f rE" £k££J3A. oN? 5ft5ft \4 •. S**^ w* tf-s ^ ÏSÉ&- 0^%^i^b^ LE. '* LEÇONS DE FLORE LEÇONS DE FLORE. COURS COMPLET DE BOTANIQUE EXPLICATION DE TOUS LES SYSTEMES, INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES PLANTES PAR J. L. M. POIRET CONTINUATEUR DU DICTIONA1RE DE BOTANIQUE DE L'ENCYCLOPEDIE MÉTHODIQUE. *■ S -y suivi y £ t y D'UNE ICONOGRAPHIE VÉGÉTALE y~ lie objets^* &*) en cinquante-six planches coloriées offrant près de mi PAR P. J. F. TURP1N. OUVRAGE ENTIÈREMENT NEUF. TOME TROISIÈME. PARIS G. L. F. PANCKOUCKE ÉDITEUR Rue des Poitevins, u°. i/j. y D. CGC. XX. rv /\ 2 -*,£> % ** ESSAI D'UNE ICONOGRAPHIE i ÉLÉMENTAIRE ET PHILOSOPHIQUE DES VÉGÉTAUX , AVEC VN TEXTE EXPLICATIF PAR P. J. F. TURPIN. l'univers est un. Soumises à un seul pouvoir, L-s parties qui le composent, soit au physique, soit au inoral, quoique imperceptiblement liées entre elles , ne se ressemblent jamais parfaitement. PARIS G. L. F. PANCKOUCKE ÉDITEUR Rue des Poitevins, n°. \(\. M. D. CCC. XX. AVERTISSEMENT. IjN commençant cette Iconographie végétale , mon in- tention était de ne point sortir des bornes imposées à un simple dessinateur : compiler, comme il est d'usage dans ces sortes de travaux ; m'en tendre avec l'auteur , et suivre aveuglément ses idées, voilà ce que j'aurais dû faire. Il en a été autrement : entièrement livré à moi-même, j'ai commencé à travailler sans prétention ; après avoir conçu toutes les parties de mon travail, après avoir Fait un choix d'exemples , tous pris dans la nature, et les avoir coordonnés selon certaines idées qui me sont propres, je m'aperçus qu'insensiblement j'avais formé un corps d'ouvrage qui devenait le mien; que, de plus, cet ou- vrage, dans sa composition, et surtout dans les rappro- chemens comparés que présentaient les divers objets figurés, divulguait quelques observations que je me proposais de publier plus tard. Je sentis dès lors qu'il devenait nécessaire que j'atta- chasse, moi-même, un texte explicatif aux tableaux de cette Iconographie végétale, dans lequel je pourrais, i°. faire connaître un assez grand nombre d'observa- tions; 20. exposer les raisons qui m'ont déterminé, d'une part , dans le choix des organes représentés , et , de l'autre, dans les rapprochemens comparés que j'ai faits de ces mêmes organes. Placé à la suite d'un ouvrage qui doit embrasser tout ce qui est relatif à la science des végétaux , et avec lequel je dois cbercher à éviter , le ij AVERTISSEMENT. plus possible , de me rencontrer , on ne devra point être surpris de ne trouver, dans le mien, que des choses éparses, et dont l'ordre ne peut être que celui établi pour mes tableaux. Ce ne sera donc que dans l'explica- tion de ces mêmes tableaux, que je donnerai , à mesure que les objets se présenteront, d'abord la définition de chacun des organes qu'ils contiennent, et ensuite les observations qui me paraissent mériter quelque intérêt. Forcé de me resserrer dans des limites très-étroites , j'ai détaché d'un discours préliminaire destiné pour cet ouvrage, quelques-unes des idées principales qu'il con- tient, et qu'ici je présente sous le titre de Quelques pen- sées sur l'histoire naturelle , et spécialement sur la bota- nique. ESSAI D'UNE ICONOGRAPHIE ÉLÉMENTAIRE ET PHILOSOPHIQUE DES VÉGÉTAUX. Quelques pensées sur l'histoire naturelle, et spécialement sur la botanique. i . Lie physique naît avant le moral : le premier donne le second. 2. Plus l'homme sait et embrasse de choses , mieux il explique celles dont il s'occupe. 3. Si je croyais aux distinctions tranchées, je dirais que, dans le règne inorganique, tout finit par une molécule, et dans le règne organique par une cellule. 4- Au moral comme au physique, l'observation comparée et philosophique nous porte toujours à parcourir un cercle complet : arrivé à ce point, tout se confond. Cette grande vérité, peut-être au-dessus des forces humaines, nous fait reculer, et nous fait dire que presque toujours le mieux est l'ennemi du bien. C'est ainsi qu'en botanique les organes qui composent l'être végétal le plus compliqué, considérés de cette manière, se réduisent a n'être plus qu'une grande feuille universelle. 5. Les sciences philosophiques ne peuvent être étudiées que dans la nature : les livres qui en traitent, utiles jusqu'à ma certain point, en imposent tous plus ou moins; et pour- i6e. Livraison» ( io ) tant combien s'en tiennent a ce dernier moyen, et font leur science comme autrefois on étudiait le blason ! 6. On a dit qu'en croyance religieuse il y avait autant de nuances que d'individus : il en est de même dans les sciences; chacun en prend selon sa portée, et reste muré dans les bornes du cercle que la nature lui a tracé. 7. Dans l'étude des sciences physiques et morales, il faut toujours marcher de l'analyse a la synthèse , et de la synthèse à l'analyse : cela seul peut donner des résultats satisfaisans. Un grand tableau ne peut être compris dans ses détails et son ensemble, qu'autant que l'on se place à des distances diffé- rentes : il en est de même de celui de la nature. 8 . Trop généraliser , c'est se placer tellement au-dessus des objets, que la distance ne permet plus de rien distinguer : alors plus de bornes aux écarts de l'imagination. Trop dis- tinguer, c'est se tenir si près des objets, que l'œil peut à peine saisir Tune de leurs parties : c'est l'insecte pour lequel toutes les fleurs de l'arbre qu'il parcourt, paraissent autant d'êtres distincts, et qui, en raison de la petitesse de sa vue, n'aperçoit jamais le tronc commun duquel ces fleurs émanent. 9. L'organe de première formation dans l'homme est le tube intestinal; une petite portion isolée de ce tube repré- sente, dans son entier, l'être végétal ou l'animal le plus simple. C'est autour de ce tube , qui , seul dans les animaux, constitue certains polypes, et, dans les végétaux, Yulva in- testinalisj que la nature surajoute et développe successi- vement les organes qui distinguent l'homme du polype, et le végétal le plus compliqué, de Yulva que nous venons de citer. 10. La science qui a pour but l'étude des êtres végétaux n'aura de base solide que lorsque nous aurons acquis les deux connaissances suivantes : celle comparée des êtres entre eux et de leurs organes en particulier, et celle de la situa- tion relative de ces mêmes organes. Hors de la, c'est édifier sur un sable mouvant. 11. Les sciences naturelles présentent deux parties dis- tinctes, la partie naturelle ou philosophique, et la partie artificielle ou de classification. La première, immuable comme la nature elle-même, ne peut s'acquérir que par la comparaison; l'autre, entièrement arbitraire, a été, est et sera toujours une affaire de goût 3 c'est-à-dire que chacun , ( >1 ) en raison de son cercle , divisera plus ou moins le taMeau gradué de la nature : c'est ce que Ton pourrait peut-être appeler jouer aux chapelles, si des divisions fixes et conve- nues n'étaient pas une chose nécessaire. 12. Toute division qui ne trouble pas l'ordre gradué établi par la nature est aussi bonne qu'elle puisse l'être : celles de vertébrés et di invertébrés dans les animaux , Raxi- fères ' et ftappendiculaires 2 dans les végétaux, sont dans ce cas. i3. Que sur une surface on pose, a Tune de ses extré- mités, du noir; qu'à l'autre on y mette du blanc ; que, par par le moyen des gris, on lie ces deux couleurs opposées, on aura une assez juste idée de l'enchaînement naturel des êtres physiques et moraux dont se compose la nature ; que sur cette surface on applique un réseau dont la grandeur des mailles soit arbitraire; que dans chacune de ces mailles on mette un numéro ou un nom , on aura l'idée des moyens arti- ficiels dont nous sommes obligés de nous servir lorsque nous voulons, avec nos faibles moyens, décrire et signaler l'im- mense tableau que nous ne pouvons saisir que par parties. Ces deux comparaisons seraient justes, si la première, au lieu d'une simple surface, présentait plutôt les embranche- mens et les nombreuses ramifications d'un grand arbre. Si maintenant on suppose que cette surface nuancée ail ensuite été brisée , que ses nombreux morceaux aient été ré- pandus pêle-mêle sur la surface du globe, ces morceaux re- présenteront les individus dans l'état où nous les rencon- trons; et, en supposant encore qu'un certain nombre de- ces pièces se soient perdues, ces pièces donneront l'idée des 1 Végétaux de première formation, dont l'organisation ne se compose encore que d'une tige ou d'un axe diversement modifié , et dans l'intérieur de laquelle on ne trouve guère que du tissu cellulaire : tels sont les cham- Î)ignons et les algues de terre et de mer. Le nombre de ces végétaux, orsqu'ils seront plus connus , dépassera de beaucoup celui des plantes à organes appendiculaires. 2 Végétaux de deuxième formation, produisant de leur tige des or- ganes ap pendulaires et rayonnans, tels que les feuilles cotylédonaires , les écai les, les feuilles, les folioles qui composent les involucres, les ca- lices et les corolles, les éf aminés et les phycostèines, les feuilles ova- riennes, enfin celles soudées et indéhiscentes de l'ovule, et dans lesquels la masse organique se compose de la réunion des tissus cellulaire et vascu- ïaire. Ce groupe comprend les mousses, les fougères, les monocotylédons <ît les dicotylédons. ( i>) ^ espèces qui ont disparu , et qui laissent des lacunes qui ne pourront jamais se remplir. Se mettre a la recherche de ces morceaux épars, essayer de rapprocher leur nuance d'une autre déjà placée, la fixer enfin à sa vraie place, c'est travailler à la perfection et au complément de cette grande surface dont nous avons parlé ; c'est, en un mot, s'occuper de cette méthode naturelle qui a pour but l'étude des affinités, méthode entrevue, on peut dire, depuis que l'on s'occupe de la connaissance des êtres , et vers laquelle Linné et beaucoup d'autres grands naturalistes ont tourné sans cesse leurs profondes méditations ; mais il était réservé à Adauson et aux Jussieu d'en jeter les bases immuables pour'les végétaux, et de faire ce que l'on peut à juste titre nommer la botanique française. i4- Quel que soit le caractère dont on se sert pour la dis- tinction des groupes, ce caractère diminuant progressive- ment de valeur à mesure que l'on s'éloigne du point de centre ou plutôt de l'individu qui l'a fourni , n'est jamais que le mieux possible. Ce que je viens de dire est absolument comparable avec les différences de climats établies a Paris pour la France, et a Rome pour l'Italie, différences qui , comme chacun le sait, disparaissent insensiblement en s'éloignant des deux capi- tales, au point qu'arrivé sur la limite artificielle qui sépare les deux états, toute distinction a cessé. i5. Dans l'enchaînement naturel et gradué des êtres, l'unité de composition organique , ou plutôt un plan général et unique, est le vœu de la nature; mais partir de là pour établir que la où un organe n'existe pas encore , il y est déjà , c'est, je pense, n'avoir pas encore compris ce grand prin- cipe : TOTJT SE TIENT PAR DES NUANCES IMPERCEPTIBLES, ET RIEN NE SE RESSEMBLE PARFAITEMENT. Lorsqu'en descendant la chaîne nous suivons pas a pas et comparativement le même organe, nous voyons que sa situa- tion relative est immuable -, qu'au contraire ses formes va- rient à l'infini ; qu'il décroît peu à peu dans ses dimensions ; que ses fonctions changent ou deviennent nulles, et qu'enfin nous arrivons sur un point où cet organe a entièrement cessé d'être, mais où notre imagination, qui en est remplie, croit encore l'apercevoir lorsqu'il ne reste plus que la place qu'il ( i3 ) occupait, et qui bientôt va être envahie par les organes voisins. , 16. Le système de balancement dans le développement des organes des êtres vivans, établi par M. Geoffroy de Saint-Hilaire, est une idée mère, qui me paraît avoir de grands rapports avec celle du système des compensations de M. Azaïs. L'une et l'autre sont applicables au physique et au moral. 1 7. La subordination que présentent , entre eux , les nom- breux rameaux d'un grand arbre, est l'image exacte de l'en- chaînement naturel des êtres de la nature. Dans cet enchaînement rameux, les individus qui occupent et forment les points de bifurcation ont été, sont et seront encore long-temps des sujets de discussions entre les natu- ralistes. Ces êtres, placés aux bifurcations , plus nombreuses qu'on ne le pense, doivent être considérés comme des êtres mixtes, qui, tout en appartenant déjà aux deux branches qui en émanent, n'en possèdent encore que très-faiblement les caractères. 18. Si, d'un coté , l'étude des êtres, comparés entre eux, ou simplement de leurs organes en particulier, nous découvre cet enchaînement gradué si séduisant pour le penseur, de l'autre, nous perdons, dans la même proportion, ces distinc- tions provisoires, très-commodes, mais qui ne peuvent se soutenir que dans l'observation isolée. Encore ici, comme partout ailleurs, le système de balancement s'établit. 19. Que certains hommes se rassurent sur les prétendus dangers qu'ils croient apercevoir dans l'étude comparée des êtres : cette idée n'est point nouvelle; elle date du jour où l'homme s'avisa, pour la première fois, de chercher a con- naître les objets placés autour de lui. H y a eu des philoso- phes dans tous les temps, et les erreurs et les charlatans n'en ont pas moins pour cela conservé leur empire. 11 est un genre de connaissance qui ne peut germer que dans certains cerveaux. 20. Le jour où les naturalistes conviendront franchement que parmi les êtres vivans il n'y a de distinct que l'individua- lité, et que toutes les divisions en espèces, en genres, en familles , cohortes _, etc. , sont leur propre ouvrage, et consé- quemment des choses purement arbitraires, la science aura fait un grand pas. ( >4) 21 . Des gouttes d'eau répandues ça et là sur une surface, d'abord distinctes eiftre elles, se confondent en une seule et même nappe, dès que l'on continue d'y en ajouter de nou- velles : l'étude par comparaison et par rapprochement ana- logique des êtres, l'acquisition des nombreux individus qui manquent encore a nos collections naissantes, et qui chaque jour viennent combler quelques-unes de ces nombreuses la- cunes si favorables a nos distinctions, amènera pareille chose. Encore quelques acides de plus en chimie, et nous n'en au- rons plus qu'un. 22. Fixer dans le grand ensemble des êtres des points de repos et de reconnaissance, tels que les espèces, genres, familles , c'est faire une chose tout aussi arbitraire que la division du cercle, mais tout aussi utile. 23. Plus avancés dans l'étude philosophique des êtres, nous concevrons difficilement la possibilité d'être zoologiste sans la connaissance intime de l'homme, et botaniste sans celle complette de l'un des végétaux les plus compliqués : nous ne nous étonnerons pas moins en apprenant que des naturalistes distingués dans les deux genres, armés d'un petit nombre de caractères isolés et.convenus, ont passé, de cette sorte, leur vie a sauter d'un genre sur un autre. Ces naturalistes m'ont toujours paru ressemblera un anatomiste qui ne s'attacherait qu'a la connaissance extérieure des mains et des pieds, en négligeant tout le reste du corps. 24. Les pscudo et les nombreuses terminaisons en ioides7 qui se multiplient et qui semblent, comme malgré nous, échapper de notre plume à mesure que nous étudions plus comparativement, trahissent nos prétendues coupes natu- relles, et attestent que les êtres liés entre eux par un grand nombre de rapports ne peuvent être assujétis qu'à des divi- sions arbitraires. 25. Une certaine faculté intuitive , qui ne se communique point, mais qui s'acquiert, jusqu'à un certain point, par la grande habitude de voir, sert plus dans les rapprochemens analogiques des êires, que les caractères dont on essaye de se servir, ec sur lesquels, obéissant à l'impérieuse faculté dont il vient d'être question, nous sommes souvent obligés de sauter. ( Les njmphœa aïba et lutea pour l'insertion des étamines , les bassia et achras pouv l'endosperme , en sont des exemples. ( '5) Il a fallu cette faculté intuitive dont nous venons de parler, pour placer les cassjta a côté des lauriers , les cuscutes dans les convolvulacées , Mliippuris parmi les onagres , les dors- tèiies avec les figuiers et les mûriers, le singulier genre gj- rostemon 1 dans les euphorbes et a côté du genre /zrzra . 26. Si quelque botaniste me consulte pour savoir si d'un individu qu'il possède il fera un genre nouveau ou une espèce nouvelle, ma réponse est toujours : Pourquoi pas? Dès que la nuance qu'il me présente n'a pas encore été signalée, je n'y vois aucun inconvénient, et je pense que hacher un peu plus ou un peu moins le tableau gradué de la nature, est entièrement une affaire de goût. Si ce même botaniste me consulte encore sur le projet qu'il a de déplacer les passiflorées d'auprès des cucuibitacées , et de les transporter a côté des ecippqridées , je m'y oppose de tous mes moyens, parce qu'il me paraît évident qu'il trouble l'ordre immuable établi par la nature, et cette faute, à mes yeux, est aussi grande que celle qu'un géographe ferait, si , sur une carte, il plaçait le département de l'Isère près de celui du Finistère. Si un autre, s'occupant des analogies des organes, me communique qu'il a observé que l'appareil trophospermique ou placentaire des cucurbitacées est central , et que de plus il est suspendu au sommet de la cavité ovarienne, je m'y oppose bien davantage encore, parce que cela n'est point, parce que cela est contraire a toute espèce d'analogie. Enfin , si un autre encore s'entête à vouloir considérer l'in- volucre composé et hérissé qui enveloppe les péricarpes lisses et crustacés de la châtaigne comme étant le péricarpe lui- même, sans vouloir entendre que le^éricarpe doit toujours être terminé par les traces du style ou du stigmate, et cela sous le prétexte de rendre la science plus simple et plus aimable , je lui réponds qu'avant tout il faut donner à cette science des bases solides et fondées sur l'étude comparée des analogies. 27. L'organisation générale d'un être vivant et celle de ses organes en particulier ne peuvent s'expliquer qu'autant que l'on suit pas a pas le développement successif de cet être; 1 Ce végétal, originaire de la Nouvelle-Hollande, a été publié avec figures par M. le professeur Desfontaines dans les Mem. du Mus, d'hist. nat. , tom. v. ( i<3) depuis le premier moment de sa formation apparente jusqu a celui de sa mort. 28. En déroulant ou en détachant, de l'extérieur à l'inté- rieur , quelques-unes des parties constituantes d'un être com- pliqué, on obtient successivement dans ce qui reste, sauf les formes et les fonctions , l'analogie d'un être plus simple. 29. Dans mon article 9, j'ai fait sentir combien la con- naissance de la situation relative ou de la connexion des or- ganes était importante : ce ne sera , en effet , que par cette connaissance, aussi fondamentale qu'elle est bornée dans ses principes, que nous arriverons a de grandes lois organiques ; lois qui, pour lors, deviendront d'abord des guides certains dans l'étude des fonctions de chaque organe, ensuite dans celle de ses formes innombrables , qui souvent , par leur dé- veloppement plus ou moins bizarre, nous en imposent, et nous cachent les véritables analogies des organes. Que m'importe, en effet , que le nez de'l'animal se modifie sous mille formes différentes : on n'a point besoin de me le faire observer; je le verrai tout aussi bien qu'un autre ; mais ce qu'il est important de m'apprendre, c'est, i°. sa situation relative; 20. ses fonctions. Quand une fois je saurai que cet organe, placé au milieu de la face, est situé entre et au- dessous des yeux, et au-dessus de la bouche; que son carac- tère organique et essentiel est d'être biperforé ; qu'il est le siège de l'odorat, et sert comme de supplément à la respira- tion, avec cette connaissance je marcherai seul, et je trou- verai facilement l'organe, dont il est ici question, dans les oiseaux et dans les reptiles ; je le verrai dans la trompe longue et prenante de l'éléphant. Les formes ne pourront plus m'en imposer, parce que je«erai prévenu que les organes, seule- ment considérés sous ce point de vue, sont de vrais protées, qui changent sans cesse en passant d'un individu a un autre. Si, aidé de la mémoire comparative, on rapproche des organes analogues, mais seulement développés sous des formes opposées, tels, par exemple, que les feuilles rudimentaires des ruscus et des cuscutes , et celles surcomposées et à folioles articulées des mimoses; le stipe ou tronc extrêmement élevé d'un palmier , et celui que l'on nomme plateau dans l'oignon ; îe nez simplement perforé des oiseaux, et celui très-allongé de l'éléphant, on sentira combien la forme des organes est variable, et combien, au contraire, tout ce qui tient à leur ( *7 ) situation relative est constant ; on sentira en même temps que tous les organes analogues , dérivant d'un type commun , il suffit, si je puis m'exprimer ainsi , de tirailler ce type plutôt dans un sens que dans un autre, pour en obtenir toutes les modifications possibles , et sans que pour cela ce type cesse d'être un instant le même. Une anecdote, parvenue à ma connaissance il y a quelques années, peut fournir une com- paraison avec le changement de forme que subissent les di- vers organes. « Le portrait d'un homme marquant dans les sciences naturelles, fut dessiné sur une peau de mouton pré- parée au blanc : l'artiste , chargé d'en exécuter la gravure , ne pouvant venir à bout de lever son calque sur une peau qui godait de toute part, imagina de la tendre sur une plan- chette; mais le hasard ayant voulu que cette peau fût tirée plus fortement en long qu'en large, il s'ensuivit que, sans rien déranger dans la ressemblance, sa tête devint d'une lon- gueur extraordinaire. » Il est aisé de sentir que , par l'allongement progressif de la peau, cette tête, tiraillée inégalement, pouvait faire toutes les grimaces imaginables, mais qu'elle ne pouvait jamais cesser de ressembler à l'original : tel est le type des organes a l'égard de ses modifications. 3o. Je pense, avec M. Decandolle, que, dans l'étude des végétaux, il faut être constamment en garde contre les sou- dures ' et les avortemens a. 1 Par soudure, on entend, le plus souvent, des organes appendicu- laires du tube vivant, greffés tantôt par leurs bords, et formant gaine, comme la feuille cotylédonaire du plus grand nombre des végétaux mono- cotylédons, et dans le pétiole des cypérées, de quelques palmiers, du bananier et de beaucoup d'autres; ou tantôt entre plusieurs de ces or- ganes, tel que cela se voit dans certains invoiucres, dans les caîices mono- phylles, dans les corolles monopétales, dans les étamines monadelphes, dans les phycostèmes sacciformes, dans ies deux braciéoles Jatérahsde la valve intérieure de la prétendue corolle de la fleur des graminées, et enfin dans celles latérales et également soudées des écailles de certains bourgeons. Tons les organes que nous venons de citer n'étant que des appendices ui s'échappent avec plus ou moins de vigueur du tube vivant, dont ils épendent entièrement, doivent naturellement conserver souvent la forme tubulaire, forme qui, en effet, ne se divise qu'en raison du plus ou du moins de force du végétal ou des parties de ce végétal sur lesquelles ils se développent. Aussi cette forme tubulaire a-t-elle toujours lieu de préférence dans la plupart des organes dont, nous avons parle plus haut, 3ui, comme Ton sait, occupent les deux extrémités de la végétation, ont l'une est faible, et l'autre dans une sorte d'épuisement. Nous pen- 3 ( 18 ) 3 1 . La vie du végétal n'a d'action que dans le tube cortical et ses appendices ; lui seul tend à se réparer lorsqu'on le dé- sorganise 3. C'est seulement dans l'épaisseur de ce tube vivant et de ses appendices que circulent les fluides nécessaires a leur entretien. La sève n'a point une véritable circulation ; elle monte et descend en raison des besoins et des emprunts que s'en font réciproquement les systèmes terrestre et aérien ; mais elle ne parcourt point des chemins différens , et son pas- sage a toujours lieu, soit qu'elle monte ou qu'elle descende, par la seule partie vivante des grands végétaux , le tube et ses appendices. 3a. La moelle, sur laquelle on a tant écrit, et sur laquelle on a imaginé tant de rêves et établi tant de comparaisons dépourvues de bon sens, n'est qu'une petite portion du tissu cellulaire, dont se composent, en entier, une multitude d'êtres vivans; tissu qui_, à lui seul, forme l'axe du bourgeon et toute la masse de l'embryon , et qui enfin , dans les végé- taux appendiculaires , où il s'établit par addition un second sons que le mot de dèsouduve serait plus convenable et plus conforme au développement naturel de ces organes. 2 L'avortementdes êtres vivans ou seulement de quelques-uns de leurs organes doit être distingué en avortement invisible ou intérieur, en avor~ tentent visible ou extérieur, en avortement constant, et en avortement accidentel. On ne peut nier qu'un être ou un organe, avant de s'élancer dans l'at- mosphère , n'ait déjà acquis un certain développement; mais nous ne pou- vons jamais préciser l'instant où il a reçu le commencement de son existence, ni celui auquel il peut avorter dans ce premier état de réclusion : ce sont ces avortemens, que l'analogie seule peut faire connaître, que je nomme invisibles ou intérieurs, et parmi lesquels je range l'avortement constant des deux fruits les plus intérieurs, c'est-à-dire les plus rapprochés de la tige, dans les graminées, où, comme l'on sait, le plus extérieur, seule- ment, se développe : celui que présente le fruit irrégulier des légumi- neuses, dans lequel une partie intérieure et semblable à celle extérieure qui se développe, manque presque constamment (Org. véç., syst. axif.t fig. 33). _ . - ** Par avortement visible, j'entends ceux qu'éprouvent les êtres ou les organes qui ont déjà reçu un commencement de développement extérieur, et qui, en cessant de croître, se dessèchent près du lieu qui les a vus naître : parmi ceux-là, on peut citer les onze ovules dans le péricarpe du châtai- gnier, les deux ovaires dans le dattier, les deux ovules dans le cocos, et ceux au nombre de trois dans l'olivier (Tabl. xxvm, fig. 3 et 5). Les avortemens , soit visibles, .«oit invisibles, lorsqu'ils sont constans, tiennent à un vice tissulaire et héréditaire ; ceux qui ne sont qu'acci- dentels, dépendent ou d'un vice tissulaire, iudivictuel, ou d'une cause étrangère. 3 Cette partie vivante du végétal est la seule par laquelle puissent s'opérer toutes les sortes de greffes. ( i9.) tissu, reste toujours la base primitive de l'organisation tis- sulaire. Le tissu ligneux ou vaseulaire, en établissant son premier tube réticulaire autour des axes purement cellulaires des bourgeons et des embryons, a mesure que ces deux sortes d'êtres se développent, a fait croire , a quelques auteurs, que cette première portion était distincte de tout le reste de la masse cellulaire, qui forme la base primitive de toutes les parties constituantes du végétal. Entraînés par cette distinc- tion inutile, ces auteurs ont imaginé un nom particulier et impropre, et, ce qui est bien pire, ils ont attribué, à ce qu'ils nomment la moelle, des fonctions vitales, qu'elle n'exerce que dans le très-jeune âge des embryons-fixes, ou dans les premières évolutions des embryons-graines. Les végétaux croissent par intussusception, et les appen- diculaires ou composés, indépendamment de ce premier mode , croissent encore , quant a leur diamètre , au moyen des couches concentriques et surajoutées de l'intérieur à l'exté- rieur. Il s'ensuit que toujours la vie abandonne successive- ment le centre, qu'elle se réfugie et se concentre dans le tube extérieur; et c'est toujours par les parties créées les pre- mières, c'est-a-dire par celles du centre, que l'être végétal tend a se désorganiser : c'est ce que prouvent le plus grand nombre des graminées , des ombellifères , et beaucoup d'au- tres végétaux fistuleux^ dans l'intérieur desquels est dé- truite cette portion centrale de tissu cellulaire, qui n'a eu d'existence qu'autant que ses fonctions vitales ont duré. Eu général, tous les végétaux, sans en excepter un seul, lors- qu'ils meurent de vieillesse, sont réduits au tube extérieur, qui est, avec ses appendices, comme nous l'avons dit en com- mençant le trente-unième article, la seule partie vivante du végétal. Ici se présente une observation qui ne laisse pas que d'avoir quelque intérêt : Ayant assisté quelquefois, lorsque j'étais à Saint-Domingue, à des défricbemens, j'ai eu sou- vent occasion de remarquer, sur de très-vieux arbres arra- chés , qu'indépendamment de cette désorganisation de l'inté- rieur à l'extérieur, qui en avait fait des tubes plus ou moins rameux, la vie se réfugiait ou se concentrait encore vers ce point que j'ai nommé la ligne médiane horizontale des vé- gétaux; que cette sorte de retraite amenait insensiblement, dans les systèmes terrestre et aérien, un couronnement mie- ( 20 ) rieur et supérieur, et que c'était toujours par les rameaux des deux systèmes les plus rapprochés de la ligne médiane , que Paggrégatiou entière finissait. Que l'auteur des Harmonies de la nature, dans les écarts de sa brillante imagination , expliquant, parles causes finales, jusqu'aux moindres choses de la nature, ait été entraîné dans des comparaisons presque toujours sans fondement,, il ne sera point dangereux, parce que l'on sait d'avance ce que l'on va chercher dans les aimables lectures que nous procu- rent les ouvrages de ce célèbre auteur ; mais que , dans un livre élémentaire destiné à produire sur les jeunes gens ces premières impressions, toujours les plus durables, et consé- quemment celles dont on se débarrasse le plus difficilement lorsque malheureusement elles sont fausses, on lise le passage suivant , pris au hasard parmi beaucoup d'autres semblables : « Le faisceau médullaire, comme le plus essentiel de tous, a été logé le plus profondément : son enveloppe , qui se com- {>ose de toutes les couches ligneuses et corticales, est, pour ui, une égide contre le choc des corps externes. » Voila, ce me semble, ce qui doit être considéré comme un mal réel, ou comme un poison funeste , que l'on ne peut trop tôt arra- cher de la main de ceux qui étudient. 33. Des articles plus ou moins nombreux {mérithalles , du Petit-Thouars ) , produits par Pécartement des nœuds- vitaux ou conceptacles des embryons-fixes, sur les axes, of- frent le caractère organique le plus important de la végéta- tion , et celui en même temps qui a été le plus négligé : ce caractère, qui n'appartient qu'aux seuls végétaux appendicu- laires7 les distingue nettement des végétaux axifères, qui, à proprement parler, ne se composent que d'un seul méritlialle diversementmodifié. Deux mérithalles etdeux nœuds-vitaux forment, en entier, Yophioglossum vulgare : le premier de ces nœuds-vitaux, très-rapproché de la ligne médiane, est appendiculé par la feuille cotylédonahe, et le second par la seule feuille qui se développe. 34. Le végétal le plus compliqué se réduit, dans son orga- nisation générale, a deux choses; savoir, la partie axifère et la partie appendiculaire (voyez Tabl., Org. vég.). La pre- mière, bien plus importante que la seconde, forme la char- pente plus ou moins rameuse , ou la partie de continuité des végétaux composés : quelques-uus de ces rameaux se termi- ( *j ) nant assez brusquement par l'effet d'une sorte d'épuisement nécessaire, présentent le plus souvent, à leur sommet, des papilles stigmatiques, et, en se gonflant, deviennent des pé- ricarpes plus ou moins succulens, dans l'intérieur desquels naissent et se développent ces corps reproducteurs tuniques, que Ton a nommés des graines. La partie axifère étant de première formation, constitue, à elle seule, l'organisation entière des nombreux végétaux d'ordre inférieur , tels que les champignons, les algues de terre et de mer (voyez TabL, Règ.org., divis. des axifères). La seconde, ou la partie appendiculaire, qui n'est au fond qu'une dépendance de la partie axifère , comprend les nom- breux appendices dont se revêtent les végétaux composés, appendices presque toujours laminés, émanant latéralement de Taxe, rayonnant autour de lui, et alternant sans cesse dans le sens longitudinal. Ces appendices, parfaitement iden- tiques, ont été distingués, pour le plus grand nombre , d'après de simples modifications de formes, quelques-uns d'après certains organes surajoutés et certaines fonctions par- ticulières, comme, par exemple, cela se voit dans l'anthère qui se développe au sommet de ceux que l'on nomme éta- mines, et qui, pour cela, ne change pas plus l'identité de ces parties avec les autres organes appendiculaires, que l'ovaire et le péricarpe ne changent celle qu'ils ont avec les axes, dont, en effet, ils ne sont que la continuité. Ainsi, on a vu des cotylédons dans les premières feuilles du végétal, des écailles dans celles rudimentaires qui accompagnent la base des bourgeons , des feuilles proprement dites dans celles plus développées de la partie intermédiaire des axes, des bractées lorsque ces mêmes feuilles redeviennent rudimen- taires par épuisement, et enfin des calices, des corolles, des étamines et des phycostèmes dans celles qui terminent et protègent l'enfance de Taxe fructifère, et dont quelques-unes servent, peut-être, a féconder les corps reproducteurs con- tenus dans l'intérieur de cet axe. L'expression d'épuisement dont on se sert quand on parle des axes pistillaires et des organes appendiculaires qui les accompagnent (fleur), ne peut être bonne que relativement a cet état de développement surabondant, qui n'est point l'état le plus parfait du végétal. C'est , en effet , entre l'épuise- ment et la surabondance, que s'établit cet état intermédiaire, ( 32 ) destiné a remplir le vœu que se propose la nature, la repro-^ ductionî Pour peu que Ton arrête un instant sa pensée sur la né- cessité d'un état intermédiaire dans la végétation pour y obtenir celte perfection organique destinée à l'accomplisse- ment du but le plus important, on est entraîné vers cette grande vérité universelle : Qumuc extrémités n'est jamais le mieux., et que la sagesse qui évite ces extrémités avec soin, accompagne rarement le génie, jamais l'idiotisme. Une végétation trop ardente ne produit que des scions allongés, c'est-à-dire qu'elle se borne a la continuité et a la répétition (par bourgeon) des axes et des organes appendi- culaires verts et développés. Une végétation épuisée périclite et amène la mort du vé- gétal. t 35. L'accroissement en diamètre des végétaux composés ou appendiculaires est en rapport avec le nombre et la force de leurs rameaux (du Petit-Tliouars). Les monocotylédons, généralement réduits à un seul axe7 augmentent peu en grosseur; les polycotylédons, qui se dis- tinguent de ceux-ci par la grande quantité de leurs rameaux , croissent en ce sens quelquefois d'une manière prodigieuse. 36. Les embryons-fixes ou bourgeons qui, par leur ac- croissement inférieur, augmentent le diamètre des végétaux qui en sont pourvus, sont des enfans paresseux, ou, si l'on veut, des enfans fidèles qui n'abandonnent jamais leur mère; les embryons-graines diffèrent de leurs frères en ce qu'ils s'en détacbent promptement, et qu'ils vont au loin établir une nouvelle aggrégation d'êtres. 3^. L'extrême divisiljilité des parties terminales des végé- taux diminue de l'intérieur à l'extérieur : ainsi , il y a plus d'embryons que de graines, plus de graines que de loges, plus de loges que de péricarpes, plus de péricarpes que de fleurs, et enfin plus de fleurs que d'axes principaux. 38. Si tous les végétaux se composent des mêmes organes , et si ces mêmes organes ne font seulement que disparaître ou se modifier en passant d'un individu à un autre, sans jamais varier dans leur situation relative, pourquoi, ceux du plus compliqué étant une fois nommés, créer tant de dénomina- tions inutiles pour exprimer la même chose? 39. Quand on parcourt les herbiers, ou n'y trouve guère ( *3 ) ne des échantillons en fleurs; il semble que l'on ait consi- éré l'état le plus développé du végétal (le fruit) comme une plante passée et indigne d'aucune espèce d'attention. Le système sexuel, dans lequel un grand nombre de botanistes ont cru voir toute la philosophie du grand Linné, a été peut-être la cause de ce préjugé. 4o. On peut ne pas connaître le nom d'une seule plante et être un très-profond botaniste. La Bruyère connaissait l'homme moral, et Bichat l'homme physique : ils auraient pu très-bien ne pas connaître un seul homme par son nom. On peut connaître vingt mille plantes par leurs noms sans être botaniste ; un courtier de commerce peut ne pas savoir ce que c'est qu'un homme et en nommer trente mille. 4i . Par la plume et le pinceau on signale les êtres de deux manières différentes : toute espèce d'ornemens dans le style et de pittoresque dans le dessin doivent également être évités dans les ouvrages scientifiques. 4-2. La plume et le pinceau sont les deux principaux moyens dont nous puissions nous servir pour le signalement des êtres : le naturaliste, qui ne possède que le premier, perd peut-être le plus significatif. 43. La vie du naturaliste doit se diviser en quatre pé- riodes : observer , apprendre et se mettre a la hauteur de son sujet dans la première; publier des faits isolés dans la se- conde; faire connaître des analogies dans la troisième ; et enfin, s'il en est capable, produire des élémens dans la qua- trième. L'inverse a presque toujours lieu. 44- Si, comme je l'ai avancé dans mon article 3i , la sève monte et descend par le même chemin _, je veux dire par les cellules poreuses du tube cortical seulement, et que sa marche , plus ou moins rapide , soit entièrement subordonnée aux besoins qu'en éprouvent tour à tour les systèmes ter- restre et aérien, ne pourrait-on pas, d'après ce principe, admettre que les embryons-fixes des racines ' , en s'allongeant en sens contraire de ceux du système aérien , laissent échap- 1 Les embryons-fixes ou bourgeons du système terrestre sont, à raison du défaut de lumière, réduits à Taxe et à un état.d'étioleinent : on leur a donné les noms de spongioles et de chevelu ; mais on a eu tort de les assi- miler aux feuilles aériennes, avec lesquelles ils n ''offrent de rapport que dans les fonctions, aucunement dans ce qui est relatif à l'organisation et à la situation relative. Tout le système terrestre réduit aux axes ne déve- loppe jamais d'organes appeadiculaires. ( *4) per également de leur base des productions radicales et fila- menteuses, qui se glissent entre l'écorce et le bois, et s'élè- vent vers la ligne médiane , où peut-être elles se rencontrent et se croisent avec celles des bourgeons aériens qui y descen- dent , et que le développement de ces embryons-fixes produit l'accroissement en diamètre des rameaux terrestres? QUESTIONS: i . Les végétaux ont-ils des sexes? 2. Est-il nécessaire que le rameau-embryon soit fécondé pour qu'il se développe? 3. Les anthères ne seraient-elles pas des péricarpes rudi- mentaires, et les utiïcules polliniques des ovules stériles? 4- Le fluide fécondant, contenu dans les utricules polli- niques , est-il autre chose que celui que renferme le sac ovu- laire avant le développement de l'embryon? EXPLICATION DES TABLEAUX PREMIERE PARTIE. RÈGNE ORGANIQUE. Kje tableau présente la réduction géométrique d'un autre, auquel je travaille depuis long-temps, et dans lequel un grand nombre d'êtres, pris sur tous les points delà chaîne et figurés d'après nature, représenteront, par leur disposition graduée, les deux grandes branches végétale et animale avec les rameaux qui en émanent, et qu'ici je me suis contenté d'indiquer par deux simples séries composées de figures idéales. On voit que d'une base commune s'élèvent, par bifurca- tion, deux branches, dont l'une, en se végètalisant , se ter- mine par une renoncule, et l'autre, en à anitnalisant , par un homme. Cette base ou souche commune, d'où naissent les deux embranchemens des végétaux et des animaux, se com- pose de cette multitude d'êtres mixtes qui paraissent prendre immédiatement naissance de la matière tenue en dissolution dans les eaux ; de ces êtres qui , par leur extrême petitesse, leur simplicité, et plus encore leur grande transparence qui confond souvent leurs contours avec le liquide dans lequel ils vivent, échappent, pour la plupart, a nos sens \ ce qui ne nous permettra jamais de pouvoir saisir le véritable point de départ où la matière commence à s'organiser. On peut pourtant, en s'aidant de l'analogie, soupçonner que l'être vivant le plus simple se compose tout entier d'une seule cellule poreuse, dans laquelle circulent des fluides 5 que cet être uni- cellulaire , et dont la cellule qui le compose pourrait être appelée cellule intégrante , peut être représenté par celle que l'on détacherait, par exemple, de la masse or- ganique d'un être plus compliqué; seulement la première serait sphéroïde, tandis que la seconde annoncerait, par sa forme polyédrique, qu'elle a fait partie d'une aggrégation. Ainsi, en suivant rapidement la nature dans les formes graduées qu'elle donne aux êtres vivans. en les compliquant du simple au composé, on pourrait poser les caractères sui- vans, pour les plajites : i°. Une seule cellule poreuse, sphéroïde ou allongée en un tube filiforme : conférées simples. i°. Plusieurs cellules placées bout a bout, filiformes, simples ou rameuses : conférées cloisonnées , moiulia\ etc. 3°. Plusieurs séries de cellules placées à côté les unes des autres , et formant une lame simple ou multifide : ulva lac- tuca et ulva dichotoma ( dictjola dichotoma , Lam\ ) ' . 4°. Une masse homogène- de tissu cellulaire, ou aggréga- tion de cellules, dans tous les sens, pouvant se modeler sur un certain nombre de formes : les sclerotium , et, en général, la masse organique de tous les végétaux. Ces quatre premières formes peuvent être également éta- blies a la base de la branche des animaux. 