fone HER ete = re % se) À Ft A te a) 1 KL AT 2 “as es = SUR D ITR EN TP ne re Lu À, FH DR UE Er fe a 3 , 2 PANNE LE NATURALISTE REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES RP PIT: 1901 AVEC LA COLLABORATION DE MM. ANCEY, membre de la Société malacologique de France. AUSTAUT, membre de la Société entomologique de France. BATAILLON, préparateur à ia Faculté des sciences de Lyon. BERDAL, docteur en médecine. BOCOURT, ex-conservateur des galeries de zoologie du Muséum de Paris. BOIS, assistant de Culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. BONNET (D'), attaché au laboratoire de Botanique du Muséum de Paris. BONNIER (Gaston), professeur à la Sorbonne. BOURSAULT, géologue. BOULE, assistant de Géologie au Muséum de Paris. BOUVIER, professeur au Muséum de Paris. CHAUVEAUD, agrégé de l'Université. CHRÉTIEN, membre de la Société entomologique de France. COMBES (Paul), explorateur. COLOMB, préparateur de Botanique à la Sorbonne. COSMOVICI (D), de Jassy. COSTANTIN, maitre de conférences à l'Ecole normale supérieure. COUPIN, préparateur à la Sorbonne. CUÉNOT', docteur ès sciences, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, DAGUILLON, maitre de conférences à la Faculté des sciences de Paris. DANGEARD, maitre de conférences à la Faculté de Poitiers. 9 DANIEL (L.), docteur ès sciences. DISSARD (A.), docteur ès sciences. DENIKER, bibliothécaire du Muséum de Paris. DUFOUR, docteur ès sciences. KABRE-DOMERGUE, directeur du laboratoire de Concarneau. FRITEL (P.-A.-H.), attaché au Muséum de Paris. GADEAU DE KERVILLE membre de la Société zoologique de France, GARDE (G.), de la Faculté de Clermont. GAUBERT, préparateur au Muséum. GIARD, chargé de cours à la Sorbonne. GIROD (Dr Paul), professeur à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. GIANGEAUD, professeur à l'Université de Clermont. GOUX, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. GRANGER (A.), membre de la Société linnéenne de Bordeaux. GIRUVEL, chef de travaux à la Faculté des sciences de Bordeaux. HARIOT, attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. H1 ZCKEL (D' Ed.), professeur à la Faculté des sciences de Marseille. IHOULBERT, docteur ès sciences. JOUSSEAUME (D'), ex-président de la Société zoologique de France. KŒHLER (D'), professeur à la Faculté des sciences de Lyon. LALOY (D' L.), de la Faculté de médecine de Bordeaux. LARBALETRIER, professeur d'agriculture. LATASTE (F.), ex-s.-directeur du musée de Santiago (Chili). LECOMTE (H.), agrégé de l'Université. LÉVEILLÉ (H.), ex-professeur au collège colonial de Pondichéry. MAGAUD D'AUBUSSON, membre de la Société zoologique de France. MALART, directeur du laboratoire maritime de St-Vaast, MALINVAUD, secrétaire général de la Société botanique de France, MALLOIZEL,, secrétaire bibliothécaire au Muséum de Paris, MASSAT, attaché au Muséum. MÉNÉGAUX, agrégé de l'Université. MEUNIER (Stanislas), professeur de Géologie au Muséum de Paris. MOCQUARD (F,), assistant de Zoologie au Muséum de Paris. NOEL (Paul), Dr du laboratoire d'entomologie de Rouen. OUSTALET, professeur de Zoologie au Muséum de Paris. PATOUILLARD, membre de la Société botanique de France. PIC (M.), membre de la Société entomologique de France. PIZON (A.), professeur au lycée Janson, Paris. PLANET, membre de la Société entomologique de France PLATEAU, profosseur à l'Université de Gand. POUJADE, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. POUSSARGUES (E. de), préparateur au, Muséum d'histoi PRIEM, agrégé de l'Université. RABAUD (Et.), licencié ès sciences naturelles. RAILLIET, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, REGNAULT, docteur en médecine. RENAULT, du Muséum, ROUY , ancien vice-président de la Société botanique de France. SANTINI (Em.), professeur de sciences. SAUVINET, assistant de Zoologie au Muséum de Paris. SAINT-LOUP (Remy), maître de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes. = © Pari SCHAECK (EF. de), attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. SPALIKO WSKI, de Rouen. TROUESSART (D'), ex-directeur du Muséum d'histoire naturelle d'Angers. VAILLANT, professeur au Muséum de Paris. XAMBEU (Cap°), membre de la Société entomologique de France. ETC., ETC. MAN À AN L. PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS PAUL GROUL'T, Sscréraire DE LA RÉDAGTION 23° Année 45° Année de la 2° Série ABONNEMENT ANNUEL PARIS LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS LG, RüE pu BAC, 46 1901 France... AO Ce TN NPA D OO EE A ER AE E TR AM ne ENT ed taupe lens ton 10 fr, AG ÉTIE RMS An RL LA nr er ne le le En aie 10 Pays comprsidans/l/Unionipostalele {ie men en ..R. 2... it Lous les autres pays RER reines à dosin ces à ee 12 À x 23° ANNÉE 2° SÉRIE — N° 332 1 JANVIER 1901 LE NATURALISTE REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELILES LES REPTILES FOSSILES DES ENVIRONS DE PARIS Dass les terrains qui constituent le sol aux environs de Paris, les débris fossiles de reptiles ne se rencontrent qu’en bien petit nombre, ce qui fait que peu de personnes s’occupent à rechercher ces fossiles pourtant fort intéres- sants à beaucoup de points de vue. À part ceux rencontrés dans le terrain crétacé, qui appartiennent à des groupes un peu plus variés, les restes de ces animaux proviennent presque exclusivement, pour les terrains de nos environs, des deux grands groupes des Crocodiliens et des Chéloniens; une seule exception c L'£Es TG Ne LÉ Fig. 1. — Mosasaurus Camperi, Cuv. est à faire pour un Ophidien trouvé dans les sables nummulitiques. Les dépôts les plus anciens, où se rencontrent, aux environs de Paris, des restes de reptiles, appartiennent au système crétacé et sont constitués par la craie blanche de Meudon qui forme, comme on sait, l'horizon supérieur du sous-étage campanien; malheureusement les exploitations où ces couches sont visibles deviennent de plus en plus rares aux environs immédiats de Paris, et ce n’est que pour mémoire, peut-on dire, que nous signalerons les gisements aujourd'hui à peu près inac- cessibles de Meudon et de Bougival. Les reptiles rencontrés dans la craie blanche de Meu- don appartiennent à deux groupes fort curieux, aujour- d’hui éteints. Dans le premier de ces groupes, celui des Sauriens mosasauridæ, nous devons signaler, en première ligne, le Mosasaurus Camperi, Cuv., dont on a trouvé de fort beaux spécimens dans la craie de Maëstrich, formation Le Naturaliste, 46, rue du Rac, Paris. géologique un peu plus récente que la craie à Bélemni- telles. Aux Moulineaux, à Bougival, etc., le Mosasaurus est représenté par des dents (fig. 2) qui sont pyramidales, un peu arquées, dont la pointe est infléchie d'avant en arrière et de dehors eu dedans; elles sont, de plus, légè- rement cannelées et la partie externe de leur circonfé- rence est une portion d'arc de cercle aplatie et bornée par des arêtes aiguës et un peu dentelées. Avec le Mosasaurus, on trouve aussi dans la craie blanche un autre Saurien, longtemps confondu avec lui, auquel Owen imposa le nom de Leiodon anceps : ses Fig. 3. — Dents de Leiodon. dents (fig. 3), qui sont lisses, et sa taille, qui est toujours moindre, le distinguent néanmoins du Mosasaure. Enfin un troisième Mosasauridé vivait à Meudon en compagnie des deux premiers : c'est l'Onchosaurus radi- calis, P. Gervais; il semble, d’ailleurs, beaucoup plus rare que ses deux congénères, car, Jusqu'à ce jour, on ne connaît qu'une seule dent ayant appartenu à cet animal : la couronne plus courte que la racine est comprimée, les bords en sont inégaux ; l’antérieur est convexe et plus court que le postérieur qui est subconcave dans ses deux tiers inférieurs ; tous deux sont assez tranchants, mais ni denticulés, ni même serratiformes. Le second groupe de reptiles ayant des représentants dans la craie blanche campanienne est celui des Dino- sauriens, et les débris rencontrés aux Moulineaux 6 LE NATURALISTE peuvent être assimilés à l’Iguanodon Mantelli (fig. #). Après le dépôt de la craie blanche, ou constate la dispa- rition de ces types qui atteignirent un si grand dévelop- pement pendant l'ère secondaire. Ils cèdent la place, dans Fig. 4. — Dents d'Iguanodon. les formations plus récentes que nous allons passer en revue, à des animaux se rapprochant beaucoup plus des types actuellement vivants. Comme appartenant encore à la période crétacée, dont il est d’ailleurs le dernier terme, il faut citer le sous- étage garumnien (de Garonne) constitué par le calcaire pisolithique qui, dans plusieurs localités des environs de Paris, surmonte immédiatement la craie; l’une de celles où il est le plus développé est le mont Aimé, dans la Marne, et c’est de là que proviennent les reptiles que nous allons citer. D'abord un magnifique Emydosaurien, le Gavialis macrorhynchus de Blainville (fig. 5), dont on a fait depuis Neo FUN EF = ÿ J= EE LE Fig. 5. — Gavialis macrorhynchus. le genre Thoracosaurus, Leidy, et qui ne semble se dis- tinguer des gavials actuels que par de petites différences dans la forme générale et dans l’arrangement des sutures craniennes, Puis les restes d’un Chélonien représenté par sa cara- pace, qui, selon P. Gervais, se rapproche de celle des Trionyx et dont l'étude fournirait un intérêt incontes- table, suivant l’auteur de la Zoologie et Paléontologie françaises. Les terrains tertiaires de nos environs ne sont pas . beaucoup plus riches en débris de ces animaux que ceux dont nous venons de parler et ce ne seront toujours que des restes de crocodiles ou de tortues que nous aurons à mentionner; cela tient, faut-il le dire ? à l’origine même de ces terrains, qui sont dans là plupart des cas de forma- tion exclusivement marine. Parmi les couches qui recèlent des ossements d’ani- maux appartenant à cette classe nous citerons tout d’abord, au sud de Paris, le conglomérat ossifère de Meudon que l’on peut voir encore de temps à autre dans les carrières de Vanves et des Moulineaux, suivant la marche de leur exploitation. Les ossements de reptiles se rencontrent relativement beaucoup plus fréquemment dans cette formation que dans les précédentes, et on en a signalé de remarquables, tels les restes du Crocodilus depressifrons, de Blainville, ou Crocodilus Becquereli, que Cuvier a décrit sous le nom de Crocodile des lignites d'Auteuil (fig. 6). Avec ce Crocodile on trouve fréquemment des os pro- venant de Chéloniens des genres Trionyx et Emys; enfin Ch. d’Orbigny, en 1836, dans une liste qu'il donna Fig. 6. — Crocodilus depressifrons, Crâne et mandibule. des fossiles rencontrés dans le conglomérat ossifère, mentionne, d’après les déterminations de de Blainville et Laurillard, trois dents et une portion supérieure d’hu- mérus provenant d'un animal très voisin du Mosasaure : mais ces derniers ossements pourraient bien n'être qu'à l'état remanié dans la couche qui nous occupe. Enfin nous devons dire encore que l’on rencontre très souvent dans le conglomérat de Meudon des coprolithes contenant des écailles de Poissons et qui, sans nul doute, proviennent de Reptiles. Dans le sous-étage maudunien (de Meudon) il faut que nous citions aussi la présence, dans les couches de Sézanne et dans celles de Cernay, près Reims, du Simædosaurus Peroni, Gerv. (fig. 7.) C’est un saurien à longue queue, pouvant mesurer près de 250 de long, ayant un crâne de gavial à long museau; les dents, en cône pointu, sont fixées dans des alvéoles peu profondes et soudées à l'os par leur base. Outre des grandes dents, qui se trouvent sur les maxil- LE NATURALISTE En] laires (m), le palais (pa) et les pterygoidiens (pt) sont tapissés de groupes de dents exiguës. Ce reptile parait représenter dans l’éocène le sous- ordre des Rhynchocéphales, groupe qui ne présente plus dans la faune actuelle qu'un tvpe unique,le Sphenodon ou Hatteria, qui vit en Nouvelle-Zélande et tend de jour en jour à disparaitre. On sait qu'au nord de Paris les couches constituant la base de l’'éocène sont un peu différentes de celles dé- posées dans le même temps au Sud; c'est ainsi que les Fig. 1. — Simœdosaurus. Lignites y remplacent l'argile plastique et les « fausses glaises » ; mais au point de vue de la faune il n'y à au- cune différence, semble-t-il, et les Reptiles que l'on y rencontre sont les mêmes que ceux déjà signalés dans le conglomérat ossifère : c’est ainsi que l’on y mentionne, outre le Trionyx vittatus dont une magnifique carapace a été découverte à Muirancourt, dans l'Oise, et des Emys, le Crocodilus depressifrons ; mais les pièces provenant des lignites sont, en général, d'une meilleure conserva- tion que dans le conglomérat et c’est de ces couches que l’on cite, par exemple, un crâne presque entier de cet Emydosaurien qui fut trouvé par Graves et dont Blain- ville entreprit la restauration. C’est à cette dernière espèce que l'on rapporte les nombreux coprolithes trouvés dans les lignites et que nous mentionnons plus haut dans le conglomérat de Meudon. Nous citerons la région qui avoisine Noyon, dans le département de l'Aisne, comme l’une des plus riches en fossiles de ce niveau. Graves prétend qu'il a été trouvé des fragments ap- partenant au Trionyx vittatus dans la couche coquillière de la glauconie inférieure de Bracheux (près Beauvais), mais ce fait demanderait confirmation. Avec le conglomérat et les lignites qui constituent les sous-étages maudunien (de Meudon) et sparnacien (d'E- pernay) nous quittons des formations d’eau douce ou saumâtres pour en aborder de franchement marines ; tels sont les sables du Soissonnais constituant le sous- étage yprésien, dernier terme de l'étage suessonien ou éocène inférieur. . Ces sables du Soissonnais ou nummulitiques sont surtout développés dans la vallée de l’Aïsne et c’est dans une localité de cette région : Cuise-la-Motte, près Pier-. refonds, bien connue de tous les géologues parisiens, qu'y furent rencontrés des ossements de Reptiles. Disons tout d'abord que Cuise est le seul gisement de nos environs où l’on ait, jusqu'à ce jour, recueilli des restes de serpents, parmi lesquels certains semblent indiquer une espèce dont la dimension serait voisine de celle du Python actuel; M. Pomel, qui s’en est occupé, nomme cet ophidien Paleophis gigantus; il est repré- senté, à Cuise, par des vertèbres (fig. 8) dont on re- F5 \ 7 NZ Fig. 8. — Vertèbres de Paleophis. Fig. 9. — Crocodilus Rollinati. trouve les analogues dans les argiles de sheppey en An- gleterre. Avec ces débris d'Ophidiens, on rencontre à Cuise-la- Motte des ossements ayant appartenu à un Crocodile, le Crocodilus obtusidens, Pomel, dont les dents forment un cône assez régulier, elles sont pourvues en avant et en arrière d’un rebord saillant et sont guillochées sur la plus grande partie de leur sommet. Parmi les Tortues provenant du même gisement nous citerons les genres Emys et Trionyx déjà rencontrés dans des couches plus anciennes de la même région, mais constituant ici des espèces nouvelles ; l’Emys Bul- lochi que nous mentionnons d'après Graveset les Trionyx granosa et lævigata que cite Pomel. Ces trois chéloniens proviennent de Cuise-la-Motte même, mais nous devons dire que Trionyx granosa a été également recueillie à Pierrefonds. Avecles sables nummulitiques de Cuise nous quit- tons le suessonien pour aborder l’éocène supérieur ou étage parisien proprement dit, qui débute, aux portes mêmes de Paris, par le calcaire grossier formant à lui seul le sous-étage lutétien (de Lutèce). Le calcaire grossier offre peu de Reptiles; en effet, les assises inférieures de cette formation étant exclusive- ment marines, il n’est pas extraordinaire que les ani- maux de cette classe ne s’y soient point rencontrés; car sice fait se présente, comme nous venons de le voir, dans la formation marine des sables de Cuise, il ne faut pas oublier que dans cette localité un grand nombre de mollusques d’estuaire et de rivage, et précisément la bonne conservation de ces espèces, indiquent le facies littoral du dépôt. Ceci explique alors la présence d’os- sements de reptiles aquatiques tels que les Crocodiles et les Tortues et même du Paleophis appartenant à un groupe de serpents dont les représentants actuels aiment les stations voisines des fleuves et des lieux maréca- geux Quant à la formation du calcaire grossier, c’est donc dans son niveau moyen que nous devrons rechercher les 8 LE NATURALISTE restes des animaux dont nous nous occupons présente- ment. Là nous rencontrons en effet un horizon de formation “mixte désigné sous le nom de « Banc vert », recélant quelques reptiles, beaucoup moins abondants, à vrai dire, que dans les formations étudiées ci-dessus. Ces débris proviennent du genre Crocodilus qui est repré- senté par des dents, les unes cannelées, les autres dé- pourvues de cannelures, et ayant appartenu à des espèces très voisines, sinon identiques, de celles rencontrées dans les sables de Cuise et que Pomel a décrites sous le nom de C. obtusideus et C. heterodus. Au-dessus du calcaire grossier viennent se placer les sables moyens, constituant le sous-étage bartonien (de Barton), dans le niveau supérieur duquel apparaît une nouvelle espèce de Crocodile, dont la connaissance, aux environs de Paris, est due à Hébert : c'est le Crocodilus Rollinati, Laurillard, décrit par Cuvier sous le nom de Crocodile des marnières d'Argenton, dont nous représen- tons une dent (fig. 9). Il s'éloigne, suivant le célèbre ana- tomiste, des autres Crocodiles, pour se rapprocher, par la forme comprimée des dents et la disposition finement serratiforme de leurs bords, principalement du posté- rieur, des dents de Mégalosaure; ici, toutefois, ces or- ganes sont implantés dans de véritables alvéoles, ce qui a toujours lieu pour les vrais crocodiliens. Dans les couches du travertin de Saint-Ouen, forma- tion d’origine lacustre, qui suit immédiatement les sables moyens et prépare à l'apparition de l’imposante forma- tion gypseuse, si riche en ossements, les reptiles sont . Fig. 10. — Epaule de Trionyx du gypse. représentés par des animaux du groupe des Sauriens et par des Chéloniens. Ces derniers nous ont laissé des fragments de grandes carapaces n’ayant pas été jusqu'ici complètement étudiées, lesquelles furent extraites des couches du travertin de Saint-Ouen lors du percement du boulevard Malesherbes dans Paris même. Dans le gypse les reptiles sont représentés par plu- sieurs types remarquables et c'est surtout dans la pre- mière masse, celle du haut, et dans les marnes blanches à Limnea longiscata où marnes de Pantin, qui lui sont subordonnées, que les restes de ces animaux se rencon- trent le plus abondamment. Nous indiquerons d’abord : le Crocodilus parisiensis, Cuv. peu caractérisé, à cause du mauvais état de conser- vation des débris se rapportant à cette espèce, voisine des C. sclerops et lucius, de la faune actuelle; puis Emys Cuvieri ou E, parisiensis, Gray, et Trionyx parisiensis, ou Trionyx des plâtrières, de Cuvier (fig. 10-11). Il faut mentionner aussi dans le gypse les nombreuses traces laissées par les Reptiles pendant leur marche sur la vase molle, et signalées en 1859 par Desnoyers. Ces empreintes, en creux à la face supérieure des bancs et en relief en dessous, sont enduites de cette mince pellicule marneuse que l’on distingue autour des ossements trouvés dans les mêmes couches et dans les empreintes des ani- maux triasiques; elles semblent provenir d’espèces voi- sines des Varans et des Geckos,ainsi que de Salamandres et de Batraciens. Après le gypse les formations qui se succèdent ne nous Fig. 11. — Trionyx du gypse (carapace). révèlent que bien peu de choses quant à l’existence des Reptiles au moment de leur dépôt. En effet, les deux ter- rains d’eau douce, le travertin de la Brie à la base et le travertin de la Beauce au sommet, qui encadrent la puis- sante formation marine des sables supérieurs de Fontai- nebleau, ne contiennent, à notre connaissance, aucun ossement; à peine y trouve-t-on quelques mollusques, Limnées et Planorbes, et quelques plantes, Chara et Nymphæa. Si l'on rencontre quelques indices démontrant l’exis- tence de reptiles, ce n’est qu’à la base de ces sables, dans un calcaire blanc à millioles qui est subordonné aux marnes à huîtres et visible, par exemple, à Villejuif et à Fresnes-lès-Rungis. Ce calcaire a fourni, dans cette der- nière localité, avec Cerithium plicatum etCytherea incras- sata, des ossements de Tortues qui ne semblent pas avoir été l’objet d’études spéciales. D'autre part, et c’est là, croyons:nous, la dernière for- mation de nos environs où nous aurons à signaler la pré- sence de Reptiles, nous citerons un « bombed » qui se trouve à la base d’un dépôt de sable brun rempli de Limnea Brongniarti et de Cyclostoma antiquum, qui sur- montent, à la butte du Tertre, près la Ferté Aleps (S.-et-O.), la masse des sables marins de Fontainebleau. Dans ce banc de sable brun et à sa base, qui semble correspondre stratigraphiquement aux meulières de Montmorency, + OR er ne LE NATURALISTE 9 M. Munier Chalmas a signalé la présence de Crocodiles d'espèces non déterminées, Comme on peut s’en rendre compte par l'examen som- maire qui vient d'être fait des Reptiles rencontrés dans les différentes couches des environs de Paris, il y a trois faits importants à considérer : D'abord lexistence dans la craie blanche de genres qui proviennent de types fort anciens, et dont les uns, les Dinosauriens, ont eu leur apogée pendant cette période crétacée à la fin de laquelle ils s’éteignent pour laisser la place à des types qui s’ache- minent de plus en plus vers les formes actuelles, et qui apparaissent dans le calcaire pisolithique comme c’est le cas pour le Gavial macrorhynque. Ensuite grande richesse en espèces et en nombre dans les couches de l’éocène inférieur : conglomérat ossifère, lignites et sables nummulitiques, richesse qui semble correspondre à la luxuriante végétation qui existait à ces âges et dont on retrouve les traces dans les travertins de Sézanne, l'argile plastique et les grès de Belleu. Enfin diminution graduelle de ces animaux dans les terrains qui viennent ensuite : calcaire grossier, gypse et sables de Fontainebleau ; diminution peut-être plus appa- rente que réelle, par suite des conditions de dépôt des couches plus exclusivement marines et de la fossilisation. Il faut dire cependant que dans le gypse, les traces de pas reconnues laissent soupconner une assez grande variété d'espèces dont on n'a pas, jusqu'ici, rencontré les ossements. Quoi qu'il en soit,nous croyons devoir signaler la coincidence qui existe entre cette diminution des rep- tiles avec les profonds changements qui s'opèrent dans la végétation dès l'époque du calcaire grossier où dans nos environs cette dernière n'est plus représentée que par des types de dimensions très exiguës. P.-A.-H. FRITEL, Attaché au Muséum. EXAMEN DES MŒURS DES ABEILLES AU DOUBLE POINT DE VUE DES MATHÉMATIQUES ET DE LA PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE M. Abraham Netter a présenté tout récemment à l’Académie des Sciences un mémoire sur les mœurs des Abeilles, examinées au double point de vue mathématique et physiologique. L’inté- rêt de cette note nous engage à la publier en entier. Mathématique. — Ce n'est pas seulement dans la construc- tion des rayons et des alvéoles que tout se produit mathémati- quement, mais encore en maintes autres opérations de ces in- sectes : maximum de la récolte dans le moins de temps possible; répartition des ouvrières sur les fleurs proportionnellement au nombre des plantes d’une même espèce; dans les ruches, nombre des ventileuses presque rigoureusement proportionnel à l’aug- mentation journalière du poids du miel; alvéoles operculés seu- lement quand le miel qui s’y trouve ne contient plus que 25 pour 100 d’eau, etc. Dans les faits de cette catégorie, proportions arithmétiques; dans la construction des rayons et des alvéoles, rapports géométriques (1). Physiologie expérimentale. — D'après les entomologistes, quatre des évolutions des Abeilles seraient exécutées intention- nellement; or je crois pouvoir prouverque tous leurs mouve- ments, sans exception, sont de la nature des réflexes. (1) Pour la justesse des constatations ici rapportées, voir la récente étude de M. Gaston Bonnier dans la Grande Revue, 1er août 1900. Evolution des jeunes Abeilles sortant pour la première fois de la ruche et volligeant en arcs de cercle, ayant toujours la tête tournée vers leur habitation. — Un petit fait expérimental enregistré par l'Entomologie donnera tout de suite ici l'explica- tion. On met n’importe quelle Abeille sous une cloche avec du miel à sa disposition; elle cherchera uniquement une issue pour retourner à sa ruche, elle ne touchera pas au miel et se laissera mourir à côté de la nourriture. — Impérieux besoin de revenir à la ruche, cause des arcs de cercle avec la tête toujours tournée du côté de la demeure. Si, durant ces circuits de plus en plus élargis, l’image topographique des alentours se fixe dans le sys- tème nerveux, c'est à l'insu des jeunes Abeilles, Arrivele moment où elles voient les fleurs, elles se poseront sur les plantes et pro- céderont à la récolte le plus rapidement possible. C’est chose admise que cette prodigieuse extension du champ visuel chez les Abeilles provient de centaines de facettes dont se compose l'une des parties de leur appareil oculaire, remarque qui trou- vera plus loin son à-propos. Evolution des ventileuses. — Laruche est si bien calfeutrée que l’air peut seulement s’y renouveler par l’orifice d’entrée; aussi, parmi les 10.000 à 100.000 Abeilles qui vivent dans ce milieu, en est-il que le besoin de respirer pousse vers le dehors, et si là elles agitent les ailes, ce n’est certes pas intentionnellement, pas plus que chez nous, quand, dans les grands froids de l'hiver, marchant dans la rue, nous précipitons nos pas machinalement,. Evolution des nettoyeuses. — Tous les matins, le plancher de la ruche se trouve encombré d'objets de toute sorte, cadavres des Abeilles mortes, ceux des parasites tués la veille, excréments en quantité énorme, etc. Or, les premières Abeilles se heurtent contre ces obstacles, deviennent furieuses, et, s’en prenant aux objets, elles les poussent dehors. Jrritabililé, cause détermi- nante du nettoyage. Evolution des gardiennes. — Ici encore l’irritabilité comme cause déterminante. Les Abeilles se jettent sur tout ce qui remue trop vivement devant elles, et de là la fureur de celles qui se trouvent sur le tablier en voyant arriver brusquement les guépes, les frelons et autres parasites. Quant aux butineuses, revenant de la récolte et d'abord mal accueillies, celles-ci n’ont plus qu'une portion de l'odeur de leur colonie, la plus grande partie s’en étant dissipée à l'air libre. Au surplus, l'automatisme absolu des Abeilles est directement démontré par le résultat expérimental du déplacement de la ruche à quelques mètres seulement de distance. Les butineuses revenant des champs s’accroupissent et s’agglomèrent sur l'em- placement vide, grâce à la perfection de l’image topographique empreinte dans leur centre nerveux, L’Entomologie aurait déjà vu toutes choses ainsi si elle avait accepté l’idée émise en 1883, dans une étude sur les Fourmis, à savoir que, chez les insectes vivant en société, mâles et femelles sontles organes génitaux de la collectivité, tandis que le fonctionnement de l’ensemble des ouvrières est comparable à celui des éléments anatomiques, cellules cérébrales, hépatiques, rénales. Cette comparaison se justifie d'autant plus en ce qui concerne les Abeilles que, dans deux circonstances, elles sont accolées les unes aux autres, lors- qu’elles construisent les rayons et les alvéoles, et aussi au début de la formation des essaims : la grosse grappe en forme de poire est chose connue. L'examen des mœurs des Abeilles, au point de vue de la Phy- siologie expérimentale, soulève les questions suivantes : a. La nuit, dans les ruches, l'obscurité doit être profonde. Est-ce que les Abeilles posséderaient la faculté optique des chats et des chevaux? b. Parmi les animaux inférieurs, le même individu peut, tour à tour, vivre comme aérobie et comme anaérobie. Est-ce que dans les ruches, la nuit, parmi les détritus, il n’y en aurait pas fournissant l'oxygène? Quelles sont là les proportions relatives d'oxygène et d'acide carbonique, le jour et la nuit? ce. Que l'on compose deux dessins : l’un représentant le groupe des alvéoles, l’autre celui des facettes des yeux composés, on verra, de côté et d'autre, des hexagones réguliers, et, d’après M. Pérez, il y aurait dans le centre nerveux l’image d'une mosaique. Est-ce que cette mosaique ne serait pas le plan de la construction des alvéoles ? Quoi qu'il en soit de ces questions, il est, ce me semble, démontré que les Abeilles sont de petites machines vivantes, fonctionnant automatiquement en toutes leurs évolutions. Abraham NETTER. 10 LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES AGLOSTEUM..., IxTyBus MARITIMA PALUSTRE SALVIAEFOIIUS . 1... ALBIDUS. ALBIDUS MonNoPELIANSIS ........ Incanus VITALBA..:. NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Chévrefeuille Macroglossa Bombyleformis O. Noctua brunnea $. V. Polyphænis Pericata Lang. Aplecta Herbida S. V. .|Hadena Satura $. V. — Rectilinea Esp. Lithocampa Ramosa Esp. Xylocampa Lithorhiza Bkh. Plusia Iota L. V. aureum Gn. Urapteryx Sambucaria L. Pericallia Syringaria L. Crocallis Elinguaria L. Boarmia Repandata L. Lobophora Polycommata H. Anticlea Nigrofasciaria Goze. Cidaria Truncata Hufn. Chicoriacées Emydia Grammica L. Cribrum L. Nemeophila Russula L. Plantaginis L. Crateronyx Dumeti L. Aparaphyla Australis B. Dasycampa Rubiginea S. V. Slaudingeri de 'Grasl. Hecatera Dysodea $S. V. Serena S. V, Anthæcia Cardui H. Hæmerasia Renalis H. Plusia Daubei B. Venilia Macularia L. Acidalia Immutata L, Chicorée Agrotis Aquilina S. V. : Obelisca $S. V. Noctua Plecta L. Chondrille Hæmerasia Renalis H. Chrysanthème Camptogramma Fluviata H. Cinéraire Eupithecia Pumilata H. Var. anscillaria B. Cirse Gortyna Flavago $. V. Ciste Ino Micans Frey. Polia Argillaceago H. Cærulescens B. Amphipyra Effusa B. Ephyra Pupillaria H. Rhoptria Asperaria H. Chemerina Caliginearia Rmb. Clématite Thyris Fenestrella Scop. Gnophos Variegata Dup. MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE RE Chenilles Lonicera Juillet, sept., octobre. Avril, mai. Avril. Septembre, octobre. Juillet, août. Juin, juillet. Avril, juin. Avril, mai, Juin, juillet, sept. oct. Avril, mai. Avril, mai, août, sept. Août, Juin, juillet. Avril, août. Mai, juin. Mai, juillet. Avril, mai. Juin. Mars. Mai. Juillet, aout. Mai, août. Juillet, août, Septembre, octobre. Belle saison. Août, septembre. Mars, septembre. Cichorium Avril. Automne, Chondrilla Septembre, octobre. Chrysanthemum Février, mars. Cineraria Septembre à octobre. Cirsium Juillet (tiges). . Cistus Mai. Juin. Décembre, janvier. Avril, Belle saison. Décembre. Avril, mai, Clematis Juillet à septembre. Mai. Papillons Mai, juillet. Juin, juillet. Août, septembre. Juin, juillet. Avril, mai. Mars, avril. Mai à août. Juin, juillet. Mai à août. Juillet, août, Mai, juillet. Février,mars,avril,oct. Mars, avril. Mai à août. Juin, juillet. Juin, août. Juin, juillet. Octobre. Septembre, octobre. Mai, juillet, août. Mai à août, Juillet. Avril, mai, août, sept. Belle saison. Mai, juin. Mai à août. Juillet, août. Juin à septembre. Mai à août. Avril, mai, août, sept. Julletànov.,fév.,mars. Avril, mai, Août, septembre. Juin, juillet. Septembre. Septembre, octobre. Mai, juin. Belle saison. Avril à juin. Janvier à mars. Mai à juillet. Juin, juillet. HABITAT FRANÇAIS Toute la France. France centrale et méridionale. France centrale et septentrion. Indre, montagnes. Hautes-Alpes, Vosges. Digne, Pontarlier. Toute la France. France centr., sept. et orient. Toute la France. France centrale et orientale. Toute la France. Toute la France. Montagnes, France septentr: Toute la France. France méridionale, Toute la France. P yrénées-Orientales. Toute la France, France occidentale. France méridionale. Montpellier. Toute la France. Toute la France. France méridionale. Toute la France. Cannes. France centrale et septentrion. Hyères. France méridionale. France centraleet méridionale. France méridionale. Provence. Toute la France. France centr.,mérid. et orient. PL RP A OU A OR PT RE EE SO ER ER TR RUE EEE ——— EE LE NATURALISTE At UNE CURIEUSE VARIÉTÉ de Goliathus giganteus Depuis quelques années, il est expédié de temps à autre du Congo belge, et notamment du village de Lassay, des Goliathus giganteus, insecte dont le prix élevé le fait rechercher par la plupart des Européens qui s’'avancent dans l'intérieur de cette partie de l'Afrique. On connaît peu les mœurs de cet insecte à l'état larvaire, mais ce qu'on sait, c'est que les indigènes en sont très friands et les mangent cuits, après leur avoir enlevé les ailes et les pattes. C’est après la saison des pluies, c’est-à-dire vers la fin du mois de mai, qu'apparaissentles Goliathus giganteus; on en trouve à peu près partout, sur les routes, sur les branches des hauts arbres, et lorsqu'on en a capturé une certaine quantité, si on les place au soleil dans une boite, on voit beaucoup d'autres individus, attirés probablement par l'odorat, venir voltiger lourdement autour des prison- niers, et on peut de cette facon s’en procurer un cer- tain nombre. Un de mes amis, M. Leroux, chargé par une maison belge d'explorer cette partie du Congo pour y acheter de l'ivoire et du caoutchouc, a pu capturer ainsi plusieurs Goliathus giganteus. Parmi les spécimens de Goliathus giganteus capturés par lui, trois présentent une coloration blanche très curieuse. DESCRIPTION Les trois spécimens capturés sont trois femelles, Les élytres sont d’un beau blanc verdâtre argenté et présentent le velouté du type. Au sommet et à la base de chaque élytre se trouve un point brun velouté presque triangulaire comme chez le Goliathus giganteus et non noir comme chez le Goliathus cacicus. De place en place, sur les élytres, apparaissent de petits dessins bruns irréguliers. Cette variété se trouve avec le type, mais beaucoup plus rarement. C'est la première fois du reste, à ma connais- sance, que J'entends parler de cette capture. Les dessins du corselet sont noirs et blancs. Paul NOEL, DES CAS D'ALBINISME ET DE MÉLANISME .CHEZ NOS OISEAUX On sait que l’albinisme et le mélanisme sont des cas de dévia- tion accidentelle dans le plumage des oiseaux et qu'ils peuvent se produire chez des sujets en liberté ou en captivité; mais ces cas ont été rarement observés chez de jeunes oiseaux et se pré- sentent généralement chez les adultes. Dans l’albinieme le plu- mage commence par être semé de quelques plumes isabelles qui augmentent avec l’âge; l’oiseau devient ainsi successivement d'une teinte isabelle, puis entièrement blanc, Il en est de méme pour les cas de mélanisme : le plumage est d'abord d’une teinte brune qui devient ensuite plus ou moins noire. Les cas d’albinisme ont été surtout constatés chez certaines espèces : les Pies, les Geais, les Grives, les Merles, les Alouettes, les Moineaux. Dans mes chasses j'ai tué autrefois une Alouette des champs entièrement blanche et j’ai reçu d’un parent un Moi- neau blanc qu’il avait tué dans son jardin près du Trocadéro, à Paris. Le Muséum de Bordeaux possède dans sa collection ré- gionale une série de nombreux cas d’albinisme; les plus remar- quables sont les suivants : Pie commune, entièrement blanche à l'exception du plastron qui est brun. Geai blanc, tué dans les environs de Bordeaux. Merle commun........... 4 blanc Merle Draineh. 0... — Merle Mauvis .....:....:.. — Hirondelle de fenêtre..... : - PimsSontcommun. 2... te — Juinottes. 15. Res SR _ Alouette des champs ...... nn Bruant proyer......... variété isabelle Bruant des roseaux.... — Bipitides prés... — Traquet Motteux ...., : = Le Merle blanc n’est pas aussi rare qu'on pourrait le suppo- ser; beaucoup de nos Musées en possèdent des sujets dont le plumage est isabelle ou maculé de blanc; les sujets entièrement blancs sont plus rares. Les cas de mélanisme sont moins communs que ceux d'albinisme et ont été surtout constatés chez les oiseaux en captivité. On peut obtenir des Bouvreuils noirs en renfermant ces oiseaux dans un local peu éclairé et en les nourrissant exclusivement de chanvre; les brillantes couleurs de leur plumage disparaissent à chaque mue et ces oiseaux deviennent en quelques années entiè- rement noirs. Mais c'est surtout le plumage des oiseaux exotiques qui se modifie en captivité; on sait que dans ces conditions l’Ignicolore perd sa brillante livrée rouge qui est remplacée par une teinte orangée. Albert GRANGER, LES LIS & LES FAUX LIS Les gens du monde appellent lis une quantité de fleurs qui n’en sont pas, sous prétexte que la corolle est plus ou moins en cornet, plus où moins ouverte du bout. N'appelle-t-on pas le nénufar blanc, Nymphæu alba, le lis des étangs? On y est tellement habitué, que cela n'a pas d'importance : tout le monde sait ici ce que parler veut dire. Mais la confusion acquiert plus d'importance et pourrait même parfois aboutir à de fâcheuses consé- quences quand il s’agit d’autres plantes voisines du bis, tant dans la famille des Liliacées que dans les autres familles voisines, telles que les Asparaginées, les Ama- ryllidées et les Iridées. À ce propos, que de personnes confondent les lis et les Amaryllis, par exemple, et réci- proquement, ce qui est encore pis! . Et cependant, rien de plus simple au fond, je dirai même rien de plus enfantin, que ces divisions de mono- cotylédonées en familles bien distinctes. Ainsi, entre les 4 familles citées plus haut, on a la graduation suivante : 4. Ovaire dans la corolle où enveloppe florale; Lilia- cées si le fruit est sec, et Asparaginées si le fruit est charnu, 2. Ovaire sous le périanthe : Amaryllidées s’il y à 6 étamines, et Iridées s'il y en a 3 seulement, Dans ce dernier cas, l'enveloppe florale présente véritablement une distinction bien marquée, entre les trois divisions internes et les trois extérieures : on dirait des étamines pétaloïides! Au fond, tout dépend de la position de 12 LE NATURALISTE l'ovaire, qui est infère chez les Amaryllidées et supère chez les Liliacées. Un lis à ovaire infère n’est donc sûrement pas un véritable lis, mais fait partie de la famille des Amaryllis. Cependant on a été jusqu'à appeler lis bleu une Iridée remarquable, l’Iris xy- phoides, ou le lis d’Espagne; ses fleurs, d’un bleu d'azur, présentent des variétés. violettes et blanches, variant beaucoup de couleur sous l'influence de la cul- ture. Nous citerons encore pour la forme le lis des vallées, qui est plutôt un jeu de mots fait sur son nom de Con- vallaria, le pauvre petit muguet, qui ressemble bien plus à une clochette qu'à un cornet en entonnoir plus ou moins évasé comme le lis ordinaire. Sa bonne odeur et sa couleur sont à peu près tout ce qui a pu le faire comparer au lis blanc! Malgré le petit nombre des espèces de leurs genres, les Asparaginées sont très intéressantes, parce que ces genres précisément sont caractéristiques et bien distincts les uns des autres. On ne confondra pas le Muguet avec le Maïanthemum, qui est relativement rare ; ni l’asperge avec la Parisette, qui n’a rien de commun avec elle, du moins si l’on ne s’en tient qu'aux apparences; ni le petit houx avec le sceau de Salomon! On le voit, les Aspara- ginées sont des plantes de nos bois montueux, à l'ex- ception de l’asperge cultivée, qui se plait à l’état sau- vage dans les terrains sablonneux. La plupart des es- pèces sauvages du genre Asparage sont munies d'é- pines, comme le petit houx. Quel souvenir, quand on arrive à un certain âge, de se rappeler les circonstances où on à vu, pour la première fois, telle ou telle espèce de plante, dans tel bois, dans tel pays, sur telle montagne; mais, hélas! combien de gais compagnons ont disparu depuis 50 ans! Comment la Parisette, Paris quadrifolia, où tout se compte par quatre, peut-elle être de la même famille que l’asperge par exemple ? Voilà qui stupéfiie les non-initiés; surtout quand ils voient le nombre 3 jouer un si grand rôle dans les familles des plantes monocotylédones. Naturellement, c'est dans la famille des Liliacées que nous trouvons les véritables lis, du genre Lilium. Il y en a deux groupes : les uns ont les divisions du périanthe complètement renversées en dehors; les autres ressem- blent au Lilium candidum, et ils ont la corolle en cornet évasé. Au premier groupe appartient le lis Martagon, qui se rencontre au sommet des pentes du Mont-Dore, en Auvergne, où nous en avons trouvé beaucoup, il y a vingt ans. Le lis tigré de la Chine, que tout le monde connait, en fait également partie. Citons encore le lis à bulbilles, cultivé dans les jardins de nos campagnes, qui se répand jusque dans les bois des collines voisines, le Lilium bulbiferum. À Paris, on voit chez les fleuristes les magnifiques corolles du lis blanc du Japon, avec d’autres remarquables espèces de ce pays; notamment le splendide Lilium auratum avec sa longue ligne d’or sur chacune des trois divisions internes du périanthe. On arrive à obtenir des pieds de 5 et 7 flèurs, et plus encore. C’est ce qui nous fait donner la palme à cette belle espèce, le lis à ligne d’or sur un fond blanc. Quelles grandes fleurs ont ces deux espèces japo- naises! La famille des Liliacées nous fournit des Hémé- rocalles à odeur suave, telles que l’'Hémérocalle du Japon à fleur blanche, espèce de Funkia, et les Héméro- calles à fleur fauve, dont la première porte encore le nom de lis jaune ou lis Asphodèle, De même le lis de Saint-Bruno ou lis des Allobroges se rencontre dans les montagnes du Dauphiné et de la Savoie; mais ce ne sont pas des Lilhum,ce sont seulement des Liliacées (Antheri- cum liliastrum). Dans la famille des Amaryllidées, nous relevons le lis Saint-Jacques, Amaryllis formosissima, où reine de beauté; sa fleur est d’un rouge velouté, On y trouve encore le lis jaune d'or, le Lycoris ou Amaryllis aurea. Enfin le lis Mathiole, Pancratium maritimum, avec sa jolie collerette en couronne,à fleurons découpés, d’où partent les étamines, qui avortent parfois. Tel est aussi le Pancratium, que les fleuristes appellent l’Amaryllis du Japon, aux larges divisions du périanthe, qui est d'un blanc pur. Le lis des Incas est l'Alstræmeria pelegrina, originaire du Pérou. Rien n'empécherait de multiplier indéfini- mént le nombre de ces faux lys; par exemple, en appe- lant lis du Chili l'Alstræmeria versicolor à périanthe jaune tacheté de pourpre, et lis perroquet l’Alstræmeria psittacina du Mexique, à fleurs d’un rouge rosé dans le bas, vertes et tachées de violet foncé dans le haut, avec un peu de bonne volonté, les jardiniers multiplieraient ainsi indéfiniment le nombre de ces lis d’à côté, qui sont de la famille des Amarryllidées. Les mots lis, lilium, liacées, etc., viennent du gau- lois li, blanc, répété deux fois, lili, blanc blanc, blanc sur blanc; d'où l’y finale de lis, en vieux français, qui se prononce fleur de lé et indique une élision, de lili, Amaryllis vient du gallo-germanique am-ar-ill-is, qui veut dire Dame ou Seigneuresse (is au féminin et os ou es au masculin), ill, céleste, am la plus, ar élevée. Ama- ryllis était une nymphe dont le nom signifiait Dame la plus élevée du ciel, ou mieux : Dame céleste des plus élevées ou du plus haut rang, divine dame du plus haut rang. L'y du milieu de ce nom vient d'opxpvosew, briller en grec, où l’u est remplacé par un y en français; mais le mot grec lui-même dérive de loriental am-ar-us, éclat le plus grand, splendeur la plus brillante. Que l’on parte du grec directement ou de l'oriental, ou même du germanique gaulois, on arrive toujours au même résul- tat, brillant d’un pur éclat (céleste, divin) dans les ré- gions les plus élevées, ou au degré le plus élevé, peu importe au fond. Alstræmeria, du nom dunaturaliste suédois Alstræmer, veut dire al-strom, céleste tourbillon; comme nom d'homme cela revient à dire : impétueux par la grâce de Dieu, orage céleste, foudre divine. La finale er équi- vaut à her, seigneur en germanique, seigneur divin tour- billon. D'2B; CONCOURS POUR L'ÉTUDE DES INSECTES OÙ VERS DES LIVRES La Société entomologique de France annonce qu’au cours du Congrès international des bibliothécaires, tenu à Paris les 20, 21, 22 et 23 août 1900, il à été institué, par un donateur qui désire garder l’incognito, deux prix : l’un de 1.000 francs, l’autre de 500 francs, destinés à récompenser les deux meilleurs mé- moires relatifs aux vers et aux insectes qui détruisent les livres. Un second donateur, qui veut également conserver l’ano- nymat, a fondé un prix unique de 1.000 francs à décerner à l'étude la plus sérieuse présentée sur le même sujet, mais dans LE NATURALISTE 13 laquelle l’auteur se sera plus spécialement occupé des vers ou insectes qui s’attaquent aux reliures des volumes. Après entente avec les fondateurs, la Commission du Congrès des bibliothécaires a arrêté ainsi qu’il suit les conditions du concours : I. — Un premier prix de 1.000 francs£et un second prix de 500 francs seront décernés aux deux meilleurs mémoires présen- tés sur ce sujet : « Etudier d’une façon scientifique les vers’ou insectes qui s’attaquent aux livres ; déterminer leurs genres et leurs espèces ; décrire leurs modes de propagation, leurs mœurs, leurs ravages; définir les matières dont ils se nourrissent, celles qui les attirent, celles qui les font fuir ou les font périr; indiquer les meilleurs moyens à employer pour les détruire et les chasser quand ils ont envahi une bibliothèque, pour préserver de leur invasion les bibliothèques encore indemnes. » II. — Un prix unique de 1.000 francs sera décerné, à la même époque et dans les même conditions, à un autre mémoire sur le même sujet, mais avec cette différence toutefois que le mémoire qui pourra être récompensé par ce prix sera Consacré à l'étude des vers et insectes qui s’attaquent plus particulièrement à la reliure des livres. II. — Les mémoires devront être adressés, avant le 31 dé- cembre 1901, au Secrétaire général du Congrès des bibliothé- caires. < IV. — Si les mémoires présentés à la date du 31 décembre ne semblent pas au jury d’un mérite suffisant pour obtenir les récompenses offertes, le concours sera prorogé au 31 décembre 1902. Si à cette date encore aucun mémoire digne d'être récom- pensé n'avait été présenté, le concours serait prorogé une se- conde fois jusqu’au 31 décembre 1903; mais après ces deux prorogations le concours serait annulé. V. — Ilest bien entendu que le désir des donateurs n’est pas de faire attribuer une récompense aux personnes qui enverraient simplement des formules et recettes, ou qui signaleraient des moyens empiriques généraux pour détruire les insectes et les vers ou les éloigner des livres. VI. — Les manuscrits envoyés ne seront pas rendus. Les mémoires, ainsi que les demandes de renseignements, doivent être adressés à M. Henri Martin, Secrétaire général du Congrès des bibliothécaires, à la bibliothèque de l’Arsenal, rue de Sully, 1, à Paris. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 3 décembre 1900. Perméabilité de la paroi extérieure de l'invertébré marin, nontseulement à l'eau, mais encore aux sels (M. R. Quinton). La paroi extérieure de l’invertébré marin est perméable, non seulement à l’eau, mais encore aux sels. L'invertébré marin élevé, fermé anatomiquement au milieu extérieur, lui est donc osmoti- quement ouvert. Par osmose, au point de vue minéral, son mi- lieu intérieur est le milieu marin lui-même, ce dont témoigne, par ailleurs, l’analyse chimique directe, L’invertébré marin élevé reste donc physiologiquement ce qu'est anatomiquement l’inver- tébré marin inférieur (Spongiaire, Cœlentéré) : une colonie de cellules marines. Examen chimique etminéralogique de la météorite de Lançon (M. Stanislas Meunier). Le 20 juin 1897, à 8 h. 30 du soir, on fut témoin à Lançon (Bouches-du-Rhône) des phénomènes sonores et lumineux qui accompagnent d’une manière si constante l’arrivée de masses météoriques sur la terre. La roche est d’un gris de cendre clair, qui contraste avec le noir profond de l'écorce dont elle s’est revêtue pendant son trajet atmosphérique; on y voit des lignes noires, qui ne sont que la section de surfaces de ruptures et de frottement qui traversent la masse dans une direction dominante, avec un parallélisme approximatif. La météorite de Lançon semble, à première vue, appartenir lithologiquement au type Chantonnite, qu’on peut définir en disant qu'il consiste en Au- malile veinée de lignes noires. Il y aurait lieu cependant, à cette occasion, de rechercher quelles sont les limites réciproques de ces deux types Aumalite et Chantonnite, carla question est plus intéressante qu’on ne le croirait d'abord, Il arrive, en effet, que la veine noire n’est pas parfaitement définie et qu’on peut tout de suite reconnaitre des veines noires de deux sortes très diffé- rentes : les unes assez diffuses, larges et se fondant plus ou moins dans les régions voisines, et c’est ce que montre la météo, rite de Chantonnay que j'ai choisie naguère comme terme de comparaison ; les autres, au contraire, sous forme de simples lignes si fines et si régulières qu'on les dirait tracées à la plume, et contrastant absolument avec la blancheur des points immédia- ment voisins. Les actions qui ont développé les unes et les autres ne sont pas identiques et l’on pourrait appeler les pre- mières des marbrures,. en conservant aux autres le nom de lignes cosmiques qui leur aété attribué déjà. La vraie Chanton- nite, c'est la roche à marbrures; la métécrite de Lancon ne pré- sente que des lignes cosmiques, et, à ce titre, il faut la classer dans le type Aumalite; et cela montre une fois de plus comment la classification lithologique stricte doit accepter une sorte de tempérament comme conséquence des études d'ordre géolo- gique. Sur quelques applications thérapeutiques de là 1m- mière (M. P.Garnault). Les applications thérapeutiques de la lumière se sont multi- pliées dans ces dernières années, et les résultats obtenus ont été réunis dans l'excellent livre du Dr Gebbardt. L’attention de l'auteur a été particulièrement appelée sur ce sujet par M. Trouvé, qui a préalablement été le premier à cons- tater l'efficacité thérapeutique de l’agent lumineux. Il observa, eneffet, dès 1893, qu'un ouvrier perclus de rhumatismes se trouva complètement guéri à la suite d'un séjour de quarante-huit heures dans le voisinage d’une source de lumière électrique intense, employée à la production des fontaines lumineuses. Il résulte des observations de M. Garnault que la lumière chaude ou froide peut être utilisée, dans un certain nombre d’affections, comme agent local, avec grand avantage, et les xé- sultats obtenus sont dus certainement à son action spécifique. Les affections dans lesquelles elle a été employée avec succès sont : les rhumatismes musculaire et articulaire chroniques, les ulcères variqueux, les angines et les amygdalites, le catarrhe chronique du nez et l’ozène, le catarrhe chronique de l'oreille avec bourdonnements et surdité. Séance du 10 décembre 1900. La quinone, principe actif du venin du Iulus terres- tris (MM. Béuaz et Prisarrx). Le venin du Julus terreslris renferme une quinone et, très vraisemblablement, de la quinone ordinaire, C’est là un fait in- téressant et nouveau, car jusqu'ici on n'a pas signalé de corps analogues produits par les Invertébrés. Tout récemment, M. Bei- jerinck (Arch. néerland. des Sciences exactes el nat., p. 326; 4900) a vu qu’un champignon inférieur, saprophyte des racines de certains arbres, le Sfreptothrix chromogenes de Gasparini, produit, aux dépens des matières organiques du sol, de la qui- none qui, par ses fonctions oxydantes, jouerait un rôle considé- rable dans la formation de l’humus. Il n’est donc pas surprenant que le lulus terrestris, qui se nourrit aussi de détritus végé- taux, puisse élaborer cette substance dans ses glandes cutanées. Quant au rôle physiologique de cette sécrétion, il est encore peu connu; il est vraisemblable d'admettre que, grâce à son odeur pénétrante, elle est capable d'éloigner nombre d’ennemis et de servir ainsi à ces myriapodes comme moyen de défense, Les Echinides et les Gphiures de l'expédition an- tarctique belge (M. R. Koguzer). La comparaison de la faune des Echinides et des Ophiures antarctiques avec les formes arctiques est contraire à la théorie de la bipolarité des faunes. L'étude des autres groupes recueillis par la Belgica fournira-t-elle des résültats analogues? Il serait prématuré de le supposer. En signalant la présence du Crangon antareticus dans les récoltes de la Belgica, M. H. Coutière a fait remarquer que les affinités de cette espèce avec le Cr. fran- ciscanus étaient loin d'apporter une preuve en faveur de la bipo+ larité, comme le croyait Ortmann, le Cr. antarclicus offrant aussi des analogies avec le genre Sclerocrangon et avec les espèces abyssales du genre Pontophilus. Quoi qu'il en soit, il reste acquis que les Echinides et les Ophiures capturées par la Belgica dans les mers antarctiques offrent un facies tout à fait spécial et sans aucune analogie ni avec les formes arctiques et subarctiques, ni avec les formes subantarctiques déjà connues. 14 LE NATURALISTE Séance publique annuelle du 171 décembre 1900. Prix décernés en 1900 pour les sciences naturelles. Prix Desmazières. — Décerné à M. H. Bruchman pour son travail intitulé : « Sur les prothalles et les plantules de plu- sieurs Lycopodes européens et plus particulièrement des Lyco- podium clavalum, annolinum, complanalum et Selago ». I est accompagné d'un cahier manuscrit contenant une étude com- plémentaire sur les proliférations du L. complanatum. Une mention très honorable est accordée à M. G. Istvanfi, professeur à l'Université de Budapest, pour son ouvrage populaire, écrit en langue magyare, sur les Champignons comestibles et vénéreux de la Hongrie, et un volume in-folio de 287 pages, accompagné de 86 planches exécutées en chromolithographie, qui a pour titre : Etudes et Commentaires sur le Code de VEscluse. Ce Code de l'Escluse constitue la plus ancienne collection connue de Champignons peints, et à ce titre il pré- sente un grand intérêt. Prix Montagne. — Un prix de 1.000 francs est attribué à M. Delacroix et un prix de 500 francs à M. A. Boistel. M. G. Delacroix a publié un intéressant travail sur les maladies et les ennemis des Caféiers. L'auteur a réuni, condensé et exposé d'une facon très claire toutes les notions acquises sur ce sujet et apporte de plus une part importante de découvertes personnelles. Il faut citer, en particulier, une étude de l’'Hemileia vastalrix, ce Champignon qui exerce de si grands ravages dans l’une de nos plus importantes cultures coloniales, et un exposé détaillé de la biologie du Cephaleuros virescens, petite Algue qui vit en parasite sur les feuilles du Caféier. M. Boistel a soumis à l'Académie non seulement la Flore des Lichens, ouvrage formant la 21° partie de l'Histoire naturelle de la France, publiée-par la maison Deyrolle, mais un autre manus- crit très étendu dans lequel l’auteur a repris à nouveau toute la classification des Lichens de la Flore française. M. Boistel a appliqué à ces espèces les principes du classement adopté par M. l'abbé Hue pour les lichens exotiques. De plus, lauteur a indiqué avec précision les raisons scientifiques qui militent en faveur de cette classification et qui en justifient l'emploi. Prix Thore. — Ce prix est décerné à M. Seurat pour ses belles recherches sur les larves parasites entomophages des Hyménoptères. L'étude de ces larves est particulièrement inté- ressante, parce qu'elle permet de suivre les dégradations gra- duelles que produisent chez des animaux parasites, d’une part le défaut d'usage ou d’excitation de divers organes, d'autre part la suralimentation de leur existence parasitaire. Prix Savigny. — Non décerné. Prix Da Gama Machado. — Ce prix est partagé entre Mine la comtesse de Linden, de Bonn, et M. Paul Carnot, d’une part; M. Michel Siedlecki et M. Bordas, d’autre part. Mme la comtesse de Linden à envoyé un remarquable mémoire sur une question pouvant se résumer en cette formule : La généalogie des espèces, chez les papillons, est-elle inscrite sur leurs ailes? — M. Paul Carnot a adressé le résultat de ses recher- ches sur le mécanisme de la pigmentation. — M. Michel Siedlecki, de Cracovie, a fourni un mémoire sur ses études ayant trait à la matière spermatique. Les recherches de M. Siedleckiont étendu d’une façon inespérée jusqu’à des organismes unicellulaires, les Sporozoaires, nos connaissances relativement à la fécondation qu'on a pu croire un phénomène propre aux organismes supé- rieurs ou Métazoaires. M. Siedlecki a étudié quatre cas princi- paux : celui des Grégarines (Monocystis ascidia), celui du Coccidium proprium, celui de l'Adelea ovala et celui de la Benedenia oclopiana qui forment en quelque sorte série. Ces animaux sont parasites soit de cellules épithéliales de l'intestin ou des reins, soit des cavités ouvertes d’un assez grand nombre d'Invertébrés et de Vertébrés. M. L. Bordas, chef des travaux pratiques de Zoologie à la Faculté des Sciences de Marseille, a envoyé un travail intitulé : Recherches sur les organes reproducteurs mâles des Coléop- tères (Analomie comparée, Histologie, matière fécondante). Prix Parkinm. — Ce prix est accordé à M. Henri Coupin, notre collaborateur, pour l’ensemble de ses travaux de Physio- logie végétale. L'auteur a étudié expérimentalement les divers phénomènes de la vie des plantes au point de vue du rôle de l'acide carbonique : dans la germination, le gonflement des graines, la formation de la chlorophylle, la respiration. M. Cou- pin a aussi recherché l'influence toxique des principaux compo- sés chimiques sur les végétaux. Prix Gay. — La Commission du prix Gay avait proposé le sujet de concours suivant : « Appliquer à une région de la France, où à une portion de la chaine alpine, l'analyse des cir- constances géologiques qui ont déterminé les conditions actuelles du relief et de l'hydrographie ». Le seul mémoire adressé à l'Académie, celui de M. Maurice Lugeon, professeur à l'Univer- sité de Lausanne et collaborateur de la Carte géologique de France, ne se contente pas de répondre à ce programme; il le dépasse et l’élargit, au point de devenir une théorie générale de la genèse des vallées alpines. L'auteur reconnait, dans le sys- tème hydrographique de la grande chaine, trois sortes d'éléments : à l'amont, des vallées internes, de direction transversale aux grands alignements montagneux; au milieu, des vallées longitu- dinales, parallèles à ces alignements; à la sortie, des vallées transversales, coupant les plis extérieurs à angle droit, comme fait le Rhône entre Martigny et le Léman. Prix Cuvier. — Ce prix est décerné à M. A. Fritsch, pro- fesseur à l'Université de Prague (Bohéme), pour l’ensemble de ses recherches et de ses travaux. Prix Jérôme Ponti. — Ce prix est attribué à MM. P. Gi- rod et E. Massénat, auteurs d’un ouvrage intitulé : Les stations de l'âge du Renne dans les vallées de la Vezère el de la Cor- rèze, avec 110 planches hors texte représentant les instruments, appareils, sculptures et dessins trouvés à Laugerie-Basse. C'est le fruit de trente années de recherches et de fouilles, poursui- vies méthodiquement, capitales pour les études anthropologiques et géologiques en raison de la lumière qu’elles ont jetée sur l'état de civilisation relative, les industries et les produits artis- tiques des races humaines habitant, aux temps préhistoriques, cette région de la France, dont le climat et les animaux se rap- prochaient alors de ceux qui caractérisent aujourd’hui les parties septentrionales de l'Europe. Prix Xechihatchef, — Ce prix a été décerné à M. de Loczy, professeur à l'Université de Budapest. Un des voyages les plus importants qui aient été exécutés dans l'Asie orientale est celui du comte Béla Széchenyi, accompli de 1871 à 1880, à travers les pays situés entre Chang-Haiï d’un côté, le lac Koukou-Nor et Batang de l’autre. Le grand nombre des documents recueillis au cours de ce voyage a nécessité de longues études, de sorte que la publication des résultats définitifs n’a pu commencer qu'en 1893. Cette publication comprend actuellement trois volumes, dans les- quels la part la plus considérable de beaucoup revient ou géo- logue de l'expédition, M. de Loczy. Prix Houllesègue. — Ce prix est décerné à M. Walleraut, pour ses remarquables travaux sur la cristallographie, Programme des prix proposés pour les années 1901-1902-1903-1904. Prix L. La Caze. — L'Académie décernera, dans sa séance publique de l’année 1901, trois prix de dix mille francs chacun aux ouvrages où mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie, de la Physique et de la Chimie. Prix Delesse. — Mn: Vve Delesse a fait don à l’Académie d'une somme de vingl mille francs, destinée par elle à la fon- dation d’un prix qui sera décerné {ous les deux ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou élranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Le prix Delesse, dont la valeur est de quatorze cents francs, sera décerné dans la séance publique de l’année 1901. Prix Fontannes. — Ce prix sera décerné, {ous les trois ans, à l'auleur de la meilleure publicalion paléontologique. L'Académie décernera le prix Fontannes en 1902. Le prix est de deux mille francs. Prix Gay. — Ce prix sera distribué en 1901. La question suivante est mise au concours : Faire connaître la distribution des plantes alpines dans les grands massifs montagneux de l'ancien monde. Indiquer les régions où se trouvent réunies le plus grand nombre d'espèces du même groupe. Etablir la diminution graduelle de l'impor- lance de chacun de ces groupes dans les autres régions. Re- LE NATURALISTE 15 chercher les causes anciennes ou actuelles susceplibles d'expli- quer, dans une cerlaine mesure, la répartilion de ces plantes alpines. Ce prix est de deux mille cinq cents francs. Pour l'année 1902 la question mise au concours est la suivante: Progrès réalisés au xix° siècle dans l'étude et la représentation des terrains. Ce prix est de deux mille cinq cents francs. Prix Bordin. — L'Académie rappelle qu'elle a mis au con- cours, pour l’année 1901, la question suivante : Efudier l’in- fluence des conditions extérieures sur le proloplasma el le noyau chez les végélaux. Ce prix est de {rois mille francs. Prix Desmazières. — Ce prix annuel, d'une valeur de seize cents francs, sera décerné « à l’auteur, français ou élran- € ger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié dans le courant « de l’année précédente, sur tout ou partie de la Cryptogamie ». Prix Montagne.— Par testament en date du 11 octobre 1862, M. Jean-François-Camille Montagne, membre de l'Institut, à légué à l’Académie des Sciences la totalité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année un ou deux prix, au choix de la Section de Botanique. L'Académie décernera, s’il y a lieu, dans sa séance publique de 1901, les prix Montagne, qui seront ou pourront être, l’un de mille francs, l'autre de cinq cents francs, aux auteurs de travanx importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le développement ou la description des Crypto- games inférieurs (Thallophytes et Muscinées). Les concurrents devront être Français ou naluralisés Français. Prix de la Fons Melicoeq.— Ce prix est décerné « lous Les « trois ans au meilleur ouvrage de Botanique sur le nord de lu « France, c’est-à-dire sur les déparlements du Nord, du Pas-de- « Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise el de l'Aisne.» Ce prix, dont la valeur est de neuf cents francs, sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de 1901. Prix Thore. — Ce prix sera décerné en 1901 au meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe. Grand prix des seiences physiques. — L'Académie rappelle qu’elle a mis au concours pour l'année 1901 la question suivante : Etudier la biologie des Nématoiles libres d'eau douce el humicoles et plus particulièrement les formes el conditions de leur reproduction. Ce prix est de {rois mille francs. Prix Savigny, fondé par Mile Letellier. — « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l’honneur, je lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César « Le Lorgne de Savigny, ancien membre de l'Institut d'Egypte « et de l'Institut de France, pour l'intérêt de cette somme de « vingl mille francs être employé à aider les jeunes zoologistes « voyageurs qui ne recevront pas de subvention du Gouverne- « ment et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans « vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » Le prix est de /reize cents francs. CINE Prix Da Gama Machado. — L'Académie décernera, {ous les trois ans, le prix da Gama Machado aux meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système tégumen- taire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Le prix est de douze cents francs. Il sera décerné, s'il y a beu, en 1903. Prix Serres. — Ce prix triennal «sur l'Embryologie géné- « rale appliquée autant que possible à la Physiologie el à la « Médecine » sera décerné en 1902 par l'Académie au meilleur ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question. Le prix est de sepl mille cinq cents francs. Prix Parkin. — Ce prix lriennat est destiné à récompenser des recherches sur les sujets suivants : 19 « Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes « et plus particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide «€ carbonique, dans le choléra, les différentes formes de fièvre et « autres maladies » ; - « 20 Sur les effets de l’action volcanique dans la production de « maladies épidémiques dansle monde animal et le monde végétal, « et dans celle des ouragans et des perturbations atmosphériques « anormales. » Le prix est de érois mille quatre cents francs. Les recherches devront être écrites en français, en allemand ou en italien. Prix Pourat.— (Question proposée pour l’année 1902.) La question mise au concours pour le prix Pourat, en 1902, est la suivante : Efude comparative du mécanisme de la respiration chez les Mammifères. Le prix est de quatorze cents francs. Prix Philipeaux. — Ce prix annuel de Physiologie expé- rimentale, de la valeur de huil cent qualre-vingl-dix francs, sera décerné en 1901. Prix Cuvier. — Ce prix est décerné lous les trois ans à l'ouvrage le plus remarquable, soit sur le Règne animal, soit sur la Géologie. L'Académie annonce qu’elle décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance publique annuelle de 1903, à l'ouvrage qui remplira les conditions du concours, et qui aura paru depuis le 1‘ janvier 1901 jusqu'au 1° Juin 1903, Le prix est de quinze cents francs. Prix Vaillané— (Question proposée pour l’année 1902.) L'Aca- démie a décidé que le prix fondé par M.le Maréchal Vaillant serait décerné lous les deux ans. Elle à mis au concours, pour l'année 1902, la question suivante : Etude de la faune d'une île añtarclique de l'océan Indien. Le prix est de quatre mille francs. Prix Wilde. — M. Henry Wilde à fait donation à l'Acadé- mie des Sciences d'une somme de cent lrenle-sepl mille cinq cents francs, qui a élécouvertie en rente 3 0/0 sur l'Etat français. Les arrérages de ladite rente sont consacrés à la fondation à perpétuité d'un priæ annuel de quatre mille francs, qui porte le nom de Prix Wilde. Ce prix est décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans distinction de nationalité, à la per- sonne dont la découverte ou l’ouvrage sur l'As{ronomie, la Phy- sique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la Mécanique expérimentale aura été jugé par l’Académie le plus digne de récompense, soit que cette découverte ou cet ouvrage àit été fait dans l'année même, soit qu'il remonte à une autre année anté- rieure ou postérieure à la donation. Prix Petit d'Ormoy. — L'Académie a décidé que, sur lés fonds produits par le legs Petit d'Ormoy, elle décernera {ous les deux ans un prix de dix mille francs pour les Sciences mathé- matiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs pour les Sciences. Prix Leconte. — Ce prix, d'une valeur de cinquante mille francs, doit êtredonné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité : 1° aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques, Physique, Chimie, His- toire naturelle, Sciences médicales; 20 aux auteurs d’applica- tions nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. L'Académie décernera le prix Leconte, s'il y a lieu, dans sa séance annuelle de 1901. Prix Tchihatehef. — M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille francs. Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit : « Les « intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement «une récompense ou un encouragement aux naturalistes de « toule nationalilé qui se seront le plus distingués dans l’explo- « ration du continent asiatique (ou iles limitrophes), notamment « des régions les moins connues et, en conséquence, à l’exclu- « sion des contrées suivantes : Indes britanniques, Sibérie pro- « prement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou « moins explorées. » LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ LES CHAMPIGNONS Les anciens pensaient assez généralement que les champignons étaient produits par la terre sous une influence spéciale du ciel, et Porphyre les appelait les fils des dieux. ù Athénée (Deipnosophistes, livre II, ch. xx) en parle de la manière suivante : « Nicandre rapporte les noms des différents champi- 16 LE NATURALISTE gnons, et, entre autres, ceux des champignons qu'on doit regarder comme mortels : « Les champignons, dit-il, de l'olivier, du grenadier, de l’yeuse, sont des excréments végétaux, ennemis du corps, de même que ceux quisont comme gonflés, visqueux, lourds, car ils causent des étranglements mortels. » Nicandre dit ailleurs : «Si vous arrosez le tronc du figuier après l'avoir couvert de fumier tout autour, il y croitra des champignons innocents. Faites venir de tels champignons ; ruais n’arrachez pas ceux qui viennent sur les racines, courant à la superficie du sol. Vous aurez soin de faire rôtir les champignons amanites. » Dioclès de Caryste, continue Athénée, dit dans son Traité des comestibles salubres que, parmi les légumes champêtres, il faut faire bouillir la betterave, la mauve, la patience, l'ortie, l'arroche, les bulbes, la truffe et les champignons, Eparchide raconte qu'Euripide, étant en voyage dans l'ile d’Icare, fit l’épigramme suivante au sujet d’une mère qui mangea à la campagne des champignons mortels et fut empoisonnée avec ses trois enfants, savoir : deux garcons déjà formés et une fille : TQ rdv ayñparov modov aifépos MALE TÉLVWV Gp’ etdec Totovè Guyart ncooûe ndboc, prépa naobevinnv 1e x6pnyv iooous TE suvalpous èv Tavtd pÉyyEL pLotpadlw pÜLEvOU. « O soleil qui parcours la voute éternelle du ciel, as- tu jämais vu un accident aussi funeste : une jeune fille et ses deux frères ont péri le même malheureux jour! » Diphile écrit que les champignons sont stomachiques, laxatifs, nourrissants, mais difficiles à digérer et fla- tueux, tels que ceux del’ile de Cée; mais, selon lui, il y en a aussi beaucoup qui tuent. Ceux qui sont légers, mollets, un peu friables, paraissent être innocents : tels sont ceux qui croissent au pied des ormes et des pins; mais on regarde comme malfaisants les champi- gnons livides, noirs, durs, et ceux qui, après avoir été bouillis et serrés quelque temps, sont comme coagulés ; tous ces champignons tuent, si l’on en mange. On emploiera contre leurs mauvais effets une potion d'hydromel ou d’oxymel, du nitre et du vinaigre ; mais, de quelque manière que ce soit, il faut vomir après avoir pris ces breuvages. Ainsi, les champignons doivent être apprètés surtout avec du vinaigre, de l’hydromel, de l’'oxymel, ou du miel, ou du sel. On leur ôtera ainsileur qualité strangulatoire. » Malgré la qualité strangulatoire dont il s’agit, les anciens raffolaient de ces cryptogames. Ecoutons Plu- tarque (Préceptes d'hygiène, chap. vi) : « Nous croyons, parce qu'un mets est rare et coùteux, que nous serions bien maladroiïts de ne pas profiter de l’occasion qui nous est offerte de nous en régaler; par exemple, s’il s’agit de tétines de truie, ou de champignons d'Italie, ou de gâteaux de Samos, ou de neige d'Egypte. Cette sotte vanité devient un fumet appétissant qui sou- vent nous pousse à manger des mets vantés et rares. » Au sujet de ces tétines, si appréciées des anciens, voici ce que dit Martial (livre XIII, épigramme xLi1V) : SUMEN Esse putes nondum sumen ; sic ubere largo Effluit, et vivo lacte papilla tumet! LA TÉTINE « Tu croirais plutôt boire que manger cette tétine, tant le lait jaillit frais et abondant de ces mamelles rebon- dies! » Macrobe, dans ses Saturnales, nous donne un de ces faits-divers dont les journaux sont si prodigues aujour- d'hui : le compte-rendu d'un repas donné dans une cir- constance solennelle et le menu complet de ce repas; les tétines de truie y figurent aussi; il fut donné pour la réception (le sacre) d’un pontife, par ses collègues, et est extrait par l’auteur du quatrième Index du grand pon- tife Metellus : « Le 9 des kalendes de septembre, jour de l'inaugura- tion de Lentulus comme flamine de Mars, la maison fut décorée, et des lits d'ivoire furent dressés dans les tricli- mia. Dans les deux premières salles étaient les pontifes Q. Catulus, M. Lepidus, D. Silanus, C. Cæsar, roi des sacrifices, P. Scævola Sextus, Q. Cornelius, P. Volum- nus, P. Albinovalus et L. Julius Cæsar, augure, qui fit la cérémonie de l'inauguration de Lentulus. « La troisième salle reçut les vestales Popilia, Per- pennia, Litilia, Coruntia, Publicia, épouse du flamine Lentulus, et sa belle-mère Sempronia, « Le repas fut ainsi composé : « Pour entrée : hérisson de mer, huîtres crues à dis- crétion (quantum vellent), palourdes, spandyles, grives, asperges; poule grasse et, en dessous, pâté d’huîtres et de palourdes ; glands de mer noirs et blancs ; encore des spondyles, glycomarides, orties de mer, becfigues, filets de chevreuil et de sanglier, volailles grasses saupoudrées de farine, murex et pourpres. Pour le repas : tétines de truies, hure de sanglier, pâté de poisson, pâté de fétines de truies, canards, sarcelles bouillies, lièvres, volailles rôties, pains du Picenum.. » Pour en revenir à nos champignons, écoutons encore Martial : ‘ BOLETI Argentum atque aurum facile est, lænamque, togamque Mittere : boletos mittere difficile est. (Lib. XIII, epig. xzvur.) « Envoyer de l'argent, de l’or, une cape, une toge, est facile; mais envoyer des champignons, c'est autre chose. » Il a aussi consacré une épigramme à ceux que la gour- mandise pousse à braver la mort pour satisfaire leur amour des bons plats : AD CÆCILIANUM Dic mihi, quis furor est? Turbä spectante vocatä, Solus boletos, Cæciliane, voras. Quid dignum tanto tibi ventre gulaque precabor ? Boletum, qualem Claudius edit, edas! (Lib. I, epigr. xx.) A CÉCILIANUS « Dis-moi, quel est donc cette fureur? En présence des nombreux convives que tu as invités, Cécilianus, tu dévores seul un plat de champignons. Que puis-je sou- haiter qui soit digne de ton gros ventre et de ta goinfre- rie?.. Que tu avales un champignon pareil à celui que mangea Claude! » (A suivre.) E. SANTINI DE. RIOLS. Le Gérant: PAuz GROULT. CE PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. ANNÉE ë 2e SÉRIE — N° 33233 15 JANVIER 1901 MICROLÉPIDOPTÈRES DU SILENE NUTANS z. Tout naturaliste connait bien ce Silene à feuilles radi- ‘cales en rosette et spatulées, qui émet des tiges dressées ‘ou ascendantes, de 3 à 6 décimètres, donnant des fleurs blanchâtres, parfois teintées de rose ou légèrement ver- dâtres, disposées en paniculesterminales et penchées avant la floraison. - On le rencontre à peu près partout, sur le bord des chemins, ies talus, les lieux arides, les rochers même. Il pousse parfois dans le voisinage d’autres plantes plus grandes qui le couvrent un peu de leur ombre ; mais, le plus généralement, c’est lui qui dépasse ses voisines plus humbles et les domine de ses panicules fleuries, ‘étalées non sans grâce. Mais, qu'il croisse, soit dans des endroits quelque peu abrités ou frais, soit dans des lieux secs et brülés du soleil, ce Silene, si nous nous donnons la peine d'examiner, en temps propice, ses diverses par- ties : les pousses, les feuilles, les tiges, les graines, nous offrira plusieurs espèces intéressantes de microlépidop- tères que je me propose de passer ici rapidement en revue, Une remarque assez curieuse est à faire tout d’abord. Dans la liste que j'ai dressée des chenilles de microlé- pidoptères qui ont été observées sur les Silene en géné- ral, et de laquelle ont été éliminées les espèces réelle- ment polyphages, je ne vois que des Tineina, et ces Tineina appartiennent en majeure partie aux genres Lita et Coleophora (1). Le Silene nutans nourrit deux chenilles de Lita, qui lui paraissent spéciales : l’une, qui est d’un jaune clair, avec tête ‘et écusson noirs, vit dans les pousses d’abord, puis parmi les feuilles reliées par des soies, est à taille en mai, et donne son papillon en juin. C'est la Lita tischeriella Z., bien connue, commune à peu près partout, autour de Paris et dans le Midi. L'autre, d’un verdâtre sombre, avec la tête jaune brun, l’écusson marqué de deux tâches noirâtres, et les ver- ruqueux à peine indiqués, vit en juin dans la tige, dans une sorte de renflement ou boursouflure en forme de galle, et donne son papillon en juillet. C’est la Lita cau- ligenella Schmid (2). (1) Sur les quinze espèces de Tineina que nourrissent les Silene, on compte 1 Bryophaga, 1 Lita, 1 Nannodia et 6 Coleo- phora. On cite en outre un Ptérophore : le Mimæseoptilus pla- giodactylus. (2) La Lita cauligenella n’est pes la seule Lifa qui vive dans les tiges des Silene. À La Grave (Hautes-Alpes), j’en ai observé une autre espèce dont le papillon est différent de Cauligenella et dont la chenille vit dans la tige du Silene inflata Sm. Cette chenille est d’un blanc verdâtre pâle avec le premier segment entièrement brun-rougeâtre ; verruqueux très petits et noirs, poils blonds ; tête et écusson noirâtres, organes buccaux brun ferrugineux ; clapet et pattes écailleuses brun clair. Elle vit dans les pousses ou dans les feuilles qu'elle mine et pénètre dans la tige sans toutefois occasionner de renflement sensible. Parfois, elle s’introduit dans la tige à l’aisselle des feuilles. Sa présence est décelée par la flétrissure du sommet des tiges et par ses excréments jaunûtres qui sont rejetés extérieurement en haut de la place minée par la chenille. Il est donc facile de la distin- guer de sa congénère Lita behenella Cst. qui vit en même temps sur la même plante, mais non de la même façon. Cette dernière, en effet, ne pénètre pas dans les tiges, elle reste dans la pousse dont elle mange les jeunes feuilles et surtout les jeunes boutons Le Naturalisle, 46, rue du Rac, Paris. Dans les feuilles du Silene nutans, nous trouverons encore une mineuse d’un autre genre : la chenille de Nannodia Eppelsheimi Stgr. Cette chenille est de la forme et de la grosseur de celle de Nannodia hermannella F. qui, ainsi que le Nan- nodia stipella Hb., vit dans les feuilles de Chenopodium. Elle est d’un vert blanchâtre et présente, lorsqu’elle est à toute taille, une large bande rose transverse sur le dos de chaque segment, et sur laquelle les verruqueux se détachent en blanc. Cette bande est interrompue de chaque côté vers la région stigmatale, où elle forme alors deux taches arrondies superposées.. Tête brun pâle, écusson blond, taché de rose de chaque côté, clapet blond; pattes écailleuses brunes et très courtes, mem- braneuses, à colonne longue et très grêle; stigmates indistincts. Cette chenille vit au printemps et en automne dans les feuilles du Silene nutans, en faisant des mines blanches et boursouflées, et d’où elle sort pour descendre à terre et se façonner un petit cocon ovoide formé de soie blanchâtre, consistante et revêtue de grains de terre. La chrysalide est courte, épaisse, élargie antérieure- ment, à enveloppes soudées à l’abdomen, et à ptéro- thèques atteignant presque l'extrémité de l'abdomen; elle est recouverte d'une pubescence très courte et clair- semée, faisant l'office des soies à crochets pour retenir la chrysalide aux parois du cocon; segments de l'ab- floraux à peine formés ; en outre, ses excréments sont verdâtres. La première vit un peu plus longtemps que la L. behenella ; à taille, vers la fin de juin ou le commencement de juillet, elle quitte sa tige et descend à terre pour se transformer dans un petit cocon fait de soie et de grains de terre. La chrysalide est brun rougeâtre, lisse au thorax, mais ridée et granuleuse sur l'abdomen ; dernier segment garni surtout en dessous de poils raides assez longs, brun-rougeâtre ; mucron ter- miné par une pointe forte. Le papillon en sort quinze ou vingt jours après, dans le cou- rant de juillet. Il a 14 millimètres d'envergure, ses ailes supé- rieures sont d'un brun noirâtre, traversées obliquement près de la base par une bande blanche souvent peu marquée à la côte et s’élargissant vers le bord interne où elle se confond avec une bande longitudinale blanchâtre, surmontée d’un trait noir, par- semée d’écailles brunes et dont le bout extérieur semble se redresser et former une autre tache blanchâtre arrondie dans le disque cellulaire ; enfin, au delà, se trouvent deux autres taches opposées, l’une à la côte, l’autre au bord interne, blanchätres et séparées par un trait noir ; franges brunes, divisées dans la partie supérieure par une ligne plus sombre, et leur extrémité est gris clair. Ailes inférieures gris soyeux, luisant, à franges brunâtres, plus claires à la base. Antennes, tête et thorax bru- nâtres, front blanchâtre ; 2° article des palpes gris en dessus, brun en dessous, 3° article brun ; abdomen brun. Je crois cette Lita nouvelle et lui donne le nom d’inflatella. Elle est très proche de la L. vicinella Douglas et n’en diffère guère que par une teinte généralement plus sombre et par les empâtements noirs plus étendus qui accompagnent les taches blanches. Il est très regrettable que les premiers états de cette Lila anglaise n'aient pas encore été observés. Dans les « Annales de la Société entomologique de France », 1858, Bruand a bien décrit les mœurs d’une Zelechia de la Coronilla emerus L., qu'il nomme Gelechia vicinella Del par erreur de détermination. L'espèce dé- crite est évidemment la Gel. mamlalella HC. Ce que je viens de dire des premiers états de l’inflatella pouvant mettre sur la voie et aider à découvrir ceux de la vicinella, il sera intéressant de savoir si, entre l'espèce de nos Alpes et celle du littoral anglais, il n'ya de différence bien frappante que l’altitude et le climat. Dans ce genre Lita, les mœurs et la plante nourricière des chenilles ont une importance capitale pour la détermination des espèces, 18 LE NATURALISTE domen un peu renflés au milieu; mucron conique, mutique ou mamelonné et nu. Il en sort un joli petit papillon de 8 à 9 millimètres d'envergure, et dont les ailes supérieures, larges, noires, présentent une bande extrabasilaire, une tache dorsale au milieu de l'aile, et une tache costale après le milieu et atteignant presque le bord interne, jaune d’or, larges et bordées de lignes plombées bleuâtres, blanches par- fois à l’origine, c’est-à-dire à la côte, surtout après la tache costale jaune ; franges brunes, chargées d’écailles noires, et à extrémité blanche. Ailes inférieures et franges brunes; tête, palpes et thorax noirs, antennes annelées de noir et de jaunâtre; abdomen noirâtre. Rare en France, la Nannodia Eppelsheimi n’a été ren- contrée jusqu’à présent que dans deux localités : à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), où j'en ai trouvé, en septembre 1894, plusieurs chenilles qui ont donné leur papillon en avril suivant; et aux environs de Bor- deaux d’où elle a été signalée récemment par M. Brown, dans le Bulletin de la Société Entomologique de France. Au tour maintenant des Coleophora. Nous en avons deux sur les feuilles et une dans les capsules. C’est naturellement au printemps que vivent et sont adultes les premières, dont l’une est connue depuis long- temps : la Colcophora otitæ Z. Son fourreau est long. Dès le mois de mars, on com- mence à le trouver sous les feuilles du Silene nutans qui présentent de petites taches blanches. Il est alors comme un petit tuyau garni extérieurement de grains de sable ou de terre très fins. Il s’allongera peu dans la suite, mais grossira beaucoup, et pour l’amplifier, la chenille le découpera longitudinalement et en rejoindra les morceaux par un tissu soyeux, de sorte qu'à la fin le fourreau paraîtra blanchâtre avec de fines lignes brunes, granuleuses. Ces lignes sont les restes du four- reau primitif, revêtus encore des grains de; sable qui, à la longue, disparaissent presque tous, par suite des ‘ frottements supportés par le fourreau quand la che- nille se déplace. Certains de ces fourreaux ont alors plus de 16 millimètres de longueur. La chenille est allongée, d’un blanc jaunâtre, avec la tête, l’'écusson et le clapet noirs; le deuxième segment porte sur le dos comme un second écusson divisé en quatre taches écailleuses noires, et, en plus, une autre tache noire sur chaque côté; le troisième segment a éga- lement deux taches sur le dos et une de chaque côté; le quatrièmeet lecinquième n’ont généralementqu’un point noir sur le côté, à l'avant du segment. Elle est à taille en mai, et donne son papillon en juillet. L'espèce n’est pas rare dans le Midi. L'autre Coleophora des feuilles est une nouvelle es- pèce que j'ai découverte au mois de mai dernier, danslesenvirons de Saint-Pons-de-Thommières (Hérault). Son fourreau est court et plutôt graniforme que cy- lindrique, c'est-à-dire un peu renflé au milieu; son ex- trémité est trifide. Comme celui de Coleophora otitæ, il est d'abord recouvert de parcelles terreuses, indiquant que la chenille a dû le fabriquer avant l'hiver, et se ca- cher à terre au pied de la plante, en attendant le retour de la belle saison. Il s'élargit de même longitudinale- ment, par des bandes de soie entremêlées de morceaux ou mieux de rognures très ténues de la feuille. Quel- ques-uns de ces fourreaux ont en effet une teinte ver- dâtre très prononcée, surtout en dessous. La chenille est assez allongée, légèrement atténuée en avant, de couleur jaune verdâtre, plus claire en des- sous, avec la tête et le clapet brun clair, l’écusson du premier segment brun en avant, noir en arrière, le deuxième segment avec les quatre taches écailleuses ordinaires sur le dos, petites et noires; les trois pre- miers segments ont, en outre, une tache latérale noi- râtre ; pattes écailleuses blondes. Cette chenille se trans- forme en juin et donne son papillon en juillet. Celui-ci à une envergure de 40 à 12 millimètres. Ses ailes supérieures sont d’un brun jaunâtre, un peu doré avec la côte blanche, une strie médiane longitudinale, partant avant le milieu et atteignant l’apex; trois petites stries obliques entre la côte et la strie médiane, une strie plicale, large vers la base, et atténuée insensible- ment vers le bord interne qu'elle n’atteint pas, égale- ment d’un beau blanc argenté et ponctuées par places de rares écailles noires; franges brunes, ailes infé- rieures et franges brunes. Antennes annelées de noir et de blanc; tête, palpes et thorax gris clair; abdomen gris à extrémité blanche. La teinte générale de cette Coleophora varie en plus clair ou plus foncé. L'espèce fréquente surtout les rochers calcaires. Enfin, la Coleophora des capsules du Silene nutans est la Coleophora nutantella Mühlig. Comme la Coleophora otitæ, elle est connue depuis longtemps. Gartner, en 1868, et Guenée en 1876 (Soc. Ent. Fr.), ont donné de nombreux et bien suffisants détails sur cette chenille qui est courte, blanchâtre, avec une tête petite, noirâtre, écusson et clapets noirs; deuxième segment avec quatre taches noires sur le dos, les trois premiers segments avec une tache latérale noire. Jeune, elle vit dans les capsules, dont elle dévore les graines, puis elle perce la capsule et se fabrique à l'extérieur un fourreau grani- forme, court, un peu renflé au milieu, d’abord blanc et lisse, et devenant ensuite d’un jaune ocracé et granulé. Cette chenille, qui vit aussi sur d’autres caryophyl- lées, parvient à toute sa croissance en juillet-août, et donne son papillon en avril et mai de l’année sui- vante. L'espèce est assez répandue en France, mais je la crois plus commune dans le Centre et l'Ouest qu'ailleurs. En résumé, c’est donc six espèces de Tineina qu'à lui seul le Silene nutans offre à nos investigations, et sur lesquelles quatre au moins semblent lui être exclusive- ment particulières. Deux de ces espèces, la L. Tischeriella et la Nannodia Eppelsheimi, préfèrent, je crois, les Silene nutans des en- droits frais et ombragés; les autres, et principalement la Coleophora calcariella, aiment les Silene bien exposés au soleil. P. CHRÉTIEN. LES BAINS DE LUMIÈRE COLORÉE C’est un fait incontestable que la lumière agit sur notre organisme aussi bien que sur celui des animaux; je ne parle pas des végétaux, qui ne peuvent vivre sans elle. Elle produit manifestement une suractivité fonctionnelle, en même temps qu'elle excite notre système nerveux, soit directement, au travers de la peau, soit par l’inter- médiaire de la vue. Ce dernier cas est beaucoup plus fré- quent qu’on ne le croit généralement : il est certain LE NATURALISTE 19 qu’une chambre tendue de noir n’éveille que des idées tristes, alors que, tapissée de rose, sa vue produit des sensations gaies. Rien ne repose aussi la pensée comme l'aspect d’une belle prairie ou d’un bois verdoyant : aussi dans une grande ville, où les esprits sont toujours plus ou moins échauftés, les parcs ne peuvent avoir qu’une action bienfaisante et calmante; ne serait-ce qu’à ce point de vue, on devrait les multiplier de plus en plus. Ces considérations ont amené depuis quelque temps certains médecins à préconiser les bains de lumière pour le traitement de certaines maladies. Les résultats sont déjà très satisfaisants, notamment en ce qui concerne les lumières colorées. Il est bon de rappeler à ce propos qu'un capitaine anglais — dont le nom m'échappe — était parvenu à accroître énormément l’embonpoint de certains animaux en les faisant vivre continuellement sous l'influence de la lumière violette. De même, on a fait en Amérique des expériences sur des veaux qu’on enfer- mait dans des étables éclairées par des vitres bleues, et l'on a constaté que le poids de leur corps augmentait plus rapidement que dans les conditions normales. Quant à l'influence excitante ou calmante des couleurs sur les animaux, tout le monde sait que le rouge excite le tau- reau et le dindon, tandis que les lunettes à verre bleu foncé ont été souvent employées pour calmer les chevaux emportés. Le comte Schlieffen, seigneur mecklembour- geois, qui s’occupait d'élevage des chevaux, était arrivé, il y a une vingtaine d'années, par ce procédé, à d’excel- lents résultats. Un des premiers psychopathes qui aient tenté de guérir certains états nerveux par la lumière colorée est le D: Donza. Dans une chambre teinte de rouge, et à vitraux rouges, il fit coucher un hypémaniaque qui, depuis longtemps, était sombre, affecté d’un délire taciturne et mangeait rarement de sa propre initiative. Trois heures après son installation dans la chambre, il devint souriant et gai; il demanda même à manger, ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais. Un autre malade, qui demeurait tout le jour les mains crispées contre la bouche pour empêcher, disait-il, l’in- troduction de l'air empoisonné, fut couché dans la chambre rouge. Le lendemain, il se hâta de se lever et de demander son déjeuner, qu'il avala avec une avité surprenante; au bout de quelques jours, il put rentrer chez lui. Un maniaque, très agité et maintenu avec la camisole, fut placé dans la chambre à vitres bleues, et, moins d'une heure après, on le trouva très calme. Un autre aliéné fut couché dans une chambre à vitraux violets; le lendemain, le malade demanda qu'on le ren- voyât chez lui, il se sentait guéri : il est aujourd’hui tou- jours bien portant. D'une facon générale, on peut dire que le rouge excite, alors que le vert produit des effets calmants. M. Dor a pu obtenir des excitations allant jusqu'au vertige chez les neurasthéniques que l’on fait fixer une large surface rouge, alors qu'avec le vert, même très éclairé, ce résultat ne pouvait être obtenu. Chez M. Lumière, à Lyon, qui fabrique une très grande quantité de plaques photographiques, on sait que la fabrication se fait actuellement dans une salle éclairée par la lumière verte. Autrefois, quand les ouvriers tra- vaillaient toute la journée dans une salle éclairée en rouge, ils se mettaient à chanter, à gesticuler.. et à faire la cour aux femmes. Depuis que l’on a mis du vert, ils sont calmes, ne disent pas un mot et, quand ils sortent, ils sont beaucoup moins fatigués: Ce fait est des plus intéressants, car, comme l’a fait remarquer M. Bérillon, il à toute la valeur d’une véritable expérience. Le Dr Raffegean, qui rappelle les faits que nous venons de citer, a fait lui-même, au Vésinet, de nombreuses expériences dont les résultats sont identiques à ceux qui précèdent. Quelques heures passées dans la chambre violette ont toujours amené un effet sédatif, tandis que le séjour prolongé dans la chambre rouge produit invaria- blement de l'excitation. Le Dr Raffegean a essayé l’action de cette dernière couleur sur une jeune fille qui traver- sait une période de semi-mutisme; aujourd'hui, elle parle comme tout le monde et son état est très satis- faisant. Au lieu de lumière colorée, on peut employer de la lumière blanche ordinaire, mais très intense, qui, en outre de son action physiologique sur l'organisme, a l'avantage de faire passer de vie à trépas les microbes qui cherchent à l’envahir. Cette lumière peut provenir soit du soleil, soit de lampes électriques. M. Finsen, qui a étudié longuement la question à Copenhague, emploie comme source lumineuse un are voltaique de 50 à 80 am- pères. Pour exclure les rayons calonfiques, qui seraient insupportables pour la peau, la lumière traverse une couche d’eau colorée au bleu de méthylène, qui ne laisse passer que des rayons bleus et violets. Ces rayons sont concentrés à l’aide de puissantes lentilles en cristal de roche (dont le prix est malheureusement très élevé) et viennent frapper la peau, qui, auparavant, est rendue exsangue par un disque en cristal de roche, qui la com- prime à l'endroit voulu, Cette compression est, en effet, indispensable pour la réussite du traitement, car la ma- tière colorante du sang absorberait en totalité les rayons chimiques et rendrait absolument inefficace tout traite- ment basé sur leur emploi, La force microbicide de cette lumière concentrée est telle qu’il suffit d'y exposer les cultures bactériennes pendant une minute pour obtenir la mort de tous les germes. C'est avec ces appareils puissants que M. Finsen a institué son traitement du lupus vulgaire. Sous l'influence de la lumière chimique, les ulcérations dimi- nuent progressivement, les bords s’aplanissent, la peau reprend sa coloration normale et se cicatrise, Enfin, ce qui est le plus important, l'affection, une fois guérie, ne semble pas récidiver. Une autre maladie parasitaire, la pelade, est suscepti- ble d’êtretraitée par la même méthode et avec non moins de succès. Le traitement photothérapique de cette affec- tion est d'autant plus avantageux pour les malades que les rayons chimiques ont une influence marquée sur le système pileux : les cheveux repoussent en effet d'autant plus vite sur les plaques péladiques que celles-ci ont été plus longtemps exposées à la lumière violette. Pour terminer, il ne nous reste plus qu’à constater, avec M. Marcuse, que les bains de lumière existaient déjà dans l'antiquité et que, par conséquent, il n’y a rien de nouveau — c’est le cas de le dire — sous le soleil. Voici l'analyse de son travail d’après {a Médecine moderne. Il nous paraïîtrait singulier de marcher comme autre- fois le corps nu sur le sable brülant pour apprendre à supporter la chaleur du jour ou d’aller à la neige, la poi- trine découverte, pour s’aguerrir au froid, alors que nous nous dérobons soigneusement aux rayons ardents du 19 © LE NATURALISTE soleil et que nous nous protégeons avec inquiétude contre les intempéries, Lesanciens connaissaient l'influence bien- faisante du soleil sur le corps, et primitivement leurs costumes laissaient une grande partie du corps exposée à l’air et au soleil. Chez les Grecs, les exercices physiques au soleil suivaient les occupations de la vie publique, et l'on ne trouve pas chez eux d'expression particulière pour rendre ce bain de soleil. Les Romains, plus complète- ment habillés, faisaient de ces exercices au soleil une habitude particulière. Pline le Jeune dit de Ventricius Spurina : « Sitôt que l'heure du bain était venue, il allait se promener tout nu au soleil, si l’air était calme, puis jouait longtemps à la balle, » Son oncle, le naturaliste, allait souvent se coucher au soleil en été après le repas, lisait un livre, prenait des notes, puis, après le bain de soleil, se lavait à l'eau'froide, faisait un léger repas et s’en- dormait. Cicéron parle de se promener au soleil et ici le terme so/désignait un lieu ensoleillé, c'était le plussouvent les terrasses des maisons. Plus tard, les maisons étaient pourvues d’un solarium correspondant à peu près à nos balcons et muni d’un grillage pour empêcher les chutes. Habituellement on se couchait tout habillé sur le sol ou sur des matelas, mais parfois aussi on s’exposait nu aux rayons du soleil ; c'étaitle bain sec de soleil, appelé par Platon %Aov xadaoov et par Cicéron et Pline solem assum, pour le distinguer de sol tunctus où l'on s’exposait aux rayons du soleil après s'être oint le corps. Mais le bain de soleil employé comme moyen hygiénique a été égale- ment préconisé comme reméde dans les maladies. Hippocrate parle peu du bain de soleil, de l’héliose, car alors la gymnastique florissante le rendait superflu. Dans son traité des eaux, de l'air et des cieux, il remarque que les hommes qui habitent dans des régions ‘exposées au soleil levant sont plus vifs et plus sanguins; enfin il dési- gne comme un remède l’échauffement parle soleil, Celse recommande aux affaiblis de se promener longtemps au soleil si la tête le. permet, et aux obèses de maigrir en s’'exposant à l’ardeur du soleil. Hérodote assure que « l’héliose — c’est le terme qui servait à désigner l'exposition au soleil — est surtout nécessaire à ceux qui ont besoin de refaire leurs muscles et deles accroître ; mais ceux-ci doivent éviter le ciel gris ou le ciel qui s’assombrit par l'absence de vent. On doit donc éviter l'héliose intempestive en hiver, au printemps et en automne. En été, les sujets faibles doivent l'éviter à cause de la trop forte chaleur. Avant toute région, c'est le dos qu'il faut exposer au soleil et au feu, parce que c'est là que siègent les nerfs de la volonté. Quand ceux- ci sont chauds, tout le corps prend une plus grande vigueur. Mais il faut protéger la tête en la couvrant ». Antyllus, parlant de la manière d'instituer les bains de soleil, dit que la chaleur du soleil, employée avec modé- ration, sans onction, active la transpiration interne, pro- voque la sueur, empêche la corpulence, fortifie les mus- cles, fait disparaître la graisse et diminue les tumeurs molles, comme celles des hydropiques. La respiration est plus rapide, aussi le soleil convient à ceux qui ont la poitrine étroite. Une bonne recommandation est de vider l'intestin, car autrement la chaleur du soleil serait nui- sible à la tête. Quant au bain associé à l’onction du corps, il dessèche davantage, car il rôtit en quelque sorte le corps dans la graisse; aussi la peau brunit-elle, Antyllus dit encore qu'il est très utile de s’exposer au soleil sur une peau de bête pour ceux qui sont hydropiques, souffrant de la sciatique, de maladies des nerfs, d’éléphantiasis, de maladies du bas-ventre ou d’affections chroniques de la vessie; il en est de même pour ceux qui sont paralysés, pour les femmes atteintes d’affections internes. La peau de bête doit être grande, imbibée d'huile et étendue sur une mince couche de sable passé au crible. Quand un des côtés du corps est échauffé, le malade se tourne et se retourne jusqu’à ce que toutes les parties du corps soient également et longuement ensoleillées. Galien cite le passage . d'Hippocrate relatif aux bains de soleil, mais ne parait pas les avoir utilisés. Par contre, Cœlius Aurélianus les recommande contre une foule de maladies, entre autres contre les maladies de la peau et contre la phtiriase; il les prescrit dans les états rachitiques, la polysarcie, l’arthrite, l’anasarque, la leucorrhée et certaines maladies chroniques de la femme. Antyllus prescrivait les bains de soleil contre les maladies constitutionnelles des enfants, qui nous paraissent être aujourd’hui la scrofule et le rachitisme. S'il existe de l'atrophie, les malades doivent être massés au soleil. Dans les paralysies, la sciatique, l'hypocon- drie, l’hystérie extrême, l’épilepsie, les malades s’expo- saient le dos au soleil. Il arrivait ainsi que, dans certains cas, on exposait au soleil ou à la chaleur une région pour la préparer aux frictions. Henri COUPIN. DESTRUCTION DES PARASITES VÉGÉTAUX DU POMMIER L'hiver est la saison pendant laquelle les travaux des champs sont presque entièrement interrompus. La na- ture entière se repose, et les insectes de toutes sortes sommeillent à l'abri du froid, sont enfoncés à plus ou moins de profondeur dans la terre, soit réfugiés sous les écorces d'arbres ou sous les mousses, et les lichens qui recouvrent ces dernières ; mais ne nous réjouissons pas trop vite de la trêve que nous accordent forcément tous les ennemis de l’agriculture, car leur sommeil sera de courte durée, et dès l'apparition des premiers beaux jours ils se réveilleront plus affamés que jamais, et se répandront dans nos vergers et nos récoltes qu'ils rava- geront sans merci. Nous ne saurions trop engager tous les cultivateurs à employer les loisirs que leur laisse la saison d'hiver à nettoyer leurs arbres fruitiers, à les débarrasser avec soin des parasites végétaux qui vivent à leurs dépens et qui, en même temps, servent d’abri à un grand nombre d'insectes et de larves qui périraient certainement si cet abri venait à leur faire défaut. Parmi les parasites et faux parasites végétaux qui vivent fréquemment sur les pommiers et les poiriers, et qu'il y a la plus grande urgence à détruire, nous cite- rons les trois principaux. Ce sont : le gui, les mousses et les lichens. Le gui appartient à la famille des Loranthacées; il végète sur les branches de certains arbres en grosses touffes d’un vert glauque, qui s’apercoivent d'autant plus facilement qu’elles se montrent dans toute leur vigueur à une époque où les arbres sont entièrement dénués de feuilles. LE NATURALISTE 21 Le fruit de cet arbrisseau est une baie de couleur blanche ou jaunâtre, qui renferme une graine de com- position visqueuse, très adhérente, et dont certains o1i- seaux, notamment les grives, sont très friands. Le gui, dont les racines percent l'écorce de l'arbre sur lequel il s'implante, se nourrit aux dépens des tissus de son support, en absorbant la sève qu’il contient, et nuit donc par ce fait au développement de l'arbre. Les bour- relets qui se forment au point où ses racines pénètrent dans l’écorce déterminent des nodosités qui entravent la circulation de la sève; de plus, le parasite sert de refuge aux insectes, et met l’arbre dans des conditions inférieures pour résister à ses nombreux ennemis. La graine du gui germe un peu partout: sur du verre, sur des morceaux de bois, sur des tessons de pots, sur des pierres, etc., à condition toutefois qu’elle soit expo- sée à une lumière ayant une certaine intensité. Trois choses sont particulièrement favorables à la germination du gui : l'air libre et la pleine lumière, une bonne température moyenne et un état hygrométrique que les paysans de notrerégion appellent «temps venant». La germination commencée sous l'influence de la lu- mière peut se continuer dans l'obscurité; mais les ra- dicelles tendent toutes dans ce cas à se diriger de bas en haut, quelle que soit la position du support. En plein air, les radicelles non fixées ont presque tou- jours une direction oblique de haut en bas. La lumière a une action bien marquée sur la colora- tion des radicelles. En pleine lumière, elles sont d’une teinte vert jaunâtre clair, surtout vers leur extrémité; dans les endroits relativement peu éclairés, à l’embra- sure intérieure d’une fenêtre, d’un appartement situé au Nord, par exemple, elles prennent une teinte verte fon- cée, uniforme. Le gui mâle a presque toujours une teinte plus jau- nâtre que le gui femelle, mais la lumière a sur l’un et sur l’autre une action qui sort encore de l'ordinaire; pour trouver des guis mâles et femelles, de teinte verte à peu près uniforme, il faut aller les chercher dans les endroits ombragés, et, comme l’a remarqué M. Guérin, à qui nous empruntons ces détails, quand une tige est inégalement éclairée, le côté le plus éclairé est toujours le plus jaunûtre, En été surtout, pendant les années de sécheresse et de grande chaleur, la partie la plus ombragée des touffes se dégarnit parfois presque complètement de ses feuilles. En hiver, les graines de gui peuvent supporter des températures très basses, sans perdre leurs propriétés germinatives; les graines semées en cette saison, quand la température est douce, commencent à germer dans les premiers jours de mars. Les graines mises en place dans la fin de mai ou les premiers jours de juin germent rarement, surtout les années de sécheresse ou de grande chaleur. La dissémination des graines de gui est à peu près uniquement due à la grève draine ; pendant les mois de décembre et de janvier, des bandes de ces oiseaux s’a- battent sur les pommiers chargés de baies de gui, puis vont sur d’autres arbres indemnes et y déposent avec leurs déjections les graines entourées de leur mucilage, qui séjournent peu dans les intestins et ne tardent pas à germer à l'endroit où le dépôt a été fait. Le gui épuise son nourricier, non seulement par la sève qu'il s’approprie, mais encore par des nodosités qu'il y détermine fréquemment; ces nodosités qui, sur le pommier, arrivent quelquefois à près de 20 centi- mètres de diamètre, absorbent pour elles-mêmes une forte proportion de sève, et peuvent nourrir des para- sites (champignons, bactéries, etc.). Moyens de destruction. — Généralement, la coupe du gui est faite à l’aide d’un croissant emmanché d’une perche plus ou moins longue, et l'opération se borne à casser le buisson de gui près de son support; il ne suf- fit pas de casser la branche, car il reste toujours un petit chicot, un onglet, qui est suffisant pour donner naissance à de nouvelles tiges et en plus grande abon- dance. Pour arriver à la destruction radicale du gui, il faut : 1° lorsque le gui est abondant sur une branche de peu d'importance, le plus simple est de la couper ; 2° lorsque le gui est implanté sur une grosse branche ou sur une branche mère, il est nécessaire de lui faire une plaie avec un instrument tranchant pour enlever complète- ment les traces du parasite. La plaie résultant de la coupe des branches et de l’en- lèvement du gui sera recouverte de goudron pour em- pêcher la pourriture, Dans les vergers où il y a beaucoup de gui, on peut l'utiliser pour la nourriture des bêtes bovines et ovines ; employé de la sorte, il rendrait d'importants services, notamment les années où il y a disette de fourrages; d'ailleurs, il est très riche en matières grasses et azotées, ainsi que l’on peut s’en convaincre par le tableau sui- vant, résultant des analyses faites par M. Masseran, pré- parateur au laboratoire agrononomique de la Mayenne, comparativement avec d’autres matières fourragères. A AE E A ÉRs Ru a ni [e] FOURRAGES 5 È zoo |A ja 2 2 |A | AS IBEE| : a Z A Ag or, < ANALYSÉS £ at |fAR 2 = DONS (©) O An ot o |“ ° F4 0/ /0 9.70 Foin de qualité moyenne Chou fourrage....... 2.50 Feuilles de peuplier... 3.31 3.50 6.95 Il est à remarquer que, dans les campagnes environ- nant les ports normands en relations avec l'Angleterre, comme Dieppe, le Havre, Honfleur, etc., on ne voit plus, vers le 25 décembre, une seule touffe de gui sur les pom- miers ; il ne faut pas croire que le mérite de cette dispa- rition enrevient au propriétaire de ces arbres; non, cette cause provient tout simplement de ce que des ouvriers, la plupart sans travail, parcourent les campagnes avec des charrettes dans lesquelles ils entassent les toufïes de gui qu'ils détachent des branches, à l’aide d’un croc emmanché à une longue perche. Ce gui est ensuite vendu, très souvent à un seul ache- teur, lequel après l'avoir placé dans de grandes caisses à claire-voie le fait charger à bord de navires en partance pour l'Angleterre. Ce qui arrive à destination sert à orner l’intérieur des habitations anglaises à l’occasion du Christmas (fête de Noël). 19 19 LE NATURALISTE Il nous a même été donné de voir à Noël, dans plu- sieurs de nos ports, l'intérieur des navires anglais déco- rés de la sorte. Il est vrai que le procédé employé par les ouvriers chargés de cette récolte ne consiste qu'à détacher les touffes de gui, ce qui ne détruit pas entièrement ce vé- gétal qui repousse au bout d’un certain temps, mais il faut plusieurs années pour que les grosses têtes de gui se reforment, et pendant cette période le parasite fait moins de ravages sur les branches attaquées. Certains préfets, notamment ceux de la Manche, du Calvados, etc., ont eu l’heureuse idée de prendre un arrêté prescrivant à tout propriétaire ou fermier de détruire chaque année, pendant l'hiver, le gui qui se trouve sur les arbres leur appartenant. En cas d’inexé- cution, un procès-verbal sera dressé par les agents contre les contrevenants, lesquels seront ensuite tra- duits devant les tribunaux. Il serait à désirer que tous les préfets des départe- ments où croit le pommier suivissent le même exemple, et que les maires, dans chaque commune, fissent exé- cuter rigoureusement les arrêtés préfectoraux; ils ren- draient, en faisant acte d'autorité à ce sujet, de signalés services à leurs administrés. Mousses. — Malgré les quelques avantages que pro- cure l'emploi de certaines variétés de mousses, il n’y a pas à hésiter à faire disparaître celles qui croissent sur le tronc, les branches et au pied de nos arbres fruitiers. Quoique l’on ait dit que les mousses qui recouvrent les arbres des vergers contribuent à les préserver du froid rigoureux de l'hiver, l'expérience a prouvé qu'elles étaient un grand obstacle à leur végétation et à leur fructification; quand elles forment une couche épaisse et qu’elles tapissent, comme nous l’avons vu maintes fois, presque entièrement le tronc et les principales branches, elles soustraient par leur adhérence l'écorce au contact de l’air, et maintiennent ces parties dans un état constant d'humidité, qui leur cause un tort considé- rable, et peut même, sous l'influence d'un froid un peu rigoureux, arriver à faire gercer et fendre les écorces. De plus, les mousses servent d’abri à de nombreux in- sectes qui y trouvent un abri suffisant pour les garantir des intempéries de l'hiver, et qui, au retour de la vé- gétation, sortent de ces abris et vivent aux dépens de nos arbres fruitiers. Nous devons à l’obligeance de M. Eugène Niel, le sa- vant botaniste, vice-président de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, la liste des variétés de mousses que l’on trouve le plus fréquemment sur les pommiers de notre région. Ces espèces sont : Barbula lœvipila, Brid., Barbula ruralis, Hedw., Zigodon viridissimus, Brid., Orthotrichum crisoum, Hedw., Orthotrichum affine, Schiv., Neckera com- planata, B. E., Leucodon sauroides, Schiv., Leskea sericea, Hedw., Hypuum molluscum, Hedw., Plagiothecium denti- culatum, Schmip. Pour se débarrasser des mousses qui envahissent nos vergers, et qui, en outre des désavantages que nous avons signalés plus haut, donnent aux arbres qu'ils recouvrent un aspect malpropre, et dénotent une grande négligence de la part du propriétaire de ces arbres, il faut, du mois de décembre jusqu’à la fin de février, gratter le tronc et les principales branches au moyen d’un racloir de fer que l’on passe sur toute la surface de l'écorce ; il est bon de se servir, quand l'écorce présente des fentes pro- fondes, de l'émoussoir à dents mobiles qui atteint jusque dans les moindres recoins. Le gant Sabatier, à mailles d'acier, est d’un excellent usage pour émousser rapide- ment les fortes branches. Il arrive quelquefois que le tronc des arbres est re- couvert de vieilles écorces, dans lesquelles les mousses s'implantent avec facilité, et qu’il est difficile d'enlever même avec l'émoussoir; dans ce cas,on ne doit pas hésiter à racler les écorces, jusqu'à ce que l’on parvienne aux parties vives de l’arbre. L'opération de l'émoussage devra de préférence être faite par un temps humide, les mousses se détachant bien plus facilement ; ne pas oublier de ramasser ensuite avec soin les mousses et les parties d’écorces résultant du grattage, et de les brüler aussitôt. Lichen. — Sur les arbres, les lichens produisent à peu près les mêmes effets que les mousses, ils servent no- tamment de refuge aux insectes de toute nature et d’abri aux œufs de certaines espèces. Les variétés de lichens qui vivent sur le pommier sont nombreuses;en voici la liste qui nous a été adressée par Eugène Niel : Calicium trichiale, Ach. ; Calicium tra- chelinum, Ach.; Caladonia frinhriatsa, Hoffm.; Umea- hirta, Fr.; Kamalina farinacea, Fr.; Parmelia caperata, Ach.; Parmelia Borreri, Turn.; Parmelia acetabulum, Ach.; Parmelia olivacca, Ach. ; Physcia parietina, D. V.; Physcia candelaria, Nye.; Physcia astroidea,Fr.; Lecanora phogina, Ach. (Nye); Pertusaria communis, D. C.; Lecidea para- sema, Ach.; Var. Enteroleuca Vylander Lacidea albo-atra, Hoff., forme Corticola Achainus; Opagrapha Prostii, Nye : (sur les écorces en dedans et en dehors de pommiers qui s’exfolient);, Opegrapa herpetica, Ach.; Var. Fuscata de Schimper. Pour débarrasser les pommiers de ces parasites, on devra user des mêmes procédés que pour détruire les mousses, c’est-à-dire le grattage, ou bien encore se ser- vir d’une brosse rude en chiendent ou d’un petit balai formé de tiges de bouleau, très rigide, fortement serré, que l'on passera vigoureusement sur les branches et le tronc des arbres. Tous les résidus qui se détacheront devront également être ramassés avec soin et brülés aussitôt. Après le grattage, lorsque le tronc et les principales branches sont à peu près lisses, on devra opérer un sérieux badigeonnage avec un lait de chaux additionné d’un peu de sulfate de fer; pour éviter la réapparition des mousses, il faut s’efforcer de rendre aux arbres une puissante végétation en les fumant abondamment. Les cultivateurs devront également, pendant l'hiver, couper le bois mort qui embarrasse leurs pommiers et | enlever avec soin les nids qui renferment les chenilles du Bombyx chrysorrhea; ces nids soyeux et grisâtres, formés d’une espèce de toile filée par ces chenilles, sont placés à l’extrémité des branches de pommier, où on les apercoit facilement; il suffit de couper ces branches supportant ces nids et de les brüler ensuite. Il est vrai que, lorsqu'on possède un grand nombre de pommiers et de poiriers, les différents travaux de nettoyage peuvent paraitre longs et dispendieux, mais que les cultivateurs soient assurés que c’est en prenant ces précautions qu'ils obtiendront une belle végétation et posséderont des arbres vigoureux ; ils seront ensuite largement rétribués de leur temps et de leurs soins par la production, qui sera considérablement augmentée. Paul NoEL. LE NATURALISTE 23 MINES DE MERCURE Avant les applications pratiques de l’amalgamation du mercure pour le traitement des minerais d'argent pur les mineurs mexicains en 1557, l'usage de ce métal, quoique connu depuis les Romains, était seulement employé d’une façon très limitée dans lesbeaux-arts; en effet, la couleur brillante du vermillon était formée par la production naturelle ou artificielle du sulfure de mer- cure. La découverte mexicaine augmenta rapidement les demandes de mercure pour l'extraction de l'argent de ses minerais et correspondit à un accroissement dans la production. L’extension de l’amalgamation aux minerais d’or est comparativement de plus récente date, mais a toujours donné la principale impulsion à cette industrie et a toujours gouverné les prix de vente dans l’exploita- tion des gisements de mercure, La grande affinité de ce métal pour l'or, la facilité et l'efficacité de ses applications l’ont rendu indispensable à cette exploitation. Mais son utilité était compensée par sa rareté; en effet, les minerais de mercure exploitables sont relativement rares, il y a beaucoup de frais et de pertes dans cette industrie et les bénéfices sont extrêmement limités. Becker, en 1888, estimait que les frais de production atteignaient jusqu’à 90 0/0 en moyenne du prix de vente. . Comme dans toutes les affaires minières, il faut possé- der le maximum de connaissance et d'expérience et il faut savoir profiter des résultats déjà acquis. ‘Au moment de la découverte de l’or en Californie et en Australie, les demandes de mercure augmentèrent sur le marché et les prix s’accrurent à Egleston; la bou- teille de 76 1/2 livres anglaises (35 kilogrammes environ) se vendait 23 livres (575 fr.), tandis qu'en 1866 le prix était de 9 livres (225 fr.). En 1870 le prix s’éleva soudain à 29 livres (725 fr.), puis il retomba à 5 livres (125 fr.) par bouteille en 1883 et depuis le marché oscille entre 5 1. 105. (137 fr. 50) et 9 1. 125. 6 d. (238 fr. 10) quiest le prix actuellement payé. Ce dernier prix parait se maintenir, à moins que des découvertes dans la métallurgie et l’électro-métallurgie ne se substituent aux procédés aujourd'hui employés pour l'extraction de l’or et ne fassent varierles demandes sur le marché; c’est là une véritable lutte économique. La chloruration et la cyanuration employées dans le traitement de l'or sont des méthodes indépendantes de l’'amalgamation et ont leurs applications spéciales subor- données à cette dernière. La chloruration est restreinte, sauf dans de très rares exceptions, comme à Mont-Morgan, dans le Quensland, où elle est employée dans le traitement de la concentra- tion de l'or après l’amalgamation. Dans ces minerais, l'or est masqué par des sulfures de métaux basiques, et la petite quantité que renferme -le minerai est, en outre, recouverte d'une fine couche d'oxyde de fer empêchant le contact parfait de l'or avec le mercure. La cyanuration est appliquée à des minerais conte- nant de l’or dans un état si fin que la pesanteur ne peut être appliquéeà son traitement: iln’y a pas contact avec le mercure durant le rapide passage avec l’eau sur les tables d'amalgamation. Vu l'importance du mercure dans le traitement des minerais d’or, l’exploitation de mines de ce métal dans une contrée productrice de métal précieux ne doit pas être négligée. Les plus importantes mines de mercure en Europe sont Amalden en Espagne, Idria en Carniole (Autriche- Hongrie) et Nikitowka dans le sud de la Russie, À Almaden, le minerai de mercure (cinabre) occupe une surface de 10 milles de long sur 6 milles de large au milieu des couches siluriennes, devoniennes ; elles consistent en ardoises, quartzites, grès et une petite quan- té de calcaires formant trois dépôts en forme de table superposés d'environ 600 pieds de long et 12 à 15 pieds d'épaisseur. Dans ceux-ci le minerai de mercure occupe le milieu des masses et est disséminé. La proportion de mercure varie de 0,75 à 25 0/0 et est en moyenne de 8 à 9 0/0. Lés dépôts d'Idria se présentent avec la nature d’un filon en contact avec la dilomie et le calcaire du terrain triasique. Le minerai contient 0,5 à 0,8 0/0 de mercure, Ces dépôts étaient connus depuis 1490 et rangés en importance après ceux d'Almaden, et comme eux ils semblent s’accroitre de richesse avec la profondeur. A Nikitowka, dans le sud de la Russie, le cinabre imprègne des grés de l'époque carbonifère ayant une épaisseur de 46 pieds. La proportion de mercure qu'ils renferment peut être évaluée à 0,6 0/0. Ces dépôts peu- vent être rangés à côté de ceux d'Almaden et d'Idria. Les plus importantes mines de mercure de PAmérique du Nord sont : la Nouvelle-Almaden, la Nouvelle Idria, la Napa Consolidated, l'Etna Consolidated, Altona et Great Eastern en Californie. Pour un instant, leur pro- duction excédait celle d'Almaden en Espagne, mais les dépôts ne se ressemblent pas, car les minerais dimi- nuent de valeur avec la profondeur, Les dépôts du nord de l'Amérique ont été étudiés par Schnabel et Louis; ils se présentent dans une zone de schistes dela période crétacée et tertiaire, consistant en une argile talqueuse et micacée, en schistes siliceux, grès, calcaires et dolomies, le tout pénétré par de nom- breuses failles. Cette zone de schiste est plus ou moins imprégnée de cinabre en plusieurs endroits, et principalement au con- tact de la serpentine et du grès la proportion de mer- cure est très grande, et atteint 35 0/0, A différentes places, le cinabre est accompagné par des pyrites et des substances bitumineuses ; dans d’autres il est imprégné de calcédoine, mais là le minerai ne contient que 3 à 10 0/0 de mercure. Les dépôts des Sulphur Bank dans la Californie et de Steamboat Spring dans l’État de Névada sont intéres- sants à cause de leur association avec des geysers encore en activité. Le cinabre est là accompagné de sulfu- res. La moyenne de la proportion de mercure est de 1,75 0/0. Becker dit que les roches formant les dépôts de mer- cure sont d'âges très divers, depuis les granites et schistes appartenant à l'Archéen jusqu'aux plus récentes couches et aux laves. Les variétés lithologiques de ces roches sont également grandes: calcaires, grès, schistes, plusieurs sortes de couches métamorphiques et des roches massives, acides ou basiques. On constate que les dépôts de mercure se présentent toujours dans le 24 LE NATURALISTE lignes de fractures des divers terrains considérés, dans des simples fissures en veines et en filons, et en impré- gnant la roche qui est en contact avec eux. Ces différents modes de gisement montrent que les dépôts de mercure out été formés de la même manière. En effet, le minerai est le même partout et on croit qu'il provient de dépôts de sources chaudes qui le tenaient en dissolution sous une pression considérable et qui l'ont laissé déposer dans leur course à travers les fentes du sol. Le cinabreest, en effet, déposé par des sources ther- males à haute température à Pouzzole en Italie, à Steam- boat Spring dans l'État de Nevada, au lac Omaphère à la Nouvelle-Zélande ; par ces exemples on croit que de semblables conditions ont donné naissance dans les temps géologiques aux filons de mercure. R. B. Symington, décrivant les dépôts de l'État de Californie, dit que, généralement, les veines se présen- tent le long de failles au contact de la roche métamor- phique et de la roche inaltérée. Une variété de serpen- ne, aflolée roche à mercure, est d'ordinaire la roche métamorphique, tandis que les grès et schistes consti- tuent les couches inaltérées. Quelquefois les schistes ferrugineux sont entrecoupés par des filons de jaspe, lesquels souvent ont amené un affleurement du minerai, mais pour les veines principales rarement il y a affleurement. Quand une roche poreuse, par exemple du grès, forme les côtés d’un filon, elle est souvent fortement imprégnée de cinabre Jusqu'à une distance souvent considérable ; c'est la substance transportant la matière minérale qui a ainsi imprégné la roche; mais, si c’est une roche imperméable à l’eau de l'argile ou toute autre roche qui forme les côtés du filon, il n’est pas nécessaire d'aller chercher au delà, et on ne peut songer à exploiter la roche encaissante. Autrefois l’on cherchait seulement à exploiter les mine- rais contenant une forte proportion de mercure ; mais à présent, avec les méthodes d'exploitation que l’on possède et le prix offert pour le mercure sur le marché, on peut exploiter avec bénéfice des minerais ne contenant que 1/2 0/0 de mercure. E. Massa. INSTINCT ET INTELLIGENCE chez les Insectes S'il est assez facile de se représenter ce qui se passe dans l’intellect d’un chien ou d’un mammifère en général, il est beaucoup plus difficile de se rendre compte de ce que peut être la vie psychique d’un insecte. Ces êtres nous déroutent à la fois par la perfection de certains de leurs actes qui semblent dirigés par une intelligence au moins aussi parfaite que la nôtre, et par l’immutabilité de ces actes qui parait indiquer que nous ne sommes en présence que d’un mécanisme d'une précision absolue réglé une fois pour toutes, _ Cependant il faut noter que tout au moins les plus élevés d'entre eux, ceux qui vivent en société, termites, abeilles, fourmis, sont capables d’exécuter des actes net- tement intellectuels, c'est-à-dire coordonnés en vue d'un but distinctement percu. Huber a vu des bourdons étayer avec de la cire leur nid qu'il avait enlevé et posé dans une table dans une position mal équilibrée. Les abeilles consolident les rayons qui leur paraissent trop lourds ; quand la chaleur devient trop forte dans la ruche, plusieurs d’entre elles se tiennent près de l'entrée et établissent un courant d’air en faisant vibrer rapidement leurs ailes. Ce dernier fait est très important parce que, à l'état sauvage, lorsqu'elles nichaient dans des troncs d'arbres ou des creux de rochers, les abeilles n'avaient jamais à craindre une trop forte chaleur. Elles ont donc inventé la ventilation artificielle depuis que l’homme les loge dans des ruches à parois relativement minces. Les fourmis, comme du reste les abeilles, savent très bien reconnaitre leurs compagnes ; elles jouent, se communi- quent leurs idées au moyen de leurs antennes, combinent des expéditions, se livrent des batailles. Il faut, quand on étudie les facultés psychiques des insectes, éliminer tous les actes plus ou moins intellec- tuels, pour s’attacher surtout à ceux qui sont purement instinctifs. Pour être sûr de n'avoir affaire à aucun élé- ment intellectuel, nous envisagerons tout d’abord les cas extrêmes, ceux dont la complexité exigerait, s'ils étaient réfléchis, une dose d'intelligence égale ou supérieure à celle du commun des hommes. Ce sera, chez les Hymé- noptères, la construction des nids, la recherche de subs- tances alimentaires destinées à une progéniture que, dans bien des espèces, la mère ne verra jamais. Dans le cas des hyménoptères prédateurs, la proie destinée aux petits est vivante, d’une espèce déterminée ; la mère qui ne se nourrit elle-même que du suc des fleurs s'empare de cette proie (un grillon dans le cas du sphex à ailes jaunes, une chenille dans celui de l’ammophile, une arai- gnée chez le pélopée, etc.), la paralyse, sans la tuer, en instüllantune goutte de venin dans chacun de ses centres nerveux et l’abandonne dans son terrier après y avoir pondu son œuf. D'autres instincts ramarquables se rencontrent chez certaines chenilles de papillons qui se construisent des cocons admirablement adaptés à leur but, chez les Arachnides qui nous offrent une infinie variété de pièges, de terriers ei de cocons faits avec un art remarquable. Enfin, chez les Coléoptères, nous avons dans les groupes de Coprines ou Bousiers des exemples d’une industrie tout à fait raffinée, employée surtout pour les soins à donner aux jeunes. Nous nous arrêterons là, notre but étant seulement de rappeler quelques-uns des cas les plus étonnants d’actes instinctifs, ceux dans lesquels toute intervention d’une conscience du but à atteindre doit être, pour le moment, écartée. Prenons en effet le cas d’un hyménoptère prédateur; il faudrait supposer que cet animal qui, à l’état adulte, se nourrit du suc des fleurs,sache : 1° que sa larve a besoin, pour vivre, de substances animales, 2° qu’il faut lui ser- vir une proie vivante d'une espèce déterminée, 3° que pour conserver la proie en cet état, 1l convient de la pa- ralyser sans la tuer, en piquant successivement tous ses ganglions nerveux, # qu'il connaisse exactement la po- sition de chacun de ces ganglions, très variable suivant les espèces, 5° enfin qu’il sache placer: son œuf exacte- ment sur l'endroit où la larve rencontrera le moins de résistance pour attaquer la pièce de gibier. Il faut d'autre part que la larve aït des connaissances anatomiques bien remarquables, puisqu'elle mange d’a- LE NATURALISTE 25 bord les parties de la proie les moins essentielles à l'existence, de facon à la conserver en vie jusqu’au der- nier moment. Chez les Eumènes et les Odynères, qui nourrissent leurs larves de chenilles imparfaitement pa- ralysées, l'œuf est suspendu au-dessus de celles-ci par fil; la Jarve y reste appendue, elle descend le long du fil pour dévorer les chenilles et y remonte si celles-ci, par leurs mouvements, lui font courir le moindre danger, Enfin les hyménoptères qui tuent d'emblée leur proie, comme le bembex à bec qui nourrit ses larves de di- ptères, ont la précaution de ne leur servir que des pièces de gibier de faible dimension et de venir renouveler les provisions dès qu’elles sont épuisées. Tous ces faits, mis en lumière par les remarquables travaux de Fabre, supposeraient une dose d'intelligence et de science à laquelle n’atteindraient même pas nos physiologistes les plus consommés. Mais il nous faut maintenant voir la face opposée du tableau : autant l'ins- tinct est sûr de lui-même quand il agit dans la sphère qui lui a été dévolue, autant il se montre inepte dès qu’une circonstance inattendue vient le troubler. Voici un chalicodome en train de remplir de miel la cellule de terre qu'il à construite; si on fait un trou à celle-ci, les provisions s’écouleront au fur et à mesure, sans que l’abeille songe à réparer la brèche, qu’elle est cependant venue explorer. Le sphex, avant d'introduire sa proie dans son terrier, la dépose à l'entrée et va explorer celui-ci. Si on en profite pour enlever le gibier, le sphex, après lavoir longtemps cherché en vain, se décide à boucher soigneusement le terrier désormais devenu inu- tile. Le bembex, si rempli de sollicitude pour sa larve à laquelle il apporte tous les jours sa pâture dans un ter- rier dont il cache soigneusement l'entrée, ne reconnait plus sa progéniture quand on a détruit le nid et mis la larve à découvert. Il la piétine impitoyablement et ne songe pas à la recouvrir d'un peu de sable pour la mettre à l’abri du soleil. La chenille du grand paon de nuit (saturnia pyri) se construit un cocon en forme de nasse disposée de facon à permettre l’issue facile de l'adulte et à empêcher l’en- trée des ennemis. Si on détruit l'entrée de cette nasse savamment combinée, la chenille continuera à appliquer des couches de soie alternativement sur la partie conique affaiblie et sur la partie cylindrique déjà bien assez forte, Elle ne songera pas un instant à employer ce qui lui reste de soie à consolider l'entrée de la nasse, la chry- salide restera donc exposée à toutes les attaques du dehors. Ces quelques exemples suffisent à nous montrer que les fonctions instinctives peuvent en quelque sorte êtré comparées à des actes mécaniques dont les différentes phases s'appellent l’une l’autre sans que leur ordré puisse être interverti. Le chalicodome qui était en train de remplir sa cellule continuera à le faire bien qu’elle soit percée, et finira par l’operculer; le sphex déposera son œuf dans son terrier vide de proie, parce que, après la chasse, vient l'exploration du terrier, puis la ponte, puis la fermeture. Si la proie a été enlevéé, l'animal est incapable de remonter le cours normal dés événements pour chercher une nouvelle proie, dé même que l'abeille qui remplissait une cellule ne pouväit recommencer à maçonner pour boucher une bréchié. Le bembex ne re- connait pas sa larve mise à dééouvért parce que, avant la livraison de la proie à céllé-ci, vient le creusement du - sable qui recouvre le térriér, Cette porte étant absente, tous les actes qui devaient normalement suivre son ou- verture deviennent impossibles. Mais il est encore une autre série de faits où l’ins- tinct va nous montrer toute son impuissance, Le bembex est parasité par un Diptère tachinaire du genre Milto- gramma. Celui-ci est embusqué à l'entrée du terrier et profite du moment où le bembex y pénètre pour pondre son œuf sur la proie qu’il apporte. Quand l'hyménoptère voit son minuscule ennemi, il fait entendre un piaule- ment plaintif, mais ne songe pas à le chasser. De même il ne touche pas aux larves que, dans ses visites au nid, il voit attablées à côté de la sienne; elles finissent par faire mourir celle-ci de faim et même par la dévorer. L'expérience n’a donc rien appris au bembex pour se débarrasser des parasites qui détruisent sa progéniture, Il en est de même des abeilles que le philanthre apivore attaque pour les servir, paralysées, à sa larve. Bien que mieux arrivées que lui, elles ne savent pas se défendre de leur ennemi héréditaire. Il en est de même encore des aräignées qui attaquent les Pompiles; le calicurgus annulatus s’en prend même à la redoutable tarentule. Non seulement ces animauxne songent pas à faire usage de leurs armes contre l’hyménoptère, mais encore, dans le cas où l’araignée reste vivante et libre de ses mouve- ments, loin de chercher à se débarrasser de l'œuf ou de la larve du pompile, elle tâche de protéger cet être destiné à la dévorer! Tous ces faits semblent indiquer une harmonie préétablie entre parasite et parasité. En tous les cas il est bien extraordinaire qu'au cours dès générations, celui-ci n'ait pas appris à lutter contre l’en- nemi de sa race, alors qu'il lui suflirait, pour cela, de faire usage de ses armes naturelles. Si nous faisons abstraction de ces cas exceptionnels, inexplicables en l’état actuel de la science, nous ferons tout d’abord remarquer que, dans la nature actuelle, on observe des gradations entre lesinstincts les plus simples etles plus complexes. De plus, dans un même genre d'insectes, les instincts se meuvent dans un cercle assez limité. Ainsi l'Osmia tridentata creuse elle-même son nid dans la ronce sèche ou l'hyèble; O. cyanea s'empare des nids abandonnés par divers animaux, notamment les collètes et les chalicodomes des galets; 0. cyanoxantha adopte définitivement ces derniers. D’autre part, 0. auru- lenta s'établit dans les coquilles de l'hélice chagrinée et de l’hélice des gazons ; 0. rufo-hirta dans les coquilles de l'hélice des gazons et de l’hélice némorale. O0, andrenoïdes fixe définitivement son choix sur les coquilles de l'hélice chagrinée et O, versicolor sur celles de l’hélice némorale. On passe ainsi graduellement de l'aptitude à profiter de fout, signe de l'intelligence, à l’exclusivisme absolu, signe de l'instinct. Parmi les hyménoptères paralysants on observe une sériation analogue, Les Eumènes et les Odynères para- lysent incomplètement les chenilles en les frappant de leur aiguillon à une place indéterminée; l’'Ammophile hérissée donne un coup d’aiguillon à la face centrale de chaque segment. Les cerceris, sphex, tachytus, scolia, pompilus ne frappent qu'un seul coup d’aiguillon, mais les proies qu'ils choisissent sont des Arthropodes à sys- tème nerveux très condensé, faciles par conséquent à paralyser d’un seul coup. Nous ne multiplierons pas ces exemples ; disons seulement que l'établissement de la vie sociale n’a également lieu que d’une facon toute progres- sive. 11 y a d’abord des formes nidifiantes, mais soli- taires, où chaque femelle est à la fois reine, architecte et 26 LE NATURALISTE productrice de miel (Andræna, Anthidium, Anthocopa, Anthophora, Chalicodoma, Colletes, Dasypoda, Eucera, Halictus, Megachilus, Osmia, Xylocopa). Les femelles des bourdons jettent toujours les premiers fondements de leur nid; plus tard elles sont aidées par les femelles infé- condes nées de leur ponte, Chez les mélipones plusieurs femelles fécondes, peu différentes d'aspect des ouvrières, habitent la même ruche; et l’on arrive enfin au polymor- phisme frappant et à la division du travail qui caracté- risent nos abeilles domestiques. On peut dès lors penser que la gradation qu'on observe de nos joursentre espèces différentes a existé au cours des époques géologiques dans une seule et même espèce; c’est- à-dire que chaque espèce d'hyménoptère à instinct com- plexen’y est arrivée que d’une façon toute progressive en franchissant tous les degrés intermédiaires. Quant aux espèces à instinctsrelativement simples, les abeilles soli- taires par exemple, on peut les considérer comme des témoins attardés d’un état de chcses depuis longtemps périmé pour les espèces plus évoluées. Cette hypothèse est suffisante pour expliquer l'évolution des instincts ayant trait à la nidification, à la vie sociale et à quelques autres actes simples. Nous ne préjugeons d’ailleurs rien de leur origine même, qui sera discutée dans un autre chapitre. Quant à l’instinct des hyménoptères paralysants, il est beaucoup plus difficile à expliquer. M. Fabre fait remarquer, à Juste titre, que cet art si complexe exige de la part de l'opérateur la perfection d'emblée, La proie est- elle insuffisamment paralysée, elle remuera, l'œuf tom- bera ou sera écrasé; l’est-elle trop, elle mourra, tombera en pourriture et ne pourra être consommée. Dans les deux cas la postérité ne pourra se développer et la race s’éteindra. Mais c’est justement parce que la race de tous les opérateurs maladroits s’est éteinte que la chirurgie de ces hyménoptères a acquis, au cours des âges, un tel degré de perfection. D'ailleurs, au début les larves n'é- taient certainement pas aussi exclusives dans le choix de leur nourriture. Elles ont dû commencer par accepter des proies mortes, comme chez les polistes, les guêpes et les bembex. Plus tard, le fait d'avoir des proies vivantes mais paralysées, qu’il n’était pas nécessaire de renou- veler au jour le jour, a donné un avantage aux espèces qui avaient inventé ce perfectionnement. Enfin, à un stade encore plus avancé, chaque espèce d’hyménoptère a fixé son choix sur une proie déterminée, qu’elle a appris à paralyser d’une facon parfaite. Les larves accepteraient d'ailleurs d’autres proies : Fabre a pu, en effet, élever des larves de bembex en leur servant des criquets et des mantes, alors que leur alimentation normale consiste en diptères. Il resterait à expliquer comment des hyménoptères à alimentation exclusivement végétale peuvent avoir acquis l'instinct de servir à leur progéniture, qu’ils n’ont jamais vue, une alimentation animale. Avouons que les hypo- thèses actuellement en vogue ne rendent pas compte de ces faits d’une facon absolument satisfaisante. Il est cer- tain que même les insectes supérieurs n’ont pas fait leur apparition à une époque de l’histoire de la Terre où les saisons n’existaient pas encore, puisqu'on trouve des hyménoptères dans lé lias et qu'avant la fin de la période secondaire tous les ordres actuels étaient différenciés. Il n’y a donc aucuneraison de penser que la vie des in- sectes suivit son rythme actuel, modelé sur un rythme saisonnier qui n'existait pas encore. Rien n'indique que leur existence füt limitée comme de nos jours et que leurs générations successives fussent séparées les unes des autres. Dès lors la mère, connaissant sa progéniture, pouvait comme dans toute autre espèce animale acquérir les instincts nécessaires à l’entretien de celle-ci. Cette explication rend bien compte d'une partie des faits, mais elle laisse intactes les difficultés suivantes, Tout d’abord,commentla mère, dont le régime est végétal, peut-elle savoir qu’une alimentation carnée est indis- pensable à ses larves? Il faut éliminer le souvenir : il est inadmissible en effet que l’adulte se rappelle qu'à l’état larvaire il s’est nourri de gibier, alors qu'il est séparé de cette période par un stade de rénovation com- plète, la nymphose. D'autre part, si cette première ob- jection était levée, il resterait encore celle-ci: les an- cêtres des hyménoptères paralysants actuels devaient, dans la théorie évolutionniste, être très peu éclectiques et servir à leurs larves des proies à peu près quelconques. On sait qu'actuellement la plupart d’entre eux limitent strictement leur choix à une seule espèce, parfois même à un seul sexe, comme le sphex languedocien, qui ne prend que des éphippigères femelles. Nous avons vu déjà que la larve serait beaucoup moins exclusive. Comment donc expliquer cette limitation à une proie d'une espèce et même parfois d'un sexe déterminés? L’éclectisme primitif devait être beaucoup plus avanta- geux, puisqu'il permettait de fournir la larve de vivres en toutes circonstances. De par sa perfection même, linstinct actuel n’est au contraire favorable à la conser- vation de l'espèce que s’il y a abondance de la proie seule convoitée. Je pose ces problèmes sans chercher à les résoudre, pour le moment du moins.dJe suis absolumentconvaincu de la réalité du transformisme, mais je crois qu'il vaut mieux regarder en face les difficultés, et avouer son ignorance devant certains problèmes, plutôt que de se payer de mots et construire des théories sans base scien- tifique sérieuse. D’ L. LALOY. LA RAMIE Durant l'Exposition universelle de 1900, il s’est tenu à Paris un Congrès international de la ramie, qui a eu deux sessions. Dans la première on a parlé un peu de la culture et surtout de la décortication en sec et en vert. La décortication en sec que l’on croyait définitivement enterrée après l’insuccès obtenu en 1889 et son retentis- sant échec industriel est revenue en discussion, soutenue par certains inventeurs de machines et par un filateur de Lille. Mais on n’a pas osé attaquer la question du séchage en premier, comme cela eût été logique; les intéressés ont fait dévier la question sur celle-ci : La ramie décortiquée en sec a un emploi immédiat en filature, ce qui supprime le dégommage, donc on doit traiter en sec. L'objection de la suppression du dégommage n'a pas fait fortune, car les préconisateurs du sec ont été obligés de reconnaitre qu'il fallait dégommer sur fil, si l’on ne voulait pas que le fil fût putrescible. CEE. LE NATURALISTE 27 Ce nouveau mode de travail a soulevé de multiples critiques des filateurs, non intéressés dans l’aaire — car, disons-le, il y avait une affaire sous roche — qui l'ont considéré comme peu pratique, pour ne pas dire impossible. Grâce aux efforts de M. Félicien Michotte, la question du séchage dés tiges est venue en discussion et là les partisans du travail en sec ont montré le fond de leur sac. Ils ont dü reconnaître que le séchage des tiges présen- tait quelques difficultés, qu'il était nécessaire de le ter- miner à l’aide de l’étuve, qu'il avait échoué dans divers pays, mais qu'il pouvait se faire en certains, qu'ils n’ont pas nommés malgré les objurgations qui leur furent faites. Par la raison que le séchage a échoué dans les climats secs : Algérie, France, il n’est pas impossible de réussir dans les climats humides. A la démonstration qui leur fut faite qu'il faudrait 20.000 kilog. de charbon par coupe et par hectare, sans compter les bâtiments, la main-d'œuvre, ils ne firent qu'une réponse : en octobre, l’on vous présentera un pro- cédé de séchage pratique. Octobre est venu et on l'attend toujours, le procédé est la moindre explication. Le Congrès a d’ailleurs reconnu qu'avec les moyens actuels le séchage de la ramie était très difficile et très coûteux. Disons également qu’un procédé, le procédé Bachelerie, qui séchait les tiges, mais qui prétendait néanmoins ne pas sécher, vient de voir sa société d'exploitation en déconfiture, — nouvelle preuve industrielle. Les machines présentées pour la décortication en sec n’ont pas avancé la question de la décortication, puisque celle annoncée comme résolvant la question, la machine Lacote, à deux machines successives, n’a produit, au lieu de 100 kilogr. annoncés par jour, qu’un seul et unique kilogramme de filasse avec trois personnes : et le pro- duit, annoncé comme nouveau, est identique à celui pro- duit en 1889 par la machine Favier, ce qui lui donne un coût formidable. Lorsque l’on demanda aux décortiqueurs en sec le bé- néfice qui pourrait résulter pour l’agriculteur de l'emploi de ce système, ils répondirent qu'ils achéteraient à 70 francs les 100 kilogr. — mais est-ce de la lanière ? est-ce de la filasse ? voilà ce qu'ils ne voulurent pas dire, — et qu'à ce prix tout le monde y trouverait un bénéfice raisonnable! : Est-ce 2 francs à l’hectare ou 2.000 francs? Mystère. La décortication en sec pèche donc par la base, l’im- possibilité de sécher à peu de frais, et elle pèche aussi parles machines, puisqu'il faudrait quatre ans à une ma- chine pour travailler la seule coupe d’un hectare. La décortication en vert a eu de nombreux défenseurs; chose facile, car les préconisateurs du sec ne lui ont trouvé aucune objection et lui ont,au contraire, apporté un très bel appoint, car ils ont reconnu qu'avec la ramie provenant de la décortication en sec l’on ne par- venait qu'à faire du fil, gros ou moyen, tandis qu'avec le vert on le dégommait et l’on obtenait du fil rivalisant avec la soie. La question est donc jugée et deux machines en vert sur les quatre présentées donnent d’ailleurs des résultats très satisfaisants. Quant aux procédés de dépelliculation, de rouissage chimique et autres sur lesquels on à fait grand tam-tam, mystère! — Pas un inventeur — et ilsétaient présents — n’a soufflé mot; un seul a dit ceci : Si j’ap- paraissais en public, l’on me chiperait le tour de main ! La question là encore est jugée,carle silence a eu pour motif qu'il aurait été impossible de répondre aux criti- ques faites par un ingénieur qui était présent et qui faisait son possible pour les amener à une discussion publique. CONCOURS Le concours n’a eu que # machines en ligne; comme à tout concours de ramie qui se respecte, on n'avait pas de ramie ; on a donné (1) à chaque concurrent 15 et 5 kgr. à travailler de ramie effeuillée et à bouts coupés ; tant pis pour ceux qui n'ont pas besoin de ces opérations préalables ! Dans ces conditions, on put juger les machines tra- vaillant une tige à la fois, et encore ! car elles produi- sent alors un travail quatre fois supérieur à celui qu’elles produiraient dans un fonctionnement suivi de plusieurs heures, etles machines à grand débit sont injugeables. Les machines présentées étaient : 1° Machine Estienne travaillant 10 tiges à la fois pré- sentées une à une et recevant les lanières sur un trans- porteur-machine à mouvement direct bien construit, relativement simple. 20 Machine Faure. Deux machines à mouvement rétrograde, la seconde munie d'un câble sans fin pour retirer automatiquement les tiges. Produit du China- Grass parfait; mais,outre la faible production,donne un déchet considérable. 30 Machine Lacôte, petite machine très simple à mou- vement rétrograde, mais produisant très peu et avec beaucoup de déchets. Toutes les machines ci-dessus doivent effeuiller et certaines coupent les pieds. 4° Machine Michotte. Machine agricole excessivement simple et robuste, effeuillant et passant les tiges par 80 à la fois avec un homme et un enfant. Au concours elle n’a marché qu’au 1/4 de sa vitesse, quoique n'ayant chargé que par 25 tiges au lieu des 85 passées la veille, par suite de la mauvaise disposition des transmissions; seule elle n’a donné ni bois,ni déchets dans les lanières produites, malgré ces conditions très défavorables, la vitesse étant un de ses éléments. La machine Michotte arrive égale de la machine Estienne comme coût; mais, si l’on tient compte qu’elle n’a travaillé qu'au dixième ou même au 1/6, comme le rapporteur du Congrès l’a constaté, on sent que l’on peut décortiquer à raison de 4 fr. 50 les 100 kgr. obtenus. La question est donc résolue, d'autant que le dégom- mage revient au même prix par le procédé Dubain- Michotte,le seul qui,jusqu’à ce jour,dégomme leslanières, tous ceux inventés ne traitant que du China-Grass. La filature réclamant cette fibre, on peut donc se livrer à la culture de la ramie avec chances de succès. Les tableaux ci-joints donnent les résultats des essais des diverses machines ramenés aux 100 kgr. (1) M. Rivière avait envoyé 400 kgr. d'Alger; mais le concur- rent chargé d’organiser l'installation ayant été prêt le 9 au lieu dul:", il en est résulté que, le 3,on a dù jeter la ramie, qui était pourrie. 28 LE NATURALISTE TRAVAIL EN 10 HEURES NOMBRE TRAVAIL DE EN PAR HOMME NOTE COUT MACHINES 10 HEURES ESTENTÉ nc Em ER cr 1 3.000%8 630K6 Effeuillage. 2.000fr AURONT ete aie lee e 2 1.330 350 Coupe des têtes. 3.000 MICHO tte RER RER RE el met 1 1.250 625 800 LaCOte Reel een dr ie 1 500 200 Effeuillage. k Rendement aux 100 kilogrammes POIDS DES LANIÈRES TENEUR POUR CENT A à EN DÉCHETS HAN TR Aer essai | 2e essai BOIS En bois | Déchets HStienne Lise ve dite de smeie lobe tiens 28h65 2356 (NS 8 à 3ke 28 à 13 0 Faure NE er ER 8 5 13 0 0 63 à 77 MACRO RARE EMA enr RARE DREU 20 19.9 0 0 0 0 LA COLOR RDA A PAR A STR P'o ie ane ARE AE 14.5 10 7 0 0 32 à 39 Coût de décortication d’une coupe en 10 jours PERSONNEL FORCE AMORTISSEMENT 16 JOURS : 23fr MOTRICE EFFEUILLAGE | TOTAL ESTHENNE Se MER SN re TER 24fr DNS EH 0 450fr 90fr 4A4r AUTO à LE De SRRAS MISE seu RC ER 15 8 X 30 — 240 400 50 765 Michottes tree nee ne 25 5 X 30 — 150 250 0 425 LA COTE SCENE EAN ES a 37 18 X 30 —= 540 600 90 1.267 Coût aux 100 kilogrammes produits DÉCHETS % 414 Estienne MENTALE MAS ET OR Rens 0 55 — 27,60 China-grass avec bois. 765 : | Faure en One SN IUe 70 73 = 170 China-grass parfait. 3 435 = Lanières brutes sans bois en MicHoie ne ue 0 He Lane de LACOLENANE LNCU TR ARr A n NRr aie 25 one 120710 China-grass ordinaire. Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS; — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 23: ANNÉE 2e SÉRIE — N° 33 1% FÉVRIER 1901 LE LANGAGE & LE CARACTÈRE Quand, sous l'influence de causes diverses, guerre, commerce, émigration,une langue se répand en plusieurs pays, très généralement elle s’altère et subit des modifi- cations phonétiques plus ou moins profondes, Un des exemples les plus connus est la langue latine qui, pro- pagée en Italie, en Espagne, en Portugal, en Gaule, en Roumanie, s’est diversement transformée et a donné naissance à autant de langues distinctes. D'ailleurs, au- jourd’hui encore toute langue admet de nombreux dia- lectes ou patois provinciaux. Ces changements ne se font pas à l'aventure, Des lois précises les régissent, et leur étude à donné naissance à une branche de la linguistique, la phonologie. Grimm les a indiqués en ce qui concerne les langues germaniques, Burnouf et Bopp pour les langue grecque et sanscrite. Des vues ingénieuses sur les dialectes français ont été fournies par Littré, Durand de Gros, etc., etc. On observe dans chaque pays une prédilection pour cer- taines consonnes ; si ce pays adopte une langue étrangère, il changera toute une classe de consonnes qui ne lui est pas familière en une autre dont il à l'habitude. C’est la loi de permutation ou rotation des sons (Grimm). Ainsi, quand les Iindous et les Grecs prononcent une consonne aspirée, les Goths, les Bas-Allemands et les Anglo-Saxons articulent la consonne sonore ou molle correspondante, et les anciens Hauts-Allemands, la con- sonne muette ou rude correspondante. Quand l'Anglais dit day, jour, le Haut-Allemand fay, t est une dentale muette dont d est la sonore correspon- dante. Des permutations analogues ont lieu dans les patois français. Durand de Gros a précisé les faits suivants : Tirez sur la carte de France deux droites allant l’une du nord des Basses-Alpes aux bouches de la Gi- ronde, l’autre du Luxembourg à Rennes, Entre ces deux lignes le c latin guttural ou Æ se transforme en ch : cas- tellum devient chiteau. Aussitôt ces lignes franchies sans aucune zone de transition au nord comme au sud, on trouve le € latin guttural : les gens du Nord diront cateau et québre; ceux du Midi, castel et cabre (château et chèvre). Entre ces deux sons opposés cha et ca, le type inter- médiaire kia s’est conservé en quelques points épars, rares et restreints. Tel un faubourg de la ville de Saint- Flour (Cantal) habité par de très anciennes familles de bouchers et de tanneurs. Autres lois du même auteur : Le À aspiré s’est substitué au f latin sans discontinuité dans l'Espagne centrale, la région p\rénéenne, y compris le pays basque, la Gascogne,et s'arrête à la Garonne. Le b a remplacé le v latin sur le même territoire et va au nord jusqu'à la Vezère, à Pouest jusqu'aux Cé- vennes et à une ligne allant de cette chaîne à la mer à travers le département de l'Hérault. Ces deux caractères phonétiques se retrouvent dans la langue basque (1). (1) Duran» pe Gros, Origines animales de l'homme, p. 139. Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. D'autres langues offrent des variations semblables dans leurs dialectes. Dans l’ancienne Grèce, les Béotiens articulaient d ce que les Athéniens prononcaient z; ils disaient Deus (Dieu) pour Zeus et dugou (joug) pour ugon. Dans bien des langues, les labiales explosives muettes k, t, p, sont remplacées par leurs correspondantes so- nores. Les Danois prononcent g, d, b, où les Suédois disent #, ft, p. Il serait facile de multiplier les exemples, Rechcrchons la cause de ces faits : Pourquoi tel dia- lecte modifie-t-il d’une manière régulière les sonorités de la langue ? Les philologues répondent par la loi de com- modité ou de moindre effort. En telle contrée, la pronon - ciation de telles consonnes est difficile, même certaines personnes conservent à leur égard un défaut de pronon- ciation. Quand on apprend une langue étrangère,les consonnes, sans analogue dans la langue maternelle, sont particuliè- rement difliciles. Après de vains efforts, on arrive à en substituer d'autres qu'on trouve équivalentes, Même si on arrive à prononcer ces consonnes, elles n’en restent pas moins pénibles à articuler. On les remplace par d’au- tres plus faciles. Cette altération phonétique se produit d'autant mieux que la nouvelle langue est parlée par des classes infé- rieures, n'ayant aucun souci de la Httérature (Max Mül- ler) (1).. Elle rappelle les enfants qui ne se gênent pas pour déformer les mots. Cette loi de commodité ne satisfait pas entièrement l'esprit, elle ne fait que traduire un défaut phonétique spécial à certains pays, mais n’en explique point la cause. Cette difficulté à articuler certaines classes de con- sonnes peut être due à une imperfection psychique ou anatomique. On croirait plutôt à une imperfection anato- mique où physiologique des organes de la parole, quand il y a dans une langue manque absolu de certaines con- sonnes. Les exemples en sont nombreux. Les Taitiens ignorent tous sons gulturaux. Les Chinois ne prononcent jamais les consonnes b,d,r, z, æ, et les remplacent par p, £, l, ss; le son n manque au langage des Hurons; s, à celui des Australiens. Chez les Australiens, b au commencement des mots résonne comme p; d est indistinct avec t. | Les Mobawks Senecas, les Hurons, les Iroquois, n’ar- ticulant jamais avec les lèvres, ignorent les consonnes labiales p, b, f, v (2). D'autres fois, certaines consonnes sont impossibles à distinguer. Aux iles Sandwich, # et £ se confondent au point qu'on ne peut dire lequel des deux est prononcé. Le même défaut existe au Canada et au centre de la France. Molière, dans le Médecin malgré lui, donne ce défaut de prononciation au paysan Lucas et à sa femme. Plusieurs provinces françaises ont un son intermé- diaire entre {et r ; nous y reviendrons. Cette impossibilité pour l'organe vocal de prononrec certaines consonnes peut elle-même tenir à diverses causes, On a fait jusqu’à présent peu de recherches dans (1) Max Muzcer, Nouvelles leçons sur la science du langage t. I, 1867, p. 203. (2) Lussocx, Les origines de la civilisation. G.Baillière, 1881, 21. = P: 30 LE NATURALISTE ce sens, mais nous les noterons soigneusement à cause de leur importance. 19 Déformation artificielle des organes de la parole. — La mode consistant en port d’anneaux aux narines et aux lèvres est la cause du ! nasonné des Indiens d’Améri- que (côte nord-ouest Pacifique). L’extraction des quatre incisives inférieures, le image “es supérieures, amène le bégaiement chez les Hereros (Benguela,Sud-Afrique) (1). 2° Déformation naturelle. — T’imperfection du langage peut être naturelle. Le ton de voix nasillard des Améri- cains est dù, d'après les laryngologues de ce pays, à l'hy- potension du voile du palais (2). = Les nègres prononceraient mal l’r parce qu'ils auraient les muscles génioglosses moins développés (3). La procidence du maxillaire supérieur facilite la pro- nonciation du {h anglais (4). J'en ai pu faire l'observa- tion sur moi-même; ayant un maxillaire inférieur qui dépasse le supérieur, je ne peux prononcer convenable- ment ce th, ni rouler l’> dental. J'arrive à articuler d'au- tant plus correctement ces deux lettres que je ramène davantage la mâchoire inférieure en arrière, et la mets au niveau de la supérieure. 30 Imperfection du langage chez les peuples jeunes. — On peut enfin l’attribuer à une imperfection physiologi- que des organes vocaux. Le langage des primitifs, de même qu'il est pauvre en mots et en idées, est pauvre en sons. Ces sauvages ne sont pas encore parvenus à arli- culer des sons difficiles. La phonétique évolue dans lhu- manité comme elle évolue chez l'enfant. Celui-ci acquiert d'abord les voyelles, puis les consonnes les plus faciles. Au lieu de ÿ, il dit g; au lieu dec, il dit £. Il prononce plus fréquemment la lettre { que l’r, parfois même il ne parvient pas à articuler cette dernière lettre et est atteint de lambdacisme. De même, les bébés anglais se heurtent longtemps aux difficultés des sif- flantes sh, des dentales Let r, th forts et faibles (then et this), des gutturales dures # et g, et douces d, 7... Ils esquivent la difficulté en omettant la syllabe difh- cile ou en substituant une autre consonne plus facile à prononcer : ainsiils disent mouf pour mouth. Certains enfants n’ont pas l'énergie suflisante pour se corriger de ces défauts qu'ils conservent toute leur vie. Les linguistes ont encore noté l'influence du sol, du cli- mat et de la nourriture sur le langage. Dans les pays où ces conditions sont identiques, existe une similitude géné- rale dans la prononciation des langues. Les montagnards ont de larges poumons, d’où un langage sonore et rude (Sayce). L'âpre climat, la vie errante des Perses, des Gaulois et des Germains a fait adopter de tout temps aux idiomes de ces peuples des sons plus aspirés, plus rudes que ceux des tribus méridionales de l'Inde, üe la Grèce et de l’Ita- lie (Eickhof) (5). (1) Savce, Principes de philologie comparée, p.149. (2) Médecine moderne, 1899. : (3) {nlermédiaire des Chercheurs de l'Association pour l'avan- cement des Sciences, question 341. (4) I faut encore se demander si les Anglais ont primitive- ment cette procidence de la mâchoire supérieure, qui facilite l'articulation du {h, ou si c'est la fréquence de ce son dans leur langage qui provoque cette procidence. Notons que ce son {4 existe dans le patois du haut Rhône et du Valais (Suisse). (Interm. des Ch., question 598.) (>) Ericxuor, Grammaire générale Indo-Européenne, 1867, po 6 Comment le sul peut-il influer sur le langage ? Par l'inter- médiaire du psychique. Un climat rude ou doux, une terre granitique et pauvre ou une riche et calcaire, nour- rissent des habitants de constitutionet de caractère diffé- rents (Durand de Gros).La phonétique traduit ce caractère. On peutémettre l’adage : « Dis-moi comment il parle et je te dirai quiil est.» Plus que les particularités du vêtement, de la parure, de la démarche, de la tenue, plus que l’écri- ture, plus que le style enfin, la parole est un reflet du caractère. Un parler lent et doux indique une vie lan- guissante et paresseuse (Cingalais, créoles); un parler rude et bref appartient à une vie active et dure (Anglais, Allemands). Le langage Nago, qui se parle en Guinée, possède une grande douceur dans les sons, Néanmoins, les, Dahoméens, qui sonttoujours en guerre, ont une langue nago plus dure qui contient beaucoup plus d’'as- pirations gutturales (1). En restreignant l'observation à l’altération phonétique d'une consonne, on saisira mieux comment agissent ces causes. Prenons, par exemple, le son ». Certains peuples l’ignorent pour des causes anatomo- physiologiques que nous avons indiquées plus haut; nous ne reviendrons pas sur ce point. En second lieu, une loi très générale dite d'économie, le désir d'épargner du temps, amène la suppression pure et simple de l’? au même titre que d’autres sons. L peut méme être sacrifié de préférence à toute autre consonne, car cette vibrante est pénible à prononcer. Aussi voit-on des peuples actifs comme les Anglais et les Américains éviter de prononcer les ». Ils disent aïeu, feéu, faïeu, méheu, gääden, lood pour iron, fair, fire, maker, garden, lord. Certains professionnels à allures rapides, tels que les vendeurs de journaux à Londres, exagèrent encore ce défaut, en criant: Ouinna (pari, courses) au lieu de winner. Les Irlandais et les Écossais, moins mouvementés au contraire, p'ononcent les #. Même fait se produit dans le patois vosgien où l’on dit abe pour arbre ; aibouncé, aborner ; couone, corne ; couo, cor; couohhe et écouhhe, écorce ; dansou, danseur; déchagé, dé- charger; mailé, marteau; maint ni, maintenir; mé,mer, etc. Cette suppression de l’> est passée dans le français ; on dit, dans les Vosges: Gérardmé et non Gérardmer, Rambervillé et non Rambervillère, etc. (Arsène Dumont). Une autre cause d'ordre psychique, l'envie de se faire remarquer, peut faire passer à l’état de mode la suppres- sion de l’». Ce fait s’est produit dans notre pays, vers 1864. On chantait alors : Si fu savais, ma chéé-ie, Quel beau pays que Pa-is ! Si de la disparition de la lettre 7 on passe à sa trans- formation en un son { ou en un son intermédiaire entre ces deux consonnes, ce phénomène, dit de lambdacisme, nous révèle le caractère des habitants. Les gens éner- giques et forts aiment à prononcer Pr; les caractères mous et sans énergie l’évitent et préférent la lettre 4. Le professeur d’arabe qui s’écriait : « Décidément, les Fran- cais n’ont pas assez de courage pour parler arabe», avait conscience de la peine qu'il y à à prononcer l’> guttural. Cette difficulté nous est expliquée par l'étude physiolo- gique de la production des consonnes. (1) Catéchisme Yoruba. Paris, librairie Poussielgue, 1884. du dns ai this CÉÉRTSS LE NATURALISTE 31 D'après de Meyer(1), qu'il s'agisse d'rprononcés avec le bout de la langue, avec la partie antérieure ou posté- rieure du gosier, ou avec les bords de la langue (r lin- gual, guttural antérieur ou postérieur, marginal), tous ces » ont pour caractère commun d’être des vibrantes. C’est, par suite, une lettre difficile et pénible à prononcer. La consonne /, au contraire, marginale, prononcée avec les bords de la langue, est plus facile à articuler que lr marginal correspondant qui est vibré. Le lambdacisme existe en Normandie, dans la vallée moyenne de l’Orne (2) (arrondissement d'Argentan), et dans un grande partie de ce département on remplace r par un son intermédiaire entre {etr. On plononce au lieu de prononcer. On dit : Maie, palle-lui , gds, pour : Marie, parle-lui, gars. Les mots terminés en ours et en eurs sont pro- noncés en ous et en eus : procureus, voleus, chasseus, carrefous, pour : procureurs, voleurs, chasseurs, carrefours. Les Normands ne se donnent pas la peine de contracter leurs lèvres et leurs joues, qui restent à peu près flasques; ils ne délient pas leur langue et parlent à pleine bouche. Même défaut dans le Hainaut, où on dit : rule, raleté, pour : rare, rareté. De même les créoles de nos colonies (Bourbon, Maurice, Antilles, Taiti) suppriment les r, allongent la voyelle qui précède et prononcent : gaacon, maûtin, pooter, pour : garcon, martin, porter (3). A l'opposé, les peuples énergiques changeraient l'en r (rotacisme) ayant un trop de force qu’ils emploient ainsi. Le patois du Nord dira armena pour : almanach. Il a tiré le mot argousin de l'espagnol alguazil. Le peuple, par excès d'énergie, articule : rentrer, raiguiser et ras- sortir, pour : entrer, aguiser, assortir. Il a imposé cassrole (casserole) au lieu de cassole qu’on prononcait autrefois. - Il à dit apostre pour apostle (apostolus), diacre pour diacne (diaconus), chapitre pour chapitle (capitulum); et plus anciennement le peuple latin a prononcé labor, .arbor, lares, au lieu de labos, arbos, lases. Le rotacisme était également fréquent dans l’ancienne Grèce. Les Eléens et les Erétriens étaient connus pour ce défaut. Le * * La même étude pourrait être poursuivie pour d’autres permutations de lettres. Les consonnes explosives labiale, dentale et gutturale p, t, k, sont dites muettes à l'opposé des consonnes cor- respondantres b, d, g, qui sont sonores. En effet, les con- sonnes muettes exigent un effort plus grand, étant pro- noncées sans le concours du larynx, les sonores ou molles sont aidées par un son laryngé. Les peuplesrudes, durs, remplacent b, d, g par p, t, k; les peuples à la vie facile, artiste, préfèrent les sonores b, d, g, plus faciles à prononcer. Il serait aisé de multiplier les exemples en prenant pour point de départ la phonétique physiologique. D' Félix REGNAULT, (1) De Msxer, les Origines de la parole. (2) ARsèNE Dumoxr, Intermédiaire des Chercheurs de l’Asso- cialion pour l'avancement des Sciences, question 341. (3) Darsreter, Déformations du langage. DESCRIPTION DE LÉPIDOPTÈRES NOUVEAUX Anaxita Sophia, n. sp. 63 millimètres, Port, nervulation et antennes comme dans Suprema WIk, auprès de laquelle vient se ranger cette jolie es- pèce; dessus des quatre ailes noir mat; les supérieures avec deux traits subcostaux rouges, l’un extrabasilaire plus petit, le second commençant à la hauteur de la fin de la cellule, plus grand. Dessous des ailes noir avec une pâle indication des deux taches du dessus; antennes bipectinées, palpes, pattes, tête et thorax noirs; dessus de l'abdomen rouge coupé d’une fine ligne dorsale noire, dessous de l’abdomen noir, l’avant-dernier anneau presque entièrement cerclé de poils rouges. Merida, Venezuela; un Ph:goptera Genoveva, n. sp. 85 millimètres. Belle et grande espèce qui fait penser à pre- mière vue à de grands spécimens de Cornea H. Sch. Les quatre ailes semi-transparentes, couvertes d'écailles clairsemées, jaune ocre, formant au bord terminal des supérieures un dessin, d’ail- leurs très vague, analogue à celui qui se remarque dans Aconia et Collario H. Sch. Dessous comme le dessus, un petit paquet de poils rouges à la base des ailes. Antennes bipectinées; palpes et première paire de pattes jaune ocre avec quelques poils rouges à la base; reste des pattes, dessous du corps, front et ptérygodes jaune ocre: un fin collier reuge; milieu du thorax et dessus de l'abdomen couverts de longs poils rouges, l'extrémité noire. Merida, Venezuela; deux Q. P. Docnix. ALBINISME INSTABLE En Botanique Voici un fait déjà vieux de trois ans, dont nous avons parlé dans la Revue scientifique du Limousin, mais qui nous paraît mériter une large publicité. Il sera certaine- ment de nature à intéresser les lecteurs du Naturaliste et à provoquer de nouvelles observations. Au mois de juillet 1897, étant sur la route de Saint-Ju- nien à Saint-Cyr (Haute-Vienne), nous avons cueilli dans une haie un pied de Campanula patula ayant une fleur complètement blanche et trois fleurs blanches légèrement nuancées de lignes bleuâtres. À côté, nous avons arraché, comme témoin, un pied de la même campanule à fleurs normalement bleues, puis nous avons placé le tout dans la poche d’un portefeuille en maroquin. Le lendemain matin, quand nous avons voulu préparer ces plantes, toutes les fleurs étaient absolument du même bleu, etle phénomène d’albinisme constaté la veille avait disparu. Mis au courant de cette curieuse observation par le n° 56 de la Revue, notre regretté confrère Gonod d’Arte- mare nous à écrit Ce qui suit : « J'avais récolté dans une haie, auprès de Sauxillanges (Puy-de-Dôme), sur terrain siliceux, une fort belle touffe de C. patula, à fleurs entièrement blanches; c'est dans une excursion faite avec Lamotte. Le lendemain et les jours suivants, mes campanules sous presse étaient devenues d'un beau bleu; puis, une fois sèches, elles sont redevenues blanches, Je crois que l’ozone joue un rôle dans cette question d'albinisme. Les campanules de 32 LE NATURALISTE Sauxillanges se trouvaient dans un buisson à l'ombrage d'un vieux chêne. » Ces deux exemples d’albinisme instable, tous deux se rapportant à la même plante, indiquent que, dans les fleurs de C, patula accidentellement blanches, le bleu existe à l'état latent et qu'il apparaît dès que la plante a été soustraite à une influence dont nous ne pouvons pré- ciser la nature. Remarquons que, dans l'exemple qui nous est person- nel, toutes les fleurs du même pied n'étaient pas blanches, bien que ces fleurs fussent nécessairement dans les mêmes conditions de sol et d'exposition, et si, comme l'a dit Gonod d’Artemare, l'ozone joue un rôle, on ne s'explique pas très bien que ce rôle puisse s'exercer à des degrés très différents sur la même plante. Enfin ajoutons que, dans les campanules, la couleur bleue est très fugace et que les fleurs deviennent presque toujours blanches pendant leur naturalisation. On peut, il est vrai, empêcher cette décoloration., Voici le procédé : Lorsqu'on à étendu la plante entre deux feuilles de papier buvard, on mouille les fleurs avec de l'essence de pétrole et on soumet immédiatement le tout à une pres- sion modérée, Il est rare que le bleu ne soit pas fixé et ne résiste pas ensuite aux causes ordinaires de décolora- tion. Nous avons préparé ainsi un nombre considérable de fleurs de Centaurea Cyanus avec un complet succès et, depuis plusieurs années, on peut voir dans notre cabinet un tableau exposé aux rayons du soleil où s'étale un pied de bluets des champs dont les fleurs ont conservé et conservent encore leur belle couleur bleue. Ch. LE GENDRE. QUELQUES FABLES DÉBITÉES PAR LES ANCIENS SUR LES ANIMAUX ET LES VÉGÉTAUX Artémidore d'Ephèse, dans sa Géographie, publiée un siècle environ avant notre ère, mentionnait, à l'Extrème-Occident, au- delà du cap Sacré, c'est-à-dire probablement en Gaule, un port des Deux Corbeaux, à l'aile droite blanchätre. C’est Strabon qui nous a conservé ces récits du géographe grec. Ces Deux Corbeaux réglaient les contestations de nos ancêtres d'une manière fort pittoresque, en se contentant de modestes honoraires, qui feraient rougir nos huissiers. Pour régler les différends, ils mangeaient un des deux gâ- teaux déposés pour eux par les parties, et dispersaient l’autre, afin de montrer qu'ils n’en voulaient pas, dédaignant l'offrande de ceux qui avaient tort. Il est à croire que le port des Deux Corbeaux, où fonction- naient ces singuliers juges de paix, n’a jamais existé que dans le cerveau d'Artémidore, Artémis veut cependant dire bien portant, en grec. C'est aussi ce crédule géographe qui, ajoutant foi trop facile- ment aux rapports des voyageurs ef des négociants (a beau mentir qui vient de loin!), nous raconte qu'il existait en Gaule un arbre semblable à un figuier, dont le fruit présentait la forme du chapiteau d'une colonne corinthienne (!) et produisait un suc mortel servant à empoisonner les flèches ; sans doute pour tuer les fameux corbeaux et autres canards de même envergure. Les Grecs, plusieurs siècles avant notre ère, croyaient que, dans le bas-Danube ou Ister, il y avait une ile des Hippopodes, ainsi appelée parce que ses habitants avaient des pieds de cheval! Une autre ile de ce fleuve était celles des Panotes (tout oreilles), dont les habitants avaient des oreilles pendantes,tellement larges, qu'ils s’en servaient comme d’un manteau, à la place de vêtes= ments. (Voir Pomponius Mela, III, c.6.; Pline, 1V,13; etc., etc.) Ils savaient que l’Ister ou Danube prenait sa source dans la forêt Hercynienne. A ce propos, il n'est pas mal de lire la des- cription que César nous a donnée des principaux animaux que l'on y trouvait de tout temps, c'est-à-dire un demi-siècle avant l’ère chrétienne. La forêt Hercynienne, au temps de César, était considérée par les Suèves, ses principaux habitants, divisés en cent can- tons, comme ayant, du Nord au Sud, une largeur qui exigeait neuf jours de marche pour être parcourue à raison de sept lieues par jour. Quant à sa longueur, on disait qu'au bout de deux mois on n’arrivait pas encore à en voir la fin. Il est pro- bable qu'on ne l'avait jamais parcourue en ligne droite, de l'Est à l'Ouest; sans quoi, on serait sans doute arrivé au bout en moins de soixante jours. Quoi qu’il en soit, voici les animaux que l’on y trouvait, différant des animaux connus des Romains, au dire d'un homme de la compétence de César, qui n'est ce- pendant pas le premier venu. — 1. Le Renne. On dirait un bœuf ayant l'aspect d'un cerf. Du milieu de son front, entre les oreilles, part un tronc plus haut encore, du sommet duquel on voit se subdiviser des rameaux palmés, dans toutes les directions. Le mâle et la femelle ont leurs cornes de même forme et de même grandeur. C'est ainsi que, en passant de bouche en bouche, on avait altéré la vérité. On avait confondu la description d’une corne, prise en particulier, avec une corne unique partant du milieu du front, au lieu de les décrire comme partant de chaque côté, entre les oreilles. De nos jours, n’avons-nous pas vu des personnes intelligentes, appartenant à la classe moyenne de la société, confondre l’élé- phant Aboul'Abbas, que le calife Haroun-al-Raschid donna à Charlemagne, avec l'âne de Balaam! — 2. L'Elan. Il a la peau tachetée et l'aspect de nos chèvres, mais il est beaucoup plus grand. Ses cornes sont tronquées, et ses jambes, sans genoux saillants, n'ont pas d'articulations capables de se ployer(?). Il ne se couche pas pour dormir ou pour se reposer ; de sorte que, si par hasard un accident le fait tomber à terre, il ne peut plus se redresser ni se relever. Pour dormir, cet animal est obligé de s'appuyer contre un tronc d’arbre. C'est ainsi, légèrement penché de côté, que l'Élan peut prendre un peu de repos. Et dire que- c'est César qui a cru à de pareils contes de bonne femme, qui les a écrits, et qui s’est donné la peine de nous les transmettre ! Franchement,quelle triste opinion devons-nous avoir de l'huma- nité en général et de nous-mêmes en particulier, si un homme de cette trempe se montre aussi crédule? Cela donne terrible- ment à réfléchir à tout esprit impartial qui recherche la vérité avec passion. — 3. L'Aurochs. Le nom de cet animal veut dire bœuf des bruyères, en ger- manique. César le confond avec l'Urus, dont le nom veutdire tau- reau antique, et quiest une espèce bien différente pour les zoolo- gistes. D'une taille un peu au-dessous de celle de l'éléphant, l'Aurochs a la forme, Paspect et la robe du bœuf. Grande est sa force et sa rapidité à la course. Il n’épargne ni l'homme m les animaux sauvages, quand une fois il les a aperçus. Ë Les Germains s'appliquent avec zèle à le capturer, en le fai- sant tomber dans de grandes fosses, où ils le tuent. Ils s’'adon- nent avec passion à ce genre de chasse, Celui d'entre eux qu a tué plusieurs Aurochs en rapporte les cornes, afin de les faire bien voir à tout le monde. Elles sont le témoignage fidèle de sa véracité, ef illui en revient un très grand honneur. L’Aurochs ne peut s’apprivoiser et s’habituer à la vue de l’homme que si on l’a pris au piège quand il était encore tout petit. La forme et la capacité de ses cornes différent beaucoup de celles des cornes de bœuf. j Les Germains décorent d’un cercle d'argent le bord extérieur de leur ouverture, et s’en servent comme de coupes pour boire la bière, dans leurs plus splendides et somptueux festins. Dr Bouconx. | | | LE NATURALISTE 33, Le Kermès COQUILLE DE MOULE (Wytilaspis Pomorum) ENNEMI DES POIRIERS. Ce petit Kermès a dù commencer en 1865, quoique connu bien antérieurement à cette date, à faire parler de lui comme ennemi des poiriers. M. Laisné, président du Cercle horticole d'Avranches, en aurait remarqué sur les branches d’un poirier de Louise-bonne, et Boisduval avait déterminé à tort cet insecte comme étant le Ker- _mès du poirier. (Annales de la Société impériale et centrale d'horticulture.) Depuis cette époque, cet insecte vivait paisiblement par petits groupes isolés, comme de petits malheureux, manquant du nécessaire pour élargir leurs domaines et augmenter leur famille ; on rencontrait par ci par là quelques bohèmes vagabonds, installant leurs demeures à l'extrémité des branches des pommiers, poiriers, pru- niers, cornouillers, mais depuis 5 ou 6 ans cet insecte s’est développé en très grand nombre sur les vieilles aubépines des haies où il se plait à merveille; au Bois- guillaume, près Rouen, toutes les propriétés sont entou- rées de haies d’épines, et tous les vieux pieds sont littéralement couverts de cette vermine ; il est fort pro- bable que ces vieux arbrisseaux sont la source actuelle des quantités prodigieuses de Mytilaspis pomorum que nous avons constatées cette année encore sur les pom- miers, car ces insectes se développant toujours n'ont plus de place sur les haies et se transportent sur les pommiers placés près de celles-ci. On remarque,en effet, que les pommiers placés près des vieilles haies en sont plus envahis que les autres. Mais avant d’ailer plus loin, qu'il me soit permis de donner ici le signalement de cet insecte, ou plutôt de cette galle insecte, car l’insecte parfait est encore peu connu: la femelle mesure un millimètre ou un milli- mètre et demi de long; elle a la forme d'une petite coquille de moule, allongée et amincie en avant, un peu arquée en forme de virgule; sa couleur ordinaire est le brun roussâtre plus ou moins foncé, fréquemment sau- poudrée d'une efflorescence glauque. La femelle du Mytilaspis pomorum, aussitôt fécondée, se pose sur la branche des arbres, puis meurt après s'être collée aux branches, de façon à ce que sa carapace serve d’abri pour ses œufs; jamais l'instinct de la ma- ternité n’a été poussé aussi loin; le squelette de la mère sert de toiture imperméable à vingt-cinq ou trente œufs placés dessous, et cette toiture les préserve du froid, de l’eau, de la chaleur et du vent. Ces insectes sont disposés, par groupes plus ou moins nombreux, sur l'écorce, serrés les uns contre les autres, et quelquefois les uns sur les autres, ayant la partie an- térieure dirigée dans tous les sens. Ils se trainent collés sur l’épiderme des branches, mais souvent aussi ils envahissent le pétiole des feuilles, le pédoncule des fruits où ils apparaissent sous forme de petites virgules. Les œufs, placés sous ces sortes de boucliers, éclosent vers le 15 mai, et les petits se dispersent sur l'écorce où ils apparaissent alors comme de petits points blancs faisant partie de l'épiderme, puis ils enfoncent leur sucoir dans l'écorce et pompent la sève qui doit alimenter les feuilles et les fruits. Dès la première année d’attaque, les pom- miers se flétrissent, et si on ne remédie pas aussitôt au fléau, on voit bientôt les pommiers ne plus produire et mourir. Si des dispositions sérieuses ne sont pas prises pour détruire cet insecte, il peut, si rien ne s'y oppose, détruire tous les pommiers de Normandie en moins de dix ans, car sa propagation est prodigieuse, lorsqu'il trouve de bonnes conditions d'existence, comme nous avons pu nous en assurer par des essais faits au labora- toire. Surtout, n'allez pas croire que j'exagère les dégâts que peut causer cet insecte qui a fait périr en Amérique des milliers d'arbres à fruits, et c'est pourquoi nous croyons devoir prévenir nos cultivateurs normands et bretons. En effet, le Mytilaspis pomorum a été transporté d'Eu- rope en Amérique avec nos arbres fruitiers, et s’y est fort bien acclimaté, et permettez-moi de rapporter ici les paroles mêmes d’un entomologiste distingué de l’État de New-York, M. Asa-Fitch: « Ce n’est guère avant 1840, dit-il, qu'il a paru dans l'Ohio et dans l'Illinois. Aujourd'hui il est répandu dans tous les districts de l'Est. Mais c’est surtout dans ceux qui bordent le lac Michigan que ses ravages surpassent tout ce qu'on a dit jusqu’à présent. « C’est à peine si on trouve un seul arbre qui en soit exempt, et lorsqu'on ne prend pas de mesures pour le détruire, on est sûr de voir périr l'arbre un petit nombre d'années après son invasion. » Vous le voyez, les craintes que je vous transmets sont fondées, et l'année dernière encore, au Canada, des milliers de pommiers sont morts par le même insecte. Des essais de toutes sortes ont été tentés ; on emploie avec succès, dit-on, un badigeonnage avec de la chaux délayée. Les Américains conseillent l'usage du goudron mêlé avec de lhuile de lin et appliqué à chaud pendant l'hiver avec une brosse de feutre. M. Lamballe, horti- culteur à Lanosha, dans le Wisconsin, préconise le remède suivant, qu'il dit très efficace: on fait bouillir des feuilles de tabac dans une forte lessive jusqu'à ce que le tout soit réduit en une sorte de bouille, alors on y mêle une solution épaisse de savon noir, de manière à former une masse de consistance pulpeuse. On applique ensuite cette composition à l’aide d'un pinceau sur cha- cune des branches des arbres fruitiers. Mais voici la formule que nous conseillons, et qui nous a toujours réussi; d’abord, les colonies du myti- laspis pomorum étant établies presque toujours à l’extré- mité des branches du pommier, il sera facile d'en dé- truire une grande quantité en taillant les arbres un peu court et en brülant les branches coupées. En outre, si l’on revoyait l’insecte au mois de mai, il serait bon d'asperger les pommiers atteints à laide de la solution suivante : ONE Be de EE EI ES , 10 litres Chaux ver ten 500 grammes S'AVONNOIMAN NAS EE 100 — PéÉROlE Nr Dune ser sue ee litres Le tout bien délayé et envoyé à l’aide d’un pulvérisa- teur. Parce procédé peu coûteux, il est facile d'enrayer le mal à son origine, mais il ne faut certainement pas perdre de temps. Il serait bon aussi de détruire les trop vieilles haies d'épines, où pullulent ces insectes, et de les remplacer par de jeunes pieds beaucoup moins attaquables. PAUL NOEL. 44 LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES MOIS DE L'ANNÉE < ESPECES NOMS RE HABITAT D'ARBRES OU PLANTES | GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES FRANÇAIS Chenilles Papillons Clématite Clematis VITALBA M SN does Iodis Vennaria H. Mai, septembre. Mai à juillet. France centrale et méridion. .. [Acidalia Imitaria H. Belle saison. .