. 8, Rne Juamontagne. {A YAR ‘ Soa a a > (ED JWALKER Li Gi) Saliba . Mendes RE iy SONEMATRE 1e CE NUMERO. TGS Faïre Ne! LL TA ENER a os o> vn R ee Faune Canadionne—Les Oiseaux (suite)... secs sessesees T9 Le Renne :Corihotu: See. se. STE cawiw soe oa ene AN TOO Description Méthodique des Jufusoires Canadiens... 91 Géologie (suite) 5.288, +. in tenses Oe Naturalistes Cdidisie te) ones eo: SO RENTE CR UE Faits divers.— Mr. Lechevallicr. — l'uce. Lee nes en TPE Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque yolume ou nouvelle année de publica- tion, Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L’abonnement est réduit à 81,50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. On ne s'abonne pas pour moins d'un an: Tout souseripteur désirant diseontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. gæ” Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adresséesau rédacteur, CapRouge, Québec, Agents du NATURALISTE : New-York, pour les Etats-Unis: Mr. J, Q. A. Warren. Montréal: Mr. J. a Ecole Normale Jacques- Cartier. St. git bigeye M. le Dr St. Germain. sh ERRATUM. Page 3, avant dernière ligne, au lieu de “ études médicinales”, lisez : études médicales. L’'AMERICAN NATURALIST, Pa A commencé son 7e, volume avec Janvier 1873. C’est Le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, qui soit publié sur le continent. Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de nombreuses gravures des mieux exécutées. Se publie à Salem, Mass.—$4 par année. THE CANADIAN ENTOMOLOGIST * Est la seule publication qui s'occupe spécialement des insectes du Oanada. La rédaction principale est con- fiée au Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- cation mensuelle de 24 pages in-8, au prix de $1 par année. GA Le NATURALISTE CANADIEN ($200) avec le Ca- NADIAN ENTOMOLOGIST ($1.00) seront envoyés a une même adresse pour $2.50. _ Le NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec les ARCHIVES OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 LE NATURALISTE CANADIEN. | mt Volume I, Balition épu épuisée, | “ Veet ic...» ce meee 00 Rene fe VO CNET OT TEE: ci eee 6 DT Ven cours de bi eas 2.00 PEPINIERE DU CAP ROUGE, D — Petits fruits, tels que Groseilliers, Gadeliers, Fram- boisiers, Ronces, Fraisiers, Canneberges, ete., ete. POODLE AL OE —— AUSSI ; Lis, Glaieuls, Pivoines et autres plants de flenrs des espèces les plus recommandables. | Tous les envois seront expédiés à Québec et mis $ à bord dés bateaux à vapeur ou des chars du Grand” | Tronc. ; Comme le fonds n’est pas encore très cousidérable, : les amateurs sont inyités à envoyer leurs commandes . sans délai. é Depuis une quinzaine d'années, nous avons ea à différentes intervalles, des hivers si désastreux pour iz les arbres fruitiers, que la plupart des vergers dans ta Provinee ont dispara ; mais l'année dernière avee Ja | L précédente peuvent nous faire croire que ces mau: vaises années sont passées. et que de nouveaux veryers, et plus considérables et mieux choisis,fourniront b eh- tôt nos marchés de tous ces fruits que nous faison venir à tant de frais de l'étranyer, Le soussigné aura toujours aussi à la disposition des acheteurs” des ruches d'abeilles en bonne condi- tion, de même que du miel frais en gateanx. DEMANDEZ LE CATALOGUE. | a S'adresser à ER to tt tt tt nt tt tt SOLS POPPA PAOD | } Ls. MORISSET, 3 PEPINIERISTE. i Cap Rouge 15 Mars 1873. ‘ty > ET | SAS 3 LL SALE LPP PII D DR LR AR LR 2 2 LA À Imprimé par ©. Danvray rue Lamontagne. — “eee At TOL. V. AVRIL, 1873. No. 4. GEE > W | à Ru LÉ nb HN Are Ca ok FE GANADIEN, “es “inp i a à ‘ol es }) ony BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS BT DECOUVERTES ys: KO sh ut SE RAPPORTANT A L’ HISTOIRE NATURELLE DU CANADA, dE Rédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. QUÉBEC: Bureau du “Naturaliste Canadien,” ER / fe aire = Se A SOF SAE ert No. 8, Rue Lamontagne. Me rl) Was d BY SIP: = I 3 4 SOMMAIRE DE GE NUMERO. Les écoles d’adultes......1.,..............2 SE aoe.’ PNR RTE D Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite)... 11h Le Cerf du Canada ou Ve onu so DUR TR NRS Te skate canny RRS Géologie (suite)... AA ED oo su à 5 5600 0 v ANSONS Sena NE TERN IUT Le Papillon du Oo et ses AR: ie en 9e NAS Unie SE NULS Chasse aux spécimens 5e... Lea conne esse LOU Naturalistes Canadiens ($20t/e) 4... 420.8 130 Faits divers.— Tunnel sous le Saint-Laurent.