5°. Masse homogène de tissu cellulaire, prenant la forme tubulaire; tube entier dans les végétaux, percé a ses deux extrémités dans les animaux. Les bornes de ce travail ne me permettant pas de suivre plus loin l'organisation et la complication graduée des êtres, j'observerai seulement que le tube dont nous venons de par- ler, étant une fois formé, persiste constamment jusque dans les êtres végétaux et animaux les plus compliqués; que tou- jours il reste l'organe de première formation; que sa situa- tion relative est d'être au centre de l'organisation générale de chaque individu; et qu'enfin c'est à son extérieur que vien- nent successivement s'établir les autres parties qui servent a distinguer les êtres simples des êtres plus composés. C'est ainsi que, dans les végétaux, on voit, de ce tube simple ou rameux, se développer, dans son épaisseur et sur des points déterminés, des sortes de conceptacles destinés a servir de berceau aux embryons-fixes ou bourgeons, organes auxquels j'ai donné le nom de nœud-vital, et sur le bord extérieur de ces nœuds-vitaux d'autres organes appendicu- laires, tels que les feuilles cotylédonaires, les écailles des bourgeons, les feuilles plus développées que celles que nous venons de citer, les bractées, les calices, les corolles, les étamines et les phycostèmes. Malgré que le péricarpe et les 1 II est important d'observer que, dès l'instant où un végétal se com- pose de plus d'une série, les cellules alternent constamment entre elles. 6*3 ) tuniques de la graine soient encore le produit d'un ou de plu- sieurs organes appendiculaires foliacés, j'ai cru, pour la fa- cilité de l'étude, pouvoir les distinguer des autres feuilles de la plante , et les considérer comme étant la partie la plus terminale du tube, qui se gonfle, et dans l'intérieur du- quel naissent et se développent les embryons-graines. Dans les animaux , la nature, en établissant les nombreuses modifications qui distinguent l'homme du polype, opère dans* le même sens ; c'est encore autour de ce même tube qu'elle place peu a peu les nombreux organes qui caractéri- sent les animaux d'ordre supérieur. Mais ce qui mérite d'être bien observé, c'est l'inégalité qui existe dans le développement ou l'élévation des branches végétale et animale. La première, composée d'êtres d'une organisation infini- ment plus simple que celle des animaux, qui constituent la seconde, cesse d'offrir aucune espèce de comparaison orga- nique avec celle-ci , dès que chez les animaux il s'établit , i°. un système sensitif; 2°. une charpente osseuse nue, comme chez les insectes et les crustacées, ou recouverte par des muscles et une peau dans les animaux plus compliqués. C'est faute d'avoir fait cette importante observation, que l'on a établi une foule de comparaisons entre les végétaux et les animaux, toutes plus inconvenantes les unes que les autres, comme, par exemple, celles entre le tube cortical et herbacé (qui , avec ses appendices , est la seule partie vivante du végétal), et la peau des animaux; entre cette masse inerte (le bois), située à l'intérieur du tube vivant dont nous venons de parler, et les os; entre cette autre petite masse de tissu cellulaire, qui a cessé de vivre, ménagée au centre du bois, et a laquelle on a improprement donné le nom de moelle, et la moelle epinière; entre rembryon-végé- tal tout entier, et le cœur; et enfin entre les oreillettes de ce dernier, et les feuilles cotylédonaires du premier. C'est en- core de cette manière d'observer qu'est née cette erreur, tant accréditée d'Aristote et de Boerhaave, que les végétaux sont des animaux retournés. J'ai dans ce tableau, autant que pouvaient le permettre de simples figures géométriques, exprimé les divers caractères qui servent à distinguer les principaux groupes des êtres; j'ai , en outre, essayé d'imiter la nature dans la manière dont ( 28) elle procède en compliquant on en simplifiant ces mêmes êtres; c'est-à-dire qu'après avoir créé une forme, je l'ai cons- tamment répétée, en m'élevant vers le sommet des deux branches, et en ne faisant que surajouter des choses nou- velles aux choses déjà formées. Ainsi, comme on peut le voir, de simples portions de cercle représentent cette foule d êtres mixtes, qui ne sont encore ni végétaux ni animaux, mais qui forment cette souche commune, d'où s'élèvent, par bifurcation, ces deux grands embranchemens, dont l'un, en se végétalisant peu à peu, se termine par Tune des plantes les plus compliquées, comme une renoncule, par exemple ', et l'autre en s'anima- lisant également par gradation , et en s'élevant beaucoup au-delà de celui des végétaux, se termine par l'homme. On aurait tort de croire que , dans ce tableau , j'aie eu l'intention de comparer et de mettre en rapport, point pour point, l'homme avec un végétal : la seule chose que je me sois proposée, a été de présenter un simple enchaînement organique, en plaçant, autant que cela se peut, sur deux lignes dépourvues de leurs rameaux latéraux , les êtres , à mesure qu'ils passent de l'état le plus simple a celui le plus composé. Des cercles complets, en établissant le point de bifurcation ou de départ des deux embranchemens, simu- lent, d'une part, les végétaux qui manquent de corps repro- ducteurs, et auxquels la nature ne paraît point encore avoir accordé la faculté de se reproduire eux-mêmes, et, de l'autre, les animaux inf moires homogènes , qui me paraissent être dans le même cas. Si, pour un instant, on abandonne la branche végétale pour ne s'occuper que de celle animale, on verra qu'à ces mêmes cercles déjà établis on ne fait que surajouter, de l'intérieur à l'extérieur, d'autres signes, tels que, pour les zoophjtes , un centre nerveux et des rayons placés extérieu- rement; pour les crustacés , les arachnides et les insectes , une ligne intérieure indiquant la présence d'une moelle épi- nière, une tête et six membres appendiculaires. Ne pouvant donner qu'une seule figure pour ces trois groupes, j'ai si- gnalé de préférence le nombre des pieds qu'offrent le plus 1 On pouvait tout aussi bien terminer la branche végétale par un ma gnolia ou tout autre \égétal aussi compliqué, ( *9) communément ces sortes d'animaux. En conservant pour les mollusques les mêmes signes, j'en ai seulement supprimé les membres extérieurs, dont la plus grande partie de ces êtres paraissent dépourvus; en passant de là aux poissons, une série longitudinale de points sert a faire connaître que la commence le système osseux et intérieur des animaux, que l'on a si heureusement distingués de ceux chez lesquels il n'existe réellement point encore, par le nom de vertébrés. Les reptiles, parmi lesquels il en est qui ont quatre ou deux pieds, et d'autres qui n'en ont point du tout, sont repré- sentés par la même figure que celle des poissons, a laquelle on a seulement ajouté le signe intermédiaire de ce groupe, celui de deux membres antérieurs j les oiseaux* offrant quatre membres appendiculaires , on a placé, sur le dos de la figure, ceux rudimentaires, qui leur servent le plus ordinairement à s'élever dans l'air; viennent enfin les mammifères, qui terminent cette branche, présentant dans leur organisation l'état le plus composé des êtres vivans, état composé, dans lequel on peut, eu le déroulant par la pensée, retrouver les analogues des êtres plus simples; je veux dire qu'en suppri- mant, dans l'ordre où elles ont été créées, quelques-unes des parties organiques qui composent l'homme, on obtient par cette soustraction, dans ce qui reste, sauf les formes et les usages, l'équivalent d'un être plus simple que lui. En reprenant la branche végétale au point où nous l'avons laissée, il est facile de voir que le cercle complet se repro- duit jusqu'au sommet de cette branche, mais qu'en suivant toujours le même système on n'a fait qu'y ajouter de nouveaux signes. Un cercle plus intérieur caractérise les végétaux simples ou axifères, chez lesquels, comme dans la plupart des champignons et des algues de terre et de mer, on dis- tingue des corps reproducteurs simples , nus ou tuniques, et nichés dans la substance cellulaire de ces plantes : immédia- tement au-dessus, commencent ces végétaux composés, que je nomme appendiculaires , parce que , indépendamment de l'axe qui constitue tout entier les végétaux axifères , il se développe encore autour de celui-ci des organes laminés, sortes d appendices que l'on n'observe point sur les autres. Ainsi , pour distinguer dans cette grande division les végé- taux en monocotylédons et en polycotylédons, j'ajoute aux pre- miers trois appendices , comme nombre naturel de ce groupe ^ ( 3o ) et cinq aux seconds, comme étant également celui qui parait les caractériser. Possédant les trois moyens de reproduction ; savoir, les embryons-latens, les embryons-fixes et les em- bryons-graines, on les a indiqués par trois cercles inté- rieurs. Les nouvelles divisions primordiales que présente cette branche végétale sont un extrait d'un tableau qui devait précéder, dans cet ouvrage, celui de V Or gano graphie vé- gétale, et dans lequel, à l'aide d'un grand nombre de figures et de définitions, j'ai appliqué a l'excellente méthode natu- relle de M. de Jussieu les nouvelles divisions que je propose. Le titre de ce tableau est, Nouvelles divisions primor- diales, fondées sur la simplicité et la complication orga- nique des 'végétaux, par bourgeon ou embryon-fixe ; sur V absence ou la présence des corps reproducteurs , et sur la situation relative de ces derniers dans Vintèrieur de la plante-mère , appliquées à la méthode naturelle de M. de Jussieu. Au lieu des trois grandes divisions, les acotylédones , les monocotylédones et les dicotylédones, établies par M. de Jussieu , je n'en présente que deux , auxquelles je donne les noms âraxifères et à'appendiculaires. Les caractères qui servent a distinguer ces deux groupes primordiaux me pa- raissent avoir des avantages réels sur ceux dont s'est servi l'illustre auteur de la Méthode naturelle, en ce que, d'une part, ils sont plus faciles à saisir, et que, de l'autre, au lieu d'être simplement fondés sur la présence ou l'absence , et le nombre très-variable des feuilles cotylédonaires, la partie la moins importante des embryons ou corps reproducteurs, ils offrent, au contraire, le résultat de toutes les parties qui constituent l'organisation entière des végétaux qui compo- sent chacune de ces divisions. PREMIÈRE DIVISION. VÉGÉTAUX AXIFÈRES. PREMIERE FORMATION. Sont compris dans ce groupe ces innombrables végétaux qui, dans l'échelle graduée, ne présentent encore dans leur (3, ) organisation qu'une tige ou un axe diversement modifié a l'extérieur et à l'intérieur duquel se développent, au moins pour une partie dp ces plantes, des corps reproducteurs simples l, nus ou tuniques, et enfin dans lesquels le tissu primitif ou cellulaire paraît constituer, a lui seul, toute la masse organique : tels sont les champignons , les algues de terre et de mer, et une partie des hépatiques. DEUXIÈME DIVISION. VÉGÉTAUX APPENDICULAIRES. DEUXIEME FORMATION. Après les végétaux axifères, simplement bornés aux: tiges , viennent ceux qui , sur ces mêmes tiges, développent des organes appendiculaires : a ce caractère, qui distingue nettement les végétaux qui appartiennent a ces deux groupes primordiaux, et auquel caractère j'ai donné la préférence, par cela seul qu'il est le plus apparent et le plus facile à saisir, s'en présentent d'autres plus importans, tels que, i°. l'association des tissus cellulaire et vasculaire a l'inté- rieur ; 2°. la présence des nœuds-vitaux ou conceptacles des bourgeons dans l'épaisseur et en des points déterminés du tube vivant et herbacé ; organes formant la source de la grande complication que présentent ces végétaux, et qui, par leur répétition et le développement des bourgeons, font, d'un végétal simple ou axifère, un végétal composé ou ap- pendieulaire; 3°. l'apparition de deux nouveaux moyens de reproduction, celui des embryons-fixes ou bourgeons, et celui des embryons-graines; 4°- ces nombreux organes ap- pendiculaires, presque toujours laminés, formant la parure de ces végétaux, et que, pour la commodité de l'étude, on a désignés, quoique parfaitement identiques, sous les noms de cotylédons, "uecailles, de feuilles et de stipules, de brac- tées, de calices, de corolles, d'étamines et de pbycostèmes; 5°. les organes sexifères et la fécondation qui en résulte. 1 On sent aisément que le corps reproducteur ou embryon d'un végé- tal axifère ne peut avoir de feuilles eotylédonaires, puisqu'il naît d'une mère dont le caractère principal est d'être dépourvue d'organes appen- diculaires. ( 32 ) Cette division se compose des mousses, des fougères r des monocotylédons et des dicotylédons. L'absence ou la présence des corps reproducteurs dans les végétaux axifères offre d'excellens caractères, dont je me suis servi pour subdiviser ce groupe en aspermes et en spermes. Dans les aspermes , entrent cette foule de végétaux de première formation, qui se confondent avec ces petits êtres mixtes qui forment la base commune des deux branches du règne organique, et auxquels il paraît que la nature n'a point encore accordé la faculté de se reproduire eux-mêmes. Les spermes sont ceux dans lesquels il se développe des corps reproducteurs : ces corps , dont les situations relatives sont d'être tantôt épars, tantôt en séries, et tantôt agglo- mérés sur des points déterminés de la plante, présentent encore d'autres moyens de subdivisions, toujours subor- donnés aux mêmes principes. Les premières feuilles, que l'on distingue déjà sur le sys- tème supérieur des embryons appendiculaires, et qu'en ce premier état du végétal on a nommées des cotylédons, quoi- que étant très- variables dans leur nombre ( Tabl. xxxvi , bis, fig. 1 2 , 1 4 , 1 5 , 1 6 , et 1 7 en c ) , ou pouvant même manquer entièrement (fig. i), sans que pour cela les analogies en souffrent , peuvent fournir d'assez bons caractères , à l'aide desquels je divise les végétaux appendiculaires en appendi- culaires monocotylédons et en appendiculaires polycoty- lédons '. Il est un autre caractère , établi dans ce tableau a la suite de ceux des quatre subdivisions, dont on ne saisirait que très-difficilement le sens, si je ne prévenais pas que par la mon intention a été de faire connaître que le système infé- rieur ou terrestre des végétaux va toujours en décroissant, à mesure que l'on descend l'échelle graduée de la végétation, 1 Afin de comprendre dans ce groupe cette fouîe d'embryons, donf le nombre des feuilles cotyiédonaires varie depuis deux jusqu'à seize , j'ai substitué le nom de polycotyiédon à celui de dicotyiédon employé par .Vf. de Jussieu. ORGANOGRAPHIE VEGETALE Explications et définitions des principaux organes figurés dans ce tableau. SYSTEME GENERAL. Uu seul besoin qu'ont les végétaux d'avoir l'une des deux parties qui les composent, fixée dans le sol, naît cette diffé- rence que Ton remarque entre la situation de leur ligne mé- diane et celle des animaux. Cette situation, contraire dans les lignes médianes que présentent ces deux sortes d'êtres, a produit des dénomina- tions différentes, telles que parties descendantes et ascen- dantes dans les végétaux , et parties droites et gauches dans les animaux. De cette observation , il est facile de sentir que ces différences sont entièrement relatives au changement de situation des deux lignes, et qu'il est tout aussi naturel de voir les parties qui composent les systèmes terrestre et aérien du végétal s'allonger, en s'éloignant de la ligne médiane, dans le sens vertical, que de voir celles des systèmes de droite et de gauche de l'animal croître,, en s'éloignant éga- lement de la ligne médiane, dans le sens horizontal. Ce caractère de parité, commun au plus grand nombre des êtres organisés, a cela de remarquable, qu'à mesure que l'on descend, en suivant les branches végétale et animale, vers le point de bifurcation, où elles se confondent, la ligne médiane, ou plutôt l'un des systèmes qu'elle sert à distin- guer, disparaît insensiblement, au point que, dans les ani- maux les plus simples, et dans la plupart des végétaux axifères, on n'en retrouve plus qu'un. M. Poiteau et moi, avons observé, les premiers, que le pivot principal du système inférieur des végétaux mono- cotylédons subissait une sorte de couronnement inférieur, prématuré, ou de troncature peu de temps après la germina- tion, et que pour lors cette partie était remplacée par un grand nombre de racines latérales et supplémentaires; ce qui donne à l'ensemble du système terrestre de ces végétaux l'aspect d'un ample faisceau. ( 34) Mais 'a cette époque nos regards ne s'étendirent point sur la diminution progressive du système terrestre des végétaux a mesure que Pon descend des plus composés vers les plus simples. En effet, pour peu que Ton jette les yeux sur le tableau qu'offre le règne végétal, on voit que, dans les plantes polycotylédones, les deux systèmes, sauf quelques exceptions, sont généralement égaux, quant a leur masse; que, dans celles dites monocotylédones, dont nous avons déjà parlé, la troncature qu'éprouve le pivot principal du système inférieur le réduit considérablement, et que, dans les végétaux simples ou axifères, tels que les champignons, les algues de terre et de mer, ce même système, en se rédui- sant de plus en plus, devient une sorte d'épatement, qui sert seulement à fixer ces sortes de végétaux aux corps sur lesquels ils vivent. L'être végétal composé, considéré dans sa partie vivante, est un tube simple ou rameux, cylindrique, composé de cel- lules poreuses et aggrégées, dans lesquelles passent des fluides, sans que, pour cela, il y ait une véritable circula- tion. Ce corps tubulaire donne naissance, a sa surface exté- rieure, à des expansions ou organes appendiculaires , et dépose , de ses deux surfaces, des substances qui ont cessé de vivre, telles que Pépiderme crustacé et carbonisé par Pair a l'extérieur, et les couches concentriques et additionnelles qui composent cette masse inerte , que Pon nomme le bois à Pintérieur. Autour et au sommet de ce tube vivant sont situés des nœuds-vitaux, dont la disposition latérale est constante, selon les diverses espèces : ainsi elle est alterne distique, alterne en spirale , opposée par couple ou opposée par vei- ticille. Ces nœuds- vitaux ou sortes de conceptacles recèlent le germe des embryons-fixes (bourgeons), êtres particuliers destinés, par la répétition de leur naissance, à faire d'un végétal simple un végétal composé. En suivant la disposition des nœuds-vitaux le long d'un rameau entièrement développé, on voit qu'ils alternent cons- tamment entre eux dans le sens longitudinal de la tige ; qu'ils divisent cette tige en un certain nombre d'articles ' d'autant plus longs, que la végétation a été plus favorisée, ou bien i Méritballe (du Petit-Thouars). ( 35) qu'ils sont plus éloignés des deux extrémités du rameau. Les nœuds-vitaux, plus importaus que les organes appendicu- laires qui les bordent et les protègent, déterminent toujours l'insertion relative de ceux-ci, qui ne peuvent jamais naître ailleurs que là; ceux de ces nœuds-vitaux, placés à la base d'un rameau , qui ont porté les feuilles rudimentaires et écailleuses du bourgeon , sont excessivement rapprochés et le plus ordinairement stériles, par faiblesse; ceux, au contraire, qui se développent sur la partie intermédiaire et vigoureuse du rameau , que les feuilies proprement dites accompagnent, sont presque toujours fertiles et très-espaces : arrivent en- suite ceux de la partie terminale, qui se rapprochent succes- sivement et redeviennent stériles par épuisement. C'est sur le bord de ces nœuds-vitaux que naissent ces autres organes appendiculaires et rayonnans, tous parfaitement identiques, quand on abandonne toutes les considérations de formes , de couleurs et de fonctions , peut-être mal fondées , et que l'on a désignés par les noms de calice, de corolle, d'étamine, de phycostème, d'ovaire et d'ovule. Il paraîtra, sans doute, extraordinaire de voir comprendre, parmi les organes appen- diculaires et foliacés des végétaux, les péricarpes et les tuni- ques propres de la graine ou plutôt de l'embryon. Je conviens que cette analogie sera difficile à saisir tant que, dans l'étude, au lieu de suivre pas a pas et de bas en haut le déroulement successif de tous les organes qui constituent un végétal, ou se contentera, comme on le fait ordinairement, d'arriver la- téralement ou à vol d'oiseau sur ces mêmes organes, qui, en cet état d'isolement et de développement, sont presque toujours inexplicables. Ce n'est en effet qu'en étudiant ua végétal dans toutes ses évolutions, que l'on parvient a recon- naître l'identité originelle de tous les organes appendicu- laires qui s'échappent par exfoliation du tube cortical et aérien de ce végétal, et que l'on est naturellement conduit à ne plus voir, dans la composition d'un ovaire et par suite d'un péricarpe, qu'une ou plusieurs feuilles rapprochées et soudées par leurs marges plus ou moins rentrantes a l'inté- rieur; dans le prolongement de la nervure médiane de ces mêmes feuilles, le style et le stigmate, qui en sont la partie terminée; dans le préteadu cordon ombilical, un article entièrement analogue à ceux qui séparent les feuilles libres, et développées des tiges; dans la tunique propre de la graine (36) une feuille soudée, close de toute part, indéhiscente, bor- dant et protégeant le nœud-vital, qui a -donné naissance a l'embryon; et enfin quelquefois , dans un dernier effort de la végétation, un dernier article dans le rapké ou vasiducte, et une graine rudimentaire dans la chalazc. Ce dernier ar- ticle de la tige, auquel on a donné le nom de raphé ou de vasiducte, représente exactement celui, quelquefois grêle et long, qui termine le rachis de certains épillets de grami- nées, et la chalaze, cette fleur rudimentaire, que les bota- nistes nomment, dans cette famille, une fleur neutre '. SYSTÈME SUPÉRIEUR OU AÉRIEN. Ce système, dans les végétaux composés, peut, pour la commodité de l'étude, être divisé en deux autres systèmes d'organes, que je nomme l'un le système àxifère, et l'autre le système appendiculaire . Du système axifèrc. Je subdivise ce système en deux colonnes, et je place, dans la première, quelques exemples des organes que l'on remarque a la surface extérieure du tube cortical vivant ou de ses appendices : tels, par exemple, que les pores simples ? les pores membraneux , glanduleux, tubuleux ou piliformes, et les aiguillons. Au-dessous de ces organes et dans la même colonne se présentent des portions de rameaux sur lesquels on distingue les quatre principales modifications qu'offrent , dans leurs situations relatives , les nœuds-vitaux ou concep- tacles des embryons-fixes. Dans la seconde colonne du système axifère, sont repré- sentés tous les organes qu'il est possible de rencontrer dans la structure la plus compliquée du fruit. L'ordre que j'ai suivi dans l'arrangement de ces organes , a été de commencer par le plus intérieur et le plus important, et en procédant, 1 Déjà MM. Dutrochet et du Petit-Thouars ont avancé que le péri- carpe devait être considéré comme un bourgeon terminal, composé de plusieurs feuilles soudées; mais ils n'ont donné à ce sujet aucun dévelop- pement, et n'ont point étendu leur observation jusqu'à la feuille ovulaire de la graine et aux deux derniers articles de la tige, que, faute d'étude- suivie , on a nommés l'un cordon ombilical, et l'autre raphé. ( 37 ) comme on peut le voir, du simple au composé. Ainsi, si on jette les yeux sur la première et la dernière figures placées aux deux angles opposés de cette colonne, on s'apercevra sans peine que l'une représente l'embryon le plus simple, celui de la cuscute, qui manque d'organes appendiculaires et qui est réduit à l'axe, et que l'autre, en offrant dans le fruit du J'agus sylvatica la plus grande complication possi- ble (sauf l'arille qui lui manque ), nous montre en même temps un embryon revêtu de trois enveloppes différentes ; savoir, la tunique propre, le péricarpe et cette sorte d'invo- lucre hérissé, qui joue le rôle d'un second péricarpe, si on ne le considère que sous le rapport de ses fonctions protectrices. Malgré que le pistil, ou fruit qui en est le développement, puisse être considéré comme étant un bourgeon terminal, qui se compose de l'assemblage soudé de plusieurs pièces analogues aux autres organes appendiculaires de la plante, j'ai cru néanmoins que, pour la commodité de l'étude, il valait mieux considérer cet organe, toujours central, comme étant la continuité de l'axe, qui, en cette partie, se gonfle, devient lacuneuse, et donne naissance , dans ces lacunes, aux corps reproducteurs tuniques ou embryons-graines. Du système appendiculaire , concentrique ou de vestiture* Les organes qui font partie de ce système sont tous des expansions du tube vivant des végétaux \ ils ne se dévelop- pent que sur les axes du système aérien, et constituent, par leur présence, le caractère extérieur qui distingue les végé- taux simples ou axifères des végétaux composés ou appen- diculaires. Bordant la partie extérieure d'un nœud-vital, ces organes , considérés dans leur insertion , sont libres ou soudés entre eux, isolés ou associés par couple ou par verticille; ils alternent sans cesse dans le sens longitudinal des tiges ou axes, et ils sont presque toujours laminés et munis d'une nervure médiane, qui se répand dans toutes les parties de la lame. Les cotylédons des embryons-graines, les écailles pla- cées à la base des bourgeons, les feuilles et leurs stipules, les bractées ou feuilles rudimentaires qui avoisinentles fleurs ? les folioles des calices et celles des corolles , les étamines et les phycostèmes, organes entièrement identiques, forment ce système. (38) Quoique tous ces organes soient essentiellement les mêmes, et qu'ils ne présentent que de simples modifications nées les unes des autres, j'ai pourtant encore jugé a propos de les diviser en deux colonnes, en mettant ceux de la fleur dans Tune, et ceux que l'on nomme des feuilles proprement dites dans l'autre. SYSTÈME INFÉRIEUR OU TERRESTRE. Ce système, entièrement réduit aux axes, imite en quel- que sorie les végétaux simples. Borné, pour tout organe, aux pores corticaux et aux nœuds-vitaux, il naît de ceux-ci des bourgeons latéraux ou terminaux dépourvus d'écaillés, et que l'on désigne sous le nom de chevelu; mais ce qui est assez remarquable, c'est que ces nœuds-vitaux sont toujours alternes, quelle que soit la dispositron de ceux de la partie aérienne. Les moyens de reproduction qu'offrent les racines sont seulement celui des embryons-latens et celui des em- bryons-fixes ou spongioles. Il n'y a que peu ou point de moelle au centre du bois., a cause de l'extrême petitesse de l'axe des bourgeons ou spongioles. DES TROIS MOYENS DE REPRODUCTION DES VÉGÉTAUX COMPOSÉS. SYSTEME SUPÉRIEUR. A la suite des trois systèmes (général, axifère et appen- diculaire) dont nous venons de parler, j'ai établi une qua- trième colonne, dans laquelle je représente les trois moyens de reproduction des végétaux composés; savoir, les em- bryons-latens, les embryons-fixes (bourgeons) et les em- bryons-graines : j'ajoute, à la représentation de ces trois sortes de corps reproducteurs , celle des divers modes qu'ils offrent dans le développement de leurs premières évolutions, tels que, pour les embryons-fixes, le scion allongé ou de conti- nuité; le scion roselé, qui n'est qu'une abréviation du scion allongé; le scion avorté ou spinescent, dans l'épine axil- laire; le scion bulbeux , dans les bulbines qui se développent à l'aisselle des feuilles de certaines liliacées, et dans celles (%> que l'on nomme gousses dans l'ail, et qui prennent également naissance a l'aisselle des feuilles écailleuses et inférieures de cette plante; et enfin le scion terminé ou scion-fleur, quand il paraît sous l'apparence d'une fleur. Les embryons-graines présentent dans leur germination deux modes de développement très-faciles a distinguer : le premier (cotylédons hypogés) consiste dans ce que les feuilles cotylédonaires ayant acquis, sous les tuniques propres de la graine, tout l'accroissement dont elles étaient susceptibles, restent sous la terre , et se flétrissent tout près du point où elles ont pris naissance; tandis que, dans le second (cotylé- dons épigés), ces mêmes feuilles cotylédonaires, en conser- vant la faculté de croître et de verdir, sont exhaussées au- dessus du sol, et souvent assez loin de la ligne médiane, au moyen d'une première élongation végétale de l'axe, à la- quelle on a, sans nécessité, donné le nom de tigelle. SYSTÈME AXIFÈRE. Organes faisant partie du tube vivant des végétaux. ORGANES EPIDERMIQUES. Pores. On nomme pores les issues, soit intérieures, soit extérieures, qui facilitent la circulation des fluides destinés a entretenir la vie des êtres organisés, et a mettre en rapport de communication les cellules aggrégées dont ces êtres se composent. Les pores, comme organes de première formation et comme étant d'une nécessité absolue a l'existence des êtres vivans, sont communs aux végétaux et aux animaux, et ils exercent leurs fonctions dans tous, depuis les plus simples jusqu'aux plus composés. Leur ouverture à la surface du végétal se manifeste de diverses manières; elle est simple (fig. i), membraneuse (fig. 2), glandulaire (fig. 3) ou tubulaire (fig. 4)> tou- jours simple dans ceux des racines. Aiguillons . Les aiguillons sont de simples expansions du tissu cellulaire : répandus indistinctement sur toute la surface de la partie aérienne des végétaux, ils s'en détachent au moindre effort. La partie terrestre n'en produit jamais (fig. 5). (4°) Disposition des nœuds-vitaux ou conceptacles des embryons-fixes sur le tube vivant des végétaux. NOEUD-VITAL (Tlirp.). Cet organe, qu'il ne faut point confondre avec les points- vnaux répandus indistinctement dans toutes les parties du tissu cellulaire des végétaux, sert de conceptacle ou de ber- ceau aux embryons-fixes (bourgeons) : son apparition sur les plantes , qui ne commence guère qu'à partir des mousses, devient le premier des caractères qui distinguent les végé- taux composés ou appendiculaires des végétaux simples ou axifères. Les nœuds-vitaux, comme les points-vitaux, pren- nent naissance dans l'intérieur du tissu cellulaire; mais ils diffèrent essentiellement de ceux-ci , en ce qu'au lieu d'être épars, ils sont constamment disposés, autour du tube vé- gétal, sur des points déterminés. Considérés dans le sens transversal des tiges, les nœuds- vitaux sont isolés (fig. i et 2) ou associés (fig. 3 et 4). Dans le premier cas, ils sont alternes, distiques ou rangés sur deux côtés (fig. 1), ou alternes en spirale (fig. 2); dans le second, ils montrent l'opposition par couple (fig. 3 ) ou l'opposition par verticille (fig. 4) î mais une chose de la plus haute importance, et qu'il ne faut jamais perdre de vue dans l'étude organique des végétaux , c'est que , quel que soit le mode de situation de ces organes dans le sens horizontal , ils restent toujours assu- jettis a la disposition alterne dans le sens longitudinal £ c'est- à-dire, que jamais un nœud-vital ne s'oppose à un autre lacé immédiatement au-dessus ou au-dessous de lui, mais tien à Pe.pace produit par deux autres (fig. 3 et 4)- Les nœuds-vitaux annoncent que les végétaux qui en sont pourvus quittent cette organisation simple que l'on remarque dans les champignons et les algues de terre et de mer; que ces végétaux vont devenir des êtres composés ou plutôt des aggrégations d'êtres ; que , sur le bord de leurs nœuds-vitaux , il va se développer des organes appendiculaires, tels que les feuilles de la t;ge et celles de la fleur ; qu'au premier moyen de reproduction, les embryons-iatens, le seul que montrent les végétaux axifères, vont s'en adjoindre deux autres, les embryons-fixes et les embryons-graines ; que la fécondation. l (4; ) peut-être indispensable au développement des embryons- graines, va se manifester; et qu'enfin cette masse de tissu primitif ou cellulaire va être traversée diversement par un second tissu, que Ton nomme vasculaire. Les nœuds-vitaux de la partie inférieure, ou système terrestre des végétaux composés, ont cela de remarquable, que , quelle que soit la disposition de ceux du système aérien, ils sont toujours alternes; qu'ils ne sont jamais bordés par un organe appendiculaire, et que les embryons-fixes qui en émanent (connus sous le nom de spongioles ou de clievelu) sont toujours dépourvus d'écaillés : très-peu apparens sur les racines ordinaires (fig. 2), ils deviennent très-visibles sur celles qui se gorgent de suc , comme dans la pomme de terre et le topinambour (fig. 3). Fig. 1 , a. ( du système supérieur ) nœud-vital donnant naissance à un embryon- fixe; b. embryon-fixe terminal, très- distinct des latéraux, en ce qu'il n'a point de conceptacle particulier, qu'il émane de la continuité de l'axe, et qu'il ne contribue point à l'augmentation en diamètre ; c. embryon- fixe latéral; d. espace ou entre-nœud auquel M. du Petit- Thouars a donné le nom de mérithalle; e. place qu'occupait la feuille protectrice de l'embryon-fixe développé dans son aisselle. Fig. 3 (du système inférieur), topinambour, a. nœuds- vitaux et embryons- fixes; b. mérithalle. Corps reproducteurs libres, appartenant au troisième et dernier moyen de reproduction des végétaux com- posés ; considérés } avec leurs enveloppes protectrices , comme émanant de la partie terminale des axes. Embryons-libres dépouillés de leurs enveloppes, EMBRYON OU FOETUS VEGETAL. L'embryon-libre , considéré au centre de ses enveloppes, est un petit être qui a déjà reçu tout le développement de sa seconde vie. Un axe et des appendices le composent tout entier : l'axe, qui est un abrégé de la charpente future de ce végétal, présente une ligne médiane horizontale, de laquelle doivent s élancer, dans des sens opposés, d'une part le sys- <40 tème inférieur (racines), et de l'autre le système supérieur ou aérien. Cet axe, comme partie essentielle de l'embryon , peut quelquefois manquer d'appendices, de même que cela arrive à ceux des cuscuta (fig. i ) et des cassjta, etc. Les appendices ou feuilles cotylédonaires, protophylles (du Petit- Thouars), naissent toujours au-dessus de la ligne médiane, et font conséquemment partie du système aérien : ces pre- mières feuilles, quand elles se développent, sont ou isolées, ou associées ; c'est-à-dire que faisant partie du système appen- diculaire, elles sont assujetties aux mêmes lois d'insertiono Ainsi elles sont isolées lorsque, placées latéralement sur l'axe, elles se soudent en une gaine, comme dans les liliacées (fig. 2 ) , ou bien qu'elles restent libres , comme celles des cy- péréeset des graminées (fig. 3 et 4) " elles sont associées par couples (fig. 5), ou associées verticillées (fig. 6) dans les végétaux que l'on nomme dicotjlédons. Ces feuilles cotylé- donaires, dont le point d'insertion est invariable, varient au contraire dans leur nombre depuis un jusqu'à seize; elles se présentent dans la germination sous deux aspects différens : les unes, que l'on nomme hypogées, ayant acquis, sous les tuniques de la graine, tout l'accroissement dont elles étaient susceptibles, restent sous terre et se flétrissent dans la situa- tion où elles sont nées, tandis que les autres, désignées sous le nom à'épigées , conservent la faculté de croître et de verdir, sont exhaussées au-dessus du sol, en s'éloignant de la ligne médiane par le moyen d'une première élongation aérienne, espace ou premier mérithalle, auquel on a donné le nom de tigelle. Plusieurs embryons peuvent naître naturellement sous l'enveloppe propre de la graine (fig. 7 et 8), et cette graine peut être quelquefois multiloculaire et contenir dans chaque loge un embryon ( fig. 21 ). La situation de l'embryon relativement au point extérieur qui unit la graine au péri- carpe , peut varier ; la radicule,, le plus souvent tournée de ce côté, peut présenter l'inverse ou seulement une position la- térale '. Eu égard à Pendosperme, l'embryon est adossé et 1 La radicule d'un embryon regarde toujours le point d'attache qui correspond directement avec la plante-mère : lorsque l'apparence du con- traire a lieu , c'est que la graine est pourvue de deux tuniques , et qu'entre ces tuniques rampe un cordon vasculaire (dernier mérithalle), qui s'abouche avec le hile et l'omphalode de la tunique intérieure, et fers lesquels la radicule est dirigée. (43) placé à sa base extérieure dans les graminées (fig. i3) : il l'entoure entièrement dans les chénopodées (fig. i4), ou il en est entouré lui-même dans le plus grand nombre de graines (fig. i5). L'époque de la formation d'un embryon ne peut être dé- terminée; mais il paraît assez probable qu'il naît, comme l'embryon-fixe, immédiatement de sa mère; qu'il vit par elle, et qu'il ne s'en isole, dans l'intérieur du sac ovuïaire, qu'au moment où il reçoit le principe de la fécondation; qu'en ce nouvel état, que je nomme la seconde vie des êtres organisés (ceux auxquels la fécondation paraît nécessaire ) , il puise sa nourriture dans le iiuide endospermique qui l'en- toure; et que, dans ce premier isolement, il s'essaye, en quelque sorte, à vivre dans celui où il doit, à partir de la germination, commencer et terminer sa troisième et dernière vie. L'embryon-libre seul peut avoir besoin de la fécondation ; les enveloppes protectrices se multiplient autour de lui en raison de ses besoins : il manque de tunique propre dans lWi- cennia (fig. n ). Le péricarpe est réduit à l'état rudimen- taire dans les labiées (fig. 22 et 32 ) et dans les borraginées ; tandis que, dans d'autres cas, indépendamment du péri- carpe, une autre enveloppe plus extérieure semble lui tenir lieu de surtout , tel que cela se voit dans les involucres hé- rissés de la cbâtaigne et du hêtre ( fig. 45 )♦ ombilic propre (Turp.), fig. 9, a, La cicatrice ombilicale des embryons _, par laquelle ces fœtus végétaux communiquent avec la plante-mère, est située précisément sur le point de la ligne médiane : cet or- gane qui , après que ses fonctions sont remplies, s'efface sur le plus grand nombre des embryons, reste très-visible sur ceux de 1^ fève, du pois, et autres légumineuses, où il paraît sous l'apparence de deux petites cicatricules latérales. endosperme (Rich.), périsperrae (Juss.), albumen (Gœrt.), fig. i3; i4 et i5 en a. Substance inorganisée : reste du fluide nourricier qui rem- plissait le sac ovulaire, qui a servi d'aliment à l'embryon (44) pendant le développement de sa seconde vie, et qui ensuite s'est concrète autour de lui pendant son état de repos,, comme devant encore devenir par émulsion sa première nourriture dans la germination. L'absence ou la présence de l'endo- sperme dans les graines offrent de très-bons caractères; mais comme ils sont fondés sur un corps inerte, qui ne fait point partie de l'organisation tissulaire des végétaux, il peut quel- quefois manquer dans des espèces du même genre , sans que cela rompe les analogies. graine, fig. 16. La graine, que l'on peut considérer comme l'œuf végétal, est le produit de l'ovule développé : elle se compose de deux parties organiques; savoir, de l'embryon parvenu, par la fé- condation , au terme de sa seconde vie, et des tuniques qui le protègent. Ces tuniques, presque toujours uniloculaires^ uni-embryonnées, assez souvent remplies par une substance concrétée, Teudosperme, peuvent aussi quelquefois être na- turellement multiloculaires , et contenir, dans chaque loge, un embryon distinct. tunique , tégument , lorique et tegmen ( Mirb. ) , épisperme (Ricli.), spermoderme (De). Enveloppe propre de l'embryon faisant partie de la graine. La tunique est la dernière feuille du végétal, soudée de toute part, indéhiscente, bordant et protégeant ce dernier nœud-vital qui sert de conceptacle au rameau-embryon. A la surface de la graine on distingue les organes suivans : hile? fig. 17, a, Cicatrice susceptible de varier dans sa grandeur, produite par l'abouchement des vaisseaux nourriciers qui ont servi au développement des tuniques de l'embryon (de la graine). Cette cicatrice hilaire indique, d'une part, le point qui dé- termine la base d'une graine , et, de l'autre , celui de sa com- munication avec le péricarpe : elle montre dans son enceinte, le plus souvent au milieu , Vomphalode ou ombilic nourricier ( 45 ) de Fembryoïi , et contigu a l'un de ses bords ; on voit le mi- cropjle ou organe destiné a transmettre la fécondation a ce même embryon. OMPHALODE (Tlll'p.), fig- l8 dl Ct. Organe placé dans l'enceinte de la cicatrice du hile, le plus souvent au centre , destiné a l'introduction des vaisseaux nourriciers, chargés d'apporter de la plante-mère les alimens nécessaires au développement de l'embryon avant et quelque temps après la fécondation. microptle (Turp.), fig. 19 en a. Organe perforé, situé près du hile, toujours dirigé, rela- tivement a l'insertion de la graine dans le péricarpe , du côté qui regarde le stigmate; aboutissant a la radicule de l'em- bryon (rarement opposé), servant d'introducteur aux vais- seaux spermatiques (cordons pistillaires, correa), qui ap- portent, des stigmates aux embryons encore invisibles, ce principe fécondant qui détermine leur séparation de la plante- mère et l'époque a laquelle commence la seconde vie des végétaux. embryotege (Gœrt.), fig. 2o en a. Sorte de déhiscence operculaire, naturelle à quelques graines, facilitant la sortie et les premiers mouvemens de l'embryon au moment de la germination. vasiducte (Ricb.), raphé cl chalaze (Gœrt.), fig. 23 en a et en b. ( Cet organe n'existe pas toujours). Cordon vasculaire par- tant du podosperme, rampant sur l'un des côtés de la tuni- que propre de la graine , et venant s'introduire et s'épanouir , dans l'intérieur de sa partie supérieure, en une sorte de ren- flement qui prend le nom de chalaze ou d'ombilic interne. Cet organe, qui est très-visible dans les graines de Y oranger et des passiflores , cache un point d'organisation qui nous est inconnu. Est-il le cordon ombilical qui attache l'embryon à la plante-mère? ou n'est-il destiné qu'a conduire dans (46) l'intérieur des ovules le fluide nourricier dans lequel nage l'embryon? Je pense que le vasiducte est le dernier article ou méri thalle de la tige, que la chalaze est un rudiment de graine, et que l'un et f autre sont le dernier effort de la vé- gétation. arille, fig. 24? 