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LE POILU TEL QU'IL SE PARLE

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Copyright by, gaston esnault, 1919

LE POILU

TEL

I QU'IL SE PARLE

^ DICTIONNAIRE DES TERMES POPULAIRES

^ RÉCENTS ET NEUFS

^ EMPLOYÉS AUX ARMEES EN 1914-I918

^ ÉTUDIÉS DANS LEUR ÉTYMOLOGIE, LEUR DEVELOPPEMENT

^ ET LEUR USAGE

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ÉDITIONS BOSSARD 2-' Ê

43, RUE MADAME. 43 , ri ^^ J^ , ^

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PA.RIS

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PRÉFACE

Si mon poilu est bien tel que tu le parles^ tu le liras deux fois et tu t\apercevras de ses exactitudes et de ses manques. Je ne crois utile de formuler ce que fai voulu faire que pour f aider à faire, par adhésion, de même, et, par contradiction, mieux.

Ce livre désire être un tableau des jeux de la langue et de la pensée, des « sématismes » en usage chez le combattant de la guerre^ actuelle.

y ai donné le pas à ce que f entendais sur ce qui m'était témoigné, à Voral sur V écrit, aux lettres du front sur les récits imprimés,

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aux bonhommes sur les lettrés, à Vusage de 1 914- 191 8 sur Vusage ancien témoigné par des lexiques. Après quoi, naturellement, fai de mon mieux expliqué le présent par le passé, rectifié les erreurs par la raison, préféré Vusage constant aux coups de langue de hasard, renié parfois mon expérience limitée en faveur de témoignages probants.

Je série les sens distincts d^un mot sous des chiffres quand fai pu tirer le sens 3 du sens 2, le sens 2 de celui qui était premier dans V es- prit vers la date de la mobilisation. Je les répartis sous des lettres quand ils m^ont paru sortir de Vusage antérieur par des voies sé- parées. Ainsi A, B, C ne signifie que faisceau, cousinage ; i, 2, 3, déduction, filiation.

Des exemples pas un n'est de ma composi- tion ; je cite d'abord des phrases entendues, avec ou sans guillemets suivant leur caractère plus ou moins personnel, quelques-unes ex- traites de lettres de soldats ; \ puis les exemples utiles cueillis dans des textes imprimés ; || puis Vusage antérieur ou extérieur à la guerre ; vient enfin Vétymologie,Vétymologie prochaine.

Pour concentrer Vattentiony fai groupé, sous certains mots typiques, d'autres mots, poilus, ou indépendants de la guerre actuelle, le tour d'esprit est analogue à celui de leur chef de file : les syssémantiques. Un index permet de repérer ceux de ces mots qui auraient figuré à juste titre à une place alphabétique.

Les lacunes quantitatives de mon travail sautent aux yeux :

D' abord V usage est inépuisable, soit qu'on veuille le mettre, océan, dans une coque de noix, soit parce que la guerre n^est pas ter- minée et qu'à son devenir correspond une ge- nèse de langage incessante. Et puis, combat- tant pendant trente-huit mois, je me suis trouvé pendant ce temps à peu près borné à mon secteur ; j'ai écouté, les oreilles grand ou- vertes, dès les premiers jours daoût 14 ; mais deux oreilles suffisent mal à tout ce qui se dit de Belfort à VYser et dOuessant aux Dardanelles. En revanche je réclame la confiance du lecteur pour les faits qui dé-

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passent ses observations propres : autre chose est la légitime défiance à V égard d'une assertion d'homme ivre, autre chose un patriotisme d'escouade analogue à ce patriotisme de clocher des patoisants qui déclarent mal parlé et même irréel ce qu'on dit au bourg voisin.

Les dates et les lieux ou milieux allégués pour l'usage oral, et ceux qui sont prouvés par l'usage écrit, ne sont pas, sauf mention expresse, des limites ; ces précisions ne de- mandent qu'à être complétées par des témoi- gnages que je recevrai avec une extrême gra- titude. La plupart des dates n'offrent qu'un minimum de recul dans le temps ; aucun mot n'a été vieilli par induction, même pour plus de ressemblance avec le vrai.

Il eût été logique de publier la carence de chaque mot dans tous les milieux et à toutes les dates il a été noté inconnu ; ces tables d'absence sont fort utiles, pour cerner l'éty- mologie du mot, pour respirer son atmosphère morale, pour tracer la courbe de sa propaga- tion ; la lecture en serait fastidieuse^ et je les garde par devers moi.

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Logique aussi, donnant la préférence aux mots de gueule sur les mots d'encrier, de nommer tous les camarades à qui je dois la connaissance d'un fait. Les écrivains que je cite ne m'en voudront pas si le traitement contraire, qui les nomme et éclipse les ano- nymes au langage spontané, ne vient pas tant, ici , d'avoir apprécié leur style, que d'avoir voulu livrer aux chercheurs des dates indiscutables.

J'intitule ce dictionnaire : le poilu tel qu'il se parle ; et je donne de nombreux exemples du poilu tel qu'il s'écrit. Je livre au public plus de faits qu'il n'en demande. J'entends bien : il veut des faits vrais ; aussi je ne me prive pas d'éliminer les textes absurdes et de censurer les textes faux. On a vu des roman- ciers employer un lexique dangereux. Mais plusieurs critiques de l'arrière qui se sont défiés des mots poilus un peu baroques, fan- taisistes, et obscurs, et qui ont eu peur d'être dupes des littérateurs, l'ont été doublement ; ils ont lu des protestations de journaux du

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front : que les poilus ne parlent pas tant que ça argot, que ce mot-ci ne se dit guère, que celui-là est unforgeage de lettré ; ne se sont-ils pas avisés que ces protestations étaient encore de la littérature, et qu'après qu'ils avaient marché positivement, on les faisait, au néga- tif, galoper?

L'idée, qui a été émise, de refuser en lexico- graphie poilue tout emploi des sources im- primées, est sensée ; on pourrait la pousser jusqu'à récuser toute information manuscrite, toute lettre qu'un filleul vous écrit, surtout si ce poilu se trouve être un Scaliger organisé et un conscient Vaugelas, et n'accorder de confiance qu'aux éructations des sots avérés? Ce purisme est sensé, dis- je ; il l'est pour tout curieux; il est pratique pour un civil et un homme de l'arrière, chez qui le devoir de méfiance est impérieux. Mais l'expérience réelle et immédiate d'un combattant qui se trouve être un lexicographe est une autre af- faire ; comme combattant y il n'a qu'à entendre, comme lexicographe^ qu'à noter. Si, plus tard, il a le loisir de lire des journaux, que constate-

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t-il? Que la réalité de son information dépasse incomparablement Vimagination verbipare des écrivains. Que c'est une mode, trop facile, de se plaindre de prétendues inventions des chroniqueurs en fait de langue poilue. Que, le plus souvent, il y a sous cette rouspétance amère la même jalousie qui meut les journaux à s^ accuser mutuellement de bourrer le crâne au public. .

Les soldats ne sont pas tous des gavroches parlant de la main gauche à jet continu ; et, comme le rire est le signe de la domination de l'esprit sur les choses, il est très vrai aussi que Vhomme des tranchées sous le marmitage ne rit pas sempiternellement. Mais si un roman- cier force un peu le dosage des mots pitto- resques, c'est par une nécessité de condensation artistique. En tout cas, il serait maladroit, quand on veut constituer un dictionnaire poilu, de vider son calepin de tous les mots dont la première connaissance se trouve due à une lecture. Il n'y a de vraie langue humaine que ce qui tombe de la langue que nous avons dans la bouche; mais un vieux tranchéien a le

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droit de témoigner de la sincérité générale des écrivains. J'ai été trop heureux de rencontrer dans mes lectures des termes savoureux vers lesquels je portais ensuite mon enquête^ et qui Vun après Vautre comme à plaisir sont tombés dans mon observation auditive.

Moins deux : mac? ou et macavoué. Celui- ci n'est, je crois, que le mauvais prononcé d'un mot patois réel, et ce n'est pas un crime d'exer- cer les philologues en toute innocence. Quant à macaou, qui signifierait Chat, (mais je n'ai l'honneur de le connaître que par M. le Doc- teur Sainéan), il a été puisé dans /'Argot des tranchées, il était chargé seulement d'expliquer macavoué -, par le D. m. p. publié chez Larousse, oit il compte parmi les mots du front (^) , et a passé de dans le Feu, p. 203. D'une façon générale, je ne sais pas de mot dont je puisse dire qu'un jour- naliste de l'arrière, l'ayant créé, ait voulu le faire passer pour frontard.

(*) Des chats, en première ligne, il s'en rencontre, mais peu.

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Il y a une preuve de la véracité globale des chroniqueurs de la guerre. Les lectures de 1916-1918 n'ojfrent presque plus de nouveau- tés verbales populaires. Si les soldats de feuilleton n'ont pas créé depuis trois années un lexique égal même à la cinquantième partie du bloc qu'on a appelé langue poilue au début de igi^, c'est qu'ils n'avaient pas non plus créé un vocabulaire neuf dans le premier se- mestre de la campagne ; mais les journalistes et le public s'aperçurent en 1914, 1915, d'une certaine avance qu'avait prise sur eux à leur insu le langage du peuple^ et on ne les voit pas aujourd'hui, malgré leur désir toujours aussi vif d'être au courant de l'actualité, créer des mots inobservables pour alimenter en trompe- l'oreille ce riche débit de 191 5 qui provenait surtout d'une sorte de citerne verbale amassée dans le populaire et mal soupçonnée des lin- guistes.

Cette remarque s'entend des mots comme zigouiller, chérer, boulot, qui existaient dès le temps fabuleux de la paix. Naturellement, des mots dûs à la pratique de la guerre la

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source demeure toujours égale à elle-même^ à r esprit français et aux nouveautés techniques.