—Sel.— Regu. — Progrès en Zoologie .....,..,........,..... rd EB … 135 ESS ZT N Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8, Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L’abonnement est réduit à $1.50 en faveur des éléves des colléges et autres institutions d’éducation, et des instituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an. Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. ga Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec, Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. + ‘ Re A. LECHEVALIER, NATURALISTE ET TAXIDERMISTE, No. 434, Rue Ste. Marie, ET NO. 260, RUE NOTRE-DAME; MONTRE AZ. Premier prix pour collection d'œufs d'oiseaux, Diplômé par la Chambre des Arts et Manufactures de la Puissance pour la plus grande variété d'oiseaux empaillés. ‘A constamment en mains, aux prix les plus réduits : Oiseaux, Quadrupédes, Reptiles, Mollusques, Insectes, Gufs d’ Oiseaux, et une foule d'autres articles qui prennent place dans les musées d'histoire naturelle. Une nombreuse correspondance avec la plupart des pays du globe, lui permet d'offrir souvent aux amateurs les raretés les plus recherchées. L'AMEIRICAN NATURALIST, A commencé son Te. volume avec Janvier 1873. C’est le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, quisoit publié sur le continent, Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de nombreuses gravures des mieux exécutées. Se publie a Salem, Mass.—$4 par année. THE CANADIAN ENTOMOLOGIST Est la seule publication qui s’occupe spécialement des insectes du Oanada. La rédaction principale est con- fiée au Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- cation mensuelle de 24 pages in-8, au prix de $1 par année. LE NATURALISTE CANADIEN ($200) avec le Ca- NADIAN ENTOMOLOGIST ($1.00) seront envoyés a une même adresse pour $2.50. Le NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec les ARCHIVES OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 = | — — | = CA 9 PP PPP APELLD POPPI OP PLD OL LPP OPP LPP PPP PPL LPP PD —————~e LE NATURALIST CANADIEN. Volume I, édition épu épuisée, 6 EN est RE EAR ER osc cad NO OPA AE Oi Nga oso » naan Nc Re aan V,en cours de publication 2.00 PEPINIERE DU CAP | ROUGE, LÉ wt) rem “am Le soussigné a constamment en mains, à sa pé piniére du Cap Rouge, les arbres fruitiers des meil- leures espèces pour notre climat, de 3 à 4 ans de greffe, tels que Pommiers, Pruniers, Cerisiers, etc. mr AUSSI == À Petits fruits, tels que Groseilliers, Gadeliers, Fram- boisiers, Ronces, Fraisiers, Canneberges, etc., etc. —— AUSSI Lis, Glaieuls, Pivoines et autres plants de fleurs des espèces les plus recommandables. - Tous les envois seront expédiés à Québec et mis à bord des bateaux à vapeur ou des chars du Grand Tronc. Comme le fonds n’est pas encore très considérable, les amateurs sont invités à envoyer leurs commandes sans délai. Depuis une quinzaine d'années, nous avons en, à différentes intervalles, des hivers si désastreux pour les arbres fruitiers, que la plupart des vergers dans Bi Province ont dispar ; mais l'année dernière avec. la précédente peuvent nous faire croire que ces mau- vaises années sont passes, et que de nouveaux vergers, et plus considérables et mieux choisis, fourniront bien- tot nos marchés de tous ces fruits que nous faisons venir à tant de frais de l’étranger. Le soussigné aura toujours aussi à la disposition des acheteurs dés ruches d'abeilles en bonne condi- tion, de même que du miel frais en gateaux. DEMANDEZ LE CATALOGUE. S’adresser à Ls. MORISSET, PEPINIERISTE. CapRouge, 15 Mars 1873. | Imprimé par ©. Danvrau rue Lamontagne. DA 7 a di > 7 BSER V ATIONS ET DÉCOUVERTES i NATURELLE DU CANADA, É PROVANCHER. LA 4, 1723 RCA (2 mere UAT mS a (um CRE MONS UN D GET TTINUE R Gi 2, ee we PWALKER SOMMAIRE DE CE NUMERO. L'Histoire Naturelle dans les écoles d'adultes... 137 Faune Canadienne—Les Oiseaux CORRE PA eg Le à Le Ptéromale des Ohesaahides ORDER OR kh thee a Ne en) Géologie CRE Ve Pr tag. 1 11) Chasse” atix spécith@umitaicn........... idcqaebaeua savant tiapep eens aiken Description Méthodique À Infusoires CRE 2440 5 2600 DATE Naturalistes Canadiens {suite) ..... RP PTT PE NT LE PE espn Om Géologue et Géologiste...... ....