[Eupithecia Coronata H. Septembre. 6 — Isogrammaria H. S.|Sept. (boutons fanés). More ; Melanippe Procellata F. Août, septembre. Juin, sept., octobre. Belle saison. + Avril à juillet. = Juin. Paris, Bretagne. Mai, juin, septembre.| Toute la France. FASTIGIATA...... ….. rie Phibalapteryx Tarsata H. — Aquata H. — Vitalbata H. Composées Gnophos Mucidaria H. — Glaucinaria H. Acidalia Nescata H. Sterrha Sacraria L. Larentia Salicata H. Cornouiller Hybernia Bajaria S. V. Corroyère Eupithecia Fraxinata Crewe, Coudrier Endromis Versicolara L, Notodonta Dromedarius L. Hadena Contigua $S. V. Epione Parallelaria Schiff. Kyssia Pomonaria H. Geometra Papilionaria L. Ypsipetes Sordidata Fe Courge Helianthis Armigera H. Cranson Agrotis Signifera S. V. Crépide Hecatera Serena S. V. Crucifères Pieris Brassicæ L. — Rapæ L. — Napi L. — Callidice Esp. — Daplidice L. Anthocharis Belia Esp. Var. Simplonia Fren. Anthocharis Cardamines L. Acidalia Nescata H. Larentia Salicata P. Cynoglosse Aplecta Herbida $. V. Mania Maura L. — Typica L. Cypéracées Hydræcia Micacea Esp. Cyprès Juin, août, septembre. — Juin, sept., octobre. me Juin, juillet, sept., oct. Juillet, août. Mai, juin. Printemps, Juin, octobre. Juillet, août. Juin, automne. |Belle saison. Cornus Mai, juin. Coriaria Août, Mai, juin. Corylus Juillet. Mars, avril. Juin, octobre. Avril à juin, août, sept. Septembre. Mai, jun. Juin. Juillet. Mai à juillet. Mars. Juin, septembre. Mai. Octobre à mars. Mars, juillet. Mai à août. Cucurbita Août, septembre. Juin à septembre. Cochlearia Mai, juin. Juillet. Crepis Mai, août. Belle saison. Août, septembre. Juin, septembre. Juillet. Juin, juillet. Mai, Juin. Juin, octobre. Mai à août. Belle saison. Juillet, août. Mai à juillet. Juin, juillet. Avril, mai. Juin. Cynoglossum Avril. Avril, mai. Juin, juillet. Juin, juillet. Juillet, août. Cupressus .[Lasiocampa Lineosa de Vill.|Avril. Juin. Mars, avril, août, sept. Mars à mai, août, sept. Mars à mai, août, sept. Avril, mai, juillet. = France centrale et méridionale. France centr., mérid.etorient. Basses-P yrénées. France centrale et méridion. France centr., mérid, et orient. Toute la France. Paris, Pyrénées-Orientales,. Toute la France. France centrale et orientale. Toute la France. Toute la France. Montagnes alpines. Toute la France. Toute la France. Alpes, Pyrénées. Toute la France. Savoie, Larche, Basses-Alpes. Toute la France. Basses-P yrénées. France centr., mérid. et orient. France centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et septentrion. France méridionale. DAS DA RE Dh 0 RO RS ER RER LD A I RS PR EE ER EE RS NDDDDD—————————…—….…—…— ——…………_…——_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—]— — —— — — — —— —…— ——.——————— LEA ie LE NATURALISTE 35 MINÉRAUX NOUVEAUX La céruélite, décrite par M. H. Dufet, constitue une masse d’un bleu turquoise, d'aspect argileux, Au micros- cope, on voit que la masse est formée de cristaux extré- mement petits, ayant la forme de bâtonnets, ayant seule- ment quelques millièmes de millimètre de long, et dont l'épaisseur est à peine de 1/10000 de millimètre. La densité est égale à 2,803. La composition est la suivante : ACITeRASTÉNITUES ae benne eee ee 34.56 AA UMUNE Se me le en Cine n es 2 5.123126 Oxyderdercuivre.. net nee 11.80 PAU A None Ge Pen ML en nada 22.32 HOTAL rene ee 99.94 La formule CuO, 2 APO3 As20ÿ-L8 H?0 représente la composition du minéral. Cet arsémiate de cuivre et d’alumine est soluble dans les acides azotique et chlorhydrique. La dissolution concentrée d’ammoniaque, qui attaque la plupart des arséniates de cuivre, n’a aucune action sur ce minéral. Ce minéral provient de la mine Emma Luisa, mines de Huanaco, province de Taltal (Chili). Elle est accom- pagnée d’une argile blanche, ressemblant à l’halloysite, et contient de nombreuses lamelles d’or, couchées paral- lèlement dans certains plans qui traversent toute la masse. Le fragment analysé par M. Dufet contenait 1 0/0 d'or. Les mines de Huanaco sont exploitées depuis une di- zaine d'années. La müllerite est un silicate de fer et d’alumine hydraté se trouvant à Nontron (Dordogne). Il constitue des croûtes d’un vert jaunâtre et parait homogène. Sa du- reté est celle du taic et sa densité est égale à 1,97. L'analyse a donné les résultats suivants : SUCER Rene sen en buse aa ste S 48.82 Sesquioxyde de fer..…............... 35.88 AUMMINE Rene cree mime ed 4.30 MAS NES RU ner relen tea sle ere 0.35 Protoxyde de manganèse........... ARE 0.63 Hate see GA OA don ONE ET OU 9.66 MOTALA eee 99.64% Ces résultats sont représentés par la formule Fe?203, 3 SiO?+2H20 La müllerite diffère donc dela nontronite par une quan- tité d’eau plus faible (deux molécules au lieu de cinq). Au chalumeau,la müllérite devient brun châtaigne, alors que la nontronite devient noirâtre. Plongée dans l’eau, elle ne se modifie point et ne dégage pas de bulles ga- zeuses. En outre, la müllérite se dissout plus difficilement dans l'acide chlorhydrique que la nontronite. La mélite est un silicate hydraté d’alumine se présen- sant en petites masses de couleur brun bleuâtre, formées par l'association d’un grand nombre de petites colon- nettes. L'analyse a donné les résultats suivants : SIN EME ne ane LE NS NO REA 12.56 AURAIENT tre unless EN s en 43.71 DES QUO PER che er se rome tie 0.81 Cha EN ne er KT RER ee 0.95 DÉS 6 08 ao Sr TE CR 44.56 TOTAL: 99.65 La composition de ce minéral est voisine de celle de la schrôtterodite de Cherokee (Al ihama). Du reste, ce der- nier minéral parait provenir de la décomposition de la mélite. Il a été trouvé à Saalfeld (Thuringe). La thalénite est un minéral à composition très com- plexe, formé principalement par du silicate hydraté d’yt- tria Y205,4Si0?, H?20, avec du fer, del’alumine, de la glu- cine, de la chaux, de la magnésie, de la soude, de l’étain. L'examen spectroscopique montre la présence de l’er- bium, de l’holmium, du didyme. En outre, quand on chauffe le minéral ou qu’on l'attaque par les acides, il y a un dégagement de gaz qui peut exister dans la propor- tion de 2,50 0/0. La plus grande partie est constituée par de l'azote et de l’hélium. La thalénite est translucide, de couleur rougeûtre, à éclat gras, à cassure inégale et brillante, et dépourvue de clivages. Elle a été décrite par M. C. Benelicks qui l’a trouvée à Osterby, en Dalécarlie (Suède). Les cristaux sont petits et monocliniques. La thalénite est optiquement négative, le plan des axes est perpendiculaire à g!' et à h!. L’angle des axes 2 V est de 67035’. La thalénite n’est pas toujours cristallisée, elle est aussi massive. Elle se trouve sur du quartz, asso- ciée à des minéraux contenant des terres rares : la fluo- cérite, la gadolinite, l’allanite, La densité est à peu près égale à 4 et la dureté est in- termédiaire entre celle de l’orthose et celle du quartz. La thalénite est attaquée facilement par l'acide chlor- hydrique dilué, en donnantun dépôt de silice gélatineuse. P. GAUBERT. LA GÉNÉALOGIE DES ESPÈCES SUR LES PAPILIONS Est-elle inscrite sur leurs ailes ? Nous avons mentionné dans un précédent numéro du Nalura- liste, parmi les prix décernés à l'Académie des sciences, un remar- quable mémoire de M"° la comtesse de Linden adressé pour le prix de Gama Machado. Les distingués rapporteurs de la Com- mission du prix, MM. Filhol et Edmond Perrier, professeurs au Museum, ont donné sur le travail de Mme la comtesse de Linden un rapport d'un grand intérêt et d'une belle exposition, que nous nous faisons un plaisir de reproduire : Ce travail ne vise pas seulement l'intéressante question des rapports de la Phylogénie et de l'Embryogénie des Pa. pillons; il se propose de déterminer si les méthodes de raison- nement et les facons de parler introduites dans la Science par Darwin et ses disciples ne masquent pas dans une certaine mesure les véritables explications scientifiques, en substituant à la recherche des mécanismes intimes, qui seule conduit à des explications, la simple constatation d'un résultat qui ne nous mène pas beaucoup plus loin, en somme, que le vieux finalisme. Lorsque Darwin et ses disciples disent, par exemple, que les couleurs des Oiseaux et des Papillons sont dues soit à ce qu'elles permettent à l'animal de se mieux dissimuler, soit, lorsqu'elles sont propres aux mâles, à ce qu’elles ont charmé les yeux des femelles, ils ne nous montrent nullement sous quelles influences les couleurs ont apparu, ni comment elles ont pris telle ou telle disposition; ils se tiennent pour satisfaits, comme autrefois les finalistes, dès qu'ils peuvent dire que ces couleurs sont protec- trices ou séductrices. La séleclion naturelle et la sélection seæuelle ont tout fait. Il suit de là que tout système de coloration qui ne serait pas chez les animaux un moyen de se dissimuler ou une élégante parure devrait disparaitre rapidement. Or il n’en 36 LE NATURALISTE rien, et Buffon s’approchait déjà davantage de la vérité lors- qu’il disait : « Tout ce qui ne se nuit pas assez pour se détruire, tout ce ‘qui peut subsister ensemble, persiste (1) », de sorte que les animaux peuvent présenter un grand nombre de parties indif- férentes ou inutiles. Mais les caractères des animaux n'apparaissent pas sans cause. Lamarck a parfaitement vu que, parmi ces causes, se trouve la facon dont un animal use de ses organes, et détermine, par suite, l’activité de leur nutrition; les caractères ainsi produits sous l’action indirecte de la volonté de l'animal stimulé par ses besoins sont tous forcément utiles à l'animal, puisqu'ils résultent de son activité même ; ils sont de ceux que choisit pour les conserver la sélection naturelle. Or il est d'autres caractères dont l'utilité parait être nulle, dont la production échappe à toute intervention de la volonté, et pour lesquels il faut faire intervenir autre chose que les besoins de l'animal. Ces caractères résultent soit de l’ac- tion du milieu extérieur, soit du fonctionnement de l’organisme dans ce qu'il a de plus automatique : telle est la production de la coloration des ailes des Insectes en général et plus particuliè- rement des Papillons. Les observations de Me de Linden sur cet intéressant sujet peuvent se formuler ainsi : 10 Les ailes des Insectes primitifs présentaient des nervures réticulées semblables entre elles et serrées (Éphéméridés, Libel- lulidés). 2° Par la suite, certaines nervures ont pris des dimensions plus grandes que les autres : le nombre des petites nervures s’est réduit; il n'a subsisté que les plus grandes nervures longitudi- nales et quelques nervures transversales, l'ensemble de ces ner- vures découpant la surface de l'aile en grandes cellules (Hymé- noptères, Lépidoptères, Diptères, etc.). 3° Les nervures disparues sont souvent représentées par des plis de la surface de l’aile. 40 Les nervures sont la voie par laquelle le sang pénètre dans l'aile ; elles contiennent presque toujours un rameau de trachées; ce sont, par conséquent, tout à la fois, des organes de circulation et de respiration. 50 La matière colorante des animaux apparait en général sur le trajet des voies sanguines. Ces voies sont représentées dans VPaile des Insectes par les nervures; c'est donc sur les nervures des ailes que devront apparaitre les colorations pigmentaires. 60 La malière colorante se montre le long des nervures trans- versales ; elle fournit donc au début des lignes brisées transver- sales par rapport à l’aile ou des dessins en zigzag. 19 En s'étendant à partir des nervures, la matière colorante élargit peu à peu les lignes en zigzag, et les transforme en bandes qui peuvent devenir coalescentes par places, s’effacer sur certains points ou former finalement des taches isolées qui peu- vent paraitre ne plus avoir un rapport déterminé avec les ner- vures. Cette première série de propositions entraine pour ainsi dire la conclusion qu’un phénomène chimique lié à la respiration a amené la production du pigment des ailes des Insectes, comme cela parait être la règle dans le règne animal. La sélection naturelle n'a rien à faire dans ce premier stade, pas plus que la sélection sexuelle. L'aile primitive, qui était finement réticulée et dont toutes les nervures étaient semblables, qui a dû, à l’origine, en raison de son étendue et de son fin réseau de trachées, être un admirable organe de respiration, s’est peu à peu exclusivement spécialisée dans la fonction du vol. Peu à peu des nervures de soutien, plus fortes que les autres, se sont dessinées dans le fin réseau de l'aile, circonscrivant des cellules de grande dimension; et ceci est intéressant au point de vue du mode d’action de l’hérédité; alors même que les nervures ont complètement disparu sans laisser de traces, le dessin qui leur correspondait dans les types primitifs n'en continue pas moins à se montrer à sa place; c’est lorigine des dessins en zigzag de l'aile de tant de Papillons de nuit. Parmi ces derniers, les Géomélrides paraissent les plus anciens de tous les Papillons, les Microlépidoptères (Cerosoma luc-lla, Phoxopleryx corylana), très apparentés aux Ephémé- rines et aux Phryganides, mis à part. Des circonstances diverses peuvent modifier la disposition primitive et en faire apparaître d'autres parfaitement régulières : c'est ainsi que les bandes des ailes des Bombycides apparaissent chez les chrysalides tout le .ong des parties de l'aile reployée qui correspondent aux inci- sions de l'abdomen, le long desquelles la circulation de l'aile est manifestement plus facile. Plus tard la croissance de l'aile PR A {1) Article sur le Cochon. masque chez l'adulte cette disposition, et si elle est inégale arrive à produire sur les bandes des sinuosités ou des brisures qui ne correspondent plus du tout à la marche des incisions. L'origine du dessin des ailes des Papillons est donc la même que celle des autres Insectes à ailes réticulées; les transforma- tions du dessin réticulé primitif sont liées à des causes physiques ou physiologiques. C’est seulement parmi ces dessins déjà réa- lisés qu'un certain nombre de dessins avantageux pour la pro= tection des individus peuvent, dans certains cas, prendre la pré- dominance sur les autres; mais la sélection naturelle n'est pas indispensable pour leur fixation, et il suffit que certaines caté- gories d'individusdemeurent constamment soumisesaux conditions physiques et physiologiques qui les ont produites pour que ces caractères se fixent sur ces individus et se transmettent par héré- dité. Après avoir ainsi déterminé l’origine du dessin des ailes des Papillons, M"° de Linden se demande comment évolue la colo- ration des ailes et s’il existe quelque modification d'une espèce à l’autre dans la facon dont le coloris et le dessin lui-même se développent. Elle arrive sur ces divers sujets aux conclusions sulvantes : 1° Chez les espèces primitives (Gébomélrides, Bomycides) et dans un grand nombre d’autres (Papilio, Vanessa) les écailles de l’aile commencent par être uniformément colorées en jaune clair tirant parfois un peu sur le vert. La couleur du dessin résulle d'un assombrissement de la couleur primitive qui com- mence à l'extrémité de chacune des écailles qui font partie d'une bande colorée et gagne peu à peu sa base. 2% Les bandes qui passent successivement par plusieurs teintes dans les espèces primitives (Géomélrides) peuvent, chez d’autres, atteindre d'emblée leur coloration (Papilio). Lorsque la tachy- genèse est poussée plus loin (Vanessa, Thuïis), les écailles qui forment le dessin se montrent plus tard que celles qui forment la couleur du fond; elles demeurent incolores et transparentes jusqu’à la fin de la vie chrysalidienne pour prendre d’emblée leur forme et leur couleur définitives. Les couleurs les plus claires précèdent les plus foncées et les changements de teintes s'accom- plissent dans l’ordre suivant : jaune clair, jaune foncé, brun, noir; jaune clair, orangé, carmin; jaune clair, rose, gris, gris noir; jaune clair, jaune verdältre, vert; jaune clair, orangé, rouge brique, rouge brun. 30 La bigarrure des ailes de beaucoup de Papillons résulte d'un arrêt, à des degrés variables, dans le développement d'écailles appartenant à une même série de coloration (Héléré- pislase, de Eimer), et qui étaient primitivement distribuées en zigzag, bandes ou taches longitudinales et unicolores. 49 Chez tous les Papillons, la position des bandes primitives est dans une très large mesure constante et définie par les rap- ports des bandes avec les régions de l'aile, les nervures et les trachées. Le nombre maximum est de seize (Gonophora derasa)- 5° La disposition primitive est, dans les formes anciennes, graduellement remplacée par une autre : mais, dans les formes les plus modifiées, la disposition finale peut apparaitre d'emblée, comme le fait prévoir la loi de la tachygenèse. 6 Sur l’aile inférieure, le dessin commence par être plus pri- mitif, quand sa forme n’est pas très modifiée, que sur l'aile supé- rieure ; il S'en rapproche ensuite peu à peu, en prenant tous ses caractères; finalement il le rattrape et le dépasse en montrant des phénomènes évidents de tachygenèse. 1° Si l'aile inférieure est profondément modifiée dans sa forme, si par exemple elle est plus ou moins avortée, le développement du dessin se fait plus rapidement et le dessin est plus modifié que sur l'aile supérieure. SR — MÉDAILLE EN L'HONNEUR DE M. LE PROFESSEUR R. BLANCHARD Après avoir occupé pendant vingt-trois années le poste de secrétaire général de la Société zoologique de France et avoir puissamment contribué au développement de cette Société, M. le P' R. Blanchard résigne volontairement ses fonctions. La Société zoologique à voulu lui témoigner sa reconnaissance pour les grands services qu'il lui a rendus et a décidé qu'une médaille commémorative lui serait offerte à l’occasion de sa retraite, qui coïncide avec le vingt-cinquième anniversaire de la fondation de la Société. : Dans ce but, une souscription est ouverte, en laissant toute LE NATURALISTE 37 atitude aux personnes qui voudront bien y prendre part. La plus petite offrande sera accueillie et il en sera accusé réception. Tou- tefois, un exemplaire en bronze de la médaille ne pourra être remis qu'à toute personne ayant souscrit pour une somme d’au moins 15 francs. Les souscriptions devront être adressées à M. Schlumberger, Trésorier de la Société, 16, rue Christophe- Colomb, à Paris. La médaille aura la forme d'une plaquette. M. le D' Paul Richer, membre de l’Académie de médecine, a bien voulu se charger de l'exécution ; sa grande et légitime réputation de sculp- teur est un sûr garant de la haute valeur de cette œuvre d’art. DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Anthicus subobscurus. — Modérément allongé, roussàtre obscurci, à pubescence claire en partie redressée, brillant avec le prothorax subopaque. Tête longue, brillante, diminuée et arquée en arrière, modérément ponctuée; antennes roussâtres assez longues et gréles ; prothorax plus long que large, sinué sur les côtés, modérément élargi, avant le milieu, subopaque, à ponctuation ruguleuse dense; élytres assez larges, subparallèles, modérément ponctués, d'un roussätre obscurci mais vaguement plus clair dans la dépression posthumérale, celle ci très profonde avec les omoplates tout à fait saillants, séparés par une profonde impression postscutellaire; pattes roussâtres, grêles. Longueur 3 millimètres, Brésil (coll. Pic). Peut se placer près de amplipennis Pic dont il se distinguera par une colora- tion générale plus foncée, les élytres subparallèles, plus forte- ment impressionnés en dessous des épaules. Anthicus Groulti. — Modérément allongé, roussâtre avec une fascie sinuée chscure sur le milieu des élytres, un peu brillant, orné de quelques soies dressées. Tête grosse, arquée, un peu brillante, assez densément ponctuée; antennes robustes, noires, avec les premiers articles roussâtres; prothorax assez large, for- tement dilaté, arrondi en avant, un peu brillant, à ponctuation forte et dense; élytres assez larges, subparallèles, fortement ponctuës en lignes avec une dépression posthumérale peu pro- fonde et ornés d’une fascie médiane foncée, sinuée, n’atteignant pas le bord externe; pattes peu robustes, testacées. Longueur 3 millimètres, Brésil : Goyas (coll. Pic). Peut-être variété de sérialopunctatus Laf., mais, dans tous les cas, bien distinct par sa coloration, tout l’avant-corps étant à peu près de la couleur générale des élytres. M. Prc. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 24 décembre 1900. Sur le développement des plantes étiolées ayant re- verdi à 1a Iumière (M. H. Ric mo). La privation de lumière détermine chez les végétaux un déve- loppement anormal, bien connu sous le nom d’éliolement. Les changements de forme à l'obscurité sont attribués par M. W. Palladine à la différence de transpiration de la tige et de la feuille. M. Wiesner, tout en accordant à la transpiration un rôle important, croit nécessaire de faire intervenir d’autres facteurs, encore mal déterminés. Comme on le sait, les matériaux mis en réserve dans la graine ou ailleurs peuvent, au moins dans une large mesure, permettre à la plante de se développer sans l’action chlorophyllienne. On comprend qu'une plante pourvue de réserves abondantes sup- porte mieux et plus longtemps la privation de lumière qu’une autre moins riche en matières nutritives. Mais elle peut même, si l'étiolement initial n’a pas été de trop longue durée, paraitre, quelque temps après la mise à la lumière, plus vigoureuse qu'une plante normale, avec sa tige plus haute et ses premières feuilles plus grandes. La transpiration joue aussi un rôle dans le phénomène. Elle s’exagère beaucoup lors du passage de la plante étiolée à l'alternance du jour et de la nuit, comme je l’ai constaté par la grande perte d'eau, qui fait diminuer le poids total de la p'ante, alors même que, grâce à l'assimilation chloro- phyllienne, le poids sec augmente. C'est sans doute à ce facteur qu’il faut attribuer le grand accroissement en surface des feuilles déjà existantes lors de la mise à la lumière et restées petites à l'obscurité, alors que les parties hautes de la plante, dévelop- pées plus tard, reprennent le facies normal. Ces différences peuvent être expliquées par le rapport entre la transpiration de la tige et celle de la feuille, suivant le mécanisme exposé par M. Palladine à la suite de ses expériences sur des plantes ayant poussé totalement à l'obscurité. Effets de la décortication amnulaire chez quelques plantes herbacées (M. Lucien Daxier). La décortication annulaire, improprement appelée incision an- nulaire, est une opération connue depuis les temps les plus re- culés. On l’a appliquée exclusivement aux végétaux ligneux (arbres fruitiers et vigne), dans le but d'amener une fructifica- tion plus sûre et d'obtenir des fruits plus volumineux. L'auteur s’est proposé d'en rechercher les effets chez diverses plantes cul- tivées appartenant aux familles des Crucifères et des Solanées. Il résulte. des expériences faites que : 40 la décortication an- nulaire des plantes herbacées intéresse la pratique; on pourra en l’employant à propos, amener un grossissement marqué du fruit dans les Solanées alimentaires et très probablement dans les autres familles qui fournissent des fruits comestibles; 20 la décortication annulaire peut être utilisée en physiologie, car, en l'employant comparativement avec la greffe, à la même époque et sur les mêmes catégories des plantes, on précisera ainsi l'ori- gine de certaines variations de nutrition générale amenées par le greffage (diminution de taille, modifications de forme, change- ments desaveur, fragilité des tissus, grossissement des fruits, etc.) Séance du 31 décembre 1900. Sur la différenciation des tissus vasculaires de 1a feuille et de la tige (M. Gaston Bonnier). M. Gaston Bonnier a établi, dans une note précédente, la com- paraison de la différenciation des tissus provenant du méristème vasculaire dans la tige et dans la racine des Phanérogames. II s’est maintenant proposé de rechercher l'origine du méristème vasculaire dans la feuille et de comparer sa différenciation avec celle des tissus analogues qui se rencontrent dans la tige. L’au- teur a abordé d’abord cette question au point de vue de l’anato- mie comparée des organes adultes et, en second Jieu, au point de vue du développement histologique des tissus. Ce mémoire, ac- compagné de figures, expose d'une façon très précise le résultat des études faites. Il termine ainsi : « Sans émettre aucune hypo- thèse sur l’origine des trois membres de la plante dont les carac- tères persistent grâce à une hérédité profonde, on pourrait tou- tefois tenter d'établir certains rapports entre leur symétrie de structure et leurs fonctions générales. Prenons, je suppose, la feuille comme point de départ. Son limbe aplati est exposé à la lumière par sa face supérieure, à l'ombre par sa face inférieure. La face exposée à la lumière devient la plus riche en chloro- phylle; c'est de ce côté que se feront surtout l’assimilation et la transpiration chlorophylliennes. D'autre part, lorsque la feuille devient vasculaire, c'est vers la face supérieure, là où un excès d’eau est nécessaire aux fonctions chlorophylliennes, qu’on voit se former les vaisseaux du bois. On peut donc admettre qu'il existe une corrélation entre la position des pôles ligneux et les fonctions principales de la feuille, et que les pôles libériens se forment à l’opposé. Les feuilles demeurant cohérentes entre elles par leurs bases dont l'ensemble constitue la tige, les faisceaux viennent s’y réunir et alors, dans la tige, le bois se trouve vers l'intérieur et le liber vers l'extérieur. Enfin, lorsque la tige se transforme, latéralement où au sommet, en un organe destiné à l'absorption, les pôles ligneux se rapprochent de l'extérieur pour se mettre en contact avec le tissu qui sert à puiser l'eau dans le sol : on a la structure de la racine. » LIVRE NOUVEAU Cours de botanique par MM. Gaston BoNxiER et LECLERG Du SABLON Le Cours de botanique de MM. Gasrox Boxer et LECLERC pu SaBLon est rédigé suivant un plan nouveau. La description et l'anatomie des organes sont traitées d’après un certain nombre d'exemples types, choisis parmi les plantes les plus répandues. L'exposé des familles végétales renferme, outre les caractères 38 LE NATURALISTE EQ = extérieurs ordinairement décrits, les particularités anatomiques les plus intéressantes et les applications relatives à l'Agricul- ture, à l'Industrie et à la Médecine. Dans l'étude de la Physio- logie expérimentale, les auteurs se sont appliqués à n'exposer que les faits qui semblent définitivement acquis à la science; la description détaillée des appareils et des expériences est jointe à l'exposé des résultats. De plus, il est fait une large place à l'étude des maladies des plantes, à la Géographie botanique, à la Paléontologie végétale et à une partie toute nouvelle de la science, la Morphologie expérimentale, c'est-à-dire l'influence du milieu sur la structure des végétaux. Enfin, l'historique des découvertes botaniques à été, de la part des auteurs, l’objet de recherches spéciales qui sont résumées à la suite des principales parties de l'ouvrage, avec la reproduction des figures les plus caractéristiques prises dans les anciens auteurs. D'une manière générale, le lecteur trouvera dans ce Cours de botanique la description des faits, exposés d'après des exemples concrets, avant les généralités qui peuvent en être déduites; il pourra se rendre compte ainsi par lui-même de ce qui est dé- montré ou de ce quireste hypothétique dans la science moderne. Plus de 3.000 figures, toutes dessinées spécialement pour cet ou- vrage, la plupart d'après nature, ajoutent à la clarté du texte et permettent à celui qui n’aurait aucune notion de botanique de se mettre au courant de toutes les questions, même les plus com- plexes, que soulève l'étude des végétaux. L'ouvrage paraïtra en six fascicules. Le premier fascicule (838% pages et 553 figures) est publié. Prix par souscription à l’ouvrage complet (payable d'avance) : 25 francs. Prix de chaque fascicule vendu isolément : 6 francs. L'ouvrage, une fois achevé, ne sera plus vendu par fascicules. Le prix de l’ouvrage terminé sera supérieur au prix de souscription. Le dernier fascicule pa- raitra en 1903. LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ LES CHAMPIGNONS (Suite.) Dans une autre épigramme, il fustige encore un am- phitryon qui gardait pour lui les meilleurs champi- gnons, et faisait servir à ses convives ceux que l’on jetait d'ordinaire aux porcs : IN PONTICUM Quum vocor ad cænam, non jàm venalis, ut antè, Cur mihi non eadem, quæ tibi, cœæna datur ?… Ostrea tu sumis stagno saturata Lucrino : Sugitur inciso mylilus ore mihi Sunt tibi boleti : fungos ego sumo suellos. Etc., etc. (Lib. IT, épig. Lx.) CONTRE PONTICUS « Lorsque, dispensé maintenant de tendre la main, comme auparavant, je suis invité à ta table, pourquoi ne me sert-on pas les mêmes mets qu’à toi? Tu savoures des huitres engraissées dans le lac Lucrin : moi, je suce une moule dont l’écaille me coupe la bouche; tu manges de fins bolets : moi, de ces grossiers champignons qu'on donne aux cochons ; tu es aux prises avec un turbot : moi, avec une limande; le gras croupion d’une blanche tourterelle emplit ton estomac, tandis que je vois surgir devant moi une pie morte dans sa cage. En soupant avec toi, Ponticus, pourquoi soupé-je sans toi? » Dans sa Satire V (v.146-148), Juvénal constate le même fait, à la table de certains personnages : Vilibus ancipites fungi ponantur amicis, Boletus domino; sed qualem Claudius edit Ante illum uxoris, post quem nil amplius edit. « Les champignons suspects sont servis aux clients subalternes, les bolets au maitre, mais tels que les man- geait Claude avant celui qu'il reçut de son épouse, et après lequel il ne mangea plus rien. » Ce champignon de l’empereur Claude est célèbre. Voici comment s'exprime Suétone au sujet de la mort de ce César (Vie de Claude, chap. xLIv) : & On est d’accord sur ce point qu'il périt par le poison; mais quand et par qui fut-il administré? C'est une chose sur laquelle on diffère. Quelques-uns pensent que ce fut par l'eunuque Halotus, son dégustateur, et pendant qu'il mangeait au 'apitole avec les prêtres. D'autres prétendent que ce fut dans un repas de famille, et par Agrippine elle-même, qui aurait empoisonné un champignon, mets dont il était très friand. » Tite-Live (Annales, liv. XII, ch. LXVI) raconte ainsi l'événement : «.... Il fallait trouver un poison qui lui troublât l'esprit sans précipiter sa mort. On choisit une femme habile en cet art, Locuste, condamnée naguère pour empoisonnement, et longtemps conservée comme instrument du pouvoir. Le breuvage préparé par Part de cette femme fut donné par l'eunuque Halotus, chargé d'apporter les mets et de les déguster. (Chap. Lxvrr.) — Et toutes les circonstances en furent si évidentes, que les écrivains de l’époque ont räpporté que le poison fut infusé dans un succulent ragoût de champignons. La violence de son eflet ne se fit pas sentir € aussitôt, soit par la stupidité (?..), soit par l'ivresse de Claude; une évacuation parut même le sauver. Agrip- pine, épouvantée et, parce qu'elle avait tout à craindre, bravant la présence de tous, recourut au médecin Xéno- phon, dont elle s’était déjà assuré la complicité, On croit que celui-ci, sous prétexte d'aider les efforts des vomis- sements, glissa dans la gorge de Claude une plume imprégnée d'un poison subtil, sachant bien que les grands crimes se commencent avec péril et se consomment avec récompense. » Dion (Histoire romaine, livre LX) dit ceci : «.. Comme le vin qu'il prenait toujours en grande quantité, et les autres précautions dont usent les souve- rains pour conserver leur vie, empêchaient qu'il put res- sentir les effets du poison, Agrippine envoya chercher Locuste, fameuse empoisonneuse, et prépara avec son assistance un poison sans remède qu'elle mit dans un champignon. Elle mangea ensuite elle-même des autres champignons, et fit manger à Claude celui qui était empoisonné; c'était le plus gros et le plus beau. Quand il eut été surpris de la sorte, on l'emporta hors de table comme si — ce qui lui était maintes fois arrivé — il eùt été gorgé outre mesure par lexcès des viandes et de l'ivresse; et, la nuit, il mourut sans avoir pu recouvrer ni la parole ni l’ouie. » Ce malheureux empereur, qui fit de belles et utiles choses pendant son règne (voyez Suétone), avait une réputation de stupidité si bien établie, que Tite-Live va même jusqu'à dire, ainsi qu'on l’a vu plus haut, que cette stupidité l'empécha tout d'abord de ressentir les effets du poison. Dans tous les cas, qu'il füt stupide par feinte ou par nature, Suétone cite de lui certains actes et certains jugements qui dénotent un esprit très sagace; ce juge- ment, entre autres, auquel Salomon n’eût rien trouvé à redire : « Une mère refusait de reconnaître son fils, dit Suétone (Vie de Claude, chap. XV), et les preuves étaient équivoques des deux côtés; Claude ordonna à la femme d’épouser le jeune homme, et l’obligea ainsi de s’avouer sa mère ». D étitioc tépaté SiEnt LE NATURALISTE 39 Salomon avait su, dans son célèbre jugement, distin- guer la vraie mère dans les deux femmes qui se dispu- taient l’enfant apporté devant son tribunal; il est très curieux que le moyen employé par Claude pour connaitre la vérité, moyen aussi subtil que celui dont usa le roi juif, ne lui ait pas acquis la même réputation de sagesse. Suétone seul en fait mention. Mais qui lit Sué- tone? Dans son Historiographie de la table, Vertot (pas l'abbé au siège fait; un autre) nous donne les détails suivants à l'articlé Champignons : « Néron les nommait « chair des dieux », non seule- ment pour leur délicatesse, mais parce qu'ils avaient causé la mort de l’empereur Claude, auquel il succéda et que l'on mit au rang des dieux. On les accuse, en outre, de la mort de la femme et des enfants d'Euripide, de l’empereur Tibère, du pape Clément VII, du roi Charles VI, et de la veuve du czar Alexis; — (fenez-vous bien :) AUCUN DE CES ILLUSTRES PERSONNAGES N'AYANT DÉMENTI CES ASSERTIONS, les champignons restérent chargés de ces crimes. » Sans parler de Tibère, mort d'une défaillance à l'âge de 78 ans, ou étoulfé sous des matelas, disait la légende à l'époque où écrivait Suétone (105 ap. J.-C.); ni du pape Clément VII, mort tranquillement dans son lt; ni du roi Charles VE, qui mourut de sa folie ; ni de la veuve d'Alexis Michaïlowich, la belle Nathalie Barichkine, mère de Pierre le Grand, qui crut également devoir mourir comme tout le monde, je dirai seulement que l'histoire ne connait ni la femme ni les enfants d’'Euripide. Elle ne connait que l’épigramme citée plus baut : Sur une femme et ses trois enfants empoisonnés par des champignons. Mais ce n'était pas la famille Euripide : Athénée n'eût pas passé ce détail sous silence. A part cela (comme pour le homard de Sainte-Beuve), tout est exact. Mais, c’est égal : cette facon d'écrire l'histoire... D'ailleurs, « ces illustres personnages n'ont pu dé- mentir », et pour cause. _ Dioscorides s'exprime ainsi sur les champignons (1) : « Il y a deux sortes de champignons ; car il y en a qui sont bons à manger, et d’autres qui sont venimeux. Les champignons sont faits venimeux par plusieurs moyens. Comme quand ils croissent en lieu où y à un clou de fer enrouillé ; ou bien que-de drap chanci et pourri; où bien s'ils croisseut auprès du trou d’un serpent; ou au pied de quelque arbre venimeux et dont son fruict soit veni- meux. Ceux qui sont tels ont sur eux une certaine ra- clure et viscosité amassée; et estans cueillis, ils se cor- rompent et se pourrissent incontinent, mais ceux qui sont bons à manger rendent vn ius qui sent fort bon. Toutesfois, si on en mange par trop ils sont mauvais, et ne les pouvant digérer, ils estouffent les personnes, ou bien les font tomber en forceneries (extravagance, folie, fureur). Le remède à cela est de boire du nitre ou de lessive avec saumure aigre, Où bien la décoction de sarriette ou d'origan. La fiente de poulailles, buë en vinaigre, ou prinse à mode d’électuaire, avec miel, amortit leur venin. Les champignons sont nutritifs ; Ceneantmoins ils sont fort malaysez à digérer; de sorte que, le plus souvent, on les rend entiers avec la matière fécale. » Mathioli, p. 403. (1) Traduction d'Antoine du Pinet, avec les commentaires de Pline donne des détails assez nombreux — et supers- titieux — sur les champignons (Histoire naturelle, livre XXII, ch. XLvI) : « Au nombre des plantes dont il est dangereux, ou du moins imprudent, de faire usage, nous rangerons avec raison les bolets. Ces espèces forment, il est vrai, un mets très délicat mais fort décriés depuis le fameux attentat d'Agrippine, qui s’en servit pour empoisonner l'empereur Claude, son mari. On reconnait sans peine plusieurs espèces de bolets vénéneux à leur couleur d'un rouge faible au dehors, livide au dedans, aux crevasses de leurs feuillets, et à la bordurepale de leur chapeau. D’autres circonstances les rendent vénéneux; si, par exemple, 1ls croissent près du trou de quelque serpent, et qu'ils soient frappés de son haleine lorsqu'ils com- mencent à s'ouvrir, ils en attirent lé venin comme une substance analogue et qui leurest propre; aussi, devra- t-on s'en abstenir jusqu'à ce que les serpents se soient enfoncés dans leurs retraites. La durée totale des holets, de la naissance à la mort, est de sept jours. » (Chap. xLvI.) — Les champignons (fungi) ont moins de consistance. Il y en a beaucoup d'espèces, mais toutes produites par l'humeur vicieuse des arbres; les moins à craindre sont ceux qui sont d'une couleur rouge plus foncée que celle des bolets ; ensuite sont les blancs, dont le pédon- cule a quelque ressemblance avec la houpe-du flamine ; ceux de la troisième espèce, appelés suilli (de cochons), sont très vénéneux. Il y à quelques années qu'ils firent périr des fanulles entières et tous les convives d'un festin, entre autres Anneus Serenus, préfet des gardes de Néron, avec les tribuns et les centurions. Quel si grand plaisir peut-on trouver dans l’usage d’un mets si suspect? — Quelques auteurs les distinguent par les arbres sur lesquels ils croissent, comme le figuier, la férule, et les arbres qui produisent une gomme. Nous avons nous-mêmes cité ceux du cèdre, du rouvre et du cyprès. » Glaucias prétend que le bolet est utile à l'estomac. Le suillus, qu'on a mis sécher enfilé dans un jonc, comme ceux qui viennent de Bilhynie, guérit le flux du ventre, et, appliqué sur les excroissances de chair à l'anus, il les ronge et les consume peu à peu. Il efface les taches de rousseur et nettoie la peau du visage des femmes: appliqué avec de l’eau, il guérit les ulcères putrides, les éruptions à la tête et la morsure des chiens. J’ajouterai quelques réflexions sur la manière de faire cuire les champignons, puisque nos gourmets ne dédai- gnentpas de les apprèter eux-mêmes avec des couteaux de succin, dans des plats d'argent, pour satisfaire au moins leur imagination avant leur goût : — tout champignon qui durcit en cuisant est vénéneux;les moins malfaisants sont ceux qui cuisent avec une addition de nitre, si tou- tefois on parvient à les faire cuire ainsi; mais il est plus sûr deles apprêter avec des viandes ou avec des queues de poires ; aussi est-il bon de manger des poires aussitôt après les champignons, Le vinaigre encore neutralise leurs propriétés vénéneuses,. (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. *SOTeUI sop senSunsipe serez juonbosuoo ed quos 72 so9ddoeagp quowuajerduoout sejte sop quopessod no sogoqde JUOoS se[[joue; 2p o1quou puess un ‘soiuo8 sio4} se9 suep ‘onb ooed onbruoutxe] 91919189 uoq zos$e un 9nJljsu09 aJjo ‘a[[anxes quouroand a1os eouodoptp 297399 enb uotg (1) ‘U9S1ON Sns01147 (zay ‘$y) o8nox oanproq 98e] oun 9948 91/PPI9A XEI0UJ014 EEE EE ETES ‘U98)0J{ SNSIPIOUIXY £èt -++-:(egr Sy) aonquo uo atou no 98001 810014 *"LHAATNOH LNVLSNO") (aunns y) à RES J 1e u9 199191 JUOWOIQISUIS XPIOUJOIX AHISNUIODOMIU TE CCC TS NUITS reret-(pgy *$7) sooquop og D Juowuo]qistA sasstedo sauuoJuy (ee “(rar-087 ‘$y) outepnsuro91 no 9x OT _1mo ‘so[8ur SO ANS IPUOIIE XEIOWJOI4 68l ap sosie} sp O[o1IIe 2WIXNO(T Re cesete ce (guy ‘T) Snossop uo (Gr $ÿ) Juoa7J np paoq ef ANS S0919SUT SOUUSUY 98uOFçe JUawWoJIO; SANn9riQqUe sosie) S2p aforqat AU9IXNI(T lHUONNE et" (6R4 37) SIBUIPIO OUHOF g....- üT ) ODA CIC NOT CON Are *81) QUOIF O[ ANS S9919SUI SOUUIJUY ss... . esse STATE 84) onb soqanoo snjd dnooneoq on ne RAT 7: ‘Ko saçoyde19 F FRE (Ter ‘$y) sogquep ] Juow9[qLe; ‘SSWAOJUI SAaUUSTUY DÉS EC k f enesseseesteseeretesee(z2T SU) OMQT NATURALISTE © = & (ea — a Nour A as SATIAUNLVN SHONHIOS SH HAAILIOG -qu,y 9nb son$uor issne soxjÂT ELHAATAINOH FU8ISU0 Uvd LI VAS EEE sos. ss... 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Les résultats peuvent se résumer comme suit : 1° La destruction par les oiseaux insectivores est énorme ; 20 Cette destruction est d'autant plus grande que le contraste entre l'aspect dé la surface sur laquelle Ia chry- salide est appliquée et l'aspect de la chrysalide elle-même est plus accentué ; 3° Les essais variés à l’aide de chrysalides les unes dorées, les autres foncées, fixées sur des supports choisis de facon à ce que la couleur de la chrysalide ressorte fortement ou se trouve en harmonie avec la teinte de l’objet, montrent que la destruction est surtout considé- rable lorsque ia différence de coloration est marquée. li est donc bien démontré que, pour les Rhopalocères, la période de nymphose est excessivement dangereuse et que les chrysalides, dont l’aspect extérieur ainsi que la coloration tendent à les dissimuler au milieu des corps environnants, ont plus de chances que les autres d'échap- per à leurs ennemis naturels. L'expérience de Poulton et Sanders fait par conséquent passer, pour les chrysalides, le rôle important attribué à la ressemblance protectrice, du domaine de l'hypothèse dans celui des faits prouvés. Le nombre d'espèces de Lépidoptères diurnes dont les chrysalides imitent les formes et les couleurs des organes végétaux auxquels elles sont suspendues est assez consi- dérable. J'espère intéresser les lecteurs du Naturaliste en décrivant quelques cas. Mon savant collègue A. Dugès, professeur de zoologie à Guanajuato, qui, avec une obligeance rare, se donne la peine de me signaler et même de m'adresser en nature des exemples de mimétisme ou de ressemblance protec- trice propres à la faune mexicaine, m'écrivait à la date du 4 juin 1895 : « J'ai le plaisir de vous envoyer par la « poste un joli exemple de mimétisme que je n'ai vu « que cette seule fois ici : il est conservé dans le liquide « de Wickersheimer, de sorte qu’il est tout à fait flexible. (1) Voir, du même auteur, La ressemblance protectrice chez les Lépidoplères européens. (Le Naluralisle, 1* novembre 4891.) (2) Il n'y a guère que les Hespériens, dont la chrysalide est entourée d'une ou plusieurs feuilles roulées maintenues par des fils et les Parnassiens à chrysalide enveloppée d’un réseau léger, qui fassent exception à cette règle. (3) Pourron AND Sanbers. An experimental Inquiry into the Struggle for existence in certain common Insects. (Report of the sixty-cighth Meeting of British Association (Bristol 1898), pp. 906-909. London, 1899.) Le Naluralisle, 46, rue du Rac, Paris. « C’est la chrysalide en forme de feuille de Callidryas «© Philea; la chenille que vous trouverez avec ne fait pas «_de cocon, de sorte que la chrysalide est fixée au végétal € par un fil, autant que je puisse me le rappeler (n'ayant « pas pris de note), à une branche, et mime parfaitement « une feuille, d'autant plus qu’elle est d'un vert d'herbe... « Dieu fasse que ma chrysalide vous arrive bien, car je «ne sais si je pourrai en retrouver une autre, le papillon « n'étant pas commun ici. » La chrysalide, en effet fort intéressante, me parvint heureusement en excellent état et je m’empressai d'en faire le dessin exact de grandeur naturelle qui accom- pagne cette notice (fig. 4). Ï | | Fig. 4. — Chrysalide de Callidryas Philea L. Le genre Callidryas Boisduval et Leconte (famille Papi- lionidæ, sous-famille Pierinæ, tribu Rhodoceridi) composé de Lépidoptères assez analogues à nos Colias indi- genes (1) et surtout aux Rhodocera est propre aux régions tropicales des deux mondes; sa limite géographique septentrionale pouvant cependant, en Amérique, s’é- tendre jusqu'au sud du Wisconsin et de la Pensyl- vanie (2). Les chrysalides caractérisées par l’énorme développe- ment des ptérothèques ou fourreaux alaires formant du côté ventral un grand lobe comprimé, arrondi, tranchant sur le bord et par un prolongement conique antérieur, sont attachées presque parallèlement au rameau qui sert de support, à la fois par l'extrémité caudale et par un anneau de fil transversal, comme dans les genres Orni- thoplera, Papilio, Pieris, Rhodocera, Anthocharis. Elles appartiennent donc au type auquel H. Burmeister a donné ‘le nom de Pupa alligata (1), que Boisduval a nommé Chrysalide succincte et que d’autres ont appelé Pupa cingqulata. Leur forme arquée et l’appendice conique qui termine la région céphalique les rapproche quelque peu de la chrysalide des Anthocharis, mais elles rappellent princi- palement celles des Rhodocera qui n’en sont en quelque sorte que des diminutifs. Il n'est pas inutile de signaler que les chenilles de Callidryas se nourrissent surtout de légumineuses, par exemple du genre Cassia. (1) Gopanrp en faisait des Colias. (2) S. H. Scunner. The Bullerflies of the Eastern United States and Canada, pl. 25, fig. 5. Cambridge, 1889. (1) Burueisrer. Handbuch der Entomologie. Erster Band, p. 0, Atlas, pl 1, fig. 50. Berlin, 1832. 42 LE NATURALISTE La position de ces curieuses chrysalides, la compres- sion latérale de la région céphalothoracique, la grande saillie des ptérothèques, enfin une coloration ordinaire- ment d’un vert tendre les font ressembler à des feuilles allongées de légumineuses ou à des gousses et leur per- mettent de passer absolument inaperçues au milieu du feuillage. S. H. Scudder figure la chrysalide verte de Callidryas eubule L. (1), mais ni à propos de cette espèce ou d’autres du même genre, ni dans les chapitres spéciaux de son ouvrage intitulés : Mimicry and Protective resemblance, or Butterflies in Disquise (2) et Colour Relations of Chrysalids to their surroundings (3) il ne fait allusion au cas de res- semblance protectrice qui nous occupe. D'après le même auteur, on sait fort peu de chose des premiers états de Callydryas Philea L., forme tropicale, s'étendant du Mexique jusque vers le milieu du Brésil et s’égarant parfois au Texas et dans l'Illinois; il dit, entre autres : « The early stages are quite unknow and no informations is at hand regarding the history or sea- sons of the insect ». L'observation de M.Dugès a, par conséquent, de la va- leur, et nous devons lui savoir gré d'avoir attiré l’atten- tion sur un exemple curieux à ajouter à la liste déjà con- sidérable des imitations de feuilles ou d'organes végé- taux verts par des animaux. Les considérations exposées au commencement de cet article permettaient de prévoir que la proportion de chry- salides vertes devait être assez élevée. Ainsi, si l’on con- sulte les belles planches de l'ouvrage déjà cité de Scud- der, on constate que, sur 158 espèces de Rhopalocères de la région orientale des États-Unis et du Canada, 25, soit environ un sixième, ont des chrysalides d’un vert réelle- ment dissimulateur. La faune européenne présente aussi des cas multiples analogues, méritant un travail d'ensemble de la part d’un lépidoptériste. Boisduval, Rambur et Groslin, dans leur œuvre très malheureusement restée inachevée (4), sur 39 espèces de Rhopalocères pubiiées, reproduisent, d'après nature, 5 chrysalides vertes, ou presque un huitième, Ch.-F, Dubois et Alph. Dubois (5), sur 101 Rhopalo- cères de la faune belge, figurent 18 chrysalides vertes, soit un cinquième. Ernst Hofmanr (6), sur 145 Rhopalocères européens, représente 12 chrysalides possédant la couleur de feuilles fraiches, c’est-à-dire un douzième environ; mais les proportions qu'on établit ainsi en consultant des atlas de planches coloriées sont trop faibles, les auteurs ne figu- rant pas les chrysalides de toutes les formes citées. Certaines chrysahdes de nos papillons de jour indi- gènes poussent limitation tres loin. Telle est celle déjà indiquée de Rhodocera Rhamm L., qui copie une feuille verte de facon à faire illusion. A citer également dans ce sens les chrysalides de nos Apatura. Ed. B. Poulton (7) signale en ces termes celle d’Apa- 1) Scupper. Op. cit., pl. 84, fig. 60. 2) Id. Op. cit., page 710. (3) Id. Op. cit., page 1578. (4) Boispuvaz, etc. Colleclion iconographique el historique des chenilles ou description et fiqures de chenilles d'Europe. Paris, 1832. (5) Dusûis. Les Lépidoptères de la Belgique, leurs chenilles el leurs chrysalides. Bruxelles, 1874. (6) Hormann. Die Raupen der Schmetterlinge Europas. Stutt- gart, 1893. à (7) Pourrox. The Colours of Animals, p. 31. London, 1890. _—— tura Iris L. : « Cette grande chrysalide verte ressemble « à une feuille de la façon la plus parfaite, la nervure « principale et les nervures obliques secondaires y étant «représentées. Je montrai à différents de mes amis une «tige de saule à laquelle la chrysalide était suspendue, « mais presque toujours ceux-ci ne la distinguaient pas, « etmême, lorsque l’objet lui était désigné, l'observateur « restait incapable de voir une différence appréciable «entre celui-ci et une feuille de saule... » Ajoutons que l’imitation est tout aussi complète pour la chrysalide d’Apaturia Ilia F. La chrysalide de l'Anthocharis cardamines L. (fig. 2), AS TE Fig. 2 (grossie). — Chrysalide d'Anfhocharis cardamines 1. que les ouvrages iconographiques représentent tantôt verte, tantôt d'un gris brunâtre, change en réalité gra- duellement de teinte. Ainsi, dans l'ouvrage cité de Bois- duval, on trouve à ce sujet : « Cette chrysalide est d’abord « verte avec des stries blanchâtres de chaque côté de la « partie gibbeuse. Au bout de quinze jours ou de trois « semaines, elle prend une tout autre couleur, mais les «stries blanchâtres restent les mêmes. » Elle passe «l'hiver et éclôt au printemps.» Ch. et Alph. Dubois répètent à peu près la même chose. Ce que l’on ignore généralement, c’est que la décou- verte du fait si curieux d'une modification dans la colo- ration et la première constatation de la ressemblance protectrice présentée par la chrysalide en question sont dues à A. J. Roesel (1). Voici ce qu'en dit ce maitre observateur : « Tandis que la chrysalide prend de l’âge, « sa couleur se modifie, car son beau vert devient un « brun d’ocre pâle », et plus loin : « Elle a à peu près la « même coloration que les feuilles de la plante, surtout «lorsqu'elle est encore verte, et même quand elle a « bruni, nous la prendrions bien plutôt pour une feuille «flétrie que pour une chrysalide, de sorte qu'elle est « presque aussi difficile à trouver que la chenille. » Rappelons en passant que c’est le même Roesel qui, il y a un siècle et demi, observa et décrivit avec admiration l'intéressant cas de ressemblance protectrice offert par la chenille de l'Urapteryx sambucaria Li. imitant un rameau a s’y méprendre, Le savant peintre naturaliste fut donc un des premiers à s'occuper des phénomènes de mimé- tisme étudiés aujourd'hui par tant de travailleurs. Pour en revenir à la chrysalide d'Anthocharis carda- mines, les modifications de couleur qu'elle présente me semblent avoir un rôle protecteur évident. Dissimulée sur une plante fraiche, grâce à sa coloration verte, elle deviendrait trop facilement visible sur un végétal sec ; tandis que son passage au brunâtre la sauve en la fai- sant ressembler à une portion des plantes plus ou moins complètement desséchées sur lesquelles elle passe l'hiver. F. PLATEAU. (1) Rosser. De natuurlyke Historie der Inseclen, Haarlem en Amsterdam. Erste deel, pages 106 et 107, pl. VII, figures 9, 3, 4, 1164-1768. (D'après Hagen, la première édition, en allemand, est de 1746.) < | | | | nt ES nn CU Sd à | | LE NATURALISTE A3 Les Guêpes Tout le monde a été frappé, cet été, par l'abondance des guêpes et des frelons. Nous pensons qu’il faut attri- buer ce fait à la sécheresse; en effet, tous les ans, un grand nombre de guëpiers établis dans la terre, à une très faible profondeur (25 à 30 cent.), sont détruits par les pluies; car chaque fois qu'un guépier est fortement mouillé, s’il n’est pas exposé à un endroit très sec, une fermentation se produit et la moisissure envahit toutes les alvéoles et en détruit les occupants. Cette année, le manque de pluie a permis à ces insectes de vivre et de se développer tranquillement au grand détriment de nos raisins et de nos fruits de table. Certaines communes ont eu à souffrir tout particuliè- rement des frelons, et un propriétaire de la commune de Sahurs, près la Bouille, M. de Saint-Victor, nous a fait voir, sur un espace de trois kilomètres environ, 14 nids de frelons dont les habitants ont sufli pour faire perdre une partie de la récolte des fruits de la commune. Rien n'est cependant plus facile que de détruire les guépes et les frelons; il suffit de projeter sur les nids du pétrole, de la benzine ou du chloroforme pour anéantir leur population; si le nid est en terre, il faut, à l’aide d’une bêche, le mettre à découvert et opérer de la même facon. Nous avons pu capturer pour les collections du laboratoire un nid de frelons de plus de un mètre de long, placé dans un grenier, en l’arrosant simplement d’un litre de benzine. On peut également détruire les nids de guëêpes en en- voyant par le trou de vol des vapeurs d'acide sulfureux. Mais empressons-nous de dire que les chasses aux guêpes que l’on fait à l’automne sont à peu près inutiles, et les quelques milliers de guêpes que l’on supprime ne sont rien en comparaison de l'énorme quantité qui existe; on a détruit, dans certaines communes, des centaines de nids, et les guëpes étaient aussi nombreuses après; dans la commune de Meunet-sur-Vatan (Indre) on a détruit 276 nids; en admettant que chaque nid abritait 2.000 individus, cette chasse représente une hétacombe de plus de 550.000 guêpes, et cependant on en voyait tout autant après cette destruction. Le seul moyen efficace consiste à chasser les guêpes non pas à l'automne, époque où l’on ne rencontre que des ouvrières, mais bien au printemps, alors que toutes les guêpes existant sont des mères prêtes à pondre; rien n'est plus facile que de détruire les guêpes au printemps: à ce moment, elles voltigent le long des espaliers pour se procurer sur les lattes de bois qui supportent les bran- ches des parcelles de ce bois demi-pourri dont elles se servent pour confectionner l'enveloppe de leur nid; il suffit alors de placer le long des espaliers des bouteilles ordinaires contenant un peu d’eau miellée; les guêpes attirées par l'odeur du miel pénètrent dans la bouteille et se noient avant d'avoir pu en sortir. Si les viticulteurs avaient eu soin de faire cette opéra- tion au printemps, ils auraient économisé plusieurs milliers d’hectolitres de vin; espérons qu’ils seront plus prévoyants au printemps prochain et qu'ils se souvien- dront que trois guëépes en une journée mangent un grain de raisin, qu'il faut environ 300 grains de raisins par jour pour nourir un seul guêépier,sans compterles larves, et que par mois les habitants de chaque nid de guêpes consomment au minimum 10.000 grains de raisin. Chaque nid de guëpes est en pleine vigueur pendant au moins quatre mois de l’année, ce qui fait une perte de 40.000 grains de raisins par guêpier, soit 87 kilog. détruits annuellement par un nid de guêpes, représentant 60 litres de vin. Eh bien, autant de guëpes on détruira au printemps autant de 87 kilog, de raisin ou de 60 litres de vin on aura sauvés. Nous voudrions voir ces chiffres affichés dans toutes les écoles communales des pays viticoles. Paul NOEL. LA VÉRITÉ SUR LES CHAMPIGNONS Enfant, nous entendions un connaisseur de champignons dé- clarer avec enthousiasme-: Ah! si l’on savait ce que l’on perd en négligeant les champignons si nourrissants que la nature nous-prodigue dans les bois et dans les pâtures! Adolescent, nous entendions un prédicateur répéter, avec saint François de Sales, que les romans sont comme les champi- gnons : le meilleur ne vaut pas grand’chose. Aujourd'hui que la maturité de l’âge nous a procuré plus d'expérience, nous disons simplement que la vérité est entre ces deux extrêmes. Les champignons ne méritent ni cet excès d'honneur, ni cet excès d'indignité. Il y en a de bons et de mauvais, plus de mauvais que de bons; cependant l’homme peut transformer les mauvais, en leur enlevant leurs principes véné- neux. Ainsi l’Agaric tue-mouches, amanita muscaria, ce magni- fique champignon vénéneux, à chapeau rouge tigré de petites pellicules blanches et à lamelles blanches, se conserve et se mange en Russie. On en à fait une très grande consommation sans danger, alors qu'en France il a suffi de quelques pieds pour empoisonner les gens. On trouve des poisons jusque dans la pomme de terre et dans le manioc qui nous donne le tapioca ; mais les lavages, la cuisson, certains tours de main, font dispa- raître les mauvais principes contenus dans ces plantes. Le tout est de savoir utiliser les ressources que la nature a mises à notre disposition. Ÿ a-t-il rien au monde de plus utile que l'eau ? Et cependant il y a des gens qui trouvent le moyen de s’en servir pour se noyer ! Il en est de même pour les champignons. On peut en dire au- tant de bien que de mal; fout dépend de la façon dont «on s’en sert. Pour le botaniste, les champignons constituent un groupe de plantes à part, qui diffèrent de toutes les autres en ce qu'elles ne contiennent pas de chlorophylle; au point de vue physiolo- gique, ils remplissent, dans la nature, un rôle qui les rapproche bien plus des animaux que des plantes en général. Comme eux, ils détruisent les substances organisées! C’est au point que nous avons proposé d'en faire un règne particulier, entre le règne végétal et le règne animal, tant nous avons été frappé de cette différence essentielle, due à Pabsence de chlorophylle, On peut dire que tous les champignons sont parasites, et vivent aux dé- pens des substances végétales et animales, Bien mieux, ils sont souvent parasites sur eux-mêmes! Leur grand rôle, dans la nature, est de ramener à l'état minéral la matière organique formée par les êtres vivants; tandis que les autres végétaux font exactement le contraire. Pour l’homme qui étudie les champignons, ce qui l’intéresse surtout, c'est le nombre considérable de formes différentes qu'ils sont susceptibles de présenter. On passerait sa vie entière à étudier les champignons, sans arriver à les connaître tous. Il y en à tant et tant d’espèces! Au point de vue chimique, toute leur étude reste encore à faire, ou à peu près! Au point de vue alimentaire, il semble que l’on n’en puisse tirer parti que comme condiment, plutôt que comme plat de légumes. En effet, il y en a qui ont un goût exquis, comme la truffe et la morille : une dinde truflée est un régal du nouvel an; et rien ne vaut une côtelelte de veau assai- sonnée de morilles, si le veau est bien tendre. Théoriquement les champignons seraient un aliment nutritif, à A4 LE NATURALISTE cause de leur richesse en azote. Mais dans la pratique, cette viande végétale est assez indigeste; à moins de la réduire en pulpe très fine, soit par la mastication, soit par des procédés mécaniques. On ne vit pas de ce que l’on mange, mais de ce que l'on digère; car beaucoup de personnes ne les digèrent pas aussi facilement que les pommes de terre. C’est vraiment dommage, car il y a là un aliment riche en‘azote, et dont on devrait tirer un fout autre parti que celui de donner du goût à une sauce. Il faudrait qu'un poulet, avec une sauce aux champignons, puisse nourrir aussi bien qu’un bifteck aux pommes de terre frites. Cela viendra probablement un jour, quand on saura réduire les champignons desséchés en une sorte de farine ali- mentaire, qui sera une véritable viande végétale à l’état pulvé: risé. Les aliments azotés sont les plus riches de tous; de sorte que c’est un malheur de voir perdre tant de champignons, vé- néneux ou non, riches en azote. Peu importe leur pauvreté en fécule, car les végétaux fécu- lents ne nous manquent pas, au contraire! Ce qui donne au pain, aux haricots, aux fèves, aux pois et aux lentilles, tant de va- leur alimentaire, c'est parce qu'ils renferment des éléments riches en azote, à côté de leur fécule ou de leur amidon. Les champignons, au point de vue nutritif, sont relativement riches en substances azotées; leur seul inconvénient, c’est d’être d’une digestion plus ou moins difficile chez beaucoup de per- sonnes. Le bon moyen de les rendre plus facilement digestibles, c'est de bien les mâcher quand ils sont frais, et de les réduire en poudre quand on les a fait dessécher. Rien ne serait plus facile que de passer plusieurs fois à l’eau les champignons vénéneux, après les avoir fait macérer successive- ment dans de l’eau vinaigrée et dans de l’eau salée, pour leur faire perdre leurs mauvais principes ou leurs poisons toxiques. On n'aurait plus qu'à les dessécher et qu'à les réduire en pulpe pour en obtenir une sorte de farine alimentaire, très nourris- sante pour les adultes. Il serait possible de conserver cette fa- vine indéfiniment après l'avoir portée dans une étuve à une tem- pérature-suflisante, pour éviter son altération, avant de la ren- fermer dans des boîtes en fer blanc soudées. On obtiendrait ainsi un aliment nourrissant, que l’on pourrait mélanger aux fécules alimentaires, pour obtenir un aliment complet, très ana- logue au pain ou à la farine des céréales, la poudre de cham- pignons jouant alors le rôle du gluten, dans ces mélanges avec les fécules ordinaires. L Dr Boucox. DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Anthicus Busignyi. — Subovalaire, brillant, à pubescence claire en partie redressée sur les élytres, roussätre avec une large fascie médiane ordinairement jointe extérieurement à une macule apicale d'un brun obscurci où noirâtre. Tète forte, subarquée, fortement ponctuée; antennes testacées, moyennes; prothorax robuste, large, plus ou moins dilaté. arrondi antérieurement, fortement et assez densément ponctué. Elytres peu longs, subova- laires, insensiblement déprimés en dessous des épaules, à ponc- tuation forte et rapprochée; ils sont ornés d'une fascie médiane plus ou moins foncée, celle-ci ordinairement réunie sur les côtés à une macule apicale également foncée; pattes assez gréles, testacées. Longueur 2,6-2,8 millimètres. Océanie: Sumbawa (coll. Pic). Voisin de malayensis Pic, mais plus pubescent, ponctuation élytrale plus rapprochée et dessin de ces organes bien différent. Anthicus exlernemaculalus. — Assez allongé, brillant, à pubescence claire plus ou moins redressée, roussâtre avec les élytres maculés de brun foncé. Tête torte, subtronquée, forte- ment ponctuée; antennes testacées, moyennes ; prothorax sub - trapéziforme, modérément élargi et subarrondi aux angles anté- rieurs, à ponctuation assez forte, peu rapprochée, élytres sub- parallèles, assez étroits, à ponctuation forte et rapprochée; ils sont ornés d’une macule médiane externe d'un brun foncé et d’une macule apicale de même coloration, celles-ci ordinairement réunies sur les côtés; pattes assez gréles, testacées. Longueur 2,3-2,5 mill. Sumbawa (coll. Pic). Peut-être variété de l'espèce précédente à fascie médiane interrompue sur son milieu et réduite à une macule externe et ponctuation un peu différente. M. Pic. re DES EFFETS DE LA FOSSILISATION SUR CERTAINS ORGANISMES LES : RUDISTES Les êtres qui ont vécu aux différentes périodes de l’his- toire de notre planète et qui ont laissé leurs dépouilles au sein des sédiments qui constituent la croûte du globe se sont trouvés, au moment de leur activité physiolo- gique, dans des conditions vitales très variées. La diversité même des conditions biologiques dans lesquelles ces êtres ont vécu a eu une grande influence sur les circonstances dans lesquelles la fossilisation s'est opérée et par suite sur l’état de conservation dans lequel nous retrouvons aujourd'hui ces fossiles. Dans certains cas ces circonstances ont été très favo- rables à la bonne conservation de ces restes qui nous surprennent alors par l'état de fraicheur dans lequel ils nous sont parvenus. Nous citerons comme exemples de ces faits les magni- fiques empreintes laissées dans les schistes Jithogra- phiques de Solenhofen, qui nous font ainsi connaitre les animaux qui vivaient à l’époque reculée de l'Oolithe ; et les couches relativement beaucoup plus récentes de l'ère tertiaire, couches parmi lesquelles nous mentionnerons celles qui, aux environs de Paris, dans des gisements comme ceux de Damery,Chaussy et Grignon, nous four- nissent, à profusion, des coquilles d’une admirable con- servation. Mais il n’en a pas été toujours ainsi et nous pourrions citer, par contre, bien des cas où les organismes enfouis dans des terrains, déposés à une époque moins reculée que celle à laquelle le furent les couches de Solenhofen ou même de Grignon, n’en sont pas moins pour ainsi dire méconnaissables. Nous devons même ajouter que, pour des couches du mème âge observées dans une région assez restreinte comme étendue, la différence de conservation des orga- nismes qui y sont renfermés est parfois très grande ; c’est ainsi que les magnifiques coquilles des bancs sableux de Grignon sont, à Clamart ou à Vanves, représentées dans les bancs compacts du calcaire grossier par des moules internes presque indéterminables. Il va sans dire que l’état dans lequel nous retrouvons les fossiles a une grande importance au point de vue de leur étude et de leur détermination ; et il est arrivé parfois que des hommes d’une grande compétence se sont trouvés égarés par l’état défecteux des documents qu'ils avaient sous les yeux et que l'interprétation qu'ils en donnèrent dut être modifiée postérieurement, après exa- men d'échantillons recueillis dans un meilleur état de conservation. Un exemple frappant de ce fait nous est fourni par les Rudistes. Les Rudistes, comme l’on sait, étaient des animaux for- mant une petite famille spéciale dans le grand groupe des mollusques acéphales. Comme on l’a enfin reconnu, les Rudistes ont de grandes affinités avec la famille des Chamacés, à côté de laquelle ils ont été placés par Deshayes. LE NATURALISTE 45 Ces mollusques à organisation bizarre édifièrent pen- dant la période crétacée (1), par la seule accumulation de leur épaisse coquille, des bancs entiers de calcaires aux- quels on a donné le nom de Couches à Rudistes. Comme nous venons de le dire, la fossilisation modifie quelquefois profondément la texture des organismes qui sont soumis à ses effets; or, si à cette première difficulté vient s’en ajouter une seconde, telle que, par exemple, le manque absolu de représentants de ces organismes dans la faune actuelle, on comprendra combien il devient diffi- cile d'établir des rapports entre ces êtres et ceux qui semblent s'en approcher le plus et de fixer leur place exacte dans l'échelle zoologique. Or, les Rudistes se sont trouvés dans ce cas; on observe à leur égard, d’abord, disparition partielle de caractères importants pour la détermination, puis substitution de ces caractères par d’autres, produits de la fossilisation. Il faut encore ajouter que dans le cas qui nous occupe ces phénomènes d’altération ne se sont pas produits au moment même de l’enfouissement,mais qu'ils se dévelop- pèrent après l’intrusion de la matière fossilisante dans les différentes parties de ces corps, fait qui vint encore ajouter aux difficultés d'interprétation. Fig. 1. — Birostrite, Lmk. Le En effet, dans les Acéphalés ordinaires tels que les Pétoncles, les Bucardes ou les Chames, le test, à sa partie interne, recoit l'impression en creux de tous les organes avec lesquels ii est en contact, et forme, pour ainsi dire, un moule de l'animal lui-même. De plus,la charnière avec ses dents, ses fossettes et les différentes impressions musculaires, sont formées par la couche interne des valves. Or, si au moment de la fossilisation cette couche interne de la coquille disparait, il ne reste pour déterminer celle- ci que la couche externe qui est, le plus souvent, telle- ment variable dans ses formes et ses dimensions, qu'elle devient absolument insuffisante pour servir de base à une détermination. De plus, chez les Rudistes, un autre fait vient encore compliquer les choses et ajouter à la difficulté de bien interpréter ces organismes : c’est la présence dans les (1) Les Rudistes sont déjà représentés dans l'étage urgonien du Jura par Radiolithes neocomiensis. cônes creux de ces coquilles, dont la paroi intérieure pré- sente des zones concentriques, dues aux lames succes- sives du test extérieur mis à nu, de moules calcaires formés par la roche encaissante qui se présentent comme deux cônes inégaux, opposés par leurs bases et dont la surface n'offre dans ses détails aucun rapport avec les cavités dans lesquelles ils sont renfermés et qu'ils ne remplissent point completement d’ailleurs, Lamarck avait cru devoir créer pour ces derniers corps le genre Birostrite qui fut annulé par Deshayes ; ce der- nier, ayant constaté que la création du genre Podopsis avait été faite pour des moules de certains spondyles crétacés chez lesquels la couche nacrée interne avait dis- paru préalablement, pensa qu'il pouvait s'être produit le même phénomène pour les Rudistes. Mais, chez ces derniers, la disparition de la couche vitreuse interne n'avait eu lieu qu'après le remplissage de la cavité par la roche encaissante,de sorte que le moule interne devait porter l'empreinte en contre-relief de tous ni I \ \| Fig. 2. — Iippurites radiosus, Desm. les caractères organiques qui se voyaient sur cette couche interne du test; or, c'est exactement ce qui se présentait pour les soi-disant Birostres de Lamarck, Enfin, plus tard, et grâce à l’heureuse découverte d'échantillons dans lesquels cette couche interne avait échappé à la destruction, on put voir alors que les Rudistes étaient des coquilles pourvues de deux muscles dont les empreintes, très saillantes dans la valve supé- rieure ou petite valve, étaient tres faiblement accusées dans la grande, et qu'il y avait un appareil cardinal très développé. Les traits généraux qui caractérisent les Rudistes sont donc les suivants : une coquille épaisse, formée par deux valves très inégales, dissymétriques, l’une, la valve droite ou inférieure, en forme de cône plus ou moins allongé et adhérente par son sommet; l’autre, la valve gauche ou supérieure, plus petite, peu élevée, souvent operculaire, est engrenée dans la valve droite par des apophyses et de fortes dents; cette valve ne pou- vait se mouvoir que dans le sens vertical. On constate A6 LE NATURALISTE aussi chez les Rudistes l'absence de ligament (sauf peut- être dans Hippurite). Le test de ces valves est constitué par deux parties juxtaposées mais distinctes et bien différentes l’une de l'autre par leur structure: en effet, tandis que la couche interne est formée par une substance compacte et presque vitreuse, la couche externe est tantôt fibreuse ou tantôt spongieuse et formée par l'enchevêtrement de lames très fines transverses et longitudinales. La famille des Rudistes ne comprend que trois genres; le genre Sphærulithes créé par des Moulins et les genres Radiolithes et Hippurites créés tous deux par de Lamarck. Nous allons donner, d'après les travaux de Bayle qui a étudié ce groupe sur un grand nombre d'échantillons bien préparés, les caractères de chacun des trois genres que nous venons de citer, et donner pour chacun d'eux le nom des principales espèces. Le genre Sphærulithesi qui se rencontre déjà dans, le Cénomanien est caractérisé par une arête cardinale, la charnière est composée par deux dents cardinales soudées à la valve supérieure par un pédicule commun; elles sont toujours cannelées en arrière. Dans la valve inférieure, les fossettes qui cor- respondent aux dents cardinales sont réunies au milieu; de plus, il y a deux cavités postéro dentaires qui sont séparées de la grande cavité occupée par l'animal. Deux mpressions musculaires comme dans Radiolithes, situées aux extrémités de la charnière, Il n'y avait pas de liga- ment. Lesespècessontplusnombreuses dans ce genre que dans les deux suivants et nous ne citerons que les plus carac- téristiques : $. foliaceus et Fleuriansi, du Génomanien; S. Moulinsi, S. Sauvagesi et S. Ponsianus, du Turonien ; S. Coquandi et S. an- geoïides, du Campa- nien; S. alatus et S. Toucasi, du Danien. Le genre Hippurites à pour principaux caractères: une arête cardinale et toujours deux piliers internes. La charnière a trois longues dents, une d'un côté de l'arête cardinale, les deux au- tres, placées du côté opposé, partent d'un pédicule commun, A la valve inférieure, :1l y a trois fossettes cor- respondant aux trois dents précitées. Deux muscles abducteurs placés en regard des piliers. Valve supérieure operculaire avec deux oscules correspondant à l'extrémité des piliers. Surface externe criblée de trous se continuant par des canaux qui s'ouvrent sur le pourtour de la valve. Valve inférieure conique, sans canaux, avec des sillons externes plus où moins accusés. Dans cette valve, l’es- pace réservé à l'habitation de l'animal est très petit. Certains Hippurites pouvaient atteindre la taille, énorme pour des mollusques, de 1 mètre de long. Les espèces les plus remarquables sont : dans le Tu- ronien où elles font leur apparition, H. cornuvaccinum et organisans ; dans le Campanien, 1. bioculatus, H. dila- Fig. 3. —[Hippurites cornuvaccinum, Goldf. du Sénonien. tatus ; enfin, dans le Danien inférieur où le genre s'éteint: nous citerons H. radiosus. Le genre Radiolithes diffère des deux précédents en ce qu'il n’a pas d’arête cardinale ; la charnière se compose de deux dents soudées à la valve supérieure par un pé- dicule commun, elles sont cannelées postérieurement. Les fossettes cardinales sont situées de chaque côté de la valve inférieure et cannelées à l'intérieur. Les deux . — Hippurites organisans, Montfort. impressions des muscles abducteurs sont situées en avant, aux extrémités de la charnière,il n’y a pas de liga- ment et la chambre habitée par l’animal est grande. Parmi les espèces assez nombreuses, nous citerons : R. lumbricalis, R. fissicostatus, l'une turonienne, l’autre campanienne,et enfin R. crateriformis et R. Bournoni, qui se rencontrent dans le Danien. Il nous reste maintenant à dire quelques mots de la distribution de ces organismes dans les différentes cou- ches du système crétacé dans lequel ils sont exclusive- ment localisés, puisqu'on les voit apparaitre pour la premiere fois dans les couches cénoma- % 4, Nef 1 " la ! Fig. 5. — Hippurites (Orbiguya) bioculatus, Lamk. miennes à Caprinaadversa des Pyrénées et s'éteindre dans le sous-étage garumnien,dernier terme de la période. Quant à l'extension géographique des Rudistes, elle ne dépasse point, en France, les régions voisines du bassin méditerranéen et c'est en Provence, dans les Pyrénées et dans les Charentes que l’on constate leur plus grand développement. En Provence, un premier horizon à Rudistes apparait dans le Turonien supérieur (sous-étage Angoumien) qui aux environs du Beausset (Var) est constitué par une épaisseur de 140 mètres de calcaires compacts dans lesquels on peut recueillir Radiolithes cornupastoris. et NES de: antoine € LE. NATURALISTE 47 Hippurites cornuvaccinum avec Sphærulithes Sauvagesiet S. Ponsianus, tandis qu'aux environs d'Uchaux,à Mornas (Vaucluse),par exemple,où les couches ont un facies are- nacé on rencontre Sphærulithes Sauvagesi, $S. Desmou- hinsi et Hippurites Requieni. Dans la même région, un second horizon apparait dans le Sénonien, le plus souvent subdivisé en plusieurs autres dans la craie à bélemnitelles. Aux environs du Beausset, les couches campaniennes dans lesquelles les Rudistes se rencontrent ont 50 à 60 mètres de puissance, avec Hippurites dilatatus et H. ca paliculatus. Aux environs d'Uchaux des calcaires séno- niens à Rudistes sont visibles à Mornas où nous avons déjà mentionné des grès turoniens contenant ces mol- lusques, Enfin, il existe à Piolenc (Vaucluse) des calcaires marneux sénoniens contenant : Hippurites organisans et H. cornuvaccinum, épais de 15 mètres. En Provence encore, un troisième horizon à Rudistes se fait voir dans des bancs à Ostrea acutirostris qui ap- partiennent à l'étage danien. Dans la région pyrénéenne, les Rudistes ne sont pas moins abondants qu’en Provence, nous citerons plusieurs localités où ces animaux ont laissé de nombreuses traces. D'abord aux environs du picde Bugarach (Aude) dans les Corbières, où l’Angoumien comporte deux horizons de Rudistes : 1° à la base dans des calcaires puissants de 4 mètres avec Sphærulithes Pailleteanus et de nom- breux Hippurites, et 2° au sommet dans d’autres cal- caires d’une puissance moitié moindre où gisent les Sphærulithes Ponsianus, S. Desmoulinsi et S. Sauva- gesi, Voici donc un premier horizon à Rudistes bien cons- tant dans toute la région méditerranéenne. À la montagne des Cornes près de Rennes-les-Bains (Aude), le Campanien offre une zone à Rudistes dans les grès et marnes à bélemnitelles de Sougraines où l'on trouve avec Sphærulites angeoidesles Hippurites biocu- latus, dilatatus et canaliculatus. Dans les Pyrénées centrales, à Saint-Martory (Haute- Garonne), on observe un banc formé d'Hippurites et de Sphærulithes, intercalé dans des couches de calcaire marneux à Ostrea vesicularis, fossile caractéristique du Campanien. L'étage danien montre aussi dans cette même région des bancs de Rudistes; en premier lieu dans les couches Maëstrichtiennes d'Ausseing etde Gensac (Hautes-Pyré- nées) où abonde Hippurites radiosus et en second lieu dans les formations saumâtres du Garumnien où l’on rencontre, à Ausseing et à Auzas, le Sphærulites Leyme- riei. Poursuivant notre marche vers FOuest, dans la même chaine, nous trouverons encore des Rudistes dans les Basses-Pyrénées et les Landes, mais circonserites dans les formations inférieures du système crétacé. En effet, à Sare et à Sainte-Suzanne, le Cénomanien fournit, dans des calcaires gris à Caprina adversa, le Sphærulithes foliaceus, tandis que dans les caleaires compacts turoniens d'Audignon (Landes) on voit le Ra- diolithes lumbricalis associé à Hippurites cornuvaccinum. Les Rudistes se rencontrent aussi abondamment dans les Charentes, et c’est même dans cette région que l’on peut juger de toute l'étendue verticale qu'ils occupent dans le système crétacé, puisqu'on les voit, comme dans les Pyrénées occidentales, débuter dans le Cénomanien, à Angoulème, même dans les calcaires à Capriha adversa qui fournissent dans cette localité Sphærulithes foliaceu et S. Fleuriansi. Quant au Turonien, il est formé, dans la région qui nous occupe, de calcaires épais de 70 mètres dans les- quels on peut recueillir Radiolithes cornupastoris, R. lumbricalis etles Hippurites cornuvaccinum, organisans et Requieni. Le Campanien bien caractérisé aux falaises de Talmont et de Caillan, près de Royan, offre sous sa partie infé- rieureun calcaire trésricheen Hip.dilatatuset bioculatus avec Sphærulithes Coquandi et Radiolithes fissicostatus, Le Danien nous offre aussi dans les Charentes des bancs à Rudistes,puisque l'on rapporte au Maëstrichtien les assises dolomitiques de la falaise de Meschers (Cha- rente-Inférieure), lesquelles contiennent Hippurites ra- diosus, Radiolithes crateriformis et Sphærulithes alatus. Enfin, le dernier terme de la série de poudingue dolos mitique de Beaumont de Périgord, qui forme le sous- étage garumnien, nous offre aussi des Rudistes repré- senté par Radiolithes Boursoni et Sphærulithes Toucasi. Comme nous l’avons déjà dit, la faune actuelle moffre Fig. 6. — Radiolites cornu-pastoris, Desmoul. plus aucun représentant de la famille des Rudisies, les conditions d'existence des animaux composant cette fa- mille nous seront done toujours mal connues, On peut faire remarquer, cependant, l’analogie que les calcaires à Hippurites semblent avoir avec les cal- caires à Requiena de l'Infracrétacé et les calcaires à Dicérates d'âge oolithique; or, ces calcaires attestent l’existénce, à ces époques, de puissantes formations co- ralliennes. Mais il existe de grandes différences entre les récifs coralliens et les calcaires à Rudistes, dont la for- mation semble plutôt être due à des conditions biologiques particulières à la période crétacée. Quoi qu'il en soit, ces bancs puissants, résultat de la seule activité des organismes constructeurs, semblent prouver que le régime océanique était assez calme à la fin des temps secondaires. P.-H. FRITEL, Attaché au Muséum. 48 LE NATURALISTE LES TIMBRES-POSTE Z00LOGIQUES Dans le n° du journal le Naturaliste du 15 septembre 1891 nous avons décrit tous les timbres-poste en usage dans différents pays et représentant des sujets zoolo- giques ; mais depuis cette époque, certains États ont adopté ce mode d'illustration des timbres-poste et nous en donnons ci-dessous l'indication : En 1894 les possessions anglaises du nord de Bornéo Possessions anglaises du nord de Bornéo. ont émis trois timbres représentant des animaux @e cet- te contrée : Timbre de la valeur de 2 cents : tête de cerf. 5 cents : Argus géant. 12 cents : Crocodile. En 1899 fut émis un timbre de 4 cents représentant l'Orang-Outang. Tous ces timbres sont d’une exécution remarquable. Les états malais de Negri-Semhilan, Pahang, Pérak, Selangor et Sungei-Ujong adoptèrent en 1891 des timbres d'un modèle uniforme, représentant un tigre sortant des RARE: Perak. Selangor. jungles. En 1899 ce type fut remplacé par une tête de tigre. L'Etat du Congo indépendant a émis en 1894 un timbre de la valeur d’un franc représentant l'Eléphant. F5] E Etat indépendant du Congo. (1) Les clichés de timbres qui accompagnent cet article nous ont été obligeamment prétés par M. Arthur Maury, le distingué philatéliste bien connu. % L è ée) TT En 1892 la république de Libéria avait également émis xépublique de Libéria. un timbre de 4 cents représentant un Eléphant, et un timbre d'un dollar figurant l’'Hippopotame. Le royaume de Toga (Polynésie) adoptait en 1897 Royaume de Toga (Polynésie). À pour un timbre de? shillings 6 pence un Perroquet (pro- | bablement l’Eclectus Cornelie). La colonie anglaise de Terre-Neuve a supprimé en | 1897 ses timbres représentant la Morue, le Phoque et le | Chien de Terre-Neuve et a émis des timbres de 12 cents 1 figurant le Ptarmigan (Lagopède) et de 15 cents où l’on EEE INEWFDUNDLA ETES CNRS 15 CHERS Re ARMIGAN: 12) Colonie anglaise de Terre-Neuve. retrouve les Phoques rassemblés en troupes sur des ro- chers, mais la gravure de ces timbres est d’une exécution bien inférieure à ceux de l’émission précédente. La Nouvelle-Zélande, dont les timbres avaient toujours ONESHILI Nouvelle-Zélande. été gravés à l'effigie de la reine Victoria, a adopté en 1898 une nouvelle série représentant des paysages et des ani- maux de cette contrée : le timbre de 3 pence nous mon- tre le Néomorphe de Gould, dont le mâle diffère de la fe- melle par la forme du bec. Gould écrivait, en décrivant cet oiseau : « [/espèce paraît devenir rare et sera proba- blement bientôt exterminée. » Le timbre de 6 pence figure l’Aptéryx, cet oiseau si remarquable et qui disparait à LE NATURA LISTE 19 mesure que l’homme pénètre dans les forêts des monta- gnes ou il vivait retiré, Le timbre de 1 shilling paraît représenter le Nestor à long bec (Nestor productus) qui habite exclusivement la Nouvelle-Zélande. En 1898 les Etats-Unis ont émis des timbres-poste commémoratifs de l'Exposition d'Omaha ; dans cette sé- États-Unis d'Amérique. rie le timbre de # cents représente une chasse au Buffle avec cette mention : Indian hunting Buffalo ; sur le tim- bre de 1 dollar on voit une troupe de taureaux furieux, comme l'indique la légende : Western cattle in storm. Enfin le Congo français a adopté en 1900 un nouveau type de timbre-poste représentant une Panthère; la Congo français. gravure en parait médiocre à première vue et on est dé- sagréablement impressionné par le contraste des couleurs employées pour différencier la valeur de chaque timbre. Albert GRANGER. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Fe Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS FORTUNEI — Saunders Saund, — Trans. Ent. Soc. Lond. IIL. 1854, p. 46, pl. 3, fig. 1 et 2. (Chine) ; Le Luc. Forlunei est celui de tous les Lucanes de la faune asiatique proprement dite dont la conformation générale rappelle le plus, à première vue, celle de notre Luc. cervus, mais sa taille beaucoup plus petite, ses élytres bien moins convexes et fortement rétrécies en arrière, indiquent immédiatement qu'il n’a de commun avec ce dernier qu'une certaine similitude de forme. La femelle est,au reste, fort différente de celle du Luc. cervus et possède une structure qui confirme pleine- ment que la véritable place de cette espèce se trouve dans le groupe du Luc. Delavayi. Le Luc. Fortunei est, d'ailleurs, un charmant insecte, un des plus réellement beaux peut-être non seulement de son groupe,mais même de tous les Lucanus connus. Sans avoir les reflets métalliques du Luc. Maresii, nüles teintes bigarrées des Luc. Oberthüri où Parryi, il n’en est pas moins fort agréablement nuancé. La coloration mate et un peu obscure de ses mandibules, de satête et de son corselet s’'harmonise à ravir avec la teinte de ses élytres, qui est d’un brun acajou plus clair et d'aspect soyeux, rehaussé par une suture et un bord élytral plus foncés et surtout beaucoup plus luisants. Enfin la couleur orangée de la partie médiane des cuisses et des pattes vient jeter une note gaie dans cet ensemble un peu sévère, Mais, plus encore que la coloration, la structure de cet Lucanus Fortunei mäles. insecte présente un véritable cachet d'élégance ; les man- dibules, avec la même conformation générale que celles du Luc. cervus et tout aussi bien développées, sont plus grêles et ont beaucoup plus de finesse. Elles sont, en outre, plus déprimées que chez ce dernier et, par suite, à section triangulaire plus nette avec leur bord interne plus tranchant. La grosse dent mandibulaire est aiguë, triangulaire, légèrement plane en dessus et située au milieu de la mandibule ; elle est précédée et suivie de denticules nombreux et bien distincts, affectant souvent la forme de petits triangles ; le bord supérieur de la mandibule forme carène depuis la dent médiane jusqu'à la fourche terminale; cette dernière est bien ouverte,mais le sommet de l’angle qu’elle décrit est beaucoup moins arrondi que chez le Luc. cervus ; en outre,la dent inférieure est nota- blement plus longue que la supérieure. La dent inframandibulaire est bien développée. La tête est longue et large et presque rectangulaire, mais ious ses angles sont bien arrondis ; la carène fron- tale est disposée comme chez le Luc. cervus ; les carènes latérales sont nettes mais très fines. Le labre a son bord antérieur plus où moins droit, souvent un peu infléchi en avant ; l’épistome est assez grêle et de forme ogivale; les antennes sont longues, élégantes, à feuillets courts. Le cou est bref mais bien indiqué, le corselet est étroit et sinueux, renflé aux angles latéraux; il présente en son milieu un sillon assez large, plus lisse que le restant du disque. Les élytres sont allongées, étroites, très rétrécies en arrière, à ligne humérale bien indiquée ; leur convexité est faible et peu régulière 50 LE NATURALISTE Les pattes sont orangées, avec leurs extrémités cer- clées de noir et leurs côtés plus ou moins rembrunis ; elles sont grêles et élégantes, les médianes et les posté- rieures un peu canaliculées en leur milieu; ces dernières ne présentent le plus souvent qu'une seule épine située au-delà de leur milieu. FEMELTE Elle à la même couleur que le mâle,mais elle est plus foncée et beaucoup plus luisante ; les macules orangées des cuisses sont presque nulles à la première paire, beaucoup plus étendues et par suite plus visibles aux deux autres paires. Les mandibules sont épaisses et robustes; la tête est Lucanus Fortunei femelle, large, finement granuleuse, faiblement relevée en arrière, à cou bref mais bien indiqué ; le thorax est long, large, semi-convexe et coupe plus carrément que chez la femelle du Luc, Fairmairei. Les élytres sont ovalaires ; les pattes sont robustes et granuleuses, les postérieures armées d’une seule épine. De même que chez le mâle, le dessous du corps est fine- ment pubescent. La patrie du Luc. Forlunei est la Chine ; beaucoup de spécimens portent Shang-Haï comme indication de pro- venance. L. PLANET. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 1% janvier 1901. Sur le Néomylodon et l'animal mystérieux de la Patagonie (M. André Tournouër). — On a beaucoup discuté, depuis quelque temps, sur le Néomylodon ets l'animal mys- térieux de la Patagonie. L'auteur à habité plusierus années la République Argentine et, à deux reprises différentes, à lait des explorations dans l'intérieur de la Patagonie australe pou re- cueillir des Mammifères fossiles. Ces voyages ont permis d'ob- tenir auprès des Indiens quelques renseignements sur le fameux Hymché (le Néomylodon, pour F. Ameghino), mais la terreur superstitieuse qu’il leur inspire est telle, qu'il est difficile de dé- mêler la vérité des légendes que leur imagination a créées. M. A. Tournoüer ne relate que deux faits, qui l’ont convaincu de l'existence d'un animal nouveau dans ces parages. Etant un soir à l'affût sur le bord d'un rio de l’intérieur auprès duquel était établi le campement, M. Tournoüer a vu émerger, au milieu du courant, la tête d'un animal de la grosseur de celle d’un grand puma. Après un coup de feu, l'animal plongea et ne re- parut plus. Autant qu'il a été possible de le distinguer à la nuit tombante, sa tête ronde avait le pelage brun foncé, les yeux étaient entourés de poils jaune clair, s’allongeant en un trait fin vers l'oreille, sans pavillon externe. La description faite à l'In- dien qui servait de guide, lui fit assurer que c'était le mystérieux Hymché.« Je fus obligé,dit l’auteur, de continuer ma route; mais, sur un banc de sable de la rivière, à quelques kilomètres plus loin, mon Indien me montra de grandes empreintes ressemblant à celles d’un félin et qu’il m'assura être celles du Æymché. » Séance du 21 janvier 1901. Théorie nouvelle de l'adaptation chromatique (M. Georges Bohn). — La coloration des êtres vivants est due, le plus souvent, à la présence, dans leurs cellules, de granules colorés, dits granules pigmentaires. Carnot a montré : 4° que ce sont, non pas des précipitations chimiques au sein du proto- plasma, mais des granules chromogènes, constitués par une petite masse d’une matière complexe imprégnée de la matière colorante qu'ils produisent; 29 que ces granules présentent des teintes d'intensité variable et deviennent parfois incolores; 3° qu'ils sont doués de mouvements qu'arrête le chloroforme. De plus, ces granules sont susceptibles d’émigrer dans les orga- nismes, et de passer même d'organisme à organisme. Les diverses zones marines sont caractérisées par la teinte, ou verte, ov brune, où rouge, que prennent simultanément la plupart des animaux et des algues qui y vivent; les granules chromogènes dans les divers êtres vivants d’une zone donnée devant s'adapter à un même éclairement ont naturellement tendance à prendre la même teinte. Il arrive qu’un même être vivant, au cours de son évolution, change de milieu; il change alors de teinte par le même mécanisme : ainsi toute larve est d’abord envahie par les granules pigmentaires provenant de l'œuf, granules qui se sont différenciés au sein des tissus maternels, et qui ne savent pas utiliser la lumière solaire; mais, à mesure que l'embryon évolue dans le milieu extérieur, d’autres granules, mieux appropriés aux nouvelles conditions de vie, se développent dans les tissus. Recherches sur la structure de quelques champi- gnons inférieurs (M. Guilliermond). — Malgré les nom- breuses observations faites dans ces dernières années, l'étude cytologique des moisissures et des levures reste encore très con- fuse. Il résulte des observations et des recherches entreprises par l’auteur qu'il existe une grande analogie entre la structure des moisissures et celle des levures. Presque tous les champi- gnons inférieurs possèdent des granules de forme très variable, dont les plus gros ont été souvent confondus avec des globules d'huile. Ces granulations sont très souvent disposées autour ou dans l'intérieur des vacuoles. Elles sont assimilahles aux grains rouges de Bütschli et, contrairement à l'opinion de Wager, ne font pas partie du noyau. Enfin, ce dernier possède une struc- ture différenciée qui le rapproche des noyaux décrits chez les Ascomycèles supérieurs (Pezizes). Séance du 28 janvier 1901. De l'inversion du cœur chez un des sujets compo- sants d'un monstre double autositaire vivant, de la famille des Pages (M. Cuaror-Prévosr). — Les sœurs Maria-Rosalina, nées au Brésil (Espirito-Santo) le 21 avril 1893, étaient réunies l’une à l'autre par la région antérieure de leurs corps, depuis la cinquième côte jusqu'à la cicatrice ombilicale. Elles constituaient donc un monstre double monomphalien auto- sitaire, de la famille des Pages. On les a séparées en mars 1900. L'une est morte six jours après d'une pleurésie et l’autre se porte bien, mais elle a le cœur à droite. La petite fille qui est morte avait le cœur normalement placé, comme on a pu le noter lors de l’autopsie. M. Lannelongue rappelle à ce propos le cas d'ec- tocardie qui l’a conduit à une opération qui a réussi. La fillette avait le cœur loin de sa place normale; on l’a repoussé et remis en bonne place. L'enfant se porte aujourd'hui parfaitement. Sur la mamne de lOlivier (M. Tragur), — Dans la région de Bibans, au village de Mansourah, il existe un assez grand nombre d’oliviers laissant exsuder, en été, une très grande quan- tité de manne que les indigènes appellent le miel de l’Olivier, « Assal zitoun ». Cette manne parait absolument identique à la manne du frêne. M. Battandier, qui a bien voulu en faire l'ana- lyse, a trouvé sur des échantillons récoltés en décembre après des pluies fréquentes : Manniter test Creer Pete er 52 Sucre réducteur évalué en glucose.... 7,8 Matières précipitables par l’alcool.... 9,8 Débris d'insectes, bûchettes, etc..,... 12,2 Perte tee RNA Anne ASE D 2 Eau: ne NME Re 43,5 Les arbres d’où découle la manne sont évidemment malades. La région qui laisse exsuder ce point est limitée sur le tronc ou sur les grosses branches, et le liber est complètement liquéfié par un agent de décomposition qui parait être une bactérie. Il se LE NATURALISTE D1 forme ainsi de vastes chancres, montrant le bois à nu. Le bois noircit. Les plaies se réparent et le mal se porte sur une autre partie de l'arbre. Les arbres ainsi attaqués donnent des fruits, restent assez vigoureux; mais, quand on les coupe, on trouve un bois dense très veiné de noir et pouvant avantageusement être employé pour la confection de menus objets sculptés. Il a paru à M. Trabut que la manne de POlivier provenait de l'inoculation par des insectes, cigales probablement, d'une bactérie capable de vivre dans le cambium, de provoquer la désorganisation du liber et l’abondant exsudat sucré qui n’est pas différent de la manne du frêne, laquelle doit avoir une origine analogue. LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ LES CHAMPIGNONS (Suite.) Les champignons doivent leur naissance à la pluie. (Livre XXIX, chap. xxx.) — La fiente blanche de poule bouillie avec de l’hysope ou du vin miellé neu- tralise le poison des champignons et des bolets, et guérit les flatuosités et les suffocations : effet merveilleux, si l’on pense que tout autre animal qui goûte de cette fiente est en proie aux tranchées et aux vents. » Macer Floridus (De viribus herbarum; Absinthium, v. 76) conseille l’absinthe comme médicament pour les champignons vénéneux : Sic quoque fungorum depellit sumpta venenum. Oribase (Collection médicale, livre IT, ch. xxv) nous dit : « Parmi les champignons, les bolets, quand ils sont bien cuits dans l’eau, se rapprochent des mets sans qua- lité apparente, La nourriture qu'ils fournissent est pi- tuiteuse et froide, et, si on en mange abondamment, elle produit des humeurs mauvaises. Ce sont là les champi- gnons les plus innocents; les amanites occupent le second rang ; quant aux autres, il est plus prudent de ne pas y toucher du tout, car beaucoup de gens en sont morts. (Des évacuations, ch. XXIV.) — A ceux qui ont mangé des champignons vénéneux, on donne un lave- ment de soude brute et d’absinthe, ou de sue de raifort ou de décoction de rue. (Poissons et animaux venimeux, ch. LXV.) — L'oxymel, bu avec du salpêtre, la fiente de poule domestique délayée dans de l’oxymel, soulagent ceux qui sont étouffés par les champignons ; donnez avec de l’eau, après avoir broyé. Donnez aussi à manger des raisins aussi cuits que possible ; ou encore calcinez de la lie du vin, broyez, et faites boire la poudre avec de l’eau, » Ibn-el-Beïrhar répète mot à mot les paroles de Dios- corides; dans sa compilation, il cite deux autres natu- ralistes arabes : El-Khouz, qui dit que la plupart des champignons engendrent la dysurie; et Ibn-Massouih, dont l'opinion est que ce qu’il y a de mieux c’est d’as- socier aux champignons des poires fraiches ou sèches, du basilic, et de boire à la suite du vin pur. Selon lui,les champignons engendrent des angines. L'abbesse Sainte Hildegarde (Physica, lib. I, De Plantis, cap. cLxxI1) déclare que « les champignons, quel que soit leur genre, sont comme l’écume et la sueur de la terre, et nuisent plus ou moins à ceux qui en font usage, car ils font Slim (?) et Schum (??) dans le corps. Mais cependant, les champignons qui naissent sur une terre sèche et sous un vent sec aussi sont plutôt froids que chauds,et sont moins mauvais que ceux qui viennent sur un s0l humide et sous un air humide, un vent plu- vieux. D'ailleurs, la médecine ne s'en sert pas. Ces der- niers champignons ne sont absolument ni chauds ni froids, mais tièdes; si l’on en mange, ils surexcitent les mauvaises humeurs, et les médecins n'y peuvent rien. Mais ceux qui naissent sur certains arbres, soit debout, soit renversés, peuvent servir à la nourriture de l’homme comme certaines herbes des jardins, et lui font courir bien moins de dangers; ils peuvent même servir de médi- caments, Le champignon qui croit sous le noyer n’est ni chaud ni froid et ne convient pas à la nourriture, ete. » Si nous nous en rapportons au Dictionnaire des supers- titions populaires, d'A. de Chesnel, les insulaires d'Arrau, dans le golfe de Clyde, en Écosse, croient que les mouettes et autres oiseaux de mer, dont ils ne connaissent pas les nids, proviennent de petits champignons blancs qui pous- sent sur les rivages. Selon eux, lorsque ces champignons sont suffisamment échauffés par le soleil, ils se transfor- ment en gros vers qui se couvrent peu à peu d’un duvet épais, et auxquels poussent successivement un bec, des ailerons, cles pattes, etc. Un préjugé généralement répandu aussi dans les cam- pagnes, c’est que toutes les espèces de champignons ron- gées par les loches peuvent être mangées. C’est une erreur fort dangereuse. Il est nombre d'espèces véné- neuses pour l’homme qui n’en sont pas moins attaquées par les loches, Un autre indice que l’on accueille encore trop légèrement est la couleur de la cassure du champi- gnon. Cette cassure devient, il est vrai, noirâtre dans quelques espèces vénéneuses; mais dans d’autres, tout aussi redoutables, elle se conserve blanche comme dans les bonnes. Castel, dans son poème des Plantes (chant III), ne pou- vait manquer de chanter les savoureux champignons : Gnômes de ces lieux frais, Sylphes des verts rameaux, Quittez vos souterrains, descendez des ormeaux ; Vous, petits dieux des airs à l’aile transparente, Qui versez du matin la rosée odorante, Des nuages légers conducteurs vagabonds ; Déjà l’ombre croissante obscurcit les vallons, Hâtez-vous de venir dans les forêts paisibles Semer des champignons les germes invisibles. Sous ses voiles mouillés la nuit dérobe aux yeux Et le travail magique et les folâtres dieux ; Mais le jour, en naissant, révèle tout l'ouvrage. De jeunes rejetons, sans fleur et sans feuillage, Debout, le front couvert de brillants chapiteaux, Par leur pompe soudain étonnent les coteaux. Les uns, en divers Jieux, habitent solitaires ; D'autres sont rapprochés, comme il sied à des frères, Et l'œil se plait à voir, au pied des troncs moussus, Leur aimable union et leurs groupes confus. Déjà plus d'un insecte a déroulé sa vrille Pour loger dans leur sein sa rongeante famille. Prévenons ce ravage et courons nous saisir De ceux que Bulliard nous apprête à choisir : Le cèpe épais et blanc, sous sa robe enfumée, Nous offre de sa chair la douceur parfumée; Là croît ce champignon, délice des festins, Que l’art fait chaque jour naître dans nos jardins (1) ; Ici le mousseron pullule sous les herbes, Et l'oronge a dressé ses pavillons superbes... ———_—— (4) L'agaric champêtre. Sid 19 LE NATURALISTE Jules Lefort, qui a analysé les champignons de couche, y atrouvé les corps suivants (Comptes rendus, tome XLIY, page T0) : De l’eau: De la cellulose ; De la mannite; De l'albumine végétale; Du sucre fermentescible; Une matière grasse azotée; Des acides fumarique, cibrique, malique, sulfurique et phosphorique ; Une matière colorante: Un principe aromatique; De la silice; De l’alumine ; De la potasse, de la soude, de la chaux, de la magnésie et de l'oxyde de fer. Schlossberger et Dopping, désirant se rendre compte de la valeur nutritive de ces végétaux, dosèrent l'azote de quelques espèces, et voici les résultats qu'ils obtinrent pour 100 parties de champignons desséchés à 1009 : Champignons. Azotc. Aoaric délicieux :::.-.2.. 4.68 Agaric comestible ....... 1.26 Ghanterelle #2 HA 2H 3.22 Cèpenoirert eee 4.70 Partant de ces données, ces chimistes émirent lopi- nion que les champignons constituaient un aliment par excellence et supérieur aux haricots, qui ne contiennent que 3 à 5 0/0 d'azote. Quant au principe toxique des champignons, il fut soigneusement étudié par Sicard et Schoras, en 1865; ils adressèrent à l’Académie des sciences un mémoire dont voici les conclusions (Comptes rendus, t. Lx, p. 847): 1° Le principe vénéneux qui existe dans plusieurs espèces de champignons doit être regardé comme doué d’un caractère basique, parce qu'il est susceptible de s'unir aux acides pour donner naissance à des sels ; 2 Ce sel, obtenu par un procédé spécial aux auteurs du mémoire, est extrêmement vénéneux. L'emploi d'une quantité infiniment petite est toujours mortelle pour les grenouilles. Une petite quantité suflit pour tuer un chien; ce qui est très remarquable, c’est que les effets que cette matière exerce sur l'organisme animal sont les mêmes que ceux produits par la curarine. D'après Lavalle (Traité pratique des champignons co- mestibles), voici les principaux procédés que lon peut mettre en usage pour rendre comestbles les champi- gnons vénéneux ; On à à peu près reconnu : 19 Que la dessiccation suffisait, dans certains cas, pour détraire les principes délétères contenus dans le tissu des champignons ; 20 Que la macération prolongée dans l’eau salée dis- solvait également le poison, qui se retrouvait alors en totalité dans l’eau; 3° Que l'ébullition dans l’eau ordinaire enlevait sou- vent le principe vénéneux et le dissolvait; 4° Que l’ébullition et la macération dans l’eau vinai- grée agissait avec une grande activité; de telle sorte qu’on pouvait manger impunément les espèces les plus dangereuses, la fausse oronge, par exemple, après avoir traité de la sorte ces champignons. Il est bien entendu que, dans ce cas, le liquide est extrêmement dangereux ; 5° Que l'alcool et la plupart des acides semblaient agir comme le vinaigre. Il y a donc un avantage réel à faire subir une ébullition de quelques minutes, dans l’eau vinaigrée, à tous les champignons dont on voudra faire usage, et rejeter cette eau. Malheureusement, pour que ce moyen püt donner une sécurité complète, il faudrait qu'il fût continué pendant un temps beaucoup plus-long, et alors les champignons auront perdu la presque totalité de leur parfum; ils seront réduits à des masses spongieuses sans aucune saveur, — à des morceaux d'amadou. Terminons cette étude sur le champignon en mention- nant la facon dont Eugène Sue fait préparer des morilles pour le chanoine dom Diego, dans son volume sur la gourmandise, de la série des Sept péchés capitaux. Le majordome du personnage fait suivre chaque plat d'un bulletin énonçant comment il a été préparé, com- ment il faut le manger, quels vins sont en même temps servis, et la facon dont il faut boire ces élixirs : …. CMorilles aux fines herbes et à l'essence de jambon ; laisser fondre et dissoudre dans la bouche ces champi- gnons divins. « Mastiquer pianissimo. « Boire un verre de vin de Côte-Rôlie 1829, et un verre de Johannisberg 1729 (provenant du grand foudre muni- cipal des bourgmestres de Heidelberg). « Aucune recommandation à faire à l'endroit du vin de Côte-Rôtie; ce vin est fier, impétueux, à s'impose. CA l'égard du vieux Johannisberg de cent quarante ans, l’aborder avec la vénération qu'inspire un centenaire; le boire avec componction. » E. SANTINI DE RIOLS. OFFRES ET DEMANDES Collection d Hétéromères européens.1{418 espèces, 350 exemplaires, 10 Cartons. Prix....... Æ4Q francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. PTS ER RE Ne REA 95 francs. Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 40 cartons. Prix. 65 francs, Collection de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 car- DONS PRE Ne Me : 75 francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 25 1906: Lt Doubles de Coléoptères européens provenant des collections ci-dessus annoncées. Environ 1.100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 1# cartons 2619 6, vitrés et non vitrés. Prix... 50 francs. Lot de Lépidoptères du Venezuela. 520 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix....... . 425 francs. S’adresser pour les lots et collections ci-dessus à Les Fils D'Emile Devyrolle,46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PaAuz GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 23e ANNÉE 2 SÉRIE — N° 336G 1° MARS 1901 ÉTUDE SUR LES FORMES DE PASSAGE et perfectionné à la fin de l’époque, passe dans le Mous- térien, et s’y rencontre encore assez souvent au début, L E J'ai dans ma collection plusieurs instruments présen- ENTRE LES EPOQUES PALEOLITHIQUES tant diverses particularités intéressantes. Un des plus curieux estune pièce provenant de la station de Pey- Station dé la Micoque (Dordogne) charmand en Dordogne. D'un côté, elle présente une taille analogue aux langues de chair chelléennes, mais de l’autre on voit la face plane avec conchoiïde et esquil- lement de percussion qui caractérisent la pointe mousté- rienne. En plus, cette face présente quelques retouches Les diverses industries paléolithiques sont assez dif- | sur le pourtour. Cette pointe est donc bien une transi- férenciées pour qu'on ait pu diviser l’époque quaternaire | tion entre les deux époques. en quatre périodes au point de vue industriel : la période A la fin du Moustérien, on observe des faits analogues. Chelléenne caractérisée par ses haches amygdaloides ou | Dernièrement, un de mes correspondants, M. Delmas, coups de poing, la Moustérienne par ses racloirs et ses | à Creysse (Dordogne), m’envoyait une série d'ossements pointes taillées et retouchées d'un seul côté, la Solu- | et de pointes finement taillées provenant de fouilles exé- tréenne, par ses pointes en feuille de laurier etses pointes | cutées dans une station encore inconnue, la station de la à crans, la Magdalénienne enfin par ses grattoirs, ses | Micoque, près de Bergerac. lames en silex et ses objets en os et en bois de renne. Si Parmi les ossements, il y a plusieurs molaires de on considère les stations typiques, cette division rend | cheval d'assez grandes dimensions et caractéristiques du bien compte des faits, mais si on fait porter ses inves- | cheval solutréen, qui avait la tête relativement plus Fig, 1.— Pointe de la Micoque, Fig. 2. — Pointe de la Micoque plus régulié- Fig. 3. — Autre pointe de - Mig. 4 — Profil face plane retouchée. : rement taillée sur lesdeux faces et un la Micoque, vue de face. de la figure 3. peu plus fine que la figure 1. ügations sur un grand nombre d'objets collectionnés grosse que le cheval actuel, une diaphyse fémorale, une dans diverses stations, on voit qu'entre chacune des | astragale et quelques pièces indéterminables anatomi- périodes de la pierre il existe des termes de passage, quement. Au début des recherches, on a été d'abord frappé par En dehors de cette espèce, on y à rencontré le renne ce fait, que beaucoup de localités offraient des mé- | (Cervus Tarandus) représenté dans la série que je pos- langes. Ainsi les alluvions de Saint-Acheul qui avaient | sède par un fragment de bassin et des molaires. Dans Ja donné leur nom à la première période de la pierre | couche deterrain argilo-calcaire de coloration rougeûtre, étaient loin d’être pures comme type. M. d'Acy, un des | on a rencontré plusieurs pointes très patinées et trans- premiers, a montré qu'au coup de poing s’associaient | formées entièrement en cacholong. J'en possède trois des pièces franchement moustériennes, et que l'Elephas | très caractéristiques. La première (fig. ! et 2) est assez Primigenius venait se joindre à l'Elephas Antiquus. | épaisse, offre un plan de frappe, un conchoide et un es- M. de Mortillet, se basant sur cette particularité, a | quillement de percussion. L'une des faces est réeulière- même changé le nom d'Acheuléen qu'il avait primitive- | ment taillée, l'autre est en partie plane, mais ce dernier ment imposé en Chelléen,la station de Chelles étant | côté montre de nombreuses retouches qui out enlevé la bien plus pure. moitié de la surface. La pointe est très fine, et la lon- En dehors des associations, on rencontre dans beau- | gueur totale de l'instrument est de 7 centimètres. La coup de stations chelléennes, moustériennes, des pièces | seconde est de dimensions analogues, elle est régulière- de transition. L'instrument chelléen, qui s'était aminci | ment taillée sur les deux faces, et un peu plus fine que Le Naluralisle, 46, rue du Pac, Paris. 54 LE NATURALISTE CD EN EL ET TT la précédente. Enfin la troisième (fig. 3 et 4) est très finement taillée, sa pointe très retouchée rappelle celle des instruments solutréens ; l'ensemble est peu épais, le pourtour offre une arête vive. Cette pièce a l'apparence d'une feuille de laurier qui aurait été brisée au niveau de la plus grande largeur. Comparée aux feuilles de lau- rier de Laugerie-Haute, station voisine de celle qui nous occupe, la pointe de la Micoque offre des analogies frap- pantes. D'autres stations de la Dordogne ont donné des résul- tats analogues. M. de Mortillet cite du Moustier des racloirs devenant grattoirs et pointes taillées aux deux bouts; à Celle-sous-Moret, il a rencontré une pointe moustérienne présentant des retouches sur la face plane comme la première pièce de la Micoque. M. Massenat a recueilli à Badegols, au milieu des pointes en feuille de laurier, sept à huit pointes finement retouchées, mais sur un seul côté. Enfin à Solutré, MM. Arcelin et Du- crost ont rencontré une industrie de passage analogue à celle de la Micoque. Des faits qui précèdent, on peut conclure que les hommes de l’époque quaternaire ont habité la Dordogne d'une facon continue. La même race à peu à peu per- fectionné son industrie, et c'est graduellement qu’on passe d’une époque à lautre. Les mêmes faits se rencontrent ailleurs. En explorant plusieurs localités du Pas-de-Calais, l’on rencontre plu- sieurs pièces de transition, J’ai rencontré dans l’alluvion quaternaire de Wavrans (Pas-de-Calais) deux pièces de la fin du Chelléen dont l’une est très intéressante. C’est une langue de chat qui, au premier aspect, a un faux air de poignard. M. de Mortillet signale des pièces analogues à la fin du Chelléen, Quoique jusqu'à présent on n'ait pas rencontré de pièces solutréennes dans le nord de la France, on trouve cependant certaines pièces moustériennes du Pas-de-Calais (à Lumbres, par ex.) of- frant quelques retouches sur la face plane. J'ai même un racloir moustérien à deux pointes et rappelant vague- ment la forme de la feuille de laurier, Toutes ces pièces confirment ce que nous voyons en Dordogne, et prouvent une fois de plus l’évolution graduelle des diverses Imdus- tries paléolithiques. Dr Georges PONTIER. Le Puceron du Pêcher (APHIS PERSICÆ) Le puceron vert du pêcher est en dessus d'un brun clair, très luisant, et en dessous d’un vert olivâtre; ses antennes sont brunes avec le troisième article jaunâtre: sa tête est petite avec les yeux saillants; il possède un bec ou sucoir, et un corselet très court, ses cornicules sont également très courtes, et sa queue est nulle; chez les individus ailés, la couleur est d’un vert luisant en dessus, et d’un gris verdâtre en dessous. L’Aphis persicæ peut supporter le froid assez bien à l'état parfait, et, si l'on en croit plusieurs jardiniers du Midi, on trouverait des pucerons du pècher dans les hi- vers rigoureux, vivant dans les crevasses des branches ou des murs contre lesquels sont disposés les espaliers. Mais c’est surtout à l’état d'œuf que le puceron du pêcher passe l'hiver; on trouve aux bifurcations ru- gueuses des grosses branches de petites plaques rou- geàtres, qui ne sont autres que ses œufs; on en trouve également dans les feuilles mortes, restées à l'extrémité des jeunes branches, Ces œufs n’ont pas une éclosion régulière, et peuvent rester à cet état plus ou moins de temps, selon la tem- pérature; en Normandie, ils éclosent très rarément avant les giboulées du mois de mars. Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que tous les œufs donnent des femelles, et le plus curieux encore, c'est que ces femelles sont toutes fécondées, La moyenne des œufs pondus par une femelle est de cent, et d’après Réaumur, au bout de cinq générations, une seule mère peut produire 5.904.900.000 pucerons. Ce serait une erreur de croire ce chiffre exagéré, rien ne peut donner une idée de l’excessive fécondité des pu- cerons ; c'est pourquoi le cultivateur voit en quelques Jours tous les arbres de son verger ravagés par le puce- ron, alors qu'il n’en avait pas encore vu dans ses cul- tures. En deux ou trois jours, tout un. verger en peut être envahi, et, lorsque rien n'arrête cette invasion, les pucerons du pêcher deviennent tellement nombreux. qu'après avoir tout ravagé, ils sont obligés de s'enfuir plus loin pour chercher leur nourriture. Aussitôt les femelles écloses au printemps, elles se placent les unes contre les autres à l'extrémité des jeunes pousses, et là, enfoncent leur trompe dans l'écorce; or ces insectes sont si nombreux, qu'ils ab- sorbent toute la sève nécessaire au développement de la tige et des fruits, et la branche végète; ce qu'il y a de curieux, c’est qu'aussitôt que la sève est introduite dans l'estomac du puceron, elle se décompose; le puceron absorbe pour se nourrir les matières colorantes, les ami- dons, etc., mais n’absorbe pas les matières sucrées; aussi rend-il continuellement cette matière sucrée, mélangée d’eau, comme résidu de sa digestion. Nous verrons un peu plus loin le grand danger pour les pé- chers d’être recouverts de cette substance miellée. Pendant tout l'été, il n’éclôt que des femelles fécon- dées qui, au lieu de pondre dés œufs, donnent naissance à des petits qui sortent à reculons du ventre de leur mère, et quise mettent à manger tout aussitôt sortis; ce n'est qu'à la dernière génération, en automne, que les femelles donnent des œufs qui doivent passer l'hiver. Comme on le voit, il est peu d'insectes aussi bien con- formés pour la conservation de l'espèce que le puceron du pêcher; aussi est-il absolument nécessaire, pour dé- truire le fléau, de prendre des mesures générales ; autre- ment, les résultats obtenus par les essais tentés en petit seraient de nul effet, anéantis qu'ils seraient par l’arri- vée de nouveaux pucerons provenant de chez un voisin négligent, car, ne l’oublions pas, les femelles ailées sont destinées à porter au loin leurs œufs, lorsque la nourri- ture leur parait insuffisante pourles pucerons qui doivent en sortir. Les pucerons, aussitôt nés, enfoncent leur suçoir dans la jeune écorce des pêchers, et s'y abreuvent de la sève, mais, comme je l'ai dit plus haut, l'estomac des pucerons n'absorbe pas les matières sucrées, 1l les rend au con- traire, et les matières coulent sur les feuilles et les tiges des pêchers; en deux ou trois jours, l'aspect de l'arbre achangé complètement, on ne voit plus ces belles feuilles vertes, duveteuses et douces au toucher, elles sont de- LE NATURALISTE - venues plus vertes, plus luisantes, et collent aux doigts lorsqu'on les presse un peu. Les feuilles dans ces conditions sont malades, et c’est cette maladie que l’on nomme le mellat, les feuilles sont en quelque sorte vernies par du sirop de sucre; le dépérissement de l’arbre est d'autant plus rapide que toutes les piqüres faites par les pucerons continuent à couler même après le départ de ces derniers: l'arbre manque de sève, et la matière sucrée se répand sur toutes ses parties, bouche ses pores, empêche sa respira- ton aérienne, y arrête tout développement; lorsqu'on coupe un tronc de pêcher et que l’on observe le déve- loppement des différentes couches du bois, on peut voir, dans une année à pucerons, que le bois ne s’est presque pas développé. Cette maladie est causée aux pêchers par la présence sur cet arbre de l’Aphis persicæ. Le seul moyen de l'évi- ter est de détruire les pucerons dès le printemps, j'indi- querai plus loin comment on y parvient, Lorsque les feuilles du pêcher se recroquevillent et se couvrent de cloches comme si on les avait passées dans le feu, elles sont atteintes d'une maladie appelée la cloque. Trois causes distinctes peuvent occasionner cette maladie : : 1° Un changement brusque de température. Il suffit d'une variation subite de 10 à 15 degrés pendant la nuit pour que, le lendemain, les feuilles soient courbées en spirales et cloquées; dans ce cas, les feuilles ne sont pas collantes aux doigts et conservent la teinte verte des feuilles saines ; 2° La présence sur les feuilles du pêcher d’un petit champignon (l’Exoascus deformans), dont le mycélium provoque l'hypertrophie des tissus qu’il occupe : l’hu- midité au printemps est très favorable au développement de ce champignon ; 3° La cloque la plus commune est provoquée par l’Aphis persicæ, et voicicomment : Aussitôt le miellat formé par les pucerons, si les pé- chers qui en sont atteints se trouvent dans le voisinage de fourmilières, ce qui est très commun, les fourmis sont attirées par le liquide sucré du miellat sécrété par les pucerons, aussi les voit-on aussitôt monter le long de l’arbre et aller se nourrir de ce liquide. Or, les fourmis ont le grand désavantage de sécréter constamment un liquide acide spécial appelé acide for- mique qui brüle les feuilles, les déforme et leur donne des cloques absolument comme ferait le feu, de là le nom de cloque donné à cette maladie. On peut facilement empêcher les fourmis de monter aux pêchers, en entourant le tronc d’une bandelette de ouate où coton cardé; les fourmis ne traversent jamais cette matière où elles se prendraient les pattes et ne pourraient passer, mais le remède n'est pas là : ce qu'il faut surtout, c’est empêcher la formation du miellat, cause première du mal, en tuant le puceron. MOYENS DE DESTRUCTION. — L'Aphis persicæ dépose ses œufs le plus souvent à l'extrémité des jeunes branches qui détiennent pendant l’hiver quelques feuilles sèches (feuilles cloquées de l’année précédente où vivaient les pucerons) ; il est de toute nécessité,dès les premiers beaux jours de février, de couper avec soin toutes ces branches et de les brüler ; on détruira ainsi la moyenne partie des œufs, mais tous ne sont pas placés ainsi à l’extrémité des branches, on en trouve des compagnies nombreuses -aux bifurcations des grosses branches, à l'écorce rugueuse ot OC et remplie d'aspérités et de gereures: il faut done, à l'aide d’un pinceau à goudronner les bateaux, badi- geonner toutes les parties rugueuses de l'arbre avec la composition suivante: eau, 140 litres; savon noir, 500 grammes; pétrole, 1 kilog. On commence par dissoudre le savon dans l’eau, puis on place le pétrole dans un seau ordinaire et à l’aide d’un balai de bois on agite fortement le pétrole en même temps que l’on verse doucement l’eau de savon de façon à bien mélanger le tout et à obtenir une émulsion blanche comme du lait; il faut employer cette émulsion aussitôt préparée et de préférence le soir, pour éviter une évapo- ration trop rapide du pétrole. Si les œufs n’ont pas été traités comme nous venons de le dire, on voit bientôt apparaitre des myriades de pucerons. Voici ce qu'il faut faire aussitôt que l'on aper- coit ces insectes : On envoie dans toutes les parties de l'arbre à l’aide d’un pulvérisateur du jus de tabac à 1° 1/2 Baumé; si l'opération est bien faite et que l’on ait soin de tourner autour de l'arbre, en pulvérisant, de manière à injecter le jus de tabac dans tous les sens, si l'arbre est en plein vent, où bien pulvériser sur les lattes qui soutiennent les branches de ceux en espaliers, on est certain de trou- ver le lendemain tous les pucerons morts, mais il est absolument essentiel de recommencer l'opération au bout de huit jours ; car le jus de tabac ne détruit pasles œufs, et le second traitement a pour but de détruire les puce- rons non éclos lors du premier; cette seconde pulvérisa- tion est absolument nécessaire pour la réussite, et ne doit pas se faire plus de huit jours après la premiere. Si les pêchers sont en espalier, on peut user encore du procédé suivant: on couvre l’arbre avec une bâche et on brüle au pied 200 grammes de déchets de tabac des ma- nufactures à 1 franc le kilog, mais il est essentiel que le tabac brüle vite etne s’éteigne pas. Pour cela nous em- ployons du tabac nitré préparé au laboratoire tout sim- plement en plongeant des déchets de tabac dans une solution de salpêtre concentré à froid, on fait ensuite sécheret on obtient ainsi du tabac brülant avec une grande vigueur et produisant en quelques secondes des torrents de fumée, cette fumée reste emprisonnée entre le mur et la bâche et pénètre dans toutes les fissures et gerçures de l'arbre; on laisse le tout en cet état pen- dant une demi-heure, puis l’on passe à un autre arbre, mais il est toujours indispensable de recommencer sept ou huit jours après, car la fumée de tabac n’a pas plus d'effet sur les œufs que le jus. Je me hâte de dire que ce procédé est plus coûteux et moins pratique que la pulvé- risation du jus de tabac. Mais il ne faudrait pas croire que l'opération soit terminée, : Le puceron détruit, il s’agit de rendre au pêcher la vigueur qui lui a été enlevée par la perte d’une partie de la sève absorbée par cet insecte ; à cet effet, il faut se ser- vir d'engrais, mais surtout d’un engrais très soluble et très assimilable pour réparer et réconforter la partie feuillue. Le meilleur engrais pour le pêcher, au printemps, con- siste, après avoir bêché très légèrement la terre au pied de l'arbre sur une surface correspondant à ses branches, à arroser cette surface une seule fois avec 10 litres de la solution suivante : eau, 100 litres; sulfate d'ammoniaque, 3 kilogs ; nitrate de soude, 5 kilogs. Ces sels étant solubles sont absorbés par les racines 56 LE NATURALISTE et rendent en moins de quinze jours la santé aux feuilles, et cette vigueur donnée aux feuilles par ces engrais leur évite le retour des pucerons qui attaquent de préférence les arbres malades et languissants, Prix de revient des divers traitements indiqués : 40 litres de jus de tabac à 12° Baumé coûtent 5 francs: en y ajoutant 50 litres d'eau on obtient 60 litres à 1° 1/2 Baumé; à raison de 6 litres par arbre, cela fait pour chacun 0 fr. 50. Pour l’arrosage, la solution employée contient par 100 litres : 3 kilogs de sulfate d’ammoniaque à 27 francs les 100 kilogs, 0 fr. 81,5 kilos de nitrate de soude à 24 francs les 100 kilogs, 1 fr. 20: soit pour 100 litres, 2 fr. 01. 10 litres de cette solution suffisant pour un arbre, la dépense pour chacun d'eux est donc de 0 fr. 20. En ajoutant le prix de main-d'œuvre qui est de 3 francs pour 50 arbres, environ soit 0 fr, 06 par arbre, on obtient les chiffres ci-après : jus de tabac, 0 fr. 50; engrais spé- cial, 0 fr. 20 ; main d'œuvre, 0 fr. 06; total, 0 Fr. 76. Avec le traitement préventif au pétrole et au savon noir, On arrive Juste à la somme de 1 franc, montant de la dépense par arbre, dépense qui est largement compen- sée par l'excédent de récolte résultant du traitement appliqué. Paul Nozz. CULTURE DE LA MANICOBA OÙ ARBRE À CAOUTCHOUC Quelques essais de culture de la manicoba ou arbre à caout- chouc viennent d’être tentés par différents propriétaires de plantations de café dans l'Etat de Saint-Paul. Les graines sont semées par couches après immersion dans l'eau pendant quelques jours, afin de faciliter la germiuation, ou bien encore on casse la pointe de la graine au moment de l'en- fouissement. Les graines sont semées en ligne à une profondeur de 10 mil- limètres et espacées de 80 millimètres. On recommande d’arroser tous les jours. En dehors des mois de mai et août, on peut en- semencer à quelque autre époque de l’année. La germination met quinze à vingt-cinq jours pour se produire. Lorsque les pieds ont atteint trente centimètres de hauteur, on les enlève des pépinières avec la motte de terre; puis on les re- pique dans des trous dans lesquels on à mis, au préalable, de l’engrais minéral. Cette opération doit être exécutée les jours pluvieux de préférence. Les tiges sontensuite, pendant les trois premiers jours, recouvertes de feuilles. La manicoba croit rapidement dans les terrains fertiles et sili- ceux. Les terrains trop humides ne lui conviennent pas. Les plants doivent être distants de 3 mètres et demi en tout sens. Ea juin, juillet et août, les plantes perdent leurs feuilles qui sont remplacées par des bourgeons au commencement de sep- tembre. À la distance mentionnée ci-dessus, l’hectare contient 816 pieds. La culture de la manicoba ne requiert aucun soin spécial en dehors de l'entretien ou du nettoyage du sol autour du pied. Elle croit avec une grande rapidité, après qu'elle a atteint 50 centimètres de hauteur, et cela malgré la sécheresse du temps. Dans les endroits peu abrités, où il y a de forts vents, il convient de maintenir l’arbuste au moyen de tuteurs, de façon à empêcher qu’il ne se casse ou prenne une direction anormale. On doit s'abstenir d'une façon absolue de tailler les arbres. La manicoba obtient au moment de sa maturité de 4 à 6 mètres de haut et fournit par des incisions faites soit au tronc, soit aux grosses branches, un suc très blanc duquel on obtient au moyen de dissolutions par le sel commun, l’alun, etc., une moyenne de 75 grammes de caoutchouc de bonne qualité au bout de la deuxième année; ce qui donne, à raison de 816 pieds à l'hec- tare, 61 kilogr. 200. Ce rendement augmente d'année en année; on obtient en moyenne, dans la sixième année, 450 grammes de caoutchouc par plante ou 367 kilogrammes par hectare. L'extraction se fait deux fois par an, en janvier et décembre (la saison plus chaude de cette partie du Brésil). É L'Etat de Saint-Paul encourage la culture de cet arbre en ac- cordant des primes et des graines à tout agriculteur qui en fait la demande. Il donne, en outre, des instructions imprimées pour la culture de ce produit. Cette culture est encore beaucoup trop récente pour avoir pu donner des résultats; d'autre part, il n’y a encore guère que quelques riches planteurs qui se soient livrés à ces essais et en- core sur une très petite échelle, aussi la surface cultivée est-elle à l'heure actuelle encore insignifiante. LES SERPENTS DE CENT VINGT PIEDS Dans leur première expédition en Afrique contre Car- thage, les Romains furent arrêtés dans léur marche par un serpent monstrueux, qui dévorait aisément un homme pour son repas. J1 habitait un endroit marécageux situé près du camp, de sorte qu'il était difficile à attaquer. On n’en vint à bout qu'à l’aide des machines, qui fini- rent par l’écraser à coups de grosses pierres : les traits s’émoussaient, Sans pouvoir pénétrer à travers les écailles de sa peau. Pour que personne ne puisse douter de la vérité de cette histoire absolument authentique, on rapporta sa dépouille à Rome, où on la conserva dans un temple pendant plusieurs siècles. Ce monstre mesurait alors 120 pieds, soit près de 40 metres! mettons 37 cu 38 me- tres. C’est tellement fantastique, que l’on a considéré cette histoire comme une fable. Et cependant, nous allons montrer pourquoi le fait par lui-même est absolument authentique. Mais, ce qui est bien autrement curieux, c'est d'indiquer le truc em- ployé pour donner à un python ordinaire une dimen- sion artificielle beaucoup plus grande que sa longueur réelle primitive. Les plus grands pythons connus ont 10 mètres, 11 mè- tres peut-être. Il n’y aurait donc rien eu d’extraordi- naire à ce que les Romains aient rencontré autrefois un serpent de 12 à 43 mètres. Eh bien! cette dimension est suffisante pour permettre de développer artificiellement ce serpent de facon à lui donner une longueur appa- rente d’une quarantaine de mètres, c’est-à-dire 120 pieds. D'abord, on sait qu'il y avait à Constantinople, au cin- quième siècle de notre ère, un intestin de python d’A- frique, provenant de la vallée du Nil, que l’on avait transformé en parchemin, en soufflant dedans pour le gonfler et distendre ainsi sa peau, afin de lui donner plus de développement en largeur. Cet intestin, desséché après sa distension, avait précisément six-vingts pieds, c’est-à-dire une quarantaine de mètres de longueur. Un patient écrivain avait consacré sa vie à écrire, sur cet intestin de serpent, les deux poèmes d'Homère, l’Iliade et l'Odyssée, en vers grecs, sans qu'il y manquât un seul mot; le tout écrit en lettres d’or. Cet immense parche- min était placé dans une bibliothèque publique, conte- nant plus de cent mille volumes, où on le conservait aniens PT PP Sete PTE ui Se Sat de PS D DT AE à LE NATURALISTE 57 avec le plus grand soin, comme une des curiosités les plus remarquables de ce riche établissement (1). En second lieu, on sait que l'intestin des serpents est aussi dilatable que leur propre corps, puisqu'il contient la proie tout entière que le serpent a avalée sans la mâcher, âne, veau, homme, etc. Enfin l'intestin des ser- pents, quand il est déroulé et allongé en ligne droite, est de 1 fois 1/2 à 2 fois 1/2 la longueur du corps lui-même, Cela posé, on voit qu'il suffit de sectionner en travers la peau écailleuse d’un serpent par le milieu, sans en- dommager l'intestin, et de tirer ensuite par les deux bouts les deux extrémités du corps, en avant et en ar- rière, pour dérouler l'intestin et l'allonger en ligne droite. On n’a plus alors qu'à le souffler, afin de lui donner une épaisseur au moins égale à celle du corps, même davantage si on veut, et qu'à le laisser dessécher. On arrive ainsi à doubler ou à tripler la longueur appa- rente du reptile, On peut même l'allonger davantage encore, en faisant glisser les deux parties du corps sur la moitié antérieure et sur la moitié postérieure de l'in- testin, de manière à ajouter au corps lui-même la lon- gueur totale de l'intestin, Cependant le parchemin de Constantinople montre que l'intestin à lui seul d’un pareil monstre suffit pour lui donner une longueur de 120 pieds, sans avoir besoin d'y ajouter encore la longueur de sa peau écailleuse. En définitive, un python de 13 mètres a un intestin de 26 à 39 mètres, c’est-à-dire de 120 pieds; soit avec la peau, soit à lui tout seul. De là ces deux immenses dé- pouilles de pythons conservées : l’une à Rome dans un temple, plusieurs siècles avant Jésus-Christ, et l’autre à la bibliothèque de Constantinople, dans le cours du cinquième siècle de notre ère. C’est chez l'historien Zonare que nous avons puisé ces détails, en ce qui con- cerne l'intestin de serpent qui a servi de parchemin pour écrire les œuvres d'Homèere. Il serait intéressant de rechercher si on a employé ailleurs encore d’autres intestins de pythons en guise de parchemin. C’est véritablement à regretter de n'a- voir pas vécu quelques siècles plus tôt; car, que d’œu- vres écrites sur parchemin ont dü être détruites par les mites ou par les incendies, avec le temps! Enfin, il faut espérer qu'il en existe encore quelques-unes, et que l’on finira par les découvrir un jour. Parfois, on a re- couvert de blanc certaines écritures sur parchemin an- cien, afin d'en reconstituer un nouveau ayant l'aspect d'un neuf, afin d'écrire autre chose par-dessus. Il suffit donc d’enlever cette couche de blanc artificiel pour re- trouver les écritures anciennes, qui ne sont pas effacées, mais seulement cachées sous cette couche de blanc; que d'œuvres perdues on aura peut-être la chance inespérée de retrouver un jour! C'est ainsi que Néron ayant voulu masquer, avec du plâtre ou un lait de chaux, les taches livides sur le ca- davre d’une de ses victimes empoisonnées, il suffit d'une pluie survenue à propos pour laver le cadavre et mon- trer à tout le monde les ecchymoses que l’on avait cher- ché à dissimuler. Dr BouGox. (1) Ce parchemin en intestin de serpent python, de 120 pieds de long, fut consumé daus un immense incendie qui dévora la Bibliothèque de Constantinople, entre 415 et 411, sous le règne de l’usurpateur Basilisque, le beau-frère de l’empereur Zénon. C'est à cette époque (481) que Clovis fut élevé chez nous sur le pavois. Il avait environ onze ans à l’époque de a node La è ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléopières des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS SWINHOEI. — Parry Parïry — Trans. Ent. Soc. Lond. 1874 p. 370 — pl. # — fig. 4. Diagnose de Parry L. fusco-castaneus, nitidus, l@vis, subtilissime punc- tulatus, mandibulis regulariter arcuatis, apicibus subfur- catis, dente interno magno, prope basin, in medio 7 vel 8 tuberculis nodosis irregulariter instructis. Long. corp. unc. 4, lin. 2; mandib. lin. 6 Hab. Ins. Formos. Le Lucanus Swinhoei est intimement lié au Luc. For- tunei-Parry, dont il possède la taille, la structure géné- rale et la coloration, mais il s’en distingue aisément, à première vue,par l'emplacement de la grande dent man- dibulaire qui se trouve ramenée dans le voisinage immé- diat de la tête, au lieu d’être placée au milieu de la man- dibule. En outre, la forme générale du corps a, dans toutes ses parties, quelque chose de plus arrondi; les mandi- bules, en particulier, sont plus cylindriques et leur courbure est bien plus régulière : « These organs, dit « très exactement Parry, are found to be more arcuate « and exhibit a gradual but regular curvature from their « base to the apex, whereas in L. Fortunei they are con- « siderably more prominently rounded at the base and « irregularly sinuated towards the apex..... » Ces organes sont plus arqués et présentent une courbure graduée mais régulière à partir de leur base jusqu’à leur sommet, tandis que chez le Luc. Fortunei ils sont considéra- blement plus arrondis et plus saillants à leur base et irrégu- lièrement sinués vers l'extrémité. MALE Coloration. La coloration du Luc. Swinhoei est sensiblement la même que celle du Luc. Fortunei,mais la teinte des man- dibules, du thorax et de la tête est plus rougeûtre et la couleur des pattes antérieures plus claire; les carènes céphaliques sont noires, ainsi que le pourtour du elypeus et de l’épistome. La granulation de la tête est plus fine que chez l’espèce précédente. Structure. Les mandibules sont de la mème longueur que chez le Luc. Fortunei, mais construites autrement; leur contour est plus arrondi, leur tige moins nettement triangulaire, leur inclinaison en avant assez faible et se produisant graduellement à partir de la grosse dent mandibulaire, laquelle est très voisine de la tête, comme il à été dit ci- dessus. Cette dent est triangulaire et présente pour particula- rité d’être surmontée près de la base, à son bord supé- rieur, d’un petit denticule qui est d'autant moins distinct que les exemplaires sont plus petits, mais dont la pré- sence lui donne toujours un aspect un peu spécial. Les denticules qui font suite à cette grosse dent mandibulaire 38 LE NATURALISTE sont nombreux, plus robustes et mieux détachés de la tige que dans l'espèce précédente ; plusieurs d’entre eux sont parfois soudés à leur base deux par deux ou même trois par trois. La fourche terminale est bien ouverte chez les grands exemplaires, peu chez les autres; l'extrémité de la tige des mandibules, en y comprenant la dent supérieure de la fourche, est carénée à son bord supérieur ; la dent in- framandibulaire est bien marquée. La tête, quoique bien développée, est moins large que Luc. Swinhoei (mâle). chez l'espèce précédente; elle est, en outre, beaucoup plus arrondie, avec les côtés un peu plus relevés; le labre est relevélatéralement, mais, en avant, ilse confond avec l’épistome, car il n’en est séparé par aucun rebord ; les yeux sont volumineux, les canthus grêles, allongés et déprimés. Les antennes sont construites comme chez le Luc. Fortunei, mais les feuillets de la massue sont un peu plus longs et plus grêles. Le corselet est un peu plus convexe; 1l est surtout plus arrondi latéralement et plus rabattu sur les côtés. Les élytres ont la même forme, maisleur convexité est plus régulière. Les pattes antérieures sont fines et très arquées en dedans ; les tarses sont longs et élégants, mais relative- ment robustes. Le dessous est très finement villeux; encore cette villosité, composée de poils fort courts et espacés, n'est-elle bien visible que de biais. FEMELLE La femelle du Luc. Swinhoeiressemble beaucoup à celle du Luc. Fortunei, mais son corselet est notablement plus s Luc. Swinhoei (femelle). large et rappelle assez sous ce rapport celui de la femelle du Luc. Fairmairei, La coloration est en entier d’un rouge acajou très foncé et luisant; les mandibules, dont le contour décrit une courbe très prononcée, sont nettement sécuriformes et encore plus larges que chez les deux espèces précé- dentes; la tête est rugueuse, presque plane et rétrécie obliquement en arrière des yeux; le corselet affectant à peu près le même contour que chez la femelle du Luc. Fairmairei est plus large, plus déprime sur son disque et moins arrondi aux angles antérieurs. Les élytres sont en rapport de conformation avec celles du mâle ; les cuisses et les pattes antérieures sont robustes. Le Luc, Swinhoei se trouve à l'ile Formose. Il est peu répandu dans nos collections, LUCANUS ELAPHUS — Fabricius. Fabr. Syst. Ent. p. 2. — Olivier. — Ent. I vol. 1 p.12 pl. 3 fig. 7. — Burm. — Handb. V p. 354. Clas. Fuchs — Synopsis of the Lucanid of the United States — Bulletin of the Brooklyn Entomol. Soc. — Vol. V. 1882 — p. 1 et ?, fig. 1. Syn. : LUC. AMERICANUS — Hope — Cat. Luc., p. 10. Luc. elaphus considéré comme variété de Luc. cervus — de Géer. — Mém. Ins.,IV., p. 33. Bien que d'une taille notablement supérieure à celle des autres espèces du joli petit groupe auquel il appar- tient, le Lucanus elaphus ne le cède à aucun d’eux pour la grâce et la beauté. — Seul représentant, dans l'Amé- rique du Nord, du genre Lucane proprement dit, il peut rivaliser comme élégance de forme avec le charmant Luc. Mearesi lui-même. Ses affinités avec le Luc. Swinhoei sont très grandes et sa structure en est voisine, mais sa taille est plus avanta- geuse, sa tête plus brève et bien plus rétrécie en arrière, ses mandibules plus longues et plus arquées et terminées par une fourche beaucoup plus ouverte et formée de dents bien plus longues. La coloration de ce bel insecte est en entier d’un brun rouge uniforme, tantôt mat, tantôt un peu luisant selon les exemplaires et peut-être selon les provenances. La contexture des différentes parties du corps ne pré- sente pas de très grandes variations, cependant la tête et le corselet sont un peu plus granuleux que les mandi- bules et que les élytres. Les pattes et les cuisses sont de la même couleur que le corps, et ces dernières présentent parfois une partie médiane plus claire ; quant aux tarses, ils offrent cette particularité, visible seulement chez les exemplaires bien conservés, d’avoir leur extrémité ou entièrement rem- brunie ou même noirâtre. Les mandibules sont très longues, assez régulièrement courbées en demi-cercle, fortement inclinées en avant vers leur extrémité ; elles sont très larges à leur base, surtout chez les grands exemplaires, et vont en se rétré- cissant, à partir de la grosse dent mandibulaire, jusque vers la fourche terminale où elles sont fort grêles et subcylindriques, tandis que toute leur partie basilaire est nettement déprimée et de forme triangulaire. La grosse dent mandibulaire est située en deçà du milieu de la mandibule, mais moins près de la tête que LE NATURALISTE 59 chez le Luc. Swinhoei; elle est courte, petite, subcylin- drique et toujours mutique ; dans certains cas, elle est précédée d'un seul denticule qui est complètement indépendant d'elle; par contre, ceux qui lui font suite sont très nombreux, 8 à 9, et sont petits et bien arrondis; la fourche terminale est extrêmement ouverte et très large dans sa partie basilaire. Les deux dents qui la composent sont très longues, épaissies et légèrement triangulaires à leur naissance, arrondies et presque effilées à leur extrémité ; la dent inférieure est souvent un peu plus grêle quela supérieure. La tête est très large mais courte, surtout sur les côtés, et très fortement relevée en arrière des carènes posté- rieures ; la carène frontale est élevée et tient presque toute la largeur de la tête; les angles antérieurs sont arrondis ; les carènes latérales et postérieures décrivent une courbe régulière mais très oblique en arrière, ce qui explique et justifie la brièveté que possède la tête latéra- lement ; le clypeus est vertical et présente une grande surface ; l’'épistome est ogival, étroit et très allongé, beaucoup plus qu'il ne l’est chez aucune des autres espèces connues de Lucanus si ce n’est chez la var. judaïcus du L. cervus. Le cou présente souvent un sillon longitudinal en son milieu ; il est long, bien développé et rétréci en arrière, disposition qui contrebalance d’une facon très heureuse la brièveté de la tête et qui donne beaucoup d'élégance à l'insecte; les palpes sont courts et grèles, les antennes fort longues, à massue antennaire tétraphylle, à feuillets courts. Le prothorax est sinueux en avant, embrassant bien le cou à sa naissance ; pour le restant il est subrectangu- laire, et presque plan en son milieu ; l'écusson est brefet arrondi. Les élytres sont longues, peu convexes, tantôt subpa- rallèles, tantôt rétrécies vers leur extrémité, et présentent souvent une faible épine à l'extrémité de leur bord sutural. Les cuisses, les pattes et les tarses sont grêles et élégants de forme. FEMELLE La femelle possède la même coloration et la même contexture que le mâle ; seules les mandibules, la tête et les pattes sont un peu plus rugueuses ; ces dernières sont en outre un peu obscurcies, Les mandibules sont robustes, de section triangulaire, ayant leur face interne légèrement excavée ; elles sont courbes, aussi longues que la tête et terminées en pointe très aiguë; larges à la hauteur de la dent du bord interne, elles sont par contre très étroites à leur base ; la tête est longue et étroite, notablement rétrécie en arrière ; l'épis- tome est allongé et triangulaire, en rapport de structure avec celui du mâle ; l'antenne est construite comme chez ce dernier ; le corselet est long, médiocrement convexe, très étroit en avant ; les élytres se rapprochent comme structure de celles du mâle. Le Luc. elaphus est ou rare ou difficile à trouver, car il est peu répandu dans nos collections européennes, M. Wickham lui-même m'indique qu'il n’est pas com- mun ; je n’en connais qu'une vingtaine d'exemplaires, presque tous de très beau développement, qui figurent dans les collections de M. R. Oberthür et de M. Boileau et dans celles du Muséum de Paris. Fuchs indique cet insecte comme se trouvant dans les régions septentrionales de l'Amérique du Nord, dans Plllinois et sur les territoires indiens. M. le D° Wickham. m'a donné les indications suivantes : « Je n'ai pas trouvé de données sur la nourriture de la « larve de cette espèce dont l'habitat est principalement « méridional. Le Luc. elaphus se trouve en Virginie, « dans la Caroline septentrionale et méridionale, dans « les Etats du Golfe, dans l'Illinois et sur les Territoires « indiens ; il n’est pas répandu dans les collections. » L. PLANET. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE EXAMEN DES PRÉPARATIONS. — LOUPES ET MICRO- SCOPES. — DESSINS (CHAMBRES CLAIRES). — PROJEC- TIONS. = MICROPHOTOGRAPHIE (MÉTHODES ET APPAREILS). Lorsque les préparations microscopiques ont été faites par l’un des procédés que nous avons indiqués précédem- ment, celles dont le liquide conservateur est à base de résines (baume ou dammar) doivent être séchées. Nous avons obtenu d'excellents résultats en plaçant les préparations pendant une heure ou deux dans l’étuve chauffée à 45° environ. Le baume s'étale alors parfaite- ment et pénètre mieux les coupes ou l’objet préparé. Au sortir de l’étuve on met les préparations montées dans les résines dans un séchoir. Le séchoir est une boîte en bois blanc d’une assez grande dimension dans laquelle se trouvent des tablettes superposées pouvant recevoir 40 ou 20 préparations chacune. On peut ainsi mettre dans chaque boite 50, 100 préparations, ou même davantage, et, comme les préparations ne sont pas dans des cases particulières, air circule librement dans toute la boite et les préparations sèchent ainsi beaucoup plus rapidement. Quand elles sont restées là une quinzaine de jours environ,on peut les classer définitivement dans des boites spéciales dites boîtes à préparations. Il est très imprudent de placer les préparations dans les boites définitives avant qu’elles ne soient complète- ment sèches, surtout si les boites doivent voyager. Il arrive ‘alors souvent que le baume coule sur le côté, entrainant la lamelle, collant la préparation contre le bord de la boite ou contre une autre préparation, etc.; enfin toute une série de désagréments qu'il est facile d'éviter avec un peu de soins. On fait aujourd'hui de véritables meubles pour recevoir et classer les préparations et pouvant en contenir jusqu’à trois, quatre, dix mille et même davantage. Ces armoires sont excellentes quand les préparations ne doivent pas être déplacées et elles ont l'avantage de renfermer beaucoup de préparations sous un volume relativement restreint, On fait aussi des boîtes en carton ou en bois pouvant se placer dans des meubles spéciaux semblables à des cartonniers à cartons minuscules. Pour voyager, nous prenons de préférence des boîtes 60 LE NATURALISTE en bois s'ouvrant des deux côtés et garnies de rainures dans lesquelles on peut placer les préparations deux à deux, en ayant soin de ne pas mettre en contact les faces portant les lamelles. Il est bien entendu qu'avant d'être classées les prépa- rations doivent être munies d’une étiquette et d'un numéro d'ordre portant les indications nécessaires pour que l’on puisse facilement savoir à quoi on a affaire. Si l’on à soin maintenant de tenir un registre au courant en groupant les préparations par organes ou systèmes d'organes ou par genres, familles, etc., enfin, d'une facon bien établie, en reportant les numéros d'ordre et le numéro de la boîte à préparations sur ce registre, On pourra en quelques secondes avoir sous Ja main tout ce que l’on désirera. Que la tenue d’un tel registre n’épouvante pas ceux qui commencent, c’est l'affaire de dix minutes par jour (quand on fait de tiès nombreuses préparations) pour le tenir au courant et ce sont des heures de recherches que lon s’évite de cette facon. L'examen des préparations peut être fait immédiate- ment après que celles-ci sont terminées; mais, au moins pour celles faites au dammaär où au baume, il est bon de ne procéder à l'examen approfondi que un ou deux jours après, de facon à donner aux essences le temps de bien pénétrer les coupes et de leur faire acquérir ainsi une transparence plus grande qui permette l'emploi de grossissements plus forts. Il faut toujours chercher à obtenir le plus de transpa- rence possible pour les préparations, car il est facile de comprendre que l’on peut recevoir ainsi une quantité plus considérable de lumière dans l'objectif du micro- scope etemployer par conséquent des lentilles plus puis- santes. Quelques préparations, en particulier celles d'animaux entiers dont nous avons parlé précédemment, peuvent être examinées superficiellement à la loupe. On emploie pour cela des loupes fortes, grossissant 16 ou 20 fois, comme celles qui sont utilisées pour quelques dissections fines. D'une facon générale, elles se composent d’un pied lourd d’une forme quelconque, souvent en fer à cheval. Sur la partie postérieure s'élève perpendiculairement une forte tige creuse, dans laquelle peut monter une tige plus petite à crémaillère ; celle-ci porte à son extrémité supé- rieure un bras horizontal léger à l'extrémité duquel se trouve une bague pouvant recevoir des loupes de diffé- rentes puissances. La platine est fixée au-dessous de la loupe et l’on peut éclairer la préparation à l’aide d’un miroir double (plan d’un côté, concave de l’autre) mobile dans trois direc- tions. La préparation est maintenue sur la platine à l’aide de deux valets. Enfin, de chaque côté de la platine on peut fixer un appuie-main qui permet de manœuvrer la préparation ou de faire une dissection fine sans se fatiguer les bras. Il y a beaucoup de modèles différents de loupes mon- tées, mais le principe est partout le même et au fond elles ne diffèrent pas sensiblement du modèle que nous venons de décrire. Dans la plus grande majorité des cas, la loupe est ab- solument insuffisante pour l'examen des préparations et. dès que l’on veut se rendre un compte à peu près exact de la structure des tissus, il faut avoir recours à des ins- truments plus compliqués et plus grossissants, aux mi- croscopes. Nous r’entreprendrons pas, bien entendu, l'étude phy- sique de ces instruments que l’on pourra trouver, si on le désire, dans la plupart des traités d'optique. Nous nous bornerons à indiquer les principales améliorations qui ont été introduites dans leur fabrication afin d'obtenir les appareils perfectionnés que l’on met aujourd’hui entre nos mains. x L'appareil d'optique de tout microscope simple ou com- plexe se compose de deux systèmes de lentilles placés aux deux extrémités d'un tube creux. Le système le plus simple se trouve placé près de l'œil lorsqu'on regarde dans un de ces appareils, on le désigne pour cela sous le nom d’oculaire; quant à l’autre système de lentilles, plus compliqué que le premier, il est le plus rapproché de l’objet à étudier, on l'appelle objectif. Ces deux termes d'objectif et d'oculaire ne présagent absolument de rien en ce qui concerne leur composition optique ou leurs grossissements. La préparation est fixée sur une platine percée d'un trou central pour le passage de la lumière, comme celle de la loupe dont nous avons parlé plus haut. La lumière est envoyée dans l'appareil à l’aide d'un miroir à inclinaison simple ou double. Enfin le tout est porté par un axe fixé lui-même sur un pied assez lourd pour donner de la stabilité à l’en- semble de Pappareil. Telle est, en somme, la constitution de l’un des micro- scopes les plus simples que l'on puisse imaginer. C’est un instrument bon marché et auquel on peut adapter un système d'oculaires et d'objections pouvant donner des grossissements variant de 60 à 600 diamètres environ. Le tube qui porte l’oculaire et l'objectif glisse dans un tube plus gros à flottement doux, de façon que l’on puisse, avec la main, rapprocher ou éloigner l’objectif de la pla- tine, c’est-à-dire de la préparation. C’est par ce procédé, un peu simple il est vrai, que l'on met approæimalivement la préparation au point. Mais la mise au point exacte se fait à l’aide d’une vis placée au-dessus de la tige rigide et à l’aide de laquelle on peut faire monter ou descendre, d'une quantité très petite si l'on veut, le tube à glisse- ment et avec lui tout l'appareil d'optique. L'instrument ainsi construit est loin de remplir les conditions voulues pour faire un bon microscope; voyons quelles sont ses imperfections et comment on les a cor- rigées peu à peu. Nous avons dit que la mise au point approximative s'obtient en faisant glisser à la main le tube optique. Or il arrive que si peu que l’on ait la main lourde ou que l'on fasse un faux mouvement, on appuie trop brusquement sur le tube et l’on fait passer l'objectif à travers la prépa- ration ou tout au moins on l’écrase ; cela arrive souvent aux débutants qui se servent de semblables instruments. Pour éviter ces inconvénients, on a remplacé la main par un pignon qui fait mouvoir une crémaillère à l’aide d'une roue dentée, La crémaillère est elle-même fixée au tube optique, qui monte et descend en même temps qu'elle par conséquent. Les grands mouvements sont obtenus à l’aide du pi- gnon et la mise au point exacte par une vis micromé- trique semblable à celle dont nous avons parlé dans J'ins- trument précédemment décrit. (A suivre.) GRUVEL. | LE NATURALISTE (I LES PILANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES MOIS DE L'ANNÉE ESPÈCES . ; NOMS AE TROUVE HABITAT GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES TT — — D'ARBRES OU PLANTES FRANÇAIS Chenilles Papillons Cyprès Cupressus Septembre à novemb.{Provence, Lyon. Mai, août. Indre, Bas-Rhin, Lyon. Novembre, décembre.|Provence, Lyon. Juin, juillet. Juillet. Mai à octobre. INSCRIRE ven ee- Xylina Lapidea H. = Eupithecia Indigata H. — Thera Cupressata Dup. Daphné Daphne Amphipyra Effusa B. Avril. Mai, juin. France méridionale. Digitale Digitalis PARVIFLORA.::...., 4 Tæniocampa Rubricosa S. V.|Octobre. Mars, avril. France centr.,mérid. et orient. PURPOUREAE Nue. à Eupithecia Linariata S. V. Sept., oct. (capsules). |Mai, juin, août, sept. |France centrale et septentrion. De 5 — Pulchellata Steph.|Juillet (fleurs, graines)|Mai, Juin. Paris, Autun, Lyon. CYPARISSIAS . ,..,..... CxPARISSIAS. 1... CyPARISSIAS 2.12 CYPARISSIAS.......... Eupithecia Coronata H. — Satyrata I. Euphorbe Deilephila Euphorbiæ L. — Nicæa de Prunner. Sesia Empiformis Esp. Bombyx Dons L. Colacasia Chamæsyces Gm. Acronycta Euphrasiæ Bkh. — Euphorbiæ L. V. Simyra Nervosa S. V. Agrotis Vestigialis Hufn. Eucrastis Indigenaria de Vill, .[Hemithea Fimbriata Scap. Hyria Muricata Hufn. SRINOS AE ie Acidalia Mediaria H Cvparissras........,..[Minoa Muricata Scop. [ Septembre (fleurs). Euphorbia Juin à août. Juillet, septembre. Mai, juin (ràcines). Juillet. Juin, septembre. Juillet, août. Juin. Juin, juillet. Avril, octobre. Mai. Juin. Juin, octobre. Avril à juillet, Juin, juillet, Juin, septembre. Juin. Juin, juillet. Août. Mai, juillet. Mai, août. Mai. Avril, juillet. Août, septembre. Printemps, automne. Juin, juillet. Juillet! Mai à septembre LUNA SE Rue -- Pyreneata Mab. Juillet. Juin. Pyrénées. Dorycnie Dorycnium SurrruTIcosuM.. ......|Zygæna Rhadamanthus Esp. |Février. Juin, juillet. France méridionale, Lozère. = — Carmolica Scop. Mars Juillet, août. France centraleet méridionale, Es — Occitanica de Vill. Juin, juillet. _— France méridionale. Le Bombyx Doryenii Mill. iJuin. Août, septembre. Méditerranée, Autun. — Polia Argillaceago H. … - Mars, Septembre. France méridionale. — Selidosema Ericetaria de Vill. Juin. Juillet, août. Toute la France. = Fidonia Plumistaria de Vill. Août, octobre. Mars, septembre. France méridionale. — Ligia Opacaria H. Mars à mai. Septembre, octobre. |France centrale, mérid.etoccid. Drave Draba NERNA Re eee Agrotis Signifera S. V. Mai, juin. Juillet. Montagnes alpines. — Pygmæna Fusca Thnb. Juin, juillet. Juillet, août. Dauphiné, Savoie. Epervière Hieracium PILOSEELA #1, à .[Melitæa Cinxia L._ Avril, août, sept. Mai, juin, août. Toute la France. — Crateronyx Dumeti L. Juin. Octobre. — UMBELLATAN SE San Hecatera Serena $. V. Mai, août. Mai à août, = Epiaire Stachys SYLVATICA .....,......|Acidalia Strigilaria H. Avril, mai. Juin. Toute la France. EÉrable Acer Campesrris .......... Lophopteryx Cucullina S. V. Août, septembre. Mai, juin. France centrale septentrionale, £ = ; orientale et occidentale. — Ptilophora Plumigera $S. V. |Mai. Juin, nov., décembre.[ France centrale et orientale. — Acronycta Aceris L. Juillet, août, Mai, juin. Toute la France. — Ephyra Albiocellaria H. Juin, septembre. Mai, juillet. Jarnac, Gien. — — Annulata Schulze. — — Toute la France. — Anisopteryx Aceraria S. V. Mai, juin. Novembre. France centr., sept. et orient. Eupatoire Eupatorium CANNABINUM. ...,..... Plusia Orichalcea F. Juin, juillet. Juilet, août. Haut-Rhin. France centrale et méridion. Basses-Alpes, Colmar. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France méridionale. Toute la France. Prance centrale et méridion. Alsace. Toute la France. Lyon, Alpes-Maritimes. Toute la Res Provence, Pyrénées-Orient. Toute la France. qq QUO 62 LE NATURALISTE ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 4 février 1901. La légende du Lepas anatifera, la Vallisneria spi- ralis et le Pouipe (M. Frénérc Houssay). — M. Frédéric Houssay a fait des recherches sur la légende du lepas anatifera, la x \lisneria spiralis et le poulpe Ces recherches ont été faites sur le nortail occidental de l’église de Moissac (xr1° siècle) dont le moulage est au Trocadéro. Les dessins d'animaux relevés ten- dent à faire croire à la représentation du phénomène vrai de la “fécondation de la vallisneria et du phénomène légendaire de la naissance des oiseaux sur des plantes marines, c'est-à-dire la légende de l’Anatife. Sur le Ramy de Madasgacar (M. H. Jacor pe Corpr- MOY). — Depuis quelques années, il a été signalé, à maintes re- prises, une résine des plus intéressantes provenant de Madagas- car : c'est la résine de Ramy. Cette substance exsude, en effet, d’un arbre que les indigènes nomment le Ramy, et qui est encore appelé quelquefois par les colons Colophanier de Madagascar. C'est un bel arbre atteignant jusqu'à 35 mètres de hauteur; il a le port d'un grand chêne. Les rameaux et les pétioles des feuilles sont, dans le jeune âge, recouverts d’un fin duvet. La feuille est composée pennée; elle a 0 m. 20 de long environ, et comprend quatre ou cinq paires de folioles, plus une foliole ter- minale. Ces folioles sont pétiolulées ; leur limbe glabre, luisant à la surface supérieure, est asymétrique, sauf le plus souvent pour la foliole impaire. En résumé : 19 l'arbre résinifère connu sous le nom indigène de Ramy, svr la côte occidentale de Madagas- car, est le Canarium mulliflorum Engler ; 29 cet arbre laisse exsuder une résine jaune verdätre qui, dans la tige, se [orme dans des canaux résineux développés surtout dans le tissu libé- rien. Culture et reproduction du Saumon (Saimo Salar) en eau douce (M. Jousser pe BELLESME). — On s’est souvent demandé si le saumon était un poisson de mer ou d'eau douce. Est-ce un poisson de mer ayant pris les habitudes d'eau douce ou un salmonide véritable s'étant progressivement habitué à l’eau de mer? M. de Bellesme a cherché à trancher la question et il a élevé des saumons dans l’aquarium du Trocadéro de façon à voir si le saumon peu reproduire sans aller à la mer. Or, des œufs ont été féconc dans l'aquarium et les ale- vins ont aujourd'hui environ 30 cent ètres. Donc la reproduction du salmo salar peut se faire en eau duuce exclusivement. Séance du 11 février 1901. Les blastodermes sans embryon (M. Gusrave LorseL). — L'auteur distingue deux sortes de blastodermes sans embryon que l’on rencontre quelquefois dans les œufs de poule : les faux et les vrais. Ces derniers se développent indépendamment du germe. Les premiers rentrent dans la catégorie des monstruosi- tés simples de Dareste. Action de la pression totale sur l'assimilation chlo- rophylliemne (M. Jean Frieper). — La diminution de pres- sion totale seule tend à favoriser l'assimilation. L'action isolée de la pression du gaz carbonique et l’action isolée de la pression totale sont toutes deux modifiées, et d’une façon différente, par la teneur de l'atmosphère en gaz carbonique. Mais ces modifi- cations sont de telle nature que le phénomène résultant suit la même loi dans d'assez larges limites. Lorsqu'on raréfie simple- ment de l'air contenant du gaz carbonique, on voit l'assimilation passer d'abord par un minimum, puis par un maximum. Sur la tuberculose de la pomme de terre (M. Noëz Bernanp). — Les racines de la pomme de terre sont attaquées par un champignon de la forme Fusarium. M. Bernard a réussi à cultiver des pieds de pommes de terre dans un sol privé de Fusarium. Alors, ilne se produit pas de tubercules, et les pieds fleurissent et fructifient très bien. Ces pieds de pommes de terre, sans pommes de terre, représentent donc l’état normal de la plante. On s'explique ainsi comment Clusius, qui a introduit la pomme de terre en Europe bien avant Parmentier, obtenait d'abord des pieds sans tubercules; il opérait par semis dans un sol où la culture de la pomme de terre n’avait pas encore intro- duit le Fusarium voulu. Il résulte de tout ceci que les tubercules Ve pommes de terre sont bien le résultat d’une maladie. Contribution à l'étude des eaux souterraines. Cour- bes isochronochromatiques (M. Férix ManboumiN.) — L'auteur a recherché par des procédés précis les origines des eaux arrivant aux émergences des sources destinées à l'alimen- tation. Le principe du procédé repose sur l'emploi de la fluores- cine, substance douée d’un pouvoir colorant d'une puissance surprenante. L'auteur est parvenu à reculer la visibilité de toute coloration par la fluorescine à un dix-millionième. LIVRE NOUVEAU Anatomie et physiologie végétales, par Er. Brrztxc, professeur agrégé des sciences naturelles au lycée Charlemagne, docteur ès-sciences. Dans cet ouvrage l’auteur s’est proposé de donner des prin- cipales questions d'Anatomie et de Physiologie végétales un exposé conforme à l’état présent de la science et qui, bien qu'un peu sommaire en quelques points, puisse suftire à l'initiation _première du lecteur. Dans l'étude de la plante phanérogame, qui forme le fond de l'ouvrage, l'auteur sépare entièrement la morphologie et la physiologie. — Un premier cycle comprend successivement l’histoire de la cellule, des tissus et des membres, ces derniers considérés à l’état primaire et secondaire; puis une étude générale de la croissance. Toute la partie suivante traite spécialement de la nutrition végétale. Elle renferme un ensemble de données relatives à la composition, à la digestion et à l’ab- sorption de l'aliment, à la circulation des sèves, à l’assimilation, à la respiration et à la colorification, enfin à la sécrétion. A cet exposé de la vie nutritive de la plante est annexée une étude générale de la symbiose. — Les mouvements de l'irritabi- lité des végétaux forment aussi l’objet d'une partie spéciale. Quant à l'étude de la reproduction, du développement et de la fructification, elle a été mise au point, notamment, en ce qui con- cerne la naissance des gamètes et l’homologie de ces éléments générateurs des phanérogames avec ceux des plantes cryptoga- mes. — Dans la partie cryptogamique, il est surtout insisté sur les modes de reproduction et de développement, en vue des compa- raisons qui demandent tout naturellement à être faites avec les plantes phanérogames. Les Bactériacées et les fermentations y sont l’objet d’un développement spécial. — Enfin un apercu des caractères généraux des végétaux et des animaux termine cet ouvrage, véritable livre d'étude dans lequel le lecteur trouvera un fonds de connaissances lui permettant d'aborder avec fruit les ouvrages plus complets et surtout les travaux spéciaux. OFFRES ET DEMANDES Collection d'Hétéromères européens. 148 espèces, 350 exemplaires, 10 cartons. Prix....... Æ4O francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. PRIX UNS a Ne Se RENE dE à 075 aNnCs: Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 10 cartons. Prix. 65 francs, Collection de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 car- tons Prix rer SERRE : 95 francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 26 C19X 6. Doubles de Coléoptères européens provenant des collections ci-dessus annoncées. Environ 1.100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 14 cartons 2619 6, vitrés et non vitrés. Prix... 50 francs. Lot de Lépidoptères du Venezuela. 500 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix........ 1425 francs. S’adresser pour les lots et collections ci-dessus à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. © RA LISTE NATU LE ‘079 ‘SOI -1r1d say suep ‘sinoy S0] Ans ‘EMIBUEG ‘ S991099 SO] ANS J9 SOSSNOW Sa] Ans S999d -S0ep ‘snuau2oder ‘soourtuvein Sop so81 So Ans quowejedrourad jUeATA $090d80 y ‘SNdOIIUSH : SOUIOPOUL SUOISIAIPANS S9] S97n07 S91J10$ Juos onb sjurutad soxuo8 SLOI] 99 9p }50,9 { SHÂTOIN 10 BISÂZ SaIu08 S9S 11479 JIPAU SNIOLIRA ‘JUOUTOANOI -JJUV ‘SUOSSING S2] ANS J9 S08SE4 SOI SO, ANS JUEAIA S999d$9,p outrJ8urA oun puoadwuoo [1 “(vowons punvj) 86L4 u9 quafeq 2ed 9puo] 919 v sa7{seq o1uo8 9'T ‘S0910[09 S9[NIIS9A 9p 209$ -qe,] ed Jo sonjoA so1JÂT9 SAn9] 484 S9SH9J98IC9 JUOS NA} 97709 9P S9729SUT SOT SNAILASVO — "NSIdL .G SRPRRP ERP P PSS PPS SP PP PSS SSP P PISTE RES e(Ler ‘8y) auuefou ra anossoi8 9p ‘[pxeu sod ed sop oçonde aetuo SI ‘14 sdorfoax Fe ‘PA np Yÿ sIUdIpoæwopx COR SC RCI D OO LME Do LOUE Di OT TPE NOEL Sata estiels ap etes ieie “(cer *3y) 2TJU9I JUSW9JIOF F9 pUVIS sou ‘[prY eur sodped $s9p o[ot}1e JOTUA8(T Csudiprup tour) / “TA S930109 Z | $ Fe “(ger ‘8y) (soeur 27 SCT PS Sa[ Zoo 1sstedo juowoioy) puoses o[ onb pueds Issne ‘1pixeuu sodped s9p ‘1e aWISTOUT, 12 CÉCRTAOICÉCE ON ONCE CT CI heat se (GOT SU) TOTUAO PO oub 3194 snçd dnooneoq je puoses of oub jano9 sud Sourerpxeur sodjed sop ojoriie oweIstoul, MHISNISOIOIV Se TU c(Ler *8y) auaaxe,r € sognbuoa sam At 1 - (per ‘8g) (sea POI --g1de Sorpo We) QLUOAIXE | R SOIPUOIIE SOXJATH ‘14 sndoxey7 (°snæQ -odfip 39 snydiouæqs out) "ai snæq' Diane nel be et ation eue SUea Tes ee sas dus ten leneue ‘(£ET 51) queae uo enquiod ‘oatepnsuen} 9J}en8ueT 6 ‘ax sn[e}1V ER CT RDAIQU EME ONCE , . 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Cette dénomination était justifiée par la présence, dans cet ensemble de couches, de plusieurs dépôts dus à une formation marine particulière et désignés sous le nom de Faluns. En France, c’est dans l'Ouest et le Sud-Ouest, où ils KR RAS IS SK S Seul KO Fig. 4. — Faluns de Saucats et Dax. 1. Cancellaria acutangula, Bast, — 2. Voluta rarispina. Luck. — 3. Rostellaria dentata. — 4%. Cassis saburon, Luck. — 5. Lucina columbella. Luck. — 6. Cardium Burdigalinum Luck. semblent d’ailleurs confinés, que ces dépôts sont le mieux caractérisés. Les faluns sont des amas, variables en épaisseur et en étendue, de débris de polypiers, de bryozoaires, et de coquilles de mollusques plus ou moins brisées, mélangés à des sables siliceux plus ou moins grossiers. Le plus généralement la roche est meuble, mais quel- quefois aussi elle est agglutinée par un ciment calcaire, et donne alors naissance à un grès tendre et poreux. Quant aux sables qui accompagnent ces dépôts de co- quilles,ils sont, où très purs et d’une parfaite blancheur, ou plus ou moins fortement colorés en jaune, sans doute par des matières ferrugineuses,. Le calcaire contenu dans les faluns est en telle pro- portion que ces dépôts sont exploités, dans maintes loca- lités, pour le marnage des champs. Outre les coquilles brisées,on rencontre dans les faluns, et à profusion, des restes de mollusques d’une fort bonne conservation, ainsi que des dents de Squales, dont quel- ques-unes, celle du Carcharodon megalodon, par exemple, Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. atteignent de grandes dimensions et assez communément aussi, de grands oursins plats; ce qui à attiré, depuis fort longtemps, l'attention des amateurs de fossiles sur ces intéressants dépôts. Presque exclusivement cantonnés dans le système Miocène, les faluns y ‘apparaissent successivement, de bas en haut, dans l’ordre suivant : 1° Dans l'étage aquitanien : les faluns de Bazas (Gi- ronde) et de Saint-Avit (Landes); 22 Dans l'étage mayencien : les faluns de Léognan (Gironde) ; 30 À l'étage Helvétien, le plus riche en dépôts de cette [l 2 GA TD > LE Fig. 2. — Faluns de Léognan (Gironde). 4 Turitella terebralis, Luck. — 2. Protoma cathedralis, Defr. — 3. Pyrula rusticula, Bast. — 4, Oliva hyatula, Link. — 5. — Ficula burdigalensis, Sow. — 6. Pecten Beudanti. Basi. nature, appartiennent les faluns de Baudignan et de Gabarret (Landes), d'une part, et ceux de la Touraine, d'autre part, ainsi que les faluns de l’Anjou, un peu plus récents que ces derniers ; 4° Enfin au dernier terme de la série, c’est-à-dire à l'étage Tortonien se rapportent les faluns de Salles (Basses-P vrenées)et ceux de Saubrigues dans les Landes). Nous citerons aussi, en passant, comme devant être rapportés au même mode de formation, les faluns ou sables coquilliers que l'on peut voir aux environs d'Étampes, à Jeurre et à Pierrefitte, et qui appartiennent à l'étage Tongrien, c’est-à-dire à la base méme du système Miocène. Comme nous venons de le dire, dans le Midi de la France, ce sont les faluns de Bazas qui apparaissent les premiers, ils s’observent dans cette localité, à Mérignac 66 LE NATURALISTE près Bordeaux et à Sainte-Croix-du-Mont, dans ie dépar- ementde la Gironde, ainsi qu'à Saint-Paul, pres de Dax, à Saint-Avit, au nord de Mont-de-Marsan et à Saint-Sever dans le département des Landes. Ces faluns, généralement jaunes, extrêmement riches en fossiles sont caractérisés par les coquilles suivantes : Li | Rostellaria decussata, Lucina scopulorum, Cerithium Serresi, Arca cardiüformis, — lignitarum, Pyrula Lainei, Strombus Bonelli, — cornuta, Nautilus Aturi. Ostrea aginensis, Les polypiers sont également très nombreux dans ces faluns jaunes; nous citerons entre autres les espèces sui- vantes : Madrepora lavandula, Explanaria cyathiformis, Pocillopora raristella. Astræa vesiculosa, Prionastræa irregularis, Caryophyllia Basteroti, Les échinides au contraire y sont rares et ne sont guère représentés que par quelques radioles de Cidaris paulensis. Au-dessus de ce premier horizon falunien et séparés de lui par des calcaires lacustres, viennent, dans la même Fig. 3. — Faluns de Salles et Saubrigues. 1. Pleurotoma obeliscus. Desm. — 2. PI. asperulata. Lurk. — 3. Pl. dimidiata.. Broce. — 4. Cardita Jouanneti. Bast. région, les faluns, également jaunes, de Léognan et de Saucats (Gironde). Dans ces derniers, les cétacés ont laissé des restes, rap- portés à des Dauphins et au Squalodon Grateloupii, Gerv. Les poissons sont représentés par 9 genres et 17 espèces d'Elasmobranches parmi lesquels on doit mentionner : Carcharodon megalodon, Notidumus Grateloupi, et Hemi- pristis Serra. Quant aux coquilles, elles sont innombrables et les plus caractéristiques : Turritella terebralis, Protoma cathedralis, Oliva plicaria, Cancellaria acutangqula, Lucina columbella, Pecten burdigalensis, sont associées à de grands oursins, tels que les Scutella subrotunda et Chypeaster marginatus. Dans le haut du vallon de Saucats on retrouve un autre dépôt contenant l’Oliva Basteroti et le Buccinum buccatum, qui est identique à ceux de Baudignan et de Gabarret (Landes), dans lesquels gisent, avec Melaniu aquilanica, des ossements roulés de Dinotheriums et de Mastodontes. Ces faluns représentant, dans l’Aquitaine, les dépôts helvétiens de la Touraine. Ce sont les dépôts faluniens jaunes et bleus de Salles et d’Orthez (Basses-Pyrénées) et de Saubrigues et Saint- Jean-de-Marsacq, au sud-ouest de Dax, qui surmontent tous les autres dans le Miocène de l’Aquitaine; ces faluns riches en marne sont exploités pour l'amendement des terres. Les coquilles y sont très variées et les Pleurotomes y sont spécialement nombreux. Les espèces les plus caractéristiques sont les suivantes : Eleuroloma pannus, Pleurotoma oblonga, — cataphracta, — monile, — vulgatissima, Voluta Lamberti, — lerebra, Cardita Jouanneti, — obeliscus, Ostrea crassissima, — semimarginala, Pecten scabrellus, — dimidiala, Trochopora cornica. Fig. 4. — Faluns de Saint-Avit. 1. Pyrula Lainei. Bast. — 2, Pyrula cornuta, Ayas. Ces faluns de Saubrigues et de Salles se montrent encore au nord-est de Dax, dans la vallée de la Midouze, à Mont-de-Marsan, à Tartas et dans la partie supérieure de {a colline de Saint-Sever. ; 11 faut sans doute y rapporter les sables coquilliers de Sallespisse, dans lesquels on peut recueillir les fossiles caractéristiques suivants : Carditu Jouanneti, Pectunculus polyodontus, Pecten Bendanti, Conus Berghausti. - Mactra triangula, Arcopagia corbis, Venus subplicata, — umbonaria, Tous ces faluns doivent entrer dans l'étage Tortonien et ont de grandes aflinités, quant aux fossiles, avec le pliocène d'Italie. Dans l'ouest de la France, les faluns sont représentés LE NATURALISTE 67 par des dépôts remarquables par le nombre et la bonne conservation des fossiles qu'ils renferment et qui ont rendu célèbres, parmi les chercheurs de fossiles, les localités où ils se rencontrent. Mauthelan et Pontlevoy, par exemple, qui, dans le Loir-et-Cher, sont, avec Thenay, Saint-Aubin et Chavagne, les plus renommées; dans l'Indre-et-Loire, il faut citer également les gisements de Paulmy, de Ferrière-l'Arcon, de Louhan et de Sainte- Maure. Les espèces qui se rencontrent le plus communément dans ces différents lieux, sont : Trochus incrassatus, Turritella Linnæi, Pleurotoma tuberculosa. Cypræa affinis. Conus Mercati, Cerith. intradentalum, Lima squamosa, Pecten striatus, et un oursin : l’Arbacia monilis. On y rencontre aussi, mais à l’état remanié, des osse- ments empruntés aux sables de l'Orléanais. Plus à l'ouest encore, on rencontre dans l’Anjou des faluns postérieurs à ceux de la Touraine: ils se distin- Fig. 5. — Faluns de Touraine. Let 1 a Cypræa affinis, Duy. — 2 Cypræa pyrum. Gmel. — 3. Trochus incrassatus, Desh. — 4. Murex turonensis, Dy. 5. Cerit. bidentatum, G at. — 6. Cerit. papaveraceum. Bast. — Cardita crassa. Duy. guent, d’ailleurs, de ces derniers par l'abondance des polypiers et des bryozoaires. Les dents de Squales s’y rencontrent fréquemment ainsi que des oursins plats et perforés des genres scutella et amphiope. Dans les environs de Baugé (Maine-et-Loire), l'abbé Bardin à mentionné des faluns exactement du même âge que ceux de Touraine et dans lesquels on peut recueillir les mêmes espèces de mollusques. Pour compléter cette revue succincte des formations faluniennes, nous mentionnerons les dépôts de faible épaisseur que l’on peut étudier dans les départements des Côtes-du-Nord, de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire- Inférieure, d’une part, et dans le Cotentin, d'autre part. Dans le premier de ces départements, il convient d’in- diquer le gisement de Saint-Juvat, près de Dinan, et dans le second, les gisements identiques de la Chaussairie et de Saint-Grégoire, près de Rennes. Ces faluns contiennent quelques mammifères et un crocodile; parmi les poissons Elasmobranches, 12 genres et 25 espèces; les Téléostéens sont représentés aussi par 5 genres et 9 espèces. Quant aux mollusques et aux échinodermes, les espèces les plus caractéristiques sont : Ostrea crassissima, Pecten solarium, Hinnites Defrancei, Echinoclampus dinanensis, Spatangqus brilannus, Scutella Faujasi, Enfin dans le Cotentin, aux environs de Picauville et de Carentan, dans la Manche, on peut voir quelques lambeaux de faluns qui semblent du même âge que ceux de l’Anjou, à en juger par les fossiles qui s’y rencontrent. Comme nous le disions plus haut c’est surtout pendant la période Miocène que les dépôts faluniens se sont for- més le plus fréquemment; il y a cependant quelques exceptions : Fig. 6. . Amphiope perspicillata Agas. 2, Voluta Lamberti, Sow. 4. Scutella subrotunda, Link, 1. Ostrea crassissima, Link. C'est ainsi qu'à Hauteville (Manche) et à Fresville, on observe des faluns contenant : Cerithium cornucopiæ, — angulatum, Conocardium Heberti, Cerithium Athanasi, Delphinula princeps, qui datent, par conséquent, de l’époque éocène, C’est également à la période éocène qu'il faut rapporter les faluns bleus qui, dans les Landes, à Gaas, près de Dax, et à Tartas, contiennent avec Natica crassatina les : Natica Delbosi, Trochus labarum, — Boscianus, — Turbo Parkinsoni, Cerithium gibberosum, lemniscatum. La période Pliocène, elle aussi, nous offre, en Nor- mandie et en Bretagne, à la Dixmerie (Loire-Inférieure) par exemple, quelques dépôts de faluns dont les fossiles sont identiques, d’une part, à ceux des faluns de PAnjou et, d'autre part, aux espèces caractéristiques du crag d'Angleterre, P.-H, FRITEL, Altaché au Muséum. 