2^ et 26 en #, et fig. 23 en d. Expansion caronculaire, cupulaire ou sacciforme du po- dosperme (ou du trophosperme quand le podosperme man- que), le plus ordinairement succulente et membraneuse, recouvrant la graine en partie ou en totalité, et n'y adhérant que par le hile. podosperme (Rich.),funicule, cordon ombilical, fig. 27 en a. (Cette partie manque souvent). Sorte de cordon composé de vaisseaux nourriciers qui ont apporté, de la plante-mère, les sucs nécessaires au développement de l'embryon et de ses tuniques, et qui lie, par le hile, la graine au trophosperme. Ce cordon, qui n'a rien de comparable avec le cordon ombi- lical des animaux, est contourné en S dans les mimoses, et d'une longueur remarquable dans les magnolia. Le podo- sperme, lorsque le vasiducte n'existe pas, est le dernier article ou méri thalle de la lige : il consiste dans l'espace qui sépare le nœud-vital, d'où émane l'embryon, de celui d'où partent les feuilles ovariennes. trophosperme (Rich.), placenta et placentaire . Processus plus ou moins saillant de la cavité intérieure du péricarpe ou de l'ovaire, qui sert de support et de point d'at- tache aux graines. Le trophosperme peut être axifère ou pariétal : axifère, quand il naît de la base (fig. 28 et 36, a) ou du sommet (fig. 37, «); pariétal, lorsqu'il part immé- diatement des côtés (fig. 38 et 39, a). Il est pariétal mar- ginal lorsqu'il est le produit des bords rentrans de deux feuilles ovariennes, et pariétal médivalve lorsqu'il naît im- médiatement de la nervure médiane de ces mêmes feuilles. (47 ) CLOISONS ET LOGES, fig. /|3. Diaphragmes verticaux, rarement horizontaux, complets ou incomplets, rayonnant de la circonférence au centre, ou du centre à la circonférence ; partageant la cavité du péri- carpe en plusieurs loges. Ces loges , formées souvent par la rencontre intérieure de deux feuilles ovariennes, unies et soudées , s'isolent quelquefois par l'effet de la désorganisation de certains péricarpes (les euphorbes). endocarpe (Rich.), panninterme (Mirb.), fig. /\.i , c. Membrane pariétale qui tapisse toute la cavité intérieure du péricarpe. Cette membrane est l'épi demie de cette face interne et l'analogue du bois dans les tiges : comme celui-ci , le bois fructuaire augmente quelquefois en dureté et en épaisseur par les couches additionnelles qu'y dépose succes- sivement la partie parenchymateuse ( mésocarpe ) : le noyau de la pêche et la noix du coco en sont des exemples. mésocarpe (Caffin.), sarcocarpe (Rich. ), fig. 4-i , h. Substance interposée entre l'épiderme extérieur et l'épi- démie intérieur, représentant le tissu cellulaire de Pécorce, charnue, succulente et sucrée clans la pêche, la poire et le melon : elle devient une sorte de bourre dans le coco, et est presque nulle dans les péricarpes des graminées , des ombel- lif'ères, etc. épicarpe (Rich.), cette partie jointe au mésocarpe constitue la pannexterne (Mirb.), fig. 41 , #• Partie de l'épiderme général de la plante, distinguée sur le fruit sans trop de nécessité, produite là, comme partout ailleurs, par les parois des loges les plus extérieures du tissu cellulaire, durcies et colorées par l'action de l'air. L'épicarpe, le mésocarpe et l'endocarpe sont aux feuilles ovariennes ce qu'est aux autres feuilles de la plante, l'épiderme des deux faces et le parenchyme ou tissu cellulaire placé au milieu. (4*) PERICARPE, fig. 4l , Cl-, h et C. Ovaire développé par les simples lois de l'accroissement végétal , nul ou réduit a l'état rudimentaire dans les labiées et les borraginées. Le péricarpe est le produit d'une ou de plusieurs feuilles ovariennes roulées et soudées de toute part par leurs bords : ce sont ces mêmes bords qui , en rentrant plus ou moins a l'intérieur, forment les trophospermes pa- riétaux marginaux, sur lesquels naissent les graines toujours bisériées, et qui, en même temps, laissent à l'extérieur de tous les fruits irréguliers ces rainures que l'on remarque sur le péricarpe des légumineuses , de la pêche , de la prune, et, en général, sur tous ceux où l'on est en droit de soupçonner l'avortement, au moins d'une partie semblable à celle qui se développe. Cinq ou dix feuilles ovariennes , simplement soudées par la rencontre de leurs bords, constituent le péricarpe régulier et uniloculaire des primulacées. Le désoudement, vers le sommet, de ces petites feuilles, produit la déhiscence de ces sortes de péricarpes. Une seule de ces feuilles ovariennes, roulée et soudée par ses bords plus ou moins rentrant à l'intérieur, produit le péricarpe irrégulier des légumineuses , des graminées , de la pêche, de la cerise, etc. 11 est important d'observer que les feuilles ovariennes , disposées comme toutes celles du végétal, ont leur face interne tournée du côté de la tige, et que c'est toujours vers le centre de leur support qu'elles se soudent. Deux de ces mêmes feuilles , opposées par couple , forment les péricarpes libres et folliculaires des apocjnées , et ceux biloculaires, par soudure, des ombellifères y des gentianes, des rubiacées , et, en général, de tous ceux qui présentent le nombre binaire. Trois, également opposées , composent tous les péricarpes libres ou soudés des plantes monocotjlédones , telles que les liliacées, broméliées , palmiers, etc., et, dans les dicotylé- dones, la plupart des péricarpes tricoques des euphorbia- céesj et ceux libres entre eux des delphinium, des aconi- tum, etc. Cinq , opposées et verticillées , offrent les péricarpes des (49) pivoines, de la fraxinelle , et le plus grand nombre de ceux qui appartiennent aux végétaux dicotylédons. Enfin, .un verticille de quinze ou vingt feuilles ovariennes donne les péricarpes très-composés de Y nuis étoile, ceux de la plupart des malvacées, et celui, très-remarquatle, du luira crépit ans ou sablier. De l'isolement ou de l'association par couple ou par ver- ticille des feuilles ovariennes soudées, comme nous l'avons déjà observé, par leurs bords intérieurs, naissent les péri- carpes simples et les péricarpes composés. TISSU MÉDULLAIRE (Tlirp.), fig. 43 , «. Substance qui remplit la cavité intérieure de certains péricarpes, et dans laquelle les graines paraissent comme nichées. Cette substance, spongieuse dans la châtaigne et la noisette, farineuse dans Yadansonia, succulente dans Y orange , représente exactement la moelle placée dans le ca- nal ligneux des tiges. fruit, fig. 44- Ovaire et embryon développés. Cet organe, dernier terme de la végétation, porte, à son extérieur, un caractère dis- tinctif, qui doit empêcher qu'on ne le confonde, comme on l'a fait, avec certaines euveloppes involucrales : ce caractère réside dans les traces que laissent, le plus souvent au som- met, les styles et les stigmates. ovule, fig. 29 et 3o. Jeune graine remplie du fluide endospermîque, nourri- cier, dans l'intérieur de laquelle l'embryon apparaît et se détache de sa mère après la fécondation. Le sac ovulaire est la dernièie feuille soudée et indéhiscente du végétal : elle borde et protège le nœud-vital embryonifère. pistil, fig. 29 et 3o. Partie terminale d'un rameau. Le pistil représente le sys- tème axifère de la fleur et l'enfance du fruit; il se compose essentiellement de l'ovaire, des ovules et du stigmate, aux- quels on peut ajouter, quoique parties peu nécessaires, le style et certains pédicelles qui supportent l'ovaire. Destiné à remplir les fonctions d'organe femelle , son stigmate reçoit , des organes mâles, le principe fécondant, et le transmet, J)ar les vaisseaux pistillaires, aux embryons contenus dans es ovules. Le pistil peut être simple ou multiple dans la même fleur. Une ou plusieurs pièces, entièrement analogues aux feuilles, rassemblées et soudées par leurs bords, compo- sent le pistil et par suite le péricarpe. ovaire, fig. 29 et 3o. Partie inférieure du pistil , destinée a favoriser le dévelop- pement des embryons-libres et tuniques (ovules) qu'elle contient. L'ovaire, toujours herbacé, peut être simple ou multiple dans la même enveloppe florale, uniloculaire, uni- embryonné ou multi-embryonné, multiloculaire a loge irai- embryonnée ou multi-embryonnée; sa situation, relative aux organes appendiculaires de la fleur, peut varier au point que, dans le même groupe de végétaux, on le voit tantôt en dedans, tantôt en dehors du calice, ou moitié l'un et moitié l'autre, avec toutes les nuances possibles. Le sommet de l'ovaire est toujours déterminé par la présence du style ou du stigmate, quelle que soit la direction de ce dernier. I STYLE , fig, 29 et 3o. Partie superflue, comparable aux espaces ou méri thalles ui rapprochent ou éloignent les nœuds-vitaux sur les tiges. ,e style n'étant produit que par l'allongement de la nervure médiane des feuilles ovariennes, et présentant souvent la réunion de plusieurs de ces organes soudés, peut quelque- fois, par prolongation de la cavité ovarienne, être perforé au centre; mais il ne faut pas confondre ce canal inutile avec les vaisseaux pistillaires qui transmettent le principe fécondant aux embryons. Ces vaisseaux, peu visibles, sont toujours placés vers la circonférence et n'occupent jamais le centre. Le st^ le, comme nous venons de le dire, est toujours le produit de la nervure médiane de la feuille qui compose l'ovaire, qui s'allonge plus ou moins, et qui se termine par un stigmate. ( 5i ) STIGMATE, fig. 3l. Organe placé au sommet de l'ovaire ou du style quand celui-ci existe, se présentant , le plus souvent, sous la forme d'une petite rosette papilleuse et visqueuse : ces papilles que termine un pore, et qui sont probablement les issues des vaisseaux pisliilaires, aspirent amoureusement le fluide sper- nuçîique que contiennent les utricules ou le pollen n'es an- thères, et le transmettent aux embryons. le nombre des parties d'un stigmate est. en rapport avec celui des tropho- spermes ou des embryons : le stigmate est le sommet de la nervure médiane d'une feuille ovarienne qui se termine par une glande souvent papilleuse. Fig. i, Cuscuta Evropœa. 2, Potamogeton notons , a. cotylédon , b. coléorhize , c. radicule , d. gemmule. 3 , Dan- thonia decumbens , a. cotylédon. 4> Trilicum kyberrium, a. cotylédon, b. id. rudimentaire. 5, Hura crépitons. 6, Pinus pinea. 7, Viscum album. 8, diras aurautium. 9, Pisutu sativwn, a. ombilic propre. 10, Evonymus Euro- péens , a. ligne médiane, b. radicule, c. cotylédon, d. gem- mule. 11 , Avicennia toment.osa. 12, Phaseolus vulgaris , var. coccineus. 1 3 , Danthonia decumbens , a. endosperme. i4, Chenopodium. i5, 16, Phaseolus vulgaris. 17, Evonymus Europœus , a. bile, b. oraplialode, c. mi- cropyle. 18, Phaseolus vulgaris. 19, id. 20, Commelina communiSj a. opercule de l'embryotège. 21, Jussiœa siif- fruticosa : graine multiloculaire, souvent multi-embryon- née. 22 , Salvia pratensis, a. péricarpe rudimentaire réduit a la base. 23, Passiflora alata, a. vasiducte ou raphé,. b. chalaze, c. podosperme (cordon ombilical des auteurs), d. arille ouvert, e. tunique propre de l'embryon , f. endo- sperme, g. embryon. 24, Evonymus Europœus. 25, id., a. arille soulevé pour faire voir qu'il n'adhère qu'avec le hile. 26, id., coupe verticale, a. arille, b. tunique propre de l'embryon, c. endosperme, d. embryon. 27, Cassiafistulal a. podosperme , cordon ombilical des botanistes. 28, Eri- céeSj a. trophosprrme. 29, Anagallis monelli. 3o, . . . . . 3i , Lilium candidum. 32, Lycopus Europœus : péricarpe rudimentaire dont on a enlevé les quatre graines nues. 33, La- thyrus odoratus : fruit irrégulier par avortement invisible, et à côté duquel on a simulé la partie qui paraît lui manquer. ( 52 ) 11 faut bien remarquer que le côté de ces sortes de fruits, qui porte les graines, regarde l'axe du végétal, et que, lors- qu'il avorte quelques organes, ce sont toujours ceux qui se trouvent placés le plus près de la tige. 34, Amaranthus sanguineus. 35, Scabiosa succisa. 36, Silène noctilijlora , a. trophosperme inférieur. 3^ , Polyphragmon (Desf. , Mém. du Mus. dliist. nat.) : trophosperme supérieur. 38, Passi- Jlora mnUformis. 3g, Juncus articulatus , a. podospermes pariétaux. 4o> Ericées. 4i , Prunus domestica. [\i , Evony- mus Européens. 11 semble que la nature a fait ce fruit pour l'étude , en peignant toutes les parties qui le composent des couleurs les plus vives : le péricarpe est rosé, l'arille d'un beau rouge de feu, la tunique de la graine est brune, l'en- closperme a la blancheur de la neige , et l'embryon , placé au centre , est d'un vert aussi prononcé qu'il est remarquable. 43, Castanea vesca, a. substance fongueuse, remplissant les cavités de l'ovaire, analogue a la moelle ménagée au centre de la tige des végétaux ligneux. 44? Pjrus commuais . 45 , Fagus sylvatica. SYSTÈME APPENDICULAIRE. ORGANES APPENDICULAIRES TERMINAUX OU FEUILLES DE LA FLEUR. PLEUR, fig. I. La fleur est solitaire, axiilaire et terminale *. Partie terminale et terminée d'un rameau, offrant les plus grands rapports d'analogie avec les scions feuilles ou de con- tinuité, surtout avec ceux que Ton nomme roselés ; ayant, comme le bourgeon ou embryon-fixe, un nœud-vital pour conceptacle, et située, comme lui, tantôt a l'aisselle des feuilles, et tantôt a l'extrémité des axes. La fleur se compose également des systèmes axifère et appendiculaire : le pistil, qui représente le premier, remplit les fonctions de femelle, reçoit, des anthères, le principe fécondant, et le transmet aux embrvons-tuniqués, contenus dans l'intérieur des ovahes; 1 Voyez mon Mémoire sur rinfiorescecce des graminées et des cvpé- rées, etc. ( Mcm. du Mus. d'hist. nat., tom. v J. (53) le second , dans lequel se manifeste la partie mâle, comprend des organes entièrement analogues aux autres feuilles de la plante. Ces organes, toujours excessivement rapprochés les uns des autres, quelquefois alternes, plus souvent opposés- verticillés, dans leur situation horizontale, alternent sans cesse dans le sens longitudinal ' ( ou , pour parler plus claire- ment , de l'extérieur à l'intérieur , a cause de l'extrême briè- veté de l'axe, sur lequel ils se pressent) : tels sont les folioles des calices, les pétales des corolles, les étamines et les phy- costèmes. thycostÈme (Turp.) (phycostemon, ) presque toujours bilobée et biloculaire , plus rarement uniloculaire, ou paraissant avoir quatre loges lorsque le tro- phopoïhn, dont je vais parler tout à l'heure, se prolonge et subdivise chacune des deux loges en deux logeîtes. L'an- thèie, partie essentielle de l'étaniine, renferme un grand n- dées. Fig. i, Pjtus malus. 2, a. Gratiola officinalis. 3, a. Pœonia mouton. 4, a. Aquïlegia vulgaris. 5, . . . . 6, 7, Tradescantia Kirginica. 8, id. 9, Azolea viscosa. 10, Asclepias Sjriaca. 11, Cucurbita pepo. 12, Coitvolvulus. i3 ? Dianthus. i4, Cucubalus. i57 Cheiran- thus cheiri. 1 6 , Cjnara pusilla. ORGANES APPENDICULAIRES LATÉRAUX OU FEUILLES PROPREMENT DITES. Rudimentaires par faiblesse. cotylédons , protopliylle s (du Petit-Tbouars ) , fig. i, a, Premières feuilles du végétal faisant partie de l'embryon , considéré dans son état de réclusion et quelque temps après la germination. Appartenant au système aérien, et consé- quemment insérés au-dessus de la ligne médiane , les cotylé- dons sont assujétis aux mêmes lois que tous les autres organes appendiculaires, et présentent également les mêmes carac- tères : ils sont isolés ou associés selon les espèces de plantes auxquelles ils appartiennent; isolés, lorsqu'ils forment une gaine, comme dans les liliacées, ou lorsqu'ils sont libres et latéraux, comme dans les graminées et les cypérées; asso- ciés, quand ils sont réunis par couple, comme dans le plus grand nombre des végétaux dicotylédons, ou quand ils sont réunis par verticilles, comme dans les conifères et beaucoup d'autres végétaux. Ces feuilles cotylédonaires sont, les unes, ( §V\ susceptibles de prendre de l'accroissement , de se colorer dans la germination, et d'être exhaussées au-dessus de la ligne médiane et du sol, au moyen de l'élongation d'un premier mérithalle, tandis que les autres restent inertes sur le point où elles ont pris naissance. De la cette distinction de cotylé- dons épigés pour les premiers, et de cotylédons hypogés pour les seconds. écailles, cotylédons ou protophylles des embryons-fixes, fig. 3 et 4. Les écailles, considérées seulement dans celles qui accom- pagnent la naissance des bourgeons, sont des feuilles rudi- mentaires, réduites a la base d'un pétiole : ces petites feuilles sont aux embryons-fixes ce que les cotylédons sont aux em- bryons-graines. Quelques-unes de ces écailles semblables a certains cotylédons sont susceptibles de croître et même de verdir, et d'être exhaussées au-dessus du point axillaire, au moyen d'un premier mérithalle entièrement analogue à celui que présentent les embryons graines dans leur germination, et que l'on a nommé tigelle : tandis que d'autres se flétris- sent et se détachent près du lieu où elles se sont développées. Un autre caractère de ressemblance et d'analogie entre les écailles et les protophylles des embryons-graines consiste dans leur isolement (fig. 3) et dans leurs associations soudées (fig- 4)- Maximum du développement des organes appendiculaires7 de ceux que Von a désignés sous le nom de feuilles. feltille, fig. 5, 6, 7, 8 et 9. La feuille peut être définie ainsi : Tout organe appendi- culaire et le plus souvent articulaire, quelles que soient ses dimensions, sa forme, sa figure, sa consistance et sa couleur, qui borde extérieurement un nœud-vital, est une feuille. La feuille est aux embryons-fixes (bourgeons) ce que sont les tuniques de la graine et le péricarpe aux embryons-libres et fécondés. La feuille, réduite souvent a la nervure médiane (fig. 5), s'élargit, des deux côtes de cette nervure, en une lame (58) régulière ou irrégulière (fig. 6) : cette lame, de simple qu'elle était en son bord , se découpe en dénis, puis en lobes plus ou moins profonds (fig. 7 et 8), et enfin se compose et devient articulée (fig. 9). Rudimentaires par épuisement. involtjcre, enveloppe accessoire des fleurs, fig. 10 et 11. Amas de feuilles réduites, libres ou soudées, formant une enveloppe extérieure a la fleur ou aux fleurs. L'involucre est composé de feuilles rudimentaires, libres entre elles dans les ombellifères , et de feuilles rudimentaires soudées dans la cupule du gland (fig. 11 ), et dans celle hérissée de la châ- taigne. çractée , feuille florale, fig. 12, 1 3 , 1 4 et 1 5. Feuilles rudimentaires bordant un nœud-vital , d'où sort le plus souvent une fleur. Libres et isolées dans la plupart des végétaux, elles sont aussi quelquefois associées et sou- dées par couples, comme cela se voit dans celles qui servent de seconde valve aux prétendues corolles des graminées (fig. 1 3 , a ). Les bractées , presque toujours laminées et tra- versées par une nervure médiane, sont quelquefois réduites à une simple soie (fig. i5, a), comme celles que l'on ob- serve derrière les fleurettes de quelques synanthérées , et elles sont susceptibles de se colorer par épuisement. Stipules ou fouilles supplémentaires. stipule, fig. i6, 1 7, 18 et 19, a. Petite feuille supplémentaire laminée, réduite a la nervure médiane ou accompagnant la base des feuilles, insérée sur la tige ou n'étant qu'une expansion du pétiole, libre ou soudée en gaine, bordant un nœud-vital, d'où il naît quelquefois a son aisselle un embryon-fixe. Fig. 1 ? Potamogeton natans. 2 , Evonymus Europœus. 3, Pjrus comrnunis. 4, Populus Kirgininna (lig. 5, 6, 7, 8 et 9). Pour ne pas trop multiplier les figures, ou a imaginé (59> de mettre des feuilles, comme celles 6, 7 et 9, qui, dans leur ensemble, en représentent plusieurs : cette méthode peut avoir l'avantage de faire connaître comment la nature modifie les êtres et leurs organes en les faisant passer de l'état le plus simple a l'état le plus composé. 10, Ombellifère. 11 , Quercus coccifera. 12, Salvia sclarea. i3, a. Grami- née. 14, a. Rudbechia ample xicaulis. i5, a. Cynara sco- Ijmus. 16, a. Rosa canina. 17, a. Artocarpus incisa, 18, a. Rubiacée. 19, a. Melianthus major. DES TROIS MOYENS DE REPRODUCTION DES VÉGÉTAUX COMPOSÉS. SYSTÈME SUPÉRIEUR. PREMIER MOYEN. Par les embryons latens ou points-vitaux, fig. 1 . Corps reproducteurs ne se développant que par des causes inattendues, et donnant lieu aux bourgeons adventifs (du Petit-Thouars); visibles dans les végétaux simples qui ne possèdent que ce seul mode de reproduction; invisibles, quoique existant, dans ceux qui ont des nœuds-vitaux et des sexes; nus, épars et nichés dans toutes les parties du tissu cellulaire vivant du végétal; fertiles sans fécondation, pouvant se développer en un scion allongé ou roselé, en épine ou scion avorté , ou enfin en une fleur, qui est un scion ter- miné. C'est au développement inattendu de ces sortes d'em- bryons , que sont dus , i°. les nombreuses ramilles de tant de végétaux ; 20. les épines des gleditsia triacanthos et hor- rida; 5°. les fleurs et par suite les fruits des cercis siliquas- trum , theobroma cacao , crescenlia eu jeté , artocarpus in- tegrifolia, etc., qui s'échappent sans ordre de tous les points de la vieille écorce. M. du Petit Thouars pense , et cela peut être avec raison , dans quelques cas, que les productions inattendues dont nous venons de parler proviennent du développement tardif de certains bourgeons ou embryons-fixes restés stationaires ( 6o ) a l'aisselle des feuilles, et qui, par l'accroissement du tube cortical , se sont trouvés enveloppés jusqu'au moment où des circonstances difficiles a expliquer sont venues en favoriser la sortie. C'est encore a l'existence des embryons-laîens que nous devons la multiplication de ces nouveaux êtres que l'on ob- tient d'une feuille, d'un pétale, et, en général, de toutes les parties vivantes du végétal, pourvu toutefois que, dans ces parties, il y ait une portion suffisante de tissu cellulaire, pour que l'embryon ne se dessèche pas avant qu'il ait eu le temps d'établir quelques racines , à l'aide desquelles il puisse se suffire et abandonner l'ancienne aggrégation dont il faisait partie. DEUXIÈME MOYEN. Par les embryons-Jîxes (du Petit-Thouars) ou bourgeons, %. 2. Corps reproducteurs non fécondés, nus ou écailîeux, ayant les nœuds-vitaux pour conceptacles , munis d'écaillés dont les extérieures sont comparables aux cotylédons des embryons-graines, naissant successivement les uns des autres, et formant, par répétition, cette aggrégation d'êtres qui composent la masse générale d'un grand arbre. Ces embryons- fixes, latéraux ou terminaux offrent quelquefois, dans leur première élongation , une tigelle semblable a celle des em- bryons libres et fécondés; leur ligne médiane horizontale est marquée par le point qui les fixe au nœud-vital : au-dessous de ce point, qui est, pour ces sortes d'êtres, ce qu'est la surface du sol aux embryons-fécondes, se développent des productions radicales, qui, cherchant l'ombre et l'humidité, descendent entre l'écorce et le bois, où, à l'aide du cam- bium, elles s'y anastomosent, et y forment ces nouvelles couches ligneuses et concentriques, qui augmentent, par leur superposition, les végétaux en diamètre. Les embryons-fixes ne se détachent jamais naturellement de Paggrégation à laquelle ils appartiennent : il faut que la main de l'homme ou un accident les en isoleni, pour qu'ils puissent aller au loin en former une nouvelle. L'apparition des nœuds-vitaux et des embryons- fixes qui en émanent est en rapport avec la présence des sexes, et * (6i ) forme en même temps le caractère qui distingue , aussi natu- rellement que possible, les végétaux axifères des végétaux appe ndicula ires. Ces embryons de seconde formation, presque toujours protégés par la feuille qui leur sert d'enveloppe involuciale, se composent des systèmes axifère et appendiculaire, et se présentent, dans leur développement, sous les formes sui- vantes : en scion allongé, a ; en scion roselé, &, lorsque son axe ne produit que des feuilles et des bourgeons, en scion avorté, c, quand il se termine promptement en une pointe acérée (épine); en scion bulbifère dans quelques liiiacées; en scion terminé, d (fleur), quand, a son extrémité, ii naît une spongiole stigmatique; qu'au-dessous du stigmate il devient lacuneux par dilatation; que, dans celte lacune ou loge, il se développe des embryons-libres et tuniques, et qu'enfin il produit autour de Taxe, au lieu de feuilles, des organes analogues, qu'on a nommés involucres, calices, co- rolles, étamines et phycostèmes. TROISIEME ET DERNIER MOYEN. Par les embryons- libres (du Petit-Tliouars), fig. 3. Corps reproducteurs fécondés, tuniques, rarement nus (comme dans Yavicennia ) , nés de la partie la plus terminale de la plante-mère, vivant par elle jusqu'au moment de la fécondation, époque à laquelle ils s'isolent dans l'intérieur du sac ovulaire; devenant dès lors des enfans plautes, et se nourrissant, par les pores de toute leur surface, du fluide endospermique, dans lequel ils nagent; offrant déjà cette ligne médiane ou point de départ qui sert a distinguer les deux systèmes d'organes dont se compose l'être végétal, sys- tèmes qui semblent, pour ainsi dire, n'avoir d'autre contact que d'être posé base à base. Ces corps' reproducteurs, des- tinés à se détacher de leur mère et à aller former plus loin une aggrégation nouvelle , n'appartiennent qu'aux seuls végétaux appendiculaires, et, comme le dernier et le plus important produit de la végétation, ils sont abrités par plusieurs enve- loppes protectrices, telles que les tuniques propres, Tarille, le péricarpe, et même quelquefois par certains involucres péricarpiens (celui hérissé de la châtaigne, par exemple). (62 ^ Ces embryons-libres et fécondés, qui n'éprouvent point d'interruption, dans leur développement, sous les climats chauds et humides qui favorisent sans cesse la végétation, commencent leur troisième et dernière vie dès qu'ils sont isolés de leur mère et confiés au sol , et, même assez souvent, on les voit au sein des fruits encore attachés sur la plante où ils ont pris naissance, continuer de croître et produire, eu cet état vraiment pittoresque, des feuilles, des (leurs et des fruits (voyez ïabï. n, bis, fig. 3). C'est cette troisième époque de la végétation que l'on a désignée sous le uom de germination. germination , fig. a , b, c et d7 dépendantes de la fig. 3. Premier mouvement ou première élongation végétale des systèmes inférieur et supérieur d un embryon isolé de sa mère, rendu à lui-même et au sol. La germination offre deux modes remarquables : dans le premier (fig. 6), les feuilles cotylédonaires, ayant reçu tout leur développement sous les tuniques de la graine, restent sous la terre, &', s'y flétris- sent et se dessèchent près du point où elles ont pris nais- sance ( le haricot, la capucine ) ; dans le second ( fig. a etc), ces mêmes feuilles cotylédonaires, en conservant la faculté de croître et de verdir, s'éloignent de la ligne médiane au moyen d'une première élongation aérienne, ou d'un premier mérithalle, en c" et a'", qui les exhausse au-dessus du sol (fève, rave). Le premier de ces modes est dit hypogé, et le second épigé; et, dans ce dernier cas, le mérithalle, compris entre l'insertion des cotylédons et la ligue médiane, a reçu le nom de tigelle. tigelle, fig. c en. c" et fig. d en d". On est convenu de distinguer par le nom de tigelle cette première élongation ou ce premier mérithalle du système axifère supérieur du végétal appendiculaire (fig. c, c'), compris entre la ligne médiane et l'insertion des feuilles co- tylédonaires ou protophy lie s. Il ne faut pas confondre, comme cela arrive quelquefois , la tigelle avec cet autre espace ( fig. b en b"), qui sépare les cotylédons hypogés, b\ des feuilles que l'on nomme primordiales, b'". Les einbryons-lixes ou bourgeons présentent aussi quel- (63) quefois des tigelles entièrement analogues à celle des em- bryons-graines, lorsque leur premier mérithalle exhausse et éloigne, du point où elles sont nées, les écailles les plus in- férieures. Certaines tigelles gorgées de suc, mais appartenant rigoureusement a la partie aérienne ; n'en ont pas moins été comprimes parmi les racines : telles sont celles qui produisent la rave ( fig. à end' ), le navet et beaucoup d'autres sem- blables. Fig. i, 2i ? a ?h > c. Crategus o.xyacanlha , d. Kinca rosea. 3 , Evouymus Europœus 3 a. germination d'une plante monocotyledone, alisma plcmtago, a', ligne médiane, a", cotylédon épigé soudé en gaine, a\ tigelle; h. germination d'une plante polycotylédone , galoga , b\ ligne médiane près de la- quelle se sont desséchés les cotylédons hypogés, b". pre- mier mérithalle non comparable à celui que Ton nomme tigelle, b'". feuilles primordiales; c. Rapliauus sativus , c\ ligne médiane, c". premier mérithalle ou tigelle qui élève les cotylédons au-dessus du sol, c"\ feuilles cotyiédo- naires; d. id., d\ ligne médiane, d". produit de la tigelle, c". ci-contre. SYSTÈME INFÉRIEUR. Le système inférieur des végétaux appendiculaires man- que du troisième moyen de reproduction : il se borne aux embryons-latens et aux embryons-fixes. Fig. i , Points vitaux ou embryons-latens. 2 , Embryons- fixes se développant en chevelu. EXPLICATION DES TABLEAUX. DEUXIEME PARTIE. TABLEAU I. ORGANES ÉLÉMENTAIRES. Organes élémentaires, vus au microscope , isolés par déchirement de la masse organique du végétal. i. 1 issu cellulaire poreux. Les pores des cellules, dé- couverts par M. Mirbel, sont, selon cet habile observateur, bordés le plus souvent d'un petit anneau, et ils servent pro- bablement à la circulation des fluides dans le végétal. 2. cellules plus allongées. On observe sur celles-ci des pores et des fentes produits par la réunion de plusieurs pores : M. Mirbel pense que c'est ainsi que commence la for- mation des trachées. 3. tissu cellulaire ligneux. Cette modification du tissu, qui consiste en cellules très-allongées , coupées, a des distances plus ou moins éloignées, par des diaphragmes transversaux , forme la partie ligneuse des végétaux : on ne la trouve point dans l'état herbacé du même végétal , qui la présente plus tard. Tout porte a croire que les cellules ne croissent point en largeur, et que leurs parois latérales se durcissent, tansdis que les parois transversales se détruisent pour la plupart. On explique ainsi, d'une manière très- satisfaisante, comment les cellules semblent être devenues tellement allongées, qu'on a pu leur donner le nom de tube, et l'on se rend compte également de la facilité qu'on éprouve à fendre le bois en longueur et non en largeur. Les traces des pores, observées par M. Mirbel sur le tissu ligneux, prou- vent encore que ce tissu n'est qu'une modification des cel- lules proprement dites ou primitives, représentées par la figure i. 4- LA MÊME MODIFICATION plllS Serrée. 16e. Livraison, (66) 5. tube poreux. On voit que le tissu cellulaire, en deve- nant ligneux, ne forme point de lignes droites, pas même dans les monocotylédones, mais des rameaux qui produisent par leur réunion cette espèce de lacis, que l'on remarque, à l'œil nu , sur la coupe longitudinale d'un morceau de bois. 6. Tronçon du même tube, extrêmement grossi, pour faire voir les pores et les bourrelets dont nous avons parlé plus haut. 7. tube poreux commençant a se convertir en trachée. 8. Tronçon du même tube, pour montrer que les fentes produites, comme il a été dit, par la confluence de plusieurs pores, sont, comme ceux-ci, bordées par des bourrelets. 9. TRACHÉE A SIMPLE SPIRALE. 10. TRACHÉE A DOUBLE SPIRALE. 11. tube mixte, qui nous présente , en «, de simples pores; en b, des fentes ou réunions de pores, et, en c, le commencement d'une trachée^ prouve ici, comme partout ailleurs, que la nature ne reconnaît aucune de nos distinc- tions imaginées pour la mettre a la portée de notre faible conception. 11. Autre tube mixte rameux, présentant des pores simples, des fentes, un commencement de trachée, et enfin des étranglemens , comme dans les vaisseaux en chapelet. l3. VAISSEAUX EN CHAPELET OU MONILIFORMES , pOreUX et rameux '. Obs. Ne perdons pas de vue que toutes ces modifications, auxquelles on a attaché des noms particuliers, afin d'en faci- liter l'étude , ne sont jamais isolées dans la nature , et qu'elles font toujours partie intégrante de la masse organique du vé- gétal, auquel elles appartiennent. Les figures qui composent ce tableau sont entièrement empruntées des excellens ouvrages de M. Mirbel; toutes celles qui suivent sont originales, faites d'après nature ou d'après les dessins de mes voyages, ce qui revient au même. 1 L'être le plus composé n'est, pour ainsi dire, qu'une aggrégation d'êtres pluh simples que iui. Cest ainsi que cette modification de tissu, que l'on a sous ies yeux, représente exactemeni ces végétaux simples et, en quoque sorte , éiémentaires, auxqueis on a donné les noms de monilia, de torulo , de ceramium , et , en général, de tous ceux qui ne se composent encore que d'une seule série de cellules poreuses, placées bout à bout et distinctes, comme celles de notre figure i3, par des diaphragmes tran- sversaux (voyez Tabi. tv {bis), fig. 5, a, b, e, d). (67 ) TABLEAU IL Organisation végétale. On est depuis longtemps d'accord sur l'accroissement en longueur des végétaux; mais il n'en est pas de même de celui qu'ils acquièrent en grosseur : on avait cru et on croit encore , d'après les belles observations de Duhamel, qu'un suc mu- cilagineux, nommé cambium, en suintant entre l'écone et le bois, s'y organisait et y formait une nouvelle couche, qui, en se joignant a celles des années précédentes, suffisait seule à l'augmentation , en diamètre, des végétaux. M. Aubert du Petit-Thouars a depuis démontré que cette augmentation est produite par les nombreuses libres, pour ainsi dire, radiculaires, que les bourgeons ou embryons- fixes, à mesure qu'ils deviennent des rameaux, laissent échapper inférieurement entre le bois et l'écorce, où, à l'aide du cambium, ils s'anastomosent et forment de nouvelles couches. Depuis long-temps je savais, par mes propres observa- lions, que tout végétal rameux ou simplement muni de feuilles, grossissait ; que cette augmentation avait lieu, et qu'elle était toujours en rapport avec le nombre et la gran- deur des feuilles, le nombre et la force des rameaux que pro- duisait chaque plante ; je voyais que les dicotylédones , émi- nemment rameuses, étaient aussi celles dont le diamètre augmentait le plus, tandis qu'à côté les monocotylédones, le plus souvent réduites à la tige principale, grossissaient infiniment moins. Un végétal qui ne présenterait ni feuilles ni rameaux la- téraux ne ferait que s'allonger sans jamais acquérir eu gros- seur. Ce végétal n'exisie point parmi les apprndiculuircs; mais on peut, jusqu'à un certain point, prouver ce que j'avance, en mettant sous les yeux les plantes qui appartien- nent aux genres cascuta et cassyta. Ou sait que ces plantes,, presque dépourvues de feuilles et de rameaux, n'ont qu'une végetatiou simplement filiforme. i. asclep ï as frnticosa, Lin. Coupe transversale d'une jeune branche : «, écorcej b , moelle; d7 vaisseaux poreux; (68)_ è, vaisseaux propres, réunis en faisceaux. On n'a représenté ici qu'une portion d'une lame mince levée sur la coupe transversale de la branche : cette portion s'étend du centre à un point de la circonférence. Ainsi, pour se faire une idée juste de la coupe transversale entière, il faut compléter, par la pensée, le cercle autour de la partie c, qui eu est le centre. 2. salvia hispanica, Lin. Coupe longitudinale d'un ra- meau : «, écorce; &, bois. On distingue aisément dans l'épais- seur du bois les tubes poreux et des trachées; c, moelle. On n'a représenté ici qu'une portion d'une lame mince levée sur la coupe longitudinale du rameau, et comprise entre le centre et un point de la circonférence. Il faut donc, pour compléter l'image de cette coupe, ajouter a la droite decla répétition des parties b et a. 3. Portion , isolée par déchirement , d'un vaisseau qui pré- sente des pores et des fentes : on remarque sur sa paroi exté- rieure quelques lambeaux du tissu dont il faisait partie. 4- fougère en arbre (cyathea arborea). Coupe trans- versale et longitudinale d'un stipe, où l'on voit que le bois de ces végétaux présente deux sortes de tissus : en a, le tissu cellulaire, et, en &, le tissu ligneux ou vasculaire. Obs. Cette singulière disposition, dans les fougères, du tissu ligneux, produit, sur la coupe transversale de la base des pétioles de notre pteris aquilinay une figure dans la- quelle on a cru voir l'image d'un aigle a deux têtes. 5. chou-palmier (areca olevacea, Lin.). Coupe trans- versale et longitudinale d'un stipe. Cette modification des tissus paraît plus simple, en ne considérant que l'arrange- ment des tissus cellulaire et vasculaire, que celle qu'offre la coupe du stipe de la fougère figurée au-dessus : a , écorce ; b, traînées de tissu cellulaire, semblables a celles que l'on appelle rayons ou prolongeinens médullaires dans les dicoty- lédones; c, faisceaux de tubes formant la partie ligneuse de ces végétaux. 6. chêne commun (quercus robur , Lin.). Coupe trans- versale et longitudinale d'un tronc. Dans cette modification , extrêmement éloignée de celle dont nous venons de parler, on voit, en a, l'écoice; en &, cette masse considérable de jeune bois, que l'on nomme aubier; en c, une autre masse, déjà réduite a Vétat d'inertie, est le bois parfait ; en d, le («9) canal médullaire réduit, par le refoulement successif des couches du Lois, à un simple point; et, en e, les prolonge- mens ou rayons médullaires. La moelle et ses rayons, observés dans les végétaux ap- pcndiculaires de l'ordre le plus élevé, représentent exacte- ment une portion du tissu cellulaire ou primitif, plus ou moins ménagée par le tissu vasculaire qui la traverse. Ce même tissu cellulaire, qui compose a lui seul la masse organique des végétaux axifères (végétaux qui, d'après cette considération , pourraient être regardés comme n'étant que moelle), reçoit peu a peu, et à mesure que l'on s'élève vers les espèces les plus compliquées, un autre tissu que l'on nomme vasculaire. Ce tissu, dont la présence annonce, dans les végétaux qui en sont pourvus, des nœuds-vitaux, des organes appendiculaires, des sexes, des embryons-fixes et des embryons-graines, s'établit toujours à la circonférence: dans les monocotylédons, peu considérables vers le centre, il s'y anastomose à peine dans le sens longitudinal; caractère qui se retrouve dans les feuilles de ces plantes, et dans les- quelles plantes les deux tissus s'y trouvent à peu près eu niasse égale. Dans les dicotylédons, le tissu vasculaire, allant tou- jours en augmentant, aux dépens du tissu primitif, absorbe presque à lui seul toute la masse des arbres, dans lesquels, comme je l'ai déjà dit, le tissu cellulaire ne se montre plus que dans cette partie que l'on a nommée improprement moelle, et dans les prolongeniens lamelliformes et rayoïinans de cette dernière. Cette petite partie de tissu cellulaire, ménagée au centre des végétaux appendiculaires supérieurs, peut, selon les diverses espèces, se rétrécir par le refoulement successif des couches additionnelles du bois, ou conserver le diamètre qu'elle a reçu dans l'axe de l'embryon-graine , si la plante est venue de semence, ou dans celui de l'embryon-fixe, si elle provient de bouture. 7. chêke commun (quercus robur 7 Lin.). Feuille ré- duite au simple tissu ligneux , afin de bien faire connaître la manière dont il s'anastomose dans les végétaux, pour en former en quelque sorte la charpente. 8. dattjra .épineux (datura stramonium, Lin.). Fruit ( 7° ) réduit au même état que la feuille représentée par la figure précédente. Obs. Les figures 4> 5 et 6 donnent une idée de l'aspect que présentent, à l'intérieur, les diverses combinaisons des tissus dans les trois grandes divisions des végétaux, les aco- tyU doues , les monocotylédones et les dicotylédones. Il est aisé de voir dans ces trois figures, malgré que les exemples aient été pris sur des points très-éloignés les uns des autres, dans la série naturelle, qu'elles n'offrent pourtant que de simples modifications, diversifiées seulement par l'arrange- ment divers des deux tissus. Il est bon de remarquer que si , dans la figure 5, le canal médullaire occupe tant d'espace, on y aperçoit en même temps des traînées de tissu cellulaire qui annoncent, dans ces végétaux, une tendance à la forma- tion des rayons médullaires. Comme je l'ai déjà dit, ces trois exemples sont pris au milieu et aux extrémités du règne végétal : on doit, en raison des immenses intervalles qui les séparent, être étonné de retrouver encore de l'analogie entre eux. Que serait-ce si, partant du champignon, qui n'offre que le seul tissu cellulaire, nous suivions toutes les nuances établies par la nature dans le tissu organique des végétaux? 