à - *%j ■ - h A. J '.Z-v /y VV* lârtjK ,• - V •4" îr\>t ■Kl QP3/ i»* LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE COMPARÉE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. TOME TROISIÈME. &3. Paris. - Imprimerie de L. Maktinet, rue Mignon. -2. LEÇONS sua LA PHYSIOLOGIE L'ANATOMIE COMPAREE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX FAITES A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS 1>AU H. 1BIJLNE ËBWARD§ 0. L. H., C. L. N. Doyen de la Faculté des sciences de Paris, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle ; Membre de l'Institut (Académie des sciences) ; des Sociétés royales de Londres et d'Edimbourg ; des Académies du Stockbolm, de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Konigsberg, de Copenhague, de Bruxelles, de Vienne, de Turin et de Naples ; de la Société Hollandaise des sciences ; de l'Académie Américaine ; De la Société des Naturalistes de Moscou ; des Sociétés Linnéenne et Zoologique de Londres; de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie ; du Lycéum de New-York ; des Sociétés d'Histoire naturelle de Munich, Somerset, Montréal, l'île Maurice; des Sociétés Entomologiques de France et de Londres; des Sociétés Ethnologiques d'Angleterre et d'Amérique , de l'Institut historique du Brésil ; De l'Académie impériale de Médecine de Paris; des Sociétés médicales d'Edimbourg, de Suède et de Bruges; de la Société des Pharmaciens de l'Allemagne septentrionale; Des Sociétés d'Agriculture de Paris, de New -York, d'Albany, etc. TOME TROISIÈME PARIS LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE M DCCC LVIII Droit de traduction réservé. ^/^-^ r k1 Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Open Knowledge Commons http://www.archive.org/details/leonssurlaphys03miln LEÇONS SLR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANÂTOMIE COMPARÉE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. VINGTIÈME LEÇON. DE LA CIRCULATION DU SANG. Histoire de la découverte de ce phénomène. § 1. — La découverte de la circulation du sang date du xvii- siècle, et la gloire en appartient à Guillaume Harvey. Mais, de même que toutes les autres conquêtes les plus bril- lantes de la science , cette découverte fut préparée peu à peu par les efforts d'un grand nombre d'observateurs , et l'homme de génie qui y attacha son nom n'avait, pour accomplir son œuvre , qu'à ajouter un petit nombre de faits à ceux constatés par ses devanciers , à en saisir l'enchaînement et à en déduire les conséquences. Et que l'on ne pense pas qu'en caractérisant de la sorte les services rendus à la physiologie par l'illustre Harvey, je veuille en affaiblir le mérite; loin de là. Je veux faire ressortir ce qui, à mes yeux, élève Harvey bien au-dessus de ses prédécesseurs et de ses contemporains. L'esprit inventif dont 1 Etat de la science avant Harvey. 2 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. la Nature l'avait doué ne manquait pas à plusieurs de ceux qui, avant lui , s'étaient engagés dans la même voie ; mais ce qu'il avait à un plus haut degré et ce qui lui a permis d'arriver au but dont ses devanciers avaient pu tout au plus soupçonner vaguement l'existence , c'est cette compréhension lucide , ce jugement prompt et sûr, ce bon sens exquis, qui le guidaient toujours dans l'appréciation des faits, dans la déduction des con- séquences à en tirer et dans le choix des preuves qu'il invoquait pour étayer ses doctrines. Harvey était une de ces intelligences d'élite qui , au premier coup d'œil , démêlent le vrai du faux , qui s'élèvent à des hauteurs assez grandes pour pouvoir em- brasser l'ensemble des choses connexes, mais qui n'aiment à marcher que sur un terrain solide, qui raisonnent toujours juste et qui savent exprimer clairement les idées qu'ils ont conçues. Aussi exerça-t-il une grande et heureuse influence sur les études physiologiques. La découverte de la circulation du sang n'est pas son seul titre de gloire, et son nom reviendra sou- vent dans le cours de ces Leçons. Mais , je le répète , cette importante découverte était un fruit arrivé presque à maturité lorsqu'il lui fut donné de le cueillir, et, par conséquent, avant de rendre compte de son œuvre, il me faudra exposer ici l'en- chaînement des faits dont la science avait été enrichie suc- cessivement par les observateurs qui lui avaient préparé les voies. S 2. — Les médecins de l'antiquité la plus reculée avaient re- Connaissances «7 1 i acquises connil que chez l'Homme, ainsi que chez les Animaux, dont ils par les anciens 1 7 ^ ' deT^cSe étudièrent parfois la structure pour s'éclairer sur la constitution du corps humain, le sang se trouve contenu dans un vaste sys- tème de tubes membraneux, et que ces tubes sont en connexion avec le cœur, organe charnu dont les battements se succèdent à de courts intervalles. Des récits qui datent des temps héroïques Ascié iadcs de ^a Grèce nous montrent les premiers Asclépiades comme ayant recours à l'incision des vaisseaux sanguins dans le traite- OBSERVATIONS PRELIMINAIRES. ment de quelques maladies (1), et Hippocrate , qui vivait il y a deux mille trois cents ans , n'ignorait pas la direction que plu- sieurs de ces conduits suivent dans l'intérieur de notre corps. Il savait aussi que dans le voisinage des veines se trouvent d'autres tubes auxquels on a donné depuis lors le nom d'ar- tères, et il enseignait que le cœur est un organe de nature charnue , creusé de cavités ; mais le respect religieux que les Grecs avaient voué aux morts ne permettait ni à Hippo- crate ni à ses disciples de se livrer à des recherches anato- miques sur la structure du corps humain, et les notions vagues que l'on possédait à ce sujet n'étaient puisées que dans l'inspection rapide et superficielle des viscères de quel- ques Animaux immolés devant les autels, ou dans l'étude des formes extérieures de l'Homme. La dissection, ou l'art d'isoler par le couteau les diverses parties constitutives (1) Homère, dont les poè'mes con- stituent une espèce d'encyclopédie de la science que possédaient les Grecs vers le ix'siècle avant Jésus-Christ, ne parle pas de la saignée ; mais, s'il faut en croire un auteur du Ve siècle, Etienne de Byzance (a), cette opération aurait été connue des médecins de l'armée d'Agameranon. En effet, il rapporte que l'un d'eux, Podalire, (ils d'Esculape et frère de IMacbaon, au retour du siège de Troie, l'aurait pratiquée sur une malade dont la guérison lui valut la souveraineté de, la Chersonèse. Ce serait la première saignée dont on aurait conservé le souvenir, et, d'après une fable rapportée par Pline, je suis porté à croire que celte pratique avait pris naissance dans la haute Egypte : <>n effet, ce naturaliste nous dit que les Hippopotames, quand ils sont devenus trop obèses, ont l'habitude de se per- cer la veine de la cuisse en s'appuyant conire un roseau aigu, et que ces Animaux ont enseigné ainsi aux mé- decins à praiiquer des opérations ana- logues (6). Or, ce récit ne s'applique pas au Cheval marin (ou Syngnathe), comme le suppose l'auteur d'un ou- vrage estimable sur l'histoire de la médecine (c), mais au grand Pachy- derme qui habite les rivières de l'in- térieur de l'Afrique et qui se trouve dans la hante Egypte. C'est évidem- ment une fable; mais cette fable n'a pu nous arriver que de l'Egypte. Du temps d'Hippocrate, la saignée se pratiquait sur plusieurs veines dif- férentes dont la posilion était bien connue. (a) Stepliani Byzanlini De urbibus. Trad. lat. par Berkelius, p. 686, art. Syrna. (6) Plinii Historiarum mundi liber VIII, chap. XL, 26. (c) Daniel Leclerc, Histoire de la médecine, in-4, 1702, t. I, p. 50. Aristole. k HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. de l'organisme , n'existait pas encore, et les observateurs ne pouvaient acquérir que des idées incomplètes et confuses tou- chant la conformation et les usages des organes intérieurs dont ils devinaient l'existence (1). Aussi Aristote lui-même, dont les connaissances anatomiques étaient bien supérieures à celles d'Hippocrate , n'a-t-il pu jeter que peu de lumières sur les (1) Les moyens d'étude dont dispo- saient les Asclépiades ont été très mal appréciés par quelques écrivains mo- dernes, et il est surprenant qu'Hip- pocrate, tout en commettant beaucoup d'erreurs anatomiques, ait pu acquérir les connaissances qu'il possédait tou- chant la structure intérieure du corps de l'Homme. Cette question a été très bien traitée par Lauth («). Je dois faire remarquer cependant que Galien a beaucoup vanté les connaissances ana- tomiques d'Hippocrate, et ajoute que dans les anciennes familles médicales on exerçait les enfants à l'étude de l'anatomie non-seulement par la lec- ture et l'écriture, mais encore par les dissections qu'on leur faisait faire (b) ; mais ce passage me semble être, comme l'éloge des Germains par Ta- cite, une critique des contemporains de Galien plutôt qu'un tableau de ce qui existait réellement à l'époque dont il parle. Dans beaucoup d'ouvrages on attri- bue à Hippocrate la connaissance de divers faits anatomiques importants qui furent introduits dans la science par Aristote, et cette confusion résulte de ce que plusieurs des écrits géné- ralement attribués au père de la mé- decine ne lui appartiennent pas en réalité, et sont postérieurs même aux livres de ce dernier naturaliste. Tels sont le Traité sur le cœur et le Traité des chairs, ainsi que divers fragments du Traité des os, et ce que l'on y dit du système sanguin est certainement basé sur lesobservationsd'Aristote. Ce point a été très bien établi par les re- cherches d'un des médecins les plus érudits de l'époque actuelle, M. Liltré, dont les travaux sur Hippocrate por- tent le cachet d'une saine et savante critique (c). Le mot ceXe^, qui correspond à celui de veina (ou vene) dans les langues latines, était d'abord employé dans une acception plus large qu'il ne Test de nos jours. On l'appliquait non-seu- lement aux vaisseaux sanguins en gé- néral, mais aussi à d'autres conduits qui appartiennent au système glandu- laire, et apr/ipia signifiait générale- ment, pour Hippocrate et ses disciples, d'une part le tube aérifère qui va de l'arrière-bouche aux poumons, et qui est connu encore aujourd'hui sous le nom de trachée-artère ; d'autre part, les artères proprement dites qui par- tent du cœur et qui longent les veines. Les Asclépiades croyaient que tous ces canaux formaient un seul système de tubes aérifères, et ils n'avaient sur le (a) Laulh, Histoire de l'anatomie, t. I, p. 38 et suiv. (b) Galien, De anatomicis administrationibus, liv. II, cliap. i. (c) Liltré, Œuvret d'Hippocrate, introduction, 1839, 1. 1, p. 382, 384, etc. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. D questions physiologiques dont l'examen nous occupe en ce moment. On lui doit cependant la connaissance de quelques faits importants. Ainsi il fut le premier à constater que les veines communiquent avec le cœur, ou en naissent, pour me servir d'une expression qui, tout en étant moins juste, rend mieux sa pensée; que des vaisseaux s'étendent aussi du cœur aux poumons , et que les cavités du cœur, de même que les veines, sont remplies de sang (1). mode de distribution des veines que des notions extrêmement vagues, sou- vent même très fausses. Ainsi, Polybe, gendre d'Hippocrate et auteur d'un écrit intercalé dans le Traité de la nature de l'Homme, ou- vrage dont la première portion seule- ment appartient à Uippocrate, parle des veines comme venant de la têle, pour descendre le long du dos et se porter jusqu'aux pieds, ou bien encore pour se distribuer, les unes aux vis- cères de la poitrine et de l'abdomen, les autres aux bras et aux mains (a). Ce passage a été placé aussi dans la compilation connue sous le nom de Traité de la nature des os, par Hip- pocrate. On voit également, par la description des veines placée dans le deuxième livre des Épidémies, qu'Hippocrale lui-même n'avait que des notions très vagues touchant la disposition de ces vaisseaux (6). La distinction entre les veines et les artères, que l'on attribue générale- ment à Praxagore (c), paraît avoir été faite avant le temps d'Hippocrate, par Diogène d'Apollonie et par Eury- phon (rf). (1) Aristote, en abordant l'histoire des veines, a fait connaître les opi- nions de ses devanciers touchant le mode de distribution de ces vaisseaux, et il donne à celte occasion des extraits assez étendus des écrits de Syennesis de Chypre, de Diogène d'Apollonie et de Polybe. Il crilique avec raison ce qu'ils avaient dit de l'origine des veines dans la tête, et il établit qu'elles naissent du cœur (e). « Il y a, dit-il, dans la poitrine, en avant de l'épine du dos, deux veines (ou vaisseaux) dont l'une, plus petite et située plus à gauche et plus en arrière que l'autre, porte le nom d'aorte (/"). » 11 parle aussi de la bifur- cation de ces deux vaisseaux vers la partie inférieure de l'abdomen et des principales branches qui en dépendent; mais il suppose que les ramifications de l'aorte deviennent des nerfs vers leurs extrémités {g). La description qu'Aristote donne (a) Traité de la nature de l'Homme (Œuvres d'Hippocrate, édit. de Lillré, t. VI, p. 59). (b) Op. cit., t. v, p. 121. (c) Voyez Hecker, Geschichte der Heilkunde, t. I, p. 219. (d) Litlré, De quelques points de chronologie médicale, dans l'introduction aux Œuvres d'Hippo- crate, p. 202. (e) Aristote, Histoire des Animaux, Irad. par Lecamus, t. I, liv. 111, p. 11". (f) Op. cit., y. 123. \g) Op. cit., p. 133. 6 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. École § 3. — Lorsque, à la suite des conquêtes d'Alexandre de d'Alexandrie. _T Al . , . . , , . ..... Macédoine, Je génie des Grecs vint réveiller 1 antique civilisation de l'Egypte, et que les grandes institutions scientifiques fondées par les Ptolémées dans la cité nouvelle d'Alexandrie eurent porté leurs fruits, l'étude anatomique du corps humain cessa d'être réputée un sacrilège et fournit bientôt aux physiologistes d'utiles lumières. Les usages de ce singulier pays devaient con- tribuer puissamment à y donner aux études médicales cette direction nouvelle , car partout l'image de la mort s'y perpé- tuait sous mille formes , et l'embaumement des cadavres avait depuis longtemps rendu l'idée des autopsies familière à tous les esprits. Mais ce qui influa davantage sur la marche de la science , ce fut la protection large et éclairée que les succes- seurs du disciple d'Aristote accordèrent aux philosophes. On raconte que les souverains de l'Egypte ne se contentaient pas de prodiguer leurs trésors dans l'intérêt de la science , mais se plaisaient à entendre les leçons et à partager les travaux des du cœur est également entachée de veine, c'est-à-dire la veine cave, naît quelques erreurs graves. Ainsi il dit de la cavité qui occupe à droite la que, chez les grands Animaux, le cœur partie supérieure du cœur (a). Or, est creusé de trois cavités. Cette asser- cela ne peut s'appliquer qu'à l'oreil- tion a été diversement interprétée par lette droite, et je ne vois aucune rai- les anatomistes modernes : les uns son de supposer qu'Arisloîe ait cru à pensent qu'il a pris pour un ventri- l'existence d'un ventricule placé entre cule moyen la portion basilaire de les deux cavités auxquelles on donne l'aorte, d'autres supposent que cette aujourd'hui les noms de ventricule même cavité moyenne n'est autre chose droit et ventricule gauche. Au lieu qu'une dépendance du ventricule de décrire trois cavités là où il n'y en droit. Mais il me paraît plus probable a que deux, il a omis de faire men- qu'il faut expliquer ce passage autre- tion de la quatrième cavité qui existe ment, et que la cavité de droite est en réalité et qui paraît avoir échappé l'oreillette veineuse, la cavité moyenne à ses investigations, savoir : l'oreillette le ventricule droit, et la cavité gau- gauche , que probablement il ne dis- ette le ventricule gauche. En effet, linguait pas de l'oreillette droite. Aristote dit positivement que la grande (a) Aristote, Histoire des Animaux, p. 125. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 7 savants dont ils s'entouraient. Pline nous assure que ees princes allaient même assister aux dissections qui se pratiquaient jour- nellement au Musée, magnifique établissement dont la création restera leur plus beau titre de gloire (1). Là, en effet, était réuni par leurs soins tout ce qui devait assurer la culture et le développement de l'intelligence. Le philosophe y trouvait à la fois le calme, le loisir, le bien-être nécessaires aux travaux de l'esprit, et les instruments d'étude que réclame l'investigation delà Nature. Son existence était assurée ; une riche bibliothèque lui était ouverte, de vastes collections étaient formées pour son usage, et il pouvait aller tour à tour puiser dans les récits des observateurs passés la connaissance des découvertes accom- plies, ou interroger la matière pour en arracher de nouveaux secrets (2). (1) Voyez Sprengel, Histoire de la médecine, t. I, p. Zi27. (2) La création de l'École d'Alexan- drie est due au fondateur de la dynas- tie des rois grecs de l'Egypte , Pto- lémée Lagus, appelé aussi Ptolémée Soter,etelledate d'environ troissiècles avant l'ère chrétienne. Ce souverain aimait beaucoup les sciences, les lettres et les arts ; il orna de magnifiques bâ- timents la ville naissante d'Alexandrie, y établit une bibliothèque immense, et y appela un grand nombre de philosophes auxquels il assura une existence honorable dans un palais nommé Musée. Son fils et successeur, Ptolémée Philadelphe, se livra avec ardeur à la culture des sciences et s'occupa beaucoup de zoologie ; il forma la première ménagerie connue, et y réunit une multitude d'Animaux rares. Il acheta la bibliothèque formée par Aristote, et ne négligea rien pour accroître ses recherches bibliographi- ques : ainsi il paya aux Athéniens la valeur d'environ Z|0 000 francs de notre monnaie actuelle, pour obtenir la permission de faire copier les ou- vrages de Sophocle, d'Eschyle et d'Eu- ripide, et l'emplacement de la biblio- thèque du musée appelé le Bruchion étant devenu insuffisant, il destina au même usage le temple de Sérapis; en- fin il porta à 700 000 le nombre de volumes dont l'École d'Alexandrie se trouva ainsi dotée. Les savants réunis au Musée y vivaient en commun sous la présidence d'un prêtre, et les études anatomiques y excitèrent un grand in- térêt. Tous les princes de la dynastie des Lagides accordèrent à cet établis- sement une généreuse protection ; mais la direction des études ne tarda pas à changer d'une manière fâcheuse, et les discussions s'y substituèrent à l'observation de la Nature. Un autre coup grave porté à la prospérité de l'École d'Alexandrie fut la destruction de sa bibliothèque principale dans l'in- cendie du Bruchion par Jules César. Hérophile. 8 HISTOIRE DE LA. DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. L'école d'Alexandrie donna bientôt à la science deux anato- mistes illustres dont les noms ne doivent pas être oubliés ici : Hérophile et Érasistrate. Leurs ouvrages ne sont pas arrivés jusqu'à nous , mais leurs découvertes n'ont pas eu le même sort (1). Depuis longtemps les médecins avaient remarqué dans di- verses parties du corps des pulsations qui ressemblaient aux Au commencement du 111e siècle de l'ère chrétienne , Caracalla supprima la réunion scientifique du Musée; en- fin, vers la fin du iv* siècle, l'em- pereur Théodose ordonna la démoli - lion du temple de Sérapis, et l'on ignore ce que devinrent les débris de l'ancienne bibliothèque fondée par Ptolémée Philadelphe et accrue par l'adjonction de celle de Pergame qu'Antoine y avait fait transporter sous le règne de Cléopâlre. Mais, mal- gré son état de décadence, l'École d'Alexandrie exerça pendant toute l'antiquité une influence considérable sur les éludes médicales. Ce fut là que Galien acquit en grande partie les connaissances anatomiques qu'il nous a léguées, et il conseilla à ses contem- porains de s'y rendre pour y étudier l'osléologie. Mais il paraît que la dis- section y était tombée en désuétude, car Rufus d'Éphèse , qui vivait au temps de Trajan (ou peut-être d'Au- guste), en parle comme d'une chose qui se pratiquait jadis. Sous la domi- nation du Bas-Empire, l'École d'A- lexandrie reprit cependant quelque im- portance , et ii paraît qu'au ve siècle on y fit quelques dissections (a). Elle jouissait encore de beaucoup de célébrité au commencement du vu* siècle, et Paul d'Égine, qui paraît avoir vécu vers cette époque, y étudia. Mais en 6/|0, après qu'Alexandrie eut été prise et pillée par Amrou, l'un des lieutenants du calife Omar, tous les livres qui y restaient furent brûlés par l'ordre de ce chef, et à dater de ce jour l'École cessa d'exister (6). (1) Quelques-uns des écrits qui portent le nom d'Hippocrate, et qui donnent sur la structure du cœur et des vaisseaux sanguins des notions beaucoup plus exactes que celles dont on trouve les traces dans les œu- vres authentiques de ce grand mé- decin, paraissent dater aussi des pre- miers temps de l'École d'Alexandrie. Tel est le Traité du cœur, qui ne figure pas dans la liste des livres d'Hippocrate dressée par Érotien, et qui contient non-seulement l'indica- tion de l'existence des deux oreillettes, mais aussi quelques détails sur les valvules situées à l'embouchure des artères. L'auteur de ce traité suppose du reste que les oreillettes servent, comme les soufflets d'une forge, pour y attirer de l'air. (a) Laulh, Histoire de l'anatomte, p. 118. (6) Freind, Histoire de la médecine depuis Galien jusqu'au xvi* siècle, t. I, p. i. — Voyez aussi , au sujet de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, les notes de Sylvestre de Sar.y, dans sa traduction de la Relation de l'Egypte, par Abd-Allalif, p. 240. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 9 battements du cœur. Hippocrate avait plus d'une fois parlé de ce phénomène (1) ; Aristote avait reconnu qu'il est dû aux mouvements du sang , et qu'il se produit dans tout le corps au même moment (2) ; mais Hérophile fut le premier à faire une étude attentive du pouls et à constater l'isoehro- nisme des battements du cœur et des artères, fait dont nous verrons bientôt l'importance physiologique. Hérophile signala aussi les différences qui s'observent dans l'épaisseur des parois des veines et des artères ; enfin il distingua nettement les deux sortes de vaisseaux qui relient les poumons au cœur (S). Érasislrate , qui était contemporain d'Hérophile , et qui se , Extraie. livra à l'investigation de la structure du corps humain avec non moins d'ardeur, enrichit la science d'un autre fait dont la con- naissance était également un préliminaire nécessaire de la dé- couverte de ïïarvey. Il constata le jeu des valvules qui dans l'intérieur du cœur séparent les deux étages de cavités dont ce viscère est creusé, et il y a quelque lieu de croire qu'il avait entrevu les vaisseaux chylifères , qui peuvent être considérés comme une dépendance et un complément de l'appareil circu- latoire (4). (1) Hippocrate paraît avoir élé le premier à employer le mot pouls (acpu-j'ao;) dans le sens que l'on y donne aujourd'hui ; mais , en général , ce terme ne s'appliquait qu'aux batte- ments violents des artères qui s'obser- vent dans divers cas pathologiques. (2) Histoire des Animaux, liv. Ilf, chap. xix. (3) Hérophile était disciple de Praxagoras de Cos, un des derniers représentants de la familles des Asclé- piades. Il vivait du temps de Pto- lémée 1er (ou Soter), et il jouissait d'une très grande célébrité comme anatomiste. Les noms qu'il imposa à plusieurs des parties constitu- tives du corps humain sont con- servés jusqu'à ce jour, et c'est sur- tout en traitant du système nerveux que nous aurons à parler de ses tra- vaux. Il remarqua ia différence de structure qui existe entre les divers vaisseaux qui sont en connexion avec le côté veineux du cœur, et il appela veine artérieuse celui qui va du ven- tricule droit aux poumons, tandis qu'il nomma artère veineuse la veine pul- monaire des anatomistes modernes. (k) Ni les anciens, ni les modernes, ne me semblent avoir rendu justice à Érasistrate : les uns l'ont calomnié , 10 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. L'éclat dont brilla l'école d'Alexandrie sous les premiers Lagides ne tarda pas à se ternir. Le Musée perdit par l'incendie une grande partie de sa riche bibliothèque ; ses professeurs, au lieu d'observer la Nature, s'épuisèrent en vaines argumenta- tions, et l'on y abandonna les dissections ; mais cette institution continua néanmoins à exercer une grande influence sur les études médicales, et elle compta parmi ses élèves le plus grand anatomiste de l'antiquité : Galien (1). et les autres lui ont fait porter tout le poids d'une erreur dont il n'est pas l'auteur. Celse a prétendu qu'Érasis- trate avait eu la cruauté de disséquer vifs des hommes condamnés à mort et livrés à ses investigations par les sou- verains de l'Egypte (a). Tertullien a accusé Hérophile du même crime (6). Mais ces imputations, que les compi- lateurs se plaisent à répéter, ne pa- raissent reposer que sur des bruits populaires dont l'exagération est fa- cile à comprendre, et dont la fausseté semble démontrée par les erreurs mêmes dont ces anatomistes n'ont pas su se préserver touchant la vacuité des artères (c). Quant à l'idée des fonctions pneu- matiques des artères, Érasistrate l'a trouvée enracinée depuis longtemps dans l'esprit de tous les maîtres de la science, et si Galien, pour combattre cette erreur, s'est attaqué à lui plutôt qu'à Aristote, c'est probablement parce qu'il jouissait de plus d'autorité aux yeux des contemporains de l'illustre médecin de Pergame, et qu'il avait développé d'une manière plus nette cette fausse doctrine. Effectivement, M. Littré a fait voir que l'erreur professée par Érasistrate existait du temps d'Hippocrate. Il en signale même des traces dans les opi- nions attribuées à Diogène d'Apol- lonie, qui est antérieur à llippocrate. Empédocle d'Agrigente , qui vivait cinq cents ans avant Jésus-Christ, ad- mettait aussi que les canaux connus de nos jours sous le nom d'artères sont vides de sang et occupés par de l'air. Érasistrate doit une partie de sa célébrité populaire au rôle qu'il joue dans Phistoire»de Stratonice et d'An- tiocbus, fils de Séleucus Nicanor, roi de Syrie. Il naquit dans l'île de Céos, et selon Pline il était petit-fils d' Aris- tote. Il étudia la médecine sous Chry- sippe le Cnidien, et il paraît avoir ter- miné ses jours par le poison. Ses ouvrages ne sont pas arrivés jusqu'à nous; mais Galien et Cœlius Aurelia- nus nous ont transmis quelques-unes de ses opinions, et pendant plus de quatre siècles après sa mort il eut de nombreux sectateurs. 11 paraît avoir découvert l'existence des vaisseaux chylifères. (1) Galien naquit à Pergame, ville de l'Asie Mineure, sous le règne de l'empereur Adrien , en 131 de l'ère (a) Celsus, De re medica, lib. I. (b) Terlullien, De anima, c. 10. (c) Voyez D. Leclerc, Histoire de la médecine, t. II, p. 42 et 28, OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 11 § 4. — Nous avons déjà vu qu'Hippocrate, Aristote, Héro- Gaiien. phile et Érasistrate connaissaient l'existence de deux sortes de tubes membraneux et ramifiés, qu'ils distinguaient, ainsi qu'on le fait encore de nos jours, sous les noms d'artères et de veines. Quand on examine ces organes sur le cadavre , on trouve en général les veines gorgées de sang, tandis que les artères sont presque vides , et cette circonstance avait conduit tous ces phy- siologistes à penser que les veines sont les seuls vaisseaux sanguins et que les artères sont destinées à contenir de l'air. Aristote considérait ces derniers tubes comme formant avec la trachée-artère un vaste système de conduits pneumatiques (1), et Érasistrate paraît avoir insisté davantage encore sur cette doctrine erronée. Galien, au contraire, découvrit la vérité. A l'aide de quelques expériences très simples , pratiquées sur des Animaux vivants , Galien établit que les artères , de même que les veines , sont des Vaisseaux sanguins. chrétienne. Il étudia Panatomie pen- (1) Aristote, après avoir décrit Tar- dant plusieurs années à l'École d'A- tère (ou trachée) qui s'étend de Par- lexandrie, mais il paraît s'être adonné rière-bouche aux poumons , ajoute principalement à la dissection des que le cœur y est attaché par des li- Animaux dont l'organisation se rap- gaments creux, et que si l'on souffle proche le plus de la nôtre. Il voyagea dans ce tube, on voit Pair passer jusque beaucoup et habita souvent Piome, où dans le cœur ; cette observation, dit-il il jouissait de la confiance de Marc encore, est à la vérité plus difficile Aurèle. Après la mort de ce prince il à faire dans certains Animaux; mais retourna en Asie Mineure, où il mou- le passage est manifeste dans les rut à un âge très avancé. Ses princi- grandes espèces (a). Ailleurs il ex- paux ouvrages sont ceux intitulés : plique davantage sa pensée. « Il part De usu parlium corporis humant, du cœur, dit-il, des vaisseaux qui se et De anatomicis administrationibus portent aux poumons , et dont les librinovem. Une excellente traduction rameaux se divisent comme ceux de des œuvres de Galien, accompagnée la trachée : artère Ces rameaux de notes précieuses par M. Daremberg, n'ont aucune communication avec ces est actuellement en voie de publication. vaisseaux; mais par le contact réci- (a) Aristote, Histoire des Animaux, liv. I, trad. de Lecamus, t. I, p. 41. 12 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. En effet , il vit que les artères laissent échapper du sang quand on les ouvre , et que ce sang ne vient pas d'ailleurs , mais y existe naturellement. Pour s'en assurer, il plaça autour d'un de ces vaisseaux deux ligatures à quelque distance l'une de l'autre, de manière à interrompre toute communication entre une portion de l'artère et le reste du système vasculaire ; puis, ayant fendu longitudinalement le vaisseau ainsi isolé, il reconnut que sa cavité était occupée par du sang et ne contenait pas autre chose (1). Cette découverte était fondamentale. On sut alors qu'il existe dans toutes les parties du corps de l'Homme et des Animaux supérieurs deux ordres de vaisseaux sanguins qui, d'une part, communiquent avec les cavités du cœur, et , d'autre part, se ramifient jusque dans les parties les plus éloignées de l'orga- nisme. D'autres observations apprirent aussi à Galien qu'il existe des communications entre ces deux systèmes de vaisseaux , de sorte que le sang peut passer facilement des uns dans les autres, et néanmoins il fut conduit à reconnaître que ce liquide n'est pas identique dans les veines et les artères. On doit encore à Galien la connaissance de plusieurs faits anatomiques dont nous apprécierons mieux l'importance quand nous serons plus avancés dans l'étude de l'histoire de la circu- lation du sang. Ses descriptions du cœur et des vaisseaux san- guins sont, il est vrai, entachées de quelques erreurs graves, mais elles sont bien plus complètes que tout ce qui avait été écrit par ses devanciers, et durant le moyen âge elles satisfirent pleinement les physiologistes. proque , les vaisseaux qui viennent (1) Les expériences de Galien sur du cœur reçoivent l'air et le font pas- les fonctions des artères sont exposées ser au cœur, où leurs troncs s'ou- dans un petit traité intitulé : An san- vrent (a). » guis in arleriis natura contineatur. (a) Op. cit., fi. 45. OBSERVATIONS PRELIMINAIRES. 13 § 5. — Pendant plus de treize siècles les opinions de Galien État firent loi dans les écoles médicales, et si, de loin en loin, les atomiques anatomistes consultaient la Nature, ce n'était pas pour contrôler ie moyenne la parole du maître, mais seulement pour faciliter l'intelligence de ses écrits. Le moyen âge n'ajouta donc rien aux découvertes accomplies par les anciens, et ce fut à l'époque de la renais- sance, quand l'esprit de libre examen commença à se répandre Époqil0 partout , que la question dont l'étude nous occupe ici fit de reJsesa*ce nouveaux progrès (1). (I) Les Arabes, qui, pendant le moyen âge, furent les principaux dé- positaires de la science acquise par les anciens, ne contribuèrent en rien aux progrès de Fanatomie, et l'on com- prend qu'il devait en être ainsi, puis- que les Yiahoméians, ainsi que les Juifs, respectent la loi de Moïse, d'a- près laquelle celui qui touche un ca- davre est réputé impur. Ce fut en Italie que les études analomiques commencèrent à se raviver. L'em- pereur Frédéric II décréta en 1213 qu'à l'École de médecine de Salerne tout chirurgien devait étudier Fana- tomie du corps humain pendant une année au moins, et que chaque année on eût à faire la dissection d'un ca- davre (a). Mais en 1300, une bulle de Boniface VIII, relative à l'ense- velissement des morts, vint mettre de nouveau obstacle aux dissections, et une permission expresse émanée du saint-siége devint nécessaire pour tout examen anatomiqûe de cadavre. En 1482, l'université de Tubingue obtint de Sixte IV une autorisation spéciale pour faire des dissections ; mais le nombre des sujets dont on pouvait disposer dans l'intérêt des études médicales était très restreint. Ainsi Mundini , qui professa Fanatomie à l'université de Bologne , au com- mencement du xive siècle, ne put, dans l'espace de onze années, dissé- quer plus de deux ou trois cadavres. Au commencement du xvte siècle, les dissections commencent à devenir plus fréquentes , et Bérenger de Carpi , qui occupa la chaire d'ana- tomie à Bologne de 1502 à 1527, eut l'occasion d'étudier plus de cent su- jets ; mais il devint un objet de Fani- mad version publique et fut accusé d'avoir disséqué des hommes vivants. Vers la même époque, on ouvrit des ampbithéâtres de dissection à Padoue ainsi qu'à Rome et à Vérone (b). Au commencement du xvF siècle, Dubois, plus connu sous le nom de Syluius, et Ch. Etienne, l'un des membres de la famille des Etienne, si célèbre dans l'histoire de la typographie, inau- gurèrent aussi les études analomiques à Paris. Mais l'utilité des dissections ne commença à être généralement comprise qu'après la publication des grands travaux anatomiques de Vésale, (a) Codex legum antiquarum Lindenbrogi. Franckfurti, 1613. (6) Voyez Laut'n, Histoire de l'anatomie, l. I, p. 291, 298 et suiv., 314, etc. Vésalc. 14 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. Galien, guidé par des vues théoriques plutôt que par l'ob- servation , avait été conduit à penser que les cavités creusées des deux côtés du cœur, et en continuité les unes avec la veine cave , les autres avec l'artère aorte, communiquaient librement entre elles à l'aide de trous pratiqués dans la cloison charnue qui sépare les ventricules entre eux. Mais lorsque , le scalpel à la main, on commença à vérifier sur le cadavre humain la des- cription des viscères que nous avait léguée l'anatomiste de Per- game , on ne tarda pas à reconnaître que cette disposition n'existe pas ; que la cloison médiane du cœur n'est point per- forée, et que le sang ne saurait passer ainsi d'un ventricule à l'autre. Ce premier pas vers la connaissance plus parfaite de l'appa- qui, le premier, osa contredire Galien. Enfin, en 1564, Charles IX fonda à la Faculté .de Paris deux cours publics d'anatomie. Vésale, dont l'influence fut si grande sur cette branche des sciences naturelles, naquit à Bruxelles en 1514t et fit la majeure partie de ses études anatomiques à Paris, où il éprouva beaucoup de difficultés à se pro- curer des cadavres. Il acquit néan- moins en peu d'années une connais- sance si profonde de la structure du corps humain, qu'à l'âge de vingt- neuf ans il put rectifier de nombreuses erreurs commises par Galien, et pu- blia un des plus beaux ouvrages que la science possède. Son livre, intitulé De humani corporis fabrica libri septem, et imprimé à Basle en 1543, fait époque dans l'histoire de l'ana- tomie, et les figures qu'il y joignit sont dessinées avec une si grande perfection, que quelques auteurs les ont attribuées au Titien. En 1537, Vésale, après avoir pratiqué la chi- rurgie dans les armées de Charles- Quint, devint professeur d'anatomie à l'université de Padoue ; il enseigna ensuite cette science à Bologne et à Pise; en 1543, il se rendit auprès de Charles-Quint comme médecin, et il conserva le même emploi auprès du successeur de ce prince, le roi d'Espa- gne Philippe II, On assure qu'en 1 564 un grand malheur le frappa : appelé à faire une autopsie, il s'aperçut, dit- on, que le sujet dont il venait d'ouvrir largement la poitrine n'était pas mort, et, déféré pour ce fait à l'inquisition, il fut obligé d'entreprendre un pèle- rinage en terre sainte. Quoi qu'il en soit, il se rendit à Jérusalem, et au retour il fit naufrage sur les côtes de l'île de Zante. Pour plus de détails à ce sujet, je renverrai le lecteur à un ouvrage publié récemment par M. Bur- graeve, professeur d'anatomie à l'uni- versité de Gand, intitulé : Etudes sur André Vésale, précédées d'une Notice historique sur sa vie et ses écrits, in-8, 1841. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 15 reil circulatoire date du milieu du xvie siècle et a été fait par l'illustre Yésale, qui porte à bon droit le titre de fondateur de l'anatomie moderne (1). § 6. — En 1553, on alla plus loin. Un contemporain de Michel servet. Yésale , Michel Servet , qui avait étudié la médecine à Paris , mais qui s'occupait de controverses religieuses plus que de science , et qui périt misérablement sur le bûcher, victime de la farouche intolérance du réformateur genevois Calvin , émit alors, au milieu d'une foule d'idées bizarres et fausses sur la formation de l'âme , une idée vraie et importante sur les mou- vements du sang. Il devina que ce fluide va du ventricule droit au ventricule gauche en passant à travers les poumons, et que c'est dans les poumons, non dans le cœur, que par son mélange avec l'air il change de nature. Je dis que Michel Servet devina ces 'choses ; car, en lisant son ouvrage , je ne saurais croire qu'il les ait constatées. En effet, il n'en fournit aucune preuve ; ses écrits portent le cachet d'un esprit spéculatif et aventureux ; il n'était pas observateur, et, pour les besoins de son argumentation, il entoure d'une foule d'assertions extravagantes l'énoncé d'une vérité inaperçue jusqu'alors. Ainsi, après avoir expliqué comment le sang passe du côté droit dans le côté gauche du cœur par la voie détournée des vaisseaux pulmonaires, il explique du même ton de confiance (1) Un anatomiste célèbre de l'École les opinions de Galien (6) ; mais il ne de. Bologne, Bérenger de Carpi, avait tarda pas à déclarer que le tissu de déjà dit, en 1521, que les trous de la cette cloison est ni moins épais ni cloison interventriculaire du cœur , moins compacte que le reste du cœur, très distincts chez le Bœuf et les au- et ne saurait livrer passage à une seule très grands Animaux , ne se voient goutte de sang. Il est bon de noter, en qu'avec beaucoup de difficultés chez passant, que ces trous n'existent pas l'Homme (a) , et Vésale en admit davantage chez le Bœuf ou chez tout d'abord l'existence par déférence pour autre Mammifère. (à) Carpi, Commentarii cum amplissimis additionibus super anatomia Mundini. Bologne, 1521, p. CCCXLI. (i) Vésale, De corporis humani fabrica, lib. VI, cap. xv (Opéra omnia, 1. 1, p. 517 et 519, édit. de 1725). 16 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. comment l'esprit vital ainsi élaboré se transforme en esprit animal dans les petites artères du plexus choroïde ; il admet comme un fait avéré que les nerfs sont la continuation des artères et forment un troisième ordre de vaisseaux ; enfin il décrit avec la même précision apparente les voies par lesquelles l'air arrive du nez jusque dans les ventricules du cerveau, et le démon y pénètre pour y assiéger l'âme. Le temps a relégué dans un juste oubli la plupart de ces idées physiologiques; mais l'opinion émise ici pour la première fois au sujet du transvasement du sang des veines dans les artères par l'intermédiaire du poumon est devenue plus tard une vérité démontrée , et sera toujours pour le pauvre Servet un titre de gloire (1). (1) Michel Servet naquit en 1509 à Villa-Nueva, clans l' Aragon, et se livra d'abord tout entier a des études théologiques; mais ayant émis, dans un écrit sur la Trinité, des opinions contraires aux dogmes de la religion catholique, il fut condamné par l'in- quisition et obligé de quitter l'Espagne. Il vint alors à Paris, où il étudia la médecine et professa les mathémati- ques. Vers 15&0, il alla s'établir auprès de Lyon, puis il fit divers voyages en France et en Allemagne, se livrant avec ardeur à des prédications qui lui attirèrent sans cesse et de toutes parts des persécutions nouvelles. En 1553, il se trouva à Vienne, en Dauphiné, et y publia, sous le voile de l'anonyme, le livre de controverse qui servit de base aux accusations de Calvin, et qui a valu à son auteur une juste célébrité parmi les physiologistes (a). Calvin, qui était fortement attaqué dans cet écrit dont il connaissait l'auteur, dé- nonça Servet à l'archevêque de Lyon. Arrêté par l'ordre de ce prélat, Servet parvint à s'évader, et se dirigea sur Genève, ne s'imaginant pas que Cal- vin, qui venait de réclamer de Fran- çois 1er la tolérance pour ses coreli- gionnaires, emploierait lui-même la violence pour assurer le triomphe de ses idées. Mais Calvin, ayant décou- vert sa retraite, le fit arrêter et fit prononcer contre ce malheureux une sentence barbare. A son instigation, Servet fut brillé vif à Genève, et l'ou- vrage qui servait de prétexte à cette sentence fut jeté dans le bûcher par la main du bourreau. L'exemplaire de ce livre, que la Bibliothèque impé- riale de Paris possède, porte encore les traces des flammes au milieu des- quelles, pour la honte éternelle de (a) Christianismi reslitutio. Totius Ecclesice apostolicœ ad sua limina vocatio in integrum restiluta cognitione Dei , fidei Christi, justificalionis nostrœ , regenêrationis baptismi et cœnœ Domïni manducationis. Hestituto denique nobis regno cœlesti, Babylonis impiœ captivitate solutd et Anticlivitto cum suis penitus destructo. i vol. in-8. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 17 Mais la découverte du phénomène auquel on donne de nos jours le nom de circulation pulmonaire ne pouvait exercer aucune influence sur la marche des études physiologiques , car elle resta longtemps ignorée de tous ceux qui cultivaient les Calvin , Michel Servet termina ses jours le 26 octobre 1553. Pendant longtemps on n'avait géné- ralement que des notions très incom- plètes des vues physiologiques de Servet; car son livre est extrêmement rare (a), et l'on n'en avait donné que des extraits insuffisants. M. Flonrens a donc rendu un véritable service à la science en faisant connaître d'une manière complète la portion du Chri's- tianismi restitutio où se trouvent consignées les idées de cet esprit bi- zarre au isujet du mouvement du sang et de la formation des esprits. Dans un opuscule écrit avec la clarté et l'élégance qui caractérisent à un haut degré le style de M. Flourens, ce savant a discuté d'une manière appro- fondie et impartiale les droits de Har- vey, de Servet, de Fabricius d'Aqua- pendente et des aunes anatomistes de la même époque, aux préliminaires de la découverte de la circulation ou à cette découverte elle-même. C'est un écrit que tous les naturalistes li- ront avec plaisir et profit (6). Le passage dans lequel Servet parle de la communication du ventricule droit du cœur avec le ventricule gau- che par l'intermédiaire du poumon est parfaitement clair, et suffisamment explicite pour montrer que ce physio- logiste s'était formé une idée juste du transport du sang du système veineux dans le système artériel, mais prouve aussi qu'il ne connaissait pas la cir- culation du sang, c'est-à-dire le mou- vement rotatoire de ce liquide dans l'organisme. Voici ce passage : « Vitalis spiritus in sinistro cordis » ventriculo suam originem habet , » juvantibus maxime pulmonibus ad » ipsius generalionem. Est spiritus n tenuis , caloris vi elaboratus, flavo » colore, ignea potentia, ut sit quasi » ex puriori sanguine lucidus vapor, » substantiam in se continens aqua?, » aeris et ignis. Geueratur ex facta in » pulmonibus mixtione inspirati aeris » cum elaborato subtili sanguine , » quem dexter ventriculus cordis si- » nistro communicat. Fitautem com- » municatio hase, non per parielcm » cordis médium, ut vulgô credilur, » sed magno artificio à dextro cordis » ventriculo , longo per pul moues » ductu, agita tur sanguis subtilis : à » pulmonibus praeparatur, flavus effi- » citur, et à vena arteriosain arteiïam i> venosam transfundilur. Deinde in » ipsa arteria venosa inspirato aeri n miscetur etexpirationeà fuligine rc- » purgatur. Atque ità tandem à sinis- » tro cordis ventriculo totum mixtmn » attrahitur, apta supellex, ut fiât spi- » ritus vitalis. » Quôd ità per pulmones fiât com- (a) 11 parait qu'il n'existe aujourd'hui que deux exemplaires de cette édition de l'ouvrage de Serve!, l'un à la bibliothèque impériale de Paris, l'autre à h bibliothèque impériale de Vienne en Auliiche; mais vers la fin du siècle dernier (en 1791) on en fit, à Nuremberg, une réimpression page pour page et sous la même date. (b) Flourens, Histoire de la découverte de la circulation du sang. 1 vol. in-18, Paris, 1854. III. 2 18 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. sciences. En effet, l'ouvrage dans lequel Michel Servet en parle est un livre de théologie relatif à la réforme du christianisme , que l'on jeta dans le bûcher où Calvin faisait brûler vif son in- fortuné rival ; peu d'exemplaires échappèrent aux flammes , » municalio et praeparatio, docet con- » junctio varia et communicatio venae » arteriosae cuin arteria venosa in » pulmonibus. Confirmât hoc magni- » tudo insignis venae arteriosae, quae » nec talis, nec tanta facta esset, nec » tam à corde ipso vim purissimi san- » guinis in pulmones emitteret, ob » solum eonim nulrimenlum, nec cor » pulmonibus hac ratione serviret ; » cùm praesertim anteà in embryone » solerent pulmones ipsi aliundè nu- » triri , ob membranulas illas , scu » valvulas cordis, usque ad boram » nalivitatis nondnm opertas, ut docet » Galenus. Ergô ad alium usum effun- » dilur sanguis à corde in pulmones » bora ipsa nativiiatis, et tam copio- » sus. Item, à pulmonibus ad cor non » simplex aer, sed mixtus sanguine » mittitur per arteriam venosam : » ergô in pulmonibus fit mixlio. Fla- » vus ille color à pulmonibus dalur » sanguini spiriluoso, non a corde. » In sinistro ventricule non est locus » capax lantaeet tam copiosae mixtio- » nis, nec ad flavum elaboratio illa » sufficiens. Demum, paries ille me- » dius, cum sitvasorum et facultatum » expers, non est aptus ad communi- » cationcm et elaborationem illam, » licet aliquid resudare possil. Eodem » artificio , quo in hepate fit trans- » fusio à vena porta ad venam cavam » propter sanguinem, fit etiam pul- » mone transfusio à vena arteriosa ad » arteriam venosam propter spiritum. » Si quis hac conférât cum iis quae » scribit Galenus lib. VI et VIE De usu » partium, veritatem penitus intelli- » get, ab ipso Galeno non animadver- » sam. Ille itaque spiritus vitalis à si- » nistro cordis ventriculo in arteriis » totius corporis deindè transfunditur, » ità ut qui tenuior est superiora petat, » ubi magis adhuc elaboratur, prœ- » cipuè in flexu retiformi , sub basi » cerebri .sito, in quo ex vitali fieri in- » cipit animalis, ad propriam rationa- » lis animae sedem accedens. Iterum » ille fortins mentis ignea vi tenua- » tur, elaboratur , et perficitur , m » tenuissimis vasis seu capillaribus- » arteriis. quae in plexibus choroïdi- » bus sitae sunt, etipsissimam mentem » continent. Hi plexus intima omnia » cerebri pénétrant, et cerebri ventri- » culos interne succingunt, vasa illa » secum complicata et contexta ser- » vantes, usque ad nervorum origines, » ut in eos sentiendi et movendi fa- » cultas inducatur. » Vasa illa miraculo magno tenuis- » sime contexta, tametsi arteriae dican- » tur, sunt tamen fines arteriarum, » tendentes ad originem nervorum, » ministerio meningum. Est novum » quoddara genus vasorum. Nam, si- » eut in transfusio à venis in arterias » est in pulmone novum genus vaso- » ru», ex vena et arteria, ità in trans- » fusione ab arteris in nervos est » novum quoddam genus vasorum, v ex arteriae tunica et méninge : » cum praesertim méninges ipsae suas » in nervis tunicas servent. » (Voyez Flourens, Op. cit., p. 203.) OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 19 et ils ne devinrent l'objet de quelque attention qu'un siècle plus tard, lorsque les contemporains envieux de l'illustre Harvey, après avoir nié obstinément les vérités mises en lumière par ce grand expérimentateur , s'efforcèrent de prouver que son seul mérite était celui de propagateur des connaissances acquises par ses devanciers, ou, pour me servir des expressions mêmes de l'un de ses détracteurs , « d'avoir fait circuler la découverte de la circulation » . § 7. — L'idée heureuse de Michel Servet, touchant le passage Colombo. du sang d'un ventricule à l'autre par l'intermédiaire des vais- seaux du poumon , s'est présentée aussi à l'esprit de quelques autres anatomistes du xvie siècle. Vers la même époque, deux professeurs célèbres de l'école italienne , Colombo , de Pa- doue (1), et Césalpin, de Pise , arrivèrent au même résultat. Césalpin alla plus loin encore. Il dit que les veines portent césaipin. au cœur les matières nutritives, et que les artères les distribuent dans toutes les parties du corps. Il remarqua aussi que les veines se gonflent quand on y applique une ligature, et que ce gonflement a lieu toujours au-dessous du point comprimé, jamais au-dessus (2). (1) RealdusCOLUMBUS, de Crémone, ('2) André Césalpin , d'Arezzo en était un disciple de Vésale ; il ensei- Toscane, enseigna la médecine à Pise, gfca successivement l'analomie à Pa- et résida ensuite à Rome, auprès du doue, à Pise, à Rome, et il publia à pape Clément VIII. C'était un des Venise, en 1559, un traité intitulé : hommes les plus éminents de son De re anatomica libri quindecim, siècle ; il fut le premier à avoir une dans lequel il dit que la cloison située idée de la méthode naturelle pour la entre les ventricules du cœur ne livre classification des plantes, et l'on peut point passage au sang, ainsi qu'on le le considérer comme le créateur de pensait, mais que ce liquide est porté l'anatomie végétale. C'est lui aussi qui du ventricule droit au poumon par la a introduit dans la science le mot cir- veine artérieuse, puis passe avec l'air culation du sang [a), et il a bien dé- par l'artère veineuse dans le vcnlri- prît la manière dont le sang traverse cule gauche du cœur. le système circulatoire pulmonaire ; (a) Cœsalpinus, Quœstionum peripatelicarum lit. V, p. 125 (voy. Fiourcns, Op. cit., p. 19). Découverte des valvules des veines. 20 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. § 8. — Vers la même époque, une autre découverte pré- paratoire de la grande découverte de Harvey s'accomplit peu à peu : celle d'une multitude de petits replis membraneux qui7 placés d'espace en espace dans l'intérieur des veines , y consti- tuent des valvules comparables à ces soupapes du cœur dont Érasistrate avait jadis étudié le jeu. Une des premières observations sur ces organes est due à mais je ne puis admettre, avec mon savant collègue et ami , M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, qu'il ait connu la circulation tout entière (a). Cette opinion est fondée sur un passage de son traité De plant is, dans lequel il dit que, chez les Animaux, nous voyons l'aliment conduit par les vei- nes au cœur comme à l'officine de la chaleur innée, et ayant acquis là sa dernière perfection, être, par les ar- tères, distribué dans tout le corps (b]. Mais il n'y parle pas du retour du sang des organes où ce liquide a été ainsi distribué, et, par conséquent, je ne vois dans ce passage que l'idée d'un phénomène de distribution ou d'irrigation, et non pas de circula- tion, tel que nous l'entendons aujour- d'hui, c'est-à-dire de passage continu dans un système de vaisseaux formant un cercle complet. Ailleurs, il est vrai, Césalpin parle du passage de la chaleur naturelle des artères dans les veines et des veines dans le cœur, et il dit même quelques mots d'un mou- vement de flux et de reflux du sang dans les extrémités. C'est par ce re- tour du sang vers le cœur qu'il s'ex- plique le gonflement des veines au- dessous des ligatures (c) ; mais il ne lie pas entre elles toutes ces idées, et, pour apercevoir dans ses écrits l'indi- cation de l'ensemble du phénomène de la circulation du sang, il faut con- naître déjà ce phénomène tel que Harvey l'a exposé. Césalpin dit nette- ment que le sang circule dans les poumons pour se rendre du côté droit au côté gauche du cœur (d), mais il ne paraît avoir eu qu'une idée vague de la circulation générale, et ne pas avoir saisi les relations de toutes ces choses entre elles : car il admet encore, avec les anciens, que la cloison du cœur est perforée et que le sang passe directement d'un ven- tricule dans l'autre. D'ailleurs, en sup- posant même que cet homme de génie eût réellement deviné l'en- semble du phénomène de la circula- tion du sang, il n'étaya de preuves suffisantes aucune de ses conjectures, et la démonstralion scientifique de ce grand fait physiologique ne fut donnée qu'un demi-siècle plus tard par l'il- lustre Harvey. (a) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle générale des Règnes organiques, 1. 1, p. 44. (b) Cœsalpinus, Deplanlis, lib. I, cliap. h, p. 3, 1583. (c) Caesalpinus, Quœstionum medicarum lib. II, p. 234. (d) Voyez à ce sujet Floureus, Histoire de la. découverte de la circulation du sang, p. 17. Etienne. Cannanus et Eustacliius. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 21 un chirurgien français également célèbre comme anatomiste et comme érudit, Charles Etienne. Il trouva dans quelques ra- meaux de la veine porte des valvules qu'il appela des apophyses, et qu'il compara aux valvules du cœur (i). Cannanus, professeur d'anatomie à Ferrare, aperçut des replis valvulaires de même nature dans la veine azygos, qui s'étend entre les deux veines caves (2), et Eustachius fit con- naître l'existence, non-seulement de la valvule qui porte aujour- d'hui son nom et qui se trouve au débouché des veines caves , mais aussi de soupapes analogues situées à l'orifice des veines propres du cœur, appelées veines coronaires (3). Enfin Fabricius d'Aquapendente , professeur à Padoue , sans d,A^tudseni avoir connaissance de ces faits isolés et imparfaitement observés, lit une étude spéciale du système de valvules dont les veines des membres et de la plupart des organes sont pourvues (h); il remarqua qu'elles sont disposées de façon à empêcher le (1) Ch. Etienne, frère de Robert Etienne, l'un des imprimeurs les plus habiles et des érudits les plus versés dans la connaissance des langues clas- siques, naquit à Paris vers 1503, et mourut à Genève en 1559. Ses observa- tions sur la structure des veines sont consignées dans l'ouvrage intitulé : De dissectione partium corporis hu- mant libri très, 15Zi5. (2) Cannanus communiqua ce fait en 15Z|7 à Amatus Lusitanus, qui le consi- gna clans un ouvrage intitulé : Curatio- num medicinalium centuriœ septem (1551). Celui-ci ajoute que le sang de la veine azygos ne peut couler que dans un sens, car l'air que l'on insuffle dans ce vaisseau se trouve arrêté par les valvules (loc. cit., cent. 1, cur. 51). (3) B. Eustachi exerça la médecine à Rome, et lit un grand nombre d'ob- servations intéressantes sur la structure du corps humain. Nous venons plus tard qu'on lui doit la connaissance du canal thoracique, de diverses parties de l'appareil auditif et des glandes surrénales. 11 mourut en 157Z|. Ses ob- servations sur les valvules des veines sont consignées dans ses Opuscula analomica, publiés en 1563 (p. 289). (k) Fabricio, surnommé d'Aqua- pendente, parce qu'il naquit dans celte petite ville des États romains (en 1537), était disciple de Fallope et professa pendant plus de cinquante ans à l'université de l'adoue, où il fit construire à ses frais un amphithéâtre d'anatomie. On lui doit des recherches nombreuses sur la constitution de l'œuf des Mammifères et la connais- sance de plusieurs particularités de structure du corps humain. L'étude approfondie qu'il fit des valvules des veines contribua sans aucun doute à 22 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. sang de refluer vers le bas , et il pensa qu'elles devaient servir à soutenir ce liquide. Mais il ne fit aucune application de ces découvertes à la théorie générale du mouvement du sang dans l'organisme. Harvey. § 9. — Tel était l'état de la science, lorsqu'un jeune disciple de Fabricius d'Aquapendente, imbu des idées anatomiques de l'école de Padoue, mais peu satisfait des doctrines physiolo- giques qu'on y enseignait , entreprit une série de recherches nouvelles sur les usages du cœur et sur les mouvements du sang. C'était Guillaume Harvey (1). préparer les voies pour la découverte bricius, le père Paul Servite, qui est de la circulation du sang (a); mais il plus connu sous le nom de Scarpi. n'avait que des idées très vagues et Mais cette assertion ne repose sur au- tres incomplètes sur les usages de ces cime base solide, et c'est avec moins soupapes. Ainsi que le remarque avec d'apparence de raison qu'on a voulu beaucoup de justesse M. Flourens, lui attribuer aussi l'honneur de la « les valvules des veines sonlla preuve découverte de la circulation du sang, anatomique de la circulation du sang Cette question historique, dont plu- (la preuve qu'il fait circuit, retour, sieurs écrivains se sont occupés dans qu'il revient sur lui-même, qu'il cir- ces dernières années, a été très bien cule) ; mais Fabrice ne vit pas cette discutée par Senac {g), par un des preuve, il ne vit que le fait, et n'en rédacteurs d'une revue anglaise (h), tira pas la conséquence importante et mieux encore par M. Flourens (ijj. qu'Harvey seul en a su tirer (6). » (1) William Harvey naquit en Pieresc(c), Wal3eus(c?), Fulgence(e) 159S, à Folkstone, petite ville delà et quelques autres écrivains (f), ont côte sud de l'Angleterre, voisine de attribué la découverte des valvules Douvres. Son éducation scientifique des veines ù un contemporain de Fa- fut commencée à l'université de Cam- (a) Hieronymi Fabrici ab Aquapendenle, De venarum ostiolis (Opéra omnia anatomica ei phy- siologica, ôdit. de 1738, p. 450, pi. 1 à 8). (b) Flourens, Op. cit., p. 24. (c) Gassendi, Viriillust. N. C. T. de Pieresc vita, 1641, lib.IV, p. 222. (d) "Walœus, Epistolce duœ de motuchyli et sanguinis. Lugd. Batav., 1645. (e) Opère delpadre Paolo, etc., 1687, vita del Padre, p. 44. (f) Daru, Histoire de Venise, t. V, p. 632. Biancbi Giovani, Biografia di fra Paolo Scarpi. 2 vol. in-8, Zurich, 1836. ; Voyez aussi Brullé, Note pour servir ù l'histoire de la circulation du sang (Mém. de l'Acad. de Dijon, 1854). (g) Senac, Traité de la structure du cœur, t. II, p. 21 et suiv. (7i) London and ~\Yestminster Revieiv, 1838, vol. XXIX, p. 158. (i) Flourens, Op. cit., p. 24 et p. 109. 9% TRAVAUX DE HARVEY. « Lorsque je commençai à étudier, non pas dans les livres, mais dans la Nature et à l'aide de vivisections, les mouvements du cœur, la tache me parut si difficile, nous dit Harvey, que j'étais presque tenté de penser, comme Fracastor, que Dieu seul pouvait les comprendre Mais ; en y apportant chaque jour plus d'attention et de soins, en multipliant mes vivisections, en employant à ces expériences une grande variété d'Animaux, et en recueillant beaucoup d'observations, j'ai cru enfin être arrivé à la connaissance de la vérité Depuis lors je n'ai pas hésité à communiquer mes vues , non-seulement à quelques amis , mais au public , dans mes leçons d'anatomie. Elles ont ■été accueillies avec faveur par les uns, avec blâme par d'autres : d'un côté, on m'a imputé à crime de m'être écarté des pré- ceptes de mes devanciers ; d'autre part, on a exprimé le désir de me voir développer davantage ces nouveautés qui pourraient bien être dignes d'attention. Enfin, cédant aux con- seils de mes amis, je me suis décidé à employer la voie de la presse pour soumettre au jugement de tous mes travaux et moi-même. » Telles sont à peu près les expressions dont Harvey se sert bridge et achevée à Padoue,où il étn- ce monarque, Charles Ier, accorda à dia la médecine pendant cinq années , ses travaux la protection la plus libé- sous la direction de Fabricius d'Aqua- raie. En 1652, Harvey publia sur la pendente, deCasseriusetdeMinadous. génération un grand travail qui aurait Il exerça ensuite la médecine à Lon- suffi pour le placer en première ligne dres ; en 1609 , il fut chargé de l'un parmi les physiologistes de son épo- des grands hôpitaux de cette ville que, mais qui est loin d'avoir rim- (l'hôpital de Saint-Bartbolomé, près porlance de son livre sur les mouve- Smithfields), et en 1615 il fut nommé ments du cœur et du sang, professeur d'anatomie et de chirurgie 11 avait préparé aussi un ouvrage au Collège des médecins. C'est dans sur la génération des Insectes ; mais cette chaire qu'il commença à exposer le manuscrit en fut détruit par la ses vues relativement au mouvement populace de Londres , qui pilla son du sang. La célébrité qu'il acquit logement durant la guerre civile. Il bientôt lui valut le titre de médecin mourut en 1657, à l'âge de quatre- du roi Jacques Ier, et le successeur de vingts ans. %k HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA. CIRCULATION. pour motiver la publication de son livre (1) ; il s'en excuse presque, et cependant ce livre est un chef-d'œuvre (2). Non- seulement il contient une des découvertes les plus importantes de la physiologie , mais il est écrit avec une méthode si par- faite , que peut-être Bacon songeait-il aux recherches de son modeste et sage compatriote lorsqu'il traçait de main de maître les règles à suivre dans les investigations scientifiques (3). § 10. — Harvey étudie d'abord les mouvements du cœur, et ne s'occupe en premier lieu que de la portion principale de cet organe : celle qui correspond aux ventricules (ft). Lorsqu'on ouvre la poitrine d'un Animal vivant et qu'on enlève la capsule dont le cœur est entouré, on voit, dit-il, que cet organe se meut et se repose alternativement. Cela est surtout facile à constater chez les Animaux à sang froid, tels que les Grenouilles, les Serpents, les Poissons, les Crabes, les Coli- maçons, ou bien encore chez les Animaux à sang chaud, le (1) Exercitatio anatomica de mota en 1628 ; mais ce dernier semble avoir cordis et sanguinis in Animalibus. été écrit en 1619, et dès 1616 Uarvcy In-Zi, Francofurti, 1628, cap. i, p. 20. avait exposé publiquement clans ses (2) « Ce petit livre de cent pages, leçons la série d'observations, d'expé- dit M. Flourens, est le plus beau riences et de déductions qui forment livre de la physiologie. » (Op. cit., la base de sa théorie. La date de 1616 p. 30.) est donnée par un manuscrit de Har- Néanmoins Aubry , l'un des con- vey, intitulé De anatomia universa, temporains de Harvey, nous apprend qui paraît être perdu aujourd'hui, que la publication de ce chef-d'œuvre mais qui existait encore à la biblio- iit diminuer énormément la clientèle thèque du Musée Britannique, à l'épo- médicale de son auteur. Il paraît, du que où le Collège des chirurgiens de reste, que les praticiens de son temps Londres fit publier la grande édition faisaient très peu de cas du jugement des œuvres de ce physiologiste (b). de cet homme de génie, dont le bon (à) Caput n : Ex vivorum dissec- sens était si remarquable (a). tione, qualis sit cordis motus. (Exer- (3) Le Novum organum de Bacon citatio anatom. de motu cordis et san- parut en 1620, et le livre de Harvey guinis, p. 21.) (a) Aubry, Letters and Lives of Eminent Persons. (b) Opéra omnia. — Voyez la vie de Harvey placée en lète de ce livre, p. 31 . TRAVAUX DE HARVET. 25 Chien, par exemple , quand le cœur est déjà affaibli et semble près de mourir. Le mouvement du cœur est accompagné de trois phénomènes principaux : 1° Au moment de l'action , il se relève , sa pointe frappe contre la poitrine , et son battement se fait sentir au dehors. 2° Il se contracte de toutes parts, mais principalement dans le sens transversal, ainsi qu'on peut facilement s'en convaincre en extirpant le cœur d'une Anguille vivnnte et en le plaçant sur une table. 3° Il devient dur comme se durcit l'avant-bras quand les tendons tirent sur les doigts pour les faire mouvoir. Lorsqu'on observe ce phénomène chez les Poissons et les autres Animaux à sang froid , tels que les Grenouilles ou les Serpents , on voit aussi que le cœur devient plus pâle lorsqu'il se meut de la sorte, et qu'il prend au contraire une couleur rouge plus intense pendant le repos. Harvey en conclut que le battement du cœur est un mouve- ment de contraction qui détermine le rapetissement des ventri- cules creusés dans son intérieur et l'expulsion de la charge de sang logée dans ces cavités ; que, pendant le repos, les ventri- cules se remplissent de nouveau ; et il ajoute que, pour se con- vaincre mieux encore du rôle de cet organe, il suffit de percer une de ses cavités , car alors on voit le sang être lancé au dehors avec force par la plaie, chaque fois qu'un battement se produit (1). Depuis l'antiquité, on avait remarqué l'isochronisme des bat- tements du cœur et des pulsations des artères ; mais on ne s'était pas bien rendu compte de la nature de ces mouvements. Galien, se fondant sur les résultats d'une expérience mal faite , supposait que hdiastole, ou dilatation de ces vaisseaux, dépendait (1) Op. cit., p. 21 et 22. 26 HISTOIRE DE LÀ DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. d'une puissance qui résiderait dans leurs parois et qui leur vien- drait du cœur (1). Harvey fait voir que les choses ne se passent pas ainsi : que les pulsations du cœur et les pulsations des artères sont des mouvements de nature différente ; que celles des artères consistent dans un mouvement de diastole; celles du cœur, au contraire, dans un mouvement de systole; que la diastole des artères ne correspond pas à la diastole du cœur, mais à la contraction de cet organe ; et qu'il y a antagonisme entre les mouvements de ces deux portions du système vascu- laire. 11 établit que c'est au moment où les ventricules se con- tractent que les artères se gonflent, et que c'est parce que le cœur, en se contractant , injecte une nouvelle quantité de sang dans les artères , que celles-ci sont distendues et frappent contre le doigt de l'observateur. Ce fait fondamental , qui peut - être avait été vaguement entrevu par Aristote , mais qui n'avait été nettement expliqué ni bien compris par aucun des prédécesseurs de Harvey, sert de point de départ pour de nouvelles expériences dont décou- leront de nouvelles déductions. Mais , avant d'aller plus loin, Harvey veut consolider mieux encore les bases de son édifice. (1) Galien s'appuyait sur une expé- cette expérience, et constata la persis- rience dans laquelle, ayant ouvert Ion- tance des battements de l'artère au- gitudinalement une artère sur un dessous comme au-dessus de la liga- Animal vivant, et y ayant introduit ture, pourvu que le sang continue à un tube pour le passage du sang, couler librement dans le tube à l'aide il avait vu le vaisseau battre comme duquel la continuité est maintenue d'ordinaire au-dessous de la plaie, jus- entre les deux portions du vaisseau qu'à ce qu'il eût serré fortement les séparées par la ligature, il est à pré- parois artérielles sur le tube, à l'aide sumer que dans l'expérience de Galien, d'une ligature; ce qui, suivant lui, le sang s'était coagulé dans le lube détermine la cessation du pouls dans et avait obstrué le passage, accident la portion de l'artère située au delà qui se produit très souvent dans des du point comprimé (a). Harvey répéta opérations de ce genre. (a) Galenus, An sanguis conlineatur in arteriis. [Opéra, édit. de Venise, 1525, 1. 1, p. 60. TRAVAUX DE HARYEY. 27 Il étudie donc avec plus d'attention les rapports qui existent entre les battements du cœur et les pulsations des artères. ïl observe que le pouls s'affaiblit dans les artères quand le ventri- cule gauche ne bat que faiblement, et s'y arrête quand celui-ci ne se contracte plus. Il fait voir qu'il en est de même pour l'artère veineuse ou artère pulmonaire, quand les mouvements du ventricule droit deviennent languissants ou s'arrêtent. Il rappelle aussi que c'est au moment où le cœur bat que le sang s'échappe avec le plus de force d'une artère ouverte, et il con- state par des vivisections que le sang, en sortant d'une blessure faite à l'artère pulmonaire , forme un jet plus violent quand le ventricule droit se contracte. Ce n'est donc pas une dilatation des artères qui appelle le sang dans l'intérieur de ces vaisseaux ; c'est l'arrivée d'une ondée de liquide qui détermine cette dila- tation, et la cause de ces deux phénomènes est la même, savoir : la contraction des ventricules du cœur (1). Mais le cœur ne se compose pas seulement des ventricules ; chez tous les Animaux vertébrés, cet organe renferme aussi une ou deux cavités, que l'on connaît sous le nom d'oreillettes; et l'on savait, par les observations de Gaspard Bauhin et de Jean Riolan, que les battements de ces diverses parties n'ont pas lieu en même temps (2). Harvey étudie ces mouvements chez les Poissons, où ils sont plus lents et plus distincts que chez les Animaux des classes supérieures, et il voit qu'il y a toujours alternance entre les contractions du ventricule et les contrac- tions de l'oreillette (3). 11 reconnaît que l'oreillette devient pale et se vide quand elle se contracte, et qu'au moment où le sang est ainsi expulsé de sa cavité , le ventricule situé au-dessous se (1) Caput ni : Arteriarwn motus (1621). — J. Riolani filii Anthropoiira- qualis exvivorum dissectione. (P. 2U phia, lib. IU, cap. xn.p. 372 (1626). et 25.) (3) Caput iv : Motus cordis et au- (2) G. Bauhini Theatrum anato- ricularum qualis ex vivorum dissec' micum, lib. XI , cap. xxi, p, 225 iione. (P. 25 à 29.) 28 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. relâche et se remplit. Enfin, par une expérience très simple, Harvcy montre qu'il n'y a pas seulement coïncidence entre ces faits, mais que l'entrée du sang dans le ventricule est déterminée par la systole de l'oreillette. En effet, d'un coup de ciseaux il enlève la pointe du cœur et ouvre largement le ventricule; le sang contenu dans cette poche charnue s'en échappe , mais un nouveau jet se produit chaque fois que l'oreillette se contracte. Harvey constata aussi que, chez les Animaux dont le cœur est pourvu de deux ventricules et de deux oreillettes, les choses se passent de la même manière : les deux ventricules se con- tractent à la fois, et, pendant les instants de repos qui suivent ce battement, les deux oreillettes se contractent à leur tour. Ainsi , ajoute ce grand et prudent physiologiste , tout nous conduit à penser que l'oreillette , abondamment remplie par le sang des veines, dont elle est pour ainsi dire le réservoir, se con- tracte d'abord et pousse ce liquide dans le ventricule ; que celui-ci , rempli à son tour, se contracte aussi et envoie dans les artères le sang qu'il a reç.u de l'oreillette ; que le ventricule gauche envoie ainsi le sang dans tout le corps par le moyen de l'aorte et de ses branches , et que le ventricule droit l'envoie aux poumons par le vaisseau appelé veine artérieuse, lequel, par sa structure et ses fonctions, est en réalité une artère (1). Vous remarquerez que Harvey ne présente toutes ces vérités que comme des choses probables; et avant d'apporter de nou- veaux arguments à l'appui de ses conclusions, il achève l'exposé de ses vues, et examine ce que devient le sang lancé par le cœur dans ces deux systèmes d'artères, question dont la solution, ajoute-t-il, aurait été depuis longtemps résolue si les anatomistes avaient donné à l'organisation des Animaux inférieurs la même attention qu'ils accordent à la structure du corps de l'Homme (2). Et j'insiste sur cette pensée , non-seulement parce qu'elle est (1) Caput v : Cor dis motus actio et (2) Op. cit., p. 32. functio. (P. 29.) TRAVAUX DE HARVEY. 29 vraie en elle-même , mais parce qu'elle s'applique également bien à beaucoup d'autres sujets et n'a fait jusqu'à ce jour que peu de progrès. Aussi est-ce chez les Poissons que Harvey cherche d'abord à se rendre compte du cours du sang. Là, dit-il, aucune difficulté ne se présente, et il suffit de quelques vivisections pour recon- naître que le sang, reçu d'abord dans un sac membraneux analogue à l'oreillette du cœur de l'Homme, est poussé par cet organe dans un ventricule unique qui , à son tour, l'envoie dans un tube ou artère chaque fois qu'il vient à battre , c'est- à-dire à se contracter. Chez les Grenouilles , les Lézards , les Serpents et d'autres Animaux analogues qui ont des poumons, le passage du sang des veines clans les artères est également facile à constater, car les deux ventricules du cœur de l'Homme n'y sont représentés aussi que par un ventricule unique. Le même résultat s'obtient de la même manière chez l'embryon des Animaux supérieurs , car avant la naissance un grand trou de forme ovalaire fait communiquer l'oreillette droite avec l'oreillette gauche , et le sang qui vient du système veineux peut arriver ainsi dans cette dernière cavité sans pouvoir ensuite rebrousser chemin, à cause du jeu d'une valvule membraneuse dont cet orifice est garni. Une autre voie est également ouverte au sang veineux pour arriver dans les artères au moyen d'un vaisseau qui s'étend de l'origine de la veine artérieuse ( ou artère pulmonaire) à l'aorte , de sorte que cette grande artère semble naître par deux racines des deux ventricules du cœur. Mais, après la naissance, ces deux routes ne restent pas libres, et il faut alors que le sang de la veine cave passe du ventricule droit dans l'artère pulmonaire , puis traverse ces organes pour revenir ensuite parles veines pulmonaires jusque dans le ven- tricule gauche, et de là dans l'aorte (1). (1) Caput vi : Quibus viis sanguis ventriculo cordis in sinistrum defe- èvena cava in arterias, vel è dextro ratur. [V. 32 à '61). 30 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. Harvey s'applique donc à prouver que le sang peut effecti- vement filtrer à travers la substance du poumon pour passer de l'un des systèmes de vaisseaux pulmonaires dans l'autre ; il invoque , à l'appui de son opinion , le sentiment du « savant et habile anatomiste » Columbus, dont j'ai déjà exposé les vues; et ce qui est plus important, il explique, mieux que ne l'avait fait Galien, comment les trois valvules sigmoïdes placées à l'en- trée de l'artère pulmonaire empêchent le sang qui a été poussé dans ce vaisseau par la contraction du ventricule de retourner en arrière pour refluer dans cette cavité, et le forcent de couler sans cesse vers les poumons (1). Mais il ne suffisait pas de savoir que du sang est porté de la sorte de la veine cave jusque dans l'aorte, en suivant la voie détournée du double système des vaisseaux pulmonaires ; Harvey dut se demander aussi quelle est la quantité de ce liquide qui traverse sans cesse le cœur et les poumons , et c'est l'étude de cette question qui le conduit à trouver qu'il doit nécessairement y avoir dans l'organisme , non-seulement distribution , mais circulation du sang (2). Jusqu'alors on pensait , avec Galien , que le sang se forme dans le foie, et que les veines naissent de cet organe pour aller porter ce liquide ait cœur. On pouvait donc croire que de nou- velles quantités de liquide arrivaient sans cesse dans le ventri- cule droit et servaient à entretenir le flux du suc nourricier, qui , après avoir traversé le poumon et le ventricule gauche du cœur, se répandait par les artères dans toutes les parties du corps. C'était là, en effet, l'idée la plus simple et celle que paraissent avoir eue d'une manière plus ou moins complète (1) Caput vn : Sanguinem de di'x- (2) Caput vni : De copia san- tro ventriculo cordis per pulmonum guinis transeuntis per cor è vents parenchyma perrneare in arteriam in arterias , et de circulari motu venosam et sinistrum ventriculum. sanguinis. [Op. cit.,]). /il.) {Op. cit., p. 37àZiO.) TRAVAUX DE HARVEY. 31 tous les prédécesseurs et les contemporains de Harvey. Mais, en observant la quantité de liquide qui , dans un temps donné, est lancée dans les artères par les contractions du cœur, Harvey comprit' que les choses ne pouvaient se passer de la sorte ; que- tout ce sang ne saurait être sans cesse fourni par les sucs ali- mentaires ; que les veines se videraient bientôt si elles ne pui- saient qu'à cette source, et que , d'autre part, les artères ne pourraient, sans se rompre, recevoir à chaque instant de nou- velles charges de liquide, si ces tubes membraneux ne le lais- saient s'écouler par leur extrémité opposée. Il arriva donc à penser que le sang des artères devait pouvoir passer dans les veines, et se mouvoir ainsi sans cesse dans un cercle fermé. Effectivement , il constata bientôt que le sang envoyé du ven- tricule gauche du cœur dans toutes les parties de l'organisme, par l'aorte et les branches de ce vaisseau, revient par les veines dans les cavités droites du cœur, de la même manière que ce liquide est ensuite transmis du ventricule droit aux poumons et des pou- mons aux cavités gauches du cœur par les artères et les veines pulmonaires. Le sang revient donc à son point de départ, pour parcourir de nouveau la route qu'il a déjà suivie et exécuter un mouvement circulaire. § 11. — L'idée de la circulation du sang se trouvait donc complétée et exprimée de la manière la plus nette , je dirai même de la manière la plus poétique ; car, pour mieux rendre sa pensée , Harvey emprunte à Aristote une grande et belle comparaison. De même que les planètes circulent dans l'espace en parcourant toujours la même orbite , qui n'a ni commence- ment ni fin, l'eau circule entre la terre et le ciel quand, après être tombée sous la forme de pluie ou de rosée pour humecter et féconder le sol , elle s'évapore sous l'influence des rayons du soleil, et va former des vapeurs destinées bientôt à se condenser et à descendre de nouveau. C'est aussi, dit Harvey, en parcourant un cercle analogue, que le sang nourricier de l'organisme se 32 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. répand du cœur dans toutes les parties du corps pour y porter la chaleur et la vie , puis, refroidi et vicié par son contact avec ces parties, il revient au cœur y reprendre ses qualités premières, et retourne ensuite encore une fois aux organes d'où il était venu. Pour compléter ce tableau, il manquait à Harvey de connaître le rôle des poumons et l'influence de l'air dans cette restauration des propriétés excitantes du sang ; il attribue à tort cette action au cœur, qu'il considère comme la source de la vie ; mais néanmoins l'image qu'il nous offre du mouvement des fluides nourriciers dans l'intérieur de l'économie animale est vraie, complète et saisissante. Cependant cette idée d'une circulation du sang n'était encore qu'une vue de l'esprit, et, pour l'élever au rang d'une vérité scientifique, il fallait démontrer qu'en effet le fluide nourricier coule sans cesse du cœur aux organes, puis des artères dans les veines , et des veines dans les artères , en passant de nouveau par le cœur et les poumons. C'est ce que Harvey ne manqua pas de faire, et ici encore l'excellence de sa méthode et la droi- ture de son jugement se révèlent à chaque pas. Aujourd'hui il serait inutile de développer tous les arguments dont ce grand physiologiste lit usage pour étayer sa doctrine ; mais, pour prouver que le sang circule, en effet, comme Harvey le dit , je crois devoir citer quelques - unes des expériences auxquelles il eut recours. § 12. — Les Reptiles peuvent vivre très longtemps après qu'on leur a ouvert largement le corps et qu'on a mis leur cœur à nu. Harvey profita de cette circonstance pour étudier expérimentalement la marche du sang dans les gros vaisseaux qui avoisinent cet organe. Il ouvrit donc la cavité viscérale d'un Serpent vivant , et observa les mouvements du cœur ; puis il comprima avec des pinces, à quelque distance au-dessous de cet organe, la veine cave qui va y déboucher, et il vit qu'au bout de quelques instants la portion du vaisseau située au-dessus travaux de karvey. 33 du point ainsi oblitéré devint vide de sang ; le cœur perdit en même temps sa couleur rouge intense et ses mouvements s'af- faiblirent ; mais , en faisant cesser l'obstacle qui s'opposait au cours du sang veineux vers le cœur, tous ces accidents ces- sèrent, et les phénomènes de la circulation se produisirent de la manière ordinaire. Ensuite il comprima de la même façon l'ar- tère aorte à quelque distance du cœur, et vit que ce vaisseau, au lieu de se vider comme l'avait fait la veine, se gonfla beaucoup au-dessus du point oblitéré ; enfin , le cœur prit en même temps une teinte plus foncée , et parut comme surchargé du sang qui s'accumulait dans son intérieur. D'autres expériences tirent voir que le sang arrivait dans les membres par les artères et retournait au cœur par les veines. Si l'on place une ligature autour du bras d'un Homme et qu'on la serre fortement , le pouls cesse de se faire sentir au poignet et dans toutes les artères situées au-dessous du point comprimé; mais, immédiatement au-dessus de ce point, c'est-à-dire du côté du cœur, il en est tout autrement ; les artères battent avec plus de force que d'ordinaire, et se gonflent comme si le flux du sang dans leur intérieur venait heurter l'obstacle qui s'oppose à son passage. La main et l 'avant-bras conservent leur couleur ordinaire, ne se gonflent pas, et semblent seulement s'engourdir et se refroidir. Mais si l'on vient alors à relâcher un peu la liga- ture, cet état de choses change complètement : le pouls se rétablit au-dessous du lien et cesse d'avoir une intensité insolite au-des- sus ; le sang reprend évidemment son cours dans ces vaisseaux, qui sont logés profondément dans le membre, et il se distribue dans l'avant-bras et dans la main, comme d'ordinaire. Mais les veines superficielles du bras sont encore comprimées par la ligature, et le sang qui arrive dans le membre par les artères, ne pouvant plus retourner au cœur par l'intermédiaire de ces mêmes veines, s'accumule en partie au-dessus du lien ; la main se gonfle et ces derniers vaisseaux deviennent saillants et gorgés m. 3 34 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. de sang. Entre la ligature et le cœur rien de semblable ne se voit. Enfin, vient-on à enlever le lien qui oblitérait ces veines, on les voit se dégorger aussitôt , et tout signe de tuméfaction disparaît dans les parties inférieures du membre (1). Ainsi l'oblitération de ces deux ordres de vaisseaux déter- mine des phénomènes inverses. Dans l'artère, le sang s'accu- mule entre le cœur et l'obstacle ; dans la veine, c'est du côté opposé , c'est-à-dire au delà du point obstrué , que le sang s'amasse. On en peut donc conclure que dans les artères le sang coule du cœur vers les extrémités ; dans les veines , des extrémités vers le cœur. Enfin, l'anatomie vint fournir à Harvey une dernière preuve de la direction constante et nécessaire du sang des extrémités vers le cœur, dans l'intérieur de ces vaisseaux. Il étudia le jeu des valvules , dont son maître , Fabricius d'Aquapendente , avait fait connaître l'existence dans la plupart des veines, et il vit que ces replis membraneux étaient toujours disposés de façon à permettre le passage du sang vers le cœur, mais à empêcher le reflux de ce liquide en sens contraire. Pour en fournir la preuve, dit Harvey, il suffit de serrer médiocrement le bras d'un Homme , ainsi que cela se pratique pour l'opéra- tion de la saignée ; les veines de l'avant-bras se gonflent et leurs valvules y produisent l'apparence de nœuds. Si alors on presse avec les doigts sur la portion d'une de ces veines sous-cutanées comprises entre deux de ces étranglements , de manière à la vider, et si l'on maintient la pression sur l'extrémité inférieure de l'espace ainsi déprimé , on voit que le sang ne rentre pas dans la veine restée vide , bien que l'entre-deux des valvules suivantes soit gorgé de liquide ; mais le vaisseau se remplit dès qu'on permet au sang de remonter par le bas (2). 11 est facile de se convaincre aussi, par des expériences du même genre, (1) Harvey, Op. cit., cap. xi. (2) Op. cit., cap. xm. TRAVAUX DE HARVEY. 35 qu'on peut faire marcher le sang de bas en haut dans une veine, mais que les valvules arrêtent le liquide quand on cherche à le pousser en sens contraire , c'est-à-dire du cœur vers les extré- mités. J'ajouterai que, dans une publication subséquente, Harvey rendit compte d'une autre expérience encore plus dé- cisive. Quand sur un Animal vivant on coupe en travers une artère , la carotide , par exemple , le sang continue à couler avec force de la portion des vaisseaux qui est en communication avec le cœur, mais cesse presque aussitôt de sortir du tronçon qui a été de la sorte séparé de cet organe d'impulsion. Yient-on à couper de la même manière une veine , le sang coule au con- traire pendant longtemps de la portion inférieure du vaisseau , et le tronçon situé du côté du cœur n'en fournit que peu ou point (1). Ainsi, quelle que soit la manière dont on attaque la question, on arrive toujours au même résultat : toujours on voit que, dans les artères, le sang va du cœur aux membres ; dans les veines, des membres vers le cœur. § 13. — Si j'avais à faire ici l'histoire des erreurs de la science, tâche qui serait aussi fatigante qu'inutile, il me fau- drait parler de l'opposition vive et opiniâtre que la doctrine de la circulation rencontra pendant longtemps. On nia d'abord le fait ; puis, quand la vérité ne pouvait plus être voilée par les sophismes, on chercha à dépouiller l'illustre Harvey de la gloire que lui donnait sa découverte : on l'accusa de plagiat. Mais, ainsi que l'observe avec raison un des historiens de cette découverte , le grand mérite est toujours probe , et le nom de Harvey est sorti pur de tous ces débats. La faculté de médecine de Paris se montra particulièrement contraire à ces idées nou- velles , mais elles eurent pour défenseurs Descartes , qui les approuva (2), et Louis XIY, qui, pour les propager, institua au (1) Harvey, Exercitatio altéra ad (2) En 16Zi/j, Descartes écrivait à J. Riolanum. (Opéra omnia, p. 120.) Beverwick : « Je suis entièrement 36 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. Jardin des plantes médicinales une chaire spéciale (1) ; aussi ne tardèrent-elles pas à être généralement reçues. Aujourd'hui il peut sembler presque oiseux d'en discuter les bases (2). » d'accord avec. Harvaeius touchant la » circulation du sang, et je le regarde » comme le premier qui ait fait cette » admirable découverte des petits pas- » sages par où le sang coule des ar- » tères dans les veines, qui est, à mon » sens, la plus belle et la plus utile » que l'on pust faire en médecine. » (Lettres de M. Descartes, in-&, Paris, 1657, p. /i38.) Pour la date de cette lettre, voyez l'édition de M. Cousin, t. IX, p. 158. (1) Cet établissement scientifique, appelé aujourd'hui le Muséum d'his- toire naturelle, fut fondé en 1635, et la chaire d'anatomie instituée spécia- lement pour la propagation des dé- couvertes nouvelles date de 1673 ; elle fut occupée par Dionis , dont les leçons eurent un grand succès et con- stituèrent la base d'un ouvrage publié sous le titre à'Anatomie de l'Homme suivant la circulation, etc. (2) Lorsque la découverte de la cir- culation du sang fut annoncée au public, elle fut qualifiée d'absurdité par presque tous les médecins, et bientôt un des disciples du célèbre anatomiste de Paris, J. lUolan, se ren- dit l'écho des critiques dont elle était l'objet (a). D'autres ouvrages, tombés depuis longtemps dans un juste oubli, parurent aussi contre les idées de Harvey (b) ; mais sa doctrine ne tarda pas à avoir des partisans, parmi les- quels on doit citer en première ligne Ent à Londres (c), Rolfink à Iéna (d), et Slegel à Hambourg (e). Harvey lui-même prit aussi la plume pour défendre ses opinions (f), et peu a peu la vérité se fit jour. Enfin, l'illustre Descartes vint déclarer que la circu- lation du sang avait été si clairement prouvée par Harvey, qu'elle ne pouvait plus être mise en doute « que par ceux » qui sont si attachés à leurs préjugés » ou si accoutumés à mettre tout en » dispute, qu'ils ne savent pas dis- » tinguer les raisons vraies et cer- » laines d'avec celles qui sont fausses » et probables (g). » Mais alors était déjà commencée la (a) Primirose, Exercitationes et animadversiones in librum llarvei de motu cordis et circula- tione sangidnis. In-4, Londini, 1 630. (6) ^Emylius Parisanus, Lapis Lydius de motu cordis et sangidnis. Venetiis, 1635. — Veslingius, Observ. anatom. et epist.med. Hafniaî, 1G64. — J. Riolan, Enchiridium anatomicum et pathologicum, 1648, et Manuel anatomique Ctpd* thologigue, Paris, 1653. Pour plus de détails au sujet de cette discussion, on peut consulter le chapitre relatif à la decou* verte de la circulation dans l'Histoire de la médecine par Sprengel, trad. franc., t. IV, p. 85. (c) Ent, Apologia pro circulatione sangidnis. In-8, Londini, 1641. (d) Piolfinkius , Epist. duce ad Th. Bartholinum de motu chyli et sangidnis, 1641. (e) Slegel, De sangidnis motu commentarius . In-4, Hamburgi, 1650. (f) Descartes, De la formation du fœtus (Œuvres, édit. de M. Cousin, t. IV, p. 451). Cet ouvrage ne fut publié qu'après la mort de Harvey, en 1644 ; mais, ainsi que Cuvier l'a fait remarquer dans ses Leçons sur l'histoire des sciences , Harvey eut le bonheur de voir ses idées adoptées de son vivant par ce grand philosophe, car, dès 1644, dans une lettre adressée à Jean dô Beverwick, il s'était prononcé nettement à cet égard (Lettres, n° 76, p. 438). (g) Harvey, Exercitationes duce anatomicœ de circulatione sangidnis ad Johannem Riolctnum fil, Botcrodami, 1649, 1671. OBSERVATIONS COMPLÉMENTAIRES. 37 Je ne m'arrêterai donc pas davantage sur ce point; mais Passage du sang . r> vi • i \ dans je terai remarquer qu il manquait une chose importante a les capillaires. la démonstration de la grande vérité découverte par Harvey : c'était une preuve directe du passage du sang des artères dans les veines. § \h. — Du reste, cette preuve ne manqua pas longtemps, observations et nous la devons à Malpighi. En examinant au microscope le Maip^iu. poumon d'une Grenouille vivante , il vit le sang circuler dans les vaisseaux de cet organe, et passer des artères dans les veines par une multitude de canaux d'une ténuité extrême qui sont seconde phase de la discussion : ne pouvant plus nier le fait, les adver- saires de Harvey prétendirent qu'il n'avait rien de nouveau , et l'on tor- tura de toutes les manières les écrits des anciens ou des prédécesseurs immédiats de ce grand physiologiste pour en faire sortir l'idée d'une circu- lation du sang. Les uns prétendirent la trouver dans les ouvrages d'Hippo- crate, d'autres dans les écrits de Salo- mon ou de Platon ; d'autres encore l'attribuent à un auteur du ive siècle de l'ère chrétienne, Nemesius, évêque d'Émèse; à Michel Servet, à Césalpin, ou à Scarpi(a) ; on a argué de quelques passages de pièces de Shakespeare pour prouver que c'était du domaine pu- blic (6), et, de nos jours encore, l'auteur d'une histoire de l'anatomie, Portai, affirma que l'un des disciples de Vésale, Vasseur (ou le Vasseur), en savait presque autant que nous au sujet de ce phénomène (c). Mais tous ces dires ne sauraient résister à un examen impartial et approfondi. Sé- nac fit justice des prétentions de plu- sieurs des détracteurs de Harvey, et les historiens les plus récents de la science, tout en faisant à Servet et à Césalpin une large part de gloire, re- connaissent que Harvey fut le premier à prouver que le sang circule. « Lorsque Harvey parut , dit M. Flourens, tout, relativement à la circulation, avait été indiqué ou soupçonné, rien n'était établi. » J'ajouterai : Oui 1 tout avait été indiqué ou soupçonné , mais rien n'avait été compris. En effet, si Michel Servet avait compris ce qu'est la circu- lation du sang, il n'aurait pas imaginé que les artères, en se terminant , de- viennent des nerfs, disposition qui au- rait rendu toute circulation impossible ; et Césalpin, qui faisait aller la chaleur des artères dans les veines , supposait que les veines portent le sang au foie et aux intestins. M. Flourens fait remarquer aussi avec raison que Fa- bricius d'Aquapendente, qui est venu longtemps après Césalpin, et qui a si bien étudié la structure des valvules veineuses , ne connaissait cependant pas la circulation du sang. (a) Voyez Haller, Elementa physiologiœ, t. II, p. 240 et suiv. (b) T. Ninimo, In the Shakespeare Society's Papers, vol. II, p. 109. (c) Voyez Flourens, Histoire de la découverte de la circulation du sang, p. 26. 38 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. tout à la fois les ramu seules terminaux des premiers et les racines des seconds. Il fut témoin du même spectacle en obser- vant le mésentère de ces Animaux , et peu de temps après , Leeuwenhoek , en se servant également du microscope, vit le sang circuler comme un torrent rapide dans les vaisseaux de l'aile de la Chauve-Souris , de la queue des Têtards et de la nageoire de divers Poissons (1). La circulation du sang, que Harvey n'avait pu apercevoir qu'avec les yeux de l'esprit, est devenue dès lors visible pour les yeux du corps , et la découverte de Malpighi est venue cou- ronner dignement l'œuvre de son illustre devancier. Le mou- vement impétueux du sang, qui, poussé sans relâche parles battements du cœur, parcourt les artères et se précipite ensuite dans les veines, pour retourner à son point de départ et recom- mencer bientôt après le même trajet , est un des phénomènes physiologiques les plus beaux à contempler. ïl faut le voir pour se former une idée de la grandeur du spectacle que nous offrent ainsi des organes trop petits pour être aperçus à l'œil nu, et, en l'observant, on est tenté de répéter ces mots que les ento- mologistes ont pris pour devise : Natura maxime miranda in minimis. Ainsi, dès lors, il fut établi de la manière la plus évidente que (1) La découverte de la circulation tout de 1700 à 1709 (h). Le spectacle capillaire, par Malpighi (a), date de de la circulation du sang, vu au mi- 1661. Les premières observations de croscope, fut ensuite vulgarisé par Leeuwenhoekparaissent avoir été faites Molyneux (c) , Cowper (d) , Chesel- en 1669, mais furent multipliées sur- den (e), Baker (f), etc. (a) Malpighi, De pulmonibus epistola II (Opéra omnia, t. II, p. 141). (6) Leeuwenhoek , Letter concerning the Circulation of the Blood in Tadpoles [Philos. Trans ■ 1700, t. XXII, P. 447). • — Circulation of the Blood in Butts ( loc. cit., p. 552 ). — Circulation of the Blood in Fishes (Op. cit., t. XXVI, p. 250 et 444). ■ — Voyez aussi Arcana Naturœ, t. IV, epist. 65 et 67. (c) W. Molyneux, A Letter concerning the Circulation ofthe Blood (Philos. Trans., 1685, t. III, p. 1236). (d) W. Cowper, An Account of diverse Schemes of Arteries and Veins , etc. (Philos. Tram., 1702, t. XXIII, p. 1182). (e) Cheselden, Anatomy ofthe Human Body, pi. 30, fig. 3. (f) Baker, The Microscope, ruait easy, 1742, p. 120 et suiv. OBSERVATIONS COMPLÉMENTAIRES. 39 chez l'Homme et tous les Animaux qui s'en rapprochent le plus par leur organisation, c'est-à-dire chez tous les Vertébrés, le sang circule dans un système de vaisseaux qui le portent tour à tour dans les organes de la respiration, où ce fluide entre en relation avec l'atmosphère, et dans les diverses parties de l'éco- nomie, où siègent la nutrition, la sensibilité et le mouvement ; que le cœur est l'agent moteur qui détermine cette circulation ; que les artères servent à conduire le sang des cavités du cœur dans les diverses parties du corps ; que les veines le ramènent au cœur ; que ces deux ordres de vaisseaux se continuent les uns avec les autres à l'aide de canalicules d'une grande ténuité qui se trouvent dans la substance de tous les organes, et que l'on nomme des vaisseaux capillaires ; enfin, que le cœur, les artères , les capillaires et les veines, ne forment qu'un seul et même système de conduits qui représente un cercle , car il fait retour sur lui-même et n'a ni commencement ni fin. § 15. — A l'époque dont je viens de parler, l'étude anato- Preuves ... , fournies par les inique de ce vaste assemblage de tubes îrrigatoires présentait injections de grandes difficultés. Effectivement , après la mort les artères se vident, et lorsqu'on disséquant les veines on vient à couper les ramuscules qui en dépendent, le sang dont elles sont rem- plies s'écoule, et alors elles s'affaissent , de façon qu'elles de- viennent , de même que les petites artères , peu distinctes des parties molles circon voisines. Mais , vers la fin du xyne siècle, on inventa des procédés de démonstration qui permirent de suivre tous ces vaisseaux jusque dans leurs plus petites divi- sions, et de rendre bien visibles sur le cadavre les communica- tions capillaires qui les relient entre eux. Depuis longtemps , on avait imaginé de pousser de l'eau ou d'insuffler de l'air dans le système vasculaire de diverses parties dont on voulait exa- miner la structure , et quelques anatomistes contemporains de Malpighi substituèrent à ces fluides des matières qui, liquéfiées par la chaleur, peuvent être introduites de la même manière /jO HIST01BE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION, dans les canaux sanguifères, mais qui, en se refroidissant ensuite, reprennent leur état solide, et maintiennent par conséquent les vaisseaux distendus : de la cire, par exemple ; et, afin de rendre la détermination des diverses parties de l'appareil circulatoire plus facile, on eut soin de colorer diversement les matières dont on rem- plissait ainsi les artères et les veines. Bientôt l'art des injections anatomiques fut porté très loin par Swammerdam et par Ruysch (1); on en fit usage journellement dans les écoles, et l'on s'en servit même pour démontrer la continuation directe (1) Ces deux anatomistes, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans le cours de ces Leçons (a), portèrent à un haut degré de perfection l'art des injections angiologiques, qui était pres- que ignoré avant eus ; mais quelques- uns de leurs prédécesseurs avaient fait utilement usage de procédés ana- logues (6). Ainsi Galien paraît s'en être servi dans ses études sur la structure du foie, et Bérenger de Carpi, qui vivait au commencement du xvi" siè- cle, avait eu recours à l'injection de l'eau au moyen d'une seringue, pour mieux observer la disposition des veines des reins. Eustachi , Willis, Glisson, de Graaf, et quelques autres anatomistes du xvne siècle, employè- rent aussi des liquides diversement co- lorés pour en remplir certaines veines dont ils voulaient suivre le trajet, et J. Riolan, le contemporain de Harvey, avait su tirer un bon parti de l'insuf- flation de ces vaisseaux. Bellini paraît s'être servi de matières fusibles pour les injections, et vers la même époque (c'est-à-dire 1660), de Graaf employa le mercure à des recherches analo- gues. Mais Swammerdam fut le pre- mier à faire avec habileté des pièces de démonstration à l'aide des injec- tions colorées; il se servait de cire, et ses préparations excitèrent à un haut degré la curiosité et l'admira- tion parmi ses contemporains. Son compatriote Ruysch acquit dans cet art une habileté plus grande en- core, et contribua davantage à mettre en honneur ce procédé d'investiga- tion (c). Depuis lors, tous les anato- mistes en ont fait usage, et, parmi les auteurs dont les injections fines ont contribué à nous faire connaître la disposition des vaisseaux capillaires (a) Voyez tome I, p. 42 et p. 115. (b) Voyez Fontenelle, Éloge de Ruysch (Hist. de l'Acad. des sciences, 1731, p. 102). — Haller, Methodus studii medici, Hermani Boerhaave, 1751, t. I, p. 251 et 433. ■ — Portai, Hist. de l'anatomie, t. III, p. 265. (c) Fréd. Ruysch naquit à la Haye en 1638 , et professa l'anatomie à Amsterdam; il mourut en 1731 . Ses préparations anatomiques étaient si bien faites et conservées avec tant d'art, que Fonlenelle en. parla clans les termes suivants : « Tous ces morts , sans dessèchement apparent , sans rides , avec » un teint fleuri et des membres souples, étaient presque des ressuscites ; ils ne paraissaient qu'endor- » mis, tout prêts à parler quand ils se réveilleraient. Les momies deM. Ruysch prolongeaient en quelque » sorte la vie, tandis que celles de l'ancienne Egypte ne prolongeaient que la mort. » .( Fonlenelle, Éloge de Ruysch, dans Hist. de l'Acad. des sciences, 1731, p. 103.) Malheureusement Ruysch fit de ses procédés d'injection un secret qui n'a pas été révélé. TRAVAUX SUBSÉQUENTS. /jl des artères dans les veines. En effet, si l'on pousse dans une artère une de ces injections convenablement préparée , on fait parvenir celle-ci non-seulement dans les divisions capillaires qui terminent les ramifications de ce vaisseau , mais aussi dans les veines qui naissent de ces capillaires, et qui se réunissent successivement entre elles comme les racines d'un arbre se réunissent pour en constituer le tronc. A l'aide de ce procédé d'investigation, on arriva peu à peu à constater que les artères sanguins, je dois citer surtout Albinus, fraîches la disposition des petits vais- Lieberkûhn , Prochaska et Berres (a). seaux. Dans le premier cas, on emploie Les préparations de Ruysch ont été généralement de la cire mêlée à de la achetées par le czar Pierre Ier et trans- graisse en diverses proportions, ainsi portées à Saint-Pétersbourg; celles de qu'à de l'essence de térébenthine, et Lieberkiïhn et de Prochaska sont con- colorée par du vermillon ou du bleu servées dans le cabinet de Vienne, et de Prusse parfaitement broyés; mais sont si parfaites, que, dans ces der- pour remplir les capillaires, le vernis nières années, elles ont pu servir donne de meilleures résultats. L'im- aux recherches histologiques de mersion des petites pièces ainsi in- M. Henle (b). jectées dans du baume de Canada , ou Divers écrits ont été publiés sur dans quelque autre liquide résineux, Part des injections angiologiques (c). donne aux tissus de la transparence, Les procédés à employer doivent va- et permet de mieux voir, sous le mi- rier suivant qu'on veut faire des pré- croscope, le trajet des capillaires. Pour parafions destinées à être conservées, les travaux de recherches, les injec- ou bien que l'on ne* cherche qu'à tions à la gélatine ou au saindoux sont mettre en évidence sur des pièces plus commodes, et quand il s'agit (a) Albinus, Academicarum annotalionum liber tertiiis, 1756. — Lieberkiihn, Disser.t. de fabrica et actione villorum intestinorum tenuium, 1760. — Prochaska, Disquisitio anatomico-physiologica organisant corporis humani ejusque proces- sus vitalis. Vienne, 1812, chap. IX, p. 92 et suiv. — Berres, Anatomia microscopica corporis humani. Vienne, 1837, in-fol. (6) Voyez Henle, Traité d'anatomie générale, trad. par Jourdan, t. II, p. 3. (c) Homberg, Sur les injections anatomiques (Hist. de l'Acad. des sciences, 1 699, p. 38). — Rouhault, Sur les injections anatomiques (Mém. de l'Acad. des sciences, 1718, p. 219). — Vater, De inject. cerœ. coloratœ utilit. ad viscerum struct. genuinam deteg., 1731. — Monro, An Essay on the Art of Injecting (Edinb. Med. Essays, t. I) , et Tentamina circa methodum partes animantium affaire injiciendi, 1741. — Lieberkiihn , Sur les moyens propres à découvrir la construction des viscères (Mém. de l'Acad. de Berlin, 1748, p. 28). — Duméril, Essai sur les moyens de perfectionner l'art de l'anatomiste. Paris, 1803. — Bogros, Quelques considérations sur la squelettopée ; des injections et de leurs divers pro- cédés. Thèse de concours, 1819. — Lauth, Nouveau Manuel de l'anatomiste, 1827, 8" sect., chap. v, p. 693 et suiv. — Voyez aussi, à ce sujet, Berres, Op. cit., p. 17 et suiv. ■ — Straus, Traité d'anatomie comparative, t. I, p. 90. ■ — Harting, Het Mikroscoop, t. 11, p. 171, et Monlhl'j Joum. of Med. Sciences, 1852, 3° série, t. XIV, p. 245. l\2 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION, se distribuent dans toutes les parties du corps humain , sauf quelques couches membraniformes dont la vitalité est obscure, telles que l'épiderme, et que partout elles s'y résolvent en un système de tubes capillaires dont naissent les veines ; de sorte que dans tous les points de l'organisme il y a continuité directe entre les vaisseaux qui apportent le sang du cœur et ceux qui sont chargés d'effectuer le retour de ce liquide (1). observations Les travaux accomplis de la sorte sur la constitution de sur l les Animaux l'appareil circulatoire portèrent d'abord presque exclusivement inférieurs. l l l sur l'Homme et les Quadrupèdes qui s'en rapprochent le plus. Déjà dans le xviie siècle, Swammerdam , Willis (2) et quelques autres anatomistes étendirent, il est vrai , leurs recherches aux Animaux inférieurs. Leurs successeurs multiplièrent les inves- tigations de ce genre; mais c'est de nos jours seulement , et de mettre en évidence les vaisseaux salines dont le mélange, dans l'inté- d'un petit calibre, on obtient souvent rieur des vaisseaux, donne naissance à d'excellents résultats en employant, un précipité : par exemple, le chro- soit de la peinture à l'huile bien broyée mate de potasse et l'acétate de avec une certaine quantité d'essence plomb (a). de térébenthine, soit un précipité de (1) Un anatomiste hollandais, E. chromate de plomb récemment formé : Blancard , de Middelbourg, paraît car la^ matière colorante tenue ainsi avoir été le premier à prouver, au en suspension dans l'eau est d'une moyen des injections , que les der- grande ténuité et pénètre très bien nières artérioles communiquent avec dans les capillaires ; mais, par le re- les premières veinules (6). Des résul- pos, les particules salines s'agglomè- tats analogues furent obtenus par rent entre elles, et le précipité ne peut J.-C. Lange (c), W. Cowper (d), Jan- plus servir aussi utilement. Dans ces kins (e) et plusieurs autres anato- dernières années, quelques anato- mistes. mistes ont eu recours aussi à l'injec- (2) Th. Willis , médecin anglais tion successive de deux dissolutions d'une grande célébrité, naquit en 1622, (a) Krause. Voyez Mandl, Manuel d'anatomie générale, p. 193. — Doyère, Sur un nouveau procédé d'infections anatomiques (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1841, t. XIII, p. 75). (6) Blancard , De circulatione sanguinis per fibras, 1667 (voyez Sprengel, Hist. de la médecine, t. IV, p. 134). (c) Langii Dissert, de* circulatione sanguinis. Lipsise, 1680. (d) W. Cowper, Anatomy of Human Bodies, 1697. (e) G. Jankins, De ratione venas corporis humani angustiores inprimis cutaneas ostendendi , 1762 (E. Sandifort, Thésaurus dissertationum, t. II, p. 237, pi. 4). TRAVAUX SUBSÉQUENTS. 43 sous l'influence de la puissante impulsion imprimée aux études zootomiques par le génie de Cuvier, que l'on est arrivé à con- naître la manière dont la circulation du sang s'effectue chez les Mollusques, les Vers, les Crustacés et les Insectes, qui forment à eux seuls plus des neuf dixièmes du Règne animal. Cepen- dant, pour acquérir une idée complète de la circulation et de ses instruments , il ne suffit pas de connaître l'anatomie et la physiologie de l'Homme , il faut avoir étudié de la même ma- nière tout le vaste ensemble des Êtres animés. § 16. — ■ Jusque dans ces derniers temps, on admettait variations / i ... , , , i dans généralement qu il existe une dépendance nécessaire entre k constitution toute fonction physiologique et l'organe à l'aide duquel cette circulatoire. fonction s'exerce ; de telle sorte que la présence de la faculté suppose l'existence de l'organe , et que l'absence de l'organe entraîne la disparition de la faculté. Or, le cœur, les artères et les veines étant, comme nous venons de le voir, les instruments de la circulation, les physiologistes devaient donc penser que là où ces organes viennent à manquer en totalité ou en partie, la circulation ne doit plus avoir lieu. Chez divers Animaux invertébrés, les Insectes, par exemple, les recherches les plus attentives faites par les anatomistes les plus habiles n'ont amené la découverte ni de veines ni d'artères. On en a conclu d'abord que chez ces êtres il ne pouvait y avoir une circulation de sang, et que les fluides nourriciers devaient être en repos dans l'organisme ou ne s'y mouvoir que par un phénomène d'imbibition lent et incomplet. Cette opinion a été professée par Cuvier (1), et chez tous les et publia en 1672 un ouvrage intitulé travaux importants sur l'anatomie du De anima brutorum, contenant les cerveau. Il mourut à Londres en 1675, résultats de ses recherches sur l'ap- et, quelques années après, une édition pareil circulatoire de l'Écrevisse, de complète de ses œuvres fut publiée à l'Huître et de quelques autres Ani- Genève par les soins de Blasius. maux inférieurs. On lui doit aussi des (1) Mémoire sur la manière dont lacunaire. kk HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. Animaux où l'existence d'une circulation ne pouvait être révo- quée en doute , les anatomistes ont supposé qu'ils devaient nécessairement découvrir des veines et des artères aussi bien qu'un cœur. Mais il me sera facile de montrer que la Nature ne s'astreint pas à ces règles , et que le grand phénomène physiologique découvert par Harvey est plus général qu'on ne le supposait ; que la circulation du sang peut avoir lieu dans des organismes où les veines, les artères et le cœur lui-même viennent à man- quer successivement ; que l'appareil circulatoire peut s'obtenir à moins de frais, et que les fonctions dévolues à ces divers agents peuvent être remplies à l'aide d'instruments d'emprunt d'une grande simplicité, circulation Je démontrerai, en effet, que chez des Animaux d'une struc- ture moins parfaite que ceux étudiés par Harvey, les espaces ou lacunes qui existent entre les diverses parties solides de l'éco- nomie tiennent souvent lieu de vaisseaux sanguins, et que les seules conditions à remplir pour l'établissement de la circulation sont, d'une part, la communication libre entre toutes les par- ties du système de cavités où le fluide nourricier se trouve logé , et, d'autre part , la présence d'un organe moteur quel- conque susceptible de déterminer dans ce liquide des courants généraux. Lorsque mes études sur les Crustacés , les Insectes et les Mollusques m'eurent conduit à émettre pour la première fois cette opinion , je la vis repoussée de toutes parts (1) ; on la se fait la nutrition dans les Insectes que j'ai publiés en 4 8A5 sur la circu- (Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Pa- lation (a) ; pour la critique de mes ris, an VII (1798), p. 3U). opinions, on peut consulter divers (1) Voyez, à ce sujet, les Mémoires articles insérés dans le journal de (a) Milne Edwards , Du mode de distribution des fluides nourriciers dans l'économie animale (Ann. des sciences nat., 3" série, t. III, p. 257). — Observations et expériences sur la circulation chez les Mollusques (loc. cit., p. 289). — Milne Edwards et Valençiennes , Nouvelles observations sur la constitution de l'appareil circulatoire chez les Mollusques ( loc. cil., p. 307). TRAVAUX SUBSÉQUENTS. Ù5 disait d'abord contraire à tous les principes d'une saine physio- logie, et aujourd'hui encore, bien qu'elle soit adoptée parla plupart des naturalistes qui. ont fait des Animaux inférieurs une étude spéciale, elle semble inadmissible aux yeux des anato- mistes qui ont borné leurs investigations à la structure du corps de l'Homme ou des Animaux les plus rapprochés de nous par leur mode d'organisation. Mais je ne crains pas d'affirmer que c'est l'expression de la vérité , et en ce moment je ne m'ar- rêterai pas à réfuter les arguments dont on a fait usage pour me combattre, soit directement , soit d'une manière dé- tournée. Un simple exposé des faits suffira, je pense, pour convaincre tous ceux qui veulent voir, et ce serait, messieurs , faire un mauvais usage de votre temps et du mien que d'entrer dans des discussions qui aujourd'hui portent sur les mots plutôt que sur les choses. En effet, on ne dit plus que l'appareil circula- toire se compose toujours, et nécessairement, d'un double sys- tème de tubes membraneux et ramifiés, tels que le sont nos veines et nos artères, et l'on reconnaît que chez les Animaux inférieurs le sang peut se mouvoir dans de grandes cavités où se trouvent également inclus les viscères , les muscles , les nerfs, etc., cavités qui se prolongent dans tous les interstices que les lamelles ou les fibres constitutives de ces organes laissent entre elles ; mais on dit que ces cavités ne sont autre chose que des veines ou des artères d'une forme particulière , des sinus, et que par conséquent les faits dont j'arguë n'ont M. Guérin («), et un rapport très éîen- Je discuterai les points en litige à du fait par AI. Robin sur le phlébenté- mesure qu'ils se présenteront dans le risme, sujet du reste tout à fait étran- cours de ces Leçons, ger à l'objet qui nous occupe ici (b). {a) Revue Cuviérienne, 4844, p. 418 et suiv. ; 1845, nB 2, p. 69, etc. (6) Robin, Rapport sur les communications de M. Souleyet , relatives à la question désignée ious le nom de phléhentérisme (Mém. de la Soc. de biologie, 1852, t. IV, p. 167 et suiv.). 46 HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CIRCULATION. rien de nouveau. C'est là, comme on le voit, une simple dis- pute sur les mots ; pour l'écarter, il me suffira , je le répète , d'exposer les faits, et c'est ce que je commencerai à faire dans la prochaine Leçon. VINGT ET UNIEME LEÇON. De l'irrigation physiologique chez les Zoophytes; appareil gastro-vasculaire des Acalèphes et des Coralliaires. — Circulation cavitaire chez les Molluscoïdes de la classe des Bryozoaires. — Circulation semi-vasculaire chez les Tuniciers. § 1 . — Lorsqu'on réfléchit aux phénomènes généraux de la Nécessité nutrition, à l'accroissement de volume que subit tout corps physiologique. vivant pendant une période considérable de son existence , et à la nécessité où sont tous les êtres animés d'introduire du dehors et d'incorporer à leurs organes des matériaux nou- veaux, assimilation qui est une condition de cet accroissement, on comprend aussitôt la nécessité non moins impérieuse d'un fluide nourricier pour tous les Animaux , ne fut-ce que pour distribuer dans les diverses parties de l'économie les matières que celles-ci doivent s'assimiler, car les fluides seuls jouissent de la mobilité indispensable à une translation de ce genre. Toujours, en effet, la nutrition s'exerce à l'aide d'un liquide qui tient en dissolution ou en suspension des matières assimi- lables , et nous avons déjà vu que ce liquide est aussi le véhicule à l'aide duquel l'oxygène nécessaire à l'entretien de la combus- tion respiratoire est introduit dans les profondeurs de l'orga- nisme. Chez tous les Animaux il y a un liquide nourricier, mais cet agent physiologique n'est pas toujours de même nature : tantôt c'est l'eau qui arrive directement du dehors dans les cavités intérieures de l'organisme , et qui est chargé seulement de matières alimentaires plus ou moins élaborées par le travail digestif; d'autres fois, au contraire, c'est un suc particulier dont la composition et les propriétés nous sont déjà connues : c'est le sang. Sous le rapport qui nous occupe ici, il y a donc une première Différences ,.. . \/it ■• -, dans le mode distinction a établir entre les Animaux dont 1 irrigation physio- d'irrigation. gastrique. 48 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS logique s'établit directement à l'aide des liquides alimentaires, et ceux où elle s'effectue au moyen du liquide spécial qui porte le nom de sang ; et à cette différence en correspond une autre qui dépend de la nature des organes ou instruments affectés au service de cette portion du travail nutritif. Dans le premier cas, l'appareil d'irrigation n'est autre que l'appareil digestif lui- même; dans le second, c'est un système de cavités qui ne com- munique pas directement au dehors, et qui reçoit les matières nutritives par l'intermédiaire des organes de la digestion. irrigation Occupons-nous d'abord du premier de ces deux modes de distribution des sucs nourriciers , de celui que j'appellerai l 'irrigation gastrique. Le moment n'est pas encore venu pour nous d'étudier l'ap- pareil digestif considéré dans ses rapports avec ses fonctions principales, qui sont l'élaboration des matières alimentaires; mais il nous faut l'examiner ici comme servant de réservoir au fluide" nourricier et effectuant le renouvellement de ce fluide dans les diverses parties de l'organisme. Zoophytes § 2. ~ C'est dans l'embranchement des Zoophytes seule- ment que la cavité gastrique et ses dépendances cumulent les fonctions digestives et irrigatoires , et ce caractère d'infériorité physiologique ne se rencontre même pas chez tous ces Ani- maux, mais est général dans la grande division des Cœlen- térés , qui comprend la classe des Coralliaires et celle des Acalèphes (1). Le nom d'Animaux parenchyrnateuoc, que Cuvier appliquait à tort à certains Vers, conviendrait parfaitement à ces Zoophytes, car leur cavité digestive est creusée directement dans la sub- (1) Cette division a été établie par exposé ailleurs les raisons qui me MM. Frey et Leuckart («) , et j'ai portent à l'adopter (6). (a) Êeitràge z-ur Kenntniss Wlrbelloser Thière des Norddeutschen Mceres, 18-17, p. 37; (b) Milne Edwards, Histoire naturelle des Coralliaires, t« I, p. 3, Cœlentérés. CHEZ LES ZOOPHYTES. ^9 stanee de leur corps ; il n'existe autour des parois de ce réservoir aucun espace vide où les liquides de l 'organisme puissent s'accu- muler, et c'est par un phénomène d'imbibition seulement que ces substances peuvent pénétrer de son intérieur dans la profon- deur des tissus voisins. Aussi occupe-t-elle presque tout le corps, et l'épaisseur des parties solides qui l'entourent n'est jamais con- sidérable. Du reste, sa disposition varie, et les modifications qui s'y remarquent entraînent des différences importantes dans la manière dont s'opère l'irrigation nutritive. La forme la plus simple de cet appareil à double fonction sertuianens. se voit chez ces Animaux singuliers, que depuis longtemps les zoologistes connaissaient sous le nom de Sertulariens, et que Ton rangeait dans la classe des Polypes, mais que l'on sait aujour- d'hui être les individus nourriciers ou représentants agames du type Acalèphe. Une cavité cylindrique occupe toute la longueur de leur corps et communique librement au dehors par la bouche, qui est située au centre de la couronne de tentacules dont leur extrémité antérieure et contractile est garnie. L'eau de la mer, où ces Zoophytes vivent , pénètre dans cette cavité, et y porte des matières alimentaires qui paraissent y être digérées, car elles s'y réduisent en particules fort ténues ; d'autres corpus- cules qui semblent provenir des parois de la cavité y flottent également, et le liquide nourricier ainsi constitué est agité par des courants rapides. On le voit monter d'un côté pendant qu'il descend de l'autre, et circuler ou plutôt tourbillonner dans toutes les parties du corps. Cavolini , zoologiste napolitain , à qui l'on doit beaucoup de recherches intéressantes sur la physiologie des Zoophytes, fut le premier à étudier ce mode d'irrigation (1). Spallanzani (1) Ces courants paraissent avoir Loeffling (a) et par Ellis (6); mais Ca- ëlé vaguement aperçus dès 1755 par volini fut le premier à les faire réelle- fa) Loeffling, Beschreib. Zwoer xarten Cora'len (Abhandlunuen der Schwedischen Akad., 1 752, t, XIV, p. 122). (6) Ellis , Essai sur l'histoire naturelle des CoralHnes, irad. franc., 1156, p. 1i7, 111. k 50 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS l'observa vers la même époque, et depuis lors un grand nombre d'autres naturalistes en ont été témoins ; mais on n'est pas encore bien fixé sur la cause de ces courants. M. Grant les ment connaître. Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Un fenomeno » assai singolare nella economia délie » Sertolare si è un movimento che si » osserva nel interiore del corpe corne » in un proprio tubo. L'esteriore cor- » neo invoglio ordinariamente trans- » parente chieude e veste il corpo » molle dell' animale, il quale si vede » essere formato corne di un ammasso » granelloso. fn mezzo di questo cor- » pore per una linea a lungo si vede » che una simile granellatura venga » transporlata con motto vorlicoso da » un fluido, che non si arriva a dis- n tinguere : mei ce di questa agitazione » se vede che quelle bricciolette di » materia ora vengono porlate in » giro , ora in una corrente salgono » in sopra , or discendono : e questo » fenomeno accade cosi nel tronco » principale, che nei rami, fino a toc- » care gli organi polipiformi : e dura » ciô finchè viva la Sertolara, ancor- » chè i suoi organi siano stretlamente » retirati. Io primo pensava poter » questo essere il cibo, che per questa » agitazione si rompa edeverisca per » distribuirsi in alimento al Polipo, » sicome nel suo Polipo vede il Trem- » blay. Ma ora son porlato a credere » essere quello canale un posto a lungo » del corpore, che faccia l'ufficio di » cuore, siccome cora di semigliante » nelle ruche si osserva : e nel salire » e scendere di quel fluido, salgono e » discendono ancora quelle briccio- » letle, le quale sono il materiale da » servire per l'accrescimento del cor- » pore delT animale (a). » Spallanzani n'a ajouté rien d'impor- tant aux faits constatés par Cavolini (6). Mais depuis une vingtaine d'années, ce curieux phénomène a été étudié d'une manière plus complète, et l'on a pu re- dresser quelques erreurs commises à ce sujet par ce dernier observateur. En effet, Cavolini pensait que la cavité cylindrique où ces courants ont leur siège ne communiquait pas avec la bouche (c), et un voyageur allemand, à qui l'on doit la connaissance de beaucoup de faits curieux, M. Meyen, a adopté la même manière de voir (d); mais, ainsi que MM. Fleming (e), Ehrenberg (f) et Lister s'en sont con- vaincus^), cela n'est certainement pas, et c'est une seule et même cavité qui fait office d'estomac et de système irrigatoire en même temps qu'elle sert à la respiration (h). M. Van Beneden résume, dans les Polipi marini. In-4, Napoli, 1785, p. 4 20. 269. (a) Cavolini, Memorieper servire alla storià de' (b) Spallanzani, Viaggi aile Due-Sicilie, t. IV, p (c) Cavolini, Op. cit., p. 197. \d) Meyen, Vêler Polypen (Nov. Act. Acad. Cœs Suppl. 1 , p. 187 elsuiv.). (e) Fleming, Observ. on the Natural History Philos. Journ., 1820, vol. II, p. 82). (f) Ehrenberg, Die Corallenthiere desRothen M (g) Lister, Some Observations on the Structure and of Ascidiœ (Philos . Trans., 1834, p. 305). (h) Milne Edwards, Observ. sur la circulation (Ann. des sciences nat.. 1845, 3e série, t. III, p. 266, et Voyage en Sicile, 1. 1, p. 67). . Leop. Car. Nalurœ curiosorwn, 1834, t. XVI, of the Sertularia gelatinosa of Pallas (Edinb. eeres, p. 7 5. Berlin, 1834. and Functions of Tubular and Cellular Polype CHEZ LES ZOOPHVTES. 51 attribue à la présence de ciîs vibrantes sur quelques parties de la surface interne de l'espèce de tube organisé qui constitue le corps de ces Animaux , et il me semble très probable qu'il en est ainsi , car nous verrons bientôt que, chez d'autres termes suivants, l'état de nos con- naissances à ce sujet : « Pour peu que l'on observe de ces Polypes en vie, on voit distinctement celte communication. Gavolini a donc eu tort, dans ce sens, de comparer ce liquide au sang des Animaux supé- rieurs, et M. Lister n'a pas été plus heureux en le comparant à la circu- lation des Chara. Pour qu'il y ait ana- logie avec la circulation des Chara, il aurait fallu que la cavité fût close de toutes parts, et M. Lisier savait ce- pendant que cela n'est point. Du reste, c'est une question très difficile à résoudre que celle de la significa- tion du liquide charrié dans la sub- stance commune. La cavité qui con- tient le liquide est en communication directe avec l'estomac, et le liquide peut passer de l'estomac dans la ca- vité et retourner dans l'estomac, et même ressortir par la bouche. » D'après cela, îa cavité serait plu- tôt une dépendance de l'estomac, ou plutôt un appareil digestif commun, comme le pense M. Milne Edwards. Mais, d'un autre côté, le liquide est chargé de globules comme le sang'des Animaux supérieurs. Ces globules ont à peu près la même forme et le même volume. Quand on les voit en mouvement pour la première fois, on croit avoir sous les yeux un vaisseau d'un Animal vertébré. On voit quel- quefois le sang dans les capillaires des Animaux supérieurs, après avoir coulé dans tel sens, s'arrêter tout à coup ou rebrousser chemin, ce qui se produit de même dans ces tiges de Polypes ; seulement les globtdes, dans les Polypes, semblent doués d'une aclivité propre beaucoup plus pro- noncée que celle que l'on observe chez les Vertébrés. iNous ne pouvons attribuer le mouvement de ce liquide à l'action péristaltique, les parois res- tant dans une immobilité absolue. Xous n'avons pas remarqué que le mouvement du liquide fût régulier, comme le dit M. Lister : il est, au con- traire, sujet à de grandes irrégularités. » Ce sont donc là les principaux phénomènes de la circulation qui se produisent ici dans les Polypes, et l'on ne doit pas s'étonner que Gavolini ait comparé le liquide en mouvement des Polypes au sang rouge des Vertébrés. D'après ce que nous venons de dire, ce mouvement circulatoire représente à la fois, et le cours des aliments, et la circulation du sang. Aussi est-ce là la signification que nous croyons devoir lui donner. Nous voyons les divers appareils se fondre, si l'on peut s'ex- primer ainsi, les uns dans les autres chez les Animaux inférieurs, et il n'est pas étonnant de voir ceux-ci conserver des caractères de l'un et de l'autre appareil (a). » (a) Van Beneden , Mém. sur les Campanulaires des entes d'Osiende , p. 17 (Mém. de l'Acad. de Bruxelles, t. XVII). 52 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS Zoophytes , tels sont en effet les agents moteurs des fluides nourriciers ; mais jusqu'ici on n'est point parvenu à bien démontrer l'existence de ces cils (1). Dans la plupart des Sertulariens , où les individus se multi- plient par bourgeonnement et restent unis entre eux de façon à constituer des touffes ou des ramuscules , la cavité gastro- irrigatoire du Polype souche se continue dans l'axe du corps de tous les Polypes qui en dérivent , et le fluide nourricier qui s'y trouve est commun à tous les membres de ces singulières associations. Les courants irrigatoires passent librement d'un individu à un autre . et par conséquent il y a non-seulement un transport rapide des sucs nourriciers dans toutes les parties de l'organisme de chacun de ces petits Zoophytes , mais une sorte de circulation générale pour tout le groupe formé par ces Ani- maux agrégés, et les matières alimentaires ingérées dans l'es- tomac de l'un d'eux profitent à toute la colonie. Je dis une sorte de circulation. En effet, le phénomène qui s'observe dans le fluide nourricier des Sertulariens ne mérite pas tout à fait le nom de mouvement circulatoire : c'est plutôt un tourbillonnement qui tantôt s'établit sur un point assez limité, d'autres fois devient général, et donne naissance à des courants circulaires comme ceux que l'on détermine dans l'eau d'un vase en y imprimant une impulsion rotatoire. En général, (1) Quelques observateurs attri- du corps de ces Zoophytes m'ont tou- buent ces courants à des contractions jours paru peu ou point contractiles ; des parois molles de la cavité irriga- et bien qu'il m'ait été impossible de toire des Sertulariens : MM. Ehren- voir des cils vibratiles dans Tinté- berg [a) et Lôven, par exemple (6). rieur de la cavité gastrique, je suis Mais je ne partage pas cette opinion : persuadé qu'ils y existent , ainsi que les parois de la portion non protractile M. Grant le suppose (c). (a) Ehrenbèrg, loc. cit. (b) Lijven, ISidrati till Kdnnedomen af Slârjtena Campanularia och Syncoryna (Vetenskaps-Acd' demiens Handlingar, 1835, p. 205), et trad. dans les Annales des sciences naturelles, 1841, 2' série, t. XVIII, p. 100. (c) Grant, Qutlints of Comparative Anatomy, 1841, p. 314, CHEZ LES ZOOPHYTES. 53 le courant monte d'un côté du tube gastrique et redescend de l'autre côté ; mais les particules en mouvement ne reviennent pas nécessairement à leur point de départ, et il n'y a rien de iixe, ni dans la direction suivie par le liquide, ni dans le trajet qu'il parcourt (1). Ce tourbillonnement irrigatoire a été observé chez la plupart des Serlulariens (2), mais parait manquer dans quelques espèces où les cavités digeslives des divers individus d'une même co- lonie ne communiquent pas librement entre elles : ainsi M. Yan Beneden , qui a fait une étude attentive de ces Animaux , n'a aperçu aucun phénomène de ce genre chez les Corynes et les Hydractinies (3). (1) M. Loven a insisté avec raison tion ; mais cette opinion n'est pas sur le caractère irrégulier de ces cou- admissible (c). rants, et a observé aussi que les parti- (2) La disposition de la cavité tu- cules qui flottent dans le fluide nour- bulaire où ces courants s'observent ricier semblent parfois être animées a été très bien représentée par d'un mouvement propre (a). M. Van M. Lister chez les Tabulaires et les Beneden a constaté la persistance de Sertulaires (d), et se voit mieux en- ces mouvements dans les globules core dans les planches qui accom- après leur sortie du corps des Campa- pagnent les Mémoires de M. Van nulaires (6), et il me paraît probable Beneden. Ce dernier a étudié cette qu'ils sont produits par des portions circulation avec beaucoup d'attention de l'épithélium vibralile délachéesdes dans les Tubulaircs proprement dits, parois de la cavité irrigatoire de ces les Eudendrium et les Campanu- Zoophytes. laires (e). M. Meyen, qui a étudié ce mouve- M. Allman a observé le mêmephé- ment chez les Campanulaires, le con- nomène dans une espèce d'eau douce sidère comme étant une oscillation à laquelle il a donné le nom de Cor- comparable à la circulation alternante dylophora lacustris (/"). des Salpa, dont il sera bientôt ques- (3) M. Van Beneden n'a pas observé (a) Lôven, Observations sur le développement et les métamorphoses des genres Campanulaire et Syncoryne (Ann. des sciences nat., 1841, 2° série, t. XV, p. 161). (6) Van Beneden, Mém. sur les Campanulaires, p. 19. (c) Meyen, Beitrâge zur Zoologie gesammell auf einer Reise um die Erde (Nova Acta Acad. Cœs. Leop. Carol. Natures curiosorum, vol. XVI, Suppl. 1, 1834, p. 192). (d) Lister, Op. cit. (Philos. Trans., 1834, pi. 8, fig. 1 ; pi. 9, fig. c2. (e) Van Beneden, Recherches sur V embryologie des Tubulaires ( Mém. de V Acad. de Bruxelles, t. XVII, pi. 1, fig. 2 et 7 ; pi. 4, fig. 7). — Mém. sur les Campanulaires (loc. cit., pi. 1, Gg. 3, 4). (f) Allman , On Vie Anatomy and Physiology of Cordyhphora (Philos. Trans., 1853, p. 367, pi. 25, fig. 2 et 3). 54 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS § 3. — Dans les Stéphanomïes , les Physophores et les autres Aealèphes que Cuvier désignait sous le nom d'Hy- drostatiques , mais que la plupart des naturalistes actuels considèrent comme étant des colonies ou agrégats de petits Zoophytes fort voisins des Sertulariens, la disposition du sys- tème irrigatoire ne diffère que peu de celui dont je viens de parler (1). L'estomac de chaque individu se prolonge en de courants dans le liquide nourricier dans ces deux genres (a). (1) L^s individus astomes (que je désignais jadis sous le nom d'organes pyriformes) communiquent avec le canal commun de la même manière que le font les individus nourriciers (ou organes proboscidi formes), et c'est principalement à l'extrémité de la grande cavité dont ils sont creusés que les cils vibratiles destinés à mettre le fluide nourricier en mouvement sont très développés. La disposition générale de ce système gastro-vascu- laire se trouve indiquée dans le Mé- moire que j'ai publié en 18/rl sur la Stephanomia conforta (b) , et clans l'ouvrage plus récent de M. Sars (c), mais a été étudiée d'une manière beaucoup plus complète par M. Vogt, dans son beau travail sur les Sipho- nophores de la mer de Mce (d). Chez les Physalies, la disposition de cet ensemble de cavités est encore à peu près la même, si ce n'est que le canal commun des Stéphonomies est remplacé par un vaste réservoir com- pris entre les deux lames de la grande vessie hydrostatique , à la face infé- rieure duquel tous les individus poly- piformes prennent naissance. La com- munication entre les estomacs ou suçoirs et l'espace qui entoure la ves- sie aérienne avait été indiquée par 01 fers (e) et Eschwald (/"), et a été ob- servée de nouveau par M. de Qualre- fages((/). Lesson dit avoir souvent vu ce réservoir du fluide nourricier rem- pli d'une matière d'apparence chy- meuse , de couleur rouge (h). (a) Van Beneden, Recherches sur l' embryologie des Tributaires (Mém. de l'Acad. de Bruxelles, t. XVII). (6) Milne Edwards, Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes , etc. (Ann. des sciences nat., 184.1, 2* série, t. XVI, p. 217). (c) Sars, Fauna littorulis Norvegiœ, 184(5, p. 33 et suiv. (d) Vogt, Recherches sur les Animaux inférieurs de la Méditerranée, 1854, 1" partie, p. 45, 64, 70, 81, 89, etc., pi. 11, 14, cte. Voyez aussi Leuckart , Zoologische Uiitersuchungen ; erstes Heft. Siphonophoren , 1853, p. 13. (e) Olfers, Ueber die grosse Seeblase (Mém. de l'Académie de Berlin , 1831, p. 159). (f) Eschwald, Observ. nonnullœ circa fabricant Physaliœ (Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 1824, t IX, p. 433). (g) Qualrefages, Mémoire sur l'organisation des Physalies (Ann. des sciences nat., 1854, 4* série, t. II, p. 122 et 134, pi. 3, fig-. 1). — Voyez aussi Leuckart , Ueber den Bau der Physalien ( Zeitschrift fur wissenschaftlichc Zoologie, 185! , Bd. III, p. 189), et Annales des sciences naturelles, 1852, 3" série, t. XVIII, p. 202). (h) Lesson, Voyage de la Coquille, t. II, p. 17, et Histoire des Aealèphes, p. 541. CHEZ LES ZOOPHYTES. 55 manière de tube , pénètre dans la tige commune à laquelle tous ces individus sont suspendus , et s'y continue avec un canal commun situé dans l'épaisseur de cette tige ; et ici , de même que chez les Sertulariens , on distingue un fluide en mouvement qui charrie des corpuscules d'une grande ténuité. § !i. — Mais chez les Zoophytes qui naissent des Sertulariens, Acaièphes. et qui constituent les représentants parfaits ou sexués du type Acalèphe , le système cavitaire se complique davantage, et la division du travail tend à s'y introduire quant aux fonctions digestives et irrigatoires. Une portion vestibulaire et centrale de l'appareil devient plus spécialement chargée de l'élaboration des matières alimentaires et constitue un estomac bien délimité, tandis que la portion périphérique devient inapte à recevoir des matières solides d'un volume un peu considérable, et ne laisse passer que les liquides plus ou moins nourriciers qui ont été préparés dans la cavité digestive. Le premier pas vers cette séparation entre la portion gastrique et la portion irrigatoire de cette cavité à fonctions multiples résulte du développement d'un certain nombre de cloisons membraneuses dans son intérieur. Ces cloisons se portent , comme autant de rayons, de la circonférence de la cavité com- mune vers le centre, de façon à diviser sa portion périphérique en autant de loges ; mais elles ne s'étendent pas jusqu'à l'axe du corps , et laissent au-dessus de la bouche un espace libre dans lequel les aliments pénètrent facilement du dehors. Lorsqu'il n'y a que peu de ces cloisons , les loges qui entou- rent l'estomac central sont très grandes, et les substances ali- mentaires non digérées peuvent y arriver aussi bien que les sucs déjà élaborés ; mais , à mesure que le nombre des divisions augmente , les parties reculées du système cavitaire se rétré- cissent de plus en plus , et , tout en se laissant pénétrer par les liquides renfermés dans l'estomac et par les particules solides 56 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS de petites dimensions que ces liquides peuvent charrier , elles se refusent au passage des aliments dont le volume serait plus considérable. Gomme exemple de ce mode d'organisation, je citerai d'abord la Carybdée marsupiale , Médusaire en forme de cloche, où la cavité digestive occupe toute l'étendue du corps , mais se trouve divisée en deux portions : l'une, centrale et libre, qui commu- nique directement avec le dehors par l'intermédiaire de la bouche; l'autre périphérique et subdivisée en quatre loges de moindre capacité qui entourent l'estomac vestibulaire dont elles sont la continuation , et ne reçoivent guère que des matières liquides ou pulpeuses dans leur intérieur (1). Chez les Pélagies, cette disposition se perfectionne davan- (1) Pendant mon séjour à Nice, en 18/|0, j'ai eu l'occasion de disséquer de nouveau quelques Carybdées, et de reconnaître que, chez les indivi- dus adultes, la portion périgastrique de la cavité digestive occupe tonte la largeur de l'ombrelle de ces Mé- duses , et se trouve séparée seule- ment en quatre grandes loges par autant de lignes d'adhérence de la paroi inférieure de cette cavité avec sa paroi supérieure. Ces loges ont par conséquent une grande largeur, et c'est du milieu de leur bord externe ou inférieur que naît le canal dont est creusé le centre de chacun des ten- tacules marginaux du disque. Dans un individu que j'avais observé à Naples en 1827, il m'avait semblé que ces quatre loges périgaslriques élaient beaucoup plus étroites et laissaient entre elles un espace plein assez con- sidérable, comme on peut le voir dans la figure jointe à ma note sur la structure de ces Médusaires (a). Cette particularité dépendait peut-être d'une différence d'âge ou d'espèce ; mais je n'oserais pas affirmer qu'il n'y ait pas eu à ce sujet quelque erreur de ma part. Le mode d'organisation décrit ci- dessus ressemble beaucoup à ce qui existe dans les Cunina, Esch., et les autres genres dont M. Gegenbauer, d'Iéna , a formé la petite famille des JEginidœ. Chez ces Médusaires, l'es- tomac central est très grand et se prolonge tout autour de sa circonfé- rence, sous la forme de six, huit ou même seize loges radiaires dont la cavité communique avec les canaux creusés dans l'axe des tentacules mar- ginaux (6). (a) Milne Edwards, Observ. sur la structure de la Méduse marsupiale (Ann. des sciences nat., 1833, t. XXVIII, p. 253, pi. 12, fig. 1, et Règne animal de Cimer, Zoophytes, pi. 55, fur. 1 a. (b) Gegenbauer, Versuch eines Systems der Mednsen ( Zeitschr. fur wissenschaft. Zoologie, 1856, Bd. VIII, p. 259, pi. 10). CHEZ LES ZOOPHYTES. 