68 LE NATURALISTE LES TROGLODYTES Les Troglodytes étaient le nom donné par les Grecs aux habi- tants des cavernes. Nous savons qu’il y a eu des hommes qui ont habité chez nous des cavernes, dans les montagnes du centre et du midi de la France, dans les temps préhistoriques; alors qu'il y en avait d’autres qui hebitaient d'autres cavernes en Europe, en Asie et en Afrique, au temps d'Homère et de la guerre de Troie, au temps des Grecs, au temps des Romains et même de nos jours, en Sibérie et chez d’autres peuples sauvages. Les Troglodytes découverts chez nous par les géologues, qui ont retrouvé leurs cavernes et leurs débris de cuisine, n'avaient ni poteries, ni armes d’aucune espèce de métaux. Ils n'avaient pas même d'armes en pierre polie. On trouve seulement chez eux des pointes de lances ou de flèches en pierre taillée ou en os, et des hameçons analogues. Ils se nourrissaient de la chair des animaux qui vivaient autour d'eux; aussi bien du cheval que du mammouth, de l'ours des cavernes, du cerf à grandes cornes, et autres animaux de la période glaciaire. On sait ce que l’on entend par là. Les Pyré- nées et les Alpes étant plus élevées qu'aujourd'hui, leurs gla- ciers s'étendaient jusqu'à Lourdes et Perpignan au sud, et jus- qu'à Lyon à l'est; mais le reste de la France, dans les vallées, était alors plus chaud qu'aujourd'hui. Il est à remarquer que les montagnes de l'Auvergne et du plateau central n'ont pas pré- senté de glaciers; ce qui nous montre que ces montagnes n'étaient pas assez élevées pour produire des glaciers comme les Pyrénées d'aujourd'hui. On pourrait par cette seule considéra- tion établir l'époque la plus éloignée, d’où date la période qua- ternaire, et avoir ainsi une limite maxima de l’âge auquel remonte l'apparition de l’homme sur la terre. Si on suppose 25 mille ans, on aurait une moyenne de 12 mille ans, pour la date approximative de la création de l’homme; à quelques mil- liers d'années près en plus ou en moins, ce qui importe peu. Cette donnée est absolument confirmée par l’élide du langage qui montre que l'homme n’est pas très ancien; car l'étude des élymologies lui donne un minimum de 6 à 8 mille ans seulement. En attaquant la question de différents côtés, on arrivera à la ré- soudre, avec une approximation très suffisante. On voit que nous sommes loin d'un million d'années ou d'une fraction de million, comme on le disait encore tout récemment. Quoi qu'il en soit,les Troglodytes de nos pays se nourrissaient surtout de rennes, à bois palmés. On a trouvé jusqu'à 4 000 crânes de rennes, qui dépendaient d’une de ces cavernes. Il en est qui étaient assez grandes, pour loger toute une tribu, ou du moins un certain nombre de familles avec leurs enfants. On ne trouve pas de chiens parmi eux. Il est donc plus que probable qu'ils domestiquaient le renne et en nourrissaient de nombreux troupeaux. La chasse et la pêche étaient leur principale occupa- tion. Ils avaient des traits, des arcs, des flèches, des frondes, des lances, des haches, des grattoirs et des harpons. Il est très pro- bable qu'ils avaient aussi des filets ou tout au moins des nasses. Ils s'habillaient de peaux de rennes tannées et dépourvues de leurs poils, par le râclage avec le grattoir. Les os de renne, découpés en minces lamelles, subdivisées elle-mêmes comme des allumettes taillées en pointe, leur servaient d’aiguilles. De même, ils taillaient leur fil dans les tendons des muscles des jambes de ces animaux. C'étaient leurs femmes qui cousaient entre elles les peaux de rennes, qu'elles avaient grattées et tannées, en les battant très longuement pour les assouplir. Ces hommes vivaient dans l'abondance, car les animaux ne manquaient pas pour leur nourriture. Les rennes leur fournis- saient encore du lait en quantité, à cause de leur grand nombre, car chaque animal n'en fournit pas beaucoup. Ils pouvaient ainsi conserver le lait caillé sous forme de fromage. Leurs vases étaient en bois ou en cuir, je veux dire en peaux tannées ; car on n'a pas découvert chez eux de débris de: poterie. On a retrouvé chez eux jusqu’à de véritables couteaux, en pierre ou en os. En fait de poissons, ils préféraient surtout le brochet, le sau- mon et la truite. Les restes de saumon sont abondants, dans les stations du Périgord. Leurs harpons étaient très régulièrement barbelés de dents recourbées, comme des épines de rosier. Elles présentaient constamment un sillon médian, qui devait contenir du poison. Ces harpons étaient rattachés par une corde à un manche en bois flottant, qui permettait de retrouver le poisson, une fois qu'il avait été harponné ; ou tout au moins de ramener l'hamecon, si l’on avait manqué son coup, grâce à ce flotteur. Ce qu'il y a de très curieux, c’est de voir de près les dessins, qu'ils gravaient ou qu'ils sculptaient, sur les os des animaux qu’ils avaient tués. Non seulement ils en faisaient ainsi des ron- delles ou des olives de colliers, ou encore des bâtons de com- mandement, des manches d'armes ou d’instrument; mais encore ils gravaient des dessins, à la surface de ces os, avec la pointe d'un silex. Quelques-uns de ces dessins sont gravés par de vé- ritables artistes, avec le souci bien manifeste d'imiter la nature. Ces dessins représentent généralement des animaux; notamment des rennes, des mammouths, des ruminants de diverses espèces et même le corps humain. Dr Boucox. MINÉRAUX NOUVEAUX La florencite est un minéral isomorphe de la hamlinite. Elle se présente en cristaux de couleur jaune pâle et à éclat gras, clivable suivant la base. Sa densité est de 3,566 et sa dureté est celle l’apatite. La florencite est uniaxe, positive et peu biréfringente. Sa composition est la suivante : AlumineretareneenerreRr ee Giers See MS LE 25 Oxyde decérium eee Et RErR SRE Mob eo ao 28 Sesquioxyde de fer...... PR res TU 410 Chaux SE RÉ PMR EE ten eee teinte 1.31 SiliCer seen RO RITES SAINT LEA 040 des AUD Acide phosphorique... ...... PDA DA DANSE D à 00 25.61 Faure ccchee Jos pt ÉD on c NE Rte 10.87 La formule 3 AI203. Ce203, 2 P205, 6 H?0 représente ces résultats. Cette formule est done identique à celle de la bamlinite, le strontium et le baryum de cette dernière étant rem- placés par le cérium. La florencite décrite par E. Hussak, se trouve dans le sable mercurifère et diamantifère de Minas Geraes (Brésil), La badénite, décrite par M. P. Poni, a une structure granuleuse, devenant parfois fibreuse. Sa couleur est gris d’acier et son éclat très vif, elle se ternit au contact de l'air. Sa densité-est 7,104. Sa composition est la suivante : S'OULRE: ER EN ENS PE DR 0.27 ArSenICNee Elan Aoielet es TU te 61,54 Bismuthisss nn en Me Joe ner a Ain 4.76 Cobalt er RS EE ee ee 20.56 Nickel en Rent rer a MER er AE ES 7.59 ES D LE ER RU AE ape EPRISE FADENS A ee SR 5.98 Ces résultats sont représentés par la formule : (Co,Ni,Fe)? (As,Bi,S)?. La badénite se trouve sur de la sidérose, associée à de l’érythrine, de l’annabergite et de la malachite, et pro-- vient de la vallée du Neguletzul, qui se trouve en face du village de Badeni-Ungureni, district de Murcul (Rou- manie). La brosténite est un manganite de fer et de manganèse à composition variable avec les localités ; elle est amorphe, compacte, friable, de couleur noire et se trouve en abon- dance dans les schistes cristallins de Brosteni, district de Sucéva (Roumanie). Elle a été décrite par M. Poni. La sulvanite est un minéral très intéressant par sa cOm- position, c’est en effet un sulfure de vanadium et de cuivre qui se trouve en quantité considérable dans une Mir. | LE NATURALISTE 69 nouvelle mine près de Burra (Afrique australe), Elle est massive, de couleur jaune de bronze et à éclat métallique, sa poussière est noire, sa densité est 4, et sa dureté est intermédiaire entre celle de la calcite et celle de la fluorine. Sa composition est la suivante : (CORRE LENS TER RE RE RE EPP EEE 19 Nana TUE Sn Me Nes fe cornes cvororere stereo us 13 DOUTE Re Pa nn ES es LS AN ape e tue ere ve dla ofe 33 SCORE es ANR ER RS Te ET nt 5 La silice étant étrangère au minéral, la formule. 3 Cu? S, V?S5 représente la composition de cette dernière La sulvanite, décrite par G. A. Goyder, est associée à la malachite, à la chessylite, au quartz, au vanadium- ocre, au gypse et à la calcite. GAUBERT. a ———— DESCRIPTION DE LÉPIDOPTÈRES NOUVEAUX Idalus venela n. sp. 39 millimètres. Dessus des premières ailes d’un ocre terreux uniforme, les nervures ressortant en gris brun; frange conco- lore. Secondes ailes diaphanes, jaunâtre pâle, le’ bord abdomi- nal bien garni de poils jaunâtres. Dessous comme le dessus, les nervures moins bien indiquées ; les supérieures avec une cavité près de la base entre la nervure médiane et la transversale. Palpes, tête, thorax et dessus du corps jaunes; pattes avec les cuisses jaunes, les extrémités gris brun; dessous de l'abdomen jaune. Colombie ; un cm. Opharus flavicostata n. sp. 38 millimètres. Dessus des supérieures gris brunâtre, la côte largement fauve, dessus des inférieures blanc jaunâtre, l'apex et la moitié supérieure du bord terminal gris. Dessous semblable, mais la côte des premières ailes restant grise. Palpes, tête, des- sus du corps ét pattes gris brun; dessous de l’abdomen gris avec deux bandes latérales fauves. Palmira (vallée du Cauca) Colombie un Amastus episcolosia n. sp. 95 millimètres. Dessus des premières ailes brun sombre uni; à l'extrémité de la cellule une tache, d’un brun plus sombre, en- tourée d’une auréole pâle, cette aüréole se prolongeant en pointe vers le centre de l'aile; une ombre pâle, saccadée, à l’'emplace- ment de la ligne subterminale; le bord interne, avec quelques poils rosés au départ et finement liséré de blanc; la frange claire. Inférieures semi-(transparentes, blanchâtres, le bord terminal grisätre. Dessous comme le dessus, les dessins des premières ailes affaiblis. Palpes noirs; front noir liséré de rouge devant les antennes; vertex noir, le collier cerclé de rouge; tegulae bordé de blanc; puis de noir, le sommet rouge sombre, ces lisé- rés blancs et noirs se continuant sur le prothorax; patagia rouge sombre avec le bord supérieur liséré de noir puis de blanc; milieu du thorax rouge brun. Dessus de l’abdomen jaune garni de longs poils rouges, les cinquième, sixième et septième segments avec un gros point latéral noir à centre clair, les deux points du septième segment; réunis par une bande noire à centre claire; les huitième et neuvième segments avec une tache cen- tale allongée noire à centre clair. Cuisses garnies de poils rouges, reste des pattes et dessous de l'abdomen brun noir. Chiriqui; une Q.- Amaslus polystrigata n. sp. 74 millimètres. Supérieures diaphanes, de teinte paille pâle, zébrées d'une multitude de lignes striées transversales, brunâtres, plus foncées à divers emplacements, notamment au premier üers, à l’extrémité de la cellule et vers l’angle interne, en cercle Wir da l'apex, enfin à l’apex même; ces espaces plus sombre ormant rivières sous un certain jour. Frange couleur du fond Inférieures blanches, semi-transparentes. Dessous des quatre ailes diaphane, luisant, les supérieures avec quelques commen- cements de stries brunes à la côte et à l’apex et quelques stries du dessus reparaissant par transparence. Palpes paille pâle, les côtés noirs, le troisième article noir à extrémité paille; front et vertex gris brunâtre; tegulae et patagia gris brunâtre, chacun avec un gros pomt noir, rond et central; dessus de l'abdomen jaune couvert de longs poils sur les premiers segments; dessous paille pâle avec une rangée latérale äe points noirs; cuisses à intérieur jaune, extérieur paille, reste des jambes paille, chaque articulation marquée d’un gros point noir. Merida, Venezuela ; une 9. Callidota albiceps n. sp. 41 millimètres. Dessus et dessous des supérieures d'un gris brunâtre uniforme, l'extrémité de la cellule avec une ombre plus sombre, dessus et dessous des inférieures de même tonalité mais plus pâles, le centre un peu transparent. Franges concolores. Palpes jaunes au départ puis gris brun; front brun jusqu'aux antennes ; dessus de la tête jaunâtre sale liséré au collier de jaune vif; tegulae et patagia jaunâtre sale largement bordés de gris brun; milieu du thorax jaune pâle, dessus de l’abdomen jaune vif avec une fine ligne centrale gris brun, haut des cuisses jaune vif, reste des pattes et dessous du corps gris brun. Merida, Venezuela; une ©, P. Docnix. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE S'il est bon parfois d'avoir toute la lumière possible dans l’objectif, cet excès de lumière peut nuire souvent à la netteté des contours de l’image; aussi a-t-on adapté au centre de la platine de petits disques métalliques, percés chacun d’un orifice de diamètre différent, de sorte que, en remplaçant ces petits disques l’un par l'autre, on peut faire varier la quantité de lumière qui arrive dans l'appareil. Mais pour peu que ces changements soient fré- quents, l'opération devient fastidieuse; aussi remplace- t-on maintenant ces divers appareils, dansles grands mi- croscopes surtout, par un diaphragme-iris qui permet de faire varier à volonté le diamètre de l’ouverture lumi- neuse, et cela sans avoir à déranger la préparation, puisque le levier qui met le diaphragme en mouvement est placé au-dessous de la plainte. Lorsqu'on opère à de forts grossissements, l'intensité normale de la lumière est insuflisante pour éclairer la préparation; aussi a-t-on cherché à augmenter cette in- tensité lumineuse, L'appareil de Abbe a résolu le problème de la facon la plus satisfaisante. C'est, en somme, une loupe très forte qui permet de concentrer sur sa surface supérieure la plus étroite toute la lumière qui tombe sur sa surface inférieure qui est la plus large. L'appareil de Abbe peut être placé ou déplacé au-des- sous de la préparation au moyen de dispositifs variés. 70 LE NATURALISTE Dans la plupart des nouveaux modèles de microscope, on rend solidaires l'appareil de Abbe, le diaphragme-iris et le miroir, et le tout peut être rapproché ou éloigné de la préparation à l’aide d’une vis à crémaillère située sur le côté de l’axe, On peut aussi déplacer le diaphragme horizontalement, de facon à obtenir une lumière oblique. En éloignant la source lumineuse représentée ici par le miroir, on obtient parfois des détails de relief et de pro- fondeur très utiles en certains cas. Dans les premiers modèles, la platine du microscope était fixe, ce qui était quelquefois très désagréable, car pour examiner la préparation dans certaines conditions, on était obligé de l’enlever et de la replacer. On a d’abord fait des platines tournantes, c'est-à- dire que la platine est formée de deux parties; la plaque inférieure est fixe et la partie supérieure peut tourner autour d'un axe vertical en entrainant avec elle tout l'ap- pareil d'optique. En somme, la partie supérieure du microscope peut faire un tour complet sur la partie inférieure et l'appa- reil se trouve cependant bien centré dans toutes les posi- tions. La platine dont nous venons de parler, tout en étant mobile, est fixe par rapport à l'appareil d'optique; or on construit aujourd'hui des platines dont la partie supé- rieure est mobile par rapport à l'appareil d'optique, ce qui permet d'explorer toute une partie de la préparation sans avoir à changer sa position par rapport à la platine. Celle-ci est ronde et peut suivre deux directions per- pendiculaires sous l'effort de deux vis micrométriques latérales. Enfin, on peut fixer sur une platine fixe une platine mobile à chariot et l'enlever, quand on le désire, le plus facilement du monde. = Naturellement, il faut, pour que l'adaptation de la pla- tine mobile à la platine fixe puisse se faire, qu’elles aient été construites l’une pour l’autre. Presque tous les microscopes que l'on fait aujour- d’hui, au moins ceux qui atteignent un certain prix, sont dits inclinants, c’est-à-dire que toute la partie supérieure de l'instrument, y compris la platine, est fixée sur la partie inférieure par une charnière qui permet de l'in- cliner en arrière jusqu’à 90° de sa position primitive, c'est-à-dire que l'appareil d'optique peut être placé dans toutes les positions, depuis la verticale jusqu’à l’horizon- tale. Enfin le pied a subi, lui aussi, une modification assez heureuse en ces derniers temps. Certains constructeurs ont eu l'idée de remplacer le pied massif et lourd de la plupart de ses grands microscopes par un pied anglais à trois branches. La stabilité de l'appareil est presque aussi grande, mais le poids en est considérablement diminué, résultat qui n’est pas à dédaigner, surtout lors- qu'on est appelé à se déplacer souvent avec son micro- scope (1). Toutes les parties dont nous venons de parler et dont nous avons esquissé les modifications successives, excepté loculaire et l'objectif, constituent le sfatif d'un micro- scope. Si la bonne construction du statif n'est pas à dédai- (1) Pour les voyages, certaines Maisons, la maison Deyrolle par exemple, font même aujourd'hui des microscopes démonta- bles et qui occupent un très petit volume; ils se mettent dans de petits étuis qui peuvent être facilement portés dans la poche. gner, celle de l'appareil d'optique l'est encore moins. Il est préférable, en effet, d'avoir un statif moins perfec- tionné et de posséder de bons oculaires et surtout de bons objectifs. Les maisons françaises ont longtemps tenu la tête pour la construction des objectifs et elles auraient peu à faire pour maintenir cette vieille renommée. Il n’en est malheureusement peut-être plus de même aujourd’hui, dit-on, et il faut bien savoir l'avouer, düt notre fierté patriotique en être rabaissée, certaines mai- sons allemandes semblent détenir aujourd'hui le « re- cord », suivant l'expression si souvent employée; mais cette réputation si rapide n'est-elle pas un peu surfaite ? Est-ce à dire qu'il est impossible de trouver de bons objectifs en France? Loin de nous la pensée de soutenir pareille chose. Il est certain que pour les grossissements faibles, moyens et forts à sec, les maisons françaises font aussi bien que les autres, si ce n’est mieux, mais pour les objectifs à immersion, les avis sont très partagés. Les oculaires sont numérotés, 0. I. II. III. IV et V, le n° 0 étant le plus faible, ce que l’on appelle l’oculaire chercheur, car il embrasse un très grand champ dans la préparation. Quant aux objectifs, on les divise en : objectifs faibles, numérotés 1, 2, 3 et 4; objectifs forts : 5, 6, 7, 8 et 9, et enfin objectifs à immersions, dont l'immersion à l'eau porte le n° 40. Enfin les objectifs à immersion à l'huile 1/10, 1/42 et 1/16 — ces derniers chiffres représentant les dis- tances focales respectives comptées en pouce anglais. L'huile employée est l’huile de cèdre dont l'indice de réfraction est n — 1,52, On construit des objectifs achromatiques et apochroma- tiques. Les premiers sont de construction simple et sont corrigés achromatiquement pour la partie la plus claire du spectre, entre le jaune-orangé et le bleu. Quant aux seconds, ils présentent un achromatisme encore plus complet, propriété qui est due à l'emploi dans leur fabri- cation de diverses sortes de verres à combinaison de borate, de phosphate et de baryte. Ceux-ci sont certaine- ment préférables aux premiers, mais ils coûtent beau- coup plus cher et comme la différence n'est en somme pas énorme pour le travail courant, la plupart emploient des objectifs simplement achromatiques. Il arrive souvent que l’on examine la même prépara- tion avec des grossisements différents et dans ce cas, si l’on n’a pas de revolver à son microscope, on est obligé chaque fois de dévisser un objectif pour en mettre un autre à la place. L'appareil désigné sous le nom de revolver permet d'éviter cette complication. Il se compose de deux ou trois branches, pouvant cha- cune porter un objectif. L'appareil est formé de deux parties semblables, l'une, supérieure, se visse sur le tube porte-objectif et reste fixe, tandis que la partie inférieure tourne au-dessous de la première, entrainant avec elle les objectifs qui viennent ainsi se placer successivement au-dessous du tube ; on n’a pour cela qu’à faire tourner cette partie à la main jusqu'à ce que l’on ait mis en place l'objectif que l'on désire. Avec ce petit appareil, on évite une perte de temps considérable dans les recherches microscopiques. _ Lorsqu'on désire se rendre compte de la grosseur d’un objet examiné au microscope, il faut avoir recours au micromètre oculaire. C'est une lame ronde, en cristal, entourée d’une monture métallique permettant de la placer dans l'intérieur même de l’un des oculaires. Sur LE NATURALISTE 74 cette lame, on à marqué la longueur d'un centimètre divisé en 1/10 ou 1/20 de millimètre. ‘: Pour obtenir les dimensions réelles d’un objet, on n’a qu'à diviser le nombre de divisions du micromètre auquel elles correspondent par le nombre qui représente la valeur du grossissement d'observation représenté par les numéros de l’oculaire et de l'objectif. (On a des tables toutes faites qui indiquent immédiatement le grossisse- ment connaissant les numéros de l’oculaire et de l’objec- tif employés, analogues à celle ci-dessous.) On peut encore multiplier le nombre de divisions par la valeur en millimètres de l’une de ces divisions, valeur qui est également formée pour chaque objectif de l’ap- pareil. 2 OCULAIRES £ E E [2] © 2 = Ë ë 0 | I | IL III IV V ë 4 24 28 34 43 |1 Col HO) 40 47 57 172 [2 |» À 5 re] B À — NS 2 A Fa 3 70 85 105 130 |3 $ A 90 | 410 | 135 | 165 |4 ë | 5 135 | 280 | 345 | 420 [5 | à © | | © 4 LA Chaque instrument étant ainsi pourvu d’une table soi- gneusement. vérifiée à l’avance par le constructeur et aussi par l’observateur, rien n’est plus facile que la men- suration des objets microscopiques. Tous les appareils, au moins ceux qui atteignent un certain prix sont enfermés dans des boites solides, faci- lement transportables à la main et renfermant,en même temps que le statif et les appareils d'optique, tous les accessoires dont nous avons parlé. Mise au point. — Quand on place la préparation sur la platine du microscope on doit, avant de la fixer, chercher, avec un faible grossissement d’abord, la partie qui doit faire l’objet de l'examen. Alors à l’aide du pignon à cré- maillère, on soulève le tube optique, on fait tourner le revolver et s’il s'agit d’un objectif à sec et fort, on fait tout doucement descendre l'objectif en regardant de côté et s’arrêtant quand l'extrémité inférieure n’est plus qu’à un millimètre environ de la préparation. On met alors l'œil au microscope et on fait descendre tout doucement à l'aide du pignon jusqu'à ce qu’on apercoive vaguement l'objet à étudier. On utilise alors la vis micrométrique jusqu’à ce que l’on soit au point exact, c'est-à-dire que l’on obtienne le maximum de netteté de l'image. Lorsqu'on a à sa disposition un microscope muni d’un appareil de Abbe et d'un diaphragme à iris, on éloigne ou approche l'appareil, on ouvre ou ferme légèrement le diaphragme jusqu’à ce que l’on obtienne le maximum de relief. Ceci ne s'obtient pas en un jour; une longue pratique du microscope peut seule permettre d'obtenir en quelques instants le maximum de clarté et de définition pour une préparation donnée. Que les commencants ne se décou- ragent donc pas au début de leurs observations micro- scopiques ! En interposant entre le miroir et la préparation des verres colorés en vert, jaune, bleu, etc., on obtient dans certains Cas une netteté de détails remarquable, Il en est de même en lumière oblique, En somme, il faut tâtonner, chercher dans quelles conditions on doit se placer, de préférence à telle autre, pour avoir le meilleur résultat possible. Si après un objectif à sec on veut examiner la prépara- tion avec un objectif à immersion, il faut enlever l'objectif à immersion du revolver, s'il y est déjà, et mettre sur l'extrémité une simple goutte d’eau ou d'huile de cèdre. On retourne, l'objectif, on le visse au microscope et on le met au-dessus de la préparation, On abaisse jusqu’à ce que la goutte liquide ait touché le verre de la lamelle, et pendant ce temps on ne doit pas quitter des yeux l'objectif en regardant obliquement sur le côté, Dès qu'il y à eu contact, on met l'œil à l’oculaire et l’on fait descendre l'objectif très lentement avec le pignon à crémaillère comme pour lobjectif à sec. Dès que l’on aperçoit vaguement la coupe ou l’objet, on utilise la vis micrométrique avec laquelle on met tout doucement au point. En prenant ces précautions, on sera toujours assure d'arriver à un bon résultat, et dans tous les cas, on n’é- crasera jamais sa préparation et on n'abimera pas ses lentilles. L'examen terminé, on doit bien essuyer la lentille avec une peau de chamois ou un linge fin légèrement mouillé de benzine, puis avec un autre sec. Tous les objectifs doivent être aussi essuyés, remis à leur place et le tout placé dans la boîte ou sous une cloche de verre, mais toujours à l’abri de la poussière. Il faut, le moins souvent possible, démonter un mi- croscope pour le nettoyer; tous les mouvements doivent être extrêmement doux, ce que l’on obtient facilement avec quelques soins. Quand on a un bon microscope, il faut autant que pos- sible être seul à y toucher, ou au moins ne pas le laisser entre des mains inhabiles. « On ne prête pas plus son microscope que sa femme », disait un jour un de nos plus illustres micrographes, et 1l avait raison. Dessins à la chambre claire. — Ce n'est pas tout que d'examiner des préparations, on est obligé dans la plu- part des cas d’en fixer l’image sur le papier, de façon à en conserver la forme et la structure exactes. Plusieurs moyens peuvent être employés à cet effet, Le plus simple consiste à dessiner sur une feuille de papier placée à côté du microscope les détails de la pré- paration. Les personnes qui en ont l’habitude arrivent ainsi à reproduire assez fidèlement ce qu’el'es voient, mais dans la majorité des cas, c'est la un procédé peu exact, aujourd’hui surtout où l’on demande, avec raison, beau- coup d’exactitude dans l'observation. On peut dessiner à plat sur la table même, mais il est mieux de dessiner sur une planchette à plan incliné, le côté le plus bas étant celui qui est placé contre le mi- croscope. On a fait beaucoup de modèles de tablettes à dessins et même des tables complètes à partie mobile. 72. LE NATURALISTE Pour être certain de reproduire fidèlement par le des- sin une préparation microscopique, il est indispensable de la dessiner à la chambre claire. On appelle ainsi un petit appareil d'optique destiné à reporter l’image vue au microscope sur une feuille de papier placée à côté, de facon à pouvoir facilement en suivre les contours à l’aide d’un crayon. L'une des plus connues, et dont on se sert encore cou- ramment, est la chambre claire de Nachet. Elle consiste essentiellement en deux prismes à ré- flexion totale placés dans un châssis métallique qui se fixe à l’aide d’un anneau à l'extrémité du tube du micro- scope. On place l'anneau de la chambre, puis l’oculaire dans le tube et on rabat le reste de la chambre claire sur la lentille supérieure de l'oculaire. Enfin on tourne la partie qui porte le second prisme du côté où se trouve la feuille du dessin, c'est-à-dire généralement à droite. Si l’on a eu soin, au préalable, de mettre la préparation au point, on en voit l’image nette reportée sur le papier et l’on n’a plusqu'à suivre le contour, Lorsque la lumière est trop vive sur le papier, on place au-devant un écran de façon à modérer l'intensité lumineuse qui pourrait gêner la perception nette de l'image. La chambre claire de Abbe est à peu près semblable, mais ici, le prisme extérieur est remplacé par un miroir plan, mobile autour d'un axe horizontal, de façon à rejeter l'image par réflexion plus ou moins en dehors. Avec ces deux appareils et les autres similaires dont nous ne parlons pas, on ne peut dessiner que lorsque le microscope est vertical, mais lorsqu'on est obligé de l’in- cliner pour un motif quelconque, le dessin à la chambre claire n’est plus possible. À Les dessins à la chambre claire possèdent un grand avantage, c'est celui d’être exacts, au moins pour les contours, car il est à peu prés impossible de désinnerles détails un peu confus d’une préparation par cette mé- thode. C'est déjà mieux que le dessin à l'œil, mais il y a mieux encore que la chambre claire, il y a la photo- graphie. La Microphotographie est une application toute récente de la photographie aux études microscopiques, et déjà que de services n’a-t-elle pas rendus, et combien plus est-elle appelée à en rendre dans l'avenir! Une microphotographie, pour quelqu'un qui a un peu l'habitude du microscope, se lit absolument et avec au- tant de facilité qu'une préparation. Elle a toujours cette apparence de vérité, d’exactitude, qu'il est impossible d'obtenir par le dessia à la chambre claire. Est-ce à dire pour cela que la microphotographie est appelée à rendre inutile le dessin? Pas le moins du monde. Les deux sont indispensables dans un travail d'histologie. L'un est fait pour donner la vision nette et exacte de l’ensemble des tissus, l’autre pour coordonner les détails, pour les rendre plus palpables, pour faire disparaitre en un mot, autant que possible, le touffu de la photographie. Mais elle a un immense mérite à nos yeux, c’est que, étant l'expression même de la vérité, elle est une arme très forte entre les mains de celui qui l’emploie. Elle permet d’affirmer un fait, sans crainte de contra- diction, où, tout au moins, elle permet de prouver d’une façon irréfutable les faits avancés. C’est surtout à ce dernier rôle que la microphoto- graphie parait surtout destinée, c'est là où elle pourra rendre de bien grands services et éviter des discussions interminables. ; On ne saurait trop, il nous semble, pousser les jeunes gens qui commencentl’étude des sciences biologiques dans cette voie, en les habituant à jalonner leur route à l’aide de ces preuves indéniables fournies par la micropho- tographie, et destinées à leur éviter dans l'avenir beaucoup d’ennuis et de perte de temps. L'apprentissage est, en général, court et facile, surtout si l’on n’a à photographier que des coupes à plat, c’est-à- dire dont tous les points sont à peu près dans le même plan. Il en est un peu autrement si l'on a à photographier des objets en relief. La mise au point est alors beaucoup plus délicate; mais cela ne veut pas dire que l’on n’y arrive pas, avec beaucoup de patience et de pratique. Il existe déjà un certain nombre d'appareils pour la microphotographie. D'une façon générale, un instrument destiné à faire de la photographie microscopique doit se composer de deux parties : 4° une partie optique destinée à obtenir le gros- sissement voulu pour l’objet ; 2° une chambre noire ana- logue aux chambres noires d'appareils ordinaires, qui sert à permettre l'impression de la plaque sensible, On peut, maintenant, arranger ces deux parties l’une par rapport à l’autre comme on le désire, et c'est là ce qui a donné lieu aux divers modèles aujourd'hui exis- tants. Les premiers appareils microphotographiques étaient assez compliqués. Il y en avait d'excellents, du reste. Dans l'appareil de Viallanes, par exemple, l'axe de l'appareil tout entier (chambre noire et optique) est hori- zontal et le tout est placé sur une sorte de banc d'optique, et peut être avancé ou reculé sur le banc à l’aide d’une série de vis appropriées. L’éclairage est obtenu, soit directement par la lumière solaire, au moyen d'un héliostat, ou, plus simplement, à l'aide d’un bec Aüer. La lumière du bec peut être plus ou moins concentrée sur la préparation, au moyen d’un système de deux lentilles convergentes. Un dia- phragme iris permet derégler la quantité de lumiere très facilement. En arrière de la préparation se trouve le système len- ticulaire formant l'objectif. Cet objectif, analogue à celui d'un microscope, est construit sur le même modèle, mais peut s'adapter à un pas de vis qui termine la chambre claire en avant, Une forme lentille convergente joue en arrière le rôle d’ocu- laire, et l'imagè vient se projeter sur une glace dépolie qui forme le fond de la chambre noire. Les images se projettent absolument comme dans un appareil photographique ordinaire, et l’on doit faire la mise au point à la loupe, pour être certain d’avoir le maximum de netteté possible. La mise au point s'obtient au. moyen d’une longue vis placée sous la chambre noire et qui permet de rapprocher ou d’éloigner l'objectif de la préparation. (A suivre.) GRUVEL. d 4 he 1 LE NATURALISTE 73 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU FLANTES OFHICINADE 2.050. OMNATRERE LE FL ÉBUIDANSE RARE RANUNCULOÏIDES ....... ACGUTUMES ak 2e RÉRAE RBPENS 24e. ; SCORPIUS . .... DS CAPARTIUS es denis st NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Euphraise .[Acronycta Euphrasiæ Bkh. Emmelesia umifasciata Haw. Eupithecia Laquæria H. S. Constrictata Gn. Fenouil Papilio Machaon L. Nemaria Pulmentaria Gn. Fétuque Agrotis Nyéhthemera B. Plusia Festucæ L. Ficaire Noctua Glareosa Esp. Phlogophora Flammea Esp. Fraisicr .[Lycæna Icarus Ratt. Syrichtus Malvæ L. Saturnia Pavonia L. Tœniocampa Rubricosa S. V. Phlogophora Scita H. Hadena Rectilinea Esp. Frêne Melithea Maturna L. Sphinx Ligustri L. Saturnia Pyri S. V. Acronycta Ligustri S. V, Cirrœdia Xerampelina H. Xylina Semibrunnea Haw. Ennomos Fuscantaria Haw. Abraxas Pantaria L. Eupithecia Fraxinata Crewe. Exiguata H. Froment Leucania Laitioralis Curt. Luperina Cespitis $. V. Anchoscelis Humilis S. V. Fusain Ligdia Adustata S. V. Melanippe Procellata Fab. Genêt Thecla Rubi L. Polyommatus Dorilis Hufn. Lycæna Aegon S. V. Heterogynis Penella H. Emydia Grammica L. Cribrum L. Orgyia Aurolimbata Gn. Dasychira Fascelina L. Hylomyges Conspicillaris L. Noctua Glareosa Esp. Tæniocampa Gothica L. Dasycampa Rubiginea $S. V. Polia Chi L. — Nigrocincta Tr. .[Polia Argillaceago H. — Vetula B. — Cæœcimacula S. V. Epunda Lutulenta S. V. MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Chenilles Euphrasia Juin, septembre. Octobre. Août, septembre. Sept., oct. (fleurs, g F:eniculum Mai, septembre. Belle saison. Festuea Avril. Juin, juillet. Ficaria Printemps. Mai. Fragaria Mai, juillet. Avril. Juillet. Octobre. Juin, Septembre, octobre. Fraxinus Mai. Juillet à septembre. Août. Juillet. Avril, mai. Mai. Jullet. Mai, juin. Août. Septembre. Triticum Mai, juillet. Juillet. Mars, avril. Evonymus Mai, juin, sept., oct, Août, septembre. Genista Juillet, août. Juin, septembre. Mai. Mai, juin. Mai. Juin, juillet. Printemps. Juin, juillet, octobre. Mai. Mai, juin. Mai. Mars. Mai. Avril, mai. Papillons Mai, août. Mai, juin. Août, Mai, juillet. Belle saison. Juin, juillet, Août. Juillet, septembre. Septembre, octobre. Belle saison. Mai. Mars, avril, Juillet, Juin, juillet. Juin. Avril, mai. Mai, juillet. Août à octobre. Septembre, octobre, Septembre, Mai à juillet. Mai, juin. Juin, août. Août. Septembre, octobre. Avril, mai, juill., août. Mai, juin, septembre. Mars à mai. Mai, juillet, août, Juin, juillet. Juillet, août. Juin, juillet. Août. Mars à mai. Juillet, septembre. Mars, avril, août à oct. Sept., octobre, avril. Juin, juillet. sept, Juillet, août, sept. Septembre. Août. Septembre. Septembre, octobre. HABITAT FRANCAIS Toute la France. Provence, Lyon, Charente. Provence. Provence, Lyon. Toute la France. Ardèche. France centr., mérid.etorient., Toute la France. France centrale et méridion. France centr., mérid. et occid. Toute la France. France centr., mérid. et orient. Alsace, Auvergne, Jura. Hautes-Alpes, Vosges. l'rance centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et méridionale. Toute la France. France centrale, Somme. France méridionale. Paris, Pyrénées-Orientales. Toute la France, Rivages. Toute la France. France orientale. Toute la lrance. .[Toute la France. Alpes, Pyrénées, Lozère. Toute la France. France méridionale. Toute la France. Toute la France. France centrale et Toute la France. méridion. France cent., mérid. et orient. France méridionale. France centr., mérid. et orient. Toute la France. 74 LE NATURALISTE ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 18 février 1901. Sur la découverte d'un Oursin d'âge crétacé dans le Sahara oriental (M. ne Lapparexr). — C'est un oursin fossile de grande taille recueilli autrefois par le colonel Monteil près de l’oasis de Bilma, sur la route du Tchad à Tripoli. Cet oursin appartient à un genre déjà connu dans le crétacé supé- rieur du Baloutchistan. Il fournit la preuve qu'à l'époque où se déposaient en Europe la craie de Maëstricht et celle de Meudon, la mer avançait en Afrique non seulement sur la Libye et la Nubie, mais aussi sur le Sahara oriental. C’est une modification considérable aux vues jusqu'alors admises. Observations relatives à la propagation dans les pommeraies du Nectria ditissima (M. Descours-DEsacres). — Les analogies relevées entre le mal du cancer chez l'animal et la maladie du chancre sur l'arbre, la similitude annoncée entre le parasite du cancer humain et le champignon du chancre de certains arbres, pommiers, etc., permettent de dire que le mode de transmission du chancre du Nectria dilissima intéresse tout à la fois la physiologie végétale et la physiologie animale. Les observations suivantes, qui portent toutes sur le chancre du Malus communis, ont été faites dans une pépinière contenant près de cent mille sujets et pendant une longue période; elles offrent une garantie particulière de contrôle. Ces observations confirment les travaux scientifiques déjà publiés sur le Nectria dilissima et les complètent peut-être sur quelques points. — 4. L'apparition du chancre du Necfria dilissima sur un arbre sain est le plus souvent précédée de l'apparition du puceron lanigère, Aphis Lachnus-Erisconiæ, sur les branches ou sur les racines du sujet. 2. La présence du puceron lanigère, qui est presque toujours suivie, sur un sujet, de l'apparition du chancre quand il exisle des chancres sur les arbres environnants, n'est pas, au contraire, suivie de celte apparition, s'i n'existe pas de pommiers chancreux dans les environs. 3. L'apparition du chancre, à la suite de l’apparition du puceron lanigère, semble infaillible si le sujet envahi par le puceron est porteur d'une plaie et s'il se trouve dans un quartier contaminé. 4. Tous les chancres examinés par nous sur le Malus communis étaient infectés de Nectria dilissima. 5. Ces observations ont donné lieu à différentes expériences : Une colonie de pucerons lani- gères, provenant d’un arbre chancreux, a été amenée sur un sujet sain dans un quartier non contaminé ; la colonie, établie au voisinage de plaies intentionnelles, s’est portée, en partie, sur ces plaies. Les plaies sont devenues chancreuses. Une colonie provenant d'un arbre sain dans un quartier sain a été amenée en contact avec des plaies intentionnelles sur un sujet sain dans un quartier sain. Les plaies en général ne sont pas devenues chan- creuses. Le puceron lanigère, qui est un agent actif de trans- mission du chancre sur le pommier, semble donc ne pas prépa- rer seulement sa voie au Nectria dilissima, mais bien ensemen- cer lui-même, par l'apport de mycelium ou de spores de Nectria; les plaies faites par lui ou la plaie accidentelle sur laquelle il s’est établi. Séance du 25 février 1901. Rôle des canaux péritonéaux (M. S. Jourparx). Chez tous les Vertébrés femelles, il existe une ouverture établissant une communication entre la cavité splanchnique et l'extérieur. Cette ouverture consiste primordialement en une solution de continuité des parois ventrales, par laquelle l'œuf est expulsé au dehors. L'œuf détaché de l’ovaire tombe dans la cavité splanch- nique et, soit par le jeu de cils vibratiles. soit par les contrac- tions des parois de cette cavité, est poussé vers le pore abdominal point de moindre résistance, qui lui livre passage. Par suite d'un perfectionnement, ce pore se prolonge à l’intérieur sous forme d’une tubulure, l’oviducte, qui assure d’une manière plus régulière la sortie du produit femelle, Divers Vertébrés aquati- ques possèdent un autre orifice, établissant une communication entre la cavité abdominale et l'extérieur. Ces orifices, connus sous le nom de canaux périlonéaux, se rencontrent chez les Sélaciens et certains Reptiles (Crocodiliens, Chéloniens). Quel est l’usage de ces canaux péritonéaux ? L’auteur à pu m’assurer que, chez les Sélaciens, ils servent à lester l’animal par l’intro- duction d’une certaine quantité du liquide ambiant dans la ca- vité péritonéo-péricardique et à le délester par l'expulsion du liquide introduit. Ils jouent donc le même rôle que les caisses à eau où ballasts de nos bateaux plongeurs. Ils agissent à l'inverse de la vessie natatoire, qui transforme les poissons qui en pos- sèdent en aéronautes aquatiques. Chez plusieurs Invertébrés, il existe, en dehors des organes segmentaires, une communication facile entre la cavité générale et l’eau ambiante. Il existe une disposition de cette nature chez le Sipunculus gigas, dont l’ex- trémité postérieure du corps s'ouvre à l'extérieur par un orifice muni d’un sphincter. Sur l'identité des modifications de structure pro- duites dans les cellules végétales par le gel, la plas- molyse et la fenaison (MM. L. Marrucmor et M. MorzraRD). — Il résulte des observations et expériences des auteurs que le gel, la plasmolyse et la fenaison lente ou rapide déterminent dans certaines cellules des phénomènes entièrement parallèles. En particulier le noyau s'y montre comme étant le siège d’une exosmose d’eau s’effectuant par un processus identique. Il est ainsi établi à l'aide d'arguments tirés de l'étude cytologique que la mort des cellules par congélation correspond bien à un abais- - sement considérable de la teneur en eau, et qu'en réalité la mort par gel est une mort par dessiccation. OFFRES ET DEMANDES Collection d'Hétéromères européens. 148 es- pèces, 350 exemplaires,10 cartons. Prix. 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens, 368 espèces, 951 exemplaires, 15 car- tONS PIX PS CRE CEE EEE rNsSrirancse Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 10 cartons. Prix. 65 francs. Collections de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 CANONS MIE PP ME Are APE DES 1975 /francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 26 AIO! Doubles de Coléoptères européens provenant des collections ci-dessus annoncées. Environ 1.100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 14 car- tons 26 X 19 X 6, vitrésetnon vitrés. Prix. 50 francs. Lot de Lépidoptères du Venezuela. 500 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix..... 125 francs. Occasion. — À vendre : Maurice Girard, Traité élémentaire d'entomologie. Ouvrage complet, planches coloriées, au lieude170 francs. Prix. 90 fr. (S'adresser aux bureaux du journal). Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féronides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, # cartons doubles. Prix.... 50 francs. Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 500 exemplaires, 2 cartons doubles.Prix. 40 francs. Lot de Malacodermes européens. 170 espèces, 300 exemplaires, 3 cartons. Prix........ 40 francs, S'adresser pour les lots et collections ci-dessus à Les Fils d'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ. RUE CASSETTE, 11. ; : À ÿ L < ai LE NATURALISTE (Lgy 8) (sa972n sappowa/)xexogioad np paoq ‘dert ejoron Los -91 9[ ad oja94An0901 qJuawoJorduoout 9797 9çT _a/) xeaogjoad np anordgque p104q91 o] dd oJ1oAnO09901 JuaWoIgnuoe 9790 aaque,[ 9p oun [I sogu$lo[g SuIOuw no sn[d SodIpouoqUI SOUQULTE (sapnuhdur]) ‘sensnuoo sarterpoauaoqut SoHourTt ‘AO SnITI ‘8y) à EAU ‘UOTJI9SUL ANT R S99)1899 Re k ARS E a ) ne fe om mp selle etes no etes s ee fers (oer 4 (souaydn sunolnoz anbsaud de “(cr 8) sogyooudder sox] souuojuy | ‘UOTJIOSUT An € [LA SYPININS SNSYDU -0H V9 ‘y Srouinbuvs (snoñT) snsoydohing juos sounwutuoo sud soj qjuop so99dso p oUIRZIP Un JuouuoIdUUOS ‘Oo SNSITEUOH Jo ‘ov/] sn191d04391Œ soiuo8 597 “(ques 194) 27) -90u ‘7 459 odÂ7 97 ‘ ooueay uo S099d$9 y onb ewaoquor ou stÂdueT o1u098 97 ‘S911419,P J2 Sojiep opAud juowojadiwuos so {[uoaiauo ‘Ip y) ojqnop so ofjlv) v] quop ‘oppotuey ej onb sipure] ‘oresus ounef un p $o44[9 So] 204 ‘n[9A ‘IIOU jS9 O[RUI O[ : SEX9S XN9P S9] 21JU9 91x90 Mb oouotoppip owgaxo | aed ojqenbaeuor 70 299d$9 97799 to 19 LE NATURALISTE CHRONIQUE La « Diaspis pentagonale » dans la province de Coni (Italie). — On remarque depuis quelque temps dans la pro- vince de Coni la présence d'un insecte qui cause des ravages importants : la « diaspis pentagonale ». Cette cochenille, qui au début semblait s'être cantonnée en quelques points, s'est au con- traire répandue, et l’on découvre chaque jour de nouvelles taches. Une large zone est à l'heure actuelle infectée dans le district de Racconigi. L'office agraire de la province de Coni, par les soins duquel des conférences seront faites dans les moindres communes, à pro- voqué des mesures préventives sérieuses dans toute la région, telles que l'inspection fréquente des principaux marchés de müriers et autres plantes, non seulement pour empêcher la vente de müriers attaqués, mais encore dans le but de dénoncer à l'autorité compétente les personnes qui exhiberaient une mar- chandise infestée ou provenant de lieux où l'infection existe. Insuffisance de la production du bois d'œuvre dans le monde. — On commence à s'inquiéter de l'insuffisance du bois d'œuvre. M. Mélard, Inspecteur des Eaux et Forêts, a pré- senté à ce sujet au Congrès international de Sylviculture réuni à Paris en juin 1900, un mémoire très documenté et qui à vive- ment attiré l'attention. La consommation est supérieure à la production normale des forêts accessibles, ce qui amène la destruction des arbres. En France, on a dû, de 189% à 1898, importer chaque année plus de 149 millions de bois d'œuvre au lieu des 42 millions d'autrefois. En présence de cette consommation croissante, on s'est demandé si on ne pourrait pas trouver hors de l'Europe de nouveaux approvisionnements. Mais il semble qu'en dépit des forêts vierges du nouveau continent et des grandes forêts équatoriales, le monde est, sous ce rapport, assez mal pourvu. Ces forêts sont, du reste, difficilement accessibles, et les frais d'exploitation et de transport élèveraient dans de grandes proportions le prix des bois. Actuellement les pays pouvant fournir de grands excédents de production se réduisent à sept : cinq en Europe : l'Autriche, la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, et deux dans l'Amérique du Nord: les États-Unis et le Canada. Déduction faite des pays où cet excédent est très menacé, il ne reste plus que la Suède et la Finlande en Europe et le Canada en Amé- rique. Mais ces trois pays seraient incapables de satisfaire pendant longtemps aux demandes des pays importateurs. On marche vers une véritable disette de bois d'œuvre si l’on ne prend pas de promptes mesures pour mieux aménager les forêts et en arrêter la destruction. S ociéteé d'acclimalation.) Concours de botanique.— La Société d'études scientifiques de l'Aude a décidé la création d'un Concours annuel de bota- nique. L'objet de ce concours sera l'étude d'une question de botanique intéressant le département de l’Aude, et de préférence une monographie botanique de commune. — I. Les travaux des- tinés au concours seront présentés sous forme de mémoires inédits, écrits en français et en prose. Ils seront adressés au secrétaire de la Société, 5, rue de la Préfecture. — IT. L'ouver- ture de ce concours annuel est fixée à l’année 1902, afin de laisser aux auteurs le temps de recueillir les matériaux. — III. Le coucours est public; les membres de la Société pourront y prendre part. — IV. Les auteurs de mémoires devront en faire le dépôt avant le 4e mai 1902. Les mémoires porteront une devise sans signature et seront accompagnés d’une enveloppe cachetée renfermant le nom et l'adresse de l’auteur. — V. Une Commission nommée parla Société sera chargée de l’examen des mémoires. Elle demandera aux auteurs tous les renseigne- ments qu'elle jugera utiles, après quoi elle fera un rapport qui sera discuté par la Société. Le prix du Concours sera désigné par la Société dans une de ses séances mensuelles. — VI. Le prix est fixé à la somme de cent francs, payé en nature et indi- visible. Il pourra être accordé une mention honorable. — VII. Les mémoires couronnés pourront être publiés par le Bulletin, sur une décision de la Société, après l'avis du Comité du Bul- letin. — VIII. La proclamation du premier concours aura lieu à la séance ordinaire de la Société du mois de novembre 1902. Concours de photographie. — Notre collaborateur, M. Henri Coupin, docteur ès sciences, vient de fonder une Sociélé du Concours photographique qui nous paraît d'autant plus intéressante que les juges des concours sont tirés au sort, chaque mois, parmi les membres mêmes de la Société. Le siège social est boulevard du Port-Royal, n° 21, à Paris. Envoi gra= tuit dés statuts. Voici les sujets des quatre premiers Concours : une carte postale illustrée par la photographie: une scène de la vie cycliste ; un monument; un bouquet de fleurs. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur une forme conidienne du champignon du Black- rot [Guignardia Bidwellii (Ellis) Viala et Ravaz]. (M. G. DELACRoIx.) Le champignon du black-rot [Guignardia Bidwellii (Ellis) Viala et Ravaz] possède, d'après M. Viala, une forme conidienne à conidies ovoiïdes, hyalines, simples, placées au sommet de ramifications verticillées, une forme se rapportant à un Verticil- lium où plutôt à un Acrocylindrium, d'après le dessin donné par M. Viala. Cette forme qui, d’après l'auteur, apparait sur les sclérotes, semble assez rare et ne semblerait pas avoir été obser- vée jusqu'ici. La forme signalée par M. Delacroix est tout autre. On la trouve aussi bien sur les sclérotes que sur les pycnides ou les spermogonies. Elle apparaît sous l'aspect d'une fine moisis- sure d'un brun verdâtre foncé, visible à la loupe, couvrant la partie de l'organe du champignon située en dehors des tissus de la plante hospitalière. L'auteur ne l'a observée jusqu'ici que sur les grains de raisin. La forme conidienne en question semble peu répandue en France. Depuis 1893, M. Delacroix ne l’a reçue que de trois localités :environs de Muret (Haute-Garonne), sur sclérotes et pycnides ; environs de Périgueux, sur sclérotes et spermogonies ; Lherm, près Cahors, sur sclérotes et pycnides. Cette forme conidienne semble avoir été observée par M. F. Lamson Scribner dès 1886. Il en a donné un dessin imparfait reproduit par Fréchou qui cependant a confondu cette forme avec celle dont parle M. Viala. D'après M. Scribner,on l’observerait fréquemment après un temps très pluvieux aux Etats-Unis. Séance du 9 avril. Sur les services que peut rendre aux Sciences la langue auxiliaire internationale de M.le D' Zamen- hof, counue sous le nom d’« Espéranto ». (M. Cu. Méray.) Un groupe de personnes déléguées par plusieurs congrès et sociétés savantes ont prié M. Sebert de demander à l’Académie d'inscrire la question aunombre de celles qui seront traitées dans la session de l'association des académies qui va s'ouvrir à Paris. Il se fait un grand mouvement autour de l’Esperanto en Russie, en Norvège, en Finlande, en Allemagne et même en France. M. Scbert dépose plusieurs documents et des lettres de M. Méray, correspondant de l’Académie de Dijon, qui insiste sur la facilité avec laquelle peut s’apprendre cette nouvelle langue. Plus de 50.000 personnes s'en servent déjà couramment. Il est bon que l’Académie ne se désintéresse pas de la question, car peut-être aura-t-elle à s'en préoccuper pour la rédaction des vocabulaires scientifiques. $ Sur la « Pluie de sang » observée à Palerme, dans la nuit du 9 au 40 mars 14904. (M. SranisLas MEUNIER.) Tout le monde a encore présent àla mémoire le récit du phéno- mène météorologique qui estvenu jeter la consternation, dansla nuit du 9 au 10 mars, parmi les superstitieuses populations de la Sicile, des environs de Naples et de la Tunisie. Un immense nuage rougeâtre envahit le ciel; les gouttes qui en tombaient semblaient du sang coagulé. Bientôt toute la surface du sol, les toits des maisons et les feuilles des arbres avaient pris une teinte rouge. LE NATURALISTE 123 La poussière recueillie à Palerme contenait: AU Re M net ae due he eve à 5,20 Matiere Onpanique ne tn irie 3,17 AD LORRAINE SE ne Ve 59,14 Garbonate-de chaux..." 23,91 reiler(par diff) eee ecune ne 8,58 10,00 En somme, tous ces caractères constatés par l'auteur coïnci- dent avec ceux qui ontété déjà signalés dans les pluies de sang antérieurement décrites ; nous devons croire que cette foisencore, et conformément aux idées générales exposées en 1870 par S 1 L \{ Sp] 4 rrachés s M. Tarry, il s’agit de la chute de matériaux arrachés, par les remous atmosphériques, au sol du Sahara. Séance du 15 avril 1901. Sur la flore des Mousses des cavernes (L. GÉNEAU DE Lamaruère et J. Maueu). — Les explorations qui ont été entre- prises pendant les dernières années avec la collaboration de M. A. Viré ont porté sur plus de cinquante grottes et avens ap- partenant aux départements du Tarn, de la Lozère, de l'Hé- rault, du Lot et de la Corrèze, Ces explorations ont permis d'amasser un certain nombre de documents sur la flore bryolo- gique souterraine. D'une façon générale, la flore des Muscinées des cavernes est constituée par un certain nombre d'espèces qu'on trouve se développant dans les stations des alentours, om- bragées, fraiches ou humides, qui, sous certains rapports, se rapprochent par leurs conditions de celle des cavernes. Ainsi les espèces trouvées souterrainement dans les régions les plus chaudes, à la grotte de la Madelaine, par exemple, dans le mas- sif de la Gardiole (Hérault), ont, bien qu'elles appartiennent à la flore méditerranéenne, des tendances boréales remarquables, plus nettes que dans la majorité des espèces de la flore environ- nante: tels sont Eurhynchium circinatum, E. strialulum, Lep- todon Smithi, que l’on observe remontant en France plus ou moins loin vers le Nord, le long des côtes de l'Océan et de la Manche. Tel est encore le Gymnostomum rupestre du Gouffre de Padirac, qui s'élève assez haut dans les montagnes. En ce qui concerne la nature du substratum, on trouve fréquemment des espèces saxicoles, plus rarement arboricoles [comme l’Or- thotrichum affine à la Feindeille (Tarn)]. Parmi les espèces des rochers, celles qui dominent sont les calcicoles, les étages formés de roches calcaires ayant donné plus généralement naissance aux excavations que les roches purement siliceuses. Mais, survienne un accident siliceux, on constate immédiatement des espèces sili- cicoles, par exemple Plerogynandrum filiforme, Hedwigia ciliala, Rhacomitrium fusciculare sur la première plate-forme de Padirac. Les cours d’eau souterrains et les suintements favo- risent le développement de quelques espèces beaucoup plus by- srophiles, comme Gymnoslomum rupestre, Eucladium verticil- latum, Rhynchosteqium rusciforme, etc. Mais le facteur le plus important à considérer est la lumière. Sous ce rapport la flore générale des cavernes peut se diviser en quatre zones; 1° Zone des ouvertures et de la surface; 2° zone des parois; 3° zone du fond (obscurilé partielle) ; 4° zone des galeries (obscurité ab- solue),. : Aucune muscinée n’a été rencontré dans cette quatrième zone, qui n’est plus habitée que par des champignons et des algues. Séance lu 29 avril 1901. Sur le Voandzou (M. Bazraxp). — Le Voandzou (Glycine ou Voandzia sublerranea) est une légumineuse annuelle, origi- naire de l’Afrique intertropicale où sa culture, par les nègres, est aujourd'hui très répandue. Elle est moins commune dans l'Asie méridionale et il ne semble pas qu'on la pratique beaucoup en Amérique si ce nest au Brésil où le Voandzou se nomme Mandubi d'Angola. Le fruit du Voandzou est une gousse à un grain qui mürit dans le sol, comme l’Arachide. L’échantillon que j'ai examiné vient du poste de Bangasso, dans le Haut-Ouban- gui; il figurait à la dernière Exposition de Paris, parmi les produits du Congo, sous le nom de Haricol-Pistache. Les graines, plus ou moins ovoides, présentent des marbrures noires, sur un fond reuge foncé; l’ombilic est blanc, non cerelé de noir, comme dans la plupart des haricots. Elles donnent une farine très blanche, à saveur de légumineuse; mais, après cuisson dans l’eau, la saveur rappelle absolument la châtaigne. La décor- tication fournit 8 % d'enveloppes, c'est-à-dire la même propor- tion que nos haricots indigènes. Le poids des graines varie entre 0 gr. 35 et4 gr. 10; celui des gousses entre 0 gr. 64 et 1 gr. 62. En admettant avec les physiologistes qu'il faille chaque jour, pour réparer les pertes subies par l'organisme humain : 120 à 130 grammes de matière azotée, 56 grammes de graisse et 500 grammes d'hydrates de carbone, on: voit, même en tenant compte des coefficients de digestibilité, que l’on retrouve assez exactement ces éléments dans un kilogramme de graines de Voandzou. Quelques remarques sur les otolithes de la gre- nouïille (M. Mare). — Le liquide de l'oreille interne contient des cristaux plus ou moins volumineux, les ofolithes: les hypo- thèses, ayant pour but d'indiquer l’action acoustique de ces corps solides, ne sont guère probables: et, en tout cas, elles ne sont pas appuyées sur l'expérience. Chez la grenouille, le contenu de l'oreille interne a une apparence laiteuse, il est relativement facile d'en recueillir 1 milligramme. J'en ai déterminé la densité: elle est 2,18 : ce chiffre est très élevé. Le contenu de l'oreille interne est donc constitué par une dissolution de bicarbonate de chaux et de magnésie avec des cristaux en excès de carbonates insolubles ; la grande densité de ce mélange en fait un admirable conducteur du son; et, somme toute, ce milieu est aussi homogène qu'un acier quelconque, comme on peut s'en convaincre en étudiant ces solides au microscope. On peut manifester l'existence de ces cristaux chez l'animal vivant, par la radiographie. En résumé : on se trouve en présence d’une dissolution, dans un liquide de nature indéterminée, de bicarbonate de chaux et traces de bicarbonate de magnésie avec cristaux de carbonates en excès; et l'une des fonctions des otolithes, est de maintenir aussi constante que possible la conductibilité acoustique de ce milieu. OFFRES ET DEMANDES Occasion. — A vendre: Loupe montée d'Arthur Chevalier, 4 doublets ; mise au point par crémaillère; porte-doublet à crémaillère (ayant coûté 420 francs) ; prix : #5 francs; s'adresser aux bureaux du Journal. — À échanger contre ouvrages de conchyliologie : nom- breux ouvrages concernant les mousses, Traité de Paléon- tologie végétale de Schimper; La Végétation du globe de Grisebach et Tschihatcheft. M. le lieutenant Dupuis, 80, rue Wery, Ixelles (Belgique). Collection d'Hétéromères européens. 148 es- pèces, 350 exemplaires,10 cartons. Prix. 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens, 368 espèces, 951 exemplaires, 15 car- lONnS PTIT RE ÉTÉ ER 2, 75.irancs, Collections de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 cartons MPrixer. 75 francs. Lot de Lépidoptères du Venezuela. 500 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix..... 125 francs. Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féronides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, # cartons doubles. Prix.... 50 francs. Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 500 exemplaires, 2 cartons doubles. Prix. 40 francs. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17, LE. NATURALISTE —_ *LHASTAOF INVISNO") (auains y) (rpiblig “pur ‘104 ey9AuoSeuyx ‘uuosory SOPOUMEN "22 “(CL “2y) ouxoqut 9109 ne sjuop SURS Se[nqIpuelu { 91991/91 JUOUWOI(IET 997 L | “1soM SNIqEpod (L9r ‘8y) no9 op owudoy u9 91994701 juouonbsnaiq 979, “Ver saute "t'*"(6LE 2) auaaqut 9109 ne JUep 9J107 oun queqaod sopnqrpueu = S<._L0109491 JU9W910} 979] SATIAHNLVN SHONAIIS SH HAAIIOQ LH ILIOH UuCISUOS >» L''""" (g97 ‘8y) ‘uowopqu,y op gutouw ef sanofnoy juessedop soxJ4t Le 3 4vd / à 2 ‘NPY snaystpOdY DANS SRES (LT ‘8y) (sauedn sayjowa/) uewopqe, î | }* op oeurou e] ourod r queuSroqie ‘sojanoo soi] sodjÂt CJ se | \VAA AC SHdALdOTI0) 1 | L N à 4 i ‘JOu9S snioyd9 9], tisane "(ELY ‘3l) 2SPq EI & 9[n918qn UN NO JU9P oun 798 JueJzod sosie] Sop oudoyxo sou: sxq 1 jure} } Sop } J942049 xren eyoAuorsAouÿ "t:t"(SLx ‘$y) Soeur so 709 juowones o[n910q HHLSATII HAAOILA'TVNV VAHNHI -nJ UN ‘SOI[OWO SO] 7209 9824 EI R JU9P ONSUOI oun ii p Sa] Shop JuvIOd sosie] sop SsJ92019 \ + corset t(TLT ‘8y) sordus sosie) Sop sJ949019 °*t:"t(0LT ‘8y) Jouuwos ne Snpus} SUIOUT nO sn[d sosie] Sep S12492049 nes else dar, a Nour le eieicre ss. * (697 ‘8y) (sn4oyd -9]21) N09 9p OWHIOF U9 91991991 UOU 9991 \£ 93: ANNÉE 9e SÉRIE — N° 342 1e JUIN 1901 LES CHAMACÉS LEUR ROLE COMME ORGANISMES CONSTRUCTEURS A L'ÉPOQUE SECONDAIRE On voit apparaitre, vers le milieu de la période ooli- thique, une nouvelle famille de mollusques acéphalés: celle des Chamacés, qui, depuis le moment de son appa- rition jusqu'au commencement de l'époque crétacée proprement dite, joua un rôle très important, En effet, les espèces qui sont comprises dans cette famille ont concouru pour une très large part à l’édi- fication de couches importantes et leur rôle est intime- ment lié à celui de constructeurs plus puissants encore, mais appartenant à une autre classe : les Polypiers. C’est donc à l’époque où les formations coralligènes furent le plus florissantes que les Chamacés atteignirent leur plus grand développement; ensuite, pendant la période crétacée, ils furent sinon remplacés complète- == NS 1 # } # A S SE fo D) LÈ = (#12 Ki a RRNR US LE ES RES SS NS ES & Fig. 1 et 2. — Diceras arietinum, Lmk. Corallien de Coulanges- sur-Yonne. ment, tout au moins surpassés dans le rôle de construc- teurs par une famille, voisine d’ailleurs et nouvellement apparue : celle des Rudistes, dont nous nous sommes occupé dans un précédent article. Aujourd'hui, les Chamacés ne sont plus représentés que par quelques espèces, dont le rôle est absolument secondaire. Cette famille ne renferme qu'un petit nombre de genres : Diceras du Jurassique supérieur ; Requiemia de l’Infra-crétacé ; Monopleura — Toucasia — Caprotina _ Caprina du Crétacé; Ichihyosarcolithes — Pligioptychus — Chiama du Crétacé à l'époque actuelle, Tous ces genres sont éteints; les Dicérates, ne dépas- sant pas la fin des temps oolithiques, sont remplacés dans les terrains qui suivent par les Requienies, les Monopleures et les Caprotines qui, après avoir régné pendant l’Infra-crétacé, cèdent la place dans le Crétacé Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. proprement dit aux genres Caprina, Ichthyosarcolithes, Plagioptychus et Chama-qui, seul de ces derniers, par- vient jusqu’à la faune actuelle après avoir laissé les restes de nombreuses espèces dansles terrains tertiaires. Les principaux caractères morphologiques de cette famille sont les suivants : La coquille est toujours inéquivalve, généralement fixée par l’une des valves, le ligament est externe. La charnière,très importante dans quelques-uns des genres, est réduite dans d’autres ; elle se compose, sur l’une des valves, de deux dents d’inégale importance, tandis que l’autre valve n’en possède qu'une ; les impressions musculaires sont généralement bien accusées. RS Ra SK SS Fig. 3. — Diceras eximium, Bay. Corallien de Coulanges-sur- Yonne. Fig. 4et 5. — Heterodiceras Munsteri Goldf. sp. Corallien de Vailfin. Fig. 6 et 1. — Monopleura Arilobata, Math. Urgonien d'Orgon. Nous allons essayer de donner un aperçu de la distri- bution géologique de ces êtres dans notre pays, en commencant par les Dicérates qui apparaissent Îles premiers, car on les rencontre dès la période oolithique, dans l'étage corallien. Ces organismes se montrent en telle abondance dans certaines couches, que l’on a donné le nom de sous- étage dicératien à l'horizon le plus élevé de l'étage co- railien, précisément à cause de la fréquence, dans cette formation, d'une espèce de famille qui nous occupe : le Diceras arietinum. C'est surtout dans l’est et le sud-est de la France que les dépôts coralliens peuvent être explorés avec fruit, quant à la recherche et à l'étude des Chamacés; nous citerons comme particulièrement favorables les régions suivantes, en allant du nord au sud : Dans le département des Ardennes, aux environs de Neuvizy, on recueille le Diceras arietinum, dans des bancs de calcaire compact immédiatement superposés à un récif corallien encore en place. A Saint-Mihiel même, dans le département de la Meuse, le. sous-étage dicératien est constitué par un calcaire oolithique blanc et contient, avec de nombreuses Nérinées, le Diceras arietinum; ilse présente sous le même facies dans certaines localités du département de la Haute-Marne. Le département de l'Yonne offre, lui aussi, de puis- santes couches de calcaires, associées à des récifs, et dans lesquelles on trouve en abondance : Diceras arie- tinum, D. sinistrum, D. originale, D. Cotteani. Nous cite- rons dans ce département, parmi les localités les plus in \ & Lo Fig. 8. — Requienia ammonia, Goldf. Urgonien d'Orgon. propices à la recherche de ces fossiles : Merry-sur- Yonne, Chatel-Censoir et Coulanges-sur-Yonne. En Bourgogne encore, le même calcaire oolithique blanc se retrouve à Chalon-sur-Saône, et la même dis- position du même calcaire s’observe plus loin encore à la Charité, dans le département de la Nièvre. Dans la Franche-Comté, les couches à Dicérates se voient en d'assez nombreuses localités, à Gray (Haute- Saône) par exemple, ainsi qu'à Besancon et à Ornans, dans le Doubs; et enfin dans le département du Jura, à Salins et à Valfin, près de Saint-Claude, où le calcaire devient crayeux ; dans cette dernière localité, ainsi que dans le département de l'Ain, les formations coralliennes dans lesquelles se rencontrent des Dicérates remoatent dans l’étage kimméridgien, car les récifs de Valfin et d'Oyonnax (Ain) sont de cet âge. Dans le récif de Valfin, qui n'a pas moins de 100 mètres de puissance, on distingue trois zones à Chamacés représentées respectivement par des calcaires blancs compacts avec petites oolithes et contenant sur- tout les espèces suivantes : Diceras speciosum, Heterodi- ceras Luci, H. Munsteri. Dans l'Isère, on retrouve encore l’H. Luci, dans le cal- 26 LE NATURALISTE RER ——— caire bien connu de l'Echaillon qui forme un récif de plus de 200 mètres, et semble représenter un facies corallien de toute la partie supérieure du système ooli- thique. Ce même dépôt s’observe également dans les Bouches-du-Rhône, au vallon de la Cloche, près de Mar- seille. Dans le Languedoc, on rencontre aussi des gisements de Dicérates dans les départements du Gard et de l'Hé- rault. En dehors des localités que nous venons d’énumérer. nous devons mentionner à Sancerre (Cher) des calcaires compacts contenant en certaine quantité, avec Ostrea pul- ligera, le Diceras eximium. ME Citons aussi en Normandie, aux environs de Bellême, dans l'Orne, un calcaire appartenant à l'étage corallien et contenant des moules de D. arietinum. Comme nous l'avons vu précédemment, aux Dicérates de la période oolithique succèdent dans l’Infra-crétacé des Chamacés appartenant aux genres Requienia, Touca - Sia, Monopleura, ete., qui font leur apparition avec R. am- monia, dans l'étage urgonien (d'Orgon, près d'Arles). Les différentes couches qui renferment ces fossiles se montrent en France dans des régions qui sont sensi- Fig. 9. — Requienia carinata, Matheron. Urgonien d'Orgon. blement les mêmes que celles où nous avons vu régner les Dicérates. : Dans le Jura, l'Urgonien se présente sous la forme d’un calcaire gris bleu, de 20 à 40 mètres d'épaisseur, dans lequel on rencontre en abondance la Requienia am- monia avec le précurseur des Rudistes : le Radiolthes neocomiensis. Dans les environs de Châtillon de Michaille, on trouve dans des calcaires urgoniens le R. ammonia et au- dessus, dans des couches aptiennes, le R. Lonsdalei. Plus à l’ouest, dans le département de Saône-et-Loire, aux environs de Mâcon, apparaît dans le Néocomien R. Lonsdalei, tandis qu’à Germolles et à Tournus se rencontrent également des Chamacés du genre Valletia. Dans le Sud-Est, aux environs de Grenoble, on re- trouve R. ammonia, dans un calcaire compact blanc, formant le massif de la Grande-Chartreuse. Au-dessus de ce calcaire, on observe, au Rimet, une zone mar- neuse contenant R. Lonsdalei et R. carinala. C'est dans la vallée de la Durance, semble-t-il, que l'étage urgonien est le mieux développé, c'est à Cavail- lon et à Orgon {aux environs d'Arles) que se rencontre, en effet, le calcaire à Caprotines, qui caractérise l'étage urgonien, lequel tire précisément son nom de celui de cette dernière localité. Ce calcaire à Caprotines est une roche blanche, presque crayeuse, dans laquelle on peut recueillir : LE NATURALISTE 127 Toucasia carinata Monopleura trilobata Oursins. R. ammonia R. Lonsdalei R. glypheoides Dans la région pyrénéenne, où il existe également, l’'Urgonien est très puissant ; à Orthez (Basses-Pyrénées), dans le département de l'Ariège et dans celui de la Haute-Garonne, cetétage est constitué par des calcaires compacts cristallins, et, contrarement à ce que l’on voit dans d'autres régions, de couleur foncée ; ils renferment comme fossiles caractéristiques le Requienia Lonsdalei. Dans les Corbières, au contraire, où nous devons citer la montagne bien connue de la Clape, aux environs de Narbonne, les couches à Requienia sont des calcaires blancs qui alternent avec des marnes dont les fossiles sont caractéristiques de l'étage aptien, ce qui a incité plusieurs géologues à créer pour cette région un étage urgo-aptien. En résumé, 1l semble résulter des nombreuses études dont les terrains dans lesquels se rencontrent des Re- quienia ont été l'objet, que ces calcaires représenteraient le facies réciforme de l'époque où, dans les régions péla- giques, vivaient les Ammonidés à tours disjoints (Crio- cères et Scaphites), et que ces calcaires à Chamacés sont pour les dépôts de l’époque infra-crétacée ce qu'é- taient les calcaires à Dicéras pour ceux de la période oolithique, c'est-à dire la preuve indubitable d'une pé- riode de calme relatif dans le régime océanique à la fa- veur duquel les organismes constructeurs manifestèrent une grande puissance au point de vue de l'activité phy- siologique. PT /FRITEL, Attaché au Muséum. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DE L'ANOBIUM PANICEUM Linné. COLÉOPTÈRE DU GROUPE DES TÉRÉDILES En mai et en juin, les deux sexes se recherchent ; qu'ils soient dans un grand ou dans un petit apparte- ment, dans une petite ou dans une grande boîte, ils ne tardent pas à se rencontrer, le rapprochement a lieu aus- sitôt par superposition, le mâle dessus; dès que le régé- nérateur à éjaculé sa semence, il quitte le dessus de sa compagne sans cesser la copulation et les deux corps restent ainsi conjoints, bout à bout, la nuit durant: puis le mâle épuisé meurt, se détache, laissant à sa femelle le soin de continuer l’œuvre de destruction commune à l'espèce ; celle-ci pond aussitôt sur les matières nourri- cières, plantes, graines, farines, peaux, insectes, des petits œufs qu’elle éparpille par paquets de deux, trois, quatre. Œuf. Longueur Omm06, diamètre OmmO3. Court, ovalaire, blanchâtre, imperceptiblement cha- griné, à poles arrondis, à coquille délicate. Pondus au nombre de trente à quarante, ils éclosent quelques jours après, donnant le jour à une jeune larve disposée de suite à absorber les matières mises à sa portée, car elle n’est pas libre du choix de sa nourriture : faible créature incapalile de progresser, c’est la mère qui lui impose l'obligation de s’assimiler les substances mises à sa disposition et qu'elle rongera durant huit longs mois. Larve. Longueur 2mm5, largeur 4 millimètre. Corps complètement arqué, charnu, jaunâtre pâle, lisse et luisant, finement pointillé, ridé, couvert d’une dense et courte pubescence rousse, fortement convexe en dessus, planiuscule en dessous, arrondi à la région anté- rieure, la postérieure tronquée et lobée. Tête petite, arrondie, conée, blanchâtre ; ligne médiane bifurquée ; fossette au confluent des deux traits ; lèvre supérieure frangée de très courts cils; mandibules robustes,rougeâtres,à pointe acéréeet bidentée ; mâchoires à lobe large, roussâtre; les palpes maxillaires blan- châtres, annelés derougeûtre ; lèvreinférieure bilobée avec courts palpes droits et plus courte languette ; antennes trés courtes, rétractiles, à articles indistinets; ocelles figurés par un point côné rougeàûtre. Segments thoraciques au nombre de trois, charnus, fortement convexes, pointillés, couverts d’une courte villosité, le premier renflé, à flancs tuméfiés et incisés, les deuxième et troisième incisés à leur bord postérieur. Segments abdominaux au nombre de neuf; moins larges «ue les thoraciques, fortement arqués, courtement ciliés, à flancs tuméfiés, les huit premiers couverts de courtes larges, spinules, leur bord antérieur incisé; segment anal large, tronqué, prolongé par une courte apophyse ciliée, Pattes courtes, membraneuses ; hanches massives; tro- chanters courts; cuisses fortes, jambes comprimées avec court onglet rougeâtre au bout. Stigmates flaves, à péritrème roussâtre. Suivant qu'elle doive donner un mäle ou une femelle, cette larve est plus ou moins développée; elle vit du résidu de diverses substances ; durant huit longs mois elle ronge à notre détriment les matières les plus variées que lamère a mises à sa portée; ainsi: —elle dévore non seulement le corps des insectes épinglés dans les boîtes, mais encore les plaques de liège ou d’aloès sur lesquelles les épingles sont fixées; elle détruit les herbiers en dissociant les plantes; — en peu de temps des collections entières peuvent par son fait être réduites en poussière ; — les biscuits, les pâtes, les farines, les pains à cacheter ne sont pas à l'abri de ses robustes mandibules; les graines d'essence potagère, pois verts, pois chiches, si durs, fèves, plus dures encore, sont vidés jusqu'aux coty- lédons et se trouvent ainsi hors d'emploi; — les vieux cuirs gras; bottes, souliers, guêtres, oubliés dans les mansardes ou dans les placards, sont troués, rongés et par ce fait mis hors d'usage; elle va loin dans le domaine de la déprédation, on la trouve faisant pièce des enveloppes papyracées, des nids de guêpe ainsi que des alvéoles et du miel des bourdons ; — sur les plages de la mer on constate sa présence dans les vieux paniers ayant contenu des matières huileuses 6u poissonneuses, elle entre dans les nattes encore imprégnées de subs- tances visqueuses et se transforme dans ce peu ragot- tant réceptacle. C’est un rongeur à nul autre pareil au point de vue de la diversité des aliments, nous faisant payer cher les dommages qu'il commet à notre insu. La larve à pour parasite un petit Hyménoptère du groupe des Ptéromalides, le Meraporus brevicornis, Ratz: 128 fin avril, parvenue à tout son développement, elle se trans- figure, après s'être faconné une loge oblongue à parois lisses, formée des nombreux débris des diverses subs- tances qu’elle a rongées et qu’elle a réunies, mêlées à ses propres déjections, au moyen d’une matière agglutinative, de manière à en faire un réduit compact et résistant. Nymphe. Longueur 20m, largeur { millimètre. Corps allongé, oblong, très peu arqué, blanc jaunâtre, glabre, finement ridé, lisse et luisant,convexe en dessus, déprimé en dessous, à région antérieure large, arrondie, la postérieure atténuée et bilobée, Téte arrondie, affaissée, front proéminent; premier segment thoracique grand, clypéiforme, deuxième court, transverse, à milieu incisé, troisième plus développé à milieu canaliculé, segments abdominaux transverses, atténués peu sensiblement vers l'extrémité, segment anal bilobé. Suivant qu’elle doive donner un mâle ou une femelle, cette nymphe est plus ou moins grosse, plus ou moins arrondie ; elle peut imprimer à ses segments abdominaux de très légers mouvements défensifs ; la durée de la phase nymphale est de quinze à vingt jours. Adulte. Dans ses Térédiles, 186%, n° 12, p. 118, Mulsant en à donné une bonne description; il est de toute la France; on le trouve dans tous les lieux où il a vécu comme larve; c'est un insecte aux allures vives, au vol puissant, se déplaçant facilement quoiqu'il soit bien difli- cile de le chasser d’une place où il s’est installé; ses générations sans, cesse renaissantes, dans ce même milieu, l'y maintiennent et cela jusqu'à ce qu’il ne reste plus des matières nourricières que des débris inutili- sables. La propreté, le déplacement des objets, des soins con- tinuels, sont des facteurs sur lesquels on peut compter peur prévenir ses ravages. La durée de l'apparition de l'adulte est de un à deux mois. Capitaine XAMBEU. ÉCUREUILS BLANCS EN SUISSE Les intéressantes notices de MM. Le (Gendre et A. Letacq sur l’albinisme chez l’Ecureuil(1) m'engagent à rappeler ici plusieurs cas constatés autrefois dans le Valais par M. G. Lunel, ancien directeur du Musée d'Histoire nau relle de Genève, et mentionnés dans une Nole sur l’Ecureuil commun el ses principales variélés (Arch. des Sc. phys. el nalur. Bibliothèque Univer- selle, 1878, 3° période, I, page 535). Les forêts de Vérossaz et Davios, situées au-dessus de Saint-Maurice, à 1.500 mètres d’alti- tude moyenne, s'étendent sur environ 8 kilomètres carrés. Leur faune a compté une véritable spécialité d’écureuils blancs puis- que, selon les observations de MM. Besse et Lunel, dix indivi- dus albins ont été tués, de 1856 à 1877, dans cette contrée ; leurs dépouilles figurent dans différentes collections suisses. F.DE SCHAECK. (4) Le Naturaliste, numéros des 15 avril et 15 mai. LE NATURALISTE ment le soufre et, qui plus est, d'envoyer dans le terrier RENARDS ET BLAIREAUX LEUR DESTRUCTION PAR L’ACIDE SULFUREUX ET LA VAPEUR DE SOUFRE Les renards sont des carnassiers qui ne se contentent pas seulement de détruire le gibier, lorsqu'ils sont pous- sés par la faim, ils pénètrent dans les poulaillers et détruisent tout ce qui s’y trouve, poulets, dindons, canards, ete. Aussi depuis longtemps les considère-t-on comme des ennemis dangereux. Actuellement, lorsque les gardes d'un bois ou des forêts de l'État connaissent un terrier de rénards, ils ont ordre de le détruire. Pour cette opération, on réunit trois ou quatre terrassiers qui, à force de piochages et de défoncements, arrivent après bien du mal à traquer le renard; le plus souvent on se fait aider dans cette chasse assez fatigante par des chiens qui indiquent dans quelle galerie s’est retiré l'animal. Certainement, avec les faibles données que nous avons actuellement en zoologie agricole, nous n'avons rien de mieux à faire que de détruire ce carnassier. Plus tard, lorsque nous aurons acquis les données nécessaires à l'histoire naturelle pratique, nous ne tue- rons plus les animaux et le plus souvent nous nous en ferons d’utiles auxiliaires; ce sera le cas du Renard, qui nous servira de chasseur, car on peut très bien le dresser à cet exercice, dans lequel il se montre du reste un expert. Que d'animaux nous détruisons sans merci qui pour- raient nous rendre des services immenses, si nous savions leur créer un état social! Si seulement nous voulions ne pas les tracasser, les effaroucher sans cesse, la plupart d’entre eux viendraient à nous et, en échange seulement du logement que nous pourrions Jeur donner, que de services ils nous ren- draient! car tous les corps de métiers se trouvent dans le monde des animaux. Actuellement nous sommes entourés, par notre faute, de bêtes effarouchées cherchant leur vie avec peur, usant de toutes les ruses. Enfin, ne sachant pas encore pratiquement domestiquer les renards ni les blaireaux, nous les détruisons parce qu'ils nous sont nuisibles ; nous croyons donc être utile aux cultivateurs en leur faisant connaître un nouvel enfumoir destiné à détruire dans leur terrier les renards et les blaireaux. à On connait depuis longtemps les effets de l’acide sul- fureux sur ces animaux, la difficulté était de faire brüler le soufre dans les terriers ; en effet, on plaçait à l'entrée d’un terrier un vase rempli de soufre allumé, puis on bouchait le trou avec de la terre et des mottes d'herbe, l'acide sulfureux qui se dégageait ne pénétrait pas à l'intérieur du terrier et éteignait le souffre, car, ne l’ou- blions pas, l'acide sulfureux n’entretient pas la combus- tion, et le renard en était quitte pour la peur. Le nouvel enfumoir a l'avantage de brûler complète- un volume ou un poids déterminé d’acide sulfureux. | L'appareil est des plus simples :il se compose d'un … tube conique en tôle galvanisée de un mètre de long; on place le tube dans le terrier en ayant soin de maintenir, LE NATURALISTE à l’aide de mottes d'herbes et de terre, la partie la plus large du tube qui ressort du terrier, et on y place alors le brûleur, composé tout simplement d'une boîte en tôle épaisse. Dans cette boite on place une cartouche spéciale com- posée de 50 grammes de soufre pulvérisé avec 50 grammes de salpêtre ; il suffit de jeter une allumette sur cette sorte de poudre pour la voir aussitôt s’enflammer et produire des torrents d'acide sulfureux. C’est qu’en effet le soufre qui ne peut brüler en vase clos, brûle au contraire avec une grande énergie lorsqu'il se trouve en contact avec le salpêtre qui lui fournit l'oxygène nécessaire à sa com- bustion. On enferme alors cette boîte dans le tube et tout l'acide sulfureux mélangé à quelques vapeurs de soufre, pénètre avec violence dans l’intérieur du terrier et en asphyxie le propriétaire. Une cartouche ainsi composée,du poids de 100grammes, produit un poids égal de 100 grammes d'acide sulfureux ; on ne peut donc obtenir une production plus grande sous un plus petit poids. En outre, cette cartouche se conserve indéfiniment et peut être employée pour la des- truction de tous les animaux ayant un terrier. Paul NoEz. LA BIBLIOTHÈQUE DE FEU MILNE-EDWARDS DIRECTEUR DU MUSEUM DE PARIS La première vente de la bibliothèque Milne-Edwards a eu lieu, comme nous l'avons indiqué précédemment, du 17 au 23 mai dernier. Cette première vente a produit tout près de 50.000 francs. Il nous semble intéressant d'indiquer les prix atteints par certains ouvrages. Annales des Sciences naturelles. (Zoologie el botanique.) Collection absolument complète, depuis l’origine 1824 jusqu'à 1.850 fr. Annals and Magasine of Natural Hislory, conducted by ardine, Selby, Hooker, Gunther, Carruthers, Francis, etc. Séries 1 à 6, 1838 à 1897, et série 7, vol. 1, 1898 à 6, 1900. : 1:590:fr. Annali del Museo Civico di Sloria naturale di Genova, pubblicati per cura di G. Doria e R. Gestro. Vol. 1 à 39, A8TO 1898 2... d'A EP EP PL A EE A EE 380 fr. Archiv. für Naturgeschichte, gegründet von A.-F. Wies- mann, forgesetz von W. Erichson, F. Troschel, E. von Martens und F, Hilgendorf. Du vol. 1, 1835 à 65, 1900. Première partie: complète, seconde complète jusqu'en 1893. De 1894 à 1898, de la seconde partie, 5 fasc., sont parus seulement. Tables de 1835 à 1 on otnnSOBONTEM Een DS 0 8 TOR oO 830 fr. Zoological Record (The). Edited by MM. Gunther, Newton, Caldwell, Bell, Beddard, Sclater, Sharp. Vol. 1. 1864 à 35, 380 fr. . Ray (P.-A.-F.). — Zoologie universelle el portative, où his- toire naturelle de tous les quadrupèdes, cétacés, oiseaux et reptiles connus, de tous les poissons, insectes et vers, etc. RATS RS STEAM ANNE pen aieie taie e tale s voue Dale late at Late se à 135 fr. GouLp (J.). — The Manunals of Australia, 3 vol., gr. in-fol. rel. 1/2 chag. tête dorée, avec182 pl. col.,......... 120°fr. Catalogue of the Birds in the British Museum. Vol. 1, 1874, à 27, 1895. 27 vol. in-80, cart. avec 381 pl. col...... 1.250 fr. Gouzn (J.). — Icones avium, or figures and descriptions of 129 new and interesting species of Birds from various parts of the Globe. Part. 1, 2, 1837-1838. London, 2 fasc. in-fol., br., 350 fr. Gray (G.-R.). — The genera of Birds, comprising their gene- ric characters, a notice of the habits of each genus, and an extensive list of species refered tho their several genera. Illus- trated with 360 plates (175 plain, and 185 col), drawn on stone by David William Michel. London, 1841-1849, 3 vol. in-fol., rel 450 fr. Error (D.-G.). — A. Monograph of the Bucerolidae of family of the Hornbills. London, 1882, 1 vol. gr. in-4° rel., 60/pléécol par Keulemans tenter... 170 fr. Error (D.-G.). — Monograph of the Phasianidae. Lon- dôn;,1872,02 vol.gr.un-fol rel:, 84 pl..4.1.4200 1.350 fr. Error (D.-G.). — Monograph of (he Paradiseidae, or Birds of Paradise. London, 1875, 1 vol. gr. in-fol. 86 pl. col. 180 fr. Error (D.-G.). — À. Monograph of the Pittidae, or family of Ant. Thrushes. New-York, 1863, 1 vol. in-fol. rel. 1/2 mar. BL OR A PAR AS LA NOR Nes 185 fr. Gouzp (John). — The Trochilidae, or Family of Humming Birds. London, 1850-1861, 5 vol. rel. 1/2 mar. 360 pl. col. PH O0MEE Mazuerge (Alf). — Monographie des Picidées ou Histoire naturelle des Picides, Picumninés, Yuncinés ou Torcols. Metz, 1861-1862, 2 vol. fol. rel. et 2 atlas, 161 pl.... 440 fr. Gouzp (John). — The Birds of Asia. Completed by R. Bowler Sharpe. London, 1850-84, T vol. in-fol. rel. demi-mar. avec BAD LACOL Rene este rleeremescencteeeenmee cu 1.550 fr. Gouzn (John). — The Birds of Australia. London, 1848- Ten0M8volmtolrel#681Mpl COS PERSO RES 3.650 fr. GouLp (John). — The Birds of New-Guinea and the Adja- cent Islands, including many new species recently discovered in Australia completed after the Author's deat by R. Rowdler Sharpe. London, 1875-1888, 5 vol. in-fol. rel. 1/2 chagr. A2 0 COLE EEE eee een che tue etc 1.300 fr. Ezxzior (D.-G.). — New and heretofore unfigured species of the Birds of North America. New-York, 1869, 2 vol. gr. INAOMMPED ECO A nent dense por des 225 fr. Veicror (L.-P.). — Histoire naturelle des Oiseaux de lAmé- rique seplentrionale, contenant un grand nombre d'espèces décrites et figurées pour la première fois. Paris, 1807, 2 vol. fol. reliure superbe, mar. vert, pl. avec armes sur les plats, AS ADE CO EE ondes near rrenne 260 fr. Bzamnvicze (M. D. pe). — Ostéographie ou description icono- graphique comparée du squelette el du système dentaire des cinq classes d'animaux vertébrés récents el fossiles, pour servir de base à la zoologie et à la géologie. Paris, 1839-1864. 4 vol. in-40 rel. de texte et 4 atlas in-fol. rel. composés de 223 De rene rire Ci remet 1.400 fr. Dresser (H.-E.). — 4 History of the birds of Europe, inclu- ding all the Species inhabiling ther Western palaearctic region. London, 1871-1882, 8 vol. in-4° rel. 1/2 chag. r. tête dorée, avec 633 pl.ucol. s. onglets... 14244." 2 1.140 fr. ScaceceL (H.)et A.-H. Wersrer DE WuLvERHORST. — Trailé de fauconnerie. Leiden et Düsseldorf (chez Arnz et Cie). 1884-1853. L'vol. in-plano rel. 16 pl. col........... 406 fr. Bosanus (L.-H.). — Analome Testudinis Europææ. Wilnæ, 1819-1821, in-fol. rel., 40 pl. dont 9 doubles. ........ 226 fr. LES PLANTES ALEXIPHARMAQUES On sait que dans les diverses contrées du globe les remèdes contre les morsures des serpents sont surtout tirés du règne végétal. Il serait bien difficile de citer toutes les plantes réputées pour leurs vertus plus ou moins efficaces contre le venin des serpents ; nous indi- querons les plus connues : 130 LE NATURALISTE Famille des Bixacées. La Guidonia ulmifolia (H. Bn.) — Cascaria ulmifolia (Wahl) est employée au Brésil sous le nom de marmaleio do mato contre la morsure des serpents. Famille des Quassiées. Deux éspèces : le Picrosma Valdivia (G. PI.) et le Cédron (Simaba Cedron, Pi.) sont employés par les indi- gènes de la Colombie. Le Cédron a la semence semblable à un haricot et composée de deux cotylédons auxquels on a donné le nom de pois de Cédron. Les Indiens percent chaque cotylédon d’un trou qui sert à le suspendre pour le porter en voyage; lorsqu'ils ont été mordus par un serpent ils en avalent une petite quantité préalablement râpée. Famille des Linacées. Une espèce très voisine de la Coca : l'Erythroxilon anguifugum (Mat.) est considérée au Brésil comme un remède souverain contre le venin. Famille des Polygalées. Le Polygala de Virginie (P. Senega, L.), qui croit au Canada et dans quelques parties de l'Amérique du Nord, est très estimé dans ces contrées où sa racine Jouit d'une grande réputation. « Cette réputation tient peut-être sur- tout à l’analogie de formes qu’on trouvait entre sa racine noueuse et la queue d’un crotale. » (Baillon. Traité de Botanique médicale.) Famille des Ulmariées. Des Müriers du genre Dorstenia : D. Brasiliensis (Lam.), D, Cayapia (Welloz), D. Multiformis (Miq.) et D. Hous- toni (L.) sont administrés en infusions alcooliques contre la morsure des reptiles au Mexique, àux Antilles et au Brésil sous le nom de racine contragerva. Famille des Rubiacées. Plusieurs espèces appartenant au genre Chiococca C.ramosa (Jacq.), C. anguifuga (Mart.) sont réputées en Amérique comme souveraines contre la morsure des ser- pents; on emploie leurs racines que l'on désigne sous le nom de Cainca ou de Raïz preta (racine noire). Celle de l'Ophiorhyza mungos, connue sous le nom de Raïz de cobra est vendue par les charmeurs de serpents comme étant douée de la propriété de faire fuir les reptiles et de neu- traliser les effets du venin lorsqu'on applique son écorce râpée sur l4 morsure, Famille des Composées. Les Eupatorium de la section Mikania, connus sous le nom général de Guaco, plantes à tiges voluhiles, ont en Amérique une grande renommée pour la guérison des morsures, principalement le Mikania opifera (Mart.), connu au Brésil sous le nom d’Erba de Cobra et le Mika- nia officinalis (Mart ) que l’on désigne dans les environs de Rio-Janeiro sous le nom de Curacao de Jesu. Les indi- gènes prétendent que l’usage externe et interne de ces plantes guérit non seulement de la morsure des serpents les plus venimeux, mais a sur elle un effet préventif très marqué. À la Colombie on inocule le suc de ces plantes au moyen d'incisions longues et superficielles aux mains et à la poitrine et l’on absorbe en même temps, trois matins de suite, une cuillerée de jus de Guaco frais. Toutefois l'efficacité de ce remède est très contestée. Ce sont probablement ces plantes dont on trouve la description et l'application dans l’ouvrage du R. P. Labat (Nouveaux voyages aux isles francaises de l'Amérique, 1722) : « La lianne à serpent vient en quantité et sans culture dans toutes les haies, lisières et halliers de nos isles et surtout de la Martinique. Sa feuille est attachée aux branches par une queue longue et déliée; elle ressemble tellement à la tête d'un serpent qu'il est diflicile de-s’y méprendre, On pile la racine et le bois de cette lianne et on en fait une tisane avec deux tiers d'eau-de-vie que l'on fait prendre à celui qui a été mordu par un serpent. Le mare attire le venin dehors et a la vertu d'empêcher qu'il ne gagne et qu'il ne corrompe les parties nobles. » Famille des Solenacées. Le Strychnos colubrina, espèce très voisine du S. vomica qui produit la noix vomique, est très estimé dans l'Inde orientale où on le désigne sous le nom de Pao de Cobra .ou bois de Couleuvre; mais ce bois n’est le plus souvent qu'une racine ayant la prétendue vertu de guérir les morsures de serpents venimeux. Famille des Aristolochices. Plusieurs espèces de cette famille ont une réputation alexipharmaque plus où moins justifiée ; ce sont l’Aris- toloche serpentante (aristolochia serpentaria, Willd.), vulgairement Vipérine de Virginie et différentes espèces connues dans l'Amérique centrale sous les noms de Bejuco curare, de Zaragaza et de Gallitos. « Je regrette de dire, écrit le D' Fayrer, que dans tous les cas où j'ai employé ces plantes j'ai eu un succès incomplet, » Famille des Aroïdacées. Une plante bien connue de cette famille, l'Arum dra- cunculus, avait autrefois la réputation de guérir les mor- sures des serpents ; le Dr Hoefer (Dictionnaire de Bota- nique pratique) donne l'explication suivante de cette prétendue vertu : « On a imposé au Gouet serpentaire (Arum dracunculus) un nom qui rappelle l'opinion ridi- cule, admise trop longtemps parmi les botanistes, d’après laquelle ils prétendaient que lorsqu'une plante avait des rapports de forme, d'odeur ou de couleur avec un animal ou quelques-unes de ses parties il en résultait des vertus et des propriétés sympathiques. Sa hampe marbrée ou tachetée comme le ventre d'un serpent a fait donner à ce Gouet le nom vulgaire de Serpentaire dans la persuasion qu'il était très propre à guérir la morsure des serpents. » Dans les autres familles végétales le Malpighia crassi- folia (Aubl.) = Byrsonima crassifolia (D. C.) est employé par certaines tribus de l'Amérique du Sud sous le nom de Chaparro manteca, ainsi que le Plumeria oborata. Au Cap, les indigènes emploient une fève blanche qui pousse dans diflérentes parties de la colonie et qu'on nomme fêve monsieur : on la coupe, on l’applique sur la plaie à laquelle elle adhère si intimement qu’on ne peut l'arracher que par la force; la fève tombe d’elle-même lorsqu’eile a aspiré tout le venin. Enfin le R. P. Labat décrit un arbre dont l’amande est employée par les nègres de la Martinique sous le nom de Noix de serpent : « Dès qu'on se sent mordu il faut casser la coque pour en tirer l’'amande, la mâcher et appliquer le marc sur les trous que les dents du serpent ont faits; ce marc fait s'élever de petites vessies qui sont remplies de venin comme une eau claire et roussâtre. » Malheureusement le venin de certains serpents est tellement actif que les diverses plantes réputées alexi- pharmaques sont inefficaces dans la plupart des cas et qu'il est reconnu nécessaire d'employer un traitement plus énergique. Albert GRANGER. LE NATURALISTE 131 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OÙ PLANTES PERENNE MSN CN ARVENSIS en ARVENSIS, OLERACEUS. . MARITIMUS. . . DA PERENNIS, SATIVA..... IBERENNIS eee eue PuncraTA, ARBOREA.. * NOM: ü? GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Ivraie Eubolia Bipunctaria Schiff. Jasmin Pericallia Syringaria L. Hemerophila Abruptaria Thnb. Jonc Nonagria Neurica H. Joubarbe Caradrina Respersa $.V. Jusquiame Polia Cærulescens B. IHeliothis Peltigera. Laitrom Agrotis Suffusa $. V. Anchocelis Humilis $. V. Hadena Chenopodii S. V. Cucullia Lactucæ $. V. — Umbratica L. Plusia Daubei B. Laitue Crateronyx Taraxaci S. V. Hecatera Dysodea $. V. Serena S. V. Polia Chi L. Euplexia Lucipara L. Aplecta Aduena $S. V. Cucullia Lactucæ $. V. Hæmerosia Renalis H. Eupithecia Expallicata Gn. Lamier Plusia Chrysitis L. Venilia Macularia L. Emmelesia Alchemillata L. Lampsane Cucullia Lactucæ $S, V. Laurier-rose Sphins Ligustri S. Deilephila Neri L. Lavande Hydrelia Numerica B. Fidonia Pennigeraria H. Lavatère Eubalia Malvata Rmb. Légumineuses Leucophasia Sinapis L. Lycæna Bœtica L. Adonis S. V. Corydon Scap. Damon $. V. Cyllarus Ratt. | MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Chenilles Papillons Lolium Juin. Juillet, août. Jasminum Mars à octobre. Juncus Juin, juillet (intérieur) Sempervivum Avril, mai. Hyosecyamus Décembre, janvier. Juin, juillet. Sonchus Printemps. Mars, avril. Juillet à octobre. Juillet à septembre. Belle saison. Lactuca Juillet. Juillet, août. Mai, août. Mai, juin. Septembre, octobre. Avril. Juillet à septembre. Septembre, octobre. Octobre. Lamiuum Juin, juillet, sept. Août, septembre. Septembre. Lampsana Juillet à septembre. Neriaum Juillet à septembre. Août, septembre. Lavandula Printemps, été Avril. Lavatera Novembre à février, Juin, septembre. Juin, juillet. Avril, mai. Mai, juin. Mai. Juin, juillet. Juin, juillet, sept. oct.|Mai à août. Avril à septembre. Août. Juin, juillet. Septembre, octobre. Mai à septembre. Juillet à septembre. Septembre, octobre. Mai, juillet à sept. Mai, juin. Mai à juillet. Belle saison. Septembre, octobre. Mai, juillet, août. Mai à août. Juin, juillet, septembre. Avril à août. Juin, juillet, Mai, juin. Avril, mai, août, sept. Août. Mai à août. Mai, juin. Mai à août. Mai, juin. Juin. Juin, septembre. Printemps, été, autom. Mai, juin. Septembre. Mai, juillet, août. Août à octobre. Mai, juillet, août. Juillet, août. Mai à juillet. HABITAT FRANCAIS Toute la France Toute la France. Indre. France centr.,mérid. et orient. France méridionale. ER l'oute la France. Toute la France. France orientale. Toute la France. Montpellier. Nancy. Toute la France, France centrale, mérid.,orient, Toute la France. France méridionale. Paris. Toute la France. Toute la France. Toute la France. Aude, france méridionale. Provence. Toute la France. France centraleet méridionale. Toute la France. Montagnes. Toute la France. ————————————_—_—_—_—_. . 132 LE NATURALISTE L'ORIGINE DE L'ANIS ÉTOILÉ Les produits les plus fréquemment employés en matière médicale et même dans l’industrie ne sont pas ceux dont l’origine est le mieux connue, Il nous suffirait de citer : la Rhubarbe, la Gutta-percha, les Caoutchoucs, le Baume de Tolu, etc., depuis longtemps déjà arrivés d'après des fruits qu’il avait pu se procurer à Londres. Au xvre siècle, les Hollandais en faisaient un fréquent usage sous le nom d'’anis de Sibérie, ce produit leur arrivant par l'intermédiaire de la Russie. Les Chinois l’exportent jusque dans l'intérieur du Turkestan sous la désignation de Fenouil de Chine, et en Chine même, la Badiane est appelée Pa-kio-nui-hiang, ce qui veut dire Fenouil à huit cornes, en raison de la forme du fruit, Elle y est employée comme condiment et comme épice, Comment une matière depuis si longtemps connue en Badianier (1!licium verum). en Europe et utilisés, avant qu'on sût exactement quels étaient les végétaux qui les produisaient, La Badiane ou Anis étoilé dont l'industrie des liqueurs fait une énorme consommation dans la fabrication de l’absinthe, de l’anisette, etc., se trouve, dans le même cas. Ce n’est même qu'en 1888 qu'on en a connu l’ori- gine. Et pourtant, le voyageur Candish l'avait apportée en Europe vers 1588 et Clusius l’avait décrit en 1604, , ° Europe, avait-elle pu rester plongée dans l'obscurité la plus complète au point de vue de son origine et de son lieu natal? La première personne qui fit observer que l’Illicium anisatum de Linné ou de Loureiro, ne pouvait pas donner l’anis étoilé du commerce, fut le D' Bret- schneider, à l'époque où il remplissait les fonctions de médecin de l’ambassade de Russie à Pékin. Il appelait l'attention sur ce fait que la plante japonaise était con- LE NATURALISTE 133 sidérée au Japon comme toxique. Cette assertion était confirmée en 1881 par M. T.-F. Eykman qui faisait connaitre le principe actif contenu dans les fruits de l'Illicium anisatum et le désignait du nom de Skimmine. Les Japonais appellent en effet Skimmi, l'Ilicium qui croit chez eux. Les botanistes ont donné le nom géné- rique de Skimmia à des végétaux appartenant à une famille toute différente. Si les Iicium se rapprochent plus ou moins des Magnoliacées, ou plutôt s'ils doivent constituer une famille propre, les Skimmia rentrent dans les Rubiacées. La même année, en 1881,le Dr Hance adressait de Pakoï, dans le sud de la Chine, à M. J.-D. Hooker, le directeur de Kew, une lettre intéressante relative à l’anis étoilé et à sa provenance, en même temps que M. Ford, du Jardin botanique de Hong-Kong, faisait parvenir en Angleterre des fruits et des fragments de feuilles de Ja plante chinoise. En 1882, de jeunes semis se développaient au Jardin de Hong-Kong et quelques-uns d’entre eux fleurissaient en 1886. La floraison avait lieu également à Kew, en 1887, sur des pieds envoyés de Hong-kong en 1883. Le moindre coup d'œil jeté sur la nouvelle plante montrait qu'elle n'avait rien de commun, en dehors des caractères génériques, avec l'Illicium anisatun du Japon. Elle se rapprochait au contraire beaucoup plus de deux espèces indiennes, l’Ilicium Griffihii H. f. et Th., et l’I. majus H.f. et Th., originaires des montagnes de Khasia dans le Bengale oriental etde celles de Ténas- sérim, ainsi que de l’I. cambodianum Hance, du Cam- bodge et de la Cochinchine. Tout en ayant avec ces plantes des caractères d’affinité, l'Ilicium auquel M.J.-D. Hooker donna le nom de verum — pour rappeler que c'est bien lui qui fournit le véritable anis étoilé — en diffère non seulement par le nombre des pièces florales, mais encore par le goût des feuilles et du fruit. Voici d’ailleurs la description de cette plante que nous traduisons de la diagnose originale de M. J.-D. Hooker : « Feuilles elliptiques lancéolées ou oblancéolées, obtuses ou très légèrement acuminées, atténuées en un pétiole court; fleurs axillaires portées sur un pédoncule court et globuleuses; folioles du périanthe au nombre de dix, orbiculaires, concaves, coriaces, les externes plus grandes et ciliées, les internes rouges; dix étamines courtes à filet confluent avec le connectif en un corps charnu subovoide, à loges adnées parallèles, un peu distantes l'une de l’autre, oblongues; huit carpelles terminés par des stigmates courts très légèrement recourbés, pro- longés en un long bec et en forme de nacelle (cymbi- formes) à la maturité. » Les mots en italique, dans la description ci-dessus, indiquent les caractères qui servent à première vue à distinguer l’Ilicium verum de llicium anisatum. Dans ce dernier, qui est fréquemment cultivé en Europe et qui supporte la pleine terre en été sous le climat de Paris, les fleurs ne sont pas globuleuses, mais plus ou moins étalées, les pétales ne sont pas concaves et arrondis et, de plus, ils sont blancs, très légèrement jaunâtres. Siébold et Zuccarini, se basant sur les propriétés réputées vénéneuses de l'Ilicium qui croit au Japon, l'avaient supposé distinct de l'Ilicium anisatum et l'avaient appelé Ilicium religiosum, en raison de ce qu'il est fréquemment planté autour des temples. On s’est efforcé pendant un certain temps de distinguer l’{Hlicium anisatum de VI. religiosum, mais tous les caractères indiqués pour les organes végétatifs ne pouvaient tenir debout et, force était de s’en tenir à la conformation des fruits, toute différente, en effet, chez l’anis étoilé véri- table et l'Hiciuwm du Japon. Les Ilicium anisatum et IL. religiosum $S. et Z. doivent donc être réunis en une seule et même espèce. Quant à l’anis étoilé, nous savons qu'il ne vient pas du Japon et que celui, qu'on utilise dans ce pays, est im- porté de Chine. C'est dans le district de Lang-Chow, sur les confins de l’Annam, et dans celui de Po-$e, limitrophe du Yunnan, que s'en fait la récolte, et c’est de là qu'il arrive en Europe par la province de Kuang-Si et par la voie de Kin-Chow. P. HaR1IoT. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS CERVUS — var. {urcicus Sous-var, — Syriacus-mihi (forme media müäle et femelle). Toutes les figures que j'ai publiées précédemment de cette magnifique variété se rapportent à la forme major,la seule que jeconnusse à cette époque. Depuis, grâce à MM. Oberthür et Boileau, j'ai pu avoir entre les mains quelques mâles moyens et la femelle. La conformation de celle-ci et la disposition des carènes céphaliques de ces petits mâles confirment plei- nement la validité de cette sous-variété, La figure 1 représente un deces mâles, Il convient de Fig. 1. — Lucanus cervus, var. Syriacus (màle) noter que, chez le Luc. Syriacus, la conformation des mandibules n’est pas moins sujette à varier que chez le Luc.turcicus où chez le Luc. cervus. 134 LE NATURALISTE Ce spécimen vient de Smyrne. Enfin la figure 2 représente, vu de profil et très réduit, le spécimen de la planche 14 du 1er volume. FEMELLE Avec la même forme générale que celle du Luc. cervus, elle a les mandibules plus grèles, la tête plus étroite et plus arrondie et le corselet un peu moins rétréci en avant: Fig. 2. — Luc. cervus, var. Syriacus. Mâle de profil (figure réduite d’un tiers). les feuillets de l'antenne, grêles, courts et hexaphylles comme chez le mâle, rappellent beaucoup comme con- formation les feuillets antennaires des femelles d'Hexar- thrius. (Fig. 3.) La coloration est en entier la même que celle des Fie. 3. — Lucanus cervus, var. Syriacus (femelle). élytres du mâle, mais plus obscure, presque noirâtre, La tête est bien moins rugueuse que chez la femelle du Luc. cervus et le corselet beaucoup moins ponctué, paraissant presque lisse, surtout sur le disque; la ponc- tuation des élytres est également moins dense. En résumé, cette femelle possède de grandes affinités avec celle du Luc. orientalis. D'après les indications qui ont été fournies à M. R. Oberthür par M. de la Escalera, les femmes Kurdes ont l'habitude de suspendre au cou de leurs enfants la tête et les énormes mandibules des grands mâles du Luc. Syriacus. LUCANUS CERVUS — var. Poujadei-mihi. J'ai eu entre les mains un troisième exemplaire de cette variété dont je ne connaissais encore que les deux spécimens types du Muséum. Ce dernier spécimen qui est la propriété de M. Boileau porte comme indication de provenance : « Ghazir ». Il estun peu moins nettement tranché que ses co-types, mais il s’y rattache cependant d'une facon certaine tant par sa conformation générale que par sa massue anten- paire et par la granulation de ses téguments. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, histo riques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement, de reconnaissance. etc. LE RAT (Suite) La quatorzième année d’'Ezéchias, vers l’an 4001 de la période Julienne, 713 ans avant notre ère, Sennachérih prit plusieurs villes de Judée, envoya un de ses généraux contre Jérusalem et marcha en personne contre les Egyptiens. Séthos régnait alors et comme, à diverses reprises, il avait gravement mécontenté la caste guer- rière, l'armée refusa de marcher, Il enrûla alors les pav- sans, les artisans, la lie du peuple ; mais, à la vue de la formidable armée des Assyriens, il eut la plus vive appréhension. Vulcain lui apparut en songe et lui dit de ne rien craindre, qu'un secours efficace lui arriverait à point. Effectivement, pendant la nuit, une multitude prodigieuse de rats des champs se répandit dans le camp de Sennachérib et rongea les carquois, les arcs et les courroies des boucliers. Les Assyriens, se voyant le len- demain sans armes, furent obligés de battre en retraite, et les Egyptiens en firent un horrible carnage. Inutile de discuter cette légende. Dans un camp de trois ou quatre cent mille hommes, tout le monde ne dort pas. Il y a des factionnaires. Il y a des rondes. Au premier bruit des crocs sur les cordes des arcs et sur le cuir des boucliers, l’alerte eût été donnée, et ces objets soustraits à la voracité des bestioles. La Bible (1) raconte la catastrophe de Sennachérib d’une manière qui parait, au premier abord, plus mer- veilleuse encore, mais qui est pourtant beaucoup plus exacte, beaucoup plus probable : « L'ange du Seigneur, dit-elle, frappa 185,000 Assyriens dans leur camp. » Frappa comment ?... Remarquons qu'elle se sert de la même expression en parlant de la peste que l'Eternel envoya au peuple juif pour punir David (Paralipomènes, I, ch. xx1, v. 15) : « Dieu envoya aussi l'ange à Jérusalem, afin de la frap- per (2)... » Or, on sait que la basse Egypte est un pays maréca- geux où les fièvres pestilentielles ne sont pas rares : l’armée de Sennachérib n’aurait-elle pas été en partie détruite, au bout d’une quinzaine de jours peut-être, par la maladie?... — L'historien Joseph l’assure positi- vement (Antiquités judaïques, X, ch. 1). Dans son- HIEROZOICON, tome II, page 432, Bochart mentionne néanmoins comme probable le récit que fait Hérodote de rats provoquant la déroute des Assyriens. « À la mort d’Anysis, roi d'Egypte, dit Hérodote, (Histoire, livre IT, ch. CXLI), un: prêtre de Vulcain, nom- mé Séthon, lui succéda. Ce roi négligea beaucoup l’ordre des guerriers, comme n'ayant aucun besoin de leurs ser- (1) IV. Rois, xix, 35. — Isaïe, xxxvir, 36. — Ecclésiastique, xLvIn, 24. — Tobie, I, 21. — I. Macchabées, vir, 19. (2) Hélas! c’est toujours le peuple qui paie pour les rois: Horace (I, ép. 11, v. 14) a dit avec beaucoup de raison : Quid- quid delirant reges,plectuntur Achivi; les Grecs paient les folies de leurs rois. — La jolie femme du malheureux général Uri coûta pas mal de morts aux Hébreux. LE NATURALISTE 135 vices. Aussi, lorsque, peu de temps après, une armée nombreuse commandée par Sennachérib, roi des Assy- riens et des Arabes, vint attaquer l'Egypte, aucun des guerriers égyptiens ne voulut marcher. Le prètre-roi, inquiet de ce refus, et incertain du parti qu'il devait : prendre, entra dans le temple de Vulcain et vint déplo- rer auprès de la statue du dieu les malheurs qui le menaçaient. Pendant qu'il exhalait ses plaintes, le som- meil s’empara de ses sens et il lui sembla voir en songe le dieu, debout près de lui, qui le rassurait et lui pro- mettait qu'avec le secours qu'il allait recevoir, il n’au- rait rien à redouter de l’armée arabe, « Confiant en cette vision, le roi rassembla tous ceux qui consentirent à le suivre et marcha sur Peluse qui est le point par lequel on peut pénétrer en Egypte, n'ayant avec lui aucun soldat, mais seulement un ramas de mar- chands, d'artisans et de journaliers. « Il était à peine arrivé, qu'un nombre infini de rats champêtres se répandit dans le camp ennemi et, pen- dant le cours d'une seule nuit, rongea si bien les cordes des ares, les carquois, et jusqu'aux attaches des bou- cliers, que l’armée, privée de l'usage de ses armes, fut contrainte de prendre la fuite le lendemain. Poursuivie par les Egyptiens, elle perdit beaucoup de monde. « En mémoire de cet événement, on voit dans le temple de Vulcain une statue de pierre qui représente Séthon tenant dans sa main un rat avec cette inscription : En me voyant, apprenez à révérer les dieux. » . Les invasions des rats obligèrent souvent les habitants à fuir devant leurs grouillantes cohortes. Strabon parle de celles qui avaient fréquemment lieu en Ibérie (livre III, ch. vr) et en Cantabrie (III, xvin), et qui nécessitaient des chasses en règle contre ces ani- maux, causes, très souvent, de maladies épidémiques; les Romains, dit Strabon, promettaient une prime par tant de rats tués. En arrivant de Crète, dit-il encore (XIII, xLvin), les Tauriens furent avertis par un oracle d’avoir à fixer leur demeure dans le lieu où ils auraient été assaillis par les enfants de la terre ; or, ils le furent, dit-on, aux environs d'Hamaxitos : la nuit, il y eut comme une éruption de rats des champs qui, sortant de terre, vinrent dévorer tout le cuir des armes et des ustensiles des Tauriens. Ceux-ci, naturellement, s’arrêtèrent en ce lieu, et c’est à eux qu'on attribua d'avoir donné à la montagne le nom d'Ida, en souvenir de l'ile de Crète. Mais Héraclide de Pont prétend qu’à force de voir les rats pulluler aux environs du temple, la population en était venue à les considérer comme sacrés et que c'est pour cela unique- ment que la statue du dieu le représente un pied posé sur un rat. » > Il s’agit ici de la statue d'Apollon Sminthien, sur- nommé le fléau des rats, qui se trouvait dans le temple de ce dieu, à Chrysa, ville située près de l'ile Tenedos, immortalisée par Virgile; cette statue était de Scapas le Parien. Cette épithète de fléau des rats, donnée à Apollon, est mentionnée par divers auteurs : Macrobe (Saturnales, Liv. I, ch. xvin), Lactance (1, vi), Arnobe (Disputatio adversus gentes, IT, XXI), etc. Rutihius Rufus parle aussi d'habitants fuyant devant l’invasion : Dicuntur cives, quondam migrare coacti, Muribus infeslos deseruisse lares. « On dit qu'autrefois des citoyens, contraints d'émi- grer, abandonnèrent aux rats leurs foyers infestés (par les rats). » Ils chassèrent aussi les Abdéritains de leur patrie, sous le règne de Cassandre, roi de Macédoine, l’un des successeurs d'Alexandre, comme aussi les habitants de l'ile Cyaras, ainsi que nous l’avons vu plus haut. Plus près de nos temps, en 1760, la ville de Jaïk, en Sibérie, fut envahie par une formidable quantité de rats, etils daignèrent laisser aux habitants un petit quartier dans lequel ceux-ci s'étaient réfugiés. Evidemment,lasuperstition ne pouvait manquer de s’em- parer de ces faits; ces invasions de rats n'étaient qu’une manifestation de la colère du Tout-Puissant ; il se servait même de ces rongeurs pour châtier les coupables. C'est ainsi qu'un archevêque de Mayence fut arraché de sa tour, trainé jusqu'au milieu du Rhin et noyé par une armée de rats suscités par Dieu lui-même; et ils ne se retirèrent satisfaits, dit l’histoire calviniste, qu'après avoir fait disparaitre à coups de dents, des tapisseries saintes, le nom et l’image de limpie. Un rat enseigna à Diogène le détachement complet des choses de ce monde; et voici comment Plutarque raconte l'événement dans l’opuscule intitulé : Comment l’on reconnaitra que l'on fait du progrès dans la vertu (chap. v): «.…. Diogène de Sinope avait commencé à devenir philosophe et, précisément, Athènes était en fête. C'étaient des banquets aux frais de la cité, desspectacles, des réunions, des réjouissances qui duraient toute la nuit. Diogène, dans un coin de la place, s'était ramassé en peloton comme pour s'endormir; mais il se laissait aller à des réflexions qui l'agitaient singulfèrement et le décourageaient; il se disait tout bas que, sans y être contraint par aucune nécessité, il s’étail engagé dans une vie aussi pénible qu'étrange, s'imposant de lui- même la privation de toutes les jouissances. Sur ces entrefaites, dit-on, un rat vint, trottinant, rôder autour des miettes du pain grossier qui lui servait de nourri- ture. Il sentit aussitôt son courage se ranimer et il se dit à lui-même, comme pour se réprimander et se faire honte : « Que dis-tu, Diogène? celui-ci fait son repas et son régal de ton superflu et toi, fameux brave, en vé- rité, toi, parce que tu ne t'enivres pas là-bas, couché sur des coussins moelleux et brodés de fleurs, tu gémis et tu te lamentes ?... » Dans l’Amour des richesses (chap. vir) il parle des rats qui mangent de l'or : «.… Ils sont comme les rats qui vivent dans les mines et qui y mangent de la terre mélangée d'or : on ne peut tirer d'eux le précieux métal que quand ils sont crevés et qu'on leur a ouvert le ventre. » Dans ses Symposiaques (livre V, question x, chap. #), il explique d'une manière fort élégante la croyance à l’action fécondante du sel sur les femelles des rats : «.… On estime que le sel n’est pas un médiccre agent de fécondité... Les navires employés au transport du sel produisent une multitude infinie de rats parce que les femelles, au dire de quelques-uns, y deviennent pleines sans le concours des mâles quand elles ont léché du sel. Mais ilest plus vraisemblable que la salure détermine des démangeaisons dans les parties naturelles de ces ani- maux et les provoque à s’accoupler. » (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. ea] fe un = < = =) = “ Æ LE 156 *INAATNOH ‘TI S97119S ‘He snII0SeQ "PO eTIQU'A 0 "7 ‘oxex o99ds9 opnos aun ed oouraf uo gquosoadar ‘erIQuA o1ue8 9j uyquy INVISNO") (ouais y) tee -(087 ‘8y) soqoaeu anod soowaoquoo soyjed say sono, By) doqnes anod Sa9UtIOJU09 J9 S99pUAr sad} sassino so quefe Sainoniojue S9)18q ss... nn tete (08I ‘Sy) 14009 sdaoo ‘(sopruoydin) sarpouer sues sosae]r, “(LLI ‘8y) oueunef su8 un,p soxj{[o {oSuoyre sdio9 {snossop u9 Se[[owue] 2p SIUNU S2S4R)], (8Lr SU) P4OTIQ uOU sosie} Sop ‘Je OWJenŸ (UP TS ST) OO } SOSIC] S9P ‘JIe OWATJENT) | | | ‘sonb18 -ojoydiou sor9joeieo sos aed SsopllIoSe( Se1mne Sap IOUSI0[9,S [ques S7Sn] *Saplo -UIRH S2] ouuo9 quones s[Lnb 99 sooqquor quos soinorosod soyyed sap sossino say onb jnes ‘sopojopy So] anb sorgqoeies souigur soj quopassod saqit9S sa ‘9109 O[ ANS UOU J9 JU9P9991d NP 9JIW9A1JX9, R 919SUI JS XNEI -] sodyed sop oponue ,2 97 sopponbsor zoyo so9odso xne 9440594 979 e ‘pnxÂeq 1ed osoduur ‘uoydAn op wou of j9 ‘SN49P7S97 S0p0japy ANOË RIRIOTITN 94U98 9] 114819 UOSWOUL, ‘SOpluNy XNo1] S0p soque[d Soj ans jueAIA ‘So[qIXOf} J9 SnoU sjuouma9} 8 SoJ2osur s}1j0d op JU0S 99 : S9]911PA no S999d$9 $ juouroJuor ‘271 SSPOISH S2'T ‘auuopueqe 94,9 Juonbosuos aed }10p Je snjloseq 9p Imf99 r soouur Xn9pP 9pP Anar19)S0d 3s9 (29130n$ puny) MAR 18d so79osut $99 e ouuop 2doy ,p wou 97 ‘XNP9SSINI SOP PI0Q 9] ANS NO SIPIJ SI0Q SO] SuEp sossvq sojue[d S9] INS JU9WYIOST 2ANO1 UO onb sAwa409 ‘q 91 onb oouvay u9 puoadwos ou ‘(sa729s UT] “D AAU90 ‘20109 SP ‘204T) JGLE U9 jouet ed 994 ‘snt9se °1u98 97 ‘sonbrwuoque soxggoeaeo sos 4ed onb Satoey uos 4ed 3914 souroposrregy saine sep onS8urnsip os oqjrurez 97194 97399 (098T ‘Sppnotiae ‘urrue sop soroads) “909 SHATTITOSVE UBT — XI SATTIAHNLVN SHONAIIS SH HAALIOQ L'HAHMATILIONH JuuISU0» Va AU SALILAOMTON saq TA VA HALSATII HAÔILAIVNV VHANHIO | l | 23° ANNÉE 9e SÉRIE — N° 3<43 15 JUIN 1901 DE RME A EE PR PRE EE ER GR EE RE EE Per LES ORIGINES DE LA TERATOLOGIE Si merveilleux que soient les phénomènes habituels, ils ne nous émeuvent pas au même degré que la moindre anomalie : une éclipse de soleil effraie, mais on trouve très ordinaire que chaque matin cet astre apparaisse à l'horizon. Aussi la naissance de monstres a-t-elle toujours excité au plus haut point l’étonnement des hommes. Pour les comprendre ils eurent recours aux explications les plus enfantines qu'ils fixèrent dans les mythes et les contes populaires. Même les auteurs de la Renaissance et des temps modernes y ajoutèrent foi, Une femme peut engendrer des animaux.— En effet, cer- tains monstres ont une ressemblance parfois assez accen- tuée avec des animaux. De nos jours encore cette croyance est enracinée chez bien des gens, et nos jour- naux politiques annoncent de temps à autre que telle femme a accouché d’un crapaud ou d’un singe. Le pseudencéphale ressemble quelque peu à un cra- paud, avec sa tête sans front et sans vertex, engoncée entre les épaules et surmontée d'une tumeur sanguino- lente, sa face très développée et dirigée obliquement, son nez large et épaté, sa bouche entr'ouverte, ses yeux vo- lumineux saillants, ses oreilles déformées à la conque dirigée horizontalement où même tombante. Si on pense qu'Aldrovandi, au xvi° siècle, reproduisait dans son traité l’image d’un crapaud dont avait accouché une femme de Thuringe, on ne s'étonnera pas qu'autrefois les Egyptiens aient pris un anencéphale pour un singe. Ceci ressort de la curieuse histoire qui arriva à J.-G. Saint-Hilaire (1). Une momie rapportée en 1846, d'Egypte, par M. Passa- lacque et aujourd’hui au musée de Berlin, provenait des catacombes d'Hermopolis, sépulture des singes et des 1bis sacrés. Auprès d'elle avait été déposé dans la même pose accroupie son double, amulette de terre-cuite, repré- sentant un singe. Quand on défit-les bandelettes, on dé- couvrit que le prétendu singe était un fœtus humain anencéphale, Les Egyptiens étaient si persuadés avoir affaire à un singe que, suivant la pratique ordinaire des embaumements, ils avaient fait pour extraire l’encé- phale absent une ouverture à la partie supérieure du nez. S1 les femmes peuvent engendrer des animaux, réci- proquement les animaux peuvent procréer des humains. Ces croyances, si fréquentes dans la mythologie antique, se retrouvent dans les légendes populaires du moyen âge. Attila serait fils d’une femme et d’un chien, Pour plusieurs auteurs allemands et suédois, Suécon, roi de Danemark, eut pour bisaieul un homme velu, fils d'un ours. De même la plupart des tribus sauvages s’imaginent avoir pour ancêtres des animaux qui les protègent : ils respectent ces animaux qui Sont pour eux un totem. Monstres partie homme et partie animal. — D'autres monstres furent regardés comme composés de parties humaines et animales juxtaposées. Les savants de la Re- naissance, Licétus, Aldrovandi, Pallyn, Ambroise Pa- ré, etc. (ils se sont tous copiés), sont riches en interpré- (1) J.-G. Sainr-Hiaime. — Hist. des anomalies, 1. Il, p. 363. Le Naturaliste, 46, rue du Pac, Paris. tations de ce genre. Ils nous décrivent un monstre à corps humain et tête d'éléphant., En effet, le monstre rhi- nocéphale possède réellement une trompe au-dessus de l'œil, et mieux encore l’otocéphale subit un arrêt de dé- veloppement des maxillaires et la peau de cette région arrive à former une saillie parfois assez développée pour mériter le nom de trompe. Il existerait encore un monstre à corps d'homme, et à long cou surmonté d'une tête de canard ou de grue: il rappelle le monstre hémicéphale. Le 4 juillet dernier, à Cleisdortf, nous dit Schencko, en 1609, est né d’une vache un monstre à corps de bête et à tête humaine, avec une barbe, des oreilles hu- maines, des cheveux rares, deux mamelles pectorales, D'une jument est né un cheval à tête d'homme dont la voix était humaine, Riolan nous rapporte encore l'his- toire d'un homme né d’une vache et qui avait envie de paitre l'herbe et de ruminer : il s’agit ici des transfor- mations de la personnalité observées dans l'hystérie et la folie. Mieux encore les auteurs de cette époque imagi- nérent deux fœtus, l'un blanc, l’autrenègre, unis comme les sœurs Millie-Christine, ou même un homme accolé à un loup. Si des savants n’ont pas craint d’altérer ainsi la vérité, quelles chimères ne devait pas créer l'imagination popu- laire plus libre encore | La genèse des monstres. — Les causes de la formation des monstres n’embarrassèrent pas davantage les théori- ciens primitifs. Qu'ils proviennent d'une femme ou d’une bête, des rapports contre nature avaient présidé à leur formation. Ou bien encore leur naissance était l’œuvre des démons ou des dieux, soit par action directe, sur la femme qui accouche,soit par substitution opérée en elle. En ce dernier cas, le démon remplace dans la matrice le fœtus par un monstre.Cette croyance persistait encore au temps de Licetus : « L'opération du démon peut, dit cet auteur, faire dégénérer la liqueur séminale d’une espèce en celle d'un animal inférieur. » Pourtant, depuis des siècles, les sages de la Grèce avaient substitué aux croyances fétichistes des théories métaphysiques plus raisonnables. Suivant Empédocle, dont les opinions nous ont été transmises par Plutarque, les monstres s’engendrent — nous employons ici les expressions du traducteur Amyot— « pour y avoir trop ou trop peu de semence,ou par la turbulence et perturbation du mouvement, ou pour ce qu'elle se divise en plusieurs parts, cu pour ce qu’elle panche ». Toutes ces causes ont ceci de commum qu'elles peu- vent se résumer dans le trouble ou l'imperfection de l'acte fécondateur. : Il en est à peu près de même des explications fournies par Aristote et de toutes celles imaginées par les savants, jusqu’au xvi® siècle : étroitesse de la matrice, trop grande viscosité, etc., etc. Tellement l’esprit humain est apte à se payer de mots. Importance sociale des monstres. — Suivant qu'on les regardait comme l’œuvre des dieux ou des démons, les monstres furent adorés ou détestés., Le plus souvent, ils apparaissent comme de funestes présages et étaient tués sans pitié : la loi romaine des Douze Tables ordon- nait la mort de tous les monstres. Les Athéniens n'étaient pas moins sévères. À Syracuse, on se le monstre en public pour que la personne apte dans l'art d'expliquer les prodiges püt en révéler le sens. Apollo- 138 nius de Tyane rapporte que de son temps on exposa ainsi un fœtus tricéphale (1). Les Assyriens surtout étaient habiles devins. On à retrouvé dans les tablettes de Ninive les prédictions appliquées à 72 différentes monstruosités humaines (2). Le Moyen Age et la Renaissance furent aussi cré- dules et impitoyables. Ils brülèrent vifs les hermaphro- dites, comme possédés du démon. Riolan, le premier, au Xvue siècle, fit entendre quel- ques paroles d'humanité : « On peut se dispenser de faire périr les sexdigités, les macrocéphales, les géants et les nains, il suffit de les reléguer loin de tous les regards. » Mais Riolan restait impitoyable pour l'herma- phrodite : Quant à l'être, qui moitié homme, moitié femme, fait injure à la nature, il doit être mis à mort. » Par contre, certaines anomalies moins graves étaient d'un heureux présage. Venir au monde la tête recou- verte des membranes de l'œuf, autrement dit coiffé, porte bonheur, en certaines provinces de la France ; en Bretagne, les jeunes gens conservent leur coiffe, qu'ils portent en amulette le jour du tirage au sort. Naitre avec ses dents fut pour les anciens un heureux présage. Mais de nos jours les Béchuanas redoutent et immolent les enfants si précoces. Le nouveau-né taitien qui porte deux tours de cordon ombilical autour du cou deviendra un vaillant guerrier. La naissance de deux jumeaux est tantôt un heureux (Bénin), tantôt un mauvais présage (3) (Vieux-Cala- bar, Guinée, Béchuanas, Esquimaux, Comanches, Guyane, etc.) et alors ils sont immolés. Ils résulteraient d'un commercé avec les esprits (ville d’Arobo dans le royaume de Benin) ou simplement d’un adultère. La mère est comparée à une chienne (Comanches); pour les éviter, les Hottentots s’enlévent le testicule gauche. L'enfant sorti par opération césarienne était pour les Romains assuré des plus hautes destinées. Shakespeare fit naître ainsi le vainqueur de Macbeth. Monstres divinisés ou redoulés comme démons. — Sou- vent les humains, regardant les monstres comme l’œuvre de Dieu, arrivèrent à les diviniser et pour leur consa- crer un culte reproduisirent leur image. Les insulaires des iles Sandwich adoraient une statue en basalte repré- sentant un monstre iniodyme avec deux têtes et deux corps soudés : cette statue est conservée au Muséum. Citons encore au musée de Copenhague une énorme trompette en or décorée au repoussé, découverte dans les tourbières du Danemark; une bonne reproduction en existe au musée de Saint-Germain. Des animaux, des hommes y sont dessinés, et, entre autres, un corps d'homme porteur de trois têtes, qui rappelle complète- ment les monstres tricéphales. D'ailleurs l'aigle à deux têtes figure encore sur les étendards, les sceaux, les timbres-poste et tous les actes civils de certains Etats (Austro-Hongrie, Russie, etc.). L'animal monstrueux fut longtemps regardé comme porte-bonheur par tout un peuple qui par habitude en conserve aujourd'hui pieuse- ment l’image, D’autres fois, ces monstres sont des puissances mal- faisantes, des démons qu'il importe soigneusement (1) Vie d'Apollonius de Tyane. Traduction Chassaing, p. 196. (2) François Lexormanr. Divinalion et science des présages chez les Chaldéens. Maisonneuve, 1875. (3) Wirxowski. Histoire des accouchements, pages 196, 208, 238, 241. LE NATURALISTE a ————_—_—_—_—_—_—.]——————— —]— d'éviter. Ainsi les albinos vénérés dans certaines régions d'Afrique sont tenus à l'écart à Ceylan et à Panama, Au Moyen Age, les démons furent souvent représentés comme des monstres par inclusions fœtales. Un mot d'explication est ici nécessaire : Un jumeau incomplète- ment développé peut s'insérer sur une partie du corps de l’autre fœtus ; le parasite peut se réduire à une tête plus où moins imparfaite qui s'implante sur le ventre, le pubis, le membre inférieur... une partie quelconque du corps. Ces faits, aujourd’hui bien connus, avaient provoqué chez les savants du xIvV° au xviie siècle la création d'êtres singuliers : corps humain qui avaient en divers endroits sur la poitrine, le ventre, les membres, des têtes surajoutées. Ainsi un monstre dessiné par Collin de Plancy en 1545 avait des yeux de chat au-dessous du ventre, une tête de chien à chaque coude et à chaque genou, deux visages de singe en relief sur l'estomac, etc. De même Licetus cite des monstres hétérodymes avec une tête qui sort de l'ombilic, ou avec des têtes de chiens à toutes les jointures des membres. Les imagiers du Moyen Age représentèrent aussi le diable d’après les dessins que leur fournirent les savants de l’époque. Sur une miniature du Saint-Graal, manus- crit du xve siècle (Bibliothèque nationale de Paris) le prince des ténèbres est un homme velu à trois têtes avec cinq figures humaines sur les genoux, le ventre et le thorax. Admirez le fronton de la cathédrale de Bourges, Les peines de l'enfer y sont représentées par la grande chaudière infernale où les recrues tombent en foule poussées par des démons étranges. Ces êtres, à aspect humain, se compliquent d’autres figures incluses sur leur corps. Outre leur facies propre, un autre est dessiné sur l’ombilic, sur le pubis, sur les fesses, les seins; sans parler du démon dont la queue, terminée par un ser- pent, mord les pécheurs, ou de celui dont les fessiers sont ornés de deux ailes. Ces artistes connaissaient donc la tératologie telle qu'on l’enseignait de leur temps et ils s’en sont fidèlement inspirés. Les contrées éloignées seraient habitées par des peuples étrangers rappelant les monstres. — Les anciens créèrent ainsi des races de cyclopes et de centaures ; ces croyan- ces persistèrent pendant le Moyen Age et la Renaissance de sorte que les livres de cette époque nous font com- prendre les légendes antiques. Un des plus anciens volumes traitant des monstres, la Chronique de Schedel imprimée à Nuremberg en 1495, représente une série de monstres les uns cyclopes, les autres sans nez, Ceux-ci avec un seul pied, ceux-là sans tète et la face placée sur le corps, ou encore avec jam- bes et pieds bots, etc., etc.; tous ces êtres sont décrits comme des habitants de contrées éloignées. Prenons, par exemple, les cynocéphales,,ces hommes- chiens si connus de l'antiquité. Pour les auteurs du xive siècle, ils habitaient les Indes ou l'extrémité méri-- dionale de l'Afrique (1). Aldrovandi figure un homme et une femme velus, de la contrée Cinnamine, et un autre cynocéphale qui marche en s’aidant des mains. A côté il représente des êtres congénitalement velus. Il rapproche donc les cas tératologiques de ces races imaginaires qui en sont dérivées. Les hommes velus inspirèrent de même aux anciens l'idée des cynocéphales, car ils leur rappe- (4) Corner, Les monstres dans la légende et dans la nature. Paris, H. Cordier, 1890. ; LE NATURALISTE 139 LLC SE AR UE D PL ER RC EE ER EE ES RS laient les singes de ce nom, et peut-être aussi avaient-ils remarqué que certaines races humaines étaient très velues. Les Japonais glabres, voyant les Aïnos velus, croyaient bien qu'ils avaient le chien pour ancêtre. D'une part, monstres couverts de poils et rappelant les singes cynocéphales; de l’autre, races humaines velues : voilà plus de raisons qu'il n'en fallait pour créer la lé- gende des cynocéphales. L'idée du peuple centaure provient aussi de la térato- logie. Pour les anciens, un centaure peut naître d'êtres normaux. Cette croyance persista pendant la Renais- sance : ainsi Licetus cite, d'après Plutarque, un centaure né d’une jument et d’un berger, et il considère comme vraisemblable que le Minotaure est issu de Pasiphaé et d'un taureau. Le centaure est bien une anomalie, car Aldrovandi en dessine un qui, outre sa tête humaine et un corps d'homme, a deux avant:-bras greffés sur le bras droit. Pour le peuple, un poulain hydrocéphale {1) est un cheval à tête humaine: elle est issue d'un acte de sodomie. L'hydrocéphalie, en effet, élargit le crâne et hausse le front. Le musée de l’école de médecine de Li- moges conserve un cheval hydrocéphale empaillé; la tête énorme rappelle la figure humaine. L'idée de centaure une fois admise, rien de plus facile à l'imagination populaire que d’en faire le représentant égaré d’une nation lointaine. Une idée symbolique fortifiait encore cette légende des Scythes qui vivaient perpétuellement sur leur monture comme s'ils étaient soudés à elle. Voyons encore les sirènes, ces femmes aux formes admirables, aux membres inférieurs soudés en queue de poisson. Elles ont eu peut-être pour point de départ les monstres syméliens dont les deux membres inférieurs unis se terminent par deux pieds opposés par le talon. Ce monstre rappelait l’animal marin appelé sirène, dont la tête a quelque ressemblance avec celle d’un être hu- main et qui est pourvu de -mamelles. Ces sirènes accom- pagnaient les bateaux en chantant, comme aujourd'hui les bandes de phoques luttent de vitesse avec nos ba- teaux à vapeur. Les anciens symbolisaient ainsi la sirène aux attraits apparents, mais dont la queue laide et informe reste cachée. On pourrait étudier de même les Cyclopes, les Sa- tyres, etc. Mais ce serait abuser, et les exemples précé- dents suffisent à montrer comment l'imagination hu- maine a créé ces êtres légendaires en prenant pour point de départ la tératologie, Dr Félix REGNAULT. GLISSEMENTS DE MONTAGNE Nous sommes accoutumés à considérer les montagnes comme le symbole de l’immobilité; seuls, semble-t-il, des bouleversements tels que les tremblements de terre (1) Ce ne fut pas la seule maladie que les savants de la Re- naissance prirent pour une monstruosité. L’ichthyose congéni- tale à fourni à Aldrovandi l’idée d'un monstre humain couvert d’écailles. 7 La neurofibromatose généralisée, qui n’a été étudiée qu’en ces derniers temps, était aussi connue de cet auteur, Il en dessine un cas comme un monstre congénital. ou les éruptions, doivent avoir la puissance de vaincre leur immuable fixité. Les changements de place des montagnes eussent été des miracles pour les anciens; si nous n’en avions la preuve, les récits de ces phéro- mènes nous laisseraient incrédules : mais, en Ce mo- ment même, ils attirent sur la Suisse l'attention des gé0- logues et des ingénieurs. Sur la rive droite de l’Areuse, rivière qui prend sa source dans le Jura et se jette dans le lac de Neufchâtel, estsituée une montagne, le Furcil, dont la base composée de marnes bathoniennes est activement exploitée pour la fabrication du ciment, On a malheureusement trop compté sur la solidité du sous-sol, et la montagne, minée par sa base, menace de se déplacer en avant et de s’ef- fondrer dans le lit de la rivière, et de la couvrir de ses roches et de ses déblais sur une longueur de plus de 200 mètres. Ce glissement serait une véritable catastrophe pour cette région si industrielle de la Suisse, car l'Areuse fournit la force motrice et la lumière électrique à de nombreuses usines et même aux villes de Locle, de la Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel, célèbres par leurs 1m- portantes fabriques d’'horlogerie. Toute cette montagne est entaillée de crevasses trans - versales et longitudinales, lesquelles semblent émaner d’un centre commun ; elles sont au nombre de 11; l’une d'elles mesure 3 mètres de profondeur sur 0 m. 35 de largeur, avec une différence de niveau de 0 im, 25 entre les deux bords. On évalue à une surface d'environ trente mille mètres carrés la partie qui menace de s'effondrer, ce qui ferait un volume de près d’un million de mètres cubes de terres et de roches. D’après les géologues suisses, cette masse ne tardera pas à s’écrouler; aussi les ingénieurs ont-ils pris toutes les précautions nécessaires : blindage des conduites d'eau, murs de soutènement pour les terres, triangulation exacte du terrain, etc., ont été faits. Mais les habitants considèrent cette catastrophe prochaine avec une grande insouciance, et disent que de tout temps la montagne a remué; d’ailleurs, en 1896, une partie de la route s’est déjà effondrée. Un événement semblable, mais plus précipité, vient d'avoir lieu en Italie, le 21 mars dernier, dans la vallée de la Scoltena. Le village de Vaglio, situé à 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, glissa sur une pente, et provoqua dans son glissement des soulèvements de terre et des éboule- ments qui engloutirent maisons et arbres situés au-devant de lui. Les habitants n’eurent que le temps de se sauver en emmenant leurs bestiaux et emportant quelques meubles. Le lit de la rivière fut déplacé et forma un lac de plus de deux kilomètres carrés. On attribue ce glis- sement à des infiltrations d'eau qui s’amassèrent à la surface d’une couche d'argile, et par suite de la pression, le terrain sur lequel était construit le village glissa sur sa pente. Une catastrophe semblable menace de se produire dans notre pays. Le village de Peuilhe près de Millau (Aveyron), comptant environ 250 habitants, tend à glisser dans le Tarn : la roche, toute fissurée par les eaux, me- nace de se disloquer. À ces phénomenes actuels on peut ajouter les plus cé- lèbres d’entre ceux d'une époque un peu plus reculée. Nous citerons le glissement de la montagne du Rossberg, en Suisse; à la suite de pluies, en 1806, le conglomérat 140 LE NATURALISTE dont elle était formée se trouvant délavé dans l'argile, glissa sur sa base et ensevelit les trois villages de Goldau, Utterrothen et Busingen, coùtant la vie à 457 personnes. En 1885, le versant boisé du Plattenberg près d’Elin (Suisse), miné à sa base par des exploitations de schistes, glissa et déversa dans la vallée de la Musli plusieurs mil- lions de mètres cubes de débris, Des éboulements considérables ont lieu parfois dans les montagnes, et changent considérablement le paysage. C'est ainsi qu’en 1835, une grande partie de la Dent du Midi s’écroula, dans le Valais, et que les Diablerets, si- tués au commencement des Alpes Bernoises, perdirent en deux fois, en 1714 et 1749, environ 50 millions de mètres cubes de déblais. Ces événements, dont nous n'avons cité que les princi- paux, sont relativement rares à notre époque. Ils sont dus à des phénomènes météorologiques : les eaux pro- venant des pluies et de la fonte des neiges s'infiltrent entre les roches, et, pendant les gelées, font éclater faci- lement la pierre, désagrégeant les terrains et contribuant ainsi à la dénudation des hautes chaînes de montagnes. Au travail des eaux sont dus les sommets si curieuse- ment déchiquetés de nos Alpes et de nos Pyrénées. Ces glissements de terrains ont dû être très fréquents aux époques géologiques; la fragilité de l'écorce ter- restre était bien plus grande que de notre temps, et de tels bouleversements devaient changer complétement la direction des couches et des assises géologiques lors de leur formation. E. MASSAT. L'ARC-EN-CIEI. Dernièrement, au commencement de mai, en chemin de fer, par un temps variable où le soleil alternait avec des giboulées de pluie, nous avons eu occasion dé voir plusieurs arcs-en-ciel. Nous avons assisté à leur formation et à leur disparition succes- sives. Nous avons ainsi pu faire des remarques qui nous semblent intéressantes et peut-être nouvelles. On sait que l’arc-en-ciel, pendant l'après-midi, se produit toujours à l’opposé du soleil, c'est-à-dire à l'Est, puisque cet astre est alors à l'Ouest. De plus, l’arc-en-ciel apparaît généra- lement après la pluie. Il faut donc que l'atmosphère soit alors chargée d'humidité, pour qu'il puisse se produire; mais il n’en faut ni trop ni trop peu. C'est ainsi que l'on ne voit pas d’arc- en-ciel par un ciel serein, ni pendant la pluie. On peut l’obser- ver par une petite pluie fine, à la fin d'un orage par exemple; mais il ne se produit que dans les régions de l'atmosphère où la pluie a cessé de tomber. $ On connait le phénomène physique de la dispersion des rayons lumineux et de leur réfraction, qui donne naissance à ce brillant météore. En quel endroit du ciel se produit l’arc-en-ciel? Voilà une question très curieuse, que nous nous proposons d’élucider. Parmi les trois arcs-en-ciel que nous avens pu examiner ce jour- là, en moins d'une demi-heure, le premier était de toute beauté. Il était un peu plus foncé au nord qu’au sud; au nord, le ciel était brumeux, tandis qu'au sud il était plus clair. Or il était facile de voir qu'il était très éloigné. En effet, son arc lumineux s’arrétait net au-dessus des forêts de l’horizon, à 2 ou 3 kilom. de là. Au contraire, le second arc-en-ciel, un peu plus pâle que le premier, qui brilla 20 minutes plus tard, était plus rapproché de nous que le précédent. En effet, on voyait très bien ses bandes lumineuses passer en avant d'un bois placé à 200 ou 300 mètres à peine de la voie du chemin de fer. Là, ses bandes colorées étaient très peu accentuées; mais elles formaient une sorte de ruban lumineux, qui éclairait la teinte foncée du bois, sur le prolongement de l’arc-en-ciel. Il n'y avait pas moyen de s’y tromper. Cette observation nous montre tout de suite la profondeur considérable d'un arc-en-ciel, considéré dans le sens de son épaisseur à travers l’espace. L’étendue de l’atmosphère saturée d'humidité, occupée par chacune des zones colorées de l’arc-en-ciel, est plus ou moins variable, suivant son éclat; mais elle est considérable par rapport à celle que l'on se figure habi- tuellement. ] L’arc-en-ciel n’est pas comparable à un coup de pinceau don- né dans le ciel ; c’est au contraire un vaste espace en travers, d'une épaisseur de plusieurs centaines de mètres, formant un arc de plusieurs kilomètres d’étendue en longueur. C’est l'épais- seur de l’arc-en-ciel, qui seule attire ici tout particulièrement notre attention. Elle est si grande, que c'est à peine si, sur 200 mètres d'épaisseur, on peut distinguer les unes des autres les diverses bandes colorées d'un arc-en-ciel. On peut estimer par là qu’un magnifique arc-en-ciel, orné de riches couleurs, peut avoir plus d'une lieue d'épaisseur. Un arc-en-ciel à cou- leurs moins vives aura moins d'une lieue d'épaisseur; mais il aura rarement moins d’un kilomètre, sans quoi on ne distingue- rait plus que faiblement ses couleurs les unes des autres. De sorte que, quand on voit un arc-en-ciel s'évanouir peu à peu, cela tient uniquement à ce que son épaisseur diminue de plus en plus. Par épaisseur, nous entendons, non pas sa hau- teur qui reste toujours la même, mais l'étendue transversale de l'espace mesurée sur la ligne qui va de notre œil au ciel, à tra- vers l’arc-en-ciel : la vapeur d’eau contenue dans l'espace, qui décompose la lumière, sur la ligne partant de notre œil, comme sommet du cône ayant l’arc-en-ciel pour directrice. C'est cet es- pace, rempli de vapeur d’eau plus ou moins condensée, qui est considérable et que nous appelons l'épaisseur de l’arc-en-ciel. Ce qui nous permet de nous en rendre compte,-c'est précisé : ment cette bande lumineuse si pâle, qui prolonge l’arc-en-ciel au-devant d’un bois situé à 250 mètres environ de la voie fer- rée, sion compare cette bande lumineuse aux bandes colorées de l’arc-en-ciel lui-même. On sait que l’arc-en-ciel n’occupe pas toujours toute l'étendue du ciel, mais que souvent l'arc-en-ciel ne présente que Je tiers ou le quart de cette étendue. D’autres fois, les deux extrémités de l’arc-en-ciel sont seules visibles. Le troisième arc-en-ciel que nous avons vu dans la même journée, n'occupait que le quart seulement de l'étendue qu’il aurait pu avoir, s'il avait été complet. Généralement, les arcs-en-ciel disparaissent en s’éteignant progressivement, c’est-à-dire en diminuant d'éclat, tandis qu’ils sesont formés en sens inverse, en augmentant d'éclat plus ou moins rapidement. Mais ils peuvent encore disparaître d’une autre façon. Ainsi, par exemple, le premier arc-en-ciel, qui était si brillant, a disparu du côté du Nord, où il était le plus lumi- neux, en étant masqué par une brume épaisse, qui s’éleva petit à petit, en montant au ciel de plus en plus, sans lui laisser le temps d’éteindre ses couleurs d’une facon progressive, comme il aurait dû disparaître sans cela, quand l'humidité de l'air ambiant aurait elle-même suffisamment diminué. La durée d'un arc-en-ciel est tout ce, qu'il y a au monde de plus variable. Généralement, un bel arc-en-ciel peut durer une demi-heure environ, tandis qu'un arc-en-ciel de peu d'éclat peut ne durer qu'un temps très court, pendant 1 ou 2 minutes ; et cela, quel que soit le mode de leur disparition: Quoi qu’il en soit, l’arc-en-ciel s’éteint en général beaucoup plus lentement qu'il ne se forme ; on le voit se former presque instantanément. D: Boucox. LE NATURALISTE 1/4 LE SPHINX A TÊTE DE MORT ACHERONTIA ATROPOS Ce gros papillon devient de moins en moins rare dans le département de la Seine-Inférieure, et semble se pro- pager d'autant plus qu'on augmente dans ce départe- ment la culture de la pomme de terre. Il y a quelque temps, des droits très élevés furent mis sur les mais étrangers et, comme il devenait très oné- reux pour nos distillateurs d'employer ces mais à la fabrication des alcools, ils y renoncèrent et employèrent, pour le remplacer plus avantageusement, la pomme de terre qu'ils se mirent à cultiver en grand. Le Sphinx à tête de mort qui vit sur la pomme de terre se développa énormément. Si bien qu'aujourd'hui on en trouve par- tout. Il est même la cause, comme nous le verrons plus loin, d’une transformation dans les mœurs des abeilles. Ce lépidoptère, amené d'Amérique en même temps que la pomme de terre, pond un œuf qui donne nais- sance à la plus grande chenille que l’on rencontre en Europe ; elle ne mesure pas moins en effet de 13 centi- mètres de longueur. Elle est lisse, rayée obliquement et allongée avec une pointe anale bifurquée, La coloration est jaune verdâtre ou brun jaune. Elle a la tête plate et ovalaire munie d’une corne rocailleuse rétrécie à sa base et contournée en queue de chien sur le onzième anneau. Son corps, déjà fort beau! est, de plus, constellé de points d’un bleu vif ou d'un violet un peu foncé, excepté sur les trois premiers anneaux et sur le dernier, Derrière la tête, elle porte une empreinte en forme de selle, On la rencontre maintenant très fréquemment dans les plantations de pommes de terre vers le milieu de juillet, Elle se montre aussi, mais plus rarement, sur la douce-amèere, le jasmin, le syciet, etc. Comme elle est nocturne, c'est la nuit surtout qu'elle déploie toute sa voracité. Il y a en a aussi quelques-unes en Allemagne qui appa- raissent vers l’automne; mais comme elles ne perpé- tuent pas, on ne peut conclure qu’elles proviennent de femelles qui y furent portées par leur vol. Août amène l’époque de la métamorphose de ces che- nilles. Pour y procéder, elles s’enfoncent profondément dans le sol et y construisent une cavité spacieuse dont elles polissent les parois avec le plus grand soin, Elles en ressortent quelquefois au bout de cinq ou six heures ou bien elles ne font que passer la tête au dehors pour dévorer quelque feuille placée à leur portée. Dans nos contrées, à l’époque de la récolte, on l’aper- çoit isolée dans un creux de terrain. C’est une grosse chrysalide déprimée sur la poitrine avec la pointe anale bifurquée. Lorsque arrive octobre, l’insecte parfait apparaît, C’est le mastodonte des sphinx. De tous les lépidoptères, c'est le plus développé. En effet, transversalement, son corps mesure près de 20 millimètres et son envergure n'atteint pas moins de 10 à 11 centimètres, Sa tête large est pourvue de courtes antennes et d’une trompe bien visible, épaisse, très courte et nettement recourbée, Le corselet ovale est peu convexe, avec un double collier bien marqué et les épaulettes peu distinctes. Il est revêtu d'une couche épaisse de poils bruns et porte à la partie supérieure, dessinée en Jaune avec deux points noirs, une plaque blanchâtre, simulant assez nettement une tête de mort, d’où son nom. Son abdomen, ovalaire, est légèrement aplati et ter- miné en pointe obtuse. Il est jaune foncé, avec une bande longitudinale bleuâtre, et cerclé de noir. Les pattes sont courtes, épaisses et robustes, munies de crochets très forts au bout des tarses,. Le fond de la couleur au-dessous des ailes d’un brun noir est saupoudré de bleu et traversé par deux lignes, d’un blanc jaunâtre, courtes et ondulées. Les inférieures sont traversées de brun, de gris et de roux avec, au milieu, une petite tache claire. Cet ensemble lui donne, surtout à cause de l’informe dessin qui représente à peu près une tête de mort, un aspect assez étrange et, si l’on ajoute à cet aspect cette autre singulière faculté qu’il a d'émettre un son aigu, sorte de cri plaintif qu'il fait entendre lorsqu'il est inquiété, on comprendra facilement la terreur qu'il a inspirée et inspirera sans doute encore longtemps aux superstitieuses populations de la Bretagne. Maurice Sand rapporte à ce sujet une anecdote dont un de ses amis, le savant entomologiste Desparelles, fut témoin. « J'ai vu, dit celui-ci, dans une nouvelle que l’auteur raconte et dont son ami est le principal person- nage, à X..., une petite ville bretonne, la population s'attrouper autour d'un de ces pauvres lépidoptères égaré dans une rue. On tenait conseil, on se demandait quel pouvait être cet animal affreux. « — Il est venimeux, disait l’un. «— (a mord, disait l’autre. « Le maire fut appelé... Il nia le venin et la morsure, mais assura que c'était sale, et l'écrasa bravement. » Au siècle dernier, des curés ont même prononcé la formule d’excommunication croyant voir, dans ce très inoffensif insecte, un envoyé de Satan, Sancta simpli- citas! Les événements semblaient du reste donner raison aux croyances superstitieuses des personnes ignorantes et d'esprit faible. Son apparition coincida, en effet, une fois avec une épidémie très meurtrière qui mit tout Brest en deuil. Cette faculté qu'a ce lépidoptère d'émettre un son lorsqu'on le saisit ou s'il s'est aventuré dans une chambre où il ne trouve pas d'issue pour s'échapper (prévoyant le sort qui l’attend, il semble pousser son ri funèbre) a intrigué beaucoup les entomologistes et les observateurs inhabiles à découvrir l'organe mis en jeu pour la production de ce bruit. Et même aujourd'hui, malgré les longues et patientes recherches auxquelles on s’est livré, on en ignore encore complètement l'ori- gine. On l’attribue, dit Berce, au frottement de la spiri- trompe contre la tête; à l'eau s'échappant par les stig- mates de l'abdomen; enfin, à la sortie par la spiri-trompe de l’air contenu dans une cavité particulière de la tête. Cette dernière opinion semble être la plus probable. On a eru un moment, par erreur, que l'air quis’échappe d’une trachée se trouvant de chaque côté de la base de l'abdomen déterminait ce cri. Mais la femelle, qui est privée de cet appareil, a la facilité de crier aussi fort que le male sinon plus. De même que dans son pays d'origine, l'Amérique, le sphinx reste sous nos climats, tranquille et dissimulé 142 LE NATURALISTE EEE Eee CET PO CREER PEINE ER NI VE" ro nr PE TN EE RU pendant le jour, choisissant de préférence les lieux les plus ombragés. Il dort sur une pierre ou une écorce d'arbre, ies ailes horizontalement étendues sur le corps et les antennes repliées sous les ailes où elles n’attirent pas l'attention. Mais dès que le crépuscule survient, ses yeux s'allument et commencent à briller. Il abandonne alors sa cachette, recherche une compagne et visite les fleurs devant lesquelles il passe en faisant entendre un bruyant bourdonnement. Mais là ne se bornent pas ses exploits. Nous avons dit en commençant qu'il avait amené une transformation dans les mœurs des abeilles, nous allons le démontrer. Il est très friand de miel, dans nos contrées, et les ruches lui fournissent un asile bien approvisionné de cette substance; aussi recherche-t-il tous les moyens possibles pour y pénétrer, certain qu'il est d’y trouver la chaleur et le souper. I] pénétrait autrefois dans la ruche et les abeilles qui ne pouvaient se douter de sa visite, se laissaient sur- prendre et, effrayées par l’arrivée intempestive de cet ennemi d’un nouveau genre pourelles, s’enfuyaient en bourdonnant après avoir, toutefois, vainement tenté de le piquer, leur aiguillon étant sans effet sur l'épaisse toison de téguments durs et élastiques qui recouvre le dos du sphinx à tête de mort. Le lendemain, on retrouvait nombre d’abeilles mortes devant la ruche qui, trop souvent, était vide de miel et déserte. Les abeilles ont alors pris leurs précautions pour évi- ter le retour d’un semblable état de choses. Aussi main- tenant peut-on voir les abeilles élever, à l'époque de l'apparition de l’Atropos, de véritables forteresses en pro- palis, à l'entrée de leurs ruches, ce qui‘en rétrécit le pas- sage et le rend inaccessible au voleur qui reste à la porte, se morfondant vainement. Il peut arriver que les travaux des abeilles ne soient pas assez avancés pour empêcher le gros parasite de pénétrer. Elles se groupent alors en masse sur l'entrée de la ruche et l'empéchent ainsi d’y pénétrer. L'erreur, qui se glisse partout, a longtemps attribué à la crainte du froid ces fortifications élevées par les abeilles. C’est absolument faux. Ces abeilles ont d’autres moyens plus pratiques de se garantir des intempéries de l'hiver. De même on a longtemps attribué ces désastres pro- duits dans les ruches à l’intrusion des chauves-souris. Ces mammifères se nourrissent d'insectes nocturnes et ne mangent pas de miel. On ne comprend donc pas pourquoi ils iraient s'attaquer aux abeilles. Cette erreur s'était tellement accréditée dans l'esprit des apiculteurs, qu'il a fallu des preuves multipliées et notamment la découverte dans la ruche de sphinx dont l’abdomen con- tenait plus de $0 grammes de miel pour les convaincre. L'homme, prenant modèle sur les abeilles, a muni, pour les protéger contre les déprédations de ce voleur,les ruches perfectionnées, d’une cloison ou grillage en fer- blanc, dont les ouvertures grandes seulement de 4 à 9 millimètres, laissent seulement assez de place pour le passage des abeilles et que le gros lépidoptère ne peut forcer. Quant aux ravages que peut causer la chenille aux pommes de terre, ils sont trop peu considérables pour qu'il y ait lieu de s’en occuper. Du reste, les fourmis se chargent d'en dévorer les chrysalides et d'empêcher ainsi l'Acherontia Atropos de se trop multiplier. Paul NOEL. CONCOURS POUR L'ÉTUDE DES INSECTES ENNEMIS DES LIVRES ‘Au cours du Congrès international des bibliothécaires, tenu à Paris les 20, 21, 22 et 23 août 1900, Mile Marie PezLrcuer (1), bibliothécaire honoraire à la Bibligthèque nationale et membre du Congrès, a institué deux prix, l’un de 1000 francs, l’autre de 500 francs, destinés à récompenser les deux meilleurs mémoires relatifs aux insectes qui détruisent les livres. Ces prix seront décernés sous le nom de Prix Marre PEerLEecuer. Au cours du même Congrès, un second donateur, qui désire garder J'incognito, a fondé un prix unique de 1.000 francs à décerner à l'étude la plus sérieuse présentée sur le même sujet, mais dans laquelle l'auteur se sera plus spécialement occupé des insectes qui s'attaquent aux reliures des volumes. Ce prix est dénommé Prix pu ConGRès bEs BiBLIOTHÉGAIRES. La commission d'organisation du Congrès des bibliothécaires, autorisée par les fondateurs, a arrêté, ainsi qu’il suit, les condi- tions du concours. Art. Ie, Prix Man Perrecuer. — Un premier prix de 1.000 francs et un second prix de 500 francs seront décernés en 1902 aux deux meilleurs mémoires présentés sur ce sujet : Elu- dier d'une façon scientifique les insectes ou vers qui s'atla- quent aux livres; en délerminer les genres el les espèces; en décrire les modes de propagalion, les mœurs, les ravages; mentionner les parasiles qui vivent à leurs dépens; définir les malières dont ils se nourrissent, celles qui Les allirent, celles qui les font fuir ou les font périr; indiquer les meilleurs moyens à employer pour les détruire el les chasser quand ils ont envahi une bibliothèque, pour prévenir de leur invasion les bibliothèques encore indemnes. Art. II. Prix pu ConGRës DES BIBLIOTHÉCAIRES. — Un prix unique de 1.000 francs sera décerné, à la même époque et dans les mêmes conditions, à un autre mémoire sur le même sujet, mais avec cette différence, toutefois, que le mémoire qui pourra être récompensé par ce prix sera consacré à l'étude des insectes ou vers qui s'attaquent plus particulièrement à la reliure des livres. Art. III. — Le jury, chargé d'examiner les mémoires et de décerner les prix, est formé du bureau de la Commission du Congrès des bibliothécaires, auquel sont adjoints des membres de la Commission et des zoologistes. — Les membres du jury sont : MM. D. Blanchet, conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale, secrétaire du Congrès; E.-L. Bouvier, professeur d’entomologie au Muséum d'histoire naturelle; J. Couraye du Parc, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, {résorier du Congrès; Léopold Delisle, membre de l’Institut, administrateur général de la Bibliothèque nationale, président du Congres; J, Deniker, bibliothécaire du Muséum d'histoire naturelle, vice- président du Congrès; P. Dorveaux, bibliothécaire de l'École supérieure de Pharmacie de Paris; A. Dureau, bibliothécaire de l’Académie de médecine ; Alfred Giard, membre de l’Institut, ancien président de la Société entomologique de France ; Jules Künckel d'Herculais, assistant au Muséum d'histoire naturelle (chaire d'entomologie); Paul Marais, conservateur adjoint à la Bibliothèque Mazarine, secrelaire du Congrès; Paul Marchal, professeur de zoologie à l'Institut national agronomique; Henry Martin, conservateur adjoint à la bibliothèque de l’Arsenal, secrélaire général du Congrès ; Charles Mortet, conservateur à la bibliothèque Sainte-Geneviève, secrétaire du Congrès; Ed- mond Perrier, membre de l’Institut, directeur du Muséum d'his- toire naturelle ; Emile Picot, membre de l’Institut, vice-prési- dent du Congrès. — Le jury conserve, en outre, le droit de faire appel, s'il y a lieu, à tels spécialistes dont le concours lui semblerait utile. Art. IV. — Les mémoires pourront étre rédigés, non seule- (1) Mile Marie Pellechet, fondatrice de ces prix, est décédée le 11 décembre 1900. LE NATURALISTE 143 ment en français ou en latin, mais aussi en Allemand, en anglais, en espagnol et en italien. Art. V. — Les auteurs ne doivent pas se faire connaitre avant la décision du jury; mais chaque manuscrit devra porter une épigraphe ou devise qui sera répétée sur un pli cacheté joint à l'ouvrage et contenant le nom de l'auteur. Art. VI. — Les mémoires devront être adressés, avant le 31 mai 1902, au secrétaire général du Congrès des bibliothécaires. Art. VII. — Siles mémoires présentés à la date du 31 mai 1902 ne semblent pas au jury d’un mérite suffisant pour obtenir les récompenses offertes, le concours sera prorogé jusqu'au 31 mai 1903. Si à cette date encore aucun mémoire digne d'être récompensé n'avait été présenté, le concours serait prorogé une seconde fois jusqu'au 31 mai 1904; mais les prix qui n'auraient pu être décernés après ces deux prorogations seraient définitive- ment relirés. Art. VIII, — Les auteurs devront inscrire, en tête de leurs mémoires, les mots Prix Marre PEzLEcHETr, ou Prix pu ConGnës DES BIBLIOTHÉCAIRES, suivant qu'ils auront en vue l’un ou l’autre de ces concours. Art. IX. — Ilest bien entendu que le désir des donateurs n’est pas de faire attribuer une récompense aux personnes qui enverraient simplement des formules et recettes ou qui signale- raient des moyens empiriques généraux pour détruire les insectes ou les éloigner des livres. Art. X. — Les manuscrits envoyés ne seront pas rendus. Les mémoires, ainsi que les demandes de renseignements, doivent être adressés à M. Henry Martin, secrétaire général du Congrès des bibliothécaires, à la bibliothèque de l'Arsenal, rue de Sully, 1, à Paris. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement, de reconnaissance, etc. LE RAT (Suile) « C’est encore pour cela peut-être que, lorsqu'une femme a une beauté qui, loin d’être fade et insignifiante, offre un mélange de grâces provocatrices (1), nous disons que c'est une beauté piquante et pleine de sel. Je crois aussi qu'en donnant à Vénus l’épithète de « fille de la mer » et en popularisant cette tradition mythologique qui lui a donné naissance au sein de l'Océan, les poètes font allusion aux propriétés génésiques du sel, » Non seulement les rats s’accoutument à l'homme, le reconnaissent et répondent à son appel avec docilité, mais ils peuvent lier amitié avec d’autres animaux, avec ceux qui, ainsi que l’homme, sont ses pires ennemis. Le docteur Franklin cite une chienne qui avait pour ami un gros rat; les deux animaux vivaient chez lui. Ce rat faisait la sieste entre les pattes de la chienne; si un étranger pénétrait dans la chambre, la chienne aboyait avec fureur et se mettait en devoir de défendre son ami contre toute attaque; elle le prenait parfois dans sa gueule et allait le déposer dans un coin où il se tenait silencieusement tapi pendant qu'elle faisait son vacarme protecteur. Un voyageur qui traversait le Mecklembourg, il y a environ trente ans, dit Antoine dans ses Animaux célèbres, fut témoin de ceci à la poste aux chevaux de New-Star- gard : après diner, le maitre de la maison posa à terre un grand plat de soupe et donna un coup de sifflet. Aus- sitôt, on vit entrer dans la chambre un dogue, un beau (4) C'est le minois chiffonné des Français. chat angora, un vieux corbeau, et un rat monstrueux portant un grelot au cou; ils vinrenttous au plat et man- gèrent ensemble. Après quoi le chien, le chat et le rat se couchèrent devant le feu, tandis que le corbeau se mit à se promener en sautillant par la chambre : « Ce rat était le plus utile des quatre animaux, disait le maitre de poste, parce que le bruit qu'il faisait avec son grelot avait: délivré la maison des souris et des rats dont elle était autrefois infestée ». La Science en famille citait dernièrement un vieil inva- lide qui, il y a environ quatre-vingts ans, faisait manger au même plat, sans dispute ni le moindre désaccord, un chien, un porc, un chat, un rat et un corbeau. Mais voici quelque chose de réellement curieux, publié dans le Magasin pittoresque, tome XIII, page 1# (1845), L'auteur, après avoir dit qu'un vieillard avait réussi à faire vivre ensemble, dans une cage, un chat et une vingtaine de rats et de souris (quand le temps était pluvieux, les souris se fourraient entre les cuisses du chat), ajoute : « Dans une ferme d'Angleterre, une chatte avait mis bas pendant la nuit et, dès le matin, elle avait perdu ses petits; on avait profité de sa première absence pour les noyer. La pauvre mère s'était fatiguée à courir toute la maison, cherchant, appelant, et donnant tous les signes d'une douleur bien naturelle en pareil cas. Elle était encore en quête, quand un enfant qui voulait la régaler déposa dans le panier d’où on avait enlevé les chatons une nichée de jeunes rats qu'il venait de découvrir. La chatte, revenant au bout de quelques instants, trouva ces petits êtres demi-nus et gémissants auxquels d'abord elle prit à peine garde, elle se coucha dans son panier sans prendre aucune précaution, mais aussi sans faire aucun mal aux nouveaux occupants. Ceux-ci furent-ils, dans le premier moment, effrayés en sentant si près d'eux l’en- nemi constant de leur race”? Je serais très porté à le croire (1). Quoi qu’il en soit, ils se remirent promptement et, le besoin leur aidant à surmonter une antipathie naturelle, ils saisirent les mamelons de la chatte et commencèrent à téter de bon appétit. La nourrice les laissa faire ; puis, éprouvant peut-être quelque soulagement par suite de cette succion, elle commenca à y prendre plaisir ; bientôt elle s’intéressa aux petits rats et, avant la fin de la jour- née, elle s'était déjà occupée de faire leur toilette. Dès lors, ils étaient adoptés. Tous les habitants de la ferme étaient venus voir cette singulière famille ; les voisins accoururent à leur tour; enfin les visites se multiplièrent au point de devenir une véritable incommodité et, pour y mettre unterme,on prit le parti de détruire les petits rats. » C'était un parti de brute, c'est-à-dire bien humain, (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. (1) A l’appui de son opinion l’auteur anonyme cite ce fait : Un de ses amis, ouvrant un tiroir de sa commode, y trouve une nichée de souris fraichement éclose, les yeux encore clos et, comme on sait, la peau rosâtre et toute nue. Les bestioles ne s'inquiétèrent pas autrement du mouvement du tiroir et de la présence de l’homme. Celui-ci, à qui il répugnait d'y porter la main, appela son chat, qui tarda quelques instants à venir; l'animal parut enfin : à peine était-il entré dans lapièce, que la peau des petites bêtes se colora subitement en rouge vif, témoi- gnage irréfutable d'une vive émotion; l’odorat les avertissait du danger qu'elles couraient, — danger inconscient, d’un ennemi encore ni vu, ni connu; mais enfin : danger et danger redou- table. 144 LE NATURALISTE 1 LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES J MOIS DE L'ANNÉE 4 ESPÈCES NOMS En HABITAT D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES : FRANÇAIS Chenilles Papillons ARBRES se re die Ses ARBRES, ROCHERS...,., Murs, ROCHERS.....,... ARBRES" US ARE NiM ARBRES, PIERRES,..... ARBRES ........ Se, ARBRES: 2 eme eo UILES 20e et Ne CHÊNES A met 5 ARBRES, MURS, ROCHERS. Pierres, MURS........ OMPHALOIDES ......... USNEA BARBATA....... Murs, PLANCHES... .... BoIs-POURRI. :! 2... STELLARIS, PARIETINUS. HEL I SR ARE { NULGARISS EM enrecre NIULGARIS. 1.2 ee do MNULGARIS Senna Légumineuses Zygæna Minos $. V. — Scabiosæ Esp. — . Achilleæ Esp. —Exulans Reiner Zygæna Trifolii Esp. — Loniceræ Esp. — Filipendulæ L. — Ephialtes L. — Peucedani Esp. Bombyx Trifolii L. Hadena Pisi L. Gnophos Glaucinaria IH. Lichens Naclia Ancilla L. Nola Togatulalis H. Nudaria Mundana L. ._— Murina Esp. Calligenia Miniata Forst. Setina Irrorella L.. Mesomella L. Lithosia Muscerda Haln. — Depressa Esp. — Complana L. — Lurideola Zinken. — Caniola H. — Aureola H. — Quadra L.. — Rubricollis L. Bryophila Ravula H. — Deceptricula H. — Ereptricula Tr. — Receéptricula H. — Algæ Fab. — Perla $. N. — Glandifera S. V. Cleora Angularia Thnb. — Lichenaria Hufn. — Glabraria IH. Mniophila Sepiaria Hufn. — Caricraria H. S. Boletobia Fuliginaria L. Anentia Flexula Schiff. Lierre Lycæna Argiolus L. Urapteryx Sambucaria L. Lilas Sphynx Ligustri L. Acronycta Ligustri $. V. Pericallia Syringaria L. Linaigrette Celæna Haworthii Curtis. Linaire Melitæa Didyma Esp. Deilephila Livornica Esp. Cleophana Antirrhini H. Caïiophasia Lunula Hufn. — Platyptera Esp. — Opalina Esp. Heliothis Dipsacea L. Eupithecia Linariata S. V. Liondent Hisprpum, miRTUM .....]Hecatera Seren Juin. Septembre. Juillet, août. Mai, juin. Juin, juillet. Mai. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Septembre, octobre. Mai. Mai, juin. Mai, juin, août, sept. Juin. Mai, juin. Juin, Juillet. Avril à juin. Hedera Juin, septembre. Avril, mai. Lilac Juillet à septembre. Juillet. Juin, juillet, sept., oct. Triophorum Mai, juin. Linaria Mai, juin. Juillet à septembre. Juillet. Juin à septembre. Eté, automne. Mai, juin. Septembre, octobre. Leontodon Mai août. Juin, juillet. Mai à juillet. Juillet, août. Juin, juillet. Juin à août. Juillet. Juin, juillet. Août, septembre. Mai, juin. Juillet, août. Juillet. Juin, juillet. Juillet, août. Juin. Juin à août, Juin, juillet. Juin à août. Juin, juillet. Juillet. Mai, juin. Juillet, août, Juin, juillet. Juillet. Juillet, août. Juin, juillet. Mai, juillet. Juillet. Juillet, août, Mai, juillet, août. Juin, juillet. Juin. Mai, juillet. Mai à aout. Juillet. Juin à août. Juin, août. Juin. Mai, juin, septembre. Mai, août. Juin à août. Mai, juin, août, sept.| France centrale et septentrion iMai à août. Toute la France. Fr. mérid., Haut-Rhin, Aube, Toute la France. Montagnes. Toute la France: France méridionale. Toute la France. l‘rance centrale et septentrion, France centrale, mér. et orient. Toute la France. Paris, Alsace, Autun. Toute la France. Alsace, Aube, Tourr., Gironde Toute la France. Gironde. Châteaudun, Indre, Gironde, Toute la France. France centr., sept. Toute la France. Alsace, Chamonix. Toute la France. Monipellier. Toute la France. et orient. Toute la France. Toute la France. France occidentale. France centr., mérid. etorient. France mérid.,orient. et occid. France centrale et méridionale Toute la France. France centraleet méridionale France méridionale. Toute la France. 2 Toute la France. LE NATURALISTE 145 LES ÉPONGES DE TOILETTE Les éponges, telles qu’on les observe dans les maisons, sont des masses plus ou moins sphériques, composées d'un tissu creux qui, comme s'il était de caoutchouc, à la propriété de revenir à sa forme primitive après avoir été comprimé. Elles peuvent absorber une grande quan- tité d’eau dans leurs mailles et la laisser écouler à la moindre pression: aucune autre substance ne possède cette propriété à un aussi haut degré et c’est ce qui rend les éponges si précieuses qu'elles sont employées pour ainsi dire dans le monde entier ; elles peuvent être utilisées à deux usages contraires : soit pour dessécher une sur- face humide, soit pour humecter une surface sèche. Très légères, elles sont composées d’un tissu corné qui, malgré sa finesse, est d’une souplesse et d’une soli- dité remarquables. Entre cette partie solide serpentent des canaux en quantité innombrable, depuis de très gros où l’on pourrait introduire ie pouce, jusqu’à de très fins que l’on ne peut déceler qu’à la loupe. Tous ces canaux communiquent les uns avec les autres et, finalement, viennent s'ouvrir à la surface de l'éponge par des orifices ordinairement arrondis. Ces orifices sont de deux sortes : les plus volumineux, ceux dont le diamètre atteint celui d’une pièce de 50 centimes ou de 1 franc, sont les oscules. Les autres, beaucoup plus petits, sont les pores inhalants.. Dans l’état naturel, les éponges se présentent avec le même aspect, mais toutes les mailles de leur tissu sont recouvertes d’une couche gélatineuse qui représente l'animal lui-même : la partie que l’on utilise n'en est que le squelette. Avant de pouvoir les utiliser, il faut préparer les éponges, c'est-à-dire énlever la partie gélatineuse qui ne tarderait pas à se corrompre et, en outre, à enlever au squelette son pouvoir absorbant et sa flexibilité. Nous reviendrons plus loin sur les opérations relatives à cette préparation. Les épongés vivent dans la mer, à une profondeur plus ou moins grande, toujours fixées à un rocher par une faible partie de leur surface. Entièrement immobiles, elles se contentent d’absorber les matières alimentaires très ténues qui flottent dans l’eau de mer. Cette eau de mer est attirée dans les canaux anfractueux qui la par- courent par les cils vibratiles dont ils sont revêtus par place. Ces cils battent toujours dans le même sens et il en résulte un Courant qui pénètre par les oscules pour ressortir par les pores inhalants. Au passage de l'eau, les cellules qui bordent les canaux s'emparent de matiè- res alimentaires en même temps qu'elles respirent en absorbant l'oxygène et en rejetant de l'acide carbo- nique. Quand elles ontatteint une taille suffisamment grande, les éponges émettent de petits embryons arrondis, cou- verts de cils vibratiles, qui nagent pendant quelque temps dans la mer, puis vont se fixer pour reproduire une nou- velle éponge. -On'sait qu'il y à de nombreuses formes d’éponges : les unes fines, les autres grosses, certaines arrondies, d’autres digitées, etc. Elles correspondent à autant d’es- pèces distinctes ou parfois à des variétés locales d’une _même espèce. Au point de vue commercial, on peut les | diviser en trois groupes : .notamment sur les côtes nord et sud de les éponges destinées à la toi- lette, au ménage, à l’industrie, « Les premieres, dites de toilette, viennent principalement des côtes de Syrie. Ce sont les plus belles, les plus fines et aussi les plus coù- teuses. Elles comprennenttrois variétés : la fine, la Venise et la fine-dure, La qualité fine vaut 40 à 120 francsle kilo à Tripoli de Syrie ; la Venise, de 25 à 30 francs ; la fine- dure, de 5 à 15 francs. Les éponges de même qualité recueillies dans l'archipel grec se vendent à la pièce de 0 fr. 60 à 1 fr. 10 et celles de la Tripolitaine de 1 fr, 50 à 2 fr. 50. Partout ailleurs, dans la Méditerranée, les éponges sont destinées aux usages domestiques. À Tri- poli de Barbarie, les éponges sont vendues à l’ocque (1 k. 280), de 25 à 30 francs; à Sfax, l'écart est plus grand, car les variétés sont plus nombreuses. Sous le nom général de Djerbis, on distingue : la Sicihenne (18 à 22 francs le kilo), la gangava (17 à 19 francs l’ocque), la gangava italienne (12 à 14 francs le kilo), la zarzis (15 à 18 francs le kilo}. Enfin, les Antilles fournissent l'éponge commune, la plus souvent employée dans l'in- dustrie, Ses variétés sont nombreuses et s'expliquent d’elles-mêmes, Les principales sont : l’éponge dite laine de mouton, velours, tête dure et gazon. Une nota- ble partie de ces éponges est utilisée sur place pour mouiller les feuilles de tabacet pour nettoyer les ma- chines employées dans les sucreries. Le reste est exporté en Europe. » (G. Godefroy.) Les éponges se trouvent surtout dans la Méditerranée, Onen pêche principalement sur la côte de Syrie, de Jaffa à Alexandrette, dans l'archipel grec (Cyclades), l'archipel turc (Sporades), la côte de Tripolitaine, du golfe de Bomba à Zarzis et les côtes de Tunisie, du golfe de Gabès au golfe d'Hammamet. On pêche aussi des éponges dans la mer des Antilles, Cuba, aux iles Bahama et sur les côtes de la Floride. Voici maintenant, d'après M. Joseph Godefroy (1), comment se fait la préparation industrielle de l'éponge: Au sortir de l’eau, l'éponge se présente sous la forme d'une boule noire percée de trous verticaux et munie d'une membrane qui l'enveloppe presque complètement. Cette membrane ou pelliculeest percée en face des trous. Enfin, toutes les cavités de l'éponge sont garnies d’une matière visqueuse et gluante qui s'échappe dès que l'éponge est sortie de Peau. La membrane de l'éponge noireit et devient rapidement nauséabonde au contact de l'air, aussi convient-il de l’en débarrasser par un lavage spécial sous peine de la voir se corrompre. Ce lavage doitsuivre de près la pêche de l'éponge et doit être con- tinué jusqu'à ce que les substances membraneuses soient complétement enlevées. C'est ainsi que procèdent les pêcheurs d'éponges de la Méditerranée, mais ceux des Antilles ne lavent pas l'éponge et s’en remettent à lar- deur du soleil pour corrompre la membrane et en débar- rasser le zoophyte. Lorsque l'éponge est ainsi naturelle- ment nettoyée, ils la jettent dans ce qu'ils appellent un « coral », sorte de petit parc formé de piquets droits rap- prochés de 1 à ? pouces et plantés sur des fonds où il n'y a que 2 à 3 pieds d’eau. Là, les éponges restent souvent plusieurs semaines sous la garde des pélicans perchés, immobiles, sur le sommet des piquets. Puis, quand tou- tes les particules de l'éponge sont putréfiées et dissoutes par l’eau de mer, les éponges sont de nouveau exposées (1) Rev. générale des Sciences, 1898. 146 au soleil pour le séchage définitif. Enfin elles sont em- ballées dans des sacs et pressées à l’aide d'appareils tres puissants qui permettent d'expédier, sous un volume relativement restreint, de grandes quantités d’éponges. Ces presses ne sont pas employées dans la Méditerranée ; les expéditeurs se contentent de faire pénétrer le plus d’éponges possible dans des sacs de moyenne dimension qui, remplis, pèsent de 10 à 20 kilos, suivant la provenance etle plus ou de moins de sable que contiennent les éponges. Souvent, en effet, dans les endroits où les éponges sont vendues au poidset non à la pièce, les pêcheurs ont soin de remplir le squelette de sable pour augmenter son poids et obtenir un prix plus élevé. C'est là une fraude commune, bien connue des acheteurs, qui rappelle celle des nègres de la côte d'Afrique, qui met- tent des pierres et des morceaux de fer dans les boules de caoutchouc. S'il est facile de couper celle-ci pour di- Jouer la supercherie, il ne l’est pas moins de plonger l'éponge dans une faible solution d'acide chlorhydrique qui la débarrasse de toutes les substances étrangères adhérentes à son tissu. Arrivée sur les marchés d'Europe, l'éponge est sou- mise à une préparation spéciale qui varie suivant les lieux et les usages auxquels elle est destinée. En Allemagne, les éponges qui, pour la plupart, sont destinées à l'industrie sont traitées par une solution aqueuse de brome. Le brome étant peu soluble dans l’eau, il suffit d'ajouter quelques gouttes de brome à un litre d'eau distillé et d’agiter fortement pour obtenir une solution concentrée de brome, Les éponges sont plon- gées dans cette solution et, après quelques heures, leur coloration brune disparaît, et est remplacée par une co- loration beaucoup plus claire, Si l'on traite les éponges une seconde fois de la même manière, elles acquièrent la coloration voulue. Pour obtenir un blanchiment parfait, il suffit de les passer alors dans de l’acide chlorhydrique dilué, puis de les laver à grande eau. Par le traitement à l’eau de brome, on obtient des résultats aussi beaux qu'avec l'acide sulfureux, tout en gagnant beaucoup de temps eten évitant une manipulation considérable, Les éponges en usage dans la chirurgie sonttraitées de la façon suivante indiquée par M. H. Rech, pharmacien à Neuilly-sur-Seine : 1° On commence par les dégraisser en les plongeant dans une solution d'ammoniaque à 5 % environ, puis on les rince à grande eau; 2° On les plonge ensuite dans une solution de perman- ganate de potasse à 2 °/, jusqu’à ce qu'elles soient com- plètement brunes et on les rince; 3° On les plonge dans une solution d'hyposulfite de soude à 10 % environ mélangé d'acide chlorhydrique or- dinaire en quantité suffisante pour rendre l’eau bien lai- teuse ; 4° Quand les éponges sont devenues parfaitement blanches, on les rince à grande eau pour bien les débar- rasser du soufre qu'elles peuvent retenir et qui les dé- truirait à la longue en se changeant en acide sulfurique au contact de l’air humide, M. Balzer, pharmacien à Blois, est d'avis que ce pro- cédé est imparfait à cause de la grande quantité de soufre provenant de la réaction de l’acide chlorhydrique. Il faut un lavage très prolongé pour débarrasser complètement les éponges de ce soufre qui les pénètre, Ce lavage, qui LE NATURALISTE doit être méthodique, est très ennuyeux et exige une opération consciencieuse. Pour obvier à cet inconvénient, dit-il, je remplace depuis longtemps l'hyposulfite par le bisulfite de soude qui n'offre pas ce dépôt abondant de soufre et qui exige uu lavage moins long et plus facile. J'ai eu soin d’abord de bien battre mes éponges avec un maillet pour écraser les petits cailloux qu'elles renferment toujours et dont la présence serait souvent funeste pendantles opérations chirurgicales. Pour conserver ces éponges aseptiques, je les plonge dans de l’eau phéniquée très faible au 1/100 par exemple, car une eau trop fortement phéniquée les fait noircir de même que le bichlorure de mercure. Ces précautions et ces procédés de conservation des éponges destinées à la chirurgie seraient superflus pour celles qui sont destinées à la toilette cu aux usages domestiques. Voici le traitement qu'on fait habituellement subir en France à ces dernières : Les éponges sont d'abord débarrassées de toutes les matières étrangères qui peuvent adhérer à leur tissu, à l’aide de ciseaux qui sont d'ordinaire de simples forces à moutons. Ce sont des femmes qui se livrent à ce tra- val préparatoire. Les éponges sont ensuite traitées au permanganate de potasse de 2 à 5 °/, jusqu'à ce qu’elles soient complètement brunes, ensuite à l’hyposulfite de soude, enfin au chlorure de chaux. On peut estimer à 30 % la perte en poids de l'éponge après lavage défini- tif. Le commerce des éponges est très important: en France seulement il s'élève à la somme de 15 millions de francs par an, dont 40 millions pour l'importation et > millions pour l'exportation. Certains industriels en emploient de grandes quantités ; la Compagnie des Omni- bus de Paris n’en use pas moins de 12,000 pour le lavage de ses chevaux et de ses voitures, Ab uno disce omnes. Les trois grands marchés d’éponges sont : Paris, qui s'occupe surtout des éponges ordinaires; Londres, où l’on va chercher les éponges fines et Trieste où abonde l'éponge commune. En France, elles payent un droit d'entrée de 0 fr. 35 par kilo pour les éponges brutes et de 0 fr. 70 pour les éponges lavées. Les modes de pêche varient beaucoup suivant les localités; ils peuvent se ramener à quatre principaux. Le plus simple a lieu avec des plongeurs. « Ce sont à coup sûr, dit M. Godefroy, les plus audacieux et les plus habiles. Ils opèrent surtout sur les côtes de Syrie et voici comment ils s’y prennent. Arrivés sur l’emplace- ment choisi, ils attachent une corde à un bloc de marbre blanc à base carrée ou rectangulaire, puis ils enroulent autour de leur poignet gauche une autre corde qu'ils attachent à la première un peu au-dessus ’de la pierre en lui laissant une fongueur de quelques mètres. Ils se jettent à l’eau, en tenant dans leurs mains, les bras tendus au-dessus de la tête, le bloc de marbre, et se laissent couler au fond de l’eau. Il n’est pas rare de les voir plonger à des profondeurs de 35 à 40 mètres et y rester près de deux minutes. Ils rayonnent autour de la pierre dont l'éclat leur sert de point de repère, entassent les éponges dans un filet suspendu au cou, et, lorsqu'ils sont à bout de souffle, donnent un coup sec sur la corde et se font rapidement hisser jusqu’à l'embarcation. Les plus habiles, quand la chance les favorise, arrivent à ramasser à chaque plongeon leur douzaine d’éponges. 