3\Tous reconnaîtrions que la, comme partout ailleurs, il faut se défier de ces définitions arbitraires, par lesquelles on pré- tend assigner a chaque objet des caractères nettement tran- chés ; que les livres seuls s'accommodent de toutes ces divi- sions entièrement désavouées par la nature; qu'elles se détruisent, au moyen des nuances qui les lient, sous les yeux de quiconque les soumet au creuset de l'observation comparée, et qu'en disparaissant elles entraînent avec elles les prétendues anomalies , fruits de notre ignorance. TABLEAU II {bis). Dans ce tableau , on a représenté deux phénomènes de vé- gétation : l'un (fig. i ) tend a prouver que la fleur, toute entière, n'est qu'un bourgeon terminé; que ce bourgeon, comme ceux dont résultent les branches , se compose d'un axe et d'organes appendiculaires ou feuilles de la fleur; et que cet axe, terminé par une sorte d'épuisement nécessaire au développement des embryons, peut, aux dépens des (7/ ) graines, lorsque les sucs nourriciers abondent en cette partie, continuer de s'allonger, et, en quelque sorte, reprendre des droits qu'il n'avait cédés qu'en faveur de la fructification. Rien n'est plus commun que ces sortes de végétai ions, et rien en même temps n'est plus propre a nous éclairer sur la physiologie végétale. C'est surtout parmi es plantes culti- vées et souvent nourries avec profusion , que Ton voit le plus communément ces petits rameaux abrégés ou épuisés, que l'on nomme fleurs , continuer de s'allonger au-delà de leur terme ordinaire; c'est encore a cette tendance naturelle des végétaux a continuer de s'allonger, que nous devons ces roses prolifères, que tout le monde connaît, et qui, du sein de leurs pétales, donnent naissance, par prolong ment de l'axe, a un autre rameau florifère, ou , pour être nneux entendu , à une autre fleur. Cette poire, figurée et réduite a la moitié de sa grandeur naturelle _, a été observée, par mon ami M. Poireau, au po- tager de Versailles, en 1817. En la comparant aux autres fruits de l'arbre, naturellement développés, sa forme géné- rale n'était point altérée, son volume était a peu près le même, l'aspect et la saveur de sa chair présentaient peu de différence; mais ce qui était très-remarquable, c'est que l'endocarpe ou partie cartilagineuse des loges, de même que les graines, avaient entièrement disparu (fig. 2). Fig. 1 , 0, folioles calicinales ; £, nœuds- vitaux; c, em- bryons-fixes émanant des nœuds-vitaux. L'autre phénomène (fig. 3 ) a pour but de faire connaître, i°. que l'état de repos ou d'intermittence des embryons sous les-enveloppes de la graine et du péricarpe n'est dû qu'aux circonstances environnantes ; 20. que , dans les climats chauds et humides où la végétation est sans cesse favorisée , les em- bryons, en continuant de se développer, sans interruption, depuis le moment où ils en ont reçu le pouvoir, par la fécon- dation, jusqu'à celui où ils terminent leur vie, il arrive assez souvent de rencontrer, sur certains végétaux, des fruits de l'intérieur desquels s'échappent des embryons, qui, quoique chargés de feuilles, de fleurs et de fruits, restent malgré cela fixés, en vrais parasites , sur celui qui leur a donne nais- sance. Plusieurs autres végétaux offrent également des embryons qui n'attendent point, pour continuer de se développer,. ( » ) qu'ils soient éloignés de leur mère et confiés au sol : ceux du crinum asiaticum végètent, pour la plupart, dans l'intérieur du fruit ; pareille chose arrive dans les oranges, les citrons, et surtout dans le fruit que l'on nomme avocat aux Antilles ( laurus persea ) ; mais l'un des plus curieux de ces sortes de dévtloppemens, est celui que présente le rizophora mangle (Tabl. xxyvi, fig. 6, *j et o). Cet embryon vivipare perce sa tunique propre et le péricarpe dans lequel il est contenu; restant ensuite simplement engagé, par ses quatre feuilles cotylédonaires, dans l'intérieur du fruit, il continue en cet état de s'allonger en une massue radiculaire, pendante, et qui , avant de se détacher de la mère et de s'enfoncer, par son propre poids, dans la terre, acquiert quelquefois une lon- gueur de quinze pouces. TABLEAU III. Racines. La racine ou le système inférieur du végétal, étant beau- coup moins intéressante que le système supérieur , qui s'élève presque toujours dans l'air, a été long-temps négligée par les botanistes. On a donné le nom de racines a tout ce qui vé- gétait sous terre; de sorte que l'on confondait avec elles les tiges horizontales de la plupart des fougères, de quelques graminées, des nénuphars et de beaucoup d'autres plantes; les productions mixtes etlaciniées des utriculaires, du trapa natans (châtaigne d;eau), de quelques reiioncules aquati- ques, productions qui ne doivent leurs formes atténuées qu'au milieu dans lequel elles se développent; le bourgeon bulbeux de Yoignon; le tubercule du cyclamen, ceux des orchidées terrestres ; et enfin un grand nombre d'autres que je ne puis faire connaître ici , fuient long-temps , faute d'ob- senation comparée, rangées paimi les racines. Le végétal, comme nous l'avons dit, se composant de deux syslèmes d'organes, celui de ces systèmes qui, à partir de la Ligne médiane, se dé\eloppe et s'enfonce le plus ordi- nairement dans le sol, a reçu le nom de racines : ce système inférieur produit, comme ie supérieur 3 des axes plus ou moins rameux mais toujours, tant qu'ils sont privés de lu- mière, ces axes restent dépourvus d'organes appendiculaires ; ( 73 ) le chevelu, que Ton a mal-a-propos comparé à des feuilles étiolées, n7est lui-même que la partie la plus terminale des axes radiculaires, et le produit des embryons-fixes ou bour- geons des racines. Le pivot principal du système inférieur des plantes mo- nocoty lédones , qui est d'anord contenu dans une sorte d'étui ( coléorhize , Mirb.), ainsi que toutes les radicelles qui en émanent, n'a qu'une très-courte durée, et subit, presque aussitôt qu'il est né, une sorte de couronnement; maïs il est suppléé par un ample faisceau de racines latérales qui ali- mentent le végétal et persistent pendant toute sa durée. Lorsque des racines se développent dans l'air, au-dessous des nœuds- vitaux, elles sont toujours grêles et presque en- tièrement dépourvues de rameaux articulés. Ce genre de pro- duction nuit à l'accroissement en grosseur du végétal, parce que ces libres radiculaires, destinées a s'étendre entre l'écorce et le bois, se trouvent détournées de leur direction intérieure et appelées au dehors. i. rave {raphanus sativus, Lin.). Racine fusiforme, pivotante : , hampe nouvelle accompagnée de quelques écailles; c, racines articulées, latérales. Obs. La prétendue racine du sceau de Salomon me paraît avoir de grands rapports avec celles des figures 8 et 9. Toutes, les trois sont de vraies tiges ; mais, dans celle de la figure 1 o , les pousses annuelles persistent long-temps a la suite les unes des autres, tandis que, dans les deux autres, elles se détrui- sent chaque année ; de sorte qu'on n'en voit jamais que deux. Dans toutes, la racine pivotante a disparu et est suppléée par des racines latérales , qui partent immédiatement de la base du nouveau bourgeon. 11. asphodèle rameujc (asphodelus ramosus, Lin.). Racine fasciculée, noueuse, a pivot tronqué. 12. monotropa uuiflora^ Lin. Ranine grumeleuse. Les racines de Yepipuctis nidus-avis sont de ce genre. 1 3. clusier rose, figuier maudit (clusia rosea , Lin.). Racine funiliforme, aérienne. Obs. Une chose fort remarquable, c'est que ces longues fibres radicales, filiformes, qui naissent a l'extérieur dune plante parasite (jamais sarmenteuse), et qui descendent jusqu'à terre d'une élévation de quatre-vingts a cent pieds, ne croissent en grosseur que lorsqu'elles ont atteint le sol : dès qu'elles y sont fixées, elles développent dans la terre des racines latérales, et, dans l'air, des rameaux ; leur accroisse- ment devient alors si rapide, qu'elles ne tardent pas, en s'entregreffant, à étouffer leur protecteur, et à lui former une sorte de cercueil, dans lequel il demeure enfermé, sans s'altérer, pendant plusieurs siècles. Cette plante parasite, qui, pendant quelques années, pla- cée sur la branche d'un grand arbre, représente assez bien, par sa masse arrondie, notre gui, devient, au moyen de la soudure des longues racines aériennes dont je viens déparier, , ( 75 ) un arbre du premier ordre. En cet état, on est presque tou- jours certain que son noyau est formé par le grand arbre sur lequel elle a d'abord vécu , qu'elle a orné de ses belles et grandes fleurs rosées , de ses fruits étoiles , lorsqu'ils sont ou- verts, et des graines couleur de feu qu'ils contiennent. Lorsque j'habitais l'île de la Tortue, près Saint-Domingue, où j'étais allé pour y étudier la végétation, je fus témoin du fait suivant : M. de Labatu, propriétaire de 1 île , et chez le- quel je demeurais, avait devant sa porte un clusier rose d'une grosseur et d'une beauté prodigieuses; cet arbre , qu'un curieux aurait payé au poids de l'or, fut condamné a être coupé , parce qu'il donnait trop d'ombrage et qu'il attirait un grand nombre d'insectes. Les nègres charpentiers, après avoir enfoncé leurs cognées dans le bois blanc, tendre et po- reux du clusier, furent tout à coup étonnés d'éprouver une grande résistance : au centre se trouvait, sans qu'il soit pos- sible de dire depuis combien d'années, un très- gros acajou moucheté (swietenia mahogoni), que M. de Labatu fit débiter, et qui se trouva dune très-bonne et belle qualité. TABLEAU IV. Tubercules , bulbes, hampes , chaumes, troncs, stipes. i. cyclamen oV Europe (cyclamen Europœum, Lin.). Cette masse charnue, homogène, à laquelle les botanistes ont donné le nom de tubercule, et qu'on nomme vulgaire- ment pain de pourceau, dans la plante dont il s'agit, est une tige raccourcie et déprimée : les racines sont situées sur les côtés de la partie inférieure \ l'assemblage de feuilles et de fleurs que Ton voit au-dessus, est le produit d'un bourgeon tout à fait semblable à celui que forme l'assemblage des tu- niques placées sur le plateau de l'oignon (voyez la fig. 2). 2. oignon (allium cepa 3 Lin.). Racine bulbeuse, timi- quée. L'oignon consiste en un gros bourgeon dont les pre- mières feuilles a base charnue, formant gaine, et se recou- vrant les unes les autres, naissent du sommet conique d'une tige réduite à l'état rudimentaire, tronquée inférieurement, et laissant échapper latéralement des racines. Cette tige, indiquée par la lettre a, est analogue à la masse charnue re- présentée dans la figure précédente. ( -fi) 3. lis hîanc (lilium candidum , Lin.). Racine bulbeuse, écailleuse. Cette prétendue racine n'est qu'une modification compliquée de la précédente structure; elle offre, comme elle, une tige rudimentaire, tronquée inférieurement, et donnant naissance a des racines latérales; mais au lieu d'un petit nombre de bourgeons latéraux, renfermés tous ensemble dans des gaines pétiolaires, celle-ci en produit un grand nombre libres entre eux et placés les uns au-dessus des autres , comme les tuiles d'un toit. La lettre a indique la partie infé- rieure de la tige. 4- BÀNÂWîBBjfS^we ( musa sapientum , Lin. ). Cette figure représente ce que les botanistes ont désigné sous le nom de hampe. Cette bampe, qui n'est autre chose qu'un pédoncule ou un rameau florifère, tout à fait semblable au support des fleurs de la jacinthe ou de toute autre liliacée, est naturel- lement renfermée au centre d'un oignon colomniforme , que l'on a quelquefois, faute d'attention, pris pour une tige. Nous avons enlevé à dessein cette fausse tige produite par l'enroulement des gaines pétiolaires des feuilles, afin de bien faire connaître la véritable structure de ce végétal et son ana- logie complette avec l'oignon : comme, dans celui-ci, on voit, en a, la tige convexe, supérieurement tronquée, et portant des racines latérales inférieurement; en b7 les bases pétiolaires des feuilles (tuniques de l'oignon), et enfin la hampe (rameau florifère), sur laquelle on distingue une feuille rudimentaire, des fruits; et, en c, un bourgeon (popote des créoles) contenant, sous chacune des grandes écailles colorées qui le composent, de petits rameaux flori- fères. La hampe est un rameau terminal ou le plus souvent axil- laire, uniflore ou multiflore, qui se développe sur les plantes dont la tige principale est déprimée et, pour ainsi dire, cachée sous la terre : l'oignon et le pissenlit en offrent des exemples. Ces sortes de rameaux sont remarquables, en ce que ieur premier mérithalle, ou entre-nœuds, est ordinaire- ment très-long ; ce qui a fait croire a quelques botanistes que le caractère de la bampe résidait dans l'absence des feuilles; ces botanistes peu versés, sans doute, dans la phytognomie , ou connaissance des parties qui constituent le végétal en gé- néral, ignorant que, dès qu'il naît plus d'une fleur sur une hampe, elle cesse d'être uni-axifère ; que toutes les fleurs, ( 77 ) t a l'exception de la terminale, représentent des rameaux ter- minés; et que chacune d'elles émane d'un nœud-vital, qui toujours ou presque toujours est bordé par une feuille plus ou moins développée. 5. roseau à quenouille ( arundo donax , Lin. ). Chaume des botanistes. Le chaume des graminées n'est au fond qu'une vraie tige, qui ne diffère point essentiellement de celles des autres végétaux. Si on compare le chaume à une tige de dicotylédones, on voit que, comme elle, il produit à la suite de la germination, de distance en distance, des nœuds-vitaux , qui ne sont que la suite de celui qui portait les feuilles cotylédonaires ; que sur ces nœuds- vitaux, dont la disposition alterne et distique est invariable dans les gra- minées, naissent les feuilles ainsi que les bourgeons qui re- posent dans leurs aisselles ; que ces bourgeons, nuls ou pres- que nuls dans la famille des cypérées, manquent rarement dans celle des graminées; qu'ils se développent en rameaux dans un grand nombre d'espèces des climats chauds (les bambous et autres), et produisent, par ces développemens, un accroissement en grosseur dans ces végétaux. Le vide que Ton remarque dans l'axe de la tige des grami- nées est un canal médullaire dont la moelle ou tissu cellu- laire est détruit. La canne à sucre, dans laquelle cette lacune n'existe pas, fournit, ainsi que beaucoup d'autres, une preuve de ce que j'avance. La lettre a de cette figure montre les bourgeons et leur situation alterne et distique; &, quelques diaphragmes ou débris de la moelle ; c, sorte de bride, formant un nœud- vital, qui détermine la naissance d'un nouvel être. 6. chêne commun (quercus robur y Lin.). Tronc d'une dicotylédone, ou plante a deux feuilles cotylédonaires. 7. Cette figure représente une plante monocotylédone , étroitement embrassée par une dicotylédone qui lui forme une sorte de manteau : la première, qu'on distingue en b , est le tronc ou plus exactement le stipe d'un palmier (areca oleracea. Lin.) portant au sommet le commencement d'une colonne verte (dite chou), sorte de bourgeon tout à l'ait semblable à celui de la fausse tige des bananiers , et offrant , à la base de cette colonne , un rameau spathellé et multiflore , c , ( spadix ) , qui était d'abord contenu dans une spathe. La liane ou plante volubile qui entoure ce palmier, et qui est (78) distinguée par la lettre a, est une espèce de bauhinia dont les tiges et les rameaux se sont entregreffés de manière à former un fourreau fenêtre. Si les palmiers acquièrent peu de grosseur, depuis l'ins- tant où leur tronc commence a s'élever au-dessus du sol, ne doit-on pas en attribuer la cause a 1 av.ortement des bour- geons dans l'aisselle des feuilles? Suivant l'ingénieuse théorie de M. Aubert du Petit Thouars, ces bourgeons ne se déve- loppant point en branches dans l'atmosphère, ne peuvent, par cette raison, rien produire de leur partie inférieure pour contribuer à l'augmentation du tronc en grosseur. Nous avons été témoins , M . Poiteau et moi , que de jeunes chou-palmiers (arec a oleracea. Lin.), plantés en allée sur l'une des places de la ville du Cap (île Saint-Domingue), d'abord gros comme la jambe, avaient acquis, au bout de quatre ans, un tiers de plus en grosseur. On doit conclure de cette observation qu'a la vérité les palmiers acquièrent moins en diamètre que les plantes dico- tylédones , mais que c'est une erreur de dire qu'ils ne grossis- sent point , et d'en faire un caractère de cet ordre de végétaux. 8. pteris aigle impérial (pteris aquilina, Lin.). Tige horizontale, écailleuse, terminée par un bourgeon roulé en volute, et donnant naissance a des feuilles alternes, qui se redressent par l'effet de la végétation, ainsi qu'à des racines situées sous chaque feuille. 9. aarcisse des poètes ( narcissus poeticus , Lin. ). Coupe verticale d'une racine bulbeuse, tuniquée, dans laquelle on distingue, eu a, la tige; en &, la troncature de la partie principale de la racine ou du pivot; en c, les racines laté- rales ou suppléantes, et, en d} la hampe ou rameau flo- rifère. TABLEAU IV {bis). Fig. 1 et 2 , végétaux composés ou appendiculaires , isolés de la terre et dépouillés de leurs organes appendiculaires. On a eu l'intention , en représentant ces figures , de faire connaître , en a , la ligne médiane ou point d'union des deux systèmes d'organes dont se composent la majeure partie des végétaux; b7 système inférieur ou terrestre; c, système supérieur ou aérien. La lig. 1 offre un végétal dans sa situa- tion naturelle; la fig. 2 présente le même dans une situa- (79) tion contraire, afin de mettre en rapport la ligne médiane et les deux systèmes des végétaux avec ceux des animaux. Les fig. 3,4? 5 ? 6 et 7 offrent des exemples de végétaux simples ou axifères, et les fig. 8 et 9 monjrent, la première, le tissu primitif ou cellulaire des végétaux simples ou axi- fères, et l'autre le tissu cellulaire-vasculaire des végétaux composés ou appendiculaires. 3. sclerotium semai ( Pers. ) : a, commençant a se for- mer; b, développés et de grandeur naturelle; c, système supérieur, formant ce végétal tout entier; d, système infé- rieur presque nul; e7 coupe verticale pour faire voir que ces végétaux, qui se reproduisent immédiatement de la ma- tière en décomposition , n'ont point encore de corps repro- ducteurs. 4. tremella. Espèce nouvelle de Saint-Domingue. 5. torula fructigena (Pers.) : «, portion d'épiderme détachée d'une poire gâtée, sur laquelle on voit Un grand nombre d'individus réunis en houpe; b, pore épidermique par lequel la matière du fruit est sortie pour se réorganiser; c, individus articulés ou plutôt composés d'un certain nom- bre de cellules placées bout a bout; d, quelques-uns de ces individus grossis et dont les cellules se désarticulent \ 6. AGARicus cyaiieus (Bull.) : a, axe ou tliallus; 6,con- ceptacles des corps reproducteurs; c, lames séminifères. 7. gigartika articulata ( Lam\ ) , fucus articulatus : a, système inférieur réduit a un simple épatement. suite du TABLEAU IV (bis). Dans ce tableau, comme son titre l'annonce, on a désiré, 1 Ces vaisseaux composés (Fune suite de cellules posées bout à bout , auxquels on a donné le nom de vaisseaux en chapelet (Tabl. 1, fîg. i3), étant isolés de la masse organique d'W végétal, représentent exactement tous ces petits végétaux, en quelque sorte élémentaires, moniliformes, ou bien encore les poiis c!o. sonnés, qui forment certains stigmates plu- nieux, et, en général, tous ceux également cloisonnés, qui s'échappent de toutes les parties de la surface épidermique du système aérien (voyez Tabl. v, fig. 3, et Tabl. acxii, fig. 5, b). Je pense que tous ces peti.s êtres sont totalement privés de la faculté de se reproduire par eux-mêmes, et que les cellules qui les composent, en se détachant les unes des autres, ne sont pas plus susceptibles de don- ner naissance à un nouvel être, que celles, par exemple, que Ton isolerait de la masse organique d\in végétal plus composé. Une cellule qui a reçu tout sou développement ne peut plus que se désorganiser. (8o) par les fig. i , 2 , 3 et 4, fixer les idées sur les nœuds-vitaux des systèmes aérien et terrestre des végétaux appendiculaires, faire en même temps connaître les divers modes qu'ils offrent constamment dans leurs situations relatives, et, par les fig. 5, 6, 7 et 8, démontrer quelques-unes des modifications que présentent dans leurs developpemens les embryons-fixes qui en émanent, et qui, comme l'on sait déjà, constituent le deuxième moyen de reproduction des végétaux composés ou appendiculaires. 1. Nœuds-vitaux alternes, distiques : a, nœud-vital; Z>, bases engainantes des feuilles, bordant les nœuds-vitaux; c, embryon-fixe. 2. Idem. Alternes en spirale : a, nœuds-vitaux; b, em- bryons-fixes. 3. Idem. Opposés par couple : a, nœuds-vitaux; 6, em- bryons-fixes. 4. Nœuds-vitaux du système inférieur ou terrestre, tou- jours alternes en spirale : a , nœuds-vitaux ; b , légers appen- dices ou feuilles rudimentaires que l'on aperçoit seulement sur les racines qui se gorgent de suc et de substance ami lacée ; c, pores corticaux; c', pédicule ou partie de la racine dans laquelle l'engorgement n'a point eu lieu. 5. a , Tige ou axe ; b , canal médullaire et moelle dans un état de désorganisation : ce qui prouve Ta , comme partout ailleurs, que, dans les végétaux, la vie se réfugie et se con- centre dans le tube extérieur, qui seul tend, sans cesse, a se réparer lorsqu'on le désorganise ; c, nœuds-vitaux excessive- ment rapprochés vers cette partie terminale de l'axe, et dis- posés alternativement en spirale (alvéoles); d, feuilles rudimentaires bordant les nœuds-vitaux; e, rameaux flori- fères émanant d'un nœud- vital et de l'aisselle des feuilles rudimentaires. 6. a, Premier axe de cette figure; a, second axe fai- sant partie de l'embryon-fixe, développé en scion allongé; Z>, nœuds-vitaux qui ont servi de conceptacles aux em- bryons-fixes ; c, feuilles dépendant du premier axe ; c', feuilles rudimentaires, écailleuses, ou cotylédons des embryons- fixes; c", feuilles développées de l'embryon-fixe, devenu un second axe ou second degré de végétation. 7. « , Premier axe de cette figure; a, second axe ou em- bryon-fixe dépourvu d'organes appendiculaires et développé ( 8i ) en scion avorté; 6, nœud-vital; c, feuille dépendant du pre- mier axe et bordant le nœud-vital; c\ stipules ou feuilles supplémentaires. 8. a. Premier axe de cette figure; a\ second axe ou em- bryon-fixe florifère, scion terminé par l'organe stigmatique en a'; Z>, nœud- vital qui a servi de conceptacle à l'embryon- fixe dont nous venons de parler; c, feuille et stipule dépen- dant du premier axe ; c', feuilles réduites, avec lesquelles on compose les calices ; c", feuilles réduites et pétalées qui ser- vent à former les corolles; e, parties entièrement analogues a celles dont nous venons de parler, mais qui donnent nais- sance, à leur sommet, a des boîtes anthériîeres. TABLEAU V. Pores , poils , glandes , suçoirs , aiguillons , épines , vrilles , bourgeons , exostoses. i . lavande à large s feuille s (Javandula lat{folia,ÏÀa.). Portion d'épiderme, vue au microscope, sur laquelle on dis- tingue, en a, les glandes miliaires percées d'un pore; en &, des poils rameux produits par expansion de l'épiderme. 2. Poils simples. 3. Poils comme articulés, moniliformes , cloisonés, com- posés de plusieurs cellules posées bout à bout. 4- croton cascarille (croton cascarilla. Lin.). Poils étoiles ou fascicules. 5. croton péuicellé (croton penicillatum , Vent.). Poils rameux _, terminés par des glandes visqueuses. Obs. Les poils, au sommet desquels on voit presque tou- jours une gouttelette de liqueur, annoncent qu'ils ne sont, comme les glandes, que le bord d'un pore qui s'allonge en poil ou s'épaissit en glande. Quelques plantes de cette famille, les euphorbiacées , telles que les glochidions , pré- sentent, principalement sur la face inférieure de leurs feuilles , un grand nombre de petites plaques peltées , fim- brillées en leurs bords, percées d'un pore au centre, qiù ne sont autre chose qu'un commencement ou l'ébauche des poils étoiles (fig. 4)« 6. mimosa. Glande cupulaire, sessile, ( 82 ) 7. inga ailé (inga ver a, Willd.). Glande cupulaire, stipitée, au sommet de laquelle on remarque une goutte de liqueur. 8. casse à grandes fleurs (cassia grandiflora). Glande conique. 9. cuscute à petites fleurs (discuta minor, Bauh. ; dis- cuta Europœa, Lin.) : a1 suçoirs. Obs. Ces organes , dont la forme et la situation , dans les cuscutes, rappellent parfaitement les ventouses placées le long des bras ou tentacules des poulpes et des seiches , ont beaucoup de rapports avec les glandes : comme celles-ci , les suçoirs présentent dans leur centre une bouche ou un pore ; mais ils diffèrent des glandes en ce qu'ils sont aspirans et doués d'une forte succion , que leur bourrelet est une spon- giole qui représente l'extrémité d'une racine très-raccourcie, et qu'au lieu de servir a jeter au dehors l'excédent des fluides du végétal, comme le font la plupart des glandes, des poils et des pores , ils absorbent au contraire ceux destinés a son entretien. 10. palmier cro-cro (bactris major). Aiguillon détaché du tronc ou stipe. Ces aiguillons sont noirs, luisans et très- durs : les pétioles communs et les spathes de ce végétal en sont également pourvus. Obs. M. Desvaux, dans un opuscule très-remarquable (Nomologie botanique), paraît ignorer qu'une plante mo- nocotylédone peut donner naissance a des aiguillons, puis- qu'il énonce ainsi sa dix-neuvième loi : « Toute plante ou arbre pourvu d'aiguillons est dicotjlédone. » L'auteur, n'ayant point voyagé dans la patrie des palmiers, pouvait bien ne point connaître l'existence des aiguillons dont un assez grand nombre de ces végétaux sont armés ; mais il ne pouvait en être de même de ceux que présentent les smilax. 1 1. p,ose de chien (rosa canina. Lin.). Aiguillons cau- linaires, réfléchis. On en a détaché un, afin de faire con- naître que ces organes n'adhèrent qu'a l'épiderme, dont ils ne sont qu'une simple expansion, dans laquelle abonde le tissu cellulaire. 12. zanthoxtlum à gros aiguillons ( zanthojcjlum cla- \>a-herculis, Lin.). Aiguillon caulinaire, conique. i3. bqmbax. ceiba, Lin. Aiguillon caulinaire, conique, réfléchi. (83 ) i4- sablier élastique (hitra crepitans , Lin.)* Aiguil- lons caulinaires, coniques, légèrement réfléchis, à base élargie. r i5. néflier aubépine (mespilus oxyacantlia , Lin.). Epine simple, cauiinaire et axillaire. Dans ce cas, elle est un rameau avorté. , 16. févier à grosses épines (gleditsia ferox, Lin.). Epine rameuse, cauiinaire. 1 7 . cactus mêlocacte (cactus melocactus , Lin.). Epines fasciculées, caulinaires. Obs. il est presque impossible de décider si les piquans des cactes sont des aiguillons ou des épines. C'est ainsi que tous les organes des êtres vivans, étudiés comparativement , se trouvent liés par des nuances insensibles, et qu'ils re- poussent toutes les définitions que nous cherchons à leur appliquer. Je ne puis m'empêcher de transcrire ici une très-courte observation de M. Mirbel, et qui renferme, en quelque sorte, toute la science philosophique des végétaux : « Il n'y a pas de limite bien certaine entre les épines et les aiguil- lons, il n'y en a pas davantage entre les aiguillons et les poils. Les nuances infinies qui, dans tout le règne végétal, unissent les différens organes , contrarient sans cesse la ri- gueur de nos définitions : c'est ce qu'il faut bien entendre pour ne pas être la dupe des livres. » Ce principe, appliqué seulement ici à la science des végé- taux, prouve combien l'auteur, dégagé de tout ce qui vient des hommes, a observé et profondément médité son sujet dans la nature même, et combien il sent qu'il n'est d'autre étude digne du penseur, que celle qui a pour but la connais- sance des analogies, connaissance qui tend à rattacher sans cesse les parties au tout. Ce grand principe fondamental, auquel la nature toute entière est soumise, repousse et détruit toutes nos distinc- tions de bon et de méchant au moral, de long et de court au physique, dès que sérieusement nous voulons remplir, par les innombrables modifications, l'espace qui sépare ces extrémités. 18. cyprès chauve (cupressus disticha , Lin.; schubertia disticha , Mirb. ; taxodium distichum7 Rich.). Exostose radicale, pyramidale. (84) Obs. L'exostose peut se développer sur toute la partie ligneuse des végétaux ; elle a quelques rapports avec l'épine : comme celle-ci, elle est une dépendance du tissu ligneux, qui, pour les former Yime et l'autre, semble saillir et se replier. 1 9. noBimA.faujc acacia ( robinia pseudo-acacia , Lin . ) . Epines stipuléennes, biparties, latérales, 20. groseillier à maquereau (ribes uva-crispa , Lin.). Epines stipuléennes, triparties, inferaxillaires. Obs. On a eu tort d'assimiler les piquans de quelques espèces de groseilliers aux stipules endurcies et spinescentes du robinia faux acacia : l'analogie et la situation relative de celles-ci nous prouvent qu'en effet ces organes ne sont rien autre chose ; mais il n'en est pas de même dans les groseilliers , dont le plus grand nombre des espèces qui composent ce genre sont dépourvues de stipules : leurs piquans sont tout simplement des expansions, sortes d'exostoses qui, par leur situation, ne peuvent être ni des feuilles ni des stipules, mais seulement des parties proéminentes et dépendantes des nœuds-vitaux. Il faut encore prendre garde de confondre, comme on le fait dans d'excellens ouvrages, ces productions, le plus souvent trifides , avec les piquans des épines-vinettes , qui sont de vraies feuilles spinescentes, molles et vertes dans leur jeunesse, élargies, munies de nervures médianes et à bords roulés en dessous dans quelques espèces. Une seule observation suffira pour démontrer que les piquans des gro- seilliers et ceux des vinetiers n'ont aucune analogie, malgré leur grande ressemblance de forme et de situation apparente. Guidé par cette grande loi qui assujétit la presque totalité des organes appendiculaires à la situation alterne dans le sens longitudinal des tiges, il sera très-facile de s'apercevoir, en comparant la situation relative des épines des deux plantes dont il vient d'être question , qu'elles n'ont aucun point de ressemblance. Dans le groseillier, immédiatement au-dessus et opposé à l'épine simple ou trifide, paraît la vraie feuille, celle qui dépend du même axe qui produit le piquant, et celle en même temps qui représente rigoureusement la feuille spinescente des vinetiers. Si, partant de ces deux sortes de feuilles, dont 1 une est laminée et lobée, tandis que l'autre est réduite à la nervure médiane endurcie, nous exa- minons les bourgeons ou embryons-fixes placés à l'aisselle (85) de chacune d'elles, nous verrons que, dans l'un et l'autre; les feuilles les plus inférieures de ces bourgeons ont une situa- tion latérale, relativement aux feuilles dans l'aisselle des- quelles ils sont nés. Une autre considération qui me paraît Lien importante et qui en même temps vient a L'appui de la différence que je viens d'établir entre deux parties qui n'ont rien de commun , est quelespiquans des groseilliers, qui n'ont point d'analogue dans les vinetiers, de trifides qu'ils sont vers la base des rameaux, se simplifient a mesure qu'ils s'élèvent vers le sommet, où enfin on les voit disparaître entièrement de la base des feuilles, qui continuent de se développer sans cet appendice inutile. Il n'en est pas de même a l'égard de la feuille spinescente des vinetiers : comme organe plus important, elle ne dispa- raît point de cette manière, et c'est au contraire au sommet des rameaux qu'il faut aller étudier sa véritable forme et ses véritables fonctions» 2 x . vigne cultivée ( vitis vinifera , Lin. ). Vrille ou cirrhe oppositifoliée, pédonculéenne, nmltifîde. Obs. Les vrilles représentent toujours, sous l'état nidi- mentaire ou d'avortement , d'autres organes plus développés : c'est ainsi que le pétiole commun de quelques papilionacées et le cobœa scandons, les stipules des smilajc et les bour- geons axiliaires des passiflores, se convertissent en ces sortes d'organes filiformes, simples ou rameux, et plus ou moins susceptibles de se rouler autour des corps voisins. Il s'en trouve qui sont munis de suçoirs semblables a ceux que l'on remarque sur les tiges des cuscutes, 22 . pteius aigle impérial (pteris aquiliim , Lin.). Feuille très-jeune roulée en crosse, et recouverte d'écaillés imbri- quées. 23. chou-palmier (areca oleracea , Jacq.). Cette figure, où les folioles, pliées à la manière d'un éventail, contrastent avec celles de la figure précédente, représente une jeune feuille de palmier, celle qui occupe toujours le centre de l'ample faisceau qui couronne si majestueusement le stipe de ces végétaux, et à laquelle on donne le nom de flèche. 24. poiiueh. commun (pjrus commuais , Lin.). Bourgeon écailleux. 25 . m agnolier à grandes fleur 's (magnolia grandiflora\ Bourgeon enveloppé par deux stipules soudées* (86) 26. platane d'Orient (platanus Orientalis , Lin. ). Por- tion de branche représentant un nœud- vital entièrement en- touré ou bordé par la base du pétiole de la feuille, dans l'intérieur duquel est né le bourgeon. Le virgilia lutea, Mich\ , Arb. , offre également des bourgeons renfermés, pen- dant quelque temps, dans l'intérieur delà base renflée du pétiole. Obs. Dans mon mémoire ayant pour titre : De V inflores- cence des graminées et des cjpérées , comparée avec celle des autres végétaux sexifères, etc., lu à l'académie des sciences en sa séance du 19 avril 181 9 % j'ai fait connaître que la disposition de la première écaille des bourgeons , c'est- à-dire de récaille la plus extérieure, présentait constamment trois modes distincts; savoir : i°. E caille ou feuille rudimentaire , extérieure , inter- posée entre le bourgeon qui la porte et la tige de la plante à laquelle elle s'adosse. Toutes les plantes înonocotylédones présentent ce premier mode. 20. Ecailles extérieures , latérales. Elles peuvent être dans cette disposition alternes ou opposées , quelquefois sou- dées par leur base. Le plus grand nombre des végétaux dicotylédons sont soumis à celui-ci. 3°. Ecaille extérieure , regardant le pétiole de lafeuille, dans Vaisselle de laquelle est né le bourgeon. Ce troisième mode, dont le caractère est diamétralement opposé a celui que présente le premier, est propre à beau- coup à'amentacées, peut-être à toutes. Dans les saules, cette première écaille enveloppe la totalité du bourgeon, et contraste plus tard dune manière remarquable, par sa cou- leur brune et lisse, avec les écailles plus intérieures, qui sont soyeuses et d'un blanc argenté. Obs. Ces trois modes existent dans la nature tels que je viens de l'énoncer : les caractères qu'ils présentent sont cons- tans et peuvent être bons comme objets de signalement, et servir avec avantage dans les distinctions que nous avons besoin de faire dans l'étude des êtres; mais, il faut l'avouer, ces caractères contrarient l'une des plus grandes lois de la végétation, et cachent en même temps une vérité philoso- 1 Me'm. du Mus. d'hist. nat.* tom. ▼. (»7 ) phique qui serait bientôt dévoilée, si je ne me faisais moi- même un devoir de faire connaître que les écailles extérieures des premier et troisième modes, toujours bicarénées, ne sont que le produit de deux écailles latérales, soudées en leurs bords intérieurs dans les monocotylédones , et à l'extérieur dans les amentacées : de sorte qu'il faut en conclure que ces écailles, en redevenant latérales , et conséquemment alternes , rentrent dans le second de ces modes, et restent d'accord avec la disposition alterne des feuilles dans le sens longitu- dinal des tiges, et qu'elles se conforment dès lors aux vœux de cette grande loi dont nous avons parlé plus haut. TABLEAU VI. ORGANES APPENDICULAIRES. Feuilles. Ces organes, ordinairement laminés, servent d'abord h protéger l'enfance des rameaux et des fleurs qu'ils contien- nent dans leur aisselle, et ensuite à pomper dans l'atmo- sphère les fluides nécessaires a l'entretien du végétal, dont ils sont en même temps la parure la plus durable. Le caractère essentiel de la feuille, comme organe appen- diculaire, et que personne n'a encore présenté, consiste dans sa situation relative sur l'axe du végétal. Ainsi, toute partie qui n'appartient point au rameau-fleur, le plus sou- vent articulaire; quelles que soient ses dimensions, sa forme, sa figure et sa consistance; qui borde la partie extérieure d'un nœud-vital, est une feuille. Les feuilles remplissant dans l'air les mêmes fonctions que le chevelu dans le sein de la terre, on peut dire de celui-ci qu'il forme des feuilles souterraines, et de celles-là qu'elles sont des racines aériennes : toutefois, il est utile de se rap- peler que ces deux parties n'ont d'analogie que dans leurs fonctions seulement. La disposition des feuilles sur les tiges fournit des carac- tères plus importans que la présence ou l'absence de l'organe lui-même; car nous le voyous quelquefois disparaître, en allant de la base au sommet du végétal, tandis que les points d'insertion ou nœuds-vitaux, toujours bordés extérieure- <8») ment par la base de la feuille, lorsqu'elle n'est pas avortée, sont invariables dans leurs dispositions. Ils présentent trois modes; savoir, alterne en spirale, alterne distique et op- posé. Ces nœuds-vitaux sont la répétition de ceux que pro- tègent les feuilles cotylédoiiaires de l'embryon. Les nœuds-vitaux ne communiquent point avec la moelle ; ils <( Upent, au contraire, le canal médullaire en autant de compartimens , et donnent naissance aux rameaux. Ceux-ci doivent être considérés comme une suite de nou- veaux êtres dont se compose, par exemple, l'ensemble d'un grand arbre : ils ont un canal médullaire qui leur est propre , et qui ne s'abouche jamais avec celui de la tige sur laquelle ils ont pris naissance. Ils peuvent se présenter sous quatre aspects différens, je veux dire qu'ils peuvent être feuilles: auquel cas, ils contribuent a augmenter la masse commune de l'arbre; ou épineux, lorsqu'ils avortent; ou bulbifères , quand ils se montrent, a l'aisselle des feuilles de plusieurs plantes monoeotylédones, sous une forme plus ou moins spbérique '; ou enfin florifères , lorsqu'ils terminent la vé- gétation ; mais alors ils contiennent dans des cavités ova- riennes certains corps destinés à reproduire la plante-mère. Les feuilles varient infiniment par leurs dimensions , leurs figures et par leurs formes. A l'égard de leurs dimensions, on voit les feuilles passer insensiblement par tous les degrés, quand on observe successivement les soies qui accompagnent extérieurement chaque fleur dans l'inflorescence compacte des sjrnanthérées , les bases péliolaires et écailîeuses (feuilles rudimentaires ) des asperges , des fragons > des xylophjlla et des cuscutes ; enfin les feuilles des bananiers , des palmiers 1 Les rameaux bulbifères, que Ton pourrait désigner par le nom cPembryons-bulbiferes. tienuent le milieu entre les emûryons-graines et les embryons-fixes (bourgeons). Comme ceux-ci, lVmbryon-bulbifère nait d'un nœui- vital et se compose également d'un axe très-court, au- tour duquel émanent des feuilles rudimentaires, écailîeuses, charnues, sit'iées alternat iv ment et en spirale; mais il se rapproche des embryons- graines, en ce qu'il n'adhère que très-faiblement à la plante-mère; qu'il est, comme eux, destiné à s'en séparer naturellement, et à aller au loin donner naissance a un nouvel individu. Si Ton examine ces embryons-mixles dans quelques îiliacées, comme, par exemple, ceux du lis tigré [liliurn tîgrinum), on y remarquera, comme je l'ai déjà dit en parlant de la disposition des feuilles écailîeuses des bourgeons, des plantes monocoty'édones, que la plus extérieure des écailles qui composent ce bourgeon est adossée à Taxe principal de la plante. (B9 ) et de quelques espèces de magnoliers , qui ont plusieurs pieds d'étendue. Quant a leurs figures , on voit les feuilles , depuis l'état de soie dont nous venons de parler, se compliquant sans cesse, offrir d'abord une lame simple en son bord, puis dentée, sinuée, multifide, et enfin composée et articulée. Les déno- minations d'inférieure et de supérieure que l'on a données aux faces de la feuille , me paraissent vicieuses , en ce qu'elles ne s'accordent point avec la situation relative de cet organe ; celles d'extérieure et d'intérieure vaudraient mieux, puis- qu'il est vrai de dire que ce que l'on a nommé face supé- rieure, est la partie qui, dans tous les organes appendicu- la ires, s'applique contre l'axe. Disposition des feuilles. — Phyllodes , stipules. i. atropa mandragore {atropa mandrttgora , Lin.). Feuilles radicales, alternes en spirale, isolées. La tige de ces sortes de plantes ne consistant qu'en un cône, autour duquel naissent alternativement des nœuds-vitaux bordés de feuilles, on a dit, en s'arrêtant aux apparences extérieures, que ces plantes étaient acaules ou sans tige, et que conséquemment leurs feuilles étaient radicales. 2. cy très pyramidal (cupressus sempervirens , Lin.), Feuilles écailleuses, imbriquées, alternes en spirale, isolées. 3. garou {daphne gnidium, Lin.). Feuilles éparses, alternes en spirale, isolées. 4- saule hélix (salix hélix. Lin.). Feuilles alternes spiralées, isolées. 5. planera à fouilles crénelées (planera crejiata). Feuilles alternes distiques, isolées. 6. cymbidilm à fruits hérissés (cymbidium echinocar- pony Swartz.). Feuilles alternes distiques, engainantes, isolées. 7. filaria à fouilles étroites (phillyrea angustifolia , Lin.). Feuilles opposées, croisées, associées par couple. 8. latjrier-rose (nerium oleander, Lin.). Feuilles op- posées, ternées, associées par verticilie. 9. v alektia articulé (valcntia arliculata,\Àx\.). Feuilles opposées, quaternécs, associées par verticilie. (9° ) \o.ck\-LLT.i^\Tgratteron(galium aparine, Lin.). Feuilles opposées, associées verticillées. Obs. On a remarqué que , dans Vaisselle des feuilles ver- ticillées, il ne se développait que deux, rarement trois bour- geons. ii. mllÈze d'Europe {larix Europœa, pinus larix f Lin.). Feuilles fasciculées, alternes en spirale, isolées. Obs. Les feuilles fasciculées sont toujours le produit d'un rameau court et axillaire, autour de l'axe duquel se pressent et s'insèrent alternativement Tin plus ou moins grand nombre de feuilles. Ces sortes de productions que l'on remarque dans les mélèzes , dans les épine s -minette s , dans quelques espèces de peupliers , placées immédiatement au-dessus de la cicatrice produite par la feuille tombée , présentent la même composition que celle des plantes dites sans tiges (comparez les fig. 1 1 et i de ce Tableau ). 12. fragotî épineux (ruscus aculeatus. Lin.). Tronçon de tige présentant, en «, une feuille réduite a l'état rudi- mentaire, et, enbt un phrllode ou rameau aplati, foliacé, florifère. Obs. Quelques espèces de ce genre produisent, dans l'ais- selle de leurs feuilles rudimentaires, de grands rameaux fo- liacés, qui donnent naissance, vers leur milieu et du côté intérieur, a d'autres rameaux de même forme, plus petits, et accompagnés quelquefois d'une petite foliole.; enfin, ce singulier rameau florifère, qui a beaucoup de rapport avec celui des tilleuls , se termine par quelques fleurs qui naissent chacune dans l'aisselle d'une foliole particulière. Il faut bien se garder de confondre certains rameaux avec les feuilles : celles-ci, lorsqu'elles existent, sont toujours placées sur la partie la plus extérieure d'un nœud-vital ; et si , entre elles et la tige, quelque chose se développe , c'est toujours un bour- geon qui devient un rameau feuille ou florifère. Dans ce dernier cas, il peut être uniflore ou multiflore. Les asperges, les xylophylla, les phjllantlius , le genre pachjnema de Rob. Brown, ne produisent que des feuilles rudimentaires, dans l'aisselle desquelles naissent des rameaux plus ou moins foliacés, que l'on prend à tort pour la feuille elle-même. Pareille erreur aurait été commise a l'égard du tilleul: si les grandes feuilles cordiformes, que noua Jui connaissons, (90 étaient réduites a une simple écaille, point de doute que la partie foliacée du rameau florifère, restant seule apparente, n'eût reçu, des botanistes, le nom de feuille. Stipules. i3. aubépine (mespilus oxyacantha , Lin.). Stipules caulinaires, foliacées, auriculaires, semi-lunulées, nervées et dentées. i/f- méltànthus à larges feuille s (melianthus major. Lin.). Stipules caulinaires, subulées. i5. gesse à larges feuilles (lathyrus latifolius , Lin.). Stipules caulinaires, foliacées, semi-sagittées, nervées, a bord entier. 16. rose h cent feuilles (rosa centifolia, Lin.). Sti- pules pétiolaires, marginales, innervées et dentées. 