57 tage; car les cloisons qui divisent de la sorte les parties pro- fondes du système cavitaire commun se multiplient, et autour de l'estomac central, situé au-dessus de la bouche, il existe seize loges longues et étroites qui conduisent le fluide nourricier jusqu'au pourtour de l'espèce de disque formé par le corps de ces Acalèphes, et le transmettent même à des canaux creusés dans l'épaisseur des filaments tentaculaires dont le bord de ce disque est garni (1). Chez d'autres Médusaires , la délimitation entre la portion digestive et la portion irrigatoire de ce système de cavités se prononce davantage; la multiplicité de ces divisions loculaires est portée si loin, que l'estomac central semble être entouré par un système de canaux radiaires plutôt que par des chambres périphériques, comme chez les Acalèphes dont il vient d'être question. Ainsi, chez les Équorées, la portion centrale de- meure libre et reçoit les aliments non digérés, comme chez les espèces précédentes ; mais la portion périphérique affecte la (1) J'ai représenté celle dispo- qu'un liquide coloré injecté dans l'es- sition avec beaucoup de détails dans lomac par la bouche se répand aussi- dès planches relatives à l'anatomie de tôt dans les cellules périgastriques la Pelagia noctiluca, Pér. et Les., qui jusqu'au bord de l'ombrelle, et pénètre font partie de l'atlas de la grande édi- jusqu'à l'extrémité des huit tentacules tion du Règne animal de Cuvier. marginaux. Chacune des loges périgastriques se Dans les Cyanées, la disposition de termine par deux prolongements co- l'appareil gustro-vasculaire est à peu niques, et, dans l'angle formé par la prèsla même que chez les Pélagies(6). réunion de ces deux branches, il y a, Dans le genre Polyxenia, d'Esch- de deux en deux loges, un orifice scholtz , l'appareil gastro-vasculaire servant d'entrée à un canal creusé paraît être également disposé comme dans Taxe du filament tentaculaire chez les Pélagies (c). qui naît de ce point (a). 11 en résulte (a) Zoophvtes du Règne animal de Cuvier (édition Masson), pi. 45, fig. i et 46, fig. 1, 1 a et! b. — Voyez aussi mon Voyage en Sicile, t. I, p. 69, pi. 1, fig. 1, représentant le système cavitaire injecté en rouge. (b) Milne Edwards, Atlas du Règne animal de Cuvier, Zoophytes, pi. 47, fig. 1 a. (c) Eschsclioltz, System dev Acalephen, 18"29, p. 118. — Forbcs, Op. cit., p. 32, pi. 4, fig. 2. 58 CIRCULATION DES FLUIDES NOURRICIERS forme de canaux étroits propres seulement au passage de l'eau plus ou moins chargée de matières nutritives, et constitue un appareil vasculaire plus ou moins bien développé (1). Enfin la séparation entre la portion gastrique et la portion irrigatoire de la cavité commune des i\calèphes devient encore plus distincte chez un grand nombre d'autres espèces où l'esto- mac central, au lieu de se prolonger vers le bord de l'ombrelle en forme de loges ou de caecums , est en communication avec un système de vaisseaux parfaitement caractérisés. Ces canaux prennent toujours naissance tout autour de l'estomac central , et se portent vers le bord du disque , où ils communiquent entre eux. Leur disposition varie, du reste : tantôt elle est très simple ; d'autres fois elle se complique davantage, et permet une véritable circulation des liquides nourriciers. Dans sa forme la plus simple , cet appareil gastro-vasculaire consiste en un réservoir central qui n'est autre chose que l'es- tomac, et en quatre canaux centrifuges disposés en croix et allant déboucher dans un canal circulaire situé près du bord du disque, et donnant à son tour naissance à une série de petits canaux creusés dans l'axe des tentacules marginaux. Les Océanies , les Sarsies et les Thaumantias nous offrent ce mode d'organisation (2). (1) Dans VÉquorêe violacée de la moser entre elles de façon à constituer Méditerranée, j'ai compté soixante- un canal marginal annulaire (a). quatorze de ces canaux radiaires qui M. Huxley a fait connaître un mode parlent de l'estomac et se dirigent vers de structure très analogue chez les le pourtour du corps en suivant la Médusaires du genre Oceania, et il a face inférieure du disque ou ombrelle. remarqué que chez les jeunes indi- C'est le long de la paroi inférieure de vidus les canaux radiaires sont étroits, ces loges tubulaires que sont suspenr mais s'élargissent par les progrès de dus les organes reproducteurs. A leur l'âge (b). extrémité, elles m'ont paru s'anasto- (2) La disposition de ce système (a) Milne Edwards, Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes, etc. (Ann. des sciences nat., 1841, 3* série, t. XVI, p. 196, pi. 1, fig. 1 a, 1 b). (b) Huxley, On the Anatomy and Affinities of the Family of the Méduses (Philos. Trans., 1849, p. 421, pi. 37, fig. 11, 12 et 15). CHEZ LES ZOOPHYTES. 59 Chez les Bérénices de Pérou et Lesueur (1) , et chez les Médusaires dont Forbes a formé le genre Willsia, cet appareil se complique un peu plus : les canaux périgastriques sont au gastro-vasculaire, très simple, a été fort bien représentée chez les Sarsies et les Tiaropsis par M. Agassiz (a), et chez les Thaumantias , etc., par E. Forbes , naturaliste très distingué d'Edimbourg , qui est mort récem- ment (6). Dans le genre Circé, de Mertens (c), le nombre de ces vais- seaux radiaires est de huit, et ils nais- sent vers la partie inférieure de la cavité gastrique centrale, de façon à remonter le long des parois du pé- doncule central pour gagner la face inférieure du disque (cl). La conformation du système gastro- vasculaire paraît être, sous ce der- nier rapport, à peu près la même chez l'Acalèphe que M. Délie Chiaje a figuré sous le nom de Di.anaea luculana; seulement cet anatomiste a repré- senté chacun des canaux radiaires, ainsi que le canal marginal , comme étant formé de deux tubes parallèles, disposition qui, probablement, n'existe pas(e). Une forme intermédiaire entre celle de l'appareil gastro-vasculaire des Circés et des Thaumantias, etc., se voit dans le genre Hippocrene de M. Agassiz (/"). Dans le genre Stomobrachium, de M. Brande, les canaux périgastriques naissent , comme chez les Thau- mantias , immédiatement sous le disque , mais sont au nombre de huit , ainsi que cela a été constaté par M. Sars chez son Oceania octo- costata (g) , espèce que M. Ehren- berg a décrite ensuite sous le nom de Melicertum complanulatum (h), et que Forbes a appelée Stomobra- chium octocostatum (i), ou de douze, comme cela se voit chez le Stomo- brachium lenticulare (j). On compte six de ces rayons gastro- vasculaires dans une espèce que M. Agassiz a considérée comme une variété de son Sarsia mirabilis (k). (1) Péron et Lesueur, Tabl. des caract. gén. des Méduses (Arch. du Muséum, 1809, t. XIV, p. 326). (a) Agassiz, Contributions to the Natural History of the Acalephœ of North America (Mem. of the American Acad. of Arts andScience, 4850, t. IV, p. 239, pi. 4, fig. 1, 2 ; pi. 6, fig. 4). (6) Forbes , A Monograph of the British Naked-Eyed Medusœ , p. 4, p. 15, fig. 1, pi. 8 , fig. 2 a, etc. (c) Brandt, Ausfùhrliche Beschreibnng der von G. H. Mertens, auf seiner Weltumsegelung beo- bachteten Schirmquallen (Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 1838, 6* série, t. II, p. 358, pi. 3, fig. 7). (d) Forbes, Op. cit., p. 34, pi. 1, fig. 2. (e) Délie Chiaje , Descrizione e natomia degli Animali invertebrati délia Sicilia citeriore , pi. 142, fig. 1 et 2. (f) Agassiz, loc.cit., p. 262, pi. 1, fig. 1. (g) Sars , Beskrivelser og iagttagelser over nogle mœrkelige eller nye i havet ved den Ber- genske kyst levende Dyr. ln-4. Bergen, 1835, p. 24, pi. 4, fig. 9a, 96. (h) Ehrenberg, Ueber die Akalephen des Rothen Meeres i 844, 2" série, t. I, p. 136, 150, 167, etc.). (b) Kôlliker, Rhopode, nuove gênera di Gasleropodi (Giornale deW Inslilitto LOmbardO, 1847, t. XVI). (c) Allmann, On the Anatomy of Actiuon (Ann. of Nat. llisl., 1845, vol. XVI; p. 148). — Souleyet, Voyage de la Bonite (Ihst. nat., t. II, p. 485, pi. 24 D, fig'. 4). — Idem, Mèm.surle genre Actèon (Journal de conchyliologie, 1850, t. I, p. 5). (d) AMer et Hancock, On a Proposed New Order of Gastcropodous Mollusca (Ann. of Ndt. UiSl., 2' série, vol. I, p. 413, pi. 20, fig. 7). (e) Darwin, Observ.sur la structure et sur la reproduction du genre Sagitta (Ann. des sciences nat., 1844, 3" série, t. I, p. 362). — Krohn, Anat. Beobacht. iiber die Sagitta bipuilclata, p. 8, et Observations analomiques el physiologiques sur -le Sagitta (Anm des sciences nat., 1845, 3« série; l. III, p. 108). CHEZ LES MOLLI SOLES GASTÉROPODES. 131 De même que chez les Acéphales, le cœur des Gastéropodes est placé dans la région dorsale de l'abdomen, mais il n'occupe que très rarement la ligne médiane du corps et se trouve d'or- dinaire rejeté obliquement vers le côté, soit à droite , soit à gauche , suivant la position des branchies. Le ventricule a des parois charnues d'une épaisseur assez grande et bat avec rapi- dité (1 j. Les ouvertures qu'il présente sont toutes garnies de valvules , de façon que le sang ne peut en sortir que pour aller dans l'aorte et ne saurait y rentrer par la même voie. Enfin le péricarde est en général complètement fermé , mais ici encore sa cavité communique parfois avec une poche membraneuse qui me parait correspondre à la cavité dont l'orga'ne de Bojanus est creusé chez les Lamellibranches (2). § 10. — C'est chez les Ormiers ou Haliotides que la confor- système artériel mation du cœur des Gastéropodes se rapproche le plus de ce HailoUdes. qui existe d'ordinaire chez les Acéphales. Effectivement, chez ces Gastéropodes on trouve deux oreillettes placées symétrique- ment sur les côtés du ventricule , et celui-ci embrasse le rec- tum (3). Il est situé un peu à gauche, au-dessus du fond de la chambre respiratoire , près de la base des deux branchies que (1) M. Troschel a compté de 30 à que le péricarde est ouvert de la sorte, ZiO battements du cœur par minute et nous reviendrons bientôt sur l'in- chez les Limnées (a). terprétation qu'il convient de donner Binny évalue le nombre de ces pul- à ce fait, salions à environ 55 chez les Coli- (3) Cette disposition a été constatée maçons lorsque le temps est chaud, et par Cuvier (b) ; mais tout ce qui suit y a remarqué une diminution quand est tiré de mon travail sur la cir- il irritait l'animal (b). culation du sang chez les Mollus- (2) C'est principalement dans la fa- ques (d). mille des Doris et chez les Iléléropodes (a) Troschel, De Llmnaceis «w Gasleropodis pulmonalis quoi noslris in aquis vivunl, Disseil. inaug'. Berol., 1834, p. 18. (6) Amos Binny, The terreslrial Air Breathing Mollusks of the United States, vol. I, p. 238. (c) Cuvier, Mém. sur l'Haliotide, ou Oreille de mer {Mém. sur les Mollusques). (d) Milne Edwards, Mém. sur la dégradation des organes de la circulation chez les Patelles et les Haliotides (Voyage en Sicile , t. I , p. 1(53, pi. 26 et 27, et Ami, des sciences nat., 1847, 3« série, t. VIII, p. 37). lo2 CIRCULATION DU SANG nous avons vues garnir la voûte de cette cavité (1 ) . Un tronc arté- riel principal naît de ce ventricule et correspond à l'aorte anté- rieure des Lamellibranches; mais il se dirige d'abord en arrière vers la paroi postérieure et inférieure du péricarde. Presque aussitôt son passage en dehors de cette poche , il se recourbe en avant et fournit une grosse artère viscérale qui envoie ses branches aux divers organes contenus dans l'abdomen (2). L'aorte donne ensuite au manteau, à l'estomac et aux parties voisines divers rameaux d'une moindre importance, mais ne change pas notablement de diamètre jusqu'à son arrivée au- dessus de la masse charnue de la bouche. Jusque-là ses parois membraneuses sont bien constituées , sa forme est cylindrique comme d'ordinaire, et sa structure ne diffère en rien de celle de tout autre vaisseau sanguin bien conformé ; mais dès son passage à travers une cloison qui sépare la cavité abdominale de la région céphalique du corps, elle change complètement de caractère ; ses parois se confondent avec la couche membra- niforme dont est tapissée la grande cavité qui occupe la portion postérieure de cette région et qui loge le pharynx, les muscles de la langue et même le cerveau. Le sang artériel se répand donc dans cette cavité , baigne tous ces organes, pénètre dans les lacunes qu'ils laissent entre eux, et s'avance, entre les parois delà bouche et celles de la chambre péristomienne, jusque dans les lèvres. (1) Voyez tome U, page 64. lobes, et donne naissance à de nom- Ci) L'aorte postérieure des Lamelli- breux rameaux («). Ainsi les princi- branches me paraît être représentée pales différences entre la disposition par un vaisseau grêle cpii se dirige en du cœur et des gros vaisseaux chez avant, donne des branches au rectum, les Haliotides comparées aux Lamelli- et s'avance dans l'épaisseur du man- branches semblent dépendre du ren- teau jusqu'à la fente interbranchiale versement de la portion postérieure qui sépare cet organe en deux lobes. du tube intestinal et du cœur en avant Là cette artère palléale se bifurque et au-dessus de la portion antérieure pour longer les bords de ces deux du dos. (a) Milne Edwards, Voyage en Sicile, pi. 26, fig1. i. CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 133 Dans la tête de l'Haliotide , le tronc aortique se trouve donc remplacé par les méats interorganiques qui entourent l'extré- mité antérieure du tube digestif et qui deviennent ainsi un réservoir sanguin (1). Mais si le système artériel emprunte de la sorte à l'appareil de la digestion des cavités pour le passage du sang, il fournit à son tour un lieu de refuge à une partie des organes dont cet appareil se compose. En effet, si l'on ouvre longitudinalement la portion antérieure du tronc aortique, on voit que ce vaisseau sert de gaine à la base de la langue lorsque celle-ci se rétracte. Je reviendrai plus tard sur cette disposition, quand je ferai connaître le mode d'organisation de l'appareil buccal des Mollusques ; mais j'insiste dès aujourd'hui sur ce fait anatomique , car il nous fournit un nouvel exemple de la tendance de la Nature à satisfaire aux besoins nouveaux des organismes en voie de perfectionnement à l'aide d'emprunts avant que d'avoir recours à des créations spéciales. C'est par l'intermédiaire du grand sinus céphalique que le sang artériel parvient de l'aorte dans le canal sanguin, qui se dirige d'avant en arrière dans l'épaisseur du pied charnu de l'Haliotide, et qui représente l'artère pédieuse des Lamellibran- ches, mais qui n'a pour parois qu'un tissu membraniforme très mince , et qui, dans la plupart de ses divisions, mérite à peine le nom de vaisseau proprement dit. Lorsqu'en poussant un liquide coloré dans le cœur d'une Haliotide vivante , je vis pour la première fois l'injection rem- plir le tronc aortique, ses branches, et jusqu'à des capillaires d'une grande délicatesse dont les parois de l'estomac , des intestins et du manteau sont pourvues, puis se répandre tout à coup dans toutes les lacunes interorganiques dont le cerveau et le pharynx sont entourés , je pensai que quelque rupture de (1) Voyez les figures 2, pi. 26, et 1, rèil circulatoire, des Haliotides, cité pi. 27, de mon Mémoire sur l'appa- ci-dessus. 13/i CIRCULATION PU SANG vaisseau avait déterminé un épanchement accidentel. Mais en renouvelant mes injections avec les précautions nécessaires pour éviter toute déchirure des parois vasculaires , j'arrivai toujours au même résultat : toujours le liquide coloré se répandait dans les espaces irréguliers dont je viens de parler et allait baigner les muscles du pharynx , le cerveau et les parties voisines, et, en faisant alors une autre expérience, je vis que ce singulier phénomène ne dépendait d'aucun accident, mais représentait au contraire ce qui doit avoir lieu dans la cir- culation normale du sang artériel de ce Mollusque. Effective- ment, en poussant l'injection au hasard dans une des lacunes situées autour de l'arrière-bouche, je vis avec non moins de régularité le liquide coloré continuer, d'une part, sa route ordi- naire pour remplir les canaux artériels du pied, et remonter, d'autre part, dans l'aorte jusqu'au cœur, ainsi que dans les branches latérales de ce grand vaisseau sanguin. Or, un résultat semblable ne saurait s'expliquer par l'hypothèse d'une déchirure des parois des méats dans lesquels l'injection était introduite, et d'ailleurs le fait de la présence de l'appareil lingual dans la cavité du tronc aortique, dont j'ai déjà fait mention, ne pouvait laisser aucun doute touchant l'existence d'une communication normale et libre entre la portion vasculaire et la portion lacu- naire du système de cavités ainsi injectées. J'en conclus donc que dans la région céphalique du corps, qui n'existait pas chez les Mollusques inférieurs et qui commence à se développer chez les Haliotides, le système artériel est dans un état d'imper- fection comparable à celui que le système veineux nous a offert chez les Acéphales et que le système irrigaloire presque tout entier nous présente chez les Tuniciens ; qu'il ne s'est pas encore constitué sous la forme de vaisseaux ou tubes membra- neux, et que c'est par l'intermédiaire des lacunes ou espaces interorganiques que la distribution du sang s'effectue. ïl parait que quelques anatomistes préfèrent expliquer autre- CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 135 ment cet état de choses, et supposent que le vaisseau artériel, en arrivant dans la tète de l'Haliotide, au lieu de se résoudre en lacunes interorganiques, se dilate et se complique de façon à former un vaste sinus à parois membraneuses, dont les branches se prolongeraient dans tous les interstices que les organes circumbuccaux laissent entre eux ou que les faisceaux constitu- tifs des muscles pharyngiens circonscrivent. Mais c'est là une hypothèse qui ne me semble guère admissible, et qui, de proche en proche, nous conduirait à ne voir dans tout le système cavi- taire des Bryozoaires ou des Zoophytes qu'une aorte arrivée au maximum de son développement et servant à loger dans sa cavité tous les viscères. Ce singulier abus de mots ferait donc naître les idées les plus fausses touchant la structure des Ani- maux inférieurs ; mais c'est m'arrêter trop longtemps sur des discussions de ce genre, et je me hâte de revenir à l'exposé pur et simple des faits que nous offre l'étude anatomique et physio- logique des Mollusques Gastéropodes. Pour ne pas interrompre l'examen des parties dont la com- paraison me semble nécessaire à faire, je laisserai de côté pour le moment l'histoire du système veineux de l'Haliotide , et je passerai tout de suite à l'étude des canaux artériels chez les autres Gastéropodes. §11. — Par la conformation du cœur, ainsi que par plu- Fissureiies. sieurs autres particularités de structure , les Fissureiies res- semblent beaucoup aux Haliotides, et il est probable que leur système artériel présente les mêmes caractères ; mais c'est là un point que l'observation n'a pas encore décidé. Les Patelles, que Cuvier rangeait dans un autre ordre, mais système artériel que l'on devrait rapprocher davantage des Haliotides dans nos PaSes. classifications zoologiques, ressemblent aussi à ces dernières par l'état de dégradation de leur système artériel ; leur aorte est même plus incomplète, car presque aussitôt après sa naissance elle perd le caractère vasculaire , et sa cavité se confond avec 136 CIRCULATION DU SANG les lacunes péripharyngiennes avant qu'il ait donné naissance à la grande artère viscérale. La disposition de ces méats inter- organiques est, du reste, essentiellement la même que chez l'Ha- liotide, seulement ils sont plus vastes, et la cloison qui les sépare de la cavité abdominale, au lieu d'être simplement bombée, se prolonge en arrière, de façon à constituer une longue poche ter- minée en cul-de-sac et servant de gaine à la base de l'appareil lingual, lequel, au lieu de se loger dans l'intérieur de l'aorte , comme dans le genre précédent, est pourvu d'un organe pro- tecteur spécial. Mais cette gaine linguale vient à son tour en aide au système artériel, et constitue un vaste réservoir sanguin dont naissent non-seulement les artères du pied , mais aussi l'artère gastrique. C'est même par cette voie qu'on arrive le plus facilement à injecter la totalité du système artériel de ces Mollusques , tant sont libres et faciles les communications entre la chambre céphalique et les vaisseaux destinés à porter le sang du cœur à tous les organes (1). système artériel L'état d'imperfection du système artériel que j'ai fait con- oicabrions, etc. naître chez les Haliotides et les Patelles a été retrouvé aussi , quoique à un moindre degré , chez les Oscabrions et chez divers Hétéropodes (2) ; mais chez tous les autres Gastéropodes (1) Chez ce Mollusque, le cœur se même gaîne que naissent les artères trouve sur la région dorsale, immé- gastrique et pédieuse (a). diatement derrière la chambre pal- (2) Chez les Firoles , ce mode de léale, du côté gauche. Le ventricule est terminaison des troncs artériels s'ob- placé obliquement en travers derrière serve non - seulement dans la tête , l'oreillette, et l'aorte qui en part plonge comme chez les Haliotides, les Pa- immédiatement dans la cavité abdo- telles et les Oscabrions , mais aussi minale située au-dessous, fournit une dans le pied et dans la région caudale petite branche viscérale, et va débou- du corps. Ces Mollusques sont d'une cher dans la cavité péripharyngienne transparence hyaline si grande, que sur le côté de la base de la gàîne lin- partout, excepté dans le petit sac guale. C'est du côté opposé de cette pyriforme logeant l'appareil hépatique, (a) Milne Edwards, Voyage en Sicile, pi. 27, frg. 4. CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 137 dont la structure est suffisamment connue (1) , il en est autre- ment, et l'aorte revêt la forme d'un tube à parois propres jusque dans ses dernières divisions. Les Oscabrions , qui , par l'ensemble de leur organisation , s'éloignent beaucoup des précédents , et même de tous les autres Gastéropodes , ressemblent cependant encore aux Halio- tides par le nombre et la position des oreillettes dont le cœur est pourvu ; mais ils offrent dans la disposition de ces cavités l'estomac, etc. , et appelé nucléus a&- dominal , 011 peut voir à travers les téguments la disposition des organes intérieurs ainsi que les mouvements du fluide nourricier. Or, M. Huxley a constaté de la sorte que la grande artère aorte , en traversant d'arrière en avant la cavité générale du corps, donne naissance à une artère pédieuse qui, après avoir fourni à la rame cau- dale une branche dite métapodiale , pénètre dans la nageoire pédieuse et s'y termine brusquement par un ori- fice béant (a). M. R. Leuckart a con- firmé l'exactitude de cette observa- tion, et a reconnu de plus que l'artère métapodiale se termine d'une manière analogue, et que l'aorte céphalique, parvenue sous la masse buccale , s'é- largit en forme de trompette et perd ses parois propres en se confondant avec celles de la lacune péripharyn- gienne. Des fibres musculaires dis- posées en manière de sphincters garnissent ces embouchures, et c'est seulement avec des espaces interorga- niques ou un réseau lacunaire que ces vaisseaux se continuent (6). Je suis porté à croire que chez la Cannai re l'aorte céphalique se perd aussi dans un sinus péripharyngien. (1) Peut- être cependant serait-ce d'une disposition de ce genre, moins étendue que chez les trois Gastéro- podes dont il vient d'être question, que dépendrait une particularité ana- tomique observée chez les Doris par MM. Aider et Hancock. On lit en effet dans le bel ouvrage de ces auteurs sur les Mollusques Nudibranches de l'An- gleterre, que chez les Doridiens il existe au-dessus de la masse buccale un organe d'apparence glandulaire qui reçoit souvent beaucoup de sang de l'aorte, et qui semblerait être analogue à une des glandes vasculaires sans canal excréteur, telles qu'on en trouve chez les Animaux supérieurs. Celte dernière supposition me paraît peu probable, et je suis d'autant plus porté à croire à l'existence d'un réservoir lacunaire dans ce point, que MM. Ai- der et Hancock ne paraissent pas avoir eu recours à des injections pour s'é- clairer sur la nature de la partie dont ils ont signalé la présence (c). (a) Huxley, On the Morphology of Cephalous Mollusca, as illustrated by the Anatomy of certain Heteropoda and Pteropoda (Philos. Trans., 1853, p. 32, pi. 2, fig. 1 et G). (6) Rud. Leuckart, Der Ban der Heteropoden (Zoologische Untersuchungen , Heft II F, p. 5, pl. 4, fier. 1). (c) Aider et Hancock, Monogr. of the British iS'vdibranchiate Mollusca, p. 1C. 138 CIRCULATION DU SANG une anomalie singulière : savoir, une double communication avec le ventricule (1). système artériel § 12. — - Chez les autres Gastéropodes, le système artériel ne Gastéropodes présente aucune particularité assez importante pour que nous ordinaires. A. ... ,. p nous y arrêtions ici, L aorte antérieure fournit toutes les branches destinées aux divers organes ; sa structure est partout tubulaire et son mode de distribution ne varie que peu : aussitôt après sa sortie du péricarde, elle donne naissance à une grande artère viscérale qui se ramifie dans le foie, les organes reproducteurs et les parois de l'intestin. L'aorte traverse ensuite d'arrière en avant la portion antérieure et libre de la cavité abdominale ; fournit, chemin faisant, des branches aux parois de cette cavité et au manteau, ainsi qu'à l'estomac et aux organes voisins ; donne naissance aux artères pêcheuses dont la marche est tou- jours récurrente; enfin va se terminer sous la masse buccale par des ramifications destinées soit à l'appareil pharyngien, soit (1) L'appareil circulatoire des Osca- M. Middendorff, naturaliste russe , brions, ainsi que Cuvier l'a constaté, à qui l'on doit une très bonne mono* diffère beaucoup, sous certains rap- graphie anatomique d'une grande es- ports, de celui des autres Mollusques. pèce d'Oscabrion nommée Chiton Stel- Le cœur, parfaitement symétrique et lerî, a constaté que, dans le voisinage situé sur la ligne médiane, à la partie de la masse buccale, l'aorte se termine postérieure du dos, se compose d'un dans un grand sinus péripharyngien ventricule et de deux oreillettes , qui est évidemment analogue au sinus comme chez la plupart des Mollusques céphalique des Haliotides et des Pa- inférieurs. Ces oreillettes débouchent telles. C'est de ce sinus que naissent la chacune dans la première de ces ca- grande artère viscérale dont la direction vités par deux orifices (a). Dans l'état est récurrente, et une paire de canaux de contraction , la portion du ventri- latéraux qui entourent la base du pied cule située entre ces paires d'orifices et me paraissent tenir lieu d'artères se resserre de façon à ressembler à un pédieuses. Le sinus artériel de la tète vaisseau, et il part de l'extrémité anté- communique aussi , comme nous le rieure du cœur une artère principale verrons bientôt, avec les canaux affé- ou aorte qui se porte en ligne droite rents de l'appareil branchial (6). jusque dans la région céphalique. (a) Cuvier, Mém. sur l'Hallotide, etc., pi. 5, %. 10 et 14 (Mém. sur les Mollusques). (b) Middendorff , Beitrâge %u einer Malacozoologia Rossica (Mém. de l'Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg, 6e série, Sciences nat-i t. VI, p. 132, pi. 8, fig. 5, etc.). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 139 aux téguments de la région céphalique du corps (1). Le ventri- cule du cœur n'offre aussi dans sa structure et sa forme que peu de variations ; mais il n'en est pas de même pour l'oreillette, § 13. — Je ferai remarquer d'abord que la position de cet organe relativement au ventricule varie. Chez les Gastéropodes que j'ai réunis dans l'ordre des Prosobranches, de même que Système branchio-car- diaque, (1) Cette description sommaire s'ap- plique surtout au Buccin et aux genres voisins, ainsi qu'au Colimaçon, dont j'ai représenté avec beaucoup de dé- tails l'appareil circulatoire dans les planches d'un de mes ouvrages (a). L'arbre aorlique se divise à peu près de même aussi chez les Limaces (6) ; mais chez quelques autres Gastéro- podes, la disposition du système arté- riel est un peu différente. Ainsi , chez I'Aplysie (c) , Tarière gastrique provient, commed'ordinaire, de l'origine de l'aorte , fournit non- seulement des branches à l'intestin, au foie, etc., mais donne naissance, dans le même point, à une grande artère œsophagienne dont les ramu- scules forment un riche réseau sur les parois de l'estomac et de l'œso- phage, où elles tiennent lieu des ar- tères que ces parties reçoivent direc- tement de l'aorte chez les genres dé- crits ci-dessus. Aussitôt après avoir fourni ce vaisseau , et avant de sor- tir du péricarde , l'aorte se courbe brusquement sur elle-même et se di- late latéralement pour constituer une poche en forme de crête , dont les usages ne sont pas connus. Aussitôt après être sortie du péricarde , l'aorte donne naissance à plusieurs petites artères destinées au rectum et aux parties voisines ; puis elle traverse la cavité abdominale sans fournir aucune branche, jusqu'à ce qu'elle soit arri- vée près du cerveau. Là elle donne à droite et à gauche une paire d'artères pédieuses situées l'une au-devant de l'autre , et elle traverse , de concert avec l'œsophage , l'anneau nerveux , pour aller se ramifier dans les or- ganes copulateurs aussi bien que dans les diverses parties de la tête. Il est aussi à noter que les deux grandes artères pédieuses, en se portant en arrière sur les côtés de la cavité abdominale, fournissent chacune une grosse branche aux lobes latéraux du corps qui , chez les Aplysiens , tient lieu de manteau. Le développement énorme du voile céphalique, chez les Téthys, a amené aussi une modification correspondante dans les branches céphaliques du sys- tème artériel chez ce Mollusque. Une artère médiane, qui se ramifie dans la portion inférieure de ce voile , repré- sente l'aorte céphalique de I'Aplysie, et une paire de gros vaisseaux, qui se distribuent dans la portion frontale de ce même voile, paraissent corres- (a) Recherches faites pendant un voyage en Sicile, t. I. (La planche 25 représente l'appareil circulatoire du Triton, et les planches 20, 21 , celui du Colimaçon.) (6) Pouchet, Recherches sur l'anatomle et la physiologie {les Mollusques. Tn-4, 1842, 1" livr., p. 14. (c) Milne Edwards, Voyage en Sicile, t. I, pi. 23, \[[0 CIRCULATION DU SANG chez les Pulmonés et les Hétéropodes, l'oreillette est située devant le ventricule, tandis que chez ceux dont j'ai formé le groupe naturel des Opisthobranches, c'est d'arrière en avant que le sang arrive de l'oreillette dans le ventricule, et cela quelle que soit la position de l'appareil respiratoire par rapport au cœur (1). pondre aux petites artères tentaculaires de ce dernier Gastéropode (a). Dans le genre Jands, dont M. Blan- chard a fait connaître l'organisation, les artères sont distribuées à peu près comme chez les Aplysies ; mais l'aorte ne présente à sa base ni courbure ni dilatation cristiforme (b). La même disposition se voit chez les Éolides proprement dits (c). Chez les Carinaires (d) , le même plan préside encore à la distribution des -vaisseaux artériels ; seulement l'artère gastrique est très courte et l'aorte d'une longueur remarquable. L'artère pêcheuse, après s'être bifur- quée , va se terminer dans la portion postérieure du corps , qui me paraît être l'analogue du pied des Gastéro- podes ordinaires , et fournit près de son origine une branche impaire pour la nageoire ventrale, que l'on compare généralement à ce pied , mais qui me paraît correspondre plutôt à une por- tion du voile labial des Téthys et des larves de la plupart des Gastéropodes. Du reste, il est probable que chez les Carinaires , de même que chez les Firoles, dont il a déjà été question (e), la portion terminale du système arté- riel est constituée par des trajets lacu- naires seulement. Je dois ajouter que si la figure que M. Délie Chiaje a donnée du système artériel du Pleur obranchi- dium Meckelii est exacte, il y au- rait chez ce Mollusque une aorte pos- térieure qui fournirait des branches aux tentacules aussi bien qu'aux deux côtés de toute la région abdominale du corps if). Mais je crois qu'il doit y avoir là quelque erreur d'observation. D'après le peu de mots que Berke- ley et Hoffmann ont dits du système circulatoire chez les Cérithes, on voit que la disposition du cœur et des ar- tères doit être à peu près la même que chez le Triton {g). (t) Ce caractère anatomique permet de classer les Mollusques Gastéropodes d'une manière bien plus naturelle que ne l'avait fait Cuvier, en se fondant sur les modifications de l'appareil branchial (h). (a) Milne Edwards, Op. cit., pi. 24, fig. 2. (6) Blanchard, Recherches sur l'organisation des Mollusques Gastéropodes de l'ordre des Opistho- branches (Ann. des sciences nat., 1849, 3e série, t. XI, p. 84, pi. 3, fig. 2). (c) Aider et Hancock, Monogr.ofthe British Nudibranchiate Mollusca, Fam. 3, pi. 8, fig. 1. (d) Milne Edwards, Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes, Mol- lusques et Crustacés des côtes de la France {Ann. des sciences nat., 1842, 2e série, t. XVII!, p. 325, pi. 11, fig. 1). (e) Voyez ci-dessus, page 136. \f) Délie Chiaje, Descriz. e notom. degli Anim. senza vertèbre, pi. 52, fig. 14. (g) Berkeley et Hoffmann, Descript. of the Anat. Structure of Cerithium telescopium (Zoolog. Journal, vol. V, p. 433). (h) Milne Edwards, Note sur la classification naturelle des Mollusques Gastéropodes (Ann. des sciences nat., 1848, 3° série, t. IX, p. 102, et Voyage en Sicile, 1. 1, p. 181). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 1/|1 L'oreillette des Gastéropodes peut être définie par sa position à l'intérieur du péricarde, mais parfois ce vestibule du cœur se confond presque avec les cavités qui y amènent le sang de l'appareil respiratoire. Ce caractère d'infériorité organique se rencontre, par exemple, chez beaucoup d'Éolidiens, où un grand canal branchio-cardiaque en forme de poche membra- neuse, atténué postérieurement et élargi en avant , occupe la ligne médiane du dos et se continue avec l'oreillette unique située à son tour derrière le ventricule (1). Une disposition (1) Cette disposition a été constatée par Souleyet, chez VÉolide de Cuvier, où les angles antérieurs de l'oreillette se continuent également avec une paire de sinus branchio - cardiaques antérieurs. Il en résulte que l'oreillette est ici en quelque sorte le carrefour où les trois canaux branchio-cardia- ques se réunissent pour constituer le vestibule du cœur (a). 11 est probable que les portions de l'appareil circulatoire que M. Quatre- fages a décrites chez son Éolidine , et qu'il a considérées comme étant deux oreillettes en forme d'entonnoir s'ou- vrant dans la cavité générale du corps, ne sont autre chose que les parties latérales du fond de la poche mem- braneuse constituant le sinus branchio- cardiaque médio -dorsal et l'oreil- lette (6). Dans d'autres espèces où le sinus branchio-cardiaque est disposé de la même manière sur la partie médiane du dos , un étranglement correspon- dant au point de rencontre de ce sys- tème avec le péricarde sépare ce ré- servoir de l'oreillette , qui est alors arrondie , disposition qui a été très bien constatée par MAI. Hancock et Embleton chez VEolis papillosa (c). Il est aussi à noter que chez les Phyllirhoés, l'oreillette, qui est unique et en forme d'entonnoir , paraît se confondre avec les cavités que le sang traverse pour rentrer dans le cœur ; mais la respiration n'étant pas loca- lisée chez ces Gastéropodes A bran- ches , il n'y a pas de sinus branchio- cardiaque (d). J'ajouterai que chez d'autres Hété- ropodes, notamment chez les Firoles, l'oreillette paraît avoir des parois in- complètes , de façon que le sang ré- pandu dans la chambre péricardique pénétrerait directement dans sa cavité par des permis situés entre ses fais- ceaux charnus (e). (a) Souleyet, Voyage delà Bonite, Zool., t. II, p. 427, Atlas, Mollusques, pi. 24 B, ûg. i. (b) Quatrefages , Mém. sur l'Éolidine ■paradoxale (Ann. des sciences nat., 1843, 2e série, t. XIX, p. 290, pi. ll.fig. 3). (c) Hancock et Embleton, On the Anal, of Eolis (Ann. of Nat. Hist., new séries, 1848, vol. I, p. 99, pi. IV, fig. 4). (d) H. Mùller et Gegenbaur, Ueber Pliyllirhoe buceplialum (Zeilschr. fur vjissenschaftl. Zoologie, 1854, t. V, p. 365). (e) R. Leuckart, Op. cit. (Zoolo(jische Untersuchungcn, Heft III, p. 5). Î42 CIRCULATION DU SANG très analogue se voit chez les Téthys, où un vaste sinus branchio-cardiaque pyriforme s'étend sur tout le milieu du dos, depuis le cœur jusqu'à l'extrémité postérieure du corps (1). Mais, chez d'autres espèces de la même famille, les canaux branchio -cardiaques ne se réunissent pas en un sinus commun derrière le cœur, et arrivent séparément à l'oreillette, qui alors est mieux délimitée (2). Enfin la distinction entre l'oreillette et les cavités qui y ver- sent le sang devient tout à fait nette chez les Tritons, les Hélices et. les autres Gastéropodes où l'appareil respiratoire se localise le plus et où le canal branchio-cardiaque revêt la forme d'un (1) Chez les Téthys, les branchies ne se prolongent pas sur la région céphalique du corps , ainsi que cela a lieu chez les Éolidiens , dont je viens- de parler, mais s'arrêtent au niveau du cœur ; aussi le sinus branchio - cardiaque n'offre pas les deux prolongements antérieurs en forme de cornes qui , chez les précé- dents, s'avancent de chaque côté du ventricule , et il n'est représenté que par le sac situé en arrière de l'oreil- lette {a). (2) Ainsi, dans le Janus, M. Blan- chard a trouvé que les vaisseaux effé- rentsdes branchies se réunissent entre eux pour constituer un nombre consi- dérable de canaux branchio-cardia- ques , et, en définitif, quatre troncs, dont deux postérieurs , qui ramènent le sang du tiers postérieur de l'appa- reil respiratoire, et pénètrent dans la partie postérieure de l'oreillette, et deux antérieurs qui reçoivent le sang, de toutes les branches répandues sur la portion moyenne et antérieure du corps; ces troncs débouchent sur les côtés de l'oreillette, et s'y confondent avec ce réservoir, de façon à lui don- ner la forme d'an croissant (6). Chez les Tritonies, cet organe ne reçoit plus que deux sinus branchio- cardiaques qui sont très larges , et il se confond avec eux , de façon à res- sembler à une besace placée en travers sur le dos de ces Mollusques, et tenant au cœur par le milieu de son bord antérieur. Chacun de ces sinus vesli- bulaires se continue à son tour avec deux canaux branchio cardiaques qui longent les côtés du dos, l'un en avant, l'autre en arrière, et reçoivent le sang apporté par les vaisseaux effé- rents des branchies. Cuvier a donné une très bonne ligure de l'appareil circulatoire des Tritonies (c). (a) Miluc Edwards, Voyage en Sicile, t. I, pi. 24, fig. 2. (b) Blanchard, Recherches sur l'organisation des Opisthobraiiches (Ami. des sciences liai., IS-i-3, 3' série, t. XI, p. 85, pi. 3, fig. 1). (c) Cirvier, Mém. sur le genre Tritoma (Ann. du Muséum, 1802, 1. 1, p. 480). — Voyez aussi Aider et Hancock, Bril. Nudibr. Nollusc., Faim 2, pi. 1 , fig1. 1. CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. l/lO vaisseau tubulaire jusqu'à son entrée dans l'oreillette, dont le volume est cependant très considérable (1). § lli. — Les voies par lesquelles le sang revient des ramus- système rànan cules terminaux du système artériel vers les organes respira- Gastéropodes. toires, ou bien directement vers le cœur, varient également, mais sont toujours fournies principalement par les espaces interorganiques dont les parois se revêtent peu à peu d'une couche membraniforme de plus en plus complète, et tendent à se transformer ainsi en tubes indépendants des organes voi- sins. Une partie de ce système de cavités veineuses est formée par la chambre viscérale, et, comme la portion antérieure de cette chambre est d'ordinaire beaucoup plus grande que les viscères qui s'y logent, elle forme un réservoir veineux d'une capacité considérable. La portion postérieure de cette même chambre est au contraire si complètement garnie par l'intes- tin, le foie et les glandes génératrices, que le sang ne trouve inoccupés que des espaces étroits, sinueux et canaliculi formes, entre les bords de ces organes, et que, pour donner à ces lacunes la forme de vaisseaux proprement dits, il suffit du développe- (1) Chez les Haliotides, où le cœur réunissent en un tronc commun où est pourvu de deux oreillettes , les aboutissent beaucoup d'autres fa- deux branchies portent chacune à muscules venant soit de la voûte de leur face externe un vaisseau branchio- la cavité pulmonaire, soit de l'organe cardiaque qui se rend directement à sécréteur qui est situé au fond de cet cet organe (a); mais chez les Gastéro- appareil près du cœur , et qui me podes à une seule oreillette , tels que semble être l'analogue de l'organe de le Triton (6), il n'y a aussi qu'un seul Bojanus; La disposition générale du tronc branchio - cardiaque. Chez le réseau vasculaire du poumon de ces Colimaçon , ce vaisseau naît d'un ré- Gastéropodes a été assez bien repré- seau pulmonaire très beau dont les sentée par Treviranus (c) , mais se branches principales , au nombre de voit plUs distinctement dans les figures trois, sont disposées comme les bar- que j'en ai données (d). bules et les barbes d'une plume, et se (a) Milno Edwards, Voyage en Sicile, t. I, pi. 2G, fig\ 1 et 2. (6) Milne Edwards, Op. cit., pi. 25. (c) Treviranus, Beobachtungen aus der Zootomle und Physiologie, t. 1, pi. 8, fig. 5S. (d) Milhe Edwards, Voyage en Sicile, t. I, pi. 20, fig-. 1 et 2 ; pi. 21, fig-. 1 et 2. lllll CIRCULATION DU SANG ment d'une tunique membraneuse aux dépens du tissu con- nectif d'alentour. sySiè,ne veineux U n'est aucun Gastéropode où ce mode de constitution du l'Apte, système veineux soit plus facile à constater que chez l'Aplysie. Là, excepté peut-être dans la masse assez compacte formée par le foie et les autres viscères vers l'arrière de l'abdomen, il n'existe aucun trajet veineux ayant la forme tubulaire, et c'est par des lacunes irrégulières ménagées entre les faisceaux musculaires du pied ou du manteau que la plus grande partie du sang revient des branches terminales des artères dans la cavité abdominale. Lorsqu'on dissèque seulement des individus qui ont séjourné longtemps dans de l'alcool ou quelque autre liqueur conservatrice, cette grande chambre périgastrique qui s'étend des bords de la bouche jusque vers les deux tiers postérieurs du corps semble être tapissée par une membrane péritonéale par- faitement continue ; mais quand on examine des individus frais, on voit que le tissu de cette tunique est très lâche et se com- pose d'une multitude de brides ou de iilaments entrecroisés dans toutes les directions, de façon à constituer une couche feutrée dont les vides disparaissent par la pression, mais livrent facilement passage aux liquides. Le vaste réservoir veineux ainsi formé se continue postérieurement sous la forme d'un canal qui contourne le côté gauche de la masse viscérale res- serrée sous la coquille de l'animal, et qui va déboucher clans le vaisseau afférent de la branchie. Ce sinus branchial, que les anatomistes ont comparé tantôt à une veine cave, d'autres fois à une artère branchiale, est tapissé d'une tunique membraniforme plus parfaite que dans le reste du système de cavités veineuses: mais ses parois sont encore criblées d'une multitude de permis qui établissent autant de communications avec les lacunes sous-cutanées ou interfibril- laires des parties voisines. L'existence de ces ouvertures et des communications entre l'abdomen et la branchie par l'intermé- CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 1^5 diairede ce canal n'avait pas échappé à Cuvier; mais cet ana- tomiste illustre ne soupçonnait pas que le sang y arrivait par la cavité générale du corps, et pensait que les pertuis dont, je viens de parler servaient seulement à l'absorption des liquides épan- chés et au mélange de ces liquides avec la masse du sang en circulation dans les veines (1). Le fait est cependant que les (1) Je fois menlion ici des observa- tions de Cuvier et de l'interprétation qu'il donnait à ces faits analomiqucs , parce que plusieurs auteurs , après avoir repoussé sans examen préalable mes vues touchant le mode de consti- tution de l'appareil circulatoire des Mollusques, ont voulu, lorsqu'ils se trouvaient obligés d'en reconnaître la justesse, les attribuer à d'autres. Ainsi , on a dit que la circulation veineuse extra - vasculaire , chez les Aplysies , était connue de Cuvier ; mais tous ceux qui examineront d'une manière impartiale la question, recon- naîtront que cela n'est pas; que Cuvier pensait que les pertuis dont il avait constaté l'existence dans les parois du grand canal afférent à la branchie étaient des espèces de bouches absor- bantes à l'aide desquelles ces canaux pouvaient recevoir de la cavité abdo- minale, non pas du sang , mais les liquides épanchés destinés à être mê- lés au sang; de sorte , ajoute-t-il, que les veines font ici l'office de vaisseaux; absorbants ; enfin , pour rendre sa pensée plus clairement encore, il ter- mine en disant : « C'est [d'après ces » faits que j'ai pensé que le système » absorbant cesse entièrement dans » les Mollusques (a). » Duvernoy s'est expliqué non moins nettement dans le passage suivant , dans les Leçons d'anatomie comparée de Cuvier : « Nous rappellerons en- » core ici ces parties centrales de » l'arbre dépurateur qui, dans l'Aply- » sie, sont percées d'ouvertures très » sensibles dans la portion qui tra- » verse la cavité viscérale, ouvertures » qui permettent l'absorption par le » tronc ou la souche de l'arbre nu- » tritif. Cependant on peut dire que, » dans ce type, le système vasculaire » sanguin est complet , que les deux » arbres nutritifs et dépurateurs» (ex- pression que Duvernoy emploie pour désigner le système artériel et le système veineux) « sont liés par un » réseau capillaire, et que le fluide ne » s'épanche point dans les lacunes ; » il reste renfermé et circule dans » l'ensemble de ses réservoirs , qui » forment encore ici un système de » vaisseaux clos {b). » M. Van Bencden était probablement arrivé plus près de la connaissance de la vérité , car, en 1835 , il a dit : « Après des recherches minutieuses » sur les organes de la circulation » dans les Aplysies , je crois avoir » reconnu une véritable fusion avec le » système aquifère de Délie Chiaje (c). » [Mém. sur les Mollusques, et Ann. du (a) Cuvier, Mém. sur le genre Aplysie, p. 14 et 15 Muséum, 1802, t. I). (6) Duvernoy, Additions aux Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, 2° édition, 1839, t. VI, p. 538. (c) Van Bencden, Résultais d' un voyage fait sur les bords de la Méditerranée {Comptes rendus de i Académie des sciences, 1835, 1. 1, p. S"30). m. 10 l/l6 CIRCULATION DU SANG veines proprement dites manquent partout ou presque partout dans le corps de l'Aplysie, et que c'est par le moyen des méats interorganiques, méats au nombre desquels il faut ranger la cavité abdominale elle-même, que le sang arrive à la branchie pour y subir le contact de l'air, et après avoir traversé les canaux capillaires dont cet organe est pourvu, regagner le cœur par l'intermédiaire du vaisseau branchio-cardiaque. systèmeveineux Une expérience très facile à faire, et que je répète souvent colimaçons, dans mes leçons publiques, prouve qu'il en est à peu près de même chez le Colimaçon (1). En effet, si l'on détermine un commencement d'asphyxie chez un de ces Mollusques, atin de l'empêcher de contracter son corps d'une manière fâcheuse, et qu'ensuite on injecte un liquide coloré dans la grande cavité viscérale où flottent l'estomac , les organes copulateurs , les principaux nerfs et beaucoup d'autres organes, on verra bientôt ce liquide pénétrer dans les lacunes qui avoisinent le manteau, Mais il m'est impossible de voir clans plus singulières. J'ai prouvé, au con- certe conclusion , restée dix ans sans traire, que la prétendue exception est. autre développement, un titre sérieux la règle commune pour tout l'embran- à la découverte de la circulation lacu- chement des Mollusques, naire, ni chez l'Aplysie ni chez aucun (1) Pour plus de détails au sujet de aulre Mollusque. ces expériences, voyez mon Mémoire Je ferai voir aussi, dans quelques sur la circulation, inséré au Compte instants, que les droits de M. Pouchet rendu des séances de l'Académie des à cette découverte ne sont pas mieux sciences du 3 février 18/i5, et publié établis , et, lorsqu'en 18/i3, M. Qua- aussi dans les Annales des ^sciences trel'ages annonça que chez les Éoli- naturelles (c)c J'ai fait voir que les diens le sang circule dans la cavité communications en question entre les abdominale (a), ainsi que je l'a vais con- vaisseaux sanguins et les cavités lacu- staté quelques années auparavant chez naires sont assez libres pour laisser beaucoup de Molluscoïdes (6) , on nia passer des matières solides aussi bien généralement le fait , ou bien on le que des liquides, considéra comme une anomalie des (a) Quatrefages, Mém. sur i'Eolidina (Ann. des seienc.nat., 4843, 2« série, t. XIX, p. 190). (&) Milne Edwards, Observations sur les Ascidies ( Mém. de L'Acad. des sciences, t. XVIII, et Comptes rendus, 1839, t. IX, p. 591). (c) Observations et expériences sur la circulation chez les Mollusques (Ann. des sciences vat., 3° sério, t. Ht, p. 289, et Voyage en Sicile, 1. 1, p. 89). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 147 puis arriver dans les vaisseaux pulmonaires, les remplir et passer souvent dans les conduits afférents de l'appareil respira- toire, peut-être même jusque dans le cœur (1). A l'aide d'in- jections pratiquées de la sorte, on voit aussi que le grand réser- voir veineux formé par la cavité périgastrique communique en arrière avec les espaces qui existent entre les lobules du foie et les autres organes resserrés dans la portion postérieure du sac péritonéal et occupant la région du corps appelée, à raison de sa forme , le tortillon. Ces espaces figurent souvent des arborisations, et on les prendrait volontiers pour des vaisseaux rameux, si la dissection ne venait montrer que ce ne sont pas des tubes à parois indépendantes des parties voisines, mais de simples lacunes limitées par la lame périto- néale à tissu lâche dont les viscères voisins sont revêtus (2). (1) L'existence de communications tion par les vaisseaux lymphatiques entre le système vasculaire et la cavité chez les Animaux vertébrés. Aussi abdominale avait été aperçue chez la M. Pouchet n'a-t-il jamais revendiqué Limace , en 18Zi2 , par M. Pouchet , l'idée que je crois m'appartenir, et ce professeur de zoologie à Rouen ; mais sont seulement quelques commenta- ce naturaliste supposait que les per- teurs qui ont voulu la lui attribuer, tuis en question constituaient un sys- Je crois devoir ajouter que des faits tème absorbant, et servaient à l'entrée du même ordre avaient été aperçus, des liquides extra vases dans les veines mais d'une manière moins complète , aussi bien qu'à l'exhalation opérée par en 1816, par Erman (6). les artères (a). D'après sa manière de (2) M. Erdl a décrit un réseau vei- voir, le passage des liquides dans la neux dans l'appareil digestif du Coli- cavité générale du corps était un phé- maçon (c) , et la figure qu'il en donne nomène collatéral au mouvement cir- a été reproduite par Carus et Otto (d) ; dilatoire, à peu près comme l'épan- mais , ainsi que le fait remarquer chement de la sérosité dans le tissu M. Siebold, les vaisseaux en question cellulaire d'un membre et sa résorp- paraissent être des artères (e). (a) Pouchet, Recherches sur l'anatomie et la physiologie des Mollusques. In-4, Paris, 1842. Cet ouvrage a été interrompu à la page 24, à l'endroit où l'auteur aborde la description du système veineux. (6) Erman, Wahmehmungen ùbtr das Blut einiger Molluskcn (Mém. de l'Acad. de Berlin, 1819, t. VI, p. 199). (c) Erdl, Dissert, inaug. de Helicis Algirœ vasis sanguiferis, 1840 (d'après Siebold). (rf) Carus et Otto, Tab. Anat. corn]}, illustr., pars vr, pi. 2, flg._5. (e) Siebold et Slannius, Nouveau Manuel d'analomie comparée, t, I, p. 325. illS CIRCULATION DU SANG Un canal qui longe le bord concave de l'abdomen est mieux endigué et conduit beaucoup de sang vers la branchie ; mais tout en ayant la forme d'un vaisseau tabulaire, il en mérite à peine le nom, tant sont faciles les communications de sa cavité avec les lacunes d'alentour (1). Enfin on voit aussi par ces mêmes injections, poussées au hasard dans la cavité abdomi- nale, que tout le sang n'est pas obligé de traverser l'appareil respiratoire pour retourner au cœur, car une partie peut y arriver par un système de canaux et de vaisseaux disposés comme ceux de l'organe de Bojauus , chez les Lamelli- branches (2). Une observation qui date de 1822 et qui est due à Gaspard, mais qui avait complètement échappé à l'attention des physio- logistes jusqu'au moment où la discussion des expériences dont je viens de parler eut occupé divers écrivains, trouve ainsi une. explication facile. Gaspard avait vu que lorsque le Coli- maçon étend le pied pour ramper, le sang s'épanche librement dans la cavité abdominale et vient baigner les viscères (3) . En effet, ce liquide y afflue alors en plus grande quantité que d'ordinaire; mais ce réservoir n'est pas seulement un diver- ticulum, il fait partie du cercle circulatoire. (1) Tous ces canaux et méats vei- considère comme appartenant à une neux ont été injectés de la sorte dans poche pulmonaire, est l'analogue du les préparations qui sont représentées système vasculaire rénal des Colima- dans les planches 20 et 21 de mon çons, des Haliotides, etc. (a). Voyage en Sicile. (3) Voici dans quels termes Gaspard Cet appareil vasculaire est encore s'exprime : « Le sang de l'Escargot plus développé chez les Haliotides » mérite de fixer un moment notre {Op. cit., pi. 26, fig. 1 et 2). » attention. Il est contenu, non-seule- (2) Je suis porté à croire que le ré- » ment dans les organes de la circu- seau vasculaire que Souleyet a trouvé » lation , mais il est encore épan- à l'arrière de l'oreillette , chez l'Ac- » ché, principalement quand l'Animal téon ou Élysie , et que ce naturaliste » voyage , dans la cavité où sont les (a) Souleyet, Voyage de la Bonite (Hist. nat.t t. II, p. 484, pi. 24 D, fig 4 et 5). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 149 Chez le Triton, la disposition du système veineux est à systèm^eux peu de chose près la même que chez le Colimaçon, si ce n'est Tntons, etc. que les canaux afférents de l'appareil respiratoire se rendent à des branchies au lieu d'aller à un poumon, et que les vaisseaux qui portent le sang de la cavité abdominale dans l'appareil qui me semble devoir être assimilé à l'organe de Bojanus, et con- sidéré comme une glande urinaire , sont développés d'une manière énorme (1). La transformation des lacunes veineuses en tubes vasculaires système veineux , j \ des Dons. à parois indépendantes des parties voisines tait plus de progrès chez d'autres Gastéropodes. Ainsi j'ai trouvé dans le manteau de l'Haliotide des veines très bien délimitées, et il m'a semblé en apercevoir aussi dans diverses parties de la masse viscérale de ce Mollusque. Chez lesDoris, MM. Hancock et Embleton ont observé dans le foie un système de veines bien caracté- risées qui conduisent le sang de cet organe aux branchies ; mais dans les autres parties de l'organisme ils n'ont pu décou- vrir rien de semblable, et il leur a paru que le retour du fluide nourricier s'y effectue par les lacunes interorganiques seulement. D'après ces anatomistes , il y aurait aussi chez les Doris exagération d'une disposition dont j'ai déjà eu l'occasion de signaler l'existence chez les Lamellibranches, et que j'ai con- statée également chez les Haliotides, les Tritons et les Colima- çons : savoir, le passage direct d'une portion du sang veineux » viscères digestifs et génitaux , qui » point contenu et épanché de la » nagent dans ce sang , de manière » même manière. Ce phénomène m'a )) qu'en incisant la paroi qui sépare » singulièrement frappé, et je ne con- » la trachée et le ventre, on l'en voit » nais rien d'analogue dans les autres » sorlir par un jet abondant et con- » Animaux (a). » » tinu. Lorsque l'Animal est retiré et (1) Voyez mon Voyage en Sicile, » caché dans sa coquille, le sang n'est t. I, pi. 25. (a) Gaspard, Mémoire physiologique sur le Colimaçon (Journal de physiologie do Magendie, 4822, t. II, p. 337), 150 CIRCULATION DU SANG dans le canal branchio-cardiaquc, et son mélange avec le sang artériel qui arrive de l'appareil respiratoire pour pénétrer dans le cœur et être distribué par cet organe dans toutes les parties de l'économie. En effet, MM. Hancock et Embleton tirent de leurs nombreuses observations sur ces Mollusques celte conclu- sion, un peu exagérée peut-être , que le sang apporté aux sinus veineux des branchies par les veines hépatiques est la seule portion du fluide nourricier en circulation qui passe dans ces organes, et que tout le sang des autres viscères, des muscles et des parties superficielles de l'économie, après avoir traversé un système de cavités lacunaires sous -cutanées creusées dans le manteau, est versé directement dans l'oreillette par deux canaux latéraux. Ici la respiration cutanée remplirait donc un rôle plus considérable que chez la plupart des autres Gastéropodes (1). Les auteurs que je viens de citer ont été conduits aussi à considérer comme un cœur accessoire une vésicule pulsatile qui se trouve dans le voisinage du cœur et qui est en commu- nication avec un système de canaux rameux dont nous aurons à parler par la suite. MM. Hancock et Embleton pensent que ces canaux s'anastomosent avec les branches hépatiques de l'artère aorte, et que ce système, qu'ils comparent à une veine porte , déboucherait dans le péricarde. Mais dans l'état actuel de nos connaissances à ce sujet , cette opinion ne me paraît pas admissible , et je suis porté à croire que la vésicule en question, ainsi que son canal de communication avec le péricarde, sont des dépendances de l'appareil rénal, car nous avons vu aussi le péricarde s'ouvrir dans une poche ou vésicule de Bojanus, chez les Lamellibranches (2). Quant aux variations d'une importance secondaire qui se (1) Aider et Hancock, Monogr. of (2) M. Leuckart interprète aussi de the British Nudibr. Moll. ( voyez les la sorte les observations de MM. Han- septième et huitième pages du texte cock et Embleton , et considère le sac relatif aux planches 1 et 2, Fam. 1). pulsatile en question comme l'ana- CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES, i 51 remarquent dans la disposition du système de lacunes, de ca- naux ou de vaisseaux dont se compose le segment veineux du cercle circulatoire chez les divers Gastéropodes , je crois inutile de m'y arrêter ici, et je me bornerai à indiquer quelques-unes des sources où il faudrait puiser pour obtenir de plus amples renseignements à ce sujet, ou pour trouver une description plus complète des autres parties de l'appareil irrigatoire de ces Mol- lusques. On doit à M. Huxley, professeur de zoologie à l'École des système veineux mines, en Angleterre, des observations intéressantes sur la cir- Fh-oics. culation lacunaire chez les Firoles et les Atlantes, où la transpa- rence des tissus permet de constater de visu la route suivie par le sang dans l'organisme vivant (1). 31. Leuckart est arrivé à des résultats analogues en étudiant divers Mollusques de la même famille , et ce naturaliste distingué a reconnu que l'ap- pareil circulatoire n'affecte la forme tubulaire que dans la por- tion basilaire du segment artériel (2). logue du réservoir urinaire dont il ces singuliers Mollusques , et le tube sera question ailleurs (a). alimentaire, ainsi que le système ner- (1) Chez les Firoles, le mode de veux, y baigne. M. Huxley a vu aussi distribution des artères est à peu près très distinctement le sang circuler le même que celui indiqué ci-dessus dans tous les espaces existants entre chez la Carinaire ; mais , ainsi que je les intestins et les parois de la cavité l'ai déjà dit, les principaux vaisseaux, viscérale; il n'a pu découvrir nulle au lieu de se ramifier comme d'ordi- part la moindre trace de veines, et il naire, sont tronqués et se terminent ajoute : « Fiioloides ihen alTords the par des orifices contractiles d'où le sang » most complète ocular démonstration s'échappe dans les lacunes voisines, » of the truth of M. JMilne Edwards's disposition qui semble devoir offrir de » views with regard to the nature of l'analogie avec celle que l'aorte ce- » the circulation on the Mollusca that phalique nous a présentée chez les » can possibly be desired (6). » Haliotides , etc. Le sang veineux tra- (2) M. Leuckart a confirmé le fait verse librement la grande cavité qui de la circulation du sang à travers occupe la presque totalité du corps de la grande cavité du corps et dans les (a) R. Leuckait, Op. cit. (Zool. Untcrsuch., Heft III, p. 55). (ft) Huxley, On the Moi-phology of the Cephalous Mollusca as illustrated by the Anatonuj o\ certain Heteropoda and Pteropoda collected during the Voyage of H. M. S. Rattlesnake in 1846- 1850 (Philos. Trans., 1853, p. 32). ^52 CIRCULATION DU SANG systèm™e„x , Les observations de M. Quatrefages sur l'état plus ou moins Éoiides. dégradé de l'appareil circulatoire chez les Éolidiens ont été le point de départ de beaucoup de recherches anatomiques sur ce groupe de Mollusques et sur les genres voisins (1). Un jeune chi- rurgien de la marine de beaucoup de mérite, M. Souleyet, a fait voir que cette dégradation est moins grande qu'on ne le pensait d'abord, et a très bien décrit le système de canaux branchio-cardiaques qui chez ces Animaux ramène le sang des organes de la respiration au cœur ; mais à son tour il est tombé dans des exagérations contraires, lorsqu'il a affirmé que le système veineux des Éolidiens était composé de vaisseaux semblables à ceux des Animaux supérieurs (2). Eniin, le même lacunes intcrorganiques de la niasse viscérale , chez les Firoles ; mais ce naturaliste pense qu'une portion du sang rentre de ces cavités clans le cœur sans aller aux branchies, et qu'il ne fait qu'osciller dans ces derniers organes , où il n'y aurait qu'un seul vaisseau (a). Dans le genre Atlante , qui appar- tient aussi à l'ordre des Hétéropodes, la disposition du cœur et des artères est à peu près la même que chez les Carinaires, et M. Huxley a vu le sang veineux revenir vers le cœur en tra- versant la cavité, viscérale, dont la ca- pacité est très considérable (6). (1) M. de Quatrefages a été le pre- mier à signaler l'existence d'une cir- culation extra-vasculaire chez les Gas- téropodes, et, bien qu'il ait cru d'abord à une dégradation plus grande que celle existant réellement chez les Éoli- diens, le service qu'il a rendu ainsi à la science est très considérable. (2~) Dans un de ses premiers écrits sur ce sujet, Souleyet avait annoncé l'existence de veines qui porteraient le sang des viscères, etc., aux bran- chies , et notamment la présence de deux de ces vaisseaux qui rappor- teraient le sang de la masse buc- cale et qui seraient des satellites de Tarière aorte (c) ; mais l'examen des préparations anatomiques sur lesquelles il se basait m'a convaincu que ces prétendus vaisseaux san- guins n'étaient en réalité que des brides membraneuses. MM. Hancock et Embleton décrivent sous le nom de veines les vaisseaux branchio - car- diaques ; mais ils reconnaissent que dans le système sous-tégumentaire (a) Leuckart, Zoologische Untersuchungen, drilles Heft, 1854, p. 53 et 54. (6) Huxley, Op. cit. (Philos. Tram.', 4853, p. 37, pi. 3, fig. 2, 3, 4). (c) A. von Nordmann, Versuch einer Monographie des Tergipes Edwardsii (Mém. de l'Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg , Savants étrangers, t. IV, et Ami. des sciences nat., 1846 , 3« série, t. V, p. i-10). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 153 sujet a été traité par M. Nordmann (1) et par M. Blanchard, dont j'ai déjà eu l'occasion de citer les travaux (2). ces canaux communiquent avec les sinus interorganiques (a). Enfin, dans leur dernier ouvrage, MM. Hancock et Aider disent qu'il leur a été impos- sible de bien déterminer la roule sui- vie par le sang pour aller des artères dans ces vaisseaux branchio-cardia- ques (qu'ils nomment toujours des veines ) , mais qu'ils sont convaincus que cela a lieu comme chez les autres Nudibranches (b). Or, voici comment, dans le même ouvrage, ils s'expliquent sur ce mode de circulation : « Chez » les Éolidiens, disent-ils, tout le sang » envoyé aux divers organes passe » dans 1rs grands sinus abdominaux » ou espaces interviscéraux, et de là » pénètre dans le tissu cellulaire de la )) peau pour aller en partie aux pa- » pilles branchiales, et retourner en- » suite au cœur par des veines effé- » renies qui se réunissent pour former » trois gros troncs . lesquels débou- » client dans l'oreillette et reçoivent » aussi le sang qui arrive des sinus au » tissu cellulaire sous- cutané aussi » bien que le sang qui a respiré dans » les branchies (c). » Ainsi tous les observateurs, à l'ex- ception de M. Souleyet, sont aujour- d'hui d'accord pour admettre que chez les Éolidiens le sang veineux passe dans les lacunes interorganiques, question que la commission chargée de l'examen des travaux de MM. Qua- trefages et Souleyet avait cru devoir laisser indécise (cl). (1) M. Nordmann se prononce de la manière la plus positive sur le fait de la circulation veineuse lacunaire chez son Tergipes Edwardsii ; mais, en citant ses observations sur ce point, je dois faire toutes réserves au sujet des opinions émises par ce zoologiste sur le mécanismede la circulation et sur plusieurs autres points de la physiolo- gie et de l'anatomie des Éolidiens (e). (2) Voici dans quels termes cet ana- tomiste si habile dans l'art des injec- tions s'exprime a ce sujet , en parlant des Éolidiens du genre Janus : « Le » sang conduit aux organes par les ar- » tères, s'épanche ici, comme chez tous » les Gastéropodes, dans la cavité gé- » néraledu corps et dans tous les méats » intermusculaires. Il pénètre ainsi » dans les cirrhes branchiaux, où il » existe un véritable canal, le rameau » hépatique. Mais ce canal afférent des » branchies , très distinct du réseau » quand l'injection y a pénétré, offre » sur tout son trajet des branches qui » ne sont limitées également que par » les muscles et tous les tissus envi- » ronnants. Le sang, ayant de la sorte » pénétré dans les organes respira- » loires , est repris ensuite par un » système de vaisseaux efférents (/"). » (a) Souleyet, Observations anatomiques sur les genres Actéon, Eolide, etc. (Comptes rendus, 1845, t. XX, p. 81). (b) Hancock et Embleton, On the Anatomy of Eolis (Ann. of Nat. Hist , 1848, new séries, vol. I, p. 101). (c) Aider et Hancock, Monogr. of the Brit. Nitdibr. Moll., Fam. 3, genre 13 ; 6° page du texte dépendant de la pi. 7, fam. 3. (d) Op. cit., p. 15. (e) Is. Geoffroy Saint-Hilairc, Rapport sur plusieurs Mémoires, etc., relatifs aux Mollusques Gastéropodes dits Phlébentérés (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1851, t. II, p. 41). (f) Blanchard, Organisât, des Opisthobranches (Ann. des se. nat., 1849, 3° série, t. XI, p. 85). des Oscabrions, Planorbes, etc. 154 CIRCULATION DU SANG > - Le système irrigatoire des Oscabrions a été étudié avec beaucoup de soin par M. Middendorff (1). Le professeur von Siebold s'est également convaincu de l'absence de veines à parois propres chez l'Agrion (2), et M. Moquin-Tandon a observé directement la circulation du fluide nourricier dans la cavité abdominale des Planorbes , ainsi que la manière dont les viscères y baignent (3). Enfin, on doit aussi à M. Franz Leydig un travail approfondi sur l'ap- pareil circulatoire de la Paludine vivipare , et la figure sché- matique qu'il en a donnée montre mieux peut-être que toute autre l'ensemble de vaisseaux et de lacunes à l'aide desquels l'irrigation physiologique s'effectue chez les Gastéropodes (4). (1) Les recherches de M. Midden- dorff sur les Oscabrions (a) sont éga- lement confirmatives des résultats que j'avais publiés quelques années aupa- ravant sur l'état lacunaire d'une por- tion plus ou moins considérable du système veineux chez tous ces Ani- maux. Il a trouvé que le grand sinus artériel de la tête communique non- seulement avec l'artère gastrique et les canaux latéraux du pied, mais débouche aussi directement dans deux grands canaux veineux situés parallè- lement aux précédents, à la base des branchies, et fournissant le sang à ces organes. De grandes lacunes veineuses s'élèvent aussi en forme d'arcs trans- versaux des sinus latéraux sur la ré- gion dorsale du corps , et dans toutes ces cavités les parois paraissent être formées, non par une membrane con- tinue et distincte des parties voisines, mais par celles-ci et le tissu connectif qui les revêt. Le sang, après avoir tra- versé les blanchies qui occupent les deux côtés du corps , passe dans un canal branchio- cardiaque, puis dans les oreillettes , et chacun de ces or- ganes , comme nous l'avons déjà dit, le verse dans le ventricule unique par deux orifices, l'un antérieur et l'autre postérieur. (2) Siebold et Stannius, Nouveau Manuel d'anat. comp. , t. I, p. 325 et 326. (3) Moquin-Tandon, Observ. sur le sang des Planorbes (Ann. des sciences nat., 1851, 3e série, t. XV, p. U9). {Il) Leydig, Ueber Paludina vivi- para, ein Beitrag zur nahern Kennt- niss dièses Thieres in embnjologis- cher , anatomischer and histologis- cher Beziehung ( Zeitschr. fur wis- sensch. Zoologie, 1850, Bd. II, p. 169, pi. 13, fig. 69). J'ajouterai que , d'après les figures et la description un peu vague que M. Délie Chiaje a données de l'appareil circulatoire du G aster opter on Mec- kelii, il est probable que les canaux (a) Middendorff , Op. cit. (Mm. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 6e série, Sciences naturelles, t. VI, p. 133, pi. 8,%. 5, etc.). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 155 § 15. — Cet état lacunaire du système veineux, et Hmper- c™ication fection que nous avons rencontrée parfois dans la portion ter- systèmevemeux minale du système artériel, ne sont pas les seuls indices de l'extérieur. dégradation qui se remarquent dans l'appareil circulatoire des Gastéropodes; d'après des observations qui deviennent chaque jour plus nombreuses , il n'est guère permis de douter de l'existence de communications directes entre les réservoirs san- guins et l'extérieur chez plusieurs de ces Mollusques, commu- nications à l'aide desquelles une certaine quantité d'eau pour- rait pénétrer directement dans ces cavités et s'y mêler au Huide nourricier, ou bien une portion de celui-ci s'échapper de l'organisme quand l'Animal éprouve le besoin de diminuer considérablement le volume total de son corps, Des phéno- mènes de cet ordre ont été vus chez des Gastéropodes dont les tissus sont assez transparents pour permettre à l'observateur de suivre de l'œil tous les mouvements du sang dans l'intérieur de l'organisme, et la communication du système irrigatoire avec l'extérieur a été constatée expérimentalement chez d'au- tres espèces dont les téguments opaques s'opposent au genre d'exploration dont je viens de parler. Ainsi MM. H. Millier et Gegenbaur ont trouvé chez les Phyllirhoés, Mollusques pélagiques de l'ordre des Hétéropodes, dont les tissus sont d'une grande transparence et dont l'organi- sation est très simple, un vaste sac membraneux et contractile qui paraît être l'analogue du corps de Bojanus, ou appareil urinaire dont il a été déjà question chez les Lamellibranches , et qui communique, d'une part, avec l'extérieur, à l'aide d'un veineux du pied de ce Mollusque sont des figures de ces canaux, mais sans pour la plupart de simples lacunes préciser davantage le trajet suivi par et débouchent dans la cavité abdo- le sang (b). minale (a). Souleyet a donné aussi (a) Délie Chiaje, Bescriz. et nolom. degli Anhn. invertebr., t. 11, p. 87, pi. 55, 0e, 4. (6) Souleyet, Voyage de la Bonite, Zool., t. 11, p. 46:>, pi. 26, %. 13. 156 CIRCULATION DU SANG orifice contractile, et, d'autre part, avec la chambre péricar- dique : or, ils ont reconnu que cette dernière cavité fait partie du grand système de réservoirs veineux (1). M. R. Leuckart a aperçu une disposition analogue chez les Firoles , où un sac contractile, situé tout à côté du cœur, com- munique avec l'extérieur par un grand orifice cilié , et exécute (1) Ce sac bojanien, que MM. Quoy et Gaimard avaient considéré comme élant probablement un utérus (a), et que Souleyet a décrit sommairement comme étant un sinus veineux dorsal analogue au sinus branchio-cardiaque des Éolidiens (6), débouche au dehors par un orifice garni de cils vibratiles entouré de fibres musculaires annu- laires et situé sur le côté du corps, à quelque distance de l'anus. Antérieu- rement il se termine par un col étroit qui est également pourvu tant de fibres musculaires constricteurs que de cils vibratiles, et qui débouche à la partie postérieure du sac péricar- dique. Cette disposition, signalée par M. R. Leuckart (c), a été étudiée avec beaucoup de soin par MM. H. Millier et Gegenbaur. Ce grand réservoir a des mouvements pulsatiles qui ne correspondent pas à ceux du cœur, et il est rempli d'un liquide aqueux dans lequel on n'aperçoit pas de corpuscules organiques semblables aux globules du sang. Le sac péricardique , dans lequel il débouche, est au contraire occupé par du sang, et communique sur divers points avec la cavité géné- rale du corps, laquelle est aussi un sinus veineux. Le cœur baigne donc dans le sang (ainsi que cela se voit aussi chez les Crustacés ) , mais il n'existe aucune communication directe entre son intérieur et celle du sinus péricardique , de sorte que l'eau qui arrive directement du dehors dans le sac bojanien, et qui passe de cet or- gane dans le péricarde, où elle se mêle avec le sang, ne pénètre pas immé- diatement dans le système artériel , et ne peut que se répandre dans les lacunes veineuses voisines ou dans le grand réservoir formé par la cavité générale du corps. MM. Gegenbaur et II. Millier considèrent ce sac comme étant un organe excrétoire compa- rable à l'appareil urinaire des autres Mollusques , mais servant aussi à in- troduire de l'eau du dehors dans les cavités veineuses (d). J'ajouterai que ces naturalistes n'ont aperçu aucune trace de vaisseaux pro- prement dits pour effectuer le retour du sang distribué au loin dans l'éco- nomie par les artères qui partent du ventricule du cœur, et qui paraissent être disposées à peu près comme chez les Firoles. [ (a) Quoy et Gaimard, Voyage de l'Astrolabe, Zool., 1830, t. II, p. 405, pi. 28, iig. 10. (b) Souleyet, Voyage de la Bonite, Zool., t. II, p. 403, pi. 24, fig. 3. (c) R. Leuckart, Nachtrdgliche Bemerkungen ûber den Bau von Phyllirhoe (Archiv fur Natur- geschichte, 1853, t. I, p. 250). (d) H. Millier et Gegenbaur, Ueber Phyllirhoe bucephalura (Zeitschrift fur wissenschaftliche Zoologie, 1854, t. V, p. 364 et suiv., pi. 19, fig. 1 et 5). CHEZ LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 157 souvent des mouvements de diastole et de systole, niais qui d'ordinaire, tout en recevant de l'eau à chaque dilatation , n'en expulse pas au dehors au moment de sa contraction. M. Leuc- kart pense que ce sac est, de même que le réservoir bojanien desPhyllirhoés, un organe bojanien dont la cavité communique avec la poche péricardique et verse de l'eau dans les sinus Vei- neux avec lesquels cette cavité communique (1). Un mode d'organisation qui se rapproche beaucoup de ce que nous venons de voir chez ces divers Hétéropodes, a été découvert chez un Gastéropode ordinaire par M.' Leydig. Cet anatomiste a trouvé que le sac bojanien qui est logé sous la voûte de la chambre respiratoire, et qui y débouche par un orifice particulier, est aussi en connexion avec les cavités vei- neuses voisines du cœur (2). Enfin , dans cette classe , de même que dans celle des Mol- lusques Acéphales, des communications entre le système irriga- (1) Le sac bojanien des Firoles est sphincters. Cet anatomiste a reconnu situé entre le rectum et le cœur ; il se des globules du sang dans le liquide contracte et se dilate alternativement, aqueux dont le réservoir en question et se remplit à chaque instant d'eau est rempli, et il a vu que les injections qui y pénètre par un orifice placé du à la gélatine y arrivent très facilement côté droit du corps , et il baigne dans du système des cavités veineuses ; le sang veineux (a). M. Leuckart enfin il a vu aussi les vaisseaux san- pense que ce réservoir contractile guins voisins se vider brusquement communique intérieurement avec le quand on vient à ouvrir ce réser- cœur , dont l'oreillette a des parois voir (c). trouées (b). Il est aussi à noter qu'en injectant (2) Je reviendrai ailleurs sur cet le système veineux lacunaire des Do- appareil rénal , et je me bornerai à ris , j'ai souvent vu le liquide coloré ajouter ici que, d'après M. Leydig, il sortir par le pore rénal; mais je y aurait au fond du sac bojanien plu- m'expliquais ce fait en supposant que sieuis orifices donnant dans la cham- quelque rupture s'était produite dans bre péricardique et garnis de fibres les parois des canaux veineux de la musculaires disposées en forme de glande urinaire. (a) Huxley, Op. cit. (Philos. Trans., 1853, p. 33, pi. 2, ûg. 2, 3 c;. (b) Louckart, Beitr. zur Naturgesch. de)' Cephalophoren (Zool. Untersuchujigen, t. III, p. 57), (c) Leydig, Ueber Paludina vivipara (Zeitschi'. fur wissensckaftl- Zool., 1850, t. II, p . 176). 158 CIRCULATION DU SANG toire et l'extérieur paraissent pouvoir s'établir quelquefois par d'autres voies. Ainsi M. Agassiz a reconnu que le pore situé vers le milieu du pied, chez les Gastéropodes du genre Pyrule, est l'orifice d'un canal rameux en continuité avec le système veineux général (1). îl paraîtrait donc que chez divers Gastéropodes, de même que chez certains Mollusques Acéphales et beaucoup de Zoophyles, l'appareil irrigatoire n'est pas complètement fermé et peut communiquer plus ou moins directement avec l'exté- rieur, disposition dont l'existence a été annoncée il y a une douzaine d'années par un naturaliste très habile de la Belgique, M. Van Beneden, mais n'avait pas été suffisamment prouvée par cet auteur (2). Le nom de système aquifère , que M. Délie Chiaje a donné à une portion du système veineux, se trouve donc justifié jusqu'à un certain point ; mais, dans l'état actuel de la science, je ne vois aucune raison pour admettre avec ce naturaliste distingué qu'il y ait chez les Mollusques un système particulier de tubes destiné à contenir l'eau absorbée ainsi du dehors (3). (1) Cet orifice pédieux est assez de M. Délie Chiaje » , et que l'eau grand pour recevoir un tuyau de peut pénétrer dans les réservoirs vei- plume , et les ramifications du canal neux (notamment la grande cavité qui en part se terminent librement péri-intestinale) par des orifices di- dans la cavité abdominale. M. Agassiz rects situés clans diverses parties du s'est assuré qu'une injection colorée corps , par exemple dans l'organe de introduite par cette voie pénètre très Bojanus. Ces vues, présentées sous facilement dans les autres parties du forme de propositions, n'ont pas été système veineux (a). développées par cet auteur (6). (2) M. Van Beneden a été conduit à (3) Il règne dans les écrits des natu- penser qu'il y avait cliez divers Mol- ralistes une grande confusion au sujet lusques « une véritable fusion du sys- de ce que M. Délie Chiaje nomme tème veineux avec le système aquifère l'appareil aquifère ou hydropneuma- (a) Agassiz, Ueber dus Wassergefâss-System der Mollusken (Zeilschrift fur whsenschafll. Zoo ■ loyie, 1856, t. VII, p. 176). (b) Van Beneden, Sur la circulation dans les Animaux inférieurs (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XX, p. 517). Classe des CHEZ LES MOLLUSQUES PTÉROPODES. 159 § 16. — Nous ne savons que peu de chose au sujet de la circulation du sang chez les Ptéropodes. On a trouvé chez tous ptérop'odes ces petits Mollusques Pélagiens un cœur composé d'un ventri- cule et d'une oreillette situés un peu sur le côté, vers la partie tique des Mollusques; et, pour pou- voir discuter utilement la question de l'existence ou de l'absence de commu- nications directes entre le système sanguin et l'extérieur , il est néces- saire d'en dire quelques mots. Vers 1825, M. Délie Chiaje annonça l'existence d'un système de canaux aquifères dans le corps de quelques .Mollusques Gastéropodes, et notam- ment du grand Triton de la Méditer- ranée , et quelques années après il publia un Mémoire spécial sur cet appareil chez les Annélides et les Zoophytes, aussi bien que chez les Mollusques; puis il revint sur le même sujet, d'abord dans son Manuel d'anatomie comparée, et ensuite dans son grand ouvrage Sur les Animaux sans vertèbres de Naples , où il mo- difie en partie ses premières vues (a). Ce qu'il appela le système aquifère du Triton et des autres Gastéropodes consiste en deux choses : 1° des ca- naux qui sont creusés dans la masse charnue du pied et qui communiquent avec la cavité abdominale (6) ; 2° en une cavité qui débouche au dehors par un orifice situé sous l'intestin rectum, et qu'il supposait conduire également dans la cavité abdominale. Mais les canaux du pied ne sont autre chose qu'une portion du système vei- neux , et l'orifice extérieur dont il vient d'être question en dernier lieu est celui du sac membraneux qui renferme les organes urinaires ou analogues du corps de Bojanus. Or, chez le Triton, je crois pouvoir affir- mer que ce sac ne débouche point dans la cavité abdominale et se trouve fermé au bout, absolument comme la poche que Cuvier a appelée le sac de la viscosité chez le Colimaçon. Là, par conséquent, il n'existe pas de système hydropneumatique; mais nous venons de voir que chez les Firoles, les Phyllirhoés, et peut-être aussi chez les Limnées , des dépen- dances de ce réservoir rénal ou sac bojanien paraissent communiquer avec le système veineux, de façon à consti- tuer la portion vestibulaire d'un ap- pareil hydraulique dont la portion pro- fonde serait représentée par le système irrigatoire sanguifère. L'appareil aquifère ou respiratoire interne de l'Aplysie , que M. Délie Chiaje signale dans son premier Mé- moire , et qu'il décrit avec plus de détails dans son dernier ouvrage , n'est autre chose que la cavité abdo- minale et la portion périphérique du système veineux lacunaire de ces Mol- (a) Dcllc Chiaje, Su di un nuovo apparato di canaliper la circolazione dell'aque nelle interne vie del corpo dei Molluschi Gasteropodl Testacei (Giorn. medico Nap., 1825). ■ — Memorie sulla stona e notomia degli Anim. sema vertebr. del regno diNapoli, t, II, p. 259 <ît suiv., 1825 (ou plutôt 1828). — Inslituzioni di anatomia e physiologia comparativa, 1832, t. I, p. 278. [b) Iielle Chiaje, Memorie, t. II, p. 260. 160 CIRCULATION DU SANG postérieure du dos , donnant naissance par sa partie anté- rieure à une artère aorte, et recevant le sang des organes res- piratoires par un vaisseau branchio-cardiaque bien constitué. Enfin, d'après quelques expériences faites sur des Pneumo- dermes conservés dans l'alcool , il paraîtrait qu'ici, de même que dans les autres classes de Mollusques dont j'ai déjà parlé, la cavité abdominale fait partie du système veineux et commu nique librement avec les canaux afférents des brancbies (1). La lasques. En 1835 , M. Van Beneden avait annoncé qu'il croyait avoir re- connu une véritable fusion du sys- tème veineux de l'Aplysie avec le sys- tème aquiière de M. Délie Chiaje (a). Mais ce dernier anatomiste n'adopta pas celte opinion ; il décrit toujours la cavité abdominale de ces Animaux comme appartenant à leur système aquifère, et, quant au mode de circu- lation du sang chez les Mollusques , il déclare formellement ne pouvoir se l'expliquer : « La circolazione venosa » délie Aplisie , dit-il , e stata (inora » un problema ed ancora per me » d'impossibile soluzione (b). » Or, j'ai fait voir ci-dessus que la chambre viscérale de ces Gastéropodes fait par- lie intégrante du système veineux (c) , et, quant aux communications directes de ce système avec l'extérieur, je n'en vois aucune trace. Le système aquifère que M. Délie Chiaje décrit sur les Téthys (d) , et qu'il considère comme distinct du système circulatoire , n'est aussi qu'une portion du réseau lacunaire veineux (e). Enfin, les parties que ce naturaliste considérait comme représentant son système aquifère chez les Acéphales, sont, d'une part, les lacunes vei- neuses du pied chez les Lamelli- branches, et, d'autre part, la cavité pharyngienne et le cloaque chez les Salpa (f). Quant aux divers organes que M. Délie Chiaje désigne sous le nom d'appareil aquifère , chez les Cépha- lopodes, nous y reviendrons à la fin de cette Leçon. (1) Lorsque M. Valenciennes et moi avons annoncé ce résultat, nous n'a- vions pu étudier l'appareil circulatoire des Ptéropodes que sur quelques indi- vidus conservés dans l'alcool (g) ; mais, plus récemment, M. Uuxley a eu l'occasion d'observer plusieurs de (n) Van Beneden, Résultats d'un voyage fait sur les bords de la Méditerranée (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1835, t. I, p. -230). (b) Délie Chiaje, Descrizione e notomia degli Animali invertebr. délia Sicilia citeriore, t. II, p. 71 . (c) Voyez ci-dessus, page 126. {d) Délie Chiaje, Op. cit., t. II, p. 36. (e) Milne Edwards, De l'appareil circulatoire de la Téthys (Voyage en Sicile, t. I , p. 1 40 et sniv ). (f) Délie Chiaje, Memorie sugli Animali s enza vertèbre, t. II, p. 269. (y) Milne Edwards et Valenciennes , Nouvelles observations sur la constitution de l'appareil circulatoire chez les Mollusques (loc. cit.). CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 161 constitution de l'appareil circulatoire des Ptéropodes semble donc être la même que chez les Gastéropodes (1). C'est chez les Hyales que la disposition des gros troncs artériels a été le mieux observée (2). § 17. — Dans la classe des Céphalopodes, l'appareil de la circulation offre , en général , un nouveau degré de perfection- nement. Chez tous les Mollusques dont il a été question jus- qu'ici , le sang mis en mouvement par les contractions du cœur Classe des Céphalopodes. ces Mollusques à l'état vivant , et il n'a pu apercevoir aucune trace de veines proprement dites (a). (1) Souleyet pense que chez les Cléodores , les Cuviériës et les Spi- nales, l'oreillette communique avec une poche pyriforme qui adhère au manteau et qui serait une espèce de diverticulum destiné à recevoir le sang pendant que le premier de ces organes est en repos (b) ; mais je crois qu'il doit y avoir là quelque erreur d'observation , et que la poche en question ne communique qu'avec le péricarde, comme cela se vo.it pour la poche de Bojanus chez les Lamelli- branches et la poche hyaline des Hété- ropodes, et le sac pulsatile des Doris, mentionné ci-dessus (page 156). En efièt, ce réservoir ne me paraît pas devoir être autre chose que la poche diaphane observée par M. Huxley, la- quelle débouche dans la cavité du manteau par un petit orifice (c), et communique en général , d'autre part , avec la cavité du péricarde. M. Gegenbaur a trouvé que chez tous les Ptéropodes, excepté les Pneumo- dermes , la disposition de cet organe est essentiellement la même que chez les Hétéropodes (d). (2) Cuvier a constaté l'existence d'un cœur chez VHyale, à droite, vers le tiers postérieur de l'abdomen (e). M. Van Beneden a vu que cet organe se compose, comme d'ordinaire, d'une oreillette et d'un ventricule; il a ajouté aussi quelques détails sur la direction de l'aorte et des vaisseaux branchio- cardiaques (f). Enfin Souleyet a donné de cet appareil une figure meilleure que celles publiées par les deux ana- tomistes que je viens de citer [g). Dans le Clio, le cœur est placé à peu près de même et donne naissance à une aorte que Cuvier a décrite sous le nom de veine branchiale (h). Il est aussi à noter que le réseau vasculaire (a) Huxley, Op. cit. (Philos. Trans., 1853, p. 42). (b) Souleyet, Voyage de la Bonite (Hist. nat., t. II, p. 62). (c) Huxley, Op. cit. (Philos. Trans., 1853, p. 42). (d) Gegenbaur, Kolliker et H. Millier, Bericht ûber einige im Herbste 1 852 in Messina angestellte vergleichend-anatomische Untersuchungen (Zeilschr. furwissensch. Zool., 1853, t. IV, p. 309). (e) Cuvier, Mém. concernant l'anatomie de l'Hyale, p. 5 (Mém. sur les Mollusques, et Ann. dit Muséum, 1-804, t. IV). (f) Van Beneden, Mém. sur l'anatomie des genres Hyale, Êliodore. et Cuviérie (Exercices zootomiques, p. 43, pi. 3, fig. 1 , et Mém. de l'Acad. de Bruxelles, t. Xlt). (g) Souleyet, Op. cit., t. II, p. 120, Atlas, Mollusques, pi. 9, fig. 3 et 4. (h) Cuvier, Mém, sur le Clio borealis, p. 8 (Mém. sur les Mollusques, et Annales du Muséum 1802, I. I). III. 11 162 CIRCULATION DU SANG est envoyé dans toutes les parties du corps. Ce cœur est donc, pour me servir du terme communément employé par les phy- siologistes, un cœur artériel , et le passage du fluide nourricier dans l'appareil branchial n'est assuré que par un effet indirect ou secondaire de cet agent. Mais, chez la plupart des Cépha- lopodes, il n'en est plus de même : la division du travail s'établit entre la portion nourricière et la portion respiratoire de l'appa- reil de la circulation ; le sang est toujours mis en mouvement dans les canaux irrigatoires de l'ensemble de l'économie par le cœur artériel ; mais un autre organe d'impulsion vient accélérer et régulariser sa marche à travers chacune des branchies. 11 y a donc là des cœurs branchiaux aussi bien qu'un cœur aortique. Mais cette complication nouvelle de l'organisme n'existe que chez les Céphalopodes dibranchiaux qui , du reste , sont les principaux représentants de ce type ivlalacologiquc , et chez les Nautiles il n'y a , de même que chez les Gastéropodes , qu'un cœur aortique. Il est essentiel de noter aussi que, dans la classe des Cépha- lopodes, le système veineux est constitué d'une manière beau- coup plus parfaite que chez les autres Mollusques ; une portion de ce système est toujours formée par des méats interorga- niques, mais dans la plus grande partie de son étendue il revêt la forme de tubes membraneux à parois indépendantes des que cet anatomiste avait cru aper- avait cru apercevoir un renflement cevoir dans les nageoires de ce Mol- en forme de bulbe sur le trajet de lusque ne consiste, comme l'a constaté l'aorte (6); mais, d'après les obser- M. Eschricht, qu'en une réunion de valions deSouleyet, cette disposition faisceaux musculaires (a). Les véri- n'existerait pas (c). Chez les Cléodores, tables vaisseaux branchio-cardiaques le ventricule du cœur est situé devant sont situés , comme d'ordinaire, der- l'oreillette (d). rière l'oreillette. M. Van Beneden (a) Eschricht, Analomische Unlersuchungen iiber die Clione borealis. In-4, Copenh., 4 838 . (6) Van Beneden, Rech. ahat. sur le Pneumoderme violacé (Exercices zootomiques, p. 49, ci Mém. de l'Acad. de Bruxelles, l. XI). (c) Sonleyet, Voyage de la Bonite(Hist. Mai., t. II, p. 264). (d) Huxley, Morphol. of Cephalous Mollusca (Philos. Trans., IRTi.0., p. 42). CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPOPES. 1C3 parties voisines , et se compose par conséquent de vaisseaux proprement dits. Le cœur artériel, que l'on peut toujours considérer comme le cœur artériel, centre de l'appareil irrigatoire, est situé dans une poche mem- braneuse (t) sur la ligne médiane, et occupe la face inférieure de la région abdominale du corps. En se rappelant la position de cet organe chez les Lamellibranches , on pourrait donc croire au premier abord qu'ici ses connexions anatomiques ne sont plus les mêmes que chez ces Mollusques inférieurs; mais les différences sont plutôt apparentes que réelles et dé- pendent seulement de la manière dont le corps est recourbé. Nous avons déjà vu que pour ramener le plan organique des Gastéropodes à celui de ces Lamellibranches, il fallait supposer le corps de ceux-ci recourbé obliquement en dessus, de façon à placer le rectum et l'anus au-dessus du dos (2). Chez les - Céphalopodes, c'est le contraire : la courbure s'est effectuée du côté vertical, et c'est à la face inférieure de l'abdomen que le canal intestinal vient aboutir. Or, le cœur semble avoir suivi le mouvement opéré par le rectum, et par suite de ce déplace- ment, sans changer ses rapports avec cet organe, être venu se (1) Le péricarde des Céphalopodes est vrai, n'avait trouvé aucune sépa- est intimement uni aux lames mem- ration entre eux, chez le Nautile (a); braneuses qui constituent le péritoine mais les recherches plus récentes de et qui forment les deux grandes poches M. Valenciennes montrent que la urinaires que Cuvier désignait sous le chamhre péricardique est complète- nom de sacs veineux, parce que les ment fermée (6) et ne se continue corps spongieux des troncs veineux y pas dans le siphon qui traverse les sont logés. Il ne paraît pas y avoir, diverses chambres dont la coquille de comme chez quelques Lamellibran- ce Céphalopode est pourvue, ainsi que ches et plusieurs Gastéropodes, des l'avait supposé Buckland (c). communications entre ces sacs et la (2) Voyez tome II, page 80. cavité du péricarde. M. Owen , il (a) Owen, Mem. on the Pearly Nautilus, p. 32. (6) Valenciennes, Nouvelles recherches sur le Nautile flambé (Archives du Muséum, t. II, p. 283 et 301). (c) Bucktaml, Geology and MinerdloQV considérai with Refermée io Kalwal Thêèlogy vol. 1, p. 317. lf)& CIRCULATION Dl SANG loger au-dessous de sa portion terminale, à la face inférieure de l'abdomen. § 18. — Le ventricule forme, comme d'ordinaire, la partie principale du cœur: mais c'est à tort que beaucoup d'auteurs le considèrent comme étant privé d'oreillettes. Si l'on dissèque seulement des Animaux conservés dans l'alcool, on n'aperçoit, il est vrai, aucune trace de ces derniers organes, et le ventri- cule parait ne recevoir le sang que par une ou deux paires de grosses veines branchiales ; mais si l'on étudie l'organisation de ces Mollusques sur des individus vivants, sur une Seiche, par exemple., il est facile de voir que ces canaux, dans leur état normal, se dilatent en manière de réservoirs, et que leurs parois, garnies de fibres musculaires, se contractent fréquemment pour envoyer le sang dans le ventricule. Ce sont, par conséquent, des oreillettes ; mais , en général, ils sont peu développés et affectent la forme de gros vaisseaux. Chez le Nautile, où ces canaux sont au nombre de quatre, ils ne paraissent pas suscep- tibles d'une grande dilatation. Chez les Céphalopodes dibran- chiaux, ils ne sont qu'au nombre de deux et sont souvent très renflés, ce qui les rend fusiformes (1). Quoi qu'il en soit, ils (1) Chez la Seiche , ces sinus vesti- Dans le Poulpe, ces réservoirs sont bulaires, ou oreillettes, sont très déve- fusiformes et assez vastes (e). loppés , et ont été désignés sous ce Dans l'Argonaute , ils ont la même dernier nom par Swammerclam (a-), forme que chez le Poulpe (/"). Hunter (6) et plusieurs autres natu- Enfin, chez les Calmars, ils sont tout ralisles (c) ; mais Cuvier les appelle àfaittubulaires; mais on y voit, chez les veines pulmonaires (d). très jeunesindividus, despulsations(#). (a) Swammerdam, Iliblia Naturœ, 1738, t. II, p. 892, pi. 52, %. 1. (6) Hunter, in The Descript. and Illustrated Catalogue of the Physiol. Séries of Camp. Anat. contained in the Muséum of the Collège of Surgeons, vol. II, p. 143, pi. 21. (c) Délie Chiaje, Descriz. e notom. degli Anim. invertebr., t. I, pi. 42. — Mayer, Analecten fur vergleichende Anatomie, 1835, pi. 5, fig, 1. (d) Cirvier, Sur les Céphalopodes, et leur anatomie, p. 45 (Mém. sur les Molhisques). (e) Monro, Anatomy of Fishes, 1785, pi. 42. — Dolle Cliioje, loc. cit. — Milne Edwards, Voyage en Sicile, pi. 11. (/") Poli, Testacea utriusque Sicilien, 182G, t. III, p. 21, pi. 43, fig-, 4. (g) Idem, Op. cit., pi. 18, p. 135. CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 165 se dirigent transversalement de la base des branchies vers le ventricule , sur les côtés duquel ils débouchent. Les orifices auriculo-ventriculaires sont toujours garnis de replis valvulaires qui empêchent le retour du sang vers les branchies, et des soupapes de même nature sont placées à l'origine des grosses artères qui partent du ventricule. Ce dernier organe est très développé et varie un peu dans sa forme ; mais il ressemble au cœur des Lamellibranches plus qu'à celui des Gastéropodes, et, de même que chez les premiers, il donne naissance à deux artères principales : une aorte antérieure et une aorte postérieure. En général, ses fibres musculaires se prolongent un peu sur la base légèrement renflée de ces vaisseaux, qui se trouvent ainsi pour- vus d'un bulbe contractile (1). (1) Chez les Calmars, le ventricule artériel est un peu fusiforme et dis- posé d'une manière presque symé- trique , suivant la ligne médiane du corps. De chaque côté , il reçoit un des troncs auriculaires , et , par ses deux extrémités antérieure et posté- rieure, il donne naissance aux deux aortes : à l'aorte antérieure par devant, et à l'aorte postérieure par derrière (a). Mais, chez d'autres Céphalopodes, sa conformation devient très irrégulière, et les particularités que l'on y remar- que semblent dépendre principale- ment d'un mouvement de torsion par suite duquel cet organe s'est placé obliquement en travers, de telle sorte que l'aorte postérieure naît du bord antérieur du cœur entre l'insertion des deux troncs auriculaires, et l'aorte antérieure se trouve rejetée tout à fait de côté. Ici le tronc auriculaire gau- che, l'aorte postérieure, le tronc auri- culaire droit, puis l'aorte antérieure, naissent donc à peu près sur la même ligne transversale , et le ventricule s'élargit en dessous en forme de panse (6). Dans la Seiche, on remarque aussi une courbure très forte du ventricule, qui prend presque la forme d'une cornemuse ; mais il n'y a pas de tor- sion, comme chez le Poulpe, et l'aorte postérieure naît, comme chez le Cal- mar, du bord postérieur de cet or- gane , ainsi que cela se voit très bien dans la figure dessinée par Hunier et publiée dans le Catalogue descriptif du Musée du Collège des chirur- giens de Londres (c) , après avoir été insérée par E. Home dans un de ses Mémoires {d). (a) Voyez Treviranus, Beobacht. ans der Zootomie und Physiol., -1839, t. I, pi. 8, lig. 52. — Voyez aussi la planche 19 de mon Voyage en Sicile, t. 1. (b) Voyez le même ouvrage, pi. 11, ou l'Atlas du Règne animal, Mollusques, pi. 1 c. (c) Hunter, in The Descriptive and Illustrated Catalogue of the Physiological Séries of Cpmp. Anat. contained in the Muséum of the R. Collège of Surgeons in London, 1834, vol. II, pi. 22. (d) Home, An Account of the Circul. in Vernies (Phil. Trans., 1817, pi. 1 et 2, et Lectures on Comp. Anat., t. IV, pi. 44 et 45). 16G CIRCULATION Uli SANG Ancres. § 19. — L'aorte antérieure, qui est la principale artère du corps , fournit une paire d'artères palléales , puis plonge dans la cavité abdominale à côté de l'estomac , longe ensuite l'œso- phage, donne des ramuscules à ces organes, ainsi qu'au foie et à l'entonnoir, pénètre dans la tête, et se bifurque pour se terminer par autant de branches qu'il y a de bras ou tentacules insérés autour de la bouche. L'aorte postérieure, qui est très développée chez le Calmar, fournit des rameaux à l'intestin et à la partie postérieure du manteau ; chez le Poulpe, elle est au contraire très grêle , et il existe à la partie postérieure du cœur un troisième tronc ou aorte accessoire qui se rend direc- tement aux glandes reproductrices. vaisseaux § 20. — Les canaux ou sinus auriculaires se continuent branchio-car- , . , -, , , -, i • 1 • • 1 diaques. latéralement avec la veine branchiale , gros vaisseau qui longe le bord inférieur et libre de la branchie dans toute son étendue, et reçoit de chaque côté les branches efférentes fournies par les nombreuses rangées de touffes vasculaires dont cet organe se compose. Dans le Nautile, le ventricule esta fices auriculo-ventriculaires sont for- peu près quadrilatère et disposé sy- mées de deux replis semi-lunaires qui métriquement , les deux paires de se renflent et se rapprochent quand troncs auriculaires ou branchio-car- le fluide circulatoire les pousse de diaques y débouchant latéralement ; dedans en dehors , mais se rabattent mais le renversement est d'ailleurs quand le courant tend à s'établir des complet, car c'est de son bord pos- branchies vers le cœur. Dans le Poulpe, térieur que naît l'aorte antérieure, et deux valvules sigmoïdes semblables l'aorte postérieure, ou petite aorte, aux précédentes garnissent l'entrée part de son bord antérieur, comme on de la grande aorte (b) ; mais, chez les peut s'en assurer par l'inspection des Calmars et les Onycoteuthes , on n'y belles planches anatomiques publiées trouve qu'une valvule unique. La par M. Owen (a). même disposition existe à l'orifice de Les valvules qui garnissent les ori- l'autre tronc aortique (c). (a) Owen, Memoir on the Pearly Nautilus. In-4, i 832, pL 5 et G (et aussi dans les Annales des sciences nat., 1833, t. XXVHI, pi. 3, fig-. 1 et 2). (6) Cuvier, Mém. sur les Céphalopodes, et leur anatomie, p. 22, pi. 3, fig-. 4 (Mêm. sur les ', Mollusques). (c) Owen, Cephalopoda (Todd's Cyclop. of Anal, and Physiol., vol. I, p. 542, fig-. 227). CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 167 § 21. — La disposition du système veineux des Céphalo- système * veineux. podes offre moins d'uniformité. Chez le Poulpe (1), il existe à la face externe de chaque bras p«»ipe. deux grosses veines sous-cutanées qui sont des tubes mem- braneux pourvus de tuniques parfaitement distinctes des tissus d'alentour. Ces vaisseaux , après avoir reçu beaucoup de bran- ches sous-cutanées et s'être anastomosés entre eux à l'aide de canaux transversaux, se réunissent deux à deux à la base des espaces inter-tentaculaires, et les huit troncs ainsi formés s'ana- stomosent à leur tour pour constituer de chaque coté de la tête une veine faciale , laquelle se joint à sa congénère pour don- ner naissance à un gros tronc médian. La veine céphalique impaire ainsi formée passe au-dessus de l'entonnoir, dont elle reçoit des rameaux, et longe la paroi inférieure de l'abdomen jusque dans le voisinage du cœur aortique, où, après avoir reçu une paire de gros vaisseaux sur la disposition desquels je revien- drai bientôt, elle se divise en deux branches, appelées ajuste titre veines caves, qui se recourbent en dehors pour aller gagner la base des branchies et y déboucher dans les cœurs branchiaux. De grosses veines venant des glandes génitales et du manteau se rendent au même point, de sorte que tout le système cutané se trouve abondamment pourvu de veines proprement dites (2). Mais le sang veineux des parties profondes des bras, de la tête et de toute la portion antérieure de l'abdomen, suit une autre route. Il arrive par les méals intermusculaires dans un grand sinus qui entoure la bouche, traverse la cavité céphalique et ses (1) Pour suivre avec facilité la des- postérieure de la veine céphalique ; cription du système veineux de ces que des veines propres aux parois du Animaux, il serait utile d'avoir sons cœur se rendent directement à la les yeux les sept planches qui le re- veine cave gauche , et que c'est dans présentent dans mon travail sur la les tubes péritonéaux que vont s'ou- circulation chez les Mollusques. vrir les veines génitales dont la por- (2) J'ajouterai qu'une grosse veine tion supérieure est renflée en forme hépatique débouche dans la partie de sinus. 168 CIRCULATION DU SANG dépendances, de manière à baigner la masse musculaire de la bouche , le cerveau et la plupart des autres parties de la tête ; puis, en passant, entre l'œsophage et les parois de la gaine péri- tonéalc qui entoure ce conduit, arrive dans une énorme poche qui n'est autre chose que la chambre viscérale limitée, comme chez les Animaux vertébrés , par une membrane séreuse ana- logue en tout au péritoine. Les glandes salivaires postérieures , le jabot , l'estomac proprement dit, le caecum pylorique, l'aorte antérieure , et d'autres parties encore, sont renfermées dans cette même cavité et y flottent dans le sang veineux ainsi emma- gasiné dans cette sorte de grande lacune périgastrique. Au delà du sac péritonéal que je viens de décrire, la tunique viscé- rale adhère aux parois de l'intestin, de façon à ne laisser aucun vide pour le passage du sang. Mais le fond de ce sac est ouvert de chaque côté , et verse son contenu dans deux gros tubes membraneux qui contournent la masse viscérale et vont débou- cher à l'extrémité postérieure de la grande veine céphalique. En effet, ces émonctoires abdominaux sont précisément les deux, grosses veines dont il a déjà été question comme venant s'anastomoser avec le tronc céphalique immédiatement au- dessus de l'origine des deux veines caves. Quelques anato- mistes, avant de connaître leur mode d'origine dans la chambre viscérale, les désignaient sous le nom de veines caves antérieures; mais, afin de rappeler leur caractère spécial, je préfère les appeler tubes péritonéaux (1). Ainsi, la totalité du sang veineux (1) Ainsi que je me suis toujours voir sanguin qui occupe toute la re- plu à le reconnaître , c'est à M. Délie gion dorsale du corps de ces Mol- Chiaje, le digne élève et successeur de lusques (a). Mais M. Délie Cliiaje Poli, qu'appartient le mérite d'avoir n'avait pas reconnu l'existence des constaté cette communication directe communications qui relient cette ca- entre les tubes péritonéaux, ou veines vite au système lacunaire de la tôle, caves antérieures, et le grand réser- et il la considérait comme étant seu- (a) Délie Clnajc, Descrh. e notom. degli Auimali inverlcbrali, vol. I, p. 47. CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 169 se trouve amenée, soit par le système des veines sous- cutanées et leurs dépendances , soit par le système lacunaire de la tête et la cavité abdominale, aux deux veines caves qui, à leur tour, versent ce liquide dans les cœurs branchiaux. Les deux veines caves et les deux tubes péritonéaux dont il vient d'être question présentent dans leur structure une parti- cularité fort remarquable. Ces gros vaisseaux sont garnis d'une multitude d'appendices qui ressemblent à des végétations et qui se laissent gonfler par le sang. Nous examinerons dans un autre moment quelles peuvent être les fonctions de ces singu- liers corps spongieux , et je me bornerai à ajouter ici qu'ils sont suspendus librement dans deux poches membraneuses situées sur les côtés du péricarde , et commençant au dehors par des ouvertures spéciales pratiquées à la voûte de la cavité respiratoire. Les deux cœurs veineux dans lesquels les veines caves vont cœurs veineux, déboucher sont situés à la base des branchies, et consistent chacun en un sac ovoïde simple, à parois charnues, et remar- quable par sa teinte brunâtre (1). L'entrée de ces réservoirs con- tractiles est garnie d'une valvule bilabiale qui s'oppose à la sortie du sang , et à l'extrémité opposée naît le vaisseau afférent de la branchie qui porte à bon droit le nom d'artère branchiale. Celle-ci monte le Ions- du bord externe et adhérent de la brail- lement un sinus veineux, tandis que un petit appendice en forme de poche ; j'ai fait ypk qu'elle n'est autre chose quelques anatomistes l'ont considéré que la chambre viscérale elle-même comme une oreillette (6), mais à tort, et qu'elle fait partie nécessaire du sys- car il ne constitue pas une pompe terne circulatoire (a). vestibulaire entre la veine cave et le (1) Chez la Seiche et chez le Cal- ventricule branchial. M. Owen pense mar, on remarque au bord inférieur que c'est le représentant de la seconde de chacun de ces cœurs branchiaux branchie des Nautiles (c). (a) Milne Edwards, Voyage en Sicile, t. I, p. 123. (b) Mayer, Analeclen fur vergleichende Anatomie, p. 61. (c) Descript. and Illuslr. Catalogtie of the Mus. of the Coll. ofSurg., vol. II, p. 144. — Owen, Mem. on the Pearly Nautilus, p. 31. 170 CIRCULATION DU SANG (.'hic, et se comporte de la même manière que le vaisseau affé- rent situé sur le bord opposé, c'est-à-dire donne naissance à une double série de branches destinées à se ramifier dans les feuillets vasculaires dont cet organe se compose et à s'y anasto- moser avec les ramuscules du vaisseau cfférent , de façon à Résumé, former avec ceux-ci un réseau capillaire continu. Le cercle circulatoire se trouve ainsi complété ; et en résumé nous voyons que le sang veineux, pressé par les contractions des cœurs branchiaux et ne pouvant rentrer dans les veines caves à raison du jeu des valvules dont l'entrée de ces cœurs est pourvu, monte par les artères branchiales dans l'appareil respiratoire , et y devient artériel , puis arrive dans les veines branchiales , qui, en se dilatant, constituent des sinus auriculaires et versent ce liquide dans le cœur aortique ; que ce second organe d'im- pulsion envoie le sang dans toutes les parties du corps par un système complet de vaisseaux artériels; enfin, que le sang, redevenu veineux en traversant les divers tissus de l'économie, est ensuite ramené vers les cœurs branchiaux par un système mixte de tubes membraneux ou veines proprement dites et de méats ou espaces interorganiques dont la cavité céphalique et la cavité péritonéale font partie. système veineux La disposition du système veineux est la même dans les îles calmars genres Élédone et Argonaute ; mais, chez les Calmars et les et tl6S SbicIigs. Seiches , on y remarque une modification! importante. La chambre viscérale s'oblitère dans toute la portion antérieure de l'abdomen aussi bien que dans les parties plus profondes du sac péritonéal , et il en résulte que l'espace libre dont le sang- veineux peut profiter pour revenir de l'extrémité antérieure de l'animal vers les cœurs branchiaux se trouve resserré dans la région céphalique. Dans toute la portion post-cervicale du corps, le système veineux se trouve donc constitué à l'aide de tubes membraneux à parois propres; mais, dans la tête, le système lacunaire existe toujours et prend même plus d'impor- CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 171 tance que chez les Poulpes , car c'est par son intermédiaire que- presque tout le sang des tentacules et des autres organes eépha- liques revient dans le tronc, et la grosse veine céphalique qui longe en dessous la paroi du ventre pour aller constituer les deux veines caves , au lieu de naître d'un système de veines sous -cutanées, sort directement de la cavité céphalique vers la base du cou. Cette disposition entraîne quelques autres modifica- tions dans le mode de distribution des veines viscérales , mais ces particularités n'ont pas assez d'importance pour que nous nous y arrêtions ici. Dans l'ordre des Céphalopodes tétrabranchiaux , dont nous système veineu , . du ne connaissons aujourd'hui qu'un seul représentant, le Nautile, Nautile, la disposition du système veineux parait se rapprocher beaucoup de ce qui existe chez le Calmar et la Seiche, sauf que les veines caves se divisent chacune en deux troncs pour se rendre direc- tement aux branchies correspondantes et y constituer les ana- logues des artères branchiales , puisque les cœurs veineux manquent chez ces Mollusques; mais il est à noter qu'ici, de même que chez les Seiches , il y a un appareil valvulaire placé à l'entrée du vaisseau afférent de chaque branchie, de façon à empêcher le reflux du sang. M. Owen et M. Yalenciennes, qui, l'un -et l'autre, se sont occupés de l'analomie des Nautiles , ont constaté aussi que la veine céphalique n'est pas complètement fermée dans sa portion sous-abdominale, mais que ses parois sont percées d'un nombre considérable de pertuis qui donnent directement dans la cavité abdominale située au-dessus et qui doivent laisser passer le sang (1). Ainsi , suivant toute probabilité, la chambre viscé- (1) M. Owen a décrit et figuré une constaté l'existence chez les Aply- quinzaine de ces orifices et les a corn- sies (a). M. Valenciennes en a compté parés aux pertuis dont Cuvier avait davantage , et a remarqué que la dis- fa) Owen, On the Pearly Nauïûus {Ann. des se. na'., t. XXVIII', pi. 3, fig-. 2). 172 CIRCULATION DU SANG raie fait partie du système veineux chez ce Mollusque aussi bien que chez les Céphalopodes dibranchiaux. Il est aussi à noter que les gros troncs veineux qui se rendent aux branchies sont garnis de corps spongieux comme chez les Céphalopodes dibranchiaux, et que ces organes sont logés dans des poches ouvertes extérieurement ; mais rieu ne nous auto- rise à penser que l'eau, en arrivant du dehors dans ces cavités, puisse trouver dans ces grappes vasculaires des orifices pour pénétrer directement dans le système circulatoire (1). Les position des fibres musculaires entre lesquelles ces trous sont pratiqués est telle, qu'en se contractant, celles-ci doivent pouvoir ouvrir ou fermer le passage entre la veine et la cavité abdominale (a). (t) Les corps spongieux qui gar- nissent les grosses veines chez tous les Céphalopodes varient un peu dans leur structure et leur disposition. Chez les Nautiles, leur mode d'or- ganisation paraît être assez simple. Ils adhèrent aux quatre vaisseaux que j'appelle les veines caves, mais que M. Owen nomme artères bran- chiales , et y forment des masses ovoïdes composées d'une multitude de follicules ou petits caecums membra- neux réunis en houppes et creusés de cavités qui débouchent dans la veine correspondante (6). M, Valen- ciennes distingue dans chacune de ces agglomérations glanduliformes deux portions , l'une frisée et d'un aspect plus spongieux , l'autre composée de follicules simples (c). C'est probable- ment à cause de ces différences, ob- servées d'abord sur les veines de la paire supérieure seulement , que M. Owen ne compte de chaque côté que- trois de ces corps glanduliformes, tandis que , d'après M. Valenciennes , il y en aurait quatre paires. Le corps spongieux de chacune des quatre veines en question se trouve logé dans un compartiment spécial de la poche membraneuse qui les renferme, et ces poches communiquent avec la cavité branchiale par un pore situé un peu en avant et en dedans de la base des branchies antérieures.- M. Owen avait pensé que ces poches étaient en continuité avec la chambre péricar- dique, mais M. Valenciennes a reconnu qu'elles en sont distinctes et complè- tement aveugles. Chez les Céphalopodes dibran- chiaux, cet appareil glanduliforme est plus développé et s'étend sur les veines abdominales ou tubes périto- néaux, ou même jusque sur les veines palléales postérieures. Chez les Loli- gopsis , il ne consiste cependant qu'en trois pairesdegrappes spongieuses bien (a) Valenciennes, Recherches sur le Nautile flambé (Archives du Muséum, t. 11, p. 287). (b) Owen, Mem. on the Pearly Nautilus, p. 32, pi. 6, fig. 1. (c) Valenciennes, Op. cit. (Arch. du Muséum, t. II, p. 286, pi. 10, fvg. 2), CHEZ LES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. lJo liquides étrangers à l'économie ne peuvent arriver dans le sang que par voie d'absorption , comme chez les Animaux supé- rieurs, et bien que ce passage de l'extérieur à l'intérieur par imbibilion s'opère parfois très rapidement chez ces Mollusques, tous les faits les mieux avérés tendent à montrer que le système de cavités irrigatoires où le sang circule est fermé de toutes parts. § 22. — En terminant l'étude de l'appareil circulatoire des La circulation est complète Céphalopodes , je ferai remarquer aussi que chez ces Animaux, chez iM Céphalopodes. délimitées et appartenant, l'une aux veines abdominales , la deuxième à la terminaison de la veine céphalique, et la troisième à la portion externe des veines caves (a). Chez le Poulpe , ces appendices vei- neux garnissent les tubes péritonéaux et les veines caves dans presque toute leur étendue , et consistent en une multitude de poches d'un aspect fram- boise , ou plutôt d'arbuscules mem- braneux à rameaux courts et gros, qui se laissent facilement gonfler par le sang ou par les injections colorées que l'on pousse dans le système vei- neux. Pour donner une idée de l'as- pect de ces corps ainsi remplis , je renverrai aux planches de mon Mé- moire sur la circulation chez les Mol- lusques, et, pour montrer leur dispo- sition dans l'état de vacuité , je citerai les figures données par M. Délie Chiaje (6) et Mayer (c). Chez l'Argonaute, ils sont beaucoup moins nombreux et développés que chez le Poulpe {cl). Chez les Calmars, ces corps spon- gieux sont plus courts et moins dila- tables , mais s'étendent sur la portion terminale de la grande veine cépha- lique et sur les veines palléales aussi bien que sur les quatre vaisseaux dont il vient d'être question (e). Enfin, c'est chez les Seiches que cet appareil atteint son plus haut degré de développement; il recouvre toutes les grosses veines qui avoisinent les cœurs branchiaux, et il se compose d'une multitude de prolongements membraneux en forme de poches branchues et irrégulièrement fron- cées (/■). il est aussi à noter que ces corps spongieux sont très contractiles et présentent souvent des mouvements rhythmiques de systole et de diastole. Quand on les comprime , ils laissent suinter un liquide blanchâtre ou jau- (a) Grant, On the Structure and Characters of Loligopsis (Trans. of the Zool. Soc. of London, vol. I, p. 25, pi. 2, fig. 8). (b) Délie Chiaje, Descris,, e notom. degli Anim. invertebr.,p\. 19, fig. 1 (c) Mayer, Anakcten fur vergl. Anat., pi. 5, fig. 1. (d) Van Beneden, Mém. sur l'Argonaute, pi. 3, fig. 5 (Exercices zootomiques, et Mëm. de l'Acad. de Bruxelles, t. XI). (e) Voyez mon Voyage en Sicile, t. I, pi. 18. (/") Hunter, voyez Cat. du Mus. du Coll. des Chirur,, t. Il, pi. 11 et 12. 174 CIRCULATION DU SANG non- seulement le sang doit passer plus régulièrement et plus vite à travers l'appareil respiratoire , mais que la totalité de la masse de ce fluide est obligée de suivre cette voie pour retour- ner des divers organes vers le cœur aortique. Chez les Mol- lusques des autres classes, une portion de ce liquide revient aux artères sans avoir traversé les branchies, et par conséquent on peut dire que chez ces Animaux la respiration est incom- plète; mais ici ce n'est plus un mélange de sang artériel et de sang veineux qui arrive à l'aorte, c'est du sang artériel pur. Nous verrons plus tard que des différences du même ordre se rencontrent parmi les Vertébrés. Résumé. Nous voilà donc conduits, par des transitions graduées, depuis l'appareil irrigatoire grossier et incomplet des Zoophytes infé- rieurs, jusqu'à un système hydraulique dont presque toutes les parties semblent avoir été créées à seule fin de servir au transport du fluide nourricier du siège de la respiration dans tous les organes et de ces organes à l'appareil respiratoire. nâtre qui ne ressemble pas du tout au aux organes dont j'ai fait connaître sang et qui est évidemment le produit la disposition chez le Triton (d), et d'une sécrétion. Les naturalistes ne me semblent devoir être considérés sont pas encore fixés sur les fonctions comme les analogues de l'organe de de ces corps spongieux : les uns les Bojanus chez les Mollusques lamelli- considèrent comme une sorte de di- branches. verticulum destiné à emmagasiner Je dois ajouter que, dans l'opinion temporairement une portion du sang de M. Van tieneden, ces corps spon- veineux quand le passage de ce fluide gieux , ainsi que le corps de Bojanus, dans les branchies se trouve gêné (a) ; serviraient à établir une communica- d'aulres y voient des branchies accès- lion directe entre les cavités veineuses soires (b). Mais, d'après diverses con- de l'organisme et l'extérieur, de façon sidérations dont il sera question ail- à permettre l'entrée de l'eau du de- leurs , je suis porté à croire avec hors et son mélange avec le fluide M. Mayer (c) que ce sont des glandes nourricier à peu près de la même urinaires. Us ressemblent beaucoup manière que cela a lieu chez les Po- (a) Owen, Mem. on the Pearly Nautilus, p. 32. (b) Valenciennes, Op. cit. (Arch. du Mîiséum, t. II, p. 286). (c) Mayer, Analecten fur vergleichende Anatomie, 1835, p. 54. (d) Milne Edwards, Voyage en Sicile, i. 1, pi. 4 8. CHEZ LES MOLLUSQUES. 175 A chaque pas nouveau vers ce but, nous avons vu la division du travail physiologique s'établir davantage et les instruments d'emprunt céder la place à des instruments spéciaux. Ainsi, chez les Acalèphes et les Polypes, nous avons vu un seul système de cavités servir à la fois comme appareil digestif et comme appareil irrigatoire. La séparation, déjà essayée d'une manière temporaire, et pour ainsi dire avec timidité, chez quelques-uns des Zoophytes dont je viens de parler , devient complète chez les Bryo- zoaires ; mais c'est la cavité commune seulement qui sert à la fois à abriter tous les organes intérieurs et à contenir le fluide nourricier en mouvement. Là il n'existe aucun organe spécial d'impulsion pour assurer la distribution de ce liquide dans les diverses parties du corps, et ce sont des cils vibratiles, agents qui, chez les Animaux les plus simples, ser- vent à effectuer la locomotion , la préhension des aliments et le types et les Médusaires , où la cavité ques. Mais ce sont, je le répète, des digestive est confondue avec le sys- cavités terminées en cul-de-sac qui tème irrigatoire (a). Mais je ne saurais ne se prolongent pas dans tout le partager cette manière de voir, et chez corps, comme le suppose M. Sie- les Mollusques Céphalopodes le sys- bold, et qui ne méritent pas plus le tème de cavités dans lequel le sang nom d'un système aquifère que ne circule ne me semble avoir aucune le mériterait la vessie urinaire d'un communication directe avec Texte- Poisson. rieur. Les orifices qui se voient sur la tête Il est aussi à noter que les poches de quelques Céphalopodes , tels que membraneuses dans lesquelles cetap- VOctopus Verany (d),le Tremoctopus pareil glandulaire se trouve suspendu violaceus (e) , ne me paraissent pas constituent la majeure partie de ce davantage constituer un appareil aqui- que M. Délie Chiaje (b) et M. Sie- fère ; ils donnent seulement dans des bold (c) décrivent comme formant un poches cutanées sans communication appareil aquifère chez ces Mollus- avec les cavités intérieures. (a) Van Bencden, Sur la circulation dans les Animaux inférieurs (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XX, p. 519). (b) Délie Chiaje, Deseriz. e notom. degli Anim. invertebr., t. I, p. 53 (Apparalo aquoso o idro° pneumatico) . (c) Siebold el Slannius, Nouveau Manuel d'anat. comp., 1. 1, p. 389. (d) Wagner, Zeitschr. fur die organische Physik, 1828, t. 11, p. 225. (e) Délie Chiaje, Descrix-. e notom. degli Animait invertebrati, pi. 11, fig-. 10. 1 7G CIRCULATION DU SANG renouvellement du fluide respirable , qui y déterminent des courants faibles et irréguliers. Dans la classe des Tuniciers, nous avons vu la division du travail faire un pas de plus : un organe spécial d'impulsion, un cœur, est chargé de faire circuler le sang; mais il le fait tantôt dans un sens, tantôt dans un autre , et ce sont les mêmes voies qui servent tour à tour au passage du sang artériel et du sang- veineux. Dans la classe des Acéphales, la circulation cesse d'être alter- nante, et, comme conséquence d'un perfectionnement dans la structure du cœur, dont les orifices se garnissent de valvules, la distinction s'établit entre les conduits artériels et les conduits veineux. Nous avons vu en même temps ces conduits se rendre en partie indépendants des organes d'alentour et se constituer partiellement en tubes à parois propres. Chez les Gastéropodes , nous avons vu ce système d'endi- guement des courants circulatoires faire de nouveaux progrès, et les forces motrices de la circulation se centraliser davantage. Enfin , chez les Céphalopodes , la division du travail s'est introduite dans le mécanisme de la circulation. Le cœur aortique, qui , chez les Mollusques moins élevés en organisation , suf- fisait à pousser le sang à travers le réseau capillaire de l'ap- pareil de la respiration aussi bien que dans les canaux nour- riciers de l'organisme, reste chargé de ce dernier rôle seule- ment, et une nouvelle pompe foulante se trouve appelée à lancer le sang dans les vaisseaux respiratoires. Nous avons vu aussi que ces perfectionnements successifs ont porté d'abord sur les organes d'impulsion , puis sur les canaux distributeurs du fluide nourricier ou les canaux qui amènent au cœur le sang artérialisé. La portion veineuse du cercle circulatoire n'a participé que plus tard à ce changement, et c'est peu à peu, par petites portions, qu'elle a été pourvue de tuyaux de conduite à la place des vides interorganiques à CHEZ LES MOLLUSQUES. 177 travers lesquels le sang se mouvait d'abord. Chez les Mol- lusques supérieurs , la presque totalité du cercle circulatoire se trouve ainsi composée de tubes membraneux qui lui appar- tiennent en propre; mais chez aucun Animal de cet embran- chement la substitution des vaisseaux sanguins aux méats interorganiques ne s'achève, et toujours une portion plus ou moins considérable du système veineux se trouve constituée à l'aide de ces cavités d'emprunt; toujours aussi la chambre vis- cérale fait partie du système irrigatoire et constitue un vaste réservoir pour le sang veineux. Chez les Vertébrés, nous trouverons que de nouveaux per- fectionnements ont été introduits dans la constitution du sys- tème circulatoire; mais, avant d'en aborder l'étude, il nous faut redescendre vers les Animaux les plus inférieurs, et passer en revue les divers états de ce même appareil dans la grande divi- sion des Entomozoaires ou Animaux annelés. Nous aborderons ce sujet dans la prochaine Leçon. II. 12 VINGT-TROISIEME LEÇON. De la circulation du sang chez les Crustacés , les Arachnides et les Myriapodes. considérations § l'« — Lorsqu'on veut se rendre bien compte d'un grand préliminaires. ensemble fle faits , il est bon de ne pas les envisager toujours au même point de vue et de parcourir en divers sens le champ que l'on se propose d'explorer. Aussi, sacrifiant l'arrangement symétrique des matières de ces Leçons à l'utilité pratique, je me propose de ne pas suivre aujourd'hui la marche que j'ai adoptée jusqu'ici pour l'étude des modifications de l'organisme chez les divers Animaux, et, au lieu de procéder du simple au composé , je prendrai pour point de départ ceux des Entomo- zoaires dont l'appareil irrigatoire est le plus complet, et j'en étudierai ensuite la dégradation progressive. Cela aura aussi l'avantage de rendre plus directes les comparaisons entre les choses connexes , car ce sont les Animaux articulés les plus perfectionnés sous ce rapport, dont le système irrigatoire res- semble davantage à celui des Mollusques supérieurs , que nous avons étudiés dans la dernière Leçon. Les Entomozoaires , ou Animaux annelés , forment deux grandes divisions naturelles : celle des Vers et celle des Arthropodaires , ou Animaux articulés. Le mode de constitu- tion de l'appareil circulatoire diffère beaucoup dans ces deux groupes. Mais dans la seconde de ces sections, comprenant les Insectes , les Myriapodes , les Arachnides et les Crustacés , ce système offre la plus frappante analogie avec tout ce que nous venons de rencontrer parmi les Malacozoaires. En effet, si nous examinons d'abord le système irrigatoire dans la classe des Crustacés, nous y reconnaîtrons toutes les crustacés, dispositions fondamentales que nous avons rencontrées chez la Appareil circulatoire des CIRCULATION DU SANG CHEZ LES CRUSTACÉS. 179 plupart des Gastéropodes et des Lamellibranches, ainsi que chez quelques Céphalopodes, c'est-à-dire dans l'immense majorité des Mollusques. Prenons d'abord les Crustacés les plus élevés en organisa- tion : les Décapodes, qui ont pour représentants principaux les Crabes, les Homards, les Écrevisses et les Langoustes. On sait depuis longtemps qu'il existe chez ces Animaux , sur Appareil 1 *-> i A r.ircntafmre circulatoire la ligne médiane du dos, vers le milieu de la région du corps , <*<* ° 7 u x Décapodes. que les entomologistes appellent le thorax , un organe charnu et puisa tile qui est le cœur (1). On sait aussi que des tubes mem- braneux et ramifiés partent de cet organe pour se répandre au loin dans l'économie. Ces faits ont été constatés par les recher- ches de Swammerdam sur le Bernard l'Ermite, singulier Crustacé qui se blottit dans la coquille vide de certains Mol- lusques et qui abonde sur nos côtes ; par les dissections du Homard, faites il y a deux siècles par Willis, et parles obser- vations de quelques autres anatomistes. Mais, il y a trente ans, on ignorait encore quelle est la direction suivie par le sang dans l'organisme de tous ces Animaux, et quelles sont les voies par lesquelles ce liquide, après avoir servi à nourrir les tissus vivants, revient à l'appareil respiratoire (2). En 1827, désireux de combler ces lacunes , je m'associai à un de mes amis , (1) L'existence du cœur chez les dam (d) et des autres naturalistes Palémons ou Salicoques a été consta- qui ont étudié l'appareil circulatoire tée par Harvey au commencement du des Crustacés antérieurement à l'é- xvi]e siècle (a) , et la circulation du poque indiquée ci - dessus , je ren- sang a été observée d'abord par Leeu- verrai à l'introduction historique du wenhoek, puis par Baker (6). Mémoire sur ce sujet que j'ai publié (2) Pour plus de détails sur les en commun avec V. Audouin (e . travaux de Willis (c), de Swammer- (à) Harvey, Exercitatio anatomica de motu cordis, 1628, p. 29. (b) Leeuwenhoek, Arcana Naturœ, t. IV, epist. 84 et 86. — Baker, The Microscope made Easy, p. 129 (1742). (c) Willis, De anima brutorum. In-4, London, 1672, p. 43, pi. 3, fig. 1. (d) Swammerdam, Biblia Naturaz, t. I, p. 204. (e) Audouin et Milne Edwards , Recherches anatomiques et physioloyiques sur ta circulation dans les Crustacés (Ann. des sciences nat., 1827, t. XI, p. 283). 180 CIRCULATION DU SANG Victor Audouin, observateur habile dont les travaux sur la structure des Insectes font époque dans l'histoire de l'entomo- logie (1 ), et, par les recherches auxquelles nous nous livrâmes en commun , nous obtînmes les résultats dont je vais rendre compte. Direction §2. — On savait que le cœur est situé dans l'espace corn- du courant , i i i • i * « i t circulatoire, pris entre les branchies dont les flancs de ces Crustacés sont garnis , mais on ne savait pas si le sang mis en mouvement par les contractions de cet organe se rendait aux diverses parties de l'économie ou se dirigeait vers l'appareil respiratoire, ou, en d'autres mots , on ne savait pas si ce cœur était veineux ou artériel, et l'on ignorait dans quelle direction le mouvement circulatoire s'effectuait. Or, pour comprendre le mécanisme de l'irrigation nutritive chez les Crustacés, il fallait nécessaire- ment être fixé sur ce point, et, pour résoudre la question, nous eûmes recours à des expériences qui sont faciles à répéter (2). En étudiant l'appareil de la respiration, nous avons vu que, chez les Crabes, les branchies en forme de pyramides feuille- tées dont les côtés du thorax sont garnis présentent sur leurs faces opposées deux gros canaux longitudinaux qui se rétrécissent en allant delà base au sommet de ces organes (3), et qui commu- (1) V. Audouin naquit à Paris en (2) Ces expériences, faites d'abord 1797, et mourut en 1841. Il s'occupa sur le Maia squinado, grande espèce principalement d'entomologie, et fut de Décapode Brachyure qui est corn- le premier à étudier d'une manière mune sur les parties rocheuses des philosophique la structure de la char- côtes de la Normandie et de la Bre- pente solide des Insectes. Pour plus tagne , furent ensuite répétées sur de détails sur sa vie et ses travaux , les Homards et sur un grand nom- on peut consulter les articles nécrolo- bre d'autres Crustacés du même giques insérés dans les Annales des ordre (6). sciences naturelles et dans le Recueil (3) Voyez tome If, page 128. de la Société d'agriculture (a). (a) Serres, Chevreul et Milne Edwards, Discours sur V. Audouin (Ann. des sciences nat., 1841, •2' série, t. XVI, p. 356). — Milne Edwards, Notice sur la vie et les travaux de V. Audouin (Séance annuelle de la Société centrale d'agriculture, 1850). (b) Audouin et Milne Edwards, Op. cit. (Ami. des sciences nat., 1827, t. XI, p. 303). CHEZ LES CRUSTACÉS. 181 niquent entre eux par des réseaux capillaires pratiqués dans l'épaisseur de chacune des lamelles branchiales. Ces canaux sont des vaisseaux sanguins , et le premier point à déterminer était la direction suivant laquelle le sang les parcourt. Pour nous en assurer, nous coupâmes en travers une des pyramides branchiales sur un Crabe vivant, et, après qu'une certaine quantité de sang se fut écoulée par l'extrémité tronquée des deux vaisseaux ainsi ouverts , nous aspirâmes , à l'aide d'une pipette, le liquide qui restait dans chacun d'eux. Le vaisseau situé à la face interne de la branchie ne nous fournit de la sorte que peu de sang et demeura ensuite complètement vide, avec sa lumière béante. Le vaisseau situé sur la face externe de la branchie donna, au contraire, du sang en abondance, et, à peine vidé , se remplit de nouveau. Cette expérience , répétée souvent et variée de diverses ma- nières, donna toujours le même résultat, et prouva jusqu'à l'évi- dence que le canal externe est le vaisseau afférent qui apporte le sang veineux à la branchie , et que le canal interne est le vaisseau efférent par lequel le sang, devenu artériel, sort de l'appareil respiratoire pour aller de nouveau entretenir l'exci- tation vitale dans tous les tissus de l'organisme. Mais le sang qui arrive ainsi aux branchies vient-il du cœur et va-t-il ensuite directement se distribuer aux diverses parties de l'économie? ou bien est-ce sur le trajet du sang artériel que se trouve placé l'organe moteur de l'appareil circulatoire? En d'autres mots, le cœur, dont l'existence et la position étaient connues depuis si longtemps, est-ce un cœur veineux ou un cœur artériel? ou bien encore cet organe reçoit-il un mélange du sang qui arrive des diverses parties de l'économie à l'état veineux et du sang qui sort des branchies à l'état artériel? Toutes ces hypothèses avaient été professées tour à tour, et des expériences nouvelles pouvaient seules trancher la question. Ayant enlevé la carapace de manière à mettre à découvert le. 482 CIRCULATION DU SANG cœur d'un grand Crabe vivant, nous ouvrîmes , comme dans l'expérience précédente, le vaisseau externe ou afférent de l'une des branchies, et, au lieu d'y puiser du sang à l'aide de notre pipette, nous y insufflâmes de l'air ; mais nous ne vîmes aucune bulle de gaz arriver dans le cœur. Nous incisâmes ensuite le vaisseau interne ou efférent, et, à peine avions-nous poussé un peu d'air dans ce canal, que des bulles se montrèrent dans l'intérieur du cœur. Ce résultat , convenablement vérifié , nous apprit donc que le vaisseau efférent de la branchie est en communication directe avec le cœur, et que le vaisseau qui apporte le sang veineux à l'appareil respiratoire ne , l'est pas. Donc, c'est du sang arté- riel , et non du sang veineux , qui traverse le cœur. Par con- séquent aussi ce cœur est, non un cœur veineux, mais un cœur aortique , et les vaisseaux que l'on en voit partir pour se ramilier dans les diverses parties du corps sont, non pas des veines, mais des artères. Ainsi chez les Crustacés , de même que chez les Mollusques, le sang poussé par les contractions du cœur pénètre dans un système de vaisseaux distributeurs de ce liquide, c'est-à-dire clans les artères , revient à l'état veineux de tous les points de l'organisme vers les branchies , traverse l'appareil respiratoire de dehors en dedans , et , après y avoir repris le caractère de sang artériel, retourne au cœur pour recommencer de nouveau le cercle que je viens de décrire. La totalité du sang qui arrive au cœur pour être distribuée dans l'organisme a-t-elle passé ainsi dans l'appareil respiratoire? ou bien le sang artériel qui sort de cet appareil se mêle-t-il au sang veineux qui aurait suivi quelque autre route, et est-ce un mélange de ce genre qui pénètre dans le cœur ? Cette question ne se trouve pas décidée par les expériences dont je viens de parler, et, pour la résoudre d'une manière simple, il faut exa- miner de plus près que nous ne l'avons fait jusqu'ici la consti- CHEZ LES CRUSTACÉS. 