Un mot est poilu ou par sa destination ou par son emploi intensif ; poilus^ les mots créés par le troupier pour exprimer le combat ; mais poilus aussi, certains synonymes de Manger, Boire, Jeûner, Mourir, Quereller, Peiner, parce que ce sont des idées éminentes chez le combattant. J'ai rassemblé ici, avec ce qui était caractéristique de la guerre, de quoi énoncer à peu près tous les actes de la vie cou- rante, pourvu que cela ne traînât pas dans les dictionnaires connue,

y ai rejeté nombre de mots de troupiers et de marins non notés antérieurement y mais qui étaient des mots de caserne ou, ceux-ci surtout sont peu connus^ des mots de bord ; nombre de mots de bas-langage ou-- vrier donnés comme poilus dans d'autres ouvrages ; enfin nombre de mots provinr- ciaux usuels çà et aux armées : ca- landot, Cheval, usuel en Brie, à Provins, apporté au 130® inf par un capitaine ancien

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cavalier; charte, tout Véhicule, général au 130® inf., répandu par les conducteurs presque tous mayennais ; ébeiller, Ëventrer à la baïonnette, usuel au 48® chass. à pied, avr. 16, apporté par des Nantais et Vendéens, {de beuille, Ventre, mot vendéen) ; hôche- cagner, Marteler, Ébranler en frappant, usuel au 40® art., -18, apporté par des Ar- dennais et des Meusiens ;, sabater, Courir toute la nuit à travers le secteur, recueilli au 81® ^., -17 ; piquoiser, Houspiller en frappant et piquant : « il ne faut pas les brusquer [les prisonnier s\, on ne va pas les piquoiser avec une baïonnette », un m^ d^ équipage, ex- Terre- neuvier, fév. 18, {de piquois. Pieu ferré ser- vant aux moruyers à harponner le poisson) ;etc. Cette exclusion de mots qui n'ont que le tort d'être populaires depuis trop longtemps est d'autant plus pénible qu'on ignore si le plus beau sort ne leur est pas réservé à la suite de l'amalgame de parlers spéciaux qui se fait aux armées.

Car, si la guerre prend de la glèbe, de l'établi^ du trimard et du ruisseau, elle donne

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■•MAU&T

à la littérature (*). Bondir et tonner dans un cercles d'hommes, c'esty comme un obusy écla- ter : Rabiel « hurlant^ s'élance et, si l'on peut dire, éclate au milieu d'eux. Les hommes le considèrent, ahuris », lafage, Journ., 24-5- 16. ' Découvrir quelqu'un qui se cache, c'est le repérer ; « la découverte et le châtiment du coupable subalterne importent moins que le repérage de ses complices, de ses protecteurs plus haut placés, qui demeurent dans l'ombre », gohier, Journ., 9-2-16. Ruiner un homme, le couler, c'est le torpiller : « le comte Romanonès a été attaqué et a torpillé », BAiNViLLE, A. fr., 21-4-17; « daignez se- courir un moral que la solitude et le cafard ont torpillé », requête d'un marin^Yio Par., 23-3-18, p. ayo, c, 2. ~ Décocher une suite de remarques mordantes, c'est en lâcher une bande ; « dirigeons sur lui la mitrailleuse du sens critique, et « lâchons-lui en une bande » vivement », ib., 18-5-18, p. 429. Observa'

(^) Sur ce sujet, exoellent artiolo de M, Prévqt, Ht^ue

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toire secret, Situation d^espioUy devient poste d'écoute ; « Uimportant est qu^ après la guerre les Allemands ne reviennent pas occuper à nouveau chez nous leurs postes d'écoute et de combat économique )), DAUDET, A. fr., lo- 4-16. Empoisonné, délétère, pathogène, {cf, « microber nos vierges énergies révolu- tionnaires », BOURGET, Etape, 155, propos d'un révolutionnaire néologiste),sont remplacés par asphyxiant : « atmosphère de germano- philie qui commença à se répandre, comme un gaz asphyxiant de V intelligence, au lendemain de nos désastres [de 70] », l. daudet, A. fr., 27-6-16 ; « diseurs de paroles asphyxiantes », DONNAT, Impr., 132. Préparer les esprits avant d'agir, c'est pilonner le terrain ; a Sus aux embusqués ! M. Clemenceau annonce qu'il organise contre eux une formidable of- fensive.,. Elle est même déjà commencée : la loi Mourier est un- essai de pilonnage », Rire, 14-4-17, p. 4. Agir de haut est rafraîchi par prendre une hauteur, se donner un plafond ; « Que le chef du gouvernement prenne, comme disent les aviateurs, une hau-

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teur supérieure à celle de nos ennemis du de- dans et du dehors ; quHl se donne, selon le même ingénieux vocabulaire, un a plafond » supérieur de quelques milliers de mètres au niveau s'agitent les <...> », maurras, A. fr. ,31-5-17 ; (différent de planer qui n'est que contemplatif) Toto, Pou, renouvelle parasite ; « nous débarrasser des intermédiaires louches, des trafiquants, des totos de toute sorte qui dévorent le soldat »,' descaves, Journ., 30-12-16. Tank désignera une entreprise capable de tout bouleverser : Le journal d'Almereyda « était tout indiqué pour servir de tank <...> jeter le trouble dans la Capitale, le désordre dans les esprits, puis dans la rue », L. daudet, A. fr., 26-4-17. Une bande de nuées au ciel? une tranchée ; (( le soleil pourpre s'enfonçait derrière une gigantesque tranchée violette », n., N. Contes vér., 148.

// est d'ordinaire facile de pénétrer si une image est lettrée ou populaire, quant à son ex- pression. En leur fond les images ne com- portent guère d'autre échelle que celle de la

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précision objective. Les syssémantiques que fournit une même métaphore sont parfois ses diverses réfractions à travers des milieux so- ciaux différents. Quelquefois on peut déter- miner V époque et Faire, et le sous-sol nour- ricier, d^un sématisme ; mais son père et sa mère c'est toujours et partout la Chose et V Esprit humain. Cela explique avec quelle aisance les mots d'apaches deviennent aux armées des mots d'excellents citoyens.

Je ne suis que le secrétaire des vivacités de langage d'un vaste bureau d'esprit. A ce qu'elles pourraient avoir de mordant, je n'attache donc que peu foi réelle. Je le dis notamment pour les femmes héroïques de la Croix-Rouge et pour les savants inventeurs de types d'avions. De même il faudrait n'avoir pas entendu parler le peuple pour se choquer de ^oir ici, sous la noble étiquette de poilu, des grossièretés qui ont du poil partout et des lo" cutions qui ne semblent qu'à première vue indiquer de méchantes habitudes. Que le nombre de mes lecteurs s'égale ou non à l'effectif de nos armées, autant de Français auront vécu dans

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la boue et la gloire^ dans la sanie et la sainteté, dans Vordure et Vhonneur, autant fautai de témoins pour certifier que mes mots vilains sont en nombre notablement in- férieur à la surproduction orale. Ce que les Latins nommaient podex, les poilue en parlent mille fois plus qu'ils n'y réflléchissent, et ce que les Grecs nomment crxâxa, Us n'en font usage que comme de couleur en sémantique.

Il me reste à exprimer ma gratitude à tous ceux qui de près ou de loin ont collaboré cons- ciemment à mes recherches, notamment à MM. Arnoux, Barbusse et Benjamin, peintres excellents de la vie poilue, sgt Aynaud (xxxx© /«/.), sgt A. Blanc (95^ inf.), /* de la Blanchardière (46® inf., 63^ art., 40® s^^ I jzfixeD. C. A.), F. But av and, le linguiste, G. Charpentier, sgt P, Charpentier (4© zouaves, mixte y 13® tirailleurs algériens), /* avia- teur Delrieu, sgt J. Demeure (8^ génie), pilote-aviateur R.Dupret{esc. S-152), aide- major Fassind, colonel et pilote- aviateur y, -P. Faure (207^ art.), sgt G. Ferrand

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(130® inf.)^ R.-A. Fleury, le poète et T ami, H. Grelat (5© génie), L. Itnbert (sons sani- taires 45 et 85), F. de Keralio (40® art.), sgt 1. Lâchai (2® c^^), m^-f^^ E. Leclerc {marine), adjudant A, Leconte {inf),l^ G. Maréchal (6®, 246®, 289^ inf), H. Pinel (av^^), cap. L. Pottecher (81® art. /.), G. Prévôt, mon collègue, M. Protat (360® ^^f')y ^^ ^' Richet {1^6^ inf.), l^ Samhardier (16^, 20® chass.), M. Sieltzer (66^ chass.), l^ Tahesse {av^^), /* P. Théry (94® inf., 4^ mixte), /* R. Théry (270^ art.), caporal G. Turpin (serv. géogr.), L. Villat, secrétaire d'E.-M.; presque tous sont dans les remous de la bataille ; ils ont retranché de leurs minutes de repos pour notre correspondance assidue ; tous ont été des émules de complai- sance, de précision, de pénétration ;

A la direction du Mercure de France, et à celle de /'Auto, qui ont facilité mon enquête;

Aux camarades qui, tout en causant, m'ont signalé des faits de langage ; i^)

(^) « Il est savoureux de discuter philologie et gram- maire sous les bombes », Vie Par. 23-2-18, p. 177, c. 1.

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A tous ceux aussi qui ont parlé devant moi sans réfléchir au danger de lancer une phrase immortalisahle ;

Particulièrement à ceux qui sont morts ;

Et aux chères mains qui du front pendant longtemps recevaient chaque jour mes notes linguistiques.

Octobre 1918.

Le lecteur qui voudra bien compléter ou rectifier mon enquête est assuré par avance de son utilité et de ma reconnaissance. Une simple liste de tel et tel des mots que nous allons étudier, si on les situe à une date et dans un milieu, est une œuvre utile pour la connaissance de l'esprit humain. {Gaston Esnaulty 2, rue Prémion, Nantes).

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DÉFINITIONS

Sémantique, Partie de la science grammati- cale qui traite des effets de la sensibilité, du jugement et de la raison sur le langage.

Sématisme, 1, Ressort en jeu dans l'esprit au moment historique .il crée une expression neuve ; 2, Contenu concret de l'esprit qui jouit consciemment d'une expression.

Syssémantique, Locution qui offre le même ressort sémantique qu'une autre, ou une ana- logie du contenu sémantique.

Synonyme, Locution qui peut servir à en remplacer une autre pour désigner le même objet.

Dérivation synonymique, Substitution d'un

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mot à un autre à cause d'un© convenance lexi- cographique qui ne répond pas à une conve- nance objective.