- « 20 eh TE TT NRA TERRE (TES TN Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L’abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des jnstituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an, Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnemént, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. kas Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec, Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacmthe: M. le Dr St. Germain. : ne ER ee | A. LECHEVALLIER, NATURALISTE ET TAXIDERMISTE, No. 434, Rue Ste. Marie, ET NO. 260, RUE NOTRE-DAME; MONTREAL. Premier prix pour collection d'œufs d'oiseaux, Diplômé par la Chambre des Arts et Manufactures de la Puissance pour la plus grande variété d’oiseaux empaillés. À constamment en mains, aux prix les plus réduits : Oiseaux, Quadrupèdes, Reptiles, Mollusques, Insectes, Œufs d’ Oiseaux, et une foule d’autres articles qui prennent pose dans les musées d'histoire naturelle. Une nombreuse correspondance avec la hipaa des pays du globe, lui permet d'offrir souvent aux amateurs les raretés les plus recherchées. AMERICAN NATURALIST, A commencé son Te. volume avec Janvier 1873. C’est le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, quisoit publié sur le continent. Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de pom brews eravures des mieux exécutées. | Se publie à Salem, Mass 51 par année. VAE CANADIAN ENTOMOLOGIST Est la seule publication qui s'occupe spécialement des insectes du Canada. La rédaction principale est con- fiée au Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- cation mensuelle de LES Pages in-8, au prix de $1 par année, LE NATURALISTE Caxaren ($200) avec le Ca- NADIAN ENTOMOLOGIST ($1.00) seront envoyés à une . même adresse pour $2.50. Le NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec les ARCHIVES OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 | Volume a édition é puisée, ee ve et CURE ME CRM SRE OE TITRE: LT OT OR ES NX ENCORE. |. SUR LES OO *« V,emcçours de publication 2.00 PEPINIERE DU CAP ROUGE. — 2,1 4 À Se Hs SOMMAIRE DE CE NUMERO. L'Histoire Naturelle dans les écoles d'adultes (suite)... 169 Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite) ....,...... Pee Pe gy: Le Cerf de Virginie ou Chevreuil®...........sesseecsseeteseeee 181 Géologie (suite)...... GENE: e's. ++ à ed 4 1 en a DR wean Chasse aux Mo'lusquesaipycn.. 4.100000 0 A nos correspondants ...,.. De -e 2 Massena ved ones se EDR Naturalistes Canadiens (suite) ................., cereeeen teens 199 Faits Divers... 008 unes munent te vs ocnennne conne is vansiennes Zoe EX LAN Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B. — L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des jnstituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an, Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication, sas> Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent étre adressées au rédactcur, CapRouge, Québec. Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. TRE Re A. LECHEVALLIER, NATURALISTE BT TAXIDERMISTE, No. 434, | Rue Ste. Marie, ET NO. 260, RUE NOTRE-DAME; MONTREAL. Premier prix pour “collection d'œufs d'oiseaux, Diplômé par la Chambre des Arts et Manufactures de Ja Puissance pour la plus grande variété d’oiseaux emp: uillés. ‘A constamment en mains, aux prix les plus réduits: Oiseaux, Quadrupèdes, Reptiles, Mollusques, Insectes, Œufs d’ Oiseaux, ‘et une foule d’autres articles qui prennent place dans les musées d'histoire naturelle. Une nombreuse correspondance avee lt plupart des pays du globe, lui permet d'offrir souvent aux amateurs les raretés les plus recherchées. L’AMERICAN NATURALIST, A commencé son Te. plume avec Janvier 1873. C’est le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- turelle, quisoit publié sur le continent. Chaque année sy de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de nombreuses gravures des mieux exécutées. Se publie à Salem, Mass.