183 tution du système circulatoire des Crustacés. Avant de nous en occuper, étudions donc l'anatomie de cet appareil. § 3. — Le cœur des Crustacés décapodes est une poche Cœur charnue de forme presque quadrilatère, dont les fibres muscu- des DecaP°des- laires sont disposées de façon à déterminer alternativement, par leurs contractions , des mouvements de systole et de diastole. Le premier de ces deux effets résulte du raccourcissement des faisceaux charnus qui vont d'un point à un autre sur les parois de cet organe; le second, par l'action des fibres qui, tout en se terminant d'un côté dans ces mêmes parois , vont prendre leur point d'appui au dehors sur les parties voisines de la char- pente solide du corps. A l'aide de ces dernières insertions mus- culaires et des vaisseaux qui partent du cœur, cet organe se trouve suspendu dans un espace libre qui est limité par une membrane délicate et qui a été considéré par quelques anato- mistes comme étant une oreillette servant à contenir le ventri- cule , mais qui n'est en réalité autre chose qu'une chambre péricardique. Les canaux branchio-cardiaques y débouchent de chaque côté , et par conséquent le sang se répand librement dans l'espace compris entre ses parois et la surface externe du cœur. Ce dernier organe baigne donc dans le sang, et c'est en passant par des orifices pratiqués dans ses parois que ce liquide arrive dans la cavité contractile dont il est creusé (1). Deux de ces (1) Les premières recherches faites Lors de la publication de ce travail, par Audouin et moi sur la constilu- nous pensions aussi que les tuniques tion de l'appareil circulatoire des membraneuses du cœur se prolon- Crustacés nous avaient conduits à geaient sans interruption dans toute penser que les canaux branchio-car- l'étendue de cette surface, et que les diaques se continuaient jusqu'aux deux paires d'orifices supérieurs dont orifices situés sur les côtés du cœur, l'existence avait été déjà signalée par et que le sang ne se répandait pas sur M. Lund (6) n'étaient que des fossettes la face supérieure de cet organe (a). à fond imperforé. Mais, peu de temps (a) Audouin et Milne Edwards , Recherches sur la circulation dans les Crustacés (Ami. des sciences nat., 1827, t. XI, p. 353). (6) Lund, Zweifel an dem Daseyn eines Circulationssystems bei den Crustaceen (Isis, 1825, t. XVI, p. 593). iSll CIRCULATION DU SANG orifices occupent les côtés du cœur vis-à-vis de la terminaison des canaux branchio-cardiaques ; les autres, au nombre de quatre, sont placés par paires à sa face supérieure, et tous sont garnis de valvules bilabiées qui sont disposées de façon à livrer facilement passage au fluide ambiant quand celui-ci les presse de dehors en dedans, mais qui se resserrent et se ferment quand la pression s'exerce en sens opposé (1). Lors du mouvement de après, les observations de M. Straus- Durkheim sur le cœur des Limules (a), ainsi que les recherches de M. Krohn sur les Écrevisses (6), et de MM. Lund et Schultz sur les Crabes, vinrent jeter un nouveau jour sur ce sujet (e), et un examen plus approfondi de la struc- ture de cet organe chez le Tourteau, les Homards et les Squilles , me con- vainquirent de l'erreur dans laquelle nous étions tombés relativement au mode de communication du cœur avec la chambre péricardique et les canaux branchio-cardiaques (d). M. Straus considère cette chambre comme étant une oreillette ; mais cette détermination ne me semble pas ad- missible. On ne donne pas le nom d'oreillette à un simple sinus ou ré- servoir sanguin servant de vestibule au ventricule du cœur, mais à une poche contractile, une sorte de cœur accessoire, qui fonctionne à la manière d'une première pompe foulante pour alimenter le jeu de la pompe ventri- culaire, ou cœur principal, en injec- tant, à chaque contraction, une nou- velle quantité de sang dans celui-ci. Or, la cavité péricardique est bien un réservoir vestibulaire, mais non un cœur accessoire ou organe d'im- pulsion, et par conséquent, sous le rapport physiologique, il ne saurait être assimilé à une oreillette. Au point de vue anatomique, cette détermina- tion ne me semble pas plus acceptable, car l'oreillette, quand elle existe, pré- cède le ventricule et ne loge jamais celui-ci dans son intérieur. (!) Les auteurs qui ont décrit le cœur de ces Crustacés ne sont pas d'accord sur le nombre et la position des ori- fices afférents du cœur. Hunter, qui les mentionne sous le nom d'orifices veineux, en admet quatre paires, une paire à la face supérieure de cet or- gane (e) , et trois paires sur les cô- tés (f). D'après M. Lund, il n'y en aurait que deux paires situées l'une et l'autre à la surface supérieure du cœur (g)., et dans le premier travail pu- blié par Audouin et moi sur ce sujet, (a) Straus, Consid. gén'.jiur l'anatomie comparée des Animaux articulés, p. 346 (1828). (6) Krohn, Vêler das Gefdss-System des Flusskrebses {Isis, 4834, p. 524). (c) Lund et Schultz, Fortgesetzte Unters. ùber das System des Kreislaufes bei den Crustaceen (Isis, 1830, t. XXIII, p. 1222). (d) Milne Edwards, Histoire naturelle des Crustacés, t. I, p. 103 (1834), et article Crustacés , dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle, t. IV, p. 399 et suiv. (1844). (e) Descript. and Illustr. Catalogue of the ihiseum of the Collège of Surgeons, vol. II, p. 136, pi. 15, fig. 1. (f) Op. cit., p. 137, pi. 16, fig-. 1. {g) Lund , Op. cit. CHEZ LES CRUSTACÉS. 185 diastole, déterminé par la contraction des faisceaux musculaires qui , en partant du cœur, \ont prendre leur point d'appui sur les parties voisines du squelette tégumentaire , le sang pénètre donc de la chambre péricardique dans l'intérieur du cœur, en passant par les orifices dont il vient d'être question ; et lors de la systole résultant de la contraction des muscles intrinsèques du cœur, le liquide ainsi introduit se trouve comprimé , mais il ne peut plus retourner dans le réservoir formé par la cavité péricardique, et il s'échappe par les autres ouvertures dont le cœur est pourvu. Ces dernières constituent l'entrée du système artériel , et leurs bords sont garnis de valvules dont le jeu est l'inverse de celui des valvules des orifices afférents , car elles permettent la sortie du liquide , mais ne le laissent pas rentrer. A chaque battement du cœur, une ondée de sang est donc lancée dans le système artériel, et, dans le mouvement de dilatation qui y fait suite , cet organe se charge d'une nouvelle quantité de liquide , puisée dans le réservoir au milieu duquel il se trouve suspendu. § k. — Le système artériel, qui naît du cœur, se compose système anériei de trois parties, une antérieure et céphalique, une moyenne et Décapodes, viscérale , une postérieure et inférieure. La portion antérieure consiste en un tronc médian que l'on a nommé artère ophthalmique, mais qu'il serait préférable d'ap- peler artère céphalique, et de deux vaisseaux latéro-antérieurs, une paire d'orifices latéraux avait été tomie'a été faite jusqu'ici, les ouver- la seule aperçue (a). Enfin M. Owen tures en question sont au nombre de parle de deux paires de ces orifices : trois paires : deux paires à la face une supérieure et une latérale (b) ; supérieure du cœur, et une paire sur mais de nouvelles recherches m'ont le côté et un peu en dessous, en face convaincu que toutes ces indications de l'embouchure des canaux branchio- sont plus ou moins fautives, et que cardiaques, chez tous les Décapodes dont l'ana- (a) Recherches sur la circulation dans les Crustacés (loc. cit., t. XI, p. 357). (6) Owen, Lectures on the Comp. Anat. of Invertebr. Animais, 1843, p. 174, fig. 91. 186 CIRCULATION DU SANG ou artères antennaires, qui représentent une première paire de branches de ce tronc médian , mais qui naissent à côté de sa base, et tirent leur origine directement de la portion antérieure du cœur (1). L'artère céphalique occupe la ligne médiane, passe au-des- sus de l'estomac , aux parois duquel elle fournit quelques branches , gagne la région frontale de la tête , et y envoie une branche impaire , puis donne naissance à une paire de vais- seaux qui sont les artères ophthalmiques proprement dites., et qui pénètrent dans les pédoncules oculaires pour se distribuer aux différentes parties de l'appareil de la vision. L'artère cépha- lique se recourbe ensuite en bas, devient récurrente , fournit des ramuscules au cerveau , et va se terminer au-devant de l'œsophage, près de la lèvre supérieure. Les artères antennaires sont d'un calibre plus fort, et se portent obliquement en avant et en dehors sur les côlés de l'estomac , vers le bord antérieur de la carapace , pour se ter- miner dans les antennes externes , après avoir fourni plusieurs grosses branches à l'estomac, au système tégumentaire, etc. (2). (1) Le mode de distribution de ces que côté du corps la cavité branchiale; artères est à peu de chose près le 3° une artère gastrique qui se répand même chez le Tourteau (a) et chez le sur les parties latérale et postérieure Maia squinado (b) , parmi les Déca- de l'estomac ; W une grosse artère podes Brachyures. cutanée antéro- supérieure, qui se (2) Chez le Tourteau, par exemple, recourbe en dehors, au-dessus des chacune des artères antennaires four- organes de la génération et du foie, nit : 1° une petite branche interne gagne les côtés du thorax , et se destinée à la portion voisine de l'ap- recourbe en arrière jusque sur la par- pareil génital ; 2° une grosse artère tie postérieure et latérale de la ré- dorsale qui donne des branches aux gion branchiale de la carapace ; 5° une faisceaux musculaires placés entre le artère mandibulaire qui distribue ses sommet de la voûte des flancs et la branches aux muscles des mandibules carapace, puis se ramifie dans la por- et aux parties voisines du derme ; tion du derme qui recouvre de cha- 6° une artère antennulaire qui se di- (a) Milne Edwards, Allas de la grande édition du Règne animal de Cirvier, Crustacés, pi. 1. (b) Audouin et Milne Edwards, Rech, sur la circulation dans les Crustacés (loc. cit., pi. 24). CHEZ LES CRUSTACÉS, 187 Une paire d'artères hépatiques naît de la face inférieure du cœur, vers le tiers antérieur de cet organe, et ces vaisseaux distribuent leurs branches dans toutes les parties du foie (1). La portion postérieure du système artériel naît sous la forme d'un tronc unique qui part de la partie postérieure et inférieure du cœur et se divise presque aussitôt en deux vaisseaux impairs, dont l'un se dirige directement en arrière au-dessus de l'in- testin , et a été désigné sous le nom d'artère abdominale supé- rieure; l'autre, appelé artère sternale, plonge entre les viscères pour gagner la face inférieure du thorax , y donne naissance à une artère abdominale inférieure , puis se recourbe en avant et fournit les artères pédieuses et maxillaires; enfin, à la ren- contre de l'œsophage , il se divise en deux branches pour se terminer dans la partie antérieure et inférieure de la tête. rige en dedans, sous le front, donne entre l'estomac et la région branchiale des branches aux muscles gastriques pour se ramifier dans la portion cor- antérieurs et se termine dans les pe- respondante du foie, et une brandie tites antennes ; 7° une branche eu- postérieure qui se distribue dans la tanée antéro-inférieure. portion latérale et moyenne du même Chez le Maia squinado , la dis- viscère. Puis les deux troncs s'ana- position des artères antennaires est à sîomosent sur la ligne médiane, don- peu près la même (a). Mais chez le nent naissance à une branche impaire, Homard, où ces vaisseaux acquièrent et forment un gros tronc médian qui un très grand développement , ils se porte en arrière sous l'intestin, se descendent sur les parties latérales bifurque en avant de l'artère sternale, de la région céphalique et se 1er- et se ramifie dans la portion posté- minent dans l'intérieur des antennes rieure du foie, externes par des troncs très gros (6). Chez le Homard, les deux artères (1) Chez le Maia squinado , la hépatiques restent distinctes , et le disposition de ces artères £St assez tronc impair dont il vient d'être remarquable (c). Elles plongent verli- question se trouve représenté par une calement dans le foie et donnent nais- paire de branches postérieures (d). Il sance chacune à deux grosses bran- en est de même chez l'Écrevisse (e). ches : une antérieure , qui s'avance (a) Audouin et Milne Edwards, Op. cit. (Aiin. des sciences nat., 1827, t. XI, pi. 24). : ib) Audouin et Milne Edwards, Op. cit. (Ibid., pi. 29, fig. 1). (e) Audouin et Milne Edwards, Op. cit. (Ibid., pi. 26, fig. 1). (d) Audouin et Milne Edwards, loc. cit., pi. 28, fig. 2. (e) Schlemm, De hepate de bile Crustaceorum et Molluscoriim quorumdam [Dissert: iïiaug.). Berolini, 1854, p. 10, pi. I, fig. i. 188 CIRCULATION DU SANG Chez les Décapodes brachyures, les artères abdominales supé- rieures et inférieures sont très grêles , tandis que l'artère ster- nale est d'un calibre très fort; mais, chez le Homard et les autres Décapodes macroures , l'artère abdominale supérieure offre au contraire un développement très considérable, et l'ar- tère sternale semble en être une branche (1). cœur et artères § 5. — Dans l'ordre des Stomapodes , la conformation du squiiies. cœur et le mode de distribution des artères diffèrent un peu de ce que nous venons de voir chez les Décapodes , mais la manière dont le sang circule est toujours la même. En effet, chez les Squilles, le cœur, au lieu d'être ramassé dans la por- tion moyenne du thorax , s'étend , sous la forme d'un gros vaisseau contractile, depuis l'estomac jusqu'à l'extrémité posté- rieure de l'abdomen, et l'on remarque à sa face supérieure cinq paires d'orifices par lesquels le sang dont la chambre péricardique est remplie pénètre dans son intérieur (2). Un (1) Le tronc commun de l'artère aux deux dernières paires de pattes abdominale supérieure et de l' art ère thoraciques (d). sternale présente chez le Homard un (2) Dans la première figure qui a été léger renflementen forme de bulbe (a). donnée de cet organe par Audouin et Le premier de ces vaisseaux , que moi d'après une Squille qui avait sé- Hunter a appelé Vaorte descen- journé longtemps dans l'alcool, les dante (6) , longe la face supérieure deux premières paires de ces orifices de l'intestin et donne naissance à une sont masquées par des fragments de paire de grosses branches latérales matières albumineuses coagulées qui vers le tiers postérieur de chaque an- simulaient des vaisseaux (e) ; mais neau de l'abdomen (c). V artère sler- leur véritable disposition a été repré- nale descend vers la face inférieure du sentée dans les planches que j'ai thorax, au niveau delà troisième paire insérées dans la grande édition du de pattes thoraciques, et c'est de l'ar- Règne animal de Cuvier (/"), ainsi que tère abdominale inférieure que nais- dans mon ouvrage sur les Crusta- sent les artères pédieuses destinées ces (g). (a) Audouin et Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. XI, pi. 28, fig. 1). (&) Voyez Descript. and Illustr. Catalogue of the Mus. of the Collège of Surgeons, vol. II, p. 126, pi. 15, fig. 1 et 2; pi. 16,fig. 1. (c) Audouin et Milne Edwards, loc. cit., pi. 29, fig. 1. (d) Loc. cit., pi. 29, fig. 1. («) Audouin et Milne Edwards, Recherches sur la circulation (loc. cit., pi. 32) \f) Milne Edwards, Atlas du Règne animal. Crustacés, pi. 55 bis. (g) Milne Edwards, Histoire des Crustacés, t. II, p. 514, pi. 9, fi'g\ 10. CHEZ LES CRUSTACÉS. 189 seul tronc cephaliqiie naît de l'extrémité antérieure de cet organe, et fournit successivement les artères antennaires et an- tennulaires aussi bien que les artères ophthalmiques. Le cœur donne à chaque anneau du corps une paire d'artères trans- versales qui, après avoir distribué des branches aux viscères, aux muscles du tronc et aux téguments, pénètrent dans les pattes ou autres appendices analogues. Enfin, l'artère sternale et l'artère abdominale inférieure ne se trouvent représentées que par un vaisseau médian extrêmement grêle (1). On voit donc qu'ici le système artériel est fort simplifié. Chez quelques autres Crustacés , tels que les Limules (2) et les (1) Ce vaisseau est accolé à la face in- férieure de la chaîne ganglionnaire, et fournit dans chaque anneau une paire de petites branchies qui se rendent aux muscles voisins, mais ne consti- tuent pas, comme chez les Décapodes, les artères pédieuses (a). (2) Le cœur des Limules est allongé comme celui des Squilles, mais beau- coup plus large et plus charnu. Il est suspendu aussi dans une chambre péricardique qui fait fonction de réser- voir sanguin, et il présente à sa face supérieure plusieurs paires d'orifices afférents dont la forme est celle de petites boutonnières transversales (6). M. Vander Hôven en a donné une figure, et a compté sept paires de ces ouvertures qui sont pourvues cha- cune de deux petites valvules semi- lunaires (c). A l'extrémité antérieure du cœur, située vers le milieu du céphalo- thorax , nait une artère céphalique impaire qui se dirige en avant et se bifurque bientôt. Enfin , de chaque côté, le cœur fournit sept paires de vaisseaux transversaux dont le mode de distribution n'a pas encore été étu- dié d'une manière sufiisan te. Chez les Branchipes, dont Bénédict Prévost a étudié le mode d'organisa- tion, le cœur a la forme d'un gros vaisseau dorsal étendu depuis la tête jusque dans le pénultième anneau de l'abdomen, au-dessus de l'intestin, et se trouve subdivisé par une série d'é- tranglements correspondants aux di- vers segments du corps (d). Toutes les loges ou ventricules ainsi constitués (au nombre de dix-huit ou dix-neuf) se contractent simultanément et lais- sent voir pendant la diastole deux échancrures latérales. Bénédict Pré- vost n'a pas osé se prononcer sur les fonctions de ces boutonnières; mais ÎM. Budge a vu que ce sont, en effet, des orifices afférents garnis de valvules. (a) Milne Edwards, Atlas du Règne animal de Gwtier, Crustacés, pi. 5G, fig. 1. (b) Straus, Considérations sur l'anatomie des Animaux articulés, p. 346. (c) Vander Hôven, Recherches sur l'histoire naturelle et l'anatomie des Limules. Leydc, 1838, p. 19, pi. 2, fig. 9. (d) B. Prévost, Mém. sur le Chirocêphale (Hist. des Monocles, parL. Jurine, 1820, p. 222). 190 CIRCULATION DU SANG Branchipes , le cœur est disposé à peu près de même que chez les Squilles ; mais, en général, il tend à se concentrer davan- tage, et l'on trouve ainsi beaucoup de formes intermédiaires entre les deux termes extrêmes que je viens de décrire (1). système § 6. — Le sang artériel est distribué dans toutes les parties de des Décapodes, l 'économie par ces vaisseaux, dont les parois sont membraneuses et dont les ramifications atteignent un grand degré de finesse; mais le retour du fluide nourricier vers l'appareil respiratoire, où il doit reprendre ses qualités vivifiantes, n'est pas assuré Ce dernier observateur a aperçu aussi Chez les Isopodes, cet organe a une valvule à l'extrémité postérieure également la forme d'un vaisseau dor- du cœur (a). sal, mais il n'occupe que la région ab- La disposition du cœur est à peuples dominale du corps, et dans le thorax la même chez VArtemia, petit Crustacé il se rétrécit de façon à représenter branchiopode très voisin du précé- une artère céphalique seulement. Celte dent (6); ainsi que chez VIsaura (c), disposition a été observée par Tre- et chez les Limnadies, qui appartien- viranus chez l'Aselle d'eau douce nent au même ordre (d). {Asellus vulgaris, Latr.) et cbez le (1) Ainsi, chez I'Apus cancrifor- Porcellio scaber (f). MM. Brandt et mis, qui appartient au même ordre Ratzburg ont mieux représenté les que les Branchipes et les Artémies, vaisseaux qui en partent chez cette MM. Berthold, Krohn et Zaddacb, ont dernière espèce (g). Enfin il a été constaté que le cœur affecte aussi la décrit avec un peu plus de détail par forme d'un gros vaisseau dorsal sub- M. Lereboullet dans son travail sur les divisé en une série de loges par des Cloportides. Le cœur proprement dit étranglements incomplets , mais que s'étend depuis le cinquième anneau cet organe ne s'étend que depuis le du thorax jusqu'à la base du dernier céphalothorax jusque auprès du dou- segment abdominal, et se trouve en zième segment thoracique (e). connexion latéralement avec quatre (a) Budge, Bemerkungen ûber Branchipus paludosus (Verhandhmgen des Naturhistorischen Vereines der Preussischen Rheinlande, 1846, p. 93). (b) Joly, Histoire d'un petit Crustacé (Artemia salina) auquel on a faussement attribué la coloration en rouge des marais salants méditerranéens , Montpellier, 1840, p. 20, pi. 3, fig. 1, et Afin, des sciences nat., 2" série, t. XIII, p. 239. (c) Joly, Recherches %oologiques, analomiques et physiologiques sur t'Isaura cycladoides (Ann. des sciences nat., 1842, 2' série, t. XXVII, p. 323). (d) Lereboullet, Obs. sur le eccur et la circul. dans la Limnadie de Hermann, etc. (Institut, 1848, t. XVI, p. 328). (e) Berthold, Beitrage %ur Anatomie des Krebsartigen Kiefenfusses, Apus cancriformis (Isis, 1830, t. XXIII, p. 690). — Krohn, Ueber ein gegliedertes Herz im Blattfusse (Froriep's Notix-en, 1836, t. XLIX, p. 305, fig. 1 et 2). — Zaddach, De apodis cancriformis anatome et historia evolutionis (Dissert, inaug1.). Bonnœ, 1841, p. 17, pi. 2, fig. 10, etc. (/■) Tre\iranus , Vermischte Schriften, 1816, Bd. I, p. 58, etc., pi. 8, fig. 46, et pi. 9, fig. 55. (g) Brandt und Ratzeburg, Medizinische Zoologie, 1833, Bd. II, p. 75, pi. 15, fig. 38. CHEZ LES CRUSTACÉS. 191 de la même manière, et ne s'effectue pas à l'aide d'un système de tubes comparables aux artères. Le sang veineux se répand dans les espaces de forme irrégulière que les divers organes laissent entre eux , et c'est en passant par ces lacunes qu'il arrive à l'entrée des canaux afférents des branchies. Les por- tions de la cavité abdominale qui sont inoccupées par les vis- cères font toujours partie de ce système de méals veineux, et constituent même , chez beaucoup de Crustacés, les principaux réservoirs où ce liquide s'accumule avant de pénétrer dans paires de canaux qui paraissent y ap- porter le sang de l'appareil bran- chial. Antérieurement, il se continue sous la forme d'un vaisseau plus étroit qui longe l'intestin en dessus jusqu'à l'estomac , où il se divise en trois branches, savoir : une artère céphalique médiane qui passe sur l'es- tomac, et deux artères latérales. Le cœur proprement dit fournit égale- ment par son extrémité antérieure une paire d'artères viscérales. Chez les jeunes Cloportes , M. Lereboullet a vu sur les côtés du cœur des bou- tonnières munies de valvules, mais il n'a pu distinguer aucune trace de vaisseaux transversaux dont il avait aperçu les parois chez des individus adultes. Il a reconnu aussi l'existence d'une valvule à l'entrée de l'artère qui naît de l'extrémité antérieure du cœur, vers la partie postérieure du thorax (a). Chez les Daphnies, le cœur est au contraire très ramassé et a la forme d'une poche musculaire arrondie si- tuée à la partie antérieure du thorax, et présente au-dessus un orifice affé- rent (b). Schaeffer avait cru que cet organe, dont les battements sont très précipités et s'élèvent parfois à plus de deux cents par minute, était divisé en deux loges (c). Mais M. Straus a reconnu que'-sa cavité est en réalité simple (d), et la poche que Gruithuisen a décrite comme étant un cœur veineux situé au-dessous du cœur artériel est pro- bablement une simple dilatation de la chambre péricardique (e). Perty a cru apercevoir un. second cœur situé au-dessous de l'intestin, près de la tête, chez ces petits Crustacés (f) ; mais rien de semblable n'a été vu par les autres naturalistes qui ont étudié la structure de ces Animaux. Jurine a fait connaître la position et la forme du cœur chez les Cyclops. Cet organe consiste en une poche (a) Lereboullet, Mèm. sur les Crustacés de la famille des Cloportides, p. 102, figi 150, pi. 7, et fig. 151, pi. 8 (exlr. des il/cm. de la Soc. d'hist. nat. de Strasbourg, 1853). (b) Lereboullet, Obs. sur le cœur des Limnadies et des Daphnies [Institut, 1848, t. XVI, p. 328). (c) Schaeffer, Von den geschwanzten xackigen 'W'asserflohen (Abhandlungeii von Insecten, 1764 Bd. I; p. 274). — Voyez aussi Jurine, Histoire des Monocles, p. 193. (d) Straus, Mém. sur les Daphnies (tient, du Muséum d'hist. nat., t. V, p. 412). (e) Gruithuisen, Ueber die Daphnia simiatMitZ ihren Blutkreislauf (Nov. Acta Acad. Nat. curios t. XIV, p. 404, pi. 22, fig. 6). (f) Perty, Beitrage %ur Kenntniss der Fauna monacensis (Isis, 1832, t. XXV, p. 725). 192 CIRCULATION DU SANG l'appareil respiratoire. Le sang baigne donc les muscles , le système nerveux et les viscères, dont il n'est séparé que par une couche mince de tissu connectif analogue à celui dont tous les organes sont d'ordinaire revêtus ou par une sorte de vernis épithélique. Ainsi, chez les Homards et les Écrevisses, l'espace qui occupe la portion moyenne et inférieure de l'abdomen, qui loge la chaîne ganglionnaire, et qui se trouve limité en dessus et sur les côtés par les muscles de la queue, et en dessous par les téguments communs, estrempli de sang veineux et communique librement avec les vaisseaux des branchies. Pour s'en assurer, il suffit d'un petit nombre d'expériences que j'ai souvent répétées devant le public. Si l'on fait une petite piqûre à la membrane tégumentaire de la face inférieure de l'abdomen, de façon à ouvrir la cavité en question, on voit s'écouler en abondance un liquide qui bientôt se coagule spontanément, et qui est évidemment du sang. Si, au lieu de faire sortir du sang hors des cavités qui sont destinées à le contenir, on en détermine la coagulation à l'aide de la chaleur, et qu'ensuite on ouvre le corps de l'animal, on trouve un magma albumineux qui est bien reconnaissable et qui occupe la portion libre de la cavité abdominale, ainsi que les autres lacunes interorganiques. ovalaire qui repose sur l'intestin, im- il a aperçu une poche pyriforme qui médialement sous la division située lui semble devoir jouer le rôle d'une entre le deuxième et le troisième seg- oreillette (a). ment du squelette tégumentaire ; il M. Nordmann a trouvé un cœur de bat de 112 à 120 fois par minute, forme ovalaire dans le premier seg- et sa cavité paraît être simple. Jurine ment thoracique du corps de TErga- a cru en voir sortir deux vaisseaux ce- silius, petit Crustacé parasite qui res- phaliques , et au-dessous de ce cœur semble beaucoup aux précédents (6). {a) L. Jurine, Histoire des Monocles, 1820, p. 57, pi. 4, fig. 2 ; pi. 5, fig. 4. (6) Nordmann, Nikrogr. Beitr., 1832, Bd. H, p. H. CHEZ LES CRUSTACÉS. 193 Enfin, si après avoir fait sortir le sang par une ponction de la cavité viscérale, on injecte dans cette même cavité un liquide coloré, on voit celui-ci se répandre dans les espaces intermus- culaires, et bientôt après remplir tout le système des vaisseaux afférents de l'appareil branchial. Chez les Squilles, la grande lacune médiane ainsi limitée règne dans presque toute la longueur du corps et constitue le principal réservoir veineux (1). Mais, chez les Décapodes, des espaces ménagés entre les muscles de la base des pattes thora- ciques et les téguments communs constituent de chaque côté du corps une série de sinus d'une capacité encore plus consi- dérable qui communiquent directement avec les vaisseaux affé- rents des branchies situées immédiatement au-dessus. Chez les Décapodes Brachyures, ces réservoirs, auxquels on a donné le nom de sinus branchiaux, constituent même la portion la plus importante du système veineux et présentent une disposi- tion curieuse, mais qu'il serait trop long de décrire ici (2). Ç 7 . — Les vaisseaux qui distribuent le sang veineux aux vaisseaux u * . " branchiaux. organes respiratoires, et qui naissent de ces sinus latéraux, occu- pent la face externe des pyramides branchiales , et , ainsi que (i) II ne faut pas confondre ce pro- poche formée par la tunique séreuse longement médian de la cavité viscé- de cette glande à moitié vidée par la raie qni sert de réservoir veineux avec putréfaction que Duvernoy a prise pour ce que Duvernoy a décrit sous le nom un sinus veineux; enfin, l'humeur de grand sinus veineux des Squilles, laiteuse qu'il dit y avoir trouvée , et et qu'il dit entourer l'intestin. Les re- qu'il considère comme du sang coa- cherches de cet anatouiiste avaient été gulé, n'était en réalité que les détri- faites sur des individus qui avaient tus laissés par le tissu hépatique (a), macéré pendant longtemps dans de (2) Pour plus de détails à ce sujet, l'alcool trop affaibli et dont le foie je renverrai au Mémoire publié par s'était réduit à l'état d'une matière Audouin et moi il y a trente ans (6). pultacée semi-liquide. Or , c'est la (a) Duvernoy, Mém. sur quelques points d'organisation concernant les appareils d'alimentation et de circulation et l'ovaire des Squilles (Ann. des sciences nat., 2' série, t. VIII, p!. 2, fig. 4). (b) Audouin et Milne Edwards , Recherches sur la circulation chez les Crustacés (Ann. des scisnces nat., 1827, t. XI, p. 355 et suiv., pi. 26, fig. 2 et i ; pi. 27, fig. 1 ; pi. 30, fij. i et 2). m. 13 19/| CIRCULATION DU SANG nous l'avons déjà vu, fournissent de chaque côté des branches qui se ramifient dans les feuillets ou les filaments dont ces or- ganes se composent. Le réseau capillaire, ainsi constitué, donne naissance du côté opposé à des vaisseaux efférents qui se réunissent d'une manière semblable dans les canaux verticaux situés à la face interne de chaque branchie (1). Enfin, ces der- niers conduits, qui, à raison de leurs fonctions aussi bien que de leurs rapports anatomiques, sont appelés canaux branchio- cardiaques, pénètrent dans le thorax, au-dessus des sinus bran- chiaux, se recourbent en haut, suivent la face externe de la voûte des flancs, et vont s'ouvrir tous ensemble de chaque côté du cœur, dans la chambre péricardique. sinus Cette cavité, comme nous l'avons déjà vu, est séparée de la p ncardlque. ^^j.g vjscéraie située au-dessous par un plancher mem- braneux, et elle est fermée de toutes parts, excepté là où les canaux branchio-cardiaques y débouchent (2). Chez les Déca- podes Brachy ures, elle est limitée postérieurement par le bord (1) On doit à Treviranus quelques ce sinus est en forme de cul-de-sac ; observations sur la circulation du sang mais vers le milieu des cinq premiers dans les organes respiratoires des anneaux abdominaux , il reçoit , de Crustacés, et ce physiologiste pense chaque côté, un canal branchio-car- que les deux courants en sens con- diaque qui vient de la branchie corres- traire qui se voient au microscope pondante et qui monte de la base de la dans chaque brin des houppes bran- fausse patte jusque sur le dos, en con- ciliâtes des Squilles sont contenus tournant la face latérale du corps (6). dans un seul et même, canal (a). Chez les Décapodes , les canaux (2) Chez les Squilles, la chambre branchio-cardiaques occupent la ré- péricardique s'étend depuis le bord gion thoracique du corps , et varient postérieur de l'estomac, situé vers le un peu quant à leur nombre et à leur tiers postérieur de la carapace, jus- conformation, suivant le nombre et le qu'au bord antérieur du dernier seg- mode d'insertion des branchies ; mais ment abdominal, et occupe presque le toujours il ne s'en trouve qu'une seule tiers de la largeur de la face dorsale paire par segment, et ils suivent l'an- du corps. Dans sa moitié antérieure, gle rentrant formé par la rencontre de (a) Treviranus, Beobachtungen aus der Zootomie und Physiologie, 1839, t. I, pi. G, fig. 38. (6) Milne Edwards , Histoire naturelle des Crustacés, pi. 9, %. 2 et 3, et Crustacés de l'Atlas du Règne animal de Olivier, pi. 56, fig. 1 a et 1 c. CHEZ LES CRUSTACÉS. 195 du premier segment abdominal qui s'avance assez loin dans l'intérieur du thorax, et, par conséquent, elle n'est guère plus grande que le cœur; mais, chez les Macroures, elle s'étend jusque sous le bord postérieur de la carapace, et chez les Squilles, elle occupe toute la longueur de l'abdomen. Ainsi, chez tous les Crustacés supérieurs, la totalité du sang qui arrive au cœur a traversé préalablement l'appareil respira- toire, et si quelques anatomistes admettent que chez ces Ani- maux le sang veineux se mêle au sang artériel pour être ensuite repris par la pompe cardiaque et lancé dans les artères, c'est parce qu'ils. n'ont pas connu l'existence du plancher membra- neux qui sépare complètement la chambre péricardique des sinus veineux situés au-dessous. Cette cloison est en effet très facile à rompre, et lorsqu'on fait des injections sans observer toutes les précautions convenables, il arrive souvent qu'elle se l'épimérite, qui y constitue la voûte trois ou quatre vaisseaux efférents des flancs, et l'apodème, qui se détache débouchent dans chacun d'eux (a). de celle-ci en manière de cloison, Chez les Brachyures, les canaux pour former la rangée supérieure des branchio-cardiaques ne sont qu'au cellules thoraciques dont je ferai con- nombre de cinq de chaque côté du naître la structure lorsque je traiterai corps, et ils s'anastombsent de façon du squelette tégumentaire de ces Ani- à se terminer dans le sinus péricar- maux. dique par deux ou trois orifices fort Chez le Homard et la plupart des rapprochés , ainsi que cela se voit autres Macroures, on compte, de cha- chez le Tourteau (6 1 , le Maïa (c) , etc. que côté, six canaux branchio-car- La tunique membraneuse qui les diaques qui s'élèvent en convergeant revêt est très mince, mais bien dis- entre eux et se réunissent de façon à tincte, et se continue avec celle qui déboucher presque au même point tapisse la chambre péricardique. Cette dans la partie latérale du sinus péri- dernière adhère supérieurement au cardique. Quelques-uns de ces canaux derme situé au-dessus ; mais elle reste ne reçoivent donc que le sang venant isolée en passant sous le cœur, et y d'une ou de deux branchies , mais constitue une cloison complète , quoi- dans la partie moyenne du thorax que très délicate. (a) Audouin el Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1827, t. XI, pi. 31 , fig\ 1 et 2) (6) Milne Edwards, Crustacés de V Atlas du Règne animal, pi. 1. (c) Audouin et Milne Edwards, loc. cit., pi. 26, fig-, 3. circulatoire chez les Crustacés inférieurs. 196 CIRCULATION DU SANG déchire, lésion qui établit aussitôt une communication anormale entre le cœur et la portion veineuse du cercle circulatoire et en impose aisément à l'expérimentateur; mais des dissections bien conduites ne laissent, ce me semble, aucune incertitude sur la clôture complète de ce réservoir sanguin (1). Appareil §8. — Chez tous ces Crustacés le système artériel est bien complet et se trouve constitué par des vaisseaux à parois propres ; le passage du sang de l'appareil respiratoire jusque dans la chambre péricardique s'opère à l'aide de tubes membraneux, et c'est seulement dans la portion veineuse du cercle circulatoire, c'est-à-dire entre le réseau terminal des artères et les branchies, que les vaisseaux sanguins manquent et sont remplacés par les espaces lacunaires interorganiques dont les parois sont formées essentiellement par les muscles, les viscères ou les téguments circonvoisins, et sont tapissées seulement par une couche mince de ce tissu connectif qui se retrouve presque partout dans l'éco- nomie, et que les anthropotomistes désignent d'ordinaire sous le nom de tissu cellulaire. Mais, chez les Crustacés inférieurs, l'appareil irrigatoire paraît se dégrader beaucoup plus , et la (i) C'est delà sorte que je m'expli- toure le cœur, disposition qui entraî- que l'erreur commise par un illustre nerait le mélange du sang veineux anatomiste anglais, J. Hunter, et ac- arrivant des diverses parties du corps cueillie avec confiance par plusieurs avec le sang artériel venant de l'appa- auteurs plus récents. rcil respiratoire par les canaux bran- Dans un travail qui est resté en chio -cardiaques {a). Aussi MM. Owen portefeuille pendant plus de quarante (6) et Carpenter (c) assignent-ils ce ans après la mort de son auteur, et caractère mixte à la circulation chez qui a été publié par les soins de les Crustacés, et ce dernier la compare M. Owen en 183Zi, Hunter représente sous ce rapport à ce qui existe chez les lacunes veineuses du thorax comme les Reptiles. Mais le mélange en ques- se confondant avec l'espace qui en- tion n'a pas lieu. (a) Descriptive and Illustrated Catalogue ofthe Physiol. Séries ofComp. Anat. Contained in tht Mus. of the Collège of Surgeons in London, 1834, vol. II, p. 138 et suiv., pi. 17, fig. 1 ; pi. 18, %. 4. (6) Owen, Lectures on the Comparative Anatomy and Physiology of the Invertebrate Animais, 1843, p. 179. (c, Carpenter, Principles of Comparative Physiology, 1854, p. 244. CHEZ LES CRUSTACÉS. 197 plupart des observateurs qui ont étudié attentivement les phé- nomènes de la circulation chez les Branchiopodes , les Ento- mostracés et les Siphonostomes , s'accordent à penser que les courants artériels, aussi bien que les courants veineux, s'éta- blissent dans un système de lacunes ou de canaux endigués seulement par les organes circonvoisins (1). (1) Les recherches de MM. Frey et Leuckart tendent à établir que l'appa- reil circulatoire des Mysis se compose seulement d'un cœur cylindrique éten- du dans toute la longueur du thorax et percé de trois paires d'orifices effé- rents, d'un vaisseau céphalique mé- dian ouvert à son extrémité anté- rieure, et d'un système de lacunes interorganiques (a). D'après les observations de Zin- ker {b) et celles qui lui sont propres, M. Siebold pense que chez les Am- phipodes, le système artériel est très rudimentaire, et que, dans la presque totalité de son trajet, le sang circule dans des lacunes ou espaces inter- organiques dépourvus de parois pro- pres (c). Le cœur de ces Crustacés, des Crevettes {Gammarus), par exem- ple, a la forme d'un vaisseau dorsal, et occupe la portion thoracique du corps. M. Caspary y a observé une série d'étranglements situés vers le milieu des troisième, quatrième, cin- quième et sixième anneaux du thorax, et a vu qu'il se contracte avec beau- coup de rapidité; il a compté plus de deux pulsations par seconde (d). Le même mode d'organisation a été observé chez la Chevrolle (Caprella linearis) par MM. Frey et Leuckart. Le cœur a la forme d'un vaisseau dor- sal étendu depuis la tête jusqu'à l'ori- gine du tubercule abdominal, et pré- sente cinq paires d'orifices afférents garnis de valvules. Une artère cépha- lique (ou aorte) naît de l'extrémité antérieure du cœur ; mais ces au- teurs n'ont pu découvrir aucun autre vaisseau sanguin afférent , et dans toutes les autres parties du corps les courants formés par le sang se trou- vent dans les lacunes interorgani- ques (e). Ce que M. Goodsir a dit des artères et des veines qui se verraient dans les antennes de ces petits Crus- tacés s'applique évidemment aux deux courants en sens opposés qui se voient facilement dans les divers appen- dices (/■). M. Zaddach, qui a fait une étude très approfondie de l'organisation de TApus cancriforme, pense que chez (a) H. Frey et R. Leuckart , Beitrcige %uv Kenntniss wirbelloser Thiere des Norddeutschen Mètres, 1847, p. 421, pi. 2, 6g. 14. (6) Zinker , De Gammari pulicis historia naturali atque sanguinis circuitu commentât™. lente, 1832. (c) Siebold et Stannius, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, vol. I, p. 452. (d) Gammarus puteanus beobachtet von R. Caspary (Verhandl. des Naturhist. Vereines der Preussischen Rheinlande und 'Westphaliens , 1849, p. 44, pi. 2, fis?. 19). («) Frey et Leuckart, Beitr. zur Kenntniss wirbelloser Thiere des Norddeutschen Meeres, p. 1 04, pi. 2, fiç. 20. (/") H. Goodsir, On a New Genus and Six Neiv Species of Crustacea (Edinburgh New Philosoph. Journal, 1842, vol. XXX1I1, p. 184). 198 CIRCULATION DU SANG Chez la plupart des Crustacés inférieurs, où la respiration est cutanée et diffuse, il ne parait y avoir aucune distinction bien nette entre le sang artériel et le sang veineux. Le même courant traverse successivement diverses parties du corps, et c'est dans le voisinage immédiat du cœur seulement qu'on peut reconnaître si ce courant s'éloigne ou se rapproche de cet ce Crustacé le système artériel est confondu avec le système veineux, et que la presque totalité du cercle circulatoire est formée par des ca- naux lacunaires seulement. En lais- sant de côté quelques particularités de nomenclature adoptées par ce na- turaliste, on voit que le cœur est suspendu dans une cavité péricar- dique faisant fonction de sinus san- guin , et que de l'extrémité anté- rieure de cet organe le courant se répand dans la région céphalique , gagné la face slernale du corps, passe en partie dans les pattes branchiales , en partie dans un système d'anses vas- culaires creusées à la face interne de la carapace ; puis revient dans un grand sinus ventral , gagne la partie posté- rieure de l'abdomen, et rentre dans le cœur par la cavité péricardique , dont la portion postérieure est cloi- sonnée en dessous par une membrane, mais dont la portion antérieure se continue avec la région céphalique de la cavité viscérale (a). M. Budge a observé aussi la circu- lation lacunaire chez les Branchipes: les courants sanguins, dit ce physio- logiste, ne sont pas renfermés dans des vaisseaux, mais sont libres entre les organes, bien qu'ils offrent une régu- larité remarquable (6). Gruilhuisen a décrit avec beaucoup de soin la route suivie par les princi- paux courants sanguins dans le corps des Daphnies ; mais il n'a pu aperce- voir des vaisseaux à parois propres que dans le voisinage immédiat du cœur ; dans les parties périphériques du système circulatoire, ainsi que dans les trajets veineux, il n'a pu découvrir aucune trace de parois tubulaires (c). L'absence de vaisseaux proprement dits dans une grande partie du corps de TArgule foliacé avait été depuis longtemps signalée par Jurine (ils (d). Les observations plus récentes de M. Vogt rectifient des erreurs commises par ce naturaliste relativement à la po- sition du cœur, et tendent à établir que dans quelques parties de l'organisme le sang circule dans des vaisseaux tu- bulaires. Mais , dans d'autres parties , M. Vogt n'a pu découvrir aucune trace de parois propres autour des cavités qui renferment ce liquide (e). Suivant M. Nordmann, la circula- fa) B.-G. Zaddach , De Apodis cancriformis anatome et historia evohitionis. In-4 , Bonnse , 1841, p. 15 et suiv., pi. 1 et 2, fig. 10 à 17. (b) Budge , Bemerkung ûber Branchipus paludosus ( Verhandl. des Naturhist. Vereines der Preussischen Rheinlande, 1840, p. 94). (c) Gruithuisen, Ueberdie Daphnia simiawnd ihren Blutkreislauf (Nova Acta Acad. Nat. curios., t. XIV, p. 399, pi. 24,%. 6). (d) Jurine fils, Mém. sur VArgule foliacé (Ann. du Muséum, "1806, t. VII, p. 439). (e) Vogt , Beitràge zur Naturgeschichte der schweizerischen Crustaceen (Neue Denkschrift . der Allgem. Schiveizer Gesellsch. fur die gesammten Naturwissenschaften, 1843, Bd. VII). CHEZ LES CRUSTACÉS. 499 organe. Ainsi la division du travail physiologique et la spé- cialité des instruments paraît diminuer de plus en plus à mesure que l'on descend dans la série Carcinologique; mais ici la dé- gradation ne paraît être jamais portée aussi loin que chez les Molluscoïdes inférieurs, car le cœur semble ne manquer chez aucun représentant de ce type (1). Nous voyons également que tion du sang est complètement lacu- naire chez les Siphonostomiens, dont il a composé le genre Achthères. Le cœur de ces Crustacés parasites est placé dans la partie antérieure du céphalothorax , et a la forme d'un sac allongé, étroit en avant et élargi en arrière. Le sang, mis en mouvement par les contractions de cet organe , se meut librement dans la cavité générale du corps ainsi que dans des sillons ou lacunes ménagées dans d'autres par- ties , et l'on ne saurait y établir au- cune distinction analogue à celle qui existe d'ordinaire entre les artères et les veines (a). Dans le Dichelestiox, le cœur pa- raît avoir la forme d'un vaisseau na- viculaire qui s'étend depuis le ganglion cérébroïde situé au milieu du bouclier céphalique jusque vers le milieu du second anneau thoracique. M. Rathke n'a pu découvrir chez ce Crustacé aucun autre vaisseau sanguin (6). MM. Pickering et Dana , à qui l'on doit une très bonne monographie ana- tomique du Caligus americanas , ont très bien vu le mouvement circula- toire du sang chez ce petit Crustacé , mais ils n'ont pu distinguer le cœur. D'après le jeu de quelques valvules qu'ils ont remarqué, il est cependant probable que cet organe se trouve placé, comme d'ordinaire, sur le dos, entre le milieu de la région céphalique et le premier anneau thoracique. Quant aux courants circulatoires, ils s'établissent dans les espaces inter- musculaires et autres lacunes ; souvent ils deviennent oscillatoires (c). On ne sait encore que fort peu de choses relativement à l'appareil circu- latoire des Cirripèdes. Poli a reconnu l'existence d'un cœur situé vers la partie postérieure de la région thora- cique du corps, chez les Analifes (cl) ; mais ni Cuvier (e) , ni M. Martin Saint-Ange (f), n'ont pu voir distinc- tement cet organe , et ce dernier ana- tomiste pense que les canaux avec lesquels il communique ne sont pas de véritables vaisseaux sanguins, mais des cavités creusées dans la substance même des organes. (1) Chez les Pycnogonides , où, jusqu'en ces derniers temps, l'appareil ur Naturgeschichte der wirbellosen Thiere, 1832, (a) Nordmann , Mikrographische Beitrdge Bd. II, p. 73. (6) Rathke, Bemerkungen ùber den Bau des Dichelestium Slurionis und der Lernae Apoda stellata (Nova Acla Acad. Nat. curios., vol. XIX, p. 153). (c) Pickering- and Dana , Description of a Species of Caligus (American Journal of Science and Arts, 1838, vol. XXXIV). (d) Poli, Testacea utrmsque Siciliœ, t. I, p. xlviii, pi. i, fig. 13. (e) Cuvier, Mém. sur les Animaux des Anatifes et des Balanes, p. 12 (Mém. sur les Mollusques, et Mém. du Muséum, t. II). (f) Martin Saint-Ange, Mém. sur l'organisation des Cirripèdes, 1835, p. 18 (tiré des Mém. des Sav. étrang., Acad. des sciences, t. VI). 200 CIRCULATION DU SANG cet organe occupe toujours la ligne médiane dorsale, et que, dans les espèces où la respiration est localisée, il se loge dans la région du corps où les branchies ont leur siège. Ainsi, il est placé dans le thorax chez les Décapodes et les Amphipodes, tandis que chez les Squilles et les Isopodes , où les organes respiratoires sont relégués à l'arrière du corps, il se loge en majeure partie dans la région abdominale. Enfin, je rappellerai aussi que partout où la distinction entre le sang artériel et le sang veineux est possible à établir, on voit que c'est sur le trajet du sang artériel que cet organe d'impulsion se trouve placé. C'est donc un cœur aortique ou artériel qui existe chez les Crustacés aussi bien que chez les Mollusques. Disposition § 9. — Dans la classe des Arachnides, le mode de cir- générale , . , , , A de l'appareil culation du sang est , a peu de chose près, le même que chez e chez les Crustacés. Chez les espèces les plus dégradées du les Arachnides. .-, ., -i \ n • t 1 i -, r premier de ces groupes, 1 appareil a 1 aide duquel ce phéno- mène s'accomplit est peut-être plus incomplet encore que nous ne l'avons trouvé chez les Crustacés inférieurs; mais dans les espèces dont l'organisation est au contraire le plus perfec- tionnée , nous rencontrons un ensemble d'instruments physio- logiques semblables, en tout ce qui est essentiel , au système circulatoire avait échappé aux recher- qui est divisé en une série de trois ches des naturalistes, et où le mouve- loges, et qui reçoit le sang dans son ment des fluides alimentaires dans les intérieur par son extrémité postérieure appendices tabulaires de l'estomac est ainsi que par deux paires d'ouvertures très remarquable (a), le cœur est con- latérales (c). Cet organe ne paraît formé de la manière ordinaire (6). donner naissance à aucune artère; C'est une poche cylindrique placée mais on en voit partir de grands cou- au-dessus de l'intestin, qui s'étend de- rants sanguins qui se répandent dans puis la base de la tète jusqu'au bord les diverses parties du corps, antérieur du tubercule abdominal , (a) Quatrefâges, Mém. sur l'organisation des Pycnogonides (Ami. des sciences nat., 1845, 3° série , t. IV, p. 76). (6) Zinker, Untersuchungen ùber die Pycnogoniden (Arch. fur Anatom. und Phys. von Millier, 1852, p. 383). (c) Krohn, Ueberdas Herz und den Blutumlauf in den Pycnogoniden ( Archiv fur Naturge schichte, 1855, Heftl, p. 6, pi. 1, fig\ 3). CHEZ LES ARACHNIDES. 201 circulatoire des Crustacés, savoir : un cœur aortique pour mettre le sang en mouvement , des vaisseaux artériels par- faitement développés pour distribuer ce liquide à tous les organes , des canaux constitués aux dépens des espaces inter- organiques et servant à ramener le sang veineux des diverses parties de l'économie vers les organes respiratoires , puis enfin des tubes membraneux ou vaisseaux pneumocardiaques qui le conduisent de ces organes au cœur. Cette ressemblance avait été nettement indiquée il y a environ vingt ans par Audouin , mais a été surtout mise en lumière par les recherches ré- centes de l'un de nos anatomistes les plus habiles , M. E. Blan- chard. Dans la description de l'appareil circulatoire des Arachnides que je vais présenter ici, je prendrai comme exemple principal le Scorpion, parce que l'organisation de cet Animal, étudiée successivement par Treviranus, Newport, M. Léon Dufour et M. Blanchard, est aujourd'hui mieux connue que celle de toute autre espèce de la même classe (1). (1) Les premières recherches de question ci-dessus , fut le premier à quelque importance dont l'appareil en donner l'explication qui est ad- circulatoire des Arachnides ait été mise aujourd'hui (6). Vers la même l'objet, sont dues à Treviranus et époque, Dugès arriva à un résultat datent de 1812 (a). Mais les zoologistes analogue (c). Newport fit faire des restèrent encore pendant plus de vingt progrès nouveaux et très importants ans sans avoir des idées justes et nettes à l'histoire anatomique de cette fonc- relativement à la route parcourue par tion chez les Arachnides, bien que les le sang dans l'organisme de ces Ani- vues physiologiques de cet auteur maux, et Audouin, éclairé par les soient loin d'être toutes admissibles (d). découvertes relatives à la circulation Enfin, à une époque encore plus lé- chez les Crustacés dont il a été cente, M. Léon Dufour apporta de (a) Treviranus , Ueber den innem Bau der Arachniden. In-4, 1842. (6) Audouin, article Arachnida (Todd's Cyclopœdia of Anatomy and Physiology, 1836, vol. I, p. 206). (c) Dugès, Traité de physiologie comparée, \ 836, 1. 1, p. 443, et Observations sur les Aranéides (Ann. des sciences nat., 2» série, t. VI, p. 483). (d) Newport , On the Structure , Relations and Development of the Nervous and Circulatory Systems in Myriapoda and Macrourous Arachnida (Philos. Trans., 1843, p. 243). Cœur du Scorpion. 202 CIRCULATION DU SANG § 10. — Le cœur du Scorpion est un gros vaisseau longi- tudinal qui se trouve sur la ligne médiane du côté dorsal du corps, et qui occupe la portion élargie de l'abdomen dans toute son étendue. Il est renfermé dans un sac péricardique en forme de gaine qui repose sur le foie, et il est recouvert immédiatement par la peau. Les parois de ce cœur sont très charnues (1), et une série d'étranglements le divisent en huit loges ou chambres qui semblent être autant de petits cœurs élémentaires ou ven- triculites placés à la file (2). Effectivement, ils se répètent exactement quant à leur organisation , et sont pourvus chacun d'une paire d'expansions musculaires en forme d'ailes et d'une nouvelles observations à l'appui de l'opinion qui lui est propre (a). Mais nous ne connaissons d'une manière satisfaisante l'appareil circulatoire de ces Animaux que depuis la publi- cation du beau travail de M. Blan- chard (b). (1) Les fibres musculaires intrinsè- ques du cœur forment deux couches ; les unes sont longitudinales, les au- tres circulaires. (2) Les étranglements qui divisent ainsi le cœur du côté dorsal ne sont que peu marqués pendant la vje ou quand cet organe est distendu, mais deviennent très prononcés après la mort ainsi que pendant les fortes con- tractions. M. Léon Dufour, qui criti- que vivement le nom de chambre ou ventricule appliqué à ces portions du cœur, a beaucoup insisté sur cette circonstance (c). Mais la tendance à la répétition sérialaire ne dépend pas seulement des rétrécissements dont il vient d'être question. Chaque com- partiment ou ventriculite est pourvu : 1° d'une paire d'ailes charnues ou ex- pansions musculaires qui vont se fixer à la paroi dorsale du squelette tégu- mentaire, et qui se composent cha- cune de deux paires de faisceaux char- nus ; 2° une paire d'orifices afférents en forme de boutonnières, situés à la face dorsale de l'organe ; 3° d'une paire de valvules placées dans sa ca- vité et formées chacune par un repli de la tunique interne. Ces valvules sont situées latéralement ; leur bord interne est libre , et , en se rabattant contre les parois du cœur, elles recou- vrent et bouchent complètement les orifices afférents situés auprès. M. Blanchard (d) a donné de ces cla- pets des figures plus vraies que ne l'avait fait Newport (e), (a) Léon Dufour, Histoire anatomique et physiologique des Scorpions (Mêm. de l'Académie des sciences, Savants étrangers, t. XIV, p. 294 et suiv.), et Observations sur l'anatomie des Scorpions (Ann. des sciences nat., 1851, 3° série, t. XV, p. 249). (b) Blanchard, L'organisation du Règne animal, classe des Arachnides, 1856, p. 74 et suiv. (c) Léon Dufour, Histoire anatomique des Scorpions (loc. cit., p. 599). (d) Blanchard, Organisation du Règne animal, Arachnides, pi. 5, fig. 2, 3, 4. (e) Newport, On the Struct., etc., of Myriopoda and Macrourous Arachnida (Philos. Trans., 1843, pi. 15, fig. 33-37). artériel. CHEZ LES ARACHNIDES. 203 paire d'orifices afférents. Ces ouvertures sont placées à la face dorsale du cœur, et dans l'intérieur de cet organe on voit tout auprès de chacun d'eux un repli membraneux disposé en manière de valvule, qui laisse le passage libre quand le fluide ambiant le presse de dehors en dedans , mais qui se rabat et ferme l'entrée du ventriculite quand le courant tend à s'établir en sens inverse. Le système artériel, qui naît du cœur, chez ces Arachnides, système se compose de deux vaisseaux médians, l'un antérieur, l'autre postérieur, qui semblent être la continuation de cet organe lui- même, et d'une paire de vaisseaux latéraux dépendants de cha- cun des ventriculites ou chambres cardiaques. L'artère impaire qui naît de l'extrémité antérieure du cœur est communément désignée soits le nom d'aorte. Elle pénètre dans le céphalothorax en descendant obliquement vers le cer- veau, et, parvenue à cet organe, se bifurque pour entourer l'œsophage et gagner la face ventrale du corps. Chemin faisant, elle fournit de chaque côté les artères pédieuses , antennaires, cérébrales,- ophthalmiques et plusieurs autres qui se distribuent aux viscères, aux muscles et aux téguments de la région céphalo- thoracique. Enfin les deux crosses aortiques se réunissent au- dessous du tube alimentaire pour constituer un vaisseau impair qui se porte en arrière en longeant en dessus la chaîne nerveuse ganglionnaire. Cette artère récurrente , que les uns appellent une aorte abdominale , d'autres une artère spinale , est très grêle , mais fournit plusieurs branches aux organes placés à la face sternale du corps (1). (1) Newport, à qui l'on doit la con- résultats si rapprochés de la vérité, naissance de tous les faits les plus M. Blanchard, qui a fait ses recher- importants relatifs au mode de distri- ches sur des individus vivants, et a bution de ces artères, n'a eu l'occasion injecté tous les vaisseaux, dont il a de disséquer que des Animaux con- donné de très beaux dessins, a con- servés dans l'alcool, et il est surpre- firme la plupart des faits annoncés nant qu'il ait pu arriver ainsi à des par cet habile observateur. Il est bien 204 CIRCULATION DU SANG L'artère médiane postérieure , qui naît de l'extrémité posté- rieure du cœur, est désignée par la plupart des auteurs sous le nom à'artère caudale. Elle repose sur l'intestin et règne dans toute la longueur de la portion étroite ou caudiforme de l'abdo- men, où elle fournit à chaque segment une paire de branches latérales. Enfin les artères qui naissent par paires des parties laté- rales du cœur, et qui sont désignées sous le nom & artères hépatiques , se ramifient dans le foie. On en compte huit paires (1). Tous ces canaux sont des tubes membraneux à parois minces et assez résistantes (2) ; ils se ramifient dans la profondeur des divers organes et y forment comme un chevelu d'une grande finesse qui se continue avec une multitude d'interstices ou espaces étroits compris entre les fibres musculaires et les autres par- ties constitutives de l'organisme. Ces lacunes forment l'origine système du système veineux , et elles sont tapissées par une couche de tissu hyalin qui endigue pour ainsi dire le courant sanguin. Des canaux veineux plus gros et produits de la même manière font suite à ce réseau capillaire , et , dans les points où le sys- tème tégumentaire , en se soulevant pour former des crêtes , laisse un vide entre sa face interne et la masse musculaire ou viscérale sous-jacente, la circulation emprunte ces espaces pour à regretter que Newport n'ait pas vécu m'en convaincre par l'examen de ses assez longtemps pour donner suite à injections. ses grands travaux : il est mort en (2) M. Blancbard pense qu'ils sont 185/j. pourvus de trois tuniques, savoir : (1J Pour plus de détails sur le mode une tunique musculaire qui, dans les de distribution des artères du Scor- gros troncs, présenterait des fibres pion, je renverrai à l'ouvrage de longitudinales aussi bien que des fi- M. Blanchard, intitulé : De l'organi- bres circulaires; une tunique mem- sation du Règne animal. Cet anato- braneuse interne et une tunique mem- miste en a fait une étude minutieuse braneuse externe d'une délicatesse et des plus exactes, ainsi que j'ai pu extrême (a). (a) Blanchard, Op. cit., p. 77. veineux. CHEZ LES ARACHNIDES. 205 en faire, soit des canaux, soit des réservoirs ou sinus vei- neux (t). Les voies ouvertes ainsi au sang veineux et empruntées au système général des méats interorganiques s'endiguent de plus en plus complètement à mesure que les courants qui les tra- versent deviennent plus puissants , et quelques-uns des gros troncs se trouvent même revêtus par une couche membrani- forme et un épithélium assez distinct. Enfin , les principales rigoles veineuses ménagées de la sorte entre les muscles et les téguments communs , ou entre les lobes du foie , commu- niquent souvent entre elles et vont verser leur contenu dans deux grands réservoirs longitudinaux situés à la face ventrale de la portion renflée de l'abdomen , et formés par la tunique commune des organes pulmonaires (2). Cette enveloppe mem- braneuse et résistante constitue un sac qui se continue par ses deux extrémités avec les canaux veineux du céphalothorax, d'une part, et de l'abdomen, de l'autre, et qui est resserré entre chaque poumon , de façon à représenter une série de quatre poches arrondies (3). Le tissu aréolaire, condensé en manière de (1) La portion veineuse du cercle disposition anatomique fort remarqua- circulatoire avait entièrement échappé ble à l'aide de laquelle le passage du aux investigations de Newport , qui sang en sens inverse de la direction cherchait à expliquer le retour du sang normale ne peut avoir lieu des ré- des diverses parties du corps vers les servoirs veineux thoraciques dans les poumons par des vaisseaux qu'il assi- canaux veineux des membres. Les milait au système de la veine porte muscles extenseurs et fléchisseurs des des Animaux supérieurs (a). pattes sont placés de façon à fermer C'est à M. Blanchard que l'on doit le passage quand ils viennent à se la connaissance des canaux veineux contracter fortement ou qu'ils sont des Arachnides, dont l'existence avait pressés de bas en haut par le liquide été soupçonnée, mais pas constatée, contenu dans le tronc, par Audouin et Dugès (6). (3) Ces quatre sinus pulmonaires, qui (2) M. Blanchard a fait connaître une communiquent librement entre eux de (a) Newport, Op. cit. (Philos. Trans., 1843, p. 293). (6) Blanchard , De l'appareil circulatoire et des organes de la respiration dans les Arachnides Ami. des sciences nat., 1849, 3' série, t. XII, p. 325). 206 CIRCULATION DU SANG membrane dont les parois de ces sinus pulmonaires sont compo- sées, manque sur les points où naissent les replis qui forment les lamelles constitutives des poumons , et par conséquent le sang veineux , en arrivant dans ce point, pénètre dans les es- paces intermembranulaires que ces expansions foliacées offrent dans leur intérieur. Ces dernières lacunes débouchent du côté opposé dans un système de canaux pneumocardiaques dont la disposition est en tout comparable à celle des vaisseaux bran- chio-cardiaques des Crustacés , et plus particulièrement des Squilles. Ceux-ci contournent les flancs et vont s'ouvrir à leur tour dans le sinus vestibulaire formé par le péricarde. On en compte sept paires, dont trois naissent des poumons de la pre- mière paire , une de chacun des deux poumons suivants , et deux du poumon postérieur (1). Enfin leur embouchure supé- rieure correspond aux sept paires d'orifices pratiqués , comme nous l'avons déjà vu, à la paroi dorsale du cœur, et le sang- artériel qu'ils versent dans la chambre péricardique pénètre par ces fentes jusque dans l'intérieur du ventricule aortique. Résumé. § 11. — En résumé, nous voyons donc que le sang contenu dans le cœur dorsal est pressé parla contraction de cet organe, mais ne pouvant en sortir par les orifices dorsaux, à raison du jeu des valvules, s'engage à la fois dans trois directions diffé- rentes , en avant par l'aorte , en dessous par les artères hépa- tiques, et en arrière par l'artère caudale. Distribué par les chaque côté du corps, sont reliés aussi imparfaitement vus par Treviranus, les uns aux autres par une série deçà- qui les prenait pour des artères (b). naux veineux transverses. M. Blanchard Audouin et Dugès (c) en ont mieux en a donné d'excellentes figures (a), apprécié les fonctions ; M. Blanchard (1) Les canaux pneumocardiaques a été le premier à les faire bien con- des Arachnides n'avaient été que très naître (d). (a) Blanchard, Organisation du Règne animal, Arachnides, pi. 6, fig. 1, 2. (6) Treviranus, Ueber den innern Bau der Arachniden, p. 10, pi. 1, fig. 7. (c) Audouin, Arachnida (Todd's Cyclop., 1836, vol. I, p. 206). — Dugès, Traité de physiologie comparée, 1838, t. II, p. 445. (d) Op. cit. CHEZ LES ARACHNIDES. 207 branches de ces vaisseaux dans toutes les parties du corps , le liquide nourricier passe dans les. canaux veineux empruntés aux méats interorganiques, et parvient dans les sinus pulmo- naires placés de chaque côté, à la face ventrale de l'abdomen. De là le sang veineux s'engage dans les conduits dont les lames respiratoires des poumons sont creusées (.1) , et , en sortant de celles-ci à l'état de sang artériel, il est reçu par les vaisseaux pneumocardiaques qui le versent dans le sac péricardique. Enfin de ce dernier réservoir il rentre dans le cœur, d'où nous l'avions vu partir, et, sous l'influence des contractions de cet organe d'impulsion, il parcourt de nouveau le même cercle circulatoire. Le cœur, à raison de la disposition de sa tunique muscu- Mécanisme laire et des points d'attache qu'une partie de ses fibres charnues ia circulation. prennent au dehors sur le squelette tégumentaire, agit non- seulement comme une pompe foulante pour chasser le sang dans les artères , mais exerce aussi une aspiration sur le sang qui le baigne , et , à mesure qu'il enlève au sinus péricardique des ondées de liquide , il se fait un mouvement d'appel corres- pondant dans les canaux pneumocardiaques qui alimentent ce réservoir. Le passage du sang à travers l'appareil respiratoire s'effectuerait donc à l'aide de ce seul mécanisme, mais pourrait ne pas être assez rapide pour satisfaire toujours aux besoins physiologiques des Arachnides, et la Nature a assuré cette por- tion du service delà circulation d'une manière plus complète, à l'aide d'un mécanisme fort curieux dont nous devons la con- naissance à M. Blanchard. Des ligaments qui s'étendent de la face inférieure du péricarde à la voûte des poches pulmonaires, sont disposés de façon à comprimer celles-ci chaque fois que le (1) L'existence de ces canaux ca- avait été soupçonnée, plutôt que con- pillaires dans l'épaisseur des parois statée, par ïreviranus (a). des feuillets respiratoires du Scorpion (a) Treviranus, Beobachtungeîi ans der Zootomie uni Physiologie, 1839, t. I, p. 28, pi 6 fij. 42. 208 CIRCULATION DU SANG cœur bat, et la pression ainsi exercée fait affluer le sang dans les vaisseaux pneumocardiaques. Il est aussi à noter que les mou- vements généraux de l'Animal tendent aussi à accélérer le cours du sang veineux en comprimant ou en dilatant alternativement les espaces qui sont ménagés entre les muscles et qui font office de conduits veineux , de sorte que l'abord de ce fluide dans l'appareil respiratoire se trouve facilité précisément dans les moments où la revivification doit en être la plus active. § 12. — Les mêmes caractères généraux se retrouvent dans l'appareil circulatoire des autres Arachnides pulmonaires ; mais on remarque cependant dans la conformation de quelques-unes de ses parties des modifications qu'il importe de signaler. Ainsi dans les Télyphones, où le cœur et l'aorte ressemblent extrêmement à ce que nous venons de voir chez le Scorpion, Télyphones l'artère médiane postérieure ou caudale est réduite à un état presque rudimentaire (1). Chez les Araignées du genre Épéire, ce dernier vaisseau est encore plus dégradé (2) , et chez les Mygales , il manque com- plètement, de façon que le système artériel tout entier dépend soit de l'aorte , soit des artères hépatiques (3). Chez ces Aranéides, on voit aussi le cœur se centraliser davantage ; il a toujours la forme d'un gros vaisseau dorsal incomplètement subdivisé en plusieurs chambres successives; mais le nombre de ces compartiments et des orifices qui donnent accès au sang dans son intérieur diminue. Ainsi, chez les Mygales, on ne trouve plus que quatre paires de ces boutonnières (4). Aranéides ordinaires. (1) Blanchard , Organisation du Règne animal , Arachnides , pi. 10, fig. 1. (2) Blanchard, Sur l'appareil cir- culatoire des Arachnides (Annales des sciences naturelles , 1849 , 3e série, t. XII, pi. 6). (3) Blanchard, Organis. du Règne anim., Arachnides, pi. 15. (Û) D'après les observations de M. Leydig, les jeunes Lycoses n'au- raient qu'une paire de ces orifices , et la portion périphérique du système artériel serait fort dégradée (a). (a) Leydig, Zvrfeinem Bau der Arthropoden (Miiller's Archiv fur Anat., 1855, p. 455, pi. 13, fig. 15). CHEZ LES ARACHNIDES. 209 Chez les Ségestries, où nous avons vu l'appareil respira- ségesiries. toire composé à la fois de poumons et de trachées (1), les sinus sanguins qui accompagnent ces organes présentent une modi- fication très remarquable. Les réservoirs veineux formés par les poches pulmonaires de la première paire sont disposés comme chez le Scorpion et les Aranéides ordinaires; mais dans ceux delà seconde paire, qui, au lieu de renfermer des poumons , entourent des trachées , la cavité occupée par le sang semble se continuer sans interrup- tion dans un espace libre ménagé entre les deux (uniques de ces tubes aérifères et se ramifier ainsi au loin dans l'économie. En effet, M. Blanchard a constaté qu'un liquide coloré injecté dans les sinus pulmonaires pénètre dans l'épaisseur des parois des trachées et entoure d'une couche mince le tube dont la face interne est en contact avec l'air (2). On ne sait pas encore bien comment le sang, qui, suivant toute probabilité, doit occuper de la même manière les lacunes intermembranulaires des tra- chées , s'y renouvelle ; s'il s'échappe par l'extrémité rameuse de ce système de vaisseaux aérifères pour se répandre dans les méats veineux des organes , ou s'il revient, dans le réservoir pulmonaire pour passer ensuite dans les canaux pneumocardia- ques, et de là dans le cœur. Mais, quoi qu'il en soit à cet égard, M. Blanchard pense que c'est principalement par l'intermé- diaire de cette portion du fluide nourricier que la respiration s'effectue. §13. — Chez les Arachnides trachéennes, cette portion péri- Appareji trachéenne du système lacunaire veineux parait acquérir plus de5irci d'importance, et sa perméabilité aux liquides a été constatée par M. Blanchard chez le Phalangium ou Faucheur, dont le cœur et le svstème artériel se trouvent au contraire fort réduits. ,1) Voyez lome II, page 147. piration dans les Arachnides (Ann. (2) Blanchard, De l'appareil de la des se. nal., 1849, 3' série , t. XII, circulation et des organes de lares- p. 330'. ni. 14 Arachnides trachéennes. 210 CIRCULATION DU SANG Jadis on pensait qu'il n'existait point d'appareil circulatoire chez les Arachnides trachéennes (1). Chez le Faucheur, cepen- dant, ce système ne diffère que peu de ce que l'on trouve chez les Araignées pulmonées (2). Il est probable que chez les Galéodes la disposition de l'appareil circulatoire doit être à peu près la même , et qu'il y a aussi un cœur chez la plupart des Arachnides trachéennes inférieures ; mais, chez ces dernières, le système artériel paraît se réduire de plus en plus, et dans quel- ques représentants dégradés de ce type les investigations les plus attentives n'ont encore conduit à la découverte d'aucun organe spécial pour le service de l'irrigation physiologique. Ainsi, chez les Tardigrades , qui doivent être rapportés à cette classe d'Animaux , M. Doyère a pu décrire minutieusement les moindres filaments nerveux , mais il n'a pu apercevoir aucune trace, ni de vaisseaux sanguins, ni même de cœur, et le fluide nourricier lui a paru être contenu seulement dans les lacunes interorganiques (3). (I) Latreillc s'exprime de la manière la plus nelte à ce sujet dans le Règne animal de Cuvier (a) et ailleurs; tout en admettant l'existence d'un cœur rudimenlaire, il ajoute qu'à raison du défaut de circulation , ces Animaux pourraient constituer dans nos sys- tèmes zoologiques une classe particu- lière (b). (2) Le cœur des Phalangiens est si- tué de même que chez les autres Arachnides, mais il est très grêle et divisé seulement en trois "chambres pourvues chacune d'une paire d'ori- fices afférents. En avant, il se continue sous la forme d'une artère aorte qui fournit des branches gastriques, oph- thalmiques, etc. ; mais on n'a pu le suivie jusqu'à la face inférieure du corps, ni en voir naître des artères pédieuses. Le cœur fournil aussi quel- ques branches latérales analogues aux artères hépatiques, et à son extrémité postérieure on trouve un vaisseau médian qui paraît être le représentant des canaux pneumocardiaques (c). (3) M. Schuhze avait cru apercevoir chez le Macrobioïus un vaisseau dor- sal et des vaisseaux latéraux (d). Mais M. Doyère a reconnu que les cavités (a) Seconde édition, t. IV, p. 272. (b) Latreillc, Familles naturelles du Règne animal, 1825, p. 317. (c) Blanchard, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1849, t. XII, p. 335, pi. 8, fig. 1). (d) C.-A. Schultze, Macrobiotus Huflqndii. In-4, Berlin, 1834. CHEZ LES MYRIAPODES. 211 § lli. — L'étude que nous venons de faire de l'appareil circu- APPami latoire chez les Crustacés et les Arachnides nous permettra de danïia classe des passer rapidement sur l'examen de ce système chez les Myria- Myriapodes. podes , car nous ne rencontrerons chez ces Animaux aucune disposition organique particulière, à noter. On ne connaît pas bien les voies par lesquelles le sang revient des diverses parties du corps vers le cœur ; mais il y a tout lieu de croire que c'est au moyen de canaux empruntés au système lacunaire que ce transport s'effectue comme chez les autres Arthropodaires, car on n'a pu découvrir aucune trace de veines proprement dites (1). Quant au système artériel, il ressemble extrêmement à ce que nous venons de trouver chez les Scorpions, avec cette différence cependant que le cœur ou vaisseau dorsal règne dans presque toute la longueur du corps, et, se trouvant divisé en autant de ventriculites qu'il traverse d'anneaux, le nombre de ces petites chambres cardiaques est très considérable (2) . Ainsi Newport en a compté plus de 160 chez quelques espèces de Scolopen- drides, et chacune de ces divisions est pourvue d'une paire . décrites sous ce dernier nom ne sont bres cardiaques, ou ventricules, son! que des lacunes interorganiques (a), au nombre de : et ni ce zoologiste, ni M. Siebold, n'ont 15 chez les Lithobies et les Scutîgéfes pu trouver aucune trace d'un vaisseau 21 chez les Scolopendres. * , , . . .,. 46 chez le Mecistoceplialus maxillaris. dorsal chez ces Animaux (6). 73 chez le SpiroboluS. (1) Ce que M. Kutorga appelle une 160 chez les Gonibregmatus. veine cave n'est autre chose que le Ces divisions du cœur sont séparées vaisseau dorsal ou cœur des Myria- par des étranglements et des replis podes, et ce qu'il a considéré comme membraneux internes. Elles sont une artère aorte est le vaisseau récur- beaucoup plus prononcées chez les rent qui est désigné ici sous le nom Scolopendriens ou Myriapodes Chilo- d'artère spinale (c). podes que chez Jes Iulides ou Chilo- (2) Newport a trouvé que les cham- gnathes (a"). (a)Doyère, Mém. sur les Tardigrades (Ami. des sciences nat., 1840, 2« série, t, XIV, n. 309 et 310). (b) Siebold et Stannius, Nouveau Manuel d'amtomie comparée. 1. 1, p. 517, (c) Kutorga, Scolopendres morsitantis anatome, 1834. (d) Newport, Op. cit., p. 274 et suiv. 212 CIRCULATION DU SANG d'orilices afférents situés latéralement (1). Un sinus péricardique formé par une gaine membraneuse entoure ce long vaisseau dorsal, et y fournit le sang que ses contractions doivent envoyer dans les artères auxquelles il donne naissance. Celles-ci con- sistent essentiellement eu une paire de branches transversales (1) La structuré du cœur et du système artériel des Scolopendres a été étudiée avec beaucoup de soin par Newport. Cet habile observateur a trouvé que cet organe est logé dans un sac membraneux ou péricarde qui adi«*ii à chaque ventricule sur la ligne médiane, tant en dessus qu'en dessous, et qui laisse de chaque côté un espace libre pour servir de sinus veslibulaire. Des prolongements qui en partent de chaque côté , d'anneau en anneau, paraissent être les ana- logues-des canaux pneumocardiaques des Arachnides. Le cœur lui-même est formé : i " d'une tunique séreuse externe qui est en continuité avec le péricarde; 2° d'une l unique membraneuse interne, et '6"ùg deux tuniques musculaires, l'une externe, dont la contraction se fait principalement dans le sens longitu- dinal, et une interne, composée en partie de libres longitudinales , mais surtout de fibres transversales. Enfin, des faisceaux charnus disposés en forme d'ailes triangulaires partent des côtés de chaque division du cœur pour aller s'insérer aux parties voi- sines de la voûte dorsale du système tégumentaire ; chacune de ces ailes se compose de deux faisceaux muscu- laires : l'un , antérieur, se dirige un peu en avant, pour se fixer au bord antérieur du tergite correspondant; l'autre, plus petit, va prendre son point d'attache au bord postérieur de la même pièce du squelette tégumen- taire. De même que chez les Arach- nides , ces ailes ou muscles extrinsè- ques servent à dilater le cœur, tandis que les muscles intrinsèques de cet organe produisent la systole quand ils se contractent. Les ventriculites , au nombre de vingt et un, comme cela a été déjà dit, sont un peu dilatés et arrondis vers leur extrémité postérieure , rétrécis vers le milieu et élargis encore à leur extrémité antérieure, mais moins qu'en arrière ; des étranglements très prononcés les séparent entre eux, et c'est au point de réunion de chacun de ces détroits avec la chambre car- diaque suivante , que sont situés les orifices afférents , lesquels sont placés par paires , un peu obliquement, sur la face dorsale de l'organe. A l'inté- rieur, des replis en forme de valvules établissent aussi une séparation entre les chambres, qui se succèdent ainsi et paraissent s'opposer au reflux du sang d'avant en arrière. Enfin chacune de ces chambres cardiaques donne nais- sance latéralement à une paire d'ar- tères transversales dont les branches se distribuent aux viscères et aux par- ties latérales du corps. L'aorte, qui fait suite au cœur en avant , pénètre dans la tête et va se terminer près du cerveau, dans la région frontale , où elle fournit les artères ophthalmiques, etc. A sa base, on en voit naître deux crosses qui CHEZ LES MYRIAPODES. 213 fournie par chaque ventricuïite, et en une aorte d'où naît une artère céphalique et deux crosses qui embrassent l'œsophage pour constituer à la face inférieure du tube digestif une artère spinale récurrente, comme chez les Scorpions. En résumé, nous voyons donc que, chez tous les Animaux articulés de la division des Gnathopodaires, l'appareil circula- toire présente les mêmes caractères généraux, et se compose d'un cœur aortique dorsal, d'un système de vaisseaux artériels et d'une série de cavités interorganiques tenant lieu de veines. sont les analogues des artères latérales fournies par chacune des chambres cardiaques précédentes, et qui forment autour de l'œsophage un collier vas- culaire. Cet anneau fournit latérale- ment une paire d'artères mandibu- laires, et sur la ligne médiane sternale une artère spinale antérieure et une artère spinale récurrente ou posté- rieure , laquelle donne une paire de branches dans chaque segment du corps et distribue le sang aux par- lies voisines ainsi qu'aux muscles des pattes, etc. Chez les Lithobies , la disposition de l'appareil circulatoire est à peu près la même que chez les Scolopendres, sauf un peu d'inégalité dans le volume des ventriculiteset une réduction dans leur nombre, qui est en accord avec celui des segments du corps. Il en est encore de même chez les Scutigères ; mais ici les ventriculiles n'acquièrent leur développement com- plet que de deux en deux , et les chambres intermédiaires sont très ré- duites , mode de conformation qui semble conduire vers celui des Iules. Chez ces derniers Myriapodes, chaque segment du corps , ainsi que nous le verrons plus tard, résulte de la fusion de deux anneaux ou zoonites, et porto deux paires de pattes. Un seul ventri- cuïite y correspond , mais chacune de ces chambres cardiaques paraît résul- ter de la fusion des parties qui, chez les Scolopendrides , constituent deux ventriculiles < car on en voit partir deux paires d'artères transversales au lieu d'une seule. Pour plus de détails sur le mode de distribution du système artériel des Myriapodes, je renverrai au mémoire de Newport, dont la plupart des faits précédents sont lires. (Philos. Trans., 1843.) VINGT -QUATRIEME LEÇON De la circulation du sang chez les Insectes, Découverte du vaisseau dorsal. § 1. — Vers le milieu du xviï siècle, Malpighi ù Bologne, et Swammerdam à Utrecht, observèrent l'un et l'autre, chez divers Insectes à l'état de larves, un organe pulsatile qui occupe la ligne médiane du dos, et qui leur sembla devoir être un cœur (1). Mais, bientôt après, Lyonnet, dont les recberches délicates sur l'anatomie de la chenille du Cossus excitèrent l'ad- miration générale , éleva des doutes sérieux sur la nature de (1) Malpighi observa les mouve- ments de systole et de diastole du vaisseau dorsal chez le Ver à soie, et Il considéra cet organe comme étant formé par une série de petits cœurs (a). Swammerdam eu donna une descrip- tion plus détaillée chez l'Abeille , la chenille des Vanesses , la larve de l'Orycte nasicorne et du Strationrys ; il en signala aussi l'existence chez plusieurs autres Insectes (6). Réau- mur crut avoir trouvé, un vaisseau analogue à la face ventrale du corps , chez les larves de Tenthrédines, et se demanda si ce ne serait pas un tronc veineux (c). Bonnet, qui paraît avoir vu aussi les mouvements du sang , en conclut qu'il devait y avoir chez les Insectes des veines aussi bien que des artères , et il regarda comme très probable l'existence d'une maîtresse veine à la face inférieure du cœur (d). Enfin Comparetti, induit sans doute en erreur par quelque apparence mal interprétée , et se laissant entraîner par son imagination , a affirmé qu'il existe chez les Insectes un double sys- tème vasculaire complet (e). limiter, qui ne s'était pas trompé sur les fonctions du vaisseau dorsal des Insectes, paraît avoir pris les ailes flbro-musculaires de cet organe pour un système artériel (/"). (a) Dissertatio epistolica de Bombyce, 1669 (Optra omnia, 1686, vol. H, p. 15). (6) Swammerdam , Biblia Natures , etc., p. 467, pi. 19, fig. 1 (Abeille) ; p. 311 , pi. 27, fig. 3 (Oryctes); p. 577, pi. 34, fig. 6 (Vanesse), etc. (c) Réaumur, Mém. pour servir à l'histoire des Insectes, 1740, t. V, p. 103. (d) Bonnet, Contemplation de la Nature {Œuvres, 1781, t. IV, 1" partie, p. 90 et 301). (e) Comparetti , Dinamica animali degli Insetti, p. 237 et suiv. (1800). (f) Voyez Descript. and lllustr. Catalogue of the Physiological Séries of Comp. Anat, in the Muséum of the Collège of Surgeons in London, 1834, vol. II, p. 31. CIRCULATION DU SANG CHEZ LES INSECTES. 215 ce vaisseau dorsal (i) , et, à la fin du siècle dernier, Georges Cuvier , après avoir fait de cette question une étude spéciale , acquit la conviction de l'absence de toute circulation propre- ment dite dans la classe des Insectes (2). L'autorité de Cuvier était si grande, et son opinion paraissait si bien fondée, que tous les naturalistes n'hésitèrent pas à adopter cette manière de voir, et l'on citait le défaut de cir- culation chez les Animaux à respiration trachéenne comme un exemple éclatant de la juste pondération des instruments phy- siologiques dont les êtres vivants sont pourvus. En effet, on disait que le. sang des Insectes ne circulant pas dans l'orga- nisme et ne pouvant aller chercher l'air dans un point déter- miné de l'économie, tel qu'un poumon ou une branchie , il fallait que l'air allât chercher le sang, et que, par conséquent, l'existence de trachées était commandée en quelque sorte par l'absence d'un cœur et de vaisseaux sanguins (3), Aujourd'hui (1) Lyonnet fit une étude très atten- tive du vaisseau dorsal de la chenille du Cossus , et décrivit minutieuse- ment les faisceaux musculaires dont cet organe est pourvu ; mais n'ayant pu découvrir ni artères ni veines en communication avec la cavité dont il est creusé, il fut conduit à penser que le liquide contenu dans son intérieur ne servait pas à la nutrition. Lyonnet continua cependant à donner à ce tube le nom de cœur (a). (2) Cuvier chercha, tantôt par l'in- jection du mercure ou d'un liquide coloré, tantôt par l'insufflation, à dé- couvrir si le vaisseau dorsal donnait naissance à quelques ramifications, et, s'étant convaincu de l'absence de tout système vasculaire périphérique, il en conclut que cet organe ne pouvait être un cœur (6). (3) M. Marcel de Serres, qui publia en 1819 un travail spécial sur le vais- seau dorsal des Insectes, adopta comme un principe incontestable : « qu'un cœur ne peut point exister sans vais- seaux sanguins, tout comme les vais- seaux sanguins sans cœur » , et il s'appliqua à prouver que ce vaisseau n'est point un organe de circulation, mais un organe destiné à élaborer la graisse (c). Celte opinion a été réfutée par Hé- rold , qui cependant n'a pas mieux (a) Lvonnel, Traité anatomique de la Chenille du saule, 1762, chap. XI, p. 412 à 428, pi. 12, fig. 1. (6) Cuvier, Mémoire sur la manière dont se fait la nutrition chez les Insectes (Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Paris, 1798, an vn, p. 34). (c) Marcel de Serres, Suite des observations sur les usages du vaisseau dorsal (Mém. du Muséum, 1819, t. V, p. 59). Absence d'arlères et de veines, 216 CIRCULATION DU SANG encore quelques entomologistes pensent que la respiration tra- chéenne implique la non-existence d'une circulation du sang, et que, chez les Insectes, le fluide nourricier ne se répand dans l'organisme que de proche en proche , par imbibition. Découverte §2. — Cependant l'observation directe des phénomènes de do la circulation i . ... , , T . ,■ chez la nutrition , chez des Insectes vivants , a renverse toutes ces idées, et a montré que, non-seulement le sang circule dans le corps de ces Animaux , mais y circule avec rapidité. Cette découverte appartient à M. Carus. Quelques anciens micrographes , il est vrai, avaient aperçu des courants dans diverses parties du corps de trois ou quatre Insectes , dans les pattes de la Puce ou les ailes des Sauterelles , par exemple (1); mais leurs observations, restées incomplètes , ne suffisaient pas pour prouver que le sang circule dans l'organisme de ces Ani- maux , et n'avaient pas fixé l'attention des physiologistes. Aussi apprécié les fonctions du vaisseau « Animalculo ita constituto, contenta dorsal des Insectes. Il attribue à cet » ejus omnia, potissimum vero san- organe une action analogue sur les » guis, quam forlissime agilantur; sucs nourriciers répandus dans l'ab- » sanguis fermentescensper vasa san- domen, et leconsidèrecomme servant » guinea e corde in alas propelletur, à agiter ces liquides sans y déterminer » simulque aer e pulmonibus eu adi- un mouvement circulatoire [a). » getur (b). » (1) Ce phénomène avait été aperçu Backer a dit aussi quelques mots par Swammerdam chez des Papillons de courants qu'on peut apercevoir qui , près d'achever leur métamor- dans les pattes des Punaises et les phose, ont encore les ailes dans un état ailes des Sauterelles (c). Enfin, des de mollesse très grande ; mais, d'après mouvements analogues avaient été si- la manière dont il le décrit, on n'aurait gnalés chez la larve de la Puce pal- pas été fondé à en déduire l'existence Rôsel (d), et dans les pattes de cet in- d'une véritable circulation du sang. secte à l'état parfait par Lyonnet (e). En effet, voici tout ce qu'il en dit : (a) Herold, Physiologische Untersuchungen iiber das Rùckengefdss der Inseclen {Schriften der Gesellschaft «tir Bejorderung der gesammten Naturudssenschaflen «m Marburg, 1 823 , Bd. J, p. 41). (b) Swammerdam, Biblia Naturœ, vol. 11, p. 5S9. (c) Backer, The Microscope made Easy, 1742, p. 130. (d\ Rôsel, Die %u der Monatlich herausgekommenen Insecten-Belusligung gehôriqe Sammlung der Milcken und Schecken, Bd. II, p. 1 5. (e) Lesser, Théologie des Insectes, avec des remarques, par Lyonnet, 1742, t. Il, p. 84. CHEZ LES INSECTES. 217 lorsque M. Carus, en étudiant des larves d'Éphémères, vit des courants sanguins parcourir tout le corps et revenir sans cesse à leur point de départ en suivant une route déterminée , ce naturaliste éminent iit , je le répète , une véritable décou- verte (1). (I) Les premières observations de Carus sur la circulation chez les In- sectes furent faites sur de petites lar- ves de VAgrion puella et l'Éphé- mère (a). Dans un second Mémoire, le même auteur étendit sa découverte et constata le mouvement circulatoire chez des Insectes à l'état adulte aussi bien que chez des larves (b). Les observations de M. Carus furent confirmées par celles de M. Wa- gner sur les Nèpes , etc. (c) , et de M. Ehrenberg sur des Mantes, proba- blement au moment de la dernière mue (d). En 1833, la circulation du sang chez les larves des Éphémères fut étudiée et représentée avec beaucoup de soin par M. Bowerbank (e). En 1835, M. Tyrrell observa la cir- culation chez la Mouche domestique aussi bien que chez divers Névro- ptères , tels que les Phryganes , les Hémérobes , etc. if). Dugès a constaté l'existence du même phénomène chez des larves de Dytisques (g) ; plusieurs autres natu- ralistes ont fait des observations ana- logues, et j'ajouterai qu'à diverses reprises j'en ai fait l'objet de démons- trations publiques dans mon cours d'entomologie au Muséum (h). Enfin, M. Verloren a multiplié encore da- vantage les faits du même ordre, et a donné une liste de quatre-vingt-dix espèces réparties dans toutes les gran- des divisions de la classe des Insectes où les courants circulatoires avaient été vus soit par lui-même, soit par ses devanciers {%). Aujourd'hui, tous les naturalistes, excepté M. Léon Dufour, admettent donc l'existence d'une circulation du sang chez les Insectes, et attribuent ù (a) Carus, Entdeckung eines einfachen vom Herzen aus beschleunigten Blutkreislaufes in den Larven netzfluglicher Insecten. Leipzig, 1821. (b) Carus , Fernere Untersuchungen iïber Blutlauf in Kerfen (Nov. Acta Acad. I.eop. Naî. curios., 1831, vol. XV, pars 2, p. 3, pi. 51). (c) Wagner, Beobachtungen uber den Kreislavf des Blutes und den Bau des Rûckengefdsses beiden Insecten (Isis, 1832, p. 320 et 778, tab. 2). (d) Humboldt, Bericht ûber die naturhist. Reisen von Ehrenberg und Hemprich, 1826, p. 22. (e) Bowerbank, Observ. on the Circulation of Blood in Insects (Enlomological Magazine, 1833, vol. I, p. 239, pi. 2). (f) J. Tyrrell, On the Circulation of the Blood in Insects {Abstracts of the l'apers prînted in the Philosoph. Trans., 1835, t. III, p. 317). (g) Dugès, Traité de physiologie comparée, t. II, p. 441. (h) Voyez Ann. des sciences nat., 1845, 3e série, t. III, p. 270, et les Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1849, t. XXVIII, p. 33. (i) Verloren , Mém. en réponse à la question suivante : Eclairer par des observations nouvelles le phénomène de la circulation dans les Insectes (Mémoires couronnés de l'Académie de Bruxelles, 1847, t. XIX). — Von den Ernàhrungs Functionen bei den Insecten (Holldndische Beilrage von den dnatom. vnd physiol. Wissensrhaften, 1S48, Vd. I, p. 303). 218 CIRCULATION DU SANG Ces jeunes Insectes, dont la vie est aquatique, ont les tégu- ments si minces et si transparents , qu'en les plaçant sous le microscope on peut voir dans l'intérieur de leur corps , et , en les observant de la sorte à l'état vivant , M. Carus reconnut que le sang se meut avec rapidité dans leur organisme, et forme sur la ligne médiane du dos un large courant dirigé d'arrière en avant. Il vit ensuite le liquide nourricier serpenter entre les organes contenus dans la tête, et former sur les parties latérales et inférieures du corps de grands courants dirigés d'avant en arrière, puis rentrer dans le courant dorsal à l'extrémité pos- térieure de l'abdomen. D'autres courants secondaires formaient pour ainsi dire des anses dans diverses parties du corps, telles que les appendices caudaux et les feuilles respiratoires. En un mot, il y trouva tout ce qui constitue une véritable circulation du sang, mais une circulation dont la plus grande partie se faisait la petitesse ou à la rareté des globules crois, en principe, que dans les Ani- charriés par ce liquide l'impossibilité maux où il y a une circulation gé- où l'on se trouve quelquefois d'aper- nérale d'air, celle-ci remplace ou cevoir au microscope ce mouvement exclut la circulation générale du sang des fluides nourriciers. M. Léon Du- ou d'un liquide analogue. Ces deux four a mis une grande persévérance systèmes circulatoires sont incompa- à soutenir les opinions de Cuvier à ce libles (a). » sujet. Dans son travail sur l'anatomie M. Léon Dufour développe les mê- des Hémiptères, il désigne le cœur des mes vues en traitant des Ortho- Insectes sous le nom de cordon dor- plères (.6). Il reconnut que chez les sal , parce qu'il lui refuse même le Bourdons le vaisseau dorsal est tubu- caractère d'un vaisseau, et chez la leux ; mais il soutint qu'il ne renfer- Corée bordée, par exemple, il le dé- niait aucun liquide (c). Enfin , dans crit comme n'offrant aucune cavité une publication plus récente, il dé- intérieure ; enfin il résume de la ma- clare que, dans son opinion, ce pré- nière suivante l'ensemble de ses re- tendu vaisseau dorsal est un organe cherches : « C'est un fait établi , je sécréteur (d). (a) Léon Dufour, Recherches anatomiques et "physiologiques sur les Hémiptères, 1833, p. 275 el 27G (extrait des Mémoires des Savants étrangers, t. IV). (b) Recherches anatomiques et physiologiques sur les Orthoptères , les Hyménoptères el les Nêvroptèrts, p. 23 (extrait des Mémoires des Savants étrangers, 1841, t. VII). (c) hoc. cit., p. 120. (d) Léon Dufour, Etudes anatomiques et physiologiques sur une Mouche, p. 57 (extrait de* Mémoires des Savants étrangers, 1845, t. IX ). CHEZ LES INSECTES. 219 sans le concours de tubes de conduite et par l'intermédiaire seulement des espaces libres laissés entre les divers organes de l'économie. Bientôt les résultats annoncés par M. Carus furent pleine- ment confirmés par les observations de plusieurs naturalistes; et ils sont , en effet, très faciles à vérifier chez tous les Insectes dont les téguments sont suffisamment transparents pour per- mettre l'emploi d'un microscope puissant , et les globules du sang suffisamment gros et opaques pour rendre le mouvement du liquide qui les charrie saisissable à l'œil. Peu de temps après la publication de la découverte impor- tante due à M. 'Carus, la structure du vaisseau dorsal nous fut plus complètement dévoilée par les recherches délicates de M. Straus-Durkheim sur l'anatomie du Hanneton (1), et dès ce moment les physiologistes purent se former une idée nette des caractères les plus importants du mode de circulation du sang chez les Insectes. § 3. — Le vaisseau dorsal, comme je l'ai déjà dit . occupe vaisseau dorsal -ii > -i i ii -, nu cœur. la ligne médiane du dos , et s étend dans toute la longueur du corps. Il se trouve presque immédiatement sous la peau, et, lorsque les téguments sont à demi transparents, on en aperçoit le contour et les mouvements sans ouvrir l'Animal. Lorsqu'on le met à nu par la dissection, on voit qu'il ne présente pas la même structure dans toute son étendue, et qu'il se compose de deux.portions bien distinctes : l'une, antérieure, qui est simple- ment tubulaire et qui ne se contracte pas ; l'autre, postérieure, qui est plus large, plus compliquée dans sa structure, et qui est animée d'un mouvement intermittent régulier. Cette dernière portion constitue donc plus particulièrement le cœur des Insectes. (1) L'ouvrage de .\!. Straus porte .sur l'anatomie comparée des Ani- essentiellernent sur Tanatomie des maux articulés. Il fut publié eu 1828, Hannelons à l'état parfait, mais est et renferme une série de planches intitulé : Considérations générales magnifiques. 220 CIRCULATION DU SANG Chez le Hanneton, où sa structure a été décrite avec le plus grand soin par l'anatomiste que je viens de citer, elle occupe, de même que chez la plupart des autres Animaux de cette classe, toute la longueur de l'abdomen, et se trouve fixée à la voûte du squelette tégumen taire de cette région par sept paires d'expan- sions membraniformes que l'on désigne généralement sous le nom d'ailes du cœurii). Ces appendices latéraux naissent chacun par une espèce de tendon du bord antérieur de l'anneau cor- respondant de l'abdomen, et vont en s'élargissant vers le cœur, où ils constituent deux lames, une supérieure, qui s'insère sur les côtés de cet organe, l'autre inférieure, qui se porte en dessous et va se réunir à son congénère de façon à y former une sorte de plancher qui sépare le cœur delà cavité viscérale. Un espace libre, mais fermé en dessus comme en dessous, se trouve ainsi ménagé de chaque côté de la portion cardiaque du vaisseau dorsal par la réunion de ces expansions membraniformes , et elle constitue la poche péricardique , où le sang se répand pour baigner le cœur et pénétrer ensuite dans l'intérieur de cet organe (2). Ici ce réservoir vestibulaire mérite donc mieux (1) M. Straus considère ces ailes longemenls triangulaires sonl en pelit comme étant formées uniquement de nombre , et, d'après les observations lanières fibreuses réunies de manière récentes de MM. Cornaliaetde Filippi, à constituer une membrane [a) ; mais ils sont entremêlés de filaments jau- je pense qu'elles renferment, comme nàtres et ramifiés qui seraient creux chez les Crustacés et les Myriapodes, et tubiformes (c). des fibres musculaires fournies par (2) Cette disposition, qui n'avait élé les muscles extrinsèques du cœur. qu'imparfaitement saisie par M. Straus, Lyonnet, qui a donné une très bonne a été très bien observée par Kewport. ligure de ces parties chez la chenille C'est la chambre péricardique ainsi du Cossus, les considère aussi comme constituée qui donne naissance à l'es- étant essentiellement musculaires (6). pace clair remarqué par ce natura- Dans le Ver à soie, les faisceaux liste de chaque côté du vaisseau dor- musculaires dont se compose ces pro- sal chez les Asiles, les Bourdons (d). (a) Straus, Considérations sur l'anatomie comparée des Animaux articulés, p. 357. (b) Lyonnet, Traité anatomique de la Chenille du saule, p. 414. (c) Cornalia , Monografta del Bombice del gelso, p. 137, pi. 8, fi g. 102 (1856). (d) Newport, art. Insf.cta (Todd's Cyclop. nfAnat. and Physiol, vol. II, p. i)78, fïg\ 434). CHEZ LES INSECTES. 221 que chez les Crustacés le nom d'oreillette du cœur, sous lequel on le désigne souvent , car, à raison de la disposition des fibres musculaires des ailes cardiaques, il semble pouvoir agir comme un instrument d'impulsion et pousser le sang dans le ventricule ou cœur proprement dit. Celui-ci est en général un peu fusiforme (1) et présente une série d'étranglements plus ou moins marqués qui se prononcent surtout au moment de la contraction et qui le divisent en un certain nombre de segments ou ventriculites. Ce qui caracté- rise principalement ces petites chambres cardiaques , ce sont les orifices afférents qui, disposés par paires, en occupent les parties latérales , et des replis membraneux intérieurs qui en divisent la cavité et qui sont disposés comme des portes d'écluses. Le nombre des orifices afférents ou auriculo-ventriculaires du cœur des Insectes paraît être le plus ordinairement de huit paires , mais se trouve parfois réduit à cinq ou six , ou même davantage encore ; et , lorsqu'ils ne régnent pas dans toute la longueur de l'abdomen , c'est à la partie postérieure de cette (1) Eu général, chez les Insectes genre Chironomus (b). Chez la larve adultes, cette portion cardiaque du du Pompilius viaticus , M. Verloren vaisseau dorsal est un peu fusiforme, a trouvé une dilatation analogue, mais sa partie moyenne étant légèrement moins forte (c). renflée (a) ; mais M. Verloren a re- Ce mode de conformation est au marqué que, chez les larves, sa plus contraire plus prononcé chez quelques grande ampleur est à l'arrière du Insectes aptères. Ainsi, chez le Meno- corps. Près de son extrémité pos- pon pallidum , M. VVedl a trouvé térieure, on y remarque même, chez l'extrémité postérieure du vaisseau quelques espèces, une dilatation très dorsal dilatée en une poche contrac- prononcée : par exemple , chez les tile ovalaire , à laquelle il réserve le larves aquatiques des Diptères du nom de cœur {d). (a) Exemples : Hanneton. Voyez Straus, Op. cit., pi. 8, Car. 7 et 9. — Lucanus cervas. Voyez Newport, Insecta (Todd's Cyclopœdia, vol. II, p. 977, fig. 433). (b) Verloren, Sur la circulation dans les Insectes, p. 31, pi. 2, fïg. 1 à 4 ; pï. 3, fig. 5 à 7. (c) Loc. cit., pi. 6, fig. 22. (d) Wedl, Ueber das Herz von Menopon pallidum (Silïiuujsbericht dev Alcad. der Wissmçhafteh su Wien, 1855, t. XVII, p. 173, fig.). 222 CIRCULATION DU SANG région qu'on les rencontre (1) : ils sont placés chacun vers le milieu de l'anneau abdominal correspondant , et dirigés à peu près verticalement ; mais leurs deux lèvres , au lieu de se ter- miner par un bord libre , comme on pourrait le croire à la (1) L'existence de huit paires de ces orifices a été constatée chez le Han- neton par M. Straus (a), et chez les Sphinx et divers autres Lépidoptères par Newport (6), chez le Rhyncho- phore par M. Verloren (c), chez la Sauterelle verte par M. Blanchard (d), chez la larve du Corethra plumiformis par M. Wagner (e). Mais , dans le Lucane cerf-volant , Newport n'a pu en trouver que sept paires. Le même naturaliste n'en a trouvé que cinq paires chez le Bourdon ter- restre (/"). Chez les larves de Caloso- mes, il paraît n'exister que quatre paires (g), ainsi que chez les Mou- ches (h). Enfin, chez les Phasmes , on n'en distingue qu'une seule paire (i). Du reste, la détermination du nom- bre exact de ces orifices présente souvent de très grandes difficultés, et dans beaucoup de cas il est impos- sible d'être sûr qu'aucun d'entre eux n'ait échappé à l'œil. M. Verloren pense qu'il y a toujours une paire d'ouvertures pour chacun des seg- ments de l'abdomen occupés par la portion cardiaque du vaisseau dorsal, ce qui donnerait aussi huit paires pour les larves du Chironomus, puisque ce physiologiste a pu s'assurer de leur présence dans les onzième et dou- zième segments, et que la portion abdominale du corps se compose de six autres anneaux. D'après cette méthode d'évaluation, M. Verloren attribue neuf paires de ces orifices à la . larve du Pompilus viaticus, et, du reste, il a constaté directement ce nombre chez la larve de l'Éphémère (j). D'un autre côté, il me paraît évi- dent que chez les Phasmes il n'y a qu'une paire d'orifices afférents et une paire d'ailes, ce qui suppose une seule chambre cardiaque , et , d'après les observations de M. | Nicolet , la même structure se rencontrerait chez les larves du Cyphon lividus (k). (a) Straus , Considérations sur l'anatomie comparée des Animaux articulés, p. 356, pi. 8, fig. 7). (b) Newport, Insecta (Todd's Cyclop. of Anat. and PhysioL, vol. II, p. 977). (c) Verloren, Op. cit., p. 45. (d) Blanchard, Op. cit. (Ann. des se. nat., t. IX, p. 386 et 392). (e) Wagner, Ueber Blutkôrperchen der Regenwût'mern, Blutegeln und Dipterenlarven (Mùller's Archiv fur Anat. und Pays-, 1835, p. 312, pi. 5, fig. 14). (f) Newport, loc. cit., p. 977. (g) Burmeister, Handb. der Entomologie, p. 165. (h) Blanchard, loc. cit., p. 397. (i) Miiller, Ueber die Enlwick. der Eier und des Ruckengefàsses bei den hisecleil ( Nova Acta Acad. Nat. cunos., t. XII, pi. 50, fig. 2). (j) Loc. cit., p. 46. (k) Nicolet , Sur la circulation du sang che& les biseetes (Comptes rendus de l'Académie det sciences, 1849, t. XXVIII, p. 540). CHEZ LES INSECTES. 223 première vue, se replient en dedans et en avant, de manière à s'avancer comme un bec de flûte dans l'intérieur du cœur. Les doubles replis membraneux ainsi constitués de chaque coté du vaisseau dorsal ont une forme semi- lunaire et s'écar- tent l'un de l'autre quand cet organe se dilate ; mais , lors du mouvement contraire , le voile constitué par la lèvre anté- rieure de chaque orifice s'applique contre le voile correspon- dant formé par le prolongement de la lèvre postérieure , et ferme le passage. A l'aide de cet appareil valvulaire , dont le jeu parait être le même chez tous les Insectes, le sang peut donc pénétrer du ves- tibule péricardique dans le cœur, mais ne peut pas refluer du cœur dans ce réservoir (1). Il est aussi à noter qu'en s'avançant obliquement l'une vers l'autre, les deux valvules bilabiales d'une même paire divisent intérieurement le cœur en autant de compartiments ou loges qui communiquent entre elles par l'espace médian ou fente comprise entre ces replis latéraux. Or, cette disposition vient encore en aide au mouvement circulatoire. En effet, quand le cœur s'est rempli de sang par les voies dont il vient d'être question , il se resserre; mais les contrac- tions de ses divers segments ont lieu d'une manière successive d'arrière en avant , et les clapets intérieurs que je viens de décrire s'opposent au retour du liquide du ventrieulite qui bat dans celui qui a cessé de se contracter, et l'obligent à se diriger en totalité vers la tête (2 . (1) La découverte de ces valvules valvulaires manquent complètement est due à M. Straus, qui a très bien dans le vaisseau dorsal du Bombyx indiqué leurs principaux, caractères; du mûrier (6). mais leur jeu a été mieux décrit par (2) Des opinions contradictoires sur M. Verloren (a). les fonctions de ces replis valvulaires M. Cornalia pense que ces replis intérieurs du vaisseau dorsal des ln- [a) Sur la circul. dans les Insectes, p. ~ii et suis. [Mém. cour, de l'Acad. de Briucelles, l. XIX), (b) Cornalia, Monografia del Bombke del yelso, p, 135. 22/t CIRCULATION DU SANG § II. — La portion antérieure ou aortique du vaisseau dorsal ne présente ni expansions latérales en forme d'ailes, ni orifices, et constitue un simple tube membraneux. Chez les larves et quel- ques Insectes adultes, tels que les Spectres, où le corps est tout d'une venue, ce vaisseau se prolonge en ligne droite de l'abdomen dans le thorax , et ne s'infléchit que pour pénétrer dans la tête. Mais', dans la plupart des Insectes adultes, le thorax étant séparé de l'abdomen par un étranglement, le vaisseau dorsal est obligé de se courber pour suivre la direction de la voûte dorsale du squelette tégumentaire , et forme un coude plus ou moins prononcé en arrivant au thorax. Il est facile de voir qu'il n'y donne naissance à aucune branche. Arrivé dans l'intérieur de la tête et sous le ganglion cérébroïde, il s'accole à la face supérieure de l'œsophage et débouche dans le système lacunaire interorganique , soit directement par son extrémité tronquée, soit par l'intermédiaire de deux ou d'un plus grand nombre de divisions très courtes. système § 5. — La totalité du sang mis en mouvement par les con- lacunaire. " . , , . . tractions de la portion cardiaque du vaisseau dorsal traverse donc la portion aortique de cet organe et se déverse dans la cavité de la tête. Mais , soit que ce tube artériel se bifurque avant de s'ouvrir ou qu'il se termine brusquement par une extré- sectes ont été émises par M. Straus triculaires). M. Verloren a fait retnar- tl'une part, et M. Verloren de l'autre. cpier avec raison que cette théorie du Le premier (a) pense que la diastole mécanisme de la circulation du sang delà pénultième chambre cardiaque a chez les Insectes n'était pas en accord lieu au moment de la contraction de avec les faits (6) ; mais il est tombé, ce la dernière de ces loges, et ainsi de me semble, dans l'exagération oppo- suite; en sorte que chaque veniri- sée , en n'accordant aucune influence cule se remplirait à la fois par son à ces replis membraneux, si ce n'est extrémité postérieure, c'est-à-dire par pour diriger le courant afférent en le détroit interventriculaire, et par avant pendant la diastole, les orifices latéraux (ou auriculo-ven- («) Straus, Considér. sur l'anat. comp. des Anim. articulés, p. 558. (b) Veiiorcu, Op. cil., p. 5-2 et suiv. (Mém. couronnés de l'Acad. de Bruxelles, t. XIX). CHEZ LES INSECTES. 225 mité béante, on voit le sang qui s'en échappe circuler ensuite dans les espèces de canaux irréguliers formés par les espaces vides que les divers organes circonvoisins laissent entre eux, et il me parait bien démontré que l'aorte ne donne naissance à aucun système vasculaire rameux à l'aide duquel ce liquide serait transporté de la tête dans les autres parties de l'orga- nisme (1). Ce sont les portions inoccupées de la grande cavité viscérale qui servent de conduits pour le sang et qui sont par- courues par les maîtres courants que l'on aperçoit sur les parties latérales et inférieures du corps, d'où ces courants vont gagner la partie postérieure de l'abdomen , et rentrer dans le cœur après avoir baigné les divers organes placés sur leur route. (1) Les observations de AI. Bovver- bank sur la circulation cliez la larve de l'Éphémère concordent très bien avec celles de M. Carus touchant le fait du déversement du sang de l'ex- trémité antérieure du vaisseau dorsal dans la cavité de la tète ; mais ce mi- crographe pense que les grands cou- rants latéraux qui se dirigent vers l'extrémité postérieure du corps sont renfermés dans des canaux distincts de la grande cavité abdominale, bien qu'en communication libre avec cette cavité au point de jonction des divers anneaux (a). M. Millier a considéré comme étant des vaisseaux sanguins certains fila- ments qui, chez les Phasmes, s'étendent de la portion aortique du vaisseau dor- sal au sommet des ovaires [b), opinion qui a été partagée par Newport (e). Mais des recherches ultérieures prou- vent que ce ne sont que des trachées accompagnées de brides cellulaires, et que le vaisseau dorsal ne donne naissance à aucune branche dans cette partie du corps (d). Newport pense qu'il existe un ca- nal vasculaire le long de la face su- périeure de la portion abdominale de la chaîne ganglionnaire; il le désigne sous le nom de vaisseau sus-spi7ial, et il soupçonne qu'il provient de l'extré- mité antérieure du vaisseau dorsal de la même manière que naît l'artère récurrente sus-spinale chez les Scolo- pendres (e). Mais toutes les observa- tions des autres naturalistes tendent à faire rejeter cette opinion. (a) Bowerbank, Obs. on the Circul. ofthe Blood in Insects (Entom. Mag., 1833, vol. I, p. 2-iI). (b) J. Miiller, Ueber die Entivickclung der Eier in Eierstock bei den Gespenstheuschrecken und eine neuendeckte Verbindung des Rïtckengefdsses mit den Eierstôcken bei den Insecten (Nova Acta Acad. Nat. curios., 1825, vol. XII, p. 553, pi. 50, fig-. 2). (c) Newport, Insecta (Todd's Cyclop., vol. II, p. 979). (d) Blanchard, De la circulation dans les Insectes (Ann. des sciences nat., 1848, 3" série, t. IX, p. 368). (e) Newport, Insecta (Todd's Cyclop., vol. II, p. 980). III. 15 226 CIRCULATION DU SANG Ces canaux principaux sont en continuité avec d'autres lacunes ménagées entre les muscles ou entre les faisceaux dont ces muscles se composent, ou bien encore au milieu de la masse viscérale, et les grands courants envoient dans le réseau ainsi constitué des branches secondaires qui , après s'être ramifiées à leur tour et avoir serpenté entre les diverses parties solides de l'organisme , rentrent dans quelque courant principal pour regagner le vaisseau dorsal (1). Dans les parties transparentes du corps on voit le sang cir- culer ainsi dans une multitude de canaux interorganiques plus ou moins bien endigués, pénétrer dans les pattes (2), parcourir (1) M. Blanchard pense que le sang arrive dans l'espace péricardique au moyen d'un certain nombre de canaux transversaux à parois mal définies par du tissu cellulaire condensé qui se por- tent en forme d'arcades en suivant la face interne de l'arceau dorsal des di- vers segments abdominaux du sque- lette tégumentaire , et qui avaient été signalés par Newport chez les Sphinx à l'état de nymphes (a), mais qui sont plus distincts chez les Dytisques (6). Ce sont les analogues des canaux branchio-cardiaques des Crustacés et des canaux pneumocaidiaques des Arachnides. (2) La circulation du sang, dans les pattes de quelques Insectes, est aidée par l'action de faisceaux musculaires qui sont situés près de l'articulation de la jambe avec la cuisse, et qui, en se contractant d'une manière régulière, impriment un mouvement plus vif au courant dont cette partie est traversée. M. Behn a découvert ce phénomène chez de jeunes Notonectes, et l'a con- staté aussi dans les genres Corixa , Plea, Naucora, Nepa et Remettra. Il croit l'avoir aperçu aussi chez les Keduves et les Ilydromètres ; mais il n'a pu rien voir de semblable chez d'autres Hémiptères , tels que les Pucerons (c). Il attribuait les batte- ments à une espèce de valvule mem- braneuse ; mais M. Léon Dufour pense que le mouvement en question est dû aux muscles ordinaires des jambes. Du reste, ce dernier analomiste n'ad- met pas l'existence des courants cir- culatoires observés par M. Behn (c/). M. Verlohren a constaté ce phéno- mène dans les pattes du Tettigonia {a) Newport, art. Insecta (Totld's Cyclop. of Anat. and Physiol., vol. II, p. 979). (6) Blanchard, De la circulation dans les Insectes (Ann. des sciences nat., 3» série, t. XV, p. 381). (c) Behn, Découverte d'une circulation du fluide nutritif dans les pattes de plusieurs Insectes Hémiptères, circulation qui est indépendante des mouvements du vaisseau dorsal et se trouve sous la dépendance d'un organe moteur particulier {Ann. des sciences nat., 1835, 2- série, t. IV, p. 5, et Mûller's ArcKiv fur Anat. und Physiol., 1835, p. 554, pi. 13, fig. 13 et 14). (d) Léon Dufour, Lettre sur le mouvement observé par M- Behn dans les pattes des Insectes Hydrocorises {Ann. des sciences nat., 1835, t. IV, p. 313). CHEZ LES INSECTES. 227 les ailes quand ces appendices membraneux ne sont pas des- séchés (1), en un mot, se répandre partout; et si, à l'aide d'in- jections colorées, on étudie les connexions qui existent entre les cavités où la présence des courants sanguins a été con- statée et le reste de l'économie, il est facile de voir que le système imgatoire ainsi constitué pénètre dans la profondeur de tous les organes et doit pouvoir permettre le renouvellement rapide du fluide nourricier dans tous les points où le travail vital rend le passage de ce liquide nécessaire. § 6. — Les recherches de M. Blanchard tendent même à établir qu'à l'aide de certaines parties de ce système lacu- naire, les relations entre le fluide nourricier et le fluide res- pirable sont rendues plus directes et plus régulières qu'on ne le soupçonnait. Il a vu que si l'on pousse un liquide coloré soit dans le vaisseau dorsal , soit dans la cavité abdominale, non-seulement les diverses lacunes intermusculaires et inter- viridis {a), des larves d'Éphémères, avec ceux de l'organe pulsatile dont etc. il vient d'être question , et ne parais- II est probable que quelque chose sent pas dépendre de ceux du vaisseau d'analogue existe chez certains Dip- dorsal. tères , car Degeer parle de battements (1) La circulation du sang dans les analogues à ceux d'une artère dans ailes de l'Hémérobe perle a été très les pattes des Ornithomyies (6). bien étudiée par M. Bowerbauk. Les Quant aux courants qui se voient principauxcourantssuiventladirection dans les pattes de ces divers Insectes, des grandes nervures de la base vers M. Behn pense qu'ils ne sont pas limités le sommet de ces organes et revien- par des parois propres. L'un de ces nent le long de la nervure marginale ; courants,situé près du bord postérieur ils sont situés dans des canaux au de la jambe, se dirige du tronc vers centre desquels se trouvent les troncs l'extrémité du membre ; l'autre , qui trachéens (c). marche en sens inverse , en occupe M. Mcolet a étudié le même phé- le bord antérieur ; enfin, ils sont sac- nomène dans les élytres des Cocci- cadés, et leurs mouvements coïncident nelles {d). (a) Verloren, Op. cit. (Mém. couronnés de l'Acad. de Bruxelles, t. XIX, p. 82, pi. 7, %. 26). (6) Degeer, Mém. pour servir à l'histoire des Insectes, t. VI, p. 287. (e) Bowerbank , Observ. on the Circulation of the Blood and the Distribution of the Tracheœ in the Winy ofChrysopa Perla (Entomol. Magaz., 1837, vol. IV, p. 179, pi. 15, fig. 1-4). (d) Nicolet, Note sur la circulation du sang chez les Coléoptères (Ann. des sciences nat., 1847, 3» série, t. V, p. 60). 228 CIRCULATION DU SANG viscérales s'en remplissent aussitôt , mais que les trachées se teignent dans toute leur longueur. L'injection, quand elle est bien laite , ne pénètre pas dans l'intérieur de ces tubes aérifères , mais se répand en couches minces dans l'espace compris entre leurs tuniques. Or, suivant toute probabilité , le sang doit pouvoir pénétrer là où pénètre l'injection, et par conséquent il est à présumer qu'une portion du fluide nour- ricier s'introduit dans l'épaisseur des parois des trachées, dont la tunique externe constituerait un canal rameux occupé à la fois par un cylindre creux de sang et un cylindre central formé par l'air et séparé du premier par la tunique trachéenne in- terne. Si cette couche de sang interposée était en repos, sa présence n'influerait d'une manière notable ni sur la respiration, ni sur la circulation; mais s'il se renouvelle rapidement, et s'il y a là un courant, comme le pense M. Blanchard, le service de l'irri- gation se trouverait assuré d'une manière bien plus parfaite qu'on ne le supposait, et nous aurions là un nouvel exemple des ressources que la Nature peut trouver dans la simple adaptation d'instruments d'emprunt à des fonctions nouvelles ; car ces conduits péritrachéens, qui fourniraient des arborisations non moins touffues ni moins bien circonscrites que celles résultant d'un système vasculaire spécial, ne seraient encore que des dépendances du système lacunaire général. Du reste, dans l'état actuel de la science, il serait difficile de se prononcer quant à l'importance du rôle que les espaces péritrachéens peu- vent remplir. L'existence de courants dans ces lacunes tubi- formes n'a pas encore été constatée, et nous ne savons pas bien comment les liquides répandus dans la cavité viscérale y pé- nètrent ou en sortent (1). (1) Les extraits suivants feront con- « Souvent, à l'exemple de mes de- naîtreles observations de M.Blanchard vanciers, dit ce naturaliste, j'avais et les conséquences qu'il en déduit : examiné par transparence des larves CHEZ LES INSECTES. 229 Quoi qu'il en soit, nous voyons que chez les Insectes il y a en réalité une circulation active, bien qu'il ne paraisse y avoir chez ces Animaux ni ramifications artérielles, ni veines, et. que de Névroplères et de Diptères. Comme eux, je m'étais convaincu de l'existence du mouvement circulatoire, des mou- vements du vaisseau dorsal, du mou- vement et de la direction des cou- rants dans les espaces interorganiques. J'étais convaincu de l'exactitude de leurs observations sous ces divers rapports. Mais je ne pouvais ra'em- pècher de soupçonner qu'il existât quelque chose de plus... » Il eut donc recours aux injections avec du bleu de Prusse délayé dans de l'essence de térébenthine, et en procédant de la manière suivante : <• Mon premier soin, dit-il, était d'ouvrir l'animal par la partie supé- rieure et de dégager le vaisseau dor- sal dans toute sa longueur. Celte pré- paration achevée, je pratiquais une ouverture dans l'une des chambres postérieures, et tout aussitôt j'y faisais pénétrer l'injection... En disséquant la tète d'individus ainsi injectés, en mettant à nu les ganglions cérébroïdes, je distinguai sans peine la portion aor- lique du vaisseau dorsal passant sous ces centres nerveux, s'élargissant un peu et fournissant quelques branches fort courtes. M. Newport avait déjà vu cette terminaison chez la Vanesse de l'ortie. Mais, sous le poids de l'in- jection, l'extrémité du vaisseau et les petites branches qui en dérivent se di- lalent considérablement. On voit de la manière la plus distincte les parois vasculaires devenir de plus en plus minces, ou de moins en moins résis- tâmes. Ces branches s'évasent alors vers leur extrémité et retiennent dif- ficilement le liquide injecté. Enfin, on voit que le vaisseau dorsal se termine dans la portion supérieure de la tête, que là ses parois finissent. Cette ex- périence répétée un grand nombre de fois sur les espèces les plus diffé- rentes, il n'y avait plus moyen d'en douter: Le vaisseau dorsal ne pré- sente point de branches sur son trajet , et ses divisions antérieures ne sont en réalité que des indices de bran- ches; elles ne se prolongent pas même jusqu'à la partie tout à fait antérieure de la tète. Continuant à injecter des Insectes par leur vaisseau dorsal, je. m'attachai à y faire passer une assez grande quanlité de liquide. L'injec- tion se répandait naturellement dans la cavité de la tête, puis dans celles du thorax. » Mais ce n'était pas tout : ayant placé la préparation dans l'eau, l'in- jection répandue dans ces lacunes s'en échappa , et ces cavités se vidèrent : mais le système trachéen resta coloré par le liquide injecté. M. Blanchard acquit la conviction que cette colora- tion n'était due ni à la teinture de la surface externe des parois de ces tubes aérifères, nia l'introduction de l'injec- tion dans l'intérieur de ceux-ci, mais à sa présence entre les deux tuniques membraneuses de ces conduits, et cela jusqu'aux extrémités les plus déliées. » L'injection, ajoute M. Blanchard, a suivi ici le trajet que suit le fluide nourricier. Traversant le vaisseau dorsal, elle s'est répandue dans toutes les lacunes inlerorganiques. Parvenue dans les lacunes avoisinant l'origine 230 CIRCULATION DU SANG le sang , mis en mouvement par les contractions du cœur et porté dans la tête par la portion aortique du vaisseau dorsal, ne trouve, pour se distribuer dans les diverses parties de l'éco- des tubes respiratoires, elle s'est in- troduite entre les deux tuniques tra- chéennes (a). » Il obtint le même résultat en pous- sant l'injection directement dans les lacunes interorganiques, dans la cavité abdominale, par exemple. Enfin, M. Blanchard donna, dans la grande édition du Règne animal de Cuvier, plusieurs belles figures représentant le système trachéen co- loré de la sorte (b). Ces résultats furent vivement com- battus par divers naturalistes. Ainsi M. Léon Dufour les repousse : d'abord parce que, suivant cet auteur, il n'y aurait pas de circulation chez les In- sectes ; en second lieu , parce que le vaisseau dorsal ne lui paraît pas mé- riter ce nom ; et troisièmement, parce qu'en injectant des liquides colorés dans l'abdomen de divers Insectes , il n'a pas vu les trachées se colorer (c). M. Joly partage l'opinion de M. Léon Dufour, et conclut de ses recherches à ce sujet, d'abord que l'espace inter- membranulaire dans lequel M. Blan- chard pense que le sang, ainsi que l'injection, pénètre, n'existerait pas, et que les deux membranes qui consti- tuent les gros troncs trachéens sont contiguës l'une à l'autre; secondement, que c'est dans l'intérieur même des trachées, c'est-à-dire dans le canal aérifère lui-même, que les injections de M. Blanchard auraient pénétré par suite de la déchirure de ces vais- seaux (d). M. Dujardin nie également l'exis- tence d'un espace libre entre les tu- niques des trachées, et s'est élevé aussi contre les conclusions que M. Blan- chard avait tirées de ses injections au sujetd'une circulation péritrachéenne. Il pense que la couche externe de ces tubes est formée par une substance sarcodique que sécréterait la tunique interne ou épidermique, dont le fil en spirale ne serait qu'un simple épais- sissement, et qui serait en contact direct avec cette tunique interne (e). M. Nicolet a fait aussi quelques ob- servations qui ne sont pas favorables à l'existence d'une circulation péri- trachéenne, et ajoute : « En présence de lacunes toujours pleines de sang, et dans lesquelles il se meut sans cesse , l'infiltration de (a) Blanchard, Sur la circulation dans les Insectes (Ann. des sciences nat., 1848, 3* série, t. IX, p. 372 à 376). (b) Atlas, Insectes, pi. 76, fig, 1 et 2 ( Sauterelle verte ); pi. 87, fig. 1 (Pentatoma grisea) ; pi. 100, fig. 1 et 2 (.■Eshna forcipata); pi. 107, fig-. 1 (Abeille); pi. 160, fig. 1 (Musca vomi- toria). (c) Léon Dufour, Sur la circulation des Insectes (Actes de la Société Linhéenne de Bordeaux, 1849, t. XVI, et Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1849, t. XXVIII, p. 28, 101 et 163). (d) Joly, Mém. sur l'existence supposée d'une circulation péritrachéenne chez les Insectes (Mém. de l'Acad. des sciences de Toulouse, et Ann. des sciences nat., 1849, 3" série, t. XII, p. 306). — Joly, M. Blanchard, et Circulation péritrachéenne des Insectes. Réfutation de cette théorie antiphysiologique (Gaz. méd. de Toulouse, février 1852). (e) Dujardin, Résumé d'un Mémoire sur les trachées des Animaux articulés et sur' la prétendue circulation péritrachéenne (Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1849, t. XXVIII, p. 674). CHEZ LES INSECTES. 231 nomie, et pour revenir ensuite au cœur, que les rigoles ou lacunes ménagées entre les divers organes ou entre les mem- branes et les fibres dont ces organes se composent. ce fluide entre les membranes tra- chéennes paraît non-seulement super- flue, mais encore inutile et plutôt con- traire que favorable au phénomène de l'oxydation ; car si le but de la na- ture, en répandant dans toute l'éten- due du système organique des Insectes une innombrable quantité de conduits aérifères, a été de mettre en prompt contact avec l'air la plus grande masse possible de fluide nourricier, l'exiguïté de l'espace compris entre les membranes trachéennes, exiguïté qui ne peut être mise en parallèle avec l'étendue des lacunes, ne permet pas d'y admettre l'entrée d'une suffi- sante quantité de sang pour satisfaire à la rapide combustion d'oxygène que la plupart de ces Animaux doivent nécessairement exiger (a). » Duvernoy regarde l'existence d'un interstice entre les deux membranes trachéennes comme étant incontes- table ; mais il ne croit pas que le pas- sage du sang dans cette lacune circu- latoire soit démontré , et à plus forte raison la circulation de ce fluide dans l'épaisseur des parois des vaisseaux aérifères (6). M. de Filippi a fait des expériences à ce sujet, et tout en confirmant plei- nement l'existence de l'espace en question, il ne pense pas que le sang y pénètre (c). M. Agassiz reprit à son tour l'exa- men de cette question, et arriva aux mêmes conclusions que M. Blanchard. M. Bassi également {d). Enfin, M. Blanchard a invoqué , à l'appui de son opinion touchant les usages des lacunes intermembranu- laires des trachées, les résultats des expériences dans lesquelles MM. Ales- sandrini , de Filippi , Bassi et lui- même, avaient vu ces tubes se colorer sous l'influence de l'injection de cer- taines matières colorantes dans l'es- tomac (e). M. Blanchard a trouvé que l'indigo et la garance étant absorbés de la sorte, colorent le sang, et c'est à la présence d'une couche mince de ce sang coloré qu'il attribue la teinte bleue ou rose constatée dans les pa- rois des trachées (f). M. Joly a répété ces expériences, mais n'est arrivé qu'à des résultats négatifs, et il en conclut que le régime (a) Nicolet, Sur la circulation du sang chez les Insectes (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1849, t. XXVIII, p. 541). (b) Voyez les Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1849, t. XXVIII, p. 34. (c) De Filippi, Alcune osservaxioni anatomico fisiologiche sulV Insecli in générale, ed in parti- cularesul Bombice del gelso, p. 4 et suiv. (extrait du tome V des Annales de l'Académie d'agri- culture de Turin, 1851). (d) Agassiz, Note sur la circulation des fluides chez les Insectes (Ann. des sciences nat., 1851 , 3« série, t. XV, p. 358). — Bassi, Rapport fait au congrès de Venise sur le passage des substances introduites dans le système trachéen des Insectes (Ann. des sciences nat., 3° série, t. XV, p. 370). (e) Bassi, Rapport, etc. (Ann. des sciences nat., 3* série, t. XV, p. 362). (f) Blanchard , Nouvelles observations sur la circulation du sang et la nutrition chez les Insectes (Ann. des sciences nat., 3e série, t. XV, p. 371). 232 CIRCULATION DU SANG. Résumé § 7. — Nous voilà donc ramenés à un état de choses fort i.i circulation analogue à ce que nous avions rencontré dans les rangs infé- rieurs de l'embranchement des Malacozoaires. Nous voyons qu'ici encore l'irrigation sanguine s'effectue essentiellement à l'aide, non pas d'un système de tubes flexi- bles et rameux disposés en manière de cercle, mais au moyen de canaux irréguliers dont la forme est déterminée par celle des organes circon voisins. Nous avons vu que chez les divers Mollusques, ainsi que chez les Crustacés et les Arachnides, des vaisseaux propre- ment dits se substituent à ces canaux dans une certaine éten- due de l'appareil circulatoire, mais qu'une portion plus ou moins considérable de cet appareil se compose toujours de ces espaces interorganiques auxquels j'ai donné le nom de lacunes. Nous pouvons donc maintenant mieux apprécier que nous n'aurions pu le faire en abordant l'histoire de la circulation, les objections faites par quelques anatomistes à la théorie dont j'ai si souvent fait usage, aujourd'hui et dans les leçons précédentes , pour coordonner et expliquer les modifications diverses de l'appareil irrigatoire chez les Animaux Invertébrés. Je ne m'arrêterai pas à discuter l'opinion de ceux qui disent : La circulation ne peut se faire qu'à l'aide d'un appareil circu- latoire; l'appareil circulatoire ne peut être constitué que par un cœur, des artères et des veines : par conséquent, partout où de la garance ou de l'indigo n'exerce sang coloré s'est interposé entre leurs aucune action sur les trachées. Enfin tuniques (a). il pense que lors même que ces or- J'ajouterai que M. Blanchard a ré- ganes se coloreraient, cela s'explique- pondu à toutes ces objections par la rait par la teinture de la surface de publication de ses observations sili- ces tubes qui sont baignés par le sang, des faits du même ordre chez les Ara- et ne prouverait pas du tout que le cbnides à respiration trachéenne [b). (a) .loly, Nouvelles expériences tendant à réfuter la prétendue circulation péritrachéenne des Insectes (Mém. de l'Acad. des sciences de Toulouse, 1852). (6) Blanchard , De l'appareil circulatoire, etc., dans les Arachnides (Ann.*des sciences nat., 1840, 3" série, 1. XII, p. 31$))'. RÔLE DES LACUNES INTERORGANIQUES. 233 il y a circulation, il faut que ces vaisseaux sanguins existent. Il y a là ce que les logiciens appellent pétition de principe, et le vice d'un pareil raisonnement est évident. Il me semblerait également superflu d'examiner l'argument de ceux qui disent : La circulation ne peut s'effectuer qu'à l'aide de vaisseaux san- guins; les Insectes n'ont pas de vaisseaux sanguins : donc ils n'ont pas de circulation. Je passe sur les arguments qui, réduits à leur plus simple ex- pression et mis à nu, ne consistent que dans un raisonnement de ce genre, et j'arrive tout de suite à la seule difficulté sérieuse (1). (1) Dans les discussions auxquelles la question de la circulation lacunaire ou semi-lacunaire chez les Animaux inférieurs a donné lieu depuis une dizaine d'années, soit directement, soit d'une manière indirecte, on a en général mêlé à ce qui touche au mode de constitution de l'appareil sangui- fère des Mollusques beaucoup de cho- ses qui y sont complètement étran- gères ou qui n'influent en rien sur les conclusions générales auxquelles je suis arrivé. Ainsi, divers écrivains ont supposé que cette interprétation des faits se confondait avec la théorie dite du phlébentérisme , dont j'aurai à parler dans une autre partie de ce cours. Or, ce sont des choses parfaite- ment distinctes. Chez les Animaux les plus dégradés, l'intestin peut se rami- fier et tenir lieu d'un système irriga- loire, ainsi que nous l'avons vu chez les Acalèphes et les Coralliaires ; une disposition analogue peut se rencon- trer chez des Animaux plus élevés en organisation, où la division du travail est devenue complète entre l'appareil digestif et le système sanguifère. Elle peut même y venir en aide à la dis- tribution des matières nutritives dans les diverses parties de l'organisme ; mais elle n'est pas liée alors d'une manière nécessaire à tel ou tel mode de constitution de l'appareil circula- toire, et l'état lacunaire d'une portion plus ou moins considérable du trajet veineux n'est en aucune façon subor- donné à cette forme rameuse et vas- culaire des prolongements de l'intes- tin. Le mot phlébentéré , appliqué par M. de Quatrefages à des Mollusques chez lesquels une portion de l'appa- reil se ramifie à la manière des vais- seaux sanguins , ne signifiait pas du tout que ces tubes rameux représen- taient ou tenaient lieu de veines, mais seulement qu'ils avaient l'apparence de vaisseaux. Quelques écrivains, je le répète, con- fondent entre elles toutes ces choses, et, pour combattre les unes, s'attaquent souvent aux autres, de façon que la plus grande confusion a été introduite dans une discussion qui aurait pu être très simple et parfaitement intelligi- ble pour tout le monde. C'est par suite de mélange de questions non con- nexes dans un travail de M. Robin sur le phlébentérisme, qu'il me serait difficile, sans consacrer a ce sujet trop 234 CIRCULATION DU SANG. M. Audouin et moi, en faisant connaître, il y a trente ans, les cavités veineuses qui existent à la base des branchies chez les Crustacés supérieurs, et qui se continuent avec les espaces ménagés entre les divers viscères , avions signalé l'existence d'une couche mince de tissu conjonctif qui en tapisse les parois, et qui nous a paru être de même nature que le tissu dé- signé sous le nom de cellulaire dans la plupart des ouvrages sur l'anatoinie humaine. Une couche membraniforme de même nature, ou quelque chose d'analogue, tapisse aussi la cavité abdominale des Mollusques où le sang s'accumule, et l'on en trouve des traces plus ou moins évidentes dans tous les gros canaux qui livrent passage à ce liquide et qui sont limités d'ail- leurs par les muscles, les téguments, ou d'autres organes cir- convoisins. Quelques anatomistes préfèrent donc voir dans ces cavités, non pas des lacunes ou espaces interorganiques employés à constituer ou à compléter le système irrigatoire , mais des vaisseaux proprement dits, des veines ou des artères qui se développeraient d'une manière excessive, et qui, au lieu d'offrir la forme de tubes membraneux, s'étendraient de façon à se mouler sur les parties voisines et à les envelopper (1). de place, d'examiner ici la suite de trouve séparé de leur tissu par une raisonnements à l'aide desquels ce substance homogène et transparente jeune analomiste arrive à conclure (6). Mais , dirait-il que le cœur ne que l'idée d'une dégradation de l'ap- baigne pas dans la sérosité chez pareil circulatoire est une idée fausse, un malade affecté d'hydropéricardUe, et que ce système n'est incomplet parce qu'un feuillet du péricarde re- chez aucun Animal (a). vêt la surface du tissu charnu de cet (1) Le savant professeur de physio- organe, ou que la sérosité abdominale logie de la Faculté de médecine de ne touche ni l'estomac, ni le foie, ni Paris déclare que l'idée d'une circu- les interstices, parce qu'une lame pé- lation lacunaire chez les Mollusques ritonéale recouvre tous ces viscères? est une idée fausse, parce que le sang Or, chez les Mollusques, le sang oc- ne baigne pas à nu les organes et se cupe la cavité du péritoine où ces (a) Robin, Rapport sur les communications de M. Soulexjel, relatives à la question désignée sous le nom de Phlébentérisme, p. 131 (Mém. de la Soc. de biologie, 1851, t. III). (b) Bérard, Cours de physiologie, t. III, p. 399, RÔLE DES LACUNES INTERORGANIQUES. 