Synecdoque, Désignation d'une chose par le genre dont elle est l'espèce ou l'espèce dont elle est le genre, opérée d'ordinaire dans une locution composée par ellipse de la partie dé- terminante ou de la partie déterminée.

Métonymie, Désignation d'une chose par une autre qui lui est unie, de la cause par l'effet, du contenu par le contenant, etc.

Ironie, Raillerie disant le contraire de ce qu'on veut faire entendre.

Queue romantique, Adjonction volontairement insensée d'un mot à un autre.

Apocope, Section brutale d'un mot sans égard pour sa constitution normale.

Substitution de suffixe. Ce phénomène, cou- rant en français classique, (cf. hdt. Traité, § 62), doit souvent s'entendre plus librement dans l'usage moderne populaire et semi-argo- tique ; par suite de l'ignorance naturelle de l'endroit du mot se termine le radical et commence le suffixe, le peuple ne saurait avoir le double respect de cette cloison théorique.

Chevauchement, Croisement de deux mots

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qui empiètent Pun sur Pautre en une forme totale hybride.

Apax, Mot recueilli une seule fois.

Monax, Mot usuel à un seul parlant.

ABREVIATIONS

BIBLIOGRAPHIQUES, MILITAIRES ET GRAMMATICALES

A [ction] fr [ançaise] .

AnnUdes] p[olitiques et] littéraires],

B[uUetin] des A[rmées de la République].

Cri de P[aris].

Echo de P[aris].

Gu[erre Aér[ienné].

Int[ermédiaire] des Ch[ercheurs et Curieux].

Journ[al].

M[ercure] de Fr[ancé].

Pet[it] Par[isien].

Vie Par[isienné].

LiTTRÉ, Dictionnaire...

HDT : Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, Dictionnaire

général... précédé d'un Traité de la formation de la

langue.

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MISTRAL, Lou Trésor...

Cartouche : Granval, Cartouche ou le Vice puni (éd. 1827),

viDOCQ, Les Voleurs (1837).

MICHEL, Etudes de philologie sur V argot (1856).

DELVAU, Dictionnaire de la langue inerte (1866, 1883).

FusTiER, Supplément, à la suite de delvau.

RiG. : Rigaud, Dictionnaire d'argot moderne (1881).

MERLIN, La langue inerte du troupier (1886).

LARCHEY, Dictionnaire historique d'argot (11® éd., 1888).

DLLE : Delesalle, Dictionnaire argot- français et français- argot (1896) ; DLLE, F.- A. : la partie français-argot.

ROSS. : Rossignol, Dictionnaire d'argot (1901).

BRUANT, Dictionnaire Français- Argot (1901).

NOTER : R. de Noter, Dictionnaire français-argot et des locutions comiques (1901).

SAIN., Sources : Sainéan, Les Sources de l'Argot ancien (1912, 2 vol.).

LAMBERT, Le langage des poilus, Petit Dictionnaire des tranchées par Claude Lambert, ex- brancardier sur le front (Bordeaux, 1915, in-16, 32 p.) [sain., p. 129, le déclare « iiisignijQant » et sans « donnée utile » ; c'est

* pour ne l'avoir pas vu].

sain. : Sainéan, L'Argot des tranchées d'après les Lettres des Poilus et les Journaux du Front (1915, in-16, 166 p.) . [commode par les textes cités, pas toujours reproduits exactement].

GAUTHioT ^ comptes-rendus de sain. ; Bulletin de la So-

coiiEN ) ciété de Linguistique, t. XX (1916).

D. m. p. : Dictionnaire des termes militaires et de l'argot poilu, (s. d., chez Larousse, in-16, 320 p.) [compila- tion ; a démarqué, imprudemment, sain., (surtout à

partir du mot français) ; quelques faits utiles].

V. du p. : Vocabulaire du Poilu et Locutions du Front. Poilu-Français et Français-Poilu (Paris, chez Hanne- quin, 1917, in-16, 20 p.).

FAGUS, Quelques remarques sur l'Argot militaire pendant la guerre ; (M. de Fr., 1-8-17).

DAUZAT, 16-4-17 : L'argot militaire pendant la guerre ; (M. de Fr.). 1-1-18 : Les argots militaires de la guerre à l'étranger [Suisse française, Suisse aléma- nique, Allemagne, Angleterre, Italie) ; (ib.). 28-3-17 ; 16-5-17 ; 27-6-17 : Une enquête sur l'argot militaire ; L'argot militaire ; Quelques mots de l'argot militaire ; [B. des A.). mai 17 : Le Langage et la Guerre ; [Revue pédagogique).

D. : Dauzat, L'argot de la guerre. D'après une enquête auprès des Officiers et Soldats (1918, in-16, 295 p.) [condense sous les meilleures disciplines linguistiques les résultats d'une enquête aux méthodes parfaites].

DÉGH. : Déchelettc, L'Argot des Poilus, Dictionnaire humoristique et philologique du langage des soldats de la grande guerre de 1914... (1918, in-16, xi-258 p.) [vécu].

G. E., 1-4-18 et 16-4-18 : Esnault, Le français de la tran- chée ; [M. de Fr.). Colibri ; [Reuue de philologie française et de littérature, t. xxvi (1912). Lois de l'argot ; [ib., t. xxvii et xxvm (1913, 1914). Cf. l'Auto, 4 et 25-5-18, 12-6-18, 6-7-18.

Schw. Sold. : Aus Leben und Sprache des Schweizer Sol- daten (Bâle, 1916, 78 p.), articles de L. Granger sur les soldats romands et de H. Mercier sur les soldats genevois.

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DELcouRT, Expressions d'Argot Allemand et Autrichien

(1917). Morning : Soldier slangs quaint new words invented hy

soldiers of three great allied armies, [anglais, français,

américains] ; {Morning (édition anglaise hebdomadaire

du Matin), fév. 18). HENRiOTj Supplément au dictionriaire de V Académie ;

[Baïonnette, 26-8-15) [page de dessins à légendes]. CHAPELLE, Le Vocabulaire poilu ; [Journ., 10-8-16.)

autres articles, autres dates. ROCHER, L'Argot du poilu ; [Progrès de la Somme, 25-8-16). MONTGEORGE, L'argot dcs aviateurs ; [Courrier du Centre,

27-4-18).

Philibert : Lorrain, La maison Philibert (1904).

Echalote : hsindre, Echalote et ses amants (1908), éd. Mignot.

Nênesse : Casanova, Le Journal à Nénesse (1911).

Bicar'd : La Fouchardière, Bicard dit le Bouif.

Gaspard : Benjamin, Les soldats de la guerre, Gaspard.

DONNAY, Jmpr[omptu du Paquetage] ; première repré- sentation le 28-6-15.

Feu : Barbusse, Le Feu, journal d'une escouade ; [pour les passages supprimés dans le volume, références au feuilleton paru dans l'Œw^re].

Contes i^ér[idiques des Tranchées 1914-1915 par un groupe de poilus]. Nloui^eaux] Contes iJér[idiques des Tran- chées 1914-1916 par un groupe de poilus]. reparus sous le titre Sous les obus.

Pépères : Valmy-Baysse, Les Pépères La Victoire.

Bourru : Jean des Vignes Rouges, Bourru, soldat de Vauquoia.

80 ^

Mousqu. : Nadaud, Les Derniers Mousquetaires, Roman

de la guerre aérienne. AGATHA [= R. Layus et Latour, sergents au 309® inf.,

Vosges, -15], Le vocabulaire de la guerre ; {Echo des

Marmites, 1915.) poiLULOGUE, Une France inconnue. Quelques jours chez

les sauvages ; [Rigolhoche, août 15, Argonne). PANTRUCHARD : Lettre d'un ParUruchard au front ; {Ri"

golboche, 1915.) FARAUD, lettres écrites du front en -14 ; {Figaro, janv.-

mars 15). Ces quatre dernières sourjces sont reproduites par sain. ;

la page est indiquée quand le Lexique-index de sain.

est muet. Les trois premières sont humoristiques. Les

lettres signées Paraud, supposées ou non, sont pleines

d'authentiques parisianismes. Trois jours [avec ceux de Thiaumont] ; {Matin, 13,1 Qat

19-7-16.) p'tit gars : Le p'tit gars de la Maubert, La Soupe ;

{Echo des Marmites, in le Front, 25-10-16.) MusiDORA, Pigeon vole /... ; {Fantasio, 1-8-16). icART : Louis Icart, pilote-aviateur. Comment on fait un

as ; {Fantasio, 15-9-16.) JUTEUX : Le Vieux Juteux, Conseils aux jeunes aviateurs

nouvellement venus à la arme ; {Fantasio, 1-11-16.) THAVET, L'Ecole; {Gu. Aér,, 29-3-17). Cabaret : Arnoux, Le Cabaret ; [M. de Fr., 1-4-18).

inf[anterie] ; t. : infanterie territoriale ; c*^ : infanterie

coloniale. art[illerie de campagne] ; art, l[ourde].

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av®"* : aviation ; esc. : escadrille. cliass[eurs à pied].

R[éserve] G[énérale] Aé[ronautique]. A[rtillerie] S[péciale] : chars d'assaut. D. C. A. : défense contre avions. C. O. A. : commis et ouvriers d'administration. S. A. P.-X : service automobile de place n^ 10. s^"*, b<>°, D°" : section, bataillon, division. 2^-m® P^ : second-maître fourrier.

cap[itaine] ; col[onel] ; gén[éral] ; 1* : lieutenant ; sgt: sergent.

dér[ivé], dér[ivation].

syn[onyme], syn[onymique].

tr[ansitif] ; intr[ansitijr|.

sy ssém [antique] .

[ ] indique addition ; «<;...>> suppression.

in = dans, quand un texte est reproduit dans un autre.

* forme hypothétique.

-< , >, indiquent le devenir d'une forme grammaticale.

-19 = 1819 ; -18 = 1918 ; 19-18 = 1819-1918.

ib. =a même milieu ; ib. même imprimé.