1 7 . PERhf caire amphibie (polygonum amphibium, Lin.). Stipules pétiolaires, engainantes ou vaginantes, ou tubu- leuses, à bord entier. Obs. Il est aisé de voir qu'en soudant les bords des stipules de la fig. 16 , on obtient le tube de la fig. 1 7 . C'est ainsi que la nature, dans la formation des êtres, se modifie sans cesse, et qu'en les compliquant elle ne fait qu'ajouter quelque chose de plus aux formes précédentes. Les stipules caulinaires sont des feuilles distinctes, ré- duites à Fétat rudimentaire : elles indiquent sur les végé- taux où elles se rencontrent une sorte de disposition à l'ordre ternaire lorsque les feuilles qu'elles accompagnent sont alternes, et à l'ordre verticillé lorsque, comme dans les rubiacées ligneuses, ces dernières sont opposées. Les stipules pétiolaires sont une dépendance de la feuille et peuvent être considérées comme des pennuies. Les prétendues stipules des rubiacées à feuilles opposées trouveront leur place parmi les feuilles. TABLEAU VIL Feuilles. 1. café d'Arabie (ccffea Arabica, Lin.). Tronçon de tige sur lequel on voit la base des pétioles des deux grandes (9* ) feuilles opposées, et, en a, deux autres feuilles rudimen- taires confondues avec les stipules. Obs. Cette disposition quaternaire s'accorde parfaitement avec celle verticillée que l'on observe dans un grand nombre de plantes de cette famille, telles que les galium, les va- lantia, etc., etc. 2. pachynema complcinatum , Rob. Brown (famille des dilléniacées). Tronçon de tige sur lequel on voit une feuille rudimentaire, dans l'aisselle de laquelle est né un nouveau rameau : a, feuille ; b, nervure médiane se prolongeant en un éperon dorsal. Obs. Ce même prolongement, qui paraît propre a un grand nombre de feuilles réduites à la base du pétiole, et même aux folioles de plusieurs calices des mélastomées , est ce qui produit, dans les bractées des graminées, les soies ou arêtes plus ou moins longues que Ton y remarque quelquefois. 3. cuscute d'Europe {discuta Europœa, L*;i. ; cuscuta minor, D C). Rameau terminal portant des feuilles rudi- mentaires, en ay dans l'aisselle desquelles naissent d'autres rameaux, qui, a leur tour, développent d'autres feuilles. 4- genévrier commun {juniperus communes. Lin.). Feuille subulée. 5. if commun (tcucus baccata. Lin.). Feuille linéaire. 6. oignon gallium cepa, Lin.). Feuille cylindrique, fistuleuse. 7. misjlambe (l'm germanica, Lin.). Feuille distique, engainante, ensiforme, comprimée. 8. acacie à longues feuilles {acacia longifoliafWi\\à.). Feuille comprimée, ensiforme. Obs. C'est encore une feuille rudimentaire, réduite au pétiole commun. Cet acacia et quelques autres espèces du même genre portent, dans leur enfance, des feuilles compo- sées, articulées; mais, à mesure que ces plantes croissent, elles perdent successivement leurs folioles et leurs pétioles secondaires. Réduites au pétiole commun, qui pour lors se dilate en sens contraire des feuilles, elles ont été prises pour des feuilles simples par des observateurs superficiels. La lettre a désigne une glande pétiolaire. 9. roseau à quenouille {aruudo donajc, Lin.). Feuille rubanaire (Mirb. ), pétiole engainant, ouvert d'un côté : a y gaine ; b, ligule j c, lame. <93> i o. othonna spatule (othonna chcirifolia, Lin.)- Feuille spatulée. ii. FicoÏDE deltoïde (mesembiyanthemum deltoïdes, Lin.). Feuille charnue, deltoïde, dentée. 12. saule hélix (salix hélix. Lin. ). Feuille lancéolée, dentée. 1 3. plaqueminier lotos (diospyros lotus, Lin. ). Feuille ovale, acuminée. i4- mélastome rameux {melastoma racemosa, Humb. et Bonpl.). Feuille obovale, trinervée, ciliée. i5, mélastome tomenteux ( melastoma tomentosa , Humb. et Bonpl.). Feuille ovale, acuminée, quintupliner- vée , à bord entier. 16. tamne commun (tamnus commuais , Lin.) : sceau de Notre-Dame. Feuille cordiforme, acuminée. 17. pontederia à feuille s en cœur {pontederia cor- data). Feuille cordiforme, obtuse, à nervure parallèle. 1 8. tussilage odorant (tussilago j ragrans, Lin.). Feuille réniforme, crénelée. TABLEAU VIII. Feuilles. 1 . saxifrage à feuilles rondes ( saxifraga rotundifolia , Lin.). Feuille réniforme, lobée., ciliée. 2. nénuphar blanc {njmphœa alba. Lin.). Feuille cor- diforme, obtuse. 3. nelumbo lutea, nymphœa nelumbo, Lin. Feuille en entonnoir, concave, érodée. 4. châtaigne d'eau (trapa natans, Lin.). Feuille qua- drangulaire, un peu losangée , dentée : a, pétiole renflé, vé- siculeux. 5. hydrogeton fenestràlis , Pers.; ouvirandra fenes- tralis, Mirb. Feuille obovale, émarginée au sommet, mul- tiplinervée, veinée transversalement, cancellée, percée a jour. Obs. Cette feuille est naturellement réduite au seul sys- tème vasculaire, par défaut de parenchyme ou tissu cellu- laire entre les mailles du réseau. 6. coreopsis ailé (coreopsis alata, Cavan. le. ). Feuille ( 94 ) opposée, décurrente, lancéolée, dentelée : a, sortes d'ailes produites par le prolongement des marges des feuilles sur la tige. 7. claudée élégante (claudea elegans , Lamx.). Feuille falciforme, unilatérale, percée a jour : a1 fructification. Obs. Je soupçonne que cette jolie plante marine, trouvée par Péron sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, où elle avait été jetée, n'est pas dans son état naturel, et que le tissu cellulaire en a été enlevé par la tourmente des eaux. 8. campanule perfolièe ( campanulata pcrfoliata , Lin. ; campanulata amplexicaulis , Mich\). Feuille cordiforme , sessile, amplexicaule. dentelée. 9. hydrocotyle, écuelle d'eau [hydrocotyle vulgaris, Lin.). Feuille orbiculaire, peltée, lobée et crénelée. 1 o. chèvre-feuille des jardins ( lonicera caprifolium , Lin.). Feuille elliptique, opposée, conjointe. t 1 . buplevre à feuilles rondes ( buplevrum rotundifo- lium, Lin.). Feuille ovale-aiguë, perfoliée. 12. bégone odorante {bégonia suaveolens, Desf.). Feuille oblique, cordiforme, sinuolée. 1 3. adiatstum à feuilles en trapèze (adiantum trapezi- forme, Lin. ). Feuille trapéziforme 7 marge fructifère. TABLEAU IX. Feuilles. 1 . rumex d? Abyssinie (rurnejc Abyssinicus r Jacq. Hort. ; rumex arifolius , Lin.). Feuille hastée. 2. fléchiere aquatique (sagittaria sagittifolia , Lin.). Feuille sagittée. 3. tulipier de Virginie (liriodendrum tulipifera , Lin.). Feuille quadrilobée, tronquée : a? sommet; b: parties la- térales. 4- chêne commun (quercus robury Lin. ). Feuille oblon- gue, sinuée. 5. comptonia à feuilles d'asplenium {comptonia asple- nifolia, H. R.). Feuille allongée, pennatilobée. 6. chicorée sauvage {cichorium intybus7 Lin.). Feuille runcinée. (95) fj. érysimum à feuilles en lyre (érysimum barbarea, Lin.). Feuille lyrée. 8. artichaut commun (cinara scolymus , Lin.). Feuille lancéolée , pennatiftde, à pennule lobée. 9. aristoloche bîlobée , liane à caleçon (aristolcchia biloba, Lin.). Feuille bilobée : a, sommet; &, parties la- térales. 10. passiflore glauque (passiflora glauca y Jacq. ). Feuille tripartite, à division lancéolée, dentelée : a, glandes pétiolaires. 1 1 . passiflore bleue (passjflora cœrulea. Lin.)- Feuille quinquépartite, à division lancéolée, obtuse et entière : «, glandes pétiolaires, stipitées. TABLEAU X. Feuilles. 1. marsilea d'Egypte (marsilca JEgypliaca, Willd.). Feuille quadrifoliolée, a folioles cunéiformes, entières. Obs. C'est pour me conformer a l'usage reçu, que je con- sidère ici les feuilles de cette plante comme étant quadrifo- liées; car, quand on les observe soigneusement, on s'aper- çoit de suite que les quatre folioles qui les composent ont une disposition bijuguée, disposition qui leur donne la faculté de se rapprocher, dans le sommeil, sur elles-mêmes, comme toutes celles qui présentent cette composition. De cette observation naît une nouvelle analogie entre ces feuilles et celles du salvinia, dont les folioles sont opposées par paires. 2. gesse (lathyrus). Feuille impari-pennée, articulée, cirrhifère. Obs. Les cirrhes qui terminent les feuilles sont des par- ties de la feuille elle-même, réduites aux principales ner- vures. Dans le laihyrus odoratus (Tabl. lv ) , les feuilles de cette espèce, au lieu de celles pennées que l'on observe dans quelques autres espèces du même genre, n'offrent que deux folioles développées , et celles qui paraissent lui man- quer sont représentées par les rudimens cirrhifèies de sept autres, dont une terminale. 1 96) 3. tamarin du commerce (tamarindus Indica, Lin.). Feuille pennée, articulée, sans impaire. 4. pistache de terre (arachis hypogœa, Lin.). Feuille bijuguée, ciliée. 5. poteintille moyenne (potentilla intermedia, Lin.). Feuille digitée, septemfoliée, a folioles dentées et ciliées. 6. melianthus à larges feuilles {melianthus major , Lin.). Feuille pennée avec impaire, a pétiole commun ailé, vertébré ; à folioles dentées. 7. chou-palmier (areca oleracea. Lin.). Feuille pen- née avec impaire, a pétiole engainant : a, pétiole 5 b, fo- lioles. Obs. Si Ton conçoit que les folioles soient couchées de bas en haut contre leur axe ou support commun, de manière à former toutes ensemble une seule lame indivise, on aura une feuille de graminées. 8. doum de la Thébaide (cucifera Thebàica). Feuille palmée, en éventail, à pétiole épineux. Tx\BLEAU XL Feuilles. t. ricin commun, palma-christi (ricinus communis , Lin.). Feuille peltée, nevemlobée ou multilobée, palmée, a lobes dentés. 2. médicinier à feuilles multifides (jatropha multi- fiday Lin.). Feuille multipartie, divisions pennatifides. 3. géranium à petites fleurs {géranium parviflorum, "Willd. , Enum). Feuille septemfide, laciniée, ciliée. 4- pivoine lobée {pœouia lobata). Feuille tripartie, dé- composée. 5. oranger (citrus aurantium , Lin.). Feuille composée, articulée, unifoliolée; foliole terminale, symétrique, ellip- tique-aiguë ; pétiole marginé, oboval : a, auricules ou ap- pendices du pétiole. Obs. Cette feuille, simple en apparence, indique, par son articulation sur le pétiole, qu'elle appartient à une famille de plantes qui portent des feuilles composées et articulées : le citrus trifoliata (triphasia aurantia), plante de la même famille, en fournit un exemple. Les rosa simplicifolia ; (07 ) fragaria monophjlla , bauhinia porrecla, hedysarum ves- pertilioiiis ; les rudolphia rosea , 'volubilis et peltata , sont dans le même cas que l'oranger, c'est-à-dire que leurs feuilles ne présentent que la foliole terminale et symétrique que l'on remarque, le plus communément, au sommet des feuilles composées, dans les familles auxquelles ces piantes appartiennent. 6. courbaril diphylle (hymenœa courbaril, Lin.). Feuille composée, bifoliolée, unijuguée, articulée; folioles obliques. Obs. Nous avons vu que la feuille composée et articulée de l'oranger, comme celles de beaucoup d'autres plantes, se - compose uniquement de la foliole symétrique et terminale, et que les latérales irrégulières lui manquent : celle de \hy- menœa ne présente, au contraire, que les deux folioles laté- rales qui manquent à celle de l'oranger , et elle est dépourvue de la foliole terminale qui constitue à elle seule la composi- tion de cette dernière. 7. méxiakthe , trèfle d'eau (menyanthes trijbliata, Lin.). Feuille composée _, trifoliolée, articulée. TABLEAU XII. Feuilles. 1. poincileade élégante {peinciana pûleherrima , Lin.). Feuille composée, articulée, bipennée, pari-pennée; à fo- lioles multijuguées , sans impaire. Obs. Dans toutes les feuilles composées ou celles qui sont simplement lobées, les folioles ou les lobes latéraux sont toujours coupés obliquement, en deux parties inégales, par la nervure médiane, et présentent le plus grand côté a l'ex- térieur. 2. coréopsis a feuilles de férule (coreopsis ferulœ- folia, Jacq. H. Sch.). Feuille multifide, bipenuée, décom- posée, inarticulée; à pétiole vaginant. 3. tTi ictjlaire commune {utricularia imlgaris. Lin.). Feuille mixte, aquatile ou submergée, alterne, capillaire, rameuse, utriculée. 4. Une utricule détachée. 5. châtaigne de au {trapu natans , Lin.). Feuilles (93) mixtes y aquatiles ou submergées, opposées; nervures mé- dianes donnant naissance à un grand nombre de filamens alternes, capillaires, simples , et terminés par une spongiole : «, racines canlinaires développées, sur le nœud-vital, immé- diatement au-dessous de l'insertion des deux feuilles mixtes. Qbs. Ces sortes de feuilles mixtes et laciniées, que pro- duisent un grand nombre de plantes aquatiques, prouvent jusqu'à l'évidence que le développement des organes appen- diculaires des végétaux est entièrement subordonné aux trois milieux, la terre, l'eau et l'air, dans lesquels les diverses par- ties du végétal croissent : ceux qui nous occupent, dépen- dant de l'élément intermédiaire, et conséquemment presque réduits au tissu vasculaire, établissent un passage entre les feuilles aériennes, généralement grandes et vertes, et les ra- cines, qui, faute de lumière, sont absolument dépourvues d'organes appendiculaires. Les axes des racines, infiniment plus déliés et infiniment plus multipliés que ceux du système aérien, remplissent dans la terre, au moyen de leurs spon- gioîes, les mêmes fonctions que les feuilles dans l'air : les unes et les autres puisent la nourriture commune de l'aggré- gation dans les deux milieux différens, dans lesquels elles sont situées, et, selon les circonstances environnantes, se font des prêts réciproques, la seule chose qui établisse, par le tube vivant et ses appendices seulement , la marche de la sève. Il ne faut point chercher sur le système terrestre des végétaux d'organes que l'on puisse comparer à ceux appen- diculaires du système aérien : ceux-ci, ayant absolument besoin de la lumière pour se développer, avortent entière- ment dès que les axes en sont privés, et le chevelu, que Ton a quelquefois considéré comme étant la feuille des racines, n'est tout simplement que des axes nouvellement développés \ 1 UDe grande quantité de ces petits rameaux filiformes se dessèchent et se détachent, par troncature , des racines pendant l'hiver; le petit nombre de ceux qui persistent se développent en racines, et produisent ensuite, de leurs nœuds-vitaux, d'autres rameaux chevelus. Ce chevelu, dont le système terrestre des végétaux se dégage chaque année, repré- sente, rigoureusement, ces ramii;es, bien moins nombreuses a la vérité, qui périssent et se détachent successivement de la masse aérienne. La séparation , de la plupart des axes chevelus, de l'aggrégation com- mune , a fait croire qu'ils avaient de l'analogie avec les feuilles du système aérien, et que, comme elles, le chevelu se détachait par articulation, tandis que réellement il est un axe très-attéuué et dépourvu d'organes appendiculaires. (99) Les feuilles aquatiles, capillaires, forment, par leurs en- roulemens dans les utriculaires, des bourgeons terminaux; et ici , comme dans tous les végétaux où Ton remarque ces productions mixtes, les filamens se terminent par une spon- giole qui représente les glandules, mises a nu, que Ton observe assez généralement sur le bord des feuilles ou de leurs dentelures. Ces organes ne sont, en effet, que les feuilles aériennes de la même plante, réduites au tissu vascnlaire. Pour peu que l'on compare les deux sortes de feuilles qu'offrent les renon- cules aquatiques , on voit que leur situation relative sur la tige est la même; que le pétiole est également vaginant ; que les feuilles submergées se divisent d'abord en trois branches vasculaires, qui indiquent les principaux lobes des feuilles aériennes; et qu'ensuite ces mêmes branches se sub- divisent, comme cela a lieu dans la lame des feuilles placées au-dessus. Rien de plus commun que de rencontrer, dans les lieux aquatiques desséchés, des renoncules dont les feuilles aquatiles et capillaires, exposées a l'air, sont deve- nues vertes et laminées, en même temps que, parmi les feuilles supérieures, il en est quelques-unes qui sont en partie lobées et en partie laciniées. L'exemple le plus curieux de ces sortes de passages, entre les feuilles réduites aux nervures et les feuilles laminées, s'offre naturellement dans Yutricularia ceratophjlla. Cette jolie plante américaine présente, comme tontes ses congénères, des feuihes aquatiles, capillaires, utriculées et radicales, de l'aisselle de quelques-unes desquelles s'élèvent des hampes multiflores ; mais ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que , indépendamment des feuilles rudimentaires qui accompa- gnent chaque fleur, ces hampes portent, vers leur milieu, une collerette élégante, formée par quatre ou six feuilles verticillées, dont la structure singulière est d'être laminées dans leur partie inférieure, c'est-à-dire composées, en cette partie, des tissus cellulaire et vasculaire, tandis que la supé- rieure, réduite au tissu vasculaire, est laciniée et capillaire. 6. saiiracÈine pourpre (sarracenia purpurea, Lin.). Feuille radicale, cuculliforme, a bords soudes : <7, pétiole dilaté et formant, par la soudure de ses bords, une sorte de petite outre qui se remplit d'eau, et qui sert quelquefois à désaltérer le vovageur j b1 lame de la feuille. ( ioo ) 7. dionée, attrape-mouche {dionœa muscipula, Lin.). Feuilles radicales, eu pièges, bilobées, ciliées, irritables : a, pétiole dilaté a la manière de celui de l'oranger, a bords libres; b, lame de la feuille. 8. nepejnthes distillatoria. Feuille radicale, ascidiée (Mirb. ) : a, pétiole dilaté, à bords libres; Z>, lame de la feuille formant, par la soudure de ses bords, une espèce de vase surmonté d'un opercule, c. dont l'articulation est douée d'irritabilité. Obs. Ces trois plantes, qui croissent dans des lieux hu- mides, les deux premières dans l'Amérique septentrionale, et la troisième dans L'Inde, ne se rencontrant, à l'exemple des hommes et de quelques autres animaux, que rassemblées par tribus sur certains points, ont été nommées, a cause de cela, plantes sociétaires. En jetant les yeux sur les fig. 6, 7 et 8 de ce Tableau, on aperçoit, dans ces trois feuilles sin- gulières, des rapports d'analogie, tels que les suivans : Se composant toutes d'un pétiole et d'une lame; tous les pé- tioles, a, sont dilatés, et la seule différence que l'on re- marque entre eux, est que celui de la iig. 6 forme, par le rapprochement et la soudure de ses bords, une sorte de cornet, tandis que celui des deux autres reste plane, et que les lames, &, sont, un capuchon dans le sarraceiùa, une sorte de piège dans la dionée , et un vase élégant et operculé dans le nepentlies. TABLEAU XIII. Enveloppes accessoires des fleurs. C'est un assemblage de feuilles rudimentaires, placées dans le voisinage des fleurs, susceptibles de se colorer, par épuisement, en d'autres couleurs que la verte, naturelle aux végétaux ; alternes ou opposées, libres ou soudées, presque toujours réduites aux bases pétiolaires, qui se dilateut plus ou moins en lames , ou ne montrent simplement que la partie nervée ou tissu vasculaire des feuilles, mis à nu (voyez fig.6). Ces feuilles rudimentaires bordent, comme les autres feuilles de la plante, la partie extérieure d'un nœud-vital; elles conservent, comme elles, la même situation , et donnent ( ioi ) naissance, à leur aisselle lorsque le nœud-vital n'est pas sté- rile, à un rameau- fleur simple, ou a un rameau- fleur com- posé, c'est-a-dire multiflore. L'excessif rapprochement de ces organes vers la partie terminale des végétaux, y occasione quelquefois l'opposi- tion, malgré que les feuilles de la partie moyenne soient situées alternativement : c'est aussi a ce rapprochement, et plus encore aux avortemens de quelques-unes des parties de ces organes et aux soudures qu'ils subissent entre eux, que sont dus ces divers aspects très-variés, qui ont donné lieu aux trop nombreuses dénominations, et, ce qui est bien pis, a l'abus que Ton en a fait, en les confondant avec d'au- tres parties qui n'ont aucune analogie avec elles. C'est ainsi qu'avec l'involucre tétraphylle des euphorbes ou a fait pen- dant long-temps une corolle. Les feuilles rudimentaires qui accompagnent la fleur nue des graminées sont encore, pour le plus grand nombre des botanistes, des calices et des co- rolles, ou quelque chose d'équivalent. Dans de très-grands et très-importans ouvrages d'histoire naturelle, a peine sortis de la presse, on voit, avec étonnement, que les organes qui 3ious occupent y sont considérés comme des calices, dans la réunion cupulaire qu'ils forment au-dessous des fleurs her- maphrodites et à ovaires adhérens du châtaignier et du chêne; mais on est bien plus étonné, encore, d'y lire que ce même calice devient, après la floraison, un fruit ou péricaipe: comme si le caractère essentiel de ce dernier n'était pas d'être terminé par le stigmate. C'est encore faute d'observa- tion que Ton a, quelquefois, confondu les involucres des dipsacus et des scabieuses avec les calices propres, Les principales dénominations qu'ont fait naître les di- verses combinaisons produites par les feuilles florales sont, les bractées et bractéoles , la spathe ?, Vimolucrc et Yimo- lucelle , la cupule, le péricline , la ghime, le caficule, etc, i. chêne au kermès {quereus coccifera1 Lin.). Cupule a bord entier, triflores? Obs. Réunion cfe feuilles florales, soudées entre elles par leur base, formant une espèce de coupe qui contient les fleurs et qui persiste autour du fruit ou du péricarpe. Rien n'est plus aisé que de sentir la grande analogie qui existe entre cette enveloppe flora'e et le péricline imbriqué de la plupart des synanthérées ; car, pour peu que l'on soude, par ( 102 ) la pensée, la partie inférieure des folioles écailleuses qui composent l'involucre ou calice commun de l'artichaut (fig. 7), on aura exactement la cupule du chêne, ou, si l'on veut encore faire un autre rapprochement, on trouvera {analogue de cette cupule dans les feuilles florales, verticii- lées et soudées qu'offrent les épis mâles des casuarina et des ephedra, où ces espèces de godets multiflores, qu'elles for- ment, représentent une suite de petites cupules placées à la suite les unes des autres et comme enfilées par l'axe commun. Tout porte a croire que rinvolucre cupulifère du chêne doit contenir, comme celui du châtaignier, trois fleurs dis- tinctes; mais je n'ai jamais pu les y découvrir, et encore moins retrouver les rudimens de celles qui avortent dans l'intérieur des cupules développées, comme l'a vu et figuré M. Mirbel dans son excellent ouvrage intitulé : Elémens de physiologie végétale et de botanique , planch. 55, fîg. I, B en a. 2. noisetier avelinier (corylus avellana, Lin.). Cu- pule foliacée, à bord découpé, paraissant composée de deux ou de trois feuilles soudées dans leurs parties inférieures : a, péricarpe. 3. châtaignier commun {fagus castanea , Lin.; casta- nea vesca, Willd.). Cupule complette a Lord quadriphylle, triflore. Obs. Cette enveloppe florale consiste, pendant la florai- son, en un grand nombre de petites feuilles rudiraentaires, molles, soudées entre elles, et entourant presque entière- ment les trois fleurs hermaphrodites qu'elle contient l (voyez Tabl. xvn, fig. i3). Après la floraison, ces petites feuilles, de molles qu'elles étaient, deviennent spinescentes, et la cupule, qu'elles cons- tituent par leur réunion, continue de croître et d'entourer entièrement les trois péricarpes en «, lorsque quelques-uns d'eux n'avortent pas. Cette cupule, hérissée trop souvent, confondue avec les 1 Dans l'intérieur de la partie supérieure et libre du calice des fleurs (dites femelles) du châtaignier, on trouve douze étamines coinpleltcs, E lacées sur deux rangées, alternant entre elles et les six lobes du calice, a petitesse de ces élamines, comparées à celles des fleurs mâles, peut laisser croire qu'elles sont stériles, en supposant, toutefois, qu'il y en ait de fertiles dans le sens que Ton y attache. ( io3) péricarpes , s'ouvre en quatre espèces de valves pour donner passage aux fruits lorsqu'ils sont mûrs. 4- dattier cultivé {phœnix dactylifera , Lin. \ Spathe axillaire, monophylle, bicarénée, dépourvue de nervure médiane, adossée a l'axe, multîflore. Obs. On a déjà vu que, dans l'un de mes mémoires, j'avais établi, comme caractères constans et bons dans la distinction des êtres, que les folioles écailleuses les plus extérieures des bourgeons présentaient trois dispositions par- ticulières, mais que, dans l'étude philosophique, il fallait les réduire à un seul, celui à écailles latérales, en abandon- nant ici des caractères qui ne reposent que sur de simples soudures, et qui en même temps contrarient l'une des plus grandes lois de la végétation I. Dans ce même mémoire, j'ai étendu cette double observation à certaines feuilles florales placées à l'autre extrémité du végétal, telles, par exemple, que les spathe s monophylles des palmiers, les spathelles des graminées, des glaïeuls, et surtout des tillandsia. Ces or- ganes toujours bicarénés, toujours dépourvus de nervure médiane , et toujours adossés à l'axe , sont , comme les écailles des bourgeons, qui s'adossent soit à l'axe, soit au pétiole, composés de deux écailles latérales unicarénées, soudées par leur bord intérieur, et en conséquence elles alternent avec les feuilles ou les bractées dans l'aisselle desquelles elles se trouvent placées. Lorsque cette soudure manque dans les spathes des pal- miers, elles présentent deux grandes bractées latérales, unicarénées, munies d'une nervure médiane, et sont dites pour lors spathes bivalves et même multivalves. 5. pothos fétide (pothos fœtida, Mich\; dracontium fœtidum. Lin.). Spathe terminale, monophylle, multi- flore , colorée. 6. GRENADiLLE^eta/e (passiflora fœtida , Lin.), marï- gouya des créoles, Antilles. Ïnvolucre triphylle, feuilles opposées à celles du péricarpe, réduites au tissu vasculaire des autres feuilles de la plante. Obs. Ces feuilles ont quelques rapports avec celles, laci- niées, des trapa, des utriculaires et de quelques renoncules qui se développent dans l'eau. 1 L'insertion des organes appendiculaires dans le sens longitudinal des liges. , ( ':°4 } 7. artichaut cultivé (cinara scolymus , T. in.). Péri- clite polypbylle, imbriqué, écailleux, multiflore; calice commun; involucre. Obs. Le périeline se compose d'une grande quantité de petites feuilles rudimentaires, excessivement rapprochées, le plus ordinairement alternes en spirale et imbriquées. Ces Nulles, réduites aux bases pétiolaires des autres feuilles de la plante, bordent, comme celles-ci, des nœuds vitaux; mais ces nœuds-vitaux, très- pressés en cette partie terminale du végétal, sont presque toujours stériles. Il n'en est pas ainsi des feuilles plus intérieures désignées par les noms de pail- lettes, de fimbrilles ou de soies; car, quoiqu'elles ne soient que la suite insensible des plus extérieures, elles contien- nent, dans leur aisselle, des fleurs solitaires nées sur des nœuds-vitaux auxquels on a donné le nom à' alvéoles. Ces nœuds-vitaux , dont l'espace qui les sépare est presque nul sur les tiges terminales et déprimées de ces végétaux , sont souvent dépourvus de feuilles (paillettes) a leur extérieur. 8. sauge sclarèe (sahia sclarea. Lin.). Bractée fo- liacée, colorée. Obs. Il faut remarquer que toutes les bractées ont des nervures longitudinales et parallèles, ce qui annonce tou- jours une feuille réduite a la base d'un pétiole plus ou moins dilaté. La nervure médiane et mémejes latérales se prolon- gent quelquefois d'une manière prodigieuse dans les brac- tées qui accompagnent les fleurs nues des graminées (voyez fig. 12 eu b). 9. carotte cultivée (daucus carota. Lin.). Involucre général ou collerette multiflore, folioles multifîdes. Obs. L'involucre figuré dans ce tableau est celui que Ton nomme involucrc général, parce que l'aisselle de ses bractées, au lieu de donner naissance a des fleurs solitaires, déve- loppe au contraire de nouveaux axes multiflores. Ces nou- veaux axes, ou second degré de végétation dans les inflores- cences, constituent chacun une ombeîluïe composée de fleurs partielles et accompagnées d'une bractée plus petite, dont la réunion forme l'invoîucelle ou involucre particulier. Le caractère de Fomheile, comme celui de l'involucre, qui lui est subordonné , ne peuvent se soutenir, quand on les considère sérieusement, puisque les parties qui les composent ne sont jamais parfaitement insérées à la même hauteur, ( io5 ) comme on pourrait le croire, mais alternativement et en spirale autour d'un axe commun , semblable a celui qui porte les fleurettes des synanlhérées. L'involucre et le péricline ont donc les plus grands rapports, et ne sont, comme on le voit, l'un et l'autre que l'assemblage d'un certain nombre de bractées partielles, excessivement rapprochées vers le même point. 10. àstbance à grandes feuilles (astrantia major, Lin.). Involucre particulier, multiflore, folioles simples. Obs. Cet exemple n'est, en quelque sorte, qu'un démem- brement du précédent : ses fleurs , immédiatement assises à l'aisselle des bractées, représentent, en effet, l'involucelle des involucres composés. 1 1 . cenchrus myosuroides (Kuntli in Humb.). 12. jEgilops ovata, Lin. i3. avena Orientalis, Selircb. Obs. Ces trois figures font connaître que les parties qui accompagnent les fleurs nues des graminées, et avec les- quelles les botanistes ont formé leur calice et leur corolle, ne sont que les feuilles du chaume réduites et excessivement rapprochées vers cette partie terminale et souvent très- rameuse des axes de ces plantes, et que, conséquemment, on ne peut les assimiler qu'aux feuilles rudimentaires ou florales des autres végétaux. Dans le mémoire précité ( De V inflorescence des grami- nées, etc.), j'ai prouvé, par un grand nombre de compa- raisons appuyées de figures, ce que j'avance ici; j'ai en outre fait connaître que ces petites feuilles rudimentaires des graminées étaient de deux sortes; que les premières, aux- quelles j'ai laissé le nom de bractées, avaient constamment le dos tourné à l'extérieur; qu'elles étaient munies d'une nervure médiane, tandis que les secondes, que j'ai nommées spathellès, étaient toujours adossées a Taxe, privées de nervure médiane, bicarénées et composées de la réunion soudée de deux bractéoles latérales ; et, ce qui est bien plus important, que ces deux sortes de feuilles rudimentaires n'appartenaient jamais au même axe ou degré de végétation, ( io6 ) TABLEAU XIV. Inflorescence. La partie terminale, florifère et souvent très-rameuse des végétaux appendiculaires , a été nommée inflorescence. L'inflorescence se compose, de même que In partie plus- inférieure du végétal, de la réunion des systèmes axifères et appendiculaires , ou, pour être mieux entendu, des pé- doncules, des fleurs solitaires et des feuilles rudimentaires ou bractées qui accompagnent, partiellement, la base de celles-ci. Je crois ne pouvoir mieux faire ici que de transcrire ce que j'ai déjà dit de cette partie du végétal dans mon mémoire sur V Inflorescence des graminées et des cypérécs , com- parée avec celle des autres végétaux appendiculaires 1. « L'inflorescence n'est, comme l'on voit, que l'aspect produit par l'assemblage plus ou moins compacte que les fleurs, toujours solitaires, forment vers la partie terminale des végétaux qui en sont pourvus : on l'a distinguée en inflorescence simple et en inflorescence composée. Dans la première, viennent se ranger ce que l'on appelle les fleurs solitaires, comme si elles ne Vêtaient pas toutes, les fleurs géminées, ternées et enfin aggrégées j ia seconde, beaucoup plus nombreuse, comprend le chaton, Vépi, la grappe, le v er titille } la. panicule , le thjrse , le corjmhe , la cjme , le faisceau , Y ombelle, le capitule et la calathide. « Si on examine soigneusement et comparativement cette partie terminale et souvent très-rameuse des végétaux ap- pendiculaires, on s'aperçoit presque aussitôt que les carac- tères assignés aux divers modes d'inflorescence ne peuvent se soutenir; qu'ils se confondent les uns dans les autres, et que la plupart sont fondés sur des observations superfi- cielles, comme nous l'avons déjà fait sentir en parlant du caractère de V ombelle a. « Il est bon de remarquer que les modes de la première 1 Mèm. du Mus. d'hUt. nat., toin. v. 2 Les rayons ou pédoncules simples ou multiflores des ombelles sont toujours insérés alternativement et en spirale autour d^un axe terminal cl déprimé. ( io7 ) division, distingués par les dénominations de fleurs soli- taires , géminées, tentées et aggrégées , sont sujets à toutes sortes d'équivoques, parce que, dès qu'il y a plus d'une fleur dans l'aisselle d'une feuille, il y a nécessairement un rameau qui leur donne naissance sur des nœuds-vitaux' particuliers, placés a des distances plus ou moins rappro- chées, et presque toujours chacune d'elles est accompagnée d'une feuille rudimentaire. « Les botanistes ne sont et ne peuvent être d'accord sur ces divers modes à' inflorescence, par la raison que l'on s'est attaché a des caractères trop peu importans pour en établir les limites : c'est ce qui m'a déterminé a chercher d'autres caractères qui fussent plus constans, et au moyen desquels on pût mieux s'entendre. Partant de ce principe, que toutes les fleurs sont solitaires, j'ai vu que toutes les inflorescences possibles ne présentaient, dans leur complication, qu'une simple répétition d'axes et de fleurs solitaires, qu'on peut facilement distinguer par le nombre des degrés de végéta- tion, etc. » Les nœuds- vitaux ou conceptacles des embryons-fixes, ordinairement très-écartés et largement feuilles, de la partie intermédiaire des axes, se multiplient et se pressent (par une sorte d'épuisement) dans la partie terminale de ces mêmes axes, et là, au lieu de donner naissance a des scions allongés ou de continuité, il s'y développent des scions analogues, simplement accompagnés de feuilles rudimen- taircs, scions auxquels j'ai donné Fépithète de terminé, et auxquels on est convenu d'accorder celle de fleur. Ce n'est donc, comme on peut le voir, qu'à la répétition et au plus ou moins de rapprochement des nœuds-vitaux, et aux axes particuliers qui résultent de ces mêmes nœuds- vitaux, que sont dues les diverses modifications qu'éprou- vent les inflorescences de tous les végétaux appcndicuhiires , en passant de celles qui ne présentent qu'une fleur solitaire à celles, plus compliquées, que Ton nomme panicules, et qui en elfet ne sont au fond que l'assemblage par répéti- tion d'un grand nombre de fleurs solitaires, émanant immé- diatement d'un nœud-vital bordé par une dernière feuille rudimentaire, lorsque celle-ci n'est pas encore entièrement éteinte. D'après ce qui vient d'être dit, il serait donc infiniment ( 'o8 ) plus commode pour l'étude de distinguer, comme je l'ai déjà proposé dans le mémoire précité, les inflorescences, en raison du nombre des axes ou degrés de végétal ion qu'elles présentent, et de les nommer, d'après ce principe infiniment plus fixe et plus constant que celui des aspects, dont on s'est servi, monoaxifères ? hiaxifères , triaxifères et multiaxi- fèjes. Les monoaxifères peuvent être dites uniflores ou muld- Jlores , hermaphrodites ou unisexwlles : elles sont uni- flores dans la tulipe, Xçparnassia, Vasarum, etc. ; multiflores dans le scirpe des marais, le myosotis arvensis (fig. 3), le groseillier a grappes (fig. 10), le plantain (fig. 7), etc.; hermaphrodites dans les exemples que nous venons de citer, et unisexuellcs dans les amentacées (fig. 1 ), les conifères (fig. 2 ), le sablier (fig. 5, a et h) et l'arbre à pain (fig. 6, a et h). 1. bouleau noir {hetula nigra, H. K.) : chaton. In- florescence monoaxifère, multiflore, unisexuelle : a, cha- tons femelles, les seules qui persistent après la fécondation. Ohs. Les organes mâles sont soudés avec la feuille rudi- mentaire, qui borde le nœud-vital qui leur donne naissance. 2. pin sauvage (pinus sylvestris , Lin.). Chaton biaxi- fere, multiflore, unisexuel. 3. myosotis des champs (myosotis arvensis, Willd.). Epi monoaxifère, multiflore, hermaphrodite. 4- lolium raygrass (lolium perenne , Lin.). TliaxifÈre. Ohs. Ici, on compte la répétition de trois axes diflerens, le principal , celui des épillets , et celui qui porte la fleur nue et solitaire : a,b, feuilles rudimentaires bordant les nœuds- vitaux de Taxe principal; c, feuille rudimentaire bordant le nœud-vital du second axe. C'est avec ces feuilles rudimen- taires, entièrement comparables à toutes celles qui accom- pagnent les fleurs des végétaux appendicalaires , que les botanistes ont fait des calices et des corolles dans les gra- minées. 5. sablier élastique (Jiura crepitans, Lin.). Ohs. Ici, l'inflorescence semble se compliquer; elle est monoaxifère, multiflore , unisexuelle dans la partie mâle, a, et monoaxifère uniflore , unisexuelle dans la partie femelle-, h: stigmate rayonné creusé en entonnoir ; c, ovaire; d} style. C 109 ) Les divisions de ce singulier stigmate, toujours en rap- port de nombre avec les loges de l'ovaire, sont la partie ter- minale de la nervure médiane des quinze ou vingt feuilles ovariennes dont se forme, par soudure, le péricarpe com- posé de cette plante. 6. arbre à pain cVOtahiti (artocarpus incisa. Lin.). Monoaxifere , rnultiflore, unisexuelle : a, fleurs màlrs , mo- nandres, entourées chacune d'un calice monophylle, tri- gone et tronqué au sommet; b, fleurs femelles monogvues , a stigmates longs et divergens, entourées par un caiiee mono- phylle entier et conique. Ces deux sortes de fleurs sont dis- posées alternativement autour d'un axe commun; c, stipule terminale, caduque. 7. plantain commun (plantago major, Lin.). Mo- noaxifÈre, rnultiflore, hermaphrodite. 8. arum maculé, pied -de -veau {arum maculatum, Lin.). Monoaxifere ., rnultiflore, unisexuel : a, spathe ou feuille rudimentaire réduite à la base engainante des autres feuilles de la plante; b, partie terminale de l'axe dé- veloppé en une sorte de massue spongieuse, dont on ne connaît point les fonctions; c, pistils; d, anthères sessiles. 9. lavande en épi {lavandula spicata. Lin.). Verti- cille triaxifère, hermaphrodite. Obs. Le caractère du verticille, dans les labiées, ne re- pose que sur des apparences trompeuses : des rameaux courts, multifloreset axillaires, composés d'un petit nombre d'axes, nés de nœuds-vitaux différens, terminés par des fleurs soli- taires, forment ici, comme partout ailleurs, l'inflorescence de ces végétaux. 10. groseillier à grappe s (ribes rubrum, Lin.). Grappe monoaxifère, rnultiflore, hermaphrodite : a, axe commun , donnant naissance a des nœuds-vitaux bordés de feuilles rudimentaires, en b, et desquels se sont développés d'autres axes qui se terminent par une fleur solitaire ou scion-fleur. TABLEAU XV. Inflorescence. 1. lilas commun (sjringa vulgaris , Lin.; lilac vulga- ris, T.). Thyrse multiaxifère, hermaphrodite. ( no ) 2. millefeuille commune {achillea mïllefolium , Lin.). Corymbe multiaxifère, composé. 3. sureau noir (sambucus nigra, Lin.). Cyme multi- axifère, hermaphrodite. 4- anet fenouil (aiiethum fœniculum i, Lin.). Ombelle biaxifère, hermaphrodite. 5. oeillet à fleur s en tête (dianthus capitatus , Wald. ). Faisceau monoaxifère, hermaphrodite. Obs. Ici , Taxe, en se terminant brusquement, donne nais- sance à six ou sept fleurs, qui se développent successivement et alternativement de la hase au sommet de cet axe déprimé. 6. monarde écarlate [monardadidjina^ Lin.). Verti- cille triaxiiere, hermaphrodite. 7. roseau à quenouille (arundo donajc, Lin.). Pani- cule multiaxifère, hermaphrodite. TABLEAU XVI. Inflorescence. 1. céphalànte d'Occident ( cephalanthus Occidentalis, Lin.). Capitule monoaxifère, multiflore, hermaphrodite. Obs. Le capitule n'est qu'un épi globuleux. 2. scABiEusE colombaire (scabiosa columbaria , Lin.). Calathide monoaxifère, multiflore, hermaphrodite : a, fleurs de la circonférence ou inférieures, irrégulières, plus développées; Z>, fleurs du centre ou supérieures, atténuées, presque régulières. 3. chardon marie {carduus marianus, Lin.). Cala- thide monoaxifère, multiflore, hermaphrodite : a, feuilles rudimentaires réduites aux bases pétiolaires et formant, en cette partie terminale de Taxe, par leur excessif rapproche- ment , une sorte d'enveloppe à laquelle on a donné tantôt le nom de calice commun, tantôt celui d'involucre, et tantôt enfin celui de péricline. 4- chrysanthème grande marguerite ( chrjsanthemum leucanthemum , Lin.). Calathide monoaxifère, multiflore, polygame : a, fleurs femelles, Jigulées, fertiles; b, fleurs du centre ou plutôt fleurs terminales , hermaphrodites. Obs. Rien n'est plus aisé que de voir que les fig. 1 , 2, 3 (III ) et 4 ne sont, dans la réalité, que des épis dont l'axe est rentré en lui -même. 5. figuier cultivé {ficus carica , Lin.). Calathide mo- noaxifère, multiâere } unisexuelle; axe retourné sur lui- même et enveloppant les fleurs : a et b7 feuilles rudimen- taires; c, fleurs devenues intérieures. 6. dorstenia contrayerva, Lin. Calathide monoaxi- fère, multiflore, unisexuelle; a*e en plateau et seulement en partie retourné ; by bords crispés de Taxe; c, fleurs. Obs. Lorsque l'on compare les deux exemples d'inflores- cence 5 et 6, et que l'on en rapproche, par la pensée, celles du mûrier et de Farine à pain, ou est ravi de voir que ces trois choses, extrêmement différentes en apparence, sont les mêmes quand on les considère avec l'œil de la philosophie. En effet, comme M. de Lamarck nous l'a fait observer le premier, si on rapproche, de bas en haut,, les bords du plateau du dorstenia (fig. 6), on obtient l'analogue de la figue (fig. 5), et, comme dans celle-ci, les fleurs d'exté- rieures qu'elles étaient deviennent intérieures; mais si, au contraire, on rabat ces mêmes bords de haut en bas, on cou- vrira la partie inférieure de l'axe , et on aura, par cette nou- velle opération, l'équivalent d'une mûre ou du fruit de l'arbre a pain , dont les fleurs sont situées à l'extérieur. 7 . XYI.OV11YI.1.A j'alciforme (jcylophyllafalcata, Swartz.). MultiaxifÈre, multiflore, hermaphrodite; axe principal dilaté, foliacé : a, nœud-vital qui a servi de conceptacle au rameau foliacé et multiflore; by véritable feuille réduite a l'état rudimentaire; c, feuilles rudimentaires bordant les nœuds-vitaux de l'axe d'où sont sortis les autres petits ra- meaux ou axes triflores; d, axes de différens degrés, ter- minés par une fleur sol. taire. Obs. Cette inflorescence a de l'analogie avec celle des ruscus : comme, dans celle-ci, la véritable feuille est rudi- mentaire, et de même, par suite de Pavortement de la feuille, l'axe florifère se dilate et devient foliacé. 8. polypode commun (polypodium vulgttre , Lin. ). Mo- koaxifÈre ; partie mâle réduite au fluide spermatique. 