235 A mesure que l'on descendrait des Animaux supérieurs vers ceux dont la structure est de moins en moins parfaite, on trouverait donc un système veineux qui serait de plus en plus développé, et qui , tout en conservant son caractère primitif, logerait peu à peu dans son intérieur les viscères et tous les autres organes. Ce serait une veine transformée en un vaste sinus qui tiendrait lieu du sac péritonéal chez les Poulpes , les Aplysies et les autres Mollusques où les viscères baignent dans le sang, et ce serait un vaisseau développé de la même manière, de façon à tapisser toutes les cavités interorganiques de l'Insecte , qui constituerait le système irrigatoire de ces Animaux. C'est seule- ment à la condition d'admettre ces hypothèses qu'on peut dire, avec un des jeunes analomistes de l'École de médecine , que organes sont suspendus, exactement comme la sérosité occupe cette grande lacune périgastrique chez l'Homme. La même thèse a été longuement sou- tenue par M. Robin dans un rapport sur les discussions entre M. Quatre - fages et Souleyet. M. Robin déclare aussi que le mot dégradation doit être rayé de la science (a). L'expression d'appareil circula- toire incomplet dont j'ai souvent fait usage pour désigner un système irri- gatoire dans lequel une portion du cercle sanguifère me semble être con- stituée par des réservoirs ou des canaux empruntés aux vides inter- organiques , et non pas des tubes ou vaisseaux proprement dits, a été aussi l'objet de critiques fort vives. On m'a objecté que ces cavités étant indiquées par une sorte de texture membraniforme, le cercle circulatoire est un système de cavités closes, et, par conséquent, un système com- plet (b). Mais, du moment que le sys- tème cavitaire général est devenu dis- tinct de la chambre digestive, ce sys- tème est en général fermé, et si on le considère comme un appareil hydrau- lique d'irrigation , il sera cependant d'autant plus incomplet qu'il offrira d'une manière plus limitée le carac- tère tubulaire. Du reste, la clôture du système irrigatoire ne paraît pas être une disposition aussi constante qu'on le supposait jadis , et nous avons vu que chez beaucoup de Mollusques où une portion de l'appareil circulatoire est composée de vaisseaux bien con- stitués, il existe des voies de commu- nication directes entre les réservoirs sanguifères et l'extérieur (c). (a) Robin, Rapport sur la question désignée sous le nom de Phlébentérisme (Mém. de la Soc de biologie, 1851, t. Ht, p. 131). (b) Voyez Bérard, Cours de physiologie, t. III, p. 599. (c) Voyez ci-dessus, pages 100, 126, etc. 236 CIRCULATION DU SANG. chez aucun Animal ce système circulatoire n'est incomplet, et que le mot lacune , employé pour désigner une portion de ce système, doit disparaître de la science anatomique. Mais voyez où cela conduirait. La chambre viscérale serait la cavité de la poche péritonéale quand le sang n'y pénètre pas, et serait constituée par une veine transformée en sinus quand ce liquide y afflue. A mesure que la circulation devient plus obs- cure et plus incomplète, le système des vaisseaux sanguins se compliquerait et se développerait davantage, et chez les Mollus- coïdes inférieurs il constituerait la totalité du système cavitaire du corps. Enfin, si nous poussons cette hypothèse jusqu'à sa dernière limite pour en mieux faire ressortir l'inadmissi- bilité, nous verrons que la veine, devenue sinus abdominal ou chambre viscérale, deviendrait aussi une cavité digestive chez les Polypes et les Acalèphes. Il suffit, je crois, de dégager ces idées de tous les acces- soires dont on les a entourées et d'en présenter l'ensemble pour les faire rejeter. Les personnes qui ne se sont familiarisées qu'avec l'anatomie de l'Homme ou des Animaux dont la struc- ture se rapproche le plus de la nôtre, ne peuvent que difficile- ment se résoudre à croire que dans d'autres groupes zoolo- giques les veines ou les artères manquent et sont remplacées tant bien que mal par les méats ou vides que les divers solides de l'organisme laissent entre eux ; mais les naturalistes qui étu- dient les phénomènes de la vie chez les Animaux marins des classes inférieures ne douteront pas de l'existence de ces em- prunts physiologiques. Quant à l'argument tiré de l'existence d'une couche mem- braniforme de tissu conjonctif sur les parois de ces cavités, je ne saurais y voir un motif pour considérer ces espaces comme des veines dilatées plutôt que des lacunes interorganiques, car un tissu analogue se rencontre partout dans les vides laissés par les organes, et des couches membraniformes semblables se RÔLE DES LAGUNES liNTERORGANIQUES. 237 développent partout dans ces vides lorsqu'un liquide excitant autre que le sang vient à s'y accumuler (1). La manière dont j'interprète et dont je groupe les laits que nous offre l'étude du système irrigatoire chez les Animaux inté- rieurs me parait donc être la plus simple et la plus naturelle. (1) M. Owen considère Ja couche plus ou moins membraniforme dont les sinus veineux sont revêtus comme étant l'analogue de la tunique interne des veines proprement dites , et , en partant de cette idée , il arrive aux conclusions suivantes : « Bien que dans les grands vides de la chambre abdominale situés entre les viscères et les muscles, la tunique des sinus veineux soit disposée comme un péritoine ; qu'elle paraisse remplir aussi les ['onctions d'un péritoine ; que le fluide contenu dans son intérieur ait, indépendamment de ses usages les plus importants, à tenir lieu de sérosité péritonéale, et qu'en outre l'anatomiste pourrait, à raison de cette similitude de fonctions, être autorisé à appeler les cavités des sinus, des lacunes inter viscérales, et les parois de ces sinus un péritoine ; cependant, en se guidant par des considérations d'homologie plutôt que par l'analogie, il devra plutôt les nommer sinus vei- neux abdominal et tunique veineuse. Du reste, comme question de fait, il n'y a aucune différence réelle ou es- sentielle entre cela et un système clos d'artères et de veines, mais seulement un état morphologique qui s'éloigne du caractère typique des organes de circulation ; qui, à la vérité, s'en éloi- gne à l'extrême, mais qui n'égarera que difficilement le zootomiste qui serait préparé a des faits de cet ordre par les découvertes de Hunter, telles qu'on les voit par les descriptions et les figures de ses préparations rela- tives au système veineux dans la classe des Tnsectes et des Crusta- cés (a). » Pour mieux fixer les idées à ce sujet, M. Owen cite ensuite quelques pas- sages tirés des manuscrits de Hunter, mis au jour par ses soins quelques années après la publication du travail fait sur la circulation chez les Crusta- cés par M. Audouin et moi. On y lit : « Les veines des Insectes paraissent être simplement la membrane cellu- laire; mais ce sont des canaux régu- lièrement formés, quoique ni aussi distinctement cylindriques que chez les Quadrupèdes, etc., ni se ramifiant avec la même régularité. Elles parais- sent être ou remplir les interstices situés entre les flocons de graisse, les cellules aériennes, les muscles, etc., et, par conséquent, on pourrait, jus- qu'à un certain point, les appeler la membrane cellulaire de ces diverses parties (6). » J'ajouterai que, dans le même ma- (a) Owen, On the Anatomy of the Terebratula ( Davidson's British fossil Brach'wpoda, vol. I, p. 16, Palœontogr. Soc., 1853). (b) Hunterian MS. Catalogue (Descript. and illustn Catal. of the Physlological Séries of Comp. Anat. coiitained in the Muséum of the P.. Collège of Surgeons m London, 1834, vol. II, p. 31). 238 CIRCULATION DU SANG. La théorie que j'ai exposée nous a permis de lier entre eux tous ces faits, et, souvent, de les prévoir. Malgré les objections qui y ont été faites et qui roulent sur les mots plutôt que sur les choses, je continuerai donc à m'en servir. Mais, tout en pen- sant que c'est en grande partie par l'adaptation de olus en plus complète du système lacunaire au service de l'irrigation nutritive que le système circulatoire se constitue d'abord et se perfectionne ensuite chez les Mollusques et les Animaux arti- culés, je suis loin de croire que , dans tous les cas, la Nature fasse usage des mêmes moyens pour effectuer la production des conduits sanguifères , et ici , de même que pour la respi- ration , dont l'étude nous a déjà occupés , nous verrons que dans d'autres circonstances elle ne procède point par voie d'em- prunt, et a recours, de prime abord, à des créations organiques spéciales. Les Animaux dont nous aurons à nous occuper dans la prochaine Leçon nous en fourniront des exemples. nuscrit, Hunter parle d'un Ver à soie jecte, on trouve la matière à injection qui est injecté et qui montre « les disposée principalement en grandes grandes cavités qui tiennent lieu de masses (b). » veines, et dans lesquelles les tubes J'ajouterai que pour avoir des no- glandulaires filiformes flottent et s'im- tions exactes sur les cavités veineuses bibent des matériaux pour leurs sécré- ainsi décrites par Hunter* il suffit de lions respectives (a). » jeter les yeux sur les planches où Au sujet des Crustacés , M. Owen ce grand anatomiste les figure chez le cite aussi le passage suivant : Homard, et où l'injection est repré- « Les veines* dans cette classe d'A- sentée remplissant par grandes masses nimaux, de même que chez les in- irrégulières toutes les parties de la sectes ailés, ont principalement la cavité viscérale et de ses annexes, l'orme de grandes cellules irrégulières, Quanta la nature du tissu qui ta - comme si le tissu conjonctif ou mem- pisse les lacunes sanguifères chez lés brane cellulaire de l'animal renfer- Animaux invertébrés, je renverrai aux niait le sang , et, lorsqu'on les in- observations de M. Leydig (c). (a) Catalogue (loc. cit., p. 30). • (b) Loc. cit., p. 138. (c) Leydig, Zum feinem Bau der Arthropoden (Milliers Archiv, 485S, p. 455). VINGT -CINQUIÈME LEÇON. Delà circulation dans le sous-embranchement des Vers. — Mode de constitution des vaisseaux propres de ce système. — Disposition de ces vaisseaux chez les Turbel- lariés et les Trématodes. — Appareil circulatoire des Annélides. — Vaisseaux rudimentaires des Helminthes et des Rotateurs. — De l'appareil circulatoire dans la classe des Échinodermes. § 1. — Dans la grande division des Vers, comprenant les système vasculaire Helminthes , les Turbellaries , les Annélides et quelques autres indépendant. Animaux inférieurs , la cavité générale du corps est occupée par un liquide qui ressemble au sang des divers Invertébrés dont l'étude vient de nous occuper ; mais d'ordinaire il existe aussi chez ces Entomozoaires un autre fluide qui, par ses pro- priétés physiques, diffère beaucoup du premier, et qui se trouve renfermé dans un système de vaisseaux particuliers. Cet appareil vasculaire est facile à distinguer chez les Vers, où ce sang proprement dit est d'une couleur différente de celle des autres liquides de l'organisme , et n'a pas échappé aux recherches des premiers anatomistes qui se sont occupés de l'étude de ces Animaux ; mais, lorsque toutes les humeurs pré- sentent la même teinte , il est souvent difficile d'en reconnaître la présence , et il reste encore beaucoup d'obscurité à ce sujet, en ce qui concerne les Rotateurs et les Vers intestinaux. Il me paraîtrait inutile de revenir ici sur l'étude du fluide cavitaire ou de traiter d'une manière spéciale des espaces qui en sont les réservoirs ; ce que nous savons de la disposition d'il système lacunaire chez les autres Invertébrés nous suffit pour en donner une idée exacte , et je m'occuperai donc immédiate- ment de l'examen du système de vaisseaux qui , chez les Vers, vient s'ajouter à ce système irrigatoire d'emprunt, et qui est destiné à devenir la partie fondamentale de l'appareil circula- toire chez les Animaux des classes élevées. Mode de formation de ces lubes. 240 CIRCULATION DU SANG Ce système vasculaire se compose de canaux qui ne sont pas empruntés aux espaces vides ou lacunes que les divers organes laissent entre eux, consistent en des tubes à parois indépen- dantes des parties circonvoisines, et qui semblent se former de toutes pièces. Pour faire bien comprendre ce qui me paraît être le mode d'organisation et de production de ces conduits sangui- fères , il ne sera pas inutile de rappeler les modifications que nous avons déjà vues s'opérer par les progrès du développe- ment dans la disposition des canaux gastro-vasculaires des Béroés. On doit se rappeler que j'ai trouvé des différences très grandes dans la conformation de cet appareil irrigatoire. Chez les jeunes individus, les canaux radiaires qui se dirigent de l'estomac vers le bord du disque cupuliforme pour s'ouvrir dans le canal marginal sont simples ou ne présentent latéralement que de petits prolongements en forme de doigts de gant; mais, chez les individus plus avancés en âge, ces appendices csecaux sont beaucoup plus longs, et, au lieu d'être simples, se ramifient; enfin, chez des individus qui, à en juger par leur grande taille, sont encore plus vieux , les branches de ces mêmes canaux , au lieu de se terminer toutes en culs-de-sac , se rencontrent, s'ouvrent les unes dans les autres à leurs points de jonction, et constituent par leurs anastomoses un réseau vasculaire dont les mailles deviennent de plus en plus nombreuses et serrées. Au premier abord , on pourrait croire que les canaux gastro- vasculaires , en s'avançant ainsi dans la substance du corps de l'Animal, seraient de simples excavations creusées dans cette substance, et résulteraient seulement d'un phénomène de désas- similation ou résorption qui s'effectuerait dans une direction dé- terminée. Mais, en examinant les choses de plus près, on voit que l'extension de ces canaux est due à un travail plu s complexe. Les tubes gastro-vasculaires, de même que l'estomac, ont pour parois une membrane continue qui leur appartient en propre , CHEZ LES VERS. 2/j.l et le cul-de-sac par lequel chacun d'eux se termine reste fermé jusqu'à ce qu'il ait rencontré une autre branche du même sys- tème à laquelle il se soude avant de se perforer pour débou- cher dans son intérieur. 11 faut donc que le tissu constitutif des parois de ces tubes préexiste dans les points où leur allongement s'effectue, et, pour se former une idée nette de ce phénomène organogénique, il faut se représenter le vaisseau comme étant un cylindre, d'abord plein, qui s'allonge à son extrémité par suite de la production des nouvelles portions de son tissu, et qui, en même temps, se creuse d'une cavité disposée suivant son axe. La pression, ou quelque autre influence exercée par l'extrémité qui s'accroît de la sorte, amène l'atrophie et la résorption de la substance des tissus voisins, et le tube, tout en restant fermé, se fraye ainsi une route dans cette substance jusqu'à ce qu'il ren- contre un autre vaisseau de même nature auquel il se soude ; puis , la cavité se creusant toujours de plus en plus dans la même direction, et un travail analogue s'effectuant en sens opposé dans le tube auquel il s'est uni, la cloison qui les sépare se perfore et l'anastomose s'établit. Des phénomènes organogéniques du même ordre paraissent s'établir chez les Vers dans d'autres points de l'économie et amener la formation d'un système de vaisseaux à parois propres qui ne débouchent ni dans l'appareil digestif ni dans le système lacunaire général , et qui est complètement clos, sauf les com- munications que la perméabilité de ses parois permet avec les cavités d'alentour. C'est de la sorte que les vaisseaux sanguins proprement dits semblent se constituer chez les Annélides, par exemple. Ainsi, chez les jeunes Térébelles , le service de l'irrigation physiolo- gique se fait pendant les premiers temps de la vie à l'aide de la cavité générale du corps et des autres parties du système lacu- naire qui contient un fluide nourricier, comme nous l'avons déjà vu chez les Mollusques et les Animaux articulés ; mais, m. 16 Vaisseaux sanguins des Turbellariés. 242 CIRCULATION DU SANG à une période plus avancée de leur développement, on com- mence à distinguer dans l'organisme de ces petits Vers marins un certain nombre de vaisseaux dont le contenu est différent, et ne tarde pas à acquérir la teinte rouge qui rend le sang propre- ment dit si facile à reconnaître chez la plupart des Animaux de cette classe (1). Ces vaisseaux sanguins, indépendants du sys- tème cavitaire, sont d'abord en petit nombre, et ne paraissent fournir que peu de branches ; mais , par les progrès du travail organogénique, ils se développent beaucoup, et finissent par former un appareil très complexe dont les diverses parties se dessinent nettement par tout le corps, à raison de la couleur particulière du fluide renfermé dans leur intérieur. § 2. — Chez les Némertiens , qui prennent place dans la classe des Turbellariés fondée par M. Ehrenberg, il existe, indépendamment de l'appareil irrigatoire constitué par la cavité viscérale (2), un système circulatoire vasculaire bien distinct, (1) J'ai constaté l'apparition tardive des vaisseaux sanguins chez beaucoup de jeunes Annélides , et ce fait me semble avoir une certaine importance pour la zoologie ; car chez les Verté- brés la formation du système circula- toire est un des premiers résultats du travail embryogénique (a). (2) Chez les Némertiens , la cavité générale du corps qui loge les viscères, et qui contient un fluide nourricier commun, est tapissée par un tissu membraniforme et subdivisée en qua- tre portions principales. Une première partie, ou chambre céphalique, est limitée en arrière par une cloison transversale ou diaphragme membra- neux incomplet, et loge les ganglions cérébroïdes ainsi que les parties an- térieures de l'appareil digestif et du système vasculaire. La portion post- céphalique de la cavité générale s'é- tend dans toute la longueur du corps et se trouve incomplètement divisée par des cloisons verticales membra- neuses auxquelles sont fixés les vis- cères : un de ces compartiments con- stitue une chambre médiane et loge dans une portion de son étendue l'ap- pareil digestif; les deux autres, situés latéralement, renferment les organes reproducteurs. Un liquide, en général incolore, mais tenant en suspension des corpuscules organisés et compa- rables aux globules du sang (6), est répandu dans les chambres cépha- lique et médiane de ce système, et y remplit tous les espaces qui ne sont (a) Milne Edwards, Observ. sur le développement des Annélides (Ann. des sciences nat,, 1845, 8* série, t. 111, p. 157 et suiv.). (6) Voyez ci-dessus, tome I, page 106. CHEZ LES VERS. 243 mais d'une grande simplicité, et qui rappelle beaucoup ce qui se voit chez les jeunes Animaux dont il vient d'être question, quand leurs vaisseaux sanguins commencent à se montrer. Ainsi chez les Cérébratules à sang rouge dont M. de Quatre- Némertiens fages a étudié la structure avec beaucoup de soin, on distingue facilement trois troncs longitudinaux situés immédiatement sous les téguments et placés, l'un sur la ligne médiane du dos, les autres sur les côtés du corps. Ces vaisseaux plus ou moins flexueux ont des parois membraneuses bien distinctes et offrent partout à peu près le même diamètre. Ils s'anastomosent direc- tement entre eux à l'extrémité postérieure du corps. Dans la région céphalique, ils sont également en communication di- recte, mais d'une manière un peu moins simple : chaque tronc latéral se divise en deux branches , l'une que j'appellerai frontale, continue à se porter en avant et se réunit à son con- génère sur la ligne médiane, de façon à former une grosse anse vasculaire marginale ; l'autre, que je nommerai branche cérébrale, contourne les ganglions cérébroïdes du système ner- veux, et, après avoir décrit ainsi la figure d'une c/a, se joint à la fois à son congénère et au vaisseau médian dorsal qui se termine en ce point (l).1 pas occupés par les viscères , les touristes ; mais jusqu'en ces derniers muscles ou d'autres organes; il pa- temps on a généralement confondu raît pénétrer aussi dans les chain- avec ces organes le système nerveux, bres latérales ou génitales , et les qui est souvent coloré en rouge ou mouvements généraux du corps le en jaune dans toute sa portion cen- ballottent dans divers sens. Mais , traie. jusqu'ici, on n'y a pas aperçu distinc- M. Rathke a reconnu l'erreur dans tement des courants circulatoires ré- laquelle ses prédécesseurs étaient tom- guliers (a). bés à ce sujet (b) ; mais, tout en resli- (1) L'existence de vaisseaux sali- tuant au système nerveux les parties gains chez les Némertiens a été con- qui y appartiennent , il n'a donné statée par un grand nombre d'ana- que fort peu de détails sur les vais- (a) Quatrefages, Mém. sur la famille des Némertiens ( Voyage en Sicile, t, II, p. 151 et suiv., et Ann. des sciences nat., 3= série, t. VI). (&) Rathke, Deilrâge mr vergleichenden Amtomie und Physiologie, 1842, p. 103. 2/j/j CIRCULATION DU SANG Il paraît y avoir aussi chez la plupart des Némertiens deux autres troncs longitudinaux moins développés , qui sont logés plus profondément et suivent les côtés de la cavité digestive. Les injections faites par M. Blanchard montrent que ces vais- seaux s'anastomosent aussi avec les précédents par leur extré- mité antérieure ; mais, de même que le vaisseau dorsal, ils ne se ramifient pas. Les vaisseaux sous-cutanés latéraux sont unis entre eux de distance en distance par des canaux transversaux, mais on n'a pu apercevoir chez ces Vers presque aucune trace de ces ramifications dendroïdes, ni de ces lacis capillaires qui, chez les Animaux à circulation puissante, servent à conduire les fluides nourriciers dans la profondeur de toutes les parties de l'organisme (1). seaux sanguins proprement dits, et il cœurs les ganglions cérébroïdes en- n'a pas expliqué la cause de la fausse tourés d'une anse ou d'un sinus vas- détermination adoptée par MM. Délie culaire (d); mais tous les observateurs Chiaje , Dugès, Ebrenberg et John- qui ont parlé de ces organes comme son (a); aussi M. OErsted a-t-il per- les centres de l'appareil circulatoire sisté a considérer les ganglions céré- se sont accordés à dire que jamais on broïdes comme des cœurs (h). M. de n'y aperçoit de pulsations. Quatrefages a établi nettement la dis- (1) M. Blanchard a représenté ces tinction entre ces divers organes, et vaisseaux injectés chez le Cerebra- a été le premier à faire bien connaître tulus liguricus ; on voit les troncs les principales dispositions du sys- latéraux se terminer dans une lacune tème vasculaire des Némertiens en ovalaire qui loge de chaque côté de général (c). M. Williams, qui a écrit l'extrémité antérieure du canal diges- plus récemment sur le même sujet, tif un des ganglions cérébroïdes, et qui continue à désigner sous le nom de se continue en avant, sur les côtés du (a) Délie Chiaje, Mem. sulla storia e notomia degli Animali senza vertèbre del regno di Napoli, t. II, p. 408. — Dugès , Aperçu de quelques nouvelles observations sur les Planaires et plusieurs genres voisins (Ann. des se. nat., 1830, t. XXI, p. 75, pi. 2, fig. 5). — Ehrenberg, Symbolce Physicœ : Animalia Evertebrata, dec. 1. — Johnson, Miscellanea %oologica [Magazine of Zoology and Botany, 1837, t. 1, p. 533, pi. 17, fig. 6). (6) A. -S. Œrated, Entwurf einer systematischen Eintheilung und speciellen Beschrelbung der Plattwùrmer auf mikroscopischen Untersuchungen gegrûndet, 1844, p. 17. (c) Quatrefages, Études sur les types inférieurs, Mém. sur la famille des Némertiens (Milite Edwards, Quatrefages et Blanchard, Voyage en Sicile, t. II, p. 174 et suiv., pi. 18, fig. 1 et 1 a, pi. 16, fig. 1 ; pi. 21, fig. 1). (d) T. Williams, Report on the British Annelida (Rep. of the British Associât, for Ihe, Advan™ cernent of Science, vol. XXI, 1852, p. 189). CHEZ LES VERS. 9/l5 La disposition de l'appareil irrigatoire paraît être essentielle- ment la même chez tous les Némertiens, et le sang renfermé dans ce système de grands canaux y est mis en mouvement par la contraction des parois des divers vaisseaux dont il vient d'être question. Mais les courants ainsi déterminés sont inter- mittents et irréguliers dans leur direction, de sorte que la circulation est oscillatoire et que le fluide poussé tantôt d'ar- rière en avant par l'action de l'un des troncs latéraux, passe dans les vaisseaux longitudinaux voisins , tandis qu'à d'autres moments les contractions de l'un de ces derniers le font couler en sens contraire. Il est aussi à noter que chez les Némertiens ces vaisseaux sanguins ne présentent sur aucun point de leur trajet des réservoirs contractiles qui puissent être considérés comme faisant fonction de cœurs. Beaucoup de zoologistes , il est vrai, ont décrit sous ce nom certaines parties de la tête des Némertiens, mais M. de Quatrefages a fait voir que ces pré- tendus cœurs ne sont en réalité que les ganglions cérébroïdes autour desquels s'appliquent les branches internes des vais- seaux latéraux (1). Nous voyons donc que chez ces Vers le sang se meut dans un cercle de tubes fermés et doit revenir sans cesse à son point de départ. On peut donc dire que chez ces Animaux la circulation est complète ; mais on doit remarquer que le sys- tème vasculairc dont ils sont pourvus, considéré comme appa- reil irrigatoire, n'est guère qu'une simple ébauche et ne saurait fonctionner que d'une manière très imparfaite. bulbe pharyngien. Il y a donc ici en tion avec l'anse vasculaire céplialique tout cinq vaisseaux longitudinaux («). sont évidemment les anses circum- (1) Dugès a observé la contractilité ganglionnaires décrites ci-dessus, ou des vaisseaux sanguins chez le Pro- les analogues des lacunes figurées par stoma armata; mais les poches pel- M. Blanchard (6). lucides qu'il dit être en communica- (a) Blanchard , Recherches sur l'organisation des Vers (Voyage en Sicile, t. III, p, 305. pi 6 fig. 5). {b) Dugès, Op. cit. (Ann. des sciences mt., 1830, t. XXI, p. 75), Planaires. Classe des Nématoïdes. 246 CIRCULATION DU SANG § 3. — Chez d'autres Turbellariés , les Planaires par exemple, le système vasculaire est bien plus rudimentaire, et, quoique les canalicules dont il se compose se ramifient dans les diverses parties de l'organisme et s'anastomosent parfois entre eux , il n'offre pas dans son ensemble une disposition circulaire, et le liquide qui s'y trouve inclus n'est animé proba- blement que de quelques mouvements oscillatoires obscurs (1). § k> — Chez les Vers intestinaux de la classe des Néma- toïdes , tels que les Strongles et les Ascarides , on ne trouve aussi que des vestiges d'un appareil circulatoire composé de quelques canaux très grêles et sans réservoir pulsatile bien caractérisé (2); mais, dans la classe des Annélides, au con- (1) Les organes que Dugès et quel- ques autres observateurs ont décrits comme constituant le système vascu- laire des Planaires (a) appartiennent en majeure partie au système ner- veux" de ces Animaux (6). Mais M. Blanchard a reconnu l'existence de canaux qui suivent le trajet de nerfs, ainsi que d'une espèce de réser- voir ou de lacune qui entoure la masse ganglionnaire céphalique. Toutes ces parties se laissent injecter, et les rami- fications de ces vaisseaux forment même un réseau capillaire assez riche (c) ; mais, d'après leur mode de distribution , il me paraîtrait difficile qu'il pût y avoir là une véritable cir- culation des fluides nourriciers, et il me semble probable qu'ils ne sont le siège que de mouvements oscillatoires, car ils ne font pas retour sur eux- mêmes , et ils sont trop grêles pour que l'on puisse supposer l'existence d'un double courant dans l'intérieur de chacun d'eux. Il est aussi à noter que chez les Planaires, aussi bien que chez les autres Vers auxquels Cuvier donnait le nom de parenchymateux, il existe une cavité viscérale qui sert de réservoir à un liquide albumineux, et qui joue probablement un rôle impor- tantdans l'irrigation physiologique (d). (2) Chez les Ascarides, on trouve à la face interne du système musculaire sous-cutané deux bandes longitu- dinales de structure spongieuse qui constituent chacune un tube (e) dans l'intérieur duquel se trouvent deux (a) Dugès, Recherches sur l'organisation et les mœurs des Planaires (Ann. des sciences nat., 1828, t. XV, p. 161). — Idem, Aperçu de quelques observations nouvelles sur les Planaires, etc. (Ann. des sciences nat., 1830, t. XXI, p. 85). — Merlens, Ueber den Bail, verschiedener an der See lebender Planarien (Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 1833, 6e série, t. II, p. 1). — Schulze, De Planariarum Vivendi ratione et structura penitiori (Dissert, inaug.). Berol., 18 30 . (6) Quatrefages, Mém. sur quelques Planaires marines (Voyage en Sicile, t. II, p. 72 et suiv.) . (c) Blanchard, Recherches sur l'organisation des Vers (Op. cit., t. III, p. 77, pi. 6, fig. 1). (d) Quatrefages, loc. cit., p. 52. (e) Ce sont ces tubes longitudinaux qui ont été considérés comme des vaisseaux circulatoires par M. Cloquet (Anatomie des Vers intestinaux, 1824, p. 38, pi. 1, fig. 2 ; pi. 2, fig. 3). CHEZ LES VERS. ^47 traire, les organes d'irrigation se développent et se perlée» tionnent beaucoup. §5. — Chez presque tous les Annélides, l'irrigation orga- nique s'effectue aussi à l'aide de deux appareils : le système cavitaire général et ses annexes , où se trouve un liquide séro- sanguin , et un système vasculaire où circule le sang propre- ment dit. Ces deux appareils ne communiquent pas entre eux, et Appareil circulatoire des Annélides. vaisseaux, l'un superficiel, l'autre pro- fond. Les vaisseaux profonds situés ainsi de chaque côté du corps s'ana- stomosent directement entre eux au niveau de l'œsophage , de façon à y former une arcade dont une des branches est légèrement dilatée de manière à constituer une très petite ampoule . qui communique aussi par des canaux anaslomotiques avec les vaisseaux sous -cutanés superficiels. Enfin , ceux-ci communiquent égale- ment avec les vaisseaux profonds ou internes vers l'extrémité postérieure du corps (a). M, Blanchard a constaté que les injections passent des uns dans les autres, et qu'ils constituent un cercle dans lequel le fluide peut se mouvoir d'une manière continue ; mais ce système de canaux ne paraît pas donner naissance à des ramifica- tions vasculaires, si ce n'est peut-être dans la région pharyngienne ; par con- séquent son rôle dans l'irrigation phy- siologique ne peut être que très faible, et il est à présumer que la distribu- tion des fluides nourriciers s'effectue principalement par l'intermédiaire du système cavitaire général et de ses dépendances. Cet anatomiste a trouvé la même disposition dans les vaisseaux des Strongles ; mais, chez les Spiroptères ou Spirures, il a constaté l'existence de branches anaslomotiques transver- sales et de ramifications extrêmement grêles (b). M. Blanchard est parvenu à injec- ter un système de vaisseaux sous- cutanés très fins chez les Échino- rhysqces. Ce sont des canaux longi- tudinaux, au nombre de dix-huit à vingt, qui se trouvent reliés entre eux par une multitude de branches trans- versales simples, de façon à repré- senter un treillis fort régulier (c). Il existe aussi à la face interne de la grande cavité viscérale de ces Ani- maux deux tubes longitudinaux d'un calibre très considérable qui se lais- sent facilement injecter et qui ressem- blent beaucoup aux vaisseaux latéraux des Némertes (d) ; à leur extrémité postérieure ils se terminent en culs- de-sac, et en avant ils se bifurquent pour envoyer une branche à la base (a) Blanchard, Recherches sur l'organisation des Vers {Voyage en Sicile, t. III, p. 224, pi. 18, fig. In). (6) Idem, loc. cit., p. 288, pi. 20, ûg, 1 a. (c) Idem, loc. cit., p. 294, pi. 24, fig. 5 e. (d) Cloquet, Anal, des Vers intestinaux, 1824, p. 85, pi. 5, jîg; 3, pi G, fig-. 13. Voyez aussi : — YYestrumb, De Helminthibus acanthocephalis comment, hist. anat., p. 48 (1821). — Burrow, Echmorhynchi strumosi anatome, 183G, (ig. 1 et 8. Système cavi taire. l2h& CIRCULATION DU SANG l'on remarque en général que le développement de l'un est en raison inverse de l'importance acquise par l'autre. Ainsi que nous l'avons déjà vu en traitant de la respiration, c'est essentiellement par l'intermédiaire du premier de ces sys- tèmes irrigatoires que les relations entre l'organisme et l'atmos- phère s'établissent chez plusieurs Animaux de cette classe (1). Le liquide cavitaire est alors fortement chargé de globules; il est mis en mouvement par des cils vibratiles , et il occupe des réseaux de canaux capillaires sous-cutanés aussi bien que de la trompe, et l'autre au cou ; mais ils ne paraissent pas donner naissance â des ramifications (a). Enfin, ils sont remplis par un liquide albuminëux. Les helminthologistes sont incertains quant aux usages de ces canaux. Il est aussi à noter que les bandelettes ou lemnisques qui flottent dans la cavité" du corps de ces singuliers Vers intestinaux renferment un canal lon- gitudinal à branches rameuses (6), et que divers auteurs rapportent aussi ces vaisseaux à l'appareil circula- toire (c) ; mais on n'est pas parvenu à les injecter, et, suivant Mehlis, cha- cun de ces organes communiquerait au dehors par un pore venuciforme , ce qui ferait supposer qu'ils sont des instruments de sécrétion (d). L'organe rubani forme qui se voit chez le Filaire des poissons présente une structure d'apparence vasculaire comme celle des lemnisques de PÉchi- norhynque (e). Enfin, parmi les Vers que l'on con- fond généralement sous le nom de Filaires ou Gordius, il en est qui, par leur mode d'organisation, se rappro- chent davantage des Annélides de la famille des Nais, et qui ont, comme celles-ci, un vaisseau dorsal et un ou deux vaisseaux abdominaux. Berthold a décrit un appareil de ce genre chez le Gordius aquaticus (/"). Mais M.Blanchard, sans vouloir en con- tester l'existence, n'est point parvenu à le retrouver (g). Les Filaires des Corneilles décrits par Ecker ont aussi un vaisseau dorsal dont la partie an- térieure ou pharyngienne est pulsatile, et un collier vasculaire qui ressemble beaucoup à ce que l'on voit chez cer- tains Annélides (h). (1) Voyez tome fi, p. 99 et suiv. (a) Blanchard, Rech. sur l'organisation des Vers ( Voyage en Sicile, t. III, p. 293). (6) Goeze, Versuch einer Naturgeschichte der Eingeweidwurmer, p. 1417. — Rudolphi, Entozoorum historia naturalis, t. I, p. 254. — Cloquet, Anat. des Vers intestinaux, p. 83. (c) Siebold et Stannius, Nouveau Manuel d'anut. comp., t. I, p. 134. (d) Creplin, Novae observ. de Entozois, mit Bemerkungen von Mehlis (Isis, 1831, p. 82). (e) Siebold, Helminthologische Beitràge (Archiv fur Naturgesch., 1838, t. I, p. 311). (f) Berthold, Ueber den Bau des Wasserkalbes : Gordius aquaticus. Gcettingue, 1842, p. 12. (g) Blanchard, loe. cit., p. 280. (h) Ecker, Ueber das Gefâss-System in eingepuppten Filarien (Archiv fur Anat. und Physiol. von Muller, 1845, p. 506, pi. 15, %. 3 et 4). CHEZ LES VERS. 2/|9 l'espèce de réservoir formé par la chambre viscérale. Chez les Branehclîions, par exemple, la cavité abdominale communique librement avec des canaux pratiqués dans l'épaisseur des parois du corps, et notamment dans les appendices foliacés qui recou- vrent le dos et constituent des organes respiratoires. Ces canaux se ramifient à la manière des vaisseaux sanguins dans les bran- chies des Crustacés ou des Mollusques, et ils sont pourvus aussi de parois membraneuses distinctes (1). Ce sont par conséquent des vaisseaux à sang blanc en communication directe avec le système lacunaire général, de la même manière que nous avons vu le système artériel se continuer avec les méats ou espaces interorganiques chez beaucoup d'autres Invertébrés ; et M. de Quatrefages, qui a été le premier à faire bien connaître cette disposition, y voit les vestiges d'un appareil vasculaire par- ticulier dont tous les Animaux supérieurs à sang rouge sont pourvus, savoir, le système des vaisseaux lymphatiques . Nous reviendrons sur ces analogies lorsque nous étudierons spécia- lement les vaisseaux blancs des Vertébrés , et je me bornerai à ajouter ici que les arborisations vasculaires dont il vient d'être question sont également très développées chez plusieurs Anné- lidessétigères, les Phyllodocés, par exemple (2), et que dans (1) Lorsqu'on pousse un liquide moire de M. de Quatrefages sur l'ana- coloré dans le réseau dendroïde de tomie et la physiologie de ces Sang- l'une de ces feuilles branchiales, on sues branchifères [a). voit l'injection se répandre autour de Déjà, en 1849, M. de Filippi avait l'appareil digestif et pénétrer dans indiqué l'existence d'un système lacu- tous les autres appendices respira- naire sans parois membraneuses aussi toires. J'ai déjà eu l'occasion de parler bien que d'un système vasculaire pro- des fonctions de ce système lacunaire prement dit chez quelques Hirudi- lorsque je faisais l'histoire de la res- nées : les Clepsines, par exemple (b). piration, et pour plus de détails à ce (2) Les arborisations vasculaires qui sujet, je renverrai à l'intéressant Mé- se remarquent sur les branchies folia- (a) Quatrefages, Etudes sur les types inférieurs de l'embranchement des Annelés (Ann. des sciences nat., 1852, 3" série, t. XVIII, p. 306 et suiv.). (b) F. de Filippi, Observ. sopra un nuove génère (Hsementeria) di Anellidi délia famiglia délie Sanguesughe, p. 8 (extr. délie Memorie délia R. Acad. délie Scienze di Torino, 1849, 2° série, t. X). 250 CIRCULATION DU SANG quelques cas le liquide cavitaire qui y circule et qui occupe aussi la chambre viscérale est coloré (1). Chez les Lombrics , les espaces libres qui entourent les viscères sont très réduits, et par conséquent la portion lacunaire du système irrigatoirc n'offre que peu d'importance. Enfin, chez les Sangsues, ces espaces sont presque entièrement oblitérés, et par conséquent ce sont les vaisseaux sanguins proprement dits qui, seuls ou presque seuls , effectuent le transport des fluides nourriciers dans l'intérieur de l'organisme. Syst. vascuiaire § 6. — Le système vasculaire proprement dit qui se trouve Annéiides. surajouté à l'appareil irrigatoire lacunaire des Annélides, et qui cées de ces Vers furent prises d'abord pour des vaisseaux sanguins (a). Mais M. Williams a constaté que ce sont des dépendances du système cavitaire général, et que les vaisseaux sangui- fères ne pénètrent pas dans ces ap- pendices (6). Les ramifications dendroïdes creu- sées dans l'épaisseur des lamelles bran- chiformes dont les rames pédieusesdes Néréides sont garnies à leur extrémité sont également des canaux parcourus par le liquide cavitaire seulement; mais ici on trouve à la base des pieds un réseau vasculaire à sang rouge qui sert aussi à la respiration (c). Enfin les canaux qui occupent le centre des appendices tentaculiformes dont l'extrémité céphalique est garnie chez les Térébelles {d) appartiennent aussi au système lacunaire général, et ces organes sont dépourvus de vais- seaux à sang rouge (e). (a) Audouin etMilne Edwards, Annélides des côtes de la France [Ann. des sciences nat., 1833, t. XXIX, p. 247, pi. 1 G, %. 3). (b) Williams, Report on the British Annelida (Report of the 21 st Meeting of tlie British Associa- tion for the Advancement of Science, 1851, p. 198, pi. 4, jig. 15). (c) Williams, loc. cit., p. 197, pi. 4, fig. 14. (d) Milne Edwards, Règne animal de Cuvier, Annélides, pi. 1 6. (e) Williams, loc. cit., p. 194. (f) Idem, ibid., p. 172. (1) M. Williams a constaté l'exis- tence d'un liquide péritonéal ou cavi- taire chargé de corpuscules rouges chez le Glycera alba. Le sang pro- prement dit, ou liquide intra- vascu- laire , est d'une teinte rougeàtre moins intense et ne charrie pas de glo- bules. La cavité commune ou viscé- rale se prolonge dans la base des pieds, et de là se continue dans l'axe des appendices branchiaux qui sont fixés sur ces membres. M. Williams s'est convaincu de l'absence complète de vaisseaux sanguins proprement dits dans les parois de l'espèce de caecum ainsi constitué par chacune de ces branchies, et il a vu que le liquide cavitaire circule dans leur intérieur sous l'influence d'un épithélium vi- bratile dont les parois de cette por- tion du système lacunaire sont gar- nies (/). CHEZ LES VERS. 251 renferme le sang coloré en rouge chez la plupart de ces Vers, se compose de tubes à parois propres dont les plus gros sont toujours pourvus de fibres musculaires , de façon à pouvoir se contracter et se relâcher alternativement. C'est par l'effet de ces contractions que le sang est mis en mouvement ; mais les courants ainsi déterminés n'ont pas une direction constante, et, bien qu'il n'y ait pas ici le renversement périodique et régulier dont les Tuniciers nous ont offert le singulier spectacle, la cir- culation est souvent oscillatoire , et parfois le sang parcourt alternativement les mêmes vaisseaux en sens inverses. Un seul et même plan fondamental semble avoir présidé à la constitution de l'appareil circulatoire de tous les Annélides ; on remarque, il est vrai , dans le nombre et la disposition des vaisseaux, des différences très considérables ; mais ces modifi- cations , qui , au premier abord , masquent souvent le tracé typique, ne le rendent pas méconnaissable, et, pour saisir les rapports qu'elles ont entre elles , il suffit de les analyser. En procédant de la sorte, on voit que les différences dépendent principalement de trois tendances organiques dont l'influence se fait sentir de plus en plus fortement à mesure qu'on s'élève des espaces inférieurs vers ceux dont la structure a été perfec- tionnée au plus haut degré. L'une de ces puissances modificatrices du plan organique de l'appareil circulatoire des Annélides est la tendance des parties congénères à se montrer d'abord isolément sur les côtés du corps , puis à se rapprocher entre elles et à se confondre sur la ligne médiane. Une seconde cause de diversité est la centralisation croissante des agents moteurs de la circulation et la tendance de la Nature à établir la division du travail entre les conduits de distribution et les réservoirs distributeurs. Enfin, la troisième circonstance dont nous aurons à tenir compte en cherchant à expliquer les modifications de l'appareil 252 CIRCULATION DU SANG sanguifère des Annélides , est l'extension progressive des branches de chacun des troncs principaux , d'où résulte des communications anastomotiques de plus en plus nombreuses entre toutes les parties de cet appareil , ainsi que l'abondance croissante . des rameaux irrigatoires et la richesse du réseau vasculaire produit par leurs divisions terminales. Les principaux matériaux employés à la constitution de cet appareil hydraulique sont un certain nombre de gros tubes longitudinaux de chacun desquels partent des branches trans- versales en plus ou moins grande abondance. Les uns appar- tiennent essentiellement aux téguments de l'Animal , les autres sont surtout en relation avec le canal digestif, et ils forment ainsi deux systèmes que j'appellerai le système cutané et le sys- tème viscéral. Le système cutané se compose tantôt de deux vaisseaux lon- gitudinaux situés sur les flancs de l'Animal, plus ou moins rapprochés entre eux à la face inférieure du corps ; tantôt d'un tronc unique et médian que l'on désigne sous le nom de vaisseau ventral, et que l'on peut considérer comme le résultat de la fusion des deux canaux dont je viens de parler. Dans la forme la plus simple de ce système , ces deux troncs latéraux ne communiquent entre eux que par les ramifications terminales de leurs branches internes; mais , chez les espèces dont l'orga- nisation est plus perfectionnée , ils sont unis directement par une série de tubes transversaux qui occupent la face ventrale du corps et qui peuvent être appelés les vaisseaux commissu- raux inférieurs. Enfin les troncs eux-mêmes se rapprochent et s'anastomosent par leurs deux extrémités de façon à former un cercle vasculaire ; puis, ce rapprochement s'effectuant dans toute leur longueur, les deux moitiés du système se trouvent représentées par un vaisseau central impair et médian. Pour bien comprendre la série de modifications qui se ren- contrent dans la disposition de la portion viscérale de l'appa- CHEZ LES VEP.S. 253 reil circulatoire, il faut y distinguer deux systèmes de vais- seaux , l'un dorsal , l'autre sous-intestinal , et se représenter chacun de ces systèmes comme étant composé virtuellement , sinon en réalité , de deux moitiés placées symétriquement à droite et à gauche de la ligne médiane et tendant à se rappro- cher pour se confondre entre elles. Les deux troncs dorsaux, là où ils sont séparés l'un de l'autre, communiquent entre eux par une série de branches transverses auxquelles je donnerai le nom de vaisseaux com- missuraux supérieurs. Les deux moitiés du système vasculaire sous-intestinal pré- sentent une disposition semblable, et sont reliées aussi au tronc dorsal par des canaux verticaux qui passent sur les côtés du tube digeslif et qui peuvent être appelés les vaisseaux commis- suraux profonds. Yers l'extrémité antérieure du corps , ces branches anastomotiques latérales sont souvent au moins aussi développées que les troncs dont elles partent, de façon que le vaisseau dorsal semble se continuer sans interruption avec le vaisseau sous-intestinal et former autour de l'œsophage un gros collier vasculaire. Enfin le sang passe aussi des vaisseaux sous-cutanés dans le système dorsal, ou de celui-ci dans les premiers, par des branches transversales (ou latéro-dorsales ) , et toutes les par- ties de l'appareil circulatoire se trouvent ainsi en communication plus ou moins facile les unes avec les autres. En résumé, cet appareil se compose donc généralement de trois portions principales plus ou moins indépendantes, ou sys- tèmes de vaisseaux : un système cutané latéral ou ventral ; un système dorsal ou sus-intestinal , et un système abdominal ou sous-intestinal. Voyons maintenant l'emploi que la Nature fait de ces divers matériaux organiques chez les différents Animaux de cette classe. Système vasculaire des Hirudinces. 254 CIRCULATION DU SANG § 7. — Dans l'ordre des Hirudinées, ou Sangsues (i), les deux moitiés du système vasculaire cutané sont toujours dis- tinctes , tandis que la centralisation est au contraire complète dans le système vasculaire viscéral. On trouve donc toujours -chez ces Annélides un tronc dorsal médian et deux troncs latéraux. Chez un petit nombre d'entre eux , les Malacobdelles , par (1) L'appareil vasculaire des Sang- sues a été l'objet de beaucoup de tra- vaux anatomiques. Les principaux troncs superficiels ont été signalés par Dillenius (a), Bibiena(è) et Cuvier(c). Ce dernier a injecté les branches ana- stomotiques qui unissent entre eux les vaisseaux latéraux, mais il n'a pas découvert les relations qui exis- tent entre ceux-ci et le vaisseau dor- sal. De nouvelles observations sur ce sujef furent faites ensuite par Tho- mas (d), Home (e), Johnson (/"), liaus- mann (g), Bojanus (h) et quelques autres naturalistes, mais sans qu'il en résultât aucun progrès bien notable. M. Délie Chiaje fut, je crois, le pre- mier à bien faire connaître le tronc ventral qui est en connexion avec le système nerveux ; mais, tout en con- statant les anastomoses des branches de ce vaisseau avec celles du vaisseau dorsal, il ne saisit pas les relations de cette portion de l'appareil vascu- laire avec celles dont les troncs laté- raux constituent la partie fondamen- tale, et il ne put, par conséquent, se former une idée juste de la circula- tion chez ces Annélides (i). En 1828, la disposition des vais- seaux sanguins de la Sangsue fut étu- diée d'une manière plus approfondie par M. J. Millier (/) et par Weber (k), ainsi que par Dugès, de Montpellier {l), et encore que ce dernier n'ait pas bien interprété tous les faits qu'il avait constatés, on lui doit beaucoup d'ex- cellentes observations. Peu de temps après, M. Brandt donna une descrip- tion et des figures plus complètes de (a) Dillenius, De Hirudine (Ephem. Acad. Nat. cur., 1719, cent, vn et vin, p. 338). (b) Bibiena , De Hirudine sermones quinque (Comment. Instit. Bonon., 1791, t. VII, p. 55, pi. 2). (c) Cuvier, Sur les Vers qui ont le sang rouge [Bulletin de la Soc. philom., 1802, p. 121). i — Leçons d'anatomie comparée, 1805, t. IV, p. 413. (d) Thomas, Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Sangsues. In-8, 1806, p. 56 et suiv. (e) Home, Lectures on Compar. Anat., t. IV, pi. 39, fig. 3. (/■) Johnson, A Treatise on the Médicinal Leech. In-8, 1816, p. 115. (g) Hausmann, Anatomische-physiologische Untersûchungen uber den Blutegel. Berllner, 1817. (Il) Bojanus, Bau des Blutegels (Isis, 1817, p. 881, et 1818, p. 2089). (i) Délie Chiaje, Memorie sulla storia e notomia degli Animali senza vertèbre del regno di Napoli, 1823, t. I, p. 20, pi. 1, fig. 1. (j) J. Millier, Ueber den Kreislauf des Blutes bei Hirudo vulgaris (Meckel's Archiv fur Anatomie iind Physiologie, 1828, p. 22, pi. 1, fig. 1 et 2). (k) E. Weber, Ueber die Enlwickelung des Medicinischen Blutegel (Meckel's Archiv, 1828 , p. 400 et suiv.). (I) Dugès, Recherches sur la circulation, la respiration et la reproduction des Annélides Abranches (Ann. des sciences naturelles, 1828, t. XV, p. 309, pi. 8, fig. 2). CHEZ LES VERS. 255 exemple , le système viscéral est peu développé et ne paraît consister que dans le vaisseau dorsal et ses branches ; l'appa- reil vasculaire ne se compose alors que de trois troncs longitu- dinaux , l'un supérieur et adhérent au canal digestif, et deux latéraux , placés sous la peau : le système sous-intestinal manque (1). Mais, dans la grande majorité des cas, l'appareil circulatoire l'ensemble de cet appareil (a), et plus récemment, de nouveaux éclaircisse- ments sur divers points ont été ob- tenus par les recherches de MM. de Qnatrefages, Gratiolet et Williams (6). Pour l'historique des travaux faits sur ce sujet pendant la première par- tie du siècle actuel, on peut consulter les ouvrages de M. Otto (c) et Moquin- Tandon [d), ainsi qu'un article de Oken (g). Depuis quelques années, l'appareil circulatoire a été étudié aussi avec soin chez plusieurs autres Hirudinées dont il sera parlé ci-dessous. (1) Chez les Malacobdelles, le sang est incolore, et par conséquent les vaisseaux sont plus difficiles à distin- guer. Mais M. Blanchard est parvenu à les injecter et en a donné de très belles figures. Le vaisseau dorsal suit les sinuosités de l'intestin à la face supérieure duquel il adhère, et fournit en arrière quelques rameaux à la ven- touse anale ; mais il n'a point de bran- ches dans les deux tiers de sa lon- gueur : vers l'extrémité antérieure du corps, il envoie aux téguments des ramifications nombreuses, et il se ter- mine en avant par deux branches qui embrassent la ventouse buccale, mais ne forment pas de collier œsophagien et ne donnent pas naissance à un vais- seau sous-intestinal. Les troncs laté- raux occupent les côtés de la face in- férieure du corps, et fournissent en dedans, ainsi qu'en dehors, des bran- ches rameuses en assez grand nombre, maisilsne s'anastomosent directement entre eux, ni par leur extrémité, ni par des vaisseaux commissuraux (f). D'après les observations de M. Odier, la dégradation de l'appareil circula- toire serait beaucoup plus considé- rable chez les Branchiobdelles, petites Hirudinées qui vivent sur les bran- chies des Écrevisses. En effet, cet au- teur n'a pu y découvrir qu'un vaisseau (a) Brandt et Ilalzebourg, Medicinische Zoologie, 1829, Bd. I, p. 261, pi. 29 B, %. 8, 9, 10 et 11. (b) Quatrefages , Planche analomique inaérée dans l'Atlas de la grande édition du Règne animal de Clavier (ArraÉLiDES, pi. 24, fig. 1, 1 a). — Williams, Reports on the British Annelida (Rep. of the Brit. Associât, for the Advanc. of Science, 1851, p. 159). — Gratiolet, Mém. sur le système vasculaire de la Sangsue médicinale et de l'Aulastome vorace (Ann. des sciences nat., 1850, 3" série, t. XIV, p. 169, et Comptes rendus, t. XXXI, p. 699). (c) Otto, Der Medicinische Biutegel. Weimar, 1835, p. 65 et s.uiy. (d) Moqmn-Tandon, Monographie de la famille des Hirudinées, 2' édit., 1846, p. 133 et suiv. (e) Oken, Amnerkungen zu vorstehender Abhandlung Délie Chiaje's (Isis, 1832, p. 635). \f) Blanchard, Second Mémoire sur l'organisation des Malacobdelle's ( Ann. des sciences nat., 1849, 3" série, t. XII, p. 268, pi. 5, fig. 1 et 2). 256 CIRCULATION DU SANG des Hirudinées se complète davantage , et l'on trouve aussi un système vasculaire sous-intestinal dont les deux moitiés se confondent sur la ligne médiane de façon à entourer la chaîne ganglionnaire du système nerveux comme une sorte de gaine vasculaire. Il y a donc, chez ces Annélides suceurs, quatre troncs longitudinaux, un médio-dorsal , un médio-ventral et deux latéraux. Les branches qui partent de ces vaisseaux longitudinaux, soit pour les réunir entre eux , soit pour porter le sang dans les parties voisines, sont en petit nombre et ne se ramifient que peu chez quelques espèces , telles que les Clepsines (1) ; mais dorsal se recourbant autour de l'œso- phage pour former ensuite un vaisseau sous-intestinal ; et il n'a trouvé au- cune trace du système vasculaire sous- cutané (a). Les recherches plus ré- centes de M.Henleont donné à ce sujet les mêmes résultats (6) ; et comme les Branchellions ont le sang rouge et les téguments assez transparents, on peut croire que les troncs latéraux dont les autres espèces de la même famille sont pourvues manquent effective- ment ici. Les observations que j'ai eu l'occasion de faire sur ces petits Ani- maux tendraient également à établir la non - existence de vaisseaux laté- raux. Mais je conserve encore beau- coup de doute à cet égard, parce qu'il arrive souvent que là où le sys- tème sous-cutané est bien développé, il cesse d'être visible momentané- ment, par suite de la contraction de ses diverses parties et du reflux du sang dans les vaisseaux du système viscéral. (1) M. Budge, à qui l'on doit une monographie anatomique très étendue du Clepsina bioculata de Savigny, décrit de la manière suivante l'appareil vasculaire de ce Ver (c). On y voit, de même que chez les autres Hirudinées, quatre troncs longitudinaux : un mé- dio-dorsal, deux latéraux et un abdo- minal. Le vaisseau dorsal présente dans sa longueur quatre portions as- sez distinctes. La portion postérieure ou anale est un peu dilatée, surtout vers le milieu, et reçoit : 1 ° un nom- bre assez considérable de branches simples, recourbées en forme d'anses, venant de l'extrémité du vaisseau ventral et correspondant à la ventouse postérieure ; 2° une paire de troncs intermédiaires qui viennent des vais- seaux latéraux et qui, chemin faisant, s'anastomosent avec des branches transversales dont il sera bientôt ques- tion. La portion suivante du vais- seau dorsal est grêle , et correspond à la région gastrique postérieure du (a) Odier, Mém. sur le Branchiob délie (Mém, de laSoc. d'hist. nat. de Paris, 1823, 1. 1, p. 73). (6) Henle, Ueber die Gattung Branchiobdella (Miiller's Archiv fiir Anat. und Physiol., 1835, p. 575). (c) J. Budge, Clepsina bioculata (Verhandïungen des naturhistorischen Vereines der Preus- BÎschen Rheinlande und Westphaliens, 1849, Bd. VI, p. 106 et suiv.). CHEZ LES VERS. 257 elles offrent en général un développement très considérable, et vaisseaux , lin l'e la Sangsue. forment chez la Sangsue médicinale un ensemble fort complexe. Elles tendent à se répartir uniformément dans toute la longueur du corps, et dans chacun des anneaux ou segments dont celui- ci se compose leur disposition est à peu près la même. Ainsi , dans la Sangsue médicinale , le vaisseau dorsal qui adhère assez intimement à la face supérieure du canal digestif s'étend dans toute la longueur du corps et offre d'espace en espace de légères dilatations. Antérieurement il se bifurque , et les branches qu'il forme ainsi représentent les deux moitiés primitives de ce système. De chaque côté on en voit partir aussi (ube digestif; elle s'anastomose avec des vaisseaux qui entourent les quatre dernières paires de caecums gastriques, et reçoit aussi quatre paires de bran- ches transversales venant du vaisseau intermédiaire dont il a été fait men- tion ci-dessus. La troisième portion du vaisseau dorsal, correspondant à la région gastrique antérieure, ne donne des branches qu'à sa partie antérieure, et se fait remarquer par les flexuosités nombreuses qui s'y observent quand l'Animal est dans l'état de repos. Des étranglements se prononcent alors aux points de courbure et divisent le tronc en une série de quinze petites chambres dont l'entrée, située en ar- rière, est garnie d'une sorte de val- vule formée par un tubercule arrondi et attaché à la paroi par un pédoncule très fin. La portion antérieure , ou œsophagienne, du vaisseau dorsal est très grêle et ne donne de branches qu'à son extrémité antérieure, où elle se bifurque pour aller s'anastomoser avec le vaisseau ventral. Trois paires de branches qui naissent de la partie antérieure de la portion tlexueuse et renflée du vaisseau médio-dorsal se dirigent aussi en avant, et après avoir formé des anses dans la région cépha- lique du corps, vont déboucher éga- lement dans le vaisseau ventral. Enfin, les troncs latéraux sont unis entre eux par un vaisseau transversal dans cha- que anneau du corps, et, ainsi que M. de Filippi l'a constaté par des in- jections, ils communiquent aussi avec le vaisseau ventral par leur extré- mité (a). Comme d'ordinaire, le sang se dirige en général d'arrière en avant dans le vaisseau dorsal , et en sens contraire dans les vaisseaux latéraux ainsi que dans le vaisseau ventral; mais les valvules situées dans le pre- mier de ces troncs longitudinaux ne s'opposent pas complètement au re- flux de ce liquide , et parfois se ren- versent tout à fait en arrière, de façon à permettre au courant de s'é- («) De Filippi, Memoria sugll Anellidi délia famiglia délie Sanguisughe, 1837, p. 7. — Budge, loc. cit., p. 106, pi. 0, fig. 24 à 27. m. 17 258 CIRCULATION DU SANG une série de branches transversales dont les unes contournent latéralement le tube digestif pour aller s'anastomoser avec le vaisseau abdominal , envoient leurs ramifications dans les parois de ce tube et constituent ainsi les vaisseaux dits eommis- suraux profonds, mais dont les autres vont rejoindre les vais- seaux latéraux ou sous-cutanés, et représentent, par conséquent, les vaisseaux commissuraux latéro-dorsaux. Vers le tiers posté- rieur du corps, le tronc médio-dorsal fournit aussi une branche impaire qui se dirige en arrière et se distribue à l'intestin. Le vaisseau médian sous-intestinal, ou tronc abdominal, enve- loppe , comme je l'ai déjà dit, la chaîne nerveuse (1) , et l'on tablir d'avant en arrière dans toute la longueur du vaisseau médio-dorsal. Dans une première publication , M. de Filippi avait annoncé que chez les Clepsines les branches transver- sales des vaisseaux latéraux commu- niquaient directement avec la cavité digestive (a). Mais, plus récemment, ce naturaliste a rectifié lui-même cette erreur (6). D'après M. Leydig, l'appareil cir- culatoire de ces Hirudinées serait plus complexe; car, indépendamment du tronc médio-dorsal du vaisseau ven- tral, des troncs latéraux et des bran- ches transversales dont il a été ques- tion ci-dessus, ce naturaliste décrit un grand sinus ventral qui loge le canal intestinal dans son intérieur, et qui communiquerait, par une série de branches anastomotiques transver- sales, avec chacun des vaisseaux laté- raux (c). Mais je suis porté à croire que la compression employée pour étendre l'animal sur le porte-objet du microscope a pu déterminer des ruptures intérieures, et faire commu- niquer les vaisseaux proprement dits avec le système lacunaire et la cavité viscérale. M. Leydig a vu aussi les branches anastomotiques transversales se dilater en forme d'ampoules. (1) On avait d'abord pensé que le vaisseau abdominal des Sangsues était simplement accolé au cordon ner- veux (d) ; mais aujourd'hui tous les anatomistes qui ont étudié d'une ma- nière approfondie le système circula- toire des Hirudinées s'accordent à dire que la chaîne ganglionnaire y est renfermée (e), disposition dont il est d'ailleurs assez facile de trouver l'ex- (o) De Filippi, Littera al D. Rusconi sopra l'analomia e lo sveluppo dalle Clepsine, 1839, p. 8 (extr. du Giornale dclle scienz-e medico-chirurgicale di Pavia, vol. XI, fasc. 61). (6) Attidell ottava retmione degli scienaiati italiani. Genova, 1846, p. 522. (c) Fr. Leydig', Zwn Circulations und Respirations-System von Neplielié und Clepsina (KôHikgr, Zweiter Bericht von der Zootomischen Anstalt %u Wûrzburg, 1849, p. 16, pi. 2, %. 9). (d) Dugès, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1828, t. XV, p. 309). (e) Johnson, Treat. on the Médicinal Leech, p. 115. — J. Mùller, Op. cit. (Meckel's Archiv, 1828). »-= Moquin-Tandon, Monogr. des Hirudinées, p. 134, CHEZ LES VERS. 259 y remarque d'espace en espace des élargissements correspon- dants aux divers ganglions dont cette chaîne se compose ; enfin il se bifurque antérieurement comme le vaisseau dorsal , et s'anastomose avec les branches terminales de celui-ci en embrassant l'œsophage. Les troncs latéraux du système sous- cutané sont très développés et s'unissent entre eux aux deux extrémités du corps, de façon à former un cercle complet. Les vaisseaux transverses ou commissuraux inférieurs (1), qui les unissent directement entre eux d'anneau en anneau, sont aussi d'un calibre considérable, et fournissent une multitude de bran- ches dont les unes établissent entre ces troncs des anastomoses directes et les autres se distribuent tant à l'appareil tégumentaire qu'aux viscères voisins. Des branches anastomotiques latéro- dorsales naissent aussi de ces troncs latéraux , et , ainsi que je l'ai déjà dit , vont les relier aux branches transversales corres- pondantes du vaisseau dorsal. Enfin il est aussi des rameaux qui se détachent de ces mêmes troncs pour se distribuer direc- tement dans les parties voisines de l'enveloppe générale du corps (2) , et pour se rendre aux vésicules contractiles que divers naturalistes avaient considérées à tort comme étant des poches pulmonaires (3). La quantité de sang qui arrive ainsi à ces derniers organes est souvent si considérable, qu'on les plication si, primitivement, le système médicinale constituent un réseaubeau- vasculaire sous-intestinal se compose, coup plus riche qu'on ne le suppo- ainsi que la théorie nous porte à l'ad- sait (a). Le tissu spongieux que mettre, de deux moitiés qui tendent quelques auteurs avaient considéré à se confondre sur la ligne médiane. comme un plexus de vaisseaux hé- (1) Branches latéro- abdominales paliques (6), paraît résulter unique- de Dugès. ment de l'entrelacement des ramus- (2) M. Graiiolet a fait voir que les cules variqueux de ces vaisseaux sous- ramifications sous-cutanées fournies cutanés; par les troncs latéraux chez la Sangsue (3) Voyez tome II, page 10/u (a) Gratiolet, Mém. sur l'organisation du système vasculaire de la Sangsue médicinale et de l'Aulastome vorace, pour servir à V histoire des mouvements du sang dans les Hirudinées [Ann. des sciences nat., 3e série, 1850, t. XIV, p* 490], (6) Moquin-Tandon, Op. cit., p. 109. 260 CIRCULATION DU SANG prendrait facilement pour des réservoirs remplis de ce liquide, et je suis porté à croire que cette circonstance a induit en erreur quelques observateurs (1). En effet, il me semble probable que les vésicules contractiles qui occupent les côtés du corps chez les Branchellions , les Néphélis et les Piscicoles , et qui ont été décrites sous le nom d'ampoules sanguifères ou même de cœurs , ne sont autre chose que des organes de ce genre dont les parois sont très riches en vaisseaux capillaires, mais dont la cavité ne reçoit pas le sang dans son intérieur. Quoi qu'il en soit, ces sacs pulsatiles paraissent jouer un certain rôle dans l'acte de la respiration ainsi que dans le mécanisme de la circu- lation (2). (1) M. de Filippi a observé ces vé- sicules chez les Néphélis ainsi que chez les Sangsues et les Hœmopis ; il les considère comme des réservoirs sanguifères et leur donne le nom de cœurs (a). (2) M. Leydig, qui, le premier, a étudié la structure intérieure des Branchellions, ou Sangsues branchi- fères, a signalé l'existence de ces vésicules contractiles, et a décrit la disposition des principaux troncs vas- culaires de ces Annélides (b) ; mais il n'a pas bien saisi les relations de ce système avec l'appareil irrigatoire lacunaire , partie très intéressante de l'histoire des Branchellions dont on doit la connaissance à M. de Quatre- fages (c). Chez le Brancheliion Orbignyensis de ce dernier auteur, la cavité géné- rale du corps remplit, comme nous l'avons déjà vu, un rôle très impor- tant dans l'irrigation physiologique ainsi que dans la respiration (d). Le système vasculaire sanguin est peu développé , mais les parties princi- pales de celui-ci sont disposées comme dans les autres Annélides du même ordre. On trouve par conséquent un vaisseau médio-dorsal , deux troncs latéraux et un vaisseau abdominal. Ce dernier enveloppe , comme d'or- dinaire, la chaîne ganglionnaire et est accompagné par un vaisseau surnu- méraire qui , à son extrémité pos- térieure , communique directement avec les vaisseaux latéraux. Ces der- niers s'anastomosent également avec le vaisseau dorsal par des branches transversales qui ne se ramifient pas; ils donnent aussi des branches à l'intestin , et fournissent , du côté externe , une série de petits troncs (a) F. de Filippi, Memoria sugli Anellidi délia famiglia délie Sanguisughe. In-4e, Wilario, 1 837, p. 7. (6) Fr. Leydig, Anatomisches ùber Brancheliion und Pontobdella (Zeitschrift fur ivissenschaft- liche Zoologie, 1851, Bd. III, p. 315). (c) Quairefages , Études sur les types inférieurs de V embranchement des Annelés : Mém. Sur le Brancheliion (Ann. des sciences nat., 4 852, 3° série, t. XVIII, p. 278). [d) Voyez ci-dessus, tome II, page \ 00. CHEZ LES VERS. 261 § 8. — Le mouvement du sang dans l'intérieur de l'appa- Mouvement reil vasculaire des Hirudinées dépend principalement des con- <*« ./>,,., ., i t ■ -. .les Hirudinées. tractions qui se manifestent d une manière rhythmique dans la plupart des gros troncs longitudinaux , et notamment dans le qui se dirigent en dehors et se ren- dent chacun à une ampoule à parois musculaires logées dans un prolon- gement de la cavité viscérale pra- tiqué à la base de chacune des feuilles branchiales. Là ces ampoules , qui ressemblent à autant de petites poches sanguifères, sont baignées par le fluide cavitaire qui revient du réseau capil- laire dont ces organes respiratoires sont creusés; mais elles n'envoient dans ceux-ci aucune branche. M. de Quatrefages s'en est assuré à l'aide d'injections délicates fa), et comme le réseau sanguin cutané est peu consi- dérable, l'action de l'air sur le sang doit se faire principalement par l'in- termédiaire du liquide cavitaire. L'au- teur que je viens de citer considère ces vésicules contractiles comme des cœurs , et , en effet , si ce sont réel- lement des réservoirs sanguins, ils doivent agir comme autant de petites pompes foulantes, et concourir à la production du mouvement circula- toire ; mais je conserve encore quel- que doute à cet égard, et je suis porté à croire que ce sont des poches à pa- rois vasculaires analogues aux vési- cules que Dugès avait prises pour des poumons chez les Sangsues (voy. ci- dessous, page 263). Chez le Branchellion Torpedinis , ces ampoules sanguifères paraissent être en moindre nombre que dans l'es- pèce précédente, où M. de Quatrefages en a trouvé dans chaque appendice branchial. En effet, M. Leydig n'en a compté que onze paires distribuées dans les branchies de la première paire, de la quatrième, de la septième, et ainsi de suite , de trois ea trois , jusqu'à la trente et unième paire ; les cinq derniers feuillets en étant dépour- vus , ainsi que ceux des deuxième, troisième , cinquième et sixième paires, etc. (6). M. Troschel a décrit une disposi- tion analogue dans le système vascu- laire des Piscicoles. Chez ces Hirudi- nées, il existe de chaque côté du corps onze paires de vésicules , saillantes sous la peau, qui se contractent d'une manière rhythmique , et qui, d'après cet auteur , reçoivent du sang en abondance pendant l'état de diastole. M. Troschel les considère comme des branchies (c). Peut-être faudrait -il rapprocher également des ampoules sanguifères du Branchellion les organes contrac- tiles en forme de vessies que M. Ley- dig a trouvés à la partie antérieure du corps chez les Pontobdelles ; mais ces réservoirs contractiles, au lieu d'être des ampoules, sont des anses dilatées. Ils dépendent des vaisseaux latéraux et sont logés dans les éminences ver- fa) Quatrefages, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. XVIII, p. 303, pi. 7, %. 1, 2 et 3). (6) Leydig, toc. cit., p. 316, pi. 9, fig. 1. (c) Troschel , Piscicola respirans (Archiv fur Naturgeschichte , 1850, Bd. I, p. 24, pi. 2, fig. A et/). 262 CIRCULATION DU SANG vaisseau dorsal et dans les deux vaisseaux latéraux (1). Le plus souvent les vaisseaux médians demeurent resserrés, et les troncs latéraux , qui sont plus gros et plus musculaires , se contractant alternativement, poussent le sang de droite à gauche ou de gauche à droite ; mais, dans d'autres moments, le vais- seau dorsal entre aussi en jeu, et le sang y coule ordinairement d'arrière en avant (2). Chez quelques Animaux de cette famille ruqueuses situées près du cou. On en compte huit paires (a). Je dois ajouter que M. Siebold et M. Leydig ont vu, chez les Néphélis, de chaque côté du corps, une série d'am- poules sanguifères qui sont en com- munication avec les vaisseaux trans- versaux, et qui renferment dans leur intérieur un organe particulier dont la surface est garnie de cils vibratiles (6). (l)C'est à tort que divers auteurs ont annoncé l'existence d'un cœur chez les Hirudinées. Ainsi, l'organe dont du Rondeau a parlé sous ce nom n'est autre chose que la matrice de la Sangsue (c). C'est la bourse de la verge qu'au premier abord Knolz avait* prise pour un cœur [cl). C'est aussi une portion de l'appareil mâle qui consti- tue le prétendu cœur de la petite Hi- rudinée dont Dutrochet a formé son genre Trochète (e). D'autres anato- mistes ont appliqué le nom de cœur aortique au vaisseau dorsal, et celui de cœurs branchiaux aux troncs laté- raux (f). Mais un cœur est un réser- voir contractile, et non un simple tuyau de distribution à parois mus- culaires. Or, chez les Hirudinées, de même que chez presque tous les au- tres Annélides, la division du travail entre les organes d'impulsion et les organes de distribution ne s'est pas encore effectuée, et, par conséquent, ce serait donner des idées fausses que d'appeler l'un quelconque de ces vais- seaux un cœur. (2) Ce passage alternatif du sang d'un vaisseau latéral dans celui du côté opposé du corps des Sangsues a été très bien décrit par M. J. Mill- ier (g) , par Weber {h) et par Du- (fl) Leydisr, Op. cit. (Zeitschr. fur Wissenschaftl. Zool., Bd. III, p. 319). (&) Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. I, p. 216. — Leydig-, Zum Circulations uni Respirations-System von Nephelis und Clepsina (Kolliker, Ziveiter Bericht von der Zootomischen Anstalt %u Wûrzburg, 1849, p. 14, pi. 2, fig\ 16). (c) Du Rondeau, Mém. sur la Sangsue médicinale (Journ. de pliys., 1782, t. XX, p. 284 ; — Mém. Acad. de Brux., 1783, t. III, p. 1 53). (d) Knolz, Naturhistorische Abhandlung iiber die Blutegel, 1820. (e) Dutrochet, Note sur une Annélide d'un genre nouveau (Bulletin de la Société philomatiquc, 1817, p. 130). (f) Millier, Ueber den Kreislaufdcs Bhites bel Hirudo vulgàpis (Meckel's Archiv fur Anat. und Phys., 1828, p. 24 et siiiv.). — Wagner, Bemerkungen ùber Délie Chiaje's Abhandlungen (Isis, 1832, p. G35). (g) 1. Mùller, Ueber den Kreislauf des Blutes bel Hirudo vulgaris (Meckel's Archiv fur Anat. und Physiol., 1828, p. 22, pi. 1, fig\ 1, et par extrait dans la Physiologie de Burdach, t. VI, p. 103). (h) Weber, Ueber die Entwiclcelung des Medicinischen Blulegels (Meckel's Archiv fur Anat. und Physiol, 1828, p. 399). CHEZ LES VERS, 263 on distinguo , dans l'intérieur de ce dernier vaisseau , des valvules pédonculées (1) ; mais le jeu de ces organes parait être toujours très imparfait et ne pouvoir empêcher le reflux du sang d'avant en arrière. La circulation est donc oscillatoire et irrégulière chez les Hirudinées. Des courants en sens inverses s'établissent alter- nativement dans un même vaisseau , et un autre indice de l'imperfection avec laquelle cette fonction s'y exerce nous est fourni par le défaut d'harmonie et de solidarité dans le jeu des différentes parties de l'appareil sanguifère. Souvent on voit le passage du sang devenir presque nul dans une portion du sys- tème vasculaire pendant qu'il est très actif dans d'autres, et il est rare que le mouvement circulatoire s'effectue à la fois dans tout l'organisme ; mais partout ce fluide parait susceptible de passer d'un vaisseau dans un autre, et, s'il revient sur ses pas, gès [a). Ce dernier a remarqué aussi fecluant indépendamment de la cir- que la direction du courant est tou- culation générale dans les organes jours en sens inverse dans les deux qu'il supposait être des poches respi- vaisseaux latéraux . de sorte que le raioires (6). Nous avons vu ailleurs cercle circulatoire s'établit principa- que ces poches n'appartiennent pas à lement dans le plan horizontal et l'appareil respiratoire ( t. tl, p. 104). suivant les bords du corps. Dugès a (1) Ces valvules en forme de mas- vu également qu'à certains moments sue ont été observées chez le Piscicola la circulation s'active dans les vais- geometra, d'abord par J. Léo (c), seaux médians et dans les branches puis par M. Troschel (c/). Ainsi que je qui se distribuent à divers viscères. l'ai déjà dit, M. Budge a observé une Mais il a donné une interprétation er- disposition tout à l'ait semblable chez ronée des phénomènes qui se mani- les Clepsines (e) , et AL Leydig en a festent dans ce cas, et il a été conduit constaté aussi l'existence chez les de la sorte à admettre une circulation Branchellions (f). pulmonaire, oupeiiie circulation, s'ef- (a) Dugès, Recherches sur la circulation, la respiration et la reproduction des Annclides Abranches iAun. des sciences nat., 1828, t. XV, p. 300). (6.1 Loc. cit., p. 314, pi. 8, flg. -2. (e) Léo, l'c'.cr einije Ausgezewhneïe anntomlschc und physiolayische Verhàllnisse der Pisci- cola geometra (Muller's Archiv fur Anat. und Pliysiol., 1835, p. 421, pi. 11, Gg. II,. {di Troschel, Piscicola respirons l Archiv fur Salurgesch., 1850, p. 24). (e) J. BnHçre, Clepsinabioculata (Yerhandl. des Naturhist-. Vereins der Preussischcil Rheinlande, 1840, p. 108, pi. 2, fig. 2G et 27). if) I-eyilig, Op. ci!. (Zeitschr. fur wïssenschapl. Zoo!., 185), l. 111, p. 317); 2G/J. CIRCUL.VTION DU SANG ce n'est point, suivant toute probabilité, parce que le canal où il coule se termine en cul-de-sac : c'est seulement par suite d'un changement dans la direction des contractions ondulatoires sous l'influence desquelles il se meut (1). On voit donc que l'on n'est pas en droit d'appliquer aux divers vaisseaux des Hirudinées les noms d'artères et de veines. Effectivement, il n'y a ici aucun centre d'impulsion ou point de départ du courant ; le sang ne se rend pas alternativement d'un appareil artérialisateur aux divers organes sur lesquels son action doit s'exercer et amener sa transformation en sang vei- neux; enfin, chaque vaisseau peut être le siège d'un mouve- ment de va-et-vient. Ce serait par conséquent donner une idée fausse des choses que d'employer ici des termes qui supposent une division du travail irrigatoire dont l'introduction ne s'ef- fectue que chez des Animaux à organisation plus parfaite (2). Appareil §9- — Dans la grande division des Annélides Chétopodes, del Tnnïes la tenctaûce à la centralisation des deux moitiés de l'appareil chétopodes. circuiat0ire porte sur le système vasculaire cutané aussi bien que sur les deux systèmes vasculaires viscéraux, et amène sou- vent la substitution d'un tronc longitudinal impair et médian aux deux troncs latéraux, qui restent distincts chez les Biru- (1) M. Gratiolet, n'ayant pas trouvé pareil vasculaire des Sangsues ; mais, de communication entre les branches comme l'application en était complé- terminales des vaisseaux sous-cutanés tement arbitraire, chacun a agi sui- des Sangsues, a cru pouvoir en con- vant sa fantaisie, et les désignations dure que le sang ne circule que dans les plus contradictoires ont été adop- le système vasculaire viscéral, et ne tées. Ainsi, les uns appellent le vais- serait animé que d'un mouvement seau dorsal une veine, les autres une oscillatoire dans le plexus sous-cu- artère, et les mêmes divergences se tané (a) ; mais cette opinion ne me rencontrent quant à la détermination paraît pas fondée. des vaisseaux latéraux. 11 ne faut donc (2) Beaucoup d'anatomistes ont fait attacher aucune importance à cett'e usage de ces noms en décrivant l'ap- nomenclature. [a) Gratiolet, Op , cit. (Ami. des sciences nat., 1850, 3* série, t. XIV, p. 190). CHKZ LES VERS. 265 dinées. Mais cette tendance s'exerce d'une manière moins uni- forme, et parfois le système dorsal, ainsi que le système sous- intestinal, y échappent en partie. Il en résulte que nous ren- contrerons parmi les Chétopodes des modifications beaucoup plus nombreuses dans la disposition générale de l'appareil sanguifère; mais, à l'aide des principes déjà posés, il nous sera toujours facile d'y retrouver le même plan fondamental que chez les autres Annélides. Ainsi, de même que chez les Sangsues, le système vasculaire dorsal des Chétopodes est toujours représenté par un tronc impair et médian dans la portion antérieure du corps ; mais souvent il est formé par deux vaisseaux longitudinaux et paral- lèles dans tout le reste de son étendue. Chez les Eunices, par exemple, il règne dans toute la por- tion moyenne et postérieure du corps deux vaisseaux marchant côte à côte le long de la ligne médiane du dos, au-dessus du tube digestif, et c'est seulement dans la région pharyngienne qu'ils se réunissent en un tronc impair (1). Chez les Hermelles, cette dualité du système vasculaire dor- sal se voit aussi dans la portion moyenne du corps, où les deux troncs longitudinaux sont même beaucoup plus écartés entre eux que chez les Eunices; mais, en arrière aussi bien qu'en avant, on les voit se rapprocher, puis se réunir pour former un tronc impair et médian (2). (1) Cette disposition, que j'ai fait anneaux du corps , mais double dans connaître chez l'Eunice sanguine (a), tout le reste de son étendue, tandis se voit aussi chez les Polydores, Anne- que le vaisseau ventral présente une lides de la famille des Anciens qui se disposition inverse : unique et médian rapprochent beaucoup des Spw. M. de dans la plus grande partie du corps, Quatrefages a trouvé que le vaisseau il se bifurque antérieurement (6). dorsal est simple dans les premiers (2) J'ai trouvé aussi que, dans toute (a) Milne Edwards , Recherches pour servir à l'histoire de la circulation du sang chez les Annélides ( Ann. des sciences nat., 1838, 2e série, t. X, p. 204, et Atlas dit Règne animal de Cuvier, Annélides, pi. 1 a, fig. 2). (6) Quatrefages, Sur la circulation dans les Annélides {Ann. des sciences nat., 1850, 3' série, t. XIV, p. 282). 266 CIRCULATION DU SANG Enfin, chez les Néréides, les Néphélis, les Arénicoles, les Térébelles, les Sabelles, etc., de même que chez les Hirudinées, ce rapprochement s'est effectué dans toute la longueur du corps, et le système dorsal est constitué par un tronc longitudinal im- pair et médian (1). Le système abdominal ou sous-intestinal nous offre des exemples analogues de centralisation à divers degrés. Ainsi, chez les Hermelles, on y trouve deux troncs parallèles dans la portion moyenne du corps, et, de même que pour le système dorsal, ces deux moitiés se confondent en un tronc longitudinal unique vers l'extrémité céphaiique, ainsi que dans toute la por- tion postérieure du corps. Enfin des modifications du même ordre se rencontrent dans la constitution du système vasculaire cutané. Tantôt il y a deux troncs latéraux situés à la face inférieure du corps : chez les Pléiones, par exemple (2); d'autres fois ces deux vaisseaux laté- cette portion moyenne du système vas- (2) Hunter a été le premier à faire culaire dorsal des Hermelles, les deux connaître cette disposition remarqua- troncs longitudinaux sont réunis entre ble (d). Une description plus complète eux d'anneau en anneau par des bran- de l'appareil circulatoire des Pléiones ches commissurales transversales (a). a été donnée par M. Grube (e). Mais M. de Quatrefages a vérifié ces observa- ni l'un ni l'autre de ces anatomistes tions, et il a ajouté aux faits que j'avais n'ont rapproché ces faits de ceux que constatés plusieurs résultats intéres- nous offre l'Arénicole (/). Il est aussi sants relativement au mode de distri- à noter que Hunter signale l'existence bution des branches de ce système (6). de plexus vasculaires très développés (1) Voyez les figures que j'ai don- entre les vaisseaux laléro-inférieurs et nées de l'appareil circulatoire de ces les pieds. Animaux (c). (a) Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat , 2e série, t. X, p. 208, pi. 11, fig. 3). (6) Quatrefages, Mémoire sur la famille des Hermelliens (Ann. des sciences nat-, 1848, 3e série, t. X, p. 40, pi. 2, fig. 1). (c) Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 2° série, t. X, pi. 10 à 13, et Annélides du Règne animal de Cuvier, pi. 1, fig. 1 ; pi. 1 a, fig. 1 et 3 ; pi. 1 6 ; pi. 1 c, lig. 1 et 2). (d) Voyez Descriptive and Illuslrated Catalogue of the Physiological Séries of Comparative Anatomy containedin the Muséum of the R. Collège of Surgeons in London, 1834, vol. II, p. 135, pi 14, fig. 10. (e) A.-E. Grubc, De Pleione carunculata dissertatio %ootomica. In-4 , 1837, p. 19, pi. 1, fig. 2. (/) Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat., V série, t. X, p. 213, pi. 13, fig. 1 a, et Annélides du Règne animal, pi. 1, fig. 1 a). CHEZ LES VERS. 267 raux sont rapprochés au point de se toucher presque, disposi- tion qui se voit chez les Néphélis (1). Mais, dans la grande majorité des cas, ils sont confondus dans toute leur longueur ou représentés seulement par un tronc médian simple et adhé- rent à la paroi inférieure de la cavité viscérale : par exemple, chez les Néréides, les Eunices, les Térébelles, les Sabelles, les Arénicoles, etc. Chez un petit nombre d'Annélides Chétopodes, l'appareil vasculaire se complique davantage, par suite du développement de quelques branches anaslomotiques secondaires qui se trans- forment en troncs longitudinaux surnuméraires. Ainsi, chez les Arénicoles, chacune des branches transversales latéro-dor- sales fournit une petite branche sous-cutanée qui se porte en arrière et se termine par un ramuscule anastomotique dans le tronc latéro-dorsal suivant. Chez les Pléiones, ces branches récurrentes se développent davantage, et se continuant les unes avec les autres, forment de chaque côté du corps un tronc longitudinal surnuméraire qui relie entre elles toutes les bran- ches transversales du système dorsal (2). Des complications analogues se manifestent dans le système vasculaire viscéral des Arénicoles, et l'on rencontre aussi chez certaines Anné- lides diverses modifications dans le mode de distribution ou d'anastomose des branches secondaires de chacun des troncs longitudinaux ; mais ces variations dans les détails ne changent rien d'essentiel au plan général de l'appareil circulatoire de ces Animaux, et n'ont pas assez d'importance pour nous ar- rêter ici. Il est aussi à noter que chez quelques Annélides Chétopodes, (1; Je n'ai pas aperçu débranches (2) Voyez ci -après, page '273, commissurales entre ces deux vais- note, sea u (a). (a) Milne Edwards, Annélides du Règne animal do Gitvier, pi. 1 a, fig. 3 a. 268 CIRCULATION DU SANG de même que chez les Hirudinées inférieures , l'appareil vas- culaire s'appauvrit et ne présente plus que deux troncs longi- tudinaux, l'un dorsal, appartenant au système viscéral, l'autre inférieur, et représentant le système sous-cutané. Ce mode d'organisation se voit chez les Tubifeœ{\). organes § 10. — Les organes moteurs dans l'appareil circulatoire des moteurs du sang . ,,. , ~, / -. . chez Annelides Chetopodes sont, en premier heu, les vaisseaux dis— les Annelides .. A chetopodes. tributeurs eux-mêmes, qui ont des parois plus ou moins mus- culaires. Dans tous les gros troncs, et principalement dans le vaisseau dorsal, on remarque en effet des mouvements pulsatiles qui se propagent d'une manière péristaltique et poussent le liquide devant eux. Chez beaucoup de ces animaux, les troncs vasculaires qui agissent de la sorte ne présentent dans leur conformation rien de particulier ; mais, chez d'autres, ils se modifient, dans certaines parties du cercle circulatoire, de façon à devenir des agenls d'impulsion plus puissants : on les voit s'y dilater au point de constituer des espèces de poches ou réservoirs contractiles dont la capacité est très grande relative- ment à celle des canaux adjacents, et à chaque contraction ils lancent alors dans ceux-ci une ondée de sang plus consi- dérable. Enfin l'appareil circulatoire se perfectionne aussi par la voie des emprunts physiologiques , et , dans quelques espèces , on voit les organes respiratoires venir en aide aux organes moteurs du sang, et contribuer par leurs contrac- tions et leurs dilatations alternatives à y activer le courant irrigatoire. Comme exemple d'un appareil circulatoire dont les vaisseaux principaux remplissent les fonctions d'organes moteurs , sans offrir dans leur conformation aucune particularité qui soit de nature à favoriser cette action, je citerai celui des Néréides (2). (1) Voyez ci-après, page 275. mentaire, comme cela a lieu chez la (2) Le vaisseau dorsal des Néréides plupart des Annelides, et se trouve n'adhère pas à la surface du tube ali- remonté contre la voûte de la cavité CHEZ LES VERS. 269 Le vaisseau dorsal de ces Vers ne se dilate nulle part de façon à constituer un réservoir où le sang puisse s'accumuler, et il se contracte successivement dans toute sa longueur pour pousser ce liquide de la partie postérieure du corps vers la tête. Chez les Eunices, la localisation du travail moteur se prononce davantage, et là où les vaisseaux sont appelés à y intervenir d'une manière puissante, non-seulement leurs parois deviennent plus musculaires, mais leur capacité augmente ; de façon que viscérale, de façon à être entièrement sous-cutané. Il est assez grêle dans toute sa longueur, et ne fournit que peu de branches dans la région pha- ryngienne du corps; mais au niveau du commencement de l'œsophage il envoie au tube digestif une série nom- breuse de vaisseaux impairs qui , après un trajet assez long, vont se ramifier dans les parois de cet organe, et qui représentent les branches paires ou commissn raies profondes, à l'aide desquelles le système dorsal des au- tres Annélides s'anastomose avec le système sous-intestinal. Dans chaque anneau, à partir du septième ou hui- tième , le tronc dorsal donne éga- lement naissance à une paire de vaisseaux transversaux qui vont se rendre aux pieds correspondants, et qui représentent la portion dorsale des vaisseaux latéraux à l'aide des- quels le système dorsal des Uirudinées communique avec les troncs longitu- dinaux du système vasculaire cutané. Mais ici ces vaisseaux transverses ne débouchent pas directement dans le tronc cutané inférieur correspondant aux deux vaisseaux latéraux en ques- tion, ils s'anastomosent seulement avec les ramifications terminales des bran- ches latérales que ce dernier envoie aussi à la base des pieds. Ce vaisseau ventral paraît tenir lieu à la fois des deux paires de troncs longitudi- naux qui, dans la forme typique sim- ple de l'appareil vasculaire des Anné- lides, occupent la face inférieure du corps, et appartiennent, l'une au sys- tème cutané, l'autre au système vis- céral. En effet , ce tronc ventral impair et médian fournit dans cha- que segment du corps une paire de branches transversales qui se bifur- quent et envoient un rameau dans l'appareil tégumentaire pour s'y ana- stomoser avec les divisions terminales du système dorsal, et un autre dans les parois du tube digestif, où il s'ana- stomose pareillement avec les bran- ches gastriques du vaisseau dorsal. Il est aussi à noter qu'à l'extrémité antérieure du corps les branches ana- stomotiques du vaisseau dorsal et du vaisseau ventral se réunissent par l'intermédiaire d'un réseau capillaire extrêmement riche appartenant à deux paires de grandes vésicules mem- braneuses dont les usages ne sont pas encore bien connus (a). (a) Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat-, 2e série, t. X, p. 210, pi. 12, fig. 1, et Annélides du Règne animal, pi. 1 a, fig. 1). 270 CIRCULATION DU SANG l'effet produit sur le courant circulatoire par chacune de leurs contractions devient plus grand. Ainsi, dans la région pharyn- gienne, le vaisseau dorsal est très dilaté, et constitue un gros tube charnu fusiforme et onduleuxqui pousse avec force le sang vers la tête, et chacune des branches transversales du vaisseau médian sous-cutané ou ventral, avant de se rendre au pied et à la branchie correspondante , offre un renflement en forme d'anse pulsatile dont les contractions impriment une nouvelle impulsion au sang destiné à ces organes (1). Si l'on voulait (1) Pour plus de détail au sujet de l'appareil vasculaire des Eunices, je renverrai à mon Mémoire sur la cir- culation chez les Annélides. Ce sont probablement les anses vasculaires contractiles de la région sternale du corps que M. Délie Chiaje avait prises pour des poches ou ampoules sangui- fères ; mais je dois ajouter que la des- cription donnée par cet anatomiste de l'appareil circulatoire de l'Eunice gi- gantesque et de VE. cuprea (a) ne s'accorde presque en rien avec ce que j'ai vu et figuré chez VE. san- guinea. Les observations plus récentes de M. de Quatrefages s'accordent très bien avec les miennes, et ce natura- liste a ajouté des détails nouveaux sur la structure des parois du vaisseau dorsal impair auquel il donne le nom de cœur proboscidien , parce que cet organe d'impulsion est situé au-dessus de la trompe pendant la rétraction de celle-ci (6). La description que M. Williams a donnée de cet appareil circulatoire ne diffère aussi en rien d'essentiel de ce que j'en avais dit, sauf un seul point. M. Williams croit que les dilatations en forme d'anse dont j'ai signalé l'existence à la base de chacun des vaisseaux des branches transversales du tronc abdominal sont accidentelles et ne se rencontrent pas dans l'état ordinaire (c). Je n'ai pas eu l'occasion d'examiner de nouveau ce point de- puis la publication du Mémoire de M. Williams ; mais, d'après les sou- venirs que m'ont laissés mes recher- ches faites en 1837, je suis persuadé que ses critiques ne sont pas fondées. J'ajouterai, d'ailleurs, qu'il a mal in- terprété ma pensée lorsqu'il suppose que les dilatations vasculaires dont j'ai parlé pouvaient être assimilées aux vésicules contractiles ou au préten- dues poches pulmonaires des Sang- sues. Dans le genre Siphonostoma , ou Chlorema , il existe aussi à la partie antérieure de la région dorsale du (a) Délie Chiaje , Memorie sulla storia e notomia degli Animait senx-a vertèbre del regno di Napoli, t. Il, p. 396. (6) Quatrefages, Sur la circulation des Annélides (Ann. des sciences nat., 1850, 3e série, t. XIV, p. 283). (c) Williams, On Vue British Annelida (Report of the 21« Meetingofthe Brit. Associât., 1852, p. 184). CHEZ LES VERS. 271 donner à ces dilatations vasculaires contractiles le nom de cœur, il faudrait donc dire que chez les Eunices il y a un cœur dorsal dans la région céphalique, et plusieurs centaines de cœurs abdo- minaux disposés par paires. Chez les Térébelles, le vaisseau dorsal présente dans la por- tion antérieure du corps une disposition analogue, et y constitue un gros tronc médian à parois très contractiles dont l'extrémité antérieure envoie un rameau à chacune des branchies (1). Cet organe devient, par conséquent, comparable à un cœur pulmo- corps un gros tronc médian qui , au niveau de l'estomac, se bifurque pour donner naissance à deux vaisseaux dorsaux dont la disposition rappelle celle du système correspondant chez les Hermelles : car vers le milieu du corps ils se réunissent de nouveau pour former un tronc impair ; mais ici une branche anastomotique impaire se prolonge entre les deux tronçons impairs de ce système dorsal. Un vaisseau abdominal médian représente le système inférieur dans la moitié postérieure du corps, et communique avec un collier vasculaire vers sa par- tie antérieure ; mais depuis ce point jusqu'aux branches dont l'extrémité céphalique du corps est garnie , ce système est formé par deux troncs laléro-inférieurs (a). (1) Le tronc dorso-branchial, ou portion pharyngienne et musculaire du vaisseau dorsal, qui fait ainsi l'office de cœur pulmonaire chez les Téré- belles, est un peu fusiforme et libre dans presque toute son étendue, mais se fixe au tube digestif par ses deux extrémités. Il reçoit le sang non-seu- lement de la portion moyenne et pos- térieu re du vaisseau dorsal, qui est très grêle, mais aussi d'une sorte de gros collier vasculaire qui entoure l'origine de l'estomac et qui résulte du dévelop- pement considérable de la première paire de branches anastomotiques allant du vaisseau sous-intestinal au vaisseau dorsal. Il est aussi à noter qu'une branche accessoire impaire et médiane naît du point de réunion de ce collier avec le tronc dorsal, et s'a- vance au-dessous de la portion car- diaque de celui-ci en envoyant des rameaux aux parois de la partie pha- ryngienne du tube digestif. Enfin, les anses formées par les branches trans- verses du vaisseau dorsal sont très grandes et très lâches dans toute la portion antérieure du corps où elles flottent dans la cavité viscérale. Chez le Terebella nebulosa, la por- tion gastrique du vaisseau dorsal , quoique grêle, est très bien consti- (a) Qualrefages, Mém. sur la famille des Chlorémiens (Ann. des sciences nal.t 1849, 3" série, t. XII, p. 298, pi. 9,fig. 3, et pi. 10, fig. 1). — Max. Miiller, Observationes anatomicœ de Vermibus quibusdam maritimis (Dissert, inaug.). Berolini, 1852, p. 11, pi. 2, fig. 16, 17. 272 CIRCULATION DU SANG naire, et le sang qui, après avoir traversé l'appareil respiratoire, circule d'avant en arrière dans le vaisseau abdominal et ses dé- pendances, est poussé surtout par les contractions rhythmiques des branchies elles-mêmes. Ces arbuscules se resserrent et se déploient alternativement : quand ils s'étendent, le sang revenant du vaisseau dorsal y afflue en abondance, et ils demeurent d'un rouge vif; mais au moment de la contraction, ils deviennent presque incolores, et la plus grande portion du sang dont ils étaient gorgés est chassée de leur intérieur dans le système vasculaire central. Chez les Arénicoles, les branchies sont aussi des agents d'im- pulsion que l'appareil circulatoire emprunte à l'appareil de la respiration, mais les moteurs propres constitués à l'aide du système vasculaire lui-même sont plus développés et plus puis- sants. Le vaisseau dorsal impair qui règne dans toute la longueur du corps est élargi et pulsatile dans sa portion moyenne, et, à la partie antérieure de l'estomac, il forme, en se réunissant avec les branches du vaisseau sous-intestinal, un sinus assez vaste qui, de chaque côté, communique aussi avec le tronc sous- cutané abdominal par un gros vaisseau descendant, sur le trajet duquel se trouve une poche contractile de forme ovalaire. On peut donc dire avec raison que chez les Arénicoles il existe de chaque côté du corps, entre le système vasculaire dorsal et le système vasculaire sous-cutané inférieur,, un véritable cœur (1). tuée (a) ; mais, chez le T. conchilega, de détails, mon Mémoire sur la cir- elle tend à s'atrophier, et la presque culalion chez les Annélides et le tra- totalité du sang qui arrive au tronc vailde M. Williams, dorso-faranchial vient du vaisseau sous- (1) L'appareil circulatoire des Are- intestinal par l'intermédiaire du collier nicoles, dont l'étude n'avait été faite postpliaryngien (6). Voyez, pour plus que d'une manière très incomplète (a) Milne Edwards, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. X, pi. 10, fig. 1, et Annélides du Règne animal de Cirvier, pi. 1 b). (b) Milne Edwards, Op. cit. {Ann. des sciences nat., t. X, pi. 11, fig. 1, el Annélides du Règne animal, pi. i c, fig. 1). CHEZ LES VERS. 273 Chez les Lombrics, on trouve à la même place une série d'anses qui se portent du vaisseau dorsal au vaisseau sous- cutané abdominal, et qui, à raison du mode de contraction de leurs parois, offrent, en général, un aspect moniliforme ; ces troncs anastomotiques remplissent les mêmes fonctions que les deux cœurs de l'Arénicole, mais ils ne constituent pas comme ceux-ci des réservoirs contractiles annexés aux canaux sangui- fères, et, par conséquent, ne doivent pas être désignés sous le même nom (1). par Cuvier (a) , Ev. Home (6) et M. J. Millier (c), et dont j'ai donné une description détaillée en 1837 [d), présente aussi dans le mode de distri- bution des vaisseaux plusieurs parti- cularités qu'il est bon de noter ici. Ainsi, dans la portion antérieure et dans la portion postérieure du corps, les vaisseaux transversaux qui vien- nent des flancs se rendent au système vasculaire viscéral , et débouchent , comme d'ordinaire, dans le tronc dor- sal ; mais ceux qui occupent la por- tion moyenne du corps, et qui corres- pondent aux branchies des sept pre- mières paires, ne se rendent pas à ce vaisseau , et vont s'anastomoser avec le tronc inférieur du système vascu- laire viscéral, ou vaisseau sous-intesti- nal. Celui-ci s'élargit beaucoup avant de s'ouvrir dans le sinus ou collier vasculaire œsophagien, et se trouve représenté dans la portion pharyn- gienne du tube digestif par deux branches latérales. Les branches ver- ticales qui unissent le vaisseau sous- intestinal au vaisseau dorsal sont très nombreuses, et, indépendamment des anastomoses multipliées qu'elles of- frent entre leurs ramuscules, elles sont reliées entre elles de chaque côté de l'estomac par un gros vaisseau lon- gitudinal surnuméraire qui débouche antérieurement dans le sinus œsopha- gien. Jedois ajouterque, d'après M.Grube, le vaisseau sous-intestinal ne serait pas simple et impair comme je le crois, mais représenté par deux troncs contigus. Ce naturaliste admet aussi l'existence d'un vaisseau intestinal su- périeur qui serait accolé à la face infé- rieure du vaisseau dorsal (e). Mais la description que M. Williams a donnée plus récemment de l'appareil circula- toire de ce Ver ne diffère pas notable- ment de ce que j'en avais dit (/"). (1) L'appareil circulatoire des Lom- (a) Cuvier, art. Arénicole du Dictionnaire des sciences naturelles, t. II, p. 475 (1816). (b) Home, Circul. in Vernies (Philos. Trans., 1817, pi. 3, fig. 2 et 3). (c) Mùller, article sur la circulation, inséré dans le Traité de physiologie de Burdach, trad. franc. , t. VI, p. 167. (d) Milne Edwards, Op. cit., t. V, p. 485 (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1837, et Ann. des sciences nat., 1838, 2° série, t. X, p. 213, pi. 13, fig. 1, 1 a, et AnNélides du Règne animal de Cuvier, pi. 1). (e) A, E. Grube, Zur Anatomie und Physiologie der Kiemenwûrmer. In-4, Konigsb., 1838, p. 10, pi. 1, fig. 1, 3 et 8. (f) Williams, Op. cit. (Rep. of the Brit. Associât., p. 189, pi. 3. fig. 10). III. 18 27/i CIRCULATION DU SANG L'appareil circulatoire des Naïs et des Polyophthalmes se rapproche davantage de celui de l'Arénicole, sous le rapport des organes moteurs; car ceux-ci consistent principalement en bries a été étudié successivement par un grand nombre d'anatomistes, tels que Willis(a),Leo(6),Dugès(c),Morren(d), de Quatrefages (e), Williams [f). Je n'en donnerai pas ici une description détaillée, et je me bornerai à dire que l'on distingue , chez ces Vers , trois troncs principaux impairs et médians : le vaisseau dorsal ( que M. Morren appelle V artère aorte ) ; le vaisseau sous-intestinal (ou artère ventrale du même auteur) , et le vaisseau sous- cutané abdominal (ou veine cave de M. Morren), qui s'étendent dans toute la longueur du corps et donnent cha- cun naissance à une multitude de branches transversales dont la dispo- sition rappelle assez exactement ce que nous avons déjà vu chez les III— rudinées : car les arcades vasculaires sous -cutanées descendent verticale- ment du vaisseau dorsal au vaisseau abdominal en donnant naissance à une foule de ramuscules sous-cuta- nés. Enfin d'autres branches , en partant de ces mêmes branches dor- sales , embrassent le tube digestif et vont s'anastomoser avec le vaisseau sous-intestinal , de façon à constituer les analogues des vaisseaux commis- suraux profonds. Dans toute la portion moyenne et postérieure du corps , ces vaisseaux gastriques ne présentent rien de remarquable ; ils sont très grêles et se ramifient beaucoup dans les parois du tube alimentaire. Mais en avant , et surtout dans la portion du corps où se trouvent les ovaires , ils naissent directement du vaisseau dorsal, et constituent une série de gros troncs indivis qui sont disposés en manière d'arceaux verticaux et ont des parois très musculaires : par le fait de la contraction de leurs fibres circulaires, ces anses œsophagiennes ( qui constituent l'appareil auquel M. Morren a donné le nom de cœur) s'étranglent d'espace en espace et prennent ainsi un aspect moniliforme ; mais elles ne sont pas réellement com- posées d'une série de vésicules, ainsi qu'on pourrait le supposer au premier abord, et, pendant la vie de l'Animal, ces étranglements se déplacent d'une manière péristallique , de façon à pousser le sang du système dorsal dans le système sous-intestinal. Il est aussi à noter que ce dernier vaisseau donne naissance à beaucoup de bran- ches cutanées aussi bien qu'aux bran- ches gastriques dont il a déjà été question , et que , par l'intermédiaire des anastomoses capillaires ainsi éta- blies, le sang mis en mouvement par les contractions des anses œsopha- giennes se porte, non-seulement d'a- (a) Willis, De anima brutorum, p. 18, pi. i, %. 1 (1676). (b) Léo, De structura Lumbrici terrestris (Dissert, inaug.). In-4, Kdnigsberg', 1820. (c) Morren , De Lumbrici terrestris historia naturali neenon anatomia tractatu's. ln-4 , Bruxelles, 1829, p. 152 et suiv., pi. 23 et 24. (d) Dugès, Recherches sur la circulation, etc., des Annélides Abranches (Ann. des sciences nat., t. XV, p. 299, pi. 8, fig. 1). (e) Voyez l'Atlas du Règne animal de Cuvier, Annélides, pi. 21 bis. (f) Williams, Rep. on the Brïtish Annelida {Brit. Ame, 1851, p. 179, pi. 3, fig. 7). CHEZ LES VERS. 275 une paire de veinules pulsatiles situées sur les côtés de la por- tion pharyngienne du tube alimentaire (1). §11. — Indépendamment des modifications de l'appareil vant en arrière dans le système sous- intestinal , et de là dans le système dorsal , mais aussi de ce dernier dans les branches sous-cutanées du vaisseau dorsal , lequel se continue aussi directement , par son extrémité antérieure, avec le tronc sous-cutané abdominal qui est très contractile dans toute son étendue. Le nombre des anses œsophagiennes qui rem- plissent ainsi les fonctions d'agents moteurs principaux paraît varier sui- vant les espèces, car les auteurs sont loin de s'accorder à ce sujet, et il est probable que les dissidences d'opinion dépendent des différences spécifiques dans les Animaux dont la dissection a été faite , plutôt que de quelque erreur d'observation. Ainsi M. Mor- ren en a compté le plus ordinairement cinq paires, quelquefois jusqu'à sept paires ; Dugès en décrit sept à huit paires. (1) L'appareil circulatoire des Vais tient à la fois de celui de l'Arénicole et de celui du Lombric. Il ressemble à ce dernier par la disposition géné- rale des vaisseaux, et au premier par l'existence d'une seule paire de gros- ses poches contractiles qui font l'of- fice de cœurs. M. Williams a décrit ces organes comme appartenant, l'un au vaisseau dorsal, l'autre au vaisseau ventral, et occupant , l'un la face su- périeure, l'autre la face inférieure du corps (a) ; mais le fait est qu'ils sont latéraux, et ils paraissent être placés, comme chez l'Arénicole , sur le trajet des deux gros troncs anastomotiques qui unissent le vaisseau dorsal au vaisseau sous-intestinal. Il est à noter que ces poches cardiaques battent alternativement, et que non-seule- ment le vaisseau dorsal , mais ses principales branches sont également contractiles. Pour plus de détails relatifs au trajet des vaisseaux et de leurs anastomoses , je renverrai aux travaux de Gruithuisen (b) , de Dugès (c) , de M. d'Udekem (d) et de M. P. Doyère (e), en faisant remar- quer toutefois que les observations de ce dernier diffèrent à certains égards de ceux de ses prédécesseurs et au- raient besoin de confirmation. Chez le Naïdien dont M. Henle a formé le genre Enchytrœus, il y a aussi deux troncs médians, qui sont unis entre eux antérieurement par un collier vasculaire et par trois pai- res de branches transversales ; mais ce physiologiste n'a aperçu de mou- vements pulsatiles que dans le tronc dorsal , et il est aussi à noter qu'il (a) Williams, Op. cit. (Brit. Associât., 1851, p. 182, pi. 3, %. 8). • (6) Gruithuisen, Ueber Nais diaphana (Nova Acta Acad. curios. Nat., 1828, t. XIV, p. 413). (c) Dugès, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1828, i. XV, p. 297). (d) D'Udekem, Histoire naturelle du Tubifex des ruisseaux, p. 20 , pi. 2, fîg. 1 à 3 (extr. des Mém. couronnés par l'Acad. de Bruxelles, t. XXVI). (e) P. Doycre, Essai sur l'anatomie de la Nais sanguinea, p. 10, fig. 9 et 10 (extr. des Mém. de la Soc. Linnéenne de Normandie, 1856, t. X). 276 CIRCULATION DU SANG circulatoire que j'ai déjà signalées comme dépendantes d'un développement insolite de quelques parties de ce système de vaisseaux, il en est d'autres qui sont dues à la même cause, mais qui se lient d'une manière spéciale au perfectionnement du travail respiratoire, et qui ont essentiellement pour but de mieux assurer les rapports entre le sang et l'eau aérée dont l'animal est entouré. Cette condition se trouve réalisée par l'extension des vaisseaux sanguifères dans l'intérieur des appen- dices membraneux qui s'élèvent à la surface du système tégu- mentaire dans diverses parties du corps et qui naissent le plus souvent à la base des pattes. Nous avons déjà vu que chez quelques Annélides, tels que les Phyllodocés et les Branchel- lions, les vaisseaux sanguins ne pénètrent pas dans l'intérieur des appendices foliiformes qui constituent les branchies de ces n'a pu découvrir aucune ramification antérieure de l'estomac chez les Aré- allant de ces gros vaisseaux dans les nicoles ; un vaisseau dorsal pharyn- parties voisines (a). gien part de ce sinus pour se rendre Dans le genre Stylaria, qui appar- à la tête , et de chaque côté de ce tient aussi à la famille des Naïdiens , même réservoir médian se trouve une M. 0. Schmidt a constaté l'existence poche arrondie et pulsatile qui envoie de trois paires d'arcs vasculaires con- le sang dans un vaisseau abdominal tractiles analogues aux vaisseaux mo- sous-cutané ; enfin il existe aussi à la niliformes des Lombrics (6). face inférieure du tube digestif un Les I'olyophthalmes, dont M. de autre vaisseau impair et médian dans Quatrefages a fait connailre le mode lequel le mouvement circulatoire s'ef- d'organisation , sont des Annélides fectue d'avant en arrière, tandis que Abranches qui vivent dans la mer et dans toute la portion dorsale du sys- qui ressemblent à certains égards aux tème vasculaire le courant est dirigé INaïdiens, mais forment une famille d'arrière en avant. M. de Quatrefages distincte. Leur sang est d'un rouge désigne sous le nom de cœur l'en- intense et circule dans un réseau in- semble formé par le sinus médian et testinal très riche qui vient se ter mi- les deux poches sanguifères' laté- ner antérieurement dans un sinus raies (c). analogue à celui situé à l'extrémité (a) Henle , Ueber Enchytrœus , eine Neue Anneliden-Cattung (Miiller's Ai'chiv fur Anat. Und Physiol., 1837, p. 82, pi 6, fig. 5). (b) Sclimidt, Beitràge zur Anatomie und Physiologie der Naïden (Miiller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1846, p. 412, pi. 15, fig. 3, et Ann. des sciences nat., 3° série, t. VII, p. 180). (c) Quatrefages, Mém. sur la famille des Polyophthalmiens (Ann. des sciences nat., 1850 , 3" série, t. X11I, p. 17, pi. 2, %. 5). CHEZ LES VERS. 277 Vers , ou bien s'arrêtent dans la portion du système cavitaire général qui oceupe la base de ces organes; mais, en général, ils s'y avancent de manière à mettre le liquide qu'ils contiennent en rapport direct avec le fluide respirable, et les canaux sanguifères qui se répandent ainsi dans l'appareil branchial dépendent toujours des vaisseaux transversaux à l'aide desquels le système dorsal s'anastomose avec le système sous-cutané ou abdominal. Tantôt ce sont des anses fort simples qui se prolongent de ces troncs anastomotiques dans l'intérieur de chaque branchie ; d'autres fois ce sont des ramifications plus ou moins nombreuses qui s'interposent entre la portion ventrale et la portion dorsale de chacune de ces mêmes branches, de façon que le sang tra- verse un réseau capillaire respiratoire en passant de l'un de ces systèmes vasculaires dans l'autre (1). fl) En observant le mode de distri- reil respiratoire des Hermelles le cou- bution des vaisseaux sanguins dans les rant afférent et le courant efférent branchies des Hermelles , j'avais été s'établiraient dans l'intérieur d'un conduit à penser que chacun de ces même vaisseau (a). filaments renferme deux canaux san- Ce naturaliste a décrit un mode guifères naissant , l'un de la branche d'organisation analogue dans les ap- correspondante du système vasculaire pendices branchiaux des Glycères, des dorsal, l'autre de la branche trans- Polydores , etc. Chez tous ces Ani- versale du système cutané abdominal, maux, chaque appendice branchial ne et s'anastomosant entre eux. Mais serait creusé que d'un seul canal san- M. de Qualrefages, qui a étudié plus guifère terminé en cul-de-sac et com- récemment l'organisation de ces An- muniquant par sa base avec les deux nélides, assure que chaque appendice ordres de vaisseaux à l'aide desquels branchial ne renferme qu'un seul le sang y arrive et en sort (6). vaisseau d'où partent latéralement de En terminant ce qui est relatif aux petites branches terminées en am- Annélides , j'ajouterai que M. Leydig poules , et que ce canal unique com- a signalé une disposition très singu- munique par sa base avec les deux Hère chez le Lumbriculus variegatus, vaisseaux qui se portent de ce point, où le vaisseau dorsal paraît donner l'un au tronc dorsal, l'autre au tronc naissance à des appendices terminés abdominal ; de sorte que dans l'appa- en ampoule (c). (a) Qualrefages, Mém. sur la famille des Hermelliens (Ann. des sciences nat., 1848, 3e série, t. X, pi. 2, fig. 3, G et 9). (b) Qualrefages , Sur la respiration des Annélides (Ann. des sciences nat., 1850, 3e série, XIV, p. 292) (c) Leydig', Lehrbuch der Histologie, p. 436. 278 CIRCULATION DU SANG § 12. — Quant à la structure intime des vaisseaux sanguins des Annélides , je me bornerai à dire qu'une tunique interne amorphe et dépourvue d'épithélium paraît tapisser partout ces canaux et se trouve revêtue extérieurement d'une tunique adventive formée de tissu connectif plus ou moins modifié ; enfin, qu'entre ces deux couches on trouve dans la plupart des petites branches, ainsi que dans les gros troncs, du tissu mus- culaire dont les fibrilles sont dirigées longitudinalement aussi bien qu'en travers (1). § 13. — En résumé, nous voyons que chez tous les Anné- lides, le système vasculaire est disposé suivant un même plan, bien que chez les uns il soit fort simplifié , tandis que chez d'autres il se complique et se perfectionne beaucoup (2). C'est (1) Pour plus de détails sur l'his- tologie de ces vaisseaux, je renverrai aux observations de M. Leydig portant principalement sur les Hirudinées (a). (2) Au premier abord, l'appareil vas- culaire des Échiures semble s'éloigner beaucoup de celui des autres Annélides; mais en l'examinant attentivement, on y retrouve le même plan fondamental que chez les Chétopodes ordinaires. A la face supérieure du tube digestif, il y a un vaisseau impair et médian qui correspond au vaisseau dorsal et qui présente vers le milieu de la ré- gion pharyngienne une petite dilata- tion pulsatile. Un peu plus en arrière, il donne naissance à une paire de troncs descendants qui embrassent le tube digestif en manière de collier et débouchent dans un vaisseau sous-in- testinal. Enfin on trouve encore sur la ligne médiane un troisième tube médian et impaire qui est accolé au cordon nerveux et qui correspond au vaisseau sous-cutané abdominal. Mais les branches transversales qui naissent de ces divers troncs la- téraux sont loin de présenter la ré- gularité qui se remarque d'ordinaire chez les Annélides, et le caractère segmentaire de l'organisation tend à s'effacer. M. de Quatrefages, en décri- vant l'appareil circulatoire de ces Vers, a donné le nom de cœur abdominal à une dilatation du vaisseau sous- cutané abdominal qui se voit dans le point où celui-ci s'anastomose avec l'extrémité antérieure du vaisseau sous-intestinal ; il appelle aussi cœur intestinal une dilatation analogue de ce dernier tronc dans le point où le collier vasculaire du système dorsal y débouche, et il nomme cœur dorsal le bulbe qui se voit sur le trajet de la portion pharyngienne du vaisseau dorsal ; mais' ces diverses parties un (a) Leydig, Lehrbuch dev Histologie, p. 436 (4 857). CHEZ LES VERS. 279 chez les Arénicoles qu'il présente les caractères les plus élevés, et nous verrons bientôt qu'il existe à certains égards une res- semblance frappante entre le mode d'organisation de l'appareil circulatoire de ces Vers et celui des Animaux vertébrés les plus simples. Mais, avant d'aborder l'étude anatomique de ces der- niers , il nous reste encore à examiner quelques Invertébrés que jusqu'ici j'avais laissés de côté pour ne pas rompre l'en- chaînement naturel des faits. §l/j. — Je ne m'arrêterai que peu sur l'étude du mode d'irrigation organique dans les autres classes de la grande division des Vers, parce qu'il règne encore beaucoup d'incer- titude au sujet de l'existence d'un appareil circulatoire spécial chez ces Animaux. La plupart d'entre eux sont pourvus de vaisseaux; mais les Helminthologistes sont partagés d'opinion au sujet des fonctions de ces tubes, et, dans l'état actuel de la science, il ne me semble pas possible de trancher nettement la question. Ainsi , dans la classe des Trématodes , dont les principaux représentants sont les Douves ou Fasciolaires , on voit un sys- tème complexe de vaisseaux à parois propres qui se ramifient dans les diverses parties du corps ; on a distingué des courants Appareil vasculaire' des Trématodes. peu élargies du système vasculaire ne me semblent pas mériter ces noms, car ils n'ont pas le caractère de réser- voirs sanguins. Il est aussi à noter que chez l'Échiure, les branches impaires qui se portent du vaisseau abdominal vers l'intestin, et qui se ramifient dans le mésentère, sont très développés («). L'appareil circulatoire des Ster.v aspis n'est encore que très impar- faitement connu, mais paraît avoir de la ressemblance avec cel ui de VEchiura Gœrtnerii (b), et la disposition géné- rale des vaisseaux , chez tous ces Échiurides , a une grande analogie avec celle qui s'observe chez les Si- ponculides dont il sera bientôt ques- tion (c). (a) Quatrefages, Mém. sur l'Échiure de Gœrlner (Voyage e?i Sicile, t. II, p. 230, pi. 25, fig\ 1 a, et pi. 26, fig- & ; — Ami. des sciences nat , 1847, 3° série, t. VII, p. 324 et suiv.). (6J Krolin , Ueber den Sternaspis Thalassemoides (Archiv. fur Anat. und Physiol 1842 p. 420). — Muller, Observationes analomicœ de Vermibus quibusdam marinis (Dissert, inau" ) Berlin 1852, [i. 4, pi. 1, fi-. 13). (c) Voyez ci-après, page 300. 280 CIRCULATION DU S4NG dans leur intérieur, et M. Blanchard a pu, malgré leur petitesse, les injecter d'une manière admirable. Ce naturaliste n'hésite pas à les considérer comme formant un appareil circulatoire , et effectivement ils en offrent bien l'aspect. Mais les observa- tions les plus récentes dont ces organes ont été l'objet ne sont pas favorables à cette opinion , et la plupart des helmintholo- gistes les regardent aujourd'hui comme appartenant à un appa- reil excréteur : car ils assurent que ce système arborescent débouche directement au dehors par un orifice particulier; que le liquide en mouvement dans son intérieur se dirige toujours des parties périphériques vers cette ouverture, et que souvent on le voit sortir par cette voie. La question en litige ne porte donc pas sur l'existence ou l'absence d'un appareil vasculaire , mais sur la clôture de ce système ou sa communication libre avec l'extérieur , et sur la nature des courants dont il est le siège (1). §15. — Pour mieux préciser les faits, prenons quelques exemples. Amphistomes. Les Amphistomes , Vers intestinaux de forme conique , qui se rencontrent assez souvent dans l'estomac du Bœuf, présen- tent vers la partie postérieure du dos une petite poche ovalaire que j'appellerai la vésicule de Laurer, tant pour ne rien préju- ger quant à ses fonctions que pour rappeler le nom de l'anato- miste qui en a fait connaître l'existence (2). Deux gros vais- (1) Ces courants ont été observés (2) On doit à ce naturaliste une d'abord chez le Distomum militare, bonne monographie anatomique de par M. Ehrenberg (a) ; M. Nordmann l'Amphistome , publiée sous la forme en a ensuite signalé l'existence chez de thèse. Les figures qui accompa- le Diplozoon et quelques autres gnent ce mémoire sont très nettes (c). Vers (6). (a) Ehrenberg, Symbolœ physicce. Anim. evertebr. (decas 1, feuille 1). (6) Nordmann, Mlkrographische Beitrâge %ur Naturgeschichte der ivirbellosen Thieren , t. I, p. 69 (Ann. des sciences nat., d 838, i" série, t. XXX, p. 392). (c) Laurer, Disquisitiones anatomicœ de Amphistomo conico. ln-4, Gryphiœ, 1830. CHEZ LES VERS. 281 seaux parlent de ce réservoir, longent les branches de l'appareil digestif, gagnent l'extrémité antérieure du corps, et, chemin faisant , donnent naissance à une multitude de rameaux dont les divisions se répandent dans toutes les parties voisines et s'y terminent en culs-de-sac. Ces tubes membraneux constituent donc un système vasculaire arborescent à branches chevelues très fines , et , d'après Laurer, la vésicule centrale dont ils partent communiquerait avec l'extérieur à l'aide d'un pore dorsal ou foramen caudale ; mais M. Blanchard , qui a injecté cet appareil et qui en a donné de très belles figures, n'a pu y découvrir aucun orifice , et considère la poche en question comme étant une espèce de cœur. Je suis porté à croire cepen- dant que Laurer ne s'était pas trompé , car l'existence du foramen caudale paraît avoir été constatée d'une manière indu- bitable par plusieurs bons observateurs chez divers Trématodes fort voisins des Amphistomes (1). (1) Les premiers observateurs qui appela cisterna chijli la vésicule à parlèrent de l'existence d'un orifice laquelle aboutissent , comme nous caudal , ou foramen. dorsale , chez l'avons vu ci-dessus , les principaux divers Trématodes, le prirent pour troncs (e). M. Nordmann a trouvé un anus (a). Mehlis a réfuté celte à la partie postérieure du corps ., opinion (b), et annoncé que le pore en chez les Diplostomes , une poche question communique avec des vais- analogue qui s'ouvre au dehors par seaux que Hudolphi (c) et Bojanus (d) un orifice contractile et qui expulse avaient déjà aperçus dans le corps de temps en temps le liquide con- de quelques-uns de ces Vers intes- tenu dans son intérieur, mode de tinaux. Laurer, qui a étudié avec déjection que ce naturaliste a rendu beaucoup de soin cet appareil chez apparent en plaçant ces Animaux l'Amphistome , le considéra comme dans un liquide coloré. M. Nordmann étant un système chylifère , et il décrit aussi un système de canaux (a) Baer, Beitrdge %ur Kenntniss der Niedern Thiere (Acta Acad. Leop. Nat. cur., vol. XIII, p. 536, 561, 611, et Nochein Wortilber den After der Distomen, Heusinger, vol. II, p. 197). — Nardo, Ueber den After der Distomen (Heusinger's Zeitschrift fur die Organ. Physik, 1827, Bd. I, p. 68). (b) Rudolplii, Entozoorum synopsis, 1819, p. 337. (c) Bojanus, Enthelminthica (Isis, 1821 , t. VIII, p. 162). (d) Mehlis, Observ. anat. de Distomate hepatico et lanceolato , 1825, p. 16 et suiv. (e) Laurer, Disquisitiones anatomicœ de Amphistomo conico , 1830, p. 10 et suiv. 282 CIRCULATION DU SANG Distomes. Ainsi, M. Van Beneden a observé chez le Dislomum lereti- colle une poche médiane et contractile qui est évidemment l'analogue delà vésicule de Laurer, et qui communique directe- ment au dehors par l'intermédiaire d'un pore caudal, car ce naturaliste a vu le liquide de ce réservoir être excrété par cette voie. La vésicule en question est aussi en communication avec deux tubes qui suivent les côtés du corps et qui constituent l'appareil dont j'ai déjà eu l'occasion de dire quelques mots en parlant des prétendues trachées aquifères de ces animaux. Enfin, M. Van Beneden a reconnu également que les vaisseaux rameux qui se trouvent dans le voisinage de ces tubes, et qui avaient été décrits par d'autres helminthologistes comme un appareil circulatoire, s'ouvrent à leur tour dans ces mêmes tubes et n'en sont que des branches (1). assez complexe qu'il considère comme tions seraient la conséquence d'une étant en communication avec ce ré- perforation accidentelle (d), et que serveir et comme constituant un ap- M. Diesing avait précédemment énon- pareil circulatoire ; mais il me paraît ce une opinion analogue au sujet des évident qu'une grande partie des or- Ampliistomes (e). ganes qu'il appelle des vaisseaux ne (1) Dans un premier travail sur les sont autre chose que les oviductes (a). Vers cestoïdes , SI. Van Beneden s'é- M. Dujardin a observé aussi plu- tait déjà prononcé en faveur de la sieurs fois l'orifice en question (6); non-existence d'un appareil circula- M. Owen a eu également l'occasion toire chez les Trématodes aussi bien d'en constater l'existence (c); et, que chez les Tœnioïdcs (/) \ mais comme nous le verrons bientôt, l'ex- c'est surtout dans un Mémoire spé- pulsion d'un liquide par cette voie a cial, publié postérieurement aux re- été remarquée par plusieurs helmin- cherches de M. Blanchard , qu'il a thologistes. Je dois ajouter cependant fait connaître les faits indiqués ci- que, d'après M. Blanchard, ces excré- dessus (g). (a) Nordmanii , Mikrographische Beitràge zur Natuvgeschichte der ivirbellosen Thiere , 1S32, BJ. I, p. 37 et suiv , pi, 4, fig. 5 et G, et Ann. des sciences nat., t. XXX, p. 270 et suiv., pi. 19, fig. 1 et 2. (b) Owen, On tlie Anatomy ofDistuma clavatum (Trams, of the Zool. Soc, vol. I, p. 41). (c) Dujardin, Histoire naturelle des Helminthes, p. 383. (d) Blanchard, Recherches sur l'organisation des Vers (Ann. des sciences nat., 18 17, 3° série, t. vil, p. 110, et Voyage en Sicile, 1. 111). (e) Diesing, Monographie der Gallungen Amphisloma und Diplodiscus ( Annalen des Wiener Muséums der Natuvgeschichte, 183G, t. V, p. 237). (f) Van Beneden, Recherches sur la Faune littorale de la Belgique: Vers cestoïdes, p. 48 (extr. des Mém. de l'Acad. de Bruxelles, 1850, t. XXV). (g) Van Beneden, Note sur l'appareil circulatoire des Trématodes {Ann. des sciences nat., 1852. 3' série, t. XVII, p. 23). CHEZ LES VERS. 283 Les recherches encore plus récentes de M. Aubert, de Aspidogaster. Breslau , sur la structure des Aspidogaster, conduisent à des résultats analogues, et tendent à établir que tout ce système n'est en réalité ni un appareil circulatoire, ni un organe respiratoire, comme on l'avait supposé tour à tour, mais bien un appareil secrétaire diffus destiné à excréter des matières dont l'organisme doit se débarrasser, et comparable, par conséquent, à l'appareil urinaire des animaux supérieurs (1). Il nous paraît , en effet , très probable que les vésicules de Laurer et ses dépendances immédiates représentent ici l'appareil de Bojanus que nous avons déjà étudié chez les Mollusques. Mais faut-il en conclure que tous les vaisseaux en communica- tion plus ou moins directe avec ce réservoir appartiennent à un système sécréteur disséminé dans toutes les parties de l'écono- mie, et qu'il n'existe chez ces Vers aucun vestige d'un système circulatoire? Je ne le pense pas ; souvent la disposition de ces vaisseaux ressemble tant à ce qui existe chez divers Annélides où leur nature n'est pas incertaine, qu'il me semblerait bien diffi- cile de ne pas les considérer comme étant du même ordre, et d'ailleurs les découvertes récentes faites par plusieurs analo- mistes, relatives aux relations de l'appareil circulatoire ou de l'appareil urinaire chez divers Mollusques, permettent de sup- poser que l'existence de la communication entre ces vaisseaux et l'extérieur au moyen de l'organe bojanien ne serait pas in- (1) M. Aubert (a) a trouvé que, braneux jusque vers le tiers antérieur chez ces Vers , le for amen caudale du corps, où il se termine en cul-de- est tout à fait terminal, et commu- sac, mais communique latéralement nique avec deux réservoirs ovalaires avec un vaisseau flexueux dont les qui correspondent à la vésicule de branches se répandent dans les di- Laurer et qui se continuent chacun verses parties de l'organisme (6). sous la forme d'un gros tube mem- (a) Hermann Aubert, Ueber das Wassevgefdss-System, die Geschlechtsverhdltnisse, dicEibildung des Aspidogaster und Vergleichung anderer Trematoden(Zeitschr.fiir wissenschaftl. Zool., 1S55, Bd. VI, p. 349). (b) Op. cit., p. 354, pi. 14, fig-. 1 et 3. 28/l CIRCULATION DU SANG compatible avec leurs fonctions, comme canaux d'irrigation. Je suis donc porté à croire que la divergence d'opinion entre M. Blanchard et les autres zoologistes que je viens de citer dé- pend de l'existence dîme fusion, tantôt plus, tantôt moins intime de l'appareil circulatoire des Trématodes, avec un appareil excréteur, et que, par conséquent, la vérité se trouve entre les deux interprétations. § 16. — Pour se convaincre de l'existence d'un système de vaisseaux ayant tous les caractères essentiels de l'appareil circu- latoire tel qu'on le rencontre chez les Annélides, il suffît, ce me semble, de jeter les yeux sur les figures dans lesquelles M. Blanchard a représenté ces canaux, figures dont j'ai eu sou- vent l'occasion de constafer l'exactitude en les comparant avec la nature. Douves § 17. — On voit ainsi que chez la Douve du foie, par exemple, il existe sur la ligne médiane du dos un vaisseau longitudinal qui se divise antérieurement en deux branches, et qui, de chaque côté, émet une multitude de rameaux dont les divisions dendroïdes se répandent dans toute l'étendue de la surface dorsale du corps et y constituent un lacis capillaire très riche (1). D'autres vaisseaux disposés à peu près de la même manière, mais beaucoup plus grêles, se voient à la face inférieure du corps. Mehlis, à qui l'on doit la connaissance de la disposition générale de ces divers canaux, pensait que le vaisseau dorsal débouchait au dehors par un pore situé à son extrémité posté- rieure ; mais M. Blanchard n'a pu trouver aucune trace de l'existence d'un orifice de ce genre, et pense que ce système vasculaire est complètement clos (2). (1) Voyez le travail de M. Blan- Sicile, t. III, pi. /j, fig. 16 et le. chard sur l'organisation des Vers in- (2) Mehlis pensait que ces vaisseaux testinaux, avec les planches qui Tac- communiquaient non -seulement au compagnent , dans notre Voyage en dehors par le pore caudal (a), mais (a) Mehlis , Observationes anatomicœ de Distomate hepalico et lanceolato, p. 18. Goettingse, 1825. CHEZ LES VERS. 285 Chez les Monostomes , le système vasculaire est non moins Monosiomes, -1/1/ • i-D • / • Holostomes, développe ; mais, au heu d un vaisseau dorsal médian, on voit etc. de chaque côté un tronc qui s'atténue à ses deux extrémités et qui donne naissance à une multitude de ramuscules déliés. On remarque des variations assez grandes dans la disposition de ces vaisseaux chez les diverses espèces où l'étude en a été faite ; mais ici, de même que chez les Annélides, ces différences ne paraissent tenir qu'à l'existence de divers degrés de centra- lisation des deux moitiés du système qui tendent à se confondre sur la ligne médiane, d'abord vers la partie postérieure du corps, puis de plus en plus loin vers la tête (1). . Quant au mouvement du liquide contenu dans l'intérieur de Courams. aussi avec la cavité digeslive, et con- stituaient une sorte d'appareil chy- lifère ; mais M. Blanchard s'est assuré que les liquides colorés poussés dans l'estomac ne pénétraient jamais dans le système vasculaire. (1) Ainsi, chez les Polystomes {a), de même que chez les Monostomes (6), les troncs latéraux sont séparés dans toute la longueur du corps, et, en se réunissant par leur extrémité posté- rieure , ne donnent pas naissance à un tronc médian. Chez les Amphistomes , comme nous l'avons déjà vu, les deux moitiés du système sont également distinctes et écartées, sauf dans une petite éten- due, où ils sont représentés par la vésicule de Laurer (c). Chez le Brachylœmus Erinacei (d), elles sont confondues sur la ligne mé- diane dans toute la moitié postérieure du corps , de façon que la portion centrale du système a la forme d'un Y. Enhn, chez les Douves, la centra- lisation s'étend dans les quatre cin- quièmes de la longueur du corps , de sorte que le tronc médian devient la partie principale de l'appareil , et les troncs latéraux sont courts et fort rap- prochés l'un de l'autre , ainsi qu'on peut le voir en consultant les figures données par AI. Blanchard (e'. Chez l'iloLOSTOME du Renard , la portion centrale du système vascu- laire qui est représentée en arrière par un tronc médian et en avant par deux branches, est très peu dévelop- pée ; mais la portion périphérique est formée par un réseau de canaux ra- meux plus gros que d'ordinaire, et à la face inférieure du corps on remar- que une série de vaisseaux transver- saux (/).. (a) Blanchard, loc. cit., pi. 6, fig. A. (b) Idem, ibid., pi. 6, fig. 3. (c) Idem, ibid., pi. 10, fig. 1b, 1c. (d) Idem, ibid., pi. 6, fig. 2. {e) Idem, ibid., pi. 4, fig. 1. (f) Idem, ibid., pi. 7, fig. 1 ell a. Vers cestoïdes. 286 CIRCULATION DU SANG ces divers vaisseaux, il paraît être oscillatoire seulement (1), et il y a lieu de supposer qu'en général les courants sont établis, non par la contraction d'un réservoir sanguin ou des parois vasculaires , mais par l'action de cils vibratiles dont les gros troncs seraient garnis (2). § 18. ■ — Chez les Vers intestinaux de la famille des Cestoïdes, M. Blanchard a trouvé un certain nombre de canaux sous- cutanés très grêles qui semblent constituer un appareil circu- latoire rudimentaire, mais qui suivent les espaces intermuscu- laires sans offrir de ramifications. On ne sait d'ailleurs rien sur le mouvement des liquides dans ce système (3). (1) M. Nordmann pense que chez le Diplozoon paradoxum il existe de chaque côté du corps deux vaisseaux longitudinaux à branches rameuses , dans l'intérieur desquels il indique des "courants dirigés en sens con- traires. 11 y aurait donc là, dans chaque moitié du système, un cercle vascu- laire complet. M. Kôlliker a trouvé chez les Tri- stuma papillorum un vaisseau médio- dorsal qui est contractile et qui four- nit latéralement des ramuscules. Ce zoologiste décrit aussi sur les côtés du corps d'autres vaisseaux rameux, mais ceux-ci communiquent avec l'ex- térieur par des pores, et il les consi- dère comme constituant un appareil respiratoire (a). (2) M. Nordmann a remarqué que le mouvement circulatoire est souvent très vif, sans qu'il y ait ni contraction ni dilatation appréciables dans les vais- seaux (b). M. Dujardin a constaté l'existence de cils vibratiles placés de distance en distance dans l'intérieur de quelques- uns des vaisseaux , chez les jeunes Distomes ; mais il pense que d'autres vaisseaux en sont dépourvus et servent au retour du liquide (c). M. Mayer a vu aussi des cils vibra- tiles en connexion avec les vaisseaux latéraux chez YOctobothrium de l'A- lose, mais il pense qu'ils ne sont pas logés dans ceux-ci et ne produisent pas un mouvement circulatoire {d). (3) Chez le Taenia de l'Homme, M. Blanchard a injecté quatre vais- seaux longitudinaux très grêles qui sont reliés entre eux par un grand nombre de branches transversales et simples, ou seulement bifurquées de façon à représenter une sorte de treillis fort uniforme. Ces canaux ne paraissent avoir aucune communica- tion avec les autres cavités du corps , et M. Blanchard les décrit comme. (a) Kôlliker, Ueber Tristoma papillosum ( Zweiter Bericht von der Zootomischen Anslalt m Wûrzburg, 1849, p. 23 et 24, pi. 2, %. 1). (6) Nordmann, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. XXX, p. 392). (c) Dujardin, Histoire naturelle des Helminthes, 1845, p. 384. (d) Meyer, Beitràge zur Anatomie der Entozoon, 1 841 , p. 23. CHEZ LES VERS. 287 § 19. — On ne sait encore que fort peu de chose au sujet des J0at^eeurs de l'appareil circulatoire des Rotateurs; les parties qui ont été décrites sous le nom de vaisseaux sanguins par plusieurs natu- ralistes ne paraissent pas mériter ce nom , et il est probable que l'irrigation nutritive s'effectue principalement, sinon exclu- sivement, à l'aide du liquide cavitaire (1). Mais la petitesse de ces Animaux rend la solution de cette question très difficile. ayant des parois membraneuses dis- tinctes. Deux des troncs longitudinaux sont situés près clu bord latéral du corps en dehors du tube alimentaire, et les deux antres à peu près à égale distance des précédents et de la ligne médiane ; les branches transversales sont parfois au nombre de plus de trente par anneau (a). Chez le Tœnia serrata, ces vaisseaux sont plus grêles et les branches transversales moins régulières (b). Chez le Tœnia cucu- merina, la disposition est à peu près la même (c). M. Blanchard a décrit des vaisseaux disposés à peu près de la même ma- nière, mais avec beaucoup moins de régularité chez le CaryophyUœus mu- tabilis. Les troncs longitudinaux sont au nombre de dix, et les traverses situées à la même hauteur ne s'éten- dent que d'un tronc à celui qui l'avoi- sine (d). Il est d'ailleurs à noter que jusqu'ic aucune communication n'a été consta- tée entre ces canalicules sous-cutanés et les gros tubes longitudinaux qui se voient sur les côtés du corps des Vers Tamioïdes, et qui sont considérés par M. Van Beneden comme étant les ana- logues des canaux en rapport avec la vésicule de Laurer, chez les Distomes. Quelques auteurs ont décrit ces ca- naux latéraux et leurs branches ana- stomotiques comme constituant nn appareil circulatoire (e) ; mais, suivant la plupart des naturalistes, ils repré- senteraient l'appareil digestif (/). M. Van Beneden pense que ce sont des organes sécréteurs, opinion sur laquelle nous aurons à revenir plus tard. J'ajouterai que, suivant ce dernier naturaliste, la circulation serait entiè- rement lacunaire chez tous ces Vers intestinaux (g). (1) Les parties que M. Ehrenberg a considérées comme étant des vais- fa) Blanchard, Rech. sur l'organisation des Vers {Voyage en Sicile, t. III, p. 153, pi. 14, %■ !)• (b)Loc. cit., pi. 14, flg. 2. (c) Loc.cit., p. 147, pi. 14, fig. 4. (d) Op. cit., p. 147, pi. 7, fig. 5, 5 a. (e) Siebold et Stannius, Nouveau Manuel d'anatomle comparée, 1. 