—$4 par année. THE CANADIAN ENTOMOLOGIST Est la seule publication qui s'occupe spécialement des insectes du Canada. La rédaction principale est con- fiée au Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- _ cation mensuelle de 24 Rages in-8, au prix de $1 par année. LE NATURALISTE CARADIEN ($2 00) avec le Ca- ia NADIAN ENTOMOLOGIST ($1.00) seront envoyés à une | même adresse pour $2.50. ; LE NATURALISTE CANADIEN ( $2.00) avec les | Ancutves OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 LLP OPI LALLA LS LS LS PPPS IIL A A ET boisiers, Ronces, Fraisiers, Canne Etes eto. ef Ci. À 200. V, en eours de publication 2.00 PEPINIERE DU CAP ROUGE, D Le soussigné a constamment en aaa à sa bat | À pie du Cap Rouge, les arbres fraitiers des meil- : eures espèces pour notre climat, de 844 ans de greffe, tels que Pomimiers, os Cerisiers, etc. Petits fruits, tels que Gros Gadeliers oe % Bo - = AUSSI des espèces les plus recommandables, 4 Tous les envois Seront expédiés à Québec et mis” à bord des bateaux à vape ur où des chers du Grand: a Trone. les amatenrs sont invités à entvyer leurs commands sans délai. HS x Depuis une quinzaine d'années, nous différentes intervalles, des hivers si désastreu les arbres fruitiers, qe la plupart des vergers Provinre ont disparu ; mais l'année dernière à précédente peuvént nous faire croire que ces mans vaises annfes sont pass : s, et que de nonvealix vergers, — et plus considérables et 111eux choisis, fonrairont bien= tôt nos marchés "de fous ces fruits que 10Us faisons venir à tant de frais de l'étranger, S Le soussigné aura toujours aussi a la disposion des acheteurs des rnches d’abeilles en bonne eo tion, de même que dû miel fas en gateanx. NÉS DEMANDEZ LE CA TALOGUE. We FE S'adresser à ci ae ; ; Ls. MO RISSET, 4 æ * PEPINIERISTE. Caphouge, ig Mars 1873. ; no % ve =. ee -: COS ww © ~ PA D PT PV NE Jinprimné Mec. L'auvéan 8 rie Laincntagne. 7" "000 Comme le fonds n’est pas encore très considérable, - i te Tay Lis, Glaieuls, Pivoines et autres plants de fleurs. 2 de: he + % ¥i _ GANADIEN. ey « BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA. jee Q Rédacteur: M. L'ABB LE ON E PROVANCHER. 7 al Tei Th eRe QUEBEC: Bureau du “Naturaliste Canadien.’ No. 8, Rue Lam ontagne, \k * yp ies paste, { ., ‘ à son AS. SS EGER ou 1,1" , Maa QUES SOMMAIRE DE CE NUMERD. e Education—Nos jourmaux...cer.. sms seseeesenserse 208 Fauné Canadienne—Les Oiseaux (svile) sise des eme es 209 L'Araignée 6,2... +--+ evens Rain LUS ARR Naturalistes Canadiens (32006) …....,... vs sers RTS TUE Correspondance—TLa Mite de la farine... 283 Faits Divers— Profondeur de la mer.—Renards.—Bualeines, =-Puits artésiensi..:., UE ÉD CIN TE VIRE 202 Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages 1n-8. Abonnement, $2 par année, payable après là réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion, Pour les Etats-Unis $2 én or ou $2,25 en papier américain. N. B. — L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d’édueation, et des instituteurs. ; On ne s’abonne pas pour moins d'un an, Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. sar Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québee, Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M, le Pr St. Germain. La 0. 260, RUE NOTR RE-DAME ;: MONTREAL. ier r prix pour collection ew œufs d’oiseaux, Diplômé par des Arts et Manufactures de la Puissance pour la e variété d’oiscaux empaillé lés. -constamment en mains, aux prix les plus réduits : Oiseaux, pèdes, Reptiles, Mollusques, Insectes, Œufs d Oiseaux, ne foule d' autres articles aux prennent place dans les musées ca istoire naturelle, Une nombreuse correspondance avec la plupart des pays du lobe, Jui permet d'offrir ome. a amateurs les raretés les plus recherchées. peat L'AMERICAN (NATURALIST, us commencé son 7e. ‘yolnme avec Janvier 1873. Pest le recueil le plus complet, en fait d'Histoire Na- Hirelle qui soit publié sur le: continent, Chaque année de publication forme un magnifique volume de plus 9 de 750 pages in-8, orné d gravures des _ mieux exécutées. Be pace à Salem, , Mass —$ par année. i is ann qui oc cupe spécialement des _ insectes du Ganada, La rédaction principale est con- _fiéeau Rév. Mr. Bethune, et ses collaborateurs se re- _crutent parmi les premières autorités de la science tant des Etats-Unis que du Canada. C’est une publi- ‘cation mensuelle de. 24 pes in-8, au prix de $1 par ‘année. ire CANADIEN ($2 00) avec le Ca- ENTOMOLOGIST ($1. 