9. webera nutansj Brid.? Monoaxifere ; organes de la génération masqués : «, by coiffe; c, opercule j d7 urne dé- pourvue d'opercule et de coiffe. ( "a ) TABLEAUX XVII, XVIII, XIX et XX. FLEUR (voyez sa définition, pag. 52). La fleur, comme l'on sait déjà, n'est qu'un rameau ter- miné qui se développe souvent avec faste. En ne la considé- rant que sous le double rapport des organes qui la composent et de sa situation relative avec l'axe et les autres parties de la plante, on s'aperçoit facilement que, malgré les fonctions particulières qu'elle a a remplir et l'apparence brillante sous laquelle elle se montre le plus communément, elle cache l'analogue d'un humble bourgeon développé '. La fleur, à laquelle j'ai donné le nom de scion-terminétm scion- fleur , prend, avant son épanouissement, celui de bouton, tandis que le scion allongé ou de continuité prend celui de bourgeon. Si maintenant on compare entre eux ces deux sortes de scions, on verra que l'un et l'autre ont eu pour berceau un nœud-vital ; que leur situation relative est invariablement la même \ qu'ils sont terminaux ou le plus souvent latéraux lorsqu'ils naissent a l'aisselle des feuilles; qu'ils sont une continuité naturelle du végétal , et qu'enfin l'un et l'autre se composent d'un axe et d'organes appendiculaires qui, quoique le plus souvent verticillés par un excessif rappro- chement dans les calices et les corolles des fleurs, n'en con- servent pas moins, sauf quelques exceptions, cette disposi- tion alterne, dans le sens longitudinal des axes, a laquelle tous les organes appendiculaires des végétaux composés sont assujettis. Comme scion terminé, les organes appendiculaires de la fleur (par une sorte d'épuisement nécessaire aux fins que la nature se propose dans ces scions terminés) diminuent dans leurs dimensions, cessent pour la plupart d'être verts, et se 1 II n'est personne qui n'ait été frappé de l'extrême ressemblance qui existe entre le bourgeon-fleur des camellia, avant son épanouissement, et le bourgeon de continuité de la plupart des autres végétaux : son ca- lice, puisqu'il en faut un, composé de neuf feuilles rudimentaires dispo- sées alternativement et en spirale autour de Taxe , se recouvrant les unes les autres, allant toujours en augmentant et en se colorant de l'extérieur à l'intérieur, imite parfaitement les écailles imbriquées des bourgeons- branches du marronier. ( "3) peignent des plus vives couleurs; mais, comme on l'a vu, la situation relative de ces organes reste invariable, et toujours ces petites feuilles réduites et colorées dont se composent les corolles, quoique d'un tissu plus délicat que celui des feuilles du calice et de la tige, n'en conservent pas moins la même disposition dans les tissus et dans l'ordre que suivent les nervures qui en forment le réseau; d'autres, plus inté- rieurs, ou, pour être plus précis, plus supérieurs (les éta- mines), semblent s'épuiser encore davantage, afin d'arriver plus tôt aux fins dont nous avons parlé plus haut, et donner naissance aux anthères, petites capsules qui, comme l'on sait, renferment les utricules qui contiennent ce fluide que l'on croit destiné a féconder les embryons-graines. L'axe terminé, duquel dépendent les organes appendicu- laires dont nous venons de parler, quoiqu'il ne soit que la continuité de tout le système ajcifère plus inférieur du végétal, a reçu, d'après les fonctions particulières qu'il a a remplir, les dénominations suivantes : On le nomme pédon- cule quand, au-dessous des feuilles calicinales, il ne se gonfle pas en fruit ; pistil, dans la partie placée au-dessus de l'insertion des organes appendiculaires de la fleur. Dans celui-ci, ou a encore distingué d'abord l'ovaire dans cette partie basilaire du pistil, qui se gonfle, devient lacuneuse, et qui contient les embryons-graines; le stigmate, presque toujours renflé, spongieux et papilleux, dans la partie ter- minée de l'axe; et enfin une autre partie située entre l'ovaire et le stigmate, peu importante , puisqu'elle manque souvent, a reçu le nom de style '. Les deux systèmes d'organes qui constituent la fleur ont l'un et l'autre une tendance naturelle à redevenir ceux qui composent les scions ou rameaux de continuité ; aussi voit-ou que, dès que le végétal est abondamment nourri, les folioles 1 Ce même axe du scion-fleur, Autour duquel rayonnent les organes appendiculaires, présente encore, dans les passiflores (Tabl. xxm, fig. i5, o), les cléomés, les câpriers, etc., un article qui élève et éloigue l1 ovaire du point sur lequel sont insérés le calice, )a corolle et les éta- mines : cet article ou inénthalle, auquel les botanistes ont donné le nom de gynophore , est une répétition de ceux que produisent, par leur écar- tement, les nœuds-vitaux sur les tiges. Le gynophore n^est donc au fond que l'espace compris entre les nœuds- vitaux stériles, bordes les uns par les feuilles du calice, de la corolle et de Tétamine, et les autres par les feuilles o\ ariennes. -i i»4 ; des calices, comme dans quelques roses, se développent largement en feuilles composées, entièrement semblables à celles placées plus inférienrement sur les tiges, et que les filets des et aminés, en s'élargissant et en affamant les an- thères, dont ils produisent l'avorlement, deviennent d'autres feuilles corollaires, qui doublent cette grande quantité de fleurs qui ornent nos parterres. L'axe ou pistil , de son côté , au lieu de s'arrêter a ses fonc- tions ordinaires, au lieu de se terminer par un stigmate et de nourrir dans son sein des corps reproducteurs, continue de s'allonger, et reprend quelquefois, au-dessus de cette fleur trompée dans son attente, la forme d'un scion vigou- reux, ou bien il s'arrête de nouveau en une seconde fleur '. Linné était dans l'erreur lorsqu'il croyait que les parties qui composent la fleur émanaient d'origine différente. Selon ce grand naturaliste, le calice était une prolongation • Dans les cerisiers, les merisiers, les pruniers, et, en général, dans tous les végéiaux où le scion-fleur, au lieu de s'arrêter à l'état que nous lui connaissons le plus ordinairement, s'emporte au delà, et devient ou tin rameau de continuité ou une suite étagée de scions-fleurs , o ■ observe , dans l'intérieur des calices, des corolles et des étamines, que Taxe, des- tiné à produire le pistil , se compose d'une suite d'articles nés les uns des autres, comme, par exemple, ceux d'une longue-vue que Ton allonge, et que lcsnœuds-AÏtaux, qui forment chacun de cesarticles, donnent nais- sance à de nouveaux orgam s appendiculaires. Les fleurs doub es du merisier présentent, au lieu de pistils, deux feuilles libres, laminées, dentées, vertes, et dont la nervure médiane, en s'allongeant au-delà de la lame, représente le style, et se termine par un stigmate oblique, latéral et extérieur. La disposition de ces deux feuilles ovariennes annonce deux choses : i°. que, dans Félat ordinaire, l'une d'elles, la plus près de l'axe de la plante, avorte et détruit la symétrie; 2°. qu'il n'a manqué à ces feuilles ovariennes ou pistilîaires pour être parfaites, que çTêire un peu moins favorisées par la végétation, d'avoir leurs bords complètement soudés en un ovaire, et de produire, de ces mêmes bords, le développement d'un ou de plusieurs embryons tuniques ( graines). Le cerisier à fleurs doubles montre, dans ce sens, une plus grande com- plication : au centre, ou plutôt au-dessus du calice, de la corolle et des étamines, seiève un article axifère ( gynophore des botanistes), duquel naissent deux feuilles oa ariennes soudées dans leurs parties inférieures, libres, laminées et dentées dans celles supérieures, et dont la nervure médiane s'allonge en style et se termine par un siigmate. Du centre de la base soudée de celles-ci, s'élève un autre article qui. à son tour, produit une seule feuille ovarienne, laminée et dentée, à bords libres, et tou- jours terminée par un stigmate' ; on remarque, en outre, que des parois internes de !a partie inférieure et soudée des deux premières feuilles ova- riennes dont nous venons de parler, s'échappent des étamines rudimen- tanes et des pétales chiffonnés. ( m5 ) de 1 ecorce; la corolle et les étamines, celle du liber, et le pistil tout entier, celle de la moelle. Cette idée très-ingénieuse trouva beaucoup de parti: ans, et a été répétée depuis dans la plupart des ouvrages de bo- tanique. L'isolement dans lequel on étudie généralement les divers organes des végétaux; l'excessif rapprochement des organes appendiculaires , libres ou soudés, qui constituent la fleur, ont été les causes de cette erreur. Au lieu de voir dans l'as- semblage d'une fleur l'analogue de ces rameaux déprimés ou raccourcis que l'on nomme rosette, on s'imagina que le calice, la corolle, les étamines et le pistil étaient placés sur un plan horizontal, et que leur situation relative était de l'extérieur à l'intérieur; tandis que réellement ces organes, parfaitement identiques avec les autres feuilles du végétal, assujettis aux mêmes lois d'insertion, sont toujours super- posés autour de la partie terminale des axes, et tirent tous leur origine du tube végétal, dont, en effet, ils ne sont qu'une simple exfoliation. La fleur qui nous paraît la plus parfaite est celle qui est symétrique et qui se compose des systèmes ajcifères et ap- pendiculaires , ou, pour me servir de l'ancienne manière de voir et de considérer la fleur, des quatre parties suivantes, le calice, la corolle, les étamines et le pistil. Les soudures et les avortemens, joints aux formes souvent bizarres des parties que nous venons de nommer, dérangent la symétrie des fleurs, et donnent lieu a certaines distinctions que l'on en a faites : Tavortement de l'axe (pistil), placé au-dessus des organes masculins, caractérise les fleurs mâles; l'avorte- ment des étamines, fait des fleurs femelles; et la présence de ces deux organes réunis, des fleurs hermaphrodites : on les a encore appelées apétales lorsque les feuilles de la corolle ne se développent pas. Nous pensons que l'irrégularité et le défaut de symétrie dans les fleurs et dans les fruits, quoique souvent constans dans certains groupes de végétaux, sont contraires au vœu général de la nature; qu'ils sont dus à un vice organique intérieur que nous ne pouvons pas encore expliquer; vice qui est la source commune des avortemens visibles ou invi- sibles , ou, pour être mieux entendu, des avortemens exté- rieurs ou intérieurs; ou qui seulement, en empêchant quel- ( u6 ) ques parties de se développer entièrement, occasione l'irré- gularité. Le développement symétrique des fleurs irrégulières de la linaire, connues sous le nom de peloria; celles de quelques espèces d'orchidées 7 également redevenues régu- lières; celles terminales de certaines labiées , qui, au lieu de deux lèvres, présentent cinq lobes égaux et cinq étamines semblables entre elles; et enfin celles qui occupent la partie terminale des axes déprimés (centre des botanistes) de la plupart des scabieuses , des ombellifères et des synanthé- rées, sont toujours régulières ou symétriques : tandis que celles disposées au-dessous ou autour, le plus souvent irré- gulières, offrent, passagèrement, la preuve de ce que nous venons d'avancer, et sont, en quelque sorte, des exemples de symétrie dévoilée. Il est bon de remarquer que ce vice organique, qui nuit a la symétrie des formes végétales, se manifeste toujours de l'intérieur a l'extérieur; je veux dire que ce sont les parties situées le plus près de Taxe qui en sont atteintes de préfé- rence à celles placées plus extérieurement : il ne faut que jeter les yeux sur le petit nombre d'exemples suivans, pour être convaincu de cette vérité. Dans les labiées, la lèvre supérieure, beaucoup moins développée que l'inférieure, la petite division du stigmate, la cinquième étamine qui avorte, et celles des quatre graines nues qui ne se développent pas, regardent toutes l'axe prin- cipal de la plante. Celui des deux ovaires qui, dans quelques apocjrnées7 avorte ; ceux, au nombre de deux, dans le dattier, et ceux, au même nombre , qui , dans les graminées , ne reçoivent pas même un commencement de développement extérieur, et qui avortent également, sont situés entre celui qui persiste et Taxe '. L'irrégularité des fruits des légumineuses et surtout de celui des papilionacées , ayant leur petit côté, celui qui porte les graines, constamment tourné vers Taxe, semble, par cette forme et cette disposition, réclamer une partie semblable a celle qui s'est développée, partie qui, dans le 1 La plupart des fleurs papilionacées s'opposent à cette règle géné- rale. La cinquième feuille de ces sortes de corolles, celle que Ton nomme Tétendard, quoique étant dirigée vers Taxe, est plus développée que les quatre autres, placées plus extérieurement. hœmatoxylon campechianum , et dans les me zonevron gla bruni et pubescens (Desf. ), en reçoit un rudiment dans les ailes membraneuses qui bordent le côté intérieur de ces fruits '. TABLEAU XVII. Fleurs unisexuelles et neutres. i. dattier cultivé (phœnix daçtjlifera , Lin.). Fleur mâle par avortement de l'axe (pistil). 2. Fleur femelle par avortement des et aminés. 3. La même, dont on a écarté la corolle pour faire voir les trois pistils et, en a, les six rudimens d'étamines. 4- maïs , blé de Turquie ( zea niais, Lin. ). Fleur mâle : a , lobes du phycostème; b , bractée ; c, spathelle ou réunion soudée de deux bractéoles latérales. 5. Fleurs femelles géminées; ovaires se prolongeant par deux styles soudés dans presque toute leur longueur. Obs. On voit quelquefois se développer, d'une manière interrompue, sur les panicules mâles du maïs, des portions d'épi de fruit, et souvent sur le même pied les épis femelles, en se divisant en un certain nombre d'axes, donner à leur tour quelques fleurs mâles. 6. filao à quatre valves (casuarina quadrivalvis , La- bill.). Fleur mâle, monandre, verticillée, et formant épi dans la plante : a, calice bi labié, légèrement trilobé; b, co- rolle s'ouvrant de bas en haut, comme celle de la vigne ( vitis vinifera ). 7. Fleur femelle. 8. ARBiiE a pain d'Otahiti (artocarpus incisa. Lin.). Fleur mâle : a, calice tubuleux, trigone, tronqué. 9. Deux fleurs femelles : a, on a enlevé sur celle-ci une petite portion du calice tubuleux et conique, afin de laisser voir la forme de l'ovaire et la situation latérale du style. 1 Je prie de remarquer que les fruits que noua venons de citer, et daDS lesquels il se fait un premier effort vers la symétrie, appartiennent à ce premier groupe des légumineuses, dont les 'fleurs ne présentent encore que très-légèrement celte irrégularité que plus loin on aperçoit dans celles des papiiionacces. J'apprends, à .'instant, que M. Dçcandolle pos- sède un péricarpe légumincux, qui est biloculaire et parfaitement symé- trique. ( n8) 10. RiCT?r commun (rici/ms commïmis, Lin.). Fleur mâle on peut-être réunion de fleurs mâles. i i . Fieur femelle. 12. châtaignier commun (castanea vesca, Willd.). Fleur mâle. i3. Involucre entourant trois fleurs femelles avec éta- mi ■-> rud.menlaires : a , calices placés au-dessus des ovaires. i4- Coupe longitudinale dune fleur femelle isolée : , nœud-vital qui a contenu la fleur et dont le bord donne naissance à la feuille rudimentaire que l'on nomme spatlie; c, spathe; dy folioles extérieures du calice; e, id. intérieures. 7. éphémère de Virginie (tradescantia Virginîca , Lin.). 8. pÉlÉgrike tachetée (alstroerrj?ria pelegrina. Lin. ) : «, folioles extérieures du calice; b, id. intérieures. 9. iris de Perse (iris Persica, Lin. ) : a, ovaire. 10. bananier à grand fruit (musa paradisiaca , Lin. ) : «, ovaire; b, folioles extérieures du calice; c, étamines sté- riles; d, stigmate fertile. ir. ophrys abeille (opfirys apifera, Sw.) : a7 ovaire; &, folioles extérieures du calice; r, id. intérieures; d7 phy- costème sous le masque duquel résident trois étamines qui quelquefois se développent lorsque ces fleurs ii régulières se symétrisent. Cette partie est le labelle des botanistes; e, columelle formée par la réunion soudée du style avec trois étamines : l'une de ces étamines, la seule qui se déve- 17e. Livraison. ( 120 ) loppe dans l'état ordinaire de ces plantes, se manifeste, au sommet de la columelle, sons l'apparence d'une boîte an- thérifère a une ou à plusieurs loges, qui contiennent les masses polliniques; les deux autres, rudimentaires et situées sur les bords latéraux et intérieurs de la columelle, ont été nommées staminodes par M. Richard. TABLEAU XIX. Fleurs hermaphrodites , dicotylédones. Une quantité prodigieuse de nœuds-vitaux produisant de nombreux rameaux, donnent aux végétaux de ce groupe un aspect qui les distingue facilement des précédens. Autant le nombre trois se manifeste dans les parties de la fructification des monocolylédons, autant celui de cinq et de ses multiples se montre dans les dicotylédons. 1. REINE-MARGUERTTE (aster chÙienSlS, Lill.), CALLIS- temme des jardins (callistemma hortensis, H. Cass.) : «, ovaire; b, partie extérieure du calice fimbi illé ; c, partie intérieure; d, lèvre inférieure et tridentée, la seule qui se développe de la corolle; c, les trois dents; y*, stigmates. Femelle par avortement des étamines. Ohs. Dans quelques espèces de plantes de cette famille, ces fleurs présentent cinq étamines rudimentaires. Observez, comme je l'ai déjà dit en parlant de l'irrégularité des fleurs et des fruits, que les deux divisions de cette corolle, des- tinées a la symétrie et à former le nombre cinq, manquent du côté intérieur, ou plutôt du côté qui regarde le centre de l'axe déprimé, qui porte les fleurs. Ces deux divisions, en se développant quelquefois plus ou moins, ont servi de carac- tère au petit groupe des bilabiatiflores. 2. Fleur régulière, hermaphrodite de la plante précé- dente : a, ovaire; &, partie extérieure du calice fimbrillé; c, partie intérieure; d., corolle ; «, étamine;/*, stigmates. Obs. Dans quelques espèces de synanthérées , on voit que les fleurs hermaphrodites du disque se régularisent a me- sure qu'elles approchent du centre ou de la partie terminale de l'axe. 3. bruyère cendrée (erica cinerea, Lin.). 4- liseron des champs {conyolvulus aivejisis, Lin.). ( m ) 5. campanule gmtfelée (cawpanula trachelium , Lin.). 6. lunaire annuelle (liaiatia anima. Lin.) : a, sortes de gibbosiiés produites par les glandes du phyeosîème. rj. digitale pourprée (digitalis purpurea , Lin.). Obs. Corolle légèrement bilabiée; lèvre bifide moins dé- veloppée, située du côté de l'axe. 8. salge des prés (salvia pratensis , Lin. ). Obs. Lèvre bifide du calice et de la corolle, ainsi que le petit stigmate, siîuée du côté de l'axe. 9. lolÉlie éclatante (lobeliafulgens , Willd., Ennm.) : «, calice; by lèvre extérieure trifide de la corolle; c, filets des étamines soudés en tube; dy anthères également sou- dées; c, stigmate b:lobé et papilleux. Obs. Lèvre bifide du calice et de la corolle, souvent deux anthères moins développées, située du côté de i'axe. TABLEAU XX. Fleurs hermaphrodites , dicotylédones. 1. ascleptas a la ouate (asclepias Sjriaca , Lin.) : a, folioles du calice; Z>, corolle réfléchie; c, phycostème formant cinq cornets; d, cornicules du phycostème; e, fis- sure ou intervalle produit par le rapprochement de deux anthères; /*, partie terminale et membraneuse du connectif des anthères, s'appljquant sur le sommet du stigmate; g, stigmate; h, corpuscules cornés, sous chacun desquels émane le filet commun de deux masses polliniques qui se logent dans deux anthères différentes. Obs. Cette fleur, sur laquelle MM. de Lamarck, Desfon- taine, Richard et beaucoup d'autres botanistes très- distin- gués ont diversement écrit pour en expliquer la structure, me semble, quoique en apparence plus compliquée que celle d'une campanule, tout aussi simple et tout aussi symétrique, dès que Ton ne compte pour rien les parties simplement accessoires et les soudures que subissent certaines de ses parties. Un calice, une corolle, cinq étamines dont les filets se soudent en un tube qui entoure les deux ovaires , et donnent naissance a des appendices cornicules, à anthères libres et bordées par des membranes terminales et latérales; deux ( 122 ) ovaires surmontés d'un stigmate commun, composent cette fleur, dans laquelle deux seules choses paraissent difficiles à expliquer : c'est , d'une part, l'usage des corpuscules cornés, et, de l'autre, pourquoi ces mêmes corpuscules en- voient des masses pollinioues à deux anthères différentes. 2. iose de chien (rosa canina^ Lin. ). 3. guimauve des boutiques (nhkœo officinalis , Lin.) : «, filamens des étamines soudés en un tube qui embrasse le pistil; &, anthères libres; c, stigmates. 4- bagueivatuier en arbre {colutea arborescens , Lin. ). Fleur irrégulière, papilionacée. 5. casse corymbifvre (cassia corymbosa, Encjeï.) : <7, pétales supérieurs, ceux qui répondent a l'étendard re- levé de la figure 4; h, pétales latéraux représentant les ailes des papilionacées; c, pétale inférieur équivalant à ce que l'on nomme carène dans les fleurs que nous venons de citer; d, trois étamines fertiles; e, quatre autres stériles; f, trois autres enfin réduites à l'état rudimentaire; gy pistil. Obs. Si l'on considère la situation de cette fleur relative- ment à Taxe principal du végétal qui la porte, on voit que les parties qui la composent diminuent ou avortent en raison de ce qu'elles sont plus près de l'axe : les trois grands pé- tales, les trois étamines fertiles, le stigmate unilatéral et le côté convexe de l'ovaire sont situés à l'extérieur, tandis que le contraire a lieu pour les deux petits pétales, les trois éta- mines rudimentaires et les quatre stériles, le sillon du stig- mate et le côté plat de l'ovaire qui , comme l'on sait, porte les ovules. 6. anet fenouil ( anethum fœniculum , Lin.). Fleur ré- gulière, comparable a celles du centre de l'inflorescence des synantliérées . 7. bep.ce des prés (heracleum sphondyliwn, Lin.): a, partie supérieure du pétale recourbée; b1 parties laté- rales; c, phycostème. Fleur irrégulière, prise a la circonfé- rence d'une ombelle, et que l'on peut justement comparer à celle ligulée d'une synanthérée a inflorescence radiée, ou, mieux encore, a celles placées a l'extérieur de l'inflorescence de la scabiosa columbaria (Tabl. xvi, fig. 2 , a ). Toujours les parties les plus développées sont a l'extérieur. 8. dauphinelle élevée ( delphiirium elalum. Lin.): a, partie inférieure de la foliole calicinale supérieure, ter- ( U3 ) minée en corne tubuïée; b , les cinq folioles inégales du ca- lice ; c, deux pétales supérieurs ; d , îà. inférieurs ; e, feuilles rudimentaires, auxquelles, dans beaucoup de végétaux, l'œil- let par exemple, on donne le nom de calicule. Obs. Un cinquième pétale manque à la corolle; les deux Supérieurs, c, sont pourvus chacun d'un éperon qui a celui , a , du calice pour fourreau : les étamines sont jetées à l'exté- rieur, et, lorsqu'il y a avortement d'ovaire, c'est le plus extérieur qui persiste. On peut faire ici un rapprochement entre Tavortement visible des deux ovaires, situés du côté de Taxe, dans certaines espèces de delphinium, et celui in- visible de ceux, également intérieurs, des graminées. Dans les uns et les autres, c'est toujours les plus intérieurs qui avortent et le plus extérieur qui persiste, et dont l'obliquité et l'irrégularité attestent que son défaut de symétrie n'est dû qu'au manque de parties semblables, avortées entre lui et Taxe duquel émane la fleur. 9. rose pompon (rosa pomponia). Fleur prolifère. Obs. Une nourriture abondante apporte souvent, un cer- tain désordre dans les parties de la fructification des végé- taux : certains organes destinés a remplir des fonctions essentielles au développement des embryons-graines, devien- nent les uns des feuilles, et les autres, en continuant de s'al- longer, des rameaux. Pour peu que l'on compare les lig. s et 9 de ce Tableau, on s'aperçoit aisément que les nlets des nombreuses étamines placées autour des pistils de la pre- mière , se sont élargis eu feuilles pétaliformes dans la seconde, et que ces élargissemens ont produit l'avortement des au- thères qui les terminaient. Il faut convenir que si la rose, l'œillet et l'anémone qui ornent nos parterres; la poire, la prune et surtout la pêche7 sont des monstres, que les monstres végétaux ont pour nous autant d'attraits, que ceux des animaux sont hideux et re- poussans. 1 o . lunaire commune (linaria vulgaris , Willd .. Enum. , ÀNTiRRBiwuM linaria , Lin.), pelore (peloria, Lin.): «, folioles du calice; Z>, gibbosités tubuleuses répondant à chacun des cinq pétales soudés ; c , tube formé par la réunion soudée des pétales; d , parties supérieures et libres des pé- tales; e, parties bombées de l'orifice du tube corollaire, et auxquelles, dans les fleurs irrégulières de cette famiilc; on a donné le nom de palais, ( r*4 ) Obs. Je ne puis être de l'avis des botanistes qui regardent cette fleur comme une monstruosité; je pense, au con- traire, que l'irrégularité, quoique constante, de celles d'un assez grand nombre de groupes de végétaux , tels que les labiées , les personnées , les orchidées , etc., est, comme je l'ai déjà dit, due à un vice organique et intérieur qui, pour l'instant, nous est inconnu, mais que nous ne devons pas désespérer de démasquer un jour, et que, de temps à autre, certains individus plus favorisés dans leur organisation tis- sulaire, en produisant des fleurs régulières, nous révèlent que le vœu primitif de la nature a été, pour tous les végé- taux, cette symétrie que présente passagèrement la pélore, dont il est ici question. Toutes ces fleurs qui, de l'état constant et irrégulier, passent a celui naturel et momentané, produisent des em- bryons-graines fertiles, qui continuent de reproduire des individus à fleurs régulières jusqu'au moment où leur des- cendance est frappée de ce vice organique dont nous avons parlé, et qui paraît inhérent à certains végétaux, comme le sont ceux qui affligent certaines races d'hommes. TABLEAU XXL Calices et corolles. En suivant sur les tiges les organes appendiculaires qui s'y développent, on s'aperçoit qu'ils sont faibles et rudimen- taires vers les deux extrémités ; que les écartemens qui les séparent dans la partie moyenne des tiges sont nuls ou pres- que nuls; et qu'enfin, vers ces extrémités, ils se soudent souvent entre eux x : tels sont, d une part, les feuilles coty- 1 Ces soudures se manifestent, d'une part, sur la partie faible et nais- sante du végétal , dans les feuilles cotylédonaires du plus grand nombre des embryons-graines monocotylédons, et dans la plupart des feuilles écailleuses ou cotylédons des bourgeons ( embryons-fixes) qui se soudent en une gaine complette ; et, de L'autre , sur la partie terminale et épuisée , dans les feuilles rudimentaires ou bractées soudées par deux, comme celles qui composent la vaWe intérieure de la prétendue corolle des gra- minées, ou, en un plus grand nombre, comme dans les involucres cupu- lai' es du gland et de la châtaigne ; dans celles qui composent les calices et les corolles, auxquels on a improprement donné, les noms de mono- phylles et de monopétales; dans les élamines monadelphf s, diadelphes, polyadelphes et syngénèses; et enfin dans la réunion soudée des lobes du phycostème en un anneau ou en. un sac qui enveloppe l'ovaire en entier. \ ( I2D ) lédonaires et les écailles des bourgeons; de l'autre, ces feuilles épuisées que l'on désigne par les noms de bractées, de calices, de corolles, d'étamines et de phycostèmes. En continuant d'observer comparativement et philoso- phiquement tous les organes qui composent le système ap- pendiculaire d'une plante; en ne s'en laissant point imposer par de simples apparences de forme, de grandeur, de cou- leur ou même d'organes surajoutés, tels que les anthères , on reste complètement convaincu de la parfaite identité qu'ont entre eux tous ces organes appendiculaires ; on voit que tous sont assujettis aux mêmes lois; que tous, comme organes protecteurs, naissent sur le bord d'un nœud-vital ' ; que tous sont terminés et traversés par une nervure mé- diane, ou plutôt par un faisceau de vaisseaux qui se répan- dent et se divisent dans toutes les parties de la lame; que tous enfin présentent la même situation relative, en alter- nant sans cesse , dans le sens longitudinal de la tige ou axe dont ils émanent 2. Les distinctions que l'on a établies pour les organes ap- pendiculaires, bonnes sans doute pour la commodité de En poussant l'observation plus loin, on s^perçoit que d'autres organes foliacés, analogues à ceux que nous venons de citer, forment encore, par soudure, les péricarpes et même les tuniques propres qui protègent et abritent immédiatement cette sorte de petit rameau destiné à s'isoler de la mère, et auquel on a donné le nom d'embryon ; mais une chose très remarquable, c'est la fréquence et le complément de toutes ces sou- dures, à mesure que les organes donl nous avons parlé se rapprochent du petit être pour lequel ils semblent tous avoir été créés. La tunique pro- pre de la graine est tellement soudée, qu'elle n'offre jamais de déhis- cence; le péricarpe, toujours le produit d'une ou plusieurs feuilles rap- prochées et soudées par leurs marges, est le plus généralement clos de toute part ; mais, le plus souvent , Jes pièces qui le composent se dessou- dent dans la maturité pour donner passage aux graines; enfin, les phy- costèmes, les étamines, les corolles, les calices et les bractées présentent bien plus souvent des soudures , que les autres feuilles plus développées et plus espacées de la tige. 1 Aux deux extrémités de l'axe du végétal, les nœuds-vitaux se déve- loppent peu ou point; ceux que bordent les premières feuilles, les coty- lédons, produisent rarement des embryons-fixes eu bourgeons; ceux protégés par les écailles du bourgeon restent dans l'inaction ; et enfin ceux placés vers l'autre extrémité paraissent éteints, et ne sont indiqués, dans cette partie terminale, que par les organes appendiculaires de la fleur, les feuilles du calice et de la corolle et les étamines. 2 Les étamines, opposées aux feuilles de la corolle des berbén'dées et des primulacees , présentent des exceptions à cette grande loi. Ces végé- taux, mieux étudiés, nous apprendront, peut-être, que le même organe peut quelquefois être doublé par un autre plus intérieur. ( »iG ) l'étude, disparaissent dès que sérieusement on veut se don- ner la peine de penser et de comparer ces organes entre eux. Les organes appendiculaires du rameau-fleur ont été dis- tingués en calice , en corolle, en éiamines et en phycos- tèmej auxquels on ajoute encore quelquefois ceux que l'on désigne par les noms de calicule dans l'œillet (fig. 4i ^)? et ceux, souvent polyphylles, placés au-dessous du calice de quelques malvacèes. De petites feuilles, rudimentaires par épuisement, plus ou moins rapprochées, libres ou soudées entre elles, vertes ou parées des plus vives couleurs, réduites aux bases pétio- îaires des autres feuilles de la tige, devenant, par suite de cet épuisement, scarieuses, transparentes et même fimbril- lées dans les synanihérées (fig. 9, 10, Z>, et fig. 12, a), tonnent la partie ou l'enveloppe la plus extérieure du ra- meau-fleur, celle que l'on est convenu de nommer le calice. La nature, comme pour nous ouvrir les yeux sur la véri- table analogie des organes, semble avoir posé ça et la des exemples, dans lesquels elle nous montre, d'une manière frap- pante, comment elle passe d'une modification à une autre. Le calice, composé de huit ou neuf feuilles rudimentaires et écailleuses, alternes et imbriquées des camellia ; les trois feuilles multifides de la collerette des anémones devenant, en se rapprochant de la fleur des hépatiques , un calice com- posé de trois folioles simples; celui des roses dont les cinq parties qui le forment, allant toujours en diminuant de l'ex- térieur a l'intérieur, se développent, dans certaines espèces, en feuilles tout aussi composées que celles de la tige; et enfin celui despivoines, dans la composition duquel on trouve la réunion des feuilles laminées de la tige et celles rudimen- taires des calices, offrent quelques-uns de ces nombreux exemples, qui prouvent jusqu'à l'évidence l'identité des or- ganes appendiculaires du calice avec ceux de la tige. Ces preuves d'identité, que, presque toujours, nous sommes obligés d'aller chercher dans l'observation de plu- sieurs individus comparés entre eux , se trouvent quelquefois accumulées sur le même point : telle se présente l'une de nos plus belles fleurs indigènes, celle du nymphœa alba, dans laquelle les organes appendiculaires qui la composent, pas- sent, imperceptiblement, des folioles vertes et robustes du calice à celles blanches et délicates de la corolle, et de < m > celles-ci, en se rétrécissant et en recevant insensiblement le développement d'une anthère, aux étamines les plus par- iai tes. - De l'excessif rapprochement des organes appendiculaires les plus extérieurs du rameau-fleur, disposés alternative- ment et en spirale dans les camellia , les pivoines, les cistes et les marcgravia ( fig. 1 3 ) ; ou opposés ver ticillés et libres , comme dans la renoncule (fig. 16, a); ou enfin vertieiilés et soudés, comme dans V œillet (fig. 4)? est née la dénomi- nation de calice, que l'on a attachée a l'association plus ou moins intime de ces petites feuilles rudimentaires. De l'indépendance des feuilles du calice (fig. 16, a), ou de la réunion , par soudure, de ces mêmes feuilles (fig. 4), on a tiré le caractère qui sert à distinguer cette enveloppe en calice polyphylle et en calice monophylle. La première de ces dénominations est rigoureusement bonne; mais la se- conde, comme Fa très-bien observé M. Decandolle ', est fautive, en ce que les calices monophylles (sauf les bractées des cissampeloSj qui en ont usurpé ie nom) sont toujours l'assemblage de plusieurs feuilles greffées, plus ou moins, entre elles. Indépendamment des soudures que les folioles des calices éprouvent entre elles, elles en subissent encore d'autres en se greffant plus ou moins, par leur face intérieure, avec la ou les pièces foliacées qui constituent l'ovaire. Depuis l'ovaire parfaitement libre ou supérieur aux feuilles calici- nales de la cerise ou du lis, placé au fond du. calice, jusqu'à celui adhérent de la pomme ou de la grenade, situé au- dessous, se présentent un grand nombre de passages inter- médiaires, parmi lesquels on remarque ceux semi-adhérens des samolus valerandi, des saxifrages , desjeuillea trilo- bata et cordata (boîte à savonnette), et ceux, presque adhérens, des momordica opcrculata et luffafœtida. Le calice est régulier ou symétrique lorsque les petites feuilles, libres ou soudées, qui le composent sont parfaite* ment semblables entre elies : tel est celui des renoncules (fig. 16 ; a), des borrago, de Y œillet et du phj salis ( fig. [\ et 5); il est irréguiier quand ces mêmes feuilles présentent entre elles des différences de grandeur, comme dans ceux • Théorie élément. Deuxième édition, pag. 3çjo. ( 128) des labiées, ou des différences de formes, semblables à celles que l'on observe dans les gibbosités et les éperons corniculés dans la capucine, les orchis, les delphinium, etc. Il est important de faire remarquer que le plus grand nombre des divisions de ces calices irréguliers, et en même temps celles qui, le plus ordinairement, acquièrent le plus de développement, sont situées du côté extérieur relative- ment a l'axe qui a donné naissance a celui de la fleur. Les feuilles du calice, dans les papavéracées , abandon- nent celles de la corolle au moment même de l'anthèse ou épanouissement de la fleur : dans les crucifères , le calice et la corolle tombent presque en même temps ; dans les ana- gallis et beaucoup d'autres, le calice ne se désarticule pas, mais il se des:-èche et persiste eu cet état, auquel on a donné le nom de marcescent ; dans d'autres, il conserve la faculté de croître (calice accrescent) et de se développer avec le fruit, ceux des pbysalis (fig. 5), et de simuler un péricarpe dans celui charnu et coloré du duranta plumieri. Le calice le plus singulier que nous connaissions, est celui, parfaitement sessite, de la pistache de terre (arachis hjpogœa) : son tube long et grêle, dans l'intérieur duquel passe ie style , a été pris , avant l'observation de M. Poiteau , pour le pédoncule de la fleur. La corolle, placée en dedans du calice ou plutôt au-dessus de lui, étant plus rapprochée de la partie terminale de l'axe pistillaire, les petites feuilles qui la composent sont, par suite de cet épuisement qu'éprouvent les organes appendi- culaires a mesure qu'ils naissent plus près du sommet des rameaux, d'un tissu plus délicat, et en même temps plus susceptibles de se colorer. Presque toujours verticillées, ces petites feuilles, auxquelles on a donné le nom de pétale, se soudent entre elles ou restent libres; mais plus sujettes à manquer, dans les fleurs, que celles du calice, leur absence, comme l'a très-bien observé M. de Jussieu, constate tou- jours la présence d'un calice, quelles que soient la nature et la couleur de ce dernier \ 1 On ne devine pas pourquoi, dans les fleurs des lifacées, et, en géné- ral, de toutes les monocotylédones, dont Fenvelôppe plus ou moins co- lorée se compose de deux rangées ou verticilles de trois feuilles superpo- sées , on n'a voulu voir qu'un calice , lorsque c'est contraire à toute espèce d'analogie. ( i^9 ) L'onglet des pétales, quelquefois très-long, comme dans le garidellctj est aux feuilles de la fleur ce que sont les pé- tioles aux feuilles de la tige. Calices. i. eucalyptus resinifera, Smith. Calice supérieur, mo- nophylle, calyptré ; folioles soudées. 2. ld. Fleur épanouie : a, calice détaché. 3. FissiLiA disparilis. Calice inférieur, monophylle, eu- pulaire , à bord entier. 4- oeillet dessables ( dianthus arenarius, Lin. ). Calice inférieur , monophylle , tubuleux , quinquédenté : a , feuilles rudimenîaires; b, quatre autres opposées par couples, for- mant le calicule des auteurs. 5. cooteret alkekenge (phjsalis alhckengi, Lin. ). Ca- lice inférieur, monophylle, accrescent, enflé et persistant : a, partie déchirée du calice pour faire voir le fruit. 6. erythronitjm dens-canis , Lin. Calice inférieur, po- lyphylle, coloré. 7. chamelalc.ium plumosum (Desf., Mém. du Mus. dliist. nat.). Calice supérieur, polyphylle, scarieux et plu- meux : a, involucre diphylle. 3. Id. Fleur épanouie dépourvue de son involucre et de sa corolle : a, étamines. 9. stevia pedata (Cav. le), florestina pedata (H. Cassini). Calice supérieur, polyphylle, scarieux et cilié : a, phycostème; b, folioles du calice. 10. galinsoga triloba (Cav. le.). Calice supérieur, polyphylle , scarieux et cilié : a , phycostème j b, folioles du calice. 1 1. scabieuse colombaire (scabiosa columbaria , Lin.). Calice supérieur, polyphylle : a, partie terminale de l'invo- lucrë; b, feuilles du calice réduites aux nervures médianes. 12. pissenlit (leontodon taraxacum, Lin.), taraxa- cum dens-leonis , Desf. Calice supérieur, polyphylle, fim- brillé, réduit au système vasculaire : a, sommet du fruit sur lequel sont insérées les fimbrilles du calice. Obs. En jetant les yeux sur les figures 5, 8,9, 10, 11 et 1 2 , on s'aperçoit aisément que tous ces calices sont au ( i3o ) fond parfaitement identiques, et qu'ils ne différent entre eux que par de simples modifications de formes. La nature, dans tout ce qui tient à l'organisation des êtres vivans, n'a point de secret : qui la connaît bien sur un coin du tableau, la connaît partout; mais sa marche cons- tante et graduée ne peut être expliquée qu'en la suivant pas a pas. L'étude des faits isolés n'apprend rien ou presque rien; celle des analogies peut seule nous apprendre quel- que chose : ce n'est que par ce moyen que Ton parvient a re- coni.aître, dans le calice soudé et vésiculeux du coqueret (fig. 5), et celui fimbrillé du pissenlit (fig. 12), le même organe. Corolles. i3. marcgravia umbellata, Vahl. Corolle monopétale 7 calyptrée, pétales soudés. i/f. là. Fleur épanouie : «, corolle détachée. i5. tabac {îiicotiana tabacwn, Lin.). Corolle monopé- tale, composée de cinq feuilles verticillées et soudées dans presque toute leur totalité : a , point d'insertion des étamines. 