1, p. 1 36. (f) Carlisle, Observ. upon the Structure and Œconomy of those Intestinal Worms called Tœniat (Trans. of the Linn. Soc, 1794, t. II, p. 251). — Délie Clriaje, Mem. sulla storia e notomia degli Anim. senza vertèbre di Napoll, t. I, p. 141 et suiv. ( Il considère à tort ces canaux comme débouchant au dehors dans chaque anneau.) — Eschricht, Anat. Phys. Untersuch. iïber die Bothryocephalen, p. 57 (extrait des Mém. de l'Acad. des cur. de la Nat., t. XIX, supplém.). — Owen, Lectures on the Cmnparaiive Anatomy "of the Invertebrate Animais, 1855, p. 70. — Blanchard, Op. cit. (Voyage en Sicile, t. III, p. 152). (g) Van Beneden, Rech. sur la faune littorale de Belgique (Vers cestoïdes), p. 39 et suiv. 238 CIRCULATION Dt SANG Système vasculaire des Eclrinodcrmes. § 20. — Les Vers ne sont pas les seuls Invertébrés chez lesquels un système spécial de tubes sanguifères se trouve ajouté au système lacunaire à l'aide duquel l'irrigation nutri- tive s'effectue en totalité ou en partie chez tous ces Animaux. On en voit déjà des exemples dans l'embranchement des Zoo- phytes(l). seaux sanguins (a) paraissent être principalement des bandes muscu- laires (6). M. Udekem a décrit avec plus de détails un réseau de filaments qui se voient dans les lobes ciliés de la La- cinularia socialis , et qui paraissent être en connexion avec les tubes déjà mentionnés sous le nom de canaux aquifères ; il pense que ce sont des vaisseaux et que cet ensemble de par- ties constitue un système circula- toire (c) ; mais les observations plus récentes de M. Huxley (d) et de M. Leydig ne sont pas favorables à cette manière de voir, et ce dernier considère le fluide contenu dans les espaces inlerorganiques comme tenant lieu de sang (e). (1) Je crois inutile de m'arrêter ici sur les suppositions que quelques na- turalistes ont faites relativement à une circulation du sang chez les Infu- soires, car les moyens d'observation dont nous disposons ne nous permet- tent pas de constater des phénomènes de ce genre chez ces animalcules mi- croscopiques. On voit, il est vrai, chez beaucoup de ces petits êtres, des vési- cules pulsatiles, qui, chez les Kolpo- des, par exemple, se contractent d'une manière rhythmique , et quelques au- teurs ont cru pouvoir les considérer comme des cœurs (f), tandis que d'au- tres ont pensé que ce sont des cavités respiratoires ( à direction constante. On est également dans l'ignorance au sujet de la manière dont le fluide nourricier se meut dans les vaisseaux longitudinaux du système sous-cutané; mais on a pu pèce de cœur. Les parois de cet organe sont effectivement contractiles, et je l'ai souvent vu chasser brusquement dans les vaisseaux pharyngiens le li- quide dont il était rempli ; mais je n'y ai jamais vu de pulsations, et je ne pense pas qu'il influe d'une manière régulière sur le mouvement circula- toire du fluide contenu dans le sys- tème vasculaire dont il dépend, mou- vement qui résulte essentiellement de l'action de cils vibratiles dont ces canaux sont garnis intérieurement. M. Tiedemann a ligure deux de ces vessies pharyngiennes ; mais dans les espèces que j'ai eu l'occasion d'exa- miner, il n'y en avait qu'une, ainsi que chez celles étudiées par M. Délie Chiaje, et je suis porié à croire que c'est le nombre normal. Les appendices foligniens sont en même nombre que les tentacules, et, en général, on en trouve irois pour chaque tronc ambulacrairc. Le système vasculaire intestinal des Holothuries se compose de deux troncs principaux qui longent le tube digestif et qui sont séparés par ce viscère. Celui que j'appellerai , avec M. Délie Chiaje , Vàrtère mésenté- riqUe , est logé clans l'épaisseur du mésentère et forme une anse. Sa por- tion moyenne, élargie irrégulièrement et très contractile, paraît remplir les fonctions d'un cœur; à ses deux ex- trémités il s'atténue extrêmement, et tout le long de son bord intestinal il donne naissance à une multitude de branches qui, logées dans l'épaisseur du mésentère, se dirigent vers le tube digestif. Dans leur première moitié, ces ramuscules,que l'on peut nommer artères gastriques , ne présentent rien de particulier ; mais les branches qui naissent plus en arrière offrent au contraire une disposition très re- marquable. Chacun de ces vaisseaux se divise en un grand nombre de ra- muscules disposés en manière do pin- ceau ou de houppe dont les divers brins s'anastomosent ensuite, entre eux pour reconstituer un vaisseau unique. L'espèce de rete mirabile ainsi constitué se trouve entremêlé avec les ramifications aquifères de l'appareil respiratoire, et les vaisseaux qui en parlent pour se diriger vers l'intestin vont déboucher dans une artère intestinale qui longe la ligne d'insertion du mésentère, et envoie à son tour une multitude de branches sur les parois de la portion voisine du tube digestif. Il est aussi à noter que cette artère intestinale se continue en arrière beaucoup au delà de l'extré- mité du rete mirabile. J'ai pu l'injec- ter dans toute sa longueur, jusqu'au cloaque; mais elle m'a paru ne plus fournir de branches dans toute sa moitié postérieure. Le vaisseau auquel on peut donner le nom Aç. veine intestinale longe le bord libre du tube digestif dans toute son étendue, et envoie dans les parois de ce tube une multitude de petites racines (|tii s'anastomosent avec les branches terminales des artères gastriques et intestinale-. Un gros vaisseau ana- stomotique transversal établit une communication directe entre le tiers 290 CIRCULATION DU SANG observer ce phénomène dans les grands conduits dont les ten- tacules labiaux sont creusés, et l'on a reconnu qu'un double courant y est établi : le liquide se porte de la base au sommet antérieur et le tiers postérieur de cette veine, qui est assez grosse dans sa por- tion moyenne, mais devient extrême- ment grêle vers les deux extrémités du tube digestif. Les anatomistes, comme je l'ai déjà dit, sont partagés d'opinions au sujet des relations de ce système vasculaire viscéral avec le système vasculaire sous-culané. M. Tiedemann pense qu'il n'existe aucune communication directe entre ces deux ordres de vaisseaux (a). M. Délie Chiaje, au contraire, dé- crit l'artère mésentérique et la veine intestinale comme débouchant dans le vaisseau annulaire œsophagien qui appartient, ainsi que nous l'avons déjà vu, au système sous-cutané (6). M. Millier se prononce nettement en faveur de l'opinion du premier de ces naturalistes, et considère l'appareil circulatoire comme étant formé par le système vasculaire viscéral seule- ment (c). Je suis porté à croire cepen- dant qu'il existe en ce point des ana- stomoses entre les deux systèmes ; seu- lement les liquides ne me paraissent pas pouvoir passer de l'anneau œso- phagien dans les vaisseaux intestinaux, à raison probablement de quelques valvules, et ces divers vaisseaux sont extrêmement grêles à leur extrémité supérieure. Du reste, quoi qu'il en soit de ces anastomoses, il me paraît évident que le mouvement des liquides doit être presque sinon complètement indépendant dans ces deux portions du système vasculaire, et que, par conséquent, il n'y a chez ces Animaux que des courants circulatoires par- tiaux. Chez les Synaptes , qui appartien- nent au même ordre que les Holo- thuries, l'appareil vasculaire est moins compliqué. Les vaisseaux sous - cutanés longitudinaux ne donnent pas naissance à des branches latérales, et il ne paraît y avoir rien d'analogue au rete mirabile. M. de Quatrefages, qui a été le premier à faire bien con- naître la portion du système vascu- laire sous-cutané qui correspond aux troncs ambulacraires et à l'anneau labial chez ces Zoophytes, n'avait pu découvrir aucune trace des vaisseaux intestinaux (d) ; mais l'existence de ceux-ci a été constatée plus récem- ment par M. J. Millier, qui a trouvé aussi les sacs foligniens disposés comme chez les Holothuries (e). On voit, par une figure de la Fistulaire brune donnée par MM. Quoy et Gai- mard , que ces caecums sanguifères (a) Tiedemann, Anat. der Ruhr en-Holothurie, p. 21. (b) Délie Chiaje, Mém. sulla storia e notom. degli Anim. senza vertèbre, t. I, p. 100, pi. 9, fig. 6. (c) Miiller, Ueber den Bau der Echinodermen, p. 17 (extrait des Mém. de l'Acad. de Berlin î>oi»*1853). (d) Quatrefages, Mém. sur lo •■Synapte de Duvernoy (Ann. dessciene.nat., 1842, 2°se'rie, t. XVII, p. 58, pi. 4, fig. 1, et pi. 5, fig. 5). (e) J. Miiller, Analomische Studien ùber die Echinodermen (Archiv fur Anat. und Physiol., 1850, p. 129). — Ueber Synapta digitata, und ûber die Erx-eugung von Schnecken in Holothurien, 1852, p. 3. CHEZ LES ÉCHINODERMES. 297 de ces appendices en longeant leurs parois, et revient en sens contraire en suivant l'axe de leur cavité. § 22. — Dans la grande famille des Oursins , ou Échinides , la disposition générale de l'appareil circulatoire est à peu près la même que chez les Holothuries, si ce n'est que la portion viscérale de ce système est beaucoup moins développée (1). deviennent quelquefois très longs, et leur développement paraît être en rapport avec celui des tentacules buc- caux (a). Dms\e Cladolabes peruanus, M. Millier a compté près d'une cen- taine de ces appendices qu'il désigne sous le nom de vésicules de Poli {b). D'après M. Millier, le système vas- culaire viscéral fournit des branches aux tentacules et aux parois du corps par l'intermédiaire d'un anneau œso- phagien ; mais tous ces vaisseaux se- raient parfaitement indépendants du système cutané auquel ce naturaliste donne le nom de système aquifère. (1) Chez les Échinides , l'appareil vasculaire ressemble beaucoup à celui des Holothuries, et se compose aussi de deux ordres de vaisseaux : d'un système sous-cutané, et d'un système viscéral. Le premier, comme d'ordi- naire, consiste essentiellement en cinq vaisseaux ambulacraires principaux qui se portent d'un pôle du corps à l'autre, et qui fournissent à droite et à gauche une série de branches se- condaires transversales, lesquelles se rendent chacune à l'un des feuillets sous-ambulacraires. Ces vaisseaux lon- gitudinaux débouchent inférieurement dans un vaisseau circumpharyngien. Le système vasculaire viscéral est moins bien connu. Chez les Spatan- gues (c), un cœur constitué par un gros vaisseau fusiforme à parois char- nues est logé dans le mésentère, près de la portion antérieure du tube di- gestif. Je n'ai pu bien distinguer le mode de terminaison de son extré- mité postérieure ; mais en avant et à gauche, il se prolonge en une artère mésentérique qui, après avoir suivi pendant quelque temps le bord interne de l'intestin, et y avoir formé un coude abrupt d'où partent des artères intestinales, se divise en deux bran- ches dont l'une, descendante, va au côté gauche de la bouche , et m'a paru s'y anastomoser avec l'anneau vasculaire déjà mentionné; l'autre, ascendante, se porte en avant, puis en haut, et va se terminer au point de réunion des vaisseaux ambulacraires, près des pores génitaux. Un autre vaisseau qui occupe le bord opposé de la portion antérieure du tube digestif, et qui correspond à la veine intesti- nale des Holothuries, m'a semblé dé- boucher aussi dans l'anneau vasculaire circumbuccal, et je suis porté à croire qu'il communique du côté opposé avec l'extrémité postérieure du cœur. JNos connaissances sont encore plus imparfaites au sujet du mode de dis- (a) Quoy et Gaimard, Voyage de l'Astrolabe, Zoophytes, pi. 8, fig. 3. (b) Millier, Op. cit. (Archiv, 4850, p. 145). (c) Milne Edwards, Atlas du Règne animal de Cuvier, Zoophytes, pi. 11 bis, fig. 1, 1 a, 1 b. 298 CIRCULATION DU SANG Les Astéries, ou Étoiles de mer, nous offrent également les mêmes caractères essentiels; mais on remarque dans quelques parties de l'appareil vasculaire des différences plus considé- rables. Ainsi, dans la région dorsale du corps, on trouve un large cercle vasculaire qui communique tout autour avec des branches radiaires dont les ramifications se distribuent aux tributiondes vaisseaux chez les Oursins proprement dits, et les descriptions qui en ont été données successivement par MM. Tiedemann, Délie Chiaje et Valentin, sont en désaccord sur beau- coup de points essentiels. Le cœur est situé à côté de l'œsophage, à peu près comme chez les Spatangues. D'a- près M. Délie Chiaje, cet organe ne serait qu'une ampoule très semblable à celle qui est appendue à l'anneau vasculaire œsophagien des Holothu- ries (a) ; mais M. Valentin y a trouvé une' structure très complexe (6), et l'on s'accorde généralement à recon- naître qu'il en part un vaisseau qui se dirige vers l'anus et va déboucher dans un cercle vasculaire entourant l'orifice terminal de l'intestin. Une autre artère descend du cœur vers la lanterne, ou appareil buccal, et paraît s'y anastomoser avec un anneau vas- culaire œsophagien. Il y a aussi une artère intestinale qui suit l'un des bords du tube alimentaire ; enfin, on trouve également du côté opposé de ce tube un autre vaisseau qui paraît cor- respondre à la veine intestinale des Holothuries; mais les rapports ana- tomiques de tous ces vaisseaux sont très obscurs. Il règne encore plus d'incertitude au sujet des connexions de ce système vasculaire viscéral avec le système cutané. M. Délie Chiaje dé- crit cinq vaisseaux pharyngiens comme unissant l'anneau œsophagien à un autre cercle vasculaire qui entourerait la bouche comme chez les Holothuries ; ils s'anastomoseraient également avec les cinq vaisseaux ambulacraires qui régnent tout le long du sillon médian situé entre les deux rangées des ap- pendices foliacés de chaque appareil ambulacraire. M. Valentin pense, au contraire, que chacun de ces divers organes est pourvu de deux vaisseaux fai- sant fonction d'artère et de veine, et que l'un de ceux-ci s'anastomoserait avec l'anneau vasculaire anal , tandis que l'autre communiquerait avec le cercle vasculaire labial (c). N'ayant pas eu l'occasion d'injecter les vais- seaux des Oursins, comme je l'ai fait pour ceux des Spatangues, je n'oserais me prononcer sur cette question; mais l'opinion de M. Valentin me pa- raît peu probable. M. Millier a constaté aussi l'ana- stomose des troncs ambulacraires avec le vaisseau annulaire labial, et les communications de ceux-ci avec les vésicules foligniens (ou vésicules de Poli, Millier) ; mais il n'a pas vu de connexions entre ce système de canaux et les tentacules buccaux. (a) Dello Chiaje, Descriz. e notnmia degli Anim. invertébr., t. IV, p. 45, pi. 124, fu\ 2. (6) Valentin, Anat. du genre EchinOs, p. 92, pi. 7, lîg. 125, etc., 1841 ( dans Agassiz, Mono graphie des Echinodermes vivants et fossiles). (c) Valentin, loc. cit., p. t)3. CHEZ LES ÉCHI1N0DERMES, 299 divers viscères sous-jacents. Un vaisseau descendant, qui paraît faire fonction de cœur et représenter l'artère mésentérique des Holothuries, s'anastomose aussi avec cet anneau dorsal ; mais on n'est pas encore fixé quant aux relations de cet organe avec le système circumbuccal (1). § 23. — Les Siponcles et les autres Animaux dont Cuvier a (1) Le système vasculaire des Asté- riks, dont M. Tiedemann a donné de très belles figures , présente le même plan général que celui des Holothuries; mais ce plan est modifié quant aux détails secondaires. Le cœur , organe fusiforme à parois épaisses et brunâ- tres, est placé à peu près comme chez les Échinides, et donne naissance à un vaisseau ascendant qui va déboucher dans un grand cercle vasculaire dor- sal. Cet anneau correspond au vais- seau circum-anal des Oursins, et com- munique : 1° avec dix vaisseaux ra- diaires qui suivent la face supérieure des appendices caecaux de l'estomac et s'étendent ainsi jusqu'à l'extrémité des cinq rayons ; 2° avec un égal nombre de vaisseaux appartenant aux organes génitaux, et 3° des branches gastri- ques (a). Un anneau vasculaire œso- phagien se trouve près de la face op- posée du corps, et s'anastomose avec cinq branches radiaires sous-inlesti- nales qui se ramifient également sur les caecums gastriques, etc. Enfin, il existe aussi autour de la bouche un troisième vaisseau avec lequel s'anasto- mosent les cinq troncs ambulacraires qui s'avancent le long de la paroi infé- rieure des rayons et se comportent comme les vaisseaux du même nom chez les Échinides. La même dissi- dence d'opinion qui existe au sujet des connexions du système des vaisseaux viscéraux avec les vaisseaux ambula- craires chez les Holothuries et les Échinides se reproduit ici. M. Tiede- mann n'a pu découvrir aucune com- munication entre l'anneau labial et le système vasculaire viscéral. M. Délie Chiaje, au contraire , assure que les cinq vaisseaux sous-intestinaux qui s'avancent dans les rayons à la face inférieure des caecums gastriques en naissent directement (6). Il est aussi à noter que des ampoules groupées autour de l'œsophage et correspondantes aux sacs foligniens des Holothuries naissent également de l'anneau labial chez les Astéries, et que, chez ces dernières, il paraît y avoir aussi une communication entre cet anneau et un organe dont les fonctions ne sont pas connues et au- quel on a donné le nom de sac calci- fère ou poche à sable. Chez les Comatules, le cercle vas- culaire dorsal qui, chez les Oursins, entoure l'anus, paraît être remplacé par un réservoir central situé au fond d'une cavité creusée dans le calice tégumentaire du corps et don- nant naissance aux mêmes vaisseaux (a) Tiedemann, Anat. der Rohren- Holothurie, pi. 8. — Voyez aussi V Atlas du Règne animal de Cuvier, Zoûphytes, pi. 2, %. i . (6) Délie Chiaje, Descriz. e notom. degli Auim. invert., pi. 13, fig. 12. Système vasculaire des Echinodermes Apodes. 300 CIRCULATION DU SANG formé le groupe des Échinodermes Apodes sont également pourvus de quelques vaisseaux sous-cutanés et gastriques; mais les premiers ne présentent pas la disposition radiaire qui se remarque chez les Échinodermes proprement dits , ou Échino- dermes pédicellés, et, sous ce rapport, le mode d'organisation de ces Animaux presque vermiformes se rapproche davantage de ce que nous avons vu chez les Annélides (i). que nous avons vus chez les Asté- ries (a). (1) Chez les Sipoxcles, que la plu- part des zoologistes rangent dans la classe des Échinodermes, mais qui, à beaucoup d'égards, s'éloignent consi- dérablement du type propre à ce groupe de Zoophytes , l'appareil vas- culaire paraît être très réduit. Un vaisseau longitudinal sous - cutané longe le cordon nerveux et envoie à droite et à gauche des rameaux aux téguments. A l'extrémité antérieure du corps il se recourhe pour gagner le pharynx, et paraît s'y anastomoser avec un vaisseau qui longe le tube digestif, ainsi qu'avec des canaux creusés dans les tentacules. Ce système vasculaire a été décrit sommairement par M. Délie Chiaje , et avec plus d'exactitude par M. Grube (6). Le premier de ces naturalistes a représenté un sac folignien (ou sac de Poli) , très grand, comme étant appendu sous la hase des tentacules; et suivant M. Grube, il v aurait deux de ces ré- servoirs accolés à la partie antérieure du tube digestif. Mais M. T. Williams, qui a étudié plus récemment la struc- ture de ces Animaux, assure qu'il n'existe aucun organe de ce genre, et que c'est la disposition variqueuse des troncs vasculaires qui en avait imposé à ses prédécesseurs (c). J'ajouterai que chez les Bonellies, comme chez les Échiures, dont j'ai eu déjà l'occasion de parler (d), il y a un système vasculaire. encore plus simple qui paraît être formé sur le même plan que celui des Siponcles, sauf l'absence des vésicules dont il vient d'être question. Ainsi, M. Schmarda y a trouvé un vaisseau sous-cutané longitudinal qui accompagne le cor- don nerveux ganglionnaire, qui four- nit des branches à droite et à gauche, et qui antérieurement se divise en deux troncs pour suivre les bords de l'appendice proboscidiforme dont l'ex- trémité céphalique de ces Animaux est garnie. Un autre tronc longitudi- nal naît de deux branches marginales (a) Heusinger, Anatomische Untersuchung ùber Comalula mediterranea (Zeitschrift fur die orga- nische Physik, Bd. III, p. 373). — Miiller, Ueber den Bau des Pentacrinus caput-Medusse (Mém. de l'Acad. de Berlin, 1841, p. ï'-36, pi. 5, fig. 12). (6) Délie Chiaje, Mem. sulla storia degli Anim. senza vertèbre di Napoli (1823, vol. I, p. 13, pi. 1 , fig. 6). — E. Grube, Yersuch e'mer Anatomie des Sipunculus nudus ( Miïller's Archiv fur Atiat. und Physiol., 1837, p. 248 etsuiv., pi. 11, fig. 1-5). (c) Williams, On the Blood Proper and Chylaqweous FLuid of Invertebrate Animais (Philos. Trans., 1852, p. 608). (d) Voyez ci-dessus, page 278. CHEZ LES ÉCH1N0DERMES. SOI § 24. — On voit donc qu'il nous reste beaucoup à apprendre au sujet de la disposition anatomique et des fonctions du système vasculaire chez les Échinodermes. Pour remplir ces lacunes, il faudrait, d'une part , avoir recours à l'injection des vaisseaux, afin d'en rendre le trajet bien visible et d'en découvrir les anastomoses; mais, d'autre part , ne pas négliger l'étude des phénomènes de la circulation chez les espèces dont les tégu- ments présentent assez de transparence pour permettre à l'ob- servateur de voir ce qui se passe dans l'organisme pendant l'exercice delà vie, condition qui ne se trouve réalisée que chez les Synaptes. Si, comme on le pense généralement, le système vasculaire sous-cutané, dit aquifère, est indépendant du système vas- culaire viscéral, nous aurions ici un exemple d'organes d'irri- gation partiels et non coordonnés. En effet, des liquides qui ne paraissent différer en rien d'essentiel, qui semblent être tous également aptes à entretenir le travail nutritif, et qui, par con- séquent, méritent au même degré de porter le nom de sang, se trouvent logés dans trois systèmes de cavités : la chambre viscérale, les vaisseaux propres du tube digestif et de ses annexes, et les canaux sous-cutanés, dont les appendices ambu- lacraires et les tentacules buccaux sont des dépendances. Un de la portion terminale du même ap- chez ces Animaux, de même que chez pendice et accompagne le tube diges- les Échiures, il y a sur le trajet des lif, sur lequel on aperçoit aussi un deux troncs principaux, vers le tiers troisième tronc longitudinal qui paraît antérieur du corps, un petit renfle- être une dépendance du vaisseau sous- ment en forme de bulbe qui paraît cutané et qui est comparable à l'artère être dénature musculaire. Ces bulbes intestinale des Holothuries. Enfin , ont été considérés comme des cœurs ces gros troncs se bifurquent l'un et rudimentaires; mais jusqu'ici rien ne l'autre à leur extrémité inférieure prouve qu'Assoient des organes d'im- pour se ramifier dans l'appareil res- pulsion (a). piratoire. Il est aussi à noter que (e) Schmarda, Zur Naturgeschichte der Adria (Mém. de l'Acad. de Vienne, 1852, t. H, p. i\9, pi. 5,%. \\). 302 CIRCULATION DU SANG CHEZ LES ÉCHINODERMES. mouvement circulatoire anime ces liquides dans chacun de ces appareils d'irrigation , et, chez la plupart des Échinodermes, c'est principalement par l'intermédiaire du fluide contenu dans le système de canaux superficiels ou ambulacraires que les relations doivent s'établir entre l'organisme et le milieu respi- rable ambiant. Mais cette multiplicité d'agents indépendants entre eux est loin d'être un indice de supériorité physiolo- gique; et là où le travail irrigatoire se perfectionne, nous avons vu la centralisation des forces s'établir, et un seul système bien constitué prendre la place de tous ces instruments grossiers. Telle est aussi la disposition qui se rencontre chez les Ani- maux vertébrés dont l'étude nous occupera dans la prochaine Leçon. VINGT -SIXIÈME LEÇON. De la circulation chez les Animaux vertébrés. — Appareil circulatoire des Poissons. § 1. — Dans l'embranchement des Vertébrés , l'appareil de Mode la circulation atteint un degré de perfection dont on ne connaît LvlwJk aucun exemple dans les autres divisions du Règne animal ; mais aJ v^Ss. dans les rangs les plus inférieurs de ce groupe , il ressemble beaucoup à ce que nous avons déjà vu dans la classe des Anné- lides, et, dans les premiers temps de l'existence, chez tous ces Animaux , on y remarque des dispositions organiques qui rap- pellent, à certains égards , le mode de structure du système irrigatoire de beaucoup d'Invertébrés inférieurs , bien qu'à aucune époque de la vie embryonnaire, du Vertébré, il ne puisse être considéré comme le représentant de ce système dans un Zoophyte , un Mollusque ou un Entomozoaire quelconque. L'hypothèse de la formation d'une série zoologique s'étendant depuis la Monade jusqu'à l'Homme , et résultant d'une série d'arrêts de développement dans la réalisation du plan orga- nique d'après lequel le corps humain se constitue, est donc tout aussi fausse quand on l'applique à cette portion de l'économie que lorsqu'on la présente comme l'expression des ressemblances et des différences qui existent dans l'ensemble de l'organisme chez tous les êtres animés. Non, l'embryologie des Animaux supérieurs n'est pas , comme vous l'entendez répéter souvent dans une autre École, le tableau mobile de Tanatomie comparée. Une idée pareille ne pourrait que vous égarer dans vos études ; mais , pour acquérir des notions justes relatives au mode de constitution de l'appareil irrigatoire dans l'ensemble de la Créa- nt. 20 30^ APPAREIL DE LA CIRCULATION lion zoologique , il est plus nécessaire de tenir compte des états transitoires de cet appareil chez les Vertébrés que chez les Animaux inférieurs , parce que les changements qu'il subit sont plus considérables et tendent davantage à effacer les ana- logies primordiales qui s'y rencontrent partout. Nous avons vu que chez la plupart des Animaux inférieurs les lacunes ou espaces libres qui se creusent dans la substance des tissus, ou qui sont ménagés entre les organes, jouent un rôle très important dans la constitution du système de cavités à l'aide duquel les fluides nourriciers se répandent dans les diverses parties de l'économie ; mais que , chez certaines espèces , les canaux de distribution ne sont plus des instru- ments empruntés aux parties voisines, et se forment de toutes pièces à l'aide de matériaux qui leur sont propres. Ce dernier procédé organogénique paraît être pour ainsi dire exceptionnel dans le travail de développement des Invertébrés, et ne s'est révélé à nous d'une manière bien distincte que chez les Anné- lides; mais, dans l'embranchement des Vertébrés, il devient prédominant , et , si l'on s'en tenait à l'étude de ceux-ci lors- qu'ils sont parvenus à l'état adulte, on pourrait facilement croire qu'il n'en existe pas d'autre. En effet, pour apercevoir nette- ment chez un Vertébré des organes d'irrigation nutritive qui soient comparables aux lacunes sanguifères des Mollusques, des Crustacés et des Insectes , il faut remonter aux premiers temps de la vie embryonnaire. Lorsque l'appareil circulatoire commence à se constituer dans le germe du Vertébré, on voit effectivement, dans l'épais- seur de l'espèce de disque organoplastique appelé blastoderme, dont l'être en voie de développement est alors composé, une multitude d'espaces de forme irrégulière qui sont limités par la substance commune de ce blastoderme et qui sont occupés par un liquide; bientôt ces cavités, en s'étendant, viennent à communiquer entre elles , et lorsque, par suite de la formation CHEZ LES VERTÉBRÉS. 305 du cœur, le liquide dont elles sont remplies est mis rapidement en mouvement, on voit les lacs et les détroits résultant de cet assemblage de lacunes se régulariser peu à peu ; les cou- rants principaux semblent s'endiguer; des membranes d'un tissu particulier se développent sur leurs bords, et forment, pour les contenir, des tuyaux à parois indépendantes des tissus d'alentour. En un mot, on voit se produire ici, par la transfor-. mation de ces lacunes en tubes, un système vasculairc compa- rable , sous ce rapport , au système circulatoire de la plu- part des Animaux inférieurs. Mais ce travail organogénique ne donne jamais des résultats analogues à ceux obtenus chez les Invertébrés , car il s'effectue avant que les grandes cavités qui forment la partie principale de l'appareil irrigatoire de ces der- niers se soient constituées ; et à aucune période de la vie embryonnaire le système ainsi obtenu ne ressemble en rien ,' sauf son mode d'origine, au système circulatoire lacunaire ou semi-lacunaire de l'un quelconque des Animaux inférieurs dont l'étude a fait l'objet de nos précédentes Leçons. Pendant que ces canaux s'établissent dans les parties péri- phériques du blastoderme des Vertébrés, un corps particulier de forme cylindrique se montre dans la région centrale de l'or- ganisme en voie de développement , se creuse d'une cavité, se renfle en manière de bulbe, acquiert des parois contractiles, et devient le point d'origine d'un système de vaisseaux propre- ment dits, qui envahissent peu à peu toutes les parties de l'éco- nomie et se mettent en communication avec les précédents, dont l'existence ne doit être que transitoire. Les courants cir- culatoires s'établissent alors dans l'organisme naissant, et bien- tôt le vaisseau pulsatile central dont il vient d'être question change de forme et devient chez tous les Vertébrés ordinaires un cœur bien caractérisé (1). (1) J'exposerai avec détail le mode cœur lorsque je traiterai du dévclop- de formation de ces vaisseaux el du peinent de l'embryon des Vertébrés; 300 APPAREIL DE LA CIRCULATION Appareil § 2. — Mais il est un Vertébré chez lequel l'appareil vascu- circubtoire ^.^ ^ jjeu ^ gyjjjj. cefje dernière métamorphose, continue rAmphyoxus. ^ ge développer d'une manière plus uniforme, et prend ainsi beaucoup de ressemblance avec le système circulatoire des Annélides les plus élevés en organisation. C'est l'Amphyoxus , que j'ai déjà eu l'occasion de citer comme étant le représentant le plus dégradé du type zoologique dont dérivent tous les Ver- tébrés. Chez ce singulier Animal, la circulation s'opère à l'aide d'un ensemble de vaisseaux sanguins assez complexe; mais la division du travail ne s'établit pas nettement entre les agents d'impulsion et les organes de distribution; il n'y a pas de cœur proprement dit, et le sang est mis en mouvement par les parois des vaisseaux eux-mêmes , qui , sur beaucoup de points, se dilatent et deviennent contractiles. Il y a donc ici une multi- tude de bulbes vasculaires pulsatiles très analogues à ceux que nous avons rencontrés chez divers Annélides : les Eunices , par exemple; mais il n'y a pas de réservoir central agissant à la manière d'une pompe foulante: il n'y a pas de cœur propre- ment dit, ou, si l'on voulait donner ce nom aux portions dila- tées et contractiles des tubes irrigatoires, il faudrait dire que chez l'Amphyoxus il existe une centaine de cœurs répartis sur divers points du trajet circulatoire. Effectivement, on en trouve non-seulement à chacun des troncs principaux du système vasculaire, mais aussi à la base de chacune des branches qui longent les arcs pharyngiens dont se compose l'appareil respira- toire, et, ainsi que nous l'avons déjà vu, le nombre de ces arcs s'élève, chez les individus adultes, à plus de cinquante paires (1). (1) C'est principalement aux obser- serves dans l'alcool, il leur avait été valions de M. J. Millier que l'on doit impossible de se former des idées la connaissance de l'appareil circula- justes à ce sujet, tandis que-M. Millier, toire de VAmphyoxus. Plusieurs na- en observant au microscope de jeunes turalistes s'étaient occupés avant lui individus à l'état vivant, a pu voir de l'anatomie de ces Animaux; mais tous les principaux courants sanguins, n'ayant étudié que des individus cou- à raison de la grande transparence CHEZ LES VERTÉBRÉS. 307 Par cela seul que chez l'Amphyoxus l'appareil circulatoire est dépourvu d'un organe central d'impulsion , on ne saurait appliquer aux divers vaisseaux constitutifs de ce système les noms ^artères et de veines ; car ces mots, créés pour la dési- gnation des tubes sanguifères qui partent du cœur ou qui y arri • des tissus (a). Ce dernier auteur dé- signe sous le nom de cœur artériel un gros vaisseau longitudinal qui oc- cupe ta ligne médiane et longe en dessous la grande cavité branchiale ou pharyngienne, qui présente dans toute son étendue un calibre uniforme, et qui se contracte d'arrière en avant. De chaque côté ce vaisseau inférieur donne naissance à des branches ascen- dantes (ou artères branchiales, Mill- ier) qui remontent le long des arcs branchiaux correspondants, et qui pré- sentent à leur base un renflement contractile ou bulbe qui mériterait le nom de cœur tout aussi bien que le tronc médian dont il vient d'être ques- tion. Chez les jeunes individus, on voit environ vingt-cinq de ces bulbilles de chaque côté de l'appareil respiratoire, mais chez les adultes il y en a cin- quante ou davantage. A l'extrémité antérieure de la chambre branchiale, le vaisseau médian inférieur (au cœur artériel) se bifurque et forme deux arcs ascendants contractiles que M. Mulier assimile aussi à des cœurs (herzartige Âorlenbogeri). Ces crosses, auxquelles cet auteur applique égale- ment le nom de ductus Botati, se réunissent au-dessus de la bouche pour s'anastomoser avec un autre tronc médian dorsal (Aorte, Millier) qui longe la voûte de la cavité respira- toire et communique probablement avec l'extrémité supérieure des vais- seaux branchiaux. A son extrémité postérieure, le vaisseau pharyngien inférieur, ou cœur artériel, se recourbe et se continue ensuite avec un autre tronc médian qui est également contractile et qui occupe la face supérieure de la portion de l'appareil digestif appelée caecum hépatique ;M. Millier lui donne le nom de cœur de la veine cave. Enfin, à la face inférieure du même caecum de l'intestin, se trouve un autre tronc médian dont les parois sont également contractiles ; aussi M. Millier y donne- t-il le nom de cœur de la veine porte. En résumé, nous voyons donc que tous les gros troncs du système vascu- laire sont des organes d'impulsion, et qu'aucun d'entre eux ne constituant un réservoir contractile, ne mérite réellement le nom de cœur. La systole de ces différents vaisseaux se fait suc- cessivement et ne se renouvelle que lorsque l'ondée de sang, ainsi mise en mouvement, a accompli le cercle cir- culatoire tout entier. Le liquide est poussé d'arrière en avant dans le vais- seau pharyngien inférieur et passe de là dans le vaisseau pharyngien supé- rieur ou aorte, en traversant de bas en (a) iliiller, l'eber den Bau und die Lebenserscheinungen der Brancliiosloma Lunibricum (Costa), Amplivoxus lanceolatus (Yarrcl), 1844, p. 29, pi. 5, fig. 1. — Voyez aussi Quairefages , Mém. sur l'Amphyoxus ( Voyage en Sicile , I. II, p. 12, pi. 13, fig. i ). ordinaires. 308 APPAREIL DE LA CIRCULATION vent, ont une signification précise : ils impliquent des rapports anatomiques qui n'existent pas ici, et ils n'ont aucune liaison avec la nature du sang qui traverse telle ou telle portion du cercle irrigatoire (1). Il est aussi à remarquer que tous les vaisseaux sanguifères de l'Amphyoxus paraissent, avoir la même structure et jouir des mêmes propriétés. La division du travail physiolo- gique ne s'est pas encore introduite dans l'appareil circulatoire de cet Animal, bien que déjà la direction du courant soit devenue constante et que le même conduit ne serve pas tour à tour au passage du fluide nourricier en sens contraire, ainsi que cela se voit chez divers Invertébrés inférieurs. caractères §3- — Mais, chez tous les Vertébrés ordinaires, les choses de E™areii ne se passent pas de la sorte , et, avant même que le mouve- îes vSébrés ment circulatoire se soit établi, l'organisme se trouve pourvu d'un cœur ou réservoir sanguin qui, agissant à la manière d'une pompe foulante , chasse le sang dans une portion du cercle vasculaire et se remplit avec le fluide contenu dans l'autre por- tion de ce même cercle irrigatoire. Ce cœur devient le centre d'action de tout le système hydraulique, lors même que certains haut les deux crosses, et probablement supérieurs, ce sont des artères qui aussi la série des vaisseaux bran- portent le sang veineux du cœur au chiaux. Dans le vaisseau sous-hépa- poumon, de même qu'elles portent le tique (ou cœur de la veine porte , sang artériel du premier de ces or- Miillér), le courant s'établit d'arrière ganes à toutes les parties de l'écono- en avant, et les contractions de ce mie, et que ce sont des veines qui vaisseau alternent avec celles du vais- rapportent le sang artériel de l'appareil seau intestinal (ou veine cave, Millier). respiratoire aussi bien que le sang Enfin, il existe encore d'autres veines veineux de l'ensemble de l'organisme qui côtoient l'aorte dorsale, mais vers le cœur. Appliquer le nom d'ar- dont les connexions n'ont pas été net- tères à tous les vaisseaux qui portent tement constatées. Il est aussi à noter le sang artérialisé, ou celui de veines que les contractions des gros troncs a tous ceux contenant le sang qui n'a sont très-énergiques et te renouvol- pas encore respiré, serait donc dé- lent dans chacun de ces vaisseaux, à tourner ces expressions de leur véri- environ une minute d'intervalle. table acception et faire naître une (1) En efi'et, nous avons déjà vu confusion inutile, que chez l'Homme et tous les Animaux CHEZ LES VERTÉBRÉS. 309 troncs de distribution continuent à être contractiles, et. y vien- nent encore en aide pour mettre le sang en mouvement. Par conséquent , chez tous les Vertébrés ordinaires , de même que chez l'Homme, c'est-à-dire chez les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles , les Batraciens et les Poissons proprement dits , l'appareil circulatoire se compose de trois parties principales , un cœur, des artères et des veines. § h. — Le cœur occupe toujours la région inférieure ou P°silion sternale du tronc, et se trouve placé en arrière du pharynx et au-dessous de la portion œsophagienne du canal alimentaire , soit dans le voisinage de la tête quand celle-ci n'est pas séparée du tronc par un cou plus ou moins allongé , comme chez les Poissons, soit à une distance assez grande de l'extrémité cépha- lique dans la portion thoracique de la cavité splanchnique , lorsque la forme générale du corps entraîne un refoulement des viscères vers l'arrière du tronc, ainsi que cela se voit chez les Mammifères, chez les Oiseaux et même chez les Reptiles. Le volume de cet organe est toujours assez considérable et ses parois sont garnies d'une couche épaisse de fibres charnues. Intérieurement il est divisé en deux ou plusieurs cavités, et offre la forme d'un sac musculaire qui serait suspendu à la voûte d'une loge particulière à l'aide des gros vaisseaux par l'inter- médiaire desquels il est en rapport avec le reste de l'appareil circulatoire. La chambre cardiaque se constitue de bonne heure dans péricarde, l'embryon par l'écartement des parties dont le cœur est entouré, et le tissu organoplastique aux dépens duquel toutes ces parties se développent se modifie d'une manière particulière à la sur- face de la lacune ainsi constituée, et y donne naissance à une membrane analogue à celle dont toutes les grandes cavités du corps se tapissent, soit chez les Vertébrés, soit chez les Animaux inférieurs. Cette tunique prend ici le nom de péricarde, et elle s'étend sur la surface extérieure du cœur aussi bien que sur 310 APPAREIL DE LA CIRCULATION P les parois de la chambre qui loge ce viscère, de façon à y for- mer une double enveloppe. Chez quelques Poissons, la cavité ainsi constituée communique avec la poche péritonéale qui tapisse l'abdomen (1) ; mais cette disposition est exceptionnelle, et chez les Mammifères , les Oiseaux , les Reptiles, les Batra- ciens et même chez tous les Poissons osseux ordinaires, le sac péricardique est complètement fermé. Chez les Poissons, des brides s'étendent souvent entre le feuillet cardiaque et le feuillet externe de cette double tunique, de façon à fixer le cœur par divers points dans la cavité qui le renferme. On trouve des filaments analogues chez quelques (1) Moni'o a découvert chez la Raie un prolongement infunclibuliforme qui part de la partie postérieure du sac péricardique, et se divise bientôt en deux tubes membraneux dont les parois adhèrent à l'œsophage et dont l'extrémité débouche dans la cavité de l'abdomen. A raison de l'obliquité de ces canaux, les liquides ne passent pas de la cavité du péritoine dans le péri- carde, mais ils suivent facilement la direction inverse (a). Meckel a constaté l'existence d'une disposition analogue chez plusieurs espèces de Raies, chez la Torpille, le Marteau, l'Ange et divers Squales, de sorte qu'il la considère avec raison comme étant commune à tout l'ordre des Plagioslomes (b). M. Baer a trouvé que chez l'Estur- geon il y a aussi une communication entre le sac péricardique et la cavité abdominale (c). Les Chimères présen- tent le même caractère, et il est à noter que chez ces Sturioniens, le conduit péricardique est simple au lieu de se bifurquer, comme cbez les Plagiostomes. Enfin, chez les Ammocètes, une large fente établit de chaque côté cette communication d'une manière encore plus directe, et le péricarde ne semble être qu'un appendice du péritoine (d); mais lorsque le développement de ces Poissons s'achève, cet orifice se ferme, car chez les Lamproies le péricarde est complètement clos (e). Chez les Myxines, le péricarde com- munique également avec la cavité du péritoine par un large orifice situé à droite, près de la dernière blanchie, et allant déboucher dans l'abdomen, à côté du col de la vésicule biliaire (/). (a) Monro, The Structure and Physiology of Fishes explained, p. 23, pi. 2, n" 22 et 23, et pi. 18, fïg. 1, n- 10 et 11. (6) Meckel, Traité d'anatomie comparée, t. IX, p. 24G. (c) Baer, Zweiter Bericht von der Anstalt in Kœnigsberg, 1819, p. 34. (Y) Mùller, Vergleichende Anatomie der Myxinoiden {Mém. de l'Acad. de Berlin, 1839, p. 138, publié en 1841). (e) Meckel, loc. cit. (f) Millier, Op. cit., p. 177 et suiv. CHEZ LES VERTÉBRÉS. 31.1 Reptiles (1); mais, chez les Vertébrés supérieurs, des adhérences de ce genre ne s'établissent que dans l'état pathologique , et les deux surfaces en rapport sont non-seulement lisses, mais lubrifiées par un liquide séreux qui en facilite le glissement quand le cœur, en se contractant , change de forme et de position. La structure du péricarde est semblable à celle de la plèvre et des autres membranes séreuses. On y distingue une couche superficielle formée de tissu épithélique pavimenteux et une (1) Ces brides, dont l'existence a été signalée vers le milieu du xvne siè- cle par Severini (a), sont particulière- ment développées et nombreuses chez les Esturgeons ; elles ressemblent à des ligaments et vont s'attacher prin- cipalement à la région antérieure du ventricule (6). Chez la grande Lamproie, on en trouve ordinairement trois : une s'é- tend entre le péricarde et le ventri- cule; une autre se fixe à l'oreillette, et la troisième, qui est très large et ressemble moins à un ligament, se dé- tache de la veine cave et se porte en avant entre le ventricule et l'oreil- lette, pour se terminer antérieurement par un bord libre (c). Chez la Lam- proie de rivière, ces brides sont très grêles et échappent facilement à l'ob- servation. Chez les Poissons osseux, elles sont moins communes, mais ne manquent pas toujours; ainsi, elles ont été ob- servées chez Y Anarrichas lupus par Broussonnet (d); chez le Congre (Mu- rœna conger), par Tiedemann (e), et chez le Cobitis fossilis, ainsi que chez l'Anguille et plusieurs autres Muré- niens , par Meckel (/) ; mais elles n'existent pas chez les Myxines, où ce dernier anatomiste avait cru en voir ( fig. 6). (g) Tiedemann, Op. cit., pi. 4, fig. 51 et 52. (h) Cuvier, Histoire naturelle des Poissons, t. I, pi. 8, fig. 2, 7 et 8. (I) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmonés, pi. A, fig. 3. o!8 APPAREIL DE LA CIRCULATION physiologiques ne changent pas, et toujours c'est l'oreillette qui reçoit d'abord le sang veineux et qui le transmet au ventricule, d'où ce liquide passe dans le bulbe pour pénétrer ensuite dans le système artériel, oreillette. L'oreillette est en général plus volumineuse que les autres parties constitutives du cœur, et déborde le ventricule de chaque côté. Sa forme varie, et ses parois, minces et mem- braneuses, sont garnies de faisceaux musculaires disposés en manière de trame et faisant quelquefois saillie dans son inté- rieur (1) ; mais sa cavité est toujours simple, et des vestiges d'une cloison ne s'y observent que chez le Lepidosiren, animal qui tient du type du Batracien plus encore que du type caracté- ristique du Poisson (2) . L'orifice auriculo-ventriculaire en occupe Lotie (et), et beaucoup d'autres espèces, de l'appareil locomoteur ; ils se rami- l'oreillette s'avance davantage et che- fient et s'anastomosent souvent entre vauche aussi sur le bulbe artériel. • eux ; enfin ils ne sont séparés que par Enfin, il est d'autres Poissons où, très peu de tissu connectif intermé- ce mouvement s'exagérant encore (la- diaire (/"). vantage, l'oreillette se trouve placée (2) Chez le Lepidosiren annectens, entièrement ou presque entièrement l'oreillette est simple comme chez les au-devant du ventricule et au-dessus Poissons ordinaires (g), mais chez le du bulbe : chez les Raies (b) , les Lepidosiren paradoxa elle est divisée Squales (c), YEsox Bellone [d), et l'Om- en deux loges par une cloison in'com- bre ou Salmo thijmallus, Lin. (e), par plète qui est composée de faisceaux exemple. musculaires entrecroisés. L'oreillette (1) Chez les Poissons, de même que gauche est en communication avec les chez les autres Vertébrés, le lissu mus- veines pulmonaires , tandis que la culaire du cœur se compose de fibres droite reçoit les veines caves. Il y a striées, et les faisceaux primUifs for- donc chez cet Animal deux oreillettes, mes de ces fibres sont plus grêles et mais la cloison qui les sépare est, pour plus granulés que dans les muscles ainsi dire, à claire-voie, et laisse par- fa) Tiedemann, Anatomie desFischherzens, pi. 2, fig. 18. (6) Monro, Struct. of Fishes, pi. 1 , %. 4. — Tiedemann, Op. cit., pi. 1, iîg. 1 ; pi. 2, fig. 6, elc. (c)Idem, ïbid., pi. 2, fig. 9. (d) Idem, ibid., pi. 3, fig. 30, 31. (e) Idem, ibid., pi. 3, fig. 34 et 35. (f) Leydig, Lehrbuch der Histologie, p. 410. (g) Owen, Description of the Lepidosiren annectens (Trans. of the Linnean Society, vol. XVIII, p. 34 4). CHEZ LES POISSONS. 319 d'ordinaire le plancher, et porte des valvules dont le jeu empêche tout passage rétrograde du sang (1). Le ventricule a des parois charnues très épaisses. 11 a, en général, la forme d'une pyramide dont la base est dirigée en avant (2) ; ses fibres musculaires sont disposées sur deux plans lout un passage assez facile d'une ca- vité clans l'autre (a). (1) Ces valvules sont en général au nombre de deux, ainsi que cela se voit chez la Perche (b) ; mais chez la Raie , il y en a trois (c) ; et chez VOrthragoriscus on en trouve quatre, dont deux plus grandes et deux acces- soires (d). Le plus ordinairement elles ont les bords libres et sont semi- lunaires; mais quelquefois des brides charnues qui naissent des parois du ventricule viennent s'y fixer. Ce mode d'à 'tache se voit chez la Perche (e), mais est plus développé chez l'Estur- geon. Chez les Squales, l'orifice auriculo- ventricnlaire est garni d'un voile val- vulaire unique très délicat, dont le bord libre est attaché à son pourtour par plusieurs points (/'). M. J. Davy compte six valvules au- riculo-ventriculaires chez la Tor- pille (g). (2) Le cœur des Poissons présente des formes très variées. Le ventricule est globuleux chez l'Or thragoriscus {h}, l'Esturgeon (*') , la grande Roussette (ou Scyllium canicula) (j), etc. ; ova- laire chez la Baudroie, les Myxines, les Bciellostomes (k); pyriforme chez le Lépisostée (l) et le Polyptère (m) ; en forme de losange chez le Bro- chet (n), chez la Haie ronce (o), etc. ; chez le Requin , il est au contraire presque deux fois aussi large que long (p). M. Tiedemann a remarqué qu'en gé- néral il existe une certaine ressem- blance entre la forme du cœur et les proportions du corps du Poisson (q), mais cette règle souffre de nombreuses exceptions (r). Le ventricule et le bulbe offrent chez fa) Hyrll , Lepidosiren paradoxa Monographie (Mém. de VAcad. de Bohême, 1845, 5e série, t. V, p. 638, pi. 1, fig. 3). (6) Voyez Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 8, fig. 7. (c) Tiedemann, Anat. des Fischherzens, pi. 1, fig. 4, etc. (d) Voyez Wellenberg, Observ. anat. de Orthragoriseo mola, fig. 4. (e) Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, p. 512. (/") Cuvier, Anatomie comparée, t. VI, p. 341. (g) J. Davy, Exp. and Obs. on the Torpédo (Research., Phijsiol. and Anat,, t. I, p. 91). (h) Wellenberg, Op. cit., fig. 4. (i) Tiedemann, Anatomie des Fischherzens, pi. 2, fig. 12. (j) Idem, ibid., Op. cit., pi. 2, fig. 9. (ft) Miiller, Vergleichende Anatomie der Myxinoiden (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1839, pi. 2, fig. 5). (Z) Mûlier, Ueber den Ban und die Grenzen der Ganoiden, pi. 2, fig. 1 , et pi. 3, fig. 1 (Mém. de l'Acad. de Berlin, 1844). (m) Miiller, Op. cit., pi. 3, fig. 2. (n) Tiedemann, Op. cit., pi. 4, fig. 46. (o) Idem, ibid., pi. 1, fig. 1. (p) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 206. (q) Tiedemann, Op. cit., p. 18. [r) Voyez Meckel, loc. cit. Ventricule du cœur. III. 21 3b20 APPAREIL DE LA CIRCULATION qui sont souvent très nettement séparés entre eux (!) et for- ment intérieurement des colonnes charnues assez puissantes. Sa cavité se contourne pour communiquer en dessus et en arrière avec l'oreillette, en avant et en dessous avec le bulbe (2). l'Esturgeon une disposition très sin- gulière .qui en masque pour ainsi dire la forme. La surface de cette portion du cœur est garnie d'une vingtaine de lobes arrondis qui sont séparés entre eux par des sillons profonds et qui ont un aspect spongieux. Leur structure paraît être très vascu- laire , et ils ne communiquent pas avec l'intérieur de l'organe. Plu- sieurs anatomistes considèrent ces appendices comme étant de nature glandulaire [a), et Meckel a cru pou- voir les assimiler à un thymus (6). On y trouve des fibres mêlées à beaucoup de cellules nucléolées et une espèce de lymphe contenant des granules (c). Du reste, on ne sait rien de précis relativement à leurs usages. (1) La séparation entre les deux couches musculaires du venlricule est si marquée chez quelques Poissons, qu'il semble y avoir une cavité acces- soire dans l'épaisseur de ses parois. Celte disposition a été constatée pour la première fois par Dœllinger chez des Cyprins, et cet anatomiste consi- déra l'espèce de sac ainsi formé comme étant le représentant du ven- tricule droit du cœur des Vertébrés supérieurs (d), opinion qui a été adop- tée par Eschscholtz ( APPAREIL DE LA CIRCULATION respiratoire des Poissons (1). Elles s'y divisent en une multitude de minuscules capillaires qui bientôt se réunissent de nouveau entre eux pour constituer un tronc commun destiné à porter le sang aux yeux (2). Le mode de jonction des vaisseaux efférents des branchies (1} Voyez tome H, p. 238. (2) Chez les Poissons osseux ordi- naires qui n'ont que quatre paires d'ar- tères branchiales propres , les artères hijoïdiennes (ou hxjoïdales d'Agassiz, artères operculaires de quelques auteurs ) se détachent des vaisseaux épibranchiaux (ou veines branchiales) de la paire antérieure , vers le tiers inférieur de celle-ci , et côtoient l'arc branchial correspondant jusqu'au basihyal. Elles remontent alors le long- dès cornes hyoïdiennes, et traversent la joue pour pénétrer entre les muscles élévateurs de la mâchoire inférieure. Pendant ce trajet , chacune d'elles fournit divers rameaux aux parties voisines, puis rentre sous la voûte de la chambre respiratoire pour s'y bifur- quer et envoyer «ne de ses branches sous le crâne, au elle s'anastomose avec le cercle aortique ou céphalique , l'autre danslapseudo-branchie corres- pondante. Ce dernier organe, comme nous l'avons déjà vu (a) , ressemble beaucoup aux branchies proprement dites par sa structure, et les branches de l'artère hyoïdienne se ramifient dans les feuillets qui le constituent et y forment un lacis vasculaire très riche. Enfin, les capillaires de ce ré- seau se réunissent entre eux pour constituer les racines des artères effé- rentes , dites veines pseudo - bran- chiales, qui, après avoir gagné la voûte du palais et s'y être anastomosées entre elles à l'aide d'une branche transversale, se rendent dans l'inté- rieur des yeux, et s'y ramifient dans les ganglions vasculaires appelés corps rouges de la choroïde ou glandes choroïdiennes. Ainsi, le sang artériel qui a déjà traversé l'appareil respiratoire, et qui est contenu dans les artères hyoï- diennes, traverse un système capil- laire accessoire de la nature de ceux que les anatomistes désignent sous le nom de rete mirabile, avant que d'ar- river aux yeux. On doit la connais- sance de cette disposition curieuse à M. J. Millier, qui en a fait l'objet de recherches très approfondies chez le Gadus callarias (6). MM. Agassiz et Vogt ont trouvé cette portion du sys- tème circulatoire disposée exactement de la même manière chez la Truite (c). Il est, du reste, à noter que le rete mirabile des pseudo-branchies ne lire pas toujours son origine des artères hyoïdiennes. Ainsi, chez le Brochet, il est formé par des branches du cercle céphalique. Chez les Ganoïdesqui sont pourvus d'une branchie accessoire ou opercu- laire, et qui ont par conséquent cinq paires d'artères épibranchiales aussi bien que cinq paires d'artères bran- chiales propres, les artères épibran- chiales antérieures ou accessoires don- fa) Voyez ci-dessus, (orne II, page 238. \u) Mûller, Vergl. Anat. der Myxinoiden {Acad. de Berlin pour i 839, pi. 3, fig\ 1 3, et pi. 4, fig. 3). (c) Agassiz et Vogt, Anatomie des Satmones, p. ■ISO, pi. K, fig. 2, et pi. L, fig. 1, 2, 3. CHEZ LES FOISSONS. Sftô ou artères épibranchiales varie un peu ; mais, en général, ces tubes sanguifères se réunissent de façon à former de chaque côté de la base du crâne un tronc qui se dirige obliquement en arrière et en dedans, pour aller s'unir à son congénère et con- nent naissance de chaque côté de la tête à l'artère operculaire ou hyoïdienne , laquelle se rend, comme d'ordinaire, à la pseudo-branchie. Mais le vaisseau efférent du plexus vasculaire formé par ses ramuscules terminaux (ou veine pseudo-branchiale des auteurs) ne se rend pas directement au plexus cho- roïdien, et pénètre dans le crâne pour y remplir le rôle d'une carotide in- terne (a). Chez les Plagiostomes, la pseudo- branchie est représentée par les replis peclinifornes qui garnissent la partie terminale des évents et qui reçoivent une grosse artère provenant de la partie moyenne de l'artère épibran- chiale accessoire ou antérieure, et ana- logue , par conséquent ,, à l'artère hyoïdienne ou operculaire des Pois- sons osseux (6). D'après M. Millier, le tronc efférent de cette pseudo-branchie descendrait vers la voûte palatine , et irait se ramifier dans l'œil et les par- ties voisines de la face et de l'encé- phale (c). Des recherches récentes de M. Hyrtl tendraient à établir que le sang ne suit pas celte direction et reviendrait de la pseudo-branchie vers l'aorte ; mais les observations de cet analomiste ne me sont pas encore suffisamment connues pour que je puisse en apprécier la valeur {d). Le corps que les anatomistes dési- gnent sous le nom de glande cho- roïdienne est aussi un rete mirabile ou ganglion vasculaire, logé entre le feuillet fibreux et le feuillet vasculaire de la choroïde où il contourne la por- tion terminale du nerf optique (e). Pour plus de détails au sujet du mode de structure de ces lacis vascu- laircs, je renverrai au grand travail de M. Muller, inséré dans son ouvrage sur l'anatomie comparée des Myxi- noïdes (f), et à son second Mémoire sur les Ganoïdes (g). (a) Millier, Ueber den Bau und die Grenzen der Ganoiden (Mém. de l'Acad. de Berlin, 1844). (b) Le trajet de ces artères chez le Marteau a été figuré par MM. Carus et A. Otto (Tab. anat. comp., pars vu, pi. 4, fig. 2 et 3). (c) Miïller, Vergl. Anat. der Myxinoiden (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1839, p. 236). (d) Hyrtl, Sur le système vasculaire des Raies (Institut, 1857, n° 1239, p. 325). (e) Voyez à ce sujet : Eichwald , De Selachis Aristotelis spécimen inaugurale. Wilna , 1819, p. 37. — Owen, Gâtai, ofthe Mus. of the Coll. of Surgeons, t. III, p. 1-45. — Wliarton Jones, On the so-called Choroid Gland of the Fish's Eye (Lond. Med. Gazette, 1837, 2" série, 1. 1, p. 651 , fig. 1). — ïreviranus , Beobachtungen aus der Zootomie und Physiologie, t. I, p. 20, pi. 5 et 6, fig. 32-35. — Erdl, Bisquisitiones de Piseium glandula choroideali (Dissert, inaug., Munich, 1839, fig,). — Millier, Vergl. Anat. der Myxinoiden (Mém. de V Acad.de Berlin pour 1839, p. 254). (f) Miiller, Von Gefàsses-System der Nebenkiemen und accessorischen Athmen Organe und von der Nebenkiemen der Fische (voyez les Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1839, p. 213 et suiv.). (g) Miïller, Fernere Bemerkungenuber den Bau der Ganoiden (Bericht der Akad. der Wissensch. zm Berlin, 184G, p. 68). 2ikk APPAREIL DE LA CIRCULATION stituer avec lui l'artère principale du corps appelée l'aorte dorsale (1). Les artères épibranchiales antérieures se divisent en deux (1) Chez la Perche, les vaisseaux efférents des branchies postérieures se réunissent de chaque côté à celles de la paire précédente, avant que de s'anastomoser avec les crosses aor- tiques formées par la réunion des ar- tères épibranchiales des deux paires antérieures (a). Chez la Truite, l'artère épibran- chiale antérieure se réunit à la sui- vante, et constitue de la sorte un vais- seau assez gros qui se porte en dedans et en arrière pour se joindre à son con- génère et former avec lui un tronc médian qui est le commencement de l'aorte, et qui, à une certaine dis- tance, reçoit de chaque côté les vais- seaux efférents des deux branchies postérieures, unis préalablement entre eux, ou tout au moins fort rapprochés l'un de l'autre (6). Ce mode de grou- pement se voit aussi chez le Thon (c). Chez la Baudroie, il n'y a que trois paires d'artères épibranchiales , et celles des deux dernières paires se réunissent de chaque côté, en sorte que l'appareil respiratoire ne fournit en définitive à l'aorte que deux paires de racines (d). M. Hyrtl a constaté récemment une particularité remarquable dans la dis- position des racines de l'aorte dorsale chez le Lépisostée. Les deux vaisseaux afférents des branchies antérieures se réunissent directement entre eux sur la ligne médiane, et constituent un premier tronc aortique impair qui se dirige en arrière. La paire suivante des artères épibranchiales se comporte de même, et constitue un second tronc aortique qui se dirige en arrière au- dessous du précédent, et s'anastomose bientôt avec lui. Enfin, les vaisseaux efférents de la troisième et de la qua- trième branchie se réunissent de chaque côté en un seul tronc qui va se joindre à son congénère pour former un troisième tronc médian. Ce dernier est plus gros que le précédent, dont il longe la face inférieure, et, après s'être confondu avec lui , constitue l'aorte dorsale. lia par conséquent à la base du crâne trois vaisseaux médians et impairs qui sont superposés, et qui se réunissent successivement entre eux pour constituer l'aorte dorsale (e). Chez les Esturgeons , les artères épibranchiales, en quittant l'appareil hyoïdien pour aller constituer l'aorte dorsale, ne s'appliquent pas contre la base du crâne, mais pénètrent dans des cavités creusées dans la substance des parois cartilagineuses de cette boîte céphalique. il est aussi à noter que (a) Voyez Laurillard, Atlas du Règne animal, Poissons, pi. 2, fîg. i. (b) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, p. 119, pi. L, fig. 2. (c) Eschricht etMiiller, Ueber die arteriosen und venosen Wundernetze {Mcm. de l'Acad. de Berlin pour 1835, pi. 3, fig. 6). (d) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 255. (e) Hyrll, Ueber dus Arteriensystem des Lepisosteus (Sitzungsbericht der Aead. der Wissen schaften von Wien, 1852, t. Vlll,p. 234). CHEZ LES POISSONS. 345 branches au moment où elles sortent de l'extrémité supérieure artère 1 cepnalique. de l'appareil respiratoire pour gagner la base du crâne : l'une de ces branches se recourbe en arrière pour s'anastomoser les troncs des deux côtés du corps s'y croisent avant de s'anastomoser sur la ligne médiane (a). Chez les Sélaciens ou Plagio- stomes, le mode de groupement des vaisseaux efférenlsde l'appareil respi- ratoire n'est pas tout à fait le même que chez les Poissons osseux ordi- naires. Il y a une artère épibrançbiale pour chaque demi-branchie ou série de lamelles branchiales, et ces vais- seaux s'anastomosent entre eux deux à deux en dehors aussi bien qu'en dedans decbaqueloge respiratoire, de manière à former quatre anneaux vasculaires, suivis d'une artère épibranchiale sim- ple qui dépend de la demi-branchie renfermée dans la cinquième loge res- piratoire (6). Tous ces vaisseaux s'ana- stomosent aussi entre eux par une série de troncs placés au-dessus des cloisons interbranchiales, vers le mi- lieu de leur longueur, et, du côté ex- terne , d'autres anastomoses les font communiquer avec une des branches de l'artère de la nageoire. Enfin, un tronc correspondant à chacune des cloisons interbrancliiales naît de l'ex- trémité interne de ces mêmes anneaux vasculaires, et constitue lapor'ion ter- minale du système efférent. Ces der- niers troncs correspondent donc à la portion sous -crânienne des artères épibranchiales chez les Poissons os- seux, et constituent également les racines de l'aorte. Ils sont au nombre de quatre de chaque côté de la tête, et chez les Squales ils restent isolés jusqu'au moment où ils se rencontrent sur la ligne médiane, pour donner naissance à l'aorte dorsale (c). Mais chez les Raies, le premier et le second de ces vaisseaux se réunissent pour former un tronc commun, et par con- séquent le nombre des racines de l'aorte se trouve réduit à trois paires [d). Chez la grande Lamproie, il naît une artère afférente de chaque demi-bran- chie, et sauf la première et la der- nière de chaque série, ces vaisseaux se réunissent deux à deux avant d'aller constituer le tronc aortique dorsal. Il y a par conséquent de chaque côté huit racines aortiques dont deux sont simples et six prennent naissance dans les moitiés contiguè's de deux sacs branchiaux. Lnfin, chez les Myxines, le tronc médian dans lequel tous les vaisseaux afférents des branchies viennent se rendre successivement, se continue en avant entre les deux artères céphali- ques, où il forme une artère céphalique accessoire, et, après avoir fourni plu- sieurs brandies latérales etavoir beau- coup diminué de calibre, il s'anasto- mose avec la partie antérieure du cercle aortique (e). (a) Hyrtl, Op. cit. (Sitzungsbericht der Akad. der Wîssensch'. %u Wien, t. VIII, p. 236). (b) Voyez, pour la disposition de ces branchies, la treizième Leçon, t. II, p. 244. (c) Hyrtl, loc. cit. {&) Monro, Structure of Fishes, pi. 1, fig\ 5. — Marlin-Saint-Ange, Circulation considérée chez le fœhis, etc., fig. 29. (e) Muller, Vergl. Anat. der Myxinoiden, 3" partie, pi. 1, fie;. 1. 3/|6 APPAREIL DE LA CIRCULATION avec le vaisseau efférent de la branchie suivante, et concourir, comme nous le verrons bientôt, à la constitution de l'aorte dorsale ; l'autre, au contraire, se porte en avant et distribue ses rameaux dans toute la portion antérieure et supérieure de la tête. On la désigne ordinairement sous les noms d'artère carotide ou ÏÏ artère céphalique, et il est à remarquer qu'en général ce vaisseau s'anastomose avec son congénère sous la base du crâne, de façon à clore en avant l'espèce de fourche formée par les racines de l'aorte dorsale, et à donner ainsi naissance à une sorte d'anneau vasculaire que les anatomistes désignent ordinairement sous les noms de cercle artériel ou de cercle céphalique (1). (1) 11 existe des variations nom- breuses dans le mode d'origine et de division des artères de la tête des Poissons. Ainsi, chez les Salmonés , où la disposition de ces vaisseaux a été étu- diée avec beaucoup de soin par MM. Agassiz et Vogt, V artère caro- tide ou céphalique, formée de la sorte par Tune des branches de la bifurca- tion de l'artère épibranchiale anté- rieure , ou vaisseau efférent de la première branchie, se divise presque immédiatement en deux troncs prin- cipaux , savoir : une artère faciale, ou carotide externe, et une artère encéphalo-palatine , ou carotide in- terne (a). Quelquefois cependant ces vaisseaux naissent isolément. V artère faciale accompagne le tronc du nerf trijumeau, et envoie des ra- meaux à l'orbite, aux fosses nasales, aux muscles des joues, à la peau du museau, etc. (b). V artère carotide interne ou encé- phalo-palatine se divise bientôt en deux branches. Une , externe , dite artère orbito-palatinc , qui pénètre dans l'orbite , envoie des rameaux aux muscles oculaires, passe ensuite dans les fosses nasales , où elle four- nit du sang à la membrane pitui- taire, va de là aux coins de la bouche, et s'y termine dans les os et les tégu- ments de la partie antérieure de la face. L'autre branche, dite artère en- céphalo-oculaire, semble être la con- tinuation de la carotide primitive, et se réunit à sa congénère pour former la portion antérieure du cercle ar- tériel et donner naissance à un tronc médian impair, lequel fournit à son tour les artères cérébrales et les artères oculaires. Les artères cérébrales se bifur- quent, et leurs deux branches, dirigées l'une en avant, l'autre en arrière, s'a- nastomosent sur la ligne médiane, de (a) Exemple : la Truite (voyez Agassiz et Vogt, Op. cit., pi. L, fig. 3). (6) Voyez Agassiz et Vogt, Op. Cit., pi. K, fig. 1 . CHEZ LES POISSONS. 3/i7 L'aorte dorsale occupe la ligne médiane et s'étend dans toute Aorte dorsale 1 tJ et ses branches. la longueur du corps, au-dessous de la colonne vertébrale. Dans la région abdominale, elle est appliquée contre la face inférieure du corps des vertèbres, ou logée dans un sillon dont façon à constituer à la base de l'encé- phale un rhombe artériel qui est l'ana- logue du cercle de YVillis, dont j'aurai à parler bientôt en traitant des Ver- tébrés supérieurs, et qui donne nais- sance aux artérioles de l'encéphale, ainsi qu'à une artère impaire accolée à la face inférieure de la moelle épi- nière (a). Le cercle artériel céphalique ou aortique est mieux caractérisé chez les Gades, comme on peut le voir dans une très belle ligure donnée par M. Millier (6). Ainsi que je l'ai déjà dit, cet anato- miste a trouvé que chez les Ganoïdes qui sont pourvus d'une branchie ac- cessoire, le vaisseau efférent de la pseudo-brancliie constitue la carotide interne, et pénètre directement dans la cavité crânienne. Chez les Lépisos- téesla carotide interne se résout aussi en un réseau plexiforme, et la caro- tide externe ou faciale naît directe- ment de la première artère épibran- chiale proprement dite. 11 est aussi à noter que chez le lolyptèreM. Millier a trouvé les caro- tides internes représentées par un vaisseau impair qui naît du point de jonction des artères épibranchiales et traverse la base de l'os occipital (c). Chez la Chimère arctique, le mode d'origine de ces vaisseaux n'est pas tout à fait le même que chez les Pois- sons ordinaires. Le premier vaisseau afférent, ou artère épibranchiale anté- rieure, pénètre dansla cavité crânienne pour remplir le rôle d'une carotide interne, et le second vaisseau efférent, qui d'ailleurs concourt comme les sui- vants à la formation de l'aorte dorsale, donne naissance à une artère carotide antérieure dont les branches se distri- buent à l'orbite [cl). Chez la liaie, le cercle aortique n'est pas fermé en avant et l'encéphale re- çoit le sang par deux paires d'artères : l'une, antérieure, qui, d'après M. Mill- ier, naîtrait de la pseudo-branchie, comme chez les Ganoïdes, et qui pa- raît mériter plus particulièrement le nom de carotide interne (e) ; l'autre qui provient du cercle aortique en arrière du point de réunion des ar- tères épibranchiales de la première et de la seconde paire, et qui est désignée ordinairement sous le nom de carotide interne postérieure, mais qui paraît être l'analogue de l'artère vertébrale des Mammifères. Parvenue dans la cavité crânienne, cette dernière s'ana- stomose avec sa congénère de ma- nière à constituer un anneau vascu- laire assez semblable au cercle de Willis, dont l'extrémité postérieure se (a) Agassiz et Vogt, Op. cit., pi. L, dg. 3 à 6. (b) Miiller, Vergl. Anat. der Myxlnoiden (Mém.de l'Acad. de Berlin pour 1839, pi. 3, fig. 13). (c) Miiller, Ferntre Bemerk. uber den Bau der Ganoiden (Bericht der Akad. zu Berlin, 184G, p. 68). (d) Stannius et Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. II, p. 112, («) Miiller, Vergl. Anat. der Myxinoiden [Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1839, p. 23(3). oliS APPAREIL DE LA CIRCULATION elles sont creusées ; mais, dans la région caudale, elle se trouve en général engagée dans une sorte de canal à claire-voie formé par les racines des apophyses épineuses sous-verté- brales (1). Chemin faisant, elle fournit, au niveau de chaque prolonge en une artère spinale mé- diane (a). M. Hyrtl a communiqué dernière- ment à l'Académie de Vienne de nou- velles observations sur la disposition des artères céphaliques des Raies, mais je ne connais son travail que par l'extrait fort court qui en a été donné par le Journal de l'Institut (b). On retrouve encore le même plan organique fondamental chez les Myxi- noïdes, mais avec d'autres modifica- tions d'une importance secondaire : ainsi les branches qui correspondent aux artères céphaliques sont exces- sivement allongées et ne s'anasto- mosent entre elles que très loin de l'appareil branchial, tout près de la bouche, et, ainsi que je l'ai déjà dit, une artère médio-céphalique impaire se voit dans l'espace qui les sépare (c). (1) En général, l'aorte dorsale est d'un calibre assez uniforme et se ré- trécit graduellement d'avant enarricre; mais, chez plusieurs Cyprinoïdes, elle se dilate en forme de sinus sous chaque vertèbre abdominale. Chez les Esturgeons, ce tronc arté- riel est logé dans une gaine cartilagi- neuse ou un sillon plus ou moins profond situé à la face inférieure de la colonne vertébrale , et ses parois y adhèrent très intimement : d'après M. Stannius, elles ne seraient même re- présentées que par le périchondre {cl); un ligament fibro-élastique longitudi- nal fait saillie dans ce canal (e). Les Spatulaires présentent une disposition analogue. Chez plusieurs Squales et chez di- vers Poissons osseux ordinaires, tels que l'Alose, le Hareng, le Brochet et le Silure, l'aorte ventrale est logée dans un sillon creusé à la face inférieure de la colonne vertébrale et n'est pourvue d'une tunique élastique qu'à sa face inférieure; des bandes aponévrotiques passentd'unbord à l'autre de ce canal, d'espace en espace, en manière de sangles, et dans les intervalles le vais- seau ainsi bridé en dessous se renfle. De même que chez les Esturgeons, il y a dans ce même canal un ligament qui vient du crâne, et la tunique élas- tique paraît être un prolongement de celte bande. Lorsque l'aorte est libre, elle n'est pas toujours placée sur la ligne médiane du corps. Ainsi, chez VEsox Bellone et le Sphyrœna Spel, elle est à gauche (/"). Chez les Syn- gnathes, ce vaisseau se trouve dans un sillon pratiqué à la face inférieure du rein gauche, et chez YEcheneis il adhère au rein droit ; chez VEngraulis (a) Voyez Monro, Structure of Fishes, pi. 1, ûg. 5. (6) N° 1239, 30 septembre 1857, p. 324. (c) Mùller, Vergl. Anat. der Myxinoiden, 3 Fortsetz., pi. 1, fig\ 1 (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1839). (d) Voyez Stannius et Siebold, Handb. der Zootomie, 2° édit., t. Il, p. 243. (e) Baèr, Bericht der anatom. Anstalt zu Kœnigsberg, 1819, p. 27. (/■) Stannius, loc. cit., p. 243. CHEZ LES POISSONS. 3/l9 espace intervertébral, une paire d'artères intercostales qui dis- tribuent leurs branches aux muscles du tronc et de la queue (1). Enfin elle donne aussi naissance à un grand vais- seau qui est chargé de porter le sang aux viscères abdomi- naux (2), et qui fournit à la vessie natatoire une branche dont il est logé dans la substance de cette glande (a). (1) Chez la Perche (b) et l'Aspe, ou Leuciscus aspius (c) , il existe une paire d'artères intercostales correspon- dante à chaque vertèbre. Il en est de même chez les Truites, dans le très jeune âge [d) ; mais, par les progrès du développement, ce caractère d'unifor- mité disparaît, et l'on ne trouve qu'une paire de ces vaisseaux pour deux ou trois espaces intervertébraux (e). Quoi qu'il en soit, une de leurs bran- ches remonte le long des apophyses épineusesdes vertèbres et va se ramifier dans les muscles de la région dorsale du corps, ou même dans la nageoire mé- diane dont cette partie est garnie ; une autre branche se porte en bas, en suivant la direction des côtes, et se distribue de la même manière aux muscles et aux téguments de la por- tion ventrale du corps. Les artères intercostales qui se prolongent dans les nageoires abdominales, et qui cor- respondent par conséquent aux ar- tères iliaques et crurales des Ver- tébrés supérieurs, sont un peu plus développées que les autres, mais ne présentent du reste aucune particula- rité importante. Une autre série de petites branches artérielles naît aussi de chaque côté, soit de la face inférieure de l'aorte dor- sale, soit des intercostales, et se distri- bue aux reins et à la vessie natatoire. Les artérioles qui se rendent à la moelle épinière ont une origine ana- logue. (2) Chez les Poissons osseux, la plu- part des artères destinées aux viscères abdominaux naissent d'un tronc uni- que qui se détache de l'aorte dorsale presque aussitôt la naissance de celle- ci, traverse la portion antérieure des reins, et se montre à découvert au- dessus de l'œsophage, pour se porter ensuite obliquement en arrière et en bas. La manière dont cette artère abdominale (ou artère cœliaque, Cu- vier) se ramifie, varie un peu suivant les espèces. Ainsi, dans la Truite (/), elle fournit quatre branches princi- pales : 1° Une artère intestinale, dont les principales divisions sont : une ar- tère gastro - splénique, qui suit la grande courbure de l'estomac, envoie beaucoup de ramuscules à cet organe, et va se terminer dans la rate ; une artère gastro-hépatique, qui passe à droite de l'estomac, longe la petite courbure de cet organe, y distribue des ramuscules , fournit au foie une (o) Hyrtl, Das uropoëtischB System der Knochenfish. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. II, p. 23). (b) Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 1. (c) Carus et A. Otto, Tab. Anat. Comp. Illustr., pars vi, pi. 4, fig. 1. (d) Vogt, Embryologie des Salmones, pi. 4 a, fig. 9 1. (e) Agassiz et Yogt, Anatomie des Salmones, pi. K, fîg. 1. (/") Voyez Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, pi. K, fig; 2. 350 APPAREIL DE LA CIRCULATION les ramuscules forment clans l'intérieur de cet organe les plexus vasculaires connus sous le nom de corps rouges (1 ). La plupart des artères ne présentent rien de bien remarquable. Celles qui se rendent aux nageoires pectorales, et qui peuvent artère hépatique et aux appendices pyloriques plusieurs ramuscules, puis se termine comme l'a précédente dans la raie; enfin deux artères mésenté- riques qui suivent les deux bords opposés de l'intestin jusque dans le voisinage de l'anus. 2° Une artère de la vessie nata- toire, qui est très grêle et qui longe la face inférieure de cet organe. 3° Deux artères spermatiques, qui se logent dans le sillon pratiqué à la face inférieure des ovaires ou des testi- cules, et y fournissent des ramuscules dont la disposition rappelle un peu celle des barbes d'une plume. Chez la Perche, le mode de distribu- tion de ces vaisseaux est à peu près le même (a). Chez la RaieJ'artère abdominale est remplacée par deux troncs impairs qui naissent de l'aorte, à quelque dis- tance l'un de l'autre (6). On donne gé- néralement le nom d'artère cœliaque au premier de ces vaisseaux, dont les branches se distribuent principale- ment à la valvule spirale de l'intestin, au foie et à l'estomac. Le second, ap- pelé artère mésentérique, fournil des rameaux au pancréas et à l'intes- tin (c). D'autres branches de l'aorte naissent plus en arrière et se distri- buenlà l'oviducte, etc. Enfin les artères rénales, au lieu de consister en une multitude de branches provenant des intercostales, sont fournies par un gros tronc qui naît de la partie postérieure de l'aorte ventrale, s'avance le long des reins en y donnant des ramus- cules, fournit une branche épigaslrique et va se terminer dans la nageoire de l'anus (d). (1) Voyez ci-dessus, t. II, p. 377. Le mode d'origine et de distribu- tion des artères de la vessie natatoire varie beaucoup. Tantôt elles naissent directement de l'aorte, comme nous venons de le voir chez la Perche; d'au- tres fois elles proviennent du tronc cœliaque (chez la Morue, par exem- ple), et, ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, elles sont quelquefois four- nies par les artères épibranchiales postérieures (e). M. J. Millier, qui en a fait une étude attentive, distingue dans leur mode de distribution quatre formes principales. Ainsi, chez cer- tains Poissons (la Carpe, par exemple), ces vaisseaux se résolvent en petites touffes de capillaires disposées en éventail et disséminées sur presque toute la surface interne de la vessie natatoire. Dans le second type, leurs ramuscules terminaux se réunissent (a) Voyez Olivier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 1, et pi. 8, fig. 2 et 3. — Laurillard, Atlas du Règne animal Je Olivier, Poissons, pi. 2, fig. 1. (6) Voyez Monro, Op. cit., pi. 1, fig. 5. (c) Monro, Op. cit., pi. 3. (d) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. VI, p. 222 (2a édit.). (e) Voyez ci-dessus, page 330. CHEZ LES POISSONS. ■ 35 L être désignées sous le nom d'artères claviculaires (1), offrent parfois un petit renflement que plusieurs anatomistes ont con- sidéré comme étant un bulbe contractile propre à pousser le sang vers les parties périphériques de l'appareil circulatoire ; en petits paquets radiés, et se localisent plus que clans le cas précédent, de façon à constituer des ganglions vas- culaires rudimentaires ; mode d'orga- nisation qui se voit chez le Brochet. Dans le troisième type, l'artère se di- vise en plusieurs branches et constitue ensuite un gros rete mirabile en forme de houppes, dont les canaux efférents se dirigent vers le bord de l'organe pour se ramifier ensuite au loin (exemples :1a Morue, la Lotte, la Perche, etc.). Enfin, le quatrième type est caractérisé par l'existence de ré- seaux admirables en forme de faisceaux bipolaires, disposition qui se voit chez les Anguilles (a). Chez les Ganoïdes, les vaisseaux sanguins de la vessie aérienne ne se résolvent pas en ganglions sanguins, mais se distribuent tout de suite dans les parois de cet organe, sous la forme de réseaux capillaires ordinaires. On doit à M. Quekett de très bonnes figures représentant le mode d'arran- gement des vaisseaux sanguins dans les corps rouges et les autres parties de la vessie natatoire chez divers Pois- sons, et plus spécialement chez l'An- guille et la Morue (6). (1) L'existence de ces renflements en forme de bulbes, sur le trajet des artères claviculaires, a été constatée à peu près en même temps par Du- vernoy chez la Chimère arctique (c) et par M. J. Davy chez la Torpille (d). Duvernoy et M. Valentin (e) ont con- sidéré ces organes comme des cœurs accessoires. Mais, d'après les observa- tions récentes de M. Leydig, il paraît que les bourrelets dont ces artères sont entourées ne sont pas de na- ture musculaire ( f). Du reste, lors même qu'ils seraient contractiles, rien ne nous autoriserait à penser qu'ils pourraient accélérer le cours du sang. (a) Miiller, Yergl. Anat. der Myxinoiden (Mém. de l'Acad. de Berlin pour. 1 839, pi. 5). Voyez aussi à ce sujet : De la Roche, Observ. sur la vessie aérienne des Poissons (Ann. du Muséum, 1809, t. XIV, p. 20-2 et suiv.)- — Cuvier, Rapport sur le Mémoire de M. de la Roche {loc. cit., p. 176). — Idem, Histoire naturelle des Poissons, 1. 1, pi. 7, fig. 1. — Rathke, Zur Anatomie der Fische (Mùller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1838, p. 413, pi. 12, fig. 3, 4 et 9). — Treviranus, Beobacht- aus der Anat. und Physiol., 1839, t. I,p. 19, pi. 5, fig1. 31. — Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, t. VIII, p. 710. (6) Quekett, On a Peculiar Arrangement of Blood-Vessels in the Air-Bladder of Fishes {Trans. of the Microscop . Soc. of London, 1844, p. 99, pi. 12 et 13). (c) Duvernoy, Note sur deux bulbes artériels faisant fonction de cœurs accessoires che% la Chimère arctique (Ann. des sciences nat., 1837, 2° série, t. VIII, p. 35, pi. 3, fig. 1). (d) J. Davy, Exp. and Observ. on the Torpédo (Research., Physiol. and Anat., 1839 ,t. I, p. 43, pi. I, fig. 3). (e) Valentin, Ueber das centrale Nervensystem und die Nebenherxen der Chimœra monslrosa (Mùller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1842, p. 42, pi. 2, fig. G). (f) Leydig, Zur Anatomie und Histologie der Chimœra monstrosa (Mùller's Archiv fur Anat. mal Physiol., 1851, p. 256). LU. 23 352 APPAREIL DE LA CIRCULATION mais ces prétendus cœurs accessoires ne paraissent pas être de nature musculaire, et lors même qu'ils seraient contractiles, leur action aurait plutôt pour effet de retarder le passage de ce liquide (1 ) . Je dois faire remarquer aussi que chez le Thon les princi- pales branches de l'artère abdominale oucœliaque présentent une disposition analogue à celle que nous avions déjà ren- contrée sur le trajet des artères hyoïdiennes. En effet, elles se divisent en houppes de vaisseaux très grêles qui bientôt se réunissent de nouveau pour constituer des troncs de dis- tribution , et elles constituent de la sorte des lacis capil- laires que les anatomistes désignent sous le nom de rete mi- En eilet, Tarière ne. présente dans ce point aucune valvule qui puisse em- pêcher le reflux de ce liquide, et l'o- bliger à couler vers le système capil- laire avec une vitesse plus grande quand le vaisseau se rétrécirait, et,par conséquent, toute constriction de ce genre aurait pour effet de ralentir le courant plutôt que de l'accélérer. (ljLes artères claviculaires (que les anatomistes désignent aussi parfois sous les noms d'artères scapulaires, artères axillaires , artères innomi- nées, etc.) naissent en général sous la base du crâne, mais varient beau- coup dans leur mode d'origine. En effet, tantôt elles proviennent directe- ment de l'aorte, ainsi que cela se voit chez la Perche, la Baudroie et la Raie; d'autres fois elles sortent des ra- cines de l'aorte, chez les Gades, par exemple (a) ; et d'autres fois encore elles sont fournies par le tronc com- mun des deux artères épinranchiales antérieures, disposition qui se ren- contre chez le Brochet. Quoi qu'il en soit, ces vaisseauxse portent en arrière, côtoient le bord des os de l'épaule, et se divisent d'ordinaire en deux branches principales, dont l'une longe la ligne latérale du corps et l'autre va se terminer dans la nageoire pec- torale. Il est à noter que, chez les Raies, ces artères, dont le volume est très con- sidérable, envoient vers la tête une grosse branche anastomotique qui communique avec la série entière des vaisseaux efférents des branchies, ou artères épibranchiales, le long du côté externe de l'appareil respiratoire (a). Chez le Thon, ces artères naissent plus en arrière que l'artère viscé- rale (6). («) Monro, The Structure ofFishes, pi. 1, fig. & et 5). (6) Eschricht et Millier, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 4 835, pi. 3, %. 6)* CHEZ LES POISSONS. 35o rabile (1). Une disposition analogue a été observée citez des Squales (2). § 12. — -La portion veineuse de l'appareil circulatoire, qui système i/i i 1 i -i veineux est chargée de ramener le sang de toutes les parties du corps des poissons. des Poissons jusque dans le cœur se compose de deux systèmes principaux de vaisseaux à parois minces. L'un de ces systèmes appartient essentiellement aux muscles et aux autres organes de la vie de relation, et l'on peut le désigner sous le nom de sys- tème veineux rachidien, à raison de ses rapports intimes avec la colonne vertébrale et ses dépendances. L'autre est spécia- lement affecté au service des viscères abdominaux , et on l'ap- pelle généralement le système de la veine porte , ou système viscéral. Enfin , il est encore un troisième système veineux qui dépend de l'appareil hyoïdien, mais qui n'offre que peu d'importance : on lui a donné le nom de système bronchique t ou veine de Duvernoy. Ces divers systèmes sont liés entre eux d'une manière plus ou moins intime, et ils vont tous verser le sang dans un grand réservoir veineux qui est en quelque sorte le vestibule de l'oreil- (1) Ces réseaux capillaires, situés (2) Chez VAlopias vulpes, un rete sur le trajet du sang artériel qui se mirabile diffus, composé de branches rend aux principaux organes de la artérielles et veineuses, s'étend sur digestion, se voient près de la surface presque toute la surface de l'estomac inférieure du foie, et constituent un et du gros intestin (6). nombre considérable de mèches vas- Chez le Squale-nez, ou Lamna cor- culaires de forme conique, dans les- nubica, une disposition analogue se quelles on trouve des veines disposées voit à la partie antérieure de l'abdo- de la même manière, mais sans com- men, près de l'œsophage. Les plexus munication avec les arlérioles. On en vasculaires ainsi constitués ressem- doit la connaissance au professeur blent à ceux du Thon (c). Eschricht, de Copenhague (a). (a) Eschricht et Miiller, Ueber die arteribsen und veniisen Wundemetze an der Leber und einen merkwùrdigen Baudieses Organes beim Thunfische (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1835, p. 10 etsuiv., pi. 2 et 3, fig. 1 , 3 et A). (6) Al. Barth, De retibus mirabilibus (Dissert, inaug\, Berlin, 1837, p. 9, fig-. 1). (c) Mùller, Vergl. Anat. der Myxinoiden [Mém\ de l'Acad. de Berlin pour 1839, pi, 5). Oùll APPAREIL DE LA. CIRCULATION lette du cœur, et qui est connu des anatomistes sous le nom de sinus de Cuvier, ou sinus précardiaque. Pour embrasser d'un seul coup d'œil l'ensemble de cet appa- reil vasculaire, il est bon d'observer la circulation chez un très jeune Poisson, dont les tissus offrent encore assez de transpa- rence pour nous permettre de distinguer les courants sanguins jusque dans les parties les plus profondes de l'organisme : une petite Truite nouvellement éclose , par exemple (1). On voit alors que chacune des artères intercostales est accompagnée d'une veine qui se dirige vers la face inférieure de la colonne vertébrale et y débouche dans un vaisseau longitudinal situé de chaque côté de la ligne médiane au-dessous de l'artère aorte. Ces deux troncs longitudinaux, appelés veines cardinales, sont d'abord accolés l'un à l'autre, ou confondus en un seul vaisseau, et se portent directement d'arrière en avant depuis l'extrémité postérieure delà queue jusque dans l'abdomen ; mais, vers la partie antérieure de cette chambre viscérale, ils s'écartent entre eux pour gagner la partie latérale du corps, et reçoivent le sang qui revient de la tête par une paire de vaisseaux dits veines jugulaires, lesquelles se dirigent d'avant en arrière. Le tronc commun formé de chaque côté du corps par la réunion de la veine cardinale et delà veine jugulaire a reçu le nom de canal deCuvier, et se porte en dedans vers son congénère pour aller concourir à former avec lui le sinus veineux précardiaque. La disposition du système de la veine porte est moins simple. Les veinules qui naissent sur les parois de la portion postérieure de l'intestin se réunissent pour constituer un vaisseau principal qui, situé à la partie inférieure de l'abdomen, se dirige d'arrière (1) Nous étudierons plus tard les nilive dont il est question ici, et dont diverses formes par lesquelles l'appa- on trouve de très bonnes figures dans reil veineux des Poissons passe avant l'ouvrage de M. Vogt (a). que d'acquérir la forme presque défi- fa) Vogt, Embryologie des Salmones, pi. 4, fig. 91, etc. CHEZ LES POISSONS. 355 en avant, et, chemin faisant, reçoit des branches des autres portions du canal digestif. Parvenue au foie, cette veine s'y en- fonce et s'y ramifie de façon à y constituer un lacis vasculaire très riche, dont les branches se rejoignent ensuite de nouveau . pour reformer un tronc veineux auquel on donne le nom de veine hépatique. Enfin, cette dernière veine va se déverser comme les autres dans le sinus précardiaque. Telle est la composition générale du système veineux des jeunes Poissons. Voyons maintenant comment chacune des parties constitutives de cet appareil est disposée chez l'Animal parfait. § 13. — Les courants sanguins qui retournent au coîur voines . . cardinales varient beaucoup dans leur mode de groupement, et ont une et leurs tendance remarquable à se disjoindre, pour ainsi dire, sur cer- tains points, de façon à reconstituer des capillaires plus ou moins comparables au réseau veineux que nous avons vu se développer sur le trajet des veines viscérales dans l'intérieur du foie, et donner au système de la veine porte son caractère le plus important. Cette disposition est toujours plus ou moins marquée dans quelques-unes des veines qui traversent les reins, et il en résulte qu'une portion du sang qui revient des parties postérieures du corps par les veines cardinales est distribuée dans la substance de ces glandes à la manière du sang artériel, puis ce sang est réuni de nouveau dans des troncs veineux qui le conduisent vers le cœur. Il y a donc chez les Poissons une veine porte rénale aussi bien qu'une veine porte hépatique. On en doit la découverte à un anatomiste danois, Jacobson, et l'on donne souvent le nom de cet observateur au système circula- toire rénal ainsi constitué (1). (1) Jacobson, dont le travail sur le tiles et des Oiseaux, parut en 1821 (a). système veineux des Poissons, des Rep- n'a indiqué sa découverte que d'une (a) Jacobson, De syslemate venoso peculiari in permultis Animalibus ohservaio. Copenhague. rénale. o50 APPAREIL DE LA CIRCULATION' voir» poriH Chez les Poissons, où ce mode d'organisation est le mieux caractérisé, tels que les Baudroies et les Gymnotes, la veine caudale, ou portion postérieure de la veine cardinale, après avoir reçu les branches veineuses de toute la portion posté- rieure du corps, arrive dans la cavité abdominale, et là se divise en deux branches ; mais celles-ci, au lieu de poursuivre leur route vers le cœur, ainsi que le font les veines cardinales de l'embryon, plongent dans la substance des reins et s'y divisent en rameaux dont le chevelu constitue un réseau capillaire ; puis les canalicules de ce lacis, venant à se réunir de nouveau, devien- nent les racines d'un système de veines rénales efférentes, et se continuent en avant avec la portion antérieure des veines car- dinales, lesquelles, après s'être réunies aux veines jugulaires, vont déboucher dans le sinus précardiaque. La veine cardinale primitive, qui d'abord s'était bifurquée seulement dans la cavité manière très succincte, et, bien que taient que des veines ordinaires qui les principaux résultats qu'il annonça suivaient une marche récurrente (6), aient été bientôt après confirmés Mais cette opinion repose sur des par les recherches de Nicolai (a) , observations incomplètes ou erronées, la plupart des anatomistes ont cru et les nouvelles recherches faites de- devoir lévoquer en doute l'existence puis quelques années sur ce sujet par d'une veine porte rénale, et inter- plusieurs anatomistes habiles, et sur- pré ter d'une autre manière le cours tout par M. Bonsdorff, de Helsingfors, du sang dans cette portion' de l'ap- et M. le professeur Uyrtl, de Vienne, pareil circulatoire. Ainsi Cuvier, Mec- mettent hors de toute contestation kel , Duvernoy , M. Owen et plu- l'existence d'une circulation veineuse sieurs autres naturalistes éminents portale plus ou moinsdéveloppée dans ont pensé que les prétendues veines cette classe d'animaux (c). rénales efférentes de Jacobson n'é- (a) Nicolai, Untersuchungen ùber den Verlan f und die Vertheilung der Veinen bel einigen Vôgeln, Amphibien, und Fischen (Isis, 4 826, 1. 1, p. 404). (6) Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, p. 516. — Meckel, Anatomie comparée., t. IX, p. 266. — Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, 2* édit., t. VI, p. 262. — Owen, Lectures on the Comp. Anat. and Physiol. ofthe Vertebrate Animais, p. 251. (c) Bonsdorff, Bidrag till Blodkarlsystemets jemfôrande Anatomie. Portven systemel hos Gudus Lota (Acta Soc. scient. Fennicœ, 1852, t. III, p. 571, pi. 9). Hyi'il , Das uropoëtische System der Knochenftsche (Denkscliriften der hais. Akad. der Wissenschaflen zu Wién, 1851, t. II, p. 27). — Slannius, Ilandbuch der Zootnmie, 2e édit., 1854, t. Il, p. 247. CHEZ LES POISSONS. 357 abdominale pour constituer en avant les deux troncs à l'aide desquels la plus grande partie du sang veineux de la partie post- céphalique du corps est versée dans les jugulaires, se trouve donc interrompue vers le milieu de son cours, et sa moitié pos- térieure ou caudale ne communique avec sa moitié antérieure que par l'intermédiaire d'un réseau capillaire dont la portion postérieure constitue les veines rénales afférentes, et la portion antérieure forme les veines rénales efférentes ou veines rénales proprement dites ; enfin les tronçons antérieurs des deux veines cardinales qui font suite à ces veines efférentes, et qui peuvent être désignées sous le nom de veines abdominales (1), repré- sentent, comme nous le verrons bientôt, les veines azygos des Vertébrés supérieurs (2). Chez la plupart des Poissons, cette transformation n'est pas aussi complète : une des divisions de la veine caudale plonge dans la substance du rein et s'y ramifie, tandis que sa partie antérieure forme, comme dans le cas précédent, une veine rénale efférente, et entre ces deux points elle s'atrophie ; mais (1) Quelques anatomistes appellent chez les Diodons, les Tétrodons, les ces vaisseaux, des veines caves posté- Triacanlhes , les Rubans (Cepola) et Heures (a); mais, ainsi que nous le quelques Siluroïdes ; seulement la venons bien lot, ils ne sont pas les veine caudale ne se bifurque pas analogues de la veine cave inférieure avant de plonger dans la substance des de l'Homme et des autres Vertébrés reins pour s'y ramifier (b). Cette der- supérieurs, et par conséquent ils ne nière disposition se rencontre égale- doivent pas porter le même nom. ment chez la Lotte, où elle avait été (2) M. I-lyrtl a constaté ce mode aperçue par Nicolai (c), et où elle avait d'organisation chez les Merluches et été démontrée d'une manière 1res les Scorpénoïdes du genre Pterois. satisfaisante par M. Bonsdorff, qui en Une structure analogue existe aussi a donné une excellente figure (d). (a) Monro, Structure ofFishes, p. il. — Olivier, Anat. comparée, t. VI, p. 257. — Meckel, Anat. comparée, t. IX, p. 261. (b) Hjrtl, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. II, p. 34, pi. 9,%. 2). (c) Nicotoi, Op. cit. (Isis, 1826, p. 404). (d) Bonsdorff, Bidrag till Blodkdrlsystemets j'emfQrande Anatomie (Acta Socictatis scientia- rum Fenniriz, 1852, t. III, p. 447, pi. 9). 358 APPAREIL DE LA CIRCULATION l'autre branche continue sa roule vers le cœur sans subir aucune interruption de ce genre , et va constituer l'une des veines abdominales sans avoir changé de caractère (1). Dans ce cas, les reins ne reçoivent qu'une petite portion du sang vei- neux de la queue, la plus grande partie de ce liquide conti- nuant directement sa route par le grand vaisseau, qui prend successivement les noms de veine caudale et de veine abdo- minale, ou branche terminale de la veine cardinale. Mais le système portai n'en existe pas moins dans les glandes uri- naires, car il y a toujours un certain nombre des veines du dos ou veines intercostales qui , au lieu d'aller déboucher directement dans les troncs cardinaux , pénètrent dans la substance des reins, s'y ramifient, et s'anastomosent par leurs ramuscules terminaux avec les racines des veines rénales effé- rentes (2), (i) Lorsque les reins sont agglomé- rés dans toute leur longueur, la veine caudale, devenue ainsi la veine ab- dominale (ou veine cardinale, Hyrtl), reste sur la ligne médiane et reçoit des veinules des deux moitiés de cet organe. Mais lorsque les reins se divi- sent en deux, suivant leur longueur, ce vaisseau s'applique d'ordinaire sur le bord interne du rein droit, et y re- çoit une partie des veinules efférentes du rein gauche aussi bien que toutes celles du rein droit; les autres vei- nules efférentes du rein gauche se déversent directement dans la veine rénale, qui, tout en naissant dans celte glande, représente le tronc cardinal gauche et va constituer la veine abdo- minale gauche (a). Quelquefois c'est l'inverse qui s'observe, et c'est contre le bord du rein gauche que s'ap- plique la veine cardinale non inter- rompue : chez les Erythrines , par exemple. (2) Ainsi M. Hyrtl a constaté que chez les Plagiostomes, où la veine caudale ne porte pas de sang aux reins, les veines intercostales vont se rami- fier dans ces organes , et constituent les veines afférentes du système de .lacobson. Chez le Brochet, le Cottus quadri- cornis, le Scorpœna scrofa, VExoce- tus exsiliens, les Gymnodontes et quel- ques Siluroïdes, toutes les veines cos- tales deviennent ainsi des veines rénales afférentes, et chez le Mugil cephalus six paires de ces vaisseaux se comportent de la même manière (b). Cuvier avait cru que chez la Perche et la plupart des autres Poissons, les veines costales se rendaient à un (a) Hyrlt, Das uropoëtische System der Knochehfischê (Mém. de Vienne, t. II, p. 33, pi. 10, fig. i). (bjîdem, Md.,p. 35. CHEZ LES POISSONS. 359 Ainsi, qu'il y ait ou non interruption dans la portion rénale des veines cardinales, ces vaisseaux se trouvent représentés dans la partie antérieure de l'abdomen par les deux veines abdo- minales, qui vont se réunir aux veines jugulaires derrière la tête. Quelquefois ces deux troncs sont de même calibre (1) ; mais en général ils sont très inégalement développés, et celui du côté droit est d'ordinaire beaucoup plus gros et plus long que celui du côté gauche (2). tronc rachidien situé au-dessus de la moelle épinière, dans l'intérieur du canal vertébral, et recevant aussi en avant des branches veineuses des reins, tandis que plus en arrière des branches anastomotiques ramaient uni à la veine caudale. C'est même sur cette disposition qu'il s'est appuyé pour révoquer en doute les décou- vertes de Jacobson (a). Mais M. Hyrtl a constaté que ce vaisseau, auquel M. Owen a donné le nom de veine neuralis (b), est un tronc lymphatique et ne contient pas de sang (c). (1) Par exemple, chez les Diodons, les Tétrodons et le Schilbé (d). (2) Exemples ; Tinca , Exocetus , Anthias , Anableps , Clinus , Ammo- dytes, Periophthalmus, Coryphœna, Loricaria , Centriscus et Syngna- thus (e). Chez la Lotte cette inégalité est très peu marquée (/"). Quelquefois l'une de ces veines manque complètement : celle de gau- che chez le Cepola rubescens, et celle de droite chez V Erythrinus unitœ- niatus. Knfin, chez d'autres Poissons, il n'existe qu'une seule veine rénale médiane qui ne se dévie à droite que tout près de l'extrémité antérieure de la colonne vertébrale; notamment chez les Gonnelles (g). Il est aussi à noter que les veines rénales présentent souvent sur un ou plusieurs points de leur longueur des dilatations en forme de sinus. Chez le Tétrodon , chacun de ces troncs con- stitue ainsi un sinus arrondi après sa sortie des reins, mais en général c'est dans l'intérieur de ces organes que ces réservoirs sont ménagés. Chez Y Anableps tetrophthalmus, le Trigla, VOreosoma, le Blepsias, etc., la veine rénale du côté droit présente un grand sinus réniforme; chez le Sphijrœna picuda , le Cobitis fossilis, VArgen- tina,elc. , ce vaisseau en offre deux, qui sont placés l'un en avant de l'autre, et chez la Tanche il y a tout un chape- let de ces sinus; enfin, chez le Tétrodon maculatus, chacune de ces veines se renfle de la sorte dans son point de jonction avec la jugulaire (h). (a) Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons, t. I, p. 516, pi. 7, fig\ i. (b) Owen, Lectures on the Comp. Anat. ofthe Vertebrate Animais, p'. 251. (c) Hyrtl, loc. cit., p. 36. (d) Idem, ibid., p. 33. (e) Idem, ibid., p. 33. (f) Voyez Bonsdorff, Op. cit. (Mém. de la Soc. Finnoise, t. III, pi. 9,. (g) Hyrtl, Op. cit., p. 33. (h) Idem, ibid., p. 34. 360 APPAREIL DE LA. CIRCULATION ïl est aussi à noter que chez quelques Poissons les veines abdominales se dilatent beaucoup , et communiquent même avec des sinus caverneux situés à la partie supérieure de la cavité viscérale. Cette disposition se voit dans la famille des Raies, et se trouve portée très loin chez les Lamproies (1). Pendant leur trajet vers le sinus précardiaque, les veines (1) Je reviendrai bientôt sur l'étude des sinus veineux des Lamproies, et je me bornerai à ajouter ici que Monro a trouvé chez la Raie des sinus san- guins très considérables qui sont for- més, soit par les veines abdominales dont le tronc est très dilaté, soit par les branches anastomotiques qui unis- sent entre eux ces deux vaisseaux, et par des réceptacles situés au- dessus des organes génitaux (a). M. Natalis Guillot a étudié de nou- veau ces sinus, et les considère comme étant formés principalement par un tissu caverneux ou lacu- naire (b). Ces réservoirs veineux, que Ton désigne sous le nom de sinus de Monro, ont été trouvés aussi chez les Squales par M. Robin. Voici la des- cription que ce dernier anatomiste en donne : a Chez les Squales comme chez les Raies, ce réservoir se remplit lors- qu'on injecte le vaisseau lymphatique de la ligne latérale du corps ; comme chez les Raies aussi, on le remplit en poussant une injection d'air par une des veines situées sur les côtés de la colonne vertébrale. En remplissant ce réservoir par l'insufflation de l'air, on peut très facilement en étudier la disposition, surtout pour ce qui con- cerne la structure des parois et les filaments fibreux entrecroisés que pré- sente l'intérieur du réservoir, sur les côtés et en avant, près de l'abouche- ment dans le sinus de Cuvier de la veine qui lui fait suite et de laquelle il n'est qu'une sorte d'appendice. Cet abouchement se fait de chaque côté par un orifice très étroit relativement à la capacité du réservoir. Chez les Raies, chez les Squales, mais plus facilement chez ces derniers, on peut remplir le réservoir lacuneux en poussant l'in- jection par la veine caudale. Les parois du réservoir sont très minces, de cou- leur rosée, analogue à celle des parois des oreillettes, et elles ont un aspect aréolaire , lâche, dû à des faisceaux d'un tissu rongeâtre , diversement entrecroisés. Le réservoir lui-même, dans sa portion la plus large, est divisé en deux lobes, l'un à droite, plus grand, et l'autre à gauche, plus petit. Cette division en deux lobes est due à l'existence d'une cloison située sur la ligne médiane de la colonne verté- brale : du reste, cette cloison est incom- plète ; elle est percée d'un grand nom- bre de trous très larges, permettant une facile communication d'un des lobes du réservoir dans l'autre (c). » (a) Monro, The Structure of Fishes, p. 17. (b) Natalis Guillot, Sur un réservoir particulier de la circulation des Raies [Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XXI, p. 1179). (c) Robin, Communication sur le système veineux des Raies, etc. {Joitmal de l'Institut, 1845 , t.. XIII, p. 429). CHEZ LES POISSONS. 361 abdominales reçoivent plusieurs branches , notamment la veine spermatique, qui revient des testicules ou de l'ovaire (1), et un petit tronc qui appartient à la vessie natatoire. Enfin, les veines jugulaires (2), auxquelles ces deux grands vaisseaux se réunissent d'ordinaire avant que de déboucher dans le sinus précardiaque (3), proviennent des parties latérales de la tête, et reçoivent en général quatre branches principales, savoir : une veine cérébrale, une veine oculaire, une veine faciale interne et une veine faciale externe. En général,, ces veines de la tête suivent le trajet des principales artères, et il est à noter aussi que les veines jugulaires communiquent entre elles par un tronc anastomotique assez large, et constituent en général, derrière les orbites, un sinus plus ou moins vaste (4). (1) Ces veines accompagnent les (U) Ce sinus se trouve entre la base artères spermatiques, et, après avoir du crâne et le sommet de l'appareil passé au-dessus de l'estomac, traver- hyoïdien (cl). M. Hyrtl le désigne sous sent l'extrémité antérieure des reins le nom de bulbe ojihthalmique de la pour aller déboucher dans les veines veine jugulaire (e). Il est extrême- cardinales (a). ment développé chez les Squales, et (2) Veines cardinales antérieures constitue de chaque côté des branchies de quelques auteurs. un vaste réservoir qui s'étend dans (3) Suivant quelques anatomistes, les cavités orbilaires (f). les deux veines jugulaires du Thon Les veines qui y rapportent le sang se réuniraient pour former un tronc des diverses parties de la tête for- commun qui irait s'ouvrir directe- ment de chaque côté quatre troncs ment dans le sinus précardiaque (6). principaux, savoir : 1° une veine cé~ Mais on voit, par les recherches de rébrale, qui sort de la cavité crânienne MM. Eschricht et Millier, que ces vais- par le trou du nerf optique ; T une seaux débouchent comme d'ordinaire veine oculaire, qui vient de l'œil et sur les deux côtés du sinus corn- longe le nerf optique; o" une veine m un (c). faciale interne , qui occupe le bord (o) Voyez Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 4, et pi. 8, fig. 2. — Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, pi. K, fig. 2. (6) Owen, Lectures on the Comp. Anat. of the Vertebrate Animais, p. 251. (c) Eschricht et Millier, Ueber die arteribsen und venbsen Wundemetze an der Leber des Thun- fische (Mém. de l'Acad. de Berlin pour 1835, pi. 3, fig. 1 e). (d) Voyez Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 1. (e) Hyrtl, Sur les sinus caudal et céphalique des Poissons (Ann. des sciences nat., 1843, 2" série, t. XX, p. 225, pi. 7, fig. 8). (/) Robin, Sur le système veineux des Poissons cartilagineux (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XXI, p. 12S2). 362 APPAREIL DE LA CIRCULATION Système ' de § \ h . — Le système de la veine porte hépatique est formé , ia veine porte comme je l'ai déjà dit, par les veines de l'intestin, de l'estomac et de la rate, dont les troncs terminaux se ramifient dans le foie (1), et par les veines hépatiques qui naissent du réseau inférieur de l'orbite ; U° une veine fa- ciale externe , qui se trouve au bord externe du muscle masséler. Ces vais- seaux suivent en général les artères correspondantes, et, arrivés au bord postérieur de l'orbite, ils débouchent dans le bulbe ophthalmiquedela veine jugulaire. Ce sinus est mis en com- munication avec son congénère par un tronc anastomotique transversal. Chez la Truite il est peu développé (a); mais, chez d'autres Poissons, tels que les Silures, il acquiert un volume assez considérable (6). La veine jugulaire se dirige ensuite en arrière, sur les côtés de la base du crâne, et, arrivée près de la ceinture scapulaire, reçoit la veine abdominale. Enfin le tronc qui résulte de l'union de ces deux vaisseaux, et qui peut être désigné sous le nom de veine cave antérieure, se porte en dedans, et "va s'unir à son congénère pour former derrière l'oreillette le sinus de Cuvier, ou sinus précardiaque, qui est par con- séquent le représentant d'une veine cave antérieure commune (c). Il est aussi à noter que les veines qui naissent du réseau capillaire de la choroïde se ramifient de nouveau dans le ganglion vasculaire , et s'y entremêlent avec les divisions du ré- seau admirable artériel dont il a été question ci-dessus. (1) Chez quelques Poissons, tels que les Cyprins et les Lottes, la majeure partie du sang venant des organes génitaux est versée également dans la veine porte hépatique (d), et il paraî- trait même que chez le Silurusglanis, une des grosses branches de la veine caudale concourt à la formation de ce système (e) Il est aussi à noter que chez les Cyprins, où le foie entrelace ses lobes avec les replis de l'intestin, la veine porte est en quelque sorte diffuse, car les veinules viscérales y pénètrent directement, sans s'être réunies au préalable en un ou plusieurs gros troncs. Mais cette disposition est ex- ceptionnelle, et, en général, ces vais- seaux se groupent de la manière sui- vante : Tantôt toutes les veines viscérales se réunissent en trois troncs qui pénè- trent isolément dans le foie (exemple, Cottus scorpius), ou bien ne forment que deux troncs principaux avant d'entrer dans cet organe, disposition (a) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, p. 131, pi. K, fig. 2. (6) Hyrtl, Sur l'appareil vasculaire des Poissons (Ann. des sciences riat., 1843, t. XX, pi. 7, fig. 8). (c) Voyez Monro, Anat. ofFishes, pi. 2. — Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 26, fig. 1 et 2 ; pi. 7, fig. 1. — Agassiz et Vogl, Op. cit., pi. K, fig. 2. — Bonsdorff, Op. cit. (Mém. de la Soc. de Finlande, t. III, pi. 9). (d) Rathke, Ueber die Leber und das Pfortader-System der Fische (Meckel's Archiv fur Physiol., 182(1, p. 126), et Mém. sur le foie, etc. (Ann. des sciences nat., 1826, t. IX, p. 169). (e)Nicolai, Uutersuchungeri iiber den Verlauf und die Vertheilung der Venen bei einigen Vôgeln, Amphibien und Fischen (Isis, 1826, 1. 1, p. 413). CHEZ LES POISSONS. 363 vaseulaire ainsi constitué, et se terminent antérieurement par un seul tronc, lequel, presque aussitôt après sa sortie de ce viscère, débouche dans le sinus précardiaque, vers le milieu de la paroi postérieure de ce réservoir, et constitue l'analogue du vaisseau que M. Bathke a trouvée chez le Bro- chet, l'Éperlan, le Hareng, les Épino- ches , divers Pleuronectes, etc. , et qui existe aussi chez le Spatulaire (a) et le Gymnote (';). D'autres fois la plus grande partie de ces veines forme un seul tronc, mais il y a encore des pe- tits rameaux qui pénètrent isolément dans le foie, ainsi que cela se voit chez la Perche, la Lotte, l'Alose, le Silure, etc. Enfin, d'autres fois encore tous ces vaisseaux se réunissent en un seul tronc avant d'arriver au foie ; genre de centralisation qui se ren- contie chez l'Anguille, la Lotte, le Goujon, les Truites, etc. (c). En général, les principales branches sont disposées d'une manière assez simple. Ainsi, chez les Salmones, deux troncs veineux longent l'intestin dans toute sa longueur et, après l'avoir abandonné en avant, se réunissent en un seul tronc qui s'anastomose avec une seconde branche venant de la rate et de l'estomac. Une troisième branche, venant également de la rate, longe la partie postérieure de l'esto- mac et reçoit des ramuscules des ap- pendices pyloriques. Enfin ces diverses branches se réunissent en un seul tronc, à la face interne du foie, près du point où le conduit biliaire s'ouvre dans la vésicule du fiel ; ce tronc pé- nètre dans celte glande et s'y divise en rayonnant {d). Je ferai remarquer aussi que souvent le tronc principal de la veine porte se divise en plusieurs branches avant de pénétrer dans la substance du foie, disposition qui a été très bien repré- sentée chez la Lotte par M. Bons- dorff (e). Chez les Plagiostomes du genre Marteau (Zygœna, Cuv.), la partie postérieure du tronc principal de la veine porte, ou veine mésentérique. présente une disposition très singu- lière. Au lieu d'être logée comme d'or- dinaire à l'extérieur de l'intestin, elle se trouve dans la cavité de ce tube, insérée au bord du grand repli mem- braneux qui faitsaillie dans l'intérieur du gros intestin, et y constitue l'appen- dice nommé valvule spirale. Duver- noy,qui a fait connaître cette particula- rité, a trouvé aussi que les parois de cette portion de la veine porte sont très épaisses et d'apparence musculaire; aussi suppose-t-il qu'elle est pulsatile et remplit les fonctions d'un cœur vei- neux {f). Cette disposition n'a été observée (a) Alb. Wagner, De Spatulariarum anatome (Dissert, inaug., Berolini, 1848, (ig. 4). (b) Délie Chiaje, Dissertazioni sull' Anatomia umana comparata e pathologica, t. I, p. 94. pi. 46. (c) Ralhke, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. IX, p. 171). {d) Agassiz et Vogt, Op. cit., p. 133, pi. K, fig. 2. {e) Bonsdorff, Op. cit., (Mém. de la Soc. Finnoise, t. III, pi. S). (f) Duvernoy, Sur quelques particularités du système sanguin abdominal et du canal alimen- taire de plusieurs Poissons cartilagineux (Ann. des sciences nat., 1835, 2° série, t. III n 274 pl. 10, fig. 2). 36/l APPAREIL DE LA CIRCULATION qui, chez l'Homme et les autres Vertébrés supérieurs, est connu sous le nom de veine cave postérieure. Chez la plupart des Poissons, aucune autre veine ne vient déboucher dans ce tronc terminal du système hépatique ou veine cave postérieure ; mais chez quelques Ganoïdes, ce vais- seau acquiert plus d'importance et ressemble davantage à ce que nous trouverons chez les Vertébrés supérieurs. En effet, il prend naissance vers la partie postérieure de l'abdomen , où il s'anastomose avec les veines cardinales ou abdominales, et en s' avançant vers le cœur il reçoit les veines provenant de la vessie aérienne (1). chez aucun antre Plagiostome, si ce n'est dans une espèce indéterminée voisine des Milandres. Mais je dois ajouter que chez la Lamproie le tronc principal de la veine porte est égale- ment logé dans un repli intérieur de la tunique muqueuse de l'intes- tin (a). Enfin il y a aussi de grandes varia- tions dans le mode de groupement des veines hépatiques qui naissent des ramuscules de la veine porte, et qui sortent du foie pour se rendre vers le cœur. Ainsi, chez VEsoœ Bello?ïe, le Cy- dopterus Lumph, la Blennie, l'An- guille, les Salmones, le Silure, l'Estur- geon, etc., ces veines se réunissent toutes en un seul tronc qui va débou- cher au milieu du sinus commun. Chez la Tanche, le Goujon, la petite Brème, le Brochet, les Pleuronectes , etc., il y a deux de ces troncs. Enfin, chez la Perche, la grande Brème, le Chabot scorpion, etc. , on en trouve trois. Du reste, ces variations ont peu d'importance, car elles se ren- contrent parfois dans les différentes espèces d'un même genre naturel : par exemple, chez l'Épinoche (Gasterosteus spinachia), il y a deux troncs hépa- tiques, tandis que chez le Gasterosteus aculeatus et le G. pungitius , il n'y en a qu'un seul. Pour plus de détails sur l'origine et le mode de groupement des branches constitutives de la veine porte, je ren- verrai au Mémoire déjà cité de M. Ralhke, et à un travail plus récent sur le même sujet par M. Schmid (fc). (1) Cette disposition, dont nous de- vons la connaissance a M. J. Mill- ier (c), offre beaucoup d'analogie avec le mode d'organisation de cette por- (a) Magendie et Desmoulins , Note sur l'anatomie de la Lamproie (Journal de physiologie de Magêndie, 1822, t. II, p. 229). — Ralhke, Anatomische-physiologische Bemerkungen (Meckel's Deutsches Archiv fur die Physiologie, 1823, t. VIII, p. 51). (b) F. Gh. Schmid. Vêler die Leber und das Pfortadersystem der Fische (Dissert, inaug., Augsbourg, 1849). (c) J. Mùller, Fernere Bemerkungen ûber den Bau der Ganoiden (Bericht der Akad. der Wissensch. %u Berlin, 1846, p. 68). CHEZ LES POISSONS. i65 Chez le Thon, plusieurs des gros troncs de la veine porte présentent une disposition très remarquable : elles commu- niquent entre elles par des branches anastomotiques, et ces rameaux, ainsi que plusieurs des ramuscules terminaux, au lieu detre simples, comme d'ordinaire, se subdivisent en une multitude de capillaires rangés parallèlement comme les fils d'un écheveau, puis se réunissent de nouveau en un tronc com- mun avant de déboucher dans le vaisseau auquel ils se rendent pour pénétrer dans la substance du foie. Ces houppes vasculaires, ou réseaux admirables, pour me servir du terme généralement tion du système vasculaire chez le Lepidosiren paradoxa; mais chez ce dernier les veines pulmonaires, au lieu de déboucher dans la veine cave, se rendent directement au cœur. La portion postérieure du système des veines cardinales est représentée par deux veines caudales qui cô- toient l'aorte, et qui viennent s'ap- pliquer sur le bord externe des reins , où elles reçoivent les veines ovariennes et donnent naissance aux veines afférentes ou veines arté- rieuses des reins. Mais elles ne se terminent pas dans ces organes, et vont s'anastomoser de chaque côté avec une des veines costales qui vient des parois latérales de l'abdomen et débouche dans la veine cave corres- pondante. Les veines efférentes des reins naissent sur le bord opposé de ces glandes, et constituent les veines caves. Celle de gauche est très grêle et déverse tout de suite une portion deson contenu dans sa congénère , à l'aide de plusieurs branches anastomotiques transversales. La grosse veine cave, située à droite, se dirige directement en avant, se loge dans un sillon du bord dorsal du foie, où elle reçoit direc- tement les veines hépatiques, puis débouche dans l'oreillette (a). Une paire de veines caves antérieures, for- mées par la réunion des veines jugu- laires et claviculaires, se rendent aussi à l'oreillette, et sont mises en commu- nication avec les veines caves posté- rieures à l'aide d'une paire de bran- ches anastomotiques longitudinales qui correspondent aux veines cardi- nales ou abdominales des Poissons, et qui portent le nom de veines azijgos. Il est aussi à noter que chez cet Animal la veine porte, après avoir formé un tronc principal très court, se divise en deux branches artérieuses ou afférentes, l'une inférieure, l'autre su- périeure, qui reçoivent diverses bran- ches gastriques. Les veinesefférenlesde ce système, ou veines hépatiques pro- prement dites, ne se réunissent pas en un ou plusieurs troncs hors du foie, mais débouchent directement dans la portion de la grande veine cave qui adhère à la face supérieure de cet organe (6). (a) Hyrtl, Lepidosiren paradoxa Monogn (b) Idem, ibid., pi. 3, fig. 3. hie {Mém. de l'Acad. de Bohême, t. V, pi. 5) 366 APPAREIL DE LA CIRCULATION usité par les anatomîstes, rappellent, jusqu'à un certain point, les lacis capillaires que ces mêmes veines vont former dans l'intérieur du foie et que les veines afférentes des reins consti- tuent dans la profondeur de la substance de ces organes ; mais au lieu d'être en connexion avec le tissu d'une glande, ce chevelu vasculaire se trouve ici à nu (1). Chez quelques Squales, où la veine porte ne présente rien de particulier, une disposition analogue s'observe dans les veines hépatiques qui sortent du foie pour déboucher dans le sinus précardiaque (2). Enfin il est aussi à noter que dans l'estomac de la Loche des étangs , où nous avons vu un travail respiratoire s'accom- plir (3), les ramuscules veineux se prolongent en forme de houppes dont la structure rappelle beaucoup celle des ganglions vasculaires de la vessie natatoire de quelques Poissons (k). veines c \ 5 — Enfin les veines de Duvernov, ou veines hyoïdiennes, de Duvernoy. , ° •' - •> qui rapportent le sang fourni à l'appareil respiratoire par les (1) Ces mèches de vaisseaux capil- où il y a aussi des capillaires arté- laires se trouvent pour la plupart près riels, mais dont l'origine n'a pas été de la face postérieure du foie, et sont déterminée. M. Millier n'a trouvé rien mêlées à celles formées par les artères de semblable chez les autres Plagio- gastriques, hépatiques, etc. Mais il ne stomes dont il a fait l'anatomie (b). paraît y avoir aucune communication (3) Voyez tome II, page 383. anastomotique entre ces deux ordres (/i) M. Treviranus a trouvé que de vaisseaux (a). les veines gastriques du Cobitis fos- (2) M. Millier a trouvé ce mode silis constituent des houppes qui ont d'organisation chez le Lamna cornu- beaucoup d'analogie avec un rete mi- bica. Les mèches vasculaires formées rabiîe diffus ; disposition qui ne se par les divisions chevelues des veines voit pas chez la plupart des Poissons, hépatiques constituent à la partie an- lors même que la membrane mu- térieurede l'abdomen, de chaque côté quense intestinale est très vasculaire, de l'œsophage, une masse volumineuse comme chez les Trigles (c). (a) Eschricht et Miiller, Ueber die arteriôsen und venosen Wundemetze an der Leber und elnen merkivurdigen Bau dièses Organes beim Thunflsche (Mém. de l'Acad. de Derlinpour 1835, p. 6, pi. 2 et 3). {b) Eschricht et Millier, loc. cit., p. 21. (c) Treviranus, Beobachtungeu aus der Zoctomie and Physiologie, crslcs Ucfl, 183'J,p. 19. CHEZ LES POISSONS. 3G7 artères nourricières des branchies, débouchent aussi directe- ment dans le sinus veineux commun, près de son entrée dans l'oreillette (1). Si le Lepidosiren est bien réellement un Poisson, ainsi que le pensent presque tous les zoologistes du jour, il faut noter encore ici l'existence exceptionnelle de veines pulmonaires. En effet, le sang qui a été distribué aux poumons de ces singuliers animaux par les artères pulmonaires provenant des artères bran- chiales, revient directement au cœur par deux veines situées à la face supérieure de ces organes, et se réunit en un tronc unique pour aller déboucher dans l'oreillette, au point où ce réservoir se confond avec la terminaison des veines caves (2). (I) Les radicules veineuses prove- nant des artères nourricières des feuil- lets branchiaux naissent sur les deux faces de la lame cartilagineuse qui se trouve dans l'intérieur de ces appen- dices, et elles vont se réunir dans une veine marginale située au côté interne de chaque feuillet, parallèlement à la branche marginale de l'artère bran- chiale. Les veines disposées ainsi sur les deux faces de chaque feuillet dé- bouchent dans un tronc basilaire qui longe le milieu du bord inférieur de l'arc branchial, et qui va s'anastomo- ser avec ses congénères pour consti- tuer sur la portion basilaire de l'ap- pareil hyoïdien une paire de veines longitudinales situées au-dessus de l'artère branchiale commune. Enfin ces deux veines principales se réunis- sent postérieurement en un ironc commun qui traverse le péricarde pour aller déboucher dans le sinus précardiaque (a). La "portion radicu- laire de ce système veineux hyoïdien avait été d'abord considérée comme appartenant au système lymphati- que (6). Mais sa véritable nature a été constatée par M. Millier (c) ainsi que par MM. Agassiz et Vogt. On voit donc qu'il existe dans cha- que feuillet branchial, de deux côtés de la lame cartilagineuse médiane, un lacis vasculaire profond composé des vaisseaux nourriciers, et un lacis su- perficiel formé par les vaisseaux res- piratoires. Sur les arcs branchiaux la veine hyoïdienne se trouve à peu de distance de l'extrémité du connectif des feuillets ; vient ensuite l'artère branchiale propre; plus profondé- ment encore le vaisseau épibranchial (dit veine branchiale) . (2) L'orifice auriculaire du Lepido- siren n'est pas garni de valvules. Je ferai remarquer aussi que les (n) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, p. 128 et suiv. (6) Fohmann, Bas Saugadersystem der ^YirI^ellhiere, p. 34, pi. 9, ûg. 3. (c) Millier, Vergl. Anat. der Myxinoiden, 3° partie (Acad. de Berlin, 1830, p. 200). III. 24 3GS APPAREIL DE LA CIRCULATION Sinus des ■veines caves. Valvules des veines. § 'i 6. — Le sinus précardiaque, que l'on pourrait appeler aussi la veine cave commune, est donc le point de réunion de toutes les veines du corps. C'est un grand réservoir disposé transver- salement, relevé et atténué des deux côtés, et situé tantôt entre les lames aponévrotiques qui limitent en avant la cavité abdo- minale (1), tantôt dans l'intérieur du péricarde, derrière et au- dessus du cœur (2). Un genre de perfectionnement qui acquiert beaucoup d'impor- tance chez les Vertébrés supérieurs commence à s'introduire dans le système veineux des Poissons, et consiste dans la forma- tion de certains replis de leur membrane interne, disposés en ma- nière de valvules et servant à empêcher le reflux du sang. On en trouve à l'entrée des principales veinesdansle sinuscommun(â). § 17. — - On voit, par tout ce qui précède, que le système veineux des Poissons ordinaires est constitué de façon à former avec les artères un ensemble de tubes clos, et que l'appareil circulatoire de ces Vertébrés n'emprunte jamais, pour se com- veines pulmonaires de cet Animal re- çoivent à leur extrémité postérieure quelques branches anastomotiques ve- nant des parois de l'abdomen (a). Le tronc commun des veines pulmonaires s'accole à la veine cave postérieure, mais n'y débouche pas (6). (1) Chez les Poissons osseux , ce grand sinus veineux est très bien re- présenté dans la figure de l'anatomie de la Perche donnée par Cuvier (c), et se voit également dans les planches relatives à l'anatomie du Saumon dans l'ouvrage de Monro (d). Chez le Thon, ses parois sont garnies d'un ré- seau lâche de fibres musculaires (e). (2) Chez les Plagiostomes. (3) Monro a très bien représenté ces valvules chez la Raie (f) et chez le Saumon (g)» J'ajouterai que chez les Plagiostomes il y a des canaux lymphatiques qui entourent certaines veines , ainsi que nous le verrons aussi chez les Ba- traciens (h). (a) Hyrll, Lepidosiren paradoxa (Mëm. de Bohême, 1845, t. III, pi. 3, fig. 2); (b) Owen, On the Lepidosiren unnectens (loc. cit., pi. 26, fig. 2). (c) Cuvier, Histoire des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 1. - — Voyez aussi Laurillard, Atlas du Règne animal, Poissons, pi. 2, fig1. 1. (d) Monro, Struct. and Physiol. of Fislies, pi. 20, fig. 1 et 2 ; pi. 28 61 20. (e) Leydig, Anat. histol. Untersuch. iiber Fische und Reptilien, p, 25. (f) Monro, Struct. ofFishes, pi. 2. (g) Op. cit., pi. 26, fig. 2. (U) Leydig, Beilr.zurmikrosc. Anat. undEntwich. der Rochen und Raie, p, 69, et Anat. Unlers: iiber Fische und Reptilien, p. 25. CHEZ LES POISSONS. 369 pléter, la grande cavité viscérale qui, chez la plupart des Inver- Dégradation tébrés, remplit les fonctions d'un réservoir sanguin. Mais, chez veiileufclel ia quelques Poissons cartilagineux, on aperçoit des indices d'une amproie- dégradation organique qui parait constituer un degré inter- médiaire entre ces deux formes d'appareil irrigatoire. En effet, chez les Lamproies, une portion considérable du système vei- neux semble être formée par une série de lacunes plutôt que par des vaisseaux proprement dits, et plusieurs des canaux par- courus par le sang veineux n'ont guère pour parois que les organes circonvoisins tapissés d'un peu de tissu conjonctif plus ou moins condensé en forme de membrane (1). Il existe chez ces Poissons une veine caudale disposée comme d'ordinaire et se bifurquant à son entrée dans l'abdomen, où elle forme deux veines cardinales qui longent de chaque côté l'artère aorte abdominale ; mais au-dessous de ces vaisseaux il règne dans presque toute la longueur du tronc un énorme sinus médian qui occupe le milieu des reins et qui reçoit tout le sang venant de ces organes, ainsi que des ovaires ou des testicules situés au-dessous. Les veines de ces viscères sont aussi des sinus ou des canaux sans parois bien distinctes, plutôt que des tubes vasculaires ordinaires, et le grand réservoir rénal com- munique avec les veines cardinales par un grand nombre de pertuis (2). Enfin , celles-ci débouchent dans le sinus pré- cardiaque où viennent aussi se terminer une série de sinus céphaliques qui tiennent lieu de veines jugulaires , et qui paraissent être des lacunes interorganiques seulement (3). (1) Cet état de dégradation du sys- trabécules sont de texture fibreuse, tème veineux chez les Lamproies a (3) Lorsqu'on injecte le système vei- été brièvement indiqué par M. Du- neux de ces Animaux par la partie pos- méril, en 1812 (a). térieure du corps, on voit se remplir (2) Ainsi que l'a fait remarquer d'abord les vaisseaux et les sinus de M. Relzius, ce grand réservoir con- la région abdominale , puis, dans la siste en un tissu spongieux dont les région céphalique , une cavité mé- (a) Duméril , Dissertation sur la famille des Poissons Cycloslomes, suivie d'un Mémoire sur l'anatomie des Lamproies, p. 52. 370 APPAREIL DE LA CIRCULATION Chez les Myxinoïdes, ces anomalies ne s'observent pas, et le système veineux est constitué à peu près de la même manière que chez les Poissons ordinaires (1). «liane qui est traversée par l'artère branchiale et qui communique de chaque côté avec des sinus, dans l'in- térieur de chacun desquels se trouve suspendue une des poches branchiales. Enfin on . reconnaît que toutes ces veines communiquent aussi très libre- ment avec une grande lacune labiale qui occupe la partie antérieure et inférieure de la tête. Sur des Lam- proies très fraîches, j'ai trouvé toutes ces lacunes occupées par du sang , et, en y poussant un injection colorée, j'ai vu les veines abdominales se rem- plir. (1) Quelques particularités assez im- portantes dans la marche et le mode de groupement des veines se remar- quent cependant chez ces Cyclostomes. Ainsi les deux veines jugulaires com- munes ne sont pas disposées symétri- quement. Celle du côté gauche se porte en ligne droite de la partie antérieure et latérale de la tête vers l'abdomen, en passant au-dessus des sacs branchiaux, et va s'anastomoser comme d'ordi- naire avec l'extrémité antérieure de la veine cardinale du même côté (a). Mais le tronc jugulaire du côté droit, arrivé vers le milieu de l'appareil bran- chial, descend sur la ligne médiane sternale, longe l'artère branchiale com- mune, et se porte à gauche, où il dé- bouche dans la veine cave commune, près de l'entrée de celle-ci dans l'oreil- lette (6). La veine caudale, en entrant dans la cavité abdominale, devient comme d'ordinaire la veine cardinale gau- che, qui se placé à côté de l'aorte et reçoit les veines intercostales du même côté , etc. Une veine cardinale droite , plus petite , prend naissance sur le rein du côté droit , s'anasto- mose avec sa congénère par une multitude de petits vaisseaux trans- versaux, et va enfin se confondre avec ce tronc à la partie antérieure de l'abdomen. La veine cardinale gauche, après avoir reçu le sang apporté ainsi par la veine cardinale droite et par quelques veines gastriques, constitue une veine cave antérieure qui se courbe à gauche du cardia, se joint à la jugulaire correspondante, et débouche dans l'oreillette après avoir reçu aussi la veine hépatique et la ju- gulaire droite réunies (c). Il est aussi à noter que les veines costales s'anastomosent entre elles par une double série de branches longi- tudinales,de façon à former de chaque côté des mailles quadrilatères qui en- tourent les glandes sous-cutanées (d). La veine porte est formée princi- palement parla veine mésentérique, qui longe l'intestin et qui reçoit des branches des veines des organes gé- (a) Voyez Millier, Vergl. Anal, der Uijxinoidcn, l" partie, pi. 7, fig. 1, (b) Reizius, Mëm. sur l'anatomie delà Myxine (Ann. des sciences nat., 1828| l. XIV, pi. 9, lig. 2, n» 9). - ' ■ (c) Voyez Retzius, loc. cit., lig. \ 5. [il) Idem, ibid., iigi 3, n° lïi. CHEZ LES POISSONS. 371 § 18. — Pour terminer cette esquisse de l'histoire anatomique commune- \ • tions d6^ vçinos de l'appareil circulatoire des Poissons, il me reste encore a si- avec des gnaler une disposition très remarquable du système veineux. îympSques. Divers canaux qui ne contiennent pas de sang viennent débou- cher dans les veines caudales et dans les veines de la tête, mais leurs orifices terminaux sont garnis de valvules qui s'opposent à l'entrée du sang dans l'intérieur de ces vaisseaux, tout en lais- sant passer les liquides de l'intérieur de ceux-ci dans le système circulatoire. Lorsque nous étudierons l'appareil lymphatique, nous reviendrons sur l'examen de ces tubes que les naturalistes désignent, mais probablement à tort, sous le nom de canaux mucipares '(!),. et je me bornerai à ajouter ici que l'organe nitaux et une partie des veines de rieure de ce réservoir et se distribuent l'estomac, ainsi qu'une branche ve- dans le foie. La veine hépatique, ou liant des parois latérales du corps. veine efférente de cet organe, traverse Parvenu près du foie, ce tronc se di- la capsule cartilagineuse qui loge le late et forme une grande poche ou péricarde, et débouche dans la veine sinus (a), que quelques anatomistesont cave commune, au confluent des veines considéré comme une espèce de cœur jugulaires, par conséquent sous la accessoire , car on y voit des puisa- portion de ce vaisseau qui correspond tions (6) ; mais, comme M. Miiller le au sinus précardiaque des Poissons fait remarquer, ce réservoir n'est pas ordinaires. pourvu de valvules intérieurement, et Pour plus de détails sur ce sujet, on les faisceaux de fibres dont ses parois peut consulter lesdescriptionsdonnées sont garnis paraissent être composés par M. Retzius et M. Mûller (c). principalement d'un tissu jaune, élas- (1) Voyez à ce sujet les travaux de tique, et non de tissu musculaire. Les M. Hyrtl, de MM. Agassiz et Vogt, et veines afférentes, ou veines artérielles de M. Robin, etc. (d). du foie, naissent de l'extrémité anté- (a) Voyez Retzius, loc. cit., pi. 9, fig. 1. (b) Miiller, Bemerkungen ûber eigenthûmlkhe Herzen des Arterien-und Venensystems (Archiv fur Anat. und Physiol., 1842, p. 477). (c) Retzius, Bidrag till àder-och Nerfsystemets Anaiom.it hos Myxine glutinosa (Vetenskops- Academiens Handlingar for 1822, p. 233, pi. 3) , trad. en français dans les Ann. des sciences nat., 1828, t. XIV, p. 148. — Miiller, Vergl. Anat. der Myxinoiden, 3° partie (Mêm. de l'Acad. de Berlin pour 1839, p. 186 et suiv.). (d) Hyrtl, 'Ueber die Caudal-und Kopf-Sinuse der Fische (Miiller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1843, p. 224). — Sur les sinus caudal et céphalique des Poissons, et sur le système des vaisseaux latéraux avec lesquels ils sont en connexion (Ann. des sciences nat., 1843, 2* série, t. XX, p.. 214). — Robin, Note sur un appareil particulier des vaisseaux lymphatiques chez- les Poissons (Journal de V Institut, 1845, t. XIII, p. 144 et .452). 372 APPAREIL DE LA CIRCULATION CHEZ LES POISSONS. pulsatile découvert dans la queue de l'Anguille par Marshall- Hall, et décrit par ce physiologiste comme étant un cœur acces- soire (1), appartient à ce système , et non à l'appareil circu- latoire. (1) Marshall-Hall, A Critical and Expérimental Essay on the Circula- tion ofthe Blood, 1831,p.l70,pl. 10. M. J. Davy a remarqué dans les ap- pendices accessoires mâles des Raies et des Torpilles une cavité pulsatile qui renfermait du sang, et que cet au- teur considère comme un cœur acces- soire ; mais il n'a pas fait connaître les relations de ce réservoir avec le sys- tème vasculaire (a). D'après les nou- velles observations de M. Hyrtl, il pa- raît que cet organe appartient au sys- tème lymphatique (6). (a) i. Davy, On the Maie Organs of some of the Cartilaginous Fishes {Philos. Trans. , 1839, p. 445). (6) Hyrtl, Sur le système vascul. des Raies (l'Institut, 1857. t. XXV, p. 325). VINGT -SEPTIEME LEÇON. De l'appareil circulatoire dans la classe des Batraciens, § 1. — L'étude de l'appareil circulatoire des Batraciens ^gj™ offre beaucoup d'intérêt, parce que ce système, adapté successi- vement au service d'une respiration branchiale et d'une respi- ration pulmonaire chez le même individu , présente à certains égards , d'abord les caractères de l'appareil circulatoire des Poissons, puis ceux de ce même appareil chez les Vertébrés supérieurs. Son étude nous permet donc de bien saisir les res- semblances fondamentales qui peuvent exister dans le système vasculaire de tous ces Animaux , malgré les différences qui se rencontrent chez ceux dont le mode de respiration varie, et de bien apprécier les modifications que cette différence physio- logique entraîne dans la structure de cette portion de l'orga- nisme. Les Batraciens offrent des exemples de quatre formes prin- cipales de l'appareil circulatoire, suivant que ces animaux res- pirent à l'aide de branchies externes seulement; qu'ils possèdent des branchies internes sans avoir en même temps des poumons; qu'ils ont à la fois des branchies et des poumons ; ou bien qu'ils ne respirent qu'à l'aide de ces derniers organes. S 2. — Le cœur de ces Animaux (-\) se compose d'une structure • J L dit cœur. série de trois cavités contractiles qui correspondent par leur (1) Le cœur des Batraciens est situé la région jugulaire, au-devant du à peu de distance de la tète, presque foie ; chez les Anoures, il est placé immédiatement derrière l'appareil plus en arrière. En général, il est sus- hyoïdien. Chez les Pérennibranclies pendu librement dans le péricarde, et chez les têtards des Batraciens mais chez la Grenouille il y est fixé Abranches , il se trouve au milieu de postérieurement par un frein aponé- 374 APPAREIL DE LA CIRCULATION position et leurs usages à l'oreillette, au ventricule et au bulbe aortique du cœur des Poissons. Chez les Batraciens qui ne respirent que par des branchies, ainsi que cela a lieu chez les Têtards pendant le jeune âge, la première de ces pompes car- diaques est simple comme dans la classe précédente. Mais ce mode d'organisation n'est que transitoire, et chez le Batracien adulte, soit que celui-ci respire tout à la fois par des branchies et des poumons, ou qu'il ne possède plus que des poumons , l'oreillette est divisée en deux loges par une cloison verticale, ou plutôt il existe deux oreillettes, dont la disposition rappelle ce que nous avons déjà vu chez le Lepidosiren (1). Effective- ment l'une de ces loges, celle du côté droit, communique avec le système veineux général du corps , tandis que celle du côté gauche reçoit le sang artériel qui revient des poumons par les veines pulmonaires (2). Du reste, ces deux loges débouchent dans le ventricule par un orifice commun ou très près l'un vrotique, et chez les Salamandres un propres à distinguer les premiers des ligament analogue s'étend tout le long Ophidiens, des Sauriens et des Chélo- de son bord droit (a), niens. Meckel pensait aussi que les (1) Voyez ci-dessus, page 318. Batraciens ont généralement un cœur (2) Depuis Harvey (b) jusque dans à oreillette uniloculaire , mais il dé- ces dernières années, les anatomistes couvrit que chez le Pipa la cavité de pensaient que les Batraciens avaient cet organe est divisée en deux loges tous un cœur à une seule oreillette, par un voile membraneux (e). M. J. et dans la méthode de classification Davy a trouvé, de son côté, que le des lleptiles par Alex. Brongniart (c), cœur présente la même structure chez que Cuvier a toujours suivie (d), cette la Grenouille et chez le Crapaud (/"). particularité de structure est employée Plus récemment ces résultats ont été comme un des principaux caractères étendus aux Salamandres par M. Mar- (a) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 287. (b) Harvey, Exercit. anat. de motu cordis, cap. xvn. (c) Brongniart, Essai d'une classification naturelle des Reptiles, 1805. (d) Cuvier, Règne animal, t. II, p. 101 (28 cuit., 1829). — La même opinion était soutenue en 1829 par Aliéna, Commentatio ad quœstionem. Systematice enumerentur species indigence Replilhtm ex ordine Batrachiorum, addita anius sallem speciei anatome, etc., p. 54. Lcyde, 1829. (e) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 287. if) J. Davy, Observ. on the Structure of the Heart of Animais of the Genus P.ana (Jamcson's New Philos. Journal, 1828, t. V, p. ICO, et Research-, Physiol. and Anat.,\o). I, p. 135 et CHEZ LES BATRACIENS. 