00) seront envoyés à une dresse pour $2.50. EB NATURALISTE CANADIEN ($2.00) avec les VES OF SCIENCE ($2.50) à une même adresse $3.50 LA A > a, ae eT) Oe DM WT — oe oa hy ean CRRA Si, TA - AV ant wi) POP OPE eee et POP PPO EUS hh were Vy) LE NATURALISTE CANADI Volume TI, édition épuisée, 4 TIRER... wasvseuctivs gt 2 CON DIR … RTE ARE OY: ON. vi MORE ee LRO ‘* V,éncours de publication 2.00 . q ; ; 4 PEPINIERE DU CAP ROUG Hi. D Le soussigné a consiamment en mains, à sa pé- pinière du Cap Rouge, les arbres fruitiers des meil- leures espèces pour notre climat, de 8 à 4 ans de greffe, tels que Pommiers, Pruniers, Cerisiers, etc. ——— AUSSI PSP gt LE PR gt APO ert ; Petits fruits, tels que Groseilliers, Gadeliers, Fram- ; ; boisiers, Ronces, Fraisiers, Canneberges, etc., etc. ; —— AUSSI $ Lis, Glaieuls, Pivoines et autres plants de fleurs des espèces les plus recommandables. | i Tous les envois seront expédiés à Québec et mis ; ; à bord des bateaux à yapeur ou des chars du Grand ; Tronc. ; | Comme le fonds n’est pas encore très considérable, * : 3 les amateurs sont Imvités à envoyer leurs commandes $ sans délai. 5 : Depuis une quinzaine d'années, nous avons eu, à { 2. diflérentes intervalles, des hivers si désastreux pour { | les arbres fruitiers, que la plupart des vergers dans la 5 | Province ont disparu; mais l'année dernière avec la ; précédente peuvent nous faire croire que ces mau- 1. 23 vaises années sont passées, et que de nouveaux vergers, ; À et plus considérables et mieux choisis, fourniront bien- , tot nos marchés de tous ces fruits que nous faisons #4 : venir à tant de frais de l'étranger: ù ; Le soussigné aura toujours aussi a la disposition | | des acheteurs des ruches d'abeilles en bonne condi- | 5 tion, de mème que du miel frais en gateaux. ES I DEMANDEZ LE CATALOGUE. if Sadresser à Ls. MORISSET, PEPINIERISTE, CapRonge, 15 Mars 1873. ——_ 2 _# ~ ET | > OPPS = TL ee eee 7, Tipéint par ©. Darvrau 8 rue Lamontagne. ‘ ‘ L/ py Say’ ee Ss “se RAPPORTANT “ALT a ae 11" à nn a. Surean 7 ue Cunadien,” No. 8; Rue Lamontagne. sr, ; PTL JA LK ER baa) Ga Win iy ¥ducation—Nos journaumpemes "20m in ke aee Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite)... use. "342 Description Méthodique des infusoires Canadiens (suite)... 346 a Le Cerf-Mulet ou Cerf à Grandes Oreilles:.-........0, > 349 . v7 Petite Faune Entomologique du Canada...--.. Ch Saat Oey is Mr, Léchevallier...:\.'-s ies eme. + se Die eee SN IR iy Le Nacerdes Melanoure:..2..+-.---+--: Miskin tes 8e #0 Oe ER oe Ja: Sealope-de Brewer. 2448085, ---. HER TN TS NN CE DS ne | VASE : F3 . i Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque LAS mois, par livraisons de 32 pages in-8. | Abonnement, $2 par.année, payable après la réception du x premier numéro de chaqué volume ou nouvelle année de publica- tion, RS Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. | N. B.— L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des reek élèves des colléges et autres institutions d’édueation, et des ae instituteurs. ‘es. On ne s'abonne pas pour moins d'un an. | 7.3 Tout souscripteur désirant discontinuer sop abonnement, E À est tenu d'en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- SE méro de chaque volume ou de chaque année de publication. ee 6 ip par Toutes correspondances, remises, réclamations ete., — | “ane doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec. ae ; sé à | RARE Agents du NATURALISTE : sat ies Montréal: Mr. J, Godin, Ecole Normale Jaeques- Cartier. ‘ St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. laisser le Canada pour. famille, offre en vente, ‘ès de ais Deaue d ol- pour continuer son. garni maintenant de 2 e = ay ant une excellente PPA SPA AANA à wae NIIP ALAA ALLE LD POPP APPL PP PPPS PP IIAP PLD LLP LP PP PPP LL DPD SPRL PEPE DP LE PR php mt ee hipri né par ©. Danvear | 8 fue PME Les meilleurs pour les églises. Les meilleurs pour les écoles, Les meilleurs pour les païloirs. Les meilleurs pour les académies et les colléges. Les meilleurs pour les sailes publiques. Les meilieurs pour les orchestres et les théâtres, Ces instruments, Sans pareils pour la douceur du ton et l'élégance de Ja forme, ont obtenu un succès sans précédent en cepays et à l'étranger. MANUFACTURES PAR . NEEDILAM & FILS, ETAELIS EN 1846, Nos. 143, 145, et 147 Est 23e rue, NEW-YORK. Des personnes respousables ‘faisant application pour agence, dans des endroits où il n’y en a pas encore d’établies, recevront ane prompte attention et des appointements Jibéraux. Ceux résidant a queique distance de nos agents autorisés, peuvent enyoyer directement Jeurs commaudes à nôtre manafactare: > Demandez la liste des prix illustrée. + LA LÉO eae } { ig VA) Ge SEPTEMBRE, 1873. CANADIEN. BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES SE RAPPORTANT A L’ HISTOIRE NATURELLE DU CANADA. Rédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. QUÉBEC Bureau da Mataralisie Vaiedion,” Nos 8, Bue Lai apie re. a Hy i _ i b WFAN) 0 DT az Ss 4 Rear = VU Lp a EN NT SOMMAIRE DE CE NUMERO. Education—Suggestionss......,.....:....2...2 ROME: Là | Le Bœuf.Musqué RM ... ND pet ke ple eine 369 Géviogie (site). RE. . . trempe es PS ase 21 Bibliograplite. 