16. renoncule acre (ranunculus acris , Lin.). Corolle polypétale, composée de cinq feuilles verticillées, libres : <2, feuilles du calice; &, feuilles de la corolle ', c, petites protubérances écailleuses , offrant un commencement de cette forme corniculaire que présentent les pétales des anco- lies et autres plantes de la même famille; à, étamines; e, pistils. TABLEAUX XXII, XXIII et XXIV. Etamines, pollen et fluiàe fécondant , phycostèmes , pistils. De Vétamine. Immédiatement au-dessus de l'insertion des organes ap- pendiculaires du calice et de la corolle, s'en développent d'autres que l'on a désignés sous le nom d'étamines, et aux- quels on a accordé la faculté de féconder les embryons- graines. ( i3i ) L'étamine se compose, le plus ordinairement, des deux parties suivantes, le filet et l'anthère. Le filet, qui est lin pétale réduit a la nervure médiane, reprend quelquefois cette forme laminée, qui distingue tous les organes appendiculaires, dans les nympliœa, les iris y les delphinium, les auljc, clematis alpinû, etc. , ou bien , comme Ton sait, il devient un vrai pétale dans toutes les fleurs qui doublent. Le filet, moins important que l'anthère, manque souvent, et rend pour lors cette dernière sessile. Dans l'anthère, presque toujours articulée sur le sommet du filet, il faut distinguer, i°. le connectif (Tabl. xxn, fig. 5, a; 6, b7 et fig. 7, b); 20. les valves, qui forment les loges (fig. 7 , c et ce) ; 3°. cette espèce de cloison qui subdi- vise plus ou moins chaque loge en deux logettes, et à la- quelle j'ai donné le nom de trophopollen, à cause de son analogie avec le trophosperme où placeuta qui porte les graines dans le péricarpe; 4°- ^es utricules polliniques (fig. i5) et le fluide contenu dans ces utricules, b. Lorsque l'on compare les parties constituantes de l'anthère avec celles du fruit, on est tellement frappé de leur ressem- blance organique, qu'on est presque tenté de croire que ces corps , auxquels on attribue généralement la faculté de fé- conder les embryons, ne sont eux-mêmes que des fruits la- téraux et rudimentaires ; que les utricules polliniques sont des ovules stériles, et que le fluide dont ils sont remplis est le même que le fluide endospermique, dans lequel naît l'em- bryon des graines. Un connectif et des tropliopollens intérieurs, dans l'an- thère, rappellent l'axe et le trophosperme ou placenta du péricarpe; des valves et des loges en nombre variable; une déhiscence, le plus souvent longitudinale (Tabl. xxn, fig. 7 , c et ce) , ou s'opérant par des trous situés au sommet des anthères des solanum^ûg. 3 ) , des éricêes (Tabl. xxm, fig. 2), a la base dans les pyroles, par le moyen d'opercules latéraux dans les lauriers {laurus) (Tabl. xxn, fig. 4, b)9 les cassyta, les berberis, pistia stratiotes, etc., ou enfiu transversalement et en boite a savonnette dans le brosirnum alicastritm, offrent un parallèle exact entre la valvaison et tous les modes de déhiscence que nous connaissons dans les péricarpes. Si ensuite on établit un autre parallèle entre les utricules ( i3a ) ^ polliniques et les ovules destinés à protéger le développe- ment des embryons, on voit que les uns et les autres présen- tent les mêmes formes ; que leur surface est tantôt lisse et tantôt hérissée 5 qu'ils communiquent avec la plante-mère, les ovules, par le trophosperme et les utricules polliniques, par le trophopollen ; qu'ils sont sessiles ou éloignés des pla- centas au moyen d'un cordon ombilical, quelquefois très- long et très-délié dans ceux du pollen; qu'ils contiennent un fluide qui pourrait bien être de la même nature; et qu'enfin l'un et l'autre de ces organes ne s'ouvrent jamais que par éruption. Jusqu'ici le parallèle est juste : deux utricules très-ana- logues , pleins d'un fluide , composent également l'ovule et Putricule polliuique ; mais peut-être qu'en raison de la dif- férence des situations, terminale du pistil et latérale de Fêta- mine, il va continuer de se développer des embryons dans une grande partie des ovules, tandis que tous les utricules polliniques resteront à l'état de ces nombreux ovules dans lesquels on n'aperçoit jamais d'embryons. Les éîamines sont libres ou soudées : comme organes ap- pendiculaires, développés a l'extrémité de la tige, elles se soudent souvent entre elles en partie ou en totalité, et même avec les organes qui les a voisinent, tels que la corolle, le calice et le pistil. Les étamines sont libres dans la tulipe et l'œillet ; elle sont soudées par leurs filets dans les papilionacées (Tabl xxn, fig. ii, a), les mauves, Yadansonia digitata (fig 9, «), melaleuca hypericifolia (fig. 12, c); simplement soudées par les anthères dans les synanthérées (Tabl. xxm, fig. 3 ), dans toutes leurs parties dans les lobelia (Tabl. xxm, fig. 5, aetb), avec la corolle dans les labiées et générale- ment dans toutes celles dites monopétales, avec l'ovaire dans les aristoloches, enfin avec le style dans le genre stjlidium (Tabl. xxm, fig. 7, d) et dans les orchidées (fig. 12, b). La véritable insertion d'une étamine, sur l'axe du végétal, est toujours au-dessus de celle du pétale ou de la foliole ca- licinale, si le pétale manque. Les distinctions àliypogyne , de périgyne et d'épigpw, résultent entièrement des diverses soudures que subissent les étamines avec les organes appen- diculaires placés au-dessous ou au-dessus d'elles. Le nombre des étamines varie beaucoup : les hippuris et ( i33 ) les blitum n'en présentent qu'une ; le troène ( ligustrum vul- gare) et le lilas en ont deux ; le plus grand nombre des mo- nocotylédones, les graminées par exemple, en offrent le plus souvent trois ; il y en a quatre dans les galium et dans la plupart des labiées; cinq dans les ombeUifèrcs , le ta- bac, etc.; six dans la tulipe, l'épine-vinette, et dans pres- que tous les palmiers; sept dans le marronier d'Inde; huit dans les vaccinium, les daphne ; neuf dans le butomus um- bellatus ; dix dans l'œillet, les saxifrages; douze dans les réséda; un nombre indéterminé dans le pommier, le pavot, l'ancolie, etc. Malgré cette grande diversité que présentent les étamines dans leur nombre, on s'aperçoit qu'au fond les nombres trois et cinq et leurs multiples dominent, le premier dans les vé- gétaux monocotylédons, et le second, quoique moins gé- néral , dans les dicotylédons. La disposition des étamines, sur l'axe, est subordonnée a la même loi que celle de tous les autres organes appendicu- laires et rayonnaus du végétal. Ainsi, les étamines sont iso- lées ou associées par couples , ou, ce qui est plus ordinaire, associées par verticilles; elles sont isolées dans les fleurs de Yhippuris vitlgaris , des blitum capitatum et virgatum^ dans la valériane rouge (centranthus ruber), etc.; associées par couples dans celles du lilas (syringa vuïgaris), les vé- roniques {veronica)^ le jasmin, l'olivier, le frêne, etc., associées verficillées par trois dans la plupart des graminées , les glaïeuls, les iris; verlicillées par quatre dans les galium, les plantains; par cinq dans la bourrache (borrago qfjici- nalis) , le lierre (hedera heli.r) et le café {coffea arabica}. Lorsque, dans les scions-fleurs monocotylédons ou dico- tylédons, on observe, pour les premiers, six, neuf, douze, quinze ou un plus grand nombre d'étamines, et, pour les seconds, dix, quinze, vingt ou plus, ceUe augmentation a toujours lieu par la répétition de plusieurs verticilles super- posés et dont les étamines qui composent ces verticilles, au nombre de trois dans les monocotylédons, et généralement de cinq dans les dicotylédons, comme orgnaes appendicu- laires, alternent entre elles d'un verticille a l'autre. C'est à cette disposition superpesée des vei licill» s qu'est due cette inégalité que l'on remarque dans la grandeur des étamines lorsque, dans un scion-fleur monocotylédon, il y ( '34 ) a six étamines au lieu de trois, comme dans les liliacées, le plus grand nombre des palmiers, quelques graminées, etc., ou dans un scion fleur dicotylédou, au lieu du nombre cinq, qui y domine le plus généralement , il présente dix étamines, comme, par exemple, dans les melastcma, les silène, l'œil- let, etc. Il est aisé de concevoir que, d'après cette disposition commune à tous les organes appendiculaires du végétal composé , qui, comme l'on sait déjà , vont toujours en dimi- nuant à mesure qu'ils se développent plus près de la partie terminale des axes, le premier ou le plus intérieur des ver- ticales staminifères doit se composer d'étamines moins épui- sées que celles qui forment celui ou ceux placés immédiate- ment au-dessus. Le verlicille que composent les organes appendiculaires développés vers la partie terminale des axes, tel que celui de la plupart des calices, des corolles, des étamines, des phycostèmes et des feuilles ovariennes, n'a lieu que par l'excessif rapprochement de ces organes, et conséquemment par la disparition entière des articles ou rnérithalles qui écartent les feuilles sur les tiges. Malgré cet excessif rappro- chement dont nous venons de parler, les étamines, dans leur disposition, conservent celle des autres organes appen- diculaires situés dans la partie intermédiaire des tiges; je veux dire que lorsqu'elles sont nombreuses, comme dans les renonculacées et les magnoliers, elles décrivent, en cette partie de Taxe, une spirale dont les tours sont très-rappro- chés. Une telle disposition s'obtiendrait pour les feuilles répandues le long des tiges, s'il était possible de faire dispa- raître les rnérithalles qui les séparent, en les faisant rentrer en eux-mêmes, comme on le fait des tubes particuliers d'une longue-vue. Du pistil. Le pistil est l'enfance du fruit : dans son état le plus par- fait, on y a distingué les trois parties suivantes, l'ovaire, le style et le stigmate. La première est la plus essentielle; la seconde , sans doute peu utile, marque souvent , et la troi- sième n'est peut-être pas aussi nécessaire qu'on le croit gé- néralement. L'ovaire contient et protège les ovules : ceux-ci ? clos de* ( i35) toute part, remplis d'un fluide qui doit , plus tard , servir de nourriture à l'embryon-graine, sont sessiles ou pédicules (cordon ombilical). Leur insertion, ou point de départ des placentas ou trophospermes, présente trois modes princi- paux; savoir : i°. elle est axifère lorsque les ovules naissent sur un axe central, comme dans les primulacées, les caiyo- phylîéeSj les euphorbiacées , etc.; 2°. marginale quand ils émanent des bords marginaux et rentrons de la feuille ova- rienne, comme dans les légumineuses, le colchique , glo- riosa superba, etc.; 3°. médivalve quand ils partent de la nervure médiane de la feuille ovarienne ; par exemple, les iridêes , la tulipe, l'ornithogale, le hixa. Des observations suivies sur la formation et la complica- tion des corps reproducteurs des végétaux, comparés entre eux du plus simple au plus composé, m'ont appris que le pistil se composait encore d'un ou de plusieurs organes ap- pendiculaires et foliacés , dont la lame roulée sur elle-même de l'extérieur a l'intérieur, et en se soudant par ses marges plus ou moins rentrantes a l'intérieur, formait le pistil et, par suite de développement, le péricarpe; que la nervure médiane de ces feuilles ovariennes , en se prolongeant plus ou moins au-delà de la lame soudée, produisait le style, et s'arrêtait, le plus souvent, en une houpe papilleuse et stig- matique. Si l'on se rappelle bien une pteris à feuilles simples, on verra que c'est toujours sur la face externe des feuilles les plus terminales de la plante, que se développent, margi- nalement , les corps reproducteurs ; et que si on prend une de ces feuilles libres et fructifères, qu'on la roule sur sa face interne, que l'on rapproche les deux marges de manière à les souder entièrement, et a faire rentrer a l'intérieur du cornet les deux marges qui portent les graines; que l'on al- longe, par la pensée, la nervure médiane au-delà de la lame soudée, on aura l'analogue du fruit irrégulier, de la pêche, ou, mieux encore, celui d'une légimiineuse papilio- nacée. Il est inutile de dire qu'un plus grand nombre de ces feuilles ovariennes , ainsi roulées, soudées et rapprochées, donne les péricarpes composés et rayonnans des gentianes , du colchique, de la fraxinelle, de la mauve (voyez, à ce sujet, ma définition du péricarpe, pag. /j.8)« L'ovule lui-même est le dernier organe appendiculaire ( i36) de la plante; c'est encore une feuille souciée de toute part et toujours indéhiscente. Celte feuille ovulaire, comme toutes les autres feuilles du végétal, naît sur le bord d'un nœud- vital, qu'eile protège, et ce nœud-vital est celui qui a servi de conceptacle à l'embryou-graine. Se développant immé- diatement au-dessus de la feuille ovarienne, la feuille ovu- îaire est tantôt sessile et tantôt éloignée au moyen d'un dernier article ou mérithalle de la tige, dans lequel on a cru voir l'analogue du cordon ombilical des animaux (Organ. rrtc£etfto, WilldL Etamines soudées : a, pro- ( #• ) longern^nt latéral de l'androphore plane , charnu ; b , anthères rudimcntaires; c, anthères développées; d, ovaire et stig- mate. 9. Une étamine développée, détachée de l'androphore; connectif nul; anthère bilobée, bilocnlaire. 1 o. Une étamine rudimentaire isolée de celles marquées b. 11. asclepias à la ouate (asclepias syriaca. Lin,). Fleur entière ouverte longitudinalement, de manière à bien faire connaître la situation relative des divers organes qui la composent : a, folioles du calice réfléchies; b, les cinq di- visions ou lobes de la corolle également réfléchies ; c, ovaires ; dj ovules imbriqués de haut en bas; e, trophospermes (placentas) ;/*, tube ou androphore formé de la réunion sou- dée des cinq filets des étamines ; g, sortes d'appendices cor- niculés qui s'échappent de chacun des filets des étamines; 7iy cornes qui compliquent les appendices dont nous venons de parler; /, utricules polliniques agglutinés en masse hors des sachets ou loges de l'anthère ; /, corps corné adhérant au stigmate, d'où émanent deux masses polliniques allant se loger dans deux sachets appartenant a deux anthères diffé- rentes ; 7?i, stigmate commun , soudé sur le sommet des deux ovaires. 16. Deux étamines isolées, vues du côté intérieur: a, filets soudés; Z>, appendice apicilaire de l'anthère; c, appendices latéraux, formant, par leur rapprochement, ce que Ton a faussement appelé les fissures du stigmate; d7 lobes ou sa- chets de l'anthère; e, corps cornés, détachés du stigmate, envoyant, comme nous l'avons déjà dit, deux niasses polli- niques,/', à deux anthères différentes. Obs. Cette fleur, seulement masquée par quelques sou- dures d'une part, et le développement de plusieurs organes appendiculaires de l'autre, considérée, comparativement, avec une fleur de campanule, serait tout aussi simple que cette dernière, si nous pouvions expliquer l'usage des corps cornés, et pourquoi ces mêmes corps, qui donnent naissance à deux masses polliniques, les envoient à deux anthères dif- férentes. Ce point ne pourra être éclairci que par un travail d'anatomie comparée sur tous les organes analogues de cette famille. 11. LiMODORUM purpur'eum. Etamines fertiles et rudi- ment aires soudées avec le style : a, ovaire ; b ? filet de 1 eta- ( >4> ) mine soudé avec le style; c, stigmate; d, point d'attache des masses polliniques; e, boîte de l'an t hère ; f, protu- bérances que M. Richard considère comme étant deux autres étamines rudimentaires. i3. Anthère détachée de la figure précédente : «, lobes quadriloculaires; b, masses polliniques sorties des loges. i4- Partie supérieure de la columelle de laquelle on a enlevé l'anthère. Obs. L/androphore des orchidées, composé de la réunion soudée de plusieurs étamines, et se soudant en outre avec le style, offre, sous ce point de vue, de l'analogie avec celui des stylidium (fig. 7 , d). , i5. passiflore ailée (passiflora alata, H. K.). Eta- mines soudées, par leurs filets, en un androphore qui se soude ensuite avec le gynophore ou stipe du pistil; anthères oblongues, bilobées, biloculaires et vacillantes : a , andro- phore et gynophore soudés; b, anthères; c; ovaire; d, stig- mates. TABLEAU XXIV. Pistils y étamines , phyco sternes. 1. lis blanc (lilium candidum , Lin.) : a, ovaire libre ou supérieur, trigone, triloculaire, polysperme; b, style; c, stigmate trilobé, papilleux. Obs. Trois feuilles verticillées, rapprochées, roulées et soudées par leurs marges plus ou moins rentrantes a l'inté- rieur , les nervures médianes de ces mêmes feuilles, prolon- gées bien au-delà de la lame, également soudées en une co- lonne, et se terminant, chacune, par une glande spongieuse et recouverte de pores papilleux , composent l'ovaire, le style et le stigmate de presque toutes les liliacées. 2. stylobasium spathulatum , Desf., Mém. du Mus. dliist. nat. Ovaire libre , monosperme ; style latéral ; stig- mate capité, papilleux. Obs. Cette singulière situation latérale du style sur Povaire, commune aux pistils des alchimilla, mangifera indica , artocarpus integrifolia et incisa , anacardium oc- cidentale , Lin. ( pomme d;acajou ) , etc. , provient de ce que la nervure médiane de ces feuilles ovariennes est plus ou ( '+» ) moins détachée de la lame, ou, si l'on veut, de ce que la laine se prolonge en deux oreillettes libres et distinctes. Les feuilles rudimentaires ou balles des graminées qui présentent , pour la plupart , une nervure médiane partant du milieu ou de la base de ces feuilles, se terminant souvent en une longue arête, et les feuilles bilobées de quelques espèces de bauhim'a, dans lesquelles la nervure s'allonge au- delà des lobes , offrent une organisation analogue a celle qui forme, par soudure, les pistils à style latéral. il faut bien remarquer que le point d'où part le style est toujours situé à l'extérieur, relativement a Taxe principal de la plante. 3. concombre melon (cucumis melo. Lin.). Ovaire adhé- rent, uniloculaire, trophospermes ou placentas pariétaux, produit par les marges soudées et rentrantes des trois feuilles qui composent cet ovaire ; ovules arillés, multisériés; ner- vures médianes des feuilles ovariennes soudées en une co- lonne, terminées par une grosse glande fortement sillonnée du côté intérieur et recouvertes de pores papilleux : a, trois étamines stériles alternant avec les feuilles ovariennes. 4. pervenche (grande) (vùica major, Lin. ) : a, l'un des deux lobes du phycostème ; b , deux ovaires libres , composés, chacun, d'une feuille soudée du côté de Taxe, et dont les nervures médianes se soudent en une colonne commune aux deux ovaires; c, point d'adhérence des cinq étamines avec le style; dy plateau stigmatique. 5. primevère commune (primula veris, Lin.). Cinq ou dix feuilles verticillées et soudées de toute part par leurs bords composent le pistil des primulacées et de la plupart des caryophyllées : la désoudure de ces feuilles ovariennes, au sommet des péricarpes de ces plantes, y produit la déhis- cence : a7 ovaire; Z>, ovules; c, trophosperme central, éma- nant directement de l'axe, et n'en étant qu'une prolongation naturelle; d7 continuation de l'axe trophospermique faisant corps avec la réunion soudée des dix nervures médianes des feuilles ovariennes qui composent le style. Obs. Cette correspondance du trophosperme avec le style a été observée, pour la première fois, par M. Auguste de Saint-Hilaire. ( '43) Phjcostèmes. Voyez la définition que j'ai donnée de cet organe, page i3o. Ne pouvant représenter qu'un petit nombre d'exemples de cet organe, j'ai choisi, sur toute la chaîne, ceux qui m'ont paru les plus remarquables , en ayant soin, toutefois, de les ranger selon qu'ils passent, en se modifiant, du plus simple au plus composé. 6. orobanche a une seule fleur {orobanche umflora, Lin.) : a, phycostème unilatéral, touchant immédiatement l'ovaire. j. gratiole officinale (gratiola officinalis , Lin.) : «, phycostème en anneau, a bord simple, entourant immé- diatement l'ovaire. 8. cobéa grimpant (cobœa scandens , Cav. le.) : a, phy- costème en anneau, a cinq lobes, entourant immédiatement l'ovaire. 9. thotjinia pinnata , Turp., Annales du Mus. dliist. nat. : ay phycostème en anneau sinueux, placé entre les étamines et la corolle. 1 o. balanites JEgyptiaca , Delile ; alpinia JEgyptiaca , Richard \ ximenia ^Egyptiaca, Lin. : a, phycostème en bourse , composé de dix étamines rudimentaires, soudées entre elles; entourant immédiatement au moins les deux tiers de l'ovaire. 11. citronnier oranger (citrus aurantiam. Lin.): a, phjxostème en anneau a bord sinueux, entourant immé- diatement l'ovaire; lobes se prolongeant quelquefois en éta- mines parfaites ; 6, une étamine soudée par son filet avec le stigmate. 1 2 . scirpe des marais ( scirpus palustris , Lin . ) : a , phy- costème annelé a la base, surmonté de six soies munies d'arêtes recourbées, entourant immédiatement l'ovaire ; b, ovaire ; c, base renflée du style. i3. carex gazonnant (carejc cœspitosa , Lin.). Phy- costème utriculaire renfermant complètement l'ovaire et le style, donnant passage aux stigmates par l'ouverture c; b, ovaire pédicellé. Obs. En soudant, par la pensée, les six soies de la figure ( i44 ) précédente, on obtient l'équivalent de l'utricule des fleurs femelles des car ex. i4« pivoike en arbre (pœoiria mouton, Bot. Mag.). Phycostème sacciforme renfermant complètement les ovaires, donnant passage aux stigmates par une ouverture à bord io^Jobé : a, phycostème; b, ovaires; c, stigmates. Obs. Si on compare ce phycostème avec celui des ancolies (aquilegia), qui se compose de dix lames crispées, toujours surmontées d'une anthère rudimentaire ou développée, et que l'on soude ensemble ces dix lames, on obtient exacte- ment le phycostème sacciforme du pœonia moutan, au som- met duquel il parait quelquefois des anthères. i5. nelumbo (nelumbo lutea, Willd.). Phycostème com- posé d'un grand nombre de phycostèmes particuliers réunis et soudés en masse : « , phycostème composé; b, péricarpes situés dans chaque phycostème. Obs. Plusieurs phycostèmes particuliers, semblables a ceux des fig. i3 et i4, étant soudés entre eux, produiraient celui très-composé de la fig. i5. TABLEAUX XXV, XXVI, XXVII, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI et XXXII. Fruits. On est convenu de nommer fruit l'assemblage du péri- carpe et de la graine, ou, en d'autres termes, le rameau- embryon pourvu de ses enveloppes propres et protectrices, avec lesquelles il faut prendre garde de confondre d'autres enveloppes involucrales, telles que la cupule du gland, celle rouge et charnue de Tif, le phycostème utriculaire des fleurs femelles des carejc, l'involucre des scabieuses et dip- sacuSj celui quadrivalve et hérissé de la châtaigne, toujours placé en dehors (au-dessous) du véritable péricarpe, dont le caractère essentiel est d'être terminé par un stigmate. Dans le fruit le plus complet, on trouve les parties sui- vantes : le rameau-embryon, un endosperme, les tuniques propres de l'embryon , un arille plus ou moins complet, et le péricarpe dans lequel on distingue encore, quoique ce soit le même corps, l'épicarpe, et l'endocarpe dans les épi- ( > 43 ) dermes externe et interne, et le mésocarpe dans les tissus cellulaire et vasculaire contenus entre ces deux surlaces épi- dermiques. La disposition des placentas ou trophospermes dans l'in- térieur des péricarpes, offre le caractère le plus important et le plus constant du fruit : il est celui dont on doit se servir dans les premières divisions classiques, artificielles , des fruits; je dis artificielles, parce que toute classification éta- blie sur une seule partie, rompra toujours, plus ou moins, les vraies analogies, qui ne peuvent avoir lieu que par la con- sidération de l'ensemble de tous les organes constituans du végétal. Les diverses parties qui forment le fruit, en devenant plus ou moins succulentes, farineuses, cornées ou filamenteuses, servent à nos besoins. Le mésocarpe, ou partie cellulaire et parenchymateuse du péricarpe, se mange dans une grande quantité de fruits de toutes les parties du monde : de ce nombre, on peut citer, pour l'Europe, le melon, la pèche, la poire, etc., et, pour les autres parties du globe, la sapotille (achras sapota), l'avocat (laurus persea), la manque (jnangifera vidica). L'arille, en devenant plus ou moins succulent et charnu, est la seule partie mangeable dans le finit de la grenade (puiiica granatum) , des grenadilles (passiflora quadran- gularis , alata , laurifolia , maliformis .fœtida , etc. ) ; celui du cacao (tlieobroma cacao) est sucré et très-recherché par les jeunes créoles. L'endosperme farineux des plantes céréales sert à faire le pain et devient la base de notre nourriture; celui de plusieurs euphorbiacées , telles que le noisetier d'Amérique ( omphalea triandra), le grand médecinier ou pignon-d'Iude (jatropha curcas), a un goût d'aveline très-agréable; mais il faut avoir la précaution, avant de le manger, d'en enlever l'em- bryon foliacé, placé au centre, dans lequel réside un prin- cipe acre et très-vénéneux. C'est encore a la présence de cette substance concrétée et cornée du café que nous devons cette boisson agréable, que rien, dans nos végétaux indigènes, ne pourra remplacer. Le lait et la noix de coco sont également le produitde l'endosperme en partie fluide et en partie concrète. Dans les graines où Tendosperme domine, l'embryon ne compte, relativement à nos besoins, pour presque rien : il ( >46) en est tout autrement dans celles qui sont dépourvues, eu grande partie ou en totalité, de cette substance; là, l'em- bryon remplit a lui seul toute la cavité de l'ovule devenu graine, et, dans la châtaigne, la noix, la noisette, l'amande, le baricot, le pois, etc., il est, dans l'état de maturité du fruit, la seule partie qui soit comestible. TABLEAU XXV. Fruits. i. cal a eu al A des pharmacie s (aspidium coriaccum, Sw. ). Portion grossie d'une feuille sur laquelle ou voit un amas de petites capsules ( sori ) recouvertes d'une membrane ombiliquée (induré) : a7 portion de feuille; b, pores ou glandes miliaires; c, capsules ou conceptacles. 2. I Aine des capsules ou conceptacles détacbée de la figure précédente, très-grossie : «, anneau élastique, incomplet; b, pédoncule. 3. La même prise au moment où elle se rompt pour don- ner passage aux graines : a, graines ou séminules hérissées. 4- lycopode à massue (lycopodium clavatum , Lin.). Feuille rudimentaire ou bractée donnant naissance, a sa base , à une capsule réniforme , bivalve , polysperme : a , brac- tée; &, capsule; c, graines ou séminules. 5. orge commune (hordeum vulgare, Lin.). Péricarpe irrégulier, oblique, sillonné, uniloculaire, monosperme, in- déhiscent : a y stigmates persistans; b, point qu'occupe l'em- bryon. 6. froment cultivé {triticum bulgare, Willd., Eimm.). Péricarpe irréguiier, oblique, sillouné, uniloculaire, mo- nosperme, indéhiscent : a7 hile; b7 micropyle. 7. phlomis arbrisseau (phlomisfruticosa, Lin.) : a, pé- ricarpe rudimentaire, supérieur, cupulaire, biloculaire > loges dispermes; &, quatre graines nues. 8. a, Péricarpe cupulaire, de la précédente, dont on a enlevé les graines; &, points d'insertion des graines. 9. castela depressa, Turp., Annales du Mus. dliist. nat., tom. v. Péricarpe supérieur; drupe quinquélobé; lobe uniloculaire, monosperme : a, phycostème. 10. artichaut nain {cinara, humilis2 Lin.)- Péricarpe ( i47 > capsulaire, inférieur, uniloculaire, monosperme; graine dressée : a, péricarpe; &, calice supérieur, fimbrillé; c, em- bryon ; d, feuille rudimentaire, filiforme, accompagnant la base extérieure des fruits. ii. helmintia hérissé (helmintia echioides , Willd. , Sp.) : a y péricarpe capsulaire, inférieur, uniloculaire, mo- nosperme ; graine dressée ; b , calice fimbrillé. 12. ciguë des jardins (conium macula tum, Lin.). Pé- ricarpe capsulaire, inférieur, biloculaire ; loge monosperme : a, calice ; b , phycostème; c, style et stigmate persistant. 12. Portion de la figure précédente : «, graine; b, phy- costème. Obs. Les deux parties dont se compose le péricarpe des ombellifères s'éloignent, dans la maturité, de l'axe commun de la même manière que le font celles que l*on nomme coques dans les eupliorbiacées. 1 3. érable à sucre (acer saccliarinum, , Lin. ). Péricarpe capsulaire, supérieur, ailé, biloculaire; loge monosperme : a, graine. Obs. Les deux feuilles ovariennes qui composent le péri- carpe des érables, après s'être soudées dans leur partie infé- rieure , reprennent au-dessus cette forme laminée , commune h tous les organes appendiculaires. La base engainante et , pour ainsi dire, capsulaire des pétioles, des feuilles des vir- gilia lutea et platanus orientalis , dans l'intérieur de la- quelle est renfermé l'embryon-fixe ou bourgeon de ces végé- taux, représente assez bien les péricarpes des embryons- graines, dans lesquels la partie terminale redevient foliacée, comme cela se voit dans ceux des gyrocarpus , des mjania, des banisteria , des bégonia , etc. Il n'est pas inutile de remarquer que cette dilatation lami- née des feuilles ovariennes, réduites aux pétioles des autres feuilles de la plante , a lieu comme dans celles de certains mimoses dits à feuilles simples; je veux dire qu'au lieu de présenter le côté plane à la tige, elles présentent leurs côtés tranchans. TABLEAU XXVI. Fruits. i. casse des boutiques (cassiajîstula, Lin.). Péricarpe ( -48 ) irrégulier, léguniineux, allongé, cylindrique, indéhiscent, muitiloculaire; trophosperme pariétal, marginal; loges mo- nospermes : a, point qu'occupaient les organes appendicu- laires de la fleur; b, pédicelle ou mérithalle qui sépare l'insertion de la feuille ovarienne de celle des étamines ; c, côté du péricarpe qui regarde la tige du végétal et celui en même temps vers lequel les bords de la feuille ovarienne se soudent; d, côté extérieur de la feuille ovarienne; e, cloi- sons transversales; graines pédiculées, émanant alternative- ment des bords soudés de la feuille ovarienne. i a. Graine isolée : a , ombilic nourricier; b, micropyle. i. asclepias à la ouate (asclepias syriaca, Lin.). Péri- carpe irrégulier par avortement visible, supérieur, follicu- laire; follicules doubles lorsque l'un d'eux n'avorte pas, uniloculaires, polyspermes, déhiscens; trophosperme libre et central; graines imbriquées, pendantes, marginées, ai- grettées : «, follicule avorté; Z>, point qu'occupaient les organes appendiculaires de la Heur; c, feuille ovarienne; dj bords désoudés de la feuille ovarienne; e, graines; y, trophosperme; g, aigrettes des graines. 3. Coupe horizontale de la précédente figure : a, folli- cule avorté; b, marges de la feuille ovarienne; c, trophos- perme; dy point d'attache des graines. 4- gesse à larges feuilles (lathyrus latifolius , Lin.). Péricarpe irrégulier, légumineux, supérieur, uniloculaire, polysperme, déhiscent; trophosperme pariétal, marginal; graines bisériées, alternes : a, feuilles calicinales, persis- tantes ; &, bords soudés de la feuille ovarienne ; c et d , graines émanant alternativement des deux bords de la feuille ova- rienne. 4 a. Graine isolée de la figure précédente : ay ombilic nourricier, &, micropyle. 5. CHENiLLETTE sillonnée (scorpiurus sulcata , Lin.). Péricarpe irrégulier, légumineux, supérieur, comme mulli- loculaire; loges monospermes; déhiscent, contourné, muri- qué •• a, feuilles calicinales, persistantes; b, graines. Obs. La tourmente qu'éprouvent certains péricarpes de cette famille dans leur développement, vient de ce que Taxe trophospermique, acquérant promptement ses dimensions, devient une sorte de bride qui résiste à l'accroissement des autres parties du péricarpe. ( '49 ) C'est encore à cette cause que sont dus ces renfoncemens que Ton observe aux deux extrémités de la plupart des pommes, et dans lesquels sont logés l'œil, d'une part, et la queue de l'autre. Ces sortes de fruits acquérant très-vite leur longueur, il s'ensuit qu'ils varient quelquefois de ma- nière à ne pas être reconnus, selon que l'année est sèche et froide, ou chaude et humide. Dans le premier cas, ils res- tent allongés, tandis que, dans le second, ils sont plus ou moins sphériques. 6. eschtnoméné rude (œschynomene aspera, Willd.), Péricarpe irrégulier, légumineux, supérieur, articulé, mul- tiloculaire; loges monospermes : a, feuilles calicinales , per- sistantes. 7. moringa noix-de-ben {moringa nux-hen; gtjilan- dina moringa , Lin.; hyperanthera moringa, Vahl , Symb.). Péricarpe régulier, légumineux, supérieur, uni- loculaire, polysperme, déhiscent, trivalve; trophospermes médivaîves; graines sphériques, tri-ailées : a, valves ou feuilles ovariennes, de la nervure médiane desquelles éma- v nent alternativement les graines; by graines; c, points d'in- sertion des graines. 8. giroflée jaune (cheiranthus cheiri, Lin. ). Péricarpe régulier, supérieur, siliqueux, biloculaire, polysperme, déhiscent, bivalve; trophosperme central, libre, marginal, membraneux; graines pédiculées, pendantes, alternant sur deux côtés : a7 valves ou feuilles ovariennes; b.r trophos- perme central; c et d, graines émanant alternativement, des deux bords du trophosperme ; e, style et stigmate persistans. 9. lunaire annuelle (lunaria anima, Lin.). Péricarpe régulier, supérieur, siliculeux, biloculaire, polysperme, déhiscent, bivalve ; trophosperme central , libre, marginal , membraneux; graines marginées, pédiculées, alternant sur deux côtés : a, glandes placées entre les étamines; b , valves ou feuilles ovariennes; c, trophosperme central; d et e, graines émanant alternativement des deux bords du trophos- perme;/, style et stigmate persistans. Obs. Les péricarpes que Ton distingue par les noms de silique et de silicule n'offrent point de caractères organiques qui puissent servir a empêcher qu'ils ne se confondent ? leur différence consiste simplement dans la forme plus ou moins allongée. ( i5o ) TABLEAU XXVIL Fruits. i. tulipe des jardins (tulipa gesneriana, Lin.). Péri- carj e régulier, supérieur, capsulaire, triloculaire; loges po- lyspernies; déhiscent, trivalve; trophospermes médivalves ; graines sessiles, bisériées : «, point d'insertion des organes appendiculaires de la fleur; Z>, stigmates persistans; c, ner- vures médianes des trois feuilles ovariennes, donnant nais- sance intérieurement aux trophospermes. 2. ricin commun (ricinus communis , Lin.). Péricarpe régulier, supérieur, capsulaire, tricoque, triloculaire; loges monospermes; déhiscent par élasticité; trophosperme cen- tral, libre, triquètre; graines sessiles, pendantes, caroncu- îées. 3. Coupe horizontale de la figure précédente : a , trophos- perme; b, épicarpe et mésocarpe; c, endocarpe; dy endos- perme; e, embryon. 4- L'une des trois coques détachée de la fig. 2 : a, ouver- ture par laquelle la graine correspond avec la plante-mère. 5. acajou à meubles (swietenia mahogoni. Lin.). Péri- carpe régulier, supérieur, capsulaire, 5-loculaire; loges polyspermes; déhiscent, 5- valves; trophosperme central, libre dans la maturité, 5-gone, muni de cinq membranes faisant office de cloisons; graines imbriquées, ailées. 6. Le même dont on a enlevé deux valves pour faire voir le trophosperme et les graines : «, épicarpe et mésocarpe; &, endocarpe; c, trophosperme; d3 points d'insertion des graines; e, graines. n. fraxiselle cultivée ( dictamnus albus , Lin.). Péri- carpe régulier, supérieur, capsulaire, 5-loculaire; loges dispermes; trophospermes pariétaux, marginaux. 8. sablier élastique (Jiura crepitans. Lin.). Péricarpe régulier, supérieur, capsulaire, multicoque, multiloculaire; loges monospernirs ; déhiscent par élasticité ; trophosperme central, libre dans la maturité; graines sessiles et pendantes : a, point où le style se désarticule. 9. Coupe horizontale du même : a, épicarpe et méso- carpe ; by endocarpe; c3 graines. ( loi ): ( io. Fig. 8 dont on a enlevé l'épicarpe et le mésocarpe. Obs. Dans les péricarpes (fig. 2 , 5 et 8 ), l'épicarpe et le mésocarpe se séparent, par désorganisation, de l'endocarpe au moment où la déhiscence de ces fruits a lieu. Quelques botanistes ont cru, d'après cette sorte de rupture, que le péricarpe de Y acajou à meubles se composait de dix valves distinctes. TABLEAU XXVIIL Fruits. 1. amandier pêcher (amygdalus persica , Lin.). Péri- carpe irrégulier, par avortement invisible, supérieur (drupe), uniloculaire; loge monosperme par avortement d'un ovule; indéhiscent; trophosperme pariétal, marginal; graines pen- dantes et sessiles. 2. Coupe verticale de la figure précédente : «, épicarpe; &, mésocarpe; c, endocarpe osseux; d, pédicelle ou dernier article de la tige d'où émanent la feuille ovulaire et l'em- bryon ; e , graines. Obs. Les distinctions peu nécessaires d'épicarpe, de méso- carpe et d'endocarpe, dans Y unité organique du péricarpe, ressemblent à certaine chose dont beaucoup de gens parlent, mais que personne n'explique; c'est-à-dire que ces trois choses n'en font réellement qu'une. Les feuilles plus ou moins charnues dont se composent > par soudure, les péricarpes, sont, comme tous les autres organes appendiculaires, composées d'une portion de tissu cellulaire, traversée par un autre tissu plus allongé, plus solide, plus ou moins rameux, plus ou moins anastomosé : c'est le tissu vasculaire ou ligneux. Les parois les plus exté- rieures des cellules, en se durcissant par l'action de l'air, forment une espèce de membrane générale ', qui garantit et protège la vitalité intérieure, et a laquelle, dans les êtres vivans, on a donné le nom d'épiderme. C'est a l'une de ces membranes épidermiques , celle exposée a l'extérieur, que, dans la feuille péricarpienne, on a donné le nom d'épicarpe; l'autre, tapissant la face intérieure de 1 Partie comparable, jusqu'à un certain point, à cette pellicule qui se forme à la surface des bouillies. ( ife ) cette même feuille, et devenant quelquefois osseuse, comme dans la noix et le noyau de la pêche, a reçu celui d'endo- carpe. Après avoir ainsi distingué et nommé les deux surfaces dont nous venons de parler, on a encore jugé a propos de donner le nom de sarcocarpe et de mésocarpe (qui vaut mieux) a cette partie intermédiaire plus ou moins succu- lente, composée des tissus cellulaire et vasculaire, contenue entre les deux épidémies. Ces trois parties, qui, au fond, ne présentent qu'un seul et même corps , existent également dans une feuille , dans un pétale, dans un filet d'étamine, etc. On sait déjà que le sillon des pêches, des cerises,. des abricots, etc., est toujours dirigé du côté de l'axe ou tige de la plante; qu'il est le produit de la rencontre des deux bords soudés de la feuille ovarienne ; et que, de ce côté , est avortée une partie semblable, au moins, à celle qui se développe. 3. oliviek cultivé ( olea Europœa , Lin. ). Pistil dont on a enlevé verticalement la moitié de l'ovaire pour faire voir qu'en ce premier état il est biloculaire, et que chacune des loges contient deux ovules suspendus : a, ovules. 4- Pistil développé ; péricarpe irrégulier , supérieur ( drupe) , uniloculaire par avortement d'une loge et de deux ovules ; loge monosperme par avortement d'un ovule ; indé- hiscent; trophosperme central. 5. Le même dont on a enlevé verticalement la moitié de l'épicarpe et du mésocarpe, plus une partie de l'endocarpe : «, épicarpe; Z>, endocarpe; c, graine; d, ovule avorté; ey loge avortée, avec les deux ovules qu'elle contenait. Obs. Les fig. 3, 4 et 5 ont été représentées dans l'inten- tion de faire sentir combien il importe , dans l'étude des êtres vivans, de les observer pas à pas dans tous leurs développe- inens successifs , si l'on veut se rendre compte et démasquer leurs véritables analogies. 6. vigne cultivée (vitis vinifera , Lin.). Péricarpe régu- lier, supérieur (baie), 5-loculaire; loges monospermes; indéhiscent; trophospermes axifères; graines dressées. 7. Coupe verticale de la figure précédente : a, trophos- perme; b, graines. 8. pomme d'apis (malus apiosa). Péricarpe régulier, in- férieur (pomme) , 5-loculaire ; loges dispermes ; indéhiscent ; trophospermes axifères*, graines dressées ou ascendantes, ( x53) 9. Coupe verticale de la précédente figure : «, épicarpe; b, mésocarpe; c, endocarpe; d, graines. 1 o . sol arum faux-piment ( sohmum pseudo-capsicum , Lin.). Péricarpe régulier , supérieur (baie) , biloculaire ; loges polyspermes ; indéhiscent; trophosperme central; graines imbriquées de bas en haut. 1 1. Coupe verticale de la précédente figure. TABLEAU XXIX. Fruits. 1. marronnier d'Inde (œsculus hippocastanum , Lin.), Péricarpe irrégulier par avortement, supérieur, capsulaire, triloculaire, trivalve ; loges dispermes; déhiscent; trophos- perme central : «, péricarpe hérissé; by graines. 2. châtaignier commun (castanea vesca, "Willd.; fa- gus castanea, Lin.). Coupe verticale d'une fleur femelle : a, point par lequel elle communiquait avec la plante-mère; b , ovaire inférieur; c, cloisons formant les six loges natu- relles a ce péricarpe; d, calice adhérent ou supérieur, com- posé de six petites feuilles rudimentaires, soudées; e, styles et stigmates;/*, ovules pendans, au nombre de douze, deux dans l'angle supérieur de chaque loge. 3. Coupe horizontale de la figure précédente : a, point d'attache; b, substance fongueuse remplissant les six loges de ce jeune péricarpe. 4- Involucre hérissé, quadrivalve; valve composée d'un grand nombre de petites feuilles rudimentaires, soudées et devenues spinescentes. 5. Péricarpe irrégulier par avortement, inférieur et cou- ronné par le calice et les styles persistans, 6-loculaire; loges dispermes ; cinq loges et onze ovules avortant constamment ; indéhiscent : a, point d'attache du péricarpe au fond de l'in- volucre; b, calice persistant; c, styles et stigmates également persistans. 6. Graine isolée de son péricarpe : &, onze ovules avortés. Obs. En mettant en rapport les fruits du marronnier d'Inde et du châtaignier, mon intention a été de faire sentir com- bien il est important d'étudier les végétaux dans leur orga- nisation comparée, et combien, sans cette étude, les appa- ( >54) rences peuvent en imposer. En effet, qui ne serait pas tenté de comparer, comme on l'a fait, l'involucre hérissé de la châ- taigne (fig. 4) au péricarpe, également hérissé, du marron- nier d'Inde (fag. i , a), et le péricarpe (fig. 5, châtaigne) aux graines (fig. i , b, marrons), si on ne savait pas, par avance, que le caractère essentiel d'un péricarpe est d'être terminé par un stigmate? 7 et 8. chêne au kermès (quercus coccifera, Lin. ). 7. Involucre cupulaire, composé d'un grand nombre de petites feuilles rudimentaires , soudées. Obs. Cet involucre est entièrement analogue à celui du hêtre et du châtaignier (fig. 4)- 8. Péricarpe irrégulier par avortement, inférieur et cou- ronné par le calice, le style et les stigmates persistans; tri- loculaire ; loges dispermes ; deux loges et cinq ovules avortant constamment; indéhiscent. 9. DiPLOPHRACTCM auriculatum , Desf., Mém. Péricarpe régulier, supérieur, capsulaire, aiié, 10-ioculaire; loges polyspermes, coupées, entre chaque graine, par des dia- phragmes transversaux. 1 o. Coupe horizontale de la figure précédente • a , les cinq véritables cloisons; b, trophospermes soudés avec l'endo- carpe et divisant chacune des cinq loges en deux logettes; c, lacunes. 11. Coupe verticale de la fig. 10 : <7, cloisons; b, tro- phosperme soudé avec l'endocarpe; c, diaphragmes ou cloi- sons transversales; d, lacune. Obs. Ce péricarpe est le plus compliqué que je connaisse. TABLEAU XXX. Fruits. 1 . sapotille ( acJiras sapota, Lin. ). Péricarpe régulier , supérieur (nuculaine), 10-loculaire; loges monospermes; indéhiscent. , . 2. Coupe horizontale du même : a, epicarpe; b, meso- carpe; c, endocarpe (nucules); à, graine; e, embryon; f, calice inférieur, persistant. Obs. Un certain nombre de loges et d'embryons avortent dans ces fruits. ( i55 ) 3. noter cultivé (juglans regia, Lin.)- Péricarpe régu- lier , inférieur ( noix ) , uuiloculaire ; loge monosperme , semi- cloisonnée à la base, bivalve : a, styles et stigmates persis- tans. 4- Coupe verticale de la figure précédente : a, épicarpe ; h, mésocarpe; c, endocarpe; d, demi-cloison; e, radicule de l'embryon ;f, gemmule. 5. pomme d'acajou (cassuvium pommiferum , Lam. ; anacarditjm occidentale , Lin.)- Péricarpe irrégulier, su- périeur (noix), uniloculaire; loge monosperme; indéhis- cent : «, pédoncule accrescent, charnu, succulent; b, péri- carpe osseux ; c, point d'insertion latérale du style. Obs. Ce pédoncule charnu, quelquefois d'un blanc jau- nâtre, le plus souvent d'un beau rouge, selon telle ou telle variété, se mange sous le nom de pomme d'acajou , et l'em- bryon , dégagé de son péricarpe, sous celui de noix. 6. Coupe verticale de la même ligure : a1 pédoncule; b } péricarpe; c, cellules du mésocarpe contenant un suc pro- pre, très-corrosif; d, embryon; e, radicule et gemmule. 7. coco (cocos nucifcra, Lin.). Péricarpe irrégulier, supérieur, indéhiscent (noix), uniloculaire, monosperme par l'avortement de deux loges et de deux ovules : a , calice persistant. 8. Coupe verticale du même : ay épicarpe; b, mésocarpe filamenteux; c, endocarpe; d, les deux trous correspondant avec les deux loges avortées, en e, masqués par les cloisons repoussées \f endosperme. 9. Coupe verticale d'un endocarpe et d'un endosperme pour faire connaître la situation basilaire de l'embryon, eue: a, endocarpe; Z>, endosperme. 