3 2 eu 4 ? C 2 LE NATURALISTE Ils payent quelquefois leur succès d’un léger évaouis- sement, mais cette pêche au plongeon est moins dange- reuse qu’on le croit généralement. Sans doute, elle exige du pêcheur des qualités physiques exceptionnelles, mais la force de résistance s'acquiert vite chez les sujets bien doués, sous le double mobile d'émulation et d'appât du gain. En outre, cette pêche ne se pratique que dans les endroits où les requins sont inconnus, et les plus désagréables rencontres que puisse faire le pêcheur au fond de l’eau sont celles du chien de mer attiré par l'éclat du marbre blanc. Un mouvement du bras suflit le plus souvent pour l’écarter. » Ce mode de pêche a malheureusement été essayé dans des localités où la présence des requins le rend impossible. C'est ainsi qu'en Floride un Grec perdit 60.000 francs en essayant de l’introduire. Le gouverne- ment américain se vit même obligé d'interdire ce pro- cédé, quoique ce Grec n'employât que des plongeurs qu'il avait fait venir du Levant. La pêche à la « gangava » est la plus barbare de toutes : c'est un chalut que l’on traine au fond de la mer et dans le filet duquel s’accumule tout ce qui dépasse le sol sous-marin. Cette gangava dévaste tout sur son passage et recueille aussi hien les grosses éponges que les petites. Celles-ci sont inutilsables et auraient pu devenir grandes si on les avait laissées en place. En quelques années, les localités habitées par les éponges deviennent stériles. Cette pêche se pratique par exemple en Floride (1). « Kay-West est un des principaux ports floridiens où l’on arme pour la pêche des éponges, pêche faite à la drague, par des matelots montés sur de petits schooners d'une construction légère, peints de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, ayant un mât de misaine court et un beaupré. Partout on voit de ces navires à l’est et à l’ouest du cap Floride. Les meilleures éponges sont pêchées sur la côte ouest de la Floride en face de Cedar Keys. Quoique les schooners des pêcheurs ne soient pas plus gros qu'une chaloupe de grand navire et que les ouragans balaient souvent le golfe du Mexique, jamais ils ne se perdent. Quand un schooner revient après une campagne de trois semaines, durée habituelle des expéditions, on devine de loin l'importance de son chargement à l'odeur plus ou moins forte émise par les éponges. Laflottille de Key-West comprend 300 embarcations. Quelques-unes sont la propriété des marchands d'éponges, mais la ma- jeure partie appartient aux patrons pêcheurs. Les bâti- ments les plus grands, pouvant faire pêcher plus de monde, font généralement de meilleures affaires. Un schooner de 5 tonnes ayant comme équipage un patron et quatre matelots peut rapporter 200 ballots d'éponges d’une campagne de trois semaines, et en 1890, la meil- leure année que ces pêcheurs aient jamais eue, chaque schooner ramena pour 25.000 francs d’éponges sur ses onze expéditions. Une fois rentrés au port, les pêcheurs étendent leurs éponges sur le wharf de Key-West et les vendent aux enchères. Tous les patrons s'engagent sou- vent mutuellement à ne pas vendre au-dessous d’un prix déterminé. 200 bons Dballots d'éponges valent 2.000 francs. Le propriétaire du bâtiment recoit le tiers du produit de la vente, les deux autres tiers sont pour le patron et l'équipage. Les schooners, pêcheurs d’épon- ges, coûtent 750 francs environ de réparation par an. 2 EN ST Sr ER A RE (4) Rev. des sc. nat. appl. 147 Quand le marchand d'éponges est propriétaire du schoo- ner, la solde est proportionnelle à ce que chacun d'eux a péché d’éponges. Les pêcheurs d’éponges partent en campagne une fois par mois, excepté pendant le mois d'octobre, mois des ouragans, et ils restent trois semai- nes en mer; ce qui leur donne après chaque expédition une semaine à passer à terre. » La gangava ne peut s'employer que sur les fonds unis. S'il y a des rochers, elle risque de s’y accrocher et de briser un câble, d’où une perte très importante. Dans les localités où les éponges ne vivent pas à une grande profondeur, on peut s’en emparer, tout en restant dans la barque, à l’aide d’un trident dont les branches se terminent par un petit harpon. Cet instrument est connu sous les noms de foéne, de kamaki, de garabato. « Le pêcheur harponne avec cet instrument toute éponge qu'il aperçoit. Son habileté consiste à ne pas déchirer le üssu du zoophyte et à le détacher du rocher auquel il adhère comme il le ferait avec la main. La pêche au kamaki ne peut se faire que par des fonds de dix à douze mètres au plus; encore faut-il que l'eau soit trans- parente et qu'aucune brise n'en viennent rider la sur- face. Le vent vient-il à s'élever, le pécheur ne renonce pas pour cela à continuer sa pêche, A l'aide d'un miroir composé d'un cylindre creux en fer-blanc hermétique- ment fermé à sa partie inférieure par une vitre transpa- rente, 1l aperçoit, en enfoncant légèrement l'appareil dans l’eau, avec une netteté extraordinaire, les moin- dres détails du fond. Cette pêche à la foène est prati- quée dans toute la Méditerranée et aux Antilles, avec cette différence pourtant qu'aux Antilles l'appareil n’a que deux crocs. J'ai pu admirer de visu l'habileté extraor- dinaire des pêcheurs cubains qui, avec cet engin primitif et peu coûteux, arrivaient à retirer de l’eau des éponges qu'ils avaient cueillies avec une remarquable dextérité sans la moindre déchirure. » (Godefroy.) La difficulté de cette pêche est de bien diriger le harpon : on sait que l’eau fait dévier beaucoup la direction dans laquelle on le pousse; les pêcheurs s’habituent cependant à vaincre assez vite les effets de la réfraction dans l’eau. Quand la mer est trop agitée, on répand à la surface un peu d'huile qui, en s'étendant, calme les flots et aplanit la surface, permettant ainsi de voir le fond, Les éponges, une fois détachées, restent fixées au trident ou remon- tent à la surface. Mais le mode de pêche de beaucoup le plus rationnel et que, seul, on pratiquera certainement dans l’avenir est le scaphandre, © Il y a une vingtaine d'années, dit M. Godefroy, que la maison Denayrouse, de Paris, l'ap- pliqua à la pêche des éponges. La péche au scaphandre est à coup sür la plus productive et la plus rationnelle, Le pêcheur a le temps de choisir les éponges qu'il veut cueillir, il peut aller là où la gangava ou la foène ne peuvent être utilisées. Mais cette pêche n’a qu’un défaut, c'est d'exiger une mise de fonds relativement considé- rable, Un scaphandre de modèle courant vaut en effet de 1.800 à 2.500 francs. Il nécessite la présence de plu- sieurs hommes, aussi bien pour le perfectionnement de l'appareil à trausmission d’air que pour la surveillance du scaphandrier. Enfin, chose singulière, c’est la pêche au séaphandre qui fait le plus de victimes, La cause la plus fréquente des accidents est due au refroidissement qui saisit le pêcheur au sortir de l'appareil. Le vêtement de caoutchouc qui l'enveloppe entièrement à l'exception des mains, entretient sur tout son Corps une moiteur 148 qui le rend très sensible à la température de l'air exté- rieur. Dès qu'il revient à l'air libre, les plus grandes précautions doivent être prises; beaucoup les négligent et sont victimes de leur imprudence. En 1896, 120 pêè- cheurs d’Egine, Kharki, Symi et Kalymnos sont ruorts de fluxion de poitrine et une centaine furent atteints de rhumatismes qui les forcèrent d'abandonner leur profession. » Il semble qu’en se vêtissant de laine, les scaphandriers pourraient éviter ces accidents. Henri COUPIN. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 6 mai 1901. Sur le développement de la Sole au laboratoire de Concarneau. (MM. FaBre-DomErGuE et EUGÈNE Brérrix.) Les auteurs ont élevé en aquarium, avec un succès cemplet des Soles depuis l’œuf jusqu'à la forme adulte. Ces expériences nous autorisent dès maintenant à envisager la possibilité d'une culture industrielle de la Sole, soit en vue de l'exploitation privée, soil pour le repeuplement des eaux libres. On sait, en effet, que la Sole pond normalement en aquarium des œufs féconds et qu'il suffit de réunir un petit nombre de reproducteurs dans un espace relativement restreint pour être sûr de récolter journellement une masse d’œufs répondant aux besoins de l'élevage le plus intensif. En suivant la méthode expérimentée ci-dessus, on peut conduire les jeunes Soles à telle taille que l’on désire, et leur accroissement ne se trouve plus subordonné qu'à l'abondance de leur alimentation. Peut-être est-il permis d'espérer que quelques centaines de mille de jeunes Soles ainsi poussées jusqu'à la forme pleuronecte, semées dans une baie sablonneuse et bien défendues contre la barbare des- truction de la senne, contribueront plus à l'enrichissement d'une région de pêche que des millions de larves vouées à la mort par le seul fait de leur trop longue stabulation en état de diète dans les appareils d’élevage. L'expérience est désormais réalisable et donnera assez promptement la mesure des espérances que l'on avait un peu prématurément fondées sur le repeuplement des mers par la Piscicuiture marine. Séance du 13 mai 1901. Recherches histo'ogiques sur la sporulation des levures. (M. A. GUILLIERMOND.) L'étude a porté sur un certain nombre de levures ($. cerevisiæ, ellipsoideus, paslorianus, anomalus, membranifaciens), mais aucune ne nous a présenté des phénomènes aussi nets que S. Ludwigii. Son développement à été suivi en culture sur carotte, où il se multiplie abondamment et sporifie très vite. Il résulte donc des recherches de l’auteur que, au moment de la sporulation, il semble s'effectuer une sorte de dissolution des grains rouges contenus dans les vacuoles et que ces corps parais- sent se comporter comme des matières de réserve. Déjà Raum et Ernst leur avaient attribué un grand rôle dans la sporulation des levures et des bactéries, et un certain nombre d'auteurs avaient été amenés à les considérer comme des produits de réserve. Nos observations confirment ces faits. Enfin l'ensemble des phéno- mènes parait présenter une certaine analogie, tant par la forma- tion des spores que par la constitution de l’épiplasma, avec ce que l'on a observé pour les Ascomycètes supérieurs. Séance du 20 mai 1901. Le cycle évolutif des Orthonectides. (MM. Maurice Caurrery et Fézix Mesnir.) Le cycle évolutif des Orthonectides comprend au moins deux termes bien distincts, ayant chacun leur individualité : les plas- modes, les formes ciliées sexuées ; il y a, si l'on veut, alternance de généralions. Les deux espèces dioiques que nous avons fait connaitre et la Rh. Intoshi de Metchnikoff n’ont qu'une seule 25 LE NATURALISTE oo sorte de femelles; la Rh. ophiocomæ fait-elle exception à cette règle? Certainement, il existe un pléomorphisme des individus adultes ou paraissant tels; et l'on trouve des formes qui, évidem- ment, se rapportent aux femelles cylindrique et aplatie -de Julin. Mais les différences entre ces deux sortes d'individus ne sont pas aussi tranchées que l'indique Julin; en particulier, le bourrelet ectodermique latéral du second anneau existe chez les uns comme chez les autres; il y a, en plus, des intermédiaires entre ces deux formes extrêmes. Mais, alors même qu'il y aurait dimorphisme des femelles, nous ne pensons pas que l’une soit pondeuse de mâles et l’autre de femelles. L'existence de plasmodes herma- phrodiles et l'origine des cellules-sermes s'opposent formelle- ment, à notre sens, à l'acceptation de cette manière de voir. Et, par une intéressante coïncidence, la question du dimorphisme des formes femelles de Dicyémides paraît aussi devoir être tranchée par la négative à la suite des observations précises de Wheeler. Avec les plasmodes hermaphrodiles des Orthonectides et la cellule axiale à hermaphrodisme successif des Dicyémides, le parallélisme entre les cycles évolutifs des deux groupes reste aussi étroit qu'il semblait l'être avec les conceptions anciennes. Sur un glucoside caractérisant la période germinative du Hôtre. (M. P. Tarzreur.) Lorsqu'on écrase l'axe hypocotylé d'un Hêtre en germination, on perçoit nettement l'odeur de l'essence de Wintergreen. Cette essence est constituée Presque en tolalité par de l’éther méthyl- salicylique. On sait que, pour l'obtenir, on distille, en présence de l'eau, des tiges et des feuilles du Gaultheria procumbens et que sa production est due à l’action d'une diastase sur un gluco- side. Le glucoside du Hêtre se forme au début de la germination car il n'existe pas dans la graine, et il ne tarde pas à dispa- raitre, dès la première année, quand la plantule est arrivé à un certain développement. Il est localisé dans l’axe hypocolylé et aussi un peu dans le sommet de la racine. Il n'existe pas dans les cotylédons, pas plus que dans les tiges et les feuilles ordinaires. On peut donc dire que la présence de ce corps caractérise la période germinative du Hêtre. Or, on sait que pendant la ger- mination des substances nutritives des cotylédons se rendent dans l'axe hypocotylé où elles sont transformées avant de servir au développement de la plante. On sait aussi que le rapport du volume d'acide carbonique émis au volume d'oxygène absorbé s’abaisse beaucoup pendant la germination, de sorte qu'il y a oxydation. Ces faits, dans le cas particulier du Hétre, semblent en corrélation, d’une part avec la localisation du glucoside dans l'axe hypocotylé, d'autre part avec l'existence de ce corps, limitée à la période germinative. En résumé, {a plantule du Hétre contient un glucoside el une diaslase qui, sous l'action de l'eau, donnent naissance à de l'éther méthylsalicylique el à du glucose assimilé par la plante. Cette réaction, localisée dans l'axe hypocotylé, ne se produit ni dans la graine, ni dans la plantule âgée. La formation de l'élher méthylsalicylique est donc caractéristique de la période germinalive du Hétre. Séance du 3 juin 1901. Sur uue uouvelle Grégarine parasitedes Pinnothères des Moules (M. Louis Lécer). — Les Pinnotheres pisum Penn., que l'on trouve si fréquemment dans les Moules (Mytilus edulis1.) des côtes de la Manche, sont très souvent infestés par une Gré- garine qui, par l’ensemble de ses caractères, appartient au genre Aggregala Yrenzel. On sait que ce genre a été créé par Frenzel pour une Grégarine {trouvée par lui dans l'intestin de Portunus arcuatus Leanh et de Carcinus mænas L., et caractérisée sur- tout par ce fait que ses sporozoïtes se forment directement à l'intérieur du kyste sans qu'il apparaisse de, sporocystes. L'espèce parasite des Pinnolheres présente également cette par- ticularité, mais, tandis que chez À.Porlunidarum Fr., les kystes mürs se rencontrent dans l'intestin postérieur des Crabes ; ici l’auteur n’a jamais rencontré ces stades que dans la cavité géné- rale de l'hôte. Pour cette raison il a été nommé A9q. cœlomica. Les kystes cœlomiques se montre comme de petits grains blancs, sphériques, de 150 y en moyenne, à paroi mince, appendus à l'intestin ou enfouis dans le tissu conjonctif péri-intestinal tassé autour d'eux sans réaction inflammatoire. Ils renferment un grand nombre de sporozoites groupés en bouquets autour de reliquats granuleux sphériques ou allongés. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. JUN. 1901 23° ANNÉE 2e SÉRIE — N° 34H 1% JUILLET 1901 LES CÉPHALOPODES FOSSILES LES TÉTRABRANCHES Les céphalopodes, ceux des mollusques dont l’orga- nisation est la plus élevée, et qui ne sont plus représen- tés, dans la faune actuelle, que pär un nombre restreint de représentants, ont au contraire une grande impor- tance en paléontologie, car c'est à ce groupe qu’appar- tiennent les animaux les plus caractéristiques des témps secondaires et qu’un certain nombre d'entre eux joue également un rôle important daus les faunes des temps paléozoïques. Les Céphalopodes ont été divisés en trois groupes, suivant leurs caractères anatomiques : les Dibranches, les Ammonés et les Tétrabranches. Le premier de ces groupes est celui qui renferme le plus d'espèces encore actuellement vivantes, mais avec ces types, il en entre beaucoup dans cette division qui sont complètement disparus, les Bélemnites, par exemple, qui se rencontrent si abondanment dans cer- tains dépôts dé la période secondaire. Le second groupe, celui des Ammonés est complète- ment éteint, il joua un rôle prédominant depuis les temps où se déposèrent les couches du Trias, dans lesquelles on en voit apparaitre, pour la première fois,les représen- Fig. 4. — Nautilus. Coupe transversale montrant lanimal en place. tants, jusqu'au moment où se formèrent les sédiments du Crétacé supérieur dans lesquels les derniers survi- vants du groupe ont laissé leurs dépouilles. Le troisième groupe, celui des Tétrabranches dont nous nous OCCcuperons aujourd’hui, tient aussi une place importante dans les faunes anciennes, et si aujourd'hui il n’est plus représenté que par le seul genre Nautilus, il n'en fut pas ainsi durant le long espace de temps durant lequel se déposèrent les sédiments paléozoïques, C'est en effet du Silurien au Permo-Carbonifère que le groupe des Tétrabranches offre le plus de diversité comme types et le plus grand nombre d'individus. C’est à environ 1.600 qu'il faut porter le nombre des espèces existant à l’époque du Silurien supérieur, - Le Nalturaliste, #6, rue du Pac, Paris. La plupart de ces espèces rentrent dans la famille des Nautilidæ et ce sont les genres Nautilus, Orthoceras, Phragmoceras, Trochoceras, etc., qui sont le plus abon- damment répandus. La taille que ces animaux peuvent alors atteindre est quelquefois énorme, pour des mollusques, car l’on ren- contre des Orthocères mesurant deux mètres de lon- gueur, C'est Pancienneté des animaux rentrant dans ce groupe qui nous engage à commencer par eux cette revue des mollusques céphalopodes fossiles. Tous les animaux faisant partie de cette division avaient, comme le Nautile actuel (fig. 1), une coquille divisée en plusieurs loges (L) et dans la dernière chambre de laquelle l'animal était contenu (partie en grisé sur la fig. 1). La forme des coquilles de ces animaux est très va- riable, les unes forment un cône droit, allongé, véritable colonne,comme c’est le cas pour les Orthocères ; d'autres Fig. 2. Fig. à Cyrtoceras Thetidis, Barr. Silurien, ét. E. A. Siphon et loges aériennes. Coupe d'Orthoceras. sont recourbées, tels les Cyrtoceras (fig. 3), ou enroulées en spirale dans un plan et à tours soit embrassants comme chez le Nautile, soit disjoints comme dans les Gyroceras (fig. 5); ou bien encore elles sont enroulées en spirale hélicoïide, comme on le voit dans le genre Tro- choceras. Que la coquille soit droite, enroulée sur un plan ou hélicoide, elle est toujours multiloculaire comme nous l'avons dit plus haut et les cloisons sont traversées par un siphon (S, fig. 1} dont la position sert à établir des caractères pour la distinction de certaines esnèces. Pour le paléontologiste, la famille la plus importante à connaitre est celle des Nautilidæ qui, au sens lé plus large, renferme les formes si nombreuses comprises autrefois parmi les Orthoceratidæ et les Gomphocera- tidæ, ces trois groupes étant d’ailleurs fort difficiles à séparer les uns des autres. Ainsi compris, ce groupe des Nautilidés renferme un grand nombre de genres que Fischer à classés suivant la | forme de la coquille et celle de l'ouverture. 150 En effet, comme nous l'avons vu plus haut,la coquille | la chambre d'habitation renflée renferme les formes est droite ou arquée, discoide ou hélicoïde. Le premier groupe, dans lequel la coquille est droite renferme trois genres; c’est à lui qu'appartiennent les Orthoceras (fig. 2), les plus connus et les plus 1mpor- tants à cause du grand nombre d’espèces appartenant à ce genre qui se rencontre dans les formations paléo- zoïques depuis le Silurien inférieur jusqu'au Trias. Les nombreuses espèces de ce genre ont donné lieu à des coupes pour la facilité de leur étude ; c’est ainsi que l’on distingue les Orthocères brévicônes dont la coquille est courte et conique et les Orthocères longicônes à coquille en cylindre et très allongée, Queenstedt a partagé ce genre en huit groupes, se basant,pour sa division, principalement sur la forme du siphon et aussi sur l’ornementation extérieure. Dans le premier groupe, le siphon est grand et arrondi, comme on peut le voir dans Orthoceras duplex (1). Dans le second, les goulots siphonaux sont déprimés et renflés en forme de sphéroïdes tel que dans le O. cochlea- tum. le troisième groupe est caractérisé par des goulots infundibuliformes qui présentent des lamelles rayon- nantes. Le quatrième groupe a été établi sur des caractères extérieurs, il renferme les formes lisses et simples comme ©, regularis, par exemple. Le cinquième ne se distingue du précédent que par la présence de stries longitudinales comme il en existe dans l'O. lineatus. Le sixième groupe, celui des Undulati, comprend les Fig. 4. — Phragmoceras ventricosum. espèces dont la coquille est sillonnée extérieurement par des onduiations comme c’est le cas dans O. bohemicus. Ensuite vient le groupe renfermant les espèces qui Fig. 5. — Gyroceras alatum, Barr. du Silurien sup. possèdent des anneaux transversaux saillants et parfois striés longitudinalement : exemple, O. annulatum. Enfin le dernier groupe dont le caractère est d’avoir (1) Pour étudier ces détails de structure, on scie, longitudi- nalement, le fossile et l’on polit ensuite la surface plane ainsi obtenue. Les figures 2, 3a, 6, 8 et une portion de 9 ont été faites d’après des préparations de ce genre, LE NATURALISTE comme ©. fusiforme et O. inflatum. Dans cette première division à coquille droite vien- nent encore prendre place les genres Gomphoceras et Mesoceras, ce dernier intermédiaire, d’ailleurs, entre le précédent et le genre Orthoceras. Nous citerons également à cette place les genres Endoceras et Gonioceras. Parmi les formes à coquille arquée nous ne trouvons que deux genres : Cyrtoceras (fig. 3) et Phragmo- ceras (fig. 4), tous deux abondants dans le’ Silurien supérieur, Dans la troisième section de Fischer, qui renferme les coquilles discoïdes, il convient de distinguer celles dont les tours de spire sont tous contigus des types dont la spire se déroule en crosse. Entre ces deux types vient se placer le genre Gyro- ceras (fig. 5), qui vécut du Silurien au Carbonifère ; sa spire à les tours disjoints,mais le dernier ne se prolonge point en crosse. Fig. 6.— Hercoceras mirum, Barr. Silurien, ét. Gz. C’est dans les types à tours contigus que nous trou- vons les vrais Nautiles avec les genres voisins Herco- ceras (fig. 6) et Aturia (fig. 7). De ces trois genres, le plus important est le genre Nau- Fig. 7. Aturia,Eocène de Thèbes. Fig. 8. Nautilus siganteus d’Orb Oxfordien de Villers. tilus, qui apparait dès l'époque silurienne pour venir jusqu'à nous et semble avoir atteint son apogée à la fin des temps primaires et pendant toute l'ère secondaire | (fig. 8). 4 Quant aux deux autres, leur importance est beaucoup moindre, puisque, d’une part, le genre Hercoceras ne dépasse pas le Silurien supérieur, tandis que le genre Aturia ne fait son apparition que dans l'Eocène; ce der- nier genre se distingue surtout des vrais Nautiles par ses cloisons anguleuses qui forment sur chaque flanc de la coquille un profond lobe latéral. Les Nautiles étant fort nombreux en espèces, il était nécessaire pour faci- liter l'étude de ces aninaux de les ranger en différents groupements qui varient d’ailleurs suivant les auteurs qui s’en sont occupé. D'Orbigny, se basant sur l'ornementation extérieure de la coquille les divisait en : 1° Lœvigati, à coquille lisse. 29 Radiati, dont la coquille présente des côtes trans- versales. 3° Striati, à stries longitudinales ou spirales. D’autres auteurs se basent sur la forme et la grandeur relative du siphon, sur la forme plus Gu moins angu- leuse des tours de spire et aussi sur l’ornementation. Parmi les types qui ont la spire déroulée en forme de crosse, on rencontre les genres Discoceras, Pteronau- tilus et Lituites, Dans le premier dé ces genres la partie enroulée est très courte et toutes les espèces appartenant à ce genre ont vécu à l’époque silurienne. Le genre Pteronautilus a son dernier tour seul déroulé et muni d'expansions en formes d'ailes, il est plus récent que le précédent car c'est dans les couches per- miennes qu'il se rencontre. - Quant au genre Lituites (fig. 9), qui a des représen- Fig. 9 — Lituites lituus du $Silurien inférieur. tants dans le Silurien supérieur, ses tours de spire sont d’abord enroulés et contigus, puis le dernier se déroule, s’allonge énormément pour se recourber ensuite en forme de pioche; il semble done être par rapport aux Nautiles ce qu'étaient les Scaphistes par rapport aux Ammonites. _ La quatrième division adoptée par Fischer, créée pour les espèces à coquille hélicoide, ne renferme que deux genres. Le premier, le genre Trochoceras, possède une co- LE NATURALISTE quille dont la spire peut être dextre ou senestre, et l’ou- verture est simple; ce genre vécut du Silurien inférieur au Dévonien, Le genre Adelphoceras se distingue du précédent en ce que son ouverture, qui est contractée, est formée de deux orifices. , Les couches dans lesquelles on trouve des Orthoceras, ne se montrent, en France, que sur quelques points dela Bretagne, de la Normandie, et aussi dans les Pyrénées, Les plus anciens de ces organismes peuvent être re- cueillis dans les schistes à Calymènes, à Domfront (Orne) et à Mortain; ainsi que dans les schistes ampéliteux de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Afla partie supérieure de ces schistes à Calymènes, on trouve aussi des représentants des genres Lütuites et Endoceras, à Bain, dans le Morbihan, Dans le calcaire de Feugeurolles (Calvados) et de Saint- Nicolas-des-Bois (Orne) on rencontre les 0. Orthoceras originale, O. styloideum, O. subannulare, O. lancea. Dans le massif pyrénéen, autour de Luchon, on re- cueille dans les couches qui sont d'âge silurien les Or- thoceras bohemicum, O. pyrenaicum, O. Fontani et seve- rum avec le genre Cyrloceras; enfin à Cathervieille, dans des couches d'un niveau un peu plus élevé que les pré- cédentes, l'O. gracile. Les couches appartenant au Dévonien français ont également fourni quelques restes de ces organismes; nous citerons l'Hercoceras mirum, qui se montre déjà dans le Silurien supérieur et que l’on retrouve dans l'étage rhénan des Ardennes; de cette même région pro- vient également Gyroceras eifelensis,. des couches eife- hennes. Dans le Finistère, à Porsguen, les schistes qui forment le passage de l'étage Rhénan à l'étage eifélien, contiennent les Orthoceras regulare et Bactrites schlo- theimi. Ce dernier genre est, sans doute, une forme intermé- diaire entre les deux genres Orthoceras et Aulococeras. Il a été signalé, dans les marbres griottes des Pyrénées, qui sont dévoniens, les restes d'une très grande espèce, sans doute, O. giganteum. Lesystème Permo-Carbomifère, fournitaussi,en France, des Orthocères et des Nautiles ; c’est ainsi que dans le calcaire carbonifère nous signalerons Nautilus carini- ferus, N. cyclostoma, en compagnie d'Orthoceras subcana- liculatum, ©. calamus, et dans les schistes supérieurs au calcaire carbonifère on trouve fréquemment les 0. dila- tatum, O. pygmæum, 0. strigillatum, Les Nautiles, comme nous l'avons déjà vu, se continuent dans la série des temps, tandis que les Orthoceras et les genres voisins, ne semblent pas dépasser le Trias, ou 1is n'ont plus déjà que de bien faibles représentants. P.-H, FRITEL, Attaché au Muséum. UNE EXPOSITION HORTICOLE COLONIALE Chez nous, tout se fait par engouement, et depuis quelque temps l'engouement est tout entier porté vers les choses coloniales. Après avoir par trop délaissé nos colonies, on en est arrivé à ne plus parler que d'elles, à ne voir que par elles, Nous ne saurions blâmer cette belle ardeur, si elle était quelque peu réfléchie, si les coloniaux étaient vraiment dignes de porter tous ce nom, si bon nombre d'entrefeux'ne faisaient de la science colo- niale que commodément assis dans un bon fauteuil, au coin de leur feu. Que de coloniaux qui n’ont jamais entendu parler de leur marotte que sous les ombrages de leurs villas et n'ont bravé les feux du Soudan que dans un casino ou sur une plagei mondaine! Les Tarta- rins sont nombreux; ils sont tout un monde et ils arrivent encore à se faire prendre au sérieux. Donc, puisque le vent est aux colonies et aux entre- prises coloniales, il ne sera peut-être pas inutile de dire quelques mots de deux manifestations de cet ordre qui viennent d’avoir lieu à Paris. La presse politique a parlé longuement, à grands renforts d'érudition et d’encre répandue, d’une exposition de plantes exotiques, utiles à divers points de vue, organisée dans les serres du Muséum par les soins de M. Bois. Tous ceux — et ils sont nombreux — qui l'ont visitée, en ont été enchantés et avouaient, en quittant les serres, qu'ils n'avaient pas perdu leur temps. Malgré la quantité de végétaux exposés, 1] n'y avait là qu’une partie de ce que pouvait présenter notre grand établissement national : les plantes délicates ou de dimensions telles, qu'il était impossible ou par trop difficile de les transporter en dehors de chez elles, Tout ce qui avait pu sortir se retrouvait aux Tuileries, à l'Exposition de printemps de la Société nationale d’horticulture de France. Une serre avait été spécia- lement établie à l'intention des plantes exotiques, cultivées dans nos colonies où qui méritent d'y être introduites. C’est seulement cette année que le pro- gramme de l'exposition annuelle comportait une sec- tion coloniale. L'idée avait rapidement fait son chemin et quoique le temps eût manqué, prenant un peu les organisateurs au dépourvu, les apports n’ont pas manqué d’attraits. 11 faut dire que M, le Ministre des Colonies et le gouverneur général de l'Algérie avaient fait bon accueil à l'innovation et l'avaient encouragée sous la meilleure des formes, celle de récompenses à décerner aux exposants. Ces derniers étaient au nombre de six: le Muséum d'histoire naturelle, l'École supérieure de Pharmacie de Paris, le Jardin colonial de Nogent, présentaient des col- lections hors concours; MM. Godefroy-Lebœuf, un zélé et fervent colonial, qui a fait ses preuves aussi bien en Extrême-Asie qu’à Paris, J. Sallier, la maison Vilmo- rin-Andrieux et Ci qui s'occupe, avec le soin qu’elle déploie en toutes choses, de l’acclimatation des plantes économiques recommandées pour nos colonies. Donc, dans la petite serre des Tuileries, on se serait cru aux Colonies, Les Baobabs, il faut le reconnaitre, n'atteignaient pas la grosseur de ceux que j'ai vus jadis au Cap-Vert; ils rappelaient peut-être un peu plus ceux qu'a immortalisés Daudet, croissant dans le fameux jardin de Tarascon. Les Caoutchoutiers n'étaient pas encore disposés à donner la masse de gomme élastique dont l'industrie a besoin chaque année. Malgré cela, c'était intéressant au possible ;ca constituait la meilleure des lecons de choses possible en botanique coloniale appliquée. Les collections exposées pouvaient se répartir en deux classes bien distinctes : au Muséum, à l’École de Phar- macie, au Jardin colonial, on voyait des plantes pour la plupart d'un certain âge, permettant presque de se faire LE NATURALISTE unesidée de leur physionomie et de se rendre compte de ce qu'elles sont dans la nature. Dans le lot de la mai- son Vilmorin, on pouvait suivre telle ou telle plante depuis la germination de ses graines jusqu'à une période de développementencore peu avancée,mais déjà caracté- ristique pour chacune d'elles. Des deux côtés, les mérites étaient égaux, quoique d'ordre divers : c'est ce qui a été bien compris etl’onaaccordédesrécompenseséquivalentes à la maison Vilmorin et aux chefs de culture des trois établissements de l’État dont nous avons parlé plus haut. Examinons successivement chacun de ces lots et signa- lons les plantes les plus intéressantes qu’ils contenaient Les lots du Muséum l’emportaient par la grandeur des spécimens et leur variété. À côté de la Canne à sucre, les curieux pouvaient contempler lAnis étoilé dont on par- lait dans un des derniers numéros de ce journal (Ilicium verum), le Gingembre aux rhizomes usités comme condi- ment, les Labiées à racines comestibles telles que le Coleus tuberosus de Java, le Plectranthus ternatus où Oumine de Madagascar, le PI. Coppini ou Oussinifim de la côte occi- dentale d'Afrique qui, malgré leur mérite, sont loin de valoir le médiocre Crosne du Japon. L'Abricotier des An- tilles où Mammea americana attrait les visiteurs au même titre que le Durio zibethinus, que lAnona muricata, la Pomme Cannelle, le Corossol.etc.L'industriels’arrétait avec étonnement devant les Landolphia africains qui fournis- sent le caoutchouc de la côte occidentale, les Cofea, les Eucalyptus, les Sanseveria susceptibles de fournir des fibres textiles d'excellente qualité, l'Hematoxylon campe- chianum jadis utile aux teinturiers -à l'époque ou les cou- leurs d’aniline n'avaient pas encore fait leur apparition. Ceux qui s'intéressent à l’art de guérir, avaient le choix entre le Strophanthus hispidus, le Cola Gabonensis, le Quas- sia amara, la Coca, le Boldo, etc. Etaient encore dignes d'attirer l'attention : le Convoloulus floridus qui donnait le bois de Rhodes des anciennes pharmacopées, le Pistacia vera ou Pistachier, le Caroubier, l’Argan du Maroc, le Poivre Betel usité en masticatoire chez les peuples asia- tiques, le Govyavier, l'Artabotrys odoratissimus dont les fleurs fournissent, par distillation, l'essence d'Ylang- Ylang, l'Olea fragrans mêlé fréquemment au thé pour lui donner du parfum, l’Eriodendron anfractuosum ou Fromager, l'Hura crepitans dont le fruit s'ouvre avec une explosion comparable à celle d’un coup de pistolet, le Lim de Cochinchine qui a fourni son bois au pavage pari- sien en même temps que son écorce, très toxique, sert de poison d'épreuve, le Tinnea Sacleuxii est une espèce voisine et constitue l’arbre aux violettes de l'Afrique tro- picale, le Croton Eleutheria ou Cascarille qu'employaent jadis les fumeurs pour aromatiser le tabac, l'Ilex pa- rayuayensis plus connu sous le nom de Maté, le Pimenta acris dont le fruit est usité comme condiment sous le nom de Mignonnette ou de Piment de la Jamaïque, le fameux Galactodendron utile de la région des Amazones dont le latex est aussi analogue au lait des animaux que possible, etc. me La flore n’est pas moins variée dans le lot de l'Ecole de Pharmacie. Nous y remarquons : \ l'Antiaris toxicaria 4 ou Upos antiars, poison des flèches de Java; la noix vo- n. mique dont on retire la strychnine; le Muscadier; la Fève de Calabar, poison d’épreuve africain que l’oculis- tique à su utiliser; le Baumier du Pérou, le Cannellier . de Ceylan, le Poivrier, le Copahier, l'arbre à Baume de Tolu; le Bixa Orellana où Rocouyer ; le fameux Mance- nillier dont l'ombre n'était pas mortelle au Jardin des LE NATURALISTE Tuileries ; l'arbre à pain ; le Dipterix odorata qui donne la Fève Tonka; le Tanguin de Madagascar, le célèbre poison d’épreuve ; l’AHevea Brasiliensis dont on retire un caoutchouc au Brésil; le Palaquium Gutta, un des pro- ducteurs de gutta-percha, obtenu de boutures, ce qui dénote, de la part du chef de culture de l'École de Phar- macie, une remarquable habileté professionnelle, etc. Au jardin colonial, ce sont de nombreuses variétés de Caoutchoutiers et de Guttiers; des Quinquinas, des Ca- féiers,entre autres un hybride des Coffea officinalis et libe- rica ; des Cacaoyers ; le Simaruba; le Prunier de Madagas- car où Flacourtia Ramontchi; l'Acajou, le Copal, l’Acacia Lebleck qui fournit le Bois noir; le Dividivi, légumineux du genre Cæsalpinia dont les gousses, bizarrement contour- nées, sont employées dans la tannerie; le Pachira insignis connu sous le nom de Châtaignier de la Guyane; le Lilchi; laPomme Sapotille; le Figuier banyan ou Ficus religiosa; le Colatier, etc. Le lot de la maison Vilmorin était disposé avec beau- coup de méthode. Les végétaux y étaient rangés d'apres leurs propriétés et leurs usages économiques ou indus- triels : plantes officinales; plantes à caoutchouc (Cas- tilloa elastica de Panama, Ficus Bengalensis, Marsdenia verrucosa de Madagascar, Landolphia Watsoniana et Como- rensis d'Afrique) ; plantes à résines, gommes,essences et baumes ; à tannin (Zucalyptus,ete.) ; plantes tinctoriales ; bois précieux, textiles; arbres fruitiers (Ananas, Cacaoyer, (Goyavier, Spondias des Antilles, Jambosa ou Pomme rose, Anacarde, Passiflore comestible, etc.); plantes alimentaires, à épices, toniques, oléagineuses (Moringa qui fournit l'huile de Ben utilisée jadis en horlo- gerie, Sésame, Curras, Stillingia sebifa à cire végétale, ou Aleurites triloba des Moluques, Polygala butyraceuma Beurre de Maloukang de la côte d'Afrique, etc. M. Godefroy-Lebœuf montrait un petit nombre de plantes, entre autres un nouveau Cacoyer, le Theobroma Simiarum, ce qui signifie Cacaoyer des singes, Euphorbia Poissoni dédié à notre excellent ami M. Poisson, du Muséum d'histoire naturelle, Mais ce qui intéressait sur- tout dans cette exhibition,c'était une Serre à la Ward,sorte de caisse vitrée indispensable pour l'introduction des végétaux vivants, et pour leur transport sur les bateaux, Dans le petit lot de M. J. Sallier, on remarquait le Feijoa Sellowiana, du Brésil, qui mürit sous le ciel de Ja Provence, donnant un fruit assez agréable au goût; un Caféier congolais, le Coffea Laurentii, à très larges feuilles; le Vitis Voinieriana, superbeliane introduite d'Indo-Chine par notre ami Ch. Baltet, etc. Signalons encore, dans le lot de la station d'essais de l'Algérie, toute une série de plantes industrielles ou éco- nomiques qui, cultivées sous le climat algérien, semblent s’yplare et vouloir yprospérer. Ce sont les Agave spicata, univittata,lophantha etc. dont les feuilles sont susceptibles de fournirune bonne matière textile aussi bien quele Four- croya gigantea, les Sida, l'Hibiseus cannabinus,le Corchorus olitarius, la Ramie, qui se prêtent aux mêmes usages, grace à la constitution spéciale de leurs tiges ; l'Argania Sideroæylon dont les fruits fournissent au Maroc une huile estimée ; le Camphrier; le Jaborandi, le Boldo; le Rhus coriaria, Acacia pycnantha, à écorce chargée d'une assez grande quantité de tannin pour qu'on puisse l'employer en corroirie. Il en est de même d’une Patience du Sud des Etats-Unis, qui à fait quelque bruit ces derniers temps sous le nom de Canaigre : ce sont les racines tubé- reuses du Rumex hymenosepalus quijouissent de propriétés astringentes. Notons encore le Sapindus utilis dont les fruits, grâce à la présence de la saponine, peuvent rem- placer le savon ou l'écorce de Panama. P. HARIOT. LA NACRE Presque tous les mollusques recherchés pour leurs perles, le sont aussi pour la nacre qui constitue leur co- quille. Mais on recueille pour le même usage un grand nombre d’autres coquilles qui ne forment jamais de perles. Cependant, de même pour les perles, ce sont l’Avi- cule perlière et l’'Anodonte margaritifère qui sont les plus employées. A citer aussi les Turbros et les Troques qui donnent une nacre à reflets verdâtres, les Haliotides dont la nacre est vert pourpré, les Nautiles dont la co- quille est en nacre dans presque toute son épaisseur. De l’Anodonte margaritifère, on retire beaucoup de boutons de nacre plus ou moins grossiers. Dans la tabletterie, qui exige des plaques de nacre assez épaisses, on utilise la Mulette anguleuse, l’Anodonte géante, l’'Unio pour- prée, l’'Anodonte exotique, l’Iridine du Nil, la Moule achatine, la Telline soleil-levant, la Cape du Brésil. On a trouvé des coquilles nacrées, travaillées dans les sépul- tures néolithiques : ily a donc longtemps que la nacre est estimée. Presque toute la nacre vient du golfe Persique ou des détroits de l’archipel Indien. La plus belle provient des mers du Sud, La nacre se trouve à la face interne des coquilles, sur une épaisseur plus ou moins grande suivant les espèces. On isole les lamelles à la scie et à la lime. On les polit ensuite avec du sulfate de fer calciné et de la pierre ponce. Elle sert à faire un grand nombre de bijoux, à orner leséventails, àconfectionner des boutons. Beaucoup d’es- pèces sont utilisées, surtout en Chine et au Japon, pour incruster les meubles. On en fait aussi de jolis camées. « L'on sait, dit le docteur Sauvage, que l'on désigne sous ce nom des pierres fines gravées en relief, et que les anciens nous ont laissé d’admirables spécimens de cet article qu’ils avaient poussé jusqu'aux dernières limites de la perfec- tion. Or, l’on fait aussi avec certaines coquilles, des camées qui, ayant néanmoins moins de valeur que les véritables camées gravés sur pierre dure, n'en sont pas moins fort agréables par les oppositions de diverses couleurs dues aux couches alternatives qui composent la coquille. Les camées en coquilles ne semblent pas avoir été connus des anciens ; c’est à l’époque de Ia Renaissance que les artistes italiens commencèrent à employer la gravure sur coquilles. Les plus belles pièces furent faites à cette époque par un élève de Nicolo Avanzi, le célèbre Mathieu de Nanaro, qui fut l'ami de Benvenuto Cellini. Nanaro était le premier graveur de l'époque, tant sur pierres fines que sur les coquilles. Francois Ie le fic venir en France et le nomma direc- teur des monnaies, Sous Henri IV vivait Julien de Fontenay, dit Col Doré, qui a également laissé de ma- gnifiques camées sur pierres dures et sur coquillages. Les artistes de cette époque travaillaient le Bulgare 154 : LE NATURALISTE dont la coquille est trop peu épaisse pour que l’on puisse obtenir un grand relief, mais qui brille des pius écla- tantes couleurs lorsque la première enveloppe a été abattue. Il se servait également de coquilles qui, lorsque la première couche est enlevée, laissent apparaître une autre couche de couleur blanche, jaune, couleur de chair. L'artiste réservait la première couche pour y former sa composition, la seconde lui servant de fond; il imitait ainsi les camées sur agates. Plusieurs de ces camées sont parvenus Jusqu'à nous. Nous pouvons citer entre autres, un bracelet ayant appartenu à Diane de Poitiers. Les camées qui composent ce joyau, sont en coquilles et représentent des animaux, chevaux sauvages, cerf, chien taureau, lion, loup, etc. Ces camées sont montés en or et enchainés l'un à l’autre par des chaînons en émail, d'un goût exquis. Les boutons du pourpoint de Henri IV étaient des camées sur coquilles et représentaient les douze Césars. Un autre bracelet qui pourrait avoir ap- partenu à Diane de Poitiers, mais qui, en tous cas, est bien de cette époque, est composé de camées en coquilles représentant des chevaux sauvages, des ours, une chi- mére, un sauglier,un sphinx. L’on emploie aujourd’hui pour les camées en coquilles, le Casque de Madagascar ; c'est dans cette espèce, en effet, que l’on trouve la dureté et l'épaisseur de test convenable ; de plus, ce test est composé de lames de diverses couleurs, qui permettent à l'artiste d'obtenir les reliefs qu'il désire. Le Casque se taille à Rome et à Paris, et donue lieu à un commerce assez important. La pièce que l’on enlève pour la sculpture porte le nom technique de Capote. On peut voir dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle des camées représen(ant de Jussieu, Daubenton, Lacépède, Cuvier, camées en Casque de Madagascar et en Casque rouge qui sont admirablement travaillés. L'on emploie aussi la partie de la coquille voisine de l’ouver- ture, ce qu'on nomme la machine, pour faire de char- mants manches de canne, d’ombrelles, etc. Le Strombe géant permet d'obtenir de très beaux camées roses. Dans les bazars des villes d'eau, on voit toujours des coquilles à la face interne, desquelles est gravée une scène en bas relief, par exemple un départ pour la pêche. Ces coquilles sont de beaux exemplaires de l'Avicule perlière. On monte aussi, en forme de coupes, des coquilles entières, d’Argonautes ou de Nautiles dont on a enlevé la couche externe pour montrer la surface nacrée. D'après les renseignements donnés par M. Bouchon- Brandeley, l’industrie francaise (la tabletterie, la mar- queterie, l'ébénisterie, l'éventail, le bouton surtout) em- ploie la presque totalité de la nacre introduite dans notre pays; tandis que l'Angleterre ne retient,pour ses besoins industriels, que le vingtième de ce qu'elle recoit, et cède le reste à la France, à l'Australie et à l'Amérique du Nord. C'est en France, en effet, que se fabriquent en grande partie les objets dans la composition desquels entre la nacre. Il est impossible d'estimer la valeur mar- chande de ces objets, une fois mis en vente, mais elle doit attendre un chiffre très élevé. La nacre est soumise aux caprices du goût et de la mode, à l'engouement du moment. Ces dernières années, la nacre noire de Taïiti était préférée à la nacre blanche. A l'heure actuelle, cette dernière, bien que plus abondante et plus commune, est la plus chère et la plus prisée. Vraiment belle par elle- même, la nacre de Taïiti est dure, homogène, transpa- rente, irisée et foncée sur les bords ; la lumière en fait jaillir de véritables feux où se combinent toutes les cou- leurs du prisme, et ces éclatants reflets se marient dans une chatovante et délicieuse harmonie. LA PARURE A L'ÉPOQUE MAGDALENIENNE PHALANGE UNGUÉALE DE RENNE, PERCÉE TROUVÉE A LAUGERIE BASSE Le goût de la parure était déjà développé chez l'homme quaternaire. C’est à l’époque de la Madeleine qu'on voit apparaitre dans Findustrie humaine des objets destinés à l’ornementation. Ces objets; comme nous allons le voir, étaient surtout empruntés au règne animal. Assez rarement les Magdaléniens employèrent des minéraux. À Chaleux, par exemple, on a recueilli des fragments de fluorine violette percés pour la suspension; à la Made- leine, un silex de forme oblongue percé d'un trou en son milieu et offrant des essais de gravure. Parmi les produits animaux, l'homme quaternaire em- ployait très souvent des coquilles marines ou fluviatles, vivantes ou fossiles. Elles étaient percées d’un ou de plusieurs trous pour la suspension. Ces coquilles étaient ordinairement locales, quelquefois elles appartenaient à des espèces ne vivaut pas dans l'endroit où on les ren- contre aujourd'hui. Elles provenaient sans doute d'échanges. Ainsi, à Issoire (Puy-de-Dôme), on a ren- contré des coquilles percées provenant des faluns de Touraine. Or, le gisement est dans la vallée de la Loire, éloigné d'environ 400 kilomètres de distance. Les espèces les plus communément employées étaient : la Littorina littorea, la Patella vulgata. En Dordogne, l'homme écrasé de Laugerie-Basse portait des Cyprées (Cypræa lurida Cy. pyrum). Ces espèces n'étaient pas lo- cales et provenaient de la Méditerranée. La Madeleine et Laugerie ont aussi fourni des coquilles fossiles venant des faluns d'Anjou et de la Touraine ; l'une d'elles, la Pa- ludina lenta, n’est connue qu à l'ile de Wight. La station de Chaleux a été très riche en coquilles percées fossiles. M. Dupont à reconnu 54 espèces ma- rines tertiaires qui avaient été employées. Certaines de ces espèces proviennent du bassin de Paris. Les peu- plades des bords de la Lesse avaient donc des relations avec le nord de la France et venaient s’y approvisionner. Les dents de mammifères et les os étaient aussi très employés. On a trouvé à Laugerie-Basse des dents per- cées provenant de l’ursus spæleus, du renne, du loup, du renard ; la Madeleine a fourni des incisives de cheval, de bouquetin, de bœuf, Bruniquel de renne, Gorge-d'Ecfer de loup, les Eyzies des canines de lynx, enfin Sordes une canine de lion. Dans d’autres stations du Midi, on a trouvé des pièces analogues. Les canines atrophiées des Cervidés étaient très recherchées. La racine était percée, diverses stations en ont fourni un grand nombre. Dans certaines grottes, on a rencontré des os de l'oreille du cheval ou des bovidés percés pour la suspension. Ed. Lartet en a trouvé dans la grotte classique d’Auri- gnac. LE NATURALISTE ; 15 ©? Les dents n'ont en général qu'un seul t Zu, quelquefois elles portent des encoches et des gravures. D'autres parties des animaux ont pu servir à l'ornementation, on cite des vertèbres de squales. La disposition amphicæ- lique favorisait le travail du perceur. Des rondelles 0s- seuses travaillées ont aussi été transformées en pende- loques; Laugerie-Basse en a fourni des exemples. Je possède actuellement une série d'ossements bruts ou travaillés provenant de Laugerie- Basse. Parmi ces ossements se rapportant à l’époque magda- lénienne : dents de renne, vertèbres, bois scié, pointes de flèche, pointes de sagaie, fragment de bâton de com- UN NOUVEL ENNEMI DES FRAISIERS Cet ennemi n'est autre pialus lupulinus L'hepialus lupulinus est un petit papillon crépuscu- laire signalé dans le département de la Seine-Inférieure par M. Tarriel; c’est un papillon très commun et, comme sa chenille est très nuisible aux fraisiers et qu’elle n’est pas encore signalée, je crois devoir donner ici les ren- seignements recueillis sur plusieurs élevages faits au Laboratoire. e que la chenille terricole de l’he- ESCRIPTION- DE L'OEUF. Les œufs sont complètement ronds, très petits, et ressemblent aux graines du coquelicot. Aussitôt pondus, ils sont blanc laiteux ; mais au bout d'une journée, ils de- viennent noirs et gardent cette couleur jusqu’à leur éclosion. DESCRIPTION DE LA CHENILLE. Longueur, 3 centimètres 1/2; tète brune, mandibules noires. Le 1er anneau est jaune-clair, avec un pointnoir de chaque côté, le pont noir est au centre de quatre poils blancs. Les 2e et 3° anneaux sont blancs, sans points noirs, Ces anneaux pa- raissent quelquefois gris, lorsque la chenille vient de manger; les quatre poils de chaque côté exis- tent, mais le point noir manque. I Il Les 4e, %e, Ge, 7e, 8», Je, 0e et Fig. 1. — Phalange de Renne, percée pour la suspension, trouvée à Laugerie- Basse 11e anneaux sont blanc-jaunâtre, (grossie d'un quart). —T. Face externe, — II. Face interne. avec un point noir de chaque mandement, dents de cheval, se trouvent deux phalanges unguéales de renne. L'une de ces phalanges est percée à la partie supérieure à un centimètre de l'articulation. Le trou à la face externe est situé au fond d'un petit enton- noir déterminé par les manœuvres du perçage. A la face interne, il est plus régulier. Les figures montrent cette disposition. Le diamètre du canal permet le passage d’un fil assez fort. La phalange en question a dû servir de pendeloque. Cette pièce était très rarement employée : cela devait être dû à la difficulté produite par l'épaisseur de l'os à traverser. J'ai fait des recherches dans beaucoup d'auteurs et je n'ai pas trouvé mention de ce genre d’or- nement, En tout cas, il était très rare à l’époque de la Madeleine et il était intéressant de signaler cette pièce qui provient d'une des stations magdaléniennes les plus. richès du bassin de la Dordogne et qui a déjà fourni tant de pièces intéressantes à la Préhistoire. Dr G. PONTIER. côté et quatre poils blancs. Le 12° anneau, plus rétréei, ne possède pas de points noirs; il est garni de quelques poils disséminés. En dde les espaces existant entre les pattes sont blanc-Jaunètre, ou gris lorsque la chenille vient de pren- dre sa nourriture. Les trois premiers anneaux supportent trois paires de pattes. Les 4e et 5° anneaux n’ont pas de pattes. Les 6e ét 7e, 8° et 9° anneaux ont chacun une paire de pattes molles et -blanches. Les 10° et 11° n'en ont pas. Le 12e se termine par deux pattes prenantes. Cette chenille molle, et presque transparente, laisse apercevoir les organes intérieurs plus ou moins colorés en gris; elle possède presque toujours sur le dos une ligne griseirrégulière, et surtout apparente sur les 4e, 3e, 6e et 12° anneaux. Cette chenille dégorge abondamment par la bouche un liquide brunâtre lorsqu'on l’inquiète. DESCRIPTION DE LA CHRYSALIDE, La chrysalide est placée dans la terre, à une dizaine de centimètres de profondeur, dans une simple loge en terre, comme la nymphe du hanneton. LE NATURALISTE Chrysalide brune de 2 centimètres de longueur ; on dis- tingue sur les anneaux les mêmes points noirs que sur la chenille, ainsi que les poils; mais le plus curieux est qu’il se forme sur chaque anneau deux bourrelets dente- lés dont les pointes sont dirigées du haut en bas et plus bruns que le restant de la chrysalide. Ces hbourrelets dentelés servent à la chrysalide à se mouvoir et à sortir ainsi de terre, car au moment de l’éclosion, elle est à moitié sortie de terre, absolument comme celle de la sesia apiformis sort des arbres; il y a du reste une grande ressemblance entre ces deux chrysalides qui ne diffèrent l'une de l’autre que par la taille moitié plus petite chez Phépialus lupulinus. DESCRIPTION DU PAPILLON Longueur, 25 à 30 millimètres ; ailes supérieures d’un brun-jaunâtre obscur, avec deux bandes blanches, obliques, sinuées, légèrement bordées de noir, se réunis- sant au bord interne et formant un V très ouvert dans lequel il y a un trait blanc longitudinal. Il ÿ a, en outre, une rangée marginale de points blanchâtres n’atteignant pas langle apical. Ailes inférieures d'un brun cendré avec la frange plus claire. Corps d'un brun noirâtre. Thorax noirâtre. Antennes fauves ainsi que les pattes. La femelle est semblable au mâle pour le dessin, mais a ordinairement le fond des aïles'et le corps d’un cendré pe. MOEURS DE L'HEPIALUS LUPULINUS Ce papillon éclôt vers les mois de mai et juin. Pen- dant le jour, il se tient caché au pied des herbes, dans les prairies et les pelouses, et ne sort dè sa retraite qu’à la tombée du jour; il suffit de se coucher dans les herbes en regardant la partie encore éclairée du soleil couchant pour en apercevoir des quantités énormes volant dans les herbes et ne s’élevant jamais à plus de 30 à 40 centi- mètres de hauteur. Leur vol est saccadé et ne les porte jamais bien loin, Aussitôt la nuit venue, on n’en rencontre plus un seul, si bien que leur sortie ne dure jamais plus de 20 à 25 mi- nutes. La femelle, après avoir été fécondée, monte le long d'une tige d'herbe, à une distance de 20 centimètres de terre et pond ses œufs de cette hauteur; là, un fait très curieux se produit; l'œuf sort du corps de la femelle et y reste légèrement attaché; pour le faire tomber, la femelle est obligée de remuer l'abdomen avec vivacité; l'œuf se détache alors, est projeté soit à droite, soit à gauche, et ainsi de suite pour les vingt-cinq à trente- cinq œufs qui, au lieu d’être agglomérés les uns sur les autres, comme dans les autres pontes de lépidoptères, sont espacés et disséminés sur un pourtour de 45 centi- mètres environ. Ces œufs éclosent dans le courant du mois de juin, et les jeunes chenilles entrent aussitôt en terre et se mettent à manger les racines des fraisiers et surtout celles du bassinet (Renunculus acris). Elles con- tinuent de manger jusqu’en septembre, et ce n’est qu’à la fin de l’année qu'elles ont atteint tout leur développe- ment; à cette époque, elles s’enfoncent dans la terre, à une profondeur de 40 à 50 centimètres, et là elles pas- sent l'hiver dans l’engourdissement; au mois de mars suivant, elles remontent à la surface et continuent de couper des racines jusqu’en avril, épcque à laquelle elles se chrysalident ; les chrysalides restent en cet état environ un mois, puis viennent au ras de terre et sor- tent finalement à moitié; elles éclosent vers quatre heures du soir; la tête et les ailes sortent les premières de la chrysalide; puis les pattes, et enfin, après des efforts inouis, l'abdomen sort à son tour. Souvent des fragments de la chrysalide restent attachés au corps du papillon ; quelques-uns même s’envolent, emportant Ja chrysalide de laquelle ils n'ont pu entièrement se déta- cher, Ce fait a été signalé par de Géer, pour l’hépialus hectus, et je l'ai remarqué plusieurs fois pour l’hépialus lupulinus. 1 C’est au moment de cette éclosion qu'il périt le plus de ces papillons, surtout dans les endroits où il y a des musaraignes, Ces petits mammifères sortent vers cinq à six heures du soir de leur retraite, et aussitôt qu'ils en- tendent le bruit que fait le papillon en tapotant des ailes dans les feuilles sèches, ils arrivent etle mangent avec avidité ; on retrouve souvent des débris de ces papillons dans l'estomac des musaraignes. Lorsque le papillon est inquiété, il reste immobile et ne remue que lorsqu'il croit que tout danger a disparu, La chenille de l’hépialus lupulinus est quelquefois attaquée par un champignon qui la tue; ayant soumis le cas à M. le Dr Delacroix, chef des travaux pratiques au laboratoire de pathologie agricole de Paris, voici ce qu'il publia au sujet de ce parasite dans le Bulletin de la Société mycologique de France (t.IX, p.264) : « Isaria dubia, nov. sp. Ce champignon récolté par M. Noël, directeur du laboratoire régional d’entomologie de Rouen, attaque la chenille de l’hépialus lupulinus, larve terricole qui déyore les racines du ranunculus acris et du fraisier. « Le parasite ne forme pas sur le corps de l’insecte un revêtement complet; il se présente sous la forme de minces cordonnets, blancs dans leur jeune âge et qui prennent en vieillissant une couleur jaune miel. Ces cordonnets, orientés le plus généralement dans le sens de l’axe du corps de l'animal, sont isolés ou ne présen- tent entre eux que des connexions lâches ; ils sont con- stitués par des filaments élémentaires hyalins, très gréles, disposés parallèlement à la longueur du filament et agrégés les uns aux autres. De la périphérie se déta- chent presque à angle droit des hyphes de volume plus considérable, dont la majeure partie sont fructifiées. Ces hyphes sont remplies d'un plasma granuleux et très vacuolaire, les cloisons y sont nombreuses et on les re- trouve fréquemment sinueuses, granifiées; sur les hyphes fructifères,les rameaux latéraux sont plus souvent 0ppo- sés. À leur sommet, les branches fructifères portent des basides ovides ou arrondies, de 3 à 4 centimètres de diamètre, qui présentent à leur partie supérieure un nombre variable de stérigmates; tantôt un seul inséré sur la partie centrale de la portion supérieure de la baside; tantôt deux, tantôt plus rarement quatre, placés alors symétriquement. « Les basides sont groupées côte à côte au nombre de deux ou trois, à l'extrémité du filament. « Des essais de culture sur différents milieux et d'in- fection sur plusieurs espèces de chenilles n'ont donné aucun résultat. L’échantillon que nous possèdons est relativement déjà ancien et nous supposons que les spores ont perdu leur faculté germinative. «a C’est provisoirement seulement que nous avons classé ce champignon dans le genre Isaria, car la pré- 2 ra Et LE NATURALISTE 157 sence de stérigmates différenciés très nettement sur les basides et monospores le rapproche de certains genres de clavariées ou de téléphonées inférieures, Paul NOEL. CAUSE DE LA PÉRIODE GLACIÈRE On a imaginé plusieurs hypothèses intéressantes pour expli- quer la période géologique, appelée la période glacière, alors que de vastes glaciers recouvraient une partie notable de nos contrées. Nous n'avons pas à en parler, parce que ces explica- tions sont connues de tout le monde, du moins parmi les per- sonnes_qui s'occupent de géologie. Nous voudrions simplement appeler l’attention sur une cause qui nous a foujours paru être la plus probable,sinon la seule qui satisfasse complètement notre esprit. Bien loin de se réchauffer, comme on l'a dit, pour expliquer la période glacière qui a fait place à des climats plus doux, la terre ne peut que tendre à se refroidir de plus en plus, à chacune des époques géologiques. Alors, comment expliquer la période gla- cière, où.il faisait nécessairement plus froid qu'aujourd'hui. C'est bien simple. Les montagnes ne peuvent, une fois formées, que se dégrader de plus en plus; elles finissent par descendre peu à peu dans les vallées, dans les parties plus basses et jusque dans la mer, sous l'influence des agents atmosphériques, tels que la pluie, le vent, la grêle, les orages, les alternatives de chaud et de froid, etc., etc. On pourrait ajouter que les travaux des hommes, des animaux, des insectes, et que la végétation elle-même, tout con- court à dégrader les montagnes. Cette vérité enfantine une fois bien comprise et admise par tout le monde, il est aisé de se rendre compte que les Alpes et les Pyrénées, par exemple, étaient jadis plus élevées qu’elles ne le sont aujourd'hui. Dès lors, leurs glaciers devaient s'étendre beaucoup plus loin qu'au- jourd'hui; puisque tout le monde sait qu’une montagne est d'au tant plus froide à son sommet, que son altitude est plus élevée, toutes choses égales d’ailleurs. Il y a plus, l'étendue des anciens glaciers, qui ont laissé des traces si évidentes de leur existence, pourrait permettre de calculer approximativement la hauteur ancienne des montagnes qui leur ont donné naissance. Dans ces conditions, sachant d'autre part que la température moyenne de nos climats à toujours été en diminuant de plus en plus, et qu'elle à passé successivement de 30 à 25 degrès, de 235 à 20, de 20 à 15 et même plus bas encore, il est aisé de se rendre compte que, si les glaciers étaient jadis beaucoup plus étendus autrefois qu'aujourd'hui, cela tient tout simplement à ce que les montagnes d’où ils descendaient étaient jadis bien plus élevées et plus froides qu'elles ne le sont actuellement. Ce n’est donc pas la température moyenne de nos climats européens qui s’est élevée depuis la période glacière, Au con- traire, les végétaux trouvés à l’état fossile, dans les terrains géo- logiques qui ont précédé ceux qui se forment aujourd'hui sous nos yeux, démontrent de la façon la plus évidente et la plus ca- tégorique que notre température moyenne a constamment été en s’abaissant de plus en plus. La période glacière n’a donc pas été un accident géologique, dans le sens où on l'entend habituel- lement. Au contraire, cette période est intimement liée au sou- lèvement de nos chaînes de montagnes actuelles ; montagnes qui étaient fatalement plus hautes alors qu'aujourd'hui, puisque toute montagne ne peut jamais que finir par se dégrader, en comblant les parties plus basses de ses débris; jusque dans la profondeur des murs, où aboutissent les cours d’eau auxquels elle donne naissance. Ces montagnes, jadis plus élevées qu'elles ne le sont à notre époque, ont formé nécessairement des glaciers incomparablement plus étendus que les misérables petits glaciers de notre mer de glace des Alpes, qui ne sont qu’un reste minus- cule des prodigieux glaciers d'autrefois. La formation de ces glaciers est d'autant plus remarquable que la température moyenne de nos pays était alors le double de ce qu'elle est au- jourd’hui, De sorte que ces anciens glaciers auraient été encore bien plus vastes qu'ils ne l’ont été, si la chaleur moyenne de nos climats avait été ce qu’elle est de nos jours. Ceci posé, nul doute que de nouveaux glaciers se formeront encore à d'autres époques géologiques qui feront suite à celle où nous vivons ; surtout s’il se produit de nouveaux soulèvements, analogues à ceux qui ont formé nos Alpes et nos Pyrénées actuelles. Dr Bouconx. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS CERVUS — var. pentaphyllus — Reiche. Depuis la publication du premier volume de cette monographie, j'ai été à même d'examiner un plus grand' nombre de spécimens de cette variété qui, pour être d'un moindre développement que les précédentes, n’en est pas moins une des plus curieuses des variétés du Luc. cervus. Elle est même tellement tranchée que l’on serait parfai- tement fondé à penser que l’on se trouve en présence d’une espèce absolument distincte, si l'étude de la variété sicilienne du Luc. tetraodon ne venait démontrer que le Luc. pentaphyllus est une forme méridionale du Luc. cervus qui estexactement à cette espèce ce que le Luc. tetraodon, Fig. 1. — Lucanus cervus. © Collection de l’auteur. var. sicilian« est au Luc. telraodon type. L'intérêt que pré- sente le Luc. pentaphyllus est donc très réel et nous revien- drons à ce sujet dans l'exposé des considérations géné- rales qui clôturent ce travail. Quand à Reïiche, son plus grand tort a été de donner à ce Lucane le nom de pentaphyllus, qui présente l'in- convénient de permettre la confusion de cette forme si spéciale, avec les spécimens pentaphylles du Luc, cervus 158 commun que l’on est exposé à rencontrer plus ou moins constamment avec le type. Cette confusion est si généralement répandue que de très bons entomologistes, adonnés d'une facon toute spéciale et même exclusive à l'étude de notre faune fran- çaise, ignorent absolument ce qu’est ce beau Lucanus. Aussi m'a-t-il paru à propos de donner ici simultané- ment une série de figures comparatives du Luc. cervus Fig. 2. — Luc. cervus. © k (Collection de l’auteur.) Fig. 3. — Luc. cervus. © (Collection de l’auteur.) commun, d'une part, et du Luc. pentaphyllus de l’autre, après avoir eu soin de choisir à cet effet des spécimens de dimensions et de développement céphalique et mandi- bulaire équivalents. Fig. 4. — Luc. Cervus. © Var. pentaphyllus. Reiche (Pyr.-Orientales), 1899. — Collection R. Oberthür. Fig. 5. — Luc. cervus. var. pentaphyllus. Reiche (Pyr.-Orientales). Collection R. Oberthür. Aux différences que j'ai signalées et qui ressortent de l'examen de ces figures, il convient d'ajouter que, de même que les femelles, beaucoup de mâles du Luc. penta- LE NATURALISTE phyllus, surtout ceux de petite taille, ont le milieu des cuisses maculé de rouge, ? Pour ce qui est du Luc. Fabiani, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit précédemment à son sujet, si ce n'est pour faire observer que ce nom ne doit subsister que pour | ordre dans la nomenclature, puisque, à vrai dire, il ne Fig. 6. — Luc. cervus. © var. pentaphyllus. Reiche. Collection R. Oberthür. désigne ni une variété ni une espèce, mais uniquement le développement minimum du Luc. pentaphyllus. Le mâle de la figure 1, recu de Prades en 1899, par M.R.Oberthür, représente avec le mâle de même dimen- sion (voir fig. 1, pl. 13 du premier volume) le maximum de développement connu du Luc. pentaphyllus, mais il ne serait pas surprenant à en juger par la taille de certaines femelles, qu'il y eùt des mâles beaucoup plus grands. L. PLANET. ACADÉMIE DES SCIENCES Les glandes défensives ou odorantes des Blattes (M. L. Borpas). — On trouve, à la région postéro-abdominale des Blattes mâles (Periplanela orientalis L. et Peripl. ameri- cana L.), üne glande volumineuse, composée, arborescente, reposant sur la face inférieure de l'abdomen et formée d'une série de tubes ramifiés dichotomiquement, que quelques rares auteurs ont, à fort, considérée comme une dépendance de l’appa- reil génital mâle. Cet organe, dépourvu de réservoir collecteur, débouche, par un orifice ovale, sur un arceau chitineux situé au- dessous du tube pénial et n’est autre chose qu'une glande défen- sive ou odorante, de même nature que celles décrites chez les Coléoptères. La glande secrète un liquide volatil, à odeur forte, nauséabonde, parfois âcre’et alliacée, rappelant l’odeur de souris ou celle du vieux fromage en décomposition. La sécrétion s'effec- tue d’une façon continue ; parfois cependant elle s'accélère, sur- tout quand l’animal est en danger, qu'il est poursuivi ou saisi par un ennemi quelconque. D'autre part, la nature de ce produit est nettement alcaline, ainsi que le prouvent les réactifs suivants: papier de tournesol et phtaléine. Sur l'existence delaticifères à contenu spécial dans les Fusains (M. Cor). — L'’écorce des Fusains renferme dans sa région libérienne des cellules spéciales, qui n'ont pas été signalées chez ces plantes, et qui sont remplies d’une substance élastique, possédant de nombreux caractères communs avec le caoutchouc et surtout avec la gutta-percha. L’Evonymus japoni- cus Thunb., espèce si répandue dans les parcs et les jardins, per- met de les étudier facilement, car elles y sont très nombreuses dans le liber secondaire de la tige et de la racine. : LE NATURALISTE 159 Sur la stracture des rejets chez les végétaux ligneux (M. Marcez Dusarn). — La plupart des arbres et des arbustes sont capables de donner des rejets qui se forment, sui- vant les espèces lorsque l'arbre est en pleine vigueur, ou bien lorsque sa vitalité diminue, ou bien seulement après section du {rone au ras du sol. Les rejets sont issus soit des racives (Popu- lus, Ubnus, Corylus Lycium, etc.), soit des bourgeons dormants des souches (Quercus), soit de la zone cambiale lorsqu'il y a eu sectionnement (Quercus, Populus nigra).Les tiges formant rejets, quelle que soit leur origine, se trouvent placées dans des condi- tions particulières de nutriticn, notablement différentes de celles , des branches normales. C’est ainsi, par exemple, que leur rela- tion plus directe avec les racines leur procure une plus grande + quantité d'eau. Il en résulte généralement une croissance rapide et une structure simplifiée, car on sait que la turgescence active la rapidité du développement et retarde, au contraire, la diffé- renciation des tissus.En résumé : 10 Les rejets tendent à prendre des caractères de plantes herbacées : croissance rapide, entre- nœuds allongés, stipules développées et persistant longtemps, bourgeons dissociés ; différenciation moindre des tissus, en par- ticulier des tissus de protection et de soutien ; production peu abondante de liber par rapport au bois, mauvais aoûtement ; tissu assimilateur peu développé ; excrétion d'oxalate de calcium beaucoup moindre. 2° Dans un même genre, il semble que les rejets présentent chez les diverses espèces une ressemblance plus grande avec alténualion des caractères spécifiques. RS ES RES Sur la proportion de l’eau comparée à l'aoûtement des végétaux ligneux (M. F. Kôvessi). — La forme d'un arbre ainsi que l'emplacement de ses branches florifères sont, en majeure parlie, déterminés par des conditions relatives à l’aoûtement ; le degré d'aoûtement des branches et, par suite, le nombre des fleurs et des fruits de l’année suivante est plus grand quand la quantité d’eau que reçoit la plante est moins considé- rable. Ces faits nous donnent des renseignements précieux sur la taille rationnelle des arbres et de la vigne ; ce qu'il importe de régler, c'est la quantité d’eau que recevra la plante. Il faut con- . naître la quantité et la disposition des racines dans les diverses couches du sol où elles exercent leurs fonctions, et les propriétés de ces couches au point de vue de leur contenu en eau. Dans certains cas, la taille des racines elle-même est possible, et l’on devra la pratiquer de façon à atteindre le but que l’on se propose. Séance du 11 juin. Sur l'organogénie florale des Discifiores. (M. L, Beille.) — Le mode de développement et la disposition de l'an- drocée permettent de distinguer {rois séries principales dans les Disciflores : 10 Les Euphorbiacées, où l'on trouve des genres à androcée 1sostémone, diplostémone, polystémone et des genres où l’obdiplostémonie est déjà bien indiquée. 20 Les Disciflores obdiplostémones, où le type complet se trouve réalisé dans les Rutacées, Diosmées, Zygophyllées, Aurantiées, Anacardiées, et qui se simplifient par la disparition de l'un des deux verticilles dans les Rhamnées, Ampélidées, Célastrinées, Staphyléacées, llicinées. 3° Les Disciflores eudiploslémones, dont le type complet se retrouve dans les Méliacées et les Coriariées, et dont les types, simplifiés par avortement, sont représentés par les Sapindacées, Hippocastanées, Acérinées, etc. Cette classifi- cation correspond à peu près à celles que Drude et Radkofer ont établies d'après les caractères floraux seuls, où d’après l’en- semble des caractères floraux et des caractères végétatifs. + RP AE EE RER EE RE pp tre LR | ANIMAUX Ë Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, | d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement | de reconnaissance, etc. LE HAT (Suie) La chatte avait épargné et nourrissait ces petits êtres qui remplacaient les petits qu'on lui avait volés : un intelligent cul-terreux les lui enleva et les écrasa sous son sabot. Je ne crois pas qu'un paysan français aurait fait cela. C'est affaire de tempérament. Il eut préféré montrer la chatte et ses ratons pour des sous. L’humanité y eût trouvé bon compte, son bas de laine aussi. Mais il ya autre rat, — d’une espèce toute particulière, — qui fit beaucoup parler de lui jadis, en Afrique, c'est-à- dire en Algérie, Je veux parler du fameux rat à trompe. Tous les jours on voit une poule portant fièrement au-dessus du bec un ergot que l’on à implanté dans une fente pratiquée dans la peau de la tête; c’est une façon de rhinoplastie qui prend fort bien et qui donne à la bête une allure particulière. Un zouave pratiqua la même opération sur le front d'un gros rat, où il greffa la queue d'un de ses congénères fraichement coupée. La figure extraordinaire de ce rat inconnu frappa d'étonnement un savant qui se trouvait en mission dans ces parages ; il voulut posséder l'animal précieux dont il soupconnait les ancêtres d’avoir vécu à la cour des Pharaons, et il le paya, sans soureiller, le prix qu'on lui en demanda. Séance tenante, alléchés par cette bonne aubaine, les zouaves établirent dans leur caserne une fabrique de rats à trompe et, quelque temps après, le vieux savant entrait en possession de deux ou trois autres phénomènes. Nous avons vu tout à l'heure que la légende supersti- tieuse croyait voir dans les rats un instrument de la co- lère divine; on s’adressait donc à Dieu pour détourner des campagnes ce redoutable fléau et, au moyen âge, de véritables procéduresreligieuses furent régulièrement sui- vies contre ces hôtestrop génants. Barthélemy Chasseneux (xvie siècle) cite de nombreux procès suivis de sentences d’excommunication contre les rats qui dévastaient Îles récoltes. Le théologien Martin Azpelcucta, dit Navarre, (xvie siècle), rapporte qu'en Espagne,un évêque excom- mueia du haut d'un promontoire les rats qui dévastaient les biens de la terre, « leur commandant de sortir du pays daus trois heures pour tout délai; au même instant, ces animaux s'enfuirent à la nage dans une ile qui leur avait été désignée, se faisantun devoir d'obéirà l'évêque ». Saint-Foix, dans les Essais historiques de Paris, nous dit qu’eu 1120 l’évêque de Laon excommunia les che- nilles et les rats qui dévoraient les récoltes des environs. Naturellement, plusieurs saints personnages jouirent, de leur vivant, d’une influence considérable sur cette pullulante engeance : sur un mot d'eux, les rats déguer- pissaient dare dare. Sainte Gertrude de Nivelle est la plus célèbre; une figure de cette sante se trouve gravée sur bois dans la Grand: Chronique de Nuremberg, folio 154, au verso. Des rats grouillent sur satète, ses épaules et ses bras... En Autriche et en Hongrie,on croyait jadis, et certai- nement encore aujourd’hui dans les villages, que sant Nicaise avait le pouvoir de chasser les rats et les loirs; à cet effet, on traçait sur les portes cette inscription : S. Nicasi, ora pro nobis ; fugite, glires et mures. Le roi des Bourguignons saint Gontran est représenté avec le rat qui lui fit découvrir des trésors dans un sou- terrain. Le bienheureux Martin de Porra, dominicain, infir- mier du couvent du Saint-Rosaire à Lima, est surnommé le Saint aux rats dans presque toute l'Amérique espa- gnole. Ces animaux infestant son couvent, il les appelez au nom de Dieu, et ils montèrent dans une corbeille dée posée à ses pieds; 1l les transporta alors dans le jardin, et leur promit de leur apporter tous les jours à manger 160 LE NATURALISTE s'ils voulaient ne plus toucher aux provisions ni au linge du couvent. Les rats, benoits, furent dociles et accep- tèrent ce compromis. — On représente ce saint entouré de rats, ou portant un panier plein de ces rongeurs.” Sainte Aldetrude,ahbesse de Maubeuge,et sainte Fina, recluse en Toscane, sont aussi représentées avec des rats. - Isidore de Séville (Etymologies, Liv. XIT, chap. 11) dit que le nom pô: et mus, du rat, vient de ce qu'il nait de la terre, humus en latin. « Dans la pleine lune, dit-il, leur foie augmente comme la mer monte,et il revient à son état normal au déclin de l’astre. » Nous avons vu qu'Elien mentionne cette marée que subirait le foie du rat, Cicéron en parle aussi dans son livre sur la Divination, tout en faisant observer que le phénomène n'a lieu qu'en hiver : musculorum jecuscula bruma dicuntur augeri. — Pline déclare aussi que le foie de ces animaux suit, en variations de volume, le cours de la lune (XI, XxXvVH) ; murium jecusculis fibr'æ ad nu- merum lunæ in mense congruere dicuntur. Cet animal ne pouvait manquer de fournir quelque partie de lui-même à l'antique pratique médicinale. Serenus Sammonicus (Préceptes médicaux, ch. XLIX) conseille, contre la fièvre quarte, le médicament suivant, que j'hésite pourtant à proposer aux dames qui font la grimace en avalaut leur potion : « N'hésitez pas à boire, sur le midi, du vin où vous aurez broyé de l’ail avec trois punaises, où à avaler du foie de rat détrempé dans quatre scrupules de vin pur. » Qu'on vienne ensuite s'étonner que les Romains aient conquis le monde! L’abbesse allemande sainte Hildegarde (1098-1180) va nous raconter Ge bien bonnes choses. Dans sa Physique divre VIT, ch. xxxIX), à propos des vértus médicales du rat, elle nous dit : « Le rat est très chaud, et ila des habitudes diabo- liques et insidieuses tout à fait particulières, car il fuit toujours, et c'est pour cela que sa chair est contraire à l’homme et ne vaut rien en médicament, « Mais cependant, si un homme est atteint du mal ca- duc et tombe sur le sol, mettez un rat dans un vase plein d’eau, et donnez-lui ce breuvage ; lavez-lui aussi le front et les pieds avec cette eau, et cela toutes les fois que l'accident se produira. Il guérira certainement. Car, de même que le rat fuit tout, il fera fuir le mal caduc lui- même. « Lorsqu'une rate doit mettre bas, elle souffre de grandes douleurs et elle court au ruisseau le plus proche pour accumuler dans sa bouche le plus qu’elle peut de minuscules cailloux. Elle retourne ensuite vivement dans son trou, les rejette sur le sol, souffle sur eux, se couche dessus, les échauffe et finit par enfanter. « Mais aussitôt qu’elle est délivrée, elle prend ces cail- loux en horreur, et les rejette au dehors avec les pieds, c'est-à-dire elle les USZSCHIRRIT (diable d'allemand !) ; alors elle se met sur ses petits pour les réchauffer. « Et si, dans le même mois, quelqu'un peut trouver de ces petits cailloux; s’il connait une femme sur le point d’accoucher, qu'il les lui attache sur le nombril : quelque laborieux qu'eüt été jusqu'à ce moment le tra- vail, il sera immédiatement terminé. Seulement, aussi- tôt la femme délivrée — {ouvrons l'œil !j — il faut s'em- presser de jeter les cailloux au dehors. » (Recommandé à Messieurs de la Faculté.) La sainte abbesse continue; ce n’est pas fini. - 9 JUL 190{ « De même, si un homme à le RIDDEN (???), prenez un rat, donnez-lui un coup suflisant pour qu'il ne puisse fuir, et, avant qu'il ne meure, mettez-le entre les épaules de l'homme, tous deux dos à dos, au moment où le rid- den le fatigue davantage, Le rat mourra entre les deux épaules de l’homme, et celui-ci sera guéri à tout jamais de la maladie. » Oui, mais voilà : que peut bien vouloir signifier ce vieux mot allemand ridden, jeté par la sainte fille aumi- lieu de son latin? Cette extatique eut de son temps une réputation pro- digieuse de savoir et de sainteté; elle entretint une cor- respondance suivie avec les Papes Eugène III, Anas- tase IV, Adrien IV, AlexandrelIll,lesempereurs Conr2det Frédéric Barberousse, etc. Elle a laissé de nombreux ouvrages scientifiques, qui passaient, à l’époque pour lettre d’évangile; elle mourut à l’âge de 82 ans. Depuis la science a fait des progrès. Le rat, notre commensal perpétuel, que nous le vou- lions ou non, devait être l’objet d’une foule d’apologues, de contes, de fables, de récits et de légendes; nous en avons déjà vu quelques-uns; les fables surtout furent nombreuses, depuis celles d'Esope jusqu'à celles de La Fontaine; une surtout, de ce dernier fabuliste est cé- lèbre : le Rat de ville et le Rat des champs ; Horace l'avait déjà traitée dans la satire VI du livre IT. Le rat s’apprivoise avec la plus grande facilité, surtout lorsqu'il est pris très Jeune; les Fohes-Bergère mon- traient, il y a quelques années, uue vingtaine de rats manœuvrant un train minuscule arrivant en gare sonnant la cloche, ouvrant les portières, déchargeant les bagages, etc. Quand Crébillon fils vit s'ouvrir devant lui les portes de .… Vincennes, pour son roman Tanzai, la première nuit qu'il passa à la forteresse lui ménagea une surprise : un énorme rat grimpa dans son lit, et se mit en devoir de s'introduire sous les couvertures, Aux cris qu'il poussa, le gardien accourut et, mis au courant : « Bah! dit-il en riant, c'est Nicolas, un rat que votre prédécesseur avait apprivoisé, et qui couchait toutes les nuits avec lui... » Tout le monde a entendu parler de l’éternelle plaisan- terie des rats de Latude; il en avait apprivoisé, dit-il, jusqu'à vingt-deux, et il termine ainsi son récit, en par- lant de la manière dont ils se battent : ; « … Alors le plus fort claquait des dents et le plus faible se mettait à crier en reculant en -arrière, sans tourner le dos,dans la crainte que son adversaire ne sautât dessus et le mordit. D'un autre côté, le plus fort n’attaque pas de front, parce qu’alors il s'exposerait à se faire crever les yeux (??). Le moyen qu'il emploie est ingé- nieux et plaisant : il met sa tête entre ses deux pattes de M devant et fait la culbute deux ou trois fois jusqu'à ce que le milieu de son dos vienne frapper sur le museau de son ennemi; celui-ci alors cherche à fuir; l’autre choisit ce moment pour le saisir ; il se cramponne dessus, et quelquefois ils se battent avec acharnement. Si quelques autres rats se trouvent présents, ils demeurent spectateurs du combat : jamais ils ne se mettent deux contre un. » À \ ci “héiite sn dan de ul bete LE décor ÉD à. (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F'LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 93e ANNÉE LES ORIGINES DE LA TERATOLOGIE LES MONSTRES IMAGINAIRES Nous avons vu dans un article précédent l'homme copier plus ou moins directement les monstres naturels. Mais ceux-ci ne lui suffisent pas et ilen crée d’autres qu'on pourrait croire tirés ‘de son imagination. Il agit pourtant en se conformant à des lois. Certains monstres parmi les plus simples dérivent d'animaux réels que la crainte a exagérés ou déformés. Le paysan redoute les animaux féroces, il raconte à la veillée les exploits du tigre mangeur d'hommes (Indes) ou du loup (France). Il grossit leur taille et exagère leurs forces, il jure qu’on l’a vu presque à la même heure en des endroits fort éloignés, et la légende transmet les exploits du loup-garou et de la bête du Gévaudan. Les chasseurs renommés, les guerriers fameux devien- nent des géants aux forces surnaturelles. Les traditions de tous les peuples content leurs prouesses, tels Hercule et Gargantua. Les fètes publiques en perpétuent le sou- venir: Gayant haut de septmètres et porté par six hommes déambule dans les rues de Douai le jour de la fête com- munale, le Lydéric le Forestier fait de même à Lille. La peur peut aussi dénaturer l'animal observé. La licorne n’est probablement qu'une antilope orynx se pro- filant à l'horizon les cornes de profil et superposées. Siles mineurs du moyen âge ont peuplé d'animaux étranges les galeries abandonnées, c’est qu'ils avaient trouvé dans la houille d’étonnants débris. Leur crainte superstitieus,edevancçant les tentatives de Cuvier,arecons- titué les animaux fossiles dont la forme et les exploits nous sont transmis par un ouvrage de l'époque : «Le Monde souterrain, » du Père Kircher. * # À l'opposé des monstres qui sont des créations incons- cientes de notre imagination, il en est d’autres qui sont voulus. L'artiste en les créant a exprimé une idée au mème titre que s’il avait écrit. L'attribut se fusionne avec l'animal, et celui-ci devient un monstre symbolique. Ainsi Pégaseest un cheval ailé; on donne ainsi la fonc. tion du vol à un animal qui en est incapable. L’homme pourvu d'ailes devient un ange. L’irréel ainsi créé peut n'être lui-même qu'un symbole : tel l’amour est repré- senté sous les traits d’un enfant ailé, parce qu'il vole de l’un à l’autre. L'esprit s’habitue aisément à ces figurations, car elles n'ont d'irréel que juste ce qui est nécessaire pour expri- mer le symbole. Notez qu’en ce cas la critique scienti- fique peut apprécier l'œuvre : elle dira que la plupart des anges ont des aïles trop petites et mal insérées ; l'artiste doit bien adapter et les proportionner à son personnage, La création du monstre est encore intentionnelle quand elle veut rappeler un fait mythologique, comme la métempsycose d'une divinité. Suivant ses incarnations, Vichnou a une tête de san- glier ou de lion, ou bien encore son corps humain est Le Naluralisle, 46, rue du Rac, Paris. de SÉRIE — N° 345 15 JUILLET 1901 terminé par une queue de poisson, ou une carapace de tortue. De même Civa porte parfois la tête d’un bélier ou d’un taureau et Ganéça, Dieu de la sagesse, a la tête d'un éléphant. À Même création voulue dans les caricatures lorsque l'artiste se moque d’une personnalité connue en lui met- tant la tête de l'animal auquel il le compare. Déja dans l'antiquité on donnait aux hommes pohtiques la tête d’un rat ou d’un pore. Sur une fresque de Pompéi, Enée qui s'enfuit a la tête d’un cercopithèque, Anchise et Ascagne des pieds d'animaux. Au lieu d'être immédiate comme dans les exemples précédents, la création du monstre peut être graduelle, procéder par étapes et exiger plusieurs générations avant d'amener la fusion de l'emblème avec le personnage. On sait combien les sauvages tiennent aux trophées de chasse et de guerre, peaux et dents d'animaux féroces, scalps et os d’ennemis. Un chef ne quittera pas son bâton de commandement, un roi son sceptre, un noble son blason, un primitif son tuteur. Ces trophées accom- pagnent constamment le sujet, ils le caractérisent et de- viennent son emblème. Il est plus important pour l’ar- tiste de le reproduire que de faire un portrait ressem- blant; cavil a la valeur d’une légende explicative. Quand l'emblème n'est qu'un bijou, un ornement, on le porte au cou, sur la tête, ou en encercle ses membres, ou on le tient en main. Mais l'emblème peut être symbo- lique, il faut alors l’inscrire à côté ou au-dessus du per- sonnage. i Les Indiens d'Amérique ont chacun un nom d'animal qui les personnifie. Quand lartiste dessine un Peau- Rouge, pour le spécifier il trace l'animal emblème au- dessus de sa tête. Même coutume existait dans l’ancien Mexique, Un compagnon de Cortez recut le titre flatteur de soleil; quand ils le représentaient, les naturels ne manquaient pas de dessiner un soleil au-dessus de sa tête. On s'explique pourquoi les statues des Divinités égyp- tiennes portaient souvent de même leur emblème. Le disque solaire ornait la tête d’Ammon, se posait entre les cornes du bœuf Apis et entre celles d’'Iris. Pour Rà il était surmonté d'un uræus, L'étoile brillait sur la tête de Sahan Orion; Safekk, déesse des lettres, l’avait entre deux cornes renversées, mais quand elle était maitresse de l’amenti ou région infernale, elle portait l’épervier relié à sa tête par un trait vertical. Dans le Midi de la France, les boulangers donnent aux gâteaux de Noël des formes vivantes: l’une d’elles est un cerf qui porte dans sa ramure un coq symbole de l’en- fantement de la Vierge. Pour arriver au monstre, il suffit que le personnage incorpore son emblème, qu’il le substitue à sa tête. Cette cohérence s'opère en Égypte toutes les fois que le Dieu a pour emblème un animal, Horus a pour symbole l’épervier. IL est représenté sous forme lunaire ou sous forme d’épervier, car cet oiseau seul signifie Horus, Enfin les artistes joignant le Dieu et le symbole en font un homme à tête d'éper- vier. Thoti a pour symbole l'ibis, Amon le bélier, Bastit la chatte, Patch la lionne; et ces divinités sont tantôt re- présentées sous forme humaine, tantôt sous la forme de l'animal symbole, tantôt enfin d’un monstre à corps hu- main et à tête animale. Et sur cette tête on peut encore mettre des attributs ; Patch à la tête de Hionne porte un dis- que, Dans des cas rares mais significatifs, la tête est rem- 162 placée par l'animal emblème tout entier : Khopri, dit le Soleil terrestre, est représenté par une momie accrou- pie et sa tête est remplacée par un scarabée soleil qui va prendre son vol. L'Assyrie avait aussi des dieux à corps humain et tête de lion ou d’'épervier ; ou par un phénomène inverse la tête était humaine et le corps bestial : génie à face d'homme sur un corps de taureau ailé ou de scorpion. L'Inde a toujours Hanouman à corps humain et à tête de singe. Et la Grèce pourtant si artiste connaissait les Harpies, Triton et les Centaures. Des créations analogues s'opèrent encore de nos jours chez les peuples barbares. Les rois dahoméens recevaient le surnom d'animaux. Ghezo, qui vivait au commence- ment du siècle, étaitappelé le coq; sa statue est couverte de plumes, Son successeur, Glé-Glé, regardé comme un lion, est représenté avec la tête de cetanimal. Le dernier roi, Behanzin, a la tête d’un requin (statues du musée du Trocadéro). Parun processus analogue les masques etles dépouilles d'animaux employés dans les cérémonies peuvent devenir partie intégrante du personnage qui les revêt et aboutir à la conception de monstres. Les peuples zoolâtres pratiquent les danses sacrées revêtus de peaux d'animaux. Les vertus de l’animal se communiquent à celui qui le porte. L’attribut ayant une telle importance, rien d'étonnant qu'il empiète sur le possesseur. Les prêtres assyriens dansent couverts d’une peau de lion dont la tête forme casque (British Museum) ; la tête est remplacée par le crâne du lion et on obtient un monstre. Les diverses représentations du dieu chal- déen donnés marquent bien cette gradation. I sortit du fleuve sous forme de poisson pour civiliser les hommes : tantôt c’est un homme portant surle dos un poisson dont la tête forme casque, tantôt il a une tête de poisson. Le masque possède aussi la forme de l'animal sacré, ou du héros du chef mort qui protège la nation. Les Néo-Guinéens possèdent ces deux sortes de mas- ques; pour en augmenter les vertus, ils les combinent l’un dans l’autre, Un masque à forme humaine sera dessiné avec un lézard dont la queue formera le nez (masque étudié par H. Giglioli (1). Puis on supprime le corps du lézard, et la queue subsistant seule donne au masque humain un nez d'une extrême longueur. Les Hudahs (Colombie) associent les animaux toté- miques aux figures de leurs ancêtres et couvrent ainsi des piliers en bois de sculptures compliquées où hommes et animaux sont bizarrement enchevétrés. Par suite les têtes d'animaux ont souvent des corps humains. Bien que dessiné d’une manière conventionnelle, un papillon reconnaissable à sa trompe et à son œil aura une face humaine et des bras. Les insulaires des îles Rubiana et Salomon ornent la proue de leur canot d’un oiseau frégate qu'ils combinent avec une tête humaine. Il en résulte une face d'homme à prognatisme exagéré posée sur un Corps d'oiseau : dans un dessin plus évolué le corps devient humain, mais la tête persiste avec son fort prognatisme (2). (4) H. Giglioli, Note on a singular mask Internat, Archiv für Ethnografie, 1888, p. 184-5. (2) Bulfour, Ornementalion, London, p. 68. LE NATURALISTE ER CR PE EE EE SR Il n’est pas toujours facile de reconnaitre si tel monstre est d’origine tératologique ou symbolique. Diane d'Ephèse aux mamelles nombreuses rappelle un cas de polymastie ; mais les seins supplémentaires ne sont jamais aussi nombreux, serrés les uns contre les autres, oCcupant toute la poitrine par rangées successives. Il s’agit plutôt ici du symbole de la fécondité. Tous es peuples à religion polythéiste ont inventé un Dieu à têtes multiples. Est-ce la copie de cas tératologi- ques? Ilest plus probable qu'ils symbolisent ainsi la sagesse et la vigilance. Janus, le Dieu Romain, gardien des portes, a quatre têtes pour mieux veiller, Ganesa, quand il est préposé à la garde des portes de la ville hindoue, troque sa tête d'éléphant contre quatre têtes humaines. Le dieu boudhiste Dhyani Kouantin a onze têtes dis- posées sur le même rang ou en pyramide :ordre bien diffé- rent de celui des cas tératologiques. De même les divinités qui possèdent plusieurs bras ne proviennent pas de modèles tératologiques., C’est unique- ment un moyen pour l’artiste de donner au Dieu de nom- breux symboles, chaque main en tenant un ou exécu- tant un geste symbolique ; parfois enfin l’attribut est fixé au bout d’un doigt quifait en même temps un geste, Aux Indes, Dourga a douze bras, Vichnou quatre, Kali huit... Une même divinité peut varier de nombre de bras suivant la quantité d’attributs qu'on lui confère, Ainsi Vichnou a quatre ou huit bras, Çiva quatre, six, huit ou dix bras, Lakchmi deux ou quatre, etc. Certains cas, nous l'avons vu, laissent dans le doute. Les sirènes en queue de poisson ont-elles, pour point de départ des monstres syméliens du type des sirénomèles ou proviennent-elles de la vue des sirènes animaux marins pourvus de seins et dont la tête rappelle vague- ment celle d'un homme ? Ne s’agit-il pas d’un symbole personnifiant un être habile nageur? Toutes ces causes ont encore pu concourir à leur création. Le centaure rappelle un cheval hydrocéphale dont le crâne est augnathe, le front s’élargit ou prend un facies vaguement humain. Il est probablement une image symbolique voulue, L'artiste a aussi consciemment représenter des cavaliers rapides, vivant sur leur monture. Ces deux causes ont probablement coexisté dans l'esprit du créateur. La genèse des monstres imaginés par l’homme ayant des origines diverses, il peut être difficile en certains Cas particuliers d’en aflirmer la cause précise. Dr REGNAULT. LES FERMES MODÈLES D'IL YA 1500 ANS Il est curieux de voir ce que l’on cultivait jadis dans les jar- dins des fermes de notre pays, au temps des premiers Frances dans les villas fiscales des Gallo-Romains, que les Mérovingiens avaient eu bien soin de conserver telles qu'elles étaient. Voici ce que nous apprennent à ce sujet Îies capitulaires de Charle- magne : 10 Que nos serviteurs soient bien traités et qu'on ne les ré- duise pas à la misère. 20 Que les intendants ne soient pas pris parmi les seigneurs, ES A LE NATURALISTE mais parmi les fidèles de condition médiocre, afin qu’ils soient tout à leur affaire. Surtout qu'ils veillent à ce que chacun tra- vaille à son ouvrage et ne perde pas son temps les jours de marché. Si l’un de nos serviteurs a quelque chose d’utile à nous apprendre, que l’intendant ne Pempêche pas de venir jus- qu'à nous. 3° Il faut se procurer des semences de premier choix, non seulement bonnes, mais excellentes. 40 Que personne ne foule la vendange avec les pieds. 30 Que tout soit fait et préparé avec la plus extrême et la plus minutieuse propreté, à savoir : le lard, les viandes séchées, fumées ou salées; le vinaigre, la piquette, le vin cuit (on voit qu'il n’y a rien de nouveau sous le soleil, pas même le procédé Pasteur pour la cuisson des vins!); la moutarde, le beurre, le fromage, le malt, la bière, l'hydromel, le miel, la cire, la farine. On voit que les fermes royales fabriquaient tout ce qui concerne les articles de l’épicerie de leur époque. 60 Que la vendange soit faite avec tous nos raisins, et que l'on n’en laisse rien perdre; qu’on renferme le vin dans des ré- cipients en bon état, bien rincés et abrités dans nos celliers : muids, seliers, sigles ou sicles de huit setiers. T° Chaque ferme (villa) aura un homme de choix pour soi- gner les abeilles, dont ce sera la fonction spéciale. 8° Chaque écurie de nos fermes aura toujours au moins cent poules et trente oies dans le poulailler et dans la mare aux bes- tiaux. Dans les écuries secondaires dépendant des premières, il y aura toujours au moins cinquante poules et douze oies. 9° On vendra avec soin les poulets et les œufs que l'on aura en trop, au delà de ce qui est nécessaire pour nourrir les servi- teurs de la ferme. 10° Pour orner nos fermes, l’intendant aura toujours des paons, faisans, canards, pigeons, perdrix, tourterelles, etc. 11° Conserver avec soin les viviers qui existent déja. On les agrandira le plus possible, afin d'y élever différentes espèces de poissons ; et on en creusera auprès de chaque ferme, là oùilny en à pas encore. 120 On aura une chambre spéciale, un magasin de réserve, dans chaque ferme, pour y conserver des lits, des couvertures, des draps, des matelas, des oreillers, des nappes de table, des vases de cuivre, d'étain et de fer et toutes sortes d'outils ; afin qu’en cas de besoin, on ne soit pas obligé d'aller s'en procurer ailleurs. Là on mettra en réserve de bonnes armes, pour marcher contre l'ennemi en cas d’invasion, à l’usage de nos serviteurs. Après chaque affaire, ils les fourbiront avec soin et les remet- tront dans cette chambre. 13° Les ouvroirs de femmes (gynécées) annexés à chaque ferme contiendront tout ce qui est nécessaire, pour que leurs ateliers fonctionnent régulièrement et sans arrêt, d’un bout de l'année à l’autre : le lin, la laine, pour filature et tissage, le pastel, le vermillon, la garance, la gaude, pour teindre les étoffes; les peignes, cardes, etc., pour carder et fouler les draps; le savon, l'huile, les vases, baquets et autres menus ob- jets qui leur sont nécessaires. 4% L'intendant aura sous ses ordres de bons ouvriers, ayant chacun leur spécialité propre : forgerons, orfèvres, argentiers, tailleurs, tourneurs, charpentiers, maçons, oiseleurs, savonniers, brasseurs de bière, cidre, poirée et autres boissons; des bou- langers qui feront du pain et des gâteaux pour tous; des fabri- cants de filets pour la chasse et la pêche; et tous les artisans qu'il serait trop long d'énumérer. Ô 150 Les forêts seront bien gardées contre le braconnage des maraudeurs et les dégâts causés par les animaux nuisibles. On replantera partout où il y aura lieu de le faire. Surtout ne pas laisser de clairière se former aux dépens des forêts : ne rien laisser perdre, tout est là! On perd déjà assez, sous l'influence des intempéries, des gelées tardives, des inondations, des pluies, du vent, de la foudre et des tempêtes; sans compter les guerres, les incendies et les épidémies de toute espèce. Veiller à la re- production du gibier et le garder avec le plus grand soin. 160 Les intendants nous enverront les peaux et nous diront, chaque année, le nombre de loups qu’ils ont tués. Au mois de mai, ils détruiront les louveteaux, avec des pièges, du poison, des épieux et des chiens. 17° Le jardin de toute ferme devra contenir toutes les espèces de plantes que l’on cultive chez nous : des lis, des roses, de la sauge, des concombres, des melons, des citrouilles, des haricots, du romarin, des lentilles, de l’anis, des coloquintes, des laitues, du persil, de la chicorée, de la menthe, des pavots, des bette- raves, des mauves, du sénevé, des panais, des choux, des radis, des oignons, de l'ail, des fèves, du cerfeuil. 18° Poûr les arbres, il y aura des pommiers et des poiriers 163 d'espèces différentes, des sorbiers, des pêchers, des châtaigniers, des cognassiers, des amandiers, des müriers, des lauriers, des figuiers, des noyers, des cerisiers, des groseilliers, des framboi- siers, des pruniers, etc., ete. On voit que l’on n’avait pas at- tendu les croisades pour faire venir chez nous les fruits de la Syrie et de l'Asie Mineure ni même de la Perse: cognassiers, pêchers et autres. 19° L’intendant aura deux registres : l'un pour écrire ses dé- penses et un autre pour inscrire ses recettes. Il nous enverra le montant, défalcation faite de ses frais et de ce qui lui reste en réserve. 20° Chaque année, à la Noël, il nous enverra le compte exact des bœufs, des terres emblavées, du gibier pris dans nos bois avec notre autorisation, des moulins, des forêts, des prés, des champs labourés, des ponts et des bateaux, des hommes libres qui vivent sur les terres de notre fisc, des marchés, des vignes, du foin, des coupes de bois, des poutres blanches, solives, etc., des carrières exploitées sur l'étendue du domaine, des légumes, du lin, de la laine, du chanvre, des fruits, des arbres, des noix et des noisettes, des arbres greffés, des jardins, des abeilles, des cuirs, des peaux, des viandes, du miel et de la cire, de l’oint, du savon, de la piquette, de l'hydromel, du vinaigre, de la bière, du vin nouveau, de ce qui resté de vin ancien, du grain nou- veau et ancien qui n'a pas été vendu, des poules, des œufs, des oies, des poulains et pouliches, des pêcheurs, des ouvriers et des employés du domaine; afin que nous sachions ce que nous avons et combien nous possédons ici et là, dans toute l'étendue de la France. Que personne ne se formalise de notre enquête si minutieuse. Nous voulons, en effet, que nos intendants procèdent de même à l'égard de leurs subordonnés; et nous leur en donnons l'exemple, afin que ceux-ci ne puissent s’en fâchér, ni le trouver mauvais, Dr Boucox. N. B.— J'allais signer Charlemagne, car je ne suis que le mo- deste rapporteur des prescriptions de ce grand homme, à l'égard des villas mérovingiennes ou carlovingiennes, qui ont fait suite aux villas fiscales des Gallo-Romains. D?.B. CONCOURS AQUICOLE La Société Centrale d’aquiculture et de pêche ouvre un con- cours public sur le sujet suivant : Monographie des cours d’eau el étangs d’une région de la France, bassin, département ou province. — Nature des eaux, des fonds et des terrains de bordure. — Faune. el Flore. — Espèces de poissons indigènes el espèces introduiles ou accli- malées. — Poissons migrateurs. — Causes locales de destruction des poissons. — Importance de la produclion du poisson dans la région. — Mesures à prendre pour la développer. Les mémoires, inédits, devront être adressés avant le 31 dé- cembre 1901 à M. le Secrétaire général de la Société centrale d’aquiculture et de pêche, 41, rue de Lille, à Paris. Chaque mémoire, écrit très lisiblement et au recto seulement, pourra être accompagné de dessins, photographies, graphi- ques, etc. Les mémoires ne devront pas être signés; ils seront accompagnés d'une enveloppe close, contenant les noms, pré- noms, qualités et adresse de l’auteur et portant en outre en suscription une devise reproduite sur le manuscrit. Les mé- moires fournis pourront être publiés en totalité ou en partie dans le Bullelin de la Société d'aquiculture et de pêche. L'examen des mémoires sera fait par une Commission spéciale élue en séance générale. Les récompenses seront attribuées par le Bu- reau de la Société, sur le vu de la liste de classement établie par la Commission et du compte-rendu de ces travaux rédigé par un rapporteur désigné par elle à cet effet. Ces récompenses consis- teront en une médaille d’or d’une valeur de cent francs et, selon le nombre et l’importance des mémoires présentés, en médailles de vermeil, d'argent, de bronze, etc. Les récompenses seront décernées à l'Assemblée générale annuelle au printemps de 1902; il y sera donné lecture du compte-rendu des travaux de la Com- mission. 164 LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES ARVENSIS.... PEPIUM.. :.. ARVENSIS. ..... ÉISPIDUS AR RS CoRrNICULATUS CORNICULATUS .... CoRNICULATUS ...…...:. Dipyma, D'ATIVA eee SE DATE Ua MALCATAR I Ar AS SATIVA Diorcirmrese : VULGARIS ..... NCA SEE ANEe NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Liseron Sphinx Convolvuli L. Lophygma Exigua H. Agrophila Sulphuralis L. Acontia Lucida Hufn. Luctuosa S. V. Anaphia Leucomelas L. Ramburii B. Acidalia Degeneraria H. Emarginata L. Lotier Polyommatus Ballus Fab. Thanaos Tages L. Zygæna Exulans IHotten. Reiner et .|Zygæna Loniceræ Esp. Charon B. Hippocrepidis H. Hadena Treitschkei B. Fidonia Atomaria L. Aspilates Ochrearia Rossi. Lunetière Anthocharis Euphena L. Luzerne Colias Edusa Fab. Lycæna Icarus Ratt. Zygæna Ephialtes L. Agrotis Rectangula S. V. Tæniocampa Gothica L. Heliothis Armigera H. .|Tephrina Murinaria F. Strenia Clathrata L. Luzule Leucania Turca L. Lychoide Dianthœcia Capsincola $S. V. Cucubali S. V. Conspersa $. V. Lysimaque Callix Sparsata H. Mais .ILeucania Zeæ Dup. __— Congrua H. Sesamia Nonagrioides Lef. Mamestra Anceps H. Heliothis Armigera H. Marronnier HippocASTANUM .......|Acronycta Aceris L. VULGARE. . Marrube ...../|Luperina Testacea $. V. Massette LarirozrA............]Nonagria Algæ Esp. ANGUSTIFOLIA . eee. Spargani Esp. Typhæ Esp. MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE TOR Chenilles Convolvulus Juillet. Automne. Juillet. Juin, septembre. Mai, juin. Mai. Avril, juillet. Juin. Lotus Mai. Mai, septembre. Mai, juin. Juin. Juin, septembre. Avril, mai. Biscutella Juillet. Medicago Août, septembre. Mai, juillet. Mai, juin. Juin, juillet, octobre. Août, septembre. Printemps, automne. Luzula Février à avril. Lychnis Juin à septembre. Août, septembre. Juin. Lysimachia Juin, octobre. Zea Juin. Axril, juin. Juin à août. Mai (épis). Août, septembre. Æsculus Juillet, août. Marrubium Juin, octobre. Typha Juillet (Intérieur). Juillet, août. Papillons Juin, septembre. Mai, juillet. Printemps, automne. Mai à août. |Mai à septembre. Juin, juillet. Août. Mai à août. Juin, juillet. Mars, avril. Avril à juin. Juillet, août. Juin, juillet. Juillet, août. Mai, août. Avril, mai, juillet, août. Mai, août, septembre. Avril, mai. Mai, août. Belle saison. Juillet. Mars, avril, août à oct. Juin à septembre. Mai, juillet, août. 3elle saison. Août. Septemb., juin à août. Juin à août. Juin. Mai, juillet. Juillet. Mai, août à octobre. Juin à septembre. Mai, juin, aout. Juin à septembre. Mai, juin. Mai, juillet à septemb. Juillet, août. Août. HABITAT FRANCAIS Toute la France. France mérid., Indre, Lyon. Toute la France. France occid., Saône-et-Loire- France méridionale. France centraleet méridionale Toute la France. Provence, Pyrénées. Toute la France. Montagnes. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France méridionale. Toute la l'rance. France méridionale. Toute la France. France méridionale. France centrale. Toute la France. Toute la France. Toute la France. France centrale et occidentale. France méridionale. Montpellier, Indre. France méridionale. Toute la France. Toute la France. Toute la France. Toute la France. ; l'rance centrale et septentrion. France centr., sept. et occid. EE TN LE NATURALISTE Note sur le venin de divers Arthropodes du Pérou En entreprenant mon voyage au Pérou, je m'étais proposé d'étudier la question intéressante de l’action, sur l'homme, du venin de divers Arthropodes (Hyménoptères à aiguillon, Arai- gnées, Scorpions, Myriopodes) redoutés pour leurs piqûres ou leurs morsures. Il arrive, au Pérou comme dans les autres régions tropicales, que lorsque vous cherchez à vous renseigner à cet égard, les habitants exagèrent beaucoup les dangers de ces piqüres et vous parlent de nombreux cas de mort survenus à leur suite; si vous insistez toutefois sur des faits précis, vous constaterez qu'en réalité les cas particulièrement graves restent toujours assez rares. Dans les forêts vierges situées entre les rivières du Huallaga et de l’Ucayali, les piqüres des Scorpions, lourmis, Guêpes, Scolopendres, Araignées, ne produisent pas d'ordinaire une douleur beaucoup plus intense que celle causée par l’aiguillon du Frelon d'Europe, les autres symptômes, tumeurs plus ou moins étendues, accès de fièvre, etc., varient beaucoup, suivant la grosseur de l'animal, la témpérature et la susceptibilité du blessé, il arrive assez rarement toutefois que ces troubles phy- siologiques aient des suites fâcheuses. Jai eu moi-même, en leur faisant la chasse, l'occasion d’être Piqué par une grosse Scolopendre et par plusieurs Scorpions de grosseur moyenne, chaque fois j'ai éprouvé une douleur assez violente qui a diminué progressivement pour cesser tout à fait après quelques heures, tandis que la tumeur indurée et blan- châtre causée par ces accidents a persisté ‘pendant plusieurs jours. On croit généralement que les piqûres de grandes espèces de Scolopendres et de gros Scorpions sont les plus douloureuses et doivent produire les symptômes les plus graves. En ce qui con- cerne spécialement la région des forêts chaudes du Pérou, il ressort, au contraire, de toutes mes investigations que les pi- qüres les plus redoutables sont causées par des Fourmis du genre Ponera et surtout par de grandes Mutilles, auxquelles on donne le nom d'Isula (Isoula). Au dire des indigènes, la souf- france provoquée par ces piqûres est analogue à celle causée par de l'huile bouillante ou de l'alcool enflammé; cette douleur peut durer jusqu'à vingt-quatre heures et davantage sans dimi- nuer sensiblement d'intensité, elle est accompagnée d’une forte inflammation plus ou moins étendue, de fièvre intense, quelque- fois de délire et de vomissements, et la guérison demande plu- sieurs jours. Même en Europe, les Mutilles que l’on voit courir parfois sur les routes sablonneuses causent, par leur piqûre, des douleurs fort aiguës, J'ai vu à Tocache une femme, piquée par l'Isula à la plante du pied, se rouler à terre en poussant de grands cris; une appli- cation d'acide phénique, faite un quart d’heure après l'accident, na produit aucun soulagement. Dans le même village, j'ai trouvé une Indienne chez laquelle les douleurs atroces causées par la piqûre de l’Isula avaient provoqué un accouchement pré- maturé, Les indigènes ne connaissent aucun remède efficace pour ces blessures ; si l’on veut abréger les souffrances, il convient d’en- lever immédiatement, à l’aide d'une aiguille, le dard qui reste généralement dans la plaie. C’est sans doute à cette Mutille que les Indiens Quetchuas du temps des Incas, qui cependant ne devaient pas être très sensi- bles à la douleur, avaient donné, suivant TFschudi, le nom de Sisi huakan nahui, «la fourmi qui fait pleurer ». Tandis que le mâle ailé, dépourvu d’aiguillon, se trouve sur les buissons, la femelle de l’Isula, qui est aptère et possède un dard assez long, se rencontre fréquemment par terre, dans les sentiers aussi bien qu'en pleine forêt, de sorte que les Indiens qui vont nu-pieds ou sont chaussés de yanqués, simples semelles attachées avec des cardelettes, sont généralement piqués aux pieds; le voyageur est préservé de ces insectes redoutés par de bonnes chaussures. Fort heureusement ces Mutilles sont toujours solitaires, car si l’on était attaqué par beaucoup d'individus à la fois, les acci- dents déterminés par de nombreuses piqüres pourraient acquérir un haut degré de gravité et amener facilement un résultat fatal. (Bulletin de la Société entomologique de France.) G.-A. Barr. 165 LA NIELLE DES BLÉS (Anguillula tritici) La nielle des blés qui, en 1892, a fait de grands dégâts dans les champs de blé de Bernonville (Seine-Inférieure), et qui, depuis, semble se développer surtout dans le dé- partement de la Somme, mérite que nous nous en occu- pions un peu, et que nous fassions connaitre, par l’inter- médiaire du journal le Naturaliste, l'histoireetles moyens de destruction de ce parasite. Le grain de blé, attaqué par l’anguillule, est atrophié, globuleux, plus où moins ratatiné, d’un aspect noirâtre, extrêmement dur quand il est sec. Quand on coupe ce grain, on voit qu'il est composé d'une enveloppe très épaisse, remplie d’une matière blanchâtre; si l’on place sous le microscope, à un gros- sissement de 30 à 40 diamètres seulement, un peu de cette matière diluée dans une goutte d’eau, on voit que cette matière est formée d’une quantité innombrable de petits vers filiformes, qui s’animent et serpentent plus ou moins rapidement dans la gouttelette d’eau. Jusqu'à Fillet, on confondait cette maladie avec la carie ; celui-ci proposa de le nommer blé avorté, et dé- signa la maladie comme avortement, rachitisme. Dans un mémoire publié en 1857, et couronné par l’Institut, sous le titre : « Recherches sur l’anguillule du blé niellé, « considérée au point de vue de l’histoire naturelle et « de l’agriculture, M, le D' Davaine indique la cause de « cette affection. » D'après lui, et l'opinion actuelle de toutes les personnes qui se sont occupées de la question, elle est due à la présence d’un ver nématoide, de l'anguillule du blé (Anguillula Tritici, Roffredi). Les anguillules de la nielle à l’état de larves, c’est-à- dire non encore pourvues d'organes sexuels, possèdent la propriété de retrouver le mouvement après être res- tées longtemps, plusieurs années même en état de des- siccation et de mort apparente; elles possèdent en outre une résistance non moins remarquable à l’action de cer- taines substances qui tuent rapidement la plupart des autres animaux, Les poisons les plus actifs, pourvu qu'ils n’agissent pas chimiquement sur les tissus, sont complètement inoffensifs pour la vie de ces anguillules. Des expériences répétées, on fait constater que l’opium. les sels de morphine, ia belladone, l’atropine, la stry- chnine et ses composés, le curare, sont sans action sur ces animaux, Plongés pendant quinze jours dans une solution‘concentrée où dans un magma de ces substances, ils n'en ont pas moins continué à vivre et à se mouvoir pendant tout cet espace de temps. La nicotine cepen- dant a une action marquée sur ces anguillules; dans de l’eau plus ou moins chargée de cette substance, elles perdent promptement le mouvement; mais la nicotine ne porte point atteinte à leur vie, elle ne fait que sus- pendre leur motilité; aussi, lorsque, après plusieurs jours d'immersion, on les débarrasse de cette substance par le lavage, elles ne tardent pas à reprendre des mouve- ments tout aussi énergiques que si elles n’y avaient ja- mais été plongées. Certaines substances, inoffensives pour les animaux en général, agissent néanmoins sur les vers de la nielle comme la nicotine même, c’est-à-dire qu'elles paralysent 166 LE NATURALISTE leurs mouvements sans les tuer : ce sont les matières or- ganiques en voie de décomposition, surtout les matières animales. Il suffit d'introduire dans l'eau où vivent de ces an- guillules, une petite parcelle de chair musculaire, de caséum, de pâte de farine aigrie, etc., pour que l’on trouve au bout de quelques heures s’il fait chaud, toutes ces anguillules droites et raides. Dans cette condition (1), elles ne tardent point à manifester leur vie par leurs mouvements. On obtient le même résultat en les débar- rassant de la matière animale par des lavages succes- sifs. On peut de cette manière faire mourir en appa- rence et revivre un grand nombre de fois les mêmes in- dividus. Tous les observateurs qui se sont occupés de ces ani- maux : Needham, Baker, Spallanzani, Roffredi, Bauer, etc., ont méconnu cette action des substances orga- niques en décomposition; aussi, jugeant les anguillules mortes dans de telles conditions, ils ont rapporté sur leur vitalité des faits erronés, singuliers ou bizarres. Les substances qui agissent chimiquement sur les tis- sus tuent ces anguillules plus ou moins rapidement; telles sont le deuto-chlorure de mercure, le sulfate de cuivre, les acides et alcalis, même très étendus d’eau ; l'arsenic, l’arséniate de soude, l'alcool, ont une action relativement très lente ; celle des substances acides est au contraire très prompte, l'acide sulfurique, par exemple, même étendu de 200 fois, son volume d’eau les tue en quelques heures. Les anguillules de la nielle résistent au froid intense ; quelques-uns de ces animaux ont été soumis à une température artificielle de 20 degrés, soutenue pendant plusieurs heures sans les faire périr; mais elles ne jouissent point du même privilège à l'égard d’une tem- pérature élevée, car vers plus de 70 degrés, elles pé- rissent, bien différentes en cela des rotifères et des tar- digrades qui supportent une température de 108 degrés. Les propriétés dont il a été question appartiennent aux anguillules sans sexe, que l’on rencontre dans les grains niellés après la maturité du blé, c’est-à-dire aux anguillules à l'état de larves (2). Les anguillules pourvues d'organes génitaux perdent leur immunité à l'égard du froid, de la dessiccation et de l’action de di- verses substances indifférentes pour celles qui ne pos- sèdent point encore ces organes. Ainsi les larves extraites du grain niellé, vivent deux mois et plus dans l’eau ordinaire; les adultes extraits du grain niellé, ne vivent en moyenne que trente-six heures, comme limite extrême cinq jours. Les larves. dans l’acide sulfurique étendu de deux cents fois son volume d’eau, vivent deux heures au moins, les adultes, dans les mêmes conditions, vivent moins d'une heure, Les larves, dans un mélange detrois parties d’eau pure et une d'alcool, résistent pendant six heures, et quelques- unes beaucoup plus longtemps, les adultes n°y vivent que deux heures au plus. Les larves, plongées pendant un mois et plus dans la glycérine, reprennent toutes la vie avec promptitude, ors qu'on les met dans de l’eau pure; les adultes ne (1) Dans ces conditions de mort apparente, si on les fait sécher et si on les replace ensuite dans de l’eau pure. (2) Mais sous beaucoup de rapports, les adultes sont bien différents des larves. peuvent plus être ramenés à la vie après deux heures de séjour dans la même substance. Une température de 20 degrés, soutenue pendant cinq heures, ne porte point atteinte à la vie des larves ; une température de 16 à 17 degrés, soutenue pendant cinq heures, fait constamment périr les adultes. Enfin les larves, maintenues sèches pendant plusieurs années, reviennent bientôt à la vie lorsqu'on les place dans de l’eau pure ; les adultes, qui ont subi la dessicca- tion pendant quelques heures ét même beaucoup moins, ne reviennent jamais à la vie. La larve offre donc aux agents destructeurs une ré- sistance, qui est bien amoindrie ou tout à fait abolie chez l'adulte. Le grain contenant des anguillules ne germe pas : quand on sème les blés sains en même temps que les blés niellés, les premiers se développent, tandis que les derniers, simplement gonflés par l'humidité du sol, s'ouvrent et donnent passage aux anguillules auxquelles l'humidité a rendu la vie. Celles-ci se dirigent dans la gemmule qui sort des grains de blé en germination, et se logent sous les feuilles qui entourent la jeune tige destinée à porter plus tard l'épi. La plante se trouve donc, dès sa sortie de terre, en- vahie par les anguillules. Si l’année est sèche, elles de- meurent immobiles, collées pendant le développement de la plante à la face interne des feuilles inférieures, sans pouvoir atteindre l’épi; au contraire, si l’année est humide, elles montent en même temps que l’épi, s’in- troduisent dans l’ovule, au moment où celui-ci n’est en réalité qu’une pâte molle et laiteuse, et là, absorbent la matière devant former le grain, grossissent et se modi- fient, les sexes se dessinent, les accouplements ont lieu, et les femelles produisent des myriades d'œufs qui meurent; bientôt ces œufs donnent naissance à des an- guillules qu'on trouvera plus tard dans le blé niellé. Les moyens pratiques de destruction consistent à nettoyer soigneusement, au moyen du tarare, les grains qu'on a l'intention d’ensemencer, puis, après la récolte, lorsque le blé aura été battu, arroser le tas avec une s0- lution composée de : sulfate de cuivre, 1 k. 500; acide sulfurique, 200 grammes; eau, 100 litres. Paul NOEL. LA GRAISSE DE MARIPA FOURNIE PAR LES PALMIERS DE LA GUYANE FRANCAISE Graisse de « Maripa ». ORIGINE. — Il est probable que l’on confond, à la Guyane, sous le nom de « Maripa » 2 espèces distinctes de Palmiers du genre Attalea : À. Maripa Manr. (Palma Maripa Aus.) et À. excelsa Mart. (Maximiliana Maripa DRüDE); peut-être, même, une troisième espèce : À. spectabilis porterait-elle aussi le même nom vulgaire ? A. Maripa a un stipe de 2 m. 50 à 3 mètres, des frondes dres- sées, ascendantes, de 2 à 3 mètres de longueur, une spathe ligneuse, un spadice très grand, des fleurs dioïques ; ses fruits sont des drupes de la grosseur d’un œuf, oblengues ou rendues angu- leuses par pression réciproque. A. excelsa a un stipe élevé, annelé, des frondes dressées, éta- D es PT in > LE NATURALISTE 167 l&es; pennées, une spathe ligneuse, des fleurs femelles, solitaires sur le rachis; ses drupes sont obovées, oblongues, inégalement pentagones, à sarcocarpe peu épais, fibreux. La matière butyreuse, blanchâtre ou jaunâtre, que fournit le fruit est très recherchée; nous ignorons sa composition. Au siècle dernier, AUBLET, qui, au frontispice de sa Flore de la Guyane, a figuré (fig. 1 et 2) le Maripa, indiquait déjà que « ses fruits étaient servis sur les fables », mais il ne faisait pas allusion à la graisse extraite des graines. La graisse fournie par l'amande et que nous avons examinée est obtenue de la façon suivante : La graine est cassée, on en extrait l'amande, que l’on fait bouillir dans l'eau, après lavoir, au préalable, écrasée; la graisse vient surnager et est recueillie par écumage. Cette graisse blanche, parfumée, est employée, en Guyane, aux mêmes usages que le beurre de coco, et très vantée comme linéament, contre les douleurs rh'umatismales : c'est une huile à la température moyenne de la Guyane, un beurre à la tempéra- ture moyenne de nos régions. Cowpostriox. — Usaces. — L'échantillon examiné était devenu légèrement rance ; son point de fusion est à 23°. Son indice d'iode est de 9.49. Son indice de saponification de 259.5. L'ensemble des-acides gras, séparés par saponification, à un point de fusion de 250; la proportion d'acide oléique y est de 11.5 0/0, celle des acides gras, solides à la température ordi- naire, de 88.5 0/0. Le beurre de Maripa peut être considéré comme identique, dans toutes ses propriétés essentielles, au beurre de coco. Il pourrait certainement, comme lui, fournir, par la purification à l'aide de la vapeur d’eau, un beurre végétal comestible; il se sAponifie aisément, en donnant un savon d’empatage, retenant une très forte proportion d'eau, et moussant avec autant de faci- lité que d’abondänce. Le tableau ci-dessous met en évidence son extrême analogie avec le beurre de coco : Beurre de coco. Beurre de Maripa. Point de fusion de la graisse brute 260 230 Point de fusion de l’ensemble des ACTES TOR ASS ME MEN re io 26°5 250 Indice de saponification . 241 0201092%%25905 Indicerdiodes ei ee 809 9°49 LEN VERS SAUTEURS DANS LES FROMAGERIES LEUR NATURE ET LES MOYENS OE LES COMBATTRE 10 Origine des.vers sauteurs. Ce ver est engendré par une mouche (Phiophila casei. L.), de taille notablement inférieure à celle de la mouche domestique. La tête de. cette mouche est grosse, ses yeux proéminents, et ses ailes se recouvrent en grande partie. Cet insecte est noir, à l'exception d'une partie du front et des pattes, presque entièrement de couleur fauve. Il apparait aux premiers beaux jours et l’on en voit encore à la fin d'octobre. Les femelles, moins nombreuses que les mäles, sont aussi de dimensions un peu plus grandes. Aussitôt fécondées, poussées par un impérieux instinct, elles cherchent principalement les fromages pour y déposer leurs œufs, afin d'assurer ainsi une nourriture immédiate aux vers qui en sortiront au bout de quel- ques jours. Chaque femelle pond environ une trentaine d'œufs qu'elle distribue par petits paquets dans les excavations ou sous la croûte du fromage: les œufs trouvent là un abri naturel, dans lequel les vers nouvellement éclos se nourrissent en y creusant des galeries plus ou moins étendues. Arrivés à leur taille défini- tive, ces vers quittent généralement le fromage et vont se trans- former en pupe (espèce de chrysalide) dans quelque coin voisin: dix jours après environ, les pupes donnent naissance à de nou- (4) Communication du docteur Louise, directeur de la station agronomique de Caen. velles mouches qui apparaissent ainsi quatre ou cinq semaines après les premières. Il se produira donc, d'avril à octobre, cinq ou six générations de mouches ; une seule d’entre elles, prise au début de la saison, pourrait ainsi produite jusqu à trois cent mille vers dans l’espace de sept mois. De plus longues réflexions nous semblent inutiles pour démontrer la nécessité d'arrêter un accroissement aussi considérable par des mesures préventives. 20 Mesures à prendre pour combattre les vers sauleurs. 19 Chaque année avant le mois d'avril, tous les locaux de la fromagerie seront nettoyés avec soin, particulièrement dans tous les coins ayant pu servir de refuge aux pupes pour hiverner; les murs seront badigeonnés, les bois lavés, et ces nettoyages de- vront être renouvelés plusieurs fois pendant la saison d'été. 2° Les mouches recherchent de préférence les lieux éclairés ; on aura soin de maintenir le plus possible les haloirs et les caves dans l'obscurité. 3° On empêchera l'invasion des mouches dans les haloirs et les caves en garnissant les fenêtres et les soupiraux de toiles métalliques à mailles très serrées; ces toiles devront être infé- rieures au n° 25, c'est-à-dire de ne pas avoir moins de vingt-cinq ouvertures dans une longueur d'un pouce. 4 Les portes seront garnies de portières en toile. Les mesures ci-dessus, qui ont pour but d'empêcher l'éclosion et l'introduction des mouches dans les locaux où sont disposés les fromages, sont certainement préférables à l'emploi des poudres insecticides visant la destruction des mêmes mouches, (Communication du Ministère de l'agriculture ) ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, etc. LE RAT (Suite) Il résulterait de cette tirade que jamais Latude n’a vu de rats, au moins se battre, et que les vingt-deux dontil a rêvé se réduisaient peut-être à un seul. Du reste, ce Latude était un simple fumiste, un farceur de bas étage, que le gouvernement (pourquoi? mystère!) entretenait largement à la Bastille, non pas dans un cachot, mais dans un logement spacieux et absolument confortable, où les rats n'avaient que faire, Et,de même qu'il a abusé ses contemporains sur ses prétendus malheurs, de même il a inventé, comme moyen d’apitoiement, et pour faire pièce à l’araignée de Pélisson, son histoire de rats. Voici ce qu'écrivait, dans le Journal du #4 juillet 1898, M. Alexandre Hepp, à propos de la glorification de Michelet qui devait avoir lieu solennellement le 14: « C'est Michelet qui aura, cette année, les vrais hon- peurs du 14 juillet... Les papiers de la Bastille, aujour- d’huire trouvés, catalogués, étudiés, ne sont pas, il faut le reconnaitre, les documents d'accusation qu'on pour- rait supposer; cette terrible Bastille ne fut pas tout-à-fait dans la réalité ce que les légendes la montrent; le régime des prisonniers n’y manquait pas d'une certaine élé- gance,et pour celui d'entre eux qui est resté le plus cher aux imaginations, pour ce fameux Latude particulière- ment, il est établi que le traitement dont il fut l'objet passa de beaucoup son mérite. Cette victime-type de la Bastille y connut des jours qu’eussent enviés plus d'un des vainqueurs du noir cachot. Jl eut toutes les aises de la vie, une table de thoix, des vins de Bordeaux, la liberté 168 LE NATURALISTE d'écrire, de faire de la musique, de se promener dans les Jardins ; il eut des compagnons de jeu; quand il exigea du linge, on lui fournit deux douzaines de chemises A VINGT LIVRES PIÈCE, ef quand il demanda un vétement de four- rure, on en chercha un à sa convenance chez dix marchands de Paris. Sans compter les offres honnêtes de la royale cassette. «Cela n’empéchera pas la Bastille d'être solidement ins- tallée dans l'horreur populaire. Mais le philosophe éprouvera quelque soulagement à l’idée d'être, pour ce prochain 14 juillet, débarrassé de l'évocation sentimentale d'un bonhomme qui ne fut que la plus vulgaire des fri- pouilles. » Voilà Latude et ses rats ; ses rats et leurs culbutes. On cite deces animaux des traits d'intelligence extraor- dinaire, En voici un plusieurs fois cité de diverses facons, et que Fréville rapporte ainsi (Merveilles de l’'Instinct et de la nature, 1821) : € I ÿ avait une légion de rats au-dessus de la voûte de l'église Saint-Louis, à Versailles. Le proverbe qui dit : à est queux comme un rat d'église n'est pas toujours vrai; Car si Ceux-ci étaient gueux, du moins étaient-ils très gros et très gras, et voici de quoi ils s’engraissaient. On sait que de grandes lampes brülent ordinairement jour et nuit dans les églises, devant le maitre-autel ; à la grande stupéfaction du sacristain, cette lampe, qui contenait un litre d'huile, était toujours éteinte et vide dès le petit Jour; notre homme, voulant en avoir le cœur net, s'em- busqua un soir au fond d'un confessionnal placé en face du chœur et regarda de tous ses yeux, écouta de toutes ses oreilles. Mais rien, rien absolument de nouveau jus- qu’à minuit passé. Il allait regagner son lit, vers une heure du matin, lorsque tout d’un coup il entendit des cris aigus... ki! ki! kil... C'était le signal. I! regarde... un rat, tout blanc de vieillesse, et presque aussi gros qu'un chat, descendait lentement le long de la corde de suspension de la lampe; dix autres le suivaient. Nos funambules se rangèrent d’abord dans le plus grand ordre autour du bassin de cuivre doré au milieu duquel chauffait le mets friand qui fai- sait l’objet de leur voyage. Là, successivement, ils trempérent leur queue dans le vase de cristal où brülaient quatre veilleuses et la sucè- rent d'un bout à l’autre, il ne resta bientôt plus au fond du vase que l’eau qu'on y met d'habitude. » (Se non è vero...) Un officier de marine anglais, Joseph Puderw, écrivait en 1757, du port du Spithead, à un de ses amis de Londres —et cette lettre fut publiée par le Journal encyclopédique de cette même année — : « J'étais ce matin dans mon lit à lire; J'ai été interrompu tout-à-coup par un bruit sem- blable à celui que font les rats qui grimpent entre une double cloison et qui tâchent de la percer. Le bruit ces- sait quelques instants et recommencait ensuite.Je n'étais qu'à deux pieds de la cloison, et j'observais attentivement. Je vis paraître un rat sur le bord d’un trou; il regarda sans faire aucun bruit et,. ayant aperçu ce qui lui conve- nait, 1l se retira. Un instant après je le vis reparaitre; il conduisait par l'oreille un autre rat plus gros que lui et qui paraissait vieux. L’ayant laissé sur le bord du trou, tout-à-coup un autre jeune rat se joint à lui; ils parcou- rent la cabine; ramassant des miettes de biscuit de mer qui, au souper de la veille, étaient tombées de la table, et les portant à celui qu'ils avaient laissé au bord du trou. Cette attention chez ces animaux m'étonna. J'obser- | vais toujours avec plus de soin.,J’aperçus que l'animal auquel les deux autres portaient à manger était aveugle et ne trouvait qu'en tâtonnant le biscuit qu’on lui présen- tait. Je ne doutais plus que les jeunes rats ne fussent ses petits-enfants et les pourvoyeurs attentifs d’un père aveugle. J'admirais ces petits animaux, tout en craignant qu'on ne les dérangeât, quand soudain le chirurgien- major entra. Les deux jeunes rats poussèrent un cri pour avertir le vieil aveugle et, malgré leur frayeur, ne voulurent pas se sauver que le vieux ne füt en sureté; ils rentrèrent à sa suite, lui servant pour ainsi dire d’arrière- garde. » Il fignolait déjà les conclusions de son rapport à l'Académie des sciences sur ce sujet palpitant, lorsque la trompe de l'un de ses pensionnaires (la greffe n'avait pas pris) lui resta entre les doigts. Alors il comprit, et n’acheva pas son rapport. Enfin je n'aurai garde de passer sous silence l’Exposi- tion de souriset de rats qui eutlieu à Londres dernièrement, et dont le Journal du 18 mars 1901 rendait compte dans les termes suivants : «Il y a chaque année, à Londres,une Exposition félne et une Exposition. de souris. Celle-ci, qui est organisée par le « Mouse Fancier’s Club », vient d'avoir lieu avec un éclat tout particulier, Quatre cent soixante-quinze variétés de souris et de rats y étaient représentées. Le grand prix d'honneur a été remporté par une souris noire et rouge, qui a été payée siæ cents francs par un amateur de Manchester, M. Whiteson. Les prix les plus élevés ont été atteints ensuite par des souris hollandaises à longs poils, qui ont été payées couramment six à sept livres pièce, c'est-à-dire de cent cinquante à cent soixante- quinze francs. » E.-N. SANTINI DE RIOLS. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 24 juin 1901. Morphologie de l'appareil digestif des Dytiscides. (M. L. Bonrpas.) Le tube digestif des Dytiscides peut être divisé, comme celui de tous les insectes, en trois régions : l'intestin antérieur, l’intes- tin moyen et l'intestin postérieur ou terminal. Chacune de ces parties comprend toujours plusieurs subdivisions, différentes par leur forme et leurs fonctions. Chez les Dytiscides, le gésier et l'ampoule rectale sont des formations caractérisées par leur structure et leurs usages tout particuliers. Le premier, par la présence de dents ou aires sétigères internes, doit jouer un rôle dans la trituration ultime des aliments. Quant à l’ampoule rec- tale, elle a une triple fonction : c'est à la fois un appareil hy- drostatique, un organe défensif quand l’animal est hors de l’eau, et un réceptacle excrémentitiel dans sa région médiane et son extrémité postérieure. Bien que les Dycriscines (Dyliscus margi- nalis L., Cybister Ræselii Fabr., Agabus chalconotus Panz. Acilius sulcatus L., etc.) soient essentiellement carnassiers, la . longueur de leur tube digestif est cependant fort considérable et atteint jusqu’à quatre fois la longueur du corps de l'insecte. L'in- lestin antérieur comprend quatre parties : le pharynx, l'œso- phage, le jabot et le gésier. L’intestin terminal est long, très sinueux (sauf chez l’Acilius), étroitement enlacé par les tubes urinaires, et va déboucher dans la poche ou ampoule rectale. Au point de vue de l’union de l'intestin postérieur et de l'ampoule e | | | | | | Ne = NE - LE NATURALISTE 169 rectale, on trouve, chez les Dytiscides, trois formes bien tran- chées : 10 Chez les Agabus, l'embouchure a lieu vers l'extrémité antérieure de l’ampoule et la partie cæcale est rudimentaire ; 20 chez les Dyliscus et les Cybister, la fusion se fait vers le mi- lieu de l'ampoule, et 30 chez les Acilius elle alieu, au contraire, vers l'extrémité terminale, laissant ainsi, en avant, un long ap- pendice cæcal. L'ampoule et son cæcum présentent de nombreux plissements transversaux. Sa cavité interne a une structure dif- férente de celle de l'intestin terminal. Elle est tapissée d'une intima chitineuse portant de fines soies cornées. Les fonctions physiologiques de cet organe sont triples. Sur la conservation des eaux minérales. (M. F. Par- MENTIER). Dans un travail sur les eaux de Vichy, MM. C£Girard et F. Bordas font remarquer combien il serait plus profitable aux malades, au lieu de boire des eaux plus ou moins altérées par les différentes manipulations qu'on leur fait subir à partir de leur lieu d'origine, de pouvoir les prendre telles qu’elles sortent des griffons. Ils posent le problème de trouver un procédé permet= tant d'embouteiller les eaux minérales de façon qu'elles restent identiques à ce qu'elles sont à la source. Un pareil procédé exige des soins de propreté rigoureux, des installations spéciales et une main-d'œuvre plus longue et plus délicate que celle en usage pour l’embouteillage ordinaire. MM. C. Girard et F. Bor- das signalent également ce fait que les eaux de Vichy prises aux griffons sont stériles. Dans les nombreuses recherches bac- tériologiques faites par l’auteur sur les eaux de la région du Centre, il n’a jamais été trouvé de microorganismes quand les prélèvements ont été faits aux griffons, en prenant les précau- tions d'asepsie exigées pour de pareilles recherches. Malheureu- sement, il n’en est plus de même quand on fait arriver ces eaux par des canalisations plus où moins défectueuses dans des vasques largement ouvertes, exposées à recevoir les poussières de l'atmosphère, celles apportées par les malades ou par les vases souvent contaminés qu'on plonge dans les vasques pour les remplir. En mettant ces eaux en culture, on trouve les microorganismes les plus variés et même des bacilles nocifs. Il en résulte que toutes les sources minérales devraient avoir des captages et des canalisations parfaits et être protégées complè- tement contre l'air qui altère leur composition chimique, mais surtout contre fout apport de germes de microorganismes. Les mêmes précautions devraient être prises pour l’embouteillage. LIVRES NOUVEAUX La Chine des Mandarins, par A. DE Pouvourvizce. 1 vol. in-180, illustré de 54 gravures. 2,95 franco. M. de Pouvourville, qui nous a donné récemment un excellent volume sur « l'Empire du Milieu », nous gratifie aujourd'hui d'un volume : « La Chine des Mandarins », qui vient compléter heureusemert son précédent ouvrage. L'un et l’autre ont paru dans la remarquable « Bibliothèque d'histoire et de géographie universelles » que publie la librairie Schleicher et qui est appe- lée à nous rendre tant de services, car elle nous fera connaitre, tour à tour, tous les Etats dela terre, avec leurs institutions, leurs mœurs et leurs coutumes. L’auteur possède à fond cette Chine dont il nous décrit l’orga- nisme; on sent qu'il y a vécu. Ce n’est pas un travail de circon- Stance, quoique l’heure soit opportune; cest une étude soigneu- sement documentée et qui restera : révélation d'un monde ignoré et prodigieusement curieux avec ses 400 millions d’habitants, son territoire aussi grand que l'Europe entière et ses institutions séculaires. Avec quel intérêt on voit défiler les dynasties et la race chinoises, l'Empereur, puis les ministres et son gouverne- ment, les mandarins et l'administration, les juges et la justice, les finances et les agents du trésor, enfin l’armée et les chefs militaires. C’est une initiation complète, et avec quel art litté- raire tout cela nous est présenté par l’auteur, avec quel relief. Aussi la lecture en est-elle attachante. Maintenant que la Chine est à l’ordre du jour et entre de plus en plus dans notre contact, il n’est plus permis de l'ignorer, et ces petits volumes que nous tenons à signaler nous en donnent un tableau vivant, rendu plus saisissant par les illustrations qui accompagnent et ornent le texte. Histoire du Ciel, par Clémence Royer, 1 vol. in-18, orné de 37 gravures et une planche hors texte (2 fr. 50, franco 2 fr. 85). On ne peut trop applaudir à l’œuvre de haute éducation qu'a entreprise la maison de librairie qui, sous la direction de MM. Schleicher frères, continue la belle tradition de son fonda- teur, M. Reinwald. De tels éditeurs sontrares, pour les services qu'ils rendent au progrès et à la diffusion des sciences. Voici qu'après leur collection déjà si réputée des « Livres d'or de la Science », ils avaient créé une « Bibliothèque d his- toire et de géographie universelles », et maintenant ils nous offrent le premier volume d’une « Petite encyclopédie scienti- fique du xxe siècle. » Ils ne pouvaient mieux inaugurer cette der- nière que par l'œuvre de la femme géniale, au renom universel, qu'est Mme Clémence Royer. Ce livre a pour titre « l'Histoire du Ciel », et nous est annoncé comme le premier d’une trilogie qui comprendra « l'Histoire de la Terre » et « l'Histoire de l'Homme ». Que de thèmes admirables ! Et quelle bonne aubaine pour le grand public, car toutes ces collections diverses sont mises à sa portée, tant par le prix modique des volumes que par l'intérêt des sujets et la manière dont chaque matière abordée est traitée. La science s’y revêt d'art, et devient presque passion- nante comme elle nous est exposée. « L'Histoire du Ciel » nous en fournit la preuve; c’estle poème des mondes, en quelque sorte, qui se déroule devant nous. L'astronomie, ainsi présentée, dépouille toute aridité, quoique d'une exactitude rigoureuse dans ses données. Nous allons d’astre en astre, étudiant leurs condi- tions d'existence, leurs courses à travers les infinis; l’auteur nous initie à leur vie, aux lois qui les régissent. Gravitation universelle, système solaire, planètes et leurs satellites, comêtes, soleil, étoiles, nébuleuses, mondes en formation, mondes en évolution, quelle évocation grandiose ! Et avec quelle ampleur magistrale Mme Clémence Royer a su remplir ce programme si vaste, en y jetant tant de clarté! Chacun des chapitres de son livre éveille ferce idées, et plus d'un nous laisse réveurs! Il nous suffira d'en indiquer un seulement pour dire à quel point toute cette étude est intéressante, nouvelle et de nature à exciter nos curiosités ; c'est le chapitre de l'habitabilité des planètes et des conditions de la vie à la surface de chacune d'elles ; toutes les dernières découvertes de la science astronomique ont été mises là à profit. Nul n’a plus le droit désormais de resterigno- rant de cet Univers qui s'ouvre devant nous et où notre Terre se meut. On apprendra là comment un astre nait et comment il meurt aussi, préparant des matériaux pour de nouveaux mondes à venir. Des planches et des cartes célestes avec nombre d'au- tres gravures nous rendent plus sensibles les explications de l’auteur. On trouvera là un beau et bon livre, tout à la fois, et c’est plaisir, après l'avoic lu, de recommander à tous de le lire à leur tour et de le propager. La Conquête des mers, par Georges Tounouzr, 1 vol. in-18°, orné de 30 gravures (prix franco 1 fr. 75). C'est à la fois de la Science, de l’histoire, de l'épopée, que ce remarquable petit volume que nous venons de lire avec un inté- rêt croissant de page en page. Il y a là toute une évocation de la lutte de l’homme contre la mer pour conquérir et dompter celle-ci, qui est un drame continu, aux épisodes changeants, et l’on se sent emporté par l’auteur, tant ses peintures sont vi- vantes et saisissantes. C’est une langue chaude et colorée, en même temps que très châtiée litérairement. Nous assistons à toutes les étapes de cette conquête de la mer par l’homme, depuis la première barque lancée sur les flots par notre ancêtre préhistorique, tronc d’arbre;, radeau flottant, jus- qu'au puissant navire moderne tout bardé de fer et müû par la vapeur. C’est la rame, c’est la voile, c’est le feu qui, tour à tour, vont diriger l'humanité à travers l'infini liquide, vers les terres lointaines, inconnues, reliant ainsi les continents les uns aux autres. Il faut suivre cette histoire qui s'allie à l'histoire univer- selle ; il faut voir en présence les flottes grecques et les flottes de Xerxès et de Darius, celles de Rome contre celles de Car- thage. Puis viennent les pirates Saxons, Danois, Normands, précurseurs des Barbaresques, ces écumeurs de la Méditerranée. Nous assistons aussi aux voyages de découvertes : ici, c'est ie périple d'Hannon, et là, c’est la caravelle de Christophe Colomb, Mais à côté des chercheurs d'aventures, des conquistadores, il y a les commerçants : les Phéniciens, les Phocéens créant Mar- seille, toutes les colonisations, toutes les expansions. Flottes des Croisés, flottes des Gueux de mer, flottes de la Ligue hanséa- tique, tout cela défile devant nos yeux. Un monde de héros nous apparaît. Voici les grandes batailles navales de l'Ecluse, 170 D Lépante, Trafalgar, Navarin et tant d’autres, les Jean Bart, les Surcouf, les Nelson. Nous allons ainsi de la pirogue au navire à voiles, du vails- seau de ligne au vapeur cuirassé, L'auteur nous présente tous les types : géants et pygmées de l'Océan, jusqu’au torpilleur et au sous-marin. Et nous sortons de cette lecture, à la fois, ins- truits et charmés. Tout procède par tableaux successifs, ou rien n’est omis. Une illustration documentaire sert à nous édifier encore plus complètement. Et que de choses nous omettons ! Il faut lire ce livre. L'ÉCAILLE Les tortues de mer sont des animaux très intéressants et, en général, fort peu connus du public. Elles pro- duisent cependant une précieuse matière, l’écaille, dont personne n'ignore l'existence. Ces malheureuses bêtes, victimes de la coquetterie féminine, on l’avouera, mé- ritent bien un article ici: nous allons le leur consacrer. La grande majorité des tortues sont, on le sait, des êtres essentiellement terrestres, Quelques-unes cepen- dant — sans doute d'un caractère plus original que les autres — ont émigré vers le milieu aquatique, qui dans les eaux douces, qui dans les eaux marines. Ce qui ca- ractérise ces dernières, les seules nous intéressant pour l'instant, c'est le grand développement et la forme spé- ciale de leurs appendices locomoteurs, qui, au lieu de former des moignons à peine visibles, comme chez la tortue grecque, sont ici représentés par de larges palettes, sans doigts distincts, en un mot par de véritables na- geoires. Évidemment ces modifications des membres sont des adaptations à la vie aquatique; c'est un phénomène en tout point analogue à celui de la transformation des appendices locomoteurs des phoques et des cétacés, chez les mammifères, et des pingouins chez les oiseaux. En outre, la carapace protectrice si curieuse que tout le monde connaît n'est pas ici uniformément bombée, comme chez les espèces terrestres; elle est, au contraire, tres aplatie et plus chargée en avant qu’en arrière, de manière à simuler, dans son ensemble, la forme d’un cœur. Cette carapace est, par rapport au reste du corps, fort réduite : aussi niles membres ni la tête ne peuvent- ils se cacher à son intérieur. Ces animaux, quoique aquatiques, ne peuvent respirer que l’air en nature. Quand ils veulent absorber de l’oxy- gène, ils sont obligés de venir à la surface. La provision une fois faite, ils replongent; les orifices externes de leurs narines sont pourvus d’une soupape qui se rabat sur elles et ne permet pas à l'eau de pénétrer dans les poumons. Quant à la tête, elle a une forme toute spé- ciale, presque quadrangulaire dans la région des yeux. Les mâchoires sont extrêmement robustes, mues par des muscles puissants etgarnies d'un rebord corné, crochu en avant, qui les à fait comparer à un bec d'oiseau de proie. La langue est charnue. L’œæsophage est garni à l'intérieur d'une masse considérable de pointes cornées dirigées en arrière et dont l’origine est inconnue, Leur nourriture consiste surtout en herbes marines ainsi qu’en crustacés et mollusques. Les tortues de mer se rencontrent dans toutes les mers des pays chauds et, en particulier, dans la zone torride. Elles vivent souvent par bandes, nageant dans la pleine mer et ne se rapprochant des côtes que pour y LE NATURALISTE déposer leurs œufs, On les rencontre parfois à plusieurs centaines de kilomètres des continents. Elles nagent non loin de la surface avec une rapidité sans pareille, s'en- fonçant à la moindre alerte, mais cherchant peu à se défendre quand on les a prises. « La douceur et la force, dit Lacépède, sont ce qui distingue cette tortue, et c’est peut-être à ces qualités que les Grecs firent allusion lorsqu'ils la donnèrent pour compagne à la beauté, lorsque Phidias la placa comme un symbole aux pieds de sa Vénus. » : Au moment de la ponte, toute la bande des tortues se rapproche d’une côte, toujours la même, ordinairement celle d’un ilot inhabité et sablonneux. Les mâles restent dans l’eau ; les femelles seules se rendent à terre. Après avoir choisi un endroit favorable, elles se mettent en devoir de creuser le sol avec leurs pattes de derrière et d'y déposer environ une centaine d'œufs. Pendant tout le temps que dure cette opération, les tortues se montrent aussi peu craintives et aussi peu méfiantes qu'elles l'étaient plus il y a un instant. Le prince de Wied, qui a eu l'occasion d'assister à une de ces pontes sur les côtes du Brésil, raconte que sa présence et celle des matelots ue les génaient nullement; on pouvait les toucher et les soulever, crier à côté d'elles sans qu’elles manifestassent aucun sentiment hostile. Quand les œufs sont déposés dans le trou, les femelles les recouvrent de sable et retournent vers la haute mer. Le soleil des régions torrides suffit à l’éclosion des œufs. En moins de trois semaines, les petites tortues éclosent et, poussées par le même instinct qui conduit les canards à l’eau, elles se rendent à la mer. Beaucoup d'entre elles périssent, dévorées qu’elle sont par les requins et les oiseaux carnassiers, contre la voracité desquels ne peut les protéger leur carapace encore molle, blanchâtre, à peine formée. Sans nul doute, c'est pour neutraliser en partie ces dangers multiples de destruc- tion, que la ponte est si abondante. Peut-être aussi entre-t-1l dans les desseins de la nature que l’écaille ne devienne pas trop bon marché. La chasse aux tortues de mer est très lucrative. Beau- coup d’'indigènes de la zone torride les recherchent pour leur viande, leur graisse, leurs œufs, leur carapace et leur écaille. Quelquefois, ils vont les chasser en pleine mer, en les capturant à l’aide de filets à larges mailles, désignés sous le non de folles, ou en les harponnant quand elles viennent respirer à la surface de la mer.Plus souvent on profite du moment où les femelles viennent pondre à terre; les endroits et les époques sont connus depuis fort longtemps. Les chasseurs se cachent et quand les tortues sont suffisamment entrées dans les terres, ils sortent et se hâtent de les retourner sur le dos, à l’aide de leviers. Dans cette position l'animal a beau s’agiter, il ne peut se sauver. « On les retrouve, disaient Duménil et Bibron, le lendemain à la même placeoù on les avait renversées; on les transporte alors à l’aide de civières . sur les navires; on les laisse là sur le pont dans la même position pendant une vingtaine de jours, en ayant seule- ment le soin de les arroser plusieurs fois dans la journée; on les dépose ensuite dans les parcs pour les retrouver au besoin. » : On transporte des tortues en Europe, vivantes sur le dos, sans leur donner aucune nourriture, À l’arrivée, on leur coupe la tête et on laisse le sang s’écouler: elles» sont dès lors bonnes pour faire ces fameuses soupes à la. tortue si appréciées des gourmets. De la graisse, on DE ect RS dom ENT one D LE NATURALISTE 171 EEE TS CRC PRE VE TEE SUN RES METRE APE SU CARRE EE DESSERT D DER RETIRE CORRE NERF retire une huile qui sert aux usages alimentaires ou à la préparation des cuirs. Mais la principale matière, que l'on retire des tortues de mer est l’écaille qui forme de larges plaques à la surface de leur carapace, en s’imbri- quant les unes par- dessus les autres, à la manière des tuiles d’un toit. Voici, d'abord, quelques renseignements historiques donnés par M. Sauvage, sur cette précieuse matière : « Carvillius Pollio, homme prodigue et ingénieux à inventer des raffinements de luxe, est le premier, écrit Pline, qui ait imaginé de tailler l’écaille de tortue en lames et d'en revêtir des lits et des buffets. » _— «Tuas des lits incrustés d'écailles », dit Martial dans ses Epigrammes. Dans les Géorgiques, opposant le luxe des villes et la simplicité des champs, Virgile parle d'ornements en écaille décorant les palais. Sous le règne d'Auguste, le luxe était poussé si loin que les riches incrustaient d’écaille et de nacre les portes et les co- lonnes de leurs somptueuses demeures. L'écaille était à cette époque tirée d'Egypte, et lorsque Jules César s'empara d'Alexandrie il y trouva une si grande quantité d’écaille qu'il s’en servit pour orner les arcs de triomphe sous lesquels il fit une entrée solennelle dans la ville de Cléopâtre. L’écaille naturelle n’étant plus trouvée assez belle, on inventa l’art de la teindre et de lui donner l’apparence de bois précieux. «Je vois, dit Sénèque, au sujet des vases, des tables et des lits pour le repos, les écailles de tortues travaillées artistement et divisées en filaments très déliés; je vois les enveloppes de l'animal le plus lent et le plus difforme achetées des sommes immenses et la variété des couleurs qui en fait la principale beauté réduite, par un enduit étrange, à ne ressembler qu'à du bois. » — Pline est très explicite : « On est allé cherché des matériaux jusque dans la mer; on à fondu l’écaille de tortue, et, sous le règne de Néron, on est parvenu, par une Inven- tion monstrueuse, à la dépouiller de son apparence propre par des teintures et à la vendre plus cher en lui faisant imiter le bois. C’est ainsi qu'on enrichit les lits, c’est ainsi qu'on veut éclipser le térébenthinier, avoir un faux citre plus précieux que le citre et simuler l’érable, Tout à l'heure, le luxe n'était pas satisfait du bois; maintenant, il transforme en bois l’écaille de tortue. » L'écaille n’était pas moins recherchée à l’époque de la Renaissance ; on connaît ces ravissants cabinets italiens dans lesquels l’écaille se marie si agréablement à la nacre, à l'ivoire, au bronze et aux métaux précieux. En 1555, Belon écrit : « J’ay eue une espèce de Tortue en Turquie que l'on disait avoir esté apportée de loingtain pays, de laquelle le tais estait transparent, et de couleur dorée; dont les Tures font de beaulx manches aux allumettes de leurs courteaux, dagues et quelques autres instruments de guerre, et en font-grand compte, jusque à les garnir et en enrichir de filets et petits clous d’or et d'argent à la façon du pays. » L'écaille a toujours été fort estimée des Orientaux et des Asiatiques. En 1617, François Pyrard nous apprend qu'aux Maldives il y a une grande quantité de Tortues; de l'escaille, les insulaires s’en servent pour faire des rondaches et divers meubles et commoditez. Aux Mal- dives il y a une autre espèce de tortues plus petites, qui néanmoins ont trois ou quatre pieds de diamètre, plus ou moins. L'’escaille est tannée, tirant partie sur le noir, partie sur le rouge, fort liée, esclatante et faconnée si admirablement, que c'est une infiniment belle chose que de la voir quand elle est polie. C'est pourquoi elle est tant recherchée de tous les Indiens, roys, grands sei- gneurs et riches personnes, principalement de ceulz de Camboge et Surrate, qu'ils en font des coffres et cassettes garnis d’or et d'argent, des brasselets et autres ornements de meubles. C’est chose admirable que de la nature et dureté de vie de cet animal. Car les insulaires les ayant pris, les approchent du feu, puis ils en tirent l’escaille; cette escaille estant tirée et séparée d’avecque la Tortue par pièces, dont les plus grandes et espesses sont les meilleures, et mieux vendues, car elles ne se lèvent pas tout d’une pièce, comme les Tortues communes; après ils remettent la Tortue dans la mer, et elle refait une autre escaille, estant défendu de les tuer. » Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu’une Tortue à laquelle on enlève- rait ainsi sa Carapace, si tant est qu'on puisse y parve- nir, ne tarderait pas à mourir. » L'écaille est très adhérente à la carapace; ce n’est que par la chaleur que l’on peut l’en séparer, par exemple en suspendant les tortues mortes au-dessus d’un feu ardent. Les écailles se « gondolent » et se laissent dès lors enlever sans difficulté. Les Chinois se servent d’eau bouillante qu'ils appliquent sur l'animal fraichement capturé : ils le remettent ensuite à la mer, persuadés que l'écaille se reforme. Mais il est peu probable qu'il en soit ainsi : la malheureuse tortue échaudée ne tardera pas sans doute à mourir. Les lames d’écaille sont très variables comme dimen- sions, comme coloration et comme solidité. Aussi serait- il difficile de les utiliser si elles n'avaient la propriété de pouvoir être soudées entre elles à chaud et de prendre, une fois ramollies par la chaleur, toutes les formes dési- rables. Duméril et Bibron ont donné sur les préparations auxquelles on soumet l’écaille, bien des détails que nos lecteurs liront certainement avec intérêt. D'abord les lames de l’écaille, écrivent-ils, au moment où on les détache &e la carapace, présentent différentes courbures; elles sont d'épaisseur inégale, et malheureu- sement elles sont souvent trop minces, au moins dans une grande partie de leur étendue, Pour les redresser, il suffit de les laisser plonger dans de l’eau très chaude ; après quelques minutes de cette immersion, on peut les retireret les placer entre des lames de métal ou entre des planchettes d’un bois compact, solide et bien dressé, au milieu desquelles, au moyen d’une pression convenable, on les laisse refroidir; dans cet état, elles conservent la forme plate que l’on désire. Après les avoir ainsi étalées, on les gratte, on les aplanit avec soin, à l’aide de petits sabots, dont les lames dentelées sont disposées de manière à obtenir, par leur action bien ménagée, des surfaces nettes avec la moindre perte de substance qu’il est possible d'obtenir. (A suivre.) HENRI COUPIN. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS: — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE DU BAC, PARIS 17 arrono. Usine et Laboratoires, 9, rue Chanez, Paris-Auteuil D I = SOUELETTE HUMAIN ARTICULÉ A MOUVEMENTS MULTIPLES DE YROLLE £% Le Squelette dans la position du repos. Le Squelette en mouvement. Ce Squelelte Humain est une préparation naturelle; il est entièrement monté à mouvements el articulations mulliples ; il peut prendre et conserver toutes les positions qu'on désire obtenir, quelles qu'elles soient. Ja colonne vertébrale, les omoplates, les clavicules, le crâne, les bras, les mains, les jambes, les pieds, es doigts, tout, en un mot, est articulé et mobile. La fixation du corps et des membres est obtenue à l'aide "de clefs, vis, lendeurs, etc.; la manipulation de celte pièce est simple et pratique. Les figures ci-contre, qui sont des reproductions drecte de photographies, permettent de donner un aperçu de la pièce et des services qu'elle peut rendre dans l'enseignement de l'anatomie humaine, tant au point de vue scientifique (Zoologie et Médecine) qu'au point de vue artistique (Académies et Écoles des Beaux- Arts). Prix de la pièce complète avec socle, colonne, tendeurs, ele. 1.200 Francs LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, 46, RUE DU BAC, PARIS (7° Arr!) JUL. 1901 93° ANNÉE LA MOUTURE DU BLÉ Depuis quelques années, l’industrie de la meunerie à subi bien des modifications intéressantes sur lesquelles de nombreuses polémiques ont été engagées. Actuelle-. ment encore, les questions de mouture et de panifica- tion ne sont pas définitivement résolues. L'idéal serait de condenser dans les farines tous les éléments assimi- lables du grain de blé. ea Pour aborder la discussion de cet important problème, il est nécessaire de pénétrer dans quelques détails sur la constitution mécanique du grain de froment, Son orga- nisation anatomique, ses particularités chimiques, et d’avoir en même temps une idée générale des procédés d'extraction employés. Le grain de blé est un caryopse ovale plus ou moins allongé, divisé dans le sens longitudinal par un sillon assez profond : sa couleur est tantôt blanche, tantôt jaune, tantôt grise, suivant les variétés, la nature des terres et le climat. Un examen rapide de dehors en de- dans le démontre composé de trois parties distinctes : 1° une enveloppe extérieure plus où moins épaisse qui * donnera le son; 2 un noyau farineux central qui pro- duira la farine, et 3° un petit germe d'embryon conte- nant une huille essentielle susceptible de rancir par la fermentation et de donner un mauvais goût au produit. - Telle est la division la plus souvent adoptée. Si elle cor- respond aux exigences de la pratique courante, elle ne peut nous renseigner avec assez de précision sur Ja na- ture des parties constituantes,; 1l mous faut tout au moins isoler chacune des divisions précédentes et étu- -dier avec soin leur structure intime à l’aide d'un gros- sissement suffisamment intense. Le grain de blé se compose de quatre parties, savoir : le péricarpe, l'assise digestive, l'embryon et l’albumen. Le péricarpe se subdivise en épicarpe, mésocarpe et en- docarpe; l’ensemble de ces trois membranes constitue l'enveloppe du grain de blé. On appelle amande tout ce qui est recouvert, c'est-à-dire l’assise digestive, l'em- bryon et l’albumen. En examinant, au moyen du microscope, un grain de blé coupé dans le sens de son sillon médian, on apercoit tout d’abord le péricarpe, formé d’un certain nombre d'assises, de cellules dont les plus extérieures consti- tuent l'épiderme et viennent se terminer en poils dans la région stylaire. Ces poils sont souvent génants: pen- dant les opérations de battage, ils peuvent retenir les spores des maladies parasitaires, comme le charbon et la carie, et devenir de véritables foyers d'infection. Les cellules les plus intérieures du péricarpe, carrées et épaisses, correspondent à la division de lendocarpe. Ce dernier, accolé aux téguments séminaux, est formé de cellules minces aplaties, allongées, souvent fort difficiles à distinguer, si On n'a pas eu soin de provoquer leur gonflement par une légère dissolution de potasse. L’enveloppe, presque entièrement composée de cellu- lose, est de nulle valeur dans l'alimentation. M. Aimé Girard, dans ses recherches sur le grain de blé, a dé- montré que le péricarpe n’est pas assimilé par l’orga- nisme; la forte proportion de ligneux met obstacle à sa décomposition. La cellulose, en effet, nécessite, pour Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. L 2e SÉRIE — N° 346G A" AOUT 1901 être amenée à l'état soluble, l'intervention du ferment butyrique. Or, ce ferment si courant dans l’appareil di- gestif des ruminants et des herbivores n'existe pas dans les organes intestinaux de l'homme. C’est pourquoi le son impropre à notre alimentation est consommé si avantageusement par les animaux de la ferme. Il est préférable, comme le dit Aimé Girard, de laisser cette partie du grain aux animaux, qui nous rendront, sous forme de viande, ce que nous aurons perdu sous forme de pain. La connaissance de cette particularité réduit à néant les tentatives faites dans ces dernières années par les promoteurs du pain complet. L'incorporation de tous les éléments du grain de blé aux farines panifiables est contraire à toute alimentation logique et ration- nelle. Au-dessous du péricarpe se trouve l’assise digestive, composée de cellules grosses, transparentes, à paroi épaisse, à contenu jaunâtre et granuleux. Ces granula- tions sont formées de matières albuminoides, de fer- ments organisés unis à des matières minérales. Quant à la coloration safranée, elle provient de la matière grasse disséminée dans l'intérieur des cellules sous forme de _gouttelettes d'une extrême division. Quoique Aimé Gi- rard émettait certains dontes sur les propriétés nutri- tives de l'assise digestive, la plupart des auteurs, au- jourd’'hui, lui attribuent une grosse valeur dans lali- mentation humaine. Les matières grasses, disséminées dans la zone nutritive, sont des substances aromatiques qui communiquent au pain un goût particulier de noi- sette. Malheureusement, la facilité avec laquelle elles s’oxydent les rend gênantes pour la bonne conserva- tion des farines. Si on joint à cela la présence de fer- ments et de diastases qui viennent contrarier la fermen- tation du pain, on comprendra pourquoi les meuniers ont soigneusement écarté des farines premières les dé- bris de l’assise digestive. L’albumen occupe le centre de la graine, il est formé de cellules polyédriques, à paroi mince, fortement unies entre elles sans laisser de méats. Ces cellules sont gorgées de matière amylacée et d’une substance azotée nommée gluten, L'étude anatomique de la totalité de l’albumen présente un certain intérêt : les cellules qui le composent n’ont pas une dimension uniforme : leur volume augmente à mesuré que l’on s'éloigne de la pé- riphérie, Le phénomène peut s'expliquer par le déplace- ment vers l'intérieur des cellules formées dans Passise digestive : les premières, celles du centre, acquièrent un plus grand développement que les autres. Il est facile de déduire que la grosseur du grain d’amidon est sous la dépendance de la cellule. Sous le rapport de la couleur, la partie périphérique est beaucoup plus grise que la partie centrale; la variation de la coloration provient de la présence du gluten dans les couches extérieures du noyau farineux. L'organisation du grain de blé permet d'expliquer pourquoi les farines seront d'autant moins riches en gluten qu'elles auront été soumises à un blu- tage plus minutieux. Enfin, considération importante, la masse amylacéc centrale est complètement dépourvue des bactéries nuisibles à toute bonne fermentation pa- naire. L'embryon est l’organe vital de la graine; il com- prend toute une série de cellules à paroi peu épaisse, transparente, à couleur jaune clair. De même que l’as- sise digestive, il renferme des substances azotées et phosphatées assimilables d’une assez grosse valeur ali- 174 mentaire, mais il est pourvu aussi de diastases, de fer- ments, de matières grasses, qui s’oxydent avec une in- croyable rapidité, d’où l'habitude prise de le supprimer des farines de choix. Les ferments du grain de blé sont localisés dans l'embryon et dans l’assise digestive. On peut facilement constater leur présence dans les farines bises. Wolfin a pu isoler, du levain de pain bis, un ba- cille auquel il a donné le nom de Bacillus Levans, qui ne liquéfie pas la gélatine et détermine dans le bouillon sucré une fermentation vive, de laquelle il résulte un dégagement d'acide carbonique, d'hydrogène, et la pro- duction d’une forte dose d'acides acétique et lactique. La répartition des ferments dans le grain montre pour- quoi les produits énergiquement blutés sont beaucoup plus purs. On doit aussi tenir compte des sécrétions alimen- taires ou diastases, dont les cellules disposent pour sub- venir à leur nourriture, Les diastases sont des composés chimiques produits par des ferments; ce sont de puis- sants agents d’hydratation qui ont une grande impor- tance dans la germination des graines et sur l'évolution du jeune végétal. Elles forment les principes migrateurs, les éléments de voyage, en transformant momentané- ment l’'amidon en glucose. Quelques diastases modifient les éléments du grain de blé pendant la panification, telles sont : l’amylase, la maltase, la sucrase, la cytase et la saponase. Au groupe des diastases, on doit encore rattacher la céréaline, découverte par Mège-Mouriès, qui aurait la propriété de saccharifier l’amidon et de provo- quer la décomposition du gluten au moment du pétris- sace de la pâte. De là, la pratique proposée d'isoler la céréaline des farines panifiables. La fermentation panaire est purement alcoolique. Pendant la préparation de la pâte, l’amidon se trans- forme en glucose et en alcool. Cette réaction est accom- pagnée d’acide carbonique qui soulève la pâte et con- tribue à rendre le pain plus léger et plus spongieux. L'étude bactériologique de la graine permet de suivre la marche de la fermentation dans les différentes qualités de farines commerciales. Les farines blanches, d’une pureté irréprochable, fermentent régulièrement; il n'en est pas de même des farines bises qui renferment des ferments lactique, acétique et butyrique. Sous l'influence des fermentations secondaires, les éléments de la farine sont altérés, le gluten liquéfié se transforme en butyrate de chaux qui communique une odeur butyrique très forte au produit. La mouture actuelle consiste à extraire par des mé- thodes des mécaniques spéciales les cellules amylacées du centre de Palbumen. Grâce à la division des produits on obtient des farines d’une blancheur irréprochable complètement exemptes de ferments étrangers. Pour obtenir des marchandises de conservation facile, l’indus- triel est obligé de supprimer les parties les plus nutri- tives et les plus aromatiques du grain de blé. Aussi, les savants et les médecins ont-ils, à plusieurs reprises, formulé de nombreuses objections sur la valeur alimen- taire du pain confectionné actuellement en boulan- gerie. Le rendement du grain en farine est fortement réduit par suite des déchets résultant des méthodes d'extraction moderne ; lès marques de choix sont blutées à 50 %, les premières marques à 60 %. La manutention militaire est beaucoup moins sévère; elle retire du grain la totalité des farines, soit 80 %. Si la meunerie civile est aussi ri- LE NATURALISTE gide, c’est qu'elle est forcée de produire des farines d'une grande blancheur, indemnes de diastases et de ferments. Le but poursuivi par l'industrie est.atteint au détriment de la qualité et de la quantité des produits, Depuis longtemps, cette question avait attiré l'attention des spécialistes. Le meilleur pain de l'avenir, disait Mège-Mouriès, sera celui qui contiendra tous les élé- ments assimilables du grain de blé. Plusieurs systèmes de mouture et de panificatiou ont déjà été proposés. L'un d’eux, celui de Schweitzer, que l’on a pu voir si admirablement représenté dans nos derniers concours agricoles et à l'Exposition de 1900, a reçu, à juste raison, l'approbation des hygiénistes et des médecins. La farine obtenue par granulation renferme la totalité des matières azotées phosphatées et diastasées contenues dans le grain. Avec la combinaison des meu- neries-boulangeries, cette farine est employée toute fraiche, avant que l’arome ait disparu et avant que les huiles essentielles aient eu le temps de s’oxyder. S'il était possible, dans l’industrie où les farines sont souvent conservées un certain temps avant d'être trans- formées en pain, de supprimer les ferments secondaires préjudiciables à la panification, rien ne s’opposerait au mélange des différentes couches du grain. C’est en par- tant de ce principe que M. Frichot fut amené à préco- niser son procédé de stérilisation et de blanchiment des céréales et de leurs farines, expérimenté à plusieurs reprises dans son moulin de Dreux. L'idée de la suppression des ferments parasites n’est pas nouvelle. Mège-Mouriès, lorsqu'il découvrit sa cé- réaline, conseillait d’entraver son action par la division des farines et par la précipitation à Paide du sel marin, afin de ne pas lui laisser le temps de se constituer à l'état de ferment. Ce procédé ne paraît pas avoir recu d’appli- cations sérieuses. Depuis lors, de nouvelles méthodes ont été proposées; elles reposent toutes sur l'emploi d'agents chimiques d'un maniement souvent dangereux et difficile. Le système Frichot est basé sur le pouvoir décolorant et microbicide de l’eau oxygénée et de l’ozone. L'ozone a une action destructive très énergique sur les ferments aérobies et anaérobies; les expériences de No- card à Alfort, de Puech à Toulouse ne iaissent aucun doute à cet égard. Pour faire ressortir son efficacité sur les farines, M. Frichot eut l’idée de prendre un échan- üllon déterminé et de le partager en deux lots distincts : l'un fut traité à l'ozone pendant quelques instants, et l’autre abandonné à lui-même. Les deux échantillons furent ensuite repris et soumis à une analyse bactériolo- gique très précise. Le témoin renfermait des acides lac- tique et butyrique, tandis que le lot stérilisé était com- plètement dépourvu de ferments. L'ozone jouit encore d'un pouvoir décolorant assez énergique, mis souvent à profit dans l'industrie ponr blanchir certaines matières :comme les plumes, li- voire, etc. il agit sur les principes colorants des farines et même sur les poussières qu’elles renferment, Sous l'influence du traitement, les différentes couches de la graine deviennent d’une blancheur irréprochable et on. peut, sans inconvénient, incorporer aux farines les cel. M lules de l’assise digestive et de l'embryon, si riches en matières alimentaires et en principes aromatiques. En somme, l'ozone permet de donner une grande blancheur aux farines et de diminuer leur altérabilité en détruisant tous leurs ferments. LS re NL LE NATURALISTE 175 Les procédés de stérilisation et de blanchiment des céréales et de leurs farines méritent d’être pris en con- sidération par l’industrie de la meunerie. Peut-être sont- ils appelés à jouer un certain rôle. L'avenir nous fixera sur la valeur de ces nouvelles méthodes de traitement qui auraient l'avantage, si elles aboutissaient, d'augmenter considérablement les qualités nutritives de notre pain de froment. Albert VILCOQ, Professeur d’agriculture. L'AQUARIUM D'EAU DOUCE ANIMAUX ET PLANTES L'aquarium d'eau douce est, pour l'amateur de pois- sons et autres animaux aquatiques, ce qu'est la volière pour l'amateur d'oiseaux. Il lui permet, en effet, d’étu- dier, sinon à fond les mœurs des êtres qu'il y à introduits, du moins de faire journellement des observations inté- ressantes. Grâce aux Poissons, Batraciens, Insectes, Mollus- ques, etc., etaux plantes qui peuvent y vivre, l'aquarium devient un petit étang en miniature qui offre de nom- breux sujets d'étude. Il existe deux sortes d’aquariums : 1° ceux dans lesquels on peut entretenir un courant d'eau constant; 2° ceux où, à défaut d’une prise d’eau, le liquide reste stagnant. Les premiers sont certainement les plus pratiques. On peut y conserver tous les poissons d'eau douce. Ils ne demandent d’autres soins que d'être entretenus proprement. Les aquariums de la seconde catégorie, aquariums qu’on emploie le plus souvent, sont ceux dont je m'occuperai spécialement. Ils ne doivent être peuplés que d'espèces qui peuvent vivre dans des milieux souvent défavorables. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas oublier que l’eau d’un semblable aquarium doit être changé, au moins une fois par jour en hiver et deux fois en été, le matin et le soir. Le renouvellement de l’eau est, du reste, en rapport avec le nombre et la taille des poissons et il n'y a donc pas, à cet égard, de règle fixe, On se contentera d’obser- ver les mouvements des habitants de l'aquarium, Lors- qu'onies verra monter à la surface pour aspirer de l'air, il sera temps de leur fournir un milieu plus aéré. Je con- seillerai de n'introduire, dans des espaces restreints, que de petits sujeis. Le fond de l'aquarium doit être garni de cailloux, de pierres, de fragments de meulière sous lesquels quelques espèces aiment à se retirer du- rant le jour. La nourriture ne doit pas être parcimonieu- sement donnée, et s'il s’agit de poissons qui vivent autant de substance végétale que de substances animales, il suffira de leur donner de la semoule cuite ou simple- ment de la mie de pain malaxée dans une passoire à trous fins. Aux espèces qui ne se nourrissent que de proies vivantes, Epinoches, Anguilles, par exemple, on donnera des vers rouges, des vers de vase, des larves d'Ephémères, de cousins, de très jeunes tétards, des fragments de cœur ou de foie. Le repas terminé, on aura soin d'enlever les débris au moyen d’une pipette ou tout simplement à l’aide d’un tube en caoutchouc. Le mélange des deux catégories de poissons en ques- tion doit être évité. Il arrive, en effet, que les poissons, plus carnivores qu'herbivores, s’attaquent aux individus plus petits qu'eux, qu'ils soient ou non de leur espece. D'autre part, il est de très petits poissons, comme les ÆEpinoches, qui vivent d'animaux aquatiques ; placés dans un aquarium avec d’autres espèces, ils harcelent leurs compagnons de captivité et, ne pouvant les entamer sérieusement, se contentent de détruire leurs nageoires. Ceux-là seront mis à part. Il est, en outre, des espèces qui nidifient comme l'Epinoche dont je viens de parler, les Macropodes aux couleurs chatoyantes. On aura soin, quand on veut en obtenir la reproduction, de ne mettre qu'un couple par aquarium et placer dans celui-ci quel- ques végétaux aquatiques. C'est un plaisir, quant à ce qui touche aux espèces qui abritent leurs œufs dans un nid, d'assister à leurs amours, à leurs travaux — avec quel soin jaloux elles veillent sur leur progéniture ! — et de voir grandir toute une petite progéniture grâce aux soins qu'on lui donne. C'est, en réalité, de la pisciculture, mais de la piscicul- ture dépouillée de tout esprit mercantile et qui procure des satisfactions n'ayant rien de comparable à celle d'un éleveur de saumons par exemple. S'il s’agit d’un des poissons en question, on doit tou- jours séparer les jeunes d'avec les parents. On doit aussi donner aux premiers comme nourriture de très petits êtres en rapport avec leur taille. Je veux parler des infusoires, organismes infinimentpetits qu'on n'aper- çoit, généralement, qu'avec la loupe et dont on ne voit exactement l’organisation qu'à l’aide du microscope. Ces infiniment petits sont surtout abondants dans les eaux stagnantes. Il est, du reste, facile de s’en procurer en faisant infuser, dans un récipient quelconque, des feuilles de salade, des herbes sèches. Je fais à l’égard des infusoires une petite digression. Ils ont été découverts dans un vase renfermant de l'eau stagnante, au XVII® siècle, par Lœnwenhæck. Leur ap- parition brusque dans des liquides en apparence à l'abri du contact de l’air, a fait croire d’abord à une génération spontanée, mais en réalité ce sont les germes de proto- zoaires qui, Charriés par l'air et trouvant un milieu favo- rable à leur développement, se multiplient rapidement. Au bout d’un temps très court, si la température est élevée, on voit apparaître au sein de l’eau un nuage blanc laiteux composé en grande partie des petits êtres en question, on passe alors l'eau à travers un filtre en papier et lorsqu'il ne reste que très peu de liquide on le verse dans le récipient contenant les jeunes poissons. On voit alors ces derniers, qui ne sont souvent guère plus gros qu'un grain de tabac à priser, faire une pour- suite acharnée aux infusoires de différentes espèces que renfermait le liquide en question. C’est en petit ce qui se passe en grand chez beaucoup d'animaux supérieurs et le spectacle ne manque pas d'intérêt. Lorsque les ale- vins ont acquis une certaine taille, on les nourrit avec de petits crustacés, Daphnies, Cyclops dont j'ai déjà parlé. Tout d'abord on passe dans une passoire fine ces crustacés de manière à recueillir des sujets de faible di- mension. Ceux qui restent sur la passoire seront mis dans un récipient quelconque, un baquet de préférence, avec des plantes aquatiques et en particulier avec des conferves de façon à en obtenir la reproduction qui, chez les Daphnies, est rapide au printemps et en été. Les fe- melles de ces crustacés à ces époques se reproduisent, en effet, sans intervention du mâle, au moyen d'œufs qui se développent, en peu de temps, dans une chambre incubatrice située entre le test et la face dorsale du corps. Plus tard on n’a plus ces précautions à prendre et on peut donner aux poissons des vers de vase coupés en morceaux, puis entiers, Je rappellerai que les Daphnies et les Cyclops sont communs dans les eaux stagnantes des mares, dans les bassins, les tonneaux d’arrosage. On les prend à l’aide d’un filet garni de mousseline fine. Avant de terminer ce qui a trait aux poissons, Je con- seillerai aux amateurs de ne pas exposer l'aquarium aux rayons du soleil, mais de le placer toutefois en bonne lumière de facon que les plantes aquatiques qu’on y a mises tard puissent y vivre. J'indiquerai plus tard quelques-unes de ces plantes qui sont nombreuses, mais dont il n’est qu’un certain nombre qui s'accommodent plus ou moins bien de condi- tions nouvelles. Je conseillerai également,lorsqu'il s'agit de poissons d'Europe, de ne les introduire dans l’aqua- rium qu'à la fin de l’automne. À cette époque de l’année, latempérature étant plus ou moins basse, les prison- niers résistent fort bien à leur captivité, le printemps venu la température s'élève progressivement et progres- sivement aussi les poissons s’accommodent de quelques degrés de chaleur de plus. Cette adaptation n’est cepen- dant pas toujours complète pour certaines espèces ou certains sujets, Néanmoins les pertes sont beaucoup moins grandes que quand on met sans transition un poisson auquel une température de 15° est nécessaire, dans une eau marquant de 20 à 250. Si nous passons des poissons aux Batraciens, nous constatons qu'il en est quelques-uns offrant un certain intérêt au point de vue qui nous occupe, Tels sont : la Grenouille verte, les Tritons qui font bon ménage avec les poissons mais trouvent moyen de reprendre leur liberté si l’on n’a soin de recouvrir l'aquarium d'un filet à mailles fines. Il est indispensable de mettre dans ce dernier, soit des feuilles de nénuphars coupées, feuilles larges, flottantes, qui se conservent vertes assez longtemps et sur lesquelles les grenouilles aiment à se tenir; soit simplement une plaque de liège ou de bois. En dernier lieu, quant à ce qui a trait à ces Batraciens, je conseillerais de le prendre le plus petits possible. Ils sont plus gracieux, plus faciles à nourrir et ne gênant en rien leurs compagnons de captivité. Les Tritons se tiennent, le plus souvent, au fond de l'aquarium, Leurs couleurs sans être éclatantes sont harmonieuses, Ils se reproduisent dans des récipients de faible capacité. On peut assister à leurs amours dont Rusconi a donné une description détaillée. Il est intéressant de suivre l’évolution de l’œuf, le développement de la larve et les transformations qu’elle subit pour acquérir la forme de l'adulte. Les animaux inférieurs sont moins intéressants, mais n’en sont pas moins un sujet de distraction. Les mol- lusques qui vivent le mieux en aquarium sans courant d'eau sont des Gastéropodes appartenant aux genres Limnée: Planorbe, Physe, Ancyle. Parmi les acéphales, nous citerons l'Unio, sorte de grosse moule qui vit dans le sable. Les insectes aquatiques assez nombreux sont pour la plupart carnassiers. Je conseillerais de ne mettre avec LE NATURALISTE des poissons et des batraciens que des Hydrophiliens, et en particulier l'Hydrophile commun, Hydrophilus piceus dont la femelle dépose ses œufs dans une capsule pyri- forme qu’elle tisse et dont elle fixe le col long et recour- bé aux plantes aquatiques, Il est facile du reste, si l’on tient à posséder plusieurs espèces d'insectes aquatiques et qu'on ne veuille pas leur consacrer un récipient spécial, de les isoler en plaçant, dans un aquarium renfermant différents ani- maux, poissons, Batraciens, etc., une cloison transver- sale en verre délimitant un petit compartiment. On peut alors mettre dans ce compartiment des espèces carnas- sières, telles que Dytique, Cybister, Colymbète, Ranatre, singulier insecte à corps linéaire;-des Népes, des Noto- nectes. On peut aussi introduire la larve d’un névroptère, la Phrygane qui se construit un étui fort artistement, fait soit avec ces petits fragments de végétaux aquatiques, soit avec des coquilles de différents mollusques ou du gravier. L'aquarium, ou tout au moins le compartiment ren- fermant ces insectes devra être recouvert d'une toile métallique ou d’un filet à mailles fines. Parmi les crustacés je ne m'occuperai que de quatre espèces. Ce sont: 4° la crevette d’eau douce, charmant arthropode appartenant au groupe des Décapodes; 29 le crabe d’eau douce commun dans le sud de l'Europe; 30 l’Apus, singulier crustacé qui, par sa forme, rappelle les Trilobites des formations géologiques les plus anciennes ; 4° les Branchipes qu’on trouve généralement avec les Apus dans les eaux stagnantes. Je termine ce qui a trait aux animaux inférieurs par l'Hydre, Hydra viridis, très curieux polype qui vit dans les étangs, les mares, les bassins d'arrosage, les fossés et sur lequel Tremblay a fait des expériences restées cé- lèbres. La fin de ce travail sera consacré à quelques-uns des végétaux qui vivent le mieux en aquarium. Batraciens. Les Batraciens qui peuplent nos étangs, nos mares, nos marais, appartiennent à deux groupes : celui des Urodèles et celui des Anoures. Les urodèles sont des amphibies à peau nue, de forme allongée et dont le corps se termine par une queue longue et comprimée sur les côtés. Ils ont quatre membres et des branchies qui peuvent persister ou disparaître au fur et à mesure des progrès du développement. Tous ont des poumons qui apparaissent de bonne heures, Les Batra- ciens anoures, eux, ont le corps ramassé porté sur quatre . membres dont les postérieurs sont les plus longs. Ils manquent de queue et ne respirent par des bran- chies que dans les premiers temps de leur existence. Leurs larves ou tétards subissent des métamorphoses qui de la forme allongée les conduisent à la forme ra- massée, caractérisant l’adulte. Je dirai quelques mots plus loin de ces métamor-, phoses. La grenouille commune. (Rana viridis.) C’est un grand malheur, dit Lacepède, qu'une grande ressemblance avec des êtres ignobles. Les grenouilles communes sont en apparence si conformes aux Cra=s pauds, qu’on ne peut aisément se représenter les unes sans penser aux autres. LE NATURALISTE Nous aurons peut être bien de la peine de donner à la grenouille commune la place qu’elle doit occuper dans l'esprit des lecteurs, comme dans la nature. Il n’en est pas moins vrai que la grenouille reste un animal paré de couleurs élégantes, et intéressantes, par les divers phénomènes qu’elle présente dans les diverses époques de sa vie. Des grenouilles placées dans un aquarium garni de plantes et peuplés de différents animaux ajoutent à l'in- térêt de cette mare en miniature. On devra mettre dans cet aquarium des feuilles de nénuphars qui flottent à la surface et restent longtemps vertes bien que coupées ou, à défaut de celle-ci, des plaques de hège ou de bois. C’est, sur ces supports que les Batraciens en question aiment à séjourner une grande partie du temps. [l ne faut pas Fig. 4. — Grenouille commune (Rana vrridis). oublier, en effet, que les grenouilles, pendant la belle saison, se tiennent le plus souvent à terre, sur les bords des cours d’eau, des étangs, des marais, Les froids venus, elles s’enfoncent dans la vase, La reproduction a presque toujours lieu au printemps. Quand les larves quittent les enveloppes de l'œuf, elles sont pourvues de branchies arborescentes. Leur corps est globuleux et la région caudale allongée prend la forme d’une nageoire. Bientôt les branchies externes disparais- sent pour faire place à des branchies internes. Dans les phases évolutives suivantes, les branchies internes dispa- raissent en même temps que se développent des poumons. On voit également apparaître les membres postérieurs sous forme de deux petits appendices placés sur la ligne de démarcation entre le tronc et la région caudale. Les membres antérieurs se montrent ensuite, En dernier lieu, la queue s’atrophie graduellement de facon à n'être plus représentée que par un petit mamelon. C'est à cet état de développement que le jeune batracien quitte l’eau pour vivre en grande partie à terre. Les grenouilles se nourrissent d'insectes et de larves aquatiques. Ajoutons que l'aquarium dans lequel elles seront pla- cées devra être recouvert d’un filet. Les Tritons Les Tritons sont des Batraciens urodèles reconnais- sables à leur corps allongé, à leur queue comprimée la- téralement; ils sont dépourvus de branchies à l’état adulte. Nous ne nous occuperons que des espèces qui vivent en France. 