25. HR. . etre engine cs :5 1389 Petite Faune Entomologique du Canada........,..... 397 Exposition Universelle ess... wenee meee eee ns 394 Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite)... a SAC ED 395 a Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L’abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. 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St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain. |] “ LANGUES D ARGENT,” MANUFACTURES PAR NEEDHAM & FILS, NEW-YORK. em No. 1, 1 set $100 2, d’anches 4 $128 3, $165 2 régistres : Diapason, Principal. 7, 2 sets, $128 2 do « « 34, 14 set, $180 2 do «e cc 4, ($215 4 do 3 “Tremolo, Tant d Vox humana.» 30, 1° **? \ $230 5 do Diapason, Principal, Tremolo, U Vox humama, Sous-base, Octave, $220 5 do Diapason, Picolo, Violon, Oc- te | tave, Voix céleste, 10, 2 S&S: À $220 6 -do Diapason, Picolo, Violon, Oc- | tave, ‘Tremolo, Forte. 13, 2} sets, $245 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc- tave, Tremolo, Voix céleste. 33, 2% sets $245 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc tave, Tremolo, Vox humana. 16, 21% sets, $275 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc- tave, Tremolo, Forte, Vox humana, Sous-Base, 20, $425 10 régistres: les mémes et de plus Dul- 3 sets, ciana, Cremona. $575 11 do les mêmes. | 4 sets, $475 11 do Diapason, Principal, Clari- nette, Octave, Tremolo Bourdon, Flute, Basson, Haut- bois, Gr. Orgue. Pédales. 27, 44 sets, $580 13 régistres, les mêmes. 28, 52, sets, ($790 14 do avec 29,2 claviers | $980 14 do clavier de pédales, etc. Pour favoriser les fabriques qui voudraient se procurer ces Orgues remarquables, nous nous engagerons, comme agent de la maison NeepHaM & Fits, à les faire venir aux prix de manu- facture ci-dessus fixés, sans autres surcharges que celles des droits et du transport. L’ABBE PROVANCHER. Cap-Rouge, 15 Septembre 1873. (SILVER TONGUES.) ORGUES “LANGUES D'ARGENT,” | | + Les meilleurs dn monde dans Là _ le CEUX à auches, | me (CONS | ; . ‘oll | | an || a ; i si | | | | è Les meilleurs pour les églises. \ Les meilleurs pour les écoles. | Les meilleurs pour les parloirs. à Les meilleurs pour les académies et les colléges. Les meilleurs pour les sailes publiques. Les meilleurs pour les orchestres et les théâtres. } Ces instruments, sans pareils pour la douceur du ; ton et l'élégance de la forme, ont obtenu un succès | sans précédent en ce pays et à l'étranger. ; $ N MANUFACTURÉS PAR | EL P. NERDHAM & FILS, ETABLIS EN 1846, Nos. 143, 145, et 147 Est 23e rue, NEW-YORK. 5 Des personnes responsables faisant application pour agence, dans des endroits où il n’y en a pas encore d'établies, recevront une prompte attention et des 4 appointements libéraux, Ceux résidant a queique à distance de nos agents autorisés, peuvent envoyer | directement leurs commandes à notre manufacture. . Demandez la liste des prix illustrée. Pomc 22 Le à ». q —— + == — wore PALL PPL PEP ~ a ae a eee aaa | eS (% Taipei par © eS sae FAU 3 rue L pikonteghs L * | GANADIEN. BULLETIN DE RECHERCHES, OBSBRVATIONS ET DÉCOUVERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA. Rédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. Es 0)" a | Frs IE le QUÉBEC: YA | Burean du “Naturaliste Canadien,” AL Dx. No. 8, Rue Lamontagne. Che oe Myr me NE? EEN fh . LUS AT TE NU LTTE | Gun A SST 4 Cy f SOMMAIRE DE CE NUMERO. Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite)....-.---- ONE Petite Faune Entomologique du Canada....---...-.- . 404 Les Myriapodes...--. AOS Te Se pela green ek Ee 410 L’Exposition Provinciale de 1873— L'histoire naturelle. —Les beaux arts. Un potier. — L’Arachide.—L’échelle Skinner.—Une femme-colose.—Un fossile... .......... 419 ERRATA. Page 387, ligne 14, au lieu de était, lisez : étaient. « 388, « 18, « fossilles « fossiles. NL LOL By “ fausse-onisque lisez : oniscoide. & 393, ‘ 25, ajoutez: 8. BFLETOBIUS. « 293, «€ 34, au lieu de LaSTOTROPHUS, lisez : LEiSTOTROPHUS. «¢ 396, «. 12, “ 213, lisez : 345. « 398, , « 20, « Huomxsu, « Hurcmxsn. Le NATURALISTE CANADIEN paraît vers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 jar année, payable après la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion. Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B.— L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an, Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. | g&” Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec. Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain oe se tor 4 D ARGENT.” MANUFACTURES PAR NEEDHAM & FILS, NEW-YORK. No. RUE $100 2, d’s ane $128 5 $165 2 régistres : Diapason, Principal 7,2: sets $128 1200 . : 34, 14 set, $180 2 do bs a 4, ($215 4 do sf “Tremolo, Vox humana. $230 5 do Diapason, Principal, Tremolo, Vox humama, Sous-base, Octave. $220 5 do Diapason, Picolo, Violon, Oc- tave, Voix céleste, $220 6 do Diapason, Picolo, Violon, Oc- tave, Tremolo, Forte. 13, 2} sets, $245 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc- tave, Tremolo, Voix céleste. 33, 24 sets $245 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc tave, Tremolo, Vox humana. ie) à ao he 16, 2% sets, $275 8 do Diapason Picolo, Violon, Oc- tave, Tremolo, Forte, Vox humana, Sous-B Base, 20, pee 25 10 régistres: les mêmes et de plus Dul- 3 sets, < ‘ ciana, Cremona. 23, ($575 11 do les mêmes. 26, 4 sets, $475 11 do Diapason, Principal, Clari- nette, Octave, Tremolo Bourdon, Flute, Basson, Haut- bois, Gr. Orgue. Pédales. 27, 44 sets, $580 13 régistres, les mêmes. 28,5, sets, ($790 14 do avec 29,2 claviers | $980 14 do clavier de pédales, ete. Pour favoriser les fabriques qui voudraient se procurer ces Orgues remarquables, nous nous engagerons, comme agent de la maison Nespuam & Fis, à les faire venir aux prix “de manu- facture ci-dessus fixés, sans autres surcharges que celles des droits et du transport. L’ABBE PROVANCHER. Cap-Rouge, 15 Septembre 1873. ; PLP P OP LE LOT LS A PLP PPP SM PS PPD SP PP RL D ter PE — ORGUE “LANGUE D'ARGENT Les meilleurs du monde dans la classe de ceux a anches. finite T ree | Les meilleurs pour les églises. Les meilleurs pour les écoles. Les meilleurs pour les parloirs. Les meilleurs pour les académies et les colléges. Les meilleurs pour les sailes publiques. Les meilleurs pour les urchestres et les théâtres. Ces instruments, sans pareils pour la douceur du ton et ’élégance de la forme, ont obtenu un succès sans précédent en ce pays et à l'étranger. MANUFACTURÉS PAR i. P. NELDIAM & FILS ETABLIS EN 1846, Nos. 143, 145, et 147 Est 23e rue, NEW-YORK. Des personnes responsables faisant application pour agence, dans des endroits où il n’y en a pas encore détablies, recevront une prompte atiention et des appointements libéraux. Ceux résidant à quelque distance de nos agents autorisés, peuvent envoyer ° directement leurs commandes à notre manufacture. an Demandez la liste des prix illustrée. | . ia L : eae eu NÉ PRE AAR AAR LR a unpre par ©. Darvran 8 rue Lamontagne ; À Et 7OL. V. NOVEMBRE, 1873. NY à SS  Al A ; > CANADIEN. sob | Sa ss BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES ae Le SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA. (A : Rédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. iw y OT CNE 7. QUÉBEC: AEN f Py Bureau du “Naturaliste Canadien,” ee No. 8, Rue Lamontagne. Moma E \ & À t i ] A LA ÿ NAME 7 {. JWALKER al ENS en Bey KL i wile Ae D MI LATE Gok Dy TMA T RAUNT SF TT RUE TEN a: i ay 2 ÿ J y 3 A TEP LIES TZ: au” (a : T2 SOMMAIRE DE CE NUMERO. Faune Canadienne—Les Oiseaux (suite). Les Ichneumonides de Québec Mr. Schmouth et la Gazette des Campagnes....., ...... Géologie A nos correspondants....... Le NATURALISTE CANADIEN paraitvers le 15 de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement, $2 par année, payable aprés la réception du premier numéro de chaque volume ou nouvelle année de publica- tion, Pour les Etats-Unis $2 en or ou $2.25 en papier américain. N. B. — L'abonnement est réduit à $1.50 en faveur des élèves des colléges et autres institutions d'éducation, et des instituteurs. On ne s’abonne pas pour moins d’un an. Tout souscripteur désirant discontinuer son abonnement, est tenu d’en donner avis aussitôt après la réception du dernier nu- méro de chaque volume ou de chaque année de publication. nay Toutes correspondances, remises, réclamations ete., doivent être adressées au rédacteur, CapRouge, Québec. Agents du NATURALISTE : Montréal: Mr. J. Godin, Ecole Normale Jacques- Cartier. St. Hyacinthe: M. le Dr St. Germain THE COUNTRY