375 de l'autre, et leur séparation ne semble pas pouvoir influer notablement sur le cours du sang (1). Le ventricule , dont les parois sont très charnues et d'une tin Saint- Ange (a), à la Sirène, à l'Am- phiume et auProtéepar M. Owen(fi), Dans la plupart des traités d'anato- mie comparée, on cite le Menobran- chus et Y Axolotl comme faisant ex- ception à cette règle et comme n'ayant qu'une seule oreillette (c). Cependant chez ces deux Batraciens la portion auriculaire du cœur est divisée plus ou moins complètement en deux loges. Ainsi, M. Calori a trouvé que, chez l'Axolotl, l'oreillette, en apparence unique, est divisée intérieurement en deux cavités ou loges dont l'une , grande et située en avant, reçoit les veines caves, et une postérieure, plus petite, reçoit les veines pulmonaires (rf). M. Mayer a trouvé aussi dans l'inté- rieur de la cavité auriculaire du cœur du Menobranchus une saillie charnue qui la divise incomplètement en deux loges (e). M. Hyrtl a trouvé que chez le Proteus anguinus (ou Hypochthon Laurentii), la cloison qui sépare les deux oreillettes s'étend jusqu'à l'ori- fice ventriculaire , mais est incom- plète (/•). M. Stannius pense qu'il en est de même chez la Cécilie [g). (1) En général, la séparation des oreillettes est peu ou point distincte extérieurement, et ces organes sont situés plus ou moins à gauche au- dessus du ventricule. Chez le Siren lacertina, la forme des oreillettes est rendue très bizarre par l'existence d'un nombre considé- rable de prolongements ou digitations frangées qui en garnissent les parties latérales, et qui se replient en dessous de façon à embrasser le ventricule en dehors [h). A l'intérieur, ces loges sont garnies d'une sorte de treillis formé de faisceaux charnus ; l'oreil- lette artérieuse est petite et commu- nique avec le ventricule par un orifice ovalaire situé à côté de l'ouverture au- riculo-ventriculaire droite, mais dis- tincte de celle-ci. Les veines pulmo- naires y débouchent. L'oreillette droite ou veineuse est très grande et com- munique avec le sinus commun- des veines caves (i). Chez YAmphiuma, les oreillettes sont moins développées, moins fran- ffl) Martin Saint-Ange, Circulation du sang considérée chez le fœtus de l'Homme, et compara- tivement dans les quatre classes des Vertébrés. 1 feuille sans date. (b) Owen, On the Structure of the Heart in the Perennibranchiate Balrachia (Trans. of the Zool.Soc, 1835, vol. I, p. 213). (c) Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, 2" édit., t. VI, p. 335. (d) Calori, SulU anatomia dell' Axolotl comrnentario , p. 45, pi. 3, fig. 12 (extrait des Mém. de l'Institut de Bologne). (e) Mayer, Analecten fur Yergleichende Anatomie, 1835, p. 73. (f) Hyrti, Berichtigungen iiber den Bau des Gefâss-Syslems von Hypochlhon Laurentii (Medici- nische Jahrbïœher des Oesterreichischen Staates, 1844, t. XLV1I1, p'. 258). (g) Stannius et Sicbold, Nouveau Manuel d' anatomie comparée, t. I, p. 235. (h) Owen, l'oc. cit., pi. 31, fig. 1. ■ — Rusconi, Amours des Salamandres aquatiques, pi. 5, fig. 7. fi) Owen, loc. cit., fig. 2. 376 APPAREIL DE LA CIRCULATION structure caverneuse intérieurement (1), est arrondi et ne pré- sente rien de remarquable, si ce n'est que sa portion postérieure est quelquefois divisée en deux loges par une cloison charnue (2). Son orifice auriculaire est garni de valvules plus ou moins bien constituées (3), et antérieurement il débouche dans le bulbe. Enfin on aperçoit dans son tissu beaucoup de filaments nerveux, mais les centres ganglionnaires n'y sont pas très nombreux (4). gées latéralement et placées plus à gauche (a). Chez le Menobranchus , les oreil- lettes sont très lisses à l'extérieur, et la cloison qui les sépare est placée transversalement (b). Chez le Protée, la portion auriculaire du cœur est très large et arrondie latéralement (c). Chez les Grenouilles , et surtout chez les Crapauds , elle est peu déve- loppée et embrasse latéralement et en arrière le tronc aortique, ainsi. que la base du ventricule (d) ; tandis que chez les Salamandres (e) , de même que chez le Ménopome, elle est située tout à fait à gauche du ventricule (/"), ainsi que chez l' Axolotl [g). (1) M. Briicke a trouvé que chez les Batraciens Anoures, les faisceaux musculaires dont la tunique charnue du ventricule est formée circonscri- vent une multitude de petites cavités irrégulières qui communiquent les unes avec les autres, et qui débouchent dans un espace libre situé près de l'ori- fice auriculo-ventriculaire (h), (2) Chez le Siren lacertina, où celte disposition existe, la cloison ventricu- laire s'étend dans la moitié postérieure du cœur, et se termine en avant par un bord concave dirigé vers l'orifice aortique. La surface interne du ven- tricule est réticulée par des colonnes charnues. Enfin le bord inférieur de la cloison interauriculaire est attaché aux parois du ventricule par une bride charnue, et présente de chaque côté un petit prolongement membra- neux en forme de valvule (i). (3) Ces valvules, comme je viens de le dire, sont très peu développées chez la Sirène. (/i) Les nerfs du cœur de la Gre- nouille proviennent des pneumogas- triques, et présentent sur leur trajet plusieurs centres ganglionnaires com- posés d'utricules médullaires. Quel- fa) Cuvier, Mém. sur un genre de Reptiles nommé Ampliiuma [Mêm. du Muséum, 1827, t. XIV, pi. 2, fig. 1 et 2). (b) Mayer, Analecten fur vergl. Anat., p. 73, pi. 7, fig. 4. (c) Délie Chiaje, Ricerche anatomico-biologiehe sul Proteo serpentino, pi. 2, fig,. 1. (d) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 285. (e)Funk, De Salamandres terrestris vita tractatus, pi. 1, fig. 1. (f) Voyez Mayer, Analecten fur vergl. Anat., pi. 7, fig-. 3. (g) Calori, Op. cit., pi. 3, fig. 13. (h) Briicke, Beitrage %ur vergleichenden Anatomie und Physiologie der Gefàss-Systems (Mém. de l'Académie des sciences de Vienne, 1852, t. III, p. 355, pi. 22, fig. 12 et 13). (i) Owen, On the Struct. of the Heart in the Perennibr. Ratrachia {Trans. of the Zool. Soc, t. I,p. 210, pi. 31, fig. 3). CHEZ LES BATRACIENS. 377 Dans les premiers temps de la formation du cœur chez l'em- bryon de tous les Vertébrés , on remarque entre le ventricule et le bulbe un étranglement plus ou moins allongé que l'on désigne d'ordinaire sous le nom de détroit de Haller, en l'hon- neur du physiologiste célèbre de Berne, qui, vers le milieu du siècle dernier, fut un des premiers à bien observer le dévelop- pement de cet organe. Chez les Poissons, de même que chez les Vertébrés supérieurs, ce détroit ne tarde pas à disparaître et devient seulement l'orifice artériel du ventricule ; mais chez les Batraciens, au contraire, il persiste, et il acquiert souvent une longueur considérable (1). Chez la Sirène, où il est un peu contourne en spirale, il est garni de valvules à ses deux extré- mités (2). ques-uns de ces ganglions sont logés valvules plus petites sont placées à clans la cloison interauriculaire ; d'au- l'extrémité antérieure du détroit, là où très se trouvent dans le ventricule, à commence le bulbe (d). la base des valvules auriculo-ventri- M. Hyrll a signalé aussi l'existence culaires (a), de deux séries de ces valvules chez le (1) Chez les têtards du Triton, ce Protée (e). détroit est très allongé , en forme Chez le Menopoma, cette structure de tube dont l'extrémité antérieure est encore plus développée, chacpie est renflée pour constituer le bulbe rangée de valvules se composant de aorlique (6) ; chez le Monobran- quatre languettes membraneuses (/). chus, il est plus court et presque II est aussi à noter que le détroit droit (c) . de Haller est quelquefois un peu renflé (2) M. Owen a trouvé à la base de vers le milieu, et constitue alors le ce détroit deux valvules, dont une bulbe accessoire, ou bulbe postérieur grande et l'autre rudimentaire. Deux dont l'existence a été signalée par (a) Ludwig, Ueber die Heranerven des Frosches (Miïllcr's Archiv fur Anat. und Physioï., 1848, p. 139, pi. 5). — Bidder, Ueber functionell verschiedene und rdumlich getrennte Nervencentra im Frosch' herxen (Miiller's Archiv, 1852, p. 168, pi. 5). — ■ Valentin, Grundriss der Physiologie, p. 551, fig. 376. (b) Rusconi, Amours des Salamandres aquatiques, pi. 5, fig. 4. (c) Mayer, Analecten fur vergleichende Anatomie, pi. 7, fig. 4. (d) Owen, Op. cit. (Trans. of the Zool. Soc, 1. 1, p. 216). (e) Hyrtl, Berichtig. uber den Bau des Gefdss-Systems von Hypochthon (Medicln.Jahrb.,t. XLVIIÏ, p. 259). (/■) Hunter, Gen. Observ. on Pneumobranchiata (Descript. and Illustrated Catalogue of the Physiological Séries of Comp. Anat. contained in the Muséum of the Collège of Surgeons in London, t. II, pi. 23, fîg-. 2). 378 APPAREIL DE LA CIRCULATION Système aortique. Vaisseaux branchiaux des Têtards. Le bulbe aortique, qui fait suite au détroit de Haller, est en général très développé, et présente, chez quelques espèces, une disposition curieuse dont nous apprécierons plus tard l'impor- tance. En effet, chez la Grenouille et le Crapaud, sa cavité est incomplètement divisée en deux canaux parallèles par des replis membraneux longitudinaux dont les bords se rencontrent, mais restent distincts (1). § S. — C'est principalement dans la disposition delà portion antérieure du système aortique que résident, les grandes diffé- rences dont j'ai annoncé l'existence chez les Batraciens, où l'appareil respiratoire est constitué suivant les quatre types rap- pelés ci-dessus, et, pour bien saisir l'ensemble de ces modifi- cations, il est nécessaire, de suivre le développement de ces vais- seaux dans l'embryon. Chez tous les Batraciens, le tronc aortique qui fait suite au bulbe artériel du cœur se divise presque aussitôt en une double série d'arcs ou de crosses , et chez l'embryon ces arcs vascu- laires, après avoir embrassé le tube digestif, vont se réunir au- dessus de celui-ci pour constituer l'aorte dorsale. Par congé- quelques anatomistes chez certains Batraciens, tels que le Protée (a). (1) Les deux replis longitudinaux qui divisent incomplètement le canal du bulbe chez les Batraciens Anoures mentionnés ci-dessus ont été signalés par M. Hyrtl, comme étant tout à fait semblables à ceux que cet anatomiste a trouvés chez le Lepidosiren para- cloxa (6). Quelque cbose d'analogue , mais moins bien développé, se remarque chez le Siren lacertina. Un bourrelet saillant se détache de la paroi supé- rieure du bulbe, se prolonge dans toute sa longueur, -et offre en dessous des sillons qui correspondent aux artères formées par la division de l'extrémité antérieure de cette portion aortique du cœur (c). Une disposition semblable a été trouvée chez l'Axolotl par M. Ga- lon [d\. (a) Del!e Cliiaje, Ricerche anatomico-biologiche sul Proteo serpenlino, pi. 2, fig. 1. — Hyrtl, Op. cit. (Med. Jalirb. des Oesterreich. Staates, 1844, t. XLV1I1). ■ — Stannius et Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, I. II, p. 230. (/.■) Owen, loc. cit., p. 21 G, pi. 31 , fig. 3 g. (c) Hyrtl, Lepidosiren paradoxa Monographie (Mém. de Bohême, t. III, p. 041). (d) Calori, Op. cit., p. 45. CHLZ LES BATRACIENS* 379 quent, la disposition de ces crosses aortiques est d'abord la même que chez l'embryon des Poissons, sauf le nombre, car chez les Batraciens il n'en existe que quatre paires. Mais cet état n'est que transitoire, et bientôt chacune des crosses des trois premières paires donne naissance latéralement à une petite anse vasculaire qui se développe dans la branchie externe cor- respondante. Ces anses secondaires, d'abord simples, se ramifient et se multiplient à la file, de façon à constituer dans chaque branchie externe deux vaisseaux , marchant parallèlement et communiquant entre eux par des réseaux capillaires (1). A mesure que la branchie externe grandit, ces deux vaisseaux, dont l'un est afférent ou centrifuge, l'autre efférent et centri- pète, grossissent; la quantité de sang qui y pénètre devient de plus en plus considérable, et lorsque leur développement est achevé, l'un d'eux constitue le prolongement de la portion in- férieure ou cardiaque de l'arc aortique dont il dépend, tandis que l'autre devient le commencement de la portion dorsale du même arc ; car, en général , la partie intermédiaire de la crosse primitive comprise entre les points d'origine de ces deux troncs bran- chiaux s'atrophie et disparaît. Ainsi, par suite de ces change- ments organogéniques, l'arc aortique, qui primitivement était simple et continu, se trouve divisé en deux parties : une artère branchiale, qui part du bulbe pour se ramifier dans la branchie externe correspondante, et un vaisseau efférent, ou artère épi- branchiale, qui ressemble à une veine par son mode d'origine dans le réseau capillaire branchial, et qui va contribuer à la formation de l'aorte dorsale (2). (i) Il paraît que chez le Protée, où seulement et ne se résolvent pas en un lès globules du sang sont remarqua- réseau de véritables capillaires {a). blement grands , les vaisseaux des (2) Chez la Grenouille, cette trans- iilaments branchiaux sont ondulés formation des arcs aortiques en deux {a) Hyrll, Op. cit. (Mcdicin. Jahrb., 1844, t. XL VIII, [h 200). 380 APPAREIL DE LA CIRCULATION Le mode d'organisation de la portion centrale du système artériel ressemble alors à ce qui existe chez les Poissons, avec cette différence cependant que les arcs aortiques de la quatrième paire, toujours très grêles et confondus à leur base avec ceux de la paire précédente, débouchent dans l'aorte dorsale sans s'être ramifiés dans l'appareil respiratoire , et que les artères branchiales formées parles trois premières paires de crosses se terminent dans un réseau capillaire situé à l'extérieur du corps, au lieu de se ramifier pendant leur trajet le long des arcs branchiaux de l'hyoïde. Ce mode de circulation est très nettement caractérisé chez les larves des Tritons (1), et se voit aussi chez les Têtards de la Grenouille pendant les premiers moments de la vie. Mais chez ces derniers, une modification importante ne tarde pas à s'y manifester. Des ramifications naissent tout le long de la portion hyoïdienne des artères branchiales , et, après avoir formé un réseau capillaire dans les franges membraneuses dont les arcs branchiaux se garnissent, se réunissent de nouveau pour con- stituer des vaisseaux efférents qui débouchent dans les racines vaisseaux réunis par un système ea- J'ajouterai à ce qui a été dit ci- pillaire respiratoire n'est pas conv dessus, qu'à une certaine époque des plète , et chaque artère branchiale métamorphoses, le tronc de chacune propre communique aussi avec l'ar- des artères branchiales , avant son tère épibranchiale par un canal ana- entrée dans la branchie , commu- stomotique très large, disposition sur nique avec le vaisseau efférent cor- laquelle je reviendrai bientôt (a). respondant par deux ou plusieurs (1) La disposition générale de ces petits canaux anastomotiques irans- vaisseaux chez la larve du Triton a versaux, qui plus tard se réduisent à été très bien étudiée et représentée un seul, par M. Rusconi (b). (o) Lambotle, Ob'serv. anal, et ph'gsiol. sur. les appareils sanguins et respiratoires des Batra- ciens Anoures (Méni. couronnés de l'Acad. de Bruxelles, 183S, t. XIII, fig. 21). (&) Mauro Rusconi, Descrizione anatomica degli organi délia circolazione délie larve délie Salamandre acqualiche. Pavia, 1817, pi. 1, fig. 6. — Amours des Salamandres aquatiques et développement du têtard de ces Salamandres, 1821, pi. 5, fig. 1 à i. — Voyez aussi Martin Saint-Ange, Circulation du sang, fig. 25. ■ — Carus et V. Otto, Tabuke Anatomiam comparativam illustrantes, pars vi, pi. 5, fig. 1. branches. CHEZ LES BATRACIENS. 381 aortiques correspondantes. La portion terminale du système vas- culaire respiratoire s'atrophie en même temps que ces rameaux nouveaux se développent, et bientôt les branchies externes cessent d'exister, mais les branchies internes qui viennent de se constituer remplissent les mêmes fonctions : et chez ces Tê- tards, de même que chez les larves des Tritons, un réseau vas- culaire branchial se trouve placé sur le trajet du sang qui se rend du cœur à l'aorte dorsale; seulement ce réseau , au lieu d'appartenir à des appendices cutanés externes, comme chez ces derniers, naît sur les arcs de l'appareil hyoïdien et constitue les branchies internes. En ce qui concerne les arcs aortiques des trois paires anté- Artères Heures, le premier de ces deux modes d'organisation persiste dMPàwml- pendant toute la vie, chez les Batraciens Pérennibranches, c'est-à- dire chez les Protées, les Sirènes, les Axolotls, les Ménobran- ches, etc. Mais les crosses aortiques postérieures ne restent pas simples comme chez la larve du Triton, et, en se développant, changent complètement le caractère de l'appareil respiratoire. En effet, des phénomènes organogéniques, analogues, à ceux que nous avons vus se produire sur le trajet des arcs vasculaires des trois premières paires dans le point où les branchies ex- ternes prennent naissance, se manifestent dans un point du trajet de chacun de ces vaisseaux. Deux organes nouveaux, les poumons, se développent dans le voisinage de ces arcs aortiques postérieurs, et à mesure qu'ils se forment, des branches venant de ceux-ci se ramifient dans les parois de ces sacs membra- neux, où elles s'anastomosent avec d'autres vaisseaux dépen- dants de la portion centripète du système circulatoire enfin ; la partie dorsale de ces arcs aortiques postérieurs s'atrophie à mesure que les branches pulmonaires se développent : de sorte que ces crosses, au lieu de devenir des artères bran- chiales comme celles des paires précédentes, deviennent des artères pulmonaires. 3§2 APPAREIL DE LA CIRCULATION C'est ainsi que se trouve réalisée la troisième l'orme de l'appareil circulatoire des Batraciens : celle qui est propre aux Pérennibranches. Chez ces Animaux, en effet, le bulbe aortique donne nais- sance à trois paires d'artères branchiales qui, après avoir suivi le bord inférieur des arcs hyoïdiens correspondants, vont se ramifier dans les branchies extérieures, et à une paire d'artères pulmonaires qui se recourbent en arrière pour aller distribuer une portion du sang veineux aux poumons (1). (1) Ainsi chez V Axolotl , où la dis- position de ces vaisseaux a été briève- ment indiquée par Cuvier (a) et étudiée avec beaucoup de soin par M. Calori , le tronc aortique commun, ou bulbe, fournit quatre paires d'arcs vasculaires dont les troncs antérieurs naissent isolément et les deux derniers sont confondus à leur base de chaque côté. Les trois premiers arcs constituent les artères branchiales, qui se portent en avant eten dehors, longent le bord in- férieur des arcs hyoïdiens correspon- dants, et sur les côtés du cou se déta- chent du corps pour pénétrer dans les branchies, dont elles occupent le bord antéro-inférieur (6). Là elles donnent naissance à une double série de ramuscules qui pénètrent dans les franges branchiales, s'y ramifient, et constituent vers le bout de ces ap- pendices filiformes un réseau capil- laire d'où naissent les racines du vaisseau branchial efférent correspon- dant (c). Celui-ci va déboucher dans un tronc récurrent ou artère épibran- chiale qui longe le bord postéro-supé- rieur de la branchie, pénètre dans le cou, et va sur la paroi supérieure de la cavité viscérale s'anastomoser avec ses congénères du même côté pour con- stituer les racines de l'aorte, etc. Les arcs aortiques de la quatrième paire contournent aussi l'œsophage en se portant obliquement en arrière et en dehors ; puis parvenus sur les côtés du cou, se bifurquent pour aller d'une part s'anastomoser avec les racines de l'aorte, d'autre part se distribuer aux poumons, dont ils occupent la face externe (d). Chez le Siren lacertina, la qua- trième paire d'arcs aortiques paraît manquer, et les artères pulmonaires naissent des crosses de la troisième paire, au delà du point où celles-ci sont interrompues par le système capillaire branchial ; ces artères sont par conséquent des branches des ra- cines aortiques ou artères épibran- (a) Clavier,. Recherches analomiques sur les Reptiles regardés encore comme douteux par les naturalistes (Humboldt et Bonpland, Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie comparée, 1811, t. I, p. 114). (6) Calori, Sull' anatomia dell' Accololl commentario, Bologne, 1852 (extrait des Mémoires de l' Académie des sciences de l'Institut de Bologne, t. III). le) Calori, toc. cit., pi. 4, fig-. 17. (rfjldem, ifiirf.,Jpl. 4, fig. 18. oôo CHEZ LES BATRACIENS. Les vaisseaux qui reçoivent le sang fourni à l'appareil pneu- matique par ces dernières artères n'ont pas de représentants dans l'appareil circulatoire des Poissons ordinaires ou des jeunes larves de Batraciens ; ce sont des organes de création nouvelle qui sont introduits dans l'économie pour répondre aux besoins qu'entraîne le perfectionnement de la respiration chez les Vertébrés supérieurs. Ils consistent en veines qui naissent du réseau capillaire des parois des poumons , et qui vont directe- ment au cœur pour y déboucher dans l'oreillette droite. Le sang qui, en sortant du cœur, au lieu de s'engager dans chiales postérieures , vaisseaux effé- rents que les anatomistes désignent généralement sous le nom de veines branchiales (a). Chez le Protée, ce système de vais- seaux se centralise davantage : le tronc commun de l'aorte se divise d'abord en une paire de branches, et bientôt celles- ci se bifurquent pour former une artère branchiale antérieure qui reste simple, et un rameau postérieur qui à son tour se divise en deux, afin de consti- tuer les artères branchiales propres des deux derniers arcs (b). Les trois paires d'arcs vasculaires ainsi formées portent le sang auxbranchies externes, mais à la base de ces appendices elles sont unies aux vaisseaux efférents cor- respondants ( ou artères épibran- chiales) par des anastomoses directes ; de sorte que la plus grande partie du liquide qui les traverse n'arrive pas dans l'appareil respiratoire et passe directement dans les racines de l'aorte (c). Le mode d'origine des artères pulmo- naires est le même que chez la Sirène. Il est aussi à noter que, par suite de la position de l'anastomose entre l'arc vasculaire pulmonaire et le sys- tème aortique, le sang qui se distribue à la tête est plus complètement arté- rialisé que celui destiné au tronc. En effet, les artères carotides, etc., nais- sent de la portion antérieure du sys- tème aortique avant que celui-ci ait reçu les deux branches anastomoti- ques qui y déversent une portion du courant veineux dont le reste va aux poumons. Lorsque la respiration aérienne est interrompue et que les poumons sont affaissés, ces anasto- moses servent aussi au passage de presque tout le sang, qui dans le cas contraire traverse ces derniers or- ganes. (u) Cuvier, Reptiles douteux (loc. cit., p. 107, pi. 11 , fig. 2 et 3). — Owen, On the Structure ofthe Heart in, the Perennibranchiate Batrachia (Trans. of the Zool. Soc, vol. I, p. 21", pi. 31, fig. 1 et 3). (b) Configliachi et Rusconi, Del Proteo anguino di Laurcnti monographia , 1819, p. 70, pi 4 fig. 8. — Délie Chiaje, Ricerche anat.-biol. sul Proteo serpentino, pi. 3, fig. 3. (c) Hyrtl, Op. cit. (Médian. Jahrb., 184 4, t. XLV11I, p. 258). III. 25 38/j. APPAREIL DE LA CIRCULATION les artères pulmonaires, s'avance dans les artères branchiales et arrive dans les panaches cervicaux, où la respiration aqua- tique a son siège, passe, comme je l'ai déjà dit, dans le réseau capillaire branchial, puis revient en sens inverse par les ar- tères efférentes de ces appendices, et ces vaisseaux, en se réunis- sant entre eux, vont constituer l'artère dorsale, sur la disposi- tion de laquelle je reviendrai bientôt. Ce mode de circulation, qui se voit aussi chez la larve du Triton à une certaine période de la vie, se retrouve à peu de chose près chez le Têtard de la Grenouille , lorsque celui-ci a déjà des poumons et que ses métamorphoses cependant ne sont pas encore achevées. Mais il n'est permanent que chez les Pérennibranches. En effet, chez tous les Batraciens dont la res- piration devient exclusivement pulmonaire quand ils sont à l'état parfait, tout le système capillaire branchial disparait complètement, et, de même que chez l'embryon, le sang passe directement du cœur dans l'aorte dorsale par des crosses non interrompues. Mode Je ]y[ajs comment la continuité se rétablit-elle entre la portion transformation * des vaisseaux cardiaque et la portion dorsale du système aortique, et comment branchiaux l l ". en crosses }es crosses qui, dans la première période embryologique, aortiques chez J ' l r *■;■'■ les Batraciens reliaient l'artère dorsale au cœur, peuvent-elles se reconstituer? Abranches. . A première vue, on pourrait croire que cela doit nécessiter de grands travaux organogéniques et entraîner de nouvelles complications dans l'économie de ces Animaux. Mais, en réalité, rien n'est plus simple, ni plus facile à obtenir ; car , pour réaliser ce changement physiologique si important, il suffit de l'élargissement de quelques anastomoses entre les vaisseaux préexistants, et, en effet, c'est de la sorte que les choses se passent. Pour bien comprendre les phénomènes qui se produisent ainsi dans l'organisme des Batraciens , il est utile de connaître les procédés employés par la Nature pour obvier aux inconvé- CHEZ LES BATRACIENS. 385 nients résultant de l'oblitération accidentelle d'une artère dans le corps humain. Lorsque, par suite de la pression exercée par une ligature ou toute autre cause, un de ces vaisseaux vient à être oblitéré dans une portion de sa longueur, le sang ne peut plus passer directement dans la portion du tube placée au delà de l'obstacle; mais la circulation tend néanmoins à se continuer dans les parties auxquelles les branches de l'artère ainsi barrée se distribuent, des voies de communication latérales se for- ment entre les deux portions du tronc situées en amont et en aval de l'obstacle, et la continuité du système irrigatoire se réta- blit, soit par le fait de la simple dilatation de ramuscules anasto- motiques préexistants, soit à l'aide d'une production nouvelle de canaux de jonction. C'est sur la connaissance de ce mode de rétablissement du courant sanguin dans les parties dont le tronc artériel afférent a été oblitéré , que repose la méthode générale- ment employée par les chirurgiens pour le traitement de cer- taines blessures ou maladies des grosses artères, telles que les anévrysmes, et c'est à l'aide d'un travail réparateur analogue que les portions du système artériel situées en amont et en aval des branchies des Batraciens se retrouvent en continuité, lorsque le sang cesse de traverser le réseau capillaire qui les reliait Tune à l'autre dans ces organes de respiration aquatique, phénomène dont l'atrophie de ceux-ci est nécessairement accompagnée. Effectivement, le professeur Rusconi , de Pavie, auteur de plusieurs ouvrages importants sur l'histoire naturelle des Batra- ciens, a trouvé à la base de chacune des branchies de la larve du Triton une petite branche capillaire qui naît du vaisseau affé% rent, et qui, au lieu de se ramifier dans ces organes, va s'anasto- moser directement avec la portion voisine du tronc efférenl (1). (1) Cette branche anaslomolique M. Rusconi a données de l'appareil basilaire se voit dans les figures que circulatoire de la larve du Triton, ou 386 APPAREIL DE LA CIRCULATION Tant que le sang poussé dans l'artère branchiale par les contrac- tions du cœur trouve une voie facile à suivre pour se rendre de cette artère dans le réseau respiratoire des branchies, cette petite branche anastomotique reste très grêle et n'a aucune fonction im- portante à remplir ; mais lorsque les branchies commencent à se flétrir et que les vaisseaux qui les traversent se rétrécissent ou s'effacent, le chemin de traverse préparé au moyen de cette ana- stomose capillaire s'élargit, de plus en plus et une portion du sang s'y engage pour aller de l'artère branchiale à l'artère épibran- chiale, ou racine de l'aorte, sans traverser la branchie. A une certaine période de la métamorphose, la portion basilaire de chaque artère branchiale se trouve ainsi terminée par deux troncs de grosseur à peu près égale , l'un se continuant en dehors pour pénétrer dans le panache branchial et s'y ramifier, l'autre se recourbant en haut et en arrière pour déboucher directement dans le vaisseau efférent de cette même branchie, dans le point où cette artère épibranchiale rentre dans l'inté- rieur du corps pour constituer une des racines de l'aorte. Les changements en sens inverse qui s'effectuent de la sorte dans la branche appendiculaire et la branche anastomotique de l'artère branchiale se prononçant davantage, cette branche de- vient bientôt la continuation du tronc de ce vaisseau, l'autre un rameau accessoire. Puis enfin le rameau terminal ou branchial, s'atrophiant à mesure que les branchies cessent de fonctionner, finit par disparaître entièrement, et le canal anastomotique établit Salamandre aquatique (a). Mais les a publié plus tard sur la circulation divers degrés de son développement dans les divers Vertébrés comparés et les modifications correspondantes au fœtus de l'Homme (6). Ces der- sont mieux représentés dans le tableau nières figures ont été reproduites dans lithographie que M. Martin St-Ange divers ouvrages élémentaires (c). (a) Rusconi, Descriz. anat. degli organi délia circolazione délie larve délie Salamandre acqua- liche, pi. \ , fig. C, et Amours des Salamandres, pi. 5, fîg. •&. (fc) Martin Saint-Ange, Circulation du sang considérée chez le fœtus de l'Homme, etc., iig1. 24 à 27. (c) Milne Edwards, Éléments de zoologie, 3e partie, p. 221, fig. 307, 3G8 et 309. CHEZ LES BATRACIENS. 387 une continuité complète entre les portions cardiaque et dorsale des crosses aortiques qui auparavant se trouvaient séparées par le réseau capillaire respiratoire. Ces crosses reprennent donc le caractère qu'elles avaient chez l'embryon avant la formation des branchies, et le sang lancé dans l'aorte cardiaque passe directement dans l'aorte dorsale. Les choses se passent à peu près de la même manière chez les Têtards à branchies internes, et c'est de la sorte que chez tous les Batraciens à respiration exclusivement pulmo- naire la quatrième forme de l'appareil circulatoire se trouve réalisée. Chez ceux-ci, en effet, le bulbe aortique donne naissance à deux systèmes artériels, l'un destiné aux poumons, l'autre à l'ensemble de l'organisme, et ce dernier se compose d'un certain nombre de crosses qui embrassent l'œsophage à droite et à gauche, pour aller s'anastomoser dans la région dorsale et con- stituer l'aorte descendante, les carotides et les autres artères du corps. Ainsi le vaisseau qui, chez le Têtard, était une artère branchiale devient le commencement de l'aorte, et les crosses aortiques représentent la portion basilaire du système vascu- laire des branchies. $ II. — Pendant que ces changements s'opèrent dans le tracé Mode d'origine " l *■ des artères des grandes voies de la circulation, des modifications d'une im- pulmonaires ° ' et des portance secondaire s'effectuent dans le mode de distribution carotides. de diverses artères qui naissent de ces troncs, et, pour les faire connaître, il est nécessaire de préciser davantage la disposition anatomique de ces vaisseaux chez l'adulte. Le premier exemple que je choisirai pour cette étude est le Menopoma alleghanensis, grand Batracien de l'Amérique sep- tentrionale, qui ressemble beaucoup aux Tritons et perd ses branchies comme eux , mais conserve de chaque côté du cou un orifice respiratoire. En effet, chez ce Batracien, le système artériel, tout en prenant la forme caractéristique de notre qua- 388 APPAREIL DE LA CIRCULATION trièmc type, no s'éloigne du reste que fort peu de l'état pri- mordial (i). Ainsi le tronc commun de l'aorte, un peu renflé en bulbe à son extrémité antérieure, s'y divise en quatre paires de crosses qui, après avoir contourné le pharynx, vont toutes s'anastomoser entre elles de chaque côté de la face supérieure de cette portion du tube digestif; mais ces crosses se développent inégalement, et celles de la deuxième et de la troisième paire deviennent les plus grosses, tandis que les arcs de la quatrième paire restent extrême* ment grêles ; enfin ce sont surtout les deux grosses branches dont il vient d'être question qui, en se réunissant en un tronc commun de chaque côté, forment les racines de l'aorte, lesquelles con- vergent pour constituer sur la ligne médiane la grande artère du corps ou aorte dorsale. Il est aussi à noter que la branche anastomotique postérieure qui naît de la troisième crosse un peu avant cette jonction, et qui va rejoindre le quatrième 'arc vasculaire, est très forte, et que c'est clans son point de réunion avec la quatrième crosse que celle-ci, devenue l'artère pulmo- naire, se porte en arrière pour aller gagner les poumons. Il en résulle que l'artère pulmonaire a deux racines, une posté- rieure et inférieure, formée par le quatrième arc ou crosse aorlique, et une antérieure et supérieure, provenant de la bifur- cation terminale du troisième arc. On comprend donc facilement que des variations considéra- bles dans le mode d'origine des artères pulmonaires puissent être déterminées par un développement ultérieur inégal de ces diverses branches anastomotiques. En effet, si le quatrième arc (1) Les parties principales du système de M. Owen en 1834 , dans le Cata- artériel du Ménopome ont été très bien logue du musée anatomique et physio- représentéesdans un travail posthume logique du Collège des chirurgiens de de limiter, qui a été publié par lessoins Londres (a). (a) Descript. and Mus ira ted Catalogue of the Physiological Séries of Comparative Analomy contain'd in the Muséum of the noyai Collège of Surgeons in London, I. II, pi, 23 et 2L CHEZ LES BATRACIENS. 389 vaseulaire, déjà très grêle chez le Ménopome, vient à s'atro- phier et à disparaître, les artères pulmonaires seront une conti- nuation des crosses de la troisième paire, et si ces dernières en- voient la totalité deleur sang dans la branche postérieure ou pul- monaire, qui chez le Ménopome est seulement une des branches de la bifurcation terminale de ces vaisseaux, l'autre branche qui s'anastomose avec la deuxième crosse pour constituer la racine de l'aorte se flétrira à son tour, et pourra disparaître de l'orga- nisme. Or, il en résultera que les crosses aortiques de la troi- sième paire formeront alors à elles seulesles artères pulmonaires, et que l'aorte dorsale aura essentiellement pour origine une seule paire de grandes crosses constituées par les arcs vascu- laires de la deuxième paire. Des changements analogues peuvent s'opérer dans les arcs Mode a-origine aortiques de la première paire. De même que chez les Poissons, puiLraaiï, le premier arc, après avoir quitté l'appareil hyoïdien, fournit en cmotl es' avant l'artère carotide ou céphalique, et se recourbe ensuite en travers pour s'anastomoser avec le second arc ou crosse aor- tique principale. Il suffira donc de l'atrophie de cette portion terminale et anastomotique des arcs de la première paire pour que ceux-ci deviennent les artères carotides seulement et cessent d'avoir des connexions avec les racines aortiques. Enfinles nombreux exemples de coalescence des divers troncs vasculaires que nous avons déjà rencontrés, soit chez les Pois- sons, soit chez les Animaux invertébrés, nous permettent de prévoir que dans la classe des Batraciens il pourra y avoir des variations dans la disposition des artères qui soient dépendantes de la même cause, et que par l'effet d'une tendance croissante à la centralisation , certaines branches vasculaires, au lieu de naître isolément du bulbe aortique, pourront être confondues en un tronc commun dans une étendue plus ou moins considérable de leur trajet. Ces diverses modifications se trouvent réalisées chez les 390 APPAREIL DE LA CIRCULATION Batraciens à respiration exclusivement pulmonaire, et les con- sidérations que je viens de présenter nous permettent de retrou- ver dans le plan organique de tous ces Animaux le même type essentiel quant à la disposition du système artériel. Ainsi, chez les Tritons, le tronc aortique commun , ou bulbe artériel, se divise à son extrémité antérieure en trois paires de vaisseaux qui se recourbent en avant et en dehors. Les bran- ches de la paire postérieure constituent les artères pulmonaires; celles de la paire moyenne forment à elles seules les crosses de l'aorte, et vont se réunir assez loin en arrière, sous la colonne vertébrale, où elles deviennent l'aorte ventrale; enfin les bran- ches de la première paire se recourbent en avant et constituent les artères carotides. Chez l'Animal parfait ces dernières ne pré- sentent plus de trace des troncs anastomotiques qui primitive- ment les reliaient en haut et en dehors aux autres racines aor- tiques; et, au lieu d'avoir la forme de crosses, elles se portent presque directement en avant et en dehors vers la tête, où elles se distribuent. Les artères pulmonaires sont le résultat de l'a- trophie des arcsvasculaires de la quatrième paire et du dévelop- pement de la portion anastomotique qui primitivement réunis- sait ceux-ci aux arcs aortiques de la troisième paire. En effet, bien qu'il n'y ait plus rien dans leur conformation qui indique ces différences primordiales, elles représentent en réalité les portions du système vasculaire qui chez la larve constituent : 1° un tronc commun aux arcs aortiques des troisième et qua- trième paires; 2° la portion du troisième arc aortique comprise entre le point où il sesépare de l'arc postérieur en dessous et le point où, en dessus et en dehors, il se bifurque pour s'anastomo- ser d'une part avec les racines aortiques venant du deuxième arc vasculaire, et d'autre part avec le quatrième arc, là où celui-ci va prendre les caractères d'une artère pulmonaire; 3° enfin la por- tion terminale du quatrième arc situé, au delà de son point de jonction avec la branche anastomotique dont il vient d'être ques- CHEZ LES BATRACIENS. 391 tion. La branche anastomotique qui chez la larve unit le troi- sième are vasculaire au second ne disparaît pas , et par consé- quent chez l'adulte l'artère pulmonaire se trouve aussi reliée aux crosses de l'aorte par un canal de jonction, et peut recevoir du sang, soit directement du cœur par sa portion basilaire, soit des crosses de l'aorte par cette branche anastomotique qui est, pour ainsi dire, une seconde racine du système artériel pulmo- naire (1). La disposition de tous ces vaisseaux est à peu près la même (1) Ce mode d'origine des artères pulmonaires se voit très bien dans les ligures du système artériel du Triton publiées, il y a environ quarante ans, par M. lîusconi (a), et se trouve égale- ment représenté dans le tableau donné plus récemment par M. Martin Saint- Ange (6). D'après M. Belle Cbiaje, les trois branches de l'aorte primitive de chaque côté seraient réunies à leur base en un tronc commun très court (c). La disposition de ces vaisseaux est à peu près la même chez les Sala- mandres terrestres, mais s'y rapproche un peu plus de la forme embryonnaire commune. En eiîet , M. Briicke a trouvé chez ces Animaux les représen- tants des quatre paires d'arcs vascu- laires. Les deux derniers arcs de chaque côté naissent de l'aorte par un tronc commun qui bientôt se bi- furque : sa branche antérieure, qui constitue le troisième arc et qui est très courte, va déboucher presque tout de suite dans le deuxième arc, tandis que sa branche postérieure continue à se porter en dehors, et, après avoir reçu un rameau anastomotique ve- nant de la portion externe du deuxième arc (ou racines aortiques du même côté), se recourbe en arrière pour aller aux poumons. Ici l'artère pulmonaire résulte donc du développement du quatrième arc branchial, et sa racine externe, constituée par la branche anastomotique fournie par les racines de l'aorte, est d'une importance se- condaire (d). La disposition générale de ces vais- seaux, chez ces Batraciens Urodèles , a été représentée aussi par Funk, mais d'une manière moins exacte (e). Chez le Pipa, les artères pulmo- naires partent aussi directement ou presque directement du tronc aor tique commun ; elles sont très allongées et conservent la forme d'une troisième paire d'arcs (/"). (a) Rusconi, Circol. délie larve délie Salamandre acqualiche, pi. 1, fig. 8 et 9, et Amours des Salamandres, pi. 5, fig. 6. (6) Martin Saint-Ange, Op. cit., fig. 27. (c) Délie Cuiaje, Dissertazioni sull' anatomia umana, comparata e patologica , t. I, p. 41, pi. 11, fig. 1 . {d) Briicke, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Vienne, 1852, t. III, pi. 23, fig. 16). (e) Funk, De Salamandrœ terrestris vita tractatus, p. 17, pi. 3, fig. 7 et 8. (f) Mayer, Beitrâge zu einer anatomischen Monographie der Rana pipa (Mém. de l'Acad. des curieux de la Nat., t. XII, pi. 9). — Carus et V. Otto, Tab.Anat. compar. illuslr., pars vi, pi. 5, fig. 2. 392 APPAREIL DE LA CIRCULATION chez les Grenouilles et chez les Crapauds, mais la centralisation des gros troncs devient plus grande et les différences entre l'état adulte et l'état emhryonnaire plus considérables (1). Effec- tivement l'aorte, en sortant du cœur, se divise en deux troncs seulement, qui se portent, l'un à droite, l'autre à gauche, pour constituer les crosses ou racines de l'aorte dorsale, et, chemin faisant, chacun de ces arcs fournit d'abord une artère carotide en avant , et plus loin une artère pulmonaire qui se dirige en arrière (2). Les anatomistes n'ont pas encore suivi pas à pas tous les degrés par lesquels le système vasculaire du Têtard passe successivement pour revêtir cette dernière forme ; mais , par analogie , il est permis de croire que la trans- formation résulte, d'une part, de la centralisation de la portion basilaire des arcs vasculaires des deux premières paires, et, d'autre part, de la disparition de toute la portion inférieure des (i) Swammerclam, qui fut le pre- professeur Bonsdorff , de Helsing- mier à étudier anatomiquement l'ap- fors (rf). pareil circulatoire de la Grenouille, a n est aussi à noter que les princi- donné une assez bonne description paUx vaisseaux sanguins du Pipa se des principales artères de ce Batra- trouvent figurés dans l'ouvrage de cien («). Mais l'ensemble de ce système m. Carus (e). a été mieux représenté par quelques (2) chez le Têtard, le tronc formé auteurs modernes, et notamment par par la bifurcation de l'aorte ascen- M. Délie Chiaje , de Naples (6). Plus dante se subdivise presque aussitôt ; récemment , M. Briicke a figuré aussi mais chez la Grenouille adulte il s'al- d'une manière plus exacte le mode longe beaucoup , de façon que les d'origine de ces vaisseaux (c). artères carotides et pulmonaires nais- Le mode de division et de distri- sent de la partie antérieure de la bution des artères du Crapaud a été crosse aortique, à une certaine distance étudié avec beaucoup de soin par le de cette bifurcation (/"). (a) Swammerclam, Biblia Naturœ, t. II, p. 381, pi. 49, fig. 3. (b) Dissertazioni sull' anatomia umana, comparata epatologica, 1. 1, pi. 19, fig. 1. On cite également à ce sujet un opuscule de Burow intitulé : Dissertatio de vasis sanguiferis Banarum, cum tab. œil. (Regiom., 1834); mais je n'ai pas eul'occasion de consulter ce travail. (c) Briicke, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. 111, pi. 23, fig. 14). (d) Bonsdcrff, Bidrag till Blodkàrlsystemets jemforande Anatomie. Det arteriella Kârlsystemet hos Paddan (Actes de la Société Finnoise, 4 852, t. III, p. 447, pi. 5). (e) Carus et V. Otto, Tab. Anat. compar. illustr., pars vi, pi. 5, fig. 2. (0 Lambotte, Observations anatomiques et physiologiques sur les appareils sanguin et respi ratoire des Batraciens Anoures, fig. 21 'et 22 (Mém, couronnés de l'Acad. de Bruxelles, 1838, t. XIII). CHEZ LES BATRACIENS. 393 arcs de la troisième et de la quatrième paire : de sorte que la branche anastomotiqne que nous avons vue se porter du second au troisième arc, et devenir chez les Tritons une seconde racine de l'artère pulmonaire , devient l'unique origine de ce dernier vaisseau et le transforme en une simple branche de la crosse aorlique (1). Il est aussi à noter que les artères pulino (1) Suivant M. Lamboite, la trans- formation de l'appareil circulatoire ne serait pas tout à fait aussi simple chez le têtard de la Grenouille, où l'apparition des branchies internes constitue une période intermédiaire entre les deux états que nous avons examinés chez les larves du Triton. En effet, cet anatomiste a trouvé que chez le Têtard, dont les branchies internes sont très développées et dont les poumons sont déjà bien for- més , le premier arc vasculaire ne contribue pas à la formation de l'aorte dorsale , mais fournit à la base de la branchie correspondante un tronc qui, après avoir donné naissance à un rameau sous-maxillaire, longe la por- tion branchifère de ce premier seg- ment de l'appareil respiratoire dont il reçoit le sang par plusieurs ramuscules anastomotiques. Ce tronc joue par con- séquent le rôle d'une artère épibran- chiale , et il va constituer l'artère carotide. Le vaisseau efférent de la deuxième branchie naît aussi de la base de l'artère branchiale propre cor- respondante , longe toute la portion branchiale de celle-ci, et reçoit, chemin faisant, à l'aide de plusieurs branches anastomotiques , le sang arlérialisé dans ses ramifications capillaires, puis quitte l'appareil hyoïdien pour se re- courber en arrière, et former avec son congénère les deux racines de l'aorte dorsale. Les artères branchiales propres des deux dernières paires se compor- tent autrement : vers l'extrémité supé- rieure et externe de l'appareil hyoïdien elles s'anastomosent directement avec les vaisseaux efférents ( ou veines branchiales des auteurs), et ceux-ci, unis entre eux par une grosse bran- che anastomotique, vont former en- suite, l'un l'artère cutanée cervicale, l'autre l'artère pulmonaire. A l'époque des dernières métamorphoses de la Grenouille, ce serait donc l'atrophie de la portion hyoïdienne des artères branchiales des deux premières paires, et de la portion également hyoïdienne des artères épibranchiales (ou veines branchiales) des deux paires posté- rieures, qui donnerait à l'aorte et à ses dépendances leur mode de con- formation définitive (a), La disposition des vaisseaux bran- chiaux du têtard de la Grenouille avait été étudiée précédemment par plusieurs anatomistes , et notamment par M. Rusconi et par M. Calori , mais d'une manière moins précise (b). (a) Lambotte, loc. cit., p. 13 ot suiv., fig\ 24 et 22. (b) Rusconi, Développement de la Grenouille commune, p. 50, pi. A, fig1. 14. — Calori, Descriptio anatomica branchiarum internarum gyrini Banœ (Novi Comment. Acad. scient. Inst. Bononiensis, 1S42, t. V, p. 111, pi. 11, fig. 5 à 7). 3(.Vi APPAREIL DE LA CIRCULATION naires ne servent pas uniquement à porter le sang aux organes de la respiration, mais, chemin faisant, donnent naissance à des rameaux qui se distribuent à la peau et à d'autres parties voi- sines (1). Je pourrais citer ici d'autres variations dans le mode d'ar- rangement des vaisseaux qui, chez les Batraciens adultes, pro- viennent des arcs aortiques de l'embryon ; mais les exemples que je viens de faire connaître me semblent devoir suffire pour donner une idée de la constitution de cette portion de l'appareil circulatoire, et pour montrer comment un même tracé orga- nique fondamental peut se prêter à l'introduction de différences de structure très considérables chez les diverses espèces qui (1) M. J. Davy a remarqué que chez le Crapaud le tronc de l'artère pulmo- naire se divise en deux branches, dont l'une se rend au poumon correspon- dant, et l'autre va se ramifier dans la peau, sur les côtes de la région cervi- cale, et y donne naissance à un réseau vasculaire en rapport avec les glan- dules sous-cutanées , que l'on désigne quelquefois, mais à tort, sous le nom de parotides Ça). Chez la Grenouille, on trouve de chaque côté du corps une grande ar- tère sous-cutanée qui est formée par la réunion de deux branches venant, l'une de l'aorte, l'autre de l'artère pulmonaire. M. Lambotte a fait voir que chez le Têtard ce vaisseau est la continuation de l'artère épibranchiale de la troisième paire, qui, en sortant de la branchie dont elle dépend , s'a- nastomose, d'une part avec l'artère branchiale dont elle est la satellite, d'autre part avec le tronc de la qua- trième artère épibranchiale. Or, chez l'adulte, ce dernier vaisseau constitue l'artère pulmonaire, et la branche anastomotique dont je viens de parler en dernier lieu forme la racine pos- térieure (ou pulmonaire) de l'artère cervicale cutanée , tandis que la ra- cine antérieure de cette même artère n'est autre chose que l'arc vasculaire de la troisième paire (6). M. Gratiolet, qui ne paraît pas avoir connu le tra- vail de M. Lambotte, a trouvé aussi que l'artère sous-cutanée, fournie ainsi par l'artère pulmonaire , se dis- tribue à la peau du tronc aussi bien qu'à celle de la tête (c). Chez l'Amphiume et le Ménopome, l'artère pulmonaire fournit des bran- ches à l'œsophage (d). (a) .T. Davy, On the Acid Fluid secreted by the Common Toad (Philos. Trans., 1826 ; et Re- searches, Physiological and Anatomical, 1839, t. I, p. 111). (b) Lambotte, Op. cit. (Mém. couronnés de l'Acad. de Bruxelles, t. XIII, p. 17 et 35, %. 21 et 22). (c) Gratiolet, Note sur le système veineux des Reptiles (Journal de l'Institut, 1853, t. XXI, p. 61). (d) Owen, Op. cit. (Trans. ofthe Zool. Soc, vol. I, p. 217). CHEZ LES BATRACIENS. 395 dérivent d'un type classique commun, et qui appartiennent par conséquent à un même groupe zoologique. Je ne m'arrêterai donc pas davantage sur ce point, et je me hâterai de terminer cet examen, un peu aride, de l'appareil circulatoire des Batra- ciens, en indiquant la disposition de la portion périphérique du système artériel. § 5. — Les artères qui naissent de l'aorte pour distribuer Mode de i -, • i . . , x distribution des Je sang aux diverses parties du corps varient un peu, quant a artères. leurs points d'origine, mais ne présentent rien de bien impor- tant à noter. L'aorte, comme on a pu le voir, est simple à sa naissance, mais bientôt se divise en deux crosses, dirigées une à droite, l'autre à gauche, qui embrassent le tube digestif, pour reconsti- tuer au-dessus de celui-ci un tronc unique, l'aorte dorsale. Cette réunion a lieu dans la région cervicale chez les Pérenni- branches et les Urodèles, mais se fait beaucoup plus loin en arrière chez les Batraciens Anoures, où les crosses ou racines de l'aorte dorsale sont très longues. Il est aussi à noter que chez ceux-ci l'aorte ventrale se termine dans le point où elle donne naissance aux artères des membres postérieurs, tandis que chez les Urodèles et les Pérennibranehes, de même que chez les Têtards , elle se continue en constituant l'artère caudale. Le sang est porté à la tête, d'abord par les deux artères caro- tides, dont nous avons déjà vu le mode d'origine et dont les bran- ches se distribuent principalement à la langue et aux parties voi- sines de la bouche (1) ; puis par une paire d'artères vertébrales (l) Les artères carotides de la Gre- merdam (a), mais dont la nature n'est nouille sont très courtes, à raison de la pas encore bien connue. M. Huschke, brièveté de la région cervicale chez qui en a fait l'objet d'un travail spécial, ces Animaux, et présentent sur leur considère ce corps comme étant un trajet un renflement grisâtre dont rete mirabile, et pense que c'est un l'existence a été signalée par Swam- vestige des branchies antérieures aifo- («) Swammcrdam, Diblia Naturœ, p. 382, pi. 49, fig. 3. 396 APPAREIL DE LA CIRCULATION qui proviennent des crosses aortiques.- En général, les artères des membres antérieurs , ou artères brachiales , sont fournies aussi parles crosses aortiques, quelquefois par l'aorte dorsale. phiées (a). Mais M. Stannius n'y a pas trouvé la structure caractéristique de ces réseaux vasculaires, et il est porté à croire que c'est une glande ganglion- naire comparable à une thyroïde rudimentaire (b). M. Briicke a publié plus récemment de nouvelles obser- vations sur cet organe singulier, et y a reconnu un tissu spongieux san- guifère (c) ; mais, d'après les obser- vations de M. Leydig, faites principa- lement sur la Rainette, ce renflement vasculaire paraît être composé essen- tiellement de fibres musculaires entre- lacées en réseau (rf). L'artère abdominale (ou mésenté- rico-cœliaque) fournit en général l'ar- lèrehépatique, aussi bien que les ar- tères coronaires de l'estomac et l'artère mésentérique antérieure , qui forme par ses anastomoses une série d'arcs sur le bord postérieur de l'intestin. Voyez, pour la distribution de ces vaisseaux , la figure qu'en a donnée M. Délie Chiaje (e). Il y a cependant dans cette représentation plusieurs inexactitudes , notamment en ce qui touche à l'origine de l'artère linguale. Ainsi que je l'ai déjà dit, le système artériel du Crapaud a été étudié avec beaucoup de soin par M. Bonsdorff, et comme le travail de cet anatomiste, pu- blié en suédois, est peu connu, je crois devoir en donner ici un extrait (/). Vaorte , à très peu de distance du cœur, se divise en deux crosses qui se dirigent en dehors pour gagner les côtés de l'œsophage, puis se recourber en haut et en arrière, et se joindre comme d'ordinaire sur la ligne mé- diane, où elles constituent l'aorte dor- sale. Pendant ce trajet , chacune de ces crosses fournit cinq branches prin- cipales , savoir, une artère carotide externe, une artère pulmo-cervicale, une artère laryngienne, une artère occi- pitale et une artère sous-clavière ou brachiale. V artère carotide externe se porte en avant sur les côtés du cou, consti- tue bientôt le sinus ou ganglion caro- tidien, dont il a déjà été question et dont partent deux branches, savoir : 1° Y artère linguale, qui, à son tour, donne naissance à un rameau muscu- laire destiné aux muscles mylo-hyoï- diens, sterno-hyoïdiens , génio-glos- ses, etc., et à une artère sublinguale ; 2° une artère pharyngienne ascen- dante. L'artère pulmo-cervicale est d'un fort calibre et se divise bientôt en deux branches: 1° Y artère pulmonaire, qui se porte en arrière et se distribue au poumon, où elle forme deux rameaux principaux, l'un superficiel, l'autre profond ; 2° Yattèfe occipito-dorsale^ qui continue à se diriger en dehors, (a) Huschke, Utber die Karotidendruse einiger Amphibien (Tiedemann's Zeitschr. fur Physiol., t. IV, p. 113, pi. 6, fig. 7). (b) Stannius et Siebold, Nouv. Manuel d'anatomie comparée, t. H, p. 237. (c) Briicke, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. III, p. 355, pi. 23, fig\ 15). (d) Leydig', Anat. histol. Untersuch. ûber Fische und Reptilien, p. 56. (e) Voyez Délie Chiaje, Dissertazioni sull' anatomia umana, comparata e palologica, 1. 1, pi. 10. (f) Bonsdorff, Bidrag till Blodkdrlsystemets jemforande Anatomiei. Det arteriella Kdrl- sijstcmet hos Paddan (Acta Societatis scientiarum FennicK, 1852, t. III, p. 447, pi. 5). CHEZ LES BATRACIENS. 397 Une grosse branche impaire naît de ce dernier tronc, soit dans le point même où il commence, ainsi que cela se voit chez les Batra- ciens Anoures, soit plus en arrière, et se rend au foie, à l'estomac conlourne les muscles de la région parotidienne, et s'y bifurque pour con- stituer une artère cutanée dorso-sca- pulaire, et une petite artère maxillaire interne, laquelle traverse la région temporale, et, parvenue à la face, y distribue des ramuscules aux muscles voisins et à l'oreille interne. V artère laryngienne naît de la crosse aortique, très près des deux précédentes, et se dirige obliquement en dedans, puis fournit une branche palatine ascendante et un rameau au muscle hypoglosse. L'artère occipitale gagne la région dorsale du cou et donne naissance : l°à une branche destinée aux muscles élévateurs de l'épaule ; 2° à une artère cervicale qui se recourbe en arrière, se prolonge jusqu'au sacrum, et four- nit , chemin faisant , des rameaux musculaires, des rameaux rachicliens destinés à la moelle épinière , des ramuscules lombaires et des branches anaslomotiques allant aux artères ré- nales; 3° à une artère méningienne postérieure qui pénètre dans la cavité du crâne , se réunit à sa congénère et forme à la base du cerveau un réseau vasculaire ; l\° à une artère tem- porale qui s'avance sur les côtés de la région du même nom, et y fournit une branche maxillaire externe et une branche sous-orbitaire destinées l'une et l'autre à la face. V artère sous-clavière ou brachiale naît de la crosse aortique, derrière l'artère occipitale, et se porte en de- hors pour pénétrer dans le membre thoracique. Dans la région axillaire elle fournit : 1- une artère thoracique externe qui se distribue aux muscles de la poitrine et de l'abdomen ; 2° une artère thoracique externe accessoire qui va aux muscles de la région cer- vico-dorsale ; 3° une artère sous-sca- pulaire ; Zi° une artère circonflexe de l'humérus qui se distribue aux muscles de l'épaule, et 5° une artère brachiale profonde qui descend sur la face ex- terne de l'avant-bras et va se terminer dans la main. L'artère sous-clavière, que l'on appelle souvent artère axil- laire dans la région du même nom, et artère brachiale proprement dite après son entrée dans le bras, descend le long de la face antéro - interne de la patte jusqu'à la main, fournit, che- min faisant, une artère circonflexe an- térieure, des branches cutanées, mus- culaires , etc. Dans l'avant-bras, elle prend le nom d'artère radiale , four- nit une branche récurrente, et se ter- mine par deux branches carpiennes, une palmaire et l'autre dorsale, dont naissent les artères des doigts, etc. La portion descendante de la crosse aortique fournit une artère œsopha- gienne. Après sa réunion avec son congénère , ce tronc prend le nom d'aorte abdominale, et fournit aussitôt V artère mésentérico-cœliaque, qui est très grosse, et se dirige en arrière pour gagner le cardia, où elle se divise en deux branches : 1° une artère cœlia- que dont naissent une artère coronaire antérieure de l'estomac, laquelle distri- bue des ramuscules à la partie droite de ce viscère, au foie et à la vésicule biliaire, et une artère coronaire posté- J98 APPAREIL DE LA CIRCULATION et à l'intestin. Une autre branche impaire quitte l'aorte dans la région lombaire pour se ramifier également dans le tube in- testinal. Enfin, entre les origines de ces deux vaisseaux, l'aorte ventrale fournit une paire d'artères ovariennes (ou testiculaires), une paire d'artères rénales, et quelques autres rameaux de moindre importance. Quant aux artères des pattes, elles sont d'abord simples, mais dans le voisinage du genou elles se bifurquent, et, parvenues dans les pieds, leurs branches s'ana- stomosent et donnent ensuite naissance à une double série d'ar- tères digitales qui longent les doigts latéralement. riéure de l'estomac; 2° une artère mésentérique qui va à l'intestin grêle et à la rate. Dans la région postérieure de l'ab- domen , l'aorte fournit des artères surrénales et rénales. Ces dernières donnent naissance aux artères ova- riennes et à des artères lombaires. Enfin, l'aorte se bifurque pour con- stituer les deux artères iliaques pri- mitives, qui s'écartent l'une de l'autre pour se rendre aux membres posté- rieurs, et prennent le nom d'artères ischiatiques quand elles sont sorties du bassin. Pendant ce trajet, elles fournissent: 1° une artère vésico-épi- gastrique dont les principales bran- dies s'avancent vers le thorax et se distribuent dans les parois de l'abdo- men ; 2° une artère crurale ou fémorale qui se divise en circonflexe fémorale interne et circonflexe iliaque ; 3" une artère circonflexe fémorale externequi se rend à la région coccygienne et aux muscles fessiers ; W une artère fémo- rale profonde ; 5° une artère articu- laire supérieure externe qui contourne le genou ; 6° une artère jambière su- périeure qui donne des rameaux aux muscles du mollet. Enfin, vers le bas de la cuisse, elle se bifurque pour constituer Vartère tibiale postérieure et Vartère tibiale antérieure, qui se rendent à la patte et y donnent nais- sance aux artères digitales. La disposition des gros troncs arté- riels est à peu près la même chez le Pipa (a). Chez le Ménopome, les artères bra- chiales naissent de l'aorte dorsale, très loin du point de jonction des deux racines de ce tronc (6). Il en est de même chez l'Axolotl (c) et chez le Protée (d). J'ajouterai que chez ces Pérennibranches l'artère hé- patique provient directement de l'aorte ventrale, en arrière de l'artère cœ- liaque, et l'intestin reçoit le sang par une série nombreuse de rameaux qui naissent également de ce vaisseau (e). (a) Carus el Ollo, Tab. Anat. compar. illitstr., pars vr, pi. 5, fig\ 2. (6) Hunier, Op. cit. {Catalogue ofthe Mus. of the Coll. ofSurg., vol. II, pi. 24). (c) Calori, Op. cit., pi. 4, fig. 18. (d) Configliaclii et Rusconi, Op. cit., pi. 4, fig. 8. — Délie Cliiaje, Ricerche anat. biol. sul Proteo serpentine-, 1840, pi. 4, fig1. 1. (e) Calori, Op. cit. — Délie Cliiaje, Op. cit., t. I, pi. 19. veineux. nés caves antérieures. rénale. CHEZ LES BATRACIENS. S99 § 6. — Le système veineux général présente une disposi- système tion assez semblable à ce que nous avons vu chez les Poissons. Ainsi , chez la Grenouille , le sang est ramené de la tête par une paire de veines jugulaires et une paire de veines ver- tébrales antérieures qui vont constituer près du cœur une paire vei de veines caves antérieures ; celles-ci reçoivent aussi les veines des membres thoraciques et vont déboucher dans l'oreillette (1). Les veines qui ramènent le sang des membres postérieurs Veine porte sont formées par la réunion de deux branches principales, la veine ischiatique et la veine iliaque externe, et, parvenues dans l'abdomen, elles se divisent chacune en deux troncs, dont l'un va s'anastomoser avec son congénère pour donner naissance à la veine abdominale, sur laquelle je reviendrai bientôt, et dont l'autre constitue la veine afférente des reins. Celle-ci vient s'appliquer contre le bord externe de ces glandes, où elle se par- (l) On doit à M. Gruby un travail vers les clavicules et aller déboucher très approfondi sur le mode de distri- dans la veine axillaire (6). bution des veines de la Grenouille (a), Suivant M. Gratiolet, ce système de et cet anatomiste a signalé dans la veines sous-cutanées ne se retrouve- marche des veines sous-cutanées de rait pas chez la Salamandre terrestre, la portion supérieure du corps une où les ramuscules venant de la peau disposition remarquable. se déversent dans les veines inler- En effet , le sang des capillaires costales, qui à leur tour débouchent sous-cutanés de la tête et du dos est dans le système de la veine porte reçu par une grosse veine qui , de rénale (c). chaque côté, part de la face, passe La disposition générale du système près des omoplates , gagne les côtés veineux du Pipa se voit très bien dans de l'abdomen, et, parvenue dans la une figure donnée par MM. Carus et région lombaire, abandonne la peau V. Otto (d). pour traverser les muscles , remonter (a) Gruby, Recherches anatomiques sur le système veineux de la Grenouille (Ami. des sciences nat., 1842. 2« série, t. XVII, p. 209, pi. 9 et 10). (b) Gruby, Op. cit., p. 223. — Voyez aussi la figure du système veineux du Rana maïujereccia, par II. Délie Cliiaje (Dissertazionï suit' anatomia umana, comparata epatol., t. I, pi. 12). (c) Graliolet, Note sur le système veineux des Reptiles {Journal deV Institut, 1853, t. XXI, p.Gl). (d) Carus et Otto, Tab. Alla t. compar. illustr., pars vi, pi. 5, fig. 2. m. 26 . Veine cave inférieure. /|00 APPAREIL DE LA CIRCULATION lagc en deux branches qui se ramifient dans leur substance. D'autres branches, venant des oviductes et d'une grande veine dorso-lombaire, se répandent aussi dans ces organes et com- plètent un système porte rénal, analogue à celui que nous avons déjà rencontré chez les Poissons (1). Les veines efférentes des reins se rassemblent dans un sinus à la surface interne de ces glandes, et vont constituer la veine cave ventrale , qui remonte vers le cœur en passant au-dessus du foie. (1) Swammerdam avait remarqué ia direction de ces veines, mais sans se rendre compte de la manière dont elles se comportent dans les reins, et c'est à Jacobson qu'on doit réellement la découverte du système de la veine porte rénale chez les Batraciens aussi bien que chez les Poissons (a). Les vues de cet anatomiste relativement à la marche du sang dans ce système ne furent pas admises de prime abord par tous les auteurs , par Duvernoy par exemple, mais ont été pleinement confirmées par les recherches plus récentes de MM. de Marlino, Gruby et Délie Chiaje (b) , ainsi que par les ob- servations de M. Mcolucci sur l'ana- lomie des Tritons (c). M. de Martino, un étudiant la circulation chez des Animaux vivants, a vu que la direction suivie par le sang est bien celle indi- quée ci-dessus. Chez la Grenouille, que j'ai choi- sie comme exemple, une des bran- ches terminales de la veine porte rénale se ramifie en forme d'arbre sur la face dorsale des reins, et ses ramuscules se dirigent de dehors en dedans, puis se réfléchissent en dessous pour aller concourir à constituer le réseau capillaire. L'autre branche mar- che le long du bord externe du rein jusqu'à l'extrémité antérieure de cet organe, et, chemin faisant, reçoit huit branches qui viennent des oviductes et une grosse veine dorso-basilaire qui vient des muscles de la région lom- baire. Enfin, cette branche externe de la veine porte rénale fournit du côté interne cinq branches qui se ra- mifient dans la substance des reins, comme celles de l'autre branche, et forment avec elles le réseau capillaire dont naissent les veines rénales effé- rentes (d). (a) Jacobson, De systemate venoso peculiaH in permultis Animalibus observato, p. 3. (6) Délie Chiaje, Ricerche anatomico-biologichc sul Proteo serpentino, p. 7, pi. l.Naples, 1840. — Monographia sul sistema sanguigno degli Animait Rettlli (Dissertazioni sulï anatomia umana, comparata e patologica, 1847, t. I, p. 19). — A. de Marlino, Mém. sur la direction de Ici, circulation dans le système rénal de Jacobson chez les Reptiles, etc. (Ann. des sciences nat., 1841, 2° série, t. XVI, p. 305). ■ — Gruby, Recherches analomlqucs sur le système veineux de la Grenouille (Ann. des sciences nat., 2e série, t. XVII, p. 214). (c) Nicolucci, Sul sistema nervoso e circolalorio délia Salamandra acquajuola. Naples, 1852. (d) Gruby, loc. cit., pi. 9, fig-. 2, 3, 5, et pi. 10, fig. 6 et 7. CHEZ LES BATRACIENS, ftOl Tout le sang veineux qui revient des membres postérieurs ne suit pas cette route à travers les reins. Les veines fémorales et iliaques externes fournissent, comme nous l'avons vu, vers le bord du bassin, une paire de branches anastomotiques; après s'être réunies de chaque, côté en un tronc commun, elles viennent se confondre en un tronc impair qui occupe la ligne médiane de la paroi inférieure de l'abdomen et se dirige vers le foie, où il se partage en trois branches : deux de celles-ci s'enfoncent directement dans la substance de cette glande pour s'y ramifier; l'autre se recourbe d'abord en bas, et reçoit deux troncs formés, l'un par les veines des intestins et de la rate, l'autre par les veines de l'estomac (1) ; puis, elle va aussi se ramifier dans le foie et compléter ainsi le système de la veine porte hépatique, mais avant de s'y engager, elle donne nais- sance à une petite veine qui se rend directement au cœur (2). Les veines efférentes hépatiques naissent du réseau capillaire de la veine porte, et se réunissent vers le milieu du bord postérieur du foie pour déboucher dans la veine cave ventrale, laquelle se termine dans l'oreillette. Enfin les veines pulmonaires, qui forment sur chacun des pou- VeineS nions un tronc assez gros, se rapprochent entre elles, et s'avancent i'Lllmoiiaiiej sous la veine cave postérieure pour aller déboucher très près l'une de l'autre dans l'oreillette du cœur S . Mais je dois faire (1) M. Hyrtl a trouvé que les bran- reelement de la veine porte au creur, chesde la veine porte constituent sur la sans traverser le foie, n'a été signalée paroi supérieure du pharynx une que chez la Grenouille (6). sorte de rete mirabile qui ressemble (3) M. Délie Cbiaje a représenté ces presque à un tissu érectile et qui veines comme se réunissant aux veines s'anastomose avec plusieurs veines de axillaires (c), mais leur trajet a été la tète (a). indiqué avec beaucoup de précision (2) Cette branche, qui se rend cli- par M. Gruby {cl). fa) Hyrtl, Uebev einige Wunclemetxe bei AmphiMen (Medicïaische Jalirbilchcr des Oésterrei- chischen Staates, 1842, N. F., BJ. XXIX, p. 2(50). (6) Gruby, loc.cit., pi. 9, fig. 1. (f) Délie Chiaje, Op. cit., t. I, pi. 10, fig. 10. (d) Gruby, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1 842, 2e série, l. XVII, p. 221). des veines. 4G2 APPAREIL DE LA CIRCULATION remarquer que ces vaisseaux ne ramènent pas toujours la to- talité du sang qui a été porté aux poumons par les artères pul- monaires : ainsi, chez le Protée, une portion considérable de ce liquide est versée dans la veine cave abdominale par des branches veineuses venant de la surface dorsale de ces organes (1). structure §7. — Les veines de la Grenouille ne présentent dans leur intérieur que fort peu de valvules , mais elles offrent dans plusieurs points une autre particularité fort remarquable. En effet, plusieurs des gros troncs ont des parois musculaires et sont le siège de battements rhythmiques. Ce fait, observé par Haller et par quelques autres naturalistes, a été complètement établi par les expériences de M. Flourens (2). Ainsi les pulsations qui ont lieu dans les deux veines caves, les veines iliaques, les veines axillaires et les veines pulmo- (i) Les veines pulmonaires infé- le Polypterus Bichir, dont les veines Heures qui, chez le Protée, vont direc- de la vessie pneumatique versent tement à l'oreillette , sont très grêles tout leur sang dans le système de la et avaient échappé aux recherches de veine cave (b). Ruseoni et Conflgliachi. Celles qui (12) Haller avait remarqué ces batle- occupent la face dorsale de ces organes ments dans les gros troncs veineux de sont au nombre de quatre ou cinq, et la Grenouille, mais il considérait ces débouchent en partie dans les veines mouvements comme étant analogues à ovariques, en partie dans la veine cave ceux qui se voient danscertaines veines postérieure. M. Ilyrtl, a qui l'on doit chez les Vertébrés supérieurs, où ce la découverte de cette disposition eu- phénomène est d'une tout autre na- rieuse, s'est assuré qu'il n'y a rien de ture (c). Plusieurs autres naturalistes semblable chez le Triton, où les pou- en avaient également dit quelques nions sont cependant fixés à la paroi mots : Spallanzani , par exemple , les dorsale de l'abdomen par une bande avaient signalés chez les Tritons et les membraneuse (a). Rainettes (d). Enfin, les expériences Sous ce rapport, le Protée établit donc de M. Flourens ont prouvé de la ma- ie passage entre les Vertébrés pulmo- nière la plus nette l'existence d'une nés ordinaires et les Poissons, tels que force contractile propre dans les pa- (a) Hvrll, Berichtigungen ûber den Bau des Gefâss-Sustems von Hypochlhon Laurenlii (Medi- dnische Jahrbiicher des Oesterreichischen Staates, 1844, t. XL VIII, p. 258). (b) Voyez tome H, page 367. (c) Haller, Mém. sur le mouvement du sang, p. 319, etc. (d) Spallanzani, Expériences sur la circulation, p. 4 35, 304. vnîculaire. CHEZ LES BATRACIENS. AOo naires, sont complètement indépendantes des contractions du cœur. M. Flourens a vu que ces battements persistaient quand, à l'aide de ligatures, il avait interrompu toute communication entre ces vaisseaux et le cœur. Ils continuent même après que le cœur a été extirpé. 11 est aussi à noter que chez les Batraciens, les grosses veines de l'abdomen sont contenues dans des canaux lymphatiques (1), et que parfois leur surface est garnie de petits prolongements en forme de glomérules qui flottent dans le liquide ambiant (2). §8. — Les faits anatomiques que nous venons de passer Cûurs du sang en revue montrent que le mode de circulation du sang varie le SSÉtèmÉ beaucoup dans la classe des Batraciens, mais présente chez tous ces Animaux, quand ils sont arrivés à l'état parfait, un caractère commun , dont l'importance physiologique est très grande. Nous avons vu que chez les Poissons, de même que chez les Invertébrés les plus parfaits, le sang ne parcourt qu'un seul cercle vasculaire, et que tout ce liquide , lancé dans le système artériel par les contractions du cœur, passe successivement dans le système capillaire respiratoire, puis dans le système capil- rois de ces vaisseaux (a). M. Hyrtl a crite plus en détail dans une autre obtenu des résultats analogues chez le partie de ce cours {d). Protée (6). (2 M, Leydig, en étudiant ces ap- M. Leydig a reconnu des fibres mus- pendices au microscope, a reconnu culaires striées dans ces veines puisa- que ce ne sont pas de simples caecuins, tiles (c). mais des anses vasculaires en com- (1) Cette disposition singulière des munication avec la veine par leurs vaisseaux lymphatiques, dont on doit deux extrémités (e). la connaissance à M. Panizza, sera dé- (o) Flourens, Expériences sur la force de contraction propre des veines principales dans la Grenouille [Ann. des sciences nat., 1833, t. XXVUI, p. 65). (6) Hyrtl, Berichtigungen ûber den Bau des Gefâss-Systems von Hypochthon Laurentii tilediri- nisehe Jahrbûcher des Oesterreichischen Staates , 1844, t. XL VIII, p. 258). (c) Leydig, Anat.-histol. l'ntersuch. iiber Fische und Reptilien, p. 57. (d) Panizza, Riflessioni sopra il sistema linfatico dei Rettili. Paria, 1845. te) Leydig, AnatomUch-histologische Untersuchungen ûber Fische und Reptilien, p. 57. du art et du sang veineux. llOll APPAREIL DR LA CIRCULATION faire nourricier avant de revenir à son point de départ. Mais chez les Batraciens dont le développement est achevé , il en est autrement. Il y a deux cercles vasculaires ; il y a une grande et une petite circulation dans chacune desquelles le sang, parti du cœur, revient à cet organe avant de s'engager dans le cercle complémentaire, et ces deux cercles se confondent dans l'in- térieur de cet organe, de sorle que le sang venant de l'un de ces systèmes vasculaires s'y mêle toujours avec celui venant de l'autre. Mélange En effet, c'est du ventricule unique du cœur que naissent les ang ariénoi deux courants, qui bientôt se séparent pour aller , l'un aux pou- mons par les artères pulmonaires, l'autre au. réseau des vais- seaux nourriciers de tout le corps par l'intermédiaire de l'artère aorte. Le sang qui revient des poumons pénètre dans l'oreillette gauche; celui qui revient de l'ensemble de l'organisme est reçu dans l'oreillette droite ; mais ces deux oreillettes déversent leur contenu dans le ventricule unique, et par conséquent là les deux courants se mêlent et se confondent. Il en résulte que, même chez les Batraciens où l'appareil pulmonaire est le plus développé, tels que les Salamandres et les Grenouilles, l'effet utile de la respiration est fort minime, car le sang artérialisé par le contact de l'air dans les pou- mons vient se mêler dans le ventricule du cœur avec tout le sang veineux qui revient des diverses parties du corps , et c'est une portion de ce mélange qui se distribue de nouveau dans le système irrigntoire de l'organisme, tandis qu'une autre portion retourne aux poumons. Les capillaires nourriciers ne reçoivent donc que du sang imparfaitement artérialisé; et lors- qu'on examine avec attention les diverses portions de cet appa- reil circulatoire, on voit que la proportion de sang artériel ainsi délayé, pour ainsi dire, dans du sang veineux, doit' être très faible, car les artères pulmonaires sont fort grêles comparati- vement à toutes les autres divisions vasculaires qui naissent de CHEZ LES BATRACIENS. ftOB l'aorte commune, et par conséquent le filet sanguin qu'elles débitent doit être toujours plus ou moins mince par rapport au courant qui, engagé dans le système artériel général, revient au cœur à l'état de sang veineux. Cette faiblesse de l'action pulmonaire dépendante de la struc- ture de l'appareil de la circulation peut, il est vrai, se trouver compensée en partie par la respiration cutanée. Presque (ous les Batraciens ont la peau nue, et le sang contenu dans les nombreux vaisseaux qui viennent s'y ramifier peut y subir facilement l'influence de l'air; aussi avons-nous vu que chez ces Animaux la respiration cutanée acquiert une grande impor-, tance (1). Il en résulte que le sang veineux qui des parties pro- fondes de l'organisme revient au cœur est déjà mêlé à une certaine proportion de sang artérialisé dans les vaisseaux sous- cutanés, et que celui-ci vient, pour ainsi dire, en aide au sang artériel élaboré en petite quantité dans les poumons. Mais il est des Batraciens chez lesquels cette ressource manque presque complètement, car leur peau, au lieu d'être nue comme celle de la Grenouille, est revêtue d'écaillés. Les Cécilies, qui, à raison de leur forme et de l'absence de pattes, ont été. pendant longtemps rangées par les naturalistes dans l'ordre des Serpents, mais qui sont en réalité des Batraciens apodes, nous offrent un exemple de ce mode d'organisation, et par conséquent]chez elles la respiration cutanée ne saurait être que très faible (2). Chez les Batraciens Pérennibranches la pauvreté de la circu- lation pulmonaire est compensée en partie par l'appareil bran- (1) Voyez tome I, page 503. diffère que peu de celui des Gre- (2) L'appareil circulatoire des Ceci- nouilles (a). lies a été décrit par M. Rathke, et ne (a) Rallike, Bemerkungen iiber mehrere Korpertheile dev C.œrWh aftnnlala (Miiller's Archh fur Anal, und Phy&iol:, 1852, p. 352 et sùîv., pi. 9, fig. 1). 40G APPAREIL DE LA CIRCULATION cbial situé sur le passage du sang qui se rend du cœur aux diverses parties de l'organisme ; mais il est à remarquer que les panaches respiratoires dont cet appareil se compose ne peu- vent guère fonctionner utilement quand l'animal est hors de l'eau, et que, d'un autre côté, les poumons cessent d'artérialiser le sang qui les traverse quand l'animal est submergé. Dans l'un et l'autre cas , il y a donc une portion du sang qui, en circu- lant, échappe à l'action de l'oxygène ambiant; et pour que le travail respiratoire ait toute l'activité dont il est susceptible, il faut que l'animal soit dans l'eau pour utiliser ses branchies et qu'il puisse venir souvent à la surface de ce liquide pour satis- faire aux besoins de la respiration pulmonaire (1). Et encore la totalité de son sang ne sera-t-elle pas toujours soumise à l'in- fluence de cette fonction ; car nous avons vu que l'une des branches terminales des arcs vasculaires postérieurs va en gé- néral s'anastomoser avec les racines de l'aorte , sans passer ni par les branchies, ni par les poumons. Rapports § 9. — Je ferai remarquer aussi combien les transitions sont les Batraciens graduelles entre le mode d'organisation typique de l'appareil circulatoire dans les deux classes de Vertébrés Anallantoïdiens, les Batraciens et les Poissons. Les ressemblances n'existent pas seulement entre la disposition du système vasculaire chez le têtard du Batracien et le Poisson , soit à l'état d'embryon, soit à l'état adulte; mais les deux formes qui sont si dis- tinctes chez les principaux représentants de ces groupes se rapprochent et se confondent chez quelques espèces qui sem- blent lier les deux classes entre elles. Ainsi, soit que l'on range le Lepidosiren dans la classe des Poissons, soit qu'on le place (l) Il paraîtrait , d'après les obser- vient que très rarement à la surface valions de M. Hyril, que le Protée ne de l'eau pour respirer l'air (a). (a) Hyril, Derichtigungen ùber den Bau des Cefdss-Systems von Hypochlhon Lanrenlii (Medici nische Jahrbùrher des Oe'sterreichischen Staates, 1844, t. XLVIII, p. 257). entre Batrac et les Poissons. CHEZ LES BATRACIENS. !l01 parmi les Batraciens, nous voyons que cet animal, par le mode de constitution de son appareil circulatoire, aussi bien que par la disposition des organes de la respiration, diffère à peine des Batraciens Pérennibranches, tels que l'Axolotl et la Sirène, d'une part, et des Poissons des genres Polyptère, Amia et Lé- pisostée de l'autre. Les caractères que l'on peut invoquer pour établir ici la ligne de démarcation n'ont aucune fixité, et par conséquent ne peu- vent avoir que peu d'importance dans la Nature. J'insiste sur ce point , parce que les auteurs se forment souvent des idées fausses touchant la circonscription des familles ou des classes zoologiques. On les représente d'ordinaire comme ayant des limites parfaitement nettes et comme pouvant être définies à l'aide de quelques mots. Cela est vrai pour les types ou représentants ordinaires de la plupart de ces groupes, mais ne l'est pas pour ces groupes eux-mêmes; car presque toujours ceux-ci se rencontrent et se confondent plus ou moins complè- tement entre eux sur quelques points de leur circonférence. Les discussions qui se sont élevées depuis quelques années^ parmi les zoologistes , sur la place que le Lepidosiren doit occuper dans nos systèmes de classification , fournissent la preuve de ce que j'avance ici, et montrent combien certaines espèces intermédiaires se ressemblent, soit qu'elles dérivent du type ichthyologique, et qu'elles revêtent la plupart des carac- tères des Batraciens , soit que le tracé organique propre à ce dernier y ait été modifié par des emprunts faits au plan anato- mique du Poisson. Mais c'est là un sujet qui est du domaine de la taxinomie zoologique plutôt que de la physiologie ou de l'amitomie, et par conséquent je ne m'y arrêterai pas ici, et. je passerai tout de suite à l'étude de l'appareil circulatoire dans la classe des Reptiles. VINGT -HUITIEME LEGON. De la circulation du sang chez les Pieptiles. Caractère général de l'appareil circulatoire des Reptiles. § \ . — ■ Dans cette grande division de l'embranchement des Vertébrés, de même que chez' les Batraciens, il y a toujours mélange d'une portion plus ou moins considérable de sang veineux avec le sang artériel; mais les deux cercles vascu- laires tendent à se juxtaposer seulement et à se compléter l'un l'autre, au lieu de se confondre, et par conséquent nous rencon- trons ici de nouveaux perfectionnements dans l'appareil irriga- loire(l). En effet, le cœur, composé de deux oreillettes et d'un ventricule unique chez la plupart des Reptiles, montre chez plu- sieurs de ces Animaux une tendance à se diviser en quatre ca- vités, deux ventricules, aussi bien que deux oreillettes, et par- fois même cette séparation devient complète, de façon que le sang veineux reçu dans une des moitiés de l'organe ne pénètre pas dans l'autre, qui ne reçoit que du sang artériel. Mais, dans tous les cas, ces deux portions du fluide nourricier se mêlent plus ou moins complètement avant d'être distribuées dans le système capillaire; car ici, de même que chez les Batraciens, l'aorte dorsale résulte de la réunion de deux ou de plusieurs crosses paires, et lorsque la portion ventriculaire du cœur est complè- tement divisée en deux loges, dont une est artérielle et l'autre veineuse, ces deux racines de l'aorte naissent de ces deux moitiés du cœur, de façon à conduire dans la grande artère du corps un courant de sang veineux aussi bien qu'un courant de sang artériel, et le mélange de ces deux liquides est rendu plus (1 ) Claude Perrault , le célèbre architecte à qui l'on doit la colonnade du Louvre et un recueil important de recherches sur Tanatomie des Ani- maux, fut, je crois, le premier à con- stater ce mode de circulation chez une grande Tortue de l'Inde. Ce na- turaliste émineht mourut en 1688; APPAREIL DE LA CIRCULATION CHEZ LES REPTILES. ft09 complet par une communication directe ouverte en Ire ces crosses, près de leur origine. §2. — D'autres différences clans l'appareil circulatoire des Reptiles, comparé à celui des Batraciens, dépendent d'une cen- tralisation plus grande dans la portion antérieure du cœur, et la division du travail se prononce davantage dans les gros vais- seaux qui sortent de cet organe. Chez l'embryon, la conforma- tion de ces parties est à peu près la même dans ces deux classes d'Animaux. Le cœur offre en avant un bulbe arrondi qui est séparé du ventricule par un rétrécissement, ou détroit de Haller, très bien marqué, et l'aorte se divise, comme d'ordinaire, en une double série d'arcs vasculaires (1). Mais, par les progrès du développement, le bulbe tend de plus en plus à se rapprocher du ventricule, se confond avec lui, et finit par disparaître plus ou moins complètement (2), de façon que le cœur ne se trouve composé que de deux étages, une portion auriculaire et une portion ventriculaire. La séparation longitudinale que nous avons vue s'établir d'une mais le mémoire contenant la décou- (1) [Nous reviendrons plus tard sur verte dont je viens de parler ne fut le mode de développement de l'appa- publié que fort longtemps après (a). reil circulatoire de ces Animaux, et, Perrault se livra à l'exercice de la pour le moment, je me bornerai à ren- médecine avec distinction ; c'était un voyer aux travaux publiés sur ce bomme remarquable par sa douceur sujet par MM. Baer, Hatbke et Agas- et sa bienfaisance. Il est donc fâcheux, siz (c). pour la réputation morale de Boileau, (2) Chez les Scinques, le bulbe est que ce poète ait osé le désignerai! très réduit, mais se voit encore bien mépris du public en l'appelant « mé- distinctement à la face antérieure du dpcin ignorant » et a assassin » (6). cœur (<$)• (a) Perrault, Description anatomique d'une grande Tortue des Indes (Mém. pour servir à l'histoire naturelle des animaux, t. III, 2e partie, 1732, p. 190). (b) Boileau Despréaux, Art poétique, chant IV, et Épigramme à un médecin. (c) Baer, Ueber die Entwickelungsgeschichte der îhiere, t. H, p. 159 (1837). — Ralhke, Enhvickelungsgeschichte der Natter (Coluber natrix), pi. 4, fig. 1 à 9, etc. (1839), et Entivickelung der Schildkroten, 1848, p. 210 et suiv. — Agassiz, Contributions to the Natural History ofthe United States of America, t. II, p. 594 M suiv., pi. 14, fig. 4, etc. (1857). (d) Dp Natale, Ricerche anatomiche sullo Scinco variegato, p. 3R, pi. 2, fig1. 1 (extrait des Mém. de YAcad. de Turin, 2e série, t. XIII, 1852). /jlO APPAREIL DE LA CIRCULATION manière incomplète dans le commencement de l'aorte commune chez quelques Batraciens, se perfectionne chez les Reptiles, et amène une distinction complète entre le système artériel pul- monaire et le système artériel général. Enfin, le mouvement de retrait qui fait disparaître le bulbe semble se prolonger et s'étendre à la base des arcs aortiques, de sorte que souvent les principaux troncs artériels , au lieu de naître comme des branches d'un tronc commun , partent directement du ven- tricule. Ces diverses modifications ne se prononcent pas toujours au même degré, et venant à se combiner avec celles qui s'effec- tuent dans la structure du cœur, déterminent des variations nombreuses et importantes dans la constitution de l'appareil circulaire chez les divers Reptiles. Pour l'étude de cet appareil, je choisirai comme premier exemple la Tortue, (1). (1) La plupart des faits fondamen- vations sur le même sujet (b). En taux relatifs à la structure de l'appa- 1781, Gottwaldt ajouta quelques faits reil circulatoire des Tortues ont été nouveaux relatifs à l'anatomie des constatés par les anatomistes du xvne Carets (c). En 1808, Wrisberg publia siècle ou du commencement du siècle des recherches sur le cœur de la Tor- suivant : ainsi Perrault d'abord, puis tue franche, ou Chelonia Miàas (d). Méry et Duverney, contribuèrent à faire Mais le travail le plus approfondi sur connaître la disposition du cœur et ce point d'anatomie physiologique est des gros vaisseaux {à). Peu de temps la belle monographie de Bojanus sur après, Bussière à Londres, et Morgagni la Tortue bourbeuse (e). J'aurais aussi à Pa vie, publièrent de nouvelles obser- à citer ici les recherches plus récentes (a) Perrault, Op. cit. — Duverney, Observations sur la circulation du sang dans le fœtus, et description du cœur de la Tortue et de quelques autres animaux (Mém. de l'Acad. des scienees, 1699, et Œuvres anatomiques , t. II, p. 458). — Méry, Description du cœur d'une grande Tortue d'Amérique (Mém. de l'Acad. des sciences, 1703, p. 457, pi. 12, fig. 1 à 8). (b) Bussière, An Anatomical Description of the Heart ofLand Tortoises from America (Philos. Trans., 1710, p. 170, pi. n" 328, fig. 1 à 4). — Morgagni, Adversaria anatomica quinta, animadversio xvii (1719) (Opéra omnia, t. II, p. 153). (e) Gottwaldt, Physikalisch- anatomische Bemerkungen ûber die Schildkroten. Niirnberg, 1781. (d) Wrisberg, Obsei'V. anat. de corde Testudinis marinœ Midas dicta: (Commentalianes Societatis scientiarum Gottengensis, 1808, t. XVI, p. 48, fig.). (e) Bojanus, Anatome Testudinis europœœ, in-fol. Vilnse, 1819-1821. CHEZ LES REPTILES. 411 & 3. — Le cœur des Chéloniens, de même que celui de la cœur des Cliéloiiiens. plupart des autres Reptiles, se compose de deux oreillettes et d'un seul ventricule. Cet organe est situé sous les poumons, immédiatement au- devant du foie , et la poche séreuse qui le renferme se confond en arrière avec la membrane péritonéale dont cette glande est revêtue. Il est bon de noter aussi qu'au lieu d'être suspendu librement dans le péricarde, comme chez les Vertébrés supé- rieurs, le cœur des Tortues ressemble à celui des Poissons par la manière dont il est, pour ainsi dire, amarré dans sa loge par des cordons fibreux en nombre plus ou moins considérable (1). 11 est grand et de forme ramassée ; en général, il est même beau- coup plus large que long. Les oreillettes , peu distinctes extérieurement , débordent le ventricule en avant et sur les côtés. Celle de droite est la plus volumineuse, et reçoit le sang venant du système veineux général. Les veines pulmonaires débouchent dans celle de gauche. A l'intérieur, ces deux organes sont séparés entre eux par une cloison membraneuse qui parfois est per- forée, mais qui, en général, est complète , et s'étend en arrière jusque sur la grande valvule auriculo-ventriculaire , do Treviranus et de quelques autres forte que les autres, se fixe au sommet naturalistes (a). du ventricule (6), et contiendrait, d'a- (1) Le péricarde est grand et épais ; près Bojanus , une des veines du postérieurement il est uni à la mem- cœur (c) ; mais cette disposition ne branc qui revêt le foie, et il adhère paraît pas être constante, car souvent aussi à la surface du cœur par un Meckel n'a pu découvrir dans cette nombre plus ou moins considérable bride aucune trace de l'existence d'un de brides filiformes , dont une plus vaisseau sanguin (d). (a) Treviranus, Bau des Ilerzens der Schildkrolen, etc. (Lieobachluhgen aus der Zoolomie und Physiologie, I. Heft, p. 2, 1839). (6) Duverney, Observ. sur la circulation du sang dans le fœtus, et description du cœur de lu Tortue [Acad. des sciences, 1699, et Œuvres anatomiques , t. II, p. 459, pi. 6, fig. 3). — Goltwaldt, PhysikaUsch-Anatoinische Beobachtungen ûber_ Schildkroten, pi. C, fig-. 3 (i 781). (c) Bojanus, Anatome Testudinis europœœ, pi. 29, fig. 160. ( « • -i des Ophidiens. comme celui des lortues, est très allonge, mais du reste il y ressemble beaucoup par sa composition , et il est situé aussi très loin de la tête (3). Les deux oreillettes sont complètement (1JM. Mayer a étudié avec beaucoup de soin ces particularités de struc- ture chez la Testudo tessellata, et y attribue une influence très grande sur la direclion des courants de sang ar- tériel vers les orifices de l'aorte et du sang veineux vers l'embouchure des vaisseaux pulmonaires (a). Celte bande charnue se porte obli- quement du sommet de la loge prin- cipale du ventricule à la partie anté- rieure de sa paroi inférieure, et tend à diviser la cavité de cette loge en deux portions dont l'une renferme l'orifice de l'artère pulmonaire , et l'autre les orifices aorliques. Le rôle de celte colonne charnue dans le mé- canisme de la circulation a été très nettement indiqué par Gulhrie (6). (■2) Les principaux travaux sur le système circulatoire des Serpents sont ceux de MM. Schlemm, lïetzius, .Tac- quart et Briicke (c). M. Martin Saint- Ange a donné aussi une figure de l'intérieur du cœur de la Couleuvre à collier (d). Enfin , tout récemment, M. Rathke a publié des observations sur le cœur et les artères des Amphis- bènes , Reptiles serpentiformes que Cuvier rangeait dans l'ordre des Ophi- diens, mais que la plupart des zoolo- gistes du jour considèrent comme ap- partenant au groupe des Sauriens (e). (3) Chez les Orvets, le cœur est silué très près de la région pharyngienne ; mais, chez la plupart des Serpents, il est placé vers le quart de la longueur du corps, ainsi que cela se voit chez la Couleuvre à collier (f) et chez le Python {g). (a) Mayer, Kreislauf des Blutes bel den Amphibien (Analeeten fur verglcichende Anatomie, p. 45, pi. G, fig-. 1). (b) Guthrie, Obs. onthe Strucl. of the Heart of llie Testudo indica (Zool. Journ., 1829, t. IV, p. 324). (c) Schlemm, Analomische Bcschreibung des Blutgefâss-Sgslems der Schlangen (Zeitschr. fur Physiologie von Treviranus, 182G, t. II, p. 101, pi. 7). — Retzius, Anatomisk undersvkning ôfver nàgra delar af Python bivillatus (Mém. de l'Acad. de Stockholm, 1829, p. 81, et Isis, 1832, t. I, p. 511). — Jacquart , Mémoire sur les organes de la circulation chez le Serpent Python {Ann. des sciences nat., 1855, 4e série, t. IV, p. 321, pi. 9, 10 et H). — . Briicke, Op. cit. [Mém. de l'Acad. de Vienne, 1852, t. III, p. 342. ((/) Martin Saint-Ange, Circulation du sang, fig. 20. (e) Rathke, Uiitersuchitngcn liber die Aortcnwurzeln der Saurieu (Dcnkschrift der Akad. der Wissensch. zu Wien, t. XIII, 1S57). (f) Milnc Edwards, Éléments de zoologie, 3e partie, p. 205, fi^. 359. (g) Jacquart, loc. cit., pi. 9, Gg. 1. Z[18 APPAREIL DE LA CIRCULATION séparées entre elles, et leurs parois sont garnies intérieurement de piliers charnus. Chez le Python, que je choisirai ici comme exemple principal, parce que l'anatomie vient d'en être laite avec beaucoup de soin par M. Jacquart, l'un des aides natura- listes attachés au Muséum, les orifices des deux grands troncs veineux (savoir, d'un côté le sinus formé par la veine jugulaire droite et la veine cave postérieure, de l'autre la veine jugulaire gauche) sont très rapprochés, et protégés par un appareil valvu- lairc commun qui se compose de deux voiles membraneux comparables à des paupières et séparés entre eux par une fente allongée. L'ouverture qui conduit dans le ventricule est occupée par une grosse valvule semi-circulaire dont la base se continue avec le bord postérieur de la cloison interauriculaire (1). L'oreillette gauche, à peu près de moitié plus petite que la précédente, reçoit le sang du poumon par un orifice pratiqué à la partie postérieure de sa paroi supérieure et dépourvu de val- vules. Son orifice auriculo-ventriculaire est disposé comme celui de l'oreillette droite (2). Le ventricule du cœur des Serpents est divisé, comme celui des Tortues marines, en deux loges (3), par une cloison charnue (1) La face postérieure ou ventricu- chaque orifice uuc soupape semi-lu- lairc de celte valvule est convave, et naire plus distincte (6,\ son bord libre est attaché aux parois (3) Toute la portion périphérique du ventricule par des piliers fibreux de chacune de ces loges est subdivisée qui en occupent les angles (a). en une multitude de petites cavités (2) La valvule auriculo-ventriculaire accessoires par des trabécules char- gauche forme avec celle de droite, à nues ou tendineuses, qui se réunissent laquelle elle est unie par sa base, une entre eux de façon à constituer une espèce de voile transversal qui adhère sorte de trame irrégulière ou de au bord postérieur de la cloison inler- masse caverneuse. Cette disposition auriculaire, et qui ressemble beaucoup compliquée a été très bien mise en à l'appareil correspondant, chez les évidence par les préparations analo- Torlucs, mais qui forme ici, pour iniques de M. Briickc (c). (a) Voyez Jacquart, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 4° série, l. IV, pi. 10, fig'. 7, n" 0, et fig. 8, n* 15). (6) Jacquart, loc. cit., pi. 10, 11-. 11, et pi. 11, fig\ 10, il' 1. (c) Briickc, Deitrâge zur vergleich. Anal, und Physiol. des Cefâss-Syslems (Mém. de l'Acad. de Vienne, 1852, t. III, p. 312, pi. 19, fiç. G et 7). CHEZ LES REPTILES. A'10 incomplète qui s'étend longiludinalement du sommet ou pointe de cet organe vers sa base, et qui correspond à un léger sillon visible à l'extrémité (1). La loge artérieuse, ou loge gauche, est très petite , et n'a d'autre orifice que l'ouverture auriculo-ven- triculaire par laquelle le sang rouge y arrive, et le pertuis prati- qué dans la cloison qui la sépare de la loge principale du ven- tricule. Ce trou est situé immédiatement derrière la base des deux valvules auriculo-ventriculaires, et se trouve bouché par elles quand ces soupapes s'abaissent pour laisser entrer le sang des oreillettes dans le ventricule (2). La loge principale, ou loge droite du ventricule, est très spa- cieuse, et sa cavité est incomplètement subdivisée en deux com- partiments, ou niches, par un pilier charnu ou bourrelet qui adhère à sa paroi dorsale et se porte de son sommet vers l'em- bouchure des troncs artériels. L'un des compartiments ainsi délimités est situé du côté ventral , et présente à sa partie antérieure l'orifice de l'artère pulmonaire , disposition qui lui vaut le nom de vestibule ou sinus pulmonaire ; l'autre occupe la partie supérieure ou dorsale du ventricule droit, et l'on peut l'appeler le vestibule aortique, parce qu'il donne naissance aux deux aortes, dont les orifices, de même que celui de l'artère pulmonaire, sont pourvus chacun de deux valvules sigmoïdes. Enfin, il est aussi à noter que l'orifice de la loge artérieuse du (1) Celle cloison charnue naît du laissé libre entre la loge antérieure du fond de la cavité du ventricule, et se ventricule et la loge principale ou porte vers la paroi antérieure ou auri- veineuse de cet organe. La structure culaire de cette chambre, mais n'y de cette cloison a été décrite avec arrive pas complètement , et c'est beaucoup de soin par M. Jacquart. Un l'espace laissé entre son bord infé- sillon y correspond extérieurement (a), rieur concave et la base des deux \ al- (2) MM. Ilopkinson et Pancoast vules auriculo-ventriculaires adossées ont décrit cette disposition chez le l'une à l'autre qui constitue le passage Python réticulé (6). (a) Jacquart, loc. cit., p. 329, pi. 10. fig. S, et pi. M, fig. 10. (6) Hopkinson and Pancoast, On the Viscéral Artatomy of Vie Python (Trans. of the American Philosnph. Society, 1835, new série?, vol. V, p. 130). /i"20 APPAREIL DE LA CIRCULATION ventricule est placé à la partie antérieure de cette portion aor- tique de la loge principale, et se trouve, par conséquent, séparé de l'embouchure de l'artère pulmonaire par le bourrelet charnu dont il vient d'être question (1). Il résulte de ces dispositions organiques qu'au moment de la diastole de la portion ventriculaire du cœur et de la contraction des deux oreillettes, le sang artériel venant des poumons, et contenu dans l'oreillette gauche, va remplir la petite loge gauche du ventricule, et le sang veineux renfermé dans l'oreillette droite pénètre dans la loge ventriculaire principale. Puis, au moment de la systole du ventricule, la portion du sang veineux contenu dans le compartiment inférieur de cette dernière loge s'en écoule par l'orifice de l'artère pulmonaire, pendant que la portion du même liquide contenue dans le vestibule aortique, et le sang artériel qui y arrive de la loge ventriculaire gauche par le pertuis de la cloison, se mêlent et pénètrent dans les aortes. M. Brùcke a remarqué aussi que la loge artérieuse ne se vide que pendant la seconde moitié de la systole ventriculaire, et que dans le même moment le bourrelet cloisonnairede la loge prin- cipale s'applique contre l'orifice de l'artère pulmonaire et l'obstrue | de telle sorte que chez les Serpents, de même que chez les Tortues, le sang vermeil, tout en passant dans le ventricule où arrive aussi le sang veineux, ne retourne pas aux poumons et se rend dans les vaisseaux de la grande circu- lation (9). (1) La colonne charnue qui consli- sus des orifices aorliques, tandis que lue celte cloison incomplète, ou boar- l'orifice de l'artère pulmonaire est relet, adhère à la paroi dorsale du situé beaucoup plus de côté dans le ventricule par son bord supérieur, et compartiment inférieur (a). son bord inférieur, qui est libre , fait (2) Le sang, reçu par tous les or- saillie entre les deux portions de la gancs, n'en est pas moins un mélange loge principale. Antérieurement celte de sang veineux et de sang artériel ; bande musculaire se termine au-clcs- seulement, à l'aide de la disposition (a) Voyez Jacquarl, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 4° série, t. IV, pi. 10, fijf. 8). CHEZ LES REPTILES. &21 § 5. — Chez quelques Sauriens, la structure du cœur est à peu près la même que dans les deux groupes dont je viens de parler (1). Ainsi, chez les Lézards et les Yarans, le ventricule est partagé en deux loges par une cloison plus ou moins com- plète, et la loge artérieuse dans laquelle débouche l'oreillette gauche ne donne naissance à aucun vaisseau, mais verse le sang qu'elle a reçu dans la loge principale, où se trouvent les orifices des artères aortiques , aussi bien que celui de l'artère pulmonaire ; enfin des dispositions analogues à celles dont les Ophidiens et les Chéloniens nous ont déjà offert des exemples tendent à y diriger le sang veineux plus particulièrement vers cette dernière ouverture , tandis que le sang artériel se porte de préférence vers les artères du système aortique (2). Coeur des Sauriens ordinaires. observée par M. Briicke, la totalité ou la presque totalité du sang rendu arlé- riel dans les poumons se trouve uti- lisée dans la circulation générale, et c'est du sang veineux presque pur qui retourne aux poumons (a). (!) Chez la plupart des Sauriens ordinaires, le cœur est situé très près du cou, au-dessus de la portion anté- rieure du sternum ; mais chez le Varan il se trouve plus en arrière. Pour plus de détails à ce sujet, on peut consulter un travail récent de M. Rathke (b). En général, le sommet du ventricule adhère au péricarde par un filament court et épais. Chez le Pseudopus Pallasii , on trouve une quinzaine de ces brides (c). (2) Chez le Varan (Psammosaurus griseus), le ventricule est divisé comme d'ordinaire en deux loges inégales, dont l'une, moins grande, mais plus musculaire que l'autre, est placée à gauche et au-dessus de celle-ci. La cloison qui sépare ces deux cavités n'est percée qu'en avant, immédiate- ment derrière l'orifice auriculaire droit, et le passage ainsi ménagé entre les loges artérieuse et veineuse du ventricule est garni de brides char- nues ou tendineuses. La loge arté- rieuse, ou gauche, présente au milieu une cavité assez spacieuse dans la- quelle débouche l'oreillette gauche, et tout autour des cavités accessoires très irrégulières, ménagées entre les co- lonnes et trabécules charnues dont ses parois sont garnies ; elle ne commu- nique d'ailleurs qu'avec la loge vei- neuse. Celle-ci est plus grande que la précédente et se trouve, comme d'or- dinaire , incomplètement subdivisée en deux portions pai' le bourrelet ou pilier musculaire dont il a été déjà (a) Briike, Op. cit., p. 342. (b) H. Ralhke, Untevsucluinqen iiber die Aortenwurzeln , und die von ihnen ausgehenden Arterien der Saurier, p. 9 (extr. des Dcnkschriften der Akad. der Wissensch. zu Wien., -1 857, t. XIII). (e) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 300. /j22 APPAREIL DE LA CIRCULATION Chez le Caméléon, la structure du cœur se simplifie môme davantage, et les deux loges dont il vient d'être question se con- fondent (1). Mais chez d'autres Sauriens ordinaires, tels que les Iguanes, la portion ventriculaire du cœur présente un mode de con- formation très différent. Une cloison incomplète, qui paraît correspondre à la bande charnue que nous avons rencontrée question chez d'autres Reptiles. Ce pilier, saillant, adhère à la cloison Interloculaire et se dirige vers les ouvertures du système artériel , de telle sorte que le compartiment de gauche où débouche la loge arté- rieusc renferme l'orifice de l'aorte gauche, et le compartiment de droite, qui est de beaucoup le plus grand, contient l'ouvert ure auriculo- venlri- eulaire droite et l'ouverture de l'ar- tère pulmonaire , ainsi que celle du tronc aorlique droit (a). M. Briïcke, à qui l'on doit une étude très atten- tive de la structure du cœur de ce Saurien , a reconnu que, lors des mouvements de diastole des ventii- cules, la loge gauche prend une teinte rouge clair, qui est due à rentrée du sang artériel, tandis que la loge droite devient d'un rouge sombre, ce qui dépend de l'abord du sang noir venant de l'oreillette droite. Le sang qui s'engage dans l'artère pul- monaire est aussi d'une teinte foncée, tandis que dans les aortes ce liquide est plus vermeil. J'ajouterai que 1\1. Corli, dans sa Monographie analo- mique du Psammosaure, Reptile de la famille des Varaniens, désigne la por- tion inférieure ou veineuse de la loge droite , sous le nom de ventricule droit, et appelle spatium interventr.i- culare le sinus ou compartiment arté- riel qui est en communication directe avec la loge gauche ou loge artérieuse, à laquelle cet analomisle applique le nom de ventricule gauche (6). Le cœur du Fouette-queue d'Egypte (Uromastix) ressemble à celui des Varans (c). Chez les Lézards, la cloison inter- loculaire du ventricule est moins déve- loppée et paraît offrir plusieurs permis, indépendamment de la grande ouver- ture située à sa partie antérieure, près des orifices auriculo-venlriculaires. Il est aussi à noter que le bord supérieur de l'appareil valvulaire dont ces der- niers orifices sont garnis, se prolonge contre une partie saillante des parois du ventricule, de façon à constituer une espèce de gouttière transversale, destinée à conduire le sang artériel de la loge gauche dans la loge principale du ventricule (c/). Le même mode d'organisation pa- raît exister chez le Oecko (lJlatydac- tylus guttalus) et le Bibes Pallasii. (lj Duvernoy a constaté que chez le {a) Voyez Brikko, Deitrcige z-ur vergleicltenden Anatomie und Physiologie des Gefass-Systems, g c, EiJcchseii (tlém. de l'Acad. de Vienne, t. 111, p. 344 et suiv., [il 5, fi^. 8). (b) Cor:i,.De systemate vascrum Ptammosaîiri grisei, p. 13 et suiv. Vienne, 1847. (c) Brikkn, O/j cit., p. 3(9. (d) Duvernoy, Leçons d' anatomie comparée de Cu\iir, 2' éilil., I VI, p. 320. — Miii'IÏH Sain:-Angp, Circulation fi-'. ï>-2. CHEZ LES REPTILES. Û23 dans l'intérieur tic la loge veineuse du cœur du Python et de beaucoup d'autres Reptiles, se développe de façon à diviser cette cavité en deux chambres, qui ont chacune non-seulement une entrée auriculaire, mais une sortie dans le système artériel. Ce sont, par conséquent, deux ventricules; celui de gauche, il est vrai, n'est que peu développé, et semble être seulement une dépendance de l'autre, mais il donne naissance à l'aorte gauche. Le ventricule droit, dans lequel débouche l'oreillette veineuse, loge l'orifice de l'autre crosse aortique, ainsi que l'orifice de l'artère pulmonaire (1). Le cours du sang vermeil qui arrive des poumons peut donc se continuer jusque dans le système artériel aortique par l'inter- médiaire de ce ventricule gauche de nouvelle création, pendant que le sang noir versé dans l'oreillette droite par l'ensembledes veines du corps traverse le ventricule droit pour se rendre, en partie au moins, dans l'artère pulmonaire. Mais le mélange du sang veineux et du sang artériel a encore lieu, d'abord dans l'intérieur du cœur, puis dans le système irrigatoire-, car la cloi- son interventriculaire est largement perforée, et les deux crosses aorliques qui naissent, l'une du ventricule artériel, l'autre du ventricule veineux, se réunissent bientôt pour constituer la grande artère longitudinale du corps ou aorte dorsale, et, par conséquent, les deux courants, dont les points de départ sont différents, ne tardent pas à se confondre. Caméléon ordinaire le ventricule pré- sans que lescompaitimenls ainsi for- sente en avant un enfoncement circu- mes puissent être comparés aux loges laire qui est commun aux orifices des distinctes du cœur des Lézards. Il est deux oreillettes, et plus à gauche un aussi à noter que les parois du ven- autre enfoncement où se trouvent les triculc ont une structure très caver- embouchures des artères aorliques et neuse (a). pulmonaires. La cavité du ventricule (1) Voy. Cuvier, Anal, comp., t. VI, se bifurque à droite et ù gauche, mais p. 321. (a) Duvcrnoy, Leçons d'àtiatomie comparée do Cimier, 2" cdil., t. VI, p. 321. k^ll APPAREIL DE LA CIRCULATION cœur § 6. — Enfin , dans la famille des Crocodiliens (1), la divi- des crocodiliens. sion du travail fait un pas de plus; la cloison interventricu- laire se complète, et les deux ventricules se trouvent entièrement séparés l'un de l'autre. L'oreillette droite, parfaitement distincte de la gauche , recouvre en dessous la base du ventricule, et reçoit les grosses veines du corps par un orifice pratiqué à sa paroi supérieure et pourvu de valvules, à peu près comme chez les Tortues et les autres Reptiles. Le ventricule droit, situé auprès, a des parois charnues très épaisses, et reçoit le sang veineux de l'oreillette par une large ouverture dont les bords sont garnis de valvules. Enfin, à sa partie antérieure, ce ven- tricule présente deux autres orifices qui sont très rapprochés et garnis également de valvules : l'un appartient à l'artère pul- monaire et se trouve au fond d'un petit sinus (2), l'autre est l'entrée de la crosse aortique droite. L'oreillette gauche, beau- coup moins développée que sa congénère et logée en majeure partie au-dessus des gros vaisseaux du cœur, reçoit par sa partie antérieure et interne les veines pulmonaires, et le sang- artériel qui arrive ainsi dans sa cavité passe ensuite dans le ventricule gauche. Celui-ci est situé au-dessus du ventricule droit; son orifice auriculaire est pourvu de valvules, comme d'ordinaire, et à sa partie antérieure cette chambre artérieuse donne naissance à la seconde crosse aortique. il n'existe aucun passage direct entre les deux ventricules, et par conséquent le sang veineux qui arrive des deux parties du corps, et le sang artériel qui vient des poumons, ne se mêlent pas dans le cœur, ainsi que cela a lieu chez les autres Reptiles; mais ce mélange ne tarde pas à s'effectuer dans les gros troncs artériels, à l'aide (1) Le cœur de ces Reptiles est logé (2) C'est ce sinus, situé à la partie en partie entre les deux lobes du foie, moyenne de la base du cœur, qui a été et se trouve plus loin de la lète que considéré comme une troisième loge chez les autres Sauriens. par Cuvier (a). (a) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1" édit., t. IV, p. 221 (1805). CHEZ LES REPTILES. 425 d'une disposition anatomique fort simple : savoir, d'une part, communication l'établissement d'une communication directe entre les deux les deufcrosses crosses aortiques, au moment même de leur sortie du cœur, et, un peu plus loin, la réunion de ces deux vaisseaux en un tronc unique (1). (1) La structure du cœur et de ses dépendances n'était pas bien connue de Cuvier, qui admettait l'existence de pertuis conduisant d'un ventricule à l'autre, et qui a cru devoir distinguer trois loges ventrieulaires (a). En 1824, une très bonne description en fut donnée par un analomiste américain peu connu, Hentz (b), et les observa- tions de celui-ci furent confirmées par ïlarlan (c) ; mais quelques années après, M. Martin Saint-Ange, tout en arrivant au même résultat en ce qui concerne la non - perforation de la cloison interventriculaire, méconnut l'existence de l'orifice de communi- cation entre la base des deux troncs aortiques, et donna de la sorte une idée fausse du mode de circulation du sang chez ces Reptiles (c/). Cette erreur fut relevée d'abord par Panizza (e), puis par M. Mayer et par quelques autres naturalistes (/"). Aujourd'hui, on est généralement d'accord sur ce point d'anatomie physiologique , et tous les auteurs les plus récents dé- crivent le cœur des Crocodiliens à peu près comme l'avait fait Hentz, il y a plus de trente ans. 11 est aussi à noter que Duvernoy, tout en confirmant les observations de ses prédécesseurs , quant à l'existence de l'orifice ana- stomolique , dit for amen Panizzœ , avait supposé que cette ouverture se rétrécissait et s'oblitérait même com- plètement par les progrès de l'âge (g) ; mais M. Poey a constaté qu'il en est tout autrement (h). Plus récemment, la persistance du trou de t'anizza et l'absence de perforations dans la cloi- son interventriculaire ont été consta- tées aussi chez un nombre considé- rable de Caïmans et de Crocodiles adultes par M. Crisp {i). (a) Cuvier, Leçons d' 'analomie comparée, t. IV, p. 221 (1805). (b) N. M. Hentz, Some Observations ok the Anatomy and Physiulogy of the Alligator ofNorth America. Communicated to the American Philosophical Society in 1820 {Transactions of the American Philosophical Society, 1825, new séries, vol. II, p. 210, pi. 2). (c) Letter from D' Harlan to N. M. Hentz, containing some further Observations on the Phy- siology of the Alligator (Trans. of the Amer. Philos-. Soc., \ol. II, p. 226). (d) Martin Saint- Ange, Circulation du sang considérée chez le foetus de l'Homme, et comparati- vement dans les quatre classes des Vertébrés, lilhogr. in-ïbl. (c) Panizza, Soprail sistema linfalico dei Rettili (Ricerche zoolomiche, p. 12, Pavie, 1833). (/■) Mayer, Analecten fur vergleichende Anatomie, 1835, p. 45. — Bischoff, l'eber den Bau des Crocodil-Herzens , besonders von Crocodilus Lucius (Mùiler's Archivfùr Anat. und Physiol., 1836, p. 1, pi. 1). — Van der Hoeven , Over het Hart der KrokodiUen (Tijdschrift voor natuurlijke Geschiedenis en Physiologie, 1839, t. VI, p. 151). — Briicke, Op. cit. (Mêiti. de Vienne, t. III, p. 350). (g) Duvernoy, Note sur la structure du cœur des Crocodiliens (Journal de l'Institut, 1838, p. 233, et Leçons d'anat comp. de Cuvier, t. VI, p. 317). (h) Poey, Circulation del Crocodilo (Memorias sobra la historia natural de la isla de Cuba, t. I, p. 158, pi. 23, et Append., p. 435,1853). {i) Crisp, On the Heart of Reptiles [Médical Times, 1855, l. X, p. 321). des ordinaires. /i'2G APPAREIL DE LA CIRCULATION Pour bien saisir les conséquences de ces anastomoses, il est nécessaire de connaître la disposition du système artériel de ces Animaux. crosses § 7. — Chez la plupart des Reptiles, le système artériel a°Sricns présente à sa sortie du cœur une disposition analogue à celle que nous avons déjà vue chez les Batraciens et les Poissons , mais qui s'éloigne davantage de la forme primitive qui est com- mune à l'embryon de tous ces Vertébrés. Toujours les crosses aortiques sont paires et forment une sorte d'anneau vasculaire autour de l'œsophage ; mais la symétrie de ces arcs artériels est moins complète, et la moitié droite de cette portion du sys- tème tend à acquérir une importance de plus en plus grande. Quelquefois, chez les Scinques, par exemple, on reconnaît encore bien distinctement trois paires d'arcs vasculaires qui sont conformés à peu près de même que chez les Batraciens, et dont la première paire constitue les artères carotides, et les secondes les deux crosses de l'aorte, tandis que les troisièmes forment les artères pulmonaires (1). Chez les Lézards , les transformations des arcs vasculaires sont portées plus loin, et par suite de divers changements dont il est facile de se rendre compte lorsqu'on étudie le mode de développement du système circulatoire de ces Animaux, non- seulement les deux crosses aortiques sont dès leur naissance distinctes du tronc commun des artères pulmonaires, mais la symétrie de ces vaisseaux se perd en partie. L'une des crosses (I) Chez les Scinques, le système trois branches recourbées en forme artériel ressemble beaucoup à celui d'arcs ou de crosses : la première des Batraciens Anoures. En effet, paire de ces arcs vasculaires constitue M. de Natale a trouvé que chez ces les artères carotides; la seconde paire Sauriens le cœur fournit en avant forme les crosses ou racines de l'aorte deux troncs qui se dirigent en avant dorsale , et la troisième fournit les et en dehors, l'un à droite, l'autre à artères pulmonaires , ainsi qu'une gauche, et qui se divisent chacun en paire d'artères musculo-cutanécs [a). (a) G. de Natale, Uicerche anatomlclie sullo Scincovariegato, 1852, p. 38, pi. i, fi£. 9 (extr, des Mém. de VAcad. de Turin, 2* série, t. XIII]. CHEZ LES REPTILES. A27 aortiques , celle qui se recourbe à gauche , reste simple et ne donne naissance à aucune branche, tandis que l'autre, située à droite, fournit tout le système artériel de la tête et de la por- tion antérieure du corps. Néanmoins les arcs carotidiens con- servent leurs relations primitives avec la portion dorsale ou récurrente des crosses aortiques, et contribuent aussi à la for- mation de l'aorte dorsale ; de sorte que ce dernier vaisseau a en réalité quatre racines, et qu'on voit de chaque côté du cou deux crosses aortiques qui se confondent supérieurement, savoir, une crosse principale ou postérieure, et une crosse accessoire ou antérieure dont nait la carotide correspondante (1). (1) M. Rathke vient de publier un travail très approfondi sur la disposi- tion et le mode de formation de cette portion du système aortique chez le Lézard et un grand nombre d'autres Sauriens (a). Chez l'embryon du Lézard, de même que chez le têtard du Batracien , il part du cœur trois paires d'arcs vas- culaircs qui, après avoir contourné les côtés du cou, se réunissent pour con- stiper les deux racines de l'aorte dor- sale (6). Les arcs de la paire posté- rieure donnent naissance aux artères pulmonaires , et , par les progrès du développement, leur portion termi- nale, qui allait déboucher dans l'aorte dorsale, se flétrit et disparaît ; de façon qu'ils cessent d'avoir la forme de crosses, et que l'aorte dorsale ne con- serve de chaque côté que deux ra- cines formées, l'une par l'arc de la se- conde paire, ou arc principal, et l'autre par l'arc antérieur, ou arc caroli- dien. Enfin, la concentration delà por- tion inférieure ou cardiaque de ces quatre crosses amène dans leur dis- position une autre modification im- portante , car celles de la première paire se confondent à leur base avec la deuxième crosse du côté droit, de manière à en devenir des dépen- dances. Il en résulte que chez le Lézard adulte il ne part du cœur que deux crosses aortiques, et que celle du côté gauche reste simple et ne produit au- cune branche , tandis que celle du côté droit donne presque immédiate- ment naissance à une paire de crosses carolidiennes ou crosses antérieures, lesquelles, après avoir fourni les caro- tides et quelques autres rameaux cer- vicaux, se recourbent en arrière et en haut pour aller se joindre aux crosses aortiques principales et concourir à la formation de l'aorte dorsale (c). La disposition de ces vaisseaux est {a) Ratlikc, Unlcrsuchungen ùber die Aartenwurzeln und die von ihnen ausgehenden Arlerien der Saurier, 1857 (extr. des tlém. de l'Acad. de Vienne, t. XIII). (b) Ratlikc, Op. cit., pi. 2, fig. 5, 0 cl 7. (c) Ilvril, Dcob. aus dem Gebiethe der vergl. Gefâsslehre medicin. Jahresb. des Oesterreich. Slaatcs, 1838, 1. XXIV, pi. 3, flg. 2. — Ralhkc, Op. cit., pi. 2, fi-. 4. /j28 APPAREIL DE LA CIRCULATION Chez d'autres Sauriens , cette portion du système artériel éprouve, par les progrès du développement, des changements plus grands , et chez l'Animal adulte on ne trouve de chaque côté du cou qu'une seule crosse au lieu de deux. En effet: , la partie récurrente et terminale des ares carotidiens s'atrophie et disparaît, de façon que la branche anastomotique, qui, chez le Lézard, s'étend de la base de chaque carotide primitive à la racine aortique et complète en dessus la crosse accessoire , n'existe plus. Ce mode d'organisation se voit chez le Caméléon d'Afrique et chez les Monitors ou Varans. Chez les Ophidiens proprement dits , les arcs vasculaires de la pénultième paire sont aussi les seuls qui concourent à la formation de l'aorte dorsale, et, par conséquent, de même que chez les Chéloniens, il n'y a de chaque côté qu'une crosse aortique simple (1). àpeuprèslamêmechezleStellion(a), mesure que le travail organogénique le GTecko (6), l'Iguane (c), le Lyriocé- s'avance, chacune de ces paires d'arcs phalc (cl), l'Ameiva (e), elc. tend à s'isoler par sa base et à consti- II est aussi à noter que tons ces tuer, aux dépens du tronc commun, vaisseaux, à leur sortie du cœur, sont un vaisseau particulier qui est pourvu unis entre eux par du tissu fibreux, de d'un orifice distinct dans le ventricule, façon qu'au premier abord ils ne pa- Les crosses de la troisième paire for- raissent former qu'un seul tronc ; dis- ment ainsi l'artère pulmonaire et ses position qui en a imposé à quelques deux branches. Mais la division qui anatomisles. s'établit entre la portion moyenne et (1) On voit, parles belles recherches la portion antérieure du tronc vascu- de M. lîathke sur le développement de laire commun des crosses, et qui com- la Couleuvre, que chez ces Animaux le mence au-devant des arcs de la système aortique se compose d'abord, seconde paire, se dirige obliquement, comme chez les autres Reptiles, de de façon à passer entre l'origine de trois paires d'arcs vasculaires qui se ces deux vaisseaux et à laisser au- réunissent latéralement pour donner devant d'elle le point de naissance de naissance aux racines de l'aorte. A l'arc droit, tandis qu'elle isole l'orifice (a) Voyez Blanchard, Organisation du Règne animal, Reptiles, pi. 49 (t85G). (b) Dclle Clriajc, Dissertazioni sull' anatomia umana , comparata e patologica , t. I, pi. il, %• 1- (c) Carus, Tabulœ Anatomiam comparativam illustrantes, pars vi, pi. 5, fig; 5. " (d) Rallikc, Op. cit., pi. 2, flg-, 3. (e) Idem, ibid., pi. \ , %. 6. CHEZ LES REPTILES. ^"29 § S. — Chez les Crocodiliens , des changements analogues ont lieu dans la série des arcs vasculaires primitifs, et amènent un mode de groupement analogue des gros troncs artériels ; mais il s'opère en même temps un mouvement de torsion plus complet dans le faisceau de tubes qui naît ainsi du cœur, et il en résulte que l'orifice de la crosse aortique gauche se trouve, ainsi que l'orifice de l'artère pulmonaire, dans le ventricule droit, tandis que l'orifice de la crosse droite se trouve dans le ventricule gauche. A raison de la division complète de la por- tion ventriculaire du cœur en deux cavités distinctes, ces deux moitiés du système aortique deviennent par conséquent tout à fait isolées l'une de l'autre ; mais si leur individualisation se prononce davantage sous ce rapport , elle devient moins com- plète au dehors du cœur. En effet, la cloison qui sépare la Crosses aorliqucs des Crocodiliens de l'arc gauche, et, en s'avançant vers le cœur, prolonge cette branche arté- rielle jusque dans le ventricule. Il en résulte que le troisième canal longi- tudinal basilaire résultant de ces cloi- sonnements appartient en commun à la crosse moyenne droite et aux deux crosses antérieures. Puis la portion terminale de ces derniers arcs vascu- laires , située au delà de l'origine des branches qu'ils fournissent à la tète, s'atrophie, et ces vaisseaux, qui étaient primitivement les racines an- térieures de l'aorte dorsale, cessent de communiquer avec ce tronc, de- viennent seulement les artères caro- tides et se présentent sous la forme de branches dépendantes de la crosse aortique du côté droit. Enfin les ana- stomoses des arcs de la troisième paire avec le tronc aortique dorsal s'obli- tèrent et disparaissent également, de façon que les racines de cetie aorte ne se trouvent plus composées que de deux crosses correspondantes aux arcs vasculaires moyens (a). Ce mode d'organisation ne se voit pas chez tous les Reptiles que Cuvier rangeait dans l'ordre des Ophidiens , et sous ce rapport, comme dans beau- coup d'autres, les Angdis ne diffèrent pas notablement des Lézards; aussi est- on assez généralement d'accord aujourd'hui pour les considérer comme des Sauriens serpentiformes , et les désigner sous les noms de Saurophi- diens ou de Cyclosaures (b). Effec- tivement , chez le Scheltopusik ou Psodopus Pallasii , il y a de chaque côté deux crosses qui sont presque de même grosseur, qui se réunissent pour former la racine aortique corres- (a) Voyez Rathkc , Enliuickelungsgesehichte der Natter ,1339 , p. 100 et suiv., pi. 4, n>. 13 et 14, (6) Voyez Dume'ril etBibron, Erpétologie, t. V, p. 318, koO APPAREIL DE LA CIRCULATION portion basilaire des deux crosses aortiques ne s'étend pas tout à fait jusqu'à l'embouchure de ces vaisseaux dans les ventri- cules, et laisse un espace libre appelé foramen Panizzœ, ou pertuis aortiqae, par lequel, ainsi que je l'ai déjà dit , ils communiquent entre eux (1). C'est de la sorte que se trouve réalisée la double disposition qui maintient, chez les Crocodiliens, le caractère général du mode de circulation commun à tous les Reptiles, bien que le pondante. La crosse postérieure est la crosse aorliquc proprement dite , et c'est de la convexité de la crosse an- térieure que naît la carotide (a). Chez VÀcontias Meleagris et PO- phisanrus ventralis , l'anse formée par Parc carolidien s'allonge et de- vient un peu plus grêle (6). Chez les Sauriens , il y a des pas- sages entre les deux formes extrêmes mentionnées ci-dessus, et, chez quel- ques-uns de ces Reptiles, l'oblitération de la branche anaslomotique qui relie Parc carotidien à la crosse aorliquc ne paraît s'effectuer que très tardivement. Ainsi, chez le Caméléon d'Afrique, comme je l'ai déjà dit , on ne trouve aucune trace de celte portion dorsale de la crosse carotidienne (c) ; mais, chez une autre espèce du même genre (le Chamœleon planiceps), il existe une branche anastomotique excessivement grêle qui unit la portion antérieure de cet arc vasculaire à la racine de l'aorte (&. Chez Vlsliurus.amboinensis et le Basilicus mitratus , celte branche anastomotique est très grêle (e) , et chez le Sauvegarde (Podinema ou Tejus teguixin) elle s'oblitère par les progrès de l'âge (/")• Chez les Psammosaurus griseus (g), ainsi que chez le Varanus bivitta- lus (h], le V. niloticus et le V. or- natus , cette branche anastomotique manque complètement, de même que chez les Crocodiliens. (1) C'est parce que l'on attribuait généralement la découverte de ce per- tuis à Panizza, que M. Briicke a donné au passage interaortique le nom de cet anatomiste. Mais cette découverte appartient en réalité à Ilentz (i), et par conséquent je préférerai appeler cet orifice anastomotique le pertuis aortique. (a) Barkow, Zootomische Deobachtungen, 1851, p. 27, fig. 13. — Ralhkc, Unters. ûber die Aortenivurzeln, pi. 1, fig. 5 [Acad. de Vienne, 1857, t. XIII). (6) Rathkc, Op. cit., pi. 2, fig-. 1 et 2. (c) Délie Çhiajc, Op. cit., t. I, pi. 22, fig. 10. — Rathk'è, Op. cit., pi. 2, fig. 10. (d) Idem, ibid., p. 27, pi. 2, fig. 0. (c) Idem, ibid., pi. 2, fig. 8. (f) Briicke, Bcitr. xttr vergl. Anal, und Physiol. des Cefâss-Syslcms (Denkschriflcn der Akad. der Wissensch. xu Wien, 1852, 1. 111, p. 350). (tl APPAREIL DE LA CIRCULATION naît du ventricule veineux , ne fournit aucune branche dans la région cervicale : arrivée sous la colonne vertébrale, elle s'anastomose avec la crosse du côté droit; mais avant de s'y unir, elle fournit une grosse artère viscérale, qui, étant plus forte que sa portion anastomolique, semble même être la continuation du tronc primitif, tandis que la branche de jonction semble être une dépendance de ce dernier. L'artère viscérale ou cœliaque distribue ses branches à l'estomac, au foie, à la rate, etc. Enfin, l'aorte dorsale, constituée par la réunion de la crosse les deux carotides sont fournies par un tronc commun qui provient de Tune de ces branches aorliques, et l'artère qui naît de celle située à droite n'est pas une carotide comme le sup- posait Cuvier (a}. Pour éviter toute confusion, j'appellerai donc ici la pre- mière grosse branche qui se détache de la crosse aortique droite, Y artère brachio - céphalique, et la seconde (celle qui se trouve à gauche), l'arbre brachio-cervicale. Les observations de M. Van der Hœ- ven tendaient à faire penser que les deux modes d'organisation décrits par Cuvier et par Meckel apparte- naient à des espèces différentes (6) ; mais les recherches récentes de M. Rathke établissent que chez tous les Crocodiliens la disposition nor- male de ces vaisseaux est la même, et qu'il y a toujours chez ces Reptiles trois artères allant de la base du cou vers la tête, savoir : une carotide commune au milieu et de chaque côté du cou , une artère collatérale qui accompagne le nerf pneumogastrique et la veine jugulaire correspondante, et qui va sous la base du crâne s'ana- stomoser avec une des branches de la carotide du même côté. Ainsi la pre- mière grosse branche qui sort de la crosse aortique, et qui porte le nom d'artère brachio - céphalique, donne naissance à la carotide commune im- paire, à la sous-clavière gauche et à l'artère collatérale du cou du même côlé ; tandis que la seconde branche, ou artère brachio-cervicale, fournit la collatérale du côlé droit et la sous- clavière correspondante. Ces deux ar- tères collatérales du cou n'ont pas été observées chez d'autres heptiles, mais paraissent être les représentants de branches ascendantes qui se ren- contrent dans la même position chez certains Oiseaux, ainsi que nous le verrons dans la prochaine Leçon (c). Je suis donc porté à croire que la dis- position mentionnée par Cuvier n'était pas une anomalie, comme Duvernoy semblait le supposer {d), mais que ce (a) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 328. ■ — Hentz, Op. cit. (Trans. of Vie American Philos. Soc, New Séries, 1825, vol. II, p. 221). (b) Van der Hœvcn, Op. cil. (Tijdschrift voor Natuurlijke Geschiedenis en Physiologie, 183'J, t. VI, p. 155, fig-.). (c) Ratlike, Ueber die Carotiden der Krokodile uni der Vogel (Miiller's Archiv fur Anat. une Phrjsiol., 1850, p. 184), et Untersachung iiber die Aortenwuneln (exlrail des Mém. de l'Acad. de Vienne, t. XIII, 1853, p. 43, pi. 5, fit?. 8). (d) Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 205. CHEZ LES REPTILES. &35 du côté droit et la branche anastomotiqne terminale de la crosse gauche, continue à se porter en arrière sous la colonne verté- brale, et, chemin faisant, fournit des artères intercostales, une artère mésentérique antérieure, des artères rénales, les artères des membres postérieurs et une artère mésentérique posté- rieure; enfin, elle prend le nom d'artère caudale, et distribue sa dernière ramification dans la queue. On voit donc que le sang distribué aux divers organes n'est grand analomiste, ayant négligé d'exa- miner le mode de terminaison des deux artères dont il avait reconnu la présence à la base du cou, avait pris la collatérale droite pour le pendant de la carotide commune, laquelle aurait été alors la carotide primitive gauche. Il est aussi à noter que M. Haihke a trouvé que chez quelques jeunes Croco- diliëns l'artère carotide commune, au lieu de sortir tout d'une pièce du tronc brachio-céphalique, était formée par la réunion de deux branches pro- venant l'une de ce tronc, l'autre de l'artère brachio-cervicale , de façon que la symétrie était presque com- plète dans celte portion du système circulatoire. J'ajouterai que le tronc carotidien commun (ou médian), quel qu'en soit le mode d'origine , reste simple et impair jusque dans le voisinage du crâne, où il se bifurque pour constituer les deux carotides dites primitives, qui sont très cour- tes (a), et qui, après avoir fourni chacune une artère sous-maxillaire dans laquelle l'artère collatérale corres- pondante vient se terminer (6) , don- nent naissance aux artères faciales ou carotides externes, et encéphaliques, ou carotides internes, ainsi qu'à quel- ques autres branches dont le mode de distribution a été étudié par M. Hyrll et par M. Rathke. Enfin , M. Ilyrtl a remarqué aussi que la plupart de ces vaisseaux for- ment souvent sur leur trajet des ré- seaux anastomotiques plus ou moins développés. Ainsi , une des branches de la maxillaire externe , qui se rend au repli interne de l'oreille externe, y constitue un rete mirabile très bien caractérisé. L'artère maxillaire interne forme également un réseau semblable, qui accompagne le nerf dentaire, et il y a aussi des divisions anastomotiques fréquentes, et même un véritable rete mirabile dans les fosses nasales, sur le trajet des branches terminales de la carotide interne (c). Duvernoy a donné aussi quelques détails relatifs aux artères du tronc et des membres du Caïman à lunettes, tirés d'un dessin inédit de Cuvier (â). (a) Ralhke, Ueber die Aorteniviirzeln , pi. 5, fig. \ et 3. (b) Idem, ibid., pi. 5, flg. i. (c) Hyrll , Ueber einige Wundemetze bei Amphibien (Medicimsche Jahrbilcher, 1842, nouvelle série, t. XXIX, p. 258). (d) Anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 205. 436 APPAREIL DE LA CIRCULATION pas de même qualité partout : celui qui arrive à la tête et aux membres antérieurs doit être du sang artériel mélangé de très peu de sang veineux ; celui qui se rend par l'aorte dorsale aux membres postérieurs et à la queue doit être plus chargé de sang noir, puisque de nouvelles quantités de ce liquide ont pu arriver dans cette portion du système artériel par la branche anasto- rnotique terminale de la crosse gauche; enfin le sang qui cir- cule dans les vaisseaux du foie, de la rate et de l'estomac doit être principalement du sang veineux, car la majeure partie du courant vient du ventricule droit, et du sang vermeil n'a pu y arriver que par le pertuis aortique et par la branche anastomo- tique qui représente la portion terminale de la crosse gauche ou la racine aortique du même côté : or ces voies de commu- nication sont étroites et semblent être disposées de façon à livrer passage au sang veineux dans la portion du système aor- tique où se trouve le sang rouge plutôt qu'à se laisser traverser en sens contraire. système artériel § 10. — On rencontre, même chez les différentes espèces ordinaire^ de Crocodiles, quelques variations clans le mode de groupement et de distribution de quelques-unes de ces artères. Cependant la disposition du système artériel est aussi à peu près la même chez tous les Sauriens, où le cœur ne possède qu'un seul ventri- cule. Les modifications qui s'y remarquent dépendent principa- lement de divers degrés de rapprochement entre la portion basilaire des artères carotides et sous-clavières. Ainsi, chez les Lézards, les Iguanes, les Geckos et la plupart des autres Sauriens ordinaires, les deux artères carotides pri- mitives sont distinctes dès leur origine ou tout au moins dès leur sortie du péricarde, et les artères sous-clavières naissent l'une et l'autre de la portion postérieure de la crosse aortique droite, très loin des vaisseaux précédents (1). (1) L'ensemble du système artériel M. Blanchard , chez le Gecko et le «1 été représenté chez le Stellion par Caméléon par M. Délie Chiaje, et chez CHEZ LES REPTILES. /|37 Chez les Varaniens, au contraire, les deux carotides primi- tives sont confondues à la base du cou en un tronc impair, ou carotide commune, et les deux artères sous-clavières provien- nent aussi d'un vaisseau impair, mais celui-ci naît encore de la portion récurrente de la crosse aortique droite, très loin du précédent (1). l'Iguane par MM. Carus et V. Otto [a). M. Tiedemann a dit quelques mots de ces vaisseaux chez le Dragon (b). Enfin, M. Hyrtl a décrit les crosses aortiques du Lézard (c), et M. Rathke a étudié avec beaucoup de soin les artères 'de la tête et du cou chez l'Iguane et plusieurs autres Sauriens du même groupe. Pour plus de détails à ce sujet, je renverrai au mémoire de cet anatomiste (cl). (1) Ainsi , chez le Psammosaurus griseus, dont le système artériel a été étudié avec beaucoup de soin par M. Corti , le faisceau artériel qui sort du cœur (ou conus arteriosus) se compose, comme je l'ai déjà dit, de l'artère pulmonaire , et de la por- tion basilaire des deux crosses aorti- ques^). Le tronc aortique du côté droit fournit au cœur les petites branches appelées artères coronaires anté- rieures ou droites , et artères coro- naires postérieures ou gauches, puis bientôt après donne naissance à un gros tronc carotidien commun, qui se porte en avant, et ne se bifurque, pour constituer les artères carotides primitives droite et gauche, qu'au ni- veau de la division de la trachée en bronches. Beaucoup plus loin la même crosse aortique fournit un autre tronc impair qui se porte également en avant pour former, en se bifurquant, ies deux artères sous-clavières. L'artère carotide commune (ou mé- diane) donne naissance : 1° à une brandie dite artère mammaire in- terne, d'après la nomenclature em- ployée en angiologie humaine , qui, après avoir envoyé un ramuscule au péricarde , se recourbe en arrière et en bas, et se bifurque pour longer la paroi inférieure de la cavité viscérale et aller s'anastomoser avec les artères épigastriques, dont il sera question plus loin ; 2° à des petites artères bronchiques. Chacune des artères carotides ré- sultant de la bifurcation de ce tronc commun impair fournit en dessous une branche à la trachée, et en dessus une branche aux muscles du cou ; puis donne naissance à une artère pharyngienne qui à son tour se divise pour fournir un rameau hyoïdien (a) Blanchard, Organisation du Hègne animal, Reptiles, pi. 19. — Délie Chiaje, Dissertazionï sull' anatomia umana, comparata epatologica, t. I, pi. 22, et pi. 21. — Carus et V. Otto, Tab. Ànat. compar. illustr., pars vr, pi. 5, fig. 5. (6) Tiedemann, Anatomie uni Naturgeschichte des Drachens, p. 24 (1811). (c) Hyrtl , Beobachtungen ans dem Gebiete der vergleichenden Gefàsslehre {Medicinische Jahrbiicher des Oestevreichischen Staates, 1838, t. XXIV, p. 381. pi. 3, fig. 2). (d) Rathke, Untersuch. ilber die Aortenwurzeln, p. 15 et suiv., pi. 3. (e) Voyez Corti, De systemate vasorum Psammosauri grisei, p. 19 et suivantes, pi. 1 , fig. 1 . &38 APPAREIL DE LA CIRCULATION Enfin, chez les Crocodiliens, ainsi que je l'ai déjà dit, les carotides et les sous-clavières se rapprochent à leur base, et c'est par l'intermédiaire d'une paire de branches aortiques seu- et une artère maxillaire externe. Ces carotides donnent également naissance a une artère cervicale, dont une des branches pénètre dans le canal verté- bral pour concourir à la formation de l'artère myélique dont il sera bientôt question- Enfin* elles se divisent cha- cune en une artère carotide externe et une carotide interne (a). La carotide interne pénètre dans le crâne et s'y divise en plusieurs bran- ches dont une côtoie le nerf optique et s'anastomose avec l'artère ophthalmi- que. Quelques autres branches se dis- tribuent aux diverses parties de l'en- céphale (b), et une, postérieure, se réunit à sa congénère, et forme une arcade cérébrale postérieure (ou arcus Willisii), qui à son tour donne nais- sance à une artère récurrente impaire à laquelle M. Corli donne le nom û'arteria myelica (c). Cette dernière longe la face inférieure de la moelle épinière , et reçoit de nombreuses branches anastomoliques venant des artères carotides et des artères verté- brales (d). L'artère carotide externe fournit à la face plusieurs branches dont les principales sont : une artère maxil- laire interne, qui envoie des ramus- cules à l'oreille, aux muscles tempo- raux et aux parois de la bouche; fournit une artère alvéolaire inférieure,dcsli- née principalement à la mâchoire infé- rieure, et une artère buccale inférieure qui se ramifie dans la paroi inférieure de la bouche ; des artères sns-orbi- tairesou frontales, uneartère ophthal- mique et une alvéolaire supérieure.'