177 Ces espèces sont : Le Triton crêté, T. cristatus ; Le Triton marbré, T, marmoratus ; Le Triton ponctué, T. punclatus; Le Triton palmé, T. palmatus ; Le Triton alpestre, T. alpestris. Toutes ces espèces, agréablement nuancées, vivent dans les mares et se rencontrent même dans les fossés où l’eau séjourne. Elles passent une partie de leur existence dans l’eau. Fig. 2. — Triton à crête (Triton cristalus). Le Triton crété est une des plus grandes espèces. Il est brun noir en dessus, fauve ou orangé en dessous, Les côtés sont pointillés de blanc. Le mâle porte une crête dorsale, découpée en dentelure. On le trouve communément dans les mares aux envi- rons de Paris. Le Triton marbré habite surtout les contrées méridio- Fig 3. — Triton marbré (Triton marmoralus). nales de la France; on le trouve aussi à Fontainebleau. Il est d’un vert pâle, brun pointillé de blanc en dessous, Sur les parties supérieures du corps s’observentde grandes tâches irrégulières brunes, Le Triton ponctué est une espèc ce de petite taille. Il est brun cläir en dessus, quelquefois lavé de verdâtre. Fig. 4 — Triton ponctué (Triton punclatus). Les parties inférieures sont le plus souvent d'un jaune orangé qui peut passer au rouge ; Son Corps est parsemé de tâches noirâtres. Le Triton palmé a le dos brun, le dessus de la tête verniculé de brun et de noirâtre. Les flancs plus clairs, 178 sont également tachetés de noir. Doigts palmés, queue terminée par un petit filet. On le trouve à Meudon, à Saint-Germain, à Beauvais, etc. Fig. 5. — Triton palmé (Trilon palmatus). Le Triton alpestre est à peu près de la taille du Triton ponctué et du Palmipède. Je ne l'ai jamais trouvé qu’à Saint-Germain. Son dos est brunâtre, Ses flancs sont traversés par deux bandes bleues. Son ventre est d’un jaune orangé, plus ou moins foncé. Les Tritons vivent fort bien en aquarium et s’y repro- duisent. Ils déposent leurs œufs sur les végétaux aquatiques. La reproduction a lieu au printemps ou au commence- g. 6. — Triton alpestre (Triton alpestris). ment de l'été. Les jeunes présentent des branchies qu'ils perdent dans la suite. La nourriture des Tritons consiste en vers, larves d’in- sectes et petits crustacés. Axolotl (Amblystoma mexicanum). L’Axolotl n’est que la larve d'un batracien urodèle, l’Amblystoma mexicanum, qu'on trouve en particulier dans les environs de Mexico. Sa tête est large, aplatie, son corps épais et cylindrique ; sa queue est comprimée latéralement. La bouche est large. Les yeux sont petits et de chaque côté dela tête se voient des houppes bran- chiales qui servent, conjointement avec des poumons, à la respiration. L'Amblystoma se distingue de l’Axolotl par différents caractères que nous passerons sous silence. L’Axolotl,bien que n'étant qu'une forme transitoire,se reproduit sous cet état. Il n'est pas du reste le seul des batraciens chez lequel on constate ce fait. Le Dr Julien a, en effet, obtenu la reproduction du Triton crêté alors qu’il possède encore ses branchies. L’Axolotl peut atteindre jusqu’à 0,30 de longueur. La ponte à lieu quelquefois dès le commencement de jan- vier.La femelle attache ses œufs aux plantes aquatiques; au bout d’un temps plus ou moins long, suivant la tem- pérature, ils donnent naissance à des larves très agiles. Nous conseillerons de placer les œufs, immédiatement après la ponte, dans des récipients peu profonds; des assiettes, des cuvettes à photographie font parfaitement l'affaire. Les jeunes seront d'abord nourris avec de très petits crustacés, Daphnies ou Cyclops,qu'on trouve com- LE NATURALISTE munément dans les mares, les tonneaux d'arrosage, les bassins. Une fois qu'ils auront atteint une certaine taille, on leur donnera des vers de vase. à L’Axolotl présente plusieurs variétés. La plupart des sujets sont d’un brun noirâtre plus ou moins foncé avec des taches ou des points jaunâtres. Il en est cependant d'un blanc pur. Dans ce cas, les branchies sont rouges, Enfin certains individus offrent un mélange des deux cou- leurs en question. (A suivre.) R. BOULART. SUR LE DIRINA CERATONIÆ Lichen parasite des Phanerogames en Algérie La Les Dirina sont des Lichens très communs dans les zones tempérées et chaudes; ils vivent et s'étendent sur toute végétation, sur les arbres principalement. Le Dirina ceraloniæ a été signalé en Algérie et décrit dans J'Exploration scientifique de 1844, comme vivant sur un grand nombre d’espèces indigènes, mais depuis il a envahi beaucoup de plantes exotiques, les arborescentes notamment. C'est un Lichen crustacé, grisâtre ou blanchätre, quelquefois argenté, suivant les milieux et les saisons, s'étalant en plaques plus où moins larges qui finissent par se joindre pour former de véritables revêtements sans solution de continuité. Aux environs d'Alger, l’extension de cette Parméliacée est commune sur les Dicotylédonées comme sur les Monocotylé- donées de grande taille, qui en sont plus ou moins atteints. “Mais dans un grand nombre de cas, ce revétement est presque absolu, change complètement l'aspect naturel de l'écorce et par cela même l’ensemble du végétal, au point qne l’on aurait une tendance justifiée, sans examen approfondi, à reconnaître à bien des écorces une couleur cendrée ou argentée. On a souvent écrit que l'écorce de nos énormes Ficus macro- phylla du Jardin d'Essai était de couleur cendrée, tandis qu'au contraire elle est brun clair : ce sont les plaques du Dirina, de de surface quelquefois très étendues, qui dennent à ces arbres cette teinte anormale. Même observation est à produire pour d'autres arbres, notam- ment pour le Caroubier dont le tronc n’est pas naturellement de couleur grisâtre. Les écorces lisses des Oliviers sont également atteintes. Ce lichen s’introduit aussi entre les aiguillons de certaines Bombacées et ternit la couleur verte de leur écorce. Sur les Dracæna draco, l'ancienne végétation est recouverte par ce Lichen qui se confond avec la teinte naturellement claire de l'écorce. Sur les vieux Bambous, Bambusa macroculmis, s’étalent de larges plaques de ce Lichen qui ne s'attaque pas aux espèces à chaumes lisses et vernissés comme ceux du Bambusa vulgaris. Le Dirina forme de larges taches argentées sur la base des pétioles persistants du Dattier, et sur le stipe lisse de l'Oreodoxa regia, le revêtement par ce Lichen est assez étendu et homogène pour simuler la couleur naturelle de l’écorce. Il se plait moins sur les écorces rugueuses et crevassées ; il va sans dire que, de développement assez lent, on ne le rencontre pas sur celles à exfoliation annuelle ainsi que sur certains grands Ficus à désquamation pelliculeuse, comme dans les Ficus sycomorus et racemosa. Les jeunes plantes et les organes nouveaux ne sont pas atteints par ce Lichen qui ne se plaît que sur la vieille végétation, quelle que soit sa vigueur. Jusqu'à ce jour il ne paraît pas nuire aux végétaux sur lesquels il s'est établi quand ils sont en pleine terre, mais il devient nuisible sur ceux âgés et trop longtemps cultivés en pot. ; Sa tendance ne semble pas toujours bien marquée à ne se développer que sur les faces Nord et Ouest : on le rencontre, surtout sur le littoral, à des orientations différentes. Ce Lichen crustacé a une adhérence intime à l’écorce, mais par une friction énergique avec une brosse métallique, après une période de pluie, on peut, sur les écorces dures et lisses comme celles des Orangers et congénères, faire disparaître ce Lichen LE NATURALISTE 179 pour quelque temps; c'est une opération applicable à certains cas seulement en horticulture. Un lavage au sulfate de fer (5 kilos pour 1 hectolitre d’eau) complète le brossage ou le râclage. (Société d'Acclimatalion.) Cu. Rivière. PAPILLONS NOUVEAUX DE L’AMÉRIQUE DU SUD Amastus Antonio, n. sp. 41 et 50 millimètres. Aïles un peu diaphanes, les supérieures brunâtres avec les nervures centrales, brunes, une accumula- tion d'atômes bruns à l'extrémité de la cellule, une fine ligne subterminale pâle, très dentée, une seconde ligne, extracellulaire, vaguement indiquée, enfin quelques poils rosés à la base du bord interne. Frange brunâtre. Inférieures et leurs franges blanc sale, les nervures grisâtres dessous comme le dessus, mais en tons effacés. Front blanc sale, la tête cerclée de rose, collier rayé de blanc sale, puis de noir et de brun; ptérygodes également rayées brun, noir et blanc sale (au sommet); thorax brun, dessus de l’abdomen rose couvert de longs poils rosés, bordé latéralement de noir avec points blancs, le dernier anneau noir, la toufle anale de poils, rosée; pattes et dessous du corps gris, quelques poils rosés sur les coxals de la première paire et au départ des ailes. Tucuman, deux ©. Atlacus Tucumani, n. sp. 85 millimètres. Fond des quatre ailes d’un jaune olivâtre plus ou moins teinté de brun; les tâches vitreuses en V aux supé- rieures, plus régulièrement triangulaires aux inférieures, leurs pointes internes s'arrêtant à chaque aile sur la sous-costale et la médiane, leur pointe extérieure ne touchant pas la ligne extra- cellulaire, entièrement bordées de noir, sauf aux points d'appui sur les nervures. La ligne extrabasilaire, arrondie et s’arrétant sur la sous-costale aux premières ailes, est blanche, bordée exté- rieurement de noir; la ligne extracellulaire, régulièrement et assez profondément dentée, à courbe un peu flexueuse aux supé- rieures, plus arrondie aux inférieures, est noire bordée extérieu- rement de blanc. La bordure terminale d’un jaune olivâtre est précédée d’une série de taches plus päles, bordées extérieure- ment d'un liseré olivâtre irrégulier et pupillées en outre de noir aux secondes aïles. Les supérieures avec trois taches subapicales noires, la centrale beaucoup plus grosse, liserée, ainsi que celle du sommet, intérieurement de blanc et de rosé. Dessous comme le dessus, la ligne extrabasilaire disparaissant la côte des secondes ailes largement blanche bordée de noir. Collier blanc, front et thorax jaune olivâtre, une ligne blanche transversale à la base de l'abdomen dont les anneaux sont noirs bordés de blanc et traversés en outre d'une ligne latérale blanche ; dessous du corps blanc sale. Tucuman, un ©. » Cæculia trilinea, n. sp. : © 39, © 55 millimètres. Dessus des quatre aïles blond sombre, les supérieures traversées par trois lignes assez larges, peu ondulées, d'un blond pâle, savoir : une extrabasilaire et une extracellulaire doublement plus écartées à la côte qu'au bord interne, encadrant un petit point brunâtre à l’extrémité de la cel- lule et une large tache brunâtre en dessous de la médiane entre 2 et 4, enfin, une subterminale; frange couleur du fond, plus pâle à l'extrémité des nervures. Inférieures avec la vague indica- tion d'une médiane droite et la frange plus pâle. Dessous comme le dessus, les taches effacées. Tête, corps et pattes blond sombre, les Q avec une épaisse touffe anale de poils brunâtres. Loja ; une série © et Q. Cette espèce se place tout auprès d'Hirla Stoll. Echedorus vilreus, n. sp. 35 à 39 millimètres. Port de Rabama Schs,mais le bord termi- nal des inférieures coupé plus droit; les quatre ailes vitreuses avec de longs poils gris au départ et surtout aux bords internes et abdominaux, les supérieures barrées de noir à l'extrémité de la cellule et avec l'indication de plusieurs fines lignes transversales blanches; savoir : une double extrabasilaire arrondie, une mé- diane, une extracellulaire et une subterminale, ces trois dernières lignes indiquées au départ de la côte seulement dans mes exem-— plaires. Tête, corps et pattes gris avec quelques poils roux à la base du thorax et à l'extrémité du dessous de l'abdomen. Merida, trois Pauz DoGnin. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS CERVUS — Var. PENTAPHYLLUS — Reiche. On sait, en effet, peu de choses sur cet insecte qui se trouve rarement et en petite quantité dans les collec- tions, soit parce qu'il est, en effet, peu répandu dans la nature, soit parce que les entomologistes ont moins chassé dans les régions qu'il habite ou qu'ils ont fréquem- ment négligé sa capture faute de savoir qu'ils voyaient voler devant eux autre chose qu'un Luc. cervus commun. Je n'ai, d’ailleurs, eu sous les yeux qu’un nombre relativement restreint, soit une quarantaine d’exem- plaires de cette variété, qui se trouvent répartis, par ordre de quantité, dans les collections suivantes : R. Oberthür — Boileau — Capitaine Xambeu. — Jac- quelin Duval — de Marseul et enfin dans la mienne, J’ai Fig. 1. — Luc. cervus forme capreolus. Fig. 2. — Luc. cervus c* var. pentaphyllus, forme Fabiani. également vu un spécimen de cette variété (malheureu- sement en fort mauvais état) dans la collection du musée de Dijon. Quelques-uns de ceux de la collection R. Oberthür sont des types de Reiche; la majeure parue des spé- cimens de M. Boileau proviennent de la collection Bellier. Au nombre de ces quarante exemplaires se trouvent dix femelles et trois très petits mâles, ces derniers de conformation identique et de taille sensiblement ana- logue ; le plus petit qui figure dans la collection Jacque- lin Duval est le type du Luc. Fabiani; c’est lui qui est reproduit ici (voir fig. 2); l’autre appartient à M. Boileau. 180 LE NATURALISTE Quelques-uns de ces insectes ne portent comme indi- cation de provenance que la mention très vague de : Gallia meridionalis; les autres sont annotés de : Mont- pellier — Prades — Ria — Vernet-les- Bains — Banyuls- sur-Mer — Port-Vendres — Hyères et enfin Nyons dans la Drôme. A ces localités, il convient d'ajouter, d'après Reiche : Montrieux, près de Toulon, etles environs de Lyon si, comme tout porte à le croire, le Luc. Pontbrianti n'est bien qu'une modification accidentelle du Luc. penta- phyllus. LUCANUS CERVUS — var. PENTAPHYLLUS — Reiche forme Pontbrianti — Mulsant. En outre de la figure que j'ai reproduite page 59 du premier volume, Mulsant avait donné dans les Annales Fig. 3. — Luc. Pontbrianti d'après Mulsant. des sciences phys et natur., publiées par la Société d'a- griculture de Lyon, t. 2, p. 119, pl. 2, un dessin beau- coup plus soigné de ce curieux insecte. Si cette figure, que je copie ici (voir fig. 3), est exacte, le spécimen type de Mulsant a les mandibules plus longues que celui qui fait partie de la collection de M. R. Oberthür; mais, pour le reste, il paraît avoir exactement la même conformation. L'examen attentif de ce dernier insecte me confirme Fig. 4. — Luc, cervus c* forme Pontbrianti. (Coll. R. Oberthür.) dans lidée que j'avais émise primitivement, à savoir que le Luc. Pontbrianti n’est qu'une modification purement accidentelle du Luc. pentaphyllus, une anomalie, en un mot. La courbure des mandibules, leur structure, la coupe de la tête et des élytres, la conformation des antennes et des pattes sont bien du Luc. pentaphyllus ; la coloration même des cuisses est rougeûtre dans la partie médiane, ainsi que cela s’observe chez les petits mâles et chez les femelles de ce dernier insecte. Toute la particularité du Luc. Pontbrianti se résume donc en ceci : 1° Massue antennaire hexaphylle; 2° Terminaison en pointe simple de la mandibule. Or le premier de ces six feuillets est plutôt rudimen- taire, etnele füt-il pas, que son existence ne serait certes pas plus surprenante que celle d'un cinquième et même d'un sixième feuillet chez le Luc. cervus commun, habituellement tétraphylle. Quant à la disparition de la dent inférieure de la man- dibule, le moindre accident larvaire suffirait à l'expliquer d'autant plus aisément qu'elle se produit normalement chezles individus de petite taille du L. pentaphyllus et que cette même dent est toujours beaucoup plus faible que la supérieure chez les moyens et même chez les grands mâles. PPS PP PSS PSE PP R Te Les quelques notes qui précèdent complètent ce que l'on sait actuellement sur les variétés bien caractérisées du Luc. cervus, mais il ne faut pas perdre de vue que cet insecte est éminemment variable, C'est ainsi, par exemple, que j'ai entre les mains, grâce à M. R. Oberthür, une centaine de Lucanes pro- venant de Dax. Or, de l'examen de ces insectes, il res- sort que les exemplaires de grand, et même de très grand développement dominent, et qu'à taille égale à celle des spécimens des environs de Paris, ils ont la tête plus large, les carènes céphaliques plus accentuées et la partie des mandibules comprise entre la deni mé- diane et la fourche terminale notablement plus allongée. Les denticules mandibulaires sont en outre plus nom- breux et les dents de la fourche mieux développés. D'ailleurs, à part quelques spécimens qui sont extrême- ment robustes et trapus, la plupart des Lucanes de cette provenance ont dans leur ensemble quelque chose de fin et d'élégant, qui semble indiquer une affinité avec la forme syrienne. Les femelles qui proviennent de Dax ont, elles aussi, un facies tant soit peu particulier; leur tête est plus large, leur corselet plus arrondi, et leur aspect général plus soyeux. Aussi ai-je la conviction qu’en dehors des différentes variétés que nous avons passées en revue, il faudra s’at- tendre à rencontrer des formes particulières toutes les fois que l’on récoltera des spécimens de cette espèce dans des régions tant soit peu tranchées au point de vue du climat ou de l'altitude. C’est au nombre de ces formes locales qu'il convient vraisemblablement de ranger les trois spécimens dont il est question ci-après, et qui ne se rattachent à aucune des variétés que nous avons passées en revue. Le premier de ces exemplaires vient d'Italie; la figure n° 5 ci-jointe dispense d'entrer dans une description détaillée, mais il importe de signaler, d’une facon par- ticulière, le développement relativement considérable des denticules mandibulaires, la coupe ovalaire des élytres, et enfin la forme assez spéciale de la tête qui rappelle beaucoup celle du Luc. ibericus figuré page 76, LE NATURALISTE (fig. 21) du premier volume de ce travail; d'autre part, ies feuillets de la massue antennaire sont bien plus courts que chez ce dernier. Fig. 5. — Luc. cervus © à massue hexaphylle. (Italie ) La coloration foncière de ce gracieux insecte est la même que celle du Luc. cervus, mais la tête et le corse- let sont d'une teinte un peu plus claire; les pattes sont rougeàtres. Cet intéressant spécimen m'a été communiqué par M. Boileau; il porte les annotations suivantes : Italia, Coll. Mus. Tring. Le second exemplaire ne m'est pas connu en nature; la figure que j'en donne ci-contre est la reproduction exacte, mais ramenée à la grandeur naturelle de l'in- secte, d'un dessin qui se trouve dans l'album de Parry, actuellement la propriété de M. R. Oberthür. Fig. 6. — Lücane du mont Liban, (Fac-similé d’un dessin de Païry.) Ce petit Lucane, qui se trouve au British Museum, porte comme annotation : « Monte Lebanon », Il est assez diflicile de se rendre compte, d’après cette seule figure, de quelle variété connue il convient de rap- procher le spécimen dont il s’agit; la conformation des mandibules et la largeur du labre rappellent la var. Poujadei, mais la brièveté des feuillets antennaires l'en éloignent incontestablement. Peut-être est-il voisin du petit Lucane d'Akbès que j'ai figuré dans le premier volume de ce travail sous le nom de Luc. cervus var. Akbesiana. — L. PLANET. 181 La Graisse de Finot FOURNIE PAR LES PALMIERS DE LA GUYANE FRANÇAISE ORIGINE. — Le palmier « Pinot » ou « Ouassay » de la Guyane française est généralement rapporté (pe LaANEssaw, Les plantes utiles des Colonies françaises, 1886, p. #18.— G. Drvez, Notice sur les produils de la Guyane française, 1900, p. 94. — E. Bassière, Notice sur la Guyane, 1900, p.111. — E. Hecxer, Catalogue des plantes médicinales de la Guyane francaise, 1897, p. 40 à Euterpe oleracea Manrius, qui fournit au Brésil l’« huile de palme » du Para ou «beurre du Para », graisse étudiée par ScHæpLer (Technologie der Fetlteu. Oele 1892, 2 Aufl., p, 845). Nous n'avons pu, jusqu'à ce jour, étudier que les fruits du Pinot, et l’on sait que la détermination des fruits isolés du genre Eulerpe est fort délicate ; nous croyons, cependant, pou- voir rapporter, avec assez de certitude, le Pinot à Eulerpe ste- nophylla et non à E. oleracea. Le Pinot est un palmier à stipe gréle, élancé, annelé, cou- ronné d'un bouquet de frondes terminales, disposées en éventail, pectinées-pennées, entre lesquelles apparaissent des grappes de fleurs monoiques, sessiles ; les fruits sont des baies globuleuses, noires-violettes, à mésocarpe fibreux, à endocarpe membraneux, dont les graines ont l’albumen ruminé. A la Guyane, les Pinots abondent à tel point dans les prai- ries qui occupent les marais desséchés des régions basses, où ils remplacent les Mangliers, hôtes des marais inondés par les eaux salées, qu’on donne à ces prairies le nom de « pinotières ». AugLerT indiquait déjà l'abondance du palmier qui nous occupe, dans les marais et sur les bords des rivières inondées par les marées ; il en aurait observé trois variétés, distinctes les unes des autres, par leurs feuilles et la grosseur de leurs fruits. Cette donnée n'a pas été précisée jusqu'à ce jour. Courosirion. — Usages. — L'amande oléagineuse du Pinot donne, lorsqu'on la broie dans l’eau, une émulsion, colorée en pourpre et rafraichissante; traitée, comme ïl est dit plus loin pour le Maripa et le Comou, ces graines donnent une huile claire, comestible, légèrement parfumée, d'un goût agréable. Ces qualités paraissent malheureusement disparaitre très ra- pidement dans l'huile conservée depuis quelque temps, et telle qu’elle peut nous parvenir en Europe. L’échantillon que nous avons reçu se présentait, en effet, six mois après sa préparation et son embouteillage, comme une huile verdâtre, non homogène, d'un goût détestable, Nous avons déterminé trois de ces indices caractéristiques : Chiffre/d'acide: 1, 41, à 81.7 Chiffre de saponification . . . . 462.4 CHIfreAiol PE rt L'ensemble des acides gras (isolés par saponification) a son point de fusion à 12°. Ces acides sont composés, dans la pro- portion de 52 0/0, d'acide oléique, et de 48 0/0 d'acides solides (à la température ordinaire), dont nous n'avons pas déterminé la nature chimique. Cette huile est peu siccative : mise pendant quatre jours, en présence de plomb divisé, elle n’a absorbé que 4.5 0/0 de son poids d'oxygène. Son acidité (due, sans doute, à un rancissement rapide) s’opposerait vraisemblablement à son emploi comme huile d'éclairage. Elle se saponifie aisément, en donnant un sa- von mousseux. Telle qu’elle nous est parvenue, l'huile de Pinot serait, du fait de sa coloration, de son odeur, de sa saveur détes- table, totalement impropre à tout usage alimentaire. Sa teneur en acides gras solides est trop faible pour qu’! y ait lieu de songer à séparer avantageusement ceux-ci de l'acide oléique. Bref, l'huile de Pinot, peut-être très digne d'intérêt pour la consommation locale, ne semble pas, telle qu’elle est préparée en Guyane, pouvoir prétendre, sur les marchés européens, à un prix supérieur à celui de l'oléine brute des stéarineries, soit 90 francs les 100 kilog. environ, (Moniteur Officiel du Com- merce.) LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE | LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES NOMS D'ARBRES OU PLANTES Matricaire Cuculliä Arthemisiæ Hufn. Tanaceti S. V. Chamonmiilæ S. V. CHAMOMILLA....:,2, Mauve Spilothyrus Malvarum Illig. Acontia viridisquamma Gn. —. LuctuosaS. V. Eubolia Cervinata S. V. — Malvata Rmb. AILCE AMC An eee Menthe IAcidalia Ornata Scap. Micocoulier AUSTRALIS: 2-60 ete Libythea Celtis Esp. Millepertuis Xylomyges Conspicillaris L. Cloantha Radiosa Esp. — Hyperici S. V. _ Perspicillaris L. Anaitis Plagiala L. Præformata H. Simpliciata ‘Fr. PERFORATUM, ALPINUM. PERFORATUUM.... 1. 2, MONTANUM. ........... Mimosa LonGrroLra, Dearsara.|Boarmia Selenaria IH. Morelle Plusia Chalcites Esp. Mouron Gnophos Mucidaria H. Muflier HD dou Calophasia Opalina Esp. Myrica A DEL RE TE Hadena Pisi L. — Eucledia Mi L. — Eupithecia Absynthiata L. Myrte Ephyra Pupillaria H. se oliisle ejsin 00,01 Nerprun Rhodocera Rhamni L. Lycæna Argiolus L. Tephrina Vincularia H. Scotosia Dubitata L. — Vetulata S. V. — Rhamnata S. V. Œillet Proztrer,CaryorniLLus|Dianthæcia Compta S. V. Calocampa Exoleta L. SUPERBUS. et Emmelesia Alchemillata L. jÉDPHRGE Castigata H. a GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Chenilles Matricaria Août. Août, septembre. Juin à août. Malva Juin, septembre. Juillet. Mai, juin. Novembre à février. Mentha Printemps, automne. Celtis Avril, mai, juillet. Hypericum Juin, juillet. Juillet, août. Juin. Juin à octobre. Mai, juillet (fleurs). Mai. Juillet, octobre. Mimosa Papillons Avril, août. Septemb., juin, juillet. |France centrale et méridionale. Mai à juillet. Mai, juillet. Juin. Mai à septembre. Septembre, octobre. Septembre. Mai, aout. Mars, juin. Mars à mai. Mai, juin. Mai, juin, septembre.|france centrale et méridionale Mai à juillet, septemb. Toute la France. Juin, août, septembre. Juillet. Juillet, août. Juin, juillet, sept., oct.| Mai, juin, août. Solanum Belle saison. Anagallis Juin, juillet, sept., oct.| Mars avril, août, sept.| France centrale et méridionale Antirrhinum Eté, automne. Myrica Septembre. Juillet. août. Septembre, octobre. Myrtus Belle saison. Rhamnus Juin. juillet. Juin, septembre. Mai. Mai, juin. Dianthus Juin. Juin, juillet. Belle saison. Mai, août. Mai, juin. Juin, juillet. Belle saison. Belle saison. Mai, juillet, août. Avril, août. Juillet à septembre .| Toute la France. avril, mai. Mai à août. Mai, juin. Août, septembre, mars, “avril. Septembre (Capsules). |Mai à août. Août, septembre. Mai, juin. HABITAT FRANCAIS indre, Villers-Cotterets. Toute la France. Pyrénées-Orientales. Toute la France. Provence. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France méridion. et orientale. Montagnes. Alpes. Paris, Chalon-s.-Saône,Cannes Provence. France méridionale. lrance centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et méridionale Toute la France. France méridionale. Toute la France. LE NATURALISTE 183 ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 15 juillel. Sur la morphologie et la systématique des Flagel- lés à membrane ondulante (genres Trypanosoma ‘Gruby et Ærichomonas Donmé). (MM. A. Laverax et F. MEswir). L'étude comparative prouve que les Trypanosoma et les Tri- chomonas sont construits sur le même type, mais que les Tri- chomonas, au point de vue des appareils de relation, sont beau- coup plus compliqués que les Trypanosomes. Il est probable que, chez tous les Flagellés, les flagelles aboutissent à un sys- tème centrosomique; citons, par exemple, les observations d'Ishi- kawa chez les Noctiluques (1) (pour le tentacule et pour le fla- gellum), de Dangeard (2) chez Polyloma uvella, et, en dehors du groupe des Flagellés, de Léger (3) chez les sporocystes fla- gellés de certaines Grégarines. Sans doute, ces faits se généra- liseront quand on abordera l’étude des Flagellés avec des mé- thodes convenables de coloration. Quant à la membrane ondu- larte, lorsqu'elle existe elle apparait comme une sorte de fla- gelle rattaché au corps dans une partie de sa longueur, pouvant parfois (Trichomonas inteslinalis) se détacher facilement; ses relations avec le centrosome sont d’ailleurs celles d’un flagelle ordinaire. Formation de mappes de glace, en été, dans les volcans d'Auvergne (M. Ph. GLanGeaup). Tyndall disait que, pour produire du froid, il faut souvent beaucoup de chaleur. Je voudrais démontrer que, par des tem- pératures que l’on peut qualifier de torrides pour nos pays, alors que le thermomètre marque 550C. au soleil et 340 à l'ombre, ainsi que je l’ai constaté plusieurs fois pendant le mois de juin dernier, il se forme de la glace en assez grande abondance dans certaines régions géologiques déterminées, telles que les coulées de lave des volcans de la chaine des Puys. Ce phénomène des plus curieux est d'ordre physique et géo- logique, et il n’a lieu que lorsqu'il fait très chaud, ce qui parait, de prime abord, paradoxal, On peut, il me semble, l'expliquer de la façon suivante. Il faut savoir, d'abord, que les coulées des matières fondues issues de la chaine des Puys se sont épanchées dans des dépressions, fréquemment dans des vallées (parcou- rues par des rivières), qu’elles ont comblées en partie ou tota- lement. Après ce remplissage, l'eau continua à suivre le trajet primitif, mais il fut souterrain, au lieu d'être aérien. A l’extré- mité des coulées, on voit, en effet, reparaitre les ruisseaux qui donnent naissance à des sources très limpides et remarquable- ment fraiches en été. Les substances fondues émises par les volcans sont fréquemment remplies de vacuoles et poreuses, notamment les andésites et les labradorites. Cette propriété qui les rend plus légères et plus résistantes les fait employer dans la construction. Les coulées, souvent entremêlées de scories, qui reposent sur le sol, où l’eau ruisselle, où bien baignent par leur partie inférieure dans l’eau de la rivière sous-lavique, doivent facilement s’imbiber de liquide, en raison de leur porosité et des nombreuses fissures qui les traversent. Si, sous l'influence de la chaleur solaire, leur température extérieure s'élève, il se produira, aux points où la coulée est moins épaisse, une véri- table circulation d’eau, de la profondeur à la surface de la lave, où elle s'évaporera. L'évaporation produira un refroidissement qui pourra être assez considérable pour amener l’eau à sa con- gélation. Si les choses se passent bien ainsi, il n'y aura produce tion de glace que lorsque l’évaporation sera très active, c'est-à- dire lorsque la température extérieure sera très élevée. Par suite, c’est durant les journées les plus chaudes que la glace se formera en abondance, et il ne devra pas s'en former en hiver par ce procédé. C’est ce que l’on peut constater en maints en- droits aux environs de Pontgibaud, Chambois, Bannière, dans la grande coulée de labradorite du volcan de Côme, véritable désert de pierre, le plus sauvage etle plus difficile à explorer de l'Auvergne. La coulée (cheire) est semée de cavités rappe- (1) Iscuxawa, Journal of Coll. Sciences, Tokyo, 1894 et 1899. (2) DancrarD, le Bolanisle, 7 série, 6° fascicule, 10 avril 1904. (G) Licer, Comples rendus de l'Académie des sciences, 10 juin 1901. lant de petits cratères en miniature, largement ouverts vers le haut, rétrécis à leur base, qui n'est distante que de 3 mètres à 5 mètres de la surface extérieure. C’est au fond de ces sortes d'entonnoirs, assez rapprochés du sol granitique sur lequel l’eau circule, que l’on trouve de la glace, en abondance notable, durant l'été. Un seul de ces points est connu de quelques rares habitants des environs de Pontgibaud sous le nom de Trou de la glace. Lecoq l'avait signalé dans ses Epoques géologiques, mais sans expliquer le phénomène d'une façon scientifique. La production de glace, dans les mêmes conditions, n'est pas spé- ciale à la coulée de lave du volcan de Côme. Il existe des points identiques dans les magnifiques cheires basaltiques d’Aydat, également très scoriacées, sorties des volcans égueulés de La Vache et de Lassolas. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, etc. vu LA PUCE Il est fait deux fois mention de la puce dans la Bible (UY92, pharos) : [ SAMUEL, xXXIv,15. — « Après quel homme est sorti un roi d'Israël? qui poursuis-tu? un chien mort? une puce? » — xxvI, 20 : « Et maintenant, que mon sang ne tombe point en terre devant l'Éternel ; car le roi d'Israël est sorti pour chercher une puce, ou comme si l’on poursuivrait une perdrix sur les monta- gnes. » Cet insecte n’a jamais joui d'aucune sympathie, qu'il s'attaquat à l'homme, aux animaux où aux plantes — excepté toutefois dans certaines circonstances, où on l'enchâssait dans des bijoux d’or, comme un véritable diamant noir, ainsi qu'on le verra tout à l'heure. Dans la comédie Le Charancçon (acte IV, scène 2), Plaute dit : se la gent prostitueuse, en ce monde, ressemble fort, selon moi, aux mouches, aux cousins, aux poux et aux puces, toujours odieux, malfaisants et incommodes, jamais bons à rien! » Nous verrons tout à l'heure qu'un savant naturaliste désigne les puces comme pouvant être utilement employées, dans la pratique médicale pour faire l’oflice des sangsues. Palladius et Columelle indiquent divers procédés pour en débarrasser la volaille et les plantes. Le premier dit (Économie rurale, livre I, ch. 35) : «Les puces ei pucerons se détruisent sur les légumes par une aspersion de fort vinaigre mélé à du suc de jusquiame..… Ge On peut encore les détruire en arrosant fréquem- ment le sol avec du marc d'huile ou du cumin sauvage broyé dans l’eau, ou avec une infusion de graines de concombre sauvage, ou encore avec l’eau de lupins mêlée à celle de la vigne blanche amère. » Le second (Économie rurale, livre VIII, ch. 5) dit: « Les poules seront tenues très proprement par le gar- dien ; il les nettoiera de temps en temps et renouvellera leur litière, car leurs nids se remplissent de puces et autre vermine que les oiseaux y apportent avec eux toutes les fois qu'ils s’y rendent. » Dans son Histoire des anünaux, livre V, ch. xxv, K1 et 2, Aristote parle de ces insectes de la manière sui- vante : « Les insectes qui, sans être carnivores, vivent cependant des sécrétions de chair vivante, tels que les 184 LE NATURALISTE poux, les puces et les punaises, engendrent tous par accouplement ce qu'on appelle des lentes ; mais ces lentes elles-mêmes n’engendrent plus rien (1). Parmi ces mêmes insectes, les puces naissent de la moindre ordure, etil suffit d'un peu de fiente sèche pour qu’il s’en forme (2). » Sainte Hildegarde les fait naître de la poussière (Physique) : « La puce est chaude et aie nait de la poussière. En hiver, comme la terre est humide et conserve une cer- taine chaleur, les puces s'y retirent et s'y tiennent cachées; en été, au contraire, la chaleur solaire dessé- chant le terrain, elles sortent et se jettent sur les gens pour les tourmenter. Prenez donc de la terre (et non de la poussière) et faites-la fortement échauffer dans un pot d'argile, de façon à la dessécher complètement et qu’il n’y reste aucune trace d'humidité. Saupoudrez de cette terre l'intérieur de votre lit; comme les puces ne peuvent souffrir la sécheresse de la terre, dès qu’elles s’en approcheront, elles prendront la fuite et périront, laissant désormais l’homme dormir tranquillement. » Isidore de Séville et Hraban Maur, celui-ci copiant celui-là, disent que les puces doivent leur nom à la pous- sière, dont elles font leur nourriture : PULICES vero vocati sunt, quod ex pulvere magis nutriantur. Van Beneden (le père), dans son ouvrage intitulé Les commensaux el parasites dans le règne animal, pages 118 et 119 (1878), fait, à propos des puces, les remarques sui- vantes : « Les puces auront peut-être un jour ure pa dans l’officine des pharmaciens à côté des sangsues nous ne voyons pas pourquoi l’on ne ferait pas de sai- gnées homæopathiques; nous aurions certainement plus de confiance dans les effets de morsures de puces que dans l'efficacité de remèdes divisés par millionièmes. PALDe On rencontre communémentsur la plage sablon- neuse de la Méditerranée, du moins au voisinage de Cette et de Montpellier, des puces d’un brun presque noir -et d'une énorme grosseur : la mouche commune {n’a pas le double de leur taille (3). Ce sont des puces humaines, et leur présence à la plage, pendant les chaleurs de l’été, n’est due qu'au grand nombre de baigneurs et de baigneuses de toutes classes qui y déposent leurs vête- ments. Si, un jour, ces insectes étaient placés au rang des espèces officinales, il faudrait choisir ces plages, et il est à supposer qu'en les croisant avec intelligence, on parviendrait bientôt à créer des races qui pourraient rendre de véritables services; mais, jusqu’à pe la thérapeutique n’a tiré parti que des sangsues. Passons maintenant aux puces apprivoisées, aux puces- clowns. Dans son Dictionnaire d'histoire naturelle, Valmont de Bomare cite, d'après Lémery, « une puce de médiocre grosseur, enchainée à un petit canon d'argent qu’elle trainait. Ce canon était long comme la moitié de l'ongle, gros comme un ferret d'aiguillette, creux, et pesait 80 fois plus que la puce; il était soutenu de deux petites roues; on y mettait quelquefois £e la poudre et on l’allu- mait : la puce intrépide n’était ni épouvantée ni alar- mée se la détonation de cette artillerie. Sa maitresse la gardait dans une petite boite veloutée qu’elle portait dans sa poche, et elle la nourrissait aisément en la mettant tous (4) C'est une erreur : les lentes sont les œufs mêmes des poux, . d’où sortent des animalcules nouveaux. - (2) Autre erreur. (3) J'ai vu souvent de ces puces dans les sables d'Algérie. & 169 des 19 les jours un peu de temps sur son bras, où la puce prenait quelques gouttes de sang, sans se faire presque sentir. L'hiver fit mourir cette puce guerrière. » La Revue britannique (tome IV, p. 485 et eu 1856) donne des détails très curieux sur un professeur pour puces qui exerçait depuis vingt ans dans un petit local de la rue Mary-le-Bone, à Londres. Ces puces trainaient au cou une chaine minuscule dorée. Il disait que ses meil- leurs élèves, les plus robustes et les plus dociles, lui provenaient des bagnes; ensuite venaient les puces russes; il avait, du reste, des courtiers en puces qui allaient en remonte çà et là pour lui recruter les plus belles et les plus grosses; il les payait généralement 0 fr. 2 la douzaine; mais un jour il en paya une seule 0 fr. L'annonce du spectacle de ce brave homme était ainsi conçue : RUSSIAN FLEAS « 200 of these little creatures are exhibiting daily, from 1 till 40, at Leicester square, their performances astonis- hing all beholders. Fleas of all nations, giving their varied: entertainments, firing cannon, stage-coatch and omnibus conveyance, etc.; Kossuth, on four Austrian fleas; Napoléon, onthe Roi flea Hercules, five years old. Admission : 4 sh. . PUCES RUSSES « 200 de ces petites créatures font leurs exercices tous les jours, depuis une heure jusqu’à dix, à Leicester square, étonnant tous les spectateurs par leurs tours. Puces detoutes les nations, exécutant leurs tours variés, tirantlecanon,trainant des diligences et desomnihus, etc. Kossuth sur quatre puces autrichiennes ; Napoléon sur la) puce russe Hercule, âgée de cinq ans. Prix d'entrée : 4 shelling. » Cette puce Napoléon s'égara un jour, Le directeur de la troupe pulicienne se trouvait en représentation chez un principicule allemand; les insectes représentaient une pièce historique. Tout à coup l’exhi- biteur se trouble et cesse son boniment. On lui demande ce qu'il a. — Hélas! » .murmure-{il, j'en demande humblement: pardon à l’auguste assemblée, mais un de mes principaux h acteurs s’est échappé... Napoléon. — Et où peu être allé? demande le prince, non moins ému qu’on ne le fut à Vienne lorsqu'on yÿ apprit la fuite du redoutable souverain de Pile d’'Elbe. Le directeur hésite à répondre, mais ses yeux parlent pour lui et désignent une jeune dame... Ilse décide enfin, , et déclare que Napoléon a certainement dû chercher un. refuge sur la personne de Son Altesse sérénissime la. | princesse Héléna. — Allez, ma chère, dit le prince; fugitif. (Ironie du sort : Napoléon, Hélène.….). La jeune princesse, ne se souciant pas de recéler plus longtemps un pareil personnage, retrouvez l'illustre d'où elle revint quelques instants après avec une formi-. dable puce qui se débattait énergiquement entre le pouce et l'index de la belle fille. (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. “à Le Gérant: PAUL GROULT. (A PARIS —— IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, A1. se prèta de bonne grâce au désir du souverain et se retira dans sa chambre, » 4 ns Série ÉCRIRE CET 93° ANNÉE 2 SÉRIE — N° 347 15 AOÛT 1901 LES ÉLÉPHANTS QUATERNAIRES DE LA VALLÉE DE L'AA Études sur les variations de leur système dentaire La vallée de l’Aa offre en beaucoup d’endroits de puis- santes alluvions quaternaires riches en ossements. Ces alluvions sont formées par des graviers, Elles reposent en général sur le Turonien raviné ou sur les dépôts ter- tiaires (Landenien). En plusieurs endroits, elles attei- gnent une puissance de deux mètres environ et sont re- couvertes par une couche d’argile à briques. Ces couches de graviers sont exploitées pour l’empierrement des routes et permettent de recueillir de nombreux débris de la faune quaternaire. Les ossements d’éléphants dominent, mais les coupes ont donné le Rhinocéros tychorhinus, le Cheval, l’Auroch et le Bœuf. De lon- gues recherches m'ont permis de réunir une collection de pièces très intéressantes. L'Elephas primigenius y est représenté par de nombreux échantillons : défenses, bas- sin, maxillaire, vertèbres et surtout molaires. Ces der- nières, comme nous le verrons dans la suite de cet arti- cle, présentent des variations très intéressantes, de nombreuses formes de passage que nous décrirons, en nous basant sur une série complète. Les dents des Éléphants sont les parties de l'animal les mieux conservées, anssi ont-elles été très étudiées, et elles ont servi de sujet aux diagnoses génériques. Ces organes sont formés par un plus ou moins grand nombre de lames de dentine recouvertes d’un ruban d’émail, Une substance cémenteuse umit ces lames entre elles. Les sommets digités, comme le montrent les dents de remplacement qui n'ont pas subi d'usure, se perdent dans la substance cémenteuse et donnent un aspect irrégulier à la couronne. L'usure détermine une table dentaire qui montre en coupe les rubans d’émail. C’est sur les caractères des lames dentaires qu’on a divisé les différents groupes. L'absence de mamelons sur la dent adulte différencie le genre Éléphant du genre Masto- donte. Le genre Éléphant parait être dérivé des espèces sui- vantes et il paraît avoir suivi la progression ci-après indiquée. Le mastodonte, dérivant du Dinotherium, a une for- mule dentaire (++ ti _ très voisine de celle du genre Éléphant. Ses dents offrent des mamelons tuber- culeux, 1l est caractéristique du Tertiaire moyen. Le genre Eléphant qui lui a succédé a pour formule den- taire er + lPincisive du maxillaire inférieur a disparu chez lui. Les trois molaires n'existent pas si- multanément, mais se remplacent progressivement d’ar- rière en avant. Il en résulte que le nombre des molaires en état de fonctionner est de quatre généralement, une pour chaque maxillaire. Entre les mastodontes offrant des dents à fortes col- lines et les éléphants à table dentaire plane, existe une forme de passage. Cette forme, dont on a faitle genre Stégodon, est tellement nette, qu'à une époque où le transformisme n’était pas encore admis, Clift lui avait: donné le nom de Mastodon Elephantoiïdes. La dent du Stégodon présente une série de lames disposées en collines transversales plus où moins éle- vées ; l'usure des sommets commence à offrir une coupe rappelant celle des dents d’Éléphant. D'après la forme des rubans d’émail, on à divisé les éléphants : 1° En Loxodontes, chez lesquels l'émail est en losange. L'Elephas Africanus est le seul représentant de ce genre; on a cependant trouvé en Allemagne et à San- Isidoro, près de Madrid, des molaires appartenant à un Loxodonte, auquel on a donné le nom d'El. Priscus. C’est une simple variété quaternaire de l’Africanus. 20 En Elasmodontes, chez lesquels l’émail offre un ruban irrégulier plus ou moins festonné. Ce groupe a évolué largement à travers les époques géologiques. C’est sur l'épaisseur de la lame d'émail que les espèces ont été fondées. Sur une dent du même âge, mais d'espèce différente, le nombre des lames varie pour une même longueur. Dinotherium (Miocène) | Mastodonte Id. Elephas Africanus. Actuel. (Variété. El. Priscus-Quaterna) EL. Priscus (Espèces quartenaires CAIN Mastodon \ tégodon (Elephantoides Clift Loxodontes (Rubans d’émail en losange) Elephas- Elasmodontes (Rubans d'émail festonnés et irréguliers). Elephas meridionalis (Pliocène, Saint-Prestien). Elephas Antiquus (Quaternaire Chelléen). Variétés. (El. Intermedius, El. Armeniacus, EI, Mnaidriensis, El. Melitensis, EL. Falconeri, El. Columbi, El. Jacksoni.) intermédiaires entre l’Africanus et l’Antiquus). Elephas Indicus. (Var. E. Sumatrensis). Actuel. Elephas Insignis Elephas Namadicus Quaternaires formes identiques à l'Indicus. Elephas Primigenius. Espèce culminante du genre (Quaternaire, Moustérien, Magdalénien, Indicus). Le Naturaliste, 46, rue du Rac, Paris. 186 L'espèce primordiale des Elasmodontes est l'El. Meri- dionalis. Si on considère la dent, on voit que les lames de dentine sont épaisses, que les cordons d'émail sont larges, très festonnés, très irréguliers. Le nombre des lames est moindre que dans les espèces suivantes. Cette espèce est caractéristique du tertiaire tout à fait supé- rieur, du Saint-Prestien. C'était une espèce méridio- nale, rencontrée en Italie, surtout dans le val d'Arno. En France, on la signale en plusieurs endroits, dans le petit lamheau tertiaire de Durfort (Gard), à Saint- Martial dans l'Hérault, à Tilloux (Charente), en Bour- gogne et aux environs de Lyon. Dans le Nord, on ne le rencontre pas; cependant il a été signalé en Angleterre associé au Mastodon Arvernensis, qui est Astien. L'Elephas Antiquus dérive du Meridionalis; ses mo- laires offrent un cordon d’émail moins large, moins festonné ; les lames sont plus nombreuses et plus régu- lières que chez l'Elephas Meridionalis. L’El. Antiquus commence dans- le quaternaire, il caractérise le Chel- léen. Il a été quelquefois observé dans le Saint-Prestien avec le Meridionalis, et on le trouve dans quelques gise- ments, surtout dans le Nord de la France eten Angle- terre associé à l'EL. Primigenius. En France, on le ren- contre particulièrement dans la vallée de la Seine, dans les alluvions chelléennes, dans la vallée de la Marne. Dans le Nord, Saint-Acheul a fourni quelques échan- tillons associés au Primigenius. L'El. Antiquus est assez voisin de l'El. Indicus actuel et de sa variété l'E. Su- matrensis. A l'Elephas Antiquus a succédé l’EI. Primigenius qui s'est maintenu le plus longtemps. Son habitat a été très étendu, mais avant tout, il doit être considéré comme un animal du nord de l’Europe et de l'Asie, Le midi de l'Europe ne l'offre que très rarement. Les dents prove- nant d'Italie sont toujours douteuses comme origine et se rapprochent beaucoup de l'EI. Antiquus. Le type de la molaire de l'E. Primigenius est de montrer des lamelles nombreuses étroites, à ruban d'émail droit. Cette dentition rapproche le mammouth de l’'EIL. Indicus ; toutefois ce dernier a moins évolué comme type. L'Ei. Primigenius est l'espèce culminante du genre Éléphant. Le mammouth est très bien connu aujourd’hui, grâce aux découvertes de cadavres entiers en Sibérie. On le rencontre un peu partout, dans les alluvions quaternaires du Nord de la France. associé à la faune Moustérienne (Rhinocéros, Equus, Bos, etc.); on le ren- contre même à la partie supérieure des alluvions chel- léennes réuni à l'E. Antiquus. Les molaires des trois espèces que nous venons d’étu- dier varient beaucoup. L'El. Antiquus, si on en consi- dère des séries appropriées, semble dans certains cas se rapprocher du type Meridionalis ou suivre la série inverse, et offrir des affinités avec le type Primigenius. La distance le séparant du Primigenius étant plus grande, Jourdan sur quelques échantillons provenant de gisements intermédiaires entre le Chelléen et le Mous- térien a créé un El. Intermedius, chainon reliant l’'El. Antiuqus à l’El. Primigenius. C’est une simple variété du premier. Il en est de même pour l'espèce créée par Falconer, l’El. Armeniacus. Elle est d’ailleurs basée sur trois molaires seulement, et c’est bien peu pour formu- ler les caractères d'une espèce. On a décrit bien d’autres variétés de l’El. Antiquus. L’El. Columbi et l'E. Jack- soni, formes américaines, intermédiaires entre l'EI, An- LE NATURALISTE EC CEE 7 UT CT ESS SE PS RES EE DEEE EN SE PE DT TEINTE 20 7 RE RS TR tiquus et l'El. Indicus. Quant à l’El. Mnaïdriensis, à l'E, Melitensis et à l’El. Falconeri, ce ne sont que des formes locales de l'EI. Antiquus observées à Malte et qui ont dégénéré seulement comme taille. Nous venons de voir, par cette rapide étude des Élé- phants quaternaires, que ces animaux avaient subi une évolution graduelle, qui permet facilement de passer d'un type à un autre, et confirme les données du trans- formisme. Si l'on va plus loin, on voit que chaque es- pèce elle-même offre des variations produites par le temps et les lieux. Si nous prenons l'espèce la plus répandue et celle qui a été la plus soumise aux lois de l'évelution, l'EL, Pri- migenius, nous voyons que les dents de France sont moins transformées que celles provenant de la Sibérie, qui comptent beaucoup plus de lames. Celles du Midi se rapprochent au contraire du type Antiquus. Voilà ce qu'a pu produire l'espace. L'effet du temps est encore plus marqué. J'ai depuis longtemps remarqué que les molaires provenant des parties inférieures des coupes alluvionnaires étaient à lamelles plus grosses et moins nombreuses que dans le type moyen. Celles provenant des parties supérieures et se rapportant aux derniers temps du Quaternaire, au Magdalénien, offrent des lames plus serrées et à rubans d'émail plus fins. Entre les deux types se rencontrent des pièces intermédiaires. J'ai constaté le gisement des diverses dents dont je donne la description, et elles sont prises dans une série nom- breuse. 1° La dent d'Elephas Primigenius, dont la figure IT IL. montre la disposition, a été trouvée à la base du Mous- térien. Elle a une table dont la longueur est de 15 cen- timètres. Elle est complète et appartient au maxillaire inférieur d'un animal adulte, (Toutes les pièces choisies appartiennent à l'adulte.) Cette table offre dix lames. La, largeur de la lame prise dans la région moyenne, est de 10 millimètres. Les lames sont assez festonnées. Cette | molaire appartient à un animal ayant vécu au début du Moustérien et n'offre pas le type de l’El. Primigenius. See | LE NATURALISTE 187 00 dans toute sa pureté ; elle offre des affinités avec l’Anti- quus. 2 Fig. III, Cette dent offre une table de 1# cent. 1/2, le nombre des lames est de 12, la largeur est de 6 milli- mètres. C’est une molaire du maxillaire inférieur. UT. 3o Fig. IV. Dent appartenant au maxillaire supérieur; la longueur de la table est de 14 centimètres, le nombre des lames est de 12, leur largeur de 6 millimètres. C’est le type moyen de PElephas Primigenius, 4 Fig. V. Dent dont la table a 15 centimètres ; le nombre des lames est de 16, elles sont droites, le ruban d’émail est peu festonné, la largeur de la lame est de 5 millimètres, Cette molaire est le type le plus pur de molaire d'Elephas Primigenius ; d’une conservation ex- ceptonnelle d’ailleurs, elle appartient au maxillaire in- férieur. 5 Fig. VI. Cette figure représente une molaire trou- vée à la partie supérieure de l’alluvion, La longueur de la table est de 15 centimètres ; celle-ci offre 19 lames, dont la largeur est de # millimètres à peine; ces lames sont très serrées, l'émail est très fin. Cette pièce appar- tient à un animal très évolué. Les dents dont nous venons de donner la description ont été choisies de même àge et offrent une table den- taire de même longueur, ce qui permet de faire des comparaisons exactes. Les dents des jeunes animaux donnent lieu aux mêmes remarques. J'ai, dans une série de dents jeunes, une molaire ayant une table de 11 centimètres, offrant 16 lames de 3 millimètres à peine, très droites et très serrées. Elle provient comme la pièce de la figure VI de la partie supérieure de l'allu- viOn, ‘ Entre ces divers types existent tous les intermédiaires qu'il était trop long de considérer, les six pièces en ques- tion ayant été prises dans une collection comptant plus de quarante molaires, toutes en parfait état de conser- vation. Il nous reste à examiner une molaire que j'ai rencon- trée en septembre dernier à la base du quaternaire des environs de Saint-Omer, Cette dent, d’une conservation défectueuse et ayant perdu la racine, offre certaines particularités qui tendent à la faire considérer comme appartenant à l’EI, Antiquus. Cette découverte est inté- ressante, l'El. Antiquus n'ayant pas été jusqu’à présent, signalé dans le Pas-de-Calais. La dent en question a une table dentaire de 14 centimètres. Elle a dû être de 15, car la substance cémenteuse a été enlevée à la partie intérieur ;eelle a huit lames, dont la largeur à la partie moyenne est de 1# millimètres, plus du double de la largeur offerte par une lame d'El. Primigenius type, comme la figure V. Le ruban d’émail est plus large que daas les molaires de mammouth, la coupe en est assez 188 irrégulière, autant que permet d’en juger la conserva- tion un peu défectueuse de la pièce. Le caractère qui rapproche cette pièce de lEIL. Anti- quus est la largeur de la lame: le fruban d’émail est VII. moins gros et moins irrégulier et tendrait à l’en éloigner un peu. On peut considérer -cette molaire comme appar- tenant à un Antiquus assez transformé déjà et passant au type Intermedius, simple variété d'ailleurs de l'E, Antiquus, comme nous l'avons vu au cours de cette étude, Des observations que nous venons de rapporter, on peut conclure que les éléphants quaternaires ont subi une évolution lente et progressive pendant toute la durée de la période. Cette évolution, si bien en rapport avec les lois du transformisme, a amené la formation de types bien distincts, qui se rattachent cependant les uns aux autres, pour peu qu'on considère un grand nombre de pièces, convenablement choisies au point de vue stratigraphique. Dr Georges PONTIER. LESVABENLLCES LEUR ÉLEVAGE RATIONNEL L'élevage des abeilles par l'adoption des nouvelles méthodes serait, pour nos nombreux petits cultivateurs, pour toute per- sonne possédant un jardin, une somme de revenus importants. Malgré le climat si favorable de notre pays, malgré sa flore si riche et si variée, on peut dire que l’apiculture est peu pratiquée en France. En Amérique, trente sociétés financières, possédant chacune cinq à six millions de capitaux, emploient des sommes énormes à couvrir de ruchers les terrains américains. Depuis longtemps, l'Italie expédie annuellement pour des mil- lions de francs d'abeilles jaunes, sans contredit les plus fécondes et les plus actives. Tandis qu'en France la plupart des cultivateurs en sont restés aux vieux procédés, aux anciennes habitations trop petites, défectueuses, où les colonies trop à l’étroit, manquent de place pour se développer, essaiment et s’émiettent au moment où la récolte est la plus fructueuse, nos voisins et les Américains ramassent des millions de tonnes de miel, et grâce au travail des abeilles, ils ont des récoltes admirables et viennent nous faire concurrence sur nos marchés. Car non seulement les abeilles ne se contentent pas de nous donner du miel et de la cire, mais elles favorisent la fructification des arbres et des plantes. Un verger dans le voisinage duquel se trouvent des ruches produira toujours plus qu’un autre verger, fût-il l’objet des mêmes soins et placé dans les mêmes conditions. Il y a donc un double avantage à élever des abeilles, mais il LE NATURALISTE ne suffit pas, il est vrai, de se trouver dans une contrée mellifère pour tirer de beaux produits des abeilles, il faut une direction rationnelle, il faut qu’elles aient toujours une nourriture suffi- sante, qu ’elles soient logées dans des ruches dont la capacité puisse être augmentée ou diminuée selon les besoins, il faut que l'air intérieur puisse se renouveler sans qu’il y ait de courant d'air proprement dit. Ces avantages ne se rencontrent pas dans la ruche en paille dont on fait encore en Normandie et en Bretagne un très grand usage et qui se compose d'un simple panier de paille, dans l’in- térieur duquel sont disposés tout simplement deux bâtons en croix où les abeilles attachent leurs rayons de cire et de miel. Cette méthode d'élevage des abeilles est la plus défectueuse que l’on connaisse; aussi la nouvelle ruche à cadres mobiles employée avec un succès toujours croissant en Amérique et dans certaines contrées de l'Europe, ne saurait être trop recommandée dans nos départements. Cette ruche se compose d’un socle élevé de terre à une hau- teur de 0 m. 50, de façon que les abeilles n'aient à souffrir ni de l'humidité, ni de la chaleur du sol, ni de la voracité des crapauds; on a constaté, en effet, dans ces derniers temps, que le crapaud, si utile en agriculture et en horticulture, devenait très nuisible à l'élevage des abeilles, si les ruches étaient trop près de terre, car il est très friand de ces mouches, La ruche ainsi placée sur un socle se compose d’une boite en bois double de façon à pouvoir mettre de la sciure de bois entre les deux cloisons pour épargner aux abeilles les trop grandes chaleurs ou les trop grands froids. Un des côtés de cette boîte est éloigné d’un centimètre environ du fond, de façon à former l'entrée des abeilles; puis le fond même de la boîte est percé d’un trou recouvert d’une toile métal- lique destiné à donner dans la ruche un courant d'air très utile pour la santé des mouches. Aussi, au lieu de placer dans cette boite deux ou trois bâtons pour que les abeilles y déposent leur miel, on y place des cadres en bois. Mais le plus curieux, c'est que l’homme peut maintenant tra- vailler avec ses abeilles et, par sa collaboration, leur faire pro- duire cinq ou six fois plus de miel. Ainsi les abeilles employaient un certain temps à récolter la cire et à en faire des rayons destinés à recevoir le miel. Eh bien! maintenant, on place dans ces cadres des rayons tout faits, ce qui permet aux infatigables travailleuses de récolter du miel et d'en produire de la sorte beaucoup plus. Pour fabriquer les rayons des abeilles, il suffit de fondre dans une casserole un peu de cire, de couler cette cire dans une boîte métallique dont le fond est rempli d’alvéoles en fer, puis de placer par-dessus un couvercle également tapissé d’alvéoles et de laisser refroidir la cire. On obtient ainsi des rayons tout faits, très régu- liers et très solides; les abeilles n’ont plus qu'à les remplir. C'est ce qu'on appelle les ruches à cadres mobiles. Ce n’est pas tout. Les éleveurs d'abeilles ont remarqué que chaque essaim est composé d’une mere, d'cuvrières et de mâles. La mère est destinée à pondre et à produire tous les ans un ou plusieurs essaims. Les ouvrières récoltent le miel et l’'emmagasinent. Mais les males, après avoir fécondé la mère, n'étant plus utiles, qu'en fera-t-on ? A l'état sauvage, pour des abeilles qui vivent dans les creux d'arbres, les mâles sont utiles, parce qu'avec les fortes mandi- bules dont leur bouche est armée, ils creusent les arbres et agrandissent leur logement; mais dans l'élevage pratique, comme on donne aux abeilles une maison complète, je dirai même meublée, on n’a plus besoin de mäles, et il est urgent de les détruire, car on a remarqué que non seulement ils ne travaillaient pas, que jamais ils n’apportaient un grain de miel aux maga- | sins, mais encore que le soir, en rentrant de leur promenade, ils wavaient autre besogne que de manger la récolte des ouvrières. Dans toutes les sociétés, sociétés humaines ou sociétés d’in- sectes, chacun doit apporter sa part de travail à la commu- nauté, chacun doit produire, doit travailler pour tous; faire . autrement est un crime. Et comme les mâles d’abeilles ne sem- … blaient pas vouloir adopter cette maxime, les apiculteurs les ont condamnés à mort, et à la mort la plus terrible, on les laisse » mourir de faim devant le buffet. 4 L’instrument de supplice s'appelle la cloison. C'est tout sim- plement une plaque de zinc percée de trous que l’on place au bas M de la ruche, Les trous sont capables de laisser passer les. ouvrières, celles qui apportent du miel, mais sont, trop étroits pour … laisser passer les mâles. ; C'est là une économie énorme sur la production du miel, et % cependant ce n'est pas tout. 1 LE NATURALISTE 189 On place sur la ruche proprement dite une seconde ruche appelée hausse, qui est remplie de petites sections dites américaines, conténant chacune un gâteau de cire, et les abeilles emplissent également chacune de ces sections de miel, de première qualité, car le miel est d'autant plus fin qu'il est produit à la partie supérieure de la ruche, Dans le bas de la ruche, on trouve le miel brun et impur, et à mesure que l'on s’élève dans la ruche, on trouve du miel de plus en plus blanc et de plus en plus aromatique. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir dans sa ruche une grande hausse bien remplie de sections. Ces sections peuvent être de deux grandeurs, selon que l’on veut obtenir une livre ou deux livres de miel. Partout on falsifie le miel, et pour l'avoir pur les Américains, les Anglais, les Suisses, servent sur leur table le miel dans la section même où les abeilles l'ont déposé. Enfin, par-dessus la hausse, on place une toile cirée qui joue un très grand rôle dans la santé des abeilles. En effet, les abeilles ne seront en bonne santé qu’à la condition qu'il y ait toujours dans la ruche une certaine humidité; or il était très difficile de graduer régulièrement cette humidité. Eh bien ! grâce à cette toile cirée, on la maintient dans la ruche toujours au même degré. En effet, s'il se produit un excès d’hu- midité, immédiatement l’eau vient se condenser en gouttelettes sur la toile cirée. Si au contraire l'humidité vient à manquer, ce sont les gouttelettes préalablement formées sur la toile cirée qui se transforment de nouveau en vapeurs. Puis, si l’on veut obtenir beaucoup de miel, il faut de temps en temps en prendre dans la ruche, de facon que les ouvrières voient très bien qu'il ne leur en reste pas assez pour passer l’hiver. j Car toute leur occupation est là : ce qu’elles veulent, c’est avoir des provisions pour leur hiver. Il faut donc leur enlever souvent du miel, la crainte qu’elles ont de mourir de faim dans la saison rigoureuse les fait redoubler de travail et de persévérance. L'hiver venu, la ruche est pleine, et sans Perdre un instant, l’apiculteur s'empare du miel. Autrefois, lorsqu'on faisait cette opération, on tuait les abeilles, ou bien on les laissait mourir de faim. Maintenant, on ne les tue plus, on ne les laisse plus mourir, et pendant l'hiver on les nourrit, non pas avec du miel qui coûte trop cher (1 fr. 25 la livre), mais avec du sirop de sucre, qui coûte très bon marché et qui remplit le même office. On se sert pour cela d’un appareil spécial appelé nourrisseur ; c'est tout simplement un flacon dans lequel on place le sirop. Ce flacon est fermé au moyen d’un bouchon de fer-blanc percé de trois ou quatre trous placés d’un seul côté du bouchon. On renverse le nourrisseur sur une plaque de zinc qui bouche les trous, mais on peut, en faisant tourner le flacon, placer les trous en face d'ouvertures pratiquées dans la plaque de zinc, de façon à laisser couler le sirop de sucre dont les abeilles s'emparent aussitôt. On peut donc, en tournant plus ou moins le flacon, ouvrir plus ou moins de trous et laisser couler le sirop plus ou moins vite, Puis, si l’on veut faire sortir les abeilles, il suffit de fermer les ouvertures du nourrisseur, Ce nourrisseur sert aussi à diriger les abeilles, on les fait sortir aussitôt que l’on veut. Et dans ces dernières années, les Anglais se sont servis du nourrisseur pour envoyer les abeilles, dès les premiers beaux Jours de février, butiner et récolter le miel des fleurs de pêcher ou d’autres plantes à floraison hâtive. On peut donc, par ce procédé, lorsqu'on s’est assuré que dans les environs des ruches, des pêchers, des lilas, des pruniers sont en.fleur, on peut, dis-je, récolter du miel spécial de pêcher, de cerisier, de prumier, ayant le parfum rappelant ces fleurs. On peut même, en plaçant ce miel à parfums spéciaux dans de VPeau-de-vie, obtenir des liqueurs très saines de pêcher, de pru- mer, etc.. etc. Comme dernier appareil nécessaire en apiculture, je vous par- lerai de l’enfumoir. L'enfumoir, comme son nom l'indique, est destiné à envoyer de la fumée dans les ruches, de facon à faire entrer les abeilles en état de bruissement. Il suffit de placer, dans un cylindre en fer-blanc communiquant avec un soufflet, de la laine ou du gros papier allumé et de chasser la fumée dans la ruche. Aussitôt les abeilles se mettent en bruissement, et pendant ce temps on peut faire dans la ruche tous les travaux nécessaires sans crainte d'être dérangé par elles. Cet enfumoir a deux Apart : d’abord il coûte cher, et ensuite, au bout d'un certain temps le soufflet se disloque et l’appareil ne fonctionne plus. Les Américains, en gens toujours pratiques, en ont imaginé un beaucoup plus simple et qui ne coûte que quelques sous. Il se compose d’un petit tuyau en corne terminé par un cornet en bois qui peut s'adapter sur une pipe : il suffit donc de souffler dans le tuyau pour faire sortir à l'opposé la fumée du tabac qu'il est alors facile de projeter dans la ruche. Paul Noer. LA GOMME-GUTTE DU “ KIZY”” DE MADAGASCAR L'arbre dénommé « kizy » ou « kijy » ou « kija » où « kimba » en dialecte bezanozano, porte, dans le dialecte hova, le nom de « dintinina » ou « ditinditinina », dans l'Imerina, de « kimbavavy » et « kimbamena » dans le Betsiléo ; c'est d'après la détermination du R. Baron, une clusiacée : Symphonia Cluisioides Baker (in Hookers Journ. of Bot., XX, 1889, p. 19). — (Il semble cependant que le nom de kijy soit également donné par endroits à Tamarindus indica L.) On le rencontre dans les forêts de l’est de l’Imerina et du Betsiléo (où il fleurirait de novembre à janvier); il abonde dans le Bongo-Lava, dans les vallées d'Ambolo et du Mandrari, dans le secteur d’Ihosy, à Ambalon, Imana-Kana, à Ampasimpotsy et à Sahamarirana, dans la région des Betsimisaraka-Betanimena, et, d’une manière générale, dans la région moyenne de Mada- gascar, où il croit aussi bien sur les hauteurs que dans les vallées. C'est un bel arbre, au tronc élevé, droit, cylindrique; les plus beaux spécimens atteignent une hauteur de 8 mètres, un dia- mêtre de 0 m. 50 à 0 m. 80 (mesuré à hauteur d'homme), et 4 m. 50 en moyenne de circonférence, à fruit charnu, de ja grosseur du poing, à noyau dur (Jeannot). Il fournit un bois mou et blanc selon les uns, très dense et jaunâtre selon les autres, qui doit être abattu en mars-avril, employé, dans les constructions, à faire des moulures. Mais cette essence forestière est surtout intéressante par le produit résineux, formé par la dessiccation de son latex et qui est le « kijy », désigné aussi sous le nom de « ditinditinina ». Jaune clair et molle, au moment où elle s'écoule des incisions pratiquées dans l’écorce, cette résine brunit et durcit à l’air. Elle est utilisée par les indigènes pour la fabrication d’une sorte de brai, destiné à calfater les pirogues, à réparer une foule d'ustensiles de ménage, à fixer au manche la lame des couteaux; à ce titre, cette subss tance est l’objet d'un certain trafic, et se vend énviron 1 fr. le kilogramme. Le capitaine Jeannot estime que si cette matière était demandée en Europe, elle pourrait, vu la facilité de sa récolte, devenir l'objet d’un important trafic. Un des correspondants de la Quinzaine coloniale (10 mars 1904, p- 1#7) signalait récemment une cire végétale, gluante (sans doute au sortir des vaisseaux laticifères) produite par Parbre dit « Kimba » par les Tanales de la région de Mananjary, et indi- quait cette cire comme peut-élre susceptible d'emploi industriel. C'est, très vraisemblablement, du «kijy » dont il était question. Il est donc absolument faux d'indiquer, comme la chose à été faite, le « kimba » comme une essence productrice de caout- chouc, non exploitée par les indigènes; seule l'indication donnée par Baron est justifiée : le produit fourni par le € kijy » ou « kimba » est une gomme-gutte. Le fait d'ailieurs était à prévoir d'après les affinités de la plante productrice. Une espèce de Symphonia-globulifera Li. S., plante extrêmement voisine de S. Clusioides Baker, produit, en eflet, une sorte de gomme- gutte, de qualité inférieure, fort insuffisamment étudiée, d'ailleurs, jusqu'à ce jour. Comme il existe à Madagascar plusieurs espèces de Sympho- nia, dont l’une, S. wrophylla Bent. et Hook (Chrysopia uro- phylla Doxe), n'est vraisemblablement (Vesour) qu'une forme de globulifera, il est à supposer que cette colonie peut fournir diverses sortes de gommes-guttes, produites par des espèces voisines du genre Symphonia où d'autres genres de la famille des Clusiacées. 190 LE NATURALISTE ASPECT Le produit que nous avons étudié, résultant évidemment de la coagulation (sans doute spontanée) du latex de kizy,se présente sous la forme d’un bâton, irrégulier, d'une couleur brun ver- dûtre, très foncée, à cassure plus pâle, par places d'un jaune soufre, renfermant dans de petites alvéoles de fines particules étrangères. C'est une matière, dure, cassante, se laissant facile- ment pulvériser, d'une odeur faible, sui generis, très analogue à celle qu'exhalent beaucoup de produits résinoïdes. La cassure est conchoïdale, lisse, luisante, mais il ne s’y forme pas, comme pour la gomme-gutte vraie, une émulsion jaune, lorsqu'on la frotte avec le doigt mouillé. Cette matière craque d'abord sous la dent, puis y adhère ; sa saveur est presque nulle, dépourvue d’âcreté, COMPOSITION. ET PROPRIÉTÉS Le kizy fond à 65°, Il est partiellement saponifiable, soluble dans l'alcool bouillant, l’éther, l’éther de pétrole, la benzine, le chloroforme, les alcalis. Toutes ces solutions, faites à chaud, abandonnent des cristaux par refroidissement. La solution alcaline chaude dégage une odeur agréable de fleur d'oranger, odeur due vraisemblablement à un éther, dont la potasse provoquerait le dégagement. Un courant de vapeur d'eau à 1009 n’entraine rien de la matière premiére; elle ne contient donc pas d'huile essentielle. La solution du kizy dans l'éther de pétrole (la matière pre- mière se dissout presque entièrement dans ce solvant) abandonne, par concentration et refroidissement, des cristaux fusibles vers 70°; ces cristaux, traités par l’alcool bouillant, se dissolvent presque complètement, et se déposent immédiatement par refroidissement ; plusieurs distillations successives, effectuées de la même manière, fournissent des cristaux fondant à 810. Ces cristaux sont consti- tués par du cérotate de céryle, très difficilement saponifiable par les lessives alcalines, facilement saponifié par les alcalis fondus ; le savon, dissous dans l’eau, précipite par le chlorure de baryum ; le précipité, épuisé par l'alcool fort, laisse déposer des cristaux fusibles à 78°, et qui sont constitués par de l'alcool cérylique. La partie restée en solution dans l'alcool, ayant servi à la cristallisation de l'éther cérotique, est une résine jaunâtre, dure, cassante, soluble dans la potasse et les solvants organiques, et qui se rapproche, évidemment, beautoup des résines des gommes-guttes proprement dites. Par distillation sèche de la matière primitive, on obtient un abondant dégagement de gaz et des huiles de résine. Cette distillation, même poursuivie en présence du bisulfate de potasse, ne permet de percevoir aucune odeur d'acroléine, fait qui démontre l'absence de glycérine, dans la graisse rentrant dans la composition de la matière première. En résumé, la composition du kizy brut est la suivante : ma- tières minérales 0,72 0/0 : débris végétaux 3,97 0/0; cire végétale, composée en majeure partie de cérotate de céryle, et accessoire- ment de faibles quantités de matières cireuses, de nature chimique indéterminable (sur un échantillon aussi minime); résine analogue à celle de la gomme-gutte vraie. Les constantes commerciales les plus intéressantes à connaitre sont, pour le produit brut : Chitirerdaciden tenter Rte 4 Chiffre de saponification........... 87 Insaponihable Eee EE RENE : 48.5 USAGES Ce produit mérite à la fois le non de cire végétale et de gomme-gutte. Il y a lieu de prévoir son utilisation possible dans la fabrica- tion des encausliques, pour parquets par exemple; la dureté du produit est cependant un obstacle sérieux à cette utilisation; il faudrait la corriger par l’incorporation de cire ordinaire. L'envoi de quelques kilog. du produit brut serait nécessaire pour fixer ce point de pratique. La solution alcoolique de kizy possède une coloration beau- coup trop foncée, pour qu'il y ait lieu d'espérer le voir utilisé dans l'industrie des vernis à l'alcool ou à l'essence, pour la colo- ration desquels la belle teinte jaune de la vraie gomme-gutte est ‘recherchée, Même considération s'oppose à l’emploi du kizy dans la fabrication des couleurs, comme succédané de la gomme-gutte ; d’ailleurs, contrairement à cette dernière, le kizy, probablement en raison de l’absence de substance gommeuse, ne s’émulsionne pas dans l’eau. Pour former avec le kizy, une couleur à l’eau, il serait nécessaire d'isoler la résine proprement dite, et de rendre son émulsion facile, peut-être par l'addition de gomme soluble dans l'eau. Le résultat économique de cette opération ne semblerait guère devoir être avantageux. La gomme-gutte ayant totalement disparu de l'arsenal théra- peutique moderne, il. n'y a plus lieu d'expérimenter les pro- priétés médicinales du kizy. En séparant, par voie chimique, la cire végétale qui accom- pagne la résine dans le kizy, il serait, évidemment, possible d'obtenir une matière première de réelle valeur pour la stéari- nerie, pour les encaustiques; de son côté, la résine purifiée acquiert une couleur jaune, assez franche pour être mise sur le même rang que certaines sortes inférieures de gomme-gutte qui s'émulsionnent également mal. Mais il est plus que probable que le prix de revient de la cire et de la résine ainsi obtenues dépas- serait notablement la valeur marchande que l’on serait raisonna- blement en droit d’en réclamer. Bref, le kizy ne parait pouvoir être, avec quelques chances de succès, proposé comme matière première, qu'aux seuls fabricants d'encaustiques ou vernis ordinaires analogues, si toutefois son prix de revient reste peu élevé. (Monileur Officiel du Commerce.) L'AQUARIUN D'EAU DOUCE LES POISSONS Les espèces européennes qui peuvent vivre dans un aquarium à eau non courante ne sont pas nombreuses : Ce sont : la Carpe et ses variétés ; le Carassin, la Gibèle, la Tanche, le Gardon, l'Anguille, la Bouvière, le Rotengle, les Épinoches, et Épinochettes, le Cyprin doré de la Chine qui peut compter aujourd’hui au nombre de nos espèces les plus communes, la Loche d'Etang (Cobitis fossilis). Parmi les espèces étrangères, il en est quelques-unes seulement qu'on peutse procurer facilement, Telles sont : le Macropode de Chine, le Combattant, les Perches d'Amé- rique, quelques Silures. Carpe commune. — Cyprinus carpio. La carpe était connue des Grecs et des Romains. Ori- ginaire de l'Asie Mineure, elle fut introduite en France sous le règne de Francois [°° et en Angleterre sous celui de Henri VIII. Ce poisson se plait et se multiplie aussi bien dans le moindre étang que dans les plus grands fleuves. C'est une espèce d’eau douce des mieux connues et des plus estimées. Ses couleurs sont brillantes, sa chair est déli- cate, sa fécondité extrême. Elle résiste aux températures les plus diverses et vit fort longtemps hors de l’eau, La carpe passe pour vivre des centaines d'années et, si l'on en croyait l’histoire, celles de Fontainebleau remon- teraient au règne de Francois 1°", Sans leur accorder une aussi grande longévité, on doit reconnaitre cependant qu’elles vivent fort longtemps, car on en pêche qui pèsent de 20 à 30 kilos. La carpe pond vers la fin de mai et le commencement de juin suivant la température. Elle vit de vers, d’in- sectes et de végétaux, elle est trop connue pour que j'en donne une description détaillée. Il existe plusieurs variétés de carpes. Ce sont : 40 La Carpe à miroirs, Cyprinus rex cyprinorum, dont les écailles, en petit nombre, sont très grandes; LE NATURALISTE 191 29 La Carpe à cuir, Cyprinus midus. C'est une carpe à miroirs qui, selon Hæckel et Kner, perdrait ses écailles au fur et à mesure des progrès du développement ; 30 La Carpe bossue, Cyprinus elutus. Cette espèce se distingue des autres par un corps plus élevé, on la trouve en Italie ; 4o La Carpe reine, Cyprinus regina. Cette carpe a ie corps très allongé et moins élevé que celui des espèces précédentes. 5° Carpe de Hongrie, Cyprinus hungaricus; a le corps très comprimé. 6° Carpe de Kollar, Cyprinus Kollarü. Ce Cyprinus qu'on trouve en Allemagne, en Belgique et aux environs de Paris, dans l'étang de Saint-Gratien ne semble pas être une espèce, mais le produit du croisement de la Carpe commune et du Carossin. Cette carpe doit son nom de Carpe blanche, sous lequel elle est généralement connue, à sa coloration très pâle. Le Carassin. — Carassius vulgaris. Ce Cyprin, connu en Angleterre sous le nom de Crucian carp et en Allemagne sous celui de Carousche, est assez rare en France. Il fut introduit en Lorraine par le roi Stanislas de Pologne; on le prend particulière- ment dans les étangs de Lunéville. Le Carassin, qui dé- passe rarement la taille de 20 à 30 centimètres, ressemble à la carpe,mais s’en distingue en particulier par un corps plus élevé et plus comprimé; sa tête est en outre moins allongée et sa bouche ne présente pas de barbillons. Ce poisson a le sommet de la tête, le dos d’un brun verdâtre qui s’atténue sur les flancs; le ventre est blan- châtre. Ces différentes parties ont un reflet doré, ses na- geoires sont teintées de jaune orangé et de rouge. Sa nourriture est la même que celle de la carpe. La Gibéèle. — Carassius Gibelio. La Gibèle a été considérée par plusieurs ichthyolo- gistes comme une espèce distincte, et par d’autres comme une variété du Carassin. Ce qu'il y a de certain, c’est que la Gibèle diffère de ce dernier par la hauteur de son corps et par la forme de sa nageoire caudale qui, au lieu d’être fourchue, est coupée presque carrément, La Gibèle, assez commune en Allemagne, est plus rare en France. Le sommet de la tête et le dos de ce poisson sont brun olivâtre. Les flancs sont plus clairs;le ventre est blanc jaunûtre. Le Poisson rouge.— Cyprinopsis auratus, Blanchard. Le Poisson rouge, le Gold carp des Anglais, le Silberfische des Allemands et le Goldfich des Hollandais, est originaire de la Chine. D’après Pennant, les plus beaux spécimens de cette espèce viendraient de la pro- vince de Che-kiang. Les Cyprins de la Chine ont été introduits en Portugal à l’époque où les navigateurs de ce pays trouvèrent la | route à l'est des Indes, par le Cap de Bonne-Espérance. ‘Ils y sont aujourd’hui si nombreux dans les étangs et les :mares, qu'il s’en fait un commerce étendu. Ils furent im- | portés presque à la même époque à Sainte-Hélène; puis en Angleterre, en Hollande, en France où les premiers | furent offerts à Mme de Pompadour. L’élégance de leurs formes, la vivacité de leurs cou- leurs et la facilité avec laquelle on les garde et même on les élève dans des espaces restreints, les font particu- lièrement rechercher pour l'ornement des aquariums, Les couleurs des cyprins dorés sont extrêmement variables, Dans le jeune âge, ils ressemblent à la carpe. Au bout de la première année ou de la deuxième, quel- quefois après un laps de temps plus considérable, ils deviennent jaunes, rouges, blancs. Quelques-uns ont trois couleurs. On trouve parmi les cyprins dorés un nombre considé- rable de variétés. M. de Sauvigny, dans son Histoire na- turelle des Dorades de la Chine, en a figuré quatre-vingt neuf. Les anomalies sont également nombreuses chez cette espèce. On trouve de ces cyprins qui manquent de nageoire dorsale ou de ventrales. La nageoire anale peut être double ainsi que la caudale. Les veux acquièrent quelquefois un développement considérable, d'ou le nom de Poissons télescope, donné à une race monstrueuse introduite en France depuis quelques années. Ces der- niers poissons se reproduisent en aquarium à la condition qu'on n'y place qu'un mäle et une femelle et qu’on y mette des végétaux aquatiques. La Tanche. —— Tinca vulgaris. On trouve la Tanche en plus ou moins grande abon- dance dans les cours d’eau, les lacs et les étangs. Elle s’accommode également des marais et des mares où elle supporte, durant l'été, une température assez élevée. Sa ténacité vitale est, du reste, remarquable. M. Lunnel, dans son ouvrage sur les poissons du bassin du Léman, nous appread que des tanches ont été prises dans une mare près de Genève, mare qui se desséchait et se rem- plissait d’eau plusieurs fois par an. Ce naturaliste y pêche des spécimens de cette espèce avant et après des- sèchement., Ils avaient donc vécu dans la vase humide pendant un certain temps. La Tanche, en raison de sa résistance vitale, est un excellent poisson d’aquarium. Ajoutons que ses couleurs plus ou moins sombres suivant le milieu où on la prend sont remarquables par leur éclat métallique. La Tanche pond depuis la fin de mai jusqu’en juillet. D'après Yarrel (1),chaque femelle serait accompagnée de plusieurs mâles. Les œufs sont très petits et très nom- breux, Une femelle pesant quatre livres pourrait pro- duire, suivant Bloch, trois cent mille œufs. Ce poisson se nourrit de larves, d'insectes, de petits. crustacés et de végétaux. A l’état de captivité, il est bon de lui donner de la mie de pain, du blé cuit, des vers ou des petits morceaux de viande crue. Le gardon. — Lenciscus rutilus. Le Gardon, commun dans nos eaux douces et dans les rivières et les fleuves des parties tempérées de l'Europe, se fait remarquer par des teintes délicates dont l’ensem- ble est un mélange de gris verdâtre, de bleu, de blanc d'argent, ensemble sur lequel tranche le rouge et le jaune des nageoires. Le Gardon se nourrit de végétaux, de petits crustacés, de larves d'insectes. Il pond vers la fin de mai. A cette époque,les écailles du mâle se recou- vrent de tubercules. Il vit assez bien en aquarium. (A suivre.) R. BOULART. (1) Poissons de l'Angleterre. L LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPECES NOMS SUIDON TO HABTTAT D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES : FRANCAIS Chenilles Papillons LL | Olivier Olea ŒUROPÆA%S... 12007 Metrocampa Honoraria Schiff. | Avril, août à octobre.| Avril, mai, octobre. |Toute la France. — Boarmia Umbraria H. Ombellifères Gnophos Mucidaria H. Nemoria Pulmentaria Gn. Onagre BIENNIS Eee eee Pterogon Œnotheræ S. V. Origan VULGARE Acidalia Ornata Scap. Orme CAMPESTRIS...... .....|Thecla W. Album Knock. — Vanessa C. Album L. — Polychloros L. Smerinthus Tiliæ L. Lasiocampa Pruni L. Saturnia Pyri S. V. — Pavonia L. Uropus Ulmi $. V. Lophopteryx Cucullina S. V. EIRE Acronycta Leporina I. _— Aceris L. Asteroscopus Nubeculosa Esp. — Sphinx Hufn- Tæniocampa Incerta Hufn. — Stabilis S. V. — Cruda S. V. Anchocelis Pistacina $S. V. Cerastis Vaccinii L. Scopelosoma Satellitia L. Xanthia Gilvago Esp. Cosmia Pyralina $S. V. — Diffinis L. — Affinis L. Miselia Bimaculosa L, Xylina Socia Hufn. Amphipyra Pyramidea L. — Perflua F. EE Cinnamomea Bkh. Catephia Alchymista Geoff. Selenia Lunaria Schiff. — Tetralunaria Hufn. — Angularia Bkh. Himera Pennaria L. Phigalia Pilosaria H. Biston Hirtaria L,. Amphidasys Strataria Hufn. — Betularia L. Tephrosia Crepuscularia H. Abraxas Sylvata Scap. Hybernia Margigaria Bkh. — Defoliaria L. ET Fete D A Pa EE 2 PE 1 ERtiel Oporabia Dilutata S. V. Ornithope PERPUSILUS, .. 0. Zygæna Fausta L. —_ Hadena Marmorosa Bkh. Orpin MELEPHIUM 2. ur Parnassius Apollo L. Lycœna Batus S. V. Ennomos Autumnaria Werner. Anisopteryx Aescularia $S. V. MOIS DE L'ANNÉE Févr.,mars,juillet, août Juin, juillet, sept., oct. Belle saison. Œnothera Juillet, août. Origanum Printemps, automne. Ulmus Mai, juin. Mai à juillet. Juin, août. Juillet à septembre. Juin. Août. Juillet. Juin, juillet. Août, septembre. Juin à octobre. Juillet, août. Mai, juin. Juin à septembre. Mai, juin. Juin, juillet. Avril, mai, Mai, juin. Juin. Mai. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Août. Mai, juin, août, sept. Juin. Mai, juin. Aoùûl, septembre. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Mai, septembre. Août, septembre. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Ornithopus Juin. Eté. Sedum Mai. Juillet. Avril, septembre. Provence, Montpellier. Mars, avril, août, sept.| France centraleet méridionale. Belle saison. Ardèche. Juin. 1 La [France mérid., centr. et orient. ! 2 Mai, août. Toute la France. Juin, juillet. Toute la France. Juillet, septembre. — Juillet à septembre, = Mai, juin. = Juin, juillet. Ge Avril, mai. France centrale et méridionale. Mars, avril. Toute la France. Mai. France méridionale. Mai, juin. France centrale,septentrionale, orientale et occidentale. Mai, juillet, août. Toute la France. Mai, juin. — Mars à mai. France septentrionale, Alsace. Octobre, novembre. |Toute la France, Février, mars, — Mars, avril. — Septembre, octobre. — Oct.,janv., mars, avril. — Septembre, octobre. — Juin, juillet. — Juillet. — Juillet, septembre. — À Sept., octobre, mars. |France centr., sept. etorientale. Juillet. Toute la France. Août. France septentrionale. Avril, juill. à sept.,nov.| Toute la France. Mai, juin. — Mai à septembre. — Juillet à septembre. — Octobre, novembre. = Février, mars. —- Mars, avril. = Mars à mai. — Avril à juillet. —— Mars, avril, juin à août. -— Juin, juillet France septentrionale. Nov., février, mars. [Toute la France. Oct., nov.,février,mars|. — Mars. — Octobre, novembre. |France centrale et septentr. Toute la France. Basses-Alpes. Juillet, août. Juillet, Juin, juillet. Montagnes. Avril, mai. France méridion, Auvergne. LE NATURALISTE 193 ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucan LUCANUS TETRAODON — Thunberg. Si l’on se reporte à la page n°93 du 1 volume, on remarquera que j'ai indiqué la Russie méridionale au nombre des contrées où se rencontre le Luc. tetraodon. J'avais émis cette opinion sur le vu des étiquettes de deux exemplaires moyens, l'un mâle, l’autre femelle, appartenant à la collection du Muséum de Paris, et d’un troisième spécimen qui fait partie de la collection de M. H. Boileau, et que j'ai figuré p. 94; mais, vérifi- cation faite, il se trouve que ces indications ne doivent pas subsister; l’exemplaire appartenant à M. Boileau avait été capturé au cours d'un voyage dans le Sud- Est de l'Europe par une personne étrangère à l'étude de l'histoire naturelle, ce qui enlève toute garantie d’authen- ticité à l'indication de provenance. Quant aux spécimens du Muséum, j'ai pu me rendre compte, en me reportant au livre de réception des en- vois, que ces deux Lucanes ont été donnés autrefois par Costa, et qu'ils proviennent des environs de Naples. Le Luc. tetraodon ne doit donc pas, jusqu’à preuve certaine du contraire, être considéré comme faisant par- tie de la faune de la Russie méridionale. Quant à la manière de vivre de cet insecte, M. R. Oberthür a bien voulu me procurer un certain nombre de renseignements complémentaires en les demandant tout exprès à différentes personnes de lui connues. Or, de ces renseignements il ressort que, du moins en Corse, le Luc. tetraodon parait vivre de préférence dans le châtaignier. Voici ce que disait à ce sujet M. Damri, un des corres- pondants de M. R. Oberthür, dans une lettre écrite de Lascari en janvier 1898 : & J'ai tant dépecé de chênes-lièges à Porto-Vecchio, « où ils sont communs, pour y prendre des Longicornes, « surtout le Prinobius Myardi, que je crois pouvoir as- « surer que le Lucanus n'y vit pas; je l'ai trouvé exclu- « sivement sur le châtaignier dans des régions trop éle- « vées pour le chêne-liège. « Vers six heures du soir, ils commençaient à sortir « du cœur pourri des arbres, montant et descendant le « long des troncs ; c’est à ce moment que je prenais les « exemplaires qui venaient à portée de ma main, ils « continuaient cet exercice jusqu’au moment de prendre « leur vol à la tombée du jour. J'aurais bien volontiers « donné de la hache dans ces circonstances, à la saison « où l’insecte était en nymphe, pour en faire ample pro- « vision, comme je le faisais pour les Prinobius dans le « chêne-liège, mais cela n’était pas permis, le châtai- « gnier continuant à donner encore du fruit lorsque le « cœur est détruit, que l’arbre est abandonné par les « Lucanus et qu'il ne lui reste que l’aubier et l'écorce. » Quant à l'existence de cet insecte dans d’autres es- sences que le châtaignier, voici les indications fournies par un autre correspondant de M. Oberthür, M. Cham- pion : J'ai pris un spécimen de Luc. tetraodon dans une « souche de pin et mon ami Yerburg en a pris plusieurs dans une souche de hêtre, aucun dans le chêne ou le châtaignier. « En réalité, là où nous les avons trouvés dans la « forêt de pins, près du tunnel du chemin de fer de Vizza- vona, il n'y a ni châtaignier (ni chène), si mes souve- « nirs sont bien exacts. » Quoi qu'il en soit, d’ailleurs, ces dernières indications n’entachent en aucune facon l'exactitude de celles four- nies par M. Damri. Il est fort possible qu’à défaut de son arbre de prédilection, le Luc. tetraodon vive dans d’autres essences. Nous avons vu que le Luc. cervus se trouve dans le châtaignier, dans le pommier et même dans le cerisier ; le Dorcus parallelipipedus vit dans le saule, dans le hêtre et probablement dans bien d’autres arbres ; enfin il y a longtemps que j'ai signalé, à propos d’un autre gros coléoptère lignivore, le Prionus coriarius, qu'il y à quelques années au Bois de Boulogne, tout à côté de la Porte Maillot, la larve de cet insecte n’était pas rare dans les vieilles souches de chênes, en compagnie de larves de Luc. cervus, alors qu'à une distance de un ki- lomètre à peine, derrière le Jardin d'Acclimatation, je la trouvais dans des souches de pins coupées à ras du sol (1). Une autre question intéressante est celle de savoir si le Luc. tetraodon se trouve en Sardaigne; jusqu’à présent, du moins, elle semble devoir être tranchée par la néga- tive : « Dans les rares châtaigniers que j'ai rencontrés en Sardaigne, ajoute M. Damri, je n’ai pas vu de traces de Lucanus dans les souches, car ici les arbres ne sont pas cultivés pour le fruit; ils ne sont pas greffés et sont coupés à la base tous les dix ou douze ans pour en faire du bois de charronnage. » 2 2 ADDENDA LUC. SERICANS — Vollenhoven Tidjdschrift voor Entom. IV. — 1861, p. 103. Un des co-types de ce Lucane m'a été communiqué par M. H. Boileau dans la collection de qui ce spécimen se trouve actuellement. L'étiquette qui accompagne cet insecte est de couleur jaune, écrite de la main de Parry, libellée et disposée de la façon suivante : Maculifemoratus : Japan. Motschulsky. Sericans syn. V. Vollenhoven : Java. error. Type species from : Leyden Mus. Une autre étiquette plus petite et de couleur blanche porte la mention : Muller-Java Coll. Barton. L'examen de ce Lucane, dont je donne ici la figure, et sa comparaison avec les spécimens de même taille de la variété maculifemoratus du Luc. Hopei démontrent qu'il n'appartient pas à cette variété, mais bien plutôt à la forme type; reste à savoir s’il se rattache à la forme à grande fourche terminale {voir fig. 15, page 34) ou à la forme que j'avais décrite sous le nom de Luc. elegans (voir fig, 18 du texte, page 38 et fig. 1 et 3 de la planche). Il s'ensuit que le nom de Luc. sericans doit passer en (1) L'existence de la larve du Prionus dans le chêne et dans le pin avait, d’ailleurs, été déjà signalée par Ratzeburg. 194 synonyme de Luc, Hopei-Hope et non de la variété macu- lifemoratus — Motsch. La nomenclature que j'avais primitivement indiquée, page 35 de ce travail, doit donc être modifiée de la façon suivante : 19, — Lucanus Hopei — Parry. 20, — Lucanus Hopei — var. elegans — Louis Planet. 30. — Lucanus sericans — Snellen-van-Vollenhoven — forme moyenne de Luc. Hopei-type ou de sa var. elegans, 40, — Lucanus Hopei — var, maculifemoratus — Motsch. LUCANUS GRACILIS — Albers. Deutsche Entomol. Zeitschrift 1889. Heft IT, p. 319-320. Les femelles de Lucanus sont souvent tellement voi- sines les unes des autres qu'il est pour ainsi dire impos- sible de savoir à quoi s’en tenir à leur égard si l’on n’en a pas une bonne figure à défaut de spécimens. On ne peut donc que regretter qu'Albers n'ait accom- pagné d'aucun dessin la tres longue et très consciencieuse description qu’il a donnée de son Luc. gracilis d'après une seule femelle. Aussi me contenterai-je de traduire ici cette descrip- tion sans me prononcer sur cette espèce qui ne m'est pas connue en nature. « La femelle de Lucanus que je décris ci-après, dit Albers, se distingue aisément par des caractères faciles à reconnaitre. Lucanus gracilis : Fuscus, corpore undique, præsertim in elytris ænescens, capite supra subtilius-rugosa, prothorace subtilissime punctato-scabroso, elytris sub lente subtilissime strigoso-rugosis, pedibus elongatis, gracilibus, tibiis anticis reclis, Supra dentem bifurcatum serrato-dentatis, dentibus quinque intermixtis majoribus, tibiis intermediis extus trispinosis, posticis unispinosis. — Long. 25 millimètres. Un seul exemplaire provenant du Sikkim, dans ma collection. | Si la femelle du L. Mearesii Hope se distingue déjà par la petitesse de la tête et de la partie antérieure du corselet aussi bien que par l’étroitesse et l’élégance des organes du mouvement, elle se trouve encore bien dépassée en cela même par l’espèce dont il est ici question. Cette dernière possède, en effet, une structure beaucoup plus élégante, à ce point qu'elle donne l'impression d’une forme entièrement distincte et absolument différente de la forme typique. La tête, de petites dimensions, se distingue par une ponctuation très faible, tellement menue qu'elle ne peut se distinguer à l’œil nu et qu’elle a seulement pour effet de donner à la tête une apparence mate. On y remarque, en outre, d’une façon bien visible, l'emplacement qu'oc- cupe chez le mâle la carène céphalique. Celle-ci consiste principalement en une saillie qui commence vers le milieu de la partie arrondie de l’angle antérieur de la tête; cet angle se continue comme une carène au-dessus du bord intérieur de l'œil et, suivant celui-ci en une ligne arquée, tourne par derrière, puis se courbe anguleuse- ment en dedans postérieurement au milieu de l’œil. Trois fossettes, dont deux juxtaposées, se voient en outre sur le front, à la même place où se trouve, chez la femelle du Luc, Mearesii, cet emplacement mat, dénué de ponc- LE NATURALISTE tuation et mal délimité qui caractérise d’une facon si particulière cette dernière espèce. La troisième de ces fossettes, tant soit peu plus faible et moins arrondie que les deux autres, est placée sur les confins du front et de la tête. L'existence de ces fossettes, ajoutée aux carac- tères que nous venons d'indiquer peut être considérée comme un excellent moyen de reconnaitre cette nou- velle espèce. Les mandibules grêles et élégantes sont construites comme chez la femelle du Luc. Mearesü; toutefois la petite dent qui se trouve au milieu du bord inférieur interne de chacune des mandibules est mieux développée. La lèvre supérieure est séparée du disque de la tête par une carène transversale, aiguë et courbée, largement arrondie en avant, avec une petite pointe au milieu et les angles latéraux nettement anguleux. La partie antérieure du corselet est beaucoup plus étroite que les élytres aux épaules, à peu près dans les mêmes proportions que chez la femelle du Luc. Mearesii, mais encore bien plus étroite, attendu que les élytres sont loin d’être aussi larges que chez cette dernière es- Fig. 1. — Luc. sericans. pèce. Chez une femelle de Mearesii, longue de 30 milli- mètres, dont je me suis servi comme terme de compa- raison, la largeur des élytres, mesurée au renflement des épaules, est de 44 millimètres, alors qu’elle n’est ici que de 11 millimètres. Les côtés postérieurs ne sont que faiblement échancrés, en telle sorte que les angles pos- térieurs dont la structure en dépend paraissent coupés à angle aigu lorsqu'on les regarde de haut, tandis qu’en réalité ils sont émoussés. Vers les angles antérieurs qui sont arrondis convergent les côtés du disque du corselet ; la sinuosité qu'ils décrivent est très faible en avant, ce qui fait que la partie antérieure du corselet parait incom- parablement plus petite que celle de la femelle du Luc. Mearesii, chez laquelle les côtés décrivent extérieurement,. une courbe beaucoup plus accentuée. La ponctuation du disque du corselet est tellement faible qu'il faut s’armer les yeux d’une loupe pour la distinguer. Encore n'est-ce . qu'avec peine qu’en s’y prenant de cette facon on arrive M à percevoir des points arrondis et très parsemés. Les antennes et les jambes sont bien plus longues et plus | gréles que chez la femelle du Luc. Mearesi. Ce sant no- tamment les cuisses qui se font remarquer par une gra- cilité et une longueur inaccoutumées. Les antérieures dépassent le corps, de chaque côté, de près de moitié de Le ge teur ri pt __—— LE NATURALISTE 195 leur longueur, et les médianes postérieures le dépassent d'un bon tiers. Les pattes antérieures sont étroites, droites, non courbées; les dents qui forment la fourche à l'extrémité de ces pattes, ne sont que faiblement déve- loppées ; leur arête extérieure, à la suite de cette fourche terminale, est crénelée et présente, dans l'intervalle, cinq dents plus robustes et plus saillantes. Les pattes médianes ont leur bord externe armé de trois épines dont les deux supérieures sont assez faibles; les posté- rieures n’en présentent qu'une seule. La couleur de l’insecte est d’un brun noir obscur avec un reflet bronzé bien apparent sur la tête, le disque du corselet, et les côtés de la partie inférieure du corps. Les élytres sont plus claires, mais leur couleur foncière se trouve modifiée par un reflet bronzé vif et à tons cui- vreux. La surface latérale du disque du corselet ne présente aucune trace de revêtement” pileux, abstraction faite cependant de la partie déclive du bord postérieur, dont la pubescence est aussi longue que bien fournie; celle du dessous du corps est par contre bien développée. LUCANUS OBERTHURI — Q — mihi. Dans la description que j'ai donnée de la femelle de ce Lucane (voir page 76), j'ai déclaré, sur le vu des spéci- mens appartenant à MM. R. Oberthür et H. Boileau que cette femelle est « toute noire, sauf vers l’extrémité des « élytres, dont une très petite partie apparaît faiblement « orangée lorsqu'’ôn examine l’insecte sous un certain « jour ». Il est intéressant de signaler que, depuis l’époque où cette description a été publiée, M. R. Oberthür a recu du Set-Chuen une femelle de Lucanus Oberthüri qui a, sur chaque élytre, une macule assez longue, « une larme » de la couleur du mâle. L. PLANET. UNE INVASION DE CRIQUETS DANS LE SUD-OUEST DE LA FRANCE Dans la première quinzaine du mois de juillet, une invasion de Criquets à été observée dans les Deux-Sèvres, la Charente- Inférieure, la Charente et une partie de la Gironde. Ces Acri- diens, dont les terribles ravages en Algérie sont bien connus, se sont répandus en nombre assez considérable dans la région du Sud-Ouest où ils ont causé des dégâts dans la campagne et dans les jardins. L'espèce dont il s’agit est le Criquet italique (Caloptenus ila- licus) ; plus petit que le Criquet d'Algérie, il s’en distingue par une gibbosité verruqueuse entre les cuisses antérieures, ainsi que par un vertex arrondi, moins saillant et par un large pro- thorax. Le corps, ainsi que les élytres qui s’en écartent au niveau de leur pointe, ont un fond jaune sale, assombri par des mou- chetures brunes. Le bord interne des ailes postérieures est co- loré en rose .rouge sur une grande largeur, ainsi que la face interne des cuisses postérieures; le bord externe est d’un jaune uniforme ou présente des bandes foncées. Les mâles ont de quinze à vingt-deux millimètres, et les femelles de vingt-trois à vingt-quatre millimètres. $ Ce sont ces criquets qui ont causé des ravages considérables en Provence en l’année 1805, car ils sont indigènes et très com- muns dans la vallée du Rhône. On sait que ces insectes courent et ne sautent que lorsqu'on les poursuit ; ils voyagent en bandes nombreuses et ne s'arrêtent que pendant les jours de froid ou de pluie. Dans la ville de Bordeaux, ils se sont répandus, au commen- cement de juillet, dans les rues, les jardins et principalement sur les quais, où les tramways électriques, les voitures et les bicyclistes en écrasaient chaque jour une grande quantité. Dans les rues, ils faisaient la joie. des enfants qui les poursuivaient sans relàche. Favorisés par une température qui s'élevait jour- nellement à 35°, ils ont causé quelques dégâts dans les jardins, en dévorant les feuilles des plantes les plus diverses : Hibiscus, Volubilis, etc. Les pluies qui sont survenues à partir du 21 juillet semblent avoir mis fin à cette invasion ; car, depuis cette époque, ces Cri quets ont en partie abandonné la ville, peut-être pour envahir une autre région. Albert GRANGER. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d'attachement de reconnaissance, etc. LA PUCE (Suite). Le directeur saisit la récalcitrante, l’examina un mo- ment, puis, d’une voix navrée : — Hélas! Altesse, il y a maldonne... Ce n’est pas l'Empereur ; c’est une puce sauvage. Alfred de Nore, dans son livre Les animaux raisonnent (page 91), dit qu’ «un sieur Cucciani montrait à Paris, en 1834, des puces revêtues de costumes militaires (???) et autres, qui exécutaient des évolutions sur un champ de bataille, dansaient avec une certaine régularité, se battaient en duel, trainaient des voitures, et tiraient de l’eau avec des seaux proportionnés à leur taille. » Dans son Histoire naturelle des insectes aptères, le baron Walkenaer dit ceci : « Il y a, je crois, une quinzaine d'années que tout Paris à pu voir les merveilles suivantes, que l’on mon- trait sur la place de la Bourse, pour la somme de 0 fr. 60. C'étaient des puces savantes. Je les ai vues et examinées avec mes yeux d’entomologiste, armés de plusieurs loupes. « Trente puces faisaient l'exercice et se tenaient de- bout sur leurs pattes de derrière, armées d'une pique, qui était un petit éclat de bois très mince. « Deux puces étaient attelées à une berline d’or à 196 quatre roues, avec un postllon, et elles trainaient cette berline, Une troisième puce était assise sur le siège du cocher, avec un petitéclat de bois qui figurait le fouet. he Deux autres puces trainaient un canon sur son affüt. Ce petit bijou était admirable : il n'y manquait pas une VIS, un ÉCrOou. _ «Toutes ces merveilles et quelques autres encore s’exé- cutaient sur une glace polie. Les puces-chevaux étaient attachées avec une chaine d'or par leurs cuisses de der- rière ; on m'a dit que Jamais on ne leur Ôôtait cette chaîne. Elles vivaient ainsi depuis deux ans et demi, Pas une n'était morte dans cet intervalle. On les nourrissait en les posant sur un bras d'homme, qu’elles suçaient. Quand elles ne voulaient pas trainer le canon ou la berline, l’homme prenait un charbon allumé qu'il promenait au- dessus d'elles, et aussitôt elles recommencaient leurs exercices. » Voici comment, en 1875, un dompteur de puces nom- mé Kitchingham, qui exerçait dans le passage des Pano- ramas, raconta à un rédacteur du Temps (numéro du 24 septembre 1875) comment il apprivoisait ces sau- vages insectes : « Il s’agit d'abord d'habituer les puces à la marche. On ne sait que trop que ces insectes ont une brusquerie d'aliures désespérante. Or, il est de toute nécessité d’as- souplir cette humeur capricieuse. On les enferme donc dans une petite boite qui se meut et qui tourne au pre- mier bond que fait le petit animal. Plus la malheureuse puce proteste, plus son supplice est rigoureux. Elle finit par se lasser. = «C’est le premier acte. Quand son propriétaire juge que la réflexion a accompli son œuvre, il sort l'artiste de sa prison et il procède à son harnachement. Dur labeur! On la sangle. à la troisième articulàtion et au moyen d'un cheveu ou d'un fil de soie très fin, noué sur le dos. Ainsi équipée, notre puce est mise à la chaîne et aban- donnée à de nouvelles méditations. Le plus souvent son instinct se réveille. La pauvrette se croitlibre, et elle n’a rien de plus pressé que de recommencer ses gambades. Mais chaque saut la ramène à son point de départ; bien- tôt l’aiguillon de la faim se met de la partie ; elle se dit qu'elle ne gagnera rien à faire la mauvaise tête, et elle devient douce comme un petit mouton; or lui donne alors un petit lambeau de bœuf cru, devant lequel ellese garde bien de bouder. Voilà pour le deuxième acte. « Le plus fort est fait. Ce n’est qu’un jeu, après cela, de lui faire exécuter les exercices préparatoires, de lui apprendre à marcher au pas, de la suspendre à un fil de soie, de l’atteler à de petites voitures. Et notez bien que le dompteur se réserve toujours la ressource de la diète ou de la terrible boîte tournante. « M. Kitchingham, les exercices terminés, dépose les puces dix par dix sur le revers de la main, couverte de cicatrices, et les laisse se désaltérer à même, avec une bienveillance toute paternelle. De la salle à manger au dortoir, le trajet n’est pas long.Ce dortoir consiste en une couche coquette, aménagée dans une boîte oblongue ca- pitonnée de flanelle rouge ; là-dessus, des couvertures blanches; bref, un nid de petite maitresse, où les labo- rieuses ouvrières dorment en paix et à l'abri des vents . coulis, .. ©M. Kitchingham les réveille à 10 heures de matin. Vite à la toilette! un petit plumeau de duvet très léger lui sert à enlever les molécules de poussière ou les dé- LE NATURALISTE bris de lainage qui peuvent s'être introduits entre les articulations et gêner les mouvements dans les exer- cices, etc.,ete. » Arrivons maintenant à la considération et aux hon- neurs dont furent entourées certaines puces, — qui s’en seraient bien passé, si on les eût consultées! C'étaient tout bonnement des puces cueillies sur le sein des Grâces… On les enfermait dans un médaillon d’or et de cristal, et on les portait sur soi comme le bouquet donné par la personne aimée, bouquet flétri sur son sein au dernier bal. C'était. inimaginable. Desbarreaux, conseiller au parlement, parvint à s'emparer de l’une des nombreuses puces qui vagabondaient sur Marion Delorme, et il ra- conte ce qu'il en fit dans une pièce de vers : Un jour qu'au bord d'un bois le sommeil gracieux De l’aimable bergère avait fermé les yeux, Par hasard une puce'insolente et folastre Sautait à petits bonds.s, Sitôt que Pyræmon (Desbarreaux) aperçoit la cruelle, D'une subtile main il la suit et la prend, L’enferme dans un gland de cristal transparent. Luy-mesme qui l'a prise à peine ose-t-il-croire Qu'il en ait jamais veu d'aussi grosse et si noire... Pour en faire au plus tôt un chef-d'œuvre admirable, Il va, le lendemain, trouver Alcimédon.…. (C'est-à-dire un bijoutier célèbre de l’époque. Celui-ci se met à l’œuvre :) Sa main attache au col de la puce insolente D'or fin et délicat une chaine galante; Lui bastit de fin or une illustre prison, etc. Misson écrivait en 1702: « On trouve à Augsbourg une assez plaisante babiole : ce sont des puces enchai- nées par le cou avec des chaînes d'acier. Cette chaîne est si délicate que les puces l’enlèvent en sautant. L'animal tout enchainé se paie à peu près dix sols. » Le président Pasquier s'étant trouvé à Poitiers, délégué pour les Grands Jours (1), s'était rendu, avec plusieurs hauts personnages, ses collègues, chez les dames Des. Roches, mere et fille, célèbres par leur beauté, leur esprit et leur profonde érudition. On va voir comment ilraconte à son ami Pithou, sieur de Savoie, un incident qui donna lieu à un tournoi littéraire pas banal du tout, et dont le résultat fut que le nom des dames Des Roches est désor- mais en route pour la postérité (2). (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. (1) Œuvres d'Élienne - Pasquier, tome I, lettre VII, à M. Pithou, sieur de Savoie, avocat en la Cour du Parlement de Paris. (2) On donnait ce nom à des tribunaux extraordinaires, mais absolument souverains, établis par nos rois dans les provinces éloignées des parlements, pour réformer les abus, punir les mal- versations et affranchir les populations des droits que les sei- gneurs usurpaient sur elles. Ces tribunaux — véritable et très utile Inquisition, — se sont rendus célèbres par la sagesse de leurs règlements pour la perception des droits seigneuriaux, et par les rigoureux châtiments qu'ils firent subir aux seigneurs qui avaient usé de violence et d'exaction envers lenrs vassaux. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 93e ANNÉE 2 SÉRIE — N° 3418 17 SEPTEMBRE 1901 LES CÉPHALOPODES FOSSILES LES DIBRANCHES Nous continuerons l’étude des céphalopodes fossiles qui se rencontrent dans nos terrains par le groupe des Dibranches, le plus nombreux en genres actuellement vivants, mais dont les représentants les plus importants pour la paléontologie, c'est-à-dire ceux qui rentrent dans la sous-famille des Belemnitidæ, sont aujourd’hui com- plètement éteints. Les Dibranches se divisent en Octopodes et en Déca- podes. La première de ces divisions n’a pour ainsi dire aucun intérêt pour le paléontologiste, car il n'y a qu'un seul genre de ce groupe qui se soit, jusqu'à ce jour, rencontré à l’état fossile : c’est le genre Argonauta, représenté dans le Pliocène par A. Sismondi, espèce différant fort peu d’ailleurs de l'A. hians actuel. Les Décapodes, au contraire, offrent un intérêt bien plus vif, car c’est à ce groupe qu'appartient un des fossiles les plus répandus dans les terrains secondaires ; nous vou- lons parler des Bélemnites. Le tableau suivant donne la division de ce groupe en familles et en sous-familles et indique les principaux genres et sous-genres qui y ont été rapportés. C'est la première sous-famille, celle des Belemnitidæ, qui, à beaucoup près, a laissé les restes les plus nom- breux dans les couches du sol français ; aussi nous éten- drons-nous un peu plus longuement sur cette division. Nous allons tout d’abord donner un aperçu succinct des différentes parties sur l’étude desquelles sont basés les caractères qui servent à l'établissement des différents genres et sous-genres. Chez ces animaux, la coquille interne est composée de trois parties, lesquelles sont très inégalement conservées dans le plus grand nombre des échantillons qui se peu- vent recueillir dans les différentes couches où ces fossiles abondent. Ces trois parties sont les suivantes (fig. 1) : 1 partie. — Le Proostracum (Pr) ou coquille dorsale se composant d’une lame à texture cornée, constituée par l'extension de la conothèque au delà du phragmocône, Cette partie supérieure, comme on peut le voir dans la figure 1, se présente comme une lame simple, légérement élargie et arrondie dans sa partie antérieure. On distingue dans le proostracum quatre zones longi- tudinales : 1° Une zone ventrale (v) s’élevant peu à peu au-dessus du phragmocône et caractérisée par des stries presque parallèles aux cloisons de ce dernier. 20 Deux zones latérales reliant la précédente à la zone dorsale et sur lesquelles deux régions caractérisées cha- RITES TRE ANA PA D SA ANA RNA rer LP AN MAR 1e FAMILLES SOUS-FAMILLES GENRES ET SOUS-GENRES | HABITAT [1 CROSS | Aulacoceras. | Trias. à Atractites. | Xiphoteuthis. I. Belémnites: È Jurassique et Crétacé, | Belemmitidæ $S-g. Belemnitella. | | Bayanoteuthis. Vasseuria. | Beloptera. \ Eocène. Belemnosis, 1 Belopterina. | Phragmophoras:. 0..." | II | Phragmoteuthis. ; 3elemnoteuthidæ. | SH PO eUtRISe Jurassique. ; ) Belemnoteuthis. 1f ll = Spirulidæ. | Spirula. Actuel. y 2 | \ Belosepia. Eocène. SEPIOPHOLA Nesle -eietee NA LIRE PA NP AN PA EN INSEE Sépia, Done Martel Trachyteuthis. | Oolithique. Glyphyteuthis. Crétacé. Leploteuthis. Oolithique. 3 Geoteuthis. Lias et oolithique. CRONALOPROTDIANENEN NET ARE Ne enr te / Theutopsis. Lias supérieur Phylioteuthis. Lias et crétacé. | Beloteuthis. Lias,. Kelæno. Oolithique. | Plesioteuthis. Id. Le Naturalisle, 46, rue du Pac, Paris. 198 LE NATURALISTE cune par des stries obliques et concaves, de ces deux régions celle qui est la plus rapprochée de la zone ven- trale a recu le nom de région des stries hyperbolaires (h), tandis que celle qui est contiguë à la zone dorsale se nomme région des asymptotes (a). 3° Enfin la zone dorsale (d) beaucoup plus étroite que les précédentes et que caractérisent des stries d'accrois- sement convexes antérieurement, 2e partie. — Le Phragmocône (Ph), constitué par un cône creux dont la paroi interne se compose d'une enve- loppe nacrée, très fragile, à laquelle s'applique le nom de conothèque. Le phragmocône est partagé en plusieurs chambres transversales dont les planchers, concaves supérieure- ment et convexes inférieurement, sont traversés par un siphon (si) qui présente à sa rencontre, avec chacune des cloisons, un étranglement assez prononcé (ce siphon est indiqué en pointillé sur la figure 1). Quant à la première chambre, c’est-à-dire la plus inférieure, elle est sphérique et porte les noms de chambre initiale ou embryonnaire. 3° partie. — Le Rostre (R). Le rostre est constitué par une pointe solide, très variable de forme et de dimension, entourant en partie le phragmocône et possédant une structure fibreuse; c’est cette partie qui seule, constitue généralement le fossile auquel on a donné le nom de Bélemnite et qui se rencontre en abondance dans les terrains secondaires. La figure 2 montre une coupe longitudinale de ce rostre. En ph on voit le phragmocône qui a été coupé sur sa moitié inférieure pour montrer la position du siphon (si) ainsi que les cloisons (c) qui sont également visibles sur une portion de la partie supérieure tandis que dans l’autre portion, à gauche, la conothèque (co) est conservée ; en ce on voit la chambre initiale, en R la partie solide du rostre et sa structure fibreuse, les fibres partant d'une ligne centrale (a) appelée ligne apicale rayonnent jusqu’à la couche externe ; on y remarque également des stries longitudinales d’accroissement. F2 12; Dans quelques cas exceptionnels, la poche à encre est conservée et l’on peut voir à la collection de Paléontologie du Muséum de Paris plusieurs échantillons qui sont dans ce cas (fig. 16) ; il a été placé, àcôté de ces échantillons, un dessin exécuté avec la sépia extraite d’une de ces poches; cette encre, comme l’on peut s’en rendre compte par l'examen de ce dessin, a conservé une grande partie de ses qualités comme matière colorante. Nous allons donner succinctemement les principaux traits qui caractérisent les genres rentrant dans les ditfé- rentes familles du groupe des Décapodes. Fig. 3. I. PHRAGMOPHORA. — {re sous-famille : Belemnitidæ. — Parmi les Belemnitidæ on remarque d’abord le genre Aulacoceras qui possédait, comme on peutle voir dans la figure 3, un proostracum strié longitudinalement et plissé extérieurement. Les cloisons, près du siphon, se relèvent sensiblement en avant; la partie postérieure du phragmo- cône était lisse. Le rostre était très court et orné de sillons transver- saux partagés par des bourrelets longitudinaux. à Le genre Atractites, qui débute dans le Trias et monte dans le Lias, possède un phragmocône lisse, orné seule ment de stries concaves du côté opposé au siphon; sa sec- tion est elliptique, et le rostre n'offre plus ni les sillons ni les bourrelets qui se voient dans Aulacoceras, et se rapproche ainsi beaucoup plus des vraies Bélemnites. Quant au genre Xiphoteuthis, il est caractérisé par un rostre cylindrique et un phragmocône très long et étroit : ce genre vivait à l’époque du Lias. Le genre Bélemnites est, de! tout le groupe, de beau- coup le plus important et le plus riche comme formes : aussi les auteurs qui se sont occupés de ce genre ont-ils du successivement y établir des coupes qui en facilitent l'étude, On à d’abord divisé les espèces si nombreuses d'après la présence ou l’absence de sillons sur le rostre, de la manière suivante : LE NATURALISTE 199 1° Les Acuaru, représentés par le B. paxillosus, fig. 5, et B. acuarius, fig. 6. Ce groupe comprend des formes qui vont du Lias inférieur au Crétacé inférieur. 20 Les Canaliculati, type B. canaliculatus, fig. rencontrent que dans les couches auxquelles les Alle- mands donnent le nom de Dogger ou Jura brun, c’est-à- dire à nos étages alésien et bajocien. 3° Les Clavati, forme type : B. clavatus, fig. 9. Ce groupe à des représentants dans les couches qui vont du Lias à l’'Oxfordien. 4° Les Bipartites, dontle type est fourni par B.bipartitus. Les espèces qui rentrent dans ce groupese montrent dans les formations allant du Lias au Crétacé inférieur. 5° Les Hastati, ayant pour type B. hastatus , fig. 8. Ce groupe va du Bathonien au Cénomanien. mn 1, ne se SILLONS SILLONS SILLONS GENRES CORRESPONDANTS SOUS-GROUPES GROUPES DORSAUX VENTRAUX LATÉRAUX DE BAYLE CR RL EEE CR EE PENSE TEE © GEPMCENSEE CRE NENENANEEET MEET PURES | Pachyteuthis, fig. 4. Nuls. Acuarii \ | Nuls. Nuls. : Acœæli. { Megateuthis, fig. 5. Existants. Clavati | : Dactyloteuthis, fig. 6. “ 5 | Cylindroteuthis. Nuls. | Canaliculati à Nuls. Existants. | à Gastrocæli. Belemnopsis, fig. 7. Existants. | Hastati | | Hibolithes, fig. 8. | Existants. Nuls. Existants. Dilatati Notocæli. | Duvalia, fig. 10. porte sept groupes représentés chacun par une espèce Fig. 5? Fig. 6, type dont ils prennent respectivement le nom. Ces grou- pes sont : Cette division a été remplacée par une autre qui com- 6° Les Conophori, dont B. conophorus peut étre regardé comme le type. Ce groupe a des représentants depuis le Kimméridgien et pendant toute la période infracrétacée. T Les Dilatati qui ont pour forme type le B. dilatatus fig. 10, occupent dans la série stratigraphique sensible- ment le même espace que le groupe précédent. Parmi les sous-geures nous citerons Belemnitella, le Fig. 7. Fig. 9. Fig. 8. plus important ; 1l se caractérise par son rostre pourvu d’une fente verticale située sur le côté ventral du phrag. 200 mocône qui présente également du côté dorsal une saillie longitudinale (fig. 11 et 12). Après la période crétacée, les Bélemnites disparaissent complètement pour être remplacées par des animaux appartenant au même groupe des phragmophores, mais assez différents des Belemnitidæ pour avoir été rangés par différents auteurs dans des familles distinctes. Ces genres Bayanotheuthis, Vasseuria, Belemnosis, Belopterina sont d’ailleurs bien voisins les uns des autres Fig. 10. — Duvalia. Fig. 11 et 12. Belemnitella. et ne se rencontrent que dans les terrains éocènes où ils sont du reste beaucoup moins répandus que ne l’étaient les Belemnites dans les formations mésozoiques. Le genre Beloptera (fig. 13) possédait une coquille formée de parties coniques, un rostre (r) et un phragmo- Fig. 13. — Beloptera belemnitoidea, du calcaire grossier inférieur. cône (ph), ce dernier légèrement recourbé, contiguës par leur sommet et réunies par une expansion aliforme (al) développée des deux côtés. Le siphon est ventral. 2e sous-famille : Belemnoteuthidæ. —TLa seconde sous- famille des Phragmophores n’est représentée que par un très petit nombre de genres parmilesqnels nous citerons : Phragmoteuthis, Ostracoteuthis et Belemnoteuthis. Dans le premier de ces genres, le proostracum trilohé est fpujours nettement conservé, le grand lobe dorsal de ce proostracum correspond à la coquilledes Bélemnites ; le phragmocône, sur lequel le siphon, qui est ventral, est parfois observable est également bien conservé en géné- ral; enfin ajoutons que la poche à encre est souvent con- servée ainsi que les mandihules et les doubles rangées de crochets que portent les bras, ceux-ci semblent être au nombre de cinq de chaque côté. 5 LE :NATURALISTE Ce genre vivait alors que les couches qui constituent le Trias supérieur se déposaient. Le genre Belemnoteuthis (fig. 14) a été également ren- contré dans un état de conservation suffisant pour que l’on puisse en établir la diagnose suivante : Bras sessiles Fig. 14. — Belemnoteuthis. et tentaculaires (b) ayant à peu près la même longueur, les premiers armés de deux rangées de crochets (c) alter- nants. Tête assez grande séparée du manteau (m), les yeux (0) étaient volumineux. La coquilleest formée par un phragmocône (ph) conique etassez court, ne différant pas beaucoup, du reste, de celui des Bélemnites, le proostracum était corné et sen- siblement égal dans toute sa longueur, le rostre (R) semble faiblement développé. Dans certains exemplaires, tels que celui que nous avons figuré ci-dessus, le man- teau (m) et la poche à encre sont conservés. 3e sous-famille : Spirulidæ. — Cette division ne doit pas nous occuper, Car elle ne renferme qu'un seul genre actuel : Spirula. II. SEPIOPHORA. — Cette famillenecomprend que deux genres : Belosepia et Sepia : le premier éteint, le second apparaissant dans le terrain éocène et ayant encore des représentants dans la faune actuelle. : Le genre Belosepia (fig. 15) est caractérisé par un petit phragmocône qui se trouve à la partie postérieure de la coquille. La chambre initiale n’est pas conique et a la ‘même largeur que les chambres suivantes. La coquille dorsale était très semblable à celle du genre actuel Sépia, mais était pourvue d’un rostre solide à surface verru- queuse (R et R!) et portant au côté ventral de l'extrémité postérieure un phragmocône (Ph) court, légèrement courbé, dont les cloisons, qui étaient très fragiles, sont très rapprochées; le siphon (si) était ventral, largement ouvert et offrant une section elliptique. L à PF, War, LE NATURALISTE 201 La figure 15 représente une section du B, Blainvillei, l’une des espèces les plus fréquentes de ce genre,qui ne se rencontre d’ailleurs que dans l’'Eocène, sables du Sois- sonnais, Calcaire grossier, sables moyens par exemple. III. Famille des CHONDROPHORA. — Les genres, assez nombreux,comme on peut le voir dans le tableau (p.197), qui entrent dans cette famille,ne se rencontrent guère en France et en général constituent des raretés paléonto- logiques ; c’est pourquoi nous ne dirons que quelques Fig. 15. — Belosepia. ! mots de leurs caractères, le plus souvent assez confus, à cause du mauvais état dans lequel on recueille habituel- lement les restes de ces animaux. Fig. 16.— Belemnosepia. Les plus intéressants d’entre ces genres sont: d'abord Trachyteuthis possédant un osselet allongé, retréci aux deux extrémités et pourvu sur les bords postérieurs d'extensions aliformes ; le côté dorsal de la coquille est granuleux tandis que le côté ventral devait être cartilagi- neux. Le genre Trachyteuthis ne présente point de rostre. Dans le genre Geoteuthis ou Belemnosepia, le gladius ou osselet est corné, en forme de fer de lance,c'’est-à-dire terminé postérieurement en pointe et pourvu d’expan- sions latérales assez développées. Ces expansions laté- rales sont séparées par des sillons et ornées de stries recourbées ; à la partie médiane on distingue des stries transversales et des côtes longitudinales. Dans ce genre les osselets sont généralement recou- verts par la poche à encre. Le genre Teuthopsis, lui, est caractérisé par un gladius très étroit dans toute sa partie antérieure, tandis que, vers la base, il s’élargit assez considérablement et devient spatuliforme, la pointe postérieure étant assez obtuse. Ce gladius présente une côte médiane très marquée et des stries obliques. La poche à encre est souvent con- servée. Le genre Kelæno peut aussi être regardé comme l’un des plus remarquables de cette famille, il présente un corps large ovoide; quant au gladius,il est formé d'un axe étroit tout d’abord dans la partie antérieure, mais ne tardant pas à s'élargir pour former une sorte de bou- clier arrondi dont la face dorsale est convexe. Quant au genre Plesioteuthis que nous devons encore signaler, il avait un osselet allongé ; cet osselet est muni d’une carène médiane laquelle est accompagnée à droite et à gauche d’une autre carène latérale. L'extrémité pos- térieure du gladius est en forme de dard, ce qui lui donne une grande ressemblance avec celui des Omma- tostrèphes actuels ; mais l’état de conservation insuffisant dans lequel ont été trouvés les restes que l’on rapporte à ce genre n'a pas permis la constatation de l'existence d'un phragmacône et d’un rostre, ce qui eüt justifié la manière de voir de certains auteurs qui placent ce genre parmi les Belemnitidæ. P.-H. FRITEL, Attaché au Muséum. L'AQUARIUNM D'EAU DOUCE LES POISSONS Anguille commune. — Anguilla vulgaris. On trouve l’Anguille dans presque toutes les parties du monde, Elle est commune dans nos cours d’eau, nos lacs, nos étangs. L'Anguille est au nombre des poissons que Duméril a nommés anadromes parce qu'ils remontent régulière- ment de la mer dans les fleuves comme le font, par exemple, les saumons et les aloses. Mais il y a entre ces deux dernières espèces et celle qui nous occupe cette différence que c’est à la mer que l’anguille fraye, tandis que les aloses et les saumons pondent dans les eaux douces. Chaque année des myriades de petites anguilles encore incolores se montrent aux embouchures des fleuves et LE NATURA LISTE mm remontent ces derniers pour y continuer leur développe- ment. Elles sont alors très petites, filiformes; on leur donne le nom de montée. L’Anguille vit fort longtemps hors de l’eau et peu accomplir d'assez longs trajets à travers les herbes humi- des. Sa longévité est considérable, bien que placée dans de mauvaises conditions d'existence, c’est-à-dire dans très peu d’eau. À cet égard, M. Desmaret (1) nous apprend qu'il a conservé pendant plus detrente-sept ans une An- guille placée dans une auge de petite dimension. D'autre part, le Science Record cite le fait qu'un poisson de cette espèce à vécu plus de vingt-cinq ans dans un bac de quelques pieds de largeur. Indépendamment des variations dans la coloration, l’anguille présente des variations dans les caractères ana- tomiques, qui ont conduit les ichtyologistes à admettre un certain nombre d'espèces qui ne sont probablement que des variétés. L'Anguille se nourrit de petits poissons, ‘de crustacés, devers, En captivité on leur donnera, lors- qu'elles sont encore très petites, des vers de vase. Plus tard on les nourrira facilement avec des vers de terre et de la viande ou du foie coupés en petits fragments. Il ne faut pas oublier de garnir le fond de l’aquarium de gra- vier fin formant une couche assez épaisse pour qu’elles puissent s’y enfoncer. On peut aussi se servir de briques creuses. A l’état de liberté, l’anguille se cache, en effet, dans les trous des berges, sous les pierres, dans les her- bes et ne sort de sa retraite qu'à la tombée du jour. La Bouvière. — Rhadeus amarus. La Bouvière est une de nos plus petites et de nos plus gracieuses espèces d'eau douce. Sa forme est celle d’une très jeune carpe, mais ses couleurs permettent de l'en distinguer facilement. En temps ordinaire, elle a le dos verdâtre, les flancs et le ventre argentés. Une bande étroite d'un joli vert clair court longitudinalement de la région moyenne du corps à la nageoire caudale. À l’époque de la reproduction les choses changent et le mâle, en particulier, revêt une charmante livrée. ‘Ses couleurs n’ont alors rien de brillant il est vrai, mais elles sont d’une délicatesse de tons qui font de ce petit poisson un être charmant. Les parties supérieures du corps deviennent d'un bleu délicat à reflets irisés, tandis que les flancs etle ventre se nuancent de rose. La Bouvière est commune dans les fleuves, les rivières, les étangs traversés par un cours d’eau. Elle fréquente les berges là où la végétation aquatique est abondante et se nourrit de petits crustacés, de larves et de conferves. Avec un échiquier de 40 à 50 centimètres carrés, on peut s’en procurer un assez grand nombre, Les Bouvières voyagent, en effet, par bandes et il est rare de les trouver isolément. Je rappellerai que l'échi- quier est un filet carré dont les côtés ont des dimensions variant de 1 m.50 à 2 mètres, On monte cefilet au moyen de perches flexibles attachées en croix, ou, comme dans le cas qui nous occupe, au moyen de simples baguettes d’osier un peu fortes. La ficelle qui retient les deux perches ou les baguettes se termine par une boucle dans laquelle on passe une forte gaule. On applique ce filet sur fond et au bout de quelques minutes on le relève vive- ment. LL (1) Note de M. Desmaret, préparateur au Muséum. La femelle dépose ses œufs, à l’aide d’un long tube, rappelant la tarière des insectes, dans les branchies des Lamellibranches. La Bouvière vit longtemps en aquarium. Lorsqu'on en met plusieurs ensemble, elles forment une petite pha- lange sans cesse en mouvement. Elles semblent se dé- sintéresser de leurs compagnons, vivre pour elles et sur- tout s'occuper à chercher les meilleurs morceaux parmi ceux qu'on à mis à la disposition de la communauté. Rotengle. — Scordinius erythropthalmus (Bonaparte). Très commun en Europe, le Rotengle habite un grand nombre de nos cours d’eau. IL est connu des pêcheurs sous les noms de Gardon rouge, Gardon rose, Gardon carpé. Ces dénominations lui viennent de l’analogie qu'il a avec le Gardon ordinaire. Il s’en distingue cepen- dant par quelques caractères. Son corps est plus élevé, ses écailles sont plus grandes, ses couleurs sont aussi un peu différentes. Son dos est vert bleuâtre, ses flancs ont des reflets dorés; son venire est blanc. Ses nageoires pectorales, ventrales et caudales sont lavées de rouge. En somme, c'est un fort beau poisson dontla résistance vitale est assez grande et qui s’accommode bien de l’a- quarium. Le Rotengle a les mêmes habitudes que le Gardon., Il se nourrit de vers, d'insectes, de petits crustacés, de vé- gétaux. Sa ponte a lieu vers la fin d'avril ou le commen- cement de mai. Il dépasse rarement 30 centimètres en longueur. Les Epinoches. — (G. gasterosteus). L’Epinoche est certainement le poisson de nos eaux douces le plus intéressant sous le rapport des mœurs. Tout le monde connait ce petit poisson au corps al- longé, fusiforme, verdätre en dessus, argenté sur les flancs et dont le dos et le ventre sont armés d'épines acérées qui constituent pour lui un excellent moyen de protection. On le rencontre un peu partout, dans les fleuves, les rivières, les cours d’eau, les mares. Le mâle et la femelle de l’Epinoche ne se distinguent en rien l’un de l’autre,pendant l'hiver,mais au printemps le premier revêt de brillantes couleurs. Le bleu, le rouge, l'argent brillent alors sur ses écailles. C’est sa livrée d'amour, car c'est aussi à cette époque qu'il va entre- prendre un travail plein d'intérêt et qui dénote chez lui un instinct tout particulier. Nous voulons parler de sa nidi- fication. C’est au Collège de France que M. Coste a pu étudier la facon dont les Épinoches construisent leurnid. « Dans les bassins j'avais réuni, dit-il, toutes les con- ditions matérielles qui m'avaient paru propres au succès de mes expériences. Je mis un grand nombre d'Epinoches mâles et femelles pris au moment où la ponte allait s’ef- fectuer. Peu de jours après leur transport dans cette nou- velle habitation, j'ai vu certains mâles choisir comme … séjour permanent un point déterminé du fond du bassin et y déployer une grande activité. Je n’ai pas tardé à reconnaitre que l'unique occupation de chacun d'eux M consistait à recueillir les matériaux d'une construction à l'organisation de laquelle il consacrait toutes les res- sources de son industrie et, en suivant avec une atten- tion soutenue les rapides progrès de sa laborieuse entre= M prise, j'ai assisté au plus curieux spectacle qu’il soit pos- sible d'imaginer. Je me bornerai à dire, pour l'instant, que l'Épinoche, après avoir garni un trou creusé par lui LE NATURALISTE 203 dans le sable ou la vase, le garnit de brins de végétaux aquatiques. Sur ce plancher, il bâtit, avec les mêmes matériaux, des murailles et un plafond, en ayant soin de ménager à sa construction une entrée et une sortie par lesquelles les femelles et lui entrent et sortent. » Le spectacle auquel M. Coste a assisté peut s’observer dans un aquarium d’une certaine capacité, à la condition de mettre à la portée des Épinoches les matériaux dont ils ont besoin, et d’en garnir le fond d’une épaisse couche de sable. Le nid des Épinochettes est construit d’une manière encore plus ingénieuse que celui des Épinoches, Au lieu de le fixer au fond des eaux, elles le suspendent après les tiges des végétaux aquatiques. Les Épinochettes consti- tuent parmi les Épinoches un groupe dont les représen- tants sont caractérisés, en particulier, par le nombre des épines du dos. Ce nombre est de huit à onze. Les couleurs des Épinochettes, sans être aussi belles que celles des Épinoches, sont assez brillantes. Leur livrée est un mélange de brun, de vert, de noir, de jaune d’or. J'ai dit, plus haut, qu’en raison de la voracité de ces poissons, il était dangereux de le mettre avec d’autres espèces. J’ajouterai qu’il est nécessaire, si l’on veut en obtenir la reproduction, de les placer seuls dans un aqua- rium. Loche d’étang.— Cobitis fossilis. Cette Loche, qui peut atteindre jusqu’à 0 m. 20 de lon- gueur, est assez commune en Allemagne, dans l'Alsace et la Lorraine. Elle a été signalée dans le Maine-et-Loire, dans les marais d'Urleux près de Douai et dans l'étang de Marchiennes. La Loche d’étang se plait dans les eaux stagnantes où elle trouve les petits crustacés et les larves d'insectes dont elle fait sa nourriture. Ce poisson jouit d’une singulière propriété physiolo- gique, celle de dégluter de l'air qu'il rend ensuite par Janus, La Loche d’étang est connue en Allemagne sous les noms de misgurne et schlampeisser. C’est le murgraund des Alsaciens. Le corps de cette espèce, allongé et un peu comprimé, est recouvert d’écailles très petites, La bouche est entourée de dix barbillons ainsi disposés : quatre à la lèvre supérieure, quatre à la lèvre inférieure, et une de chaque côté dela commissure. La Loche d’étang est agréablement nuancée de jaune, de brun et de noir. Elle vit très bien en captivité et supporte des températures élevées ainsi qu'un séjour prolongé dans une eau non renouvelée. Le Macropode vert doré. — Macropodes. Les Macropodes appartiennent à la famille des Pha- ryngiens labyrinthiformes de Cuvier, L'espèce qui nous occupe, originaire de la Chine, habite l’eau douce et se trouve communément dans les eaux stagnantes. Le Macropode est de petite taille et ressemble comme forme à un Labre. Ses couleurs sont fort belles. A l’époque des amours, il revêt des teintes comparables à celles de l’oiseau-mouche à propos duquel Buffon a dit : « La nature l’a comblé de tous ses dons. Grâce et riche parure, tout appartient à ce petit favori, l’émeraude, le rubis, la topaze brillent sur ses habits, » Le mâle a le corps. marqué de bandes transversales alternativement bleues et rouges et ses nageoires qui participent à ces teintes sont remarquables par l’accroissement qu’elles prennent à l’époque des amours, La dorsale, verdâtre, commence un peu en arrière de la tête et va s’élevant graduellement jusqu'au filament. L'anale, longue, est lisérée de bleu à sa partie inférieure et ses filaments sont, comme ceux de l’anale, de couleur bleu foncé. Les pectorales, d'un gris pâle, sont disposées en forme d’éventail ; les ventrales se prolongent en un filament de couleur rouge, la tête est d’un noirolivatre; l’opercule présente, outre une petite bande bleuâtre, une tache bleue, rouge et or du plus charmant effet; les teintes, chez la femelle, tout en étant les mêmes, sont cepen- dant loin d’avoir le même éclat et les nageoires n’attei- enent jamais la longueur de celles du mâle. Les Macropodes construisent, pour abriter leurs œufs, un nid en bulles d'air fort curieux. Dès les premiers beaux jours du printemps, ces char- mants petits êtres nous font assister au spectacle de leurs amours, de leurs travaux, des soins tout particuliers etde la sollicitude dont ils entourent leurs petits, non seule- ment à leur naissance, mais même longtemps après. Le mâle semble rechercher de préférence les endroits un peu obscurs, les places ou la végétation aquatique est assez abondante; quelques tiges de végétaux, quelques feuilles de plantes aquatiques, constituent la charpente du nid qu'il va construire. Il dispose ensuite, entre les enchevêtrements de ces branches une couche assez épaisse de bulles d'air qu'il parvient à produire avec sa bouche, par un jeu alternatif d'aspiration et d'expiration de l’air extérieur. Cette couche forme en quelque sorte le plafond de son édifice, puisil en dispose plusieurs autres de manière à constituer une sorte de petit matelas d'air qui fait saillie à la surface de l’eau. Quant à la femelle, elle ne participe en rien à ce travail; elle s'isole du mâle, se décolore, perd sa vivacité et donne des signes de malaise précurseurs de la ponte. Le jour de la ponte arrivé, elle change complètement d’allures, Elle recherche le mâle et le poursuit dans toutes ses évolutions. Ce der- nier, sous l'empire des avances de sa femelle, s’anime et l'attire peu à peu sous le nid. Il étale alors ses nageoires, contracte ses muscles et, pliant son corps en arc de cercle, il l'enlace étroitement. L'effet de cette pression est double, il détermine d’une part la sortie d’une cer- taine quantité d'œufs, et de l’autre l'évacuation de la lai- tance destinée à les féconder. Ces accouplements se répè- tent à de courts intervalles jusqu’à la complète délivrance de la femelle. Après chaque ponte, on voit le mâle recueillir les œufs qui flottent entre deux eaux ou sont tombés au fond et les introduire au milieu des bulles d'air dont son nid est composé. Lorsque son œuvre est terminée, c’est-à-dire lorsque tous les œufs ont trouvé leur place, il se poste en sentinelle et s'efforce d’écarter tout ce qui lui parait suspect. L'éclosion des œufs est très rapide et si quelques-uns des jeunes se laissent choir du nid, le mâle les recueille dans sa bouche etles réin- tègre au milieu de bulles. Chaque espèce fraye à des époques données, à des profondeurs plus ou moins considérables, en un mot dans un milieu plus où moins chaud, Pour l’espèce qui nous occupe,la température de 20° à 250 C. parait être celle qui lui convient le mieux. Dans ces conditions, l’incubation est très rapide ; en quarante- huit heures elle est généralement términée. À une tem- pérature plus basse, non seulement elle est plus lente, 204 mais une certaine quantité d'œufs n'arrive pas à l'éclo- sion. Les pontes commencent vers la fin de mai, quelquefois plutôt,et se poursuivent jusqu'en septembre. Elles se succèdent toutes les trois semaines et chacune se composant de trois ou quatre cents œufs, chaque femelle produit donc, par année, de mille à douze cents œufs; mais les premières pontes présentent seules des chances de succès. L’alevin qui en nait peut, en effet, atteindre, avant les froids, le tiers de son volume, et, par suite, résister plus facilement à l’abaissement de la température, tandis que celui qui nait des pontes postérieures reste tout l'hiver chétif. La température de 20° à 25° est donc, comme on le voit, celle qui convient le mieux aux Macropodes; mais il y a une grande différence entre cette température ob- tenue d’une manière factice pendant l’hiver et celle que présente l’eau pendant lété. Il est à remarquer, en effet, que les Macropodes, comme du reste beaucoup d’autres poissons,perdent leurs couleurs l'hiver, tout en conservant à l’eau une tempé- rature élevée, pour ne s’en revêtir denouveau, qu'au prin- temps à l’époque de la reproduction, Vers 15° la circula- tion des Macropodes se ralentissant, leurs couleurs palissent, leurs nageoires s’atrophient. Ils prennent les proies qu’on leur présente, mais entrès petite quantité; si la température est encore plus basse, ils refusent toute nourriture, s'affaiblissent progressivement et ne tardent pas à périr victimes de parasites qui, en raison même de cet affaiblissement, se développent rapidement sur eux. La nourriture qui convient le mieux aux Macropodes, doit consister en larves d'insectes aquatiques, telles que vers de vase, éphémères, cousins, et en petits crustacés, Daphnées, Cyclops et Gammores improprement appelés crevettes d'eau douce, Les jeunes s'élèvent avec des infusoires pour commen- cer, des Daphnées ensuite. Le Combattant. Le Combattant appartient, comme le Macropode, au groupe des Pharyngiens labyrinthiformes. Comme lui aussi, il est asiatique et paré des couleurs des plus vives. Sa livrée est un mélange de vert émeraude, de rouge et d’or. C’est une très petite espèce quine dépasse guère quelques centimètres de longueur et dont les mœurs offrent un grand intérêt. Le Combattant bâtit, en effet, commele Macropode, un nid en bulles d'air, petit radeau flotttant à la surface de l’eau, dans lequel le mâle introduit les œufs de sa femelle, Le Combattant est ainsi nommé à cause de l’irascibilité des mâles à l’époque des amours. Les Asiatiques les placent isolé- ment dans des récipients en verre, récipients qu’ils rapprochent à un moment donné. Aussitôt ces petits êtres donnent @es signes d’une violente colère, se jettent contre les parois du bocal, ouvrentleur opercule, redressent leurs nageoires. En même temps leurs cou- leurs s'avivent et prennent l'éclat des pierres précieuses. Placés ensemble, ils se livrent alors un combat acharné. On importe presque tous les ans de ces poissons en France, en particulier à Paris. On peut donc s’en procurer quelquefois, mais à un prix élevé. Les Silures. Le Silure glane (Silurus glanis) est le seul représentant LE NATURALISTE en Europe d’un groupe qui fournit de nombreuses espè- ces aux autres parties du globe et comprend des genres très différents, mais tous propres aux eaux douces. Le Silure glane est commun dans le Danube et le Volga et peut atteindre le poids de soixante et même quatre-vingts livres. Il s’accommode fort bien de la captivité, à la con- dition d’être placé dans l’eau courante. Nous le laisserons done de côté pour nous occuper d’une espèce propre à l'Amérique du Nord, le Silure chat, remarquable par sa force et sa résistance vitale. Le Silure chat a la tête large, aplatie, la bouche grande; il présente huit barbillons. La mâchoire supérieure offre deux de ces organes, et l’inférieure quatre. Deux autres appendices sont placés sur le sommet de la tête et entre les yeux. Il existe deux nageoires dorsales dont une na- geoire cutanée ou adipeuse. Le Silure chat a les parties supérieures. du corps noi- râtres. Les flancs sont grisâtres, le ventre est d’un blanc sale. Il vit de proies vivantes et sa voracité est telle que nous conseillerons de ne mettre dans l'aquarium que de jeunes sujets. Outre cette espèce, on peut assez facilement s'en pro- curer d’autres, en particulier les espèces brésiliennes dont quelques-unes se reproduisent dans des espaces restreints et offrent une grande résistance vitale. R. BOULART. LE BRONZE DES ANCIENS On ne se rend pas du tout compte dans le monde de ce qu'était le bronze chez les anciens. D'abord, nos statues de bronze sont recouvertes d’une couche épaisse de couleur merdoie,que l'on ap- pelle à tort bronzée : jamais le bronze naturel n’a eu cette couleur- la; pas plus que cette teinte verdätre si appréciée des artistes, appelée bronze florentin, et qui n’est tout simplement que du vert-de-gris mélangé de carbonates. La couleur du bronze est absolument différente. Elle ne ressemble pas plus au cuivre que l'or ne ressemble aulaiton. Quelle différence avec nos tons rouges! Lé bronze poli a un reflet identiquement semblable à celui de l'or rouge fondu! On voit combien on se fait, de nos jours, une idée fausse de la couleur du bronze chez les anciens, qui le considéraient comme un métal sacré, chez certains peuples, ex- clusivement employé dans l’intérieur des temples, de préférence à tout autre métal. Sa fabrication était le privilège de certaines familles, qui en faisaient un secret héréditaire. C'est surtout des montagnes de l'Asie Mineure, que nous vinrent nos premiers bronzes en Occident. On sait que c'est un simple mélange, un alliage de cuivre et d'étain : nous parlons ici du bronze des mé- dailles, bien entendu, et non des autres. 1 Le grand secret ne consiste pas seulement dans les propor- tions de ces deux métaux, qui peuvent donner des alliages tout différents, qui constituent autant de bronzes divers. Certains bronzes, comme celui des canons, sont très résistants; d'autres au contraire sont à la fois cassants et sonores, comme le bronze … des cloches. Jugez donc, si on se servait de l’alliage des cloches pour faire des canons, qui résonnent comme des gros bourdons de cathédrale et qui cassent comme du verre! Quelle pétarade et quelle explosion, quand on déchargerait une batterie sur le champ de bataille ! Ce que l'on ignore généralement, c’est l'éclat merveilleux que peut atteindre le bronze, poli avec une fine (1) batiste; en se ee Se SU ANNE AT AUE URSS SES (1) Une peau donne de trop grosses raies pour polir le bronze: Une peau vivante, soigneusement lavée pour en écarter les poussières capables dela rayer, pourrait seule conveni ce que l'on a tenté au Japon pour le polissage des laques.… r. C'est LE NATURALISTE 205 gardant bien d'employerde la poudre d'émeri, quelque fine qu'elle soit : les fibres de lin les plus ténues ne le raient déjà que trop. Alors, une médaille de bronze à un reflet beaucoup plus beau que celui de l’or : on dirait de l'or en fusion. Aussi les enseignes que les légions romaines portaient dans chaque cohorte, formées d’une hampe chargée de 3 ou 4 mé- dailles de bronze larges comme une assiette, avec une couronne, un oiseau ou une bête féroce à leur extrémité supérieure, étaient-elles plus brillantes et plus belles que si elles avaient été en or. D’autant plus que l'or fin est plus jaune et plus pale que le bronze poli, qui a identiquement la teinte de l'or rouge. Nous ne parlons pas de l'or vert, qui a une teinte livide, et qui ne peut être employé que dans les bijoux, associé à des ors d’une autre teinte, plus ou moins mélangés de cuivre. Comme nous l'avons déjà dit, le bronze poli, de l'alliage com- munément employé pour les médailles, est de tous les métaux celui qui est le plus brillant. On dirait tout à fait de l'or fondu, c'est-à-dire de l'or à un état où on ne le voit jamais; car tout le monde sait qu'un métal en fusion a l'aspect du fer chauffé au roiige blanc; on dirait du feu liquide. Il va sans dire que ce n'est pas cela que nous avons en vue, quand nous disons que le bronze poli a le reflet de l’or fondu : on dirait de l'or liquide, et non au feu liquide; cela va sans dire (1). Et cependant, quand on examine le bronze poli à la loupe, on le voit sillonné d'une multitude de grosses raies; sans comp- ter une infinité d’autres raies plus petites, si on se sert d'un plus fort grossissement. Malgré cela,le bronze poli a un éclat dont on ne se fait pas une idée, qui est beaucoup plus beau que celui de l'or, qui semble mat et terne à côté de lui. Une pièce de 20 francs fait une bien piètre figure à côté d’une médaille de bronze polie au linge fin : c’est la même différence qu'entre le jour et la nuit! À coup sûr, nous ne voyons pas les objets de la même ma- nière, surtout les métaux. Ainsi un métal comme le bronze, porté à une haute température, parait à l'un, terne comme du plomb; à un autre, brillant comme de l'argent, ou tout au moins du vieil argent; à un troisième, il parait analogue à du laiton très pâle; à un quatrième, il ressemble un peu à de l'or vert. Un cinquième trouve que sa teinte varie à chaque instant, au fur et à mesure qu'il se refroidit. Un sixième voit encore autre chose. Un maitre fondeur en bronze, qui me faisait voir der- nièrement une statue sortie du moule, en train de se refroidir, frappé comme nous de cette variation de nuances, me disait : Quel dommage que l’on ne puisse arrêter la teinte du bronze qui se refroidit, à tel ou tel moment! C’est vers 200 degrès qu'il a sa plus belle teinte naturelle. Tout le secret des maitres fondeurs est de réunir, au dernier moment, un certain nombre de morceaux de bronze, provenant d’une fonte précédente, pour les ajouter au liquide en fusion dans le creuset de plombagine. Ils prétendent que ce coup de pouce, ce tour de main, cette manière de faire, a l'avantage de rendre le métal en fusion plus homogène et à la fois plus fluide : il n'y a rien de tel que l'expérience. Peut-être y a-t-il là une orientation des molécules, comparable dans une certaine mesure à celle qui se produit quand on plonge un cristal dans la solution concentrée d’un sel. Il résulte de ce qui précède que les légions romaines devaient présenter un, singulier, aspect, quand elles s'avançaient avec leurs enseignes, soigneusement fourhies et récemment retirées de leurs étuis. Qu’elles devaient étinceler au soleil, ces enseignes en bronze poli, en même temps que les boucliers peints de vives couleurs chez les auxiliaires, divisés en trois comparti- ments carrés chez les lésionnaires, que lon renfermait soigneu- sement dans des sacs pour les préserver de la poussière et de l'humidité ! î Et puis, quelle variété dans les peintures des boucliers, dans les corps d'élite! Les Leones (les Lions) avaient cet animal peint en vives couleurs sur leur bouclier. Les Grati (les Fions, les || chics) avaient peints en rouge, sur un fond d'azur, 2 lévriers | représentés seulement à mi-corps, jouant ensemble avec leurs | pattes de devant; leur arrière-train étant masqué par une bande. .! C’est l'origine de nos blasons. (Voir la Notice des dignités de | l'empire, vers l’an 400). D: Boucon,. (1) La seule supériorité de l’or sur le bronze poli, c’est qu'il ne s’oxyde pas comme lui. Son prix tient uniquement à sa rareté | relative. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, etc. LA PUCEH (Suite), «…. Mon bonheur voulut que j’apperceusse une Pulce qui s’estoit parquée au beau milieu de son sein {de Mlle Des Roches) : je vous dy par exprès mon bonheur ; car peut-être eussé-je esté bien empesché à poursuivre ma première route, après un si long entretien, sans ce nou- veau subject; tellement, que je m'en sens fort redevable à ceste petite bestiole. Ayant donc ce nouvel objet devant moy,jedis à Mme des Roches, par forme de cocq à l’asne, que j'estimois cette Pulce la plus prudente et hardie que l’on eust seu désirer : prudente, d’avoir, entre toutes les parties de cette dame, choisi ce bel hébergement ; et très hardie, de s'être mise en si beau jour, parce que, si je me mutinois, je me donnerois assez tost la loy de l’oster et en estre le meurtrier, pour la voir prendre la hardiesse de se loger en si haut lieu. Et comme ce propos fut rejetté d’une bouche à autre, par une contention mignarde, fina- lement je luy dis, que puisque ceste Pulce avait receu tant d'honneur de se repaistre du sang d'elle, et d’estre aussi honorée de nos propos, elle méritoit encore d’estre enchâssée’ dans nos papiers, et que volontiers je m'y emploverois, si ceste dame vouloit faire le semblable, ce qu'elle m’accorda libéralement. » Etc. Quelques jours après, le président Pasquier se pré- senta chez les dames Des Roches et leur offrit sa poésie sur l'insolent insecte; Mile Des Roches lui remettait aussitôt celle qu’elle avait elle-même composée. Ces deux pièces, lues par les assidus du salon de ces dames, eurent un succès fou, et chacun, à l’envi, se mit à écrire sur la bienheureuse puce. La collection de ces pièces se trouve dans les Œuvres de Pasquier : il y en a quarante-une en français, trente- une en latin et deux en espagnol. Malgré ses cinquante ans largement sonnés, Pasquier disait dans sa pièce : Pleust or’ à Dieu que je pusse Seulement devenir pulce; T'antost je prendrois mon vol Tout au plus haut de ton col, Où d’une doulce rapine Je sucerois ta poitrine; Ou lentement, pas à pas, Je me glisserois plus bas : Là, d’un muselin folastre, Je serois pulce idolastre Pincetant je ne say quoy Que j'aime trop plus que moy, etc. A cette époque on n'avait pas encore inventé l’être gourmé, cravaté de blanc, rigide, ne riant jamais, ne se 206 permettant surtout, quelque désir qu’il en ait, la moindre plaisanterie, le moindre mot pour rire : — on n'avait pas encore inventé l’homme sérieux... et les profonds érudits des xvii® et Xvirie siècles ne croyaient pas se rendre ridicules en se délassant parfois de leurs travaux dans ces bagatelles littéraires. Si même nous remontons quelques siècles plus haut, nous trouvons que des philosophes s’attachaient à calcu- ler l'étendue du saut d'une puce... Il est vrai que c'est Aristophane qui nous dit cela, en se moquant agréable- ment des vétilles qui formaient et forment toujours le fond des inénarrables discussions philosophiques. Nous lisons dans la comédie des Nuces (acte I, scène Il) : Le disciple, — Tout à l'heure une puce mordit Chéré- phon au sourcil, et s’élanca de là sur la tête de Socrate, Socrate demanda à Chéréphon : combien de fois une puce saute-t-elle Ia longueur de ses pattes? Strepsiade. — Et comment s’y prit-il pour le mesurer ? Le disciple. — Très adroitement. Il fit fondre de la cire, saisit la puce, etluitrempa dans la cire les deux pattes qui, une fois refroidies, restèrent chaussées de vrais cothurnes persiques. Il les détacha, et avec eux mesura la distance. LE NATURALISTE Strepsiade.— Par Jupiter! quel esprit! quelle finesse! Dion Chrysostome (Ier siècle de notre ère) s'était jadis rendu célèbre en composant, dans sa jeunesse, l'éloge du perroquet et celui de la puce. Synésius, dans sa Vie de Dion, prétend que ces deux discours, étant indignes de ce : rhéteur (?), ne doivent point lui être attribués. (L'homme sérieux, toujours !) C'est une faible probabilité, et non pas une preuve. Mais ce qu'il y a d’assez curieux, — et ce qui prouve bien que rien n’est nouveau sous le soleil, — c’est que les anciens connaissaient ces baguettes ornées d’une petite main d’os ou d'ivoire, dont se servent les dames pour se gratter ie «los, sous la chemise, Ecoutez ce que dit Martial (livre XIV, épigr. LxXXHI) : SCALPTORIUM Defendet manus haec scapulas mordente molesto Pulice, vel si quid pulice sordidius. LE GRATTOIR. « Ce grattoir, fait en forme de main, te préservera les épaules des morsures importunes de la puce, ou de tout autre insecte plus dégoütant encore, » E.-N. SANTINI DE RIOLS. ARRIVAGE DE COQUILLES DE L'INDO-CHINE Golfe de Siam, Les coquilles suivantes, Ile Poulo-Condor et Tourane sont en très bon état, parfaitement déterminées, et avec les opercules pour celles qui en possèdent. Ranella tuberculata, Brod.....:........ SGEN 1.25 Eburna lutos a TERRES RNA 12590 Püurpura /lutéostoma,1Cheme "rer nr A0 UD Cumearcanniferailk ERP RS RAP 1.95 4 orada ta )QNAS NEPAL AR ee 4.50 Columbella DuclosA SON Te ee ner 0.75 — UNS TASER RS EE RES 0.30 NassaistolatasiGme ler nee 0.75 CYDre a CAUTICASID APE RENE EEE MEURTRE 0.75 RAR ONLY ASSIS re ee ER Re RER ee 2 » ODA VAT AUS LA. Me CENT SN 4:25 = Clandestinasslss ennse rns eNRecete 0.50 aquadrimaculate fOrAYe nee Le 2 5 CeritiumeBornTeel MIRE CRE Re 0,75 Neritina-oualanensis less PER ANIME 05 MelanraMoussont Bot ee NE nen 0.50 RMRIQUELUIGTARLELS RE Am AREA 0.50 Candia Dors Wiatte lle re eee eee EPA Paludina polyzonata, Frauenf..:...:5 217040 1.50 Ampullarianpolta, DSP Pr RACE rem 1.50 RlAnaxiS SUICA TA Se RME RSR REA Ro eu 0.35 Littorina intermedia, Phil.......... ARE A 0.30 —_ novæ zelandiæ, Reev.2. 2.1... 0000 0.35 Nanina Weinkauffiana, Cross......…......1..:.. 1.50 ee ISDC tAP ÉPE ES RM ES an AR Nes 1.60 HehxkMouranensis, (SOUL. 4-00 near 4.25 AMPHATOMUSSPENETSUS; 110 220, NE RS 2 » — polymorphus, Tapp. Ge ne. 2.50 Amphidromus Smithi Fult....... dE dé ou 5 » Cyclophorus volvulus Müll............... NC 2 » — brevisiMartyne ere ere PRO a 0 0 2 » Pterocyclos anguliferus Soul ............. BUS 2.50 CircerdivaricataiCheme mener ER EVER EeRE 1.50 Meretrix/lyrata SON MEN EN LE ENENEER EIRE 1.50 — peteChIa lis MINE ERP EPP ER 0.75 Gomphinadonacina, Chem. eee er 4.75 Cryptogrammarflexuosa; Lie CR ERA EC NRRErE 0.75 — Squamosa Mme EURE EEE 0.75 Cristaieibbia, LR ere AN A AGE ER ER RAT 4725 Dapes PAP, DSh Et EN RER EVE 1.50. — undulata, Born........ EE San 1.50 ahTiantinan Line OS AE Ne ER ENE ARS 171952 Cyrenafpaltda; ADSh MES PE MEN Reg Eee 1.50 MS UMATAENSIS MO ONE EN CE NEANPRS 41200) Corbiculafluminea, Müller Re ee 0.30 — annamitica, Wattebled...:..... ITR 0.50 UÜUmotDorri, Wattebleda 0 enr RTE reREr 2220 AnOdOntAAISNINNOEL ATARI ANR CIRE ER 1.50 Élizialorniculata, AVI00d 0 mere PR Pen DER Soletellina solida Reev.................... RAA D) Dosinia prostrata, L. (non Reev.)....... bb ou 1251 Anomalocardia maculosa, Reev................. 1:50 Mytilus-Smarasdinus See ELEC ARE 18 Pleuronectia pleuronectes, Le... 2.000 1.25 Ostræa-cucullata Born ST RER CRE LEE 0.50 S’adresser à LES FILS D’ EMILE DEYROL LE, N aturalistes, 46, rue du Bac, Paris 4 | | | | | | LE NATURALISTE 207 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU FLANTES Drorca Drorca, URENS........ DOI CAN IR ARTE MaririMuM CAMPESTRE VIUÉGARIS RER eue, Minor. OFFICINALE. . ÉÉREMULA NN Le LP NiGRA, TREMULA...... ÉRREMULAGENEN DO PAUE | NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Ortie Vanessa Levana L. Var. Prorsa L. C. Album L. Urticæ L. lo L. Atalanta L. Argynnis Ino Esp. Caradrina Ambigua S. V. Phlogophora Flammea Esp. Abrostola Urticæ H. _ Triplasia L. Plusia Chrysitis L lota L. Chalcites Esp. Gutta Gn. Interrogationis {. Mania Typica L. Pancrace Glottula Pancratii Gyrillo. Panicaut Thanaos Tages L. Zygoœna Erythrus I. — Contaminei B. Sarpedon H. Var. Balearica B. Pariétaire Plusia Chalcites Esp. Pavot Calocampa Exoleta Esp. Pêcher Papilio Podalirius L. Abraxas Grossulariata L. Pervenche Deilephila Nerii L. Peucédane Gortyna Lunata Fren. Placodes Amethystina H. Peuplier Apatura Iris L. Ilia S. V. Limenitis Populi L. Vanessa Antiopa L. Melitæa Maturna L. Smerinthus Ocellata L. Populi L. Trochilium Apiforme L. Laphriüforme H. Sciapteron Tabaniforme Rot. Var. Rhingüforme H. Liparis Salicis L. Bombyx Populi L. Lasiocampa Populifolia S. V. Betulifolia Och. Platypteryx Faicataria L, Harpyia Furcula L. Bifida H. Vinula L. MOIS DE Chenilles Urtica Septembre. Juin. Mai à juillet. Mai à septembre. Juin, août. Juillet à septembre. Mai. Mars. Mai. Juillet, octobre. Jain, juillet, septembre Avril, juin. Belle saison. Mai, juin. Avril, mai. Paneratium jJuin. Eryngium Mai, septembre. Mai. Mai, juin. | me (Avril. Parietaria Belle saison. Papaver Juin, juillet. Persica Juin, septembre, Mai. Vinca Août, septembre. Pencedanum Juillet: Juillet, août. Populus Mai, juin. Mai. Juin, août. Mai. [Juillet à septembre. (Juillet, sept., octobre. Mars, avril (troncs). Avril, mai (troncs). Juin. Mai. Juin. Août, septembre. Mai, septembre. Juin, août a octobre. Juin à septembre. Le Gérant: Pauz GROULT. L'ANNÉE OU L’ON TROUVE TE TER Se Papillons Avril, mai. Juillet, août. Juillet, septembre. Belle saison. Mai, juillet, septembre Belle saison. Juin, juillet. Juin à août, Septembre, octobre. Juin, août. Septembre, mai à juillet Mai à août. Belle saison. Juin, juillet. Mai. Avril à juin. Juin. Juillet. Juin. Belle saison. (Août, sept., mars, avril Mai, juillet, août. Juillet. Juin, septembre. Septembre. Jun, juillet. Juin, juillet, Juillet, septembre. Juin. Mai, août. Mai, juin, août, sept. Mai, Juin, juillet, Juin, Juin, juillet. Octobre à décembre, Juin, juillet, Avril, mai. HABITAT FRANÇAIS France centrale et septentrion. Toute la France. France cent.,septentr.etorient. Toute la France. France centr., mérid, et occid. Toute la France. France centr., sept. et orient. Provence. France centr., mérid. et orient. Pyrénées-Orientales, Vosges. Toute la France. Montpellier. Toute la France. |Provence, Dauphiné, Ariège, Hautes-P yrénées. France mér., Touraine, Vendée Htes-Pyrénées, Bretagne, Gien. Provence. Toute la France. Toute la l'rance. Toute la France. indre. Savoie, Aube, Gironde. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France. France centraleet septentrion, Toute la France. France orientale. Toute la France. Lyon. Toute la France. Avril, mai, juillet, août|France centrale et septentr. Avril, mai, Juillet. Mai, juin, août, sept. Avril, mai, Toute la France. PARIS: — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. NATURALISTE LE 208 ‘LHYATNOH LNVLSNON) Caums y) "SNAIUALV'IA ‘III te eersrseeresee(r;6t SU) SIOU9P U9 S219 -oxjox quowenbsniq soanoresod sejour A F6L e ‘SNAILIARAUON ‘II RETARDS E tt tt "(g67 Sy) S1040p uo so19 -91J91 Juawo[onpeis soan2ri9}s0d SOUOURH , 9 Ve 1 | *(z6r ‘8y) xneiojood suOIIIS So Sup sanooi quauwa,parjind 9x9 queanod no seaqi[ souuayuy L 161 “&NHINONV'I I | serre (TGT SU) Wnudo7s np 59709 Se] ANS 1 (ED sgoerd spuojoad suojis xnep suvp sodor ne Be So9u989 Juawajarduoo 9x9 queanod seuuoquy ‘Sopra -Kduuv'y So oww09 sosnourun] juos mb s97109 oA49sq0 uo,[ onb ‘JuouroAISNIIX9 ‘issne R] 150,9 {spneyo sÂed soj onb juoyiqeu,u s099ds0 sojue[paq Sud Soj seu ‘soare[od suo189a soj suep onbsnl sonbidoa] so] smdop Soprayels SOT 9ANOAJ U() -no ‘snudAyo3dAa ‘snxoydorpre) ‘197el4 ‘AUOT ‘Sn0U3Y { SOIBPU099S soiu98 op AUIEZIP AUN U9 AWQU-IN[ 9SIAIPNS ‘saqIquiA107 :Ju0S xuedioutd so ‘osreuea ouney ej Re juouuoraedde soauog $99 op auleJu94 ouf] ‘mu panolne soiu98 JuU99 SuIOUI ne 910909 puorduuo9 ofjitue 27709 onb 910$ ap ‘ZJ[0u2SU9S: ed dounonaed uo jo sanoyne Sjuoiogip aed S9910 ‘soaqne,p o1quiou pueaë un juupe uo jt ‘jaed oagne,p sretu ‘spr7/ydot2 S9S 79 Sopruauonxy S2S PAL] snjd juoau 40 mb Soiuo8 sanoisnjd jueyouraqoi uo e[duaxo | BUUOp aWQU-IMT 211A}ET ‘uoryepuoyz es simdop SuOrJBOTIp -OU Soputis 9p IQn$s & 9]j0 SICU ‘OJ[IUUE] 9p UCI NE 99A9[9 JUBUIJUIBU JS9 UOIS -IAIP 9799 ‘soJsiS0[ouoque so sn07 48d 997d0pV ‘SAUIOOLH9S Sp 9ITIUEZ LS SUEP 2[[OAJET 0P SOXOUIIYS S9p NU 58 EI JUOIQUIOF SOPHAJLIA SOT ‘JUOWOAUTUITA (LS8T ‘AI ‘L S0199do9109 sep vaouo1) AITBPIOOUT SHCIAAL VIA — UE .IX ‘AIO 01497: ‘ ‘ cesser (p6r ‘8y) uoodoans oau98 ques uf] ’ ‘so1a}de JU0S So[[ou} ST “AUUIQUEIII} -Ipou ouney U] e‘oau98 np s299ds9 soaqne s0] S9n07 owuwO9‘oJsa4 np JueuoJaedde UIAQDI ‘D V9 SE :h : soogdse xnop onb oouvag uo 101 nbsnf ajeusis eu uQ € “4nof INOÛ Sa2s1u » -DÜ10 jU0S Sa7nd Sa] jUOp 79 2.10)0)j0S ajjnonf D} 0p SAN S9P119/D]H S0p JUOS 99° » : SJOUW XN9P U9 JHIUH9p 9$ Ju9ANn9dS9J998U1 09‘ 9118p10987 JuawaJSN{ 91] JIP 91 SWUWO) (LGST ‘AI ‘XL Soi91do9[o9 sop exouern) PIOOUT SACINOTAAHN UET .X SATIAHNLVN SHONAIIS SA HAALIO0G cs LAHAIAOEH IueISUu0O uvd 5 r LÉ \ HN VA AU SAELdOWT0) S4a à ŒULSATII HOOLLATVNV VUANHO 93e ANNÉE 2e SÉRIE — N° 349 15 SEPTEMBRE 1901 OBSERVATIONS SUR L'ÉROSION FLUVIAIRE Nos lecteurs ont sous les yeux une coupe que j'ai relevée lors d’un voyage au travers de la chaîne du Cau- case. La localité de Mléty, qui mel’a fournie, estsituéesur le versant sud de cette grande ride montagneuse, Il y passe uue belle rivière appelée Aragwa et qui un peu plus loin sejette dans la Koura pour traverser avec elle la ville de Tiflis. La coupe montre précisément en bas la rivière dont il s’agit et qui est supposée couler, pour le lecteur, de gauche à droite, de sorte que l’escarpement représenté est la berge gauche du cours d'eau. On y voit d'abord, sur 6 mètres environ de puissance, une accu- mulation de graviers et de galets à facies tout à fait dilu- vien, puis au-dessus, une coulée volcanique de 4 metres d'épaisseur, formée d’une andésite largement cristalline. Une semblable coupe me paraît présenter entre autres motifs d'intérêt, le mérite de faire toucher du doigt, pour ainsi dire, le mécanisme, à la fois énergique et ininter- rompu de l'érosion subaérienne. A ce titre, les faits qu'elles nous révèlent viennent s'ajouter à ceux que Pou- let Scrope, à la suite de Daubuisson de Voisins, a si admi- rablement décrits pour notre Plateau central, et suffisent pour faire condamner à tout Jamais leshypothèses de ca- taclysmes diluviens qui tiennent encore cependant au cœur de quelques géologues. Si l’on cherche à comprendre comment les masses constitutives de cette coupe de Mléty ont pu prendre les situations relatives qu’elles nous présentent aujour- d'hHui, on arrive sans peine à y retrouver les témoi- gnages de deux régimes très différents qui ont régné sur le même point : d'abord un régime fluviatile d'où datent le galets, puis un régime volcanique auquel se rapporte la coulée. Mais on en conclut en même temps de remarquables changements dansle profil de la surface du sol et c’est là le point sur lequel aujourd’hui il convient de fixer notre attention. En effet, les galets et les graviers ont été nécessai- rement charriés sur une ligne de thalweg et le point qui maintenant est en saillie sur le niveau général du pays était au contraire à cette époque encadré par des reliefs qui dirigeaient le cours d’eau. La lave volcanique s’écou- lant des hauteurs a de même été sollicitée par la décli- vité du terrain et est venne s'étendre dans le lit fluvial dont elle a recouvert les pierrailles. Mais depuis lors, et sans qu'ii y ait eu aucun change- ment dans l’économie de la région, les choses ont pris un tout autre caractère et l'ancien thalweg est devenu une crête entre deux dépressions où circulent les eaux et où circuleraient les laves, si les foyers volcaniques en ame- naient quelque jour à la surface. C’est que le puissant revêtement d’andésite s’est constitué à l’état d’organe pro- tecteur du terrrain qu'il recouvrait, contre les entreprises continues des agents le dénudation. Ceux-ci ont d’abord abaissé progressivement le relief des deux lignes de faite bordant le cours fluvio-volcanique à droite et à gauche et il y à eu un moment où, pour chaque point de ce cours, la dépression n'existait plus. Puis peu à peu le Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. sens de relief relatif a changé et le thalweg s’abais- sant très peu, à cause de sa résistance, il a fait petit à petit saillie sur le pays d'alentour. Une semblable constatation suffirait pour montrer comment les théoriciens ont commis souvent de graves erreurs en voulant préciser par exemple les phases suc- cessives de l'érosion, et surtout en cherchant à montrer comment par le jeu des forces en action dans un cours d’eau, la forme du sol marche vers un profil d'équilibre “qui sera définitif. On voit qu'il suffit d'un incident comme l'arrivée d’une coulée de lave pour que toute cette évolution soit compromise par la substitution des points résistants aux pointsles plus faciles à attaquer aux débuts. Le même résultat sera atteint dans certains cas par le décapage même du sol qui mettra au jour des Lits de dénudation difficile et par conséquent reportera sur des lignes nouvelles le maximum de l’action érosive. C’est l’occasion de répéter qu'une illusion très regret- Berge gauche de l’Aragwa, à Mléty; versant sud du Caucase, montrant une coulée d'andésite superposée à une nappe de diluvium. - table de beaucoup de théoriciens, a été de raisonner comme si le cours d’eau existait seul, indépendamment de tout le système des eaux ruisselantes et des eaux d’infiltra- tion dont il n’est en réalité qu'un tout petit détail. Il faut au contraire se pénétrer de cette idée que la surface du sol est le siège de la circulation d’une nappe d'eau quiest en partie tout à fait superficielle, mais quile plus ordinai- rement est séparée de l'atmosphère par un mince revête- ment de matériaux désagrégés par les agents de dénuda- tion. Cette nappe, à peu près continue, est animée d'un mouvement incessant dont la vitesse varie en chaque point d'après la pente de substratum imperméable, d’après la porosité du sol mouillé et d’après l'abondance de l'alimentation atmosphérique. C’est cette nappe qui mo- dèle la surface du sol et lui donne le profil, changeant à chaque instant, d'où résultent les traits des paysages. Quand le revêtement perméable n’est pas trop épais, la ligne de plus grande vitesse de l'écoulement coincidant avec le thalweg, se mouille assez pour que le liquide constitue un cours d’eau, qui n’est bien, comme on le voit, 210 qu'une petite partie, douée de qualités spéciales, de la nappe générale. Dès lors chaque cause locale qui modifiera l'économie de cette nappe, soit dans sa partie tout à fait superficielle de ruissellement où elle est formée des eaux sauvages, SOit dans sa partie cachée où elle est formée des eaux d'infil- tration, se traduira, ou pourra se traduire, par des modi- fications dans la forme, dans la situation et dans l'allure du filet visible, c'est-à-dire du cours d’eau. Et c’est par cette considération que s’expliqueront comme d'elles- mêmes des particularités auxquelles d'habitude on n'at- tribue pas toute l'importance qu'elles méritent. Dans l’histoire de l'érosion fluviaire, on est ordinaire- ment porté à considérer l’eau des rivières et des fleuves comme s’écoulant, passivement pour ainsidire, sous l'in- fluence de la pesanteur et comme si cette eau n'était pas animée en chaque point d’une vitesse qui lui vient des particularités des régions supérieures de la nappe aqueuse. La conséquence,c'est qu'on sela figure toujours empressée à gagner les points les plus bas, qu’elle tendrait d'ailleurs à combler à l'aide de matériaux fournis par les points hauts jusqu’à ce qu’elle ait donné à son lit le fameux profil d'équilibre que l’on sait. Mais il suffit d'ouvrir les yeux pour voir que, dans une foule de cas, l’allure de la rivière ne répond pas à cette description ; il semble par- fois qu’elle éprouve comme une attraction de la part de certains points hauts, auxquels elle s'attaque jusqu'à ce qu'elle en ait eu raison et qu'elle se fraye un chemin au travers de leur masse. Parmi les innombrables exemples qu’on pourrait citer je choisirai celui de la Seine aux environs d'Elbeuf par- ce qu'on est là aussi loin que possible de toute région tor- rentielle. On y voit le fleuve attaquant sans relâche le pied de hautes falaises qui bordent sa rive gauche. l'érosion se poursuit sans cesse et des points très hauts du pays et qu'on aurait dù croire à l'abri de l'érosion fluviaire ont déjà disparu, pendant que d’autres sont des- linés à disparaitre plus où moins prochainement. Il y a ici diminution et suppression possible du haut relief miné par la base et, par conséquent, substitution du lit du fleuve à une ligne de partage des eaux. Ce phénomène, si éminemment favorable à des incidents comparables à ceux qui accompagnent la capture des rivières, est évi- demment incompatible avec la théorie d'apparence si savante, mais en réalité si inexacte, à laquelle nous fai- sions allusion tout à l'heure. Tout concourt à démontrer que dans les régions soumises au régime sus-aérien, l'érosion n’a pas de « terme » : l'usure du sol se continue, en changeant le siège de son maximum, et amène d’elle- méême,et comme conséquence du nivellement qu’elle tend à produire, la constitution de nouveaux reliefs relatifs destinés à disparaitre à leur tour. On voit dans la coupe de Mléty que les thalweg peuvent, en certains cas, devenir, par le cours naturel des choses, ces lignes de relief : cet exemple dispense d'en chercher d'autres, parmi ceux qu'il est au contraire nécessaire de réunir dans le plus grand nombre possible pour préciser les détails de cette magnifique histoire de l’érosion si essentielle à la physiologie terrestre et parfois si incom- plètement comprise. STANISLAS MEUNIER. LE NATURALISTE L'INFLUENCE DES COULEURS SUR LA PRODUCTION DES SEXES M. C. l'lammarion a adressé, le mois dernier à l'Académie des Sciences, une note curieuse sur l'influence des couleurs sur la production des sexes, note que nous nous faisons un plaisir de donner ci-après : «Au mois de mars 1894, j'ai annexé à l'Observatoire de Juvisy une Station de recherches spéciales, ayant pour objet l'étude des radiations solaires et de leurs actions si multiples sur les êtres vivants. Les résultats obtenus, dès l'été de cette année-là, sur la variation rapide des dimensions, des formes et des cou- leurs d'un certain nombre de plantes, ont constitué une nouvelle branche de physique à laquelle on a donné le nom de radiocul- Lure. J'ai eu l'honneur de signaler à l'Académie (16 décem- bre 1895) quelques-unes des expériences faites, notamment sur les sensitives, qui atteignent une taille quinze fois plus élevée sous les radiations rouges que sous les radiations bleues. « Les transformations si curieuses et si inattendues observées sur un grand nombre d'espèces de plantes (Coleus, Strobilanthes, Géraniums, Crassulas, Althermantheras, Begonias, Lobelias, Laitues, ete.) m'ont conduit à rechercher si les diverses radia- tions du spectre solaire n'auraient pas certaines influences sur les animaux. Je signalerai aujourd'hui les résultats constatés sur les vers à soie, en ce qui concerne la proportion des sexes. « Le 12 juin 1898, nous avons placé sous diverses radiations,- soigneusement examinées au spectroscope, des vers à soie ré- cemment éclos. Celle première expérience, publiée au Bulletin du Ministère de l'Agricullure, à montré que, pour le poids des cocons, l'obscurité est défavorable, tandis que: l'orangé et le rouge sont favorables. Les papillons sortis de ces cocons ont donné de nombreux œufs, desquels de jeunes vers sont sortis, du 28 avril au 23 mai 1899. 