GENTLEMAN” POUR 1874. Le Cultivator and Country Gentleman, pendant ces quarante dernières années, s'est placé, tant dans cé pays qu’à l'étranger, comme un journal de premier ordre pour Vagronome Américain. Les Editeurs-proprié- taires joignent à leur propre travail la collaboration régulière d’un très grand nombre de correspondants et de contributeurs spéciaux, se recrutant parmi les agriculteurs modèles de Union, tant de l Est que de VYOuest—et celle de plus de 500 écrivains, occasionelle et gratuite, entre les meilleurs fermiers et horticulteurs de presque chaque Etat. Avec la coopération d’un corps si considérable d'hommes pratiques, ce journal: possède une valeur exceptionnelle comme MEDIUM POUR METTRE EN COMMUNICATION toutes les classes intéressées dans la production et la fertilité du sol— les producteurs et les consommateurs, l'acheteur et l'expéditeur, de même que le premier propriétaire de la récolte—les éleveurs d'animaux améliorés et leurs pratiques—les manufactureurs de machines perfection- nées et ceux qui les achètent ou les emploient—les — pépiniéristes et les producteurs de fruits —et spéciale- ment, pour fournir des données plus complètes et plus sures sur le progrès, l'apparence et les retours de chaque saison, en vue de résoudre l’une des plus importantes questions—Quand acheter et quand vendre. x Conditions :—Le Country Gentleman est publié à Albanie, New-York, et paraît toutes les semaines ‘par livraisons de 16 pages, in-4, avec gravures, et doit strictement être payé d'avance. Une seule copie: eas. at 8260 4 copies (avec 1 copie supplémentaire pour:lé’chef dclub}is ea es 20:00 10 copies (avec | copie supplémentaire pour le chef du club},4:......4..3,..,8# 20.00 fi Les nouveaux souscripteurs pour 1874 qui payeront de suite, recevront le journal de ce moment, sans surcharge pour le reste de 1875. S'adresser au Rédacteur du Naturaliste Canadien, CapRouge, Novembre, 1873. Le Country Gentleman et le Naluraliste Canadien à une même adresse, $4.00. ñ nn GA § L : De a Oey Wee ANNEAL REGISTER OF RURAL AFPAIRS, a $ . 2 » Ces deux recueils sont tous deux publiés à Albany, N. pha na» + . Tucker & Son. i Le premier, Tur Bouse GENTLEMAN, est un jouro:l d'agriculture pra- tique, de 16 grandes pages par em aines, avec gravures, L'art agricole y est constamment passé en revue dins toutes ses parties: laiterie, potager, verger, — soins et choix des animaux, instruments de culture, etc., ete, Ce qui rend ce journal particulièrement intéresss nt pour les cultivateurs, c’est qu'une foule de collaborateurs y rendent continuellement compte de leurs opérations de culture ÇA | LT LL ALLL PPP PL RL PANS PS SL tr ye dans les différents Etats de l'Union et du Canada. Nos cultivateurs en état de comprendre l’anglais ne pourraient se renseigner dans leur art ni plus sûre- ment ni plus abondamment qu’en prenant un abonnement au Country Gentle- man. | Prix : $2.50 par année. Tae ILeusrRaren ReGISTER cr Rurab AFFAIRS est une publication an- . nuelle de plus de 125 pages iu-12, richement illustrée Elle en est rendue q son 20 numéro. Sa collection oomplète peut former une petite encyclopédie d’agriculture. La culture des fleurs et des arbres fruitiers, les costructiong rurales, les devis do jardins, les instruments perfectionnés etc., ete., ete. sont Te particulièrement les matières de son ressort. a i Prix : 30 centins. S'adresser au NATURALISTÉ CANADIEN. ÿ nets pe tS dt RS AE ee Sa N THE ts © AMERICAN NATURALIST. À Commeacera son Fe volume avec Janvier 1874. C’est le recueil le plus ds complet, en fait d'Histoire Naturelle, qui soit publié eur le continent. Chaque — , année de publication forme un magnifique volume de plus de 750 pages in-8, orné de nombrenses gravures et des mieux exécutées. Ce recueil meneüel | i jouit de la collaboration des naturalistes les plus distingués de l’Union Améti- | 28, ee eee ae “3 eer caine. Les différentes branches de l'Histoire de la nature y recoivent sueces- sivement leur part d'attention. So publie à Salem, Mass. $4 par année. + * we ’ 27 ae" Rigs Aeris PERS ROS NA Prier bap pnt ae À : Imprimé par C. Darveau S rue Lamontagne Lee CRE : # > Vy oY NT v VY Me V: at VU a À Hee Wey C4 VS Y SU CR | ~ ~uwwey j Y ù re NTS iv “agin weet tis Sway ve 12) NA co SANalalalala a) < EE * G6 CE Ce A.ARA 4 ANA ANAA et AAA AA ar AA a) WMATA, A a NA AAA AN CHA a, han AR = DE: n'a Anne A e la’ LE L 4 ha.