- Les artères sous-clavières résultant de la bifurcation du tronc impair déjà mentionnée vont aux membres anté- rieurs, et donnent préalablement nais- sance à plusieurs branches spinales et à l'artère vertébrale, qui s'avance de chaque côté de la colonne vertébrale et fournit des ramuscules aux muscles profonds du cou, ainsi que des bran- ches anastomoliques allant déboucher dans l'artère myélique. L'artère sous- clavière gagne ensuite la région de l'aisselle où elle prend le nom d'artère axillaire* et donne naissance à une artère thoracique externe (ou mam- maire externe ). Parvenues dans les pattes antérieures, les artères axillaires changent encore de nom et deviennent les artères brachiales. Enfin, cette même artère se bifurque dans l'avant- bras, et y constitue les artères cubitale et radiale, dont les branches termi- nales sont les artères digitales (e). La crosse aorlique gauche est grêle et se recourbe au-dessus des voies aériennes et digestives, puis se porte en arrière pour constituer une des racines de l'aorte dorsale sans avoir donné naissance à aucune branche ; mais, quand elle est arrivée très près (a) Corli, De systemate vasorum Psammosauri grisei, pi. 2, fig. 4, et pi. 3, fig. G. (b) Idem, ibid.,p\. 3, fig. 6. (c)Idem, i&ùi.,pl. 3,fig. 7. (d) Idem, ibid., pi. 2, fig. 5. {e) Idem, ibid., pi. 1, fig. 1 ; pi. 4, fig. 8 et 9. CHEZ LES REPTILES. 439 lement que le sang se rend du cœur à toute la portion brachio- céphalique du corps. On remarque aussi quelques variations dans le point d'origine de son point de jonction avec la crosse aortique principale , elle fournit un tronc qui, à raison de son volume, semble même en être la continuation, circonstance qui a valu souvent à cette crosse le nom d'aorte viscérale. En effet, l'artère qui en naît ainsi est une artère viscérale ou raésentérique com- mune, dont lesramaeuxse distribuent, d'une part à l'œsophage, d'autre part aux intestins (a). V aorte dorsale, formée par la con- tinuation de la crosse droite , ainsi renforcée par son anastomose avec l'extrémité de la crosse gauche, mar- che d'avant en arrière sous la colonne vertébrale, et fournit bientôt une ar- tère cœliaque dont une des branches se recourbe en avant pour se ramifier dans les parois de l'estomac, et con- stitue Yartère gastrique antérieure ou coronaire de l'estomac, et une autre Yartère hépatique. Des artères intercostales , des artères spermati- ques et des artères rénales naissent aussi de l'aorte pendant son trajet dans la portion moyenne de la cavité abdominale, et vers le niveau du bassin il part aussi de ce tronc médian deux paires d'artères qui sont desti- nées principalement aux membres postérieurs (6). Celles de la paire antérieure, appelées artères iliaques internes, on artères hypogastriques, fournissent de chaque côté une bran- che qui se distribue dans les parois de l'abdomen et va s'anastomoser en avant avec l'artère thoracique interne (ou mammaire interne) dont il a déjà été question. Elles envoient aussi beau- coup de rameaux aux muscles du bas- sin, et vont se terminer à la partie interne des cuisses (c). La paire suivante constitue les ar- tères iliaques externes, et, aprèsavoir pénétré dans la cuisse, prennent les noms d'artères fémorales ou artères crurales. Enfin elles se divisent en branches , appelées artères tibiales antérieures et artères tibiales posté- rieures {(1). On désigne quelquefois sous le nom d'artère sacrée la portion du tronc aortique qui est située au delà du point d'origine des artères iliaques externes. Elle fournit ici des branches appelées spermatiques externes , qui vont principalement aux organes gé- nitaux. Enfin, la portion terminale de l'aorte prend le nom d'artère caudale, et fournit des branches latérales à mesure qu'elle s'avance vers l'extré- mité de la queue. La disposition des artères est la même cbez les Varans proprement dits (e). (a) Corti, Op. cit., pi. 1, fig. 1 et 3. (6) Idem, ibid., pi. \, fig\ 1. (c)Idem, ibid., pi. 4, fig. 8. (d) Idem, ibid., pi. 6, fig. dl-14. (e) Ralhke, Unters. iiber die Aortenwurzeln, p. 30 et suiv., pi. 3, fig. 1-5 (Acad. de Vienne, t. XIII). l\JiO APPAREIL DE LA CIRCULATION et dans le mode de division des artères qui, chez les Sauriens, se distribuent aux viscères et aux autres parties de la région postérieure du corps; mais ces particularités de structure n'ont pas assez d'importance pour que nous nous y arrêtions ici. système artériel §11 — Chez les Ophidiens, le système irrigatoire présente la ophidiens, même conformation générale que chez les Sauriens, mais se sim- plifie un peu à raison de l'absence de membres, et la tête étant très petite, les artères carotides deviennent fort grêles et même le plus souvent l'une d'elles disparaît plus ou moins complè- tement. Il est aussi à noter que les artères vertébrales se trouvent représentées aussi par un tronc médian qui dépend de la crosse aortique du côté droit, et qui ressemble beaucoup à l'aorte antérieure que l'on voit naître du point de jonction des racines aortiques , chez les Poissons du genre Myxine. Les artères intercostales naissent avec une grande régularité, d'abord de cette artère vertébrale, puis de la portion récurrente de la crosse aortique droite, et plus en arrière de l'aorte dor- sale qui y fait suite. Enfin les artères de l'estomac , du foie et des intestins ne proviennent pas d'un tronc principal, analogue à l'artère cœliaque de la plupart des Reptiles, mais se détachent successivement de l'aorte dorsale (1). (lj Le système artériel a été étudié la tête [a). Chez la Couleuvre, il n'y a, avec beaucoup de soin chez la Cou- depuis le cœur jusqu'à la tête, qu'un leuvre à collier, par M. Schlemm (de seul tronc carotidien, que Cuvier ap- Berlin), et chez le Python, par M. Jac- pelle une carotide commune, et que quart. Ce dernier a trouvé deux petites M. Schlemm désigne sous le nom artères carotides qui naissent de la d'artère céphalique. Parvenu sous le crosse aortique droite par un tronc crâne, cette carotide se ramifie, comme commun ; mais il a reconnu que le d'ordinaire, du côté gauche, et donne degré de développement de l'un de naissance à une branche occipitale ces vaisseaux est très variable, suivant qui tient lieu de carotide droite, passe les individus, et que parfois la caro- à travers la nuque, gagne le côté du lide droite ne se prolonge pas jusqu'à pharynx et se ramifie comme le ferait (a) Jacquart, Mém. sur les organes de la circulation du Serpent Python (Ann. des sciences nat., 4e série, t. IV, p. 339, pi. 9, fur. 1 et 3). CHEZ LES REPTILES. kM S 12. — Chez les Chéloniens , la svmétrie originelle du système artériel système artériel est, au contraire, mieux conservée, même que châonïem. chez la plupart des Sauriens, et sauf le point de départ des gros troncs là où ils adhèrent entre eux pour former un faisceau précardiaque, ceux-ci sont disposés à peu près identiquement à droite et à gauche de la base du cou. Ainsi chez la Tortue bourbeuse, par exemple, un tronc commun qui est situé pres- que sur la ligne médiane, et qui naît de la crosse droite de l'aorte très près du cœur, se porte en avant, et se divise bientôt en une paire d'artères carotides et une paire d'artères sous- clavières. Les premières sont très grêles et longent la trachée latéralement ; les dernières sont fort grosses et se recourbent en dehors, en forme d'arcs, pour gagner les membres anté- une carotide ordinaire (a). L'ensemble paraît, tandis que la portion céplialique du système artériel de la Couleuvre à persiste et reçoit le sang par une ana- collier a été représenté d'une manière slomose qui s'établit entre une de ses plus complète par M. Délie Chiaje (6). branches et celle du côté opposé : par M. Rathke vient de publier de nou- exemple, chez le Vipera berus, le velles observations sur la disposition V. prester, le Scythale coronatum , des carotides chez les Serpents. Il a VOligodon subtorquatum , VHilicops trouvé que, dans le jeune âge, les deux angulatus, le Spilotes variabilis, troncs sont disposés symétriquement, VElops micinctus, le Leptophis lio- et que cette disposilion est permanente cercus , YHerpedodryas Bernieri et dans un grand nombre d'espèces, telles YHomalosoma lutrix (c). que la Couleuvre à collier (ou Tropido- Il est aussi à noter que chez quel- notus natrix), VEunectes murinus , ques Serpents l'artère maxillaire in- Python tigris, P.javanicus, P. hiero- terne forme un rete mirabile derrière glyphicus, Boa constrictor, Hydrophis la glande venimeuse ; disposition que gracilis, H. striatus, H. schistosus, M. Hyrtl a constatée chez le Vipera Typhlops reticulatus, Echidna arie- Bedi et le V, Chersea. Cet anatomiste tans, Crotalus Iwrridus, etc.; mais que n'a trouvé rien d'analogue chez le chez d'autres toute la portion cervicale Coluber JEsculapii, le C. austriacus de l'une de ces artères se flétrit et dis- et le C. natrix {d). (a) Schlemm, Anatomische Beschreibung des Blutgefass-systems deï Schlangen (Zeitschr. fur Physiologie von Treviranus, t. II, pi. 7, fig. 4 et 5). (6) Délie Chiaje, Dissertaz-ioni sull' anatomia uinana, comparata e palologica, t. I, pi. 20. (c) Rathke , Bemerkungen ûbev die Carotiden der Schlangen (Mém. de l'Acad. de Vienne, 1856). (d) Hyrtl, Ueber einige Wundernetze bel Amphibien (Medirinische Jahrbûeher des Oesterrei- chischen Staates, 1842, nouvelle série, t. XXIX, p. 260). hk*2 APPAREIL DE LA CIRCULATION rieurs. 11 est aussi à noter que chez ces Animaux les petits troncs anastomotiques qui, dans l'état embryonnaire, unissent la portion basilaire des artères pulmonaires aux crosses aor- tiques, sont plus ou moins persistants. Eniin, je ferai remar- quer encore que dans toute sa portion antérieure la crosse aortique du côté gauche est presque aussi grosse que sa con- génère, et qu'elle ne devient grêle qu'après avoir donné nais- sance aux artères cœliaques et mésentériques, et à quelques autres troncs qui partent de sa portion terminale (1). Système veineux §13. — Le système veineux général des "Reptiles ressemble Rejmeg. beaucoup à celui des Batraciens. Il aboutit tout entier ou en majeure partie à un sinus à parois contractiles, qui débouche dans l'oreillette droite du cœur par un orifice dont les bords sont garnis de valvules ; mais il n'y a guère que le sang de la tête et des parties antérieures du corps qui revient ainsi direc- tement du système capillaire général au centre de l'appareil circulatoire, et celui des parties postérieures du corps et des viscères abdominaux traverse des systèmes capillaires intermé- diaires appartenant l'un au foie, l'autre aux reins (2). (I) Pour plus de détails sur le mode gros troncs artériels chez le T. ra- de distribution des artères de la Tor- diata (c). tue bourbeuse, je renverrai ù la belle MM. Carus et V. Otto ont représenté Monographie de Bojanus, où toutes ces mêmes troncs chez le Chelonia les branches, aussi bien que les troncs Midas , où un tronc brachio-cépha- principaux, ont été figurées avec le lique commun, ou aorte antérieure, plus grand soin (a). naît de la crosse aortique droite et L'ensemble du système artériel a été fournit les deux artères sous-clavières très bien représenté par M. Délie ainsi que les deux carotides primi- Chiaje, chez le T. grœca (b). tives [d). Duvernoy a figuré la disposition des (2) La découverte du système porte (a) Bojanus, Analome Testudinis europœœ, pi. 20, fig. 8-2; pi. 24, fîg. 118; pi. 28, fig\ 139; pi. 29,fig. 160, 161, 162, etc. (b) Délie Clnaje, Dissertazioni mil' anatomîa umana, comparata e patologica, t. I, pi. 23. (c) Duvernoy, Atlas des Reptiles du Règne animal de Cuvier, pi. 2, ûg. 1. (d) Caïus et V.Olto, Tab. Anat. compar. illustr., pars vi, pi. 5, fig-. 4. CHEZ LES REPTILES. kk-O Pour donner en peu de mots une idée générale de cet en- veines des semble de vaisseaux, je choisirai d'abord les Serpents, parce ophidiens. qu'à raison de l'absence de membres chez ces Animaux, la disposition en est plus simple que chez les autres Reptiles, et aussi parce que la structure en a été très bien étudiée par M. Délie Chiaje et par M. Jacquart. Chez le Python, le sang de la tête et de la partie antérieure du corps est conduit au cœur par une paire de veines jugu- laires et par une grosse veine vertébrale. La veine jugulaire gauche, après avoir pénétré dans le péricarde, se recourbe à droite et va déboucher isolement dans l'oreillette. L'autre veine jugulaire reçoit à son extrémité postérieure la veine vertébrale et la veine azygosi;!), puis s'unit à la veine cave postérieure, et constitue ainsi le sinus qui débouche dans l'oreillette droite. Les veines caudales, en arrivant dans l'abdomen, forment deux troncs qui, après avoir reçu diverses branches venant de l'intestin ou des organes voisins, et avoir formé des anastomoses avec le système de la veine porte hépatique, se rendent aux reins et s'y ramifient. Une veine rénale efférente naît de chacune de ces glandes et se dirige en avant. Ces deux vaisseaux se réunissent bientôt en un tronc unique qui constitue la grande veine cave postérieure. Les veines de l'intestin et de l'ovaire, dont diverses branches rénal des Reptiles est due à Jacob- cis que par les travaux plus récents son (a). Nicolaï en a fait également de MM. Délie Chiaje et Jacquart (\. 1, fie;. 2. CHEZ LES OISEAUX. Û.59 aller se distribuer aux ailes; mais, avant d'y arriver, elles four- nissent de chaque côté une artère thoracique, dont le calibre, très considérable, est en rapport avec le grand développement des de l'œil (artères ciliaires postérieures), à la paupière inférieure et à l'appareil lacrymal ; elle se relie aussi aux ar- tères voisines de la face par diverses anastomoses. Vartère cérébrale, constituée par l'autre branche terminale de la caro- tide interne , s'engage dans le canal osseux, dit carolidien , et y donne naissance à une artère ophthalmique externe qui longe le rete mirabile tem- poral dont il vient d'être question , y fournit des rameaux, puis donne nais- sance à d'autres petits plexus , ainsi qu'aux artères elhmoïdales, aux ar- tères ciliaires antérieures, etc. En poursuivant sa route vers le cer- veau, cette même artère carotide céré- brale donne naissance à une artère sphéno-maxillaire, et arrive bientôt dans l'intérieur de la boîte crânienne où elle se réunit à sa congénère, puis s'en sépare de nouveau et se divise en deux branches, une antérieure, l'autre pos- térieure. La première fournit au cer- veau plusieurs ramuscules qui portent les noms des parties auxquelles ils se rendent ; l'un de ceux-ci, en s'ana- stomosant avec son congénère, consti- tue la portion antérieure de l'anneau vasculaire appelé cercle de Willû. La branche postérieure a reçu le nom d'artère communicante, parce qu'elle va s'anastomoser avec les artères céré- brales profondes, puis se réunir à sa congénère pour déboucher dans l'ar- tère spinale, qui se trouve à la face inférieure de la moelle épinière (a). Vartère carotide externe ou artère faciale se recourbe en avant pour ga- gner la joue, et fournil d'abord une artère laryngienne supérieure et une artère linguale, qui se ramifient dans la région hyoïdienne et dans les di- verses parties de la paroi inférieure de la bouche. La carotide externe donne ensuite naissance à une artère maxillaire interne qui monte vers la fosse temporale, fournit des branches à un réseau vasculaire appelé plexm maxillaire, et va se distribuer dans la région frontale de la face. Enfin le tronc de la carotide externe gagne la mandibule supérieure et s'y divise en beaucoup de rameaux dont plu- sieurs s'anastomosent avec les autres artères de la face (6). Chez les Oiseaux dont la tète est surmontée d'une crête érectile, le Coq, par exemple , une des branches terminales de cette artère mandibu- laire prend un très grand développe- ment et gagne le front pour aller se ré- pandre dans cet appendice cutané (c). Le mode de division de l'artère ca- rotide primitive que nous venons d'étudier chez l'Oie ne se rencontre pas chez tous les Oiseaux. Ainsi, chez la Pie, ce tronc, au lieu de se bifur- quer, se partage en trois branches presque égales en grosseur, dont deux sont, comme d'ordinaire, les carotides interne et externe, et l'autre est l'ar- tère occipitale, qui en général est (a) Voyez Baucr, Op. cit., Ilg', 4. (6) Idem, ibid,, flg. 2. (ç) Voyez Curus et V. Otto, Tab. Anal, compai: illuslr., pars VI, pi. C, fy. 7. /(.60 APPAREIL DE LA CIRCULATION muscles de la poitrine auxquels ce vaisseau se rend. Il est aussi à noter que ces artères carotides se prolongent jusque dans le voisinage du. bassin et fournissent à la peau du ventre une multi- tude de branches. Le réseau vasculaire ainsi formé reçoit aussi du sang par diverses branches des artèresdela région pelvienne, et il constitue quelquefois un plexus sons-cutané extrêmement riche, où la circulation du sang doit se faire avec une grande activité : il paraît être en rapport avec les fonctions de cette- partie du corps, lorsque les Oiseaux couvent leurs œufs; et Barkow, à qui l'on en doit la connaissance, le désigne sous le nom de rete mirabile de l'appareil d'incubation (1). fournie par la carotide interne (a\ Chez le Coq, l'artère laryngienne est très développée et provient aussi directement de la carolide primi- tive (6). Chez la Grèbe, les différences sont plus considérables (c). On ne trouve à la base du cou qu'une seule artère carolide qui provient du tronc bra- chio-céplialique gauche, et qui passe dans l'espèce de canal osseux formé à la face antérieure des quatre ou cinq vertèbres de la porlion moyenne du cou par le rapprochement des apophyses épineuses inférieures. Ce tronc impair ne se divise en carotides droite et gauche qu'à peu de distance de la têle, et il fournit près de son extrémité inférieure : 1° une arlère cer- vicale sous-cutanée antérieure qui re- monte le long de la trachée, et forme de chaque côté, à la partie supérieure du cou, une série d'arcs anastomotiques avec l'artère cervicale sous-culanée la- térale et une branche de l'artère occi- pitale ; 2° une artère œsophagienne an- térieure ascendante ; 3" une branche considérable qui se divise bientôt pour constituer plusieurs rameaux dont les plus importants sont l'artère verté- brale gauche et l'artère cervicale transversale gauche, laquelle donne à son tour naissance à l'artère sous- cutanée latérale déjà mentionnée. Du côté droit, celte arlère sous-cutanée latérale du cou naît directement de Tarière sous-clavière dans le point correspondant à l'origine de la caro- tide commune du côlé gauche. Le mode d'origine et de distribu- tion des carotides est à peu près le même chez le !'ic vert (d], . (1) Souvent les arlères thoraciques sont si fortes, qu'elles paraissent cire la continuation du tronc des sous-cla- vières, et que les artères axillaitcs ont (. ^— -^- — -^ LONGUEUR. LARGEUR. LONGUEUR. LARGEUR. Lignes. Lijm-s Usrtw- Lignes. 22 27 22 25 5 à 9 31 33 2G 29 1 0 à 1 5 34 37 29 31 16 à 29 42 45 38 42 30 à 49 43 47 41 44 50 à 79 45 52 42 40 (l) Cette bifurcation de la portion M. llausmann a donnée de cet or- inférieure (ou postérieure) du cœur ganc chez de très jeunes embryons se voit très bien dans la figure que de Cheval (a) et de Chien (6). Elle est (a) Hausmann, Ueber die Zeugung und Entstehung des wahren weibUchen FAes bei den Siïugethieren und dem Menschen, 1840, pi. 3, tïg. 10 et 11. (&) Hem, ibid. pi. 5, fig. 13 et 17. k%k APPAREIL DE LA CIRCULATION dans la forme générale du cœur parmi les divers Animaux de cette classe. Effectivement, chez les uns cette séparation devient de plus en plus profonde, et se prononce d'une manière si forte, que, chez l'Animal parfait, les deux ventricules constituent deux cônes distincts, quoique accolés par leurs faces correspondantes, et que l'on croirait, au premier abord, avoir sous les yeux non un cœur unique, mais deux cœurs simplement soudés l'un à l'autre. C'est chez les Cétacés herbivores que cette disposition remarquable se rencontre, et c'est chez le Dugong qu'elle est portée le plus loin (1). Chez les autres Mammifères, la scissure primordiale, au lieu d'augmenter, suit chez l'embryon une marche récurrente et tend à disparaître, de façon que le cœur cesse bientôt d'être bifide, et que la séparation entre les deux ventricules n'est marquée extérieurement que par un sillon oblique. Sa forme est celle d'un cône à base presque circulaire et souvent arrondi. On y remarque chez les divers Mammifères quelques variations dans les proportions (2), mais ces diffé- aussi fort distincte chez des embryons Dans les Cétacés proprement dits, humains âgés d'environ vingt-huit et le cœur est remarquablement large, trente-cinq jours, représentés dans le mais n'offre que rarement une bi- grand allas de M. Coste (a). furcalion analogue à celle dont il (1) Chez ce Mammifère piscifoime, vient d'être question. Quelquefois les ventricules sont séparés de la sorte cependant Meckel a trouvé ce viscère dans les deux tiers de leur étendue [b). fendu à une assez grande profon- Cuvier a trouvé le cœur fendu de la deur chez le Marsouin commun. Il même manière dans la moitié de sa a même rencontré un exemple de„ longueur, chez le Lamentin (b) , et ce mode de conformation chez le Sleller a constaté la même division dans Phoque (e). le tiers postérieur de cet organe, chez ('2) Le cœur est assez large et rac- le Hyiina {cl). courci chez les Éléphants, les Pares- fa) Coslc , Histoire générale et particulière du développement des corps organisés (espice humaine), pi. 3, fig. D, et pi. 4 a, fig. 2. (b) Daubenton, Description d'un embryon de Lamentin (Buffun, Mammifères, t. XII, p. 372), — Homo, Comp. Anat., 1. IV, pi. 50. — Rapp, Die Cetaccen, zoologisch-anatumisch dargestellt, pi. 8. — Carus el V. Otto, Tab. Anat. compar. illustr., pars vi, pi. 7, fig. 3. (e) Cuvicr, Leçons d'Anatomie comparée, t. VI, p. 277. [dj Sleller, De bestiis marinis (Novi Commentant Aead. Petropolitanœ, 1740, I. H, p. 310). — Hunier, Op. cit. (Œuvres, I. IV, p. 464). (e) Meckel, Traité d'anatomie comparée, t. IX, p. 38-2. CHEZ LF.g MAMMIFÈRES. A85 rences sont sans importance, et j'ajouterai seulement que le sillon interventriculaire ne passe pas par le sommet de l'organe, le ventricule gauche descendant plus bas que le ventricule droit. Un autre sillon transversal et circulaire, qui est ordinairement occupé par de la graisse , sépare les ventricules des oreil- lettes (1). Enfin ces dernières poches memhrano-musculaires sont plus ou moins libres de chaque côté, de manière à consti- tuer des appendices qui ont reçu plus particulièrement le nom iïauricules, parce qu'à raison de leur forme on les a comparés à de petites oreilles de Chien (2). seux et chez chez les Phoques (a) ; chez la Baleine, il est plus aplati que chez les Quadrupèdes (6). Il est arrondi chez la plupart des Uongeurs; mais chez le Lièvre, ainsi que chez les Ruminants, les Pachy- dermes ordinaires, les Carnassiers et la plupart des Quadrumanes , il a la forme d'un cône tronqué, à peu près comme chez l'Homme (c). Chez le Cheval il est plus pointu (cl) ; chez le Fourmilier , au contraire , il est plus obtus (e). (1) Ce sillon, quoique assez super- ficiel en apparence, est en réalité très profond et loge en arrière les vaisseaux coronaires du cœur. Ces vaisseaux occupent également les sillons anté- rieur et postérieur qui correspondent à la cloison interventriculaire , et qui, chez l'Homme, sont très obli- ques. En général, de la graisse s'accu- mule aussi dans ces sillons ventricu- laires, et quelquefois même des fla- cons de cette substance recouvrent presque toute la surface des ventri- cules, entre la tunique péricardique et les fibres musculaires. Ce dépôt de graisse devient plus souvent abondant chez la Femme que chez l'Homme , et n'est pas en rapport avec l'état d'embonpoint général (/). C'est en grande partie à celte cause que lient l'augmentation du poids du cœur dans la vieillesse. (2) Chez l'Homme, les deux oreil- lettes ne sont pas séparées entre elles extérieurement sur leur face anté- rieure, mais elles paraissent, au pre- mier abord, très distinctes, parce que leur portion moyenne se trouve ca- chée derrière les gros troncs artériels qui sortent des venlricules et qu'à leur face supérieure un sillon concave leur sert de ligne de démarcation. Leurs extrémités latérales sont flottantes et (a) Voyez Daubcnlon, dans Buffon, Mammifères, pi. 3A7. (b) Voyez Eschricht, Unters. uber die nordischen Waldthiere, p. 104, fig. 25. (c)' Exemple : Chevrolain. Voyez Carus et V. Olto, Op. cit., pars VI, pi. 7, fig. 2. — Pécari. Voyez Daubcnlon, Mammifères de Buffon, pi. 302. — Helamys. Voyez Bianconi, Specimina xoologica Mosambicana, Mammifères, pi. 5, fig\ 16. — Singe. Voy. Milne Edwards, Cours élérri. de zoologie, fig. 4. (d) Voyez Chameau, Anat. compar. des Animaux domestiques, p. 467, fig. {47. (e) Voyez Alefsandrini, Annotazioni anatomiche sul Fonnichiere didatlilo (Mem. dell' Acad. délie scienze diBologna, 1851, t. III, pi. 31, fig. 2). (f) Bizot, Recherches sur le cœur (Mém. de la Société médicale d'observation, l. I, p. 352). Endocarde, Fibres musculaires du cœur. 486 APPAREIL DE LA CIRCULATION L'endocarde, ou membrane qui revêt intérieurement les cavités du cœur, et qui est en continuité avec la tunique interne des vaisseaux sanguins, est mince et transparente ; mais elle se compose de plusieurs couches, dont l'interne est formée de cellules aplaties, et constitue une lame analogue à l'épithélium dont le péricarde est revêtu extérieurement (1). Les libres musculaires qui sont logées entre les deux tuni- ques formées par le péricarde et l'endocarde, et qui constituent la tunique moyenne du cœur, sont rouges, striées en travers et unies très intimement entre elles (2). Elles ne sont que peu développées dans les oreillettes, où elles peuvent même man- quer sur quelques points ; mais dans la portion ventriculaire dentelées à la manière d'une crête de Coq. L'auriculc droite est située en avant; l'aunciilc gauche se trouve plus en arrière, et un rétrécissement la sépai;e de la portion principale ou sinus de l'oreillette, dont elle dépend, Chez les Marsupiaux, la portion ap- pendiculaire de l'oreillette droite est toujours divisée en deux prolonge- ments coniques situés, l'un en avant, l'autre en arrière de l'aorte (a). (1) L'épithélium de l'endocarde se compose chez l'Homme de cellules po- lygonales à noyau et ayant de 0ra'",015 à 0mra,027 de largeur (b). Il repose sur une membrane basilaire composée principalement de libres élastiques disposées en réseaux plus ou moins serrés, mêlés de noyaux et parcourus par des vaisseaux sanguins. Enfin celle-ci adhère aux parties sous-ja- cenles par une couche mince de tissu conjonctif ordinaire. L'épaisseur de la couche élastique varie ; elle se dé- veloppe beaucoup dans les oreillettes, et y constitue souvent une sorte de tunique fehêlrée de tissu jaune (c). Il est aussi à noter que le tissu épi- thélique est extrêmement délicat, et ne peut être bien étudié que fort peu de temps après la mort. M. Bovvrnan en a figuré les éléments chez le Cheval [d). (2) Les fibres du cœur sont non- seulement très serrées les unes contre les autres , mais encore unies entre elles par des bifurcations, et des fais- ceaux obliques et courts qui s'éten- dent entre les principaux faisceaux longitudinaux (e). {a) Owen, Marsupialia (ToJd's Cyclop. of Anat. and Physiol., vol. III, p. 306, fig. 131 et 132). (b) Luschka, Das Endocardiumund die Endocarditis (Virchow's Archiv fur palliai. Anat. -und Physiol., 1852-, L IV, p. 173, pi. 3, fig. 1). (c) Kôlliker, Eléments d'histologie humaine, p. 603. (d) Todd et Bowman, Physiological Anatomy and Physiology of Mail, t. II, p. 336, fig. 196 et 197. (e) Leeuvrenhoek, Arcana Naturœ détecta, epist. m, p. 412. — Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 601, fig. 279. — Remak, Ueber den Bail des Ikrzens (Miïller's Archiv f'àr Anat. und Physiol., 1850, p. 76). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 487 du cœur elles forment une couche très épaisse, surtout à gauche, et elles offrent une disposition très compliquée. Le mode d'arrangement de toutes ces fibres est fort complexe, et depuis Yésale son étude a souvent exercé la patience des anatomistes (1). Je ne m'arrêterai pas à en donner ici une des- cription détaillée, mais je crois devoir en faire connaître les dispositions principales. Les fibres musculaires des oreillettes et des ventricules sont parfaitement indépendantes les unes des autres. Celles de la (I) Vésale, dont j'ai déjà eu l'occa- tomie humaine a été traité d'une ma- sion de citer les travaux (a), fut, je nière spéciale par Gerdy, MM. Searle, crois, le premier à étudier la direc- Parchappe, Ludwig, Dondcrs et quel- tion des fibres charnues du cœur (6). ques autres auteurs (e). Lower, en faisant durcir ces fibres Duvernoy a donné une description par la coclion, est parvenu à mieux du mode d'arrangement des fibres du comprendre leur disposition gêné- cœur du Bœuf (/.'. raie (c). Sténon , Vieussens , Lancisi , Pour plus de détails sur les travaux Olasius, Senac et Wolff, vinrent en- des anciens anatomistes à ce sujet, je suite ajouter de nouveaux faits aux ob- renverrai à la grande Physiologie de servalions de leurs prédécesseurs (d). Haller (g). Enfin, de nos jours, ce point d'ana- (a) Voyez ci-dessus, page 14. (b) Vésale, De corporis humani fabrica (Opéra omnia, t. I, p. 508 et suiv., édit. de 1025 . (e) Lower, Tractatus de corde, cap. I, p. 28 et suiv., pi. 2, fig. 1-8, 16G9 (reproduit dans Mangel, Bibliotheca anatomica, t. I, p. 882, édit. de 1C99). (d) Sténon, Observât, anat. de masculis et glandulis spécimen, 1604. — Vieussens, Nouvelles découvertes sur le cœur. Montpellier, 1706. Voyez aussi dans Mangef, Bibl.anat.,XA, p. 920, pi. 47 à 49. — Winslow, Sur les fibres du cœur (Bfétn. de VAcad. des sciences, 1711). — Glasius, De circuitu sanguinis. In-4°, 1736. — Lancisi, De structura motuque cordis, 1728 (Opéra omnia, t. IV, p. 89, 1749). — Senac, Traité de la structure dti cœur, t. I, p. 194 et suiv., pi. 10 à 13 (1777). — Wolff, Dissertationes de ordine fibrarum muscularium cordis (Acta Acad. PetropoL, 1 780- 1782, et Nova acta, 1783 à 1792, 1. 1 à X, dix Dissertations). (e) Gerdy, Mém.sur l'organisation du cœur (Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, t. X, p. 97). — Palicki, De musculari cordis structura (Dissert, inaug., Breslau, 1839). — Searle, On the Arrangement ofthe Fibres of the Heart (Todd's Cgclop. of Anat. and Physiol., vol. II, p. 019 et suiv., aveefig.). — Ctiorial, Considérations sur la structure, les mouvements et les bruits du cœur (Thèse, Paris, 1841). — Parchappe, Du cœur, de sa structure et de ses mouvements. Paris, 1844, in-8, avec allas in-4. — Ludwig', Bau der Herzvenlrihel (Zeitschr. fur ration. Med., t. VII, p. 189). — Donders, Onderzoekingen betrekkelijk den bomv van het menschelijke hart (Xeederlandsch IfiHce/,1852, 3e série, t. I, p. 541). ■ — Kôlliker, Traité d'histologie, p. €05. (f) Voyez Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. VI, p. 292. (g) Haller, F.lementa physiologiœ, t. 1, p. 350 et suiv. /|88 APPAREIL DE LA CIRCULATION Disposition portion ventriculaire du cœur, dont je m'occuperai d'abord, muscuSiai.-esSdes naissent pour la plupart, soit des orifices artériels, soit de l'anneau fibro-eartilagineux qui entoure chaque orifice auriculo-ventri- culaire (1), et elles sont de deux sortes, les unes appartenant aux deux ventricules en commun , les autres étant destinées seulement à l'un ou à l'autre de ces organes. Les fibres communes occupent, la superficie du cœur (2) ; les fibres propres à chaque ventricule sont logées plus profondément, et, par leur assem- blage, elles forment en quelque sortedeux bourses charnues inté- rieures qui, placées côte à côte, se trouvent renfermées dans une troisième bourse commune. Mais les fibres musculaires super- ficielles qui constituent cette enveloppe générale ne se bornent pas à revêtir ainsi les deux poches charnues formées par les fibres propres à chaque ventricule ; après être descendues obliquement jusqu'à la pointe du cœur, elles se contournent en spirale et rebroussent chemin pour pénétrer dans l'intérieur de l'un et l'autre ventricule, puis remontent vers les zones fibreuses qui occupent la paroi supérieure de ceux-ci, et se détachent, pour ainsi dire, de leurs parois pour constituer des colonnes dont l'extrémité supérieure est iixée, soit directement, soit à l'aide de cordes tendineuses, à d'autres points de ces mêmes parois, ou bien au bord libre des valvules auriculo-ventriculaires. Il résulte de ce mode d'arrangement que toutes les parties du système ven- triculaire sont très intimement unies entre elles; et, pour mieux (I ) Les anatomistes désignent sou- (2) Winslovv fut, je crois, le premier vent sous les noms de cercles teruli- à bien distinguer la couche des fibres neux de Lower, ou de zones fibreuses, communes aux deux ventricules et les bandes de tissu élastique qui en- celles propres à chacune de ces ca- tourent les deux orifices de chaque vîtes ; la figure qu'il en donna (a) ventricule et qui fournissent les pria- se trouve reproduite avec quelques cipaux points d'attache aux fibres légères modifications dans divers musculaires du cœur. ouvrages récents. (a) Winslow, Observations sur les fibres du cœur cl sur les valvules, avec la manière de les préparer pour les démontrer (Mém, de l'Acad, des sciences, 1711, p. 151, pi. i, fig. 1 cl 2). CHEZ LES MAMMIFÈRES. /l 89 indiquer les fonctions des fibres communes dont il vient d'être question, quelques anatomistes les désignent sous le nom de fibres anitives (1). Il en résulte aussi que toutes ces fibres con- stituent des anses simples ou doubles qui entourent plus ou moins complètement les cavités occupées par le sang, et que (I ) Les fibres superficielles ou tinilives des ventricules naissent des bandes fibro cartilagineuses desquatrc orifices qui occupent la base des ventricules, et elles descendent obliquement vers la pointe du cœur. Celles qui provien- nent de la portion antérieure des zones auriculo-ventriculaires et de l'anneau de l'artère pulmonaire recouvrent la face antérieure ou slernale du cœur, et se dirigent en bas et à gauche vers la pointe de cet organe, où elles se contournent sur elles-mêmes dans le prolongement de l'axe du ventricule gauche, de façon à simuler une étoile à rayons courbes ; puis elles rebrous- sent chemin et pénètrent dans ce même ventricule. Les fibres superficielles qui recou- vrent la face postérieure ou diaphrag- ma tique du cœur se portent en bas et à droite vers son bord, puis s'engagent sous les précédentes, et remontent obliquement dans le vcntricu'e droit. Parvenues ainsi dans l'intérieur du cœur, ces fibres unitives se compor- tent différemment. Les unes forment des anses simples, et se dirigent de telle sorte que leur portion superficielle et leur portion profonde ne corres- pondent pas au même ventricule. Ainsi, celles dont la branche descendante, ou superficielle , correspond à la paroi antérieure du ventricule droit, jettent leur branche ascendante ou profonde dans la paroi postérieure du ventri- cule gauche, et vice versa. Les autres se recourbent en huit de chiffre 'a), et remontent dans la même paroi du cœur par laquelle elles étaient descen- dues, mais de façon à correspondre à un autre ventricule. Par exemple, celles dont la branche superficielle appartient à la paroi antérieure du ventricule droit donnent leur branche profonde ou ascendante à la paroi antérieure du ventricule gauche. Les fibres propres de chaque ven- tricule se trouvent donc comprises entre le plan superficiel des fibres communes ou unitives, et l'espèce de gerbe creuse formée intérieurement par la portion ascendante et profonde de ces mêmes fibres. Elles sont dispo- sées aussi en forme d'anses simples ou en huit de chiffre, et constituent pour chaque ventricule un cylindre, ou plutôt un cône tronqué creux qui embrasse la portion ascendante des fibres unitives, après avoir été recou- vert par la portion superficielle de ces mêmes fibres (6). Du côté interne, ces deux poches coniques, au lieu d'être unies à la couche superficielle commune , adhèrent entre elles et constituent la cloison interventricu- laire; de façon qu'après avoir enlevé la couche superficielle commune , on (a) Lowcr, Tmctalus de corde, pi. 2, fig. G et 7. (5) Voyez Parcliappe, Du cœur, de se structure et de ses mouvements, pi. 6, fig\ 2. /l90 APPAREIL DE LA CIRCULATION leur contraction doit toujours tendre à diminuer ta capacité des ventricules. Les colonnes charnues qui garnissent l'intérieur des ventri- cules ne sont que peu nombreuses chez quelques Mammifères, tels que le Mouton, le Bœuf et le Lapin; mais, en général, elles se multiplient et s'entrecroisent de façon à constituer dans le fond, ou même tout autour de ces cavités, une masse caver- neuse ou aréolaire. 11 est aussi à noter que ces faisceaux mus- culaires, plus ou moins libres, présentent un développement plus grand dans le ventricule droit que dans le ventricule gauche. On distingue trois sortes de colonnes charnues : les unes, que l'on pourrait appeler pariétales, adhérent aux parois du cœur dans toute leur élendife, et constituent, par conséquent, des espèces de petites cloisons en forme de bourrelets ; les autres sont libres vers le milieu, et peuvent recevoir le nom de trabécules, ou de colonnes sous -pariétales, quand elles adhèrent entre elles ou aux parois ventriculaires par leurs deux extrémités , et celui de muscles papillaires, ou de colonnes a ppendiculair es , quand leur extrémité supérieure donne naissance à un cordon tendineux qui va s'attacher au bord libre des replis valvulaires dont l'em- bouchure de l'oreillette est garnie fi"). Ces dernières sont les peut séparer les deux ventricules l'un des fibres ; mais celles-ci ne sonl pas de l'autre sans les ouvrir [a). toutes parallèles entre elles, et chaque Il est aussi à noter cpie les bran- couche peut être ainsi subdivisée en cbes profondes des fibres unitives plusieurs bandes continues ou super- croisent à angles plus ou moins aigus posées. Ainsi Wolff a décrit huit ban- la direction de la portion superficielle des distinctes à la surface du ventri- de ces mêmes fibres et celle des fibres cule droit (6) . propres. (1) En général, les analomistes dé- Dans tout ce qui précède, il n'a été signent les colonnes charnues appen- quesiion que de la direction générale diculaires kous le nom de colonnes d:i (a) Winslow, Observations sur les fibres du cœur {Mém. de l'Acad. des sciences, 1711, p. 152, pi. A, fig. 1 et 2). — Cetle disposition se voit mieux dans une des préparations ligurées par Bourgery ri Jacob [Anal, descriptive, t. IV, pi. 10 bis, fig. 5). (b) Wolff, Op. cit., Disscrl. VIII, (Acta Acad. Petropol, 1786). CHEZ LUS MAMMIFÈRES. Zi *J 1 plus grosses et les plus constantes dans leur disposition ; elles ont souvent la l'orme de gros mamelons, et, ainsi que nous le verrons dans la prochaine Leçon, elles jouent un rôle impor- tant dans le mécanisme de la circulation. 11 est aussi à noter que chez certains Mammifères un petit os 0s ,,u cœur' se développe au sommet de la cloison interventrieulaue et tend à encadrer imparfaitement l'orifice aortique. C'est surtout chez les Ruminants et les Pachydermes qu'on rencontre cette dispo- sition, qui du reste n'est pas toujours constante dans les espèces où elle existe, et peut manquer chez des espèces très voisines des premières (1). premier ordre, et appellent colonnes raconte même une anecdote relative à du second ordre celles qui vont direc- une discussion qui s'éleva entre lui et tement d'un point de la paroi ventri- les médecins de Home sur l'existence culaire à un autre , ou qui s'étendent de l'os du cœur chez l'Éléphant, où il entre des colonnes voisines ; enfin, ils constata ce fait (6). Les anatomistes nomment colonnes du troisième ordre de la renaissance et du xvme siècle celles qui sont adhérentes dans toute en parlent aussi, comme on peut s'en leur étendue et que j'ai nommées assurer par les écrits d'Adami, de colonnes pariétales. neiehenius, et des divers auteurs cilés Quelques auteurs réservent le nom par Ilaller, etc. (c). de muscles du cœur, de piliers du Chez le Bœuf adulte, on trouve cœur, ou de muscles papillaïres , aux toujours un de ces os en forme d'arc colonnes appendiculaires. qui occupe le côté interne de l'orifice (1) L'existence de cet os chez divers aortique, et en général, un second grands Mammifères a été annoncée il y osselet logé du côté opposé de la zone a quelques années comme une décou- fihreuse dont cet orifice est garni (d). verte nouvelle, mais elle était connue II paraît exister aussi d'une manière d'Aristote {a} et de Galien. Ce dernier normale chez le Cerf; mais chez le (a) Ai'islote, Histoire des Animaux, livre II (Irad. de Camus, t. I, p. 89). (b) Galien, Utilité des parties, livre VI, chap. xx, et Manuel des dissections, livre Vit, cliap. x. (Voyez Œuvres, trad. par Darembcrg, t. I, p. -447.) (c) Adami, Dissert, de osse cordis Cervi. Giessa?, 1084. — Haller, Elementa physiologiœ, I. 1, p. 318. — Reicheniiis, De ossiculis e cordibus Animalium. Grôiiingcn, 1772. — Luctli, Dissert, sistens observât, nonnullas zootomicas os cordis, etc., spectanlcs. Tufainguc, 1814. (d) Daul enlon, Description du Taureau (Buffon, Mammifèuës, l. II, p 05 et 10 <, cdil. in-8j. — Place , Description des os situés à l'ouverture du coiur dans le Boeuf et le Mouton (Recueil de médecine vétérinaire, par Girard, elc., 1828, t. V, p. 513). — Carus et V. Ollo, Tab. Anat. compar. illustr., pars vi, pi. 8, lig. 1. — Chameau, Anatomïe comparée des Animaux domestiques, \>. 470. Ventricule gauche. k'ôÛ APPAREIL DK LA CIRCULATION § 3. — Les parois de la cavité ventrieulaire gauche sont plus épaisses et plus régulièrement disposées que celles du ventri- cule droit (1 ) ; elles sont concaves du côté correspondant à la Chevreuil et le Daim, où on le ren- contre aussi (a), il manque souvent, et chez le Mouton il ne paraît se foi- mer qu'à un âge avancé (6). On en a signalé aussi la présence chez le Chameau et le Lama (c), la Girafe (d), et chez le Gnou, parmi les Antilopes (e), mais pas chez d'autres espèces du même genre (/"). Chez le Cochon, la Chèvre et chez l'Éléphant, son existence n'est pas constante (g) ; enfin, chez le Cheval, où il se déve- loppe aussi parfois dans la vieillesse , il est en général remplacé par une pièce cartilagineuse [h). Chez la plupart des autres Mam- mifères, il n'est représenté que par deux petits points cartilagineux qui se trouvent aussi chez l'Homme. Il ne faut pas confondre ces pièces osseuses avec les points d'ossification irrégulière qui se développent sou- vent, soit chez l'Homme, soit chez les Animaux, dans le pourtour des val- vules auriculo-ventriculaires. (1) L'épaisseur relative des parois des deux ventricules du cœur chez l'Homme a été évaluée d'une manière assez différente par divers anatomistes. Ainsi, Laënnec pense que les parois du ventricule droit n'ont tout au plus que. la moitié de l'épaisseur de celles du ventricule gauche (»)■; Sœmme- ring adopte comme rapport normal 1 à 3 (j), tandis que, d'après M. Cru- veilhier, ce même rapport ne serait que dans la proportion de 1 à U ou même 1 à 5 (k). Ces discordances dépendent pro- bablement en partie de la hauteur à laquelle ces observateurs avaient l'habitude de faire la section transver- sale du cœur pour prendre leurs me- sures. En effet on sait, par les recher- ches de M. Bizot, que la partie la plus épaisse des parois du ventricule droit ne correspond pas à la partie du ven- tricule gauche, où les parois de celui- ci sont les plus fortes. Ainsi, au point de jonction du tiers moyen et du tiers supérieur du cœur, les parois du ven- tricule gauche offrent le maximum (a) Grève, Bruchslûcke %ur vergl. Anat. und Pliyslol., p. 21. (6) Duvernoy, Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 292. — F. S. Leuckart, Bemerkungen (Mcckel's Deutsches Archiv, t. VI, p. 136). (c) Jieger, Ueber das Yorkommen eines Knochenr im Herxen des Hirsches und insbesondere eines Knochens im Ziverchfelle des Dromadars und des Yicunna (Meckel's Deutsches Archiv , t. V, p. 113). — F. S. Leuckart, Zwerchfellknochen beim Dromadar (Meckel's Deutsches Archiv , t. VIII, p. 441). (d) Owen, Notes on the Anat. of the Nubian Girafe (Trans. of the Zoot. Soc, t. H, p. 229). (e) Hyrll, Ueber den Herzknochen und die unpaarige Blulader bei Antelope Gnou (Med. Jalir- biïcher des Oesler. Staates, 1838, t. XV, p. 387). (f) Pallas, Spkilegla zoologica, fasc. 1 , p. 4. (g) Perrault, Description anatomique d'un Éléphant (Mérn* pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 3' partie, p. 134). (h) Chauveau, Anat. compar.des Animaux domestiques, p. 473. (i) Laënnec, Traité de l'auscultation médiate, t. II, p. 404 (1820). (j) Sœmmering, Decorporis humani fabricant. V, p. 23. (k) Cruveilhier, Traité d'anatomie descriptive, t. II, p. 512 (1843). CHEZ LES JIAMMJFÈRES. /|9o cloison, aussi bien que dans le reste de leur circonférence, et chez l'Homme elles ne sont lisses que dans le voisinage de l'orifice artériel du côté interne (1) ; partout ailleurs on y remarque une multitude de fossettes ou aréoles ovalaires ou en forme de losanges, qui résultent de l'union des diverses colonnes charnues entre elles. Chez quelques Mammifères, le Bœuf par exemple , ces faisceaux musculaires sont plus gros et moins saillants. Il est aussi des espèces où l'intérieur du ventricule est presque entièrement lisse , ainsi que cela se voit chez le Lion. Enfin deux mamelons charnus simples ou deux faisceaux de colonnes appendiculaires naissent vers le milieu d'épaisseur, et celles du Ventricule droit n'arrivent à ce maximum que tout près de la base du cœur, a environ h lignes au-dessous de la zone tendi- neuse. M. Amiral a remarqué aussi que l'épaisseur relative des deux ventri- cules varie avec l'âge, et que chez les enfants, de même que chez les vieil- lards, la prépondérance du ventricule gauche sur le ventricule droit est plus considérable que chez les hommes de moyen âge (a). Les mesures prises par M. bizot s'accordent avec celte observation. En effet, il a trouvé que l'épaisseur des parois du ventricule droit est plus stationnaire que celle du ventricule gauche , qui s'accroît notablement dans la vieillesse. La paroi du ventricule gauche, mesurée vers la partie moyenne du cœur chez l'Homme, lui a donné les résultats suivants : Lignes. De là 4 ans 2 -'- 5 à 9 3 i 10 à 15 3 i 18 à 29 3 \ 30 à 40 5 i 50 à 79 29 1^ On trouve dans le mémoire de M. Bizot beaucoup d'autres mesures relatives à l'épaisseur des diverses par- lies du cœur, à la grandeur des ori- fices et à la capacité des diverses cavités de cet organe (b). D'après quelques observations de Cuvier, il paraîtrait que chez le Dau- phin l'épaisseur relative des parois du ventricule droit serait beaucoup plus grande que chez l'Homme et la plu- pari des autres Mammifères. Cepen- dant ce fait n'a pas été confirmé par les recherches ultérieures de Meckel (c). (1) C'est-à-dire sur la paroi formée par la cloison interventriculaire. (re) Andral, Anatomle pathologique, t. II, p. 283. (b) Bizot, Recherches sur le cœur et le système artériel chez l'Homme (Mém. de la Soc. méd. d'observation, 1837, t. I, p. 262). (c) Cuvier, leçons d'anatomie comparée, l. VI, p 285 — Meckel, Traité d'anatomie comparée, t. IX, p. 384. Valvule initiale lil.)h APPAREIL DE LA CIRCULATION ou le tiers inférieur du ventricule, et les cordes tendineuses qui les terminent vont se fixer à la face inférieure, ainsi qu'au bord libre de la valvule auriculo-venlriculaire (1). Celle-ci se compose (1) Ces muscles papillaires, ou co- lonnes charnues appendïculaires, con- stituent la portion la plus importante et la plus constante du système de fais- ceaux et de trabécules dont les parois du ventricule gauche sont garnies, et bien que leur forme et leur volume varient beaucoup suivant les espèces, leur disposition générale est toujours à peu près la même. Chez l'Homme, ces mamelons sont eu général bifides ou Uilides à leur sommet , et ils semblent résulter chacun de la juxta- position de deux ou plusieurs colonnes plus petites réunies entre elles et se résolvant inférieurcment en un réseau cav|rnpux;(a); L'un d'eux naît de la paroi externe, l'autre de la paroi postérieure du ventricule , et les nombreuses cordes tendineuses qui parlent de chacun d'eux vont, en s'irradiant, se fixer aux deux valvules dont la commissure est située au-dessus. Il est aussi à noter qu'ils sont dispo- sés de façon à s'ajuster assez exacte- ment l'un contre l'autre et à repré- senter par leur réunion une sorte de pilier central. Pour plus de détails sur leur forme et leur mode d'engrenage, je renverrai à la description très détail- lée qu'en a donnée M. l'archappc (6). Chez quelques Mammifères, la forme columnaire de ces deux muscles ou fais- ceaux de muscles papillaires est plus marquée et leur volume est plus con- sidérable, tandis que la structure des autres parties des parois du ventricule gauche se simplifie. Ainsi, chez le Lapin, ils sont très développés et pres- que indivis ; mais ils s'engrènent moins exactement l'un dans l'autre, et quelques trabécules fort grêles en par- tent horizontalement, soit pour les relier entre eux, soit pour les attacher aux parties circon voisines du ventri- cule (c). Chez le Cheval, ils sont encore plus gros proportionnellement, mais ils adhèrent aux parois correspon- dantes du ventricule jusqu'à une petite distance de leur sommet, où ils sont conformés de façon à s'engrener lors- qu'ils se rapprochent. Chez le Mouton, leur volume est aussi très considé- rable,mais ils sont digités vers le bout. Les freins valvulaires, ou cordons tendineux qui naissent du sommet de chacun de ces deux piliers charnus, montent en divergeant, de façon à décrire un hémicycle, et vont se fixer à la moitié correspondante des deux voiles de la valvule initiale; de sorte que lors du rapprochement des pi- liers, ces filaments circonscrivent un espace conique dont la base est re- présentée par le cercle tendineux de l'orifice auriculo-venlriculaire, et que chaque languette de la valvule se trouve attachée à la fois aux deux («) Voyez Bourgery et Jacob, Anatomie descriptive, t. IV, pi. 1 i bis, fig. 2 et 4. — l'archappc, Du cœur, de sa structure, etc., pi. 2, lij. \ . — Sapp.y, Op. cit., t. I, fig. 1 18. (6) Parehappc, Op. cit., p. 32. (c) Idem, ibid., p. 103, pi. 7, fi-. 2. CWÉZ LES MAMMIFÈRES. /j95 de deux voiles qui naissent du bord de l'orifice auriculaire el se rencontrent vers le milieu de ce passage ; disposition qui lui a valu le nom de valvule bicuspide ou de valvule murale (1 ). Enfin, piliers [a). La disposition de ce sys- tème d'amarres vasculaires a été étu- diée d'une manière très approfondie par M; Parchappe et fort bien repré- sentée dans les planches de son ou- vrage (6). Chez plusieurs Mammifères , tels que la Martre, le Lièvre, le Lapin, etc. , les parois du ventricule gauche sont lisses ou garnies seulement de quel- ques piliers peu saillants. Chez le Bœuf et le Mouton, ces colonnes pa- riétales sont plus larges et se détachent davantage ; mais elles ne sont séparées entre elles que par des fossettes peu profondes. La structure caverneuse, qui est si prononcée chez l'Homme, est aussi à peine indiquée chez le Che- vreuil (c). Cuviera fait remarquer que chez le Dauphin et le Marsouin les co- lonnes charnues sont au contraire plus caillantes, plus libres et plus grosses que chez l'Homme, mais moins nom- breuses. Enfinilcilele Mandrill comme ayant le ventricule gauche garni de cor- dons charnus beaucoup plus minces et plus nombreux que chez l'Homme (d). (1) Ce nom, employé par Vésale et la plupart des analomisles, vient de ce qu'on a comparé les deux segments de la valvule aux feuillets d'une mitre rabattue. La moitié gauche de cette soupape, située un peu du côté posté- rieur et inférieur, est moins grande que l'autre et se termine par un bord concave; en se rabattant, elle s'ap- plique contre la paroi ventriculaire. La moitié droite, qui est supérieure et antérieure, est plus large ; son bord libre est convexe, et, en se rabattant dans la cavité du ventricule, elle con- slilue une sorte de cloison oblique qui sépare la portion gauche de la portion aortiquede cette cavité. Ces voiles se composent d'un repli très saillant de l'endocarde ou tunique interne du cœur, entre les deux feuil- lets duquel s'étend une couche de tissu conjonctif et un réseau de tissu élas- tique provenant de la zone auriculo- ventriculaire; leur face supérieure est lisse, mais à leur face inférieure ou ventriculaire le réseau élastique déter- mine des saillies et se relie aux cordes tendineuses ou' freins provenant des colonnes charnues situées au-dessous. Les valvules du cœur, ainsi que je l'ai déjà dit (e) , étaient connues d'Érasislrate et de Galien ; mais Vésale et Lower furent les premiers à les décrire avec précision. Pour plus de détails au sujet des observations sub- séquentes dont elles furent l'objet de la part de Vieussens, Lancisi, ftlor- gagni , Winslow et les autres anato- mistes de la même époque, on peut consulter l'examen critique qu'en a fait Senac (/). (o) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV. pi. 18, fig. 7. (6) Parchappe, Op. cit., p. 31, pi. H , fig-. 1 à 4. (c) Carus et V. Otlo, Tabula Anat. compar. illustr., pars, vi, p] ((/) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. VI, p. 291. (e) Voyez ci-dessus, page 9. (f) Senac, Traité de la structure du cœur, t. I, p. G9 et suiv. III. 7, fit 32 Orifice aortique ll9C) APPAREIL DE LA CIRCULATION au côté interne de l'ouverture imrieiilo-ventriculaire, se trouve l'orifice aortique dont les bords sont garnis de trois valvules sigmoïdes, soupapes qui ont la l'orme de petites poches membra- neuses dont le fond serait dirigé vers le ventricule et dont le bord semi-circulaire serait tourné vers le centre de l'artère (1). (1) Chacune de ces valvules res- semble à la moitié d'une bourse qui, par sa section, serait accolée aux pa- rois du vaisseau, et dans les ouvrages d'anatomie descriptive on les compare souvent aux petits paniers demi-circu- laires qui s'accrochent aux murs et qui sont employés pour faire couver les œufs de pigeon. Elles consistent en un repli de l'endocarde ou mem- brane interne du cœur, dont le bord est renforcé par une petite bande transversale de fibres élastiques, et dont le fond se dilate en manière de sac. 'Elles occupent toute la circonfé- rence de l'orifice aortique ; leur con- cavité est dirigée en haut vers l'inté- rieur de l'artère, et lorsqu'elles sont gonflées par la pression du liquide contenu dans ce vaisseau, elles se rapprochent de façon à se toucher et à fermer le passage. Il est aussi à noter qu'au milieu de leur bord libre se trouve un petit tubercule, appelé corpuscule d'Arantius, qui concourt à la clôture de l'appareil quand ces valvules se rapprochent, et qu'une bande fibreuse longe aussi leur bord externe et inférieur ou bord adhérent. On trouve également quelques fibrilles très grêles entre ces deux bandes mar- ginales, et les anciens anatomistes les considéraient comme étant de nature charnue (a). Mais elles sont tendi- neuses comme les précédentes (6). La structure de ces valvules et leurs rap- ports avec les parties adjacentes ont été étudiés avec beaucoup de soin par M. Luschka (c). Le corpuscule d'Arantius , qui oc- cupe le milieu du bord libre de cha- cune de ces valvules, est très petit chez les enfants ; mais il se développe par les progrès de l'âge, et chez les vieillards il est tout à fait cartilagineux {cl). On le désigne sous ce nom parce que Mor- gagni en attribuait la découverte à Arantius, anatomiste célèbre de Bo- logne, dont les travaux datent d'en- viron 1670 (e) ; mais ce tubercule avait été décrit précédemment par Vi- dais (/'J, médecin florentin pour lequel François Ie' fonda, en IbliU, au collège de France, la chaire de médecine qui est occupée aujourd'hui par mon savant collègue M. Cl. Bernard (g). La portion de la paroi artérielle cor- respondante à la cavité de chacun des replis semi-lunaires qui constituent les valvules sigmoïdes est un peu di- (a) Senac, Traité de la structure du cœur, t. I, p. 218. (b) Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 603. (c) Luschka, Die Structur der halbmondfôrmigen Klappen des Herzens (Arch. fur phys. Héilk., 1856, t. XV, p. 37, pi. 3, fig. 1). (d) lïizot, -Op. ci;. (Mém. delà Soc. méd. d'observ., I. I, p. 262). (e) Morgagni, Advcrsaria analomica, V, animad. 21 (Opéra omnia, t. I, p. 155), p. 22, 23. if) Vidus Vidius (Sen.), De anatome corporis humani, lib. VI, p. 303 (1611). [g) G. Duval, Le collège royal de France, ln-4, 164 4, p. 63 (anonyme). CHEZ LES MAMMIFERES. 497 Il est aussi à remarquer que la cavité du ventricule se trouve subdivision , . . , . du ventricule incomplètement divisée en deux portions ou chambres par le gauche. bord interne de l'orifice auriculaire , la valvule qui y est appen- due et les colonnes charnues qui s'attachent à ce voile. L'une de ces chambres est en rapport avec l'orifice aortique et se pro- longe inférieurement jusqu'à la pointe du cœur ; l'autre, située à gauche de la précédente, fait suite à l'orifice auriculo-ventri- culaire : elle est moins spacieuse que la précédente, et se ter- mine en un cul-de-sac réticulé (1). La cavité du ventricule droit n'est pas conique comme celle du ventricule gauche , car sa paroi interne , formée par la cloison interventriculaire, est convexe et fait saillie dans son intérieur ; la coupe transversale de cette cavité est par consé- quent plus ou moins en forme de croissant (2), mais elle n'est Ventricule droit. latée, et les renflements ainsi formés ont reçu le nom de sinus de Valsalva, en l'honneur de l'anatomiste qui le premier en signala l'existence (a). Nous reviendrons sur le jeu de ces valvules lorsque nous étudierons le mécanisme de la circulation. (1) Cette disposition a été très bien décrite et représentée par M. Par- chappe (6). Quelques anatomistes dé- signent sous le nom d'infundibulum de l'aorte la portion supérieure et droite du ventricule dans laquelle se trouve l'orifice aortique ; ouverture qui du reste est tout à fait contigue à l'orifice auriculaire. En effet, le bord adhérent de la portion droite de la valvule mitrale est uni à la base de la valvule sigmoïde correspondante de l'aorte. Je dois ajouter que parfois on ap- pelle sinus de ce ventricule les por- tions de sa cavité qui, à droite et à gauche, se prolongent en haut der- rière la valvule mitrale, et s'y termi- nent en culs-de-sac. (2) Si l'on fait une section trans- versale du cœur, les parois du ven- tricule gauche se présentent sous la forme d'un cercle, tandis que celles du ventricule droit décrivent deux arcs de cercles concentriques à eux- mêmes et à la paroi droite du ventricule gauche (c). Il est aussi à noter que les axes des deux ventricules ne sont pas dirigé» tout à fait dans le même sens, et que le ventricule droit contourne oblique- ment le ventricule gauche* (a) Valsalva, professeur à Bologne vers la fin du xvn3 siècle, et maître de Morgagni. (6) Parchappe, Du cosur, de sa structure et de ses mouvements, p. 28 et suiv., pi. 2, fi» 1 pi; 3, fig. 1. (c) Voyez Bourgery et Jacob, Anatomie descriptive, t. IV, pi. 11, fig-, 2 et 3, /j9§ APPAREIL DL LA CIRCULATION jamais étroite comme chez les Oiseaux, et bien qu'elle ne des- cende pas aussi loin vers la pointe du cœur que le ventricule o-auche, sa capacité est au moins aussi considérable (1). Chez l'Homme , sa portion inférieure est occupée par le réseau caverneux résultant de l'entrecroisement et de l'union de nom- breuses colonnes et trabécules charnues; mais sa portion supé- rieure est lisse, et se prolonge en forme d'entonnoir vers l'ori- fice de l'artère pulmonaire, qui est situé à sa partie supérieure, antérieure et interne, et présente, comme d'ordinaire, trois valvules sigmoïdes (2). La disposition des piliers ou mamelons (1) Los anciens analomisles ont at- taché beaucoup d'importance à l'étude de la capacité relative des deux ventri- cules du cœur chez l'Homme, et la plu- part des auteurs, depuis Uippocrale, admettent que le ventricule droit est le plus grand. Suivant les uns (Winslow, Duvemeyet Morgagni, par exemple), la différence serait dans le rapport de 5 à 6. Mais d'autres observateurs n'ont pas trouvé une inégalité aussi grande, et il en est plusieurs qui regardent les deux ventricules comme ayant la même capacité (a). Il est certain que sur le cadavre le ventricule droit est en général moins contracté que l'autre; mais, ainsi que l'a fait remarquer Sa- batier, cela tient probablement à la manière dont le sang s'accumule dans le système veineux et abandonne lé système artériel après la mort : et ce chirurgien célèbre a fait voir qu'on pouvait à volonté faire varier cette prédominance apparente du ventricule droit, et même rendre la cavité du ventricule gauche la plus grande en empêchant le sang de se distribuer de la manière ordinaire dans le cada- vre (6). Weiss a obtenu des résultats analogues (c). Il est cependant à remarquer que dans les expériences faites par Legal- lois sur des Chiens, des Chats, des Lapins et des Cochons d'Inde, la ca- pacité du ventricule droit s'est trouvée être plus grande que celle du ventri- cule gauche, même quand l'animal avait péri par hémorrhagie (rf). Les mesures prises par M. Bizot, de Ge- nève, indiquent toujours une certaine prédominance dans, la capacité du ventricule droit (e). (2) La structure de ces valvules semi- lunaires est la même que celle des val- vules aorliques. Par leur bord externe ces soupapes adhèrent à la zone fi- breuse qui entoure l'orifice de l'artère pulmonaire, et leur bord libre est ren- (o) Voyez Senac, Traité de la structure du mur, t. I, p. 189. — Haller, Élém.physiol.,t. I, pi 327. .,,_,-. (b) Sabaiier, Ergù in vivïs Animalibus ventrkulorum corais eadem capacuas, 1 / /i.. (c) Weiss, Ue dextro cordis ventriculo post mortem ampliori. Altorf, 1767. (ri) Legallois, Anat. et pliysiol. du cœur (Œuvres, t. I, p. 331 et suiv.). (e) Bizot, Recherches sur le cœur et le système artériel chez l'Homme (Mém. de la Soc. med. d'observation, 1837, t. I, p. 280). CHEZ LES MAMMIFÈRES. A 99 charnus dont naissent les freins ou cordes tendineuses de la valvule auriculo - ventriculaire est à peu près la même que dans le ventricule gauche (1) ; mais il y a aussi plusieurs de ces forcé par une petite bande fibreuse au milieu de laquelle se trouve un petit tubercule nommé corpus Arantii, corpus Morgagnii ou cor- pus sesamoideum. Ici les sinus de Valsalva sont moins marqués que dans l'aorte. (1) Chez l'Homme, les subdivisions de la cavité du ventricule droit sont beaucoup plus nombreuses et plus com- pliquées que celles du ventricule gau- che (a) ; mais de même que dans celte dernière, on peut y distinguer deux portions principales que M. Parchappe désigne sous les noms de chambre droite ou auriculaire, et de chambre gauche ou pulmonaire. Cet anatomiste appelle sinus antérieur du ventricule droit la portion angulaire circonscrite en avant par la rencontre de la paroi externe et concave de cettecavité avec sa paroi interne et convexe (ou cloi- son interventriculaire) , et sinus pos- térieur la partie correspondante du côté dorsal du cœur ; enfin, il donne le nom de sinus supérieur au sillon qui se trouve entre la ligne d'attache de la valvule tricuspide et les parois du ventricule, en avant, à droite et en arrière. La chambre pul- monaire, dont la portion supérieure (ou infundibulum) se continue avec l'artère du même nom et occupe la portion que quelques auteurs appel- lent Yappendice conoïdal du ventri- cule droit, est séparée de la chambre auriculaire par des arcades muscu- laires principales et par un réseau à claire-voie, mais communique libre- ment avec elle par les espaces que ces brides charnues laissent entre elles. On remarque sur ses parois beaucoup de saillies musculaires dont les princi- pales se dirigent verticalement en forme de piliers qui correspondent générale- ment par leur extrémité supérieure au bord convexe et adhérent des val- vules sigmoïdes, tandis qu'in férié u re- ment ils se divisent, se réunissent entre eux et finissent par se résoudre en un réseau à mailles plus ou moins serrées. Undeces pilastres, naissant de la paroi postérieure, est mieux caractérisé que les autres et forme l'arc postérieur de l'ouverture principale de communica- tion entre les deux chambres. Le bord antérieur de cet orifice est con- stitué d'une manière analogue, mais est moins bien dessiné (b). La chambre auriculaire est beaucoup plus vaste ; elle se termine inférieure inent en cul- de-sac au sommet du ventricule, et elle comprend les sinus antérieur, postérieur et supérieur (c). Les pro- longements charnus qui en garnissent les parois sont en très grand nombre et constituent par leur réunion unré- seau caverneux très irrégulier et fort variable suivant les individus. Ainsi que je l'ai déjà dit, les freins valvu- laires naissent en partie d'un simple tubercule de la paroi convexe ou cloi- (a) Voyez Bourgery et Jacob, Anatomie descriptive, t. IV, pi. ! 1 , fie (i>) Parchappe, Du cœur, etc., p. il et suïv., pi. I, fig. !.. ic) Idem, ïbid., pi. \ , fig. 9. 3 ; pi. H bis, fig. i el 4. tricuspidc, 500 APPAREIL DE LA CIRCULATION cordes qui partent directement des parois du ventricule. Ainsi un faisceau de ces cordes se détache du milieu de la portion lisse de la cloison interventriculaire, pour aller se fixer sur les parties voisines de la valvule. Les autres naissent pour la plupart, soit d'une colonne charnue antérieure et à fût simple, soit d'un groupe de colonnes postérieures. Enfin des cordes chafnues, dis- posées horizontalement vers la basedeces colonneë, se réunissent entre elles, et rattachent aussi la paroi externe et concave du ventricule à la cloison interventriculaire. Jusque dans ces der- niers temps les anatomistes n'avaient pas accordé assez d'atten- tion à ces liens musculaires ; lorsque nous étudierons le méca- nisme de la circulation, nous verrons cependant qu'ils ne sont pas sans importance , et, à raison de leurs fonctions , on les a désignés sous le nom de trabécules régulatrices . vaivnie Le sommet de la chambre auriculaire du ventricule droit est occupé par l'orifice qui la fait communiquer avec l'oreillette correspondante (1). La valvule dont elle est garnie n'est pas son interventriculaire, en partie de position de ces faisceaux transversaux colonnes charnues qui se détachent, chez l'Homme et chez divers Mam- soit directement de la paroi externe mifères, et il les désigne sous le nom et concave, soit du réseau caverneux de moderator bands, expression que intermédiaire. Les fils tendineux de je traduirai par les mots trabécules chaque faisceau s'insèrent sur les régulatrices (&). deux bords contigus de chacune des (i) ,T. Meyer a fait beaucoup d'ob- échancrures qui séparent ces lobes servations sur la position que les ori- valvulaires. Enfin il y a aussi des tra- fices artériels et auriculo-venlriculaires verses charnues et des trabécules apo- du cœur occupent dans le thorax. Il névrotiques qui s'étendent presque employa dans ce but de longues ai- horizonlalement de la cloison huer- guides qu'il enfonçait dans cet organe venlriculaire à la paroi externe (a) ; à travers les parois du thorax, et il les arcades musculaires dont il a déjà a trouvé ainsi que presque toujours été question font partie de ce système les valvules de l'embouchure de Tar- de liens consolida teurs. M. King a 1ère pulmonaire correspondent au étudié avec beaucoup de soin la dis- deuxième espace intercostal, entre 8 et [a) Voyez Bourgery, Op. cit., I. IV, pi. H bis, fig. 4. (b) T. King, On Ihe Safty-valve Function in the Rirjhl Ventrale of the Heart (Gif y'* Hotpitai Reports, 1837, t. II, p. 422 el sqq., pi. 1, fig\ 1 à 4). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 501 charnue, comme clans la classe des Oiseaux ; elle est membra- neuse et construite sur le même plan que la valvule mitrale ; mais elle s'en distingue par son mode de division, et, à raison de cette particularité anatomique, elle a reçu les noms de val- vule tricuspide ou triglochine (1). En effet, ce voile membra- neux , au lieu d'être fendu seulement en deux lèvres, comme la valvule mitrale, est partagé en plusieurs languettes dont les principales sont au nombre de trois (2.). Chez presque tous les Mammifères, la disposition de cet appareil isolant est à peu près la même que chez l'Homme (o) ; 12 millimètres du bord sternal. L'em- bouchure de l'aorte est située derrière l'extrémité sternale de la troisième côte du côté gauche. La valvule mi- trale se trouve également derrière cette côte, et la valvule tricuspide der- rière le sternum , un peu moins bas. La détermination précise de ces rap- ports peut avoir de l'intérêt pour l'élude des bruits du cœur ; mais on rencontre à cet égard quelques diffé- rences suivant les individus. Du reste, la position du cœur est à peu près la même dans les deux sexes (a). (1) De TpqXti/_tv, ayant trois pointes. (2) Chez l'Homme et les Singes, les trois lobes, ou lèvres de la valvule triglochine, sont arrondis; mais, chez le Bœuf et le Mouton, leur portion terminale s'allonge en une pointe aiguë. 11 est aussi à noter que le lobe in- terne qui naît de la portion de l'an- neau auriculo-ventriculaire voisine de l'orifice artériel est très large et at- taché très près de la paroi convexe ou interne du ventricule, de façon qu'en se rabattant il tend à fermer l'entrée de l'infundibulum. (3) Le nombre et le volume des ma- melons charnus dont naissent les cordes tendineuses de la valvule triglochine varient un peu suivant les espèces. Chez le Bœuf, on en trouve trois qui sont gros, courts et terminés par un bord arqué d'où partent des filets tendineux assez forts. Chez le Mandrill, on en compte cinq, et ils sont allongés, cy- lindriques et bifides ou trifides à leur extrémité. Chez le Cochon, le mame- lon de la paroi antérieure du ventri- cule est le seul qui soit bien développé, et les faisceaux de fils tendineux qui correspondent aux deux autres échan- crures delà valvule s'attachent direc- tement à la paroi interne et convexe du ventricule. Pour plus de détails à ce sujet, on peut consulter les addi- tions faites par Duvernoy à la 2e édi- tion de VAnatomie comparée de Cuvier [b) , et les recherches de M. Parchappe sur le cœur du Lapin . (a) J. Meyer, Ueber die Lagc '1er einzelnen llerx-âbsehnilte z-ur Thorax-icand und die Bedeu- tung dièses Verhâltnisses fur die Auscultation des Her&ens (Virchow's Arrhiv fur pallwl. Anut., 1851, t. III, p. 265). {b) Op. cit., t. VI, p. 289. 502 APPAREIL DE LA CIRCULATION mais, chez l'Ornithorhynque, sa structure est différente et se rapproche un peu de ce que nous avons yu chez les Oiseaux , car on y remarque des espèces de clapets charnus (1). du Chien , du Chat el de quelques autres Mammifères (a). Mais ce qui paraît plus important à noter, ce sou les différences qui existent dans les rapports des freins valvulaires, soit avec la trahécule mo- dératrice, soit avec la paroi externe et concave du ventricule, la seule qui soit extensible ; car, ainsi que nous le verrons par la suite, celte circonstance influe sur le jeu plus ou moins parfait de l'appareil valvulaire. M. King éta- blit à cet égard, parmi les Mammi- fères, quatre catégories principales, mais les passages des uns aux autres sont nombreux et gradués. Dans le premier groupe, il range les espèces chez lesquelles tous les freins de la moitié droite de la valvule tricuspide, aussi bien que ceux de la moitié gau- che, sont fixés à la paroi gauche ou convexe du ventricule (c'est-à-dire à la cloison inlerventriculaire), de façon à être complètement indépendants des mouvements de la paroi concave et extensible de ce réservoir ; mode d'organisation qui est accompagné d'un état plus ou moins rudimentaire des trabécules modératrices, et se ren- contre chez la plupart des Rongeurs el des Marsupiaux. Dans le deuxième groupe, M. King place les espèces où les freins de celte même portion externe de l'appareil valvulaire nais- sent de colonnes charnues et se fixent inférieurement sur la trabécule mo- dératrice, mais très près de la ter- minaison de cette traverse dans la paroi convexe et résistante du ventri- cule. Celle disposition coïncide avec un développement plus considérable des trabécules modératrices, et se voit chez les Animaux du genre Chat ; tandis que la plupart des autres Car- nassiers présentent une structure in- termédiaire entre celte forme el la précédente. Dans le troisième type , décrit par M. King, la trabécule régu- latrice est encore plus développée, et les colonnes charnues qui donnent atta- che aux freins déjà mentionnés nais- sent de sa partie externe, près de la paroi concave du ventricule. Exemple : les Quadrumanes et l'Homme. Enfin, dans la quatrième forme organique, les colonnes charnues dont dépendent ces freins naissent directement de la paroi concave et externe du ventri- cule, au point d'insertion de la bande transversale ou même plus ou moins loin de celle-ci. Exemples : le Mouton et la Chèvre, ainsi que la plupart des autres Ruminants. Pour plus de détails relatifs à la disposition de ces valvules et des faisceaux musculaires qui s'y atta- chent chez l'Homme et divers Mam- mifères, on peut consulter le travail de M. King (b), (1) Cbezl'Ornithorhynquela valvule tricuspide se compose de deux por- tions membraneuses et deux portions charnues. L'une de ces dernières est placée près de l'origine de l'artère (a) Pàrcliappe, Du exur, p. -1 01 , 174clsuiv. {b) T. King;, An Essnrj on the Sàfty-valve Function in the RUjht Ventrkle of ihe Heart (Guy's Hospital Reports, vol. Il, p. 121 , 142ctsuiv., pi, \ el 2). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 508 § h. — Los oreillettes ont des parois minces, mais clans o^iicue* lesquelles on distingue aussi des fibres musculaires de divers ordres : les unes sont communes aux deux oreillettes et forment sur leur partie antérieure une bande transversale; les autres sont propres à chacun de ces organes, et constituent, d'une part, divers faisceaux disposés en éeharpe autour des orifices veineux, ou qui s'entrecroisent en manière de réseau sur leur partie antérieure ; d'autre part, des colonnes charnues qui en garnissent l'intérieur. Du reste, presque tous ces faisceaux s'unissent aux zones fibreuses qui occupent la base des oreil- lettes et entourent les orifices ventriculaires (1). L'oreillette gauche est beaucoup plus petite que la droite, et oreillette i i i a ii- gauche. sa portion principale, qui semble être seulement une. dilatation du confluent des veines pulmonaires, est très nettement séparée de sa portion auriculaire. C'est dans celle-ci seulement qu'on trouve des colonnes charnues bien développées, et les parois du sinus sont, lisses. Enfin les orifices des veines pulmonaires sont situés sur la face postérieure dont ils occupent les parties laté- rales; ils sont au nombre de quatre et ils sont dépourvus de replis valvulaires (2). pulmonaire et paraît correspondre an braneuse correspondante qui se trouve bourrelet, ou petite valvule charnue, reliée aussi aux parois du ventricule qui se remarque à la même place par de petites cordes tendineuses (a). chez les grands Oiseaux , tels que Chez l'Échidné, ce mode d'organisa- l'Autruche; elle esî attachée tout le lion n'existe pas. long du côté de la portion membra- (1) Chez l'Homme, la disposition des neuse adjacente. L'autre portion divers faisceaux musculaires est sur- charnue peut être comparée, jusqu'à tout très compliquée à la partie supé- un certain point, à la grande lame rieure de l'oreillette gauche, où ils valvulaire des Oiseaux ; mais elle s'entrecroisent pour embrasser là n'adhère pas aux parois du ventricule base des veines pulmonaires (6). par son bord latéral. Supérieurement ('2) Nous reviendrons bientôt sur les elle est attachée à la portion mem- différences qui s'observent dans les (a)Meckel, Ornithorhynchi paradoxi descriptio anatomica, p. 81, pi. 7, Rg. 2. — Owen, Monotremata (Tbdd's Cyclopœdia ofAnat. and Physiol., vol. III, p. 390). t,b) Voyez Boiirjery, Anatomie descriptive, l. IV, pi. 10 bis, fig\ 2, et pi. 10 ter, fig1. 1. droite. 504 APPAREIL DE LA CIRCULATION oreillette Dans l'oreillette droite la distinction entre la portion princi- pale (ou sinus) et l'appendice auriculaire est moins nette que dans l'oreillette gauche (1), et les colonnes charnues qui font saillie dans l'intérieur de cet organe sont plus nombreuses et plus fortes : les principaux de ces faisceaux s'élèvent de la portion inférieure de l'oreillette près de l'orifice venlriculaire et rayonnent vers l'appendice auriculaire, disposition qui leur a valu le nom de muscles pectines du cœur. Ainsi que je l'ai déjà dit, la cloison qui sépare entre elles les deux oreillettes ne s'établit qu'incomplètement chez le fœtus, et même, dans les premiers temps qui suivent la naissance, on y aperçoit un orifice appelé trou ovale, ou trou de Botal (2). Mais en général ce pertuis ne tarde pas à se fermer, et du côté de l'oreillette gauche on n'en trouve presque aucune trace chez l'adulte ; seulement, dans le ventricule droit, il reste indiqué par une dépression qui, à raison de sa forme, est appelée la fosse ovale (S). orifices veineux de l'oreillette gauche, portant à ce que l'on connaissait lorsque nous étudierons les vaisseaux déjà (6). Il serait donc préférable de la petite circulation. d'appeler cet orifice le pertuis inter- (1) Chez le Phoque, il y a un second auriculaire ou le trou ovale, plutôt appendice de ce genre en arrière (a). que le trou de Botal ; mais l'usage de (2) L'existence de l'orifice inter- ce dernier nom est tellement enra- auriculaire, ou trou ovale, étaitconnue ciné, qu'il serait difficile de le changer de Galien , et les anatomistes de la aujourd'hui. renaissance en avaient également La conformation et la clôture de parlé : Vésale, par exemple. C'est cet orifice ont été mieux étudiées par donc à tort que quelques auteurs en Ridley que par ses prédécesseurs (c). ont attribué la découverte à Botal , Lieutaud en a donné aussi une des- médecin de Charles IX. La descrip- cription très détaillée {d). tion qu'il en donna vers la fin du (3) Chez l'Homme, cette fosse, si- xvie siècle n'ajouta même rien d'im- tuée à la partie inférieure de la paroi (a) Duvernoy, Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 282. (6) Voyez Senac, Traité de la structure du cœur, 1. 1, p. 151. — Porta), Histoire de l'analomie et de la chirurgie, t. II, p. 562. (c) Ridley, Observationes quœdam medico-practicœ et physiologicœ, 1703, obs. 32. (d) Lieutaud, Observations anatomiq^t,es sur le cceur (Mém. de l'Académie des sciences, 1754, p. 377). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 505 Le nombre des orifices veineux de l'oreillette droite varie suivant qu'il existe une ou deux veines caves antérieures. Chez l'Homme, l'embouchure de la veine cave supérieure se trouve à gauche de l'oreillette droite, est super- ficielle, et le bourrelet musculaire qui eu occupe les bords et qui a reçu le nom (Vanneau de Vieussens, s'efface vers sa partie inférieure (a). Souvent on trouve à sa partie supérieure une petite fente oblique qui s'avance vers l'oreillette gauche et qui peut même y déboucher, mais qui ne laisse pas passer le sang à cause de la manière dont ses deux lèvres sont appliquées l'une contre l'autre. Senac parle de cette fissure comme pouvant presque toujours se laisser traverser par une grosse tête d'épingle (6) , et M. Cru- veilhier a constaté que dans beaucoup de cas on pouvait par cette voie faire pénétrer le manche d'un scalpel jusque dans l'oreillette gauche (c). Quelque- fois la persistance de cette communi- cation entre les deux oreillettes cbez l'adulte est complète (d), mais en géné- ral le trou de Botal est fermé, ou du moins cesse de livrer passage au sang vers le huitième jour après la nais- sance , quelquefois même beaucoup plus tôt (e). Du reste, il paraît que les perforations de la cloison interauri- culaire qui se rencontrent chez les adultes ne sont pas toujours congéni- tales et résultent quelquefois de la rupture de la lame membraneuse, assez mince, qui occupe le fond de la fosse ovale (/"). M. Bizot a trouvé le trou de Botal ouvert chez l\h sujets sur 155 qu'il a examinés sous ce rapport, et il est à noter que 18 de ces cas de non- oblitération se sont rencontrés chez des sujets âgés de seize à trente-neuf ans, et 14 chez des individus âgés de plus de quarante ans ; enfin , chez aucun d'entre eux il ne s'était mani- festé aucun symptôme indicatif d'un état pathologique du cœur (g). Quelques anatomisles ont trouvé le trou de Botal largement ouvert chez les Phoques plus ou moins avancés en âge (h), et ont pensé que celte voie de communication entre les deux oreil- (a) Voyez Bourgery, Anat. descript., t. IV, pi. 11, fig. 4. (b) Senac, Traité de la structure du cœur, t. I, p. 168. (c) Cruveilhier, Traité d'anatomie descriptive, t. II, p. 515. (d) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. I, p. 352. (e) Voyez Billard, Traité des maladies des enfants nouveau-nés, 1828, p. 557. (f) Morgagni, De sedibus et causis morborum, epist. xvii (Opéra omnia, 1764, t. I, p. 133). — Corvisart, Essai sur les maladies et les lésions organiques du cœur, p. 290 et suiv. (édit. de 1818). — Abernethy, Observ. on the Foramina Thebesii of the Heart (Phil. Trans., t. LXX1X, p. 107). — Otto, Sellene Beobachtungen zur Anatomie, Physiologie und Pathologie, 1810, t. 1, p. 97. — Pasqualini, Mem. sulla fréquente opertura del foramine ovale rinvenuto nei cadaveri dei tisici. Rome, 1827. (g~) Bizot, Op. cit. (Mém. de la Soc. méd. d'observation, 1837, 1. 1, p. 358). (h) Perrault , Description anatomique d'un Veau marin (Mém. pour servir à l'histoire des Animaux, t. I, p. 196). — Kulm, Phocœ anatome (Acta Acad. Nat.curios., 1721, t. I, p. 16). — Parson, Some Account of the Phoca (Philos. Trans., 1743, t. XL1I, p. 384). — Portai, Observations sur la structure de quelques parties du Veau marin (Mem. de Y Acad. des sciences, 1770, p. 414). — Blnmenbaoh, Handbnch der Vergleichenden Anatomie, % 160 (4« édit., 1824). 506 APPAREIL DE LA CIRCULATION la partie supérieure et postérieure de ce réservoir (1) ; celle de la veine cave inférieure est placée beaucoup plus bas, et l'on remarque dans son voisinage une troisième ouverture qui appar- tient à la grosse veine coronaire du cœur (2). Enfin il est aussi à telles était permanente chez ces Ani- maux, et même chez tous les Mammi- fères plongeurs. Mais des recherches plus multipliées ont bien établi qu'à l'état adulte, ce mode d'organisation n'est normal ni chez ces Carnas- siers (a) , ni chez le Castor (b) , le Marsouin (c) , le Narwal (d) , le Du- gong (e), le Rytina (/"), le Cachalot (g), l'Ornithorhynque (h), ou tout autre Mammifère. Il est seulement à noter que, chez les Phoques et quelques autres espèces, le pertuis interauricu- laire ne paraît pas se fermer aussi promplement que chez les espèces plus complètement terrestres. (1) Chez l'Éléphant, le Porc-Épic et les autres Mammifères qui ont deux veinescaves antérieures, celle du côté gauche s'ouvre dans l'oreillette, tout près de son embouchure dans le ven- tricule. (2) Chez l'Homme, il existe à l'en- trée de cette veine un petit repli semi-lunaire, appelé valvule de Thé- bésius (i). Mais souvent on n'en voit aucune trace : ainsi, chez le Rhinocé- ros indien, l'orifice de la veine coro- naire, qui est de la grosseur du doigt, est complètement libre ( j). Il est aussi à noter qu'on aperçoit sur les parois de l'oreillette droite d'autres orifices accessoires de petites dimensions, appelés trous de Thébé- sins (foraminula Thebesii) : les uns appartiennent à des veines du cœur ; les autres correspondent seulement aux espaces ménagés entre les co- lonnes charnues et donnent dans des culs-de-sac. La découverte de la valvule dont l'orifice des veines coronaires est garni appartient en réalité à Eustachi, ana- tomiste célèbre qui exerçait la méde- (a) Selielhamer, Phocœ maris analome (Ephemiridum Acad. Nat. curios., . de l'abdomen (l) ; une artère cervi- (a) Barkow, Ueber den Verlauf der Schlagadern am Kopfe des Schafes [Nova Acta Acad. Nat. curios., 18-26, t. Xlll.p. 397). (6) Barkow, Disquisit. circa originem et decursum arteriarum Mammalium. Lipsiae, 4829. (e) Barkow, Ueber einige Eigentuhmlichkeiten im Verlauf e der Schlagadern der Fischotter (Meckel's Archiv, 1829, p. 30). (d) Barkow, Disquisitiones recenliores de arteriis Mammalium et Avium (Nova Acta Acad. Nat. curios., 1843, t. XX, p. 609). (e) Otto, Deanimalium quorumdam per hiemem dormientium vasis cephalicis et aure interna (Nova Acta Acad. Nat. curios., 1826, t. XIII, p. 25). (f) Burow, Ueber die Gefâss-System der Robben (MùUer's Archiv fur Anat. und Physiol, 1838, p. 230). (g) Hjrtl, Vergl, Angiol. (Mém. de V Acad. de Vienne, 1854, t. VI, p. 21, pi. 1, 2 et 3). (h) Idem, ibid. (Mém. de VAcad. de Vienne, 1853, t. V, p. 2, pi. 2). . (i) Stannius, Ueber den Ver/flHfder.Arterien&eiDelphinusphocœna (MùUer's Archiv, 1841, p. 379). (j) Leyh, Handbuch der Anatomie der Hausthiere, p. 370, fig. 162. (k) Voyez ci-dessus, p. 527 et 532. (I) Voyez Bourgery, Anatomie descriptive, t. IV, pi. 15, 21, 23, 24, 27 et 29. — Tiedemann, Tabula arteriarum corporis humani, pi. 18 (reproduite en petit par M. Sappey, Traitéd'anat. descript., t. I, p. 448, fig. 138). Artère brachiale. 5^0 APPAREIL DE LA CIRCULATION V artère brachiale de l'Homme longe la partie antérieure et interne du bras, donne naissance à plusieurs branches dont les plus importantes ont reçu les noms d'artères collaté- rales externe et interne; enfin elle se bifurque vers le niveau du pli du coude pour constituer les deux artères principales de l'avant-bras, qui, à raison de leur position, sont appelées artère radiale et artère cubitale (1). Cette dernière fournit une cale transverse ou scapulaire posté- rieure , qui se porte en dehors pour gagner la partie postérieure du cou et de l'épaule (a) ; une artère cervicale profonde ou cervicale postérieure, qui remonte également sur les côlés de la région cervicale postérieure, mais dans le voisinage immédiat de la colonne vertébrale (6) ; une artère intercostale supérieure (c) et une scapulaire sut érieure (d) : mais il est à* noter que souvent deux ou même plusieurs de ces branches naissent par un tronc commun. La portion suivante du même vais- seau (ou l'artère axillaire) fournit également des branches aux parois du thorax ainsi qu'aux muscles de l'épaule. Le plus important des ra- meaux thoraciques est V artère mam- maire externe, qui descend entre les muscles pectoraux et les côtes (e). Je citerai aussi Yartère thoracique su- périeure, ou acromio-thoracique, dont une des divisions se rend aux muscles pectoraux et aux parties voisines , l'autre au muscle deltoïde, etc. (/"); Yartère scapulaire inférieure , qui descend le long du bord antérieur des muscles de la région scapulaire et qui envoie aussi quelques rameaux sur les parties latérales de la poitrine; enfin, les artères circonflexes postérieures et antérieures , qui contournent la partie supérieure de l'humérus et se distribuent à cet os et aux parties molles d'alentour (g). (1) Chez l'Homme, Yartère bra- chiale descend le long du bord interne du muscle biceps, à peu de distance de la peau, dans une gaine aponévro- tique où se loge aussi le nerf médian du bras. L'artère collatérale externe, ou humer aie profonde, naît de sa partie supérieure, au niveau du bord in- férieur du muscle grand rond ou scapulo-huméral, soit isolément, soit (a) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 15, 18 et 24. — Tiedemann, Op. cit., pi. 10. — Sappey, Op. cit., t. I, p. 455, fig. 141. (5) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 17, et pi. 30, fig. 3. — Tiedemann, Op. cit., pi. 8, fig. 1. — Sappey, Op. cit., t. 1, p. 443, fig. 140. (c) Voyez Bourgery, loc. cit., pi. 15, 21, 22. — Tiedemann, Op. cit., pi. 8, fig. 6. — Sappey, Op. cit., t. I, p. 450, fig. 139. (d) Voyei Bourgery, loc. cit., pi. 15, 18, 27, 29. (e) Idem, ibid., pi. 19, 32. (f) Idem, ibid., pi. 15, 20, 23. (g) Idem, ibid., pi. 32, 36. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 5/|l grosse artère dite interosseuse, qui se rend à la face pos- térieure de l'avant-bras. Enfin l'artère radiale , après avoir remonté sur la base du pouceaet avoir fourni des rameaux au par un tronc commun avec l'artère circonflexe postérieure. Elle contourne l'humérus et gagne la face postérieure du bras, où elle se divise en deux branches principales : Tune, super- ficielle, qui descend vers le coude en accompagnant le nerf radial ; l'autre, profonde, qui suit la même direction au milieu des fibres charnues du muscle triceps brachial et s'anasto- mose comme la précédente avec les artères de la région du coude (a). L'artère collatérale interne, beau- coup plus petite que l'humérale pro- fonde dont elle provient quelquefois, naît vers la partie moyenne du bras et se porte en dedans et en arrière pour se distribuer aux muscles voisins. Sou- vent elle est représentée par deux branches qui naissent à quelque dis- tance l'une de l'autre (6). La hauteur à laquelle l'artère bra- chiale se bifurque est assez variable : en général, c'est vers le niveau de l'articulation du coude; mais quelque- fois beaucoup plus haut (c). Vartère radiale, qui en est la branche terminale externe (la main étant en supination), fournit, pres- que aussitôt après sa naissance, une artère récurrente qui remonte sur le bras entre les muscles de la portion antérieure et externe de cette région. La radiale continue ensuite sa route vers la main, en longeant la face anté- rieure de l'os dont elle porte le nom ; parvenue dans le voisinage du poignet, elle repose sur cet os et se trouve très près de la peau, de façon que ses bat- tements sont faciles à sentir, et que les médecins la choisissent d'ordinaire pour tàter le pouls de leurs malades. Elle se recourbe ensuite devant l'ar- ticulation du poignet et gagne le dos de la main, où elle fournit plusieurs branches parmi lesquelles je citerai Vartère transverse dorsale du carpe, qui s'anastomose avec des branches delà cubitale, et la collatérale externe du pouce; puis elle passe entre le premier et le second os métacarpien pour s'enfoncer dans la paume de la main, et va concourir à la formation des arcades palmaires. Vartère cubitale fournil à la partie interne du coude une branche qui est analogue à la récurrente radiale, et se divise en deux rameaux, l'un antérieur, l'autre postérieur, dont les ramuscules s'anastomosent avec les branches ter- minalesde la collatérale interne du bras. Une artère interosseuse naît aussi de la cubitale, à peu de distance au-dessous du pli du coude, et plonge tout de suite vers la membrane fibreuse qui unit entre eux les deux os de l'avant- bras (d). Là elle se divise en une artère interosseuse antérieure qui longe la (a) Voyez Bourgery, t. IV, pi. 36, fig. 2. (b) Voyez Bourgery, Op. cit., pi. 36, fig. 1. (c) Voyez les exemples de variations figure'es dans le grand ouvrage de M. Tiedemann (Tab-, arter. corp. hum., pi. 14, 15 et 16), et dans l'Anatomie descriptive de Bourgery et Jacob, t. IV, pi. 38, fig. 1 à 6. {d) Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 36, fig. 2 et 4. Artères de la main. Artères des pattes antérieures. 5'j2 APPAREIL DE LA CIRCULATION dos du poignet, gagne la paume de la main, s'y anastomose avec l'artère cubitale, et concourt avec elle à former des arcades dont naissent les artères des doigts. Celles-ci occupent les côtés de ces organes et s'anastomosent en arcade à leur extrémité, où elles constituent un réseau sous-cutané très riche. En général, la disposition des artères des membres thora- ciques est à peu près la même dans toute la classe des Mammi- fères (1) ; mais on y remarque, dans quelques espèces, des face antérieure de cette cloison apo- névrolique jusque dans le voisinage du poignet, où elle la traverse pour devenir dorsale et s'anastomoser avec l'artère dorsale du carpe : et une ar- tère interosseuse postérieure qui tra- verse tout de suite le ligament inler- osseux dont il vient d'être question, fournit une artère radiale récurrente postérieure, et descend sous les mus- cles de la face postérieure de l'avant-bras auxquels ses rameaux se distribuent. L'artère cubitale continue ensuite sa route à la partie antérieure et interne de l'avant-bras, en longeant la face antérieure de l'os cubilus, et se termine dans la paume de la main par deux brandies dont l'une con- court à la formation de Varcade pal- maire profonde et l'autre constitue Varcade palmaire superficielle [a). Celte dernière se recourbe transversa- lement en dehors et fournit successi- vement une série d'artères digitales qui descendent dans les espaces inter- osseux du métacarpe, et vont consti- tuer directement, ou en se bifurquant, les artères collatérales des doigts. Celles-ci côtoient les bords latéraux des doigts et forment à l'extrémité de ces organes un réseau anastomolique assez développé. Varcade palmaire profonde est formée par l'autre branche de l'artère cubitale et par la portion terminale de l'artère radiale qui s'anastomosent entre elles. Cette arcade est située dans la paume de la main, entre les os du métacarpe et les tendons des muscles fléchisseurs des doigts et les autres parties molles de cette région. Enfin elle fournit d'ordinaire une série de branches interosseuses palmaires qui s'anastomosent avec les artères di- gitales ; et des branches perforantes qui gagnent la face dorsale de la main et s'y logent dans les espaces interosseux. (1) La disposition du système artériel des membres thoraciques ressemble beaucoup à ce qui existe chez l'Homme, lors même que le nombre des doigts se trouve beaucoup réduit. Ainsi, chez le Cheval, l'artère brachiale, qui des- cend le long de la face interne du bras, se bifurque dans le voisinage de l'extrémité inférieure de l'humérus pour former deux artères qui repré- sentent la radiale et la cubitale de l'Homme, et qui sont désignées par les {a) Voyez Bourgery, Op. cit., pi. 36, fig. 1, et pi. 37. fig. 1, CHEZ LES MAMMIFÈRES. 5^0 particularités analogues à celles que nous avons déjà ren- contrées dans l'aile de certains Oiseaux. En effet, les principaux troncs sont quelquefois remplacés par un faisceau de petits vais- seaux qui marchent parallèlement entre eux, et s'anastomosent de loin en loin ou se réunissent de façon à constituer un plexus vélérinaires sous les noms d'artères radiales antérieur eet postérieure (a). L'un de ces vaisseaux se place au- devant de l'os de l'avant-bras et se termine sur la face dorsale du carpe où il s'anastomose avec les rameaux voisins de la branche postérieure. Ce dernier vaisseau descend derrière l'os de l'avant-bras, fournit une artère in- terosseuse d'un volume considérable, et, parvenu dans la région carpienne, se divise en deux branches : l'une su- perficielle, l'autre profonde. La bran- che superficielle (appelée artère col- latérale du canon) représente, en raison de son volume, la continuation du tronc commun, et correspond à l'une des artères digitales de l'Homme ; elle donne naissance à une arcade palmaire rudimentaire et, vers l'extré- mité inférieure du canon, se divise en deux rameaux analogues aux artères collatérales des doigts; enfin celles-ci s'anastomosent en arcade sous la der- nière phalange. La branche profonde forme au-dessous de la précédente une arcade palmaire profonde qui donne naissance à une série de bran- ches interosseuses métacarpiennes (6). Quelques anatomistes considèrent la branche terminale antérieure de l'artère brachiale (ou radiale anté- rieure) comme étant l'analogue de l'artère cubitale de l'Homme et la branche postérieure comme représen- tant notre artère radiale (c) ; mais cette détermination ne me parait pas admissible. Effectivement l'artère ra- diale antérieure du Cheval, de même que notre artère radiale, occupe le côté interne du membre ( celui-ci étant supposé dans la même position, de part et d'autre, savoir, avec la face palmaire dirigée en arrière), et l'ar- tère radiale postérieure du Cheval, de même que notre artère cubi- tale, fournit l'artère interosseuse, puis se termine dans la face plantaire du pied, à peu près comme notre artère cubitale se termine dans la paume de la main. Pour la description du mode de di- vision et de distribution des artères des membres thoraciques chez les Ruminants, le Cochon, les Carnas- siers, etc., je renverrai aux ouvrages de Meckel, Cuvier, Bai kow et M. Chau- veau (d). (a) Voyez, pour plus de détails à ce sujet : Chauveau, Traité d'analomie comparée des Animaux domestiques, p. 530 et suiv. — Lcyh, Handbuch der Anatomie der Hausthiere, p. 384, fig. 165. (6) Voyez Chauveau, Op. cit., p. 533, fig-. 138. (c) Chauveau, Op. cit., p. 531 et 532. (d) Meckel, Traité d'anatomie comparée, t. IX, p. 408 et suiv. — Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. VI, p. 126 et suiv. — Barkow, Disquisit. recenliores {Nova Acta Acad. Nat. curios., t. XX, p. 613, etc.). — Chauveau, Op. cit., p. 536 et suiv. III. 35 5/lfr APPAREIL DE LA CIRCULATION à mailles serrées. Ce mode d'organisation a été observé d'abord chez le Paresseux et le Loris, animaux dont les mouvements sont extrêmement lents ; mais il existe aussi chez tous les Édentés proprement dits, ainsi que chez les Lamentins et les Phoques ; on en trouve aussi quelques vestiges chez le Cochon (1) . Chez quelques autres Mammifères, une tendance contraire (1 ) Carliste, qui a découvert cette disposition plexiforme de l'artère bra- chiale chez le Loris du Bengale (Ste- nops tardigradus), petit Quadrumane de la famille des Makis ou Lémuriens que l'on désigne quelquefois sous le nom de Singe paresseux, vit ce vais- seau, en arrivant au bras, se diviser tout de suite en un faisceau composé de plus de vingt branches (a). La même structure a été décrite chez le Loris grêle, par M. W. Vrolik {b). Chez l'Aï, ou Paresseux àtroisdoigts {Bradypus tridactylus), une disposi- tion analogue se rencontre, mais les branches formées par le tronc brachial sont plus nombreuses et s'anasto- mosent plus fréquemment entre elles (c). M. Gaimard et M. Oken en ont révoqué en doute l'existence (d) ; mais elle a été constatée par Meckel, M. Vrolik et plusieurs autres obser- vateurs (e). Meckel a compté soixante- deux vaisseaux réunis ainsi en faisceaux dans le bras de cet animal. Il paraît ce- pendant que l'un de ces tubes, situé au centre du faisceau, représente plus spé- cialement le tronc de l'artère bra- chiale. Une disposition semblable se voit chez le Bradypus torquatus (f). Chez l'Unau, ou Paresseux à deux doigts, le nombre des branches dans lequel l'artère brachiale se résout est peu considérable (g). Chez le Fourmilier à deux doigts (Myrmecophaga didactyla), l'artère brachiale se divise en deux faisceaux de petits vaisseaux qui s'étendent dans Pavant-bras, où l'un représente l'ar- tère radiale et l'autre la cubitale (h). Chez le Tamandua ( M. tetradac- tyla), plusieurs des divisions de l'ar- tère brachiale sont représentées aussi par un faisceau de petites artères (i), (a) A. Carliste, Account ofa Peculiarity in the Distribution ofthe Arteries sent to the Limbs of slow-moving Animais (Philos. Trans., 1800, p. 98, pi. 1). (b) W. Vrolik, Disquisit. anal, physiol. de peculiari arteriarum extremitalum in nonnullis Animalïbus disposilione, p. 8, pi. 2. Amslerd., 1826. (c) Carlisle, Op. cit., pi. 2, fig-. 1. {d) Gaimard, Note sur le Paresseux à dos brûlé (Journal de physique, 1822, t. XCIV, p. 389). Oken, Beschreibung und Zergliederung eines fœtus von Bradypus torquatus (Beitr. %ur Naturgesch. von Brasilien von Max. Pr. au Wied, 1826, t. II, p. 496). (e) Vrolik, Op. cit. — Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 442. (f) Carliste, Op. cit. (Philos. Trans., 1800, p. 100, pi. 2, fig. 3). (g) Hyrll, Vergl. Angiol. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. VI, p. 53, pi. 8, fi/. 1). (k) Meckel, Anat. des ziueizehigen Ameisenfressers (Deutsches Arch., 1829, l. V, p. 60). _ Vrolik, Op. cit., p. 6, pi. 1, fig. 2. — Hyrll, Op. cit. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. VI, p. 36, pi. 3, fig. 2). (i) Idem, ibid. (loc. cit., p. 28, pi. 1, fig. 2). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 5/|5 s'observe. Ainsi, chez le Morse, l'artère brachiale, après avoir fourni la collatérale externe (ou brachiale profonde), se continue jusque dans la main sans» se bifurquer, et le tronc unique qui représente ici les artères radiale et cubitale s'y termine par une série de branches digitales dont les bifurcations constituent comme d'ordinaire les artères collatérales des doigts (1). 11 est une autre particularité que je crois devoir signaler ici, bien qu'elle n'ait en elle-même que peu d'importance. Chez plusieurs Mammifères, tels que le Sajou et les Makis, l'artère brachiale ou la cubitale, pour se rendre de la partie interne du bras à la face palmaire de l'avant-bras, passe dans un trou ou un canal creusé dans le condyle interne de l'humérus (2). et chez le Pangolin cette disposition Chez le Cochon, il existe un petit est encore plus prononcée. plexus artériel constitué aux dépens M. Allman a trouvé aussi un plexus de la branche interosseuse de la cubi- brachial fasciculaire chez le Tatou taie (e). Encoubert (Dasypus sexcinctus («), (1) L'artère brachiale se continue et M. Hyrtl a fait connaître une dis- dans l'avant-bras et jusque sur le carpe position analogue chez le Tatou à sans s'être bifurquée; mais, vers le neuf bandes {b). tiers supérieur de l'avant-bras, elle Chez le Lamentin, toutes les prin- donne naissance à une petite branche cipales branches de l'artère brachiale, qui contourne l'os radius et qui repré- ainsi que le tronc de ce vaisseau, sont sente l'artère radiale (f). représentées par des faisceaux de petits (2) Le trou condylien, dont l'exis- tubes artériels (c), tence a été signalée depuis longtemps Chez le Phoque, les artères des bras chez divers Singes {g), se trouve aussi et de l'avant-bras affectent aussi la chez la Taupe, parmi les Insectivores; forme de plexus (d}. chez le Blaireau , la Loutre , les Mar- (a) Allman, On certain Peculiarities in the Arteries of the Six-bandecl Armadillo (Report of IhelStii meeting of the Brit. Associât. Cork,, 1843, sect., p. G8). (b) Hyril, Op. cit. (ilém. de l'Acad. de Vienne, t. VI, p. 46, pi. 6, fig. 1). (c) Baer, Ueber die Geflechte in welche sich einige grôssere Schlagadern der Siïugethiere friih auflosen (Mém. présentés à l'Acad. des sciencesde Saint-Pétersbourg, 1835, 1. 11, p. 199, fig. 2). (d) Baer, loc. cit., fig. 1. \e) Barkow, Disquisiliones recenliores de arteriis Mammalium et Àvium (Nova Acta Acad. Nat. curios., t. XX, p. 613, pi. 27, fig. 2). (f) Baer, Op. cit. (Mém. présentés à l'Académie de Saint-Pétersbourg, t. H, p. 201 , fig. 3). (g) Coilér, Extemaram et internarum principalium humani corporis parlium tabula, etc. p. 61. — Tiedemann, Ueber einen ara Oberarmbein bel mehreren geschwdnxlen Affen vorkommendeu Kanal und eine damit in Yerbindung stehende besondere Anordnung der Arterien tend Nerven des Arms (Meckel's Deulsches Archiv fur die Physiol., 1818, t. IV, p. 544, pi. 5, fig. 1 et 2), - — Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 123. Aorte descendante. 5/lG APPAREIL DE LA CIRCULATION J'ajouterai aussi que chez divers Mammifères l'artère bra- chiale se bifurque pour constituer les artères radiale et cubitale vers le milieu du bras, tandis que dans d'autres espèces cette division ne se fait qu'assez loin au-dessus de l'articulation du coude (1). § 12. — La grande artère aorte, après avoir fourni les troncs dont naissent les vaisseaux destinés à la tête et aux membres antérieurs, s'applique contre la colonne vertébrale et se dirige presque en ligne droite vers le bassin. Chez les Mammifères qui sont pourvus d'une queue bien développée, elle continue ainsi sa route jusqu'à l'extrémité de cet organe, en diminuant de grosseur peu à peu ; mais chez l'Homme et les Singes an- thropomorphes, de même que chez les autres Mammifères dont la queue est rudimentaire ou très courte, elle semble se terminer à l'entrée du bassin, au-devant de l'os sacrum, où elle donne naissance aux artères des membres postérieurs, et elle n'est représentée dans sa portion terminale que par un petit vaisseau très, les Civeltes, les Mangoustes, les bifurque dès le milieu du bras (c). Chats et les Phoques parmi les Car- Chez la Loutre, la bifurcation de nassiers; l'Écureuil, le Hamster et l'artère brachiale n'a lieu que vers le l'Hélamys parmi les Rongeurs ; les milieu de l'avant-bras, après la nais- Tatous et les Fourmiliers parmi les sance de l'artère inlerosseuse. Édentés; les Marsupiaux et les Mono- Il est aussi à noter que le volume trèmes. Mais il ne donne pas toujours relatif des artères radiale et cubitale passage à l'artère : ainsi Meckel a re- varie beaucoup suivant les espèces, marqué que chez quelques Fourmi- Ainsi, chez le Chat, le dernier de ces liers et chez l'Arctomys, il n'est tra- vaisseaux n'est représenté que par une versé que par le nerf médian (a). 11 est branche très grêle, et c'est l'artère cependant à noter que, chez le Four- radiale qui porte la plus grande partie milier tamandua, le trou condylien est du sang à la patte et qui fournit les ar traversé aussi par l'artère (6). lères digitales. Chez le Tigre, aucon- (1) Ainsi, chez les Sarigues , les traire, c'est l'artère cubitale qui est la Kanguroos et la plupart des autres plus forte (d). Marsupiaux , l'artère brachiale se (a) Meckel, Traité d'anatomie comparée, t. IX, p. 412. (b) Hyrtl, Vergl. Angiol. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. VI, pi. 3, fig'. 2). (c) Guvier, Anatomie comparée, t. VI, p. 127. (d) C.uvier, loc. cit. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 5/l7 impair nommé artère sacrée moyenne. Quelquefois même on ne trouve plus de traee de l'aorte dans cette région, et ce vaisseau se termine réellement là où il se bifurque pour constituer les artères iliaques (1). Du reste , quelles que soient les modifications que l'on remarque à cet égard, l'aorte descendante, ou aorte postérieure, se comporte à peu près de même, et donne naissance à trois systèmes de branches destinés, l'un à la colonne vertébrale et à ses dépendances, un autre aux principaux viscères abdomi- naux, -et le troisième aux membres postérieurs et aux parties externes de la région pelvienne. J'ajouterai que quelquefois l'artère caudale, formée par la por- tion terminale de l'aorte, s'entoure d'un plexus vasculaire analo- gue à celui que nous avons déjà rencontré dans le crâne de divers Mammifères. Cette structure a été observée chez le Marsouin (2), (1) Cette disposition se voit chez le chio-céphalique ou vertébral , le font Lamentin, où des branches des artères à la partie supérieure du thorax, iliaques internes (ou hypogastriques) (2) M. Baer, en signalant l'existence pénètrent dans le canal sous-rachidien de ce plexus, avait pensé qu'il tenait pour constituer le système artériel de lieu de l'artère caudale (c). Mais la région caudale (a). M. Stannius a vu que ce vaisseau en 11 est aussi à noter que chez l'Homme est seulement entouré comme d'une et beaucoup d'autres Mammifères, les gaine, et poursuit sa route en ligne branches transversales de ce système, droite jusque auprès de la nageoire au lieu de provenir toutes de l'artère caudale, en fournissant à droite et à sacrée moyenne, partent pour la plu- gauche une série de branches ana- part de deux troncs collatéraux qui logues aux artères lombaires. Le tronc se détachent des artères iliaques in- artériel, ainsi enveloppé d'un lacis de ternes, et se comportent dans la région vaisseaux très fins, disposés sur plu- du sacrum (6) à peu près de la même sieurs couches, est logé dans le canal manière que les artères thoraciques sous- vertébral (d). postérieures, provenant du tronc bra- (a) Stannius, Beitrage zur Kenntniss der amerikanischen Manatïs', p. 33. (b) Voyez Bourgery,-Op. cit., t. IV, pi. 16 et 24. (c) Baer, Ueber das Gefàss- System des Braunfisches (Nova Acta Acad. Nat. curios., t. XVII p. 405). (d) Stannius, Ueber den Verlauf der Arterien bel Delphinus phocœna (Mùller's Archiv (ùrAnat. uni Physiol., 184-1, p. 398). 5/j8 APPAREIL DE LA CIRCULATION les Fourmiliers , le Pangolin , le Tatou et quelques autres Mammifères (1). Artères § 13. — Les artères du système rachidien naissent par paires de la faee dorsale du tronc aortique, au niveau des diverses ver- tèbres de la portion postcéphalique du corps, et se portent en dehors pour se répandre dans les parois de la grande cavité vis- cérale. Dans le thorax, elles suivent le bord inférieur des côtes, et sont désignées sous le nom d'artères intercostales. Dans la région lombaire, où les côtes manquent, elles suivent encore la.même direction, et sont appelées artères lombaires. Dans la région pelvienne, on en trouve encore des vestiges, et, chez les Animaux à grosse queue, les analogues de ces vaisseaux se détachent de la portion terminale de l'aorte de vertèbre en vertèbre. Enfin, dans la région cervicale, ces mômes vaisseaux sont re- présentés par une série de branches provenant des artères vertébrales, de sorte que, dans toute la longueur de la portion postcéphalique du corps , ce système se trouve constitué à peu près de la même manière dans chaque tronçon corres- pondant à une vertèbre. Mais c'est dans le thorax que ces artères latérales sont le plus développées. Là chacune d'elles, aussitôt arrivée dans l'espace intercostal correspondant, se divise en deux branches : l'une, dorsale, passe entre les apo- physes transverses des vertèbres, et, après avoir fourni un rameau qui pénètre dans le canal vertébral pour s'y distribuer à la moelle épinière et à ses enveloppes, va se répandre dans les muscles et les téguments du dos ; l'autre branche de l'artère intercostale continue sa route en dehors, se loge dans une gouttière creusée au bord inférieur de la côte adjacente, (1) Voyez, à ce sujet, les recherches de M. Vrolik et de M. Hyrtl (a), (a) Vrolik, Disquisit. de peculiari arteriarum extremitatum in nonnullis Animalibus disposi- tions, 182G. — Hyrll, Vergleichende Angiologie. Artérielle Gefâss-System der Edentaten (Denkschriften der Akad. der Wissensch. %u Wien, 1854, t. VI, pi. 2, fîg\ 2 ; pi. 4, fig. 1 ; pi. 7, %. 1). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 5/t9 fournit des ramuscules aux muscles intercostaux, et se termine à la partie antérieure du thorax, où elle s'anastomose avec des rameaux de l'artère mammaire et d'autres vaisseaux de cette région (1). La disposition des artères intercostales est à peu près la même chez presque tous les Mammifères, sauf quelques variations dans leur nombre et le mode d'origine de celles de la partie antérieure du thorax (2); mais, chez la plupart des Cétacés, elles sont entourées par une multitude de petites artères flexueuses qui naissent principalement d'une série de branches impaires fournies par l'aorte, et qui se prolongent sur la paroi dorsale du thorax, de façon à y constituer deux plexus vascu- laires énormes (S). (1) Chez l'Homme, les artères inter- costales correspondantes aux côtes des deur ou trois premières paires nais- sent d'un tronc commun provenant de l'artère sous - clavière, de façon que l'aorte n'en fournit directement que huit ou neuf paires ; mais leur origine n'influe pas notablement sur leur direction, ni sur leur mode de distribution. Les arlères lombaires, qui repré- sentent ces artères intercostales là où la colonne vertébrale cesse de porter des côtes et n'est pas encore unie aux os des hanches pour former le bassin, ne sont qu'au nombre de trois ou cinq paires, et leur branche antérieure est peu développée. Enlin, les branches latérales de l'artère sacrée moyenne de l'Homme sont rudimentaires. Toute la portion cervicale thora- cique et abdominale de ce système d'artères a été très bien représentée par Bourgery et Jacob (a). ('2) Ainsi, chez le Cheval, la pre- mière intercostale vient de l'artère cervicale supérieure ; les trois suivantes naissent tantôt du même vaisseau, tantôt d'un tronc commun fourni par l'aorte, et les treize suivantes sortent directementde cette dernière artère (b). Elles sont suivies par cinq ou six paires d'artères lombaires dont la dernière provient de l'artère iliaque. (3) Les gros paquets de vaisseaux flexueux ainsi constitués avaient été remarqués chez le Marsouin par Tyson, qui les considérait comme une sorte de glande vasculaire (c). limiter en a bien reconnu la nature chez la Baleine (d;, et pi us récemment la dispo- sition de ces plexus a été étudiée avec (a) Op. cit., t. IV, pi. 22. (6) Voyez Chauveau, Op. cit., p. 486, fig. 157. (c) Tyson, Anatomy of a Porpesse, p. 32, pi. 2, fig. 7, et Dublin Philos. Journ., 1820, l. II, p. 196. (d) Hunier, Observ. on the Struct. and Economy of IV haies (Philos. Trans., 1787, p. 571, et Œuvres, t. IV, p. 465). 550 $.14. APPAREIL DE LA CIRCULATION Ancres § ift. — Le système des artères viscérales, auquel se ratla- dos viscères x abdominaux, chent quelques petites branches œsophagiennes (1) et bron- plus de soin par Breschet et par M. Stannius (a). Breschet en a constaté l'existence chez le Delphinus globiceps et chez un fœtus de Baleine aussi bien que chez le Marsouin ; M. Jackson les a aperçus chez le Delphinus del- phis (b) ; enfin M. Slannius les a ren- contrés chez le Lamentin (c) , mais il paraîtrait, d'après les observations de M» Owen , qu'ils manquent chez le Dugong {d). Chez le Marsouin, les artères inter- costales des cinq premières paires sont formées de chaque côté par un tronc unique (ou artère thoracique posté- rieure, Stannius) qui naît de l'aorte à gauche et du tronc brachio-céphalique à droite, Celles de la sixième paire et des paires suivantes proviennent de l'aorte , soit par des troncs impairs qui se bifurquent (ainsi que cela se voi^ pour celles des sixième, septième et huitième paires), soit isolément. Enfin, au-devant d'elles, l'aorte donne aussi naissance à deux brandies impaires, qui bientôt se bifurquent pour aller se ramifier dans les deux plexus thora- ciques. Les intercostales fournissent comme d'ordinaire des branches dor- sales et des branches qui longent les côtes, mais elles donnent aussi nais- sance à un grand nombre de rameaux flexueux qui se pelotonnent autourdes premières et entrent dans la constitu- tion du plexus. Celui-ci occupe l'espace du médiastin postérieur et s'étend entre les côtes, jusque sur la partie dorsale de la colonne vertébrale; en arrière, il ne dépasse guère la neuvième côte, mais en avant il se prolonge dans le cou et se relie au plexus cervical. Les vais- seaux qui le constituent sont, les uns thoraciques, les autres dorsaux. Les premiers proviennent : 1° des artères thoraciques postérieures dont naissent aussi les intercostales des cinq pre- mières paires ; 2° des deux troncs im- pairs qui se détachent de l'aorte au- devant du tronc également impair dont naissent les intercostales de la sixième paire; 3° des intercostales des sixième, septième, huitième et neu- vième paires. Les racines dorsales du plexus sont fournies par des branches de l'artère méningée spinale, qui pro- vient de l'artère carotide interne ; branches qui sortent du canal verté- bral par les trous de conjugaison et se pelotonnent déjà dans la région dorsale. Ainsi les branches de distri- bution des artères intercostales ne se résolvent pas en capillaires pour consti- tuer ce rete mirabile, mais le traversent seulement pour se rendre à leur des- tination ordinaire, et le plexus est un appareil vasculaire surajouté à ces vaisseaux (e). (1) Les artères œsophagiennes sont (a) Breschet, Histoire anatomique et physiologique d'un organe de nature vasculaire découvert dans les Cétacés. In-4, 1836, pi. 2 et 3. — Stannius, Ueber den Verlaufder Arterien bei Delphinus phocœna (Miiller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1841, p. 392). (b) J. B.Jackson, Dissection of a Spermaceti Whale and three other Cetaceous (Boston Joum. ofNat. Hist., 1845, vol. V, p. 158). (c) Stannius, Beitrâge %ur Kenntniss der amerikanischen Manati's (Zur Geschichte der Natur- wissensch. Institute der Universitat Rostock, 1846, p. 32). ^ (d) Owen, On the Anatomy of the Dugong (Proceedings of the Zool. Soc, 1838, p. 35). (e) Slannius, Op. cit. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 551 chiques fournies par la portion thoracique de l'aorte, se compose principalement des artères cœliaque, mésentérique supérieure, spermatiques, capsulaires moyennes, rénales et mésentérique inférieure, qui naissent toutes dans l'abdomen. Chez l'Homme , Y artère cœliaque (!) se sépare du tronc aortique immédiatement après que celui-ci a traversé le dia- phragme, et elle ne tarde pas à se diviser en trois branches (2), dont Tune, appelée artère coronaire stomachique, ou gastrique supérieure, suit la petite courbure de l'estomac et distribue ses rameaux à ce viscère ainsi qu'à l'œsophage (3). Une autre de ces divisions du tronc cœliaque constitue Y artère hépatique, qui se termine dans le foie, après avoir donné une petite artère Artère cœliaque. de très petits vaisseaux qui, au nombre de trois ou quatre (ou même davantage) naissent de la face antérieure de l'aorte thoracique et vont se ramifier dans la portion voisine de l'œsophage (a). Les artères mécliastines postérieures qui se distribuent au médiastin naissent tantôt des artères œsophagiennes , d'autres fois du tronc aortique ou même des artères intercostales. L'aorte, en ira versant le diaphragme, fournit à ce muscle une paire d'artères dites diaphragmatiques inférieures, parce que celte cloison charnue reçoit aussi une paire d'artères qui naissent plus haut et qui se répandent sur sa partie supérieure et antérieure. Ces dernières, appelées diaphragmatiques supérieures, sont des branches des ar- tères mammaires internes (b). (1) C'est-à-dire, artère ventrale. De xcûta, ventre. (2) Les anatomisles désignent quel- quefois ce vaisseau sous le nom de trépied de Haller, à cause de la com- paraison que cet auteur emploie pour en indiquer la forme. [^)Vartère coronaire stomachique, moins grosse que les deux autres branches terminales du tronc cœliaque, se porte obliquement en haut et en avant vers l'extrémité inférieure de l'œsophage, puis se contourne à droite, en longeant la petite courbure de l'estomac, et va se terminer près du pylore en s'y anastomosant avec une branche de l'artère hépatique (c). Pen- dant ce trajet, elle fournit quelques branches ascendantes qui vont à l'œso- phage, et beaucoup de branches trans- verses ou descendantes qui se ré- pandent sur les parois de l'estomac et y forment quelques anastomoses avec des branches de l'artère splénique. (a) Voyez Bourgery et Jacob, Op. cit., t. IV, pi. ii. (b) Voyez Bourgery et Jacob, t. IV, pi. 1 5. — Tiedemann, Op. cit., pi. 20. (c) Voyez Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 20 et 20 bis. — Tiedemann, Op. cit., pi. 21 «t 22. 552 APPAREIL DE LA CIRCULATION dite pylorique, destinée à l'estomac, et une artère gastro- épiploïque droite dont les ramuscules se rendent dans le pylore, au pancréas et à l'épiploon, pour s'y anastomoser avec l'artère mésentérique supérieure (1). Enfin, le troisième de ces vais- seaux porte le nom d'artère splénique, et après avoir fourni des rameaux au pancréas, une artère gastro-épiploïque gauche et plusieurs vaisseaux courts qui se rendent à l'estomac pour s'anastomoser avec des rameaux de la coronaire stomachique, il se termine par un grand nombre de branches qui pénètrent dans la rate (2). (1) V artère hépatique se dirige transversalement de gauche à droite, et gagne ainsi le sillon transversal du foie où elle se bifurque avant de péné- trer dans cet organe [a). L'artère pylo- rique, qui en naît, va s'anastomoser avec l'extrémité de la coronaire stoma- chique, de façon à former avec elle une arcade. V artère gastro-épiploïque droite s'en sépare un peu plus loin, descend derrière le duodénum, et se recourbe ensuite à gauche pour suivre la grande courbure de l'estomac et s'y terminer en s'anastomosant avec sa congénère. Pendant ce trajet elle four- nit plusieurs branches ascendantes au pylore et à l'estomac, ainsi que des branches descendantes qui se logent dans l'épiploon et se terminent à l'arc transversal du côlon. Enfin Vartèrecystique, qui naît de la branche terminale droite de l'artère hépatique, est très grêle et se répand dans les parois de la vésicule du fiel. (2) L'artère splénique de l'Homme est la plus grosse des trois branches ter- minales du tronc cœliaque; elle descend obliquement derrière l'estomac, en décrivant des flexuosités plus ou moins nombreuses et en se logeant dans une rainure creusée dans le bord supérieur du pancréas (6). Les branches qu'elle fournit à cette glande sont assez grosses et varient en nombre. L'artère gastro- épiploïque gauche , qui en naît au niveau de la grosse tubérosité de l'es- tomac, gagne la grande courbure de cet organe, et, comme je l'ai déjà dit, s'y anastomose avec l'artère gastro- épiploïque droite. Les branches ascen- dantes qui naissent de l'arcade vascu- laire ainsi constituée se répandent sur les deux faces de l'estomac et s'y anastomosent avec les autres artères de cet organe, de façon à former un réseau à grosses mailles irrégulières. Enfin les branches appelées vaisseaux courts naissent ordinairement d'un ou de plusieurs des rameaux terminaux de l'artère splénique, au moment où ceux-ci pénètrent dans la rate, et elles retournent vers le grand cul-de-sac de l'estomac et vers le cardia, où elles s'anastomosent avec les branches pro- venant de l'artère coronaire stoma- chique. {a) Voyez Bourgery, Awtomie descriptive, t. V, pi. 3G. — Tiedemann, loc. cit. (b) Voyez Tiedemann, Op. cit., pi. 22, fîg. 1. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 553 Le mode de distribution de l'artère cœliaque est à peu près le même chez tous les Mammifères ; seulement, au lieu de se diviser immédiatement en trois branches, il arrive souvent qu'elle fournit successivement les artères gastrique, hépatique et splénique (1). Chez le Cochon, la branche gastrique de ce tronc artériel présente cependant une particularité remarquable, car elle se résout en un plexus avant de se ramifier sur la paroi postérieure de l'estomac (2). V artère mésentérique supérieure naît de l'aorte ventrale, (1) Cette disposition se rencontre chez les Ruminants, Ainsi, chez le Mou- ton, le tronc cœliaque descend sur la panse et fournit successivement : 1° plusieurs petites artères diaphrag- matiques; 2° une artère splénique, qui, à son origine, fournit souvent l'artère supérieure de la panse; 3° l'artère du bonnet, qui se divise en deux branches, l'une supérieure, l'autre inférieure, lesquelles naissent souvent isolément ; l\° l'artère hépatique, et 5° une artère gastrique, dont une branche supérieure passe sur le feuillet et suit la petite courbure de la caillette pour aller se terminer par inosculation dans une branche duodénale de l'artère hépa- tique ; l'autre branche franchit la grande courbure de la caillette pour aller se perdre clans l'épiploon (a). Chez le Chat, la cœliaque fournit d'abord une artère capsulaire droite, puis l'hépatique, ensuite la gastrique, et se termine par la splénique (b). Chez le Cheval, le mode de division du tronc cœliaque est à peu près le même, que chez l'Homme (c). Chez le Porc-Épic, le tronc cœliaque se bifurque : la branche gauche con- stitue l'artère splénique, et sa branche droite se subdivise en artères hépa- tique et gastrique (d). Cuvier a trouvé le tronc cœliaque confondu, à son origine, avec l'artère mésentérique supérieure chez le Mar- souin (e). Mais celte disposition n'est pas constante (/"). (2) Ce rete mirabile gastrique a été décrit et figuré, il y a une quinzaine d'années, par Barkow (g), mais paraît avoir échappé aux recherches des au- teurs qui, dans ces derniers temps, ont écrit sur l'anatomie des animaux domestiques. Artères mésentériques. (a) Voyez Chauveau, Op. cit., p. 499, fig. 152. (b) Cuvier, Anatomie comparée, t. VI, p. 146. (c) Voyez Chauveau, Op. cit., p. 490, fig. 149. — Leyh, Op. cit., p. 393, fig. 168. (d) Cuvier, Anat. comp., t. VI, p. 147. (e) Cuvier, Anat. comp., t. VI, p. 148. (f) Stannius, Ueber den Verlattf der Arterien bei Delpliinus pliocsena (Mùller's Archiv, 1841, p. 394). (g) Barkow, Disquisitiones recentiores de arteriis MammaUnm (Nova Acta Acad. Nat. curios., i. XX, p. 014, pi. 28, fig. 4). 554 APPAREIL DE LA CIRCULATION immédiatement au-dessous du tronc cœliaque, et distribue ses branches à l'intestin grêle et à la moitié droite du gros intestin. Elle descend entre les deux lames du mésentère, et décrit une légère courbure, de la convexité de laquelle il part un nombre considérable de grosses branches qui se bifurquent pour s'ana- stomoser entre elles et constituer des arcades. Le bord convexe de celles-ci produit d'autres branches qui, en s'anastomosant d'une manière analogue, forment une seconde série d'arcades plus petites, auxquelles succède une troisième série d'anses vasculaires disposées de la même manière, mais encore plus petites ; puis, dans la partie moyenne de ce système de vaisseaux, un quatrième ou même un cinquième ordre d'arcades, dont la convexité est dirigée vers l'intestin, donne enfin naissance à une multitude de ramuscules qui vont se répandre dans les parois de cette portion du tube digestif (1). D'autres branches naissent de la concavité de l'artère mésentérique supérieure, et vont former de grandes arcades le long du gros intestin auquel leurs ramuscules se distribuent. Enfin, dans les premiers temps de la vie intra-utérine, cette artère fournit aussi une branche ombilicale, appelée artère omphalo -mésentérique, qui sort de l'abdomen pour se loger dans le cordon ombilical et se rendre à la vésicule du même nom (2). (1) Chacune de ces branches se di- Pour la disposition générale de Paf- vise en deux ordres de rameaux : les 1ère mésentérique supérieure, voyez uns sont superficiels et se répandent les planches de M. ïiedemann ou de sur l'intestin en marchant sous sa Bourgery (a). tunique péritonéale, et vont s'anasto- (2) Nous reviendrons sur ce vaisseau moser sur son bord convexe; les lorsque nous étudierons le dévelop- autres sont profonds et pénètrent jus- pement de l'embryon ; son trajet se qu'à la tunique muqueuse, où ils con- voit dans les planches de M. Coste (6). stituent un réseau inextricable. (a) Tiedemann, Op. cit., pi. 23 et 24 (réduites dans Sappcy, Op. cit., t. I, Hg. 128 et 129). — Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 27. (6) Coste , Histoire générale dit. développement des êtres organisés, espèce humaine, pi 3 a, fig. i ; pi. 4 a, fig. i . CHEZ LES MAMMIFÈRES. 555 L'artère mésentérique inférieure naît beaucoup plus bns, et complète cet ensemble des vaisseaux de l'intestin en allant distribuer ses branches à la portion gauche du gros intestin et au rectum (1). Les particularités qui s'observent dans le mode de division de ces vaisseaux, chez les autres Mammifères ordinaires, n'offrent rien d'important à noter ; mais il est à remarquer que chez les Marsupiaux les artères mésentériques postérieures manquent (2). (1) Voyez les Iconographies anato- m iq ues (a). (2) M. Owcn considère l'absence de l'artère mésentérique inférieure comme étant constante dans l'ordre des Marsupiaux et comme se liant au mode particulier de suspension des intestins chez ces Mammifères (b). Chez le Cheval, l'artère mésenté- rique antérieure (ou grande mésen- térique ) présente une disposition plus compliquée que chez l'Homme, et les branches qui en partent for- ment trois faisceaux assez distincts (c), savoir : 1° un faisceau gauche, com- posé de quinze à vingt artères de l'in- testin grêle, qui, arrivées près du bord mésentérique de l'intestin, se bifur- quent pour s'anastomoser en une série d'arcades dont naissent les rameaux de distribution (cl) ; — 2° un faisceau droit, composé de V artère iléo-cœcale, qui suit le bord de la portion terminale de l'intestin grêle, et forme, par son inosculation avec la dernière branche du faisceau précédent, une grande arcade ; d'une artère cœcale supé- rieure ou externe, qui se loge dans le sillon antérieur du caecum et se dis- tribue aux parois de celle portion de l'intestin ; d'une artère cœcale in- férieure, qui contourne la face externe du caecum, donne naissance à une branche remarquable destinée à l'arc du côlon, et se termine en s'anastomo- sant avec la caecale interne ;enfm, d'une artère colique droite ; — 3° un fais- ceau antérieur composé d'une artère colique gauche, qui se réunit par inosculation avec la précédente et con- stitue ainsi une arcade très allongée appartenant à l'anse du côlon (e) ; en- lin, d'une artère colique postérieure, qui suit le bord et la portion flottante du côlon et s'anastomose en arcade avec une des branches de la mésenté- rique postérieure ou petite mésenté- rique. Cette dernière artère [f) décrit (a) Tiedemann, Op. cit., pi. 24. — Bourgery, Op. cit., t. VIII, pi. 31. {b) Owen, Marsupialia (Todd's Cyclop. of Anal, and Physiol., vol. IH, p. 308, fig-. 134). (c) Voyez Chauvcau, Op. cit., p. 493, fig'. 150. (d) Voyez Leyh, Op. cit., p. 397, fig. 169. (e) Leyh, Op. cit., p. 398, fig. 170. (/') Chauveau, Op. cit., p. 496, fig. 151. — Leyh, Op. cit., p. 401, fig. 168. 556 APPAREIL DE LA CIRCULATION Artères rénains. Artères capsulaires. Artères spermatiques Les artères rénales sont paires et naissent de l'aorte ventrale, un peu au-dessus de la mésentérique inférieure ; elles se por- tent directement en dehors, et, après avoir fourni quelques petits rameaux aux capsules surrénales, elles se divisent en plusieurs branches et plongent dans la substance des reins, où elles se résolvent en un réseau capillaire dont je ferai connaître la disposition remarquable quand je traiterai de la structure intime de ces glandes (1). - Quant aux artères capsulaires moyennes, qui naissent de l'aorte au-dessus des précédentes et qui se rendent aux capsules surrénales, elles sont très petites et ne présentent rien d'im- portant à noter. Enfin, les artères spermatiques naissent de l'aorte, vers le niveau de l'origine des rénales, et se portent immédiatement en bas, pour gagner le bassin et se rendre aux ovaires ou aux testicules. Chez l'Homme, elles sortent de l'abdomen par le canal inguinal; elles sont remarquables par leur grande lon- gueur, et, comme nous le verrons plus tard, cette particula- rité dépend du déplacement que les glandes auxquelles elles se distribuent éprouvent pendant le développement du fœtus (2). une courbe en se rendant au rectum, et, chemin faisant, donne à la portion flottante ou terminale du côlon des branches dont les premières forment des arcades comme les précédentes, et les autres se ramifient directement dans les parois de l'intestin. Chez les Ruminants, la disposition de ces vaisseaux est à peu près la même que chez le Cheval. La mésentérique postérieure est très petite chez ces animaux ainsi que chez les Carnas- siers. Chez le Marsouin , la mésentérique postérieure naît de l'artère iliaque (a). Carlisle indique l'existence d'une disposition plexiforme dans les ar- tères des parois du gros intestin chez l'Agouti (6). (1) Chez l'Homme, ces artères sont courtes et grosses (c) ; quelquefois l'aorte envoie deux artères ù l'un des reins. ('2) Les artères spermatiques des- cendent de la région lombaire, derrière le péritoine, jusque dans le bassin, (a) Cuvier, Anatomie comparée, t. VI, p. 150. (b) Carlisle, Continuation of an Account ofa Peculiar Arrangement in the Arleries distributed in the Muscles o[ sloiu-movin g Animais (Philos. Trans., 1804, p. 19, pi. 1, lig. 2), (c) Voyez Bourgery, t. IV, pi. 24 ; t. V, pi. 6, etc. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 557 § 15. — Le système artériel des membres abdominaux se Artères , 1 -, . , , des membres compose de deux paires de vaisseaux principaux qui portent les inférieur». noms d'artères iliaques externes et d'artères hypogastriques ou iliaques internes. Chez l'Homme, ces artères sont, confondues à leur base, et l'aorte, arrivée vers le bas de la région lombaire, semble se bifurquer pour donner naissance aux deux troncs ainsi consti- tués. On appelle ceux-ci les iliaques primitives. Us s'écartent Artères iliaques l'un de l'autre, en descendant, et chez l'adulte les iliaques riul externes semblent en être la continuation. Les artères hypogastriques, ou iliaques internes, s'en sépa- Artères , . hypogastriques. rent au niveau du bord supérieur du sacrum, et descendent en se portant en arrière, pour s'enfoncer dans le bassin et aller se distribuer aux viscères contenus dans cette partie de la cavité abdominale, ainsi qu'aux muscles de la région fes- sière et aux parties génitales externes (1). Chez le fœtus, elles sans fournir aucune branche (a). Par- Chez les Mammifères femelles, les venues dans le canal inguinal, elles artères spermatiques prennent le nom donnent quelques ramuscules très (Tarières ovariennes, et vont se dis- grêles au muscle crémasler et au tribuer à l'utérus aussi bien qu'à l'o- cordon spermatique; enfin, arrivées vaire (c). Pendant la geslaiion, elles dans le scrotum, elles se bifurquent prennent un grand développement, et pour pénétrer dans l'épididyme ci le leurs branches terminales deviennent testicule. extrêmement flcxueuses. Chez les Mammifères, donl les testi- Chez le Kanguroo, les artères ova- cules restent dans l'abdomen (l'Élé- riennes naissent par un tronc com- pilant et le lîhinocéros, par exemple), mun ((/). ou ne se logent que dans le pli de (1) Les branches de l'artère hypo- l'aiue, comme chez le Chameau , ces gastrique peuvent être rangées en vaisseaux sont moins longs. deux groupes, suivant qu'elles sont Chez le Marsouin, ils forment des destinées principalement aux vis- plexus très remarquables (6). cères (e) ou aux parois de la cavité \a) N'oyez Tiedcraann, Op. cit., pi 20. — Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 16. {b) Duverrioy, Anatomie comparée de Cuvier, I, VI, p. 153. (c) Voyez Tiedemann, Op. cit., pi. 27. (dj Owen, Marsi'pj.alia (Todd's Cyclop. of Anat. and Phyxiol, t. 111, p. 308, lig. ij-i; (e) Voyez Tiedemann, Op. cit., pi. 25, fig. 1 ; pi. 20, fig. 1. ■ — Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 14, 16. 