720 larves ont été placées dans douze casiers recouverts d'un verre spécial examiné au spectroscope. Je ne m'occuperai ici que des sexes des papillons. « Déjà indiquées par les observations de 1899 et 4900, les différences correspondant aux diverses couleurs paraissent main- tenant affirmées. à « À l'air libre et sous le verre incolore, la proportion est voi- sine de 50 pour 100, comme on pouvait sv attendre. Il en est de méme dans le rouge clair et dans le vert clair. « Les couleurs foncées paraissent agir notablement, au con- traire, sur la proportion des sexes, ainsi que l'obscurité, en don- nant aux mâles une prédominance marquée. Voici les résultats obtenus cette année, à la troisième génération, les œufs de chaque année étant conservés, et les jeunes vers qui en éclosent étant mis en observation, chaque printemps suivant, dans les mêmes casiers coloriés. MALES FEMELLES! e Pour 100 Pour 100 BleurClann eee SRE ENAEArArEn 57 43 Obscurité sous feuille d'étain...., 58 49 Mioletrelaie ere ARCS DS 42 Mioletifonceé LME Er 62 38 Obscurité sous Carton...:.,.1...: 63 37 Blé AOC RE ANeNOPTREReRE 63 of CO DEEE EN RS A PES PE NE 64 36 Rouge foncé eus Me PV 68 32 « L'expérience a été faite pour chaque casier sur 66 individus. Les différences sont toutes dans le même sens et si marquées. que, selon toute probabilité, elles ne sont pas dues au hasard. « Pendant toute la durée de l'expérience, les larves de Bom- byx ont été nourries abondamment de feuilles de mürier eb exposées à la même température. « J'ai voulu savoir si quelque variation dans le mode d'ali- mentation agirait, et J'ai essayé l’albumine, ies phosphates, le M sucre et le sel, en imprégnant les feuilles de murier dans ces so- lutions. Les vers soumis à ces divers modes d'alimentation ont M {ous succomhé au bout d'une dizaine de jours: be LE NATURALISTE 211 ————_ « Un autre essai a, au contraire, confirmé la série précédente, en la variant un peu (1). « Nous avons soumis un certain nombre de vers à soie à un régime de nourriture restreinte, et voici les résultats observés MALES FEMELLES Wiolettionce: ALL Mr. ii 58 42 BTOC ATEN Mer Le een ee 63 31 IE HORAIRE 65 35 NHOleRClAITe see Pre ee ee 17 23 « On voit que, pour la dernière couleur, la différence est consi- dérable. « Aucun verre violet n’est achromatique. Ils laissent passer toutes les couleurs, notamment le rouge. D'un autre côté, un grand nombre d'insectes ayant succomhé sous ce régime, l'expé- rience n’a été faite que sur 45 individus pour chaque couleur. Ces résultats ne sont donc présentés que comme préliminaires: intéressants par leur concordance. « Remarquons que, pour les deux séries, les individus en observation ont été au nombre de 111. « Ces deux séries, concordantes en principe, n’indiqueraient- elles pas que la surabondance des mâles peut être due tout sim- plement à ce que les couleurs tempérent les larves et diminuent leur appétit ? « Il serait assurément prématuré de tirer aucune conclusion de physiologie générale, Cependant nous pouvons remarquer que, si l'œuf n’est pas sexué par la fécondation, et si le sexe peut être déterminé par des circonstances extérieures, l'antique problème de la production des sexes reçoit ici un commencement d’élucidation (2) ». LES PLANTES-ANIMAUX Il ne s’agit pas ici des Zoophytes, des Coraux autre- fois considérés comme des plantes, mais dont la nature animale, depuis longtemps déjà reconnue, ne laisse plus prise au moindre doute. Il sera question de végétaux, d'êtres n'ayant rien de commun, ni de près ni de loin, avec le règne animal, mais que des conditions de milieu, de parasitisme, une conformation plus ou moins bizarre, _ont fait distinguer et auxquelles, à des époques d’igno- rance et de naiveté, on à pu attribuer une origine mixte, tenant à la fois de la plante et de l'animal. C’est ie cas d'une série de curieux champignons, qui aiment à se développer sur le corps de certains insectes et que l’on rapporte au genre Cordyceps. On rencontre assez fréquemment, sur le sol de nos bois ombragés, des sortes de massues d’un beau rouge écar- late, qui semblent sortir de terre. Si l’on écarte soigneu- sement les mousses et les détritus végétaux, on voit que ces clavules aux brillantes couleurs adhèrent intimement au corps de diverses espèces de chenilles de Lépidop- tères. Faites une coupe fine à travers les granulations qui donnent aux massues un aspect rugueux et vous y décou- (1) Certains statisticiens assurent que, après les. années de guerre, la natalité des garçons surpasse de beaucoup celle des filles, ce qu'ils attribuent non pas à une loi de la nature destinée à combler les vides, mais aux privations, aux misères, aux ruines qui accompagnent le fléau de la guerre, et, comme con- séquence, à une diminution de la richesse de l'alimentation des couples progéniteurs. Les pays les plus pauvres paraissent éga- lement les plus féconds en garçons. (2) Ces expériences ont été faites avec le concours de M. J. Loisel, licencié ès Sciences, préparateur à la Station. vrez des asques renfermant des spores filiformes, très allongées, se séparant facilement en une série de petits articles transparents. C’est du Cordyceps militaris (Li.), qu'il s’agit. Les Staphylins, les Sphinx, les Bombyx, les Cygales, les Carabes, les Fourmis, les Orthopteres, les Diptères, des Coccus même sont sujets aux attaques de champignons analogues, dont le nombre est assez élevé. L'animal peut vivre avec son parasite pendant quelque temps. Il présente un singulier aspect à cette période de parasitisme ; il est devenu un être nouveau qui a parlé à l'imagination des gens peu observateurs. Les guëpes ainsi attaquées portent, dans les colonies, le nom de Guépes où de Mouches volantes. Les dimensions de ces champignons sont des plus variables. Ainsi, le Cordyceps pistillariæformis B. et Br., qui habite les femelles des Cochenilles sur les Ormes, les Prinos, les Frènes, en Angleterre et aux États-Unis, ne dépasse guère quatre millimètres de hauteur. Le C. Curculionum Tul. qui s’at- taque à des Curculions du Pérou, atteint deux centi- mètres ; le €. australis peut aller jusqu’à cinq centimètres de même que le €, militaris dont nous avons parlé plus haut. Le géant du genre est le Cordyceps Hugelii Corda — une des curiosité des collections mycologiques — dont le stipe, sortant du corps des larves de l'Hepialus vires- cens et de quelques autres Bombycides de la Nouvelle- Zélande, ne mesure pas moins de quinze à vingt centi- mètres. La portion qui supporte la massue est étroite, ligneuse et coriace. On concoit que des plantes aussi bizarres, animées de mouvement, quand elles sont emportées par desinsectes dans leurs vols, et plongeant leurs racines dans une che- mille ou toute autre larve, ait de tous temps frappé l’ima- gination des peuples peu civilisés. Aussi ces productions de nature mystérieuse ont-elles — quelques-unes du moins — joué un rôle important dans la médecine des peuples de l’Extrème-Orient. C’est le cas du Cordyceps sinensis Berk. qui passe en Chine pour un hémostatique de premier ordre. Le Hea-Tsao-Taog-Chun — un nom bien harmonieux et bien facile à prononcer, ne trouvez-vous pas! — est, dans certaines régions, assez rare, pour être employé exclusivement par les grands personnages. Au Thibet, d'après des échantillons que j'ai sous les veux et réunis par petites bottes d'une douzaine, on lappelle Yertsa Gunbou. La chenille, qui leur sert de base et de lieu d'élection, est, paraît-il, comestible en Chine. Mon ami Patouillard, le mycologue bien connu, a fait connaître, il y à quelques années, un curieux Cordyceps japonais qui vit entre la tête et le corselet d’un insecte hémiptère. Les naturalistes Japonais, intrigués par cette singulière production, se sont tirés d’affaires en disant que « cet insecte paraît être insecte en été et plante de couleur violette en hiver ». C’est, en effet, pendant l'hiver, que le parasitisme apparaît et que le champignon atteint son développement complet. Voici d’ailleurs ce qu'en dit un savant du cru qui a publié un petit livre sur les productions de Tchikongo : « En Tchikongo, sous-pré- fecture de Rox-Mu à Yabemoura, montagne de Miya- Kouano, on trouve un insecte qui, en été, se remue, s'agite et vole, et en automne se change en plante; la racine en est de couleur violette ». En raison de la dis- position penchée de la clavule fructifère, on a doné à ce champignon le nom de Cordyceps nutans. Les plantes, dont nous avons à parler maintenant n’ont plus avec l'animal que des rapports absolument vagues, des traits de ressemblance extérieure qu’on ne peut trouver plus 212 qu'avec beaucoup de bonne volonté. Il s’agit du Baromèz ou de l’Agneau de Scythie, bien connu déjà au Moyen Age. Ce fameux agneau n’était en réalité que le rhizome recouvert de poils d'une fougère, le Cibotium Baromet Kaulf, originaire de l’Assam, du sud de la Chine et de la Péninsule malaise. Ce nom provenait de ce que cer- tains échantillons, portaient encore les bases des pétioles, qui représentaient la queue et les épaules d’un agneau. Il est peu de végétaux qui aient donné lieu à des fal:les plus étranges que cet agneau de Scythie. Écoutez plutôt ce qu'en disait, en 1619, le docte Nicolas Monard, en son Histoire de simples médicamens apportés de l'Amérique des- quels on se sert en la médecine (traduction par Anthoine Colin, maistre apothicaire juré de la ville de Lyon). On trouve dans ce curieux ouvrage, un chapitre « Des Bora- metz de Scythie ou Tartarie » auquel je me permettrai de faire quelques emprunts. Et d’abord cette introduction qui ne manque pas de saveur. « Amys lecteurs, je crois qu'entre les plus estranges et esmerveillables arbres, arbustes, plantes et herbes, qu'a autrefois produicts et pourra produire la nature, ou plutot Dieu mismes, en toutes les choses de cet univers; il ne se peut et pourra à Jamais trouver ou voir, de tels et si dignes d’admiration et contemplation, que ces Borametz de Scythie et de Tartarie, lesquels sont vrays zoophytes, ou plantes-animaux vivants et sensitifs, voire brottanset mangeans comme les animaux à quatre pieds : et des- quels s'ils n’estoient asseurez d’estre à présent en nature par grands et scavans personnages, je ne voudrois en faire la description, ainsi plustost la laisserois en arrière comme une chôse fabuleuse, et controuvée à plaisir... » Toujours d’après Monardes, le Talmud de Jérusalem aurait parlé du Borametz. Il y aurait «en nature une certaine contrée de la terre, laquelle -portoit un certain zoophite ou plante-animal, appelé en langue hébraïque Jeduab, du milieu, ou plus tost du nombri duquel il sor- toit une tige ou racine, par lequel, ainsi qu'une citrouille, ce zoophite ou plante-animal estoit fiché ou attaché dans le solage de la terre, et que tant que la longueur et grandeur de cette tige ou racine se pouvoit étendre, ce zoophite ou plante-auimal ravissoit ou dévoroit en rond tout ce qui estoit près de lui, et que les chasseurs ne le pouvoient prendre ou emporter, si à grands coups de flesches et de traicts ils ne venoient à coupper la dicte tige ou racine, laquelle estant couppée iücontinent ledict zoophite ou plante-animal tomboit en terre et venoit à mourir...» Celui qui mettait en sa bouche un os du susdit animal se trouvait de suite «ravy d'un espoir divin et prophétique et prédisoit plusieurs chôses ». Un chroniqueur du xvi* siècle, qui avait été ambas- sadeur de Charles Quint « vers le grand Czard ou duc de Moschovie », affirme même que la semence d’où nait le Borametz ressemble à celle du Melon, mais un peu plus grande et plus longue. Guillaume Postel, « homme qui scavoit beaucoup » avait entendu dire qu'à Samarcande et dans la région de la mer Caspienne, croissait une certaine plante, qui était un zoophyte ou plante-animal. On apportait dans les bazars ses racines « desquelles aucuns musulmans se servent au lieu de fourrures pour doubler de petits bonets, dont ils couvrent leurs testes rases et pour mettre sur leurs poitrines ». Scaliger et Gérome Cardan, qui avaient l'habitude de réfléchir avant de parler et d'écrire, se sont montrés quelque peu incrédules, et ont trouvé d’abord absurde et ridicule la fable de PAgneau de Scythie. Malgré cela, LE NATURALISTE l'esprit du temps aidant, ils ont coufessé « qu'en un lieu rempli d'air crasse et espais (tel qu'est celuy de Tartarie), ces Borametz vrays zoophites ou plantes-animaux, pou- voient estre et se trouver en nature, aussi bien que les esponges, urtiques, Où orties, poulmons de mer, et autres lesquelles un chacun scait estre vrays zoophites ou plantes-animaux ». La poésie n’est pas restée non plus en arrière, Ecoutez Salluste du Bartas, en ses Semaines de la Création, le joyeux et facétieux du Bartas, qui appelait le soïeil le Grand archiduc des chandelles : O merveilleux effect de la dextre divine, La plante a chair et sang, l’animal a racine. La plante comme en rond, de soy mesme se meust, L'animal à des pieds, et si marcher ne peut, La plante est sans rameaux, sans fruict et sans fucillage, La plante a belles dents paist son ventre affamé Du fourrage voisin, l'animal est semé. Selon la mode du temps, le chapitre de Monardes re- latif au Boramet, ne pouvait se passer d’un sonnet « faict par un aussi bon poète Ivonnois, comme aussi médecin très célèbre de notre siècle » : Plustôt monstre que plante, et plante autant que beste, Le Scythe me void naistre et m'admire naissant, Semblable à un agneau, à l'heure que paissant, L'herbage désiré, dans les prez il arreste. L’advantage que j'ay de paroistre animal, Me fraude du bonheur de vivre en végétal, Et l'un et l’autre m'est, plante et beste inutile. P. Harior. A PROPOS DE L'ARTICLE DE M. PONTIER SUR LES ÉLÉPHANTS QUATERNAIRES Je viens de lire l'intéressant article de M. G. Pontier (Natu- raliste n° 347) sur les Éléphants quaternaires. Je me permets d'observer (ce que j'ai écrit autrefois) que plusieurs des diffé- rences qu'on croit trouver dans les dents de l'Elephas antiquus sont dues à l’âge et à l’état de développement de l'individu et à l'érosion que les dents ont supportée. Une dent (par exemple) comme celle figurée (p. 187, fig. IT) paraît formée de sept séries de lames transverses d’émail et de quatre séries de lamelles arrondies. Eh bien, avec l'érosion celles-ci iront se réunir, car, dans l’exemplaire figuré elles ne représentent que les extrémités des lames qui ne sont pas encore usées,et elles se transformeront en des lames transverses comme les autres, tandis que, dans la partie postérieure, on verra apparaître d’autres lames, aupara- vant de forme arrondie, ensuite de forme transverse. Or le dé- veloppement de chaque dent, jusqu'à un certain point, dépend non seulement de l’âge de l’animal, mais de sa santé, de son embonpoint et même de l'espèce et de la qualité de sa nourri- ture. Il faut ajouter que l’elephas anliquus est une espèce assez plastique, et on réussit ainsi à lui référer plusieurs types qui ont été rapportés à des espèces différentes. D'ailleurs il faut réfléchir que l'éléphant de l’Inde change ses | dents jusqu'à huit fois. Les dents nouvelles repoussent et rem- M placent celles hors de service. Le même phénomène dut se véri- M lier pour l'E. antiquus. Or les dents renouvelées présentent des M différences qui ne sont pas constantes, car chaque dent est plus ou moins développée, selon l’état de l'animal, selon sa nourri- M ture et même selon le temps plus ou moins long qu’elle a séjourné dans la bouche de l'animal. C’est par ces raisons que plusieurs M paléontologues, même très distingués, ont équivoqué en propo= 4 sant des noms différents pour la même espèce. ï Marquis ANTOINE DE GREGORIO, de Palerme. LE NATURALISTE 213 DESCRIPTION D'UNE PLANTE NOUVELLE UMBELLIFERÆ LASERPITIEÆ ROUYA, nov. gen. Calycis dentes prominuli, acutissimi, persistentes, demum in- durati et inflexi, stylopodiis longiores. Petala obovata vel sub- orbicularia, ungue brevissimo munita, acumine inflexo vix emarginata. Stylopodia parum dilatata. Fructus (cum alis) ova- tus, dorso valde compressus. Mericarpia dorso leviter convexa, facie plana. Juga primaria obscura (lateralia in commissura la- tentia); secundaria in alas verticales undulatas expansa (dorsalia lateralibus angustiora, sed semper bene evoluta). Vittæ sub jugis secundariis solitariæ, sectione irregulares; commissurales 9, alte- rutra vel utraque interdum bipartita. Carpophorum usque ad basim bipartitum. Semen dorso subconvexum, facie leviter con- cavum. Herbæ mediterraneæ littoris maritimi incolæ. Folia ternatim decomposita. Umbella centralis mediocris, po- lÿgama; cujusque umbellulæ flores exteriores hermaphroditi Jongius, interiores masculi brevius pedicellati. Umbellæ late- rales minores, plerumque masculæ. Involucri bracteæ sæpius tri- fidæ, persistentes ; involucellorum bracteæ integræ vel subinte- græ, persistentes. Flores flavescentes. Genus affine Thapsia et Laserpilio; a pricre differt stylopo- dis, calyce, jugis secundariis dorsalibus alis bene evolutis sem- per instructis, involucro et involucellis; à postoriore distin- guitur habitu, statione,stylopodiis haud dilatatis, calycis dentibus prominulis, petalis integris aut lævissime emarginatis, semine minus Crasso ; a duobus floribus polygamis, masculis magis nu- merosis. Je dédie ce nouveau genre à M. Rouy qui termine en ce mo- ment, de concert avec son collaborateur M. E.-G. Camus, les Ombellifères de la Flore de France et qui, je l'espère, voudra bien l'y admettre. Il ne comprend qu'une seule espèce qui à été mise tantôt parmi les Thapsia, tantôt parmi les Laserpitium. En voici la description : Rouya PoLyGama. Thapsia polygama Desf. FL. AIL I, p- 261; Laserpilium Carcta Boiss. an. se. nat., 1844 (Voy. Esp. p. 13%). — Ic. : Desf. F1. All. Tab. 15 (mala). — Tige de 30 centimètres et plus, rameuse, striée, hispide. feuilles infé- rieures assez nombreuses, bi-tri-pinnatiséquées, à derniers seg- ments ovales, lobulés, glabres, d’une consistance assez ferme ; pétioles striés, non comprimés latéralement, velus à la base; gaine hispide; les feuilles décroissent rapidement le long de la tige et sont de moins en moins divisées avec les segments étroits et entiers. Ombelle centrale médiocre, à 10-12 rayons environ; in- volucre composé de 5-7 folioles lancéolées, ciliolées à la marge, souvent trifides au sommet. Ombellules à involucelles composés de folioles ordinairement au nombre de 5, lancéolées-linéaires, le plus souvent entières, membraneuses et ciliées sur les bords, plus courtes que les fleurs hermaphrodites, mais dépassant les fleurs mâles. Les fleurs extérieures sont hermaphrodites et lon- guement pédicellées ; les fleurs du centre beaucoup plus courte- ment pédicellées sont mâles par avortement du gynécée. Om- belles latérales plus petites et ne portant en général que des fleurs mâles. Calice à 5 dents deltoïdes, acuminées très aiguës, dépassant légèrement les stylopodés; elles sont un peu accres- centes, deviennent presque piquantes à la maturité et s'inflé- chissent en dedans. Pétales blancs (Battandier), pallide flava (Desfontaines), jaunâtres à la dessiccation, presque égaux, non rayonnants, à lobule aigu replié en dedans et laissant le bord supérieur entier ou faiblement émarginé; ils ont 1 millimètre el demi environ, sont ovales-suborbiculaires et rétrécis en un onglet très court.. Stamines à anthères suborhiculaires; filets fili- formes de 2 millimétres environ; styles s’élevant brusquement au-dessus des stylopodes peu dilatés, déjetés après la féconda- tion. Stigmates non capités. Le fruit est tel qu'il est décrit dans la diagnose du genre ; les ailes latérales sont plus larges que la graine; elles sont minces, transparentes, émarginées, subaiguës en haut et en bas, érodéces-denticulées sur les bords et en outre striées en travers; elles ont 9 millimètres de haut sur 3 de large ; les dorsales sont deux fois plus étroites. Bandelettes grosses, ir- régulières, cachées dans la base des ailes, les commissurales souvent partagées en deux dans la partie moyenne du fruit : une section transversale en montre alors 3-4. La graine mesure 6-7 millimètres: sa section transversale a 2 millimètres dans un sens et un peu plus d'un demi dans l’autre. Hab. — Arcérie : Baie des Caroubiers près Bône (Cosson)! Bône (Desf., Batt.); La Calle (Batt.). Tunisie : Embouchure de l'Oued-Barka, Tabarque, etc. (Bonnet et Barratte) ; Corse, Porto- Vecchio (feste Rouy)! A. ps Corncy. L'AQUARIUN D'EAU DOUCE Les Mollusques d'eau douce. Les mollusques d’eau douce sont assez nombreux en espèces, aussi bien les Gastéropodes que les Acéphales. Les premiers sont divisés en deux groupes, les pulmonés et les branchifères. Les premiers respirent au moyen d’un poumon, les seconds à l’aide de branchies. Je m oc- cuperai seulement des pulmonés qui vivent fort bien en aquarium et s’y reproduisent tandis que les seconds ne résistent que peu de temps à un séjour dans une eau stagnante plus où moins désoxygénée, Quant aux mol- lasques acéphales, je ne donnerai, fidèle au plan que je me suis tracé, que quelques détails sur les Mulettes, qui vivent dans le sable de nos cours d’eau, et vivent le plus longtemps dans une eau non courante. Les pulmonés comprennent les genres Limnée, Pla- norbe, Ancyle et Physe. Les Limnées. — G. Limnea. Les Limnées, comme les Planorbes avec lequel elles vivent dans les eaux stagnantes, aussi bien que dans les eaux courantes, prennent à la surface de l’eau l’air né- cessaire à leur respiration mais il est à remarquer, comme le fait observer Sicard (1) que l'organe pulmo- naire, chez ces mollusques, peut facilement fonctionner comme une chambre branchiale. La coquille des Limnées, oblongue ou turriculée, est mince, plus ou moins transparente, à spires générale- ment sallantes. Leurs tentacules au nombre de deux, sont courts, aplatis. Leur pied, de forme ovalaire ou arrondie, est attaché par un pédicule très court, C’est à l'aide de cet organe qu’elles rampent assez vite sur e pierres, les tiges ou les feuilles des végétaux aquatiques. Elles peuvent aussi nager et, dans ce cas, elles se tien- nent renversées à la surface de l'eau. Les Limnées peuvent vivre assez longtemps hors de l'eau. Jlest même des espèces qui passent une partie de leur existence surle bord des mares. Elles se nourrissent de végétaux aquatiques et, en particulier, de conserves et de lentilles d’eau. Leurs œufs sont ovoides, transpa- rents, entourés d’une matière gélatineuse et groupés en masses allongées que l'animal fixe après les plantes. Il est des Limnées qui atteignent une assez grande taille. Leurs espèces sont nomb:euses et viveut fort bien en aquarium. Nous citerons la Limnée glutineuse, grosse espèce dont la coquille ovoïide, globuleuse, mince, lui- sante, d’un carné pàle, à sa spire composée de trois à quatre tours dont le dernier forme à lui tout seul lu presque totalité de la coquille. On trouve cette Limnée 214 dans plusieurs de nos départements. Elle vit dans les eaux dormantes des fossés. La Limnée auriculaire se rencontre dans les bassins, les mares, les canaux ; on la trouve dans plusieurs de nos départements, le Nord, la Moselle, la Somme, la Seine- Inférieure, les Landes, ete. C’est une espèce dont les mouvements sont lents et qui porte sa coquille horizon- talement dans la progression. Sa coquille est ovoide, globuleuse, à stries longitudinales et de couleur carnée. Spire composée de trois à quatre tours, très convexes ; le dernier est considérable et forme presque toute la co- quille. Œufs réunis en paquets allongés. La Limnée slagnale vit dans les étangs, les mares, les fossés, ses mouvements, comme ceux de l'espèce précé- dents sont lents et comme elle, aussi, elle tient, lors- qu'elle progresse, sa coquille presque couchée. Cette der- nière est ovoide, oblongue, ventrue, mince, luisante, car- née où d'un brun plus ou moins foncé. Sa spire est composée de cinq à huit tours dont le dernier forme à lui seul les deux tiers de la coquille. Les Planorbes. — G. Planorbis. Les Planorbes vivent dans les eaux stagnantes. On les trouve un peu partout, dans les étangs, les mares, les bassins des jardins. Ils peuvent ramper et nager et, dans ce dernier cas, ils se trouvent renversés à la surface de l’eau. Comme forme, ils rappellentles ammonites, Leur coquille mince, le plus souvent d’un brun noirâtre, est discorde et à tortillon enroulé sur le même plan. Les Planorbes ont des antennes longues, sébacées. Leur pied est ovalaire, étroit, court, attaché par un pédi- cule long et grêle. Ces mollusques se nourrissent de plantes aquatiques. Leur coquille peut largement les contenir, aussi lorsqu'on les irrite peuvent-ils, en se contractant, se réfugier dans ses profondeurs. Le groupe des Planorbes compte douze espèces fran- çaises que toutes vivent bien en aquarium et s'y repro- duisent. Les œufs sont globuleux, transparents, réunis en petit nombre dans des capsules orbiculaires mucoso- cornées, un peu transparentes et jaunâtres. Ces capsules sont fixées aux pierres et aux plantes submergées. La plus grosse espèce est le Planorbe carné, Planorbes carneus, qu'on trouve dans presque toute la France. Sa coquille opaque est d’un brun olivâtre, en dessus jau- nâtre, roussâtre ou blanchâtre en dessous, sa spire est composée de cinq à six tours très convexes en dessus et en dessous allant rapidement croissant. Les Physes. .-- (7, Physa. Les Physes vivent dans les eaux pures, stagnantes ou non; on les rencontre sur les bords des ruisseaux, des cours d'eau, sur les végétaux aquatiques, les parois des bassins. Elles rampent et nagent et, dans ce dernier cas, se tiennent renversées. Leur nourriture est végé- tale. Les Physes ont une coquille mince, transparente, ovale, à spire plus ou moins aiguë et à dernier tour beaucoup plus grand que tous les autres réunis. Leurs tentacules sont longs, filiformes. Le pied, en forme d’ovale allongé, est peu développé; son pédicule est court et large. Leurs œufs hyalins sont groupées en petites masses LE NATURALISTE arrondies où ovoides, masses que l'animal fixe aux corps solides submergés. Il existe en France plusieurs espèces de Physes, espèces qui, comme le fait remarquer avec rai- son Moquin-Tandon, forment avec les Planorbes et les Limnées un petit groupe naturel auquel il faut rattacher les Ancyles. Elles ressemblent aux Planorbes par la posi- tion senestre des orifices et aux Limnées par la forme de la coquille. Deux espèces sont particulièrement communes dans presque toute la France. Ce sont la Physe fontinale Physa fontinalis et la Physe des mousses, Physa hypno- rum. La Physe fontinale a une coquille ovoide, ventrue, transparente, brillante et de couleur carnée. On ja ren- contre dans les ruisseaux, les sources, les fontaines. C'est aux milieu des végétaux aquatiques, tels que cha- ras, fontinelles, qu'il faut la chercher. Les Mulettes. — G. Unio. Le genre Unio compte plusieurs espèces en Europe, espèces qui toutes vivent dans les eaux courantes. La plus intéressante à certains égards est la mulette per- lière, Unio margarilifera, qu’on trouve dans un assez grand nombre de cours d’eau. Elle vit dans le Port, le Tay le Dan, en Écosse. Les rivières des comtés de T'yrane et de Donegal en fournissent. On en pêche, en Allemagne, dans le Rhin, l'Isle et en France dans la Loire et la Charente. Sous le règne de Louis XIV, la pêche de ces mol- lusques se pratiquait, dans le dernier de ces cours d’eau, sur une assez vaste échelle et la ville de Saintes dans la province de Saintonge se faisait particulièrement remar- quer par les nombreux bijoux ornés de perles de mu- lettes qui sortaient des mains de ses joailliers. Vers la même époque on pouvait voir en Irlande, pendant la saison douce, un grand nombre de personnes occupées à la récolte des mollusques en question. Suivant Red- ding, il se vendait chaque année, dans le comté de Ty- rane, une assez grande quantité de perles dont quelques- unes étaient fort belles et présentaient une dimension telle qu'une d’entre elles, si l’on en croit cet auteur, aurait pesé 36 carrats. Les mulettes perlières vivent dans le sable ou la vase des cours d’eau, et ne s’attachent jamais, comme le font les huîtres, aux corps submergés. : La Mulette des peintres. — Unio pictorum. Très voisine de la mulette perlière, vit comme elle dans nos cours d’eau. Les peintres conservent certaines de leurs couleurs dans les valves de ce mollusque qui produit aussi des perles de petite dimension dont la valeur,au point de vue commercial, est nulle ou presque nulle, R. BoULaART. LE NATURALISTE 215 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OÙ PLANTES TREMULA...... SAME ATIEOLIAS:2 22 L00n NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES æ Peuplier Harpyia Erminea Esp. Natodonta Dictæa L. Dictæoides Esp. Zigzag L. Tritophus $S. V. Torva H. Pterostoma Palpina L. Gluphisia Crenata Esp. Clostera Anastomosis L. Curtula L. Anachoreta $. V. Reclusa S. V. Cymatophora Ocularis L. OMASEAVE Duplaris L. Flavicornis L. Acronycta Leporina L. Megacephala $. V. Alni L Asteroscopus Nubeculosa Esp. Tæniocampa Incesta Hufn. Populeti F, Stabilis $S. V. Gracilis S. V. Orthosia Ypsilon $S. V. Mucilenta H. Ocellaris Bkh. Circellaris Hufn. Tethea Subtusa S. V. Retusa L. Xylina Furcifera Hufn. Brephos Notha H. SnDRiDre Cinnamomea Bkh. Catocala Fraximi L. Nupta L. Elocata Esp. Electa Bkh. Ennomos Alniaria L. Amphidasys Strataria Hufn. — Betularia L. Boarmia Consortaria Fah. Tephrosia Crepuscularia H. Stegania Trimaculata de Villiers Lubophora Halterata Hufn. Sexalisata H. Carpinata Bkh. Hypsipetes Trifasciata Bkh. Caremia Designata Roff. Cidaria Silaceata H. Testata L. Cidaria Populata L. Philaria Gacphes Dumetata Tr. V.Daub. ANGUSTIFOLIA ......... iNemoria Aureliaria Mill. ÉXCENITISS 1.04 HIERACIOIDES ......... AJACIS, STAPHYSAGRIA. Auacis, CoNsALIDA..... PTAVUM. 02 UN SRE MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE RE D En Se en nn Chenilles Populus Juin à septembre. Juin, septembre. Juin, octobre. Juin à septembre. Juillet, septembre. Juin, août, septembre. Septembre, octobre. Mai, juillet. Mai à octobre. Mai, juin, août à oct. Juin, juillet, sept., oct. Juin, juillet, sept. Juin à octobre. Août, septembre. Juin à août. Mai, juin. Juin à septembre. Juin. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Mai, juin. Juin. Juin, juillet. Mai, juin. Juillet, août. Mai, juin. Juin, juillet Juin. Juin, juillet. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Mai, août, septembre. Mai, septembre. Juin, septembre. Jun. Juillet, août. Avril, juillet. Septembre. Juin, sept., octobre. Juillet, octobre. Juin. Phyllirea Juin. Mars. Phlomide Syrichtus Proto Esp. Anthophila Glarea Tr. Picride Anthæcia Cardui H. Pied d’Alouette Hecathera Cappa H. Chariclea Delphinii L. Pigamon Calpe Capucina Esp. Phlomis Mai. Juin. Picris Juillet, août. Delphiniam Mai, juin. Juin à août. Thalictrum Mai. Papillons Mai, juin. Mai, juillet. Mai, juin, août, sept. Mai, juin, août. Mai, juin, août, sept. Avril, mai, juill., août. Mai, août. Mai, Juin, août, sept. Mai, juillet, août. Avril, mai, juillet, août Mars, avril, août. Mai, juillet, août. Mai, juin, août. Avril à juin. Mars à mai. Février, mars, Mars, avril. Juin à août. Septembre, octobre. Juillet à septembre Juin, juillet. Juillet. Sept., octobre, print. Avril. Avril, juill. àsept., nov. Septembre, octobre. Juillet à septembre. Août, septembre. Août à octobre. Août, septembre. Mars à mai. Avril à juillet. Avril; juillet. Mars, avril, juin à août. Avril, mai, juillet, août. Avril, mai. Mai. Mars à mai. Mai à juillet, Mai, juillet, août. Mai à août. Mai, juin, août, sept. Juillet, août. Automne. Avril, mai. Juin, juillet. Juillet. Juillet. Mars, avril. Mai, juin. Juin, juillet. HABITAT FRANCAIS Toute la France. Fr. cent.etsept.Saône-ct-Loire Toute la France. France centr.,sept.etorientale. Toute la France. France centrale et orientale. France septentrionale, Alsace. Toute la France. if 168 France centrale et orientale. Toute la France. France centrale,septentrionale, Toute la France. l'rance orientale et méridionale Toute la France. Yu France centr., sept. et orient. Toute la France. France centr., sept. et orient. France centrale et septentrion. Toute la France. — Montpellier, Basses-Aipes. Cannes. Montpellier. France méridionaie. France occidentale. France méridionale. France centrale et méridion. Perpignan. D D DS CU ——————.… RE LE NATURALISTE LES PROPRIÈTÉS VULGAIRES DE NOS PLANTES SAUVAGES DANS NOS CAMPAGNES Autrefois, il était d’usage de donner des œufs durs aux enfants de chœur, chantres et bedeaux des églises, à l'occasion des fêtes de Pâques; par exemple aux Rameaux ou le dimanche de la Passion, à Pâques fleuries ou au lundi de Pâques, peu importe l'usage dans les diverses localités, de là les œufs de Päques en sucre et en chocolat, que nous retrouvons encore aujourd’hui dans les villes. On colorait ces œufs en rouge violacé, dans nos campagnes, en les faisant cuire dans de l’eau, où on avait fait bouillir les pétales des fleurs de l'herbe au vent, ou anemone pulsatilla, qui fleurit précisément à cette époque. Ailleurs, on colorait les œufs durs avec une autre couleur, tirée du safran, de la gaude ou du pastel, Crocus sativus, Re- seda lutea et Satis tinctoria; où encore avec d'autres plantes tinctoriales. ï Cela nous rappelle cette anecdote de Joinville, au moment où le roi saint Louis, prisonnier à Mansourah, en Egypte, fut enfin délivré. Les émirs (amiraux de Joinville) voulaient à toute force que Saint-Louis et ses compagnons, à jeun depuis la veille, ne les quittent pas sans avoir mangé; aussi s’empressèrent-ils de leur préparer un repas quelconque. Ecoutons le récit de notre naïf chroniqueur : «Ils nous dirent qu'ils ne nous laisseraient pas partir jusqu'à ce que nous eussions mangé; « Car ce serait honte aux amiraux « (émirs), si vous partiez de nos prisons à jeun ». Et nous re- quimes que on nous donnât la viande et que nous mangerions; et ils nous dirent que on l'était allé quérir en lost (ie camp). Les viandes que ils nous donnèrent, ce furent beignets de fourmage, qui étaient cuits au soleil, pour ce que les vers n'y venissent, et œufs durs cuits de quatre jours où même de cinq ou six. Et, pour honneur de nous, on les avait fait peindre par dehors de diverses couleurs ». Une herbe vulgaire, très usitée jadis en lavements purgatifs, c'était la mercuriale, mercurialis annua, que l'on rencontre poussant en abondance dans les anciens jardins et dans les an- ciens cimetières. On l’appelait, pour cette raison, la foirolle cu foironde. Nos ancêtres appelaient les choses par leur nom, sans rougir, en riant joyeusement. C'est ainsi qu'un seigneur de la cour de saint Louis, en Palestine, furieux contre un de ses ne- veux qui voulait y rester et qui n'était pas pressé comme lui de revenir mourir en France, le traitait publiquement d’Orde lon- gaingue, ou de longue ordure! sans que personne ne trouve cette expression déplacée. Dame! une injure ne fleure pas la rose comme un compliment. Surtout, ne pas confondre la mer- curiale annuelle des jardins, avec la mercuriale bisannuelle, ou Mercurialis perennis des forêts : cette dernière est. un violent purgatif, capable de vous faire rendre les entrailles avec leur contenu. On connait l’étymologie de boyau, cavité close, bouveau ou boyau de tranchée, dans l’ancien langage; d'où Bove, souterrain et la ville de Boves, sur la ligne d'Amiens, qui est construite près du château de Boves; si célèbre par ses souterrains, boves, bouveaux ou boyaux. Ne pas confondre les tranchées des boyaux ou coliques, avec les boyaux de tranchées ou bouveaux. On ne peut parler de plante purgative sans songer aux plantes jouissant de la propriété inverse, Une petite plante qui combat merveilleusement bien la diarrhée, c'est une petite trainasse, qui rampe par terre et qu’on appelle le polygonum aviculare. Elle est précisément du même genre qu'une autre plante fort em- ployée jadis, dans la pharmacopée du siècle dernier. Nous vou- lons parler de la Bistorte, Polygonum bistorta, à racine si bizar- rement contournée, On sait que Bistorte veut dire deux fois torte, tors ou tordue. On fait bouillir la traînasse comme la Bis- orte, et on fait usage de cette décoction en tisane ou en lave- ment, dans les cas de dévoiement. Une autre plante, excellente dans la médecine des curés de campagne, contre le choléra, à cause de ses propriétés stimu- antes, qui n'empêche pas le traitement rationnel de cette mala- die, c’est la menthe poivrée, mentha piperata; que l’on ren- contre sur le bord des ruisseaux et des fossés, dans les localités défrichées, comme dans les Ardennes par exemple. On la prend en infusion concentrée, comme tisane, avec'un peu de rhum. Il faut si peu de chose parfois pour faire pencher la balance du bon côté, car il faut souvent si peu de chose pour tomber ma- lade! Il est clair que ce n'est pas la menthe poivrée, qui pourra jamais ressusciter un mort; cependant on l’a vu ranimer des cholériques arrivés dans la période d'algidité, dont les anneaux se détachaient des doigts, sous l'influence de la rétraction des chairs pendant le refroidissement du corps. Le vieux curé de Dieulet nous a cité jadis des cas typiques, remontant au choléra de 1837. Une foule de plantes ont des propriétés tinctoriales. Je me rappelle qu'ayant un jour voulu dresser la liste des plantes de nos pays usitées ou réputées comme telles, il nous a été im- possible de l’achever, car il y en avait trop! Ici, c’est une écorce: là c'est une partie de la fleur, corolle, pistils même, comme dans le safran, qui est si riche en couleur. La serratule porte mème le nom typique de serratula tinctoria. On la rencontre dans les bois, et elle est remarquable par ses feuilles dentées en scie, qui lui ont valu son nom générique de la petite dentelée. Quelle différence de proportion avec les montagnes d'Espagne en dents de scie, que l’on appelle les sierras. C'est la même différence qu'entre une baleine et un infusoire, et même pis! Aujourd'hui l'industrie chimique est arrivée à fabriquer de toutes pièces, à l’aide de l’aniline, les produits colorants des végétaux, et c'est là un immense progrès, à côté d’un bien faible préjudice à la culture de la garance, dans certains pays. D'au- tant plus qu'il est on ne peut plus simple de remplacer une cul- ture par une autre encore plus avantageuse dans un terrain donné; mais sainte Routine a de nombreux adorateurs, et nous nous rappellerons longtemps les lamentations de nos braves cul- tivateurs, qui croyaient la fin du monde arrivée et criaient à l’'abomination de la désolation. Au lieu de plantes tinctoriales, on cultive des vignobles ou autre chose : Que de cultures pro- ductives n'y aurait-il pas encore à entreprendre en France? C'est comme la maladie de la pomme de terre, le fameux Pe- ronospora, que l’on avait considéré comme une calamité mira- culeuse : n'avait-elle pas été prédite? Voyez les maladies si nombreuses de la vigne et même de la betterave, car Dieu sait ce que l'avenir nous réserve encore de ce côté? On les combat avec un peu de patience, de courage et d'énergie; et on s'aper- çoit alors que des moyens, bien faibles pourtant, enrayent le mal qui semblait vouloir tout détruire, et qui avait causé des ruines que l’on disait irréparables. Tout est réparable, en ce monde, sans quoi il y a longtemps qu'il aurait fini d’exister. D' Boucon. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 29 juillet 1901. Cultures et formes atténuées des maladies cryptoga- miques des végétaux (M. Julien Ray). L'auteur résume les recherches qu'il a accomplies dans le cours de cette année, relativement aux maladies cryptogamiques des végétaux. Il s'est occupé successivement, depuis 1899, des formes Botrytis, — en particulier B. cinerea, — d'une maladie bacté- rienne des Légumineuses, dont le traitement par l'inoculation de formes atténuées donna de bons résultats, et enfin, cette année, de plusieurs parasites appartenant aux groupes des Urédinées et des Ustilaginées. Dans la même voie, M. Jean Beauverie vient d'obtenir une très importante indication du meilleur traitement à suivre pour combattre la redoutable maladie de la toile (B. ci= nerea) ; cet auteur obtient une immunisation radicale des plants 3 de Begonia en se servant d'une forme particulière du parasite. Les expériences les plus récentes ont porté sur vingt-cinq espèces arasites : rouilles et charbons des céréales, rouille de l'Églan- tier, rouille de la Clématite, rouille du Fusain. M. Jules Ray à réalisé des cultures artificielles de plusieurs parasites, et obtenu des formes atténuées d’un certain nombre d’entre eux. 4 LE NATURALISTE 247 Séance du 5 août. Goniatites carbonifères dans le Sahara (M. Corrot). Le terrain carbonifère à été signalé sur différents points du Sahara; mais, parmi les fossiles cités, manquent toujours les Céphalopodes, ces témoins si précieux pour la détermination de l'âge des couches. M. Viard, lieutenant au 1 bataillon d'Afri- que, a adressé à l’auteur au milieu de beaucoup d’obiets de na- ture diverse, recueillis dans la région saharienne, quelques fos- siles ramassés au pied de la montagne qui borde lOued Zous- fana au Ksar el Azoudj; c'est au tiers du chemin de Figuig à Igli. Ces débris portent la patine lustrée des cailloux qui ont séjourné à la surface du sol sous ce climat sec, et qui ont été lavés par le sable que balaie le vent. 11 y a des tiges de Cri- noïdes, des Zaphrentis et quelques Goniatites. La présence de celles-ci est particulièrement intéressante. Cet échantillon est rapporté à Gonialiles (sens. str. in Haug) sériatus Sow. sp. (Ammonites), Min. conch., PL. LIL, fig. 1. La découverte de ces Goniatites ramènerait donc à un âge un peu plus récent que celui admis par M. Ficheur les couches carbonifères du Sahara oranais, ou bien elle montrerait qu'il y a plusieurs niveaux, parmi lesquels celui qui a fourni ces Goniatites pourrait être contemporain des couches obsérvées par Foureau dans le Tas-* sili Adzjer. Lies Pieuvres Il y a peu d'animaux marins qui inspirent autant de répugnance que le poulpe; son aspect sournois, ses ven- touses nombreuses, son toucher visqueux, tout cela est bien fait pour produire du dégoût et même de la crainte ; ses mœurs et sa biologie sont cependant fort intéres- santes, comme nous allons le voir par la suite, On peut se procurer des poulpes en explorant le des- sous des rochers encore cachés par l’eau à marée basse ou en plongeant dans la mer des crochets @e fer sur les- quels sont embrochés des crabes et en relevant l’appât de temps à autre, Le mieux est encore d'accompagner les marins qui vont pêcher à peu de distance des côtes; quand vous les entendrez pousser des jurons, vous pour- rez ètre sûr qu'ils ont pris involontairement un poulpe ou une seiche qui ont noirei le filet, nous verrons com- ment tout à l'heure. Le poulpe vit dans les creux des rochers complète- ment submergés; de temps à autre, il va se promener dans la mer et c’est ce qui explique qu'on le trouve sou- vent pris dans le filet des pêcheurs. Son corps charnu, de forme ovale, porte une grosse tête assez rigide, munie de deux gros yeux ressemblant étonnamment à ceux des poissons ou des chats. Plus haut, la tête se termine par huit grands bras s’effilant jusqu'à leur extrémité, et gar- nis à leur face interne de nombreuses vantouses servant à l'animal pour s'emparer de sa proie. C’est au centre de la couronne des bras qu'est placée la bouche armée d’un bec corné qu'on ne peut mieux comparer qu’à celui d’un perroquet. Leur taille est assez considérable : un ou deux mètres de longueur sont assez communs : on doit faire cependant table rase des récits fantaisistes des marins; ceux-ci qui, sans doute par habitude du métier, ne cherchent qu’à vous « monter des bateaux », vous ra- content le plus sérieusement du monde, qu’ils ont vu des poulpes atteignant la grosseur d’un cuirassé et d’autres ont avalé une barque devant eux : ce sont là des his- toires à dormir debout, comme du serpent de mer que tout mathurin qui se respecte a vu... de loin. Quand il est dans son rocher, le poulpe est placé de telle sorte que ses bras touchent le fond par leurs ven- touses, tout en se recourbant en arrière, et que le sac, infléchi d'avant en arrière, décrit un are à concavité in- férieure : il a l’air de marcher sur la pointe des bras à peine recourbés. Comme nombre de plantes et d'animaux marins, dont le corps est généralement mou, le poulpe est très disgra- cieux quand on le place à sec sur un rocher ou sur le sable; mis dans l’eau, au contraire, ses formes s’épa- nouissent et il devient très élégant, surtout quand il nage, comme il le fait avec aisance. Il progresse ainsi presque toujours en arrière et par soubresauts; il peut aussi nager en avant, mais les bras réunis en deux fais- ceaux symétriques sont alors rabattus d'avant en arrière par la résistance de l’eau. La voracité du poulpe, ou de la pieuvre comme l'ap- pelle les matelots, est extrême. On peutles nourrir avec ces coquillages que l’on mange sous le nom de cardiums, de palourdes, de coques, etc. : malgré les deux valves qui sont rabattues très fortement l’une sur l’autre, il trouve moyen, à l’aide du bec, de manger l'animal inté- rieur. Une jeune dame, Jeannette Power, qui, contraire- ment à son sexe, s'intéressait à l'histoire naturelle, ra- conte qu'elle a vu un poulpe transporter un fragment de pierre entre les valves d'une grande coquille bäil- lant aux corneilles et qui fut ainsi dans l'impossibilité de les refermer; il put par suite dévorer sa proie facile- ment. Mais les crabes paraissent être leur aliment pré- féré., « Dès que le poulpe, raconte M. P. Fischer, voitun de ces crustacés s'approcher de sa retraite, il se préci- pite sur lui, le couvre complètement de ses bras étendus ; les bras se replient autour de sa victime qui, saisie de toutes parts par un corps, qui s'attache et se moule à ses téguments ne peut plus exécuter de mouvements dé- fensifs. Pendant une minute, le malheureux crustacé agite faiblement ses membres maintenus dans la flexion, puis les laisse tomber inertes. Alors le poulpe emporte la proie dans son ombre. Là, il fait prendre au corps du crabe différentes positions dont on peut juger par la forme des saillies de la membrane interbranchiale, mais il ne l’abandonne jamais et une heure après en rejette les débris. Plusieurs fois j'ai fait lâcher prise aux poulpes qui avaient saisi des crabes depuis une ou deux minutes, mais ceux-ci étaient déjà morts, sans présenter à l’exté- rieur aucune lésion apparente. » Le poulpe est assez intelligent; il a soin de protéger l'entrée du creux de son rocher, avec les résidus de ses copieux festins, soit surtout des coquilles ou des cara- paces ; il va même chercher au loin des petits cailloux et en barricade sa porte, Lorsqu'un ennemi cherche à le saisir dans sa tanière, il présente sa bouche avec son bec entouré par la couronne étalée des bras couverts de ventouses, en même temps que sa peau devient très foncée et se couvre de papilles hérissées, son aspect est alors véritablement terrifiant. Le poulpe est employé à la pêche comme appât. Dans le midi de la France et particulièrement en Espagne, on le mange conjointement avec la seiche, la sépiole, l'élé- done ; on l’assaisonne de différentes façons et on y ajoute habituellement du safran. Son goût tientle milieu entre celui du poisson et de la moule cuite; en général il plait 218 peu aux palais parisiens. Il paraît que, sur la côte médi- . terranéenne, les pêcheurs mangent ls poulpes sans les faire cuire, à la manière des huitres. Le mariage du poulpe est des plus curieux; décrivons- le sommairement chez un animal très voisin de lui, le Tré- moctopus, où les phénomènes sont plus nets. Au mo- ment venu de la reproduction, un des bras du mâle se transforme et devient méconnaissable; il se change en une vaste poche allongée et terminée par un long fila- ment grêle. Le mâle plonge son bras, son « hectocotyle » comme l’on dit, dans une grande poche, un véritable gi- ron qu'il possède sur la face ventrale, et, là, il recueille différents organes très compliqués, les spermatophores. Ceci fait, il retire son bras et va le porter avec son con- tenu dans le giron de son épouse, monsieur et madame vont ainsi se promener quelque temps en se donnant le bras : on croirait une noce au bois de Vincennes. Mais l’analogie ne va pas plus loin, car il se passe chez notre animal un phénomène extraordinaire : le bras du mâle se détache à la base et la femelle s’en va l'emportant au loin. Les premiers observateurs qui rencontrèrent ces poulpes femelles munis d’hectocotyles, virent däns ceux- ci des animaux tout à fait distincts et parasites des mol- lusques : un grand naturaliste en donna même une des- cription anatomique très soignée qui restera longtemps comme le plus bel exemple des erreurs auxquelles peut être conduit un savant parti d’une idée erronée. Au bout d'un certain temps, la femelle perd son hectocotyle et pond ses œufs; quant au bras du mâle, il ne tarde pas à repousser. La poulpe nous offre un bel exemple d’un phénomène très curieux et très répandu, le Mimélisme. L'animal au repos présente une couleur jaune pâle analogue à celle du sable; mais cette couleur n'est pas fixe: quand l’animal se transporte d’un point à un autre où le fond n’a pas la même teinte, on le voit se modifier et faire place à la couleur du nouveau milieu qui se pro- page à la surface de l’animal en formant des ondula- tures marbrées. En quelque point qu'il se trouve, l’ani- mal se confond avec les objets environnants, A cette fa- culté de changer constamment de couleur, utile pour échapper à la vue, le poulpe joint celle de pouvoir trou- bler l’eau autour de lui, lorsqu'il est attaqué par un en- nemi, Il possède, à cet effet, une assez grosse glande, la poche du noir ou poche à encre, contenant un liquide noirâtre, Lorsqu'on veut s'emparer d'un poulpe, celui- 1 contracte brusquement sa glande et aussitôt un nuage noir très obscur se répand autour de lui. En même temps, sa peau, naguère claire, devient très foncée, de telle sorte que, nuage et poulpe se confondent à tel point qu'il est impossible aux plus clairvoyants de dire où l'animal est passé. Celui-ci profite du moment de stupeur de son ennemi pour s'échapper au plus vite à reculons et pour s’enfoncer non moins rapidement dans le sable en se re- couvrant de granulations difficiles à distinguer des grains du sable, C’est avec le contenu de la poche du noir que l’on fabriquait autrefois la sépia, employée en peinture, Ces changements de coloration sont produits par de petits organes disséminés dans la peau et qui, à cause de leur propriété, ont recu le uom de chromatophores ce sont de tout petits corps d’une forme vaguement ar- rondie et renfermant de nombreuses granulations de dif- férentes couleurs. Tout autour d'eux s’attachent de pe- tites fibres musculaires qui, en se contractant, les font LE NATURALISTE he . des pêcheurs; en outre des. huit bras ordinaires, elles augmenter de volume. C’est à ces contractions plus ou moins puissantes que sont dus les changements de cou- leur; en effet, à l'état ordinaire, les chromatophores forment des taches à peine visibles; mais s'ils s’étalent. ils prennent une coloration de plus en plus intense. Comme l’a fait remarquer Georges Pouchet, on peut comparer le phénomène au fait suivant : qu’on imagine une feuille de papier blanc placée à 15 ou 20 mètres, on n’v distinguera pas une gouttelette d'encre, grosse comme une tête d’épingle; mais qu’on vienne à étaler cette gout-. telette sur le papier, on amène une tache parfaitement visible, sans que la quantité d’encre ait varié. Les phénomènes que nous venons de décrire peuvent s’observer non seulement chez le poulpe, mais encore chez les autres céphalopodes que l’on a souvent l’occa- sion de capturer sur le bord de la mer, à savoir les seiches, les calmars, les élédones et les sépioles. Les seiches se trouvent fréquemment dans les filets possèdent deux très longs tentacules terminés par des ventouses qu'elles dardent au loin sur les animaux qu’elles veulent capturer. C’est leur coquille interne que l’on donne aux oiseaux pour aiguiser leur bec, sous le nom d'os de seiche ; ces prétendus os sont souvent reje- tés par le flot sur la plage. Elles pondent de gros œufs noirs réunis en paquets sur les plantes aquatiques; les pêcheurs les appellent des raisins de mer. En ouvrant les œufs déjà muürs, on en fait sortir de toutes petites seiches qui se mettent à nager quand on les met dans un peu d’eau. J'ai vu même un de ces avortons me jeter du noir parce que je le tracassais de trop. Il n’y a plus d'enfants! Les calmars ont le corps plus allongé; ils possèdent aussi deux longs bras tentaculaires et une coquille in- terne, longue et cornée, appelée « plume ». Les élédones sont de petits poulpes à une seule rangée de ventouses sur les bras. Elles dégagent une odeur musquée qui wa rien d’agréable. Les sépioles, pourvues de deux petites nageoires laté- rales arrondies, vivent dans les flaques d’eau; leur corps d'environ 4 ou # centimètres de long présente des reflets irisés produisant un effet charmant; on ne peut se las- ser de les admirer. Certaines Pieuvres peuvent atteindre de grandes tailles. Dans plusieurs récits plus ou moins authentiques, on parle de Pieuvres capables d’avaler une barque entière ou venant cueillir, avec ses bras armés de ventouses, un matelot se reposant sur le pont d’un navire. Ces fables paraissent bien exagérées. Nous nous contenterons d'en citer quelques-unes. HENRI COUPIN. (A Suivre). Le Gérant: PaAuz GROULT. PARIS, — IMPRIMERIE F..LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. ! 249 ‘SATPUT 9P WOU AT SNOS ‘Z1[OUISUISA SOQUUOP JILAB MI onb sojiurtf Saf SUPP JIHIJUOL JAP} 9[ R I, panofne puoy uo 10nbanod 759,9 ‘ sosteueiy S099ds9 XNE AUIOŒ 9S UO Piel ouQu ‘saçqedosoeut juawmniosqe sonbugu98 SUOISIAIpqNS 8 M ERA (508 30) 9p 91quou puras un suod9p S9S & 114819 JUO 91pn39 ju0 [ nb sinoqne s0p jaednjd pA9OX UOU JUOJ NP AMoMIUE pag RL {SOPHQEIE SOP OIIU E[ 9700} op ouorx snjd of 60 sopiquufaon an "079 LT) sAorby ‘(-dso 7) suuoutT ‘(-dso ce) snouiy ‘sagorrea no (‘dso 06) SNIpnT — S9HI uw Aton ‘(-dso g) snjoueay ‘(*dso e) sngsexpy soiuo8 soy ed aout uo ogquosoidox 1S9 O[[T ‘SopHoJe[ Sop oryied oinofeu ®] pHAUes ‘soinor191S0d soyouey es HS D 0 RS Sop ouuoy e[ aed onb oqueains ®Jj op juowoqjou onsursip es au inb nqia 07109 ec: | G “ s = ee = FA Ut 9AO[9I 9)99 VI 9P ANolIQUE pIiOg SNAILIAWANOI — ‘NEIHL ,6 É 4 VAR “yosg suydeu{g qnod soaj jo mb ,7 o[ Juerano9 “de u09eT * *°**(96T ‘2y) soueu-sorpo ans sogrdor sou > -o1 ouviquout 98181 oUnp tuvê ] -uaque Ssa[ JUUA9991 ‘SJIN09 xNe10790d SUOIIIS En SOSI8] SOP ‘JU 2f { OIL 0P OUHIOJ EL 2 uo ‘qpxeu sodjed sop ‘jie aotux F — < = (s2s72S ‘qout) ‘NET B1990[9PV *+:(c6r ‘$y) anonBuoy anof 99h07 SUPP Souu?9} È “ST SNISEIPY Dire SR cssseee (10e SU) sold -UC S2] JUVA9901 ‘so8uope xue10790d SUOITIS < -UITS Sosit} S0p ‘JAt ,€ { OUTIOJISNF GI | Z Sadte[qixeu sod{ed sop o[otie 1o1u49( e :xn8107904 SUOIIIS Sop anonguo] ej ded oub oune.| op un] juedaip ou ‘ds9 ÿ RI9IOOPY J9 ‘dso 7% uo9eT soiuo8 xnop onb pusadur09 au nqi} 21199 SNAINOIVT —- "ASIGL il Des vierntgie sais) des 8er es ets "(008 ‘8u) 9A9[9I UOU JUOIJ NP AINIUQIUE PI0OY SATIAHNLVN SHONAI9S SH HNAITIOU "(664 Sy) o1qer np snssop ss disse trssssteersees (20e ‘87) | (S1209 * svjuoyoiy =) a. 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Le premier de ces congrès eut lieu à Paris, pendant l'Exposition universelle de 1889, et fut présidé par M. Al- phonse Milne-Edwards; le second s’est tenu à Moscou, sous la présidence de M, Paul Kapnist; le troisième à Leyde, présidé par M. F.-A. Jentink (1); le quatrième à Cambridge, sous la présidence de M. John Lubbock (2); et le dernier s’est tenu à Berlin, sous la présidence de l’'éminent et très sympathique professeur K. Môbius, di- recteur du Musée zoologique de cette ville, Les chiffres parlant d'eux-mêmes, il me suffit de dire que près de six cents personnes, dont un grand nombre de dames etde demoiselles, ont pris part à ce congrès, pour montrer qu'il a réussi de facon grandiose. Pendant une semaine, la capitale de l'Allemagne hébergea, venus de la plupart des nations civilisées, des zoologistes heu- . reux de faire connaissance ou de se revoir, et parmi les- quels se trouvaient de nombreuses illustrations de la science zoologique. Évidemment, c'est l'Allemagne qui était, de beaucoup, le plus vastement représentée à cet inoubliable congrès; mais la France y faisait aussi grande et glorieuse figure. En effet, j'ai eu le vif plaisir de constater, à Berlin, la présence de MM. A. Giard et E. Perrier, membres de l'Académie des Sciences ; R. Blanchard, membre de l'Académie de Médecine ; Y. Delage, professeur à la Sor- bonne; LE. Vaillant, professeur au Muséum d'Histoire naturelle de Paris; T. Barrois, H,-W. Brülemann, A. Certes, A. Fauvel, L. Freyssinge, C. Gravier, J. de Guerine, J. Guiart, E. Hérouard, C. Janet, L. Joubin, A. Pizon, G. Pruvot, A. Railliet, C. Schlumberger, À. Viré, ete. En dehors des Français, il convient de citer: MM. Ë. d'Apäthy, E. Arrigoni degli Oddi, C. Aurivil- lius, J.-F. van Bemmelen, H. Blanc, R. et W. Blasius, W. Branco, O. Bütschli, J. Cabanis, J.-V. Carus, C. Chun, L.-C. Cosmovici, L. Dôderlein, A. Dohrn, E. Ehlers, C. Emery, H.-H. Field, A. Forel, J.-E. For- syth Major, À. Goette, L. von Graff, B. Grassi, E. Har- tert, O. et R. Hertwig, P.-P.-C. Hoek, G. Horväth, A.-A.-W. Hubrecht, I. Ijima, H.-J. Kolbe, G. Kraatz, K. Kraepelin, J.-F.-W. Krause, R. von Lendenfeld, S. Matsumura, P. Pelseneer, M.-C. Piepers, E.-B. Poul- ton, É.-G. Racovitza, A. Reichenow, W. Rothschild, W. Roux, W. Salensky, F.-E. Schulze, P.-L. Sclater, R.-B. Sharpe, J.-W. Spengel, C.-W. Stiles, T. Studer, E. Wasmann, N. von Zograf, etc. Des communications très nombreuses, aussi intéres- santes que variées, et fréquemment suivies d'importantes discussions, ont été faites en différentes langues. Voici (1) et (2) J'ai parlé de ces deux congrès dans Le Naturaliste (n°s du 15 octobre 1895 et du 1er octobre 1898). Le Naluralisle. 46, rue du Rac, Paris. 2e SÉRIE — N° 35O 17 OCTOBRE 1901 la liste, certes incomplète, des titres de ces communica- tions, titres que je donne tous en français, — après en avoir traduit la plupart — pour que la lecture en soit fa- cilitée. Séances générales : W. Branco : Les débris humains fossiles. — O. Bütschli : Vitalisme et mécanisme. — Y. Delage : Les théories de la fécondation. — A, Forel : Les caractères psychiques des Fourmis et de quelques autres Insectes. — B. Grassi: Le problème de la mala- ria au point de vue zoologique. — Et cætera. Séances de sections : K. Absolon : Les Thysanoures des grottes d'Europe, particulièrement ceux des grottes de la Moravie. — J.-F. van Bemmelen : L'os prémaxillaire des Monotrèmes. — R. Burckhardt : L'unité du système des organes des sens chez les Vertébrés. — C. Emery : Qu'est-ce que l’atavisme? — V. Faussek : Sur le para- sitisme des larves d'Anodontes. — W.-E. Hoyle : Sur un organe photogène intrapalléal chez les Céphalopodes. — K. Jordan : Sur la morphologie et la classification des Lépidoptères diurnes. — O. Kleinschmidt : Varia- tion du crâne des Rapaces nocturnes. — A, Langhoffer : Recherches sur les mandibules des Dolichopodidés. — Comtesse M. von Linden : Causes morphologiques et physiologiques des dessins et de la coloration des ailes des Insectes, particulièrement des Lépidoptères.— F. von Lucanus : La hauteur du vol des Oiseaux, d’après les observations des aéronautes. — ÆE.-W. Mac Bride : Le développement de l’Echinus esculentus. — P, Pelse- neer : 1° Les Néoméniens de l'expédition antarctique belge et la distribution géographique des Aplacophores ; 2° Les cavités cérébrales des Mollusques pulmonés. — M.-C. Piepers : Thèses sur le mimétisme. — A. Pizon : 4° Origine et vitalité des granules pigmentaires des Tu- niciers; 20 Mimétisme de nutrition des Planaires vivant sur les cormus d’Ascidies composées. — A. Pütter : L'adaptation des yeux des Mammifères à la vie aqua- tique. — A. Railliet : Sur une larve d’un Cestode nou- veau. — J. Roux : Faune infusorienne des environs de Genève. — R.-F. Scharff : De l'influence des Pyrénées sur la migration des animaux, de France en Espagne, et réciproquement. — L. Schenk : La méthode de la déter- mination des sexes dans l’espèce humaine. — P. Schie- menz : La zoologie au service de la pêche. — F.-E. Schulze : Sur l'histologie des Hexactinellidés, — F. Sol- ger : Sur le rapport entre la forme des lobes et la ma- nière de vivre de quelques Ammonites. — L. Vaillant : Altérations des globules blancs du sang chez les ani- maux mordus par des serpents venimeux, traités ou non par le sérum antivenimeux de Calmette. — E. Was- mann : Sur la connaissance plus intime du genre de Diptères termitophiles : Termitoxenia Wasm, — WW. We- dekind : La parthénogenèse et la loi des sexes. — E.-B. Wilson : Études expérimentales sur des œufs d'Échino- dermes (parthénogenèse). — R. Woltereck : Sur deux types du développement des Polygordius. — W. Wolters- torff : La distribution géographique des Bairaciens uro- dèles de l’ancien monde. — Et cætera. On pouvait aussi voir de remarquables préparations microscopiques, entre autres celles de M. A. Certes, montrant des Spirobacillus gigas Cert. colorés vivants par le bleu de méthylène; celles de M. C. Rousselet, concernant des Rotateurs; etc. Le sujet proposé pour le prix de l'empereur Nicolas IT était le suivant : « Influence de la lumière sur le déve- 222 LE NATURA LISTE loppement des couleurs chez les Lépidoptères ». Ce prix fut décerné à M. J.-T. Oudemans. La plus grande particularité du congrès fut que presque toutes les séances eurent lieu dans le palais du Reichs- tag, y compris la grande salle des séances. Pendant une semaine, les congressistes furent vraiment chez eux dans ce moderne et beau palais, non seulement y traitant les questions qui leur sont chères, mais pouvant y obtenir tous les renseignements dont ils avaient besoin, y faire leur correspondance, lire les journaux, prendre leurs re- pas. Ce fait montre à lui seul combien la science est honorée en Allemagne. Les organisateurs de ce congrès — qui était sous le protectorat du Kronprinz — avaient voulu s'approcher de la perfection, et on peut dire qu'ils l’ont atteinte. Le programme du travail et des distractions était même trop chargé, car les congressistes qui voulaient profiter de tout n’avaient aucun moment derépit, tant les séances et les distractions étaient captivantes. Parmi ces der- nières, je dois citer la visite de l’admirable Jardin z00olo- gique et du très intéressant Aquarium de Berlin, la visite du remarquable Musée zoologique, la délicieuse prome- nade en bateau aux lacs de la Havel, la magnifique ré- ception à l'Hôtel de Ville, le diner au Jardin zoologique, la soirée au théâtre scientifique de l’Urania, etc. Ce congrès fut à la fois très officiel, très cordial et très gai; aussi les félicitations et les remerciements adressés à l’éminent et infatigable président Môbius et à ses dévoués collaborateurs furent-ils des plus chaleu- reux et des plus mérités. Avant la clôture, il a été décidé que le sixième congrès international de Zoologie aurait lieu à Berne, en 1904, sous la présidence du très sympa- thique et distingué M. T. Studer, directeur de l’Institut zoologique de l'Université de Berne. Le congrès terminé, eut lieu une admirable excursion. Les congressistes allèrent, par train spécial, à Hambourg, * où l’on visita le très beau Jardin zoologique, le remar- quable Musée d'Histoire naturelle, le célèbre établisse- ment zoologique de M. Hagenbeck, etc. Les congressistes furent solennellement recus à l'Hôtel de Ville, prirent un repas dans l’imposant transatlantique « Comte Wal- dersee », après avoir fait une captivante promenade en bateau dans l'immense port de Hambourg et d’Altona, et dinerent au Jardin zoologique, où une ravissante illu- mination charma les regards. C’est alors que je me sé- parai de mes excellents collègues qui, nombreux, termi- nérent l’excursion finale en allant visiter l'intéressante île d'Helgoland. Tel est le compte rendu, que je voulais faire très bref, du congrès international de Zoologie tenu à Berlin, où la chaleur de la sympathie rivalisait avec la chaleur torride qui régna pendant ce congrès dont les partici- pants, J'en suis certain, conserveront le meilleur sou ve- nir. Henri GADEAU de KERVILLE. LES BRUYÈRES DE LA FLORE FRANÇAISE Il est peu de végétaux aussi gracieux que les Bruyères; on les rencontre toujours avec plaisir. La délicatesse du feuillage, l'éclat et l'élégance des fleurs s'unissent pour les placer au premier rang des perles de notre flore. Et cette dernière est bien pauvre, si nous la comparons à celle de l'Afrique australe : si nous ne comptons en France que 13 espèces bien caractérisées, on pourrait en recueillir pas loin de 400 au Cap de Bonne-Espérance. Mais sachons ne pas être trop envieux et contentons- nous de ce que nous trouvons autour de nous! Les Bruyères sont tellement abondantes en certains points de notre territoire, qu'elles ont servi à désigner de vastes étendues de terrains qu'elles recouvrent entière- ment, en société des Ajoncs et d’un petit nombre d’autres plantes. Il en est ainsi tout particulièrement dans l’ouest etle sud-ouest de la France, Il s’en faut de: beaucoup qu'elles soient aussi communes en dehors de larégion occi- dentale; dans le nord-est, par exemple, elles sont des plus clairsemées et représentées par un très petit nombre d'espèces. Des 13 Bruyères de la flore française, 12 appartien- nent au genre Érica et une seule au genre Calluna. Com- ment se distinguent ces deux genres ? D'une façon très simple. Dans les Erica, les sépales sont libres et soudés à la base, herbacés ou colorés et la corolle dépasse lon- guement le calice. Dansle Calluna, les divisions du calice sont à peine marquées; elles sont scarieuses et péta- loïdes. Quant à la corolle, elle est de moitié plus courte que le calice. Le Calluna vulgaris Salisb. est la plus commune de toutes les Bruyères : ses fleurs forment des grappes spi- ciformes, disposées d’un seul côté au sommet des ra- meaux; elles sont roses, plus rarement blanches. Les feuilles, lancéolées-linéaires, sont imbriquées sur quatre rangs. On trouve le Calluna à peu près dans toute la France, sur les sols siliceux de préférence. Il recherche les landes, les friches, les terrains arides. Avec les autres Bruyères, appartenant au genre Erica, il contribue à la formation de la terre dite de bruyère, d'un emploi conti- nuel et indispensable pour la culture d’un grand nombre de végétaux. Les Erica se divisent en deux groupes suivant que les étamines sont saillantes avec les anthères dépourvues d’appendices ou incluses avec ou sans appendices. Dans la première série nous trouvons les Zrica medi- terranea L., carnea L., multiflora L., vagans L., soit quatre espèces assez localisées en France, C’est le cas de l’Erica mediterranea L., que nous ne connaissons jus- qu'à ce jour que dans une lande sablonneuse du dépar- tement de la Gironde, aux environs de Pauillac. C’est là que les botanistes bordelais vont le chercher au com- mencement du printemps, de février à mars. La Bruyère méditerranéenne forme un arbrisseau de un à deux mètres, glabre, à tiges rameuses et à rameaux dressés. 4 Les feuilles, verticillées par quatre, sont linéaires, plan- convexes à la face supérieure et cannelées en dessous. Les fleurs forment des grappes presque unilatérales qui naissent à l'extrémité des rameaux et sont géminées à l'aisselle des feuilles, portées par des pédoncules plus courts que la corolle, Le calice a ses divisions de moitié plus courtes que la corolle qui est légèrement resserrée à la gorge, ovoide-tubuleuse et colorée en rose. Les éta- mines à demi saillantes ont leurs anthères terminales continues avec le filet et les loges entièrement soudées. L'Erica carnea L., qui ressemble beaucoup à l'espèce précédente et n’en est même probablement qu'une sous- espèce alpine, s’en distingue par ses rameaux diffus, éta- talés, sa corolle plus tubuleuse et ses étamines tout à fait saiilantes. C’est une jolie petite plante, quise cultive faci- lement sous le climat de Paris. Au jardin botanique du Muséum, elle forme de larges touffes qui se couvrent de fleurs dès la fin de l'hiver et s'étendent chaque année. L’Erica carnea n'existe chez nous que dans les forêts montagneuses de la Savoie et de la Haute-Savoie. L’Erica multiflora L., plus répandu puisqu'on le ren- contre dans toute la Provence, de Montpellier à Toulon, peut atteindre un mètre environ de hauteur. Les feuilles sont planes en dessus, convexes et pourvues d’un sillon en dessous et pulvérulentes à la base. Les fleurs forment des grappes disposées en verticilles plus ou moins nets, le long et à l'extrémité des rameaux. Les pédoncules sont plus longs que la corolle qui est ovoide-allongée, de couleur rose. Les étamines ont les anthères latérales à loges séparées dans le quart supérieur. Avecl’Ericavagans L., l'aire de dispersion s’étend. Onle trouve, en effet, dans l’ouest de la France, en Normandie, en Bretagne, dans le Sud-Ouest, dans les Pyrénées, dans l'Isère, dans le Loir-et-Cher et jusqu'aux environs de Paris, près de Rambouillet, où il en existe une station disjointe. Les caractères distinctifs résident surtout dans les rameaux feuillés au-dessus de l’inflorescence, dans les fleurs plus courtes aussi longues que larges, dans les anthères à loges séparées dans toute leur longueur. Dans l’autre série, qui comprend les espèces à étamines incluses, nous trouvons : 1° Anthères sans appendices : £rica ciliaris L. etE. sco- paria L. Ces deux espèces sont extrêmement faciles à distinguer; ce sont peut-être les deux Bruyères qui, à première vue, se ressemblent le moins. Dans la première, le bord des feuilles est muni de larges cils; la corolle est légèrement courbée, tubuleuse et purpurine. Les fleurs forment des grappes lâches au sommet des rameaux qui sont hérissés. Dans la seconde, les tiges sont très glabres ainsi que les feuilles; les fleurs,très petites, globuleuses, verdâtres, forment de longues grappes très fournies. L’Erica ciliaris est une plante de l'Ouest et du Sud- Ouest qu'on retrouve aux environs de Rambouillet; l'E. Scoparia, la Bruyère à balais, forme des landes étendues en Sologne, dans l'Ouest, etc. On la retrouve dans le Midi et aux environs de Fontainebleau. 2° Anthères avec appendices : Erica tetralix 1, cinerea L., stricta Don, arborea L., lusitanica Rudolphi. Leur dispersion est très inégale. Les Erica tetralix et cinerea sont des plantes communes; l'E. arborea habite la région méditerrannéenne dont 1l ne sort pas; l'E. stricla parait spécial à la Corse; l'E. lusitanica, connu seulement dans quelques localités de la Gironde et des Landes, aux en- virons d'Arcachon, s’est presque naturalisé sur le talus des chemins de fer, dans l’ouest du Finistère, où il avait été primitivement planté. Dans l’Erica tetralix, les fleurs sont réunies en tête compacte et serrée, au sommet des rameaux. Toutes les parties de la plante sont munies de longs cils habituel- lement glanduleux ; les rameaux sont pubescents et le calice est laineux-blanchâtre. La corolle est en grelot, LE NATURALISTE 223 rose, avec les anthères pourvues de deux arêtes dentelées et larges. L’Erica tetralix se plait dans les lieux tourbeux et humides. L’Erica cinerea, la Bruyère cendrée, est l’es- pèce la plus commune du groupe après le Calluna, mais elle est plus silicicole et ne s'éloigne jamais des terrains siliceux. Les feuiles sont verticillées par trois avec des fascicules feuillés aux aisselles. Les autres organes sont glabres sauflesrameaux qui sont pulvérulents. Les fleurs, rosées ou violacées, sont disposées en une panicule ter- minale. Les appendices des anthères sont fins,en forme de soies. L'Erica stricta est bien distinct par ses inflorescences formées de petites ombelles qui ne renferment guère que 4 à Gfleurs et sont disposées à l'extrémité des rameaux. La corolleestovoïde-urcéolée et rosée ; les anthères portent de longs appendices sétiformes. Les feuilles sont verti- cillées par quatre, sans fascicules foliaires à leurs aisselles. Toute la plante est glabre, sauf la capsule qui est soyeuse. Quant à l’Erica arborea, c'est une grande espèce, attei- gnant 1-3 mètres, à rameaux blancs, laineux, couverts de poils, les uns courts, formant par leur ensemble un duvet épais, les autres longs, rameux ou plumeux. Les autres organes sont glabres. Les fleurs, très petites, constituent par leur réunion une large panicule en forme de pyramide, qui peut acquérir jusqu’à 3 déci- mètres. Elles sont blanches, quelquefois rose très pâle et campanulées. Les anthères sont pourvues d’appendices aplatis, dentelés, égaux en largeur et en longueur. L’Erica lusitanica ressemble beaucoup à l'espèce précé- dente, dont il se distingue par les poils toujours simples des rameaux, la corolle un peu resserrée à la gorge et les appendices des anthères filiformes et hérissés. On pourrait s’en tenir là dans l'énumération des Bruyères appartenant à la flore de France.Mais on a trouvé en Normandie, aux environs d'Arcachon et dansles Basses- Pyrénées, une plante très intéressante, réunissant en elle les caractères des Erica tetralix et ciliaris. C’est l’Erica Watsoni D. C., qu’on doit considérer comme un hybride de ces deux espèces. Les tiges et les feuilles sont celles de l'Erica ciliaris; l'inflorescence est plus courte, un peu capitée, rappelant celle de l’Erica tetralix. Les anthères sont appendiculées également comme dans cette dernière espèce, Pour en être quitte avec la famille des Éricacées, il con- viendrait encore de signaler quelques autres représen- tants de notre flore qui appartiennent à d’autres tribus de cette même famille. Dans les Arbutées, trouverait sa place l’Arbutus Unedo L.,l'Arbousier, le Fraisier en arbre. C’est un bel arbre ou arbuste, à feuillage toujours vert, qui rappelle celui du Laurier. Ses fleurs en grelot, blan- châtres et vertes au sommet, sont disposées en grappes penchées. Le fruit est une baie globuleuse, rouge à la maturité, couverte d’aspérités. L’Arbousier habite le lit- toral de la Provence, la Corse; dans le Sud-Ouest, on le trouve à Bayonne, dans les Landes, aux environs d’Ar- cachon et près de Royan où se trouve sa limite de végé- tation vers le nord. C’est encore là qu'il faut mettre les Arctostaphylos, sous-arbrisseaux de la région montagneuse. L’Arcé. alpina Sp. a des fruits noirs, acidulés, des feuilles caduques; VA. officinalis Wimm., bien connu sous le nom d’Ura- Ursi, a au contraire les fruits rouges et àpres; les feuilles persistantes ressemblent beaucoup à celles du Buis mais sont plus coriaces. Il s’égare jusque dans la Côte-d'Or. 19. CS CSS LE NATURALISTE : : es L’Andromeda polifolia L. est chez nous le seul repré- sentant de la tribu des Andromédées, C’est une petite | plante ligneuse, à tiges rameuses et couchées, à feuilles ! persistantes, coriaces, blanches en dessous et roulées. sur les bords. Les fleurs, blanc rosé, forment de petites : ombelles au sommet des rameaux. L’Andromède se plaît ; dans les marais tourbeux de la région montagneuse; cependant il s’aventure en Normandie, dans la Seine- Inférieure et la Manche. Les Rhodorées sont mieux représentées avec les PAUL! lodoce, Daboecia, Loiseleuria et Rhododendron. Les Rhodo- dendrons ou les Rosages, les Roses des Alpes, sont popu-: laires. Tout le monde connaît les superbes plantes qui. font l'admiration des visiteurs aux expositions d’horticul- ture. La plante de nos montagnes, sans être aussi remarquable, n’en est pas moins intéressante; elle aime les hautes cimes du Jura, des Alpes, des Pyrénées. Son nom.de R. ferrugineum L. vient de la teinte de rouille que prend la face inférieure des feuilles. Le Loiseleuria procumbens Desv. et le Pyllodoce cœrulea Gr. et God. sont aussi des plantes montagnardes. Dans le premier, les fleurs sont roses, disposées par 2-5 en ombelles au sommet des rameaux; les feuilles ovales- obtuses. Dans le second, les fleurs sont d’un bleu violet, de forme pentagonale, et les feuilles linéaires allongées. Le Loiseleuria se plait dans les hauts sommets des Alpes et des Pyrénées où ses rameaux se couchent sur le sol; le Phyllodoce est spécial aux Pyrénées centrales. Quantau Daboecia polifolia Don., c’est une plante déli- cate, à hautes de 2-5 décimètres, glabres, à racine rampante, à feuilles coriaces, roulées sur les bords, blanches en dessous. Les fleurs en grappe terminale sont en forme de grelot et violettes. Le Daboecia, peu commun, est dispersé ca et là. C’est ainsi qu'après été avoir trouvé dans les Basses et Hautes-Pyrénées, 1l apparaît aux envi- rons de Libourne, près de Moissac, et — fait remarquable — dans le Maine-et-Loire, à la forêt de Brissac. Si les différentes tribus que nous venons de passer rapidement en revue sont admises par tous les botanistes comme étant bien des divisions de la grande famille des Ericacées, il n’en est pas tout à fait de même des Pyrola- cées qu'on à placées un peu partout. Admettons avec le plus grand nombre que ce sont bien des Ericacées et disons-en quelques mots. Les Pyroles se trouvent un peu partout chez nous. Deux espèces sont relativement communes, les Pyrola ro- tundifolia et minor qui se plaisent aux bois humides et ombragés de la région parisienne, Les fleurs sont blanches, odorantes, formant une grappe lâche, plus ou moins grande. Dans la première espèce le style est arqué, dépassant la corolle; dans la seconde il est inclus et droit, et de plus les feuilles sont plus petites, ner molles et distinctement dentées. Avec la grappe pauciflore, les fleurs blanc verdâtre, le style réfléchi, les sépales très courts, nous avons affaire au Pyrola chlorantha SW. : espèce peu commune, qui ne s'écarte guère de la région montagneuse: Si les feuilles, au heu d’être arrondies comme dans les trois espèces qui précèdent, sont ovales-lancéolées, finement dentées et légè- rement pointues, avec de petites fleurs en grappe serrée et unilatérale, c’est le P. secunda L. qui habite la région des sapins de toute la France montagneuse. Plus rare est le Pyrola media Sw. de l'Ain, de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Isère, qui tient à la fois des P. minor et rotundifolia, entre lesquels il est pour ainsi tiges dire intermédiaire. Toutes ces plantes ont des fleurs en grappes. Dans le Pyrola uniflora L., dont on a fait le type du genre Moneses, la fleur est solitaire, large, d’un beau blanc et occupe le sommet de la tige qui reste toujours très courte : on le trouve dans toute la France monta- gneuse. Chez le P. umbellata L. ou Chimaphila umbel- lata Pursh, l’inflorescence est en ombelle très nette, et les fleurs sont roses avec les feuilles verticillées, lancéolées, dentées et blanches en dessous. Cette espèce n'a jamais été trouvée en France qu'introduite avec des graines de conifères, à Nemours par exemple (c’est le cas du P. uni- flora dans le département de l'Aube), mais elle est assez commune sur nos anciennes limites dans le grand-duché de Bade, P. HArIOT. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES des espèces du genre Nanophyes, Schin Le genre Nanophyes appartient à l'ordre des Coléoptères, il fait partie du grand groupe des Rhyncophores; Brisout de Bar- neville a décrit les espèces de ce genre arrivées à l’état adulte (Abeille, VI, 1869, p. 305) ; nous allonsfaire connaîtreles phases biologiques par lesquelles passent ces espèces avant de parvenir à l'état parfait. 1. Nanophyes :ythri, Fab. L'adulte paraît au printemps, gagne les pousses de la plante nourricière, le Lylhrum salicaria, dont il ronge les feuilles qu'il crible de petits trous ; aux premiers jours de juillet a lieu l’ac- couplement, puis la femelle, une fois fécondée, pond ses œufs soit dans l'intérieur des bourgeons, soit dans le calice des fleurs : l'œuf est petit, il éclôt quelques jours après donnant la vie à une jeune larve qui ronge l’ovaire, le dessous de la fleur ; mais celle- ci ne tombe que lorsque la larve est arrivée à son entier déve loppement, ce qui a lieu aux premiers jours d'août. Larve. Longueur 2 millimètres. Corps arqué, blanc jaunâtre; tête lisse, arrondie, avec fos- sette latérale et cils clairsemés sur la surface; mandibules brunes, tridentées, la dent médiane très aiguë; mâchoires ciliées ; segments thoraciques lisses, jaunâtre clair, éparsement ciliés ainsi que les segments abdominaux dont les bourrelets latéraux sont transversalement plissés, les plis très irréguliers; les der- niers segments abdominaux ont une teinte sombre, c’est-à-dire qu'ils sont de la couleur des matières absorbées. Nymphe. Longueur 1 millim. 5. Corps jaune clair, extrémités plus claires; premier segment thoracique lisse, éparsement cilié, faiblement impressionné, deuxième avec deux impressions, le troisième est triangulaire- ment incisé avec rainurelle latérale, les segments abdominaux portent des petits poils arqués, le segment anal est prolongé en courte pointe, les genoux sont saillants et garnis d’un cil. La durée de la phase nymphale est de huit à dix jours ; l’ap- parition de l’adulte a lieu quelques jours après, il chemine aus- sitôt sur les tiges de la salicaire. 2. Nanophyes lelephi, Bedel. Larve. Longueur 1 millim.; largeur 0 m. 06. Corps arqué, jaunâtre, finement pointillé, couvert de courts … cils roussâtres; tête orbiculaire, d'un beau jaunâtre, fortement pointillée, ligne médiane obsolète, pâle, bifurquée au vertex en deux traits ; lisière frontale droite, rougeâtre, épistome liseré de brunâtre, menton membraneux, charnus, jaunâtres, finement pointillés, le premier incisé à son … bord postérieur, par suite relevé en deux bourrelets, l’inférieur M réduit, deuxième et troisième avec incision semi- circulaire rele- vant l'arceau en trois bourrelets, un médian, deux latéraux ; 3 renflé; segments thoraciques E pe pt À LE NATURALISTE 995 segments abdominaux convexes, les sept premiers semi-circulai- rement incisés. Cette larve vit dans les tiges du Sedum telephium, Linné, dont elle ronge la moelle ainsi que la partie charnue de l'écorce ; celle-ci se renfle au point contaminé sans cesser de croitre, et l'excroissance prend d'autant plus de développement que le nombre des larves vivant à côté les unes des autres est plus grand; parvenue en juillet à son complet développement, la larve sans quitter sa place se façonne une coque à parois inté- rieures lisses et s'y transforme. Nymphe. Longueur 1 millim. 2, largeur 1 millimètre. Corps ovalaire; tête arrondie, premier segment thoracique relevé en arrière et garni de longs cils bulbeux, segment anal inerme. Adulte fait son apparition en août ; c’est sur les tiges du Sedum telephium qu'il se plaît à stationner; c'est aux environs du Vernet (Allier) qu'il a été récemment découvert par notre estimable collègue M. H. du Buysson. 3. Nanophyes hemisphæricus, Oliv. Larve. Longueur 2 millim. 5. Corps allongé, jaune ochracé, arqué, couvert de poils épars et soyeux. Téte petite, arrondie, mandibules larges, brünâtres; mâchoires grandes, l’article terminal des palpes maxillaires cylindrique; ocelles figurés par un petit point noir. La larve vit dans les tiges du Lythrum hyssopifolium, son pas- sage est accusé par une galle dont elle provoque la formation et dans laquelle elle se tient le corps arqué ; en Juillet, parvenue à son complet développement, elle procède à sa transfiguration. Nymphe. Longueur 2 millim. 5. Corps court, ramassé, blanchâtre, couvert de poils épars à base subbulbeuse, extrémité postérieure prolongée par deux pointes acuminées. Dans sa loge, cette nymphe repose sur la région dorsale ; elle peut imprimer à ses segments abdominaux de légers mouvements défensifs. C’est en août que l'adulte formé ronge la partie de la tige qui se trouve devant lui et s'échappe au dehors. 4. Nanophyes tamarisci, Gyll. La larve de cette espèce vit dans les ovaires du tamarix; lors de la chute de ces ovaires, elle peut, quoique renfermée dans leur intérieur, les faire sauter à la hauteur de deux ou trois cen- timètres au-dessus du plan de position, ce saut se répète à des intervalles assez courts; dès que la nymphe a éclos, l'adulte pratique sur les côtés de l'ovaire une petite ouverture de forme arrondie par laquelle il s’échappe; plusieurs exemples de fruits sautants nous sont connus ainsi par une chenille de Carpocapsa et par diverses galles de Cynipsiens. . 5. Nanophyes Siculus, Boh. La femelle de cette espèce. pond ses œufs dans les jeunes pousses de l’Ærica scoparia; ces œufs se développent sur ce point qui se renfle en une galle elliptique dans laquelle la larve subit toutes ses métamorphoses dans l’espace de près d’une année. 6. Nanophyes Durieui Lucas. La femelle de cette espèce pond ses œufs sur les tiges de l'Um- bilicus pendulinus lesquelles se gonflent ensuite en formant des nodosités ; dans leur intérieur la larve vit et se transforme. Capitaine XANBEU. Les Pieuvres (suite.) Voici un récit de Pontoppidan, un évêque qui s’est beaucoup occupé des serpents de mer : « Les gens du Nord, dit-il, affirment tous, et sans la moindre contradiction dans leurs récits, que, lorsqu'ils poussent au large à plusieurs milles, particulièrement pendant les jours les plus chauds de l'été, la mer semble tout à coup diminuer sous leurs barques; s'ils jettent la sonde, au lieu de trouver 80 ou 100 brasses de pro- fondeur, il arrive souvent qu’ils en mesurent à peine 30 : c'est un kraken qui s’interpose entre le bas-fond et la sonde. Accoutumés à ce phénomène, les pêcheurs dis- posent leurs lignes, certains que là abonde le poisson, surtout la morue et la lingue, et les retirent richement chargées. Si la profondeur de l’eau va toujours diminuant, si ce bas-fond accidentel et mobile remonte, les pêcheurs n'ont pas de temps à perdre; c’est le kraken qui se réveille, qui se meut, qui vient respirer l’air et étendre ses larges bras au soleil. Les pêcheurs font force de rames, et quand, à une distance raisonnable, ils peuvent enfin se reposer en sé- curité, ils voient, en effet, le monstre qui couvre un espace d’un mille et demi de la partie supérieure de son dos. Les poissons, surpris par son ascension, sautillent un moment dans les creux humides formés par les pro- tubérances inégales de son enveloppe extérieure; puis, de cette masse flottante sortent des espèces de pointes ou de cornes luisantes qui se déploient et qui se dressent semblables à des mâts armés de leurs vergues; ce sont les bras du kraken, et telle est leur vigueur, que s'ils sai- sissaient les cordages d’un vaisseau de ligne ilsle feraient infailliblement sombrer. Après avoir demeuré quelques instants sur les flots, le kraken redescend avec la même lenteur, et le danger n’est guère moindre pour le navire qui serait à portée, car, en s’affaissant, il déplace un tel volume d’eau, qu’il occasionne des tourbillons et des courants aussi terribles que ceux de la fameuse rivière Maëlstrom ». L’Histoire naturelle d'Eric Pontoppidan est très curieuse à consulter à cause de la grande quantité de documents que le savant évêque a recueillis; mais elle manque de méthode ; les faits positifs sont mêlés avec des fables; il n’y à pas de critique. Pontoppidan avait trop de capacité pour croire au kraken qu'il dépeint, et lui-mème note son incrédulité, mais il ne cherche nullement à dégager la vérité sous tout ce fatras. Il n’en est point de même d'Auguste de Bergen, qui, comparant avec soin tous les récits scandinaves, en conclut qu’il doit exister un poulpe énorme, pourvu de bras; qu'il doit être odorant; que, lorsqu'il s’élève, ses bras sont dirigés vers le fond ; qu'il laisse rarement entrevoir ses tentacules ; qu'il monte et descend en ligne droite; enfin qu’il ne se montre que l'été et par les temps calmes. On verra que les décou- vertes modernes ontentièrementcorroboré les conclusions de ce naturaliste. Linné, après avoir admis l'existence du poulpe géant dans sa Faune suédoise et dans les six pre- mières éditions de son Système de la nature, s’y refuse dans les suivantes : on ignore pourquoi. Cependant, les 296 marins avaient toujours foi dans les légendes sur le kraken ou encornet géant, et, sur les côtes de France, un proverbe très répandu disait : L'encornet est le plus petit et le plus grand animal de la mer. Dans plusieurs chapelles étaient suspendus des ex-voto retraçant les dangers courus par les équipages de divers navires dans des combats avec ces horribles animaux. L'un d'eux, qui existe encore à Notre-Dame-de-la-Garde de Marseille, rappelle une lutte qui eut lieu sur les côtes de la Caroliue du Sud. Un autre qu’on peut voir dans la chapelle Saint-Thomas, à Saint-Malo, fut placé là par les matelots d'un navire négrier, attaqué par un poulpe au moment où il levait l'ancre pour s'éloigner d'Angola. Du reste, le voyageur Grandpré dit qu'il a souvent entendu parler, par les indigènes de ces côtes africaines, du ter- rible céphalopode ; ils en ont une grande peur, mais sou- tiennent qu'il se tient constamment dans la haute mer. En 1783, un baleinier assura au D'Swediaur, quiraconte cette observation dans le Journal de physique, qu'il a trouvé dans la gueule d’une baleine un tentacule de 27 pieds de long. Denys Montfort, ayant lu cette note, eut l’idée d'inter- roger les baléiniers que Calonne avait fait venir d’Amé- rique pour tenter de relever la grande pêche en France, et qui étaient établis à Dunkerque. Deux d’entre eux lui dirent qu'ils avaient également examiné des bras de kra- kens. L'un, Benjohson, en avait trouvé aussi, une fois, un de 35 pieds dans la bouche d'une baleine, de laquelle il sortait; l’autre, Reynolds, en avait pêché un de 45 pieds, qui flottait, et dont la couleur était rouge ardoise. (A. LANDRIN.) Voici maintenant un récit, écrit en 1786 par Denys Montfort : « Le capitaine Jean-Magnus Dens, homme respectable et véridique, après avoir fait quelques voyages à la Chine, pour la Compagnie de Gottembourg, était enfin venu se reposer de ses expéditions maritimes à Dunkerque, où il demeurait, et où il est mort depuis peu d'années, dans un âge très avancé. Il m'a raconté que, daus un de ses voyages, étant par les quinze degrés de latitude sud, à une certaine distance de la côte d'Afrique, par le travers de l’ile Sainte-Hélène et du cap Nigra, il fut pris d’un calme qui dura quelques jours, et il se décida à en pro- fiter pour nettoyer son bâtiment et le faire approprier et gratter en dehors. En conséquence, on descendit le long du bord quelques planches suspendues, sur lesquelles les matelots se placèrent pour gratter et nettoyer le vais- seau. Ces marins se livraient à leurs travaux, lorsque subitement un de ces encornets, nommés en danois ancher- troll, s'éleva du fond de la mer et jeta un de ses bras autour du corps de deux matelots, qu'il arracha tout d'un coup avec leur échafaudage, et les plongea dans la mer ; il lança ensuite un second de ses bras sur un autre homme de l’équipage qui se proposait de monter aux mâts, et qui était déjà sur les premiers échelons des haubans. Mais, comme le poulpe avait saisi en même temps les fortes cordes des haubans et qu’il était entor- tillé dans leurs enflüres, il ne put en arracher cette troi- sième victime qui se mit à pousser des hurlements pitoyables. Tout l'équipage courut à son secours; quel- ques-uns, sautant sur les harpons et les fouanes, les lan- cérent dans le corps de l'animal, qu'ils pénétrèrent pro- fondément, pendant que les autres, avec leurs couteaux et des herminettes ou petites haches, coupèrent le bras qui tenait lié le malheureux matelot, qu'il a fallu retenir LE NATURALISTE de crainte qu'il ne tombât à l’eau, car il avait entière- ment perdu connaissance. Ainsi mutilé et frappé dans le corps de cinq harpons, dont quelques-uns, faits en lance et roulant sur une charnière, se développaient quand ils étaient lancés de facon à prendre une position horizontale et à s’accrocher ainsi par deux pointes et par un épanouissement dans le corps de l’animal qui en était atteint, ce terrible poulpe, suivi de deux hommes, chercha à regagner le fond de la mer par la puissance seule de son énorme poids. Le capitaine Dens, ne désespérant pas encore de ravoir ses hommes, fit filer les lignes qui étaient attachées aux harpons ; il en tenait une lui-même et lâchait de la corde à mesure qu'il sentait du tiraillement; mais quand il fut presque arrivé au bout de: lignes, il ordonna de les ürer à bord, manœuvre qui réussit pendant un instant, le poulpe se laissant remonter : ils avaient déjà embar- qué ainsi une cinquantaine de brasses, lorsque cet animal lui ôta toute espérance en pesant de nouveau sur les lignes qu'il força de filer encore une fois. Ils prirent cependant la précaution de les amarrer et de les attacher fortement à leur bout. Arrivés à ce point, quatre de ces lignes se rompirent; le harpon de la cinquième quitta prise et sortit du corps de l'animal en faisant éprouver une secousse très sensible au vaisseau. C’est ainsi que ce brave et honnête capitaine eut à regretter d'abord ses deux hommes, qui devinrent la proie d’un mollusque dont souvent il avait entendu parler dans le Nord, que cependant, jusqu'à cette époque, il avait entièrement regardé comme fabu- leux, et à l'existence duquel :l fut forcé de croire par cette triste aventure. Quant à l’homme qui avait été serré dans les replis d’un des bras du monstre et auquel le chirurgien du navire prodigua, dès le premier instant, tous les secours possibles, 11 rouvrit les yeux et recouvra la parole ; mais, ayant été presque étouffé et écrasé, il souffrait horriblement, la frayeur avait aliéné ses sens; il mourut la nuit suivante dans le délire. La partie du bras qui avait été tranchée du corps du poulpe, et qui était restée engagée dans les enfléchures des haubans, était presque aussi grosse à sa base qu'une vergue du mât de misaine, terminée en pointe très aiguë, garnie de capsules ou ventouses larges comme une cuiller à pot; elle avait encore 5 brasses ou 25 pieds de long, et commele bras n’avait pas été tranché à la base parce que le monstre n'avait pas même montré sa tête hors de l’eau, ce capitaine estimait que le bras entier aurait pu avoir 35 à 40 pieds de long. Il rangeait cette aventure parmi les plus grands dan- gers qu'il eût courus en mer, » Voici enfin un récit plus moderne, dù à M. Bouyer, lieutenant de vaisseau à bord de l’Alecton. C'est un ma- telot qui vient le prévenir de la présence du monstre : « — Commandant, la vigie a signalé un débris flottant par bâbord, — C'est un canot chaviré. — C'est rouge, ca ressemble à un cheval mort. — C’est un paquet d'herbes. — C’est une barrique. — C'est un animal : on voit les pattes. Je me dirigeai aussitôt vers l’objet signalé et qui était si diversement jugé, et je reconnus le poulpe géant, dont l'existence constatée semblait reléguée dans le do- maine de la fable, VE Je me trouvais donc en présence d’un de ces être LE NATURALISTE 297 bizarres que la mer extrait parfois de ses profondeurs, comme pour porter un défi aux naturalistes. L'occasion était trop inespérée et trop belle pour ne pas me tenter. Aussi eus-je bien vite pris la résolution de m’emparer du monstre, afin de l’étudier de plus près. Aussitôt, tout est en mouvement à bord, on charge les fusils, on emmanche les harpons, on dispose les nœuds coulants, on fait tous les préparatifs de cette chasse nou- velle. Malheureusement, la houle était très forte et, dès qu'elle nous prenait par le travers, elle imprimait à l’Alecton des mouvements de roulis désordonnés qui gé- naient les évolutions, tandis que l'animal lui-même, quoique restant toujours à fleur d’eau, se déplaçait avec une sorte d'instinct et semblait vouloir éviter le navire. Après plusieurs rencontres qui n'avaient permis en- core que de le frapper d'une vingtaine de balles aux- quelles il paraissait insensible, je parvins à l’accoster d'assez près pour lui lancer un harpon, ainsi qu'un nœud coulant, et nous nous préparions à multipher le nombre de ses liens, quand un violent mouvement de l'animal ou du navire fit déraper le harpon qui n'avait guère de prise dans cette enveloppe visqueuse : la partie où était enroulée la corde se déroula, et nous n’ame- nâmes à bord qu'un troncon de la queue. C’est un encornet colossal; son corps mesure 5 à 6 pieds de longueur; les tentacules, au nombre de huit, ont la même dimension. Il est d’un rouge brique; son corps est très renflé vers le centre; ses yeux aplatis, glauques, grands comme des assiettes, fixes. Dans le com- bat, qui dura trois heures, il vomit de l’écume, du sang et des matières gluantes qui répandirent une forte odeur de musc. La queue se termine par deux lobes, ce qui ca- ractérise le genre calmar. Officiers et matelots me demandèrent à faire amener un canot pouressayer de garrotter de nouveau le monstre et de l’amener le long du bord, Ils y seraiezt peut-être parvenus si j'eusse cédé à leurs désirs; mais je craignais que, dans cette rencontre corps à corps, l'animal ne lan- çât un de ses longs bras armés de ventouses sur le bord du canot, ne le fit chavirer, n’étouffât plusieurs hommes dans ces fouets redoutables, chargés, dit-on, d’effluves électriques et paralysants, et comme je ne voulais pas exposer la vie de mes hommes pour satisfaire une vaine curiosité, je dus m’arracher à l’ardeur fiévreuse qui nous avait saisis tous pendant cette poursuite acharnée et j'ordonnai d'abandonner sur les flots le monstre mutilé qui nous fuyait maintenant, et qui, sans paraitre doué d’une grande rapidité de déplacement, plongeait de quelques brasses et passait d’un bord à l’autre du navire dès que nous parvenions à l’aborder. La partie de sa queue que nous avions à bord pesait 14kilogrammes. C’est une substance molle, répandant une forte odeur de musc; la partie qui correspond à l’épine dorsale commençait à acquérir une sorte de dureté re- lative. Elle se rompait facilement et otfrait une cassure d'un blanc d’albâtre. L'animal entier, d'après mon ap- préciation, pesait 2 à 3 tonneaux (4 à 6000 livres.) Il soufflait bruyamment, mais je n'ai pas remarqué qu'il lançât cette substance noirâtre au moyen de laquelle les petits encornets que l’on rencontre à Terre-Neuve troublent la transparence de l’eau pour échapper à leurs ennemis. Des matelots m'ont raconté qu’ils avaient vu, dans le sud du cap de Bonne-Espérance, des poulpes pareils à celui-ci, quoique de taille un peu moindre, Ils prétendent que c’est un ennemi acharné de la baleine; et, de fait, pourquoi cet être, qui semble une grossière ébauche, ne pourrait-il atteindre des proportions gigan- tesques? Rien n'arrête sa croissance, ni OS, ni carapace; on ne voit pas a priori de bornes à son développement, Quoi qu'il en soit, cet horrible échappé de la ménage- rie du vieux Protée me poursuivra longtemps dans mes nuits de cauchemar. Longtemps je retrouverai fixé sur moi ce regard vitreux et atone, et ses huit bras qui m’en- lacent dans leurs replis de serpent. Longtemps je gar- derai la mémoire du monstre rencontré par l’Alecton, le 30 novembre 1861, à deux heures de l'après-midi, à 40 lieues de Ténériffe, Depuis que j'ai de mes yeux vu cet étrange animal, je n'ose plus fermer de mon esprit la porte de la crédulité aux récits des navigateurs. Je soupconne la mer de n'avoir pas dit son dernier mot et de tenir en réserve quelques rejetons des races éteintes, quelques fils dégénérés des trilobites, ou bien encore d'élaborer dans son creuset toujours actif des moules inédits pour en faire l’effroi des matelots et le sujet des mystérieuses légendes des océans, » De son côté, M. Richard Lecton assure qu'en 1873 deux pêcheurs’ trouvèrent une sèche gigantesque dans la baie de la Conception (Terre-Neuve), dont les bras avaient 35 pieds de longueur, tandis que le corps avait une longueur ce 60 pieds et un diamètre de 5 pieds. Les pêcheurs coupèrent à un des bras un morceau de 25 pieds de longueur et le rapportèrent dans leur pays. Henri COUPIN. DESCRIPTIONS DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Notoxus américains el africains nouveaux. Noloxus Gounellei. — Modice elongatus, niger, subopacus, sericeo pubescens, antennis pedibusque testaceis ; thoracis cor- nu breve, satis lata, plus minusve rufo ; elytris fasciis duabus sinuatis latisque, altera basali, altera mediali, griseo-tomento sis. Long. 3-3,5 mil. America méridionalis (coll. Pic). Cette jolie espèce, capturée par M. E. Gounelle-à S. Antonio da Barra dans le Brésil, est voisine de Lebasi Laf., de Colombie, et s’en distingue à première vue par la bande postérieure pubes- cente des élytres sinuée. Notorus venustus. —Satisrobustus,niger, fere opacus, sericeo- pubescens, antennis pedibusque testaceis, fenoribus posticis paululum brunneis ; thoracis cornu paulo breve, rufo ; elytris late griseo-tomentosis, in medio et apice subdenudatis. Long. 3 mil. environ. America meridionalis (coll. Pic, ex Donckier). Cette espèce, provenant de Tucuman dans la république Ar- gentine, est, ainsi que la précédente, par sa coloration voisine de N. Lebasi Laf., mais chez cette espèce nouvelle les élytres ne sont pas noirs à fascies grises, mais gris avec l'extrémité as- sez largement, et une bande étroite médiane, foncées et subdé- nudées. Notoxus nigronotnltus. — Satis robustus, nitidus, griseo-hir- sutus, niger, antennis, thorace ad basin, elytris (his nigro-ma- culatis), pedibusque rufo-testaceis ; thoracis cornu breve, pro parte rufo ; elytris ad scutellum, in medio lateraliter, et apice breve, nigro-maculatis. Long. 3 mil. Africa meridionalis (coll. Pic, ex Donckier). Très facile à reconnaître, par son dessin élytral, des autres Notoxus de la même région. Peut se placer près de pilosus Laf. Notoxus Pentheri. — Satis elongatus, nitidus, griseo-pubes- cens, rufo-testaceus, elytrisnigro notatis; thoracis cornu sat elon- gatoet angustato ; elytris ad medium nigro fasciatis et maculis duabus ornatis, altera basali et humerali, altera subapicali et 228 LE NATURALISTE communi. Long. 3,5 mil. Africa meridionalis (Dr Penther, in Hofmuseum de Wien et coll. Pic). Distinct des espèces à colo- ration générale testacée par la disposition de son dessin élytral foncé etsurtout par la présence d’une macule humérale externe isolée sur chaque élytre. À placer près de cucullatus Laf. Notoxus pulcher. — Satis robustus, subnitidus, sat dense pu- bescens et albido hirsutus, pro parte ruber aut testaceus, pro parte niger; antennis pedibusque testaceis ; capite nigro, cornu breve et nigro ; thorace robusto, rubro ; elytris testaceis, nigro- maculatis ; subtus corpore obscuro. Long. 3 mil. Africa meri- dionalis. Très jolie espèce à dessin élytral noir particulier (composé de une fascie arquée près de l'écusson et prolongée en arrière surla suture, une large macule médiane externe subcarrée, une petite macule ante-apicale), pouvant se placer prèsde sericeus Péring. Notoxus Simoni. — Modice elongatus, nitidus, griseo hirsutus, niger, antennis, pedibusque pro parte, testaceis, elytris pallido notatis ; thoracis cornu paulo breve, rufo ; elytris nigris,antice et lateraliter longe, in medio et oblique, pallido-notatis. Long. 3,5 mil. Africa meridionalis (coll. Pic). J’ai acquis cette espèce avec la coll. d'Hétéromères africains de feu Hénon, elle provient des récoltes de M. Simon à Blœm- fontein. Se rapproche par sa coloration de inconstans Laf.,mais le dessin clair est différent, composé d'une très longue macule antérieure et d’une sorte de fascie médiane n'atteignant pas la suture. Notoxus nigricolor. — Satis elongatus, nitidus, griseo-hirsu- tus, nigro-piceus, antennis pedibusque plus minusve testaceis ; thoracis cornu sat elongato et angustato; elytris immaculatis, pone basin modice impressis, ad apicem indistincte rufescentibus, prope basin transvérse subimpressis. Long. 2 mil. Africa occi- dentalis (coll. Pic). Je possède cette espèce, venant du Sénégal, et je crois l'avoir vue autrefois de la même origine dans la coll. Alluaud. Par sa coloration doit se rapprocher de insitus Qued. dont elle diffère au moins par la coloration plus claire des membres. Notoxus Anlinorti. — Satis elongatus et robustus, nitidus,gri- seo-hirsutus, niger, antennis pedibusque pro parte rufo-testaceis, thoracis cornu sat elongalo; elytris nigris, ante medium et late- raliter. indistince rufo-maculatis, pone basin distincte impressis. Long. 3,5 mil. Africa orientalis (Museo civico di storia naturale Genova et coll. Pic). ; Cette espèce a été recueillie par M. Antinori, dans le pays des Bogos et je la possède aussi d'Abyssinie; elle est plus grande que la précédente, ses membres sont moins clairs, les élytres ont antérieurement une macule roussätre externe, Observation. — Etant donné que les Notoxus de l'Afrique australe paraissent variables, que plusieurs des anciennes espè- ces sont encore insuffisamment connues, je ne puis affirmer ac- tuellement si les modifications que je nomme ici sont des espèces tout à fait nouvelles, ou simplement des variétés d'espèces déjà décrites. MAMPIC: ORTHOGRAPHE BOTANIQUE Œcidium ou Æcidium, Œnothera ou Onothera Le débat, dans les deux cas, porte sur la première syl- labe, æ : doit-elle être changée en æ dans le premier, en o dans le second ? ŒcipiuM où ÆCIDIUM. — Ce nom, créé pour un genre de Champignons par le naturaliste anglais John Hill dans son « History of Plants », publié à Londres en 1773, s’y présente avec trois variantes par suite de fautes typo- graphiques. Dans la classification des genres qui est au commencement du volume on lit Acidium; à la page 64 Æcidium par æ et dans l'index alphabétique final OEci- dium par œ. Mais, à la page 64, l’auteur définit en ces termes le genre nouveau : « Æcidium is a genus of fun- gus.... We have called this genus, distinguished by its peculiar cells, ŒEcidium, from the greek oixêtov, cellula ». Dans ce passage même, æ est remplacé par æ, et les auteurs qui ont reproduit, les premiers, cette mauvaise orthographe n'ont pas pris garde qu'elle était en désac- cord avec l’étymologie; de nos jours encore, la grande majorité des mycologues persévèrent dans cette faute d'impression. Cependant le Bulletin de la Société bota- nique de France a conservé la tradition de la graphie correcte OEcidium.| On doit écrire en français Ecidie. ŒNOTHERA où ONOTHERA. — Doit-on faire dériver la première partie de ce nom de oivos Vin où de ëvos âne ? Cette question, quoique très simple, a déjà fait couler beaucoup plus d'encre que la précédente. C’est dans l'Histoire des Plantes de Théophraste (1x, 19) qu’on trouve le passage suivant contenant la plus ancienne mention connue de la plante dont il s’agit: « L'OŒnothera… est un grand arbrisseau, à racine rouge, longue, qui séchée sent le vin; il se plait dans les lieux montagneux. La susdite propriété ne doit pas paraitre surprenante, car la racine de l'OŒEnothera exhale une odeur qui a pré- cisément la vertu du vin (1). » Autant les termes très précis de ce passage s'accordent avec le radical @no (oïvoc), vin, rappelant la principale propriété attribuée à la plante, autant il semble difficile d’admettre.que ce radical y soit remplacé par ono (èvo, âne), désignant un animal dont il n’est ici aucunement question. La même remarque est applicable à tous les textes consacrés à la même plante par les divers auteurs, grecs et romains, qui l'ont signalée après Théophraste : Dioscoride, Pline, Galien, etc. Tous célèbrent à l'unisson les qualités vineuses sans allusion à l'animal appelé #voç. Aussi la presque unanimité des érudits, botanistes, édi- teurs, lexicographes et commentateurs, à toutes les époques et notamment depuis le xve siècle, s’est pro- noncée pour l'orthographe OEnothera (2). D'ailleurs on ne perdra pas de vue que l’OŒEnothera des naturalistes de l’antiquité ne saurait appartenir au genre linnéen de ce nom, dont toutes les espèces, d’origine américaine, étaient inconnues de Théophraste, Cette considération, indépendamment des précédentes, est absolument décisive en faveur de la conservation de l'orthographe adoptée par Linné. Or ce dernier a écrit dans son « Hortus Cliffortianus » (p. 144): « ŒNOTHERA EST NOMEN THEOPHRASTI, QUID BOTANICIS CUM ASINIS VEL ONAGRIS ? QUID ANIMALIA HYBRIDA PRO NOMINIBUS PLANTARUM ? » La cause est entendue. Ernest MALINVAUD. (4) Trad. de M. le D° Saint-Lager. (2) De Théis, par exemple, dans son Glossaire de Botanique, p. 329, dit : « ŒxornERA. Ce nom vient deoïvoc, vin. Dioscoride, Pline, Galien répètent également que la racine de cette plante sent le vin. On y a joint le nom thera (de 6%p, bête féroce), parce que la racine donnée en breuvage passait pour calmer les bêtes les plus furieuses. » Le dictionnaire classique de Forcellini (Tofius latinitatis Lexicon, t. IV, p. 392. ann. 1868) contient l'article suivant : « ŒxoruERA et ŒnoTHeRrIs. Vox græca, oivobñpa et oivobpt, qua significatur herba, quæ in vino pota vigilias sedat : ab oivos, vinum, et Üñpa, fera ».… 4 4 LE ‘NATURALISTE 229 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU FLANTES SYLVESTRIS...:.. AABERS me nn ne rsn sn eee DS LDVESTRIS ee nie BTE SR nn panel DROIT ONCE TeresNraus, LENTISCUS DANCEOLATA. : ..:.... LANGEOLATA : .:...: —. ÉANCEOLATA 14.5... MEpra NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Pin Sphinx Pinastri L. Panthea Cœnobita Esp. Cnethocampa Pityocampas. V. Lasiocampa Pini L Trachea Piniperda Panz. Phlogophora Scita H. Ellopia Prosapiaria L. Odontopera Bidentata Clerck. .|Boarmia Secundaria Esp. Abietaria H. Asthena Testaceata Donor. Macaria Liturata Clerck. Signaria H. Numeria Capreolaria F. Fidonia Piniaria L. Larentia Rupestrata S. V. Eupithecia Pusillata S. V. Abietaria Gôze. Lariciata Gn. Thera Variata Schiff. Firmata H. Pissenlit Syntomis Phegea L. Crateronyx Taraxaci S. V. Dumeti L. Noctua Augur Fab. Polia Cæcimacula S. V. Aplecta Advena $S. V. Hadena Dentina S. V. Psodos Quadrifaria Subz. Cleogene Lutearia F. Coremia Quadrifasciaria Cierck Pistachier Eurhipia Adulatrix H. Ophiodes Tirrhæa Cram. Plantaiïn Melitæa Cynthia S. V. — . Maturna L, Cinxia L. Didyma Esp. Athalia Esp. Parthenie Bkh. Carterocephalus Paniseus Esp. Syntomis Phegea L.. Leucania Albipuncta S. V. |Luperina Virens L. Mamestra Serratilinea Tr. Grammesia Trigammica Hufn. Hydrilla Palustris H. Caradrina Alsines Brahm. Superstes Tr. Taraxaci H. Ambigua $S. Vt Agrotis Polygona $. V. Noctua Candelisepua S. V. Noctua Dahli H. Dasycampa Standiugeri de Graslin. Polia Nigrocincta Tr. Heliothis Armigera H. Acontia Luctuosa S. V. Synopsia Laciaria H. Var. Propinquaria B. Hyria Muricata Hufn. Cleogene Lutearia F, MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Chenilles Pinus Août, septembre. Septembre, octobre. Mars. Mai. Mai, juin. Juin. Juin, juillet, hiver. Août, septembre. Juin, septembre. Mai, jun. Septembre. Mai. Août à octobre. Mai, juin. Mai, juin, sept., oct. Juillet (Pommes). Septembre. Printemps, automne. Juillet, août. Taraxacum Mai, juin. Juillet. Jun. Printemps. Mai. Avril. Mai, juin. Août, octobre. Avril. Avril, juillet. Pistacia Printemps,été,automne Septembre, octobre. Plantago Juin. Mai. Avril, août, septembre Mai, juin. {Mai, septembre. Mai. Avril. Mai, juin. Avril, Juin. Octobre. Juillet, août. Février, mars. Mars. Mai, juin. Mars, avril. Mai. Août, septembre. Mai, juin. Avril, juillet. Juin. Avril. PSE Quadrifasciaria Clerk|Avril, juillet. Papillons Juin. Mai. Juillet. !Juin. Mars, avril. Juillet. HABITAT FRANCAIS Toute la France. Colmar. France méridionale. France méridionale et orient. France centrale et orientale. Alsace, Auvergne, Jura. Mai, juillet à septembre|Toute la France. Avril, mai. Juillet. Juillet, août. Juin, juillet. Juillet, août. Avril, mai. Juillet, août. Mai, juillet. Mai, juin. Mars, avril. Colmar. Vosges, Haut-Rhin. France centrale et orientale. Toute la France. France orientale. Alpes, Vosges, Auvergne. Toute la France. Alpes, Auvergne. Toute la France. Doubs, Vosges, Indre. Cannes, Savoie, Mai, juin, juillet, sept.|Toute la France. Juin, juillet. Septembre, octobre. Octobre. Juillet. Septembre. Jun, juillet. Juin à août. Juin, juillet. Mai, juin, août, sept. Alpes. Nancy. Toute la France. Fr.sept., Alsace, Basses-Alpes. France centr., mérid. et orient. Toute la France. Montagnes. France septentr, ct orientale, Printemps, été, autom.|France méridionale. Juin. Juillet, août. Juin. Mai, juin, août. Juin à août. Juin, août. Mai. Juin, juillet. Mai, juin, août, sept. Juillet, août, Juin, juillet. Mai, juin. Mai, juillet. Juin, juillet. Juin à septembre. Juin à août. : Juillet. Juilet, août. Septembre, octobre. Juillet à septembre, Juin à septembre. Mai à septembre. Mai, juin, août. Juin, juillet. Mai, juin, août, sept. Provence, Montpellier. Alpes. France centrale et septentrion. Toute la France. France centr., mérid. et orient. Toute la France. l'rance centrale etorientale. Alpes. Toute la France. Basses-Alpes. Toute la acer indre, Basses-Alpes. Toute la l'rance. Montagnes. Paris. Dauphiné, Doubs. France méridionale, Aisne. Pyrénées-Orientales. France centr., mérid. et orient Toute la France. France centrale et méridion, France méridionale, Lyon, Beaune-la-Rolande. Toute la France. Montagnes. France septentr. et orientale EE —…—…—…—…—…—…—…—…—……—…—.—— ——__—_—_—_—_—_—_—_—_—_——_— os LE NATURALISTE REMARQUES CRITIQUES A PROPOS DES DÉTERMINATIONS DU SEXE CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES En réponse à la note de. M. C. Flammarion, que nous pu- bliions dans le dernier numéro du Naluralisle, M. Alfred Giard, le distingué professeur de la Sorbonne, a adressé à l'Académie des Sciences les observations suivantes : « Sans vouloir mettre en doute les résultats des expériences de M. C. Flammarion sur l'influence des couleurs dans la pro- duction des sexes chez le Sericaria mori, il convient de rappeler certaines données morphologiques qui en modifient singulière- ment l'interprétation. « Il est possible qu'en opérant comme l'a fait M. Flammarion sur trois générations successives de Vers à soie, maintenues l'une après l’autre sous l'influence de certaines radiations, on arrive à augmenter, dans l'ovaire des femelles, la proportion des œufs mâles et femelles de façon à donner la prédominance à l'un ou l’autre sexe (le sexe mäle dans les expériences de M. Flammarion). « Mais il serait chimérique d'espérer qu’en soumettant un certain nombre de Vers à soie quelconques à un régime de nourriture restreinte (loc. ci£., p. 399), on pourrait arriver, même en les prenant ab ovo, et avec l'influence de la lumière bleue ou violette, à modifier dès la première génération la proportion des sexes chez les papillons issus de ces chenilles. «Le sexe des chenilles est, en effet, parfaitement déterminé à la sortie de l’œuf et sans doute antérieurement dans les glandes génitales de la mère. Le fait a été mis hors de doute depuis plu- sieurs années par La Valette Saint-Georges et par Brocadello, pour les embryons du Ver à soie. « D'après Brocadello, la dimension des œufs dans une race donnée et dans une même ponte de Sericaria mori permet de faire le triage des mâles et des femelles même avant la nais- sance. É « Chez certaines chenilles à peau transparente on peut facile- ment, et parfois sans dissection ni examen microscopique, re- connaitre le sexe au premier coup d'œil. C’est ce qui a lieu pour les larves d’Ephestlia Kuehniella (la teigne des farines), où les mâles se reconnaissent de très bonne heure à une petite tache noirâtre due au pigment mélanique qui colore les testi- cules. « Chez d'autres espèces, les chenilles des deux sexes peuvent même différer par des caractères morphologiques d’une certaine importance, et manifester ainsi dès l’état larvaire un dimor- phisme sexuel qui d'ordinaire n’apparait que chez les adultes parmi les Lépidoptères. Un cas de ce genre a été signalé il y a longtemps par Lintner, chez une chenille de Sphingide, Thyreus Abboly Swainson (Annual Report on the New-York Slate Mu- seum of natural History, 35° année, 1870). « Le diphorphisme sexuel larvaire a été observé, quoique à un degré moins accusé, chez plusieurs Lépidoptères indigènes. D'après Maurice Girard, on peut citer, parmi les espèces de Lépidoptères dont la différence de sexe apparaît dès la che- aille, les deux Livrées de notre pays, la Livrée commune (Bom- byx neustria L.) et surtout la Livrée des prés (B. castren- sis L.). Ces insectes doivent leur nom vulgaire aux lignes bleues, analogues à des galons de livrée, qui s'étendent longitu- dinalement sur la chenille. Les chenilles femelles ont les raies bleues plus larges et, dans la dernière espèce, les chenilles mâles ont les raies vraiment linéaires. La taille distingue les deux sexes dans les chenilles complètement développées d’Oc- neria dispar, d'Orgya antiqua et surtout d'Orgya gonostigma ; les chenilles femelles sont fortement plus grosses que celles des mâles. 4 « Goossens et J. Palloux ont fait des observations du même genre. « D'après ce dernier, la chenille du rare Chelonia Quenseli Payk, qu'il a pu élever en grand nombre en août 1866, est velue, d'un noir velouté, et offre une ligne vasculaire blanche qui n'est que peu accusée et peut même manquer chez le mâle, mais qui est très large et très apparente chez la femelle, ce qui permet de reconnaitre facilement, à l’aspect de la chenille de cette espèce, le sexe futur de l’insecte parfait. « D'après Chapman, les chenilles femelles d'Orgya antiqua ont une mue de plus que les chenilles mâles. J'ai tout lieu de croire qu'il en est de même pour les chenilles femelles d’'Oc- neria dispar. «La différenciation sexuelle est tellement profonde chez les chenilles de certains Lépidoptères que la castration opérée à un stade précoce ne modifie en rien les caractères sèxuels de l'adulte. J.-T. Oudemans à châtré de jeunes chenilles d’Ocne- ria dispar à la deuxième mue. Chez cette espèce, le pigment jaune orangé du testicule permet facilement de reconnaitre les mâles quand on ouvre la larve dans la région des glandes sexuelles. Les papillons provenant des chenilles ainsi châtrées ont présenté, sans modifications, le dimorphisme sexuel si accen- tué dans l’'Ocneria; les mâles semblaient même avoir conservé les manifestations de l'instinct de leur sexe. « Les résultats obtenus par Mary Treat, Gentry, Landois et par moi-même, en soumettant des chenilles à un régime res- treint allant parfois jusqu’à l’inanition, ne permettent de tirer aucune conclusion de physiologie générale relative au problème de la détermination des sexes. Les expériences de M. Klamma- rion, faites en ajoutant l'influence des verres colorés à celle de la nourriture restreinte, n'ont pas une portée plus grande et doivent être examinées avec le même esprit critique. J'ai in- diqué, il y a quelques années, les précautions multiples qu’il faut prendre pour tirer des déductions légitimes d'expériences de ce genre (tenir compte de la mortalité inégale dans les deux sexes dans les stades précoces, se méfier de la sélection incons- ciente, etc.). «Depuis, Cuénot et Strasburger ont développé des idées ana- logues dans d'excellents Mémoires que devront consulter tous ceux qui s'occupent de ce problème si passionnant, mais si compliqué et si délicat, de la détermination expérimentale des sexes chez les animaux ou chez les végétaux. «€ La grande erreur des physiologistes dans l'étude des ques- tions de ce genre, comme dans beaucoup d'autres d’ailleurs, a été de négliger complètement les données morphologiques et de considérer l’œuf animal ou végétal comme un point de départ absolu, alors qu'il constitue un complexe d'énergies accumulées par les conditions variées d'existence où se sont trouvés les organismes ancestraux. Or, dans l'état actuel de la science, la morphologie seule peut nous renseigner partiellement par ses manifestations successives sur les facteurs anciens de la phylo- génie. » PHYSIOLOGIE DU LANGAGE Lelangage des hommes est tout ce qu'il y a au monde de plus naturel. Bien que le langage évolue de plus en plus, chez les différents peuples, on peut dire cependant que la première famille humaine a parlé, comme le petit enfant, en perfection- nant son langage de plus en plus. Au bout d’un petit nombre de générations, dès que la première tribu humaine fut consti- tuée, elle posséda naturellement une langue absolument com- plète, quoique moins perfectionnée que nos langues actuelles. Tous les radicaux sont monosyllabiques, sans en excepter un seul. Ce principe est fondamental. Une syllabe se compose d’une voyelle et deconsonnes.Mais les voyelles naturelles ne sont pas a ei o u y, comme en français. Les voici, dans leur crdre absolument naturel et physiologique: I, É, A, O0, Ou, U, E (prononcé eu). Il n'ya qu'à se regarder parler devant une glace, pour voir que c'est bien là la suite naturelle des voyelles. Nous n'insiste- rons pas sur ce sujet, d'ordre purement physiologique, parce qu’il nous conduirait trop loin. De même, nous feronsremarquer qu'il y a 7 voyelles primitives, comme il y a les T couleurs, les 7 notes de la gamme, etc. j Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les 7 voyelles primitives sont séparées les unes des autres par 5 voyelles inter- calaires, 3 et 2, absolument comme les dièzes de la gamme. La série de ces T voyelles correspond à mi fa sol la si do ré, où la lettre À, correspondant au sol, est la dominante, c’est-à-dire la voyelle primitive orientale. Ceci bien établi, prenons un radical oriental quelconque as, qui signifie brillant comme un astre, et par suite le Seigneur, ou même un seigneur auquel on donne … une qualification divine, un gouverneur, comme on le faisait en LE NATURALISTE 231 Orient ; alors le radical as nous donne os, ous, us, en montant dans la série, et as,es, is, Seigneur, divin, puissance, force, en la descendant ; c'est-à-dire en faisant varier successivement la voyelle du radical, comme cela s’est fait naturellement. Plus tard, la finale as, os, us, est devenue tout simplement la repré- sentation du masculin, et à ÿaBos bonus ont eule sens del'homme bon ou brave ; par opposition à la finale féminine 4, élision de ma, mère,et par suite femme, fille; bona la femme bonne; Nor- ma, fille du Nord, North-ma. Il va sans dire quela finale fémi- nine & a fait successivement é, t, en descendant la série ; d’où le grec aya0n, : la brave, avec l’n, qui se prononce , dans une foule de circonstances, même en Grèce, et dans les mots grecs dérivés du français. Ainsi les Grecs modernes ne prononcent pas nuas, nous, mais 2MAS. Voyons un autre radical comme rig, puissant. On a la série. I E A O Ou U rig, reg, rag;, rog, roug, rug. rigueur, régent, rageur, arrogant, rough, rugueux. On saitque rough, en anglais, veut dire redoutable bandit. Veut-on des exemples ? Prenons am, em, im, am; le plus en germanique à fait en latin imo, bien plus. War, wær, wir,guer- rier, défenseur, a fait le mot vir, l’homme de courage en latin, qui assurément ne vient pas de vis, force ! Ce serait plutôt le contraire. Au reste, on a fait dériver le latin vis, force, du grec &, qui a le même sens et qui dérive de {w, s’élancer avec force d’où le latin I, va, marche ! Tar, ter, tir nous donne far, ler- rible. En remontant, on a : {or, four, lur,rempart, d’où les mots turris, tour, Turin et Tournay, Tornacwm. Voyez le mot ac, ag, ec, eg, aigu, angle, coin, qui a formé en gaulois le mot ac, coin de terre, champ, et en latin ag, ager, champ, coin de terre ; comme le gaulois Kant, canton, part, morceau de terre, qui a fait notre mot français champ. En effet ce mot ne dérive pas de campus, camp, qui a fait la campagne, le campement. C’est si vrai, qu'on dit vu de champ pour dire vu de côté, vu de coin, vu de morceau, vu de part; de Kant en gaulois. D'où Marquantaire, de Mar-Kant- wœr, les guerriers du canton maritime, en Picardie ; et le pays de Kant, Kent en anglais, où la voyelle a se prononce é (et pour cause !), avec Canterbury, Kant-wær-bérig, forteresse ou montagne des guerriers du canton maritime, en Angleterre. César en effet nous dit que les populations des deux côtés du Pas de Calais parlaient la même langue et étaient dérivées d’un même peuple. Les étymologies nous montrent la vérité de cette affirmation de César. De plus, nous voyons que c’étaient des Celtes-gaulois, et non des Gaulois germaniques.Nous y trouvons les Morins, de mor, mer en celtique, les maritimes, et l’'Armori- que, des ar-mor-rike, la grande puissance maritime ; et non royaume près de la mer, cemme on l’a traduit. De mêémela Neustrie ne veut pas dire Ne Œsterring, le royaume qui n’est pas à l’est (comme l’Austrasie) ; mais Neu-Wester- ring, nouveau royaume de l’ouest, ce qui est infiniment plus lo- gique et grammatical. Au reste, ce que l’on a fait de fautes en étymologie est incommensurable. On a parfois donné du même mot vingt étymologies différentes, sans trouver la véritable ! Ainsi par exemple, que dire des savants auteurs de la vie de César, sous Napoléon IT, quinous ont donné quatre étymologies de ce nom (comme si elles ne s’excluaient pas réciproquement) ; étymologies dont pas une seule n’est exacte, ce qui est plus fort, Et cependant les Caius et Lucius, qui sont les prénoms de tant de Césars dela même famille, auraient dû les mettre instantané- ment sur la voie. César, Cæsar, de Kai-sar-os, veut dire Sei- gneur ardent et brillant (comme le soleil) ; de wp« brüler, arder, et du sanscrit sar brillant, avec os, Seigneur. De même Lutèce ne vient pas du latin lutem, boue,l’ile boueu- se! Comme si les Gaulois ne savaient pas parler et étaient obli- gés de demander aux Latins comment il fallait s'y prendre, pour donner des noms à leurs cités ! ! ! N'est-ce pas insensé ? D'au- tant plus que le géographe Strabon a la bonté de nous dire que Lutecia n’était que l'élision de Lugotoceia, latinisation d’un mot gaulois, quiveut dire brillant temple d’Esus, leSeigneur : on a même retrouvé son autel et sa statue dans des fouilles au chœur .de Notre-Dame de Paris ! Ces exemples nous montrent bien que les changements succes- sifs de la voyelle d’un radical donné n'ont pas sensiblement modi- fié, avec le temps etchezles différents peuples (ou même dans le même pays donné),lesens général du radical primitif. De même, ona les séries : 19 29, eg, ag, 0g,oug, ug, eug,rusé, fin,subtil, pénétrant,et par suite intelligent, hug qui se prononce Aou en allemand et heug en anglais. 29 Mir, mer, mar,mor, mour, mur, avec lesens d’éminent, grand, etc., qui nous donne les mots : admirable, merveilleux remarquable, claymore, grand glaive ; etles mots : mer enfran- çais, mare en latin, mor en breton, grande étendue d'eau, mer- veilleuse étendue d’eau. 3° De même encore : il, el, al, ol, oul, ul, avec le sens primitif de Dieu, divin ,céleste, et par suite, protecteur, défenseur : uhland, défenseur audacieux, uhlrich, puissant défenseur, etc. 40 Adal, édel, idil, athot, éthel, éthil, noble, nous donne encore une série régulière, bien qu'incomplète ; mais jamaisonne trou- vera un radical comme adal etidil, sans qu'il y ait entre eux la voyelle intermédiaire édel. De même Armanet Irmin ont fatale- ment entre eux Ermen, etc., etc. De même si on a odet id, riche, heureux, on est bien certain de trouver entre eux cemême radical prononcé ed et ad, pour compléter la série naturelle id, ed, ad, od. Au reste, presque toujours la voyelle x s’est prononcée ou, et parfois eu, à une certaine époque. Ainsi Théodric, puissant dans la nation, a fait en latin Theu- dricus, que l’on prononçait Théoudricus et, en français, Thieu- ry, Thiéry, sans compter bien d'autres formes intermédiaires, bien entendu. De mêmel'w grec a étécertainement prononcé ou par les anciens comme xaio heure,qui a fait whr en allemand,et hora en latin, heure en français ; du radical primitif oriental wr, anti- que, temps, âge, heure. On a donc la série complète, avec ar, élevé ; ir, er, ar, or, our, ur, eur (heure), comme on a : hir, her, har, hour, hur où uhr, et heur ou heure en français ; hir her, har, ayant le sens de grand, élevé, seigneur. Ces radicaux primitifs se retrouvent dans toutes les langues anciennes et modernes, dites indo-européennes, telles que le sanscrit, l'égyptien, l'assyrien, le phénicien, le grec, le latin, le gaulois, le celtique, le germanique; et à plus forte raison dans celles qui en dérivent, comme l'italien, l'espagnol, le français, l'allemand, l'anglais, etc., etc. La langue germanique semble avoir prédominé de beaucoup la langue celtique, comme si elle tait venue après elle et l’avait étouffée en partie. C’est ainsi que la seule connaissance du ger- manique et d'un peu de celtique seulement permet de com- prendre la très grande majorité des noms propres gaulois, latins et grecs. Les noms propres sont remarquables en ce qu'ils sont toujours formés de deux radicaux monosyllabiques primitifs accolésentre eux. Ainsi Frédéric vient de fried-rik, pacifique et puissant ; Raoul, Radulfus, de ra-ulf, prompt secours, prompt à secourir; Alfred, de alf-red, conseillé des génies. Le motfée, de alf ou elf vient de al ou el divine, fa, parole, parole divine ou céleste, fée, génie. Elfège, de Elf-eg, veut dire inspiré par les génies, péné- tration des génies, génie subtil, rusé, fin. D: Boucox. A PROPOS DE L'ARTICLE DE M. PONTIER SUR LES ÉLÉPHANTS QUATERNAIRES Les différents articles du Naturaliste sur les Eléphants qua- ternaires m’offrent l’occasion de signaler la découverte de dents de Mammouth dans lés environs de ma résidence. Il s'agit d’une ballastière de la compagnie de Lyon exploitée depuis peu au lieu dit Pont-Guignant, commune de Saint-Ger- main-des-Prés, canton de Chateaurenard (Loiret). Elle est située sur les bords de la rivière de l’'Ouanne, affluent du Loing, en un endroit signalé par la carte géologique de la France comme recouvert d'alluvions anciens. Quatre dents ont été trouvées à une profondeur de 1 m. 50 en- viron dans un sable humide, un peu argileux. Elles ne sont pas en très bon état; cependant elles sont d'une détermination facile et appartiennent incontestablement à l'Elephas primigenius. Les rubans dentaires sont à peu près droits, peu ondulés ; l’émail est mince ; les lames sont écartées de 5 à 6 millimètres et ont 5 à 6 millimètres d'épaisseur. Quelques fragments d'os indéterminables ont été ramassés dans les déblais. Je n'avais jamais entendu parler de découverte de restes de Mammouth dans nos contrées. A. DE Coincy. ACADÉMIE DES SCIENCES Seance du 26 août 1901. Sur une maladie bactérienne de la Pomme de terre. (G. DELacroix.) On signale depuis plus d’un mois une maladie bactérienne de la Pomme de terre, qui sévit en France dans l'ouest et le centre, surtout en Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Finistère, Loire-Inférieure, Vendée, Vienne, Deux-Sèvres, Cha- rente, Dordogne, Aveyron, Haute-Saône, où elle semble répan- due à l'heure actuelle et menacer gravement la récolte. Cette maladie existait en France depuis plusieurs années; d’après le témoignage oral du D' Johnson, de Dublin, et, à la vue d’un petit échantillon envoyé il y a trois ans, la même maladie est commune en Irlande. On la trouve dans tous les sols, mais sur- tout dans les sols un peu calcaires. La cause du mal est le pa- rasitisme d'une bactérie. Dans la période initiale de la maladie, on voit les feuilles jaunir, se dessécher peu à peu, en même temps que les tiges s'amincissent progressivement et meurent à partir de la base. La maladie procède ainsi de bas en haut, dé- butant à la base de la tige et dans'sa portion souterraine. Les tubercules sont souvent envahis très jeunes et au début de leur formation; on peut suivre la lésion de la tige principale sur la ramification où prend naissance le tubercule. Les parties sou- terraines des tiges atteintes montrent généralement des plaies d'insectes, cicatrisées ou non, qui semblent être la porte d’en- trée de la bactérie. Les bactéries se retrouvent très haut dans la tige et dans des parties semblant encore bien vivantes. Elles sont surtout nom- breuses et abondantes dans les vaisseaux. Cette bactérie ne pa- rait pas différente du Bacillus solanacearum d'Erwin-F. Smith. Elle en possède les caractères de culture, les symptômes du mal observé aux Etats-Unis sur Pommes de terre, Tomates, Auber- gines. Cette maladie de la Pomme de terre est. différente de celle qui a été décrite par M. Prillieux et M. Delacroix sous le nom de gangrène de la lige de Pomme de lerre. Son évolution est plus lente et Ia maladie se montre plus tardivement que cette gangrène, qui est attribuée au parasitisme du Bacillus cauli- vorus, dont les caractères sont tout autres que ceux de la bac- térie actuelle. Le B. caulivorus Prill. et Delac. (B. fluorescens liquefaciens Flugge ?) se reconnait facilement à la coloration vert urane intense qu'elle donne au bouillon de veau. . Quant au traitement, les seules indications qu'on puisse don- ner jusqu'ici, c'est l'emploi d’un assolement au moins triennal dans la culture de la Pomme de terre, afin de purger le sol, qui parait être le véhicule de la maladie, des germes pathogènes qu'il renferme; on veillera aussi à ne pas sectionner les tuber- cules de semence et à n'employer que des tubercules provenant de régions indemnes. L'envahissement des cours d'eau du département de l'Hérault par le «Jussiæa grandiflora » (Michaux) et la fructification de cette espèce en France. LE NATURALISTE (M. P. Carzes.) Tout le cours de la rivière d’Orb et le canal du Midi, dans tout l’arrondissement de Béziers, sont envahis depuis quelques années par le Jussiæa grandiflora de Michaux. Il forme actuel- lement de véritables prairies aquatiques. Quelles que soient les causes que divers botanistes ont cru pouvoir assigner à l’intro- duction de cette plante, d’origine américaine, l’auteur croit pou- voir affirmer, avec le D' Touchy, que c’est au lavage des laines apportées dans notre pays et traitées à Port-Juvénal et à Béda- rieux, que l'on en doit attribuer l'apparition. Actuellement, le Jussiæa, grandiflora à pour stations, dans le département de l'Hérault: 10 Le Lez, les fossés de Lattes, de Gramenet, de Maurin, de la Madeleine (F1. de Montpellier); 20 Lunel (F1. de Montpellier); 3° Mireval, où M. Paul Marès l'avait signalé en 1857; 40 Tout le cours de l'Orb depuis Bédarieux ; 5° Le canal du Midi. Quant à la fructification, les auteurs, et notamment Loret, Touchy, Barrandon, sont d'accord pour affirmer que la Jussiæa ne fructifie pas en France. Toutefois, pendant le mois de sep- tembre, cette espèce porte ses fruits sur tout le parcours de la rivière d'Orb. Ces fruits sont des capsules de 29 millimètres de longueur.environ, couronnées encore par le calice, et ayant cinq loges polyspermes qui contiennent chacune, en moyenne, une donc en France, et c’est par ses graines qu'il se multiplie abon- damment. quinzaine de graines. Le Jussiæa grandiflora (Mich.) fructifie | l Séance du 2 septembre 1901. Sur les premiers stades du développemeut de quel- ques Polycystidées. (MM. L. Licer et O. Dunosco.) Jusqu'à ces dernières années, le développement classique des Grégarines polycystidées était considéré comme comportant fou- Jours un stade intracellulaire. Des auteurs se sont élevés contre cette manière de voir, en montrant que, chez une Polycystidée intestinale, Pyxinia Môbuszi, la Grégarine n'est jamais intra- cellulaire et qu’il en est de même pour une Monocystidée cœælo- mique, Diplocystis major. En ce qui concerne Diplocystis, les observations ont été, depuis, confirmées par Cuénot. Par contre, d'après Laveran et Mesnil, une autre espèce de Pyxinia, P. Frenzeli, aurait un stade intracellulaire. En étudiant cette espèce, la conviction a été acquise que son développement ne comporte pas de phase intracellulaire, et que ces auteurs ont interprété comme telle des figures de sécrétion des cellules épi- théliales, erreur déjà faite par Mübusz pour Pyxinia Môbuszi. De nouvelles recherches, poursuivies depuis sur les Dactylopho- rides et sur les Clepsidrinides, prouvent que le mode de déve- loppement de Pyxinia Mübuszi n’est pas un cas spécial. Les observations, qui portent sur trois grands groupes de Polycystidées, Aclinocephalides, Dactylophorides, Clepsidri- nides, montrent que l'évolution typique: de ces Grégarines ne comporte, à aucun moment, de stade mtracellulaire. En ce point, elles diffèrent notablement des Monocystidées intestinales, dont les stades jeunes, ainsi que l’ont montré Caullery et Mesnil pour divers Selenidium et Siedlecki pour Monocyslis ascidiæ, se passent à l'intérieur des cellules épithéliales. Sur l’apparition du Rot blanc (Charrinia diplodiella) en Algérie. (MM. J.-D. Carra et A. Marce.) Le Rot blanc est une maladie de la vigne, connue depuis longtemps en. France, où elle produit, de temps en temps, des dégâts d'une certaine importance ; mais, généralement, elle se montre beaucoup moins dangereuse que le Mildiou et le Black Rot. Cette maladie, qui n'avait pas encore été signalée en Algé- rie, a causé cette année de sérieux dommages dans un vignoble des environs d'Alger. Les observations sont d’accord avec l’hypothèse de certains auteurs qui supposent que le Charrinia diplodiella ne devient dangereux qu'à la suite de déchirures occasionnées aux tissus par une cause étrangère : la maladie a éclaté, en effet, à Fort- dePEau, quelques jours après une chute de grêle qui avait lé- gèrement endommagé le vignoble. Les auteurs ne pensent pas que cette manifestation morbide soit la première qui se soit pro- duite en Algérie. Certains faits conduisent à penser que la ma- ladie s'est déjà montrée sur d'autres- points du département d'Alger, mais qu’elle a passé inaperçué, confondue avec les effets du siroco ou avec les cas de grillage, si fréquents dans ce pays. Les sels de cuivre sont venus : facilement à bout du mal. La maladie a été très neltement enrayce, à Fort-de-PEau, après un énergique traitement à la bouillie bordelaise; l’amputation aux ciseaux de la partie malade des grappes atteintes par leur extrémité inférieure nous à paru donner aussi de bons résultats pour la conservation de la portion restée saine. Séance du 9 seplembre 1901. Sur l’apparition simultanée des moustiques du genre « Anopheles » et des premiers cas de paludisme dans la région de Constantine. (M. A. BrrLer.) M. Laveran a depuis longtemps observé qu'en Algérie, et dans la région de Constantine en particulier, les cas de palu- disme de première invasion surviennent dans les derniers jours du mois de juin. Il était intéressant de vérifier si cette date coïncidait avec l'apparition des moustiques du genre Anopheles, considérés comme les principaux agents de propagation des hé- matozoaires du paludisme, M. A. Billet a pu m'assurer dernièrement que le fait était rigoureusement exact pour la région de Constantine. Sur les indications de M. Laveran, il a surveillé attentivement l'éclosion des premiers moustiques dans un certain nombre de localités notoirement palustres, voisines de cette ville. C'est un exemple, des plus probants, de la coexistence pres- que simultanée des premiers Anopheles de l’année et des pre- mières atteintes de paludisme à Constantine. La constatation, dans un cas, de la présence des sporozoïtes malariques dans la paroi stomacale des Anopheles, présente un intérét tout parti- culier, au point de vue de la relation de cause à effet, entre l'apparition des Anopheles d’une part, et l’éclosion de ces pre- miers cas de paludisme d’autre part. Le Gérant: PAUL | GROULT. 4 PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 93° ANNÉE ÉCHINODERMES FOSSILES ct NN zes CYSTIDÉS = (ex À 1e) Q 2 » Dans les différentes formations qui constituent le sol de la France, les Echinodermes se montrent en assez grand nombre, mais avec une inégale richesse suivant le groupe que l’on considère. Les Crinoïdes, et les Cystidés qui en sont voisins, sont, avec les Echinides, les groupes les plus importants par le nombre et la bonne conserva- tion de leurs débris fossiles. Les Astérides sont toujours des raretés; quant aux Holothuries, la nature même de ces organismes les ayant rendus impropres à toute fossi- lisation, ils sont absolument insignifiants pour la paléon- tologie. Nous nous occuperons aujourd’hui des Cystidés, regar- dés par certains naturalistes comme une subdivision des Crinoides, par d'autres au contraire comme un groupe distinct, duquel seraient issus tous les autres groupes de la classe des Echinodermes. Les Cystidés peuplèrent les mers de fort bonne heure, car on constate la présence de leurs restes dans les cou- ches du silurien inférieur et même du cambrien ; ils ne dépassent pas, d’ailleurs, les formations paléozoïques. Dans leur aspect extérieur, les Cystidés sont très variables, comme l’on peut s’en convaincre du reste par ie seul examen des quelques figures qui accompagnent cet article. On trouve, en effet, parmi ces organismes, des formes qui ont toute l'apparence de véritables crinoïdes : tels sont les genres Caryocrinus et Pleurocystites (fig. 5), par exemple; d’autres, comme Agelacrinus (fig. 1), ont l’aspect d’Astérides ; d’autres encore ont beaucoup de points de ressemblance avec les plus anciens échinides : c’est le cas des Echinosphæritidés, par exemple. Malgré ces apparences, quand on se livre à un examen plus attentif de ces êtres on ne tarde pas à reconnaître qu'ils appar- tiennent à un groupe bien spécial; en effet, les Cystidés sont des animaux, ou sphériques, ou ovoides, constitués par des plaquettes dont le nombre peut varier de 43 à 100 et même plus, comme dans Agelacrinus ; ces corps, sui- vant les genres, sont supportés par un court pédoncule ou sessiles, ou bien encore entièrement libres, comme dans le genre Protocrinus, d’ailleurs unique sous ce rapport. Le plus souvent les bras sont absents, et lorsqu'ils existent, ils sont extrêmement réduits, et dans bien des cas remplacés par des gouttières ambulacraires situées dans le voisinage de la bouche. On constate sur ces corps | la présence de trois ouvertures (voir les figures 2 et 3) : | 40- la bouche; 2° l’anus, muni d’une pyramide de pla- quettes; 3° le pore génital, ouverture plus petite que les deux précédentes et généralement située entre elles. En | général les plaquettes sont finement poreuses, soit en | partie, soit en totalité. Les Cystidés ont été répartis en cinq familles : Agela- “ crinidæ, Sphæromitidæ, Echinosphæritidæ, Caryocrinidæ het Lepadocrinidæ; il semble rationnel d'y joindre les qui se rattachent étroitement aux vrais | Blastoides Cystidés. Dans le tableau suivant nous essayerons de donner une idée de la répartition de ces organismes dans la série stratigraphique, ainsi que leur extension “géographique. Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. 95 SÉRIE — N° Es À 15 OCTOBRE 1901 Comme l’on peut s’en rendre compte par l’examen de ce-tableau, c’est pendant la période silurienne que les C ystidés atteignirentleur plus grand développement; en effet, sur les 34 genres que nous mentionnons on voit que 27 vécurent à l’époque silurienne et surtout dans la première partie de cette péricde, car sur ces 27 genres on en compte 18 dans le Silurien inférieur et 6 seulement dans la partie supérieure; les 3 autres étant communs aux deux niveaux. Dans le Dévonien on n’en compte déjà plus que 6 et dans le Carbomifère 8, en y comprenant, d'ailleurs, la fa mille des Blastoides qui entre respectivement dans ces nombres pour #et 5, tandis qu’un seul genre de cette famille descend dans le Silurien ; on peut donc considé- rer les Blastoides comme la continuation, dans la série stratigraphique, du groupe plus ancien, des Cystidés proprement dits. Dans ces derniers, d'ailleurs, qui semblent confinés dans le seul étage silurien, nous ne voyons que trois gen- res qui échappent à cette règle : 1° Agelacrinus, qui du Silurien monte dans le Carbonifère ; 2° Hypocrinus, qui se rencontre dans le calcaire carbonifère, et 3° Codonaster, quise montre dans le Dévonien et va jusqu’au Carboni- fère. Au contraire, parmi les Blastoïdes qui sont florissants pendant ces deux dernières périodes, on ne trouve qu’un seul genre : Pentremiles, qui soit plus ancien puisqu'il fait son apparition dans le Silurien supérieur. La répartition géographique des Cystidés est assez étendue, puisque des représentants d’un même genre se rencontrent aussi bien en Suède et en Russie qu’en Amé- rique. Cependant, certaines régions sont favorisées sous le rapport de la richesse en espèces et en individus; nous citerons, entre autres, certaines localités du Canada et des États-Unis, et en Europe : la Russie. Il s’en rencontre aussi en France, mais en petit nom- bre seulement et appartenant au groupe le plus récent, les Blastoides, mais d'heureuses découvertes peuvent venir en augmenter le nombre. Il nous reste à passer succinctement en revue les Fig. 4. — Agelacrinus cincinnatiensis du Silurien inférieur. genres les plus importants des différentes familles en indiquant leurs principaux caractères et en donnant une figure de chacun d'eux. J. AGELACRINIDÆ. Genre Agelacrinus(lig. 1). — Carac- térisé par un calice circulaire, tantôt bombé ou même hémisphérique, tantôt en forme d’assiette comme le montre la figure; ce calice est soudé sur des corps étran- gers, des coquilles de mollusques, par exemple, Le calice est constitué par des écailles, très nombreuses, irrégulières et imbriquées les unes sur les autres, Les 234 LE NATURALISTE A sillons ambulacraires sont courbes, bordés de chaque côté par une ou deux rangées de plaquettes ; ils partent de la bouche qui est centrale et munie de plaques trian- gulaires. La pyramide anale, composée également de plaquettes triangulaires, est située au milieu de Ia plus grande aire interambulacraire. IT. SPHÆRONITIDÆ. Genre Glyptosphærites (fig. 2). — Calice sphérique, constitué par un très grand nombre de plaquettes polygonales inégales. Les gouttières ambula- craires sont très étroites, irrégulières, émettant des branches latérales plus courtes ; à chacun des coudes on constate la présence d’une petite facette articulaire sur Fig 9 Glyptosphærites Leuchterbergi du Silurien inférieur. laquelle s'inséraient les pinnules ; ces gouttières ambu- lacraires partent en rayonnant de la bouche qui est con- stituée par une pyramide de 5 plaquettes inégales. L’anus est représenté par une ouverture assez grande, arrondie, placée excentriquement ; quant au pore génital, 1l est petit, arrondi, et placé entre les deux ouvertures précé- dentes. III. ECHINOSPHÆRITIDÆ. Genre. Echinosphærites (fig. 3). — Dans ce genre, comme dans le précédent, le calice est globuleux ; il était fixé par une base réduite; il Fig. 3. — Echinosphærites aurantium du Silurien inférieur. se compose d'un grand nombre de plaquettes hexago- nales, lisses, ayant des losanges de pores sur toutes les sutures. La bouche est située au pôle apical, elle est formée par une fente tantôt simple, tantôt trifide ; à ses extré- mités, on constate, mais très exceptionnellement, la présence de bras minces et très peu développés. L’anus est constitué par une pyramide pentagonale composée de plaques triangulaires au nombre de cinq ou de dix. Le pore génital est petit, arrondi et placé, à peu de chose près, comme dans le genre précédent, entre la bouche et l’anus. IV. CARYOCRINIDÆ. Genre Echinœncrinus (fig. 4). — Caractérisé par un calice brièvement pédonculé, formé par la réunion de plaques irrégulières, polygonales, dis- posées en quatre zones superposées : l’inférieure com- prenant quatre plaques dites basales, et chacune des zones suivantes comportant cinq plaques; toutes ces : plaques sont ridées et ornées de côtes. Au sommet du calice, on remarque une fente, la bouche, dont les bords supportent des facettes articulaires pour l'insertion des Fig. 4. — Echinœncrinus Seukerbergi du Silurien inférieur. bras. L'ouverture anale est placée près de la base, elle est grande et arrondie. Enfin, il existe trois losanges de pores. Genre Pleurocystites (fig. 5). — Possède un calice aplati, l'une des faces (anale) est constituée par des plaquettès très petites et très nombreuses, l’autre face (dorsale) présente, dans la disposition des plaques qui la cons- tituent, une certaine ressemblance avec le genre Echinœn- Fig. 5. — Pleurocystites squammosus du Silurien supérieur. crinus ; on y compte également trois losanges de pores. . Du sommet de ce calice (apex) partent les bras, au nombre de deux, assez forts, munis de plaquettes sur : leur face ventrale. Dans ce genre, le calice est supporté par une tige assez forte, s’atténuant à sa partie inférieure M et constituée par des anneaux arrondis et d'inégale ‘épaisseur. / V. LEPADOCRINIDÆ. Genre Lepadocrinus (fig. 6). — Ce genre offre encore de grandes ressemblances avec le 1 précédent; comme lui, il possède une tige longue, s'é- … paississant de la base à son point d'insertion avec le ca- F Jice et composée d'articles qui vont en diminuant de hauteur de la base au sommet. Le calice est ovoïde, prés. SOA] | . LE NATURALISTE 235 sentant quelquefois deux ou quatre côtés arrondis. 11 se compose de trois zones de plaques offrant la disposition déjà observée dans le genre Echinæncrinus, c'est-à-dire quatre plaques à la base et cinq plaques pour chacune Fig. 6. — Lepadocrinus quadrifasciatus — Silurien supérieur. des deux zones latérales. De la bouche, qui est située au sommet, partent deux ou quatre aires ambulacraires droites et retombant sur le calice. Dans l’une des aires interambulacraires, et près du sommet, est situé l’anus formé par six plaquetttes triangulaires; dans chacune des trois autres aires interambulacraires, on constate la présence des Jlosanges de pores. Genre Codonaster (fig. 7). — Ce genre peut être consi- déré comme une forme de passage entre les Cystidés proprement dits et les Blastoides dont la structure du [ig. 7. — Codonaster acutus du carbonifère, calice est en tout semblable àrcelle des espèces qui constituent ce genre. u VI. BLASTOÏiDES. — Ce groupe montre une assez |. grande variété de formes, mais le plus généralement les _ espèces qui entrent dans la composition de cette famille présentent l'aspect d’une poire ou d’une massue (fig. 8, 9, 10). Le calice se compose en général de treize pièces disposées, comme on peut le voir dans la figure 8, en trois zones. La première comprend trois plaques basales (b); la seconde, cinq plaques bifurquées ou radiales (r); enfin la troisième, qui recouvre le sommet et ferme le calice, comporte cinq plaquettes trapézoidales auxquelles on a donné le nom d’interradiales (i). Dans des cas exceptionnels de conservation de ces fos- siles, on peut constater la présence sur les aires ambu- lacraires de pinnules filiformes (p) qui sont toutes diri- Fig. 8. — Pentremites sulcatus du calcaire carbonifère. — Schéma du calice de la même espèce. gées vers le haut, s’élevant ainsi au-dessus de l’opercule du calice; mais le plus souvent ces pièces n'existent plus (fig. 8). Les Blastoides ne renferment que cinq ou six genres, dont le plus important et le plus répandu est le genre Pentremites. Genre Pentremites. — Forme du calice variable suivant les espèces; calice composé de treize pièces, disposées, comme nous l’avons déjà dit, en trois zones; aires am- Fig. 9. — Pentremites eifeliensis du Dévonien. Vue de profil et du dessus. bulacraires très variables de formes et de dimensions. Les ouvertures apicales sont au nombre de cinq, dont une bilobée (fig. 9). La tige est ronde, assez courte, quelquefois assez robuste (fig. 10) ou mince. Les espèces qui entrent dans le genre Pentremites ont été rangées dans quatre sections qui se différencient par la forme générale du calice et par celle des aires ambu- lacraires. La première section : les Floreales, comprend les es- pèces en forme de poire ou sphériques et dont les ambu- lacres sont lancéolés. Ex. : P. sulcatus (fig. 8). LE NATURALISTE 236 *°*°"IVUANYO IVLOL ‘919 ‘onHaJe[su y ‘epans ‘eissny : edoimpg uo SaAnO4y Xna9 onbipur ‘FH — ‘ejeuorpuewu OO CE OA ON L onbuouy ‘stUN-S18)4 ‘epeur9 : onbuewy uo soxquoouor soiuo8 se enbrpur ‘y x tertesrete ee: snunooueqdo1g j [ c] °*‘uoqdodo4 D XND)0I V POSER EN SQUTHIIOIIUINOIH — ] — V CO ****: sNUL909[9NN ë GT ololeheleretelale late etes sie snur1204do10 ns. *SNUTI20BUBIL) d'V . 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Ex. : P. eifeliensis (fig. 9). | La quatrième et dernière section, les Clavati, renferme les espèces à calice en forme de massue,.à ambulacres relativement étroits et linéaires. Ex. : P. pyriformis (fig. 10). Les autres genres, appartenant à la famille des Blas- toides, sont ceux indiqués dans notre tableau; ils se rencontrent tous dans le Dévonien et le calcaire carbo- nifère, BVESERITEL, Attaché au Muséum. LA TIQUE DU CHIEN Un petit animal qui s'attache sur les chiens et même parfois sur l’homme, est l’Ixodes Ricinus, plus connu sous le nom de Tique du chien, D'après M. Brocchi, la larve de cet Ixode est longue de 0 millimètre 60. Elle est hexapode; son corps est de forme hémisphérique, très surbaissé. La face supérieure est divisée en deux parties presque égales, l'écusson recouvre la partie antérieure. I n’y a ni organes génitaux, nistigmates. La nymphe est plus grande que la larve, sa longueur atteint jusqu'à 3 millimètres. Elle porte un petit écusson ovale, lisse. Sa coloration varie du roux clair au brun foncé. Elle est complètement dépourvue d'organes génitaux ainsi que de stigmates. La femelle de l’Ixodes Ricinus diffère beaucoup du mâle. . Celui-ci a le corps arrondi, plat en dessus, légèrement bombé en dessous et recouvert par un écusson de cou- leur brune. : I porte à son rostre un dard mousse, ne possédant que cinq dents latérales de chaque côté, ces dernières sont très longues et généralement très aiguës. Sa longueur est de 2 millim. 6 et sa largeur de 4 mil- lim. 5. La femelle mesure au contraire #4 millimètres de lon- gueur sur 3 millimètres de largeur. Elle porte un écusson arrondi, légèrement rétréci en avant, et qui laisse entièrement libre la plus grande partie du corps, et lui permet ainsi de se dilater. Ce dernier est ovale et aplati. De couleur jaunâtre qu'elle estétant à jeun, elle de- vient — une fois gorgée de sang — blanche, après avoir passé par la teinte rouge clair. Son rostre est court et de forme carrée, muni d'un dard rectangulaire, à extrémité tronquée et présentant de chaque côté de laligne médiane deux rangées de huit dents. Dans les deux sexes, les pattes sont gréles. La Tique du chien n'offre que six pattes dans son pre- mier état de jeunesse, et on en distingue huit lorsqu'elle a atteint tout son développement. Les Tiques sont très communes en France, et on peut même dire dans toute l’Europe. Elles se fixent sur les chiens et pullulent partout. Il n'est pas rare d’en rencontrer dans les forêts, sur l'herbe et les buissons où elles s’accrochent d’un seul coup au premier objet qui se trouve à leur portée. M. Brehm dit, dans son ouvrage sur les insectes, que d'après les observations de‘ Pagenstecher, on trouvait ces Ixodes, pendant l'été, dans les bois de Heidelberg, et principalement aux endroits où passent fréquemment des mammifères et des oiseaux. Ces Tiques s'accrochent aux écureuils, aux geais, à l'homme même, mais le plus souvent c’est sur les chiens qu'on les trouve. Une femelle adulte, lorsqu'elle est installée sur un chien, peut parfaitement atteindre, en l’espace de 8 ou 9 jours, une longueur de 11 millimètres. Il ne faut pas, lorsqu'un animal est attaqué par les Ixodes, essayer de l’en débarrasser brusquement; il faut, au contraire, agir avec la plus grande précaution, car si l’on veut les détacher d'un seul coup, on risque de casser le rostre de la Tique, qui reste dans la plaie et peut, par sa présence, occasionner une suppuration, il est donc d’une grande utilité de badigeonner l'animal à l’aide de benzine. Les Ixodes ne tarderont pas à se déta- cher d’elles-mêmes et à périr. Quand on a à désinfecter un chenil qui se trouve en- vahi par ces Ixodes, il suffit tout simplement de bien le laver avec de l'eau bouillante et d’avoir bien soin de ne pas oublier les coins et les angles supérieurs du chenil, car les ixodes grimpent souvent, je dirais même toujours, très haut. Parfois, comme je l'ai dit plus haut, elles s’attaquent à l’homme; lorsque ce petit accident se produit, il suffit de toucher le parasite avec une goutte de benzine, d’es- sence de térébenthine ou de chloroforme, pour Jui faire lâcher prise immédiatement. M. le docteur Tourdot, de Sotteville, près Rouen, nous a adressé une de ses clientes qui était atteinte de cet ixode sur un sein, où il avait produit une bosse dou- loureuse, mais qui disparut très vite après l'extraction de la Tique et sans aucun traitement. Paul Noëx. 238 SUR LA BIOLOGIE DE LA GALÉRUQUE DE L'ORME L'insecte qui fait l'objet de cette étude a été bien dé- crit ainsi que sa larve par les entomologistes sous les noms de Galeruca (Chrysomela) zanthomelæna L. (ou cal- mariensis Fabr., ou cratægi Fôürst.), mais ses mœurs, insuffisamment connues, ont donné lieu à des opinions très contradictoires. Il m'a paru utile et intéressant de préciser certains points de sa biologie et de rechercher s'il existe un moyen simple et peu coûteux pour le détruire, car sa multiplication dans ces dernières années est devenue si extraordinaire,que ce petit animal peut être rangé main- tenant parmi les insectes très nuisibles. Habitat. — L’insecte et sa larve vivent de préférence sur l’'orme champêtre, mais cette monophagie est loin d’être aussi exclusive qu’on le croyait. Il attaque les diverses variétés cultivées dans les pépi- nières des environs de Paris (aureu, belgica, crispa, lati- folia, modiolina, pyramidalis, Ssuberon, vegela, vimi- nalis, etc.) mais toutes ne l’attirent pas au même degré. Ainsi la variété belgica, même entourée de la variété ordinaire, est beaucoup moins attaquée comme on peut le voir sur la route de Choisy à Versailles. Cela tient probablement à ce fait que le bois en est beaucoup plus dur. On l’a déjà signalé sur U. pedunculata Foug. (effusa), mais je l’ai trouvé aussi en abondance sur U. mentanu Wilher {var.pendula et pyramidalis), sur U. fulva Michx, à si larges feuilles et à rameaux retombants, sur U. ame- ricana Wild., et même sur U. pumila de la Daourie cul- tivée au Jardin des Plantes.Mais, par contre, il n’attaque pas Planera (Zelkowa) crenata Spoch., bien que sa parenté avec l’orme soit telle qu'on peut greffer Planera sur Ulmus. Il attaque tous les ormes, dans les forêts, les parcs ou les pépinières, qu'ils soient en haies, en buissons, en taillis, ou qu'ils forment les beaux arbres plantés le long des routes. Il leur donne un aspect désolé en amenant en été la dessiccation et la chute précoce du feuillage par la privation du tissu chlorophyllien. De tous côtés se sont élevées des plaintes sur ses méfaits. Les ormes de la forèt de Fontainebleau, des environs de Paris, d'Auxerre, de Genève, de Nantes, de la Normandie ont particulièrement souffert. Pourtant les ormes du Poitou sont encore indemnes, et je n'ai aperçu cette année aucuns dégâts sur l’orme de montagne planté à Zurich et à Lucerne. Il est curieux de constater que les ormes de certains boulevards de Paris n'ont pas plu à ces bestioles : la raison en serait-elle dans la couche de poussière plus ou moins épaisse qui recouvre les feuilles et qui gênerait leur attaque ? Cette action bienfaisante de la poussière a été constatée parfois, notamment pour les maladies cryptogamiques. Description. — L'adulte a de 6 à 8 millimètres. Sa tête, jaune, porte deux tubérosités frontales, une tache noire sur le vertex, deux yeux latéraux et deux antennes noir- brun formées de onze articles. Le corselet est jaune avec une ligne médiane suré- LE NATURALISTE levée noire et deux fossettes latérales présentant une tache noire. Les élytres sont jaunes, allongées, recouvertes d’une fine pubescence et présentant tout près du bord libre une large bande noire et une courte ligne noire au voisi- nage de l’écusson. L'abdomen noir est bordé de jaune. Les pattes sont jaunes, la cuisse porte un point noir et les tarses ont cinq articles. Les larves ont six pattes à une griffe et des mandi- bules armées de deux pointes coupantes. Elles sont noires jusqu'à la deuxième mue; mais il se forme ensuite deux bandes longitudinales jaunes sur le dos et une plus large latéralement. Elles sont presque cylindriques. La tête courte est arrondie. Les anneaux sont tous sem- blables et peu séparés; ils sont divisés en deux par un sillon transversal. A partir du deuxième, chaque moitié porte un tubercule de part et d'autre de la ligne médiane et deux tubercules latéraux. Sur tous sont implantées des soies assez courtes. Au-dessous, de chaque côté, deux mamelons jaunes portent des pinceaux de trois à quatre soies. Le ventre est jaunâtre. Mœurs. — Cette année les adultes ont apparu en masses le 21 avril dans les parcs et sur les routes du sud de Paris après quatre jours de chaleur assez intense succé - dant brusquement à des froids pluvieux. Les bourgeons de l’orme ne faisaient que commencer à s’ouvrir puisque les plus longues feuilles avaient à peine un centimètre. Seulement les animaux ne mangeaient pas encore, bien que leurs mouvements fussent très vifs au soleil. Au 24% avril, de nombreux individus étaient rassem- blés sur les bourgeons,souvent par deux ou par trois, et. on voyait alors de petits trous sur les feuilles. À cette date, les organes génitaux mâles, bien développés, étaient bourrés de spermatozoïdes, tandis que les femelles ne présentaient pas encore d'œufs prêts à être pondus. L’accouplement eut lieu quelque temps après, car la ponte ne s’effectua que vers la fin de mai. Elle se fait en plusieurs fois dans les premières heures de la journée, par groupe de quinze à vingt et un œufs dis- posés à la face supérieure ou plus généralement infé- rieure des feuilles, sur deux ou trois rangées fortement serrées. Ces œufs sont collés par la base entre eux et à la feuille. Ils ont moins d’un millimètre de long et 1/# de large. Leur couleur est jaune citron et leur forme rappelle celle d’une bouteille, le col étant fermé par une substance brune, tandis que la base est séparée du ventre par un léger rétrécissement annulaire. Le 3 juin, j'ai trouvé les premières éclosions, mais en- core très peu nombreuses. Les larves ont moins d'un millimètre ; elles sont couvertes de poils noirs et sor- tent par une déchirure assez irrégulière, qui relève le col et qui est toujours située en regard des autres ran- gées, c’est-à-dire du côté de l’axe d’alignement. À partir + de cette époque, les éclosions, qui se font par groupes d'œufs, devinrent de plus en plus fréquentes. Le 20 juin Ë. j'ai encore trouvé des œufs non éclos et des adultes vivants; ceux-cine pouvaient provenir d'éclosions hâtives, car je n'avais pas encore rencontré des chenilles ayant atteint leur taille maxima. Dès leur sortie, les larves rongent le tissu inférieur M des feuilles en respectant les fines nervures et pra=. tiquent ainsi dans le tissu chlorophyllien de fines exca-. vations qui ne traversent pas l'épaisseur de la feuille, Y LE NATURALISTE 239 puis, au fur et à mesure qu'avec les mues l’armature buccale se fortifie, les nervures les plus fines dispa- raissent de plus en plus etles espaces rangés grandissent; mais jamais ici la perforation n’est complète, car à ce moment la feuille étant adulte, la chenille ne peut enta- mer la cuticule de l’épiderme supérieur. En effet, des coupes transversales m'ont nettement montré que le: contenu des cellules épidémiques a été enlevé et qu'il ne reste que la cuticule formant une fine pellicule superti- cielle et prenant rapidement une teinte brune par dessic- cation. L’adulte, au contraire, ronge toute l'épaisseur de la feuille avec facilité, quelle que soit l’époque de Pannée. On peut donc distinguer facilement les dégâts faits par les larves de ceux faits par les adultes. Les lésions dues aux larves s'étendent de plus en plus et bientôt toute la feuille, malgré quelques ilots chloro- phylliens, se colore en brun, se dessèche, pourtant sans tomber immédiatement; incapable qu'elle est de cica- triser ses nombreuses blessures, elle devient inutile à la plante, puisque son travail synthétique est supprimé. Les chenilles subissent plusieurs mues pour arriver à une taille d'environ 6 millimètres, en prenant une teinte de plus en plus jaune. Leurs dépouilles jonchent le sol, les premières peuvent rester accrochées à la face inférieure des feuilles pendant toute la belle saison. Les mues se font comme chez les Coccenillides. L'animal se fixe, grâce à un mucus, par sa région postérieure, reste immobile pendant environ un ou deux jours, puis son enveloppe se fend en avant dans la région dorsale et l’animal sort par cette fente. Lorsque la larve a atteint 6 à 7 millimètres, elle se laisse tomber, s'enfonce dans le sol où elle s’entoure d'une enveloppe jaune, La nymphose dure une huitaine de jours, suivant la température, et l’adulte sort pour réapparaitre sur les feuilles. Il ronge et perfore les restes épargnés parles larves, puis il attaque les feuilles plus jeunes, d’abord celles de deuxième poussée. Si le beau temps continue, si les feuilles restent comestibles, la vie active peut durer jusqu’en novembre etne cesse pour quelques-uns que lorsque les conditions climatériques deviennent absolument défavorables. Ainsi j'ai trouvé l'an dernier au 24 novembre encore quelques adultes de l'été, vivant sur des feuilles de troisième poussée qui n'avaient donc pu atteindre leur grandeur normale et dont la persistance est plus grande, car elles ne tombent qu'avec les premières gelées de l'hiver. Mais à la fin de la saison, jamais je n’ai rencontré de pontes fraiches, ni sur les feuilles ni sur l'arbre lui- même, En effet, chez ces individus de l'automne je n’ai pas trouvé de spermatozoïdes bien développés; pourtant les testicules forment une masse plus ou moins lobée de laquelle s'échappe par pression une abondante graisse liquide en grosses gouttelettes jaune orangé, et qui représente les substances nécessaires et suffisantes à la formation des spermatozoïdes pendant l’automne et le repos hivernal. Les femelles au 1° septembre ont toutes des ovaires très peu développés. Les 8 tubes ovariens sont enfouis dans un abondant et fin lacis de trachées, ce qui donne à l’ensemble un aspect blanchâtre. La masse est conique, d'environ À millimètre de long et un quart d'épaisseur vers le bas. Ces tubes ne deviennent visibles que si on les colore par la fuchsine ou l’hématoxyline. Ils se montrent alors composés de deux parties; la pre- mière, renflée, est visible à un faible grossissement et n'a qu'un demi-millimètre environ de longueur, tandis que la deuxième est extrêmement fine, Le tout est d’ail- leurs rempli de noyaux. Donc, pas d'œufs murs prêts à être pondus. On peut conclure de ces faits que la fin de la saison et le repos hivernal sont nécessaires aux deux genres pour arriver à la maturité sexuelle. La plupart de ces insectes sont loin de prolonger leur activité jusqu'à l’arrière-saison. Ils se réfugient bien auparavant, quand la nourriture devient moins abon- dante et la chaleur moins vive, dans leurs quartiers d'hiver. Ceux des parcs savent trouver les greniers, les salles inoccupées. D’autres se blottissent sous les feuilles qui jonchent le sol, où J'en ai trouvé beaucoup couchés dans des feuilles formant une sorte de gouttère plus ou moins pleine d’eau où ils sont recouverts par d’autres feuilles et où la gelée peut les surprendre et n’en tuera qu'uu petit nombre si le dégel se fait lentement. Seule- ment, si on les enlève deleur litière pour les transporter dans un laboratoire, ils périssent bientôt par dessicca- tion. Aux premiers beaux jours, tout ce peuple se réveille bien vite de son engourdissement. Les sexes se rap- prochent, la copulation se fait, puis la ponte, et le cycle évolutif recommence. En résumé, j'admets, contrairement à l'opinion de Heiger, et en cela d'accordavec Dawallet Eppelsheim, que la galéruque de l’orme dans nos pays n’a qu’une géné- ration annuelle. La ponte se fait au printemps, sur les feuilles, etjamais à l'automne; les éclosions s'échelonnent pendant l'été. Ce sont toujours les adultes qui hivernent ; leur vie se prolonge peu après la ponte. Action sur les ormes. — On sait que l’intensité des dégâts commis par les insectes sur les plantes dépend peu de l’insecte lui-même, mais surtout qu'elle est fonc- tion de la sensibilité de la plante, suivant son âge, son état de santé et son habitat. Les racines traçantes de l’orme se plaisant dans des sols humides, lui permettent de résister longtemps aux causes qui feraient périr d’autres arbres. Mais si le ron- gement des feuilles ne fait pas périr d'emblée, il épuise et il donne aux arbres en plein été un aspect souffre- teux là où ils devraient végéter avec vigueur, et par suite il augmente la réceptivité et favorise l'attaque par d’autres insectes où par des cryptogames. La vie d’un arbre dépend de certains facteurs. Si les conditions de lumière et de chaleur à l'extérieur, d'hui- midité et d’air dans le sol sont à l’optimum, les néofor- mations réparatrices seront rapidement et facilement produites, seulement elles se font aux dépens des réserves amassées pour l’année suivante. En effet, les réserves ne sont pas épuisées par la première foliaison, mais s'il y en a une deuxième dans l’année elle est plus faible. Aussi les jeunes arbres sont-ils plus sen- sibles que les vieux à une effeuillaison précoce : j'en ai vu n'ayant pu pousser de deuxièmes feuilles. Les arbres à feuilles caduques souffrent moins que les conifères pour lesquelles une effeuillaison complète amène généralement la mort, car chez les premières les réserves sont plus abondantes dans le bois, l’écorce et la moelle. En outre, ici la réapparition des feuilles se fait plus facilement à cause du grand nombre de bourgeons don- 240 nants qu'ils possèdent, Pourtant la privation totale des feuilles par des insectes leur est plus préjudiciable qu'une gelée printanière, qui se produit généralement avant le développement complet des feuilles et de la chlorophylle, tandis qu’en perdant son feuillage en mai l'arbre fait le maximum de pertes; des analyses ont montré qu'il perd alors trois fois plus d'azote qu’en automne. Si l’effeuillaison se fait en septembre ou en octobre, la production des feuilles: sera normale l’année suivante, parce que les bourgeons sont déjà bien formés à cette époque. Mais si elle a lieu au plus tard en juin, lerever- dissement se fera encore dans l’année, par le développe- ment hâtif des bourgeons, et malgré une perturbation dans la circulation de la sève par arrêt de l'assimilation et de la transpiration. Seulement,dans ce deuxième cas, les réserves sont utilisées en entier et la plante n'aura pas le temps de les remplacer pour l’année suivante et. les années ultérieures. Puisque le rôle de la plante se borne à la production de feuilles et de chlorophylle, il s’ensuivra un désordre dans les autres productions nor- males, c'est-à-dire qu'il y aura un ralentissement notable dans l'allongement des rameaux et de la cime et une diminution dans l'accroissement en épaisseur et dans la production des graines, Ce n’est que trois ou quatre ans après la cessation de la cause que les entrenœuds récu- pèrent leur grandeur normale, et que la plante revient à sa vigueur primitive. De plus les anneaux de liber et de bois de l’année en cours et des années suivantes, sont beaucoup plus minces. Leur nombre ne correspond plus au nombre des années, mais au nombre des arrêts dans la circulation de la sève. Il peut s’en produire dans une année deux ou trois, de plus en plus minces. Ils sont nettement séparés car ils sont formés surtout de gros vaisseaux comme ceux du printemps: Ces intermittences dans l’activité nutritive, par consé- quent dans les formations synthétiques, cet épuisement des réserves produisent une maladivité qui se traduit par un retard dans le verdissement du printemps, c'est- à-dire par un raccourcissement de la période végétative, par une grande diminution dans le rendement de la forêt, et par conséquent produit un grave préjudice, dans un avenir plus ou moins éloigné. En outre le bois ne peut plus posséder les mêmes caractères de dureté et de com- pacité, et sa valeur industrielle et marchande doit dimi- nuer. D'ailleurs la chute des feuilles de deuxième et de troisième poussée est retardée jusqu'aux gelées d’autom- ne et alors la neige peut survenir et amener la rupture de nombreuses branches. Déjà cette année, sur l’orme, beaucoup de rameaux au voisinage de la cime sont morts et beaucoup d’autres ne portent que quatre à cinq feuilles à leur extrémité, attestant ainsi l'effort pénible qu'a dû produire la plante pour faire éclore un bourgeon terminal. Dans les parcs de nombreux ormes sont déjà morts d’épuisement, et dans les pépinières on a pu constater que, depuis trois ans, les élèves-ormes restent stationnaires malgré tous les soins. Destruction. — Les œufs étant protégés par une coque épaisse ne sont pas détruits pas des aspersions de liqui- des corrosifs : ce sont donc les larves et les adultes qu'il faut atteindre pour les détruire. Seulement, on ne peut conseiller que les mesures qui peuvent être rémunératri- ces,c’est-à-dire que le travail doit être payé par la plus- value du parc ou l’accroissement du bois de la forêt. Il y LE NATURALISTE a donc deux sortes de mesures à préconiser suivant qu'on a affaire à des forêts ou à des parcs : a) Dans les forêts, le long des routes, dans les pépinières la lutte est difficile à cause du prix de revient de la main- d'œuvre. Les horticulteurs sont désespérés d’avoir vu tous leurs moyens échouer, et prévoient le moment où la culture de l’orme leur sera impossible, Depuis trois ans, leurs sujets sont restés stationnaires. Les pulvérisations de substances toxiques pour tuer les larves et de plus rendre les feuilles non comestibles, sont peu praticables en grand, et sur de grands arbres. Je crois que des mesures générales, comme pour le hannetonage, qui consisteraient dans l'incinération des feuilles mortes, dans le damage du sol au moment de la nymphose, dans la recherche des cachettes hivernales, seraient efficaces au bout de quelques années. Car il ne faut pas compter sur les influences atmosphériques pour leur destruction; ils résistent très bien au froid. Les lar- ves ont peu d’ennemis à cause de leur odeur désagréa- ble; les oiseaux même les refusent, excepté, paraïit-il, les coucous. Heiger, en suivant le développement d’un grand nombre de larves, n’a pu obtenir aucun parasite. Peut-être pourrait-on compter plutôt sur des mycoses ; cette année les ormes ont été moins attaqués et dépouillés de leurs feuilles que les années précédentes, tout au moins dans la région sud de Paris. Une salutaire épidé- mie nous rendra-t-elle le service de débarrasser nos ormes pour l’année prochaine ? b) Dans les parcs et les petites exploitations, la lutte est plus facile et possible. Les pulvérisations de liquides, sans danger pour les feuilles, peuvent se recommander pour les pépinières et les parcs. On a essayé l’anhydride sulfureux liquide, le pétrole (1 litre pour 100 litres d’eau et 3 kilos de savon vert), un sulfure alcalin. Les larves vivantes ont été tuées; mais de nouvelles éclosions les ont rapidement remplacées, car-ces liquides n’agissent pas sur les œufs. Peut-être pourrait-on essayer le formol à 4 0/0 (1 litre pour 40 litres d’eau) pour les feuilles, l’eau de chlore pour imprégner le sol pendant la nymphose. J'ai vu recommander des aspersions faites le soir pen- dant une semaine, au moyen de la pompe à incendie avec la mixture suivante : eau 100 litres, nicotine 1 litre, mildiol 1/2 litre, savon noir 1/2 kg. Comme les feuilles pourraient souffrir de ce traitement, il faut, avant le lever du soleil, projeter de l’eau sur les arbres. Donc, double travail. Dawall recommande d’entourer l'arbre d’un anneau de papier, associé à un anneau de goudron; mais cet appareil compliqué serait difficile à confectionner et ne donnerait aucun résultat, puisque les larves ne suivent pas forcément le tronc pour descendre sur le sol, On pourrait essayer de faire au pied des arbres un lit de mousse ou de foin de 40 à 15-centimètres d'épaisseur, . au moment où les pupes se forment et en bruülant cette mousse on en détruirait une grande quantité. Il serait bon de recommencer à quelques jours d'intervalle, car les chrysalidations sont successives. Le moyen qui paraît le plus simple et le moins coû-” teux, serait la récolte des adultes avant la ponte, lematin au lever du soleil. En secouant les branches quand les. insectes sont encore en torpeur, et en les recueillant sur M des toiles étendues, on en détruirait de grandes quanti- tés. De plus, les retraites hivernales en livreraient beau- * dés boisseaux dans les greniers, dans la tour de l'horloge et dans la salle des manipulations. D'ailleurs je pense qu'il n'y a pas lieu de s’effrayer pour l'avenir, car les vrais ravageurs des forêts appar- tiennent aux espèces qui peuvent avoir plusieurs généra- tions dans les conditions ordinaires, et dont la multipli- cation est, par conséquent, beaucoup plus rapide. À. MÉNÉGAUX. JEANNETTE POWER Dans le Naluraliste du 15 septembre, M. Henri Cou- pin — parlant des pieuvres — nous dit ceci : « Une jeune dame, Jeannette Power, qui, contraire- ment à son sexe, s’intéressait à l'histoire naturelle, raconte qu'elle a vu un poulpe transporter un fragment de pierre entre les valves d’une grande coquille bayant aux corneilles et qui fut ainsi dans l'impossibilité de la refermer; il put par suite dévorer sa proie facilement. » Ces lignes ne laissent dans l'esprit du lecteur que l'idée d’une dame recueillant des observations par inter- mittence, tandis que Mme Power a en réalité consacré trente années de sa vie à des études très suivies et très complètes. Û Mon honorable confrère ne me saura certainement pas mauvais gré de profiter du souvenir qu'il évoque pour raconter aux lecteurs du Naturaliste — très briève- ment — la curieuse histoire que voici : Jeannette Power est une limousine peu connue d’un grand nombre de naturalistes, méritant cependant que son nom ne soit pas oublié. Ses humbles débuts, ses travaux, ses découvertes, contiennent un enseignement. Sa fortune fut, il est vrai, favorisée par une rare beauté; mais d'autre femmes, pourvues du même don, n'auraient point songé — étant riches, belles, adulées, — à se spécialiser dans de patientes et minutieuses observations poursuivies avec une ténacité qu’on ne saurait trop admirer. Née à Juillac (Corrèze) le 26 septembre 1794, notre naturaliste appartenait à une excellente famille et s'appelait Jeannette de Villepreux. Malgré ce nom sentant la noblesse,elle ne fut au début de la vie qu'une petite bergère et on oublia de lui donner de linstruction. La Nature mit ordre à cela, l'ayant particulièrement favorisée, puisqu’à la beauté physique elle avait joint un esprit entreprenant et le goùt des aventures. Bien que Jeannette ne fût qu’une enfant, presque tou- jours seule au milieu de son troupeau, ses courses à travers nos montagnes, ses stations journalières dans les prés fleuris, au bord des ruisseaux sinueux, ses regards se reposant sur des horizons profonds cachés par les brouillards du matin, puis subitement éclairés par les rayons du soleil levant, tout cela creusa une profonde empreinte dans son jeune cerveau. Mais son orientation première fut tout autre et ne semblait pas devoir la conduire là où elle est arrivée. Jeannette entendit parler de villes immenses où four- LE NATURALISTE 241 millaient des êtres humains. Elle découvrit qu’elle ne ressemblait ni de corps ni d'esprit aux paysannes vivant à ses côtés. Elle ne résista pas à la tentation de l'inconnu et — au risque de sombrer en chemin — elle s'échappa de ce milieu si contraire à ses aspirations, se trouvant un beau jour à Paris, à 18 ans, sans argent et sans savoir ce qu'elle pourrait faire. Une modiste l’ayant acceptée comme apprentie, elle révéla rapidement un goût et une dextérité qui la firent distinguer de ses compagnes, à tel point que — quatre ans plus tard, en 1816 — on la chargea de composer les broderies d'une robe de cérémonie commandée à l'oc- casion du mariage du duc de Berry. La robe eut un grand succès. On parla de l’ouvrière. James Power, riche irlandais, directeur des télégraphes anglo-italiens, demanda à la voir. Séduit par ses charmes, il l’'emmena dans son pays, la fit instruire et l’'épousa, Jeannette de Villepreux, devenue Mme Power, ayant acquis des connaissances étendues et parlant plusieurs langues, suivait son mari dans les voyages qu'exigeaient ses fonctions. Là, principalement en Sicile où elle resta longtemps, elle s’éprit d’un profond intérêt pour les animaux marins; elle fit d’intéressantes découvertes dues à son esprit d'observation et écrivit des ouvrages remarqués. Pour faciliter ses études, elle inventa des cages spé- ciales où elle pouvait suivre la vie journalière de ses pensionnaires. C’est grâce à cette persévérance que, par exemple, les phénomènes de la digestion chez les Astéries n'eurent bientôt plus de secrets pour elle. L'Argonaute surtout fut, pendant plus de dix années, l’objet de ses nombreuses et patientes recherches. Elle est parvenue à démontrer que ce remarquable Céphalo- pode — l’objet de tant de fables, un vulgaire Bernard l'Ermite, disait-on, s’emparant d'une coquille vide — était en réalité l'architecte de sa blanche et fragile demeure, qu’il en secrétait les parois, les édifiait et au besoin en réparait les brèches. Au milieu de cette existence si bien remplie, Jeannette Power n'avait pas perdu le souvenir de la sauvage Corrèze où la petite bergère rêvait de l'inconnu, rêves qui — certainement — n’atteignirent jamais la brillante ‘ampleur de la réalité. : Notre Jeannette revint donc à Juillac où elle mourut, le 26 janvier 1871, dans sa soixante-dix-septième année. Tout est étonnant dans cette curieuse existence et je me demande même si mon récit n'éveillera pas dans l'imagination de quelque lecteur incrédule l'idée d'une nouvelle tirée d’un conte de fée. CH. LE GENDRE. LA MULETTE PERLIÈRE (Unio margarihifer, Rossm.) et ses stations dans l'Ouest de la France. Cette espèce, qui était pour Rondelet un Poisson à test dur, est commune dans les cours d’eau à fond sablon- neux de la France montagneuse, les Vosges, l'Auvergne, l'Aveyron, les Pyrénées, etc. Elle fut autrefois exploitée 242 LE NATURALISTE en grand dans un certain nombre de pays pour la pro- duction des perles. Les perles des rivières de l'Ecosse avaient une répu- tation particulière de beauté, et d’après quelques auteurs, Jules César conduisit ses légions dans la Grande-Bre- tagne pour y rechercher cet ornement si en faveur auprès des dames romaines. Au moyen âge, l'exploitation de la mulette perlière était un droit régalien;les ducs de Lorraine,entre autres, se la réservaient dans les Vosges. Aussi voyons-nous l’impératrice d'Allemagne, épouse de Léopold Ier, et sa fille, la princesse Charlotte, abbesse de Remiremont, se parer de colliers de perles dans les grandes solen- nités (1). En Allemagne et en France, la mulette perlière était dans les siècles précédents propagée et cultivée sur un grand nombre de points pour ses précieuses concrétions et son aliment, quoique très médiocre. Mais de nos jours elle a bien perdu de son crédit et ne présente plus guère d'intérêt que pour les naturalistes. La mulette perlière, si facile pourtant à distingner de ses congénères, était passée inaperçue de nos anciens conchyliologistes de l'Ouest; Millet et Goupil ne l'ont pas signalée dans Maine-et-Loire et la Sarthe. Etait-ce les connaissances suffisantes qui leur faisaient défaut ou plu- tôt n'avaient-ils pas songé à la rechercher dans nos régions, croyant qu'une espèce montagnarde ne pouvait descendre à une altitude aussi faible? Je lignore, Tou- jours est-il que la découverte de la mulette perlière dans l'Ouest de la France ne parait pas beaucoup remonter au delà de quarante ans. Elle est due au natu- raliste sarthois Huard, qui, pour le dire en passant, ne vit jamais la fortune sourire à ses recherches scienti- fiques, car il est mort, il y a quelques-mois, à l'hôpital du Mans, âgé de près de quatre-vingts ans. Dénué de toute instruction sciéntifique, mais chercheur infatigable, doué d'un remarquable talent d'observation, Huard, à force de persévérance, était arrivé à acquérir des con- naissances sérieuses en histoire naturelle, et il rendit d'incontestables services à Guéranger et à Anjubaut pour leurs travaux sur la faune et la flore de la Sarthe. Huard avait une prédilection particulière pour les mollusques, et la faune régionale lui doit quelques-unes de ses plus rares espèces, Ce fut au cours d’une excur- sion dans les environs de Fresnay-sur-Sarthe qu'il re- cueillit sur les fonds sablonneux de la petite rivière de la Vandelle, non loin de Saint-Georges-le-Gautier, une espèce de mulette qu'il eut bien vite reconnue pour l'Unio margaritifer. Enchanté de cette découverte, il se hâta, sur les conseils de quelques amis, d'en communi- quer les plus beaux échantillons à Moquin-Tandon, le plus célèbre malacologiste de l’époque, mais il se trou- vait en face d’un sceptique : l'illustre auteur de l’His- toire des mollusques de France ne voulait pas tout d'abord croire à la présence de la mulette perlière dans la Sarthe, et ce n’est qu'après avoir visité la région monta- gneuse des Cévennes, et recueilli lui-même l'espèce en place, qu'il se rendit à l'évidence. On pouvait dès lors penser que la mulette perlière habitait les rivières de nos régions de l’ouest, qui réali- seraient des conditions biologiques, analogues à celles de la Vaudelle. Aussi a-t-elle été depuis lors recherchéeet (1) Traité de pisciculture pratique, par Koltz, trad. Chabot- Karlen, 4° édit., p. 180. recueillie dans le Finistère, Ille-et-Vilaine, la Manche; le Calvados et enfin l'Orne où jeviens d’en signaler quatre localités : Saint-Cénery-le-Géret, Sainte-Marie-la Robert, Vieux-Pontet Antoigny. - C'est une espèce calcifuge des plus décimées, man- quant sur les sols calcaires, dans les fonds vaseux et les eaux tranquilles; elle exige un terrain siliceux et. sablonneux, arrosé par un courant rapide. Elle ne doit donc être recherchée que dans les rivières de nos for- mations gréseuses où granitiques, et seulement aux en- droits où les bancs de sable se trouvent sur @es pentes un peu fortes. Comme la plupart des espèces alpines descendues à de faibles altitudes, la mulette perlière subit dans notre pays quelques modifications, et diffère du type monta- gnard par sa forme, sa longueur, l'épaisseur du test; de là les var, emarginatus, minor, etc., décrites par les an- ciens auteurs et récemment élevées au rang d'espèces par M. Locarth. Il ne m'appartient pas de décider entre de si imposantes autorités, mais, à mon humble avis, ce serait une erreur d'accorder à toutes ces formes la même importance hiérarchique. A.