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t:T:2T:sTaaT:sTa>T«;Ts;TS>Ts>TS»T<>TS«Ti

abeille, f., A, Petit éclat d'obus : « Hier, en mangeant la soupe, une abeille, à dix centi- mètres ; avant-hier, à un créneau, un frelon, à n... », LOBBÉ, instituteur, lettre du 4-3-15, in Recrue de Paris, 1-1-16, 195 ; V. du p. B, Balle ; V. du p. ; d'où boîte à mouches, f.. Revolver ; d. Syssém., et syn. au sens A : frelon, m. ; 246^ et 289® inf., 16-18 ; mouche à miel, f. ; D. m. p. ; mouche, f. ; 360^ inf., 14-15 : les vaches de mouches I ; 246® et 289® inf., 16-18 ; au sens B : mouche à guêpe, f., 40® art., -18 ; mouche à merde, f.,ib. ; en allemand bienen, (abeilles). Balles, del- couRT (^) Cf. cigale.

abeilles russes, f., Poux; 81® t., hiver 15-16, peu usité mais populairement. Cf. die rus-

(^) Onomatopée des balles : « bsi... bsii... bsiii... ou., ou., ou.. », FONSON, Fantasio, 1-11-15.

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ESNAULT

sische Biene [Pabeille russe], le t*ou, delcourt, (et aussi die Biene et kleine Russen [petits Russes], ib.), ce qui donne à penser, le pou piquant comme l'abeille, mais la saleté russe n'étant pas notoire chez nos troupiers métro- politains, que l'expression est venue au 81® t. par des journaux traduisant de l'allemand. Gf. hûvurois.

Ékbîïnèr, 1^ Ci'itiquèr, Traitet injûrifeUëeitlfeht par uti procédé tJâHcatttral ; « abîhlér litl bb- pain », FAGus, 564. Sysséin. : la salir. 2, Se moquer en usant d'exagéî*ations : k II abîtiië tin peu », 340® ihf., juill. 16. Syssêm. : boUscUler.

accroc, m.. Blessure : « J'ai qufel(jues àcCi'DC^, mais j'en ai tué beaucoup [de Bdches] », siÂtiR- RAS, A. fr., 27-8-17, p. 1, c. 1.

acctOChè- cœurs, m., Décoratioilfe ; V. du p.

à cheval, th., Chasseur à cheval : « les à cheval », Fèu, 104.

additionné (en un). Immédiatement : « des tiroirs dUveHs et fermés en uil addititJtiiié », Fèu, 21^8-16.

affûter le dahu. Guetter le Boche dans la tranchée : « On a affûté le dahu pendant quatre heures », 95® inf., 14-18, tifêâ ùèuel éti -16, côiii-

-34-

mence à vieillir eh aVr. IB ; se dit quand oh rentre poste d'écouté sans avoir rien vu. affûter, Guetter à l'affût ; cf. irbu d'affût, Meurtrière ou Créneau de tranchée, Bicard, li, 9 ; ie dahu. Bête ihiàgihaire (oiseàiî, quadru- pède où reptile ?) : faire affûter le dahu à qqn, dans le Berry, c^ëst, jouant de sa naïveté, le Mettre à l'affût, la huit, à un carrefour, à iih trou de haie, en _lui disant qu'on via rabattre le dahu, qui ne manquera pas de passer par ; après quoi, le laissant, on va fcoire chopihé, ayant choisi une hiiit fcieh glaciale ; haême mystification est ëh Loire- Ini. chasse au darain ; à Saint-Ëfieiic, et à Càrtèret (Màrichë), la chasse au homard de genêt. Coquille sàiht- Jacquës s'àppelaht dàraih à Painipol, -lO, et le fticàrdeàu daàin à Sàiht-Quày-Portriéùx, -18, peùt-ôn y voir les intermédiaires phôhé- tiquës du darain àù dahu et l'intermédiaire sémantique du darain au homard d'è genêt r Veiller Boche, Guetter le Boclie, 95® inf., 14-18. âir (ptëiidté 1'), Sortir en avion : « plusieurs appareils français avaient pris l'air avec ihis- sioh de détruire tout ballon rencontré », Maiifi, 5-7-16, p. 2, c. 3 ; « il ëét souverainement im- prudent dé « prendre l'air » » quand il y a un

â5

crochet d'orage, moreux, Gu. Aér., 25-10-17.

Décalqué du terme nautique prendre la mer. air (en jouer un), Partir ; 81^ t., 16-17 ;

270^ art., 26 0^1, -18, usuel un peu partout ; [ FeUy 30, 116 ; chevauchement de se donner de Vair et jouer la Fille de Vair. en faire un air. Partir ; 81^ t., -16 ; chevauchement du précédent et de se faire la paire ou faire Vahja.

Syn. : prendre la fille de Vair, Echalote, xviii, 62, = jouer la Fille de Vair + prendre la poudre d^ escampette. Cf. en jouer et Rip.

alboche, adj. et s.. Allemand ; usuel et connu de tous ; dominé de beaucoup par le succès de son apocope boche ; \\ larchey (1889) ; usité par un professeur, lycée de Tours, -68 ; par des hommes de la Commune et d'autres Fran- çais, 70-71 ; à Nancy, prononcé albeuche, avec le dér. albeucher, Parler alboche, peu après -71 ; Int. des Ch., -14, -15, -17 ; usuel parmi les élèves âgés de dix à douze ans de l'institu- tion Richer, Arcis-s-Aube, mai 86 - janv. 89, A. FLEURY ; « Avec celui-là les Alboches sont foutus ! », un sabotier de Saulgond (près Confo- lens) venant d'achever son service aux chas- seurs à cheval à Limoges, 26 ans, 1887 ou 88, MARNET ; usuel parmi les élèves âgés de douze

3^-<

à seize ans du collège de TArc, Dôle, janv. 89- janv. 93, a. fleury. Libre suffixation de allemand, comme rigolboche de rigolo en 1860 (larchey, 1872), dégueulboche de dégueulasse (ri G.), ramolboche de ramolli, Int, des Ch., Lxxv, 31, et Italboche de Italien, « qui a été presque aussi populaire autrefois que Angliche et Alboche )), camescasse, VHumanité, 31-8-15. Italboche, datable -89, suffit à prouver que le suffixe dans alboche n'est pas -oche, (comme dans rasoche ou sardoche), mais -boche, sans aucune intention de rappeler tête de boche, Homme obtus, et que ce suffixe ne signifie ni Germanité, ni Monstruosité naéchante. L'ori- gine du suffixe -boche est obscure ; on peut l'attribuer à des mots usuels, comme caboche, ou argotiques, comme saboche, Imbécile (de sabot), comme liboche, Forçat libéré, Nouméa, 10-12 ; mais c'est déjà une explication provi- soirement suffisante de le rattacher à d'autres suffixes qui offrent la même consonne d'ap- pui, -broque dans albroque de allumette, -bif dans dégueulbif de dégueulasse, -bi dans Arbi de Arabe, -baque dans morbaque de morpion, -bard dans rigolbard de rigolo, et surtout à ceux qui offrent, sous la même structure de

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pqnspnnes q|ie -boche, la muance des diverses voyelles : -bêche dans ccibèche, Tête, hrobèche, |ji^fd, (de hroquille), -biche et -bige dans ci- bicJ^e et çibige, Cigarette, chocolhiche. Chocolat, -bâche dajis sqlfaçhe^ Ipibépile, -bûche dans tyabuches, DifficiiJ^és (d'^sparpès, Demi- Solde, xvij). Deux observateurs ont signalé un AJleniQche, Alléfla^nd, en usage à Neijpliâtel et dans la Meuse, p.

aller : Çp. ira-t-il ?, Ça va bjpn ?, Bonjour 1 ; 81^ t., 14-17 ; usage général.

alloc, f., Allocation (aux fempries et parents de mobilisés) ; divers soldats ; | P. m. p,

aipocher, 1, Blesser ; 2, Battre en ruine ; très usuel et très général ; ?i'a fii^i de pénétrer à fond le 81^ t. que dans l'été 15 ; |1 Rip. et i^Qss. ne cpnnaissent le niot qu'à propos de coups die pied pt de poing. amurer un coup de poing à qqn, Lui décocher un coiip de Pping 5 marins, -18. On amure du côté du vent sous \p yent, on borde ; on amure avec une amure, on borde avec une écoute ; l'amure étant plus raide que l'écoute, amurer convient pour une idée force. Amurer dans }a phrase suivante « j 'préfère beaucoup mieux l'amurer [mon quart] à ma

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bretelle de suspension avec un crophet », Feu^ 190, m'a été confirmé par l'auteur copime si- gnifiant Amarrer. Cette synQ^ymi^ ^e ^a^pait être qu'une confusion chez un poilu peu marj^.

anse de panier, f., Pelote de fil barbelé ser- vant de défense ; 95^ inf., avr. 18. r^rrr Sy^. oursifi.

antidérai)ant^ ra,, Vin ; V. du p. ; || usi^ej à Paris, -18, et, croit-on? ^Y^nt -14. Il est vrai qu'une certaine dose de vin, qi;j met iin bon vent dans les voiles, assure 1^ im^y^he, tout au moins la démarche.

appel de bouc, m., Yif avancement^ du n^en- ton que donne le clairon de chasseurs à pied au moment d'emboucher son instrun^entj 16^ chass., -18. Le sens d^appel est 1^ mênie que dans appel du pied, terme d'esp^inie, Vif mouvement du pied sur la planche ; kouç r^ste du temps les chasseurs portaient barbiche obligatoire. On trouve le sen§ généralisé à l'effort du menton lancé en avant par le Pplda* qui veut défiler crânenient : « Et les I^TOnpiers, donc ! <...>> ils bombent la poitrine, le tp^'se arqué en arrière, à force de vouloir être droits, se redressant encore à chaque nouvelle bordée d^ hourras, 4'nn intrépide coup de menton?