558 APPAREIL 1)E LA CIRCULATION se continuent en avant et en liant avec les artères ombilicales, dont nous aurons à nous occuper par la suite. Chez les Quadrumanes, la plupart des Rongeurs et quelques autres Mammifères , les deux paires d'artères destinées aux pelvienne et aux parties molles qui entourent le bassin (a). Les bran- ches vésicales sont : 1° les artères vésicales, qui, en nombre variable, naissent soit du tronc hypogastriquc, soit de la branche ombilicale ou même de quelque autre rameau, etse rendent à la vessie ; 2° V artère hémorrhoïdale moyenne, qui se distribue à la partie antérieure des parois du rectum ; 3° Vartère utérine, qui est souvent confondue, à son origine, avec une des artères viscérales et qui se porte trans- versalement en dedans pour gagner la matrice, où ses rameaux décrivent de nombreuses tlexuosités ; W Vartère vaginale, qui descend sur les côtés du vagin et s'anastomose en arcade avec sa congénère. Les branches essentiellement parié- tales sont : 1° Vartère iléo-lombaire, qui remonte entre les muscles de la paroi dorsale de l'abdomen, et y joue le rôle d'une intercostale en donnant un rameau musculaire aux lombes, un rameau spinal à la colonne verté- brale et un rameau transversal aux parois latérales de l'abdomen ; 2° les artères sacrées latérales, qui descen- dent sur la face interne du sacrum, de chaque côté de l'artère sacrée moyenne, et fournissent latéralement des rameaux destinés, les uns a s'ana- stomoser avec celle-ci, les autres à ga- gner la face postérieure du bassin et à s'y distribuer à peu près comme le font les artères lombaires un peu plus haut ; 3° Vartère obturatrice (à moins que celle-ci ne naisse de l'iliaque ex- terne, comme cela se voit souvent), vaisseau qui fournit des rameaux au muscle iliaque situé sur les côtés de la cavité du bassin, puis se rend en partie au pubis, en partie aux organes génitaux externes, et aux muscles de la partie supérieure et interne de la cuisse; h° Vartère fessière, ou ilia- que postérieure, qui peut être consi- dérée comme la conlinualion du tronc hypogaslrique, et qui sort du bassin par le sommet de l'écliancrure ischia- tique pour aller se ramifier dans les muscles dont elle porte le nom ; 5° Vartère ischialique, ou fessière inférieure, qui, à son origine, est souvent confondue avec la précé- dente, et sort du bassin plus bas pour se distribuer en partie aux mêmes muscles, en partie dans la région coc- cygienne et fémorale interne (b). Enfin, une branche, dont les divi- sions appartiennent à la fois aux vis- cères et aux parties pariétales du bassin, est appelée artère honteuse interne. Elle sort du bassin avec l'is- chiatique, puis rentre dans celte ca- vité dans le voisinage de l'anus, y fournit un ou plusieurs ramuscules appelés artères hémorrhoidales infé- rieures, et se divise ensuite en deux (a) Voyez Tiedemann, Op. cit., pi. 25, fig. 2, et 26, fig. 2. — Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 24, 25, 44 et 45. (b) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, p. 42. CHEZ LES MAMMIFERES. 559 membres abdominaux naissent d'une paire de troncs iliaques primitifs, comme chez l'Homme (1); mais chez le Chien, le Cheval et un grand nombre d'autres Animaux de cette classe, les artères hypogastriques proviennent directement de l'aorte, à quelque distance en arrière des iliaques externes (2). Quel- branches principales, dont l'une est superficielle ou inférieure, et se rend au périnée, et dont l'autre appartient aux organes génitaux. La première fournit l'artère dorsale de la verge et l'artère caverneuse. Chez l'enfant nouveau-né, de même que chez le fœtus , les deux artères hypogastriques se continuent sous la forme d'artères ombilicales, sortent de l'abdomen par l'ombilic, et vont se ramifier dans le placenta (a) ; mais lorsque le cordon ombilical s'est flé- tri , ces derniers vaisseaux s'atro- phient et se transforment peu à peu en un cordon ligamenteux qui s'étend de chaque côté de la vessie jusqu'à l'ombilic et fait suite au tronc des artères vésicales (6). (1) Ces vaisseaux naissent des artères iliaques primitives, chez le Hérisson (c), le Surmulot (d), le Cochon d'Inde (p), le Lapin (/"), le Porc-Épic (g), l'Écu- reuil (h), le Soiislik(î), le Phoque (_/), le Pangolin (k). 11 en est de même chez le Fourmilier , soit des deux côtés (l), soit d'un côté seulement (m), défaut de symétrie qui se voit aussi chez le Tatou (n). (2) L'origine bilatérale des artères hypogastriques sur le tronc aortique, en arrière des iliaques externes, se voit chez la plupart des Carnassiers, tels que le Chat , le Lion , le Tigre , l'Ours (o) ; chez le Cheval (p), le Co- chon (q), les Ruminants (r), les Mar- supiaux (s), et chez l'Échidné (t). Chez le Putois, une partie des ar- ( ^^l a • \ . • claviere et se divise a peu près de la même manière. Ainsi, avant d'arriver à la cuisse, elle fournit aux parties antérieures et latérales des parois de la grande cavité viscérale diverses branches dont les plus importantes sont l'artère épigastrique et l'artère iliaque antérieure ; or, ces vaisseaux représentent pour ainsi dire les artères mammaire interne et thoracique infé- rieure (2). tèresqui d'ordinaire dépendent de l'hy- pogastrique viennent des iliaques, et les autres des artères sacrées latérales (a). (1) Cette disposition a été observée chez le Blaireau (6). (2) L'artère épigastrique naît de l'iliaque externe au moment où celle- ci quitte le bassin , en s'engageant sous le ligament dont se compose l'ar- cade crurale. Souvent elle est con- fondue, à son origine, avec l'artère obturatrice ; mais, quoi qu'il en soit à cet égard, elle se porte en dedans, puis se recourbe en haut, et remonte sur la paroi antérieure de l'abdomen pour s'y distribuer et s'anastomoser avec des branches descendantes de la mammaire interne (c). Une autre branche pariétale naît au-dessous de l'arcade crurale et re- monte aussi sur la paroi antérieure de l'abdomen ; on l'appelle artère sous- cutanée abdominale, et l'on peut la considérer comme le représentant de l'artère mammaire externe {cl). L'artère iliaque antérieure , ou circonflexe iliaque , naît au même niveau que l'épigastrique, et remonte obliquement derrière l'arcade crurale jusqu'à la crête de l'os iliaque, où elle se divise en deux branches : une as- cendante, qui marche parallèlement à l'épigastrique , se distribue aux muscles de la paroi latérale de l'ab- domen, et s'y anastomose avec les artères lombaires et intercostales ; (a) Barkow, Disquisit. circa origln. arter. Mammalium, p. 23, et Disquisit. recentiores (loc. cit. , l, XX, p. 658). (b) Uuvernoy, Anatomie comparée deCuvier, t. VI, p. 158. (c) Voyez Bourgery, Anat. descripl., t. IV, pi. 21 et 22. — Tiedemann, Op. cit., pi. 18. (d) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 23. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 561 Elle longe ensuite la partie interne de la cuisse, où elle prend le Artère , . i i - fémorale. nom d artère fémorale, et donne naissance à une grosse branche collatérale que je comparerai à la brachiale profonde (1) ; puis elle se porte obliquement en arrière, passe dans le creux du jarret, où on la désigne sous le nom d' artère poplitée, et arrive à la partie supérieure et postérieure de la jambe, où elle se bifurque pour constituer deux branches divergentes dont l'une Ancres 1 1 . . ! . A A ^e la j3111^6' se subdivise bientôt, de sorte qu'ici, de même qu'à l'avant-bras, il y a trois artères principales : une qui traverse l'aponévrose interosseuse pour descendre le long de la face opposée de la jambe vers le dos du pied, comme le fait l'artère interosseuse du membre supérieur, et qui prend le nom d'artère tibiale anté- rieure ; deux (appelées artères tibiale postérieure et péronière) qui restent à la partie postérieure de la jambe, et qui sont les analogues des artères cubitale et radiale. Mais le mode de ter- minaison de ces vaisseaux n'est pas tout à fait le même que pour les artères de la main. Ainsi l'artère pédieuse, qui se trouve sur la face dorsale du pied et qui s'y comporte à peu l'autre, transverse, qui continue à par du tissu musculaire , elle gagne longer la crête iliaque et se dirige vers la face postérieure de la cuisse et con- les lombes (a). linue sa route vers la jambe , sous le L'artère hypogastrique correspond nom iïartère poplitée. à peu près à l'artère cervicale trans- A la partie supérieure et interne de verse. la cuisse, elle fournit les artères hon- (1) L'artère fémorale ou crurale sort teuses externes qui vont se rendre aux du bassin en passant entre le bord su- parties génitales externes. Elle donne périeur de l'os iliaque et l'arcade cru- naissance à diverses branches muscu- rale ; elle se trouve d'abord à la partie laires, dont la plus importante est antérieure et supérieure de la cuisse, Vartère fémorale profonde, qui se à peu de distance sous la peau, mais détache à peu de dislance du pubis et elle ne tarde pas à s'enfoncer entre les descend verticalement au milieu des muscles, et après être descendue près- muscles profonds de la cuisse (b), à que verticalement le long de la face peu près comme l'artère humérale interne du fémur, dont elle est séparée profonde dans le bras. (a) Voyez Bourgery, Op. cit., pi. 21, 22 et 24. (b) Idem, ibid., pi. 41, 42 et 43. Artères du pied. 56'2 APPAKEIL DL LA CIRCULATION [très comme la portion terminale de la radiale sur le métacarpe, est la continuation de la tibiale antérieure. L'artère péronière, qui, par sa position, est comparable à l'artère cubitale, tend à s'atrophier, et au lieu de donner naissance à une arcade plan- taire superficielle, se termine dans le voisinage de la malléole externe. Enfin l'artère tibiale postérieure, que je comparerai à la radiale, se rend directement sous la face plantaire du pied, et y forme, avec une branche perforante de la pédieuse, une arcade profonde qui donne naissance aux artères interosseuses métatarsiennes dont les branches terminales constituent les artères collatérales des orteils (1). (1) L'artère poplitée, en passant dans le creux du jarret, fournit de chaque côté des branches articulaires transversales qui contournent le ge- nou, et qui ressemblent beaucoup aux artères collatérales et récurrentes du coude. La tibiale antérieure, que j'ai com- parée à l'artère interosseuse posté- rieure de l'avant-bras, naît avant la division du tronc tibio-péronier et se porte immédiatement en avant, perce la partie supérieure du ligament in- terosseux et descend ensuite vertica- lement sous les muscles extérieurs des orteils et le jambier antérieur, four- nit des rameaux à l'articulation tibio- tarsienne, et va constituer sur la face supérieure du tarse l'artère pédieuse ou dorsale du pied, qui s'avance jus- qu'au sommet du premier espace in- terosseux du métatarse, et y plonge pour aller s'anastomoser par inoscu- lalion avec l'arcade planlaire {a). Mais, avant de quitter la face dorsale du pied, elle fournit plusieurs branches, dont une, disposée en arcade et ap- pelée artère dorsale du métatarse, donne naissance à une série d'artères interosseuses dorsales, qui s'anasto- mosent aussi avec des branches per- forantes de la plantaire, et qui, en se bifurquant, vont former les arlères collatérales des doigts (6). Vartère péronière descend direc- tement jusqu'au calcanéum, et son calibre, qui varie beaucoup, est le plus ordinairement en raison inverse de celui de la tibiale anlérieure (c). Vartère tibiale postérieure , plus grosse que les précédentes, descend le long de la partie postérieure et in- terne de la jambe, passe derrière la malléole externe, et pénètre sous la voûte du pied où elle se divise en deux branches appelées artères plantaires interne et externe (d). La première de celles-ci longe le côté interne de la plante du pied et va constituer les artères collatérales du gros orteil. La (a) Voyez Bourgery, Op. cit., I. IV, pi. 45, fig. 2, et pi. 4G, fig-. 2. (6) Idem, ibid., pi. 48, fig-. i et 2. (c) Idem, ibid., pi. 4G, fig. 2. (d) Voyez Bourgery et Jacob, Op. cit., i. IV, pi. 48 et 49. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 563 Le mode de division et de distribution de l'espèce d'arbre vasculaire dont l'artère crurale représente le tronc est à peu près le même chez la plupart des Mammifères, et les différences qui s'y rencontrent dépendent, en général, soit de la hauteur variable à laquelle certaines branches prennent naissance, soit de la simplification de la partie pédieuse du système vasculaire, lorsque le nombre des doigts vient à diminuer. Comme exemple de ces modifications, je citerai, d'une part, les Makis, où le tronc crural se bifurque pour constituer les artères tibiales antérieures et postérieures dès le haut de la cuisse ; d'autre part, le Cheval, où l'artère péronière disparaît presque com- plètement, et où l'artère pédieuse fournit à elle seule la plupart des branches destinées au pied (1). Toujours il y a pour Artères îles jiatles postérieures plantaire externe se rapproche du bord externe du pied, puis se recourbe en dedans pour former une arcade et s'anastomoser par inosculation avec la branche perforante de la pédieuse, dont il a déjà été question. Enfin, l'arcade ainsi constituée fournit di- verses branches perforantes qui vont s'anastomoser avec les interosseuses dorsales et cinq artères interosseuses plantaires qui se bifurquent pour con- stituer les collatérales des orteils. Quelques anatomistes considèrent l'artère tibiale antérieure comme étant le représentant de l'artère ra- diale; l'artère péronière comme cor- respondant à l'interosseusedel'avant- bras, et l'artère tibiale postérieure comme l'analogue de l'artère cubi- tale (a). Mais ces rapprochements ne me semblent pas admissibles. En effet, pour que la main soit dans la même position que le pied, elle doit être en pronalion , c'est-à-dire avec le pouce en dedans. Alors l'artère radiale oc- cupe le côté interne de la face palmaire de l'avant-bras, comme l'artère tibiale postérieure longe le côté interne de la face plantaire de la jambe ; l'artère cubitale se trouve du côté du petit doigt, comme l'artère péronière est du côté du petit orteil, et c'est sur la face opposée du membre que se trou- vent l'artère interosseuse postérieure de l'avant-bras et l'artère tibiale an- térieure de la jambe. H est vrai que dans le pied c'est l'artère tibiale pos- térieure qui joue le même rôle que l'artère cubitale dans la main, et que l'artère dorsale du pied se comporte comme la portion terminale de l'ar- tère radiale ; mais cette substitution s'explique facilement par les anasto- moses terminales de ces deux vais- seaux. (1) Duvernoy dit que chez le Che- val l'artère fémorale ne fournit pas, comme d'ordinaire , une branche (a) Cruveilhier, Anntnmie descriptive, (. II, p. 749. 56ll APPAREIL DE LA CIRCULATION chaque doigt, comme aux membres antérieurs, deux artères collatérales qui longent les faces latérales de ces organes, et les vaisseaux dont ces artères terminales naissent forment des arcades à la face plantaire du pied. Les divisions fasciculaires et les plexus que nous avons ren- contrés dans le système artériel des membres thoraciques, chez les Paresseux et quelques autres Mammifères, se retrouvent également dans les artères des membres abdominaux. Ainsi, chezl'Unau, l'artère crurale se résout presque entièrement en un plexus très gros, et cette disposition se continue même dans la portion tibiale du vaisseau ; chez l'Aï, ce mode d'organisation se voit aussi, mais ne se prolonge guère au-dessous du genou. Il en est de même chez le Loris grêle, et je ferai remarquer que chez le Tarsier elle est plus développée dans les pattes postérieures que dans les membres antérieurs (1). musculaire profonde (a); mais cette tères collatérales du doigt, et une anomalie n'existe pas. La crurale pro- branche perforante qui gagne la face fonde naît de la fémorale au niveau plantaire du pied et s'y anastomose du bord pelvien, se porte obliquement en arcade avec les branches termi- en arrière et descend entre les muscles nales de la tibiale postérieure ou ar- de la partie interne et postérieure de tères plantaires. Pour plus de détails la cuisse (6). sur la disposition des artères du pied L'artère tibiale postérieure, parve- du Cheval, je renverrai aux ouvrages nue derrière le tarse, se divise en spéciaux sur l'anatomie de ces ahi- deux artères palmaires qui représen- maux (c) . tent celles de l'Homme, mais qui sont (t) Chez le Loris grêle, les iliaques rudimentaires. naissent très haut dans l'abdomen, et L'artère tibiale antérieure prend, se divisent tout de suite en un faisceau comme d'ordinaire, le nom d'artère de petites artères dont une portion pédiease dans la région tarsienne, et s'enfonce dans le bassin pour tenir se divise en deux branches principales, lieu d'hypogaslrique, et le reste pé- une dite pédieuse métatarsienne, qui nètre dans la cuisse, mais ne paraît correspond à une interosseuse dorsale pas atteindre le genou. Il y a aussi chez l'Homme, et qui fournit les ar- dans le bassin un faisceau vasculaire (a) Duvernoy, Anatomie comparée de Cuvier, t. VI, p. 164. (b) Voyez Ghauveau, Op. cit., p. 512, fig. 155. (c) Leyh, Handbuch der Anatomie der Hausthiere, p. 407, fîg. 173,-ctc. (1850). — Chaiiveau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 513 et suiv., fig. 155 et 156. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 565 Il est aussi à noter que les branches artérielles fournies aux parois de l'abdomen par le tronc crural, vers le point où il sort du bassin (1), et qui remontent vers le thorax pour s'anastomoser avec les mammaires, sont quelquefois très développées, Ainsi, chez le Hérisson, elles forment de chaque côté du ventre un système de vaisseaux sous-cutanés très remarquables , et , lorsque les mamelles sont logées sous l'abdomen ou dans la région inguinale, ainsi que cela se voit chez la Jument, ce sont ces vaisseaux, et non les artères mammaires, qui portent le sang aux glandes de ce nom (2). Artères épigastriques. médian qui représente l'artère sacrée moyenne (a). Chez le Loris du Bengale, le plexus iliaque commence après l'origine des artères hypogastriques (6), Chez l'Aï ou Paresseux à trois doigts, il y a un plexus sacré et un plexus hypogastrique très développé, aussi bien qu'un plexus crural (c). Il eu est de même chez l'Aï à collier noir (Bradypus torquatus) (d). Chez l'Unau, le nombre des petits vaisseaux dont le faisceau crural se compose est moins considérable, mais le plexus ainsi constitué se prolonge jusqu'au talon (e). Il est aussi à noter que chez ces deux Édentés on re- trouve, au milieu du plexus, un tronc principal qui représente le tronc de l'artère crurale, tandis que chez les Loris ce vaisseau se résout tout entier en un pinceau vasculaire. Chez le Tarsier et chez le Fourmi- lier à deux doigts (/"), cette dernière disposition se rencontre aussi. Chez le Tamandua et le Pangolin (g), la disposition plexiforme de ces vais- seaux est inoins marquée ; mais ils se divisent en plusieurs branches dans le voisinage du genou (h\ Chez l'Échidné, la plupart des bran- ches de distribution destinées aux mus- cles de la bancheet de la cuisse naissent très près de l'origine des iliaques, de façon à constituer dans le bassin des pinceaux vasculaires très remarqua- bles, mais elles ne paraissent pas y former de plexus proprement dit (i). (1) Voyez ci-dessus, page 560. (2) Ainsi , chez la Jument , une (a) Vrolik, Disquisit. anat. physiol. de peculiari arterianim extremiiatum in nonnullis Animalibus dispositione, pi. 2. (6) Carlisle, Op. cit. (Philos. Trans., 1800, pi. i). (c) Idem, ibid., pi. 2, fig. 2. — Vrolik, Op. cit., pi. 1, fig. 1. {d) Hyril, Vergl. Angiol. (Mém. de l'Acad. de Vienne, t. VI, p. 56, pi. 8, fig. 2. (e) Vrolik, Op. cit., pi. 1, fig. 3. (/") Idem, ibid., pi. 1 , fig. i (Tarsier). (g) Hyril, Op. cit. [Mém. de l'Acad. de Vienne, 1. VI, p. 21, pi. 2, fig. 1 ; et pi. k, fig. 1 el 2). (h) Hyril, loc.cit., pi. 7, fig. 1. (i) Hyril, Das artérielle, Gefdss-System. dtt Monotremen (Mém. de l'Acad. de Vienne , 1853, t. V, pi. 1, fig. 8). 566 APPAREIL DE LA CIRCULATION Système îles vaisseaux capillaires. § 16. — Les artères dont nous venons de suivre le mode de distribution dans les diverses parties de l'économie se ramifient de plus en plus à mesure qu'elles s'avancent vers leurs desti- nations respectives; quelquefois elles s'anastomosent directe- ment avec les veines (1 ), mais presque toujours elles se résolvent en vaisseaux capillaires d'une grande ténuité, qui se réunissent entre eux de façon à former un réseau à mailles plus ou moins serrées. Il y a des tissus qui n'en possèdent pas, les membranes épithéliques, par exemple (2) ; et ces vaisseaux ne pénètrent pas dans la substance de la plupart des matériaux primaires des organes, mais accompagnent le tissu conjonctif qui les unit, et ils occupent par conséquent les espaces que ces éléments ana- tomiques laissent entre eux (3). 11 en résulte que la disposition artère prépubienne naît de l'artère fémorale et se divise en deux branches : l'une , dite abdominale postérieure , qui correspond à l'épigastrique de l'Homme ; l'autre , qui est l'analogue de l'artère honteuse externe, et c'est un rameau de celte dernière qui se rend à la mamelle (a). Chez le Hérisson , l'artère épigas- trique et l'artère sous -cutanée abdo- minale (b) sont très développées et s'unissent par inosculation avec les artères mammaire externe et thora- cique, de façon à former de chaque côté deux grandes arcades vasculaires qui relient entre elles les artères sous- clavières et fémorales et qui donnent des branches aux muscles sous-cuta- nés de l'abdomen (c). (1) Quelquefois des anastomoses de ce genre se voient au milieu du ré- seau capillaire qui unit les artères aux veines ; disposition qui a été obser- vée par M. Paget dans l'aile de la Chauve-Souris (d), et que j'ai remar- quée plusieurs fois dans les vaisseaux sous-cutanés des Batraciens et des Poissons. Il est aussi à noter que dans le tissu érectile les artères déversent le sang dans des espaces ou lacunes veineuses dont naissent les veines ordinaires (e). Enfin, on trouve aussi dans les parois de l'utérus, pendant la gestation, des artères qui débouchent dans de grands sinus veineux (/). (2) On n'aperçoit pas de vaisseaux sanguins dans les cartilages articu- laires, dans le tissu du cristallin, ni dans le tissu corné. Le tissu dentaire de l'Homme en est également dépourvu ; mais chez les Poissons ce tissu est souvent très vasculaire. (3) Ainsi, les capillaires sanguins ne pénètrent jamais dans la substance (a) Chauveau, Anatomie des Animaux domestiques, p. 512. (b) Voyez ci-dessus, page 560. (c) Barkow, Disquisitiones circa originen et decursum arteriarum Mammalium, p. 28, pi. 1. (d) Paget, Lectures on Inflammation. (e) Voyez Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 505. (f) Voyez Kdllikcr, Op. cit., p. 587. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 567 du réseau capillaire est généralement subordonnée à celle des parties constitutives du tissu où il se trouve et varie avec les caractères de ceux-ci. Ainsi, dans les organes dont la texture est fibreuse, comme les muscles et les nerfs, les vaisseaux capillaires sont placés parallèlement aux filaments constitutifs de ces parties et sont réunis d'espace en espace par des branches transversales, tandis que dans les membranes muqueuses ils sont flexueux et forment des mailles arrondies. Ce n'est pas dans ce moment que nous pourrions étudier utilement ces variations; mais je dois faire remarquer qu'il existe d'ordinaire un rapport direct entre l'abondance des capillaires sanguins dont chaque organe ou portion d'organe est pourvue, et par conséquent aussi entre la petitesse des mailles du réseau vascu- laire et le degré d'activité du travail physiologique dont cette partie de l'économie est le siège. Dans les glandes, par exemple, où le sang doit alimenter en quelque sorte la fabrication de certaines humeurs dont la pro- duction est rapide et abondante, les vaisseaux capillaires sont en très grand nombre et constituent un réseau à mailles très serrées. Ils forment également un lacis fort riche dans les membranes muqueuses qui sont le siège de phénomènes du même genre, et ils sont aussi très nombreux dans les mus- cles et dans la substance grise du cerveau. C'est à la présence du sang dont ils abreuvent les muscles que ces organes doi- vent leur couleur rouge, et il est facile de voir que cette teinte est d'autant plus intense que la puissance motrice de ceux-ci est plus grande. Chez les jeunes Animaux, le Veau, par exemple, les chairs sont pales, parce que le système capillaire des muscles est médiocrement développé; tandis que chez les individus adultes, tels que le Bœuf, dont la puissance muscu- des fibres musculaires striées, ou dans dans les cellules des glandes, niiiis les les lubes élémentaires des nerfs, ou contournent. 568 APPAREIL DE LA CIRCULATION laire devient très grande, les chairs sont d'un rouge intense par suite de la quantité considérable de sang que ces petits vais- seaux renferment. Il est aussi à noter que dans les organes dont l'activité est périodique, le système capillaire se développe ou s'atrophie en partie alternativement, et que toule excitation, pathologique aussi bien que normale, tend à augmenter la vascularité de la partie sur laquelle le stimulant exerce son influence. Ainsi que je l'ai déjà dit, les artères, en se résolvant en ra- muscules d'une grande finesse, perdent peu à peu presque toutes les parties dont leurs parois sont composées, et se trouvent réduites à leur tunique interne, qui elle-même se simplifie. Effectivement, dans les capillaires, celle-ci se présente sous la forme d'une simple membrane hyaline, amorphe, lisse et d'une grande ténuité (1). Elle est parsemée de petits renflements dus (l) Jusque dans ces dernières an- laires a été démontrée dans divers nées, les anatomistes ont été partagés organes dont la substance, se laisse d'opinion au sujet de l'existence de facilement détruire par la macération, parois propres dans les capillaires et dont le réseau vasculaire a pu être sanguins. Les uns pensaient que les ainsi isolé: résultat qui a élé obtenu très petits vaisseaux n'étaient que des par M. Windischmann, en opérant sur canaux creusés dans la substance des quelques parlies de l'oreille interne organes auxquels ils appartiennent (a), chez les Oiseaux, et par MM. Trevi- d'autres les considéraient comme des ranus , Miiller, Valenlin et Schultz , tubes membraneux à parois distinctes en étudiant d'une manière analogue des parties circonvoisines. L'indépen- la structure intime des reins et de dance des parois des vaisseaux capil- quelques autres parties (b) ; mais ce (a) Leeuwenhoek, Opéra omnia, t. II, epist. lxvi. — Doellinger, Vom Kreislaufe des Blutes {Mém. de l'Acad. de Munich, \ 821 , 4" série, t. VII, p. 165). — Kaltenbruner, Exper. de inflammatione. Munich, 1826, p. 100. — Oesterreicher, Kreislauf des Blutes. Nurerab., 1826. — Meyer, De primis vitœ phenomenis (Dissert, inaug.) Berlin, 1826. — Wedemeyer, Ueber den Kreislauf des Blutes, 1828, p. 262. — Baumgartner, Beobacht. ûber die Nerven und das Blut. Fribourg, 1820. (b) Windischmann, De peniliore auris in Amphibiis structura, 1831, p. 38. — Treviranus, Nette Untersucli. iiber die organischen Elemente der thierischcn Kôrpcr (Bei- trctge zur Aufklàrung der Erscheinungen und Geset%e des organischen Lebens, 1835, I. I, 2* partie, p. 99). — Miiller, Manuel de physiologie, t. I, p. 167. — Valentin, Handbuch der Entivickelungsgeschichtc des Mensclien, 1835, p. 299. — Schullz, System der Circulation, p. 474. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 569 à la présence de granulations auxquelles les histologïsles donnent le nom de noyaux de cellules (1) ; on n'y aperçoit généralement aucune trace d'épithélium, et le tube membraneux constitué de la sorte n'est pas revêtu extérieurement par des fibres élastiques ou musculaires. Leur petitesse est extrême (2) : sont surtout les observations micros- copiques récentes qui ont fixé l'opi- nion des histologistes sur la généralité de ce mode d'organisation (a), et au- jourd'hui il ne peut guère y avoir d'incertitude à cet égard qu'en ce qui concerne les capillaires du foie (b). (1) Les corpuscules dont la mem- brane hyaline de ces vaisseaux est parsemée avaient été d'abord pris pour des globules du sang (c). Us sont en général ovalaires et leur grand axe est dirigé longitudinale- ment : quand la membrane qui les porte devient extrêmement mince , ils paraissent être placés à sa surface interne ; mais quand elle offre plus d'épaisseur, ils sont bien évidem- ment logés dans sa substance {d). Vers les artères, ces noyaux sont plus serrés ; on évalue leur longueur à environ 0mu\008 (e). Quelquefois on remarque aussi sur les parois des vaisseaux capillaires des stries transversales, et, dans le voisi- nage des veines, ils ne tardent pas à se revêtir d'une tunique externe qui paraît être composée d'abord de tissu conjonciif seulement , puis de ce même tissu mêlé de fibres muscu- laires lisses. (2) MM. E. Weber et Henle ont me- suré le calibre des capillaires sanguins sur diverses préparations injectées et sèches, faites par un anatomiste très habile du siècle dernier, Lieberkuhn, et ils ont trouvé que dans le tissu nerveux ces canalicules n'avaient par- fois que 0mm,002, mais offrent en moyenne 0mm,003 de diamètre (f). M. Kôlliker évalue le calibre des ca- pillaires entre 0mn\005 et 0mm,01ii. Les plus fins se rencontrent dans les nerfs et les muscles. D'après ce der- nier anatomiste , ceux de la peau et des membranes muqueuses ont en général de 0mm,007 à 0mn,,01; ceux des glandes, de 0m'",009 à 0mn\014 ; enfin , ceux des os ont jusqu'à 0mm,02 {g). M. Valentin évalue de (a) Spallanzani, Expériences sur la circulation, p. 169. — Miiller, Ueber den sichtbaren Kreislauf des Blutes in der Leber der jungen Salamander- larven (Meckel's Archiv fur Physiol., 4829, p. 185). — Sehwann, Mikroscopische Untersuchungen , 1838, p. 183. — Henle, Traité d'anatomie générale, t. II, p. 20, — Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 620. (b) Guillot, Mém. sur la structure du foie (Ann. des sciences nat., 1848, 2° série, t. IX, p. 145). — Bowmann etTodd, Physiol. Anat. of Man, t. II, p. 330. (c) Treviranus, loc. cit. {Mém. del'Acad. de Berlin, 1836). \d) Henle, Op. cit., t. II, p. 20, pi. 3, fig. 7. — Bowmann etTodd, Physiological Anatomy of Man, 1856, vol. II, p. 329, fig. 195. (e) Kôlliker, Op. cit., p. 623, fig. 291. (f) Henle, Traité d'anatomie générale, t. H, p. 3. (g) Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 624. des veines. 570 APPAREIL DE LA CIRCULATION chez l'Homme, par exemple, le diamètre de eeux qui méritent l'épithète de gros capillaires, n'est en général que d'environ 1/100e de millimètre, et les petits capillaires n'ont souvent que 1 /200e de millimètre (1). structure § 17. — Les capillaires, qui, en se réunissant, augmentent de calibre et constituent les racines du système veineux, éprouvent dans leur structure des modifications analogues, mais inverses de celles que les artères présentent lorsqu'elles se résolvent en ce réseau terminal. La tunique amorphe et hyaline qui en constitue les parois se revêt peu à peu sur ses deux surfaces d'une couche accessoire; à l'intérieur, elle se garnit d'un épithélium à cellules oblongues ou sphériques, et à l'extérieur elle s'entoure d'une gaine de tissu conjonctif dans l'épaisseur duquel se développent bientôt des fibres musculaires. Dans les veines qui sont encore très petites, mais qui sont déjà bien caractérisées , la tunique externe ainsi constituée présente des fibres musculaires dont la disposition est circulaire, et les fibres la manière suivante leur calibre , serait parfois inférieur au diamètre dans les divers organes, en prenant des globules du sang : ainsi, en pra- pour unité de mesure les capillaires tiquant des injections successives avec les plus fins de la substance fier- des dissolutions de cbromate de po- veuse : tasse et d'acétate de plomb, il a rem- potons 0,97 P'i des vaisseaux dont le diamètre ne Nerf médian 2,30 lui a paru être que de ^ de Muscle biceps brachial. . . . 3,30 ligne (b). Des résultats analogues ont Derme 3,60 été obtenus par M. Lambotte (c), ainsi Villosités intestinales .... 4,40 qHe pai. ]y]M# ])0yère et Quatre- intestin grêle 4,90 fages ^_ Nous reviendrons sur ce Estomac ' point lorsque nous nous occuperons ems ,'.'*' „'„„ ,', de la communication des capillaires Corpuscules de Malpighi. . . 7,09 (a). . , - . , , sanguins avec les vaisseaux lymphn- (1) D'après les recherches de tiques# M. Krause, le diamètre des capillaires (a) Valenlin, Ueber die Gestalt und Grosse der Durchmesser der feinsten Blntcjefdsse (Heckcr's Aiïnalen der Gesammt. Heilk., 1834, p. 277). (b) Krause, Vermischte Beobachtungen und Bemerkungen (Mûller's Archiv, 1837, p. 4). (c) Lambotte, Mémoire sur l'organisation des membranes séreuses (Bullet. de l'Académie de Bruxelles, 1840). (d) Quatrefagos el Doyèrc, Sur les rapillaires sanguins (L'Institut, 1840, t. IX, p. 73). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 571 du tissu conjonclif situé au-dessous affectent en général une direction longitudinale. Dans les branches veineuses d'un volume plus considérable, les parois s'enveloppent d'un réseau élastique, et dans celles d'un diamètre moyen il y a, comme dans les artères, une série assez nombreuse de couches plus ou moins différentes entre elles; mais ici l'élément musculaire domine. Enfin, dans les gros troncs, les couches qui représen- tent la tunique moyenne s'affaiblissent beaucoup et peuvent même disparaître, tandis que des éléments de tissu contractile se développent souvent dans la tunique externe (1). Mais ce qu'il importe surtout de remarquer dans la structure des veines comparée à celle des artères , c'est l'absence presque com- plète de ce tissu élastique à fibres circulaires, qui joue un rôle si important dans la constitution de ces derniers vaisseaux. Aussi dit - on communément qu'elles manquent de tunique moyenne et ne sont composées que d'une tunique séreuse , qui est interne, et d'une tunique dite celluleuse, qui est externe (2). Il en résulte de grandes différences dans les (1) Les anciens anatomistes étaient de nature musculaire et ne se compo- sés divisés d'opinion au sujet de la serait que de fibres longitudinales (a). structure des parois des veines. Vésale Haller nie aussi l'existence des fibres admettait l'existence de trois sortes musculaires transverses que Borelli et de fibres : les unes longitudinales, quelques autres observateurs avaient d'autres transversales, et d'autres en- décrites (6). Enfin Bichat ne dis- core dont la direction serait oblique. tingue dans les parois des veines, Fallope et Bartholin nièrent cette indépendamment du tissu conjonctif disposition fibreuse ; et Diemerbroeck (ou cellulaire) dont elles sont revêtues, soutenait que ces vaisseaux ne sont que deux tuniques : une membrane pourvus que d'une seule tunique , et une couche de fibres de nature par- tandis que Willis, Nicolaï et Blancard liculière, différentes de celles des ar- crurent pouvoir y reconnaître jusqu'à tères et de celles du tissu muscu- quatre enveloppes distinctes. Senac laire (c). les considère comme étant formées de (2) 11 y a encore aujourd'hui des trois tuniques, dont la moyenne serait anatomistes qui nient l'existence de (a) Senac, Traité de la structure du cœur, 1. 1, p. 254. (6) Haller, Elementa physiologiœ corporis hum an i, t. I, p. i 24. (c) Bichat, Analomie générale, t. I, p. 304 (édit. de 1818). 573 APPAREIL DE LA CIRCULATION propriétés physiques et physiologiques des parois de ces deux ordres de vaisseaux. L'artère , à raison de l'élasticité de sa tunique moyenne , conserve sa forme tubulaire lorsqu'elle est vide; et si l'on vient à en fendre les parois, on voit les bords de la plaie s'écarter ou se renverser même en dehors, et ne se cicatriser jamais d'une manière parfaite. Les veines, au con- traire, sont flasques; dès qu'elles ne sont plus distendues parle tout vestige d'une tunique moyenne dans les veines de l'Homme, et qui assurent n'avoir jamais pu y décou- vrir les fibres longitudinales dont tant d'auteurs avaient fait mention (a). Etïectivement , quand on étudie la structure de ces vaisseaux à l'œil nu seulement, on ne parvient que diffici- lement à y distinguer autre chose que les deux tuniques indiquées ci-dessus ; mais lorsqu'on fait l'analyse anatomi- que d'un de ces tubes sous le micros- cope, on voit que l'organisation de leurs parois est, en réalité, beaucoup plus complexe, et que l'opinion de Senac ne s'éloignait que peu de la vérité. La tunique interne des veines, comme celle des artères, est garnie d'une couche de cellules épiihéliales. La forme de celles-ci est oblongue ou sphérique et leur noyau est bien dis- tinct (6). La tunique moyenne est géné- ralement mince et d'une couleur gris rougeâtre ; elle n'est jamais jaune, comme aux artères, et contient beau- coup de tissu conjonctif ; on y trouve aussi des fibres musculaires et des couches de fibres élastiques disposées longitudinalement. La tunique externe ou tunique adventive est, en général, la plus considérable, et elle ressemble à celle des artères, si ce n'est qu'on y rencontre souvent des fibres muscu- laires longitudinales très distinctes. Dans les très petites veines le tissu conjonctif, faiblement fibrillaire, re- vêt presque directement la couche épithéliale interne. Dans celles d'en- viron 0n,m ,05 de diamètre, la couche musculaire, composée de fibres circu- laires, commence à se montrer. Elle se compose de cellules oblongues pourvues d'un petit noyau, qui sont d'abord très écartées entre elles, mais qui forment bientôt une couche con- tinue. Dans les veines de moyen calibre (c'est-à-dire de 2 à 9 millimètres de diamètre), la tunique moyenne acquiert un développement plus considérable et se compose de couches fibreuses transversales, aussi bien que de cou- ches à fibres longitudinales. Les pre- mières sont formées par du tissu con- jonctif ordinaire , mêlé à quelques fibres élastiques fines et ondulées, et à beaucoup de fibres musculaires lisses. Les couches longitudinales sont for- mées par des fibres élastiques réu- nies en forme de réseau. La tunique externe, en général très épaisse, se compose essentiellement de tissu con- jonctif et de fibres élastiques dirigées (a) Cruveilhier, Traité d'anatomie descriptive, 1843, t. III, p. 9. (6) Voyez Salter, Veins (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol, t. IV, p. 1309, fig. 853). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 573 sang, elles s'affaissent, et quand elles ont été ouvertes, les lèvres de la plaie se laissent facilement rapprocher et se soudent promp- tement entre elles. Du reste, les canaux veineux ne se perfec- tionnent, comme je viens de l'indiquer, que là où les parois sont susceptibles de se dilater sous la pression exercée de dedans en dehors par le sang en circulation. Dans les points où ils se trouvent limités par des parties très résistantes, telles que des lames osseuses ou des cloisons aponévrotiques, ils n'acquièrent que leur tunique interne, et souvent, au lieu d'affecter une forme longitudinalement et réunies en ré- seau (a); quelquefois on y voit aussi des fibres musculaires longitudinales. Enfin la tunique interne se compose de trois couches : 1° une lame épi- lliélique très mince ; 2° une lame striée (quelquefois plusieurs) ; 3o une membrane élastique à fibres longitu- dinales réunies en un réseau extrê- mement serré. Les gros troncs veineux se font re- marquer par le faible développement de la tunique moyenne, et plus parti- culièrement des fibres musculaires de celle gaîne intermédiaire qui parfois manque complètement. La tunique externe devient, au contraire, plus épaisse et renferme souvent beaucoup de fibres musculaires lisses dont la direction est longitudinale, mêlées à quelques fibres élastiques (6). Dans le voisinage du cœur on trouve aussi à la face externe des veines une couche de fibres musculaires striées , qui n'avaient pas échappé à l'attention de quelques anciens anatomistes , tels que Borelli et Bidloo (c), mais qui n'ont été bien observées et netlement caractérisées que dans ces dernières années (d). Les vaisseaux nourriciers des parois des veines sont visibles dans les ra- muscules dont le diamètre n'est que d'environ 1 millimètre. Les artérioles qui s'y ramifient proviennent de bran- ches qui se distribuent aussi aux par- ties voisines , et les veinules de ce système de vasa vasorum débouchent, en général, directement dans l'inté- rieur du vaisseau auquel elles appar- tiennent. Des filets nerveux s'y distribuent aussi, mais en très petit nombre, et dans la plupart des veines on n'en aperçoit aucune trace. Pour plus de détails sur la structure intime des tuniques des veines, je renverrai aux travaux de MM. Henle, Salter et Kôlliker (e). (a) Kôlliker, Op. cit., p. 618, fig. 288. (b) Râuschcl, De arteriar. et venar. struct. (Dissert, inaug.). Vratisl., 1836. (c) Borelli, De molu Animalium, pars n, cap. 4, prop. 37, p. 52. — Bidloo, Anatomia corporis humani, pi. 23, fig. 1-3. (tl) Bernard, Disposit. des fibres musc, dans la veinecave du Cheval (Gaz. méd., 1849, p. 33l). — Salter, Op. cit. (ïodd's Cyclop. ofAnat. and Physiol., t. IV, p. 1376, fig. 861). — Kôlliker, Op. cit., p. 620, fig. 290. (e) Voyez Kôlliker, Beitràge xur Kenntniss der glatten Muskeln (Zeitschrift fur VJissenschaftl. Zool., 1849, t. I,p. 83). 574 APPAREIL DE LA CIRCULATION tabulaire, ils occupent (oui l'espace que ces parties laissent entre elles, de façon à constituer des réservoirs ou sinus qui ressem- blent beaucoup aux cavités lacunaires, qui, chez la plupart des Animaux invertébrés, jouent un rôle si considérable dans la con- stitution de l'appareil circulatoire. Ainsi, dans la substance des os spongieux, le sang veineux occupe presque toutes les cellules dont le tissu de ces organes est formé, et les cavités vasculaires ainsi constituées ne sont tapissées que par une lame membra- neuse extrêmement mince en continuité avec la tunique interne des veines adjacentes. Quelques-uns de ces canaux du diploé se terminent en cul-de-sac, et leur trajet, ainsi que leur forme, paraît être déterminé seulement par la position des lamelles osseuses circonvoisines (1). Les grosses veines de l'Homme et des autres Mammifères se font remarquer aussi par les nombreuses valvules dont elles sont garnies (2). Les très petites branches en sont dépourvues, (1) Les anciens anatomistes n'a- avait été constatée vers le milieu du vaient que des notions très vagues sur xvr siècle, d'abord parCh. Etienne (d), la disposition des veines des os. En puis par Sylvius , Canani , Piccolo- 1813, Fleury et Dupuytren (a) en fi- mini, et quelques autres anatomistes ren t une étude sérieuse, et plus tard de la même époque; mais les faits Ghaussier s'en occupa aussi (6) ; mais annoncés par ces auteurs furent ré- c'est à mon ancien ami et collabora- voqués en doute par Fallope, Eusta- teur Gilbert Breschet que l'on doit les cbi , clc, et Fabricius d'Acquapen- travaux les plus importants sur ce dente fut le premier à en faire une sujet intéressant (c). étude attentive et à en donner une (2) Ainsi que je l'ai déjà dit, la description générale. Ses recherebes présence de valvules, dans quelques- datent de 1576 (e). unes des veines du corps humain, Pour plus de détails sur l'historique (a) Dupuytren, Propositions sur quelques points d'anatomie, de physiologie et d'anatomie patho- logique (Thèse, Paris, an XII). — Fleury, Lettre sur la découv. des canaux veineux des os (Gaz. méd., 1836, p. 429). (b) Chaussier, De l'encéphale, p. xix et suiv., pi. *. (c) Breschet, Untcrsuch. ûber einige neuentdeckte Thcisle des Venensystems (Nova Acta Acad. Nat. curios., 1826, t. XIII, p. 359, pi. 17 à 19), et Recherches anat., physiol. et pathol. sur le système veineux. In-fol. — Raciborski, Hist. des découvertes relatives au système veineux (Mém. de l'Acad. de méd., t. IX, 1841). (d) Voyez Haller, Elemenla physiologiœ, 1. 1, p. 137. — Portai, Histoire de l'analomie, t. I, p. 339. (é) Fabricius ab Ac^uapendcntc, De venarum osliolis (Opéra omnia, p. 150). CHÎ'Z LES MAMMIFÈRES. 575 mais celles d'un calibre un peu fort en présentent presque toujours à leur embouchure, et dans les gros troncs on en trouve ordinairement de distance en disiance. En général, ces espèces de soupapes sont disposées par paires, et elles ressem- blent, par leur mode de conformation, aux valvules sigmoïdes que nous avons rencontrées à l'entrée des grosses artères qui naissent du cœur. Leur surface concave, et par conséquent aussi leur bord libre, sont toujours dirigés vers ce dernier organe; elles se rabattent facilement contre les parois du vaisseau, mais lorsqu'elles sont distendues, elles se rencontrent et ferment plus ou moins complètement le canal : aussi est-il facile d'injec- ter le système veineux de la périphérie vers le centre de l'appa- reil ; néanmoins, quand on cherche à pousser le liquide en sens inverse, on se trouve bientôt arrêté, car ces valvules, comme des portes d'écluse, se rapprochent alors et interceptent le pas- sage. Elles semblent être formées par un repli ou un prolon- gement de la membrane interne de la veine (1.) ; mais, malgré des découvertes relatives aux valvules quée que par les noyaux épars sur la des veines, je renverrai à la thèse de surface de ces appendices ou adhérents M. Houzé (a), à leurs bords. La couche fibreuse, (1) M. Henle considère les valvules située au-dessous, se compose princi- conime étant formées non par une paiement de filaments ondulés dont duplicature de la tunique interne des la direction générale est parallèle au veines, mais par un prolongement de bord libre de la valvule, et dont les la tunique épithéliale renforcée inlé- extrémités paraissent être en conti- rieurement par du tissu conjonctif et nufté avec la couche de fibres trans- des faisceaux de fibres analogues à versales de la paroi veineuse (c). celles de la tunique striée (6) ; cepen- M. Kôlliker n'y a pas trouvé de fibres danlil est souvent facile d'y reconnaître musculaires (d), mais quelques obser- deux feuillets adossés l'un à l'autre. valeurs en ont aperçu (e); et lors- La couche épithéliale est très mince qu'on traite un de ces appendices et, en général, sa présence n'est indi- lamelleux par de l'acide acétique, (a) Houzé de l'Aulnoit, Recherches anatomiques et physiologiques sur les valvules des veines. Paris, 1854, n° 44. (6) Houle, Traité d'anatomie générale, t. II, p. 38. (c) Saller, Veins (Todd's Cyclop. ofAnat. and Physiol., t. IV, p. 1380, flg. 865, A). (d) Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 022. (e) Wahlgren, Yensystemets allmdnn. Anatoinic. Lund, 1851. m. 37 576 APPAREIL DE LA CIRCULATION leur grande minceur, on trouve aussi dans leur substance des fibres élastiques, et elles sont très résistantes. A la tête et au cou, elles manquent ou n'existent qu'en très petit nombre. Le système de la veine porte en est dépourvu, ainsi que les veines des reins, de l'utérus, du poumon et de quelques autres parties du tronc. Mais , dans les membres, on en rencontre beaucoup ; et comme d'ordinaire les parois du vaisseau se dilatent un peu en aval de chacun de ces petits appareils, les veines des extrémités ont en général une forme noueuse et paraissent comme étranglées de distance en distance (1). § 18. — Chez l'Homme et les autres Mammifères, de même que chez les Vertébrés inférieurs, les veines sont plus grosses et plus nombreuses que les artères. Les anciens physiologistes ont cherché à évaluer la différence de capacité qui existe entre ces deux systèmes de vaisseaux ; mais les bases nous manquent pour de pareils calculs, et par conséquent je ne m'y arrêterai pas* ici (2). Il est aussi à noter que les veines communiquent entre elles on y distingue deux ordres de noyaux où il existait des rangées de trois dont les uns , disposés parallèlement de ces replis semi-lunaires (c), et chez au bord libre , dépendent des fibres les grands Mammifères cette disposi- onduleuses, et dont les autres, dirigés tion n'est pas rare, en sens opposé, paraissent provenir Je reviendrai sur l'histoire de ces de fibres musculaires (a). valvules, en traitant du mécanisme (1) Chez l'Homme on trouve quel- de la circulation ; et, pour plus de quefois des valvules dans des veines détails sur leur structure, je renverrai qui n'ont guère plus de 1 millimètre à un très bon article sur les veines, en diamètre (b). Dans les petites publié récemment par M. Salter (c/). veines elles sont en général simples, (2) En prenant la capacité des ar- mais dans les grosses elles sont près- tères comme unité, la capacité des que toujours opposées par paires. veines a été évaluée à 2 environ par Quelques anatomistes citent des cas Haller, et à h par Borelli (e). (a) Salter, Op. cit., fig. 865, B. (b) Henle, Traité d'anatomie générale, t. II, p. 88. (c) Haller, Elemenla physiologiœ, t. I, p. 141. (d) Dans le Cyclopœdia of Anat. and Physiol., t. IV, p. 1377. (e) Voyez Haller, Elementa physiologue, 1. 1, p. 131 . CHEZ LES MAMMIFÈRES. 577 beaucoup plus fréquemment que ne le font les artères. Les branches d'un volume considérable constituent souvent un réseau à larges mailles, et les plexus veineux sont très communs. Il existe même des anastomoses plus ou moins directes entre tous les gros troncs, et si un de ces vaisseaux vient à être oblitéré dans un point, le retour du sang vers le cœur ne s'en effectue pas moins à l'aide des voies latérales qui lui sont ainsi ouvertes. § 19. — Pour donner en peu de mots une idée nette de la Mode je disposition de l'ensemble du système veineux de l'Homme et ^système"' des autres Mammifères, il est bon de remonter jusqu'aux pre- mières périodes de la vie embryonnaire, et de voir comment cet appareil vasculaire se constitue peu à peu. Ce sujet a été étudié avec beaucoup de soin par plusieurs physiologistes, plus particulièrement par le professeur Rathke, et nous aurons à y revenir dans une autre partie de ce cours ; mais en ce moment je n'entrerai dans aucun détail , et je me bornerai à indiquer brièvement les faits dont la connaissance est néces- saire pour nous foire saisir les liens qui existent entre le mode d'organisation du système veineux de l'Homme et celui des autres Vertébrés (1 ) . Chez l'embryon de tous ces Animaux, le retour du sang vers Je cœur s'effectue d'abord par deux paires de vaisseaux, dont les uns viennent de la tête, et peuvent être désignés sous le nom de veines céphaliques (2) , et les autres, appartenant à la il) Pour plus de détails à ce sujet, je très embryologistes désignent ces vais- renverrai aux travaux de \i M. RaLhke, seaux sous le nom de veines jugu- , Stotk et Marshall (a). laires ; mais ils correspondent aux (2) M. Rathke et la plupart des au- veines caves supérieures et aux troncs (a) Rathke , Uebev tien Bau und die Entwickelung des Venerisystems der Wirbelthiere (Dritter Bericht iiber das naturwissenschaflliche Seminar bei der Universitât zu Konigsberg, 1838). — Stark, Comment, anat. phys. de venœ azygos natura, vi atque munere. Lipsiœ, 1835. — J. Marshall, On the Development of the Great Anterior Veins in Man and Mammalia (Philos-, Trans., 1850, p. 133); 578 APPAREIL DE LA CIKCULAT10N portion rachidienne du corps, suivent une marche inverse et ont été appelés veines cardinales. La veine céphalique et la veine cardinale du même côté se réunissent dans le voisinage du cœur pour constituer un tronc commun analogue au canal de Cuvier, dont il a déjà été ques- tion chez les Poissons, et les deux troncs ainsi constitués vont s'ouvrir dans l'oreillette droite. Plus tard des vaisseaux dépen- dants des veines cardinales se montrent dans la région cervi- cale, et un système de veines viscérales, qui forment en quelque sorte pendant aux veines céphaliques, se développe dans la région abdominale et se termine dans l'oreillette droite du cœur. Enfin deux paires de systèmes veineux, que l'on pourrait appeler appendiculaires , car elles appartiennent aux membres, se constituent, et viennent déboucher, l'une dans les veines céphaliques, l'autre dans les veines viscérales. ïl en résulte que, dans le voisinage immédiat du cœur, les veines du système céphalique, du système rachidien et du système appendiculairc antérieur, se confondent en une seule paire de vaisseaux appelés les veines caves antérieures; et que, d'autre part, les veines viscérales et les veines appendiculaires postérieures se termi- nent en s'unissant pour constituer un tronc impair unique, appelé veine cave postérieure. Mais les transformations du système veineux ne se bornent pas là. Par suite d'une sortede contre-balancement organique, les veines cardinales et leurs affluents se rétrécissent, et perdent de leur importance à mesure que la veine cave inférieure et ses annexes se développent. Des anastomoses s'établissent entre les divers systèmes, et vers la base de la région cervicale un canal transversal fait communiquer entre elles les deux veines céphaliques. brachio-cépbaliques aussi bien qu'aux conséquent il m'a semblé préférable jugulaires de l'animal parfait, et par de les en distinguer nominalement. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 579 Chez quelques Mammifères, ce modo d'organisation persiste et se perfectionne; par conséquent, sauf l'anastomose entre deux veines céphaliques, la disposition de ce système vasculaire est à peu près la même que chez les Oiseaux. En effet, la portion antérieure des veines céphaliques constitue les jugulaires ; la portion , suivante qui se trouve en aval du confluent de ces vaisseaux avec le tronc principal du système appendiculaire antérieur, c'est-à-dire la veine sous-elavière, prend le nom de tronc brachio+céphalique , et ce même tronc, en approchant davantage du cœur, constitue de chaque côté une veine cave antérieure. Mais, chez la plupart des Animaux de cette classe, ainsi que chez l'Homme, des changements ultérieurs se mani- festent dans ce système de gros vaisseaux et font disparaître la symétrie qui s'y remarquait primitivement. La branche anasto- motique transversale qui unit la grosse veine céphalique gauche à celle du côté droit, s'élargit de façon à permettre à la totalité du sang venant de la tête et du membre thoracique par le pre- mier de ces vaisseaux, de passer dans le second, et en même temps la veine cave antérieure du côté gauche, c'est-à-dire la portion de la veine céphalique comprise entre l'anastomose en question et le cœur, se rétrécit et disparaît plus ou moins com- plètement. Le tronc brachio-céphalique gauche se continue alors avec la branche anastomotique transversale qui se confond avec lui, et la veine cave du côté droit devient le canal d'écoulement commun des deux moitiés des systèmes veineux de la tête et des membres supérieurs. La veine cardinale du côté droit, qui y débouche, ne se déve- loppe que peu et constitue la grande veine azygos. Enfin la portion terminale de la veine céphalique gauche, qui formait d'abord une seconde veine cave antérieure et qui s'est flétrie, disparaît plus ou moins complètement ; mais on en trouve encore des traces dans le voisinage immédiat de son 580 APPAREIL DE LA. CIRCULATION embouchure dans l'oreillette, où elle constitue le canal appelé sinus coronaire du cœur (1), D'autres fois cette portion cardiaque de la veine céphalique primordiale est moins atrophiée, et la veine cardinale de ce côté se retrouve sous la forme d'une veine azygos gauche, où viennent aboutir les veines intercostales correspondantes, ainsi que certaines veines du cœur. Quant aux changements qui s'opèrent dans la veine cave inférieure et ses affluents, c'est-à-dire dans les veines viscérales et les veines des membres postérieurs, nous pouvons les négli- ger pour le moment, car les données que nous possédons déjà suffiront pour nous fournir la clef des variations qui se ren- contrent dans le système veineux général des divers Mammi- fères, et nous permettre d'y reconnaître toujours le même plan fondamental. Mais pour acquérir une connaissance suffisante des voies ouvertes ainsi au sang qui revient des diverses parties de forganisme vers le cœur, il est nécessaire d'examiner de plus près la disposition de chacune des portions de ce vaste ensemble de canaux centripètes. veines § 20. — Chez l'Homme, les veines qui naissent des capil- chez l'Homme. ,._/.•-. , i • -, mires tournis par les ramuscules terminaux des artères caro- tides, et qui appartiennent à la tête, constituent par leurs rameaux deux paires de troncs principaux. Ces grosses veines veines céphaliques, que l'on désigne sous le nom de jugulaires, cor- respondent, jusqu'à un certain point, les unes aux carotides externes, les autres aux carotides internes, mais elles ne se confondent pas entre elles de chaque côté du cou, comme le font ces artères, et elles descendent isolément jusque dans le thorax (2). (1) Voyez, à ce sujet, les observations nage de l'oreille vers le tiers interne de M. Marshall (loc. cit.). de la clavicule , à peu de distance de (2) La veine jugulaire externe des- la peau , dont elle n'est séparée que cend presque verticalement du voisi- par le muscle pêaucier el on dehors CHEZ LES MAMMIFERES. 581 Les branches dépendantes du cuir chevelu s'anastomosent veine juguiair fréquemment entre elles et forment sous la peau du crâne un et sesSims réseau à larges mailles dont naissent de chaque côté trois veines principales situées, l'une à la partie antérieure du front, une autre sur la tempe, et la troisième derrière l'oreille. La veine temporale accompagne l'artère du même nom et descend verti- calement derrière l'articulation de la mâchoire pour gagner les côtés du cou, et y former la veine jugulaire externe, après avoir reçu la veine occipitale en arrière et la veine satellite de Y artère maxillaire interne en avant (1). D'ordinaire la veine faciale, qui descend du front sur les ailes du nez et traverse obliquement la joue, y débouche également derrière l'angle delà mâchoire (2). La veine jugulaire externe, ainsi constituée, reçoit souvent d'autres branches venant de la région linguale et pharyngienne, et par conséquent la presque totalité du sang provenant de la face et des parties superficielles du crâne y arrive, mais une portion plus ou moins considérable de ce liquide peut s'écouler immédiatement dans la jugulaire profonde, car il existe toujours dans l'épaisseur de la glande parotide une branche anastomo- du muscle sterno - mastoïdien, qui rière la branche montante de la mâ- croise obliquement sa direction. En choire inférieure pour aller débou- général, elle est dilatée en forme d'am- cher dans la veine temporale, à la poule à sa partie inférieure, au-dessus hauteur du lobule de l'oreille. Sou- de la valvule qui garnit son embou- vent une grosse branche anastomo- chure dans la veine sous-clavière (a). tique qui en part, et qui va s'ouvrir (l)La veine temporale superficielle plus bas dans la veine jugulaire in- dont il est ici question reçoit au- terne, semble en être la continuation devant de l'oreille une veine tempo- principale (c). raie moyenne qui y arrive de la par- (2) Très souvent la veine faciale tie latérale du front, en descendant va déboucher dans la veine jugulaire obliquement derrière l'arcade sourci- interne, au lieu de s'ouvrir dans la lière [b). Laveine maxillaire interne jugulaire externe {d). est située profondément et passe der- (a) Voyez Bourgery, Anatomie descriptive, t. IV, pi. 65, 67, elc. (6) Idem, ibid., t. IV, pi. 65. (c) Idem, ibid., t. IV, pi. 66, fig-. 1 et 2. \d) Idem, ibid., pi. 67. 582 APPAREIL DR LA CFRCULATION tique, dite branche communicante, qui réunit ces deux grands vaisseaux entre eux, et qui offre en général un développement très considérable. Les diverses veines superficielles dont je viens de signaler l'existence ne présentent dans leur disposition rien de remar- quable, si ce n'est que la veine maxillaire interne forme derrière la branche ascendante de la mâchoire inférieure un plexus très considérable. Dépendances Les veines profondes qui rapportent le sang de l'encéphale veine Claire offrent , au contraire, des particularités très importantes à noter. En effet, les principaux troncs de ce système sont rem- placés, dans l'intérieur du crâne, par de grandes cavités à parois fibreuses, qui semblent être des lacunes ménagées entre les lames de la dure-mère, et qui sont tapissées seulement par une expansion membraneuse en continuité avec la tunique interne des tubes veineux d'alentour. Ces réservoirs sont ap- sinus pelés* les sinus de la dure-mère; ils correspondent généralement de . a di.re-m.re. aux espaces compris entre les grandes masses nerveuses de l'encéphale: ils communiquent tous entre eux de façon à former un grand système de canaux , et par l'intermédiaire de deux d'entre eux, situés de chaque côté de la base du crâne, ils débouchent au dehors dans les veines jugulaires internes. On en compte quatorze, dont cinq sont pairs et quatre occupent la ligne médiane. L'un de ces derniers, appelé sinus longitudinal supérieur ou sinus triangulaire, occupe l'intérieur du bord supérieur de la face du cerveau, grand repli vertical de la dure-mère qui descend de la voûte du crâne entre les deux hémisphères cérébraux (1). (1) Ce sinus est situé par consé- l'ethmoïde en avant jusqu'au niveau quent immédiatement au-dessous de de la protubérance occipitale en ar- ia voûte du crâne , et il s'étend , en rière (a). Il reçoit non - seulement décrivant un demi - cercle , depuis beaucoup de veines de la dure-mère (a) Voyez Rourgery, Op. rit., I. IV, pi. 72, fig. 3 ; pi. 73, fig\ i . CHEZ LES MAMMIFÈRES. 583 Sa cavité est traversée par beaucoup de brides fibreuses, cl il reçoit les veines cérébrales supérieures et internes, ainsi que diverses branches venant de la dure-mère et des os du crâne. En arrière, ce sinus longitudinal se réunit à un autre réservoir de même nature, qui, situé également sur le plan médian, occupe la ligne de jonction de la faux du cerveau avec un second repli de la dure-mère disposé horizontalement en travers, et appelé tente du cervelet. Cette dernière cavité veineuse est nommée le sinus droit (1). Diverses veines venant des ventricules du cerveau et d'autres parties profondes de l'encéphale s'y déversent. De même que le précédent, il débouche postérieurement dans les sinus laté- raux, sur un point où vient se terminer aussi une paire de sinus appelés occipitaux inférieurs, à raison de leur position (2). Le confluent de ces quatre sinus et des deux sinus latéraux et des os crâniens , mais aussi plu- sieurs branches anastomotiques pro- venant des veines superficielles du cuir chevelu. Deux de ces vaisseaux de communication, appelés veines de Santorini , traversent le trou parié- tal. 11 est aussi à noter que la surface interne du sinus longitudinal supé- rieur est garnie de petiles granulations appelées glandes de Pacchioni ; mais ces corpuscules naissent dans l'ara- chnoïde et pénètrent ensuite entre les lames de la dure-mère. Leur déve- loppement commence en général vers l'âge de deux ans, et, dans la vieillesse, ils arrivent jusque dans la substance des os crâniens. On trouve dans ces granulations de la silice aussi bien que du phosphaté de chaux (aj. . (1) Ondistingue, en général, sous le nom de sinus longitudinal inférieur, la portion antérieure de ce réservoir veineux qui occupe le bord libre de la faux cérébrale, et l'on réserve le nom de sinus droit pour la portion qui longe la ligne de jonction de ce repli falciforme avec la tente du cer- velet (b). Parmi les veines qui viennent y déboucher, je signalerai celles dites ventriculaires , ou veines de Galien, qui naissent du plexus choroïde. (2) Les sinus occipitaux inférieurs ou postérieurs naissent sur les bords du trou occipital dans l'épaisseur de la dure-mère, et remontent, en con- vergeant , dans l'épaisseur de la faux du cervelet pour aller déboucher dans le confluent occipital. (a) Faivre, Observations sur les granulations méningiennes, ou glandes de Pacchioni (Ann. des sciences nat . , 1853, 3e série, t. XX, p. 321). tb) Voyez Bourgery! Op. cit., I. IV, pi. 73, fig. 1. 584 APPAREIL DE LA CIRCULATION a reçu le nom de pressoir cl H érophile , parce que cet anato- miste (1), qui en a donné une description, il y a plus de deux mille ans, supposait que les colonnes de sang contenues dans les réservoirs d'alentour devaient y exercer une pression les unes sur les autres. Les Sinus latéraux qui naissent du confluent dont il vient d'être question occupent les gouttières latérales de la base du crâne, et sont logés en grande partie dans le bord postérieur de la tente du cervelet. Ils se dirigent par conséquent d'abord horizontalement en dehors et en avant ; puis, arrivés à la base du rocher, ils descendent obliquement vers l'orifice crânien appelé trou déchiré postérieur, où ils se continuent de chaque côté avec les veines jugulaires internes et reçoivent le sang- venant des sinus pétreux inférieurs. Les sinus pétreux supérieurs, qui longent le bord supérieur du rocher et occupent la moitié antérieure de la tente du cer- velet; reçoivent quelques veines des parties latérales du cerveau, et, par leur extrémité postérieure, s'ouvrent aussi de chaque côté de la base du crâne dans le sinus latéral ; mais en avant ils communiquent avec le point de jonction d'une autre série de réservoirs appartenant à la partie antérieure de l'encéphale, confluent où s'ouvrent également les sinus pétreux supérieurs dont il a déjà été question. Ce système antérieur se compose principalement des sinus caverneux, qui occupent les côtés de la selle turcique, et qui sont traversés , comme nous l'avons déjà vu, par l'artère carotide interne, ainsi que par divers troncs nerveux. Les veines ophthalmiques , qui s'anastomosent avec les veines faciales, y débouchent et établissent une communication facile entre les vaisseaux profonds et superficiels de la partie antérieure de la tête. Les deux sinus caverneux sont unis entre eux par un canal transversal appelé sinus coronaire ou sinus circulaire de Hidley. (1) Voyez page 8. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 585 Enfin les sinus pétreuœ inférieurs, qui vont des sinus caver- neux aux sinus latéraux, dans le point où ceux-ci débouchent au dehors dans la veine jugulaire, sont également reliés entre eux par un sinus impair et transversal, appelé sinus basilaire ou sinus occipital transverse. Ces sinus pétreux sont par con- séquent les canaux d'écoulement du système veineux de la portion antérieure et inférieure de l'encéphale, comme les sinus latéraux le sont pour toutes les portions postérieures et supé- rieures du même système (1). Je rappellerai que ni les veines du cerveau, ni les réservoirs dont je viens d'indiquer la position, ne présentent de valvules dans leur intérieur, et,, ainsi que nous le verrons bientôt, les sinus avoisinant le grand trou occipital communiquent sur plu- sieurs points avec les veines plexiformes du canal rachi- dien (2). La veine jugulaire interne, qui, de chaque côté de la tête, fait veine jugulaire interne. suite à ces sinus encéphaliques, sort du crâne par le trou dé- chiré postérieur, où elle forme une sorte d'ampoule appelée golfe. Elle descend verticalement sur le côté du cou, en passant . sous le muscle sterno -mastoïdien et en longeant l'artère caro- tide. Très souvent la veine faciale y débouche, au lieu de s'ou- (1) En résumé , nous voyons donc chiré antérieur, à la jonction des sinus que les sinus encéphaliques sont par- caverneux, pétreux supérieur et pé- tout continus les uns avec les autres treux inférieur (a) ; 3" le confluent et forment par leur réunion plusieurs terminal, qui, de chaque côté aussi, confluents dont les principaux sont : correspond au trou déchiré posté- 1° le confluent postérieur ou occipital, rieur, et présente en avant l'embou- situé au point de rencontre du sinus chure du sinus pétreux inférieur et longitudinal supérieur, du sinus droit, en arrière celle du sinus latéral, des sinus occipitaux et des sinus la té- (2) Ces anastomoses des plexus in- raux ; 2° le confluent antérieur ou tra-rachidiens ont lieu avec les sinus pétro-sphénoïdal , qui se trouve de occipitaux et transverses, ainsi qu'avec chaque côté au-dessus du trou dé- le golfe de la jugulaire interne (b). (a) Bourgery, loc. cit., pi. 72, %. i. (b) Voyez Breschet , Recherches anatomiques , physiologiques et pathologiques sur le système veineux, pi. i. Veines jugulaires 586 APPAREIL DE LA CIRCULAT! ON vrirdans la jugulaire externe, et, dans la région pharyngienne, d'autres veines de la langue, du larynx, de l'arrière-boucbe, s'y rendent aussi, à moins qu'elles ne rejoignent la jugulaire externe; car, à cet égard, les variations sont très fréquentes, et ces deux grands troncs cervicaux qui s'anastomosent aussi vers le haut du cou à l'aide de branches de communication plus ou moins fortes, semblent pouvoir se suppléer mutuellement sans inconvénient (1). Sur le devant du cou on trouve deux autres veines qui ont antérieures, reçu le nom de jugulaires antérieures. Elles viennent du menton et descendent sous la peau jusque dans le voisinage du sternum, où elles se portent obliquement en dehors pour passer devant les jugulaires externe et interne, et aller déboucher, comme le font ces deux vaisseaux , dans le tronc sous-clavier corres- pondant (2). Enfin la veine vertébrale, qui accompagne l'artère du même nom" naît dans la région occipitale, et après avoir reçu des séries de petits rameaux venant, les uns des muscles postérieurs du cou, les autres de l'intérieur du canal racbidien, se termine inférieurement dans le tronc sous-clavier, derrière la jugu- laire externe ou même dans ce dernier vaisseau. Mais ces veines vertébrales, tout en venant déboucher ainsi dans le système des veines céphaliques, n'y appartiennent pas et dépendent du Veines vertébrales. (1) La veine jugulaire interne de l'Homme est beaucoup plus grosse que la jugulaire externe , et son ex- trémité inférieure est souvent très dilatée en forme d'ampoule (a). Chez les asthmatiques et les autres per- sonnes dont la respiration est gênée , cet élargissement devient très consi- dérable. (2) Les veines jugulaires antérieures sont unies entre elles par plusieurs branches anastomoliques transver- sales, dont une, située vers le bas du cou, est remarquablement dévelop- pée (b). Ces veines s'anastomosent aussi avec les jugulaires externes par plusieurs branches transversales. (a) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 67 et 68. (6) Idem, ihiil., pi. 07. CHEZ LIlS mammifères. 587 système des veines cardinales ou raehidiennes, sur la descrip- tion desquelles je reviendrai bientôt. La disposition des veines de la tête est à peu près la même chez les autres Mammifères ; mais, chez un grand nombre de ces Animaux, les communications entre les canaux veineux de l'encéphale et les jugulaires externes sont plus directes, et la plus grande partie du sang qui revient du cerveau passe dans ces derniers vaisseaux par un canal ou une fente pratiquée à la base du crâne dans l'os temporal ou entre cet os et le rocher. Cette particularité a été remarquée d'abord chez divers Ani- maux hibernants (1); mais elle se rencontre aussi chez des Quadrupèdes qui ne s'engourdissent pas en hiver : le Cheval, par exemple; et elle paraît être liée seulement à la position de la tête chez ces Mammifères, dont le corps est horizontal. Chez ces Quadrupèdes, les veines jugulaires internes sont en même temps très petites, et les veines vertébrales, au contraire, prennent un développement considérable (2). (1) Otto a découvert celte disposi- jugulaire interne, qui accompagne tion chez la Chauve-Souris, le Heris- l'artère carotide, est en général très son, la Musaraigne, l'Ours, le Blaireau, grêle, et ne provient que de la région le Castor, le Loir, les Rats, la Mar- occipitale ; quelquefois elle manque motte, l'Écureuil, le Lapin et le Ça- complètement (6). Les jugulaires in- biai. ternes sont également peu distinctes et Cliez la Taupe, le système des sinus sans communication avec les vais- encéphaliques communique au dehors seaux intracràniens chez le Rat (c). par une troisième voie constituée à Elles sont mieux développées chez l'aide d'une cavité veineuse située le Chien, le Chat, la Martre, l'Ours, transversalement au-devant de la le Blaireau, le Hérisson, etc. Enfin, lame criblée de l'ethmoïde et débou- chez les Singes, de même que chez chant dans la veine maxillaire interne l'Homme, elles sont, en général, plus à la partie supérieure de l'orbite (a). grosses que les jugulaires externes. (2) Ainsi, chez le Cheval, la veine Pour les détails relatifs à la dispo- («) Otto, De Animalium quorumdam per hiemem dormientium vasiscephalicis et aure interna [Nova Acta Acad. Nat. curios., 1856, t. XIII, p. 23, et Ann. des sciences nat., 1827, t. XI, P. 70). (b) Cliauveau, Traité d'anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 568 et suiv. (c) Ratlike, Dritter Berïcht (voyez Stannius et Siebold, Nouveau. Manuel d'anatomie comparée, t. II, p. 484). 588 APPAREIL DE LA CIRCULATION veines Les veines des membres Ihoraciques, auxquelles les précè- des membres . ,.,,.. . „ thoraciques. dentés viennent se reumr dans le voisinage du cœur, forment aussi deux systèmes bien distincts, quoique associés entre eux : les unes sont superficielles et se trouvent sous la peau; les autres sont profondes et suivent le même trajet que les artères dont elles reçoivent les noms. Ces dernières veines sont en général doubles et côtoient de chaque côté l'artère qu'elles accompa- gnent. Près de l'épaule, cependant, les deux veines satellites de l'artère brachiale se réunissent en un seul tronc qui, en s'avan- çant vers le thorax, prend successivement les noms de veine axillaire et de veine sous-clavière (1). Les principales veines sous-cutanées occupent d'abord la face dorsale de la main; mais, en remontant sur l'avant-bras, elles constituent un réseau à larges mailles dont les troncs les plus considérables se dirigent vers le pli du coude (2); leur sition "des veines de la tète et du cou externe du muscle biceps, ainsi que chez le Cheval, je renverrai aux ou- le bord antérieur du deltoïde , et vrages spéciaux sur l'anatomie de ces débouche dans la veine axillaire, au Animaux (a). moment où celle-ci va s'engager sous (1) Les veines brachiales sont sou- la clavicule. vent reliées entre elles par plusieurs Une autre grosse veine sous-cutanée, branches anastomotiques (6). désignée sousle nom de veine médiane, (2) On donne le nom de veine ce- provient des veines antérieures du phalique du pouce, puis de veine ra~ poignet et de l'avant-bras. Elle se diale superficielle, à une veine sous- trouve d'abord très rapprochée de la cutanée qui, après avoir suivi le bord radiale superficielle, mais s'en écarte dorsal du pouce et du premier os vers le pli du coude, où elle reçoit métacarpien, remonte le long du bord une grosse branche anastomolique externe du radius , et qui est souvent venant des veines profondes ; puis elle double au-dessus du pli du coude ; elle se divise en deux branches, dont l'une, reçoit une branche anastomolique très appelée médiane céphalique, remonte considérable, appelée veine médiane obliquement en dehors pour se réunir céphalique, puis elle prend le nom à la radiale et constituer, comme je de veine céphalique , longe le bord l'ai déjà dit, la veine céphalique, et (a) Voyez Leyh, Handbuch der Anatomie cler llausthiere, p. 418, fig'. 174. — Chauveau, Op. cit., p. 592. (b) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. t35, fig. 1 CHEZ LES MAMMIFÈRES. 589 disposition ne présente d'ailleurs rien d'important à noter pour le physiologiste , et si les chirurgiens en décrivent le trajet avec beaucoup de soin, c'est surtout à raison des faci- lités que ces vaisseaux présentent pour l'opération de la sai- gnée. La veine sous-clavière, qui fait suite à la veine axillaire, reçoit, comme je l'ai déjà dit, les veines jugulaires superficielles; et, après s'être réunie à la jugulaire interne , elle constitue de chaque côté du sommet du thorax un gros tronc appelé veine brachio-céphalique, où viennent déboucher les veines thyroï- diennes inférieures. Chez l'Homme, les deux troncs brachio- céphaliques ne tardent pas à se réunir à leur tour, et forment la veine cave supérieure, qui descend à côté de l'aorte et va dé- boucher à la face postérieure de l'oreillette droite du cœur, après avoir reçu la veine azygos, sur les relations de laquelle je reviendrai bientôt. La disposition des gros troncs terminaux des systèmes brachio-céphaliques que nous venons de trouver chez l'Homme se voit aussi chez les Singes, les Carnassiers, les Solipèdes, les Ruminants, les Édentés, les Cétacés proprement dits et quelques autres Mammifères (1). Mais, chez l'Éléphant, la plupart des Rongeurs, des Insectivores et des Chéiroptères, ainsi que chez les Marsupiaux et les Monotrèmes, le mode d'organisation embryonnaire commun persiste, et il y a par conséquent deux veines caves antérieures (2). Du reste, comme je l'ai déjà dit, dont l'autre, nommée médiane basi- et va se terminer dans la veine axil- lique, continue son trajet sans changer laire, près de l'extrémité supérieure de de direction, et, après avoir reçu les l'humérus (a). veines cubitales superficielles anté- (1) Par exemple, chez la Taupe, rieure et postérieure, forme le tronc parmi les Insectivores. brachial appelé veine basilique, qui (2) Exemples : Parmi les Rongeurs, suit le bord interne du muscle biceps le Lapin, le Lièvre, la Marmotte, le (a) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 61. 590 AITAUEIL DE LA CIRCULATION ces deux troncs sont reliés entre eux par une branche anasto- motique transversale qui correspond à la veine brachio-cépha- lique gauche, chez les espèces où la veine cave de ce côté disparaît. §21. — Les veines des membres abdominaux sont disposées à peu près de la même manière que celles des membres tho- raciques. Celles qui appartiennent au système profond accom- pagnent, comme d'ordinaire, les artères, et dans la jambe, ainsi que dans le pied, elles constituent pour chacun de ces derniers vaisseaux deux troncs satellites qui s'anastomosent très fré- quemment entre eux ; mais, à partir du creux poplité (ou creux du genou), ces deux veines se réunissent en une seule qui prend le nom de veine fémorale et monte d'abord à la partie postérieure de la cuisse, puis à la partie interne de ce membre, et va péné- trer dans le bassin par l'arcade crurale, où passe aussi l'artère fémorale. Les veines sous-cutanées forment, comme à la main et à'1'avant-bras, un réseau à grandes mailles, dont l'un des troncs principaux suit en dessus le bord interne du pied, puis monte vers le bassin, à la face interne de la jambe et de la cuisse. Ce vaisseau correspond à la veine radiale superficielle, et porte le nom de veine saphène interne. Parvenu près du pli de l'aine, il pénètre sous l'aponévrose de la cuisse et va débou- cher dans la veine fémorale. La veine saphène externe, qui occupe le milieu du mollet, correspond à peu près aux bran- lîal, lu Souris , l'Échimys, le Castor, ces deux vaisseaux esl 1res déve- !e Hamster, l'Écureuil («). loppé (6). Parmi les Insectivores, le Hérisson 11 existe dans les annales de la et le Chrysochlore du Cap. science un assez grand nombre Chez rornilborbynque, la veine cave d'exemples de l'existence d'une se- gauche esl aussi grosse que sa congé- conde veine cave chez l'Homme , ncre, cl le tronc transversal qui réunit même chez des adultes (c). («) Voyez Carus et Otlo, Tabula: Analomiam comparativam illustrantes , pars VI, pi. 7, %. 1. (b) Wcckel, Ornithorhynchi paradoxi descriplio anatomica, pi. 7, fig. i. (c) Voyez, à re sujet , le résumé îles observations de Mcckcl, do Wicse, de Brcschet cl de plusieurs autres analoiflisles, présenté p;:r M. Marshall (Op cit., Philos. Trans., 1850, p. 100). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 591 ches cubitales et médianes dont la racine constitue la veine basilique du bras; mais, au lieu de remonter le long de la cuisse, elle va se jeter dans le tronc principal du système veineux profond, au niveau du' creux poplité (1). Les deux veines fémorales qui reçoivent ainsi la presque totalité du sang provenant des membres inférieurs côtoient les artères iliaques, reçoivent les veines hypogastriques, et vont se réunir entre elles au-dessus de la partie postérieure du bassin, où elles constituent la veine cave inférieure. Ç 2'2. — Ce gros tronc vasculaire est adossé à la colonne Veine cavc ° inférieure. vertébrale et se place à droite de l'aorte ventrale ; il monte presque verticalement jusqu'au diaphragme , traverse cette cloison musculaire par un orifice spécial situé beaucoup plus haut que celui qui livre passage à l'aorte, et va se terminer dans l'oreillette droite du cœur au-dessous de l'orifice de la veine cave supérieure (2). Pendant ce trajet il reçoit de chaque côté plusieurs veines lombaires qui dépendent du système des veines costo- dorsales sur lesquelles nous aurons bientôt à revenir. La veine cave inférieure , en remontant vers le thorax , reçoit aussi quelques veines viscérales , savoir : les veines rénales ou émulgentes, les veines capsulaires moyennes et les veines utero -ovariques ou les spermatiques ; des branches ve- nant du diaphragme s'y terminent également ; mais les veines (1) Pour plus de détails à ce sujet, figurée dans les belles planches de voyez les traités d'anatomie descrip- Breschet sur le système veineux (6). tive (a). M. Retzius a décrit avec plus de soin (2) La disposition générale de la le mode de terminaison de ce vaisseau veine cave inférieure est très bien dans le cœur (c). (n) Par exemple : Cruvcilhier, Op. cit., t. III, p. 70 el suiv. — Bourgery, Op. cil., t. IV, pi. 55 à 59. (6) Breschet, Recherches sur le système veineux, i' livr., pi. 1 à G. (c) Reizins, Ueber die Scheidewand des Herzens heim Menschen (Mitller's Archiv fur Anat. v.nd Physiol., 1835, p. 164, pi 1, fig. 2). m. 38 f)92 APPAREIL DE LA CIRCULATION de toute la portion abdominale du tube digestif, de la rate et du pancréas n'y débouchent pas directement, et, après s'être réunies, constituent dans le foie un réseau capillaire intermé- diaire, ou système portai hépatique (1). système Chez l'Homme , trois veines principales convergent pour ia veineVne. former la veine porte, savoir : 1° hveinemésentérique supérieure, ou grande mésaraïque, qui vient de l'intestin grêle et de la moitié droite du gros intestin ; 2° la mésentérique inférieure, ou petite mésaraïque, qui naît sur les parois du rectum et de la moitié gauche du côlon. Les branches postérieures de ce vaisseau , appelées veines hémorrhoïdales supérieures , s'anastomosent près de l'anus avec les veines hémorrhoïdales inférieures et les ■plexus veineux qui dépendent des veines hypogastriques ou iliaques internes. 11 ya par conséquent, dans cette région, fusion entre le système portai et le système veineux général. Enfin, 3° la veine splénique, qui a son origine dans la rate et qui reçoit diverses branches venant de l'estomac et du duodénum. Le tronc de la veine porte, ainsi constitué, s'étend de l'extrémité droite et postérieure du pancréas au sillon transversal du foie ; chemin faisant, il reçoit quelques veinules venant de la première de ces glandes, de l'estomac et de la vésicule biliaire; puis il se divise en deux branches pour pénétrer dans la substance du foie et s'y ramifier (2) ; mais chez le fœtus il communique aussi (1) La disposition générale de la rapports entre les branches de ce. Veine porte était connue des anciens, système et les racines de la veine hé- ct Galien la comparait à un arbre patique, voyez les planches de l'ou- dont le tronc serait dans le foie et les vrage de Bourgery et Jacob (6). racines dans le ventre. On a désigné (2) On appelle sinus de la veine ainsi ce vaisseau, parce qu'on le con- porte la portion divergente de ces sidérait comme étant chargé de trans- deux branches qui occupe le sillon porter jusque dans le foie les matières transversal du foie. Les divisions ul- élal.orées dans l'estomac (a). Pour les térieuresdece vaisseau accompagnent (ci) Culkn, b. l'utilité des parties (Œuvres, Irad. par Darembefg, t. I, p. 280). [0} Luurgery, Op. cit., t. V, pli i)8, ci), etc. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 593 avec une veine dite ombilicale, qui se rend directement à la veine cave sans se répandre dans le foie (1). Les veines hépatiques ou conduits efférents de ce système portai naissent dans les granulations élémentaires du foie, et convergent d'avant en arrière pour former un certain nombre de grosses branches (2) qui vont déboucher dans la veine cave pendant que celle-ci parcourt la gouttière creusée dans le bord postérieur de cette glande. Les injections passent facilement soit des branches terminales de la veine porte dans les veines efférentes du foie, soit en sens inverse, ce qui indique l'absence de valvules dans l'intérieur de ce système de vaisseaux. Les veines qui vont des intestins et de la rate vers le foie en sont également dépourvues (3). La disposition du système de la veine porte est à peu près la même chez les autres Mammifères (4). Dans quelques espèces, dans leur trajet les ramifications de (3) Bauer a rencontré des valvules l'artère hépatique et des conduits bi- dans les veines courtes qui vont de liaires. l'estomac à la veine splénique ; mais (1) Ce vaisseau est appelé le canal l'existence de ces replis n'est pas con- veineux; nous l'éludierons avec plus stanie, et d'autres anatomistes n'ont de détail quand nous nous occuperons pu en découvrir aucune trace (a). du développement des Animaux. [l\) La disposition générale de ce (2) La plupart des ramuscules de ce système a été étudiée chez le Singe, système efférent se réunissent succès- le Chien , le Lapin et la Brebis, par si vement en branches de plus en plus Hônlein (6). grosses, comme le font les veines or- M. Baer avait pensé que chez les dinaires; mais d'autres vont débou- Cétacés, les anastomoses de ce sys- cher directement dans les troncs ainsi tème avec les veines pelviennes étaient constitués, de façon que les parois de plus nombreuses que chez les Marn- ées veines sont criblées de trous for- mifères ordinaires (c) ; mais cette opi- més par les orifices des vaisseaux capil- nion ne paraît pas fondée (d). laires circonvoisins. • (a) Cruveilhier, Anatomie descriptive, t. II, p. 85. (b) Hônlein, Descriptio anatomica systematis vence portarum in homine et quibusdam brutis. Francof., 1808. (c) Baer, Ueber das Gefàss-System des Braunfisches (NovaActaAcad. Nat. curios. , t. XVII), p. -401 . (d) Stannius et Siebold, Nouveau Manuel d' anatomie comparée, 1. 1, p. 486. 594 APPAREIL DE LA. CIRCULATION cependant, on rencontre dans ces vaisseaux des valvules plus ou moins nombreuses (1). Tronc § 2c. — Le tronc de la veine cave inférieure présente chez de inférieure. ia veine cave l'Homme une dilatation dans le point où les veines hépatiques viennent s'y ouvrir (2). Mais chez divers Mammifères cette disposition est beaucoup plus prononcée, et parfois ce vaisseau constitue au-dessous du diaphragme un grand réservoir en forme de sac. Ce mode d'organisation est très marqué chez les Phoques, la Loutre , le Castor, l'Ornithorhynque et quelques autres Mammifères plongeurs, et paraît être en relation avec le ralentissement du cours du sang dans les poumons, quand la respiration se trouve suspendue. Chez les Phoques, la veine cave présente même une autre particularité ont l'utilité s'ex- plique de la même manière : après son passage dans le dia- phragme, ce vaisseau est entouré d'un anneau musculaire dont la contraction doit modérer l'afflux du sang veineux dans le cœur (3). (1) L'existence de valvules dans le Après avoir traversé le diaphragme, système portai a été observée chez le la veine cave reprend brusquement son Cheval et le Bœuf (a). calibre primitif (c). L'anneau charnu (2) Quelques anatomistes désignent qui l'entoure dans ce point provient ce renflement sous le nom de grande du diaphragme et se compose de fibres ampoule de la veine cave (6). musculaires striées [d). (3) Meckel a trouvé que chez les Chez la Loutre, la veine cave est Phoques la dilatation de la veine cave extrêmement dilatée depuis les reins inférieure commence au-dessus du jusqu'au diaphragme, au delà duquel foie, et constitue au niveau de cet or- elle reprend son calibre ordinaire. Les gane un sac ovalaire qui s'étend jus- veines hépatiques sont aussi très élar- qu'an diaphragme. Chez un individu gies, surtout à droite (e). long de trois pieds, ce réservoir avait Chez le Castor, la veine cave double cinq pouces de large sur huit de long. de volume au-devant des reins et se (a) Weigel, De stvato musculoso tunicœ venavum mediœ. Lipsiœ, 1823, p. 31. (6) Cruveillner, Op. cit., p. 84. (c) Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 44G. (d) M. J. Weber, Deschreibung nebst Abbildungen des Ziuerchfelles einer ausgewachsenen wëibliclien Phoca vilulina (Miiller's Archiv fur Anal, und Physiol., 1840, p. 23G, pi. C à 8). — Slannius et SicboM, Nouveau Manuel d'analomie comparée, l. I, p. 480. (e) Albers, .4 Description ofthe Anat. of Ihe Sea Olter (Philos. Trans., 1796, p. 391), CHEZ LES MAMMIFÈRES. 595 § 2h. — Les deux veines cardinales, qui chez les jeunes veines azygos. embryons se dirigent d'arrière en avant et vont se joindre aux veines céphaliques dans le voisinage du cœur, se développent beaucoup dans leur portion périphérique, et constituent un vaste système de vaisseaux qui rapportent le sang de la région rachi- dienne du tronc et des parois des grandes cavités viscérales ; mais leur portion terminale, au contraire, diminue d'importance et s'atrophie en partie, de façon que chez l'individu parfait la plus grande partie du sang contenu dans les racines de ce système s'écoule dans les branches voisines du système bra- chio-céphalique ou dans la veine cave inférieure, et que ses deux troncs terminaux correspondants aux grosses veines car- dinales primitives ne sont plus représentés que par les veines azygos. Chez quelques Mammifères où il existe deux veines caves supérieures, ces vaisseaux sont au nombre de deux, et le nom qu'on leur applique ne pourrait en donner que des idées fausses si l'on attachait quelque importance à son étymologie ; car ces veines dites azygos, c'est-à-dire impaires (1), sont en réalité à peu près symétriques ; elles remontent de chaque côté de la rétrécit de nouveau au delà du dia- il paraît exister quelquefois un anneau pliragme (a). musculaire, comme chez les Pho- Ghez le Desman de Russie, cette di- ques (d), mais d'autres fois ce sphinc- latation de la velae cave est double, ter manque entièrement (e). et les veines iliaques sont tellement Chez l'Ornithorhynque , ce tronc renflées, qu'elles forment aussi de vasculaire offre aussi une dilatation véritables poches (6). considérable au niveau du foie (/"). Chez le Marsouin, où la dilatation (1) De a privatif, et Çtryôç, pair, ou de la veine cave est aussi très consi- vena sine pari. dérable au-dessous du diaphragme (c), (a) Meckel, Analomie comparée, t. IX, p. 447. (6) Pallas, Sorices aliquot illitstrati {Acta Petropolilaiice, 1781, p. 332) (c) Meckel, Op. cit., p. 448. (d) Weber, loc. cit., p. 239. (e) Stannius, Op. cit., p. 480. (/") Meckel, Ornithorhynchi paradoxi descript. anal., p. 32. 596 APPAREIL DE LA CIRCULATION colonne vertébrale, s'anastomosent entre elles par des branches transversales et vont déboucher dans les veines caves corres- pondantes. Mais, chez l'Homme et la plupart des Mammifères, un seul de ces troncs, celui du côté droit, conserve sa disposition primitive, tandis que l'autre (situé à gauche) disparaît en grande partie, et au lieu de s'étendre jusque dans le voisinage du cœur, se déverse, par une anastomose, dans l'azygos droite, à une distance plus ou moins considérable de cet organe. On donne à cette portion persistante de la veine cardinale gauche le nom de hémiazijgos, et dans la partie du corps où elle existe on voit les veines intercostales y déboucher, comme elles débouchent du côté opposé dans la grande azygos (1). Chez d'autres Mammi- (1 j Chez l'Homme, Yazygos propre- ment dite, ou grande azygos ( ou veine cardinale droite), et Yhémi- azygos (c'est-à-dire le représentant de la veine cardinale du côté gauche), for- ment dans la partie supérieure de l'ab- domen et dansla portion inférieure du thorax deux troncs ascendants, dispo- sés symétriquement au-devant de la colonne vertébrale et derrière l'aorte et la veine cave inférieure (a). Les veines intercostales correspondantes s'y ouvrent, ainsi que les veines lom- baires ; mais la plupart de ces der- nières se continuent au delà et vont se terminer dans la veine cave abdo- minale. Inférieurement l'azygos et sa congénère perdent plus ou moins complètement les caractères de troncs vasculaires, et se résolvent en deux ou plusieurs séries de branches anasto- motiques longitudinales , appelées veines lombaires ascendantes, dont les dernières se .prolongent jusque dans le bassin et s'y relient aux veines iliaques primitives (6). D'espace en espace on remarque aussi des bran- ches transversales qui se portent obli- quement de l'hémiazygos à la grande azygos, et c'est une de ces anastomo- ses qui constitue la portion terminale du premier de ces deux troncs. La grande azygos , après avoir reçu ainsi la majeure partie du sang contenu dans sa congénère, continue à monter le long du côté droit de la face antérieure de la colonne verté- brale , reçoit , chemin faisant, les veines intercostales correspondantes du même côté, et va se terminer dans la veine cave supérieure, vers le point où ce vaisseau s'engage dans le péri- carde pour gagner le cœur. On donne quelquefois le nom de petite azygos supérieure ou de veine intercostale commune gauche, à une branche qui reçoit les veines inter- costales du côté gauche de la partie supérieure du thorax, et qui fait en quelque sorte pendant à la portion (a) Voyez Bourgcry et Jacob, Anatomie descriptive, t. IV, pi. 76 et 77. (6) Voyez Breschet, Recheixh. sur le syst. veineux, 3clivi\, pi. 2 et 4. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 597 fères, le Chien, par exemple, le trône cardinal gauche disparaît complètement, et il ne reste que la veine azygos droite qui reçoit les veines intercostales correspondantes des deux côtés du corps. Enfin il est aussi des animaux de cette classe où les deux veines cardinales se flétrissent de même, et où par consé- quent il n'y a plus de veine azygos. Mais, quoi qu'il en soit à cet égard, le système veineux, qui, dans l'origine, dépendait des veines cardinales, et que l'on pourrait appeler le système dorso-costal ou pariétal , contracte des relations multipliées avec les veines du système céphalo-brachial, ainsi qu'avec les affluents de la veine cave inférieure, de façon qu'une portion plus ou moins considérable du sang contenu dans ces vaisseaux revient au cœur sans passer par les veines azygos (1). La portion périphérique ou radiculaire de ce système est en veines „„ , , , . . rachidiennes, ettet très étendue et se compose de deux groupes de vaisseaux appartenant les uns à la colonne vertébrale et à ses dépendances, les autres aux côtes et aux parties qui servent à cloisonner laté- ralement les grandes cavités du tronc. Les veines rachidiennes forment à la face dorsale de la co- lonne vertébrale, ainsi que dans l'intérieur du canal dont cette supérieure de la grande azygos : elle se tentent soit dans le tronc brachio- continue inférieurement avec l'hémi- céphalique , soit dans la veine cave azygos. supérieure. Souvent une anastomose Enfin, il y a aussi à droite une pe- assez considérable fait communiquer tite brandie ascendante qui semble la partie supérieure de ce vaisseau être une continuation de la grande longitudinal avec le tronc brachio- azygos au-dess,us de son point de dé- céphalique droit. Enfin, il est aussi à versement dans la veine cave : c'est noter que parfois la veine cervicale une veine intercostale commune qui postérieure, au lieu de se terminer reçoit les veines intercostales propre- dans la veine vertébrale, vient s'ouvrir ment dites, correspondantes aux deux dans ce tronc intercostal commun et ou aux trois premières côtes (a) ; mais en constitue la partie supérieure, il arrive fréquemment que ces veines (I) On peut résumer de la manière intercostales vont s'ouvrir aussi direc- suivante les principales variations qui (a) Voyez Breschet, Op. cit., 3'livr., pi. 3. 598 APPAREIL DE LA CIRCULATION colonne est creusée, un réseau très riche qui s'étend depuis la base du crâne jusqu'au sacrum ou même jusque dans la queue, lorsque cet appendice acquiert un développement considérable. On y distingue un plexus superficiel postérieur, un plexus inler-rachidien postérieur situé derrière la moelle épinière, un plexus intra-racbidien antérieur qui occupe la face antérieure de la moelle épinière (ou inférieure chez les Quadrupèdes), et des plexus transversaux qui, au niveau de chaque vertèbre, relient tous ces réseaux entre eux (4). Dans la portion moyenne du se rencontrent dans la disposition de cette portion du système veineux chez les divers Mammifères (a). 1° Mammifères ayant deux veines caves supé- rieures. a. Deux veines azygos se terminant dans ces troncs , c'est-à-dire une azygos propre- ment dite à droite, et une hémiazygos à gauche. * Les deux veines azygos également dévelop- pées. Exemples : Monotrèmes, Marsupiaux. ** Les deux azygos inégalement développées. L'azygos droite plus grande que l'azygos gauche. Exemples : Hérisson, Rat, Souris. L'azygos droite moins grande que l'azy- gos gauche. Exemple : Lapin. &. Une veine azygos seulement (adroite). Exemples : Lièvre, Écureuil. 2° Mammifères ayant une seule veine cave supérieure. C. Une azygos et une hémiazygos. * L'hémiazygos débouchant directement dans l'oreillette droite. Exemple : Taupe. ** L'hémiazygos débouchant dans l'azygos vers le milieu du thorax. Exemple : Homme. d. Une veine azygos à droite qui reçoit les veines intercostales des deux côtés du corps ; pas d'hémiazygos. Exemples : Chien, Chat, Tigre, Hyène, Cheval, Ane, Tapir. e. Point de veine azygos à droite; mais, à gauche , une veine hémiazygos qui reçoit quelques veines intercostales, ainsi que la' grande veine coronaire, et débouche di- rectement dans l'oreillette droite. Exemples : Mouton, Bœuf, Chèvre, Che- vrotain, Cochon, Tapir. f. Point de veine azygos ni de veine hémiazygos. Exemple : Les Cétacés. (1) Chez l'Homme, ce système de veines, dont la disposition a été très bien étudiée par Breschet (6), est fort développé. Les veines dorsi-spinales ou rachidiennes postérieures super- ficielles naissent des téguments et des muscles de la région vertébrale posté- rieure, et constituent un plexus pres- que inextricable, qui embrasse dans (a) Voyez, à ce sujet : — Bardeleben , Ueber Vena A%ygos, Hémiazygos und Coronaria cordis bei den Sàvgethieren (Mùller's Archivfùr Anat. und Physiol., 1848, p. 497). — Marshall, On the Development of Vie Gréai Anterior Veins of Man and Mammaha (Philos. Trans., 1850, p. 150). , . (6) Breschet, Recherches anatomiques, physiologiques et pathologiques sur le système veineux. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 599 torse, les canaux d'écoulement de ce lacis vasculaire débou- chent dans les veines intercostales qui sont les satellites des artères du même nom , et ces veines intercostales vont se terminer dans les azygos ; mais dans la portion inférieure de l'abdomen, ainsi que dans la région cervicale, les veines qui tiennent lieu d'intercostales vont s'ouvrir, les unes dans la veine cave inférieure ou dans quelques-uns de ses affluents, les autres dans les veines appelées vertébrales, qui représentent dans la région cervicale les troncs cardinaux (ou veines azygos) et qui se terminent dans les veines caves supérieures. Ainsi, on trouve au niveau de chaque vertèbre, dans toute la longueur du corps, depuis la tête jusqu'au sacrum, ou même jusque dans la queue, une paire de veines qui pourraient être ses mailles les apophyses épineuses, les lames vertébrales, les apophyses transverses et les apophyses articu- laires des Vertèbres. Supérieurement ce réseau s'anastomose avec les veines occipitales qui se rendent aux jugu- laires externes, avec les veines ju- gulaires internes et avec les veines vertébrales; au niveau de chaque trou de conjugaison, il communique aussi avec les veines intra-rachidiennes, et souvent directement aussi avec les intercostales ; enfin, il s'anastomose inférieurement avec les veines ilia- ques, et se prolonge sur le sacrum et jusque sur les côtés du coccyx (a). Les veines intra-rachidiennes for- ment de chaque côté, entre la dure- mère et les parois du canal verlébral : 1° un plexus postérieur qui est plus développé dans la région lombaire que dans sa portion supérieure ; 2° un plexus antérieur qui est très considé- rable et qui est souvent désigné sous le nom de sinus vertébral. Au niveau du corps de chaque vertèbre, des branches anastomotiques transver- sales relient ces quatre plexus longi- tudinaux entre eux, et constituent ainsi des réseaux appelés plexus transversaux. Les veines propres des corps des vertèbres y débouchent, et des branches efférenles qui en partent traversent les trous de conjugaison pour aller s'ouvrir dans les veines vertébrales, intercostales, lombaires et sacrées latérales (b). Pour plus de détails à ce sujet, je renverrai aux recherches de Breschet et aux ouvrages d'anatomie descrip- tive, où les observations de ce savant ont été reproduites. (a) Breschet, Op. cit., pi. 3 et 4. — Voyez aussi Bourgery et Jacob, Op. cit., t. IV, pi. 74, fig\ 3. (b) Breschet, Op. cit., pi. 4, 1" livr., pi. 5 et 6, et 2° livr., pi. 1 à 6. — Voyez aussi Bourgcry et Jacob, Op. cit., t. IV, pi. 73 et 74, fig\ d. 600 APPAREIL DE LA CIRCULATION désignées sous le nom commun de veines pleuro-rachidiennes, qui ramènent le sang des parties molles du dos, de la colonne vertébrale et de ses annexes, et qui débouchent presque toutes dans une série de vaisseaux longitudinaux placés de chaque côté de la face antérieure du rachis et se terminant dans les veines caves ou leurs affluents principaux. Dans la région cervicale, ces vaisseaux longitudinaux, qui correspondent aux veines cardinales de l'embryon, sont les veines vertébrales (1); dans la portion moyenne du tronc, ce sont les azygos ; dans la région des lombes, ce sont des branches anastomotiquesplus ou moins régulières qui unissent entre elles les veines lombaires, lesquelles sont les analogues des veines intercostales ; enfin, dans la région pelvienne, ces représentants des troncs cardi- naux sont les veines dites sacrées latérales (2). Il existe, chez l'Homme, de grandes variations dans la disposition des branches secondaires de ce système de veines dorso-pariétales, même d'individu à individu ; mais leur mode d'arrangement est toujours tel que, par l'intermédiaire de ces vaisseaux, tous les autres systèmes veineux sont mis en com- munication, et que le sang de toutes les parties de l'organisme peut arriver au cœur, lors même que l'un des gros troncs en continuité directe avec cet organe viendrait à être obstrué. Souvent même une des anastomoses de la portion inférieure de la veine azygos avec la veine cave inférieure devient si (1) Voyez ci-dessus, page 586. veines sacrées moyennes , et elles (l2) Chez l'Homme, les veines sa- reçoivent des branches venant des crées latérales sont très petites et plexus inter-rachidiens : du reste, longent la face antérieure du sa- leur disposition est très irrégulière, crum pour aller se jeter dans les Chez les Mammifères dont la queue iliaques. Elles s'anastomosent aussi est très développée, ces veines acquiè- par des branches transversales avec les rent plus d'importance (a). (a) Exemple : l'Écureuil. Voyez Carus et Otto, Tab. Anat. compar. illustr., pars vi, pi. 7, fig. 1. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 601 large et si directe, que le premier de ces vaisseaux semble être une branche du second (1). La principale veine du cœur va s'ouvrir dans la veine cave supérieure gauche, chez les Mammifères, où ce vaisseau, est bien développé. Lorsque celui-ci s'atrophie plus ou moins complètement, comme cela a lieu chez l'Homme, elle se ter- mine au. contraire dans un canal appelé sinus coronaire, qui est logé dans le sillon transversal du cœur, et qui débouche directement dans l'oreillette droite ; mais ce sinus est, en réalité, le dernier vestige de la veine cave supérieure gauche qui existait chez l'embryon; et chez quelques espèces de Mam- mifères, où son atrophie est portée moins loin , on trouve de ce côté une veine hémiazygos qui reçoit à la fois la grosse veine cardiaque et les veines intercostales voisines (2). Veines du cœur. (i) Pour que la veine azygos ait l'apparence d'une branche fournie directement par la veine cave infé- rieure, il suffit que son anastomose avec l'une des veines lombaires ait lieu très près de l'embouchure de celle-ci, dans la veine cave, et que le calibre de ce vaisseau transversal soit très faible au delà de son point de jonction avec le premier. Effective- ment la portion de cette veine lom- baire comprise entre sa jonction avec la veine azygos et sa terminaison dans la veine cave semble être alors la continuation du tronc azygos , et sa portion externe affecte la forme d'une branche de ce même tronc. Il arrive souvent aussi qu'une branche anastomotique, établie entre la veine rénale droite et l'azygos, se développe de façon à constituer une des principales racines de ce dernier vaisseau (a). (2) Chez le Mouton, par exemple, la veine azygos gauche vient se loger dans le sillon auriculo-ventriculaire creusé à la face postérieure du cœur, et va déboucher à la partie inférieure et interne de l'oreillette droite, sous l'orifice de la veine cave inférieure. Che- min faisant, elle reçoit plusieurs veines cardiaques, qui, à leur embouchure dans l'espèce de sinus formé par sa portion terminale , sont garnies de valvules, mais n'en présentent pas dans le reste de leur étendue (6). Chez l'Homme, cette portion ter- minale et cardiaque de la veine azygos gauche est représentée par le sinus coronaire (c) , que les anatomisies (a) Voyez Breschet, Op. cit., 3° livr., pi. 2. (6) Eustachius, Opusoula anat. de vena sine pari, p. 273. — Scarpa, Tàbulœ nevrologicœ, pi. 7, fig. i. — Marshall, Op. cit., pi. 1, fig. 2 (Philos. Trans., 1850). (c) Idem, ibid., pi. 1, fig. i. 602 APPAREIL DE LA CIRCULATION On voit qu'il existe beaucoup de variations dans le mode de terminaison des veines qui dépendent des deux troncs car- dinaux primitifs; mais cela n'a rien de surprenant, car la fixité dans le mode d'organisation d'une partie de l'économie est toujours un signe de son importance, et, ainsi que je l'ai déjà dit, cette portion terminale du système des veines rachi- diennes, qui est très développée dans les premiers temps de la vie embryonnaire, tend à disparaître par les progrès du travail organogénique, et, chez l'adulte, se trouve réduite à un état plus ou moins rudimentaire. piexus veineux La disposition des autres parties du système veineux présente Mammifères, aussi moins de fixité que celle du système artériel, et il arrive souvent que, chez l'Homme, telle ou telle grosse branche dont je viens de donner une description sommaire est remplacée par deux ou même un plus grand nombre de vaisseaux à peu près parallèles qui communiquent fréquemment entre eux. Il en est de même chez les autres Mammifères, et la tendance à former des plexus est portée beaucoup plus loin chez cer- taines espèces, où la multiplicité des veines similaires devient normale (1). Cette particularité d'organisation est portée au plus haut décrivent comme étant seulement une et de la veine cardinale (ou azygos) de portion élargie de la grande veine ce côté, se voit très bien chez l'em- cardiaque, mais qui est séparée de la bryon humain (6). portion ascendante de ce vaisseau par (1) Chez l'Aï (Bradypus tridacty- des valvules, comme chez les Rumi- lus), la veine brachiale est représentée liants (a). La continuité entre ce sinus par un réseau disposé en manière de et le canal cuviérien gauche, c'est-à- gaine autour du plexus artériel qui dire le tronc représentant une veine tient lieu de l'artère brachiale (c). cave supérieure gauche, et constitué Une disposition analogue se voit dans par la réunion de la veine céphalique les membres postérieurs (d), et des (a) Voyez Bourgery, Op. cit., t. IV, pi. 9 bis. (6) Marshall, Op. cit., pi. 3, fig. 1 et 3. (c) Vrolik, Recherches sur les plexus vasculaires (Ami. des sciences nat., -i" série, t. V, pi. 4, fig. 1). (d) Vrolik, Op. cit. pulmonaire. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 603 degré chez les Cétacés. Ainsi, chez le Marsouin, à l'exception des troncs principaux, presque toutes les veines ordinaires sont remplacées par des plexus (1). § 25. — J'ai déià fait connaître la disposition des orifices vaisseaux ° d , , de la petile du système veineux général dans l'oreillette droite du cœur, circulation. ainsi que le mode d'origine de ïartère pulmonaire, qui est mise en communication avec ces vaisseaux par l'intermédiaire de cette oreillette et du ventricule dont elle dépend. Cette artère, en sortant de l'angle supérieur et interne du Anère ventricule droit vers la partie moyenne et antérieure du cœur chez l'Homme, passe devant l'aorte, et, se dirigeant obli- quement en avant, va se placer à gauche de ce vaisseau. Bien- tôt elle se bifurque, et une de ses branches se porte directement à gauche vers le poumon correspondant, tandis que l'autre, suivant une marche opposée, passe sous la crosse aortique et derrière la veine cave supérieure pour gagner le poumon gauche. Dans le point où l'artère pulmonaire commune se divise de la sorte, elle se trouve reliée à l'artère aorte par une branche anastomotique, appelée canal artéiiel, qui chez le fœtus pré- sente des dimensions considérables, mais qui se flétrit et s'obli- tère peu après la naissance, de façon à se transformer en un simple cordon ligamenteux (2). plexus très compliqués remplacent dans la région lombaire, de chaque aussi les veines hypogaslriques et côté, trois autres plexus veineux. On sacrées (a). trouve aussi des réseaux analogues (1) Chez le Dauphin, ainsi que chez dans la tête, et plus particulièrement le Marsouin , le sang de la région autour de l'évent et à la mâchoire caudale arrive dans la veine cave par inférieure (6). un grand plexus caudal situé dans le (2) Nous verrons, dans une autre canal sous-rachidien. Un plexus vei- partie de ce cours, que le canal arté- neux appartenant au rectum se ter- riel ou canal de Botal est constitué par mine dans l'extrémité postérieure de la portion terminale de Tare vascu- ce tronc vasculaire ; enfin il existe laire inférieur qui était primitivement (a) Voyez Carus et Otto, Tab. Anat. compar. illuslr., par VI, pi. 8, fig. 4. (&) Bacr, Ueber das Gefàss-System des Braun/isches (Nova Acta Acad. Nat. curios., 1835, t. XVII, p. 395, pi. 19). QOll APPAREIL DE LA CIRCULATION Chez quelques Mammifères, tels que le Phoque, cette com- munication entre l'artère pulmonaire et l'aorte persiste pendant fort longtemps après la naissance ; mais chez l'adulte elle n'existe chez aucun Animal de cette classe, si ce n'est dans quelques cas tératologiques (1) . Chez la plupart des Mammifères aquatiques, tels que le Mar- souin, le Phoque, la Loutre et le Castor, l'artère pulmonaire une des crosses aortiques, et qui donne ensuite naissance aux artères pulmo- naires (a). Il va déboucher dans l'aorte, vers le niveau de l'origine de l'artère sous-clavière droite (6) , et chez le fœtus il est très large; mais lorsque la respiration pulmonaire s'est établie, le sang cesse bientôt d'y pas- ser, et vers le troisième jour il est d'ordinaire obstrué par un caillot , puis il s'oblitère et se transforme en un cordon ligamenteux. Quelquefois ce canal reste ouvert, et cet état téra- lologiqlie est généralement accompa- gné d'un trouble dans la circulation, qui constitue la maladie appelée cya- nose. (4) Rapp a trouvé le canal artériel ouvert chez des Phoques âgés d'envi- ron trois mois; mais ce vaisseau était oblitéré chez tous les individus adultes dont il a fait Tanatomie (c), ainsi que dans ceux examinés par plusieurs autres naturalistes (d). Un cas de per- (a) Voyez Burdach, Traité de physiologie, t. Ill, p. 519, pi. 4, fig. 3. (6) Voyez Bourgery, Anat. descript., t. VIII, pi. 13, fig. 3, et pi. 14. — Martin Saint-Ange, Circulation du sang considérée che% le fœtus, fig. 1 et 15. (c) Voyez Meckel, Anatomie comparée, t. IX, p. 440. (d) Malacarne, Saggio di splancnografia de encefalotomia délia Foca (Mem. délia Soc. itaLj t. XII, 2e partie, p. 41, pi. 1). (e) Poelman , Note sur un cas de communication entre l'artère pulmonaire et l'aorte descen- dante (Ann. delà Soc. de médecine de Gand, 1845, fig.). (f) Jackson, Dissection of a Spermaceti Whale (Boston Journal of Nat. Hist., 1845 , t. V, p. 148). {g) Eichwald, ObserVationes nonnullœ circa fabricam Delphini phocœncc (Mém. de l'Acad. dessc. de Saint-Pétersbourg, 1819 et 1820, t. IX, p. 445). (h) Piapp, voy. Meckel, toc. cit. (£) Poelman, Op. cit., fig. (j) Chairveau, Anatomie des Animaux domestiques, fig. 147. sistance de cette anastomose chez un Phoque adulte a été observé par M. Poelman (e). M. Jackson a trouvé le canal arté- riel perméable chez un jeune Cacha- lot (/■) , et Eichward a rencontré la même particularité chez un jeune Marsouin (g) ; mais chez l'adulte ce passage n'existe plus , ni chez ce Célacé , ni chez le Dauphin com- mun (h). Ce canal de communication entre l'artère pulmonaire et l'aorte était resté ouvert jusque dans l'âge adulte chez un Singe hurleur, disséqué par M. Poelman («'). Chez les Mammifères, où l'aorte se divise en deux troncs, le Cheval, par exemple, c'est à l'aorte postérieure que l'artère pulmonaire se trouve at- tachée par le cordon ligamenteux résultant de l'oblitération du canal artériel (j). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 605 présente, près de son origine, une dilatation considérable (1) ; mais, du reste, la disposition de ce vaisseau est à peu près la même chez tous les Animaux de cette classe. Au moment de pénétrer dans les poumons, chacune de ses branches se subdi- vise en deux ou plusieurs rameaux, et ceux-ci suivent à peu près le même trajet que les canaux bronchiques dont ils lon- gent la face postérieure et inférieure. Chaque lobule pulmonaire reçoit ainsi une branche artérielle, mais celle-ci n'y plonge pas, elle se loge dans les fissures comprises entre les lobules et se distribue à plusieurs de ceux-ci (2). Enfin, leurs dernières ra- (1) Meckel, Anat. comp., t. IX, quand elle constitue le conduit intra- p. Zi50. -StanniusetSiebold,ilia?iueZ tabulaire ou entonnoir (c), mais se d'anat. comp., t. II, p. /|86. place plus superficiellement entre ce (•2) Reisseisen et Krause suppo- lobule et ses voisins, de façon que ces saient que les branches terminales de ramifications peuvent se répandre sur l'artère pulmonaire pénétraient dans deux ou plusieurs de ceux-ci. C'est l'intérieur des lobules et donnaient à même principalement à cause de cette chacune des cellules dont ces lobules position extralobulaire des petits ra- se composent un ramuscule particu- muscules vasculaires que la distinc- lier, de façon à constituer pour cha- tion entre les lobules est si nette vers que cellule ou veinule pulmonaire la surface du poumon. un réseau capillaire spécial [a] ; mais Ilestaussiànoterque lesramuscules les recherches de M. Schrœder van der terminaux de l'artère pulmonaire se dis- Kolk, de M. Rainey et de quelques tribuent exclusivement aux parois des autres anatomistes, ont fait voir que cellules ou des cavités infundibulifor- ces vaisseaux n'offrent pas cette dis- mesdeslobules,et ne contribuent pas à position (6). L'artériole, en arrivant formerleréseaucapillairedesbronches; au lobule avec la bronche corres- mais ce lacis s'anastomose avec celui pondante, n'accompagne pas celle-ci dépendant des artères bronchiques (d). (a) Reisseisen, De fabrica pxilmonum commentatio, p. 17. — Krause (voyez Huschke, Traité de splanchnologie, Encyclop. anat., t. V, p. 253). (6) Adriani, Dissert, de subtiliori pulmonum structura, p. 46 et suiv., pi. 1. — Rainey, On the Minute Structure of the Lungs (Trans. of the Med. Chir. Soc., t. XXVIII). — T. Williams, Respiration (Todd's Cyclop. of Anat. undPhysiol., Suppl., p. 273). — Bowmann et Todd, Physiological Anatomy, t. II, p. 392. — Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 578. (c) Voyez tome II, page 323. (d) Voyez Reisseisen, Op. cit. — Adriani, Op. cit. — Rossignol, Rech. sur la structure intime des poumons, p. 64 (Acad. de méd. de Bruxelles) — Williams, Respiration (Todd's Cyclop. of Anat., Suppl., p. 275). L'opinion contraire a été soutenue par M. N. Guillol (Yaiss. parlicul. des poumons des phthi- siques, dans YExpérience, 1838) et par M. Heale (Researches on the Distribution of the Blood Vessels, in th Lungs, m Abstracts ofPapers communicated to the Royal Soc, 1853, t VI, p. 31 5). Capillaires pulmonaires. Veines pulmonaires. 606 APPAREIL DE LA CIRCULATION mifîcations s'étendent irrégulièrement sur les cellules dont ces lobules se composent et y donnent naissance à un plexus capil- laire des plus riches. Ce lacis forme une seule couche dans l'épaisseur des cloi- sons intercellulaires, de façon à être en rapport avec l'air par ses deux surfaces opposées. Il se compose de vaisseaux si petits, que les globules de sang ne paraissent pouvoir y passer qu'à la file sur un seul rang, et les mailles formées par les anastomoses de ces capillaires microscopiques sont extrême- ment serrées (1). § 26. — Les ramuscules veineux qui sortent de ce réseau capillaire ne correspondent pas aux branches terminales des artères et ne dépendent pas chacun d'un lobule en particulier, mais naissent de distance en distance, de façon à circonscrire des aires assez régulières, et convergent dans les fissures inter- lobulaires. Les troncs résultant de leur réunion ne suivent pas davantage le trajet des artères, mais se dirigent d'une manière (1) M. Kôlliker évalue le diamètre de ces capillaires entre 0mm,01 et 0mm,007 chez l'Homme, où les glo- bales du sang ont aussi environ 0""",007. D'après le même physiologiste, les mailles arrondies ou ovalaires du ré- seau capillaire formé par ces arté- rioles ont entre 0mm,005 et 0mm,0i8 de diamètre (a). Le réseau provenant d'une même branche artérielle se répand sur plu- sieurs cellules, souvent huit ou dix. Dans quelques cas tératologiques on a vu le sang arriver aussi aux pou- mons de l'Homme par une branche de l'aorte descendante (6), disposition qui rappelle ce que nous avons trouvé dans l'état normal chez les Ser- pents (c) ; et il est à noter que chez les phthisiques, à mesure que les capillaires de la petite circulation s'oblitèrent et se détruisent, il s'établit souvent des communications vascu- laires entre les poumons et les di- verses branches aortiques circon voi- sines (d). (a) Kôlliker, Traité d'histologie, p. 519. (b) Meckel, Ueber einigeinerkivurdige Gefâssabweichungen (ûeulsches Archiv fur die Physiol. t. VI, p. 453, pi. 3). (c) Voyez ci-dessus, page 449. (d) Sclirœdér van dcrKolk, Observ. anaiomico-palhologicœ, fasc. 1, p. 84. — Natalis Guillot, Description des vaisseaux particuliers qui naissent dans lespoumons tuber- culeux (l'Expérience, n° du 25 avril 1838). CHEZ LES MAMMIFÈRES. 607 indépendante vers la face interne des poumons pour en sortir au-dessous du point d'immersion du système bronchique (1). La disposition des veines pulmonaires qui se rendent du poumon au cœur est également différente de celle des artères correspondantes. Chaque lobe pulmonaire ne fournit qu'un tronc veineux, mais ceux-ci restent en général indépendants et vont déboucher isolément dans l'oreillette. Ainsi, il y a chez l'Homme deux veines pulmonaires à gauche et deux ou même quelquefois trois de ces vaisseaux à droite (2). Cette dernière disposition est constante chez plusieurs Mammifères, et chez quelques-uns de ces Animaux on voit entrer dans le cœur trois veines pulmonaires de chaque côté (3). D'autres fois cepen- dant la concentration de ces vaisseaux est portée plus loin que chez l'Homme , et chez un petit Rongeur , connu sous le nom de Hamster, ils se réunissent même tous en un seul tronc (d). (1) En général, dans les ouvrages tronc, de façon que l'oreillette ne d'anatoraie humaine , on décrit ces reçoit de chaque côté que deux de ces veines comme étant satellites des ar- vaisseaux. tères pulmonaires, et l'on signale avec (3) Chez quelques Quadrumanes soin cette circonstance qu'une même ( tels que le Cebus capiccina et le branche de celle-ci n'est jamais ac- Lemur albifrons), ainsi que chez le compagnée par deux veines, comme Castor, il y a deux veines pulmonaires cela a ordinairement lieu pour les à gauche et trois à droite. artères de la grande circulation; mais Chez le Coati (Nasua), l'oreillette l'idée que l'on donne ainsi de la dis- droite reçoit de chaque côté trois tribution des vaisseaux sanguins dans veines pulmonaires (6). l'intérieur des poumons n'est pas (Zi) M. Owen a signalé l'existence exacte. La différence dans la direction d'un seul tronc pulmonaire commun des artères et des veines a été bien chez le Dugong (c). indiquée par M. Addison (a). Chez le Daman, les veines pulmo- (2) En général , chez l'Homme, les naires se réunissent en une paire de deux veines pulmonaires supérieures troncs terminaux (d). Meckel a vu du côté droit se réunissent en un seul chez le Cheval un autre mode de grou- (a) Addison, Observ. on the Anatomy of the Lungs (Medico-chirurg. Trans., 1841, t. XXIV p. 151). (6) Meckel, Analomie comparée, t. IX, p. 431. (c) Owen, Notes on the Dugong (Proceed. of the Zool. Soc. of Londotl, 1838, p. 35) (d) Meckel, p. 431. m. 39 608 APPAREIL DE LA CIRCULATION Chez l'Homme, toutes ces veines sont dépourvues de valvules ou n'en présentent que de très imparfaites ; mais, chez quelques grands Quadrupèdes, on trouve ces replis membraneux bien développés là où deux branches se réunissent sous un angle aigu (1). Résumé. § 27. — En résumé, nous voyons donc que, dans la classe des Mammifères, l'appareil circulatoire est toujours constitué d'après un même plan. La totalité du sang, qui, après avoir servi à l'entretien du travail nutritif dans la profondeur des divers organes, arrive dans les cavités droites du cœur, est envoyée aux poumons, où ce liquide subit l'influence vivifiante de l'air, puis revient dans les cavités gauches du cœur pour retourner dans le système capillaire général par l'intermédiaire de l'artère aorte et de ses branches. Chaque molécule de sang, pour revenir à son point de départ dans l'appareil circulatoire, parcourt donc un double circuit, et passe successivement dans les vaisseaux nourriciers ou vaisseaux de la grande circulation , et dans les vaisseaux respiratoires ou vaisseaux de la petite cir- culation. Une moitié de chacun de ces systèmes de conduits est parcourue par le sang artériel , l'autre moitié par le sang vei- pement de ces vaisseaux : les veines presque à angle droit ; mais, chez le pulmonaires antérieures restant dis- Bœuf, elles sont bien distinctes, tinctes, et celles de la paire posté- Chez l'Homme, les veines pulmo- rieure se réunissant en un tronc com- naires se laissent facilement injecter mun (a); mais cette disposition ne du centre vers la périphérie, et la paraît pas être constante, car la plu- plupart des auteurs considèrent ces part des anatomistes n'en parlent vaisseaux comme étant complètement pas [b). dépourvus de valvules (c) ; mais (1) On ne trouve pas de valvules Meckel et quelques autres anato- dans les veines pulmonaires du Co- mistes y ont trouvé des valvules rudi- chon, où ces vaisseaux se réunissent mentaires {cl). (a) Meckel, loc. cit. (b) Cliauveau, Amlomie des Animaux domestiques, p. 566. (c) Mayer, Ueber die Klappen in den Lungenvenen (Zeitsclirift fur Physiologie von Treviranns 1829, t. III, p. 155). (d) Cruveilhier, Anatomie descriptive, t. III, p. 1 4. CHEZ LES MAMMIFÈRES. 609 neux, et c'est dans les deux réseaux de vaisseaux capillaires placés entre les deux moitiés de ces cercles irrigatoires que le sang change de caractère et devient alternativement veineux ou artériel. Enfin nous avons vu aussi que dans cette classe, de même que chez les Oiseaux, la disposition de l'appareil cir- culatoire est telle que ces deux sortes de sangs ne se mêlent nulle part. Mais, avant la naissance, les choses ne se passent pas de la même manière, et la plus grande portion du sang qui arrive au cœur par les veines caves pénètre dans l'aorte sans avoir passé préalablement dans les vaisseaux de la petite circulation. Je ne pourrais, sans anticiper trop sur l'histoire du développe- ment de l'embryon, expliquer dans ce moment comment la cir- culation générale s'effectue chez le fœtus ; je réserverai donc cette question pour une autre partie de ce Cours , et , sans m'arrêter davantage sur l'étude anatomique de l'appareil irri- gatoire , je passerai maintenant à l'examen du mécanisme à l'aide duquel le courant sanguin y est établi et des circonstances qui influent sur la rapidité avec laquelle ce courant parcourt l'organisme vivant ; ou , en d'autres mots, après avoir décrit, comme je viens de le faire, le système hydraulique des Ani- maux, je m'occuperai des phénomènes physiologiques dont cet appareil est le siège. Pour compléter cette étude, il nous faut effectivement examiner ces parties quand elles sont en mouve- ment aussi bien que lorsqu'elles sont en repos, et, dans la pro- chaine Leçon, je commencerai ces investigations en m'occupant d'une manière spéciale du jeu de la pompe foulante constituée par le cœur. ADDITIONS. VINGT -DEUXIÈME LEÇON. Page 151, note n° 1. — Depuis l'impression de cette note, l'illustre natura- liste de Berlin, que la science vient de perdre, Johannes Muller, a publié, sur la structure des Ptéropodes, de nouvelles observations qui justifient pleinement la réserve avec laquelle j'ai cru devoir parler de la communication signalée par quelques zoologistes, comme existant entre le système veineux de ces Mollusques et l'extérieur. En effet, le péricarde communique avec l'extér ieu par l'intermédiaire du sac bojanien, ainsi que l'avait constaté M. Gegenbauer; mais Muller a trouvé que le canal branchio-cardiaque ne débouche pas dans la cavité péricardique, et la traverse pour pénétrer jusque dans l'oreillette du cœur. Le sang ne se répand pas dans le péricarde, et le liquide contenu dans cette poche ne paraît pas pouvoir arriver dans le système circulatoire (Muller, Bemerkungen ans der Entwickelungsgeschichte der Pteropoden, aus dem Monatsbericht der Âkad. der Wissensch. su Berlin, 1857;. FIN DU TOME TROISIEME. TABLE SOMMAIRE DES MATIERES DU TOME TROISIÈME. VINGTIÈME LEÇON. DE LA CIRCULATION DU SANG. Histoire de la découverte de ce phénomène 1 Connaissances acquises à ce sujet par les anciens médecins de la Grèce 2 Par Aristote 4 Par l'école d'Alexandrie 6 Par Galien 11 État des études anatomiques pen- dant le moyen âge et à l'époque de la renaissance 13 Travaux de Vésale 14 Idées de Michel Servet 15 Observations de Colombo et de Césalpin . 19 Découvertes anatomiques d'É- tienne. de Cannanus , d'Eus- tachi et de Fabricius d'Acqua- pendente 21 Découvertes de Harvey 22 Analyse du travail de ce physio- logiste 24 Opposition faite par les contem- porains de Harvey 35 Observations de Malpighi sur la circulation dans les capillaires. 37 Preuves de la communication des artères et des veines fournies par les injections 39 Remarques historiques sur l'art d'injecter les vaisseaux 40 Recherches sur la circulation chez les Animaux inférieurs. . 42 Observations sur la circulation lacunaire 44 VINGT ET UNIÈME LEÇON. De l'irrigation physiologique en général 4" De l'irrigation effectuée par l'ap- pareil gastrique chez les Zoo- phytes 43 Disposition de cet appareil et phénomènes qui s'y observent chez les Sertulariens 49 Appareil gastro - vasculairc des Acalèphes 55 Médusaires 56 Béroïdiens 62 Appareil gastro - vasculaire des Coralliaires 69 De la circulation dans l'embran- chement des Mollusques 76 Circulation lacunaire dans la classe des Bryozoaires 77 Circulation semi-vasculaire dans la classe des Tuuiciers 79 Vues théoriques sur le mode de constitution du système vas- culaire 81 Du phénomène de la circulation alternante chez les Tuniciers. 85 Disposition de l'appareil circula- toire chez les Ascidies 89 Chez les Biphores 92 VINGT-DEUXIÈME LEÇON. De la circulation du sang chez les Mollusques proprement dits. 96 Caractères généraux de l'appareil circulatoire chez ces Animaux. 98 Du système circulatoire dans l'or- dre des Acéphales 98 Chez les Acéphales Abranches (ou Dentales) 98 Chez les Brachiopodes 10 1 Chez les Lamellibranches 103 Du cœur chez ces Mollusques. . . 104 De leur système artériel 1 1 1 Système veineux H4 Vaisseaux branchiaux 127 612 TABLE SOMMAIRE De la circulation chez les Mol- lusques Gastéropodes 129 Cœur 130 Système artériel incomplet des Haliotides 131 Des Patelles 135 Des Oscabrions 136 Système artériel complet des Gas- téropodes ordinaires 138 Système brauchio-cardiaque. . . 139 Système veineux 143 Système veineux lacunaire des Aplysies 144 Des Colimaçons 146 DesDoris, etc 149 Des Firoles loi Des Éolidiens 131 Des Planorbes, Paludines, etc.. . 154 Observations relatives à la com- munication de ce système avec l'extérieur chez divers Gasté- ropodes .... 155 De la nature des canaux appelés système aquifère par M. Délie Chiaje 158 De la circulation chez les Ptéro- podes 139 Additions 160 De l'appareil circulatoire dans la classa des Céphalopodes 161 Cœur artériel 163 Artères '. 166 Vaisseaux branchio-cardiaques. . 166 Système veineux du Poulpe 167 Cœur veineux 1 69 Système veineux des Calmars et des Seiches 170 Système veineux du Nautile. .. . 171 Résumé des caractères du système circulatoire chez les Mollus- ques 174 VINGT-TROISIÈME LEÇON. De la circulation du sang chez les Crustacés , les Arachnides et les Myriapodes 178 Considérations préliminaires.. . . 178 De l'appareil circulatoire dans la classe des Crustacés 179 De la direction du courant circu- latoire chez les Décapodes ... . 180 Cœur des Décapodes 183 Système artériel 185 Cœur et artères des Squilles. ... 188 DES MATIERES. Cœur des Crustacés inférieurs. . . 189 Système veineux lacunaire des Décapodes , etc 190 Vaisseaux branchio-cardiaques. . 193 Sinus péricardique 194 Appareil circulatoire des Crustacés inférieurs. . 196 Résumé 199 De l'appareil circulatoire dans la classe des Arachnides 200 Cœur du Scorpion 202 Système artériel 203 Système veineux 204 Résumé 206 Mécanisme de la circulation chez ces Arachnides 207 De l'appareil circulatoire chez les Aranéides 208 Appareil circulatoire des Ara- chnides trachéennes 209 De la circulation dans la classe des Myriapodes 211 VINGT-QUATRIÈME LEÇON. De la circulation chez les In- sectes 215 Découverte du vaisseau dorsal ... 215 Constatation de l'absence d'ar- tères et de veines 215 Découverte des phénomènes de la circulation du sang chez les Insectes 216 Structure du vaisseau dorsal. . . . 219 Système lacunaire 224 Questions relatives au rôle des espaces péritrachéens 227 Résumé des discussions relatives à la circulation lacunaire chez les Animaux Invertébrés 232 VINGT-CINQUIÈME LEÇON. De la circulation chez les Vers. 239 De l'existence d'un système vas- culaire complet et indépendant chez ces Animaux 239 Mode de formation de ces vais- seaux. 240 Disposition du système circula- toire dans la classe des Turbel- lariés 242 Némertiens 243 Planaires 246 Des vaisseaux sanguins dans la classe des Nématoïdes 246 TABLE SOMMAIRE DES MATIÈRES. 613 De l'appareil circulatoire dans la classe des Ânnélides - . . 247 Système cavitaire 2iS Disposition générale du système vasculaire 250 Système vasculaire des Hirudi- nées 254 Du mouvement du sang chez les Hirudinées 261 De l'appareil vasculaire des An- nélides Chétopodes 264 Des organes moteurs de l'appareil circulatoire chez les Annélides. 268 Résumé 278 De la circulation chez les Tréma- todes 279 Questions relatives aux fonctions de ces vaisseaux 280 Disposition anatomique d'un sys- tème particulier de vaisseaux chez ces Vers 280 Des vaisseaux rudimentaires dans la classe des Vers cestoïdcs. . . 286 Des parties qui ont été considé- rées comme étaut des vaisseaux sanguins dans la classe des Rotateurs 2S7 De la circulation chez les Zoo- phytes de la classe des Échino- dermes 288 Vaisseaux des Holothuries 292 Vaisseaux des Oursins et des As- téries 297 Vaisseaux des Siponcles , etc. . . . 299 VINGT-SIXIÈME LEÇON. De la circulation chez les Ani- maux VERTÉBRÉS 303 Mode de formation de l'appareil vasculaire chez l'embryon. .. . 303 Appareil circulatoire de l'Am- phyoxus 306 Caractères généraux de l'appareil circulatoire des Vertébrés or- dinaires 308 Position du cœur 309 Péricarde 309 Conformation générale du cœur chez les divers Vertébrés 314 De l'appareil circulatoire des Poissons 316 Cœur 316 Système artériel . 326 Aorte antérieure ou artère bran- chiale 327 Racines de l'aorte dorsale 333 Artères de distribution 340 Système veineux 353 Veines cardinales et leurs af- fluents 355 Système de la veine porte rénale. 356 Système de la veine porte hépa- tique 362 Dégradation du système veineux chez les Lamproies 369 Des communications du système veineux avec les vaisseaux lym- phatiques. 371 VINGT-SEPTIEME LEÇON. De l'appareil circulatoire des Batraciens Disposition générale Structure du cœur Système artériel Vaisseaux branchiaux Mode de transformation des vais- seaux branchiaux en crosses aortiques , etc Artères pulmonaires Mode de distribution des artères. Système veineux général Veines pulmonaires Du courant circulatoire chez les divers Batraciens Comparaison entre les Batraciens et les Poissons 37 2 372 372 378 378 384 387 395 399 401 403 406 VINGT-HUITIÈME LEÇON. De la circulation chez les Rep- tiles 408 Caractère général de l'appareil circulatoire de ces Animaux. . 408 Cœur des Chéloniens 411 Cœur des Ophidiens. 417 Cœur des Sauriens ordinaires. . . 421 Cœur des Crocodiliens 424 Des crosses . aortiques chez les Sauriens ordinaires 426 Des crosses aortiques chez les Crocodiliens 429 Système artériel général des Cro- codiliens 432 Système artériel généra! des Sau- riens ordinaires 436 Système artériel général des Ophi- diens 440 Système artériel général des Ché- loniens 441 61& TABLE SOMMAIRE DES MATIERES. Système veineux des Reptiles en général 442 Veines des Ophidiens. ........ 443 Veines des Sauriens ordinaires. . 4 44 Veines des Crocodiliens 446 Vaisseaux de la petite circula- tion 448 VINGT-NEUVIÈME LEÇON. Appareil circulatoire des Oi- seaux '. . £ 450 Disposition générale 450 Développement du cœur 4SI Structure du cœur 452 Système artériel 455 Système veineux 464 Petite circulation 470 TRENTIÈME LEÇON. Appareil circulatoire chez les Mammifères 473 Mode de développement du cœur et de ses dépendances , com- paré à ce qui se trouve chez les autres Vertébrés 473 Caractères généraux de l'appareil circulatoire des Mammifères. . 476 Position du cœur 47 7 Péricarde 479 Volume du cœur 480 Forme du cœur 482 Structure du cœur 486 Ventricule gauche 492 Ventricule droit 497 Oreillettes- 503 Nerfs du cœur 508 Système artériel 511 Structure des artères 512 Artère aorte 510 Origine des artères de la tète et des membres thoraciques. . . . 520 Artères carotides 527 Artère carotide externe et ses branches chez l'Homme 529 Artère carotide interne et ses branches 531 Artère vertébrale 532 Des artères de la tète chez les autres Mammifères 534 Des artères sous-clavières et leurs branches chez l'Homme 539 Des artères des pattes antérieures chez les divers Mammifères. . . 542 De l'aorte descendante 546 Artères intercostales, etc 548 Artères des viscères abdominaux. 550 Artères des membres inférieurs. . 557 Système des vaisseaux capillaires . 566 Structure de ces vaisseaux. ..... 568 Système veineux 570 Structure des veines 570 Capacité des veines 576 Anastomoses 576 Mode de développement des prin- cipales veines 577 Système des veines jugulaires. . . 580 Veine jugulaire externe et ses affluents 58 1 Veine jugulaire interne et ses dé- pendances 582 Veine jugulaire antérieure 586 Veine vertébrale 586 Veines des membres thoraciques. 588 Veines des membres abdominaux. 590 Veine cave inférieure 591 Système de la veine porte 592 Terminaison de la veine cave in- férieure 594 Veine azygos 595 Veines rachidienncs 597 Veines du cœur 601 Particularités du système veineux chez quelques Mammifères. . . 602 Vaisseaux de la petite circula- tion 603 Artère pulmonaire 603 Veines pulmonaires 606 jfwï PBPÏS^MP sSPîte ),F31 g — 1/1 Ed9 ^.ês*&£/ - -^ #^(§f ; : +*&\. ri? 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