-1:: TETACO. L'Industrie des Insectes LES POTIERS Les insectes, que l'on peut réunir sous le nom de Po- tiers, sont ceux qui faconnent la boue si artistement que leurs nids ressemblent à de véritables pots, œuvre d’un ouvrier tourneur. « Les pots de l’Agenia punctum ont la forme de bocaux ovalaires, moins gros qu'un noyau de cerise. Ceux de l’Agenia hyalipennis affectent la con- figuration conoide, plus étroits à la base, plus larges à l'embouchure, comme le gobelet primitif, le cyathus an- tique. Les uns et les autres ont l'intérieur poli et l'exté- rieur fortement granulé, le constructeur laissant saillir au dehors la petite bouchée de mortier qu'il vient d’ap- porter sans chercher à l’égaliser comme 1l le fait avec tant de soin sur la paroi interne. Aucun crépi, aucun badigeon ne vient voiler la gracieuse terraille ; aucune doublure de consolidation n’est surajoutée. Telle elle est quand le potier vient d'en façonner le goulot, telle la pièce reste après avoir reçu son couvercle et sa petite araignée avec un œuf sur le flanc. Disposées bout à bout en série sinueuse ou bien groupées en amas confus, les urnes des Agénies sont donc dépourvues de toute protec- tion, malgré leur fragilité. » (Fabre.) L'intérieur seul est badigeonné de salive qui le rend imperméable. Citons aussi l'Eumène porniforme qui construit, en terre, des capsules sphériques surmontées d’un goulot. C'est, en miniature, un alcarazas pansa. Son épaisseur est à peine celle d'une feuille de papier. LES FABRICANTS DE PAPIER ET DE CARTON Il y a un certain nombre d'années, on fabriquait presque exclusivement le papier avec des chiffons, les- quels sont formés en grande partie de fibres végétales. Aujourd'hui, on se sert de bois que l’on réduit en LE NATURALISTE 243 poudre et dont on fait une pâte. Celle-ci est ensuite étalée, puis séchée, pour donner soit des feuilles sou- ples de papier, soit des cartons, des rigides. Les Hymé- noptères, du groupe des Guêpes, nous ont depuis long- temps devancés dans cette industrie et le papier qu'elles fabriquent ne le cède en rien au nôtre. Elles savent aussi bien que nous faire du papier buvard et du papier collé. Quand leur papier est placé sous terre, c'est-à-dire en un endroit où il n’a rien à craindre de la pluie, il est simplement façonné avec des fibres de bois réduit en pulpe; lorsqu'au contraire, il est en plein air, pour que la pluie ne le détériore pas, les Guêpes l'enduisent d'un vernis protecteur, elles le « collent » véritablement. Quelques-unes font du carton d’une finesse et d’une du- reté qui excitent l'admiration des manufacturiers çux- mêmes. Papier et carton sont employés par elles pour faire des nids qui, presque toujours, se composent de feuillets protecteurs à l'extérieur et, à l'intérieur, d’al- véoles hexagonales dont la régularité ne le cède en rien à celle des nids d’abeilles. Les Guëpes de l’espèce crabo ou vulgaris recueillent les matériaux sur le bois mort et déjà ramolh par un commencement de décomposition ou sur les écorces. Les Vespa sylvestris et media utilisent les fibres ligneuses dé- tachées dans le bois travaillé. Les Guépiers sont, à l’origine, le produit d’une seule guêpe, mais les enfants auxquels elle donne naissance l’aident ensuite et lui permettent de l’agrandir. Ils sont d’ailleurs placés tantôt sur les branches, tantôt dans les troncs d'arbres, tantôt dans une cavité du sol. La Poliste gauloise ne construit que des alvéoles, sans enveloppes protectrices. Les Polybia bâtissent des nids dont les gâteaux sont protégés par une enveloppe commune, faite d'une sorte de carton, et attachés à une branche. Ils présentent des formes diverses avec un seul orifice vers le bas. À la surface, on remarque une série d’étranglements annu- laires qui correspondent aux gâteaux intérieurs. Citons encore le nid du Chartergus chartarius, espèce du Mexique, fait d’un magnifique carton blanchätre. A l'intérieur, il y a une série de gâteaux parallèles et pré- sentant au centre un orifice qui permet aux mères d'ÿ circuler. Il n’y a pas que chez les Guëpes que l’on trouve des fabricants de papier ou de carton. Certains Termites ar- boricoles savent fort bien en confectionner, avec cette différence qu'ils agglutinent les fibres du bois réduit en pulpe, surtout à l’aide de leurs déjections, ciment dont les animaux, en général, ne font que rarement usage. C'est le cas du Termes arborum, commun au Cap. Ses nids, creusés d’alvéoles irrégulières, sont si durs que les ouragans déracinent les arbres et les emportent sans les détruire. Il en est de gros comme des barriques. Les Termites du sous-genre Eutermes construisent aussi sur les arbres des nids qui, à cause de leur aspect, sont connus des indigènes sous le nom de Têtes de nègre. LES MANUFACTURIERS EN COTON Les Hyménoptères du genre Anthidie sont incapables de se fabriquer eux-mêmes un domicile. Elles ne sont bonnes qu’à le meubler, à le rembourrer de ouate. Comme habitation, elles prennent un peu toutes les cavités qu’elles rencontrent, mais surtout celles, abandonnées, qui sont l’œuvre d'autres insectes. On en trouve souvent | i dans les tiges des ronces ou des roseaux. La cavité est tapissée de ouate et divisée, par des planchers également en ouate, en un certain nombre de chambres. Cette ouate est faite du duvet blanchâtre que l'insecte va cueillir sur les plantes tomenteuses, notamment les Composées et et les Labiées. LES CONSTRUCTEURS DE TUMULI Les fourmilières, véritables tumuli, sont remarquables par leurs grandes dimensions et l’intelligence avec la- quelle elles sont construites et aménagées. Il est à no- ter, entre autres, qu'elles ne sont pas construites sur un plan immuable, les Fourmis savent se plier aux circons- tances et aux lieux dans lesquels elles se trouvent. Elles font leur nid tantôt en terre impure, tantôt en terre pure. Parmi les premières — qui constituent la majorité — il faut citer la Fourmi fauve. Au premier abord, leurs monticules ressemblent à des amas confus de matériaux épars et de terre. Ce n’est qu'une partie du nid. L'autre partie, plus importante, se trouve au-dessous, dans le sol friable et, par suite, bien disposé pour entretenir la cha- leur interne sans mettre un obstacle trop dense à la sor- tie des jeunes. L'hyménoptère ne fait d'ailleurs usage de cetie barricade que dans les grosses coquilles. Conti- nuons notre chemin dans la coquille et nous arrivons aux loges qui, habituellement, sont au nombre de deux; l’antérieure, plus ample, est l'habitation cu mâle; la postérieure, plus petite, est la demeure de la femelle. Ces loges sont limitées en avant et en arrière par des cloisons translucides faites en résine absolument pure ne présentant aucune incrustation de matières étran- gères. L'Anthidie de Latreille utilise aussi la résine pour construire, sous les pierres, un amas de cellules accolées les unes aux autres. De même fait l’'Odynère alpestre qui, dans les coquilles d’escargots, agglutine des éléments étrangers et en fait une véritable mosaique. LES TAPISSIERS Dans les jardins, tout le monde à remarqué que les feuilles du rosier ou du lilas sont souvent entamées par d’étranges découpures, les unes rondes, les autres ova- laires et d’une régularité presque mathématique; on les croirait découpées à l’aide de ciseaux. L’artisan qui a p'atiqué ces entailles n'est autre qu'un hyménoptère, le Mégachile, qui emporte les parties enlevées pour en tapisser son nid. Celui-ci est établi dans une cavité déjà existante. Le Mégachile tapisse la cavité des rondelles de feuilles et fait également avec celles-ci de petits godets qu'il remplit de miel et de pollen. Un autre hyménoptère, l'Anthocope du Pavot, creuse des terriers à peu près verticaux dans les chemins battus et en tapisse l'intérieur avec les pétales délicats du co- quelicot; c’est un véritable sac que l'insecte ferme à la partie supérieure en en rabattant les bords et en le re- couvrant de terre. LES TERRASSIERS Les insectes qui creusent des nids dans le sol sont innombrables ; je me contenterai de rappeler 1ei les vers blancs (larves du hanneton), les Grillons, les Taupes-gril- lons, les larves de la cigale, etc. 244 LES FABRICANTS D Beaucoup de chenilles, pour se. ger, se fabriquent un vêtement en rassemblant diver: débris végétaux et en les unissant avec des fils de soie. Elles transportent partout les fourreaux avec elles. D’autres chenilles, des teignes également, s’attaquent aux vétements de l’homme et se font un étui avec les brindilles qu’elles en détachent: c'est le cas — trop connu — de la teigne des pelleteries. D’autres, entin, se font des fourreaux en soie pure non mélangée de matériaux étrangers. On peut rencontrer de telles industries jusque dans l’eau. Les larves des Phryganes, hôtes de nos étangs, se construisent des étuis, des fourreaux cylindriques ou- verts à leurs deux extrémités. Les matériaux employés varient avec les espèces et aussi, pour chaque espèce, avec les circonstances extérieures. Généralement ce sont de petites büchettes de bois d’une régularité remar- quable et disposées transversalement en laissant au centre un espace cylindrique, tapissé par de la soie. D’autres fois, ce sont de simples brindilles de plantes, de fragments de végétaux verts, de vase, de cailloux, de feuilles mortes. Quand l'eau dans laquelle vit la larve contient de petits mollusques, des planorbes par exem- ple, elles font entrer leurs coquilles dans la confection de leur étui; 1l en est même qui en fabriquent entière- ment avec des coquilles, même quand l'animal intérieur est encore vivant. D'autres insectes se font des habits moins coquets et surtout moins propres. C’est le cas de la Réduve mas- quée qui s’enveloppe de poussière au point d’en être méconnaissable et de la larve du Criocère du lis qui se recouvre de ses excréments. Les gâteaux de l'abeille domestique sont trop connus pour que nous ayons à nous appesantir sur eux. Les Mélipones, mouches à miel du Brésil, construi- sent leurs gâteaux d'une autre manière. « Le plus sou- vent, ils sont placés dans les branches creuses ou sur le tronc de vieux arbres, les cavités des rochers, la tige fistuleuse de certains végétaux; il en est qui sont atta- chés au haut des arbres, librement et sans couverture ; d’autres, au contraire, sont perforés sous terre et entre les racines des arbres. L'architecture interne offre de très grandes différences avec celles des ruches des abeilles ordinaires. Les cellules hexagonales à couvain constituent des gâteaux étagés, horizontaux et non ver- ticaux, et offrant, par suite, les alvéoles verticaux et sur un seul rang, en dessus, le tout presque toujours en- touré de nombreux feuillets de cire entrecroisés, for- mant un labyrinthe protecteur; à côté de cette dégrada- tion évidente de la forme des gâteaux d’abeilles, se trouve un perfectionnement par division du travail. Les alvéoles ne servent qu’à l'élevage des larves et des nym- phes; le miel et le pollen sont emmagasinés à part, dans des amphores de cire de toute autre forme, ovoides, beaucoup plus amples que les alvéoles et groupées di- versement autour du nid à couvain. Enfin, presque sans exception, l'entrée de l'habitation est fort petite et gar- dée par une ou plusieurs vigilantes sentinelles ; un tun- nel de cire, long et plus ou moins flexueux, communi- que aux cellules à couvain et, de celles-ci, il faut passer par le labyrinthe des feuillets pour arriver aux amphores à miel ». (M. Girard.) Les Bourdons, comme les abeilles, peuvent sécréter de la cire; mais ils n’en font qu'un usage restreint. Les œufs sont pondus dans des boulettes faites d'un mélange LE NATURALISTE RE AU de miel et de pollen. A côté d'elles, les bourdons cons- truisent des cellules ovoides, assez grossières, en cire, et les remplissent de miel. Ces gobelets sont des réservoirs de nourriture : les bourdons ou leurs larves y font appel quand ils ont faim. Ils emploient aussi leur cire pour ta- pisser d'un mince vernis la paroi de la cavité où ils ont élu domicile; ceux qui font des nids de mousse Pu= tilisent aussi pour réunir les brins entre eux. HENRI COUPIN. ACADÉMIE DES+-SCIENCES Séance du 16 seplembre 1901. Une nouvelle grotte avec parois gravées à l’époque paléolithique. (MM. L. Caprran et H. Be U ) On sait qu'on a signalé, gravées sur les parois de ‘certaines grottes et presque exclusivement en France (la Mouthe, Pair- non-Pair, grotte Chabot), des représentations d'animaux qu'on a pu considérer comme remontant à l’époque magdalénienne, à cause du remplissage de la grotte par des dépôts de cette époque (Pair-non-Pair), à cause de la technique mise en œuvre et des sujets représentés. Mais, jusqu'ici, ces représentations étaient peu nombreuses, et la fraicheur des traits pouvait expliquer cer- tains doutes sur l'authenticité de quelques-unes de ces figures. Les auteurs signalent à l'Académie l'existence de figurations d'animaux, gravées sur les parois d’une grotte sise aux Combarelles, commune de Taylac (Dordogne), à 2 kilomètres environ de la grotte de la Mouthe, et à 3 kilomètres de la station classique des Eyzies. Toutes ces figures sont d'une correction de dessin qui permet de reconnaitre nettement toute une série de détails des plus in- téressants, Certaines figurations, surtout de Cheval, sont remar- quables et de même caractère que les plus belles gravures sur os classiques de l’époque magdalénienne, Les animaux représentés, tantôl en partie, tantôt entièrement, sont surtout le Cheval, puis un Équidé ressemblant à l'Hémione, le Bœuf, l'Aurochs, le Bou- quetin, l’Antilope Saïga, le Renne et le Mammouth. Le nombre des figures d'animaux entiers, vues nettement, est de 64. Il existe aussi un nombre considérable de figurations partielles d'animaux (croupes, pattes), sans compter les traits encore plus nombreux, enchevêtrés en tous sens. Les figures nettement intelligibles et indiscutables se répartissent ainsi : animaux entiers non identi- fiés 19; Équidés 23; Bovidés 3; Bisons 2; Rennes 3; Mam- mouths 14; têtes de Bouquetin 3; têtes d'Antilope Sais ga 4; têtes variées, surtout de Cheval 36; face humaine (?) 1; Cupiles 1; soit 109 figures très nettes. Elles sont, en effet, toutes d'une telle évidence, qu'il ne peut y avoir de discussion sur leur inter- prétation. Tel par exemple, un Cheval d'une perfection de dessin saisissante et qui semble porter sur le dos une sorte de couver- ture ornée de triangles; tel aussi un. Équidé à à crinière droite avec la partie supérieure du cou très convéxe et à queue implan- tée très bas; tel également le Renne reproduit avec une fidélité qui ne peut laisser subsister aucun doute sur les caractères de cette espèce. Il en est de même pour l’Aurochs et pour les têtes de Bouquetin avec longues cornes recourbées en arriére, et celles d'Antilope Saïga avec longues cornes absolument droites. Quant aux figures de Mammouth, leur nombre permet de con- stater les caractères classiques de cet animal : front très haut avec concavité médiane, défenses très courbes, poils recouvrant complètement l'animal et indiqués par de nombreux traits, pieds typiques. La trompe est tantôt droite, tantôt recourbée en ar- rière. ous ces caractères sont si nets, surtout sur deux figures, dont l’une complètement recouverte d'un enduit stalagmitique, qu'ils sautent aux yeux. Il parait hors de doute que ces figura- tions, dont la haute antiquité ne peut être niée, n'ont pu être exécutées que par des artistes reproduisant les animaux qu'ils - voyaient. Elles remontent donc à l’époque où vivaient en France le Mammouth et le Renne; elles sont donc paléolithiques et très vraisemblablement magdaléniennes. je IUT Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. CS SNS ES DETTES RO mr are ANNÉE AVE 23° OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES SUR L'ORIGINE ET LE MODE DE FORMATION du Minerai de fer oolithique Tous nos lecteurs savent l’exceptionnelle importance industrielle du minerai de fer oolithique qui fait des couches activement exploitées dans les régions inférieures du terrain jurassique, en Lorraine et dans un grand nombre d’autres régions de la France. Les caractères très complexes de cette roche ont excité l'imagination des théoriciens préoccupés de retrouver les circonstances dans lesquelles elle a pris naissance. C’est ainsi que M. Georges Rolland, dans un travail récent, formule cette conclusion que les couches de minerai de fer oolithique de l'arrondissement de Briey se sont constituées au fond de la mer toarcienne, les courants ayant distribué là où on les trouve les oolithes ferrugineuses. À la suite de très nombreuses études sur le terrain dans des localités diverses ; à la suite aussi d'examens chimi- ques multipliés et d'expériences réalisées à mon labora- toire du Muséum, je crois devoir déclarer qu'une sem- blable manière de voir me parait de tous points inaccep- table. L'opinion qui se déduit des faits et que j'ai développée naguère dans mon Cours du Muséum d'Histoire naturelle, c'est d’une part que les couches, aujourd’hui exploitées comme minerai de fer, n'étaient point lors de leur dépôt constituées par de la limonite, et d'autre part que la structure oolthique du terrain ne s’est produite que très postérieurement au moment de la sédimentation. En d’autres termes, l'histoire de ces gisements témoigne énergiquement, comme bien d’autres, de l'incessante activité dont les profondeurs du milieu géologique sont le théâtre. I ne faut pas oublier tout d’abord que, dans certains points, les couches de minerai oolithique sont chargées fossiles et que les oolithes de limonite se rencontrent Jusque dans les cavités des coquilles. Or, peut-on s'ima- giner la vie de ces animaux, dont les vestiges sont si nombreux, dans une mer dont l'eau aurait été chargée de boue ferrugineuse et dont les courants auraient été assez forts pour charrier les oolithes jusqu'à une énorme distance des côtes? Rappelons qu'il ne s'agit pas d'un phénomène local mais de formations qui s'étendent sur des surfaces con- sidérables, aussi bien dans le sud du Plateau Central et dans l'Aveyron qu'au Nord et en Lorraine. En outre, on constate très souvent que le test des mollusques est constitué lui-même par de la limonite et cela tranche la question, puisqu'on ne saurait supposer que ces coquilles n'aient été chimiquement identiques aux coquilles de mêmes espèces qu'on trouve au mème niveau géologique, dans les strates non ferrugineuses. Les dépôts de fer oolithique se présentent donc comme des produits de transformation sur place, sans altération nctable de leur structure, de couches antérieurement calcaires, comme celles qui se rencontrent à tant de niveaux du terrain jurassique, Le Naluraliste. 46, rue du Bac, Paris. 2e SÉRIE — N° 35 2 17 NOVEMBRE 1:01 Qu'on prenne des fragments de calcaire oolthique fossilifère et qu'on l’arrose pendant un temps suffisant avec une solution de sulfate de fer, puisqu'on en examine des lames minces au microscope : on verra les débuts et les progrès d’une ferruginisation qu'il est inté- ressant de suivre. Celle-ci en effet est identique dans son principe à la silcification à laquelle se rattache par exemple le gisement des meulières des terrains tertiaires parisiens, où l'on retrouve, avec une composition nou- velle, tous les détails de structure (y compris les fossiles) de couches antérieures tout autres et dont la nature calcaire ne saurait faire de doute. D'un autre côté et pour ce qui est de la forme oolithique des masses considérées, elle n’a certainement rien de commun avec celle du dépôt initial et il suffit d'étudier de près les oolithes des calcaires jurassiques pour en être convaincu. Elles, aussi, contiennent fré- quemment des débris de fossiles et elles aflectent tous les caractères des produits lentement concrétionnés : elles se sont faites petit à petit, dans des sédiments de structure homogène et parfois se sont conjuguées par l’enveloppement qu’elles ont subi de la part de zones de nouvelle formation, Ce qui les distingue surtout des rognons calcaires et ce qui rapproche leur histoire de celle des granules de phosphate de chaux des craies brunes, c'est que les centres d'attraction qui les ont déterminé se sont déclarés à peu de distance les uns des autres et d’une facon sensiblement régulière dans toute la roche. Cependant, il faut reconnaitre que cette théorie ren- contre à première vue des objections qui paraissent graves. La principale est d’ordre chimique et concerne la com- position des oolthes de limonite. Quand on les laisse digérer dans l'acide chlorhydrique moyennement con- centré à la température ordinaire, on les voit au bout de quelques Jours perdre presque complètement leur couleur ocracée sans perdre leur forme, pendant que le liquide dissout tout le fer. Il reste des globules gris, à apparence argileuse dont on ne voit pas les correspondants dans les calcaires oohthiques, regardés tout à l’heure, comme milieu générateur des oolithiques ferrugineuses. Toutefois un examen plus approfondi de ia question lève cette difficulté, et même d’une façon si complète qu’elle m'a vivement intéressé. On s'aperçoit, en eflet, que la matière grise argiloide qui vient d’être mentionnée n’est pas de l'argile malgré son apparence, mais consiste (à part son mélange avec du sable) en hydrate d’alumine à peu près pur. C’est une variété de Bauxite et sa ren- contre en un pareil gisement est tout à fait digne d’atten- tion, étant donné que cette substance manifeste avec la limonite des traits multiples de ressemblance au point de vue géologique, comme au poiut de vue chimique. En effet, on sait par exemple que le calcaire est tout aussi apte à précipiter l’alumine que l'hydrate de fer de ses dissolutions salines ; de sorte que, siun fragment de calcaire est plongé dans une dissolution de sulfate d’alu- mine, il se précipite de l’alumine, il se dissout du sulfate de chaux et il se dégage de l'acide carbonique. Rappelons en passant que c’est dans le minerai de fer de Fouta-Djallon (Sénégal), et par conséquent dans la latérite, que Berthier a découvert pour la première fois la bauxite en 1820 ; en 1828 il reconnut l'hydrate d’alumine dans le fer en grains de terrain sidérolhithique. Tout cela posé, voici comment il paraît légitime de re- constituer l’histoire des couches à oolithes ferrugineuses, 246 LE NATUÜRALISTE © © " " comme celles qui constituent le minerai de fer de la Lér- raine : En premier lieu, la mer toarcienne a déposé des assises de limon calcaire plus ou moins argileux ou sableux, parfois presque pur, dans lequel étaient ensevelis les co- quilles etles autres vestiges des animaux marins habitant le bassin aqueux. Dans un second temps, et en consé- quence des mouvements moléculaires dont la masse a été le théâtre, le terrain ainsi édifié est devenu oolithique : le calcaires’est arrangé autour decertains centres, grains de sable ou autres objets, et les matières autres que le calcaire argile, etc., ont été refoulées dans les interstices des oolithes. Enfin, dans un troisième temps, la formation a été baignée, sans doute très lentement, par des eaux contenant des sels solubles de fer et d’alumine, et qui pouvaient n’en contenir que des traces (les eaux de Saint- Nectaire par exemple contiennent 0 gr. 017 à 0 gr. 023 d’alumine par litre). Les molécules de calcaire ont été comme des pièges, arrêtant au passage ces matières mé- talliques et il y a eu une épigénie progressive de tout le terrain qui, tout en conservant les traits principaux de sa structure et jusqu'à ses fossiles s’est ferruginisé et alu- minisé ; 1l est passé à l’état de minerai oolithique, par ru- béfaction de sidérose d’abord produite. Bien entendu la structure oolithique n’est pas indis- pensable pour que le phénomène ait lieu et des couches fossilifères compactes comme celle de la Voulte (Ardè- che) par exemple résultent d'actions tout à fait compa- rables. Les confirmations de notre hypothèse pourraient être réunies en grand nombre. Citons spécialement celle qui résulte de l'analyse chimique des limonites de Lor- raine et des contrées analogues. On y dose très souvent l’alumine en qualité disproportionnée à la silice dans la supposition qu'elles contiendraient de l'argile. Dans le minerai de Frouard (Meurthe-et-Moselle) j'ai trouvé jus- qu'à 13 d’alumine pour 8 de silice, soit plus de 60 0/0 d'alumine au lieu de 25 ou 26 0/0 que contiennent les argiles. Des analyses publiées de la limonite de Chavi- gny et de Lay-Saint-Christofle, donnent 10,00 et 13,20 d’alumine ,contre 3,70 et 5,00 de silice et l’on pourrait multiplier indéfiniment ces exemples. Ajoutons qu'une partie de la silice dont il s’agit est à l’état de sable quart- zeux et par conséquent doit être diminuée encore de celle qui entrerait dans la composition d’un silicate argiloïde. Enfin, il est clair que le calcaire qui est devenu limonite par épigénie pouvait et devait être plus ou moins argi- leux et son argile subsiste nécessairement après les transformations. C’est ce qui explique les différences procurées par l'analyse des diverses variétés de limonite oolithique. Ilconvientd’ajoutericiune autre remarque quiconcerne la dimension et la forme des oolithes ferrugineuses com- parées aux oolithes calcaires dont nous pensons qu'elles sont dérivées : elles sont d'ordinaire plus petites et moins sphériques, étant aplaties dans le sens de la stratification. Il est évident que la substitution de la sidérose ou de la limonite, dont la densité est 3.8 à la calcite qui pèse 2,7 ne peut se faire sans déterminer dans la masse qui en est le siège une contraction notable et un tassement, dont la forme des oolithes ferrugineuses est comme un reflet. Un même poids de carbone (6 grammes par exemple) passe de 50 grammes de calcite initiale qui occupaient 18,5 centimètres cubes, dans 58 grammes de sidérose qui occupent seulement 15,2 centimètres cubes. Le rapport de ces deux capacités ou 0,821 représente la contraction de chaque unité de volume de la couche, qui est de 1/5 environ. Enfin, pour ce qui est de l’époque où la transformation a pris naissance et la durée pendant laquelle elle s’est continuée, nous pouvons seulement dire qu’elles n'ont aucun lien avec les phénomènes d'âge toarcien et leur sont nécessairement postérieures. Envisagée comme nous venons de l'indiquer, la genèse des assises oolithiques de limonite de Lorraine constitue un paragraphe remarquable de l'histoire des transforma- ticns successives auxquelles les couches du sol sont en proie d’une manière continue. Elle apporte, en d’autres termes, un appui décisif au point de vue activiste, dont la science géologique doit tirer de si vastes conquêtes. Stanislas MEUNIER. DÉVELOPPEMENT INCESSANT DU CORPS HUMAIN Si l’on étudie attentivement le corps des adultes aux divers âges de la vie, on est bien surpris de constater un fait d'autant plus inattendu, qu'il n’est signalé nulle part: c'est que le corps de l’homme se modifie profondé- ment aux différentes étapes de sa carrière, à l’état adulte. On sait très bien que Flenfant et le vieillard ne ressemblent pas à l'adulte; mais ce que l’on ignore géné- ralement, ce sont les modifications profondes que les organes et les tissus de l’adulte éprouvent à la suite de leur évolution progressive. Ainsi par exemple la peau, les dents, les yeux, les poils d’un jeune adulte de 15 ou 18 ans ne ressemblent en rien à ceux d’un adulte de 99 ans. Prenons, je ne dirai pas les dents, mais simplement une dent de devant, une incisive. Observons-la, non pas chez l'enfant, où les dents de la première dentition ne sont que temporaires, ni chez le vieillard, qui est cousu de fausses dents, mais chez l'adulte à ses différents âges. Une incisive de la seconde dentition, qui n'aura même pas un centimètre et demi chez un enfant de 8 ans et même chez un jeune homme de 15 ans, va en avoir. le double, c’est-à-dire plus de deux centimètres et demi, chez un vieil adulte de 55 ou 60 ans. Aussi, à cet âge, est-ce toute une affaire que d’enlever une dent: elle branlera des mois, sinon des années, avant de se décider à tomber, tant sa racine est longue et tant les chairs de la gencive et de l’alvéole tiennent à sa racine. Non seulement la racine est longue, mais elle est encore très large d'avant en arrière, si elle est aplatie latéralement. Bien plus, avec le temps, elle finit par se dédoubler en deux autres, qui restent accolées entre elles, nous le voulons bien, mais enfin qui ne deman- deraient, semble-t-il, qu’à s’écarter l’une de l’autre. Il y en a une interne et une autre externe, c'est-à-dire une eu avant, du côté des lèvres, et une en arrière, du côté de la langue. On le voit, tout évolue, dans le corps humain, même à sa période adulte; de sorte que la description que l’on LE NATURALISTE 247 en donne est plutôt celle d’un être imaginaire que celle d’un individu réel en chair et en os, C’est peut-être celle d’un homme de 25 ans; mais ce n'est plus celle d'un adulte de 50 ans, ni à plus forte raison de 55 ou 60 ans. 11 en est de même chez le vieillard. Sans doute, la prolongation de la vie est une bonne chose puisque tout le monde la désire; et pourtant, nous ne voyons que trop souvent des vieillards, décré- pits ou non, qui se suicident en regrettant de vivre à la charge de leur entourage,et qui appellent la mort de tous leurs vœux. « Vous vivrez vingt-cinq ansencore,disais-je à un vieillard, pour le consoler dans ses infirmités. — Ah! monsieur, ne me dites donc pas cela, me répondait-il. Si vous saviez combien jetiens peu à vivre comme cela, m'affaiblissant tous les jours et en perdant chaque année quelque chose, avant de me décider à mourir tout à fait ! » Voilà ce que c’est que l’évolution. Moins que l’en- fant et même moins que l'adulte, le vieillard ne reste stationnaire. Une belle tête de vieillard ne dure pas tou- jours et tend plutôt à s’enlaidir qu’à s’embellir de plus en plus. Un rapport surtout, au point de vue duquel l'adulte se modifie de plus en plus à mesure qu'il avance en âge, c'est que la rénovation se fait beaucoup moins vite chez lui que dans la jeunesse. Ainsi par exemple, à 30 ans, une petite plaie guérissait toute seule en deux ou trois jours ; à 50 ans, il faut la soigner, pendant des semaines entières, sous peine d'ulcérations ou de complications. Nous pourrions citer maints faits de ce genre. Un jeune adulte se mettra, en huit jours, à modifier ses habitudes ; tandis qu'un vieil adulte ne le peut plus : il lui faut des mois et des années pour cela. De même la peau ne ressemble pas plus, chez l'adulte de 50 ans, à celle de l’adulte de 20 ans, que celle de celui-ci ne ressemble à la peau de l'enfant, Sans avoir encore rien de celle du vieillard, elle a un aspect sui generis que révèlent admirablement certaines photo- graphies bien faites. Nous appellerons cela, si on veut bien nous le permettre, la teinte briquetée. Beaucoup de personnes ne paraissent pas le remarquer; cela tient peut-être à ce qu'il est utile de considérer la figure sous un certain Jour pour s'en apercevoir; par exemple après une longue fatigue ou une bonne transpiration. La peau de la figure apparait alors sous une teinte ou une appa- rence grumeleuse toute particulière, bien différente du hâle causé à la campagne par les rayons ardents du soleil. Nous ne parlerons pas des diverses affections de l'œil qui se montrent chez les adultes voisins de la cinquan- taine, telles que l’astigmatisme, la presbytie, ete. Bref, c'est l’âge des lunettes, pour beaucoup, qui n’en por- taient pas auparavant, ou qui se contentaient de poser pour le monocle, le binocle ou le pince-nez, avec le n° 26, autant dire des verres de vitre, À partir de 50 ans au contraire, beaucoup de nos concitoyens en portent par nécessité, sans plus pouvoir désormais s'en passer. Quant aux dents, il y a longtemps qu'on ne s'en sert plus pour casser des noisettes, ni à plus forte raison des noyaux de pêche, comme dans sa jeunesse. O heureuse et insouciante jeunesse! Qu'est devenu le temps où nous cassions les noyaux de tous les fruits, pour en croquer les amandes! Ce seul souvenir nous fait frémir d’hor- reur, nous qui n’arrivons même plus à croquer les amandes ordinaires ! « Quantum mutatus ab illo Hectori, Maron, qui ne veut pas dire vigilant ni brun, muis vaillant guerrier et l’homme éminent : wir-gill et Mar- onice, sont là des nomspropres latinisés d’origine ger- manique. En définitive, les ouvrages d'anatomie décrivent plutôt un être idéal, typique, plutôt qu'un individu réel. Il faudrait décrire l’évolution de chaque organe et de chaque tissu en particulier pour décrire l’homme tel qu'il est réellement. Le reste est plutôt la description d'une statue en chair et en os que la description de l’homme. L'enfant a au moins deux périodes de déve- loppement: la vie fœtale et la vie extra-utérine. L’adulte en a aussi au moins deux : le jeune adulte de 25 ans et celui de 50 ans. Le vieillard deux également: sa verte vieillesse et le début de sa décrépitude. Quant aux deux termes extrêmes de la vie, l’ovule.et le vieux rabougri, cela ne se ressemble pas plus que la terre ne ressemble au soleil, ou que le jour ne ressemble à la nuit. Or il y a une infinité de degrés entre ces deux extrêmes, Dr BouGoN. LE GLOSSOMÈTRE Je suis heureux de faire connaitre à mes lecteurs le glosso- mètre de M. Charton-Froissard, de Dampierre-sur-Au be. Le glossomètre ou glottomètre, est un instrument destiné à mesurer la longueur de la langue des abeilles, et à permettre ainsi par une suite.de sélections habiles, d'obtenir des abeilles ayant la langue plus longue, et pouvant par cela même recueil- lir le miel des fleurs ayant un long calice ; cet instrument est ap- pelé à rendre de grands service à l’apiculture. Le glossomètre se compose tout simplement d'une petite boite en fer blanc de 10 centimètres de large, sur 20 centimètres ce long et 3 centimètres de haut, recouverte d’une toile métallique et dont le fond est en pente. Il suffit, après l'avoir rempli de miel, de placer cet instrument près de la ruche. Aussitôt les abeilles viennent lécher le miel travers la toile métallique, tant que la longueur de leur langue le leur permet; et comme le fond incliné du glossomètre est gra- dué, il suffit, au bout d'un certain temps, de lire à quel niveau le miel est descendu pour connaître exactement la longueur de la langue des abeilles. On opère de même avec toutes les ruches que l’on veut étu- dier. La ruche dont les abeilles ont léché le plus profondément est celle dont on devra se servir pour élever des mères, car la mère qu'elle possède a certainement une langue plus développée que celle des autres ruches. On lui laissera aussi élever des bourdons pour féconder les jeunes mères. En procédant ainsi par sélection, il est certain que l’on arri- vera à des résultats très curieux. Pour obtenir de ces mères, on peut faire essaimer la ruche et greffer dans d’autres les cellules maternelles que les abeilles con- solident ensuite. On peut aussi employer de petites ruchettes, M. Charton-Froissard, l'inventeur du glossomètre en question, a publié dans l’Union agricole un curieux article sur les avan- tages qu'il y à en apiculture à posséder, dans son rucher, des abeilles ayant la langue plus jongue que les abeilles ordinaires. Depuis longtemps déjà, dit M. Charton-Froissurd, mon atten- tion avait été appelée sur la différence de la production du miel dans les ruches contenant des abeilles de même race, ayant des mères de même âge et sensiblement de même qualité possé- dant à peu près le même nombre de butineuses au moment de la récolte, logées dans des habitations absolument semblables, pla- cées dans le même rucher, à la même exposition, et montrant la même activité au travail. Je me demandai qu’elle pouvait bien ètre la cause initiale de cette différence. J'examinai la manière dont ces insectes butinaient et quelles qui redit exuvüs indutus Achillis ! » disait ce bon Virgile | fleurs elles visitaient de préférence quand elles y restaient. AS Je remarquai que là où certaines d’entre elles ne faisaient que passer, d’autres restaient plus longtemps et avaient l'air de butiner fortement. Ces remarques et une observation que je fis à propos du trèfle violet me mirent sur la voie. Dans une année sèche, je vis des abeilles, en petit nombre, il est vrai, butiner sur les fleurs de cette plante. Pourquoi toutes n'y puisaient-elles pas le précieux nectar ? Est-ce que son goût leur déplaisait? Mais il est le même que celui du trèfle blanc où elles vont butiner avec ardeur! Il y a donc une autre cause, et cette cause est facile à deviner en comparant la longueur des fleurs. Celle du trèfle violet est bien plus profonde que celle du trèfle blanc. Comme le liquide sucré est placé tout au fond, elles ne peuvent généralement pas l’atteindre, il n'y a que les privilégiées qui puissent s'en emparer. Mais en quoi consiste ce privilège ? Je pensai de suite que la longueur de la langue des abeilles ne devait pas être la même pour toutes les colonies, que là où l’une pouvait faire une récolte, l’autre ne prenait rien. Je résolus de m'en assurer, et je construisis l'appareil connu aujourd'hui sous le nom de glossomètre Charton, et qui me donna toute satisfaction dans les expériences diverses que je fis pour arriver à déterminer les causes du plus grand rendement des ruches. J'ai donné sa descriplion en 1892. C'est en 1893 que je fis connaitre les résultats de mes premières expériences dans le Bulletin de la Société : l'Abeille de l'Aube. L'honorable M. Paul Noël, directeur du Laboratoire régional d'Entomologie agricole de Rouen, m'avait, à cette époque, de- mandé de lui envoyer des abeilles prises parmi celles qui avaient la langue la plus longue et aussi parmi celles qui l'avaient la plus courte. La comparaison eut lieu sur 6 ruches peuplées d'abeilles indi- gènes. Le résultat fut pour les plus grandes langues 9 millim. 210, et pour les plus courtes T millim. 1/10; soit une différence de 2 millim, 4/10. I! résultait clairement de l’expérience que les abeiïlles du pre- mier cas pouvaient butiner avec profit dans une fleur, ayant 2 millimètres de plus en profondeur, et que les autres ne le pou- valent pas. Depuis cette époque, j'ai fait différentes expériences qui ont confirmé la première. Voici les résultats obtenus, en 1894, dans mon rucher de Nuisement. ; Le glossomètre marquait : AMlañzUnerruchermere etert recette 1I0 2° Essaim primaire de la précédente... T — 7/10 3° Une ruche mère....... Mod BTE) EE) 4° Essaim primaire de la précédente. 8 — beUnemuüchermenc et eertetcte T — 6° Essaim primairede la précédente... 8 — 3/10 HAUMeRLUChERMeLC ere ee eRe 7 — 5/10 $° Essaim primaire de laprécédente.. 8 — 1/10 JPUnetruchenmere rer Leman +. 8 — 5/10 10° Essaim primairedela précédente... 8 — 3/10 AAoATnerucheñmeres PER RE 9 — 5/10 12° Essaim primaire de laprécédente. 9 — 2/10 13:/Uneruche mère... bi 0/10 14e Essaim primaire de la précédente. 9 — 6/10 15 Unessaim naturel ee een tet 9 — 1/10 16e A AC PAS T7 — 3/10 AE en NE COS A A 8 A T — 18° LV LEE D RES LE 7 — 5/10 Ce tableau présente des différences considérables comme lon- gueur de langue. On y voit aussi que sur sept ruches mères, sou- mises à l’expérimentation, quatre possèdent des appareils buccaux plus développés que ceux de leur essaim. Que dans trois autres, c’est le contraire qui a lieu. D’où l’on peut conclure que les jeunes mères de ces quatre ruches ont été fécondées par des mâles provenant de ruches ayant des abeilles à langue plus longue que celle de leurs familles d'origine, tandis que le contraire s’est produit dans les trois autres. Voici maintenant le tableau des résultats d’une expérience plus complète, faite en 1897. Il indique le poids au 20 juin, de six ruches de même force en populations (essaims primaires du même jour), le poids au 21 juillet, la différence de poids à cette époque, et aussi la longueur de la langue de chaque colonie. LE NATURALISTE Poids Poids Long. au 20 juin au?7juillet Différence delalangue éosanodronc 125 18k5 6ks 9 7% »/10 PR PSE 0 de on Eu Lo 12 1 — 4/0 PH SE OO 0 co 11.500 12 0.500 T — 9/10 EE oebacoe 42.500 17.500 5] 9 — 2/10 HET 0 0400 0e 13.500 13.500 8 — 9/10 He ARR 11.500 A7 2.900 9 — 4/10 Enfin, en 1900, j'ai expérimenté sur deux essaims, ayant cha- cun une mère d’un an. Pesée faite le 10 juillet dernier : 1er Essaim : 2 kilogs d’abeilles ; longueur de la langue : lim. 5/10. Poids : 23 kil. 500. i : 2e Essaim : 2 kil. 200 ; longueur de la langue : 7 millim. 3/10. Poids : 17 kil. 400. Différence en faveur du 1er : 6 kil. 100. Comme on le voit par ces dernières expériences, le rendement a été en raison de la longueur de la langue des abeilles, et l'on peut ajouter que plus elle est longue, plus la proportion du rendement s'accentue. Conclusions : Puisque la longueur de la langue influe de telle façon sur le rendement des ruchers, les apiculteurs qui ont souci de leurs intérêts doivent s'attacher à avoir des abeilles qui aient cet organe le plus long possible. C'est par une sélection bien entendue, faite intelligemment à l’aide d’un bon glossomètre, qu'ils arriveront à ce but. Ils feront bien de séparer leurs populations améliorées des autres, et les en éloigner le plus possible, afin que la fécondation des jeunes mères soit faite par des mâles provenant de ces colonies. Au fur et à mesure de l'obtention des gains nouveaux, les an- ciennes populations devront être récoltées si l’apiculteur en a suffisamment pour son exploitation. L’essaimage anticipé, rationnellement fait, pourra être d'un grand secours pour cette transformation. Espérons que le jour est proche où nos abeilles, ainsi perfec- tionnées, pourront butiner sur une grande quantité de plantes délaissées par elles jusqu'ici, et qu’une abondante moisson de miel viendra chaque année récompenser les apiculteurs indus- trieux de leurs intelligents efforts. On ne peut que féliciter M. Charton-Froissard qui, certainement, peut rendre de grands services à l’apiculture par l'emploi du glossomètre. J'ai vu en Suisse un apiculteur mobiliste qui ne détruisait pas les bourdons de ses ruches à cadres, et qui m'a donné l'explica- tion suivante, très rationnelle cependant, mais qui n'aura plus cependant sa raison d'être lorsque les abeilles auront la langue plus longue, à la suite d’une série de transformations dans le genre de celle que M. Charton-Froissard vient de leur faire su- bir. Toute la partie de la montagne habitée par l'apiculteur dont je parle est recouverte au printemps par des fleurs de narcisses des poètes. Cette fleur est très mellifère, malheureusement les abeilles n’y vont pas où du moins n'y allaient pas, parce que leurs langues étaient trop courtes pour aller puiser le miel qui se trouve au-dessous de la fleur, dans une sorte de conque. Or, les bourdons savent-très bien que le miel se trouve dans cette partie de la plante, et grâce aux mandibules dont leur bouche est armée, percent les fleurs en dessous, juste à l'endroit où se trouve le miel, et les ouvrières n’ont plus qu'à venir le chercher. Il y à là un acte très curieux de raisonnement et de calcul, et d'autant plus intéressant à enregistrer, que très rarement dans le monde des insectes les mâles s'occupent d’autre chose que de la reproduction. ; Ayant publié cette note dans le premier trimestre de 1901 (février, mars), j'eus le plaisir de recevoir, le 10 mars suivant, la lettre dont voici copie textuelle de M. Brunerie, de l’cole d'Agri- culture de Fontaine : 9 mil- , « Fontaine, le 10 mars 1901. « Monsieur, « Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt, la note sur l’apicul- ture publiée par le Journal de l'Agriculture, n° 1790 du 9 mars 1904, ettirée du Bulletin du Laboratoire régional d'Entomologie agricole du 4° trimestre de 1901. « Les résultats obtenus par M. Charton-Froissard avec des ruches d’abeilles, à langues plus ou moins développées, sont fort intéressants, et peuvent être d’une très grande ‘portée pra- tique. « C’est dans l’espoir d’arriver à obtenir des colonies de choix au rucher expérimental de l’École d'Agriculture de Fontaines, et . après avoir constaté des rendements variables sur différentes y LE NATURALISTE 249 ruches que j'ai voulu mesurer la langue des abeilles de diffé- rentes colonies. N'ayant pas encore le glossomètre et sur le point d'en faire l'acquisition, le hasard qui est bien souvent un grand maitre en toutes choses m'a permis de constater cette différence de longueur à l'aide d’un nourrisseur spécial, avec lequel j'avais distribué du sirop à une colonie faible. « Le nourrisson étant placé horizontalement, il reste toujours une couche de sirop sur le fond, sur lequel les abeilles des dif- férentes ruches le prélèvent à une distance plus où moins grande, variant dans le casque, nous occupe de T à 9 millim. 7. Les ré- sultats obtenus en 1897, 1898, 1899 et 1900, correspondent aux données ci-dessus. Je reproduis ceux obtenus pendant la miellée de printemps 1900. Les augmentations journalières étant prises journellement avec la ruche n° 10 placée sur bascule, les pesées des autres ruches étaient effectuées aux changements de période, « Tableau de la marche de quatre ruches pendant la miellée de printemps 1900, du 21 mai au 19 juin (30 jours), Longueur Augmen- de Désignation des ruches et abeilles tation lalangue Ruche verticale n° 4. Abeïllesitaliennes. 29k:300 9% 7 == n° 10. — communes 24,100 8— 5 — NnA0, — — 22.500 7— Essaim Ruche panier n° 15. — — 6.800 7— Souche « En présence de ces résultats, nous ne laisserons se développer librement que les bourdons n° 4 (abeilles italiennes.) « Je tenais à vous faire part de ces résultats, puisqu'ils con- firment ceux signalés d'autre part, et en même temps pour faire ressortir l'intérêt qu'a le possesseur d’abeilles d'utiliser pour deux usages spéciaux le même appareil, ce qui constitue une petite économie ef simplifie les opérations. Il est en effet fort rare qu'on n'ait pas besoin d’avoir recours au nourrissement arti- ficiel, celui-ci étant quelquefois rendu nécessaire par les mau- vaises années. « Les explications sur le rôle de faux bourdons que vous tenez d’un apiculteur suisse me paraissent étranges ! Comment se fait-il que les mâles d’une colonie d’abeilles possèdent des mâchoires assez fortes pour entamer et percer les fleurs, alors que le plus grand nombre des apiculteurs citent les abeilles ouvrières comme incapables de se servir de leurs mandibules pour déchirer ? Est-ce que les parties de la bouche diffèrent tel= lement chez les mêmes insectes, suivant le sexe ? Ou bien l'api- culteur suisse a-t-il voulu désigner les différents bourdons sau- vages, bourdon terrestre et bourdon des champs, cités par MM. Bonnier et de Layens dans leur traité d’apiculture ? « La floraison du narcisse a lieu en avril et mai, et à ce moment surtout en avril, il n’y a pas beaucoup de sorties de bourdons. Je n’ai jamais vu de faux bourdons (Apis mellifica) sur les fleurs et si ces derniers avaient un rôle à remplir dans la récolte du nectar,je ne m'explique pas très bien leur disparition en grand nombre aprèsla miellée du printemps et ils ne resteraient pas au contraire pour aider à la visite des fleurs pendant l'été. Cette question mériterait d’être étudiée de près. Il y a tant de points sombres encore dans l’élevage des abeilles, qu'il importe de dis- cuter sérieusement tous les faits de nature à être utiles aux api- culteurs. « Je serais très heureux de connaitre votre réponse. « Veuillez, etc. » Le 15 mars dernier, j'envoyais la réponse suivante à M. Bru- nerie : « Les explications que j'ai décrites dansle Bulletin du Labora- toire du premier trimestre de 1901, vous paraissent, dites-vous, étranges (explications concernant le rôle joué par les mâles ou bourdons). «Soyez persuadé, au contraire, que ces notes sont bien exactes. En effet, contrairement à ce que l’on a pu dire jusqu’à présent sur le rôle des bourdons, je puis vous affirmer que les bour- dons sont possesseurs de deux fortes mäâchoires qui leur per- mettent non seulement de percer le calice de la fleur du nar- cisse des poètes, mais ces mâchoires leur servent encore à l’état sauvage, à creuser le tronc des arbres où les abeilles font leurs nids et même dans les murs. C’est pourquoi les bourdons sont considérés en apiculture comme utiles à l'état sauvage, mais à l'état domestique; on n’a pas besoin d'eux, sauf pour le cas présent, c’est-à-dire pour percer les calices des fleurs où les abeïlles ne peuvent puiser le suc, «Les ouvrières ne sontpas munies de ces deux fortes mâchoires, elles ne possèdent qu’une trompe plus ou moins longue, qui leur permet de prendre le suc des fleurs. » Paul Noer. DESCRIPTION DE PAPILLONS NOUVEAUX DE L'AMÉRIQUE DU SUD (Notodontideæ) Dasylophia limbata n. sp. 49 millimètres. Dessus des supérieures gris brun à reflet lé- gèrement violacé avec un trait marron cellulaire et une série subterminale de chevrons internervuraux marron, bordés inté- rieurement de clair, le sommet regardant l’intérieur; un point sombre entre 2et 3 au-dessus du chevron; la ligne coudée extracellulaire, usuelle dans ce genre laissant une trace plus claire sur le fond-de l'aile; bord terminal festonné, liséré de sombre; frange concolore. Dessus des inférieures et franges en- fumés ; dessous des premières ailes brunâtre avec l'indication : de quatre points costaux päles avant l’apex; dessous des secondes ailes blanc sale. Thorax gris brun; tête et collier plus pâles. Tucuman ; une Q. Betola tuncumanata n. sp. co" 43 ® 49 millimètres. Dessus des supérieures du ©? gris violacé semé d'atomes noirs, traversé dans sa longueur par une bande fauve occupant au départ toute la moitié supérieure de la base, à cheval sur la médiane qu’elle dépasse en s'étendant jusqu'au delà du second tiers de l'aile entre la 2 et la 4, puis allant droit de l'extrémité de la cellule à l’apex, recouvert sur toute cette dernière partie par une suite de traits nervuraux et internervuraux noirs formant ainsi une sorte de large ligne sombre. En dessous de cette bande fauve, avant la 2, un trait blanc, suivi entre la 2 et la 4 par une fine ligne irrégulière jau- nâtre, liserée de noir des deux côtés; au-dessus, dès avant le départ de la cellule et jusqu'à l'apex une série de traits blancs plus ou moins bien indiqués. Côte coupée de quelques points jaunes peu marqués, dans le tiers apical. Franges grises cou- pées de clair aux nervures. Dessus des inférieures blanc très finement liseré de gris, la frange blanche; dessous des quatre ailes blanc, la série des traits noirs de la bande longitudinale reparaissant aux supérieures ; franges blanches, coupées de brun aux premières ailes. Dessus des premières ailes dans la © gris violacé presque sans dessins, on ne retrouve que l'indication des bords de la bande fauve marqués en dessous de la médiane par quelques points noirs, puis entre ? et 4 par une petite ligne sombre coupée (sui- vie extérieurement par deux doubles points), enfin les quelques traits internervuraux de la ligne sombre du ©*. Aïles inférieures blanc sale; dessous des quatre ailes enfumé ; antennes très fine- ment pubescentes ; le reste comme dans le @. Tucuman. Eunaduna gen. nov. Antennes pectinées sur les deux premiers tiers. Palpes droits, courts, ne dépassant pasla tête, minces et poilus. Pattes poilues, les tibias notamment couverts de longs poils. Abdomen assez gros, long, dépassant bien les ailes. Premières ailes allongées, à bord terminal oblique et l’angle interne très ar- rondi; nervures 3 et 4 rapprochées partant de l'extrémité de la cellule, 5 partant un peu au-dessous de l'angle supérieur ; une , longue cellule accessoire, étroite, comme dans Naduna Schs et d'ou partent 6 un peu avant l’extréraité 7, 8 et 10 de l’extrémité même, Ailes inférieures avec 3 et 4 très rapprochées, 6 et 7 tigées, 8 rapprochée de 7 vers le milieu de la cellule puis s’en écartant rapidement. Type. Eunaduna cerurata Dan. Eunaduna cerurata n. sp. 34 millimètres. Dessus des supérieures blanc, traversé par de nombreuses fines lignes noires, chevronnées, savoir : une extra- basilaire géminée, suivie un peu avant le milieu par une se- conde ligne également géminée ; un gros point cellulaire noir immédiatement suivi d'abord par une ligne simple, puis par une ligne géminée et enfin par une série subterminale de chevrons noirs, internervuraux ; un fin liséré terminal noir. Les lignes avant le point ont leurs chevrons tournés vers l'intérieur. celles après le point les ont tournés vers l'extérieur. Frange blanche 250 coupée de noir aux nervures. Dessus des inférieures et frange blancs avec une touffe de poils noirs sur l'extrémité de la 1, dessous des premières ailes blanc, enfumé à la côte, la ligne de chevrons internervuraux et le liseré terminal reparaissant; des- sous des secondes ailes blanc. Tête blanche ; collier et ptéry- godes couverts de longs poils blancs à extrémité noire ; pattes blanches coupées de noir. Tucuman ; un œ. Ce papillon rappelle par ses dessins cerlaines espèces du genre cerura. Chadisra zabenilla n. sp. 34 millimètres. Dessus des supérieures brun légèrement vio- lacé dans la première moitié qui contient une ligne basilaire noire allant de la base sous la côte à la 1: la seconde moitié, séparée de la première par divers traits noirs indécis, est mar- quée d'une assez grande tache costale blanche allongée, coupée par {rois points noirs costaux, puis d’une très fine ligne, droite, subapicale, également blanche et bordée intérieurement de noir ainsi du reste que la tache costale blanche; l'espace terminal entre 2 et 6 blond clair contenant une tache subterminale carrée plus sombre entre 3 et 4, les nervures tachetées de blanc. Bord terminal finement festonné de noir ; franges brunes avec quelques poils blancs. Dessus des inférieures blanc finement liseré de brun, la frange blanche avec qnelques poils bruns. Dessous des supérieures enfumé; blanc dans la partie in- terne, la seconde moitié de la côte coupée de taches blanches, la frange blanche et brune. Dessous des inférieures et frange blanc avec quelques parties enfumées. Tête et thorax gris, première touffe dorsale brune, reste de l’abdomen gris brunâtre. Paraguay ; trois © Ressemble beaucoup à Zabena Schs en plus petit, et sans la tache terminale blanche des supérieures. Pauz Docnin. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoplères des genres Pseudolucane et Lucane PSEUDOLUCANUS OBERTHÜRI-Mihi La description que j'ai donnée précédemment ne doit pas être maintenue; la femelle qui a fait l’objet de cette description, d’ailleurs très courte, est une femelle de Ps. atratus et les différences qu’elle présente avec celle que j'ai décrite comme telle sont insignifiantes et ne sont que des dissemhlances d'individu à individu. Cinq véritables femelles de Ps. Oberthüri , que M. R. Oberthür vient de recevoir du Sikkim et de me communi- quer avec son empressement et son amabilité habituels, ont assurément une grande ressemblance avec la femelle du Ps, atratus, mais elles présentent des différences par- faitement tranchées qui permettent de les distinguer aisément et qui m auraient empêché, si j'avais connu ces insectes autrefois, de commettre l'erreur que je signale et que je m'empresse de rectifier ici. La description de la femelle du Ps. Oberthüri doit donc être libellée de la facon suivante: Mandibules très longues, terminées en pointe aiguë, largement canaliculées en leur milieu, présentant une très faible dent à leur bord interne. Coloration et conformation générales analogues à celles de la femelle du Ps. ætratus, mais le tout, tête, corselet et LE NATURALISTE élytres plus ample et beaucoup plus déprimé. — Le labre, bien plus court et moins proclive, est subcarré, à bord antérieur arrondi; la tête est plus parallèle, à cou, moins marqué, le corselet plus large et bien moins déclive latéralement; il présente en son milieu une strie longitu- dinale faible mais cependant bien visible et remplie de points réguliers lorsqu'on l'examine avec un faible gros- sissement; il est en outre sensiblement rétréci en avant, ce qui le rapproche de celui de la femelle du Ps. Darvidis ; enfin la ponctuation latérale est plus nette et plus régu- hère que chez la femelle du Ps: atratus; les élytres sont amples et subdéprimées, d'apparence mate, avec de fai- bles indications de côtes et de stries longitudinales. De très faibles renflements transverses, courts et répartis irrégulièrement se remarquent en outre dans le voisinage de la suture lorsque l’insecte est vu à la loupe. Les antennes et les pattes ne présentent pas de diffé- rences appréciables avec celles du Ps, atralus. Les cinq exémplaires dont il'est question ci-dessus portent les indications suivantes: Sikkim — de Padam- se à Lingtou — juillet 1901. es femelles portent à dix le nombre des spécimens . cette espèce que je connais actuellement, savoir cinq mâles et trois femelles. Louis PLANET. LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ LE TABAC Le tabac n'ayant été connu qu'après la découverte de l'Amérique par Colomb (12 octobre 1492), il était à pré- sumer qu’on ne lui chercherait pas des origines grecques ou romaines. Ce n’est pourtant qu'à grand’peine qu'il à pu les éviter. En effet, on peut lire dans l’Intermédiaire des curieux et des chercheurs, année 1878, colonne 580, la question d'un lecteur demandant si quelque intermédiai- riste pourrait lui indiquer « le passage d'Ovide où il est question du tabac... » — Un autre lecteur lui répondit (colonne 637) qu'il y avait sans doute maldoune, et que c'était plutôt chez le péripatéticien Aristote qu’on trouve- rait le dit passage, dans quelque chapitre voisin «du cha- pitre des chapeaux ». Au fait, Thomas Corneille, a bien at(Lefete de Pirre): Quoi qu’en dise Arislole et sa docle cabale, Le tabac est divin, il n’est rien qui légale. , Ne saurait-on que dire, on prend sa tabatière; Soudain, à gauche, à droite, en avant, par derrière, Gens de toutes facons, connus où non connus, Pour y demander part sont les très bien venus. Mais c'est peu qu'à donner instruisant la jeunesse, Le tabac l’accoutume à faire ainsi largesse ; C’est dans la médecine un reraède nouveau, Il purge, réjouit, conforte le cerveau, De toute noire humeur promptement le délivre, Et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. C'est ce que disait Molière dans ce même Festin de Pierre, en prose (Acte I, scène Ï) : « Il n’est rien d'égal au tabac, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. LE NATURALISTE Le tabac réjouit et purge le cerveau ; il inspire des sen- timents d'honneur et de vertu à ceux qui en prennent. » On attribue généralement à Jean Nicot l'introduction du tabac en France. Cet homme illustre à si peu de frais, ambassadeur de France, se rendait à son poste, en Por- tugal, en 1560, quand, en mer, un marchand flamand lui fit connaître cette plante et lui en donna des graines et des feuilles en notable quantité. À son arrivée à Lis- bonne il la présenta au grand prieur, puis, à son retour en France, à Catherine de Médicis, de sorte qu'elle fut tour à tour ou simultanément nommée Nicotine, herbe à la Reyne, Herbe du grand prieur, etc. Le cardinalde Sainte- Croix, nonce en Portugal, et Nicolas Ternabon, légat en France, ayant, les premiers, introduit cette plante en Italie, donnèrent aussi leur nom au tabac, d’où vient Herbe de Sainte-Croix, Herbe de Ternabon; d’autres la nommèérent Herbe sainte ou sacrée, à cause des innombrables propriétés qu'on lui attribuait au Brésil et dans la Floride. Elle porta encore les noms de Médiéce, en l'honneur de Catherine de Médicis, Catherinaire, Herbe à tous maux, Herbe de l'ambassadeur, Panacée antarctique, Petun, Pontina, Jusquiame du Pérou... — Le tabac a autant de noms que le plus authentique hidalgo. Son nom actuel lui vient de celui de Tabago, une des petites Antilles. Mais Nicot est-il bien le premier importateur du tabac en France? Pas le moins du monde. Evidemment l'hon- neur dont il s’agit est des plus minces, mais enfin, si honneur quelconque il y a, autant en faire bénéficier celui qui y a tous les droits. En effet, le célèbre corde- lier voyageur André Thévet (1502-1590) a déclaré qu'en 4550, dix ans avant Nicot, il avait rapporté d'Amérique, lui-même, directement — et non pas du Portugal, — et semé dans l'Angoumois, des graines de la plante à laquelle on avait donné le nom de nicotiana tabacum ; il à même écrit à ce sujet une phrase qu'il est bon de citer : « Je me puis vanter d’avoir esté le premier en France qui à apporté la graine de ceste plante, et pareillement semée, et nommée l'herbe angoumoise. Depuis un quidam qui ne fit jamais le voyage, quelques dix ans après que je fus de retour, lui donna son nom. » Dans son livre Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique (Paris 1548), il parle beau- coup du tabac (petun) et de la facon dont les indigènes le fumaient (page 60); à la page 153, 1l fait les mêmes remarques, en Ce qui Concerne particulièrement les Canadiens. ‘ Donc, en ce temps-là comme aujourd'hui il apparte- nait au premier venu, — né malin, par exemple! — de donner son nom à l’invention ou à la trouvaille d'autrui. Ce même savant contribua aussi beaucoup aux pro- grès de la gravure en France, etil déclare encore : « Jay attiré de Flandre les meilleurs graveurs, et, par la grâce de Dieu, je puis me vanter estre le premier qui ay mis en vogue à Paris l'imprimerie en taille-douce, tout amsi qu'elle estoit à Lyon, Anvers et ailleurs, » Quant à l'illustre Villemain, grand maitre de lUni- versité, etc., la date de la découverte du tabac lui importe peu. Dans son roman de Lascaris, ou les Grecs au xve siècle, il nous dit sérieusement : « À quelques pas de cette scène si vive, le chef espagnol, immobile fumait une longue pipe. — Or, Jean André Lascaris, dont il s’agit dans ce roman, mourut à Rome en 1535,etce ne fut qu'en 1560 que Nicot, Sainte-Croix, Ternabon, etc., firent connaître le tabac dans leurs pays respectifs : les 251 Grecs, pas plus que les Portugais etles Espagnols, n’en connaissaient l'existence. Fenimore Cooper lui avait pourtant donné, au sujet de ce même tabac, un fort bon exemple dans son roman l’Hei- denmauer (chapitre V); il vient de décrire un corps de garde, et 1l explique ainsi la raison pour laquelle aucun soldat n’y fume pipe, cigare, ou cigarette : « Quoique le Nouveau-Monde füt déjà découvert, la bonne portion de ce vin, qui est tombée depuis en notre partage, était _encoreentre les mains de ces véritables propriétaires, et la plante qui est depuis si longtemps connue sous le nom de plante de Virginie (encore un autre nom de tabac), et qui est devenue depuis une production d’autres pays dans cet hémisphère, n'était pas d'un usage aussi général qu'aujourd'hui parmi les Allemands. Sans cela, nous aurions été obligé de donner le dernier trait à ce croquis EN L’ENVELOPPANT DE FUMÉE. » Voici comment l’Apôtre des Indes, Barthélemy de Las Casas, écrivait en 1527, sur la plante dont il s’agit : « Les Indiens ont une herbe dont ils aspirent la fumée avec délices. Cette herbe est dans une feuille, sèche, comme dans ua mousqueton pareil à ceux que font les enfants pour la Pâque du Saint-Esprit (une fusée, sans doute). Les Indiens l’allument par un bout, et sucent ou hument par l’autre extrémité, en aspirant intérieurement la fumée avec leur haleine, ce qui produit un assoupisse- ment dans tout le corps, ou dégénère en une sorte d'ivresse. Ils prétendent qu'alors on ne sent presque plus la fatigue. Ces mousquetons, ou fabagos, comme ils les appellent eux-mêmes, sont aussi en usage parmi nos colons, et comme on les réprimandait sur cette vilaine coutume, ils répondaient qu’il leur était impossible de s'en défaire, Je ne sais quel goût et quel profit ils pou- vaient en tirer. » Dans l'Art de fumer, par un anonyme (A. H. P** Strasbourg, 1823, in-12), on raconte ainsi comment nous est venu le tabac : Aux temps heureux où brillait Isabelle, Cette princesse et si fière et si belle Qui, d’un regard superbe et caressant, Mit à ses pieds le noble Ferdinand, Colomb vivait. — Ce savant politique, Chacun le sait, découvrit l'Amérique, Et nous donna ce cadeau peu commun Qu'au Nouveau-Monde on appelle pelun Les Espagnols qui formaient son armée, Séduits bientôt par l'épaisse fumée Qui, du sosier des bons Péruviens, Montait au nez de nos soldats chrétiens, Usérent tous de ce plaisir bizarre. Un peu plus tard le farouche Pizarre Prit du, petun et, loin du Mexico, Fut le planter aux champs de Tabasco. De là, tumeurs, sans peine on peut le croire, Le mot {abac, à ce que dit l’histoire. Avant d'aller plus loin, disons que l’on fit l’épitaphe suivante au prétendu importateur du tabac en France; elle fut publiée par la Gazette d'Epidaure : Ci-git à qui l'on doit la plante D'où naït cette poudre effrayante Qui, par des moyens combinés, Quoique d’odeur peu séduisante, Rapporte à nos rois étonnés Trois fois dix millions de rente. Mais l’usage du tabac s'établit difficilement, non seu- lement en France mais à l'étranger, et on le vendit réel- lement chez nous vers 1626, quelque temps après l'em- 252 LE NATURALISTE barquement de Dyval de Nambuc pour la conquête des Antilles, sous le ministère du cardinal de Richelieu. Il valait alors 10 francs la livre, somme considérable pour l’époque. Ceux qui les premiers en firent usage furent tournés en ridicule ou persécutés. Le roi d'Angleterre, Jac- ques I°r, déclara, en 1604, que le tabac devait être extirpé comme une mauvaise herbe; en 1619, voyant son usage se répandre considérablement, il fit contre les fumeurs un livre intitulé Misocapnos (haine de la fumée), Le pape Urbain VIII excommunia, en 1624, les personnes qui, dans les églises, prenaient du tabac. L’impératrice Eli- sabeth défendit également de priser à l’église, et elle autorisa les bedeaux à confisquer les tabatières à leur profit. Il est vrai de dire que les priseurs räpaient leur tabac dans l'enceinte sacrée, et y produisaient parfois le bruit d’une véritable scierie en pleine activité, Dans la Transylvanie, une ordonnance de 1689 menaca de la perte de leurs biens ceux qui planteraient du tabac, et d’amendes de 3 à 400 florins ceux qui en consomme- ralent. C'était ridicule. Les négociants qui voulurent les premiers en établir l'usage en Perse, en Turquie et dans la Moscovie, ne furent pas plus heureux. Amurat IV, le roi de Perse et le Grand-Duc moscovite le défendirent sous peine d’avoir le nez coupé, et même sous peine de mort. C’est ce que raconte ainsi l’Art de fumer : À cette époque, amis, je n’aurais pas Prêché la pipe et ses divins appas; Car au tabac tous ceux qui faisaient fête Sur l'échafaud allaient porter leur tête. Dans notre Europe on était criminel Dès qu'on vantait ce doux présent du ciel. …. Faut-il ici faire un tableau fidèle, Mais abrégé, de la guerre cruelle Que le tabac, quoique bien innocent, Eut à souffrir sur notre continent ? Allons d'abord aux confins de l'Asie, Au beau pays qu'on appelle Turquie; Nous y verrons Amurat, grand sultan, Qui le proscrit au nom de l’Alcoran. Quittant les Turcs pour aller vers les Perses, Arrivons-nous, après bien des traverses, Au vaste empire où commande Séac ? Nouvel outrage à ce pauvre tabac! Devant les grands, courbés près de son trône, Séac-Sophi jure par sa couronne Que tout Persan, à fumer entété, Sans nul pardon sera décapité. Fuyons la Perse et courons en Russie, Droit à Moscou sous la neige endormie... L'auteur nous raconte que Moscou fut incendiée deux fois par suite de l’imprudence de fumeurs ; le czar décréta d’abord cent coups de trique pour tout individu trouvé ayant du tabac sur lui. Mais on continua quand même à fumer. Que fit le czar ? Il lui fallut rendre une autre ordonnance, Le czar alors dit, en pleine audience, Que tous fumeurs à la pipe obstinés Par le bourreau verraient couper leur nez. On fuma de plus belie. Que fit le czar? Il dit, en prince habile : « Changeons, morbleu, mon ukase inutile. « Par Saint-Michel! si j'attendais plus tard « Je règnerais sur un peuple camard! « Pour maitriser cette mode fatale. « Opposons-lui la peine capitale. » 1 & Rien n’y fit. On fuma « derechef et en réitérant… » Nos rois de France, moins cruels ou plus adroits, firent simplement du tabac l’objet d'un commerce important. Voici un extrait de la bulle prohibitive d'Urbain VIII: «.. Nos temples, à cause du sacrifice divin qui s’y célèbre, sont appelés des maisons de prière; il convient donc de s’y tenir dans le plus grand respect; aussi, ayant reçu de Dieu la garde de toutes les églises du monde catholique, il est de notre devoir d’éloigner d’elles toutes les actions profanes et indécentes. « Nous avons appris depuis peu que la mauvaise habi- tude de prendre par la bouche ou le nez l'herbe vulgai- rement appelées fabac, s'est tellement répandue dans plusieurs diocèses, que les personnes des deux sexes, même les prêtres et les clercs, autant les séculiers que les réguliers, oubliant la bienséance qui convient à leur rang, en prennent partout, et principalement dans les églises de la ville et du diocèse d'Hispale (Séville), et même, ce dont nous rougissons, en célébrant le très saint sacrifice de la messe. Ils souillent les linges sacrés de ces humeurs dégoûtantes que le tabac provoque; ils infectent nos temples d’une odeur repoussante, au grand scandale de leurs frères qui persévèrent dans le bien, et ils semblent ne point craindre l'irrévérence envers les choses saintes. « Tout cela fait que, voulant écarter des temples de Dieu un abus si scandaleux, nous interdisons et défen- dons à tous en général, et à chacun en particulier, aux personnes de tout sexe, aux séculiers, aux ecclésias- tiques, à tous les ordres religieux, à tous ceux faisant partie d'une institution religieuse quelconque, de prendre dans la suite, sous les portiques et dans l’intérieur des églises, du tabac, soit en le mâchant, soit en le fumant dans des pipes, soit en le prenant en poudre par le nez enfin de n'en user de quelque manière que ce soit. « Si quelqu'un contrevient à ces dispositions, qu'il soit excommunié. » Eh bien, le pape Pie IX, l’ancien garde-noble de son parent Pie VII, n'avait cure de cette excommunication. L'auteur anonyme des Erinnerungen eines chemaligen Jesuitenzæglings (souvenirs d’un ancien élève des Jésuites; Leipsig, Brockaus, 1862) raconte que lorsqu'il assista, en 1847, au sacre de Pie IX, il fut très choqué de voir le nouveau pape priser en costume pontifical. Son prédé- cesseur Grégoire XVI, au contraire, avait, parait-il, une tenue absolument correcte. Pie IX iznorait peut-être l’excommunication qu'il encourait en enfreignant les ordonnances d’Urbain VIII, — ou bien ne s’en inquiétait-il guère, maintenant qu'il pouvait dire : « C’est nous qui sont les princes. » Du reste, la bulle d'Urbain provoqua une telle levée de tabatières que, pour arrêter le scandale de cette révolte, un éloquent dominicain annonça qu'il précherait à Rome contre le péché du tabac. L’affluence des fidèles fut immense; mais après l’exorde du sermon, les assis- tants ne furent pas peu étonnés de voir le révérend pré- dicateur tirer une tabatière de sa poche, l'ouvrir, et Ja poser sur l'appui de la chaire. On crut d’abord que cette boite devait aider à quelque beau mouvement oratoire ; mais l'étonnement redoubla quand on vit le bon apôtre plonger ses doigts dans la tabatière, à chaque page du sermon, ec respirer une énorme prise avec une sensua- lité véritablement ascétique. Ce mouvement machinal se répéta si souvent, qu'à la fin du sermon la boîte était vide. — Le révérend père, s’apercevant alors de sa dis- traction, se tira d’embarras par cette citation de l’écri- ture : « Faites ce qu’ils vous disent, et non pas ce qu'ils font. » Même aventure arriva à un médecin qui remplacait Fagon, médecin de Louis XIV, lequel devait prononcer un grand discours contre le tabac en présence de la Faculté. Le discours fut très apprécié, mais interrompu, toutes les dix minutes, par les rires étouffés du savant auditoire : le docteur avait fait comme le prédicateur; sa tabatière — comparable à une petite malle, — avait été vidée pendant les trois interminables heures qu'avait duré son discours. Naturellement, l'affaire futrapportée au roi, qui en rit à se tordre en complimentant Fagon sur l'esprit de son coadjuteur. Mais Fagon était furieux. (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. LES PALOMBES C’est dans le courant du mois d'octobre qu'ont lieu les grandes chasses du Ramier (Columba, palumbus), connu sous le nom vulgaire de Palombe. Ces chasses sont renommées dans les départements des Landes et des Basses-Pyrénées, mais les plus importantes sont celles de Sare, aux environs de Saint-Jean de Luz et sur la limite de la frontière espagnole; elles constituent une véritable fête non seulement pour les chasseurs du pays, mais aussi pour les nombreux invités qui viennent y assister. Ces oiseaux passent les Pyrénées en certains endroits bien déterminés où les gens du pays tendent de grands filets et qu'ils nomment Palomiéres. C’est dans une gorge de montagne que cette chasse est installée ; toutefois on choisit une gorge qui, large à son ouverture, se termine en se rétrécissant et dont l’exirémité débouche sur un terrain plat et uni; des filets dont le nombre varie selon la largeur de la gorge enferment hermétiquement l’ou- verture la plus étroite; ces filets ont chacun 8 mètres de largeur sur 18 mètres de hauteur; ils sont hissés au moyen de poulies sur des arbres ayant 25 à 30 mètres d'élévation et sont masqués sur le devant par d’autres arbres dont les basses branches ontété coupées afin de livrer passage aux Palombes. Sur les montagnes qui dominent la gorge, de chaque côté, on établit des cabanes séparées entre elles par une certaine distance et installées sur des arbres; dans cha- cune de ces cabanes se cache un chasseur. En avant des filets une seule cabane est construite sur des troncs d'arbre et est destinée à recéler un chasseur habile et expérimenté. Les Palombes arrivent-en bandes nombreuses et s’en- gagent dans la gorge de la montagne; c’est à ce moment. que l’un des chasseurs, du haut de sa cabane, leur lance une palette imitant un oiseau de proie; les Palombes ef= frayées abaissent leur vol souvent jusqu’à terre et chacun des chasseurs postés dans les diverses cabanes s'efforce de les faire diriger vers les filets. A ce moment précis le chasseur posté spécialement en cet endroit lance der- rière leur vol un oiseau de proie empaillé ou une imita- tion de cet oiseau ; [les Palombes épouvantées se jettent dans les filets qui sont immédiatement détachés et tombent à terre ensevelissantsous leurs replis les infor- tunés Ramiers, LE NATURALISTE 253 Le passage des Palombes ayant généralement lieu dès le matin, souvent par la brume, et les chasseurs passant la nuit à les attendre, ces veillées constituent de véri- tables parties de plaisir et sont l'occasion de gais repas champêtres. Mais ces chasses sont en même temps très productives : M. Joquin Arrivallaga, directeur de la céle- bre palombière d’'Etchelar,près Sare (Basses-Pyrénées), a fait le relevé des prises faites pendant 33 ans et constaté qu'elles s’élevaient au nombre de 160.198, ce qui repré- sente une moyenne annuelle de 4,854Palombes. L'année 1893 a été particulièrement fructueuse, le nombre des Palombes capturées s’est élevé à 7.368. Il est à craindre que la chasse de cette année soit moins favorable car les Palombes sont l’objet de chasses si acharnées que leur nombre diminue sensiblement chaque année. Albert GRANGER. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 23 septembre 1901. Sur les ravages de la Pyrale dans le Beaujolais et sur la destruction des papillons nocturnes au moyen de pièges lumineux alimentés par le gaz acétylène.(G. Gasrixe et V. VERMOREL.) Depuis deux ou trois années, une nouvelle période d'attaque des vignobles par la Pyrale s'est manifestée dans le Beaujolais. Beaucoup de vignerons ont procédé à l'ébouillantage, mais n'ont pu arrêter les progrès du Lépidoptère ampélophage. Son abondance extrême, dès le commencement de juillet, dans le vi- gnoble de Liergues, a engagé les auteurs à tenter sa destruc- tion par des pièges lumineux. « Dans les lampes à acétylène dont on s'est servi, le bec d'éclairage est complètement libre et disposé à 12 où 15 centi- mètres de hauteur, au centre d'un bassin circulaire en métal léger, de 40 à 50 centimètres de diamètre. Ce bassin peu pro- fond est garni d'eau sur 2 ou 3 centimètres de hauteur ; puis l'eau est recouverte d'une couche d'huile de pétrole, où mieux d'une huile plus économique, telle que l'huile de schiste. « En chiffres ronds, du 13 au 31 juillet, 170.000 Pyrales ont été détruites, c’est-à-dire par appareil et par soirée, 940 papil- lons. L'expérience aurait donné des moyennes très supérieures si elle avait pu être commencée dès les premiers jours de juillet, avec des soirées chaudes et calmes correspondant à l'éclosion. ; Répartition de l'acidité dans la tige, la feuille et la fleur. (M. À. Asrruc.) Il existe, dans la plupart des végétaux, des acides libres ou à demi combinés, solubles dans l’eau distillée, et faciles à mettre en évidence et à doser, au moyen d'une liqueur alcaline titrée, en présence de phtaléine du phénol. L’acidité végétale a sur- tout été étudiée jusqu'ici chez les plantes grasses (Crassulacées, Mésembryanthémées,Cactées,etc.). L'auteur s'est proposé d'étendre ces recherches, en étudiant la répartition des acides chez d’autres végétaux et les relations qui peuvent exister entre le degré d’aci- dité d'un organe et le développement de cet organe : 1° L’acidité de la tige diminue à mesure que l’on s'éloigne du sommet; 2° L'acidité des feuilles, supérieure à celie de la tige, est en raison inverse de l’âge, les plus jeunes étant, par consé- quent, les plus acides; 30 Dans une même feuille, le maximum d'acidité se trouve vers la zone de croissance ; 40 L'’acidité de la fleur décroit depuis l’état de bouton jusqu'à complet épanouis- sement. Ce sont donc toujours les parties les pus jeunes qui présentent le maximum d’acidité. Il y a relation étroite entre la formation des acides d’une part, l'intensité de la croissance et l'activité du cloisonnement cellulaire d'autre part. 254 ) LE NATURALISTE LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES | MOIS DE L'ANNÉE Il ESPÈCES NOMS Re | HABITAT D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES PTT D CONTRE eee Ne rte € 2 n FRANCAIS Chenilles Papillons Plantes Lasses [no Glubulariæ H. Mai, juin. — Statices L. — Zygæna Exulans Reiner, Hoh. — Emydia Grammica L. — — Cribrum L. Nemeophila Russula L. Juin, juillet. Toute la France. Juin, août. — Juillet, août. Montagnes. Juin, juillet. Toute Ja France. Mai, juillet. Juin, août. — Bombyx Castrensis L. Juillet. Août. — Acronycta Rumicis L. Juin à septembre. Avril, juin, août, sept. = Mithymna Imbecilla F. Juin. Juillet. Auvergne, Basses-Alpes. Leucania Comma L. Mai. Juin, juillet. Toute la France. — L. Album L. Avril, août, Juillet, sept., octobre. — — Riparia Rbr. Avril. Mai, août, septembre.| Montpellier, Perpignan. —SiculaTr.var.Fuscilinea deGr. | Août. Juin. Vendée. — Straminea Tr. Mai, juin. Juillet. France centrale et occidentale. — Impura H. Mai. — France centrale,septentrionale, — Pallens L. Mars, avril, août. Juin, août, septembre.|Toute la France. Xylophasia Lateritia Hufn. Mai. Juillet. Basses-Alpes, St-Gcrmain. — Rurea F!, Avril, mai. Mai, juin. Toute la France. Racines. ..... DHBSOUSE — Lythoxylea $. V. = Juin, juillet. = — Polyodon L. — — = — Hepatica L. — Juin. France centrale et orientale. — Scolopacina Esp. — Juillet. Paris, Alsace. — Petrorhiza Bkh. — Juin à août. France centr.,orient., B.-Alpes RACINES see pate Xylomyges Conspicillaris L. Juin, juillet Mars à mai. Toute la France. ns Mamestra Abjecta H. Mai, juin. Juin, juillet. France centrale et méridion. — — Anceps H. Mai. Mai, juin, août. Toute la France. — Albicolor H. — (Rides et sous les|Juin. France centrale. écorces des peupliers). Septembre. Juin, septembre. Mai, juin. Printemps. Toute la France. France centrale et orientale. France centrale. Toute la France. Juillet, août. Mai, juillet. Indre, Basses-Alpes. Caradrina Morpheus Hufn. Septembre, octobre. |Juin, juillet. Toute la France. — Alsines Brahm. Février, mars. — Æ — Superstes Tr. — — = — Persicariæ L. Apamea Gemina H. — Unanimis H. — … Oculea L. Hydrilla Palustris H. Mai, juin. Mai, juin, septembre. Juillet, août. Juin à août. Rusina RACINES Race Agrotis RACINES M ce el eieiele — Trux H. Printemps. Mai, juin, août. sept. |France centr., mérid. et orient. — Exclamationis JL. Août. Juin, juillet. Toute la France. — Cinerea $S. V. — Avril à juillet. = — Cursoria Hufn. Juillet. Juillet. Littoral. — Nigricans L. Printemps. Juin à août. Toute la France, — Tritici L. _ Juin, juillet, septembre — — Præcox L. = Juillet, août. — — RavidaS. V. Mai, juin. Juin, juillet. = — Simulans Hufn. — — — — Fimbriola Esp. Avril. Jun. Lozère, Saône-et-Loire. Hiria Linogrisea $S. V. Février, mars. Juin à septembre. Toute la France. Triphæna Janthina $S. V. Mars, avril. Juin à octobre. = — Fimbria L. — Juin à août. — — Interjecta H. Avril, mai. Juin à septembre. — — Comes H. Mars, avril. — Tv — Pronuba L. — — = AR Noctua Margaritacea Bkh. Printemps. Juillet, août. Krance centrale et méridionale. — Glareosa Esp. — Juillet, septembre. — 4 — Depuncta L. — Juillet à septembre. |France centrale, Basses-Alpes M — Augur F. — Juillet. France septentrionale, Alsace, … si Basses-Alpes. F À — Sigma S: V. Printemps. Juin. France centr., sept. etorientale. — Plecta L.. Automne. Mai à août. Toute la France. — C. Nigrum L. Février, mars. Juin, août. = — Tristigma Tr. Mars. Juillet. France centrale et septentr. — Triangulum Hufn. — Juin, juillet. Toute la France. — Rhomboidea Esp. Mars, avril. Juin à août. ES d — Brunnea S. V. Avril, mai. Juin, juillet. — . — Festiva S. V. Mars, avril. — = . : — Rubi View. Avril. Mai à septembre. — F [ à . 1 EEEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEZ—@——@—_———————————————E—E Taraxaci H. Kadenii Frey. Cubicularis $S. V. Tenebrosa H. Crassa H. Suffusa S. V. Clavis Hufn. Mars, avril. Mars à mai. Février, mars. Avril. Printemps. Juillet, août. Juin à septembre Juin à août. Juin à septembre. Juin à août. Juillet à septembre. Mai, juin, juillet, sept. France méridionale. Toute la France. LE NATURALISTE A VENDRE les lots et collections dont la désignation suit : S'ADRESSER A LES FILS D’ÉMILE DEWROLELE, Naturalistes, 46, rue du Bac, 46, Paris (27°) COLÉOPTÈRES Coprophages, 305 espèces, 831 exemplaires, 6 cartons 39 X 26. Parmi les espèces rares ou peu communse, ren- fermées dans cette collection, nous citerons : Geotrupes, Hoffmanseggi, typhœoïdes, momus, subarmatus, semiopa- cus, caspius, purpureus, v. autumnalis, v. splendens, Brancziki, elc.; de bonnes espèces se rencontrent égale- ment dans les autres genres; 84 espèces d’'Aphodius. Prix : 80 fr. Dynastides. 65 espèces, 160 exemplaires, 3 cartons 39 X 26. A citer : beaux Oryctes, Strategus, etc.; Dynastes her- cules cet © ; Golofa eacus. Prise 00fr: Meïolonthides. 152 espèces, 394 exemplaires, # cartons 39 X 26. Très belle série de Rhizotrogus, entre autres : R. Olivieri, Henoni, tusculus, deserticola, numidicus, sternalis, eburneicollis, crassus, cariosicollis, punicus, fissiceps, amphytus, vulpinus, porosus, Mascaraxi, Rei- chei, Caucasicus, etc. Dans les aulres genres, nous signa- lerons : Pachypus candidæ ©? 9, cœsus; Polyphylla Boryi, Olivieri; Melolontha v. lugubris, pectoralis, pap- posa; Elaphocera Bedeani, mauritanica, malacensis, etc Prix 180 r. Rutélides. 180 espèces, 539 exemplaires, 4 cartons 39 x 26. Nous citerons : Anomala atriplicis, tingitana, praticola, rugatipennis, 4 punctata, dorsalis, corruscans, auroni- tens, etc.; bons Popilia; jolies Antichira et Anoplog- nathus. Prix 65H. Cétonides. 143 espèces, 285 exemplaires, 5 cartons 39 x 26. Très jolies Cerathorrhina; Heterorrhina Dorhni; Cotinis v. alrata; Chromoptilia diversipes; Cetonia Abyssinica, v. diocletiana, judiht, Preyeri, funebris, trojana, etc. Prixe-fosfe. Glaphyrides. 60 espèces ou variétés, 265 exemplaires, 2 car- tons 39 x 26. Prix:r35 fr. Lot de Carabides européens. Harpalides, Féronides, An- choménides, Bembidiides. 300 espèces, 800 exemplaires, 4 cartons 19 X 26 doubles. Prix :135fr Collection d'Hydrocanthares etPalpicornes exotiques. 160 espèces, 340 exemplaires, 3 cartons 39 x 26. Prix : 40 fr. — dydrocanthares et Palpicornes européens. 250 espèces, 661 exemplaires, 3 cartons 39 >< 26. Bonnes espèces dans les genres Agabus, Hydroporus, Gyri- nus. Prix : 100: fr. — de Clavicornes européens. 716 espèces, 1870 exem- plaires, 9 cartons 39 X 26. Bonnes espèces dans tous les genres :. Leptoderus Hoenwarti; Pholeuon gracile; An- throcharis caudatus, caudatissimus; Trocharis Mestrei; Cytodromus dapsoides et autres cavernicoles; necro- phorus morio, Corsicus ; Pteroloma Forstræni; Adelops, 40 espèces, etc. Prix : 150 fr. — de Passalides. 175 espèces, 610 exemplaires, 8 car- tons 39 X 26. Nombreuses espèces rares. Prix : 200 fr. — de Lueanides et Lamellicornes européens, 220 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons 19 x 26. Prix : 65 fr. Lot de Lämellicornes européens. 140 espèces, 300 exem- plaires, 2 cartons 19 >< 26 doubles. Prix:: 25:fr. — de Glaphyrides. 50 espèces, 115 exemplaires, 1 car- ton 39 x 26. Poix:18 fr. Collection de Buprestides européens. 210 espèces, 481 exemplaires, 4 cartons 39 >< 26. Nombre d'espèces rares. Nous nommerons : Julodis æquinoxialis deserti- cola, V. flocosa, cicatricosa, euphratica, ruginota, Kœnigi, sulcata, lineigera, lævicostata, Algerica, spectabilis, ma- nipularis, fimbriata, Caillaudi; Steraspis speciosa; Chal- cophora Fabricit, 4 oculata, Bagdadensis; Psiloptera ar- gentata; Capnodis Mannheiremi, miliaris; Cyphosoma Lansoniæ, Iberica, euphratica; Pœcilonota dicercoides; N. sp.?, gloriosa, festiva; Eurythyrea micans, Austriaca; 38 espèces d'Anthaxia; 22 espèces d’Acmæœodera; Sphæ- LO Où ©? noptera Dejeani, foveola, gemellata, pharaon, lapidaria, Smyrnensis, Tappesi, Solskyi, Zubkoffi, viridiflora, tama- risci, Caroli, coræbiformis ; très bonnes espèces parmi les Agrilus et Corœbus. Prix 125000 — de Troscides et Elatcrides européens. 208 es- pèces, 459 exemplaires, 3 cartons 39 x 26. Agrypnus judaicus ; Adelocera atomaria, Bruleriei; Alaus Pareyssii ; 17 espèces d'Elater; 36 espèces de Cardiophorus, Athous rufus ; Ludius theseus, etc. Prix : 100 fr. — de Malncodermes et érédiles européens. 150 espèces, 400 exemplaires, 3 cartons. Prix : 35 fr, Lot de Ptinides et Anobiides européems. 50 espèces, 170 exemplaires, 2 cartons. Prix::18. fr. Collection de Cébrionides, Malncodermes et Téré- diles européens. 3710 espèces, 866 exemplaires, 7 cartons 39 < 26. Nous citerons : Cebriodubuis, Cor- sicus, Carenoi œ'®, maculicollis, etc., etc. Prix : 125 fr. — d'Hétéromères ef Vésicants européens. 830 es- pèces, 1.860 exemplaires, 16 cartons 39 x 26. Quantité de bonnes espèces, entre autres : Leptonychus rufipennis; Arthrodeis orientalis; Anmodeis asiaticus; Adesmia pro- cera, Solieri, Gebleri, Donei, anthracina, cancella, cothur- nata, carinata, ulcerosa, Lehmanni; Homola polita; Tentyria Andalusica; Myapisa Mulsanti; Himatismus Perreaudieri; Eurychora ciliata; Morica obtusa; Akis planicollis; Blaps prodigiosa, brachyura, Itranchi; Pro- sodes obtusa; Asida, bonnes espèces; Lasiostola Plust- scheroskyi: Prionotheca coronata ; bonnes espèces d'Oc- nera, etc. Prix :300-fre Lot de Vésicants européens. 95 espèces, 225 exemplaires, 2'cartons 33. >< 22. Prix : 25 fr. Collection de Cureculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 950 exemplaires, 15 cartons 19 x 26. Prior — de ÆCurculionides et Kylophages européens. 958 espèces, 2 893 exemplaires, 20 œartons 39 x 26. Très grande quantité de raretés. Prix : 300 fr. — de Curculionides exotiques. 350 espèces, 115 exem- plaires, 6 cartons 39 x 26. Belles et bonnes espèces. Drixe: M0 — de Brenthides et Anthribides exotiques. 80 es- pèces, 185 exemplaires, 2 cartons 39 X 26. Bonne série. Prix :160mfr. — de Chrysoméiides et Coccinellides européennes. 360 espècez, 1.49) exemplaires, 15 cartons 19 x 26. Prix: 15 fr: — deChrysomélides et Coccinellides européennes. 824 espèces, 2 237 exemplaires, 9 cartons 39 >< 26. Beau- coup d'espèces rares. Prix : 200 fr. Lot de Uhrysomélides européennes etexotiques. Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 500 exemplaires, 5 cartons 19 X 26. Prix 395 0ifr: — de Chrysomélides européennes et exotiques. Pachybrachys à Zygogramma inclus. 210 espèces, 680 exem- plaires, 6 cartons 19 x 26. Prix : 60 fr. — de Chrysomélides européemmes. Halticides, His- pides, Cassides, 100 espèces, 350 exemplaires, 2 cartons SD T22: Prix: 25 fr: — de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces, 156 exemplaires, 2 cartons 19 >< 26. Prix :#40r: DIVERS Magnifique Crinoide (Metacrinus rotundus, Japon), 40 cen- timètres de long, tige et calice compris. Cette superbe pièce est renfermée dans un bocal droit hermétiquement clos. Prix 96afre Très bel exemplaire de Sirène (Siren lacertina, Amé- rique Septentrionale), montée en alcool, dans un bocal de 45 centimètres de haut. Prix : 10 fr. Reptiles de l’Amérique du Nord, montés en alcool. Demander liste et prix. Lot de chenilles soufflées parfaitement préparées et dé- terminées. 140 espèces, 160 exemplaires. Prie:2125 fr — d'Hémiptères européens. 90 espèces, 110 exem- plaires. Prix:4304fr S’adresser pour leslots et collections ci-dessus à «Les Fils d'Emile Deyrolle », 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMÉRIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. ‘199 SAPOUUISTI (S249p0199J] =) pal ‘4SH Sn[07 En un A ‘u429 SNIPIUUIIOd ee =) t EE = *(SN249]SD4T TOUT) “wsa snudAyo3dA1 = _ 9": PAR "|. ce ‘(snJSLYOU ‘ToUt) ‘I dojel{ -(oyaed *d sn42p0702S) ‘SM SNIOUdOUIIU I, 1e (o DORRRIOETE TSE ON NT *Sy) quod s94} sou -uoqjue $9P 9[91J18 AUSISTO1} J9 AWQIXNO(T rrrtere:(6ec 19 YCG ‘37) o8nox xexoyjoad { juod soi} souueaque Sop e[orgie owoIxno(f CO 0 DONTNON MOT none rreneere ent (gez ‘8y) ‘Jar ,Y O[ ans xnoueaquow 9qo7T *" (Lzs Sy) sos av} S9P ‘J1e € O[ ANS XNOUCIQUIOU 9QO/T ++ c--(988 ‘3y) serduns SOSIPIT, ES AL ore ess ere ee tie iris (Gr °81) O[O1IR A9IU19P 9[ 919SUL,S opponber ans oueiquou o84e] oun snossop uo que}iod sosae, DO OTION DOC ere (rez Sy) So[otjie SIoIUI0p sine] suep SUIOU ne 919$ U9 $09} -U9p JUAWSJOUSIP SOUUSJUY |; LRO OI TND D'OROD'OT DT *(£aa ke Sy) SeuHOJ{y soyuoquy son. 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Edmond Perrier, le très savant Directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, a prononcé un remar- quable discours sur l’Instinct, discours que nous sommes heu- reux de pouvoir reproduire : On écrit souvent — on n’ose pas trop le dire — que la femme est un être instinctif. C’est le plus grand honneur que l’on puisse faire à cette faculté psychique que les philosophes nomment l'instinct, et si la définition qu’ils en donnent est exacte, il serait particulièrement heureux pour les hommes que les femmes en soient douées. L'instinct serait, en effet, la faculté de faire sans le vouloir, sans y penser, sans même le savoir, tout ce qui doit être fait, dans des conditions données, pour arriver sans détours à un but déterminé. Que d'erreurs épargnées aux hommes s'ils étaient construits pour se conduire ainsi, dans tous les cas diffi- ciles, et combien de ministres ou d'hommes d'affaires consenti- raient à ne pas avoir la liberté de bien ou de mal agir, s’ils étaient assurés qu'il leur suffise de ne pas réfléchir pour que tout prospère autour d'eux ! Aussi, faut-il se défier des peu galants efforts de certains philo- sophes, pour démontrer que l'instinct, dédaigneusement aban- donné aux femmes, serait surtout une faculté animale, tandis que J’altière intelligence n’atteindrait toute sa splendeur que chez l’homme, — et rechercher, avant de s’enorgueillir d’une telle faveur, si la chose en vaut la peine, si les êtres instinctifs sont bien les jolies mécaniques, montées une fois pour toutes, qu'on imagine, et si les êtres intelligents ont vraiment, autant qu'il le parait, le privilège de faire à volonté des sottises. Il est incontestable que les plus caractéristiques de tous les instincts sont d’origine féminine. Ils sont faits de dévouement sans limite, de prévoyance infinie, de sollicitude délicate et vigi- lante pour une progéniture qui doit souvent demeurer inconnue, qui ne saurait être dans l'esprit de la mère qu'une sorte de vision d'avenir, pour laquelle elle épuise cependant toutes ses forces, déploie toutes les ressources d’une impeccable sagacité, accom- plit vaillamment, simplement, et sans même l'espoir ou le souci d’un retour d'affection, tous les actes d'héroïisme par lesquels, dans nos familles humaines, les mères se sont acquis notre pieuse admiration et notre respect. Cet amour maternel que, par l'ingé- niosité de sa tendresse et par l’étendue de son abnégation, la femme a su faire si noble et si grand, est répandu, sous les for- mes les plus diverses, dans tout le règne animal. Des humbles zoophytes jusqu'aux poissons, une foule d'animaux couvent leurs petits (1) ;ils ne le font pas toujours exprès ; et les petits met- tent peut-être plus d’indiscrétion à rester accrochés à leur mère que la mère ne, met d’empressement à les garder ; mais, enfin, - elle les garde tantôt tout à fait inconstiemment, tantôt avec une certaine conscience qui ressemble «un commencement d'affec- tion (2). » î (1) Les éponges, beaucoup de madrépores, le corail, plusieurs étoiles de mer, divers oursins, certaines holothuries, quelques vers inférieurs, les mulettes de rivière, les huîtres et beaucoup de mollusques, les araignées, les écrevisses, les crevettes, les crabes et un grand nombre de crustacés sont dans ce cas. Parmi des espèces voisines, les unes sont incubatrices, les autres ne le sont pas, ce qui implique la variabilité de l'instinct. Dans les régions australes, les espèces incubatrices paraissent remarqua- blement plus communes que dans les régions boréales. (2) Souvent, la sollicitude ne saurait être contestée : une sorte d’escargot de haute mer, d’un bleu d'azur, la janthine, construit un radeau de bulles d'air sous lequel il suspend ses œufs ; une pieuvre rapportée récemment de la basse Californie par un dis- tingué voyageur, M. Diguet, cache ses jeunes entre les deux valves d'une coquille de palourde abandonnée ou dans le fond d'une bouteille brisée; une autre, l'argonaute, façoune, pour y déposer sa ponte, une élégante nacelle qu'elle maintient appli- quée contre son corps, à l’aide de deux de ses bras élargis en palettes ; un assez grand nombre de femelles de poissons atta chent soigneusement leurs œufs aux pierres (Gobius niger, Blennius pholis, Cyclopterus lumpus, Cottus scorpio, éperlans), aux herbes aquatiques (carpes et poissons voisins ; brochet), parmi les algues marines (Anarrhicas lupus), sous les crampons Le Naluraliste. 46, rue du Bac, Paris. 2e SÉRIE — N° 353 | 15 NOVEMBRE 1901 Il ne faut donc pas faire un trop grand mérite aux oiseaux de construire les nids charmants que vous savez, ni aux bêtes à poil, devenues mères, de s’assujettir de bonne grâce à une mission pour laquelle elles ne cherchent pas d'habitude de « rempla- çantes ». D'autant moins qu’en fait de prévoyance maternelle, de menus êtres, les insectes, que la fragilité de leur organisme ne semble pas prédestiner aux grandes œuvres, l’emportent sur tout le reste du règne animal. Parmi eux, la belliqueuse tribu des guêpes, plus disposée, en apparence, à la bataille qu’à la tendresse, tient du prodige. Les espèces de guêpes sont très nombreuses; elles varient à l'infini les formes, les dimensions et les couleurs de notre guêpe commune, sans en perdre cependant la physionomie générale. Toutes ces guêpes vivent du pollen et du nectar des fleurs ou du jus sucré des fruits mürs. Elles pourraient donc mener pour elles-mêmes une existence absolument éthérée, mais les jeunes, de petits vers blancs, sans tête ni pattes, sont carnassiers. De là, pour la mère, deux tâches : créer à son infime progéniture un abri où elle puisse grandir en sûreté; pourvoir à l'alimentation de sa jeune famille incapable — faute de membres — de se pro- curer les proies dont elle est friande. Et c'est pources « larves » informes et presque immobiles que les guêpes travaillent sans relâche, pendant foute la durée de leur courte vie. Pour leur faire un abri, la plupart, sans autre outil que de grèles et faibles pattes, creusent le sable de longues galeries ; la poliste française, notre guêpe commune, et son cousin le frelon construisent, à l’aide d'un carton qu'ils ont eux-mêmes fabriqué, des édifices qui ressemblent à ceux que les abeilles font en cire. Dans la galerie comme dans la ruche, chaque ver a sa logette, approvisionnée par la mère, Cet approvisionnement est une mer- veille. Vivant trop peu pour se charger de l'alimentation quoti- dienne des jeunes vers, beaucoup de guêpes donnent la chasse à quelque animal assez gros pour suffire à la nourriture de ces petits êtres jusqu’à leur métamorphose. Chaque espèce a sa proie de prédilection; les principales victimes sont les araignées (1), les criquets (2), grillons (3) ou courtilières (4), les buprestes (5), les charançons (6). De grandes et magnifiques guépes, les sco- lies, s’attaquent aux énormes vers blancs d’où naissent les hanne- tons dorés des roses (7) ou les scarabées rhinocéros des tanne- ries (8). Mortes, ces proies volumineuses, qui sont l’unique garde- manger auquel la larve devra se pourvoir pendant toute sa vie, entreraient en décomposition et empoisonneraient le jeune ver; vivantes, elles s'échapperaient, se défendraient, seraient de redoutables victimes; aussi la guêpe se garde bien de les tuer. D'un coup d’aiguillon unique, elle les frappe de paralysie, et c'est de proies vivantes, mais inertes, de chair toujours fraiche que sa famille pourra tranquillement se repaitre. Il n’y a qu'un certain nombre d'insectes qui soient ainsi susceptibles d’être paralysés d’un coup d’aiguillon, ceux dont le système nerveux est rassemblé en une seule masse qu’une goutte de venin peut rapidement pénétrer : nos guépes les connaissent, les choisissent parmi tant d'insectes qu'elles rencontrent et ne s'adressent qu’à eux. Si elles agissaient avec discernement, il faudrait supposer qu'elles savent les dangers de la décomposition cadavérique, qu'elles ont appris à distinguer la paralysie de la’ mort, que la physiologie du système nerveux leur est familière, ainsi que le de laminaires (Agonus calaphractlus; Collus bubalus), où vien- nent pondre dans des coquillages abanndonnés (Gobius fla- vescens, Blennius ocellaris, B. Pavo, Lepodogastler bimacu- latus) ; elles exercent après la ponte une active surveillance sur leur progéniture. Les gonelles, qui pondent dans des trous de pholade, entourent même leurs œufs de leur corps pendant qu'ils se développent et les femelles d'aspredo portent les leurs collés à leur face ventrale. (1) Solenius lapidarius ; Trypoxylon figulus ; Pelopæus spiri- fer ; Pompilus. Tachyles Panzeri el tarsina, Sphex afra, Sphex albisecta. (2) Tachytes nigra ; Sphex flavipennis. (3) Tachyles anathema. (4) Cerceris divers. (5) Cerceris quadricincta ; C. luberculata. (6) Celonia aurala. (7) Orycles nasicornis. (8) Les notions récemment acquises sur les modifications dont sont susceptibles, pendant la vie, les éléments constitutifs du système nerveux ou neurones, ont permis de comprendre com- ment ces mécanismes se constituent par la création de relations diverses d'abord passagères, puis permanentes et enfin hérédi- taires entre les neurones. 258 | LE NATURALISTE maniement des poisons ; qu’enfin elles ont sur l'atanomie des insectes et sur l’entomologie systématique des notions précises. C'est beaucoup trop pour une petite tête de guépe qui n’a pas fréquenté les écoles de médecine. Et l’on conclut : cette tête de guépe n’est pas habitée par une véritable intelligence, mais par quelque chose qui fait à la fois mieux et moins bien que l'intel- ligence, quelque chose d'aveugle et d'inconscient; ce quelque : chose, c'est l'instinct. En outre, tous les individus d’une même espèce se comportant de la même façon, s'adressant aux mêmes proies, ne rempla- çant jamais un charançon par une araignée ou réciproquement, on déclare que le caractère le plus frappant de l'instinct, c’est son immuabilité. Il pousse l'insecte à faire une chose, une seule chose, toujours la même ; cette chose est très bien faite, mais l'insecte, le voulüt-il, ne pourrait la mal faire ; il sait sansl’avoir jamais appris ce qu’il doit savoir, mais n'y peut rien ajouter, rien retrancher et ignore même pourquoi et comment il agit. Voici qui est bien loin de l'intelligence humaine si souple et si diverse, si apte à profiter de tout, si pénétrante et à la fois si fragile. Quelle belle matière à batailles sur les différences et les ressemblances des facultés mentales des animaux et de l'homme! Pour cette fois les psychologues ont été cependant à peu près unanimes : presque tous ont déclaré que linstinct et l'intelli- gence n'avaient rien de commun. Mais pour l’un, les animaux sont des automates ; pour un autre, des maniaques; pour un troi- sième, des somnambules ; pour un quatrième, des illuminés ; et suivant ces conceptions diverses, l'instinct devient un ressort caché mis en détente par certaines impressions, une habitude héréditaire et impérieuse, un rêve permanent, asservissant l'organisme à ses inéluctables suggestions, une étincelle de l'intelligence divine, confiée parfois aux plus modestes instru- ments de l’harmonie universelle, et constituant une preuve com- plémentaire, que d’aucuns jugeront superflue, de l'existence de Dieu. Les savants se font, en général, de la divinité une idée trop haute pour la mêler inconsidérément à toutes les. affaires du petit coin du monde dans lequel ils se meuvent. Ils ont quelque peine à imaginer le dieu de la Genèse tantôt caché dans les plis d’un étendard et préparant de là la victoire des conquérants qu'il pro- tège, tantôt voltigeant sur l'aile d’un pompile, tout prêt à jeter, pour soi propre plaisir, l’innocent animal sur quelque confiante araignée. Et ils essayent de démonter l’automate, de demander au maniaque l'origine de son tic, d'arracher au somnambule le secret de son rêve, et de déterminer par quels procédés la sollici- tude divine a si bien réglé les choses que les petits mêmes des oiseaux peuvent envier aux plus frêles insectes la façon miracu- leuse dont leur pâture est assurée. Tout d'abord, imaginons un plébiscite — révérence parler — sur la question de savoir si les animaux sont des automates : tous les amis et toutes les amies de l’exubérante tendresse des chiens, du caressant égoïisme des chats ou de la docile ardeur des chevaux se lèveraient pour protester en faveur de l’intelli- gence de ces animaux superbes ou charmants, et les psychologues seraient fort justement battus. Ceux qui voient dans les animaux des victimes d’une habitude héréditaire ou des somnambules font une dangereuse concession. Tout le monde sait que, si les claviers de piano se défendent encore contre des mains inexpérimentées les morceaux de musique semblent sous des mains asservies par l'habitude, s'envoler tout seuls des touches d'ivoire. D'autre part, le somnambulisme nous révèle l'extrême perfection avec laquelle peuvent être exécutés, en l'absence de toute conscience, de toute volonté, des séries d'actes qui imitent à s’y méprendre les actes mürement réfléchis. On trouve donc coexistant avec l'intelligence la plus nette, et lui prêtant souvent une précieuse assistance, de véritables opérations instinctives, instinctives par leur précision, instinctives par leur étroite spécialisation, instinclives encore par l’inconscience totale’ de leur exécution. Les mécanismes (1) desquels dépendent ces opérations ont été manifestement organisés par lPapplication intelligente et soutenue de ceux qui les possèdent, c’est-à-dire par l'éducation volontaire ou forcée ; voilà la barrière entre l'intelligence et l'instinct sérieusement ébranlée ; elle serait tout à fait renversée si les habitudes acquises par l'éducation pou- vaient devenir héréditaires. Notre savant confrère Ribot a écrit tautce qui convenait pour établir l’affirmative (2). Les instincts de beaucoup d'animaux demeureraient d’ailleurs fort imparfaits sans le secours de l'éducation. De même que (1) Le Calapagurus. (2) Tu. Risor, l'Hérédilé. nous dressons nos animaux domestiques pour assurer aux ins- tincts artificiels que nous avons fait naître chez eux tout le déve-. loppement dont ils sont susceptibles, de même les parents des Jeunes oiseaux leur apprennent à voler, guident leurs premières. quêtes de nourriture, et, quand vient le printemps, les novices apprennent des plus âgés les secrets de la fabrication des nids. Si l'éducation — c'est-à-dire l'expérience enseignée — contribue: à donner à l'instinct toute sa perfection, en développant le fond que l'hérédité transmet, il devient probable que ce fonds lui-même a été graduellement constitué par l'expérience personnelle des ancêtres des animaux actuels. Effectivement, l'intervention de cette expérience est parfois d'une incontestable évidence. Cer- taines espèces de cassiques, oiseaux propres à l'Amérique, font actuellement leur nid avec du crin de cheval. Or, à l’époque de Christophe Colomb, le cheval, déjà fossile en Amérique, était inconnu des Peaux-Rouges. C'est donc seulement depuis la découverte du Nouveau-Monde que des cassiques ont apprécié les qualités du crin, et substitué cette matière nouvelle aux raci- nes flexibles dont ils avaient jusque-là construit leur nid. D'autre part, certains instincts, inexplicabies quand on les considère isolément, prennent une signification très nette quand on lescompare à ceux d'animaux du même groupe. Les dragues du Challenger et du Talisman ont ramené d’une assez grande pro- fondeur une sorte d’écrevisse à queue molle, turgescente, coni- que, terminée à son extrémité par deux crochets soutenant un tout petit coquillage. On ne comprend pas à quoi peut servir ce menu trophée. Mais notre écrevisse a un proche parent bien. connu sur nos côtes : le bernard-l'ermite ou pagure. Celui-là abrite confortablement dans une grande coquille de bucein sa queue trop alléchante pour une foule de rôdeurs maritimes. Il indique ce qui s’est passé pour son congénère des abimes. Là, les grandes coquilles sont rares ; les pagures résignés à vivre dans ces profondeurs obscures où ils ont peu d’ennemis. trouvent facilement, quand ils sont jeunes, de petites coquilles ; quand ils grandissent, ils n'en trouvent plus à leur taille : mais sacrifiant à l'instinct de leur race, ils gardent au bout de leur queue l’abri minuscule de leur premier âge. C’est le petit foulard dont les jeunes Bordelaises entourent leurs brunes tresses en souvenir du vaste fichu de leurs aïeules ; c’est la petite touffe de tulle que les domestiques berlinoises mettentau-dessus du front, entre les deux ailes de leur chevelure, dernier hommage au ver- tueux bonnet de jadis. Quelques espèces abyssales de pagures renoncent à la superstition de la coquille ; au contraire, afin de mettre à l'abri leur fragile et encombrant abdomen, les pagures des rivages essayent de tout : les moins avisés (1) se cachent dans des trous ou se blottissent dans des éponges creuses (2) ; d’autres se construisent un abri transportable avec du sable agglutiné (3) ; il en est qui se logent dans des frag- ments de bambous ou autres tiges creuses de végétaux (4); : la plupart enfin adoptent des coquilles droites (5) ou enroulées. Si les divers instincts que nous venons d’énumérer, au lieu d’appartenir à des espèces différentes, étaient présentés par les mêmes individus à différents âges, nous ne manquerions pas de dire : Les pagures ont été rendus particulièrement pol- trons par l'expérience des dangers que leur fait courir la mollesse de leur tégument ; sous l'empire dece sentiment, ils ont commencé par se cacher dans des trous, comme le font les écrevisses de rivière à l'époque de leur nue ; puis ils ont creusé ces trous eux-mêmes (6) ; après quoi ils ont découvert qu’il était plus commode et tout aussi sûr d'user d'abris portatifs, et d'essais en esais ils ont été conduits à se loger dans des coquilles vides qu'ils ont abandonnées en descendant dans les grands fonds (7). Ce serait l'histoire et en même temps la théorie d'un instinct développé sous l'impulsion d'une intelligence lente à agir, sans doute, mais produisant des effets héréditaires d'autant plus sûrs NA EE A PAU IN 8 RO TA TI NS (1) Pylocheles, Cancellus. (2) Quelques-uns, les Birgus latro, sortent de l’eau et peuvent grimper sur les cocotiers dont ils mangent les fruits. ‘ (3) Certains Pylocheles. (4) Xylopagurus. (5) Pylopagurus. (6) TraALAssININx. (1) Il est quelquefois suppléé régulièrement d'une curieuse facon à la rareté des grandes coquilles : une anémone de mer se fixe sur la petite coquulle dont se contente le Pagurus pilimanus uand il est jeune ; l’anémone bourgeonne et grandit, déborde au delà de la coquille comme l'animal, de manière à lui faire toujours un habit à sa taille. ; LE NATURALISTE 9 que son action a été plus lente. Or, cette gradation des instincts west pas une exception, elle est la loi : Toutes les fois qu’on observe chez un animal un instinct qui semble miraculeux, on trouve chez les animaux du même groupe une série graduée d’instinets d'abord très simples, desquels on peut s’élever par une série de modifications continues et parfaitement explicables jusqu'à l'instinct qui paraissait merveilleux quand il était isolé (4). Ainsi, notre guêpe de tout à l'heure, à la fois chimiste comme Pasteur, anatomiste comme Cuvier, physiologiste comme Claude Bernard, entomologiste comme Latreille et dévouée comme toutes les mères, a été préparée, pour ainsi dire, par une longue série de guêpes : la guêpe commune porte tous les jours à ses petits des proies mortes, ce qui paraît tout naturel ; d'autres revien- nent moins souvent, mais se montrent encore maladroites : elles multiplient les proies, mâchonnent la tête de leurs victimes, abu- sent des coups d’aiguillon, et l’on n’arrive que par degrés à l'élé- gante précision chirurgicale de la scolie. En fixant toutes ces étapes sur une bande cinématographe, on pourrait faire revivre dans tous ses détails l’évolution logique du plus surprenant de tous les instincts. On pourrait de même établir comment l'indus- trie des nids à graduellement progressé, comment ont été prépa- rés les instincts de sociabilité des termites, des abeilles et des fourmis, ou bien ceux des castors, ainsi que les merveilleuses industries de ces animaux. De la généralité dela loi résulte avecévidence que les instincts se sont développés graduellement, Si leurs diverses étapes sont présentées, non par des individus de même espèce, mais par des animaux d'espèces différentes, cela signifie que les instincts et les formes se sont modifiés avec la même lenteur ; le fait capital et démonstratif, c’est que les étapes successives qui conduisent à un instinct complexe se rencontrent dans une même famille naturelle, c’est-à-dire dans une même série généalogique. Il suffirait dès lors de l'intelligence de quelques individus, de limitation de leurs actes par leurs contemporains, de l’éduca- tion routinière des générations successives, modifiée à de longs intervalles par quelque éclair nouveau d'intelligence, pour expli- quer la naissance, la persistance et la lente modification des instincts. Mais les insectes ne vivent d'ordinaire que quelques semaines et ignorent leur progéniture ; ils ne peuvent acquérir une expérience personnelle, ni faire l'éducation de leurs jeunes ; dans la nature actuelle, tout élément d'explication de leurs ins- tincts fait défaut. Il s’est donc produit dans leur histoire quelque événement qui a rompu la chaine des faits. Par bonheur, les géologues nous ont appris sur le passé du globe des choses merveilleuses qui permettent de la renouer. à Il fut un temps lointain où nul poisson n'égayait encore les eaux douces ; où les forêts, marécageuses et sans fleurs, seule- ment parcourues par de lentes salamandres, ne connaissaient ni la fuite rapide des reptiles, ni la course des mammifères; où ne retentissait aucun chant d'oiseau; où nulle tache d'éclatante couleur ne relevait les teintes grises ou vertes d’un sol qui venait à peine d'enfanter les mousses, les lycopodes et les fougères. A ce moment, seuls les insectes représentérent dans le monde le mouvement et la joie. A côté de phasmes aux formes fantas- tiques, des blattes couraient déjà parmi lesdébris, a la recherche de leur nourriture composite ; les éphémères essayaient dans l'air les battements d’ailes qui devaient bientôt devenir le fré- missement diapré des alertes libellules, et sur la cime des arbres vibrait le cri aigu des cigales. C'était la période primaire. Plus tard, la corolle brillante et perlée de nectar des fleurs se dégageait des modestes cônes verts ou bruns que nos sapins gardent encore, et la brise, chargée d’effluves auparavant inconnus, annonçait au loin que de superbes et délicats festins s'offraient aux habitants de l'air. Ils accoururent; les SOMP - tueuses habitudes qu'ils prirent alors nous valurent le miel des abeilles et ces autres fleurs ailées : les papillons. À cette période d'éclosions prestigieuses, où tant de créatures magnifiques apportaient au monde la splendeur nouvelle des couleurs, l'hiver n'existait pas. Un printemps perpétuel permet- tait à la terre de développer sans interruption toutes ses pa- (1) Cette loi ne s'applique pas seulement aux instincts, mais à tous les caractères extérieurs, anatomiques où embryologiques quelque peu extraordinaires. Tous sont le couronnement d'une série de caractères qui se coordonnent de la même façon, et dont l'explication apparait le plus souvent avec la plus grande net- teté quand cette coordination, but de la zoologie vraiment scien- tique, a été accomplie. O7 © rures : les plantes croissaient à l’envi, et l’abondance des végé- taux fit naïtre parmi les animaux une paix relative. Beaucoup de carnassiers abandonnèrent leur cruel régime. Sollicités par les senteurs et l’éclat des fleurs, récemment épanouies, les guêpes, jusque-là ardentes chasseresses, se livrèrent à la ré- colte du miel et du pollen; mais, conformément à une loi géné- ral (1), leurs larves gardèrent le régime primitif. Les guêpes adultes en conservent encore un souvenir suffisant pour re- noncer momentanément à butiner parmi les fleurs et voler à la capture des proies préférées de leur progéniture. La longue période de douce température qui semble n'avoir cessé qu'après le début de l’époque tertiaire fut pour les in sectes un véritable âge d'or. Soutenus dans les airs par leurs ailes de gaze, ils y pouvaient défier les carnassiers attachés au sol; ils n'avaient pas davantage à redouter la rigueur des sai- sons; aussi leur vie était-elle de longue durée, si l’on en juge par les dimensions que pouvaient atteindre certaines espèces primaires : la taille des éphémères était décuplée; quelques-uns avaient jusqu'à deux décimètres d’envergure; des libellules couvraient de leurs ailes une longueur de 70 centimètres et cer- tains phasmes avaient 25 centimètres de long (2). Cette longé- vité a d’ailleurs laissé des traces : une cigale de l'Amérique du Nord (3) vit dix-sept ans à l’état de larve; beaucoup de nos coléoptères, le cerf-volant, le capricorne héros, demeurent dans cet état trois ou quatre ans. Ainsi, dans le calme d’une longue vie, sous l'excitation des parfums et des teintes riantes dont le charme se répandait dans le monde, des insectes privilégiés purent accomplir les opéra- tions mentales qui nous étonnent aujourd’hui; par eux, l'intelli- gence atteignit une première fois son apogée sur le globe. Rien n’empêchait leurs générations de se méler; chacune transmettait à la suivante ce qu'elle avait appris. Dans leurs cerveaux vierges encore, des habitudes traditionnelles organisèrent des mécanismes d’abord personnels, puis héréditaires, comme ce mécanisme de la marche que tant d'oiseaux et de mammifères transmettent tout construit à leurs petits, et dont la formation coûte à nos propres enfants tant d'expériences malheureuses et tant de larmes. L'hiver arrive, tout change. Le froid tue la plupart des insectes qu'il surprend en pleine activité. Heureusement, la durée de la période qui sépare la naissance de l’état adulte a une tendance à se raccourcir de plus en plus chez les êtres vivants (4). Un certain nombre d'in- sectes ont réussi à faire tenir leur développement dans l'espace d'une belle saison, de manière que les opérations de la ponte aient lieu avant la fin de l'automne (5). La mort peut alors sur- venir sans que l'espèce en souffre ; mais, sauf dans quelques cas exceptionnels, la vie de l'insecte est réduite à moins d'un an, souvent à trois ou quatre mois. Chaque génération est séparée de la suivante par toute la longueur de l'hiver; il n'y a plus de relations de l’une à l’autre; l'expérience personnelle est sup- primée par la brièveté de la vie; l'éducation, par l'hécatombe hivernale. Désormais, plus d'opérations intellectuelles; seuls, les mécanismes héréditairement acquis et organisés jadis par l'in- telligence persistent : nous leur devons les merveilles actuelles de l'instinct. Cependant, les effets sont séparés de leur cause; nous ne saurions les rattacher à elle, si la géologie ne nous avait révélé lapparition tardive des hivers, et si l'embryogénie (1) Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et Serres avaient déjà re connu cette loi, confirmée par tous les embryogénistes mo- dernes, que chaque individu traverse rapidement, au cours de son développement personnel, depuis l’œuf jusqu’à l'état adulte, les formes successives traversées au cours des âges, par l'espèce à laquelle il appartient; c'est la raison des métamorphoses qu’il subit. Ceci s'applique aussi bien aux habitudes, au régime, qu'aux formes; ainsi s'expliquent les changements successifs que l’on observé dans le genre de vie de tant d'animaux au cours de leur existence, et notamment le contraste si fréquent entre l'alimentation carnivore des larves d'insectes et le régime herbivore des insectes adultes. (2) Charles Brongniart, les Insectes fossiles. (3) Cicada Seplemdecim. (4) C'est le mécanisme de l’Accéléralion embryogénique ou tachygénèse. (5) La plupart des hyménoptères, des diptères et des lépido- ptères. 260 ne nous avait appris comment l’abréviation de la vie des insectes (1) en avait été la conséquence. Notre régime saisonnier ne s'établit d’ailleurs que lentement; quelques insectes vivant en société trouvèrent moyen d'échapper aux rigueurs des hivers en s’abritant sous terre ou en se cons- truisant de solides habitations. Les termites, les abeilles, les fourmis sont, tout au plus, endormis pendant la saison rigoureuse; la durée de leur vie est demeurée de cinq à sept ans pour les ouvrières et dépasse dix ans pôur les femelles (2). Grâce à cette durée de la vie, l’obser- vation et l'expérience demeurent possibles ; les générations suc- cessives restent en contact, formant des sociétés, pour ainsi dire, indéfiniment persistantes; limitation et l'éducation gardent toute leur importance; non seulement les traditions anciennes se con- servent, mais les modifications que peut y apporter la science acquise par les individus les plus intelligents sont transmises de génération en génération. Aussi, à l’automatisme de l'instinct, l'intelligence vient-elle à tous les degrés méler son merveilleux « opportunisme ». Elle apparaît déjà dans une foule d'opéra- tions des abeilles et se montre éclatante chez les fourmis qui non seulement creusent ou construisent presque toutes des maisons, mais se livrent, dans leurs demeures, à des occupations mul- tiples et variables d'une espèce à l’autre, nourrissent leurs jeunes, les classent par rang d'âge, donnent à chaque catégorie les soins qui lui conviennent, comme dans les mieux tenues des pouponnières, domestiquent et entretiennent une sorte de minus- cule bétail, fait de pucerons et autres petits insectes, cultivent des champignons, font des récoltes de graines qu'elles savent empêcher de germer, asservissent les fourmis plus faibles et se font nourrir par elles, si bien qu'elles arrivent à ne plus pou- voir s'alimenter sans secours et qu'enfin les ouvrières, devenues inutiles, cessent de se développer chez quelques espèces (3) et sont entièrement remplacées par des esclaves bénévoles. Les mœurs, les coutumes, les habitudes ne sont même plus communes à (ous les individus d’une espèce donnée, comme cela devrait étre si l'instinct intervenait seul. Chaque fourmilière a ses praliques qui s’écartent en quelques points de celle de la fourmilière voisine, et qu'on a méme réussi, dans certains Cas, à créer expérimentalement. Les actes accomplis par les fourmis sont donc bien le résultat de véritables opérations intellectuelles. Sans doute, ces opéra- tions ne sont pas répétées tous les jours par tous les membres d’une même association. Mais en est-il autrement chez nous? Est-ce que partout où des hommes ’se réunissent, myslérieuse- ment ou non, on ne voit pas une foule d'individus, souvent très convaincus qu'ils mènent les autres, accomplir, sans qu'on leur dise pourquoi et sans qu'ils songent souvent à le demander, une foule d'actes dont le motif et la portée leur échappent, et que souvent même ils réprouveraient s'ils étaient livrés à eux-mêmes? Et autour de nous, sans parler de tous ceux et de toutes celles qui, pour le plus grand plaisir de nos yeux, sacrifient aux caprices chatoyants et fugitifs de la mode, combien sont-ils les braves gens qui me donnent à la plupart de leurs actions d'autre rai- son qu'un candide et parfois touchant : « Cela s’est toujours fait ainsi ! » L'histoire des insectes sociaux sur qui les hivers n'ont pas eu de prise confirme donc que l'intelligence était la forme initiale (1) Toute la biologie des insectes porte, pour ainsi dire, l'em- preinte du raccourcissement de leu vie. L'étroite adaptation aux saisons des diverses phases qu'ils traversent, leurs métamor- phoses consistant dans l'effondrement subit de l’organisme lar- vaire et son remplacement d'emblée par un organisme nouveau tout différent; les procédés sommaires, préparés d’avance, par lesquels ce remplacement s'effectue, ne peuvent s'expliquer que par cette abréviation. Parfois, d'ailleurs, on arrive à la prendre sur le fait. Dans la famille des insectes à laquelle appartient la cantharide, les jeunes des espèces primitives passaient l'hiver et se mettaient à l'abri des rigueurs de la mauvaise saison dans une sorte de logette faite de leur peau durcie; quelques-uns font encore ainsi, mais en sériant les faits, suivant la méthode même employée pour les instincts, on voit la vie se raccourcir peu à peu et arriver à tenir dans une seule saison, l’insecte conservant d'ailleurs l'habitude de s’enfermer dans sa logette, malgré l'inutilité de celle-ci : c’est ce que notre illustre corres- pondant M. Fabre d'Avignon a appelé le phénomène de l’hyper- mélamorphose. (2) Les anergates. (3) Les mâles ne vivent que quelques jours. LE NATURALISTE. (| ALL LEE LR LL LR SE TT de la mentalité des insectes; leurs instincts d'aujourd'hui ne sont que les épaves ou, si l'on veut, les témoins de leur intelligence passée. Cette- déchéance intellectuelle n’est pas un fait particulier aux insectes. Les carnassiers, l'homme surtout, en portant partout l'inquiétude, ont sans aucun doute causé l'arrêt ou la dégrada- tion de beaucoup d'intelligences. Le castor d'Europe, dont la science d'architecte, autrefois si belle, se réduit aujourd’hui à creuser un terrier, est un triste et suggestif exemple de l'in- fluence néfaste de l'insécurité. Heureusement le monde est plein de compensations. Si les hivers coûtèrent aux insectes leur intelligence, ils eurent sur les animaux supérieurs une tout autre influence. Par suite du raccourcissement graduel de leur période larvaire, beaucoup de salamandres des premiers temps, dont quelques- unes prenaient déjà l'aspect de crocodiles, s'étaient affranchies dé passer dans l’eau leur jeune âge. Elles étaient devenues des reptiles qui atteignirent rapidement à une déconcertante variété de forme, en même temps qu'à des dimensions colossales — jus- qu'à 30 et 40 mètres de long — tout en gardant une profonde stupidité (1). Tant que le climat demeura printanier, ces reptiles, qui simu- laient toutes les formes de nos mammifères, régnèrent à terre sans partage. Mais l'hiver les condamna à un long et improduc- tif sommeil. Les oiseaux et les mammifères, longtemps réduits à quelques formes humbles et bizarres, purent, au contraire, | grâce à l'excellence de leurs poumons, à l'épaisseur de leur plumage ou de leur fourrure, conserver pendant toute la saison froide une activité particulièrement favorable au progrès des facultés intellectuelles. Ils anéantirent, partout où ils se trou- vèrent en concurrence avec eux, les géants engourdis du monde des reptiles. La force brutale et inepte succomba devant l'in- telligence, et de la sorte furent préparés l'avènement de la fai- son et celte suprématie de l'esprit qui nous fait parfois rêver d'un monde où tout ne serait plus que justice et bonté. AVANTAGE DE L’ÉTUDE DE LA GÉOLOGIE AU POINT DE VUE DE L'ARCHÉOLOGIE L'étude et la pratique des sciences naturelles offrent des avan- tages immenses, qui sont bien connus de tout le monde; aussi nous garderons-nous d'en parler. Nous désirons seulement appe- ler l'attention de nos aimables lecteurs, dont plusieurs ont eu la bonté de se dire nos amis, sur les avantages que présente l'étude de la géologie, au point de vue des études archéologiques. Depuis un demi-siècle surtout, l’archéologie a pris un dévelop- pement considérable dans nos contrées. Rien que dans le seul département de l'Oise, on cite au moins 4 ou 5 comités archéo- logiques, qui ont fait des découvertes on ne peut plus intéres- santes. On a retrouvé les restes d’une ville gallo-romaine tout entière, que le géographe Ptolémée appelait Rutumagus, et dont on ignorait absolument l'emplacement et l’histoire. Aujourd'hui, on pourrait la reconstituer, absolument comme celles d'Hercula- num et de Pompéi. On a eu la chance imouiïe de retrouver là plaque de bronze, sur laquelle son nom était inscrit au fronton d'un temple! Rutumagus veut dire illustre forteresse. Voici maintenant ce qu'il importe de connaître une fois pour toutes : La Géologie, en nous faisant connaître, d’une façon merveil- leusement précise, la constitution si variée du sol de notre pays, nous permet de rétablir avec une précision extraordinaire, les délimitations géographiques de nos anciens pagi ou cantons gau- lois. Il y a longtemps. en effet, que tous les géologues sont una- nimes; pour nous dire que l’on ne peut pas passer d'un pagus dans un autre, sans trouver tout de suite une modification im- portante, dans la nature du sol, par rapport à sa structure dans les pagi qui le circonscrivent. De même aussi, réciproquement, toutes les fois que le géologue constate un changement dans la nature du terrain, il est absolument certain de voir le pays chan- ger de nom; il était dans le Noyonnais, je suppose; il est main- tenant dans le Santerre ou dans le Vermandois; dans le pays des Ambianicus ou dans celui des Bellovaques. (1) Leur cerveau élait moins large que la région moyenne de leur moelle épinière. LE NATURALISTE 261 A ce point de vue, nous conseillons à tous les lecteurs de cette Revue de faire l'acquisition, s'ils ne l’ont déjà faite depuis long- temps, du livre si intéressant de M. l'ingénieur de Lapparent, intitulé : La Géologie en chemin de fer. Ce livre aura le double avantage de leur faire passer le temps d’une façon charmante, -en chemin de fer ; surtout quand ils auront le malheur de voya- ger avec des étrangers grincheux, renfrognés, endormis, ou qui ne comprennent pas un seul mot de français, et qui semblent avoir moins d'intelligence encore que des animaux d'apparte- ment. En outre, ce livre leur en apprendra plus sur la géologie, en une petite heure, qu’ils ne pourraient en apprendre en une longue vie passée tout entière au collège. Enfin, ce qu’ils liront dans ce livre, en passant tout à côté de ce qui y est décrit, ne sortira plus jamais de leur mémoire. Désormais, ils se croiront obligés de professer la géologie en chemin de fer, à leurs futurs compagnons de route, avec le grand avantage de pouvoir inté- resser agréablement les voyageurs qui auront le bonheur de voya- ger dans le même compartiment; sans que cette conversation puisse les compromettre en aucune façon : ce qui est un grand avantage dans le temps où nous vivons; où les cafards pullulent sur toutes les voies, pour le plus grand bonheur des mänes de feu M. Piétri, le légendaire préfet de police du dernier Empire. Aujourd'hui, presque toutes les fois qu'on voyage en compagnie d'un monsieur « bien, qui n’a pas l’air très distingué », on a la certitude d’être, volontairement ou non, dans la compagnie d'un mouchard. Que voulez-vous ? Il faut bien que tout le monde vive! Or, trois ou quatre cents francs de plus par an, à charge de faireun rapport chaque mois à la préfecture de police, rendent un immense service à beaucoup de gens qui, sans cela, se trou- veraient tous les ans en retard d’un terme de loyer. En tout cas, défiez-vous de tous les inconnus que vous rencontrez en chemin de fer, avec un ruban ou une rosette à la boutonnière, trois fois sur cinq, ce sont des mouchards; qu’on se le dise! Or donc, la géologie nous rend d’immenses services pour dé- terminer rigoureusement les limites de nos anciennes peuplades gauloises, Un savant antiquaire, M. Léon Mazières, ayant donné minutieusement les limites précises de l'antique pagus du Noyon- nais, nous avons eu l’idée deles comparer au terrain géologique de ce canton, qui est du Suessionien tout pur. Nous avons été vivement frappé de voir que les limites archéologiques de l’an- cien Noyonnais, au temps des Gallo-Romains, se confondaient absolument avec celles de son territoire géologique. Aussi écri- vions-nous récemment à ce monsieur, dont le travail de bénédictin honorerait plusieurs vies d'hommes illustres : « Ce n’était vrai- ment pas la peine de vous donner tant de mal; car il suffit de consulter la carte géologique du département de l'Oise, pour y retrouver instantanément les limites que vous avez si bien resti- tuées à la suite de vos laborieuses recherches. Bien mieux, cette carte géologique servirait plutôt à compléter votre travail, s’il en était besoin, pour quelques détails qui ont pu passer inaper- çus; détails insignifiants, en ce qui vous concerne, mais qui pourraient avoir plus d'importance, si un travail analogue était un jour accompli, pour d’autres cantons, par d’autres archéo- logues moins savants et moins complets. On pourra se demander comment cela peut-il se faire? A coup sûr, les Gauloisn’avaient jamais étudiéla Géologie; c'étaient des gens intelligents, mais il est à croire que le nom de cette science leur était encore complètement inconnu. Comme M. Jourdan, les Gaulois nos ancêtres étudiaient le terrain et étaient des géologues sans le savoir; ils faisaient de la géologie naturellement, absolument comme ce bon M. Jourdain faisait de la prose. Attentifs à ce qu'ils avaient chaque jour sous leurs yeux, ils ne confondaient pas les sables du Soissonnais avec la craie de la Champagne Rémoise; pas plus qu’ils ne confondaient celle-ci avec le plateau, argileux à sa surface, de la région crayeuse du Santerre, ni avec les terrains plats du Verman- dois. La forêt des Grandes Beines, ou forêt frontière du Soisson- nais, au nord-ouest de Noyon, qui séparait ce pays du Ver- mandois, des Ambioniens et des Bellovaques, le trouvait placée juste à la limite du terrain géologique du Soissonnais. Il était impossible de mieux faire. En un mot, les Gaulois avaient de bons yeux, et ils savaient admirablement bien s’en servir. Ils avaient tout de suite divisé la Gaule en plus de cent pays, ou de 400 cantons, non d'après la nature du peuple qui les habi- tait, mais seulement d'après la constitution géologique du sol. Sans doute, tel canton pouvait changer de maître à la suite d'une guerre; mais ses limites restaient toujours ce qu’elles avaient été auparavant. On devenait Noyonnais en habitant le Noyonnais; quitte à être soumis aux Suessionniens ou aux Rèmes. D' Boucox. LE CHRYSOMPHALUS MINOR COCHENILLE Il m'a été adressé pendant l'été de 1899, de la Société d'agriculture, d’horticulture et d’acclimatation de Cannes et de l’arrondissement de Grasse, plusieurs ra- meaux de fusain complètement envahis par des coche- nilles. M. Demble, président de cette Société, me disait dans une lettre que l’on accusait l’Aspidiotus perniciosus de ravager cet arbre, mais que, à son avis, ce n'était pas du tout le pou de San-José (Aspidiotus perniciosus), etil me priait de vouloir bien le renseigner à ce sujet. Après avoir bien examiné les rameaux qui étaient soumis à mon examen, je reconnus également que l’As- pidiotus perniciosus n’était pas l’insecte qui vivait sur le fusain envahi, mais que c'était fort probablement une autre espèce appartenant au genre Chrysomphalus. La détermination était fort difficile : aussi, à seule fin de bien m'assurer que ce n’était certainement pas le pou de San-José, j'envoyai quelques-uns des rameaux, qui m'étaient parvenus, à mon collègue M. le docteur Paul Marchal, directeur du Laboratoire d’entomologie agri- cole de Paris, qui venait de publier un travail très inté- ressant sur le pou en question et qui, peu de temps après mon envoi, vint Confirmer mon opinion en m'assurant que ce n’était pas du tout l’Aspidiotus perniciosus, mais une autre espèce appartenant au sous-genre Chrysom- phalus, et bien probablement le Chrysomphalus minor, qui a été tout récemment décrit par Berlese. M. le professeur Antonio Berlese fut consulté à ce sujet, etil nous déclara que c'était bien au Chrysom- phalus minor que nous avions à faire. Les rameaux de fusain que l’on avait craints un mo- ment envahis par l’Aspidiotus perniciosus n'étaient, au contraire, ravagés que par le Chrysomphalus minor. Cette cochenille ressemble, au premier coup d'œil, à l’Aspidiotus rose (blanc du rosier), dont le blanc est remplacé par une coloration jaune citron. On peut détruire cet hémiptère de la même façon que le blanc du rosier, c'est-à-dire qu'il suffit de faire la taille de bonne heure et de nettoyer les branches qui restent avec une brosse avant l’évolution des bourgeons. Les œufsde cetinsecte adhèrent fort peu aux branches eton les fait aisément tomber par ce procédé, qui, au reste, a donné de très bons résultats. Paul NOEL. LES ÉCORCES MÉDICINALES L'Ecorce de Winter (Drimys Winteri). En 1577,John Winter, qui faisait partie &e l'expédition du capitaine Drake, partit de Plymouth pour faire le tour du monde. Dans les parages du détroit de Magellan, il fut séparé des autres vaisseaux de l’expédition par une tem- pête et se trouva forcé de retourner en Europe. Pendant le retour les hommes de son équipage avaient été atteints du scorbut; il les soigna au moyen d’une écorce jusque-là inconnue et les guérit : aussi John Winter rapporta-t-il en Europe des morceaux de ce bienfaisant remède. Charles de l'Ecluse, botaniste français connu sous le nom de Clusius, fit la description de cette écorce; mais Forster, qui accompagnait Cook en qualité de botamiste pendant son second voyage autour du monde, lui donna le nom de Drimys Winteri en souvenir de John Winter. Le Drimys Winteri est un arbre d'environ 12 mètres de haut, mais qui parfois n’atteint pas plus de 3 mètres, même dans son pays d'origine ; il appartient à la famille des Magnoliacées, série des Iliciées. Les feuilles sont alternes, persistantes, simples, longues, obtuses, toujours vertes, et présentent des ponc- tuations. Les fleurs sont hermaphrodites, régulières, réunies en grappes ou en cymes, et parfois même sont solitaires. Le calice est formé d’un sac membraneux se déchirant à l’époque de la floraison en trois ou quatre parties irré- gulères el caduques. La corolle, insérée sur un réceptacle allongé, est com- posée de six folioles libres. Les étamines sont très nombreuses et libres, le style est court. L'ovaire est formé de cinq carpelles libres réunis au sommet du réceptacle. Les fruits sont des baies indéhiscentes renfermant plu- sieurs graines albuminées à enveloppe rigide. Le Drimys Winteri est commun dans les parages du détroit de Magellan et sur la côte est de la Patagonie où il a été découvert par Winter; on l’a retrouvé dans toute l'Amérique du Sud, et même jusqu'au Mexique, mais avec des variations de forme et de dimension qui lui ont fait donner le nom de Drimys Chilensis au Chili, D. Gra- natensis à la Nouvelle-Grenade, D, Mexicana au Mexique. Ces différentes variétés ont été réunies en une seule espèce par Hoker et Kichler. Les propriétés de la plante résident dans son écorce, laquelle on trouve dans le commerce en morceaux épais en forme de gouttière. La face externe de l'écorce est couleur de rouille, beaucoup plus foncée dans les écorces anciennes que dans les écorces fraiches. La face interne est marquée de stries et de fissures. La saveur en est brülante, et l'odeur rappelle celle de térébenthine. Cette écorce possède des propriétés stimulantes et fébrifuges, qui ne sont guère employées en Europe, mais qui sont employées fréquemment dans l'Amérique du Sud pour combattre la débilité de l'estomac. Cette écorce n’est pas seulement employée en médecine : en Australie, les fruits du Drimys lanceolata sont réduits en poudre et servent à remplacer le poivre; cette poudre contient de la résine, du tanin, ainsi qu'une huile essentielle. L'’écorce de Winter est rarement trouvée dans les pharmacies; elle est souvent remplacée par ses deux succédanés, le Cannella alba, de la famille des Magnolia- cées, et le Cinnamodendron corticosum, de la famille des Cannellacées, avec lesquels elle asouvent été con- fondue. Clusius décrivit le Cannella alba au commencement du xvri* siècle; il crut que cette plante venait de l’Inde et la confondit avec le Drimys Winteri. Un peu plus tard, Parkinson étudia les deux écorces et détermina les différences qui les caractérisent. Mais Plukenet les confondit de nouveau; ce n’est que LE NATURALISTE de nos jours que sir Hans Sloane fit remarquer les carac- tères botaniques qui différencient le Drimys Winteri du Cannella alba. Malgré ces profondes différences, on a pris de tout temps ces écorces l’une pour l’autre. ! Le Cannella alba Murr est un arbre de 6 à 15 ou 18 mètres de hauteur; les feuilles sont alternes, simples, ovales, entières et elliptiques, ayant des pétioles sans stipules, Les fleurs régulières sont hermaphrodites et disposées en cymes à l’extrémité des rameaux. Le calice a trois sépales libres persistants; la corolle à cinq pétales ; il y a 20 étamines à anthères extérieures à une seule loge. L'ovaire qui ne renferme qu’une seule loge est libre et comprend 2 ou 3 placentas pariétaux. Le fruit est une baie renfermant des graines albuminées, entourées d’une pulpe gélatineuse. Le Cannella alba est originaire du Chili; mais il croit plus au nord jusqu'aux Antilles, aux îles Bahama et dans le sud de la Floride. L'écorce, qui est la partie active de la plante, est connue sous le nom de Cannelle blanche. Eile se pré- sente en gouttières ou tuyaux assez longs, de 2 à 5 cen- timètres d'épaisseur. La couche subéreuse est grise, etla couche supérieure est jaune orangé clair. La surface interne est blanche ou jaune clair. L'odeur en est agréable et rappelle celle de l’eau de cannelle; la saveur est âcre et amère. La composition chimique de la cannelle blanche a été déterminée par Wobler : elle contient de nombreuses essences se rapprochant du cajéput et de l'acide eugé- nique, et environ 8 0/0 de maunite. Si l'écorce du Cannella alba est employée en Europe comme succédané de l'écorce de Winter pour ses pro- priétés stimulantes, on l’emploie aux Antilles comme condiment sous forme de confits. Le Cinnamodendron corticosum avait été pris par Mernt et Delens pour la véritable écorce de Winter; on l'en a bientôt différencié, et reconnu pour un arbre de la: famille des Cannelacées. Comme les deux précédentes écorces, celle du Cinna- modendron corticosum se présente sous la forme de tuyaux ou gouttières de 30 à 60 centimètres de long, de il 2 à 3 centimètres de diamètre et de # à 8 millimètres d'épaisseur. La surface externe est gris fauve avec des rides trans- versales ; la surface interne est rougeûtre, à stries longi- tudinales; la saveur est âcre, amère et piquante. Elle renferme une grande quantité de tanin qui la faitemployer au Chili pour le tannage des peaux; on y trouve aussi de l’amidon, une matière résineuse et une huile essentielle. | La décoction de l'écorce du Cinnamodendron se colore M en noir par les persels de fer, ce qui permet de la dis- M tinguer de la cannelle blanche ; elle se colore en rouge intense par l’iode, ce qui la diftérencie de la véritable M écorce de Winter. Nous avons vu que de savants bota- M nistes l’ont confondue avec ses succédanés. ‘710 2 1 L'écorce de Winter a joué un grand rôle dans la méde- cine au siècle dernier; de nos jours son usage a été bien | | | | | LE NATURALISTE 263 LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & NOMS D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Plantes Basses Noctua Umbrosa H. — paie S. V. — Neglecta H. — ton rapha S. V. Tæniocampa Gothica L. — RobHeess SAVE — Gracilis S. V. Anchocelis Pistacina S. V. — Nitida S: V. — Humilis S. V. — Litura L. Cerastis Vaccinii L. — Spadicea Gn. “|Cerastis Erythrocephala $. V. — SieneS. V. Scapelosoma Satelittia L. Dasycampa Rubiginea S. V. — Staudimgeri de G. Xanthia Fulvago L. — Togata Esp. — Gilvago Esp. — Circellaris Hufn. Mesagona Acetosellæ S. V. Oxalina H. Polia CI hi L. — Canescens B. — Flavocincta $S. V. — Raufocincta H. Epunda Lutulenta S. V. — Nigra Haw. Phlogophora Meticulosa L. — Flammea Esp. Euplexia Lucipara L. Aplecta Herbida $S. V. — Nebulosa Hufn. Aplecta Tincta Brahm. Hadena Adusta Esp. — Solieri B. — Dentina S. V. — Peregrina Tr. — Chenopodii S. V. — Suasa S. V. — Oleracea L. — Genistæ Bkh. Calocampa Vetusta H. — Exoleta L. Heliothis Armigera H. — Dipsacea L. Erastria Deceptoria Scop. Plusia Chrysitis L. — Chalcites Esp. — Gamma L. — NH. — Devergens H. SERRE Tragopagonis Tr | Tetra Fab = Livida S. V. Mania Maura L.. — Typica L. Euclidia M L. Venilia Macularia L. Nyssia Zonaria S. V. Boarmia Repandata L. CHR Mucidaria H. Furvata Fab. — Obscuraria H. — Ambleuata Dup. — Pullats Tr. Var. Im- pectinata Gm. Psodos Quadrifaria Lulzer. Pygmæna Fusca Thnb. Nemoria Viridata 1. Acidalia Flaveolaria H. LEURS CHENILLES MOIS DE L'ANNÉE A noie HABITAT FRANCAIS Chenilles Papillons Mars, avril. Août. France centrale et septentr. Avril, mai. Mars, avril. Octobre. Mai, juin. Avril, mai. Mars, avril. Mai. Mai, juin. Mai, juin. Avril, mai. Mai, juin. Mai. Avril. Juin. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Mai à juillet. Juin, juillet. Avril, mai. Mai. Belle saison. Mai. Septembre, octobre. Avril. Avril. Janvier. Mai, juin. Juin. Juillet à octobre. Juin à octobre. Printemps,été,automne Août, septembre. Juin. Juin, juillet. Août, septembre. Mai, juin. Août. Juin, juillet, septembre Belle saison. Mai, juin. Juin. Avril, mai, Juillet, août. Août, septembre. Mai, juin. Avril, mai, août, sept. Juin, juillet, sept., Avril, mai. Avril, “Poe Mai, juin, sept., Mai. Août, octobre. Juin, juillet. Juillet, octobre. Mai. Jain, juillet, octobre. Juillet, août. Août, septembre. Toute la France. France centr., mérid, et occid. |Septembre. Toute la France. Mars, avril, août à oct. — Mars, avril. France centr., mérid. et orient, = Toute la France. Septembre, octobre. - — France centrale, sept. et occid, = France orientale. Août, septembre. Toute la France. Oct. àjanv., mars, avril — Sept., oc tobre, avril. — Sept., oct., mars, avril. — Septembre, octobre. — Juillet à octobre. — Septembre à octobre. |Pyrénées-Orientales. — Toute la France. Juillet à octobre. — Septembre, octobre. — Juillet à septembre. — Août, septembre. France centrale et orientale. Août. Basses-Alpes. Juin, juillet, sept. Toute la France. Septembre, octobre. [irance centrale. — Toute la France. Août, septembre. France méridionale et orient. Septembre, octobre. |Toute la France. Belle saison. _ Septembre, octobre. |France centr., mérid. et occid, Avril à août. Toute la France. Juin, juillet. France centrale et septentr”. — Toute la France. Juin, juillet. France centrale, sept. et orient. Mai à juillet Vosges, Auvergne, Gironde. Septembre. Marseille, Hyères. Juin à août Toute la France. Mai. Méditerranée, Mai, juilet à sept. Toute la France. Mai à sept. — Printemps,été,automne — Mai, juin. — Sept., oct., mars, avril. — Aout, sept., mars, avril — Juin à septembre. = Juin à août. e Mai, juin. France centrale, sept. etorient. Mai à août. Toute la France. Belle saison. Provence. RER = — Toute la France. Mai à août. France centrale et méridionale. Juillet, août. Savoie. — Toute la France. — France méridionale. Juillet à septembre. |France centr., mérid. et orient. Juin, juillet. Toute la France. Mai, juin. — Avril. France centrale, Alsace, Mai, juillet. France centrale etorientale. . Mars, avril, août, sept.| France centrale et méridion, Juillet. France centr., mérid. et orient. = Toute la France. Mai, juillet, août. France centr., mérid, et orient. Juin, juillet. LS Juin à août. Montagnes. Juillet. août. Dauphiné, Savoie. Mai, juin, septembre. Toute la France. Juillet. |Savoie, Basses-Alpes. 264 LE NATURALISTE LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ ILE TABAC (Suite). On voit aussi cette prohibition dans les Ordonnances synodales de Bossuet : « XII. — Nous défendons à tous ecclésiastiques de faire coutume d’user du tabac en poudre, notamment en tout cas dans les églises, pour exterminer cette indécence scandaleuse de la maison de Dieu. » Un arrêt du parlement de Grenoble fit défense « à toutes personnes de qualité, quelles qu’elles soient, de tenir des Académies pour l'usage du tabac ou pœtum, de dresser des enseignes ou affiches à cet égard, et mêmede recevoir qui que ce soit afin de prendre des fumées de tabac, en boutique, chambre ou maisou, à peine de confiscation du pœtum et de 1.000 livres d'amende pour la première fois, et d'autre peine plus forte en cas de récidive (Inven- taire sommaire des Archives départementales de l'Isère, série B). Nous avons vu plus haut que, dans certains pays, on coupait le nez ou le cou aux gens qui s’obstinaient à priser, à fumer ou à chiquer. Les gens soumis à ces lois draconiennes s’ingéniaient, naturellement, à trouver les moyens de mettre d'accord leur fantaisie avec la loi. Pen- dant les persécutions ordonnées en Turquie par le sultan Amurat IV, on raconte qu’un certain Tiriaki s'était creusé une espècede fosse, avec réduit latéral sous le sol, le tout recouvert d'une frondaison verdoyante, et qu'il y venait journellement fumer. Les spirales bleues de la fumée le trahirent, précisément aux yeux du sultan, qui passait fortuitement dans ces parages, et qui ordonna de trancher la tête immédiatement au rebelle : — Retire-toi promptement de devant mes yeux, fils d’une vile esclave! lui crie le fumeur; es-tu ivre? as-tu perdu la conscience de ce que tu es? Tes ordres ont quelque valeur sur ceux qui vivent à la surface de la terre ; mais non sur celui qui vit dans les entrailles pour y méditer tranquillement les écrits du Prophète, — et y faire d’ailleurs ce qui lui plait! » Le sultan fut tellement ébaubi par ce discours, qu'il laissa dorénavant cet original fumer comme il l’enten- dait. Les écrits contre le tabac pleuvaient dru à ces époques où le tabac s’insinuait timidement dans des divers pays de l'Europe. Au xvire siècle, un certain Joseph Syl- vestre fit paraître un volume de poésies sous ce ütre stupéfiant : « Le tabac battu en brèche, et les pipes pulvérisées par ma poudre à canon du Parnasse. Je vous les brises sur les oreilles, ces pipes, à vous, absurdes idoltätres d'une feuille barbare, ou protecteurs ridicules d'une vanité puante. » À la bonne heure. C’est net et franc. On savait d’abord à quoi s’en tenir sur les idées de monsieur. Il y a, dans cet ouvrage charentonnesque, un passage où l’auteur, jouant sur le nom anglais du tabac fobacco, déclare que cette ignoble plante est consacrée à l’ivrognerie, à la suffisamment les lettres de ce mot écrites en grec : To Boxyo.. Ce n’est pas maladroit du tout. Le Dictionnaire universel demédecineet de chirurgie, ete., de l’anglais James, traduit par Diderot, Eidous et Tous- saint (1747), tome IV, page 1542, raconte sur le tabac des choses assez étranges, notamment celle-ci : « .….Caspard Hoffmann dit tenir de soldats qui avaient vécu quelque temps en Hollande, que les malfaiteurs condamnés à mort par la justice avaient le crâne noir; et il ajoute avoir appris d’un soldat qui avait servi dans la guerre de Bohême, que tous les Anglais qui y furent tués avaient le crâne de la même couleur, parce que ces peuples fument beaucoup de tabac. M. Roy dit que la même chose lui a été assurée par M. Boucharet, apothi- caire de Londres. « Si ces faits, que j'ai quelque raison de révoquer en doute, étaient aussi vrais qu'on le prétend, il ne s’ensui- vrait pas encore de là que l'habitude de fumer fut préju- diciable. Car une autre expérience que nous avons, c’est que des personnes ont fumé du tabac pendant plusieurs années, presque journellement, sans en avoir senti la moindre incommodité; il y a même toute apparence qu'elles ne sont parvenues à une extrême vieillesse, saines, et sans indispositions, que par l’usage qu’elles ont fait du tabac à fumer; car nous savons d’ailleurs qu’il fortifie l'estomac et aide la coction des aliments dans les uns, qu’il relâche doucement les autres, et qu’il est salu- taire à quelques-uns qui ne le prennent même que par amusement. » — (Suitune longue nomenclature de pres- criptions pour l'application du tabac dans une foule de maladies.) De fait, l’Intermédiaire des curieux et des chercheurs, de 1889, page 708, cite une centenaire américaine, âgée de 102 ans, qui, depuis l’âge de 25 ans, n'avait jamais fumé moins de trois pipes par jour. Le même journal, (1890, page 69) annonçant la mort d’un boulanger Favrot, âgé de 104 ans, constate qu'il avait toujours la pipe à la bouche. Il en était de même de l'horloger Lamant, de Besançon, décédé à 105 ans, après avoir continuellement fumé depuis son tirage au sort, L'Encyclopédie de Diderot s'exprime ainsi (tome XV, page 785) : « On ne peut voir sans surprise que la poudre ou la fumée d’une herbe vénéneuse soit devenue l’objet d'une sensation délicate presque universelle : l'habitude, changée en passion, a promptement excité un zèle d'intérêt pour perfectionner la culture et la fabrique d’une chose si recherchée; et la nicotine est devenue, par un goût général, une branche très étendue du commerce de l'Eu- rope et de celui d'Amérique. « À peine fut-elle connue dans les jardins des curieux, que divers médecins, amateurs de nouveautés, l’'employe- rent extérieurement et intérieurement à la guérison des maladies. Ils en tirèrent des eaux distillées, et de l'huile par infusion ou distillation; ils en préparerent des sirops et des onguents qui subsistent encore aujourd’hui (1765). « Ils la recommandèrent en poudre, en fumée, en machicatoire, en errhine (prises), pourpurger, disaient-ils, le cerveau et le décharger de la pituite surabondante. Ils louèrent ses feuilles appliquées chaudes pour les tumeurs œædémateuses, les douleurs de jointures, la paralysie, les furoncles, les morsures des animaux venimeux; ils recommanderent aussi ces mêmes feuilles broyées avec crapuleuse orgie, à Bacchus enfin, ainsi que l’expliquent | du vinaigre, ou incorporées avec des graisses en onguent, LE NATURALISTE 265 et appliquées à l'extérieur pour les maladies cutanées ; ils en ordonnèrent la fumée, dirigée dans la matrice, pour les suffocations utérines; ils vantèrent la fumée, le suc et l'huile de cetteherbe, comme un remède odontalgique; ils en prescrivirent le sirop dans les toux invétérées, l'asthme et autres maladies de poitrine. Enfin ils inon- dèrent le public d'ouvrages composés à la louange de cette plante. « . Si quelque recueil académique contient des. observations ridicules à la louange du tabac, ce sont assurément les mémoires des curieux de la nature; mais on n'est pas plus satisfait de celles qu'on trouve dans la plupart des auteurs contre l’usage de cette plante. Un Pauli, par exemple, nous assure que le tabac qu'on prend en fumée rend le crâne tout noir... Un Borrhy, dans une lettre à Bartholin, lui mande qu’une personne s'était tellement desséché le cerveau, à force de prendre du tabac, qu'après sa mort on ne lui trouva dans la tête qu'un grumeau noir, composé de membranes. — Il est vrai que, dans le temps de tous ces écrits, le tabac avait allumé une guerre civile entre les médecins, pour ou contre son usage, et qu'ils employèrent sans scrupule le vrai et le faux pour faire triompher leur parti. Le roi Jacques lui-même se mêla de la querelle; et si son règne ne futqu’incapacité, son érudition n'était que pédanterie, » Du reste, les jésuites polonais, grands partisans de la nouvelle panacée universelle (hdtez-vous d'en prendre pen- dant que ça guérit !), firent au Misocapnos de Jacques Ier l'honneur d’une réfutation intitulée Anfimisocapnos; un nommé Raphaël Thorius fit paraître (1628) un poème latin en l'honneur de la plante présentée, l’'Hymnus tabaci ; Jean Néander, médecin de Brème, fit aussi, pour chanter les louanges du tabac, la Tabacologia. Voici comment Léonard Fuchs s'exprime sur cette plante dans son Histoire générale des plantes et herbes, avec la figure et vertu du petum ou nicotine, vulgaire- ment appelé herbe à la Royne (Rouen, 1583, in-12) : DESCRIPTION DE L’HERBE NICOTIANE Première entre les médicinales. « Cette herbe est appelée Nicotiane à cause de la pre- mière cognoissance qu’en à donné en ce royaume Maistre Iean Nicot, Conseiller du Roy, ambassadeur de sa Maiesté au Royaume de Portugal, es annees 1559, 60, 61. Aucuns l’appellent l'herbe à la Royne, mais seulement par l’enuoy fait d'icelle par ledit sieur Nicot à la Royne mère; autres l’appellent petum masle qui est le vray nom propre vsité par ceux du pays d'où elle prins son origine. Elle ressemble la grande consoulde. .. Quant à ses vertus, elle est chaude au second degré, et seiche au premier; partant, selon l’expérience, elle guarit le noli me tangere, toutes vieilles playes et vlcéres de iambes et chancris, blesseures de ferremens, dartres, galles, escrouelles, contusions, apostumes, picqueures de vives rougeurs de visage. Les feuilles sont meilleures que la racine, soit vertes, ou en hyver seiches, ou à leur défaut la semence. La fueille verte amortie sur le feu, mise en plusieurs fois sur la teste, bras et iambes, appaise la douleur froide et venteuse, guarit la douleur de la goutte sciatique (le lieu frotte premièrement d'huyle d’oliue), oste par semblable le poison de quelque baie, ou dard mis sur la plaie. Les playes de quelques parties du corps, tant soyent elles vieilles, seront guaris, si les lauez de vin blanc ou vrine, puis les essuyer de linge et incontinent y mettez le ius de deux fueilles vertes pillées, ou la poudre de fueilles seiches, et par dessus de la charpie, et continuent iusque à la guarison. Le ius de l’herbe mis sur carboncle tant soit-il pesti- lent, le guarit soudainement. Il fait le semblable aux vieilles vlcères, mange la pourriture et fait reuenir la chair. Ce mesme remède peut seruir à la morseure du chien enragé, moiïennant qu'on en vse dans vn quart d'heure. Les fueilles seiches de la Nicotiane bruslez sur vn rechaut, la fumée d’icelles receuë par la bouche auec vn entonnoir guarantit et guärit d'hydropisie, d’eua- nouissement, et les asthmatiques; receue des parties hon- teuses, guarit le mal d’amarri ou suffocation de la mere. . Faut, pour seicher les fueilles, les enfiler ensemble, puis les mettre en une chambre au plancher à l'ombre, non au soleil, vent, ne au feu. » On faisait encore avec le tabac une eau spéciale qui jouissait de toutes les vertus. Dans le tome I, page 751, d'El Ensayo de una biblioteca española, on lit que Cristobal Ayo avait publié à Salamanque, en 1645, un traité sur les vertus et les innombrables propriétés du tabac; il y est question de cette Eau de tabac, qui produisait d’admi- rables résultats ; elle fut préparée par Marco Gello, médecin de Charles Quint. Elle fit vivre Genero Banz 124 ans, Miranda del Castañar 132 ans, et dofña Mencia de Sotomayor 130 ans. Il est également parlé de cettesingulière eau deJouvence dansle « Traicté dutabac,ou nicotiane, panacée,petum, autre- ment herbe à la Royne, avec sa préparation et son vsage pour la plupart des indispositions du corps humain, composé en latin par Jean Néander, medicin de Leyden, mis de nou- veau en francois par Jean-Jacques Veyras, medicin d'Alais en Languedoc. » Une pièce bien curieuse aussi, c’est l'éloge du tabac, en vers, par le sieur De la Garenne (1657). C’est un poème d'environ cent cinquante vers, dans lequel l’au- teur nous apprend que le tabac était connu des dieux de l’Olympe et des grands hommes de l’antiquité,; en voici quelques strophes : Ovtrageux ennemy du parfum admirable Qui reueille nos sens, Détracteur inhumain, esprit insupportable N'es tu pas execrable ? Tu sers a vn Autel où tu rauis l’encens. Bachus, ce puissant roy de la terre et de l'onde, Le Dieu de nos pressoirs, Arrache avec dépit sa chevelure blonde En voïant que ta fronde Lasche son rude trait contre ses encensoirs. Cest diuine plante a Iunon consacrée Ce TABAC précieux Doibt-il estre l’obiet de la colère outrée? Quoy! refuser l'entrée Au grand passe-partout des cerueaux curieux ? Sans luy que ferions nous dans la triste vallée Où nous sommes bannis ? Sa vapeur agreable aussi-tost avallée Rend l'ame consolée Et guérit nos esprit des plus rudes ennuis. Aïant la pippe en main, la sçavante fumée Qui sort de là dedans Inspire cent desseins et d'Estat et d'armée: Et la cendre estimée Sert pour guarir le chancre et pour blanchir les dents. 266 LE NATURALISTE Se fait il rien de grand parmy les grands monarques Sans le tabac vainqueur ? Henry eust-il jamais, à la bataille d’Arques Braué toutes les Parques, S'il n’eust eu le cerveau plein de ceste vapeur ?. Guslave eust il passé la fière onde Baltique Auec ses ours humains, S'il n'eust sçeu marier la pippe auec la picque, Ny porter sa bouticque Et l’effroy de son bras chez le Roy des Romains? Christofle eust-il osé aborder le riuage Des terres du Chily, S'il n’eust par le tabac excité son courage, Et le peuple sauvage Sans ce phyltre diuin feust-il iamais poly? Alexandre le Grand, soigneux de la vendange Et des brocs éclatants, N'auroit iamais acquis l'estime et la louange Que luy sonna le Gange, S'il n’eust au Grand Mogor monstré ce passe temps. Et Bachus, avant luy environ deux cents lustres, Sans ce tabac diuin Auroit il achevé ses conquestes illustres Sur tant de païs neutres, Sans ce baume fumeux, qu’il mettoit dans le vin! Jupiler petunoit, et iadis Ganymède Luy hachoit le petun ; Il en faisoit fumer à sa maistresse Lède, Qui n'estoit point trop layde, Et iamais ce parfum ne luy feust importun. Pluton en prend là bas, auec ses pippes noires, Presque tous les repas: Charon en fait remplir, toutes les bonnes foires, Deux ou trois grands aumoires, Pour donner aux esprits qui n’en reuiennent pas. Bref, c'est vn antidote a nul autre semblable, Malgré les médecins : Qui blasment sa vertu, pour n’estre pas sortable Aux moïens éxecrables Dont abregent nos iours ces nobles assassins. On ne fumait pas à la cour, sous Louis XIV; seul Jean Bart y fuma, le jour où le roi lui annonça qu'il l'avait fait chef d’escadre. Avant que le monarque ne pénétrât dans le salon où l’attendait la cour et les per- sonnages autorisés à lui témoigner leur inaltérable dé- voument, Jean Bart, qui s'était fait confectionner pour la circonstance un vêtement tout chamarré d'or et de pierreries, se mit à bourrer tranquillement sa pipe, au grand émoi des courtisans, puis il l’alluma, et se mit à fumer en faisant les cent pas, comme sur la passerelle de son vaisseau. Une voix sonore annonca: — Messieurs, le Roy! - Et le roi, avisant immédiatement le capitaine, s'avança et, lui tendant la main, dit: — Monsieur Bart, je suis heureux de vous dire que je vous ai nommé chef d’escadre. — Vous avez bien fait, sire, répondit tranquillement le marin en tenant toujours sa pipe. Et la conversation continua, au milieu du silence res- pectueux et stupéfié des assistants. En revanche, le tabac à priser sévissait à la cour et à la ville. Témoin cette boutade de Boileau, dans sa sa- tire X contre les femmes: T'ai-je fait voir de joie une belle animée, ‘Qui souvent d’un repas sortant toute enfumée, Fait, même à ses amants, trop faibles d’estomac, Redouter ses baisers pleins d’ailet de tabac ? On'a souvent cité, comme modèle du langage précieux usité à cette époque, la phrase par laquelle Balzac solli- citait d’une dame la faveur d’une prise: « Madame, per- mettez que mes extrémités digitales s'insinuent dans vos concavités tabachiques, pour y puiser cette poudre subtile qui dissipe et confond les humeurs aquatiques de mon cerveau marécageux.. » Dans le Dictionnaire de la langue française ancienne et moderne, de Richelet, tome III, page 644, je trouve ce couplet d'un anonyme, sur le tabac à priser : Du tabac quelle est la puissance! Il conserve par son essence Ce qu'en soi l'homme a de plus beau. Il le chérit; au lieu que la femelle Le fuit comme le chat fuit l’eau : C’est qu'il est ami du cerveau Et qu’elle n’a point de cervelle! (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. LA QUESTION DES OISEAUX CONTRIBUTION UNIVERSELLE DES OISEAUX DANS L'IN- DUSTRIE ET LE COMMERCE DES PLUMES DE PARURE I Je me propose d'apporter quelques éléments d’appré- ciation sur le plus ou moins bien fondé d’une opinion qui attribue à tort à l'industrie plumassière, à la Mode, la cause principale de la disparition, de la destruction de nombreux oiseaux plus où moins utiles à l’agriculture, dont, entre autres, les moineaux, passer domesticus ; leurs dégâts aux cultures en Algérie, en Tunisie (1), aux États-Unis, etc., sont légendaires. On a fait en Amérique, aux États-Unis et en Europe le dénombrement des oiseaux utiles et des oiseaux nui- sibles. Sur des centaines d'espèces, on en a trouvé bien peu qui fussent réellement nuisibles, et encore n’est-on pas toujours d'accord sur les conclusions : il est donc admissible que le commerce et l'industrie des plumes ont un intérêt égal à celui de l’agriculture pour la con- servation des oiseaux, base unique de leurs transactions. (4) Extrait d'un compte rendu de culture de céréales de la ferme école de Djédéida (Tunisie) : « Les 60 hectares que nous avons cultivés ont donné un revenu de 12.000 francs et un bé néfice net de 5.227 fr. 10, soit environ plus de 85 francs de re venu net à l'hectare; ces rendements éussent été encore plus élevés si nous n'avions pas eu à compter avec les dégâts consi- dérables occasionnés par les moineaux, malgré la chasse acharnée dont ils avaient été l'objet. Ces oiseaux de passage arrivent ici en avril, vont nicher sur les branches les plus élevées des eucalyptus plantés le long de la voie ferrée par la compagnie Bône-Guelma; perchés sur ces cimes inaccessibles, ils sont, eux et leurs nichées, à l'abri de toute attaque. Durant toute la journée, ils parcourent en volées innombrables les champs de céréales, s'abattent sur le grain encore à l’état laiteux et dévorent la récolte à vue d'œil et l’anéantiraient si des gardés spéciaux n'étaient postés de loin en loin pour les faire partir. Le soir, Européens et indigènes, les uns armés de fusils, les autres munis de casseroles ou autres ustensiles bruyants, les effrayent et les obligent à quitter les arbres. Malgré la sur- veillance la plus vigilante, les ravages causés par les moineaux sont considérables ; ils emportent au moins le dixième de la ré- colte, sans compter les frais supplémentaires de garde qui grèvent la culture. » (Bullelin de l'Alliance israélile univer- 1 { selle, 1897, p. 139.) / LE NATURALISTE 267 —————————————————————.…—..—.—.—…… —.——. . .___ _ _— Il y a certainement quelques oiseaux qui prélèvent sur nos fruits et nos grains une contribution dont l’im- portance est appréciable. Mais quel est l’ouvrier qui ne fait point payer sa peine? Et quand le travail a été bien fait, qui songe à marchander le salaire ? Pourquoi le cul- tivateur se montre-t-il plus rigoureux à l'égard de l’oi- seau ? Pourquoi ne veut-il voir toujours et toujours que le préjudice causé, et jamais le service rendu? La question des oiseaux, de la protection aux oiseaux, me passionne depuis longtemps; la recherche de la vérité, quant aux accusations contre l’industrie et le commerce des dépouilles d'oiseaux, m'a entrainé dans de longs et coûteux voyages d’études. J'ai observé de nombreux faits contradictoires dont le suivant : les étourneaux, sturnus vulgaris, fournis à la mode en quan- tité par l'Espagne, oiseaux très utiles dans l’Europe centrale, sont absolument nuisibles dans les contrées méridionales. Frugivores ou insectivores suivant les saisons, tels sont nombre de passereaux. (Aux Indes, les perruches, au Japon, à Java les paddas (1) font des dégâts considérables dans les rizières, les quiscales; les trou- piales sont les fléaux des rizières des États-Unis.) La balance est-elle égale entre les services et les dégâts? Question difficile à résoudre, comme l’on voit. -Mes publications sur l'élevage et la domestication de l’autruche et des hérons-aigrettes, sur les oiseaux de la Nouvelle-Guinée, les oiseaux acridophages, sont le témoignage de cette activité, dans l'intention de con- tribuer à éclaircir cette passionnante « question des Oiseaux ». Une législation internationale de protection aux oiseaux ne peut avoir comme but exclusif les intérêts de l’agriculture ; il y a lieu de tenir compte aussi, dans une certaine mesure, de ceux du commerce et de l’industrie plumassière. D'ailleurs, nous observerons ici, et cette déclaration a une importance capitale, que les petits pas- sereaux insectivores, tels que fauvettes, rossignols, ber- geronnettes, etc., sont généralement d'un plumage neutre peu recherché dans la parure ; d'autre part, leurs dimensions sont sensiblement proches de celles des fringilles : pinsons, moineaux, etc., oiseaux reconnus nuisibles; par conséquent la destruction des petits insectivores doit être empêchée partout, en tout licu et en toute circonstance. Leurs faibles dimensions ne fournissent qu'un minime apport à l'alimentation; quant à l'industrie plumassière, ces insectivores sont un appoint négligeable remplacé d’ailleurs par les moineaux, dont le bon marché (moineau du Japon, très bien pré- paré : 0 fr. 02 la pièce) permet d'innombrables emplois, grâce à la teinture et au travail complémentaire de l’ou- vrière parisienne. La division du globe en cinq continents, adoptée par les géographes, ne coïncide pas exactement avec celle de la distribution des espèces zoologiques. Chaque con- tinent, chaque région géographique bien délimitée pos- sède en partie une faune et une flore qui leur sont par- ticulières et qui précisent le caractere local. Si les faunes des régions polaires arctique et antarc- tique sont sensiblement similaires, celles des régions septentrionales de l’ancien et du nouveau monde ont ‘beaucoup d’analogies. La faune du midi de l'Europe se retrouve au nord de l'Atlas, et c’est le Sahara qui limite (1) Au Japon, on produit artificiellement, en captivité, les calfats blancs, padda orizorora. là faune véritablement africaine ou éthiopienne; la ligne de séparation de la faune européenne et de la faune asia- tique se rencontrera dans les déserts d'Arabie, de Perse et de PAsie centrale et dans le massif montagneux du Thibet. La limite entre la faune indo-malaise et la faune australienne passe au milieu des îles de la Sonde; la séparation entre la faune sud-américaine et celle du Nord ne s’observe pas à l’isthme de Panama, mais dans les zones désertes du norl du Mexique. La zone inter- tropicale maritime des deux hémisphères possède une faune ornithologique qui lui est propre, elle n’a pas de représentants nulle part ailleurs. (A suivre.) JULES FOREST aîné. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du T oclobre Fleurs doubles et parasitisme. (Note de M. Maria MozzrarD, présentée par M. Gaston Bonnier.) — M. Molliard a eu l'occasion de signaler, dans un travail antérieur, des cas où un parasite peut produire, dans les organes floraux, des modi- fications en tout point comparables à celles qu'on observe dans beaucoup de plantes horticoles, soit que ce parasite vive à l’intérienr même des tissus de la fleur (Champignons), soit qu'il exerce sur ces tissus une excitation par des piqüres répétées (Aphidiens, Phytoptides). C'est ainsi que les fleurs du Knautia arvensis, attaquées par le Peronospora violacea, celles du Matricaria inodora, envahies par le Peronospora Radii, pré- sentent l'aspect de fleurs doubles des Radiées; de même sous l'influence du Puccinia Violæ les fleurs du Viola silvatica peu- vent offrir une pétalodie des étamines. Un ensemble de faits amène l’auteur à penser que, dans beaucoup de cas, les modi- fications tératologiques de la fleur sont liées à l'action de para- sites vivant aux dépens des parties souterraines de la plante, et pouvant avoir ainsi un rôle très important dans l'évolution des plantes supérieures. On peut expliquer de la sorte l'apparition brusque, dans une localité déterminée, de formes végétales nou- velles. Les premières recherches entreprises pour vérifier si c'est bien à un phénomène de parasitisme qu’il faut rapporter l'existence des plantes horticoles à fleurs doubles ne font que confirmer cette hypothèse; nous ne signalerons pour Pinstant que les faits rela- tifs à la Saponaire officinale. î Le port des individus de Saponaire à fleurs doubles est sensi- blement différent de celui des individus à fleurs normales; la tige a des entrenœuds plus courts, des nœuds plus renflés et rappelle beaucoup la tige des individus attaqués par Sorosporium Sapo- nariæ ; le rhizome est plus épais et sa structure est moins diffé- renciée ; la lignification est en particulier moins accentuée ; le rhizome a subi une légère tuberculisation ; ces différents carac- tères cadrent bien avec l'hypothèse d'une association parasitaire, Or, tandis que les rhizomes de Saponaires normales se mon- traient comme complètement dépourvus de mycélium parasite, ou ne donnaient lieu, dans un courant d'eau stérile, qu’à un fai- ble développement mycélien, ceux qui correspondaient à des individus à fleurs doubles, et qui s'étaient développés dans les mémes conditions que les précédents, présentaient toujours en abondance un Fusarium qui se trouvait être le même, quelle que soit l'origine de l'individu examiné. On est donc amené à consi- dérer certaines plantes à fleurs doubles comme pouvant provenir d'une association parasitaire s’exerçant aux dépens des organes souterrains de ces plantes, et l’on conçoit aisément que les prati- ques de l’horticulture aient pour résultat, sinon de provoquer, tout au moins de maintenir et d'accentuer cette association lors- qu’elle s’est produite accidentellement dans! a nature. 268 f” LE NATURALISTE OFFRES ET DEMANDES A vendre les lots et collections ci-après. — S'adresser à « Les Fils d'Emile Deyrolle », naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. COLÉOPTÈRES Coprophages, 305 espèces, 831 exemplaires, 6 cartons 39 > 26. Parmi les espèces rares ou peu commune,s ren- fermées dans cette collection, nous citerons : Géotrupes, Hoffmaseggi, typhœoides, momus, subarmatus, semiopa- cus, caspius, purpureus, v. autumnalis, v. splendens, Brancziki, etc. ; de bonnes espèces se rencontrent égale- ment dans les autres genres ; 84 espèces d'Aphodius. Prix: 80 fr. Dynastides. 65 espèces, 160 exemplaires, 3 cartons 39 X 26 A citer : beaux Orycles, Strategus, etc. ; Dynastes her- cules c* et ® ; Golofa cacus. Prix : 60 fr. Melolonthides. 182 espèces, 394 exemplaires, 4 cartons 39 x 26. Très belle série de Rhizotrogus, entre autres R. Olivieri, Henoni, tusculus, deserticola, numidicus, sternalis, eburneïicollis, crassus, cariosicollis, punicus, fissiceps, amphytus, vulpinus, porosus, Mascaraxi, Rei- chei, Caucasicus, etc. Dans les autres genres, nous signa- lerons : Pachypus candidæ c* 9, cœsus; Polyphyila Boryi, Olivieri; Melolontha v. lugubris, pectoralis pap- posa; Elaphocera Bedeani, mauritanica, malacensis, etc. Prix :-85 fr. Rutélides. 180 espèces, 539 exemplaires, 4 carton 39 X 26. Nous citerons : Anomala atriplicis, tingitana, praticola, rugatipennis, 4 punctata, dorsalis, corruscans, auroni- tens, etc. ; bons Popilia; jolies Antichira et Anoplog- nathus. Prix 65Mfr: Cétonides. 143 espèces, 285 exemplaires, 5 cartons 39 X 26. Très jolies Cerathorrhina; Heterorrhina Dorhni; Cotinis v. atrata; Cromoptilia diversipes; Cetonia Abyssinica, v. diocletiana, judith, Preyeri, funebris, trojana, etc. ’ Prix iM5ire Glaphyrides. 60 espèces ou variété, 265 exemplaires, 2 car- tons 39 X 26. Prix : 35 fr. Lot de Carabides européens. Harpalides, Féronides, An- choménides, Bembidiides. 300 espèces, 800 exemplaires, & cartons 19 X 26 doubles. Pix 435fr Collection d'Hydrocanthares et Palpicornes exotiques. 160 espèces, 340 exemplaires, 3 cartons 39 x 26. #Prix : 40 fr. — d'Hydrocanthares et Palpicornes curopéens. 250 espèces, 667 exemplaires, 3 cartons 39 X 26. Bonnes espèces dans les genres Agabus, Hydroporus, Gyrinus. Prix 41l00Bfre — de Clavicornes européens. 716 espèces, 1810 exem- plaires, 9 cartons 39 x 26. Bonnes espèces dans tous les genres : Leptoderus Hoenwarti ; Pholeuon gracile ; An- throcharis caudatus, caudatissimus ; Trocharis Mestrei, Cytodromus dapsoidés et autres cavernicoles; necro, phorus morio, Corsicus ; Pteroloma Forstræni ; Adelops, 40 espèces, etc. Prix450ffr: — de Passalides. 175 espèces 610 exemplaires, 8 cartons 39 X 26. Nombreuses espèces rares. Prix : 200 fr. — de Lucanides et Lameilicornes européens, 220 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons 19 >< 26. Prixtea65 fre Lot &e Lamellicornes européens. 140 espèces, 300 exem plaires, 2 cartons 19 X 26 doubles. PTIT — de Glaphyrides. 50 espèces, 115 exemplaires, 1 carton 39><126: Prix :480fr: Collection de Buprestides européens. 210 espèces, 481 exemplaires, 4 cartons 39 X 26. Nombre d’espèce- rares. Nous nommerons : Julodis æquinoxialis deserti- cola, V. floscosa, cicatricosa, euphratica, ruginota, Kœnigi- sulcata, lineigera, lævicostata, Algerica, spectabilis, ma nipularis, fimbriata, Caillaudi ; Steraspis speciosa ; Chal- cophora Fabricii, 4 oculata, Bagdadensis ; Psiloptera ar- gentata ; Capnodis Mannheiremi, miliaris; Cyphosoma Lansoniæ, Iberica, euphratica; Pœcilonota dicercoides ; N. sp.?, gloriosa, festiva; Eurythyrea micans, Austriaca ; 38 espèces d'Anthaxia: 22 espèces d'Acmæodera ; Sphæ- noptera Dejeani, foveola, gemellata, pharaon, lapidaria, Smyrnensis, T'appesi, Solskyi, Zubkoffi, viridiflora, tama- risci, Caroli, coræbiformis ; très bonnes espèces parmi les Agrilus et Coræœbus. Prix e1250fre Collection de Malacodermes et Térédiles européens. 150 espèces, 400 exemplaires, 3 cartons. Prix: 35 fr. Lot de Ptinides et Anobiides européens. 50 espèces, 170 exemplaires, 2 cartons. Prix : 418 fr. Collection de Cébrionides, Malacodermes et Téré- diles européens. 370 espèces, 866 exemplaires, T cartons 39 X 26. Nous citerons : Cebriodubuis, Cor- sicus, Carenoi c'Q, maculicollis, etc., ete. - Prix : 125 fr. — d'Hétéromères et Vésicants européens. 830 es- pèces, 1.860 exemplaires, 16 cartons 39 x 26. Quantité de bonnes espèces, entre autres : Leptonychus rufipennis; Arthrodeis orientalis; Anmodeis asiaticus; Adesmia pro- cera, Solieri, Gebleri, Donei, anthracina, cancella, cothur- nata, Carinata, ulcerosa, Lehmanni; Homola polita; Tentyria Andalusica; Myapisa Mulsanti; Himatisemus Perreaudieri; Eurychora ciliata; Morica ‘obtusa; Akis planicollis; Blaps prodigiosa, brachyura, Itranchi; Pro- sodes obtusa; Asida, bonnes espèces; Lasiostola Plust- scheroskyi; Prionotheca coronata ; bonnes espèces d'Oc- nera, etc. Prix : 300 fr. Lot de Vésicants européens. 95 espèces, 225 exemplaires, 2 cartons 33 x 22. Prix :125 fr: Collection de Curcualionides et Xylophages européens. 368 espèces, 950 exemplaires, 15 cartons 19 X 26. Prix fre — de Curculionides et Xylophages européens. 958 espèces, 2 893 exemplaires, 20 cartons 39 X 26. Très grande quantité de raretés. : Prix : 300 fr. — de Curculionides exotiques. 350 espèces, 715 exem- plaires, 6 cartons 39 x 26. Belles et bonnes espèces. Prix: 4120Wre — de Brenthides et Anthribides exotiques. 50 es- pèces, 185 exemplaires, 2 cartons 39 X 26. Bonne série. Prix : 60 fr. — de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 360 espèces, 1.49) exemplaires, 15 cartons 19 > 26. PrxeMonr: — de Chrysomélides etCoccinellides européennes. 824 espèces, 2 237 exemplaires, 9 cartons 39 X 26. Beau- coup d'espèces rares. Prix : 200 fr. Lot de Chrysomélides européennes etexotiques. Sagra à Cryptocephalus inclus, 200 espèces, 500 exemplaires, 5 cartons 19 X 26. Prixens Dre — de Chrysomélides européennes et exotiques. Pachybrachys à Zygogramma inclus. 210 espèces, 680 exem- plaires, 6 cartons 19 X 26. Prix : 60 fr. — de Chrysomélides européennes. Halticides, His- pides, Cassides, 100 espèces, 350 exemplaires, 2 cartons 33 x 22. Pr25fr — de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces, 156 exemplaires, 2 cartons 19 x 26. Erix te 08fne DIVERS Lot de fossiles des faluns de Bordeaux, comprenant 185 espèces et plus de 600 exemplaires collés sur carton. Prix #55fr; — de fossiles des faluns de Touraine. Composée de 83 espèces et plus de 250 exemplaires collés sur carton. Prix : 45 fr. — de fossiles des faluns de Transylvanie et d'Autri- che, comprenant 17 espècee et plus de 217 exemplaires, collés sur carton. Prix: elfe S’adresser pour leslots et collections ci-dessus à «Les Fils d'Emile Deyrolle », 46, rue du Bac, Paris. — M. Paul Mathieu, 9, rue de Lourmel, à Oran (Algérie), offre et demande en échange des coléoptéres. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. | | | 93° ANNÉE 2e SÉRIE — N° 34 1e DÉCEMBRE 1901 ECHINODERMES FOSSILES LES CRINOIÎIDES Nous nous sommes occupé dans un précédent article des Cistidés, groupe voisin des Crinoïdes et qui semblent être la souche de tous les autres échinodermes. Aujourd'hui nous examinerons les Crinoides propre- ment dits, sur lesquels nous donnerons d’abord quelques généralités, examinant ensuite la distribution stratigra- phique des espèces qui se rencontrent plus particulière- ment en France. L'ordre des Crinoïdes comprend, d’une part, les formes d’Echinodermes qui, soit dans le jeune âge seulement, soit pendant toute la vie, sont fixés par une tige plus ou moins développée; et de l’autre des formes également fixées, non plus par une tige, mais par la base du calice même. Dans l'étude des Crinoïdes fossiles, il y a lieu de con- sidérer trois parties qui sont rarement réunies sur le même échantillon et qui se rencontrent dans les couches sédimentaires avec une inégale fréquence. Ces trois parties sont : la tige (é), le calice (c) et les bras (br), voir figure 1. 40 Tige.— La tige, qui existe dans le plus grand nombre SE Rbt LE ii Fig. 1 — Encrinus liliiformis, Lmk. (Trias.) des genres, est formée par la superposition de très nom- breux articles soudés les uns aux autres, constituant ainsi une colonne très variable dans ses dimensions, qui part d'une souche ou racine épaisse ou bien d'une partie amincie; ces articles émettent, dans le voisinage de la base, des branches latérales en plus ou moins grand nombre; enfin à l’extrémité supérieure de cette tige s’épanouit le calice et ses bras. L'union des articles se fait, dans certains cas, d’une façon très intime et alors la tige est absolument rigide ; dans d’autres cas, elle a lieu par des surfaces articulaires qui permettent une flexibilité plus ou moins grande de cette tige, qui dans certains genres atteint des dimen- sions vraiment extraordinaires et dont la longueur peut dépasser deux mètres, auquel cas on voit fréquemment Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. des cirrhes où rameaux adventifs soudés à la tige prin- cipale. La facon dont les anneaux qui composent la tige sont disposés est très variable : ceux-ci peuvent être égaux entre eux ou bien présenter une alternance plus ou moins régulière d'articles élevés et d'articles déprimés, de larges et de grêles. Ces articles peuvent être cylindriques à surface lisse ou tuberculeuse, ou anguleux à quatre, cinq ou dix pans et peuvent présenter, en outre, une multitude de parti- cularités qui montrent que les espèces sont fort nom- breuses. Les portions de tiges ou les articulations isolées ont recu de nombreuses dénominations vulgaires telles que : grains de rosaires, larmes de géants, pierres à roues, pierres étoilées, etc. Ce sont surtout ces portions de tiges ou ces articles séparés qui se rencontrent à létat fossile; certaines couches en sont comme pétries et de ce fait ont reçu le nom de couches à entroques, de l’ancienne dénomina- tion appliquée à ces débris, 20 Le calice. — Le calice est formé par la réunion de plaques qui sont variables, comme nombre, comme forme et même comme disposition; il offre générale- ment la forme d’une coupe dont les bords sont plus ou moins élevés ou surbaissés. La disposition des plaques qui constituent cette partie se fait d'une facon régulière, soit autour de l’article supérieur de la tige, soit, quand cette dernière fait défaut, autour d’une plaque centrale appelée centrodor- sale (cd), figure 2. êr Fig. 2. — Schema du calice de Marsupiles, type de calice dicyclique. Dans certains cas (dans Platycrinus, figure 4, par exemple),la base du calice n’est formée que par une rangée circulaire de plaques dites basales (b) surmontées immédiatement par les radiales (r), le calice est alors monocyclique; dans d'autres cas, cette base se compose de deux rangées et le calice est dicyclique (voyez les figures 2, 5, 6); dans ce dernier cas, on donnele nom de plaques infrabasales (ib) à celles qui forment le cerele le plus rapproché, soit du dernier article de la tige, soit de la plaque centrodorsale, tandis que celles qui alternent avec les radiales (r) prennent le nom de parabasales (pb). Les radiales (r) sont celles sur lesquelles viennent s'insérer les bras (br). La face supérieure du calice peut être close de difré- rentes manières, soit par une membrane coriace, laquelle n’a pas laissé de traces à l’état fossile, soit, comme on le voit dans les formes les plus anciennes, par une voûte lambrissée, variable de forme, d’ailleurs (ope, figures 4 et 5). Souvent les plaques du calice se rencontrent isolées les unes des autres. 30 Les bras. — Nous avons vu, par l'analyse du calice, que les bras viennent s’insérer sur des pièces calicinales auxquelles on a donné le om de plaques radiales ; ces bras sont ordinairement composés par une ou deux ran- gées de plaquettes ; dans ce dernier cas, les articles sont disposés en rangées alternantes. : Les bras peuvent être ou simples ou plusieurs fois bifurqués; dans l’un etl’autre cas, on peut constater, quand l’état de conservation des échantillons le permet,que ces bras étaient munis de petits appendices filiformes arti- culés et plus ou moins robustes auxquels on a donné le nom de pinnules (p, fig. 1); dans quelques genres cepen- dant,les pinnules faisaient défaut et les gouttières ambu- lacraires sont alors recouvertes de petites plaquettes marginales. Comme l'on peut s’en rendre compte par l'examen des figures 1, 3 et #,il existe de grandes différences dans “la disposition reiative du calice et des bras suivant les “genres que l’on observe. Tantôt le passage de la cupule à ses appendices se fait d’une façon insensible, comme dans le genre Ichthyocrinus (fig. 3); dans d’autres cas, la Fig. 3. — Ichthyocrinus pyriformis, Morr. (Silurien supérieur.) distinction est plus accentuée, comme on peut le cons- tater sur Encrinus (fig. 1),et enfin, dans d’autres encore, les bras sont absolument distincts du calice : c'est ce que montre le genre Platycrinus (fig. 4). D'après la facon dont les plaquettes qui constituent le test s’articulent les unes avec les autres, on a divisé les Crinoides en Articulés et en Tesselés ; chez les premiers, les plaques calicinales sont épaisses et la disposition des faces par lesquelles ces plaques sont réunies est telle qu’elle permet la flexion du test ; à ce groupe appartien- nent les formes les plus récentes, c'est-à-dire celles qui, faisant leur apparition pendant l’ère secondaire, se pour- suivent jusqu’à la forme actuelle. Chez les Tesselés il en va autrement et les plaques sont minces et réunies par des surfaces articulaires planes donnant une grande rigidité au test; à ce groupe - appartiennent les très nombreuses formes qui pullulè- rent dans les mers des temps paléozoïques. LE NATURALISTE Nous allons donner un apercu de la distribution des Crinoides dans les différentes formations géologiques en nous occupant tout d'abord des formes les plus anciennes Fig. 4. — Plalycrinus trigintadactylus, Austin. {[(Calcaire carbonifère.) et les moins perfectionnées, c'est-à-dire de celles qui forment le groupe des Crinoïdes tesselés. | Les Crinoides tesselés, c'est-à-dire ceux dont les pièces calicinales sont intimement soudées les unes aux autres, sont répartis en cinq grands groupes comprenant Fig. 5. — Poteriocrinus radialus, Austin. (Calcaire carbonifère). 26 familles et dont les caractères distinctifs sont surtout à tirés de l'examen de l’opercule calicinal. Nous donnons dans le tableau ci-contre, avec les . LE NATURALISTE 271 principaux caractères de chacune des grandes divisions dans lesquelles sont répartis les Tesselés, l'énumération des 26 familles que ce groupe renferme, ainsi que la distribution stratigraphique des genres entrant dans la composition de chacune de ces familles, dans le crétacé supérieur; ces deux genres appartiennent d’ailleurs à deux familles bien distinctes : les Marsupi- tidæ, d'une part, et les Unitacrinidæ de l’autre. En dehors des deux genres précités on voit que tous , les autres vécurent, soit dans l’une seulement, soit dans RÉPARTITION STRATIGRAPHIQUE DEA DES GENRES QE | GROUPES FAMILLES CR EETIES z ARE Æ À = ANIMÉ UE = = e a |a8él re = 2 à a e A 4 CR n A: 4 A A EEE | aommemmer | Ces | commmmrven | coran | comes | CES | CRRSEEnn I. — Opercule calicinal formé par les HE cinq grandes plaques de la bouche] I. Haplocrinidæ......... 2 1 l ou bien avec un petit nombre de Ë pièces sur la bouche et sillons am- II. Pisocrinidæ.......... 3 il 1 il bulacraires, Les plaques buccales Le forment une pyramide ou appareil| III. Cupressocrinidæ ..... 4 1 1 2 de consolidation. Bras peu dévelop- pés à une seule rangée d'articles. II. — Opercule calicinal iambrissé, bou-| IV. Hybocrinidæ......... 2 2 che munie de cinq plaques prenant part à la constitution de l’opercule|, V,. Cyathocrinidæ.. .... 11 1 7 1 2) visibles ou cachées par les plaques : ! du calice quiest régulier. Bras] VI. Taxocrinidæ ......... 6 2 2 il 1 très développés, souvent branchues 2 à 4 rangées de plaquettes rem-| VII. Ichthyocrinidæ ....... 8 1 1 5 1 plaçant les pinnules. VIII. Crotalocrinidæ .... .. 3 3 IX Chrocrnndæs ere il 1 III. — Opercule calicinal convexe, formée] X. Heterocrinidæ ........ 5 1 A de nombreuses plaquettes. Bras développés rameux et bifurqués| XI. Poteriocrinidæ ....... 6 Î 1 % pourvus de longues pinnules. 2 XII... Marsupitidæ..:...... 1 Dans le crétacé supérieur. IV. — Le calice forme une capsule fer-| XIII. Gasterocomidæ...... 4 | 4 mée sur tout son pourtour , consti- Es tué par des plaquettes épaisses,| XIV. Platycrinidæ......... 6 1 1 il il 2 unies entre elles sans mobilité. i Bouche reliée aux bras par des! XV. Carpocrinidæ ........ 4 { 3 tubes ambulacraires recouverts de plaquettes. XVI. Briarocrinidæ........ 2 Ï XVII. Dimerocrinidæ ....... % 3 1 XVIII. Barrandeicrinidæ .... 1 l 01 XIX. Actinocrinidæ..:..:.. 6 2 2 XX. Stelidiocrinidæ...!... 3 ë XXI. 1Melocrinideæe 7%... 6 1 4 1 il XKIT. Polypeltidæ A 1 * XXIIT, Unitacrinidæ ........ 1 Dans le crétacé supérieur. XXIV. Glyptocrinidæ........ 5 4 il XXV. Glyptocrisidæ........ 5 l 1 2 1 V. — Opercule calicinal étiré en forme de| XX VI. Rhodocrinidæ ........ 3 1 2 bouteille avec anus central formé de grandes plaques polygonales disposées régulièrement. n On voit tout d'abord, par l'examen du précédent tableau, que sur les 103 genres qui y sont portés (3° colonne), 2 seulement n'appartiennent point aux for- mations paléozoïques et ne font leur apparition que chacune des trois périodes : silurienne, dévonienne et carbonifère ; mais de ces trois périodes la première l’em- porte de beaucoup pour le nombre des espèces que l’on rencontre dans les sédiments qui s’y rapportent, et l’on 272 LE NATURALISTE peut dire que les Crinoïdes tesselés atteignirent leur apogée à l’époque silurienne. En effet,sur les 101 genres restant pour les terrains de transition nous constatons que 11 seulement sont com- muns aux trois périodes et que 6 se rencontrent en même temps dans le dévonien et le silurien, tandis que 47 de ces genres restent spéciaux à ce dernier système. D'autre part, on remarque que 5 genres seulement vécurent simultanément à l’époque dévonienne et carbo- nifère et que chacune de ces périodes en compte 16 qui leur sont propres. Le nombre des genres qui vécurent pendant la durée de chacune de ces trois périodes est donc HER par les chiffres suivants : Silurienne. "Ale ATH ALHG.... — 64 Dévonienne .......... 164114 6+5— 38 Carbonifère .......... 16+11+45....—32 Ces chiffres montrent bien, comme nous le disions plus haut, que les Crinoides tesselés furent surtout Fig. 6. — Marsupiles ornatus, Sow. (Craie santonienne.) florissants aux temps les plus rapprochés des premières manifestations de la vie à la surface de notre planète. En France, les représentants de ces formes anciennes n’ont laissé que peu de traces dans les terrains dits de transition, et les débris de Crinoides peuvent être consi- dérés dans ces formations comme des raretés. Il est cependant quelques couches où ces fossiles se rencon- trent avec plus de fréquence,mais les gisements en sont généralement peu nombreux. Dans les terrains siluriens nous citerons, comme pou- vant fournir des restes de Crinoïdes, les schistes qui se montrent dans l’ouest de la France et qui ont recu le nom de schistes à Calymènes ; ces schistes affleurent principalement en Normandie et en Bretagne, ils peu- vent être exploités fructueusement à Domfront, à Mor- tain, dans plusieurs localités du Morbihan, enfin à Brix dans la partie nord du Cotentin. On rencontre égale- ment des Crinoïdes, Ascocrinus Barrandei, par exemple, dans des grès qui représentent, aux Mortiers d’Allonne un faciès arénacé de ces mêmes schistes à Calymènes. Nous mentionnerons encore dans le silurien supérieur le calcaire de Feuguerolles (Calvados) dans lequel on rencontre le Scyphocrinites elegans qui se retrouve également dans plusieurs localités du massif pyrénéen, autour de Luchon par exemple. Les terrains dévoniens qui, en France, se montrent sur des points isolés du territoire fournissent eux aussi quelques Crinoïdes; dans les Ardennes il s’en trouve dans la zone inférieure à spirifer arduennensis du sous- étage coblenzien ainsi que dans des psammites du sous- étage dela Famenne ; on rencontre aussi de ces restes dans _différentes couches de cet âge visibles, soit dans le Bas- Boulonnais, soit en Normandie, dans la Sarthe et la Mayenne; à Néhon, à Brulon ou dans les calcaires de la Baconnière comme Thylacocrinus, par exemple (voyez fig. 7). Il s'en rencontre enfin dans le Morvan et dans les Pyrénées. Des restes de Tesselés se montrent aussi parfois dans certaines couches du terrain carbonifère, telles que les phthanites du calcaire carbonifère ou bien encore à la base du calcaire carbonifère, dans le calcaire à Crinoides ou petit granit du bassin franco-belge. C’est encore dans le calcaire carbonifère de Régny, dans le bassin de la Loire, que l’on pourra recueillir dans les lentilles de cette roche le Poteriocrinus crassus (fig. 5). L'un des deux genres que nous avons mentionnés daus notre tableau comme appartenant à la période crétacée, le genre Marsupites (fig. 6), se trouve assez fréquemment, à la partie supérieure du sous-étage Lan- Fig. 7. — Thylacocrinus Vannioli, Œhlert. (Dévonien.) tonien, dans la craie magnésienne désignée, à cause de son fossile le plus caractéristique, sous le nom de craie à Micraster coranguinum. Il nous reste maintenant à examiner les Crinoides articulés, qui se rencontrent quelquefois à profusion dans certains dépôts mésozoïiques et qui, se poursuivant à travers les temps tertiaires, ont encore des représen- tants dans la faune actuelle. PH FRITEL, Attaché au Muséum. LE NATURALISTE UNE NOUVELLE MALADIE DU CHÈNE en Normandie J’ai trouvé pendant l'hiver 1898-1899, à la forêt des Essarts près de Rouen, aux environs de la mare aux sangsues, plusieurs jeunes pieds de chêne attaqués par un hémiptère dont la présence n’avait pas encore été signalée en Normandie. Cet hémiptère est l'Asterolecanium quercicola de Bouché, du reste très rare en France où sa présence n'a été constatée qu'en 1836 par M. Audouin, qui présenta cet insecte à la Société entomologique de France à la séance du 6 avril. Voici, à ce propos, ce qui est mentionné dans les Annales : « M. Audouin montre à la Société un fragment d’écorce de chêne de l’âge d'environ trente ans, qui est entière- ment couvert de coccus gros comme la tête d’une épingle à insecte. Ces coccus, les uns verdâtres, les autres d’un jaune oraugé, sont tous des femelles privées de mouvement et adhérentes à l'écorce par leur bec qui la transperce, Ce chêne était languissant et le garde forestier du bois de Boulogne l'avait marqué pour être abattu, ne doutant pas qu'il ne végétât plus que faible- ment au printemps et qu'il ne périt dans le courant de la belle saison. « M. Audouin attribue la mort de cet arbre à plusieurs millions de coceus : le bois était entièrement intact, mais l'écorce était plus ou moins brunâtre et comme dessé- chée, suivant qu'il y avait à sa surface un plus ou moins grand nombre de coccus. Or ces insectes commencaient à se montrer à six pouces au-dessus du sol, sur le tronc principal qu'ils garnissaient jusque près du sommet, haut d’environ vingt-cinq à trente pieds. On pouvait en compter de 50 à 100 dans un pouce carré. » Mais ce n’est qu’en 1870 que nous trouvons dans le très curieux travail de M. Signoret : Essai sur les coche- nilles ou galles insectes, la description de cet insecte, de la femelle, car le mâle est encore inconnu. Voici la description des Asterolecanium : « Ce genre renferme, comme nous l'avons vu, les espèces qui offrent, autour d'elles et même sur le disque dorsal, des filières d’où s'échappe une fimbriature, qui est persistante sur les côtés, mais qui, sur le dos, s’ag- gloinère et forme un tout continu, ce qui constitue dans l’âge avancé une pellicule consistante, crustacée et d’aspect un peu nacré, qui enveloppe tout l’insecte. Lorsque les femelles ont pondu leurs œufs, le corps est repoussé vers le bord céphalique, de sorte que l’on ne voit plus qu’un sac renfermant les œufs et que l'on prend pour le corps même de la femelle; mais, à l’exa- men, on retrouve dans tous les individus les téguments du corps. « Rien de plus disparate, au premier abord, que les espèces renfermées dans ce genre, et l’on pourra peut- être s’étonner de nous les voir conserver ensemble, Aïnsi il y en a d’arrondies (aureum et quercicola), d’al- longées (bambusæ et miliaris), d’aplaties (aureum), de très convexes (quercicola et fimbriatus). Cependant, on ne considère ces formes que comme un caractère spéci- fique et non générique. Ainsi que pour le genre précé- 213 dent, on pourrait peut-être discuter la place‘qu’il occupe dans les Lécanites au lieu d’être dans les Coccites ; mais ici nous pensons, le rostre étant uniarticulé, pouvoir le conserver dans le groupe des Lécanites. « Nous ne connaissons le mâle d'aucune des espèces de ce genre et nous sommes certain, par la présence d'œufs, de n’avoir toujours eu à l'étude que des femelles ; mais, deux espèces de ce genre étant européennes, nous espérons que l'attention appelée sur eux, il sera pos- sible d'en découvrir, puisque nous avons été déjà assez heureux pour en trouver d’autres. Les recherches de nos collègues et en particulier celles de M. Lichtenstein, dont la patience et l'attention nous sont bien connues, nous font prévoir une ample récolte, » Description de l’Asterolecanium quereicola (Bouché) : femelle presque circulaire, convexe, ridée, d’un brun foncé, longue d’un millimètre; elle vit sur les chênes et est assez rare. Elle est d'un brun foncé ou d’un jaune clair, arrondie, ayant à l'extrémité anale un lobule arrondi et au-dessus des stries transverses qui représentent la segmentation abdominale. Le tégument offre sur toute son étendue une assez grande quantité de filières en forme de tubes, mais assez distantes l’une de l’autre. Le pourtour du corps est cilié d’une fimbriature fine et radiée, sécrétée par les ouvertures que l’on voit sur le bord même, Cette firnbriature est double, formée d’une rangée de grands tubes accolés deux à deux, sécrétée par d’autres ouver- tures plus petites placées eu dessous des autres. Cet insecte est parfaitement appliqué sur l'arbre et, quand on le détache de la place qu’il occupe, on remar- que, comme pour les Lécanides, des traits farineux correspondant aux stigmates qui se trouvent sur la place occupée par lui. L'écorce de l’arbre forme un assez fort bourrelet dans lequel il est comme enclavé et très difficile à enlever. Dans les types jaunes, comme ce sont les insectes qui ont pondu et dont la peau a été rejetée par une des extrémités, la pellicule est quelquefois un peu soulevée. Ce qu'il y a de plus curieux dans cette nouvelle ma- ladie, c'est l'aspect que prennent les branches et parties attaquées de larbre qui semblent piquées de petite vérole. C’est la petite vérole du chêne, si vous voulez bien me permettre cette expression. $ Je n'ai heureusement trouvé qu’une dizaine environ de jeunes pieds de chènes attaqués, j'en ai coupé plu- sieurs afin d'étudier cet insecte et je pense que cette cochenille est peu à redouter : j'ai remarqué en effet que presque toutes les coques encore adhérentes aux branches étaient percées d’un trou qui, sans aucun doute, avait donné passage à un parasite. Malheureusement je ne le connais pas encore et ne puis dire s’il est commun ou rare en Normandie. Comme moyen de destruction, si l’on constate encore quelque part cette maladie, je propose, si la partie de forêt attaquée est de peu d’étendue, l’abatage complet et la combustion sur place. Nous savons quelles luttes l’agriculture et la sylvicul= ture ont eu à engager avec les cochenilles et kermès et si, dès le début, des mesures un peu énergiques avaient été prises, nous n’aurions plus à déplorer tous les ans les pertes énormes que nous cause cette terrible famille des Gallinsectes. Paul NOEL. 274 LE NATURALISTE LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENII LES MOIS DE L'ANNÉE ESPÈCES NOMS POS nee HABITAT D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES | FRANCAIS # {Chenilles Papillons a LG Plantes Basses Acidalia Ochrata Scan. up. Sylvestraria Moniliata Fab. Alyssumata Himmig. Rubiginata Hufn. Juin. Mai. Mai à juillet. Juin, juillet. Mai, jum. Mai à août. Toute la France. l'rance centrale et méridionale. Cannes. l'rance centrale,septentrionale. — Circuitaria H. Juin. Juillet. l'rance méridionale. — Dimidiata Hufn. — — Toute la France. — Lævigaria H. Mai. Juin, juillet. France centr., mérid. et orient. — Helianthemata Mill. |[Juin. Juillet. Cannes. Ir — Polidata H. Mai, Juin, juillet. France centrale et méridion. — Contiguaria H. Automne. Juin, juillet, août. France sept.,centrale,orientale, méridionale, Auvergne. — Rusticata Fab. Mai. Juin, juillet. Toute la France. LEURS 0 SRE — Ostrinaria H. Mai, juillet. Juin, août. France méridionale. — Humiliata Hufn. Mai. Juin, juillet. Toute la France. — Dilataria H. — — LUS — Cervantaria Mill. Avril, juin. Mai, juillet. Cannes. — Incanaria H. Belle saison, Belle saison. Toute la France. — Obsoletaria Rmb. Juin. Juillet. France mértdionale, Ardèche, — Nexata H. Mai, juin. Juin. Basses-Pyrénées. — Marginepunctata Goze|_ — Juin à août, Toute la France. he) — Straminata Tr. Mars, avril. Avril à juin. France centrale et méridionale — Subsericeata Haw. Avril. Juin. France centr., mérid. et orient, — Immutata L. Mars, septembre Mai à août. Toute la l'rance. — Caricaria Reutti. Mai, uillet. Mai, juin, août. Montagnes. , — Punctata Tr. Avril. Juillet. France mérid. et orient., Lyon. — Aversata L. Mai, juin. Mai à août. Toute la France. Ex — Degeneraria H. Avril, juillet. LE France centrale et méridionale Tephrina Murinaria F. Printemps, automne. |Mai, juillet, août. Toute la France. Strenia Clathrata L. — Belle saison. GE Selidosema Ericetaria de Vill.|Juin. Juillet, août. TR Fidonia Atomaria LE. Juin, septembre. Avril, mai, juillet, août. SE Cleogene Lutearia F. Avril. Juin, juillet. Montagnes. Scoria Lineata Scop. Mai. Mai, juin. Toute la France. Lythria Purpureria L. Juin, septembre. Avril, mai, juillet, août. Car Aspilates Ochrearia Rossi. Avril, mai. Mai, août, septembre. ER Larentia Cæsiata S. V. Juin. Juillet. Montagnes. — Olivata Bkh. Mai, juin. Juin à août. F rance centr., mérid. et orient. Eupithecia Oblongata Thnb. |Belle saison. Mai. à août. Toute la France. ARE ES Coronata H. Septembre. Avril à juillet. France centrale et méridionale FLÉURS Eee 2 Satyrata H. _ Juin, juillet, Basses-Alpes, Colmar. — Castigata H. Août, septembre. Mai, juin. Toute la France. ad FLEURS ERA ARS RRS — Pumilata H. Septembre à décembre|Avril, mai. France centrale et méridionale Melanippe Fluctuata L. Juin, juillet. Mai à août. l'oute la France. à Coremia Quadrifasciaria Clerk.| Avril, juillet. Mai, juin, août, sept. |France septentr. et orientale. Camptogramma Bilineata L. |Avril. Eté. Toute la l'rance. — Fluviata H. Février, mars. Juilletàä nov. 'iév.,mars We Plantes potagères ; Mamestra Brassicæ L. Juillet à septembre. |Mai, juin. Toute la France. Eriphæna Comes H. Mars, avril. Juin à septembre. me Hadena Solieri B. Janvier. Septembre. Marseille, Hyères. — Oleracea L. Printemps,été,automne|Printemps,été,automne Toute la France. Plusia Gamma L. _ A — Platane Platanus France septentrionale. Abraxas Sylvata Scap. Août, septembre. Juin, juillet. Poirier Pyrus Asteroscopus Nubeculosa Esp. Ennomos Erosaria Bkh. Hybernia Bajaria S. V. Mai, juin. Mars à mai. France septentrionale, Alsace. Juin, août, septembre.|Juin, juillet, septembre| Toute la France. Mai, juin. Octobre à mars. DE Polyphages France mér., orient. et occid,. Juin, août. Montagnes, France septentr. Juillet à septembre. Juin, juillet. Deilephila Livornica Esb. Avril, mai. Nemeophila Plantaginis L. Callimorpha Dominula L. Mai. _ Toute la France. — Hera L. Juin. Juillet, août. a £ Chelonia Matronula L. — jJuin. France orientale. EE ——————"—.———— LE NATURALISTE 275 BIBLIOTHÈQUE MILNE-EDWARDS La deuxième vente de la bibliothèque Milne Ewards aura lieu à Paris du 16 au 21 décembre prochain. Dans ces six vacations sera vendu tout ce qui concerne la botanique, la géographie et les voyages, les faunes, la géologie, la minéralogie, la paléontologie, l'anthropologie, l'ethnographie préhistorique,l’archéologie.De plus figure toute une série de collections de journaux scientifiques, de bulletins et d’annales de sociétés savantes. Cette deuxième partie de la bibliothèque renferme encore de très remarquables ouvrages, dont certains d'une extrême rareté. Nous citerons les suivants : Gould (John). — A Monograph ofthe Trogonidae or family of Trogons. London, 1838,1 vol. in-fol. rel.37 pl. col.sur ongl. Id. — A. Monograph of the Odontophorinae or Patridges of America London, 1850, 1 vol. in-fol. rel. 32 pl. col. sur ongl. Id. — À Monograph of the Ramphastidae or family of Toucans, London, 1834, 1 vol. in-fol. rel. 24 pl. col. sur ongl. Vieillot (P.) et Oudard (P.). — La galerie les oiseaux, dédiée à Son Altesse Royale Madame Duchesse de Berri. Paris, 1820-1826, 4 vol. in-4°, rel. 353 pl. n. et col. Académie des Sciences. (Institut de France.) Comptes rendu: : du t. 1, 1835 au t. 130, 1900 fase. 1-17. — Vol. supplémen- taires, 1-2, 1856, 1861. — Tables, de 1835 à 1800, 3 vol. Paris, 121 vol. in-4° rel. 8 vol. cart. et le reste en numéros. Akademie der Wissenschaften zu Wien. Sitzungsberichte der Mathem.-Naturwissenchaft. Classe der Kaiserl. : Du vol. 1, 1848 à 89, 1883. — Wien, 127 vol. un-8° dont 124 rel, — Table des vol. 1 à 85 Museum d'Histoire Naturelle. — Annales, 20 vol, in-4°. — Mémoires, 20 vol. in-4°. — Nouvelles annales, 4 vol. — Archives, 10 vol. in-4°. — Nouvelles archives, séries 1, 2,3, et série 4, vol. 1. — 31 vol. in-4°. Les tables sont reliées avec les vol. Paris, 1802-1899, 85 vol. in-4°, dont 82 rel. Museum of Comparative Zoology. Bulletin : Du vol. 4. 1863 au vol. 35, nos 1-8, 1899. Le vol. 16 n’est pas terminé. Vol. 28, les n°° 1 et 3 manquent. Vol. 29, n° 3 manque. Vol. 31, n°2, manque. Vol, 32, n° 1 manque, Vol. 34 manque en entier. — Report of the trustees de 1861 à 1899,34 br. in-8° Boston-Cambridge. 2 fr. Vol. in-8° rel. le reste en numéros. Id., Id., Id. — Memoirs : Du vol. 1, 1864 au vol. 34, 1899. Boston-Cambridge, 22 vol. in-40 rel. et 10 br. (Cette col- lection contient une série de monographies très importantes telles que : Lyman, Ophiuridae. — Aüassiz, Revision de: Echinides, 94 pl. — Id. Starfishes, — Id. Florida Reefs. — Enxers. Report on Annelids. — Faxon. Stalk-Eyed Crus- tacea, 571 pl. — Mine Enwarps Er Bouvier. Galathéidés et Paguridés, 24 pl. — WaAcnsMUTH ET SPRINGER. Crinoidea camerata, 83 pl. — Goone Er Bean. Oceanic Ichthyology, 123 pl. — Garman. The Fishes, 97 pl., etc., etc. Les cinq premiers vol. ont été reliés par monographies ; mais les titres existent, ce qui permet de pouvoir les reformer et répartir en volumes. Société de Bivlogie. Bulletins et Mémoires: Du vol. 1, 1849 au vol. 1, 189% (10° série). Paris, 46 vol. in-8°, rel. — Années, 1899 et 1900, n°S 1-14, en numéros. Royal Society of London. Philosophical Transactions : Du vol. 120, 1830 au vol. 181, 1890. London, 58 vol. in-4°, rel. et 10 vol. in-%, br. Société des Naturalistes de Moscou. Bulletin : De 1841 à 1899, n° À. Moscou, 71 vol. in-80, rel. le reste en fascicules. Zeitschrift für Wissenschaftliche, zoologie begründet von C. T. v. Siebold und A. v. Külliker, herausgegeben von A. v. Kôlliker und E. Ehlers. Du vol. 1 (1848) au vol, 70, n° 1 (1901). Vol. supplément. 23, 1875 ; 30, 1878 ; 53, 1892. Tables des vol. 4 à 60. Leipzig, 63 vol. in-8° rel., 8 vol. broch..et 3 fasc. Zoological Society of London. Transactions : du vol. 1, 1835 au vol. 15, part, 1, 2, 1899. London, 13 vol. gr. in-40 rel. le reste en livr. — General index des vol. 1 à 10, 1835-1879, 1 vol. in-#°, rel. Zoological Society of London. Proceedings : de 1830 à 1899, fasc., 1-3. London, 91 vol. rel. et T fasc. A partir de 1871 les planches sont reliées à part, et forment un atlas sur onglets pour chaque année. Tables de 1830 à 1890. Report of the Council, 1864 à 1894, 96, 97, 1 vol. in-8°, rel. et 18 fase. — List of animals ; List of Vertebrates ; Catalogue of Library, etc... 5 vol, in-8°, rel. et 10 br. Norwegian North-Atlantic Expedition 1876-1818. — Vol. 1 à 6 comprenant les fasc. 1 à 22, etles fasc. 23 à 27. Christiania, 1882-1900. 6 vol. in-40 rel. et 5 fasc. br. Nombr. pl. n. et col. Ouvrage publié avec la collaboration de Wille, Mohn, Tor- noe, Schmelck, Collett, Hansen, Friele, Danielssen, Koren Sars, Gran, Kiaer, Bonnevie, Nordgaard. Dumont d'Urville. — Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, sur les corvettes «l'Astrolabe » et « la Zélée », exécuté par ordre du roi pendantles années 1857-1840. Paris, 1842-1855. 22 vol. in-8° de texte et 5 atlas in-fol, de 412 pl. n. et col. et 10 cartes. Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique centrale, (Ouvrage publié par ordre du ministère de l'instruction pu- blique.) AUBIN. Peinture didactique Liv. I, 1885, 5 pl. col. — Hany. Anthropologie. Liv.I-IIT, 1884-1891, 20 pl. — Dumériz et Bocourr. Reptiles et Batraciens. Liv. [ à XV, 1810-1897, 86 pl. — Varcranr et Bocourr. Poissons. Liv, I à III, 1874-1883, 17 pl. n. et col. — Broccur. Batraciens. Liv. I à III, 1881-1883, 23 pl. — Mirxe Enwarps (A.). Xipho- sures et crustacés, 1881, 63 pl. — Saussure (DE) et HumBErT. Études sur les Myriapodes et les Insectes (Orthoptères), 1870, 8 pl. — Myriapodes, 1870, 6 pl. — Fiscrer et Crosse. Mollusques terrestres et fluviatiles. Liv. I à XVI, 1870-1891, 16 pl. — Nycanver et BEscuerezze. Cryptogames, 1872, 6 pl. — Fournier. Études sur les Graminées, 1886. — Guiz- LEMIN-TARAYRE. Anciennes possessions mexicaines du Nord, 1890, 1 carte et 18 pl. (Géologie). A. Dozrrus et T. DE Moxr-Serrar. Voyage géologique dans les républiques de Guatémala et de Salvador, 1868. — Paris, 5 vol. in-4°, rel. le reste en livraisons. D'Orbigny (A.). — Voyage dans l'Amérique méridionale , Brésil, Uruguay, République Argentine, Patagonie, Chili: Bolivie, Pérou) exécuté dans les années 1826 à 1833. (Histo- rique, Ethnologie, Anthropologie, Zoologie, Géologie, Paléontologie, Botanique. Paris, 1834-1847, 9 vol. gr. in-#°, rel. 415 col. et 19 cartes. Delle Chiaje (S.). — Descrizione e Notomia degli Animali Inver- tebrate della Sicilia Citeriore osservati vivi negli anni 1822-1830 (2° édit.). Napoli, 1841-1844, 8 vol. in-f° rel. en 3 et 4 vol. in-[° br., 184 pl. Exploration scientifique de l'Algérie. — Zoologie, par MM. Deshayes, Guichenot, Loche et Lucas, Paris, 1845-1867. 10 vol. gr. in-4° rel. avec 308 pl. col. k Peters (W.). Naturwissenschaftliche Reise nach Mossambique auf Befehl seiner Majestät des Kônigs, Frederich Wilhem. — (Zoologie). Mammifères. 46 pl. — Amphibien, 33 pl. — Fische, 20. — Insekten und Myriapoden, 35 pl. — (Botanik). 61 pl. Berlin, 1852-1882, 6 vol. gr. in-4° cart., 195 pl. n. et col. Smith (A.). Illustrations of the zoology of South Africa, (Mammalia, Aves, Reptlia, Pisces, Annulosa). London, 1849. 5 vol. in-4° rel. avec 280 pl. col. Gray (J.) and Hardwike. — Illustrations of Indian Zoology, chiefly selected from Hardwicke’s collection. London, 1830-1832, 2 tomes rel. en 1 vol. in-f°, 159 pl. col. et por- traits. Mémoires de la Société Paléontologique Suisse, — du vol. 1, 1814, au vol. 26, 1899. Bâle et Genève, 22 vol. in-4° rel. en 12 et 4 br. Nombr. planches et cartes. Quarterly (The) Journal of the Geological Society of London. — Du vol. 17, 1861, au vol. 56, fasc. 1-2, 1900. — General Index, 3 fasc. — Geological littérature, 189-1899, 6 fase, London, 38 vol. in-S$° rel, le reste en fascicules. Paleontological Society of Loudon. — London, 1841-1899, 50 vol. in-4°. (Cette collection est reliée, jusqu’au tome 43, par Monographies et sera vendue entièrement par Monogra- phies séparées.) 276 LE NATURALISTE Société géologique de France. Bulletin : vol. 27, 3 série, 4899-1900, n° 4 à 5. — Table de 1844 à 1863. — Paris, 64 vol. in-80 rel.; le reste en livraisons. Paléontologie française, ou Description des fossiles de la France publiée sous la direction d'Alc. d'Orbigny et continuée par une réunion de paléontologistes, sous la direction d'un comité spécial. 4" série. Animaux fossiles, — Terrain crétacé, vol, 1 à 8. Mollusques, par d'Orbigny ; Echinides, par Cotteau ; Zoophytes par Fromental. 1428 pl. — Terrain jurassique. VOl: 459,03; 6,9, 40,44, 019: Céphalopodes par d'Orbigny ; Gastéropodes, par Piette; Brachiopodes, par Deslongchamps; Echinides, par Cotteau; Crinoïdes, par de Loriol; Zoophytes, par de Fromentel et Ferry, 1462 pl. — 2° série. — Végétaux fossiles, par G. de Saporta. vol. 1-4, 302 pl. — Terrain ter- tiaire, Echinides par G. Cotteau, vol. 1-2, 384 pl. Paris. Masson, 48 vol. in-8° rel, Atlas sur onglets, etc., etc. Le catalogue de cette deuxième vente sera adressé sur demande faite aux experts, « Les Fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris ». La vente est faite à la maison Sylvestre, 28, rue des Bons-Enfants,àS heures précises du soir, par le ministère de M° Maurice Delestre. Nous rappelons que le produit de la vente est légué au Muséum de Paris pour l'achat de collections. ——— MŒURS ET MÉTAMORPHOSES de L'ONTHOPHAGUS AMYNTAS, COLÉOPTÈRE COPROPHAGE DU GROUPE DES LAMELLICORNES Olivieri Dans nos contrées roussillonnaises, c'est vers la fin de juin qu'apparaïit l'adulte ; peu de jours après les deux sexes s’accou- plent par superposition, le mâle dessus : cette espèce habite les coteaux, elle recherche pour s’en nourrir les déjections des soli- pèdes, plus particulièrement celles des ruminants ; celles de ces matières qui devront recevoir les germes d’une future généra- tion sont enterrées à une profondeur de 12 à 15 centimètres et pétries en forme de globule compact, arrondi ou oblong, toujours informe et recouvert d’une couche terreuse ; la mère pond dans leur intérieur un œuf qui éclôt peu de jours après, donnant le jour à une jeune larve disposée à attaquer de suite le paquet de malières nourricières mises à sa portée et qu'elle ronge de jour et de nuit jusqu’à ce qu'elle ait atteint son complet développe- ment, utilisant ses propres déjections, soit pour réparer les brèches qu'un accident aurait pu occasionner au globule qui la protège, soit et surtout, pour renforcer le réduit qui devra lui servir d'abri nymphal. ne La dimension du globule varie en raison des terres qu'il s'est appropriées, en général il mesure 18 millimètres de long sur douze de diamètre ; fin juillet la larve a atteint son complet développe- ment, elle se présente alors avec les traits suivants s Larve. Longueur 15 millimètres, largeur 5 millimètres, Corps bosselé, mou, charnu, blanc Jaunätre, lisse et luisant, tansversalement ridé, couvert de courts cils roux très épais, convexe en dessus et plié sur lui-même en deux parties dont le premier segment abdominal sert de genouillère, déprimé en dessous, à région antérieure étroite, arrondie, la ‘postérieure atténuée et tronquée. Téle petite, arrondie, cornée, jaunâtre clair, latéralement cilée, ligne médiane bifurquée au vertex, ligne rougeâtre au confluent de la bifurcation ; mandibules fortes bitridentées, à base rou- geâtre, à pointe noire et acérée, avec malaire à la tranche interne; mâchoires fortes, géniculées, avec lobe frangé et palpes quadri- articulés, lèvre inférieure avec palpes biarticulés et rudiment de languette ; antennes courtes, rougeâtres, à articles annelés de testacé. © Segments thoraciques charnus, blanchâtres, convexes, à côtés dilatés, le premier incisé et formé de deux légers bourrelets, les deuxième et troisième plus larges avec bourrelets plus accen- tués, Segments abdominaux fortement convexes, le quatrième coudé, couvert de courtes spinules; les autres bitransversalement Du vol. 1, 1830 au : incisés, sac déprimé, cloaque rentré avec fente en long; poche large, renflée, chargée de courtes spinules. 2e : Pattes allongées, blanchâtres formées de quatre pièces termi- nées par un tarse unicilié. À ‘ Sligmates petits, réniformes, flaves, à péritrème roux doré et déprimé, au nombre de neuf paires. . Dans son globule, la larve vit tant que dure la matière alimentaire dont elle emmagasine les produits digestifs dans son canal intestinal, ce n’est qu'à la fin de son existence, vers les derniers jours de juillet, alors que l'épaisseur de sa boule est devenue mince à force: d’avoir été rongée, qu'elle dégorge le produit de sa digestion dont elle se sert, avons-nous dit, Peas renforcer les parois de son réduit et lui donner ainsi une SEE tance qui lui manquait et qui lui était nécessaire pour permettre à cette larve d'accomplir sous ce couvert, ainsi dès lors renforcé, sa transformation nymphale, ce qui a lieu dès les premiers jours d'août. AREA Nymphe. Longueur 8 à 10 millimètres, largeur 5 millimètres. Corps court, ovalaire, charnu, blanc jaunâtre, glabre, finement pointillé, convexe en dessus, déprimé en dessous, arrondi en avant, peu atténué et bilobé en arrière. : è Téle infléchie, chaperon relevé en légère carène ; ee segment thoracique très développé, transversalement ovalaire, à bord antérieur échancré, une excroissance corniforme domine cette échancrure; deuxième court, transverse, RÉ en son milieu postérieur d’une apophyse conique; au troisième segment qui a la même forme, cette apophyse prend de sxandes propor- tions, elle affecte la forme d'une corne dont le bout est redressé en avant; segments abdominaux très larges, transverses, à sont jaunâtre, leur milieu relevé en légère carène, les sonne à sixième porlent sur leurs flancs une apophyse conique, segment terminal bilobé. Le Les particularités afférentes à cette nymphe sont : sos pe sance corniforme prothoracique, ses apophyses méso et ne 2: raciques et ses deux lobes terminaux : elle repose dans a oge sur Ja région dorsale, la mince pellicule de la peau Fos accolée contre l'extrémité postérieure du corps; elle peut impri- mer à ses segments abdominaux de légers mouvements défensifs; cornes, excroissances et apophyses dont est chargé ce grêle pygmée l'isolent du contact d'avec les parois de son Fé uit en même temps qu'elles contribuent à son système de défense. La phase nymphale a une durée de quinze à vingt JUS malgré l'excès de chaleur qui rayonne dans son domaine souter- rain, l'adulte est lent à prendre ses couleurs, même une SES téguments bien affermis ; il devra atter, ire que les ns pluies de septembre viennent ramollir les cloisons de son so ; alors seulement il pourra les rompre en les faisant éclater ; hibre dès ce moment, il continuera l'œuvre de voirie à laquelle son espèce est vouée en faisant disparaitre du sol les UE diverses qui, par leur dégagement, pourraient vicier lar : l'adulte hiverne en terre, il est très Commun sur nos coteaux. Capitaine XAMBEU. L'industrie des Insectes LES FABRICANTS DE PIÈGES La larve du Fourmilion a imaginé, pour capturer les insectes dont elle fait sa nourriture, un procédé très ingénieux. Elle creuse à la surface du sable de larges entonnoirs au fond desquels elle se blottit : tout insecte qui vient à passer dégringole dans l'entonnoir et arrive. au fond où, de suite, il est frappé par la larve. En outre, si la proie tend à s'échapper, elle envoie sur elle des pelletées de sable, pelletées qui la font tomber au fond encore plus vite. La larve d’un diptère, le Vermi- lion, construit un engin analogue. La larve des Cicindèles agit autrement, mais avec au- tant d’astuce, pour se procurer les petits insectes qui lui LE NATURALISTE 277 sont indispensables pour se nourrir. Elle creuse dans la terre un trou vertical dans lequel elle s’archoute de manière que sa tête, aplatie et légèrement excavée, vienne exactement boucher l'orifice d'entrée situé à ras du sol. Vienne à passer une bestiole sur cette véritable trappe vivante, la larve s'enfonce aussitôt, entrainant avec elle sa victime qu'elle ne tarde pas à saisir entre ses pinces et à dévorer. LES ROULEURS DE FEUILLES Les Coléoptères du genre Rhynchites et insectes voi- sins roulent sur elles-mêmes les feuilles de la vigne, du peuplier, etc., et en font un véritable cigare. Pour donner de la mollesse aux feuilles, ils ont soin, au préa- lable, de mâchonner le pétiole. Entre les feuillets, ils déposent un petit nombre d'œufs. Les feuilles ne se dé- roulent pas en raison du pli que les insectes leur font prendre. Certaines chenilles roulent aussi les feuilles, mais les maintiennent à cet état à l’aide de nombreux fils de soie. D’autres se contentent de les plier en employant les mêmes moyens de contention, Enfin quantité de chenilles ne se contentent pas de rouler et de plier une seule feuille; elles en réunissent plusieurs dans un même paquet. LES INCRUSTEURS Certains insectes sont incrusteurs en ce sens qu'ils prennent des particules étrangères et les enchassent, les incrustent dans une pâte molle provenant de leur sécré- tion, de manière à en faire un tout solide. C’est le cas des larves des Bembex qui vivent dans le sable, Pour éviter les éboulis, elles sont obligées de se cons- truire un cocon en sable agglutiné avec leur soie, véri- table noyau dur au sein duquel elles sont à l’abri. Ainsi font aussi le Bachyte et le Stize ruficorne. LES RÉSINIERS La résine, cependant si répandue dans la nature, est très rarement employée par les animaux pour l’édifica- tion de leurs demeures. Cela tient sans doute à ce que, maloré sa plasticité, elle adhère très fortement et se dé- tache difficilement de l’organe qui l’a récoltée; elle pré- sente aussi l'inconvénient de durcir très lentement. Il y a néanmoins des hyménoptères qui lPutilisent. L'espèce la mieux connue est l’Anthédie à sept dents. Elle niche dans la coquille vide d’un escargot. En pénétrant dans les tours de spires, on rencontre d’abord une façade for- mée de graviers anguleux cimentés par une résine qui, probablement, vient du Genévrier oxycèdre. En arrière, vient une barricade de débris incohérents, nullement cimentés entre eux et composés surtout de graviers cal- caires, de parcelles terreuses, de büchettes, de fragments de mousse, de chatons et d’aiguilles d’oxycèdre, de dé- jections sèches d’escargots : c’est un véritable matelas lui-même; elle est creusée d'innombrables canaux se renflant en chambres de temps à autre. Il serait beaucoup trop long d'en donner ici une description détaillée. La noire-cendrée et la mineuse construisent en terre pure, assez grossière; la brune, la microscopique et la jaune édifient avec de la terre fine. Les Termites, du moins certaines espèces, sont de grands constructeurs de tumuli, Ceux-ci dont la forme ressemble à celle d'une meule de foin qui aurait plu- sieurs pointements sont d’une très grande dureté, au point qu'un bœuf peut passer dessus sans les écraser. Quant à leur hauteur, elle atteint des dimensions re- marquables. « Ces petits animaux, dit F. Houssay, toute proportion gardée, font colossal auprès de l’homme; on ne peut même pas comparer leurs travaux ordinaires avec nos monuments les plus exceptionnels. Qu'on en juge d’après ces quelques chiffres. Les dômes d’argile triturée et maçonnée qui recouvrent leurs nids peuvent avoir jusqu’à 5 mètres de hauteur. On est émerveillé de ces dimensions, égales à 1000 fois la longueur de l’ou- vrier. La tour Eiffel, le monument leiplus élevé dont s’enorgueillit l’industrie des hommes, ne fait que 187 fois la taille moyenne de l'artisan. Elle a 300 mètres, mais, pour atteindre l'audace du termite, son sommet devrait être à 1600 mètres. Il risquerait d’être souvent sous la neige et on pourrait, du moins en été, y trouver quelque fraicheur ». Les Termites ne se servent pour l'édification de leurs tourelles que d'argile à laquelle ils donnent de la consistance avec leur salive. La distribution des chambres intérieures est très compliquée.Les mœurs des Termites sont assez mal connues parce qu'ils ne vivent guère que dans les pays chauds et dans des régions in- hospitalières où leur observation est fort difficile. Je ne saurais trop attirer l’attention des voyageurs sur ces intéressants insectes, persuadé qu'ils y trouveront une ample moisson de faits curieux. LES INGÉNIEURS DES PONTS ET CHAUSSÉES Les travaux des insectes ne se bornent pas toujours à leurs demeures. C’est ainsi que la plupart des fourmis construisent des canaux et des chemins couverts qui les protègent lorsqu'elles passent d’un point de la fourmi- lière à un autre ou lorsqu'elles exploitent pour leur nourriture un riche emplacement éloigné de leur « home ». Ces chemins sont creusés, soit dans le sol, soit à la surface. Ces derniers, à leur tour, se divisent en chemins ordinaires et en chemins couverts, c'est-à-dire revêtus dans toute leur longueur, d'un tunnel en macon- nerie. La fourmi brune sait faire des galeries analogues le long des troncs d’arbre où vivent les pucerons. Les Myrmica ne fabriquent pas de chemins couverts, mais elles bâtissent des cases en terre, des sortes de pavillons autour de leurs pucerons. $ LES MOULEURS DE CIRE Les insectes qui ont la propriété de sécréter de la cire arrivent, dans leurs constructions, à une haute précision et à des formes géométriques paraissant avoir pour but d'économiser le plus possible cette matière plastique dont la sécrétion les fatigue beaucoup. LES FILATEURS Au moment où les chenilles vont se transformer en chrysalides, la plupart d’entre elles se fabriquent avec de la soie une demeure absolument close, une véritable bonbonnière à laquelle on a donné le nom de cocon. La structure des cocons est d'autant plus parfaite que les chenilles sont plus industrieuses, Certains y ajoutent des poils détachés de leurs corps ou divers détritus étrangers. Leur forme est d’ailleurs très variée. Les chenilles font d’ailleurs avec leur soie une multi- tude de choses, toutes bonnes à étudier, par exemple des ceintures pour se soutenir au moment où elles se métamorphosent, des fils, véritables appareils de gymnas- 278 tique, leur permettant de monter et de descendre, etc. Celles qui vivent en société recouvrent tout un rameau d’un arbre d’une tente de soie et, ainsi à l’abri, mangent les feuilles tranquillement ou se métamorphosent. LES CHARPENTIERS Un très grand nombre de larves vivent dans les troncs des arbres et y creusent des galeries plus ou moins ré- gulières soit dans le cœur seul, soit dans l’aubier, soit dans l'écorce. C’est ainsi que tout le monde a remarqué les galeries des Scolytes dont le dessin est singulier : d'une galerie centrale allongée en partent une multitude d'autres, perpendiculaires, et s’évasant à l'extrémité. A citer encore parmi les insectes charpentiers les larves du Xylocope, de Capricorne, du Sirex, différentes four- mis, le Termite lucifuge, les Vrillettes, les Charan- cons, etc. Certains hyménoptères percent les troncs des arbres pour aller déposer leur œuf sur une chenille inté- rieure. LES BOUSIERS Les Coléoptères vivant dans les bouses font avec le crottin divers objets. Les plus curieux sont les Atenchus qui confectionnent des boules volumineuses et les empor- tent au loin pour les dévorer tout à leur aise, Au moment de la reproduction, ils s'adressent à d’autres sortes de bouses plus onctueuses et en fabriquent des sortes de poires. Dans la partie amincie de celles-ci est creusée une cavité servant à recevoir l'œuf. LES FOSSOYEURS Les fossoyeurs enterrent les cadavres des vertébrés et y déposent leurs œufs, Il en est qui déchiquètent la dé- pouille (Phanée) et, au-dessous d'elle, en fabriquent une sorte de charcuterie destinée à leur progéniture. Henri COUPIN. CE QUE PEUT UN FAIBLE COURS D'EAU La nuit du 1% avril 1579, la Bièvre, cette petite rivière qui passe à Paris pour se jeter dans la Seine au delà du Jardin des Plantes, déborda prodigieusement. Son eau s’éleva de près de 5 mètres au-dessus de son niveau moyen (14 ou 15 pieds !). Elle monta jusqu'au grand hôtel de l'église des Cordelières de la rue de Lourcine. Plusieurs personnes périrent, et quantité de mai- sons furent emportées par cette inondation phénoménale ; inon- dation étonnante pour un si faible cours d’eau, qui n’a même pas 10 lieues de long. Observons qu’autrefois, au xt siècle, la Bièvre ne se jetait pas dans la Seine là où elle se jette actuel- lement, mais un peu au-dessus de la pointe orientale de l'ile de la Cité, la où est aujourd'hui Ja Morgue. ; Pour nous, il est de toute évidence que le confluent de la Bièvre, en amont de la pointe de la Cité et presque en face, a joué un rôle, dans les temps préhistoriques, lors de la formation de cette grande ile. Son courant, renforçant celui de la Seine en cet endroit, aura contribué à isoler la Cité de la rive gauche. On pourrait même dire que le petit bras de la Seine est un des bras de la Bièvre, et que la Cité est le delta qu’elle a formé à son confluent, grâce au concours que le fleuve lui a prété. Qui sait même si ce n’est pas l'apport de ses atterrissements, déposés dans le lit du fleuve, qui a contribué à former là une sorte de javeau, renforçant la pointe de la Cité ? Qui sait si son cours refoulant en partie celui de la Seine, n’a pas contribué au dépôt, de matériaux qui a formé l'ile Notre-Dame et l'ile des Vaches, LE NATURALISTE dont la jonction artificielle a produit l'ile Saint-Louis, telle que nous la voyons aujourd’hui ? Rappelons-nous toujours qu'il n'y a pas plus de cause sans effet qu'il n’y a d’effet sans cause. Dr Boucow. DESCRIPTIONS DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX DE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE Trypopitys subelongatus. Petit, modérément allongé, paral- lèle, noir de poix, orné de poils flaves en partie redressés. Prothorax un peu plus long que large, presque parallèle sur les côtés, non sensiblement gibbeux sur le disque, moderément impressionné sur les côtés de la base et latéralement avec des granulations petites et rapprochées ; écusson grand ; élytres parallèles, faiblement et obliquement rétrécis à l'extrémité, ornés de côtes faibles mais bien distinctes avec les intervalles large- ment et peu profondément ponctués ; segments abdominaux paraissant soudés en partie. Long. 4 mill. Brésil : San Antonio (coll. Pic.) — Très facile à reconnaitre, à première vue, par sa petite taille, sa forme parallèle. Ptilinus (1) brasiliensis. Très allongé, subparallèle, peu bril- lant, brunâtre, orné d'une fine pubescence grisâtre. Antennes testacées, assez longuement dentées ; tête assez petite avec les yeux peu gros, un peu saillants ; prothorax court, distinctement atténué antérieurement (vu de dessus), sillonné sur le disque et orné de petites granulations saillantes ; élytres de la largeur du prothorax, très longs, un peu déprimés sur le disque, faiblement ponctués en lignes avec quelques traces de côtes; dernier segment ventral faiblement impressionné. Long. 6-7 mill. Brésil : Pr. de Bahia (Grouvelle, in coll. Pic.) Plilinus Grouvellei. Assez allongé, subparallèle, peu brillant, brunâtre, revêtu d'une fine pubescence soyeuse, antennes testacées, gréles et subflabellées ; tête large, yeux gros et assez larges ; prothorax court, modérément atténué et sinué antérieurement (vu de dessus), très inégal, sillonné sur le disque, impressionné par places ; élytres de la largeur du prothorax, longs, faiblement ponctués ; dernier segment de l'abdomen muni d'une carène transversale. Long. 4,5-5 mill. Brésil. Pernambuco (Grouvelle, in coll. Pic.) Observation : Je n’ai connaissance d'aucune description anté- rieure de Plilinus du Brésil. Trigonogenius nigronolatus. Robuste, peu convexe, noir de poix où brunâtre, revêtu en grande partie d’une pubescence fauve ou d’un gris sale, parsemée de poils dressés ; antennes testacées, pubescentes, dépassant la base du prothorax: prothorax assez long et large, peu profondément sillonné sur le milieu, modéré- ment impressionné de chaque côté ; élytres subglobuleux, peu convexes, faiblement impressionnés antérieurement de chaque côté dans le voisinage de l'écusson et ornés en même temps d'une macule noire, allongée ; le reste des élytres est couvert d'une pubescence fauve, parsemée de macules irrégulières brunâtres, subdénudées ; pattes roussäâtres, pubescentes, aplaties. Long. 2,8 mill. Bolivie (coll. Pic.) Très distinct de squalidus Boild. ou globulus Sol. par son prothorax moins sculpté et les macules foncées des élytres. M. Pic. ACADÉMIE DES. SCIENCES Séance du 14 octobre 1901. Sur le mécanisme de la formation des perles fines dans le Mylilus edulis. (Note de M. Raphael Dusois.) — Mal- gré les recherches d’un grand nombre de savants, on se trouve encore, à l'heure actuelle, en présence des hypothèses les plus EEE RTE TP (1) Il est possible que plus tard on rapporte cette espèce au genre Euceralocerus Lec., genre qui mériterait d’ètre mieux défini pour être compris sans aucun doute. LE NATURALISTE diverses et les plus contradictoires sur le mode de formation et sur l’origine des perles vraies, c'est-à-dire de celles qui se forment dans les parties molles des mollusques perliers. Si on examine au mois d'août des moules qui, dans certains points des côtes de l'Océan, sont bourrées de perles, on peut être surpris de n’en plus trouver aucune, ou seulement de très rares échantillons, ou bien encore uniquement de débris calcaires que je ne puis mieux comparer qu’à des fragments de dents cariées. Parmi les perles qui persistent, on en trouve de très petites, nouvellement formées, et d'anciennes qui ont conservé leur orient, mais la plupart ont pris un aspect laiteux, blanc mat, qui annonce un commencement de désagrégation. Si on ne trouve presque plus de perles, en revanche, en observant attentivement le manteau de l’animal, on y remarque de nombreux petits points d'un jaune rougeàtre, récisément dansles endroits où se forment d'ordinaireles perles, Ils sont produits par de petits Distomes jeunes, de 4 à 6 dixièmes de millimètre, en train de s'enkyster. Leur enkÿstement se fait d’une manière extrémement curieuse. Au début, on voit la sur- face du Distome se parsemer de petits grains de carbonate de chaux ; ces granulatione grandissent et prennent la forme de cristaux qui s’assemblent, se groupent, s’entre-croisent de diffé- rentes façons, et finissent par former une enveloppe calcaire con- tinue autour du corps de l'animal, que l'on peut encore distinguer à cause de sa teinte jaune. Le coque calcaire devient polie, prend de l’orient et, à ce moment, le noyau de la jeune perle n'est plus qu'un petit point noir, qui ne tarde pas à disparaitre à son tour. La perle possède, à ce moment, un joli orient et elle continue à s’accroitre par sa périphérie en contact avec la poche membra- neuse entourant le kyste calcaire. On peut faire reparaitre le parasite, en décalcifiant les jeunes perles par l’acide chlorhydri- que ; il ne saurait donc y avoir aucun doute sur la nature du noyau. Des observations faites, il résulte que le Distemuim mar- garilarum s'enkyste dans le Mylilus edulis, sur les côtes de l'Océan, vers le mois d’août, et qu'il reste enkysté jusqu'à l'été suivant. Au commencement de celui-ci, la coque calcaire se dépo- lit, se désagrège. A un moment donné, il ne doit plus rester qu'une masse gélatineuse, correspondant, sans doute, aux perles gélatineuses signalées par M. Diguet dans le Meleagrina mars garilifera. Le parasite reprend alors sa vie active, se reproduit etles jeunes Distomes s'enkystent de nouveau pour former des perles. Il y a des perles qui échappent à’la fonte physiologique et peuvent acquérir un plus gros volume parce que le Distome est mort, tué par un autre parasite (peut-être un Sporozoaire),ou arce que c’est un être stérile qui forme la fin d'une lignée. La plus belle perlen’est donc, en définitive, que le brillant sarco- . phage d’un ver. Séance du 21 octobre 1901. Recherches sur les poissons momifiés de l’ancienne Égypte. (Note de MM. LorTer et HuGouxexo.) — Les anciens Égyptiens avaient la plus grande vénération pour un superbe poisson sacré de la famille des Percoïdes, le Lales nilolicus, qui habite encore en quantités innombrables les eaux du Nil, dans la haute et dans la moyenne Egypte. Certaines villes, entre autres Esnèh, vouaient un culte spécial à cette espèce ; aussi cette cité célèbre et très populeuse dans l'antiquité avait-elle recu, depuis l’occupation gréco-romaine, le nom de Latopolis. Non seulement les habitants honoraient comme une divinité de ‘premier ordre le poisson vivant, mais encore, par d'ingénieux procédés de momification, ils s'efforçaient de le préserver de toute destruction. Ces momies ont été ensevelies en quantités prodigieuses, à une petite profondeur, dans la plaine sablonneuse qui s'étend à l’ouest de la ville jusqu'aux premiers contreforts de la chaine libyque. Toutefois, les poissons se rencontrent aussi en grand nombre dans la nécropole humaine de la dernière époque ptolé- maïque et de l’époque romaine. Ces animaux, ainsi réduits à l'état de momies, sont entourés soigneusement de bandelettes de lin, teintes en jaune clair par le contact du liquide conservateur. [ls présentent toutes les tailles, depuis quelques centimètres jusqu'à un mètre et demi de lon- gueur et même plus. On rencontre aussi, placées à côté des poissons adultes, de singulières sphères, de la grosseur des deux poings environ, formées de joncs entrelacés à des fragments de bandelettes de linge. Ces sphères sont creusées et renferment chacune plusieurs centaines d’alevins de Lales, venant à peine de sortir de l'œuf et longs seulement de quelques millimètres. Cer- taines de ces pelotes ne renferment que de grandes écailles de Lates adultes. Ce sont peut-être les offrandes de malheureux solliciteurs de la divinité, n'ayant pu se procurer les animaux nécessaires à leur acte de dévotion. 279 « Tous ces poissons, petits et grands, sont admirablement conservés. Beaucoup même, lorsqu'ils ont été nettoyés de la vase salée dans laquelle ils ont été plongés, semblent presque sortir de l’eau, les écailles présentant encore touts leur éclat et bien souvent même leurs vives couleurs. Il était intéressant de con- naître la composition du liquide conservateur si habilement employé pour préserver les poissons. Les analyses de M. Hugou- nenq ont appris que les poissons subissaient tout simplement une macération dans les eaux fortement saumätres des lacs de natron, situés dans différentes parties de l'Egypte, puis qu'ils étaient ensuite entourés d’une couche dev ase chargée de substances salines, maintenue par un bandage habilement appliqué. Grâce à la sécheresse de l'air et à l’action protectrice d'un sable sec, chaud et presque toujours fortement salé, ces momies se sont si bien conservées, pendant vingt-cinq siècles au moins, que quelques-unes d'entre elles paraissent contenir encore presque autant de matières animales que certaines morues qui sont débi- tées sur nos marchés. Dans les profonds bassins formés par la première cataracte, le Lales nilolicus atteint une taille considé- rable ; les auteurs en ont vu pêcher, près d’Assouan, des indi- vidus ayant plus de deux mètres de longueur. Aucune différence morphologique ne les distingue de ceux qui étaient capturés par les anciens pêcheurs d’Esnéh. Sur un nouveau gisement de Mammifères de l'Éocène moyen à Robiac, près Saint-Mamert (Gard). (Note de MM. Ch. Derérer et G. Carrière.) — Les auteurs dans les fouilles qu'ils ont pratiquées ont pu, dès à présent, déterminer les espèces suivantes : « LOoPHIODON RHINOCERODES Rütim. — Grande espèce, de la taille d'un fort rhinocéros, jusqu'ici considérée comme très rare et connue seulement dans les gisements sidéro-lithiques d'Eger- kingen, d'Heidenheim et de Lissieu. L'animal de Robiac appar- tient à une race où les prémolaires supérieures sont pourvues de deux crêtes internes distinctes, et est identique à la race d’Hei- denheim désignée par Wagner sous le nom de L. franconicus. La race d'Egerkingenet de Lissieu a des prémolaires plus sim- ples, dépourvues du denticule postéro-interne. « LOPHIODON ISSELENSIS Ouvier. — A côté du gigantesque L. rhinocerodes, on trouve d’autres Lophiodon, peu différents de celui-ci par les caractères dentaires, mais dont la taille s'accorde tout à fait avec celle du type d'Issel. Il faut dire qu'on observe tous les intermédiaires de taille entre les deux espèces, de sorte qu'on pourrait aussi bien regarder les petits individus comme une race naine du L. rhinocerodes, « PALOPLOTHERIUM MAGNUM Rütim.— Cette rare espèce, connue seulement par quelques molaires trouvées à Egerkingen et à Lissieu, est relativement assez commune à Robiac, où elle attein- des dimensions presque aussi fortes que celles du grand Palæo- therium de l'Éocène supérieur. « PALOPLOTHERIUM LUGDUNENSE, n. Sp. — Sous ce nom, encore inédit, je trouve désigné un Paloplotherium de taille à peine supé- rieure au P. codiciense Gaudry du calcaire grossier de Coucy et qui se distingue de cette espèce par ses prémolaires supérieures ourvues sur la muraille d’une petite côte médiane (mésostyle) qui fait défaut dans le type du bassin de Paris. « PacnynoLopaus Duvarr Pomel. — Plusieurs portions de mandibule et un fragment de maxillaire avec les {rois arrière- molaires supérieures dépourvues de mésoslyle sur la muraille et parfaitement semblables au type du calcaire grossier supé- rieur de Passy et à celui des grès éocènes du Minervois, « AncuiLopaus Desmaresri Gervais. — Petite espèce repré- sentée par quelques molaires supérieures, dont les faibles diment sions, la forme relativement allongée de la couronne et l'aplatis- sement très prononcé de la muraille ne laissent pas de doute sur l'attribution de cet animal au type du calcaire de Saint-Ouen. L’A. Gaudini d'Egerkingen et de Lissieu a des molaires plus fortes et plus carrées. « Hvororanus Gresszyu Rütim.— Plusieurs séries de molaires supérieures et inférieures, parfaitement semblables à l’espèce d'Egerkingen et du Mauremont. L'histolyse saisonnière. (Note de M. G. Boux, présentée par M. Alfred Giard.) — Dans une Note antérieure l’auteur a indiqué les modifications importantes qui se passent à l'approche de l’automne chez les Arénicoles fouisseuses et les Pectinaires tubicoles (disparition de branchies, perforations des tégu- ments, etc.) et qui sont le résultat d'une histolyse saisonnière. Les transformations histolytiques présentées parles Annélides à l'automne, et accompagnées de troubles circulatoires et respi- ratoires d’origine toxique, auraient pour conséquence, soit la 280 dissémination des œufs par une forme pélagique (épitokie), soit simplement l'expulsion des œufs par la rupture des téguments d’une forme restée sédentaire (exotokie matricide). Ces faits montrent, une fois de plus, la grande importance des intorica- lions externes el internes qui s'exercentsur l'évolution des êtres vivants, et en particulier le rôle des Algues au sein des eaux marines. Il serait intéressant de les rapprocher des phénomènes causés par la vie parasitaire, c’est-à-dire ayant lieu dans des milieux éminemment toxiques. Développement de l'embryon chez le Lierre(Hedera Helix). (Note de M. L. Ducamr, présentée par M. Gaston Bonnier.) — Dans la formation du cône radiculaire, le cylindre central reste étranger au susrenseur; celui-ci complète inférieurement l'écorce et donne naissance à la coiffe; les éléments supérieurs de celte dernière sont fournis par la base de l'épiderme embryonnaire. Sur une lampe préhistorique, trouvée dans la grotte de La Mouthe (M. Berruezor), — M. Em. Rivière dans les découvertes qu’il a faites dans la grotte de La Mouthe (Dordogne) a rencontré une lampe préhistorique creusée dans un galet de grès rouge d’origine magdalénienne et portant gravé sur sa face externe le dessin d’une tête de bouquetin. La face interne creusée indique la destination de cette lampe. Ladite face était recou- verte d'une matière noire, semblable aux derniers résidus d’une lampe à huile, et constituée par une substance charbonneuse, combustible, à l'exception d'un peu de cendre calcaire non ferru- gineuse (carbonate de chaux, provenant de la roche). Ce qui caractérise surtout cette substance charbonneuse, c'est qu'elle contient des composés fixes, analogues aux principes immédiats des tissus animaux et émettant des vapeurs ammoniacales (car- bonatées), avec une odeur spécifique spéciale, par distillation sèche. En somme, ces résidus charbonneux sont semblables à ceux que laisserait la combustion d'une matière grasse d’origine animale, mal séparée de ses enveloppes membraneuses, telle que le suif ou le lard. Ce serait donc une matière de ce genre qui aurait été utilisée pour l'éclairage de la grotte. Séance du 28 octobre Le Nématode de la betterave (Heterodera Schachtii). (Note de M. WizLor, présentée par M. Wolf.) — On trouve extraordinairement vides, en juillet et août, toutes les femelles brunes du Nématode de la betterave ; l'auteur a été fort étonné de les trouver, cette année, pleines d'œufs, d'embryons et de larves, même en septembre. et j’ai vu les larves s’agiter aussitôt la femelle ouverte, ce qui n’a généralement lieu que par une température chaude et dix minutes ou un quart d’heure après l’ouverture de la femelle. Ce fait confirme que c'est sous l’influence de la chaleur et de l'humidité que la femelle brune, qui est morte,se gonfle, que le canal vulvaire s'ouvre mécanique- ment et permet aux larves de sortir. La sécheresse prolongée de cette année, loin de favoriser la dilatation des femelles et l’ouver- ture du canal, a produit un effet tout contraire. Ce qui me paraît surtout digne de remarque, c'est que l'incubation était suspendue, comme en hiver; on voyait, en effet, les œufs à tous les états de segmentation et tous les produits vivants... » OFFRES ET DEMANDES À vendre les lots et collections de Coléoptères ci-après. — S'adresser à « Les Fils d'Emile Deyrolle », natura- listes, 46, rue du Bac, Paris. Coprophages, 305 espèces, 831 exemplaires, 6 cartons 39 >< 26. Parmi les espèces rares ou peu communes, ren- fermées dans cette collection, nous citerons : (réotrupes, Hoffmaseggi, typhæoiïdes, momus, subarmatus, semiopa- cus, caspius, purpureus, v. autumnalis, v. splendens, Brancziki, etc. ; de bonnes espèces se rencontrent égale- ment dans les autres genres ; 84 espèces d'Aphodius. Prix: 80 fr. Dynastides. 65 espèces, 160 exemplaires, 3 cartons 39 x 26 A citer : beaux Orycles, Strategus, etc. ; Dynastes her- cules © et © ; Golofa cacus. Prix : 60 fr. Melolonthides. 182 espèces, 394 exemplaires, 4 cartons 39 x 26. Très belle série de Rhizotrogus, entre autres R. Olivieri, Henoni, tusculus, deserticola, numidicus, sternalis, eburneicollis, crassus, cariosicollis, punicus, fissiceps, amphytus, vulpinus, porosus, Mascaraxi, Rei- LE NATURALISTE f ‘VS chei, Caucasicus, etc! Dans les’autres genres, nous signa- lerons : Pachypus candidæ ©*' 9, cœsus; Polyphyila Boryi, Olivieri; Melolontha v. lugubris, pectoralis pap- posa; Elaphocera Bedeani, mauritanica, malacensis, etc. Prix: 85 fr. Rutélides. 180 espèces, 539 exemplaires, 4 carton 39 x 96. Nous citerons : Anomala atriplicis, tingitana, praticola, rugatipennis, 4 punctata, dorsalis, corruscans, auroni- tens, etc. ; bons Popilia; jolies Antichira et Anoplog- nathus. Prix N6o0n Cétonides. 143 espèces, 285 exemplaires, 5 cartons 39 X 26. Très jolies Cerathorrhina; Heterorrhina Dorhni; Cotinis v. atrata ; Cromoptilia diversipes: Cetonia Abyssinica, v. diocletiana, judith, Preyeri, funebris, trojana, etc. Prix ie NToNTre Glaphyrides. 60 espèces ou variété, 265 exemplaires, 2 car- tons 39 X 26. Prix 5 fre Lot de Carabides européens. Harpalides, Féronides, An. choménides, Bembidiides. 300 espèces, 800 exemplaires, 4 cartons 19 X 26 doubles. Posi-85fr Collection d'Hydrocanthares et Palpicornes exotiques. 160 espèces, 340 exemplaires, 3 cartons 39 x 26. Prix: 40 "fr, — d'Hydrocanthares et Palpicornes européens. 250 espèces, 667 exemplaires, 3 cartons 39 X 26. Bonnes espèces dans les genres Agabus, Hydroporus, Gyrinus, Prix 400 fr: — deClavicornes européens. 716 espèces, 1810 exem- plaires, 9 cartons 39 x 26. Bonnes espèces dans tous les genres : Leptoderus Hoenwarti ; Pholeuon gracile ; An- throcharis caudatus, caudatissimus ; Trocharis Mestrei; Cytodromus dapsoidés et ‘autres cavernicoles; necro phorus morio, Corsicus ; Pteroloma Forstrœni ; Adelops 40 espèces, etc. Prix 0e — de Passalides. 175 espèces 610 exemplaires, 8 cartons 39 X 26. Nombreuses espèces rares. Prix : 200 fr. — de Lucanides et Larnellicornes curopéens, 220 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons 19 >< 26. Prix NnE Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 300 exem- plaires, 2 cartons 19 X 26 doubles. Prix tn25Atre — de Glaphyrides. 50 espèces, 115 exemplaires, 1 carton 39<026: Propre Collection de Buprestides européens. 210 espèces 481 exemplaires, 4 cartons 39 x 26. Nombre d'espèce, rares. Nous nommerons : Julodis æquinoxialis deserti- cola, V. floscosa, cicatricosa, euphratica, ruginota, Kœnigi- sulcata, lmeigera, lævicostata, Algerica, spectabilis, ma nipularis, fimbriata, Caïllaudi ; Steraspis speciosa ; Chal- cophora Fabricii, 4 oculata, Bagdadensis ; Psiloptera ar- gentata; Capnodis Mannheiremi, miliaris ; Cyphosoma Lansoniæ, Iberica, euphratica; Pæcilonota dicercoides ; N. sp.?, gloriosa, festiva; Eurythyrea micans, Austriaca ; 38 espèces d’Anthaxia: 22 espèces d'Acmœæodera ; Sphæ- noptera Dejeani, foveola, gemellata, pharaon, lapidaria, Smyrnensis, Tappesi, Solskyi, Zubkoffi, viridiflora, tama- risci, Caroli, corœbiformis ; très bonnes espèces parmi les Agrilus et Corœbus. Prix :1250 fr: Colléction de Malacodermes et Térédiles européens. 150 espèces, 400 exemplaires, 3 cartons. Prix: 95 fr Lot de Ptinides et Anobiides européens. 50 espèces, 170 exemplaires, 2 cartons. Prix : 18 fr. Collection de Cébrionides, Malacodermes et Téré- diles européens. 370 espèces, 866 exemplaires, 7 cartons 39 x 26. Nous citerons : Cebriodubius, Cor- _ sicus, Carenoi 9, maculicollis, etc., etc. Prix : 125 fr. — d'Hétéromères et Vésicants européens. 830 es- pèces, 1.860 exemplaires, 16 cartons 39 x 26. Quantité de bonnes espèces, entre autres : Leptonychus rufipennis; Arthrodeis orientalis ; Anmodeis asiaticus ; Adesmia pro- cera, Solieri, Gebleri, Donei, anthracina, cancella, cothur- nata, cCarinata, ulcerosa, Lehmanni; Homola polita; Tentyria Andalusica; Myapisa Mulsanti; Himatismus Perreaudieri; Eurychora ciliata; Morica obtusa; Akis planicollis; Blaps prodigiosa, brachyura, Itranchi; Pro- sodes obtusa; Asida, bonnes espèces; Lasiostola Plust- scheroskyi ; Prionotheca coronata ; bonnes espèces d’Oc- nera, etc. Prix : 300 fr. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. ANNÉE 9e SÉRIE — N° 355% 153 DÉCEMBRE 1901 J'ai capturé cette année, aux environs de Rouen, notamment au-dessus de Darnétal, une certaine quantité de Papilio Machaon, et, si j'en juge par le nombre consi- dérable de chenilles que j'ai également trouvées et de -celles qui m'ont été adressées un peu de tous côtés, je crois pouvoir affirmer que les chenilles du Papilio Machaon ont causé de grands dégâts aux tiges de carottes. L’année semble avoir été très favorable au développe- ment de ces lépidoptères, et je crois devoir en entretenir les lecteurs du \aturaliste. L'œuf pondu par la femelle du Papilio Machaon est de coloration jaune-verdâtre. Il donne naissance à une chenille qui est, dès son premier âge, presque entièrement noire, Après chaque mue, cette chenille change de cou- leur, et lorsqu'elle a enfin atteint son développement (4à 5 centimètres de longueur), elle est alors d’une belle teinte verte avec lesanneaux noirs. La cheniile du Papilio Machaon est connue de tout le monde ; on la rencontre du reste assez communément dans les jardins, Je ne m'étendrai donc pas longuement sur sa description, je me bornerai tout simplement à dire quesa tête est ordinairement petite et que le tégu- ment de celle-ci n’est pas beaucoup plus ferme que celui des autres parties du corps. _L’anneau qui se trouve le plus rapproché de Ja tête porte une paire de cornes fauves à base commune. Lorsqu'elle est au repos, on ne distingue pas du tout ces deux cornes; mais, si on veut la saisir, elle les fait immédiatement surgir, et il s’en exhale une odeur très désagréable d'acide butyrique et d'essence de carottes qui a, sans doute, pour but d’effrayer l’agresseur. Les pattes membraneuses de cettechenille se terminent par quelques rangées d’épines au bord interne. C’est généralement en juin que la chenille du Machaon se métamorphose en chrysalide. À cet effet, elle se fixe par la queue et par un lien soyeux, transversal, sur une : des tiges de la plante qui l’a nourrie. La chrysalide est quelquefois d'un jaune verdâtre, ou d'une teinte grisâtre. Non seulement le Papilio Machaon est une des plus grandes espèces que l'on trouve en France, mais c’est aussi un des plus beaux papillons. Il mesure environ de 75 à 80 millimètres d'envergure. Les ailes antérieures sont jaunes, tachetées de noir et bordées également d’une large bande noire divisée sur les ailes supérieures en une série de huits points mar- ginaux jaunes. Sur les ailes inférieures, les points marginaux sont précédés d’une belle tache bleue. Ces même ailes sont aussi munies d'une queue qui est noire à l'extrémité : de | là le nom de porte-queue donné à ce papillon. = Le corps est jaune avec une bande dorsale noire. Les antennes sont également noires. Les mandibules de ce lépidoptère sont assez faibles et leur bord, qui est tranchant, n’a pas de dentelures. La À lèvresupérieure n’est pas fendue, maiselleest échancrée. | Ce n’est pas seulement en Europe qu'on rencontre le | Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. -tes accomplies en mai par les femelles de Papilio Machaon :ilest, en effet, signalé comme habitant aussi l'Egypte, la Syrie, la Sibérie, le Japon, etc: Ce lépidoptère a deux générations par an : on l’apercoit dabord'en mai, quelquefois même vers la fin d'avril, puis én: juillet et août, et parfois aussi, selon lasaison, on en trouve en septembre. Ceux qui apparaissent en mai sont 6v idemmient éclos de chrysalides provenant de la deuxième génération de l’année précédente et qui avaient, par conséquent, passé l'hiver en cet état. Ceux des mois de juillet et août proviennent des pon- la premiere génération. - C'est, le plus souvent, dans les jardins et les champs qu'on rencontre ce papillon à la recherche des carottes (Daucus carota) et des cultures de luzerne ; il n’est pas rare non plus de le voir se reposer de temps à autre sûr le fenouil (Anethum feniculum). Plusieurs cas d'aberrations ont été signalés soit dans les chrysalides ou les chenilles du Machaon. Voici, à ce sujet, ce que M. P. Chrétien a décrit dans le Journal le Naturaliste de 1887, relatif à une anoma- lie présentée par une chenille de ce lépidoptère : « Le mois dernier, dit-il, j'ai pu augmenter le nombre de mes monstres de deux sujets. « C’est d'abordune chenille de Papilio Machaon n'ayant que quinze pattes. La patte de droite de la deuxième paire des ventrales, appartenant au septième segment, est totalement absente ; colonne et couronne font tout à fait défaut ; seuls, les crochets se voient à fleur de peau. « Cette chenille, qui avait été élevée ab ovo, n'a sem- blé n'être privée de cette patte qu'après la dernière mue. Elle ne paraissait pas en être incommodée, elleétait dans un état aussi florissant que ses compagnes, « Le seul effet produit par cette absence de pattes était une légère déviation du corps, les muscles s’étant noués à cetendroit et la peau offrant l’aspect d’une cicatrice. « Le stigmate subsiste, mais la tache orangée infra- stigmatale, située sur la bande transverse d’un noir velouté qu'elle coupe en deux à cet endroit, n’existe pas; cette bande est continue et se prolong :e Jusqu'auprès des crochets sessiles. « Les deux taches noires dé à la naissance des pattesmembraneuses font défaut également, Enfin, l’autre patte correspondante paraît plus forte qu'elle ne devrait l'être normalement, et la tache noire, située entre les pattes membraneuses et formant la bande ventrale, est réduite de moitié à cet endroit. » J'ai dit plus haut que la chrysalide était quelquefois d'un jaune verdâtre, ou d'une teinte grisâtre. En effet, la couleur de celle-ci varie beaucoup selon le lieu où elle se trouve attachée. M. Sylvain Ebrard a étudié plusieurs fois les chrysa- lides du Machaon et voiei, à ce sujet, ce qu'il a commu- niqué dans une séance de la Société entomologique de France de l’année 1868. ; « La chrysalide du Machaon prend une couleur suivant le corps sur lequelelleest placée. Ayant, dit-il, attaché une tige d’arroche sur laquelle venait de se fixer une che- nille de Machaon contre la bordure verte d'un tapis d’une couleur jaune, j'ai vu se former une chrysalide ayant une livrée d’un beau vert mélé de jaune. « D'un autre côté, ayant aussi élevé des chenilles du même papillon dans une cage à chenille formée de sapin bruni par le temps etenutourée d’une toile métallique en 282 fil de fer noirâtre en partie oxydé, j'ai trouvé des chrysa- lides d’un gris brunâtre, dont la coloration s’harmonisait notablement avec celle de l'intérieur de leur prison. » Le même auteur a aussi remarqué une aile supérieure de Machaon qui ne comptait que sept lunules au lieu de huit. Les chenilles du Machaon se répandent sur toutes les feuilles des carottes, en ayant soin cependantde ne jamais s’écarter beaucoup les unes des autres. Elle les rongent, les percent et en consomment une notable quantité. Pour se débarrasser de ce papillon, on lui fait la chasse à l’aide d’un filet à papillons ; on peut aussi rechercher les chenilles sur les tiges des carottes où leur couleur permet de les distinguer facilement. Ilexiste aussi un ichneumon qui empêche beaucoup la multiplication de cette espèce en lui faisant une guerre acharnée. Cet ichneumonien appartient à la sous-tribu des Bra- conites et au genre Microgaster. Son nom vulgaire est Microgaster aggloméré et son nom scientifique Microgas- ter glomeratus. Voici la description dece parasite etcomment il opère : La femelle de cet hyménoptère pond environ une vingtaine d'œufs dans le corps d’une seule chenille de Machaon, puis les petites larves qui naissentde ces œufs ne tardent pas à se développer, et percent alors la che- nille après en avoir rongé tout l'intérieur pour aller ensuite se réunir dans un petit cocon de soie jaune. Quinze jours environ après cette opération, il sort de chacun de ces cocons un petit ichneumonien {le Micro- gaster aggloméré) qui s'envole, va s’accoupler et pondre ensuite à son tour sur les autres chenilles qu'ilrencontre. ILest de toute nécessité de ne pas détruire cetutile auxi- liaire qui nous rend ainsi de sigrands services ; on pour- rait même chercher à le propager de plus en plus et trans- porter les cocons que l’on rencontrera dans les champs de carottes ravagées par les chenilles du Papilio Machaon. Cet hyménoptère n’a guère que 3 millimètres environ de longueur. Il estentièrement noir; sa tête et son thorax ne possè- dent aucune tache. Les antennes sont sétacées et de la même longueur que le corps. Les palpes sont d’un jaune pâle. L’abdomen a les bords latéraux de son premier seg- ment et quelquefois aussi ceux du second d’un fauve testacé. Ailes diaphanes avec leur stigma et leurs nervures d'un pâle livide ; pattes d’un testacé fauve, avec les hanches postérieures noires et, quelquefois, l'extrémité des tibias et les tarses brunâtres terminent la description de ce précieux auxiliaire que nous devons protéger. Le Microgaster aggloméré est commun dans toute l’Europe, et 1l n'est pas rare aux environs de Paris. Paul NOEL. LE NATURALISTE de Pasquino répondit par ce passage de Job, collé sur son LES PLANTES DANS L'ANTIQUITÉ LE TABAC (Suile). Nous avons vu précédemment que le tabac rencontra de puissants ennemis parmi les « conducteurs de peuples » : le pape Urbain VIIT, les sultans de Perse et de Turquie, le czar d'alors, etc., etc. J'ai même oublié en parlant de la bulle d'Urbain VIII — il n'est jamais trop tard pour bien faire — de mentionner que, dès le lendemain de la publication de cette bulle proscrivant l’usage du tabac dans les églises sous peine d’excommunication, la statue ventre par un fumeur romain : « Cur contrà folium quod vento rapitur ostendis potentiam tuam el stipulam siccam persequeris? — Déploieras-tu tes forces contre une feuille que le vent emporte? Poursuivras-tu une paille sèche ? (1)... » Urbain en rit le premier. Mais d’autres souverains ne s’insurgèrent point contre cet irrésistible engouement du public. Plus pratiques, ils introduisirent par la force le tabac dans leurs États. Ainsi fit Pierre le Grand. Dans l’Histoire de Charles XIT, livre I, Voltaire, parlant de ce czar, nous dit : « Après avoir abaissé un clergé ignorant et barbare, Pierre osa essayer de l’instruire, et par là même il risqua de le rendre redoutable; mais il se croyait assez puissant pour ne pas le craindre... Un homme digne de foi m'a assuré qu'il avait assisté à une thèse publique où il s'agissait de savoir si l'usage du tabac à fumer était un péché; le répondant prétendait qu'ilétait permis de s’enivrer d'eau-de-vie mais non de fumer, parce que la très sainte Ecriture dit que ce qui sort de la bouche de l'homme le souille et que ce qui y entre ne le souille pas (2). » Admirable élasticité des textes sacrés! L. Superbe argument trouvé par les popes, presque tou- jours ivres d’ailleurs, au moins à ces époques de servitude à et d’ignorance absolument crasse ; au moins ce pope rou- . blard connaissait-il ce verset de l’évangile de saint Ma- thieu, qu'il avait pris pour base d'opération : à Et c’est ainsi, Jésus, que l’on te fait parler? Dans l'Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand. (Ie partie, chapitre 1x), Voltaire dit encore : « On ne doit pas omettre que des négociants anglais à la tête des- M (1) Jos, XIII, 25. : (2) Marnœu, XV, 11. — Non quod intral in os coinquinat … hominem, sed quod procedil in ore coinquinal hominem. — Le christianisme fut introduit en Russie par Vladimir vers. 988. Ce souverain ayant envoyé des délégués visiter les diverses Églises chrétiennes, à leur retour ils lui conseillèrent de choisir la religion grecque, dont les cérémonies étaient plus fastueuses c’est ce qu’il fit, et, sous peine de mort, ses sujets eurent ordre de se rendre à la rivière pour y étre baptisés. Avant de décrète le christianisme, il avait refusé d'adopter le mahométisme, parc qu'il proscrit l'ivrognerie : « Les Russes, avait-il dit, ne peuven vivre sans se saouler. » LE NATURALISTE 283 «çuels se mit le marquis de Carmatheu, amiral, lui donnè- rent 15.000 livres sterling pour obtenir la permission de débiter du tabac en Russie. Le patriarche, par une sévé- rité mal entendue, avait proscrit cet objet de commerce; l'Église russe défendait le tabac comme un péché, Pierre, mieux instruit, et qui, parmi tous les changements pro- jetés, méditait la réforme de l'Eglise, introduisit ce com- merce dans ses Etats. » En parlant du même fait, Voltaire dit, dans ses Anec- dotes sur Pierre le Grand : « Il manqua d'argent à Londres ; des marchands vinrent lui otfrir 100.000 écus pour avoir la permission de porter du tabac en Russie. C'était une grande nouveauté en ce pays, et la religion même y était intéressée. Le patriarche avait excommunié quiconque fumerait du tabac, parce que les Turcs, leurs ennemis, fumaienr, et le clergé regardait comme un de ses grands privilèges d'empêcher la nation russe de fumer. Le ezar prit les 100.000 écus, et se chargea de faire fumer le clergé lui-même. 11 lui préparait bien d’autres innovations. » Et voyez à quelles misérables ficelles est suspendue la sécurité des empires ! C’est la graisse de porc dont étaient enduites les car touches des fusils rayés distribués aux cy- payes qui provoqua l’épouvantable insurrection des Indes anglaises, comme jadis l'insurrection des strélitz et leur écrasement définitif furent provoqués par le !clergé russe, précisément à cause de l'introduction du tabac par Pierre le Grand, Après en avoir fini avec cette turbulente et toute- puissante cohorte prétorienne, le czar s'’empressa de casser aux gages le patriarche, lui offrit pour asile un monastère hermétiquement clos et se déclara souverain chef de la religion comme il l'était de l'Etat. Puisque je viens de citer Voltaire, pourquoi ne racon- terais-je pas une aventure de sa jeunesse ? Etant en rhé- torique, 1 s’'amusait un jour à jongler avec sa tabatière; son professeur, le Père Porée, la lui confisqua, et lui promit néanmoins de la lui rendre plus tard, s'il en témoi- gnait le désir par une pièce de vers quelconque. Voltaire lui remit, un instant après, les vers suivants : Adieu, ma pauvre tabatière! Adieu! Je ne te verrai plus! Ni soins, ni larmes, ni prière Ne te rendront à moi : mes regrets sont perdus. J'irais plutôt vider les coffres de Plutus, Mais ce n’est pas ce dieu que l’on veut que j’implore. Pour te ravoir, hélas! 1l faut prier Phœbus Et de Phœbus à moi si forte est la barrière. Que je m'épuiserais en eflorts superflus! Sur ce pied-là, je ne te verrai plus. Adieu, ma pauvre tabatière! Un des grands amis de Voltaire, Frédéric le Grand, prisait beaucoup aussi, et, pour s’éviter la peine de fouiller à tout instant dans ses poches pour y chercher une tabatière oubliée cà et là, il avait fait placer sur chaque cheminée de son appartement un de ces réci- pients où 1l puisait au besoin, Un jour, il vit, de son jardin, un de ses pages qui, ne croyant pas être apercu et curieux de goûter au tabac royal, mettait sans facon les doigts dans la boite ouverte sur la cheminée de la pièce d'entrée. Le roi ne dit rien d'abord; mais au bout d’une heure il appelle le page, se fait apporter latabatière, et, après avoir invité l’indiscret à y prendre une prise : : — Comment le trouvez-vous? — Excellent, Sire. — Et cette tabatière ? — Superbe, Sire. —- Eh! bien, Monsieur, prenez-ia ; je la crois trop petite pour nous deux... Autre aventure, du même genre à peu près : En avril 1810, Napoléon le Grand (1) et Marie-Louise allèrent visiter le canal souterrain de Saint-Quentin et les villes de Cambrai, Valenciennes, ete, Le bourgmestre d'une ville hollandaise où devait passer l'Empereur crut devoir inscrire, au fronton d’un arc de triomphe qu’il avait fait dresser en l'honneur du grand capitaine, l’ins- cription suivante : Il n'a pas fait une sottise En épousant Marie-Louise. Napoléon n'eut pas plus tôt vu ce produit d’une ima- gination poético-politique, qu'il fit mander le bourg- mestre : — Monsieur le maire, lui dit-il, il y a donc des poètes, chez vous? — Nous sommes quelques-uns, Sire….. — Parbleu, je parie que c’est vous qui avez trouvé ce charmant distique inscrit sur votre arc-de-triomphe ?.…. Dites la vérité? — J'ose m'en flatter, Sire. — Félicitations sincères. Prenez-vous du tabac, mon cher maire? Je vous préviens : il est exquis. Et il lui présenta, ouverte, une tabatière enrichie de diamants. — Oui, Sire.. mais je suis tout confus de lhon- neur.….. — Prenez, prenez, monsieur... Gardez la boite, — avec le tabac, — et surtout : Quand vous y prendrez une prise, Rappelez-vous Marie-Louise. Napoléon n'était pas fumeur, et pourtant il avait fumé, ou fait semblant de fumer, en Egypte, dans les assemblées des notables où il discutait les intérêts de l'expédition. Son valet de chambre Constant raconte qu'ayant recu à Paris une superbe pipe d'un ambassa- deur persan, il voulut l'essayer et la fit allumer. Il mit le tuyau dans sa bouche, mais il se borna ensuite à ouvrir et à fermer machinalement les lèvres, sans aspirer. — Comment, diable! dit-il, mais ça n’en finit plus!... Essayez donc, vous, un tel... On fuma devant lui : la pipe allait à ravir. Napoléon la prit à son tour, mais il en revint encore à son bâillement improductif; la pipe s’éteignit. Constant la ralluma, et l’empereur comprit enfin comment il fal- lait s'y prendre pour fumer. Maïs à la première aspira- tion, la fumée lui envahit le gosier, les narines et les yeux, et il eut une formidable quinte de toux mêlée de larmes piquantes. Quant il put recouvrer l'usage de Ja parole : — Otez-moi cela! s’écria-t-il; quelle infection ! quelle saloperie ! oh! les cochons!!... le cœur m'en tourne!. . (Voilà un patron tout trouvé pour la Société contre l'abus du tabac). Le tabac, comme toutes les choses nouvelles d’ailleurs, a été honni, exécré et exalté au suprême degré; nous, avons déjà vu qu’il guérissait toutes les maladies et qu'il procurait les pires infirmités. On me saura peut-être gré (1) Décidément, le tabac a d’illustres parrains : Pierre le Grand, Napoléon le Grand... 284 LE NATURALISTE ee EE EE nan de citer ici quelques-unes des pièces dont il a fourni le sujet. Dans le Recueil de pièces nouvelles et curieuses (ano- nyme, 169%, 10 vol, in-12), on trouve deux poésies sur le tabac à priser et le tabac à fumer. J’extrais ces strophes de la première : Non, je ne sçaurois m'y résoudre Et c'est vainement m'’exhorter, Iris, je ne puis plus quitter Le tabac que je prends en poudre. Longtemps, d’un esprit obstiné, Comme vous je l’ai condamné; Mais dans les vertus qu'il possède Mes maux ont trouvé des secours ; C'est mon plaisir, c'est mon remède : Ai-je tort de l’aimer toujours ? Je ne puis souffrir qu'on m'en gronde, Accommodez-vous avec lui; Ce n’est plus un vice aujourd'hui, Ou c’est celui de tout le monde : Chacun en prend publiquement, On en présente également, On porte en main la tabatière; Vous en voyez d’agathe et d'or : On prend la plus vile matière Pour loger un si grand trésor. Dans la tristesse il nous dégage Et nous rend un esprit nouveau; Des maux qui viennent du cerveau Il nous guérit, il nous soulage; Par son piquant chatouillement Il excite à l’éternuement ; Chacun nous dit : « Dieu vous bénisse! » Toujours d'un ton civil et doux... — Et vous maudissez comme un vice Ce qui nous fait bénir de tous ?.…. Dame! ce subtil poète n’a pas tout à fait tort. J'extrais cette strophe de la pièce sur le tabac à fumer : Ah ! qu'il est doux, le ventre plein, Prenant de fantasques postures, De repasser, la pipe en main, Dans son esprit mainte aventure ! Les sourcils à demi froncez On songe aux accidents passez Pendant que la pipe s'allume, Et dans ce muet entretien Il semble, dès lors que l’on fume, Que l’on n’a plus besoin de rien. Mais la guerre se déclara néanmoins entre les priseurs et les fumeurs (les chiqueurs furent toujours laissés de côté), et les pièces sont nombreuses où les uns et les autres bataillent pour la suprématie de leur caprice. Voici une comparaison assez piquante que fait le célèbre Barthélemy entre le fumeur et le priseur(L'Art de fumer, ou La pipe et le cigare, poème en III chants, Paris, 1844, in-8°, pièce): .… Le fumeur est décent de visage et de geste; Sa lèvre arquée exprime une fierté modeste ; Un air philosophique est empreint dans ses yeux : Il souffle son haleine en regardant les cieux. On dirait qu'il suffit de ce puissant arome Pour mürir la pensée et compléter un homme, Qu'il donne à l’enfant même un aspect de raison, Et d’un air juvénil rehausse le grison. Le priseur, au contraire, offre dans tout son être Certain je ne sais quoi qu’on ne peut méconnaitre : Son galbe est ridicule et son maintien chétif. Dès qu'il porte la main vers le siège olfactif, Sa tête vers la terre obliquement s’incline ; Il étire la face et pince la narine ; Il a beau corriger ses gestes maladroits, Arrondir le poignet en allongeant les doigts, Quelques soins qu'il se donne, il ne peut se défendre D'un air patriarcal qui frise le Cassandre. Eh! comment ne pas rire à voir le dénoûment- De sa fatale prise, outre l’éternuement ? . Comme le stimulant qu’il porte à cet organe Contraint à suinter sa muqueuse membrane, Tantôt une topaze, effroi du linge blanc, Au bout du cartilage étincelle en tremblant, Tantôt elle envahit la gouttière nasale Et glisse vers la bouche, en pente verticale : A moins que, présenté d’une assez prompte main, Le madras à carreaux ne l'éponge en chemin. Oh ! comment avec nous les mettre en parallèle ? Nous, du moins, du berger quand l'heure nous appelle, Un léger gargarisme adoucit le parfum D'un cigare récent, au goût inopportun ; Mais pour eux, par hasard quand la même heure sonne, Quel moyen d’assainir leur infecte personne ?.… De déterger à fond le fumet introduit Jusqu'à l’arrière-bouche, au sinueux conduit ?... Dans ses plis ténébreux le noir levain fermente : Dieu ! Quels tristes baisers aux lèvres d’use amante ! En vain elle s’efforce à vaincre le dégoût D'un nez asphyxiant dont elle sent le bout : De quelques’beaux dehors qu’elle se trouve éprise, Elle défend sa porte à l’Apollon qui prise; Tandis que la beauté, jamais avec humeur N'a, pour lèse-odorat, expulsé le fumeur. Il y eut des protestations. Dans le camp des priseurs, bien entendu. Un sieur Chavanne fit paraître La Taba- tière vengée, réponse rimée à l'auteur de l’Art de fumer, par un priseur de Brienne (Paris, 184#, in-8°. Pièce). J’extrais de cette réplique le passage où l’auteur s’in- surge contre le vers que j'ai souligné au commencement de la citation de Barthélemy : « Le fumeur est décent de visage et de geste...» Voilà qui me plaît fort : décent, oui, je l’atteste Et j'en prends à témoin ces braves fils de Mars Connus vulgairement sous le nom de hussards.…. Tous fument plus ou moins ; or, chose incontestable, Ces gentils cavaliers sont tous décents en diable. La décence circule en ce corps virginal Comme fait le parfum aux fibres du santal. Aux modestes dragons ne faisons point injure : Eux aussi sont décenls; j'en ai vu, je l’assure, Et, tels que ces sonnets qu'on ne peut trop vanter, Par mille il en est un que je pourrais citer. Plus récemment (Tabacs et cigares, fantaisies, par un débitant de tabac. Paris, 1886, in-8°), on fit un sonnet humoristique sur le tabac à priser : QUEUE DE RAT Madame Dupotin a mis sa main jaunie Dans la boîte en écorce, ouverte à chaque instant, Puis humé par deux fois une poudre brunie” En faisant clignoter un petit œil méchant. Le bon tabac râpé l’a soudain rajeunie. Son sourire édenté révèle un cœur content, Tandis que, dépliant une toile ternie, ) ; Elle éponge à son nez un pleur couleur de sang. Elle songe à médire un peu du voisinage : Celui-là n’est pas bon; celle-ci n’est pas sage. Tous, même ses amis, ont leur petit paquet. Cependant elle croit avoir l’âme fort tendre; Quand elle aura soigné son chat et son roquet, Elle ira voir sa fille... — Ayons pitié du gendrel.…. Il se trouva pourtant un homme vertueux, — et pra= tique, — qui s’émut des diatribes dont le tabac était l’objet et qui se fit ce raisonnement assez limpide : Puisque ines contemporains ne peuvent se passer de priser, et que le tabac est malsain, donnons-leur une … ge. 4 LE NATURALISTE 28 substance absolument anodine, qui remplacera le tabac. — Je vais créer l'Antitabac. Ce bonhommeau, nommé Duchäatellier, inventa donc une poudre à priser destinée à remplacer le tabac, C'était un mélange pulvérulent de feuilles de vigne, de noyer, de betterave, de thym, de cerfeuil, etc., le tout agrémenté sans doute de quelques gouttes (oh! si petites!) d'ammo- aiaque, pour donner du montant. Lors du choléra de 1832, il fit même cireuler ce distique : D'ANTITABAC si prenez une prise, Le choléra sur vous n'aura jamais de prise. Mais voyez la roublardise de la Régie; notre inventeur fut poursuivi comme contrefacteur du tabac officiel ; tout naturellement, il fut acquitté haut la main, puisqu'il ne contrefaisait rien du tout, et qu'il avait même soin de dire qu’il combattait le tabac (Cour de cassation, arrêts du 2 décembre 1830 et du 7 juin 1831). Alors la tenace Régie supplia les pouvoirs publics de venir en aide à sa rapa- cité, et ceux-ci firent la loi de finances du 12 février 1835, dont l’article 5 proscrit la fabrication, la circulation, la mise en vente et la vente du TABAC FACTICE et de toute autre matière préparée pour étre vendue comme tabac (Voyez le Répertoire méthodique et alphabétique de Dalloz, au mot IMPÔTS INDIRECTS, n° 605 et suivants). C’est roide. Néanmoins Duchatellier avait eu le temps de remplir une assez jolie tirelire. C’est d’ailleurs à cela uniquement que tendait son inquiétude pour la santé de ses contem- porains : n'est-ce pas toujours la même chose? Qui croirait que le tabac a ses légendes, ses traditions et ses superstitions? Et pourtant, cela est. D'après les Indiens Pottowatomies, plusieurs mani- tous, ou génies, faisaient la cour à une jolie fille qui, voulant rester sage, n’en écouta aucun. Ils moururent de froid et d'amour devant la hutte de la cruelle. On les ensevelit et des pieds de tabac naquirent sur leurs tom- beaux. Dans la Petite-Russie, des Tchumaches rencontrèrent une femme dont l’attitude obscène indiquait suffisam- ment ce qu’elle leur proposait. La chasteté de ces pauvres gens courant un imminent danger, ils invoquèrent Dieu, et celui-ci leur ordonna de tuer purement et simplement la belle tentatrice et de l’ensevelir. Ainsi firent-ils dévo- tement. L'époux de cette femme survint; on le mit au courant du petit incident, et il planta sur la tombe de son épouse une baguette qui se transforma en plant de tabac. Plus tard, les Tchumaches virent cet homme rouler les feuilles de la plante et les fumer; ils en firent autant, et Dieu les condamna à fumer jusqu'à la mort. Comme le nègre, ils continuent. En Algérie, on raconte qu'une couleuvre, soignée par Mahomet à la suite d’une blessure grave, regarda le Pro- phète et lui dit : — Je vais te mordre. — Tu ferais cela? lui dit doucement le Prophète; mords-moi donc. Et le reptile se jeta sur son bras et le mordit. Mahomet suça la plaie, cracha sur le sol, et le tabac naquit. Les naturels de l’île Saint-Vincent croient que le tabac était le fruit défendu du Paradis terrestre, et que nos premiers parents se couvrirent de ses larges feuilles pour cacher leur nudité, lorsque Dieu, « qui prenait le frais dans le jardin Eden » (Genèse, IT, vai), les appela. « © Voici une autre légende, qui a cours dans la Petite- Russie, et qui donne décidément la palme aux priseurs sur les fumeurs. M. Sébillot la cite dans la Revue des tra- ditions populaires : « La mère du Diable étant morte, il la mit sur la table et fit venir tous les diablotins pour la pleurer. $e réuni- rent aussi tous les fumeurs avec leurs pipes et les pri- seurs avec leurs cornes à tabac (fabatières). Et voilà que les fumeurs s’assirent en rang d’un côté de la mère du Diable, et les priseurs de l’autre côté. Les fumeurs, après chaque bouffée, crachaient entre les yeux de la mère du Diable, et elle ne tarda guère à être couverte de crachats. Les priseurs restaient tranquilles et, chaque fois que l’un d'eux puisait dans sa corne, les larmes coulaient de ses yeux comme s'il pleurait, Le Diable regarda et dit : C’est vraiment bon, cela, de priser du tabac; car on peut, en même temps, s'amuser et pleurer autrui! — Et les hommes, ayant appris que le Diable louait les priseurs, se mirent à piler le tabac et à le priser. » Terminons par cette boutade d'un ivrogne se trouvant par hasard en face d'une ferme incendiée : LE FUMEUR ET LA FERMIÈRE Près d'une maison qui brülait Un soir un ivrogne passait. Voyant l’hôtesse en proie à sa douleur mortelle, Timide, il questionna : Dites-moi donc un peu, Est-ce à vous, la maison ? — Hélas! oui, répond-elle.…... — Ah! c'est bon. Dans ce cas, permettez-moi, ma belle, D'allumer sans façon ma pipe à votre feu. E. SANTINI DE RIOLS. LA RÉCOLTE DU CAOUTCHOUC Au sujet des caoutchoucs du Haut-Orénoque et d'un courant d'émigration possible vers ces régions. À la suite d'un article, paru dans un journal de Paris et van- tant la richesse des caoutchoucs du Vénézuéla, on a adressé au Vénézuéla plusieurs demandes de renseignements en vue d’une émigration de travailleurs dans la région du Haut-Orénoque. L'article en question indiquait le manque de bras dans le bassin du Haut-Orénoque pour la récolte et l'exploitation du caoutchoué et le débouché qu'il pouvait y avoir de ce côté pour les ouvriers sans travail. S'il importe, d’une façon générale, étant donnée la situation économique et politique actuelle du pays, de déconseiller, pour le moment, toute émigration vers le Vénézuéla, il convient, dans ce cas tout particulier, de donner quelques explications, qui em- pêcheront de dangereuses illusions de s'échafauder. Les arbres à caoutchouc ne constituent pas, ainsi qu’on pour- rait le supposer, des forêls spéciales, comme par exemple le chêne liège dans certaines parties de l'Algérie. On rencontre des taches d'arbres à caoutchouc (cauchales) par les milliers d'arbres d’autres espèces. Il faut parcourir des bois épais à la recherche de ces cauchales, vivre par conséquent dans des régions mal- saines, car l’arbre à caoutchouc a besoin, pour se développer, d’une grande humidité du sol et de l’atmosphère et d’une tempé- rature élevée; se soumettre à une hygiène des plus rudimen- taires et à une alimentation aussi sommaire que peu variée. D’après un honorable négociant de Bogora, qui n'est pas un lanceur d’affaires, mais pas davantage un routinier, les Indiens à qui il achète du caoutchouc procèdent, pour l'obtenir, de la 286 façon suivante : ïls prennent autant de vivres que leurs épaules peuvent en supporter et s’enfoncent dans les bois à la recherche des arbres à « piquer »; ils avancent tant qu’ils n'ont pas con- sommé la moitié des provisions ; ce moment arrivé, ils rebroussent chemin et, la récolte de caoutchouc remplaçant la charge de vivres, reviennent au lieu de départ, un point quelconque sur un cours d'eau, où ils.trouvent des embarcations: et ainsi de suite. On objectera que cette besogne, assurément pénible, peut avoir des compensations pécuniaires qui incitent à l’entreprendre. Il est donc indispensable de citer des chiffres. Nous nous bornons à reproduire ceux qui ont été récemment fournis au Fenezuelan Herald par un propriétaire de vastes concessions dans la région comprise entre le Haut-Orénoque, le Casiquaire, le Guainia et PAtabapo. «Le travailleur du Brésil, assure-t-il, généralement céaréen, produit dans sa campagne (six mois) 500 kilog. de caoutchouc. Le travailleur du Rio-Negro, plus indolent, fait à peine 250 kilog. dans sa campagne ; il est vrai qu'il ne travaille que quatre mois environ, par suite du manque d’approvisionnements. «Le caoutchouc s'achète au poids et c’est pourquoi la quantité de temps employée par l'ouvrier pour sa besogne importe peu. « À l'Orénoque, on a vendu le caoutchouc en 1889 à raison de 48 à 69 francs l’arroba (11 kil. 500). La majeure partie de cette somme était payée en marchandises, sur lesquelles on réali- sait déjà un important bénéfice. Mais il y avait à tenir compte du droit d'exportation, 0 fr. 25 par kilog., des frais d'emballage et d'expédition, etc. Le prix du kilogramme rendu aux Etats-Unis ou en Europe atteignait 6 à 7 francs; il se vendait 12 francs; cela indique les bénéfices que l'or peut réaliser dans ces exploi- tations. » S'il existe par conséquent, en raison des cours de vente signalés, des probabilités de bénéfices pour les personnes qui, disposant de capitaux, s’occuperaient du commerce de caoutchouc, il n’en va pas de même pour les travailleurs récoltant ce produit; peu importe le temps employé par eux; ils sont payés d'après le nombre de kilogrammes qu’ils rapportent deleurs courses à tra- vers les bois. De pareilles conditions sont acceptables pour les Indiens alliant à une extraordinaire frugalité l’accoutumance de la vie des forêts et des régions humides des tropiques, mais non pour des ouvriers européens, si malheureux qu’ils soient sur le vieux continent. (Nouveau Monde.) MINÉRAUX NOUVEAUX La bavenite est une zéolite quise trouve dans les druses pegmatiques du granite de Baveno. Elle se présente en fibres radiées blanches, ayant à leur extrémité libre des formes cristallines. Les cristaux sont en apparence or- thorhombiques, allongés suivant l’axe vertical et aplatis suivant h!. Ils ont de3 à5 millim. de longueur et { millim. de large. Il existe un clivage facile parallèlement à g1. La densité est 2,72 et la dureté 5,5. L’angle des faces mm est environ de 100. Les propriétés optiques montrent que le minéral est pseudorhombique et qu'ilest monoclinique. l’apparence rhombique est due à ce que les cristaux sont formés de deux individus maclés suivant h!. La composition est la suivante : Silice 56,93 0/0, alumine, 15,42; chaux, 24,47; magné- sie 0,12; soude, 0,29 ; eau, 2,49, Elle correspond à la for- mule Ca%APSi6O'8,H20. © Par sa composition,la bavenite se rapproche du minéral décrit par von Lasaulx sous le nom de pilinite, mais elle en diffère par ses propriétés physiques. Elle doit être rapprochée de l’apophyllite. Le nom de bavenite, donné par M. Artini, minéralo- LE! NATURALISTE giste italien, vient de la localité de Baveno, très connue: par l'existence des feldspaths maclés suivant leplane1/2.- La Hussakite se trouve dans les sables de Dattas, Dia- mantina (Brésil). Elle a été déjà décrite par un minéralo= giste français, M. Gorceix, directeur de l'Ecole des mines de Ouro-Preto, sous le nom de xénotime auquel elle ressemble par ses propriétés cristallographiques et physiques. Elle est quadratique et présente les formes hi, m,e 1/2. Les cristaux ont de 2 à 3 millim. de lon- gueur. Leur couleur est blanc jaunâtre, jaune de miel ou brune. La densité est 4,587. Dureté, 5. Il existe un clivage parfait suivant les faces du prisme m. La double réfraction est positive. La composition est la suivante : Acide sulfurique, 6,13 0/0, acide phosphorique, 33,51; oxydes d'yttria, d’erbium, etc., 60,24. La formule 3P20ÿ, SO, 3R?20% represente les résultats de l'analyse. Ce minéral est remarquable en ce qu'il contient de l'acide sulfurique et de l'acide phosphorique. La xéno- tine des sables de Bandeira de Melto (Bahia) contient 2,70 0/0 d'acide sulfurique, Aussi on est amené à penser que la hussakite ayant les mêmes formes et presque la même composition (les deux corps ne se distinguent que par l'existence de l'acide sulfurique dans l’un) que .le xénotime est une pseudomorphose du second minéral, Le nom de hussakite a été donné à ce minéral en l'honneur du M. Hussak, minéralogiste, qui a fait beau- coup de travaux sur la minéralogie du Brésil. La Seligmannite ressemble beaucoup à la bournonite, avec laquelle elle est isomorphe. Sa composition est la même mais l’antimoine de la bournonite est remplacé dans le seligmannite par de l’arsenic. Cette substance, qui existe dans la vallée de la dolomie de Binn, qui, comme on le sait, est remarquable par sa richesse en minéraux divers, n’a pas été trouvée en quantité suffi- sante pour qu'une analyse quantitative complète puisse être faite. Ce minéral a été dédié à M. Seligmann, minéralogiste de Coblentz. Paul GAUBERT. OFFRES ET DEMANDES 0 On demande des photographies concernant l'histoire naturelle et ses applications (zoologie, botanique, géolo- gie, minéralogie) de formats 9 X 12,13 >< 18 ou 18 X 24, avec autorisation de reproduction en diapositifs sur verre pour projections lumineuses. S'adresser à « Les Fils d'Emile Deyrolle », 46, rue du Bac, Paris. LE NATURALISTE 287: LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU FLANTES ÆNITRADIS EPS LE PURPUREA STE IL OFFRICINALIS 212000. ViscosA OPICINALIS REA SE 2 SBINOS AM NE nee DoMEsrica...….... PAG) SRINOS AE Br neue LE » NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Polyphages Chelonia Caja L. Villica L. Purpurea L. Fasciata Esp. Hebe L. Curialis Esp. Aulica L. Maculosa S. V. Spilosoma Fuliginosa L. Lucüfera S. V. ‘Sordida H. Mendica L. Lubricipeda $. V. Lee Menthastri S. V. Urticæ Esp. Rubi L. Bombyx Pommier Smerinthus Ocellata L. Sesia Myopiformis Bkh. Culiciformis L. Lasiocampa Pruni L. Dasycampa Rubiginea S. V. Melanthia Bicularata Hufn. Prénanthe Cucullia Lactucæ S. V. Lucifuga S. V. Frimevére Nemeobius Lucina L. Melitæa artemisS. V. var. Me- rope de Prun. Xylophasia Rurea F. Hiria Linogrisea $S. V. Noctua Brunnea S. V. FRE Nitida S. V. Aplecta Herbida S. V. | Nebulosa Hufn. IMelanippe Montanata. Bkh. | | Praunier ;Papilio Podalirius L. i = ; iLeuconea Cratægi L. |Thecla Betulæ L. Spini S. V. Pruni L. Vanessa C. Album f.. -|Smerinthus Ocellata L. Sesia Culiciformis L. Aglaope Infausta L. no Pruni S. V. Nola cuculatella L. Strigula $. V. Bombyx Cratægi L. Doryenii Mill. Lanestris L. Catax L. Lasiocampa Pruni L. [Saturnia Pavonia L. Platypterix Cultraria F. Cilix Spinula S. V. Stauropus Fagi L. Diloba Cæruleocephala L. Asterocopus Sphinx Hufn. Cerastis Spadicea Gn. Silene $S. V. Trichosoma Hemigenum de Gr. MOIS DE Chenilles Mai, août. Mai. Juin. Avril. Avril, mai. Mai. Juin. Juillet. Juillet, octobre. Mai, septembre. Juillet. Juillet. août. Septembre, octobre. Juillet à octobre. Août, eptembre. Avril. Malus [Juillet à septembre. Avril, mai (Ecorces). Juin. Mai. Mai, juin. Prenanthes Juilet à septembre. Août. Primula Juin, septembre. Juin. Avril, mai. Février, mars. Avril, mai. Mars, avril. Avril. Printemps, été. Prunus Juin, septembre. Avril, mai. Juin, juillet. Mai. Mai à juillet. Jnillet à septembre. Avril, mai (Ecorces). Mai, .uin. ; ‘[Mai. Juillet Juin, sept., octobre. Juin Juillet, sept., oct. -{Aoûl, septembre. Mai. Mai, juin. Avril, mai. fe JO Ambusta S. RE RE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Papillons Juin, août, sept. Juin. Juin, juillet. Juillet. 1Mai, juin. Juin. | Juillet. Mai. Mai, juin, août, sept. Mai, juillet. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Juin. Mai, juin. Mai, août. Juin, juillet. Mai, juin. Juin, juillet. Sept., octobre, avril. Mai à août. Mai, juin. Juin, août. Mai, août Juillet, août. Mai, juin. Juiu à septembre. Juin, juillet. Septembre, octobre. Juin, juillet. Juin, août. Mai, juillet, août. Juin, juillet. Août, septembre. Juin, juillet. Juillet, septembre. Mai, août. Mai, juin. Jan, juillet. Juin. Avril, juin, juillet. Août, septembre. Mars à mai, sept., oct. Mai, septembre. Juin, juillet. Mars, avril. Avril à août. Avril, mai, juill., août. Mai, juin. L Octobre. Octobre, novembre. Sept., octobre, avril. Septembre, octobre. Juillet, août. HABITAT FRANCAIS Toute la France. France méridionale et orient. France centrale et méridionale. France orientale. France méridionale, Rouen Pyrénées-Orientales. Toute la France. France mérid.,, Lyon, Alsace. France méridionale. Toute la France. France sept., centr.et orientale Toute la France. Toute la France. Toute la France. Montagnes. Toute la France. Alpes, Pyrénées. Toute la France. France centr., sept. et occid. France centrale et septentr. Toute la France. Toute la France. France méridionale, Vosges. France centrale et orientale Toute la France. France centrale et méridion. Toute la France. Méditerranée, Autun. Toute la France. } Toute la France. France méridionale, Indre. 238 LA QUESTION DES OISEAUX (Suite.) On constate aussi une certaine analogie entre la diver- sité des climats et des faunes, mais la migration bi- annuelle de nombreuses espèces d'oiseaux, d’autre part, certains groupes d'oiseaux bons voiliers qui ont des parcours illimités, fournissent des observations contra- dictoires, ne permettant pas de fixer d'une manière dé- finitive, sinon la patrie, bien moins l’origine de nombre d'oiseaux utilisés dans le commerce et l’industrie. Il y a près de cinquante ans le savant ornithologiste Dr Degland, à propos de la classification et de l’étymo- logie compliquées, s’exprimait des ouvrages d’ornitho- logie dans ces termes encore exacts aujourd'hui : « Depuis plus de soixante ans j'étudie l’ornithologie, j'ai con- sacré à cette étude tous mes loisirs, mais si Dieu devait prolonger encore ma vie de quelques années, j'avoue que je ne comprendrais plus rien aux ouvrages nouveaux et que je serais forcé de me remettre sur les bancs, et alors quel maitre devrais-je prendre, puisque chacun se crée une langue et formule de nouvelles classifications? Peut-être, mon âge me porte-t-il plutôt à consolider les vieux monuments, qu'à travailler à en construire de nouveaux. Courage; si votre travail peut faire naître la pensée d'entreprendre une étude générale sur l’étymo- logie des mots légués à l’ornithologie par l'antiquité, peut-être serait-on moins tenté de les changer quand on aura Ja preuve qu'ils renferment une signification sérieuse, » IT Je dois insister sur le rôle prépondérant, dans l'in- dustrie, de l'usage des plumes d’autruches domestiques; pour les aigrettes, aujourd’hui, en grande partie, la cueillette de leur parure se fait surtout après la mue; on laisse vivre l'oiseau en liberté; quant à la garzette, sa domestication est possible partout en région favorable, par conséquent sa parure peut être recueillie normale- ment. Ce sont des progrès incontestables. La coloration, la forme du plumage des oiseaux sont ce qui constitue la valeur et la beauté. Les contrées mon- tagneuses de l’Asie sont la patrie des superbes gallinacés ; les régions tropicales, celles des colibris et des para- disiers. Le plumage de l’autruche, celui des aigrettes, celui des oiseaux de la Nouvelle-Guinée, de la Russie, de la Chine, du Japon, composent les bases de l’industrie plumassière. On estime que ces productions alimentent un chiffre d'affaires annuel de quelques centaines de millions de francs, dont environ moitié pour le com- merce français. Dans cette évaluation approximative, il y à lieu de tenir compte des proportions suivantes : 5/10 pour les plumes d’autruches : 3/10 pour les paradi- siers, gouras et autres oiseaux de la Nouvelle-Guinée ; 2/10 pour les aigrettes fournies par l'Amérique centrale, | l LE NATURALISTE la Chine, l'Extrême-Orient, l'Asie centrale : telles sent les productions constituant les éléments de l’industrie plumassière universelle. Cet apercu démontre combien sont exagérées, sinon contradictoires, les plaintes adressées aux sociétés pro- tectrices des animaux contre l'abus de l'usage des oiseaux de nos contrées et de leur plumage dans la parure humaine; ils sont surtout remplacés par les productions exotiques; la variété innombrable des espèces d’autres pays, leur bon marché dont il y a lieu de tenir compte aussi, suppriment la concurrence des productions indigènes. Le chiffre d’affaires représentés par les dépouilles et plumages d’oiseaux destinés à l’alimentation, fournis par les Halles de Paris et les marchands de volailles et gibiers européens, est fort considérable. Ces plumages comprennent ceux de nos oiseaux de basse-cour, poules, coqs, dindons, oies, canards, pintades, pigeons, etc.,etc., ils sont la matière première d’une foule d'emplois très variés : plumets militaires, boas, oiseaux fabriqués, ailes, etc., etc. Les chiffres d’affaires représentés par la literie, l'in- dustrie des plumeaux, des pinceaux, des cure-dents, des brosses en tiges de plumes, d’amorces de pêche, de jouets d'enfants, oiseaux mécaniques chanteurs, boîtes de confiture, etc.,etc., sont moins connus; ils ont une importance considérable. En France, le port du Havre monopolise l'importation des plumes d’autruche d'Amérique; le Nandou, dont une partie, moitié environ, la moins estimée pour la fabrication des plumeaux, provenant de la Patagonie, est réexportée aux États-Unis. A l'appui des considérations précédentes, je citerai deux faits, l’un dans une contrée sur nos frontières, l’autre aux antipodes, confirmant le bien fondé de mes observations contraires à l’opinion : « la mode » est la cause du massacre des oiseaux. Dans la passe de Montegrade, passe favori des oiseaux migrateurs, trois hommes ont pris, dans l'automne de 1896, en un seul jour, au filet, 300 kilos d’hirondelles. Les oiseaux ont été tués de suite et vendus au marché public de Gênes, pour l'alimentation. Des faits de ce genre sont séculaires en Italie, en Grèce, en Espagne et même en France. Le prix d’une hirondelle en chair est de 0 fr. 05 à 0 fr. 10 la pièce; lorsque la mode emploie la dépouille, outre la chair servant à l'alimentation, la valeur de l'oiseau de- vient plus considérable. Sa préparation taxydermique coûte environ © fr. 10; la dépouille de l'oiseau adulte, dans le commerce des oiseaux bruts, vaut de 0 fr. 30 à O fr. 50 pièce et souvent davantage. La monture faite par le plumassier, qui lui donne l'aspect convenable pour être posé sur un chapeau, se paye de 5 à 25 francs le cent ; l'oiseau vaut alors de 1 fr. 50 à 3 francs. Cette unique démonstration me semble probante, la mode met en valeur les choses les plus variées, le caprice passager de la mode n’est pas la cause initiale du massacre des hirondelles. Chaque année, chaque saison, ce sont modes nou- velles; alternativement la répercussion de la mode se porte sur les oiseaux les plus disparates, sans considéra- tion d'oiseaux utiles ou nuisibles. En 1897, la mode à surtout employé des plumes d’aigles et autres grands rapaces. Plus de mille condors américains ont paré les élégantes des deux mondes. Les steppes de la Mongolie LE NATURALISTE 289 ont fourni les pennes des grands rapaces et des outardes en quantités surprenantes (1). Lorsque la mode délaissera ces plumages, le temps, ce grand réparateur, comblera les vides présents. Le second fait que je signale est re- laté par M. A. Milne-Edwards (Ann. des Sciences nat., 6° série, t. IX, p. 32). L'auteur nous parle des héca- tombes de manchots ou pingouins de l'Amérique australe. « En 1869, un vaisseau revenant des iles Crozet avait à son bord 37 tonnes d'huile tirée des dépouilles du pingouin macaroni, et deux ans auparavant quatre navires avaient recueilli à Port-Stanley (Falkland, 50.700 gallons du même produit. Or, comme il faut, dit-on, 1.400 dépouilles pour fournir le contenu d’un tonneau d'huile, et 8 peaux pour fournir un gallon, on peut évaluer à 450.000 environ le nombre de manchots sa- crifiés par l’équipage de 5 navires dans l’espace de trois ans et dans deux archipels seulement. » Cette huile est utilisée pour le graissage des machines, etc. Vers 1820, pour se procurer les plumes bleues de l'aile ‘du geai, on faisait une guerre si active à ces oiseaux, que les cultivateurs croyaient pouvoir se flatter d’en être débarrassés. Ces plumes, ainsi que les gorges des toucans, de troupiales, etc., étaient employées en garni- tures de robes des élégantes de l’époque. La plume de geai, aujourd'hui, est presque inutilisée; aussi cet oiseau continue à être comme auparavant un dévastateur des champs et un grand destructeur d'oiseaux utiles, Il existe en France environ 250 espèces d'oiseaux ter- restres, environ 400 en y comprenant les oiseaux aqua- tiques. Au printemps, on admet qu'il existe sur notre ‘pays à peu près 100 millions de couples dont les couvées décuplent ce nombre. Il est admis généralement que plus d’un tiers disparait annuellement du fait des intem- péries, des animaux carnassiers, oiseaux, quadrupèdes, reptiles et surtout de l’homme. Il peut en rester tout au plus un total d'environ 700 millions qui devient la proie des braconniers et des chasseurs évaluée à 200 millions, les animaux de proie (un épervier consomme chaque année environ 1.200 oiseaux) ont une part bien plus con- sidérable évaluée à environ 500 millions d'oiseaux. (A suivre.) JULES FOREST ainé. LIVRES NOUVEAUX L'Empire du Milieu (1), par Albert pe Pouvourvirze. — 1 volume in-18° orné de 43 figures dans le texte et 2 cartes 2 fr. 20. Ce livre, que nous avons sous les yeux et qui vient de pa- raître, arrive bien à son heure. Il comble une lacune dans notre littérature historique. Ce n’est guère que depuis vingt-cinq ou trente ans que nous commençons, en Europe, à connaître la Chine dans son état so- cial, et encore très superficiellement. - Récemment avait paru dans la collection des Livres d'or de 1 science (2) un petit ouvrage fort intéressant sur la race jaune, (4) Les colons russes du versant nord de l’Altaï élèvent des aigles, des vautours qu'ils déplument régulièrement pour en faire commerce, ainsi que des cerfs marals dont ils scient les cornes sur la tête de l'animal avant qu’elles atteignent leur dé- veloppement complet. Leur prix varie de 250 à 37 fr. 50 la livre. Une belle paire peut atteindre 450 francs. Les Chinois emploient dans leur pharmacopée cette corne réduite en farine. (2) Les Races Jaunes : Les Célestes, 1 volume, 1 franc. sur les Célesies, dû à Edmond Plauchut qui avait vu le pays de près. Mais cela ne nous donnait pas encore l’idée générale de l'Em- pire du Milieu, de son organisation, de ses institutions, de ses mœurs, coutumes et traditions, de son histoire dans le passé ef Jusqu'à nos jours, ni de son génie industrieux, non plus que de son développement intellectuel, artistique et religieux. M. de Pouvourville, connu pour sa compétence particulière en cette matière parce qu'il a résidé longtemps dans cet Extrême Orient et étudié de près la race et tout ce qui s’y rattache, était tout désigné pour doter notre littérature de l’œuvre définitive à laquelle, désormais, chacun en France devra recourir pour être mis au courant de la question chinoise, qui prend chaque jour plus d'importance. Or, comme c’est la grande préoccupation du jour et de de- main, économiquement autant que politiquement, il importe fort que nous en possédions les données, et, à cet effet, que nous soyions mis au courant de l’état d'âme chinois, de l'esprit qui dirige ce peuple si différent de nous. C'est à quoi s'attache M. de Pouvourville dans cet excellent volume que nous venons de lire avec un intérêt redoublé, car il est admirablement écrit, entrainant, vivant. La variété des ma- tières traitées a déjà de quoi nous attirer par elle seule, par elle- même, et notre instruction devient complète. Après des pages pittoresques consacrées à l'aspect général de la Chine, l’auteur nous montre le merveilleux avancement de la culture, de son sol, sa faune, sa flore. Il nous décrit la race en ses trois types principaux. Puis voici l’organisation administra- live, la constitution de la famille, l'armée, les religions, la lan- gue etles modes d'enseignement, le fonctionnement de la jus- tice, l’état industriel et commercial, les sociétés secrètes, les arts et, enfin, la prise de contact avec l’Europe et tout ce qui en découle. M. de Pouvourville nous fait apparaitre l’action des mandarins et des lettrés qui seront d’ailleurs l'objet, de sa part, d'une étude approfondie. Nous sommes ainsi mis au courant d’un monde entier tout nouveau pour nous; aussi ne pouvons-nous trop recommander la lecture de ce petit volume si bien fait et qui prend un attrait de plus par son illustration, sa luxueuse exécution matérielle et son prix modique. Le Cerveau, par le D! Ed. Tourouse et le Dr MarcHanD. — 1 vol. gr. in-18°, illustré de 51 gravures, 2 fr. 75 franco. Chacun de nous parle, pense, sent; beaucoup savent lire et écrire; nous pouvons diriger nos mouvements corporels, nous devenons des êtres agissants; nous avons l’intelligence. Or. tout cela résulte de ce petit organe, si essentiel pourtant : notre cerveau. Il y a là un problème troublant, et notre premier intérêt ne serait-il pas de connaitre le rouage si merveilleux qui préside à tant de nos fonctions vivantes ? Eh bien! presque tout le monde ignore sa composition, son mode d'action. C'est pourtant là la première chose que nous devrions savoir. Or, le docteur Tou- louse, si compétent et déjà si renommé, arrivé tout jeune à la direction médicale de l’Asile de Villejuif, vient de nous exposer, en un petit volume d'une clarté saisissante, tout ce qui se rat- tache à la formation du cerveau chez l'enfant, à son développe- ment chez l’homme, à son mode de fonctionnement et aux facul- tés qu'il engendre. Et ce récit, accompagné de figures qui nous mettent sous les yeux ce mécanisme superbe, est d’un intérêt passionnant. Il est vrai que les auteurs ont su le rendre vivant, à force d'art et de clarté, nous initiant aux moindres détails, sans jamais nous rebuter ni nous fatiguer. Au contraire, l'intérêt grandit à mesure qu'on avance dans la lecture et que le sujet se développe. C'est nous, c'est nous-même chez qui nous pouvons ainsi suivre le travail de la pensée, de la parole, de la mémoire, de la volonté. C'est là un de ces livres de premier ordre que chacun devrait avoir et surtout devrait lire, car le sujet nous touche essentielle- ment, et certes, cette lecture sera une révélation pour la plupart, et en même temps quil nous sera de grand profit comme ins- truction, il nous charmera, et devant bon nombre de ses pages, on restera rêveur, surpris, émerveillé. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. LE NATURALISTE, REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES TABLE DES MATIÈRES DU QUINZIÈME VOLUME DE LA DEUXIÈME SÉRIE 1901 Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Poissons GÉNÉRALITÉS Animaux mythologiques, légendaires, pittoresques, illustres, cé- lèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse. etc., H:ASantinimde RIOlS ER MEeRE Ne e CUaU 118, 134, 143, 159, Goncoursfabricole CERER EEE RE R RERELP RUES eee tiete Cube et reproduction du saumon en eau douce, Jousset de Bel- CSMO NES eds false ele fa ane bee Later SR RP en a Poe ae Des cas d’albinisme et de mélanisme chez nos oiseaux, Albert Granger PT PR NE Parle te Ne ee D Te ae Développement de la sole au laboratoire de Concarneau, Fabre- Domerrueket\Bietricse PEN ARR ste a LV ee Développement incessant du corps humain, Dr Bougon.......... Écureutlblanc LeiGendre ste te AA RER T ere cl Ecureurlstblancs en Suisse 1SCHæCkR eee Ne ee Ecureuil blanc, tué à Auhe (Orne), A.-L. Letacq................. Inversion du cœur chez un des sujets composants d'un monstre double autositaire vivant, Chapot-Prévost...................... La chasse des oiseaux au point de vue de l’industrie des plumes de parure JAiPores tie Een Re MR rer ER MES La question des oiseaux, contribution universelle des oiseaux dans l’industrie etle commerce des plumes de parure, J, Forest. 266, Lexbison d'Amérique, Di Bougon-. PAM UNE L'écailles HiCoupin ee ee tale ns dater ete en Dit Le groupe des mammifères nageurs à pieds palmés, De Schaeck. eimoineau, PauliNoël RE ER RRIS AUUE 84 Bés#palombes AS \Granrer 22e dent eee CR NE Les origines de la tératologie, D° F. Regnault......... Les origines de la tératologie, les monstres imaginaires, Dr Re- ÉnAUlLte ee leeeete ERA CI ER LR LU RS RTE GS Les premiers habitants de la Gaule, DrGirod..:...... 4.121001. Les Serpents de cent vingt pieds, Dr Bougon............. ...... Les timbres-poste zoologiques (fig.), A. Granger................. Lesilrosloaytes DEEBougOoNn.. ref NÉS MRENsErn ee Poissons momifiés de l'ancienne Egypte, Lortet de Hugameng.... Quelques remarques sur les otolithes de la grenouitle, Marage.... Reénardsietiblaireaux Paul Noel RP ARR A RAN Eee 2 Rôle des canaux péritonéaux, S. Jourdain...:..........:.....0.. Sur quete applications thérapeutiques de la lumière, P. Gar- ER ES ME ET EE PRÉ ONE DO A UE HER CO Perte DS NT EE … LISTR DES PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Anguilla vulgaris........... 201 | Rhodeus amarus (fig.)... :. Carassius gibelio... .…...... 191 | Scordinius erythropnthalmus Carassius vulgaris..... .... 191 Silurusiglanis eee Gôbitis Mfossilis "7. nn 203 | Triton palmatus (fig.)....... Cyprinopsis atratus........ 191 —) alpestris (fig) eee Cyprinus carpion 190 —. cristatus (fig ,....:%. Grasterosteusaaies. Per 202 — marmoratus (fig.)..... Deuciscus-rutilus! Env 191 — punctatus (fig,) ...,.. Macropodes ee Rte 203 Ndincatvulearis element Rana viridis (fige 177 167 Arthropodes, Mollusques, Rayonnés, etc. GÉNÉRALITÉS Acridien migrateur américain, migration et aire de distribution géographique; :Kenickef d'Herculas Pre Sr Pr PRET RRRE Apparition simultanée des moustiques du genre Anopheles et les pre- miers cas de paludisme dans la région de Constantine, Billet... Blastodérmes sansembryons,G. Loisel 2" MARRAINE tree Concours pour l’étude des insectes ou vers des livres.............. Concours pour l’étude des insectes ennemis des livres............ Coquilleside/l’Indo-Chine Cie Meme ROMAER RE RRERRCEe Cycle évolutif des orthonectides, Caulery etMesnil................ Description des coléoptères noireaux, M. Pic........ 31, 44, 227 Description des Lépidoptères nouveaux, P. Dognin. .... 31, 69, Echinides et ophiures de l’expédition antarctique belge, Kæhler.. Essai monographique sur les Coléoptères des genres pseudolucane et lucane (fig.), L. Planet...... LOT, ALL MA83 MOT AE I NL0SE Examen des mœurs des abeilles au double point de vue des mathé- matiques et de la physiologie expérimentale, Abraham Netter.. Genera analytique illustré des coléoptères en France (fig.), Cons- tant HoulbDert rene 40, 63, 15, 124, 136, 208, 219, Glandes défensives ou odorantes de Blattes, Bordas.............. Grégarine parasite des Pinnothères des moules, L. Leger.. ..... Histolyselsaisonnière, Bohn LR Re RE PRES PR Influence des couleurs sur la production des sexes............... Instinct et intelligence chez les insectes, D' L. Laloy La généalogie des espèces sur les papillons est-elle inscrite sur leurs ailes een NN MSN RER EE ne RE La légende du Lepas anatifera, la vallisnera spiralis et le poulpe, A CRE oo e a dd one aim AO eds 018.0 00 00000 JO à La Mulette perliére et ses stations dans l’ouest de la France, ASS 2LetaCqua esse a en ee CET RER ENS E ARE Éamacres Arr RE Re SR RCI La Nielle des blés (anguillula tritici), Paul Noël............,... à La Puce*E#Santintense ti MENT) NA OASIS La Quinone, principe actif du iulus terrestris, Béhal et Phisalix. La ressemblance protectrice chez les chrysalides de Rhopalocères (CE) RAI CERTA den ado dire deb den un ruid aure SPAS à La tique du chien, Paul Noël..... SRE MRO Dad un Edo da do 0 « à Le Chrysomphalus minor, /PauLINOËl EEE SR PEL EEE EC ETUI EEE Le Glossomètre, Paul Noël....... ss... LePapilioiMachaon P1NoGEl MERE CR MERE EL ACER L'e’Puceron dupécher Paul Noël PRE RP EE PE RER LR Ac LexSphinx altéte demort Paul Noël ee EEE PER NEN EEE Le Ver gris (noctua segetum), mœurs et moyens de destruction, Paul Noël LesAbeïlles, YPaulENo él SR RE PR SEE ÉTE Les'éponges dettoilette//H-Coupin Fe SM EURE PTE RRTEURE Les Guêpes, Paul Noël...... RS UT DS AA DL 0 0e 3 D'ou 0 à n Les-Pieuvres HF} Coupin ANA MEMPREMNLE RPM PERE PAU, Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. 34, 61, 13, 86, 97, 121, 131, 144, 164, 189, 192, 207, 215, 229, 254, 274, 203 Les vers sauteurs dans les fromagères et les moyens de les combattre nee AR NM EN ER PE CE Lihrag a iAd 4 ( LE NATURALISTE Mécanisme de la formation des perles fines dans le mytilus edulis. DubDors a Re hen sie ee ele a et us alert ie ter 1e Microlépidoptères du silene nutans, P. Chrétien.................. Mœurs et métamorphoses des espèces du genre nanophyes, Xam- DO 85 DONS MERE ON AE RE ER EC PRE ES ; Mœurs et métamorphoses de l’onobium paniceum, Xambeu....... Mœurs et métamorphoses de l’onthophagus amyntas, Xambeu.... Morphologie de l'appareil digestif des dytiscides, Bordas ets Morphologie et systématique des Flagellés à membrane ondulante, MaverantetiMesnilse riens rene Nématoderde-labetterave,-:Willot:.#surit.. ni. dune Notes sur divers mollusques de l’Amérique du Sud, C. F. se L Note sur le venin de divers arthropodes du Pérou, G. À. Baer.… Nouvel ennemi des fraisiers, Paul Noël........,................. Observations nouvelles sur l’organisation des Pleurotomaires, Bou- NORAOLARISCNED ES re leiciee ete eiate Observations relatives à la propagation dans les pommeraies du nectria ditissima, Descours-Desagres........................... Papillons nouveaux de l'Amérique du Sud PHDognin. 0e Perméabilité de la‘paroï exterieure da l'invertébré marin, R. Quin- OT nine eV ee ele le tea ele auarcho IE ie talus (Ole ofe eve te) Licie ie lee ete Ponte des troques, Robert........... Première excursion entomologique au Jardin colonial de Nogent- SureMarnemhleutiause RE et D eee aee ces sie Premiers stades du développement de quelques polycystidées, Le- SeBe DUO CARRE eee renier sie cine ia ee se ler bee Ravages de la pyrale dans le Beaujolais et sur la destruction des papillons nocturnes au moyen de pièges lumineux, Gastine et Vermorel _ Remarques critiques à propos des déterminations du sexe chez les PÉPITOPIÉTe SR AEN rénale eee Sur la biologie de la Galeruque de l’Orme, Ménégaux............ . Théorie nouvelle de l’adaptation chromatique, Bohn.. Une curiense variété de Goliathus giganteus, Peu Noël 702 _ Une invasion de Criquets dans le sud-ouest de la France, Granger. Une nouvelle maladie du chêne en Normandie, Paul Noël......... Variation sexuelle chez les mâles de certains Coléoptères de la fa- mille des Bostrichidés; la pœcilandrie périodique, Lesne....... LISTE DES PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Amastus epicotosia (n.s.).... 69 = -:sericea (ns): — autonio (n.s.)..... 179 | Helicina/carmatass 2. — polystrigata (n. s. he 69 — lentalea (n. s.).. Amphicyclotus orbignyi( n°.s.).1:403 | Hepialus lupulinus....\:.... Anascita sophia (n. s.)..... +24:311 11 Tdalus véneta (n: s.)..:169: * Ancylus lemoniei (n. S.)..... 103 | Lucanus capreolus (fig.).... D leucaspis (n. 5.) 103 — cervus (fig.). 117, Anthicus Busignyi (n.is. ÿ 4% — Fabiani (fig.)...... — externe, maculatus —— fortunei (fig.)...... (ut Lis eee nee 44 — gracilis;(N:s2). ce: { Anguillale a REA 1160 — oberthuri (n. s.).. Anobium paniceum.,....... 127 — pentaphyllus (is). Anthicus Groulti (n. s.)..... 37 — Pontbrianti (fig.).. — subobscurus (n.s.). 31 — sericans (fi.). 193, BAnthOocoMUus................ 40 — syriacus (fig.)...... _ Asterolecanium quercicola.. 213 — turcicus (n. s.).... « Attacus Tucumani (n. s.),... 119 —- Swinhœi (fig.),. MAquotarsus:.:....1........ 40 ——Htetraodon.1.%e 1 MBetola tucumanata (n.s.),... 249 | Malachius..,2,1........... . Bulimulus argenteus (n. S.). 92 | Mytilgspis pomérum........ — escornatus........ 92°} Nanophyes Durieni......... — montivagus....... 62 — hemisphericus... — pileiformis ....... 92 — JANTES RAR — perritella...=...…. 92 — Seculus reine “ Bulimulus helvicus......... 82 — tamarivei........ — luteolus (n. s.) 82 — telephiis sis k Callidota albiceps (n. s. jus .. 69% | Notoxus gounellei (n. s.).... UCallidryas chilea (fig.)...... 41 — venustus (n. 8.).... RÜérapheles.........:........ 40 — nigronotatus (n.s.). - Chadisra zabenilla (n. s.)... 250 — pentheri (n.s,).... | Chrysomphalus minor...... 261 —.. pulcher (n. s.)..... . Cœculia trilinea (n. s.)..... 179 — Simoni (n. S.)...... “Coleophora otitæ........... 18 = nigricola (n. s.).. IROYPLOSUS ER e..esccee 40 — antimorii (n. s.).. | Dasylophia limbata (n.s.)... 249 | Odontostomus sowerbianus. - Drymœus fusoides.......... 93 | Opharus flavicostata (n, s.).. — bifasciatus........ 93H éPaludestene Spts . U — obliquus.. 72 93 | Phœgoptcra genoveva (n.s,). — Gercti (n: 9.)..... 93 | Ptilinus brasiliensis (n. s.). : Epiphragmophora estella... 82 | Ptilinus gounellei (n. s.).... Eunadua (n.s.)............. 249 SA Pascalus (n. s.).. —— ärurata te St) 240 Tig onogenius trigronotatus Goliathus giganteus......... 11 RUE SAN SAONE RS el . Guppya anguina (n. s.)...... 82 | Tripopytis subelongatus(n.s.). — goyazensis (n.s.})... S2 Botanique GÉNÉRALITÉS Absorption des poisons métalliques très dilués par les cellules vé- ROAES A HCMDEvAUT SE MES ARLES CNT EEE Rent ea ke no ra EU 278 17 994 127 276 168 183 280 103 155 87 Action de la pression totale sur l'assimilation chlorophyllienne, DFA A CC Or AE TE 1 ce I EE Albinisme instable en botanique, Ch. Le Gendre................. Anatomie comparée d'organes foliaires chez les acacias, Ledoux... Apparition du rot blanc (Charrinia diplodiella) en Algérie, Catta et MAURÉ Re rene M NU nie ei a alter ef oies teen ee Campanula patula-- 5.4... hi e.siineesnee sente uiete en Crocus/mininus (Mrs) eee ee en rie este die eee ete à Lultures et formes atténuées des maladies cryptogamiques des vé- gétaux, J. Ray. ne Pr nn re Ce pense ele Description d’une in ol ta de} Coincy ....:............ Destruction des parasites végétaux du pommier, Paul Noël....... Développement de l'embryon cheztleilierre Ducamp.- #70" 00e Effets de la décortication annulaire chez quelques plantes herba- COS AD Daniel PS TR OR RS een net ue Envahissement des cours d'eau du département de l'Hérault par le Jussuxagenandifiora PP ACarles ne PR Re CR er ece Existence des laticifères à contenu spécial dans les futaies, Col.. Exposition horticole coloniale, Hariot................,... Fleurs doubles et parasitisme, ] Molliard.. Flore des mousses des cavernes, Geneau de la Marlière et Maheu. Forme conidienne du champignon du Black-Rot, Delacroix....... Germination dans l'eau distillée, Dehérain et Demouny, Érnectie Glucoside caractérisant la période germinative du hêtre, Tail- leur Re eeIeLe. Identité des modifications de structure produites dans les cellules végétales par le gel, la plasmolyse et la fenaison.............. Influence de l’obscurité sur le développement des fleurs, Beuloy- DONS M PEAR A D M M Da eu Influence des conditions climatologiques sur la végétation de sar- MENTON IONES MCOMESS RARE RE ee em ere La gomme gutte du « Kizy » de Madagascar..................... La graisse de Maripa fournie par les palmiers de la Guyane fran- CLS ER ARE ee MR Cn tee Men la SANT Cale RE Ye ee Cire OS La graisse de Pinot fournie par les palmiers de la Guyane francaise. Paimouturendus blé AMVICOCq RER EME ER ANNE HE ARR AMIE me MM LAN M Le Et M Re 2 NU LEO eee JasRécolte di CaOULChOUC rer cree. etc La vérité sur les Championons eDBoupons. 2 MN RER Le Ylang-Ylang (fig.), CR PT RE EN PR RE La Bruyère de la flore francaise, PRHArIOt GR CCE een eee Lesécorcesimedicinales Em: Massat "Mer, Or ere. Besihstetlesifaux lis D Bougonst JM MR PR ER LEU, Les plantes alexipharmaques, A. Granger.........:............7 Les plantes-animaux, P. Hariot........ Les plantes bulbeuses de la flore francaise, les Iridées (fig), Hariot. Les plantes dans l'antiquité, les Champignons, E. Santini. 15, 38, Les plantes dans l'antiquité, le Tabac, E. Santini de Riols. 250, 264. Les propriétés vulgaires des plantes sauvages dans nos campagnes. DrBousons RAR RE al etais de tenir eat lee Maladie bactérienne de la pomme de terre, Delacroix RTS NT NRA Manne/delolivier us tetes en ARR ane re ns Organogénie florale des discifiores, Beiïlle. Origine de l’anis étoilé (fig.), Hariot........ Orthographe botanique, Œcidum ou Æcidium, Œnothera ou Ono- theérdsbm:iMalinvaudes er Rs RE D UN Lee tent Proportion de l'eau comparée à l’aoûtement des végétaux ligneux, IOWESSL AE RS ee La MR te Di re nee ue IA NS ie Recherches ie sur l’aoûtement des sarments de vigne, KO MESSE nn A D RE Le ea states ae PRET A er ES NR E CT E GEE N Répartition de l’acidité dans la tige, la feuille et la fleur, Astruc.. Sur la différenciation des tissus vasculaires de la feuiile et de la Lise GASTON BONE ARR SNA TN En RE eee Sur le développement des plantes étiolées ayant reverdi à la lu- mière Hi #RIChmM er 0 RS UNE re ele ne qe ANR ee Sur le Ramy de Madagascar, Jacob de Cordemoy................ Sur leVoandzousBallande see Mons Er ete Rene Structure de quelques champignons inférieurs, Guilliermond..... Structure des rejets chez les végétaux ligneux, Dubard........... Tuberculose de la pomme de terre, N- Bernard tee Variation de la richesse en gluten des blés, L. Vignon et Couturier. PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Andromedis polifolia....... 224MIBErICarCINenCA ere eee re ATOUIUSAUNERO. Les -ee-cee 223 RS TIGRE Ua ee) Arctostaphylus alpina...... 223 —HarDOred RE eee Callema vulgaris........... 222 —AIUSItADICA SE RE Dabœæcia polifolia.......... 224 | Illicium verum ffig.)........ Drimys-\Wurterisse\i "Et tRre 261 | Jussiœa grandiflora......... DrICARCANTE de PANNES 222 | Loiseleuria procumbens.... — mediterranea......... 229 | Pyrola rotundifolia......... —multifOra ere PAR 222 | Bouga polyganus (n. s.).... Ava TANS Le. Marne 110220 MSeleneanutans pe eee ete = ICOMATIS Eric 223 | Symphonia clusioides ...... = HSCOPATIA ER een 223 | Unona odorata (fig.)........ ÆtelTANS ER ME EN 223 LE NATURALISTE. Géologie GÉNÉRALITÉS À propos de l’article de M. Pontier sur les éléphants quater- naires, À. de Gregorin....: RER Re nn ot EH OIL OI dla ins À RE de l’article de M: -Pontier sur les éléphants quaternaires, He COINCyIR MER TE ere CIRE EAST AR TR RAT ne de l'étude de la géologie au point de vue de l'archéologie, D LB OU ONE AE NACRE PARIS MARI GR AS RE RS OR EERE PSC S PERS Cause de la période rrlaciaire /DE'BougOn Are ER RARE Ce que peut un faible cours d’eau, Dr “Bougon RE EE NAN PA Conservation des eaux minérales, Parmentier! sui _Découverte d'un oursin d'âge crétacé dans Je Sahara oriental..... Des effets de la fossilisation sur certains organismes (fig.), Fritel. Echinodermes fossiles, les Crinoïdes (ffg.), Fritel........ ....... Echinodermes fossiles, les Cystidés (fig.), Fritel................. Effets de la foudre et de la gelivure, Ravaz et Bonnet............ Etudes des eaux souterraines, courbes nd Mar DOUTE EEE PO CAT RC NA RE NE Etude sur les formes de passage entre les époques paléolithiques, station de La Micoque (Dordogne), Dr G. Pontier............. Examen de la Météorite de Lancon, Stanislas Meunier........... Formation des nappes de glace en été, dansles volcans d'Auvergne, Clan ee Aude nne er RUE Rte EE AIR Um En RE PA CEE Glissement de montagne, E. Masar SR ARE A A A Se D et La Houille aux ne Unis, Mason PA EE EEE SE M EE La parure à l’époque magdalénienne, phalange unguéale, de renne percée, trouvée à Laugerie-Basse, Dr. G: Pontier......:....:... Paréeressiondesttorrentsi(ton) PETER EP PR RER Lampe préhistorique trouvée dans la grotte de la Mouthe, Berthe- NON A GEO EL PNR SEEN EEE AE ANA es A AIE LL ren ne Le fer météorique de N'Goureynia. Stanislas Meunier............ Ees/Céphalopodes-fossiles (fige); EFritel nu Uci e RE Les Céphalopodes fossiles, les tétrabranches ( (Ava) #Eritel nee . Les Chamacés, leur rôle comme organismes constructeurs à l' époque secondairei(fio nec Pite le TR Ant ARR MON aUtAt eee Les éléphants quaternaires de la vallée de l'Aa, D° Pontier.... .. Les Falènes.et les fossiles qui s'y rencontrent RE.) Rriteliinrs Les reptiles fossiles des environs de Paris (Gs. ), P.-A.-H. Fritel. Minéraux nouveaux, P. Gaubert............1....... 35, 68, 109, Minesideimercure JReAMAsSSat eee tete nn Nouveau gisement de mammifères à l’Eocène moyen.. ......... Nouvelle grotte avec parois gravées à l’époque paléotithique, Ca- pitan et BD O Te REA AO SEA (ne Ra A Observations et expériences sur l’origine et le mode de formation du: minerai de fer oolithique, S. Meunier... .....:............ Observation sur-l’érosion fluviaire (fig.), Stanislas Meunier ARRET Origine des eaux thermales sulfureuses, A. Gautier.............. Pluie de sang observée à Palerme dans la nuit du 9 au 10 mars 1901 Stanislas Meunier. tres" USE prennent Sur le” neomylodon et. l’animal mystérieux. de la Patagonie, André ose SOS ENS DE HAE 0 ODA D MAD dt 0 po Ro Lio HUE DL PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES ET CITÉES Agelacrinus. cincinnatiensis, Belemnosepia (Ge: RATE ête de On EEE A 233. | Belemnoteuthis (fig.)....... Amphiope perspicillata (fig.). 61 | Beloptera belemnitodea (fig.) ALUTIA (LE) RATS 150% /BeloSepiar (os) hr teneur Aulacocera (CP) ARE NE 198 | Birostrite (fig. J OS Po a Badenite|(n:#s2)2 meurent 68* 6Brostenite (ns) AMEL Belemnitella) (fig): "000. 200 | Cancellaria EC (fig.) Belemnites papillosus (fig.). 199 | Cardita Jouannetti fig. RE — conaieueuns Va ) 42199 ee ANICTAS SA (RTE) AE — cirratus ( .... 199 | Cardium burdigalinum (fig.). — dilatatus Dita 199 ! Cassis saburon (fig.)..... ne Cerithium bidentatum (fig.). 61 | Mosasaurus Camperi (fig.).. —: 1 Papaveraceum{(fig:), «61::| Muüllerite.1..,#"2PE0E "RER Cernélite FM AMEN PURES 35 | Murex turonensis (fig.)..... Codonaster acutus (fig.).... 935 | Nautilus (fig.)....... Crocodilus depressifrons Nautilus giganteus “ee Jr (Gi EEE OS PORN EE ne 6 | Oliva hyatula (fg.)..:...... Crocodilus Rollinati (fig.).. 10 | \Orthoceras (fig) EME MELRLRE Cyprœa affinis (fig.)...... .. 617 | Ostrea crassissima (fig.).... D YEUME RO) EEE 61) MPaleophisu fo) EPA SEREERE Cyrtoceras Thetidis (fig.)... 149 | Pecten Beudanti (Hp DER Diceras arietinum (fig.)..... 125 Pentremites eifelensis (fig.). — eximium (fig.)..... 125 — pyrifornis (fig.). Duvalla(ftes) Nora 200 — sulcatus (fig.).. in TE Phragmoceras : ventricosum DR AN Nr EEE 234 fig RC AE AGO CII Hs TEE Echinosphærites aurantium PA DER CRAN NN RSR ART AUTRE 234 (Ma) CE RARE IEMRRE Eucrinus liliiformis (fig.).... 269 Pleurocystites squammosus Fer météorique (fig.)....... 106 (EI ER EST Re ENTREE Ficula burdigalensis ({ig.).. 65 | Pleurotoma asperulata (fig.). Florencite: (nes). 2m 68 — dimidiata (fig.). Gavialis nacrorhynchus (fig.). 6 | Pleurotomus obeliscus lg. v Glyptosphærites Leuchter- . | Poteriocrinus radiatus (fig.) PÉTER EN) PAR ESENNRES 23% | Protoma cathedralis (fig.).. Gyroccras alatum (fie.)..... 150 | Pyrula cornuta (fig.)....... Hercoceras nurum (Haas 0 — samei (ie. DÉS PERS Heterodiceras Munsteri ( do) el2 — rusticula (fig.)....... Hippurites radiosus (fig.)... 45 | Radiolites cornu-pastoris(fig.) Hippurites organisans (fig.). 46 | Requienia ammonia (fig. E + — bioculatus (fig.).. 46 — carinata (fig.).... Ichthyocrinus pyriformis (fig. ) 210 | Rostellaria dentata (fig. Ju re Iguanodon (fig.).......... k 6 | Scutella subrotunda ME je Lasalle Teen MNen 109 | Simædosaurus (fig.)........ Lexodont (fes) 40m DhSibraniten(nenst)ieRRenreet Lepadocrinus quadrifasciatus Mermierite RENE NM ; (Ha) Re EUR RATE 230 ENRha)enite EREPERNENRNRERENRRE Lituites litinus (ir) ane 151 | ThylacocrinusVannioti(fig.).. Lucuna columbella (fe) AGEN PtEnt onyx (EI SRE PR EURE Marsupites (fig.).:t4ns 0x 269 | Trochus incrassatus (fig.)... — ornatus (fig.)... 212 | Turitella terebralis i(fig.)...… Métier Pere NenEntRers 35 | Voluta Lamberti (fig.)...... Monopleura arilobata (fig.).. 125 ! Voluta rarispina (fig.),...... Bibliothèque de feu Milne-Edwards Divers Jeannette Power, Ch. Le Gendre L'arc-en-ciel, Le Bronze des anciens L'Instinct, Ed, Perrier Le cinquième Congrès international de zoologie, tenu à Berlin du 12 âu 14 août 1901, HoiGadeau/de/Kerville RME APE EOEer Le langage et Je caractère, DER eEnAUlTS ARTE PEAR R EE Les Bains de lumière colorce; HYCoupins eee cree RME LUE dstire Les Fermes modèles d’il y à 4 500 ans, D' Bougon Médaille en l'honneur de M. le prof. B_ Blanchard... ADD ou Tao L'aquarium d'eau douce, R. Boulart...... HE oonoUo Dr Bougon BROSED DE o BAD BU D À ip 010 ue Reda Re La médecine primitive, D: F. Regnault 175, 190, 201, Micrographie, préparation, loupes, microphotographies, PE 69, Physiologie du langage” DrBougons er Men RtE ne ERtRe Prix décernés en 1900, pour ee sciences naturelles à l’Académie desSciencess..) rennes RNEr ESP Quelques fables débitées par les anciens sur les animaux et les vé- gétaux, #DÉBOUEON M en NUE NE Re Services que peut rendre aux sciences la langue internationale &Es- perantons Mira PUR ER tee ReEReNt ER Annee PR ete 23FBUN — N° 332 1% JANVIER 1901 ZEN —— CTI. PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction Nous prions ceux de nos onnés qui ne nous ont pas SONIRIAIRE du n° 332 du I Janvier. 1AVON : Gore adressé le montant | Les reptiles fossiles des environs de Paris. P. A. H. Frirec. — Examen des mœurs leur abonnement pour des Abeilles, au double point de vue des mathématiques et de la physiologie expé- ) 7 Dr rimentale. A. NertTer. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — pue DOROr Mouse Une curieuse variété de Gohatlne giganteus. Paul Nozz. — Des cas d'Albinisme et de re parvenir sans retard, Mélanisme chez nos oiseaux. A. GRANGER. -— Les Lis et les faux Lis. D' Boucon. Chéance de janvier étant Concours pour l'étude des insectes ou vers des livres. — Aeadémie des Sciences. — £ Les plantes dans l’antiquité. Les champignons. E. Sanrini DE Riozs. s chargée. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1!‘ DE CHAQUE MOIS nee CD Neérie ie. de A0 fr» … Tousles autres pays nn x Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » d ] PTRIAU NUMERO, Eee Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, (MAdresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux .. BUREAUX DU JOURNAL : Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS && ‘ay x : orydeisorotmoqogd onbeuyo 9p KIT “RJBUOIONU — *xopnd eruydeq ‘sua09p pen sdop249 eosny S11dAÂ7) FSANS NON *‘PIPWOF 9P 8007 ‘snur11yddes -(890z) sningeq ‘B2IUL990 PISA'T ‘xopnd snIewwuer) -(600z) stxeS[na uoSueir) “near sdo199 *SN99P110} SNINSIV *SIWIOJHOULC9 Sndy *S9981Sn49 ‘WN99I9S0JOU WNIPIQUOA, *SOPIOIOUR9 J9JI[OUT) ‘uOIdI109G ‘odno9 — "SOAQITI} DE ’neod — *sojauo Jo saoyyed — "191JU9 QUSIPIY SOpPIUUIUAY ‘(10 j ep) res uojouix, ‘(ueryo np) suye[ soyoepoyonug ‘J018u0] _ & ‘oJis snydA]S804xf F, o[e8 Fee odo91es (18A9u9 op o7e8) © mbo sajorquikg ‘TJUAUI}S9A — ‘stJ1de9 snjnoipoq *SITeUIRSUI Sn11}qq °SUBJLUL — °SIULO — ‘129 X91N4 ‘(uouo np) os snu1)1poq ‘(Raogo) À mbo soydorosq ‘(ou8£o np) ru8Ko SNIQOUJIUI( ‘uoy4d — “PICZ9] — ‘21409 np soporydQ ‘SNOIIJOUTÂSE — ‘(orteo ej #p) sedrysngue SQULIIN OSE GYE 87€ LYe 7e VE 7e GYE 17€ OFE 66€ 866 Lee 9EE Re VEXS ece CEE VE O£E 6GE 8GE LGE 9GE ScE 7GE EGE CCE 1GE OGE GIE CAS LVE AVE STE VVE CIE GIE LAXS OTE 60€ 80€ LOE 90€ ‘(somod sep) wnpryyed uodouox ‘(sornod sop) srrqeruea snanodrq ‘(oroad ap xneos -I0 S9p) ul} ROOEUR QUE: 0 ‘(urder np) © snqqié snuoydousVT ‘21}N0] EI 9P ‘[RBAIOS NP — *SNIANPII — ‘(onSuep) — — ‘(xenue) nœqnp — ‘(onsur) — == ‘(191qju9) SAULILI SOPOX] ‘sue[npru snyouAqyardaep} ‘(xonS8ues np) sims snurdoyjewæy ‘(n@q np) snwourysÂine snurdoyeuæy ‘(o48q09 np) sre4o sndouÂn ‘(saynod sop) 197se80[oy — ‘(uopuip np) xyuAYs seporuoy ‘1JSUUET 2140091) ‘(S9191d091 -09 Sp) wWnd0721,d09[09 snsewer ‘(S10TTIeT -nod sep) æues snssÂuew19(] ‘WNIO[NOIT[OY X9POUU ‘(pieuro) snioydos0( ‘SnJ1pnao snjoAau) *(u098 : -1d) wnpnearSuo wnjeydesodo ‘SNUPITIOUWUE — *SnoisIod — *SNXO[JAI SESAV XNBUIIUC SAP 19 GO€ 70€ €0€ ©OE 10€ O0E 666 866 LOG 966 GG Y66 666 CG 166 066 686 886 L8G 98G S8G 786 680 CSG SG 08G GLG 8LG QUWOU,I 9P SOUI91X9 S9)SEICA "SIUIpuniy XÂJodou9)S L18 OR 9LG © HIMONG EIQUOIÂN CLS OT = LG © snurao snSeydopoN £LG "IA499 BU9)OIdIT 528 ‘imbo vosoqoddix FLG AE =. *(oged) — — 693 ‘(ereqR.19p 918184) v0a00 energ 893 (QONRS + LOS ‘SQUIAOG — 993 AN) = 606 ‘(u0e)) omou — 793 ‘(soyed) se818 snueqe] 293 €T SIUVd ‘og np on ‘9ÿ ‘ATIOUAAQ MIINAA SIM SAT " ‘(H&) ‘(0197) se818 snueqer, “(sounoque) — 906 "aquesis eINdiL 6CG ‘(opre) — ‘mbo — $c io 19 saqed) œotjin eSSourA COZ “aur9prd? re ie (soñed) = — 770 ‘(999}) 2AIE] “SIAO Sn41JS HO 968 ‘(9199) — — £08 (soyed) ee Er 4060 ‘sounol 2105 t S19A 206 ‘(Houereq) : — 1 — sayrd 108 ‘(sane) — io — SI04 008 (aduoux) — mn CC "o[ILUau9 ep nt2q4 GGT ‘(0191) torsewop vosn 76 ‘210199, ‘"eS@0") EITONT (CG | JUBU9A Jinu op uoed op sejliuou) 867 SNITISV 676 *STAOQ Sao de Sox93doprde ‘(eaxe]) mbo snjrydounses Lye sonde eus LGT OA = 070 ‘(9]91) eooeorA edo90ÂY 967 :P suordid xo[n9 GG ne = CGT ‘SnSOWNId SNWOUOIUT) FFG ‘(9197) OqRIo — Y6r ‘(oA4e[) Siuioortwund 8419109 £78 ‘(sayzed) = rc ‘(dAïe]) PHOJIWoA BIOudIe) Fc ‘(819}) suesma edsoA 36 sod23diq ‘SIUOPIPUX WNHOUWOUON [GT ‘UOWNAUUIL (GT "SHBOUIT EAEUCA F7G *"OAIPI — 6S8I ‘2949x01Aqd e11e9 078 ‘CJNI ROLUAOH LSF ‘spnD — — 66G | ‘(usosm rrotdde) — ee OS "ILE — = 888 | ‘(xno4zou owo9sÂs) — — CSI “oyduÂu — = L£G ‘(uru9A ® S9p CLONES e 9EG | -ue$ Jo uoqmsgre) — — YS8T ‘2TO9TIPET me Fe GES ‘(sare) — — SSI NE = 7ec | ‘(soj8uo Jo soyed) — — CSI *P eympe = = ££G ‘(on8uer J9 9191) eoyipou sIdY JSr “ounof XI1781S2A RI9XO Ad CES *(appeqe) ROIJI[O WU sidy O8T saziogeqeuso]ied — — Q1ET soxodoueu£H ‘BONE]S PJIOUOJON TES à "BOIQUI) EÉON 0EG ‘Un1120199 SdUUI GLT LONRIRRES me UC ‘(0193) essoidop emnoqu'i 827 ‘SOPIO9IUI9 SHOPNEN QG ‘“eJeSqnA BIOUOUdA LLT *S91P12907) LE ‘(oA1RI) uouS8V 9LT ‘RJEIA7S ESUON) 9GG (0391) enond uousy eLy ‘2191 — — CH ‘Sn1ioespnd sodo4xy LT SNTRINPE] XOUL) 7TE "9190102 N7 -0pnIST So49JdtueH “ejerrs eueSAidq LT "BOuIL £86 | ‘(uewopqe) — =. di SITIÂT GG (oo Re ‘(a]1e) e1p{non) Fc ‘(Ietjue) stunwuwoo ediourqg OLI ANNEE SUN 0GG ‘(UOtç-IWin0y *(S2111899) 613 | 2P 9A48J) SnHBOIWIO] O9[OUIÂN 697 ‘(odwox) — — SIG ‘(9197) 0OOUIA 897 Se 45 LE de S019940T1A9N BOISSEIT SOI CVS ‘(so11419) = = DO ‘(Sa/n829) — — Y1G | ‘(ewueprde) => — O0 ‘(odurox) — — £IG ‘(oew07se) — — COT ‘(souuoque) — — GG ‘sueS[nA edje]01{19 97 ‘(ere) — mn lo ‘(soned) He = CO ‘(soy8uo j9 ojjed) æder suorq O1G ‘(xemque) snorysowop Snl[Âd 97 CI SIHVd ‘284 np em ‘97 ‘ATIOYAAG ATINAA S'ILI SAT Fcro F 23 FEB. :20! de SÉRIE. — N° 333 45 JANVIER 14901 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS ù | 6 AVIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction Nous prions ceux de nos I. D è Û ñ fabonnés qui ne nous ont pas pencore adressé le montant SOMMAIRE du n° 333 du 1% Janvier 19O1 : ide leur abonnement pour | 2 Microïépidoptères du Silene Nutans. L. P. CHRÉTIEN. — Les bains de lumière colorée. 419017, de vouloir bien nous le Henri Coupin. — Destruction des parasites végétaux du pommier. Paul Noerz. — aire parvenir sans retard, ” +. mercure. E. MAssaT. — Instinct et intelligence chez les insectes. D' L. Larov. — La Kamie. l'échéance de janvier étant lus. chargée. : | ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1‘ DE CHAQUE MOIS Done ettAlSErReS Rd 10 » | Fousles autres pays it SN te 40 fre à ‘1 êi Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » Ro dumumeron Liens) 0 50 4 Pour changement d’aaresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. 1 h M Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux | BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs | | | T2 ape 24 Der. ‘eS091]9n1J LAC : PA MOD À ET GITE BLTEINI18S ‘eSOUIPO AUÂIOI0POH ‘TUI[OAR") PHEUU9 : RALPILEr "BWOJOUPIP 11940 ‘ESOUIJE[9S PAPOUWOET ‘UNSOW998I WNIIPU9 PNA “wunoniseded wnrpuap{iop) ‘Huo/Suqof e1Â1) ‘RS0990[} AUÂIOI0pPE]) “eJepngur euenuedwuer ER "SORA PIJ[IAUIESNO “BUILUUQJUE ELHENUUIJUY 1 SOJIUIPAH *ELIPN-CJUES 9P SOISSO, — *TIBWE( 9P SAfISSOF sonords *SIAQIQ e[NOUNAFE/T "SITIQUIIU PHOUOIEAF *H9)407) 8118/IN1) ‘SHe[[UBUu SNA ‘PSONUIS EUIOPOISI(T "BpIWN] EYdIOWO4197e4") *HO[[IN 210799] *sabuoda p sapnouls SIWAIOJI01188E EIUOUdISIL WNINOUAT EIUIOI, SIIeIANf eJI8uodS ‘(od -N09) 1IUOJSuUOf ewstHeuAyIrd # ‘snueydez uo9Âg ‘BOULI{ 2))99SV SaBuodT Wie x Er *(odnoo) ‘Saoxreisuods ‘(eSueçaur) souo3108 op sopnords stepidrga eanexo]q R99P1490 POUJLON CINPEI PIS1081JLT 92e E|[oauN f ‘(sornords) eyeporueA eiuoñaor ; ‘eJ28U0]9 SIS] ‘Xe, soyjedruy _— *(soynords) ‘(odno9) wunje181p “unjewed wniuoA9]y *souoB410r) *(S9[OST sayno -1dS 9948 neod) ‘(sapno -1ds 9948 neod) ejey181p edeuis G6E 16€ NUFAY -aup ep somoids op OBUIAN 06€ — SIsuotjIineu — 68£ ‘(sammords) suoryedur eunoroyx 88£ ‘(edno09) wnjorjop erewnonn 18e *Sapi/N/10]0I ‘UISANO P Sn9jn]d 98€ *UISINO P JS9] NP S02al4 C8E ‘snSueeds op sourd gg *SnJP[N219qN)0IIIU SNUIU9H LE ‘snypisnd snwueAsouÂyoH 38€ ‘S2pP1OUN/94 ‘sn92PueJquou soditue4 T8£ ‘2J99[8ou PW0901dO 08€ ‘SU9ITA PANTUdUY 6L£ ‘esoqqié BUH9]SV LE °S9p1.19)797S ‘SOUI9POUIUIT "SMPONIQUN Rolle ‘SnJPoUI] SNUYLOI, — 9L£ ‘Streutoo erdos HG Lé "SIRJISNE PI[OURISEUL 9P — YLE "RJRSINA BI[9]EX 2 — ELE °stieg[nA Snd020P — 3ZLE ‘RJEINOIOI PSSEN — ILE *SITBIOYIIL EULIOYIUT = DOC "eJBULSIBU XEULT 9P — 69€ “SrJEUOd XIOHP — $8JR "SIRBIOWQU — — L98 ‘CSIOdSe XIOHP — 998 "BJE[NOT0QN] SHOUCH,P — COL *SHIE[N9198 UOJIU") — 79 *SISuQuISs P1]dA je") — £98 ‘unJepun WNIUIDON — GIE ‘Sn}n928 SAUIINE 2P — V9E ‘eJPU0I09 SI07 P 2[NPEYH 09€ 013 SAINHAIGONIH93 ‘SIN0SNTION SIHVd ‘98g np ona ‘9y ‘ATIOHAME F'HNAC SIM STI *S9]N DOI ‘(s0,p odno9) auotos 6e “appmboo e| op odnos) esowrenbs euurq gcg ‘(sounof SAPIAIPULP Sojpnboo) sono Leg ‘(Suoy odno9) eosny XewrT gçg ‘(Suor odnoo) — cce ‘(sounol sax SNPIATPULP Sopinbor) — yçe ‘SOIBUUONIQUE S94JINF eee ‘(-x odnoo) st1e8 na sudopoQ gg ‘(S94le9]89 so[nutiS) 1978 UOUV Ge ‘Sonbsur|owm 97 GS ‘ay E : orydeisoiopuoqoud onbeuyo op KI ‘JeuOIonu — ogg | ‘(samod sop) wunpryed uodouo cof *xomd eruydeq 67€ | ‘(sainod sop) siqeuea snanodr 70€ ‘stui09r1penb sdopo4n greg ‘(aroad op xnveos “eosny SUdATN LY£ | -10 Sop) ue} unuq}uqowuaoT EE A » 41 » Prix du numéro . Se Bee Ie orme e ler aile 0 50 Î Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. [À Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DÜU JOURNAI F _ Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS _ _ OL. 1 ‘ Dour SIL CNET RACONTER EEE SEE CCE LETECIP SEE D AUQU9 9J10q £ 0€ R % 9p SJUAUWOSSISSOIR S9p JUPUUOP € J9 } soN SJe[qnop xnep anbrdo uorisoduo" “oSetet09,] anod {note * JTOJFU * [RI9JCT JUAWEANOU & sJe[qnop-9J40d se1q ‘adore aun 1ed qurod ne osriu “mi èt ‘ 497 9p ojuoy uo poid pino7 — ‘(8G& ‘S9) & oN OI2POUr 99juOouu odNO/y *y où 99qJuou odn0oT — ‘2G& SIA ‘& où 99qJUOu odnoT — "SG SI nr = =) sn ‘pord uos ans gjuour oyood op odoosoxot ‘e ‘SI AN \ SONFUI OZ : XIUd \ € AE *S91J9URIP 006 2P WNU -IXBUU JUAUASSISSOA1S UN JUEUUOP SJrJ99[ç0 Xn9p J2 soure[n20 xnop : onbrdo uorisod -Wu09 fonbriyewouorur srA ded ajuor jutod ne 9SIU PJ { UOUEI 9] SULP 9qn} NP 95241} oy ded grey os opidezr juiod ne ostur eg ‘IF OG AU9U9 9710q : 07 | ‘JU29 L ANS ‘JU99 GF JULINSOU UII909 AQU R 9 2p SJUSUWOSSISSOIS S9P JUESSIUINOF S9NbIEWOIIE # 9 & s0N syarqnop 3 : onbrjdo | UN SUEP 99UHOFUII 9ANOJ 95 ‘sonbedo uouyisoduwon ‘snssop ue ded jo snossop uo avdé o8purepoo sduoo sop eSeretosp ednog ef ‘atoarur 9] SUB qjueyjouod uoryepnoyie [du R atout unp ueKowu ‘poid of ‘snoolqo xnop sog ‘Sorrepnoo se suduoo À ‘iorquo odoosoiotu 9f ‘sauesto (I) js ù ee à choloeehatelale name le sp stel ile eln role eee lo is ofehe ehstle ateele late 0 ose als ea 8 € ‘0 ou oajuouwu odnoT ne JICJ os OoHIIE(99/] ‘9JUOIOA R S9AOJU9 o1J9-jueanod mb sureu-oindde xnop oj1od outjejd 7 ‘jeagjer juowoanou re JS Sj91qn0p-9710d np SB1 8] : 949[[lP0210 JUN,P PIE] 8 re] es jurod ne 9SIU E[ : AIO U9 poid panoj un ans 9sodoz auuoryoayaod 9[9POU 99 — "(26S& SU) EH oN SIQPOU oPJUOU SdNn0TF JE Hi rcehes eiceeiseese Er LUI9A nofeov 97104 ue ‘oSvarelo9 j anod sou : ouryepd ouuoy 991 ®] ans onseq oun ded ooxy ojuozndsue] 99818 aun ‘sta ep sed un,p nAanod ‘odnof EJ 9Pp 39/09 9j ans Je[qNoOp 9, JueSssIA ue jurod ne jou es ‘onbuvaid sou 39 ojduis Sox ‘esquou odno] 9799 — (96& ‘Sy) © oN 218POUI 99PUOU OSdNO/E pre SHALNOIM SAdAO'I À ITA ‘SIUVd ‘284 np ont ‘97 ‘ATIOUAAG ATINA. 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GRuvEL. — Les à plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Académie des Sciences. — Livre nouveau. — Offres et demandes. — Genera analytique illustré des Coléoptères de France. Constant HOULBERT. * : ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS France et Algérie. . . . . . . 0 A0 fr 0» ous iles autres pays 0e 200. A9 fre» Ru Pays compris dans l'Union postale. oil » BE NUMEÉEON EE He Ne 20 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DÜU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS ne Éd S9p tu “JU99 DE V : SJIOJ JUOUTANETOI SJUOWOSSISSO1F SOP 99 IOUCISIP © JAUIWEXO,p J9U10d JE ‘ on4-onSuoj oun,p 39odse,j e jrozedde joeanou 99 — ‘ona-onSuo7-94n0"7 HT 09 ons sun tnt ntm . ‘aug? 91104 £ 0& Lo 7 9D SJU9HASSISSO1 SaPp JUEUUOP € 39 } SN SJoçqnop xnop onbrdo uoryisodwon ‘oSe11e199,j anod apnorae JIOIUU { [PI9J8T JUowWaANOUu R SJ9[qnop-9J10d se1q ‘o1afpreurou9 oun Jed jurod ne est ‘ J9} 9p oJU0; u9 pord piano — ‘(868 ‘Sÿ) & oN OI2POUu s9quouwu edno’y ———— ———_—_—_—_— = s = nn a ——————"— € *8 oU 2ojuou odnoT — ‘GS * *} où o9juou odno7T — ‘2G& SIA — 7m, ———— ‘pord uos ans gquou 94904 op odoosoiom — *e Sr SONVET OZ : XIUd *S01JQWPIP 006 2P Un -IXVU JU9W9SSISSO18 UN JUEUUOP SJ1399(q0 Xn9p 72 sare[n00 xnop : anbrdo uorisod -U09 ‘onbrjawoiotumt sta aed oquer jurod nt 9SIU BE] ‘ UOUPOI 9] SUPP 94 NP 99PJ1 01 aed grey os oprder quiod ne os1u € —— À CZ MIN O0G CRCECEPCNC ESC ESCORT Dors oseoseres esse. 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P.H.FRiTEL. — Les Troglodytes. D' Bou- | Gon. — Minéraux nouveaux. GAUBERT. — Description de Lépidoptères nouveaux. || P. Docnin. — Micrographie technique histologique. A. GruvEL. — Les plantes de | É France, leurs papillons et leurs chenilles. — Académie des Sciences. — Offres et demandes. — Genera analytique illustré des Coléoptères de France. Constant HOULBERT. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS France ANlsénen e d . 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Stanislas Matiees — Micrographie technique histologique. A. GrüveL. — Notes sur divers mollusques de l'Amérique du Sud, accompagnées de descriptions d'espèces nouvelles. C. F, Ancev, — Les premiers habitants de la “Gaule. D? P. Girop. — Le Moineau. Paul Noez. — Les plantes de France, leurs | papillons et leurs chenilles. — Académie des Sciences. — Erratum. — Offres et demandes. Hot Mare ABONNEMENT ANNUEL | payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1° DE CHAQUE MOIS et Algérie . D D 10 fre _ Tous les autres pers de compris dans l’Union postale. . .… A1 » Prix dumumero PUS Pour Co nent d’ adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui se la Rédaction et l'Administration aux | BUREAUX DU JOURN AT. Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DE IYVROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS “ 7 { Sin9] JoyIpouL sus or RL Jo1pn}9 nod uo juop ‘ojduoxo ded ‘s0j00sur _ sep uowexo,] anod epun 10] 459 ona-on#u07-0dn0f 91199 ‘SO1]QWRIP SJ JU91){0 UO “JU99 DE LR: SJIOJ JUAUTOAIJE|OU SJUVUOSSISSOIN SOP 9048 S0UPJSIP & JOULUPXE,P 1911 JO CRCEPECEPECNC CPE EC SCC CRE CCC EC] ‘JJ O9 11 ona-onSuo eun,p J2odse, e jrourdde [oanou 99 — ‘ona-on$Suo-p-odnor tt *ougu9 9JI0Q { OX P 7 9P SJUOUMOSSISSOAUR S9p JUEUUOP € 9 F sN Sojqnop xnop onbudo uorisodwon ‘oSes1e109,] anod ppnonae AIO [UI9JEL Juowaanou & sJo[qnop-9J10d se1q ‘949{[[180949 un ed jurod ne os1u ‘8 où o9juou odnor — "e6à SU ‘y où ogjuOu oAnOT — ‘LGS SU 497 9p ajuoy uo poid piano — ‘(868 SU) & oN CIRPOUT S2IUuOou odnoy ‘1 OG DTA A AO LD d No di HG OR OUT EE MU do deu nain bo: nodpaes :‘‘ou919 9110 * 07 2 9 9P SJUOWOSSISSOIS S9p JUESSTHINO} Sanbi}PWOIte % 99 & soN SJepquop à : onbudo uori-0Ïw0o7 ‘snssop uo ed jo snossop uo edf o8e110p09 1] ua Aou Ÿ ISULR jueyjauiod uorequorue ojduy ®@ JIOJTUI UN, p ne JIPJ oS 9544112199 /] ‘JUOIOA © S9A9IN9 9479 Juoanod mb surwwu-ormdde xnop 93100 ourerd v7 "[R19eI juauaANOU e JS9 ‘sj2jqnop-oq1od NP SBIQ 9] : 219[[IPLIQUIO JUN P 9PIE,] L AE] os Ju1od nt 9sIU PI ‘ 91AIMO Uo poid panoy un uns osodou auu0199J10d 9[9pOU 979 — "(268 ‘Sy) E oN 219 POU 99QUO0UL 9 AnO'x SJ Q@r cceieeeree EE ne EL cesse se u1oA uofeve eJ10q uo ‘osegtefo9 j anod atout : ourye[d owu0y 981 ef ans on%eq oun ded 09x17 ejuou”dsuea] 9988 oun ‘sta op sed un,p naunod ‘odnoj e] 9P J9j[09 9j ans Jojqnop of JuessIA uo quiod ne jou os ‘onbrivad sou jo ojduis sou ‘ooquouwu odnor 91199 — (96& ‘SU) © oN 2I12POUI 99IU0UL 9dnO'X ‘0 où aaquour odn07T SIXLNOIN SHdfAO'I . < "IA ‘SIUVdA ‘984 np ont ‘97 ‘ATIOUAAG ATINA A STIX SAT ins our | ronéeg rt! 4 D j'en 3 qu SONVUI OZ KE : XIUd *S91JAtUPIP (06 2P WU = IXBU JUAWASSISSOIS UN JUPBUUOP SJoo(qo XNY9P J9 saztr[no0 xnop : onbrdo uoisot -(U09 ‘onbrrjotwuouortu s1a ed ojuoç jutod ne 9SIU E[ : UOUPI 9 SUPP 91 NP 9PP4II] op aed qey os opidex juiod ne os1u vus ‘JU99 L ANS ‘JU99 GF JULINSOU UTH99 AQU un SUPp o9Wiopuoi 9Ano1) os ‘sonbedo Sd109 Sop o8e118199 p odno ef ‘aout 2] ‘poid op ‘syroofqo xuop ser ‘soure[n90 se] sudtuo9 À ‘iorquo odoosoiornu 9 *souesto e Injo unnb ooejd op snjd o4ous queuoy € iu ‘opnj9,p odo9so1oiuu un JS ‘soulojei 190v]d -OqU] Sa] Anod ojryn out Jo que -9p Soj J9 sonvAoa so] anod ofqesuodsipur ‘(9 39 & ‘Sy) oyood op odoosoiortu 09 HNÔIHAVHIOUMNIN ÆLLHHIOd LI 1904 10 1d09S04)JIA € _ SIUVd EL De ‘pord uos ans gquour og20d_op 9040950101 — *& ‘SIA il î il Il il o8g np ont ‘97 ATIOUANG HAINE SARL SAT F _ 93: ANNÉE de SÉRIE: È à: D AL ALTATELIANA PARAISSANT LE 1°! ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 339 du 15 Avril 19O1L : à Le groupe des mammifères nageurs à pieds palmés. F. pe ScnAzcx. — La médecine à primitive. D: Félix Recnaurr. — L'Écureuil blanc. Ch. Le Genpre. — Notes sur di vers mollusques de l'Amérique du Sud, accompagnées de descriptions d'espèces nouvelles. C. Æ. Ancey. — Le Moineau. Paul No. — Les plantes de France, leur papillons et leurs chenilles. — La chasse des oiseanx au point de vue de | l'industrie des plumes de parure. J. Forest aîné. — Académie des Sciences. — | l Offres et démandes: |\l ABONNEMENT ANNUEL NS h Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU I‘ DE CHAQUE MOIS ie on telian eo Lois hote ADP Prix dunuméro 0 0e ee ra 0 50 Pour changement d'adresse, Joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Manee et Aleérie. . . : 1... AO fr. » Tous les autres pays 'ays compris dans l’Union postale. . , . 11 » û ee Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux . BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS JUOp ‘eqduioxe 4 Sap u9luPXx9 | ANOd ojJN J107 JS9 onA-9nSu0ç-odnof 299 ‘SojWReIP ET JU91]{O UO ‘JU99 0€ R : SJ10] JUAUIOAIPIOI SJUQWISSISSOIS S9P 9948 SOULISIP R IAUIWEX9 P Jour10( {JE ‘ ona-on$uo] aun,p J9odse y e qrouvdde joanou 99 — ‘ona-onSuo-adnory 11 ONE ALLITTFETTE LL L ca O9 Se sde do nee ne à Sms see ss... augu? 9110 OC P# 99 SJUILWOSSISSOUF SP JUEUUOP £ 79 } soN syeyqnop xnep enbrdo uorisodwuon ‘aSesiet09 j anod apnorar ITOZUUU * [P19JP, JUOW9ANOU L SJ9[qnop-9J10d Se1q ‘919[je 919 oun 48d juiod nv ostu ‘49 9p ojuoy u9 poid panoq — ‘(868 ‘99) & oN SI2POU 99IUOUr oANOTY *& ou 9ojuou odno7T — "863 ‘Su ‘y où o)uou cdnoT — ‘268 SIA ci ‘paul uos ans gjuout o 90 op oduosodoipl — ‘e ‘Sr SONVUT OZ EL ! 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P. Harior. — Notes sur di- 3 vers mollusques de l'Amérique du Sud, accompagnées de descriptions d'espèces : | | ; nouvelles. C. Æ. Ancev. — La bibliothèque de feu Milne Edwards, directeur du nl Muséum de Paris. — Le fer météorique de N'Goureyma. Stanislas MEunIER. — L'industrie ües Insectes. Henri CoupiN. — Minéraux nouveaux. P. GAuBERT. — La { houille aux États-Unis. Emile Massar. — Essai monographique sur les Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane. L. PLANET. — Académie des Sciences. Offres | et demandes. | a ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS Rinveemmieéries ee... 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À papillons et leurs chenilles. — Chronique. — Académie des Sciences, Offres et de- iandes. — Genera analytique illustré des Coléoptères de France, par Constant HowüzsBerr. | L. ni ï ABONNEMENT ANNUEL | Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, | | M || L | | | LES ABONNEMENTS PARTENT DU Il‘ DE CHAQUE MOIS France et Algérie . FR A aa ne eu DO fr.» | Tousles autres pays 0.60 Sud 2 12 fr. > | [bPays compris dans l'Union postale. . , . 11 » PLU NUMÉr OS HO Lies US 0 50 LE LS Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, | Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DÜÙ JOURNAL. Le. RAR ‘Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS UE D amaneu 9110ST,p LUN9SNIQ Ne. onfar 150 oqueA e] ap mpoud oT LA ] | TT SHIEX ‘98 np ont ‘OF SISIVALYA-SLUTANE “ATIOHAAC AINAG S'IL SAT | A & Hd HISISSY. 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P. H. Frirez. — Mœurs et métamorphoses de l’Anobium Paniceum Linné, coléoptère du jl groupe des Térédiles. Capitaine ZamBeu. — Ecureuils blancs en Suisse. P. de Scraux. | — Renards et Blaireaux, leur destruction par l'acide sulfureux et la vapeur de sou- | fre. Paul Nogc. — La bibliothèque de feu Milne-Edwards directeur du Muséum de | Paris. — Les plantes Alexipharmaques. A. GRANGER. — Les plantes de France, leurs | papillons et leurs chenilles. — L'origine de l’Anis étoilé. P. Harror. — Essai mono- | | - IX {ll ; graphique sur les Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane. L. PLaner. — | Animaux mythologiques, légendaires, historiques, illustres, celébres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement, de recon- naissance, etc. Le Rat. E. Sanrinr pe Riors. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU !°” DE CHAQUE MOIS j France RABÉe pd de AO fr ous les autres pays St A0 frs | Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » PER AU UT ÉTOILE MERE CLEO 50 | Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, |: Al Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX D JOURNAI Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS ed sopnjiqey SAn9[ JUIPOW SUES IA EJ dorpnj9 nd uo quop ‘odurexe aed ‘s979osut Sap uowexo,[ anod ej1jn J10j js9 ona-en£uoç-edno] 2]J99 ‘SSHAUPIP ZT JU91JO u0 ‘JU99 QE E : SJIOJ JUOUWIOAIJUIOI SJUOUOSSISSOIF SOP 9948 SIUPISIP P JAUIWEXO,P J9W494 J! ‘ona-on$uoy un ET TELE Loos! bp Jodse,j e jroedde joanou 99 — ‘ona-onSuo7-5dno"y > un SAR PR EE CE * *QU9U9 9JI0Œ { QE R # 9p SJUOWSSISSOU8 | S9P JUEUUOP € 39 F soN SJepqnop xnop onbrdo uorisodwon ‘o8e11e99 | anod apnorjae Se ee a JIOITU * [RJ9JP] JUaW9ANOU & SJo[qnop-9J10d seaq ‘odeur un ed jurod ne estu : 97 9p 9JUO7; uo poid panoq — (86% ‘SU) & oN 2I2POUU 99JuOUu odNOY ‘8 oU 99quou odnoT — ‘863 ‘SU ‘| ou 9gju0ou odnoT — ‘£G& SU fl SES *pard'auos ans gquour o499d5ep | , Etes compris dans l’Union postale. . , , A1 » RER UÉNUMERO Re eo 0 50 ! | | : | Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. | r | ; 0: Be Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux 1 4 BUREAUX DU JOURNAL 1 Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs | 46, RUE DU BAC, PARIS JTOILUL { [E19YET quewaAnotu e SJ9[qNo0p-9J104 se1q “91[re 0919 gum red jurod ne os1m { 197 op ejuoy uo poid piano — ‘(S6& ‘3) & oN SIRPOur S9juouwu odno7y 2 0 OT OO ON TEE CE en, e 9 op sjuowossissou8 sp JuESsIUINO} sanbryewoiyoe F 39 & SN SI1q0P & : enbydo uousodwon ‘snssep ue ed je snossop uo ed oBe1iel99,1 ‘0 où 2aquour odn07 sure quejjouuuod uoryegnone ed} € dou unp uefom 968 ‘SU ne JIej os 9SbIIPI99/] ‘9JUOOA R Ssoaoquo oxo-quoanod mb sureuw-ormdde xnop 9310d eurye[d t7] ‘je197e JuowoAnow 359 sje[qnop-910d np SE1q 8 : 2191[E 0919 AUN,P 2PIE,] L 1187 os Ju10d ne osru ej {o1AIm9 uo poid pano un ans 9s0dei auuororod apepou 09 — "(26% ‘$5) EF oN 218POU opauou sdno/z D D nofeoe 9710q ue ‘oSeatepo9 j anod atout : ouryed owuoy 951 EI ans on$vq oun ded ooxy oqjuourdsueay 99e[8 eun ‘sta op sed unp naAdnod ‘odnof 8] 2Pp 391109 e[ dns Jejqnop 9] JUPSSIA u9 quiod ne jou os ‘onbruad soi 3e ojduis Sox ‘osquou odnof 2799 — (968 ‘3y) © oN 912POUI o9quou odno’x SXALNOIN SdfO"I L ‘IJ@Z ‘‘°°°"‘O[[OSIOAIUN SIA 9948 ‘(82 *S) synoofqo £ Anod 494[0A9%% "ay © setresstttettere"(e 2, :S) oateuipio syroofqo & Anod JISAJOA9Y SS'IE peser ne re er er os ee S) ajepou juod ‘so dress (&Z 32 KZ ‘S) auay9 u9 soqni-9104 “J mg ‘‘°'°errvr°+"*+""9s0dW09 9d09S0J9IU 9j SNOS SU01J998s1p 1n0d (3 oN 9[ JUOUIO[PIQUIS) HIIPJNOO UN S9AP QUIQUOI ‘AMOSSSAPIA OTUSII ITA 'SIUVd ‘2g np'ont ‘97 ‘ATTOUAUG d'TINAC SIM SAT ‘pnoq np ue} NP xXH4}0}d913S ‘snouio sou98o{d sn29090{qde)s -snoine soue30Âd sn920901Aqde)s ‘sngje sou98o{d sn920904q des aouq 9 JOUA) SEJJSOU EIS[OU9 np offids “onbryeise e19[049 np e[purds ‘1981U S99ÂWOIPUI98S *STUTWOU SN9J014 :SII9 SN920000191J “\jeyuerxq) etuowunoud ej 2p sn22090Jd1( ‘HsSeg styÂ10 “eUNUUWO9 1109 ‘4 *SN99PJOIA ‘opiroudÂ} 91A9U LI] 2p ‘g *AJIRIAR 9S0[N919qn} EI] 9P ‘4 “aUIBUINU 2S0]N919q0 E[ 9P ‘4 UN SRE oo CCC EOOONCECECECET CCC ECC CE “OWO19 [SOUL NP ‘(nor snd np) anbrue{ood ‘q “JOPUCIPOU 9P ‘4 ‘asnezes ou918ueS EP] 9p ‘4 ‘snos Sep 91wo901jdes e[ 2p 4 ; ‘AIOU EI 9P ‘4 ‘appmouous ej 9p a1w991des I] 2p {4 ‘aiod np j98n041 np ‘4 ‘OUWOU, 2P 29 IP EI 9P 2IT0CH *XNL9SI0 Sp 2H9JUdIp e] 2P 2084 ‘snuosout{o snIlI984 -sa[nod sop e19109 np 9F[084 LUOqIEUD NP 9 1NIET, *1981U SnJ[8419dsy ‘osooAwouAÂJ9Y :IIUI9JUDUIS UOHOUIV tte+-od{j-o4njqn9 enbeuo ep xuq ‘juoweonbrowaioq soyonoq ‘poid ans soyuod ‘(x *‘Swy) anoyneu op ‘jU99 Çy JUCINSOUT ‘oxioA uo sonb -purho soqnj sop suep sogquosoid quos sojpe {09 + rnbsnloprjos 93sex mb aese -1e$e no 95098 ans soie sono onbsord qjuos sonj[no 69) ‘99 ‘ino[noo ‘yoodse auuo9 ‘o9odso,| ep onbrs19798109 Æ Uu9IT IUEAJJO oanyyno ‘Juowanruyop Sagx] seqodoiwu xnedourud LR | Sop SeIBIA S91nJ[N9 SP UOTJEIJSUOWYP €] ANOÏ 4191} -UOU JIOANOG 9p 2[IJN 2UOP 1879 I] 299 ‘9OUOF JOTOIA un,p ‘Sn20pjonù ‘g eo ‘qioA snouvhooñid ‘g ef ‘o5nox ne9Q UN, P 359 42Qn4 S8NJ)004 9] ‘uouyto aunel no oSur10 ouuef quos 5n22090/hydp]S sor :eçqenbavwex 1ssne S9 soinj[no S2p ano[n09 87 ‘90 ‘YnoJQo49 J9odse un aquosoid ‘orduoxe aed ‘outetunuy eso[nooqn}) e[ 2Pp 2{O0J9IU NP o1nJ[N9 EI enb 1sure 752,9 ‘osouseip er anod sosnorogud suorjeorpur sp Ju0S sa1aJovivo 29 ‘91n}[n9 €] op o1njeu ef ‘onbrdoosoroeu uewex»o ded ‘ona ogmuoid Joutwuueop ep oagqourrod jnod mb ‘onbr} -su9)98109 ‘I9r[nor1ed 39adse un Juo saqoJortu 2p SaanJ[No S9T SNOLLVILLSNOMNEAX HO LNAWAAILINI30 S43X14 SANHDOHLVA SNONOIANVH) 44 LA SHLOMDIN A SAdAL-S34N171N9 SIMVd ‘224 np on ‘9ÿ ‘AJIOUANG ANA ST SAT PARAISSANT LE 1* ET LE 15 Re Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction Se rl qe Ée AS | SOMMAIRE du n° 328 du 1° Septembre 1901 : Les Céphalopodes fossiles. P. H. Frirez. — L'Aquarium d’eau douce. R. BouLarr. — _ Le Bronze des anciens. D' Boucon. — Animaux mythologiques légendaires, histori- | ques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, | | de bonté, d’attachement, de reconnaissance, etc. : La Puce E. Sanrini DE Riozs. 2 | Ro & rie Arrivages de Coquilles de l’Indo-Chine. — Les plartes de France, leurs papil- : L DES | lons et leurs chenilles. — Genera analytique illustré des Coléoptères de France. | É [UE ; | Constant HouLserr. | | - Ï La ABONNEMENT ANNUEL _ Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS nce et Algérie. . . ..,.. ne Of Por leS autres pays Ni, AT > compris dans l’Union postale. . . , 41 » BR NUMERO SA à Ne can 50 Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux : : BUREAUX DÜU JOURNAL e. Au nom de « LES FILS -D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 4 | 46, RUE DU BAC, PARIS N 7) “9BBArE109.] mod 9jn9 Sa 06G D, Der SAR OSEO SOS OU IO ES SOTE EC ON RUES) 0j a) 2J10q £ 0% e 9 2p SJUAUTISS1SSOu8 sap JuesstuINo} Senbyetwoipoe % 39 & s0N SISTQNOP € : enbrydo uomisoduo"n ‘snssop ue ed jo snossop uo ad o5e1i[99,1 sure queyjouuod uoryejnorue ojdu € atout unp ueAom ne Jrey 9S ORtIIEI99/T ‘9JUOJOA R SpAoquo oxj9-queanod mb suræuwu-oindde xnop 9104 ouijejd e7 ‘[U197ef JUoweAnOU & 759 syaqnop-910d np Se1q a] : 2191120910 eun,p 2pLe,] e 1187 98 }u10d ne 9s1u ej {exam ue paid panoy un ans asodoi guuor9apiod 2[2POU 99 — ‘E oN ?I2POU o9iuou odno’x :1 où 2ajuou odn07 ‘968 ‘SA SOEUR 0 ES AE TES RRCE) ON TUE EUX ‘I ST nofeoe 9y10q uo ‘oSexte09 j anod z1oartu : euryed euu0y 951 EI ins on$eq eun ed o9xy ojuodrdsuei 09ef3 aun ‘sta op sed un,p tiainod ‘odnor 8] 2p J2[[09 2] ans Je[qnop 9j JUESSIA U9 quiod ne jou os ‘onbrvad soi 3e eduis s91} ‘ogjuou odno[ 27929 — © oN 9I8POU o9quou odno’x SAXLNOIM SHdNO"TI : 0G AJ 88 DEN TNA TOI O 9 2948 L0‘0 >< SE‘O JUeinSaut ‘aIULOA ‘OUC](-I9F U9 “aysraodoprdonp 83104 ET -ase9 onbeuyo 4nod Seinnqn € sainjieAto Sep apessod jueurieduo09 99 elAn0901 mb a[2104An09 ef : juoupiedes Sopi[es {io Jo Se[[LUOU2 Se] ouJjour ep JuejJourod sosva xIS wo 9SIAIP 19 91JNE ] ‘ [OA ne Sud suoyrded sep anod ostn JSe un : SJuoutaeduuoo spuers Xnop U9 9SIAIP os as9)doprdor np 93104 ET ‘sapr[eSAIUO 19 Saf[IUouo Sep 9710994 ET J9 suorrided Ssap asseo ëj mod soysuodoprdor xne ooutjSop juoteorerpnornaed snjd 759 9104 97390 KR TLSIUTLAOCI ATT nA« ASSVHO 30 311089 [LA ‘SIUVd ‘984 np on ‘97 ‘ATIOUAAG ATINA.A S'IM ST ‘SUPINSUOY UOJAUAOON, ‘jnœoq np ul94e np xHyJ0}de1s ‘sno4y1o souoso{d sn22090{qde)s ‘snane sou980oÂd sn29000[4qde]s ‘snqye seu280{d sn29090o[4qdes SE (ou q 9 J9fPAULH) SP1JSOU PI9J0U9 np of[u1ds “enbreise 8191049 np e[utds ‘19810 S92ÂWIO1PU998S ‘SIUTUWIOUY SN9701q _ ‘2WO19[9SOUII NP 4 ‘(norq snd np) snbrueAoofd ‘q ‘JOPUPIPON OP ‘4 ‘2Sn9208 aU9ISUCS E[ 9p ‘4 ‘SIINOS sop arw9ordes ej 2p ‘4 | “eAIOU EI 9P ‘4 ‘appmouois tj] 9p orwootjdes eJ ap ‘4 ‘o10d np Je8n01 np ‘4 °SI[ISE SN90090191Y ‘AUUOU,| 2P 2H9JUdIp EI 2P eIIIOv4 ‘(ppyueex4) atuorwunaud ey ep sno9090ofd1q *XNVOSIO Sap oM9Judip eJ] 9P 21284 ‘ILSSE4 S17Â1J04 ‘snuosour{io snj[r9eq ‘aUNUUO9 1109 ‘4 ‘so[nod sep e191049 np e[I084 :SN99B[OIA ‘4 ‘Uoqieu) NP 2[[084 “opioudA} 941AaIj EI 9p ‘4 ‘1981U Sn[[19410dSY ‘aIIBIAP 9S0[N919qn7 EI 2P ‘4 ‘as0oAwouAJoY “euTeunuy 2S0]N9219qn7 E[ 2P ‘4 IUI9[UDUIS UOLIOUIY e ‘:::ee:"9d{Âj-oanymno onbeyo op xuq ‘juewronbrouwuio soyonoq ‘paid ans sgj1od ‘(y Sy) anoyney ep ‘Jju99 y jueansouw ‘ooA uo sonb -L1purpAo soqn) sop suep sogjuesoud quos se { 09 + enbsnloprjos ose mb zese -108e no 2s0198 dns sajley sojnoy onbsoad juos soanj{n9 Se ‘9,9 ‘ino[no9 ‘Joodse auutwuo9 ‘o09dso,| 9p 9nbr}st419798189 E[ U9Iq IUeAJJO aanyno ‘yuouoamuyop sapx] seqoionu xnedwuud S9p S9IPIA S91NJ[N9 S9P UOIEAJSUOW9YP E ANOd 494} -UOUI JIOANO 9p 9J1JN QUOP 1879 [[ 979 ‘9OUOF JOIOLA 2. un,p ‘Sn29pjo1a ‘g 1 ‘JaoA snouvhoofid ‘g ef ‘esnoui nt9q UN.,P JS9 42qQn4 SN]100g 9] ‘uouyro ounel no asuvio ouuel quos Sn9220007/ydn}S se] : sçqenbaewex 1ssne js2 soinjpno $op anofno9 e7 ‘939 ‘xnonoio Joodse un aquosoud ‘orduroxe ed ‘ouiewnuy esopnoroqn) tj 8p 2q{O1oIu NP 94nJ[N9 EI onb 1sure 359,9 ‘osousetper 1nod sasnorsaid suororpur sap JU0S S91998189 599 ‘o1nJ[n9 eJ 9p o1njeu ej ‘onbidoosozoeuu uewuex9 Jed ‘on ougiuoid e Jouitudeop ep szyjeuuod gnod mb ‘onbr} -S119J98189 ‘I91[notj1ed J9°odse un ju, saqo1ottu ep sainJ[no S9T SNOLLVILILSNOMEE HO LNIWIALLINI430 $33X11 SANHIOHLVd SNONYIANVH) 44 LA SALOMNIN AU SAdAL-S34#NL1N9 SIHVA eg np on1 ‘y ‘ATION: 4Q ATINAA SIM SAT : SOMMAIRE du n° 5349 du 135 Septembre 19O1 : Observations sur l’Erosion fluviaire. Stanislas Meunter. — L'influence des couleurs | RE EURE sur la production des sexes. — Les plantes, animaux. P. Hartor. — A propos de (ESA l’article de M. Pontier sur les Eléphants quaternaires. Marquis Antoine DE GRÉGORIO. 4° — Description d'une plante nouvelle. Umbelliferæ Laserpitieæ Rouya, nov. gen. A. de Comncy. —’L'Aquarium d’eau douce. R. Bouzarr. — Les plantes de France ieurs papillons et leurs chenilles. — Les propriétés vulgaires de nos plantes sauvages dans nos campagnes. D'. Boucon. — Acadérnie des Sciences. — Les pieuvres. H. Courin. — Genera analytiqueillustré des Coléoptères de France. Constant Hourserr. e ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS Misemet Algérie. 2%... 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SIHVd 23113S43AINN NOILISOdX3 AHSTIVANLVN V SH)AId SAT LNVNHAINON LNTLYdOAUI SIA « PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE. MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédactiof SOMMAIRE du n° 352 du 17 Novembre É9DOIL : Le -Observalions et expériences sur l’origine et le mode de formation du minerai de fer é oolithique. Stanislas Meunier. — Développement incessant du corps humain. D: Bou- GoN. — Le Glossomètre. Paul Noër. — Description de Papillons nouveaux de l'Amé- rique du Sud (Notodontidæ). Paul DocniN. — Essai monographique sur les coléop- tères des genres Pseudolucane et Lucane. Louis PLaner, — Les plantes dans l’Anti quité : le Tabac, EÆ. Sanrint pe Riozs. — Les Palombes. Albert GRANGER. — Acadérnie des Sciences. — Les Plantes de France : leurs papillons et leurs chenilles: — À vendre. — Genera illustré des Coléoptéres de France. Constant HoULBERT. ABONNEMENT ANNUEL Payable en an mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, ur LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS Roaneecii\lgérie. ue 0 AOéfre ». Housles autrespayss ne 4e. 42 Ir M Pays compris dans l'Union postale. . , A1 » Pobednomeéro tue Re er ON): 00 E ._ Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. à, [0 | u L Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs BUREAUX DU JOURNAL "4 46, RUE DU BAC, PARIS 4 = Te % 0& ap uorerofeur 2419 4eAOU “ans {09 CE FOND EN LEA RER D DE eu SR RARE Le F4 OT …...s... TÉRPASUTIAT es Ne nues DE on OZ SI epnestr +58 pANtS JEU) ‘108 ? 8T . 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