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le légendaire « appel de boue» des chasseurs», SEM, Journ., 10-7-16.

apprenti- cadavre, m., Ambitieux ; 81® art. 1., mai 18. Qui veut monter en grade ou grim- per aux honneurs risque sa peau. Syssém. : la course à la mort, f., la Médaille Militaire ; D. ; élèves-morts, m.. Elèves chefs-de-sec- tion, VIII® corps, 14-15 ; secteur des Eparges, -15. Cf. apprenti- martyr et élève-martyr, Elève-caporal. Voir élève-mort.

arbalète, f.. Fusil Lebel ; 360® inf., 14-15 ; 81® t., -16 ; assez général ; | agatha ; Feu, 186. DAUZAt; 1-1-18, 59, le signalant en Suisse (d'après Schw. Sold.), parmi les méta- phores locales, dit « Le fusil ne pouvait man- quer de devenir Varhalète dans la patrie de Guillaume Tell. » Le vrai sématisme est la dé- préciation d'une arme moderne par un nom d'arme de musées, ou, mieux, d'un tue-Boche excellent par un nom de jouet d'étrennes. Cf. pétoire.

arcassines, f.. A, Jambes : « de longues arcas- sines » ; B, Pieds :*Tu vas te faire monter sur les arcassines ! ; 40® art., juin-sept. 18 ; y semble introduit par des Champenois et Briards. en avoir plein les arcassines, Etre excédé ;

^ 40

ib., syn. et syssém. de en ayoir plein les ba- guettes, 360^ inf., 14-15, les gambettes, 20^ chass., -18, les fumerons, ib., les jambes, coureurs cyclistes. Auto, 3-4-18, p. 2, c. 6, les panards, 20^ chass., -18, les rigo- berts, (Mollets), gosset. Le nouveau langage (1915). La marine a dit arcasse, Charpente -de poupe, oublié aujourd'hui des marins char- pentiers. viDOCQ donne arcassineur et arcassien, Détenu qui écrit des lettres pou^ escroquer, et LARCHEY, d'après le Figaro de -77, arcasineur, Mendiant à domicile ; le picard a arcassier, Trompeur, Malin ; selon vidocq la lettre du détenu escroqueur est un montage d'arcat (syssém. de bateau?) Si on supposait une filière *pied >► pied de cochon >- marcassin, *marcassine, f., serait à jambe comme rnarcassin, m., à pied ; ce qui, malgré la difficulté du m disparu, corrobore cette hypothèse, c'est le juron de colère la marcassine !, signalé aux Balkans, d., qui me semble un syssém. de la jambe I Les Jambes sont dites aussi les misérables : joueurs de misérables, m.. Fuyards ; 74e inf., D.

aréo, m. et f., Avion ; 81® t., 14-17 et usage général. Prononcé des illettrés et de bien

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d'autre? pour aéra ; apocqpe à^aéroplane j cf. 1^5 jrigQ^ géoy lacrymq, météo, métro, vci4io. ; 2^, ç'éto. A^ioi^ gagi^e du terrain ; par ex., quand il s'agit d'appareils en grand nombre, Oïl dira plutôt avioïi : « 35 ayions abattus », « 25.000 ^yÎQn? ^uiériçaifts, )> parpe que cee chiffres, Qnt \\n^ prigine iiuprimée.

Arnia^nd f^lljèFÇ^ (l'), m.jl'H^rtUiann^Tyeiler- kppf : « le faifteu^s^ H^rtru^UUsweiJpr est devenu, dans la bquQ^e des soldats qui l'pnt conquis et défendu, V Axrnçind Fç^ïlièrp^, Notre uio- derne Polybe [Théodore R^iu^^ch], qui trouva l'appellatiou jolie, mais un peu fan^ilière, en fit le Vieil Armand », dauzat, 16-4-17, 660. Type d'étymologie populaire.

armoire, f., Havresac ; Feu, 195 ; -^ armoire à glace, f., fïavresap ; xxxx^ inf., 14-15 ; 16^,

20e ch£iss, pt 246e inf., 17-18 ; | lambert ; AG4THA ; Il u^Uel aus^i eu Suisse, Armoire, le fantassin y serre ses effets, ces chiffons, ces biffes, qui lui pnt valu le surnqm de hiffin^ de Chiffonnier à glaçe^ par queue romantique.

arriérés, m., Qeu? de l'Arrière;, Mot inventé dans Echo des Guitounes, in Front, 16-3-17. Ça!em}3our.

9,rrQ§oiF, tu., 1, Çaupu ; Qbusier j Mi-

^2-

k

trailleuse ; D. jn, p. ; 2, Avion de bombar- dement : « et je criais aux camarades l'alarme bien connue : « P^ix, paix, v'ià les arrosoirs boches ! » Les arrosoirs, composés de deux escadrilles au moijis, passèrent sur nous, en nous dédaignant, piquant droit sur Paris », récit publie dans Ip Temps ; in Quest- Eclair, 15-4-18, p. 2, c. 1. arroseur, m.. Artilleur ; D. m. p. -^ Arroser, Bombarder ipéthodique- ment, arrosage, Bombardement jnéthodique, sont termes reçus en style technique.

artillerie de musette (1')^ f., les Obus Viven- Bes^ières ; ^es Parisiens, 289^ inf., 15-5-18, (Oise).

as (passey ou courir à 1'), Ne pas toucher sa p^rtj sa paye : « Ce pauvre type 1^ a passé à l'as ; il est bien de la compagnie, mais il est détaphé, on l'a oublié », 81® t., -17 ; « Si je trouve trois cents fra^ncs et que j'apprenne que c'est un millionnaire qi;i les a perdus, il peut courir à l'as, \\ ne les reverra pas », un 2d-me, -18. tomber à l'as, EJtre perdu de vue: « ça a tpmbé à l'as». Il n'a plus été ques- tion de ça, un 2d-m®, -18 ; |1 Etre à as. Etre sans argent, pab4§se ; « Si d^ps une affaire ou partage on n'a rien pour soi, on pqs^e à Vas »,

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Moss. ; passer à Vas, Disparaître ou Ne pas être, Echalote, xvii, 57. larchey le tire de as (des cartes), symbole de petite valeur, et suppose que le sens premier est « n'avoir qu'un sou ». Je le tire de s'astiquer, Se brosser, et suppose une forme première * passer à Vastic ou V astiquage, syssém. de se brosser le i^entre, de se gratter, (et de se V arrondir).

as, m., A, Cavalier du l®f peloton (dans un dépôt de dragons), e. h., Temps, 24-5-15. B, 1, Soldat excellent dans son arme ou sa spé- cialité ; usage général, 17-18 ; se dit des avia- teurs : Journ., 19-1-16, p. 2, c. 4 ; Pet. Par., 14-5-16, p. 2, c. 3 ; Matin, 28-7-16, p. 1, c. 6 ; icART ; Journ., 10-10-16 ; des artilleurs : (c les artieurs c'est tout bon ou tout mauvais. Ou c'est des as ou c'est de la roustissure », Feu, 234 ; des fantassins, Echo de P., 18-1-16 ; le succès de ce mot au 1^^ de marche zouaves choque le colonel, qui rappelle que pour dési- gner un soldat brave « on doit dire un zouave », décision, 12-11-16 ; on surnomme « division des as » la ..® d'inf. (et chacun de ses quatre régiments adopte pour insigne l'un des as du jeu de cartes), Echo de P., 30-7-17, p. 1, c. 5 ; bref, se dit de tout soldat brave : « le jeune

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chef de char [tank] entouré de tous ses « as » », Journ., 24-6-17 ; et des aviateurs hors de page : « décoller en as », Quitter le sol par une ma- nœuvre hardie, punch, Fantasio, 15-8-16. 2, spécialement, Aviateur heureux dans ses duels avec l'ennemi : as à six Boches, ayant abattu six avions boches. Le pilote qui avait abattu cinq Boches était déclaré « as » jusqu'à la fin de -17, le commandement décida de réserver ce nom aux « chasseurs » qui auraient dix pièces à leur actif. « En aviation, être as c'est avoir un grade », gén. matton, lettre, in Gu. Aér., 3-1-18, p. 122, c. 2, qui propose de dire « capitaine as Guynemer » et d'instituer ainsi « une nouvelle noblesse ». C, au succès proprement militaire du mot peut être attri- bué son application à un soldat cuisinier dé- brouillard « à la hauteur pour dégoter du bois », Feu, 32 ; à un soldat comédien excellent sur la scène, « Voilà Bistoquet, un as», chapelle, Journ., 2-8-16 ; à des femmes ouvrières d'usine expertes, london, Journ., 3-11-16. Mais as était usuel avant de devenir militaire, et c'est au langage des sports que le prit Daucourt, moniteur à l'école d'av^^^ de 1 au pour désigne i ses meilleurs élèves. Sur les hippodromes pari-

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siens, «s, quelque temps avant -14, était syn. de CfacK, cheval lavori. En canotage, « de tout temps )) selon E. Lblgnon, champiori de France de -78 à -83, « depuis aii moins cin- quante ans » d'ajprès un autre témoin sérieux, as désignait le Rameur le meilleur ; car, en raison de son exfcellence, le rameur d'élite avait « le n" 1 » des équipes à 2, 4, 6, 8 avirons, et était en outre rtiomme des courses « en as » un rameur par canot) ; cf. tht. des Ck., Lxxiv, 322, 376, Lxxv, 165 ; il était donc soit seul, soit n^ 1, et c'est le seiië du mot as. Les sports ne l'ont pas créé : tapé à Vas, Réussi de première, est dans bouvîèr, Auguste Mdhette, ih RiG. ; dans les cafés et restaurants « ùii bock a l'as ! », «tun potage à l'as ! », crie le garçon tjui commande uii bock, un potage, pour table, le cabinet qui porte le n^ 1, rig.; dllé ; jane sirîon, Journal d^une « remplaçante » dans Je sais tout,i6- 9-16. Le cavalier du peloton n^l est un as sans que ce nom préjuge une valeur équestre supérieure au peloton n^ 2. Ainsi, en dépit de Topiriion de DAÇAY, Journ., 10-10-16,, que Tas d^àviatiôh eèt un « terme de tripot » adopté par la giièrre, ou de plaisanteries comme « Leur jeu d*èscâ- driliefe [des Ëochës] est un jeu qui ii'â qii'uh

as ))j un seul champion sans émuleSj Matin^ 28-7-1(3, ou comme « On ne trouve plus que des jeux de 28 cartes, tous les as sont dèins l'aviation », notre métaphore n'est pas issue des jeux de cartes l'as est de valeur très variable, mais du jeu de dés il vaut toujours l'unité ; c'est l'idée de numérotation qui est essentielle, la métaphore est une métaphore d'ordre, et dlle traduit très bien tapé à Vas, « Réussi au n^ 1, on ne peut mieux réussi ))i Je ne t'oubliais pas, dit un commandant à Un simple soldat, en lui tendant sa boîte de bon- bons, « j'en offrais d'abord au général, parce que dans la hiérarchie, il vient avant toi. Ce n'est pas vrai, clame le général, le simple poilu, voilà le numéro un parmi les chics types », Bourru, 224. L'as est en tête de la liste des bons, comme en anglais soigner le n^ 1, c'est Se soigner^ charité bien ordonnée commençant par soi-même (^).