10. Embryon isolé : a, radicule. Obs. Il ne faut point confondre, comme quelques per- sonnes le font, le eassuvium pommiferum, qui produit la pomme et la noix d'acajou (fig. 5 , a et c), avec le swietenià mahogoni (Tabl. xxvn, fig. 5) : le bois du premier, à peine bon à brûler, n'est d'aucun usage, tandis que celui du second est très-recherché pour nos ameublemens. L'un est un très-moyen arbre d'un port étalé et peu agréable; l'autre, au contraire, a toute la majesté d'un arbre de premier ordre. ( i56 ) TABLEAU XXXI. Fruits. i . courge pepon , citrouille ( cucurbita pepo , Lin. ). Pé- ricarpe régulier, inférieur, indéhiscent (pepon), unilocu- Jaire , polysperme ; trophospermes pariétaux , saillans vers le centre de la loge, se repliant ensuite sur eux-mêmes, et se soudant par leurs bords avec les parois intérieures du péricarpe, qu'ils rendent, pour lors, comme 6-loculaire; graines multisériées, munies d'un arille complet. ' 2. Coupe horizontale du même : ay loge vraie du péri- carpe; bj naissance des trois trophospermes; c, parties supérieures des trophospermes , repliées sur elles-mêmes et soudées avec les parois de la loge. 3. Graine isolée et dépouillée de son arille. 4- La même coupée transversalement : a, embryon dé- pourvu d'endosperme. Obs. L'analyse très-difficile de la plupart des ovaires des plantes qui appartiennent à la famille des cucurbilacée s , et la prompte désorganisation de la partie intérieure de leurs péricarpes, ont produit plusieurs manières d'en expliquer la structure. M. Richard croit avoir démontré que ces péri- carpes sont multiloculaires; que chaque loge ne contient qu'une graine, et que ce que je regarde comme un arille sont autant d'endocarpes particuliers. M. Auguste de Saint- Hilaire pense que l'appareil trophospermique ou placen- taire, qui porte les graines, est libre et suspendu au sommet de la cavité du péricarpe. Je crois qu'il suffit de jeter les yeux sur les fruits des plantes qui composent les familles des cucurbitocées et des passiflorées , leurs voisines, pour n'être pas de l'avis de ces deux habiles observateurs , et voir que tous ces péricarpes ont pour caractère fondamental d'être, i°. uniloculaires, polys- permes; i° . d'avoir trois trophospermes pariétaux qui, en se prolongeant plus ou moins a l'intérieur, et en subissant quel- ques soudures, soit entre eux , soit avec les parois de la loge , forment quelquefois, en apparence, trois ou bien six loges, comme cela se voit fig. 1 ; 3°. que, dans 1 une et l'autre familles, les graines sont multisériées et pourvues d'un arille complet. ( '57 ) 5. jeffersonia diphylla , Barton. ; podophyllum cliphyl- lum, Lin. Péricarpe içrégulier, supérieur, semi déhiscent; déliiscence transversale, operculaire, uniloculaire, polys- perrae : «, valve. 6. Graine isolée. 7. boite à savonnette (feuillea cordifolia , Lin.; whan- diroba). Péricarpe régulier, semi-supérieur, déhiscent; déhiscence transversale; uniloculaire, polysperme; tro- phospermes pariétaux, au nombre de trois, soudés vers le centre de la loge; graines pourvues d'un arille complet, su- béreux : a y points desquels saillaient les trois folioles du calice, soudées avec toute la partie inférieure du péricarpe; b, partie supérieure du péricarpe; c, naissance des tro- phospermes; Lin.). Graine : a, hi!e. 6. La même coupée verticalement : a, point hilaire; b, tunique; c, embryon; d, endosperme central. 7. dattier cultivé (phœnix dactyliferaj Lin. ). Graine irrégulière , sillonnée en a. 8. La même coupée horizontalement : a, sillon; b, em- bryon latéral, situé du côté extérieur de la graine. 9. noix-vomique (strychnos nux-vomica, Lin.). Graine : «, point de la radicule de l'embryon; by point hilaire ou d'attache de la graine. ïo. Coupe verticale de la même : a, tunique; b, endos- perme corné; c, embryon. 11. fève de marais [faba major , Lin.). Graine : a, podosperme commençant à s'épancher en arille; b, hile et omphalode; c, micropyle. 12. Id. Vue du côté du hile : a, hile; b7 omphalode > c? micropyle. i3. Id. Embryon dépouillé de sa tunique : a, feuilles ( tfe ) cotylédonaires (protophylles, Dupetit-Thouars); b, radi- cule; c, ombilics propres des embryons. ijj,. Le même auquel on a enlevé une de ses feuilles coty- lédonaires pour faire voir, en c, la gemmule composée de l'enroulement des feuilles futures de la plante : a, cotylé- don; b, radicule. i5. Embryon dépourvu de ses deux feuilles cotylédo- naires : a, point d'insertion des cotylédons; by radicule; c, feuilles de la gemmule, celles que l'on nomme faussement primordiales. Obs. Entre les nœuds-vitaux bordés les uns par les feuilles cotylédonaires a, et les autres par les feuilles dites primor- diales c, on distingue un espace qui est le premier entre- nœud ou mérithalle du système aérien de cette plante. 16. nellmbo à fleurs jaunes {jielumbium luteuni). Pé- ricarpe osseux , régulier, indéhiscent, uniloculaire, monos- perme : a, point par lequel il communiquait avec la plante- mère; è, stigmate persistant; c, cicatrice dont les fonctions nous sont encore inconnues. 17. Le même dont on a enlevé une partie du péricarpe et de la tunique : a , péricarpe ; 6, tunique propre ; c , embryon. 18. Péricarpe tel qu'il s'ouvre au moment de la germina- tion : a, stigmate-, &, gemmule. 19. Coupe verticale d'un fruit : «, point d'attache du péricarpe; 6, stigmate; c, péricarpe; dy tunique propre de l'embryon; e, l'un des cotylédons (corps radiculaire, Ri-* chard);/*, membrane stipulaire (Poiteau, cotylédon, Ri- chard); g, gemmule. 20. Développement de la précédente figure : a, portion d'une feuille cotylédonaire ; b, membrane stipulaire; cetd, secondes feuilles faisant partie de la gemmule; e, troisième feuille encore enveloppée dans sa gaine stipulaire. Obs. C'est à Philadelphie que, le premier, j'ai observé cette gaine stipulaire, extrêmement fugace. L'ayant fait con- naître k mon retour en France, elle donna naissance a plu- sieurs excellens mémoires, et devint un long sujet de dis- cussion entre MM. Richard, Mirbel, Correa et Poiteau. Les uns, tels que M. Richard, y virent un cotylédon; les autres une stipule , analogue a celle qui embrasse le bourgeon des magnoliers. ( i63 ) TABLEAU XXXV. Séminules , graines et germinations. i. conferve (conferva atropurpurea). Portion grossie d'un filet dans lequel on aperçoit les cloisons qui forment les cellules et les séminules ou corps reproducteurs contenus, par deux, dans chacune d'elles. 2. agaric ami du fumier (agaricus coprophilus , Bull. ). Portion d'une lame : a, séminules. 3. bartramie vulgaire {bartramia vulgaris). Sémi- nules ovoïdes, hispides. 4- gtmnostome pyriforme (gymnostomum pyriforme , Hedw.). Germination d'une séminule 7 a, tunique propre du corps reproducteur, en évolution; b7 radicule ou sys- tème terrestre^ c, système aérien sur lequel on voit déjà quelques organes appendiculaires qui commencent à se déve- lopper. 5. lycopode {lycopodium umbrosum). Séminules angu- leuses, hispides, groupées, par trois ou par quatre, en glo- bules : a, séminules de grosseur naturelle ; b, globule dont on a détaché une séminule. 5 a, Séminules de grosseur naturelle. 6. doradille de Crète (asplenium Creticum). Germina- tion d'une séminule : «, feuille cotylédonaire, unique, laté- rale; 6, racines; c, gemmule roulée en crosse. 7. polypode fougère-mâle {polystichumfilix-mas; po- lypodilm /ilijc-mas, Lin.). Séminules ovales, hispides, dégagées de leur conceptacle. Obs. En jetant les yeux sur les corps reproducteurs des ùg. 1 , 3 , 5 et 7 ; en les comparant aux diverses sortes d'utri- cules polliniques, contenus dans la boîte anthérifère des étamines, on ne peut s'empêcher d'y voir la plus grande ana- logie (si ce n'est la fertilité des uns et la stérilité des autres) , et de croire, en renonçant à la nécessité des sexes et d'une fécondation dans les végétaux, que l'étamme, dans laquelle on a cru voir la faculté masculine, n'est qu'un péricarpe ru- dimentaire, latéral et affamé par celui qui termine Taxe, et dans la partie terminale (stigmate) duquel réside, dit-on ? l'organe femelle» ( ,G4 ) Sous peu je ferai connaître que le végétal le plus compli- qué, étant convenablement étudié, je veux dire de bas en haut et dans toutes ses évolutions, devient un être tellement simple, que, pour toute organisation, il se réduit à deux choses; savoir, a un axe et a des organes appendiculaires, parfaitement identiques, qui rayonnent et s'échappent par exfoliation de ce même axe; je prouverai en même temps, par des comparaisons établies entre ces organes, que l'on a pris les uns pour la partie masculine, les autres pour la partie féminine, et par des expériences que ces petits corps reproducteurs , terminaux , auxquels on a donné le nom d'em- bryon-graine, peuvent tout aussi bien se développer, sans le secours d'une fécondation, que le font ceux des deux autres moyens de reproduction, les embryons-latens et les em- bryons-fixes ou bourgeons. 8. froment cultivé ( triticum vulgare , Willd. , Enum. ). Graine sillonnée, sur laquelle adhère fortement le péricarpe : a, styles et stigmates persistans; by sillon toujours tourné du côté de la tige, et indiquant que, de ce côté, avortent constamment deux péricarpes semblables à celui qui se dé- veloppe. 9. Coupe verticale de la même : a , péricarpe ; b, tunique propre de la graine; c, hile ou point d'attache par lequel le fruit communiquait avec la plante-mère ; d7 micropyle abou- tissant a la radicule principale de l'embryon; e, masse en- dospermique, amilacée;/*, embryon basilaire et extérieur à l'endosperme; g-, première feuille cotylédonaire, latérale, libre, adossée à l'endosperme; h, seconde feuille cotylédo- naire, rudimentaire, latérale, libre 9 extérieure; ï, coléo- rhize ou gaine particulière enveloppant la radicule propre de presque toutes les plantes monocotylédones et de quelques dicotylédones à leur naissance; l7 radicule propre; m, gem- mule. Obs. La masse endospermique e, constante et très-consi- dérable, relativement à l'embryon, dans toutes les graines des plantes monocotylédones, est la partie qui, dans les plantes céréales, sert a faire le pain. Les feuilles cotylédonaires libres et latérales , insérées sur le même point que celles, par exemple, de l'embryon d'un haricot ou de tout autre dicotylédon, dont l'une, en g9 est développée , tandis que l'autre , en h, est restée à l'état rudi- ( «65 ) mentaire, fournissent un passage très-naturel entre les em- bryons monocotylédons a cotylédons libres et latéraux de la plupart des graminées et des cypérées, et ceux qui ont deux cotylédons également développés. Le pivot principal de la radicule des plantes monocotylédones devant se désorganiser peu de temps après sa naissance, la nature semble y «voir pourvu en établissant plusieurs autres radicules latérales et supplémentaires. i o. Embryon isolé de la précédente figure, coupé verti- calement et commençant à germer : «, grande feuille cotylé- donaire , celle, g, de la figure précédente ; b , feuille cotylédo- naire rudimentaire; c, coléorhize de la radicule propre, celle qui doit se détruire; ce, coléorbizes des radicules latérales et supplémentaires, celles qui doivent persister ; d, radicule propre; dd , radicules supplémentaires; e7 gem- mule;^ point que j'ai nommé la ligne médiane horizontale des végétaux, duquel s'élancent, dans un sens opposé, les systèmes terrestre et aérien. 1 1. Le même plus avancé : a, débris du fruit restant at- tachés près de la ligne médiane, et dont l'endosperme, réduit à l'état d'émulsion, sert de première nourriture a Ja jeune plante. Les feuilles cotylédonaires, n'étant point suscep- tibles de prendre de l'accroissement, restent sous la terre en- fermées dans les enveloppes du péricarpe et de la graine, où elles se flétrissent, et sont dites hypogées; b, coléorhizes; c, radicule propre; cc7 radicules supplémentaires ? d, pre- mière feuille engainante de la gemmule; e, seconde. 12. scikpe des mai^ais (scirpus palustris , Lin.). Coupe verticale d'une graine commençant à germer : a, péricarpe; b, base renflée du style, ou, si l'on aime mieux, sommet renflé du péricarpe, puisque le style n'est jamais qu'une pro- longation naturelle de la nervure médiane de la feuille ova- rienne dont se compose ce dernier; c, tunique propre de la graine; d, endosperme; e, phycostème ; /", embryon ger- mant; g, feuille cotylédonaire, libre et latérale; À, coléo- rhize; i et /, première et seconde feuilles de la gemmule. i3. capcciwe cultivée (tropœolum ma jus, Lin.). L'une des trois coques du fruit en état de germination : a, péri- carpe; b, coléorbizes; c, radicule propre de l'embryon; dj radicule supplémentaire; e , gemmule. 1 4. La même que la précédente dont on a enlevé le péri- carpe : a y tunique propre de la graine. ( ,66 ) i5. là. Dont on a enlevé une des feuilles cotylédonaires : a , tunique de la graine ; b, point d'insertion des deux feuilles cotylédonaires soudées par leur sommet; c, feuille cotylé- donaire; d, gemmule; e, stipules accompagnant la base des deux feuilles opposées de la gemmule ;j, point qu'occupait le cotylédon que l'on a enlevé. Obs. La germination de la capucine offre trois choses remarquables : i°. l'union, par soudure et seulement au sommet, de ses deux feuilles cotylédonaires; 2°. des coléo- rbizes semblables à celles qui enveloppent les radicules des plantes monocotylédones; 3°. deux stipules accompagnant la base de chacune des feuilles opposées , dites primordiales", et qui ne se reproduisent sur aucune de celles, alternes, qui se développent ensuite le long de la tige. Les trois feuilles ovariennes et verticillées , destinées à composer , par soudure , le péricarpe tricoque de la capucine, favorisées par une végétation active , peuvent quelquefois , comme l'a observé M. Dutrochet, se développer librement de la même manière que tous les autres organes appendicu- laires et laminés placés au-dessous, et ne point donner lieu au péricarpe clos et soudé de cette plante. Cet exemple, assez rare dans la capucine, est constant dans un assez grand nombre de végétaux : c'est principale- ment dans le merisier à fleurs doubles que j'engage le lecteur à l'observer. TABLEAU XXXVI. Graines et germinations. i. hàdis (raphanus sativus, rotondus , Lin.). Graine commençant à germer : « , tunique propre; b, ligne médiane horizontale ou point de départ des systèmes terrestre et aérien ; c, première élongation du système aérien (tigelle); d, feuilles cotylédonaires encore enveloppées sous la tunique de la graine. 2. Id. Embryon plus développé : a, ligne médiane hori- zontale; &, premier article ou mérithalle du système aérien (tigelle) élevant les feuilles cotylédonaires, d7 au-dessus du sol, et produisant, en se gonflant, la rave ou le radis; c, point d'insertion des deux feuilles cotylédonaires ; d, feuilles cotylédonaires; e, gemmule;/, radicule. ( i67 ) 3. pois cultivé (piswn satwum, Lin.). Graine : a, om- phalode; &, lii le ; c, micropyle; d, corps calleux. 4- ld. Embryon dépouillé de sa tunique : a, ligne mé- diane; b1 feuilles cotylédonaires; c, radicule; e, ombilics par lesquels l'embryon communiquait avec la plante-mëre. 5. Le même dont on a ouvert les feuilles cotylédonaires : «, ligne médiane; b, feuilles cotylédonaires ; c, radicule; d, gemmule. 6. palétuvier des marais (rhizopliora rnangle , Lin.). Embryon vivipare, germant dans l'intérieur des enveloppes du péricarpe et de la graine, lors même qu'il est encore at- taché à la plante-mère : a, folioles du calice persistantes; b, phycostème? c, tunique de la graine; d, radicule do l'embryon. 7. Portion supérieure du même : a, ligne médiane; b, naissance de la radicule; c, quatre feuilles cotylédonaires, tordues. 8. Coupe verticale de la partie supérieure de la figure 6 : a, folioles calicinales; b7 phycostème; c, péricarpe; d, tu- nique propre de la graine accrue; e, ligne médiane; y, ra- dicule; g, feuilles cotylédonaires. 9. capucine cultivée (ùopœolum ma fus , Lin.). Germi- nation : a, ligne médiane; 6, pétioles des feuilles cotylédo- naires soudées par leur sommet et encore contenues sous la tunique propre de la graine en c; d, coléorhize de la radi- cule principale; dd7 coléorhizes des radicules latérales, sup- plémentaires; e, radicule; /*, premier article séparant les feuilles cotylédonaires, b, des feuilles opposées et stipulées de la gemmule en h; g, point d'insertion des feuilles de la gemmule; h , feuilles de la gemmule ; 1, stipules; /, suite de la gemmule. Obs. Les germinations (fig. 1 et 9) présentent, dans leur première évolution, des différences qu'il est important de bien distinguer : l'une (fig. 2) porte des feuilles cotylédo- naires, d, susceptibles de croître, de verdir et d'être exhaus- sées au-dessus du sol au moyen d'une première élongation , b ( tigelle). Ces feuilles cotylédonaires, ainsi soulevées et éloi- gnées de la ligne médiane , a , sont dites épigées , tandis que , dans l'autre (fig. 9), ces mêmes feuilles cotylédonaires, b , ayant reçu, sous la tunique de la graine, tout leur accrois- sement, restent sur le point où elles sont nées, s'y flétris- ( 168 ) sent et s'y décomposent sans jamais sortir de terre : celles-Ia sont distinguées des autres par le nom d'hypogées. Il suit de ces deux modes de développement que, dans les deux figures, les premières élongations, b GtjT, sont très- différentes, et que l'on ne peut les confondre, sous le nom de ti^elle, comme on l'a fait assez communément. Dans les plantes a feuilles cotylédonaires hypogées, les secondes feuilles ( fig. 9 en h) , que l'on a faussement désignées par le nom de primordiales, sont-elles toujours opposées, quelle que soit la disposition de celles qui naissent ensuite? 10. pin à pignons (pinus pinea, Lin.). Péricarpe ailé, irrégulier, osseux, indéhiscent, uniloculaire, monospenne : a, point par lequel il communiquait avec la plante-mère. 1 1 . Le même coupé verticalement : «, aile membraneuse du péricarpe ; b, partie osseuse du péricarpe; c, tunique propre de la graine; d, endosperme; e, ligne médiane de l'embryon; f, radicule ou système terrestre; g, feuilles co- tylédonaires dépendant du système aérien. 12. Id. Coupé horizontalement. i3. Id. Premier mouvement de la germination : a, péri- carpe dont on a enlevé une moitié, afin de mettre la graine à découvert; b, tunique extérieure de la graine; c et d, tu- nique intérieure. 1 4. Id. Germination plus avancée : a , péricarpe, dépourvu de son aile, s'ouvrant, par l'effet de la germination, en deux valves; b, tunique extérieure de la graine; c et d, tunique intérieure; /=?, ligue médiane;^, feuilles cotylédonaires. i5. Id. Portion supérieure d'un embryon dégagé de ses enveloppes protectrices : a, point d'insertion des dix feuilles cotylédonaires. 16. pattjrin bidbeujc (poa bulbosa. Lin.; var. vivi- para ). Épillet dont les calices et les valves des prétendues corolles des graminées, en cessant d'être des feuilles rudi- mentaires, forment, par cette végétation forcée, une sorte d'oignon terminal et aérien : «, radicelles coléorhizées , se développant à la hase charnue des feuilles. i6 a. Ou trouve quelquefois, dans l'aisselle des troisième et quatrième feuilles de cet épillet, un petit rameau hifo- îiacé dont l'axe se termine par trois étamines rudimentaires : c'est que l'on est convenu de nommer une fleur mâle par avortement du pistil. ( i69 ) Obs. Ce moyen de multiplication , auquel on a donné le nom de vivipare, n'a rien de commun avec celui que présente le palétuvier des marais (fig. 6) : ici, c'est l'embryon qui prend de l'accroissement au sein de sa mère, et qui s'en isole , pour aller se confier à la terre, sans le secours des enveloppes de la graine et du péricarpe; tandis que, dans le paturin bulbeux, ce ne sont que de véritables feuilles qui, en deve- nant charnues, se reproduisent, comme beaucoup d'autres ieuilles, par les embryons-latens ou adventifs. L'ensemble de ces feuilles bulbifères peut être assimilé aux bulbines axillaires et écailleuses de certaines liliacées , qui, comme l'on sait, sont de véritables bourgeons ou em- bryons-fixes. TABLEAU XXXVI (bis). Embryons végétaux , isolés, considérés la plupart dans leur état de réclusion , et comparés entre eux du plus simple au plus composé. Je n'ai compris, dans ce Tableau, que ces corps repro- ducteurs qui , sous les tuniques de la graine, présentent déjà , sur le système supérieur de leur petite tige, ces premiers organes appendiculaires libres ou soudés en gaine, qui ca- ractérisent leur mère, et auxquels organes, en ce premier état du végétal, on a donné le nom de cotylédons. Ceux qui, à l'exemple des végétaux dans l'intérieur des- quels iis prennent naissance, sont dépourvus d'appendicules et simplement bornés aux axes, tels que dans les champi- gnons et les algues de terre et de mer, n'en font point partie, i. cuscute à petite fleur (cuscuta minor ; cuscuta Eu- ropœa, Lin.). Embryon réduit a l'axe, dépourvu de feuilles cotylédonaires : a, radicule 5 b, sommet de l'axe aérien tenant lieu de gemmule. Obs. Il est tout naturel qu'un embryon né d'une mère qui ne produit que des organes appendiculaires, rudimentaires (feuilles écailleuses), soit dépourvu pendant quelque temps de ces mêmes organes, lorsque nous voyons ceux des végé- taux qui ont les feuilles les plus amplement développées, n'en offrir que de rudimentaires (cotylédons). 2. colchique d'automne (colchicum auiumnale , Lin.). ( *7° ) Embryon endospermé, monocotylédon; feuille cotylédo- naire isolée , latérale, soudée en gaine : a1 système ter- restre; by système aérien. 3, fritillaire impériale (fritillaria imperialis , Lin.). Embryon endospermé, monocotylédon; feuille cotylédo- naire isolée , latérale, soudée en gaine : a, ligne médiane; b7 système terrestre; c, système aérien. 4- coco des Indes (cocos nucifera, Lin.). Embryon en- dospermé, monocotylédon; feuille cotylédonaire isolée, la- térale, soudée en gaine : a, ligne médiane; b, système ter- restre; c, système aérien. Obs. Ce renflement que l'on observe au-dessus du point de la ligne médiane, a7 semble indiquer un commencement de feuilles cotylédonaires libres et latérales y réduites au simple épaulement qui supporte les feuilles des tiges. 5. bananier a fruit court ( musa sapieutum , Lin. ). Embryon endospermé, monocotylédon j feuille cotylédo- naire isolée, latérale, soudée en gaine : a7 ligne médiane; h, système terrestre; c, système aérien. Ôbs. Le renflement de la figure précédente est ici bien plus prononcé. 6. dawthowie inclinée (danthonia decumbens). Em- bryon endospermé, monocotylédon; feuille cotylédonaire isolée , latérale, libre : a7 ligne médiane; b7 système ter- restre; c, feuille cotylédonaire libre et latérale; c', prolon- gement inférieur de la feuille cotylédonaire que l'on remarque également dans la plupart des embryons à feuilles cotylédo- naires associées; d7 gemmule. Obs. La ligne ponctuée simule une seconde feuille coty- lédonaire qui ne se développe point encore sur ces embryons. rj. scirpe des bois (schyus sylvaticus7 Lin.). Embryon endospermé, monocotylédon; feuille cotylédonaire isolée , latérale, libre • a, ligne médiane; b7 système terrestre ; c7 feuille cotylédonaire libre et latérale; dy gemmule. Obs. Les lignes ponctuées indiquent, d'une part, le péri- carpe et l'endosperme, dans lesquels le cotylédon, c, reste engagé; de l'autre, un deuxième cotylédon dont les em- bryons des cjpérées ne sont point encore pourvus. 8. orge commune (liordeum vulgare, Lin.). Embryon endospermé, monocotylédon; feuille cotylédonaire isolée, latérale, libre : a> ligne médiane; b7 système terrestre; ( W ) c, feuille cotylédonaire libre et latérale; c\ prolongement inférieur de la feuille cotylédonaire; c", premier rudiment d'une seconde feuille cotylédonaire; rf, gemmule. 9. fboment cultivé ( triticum sativum , Lam. ). Embryon endospermé, pseudo- dicotylédon ; feuilles cotylédonaires associées par couple, libres : «, ligne médiane; b, système terrestre; c, feuille cotylédonaire ayant atteint son maxi- mum de développement; c', prolongement inférieur du coty- lédon ; c", deuxième feuille cotylédonaire restant à l'état rudimentaire; d, gemmule. 10. haricot commun {phaseolus vulgaris, Lin.). Em- bryon dépourvu d'endosperme, dicotylédon; feuilles coty- lédonaires associées par couple, libres: a, ligne médiane; b7 système terrestre; c, feuilles cotylédonaires, écartées; dy gemmule. 11. courge pepon (cucurbita pepo, Lin.). Embryon dépourvu d'endosperme, dicotylédon; feuilles cotylédo- naires associées par couple, libres : a; ligne médiane; b7 système terrestre; c, feuilles cotylédonaires ; d, gemmule. 12. plaqueminier do Virginie (diospyros Virgiidana, Lin.). Embryon endospermé, dicotylédon; feuilles cotylé- donaires associées par couple, libres : ay ligne médiane; b7 système terrestre; c, feuilles cotylédonaires, nervulées. i3. Id. Vu de côté : a7 ligne médiane; &, système ter- restre; c, feuilles cotylédonaires; dy gemmule. i4~ pinus nigra, pinus marinna, Gœrt., Tabl. 91 , fig. 1 . Embryon endospermé , tricotylédon ; feuilles cotylédonaires associées par verticille, libres : a, ligne médiane; b, sys- tème terrestre; c, feuilles cotylédonaires. 1 5. cornifle nageant (ceratophyllum demerswn , Lin.). Embryon dépourvu d'endosperme, pscudo-quadricotylé- don; feuilles cotylédonaires associées par verticille, libres, inégales, deux plus petites, opposées : «, ligne médiane ; b7 système terrestre; c, feuilles cotylédonaires développées et rudimentaires; d, gemmule verticillée. 16. pinus Americana, Mich., Amer., 2, pag. 2o3; pinus microcarpa, Lambert, Mono g. Embryon endos- permé, quadricotylèdon ; feuilles cotylédonaires associées par verticille, libres : a, ligne médiane; b} système ter- restre; c, feuilles cotylédonaires. 17. pin à pignons (pinus pinea, Lin.). Embryon en- ( >7»> dospermé, polycotylèdon ; feuilles cotylédonaires associées par verticille, libres : «, ligne médiane; by système ter- restre; c, feuilles cotylédonaiies. i 8. Id. Le même commençant a se développer : a, ligne médiane; &, système terrestre; c, première élongation ou méritlialle (tigelle) comprise entre la ligne médiane et la naissance des feuilles cotylédonaires; Lin.). 3 1. muflier des jardins (antirrhinum majus, Lin.); 2. id., calice et pistil. 4 1. sauge des prés (salvia pratensis , Lin.); 1. id. , pistil; 3. id. , calice ouvert, dans l'intérieur duquel on voit quatre graines placées dans un péricarpe cupulaire et rudi- mentaire. 5 1 giroflée des murailles ( cheiranthus cheiri, Lin. ) ; 2. id., silique ouverte; 3. lepidium iberis, Lin., silicule. 6 1. fraisier des bois (fragaria vesca, Lin.); 2. pom- mier commun (malus commuais). n t. ciguë des jardins (conium maculatum, Lin.); 2. berce des prés (Jieraclum sphondylium , Lin.); 3. fleur grossie et isolée de L'ombelle de la ciguë des jardins. 8 1. oeillet mignardise (dianthus moschatus) '9 2. id,: pétale et étaraine. 9. lis blanc {liliwn candidum7 Lin.). ( 173 ) io i. baguenaudier en arbre (colutea arbore scens , Lin.); 2. gesse odorante (lathyrus odoratus , Lin.). il t. aconit napel (aconitum napellus , Lin.); 2. id. , pistils, étamines et corolle en a; 3. id. , pistils. 121. centaurée (grande) (centaurea centaurium , Lin.) ; 2. ô?.? fleur isolée : a, feuilles rudimentaires, filiformes. TABLEAU XXXVIII. Méthode de Tournefort. i3 1. pissenlit dent-de-lion (tarajcacum dens-leonis , Desf., Atl. ; leontodon taraxacum, Lin.); 2. id., fleur irrégulière, hermaphrodite, isolée de la figure précédente : a, ovaire; b, calice supérieur ; c, corolle ligulée; d, éta- mines; e, style;/*, stigmates. i4 '• pâquerette vwace (bellis percnnis , Lin.); 2. as- ter £?, micropyle. 1 1. ld. Coupé dans les deux sens : a, le hile; b , micro- pyle; c, péricarpe et tunique de la graine ; d, endosperme; e, embryon;/', grande et petite feuilles cotylédonaires ; g, gemmule. TABLEAU XLIII(^). Méthode naturelle de M. de Jussieu. 1 . Plante entière, réduite et représentée au moment de sa floraison. 2. Epi composé d'un grand nombre de fruits excessive- ment rapprochés et alternant autour d'un axe commun. 3. Spadix dépouillé de sa spatbe : «, partie terminale et claviforme de l'axe, ne remplissant aucune fonction connue; 2>, plusieurs verticilles de glandes, peut-être des ovaires stériles, terminées chacune en un filament; c, plusieurs ver- ticilles d'anthères sessiles; d, pistils nombreux, composés d'un ovaire et de plusieurs stigmates sessiles et rayonuans. 4- Pistil isolé et grossi. 5. Coupe verticale du même pour faire connaître que l'ovaire est uniloculaire, et que les ovules qu'il contient, ( iBo ) attachés latéralement, sont plus nombreux que les graines que l'on observe dans le fruit mûr. 7. Fruit. 8. Le même dont on a enlevé une partie du péricarpe pour faire voir les graines. 9. Graine. 10. La même coupée verticalement, dans laquelle on distingue l'embryon situé a la base de l'endosperme. 1 1 . Embryon isolé. TABLEAU XLIV. Méthode naturelle de M. de Jussieu. 1 . Bourgeon terminai, souterrain, composé, par enroule- ment, de la base engainante des feuilles rudimentaires et écailleuses et de celles développées de la plante ( oignon). Ce bourgeon, plus ou moins sphérique, est l'analogue de la fausse tige des bananiers et du chou colomuiforme qui ter- mine le tronc de certains palmiers, tels que les areca : a, vétitable tige, tronquée inférieurement comme celles de toutes les plantes monocotylédones , donnant naissance, d'une part, à des racines latérales et supplémentaires, et, de l'autre, aux feuilles alternes et en spirale de la partie aé- rienne. Obs. Cette tige, extrêmement abrégée, n'en représente pas moins celle, très-élevée, d'un palmier, pour les per- sonnes qui ne s'en laissent point imposer par les formes et les dimensions des organes ; qui , au lieu de pirouetter sans cesse sur le même point, et en multipliant les livres par les livres , étudient en eux-mêmes et comparativement les objets de la nature dans la nature même 3 pour ces personnes, en un mot, qui, comme je l'ai déjà dit ailleurs, attachent une bien plus grande importance a la situation relative des or- ganes, qu'à leurs modifications, et qui, sans effort, voient le nez de l'homme dans celui, simplement biperforé, des oiseaux et des reptiles d'une part, et, de l'autre, dans celui très-allongé de l'éléphant. 2. Coupe verticale de la précédente figure : a, tigej b 7 racines suppléantes. 3. Pistil, tube ouvert du calice et des étamines : a, tube ( 181 ) du calice; b, phycostème soudé avec le tube du calice , plissé en son Lord. 4- Portion d'une fleur vue à plan pour faire connaître la situation relative des trois stigmates avec celle des étamines et des divisions du calice a', b, phycostème. 5. Une étamine détachée. 6. Stigmates. 7. Fruit. Péricarpe inférieur, triloculaire ; loges polys- permes. S. Coupe horizontale du même. 9. Graine. 10. La même coupée verticalement, dans laquelle on voit que l'embryon est situé a la base de i'endosperme. f ABLEAU XLIV (bis). Méthode naturelle de M. de Jussieu. A. Partie inférieure de la plante : a, tubercule ancien; by tubercule nouveau; c, première feuille rudimentaire, en- gainante; d, seconde. B. Partie supérieure et florifère. Obs. En suivant les axes A et B, on voit qu'ils se compo- sent d'un certain nombre d'articles ou merithalles, distincts par la présence des nœuds-vitaux stériles ou fertiles, et que ces nœuds-vitaux sont tous bordés et protégés par une feuille qui, rudimentaire d'abord par faiblesse, c et dy redevient encore rudimentaire par épuisement dans celles qui accom- pagnent la base extérieure de chaque fleur. Dans l'aisselle de cette feuille rudimentaire, a laquelle on a donné le nom de bractée, ou plutôt du nœud- vital ou coneeptacle qu'elle borde , naît un rameau-fleur qui porte deux autres bractées latérales, soudées en unespathelle bicarénée, embrassante, adossée a l'axe , entièrement analogue a celle que nous avons déjà distinguée dans les graminées. 1. Portion de la partie florifère : , étamine libre, située du côté de l'axe qui a donné naissance au rameau-fleur; c, ovaire libre ou supé- rieur, irrégulier par avortement d'une partie semblable à celle qui se développe; d: style; e, stigmate. Obs. Je rappelle encore ici qu'il est important de bien faire attention à la situation relative de toutes les parties qui constituent cette fleur irrégulière et, par suite de dévelop- pement, le fruit, dont le trophosperme, d'où naissent les embryons-tuniqnés (graines), regarde constamment l'axe qui porte ce fruit. 4. Péricarpe légumineux, irrégulier, uniloculaire, po- lysperme, bivalve, dont on a enlevé la moitié supérieure de Pune des valves pour faire voir que les graines, attachées d'un seul côté, sont bisériées, et qu'elles alternent sans cesse d'une valve sur l'autre : a, étamines soudées, persistantes; b , péricarpe; c, graines. 5. Une graine isolée du péricarpe et de son podosperme : a, bile; &, omphalode; c, micropyle; d, chalaze. 6. Embryon dégagé de toutes ses enveloppes protec- trices : a, radicule; système terrestre; b, ombilics propres, par lesquels le jeune être a communiqué avec sa mère. Obs. Les vrilles qui terminent les feuilles de cette plante, ( '9* ) leur disposition pennée avec une impaire, représentent des folioles épuisées et réduites a la nervure médiane , auxquelles il ne manque, en effet, pour ressembler aux feuilles pennées de quelques autres espèces du même genre, que de s'élargir, des deux côtés, en une lame. TABLEAU LVI. Méthode naturelle de M. de Jussieu. ï. Fleurs femelles agrégées en un cliaton globuleux. 2. Fleurs mâles agrégées en un chaton allongé : r/, place qu'occupait la feuille protectrice du nœud-vital d'où est sorti le chaton; by place de la stipule ou feuille latérale et supplémentaire. 3 . Fleur mâle par avortement de l'axe pistillaire : a , feuille rudimentaire et protectrice du nœud-vital ou conceptacle du rameau-fleur. 4- Portion circulaire de Paxe d'un chaton femelle, sur la- quelle on voit une fleur femelle dont on a enlevé longitudi- nalement la moitié du calice, accompagnée de sa feuille rudimentaire : «, axe; b, feuille rudimentaire et protectrice du nœud-vital, qui a produit le rameau-fleur; c, calice utriculaire; d: pistil; ovaire irrégulier, uniloculaire, uni- ovulé; style latéral. 5. Fruits agrégés, pressés autour d'un axe déprimé, globuleux : a, empreinte de la feuille protectrice du nœud- vital qui a servi de conceptacle au chaton femelle ; Z>, celle de la stipule. 6. Fruit isolé de l'agrégation : 98) rieur, souvent d'une couleur rouge par opposition à celle de l'inférieur qui peut être blanche, en ne se prolongeant jamais au-delà du point de la greffe, peut-elle contribuer à l'augmentation en diamètre de l'individu placé au-dessous ? Par la théorie incomplette de M. Dupetit-Thomrs, cette objection clait. i surmontable : elle devait l'arrêter, et empêcher que cette belle observation, sur l'augmentation en diamètre des végétaux, ne fut admise. Par la mienne, contre laquelle on apportera peut-être d'autres objec- tions, on doit déjà pressentir que j'aurais répondu : Puisque le travail des accroissemens, soit en longueur, soit en diamètre, se faisait en sens inverse et d'une manièio, tout à fait indépendante dans les systèmes terrestre et aérien qui constituent le végétal ag'égé, qu'il était tout na- turel que des individus ainsi acco'és n'eussent entre eux de commun que la sève, et que les fibres radicales des embryons-fixes et terrestres de l'in- dividu inférieur, etceilesdes embryons-fixes et aériens de l'individu supé- rieur, tout en augmentant, par leur prolongement entre Técorce et le bois, le diamètre seulement de l'être dont chacun de ces embryons faisait partie, s'arrêtassent juste au point de la greffe qui devenait, pour elles, un obstacle insurmontable. C'est, encore par cette nouvelle théorie, née, comme on l'a vu, de la connaissance de l'existence de deux systèmes distincts dans le végétal, que l'on explique comment il se fait que deux individus d'inégale- forces, continuent, quoique greffés, de conserver le diamètre naturel à l'espèce à laquelle chacun d'eux appartient, comme cela s'observe dans le mar- ronnier , toujours plus gros que le pavia , avec lequel , par le moyen de la greffe, on l'associe quelquefois. 4d . Le végétal appendiculaire agrégé possède trois moyens de reproduc- tion très-distincts, les embryons-latens répandus dans toutes les parties du tissu cellulaire vivant, les embryons-fixes situés en des points détermi- nés, et les embryons-graines toujours terminaux. Lps embryons-latens, le seul moyen de reproduction des végétaux axi- fères, ne se développent jamais naturellement au dehors : ils exigent, dans leur voisinage, la désorganisation du tissu dans lequel ils sont con- fusément répandus. Les embryons-fixes prennent naissance dans les nœuds-vitaux qui leur servent de conceptacles; ils se développent naturellement, sont destinés à rester fixés sur la plante-mère, et à former, par répélition, cette agré- gation d'êires qui constituent la masse terrestre et aérienne des giands végétaux. L^s embryons-latens et les embryons-fixes produisent , dans leur déve- loppement, les modifications suivantes, le scion de continuité, le scion roselé, le scion-fleur, le scion avorté (épine) et le scion bulbifère. Les embryons-graines naissent immédiatement de la partie terminale de la mère;' desinés à s'en isoler et à aller plus loin établir une agréga- tion nouvelle, ils s'en détachent promptement, et vivent pour lors du fluide qui rem, lit le sac ovulaire qui leur sert de conceptacle. Ces trots sortes de corps reproducteurs peuvent également se passer du secours de la fécondation. 5°. Point d'organes sexuels, conséquemment point de fécondation dans les végétaux. L'etnbn on- graine n'a point besoin de ce secours pour se développer. Le ristil . dans lequel on s'est imaginé -voir l'organe femelle, est un bourgeon en:ièrement analogue à celui qui se développe à l'ais- selle des feuilles : une ou plusieurs feuilles soudées composent le pistil; la partie 'aminée de cette feuille, en se soudant de toute part, forme l'ovaire ; sa nervure médiane, lorsqu'elle se prolonge au-delà de la lame , ( ]99 ) est le style, et le sommet de celte nervure est le stigmate. A l'intérieur de cette feuille ovarienne, se développe une dernière feuille : elle cons- titue ie sac ovulaire, contient un fluide qui sert de nourriture à l'em- bryon, et en^eloj'pe ce dernier jusqu'au moment de la germination. L'étamine est un pistil rudiraentaire , latéral, stérile par épuisement; le fiiet est l'analogue de cette partie qui supporte quelquefois ies ovaires terminaux, le gynophore ; Panthère est un -véritable ovaire assez souvent terminé par un prolongement analogue an style et au stigmate ' ; lesutri- cules polliniqnes son! des o\ ules stériles par avortement d:s embryons , et le fluide qu'ils contiennent est le même que cekii qui remplit l'ovule des ovaires terminaux.. Une feuille simple roulée sur sa face intérieure, ayant ses bords soudés de toute pari , el plus ou moins rentrant à l'imérieur, forme /ovaire : sa nervure médiane , le siyle et e stigmate. Plusieurs de ces feuilles simples, ains> soudées, constituent les péri- carpes composés. Les | éncar, es articulés de plusieurs légumineuses sont le produit d'une feuilie pennée dont chaque paire de pennules ou folioles, en se soudant plus ou moins entre elles, forment les articles uniloculaircs et transver- saux de ces sortes de péricarpes. Cette observation sur la formation du péricarpe explique le sillon des fruits à noyau. 0°. Concevoir deux chemins différens pour le mouvement de la sève dans l'intérieur du végétal; admettre qu'elle monte, de l'extrémité des racines jusqu'à celle des rameaux aériens, par le centre du bois, et qu'elle descend par fécorce, me semblent être encore un reste de ces vieilles doc- trines qui tendaient à nous faire croire que le tissu simple et intérieur qui forme la masse homogène de toutes les parties du végétal, se composait de valvules, de veines, d'artères, de muscles, de nerfs, etc. La sève ne se porte que là où elle est appelée : le besoin qu'en éprou- vent tour à tour les systèmes terrestre et aérien établit seul son mou- vement, soit ascendant, soit descendant. Ces deux sortes de mouvement ayant toujours lieu dans l'épaisseur du tube vivant des deux systèmes du végétal, ne peuvent avoir lieu au même instant : ils sont comparables à ceux du fluide contenu dans le tube d'un baromètre; c'est-à-dire que la sève, parcourant un seul chemin, ne peut monter quand elle descend et descendre quand elle monte. L'union et en même temps cette sorte d'indépendante dans laquelle vivent et croissent les systèmes terrestre et aérien d'un grand arbre; les secours de sève qu'ils s'envoient réciproquement, dans le cas de disette d'une part, et d'abondance de l'autre, me représentent, jusqu'à un certain point, deux populations voisines qui, dans des cas semblables, s'assistent mutuellement. Je fiiis par dire , comme Labruyère : Si, après avoir médité avec atten- tion cette Iconographie végétale, on n'en goûte point ies idées, je ni' eu étonne, et si on les goûte, je m'en étonne encore. 1 C"s deux parties sont tellement caractérisées au-dessus de la boîte anthénfère de plusieurs espèces de mimosa, observées par M. Kunth dans l'immense collection de M. de Humbold, que l'on croit voir l'ovaire, le style et le stigmate en tête d'une primulacée. FIN DU TROISIEME ET DERNIER VOLUME. ERRATA : Page 16, ligne 6, Y analogie; lis z : Y analogue. Page 20, ligne 3 2 , ophioglossum vulg< re ; lisez : ophioglossum vulgatum-. Page 53, ligne 36 prinitlacees ; lisez : / rimulucees. Page 5b , ligne 10 , azolea ; lisez : azalea. Page 56, ligne 11 , poeonia mouton ; lis-z : pœonia moutan. Page 58, ligne ^5, laminée, réduite à la nervure médiane ou accompa- gnent; lisez : laminée ou réduite à la nervu e médiane, accompagnant» Page 89, ligne 37, valentia articulé (valentia ardculata) 5 lisez : va- lantia articule (valantia articulita). Page 96, ligne 37 , triphasia aurantia ; lisez : triphasia auranlinla. Page i52, ligne 5, sarcocarpe et de mésocarpe ; lisez : sarcocarpe ou de mésocarpe. AVIS AU RELIEUR. Les tomes premier et deuxième peuvent être reliés ensemble ou sépa- rément. Le troisième, intitulé : Essai d'une iconographie élémentaire et philosophique des végétaux, forme un volume à part, à la suite duquel les planches dohent être reliées dans l'ordre suivant : 1 . le tableau du Hègne organique ; 2°. celui de Y Organographie végétale : tons les autres, à partir clu tableau premier (Organes élémentaires) jusqu'à celui lvi ( Papyrier du Japon) , se rangeront d'après 1 ur numéro, en ayant soin, toutefois, d'intercalier a leur place les tableaux 11 (bis), iv (bis), suite du rv (bis), xxxvi (bis), xlhi (bis), xnv (bis), xlvhi (bis) et xvi (bis). CT61 9 oea