(1) « Le prince de Beauvau pense que les as de la grammaire (je parle comme le roi de Prusse, lui, parla dés as des batailles) iné venaifeht assez souvent voir... », GARAT, lettré à Jouy, ll-ë-28, stir le projet de rappel des acâdêiiiiciëiis expulses en 18Î5 ; l'ancien conventionnel

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Dér. : superas, m., Aviateur plus fort qu'un as : « Les 29 victoires du « superas » Bail », Pet. Par., 20-11-16; cf. « Immelmann, le « su- perfaucon » que vantent les journaux enthou- siastes d'outre-Rhin », B. des A., 17-5-16, p. 7, c. 1 ; autres néologies militaires : supercanon, supercroix de fer, super dirigeable, supermatériel, supermufle, superpréparation, superpuissance, supersous-marin, supersubmersible, supertank, superzeppelin.

asphyxier, A, Etonner à l'extrême; 289^ inf,, -17 ; I « et quand on raconte une histoire intéressante, l'on n'épate plus quelqu'un, mais on « l'asphyxie » », Echo des Marmites, in Ann. p. L, 5-11-16, p. 485, c. 3 ; expression signalée « nouvelle » dans le Crocodile, in B. des A-, 28-2-17 ; dér. : asphyxiant, Epatant, Chic : « une femme asphyxiante », « une marraine asphyxiante », Verdun, -16 ; syssém. : ypériter, même sens, 289® inf., 17-18 ; suffo- quer, pétrifier, tuer, que renouvelle une image

rappelle ses relations d'avant la Révolution avec d'aris- tocratiques philologues, (qu'il flatte ainsi du titre de princes de la philologie) ; il souligne le mot as ; son « roi de Prusse », Frédéric II, parlait un fort hon français,

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prise des gaz de guerre asphyxiants et vé-. sicants ; et, plus lointain, étrangler. B, Prendre sans payer ; d. ; syssém. : étouffer, étrangler.

aspi, m., Aspirant (grade entre adjudant et sous-lieutenant) ; 94® inf., 17-18; | dieudonné, UAspi, Matin, 19-9-16.

atterrissage, m., Chute d'un homme de son haut ; fantassins, mai 18.

auge, f.. Gamelle ; 81® t., -16 ; | agatha ; « Remplissez vos auges, faites passer la porce- laine étamée », p'tit gars. Syn. : jatte, f. ; d.

aussi sec !, D'un bloc et d'une haleine, sans peur et sans hésitation : « il s'est jeté à l'eau aussi sec ! », « il a cru ça, aussi sec ! », marins d'un centre de captifs, -18. Soit créé par Belz, 2d-m^, Lorientais, ou lancé par lui, le mot a autour de lui un grand succès. Cf. (?) « <...> Veux-tu un peu de gnolle ? Il di- sait toujours oui, allumait sa cigarette, buvait d'un « cul sec » vigoureux le quart de verre de « gnolle » du colonel et repartait », decoin, Gu. Aér., 1-2-17, p. 190.

autobus, m., « morceau de viande que la meilleure des mâchoires se refuse à entamer », AGATHA. L'idée n'est pas Viande apportée

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■SNAULT 4

au ravitaillement par les autobus (comme le pense sain.) mais Viande à consistance de pneumatique d'autobus. C'est une synecdoque de *pneu d'autobus, non une métonymie du contenant pour le contenu. Syssém. et syn. : rognure de taxis, f. ; agatha ; viande blindée, f., D. ; « Du bifteck de bœuf, ça ? Du bifteck de bicyclette, oui, plutôt », Feu, 22 ; ber- gougnan, m., d. ; michelin, m., 20® chass., -16 ; bibendum, m., ib. ; allusions au pneu Bergougnan, au Michelin dont l'élasticité « boit » l'obstacle, et à l'allégorique Bibendum, (voir pagéol) ; élastique, m., 16® chass., -18. Cf. tire-fiacre, Viande coriace, rabasse ; RiG. ; avec son superlatif bout de brancard, m., 360® inf., 14-15, dont l'idée est que le rata a été fait avec du cheval, voiture com- prise.

autobus, m., A, Gros obus au moment de son arrivée ; cycliste (du 65® t.) à la Sous-Int^e de la 22® Don inf., Berry-au-Bac, -16 (Parisien). L'autobus qui stoppe fait exactement le même « dzimm » que le gros obus vers son point de chute. Syssém. : madeleine- bastille, m., même sens ; 65® t., Berry-au-Bac, -16. B, Gros obus sur sa trajectoire : « l'autobus de Vauquois qui

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s'en va chez les Boches », Bourru, 189. Cf. rapide d^Asie.

auxi, m., Auxiliaire (soldat) : « Les braves auxis », Œu9re, 4-10-16, p. 2, c. 2 ; « Les « auxis » aux usines », titre. Phare de la Loire, 16-11-16, p. 2, c. 4. Selon fagus, 563, le procédé de l'abréviation « rétracte l'auxiliaire en occis (au prix d'un savoureux calembour)» ; il y a apo- cope, sans calembour avec un mot peu popu- laire et justement opposé à l'idée d'Auxiliaire.

aviateur, m., Voleur, Larron ; agatha. Calembour sur çol.

ax, m.. Auxiliaire (soldat) : « Ax, c'est la dernière création », l. d., France Militaire, 26 et 27-8-17. De la marque AX, lettres de drap rouge cousues à la manche droite du soldat auxiliaire. Cf. ex.

babouin, m.. Mannequin que les Boches agitent dans leur tranchée pour illusionner nos tireurs ; 81^ t., -14. Babouin, Figure gro- tesque, a été un terme militaire, hdt.

bacante, f., Moustache ; Parisiens, 15-17 : « mes bacantes sont bien ? », Ma mioustache fait joli ? Bacchante, Barbe, Favoris, dans LARCHEY, ainsi écrit par un hellénisme sans raison, (cf. palace), qui a fait, sans autre raison,

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suspecter le mot (par sain., Sources, ii, 63), est sans doute une altération d'un *hécantey Parure naturelle du « bec », analogue à ha- quettes -< béquettes, que signale hdt. son- ner aux bacantes, Embêter ; « Ah ! ils nous sonnent aux bacchantes », Ils nous bombardent de façon embêtante, Cri de P., vers juill. 16 ; sonner, c'est d'ordinaire Heurter une tête qu'on a saisie par les cheveux ; ici il s'agit de tirer sur les moustaches ; cf. « Le général Gustave Hervé ayant ces temps derniers tiraillé quelque peu les moustaches du Tigre [Clemenceau] », A. fr., 31-1-17, p. 2, c. 4.

bafouille, f., Lettre ; 81^ t., -17, mais rare ; | CHAPELLE ; Progrès de la iSomme,. 25-8-16. Sur le modèle de habille, Lettre, usité aux 360® inf., -14, génie, -18, etc., ou apocope d^ un* bafouillar de parallèle à babillarde, Lettre.

bagoter. Marcher, Errer : « des cuistots qui bagotaient dans les rues en tous sens, en chia- lant parce qu'ils n'avaient pas d'bois ni d'char- bon », Feu, 32. se bagoter, même sens : « Est-ce que c'est pas pus prop' d'a'oir le pain sur une étagère, comme ça, que d' l'a'oir à s'bagoter sur un' tab' ? », un 2(j-m®, -18. Bagoter, c'est Courir comme fait le hagotier qui

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ahane à côté de la voiture des voyageurs, du domicile à la gare ou inversement, pour dé- charger les bag (Bagages) ; c'est par suite faire du pas gymnastique ; gauthiot, 79 ; de idée secondaire de Fatigue et de Peine escortant ridée de Marche. La forme pronominale se bagoter, rare, est due à urt chevauchement des verbes se trotter, se faire la paire, etc. ; la même remarque s'applique à se baguenauder, Se promener, {Feu, S9); se caleter; se mettre les voiles, (acker, Classe, 62, c. 1) ; se pister ; se trisser ; se mettre les cannes ; se radiner ; on dit se barrer et aussi barrer, (texte ici figne). S'en aller.

baguettes (mettre les), S'enfuir ; xxxx® inf., 14-15 ; sématisme, voir bâtons. D'où avoir les baguettes, Manquer de courage. Avoir peur ; 23^ inf., -17 ; génie et 156e inf. (Pari- siens), mai 18 ; il n'y a pas lieu de sous- entendre, *a9oir les baguettes de tambour. Fla- geoler des jambes aussi vivement que des ba- guettes de tambour en plein jeu. On met les jambes à son cou par un effet de la peur. Le verbe açoir, vide d'image, est ici par un che- vauchement de avoir les foies (ou d'une autre locution similaire) + mettre les baguettes.

53 -^

Baguettes^ Jambes, Entrefesson, est usuel dans le bas-peuple : se faire taper dans les baguettes, Se faire baiser, Brest, 08-18, syn. de se faire taper dans les pattes que donne Ross. (S'il était mieux de voir dans les baguettes de cette autre locution une altération de baguettes, Tenailles pour tirer le métal qu'on passe à la filière, cette altération qu >- gu pourrait être une étymo- logie populaire cherchant, à défaut d'image, un mot mieux connu ; mais elle pourrait être aussi un traitement phonétique analogue à celui de béquettes, Pinces (hdt) en béguettes. Pinces (littré) ; et de toute façon ces baguettes se- raient encore un syssém. de pinces, et désigne- raient encore ainsi les Jambes).

baigneur, m., Sot : « Enfin, si vous voulez être du|dernier bateau, ne dites pas à un co- pain qui veut vous bourrer le crânô : passe la main, à la gare, ou tu bouscules le pot de fleurs, mais « tu me prends pour un baigneur », Ex- pressions à la mode, Ver- Luisant, in Front, 16-2-17, (v. ici poisse) ; V, du p. - Semble en relation avec envoyer au bain, Envoyer pro- mener : « Mon capiston, depuis cette affaire-là, je l'envoyais au bain toutes les fois que j'avais affaire à lui », 48® t., -16 ; cf.: « Mince de mince !

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<...>> Si après ce coup nous ne sommes pas bombardés dans l'ordre de la Jarretière, je veux bien aller au « bain )) )), propos d'un mé- cano aviateur, h. delaronce, Croquesel, 3, in France Militaire, 12-10-16 (avec calembour sur l'Ordre du Bain) ; être en plonge. Etre de service surabondamment, collège de Meaux, -05, semble à rattacher à l'anglais plunge, Difficulté.

P|balancé, Fait, Bien fait ; très usuel, soldats et marins : « Voilà qui est balancé, c'est foutu )), dit un fourrier admirant un état nominatif calligraphié, 81® t., août 16 ; « Q'est-ce que t'as ? T'as l'air bien balancé ! », Quelle est ta maladie ? Tu a^ l'air sohde, 81® t., sept. 17 ; mal balancé, Disgracié de la nature ; aga- THA, 112, (avec le syn. mal éclos, ib.) Syn., ballotté, foutu, jeté, ont le même emploi : « c'est un rien, mais c'est jeté » ; || être bien jeté par les pinces, Avoir de jolies jambes, Schw. Sold., 79) ; « y a pas à chiner, c'est foutu », Bien agencé, en parlant d'une machine. Bien peint, d'un tableau ; « T'es bien ballotté ; qu'est-cç t'attends pour aller faire risette aux Boches ? », Gaspard, 183. Les articles ci-dessous confirment cette série syssémantique.

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balancer, Jeter : A, Rejeter (peu importe où) qqch. ou qqn dont on se veut débarrasser : « les déséquilibrés qui ont encore des illusions antialcooliques ou qui n'ont pu admettre la suppression du Pernod « balancent leur gnôle » », Echo des Marmites, in B. des A., 8-11-16. Syn., laisser tomber, laisser glisser, déposer, semer, servir, signifient aussi le même geste de colère, de soulagement et de dédain ; « l'impé- ratif « Laisse tomber ! » équivaut à « Ne dis rien, reste tranquille » », j. l., Temps, 21-10-16 ; laisser tomber un ami, c'est le Rejeter, le livrer à son triste sort animal, à son poids brut indi- viduel, le désocialiser : « son chef devait le couvrir, il l'a laissé tomber », S. A. P.-X, juill.l6 ; cf. Feu, 123, 217 ; « Si le poilu sait qu'il aura à employer contre les Boches le procédé de combat qu'on lui montre à l'arrière, il aura à cœur l'amour-propre s'en mêlant de le bien connaître. Mais s'il doit, champion de sa spécialité à Tarrière, se mettre à l'école d'une autre à l'avant, il haussera les épaules et lais- sera tout « glisser »... », a. l., Journ., 3-9-17 ; « L'on ne plaque plus un raseur, on le « dé- pose » ou on le « laisse » tomber », Echo des Mar- mites, in Ann. p. L, 1-11-16, p. 485. Même

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se laisser tomber, Etre tué : « Il s'est laissé tom- ber à Dixmude », un 2d-m«, fév; 18, s'explique immédiatement par s'expédier par terre, Tom- ber ; et être servi signifie Etre jeté à terre par son appareil ; aviateurs ; | l'infortuné « se trouve « servi » [dans un « cheval- de-bois »] sans même avoir eu le temps d'y rien com- prendre », R. w., Gu. Aér., 15-2-17.

B, Jeter qqn qqch., pour qu'il le reçoive) ; Parisiens au 81® t., 14-17 ; usuel notamment et général à propos de grenades ; | « la bar- baque qu'on nous a balancée hier », Feu, 22 ; « en leur balançant entre les côtes des centaines de pastilles à la minute », e. c. Pet. Journ., 8-4-16, propos d'un mitrailleur ; « On a été tous deux jusqu'à la carrière. On a balancé des grenades ; les Boches sont sortis », propos d'un chasseur alpin. Illustration, 14-10-16, p. 348, c. 3. Outre un cadeau ou un projectile, on peut, figurément, balancer des paroles : « Re- garde un peu ce qu'il nous balançait l'autre jour : », suit la phrase ridicule du camarade désigné par « il » ; | « J'vas lui balancer un perco de ma façon, à c'syphilo-là », Feu, 21-8-16. Syn. envoyer, servir, passer, lais- ser tomber, jeter, ont les mêmes emplois :

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envoyer une chanson, la Chanter ; em^oyer un boniment, Dire qqch! qui a quelque style ; sentir un bobard, Enoncer une * opinion ahurissante ; sentir des gnons. Donner des coups de poing ; " « qu'est-ce qu'il va nous passer [comme engueulade] ? », benjamin, Journ., 17-6-16 ; « Au cours d'une préparation d'artillerie française le poilu a le sourire <<...>> « Qu'est-ce qu'on leur passe ! » crie-t-il en se frottant les mains », Poilu du 6-9, in B. des A., 15-11-16 ; « Mince d'arrosage ! Qu'est-ce qu'y nous ont laissé tomber ! », a. a., Contes ver., 242 ; « on s'est laissé tomber à pleins go- dets, dans l'iampion, du réglisse qui se posait un peu là, du bouché », Feu, 21-8-16 ; en jeter un coup, En fiche un coup, Travailler, Feu, 146 ; d'où : ça en jette un coup, C'est du beau travail, Mousqu., 181. Il est évi- dent que cette série de syn. procède du geste par lequel un ouvrier,pour fournir un outil ou des matériaux à un camarade, les sert et les passe en les jetant ou balançant ou laissant tomber.

Le sens A se trouve dès -81, rig. : « balancer son personnel, sa môme » ; B semble plus ré- cent ; « j"ui ai balancé un rencard », Je lui ai donné un rendez-vous.

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balancer (s'en), ^e faire de qqch. nul cas ; fm'en balance, Parisiens au 81® t., août 14 ; 360® inf., -14 ; parisianisme en vogue crois- sante ; I Gaspard, 252 ; « J'm*en balance, des aristos, moi », boulanger, Est- Républicain, 20-8-16, réponse d'un poilu invité, ironiquement d'ailleurs, à dire comme dans « l'monde rupin » 19 heures pour 7 heures du soir. Syn. et remplaçants : foutre, coller, flanquer, tous verbes signifiant Donner brutalement : il s'en fout ; je TPien colle, Peu m'importe ; lycéens Brest, -90 ; « tu te flanques des signes », Tu te moques des louis, Philibert, 237.

balaneetictuer, Renvoyer ; « I' faut baianc'ti- quer tous ces mecs-là », 81® t., -17 ; \\ balansti- quer, dlle. Suffixation libre de balancer ; cf. ramastiquer, Ramasser, pastiquer, Passer, chanstiquer. Changer. Cf. chalausticer (?), Men- tir, Grossir les choses, d.

balayeuse, f., Dernier train de nuit ramenant les permissionnaires au front, fagus, 563. Syssém. : balai. Omnibus qui, partant le der- nier de la soirée, ramasse sur la chaussée des gens attardés, Paris, -84 et avant ; raclette. Ronde de police, larciïéy.

baldingue, m., Equipement du cavalier ;

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HENRioT. Suffixation libre sur ballot. Voir i^aldingue,

ballot, 1, Homme sot ; usuel, surtout aux Parisiens, et général ; Il ross. ; « c'est un ballot, c'tte môme-là ! », carco, Innocents, 101. ai^oir tout du ballot. Etre un parfait sot. Mé- taphore de fonction, en ce que la fonction d'un ballot est purement négative. Syssém. : la pochetée; le colis, (par ex., j. des vignes rouges, Journ., 31-12-16, à propos d'un aspirant jeunot qui semble plus encombrant que dirigeant) ; le paquet, que j'suis assez paquet », Feu, 21-8-16); la malle .Que malle, ce Russien-là ! », boyer- rebiab, 24 'Heures, 111) ; le sac {ib., 111 ; Ber- trand, Pépète, 64, 120) ; le baluchard, agatha ; V. du p., suffixation libre de baluchon ; autre syssém., occasionnel au moins : le sac à terre : « Dites donc, fourrier ? Parmi vos aïeux ? Est-ce que vous n'auriez pas un sac à terre ? », un adjudant, 81® t., sept. 17. Sur ballot se greffe la queue anecdotique à la gare ! ou au bout du quai !, ou à la gare au bout du quai I, qui s'accompagne la main agitée la paume en arrière devant l'épaule et qui signifie Tu m'embêtes ou II m'embête. Elle semble avoir éclos en -13 ; agatha la donne ; quoi<^ue

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Connue des parisianisants, je n*ai commencé à l'entendre au 81® t. qu'en mars 16 ; donnay, Impr., 75, la suppose encore ignorée d'une dame patronesse. 2, Sot : « C'qu'y a d'ballot c'est que c'est toujours nous qui faisons les corvées et l'aut' compagnie n'en fout pas une rame », 81® t., -15 ; | dauzat, 16-4-17. Sub- stantif pris adjectivement ; cf. boulot,

balocher, 1, Etre ballotté : « Le vin balochait autour de lui et glougloutait dans le fer-blanc [des bidons qu'il portait] », arnoux, Matins 3-4-18 ; se balocher comme un arbre^à prunes, Faire des courbettes répétées (pour saluer), patois d'Armentières, -18 ; 2, Arriver en flânant : Voilà les artilleurs « qui balochent au mitan du couloir », Cabaret, 468 ; la torpille aérienne « baloche juste sur notre tête », ib., 459 ; (I balocher, Flâner en rigolant ; ri g., DLLE, ROSS. C'est au verbe baller, Danser, Marcher à pas mesurés, hdt, quelque désuet qu'il soit, que balocher se rattache le mieux par la forme et par le sens. Cf. rasoche.

bamboula, m.. Tirailleur sénégalais ; D. m. p. Bamboula, Nègre ; usage général. Cf. ma- labar.

banane, f., Décoration de la Médaille Mih-

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taire ; 52® c^^, août 18 ; | aviateurs, Mousqu., 254; similitude des couleurs, jaune et vert clairs, du fruit colonial et du ruban de la mé- daille. — Cf.: tomate, f.. Décoration de la Légion d'Honneur ; officiers de marine, mai 18 ; omelette aux fines herbes, f., Fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire, franconi, Un tel, 142 (qui attribue la métaphore à un Parigot de Charonne) ; oignon.

baoulier, m., Homme de corvée pour aller chercher le repas aux cuisines ; fantassins, sec- teurs de l'Aisne, mai 18. baoule, f.. Marmite, Chaudron ; ib. Originaire de la région de Dinan et Pleurtuit, Le Bars, jeune fantassin témoin de ce mot, voit en baoule du patois de l'Aisne ; mais son régiment comptait nombre de Vendéens ; or, au Croisic, 12-14, la baoule, est le Panier que porte à dos le pêcheur de cre- vettes ; en espagnol baoul, m.. Colis. Plus lointain est bouille, boille. Récipient pour transporter le lait à la ville, en Jura suisse.

baptisé, m.. Aviateur qui a fait son premier vol (avec défense de rien toucher aux com- mandes) en compagnie d'un moniteur : « Le « baptisé » descend un peu pâle », thavet.

barbaque ! la), A la viande !, commande-

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ment (du troupier) pour aller à l'assaut ; d. barbasse, f., Viande ; 81^ t., cet. 14, un voyou nantais ; 2^ c^^, oct. 18. Substitution de suffixe : barbaque. Viande, usuel à l'école J.-B. Say, Paris, 1900-01, donné par ross., tandis que ri g., vingt ans auparavant, donne barbèque, a pour vraisemblable étymologie le roumain berbec, Mouton, et daterait de -55 ; nos soldats, occupant la Dobroudja, y mangè- rent le mouton d'Orient au goût fort ; le même traitement de -bec en -bac se retrouve dans morbaqucy Morpion, pour lequel rig. ne con- naît que morbec. Cf. malabar,

barbelé, m.. Fil de fer barbelé: général; | « les boîtes de singe qu'on avait accrochées aux barbelés », saint- cassin, Temps Buté, in FTbnt, 1-9-16. D'où barbouillé, m., même sens ; 81^ t., nov. 16 ; fantassins dans l'Aisne, 2^ c^l, -18 ; I « planter sur la plaine <...> des fils de fer, du « barbouillé » », l'autre sergent, Œuçre, 4-11-16. - Déformation consciente comportant allusion au méli-mélo embar- bouillant de ces fils.

barda, m.. Fourniment, ensemble des objets affectés à un fantassin, et dont la pièce de résistance est le havresac ; usage général :

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« tout mon barda » ; || « l*activité silencieuse des tribus -<...>> rangeant le harda », p. et v. MARGUERiTTE, Braves Gens, 35. Mot aux zouaves, ross. ; aux soldats d'Afrique, D. m. p.; « Le « barda » est le sac du tirailleur ; il est formé par la toile de tente dans laquelle sont roulés les effets ; les quatre coins de cette toile, noués, forment deux bretelles passent les bras », baratier, Epopées africaines, 80. Cette définition, supprimant l'image du havresac rigide, a l'avantage de nous rapprocher de l'origine du mot, savoir l'italien harda. Cou- verture de cheval. Cf. malabar. Bazar, au lieu d'exprimer le Fourniment par son en- veloppe, considère la multiplicité des articles. ' bardin, m., même sens ; inf., secteur 174, '18 ; HENRIOT ; LAMBERT ; D. Dér. de barda ; le suffixe est peut-être à bardin, m., Tout ce qu'un fleuve laisse sur les rives après la crue, Loire -Inf,

barder, Etre ou Devenir intense, dur ; 81® t., 14-17 ; marins, 17-18 ; usage général : « Ça barde pour ma pomme », Il m' arrive une affaire épineuse ; | « Celui qui n'a pas vécu en hiver dans une tranchée ça barde ne sait pas com- bien la vie peut être une chose simple », apol-

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LiNAiRE, M, de Fr,, 16-2-16 ; « il y a des coups que ça bardait », donnay, Impr,, 64; || mot usuel au 19® inf. (Brest), -94 ; chez les soldats à Nantes, -12 ; et m'est attesté usuel à Rouen, -90 ; Rennes, -95 ; l'Ecole Normale Supé- rieure, -99 ; Dol, -01 ; Caen, -08 ; Constan- tine (chasseurs d' Afrique) ; -09 ; il est dans ROSS. ; « D'après ses prévisions, le combat durerait longtemps. « Ça bardait ». », charly, dans V Indiscret, dernier trimestre -05 ou l®r trim. -06 ; « Merde ! ça allait rien bar- der ! », PERGAUD, Guerre des boutons, 72 ; ib. 270 ; « Tu parles si ça va barder », m argueritte, Fabrecé, I, i ; « faisons-nous des progrès au con- cert ? Ça pige, ça barde, ça boulotte », Echa- lote, XVII, 58. Sens et emploi intransitif développés de barder, Transporter avec un bard, (des pierres, par ex.) ; on disait fort bien, au 19® inf., -95, « Je vais vous faire barder » ; de bardée. Charge : « avoir une bardée », Avoir le plein de l'estomac, à propos de buve- ries, ouvriers nantais, -15 ; « être bardé », Etre ivre, un Nantais, -18 ; bardée. Excès de boisson, est angevin, verrier et onillon ; puis barder, Etre lourd : « des colis qui bardaient », ross. ; et barder, transitif. Traiter durement : « m*ame

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ïtSNAULT ^ 5

Bèzômajou trouve quèque chose de nouveau pour nous « barder « », Contes de Bibi-Tapin, Le Colonel Briquemol, 5. Il peut y avoir eu influence de bardot^ 1, Petit mulet, 2, Souffre- douleur, vTête de Turc ; alors barder intransitif serait syssém. de muter, turquer, Peiner. L'an- glais a drudge, Esclave, Bardot, et to drudge, Travailler péniblement. La traduction Etre entrebâillé, pour une poche qui « barde », In- térieur des prisons (1846), n^est peut-être duo qu'à une attention excessive accordée à un emploi particulier du mot.

barre ! (zéro la), Rien ! ; marins, 16-18, très usuel: « je suis rendu a mon bâton de maréchal et suis bien heureux car au moins je n*ais pas à me manger le sang pour tacher de gagner avec des supérieurs qui ce fiche de toi quand il te voyent à moitier crevé par le boulot qu'ils te font faire [;] pour moi rien à faire [;] que l'on me donne du monde et je fais travailler [;] au cas contraire zéro la barre ! », un 2d-m® mé- canicien, 7-9-16. La barre du gouvernail est actionnée, au moyen d'engrenages et d'un moteur, par la commande qui est aux mains de l'homme de barre ; cette commande est d'ordinaire une roue à poignées ; devant cette

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foue Thomme de burre voit l*axiomètre, l'aiguille marque zéro quaud elle est perpen- diculaire au plan de la roue et parallèle à l'axe du bâtiment. Le cadran de l'axiomètre porte 70 divisions, 35 à gauche du 0, autant à droite ; l'officier de quart commande « 5 à droite ! )), « zéro, la barre ! », « 8 à gauche 'Le com- mandement « zéro la barre » ayant une valeur réelle et un effet positif, la barre dans notre locution argotique n'est qu'une queue roman- tique sur zéro, Pas de.... Rien, ex, : « Pourquoi aussi qu'on n'a rien de rien ? Faut faire la soupe, zéro bois, zéro charbon », Feu, 33, usuel avant -14, à l'influence des documents écrits, notamment des états administratifs, (et qui se range ainsi parmi les produits de l'in- fluence grandissante et abusive de l'écriture sur la langue, 1^, avec un point c^est tout qui sévit dans le style oral depuis au moins 1902 ; 2^, avec bâton, rat, érème, le six-sept, le sys- tème D ; 3^, avec domp-ter, som-met, ga-geu-re et autres prononcés barbares).

barré, Ivre; mécanos d'avo», p^u^ mars 18.

barreaux de la chaise (les), les Minuties :

« à la guerre, il ne faut pas s'embarrasser

dan» les barreaux de la chaise », Chercher

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la petite bête, Etre difficile, j^aràud, ?1.

bastos, f., Cartouche de fusil ; légion étran- gère ; D. ; métaphore de forme ; en outre, les bastos sont des cigarettes à bon marché, comme, parmi les projectiles, les cartouches ; une car- touche est un obus réduit ; bastos, Cartouche, est le diminutif de cigare, Obus. Syssém. : bigarrette, f., Cartouche ; d. ; apparenté à pégarre, f., Cigarette, mécanos d'avon Pau, -18.

bastringue, m.. Fourniment : « se mettre le bastringue sur le dos », 2^ c^^, -18. Ici comme aux autres sens, Lieu public de danse et de buverie. Tapage, Etui à outils pour malfai- teur, bastringue répond à autant d'acceptions de bazar et s'avère suffixation libre de bazar ; bordel a aussi les quatre mêmes sens.

barriau (sauter le). Escalader le parapet pour attaquer ; 95^ inf. (Berrichons), 14 (Bois-Brûlé, forêt d'Apremont), -18. - Barriau (prononcé berrichon ou nivernais de barreau, désigne dans le Centre la palissade ou la barricade mo- bile, sorte de Porte entre deux enclos. Fin -14, début -15, de petites échelles de bois étaient dressées de place à autre contre le parapet de la tranchée, au Bois-Brûlé, pour parer à tout imprévu, les attaques locales étant fréquentes.

Barriau fut, d'abord, soit l'échelle, soit le parapet, et en tout cas, Téchelle disparue et le mot conservé, le parapet. . bataille de confettis, f.. Chargement de char- bon à bord ; marins, 16-18 : « Demain y a ba- taille de confettis ». La poussière de charbon vole à la figure.

bâton, m.. Bataillon ; usage général ; | Caba- ret, 465. A cause de l'abrégé « bat^^ », dont se sert le fourrier et le peintre sur voiture. De même dans la marine lieu de çaUj Lieutenant de vaisseau, à cause de l'abrégé « lieu, de v^^ ». Cf. déesse, chasse-patte, -ou, cuir, cama. D'où père-bâton, m.. Chef de bataillon ; 40® art., -18.

bâtons (mettre les). S'en aller, Se sauver ; 8le t., mars 16 ; S. A. P.-X, oct. 16 ; 46® inf., 16e, 20e chass., -17 ; 40®, 53® art., 17-18 ; ma- rins, 18. - me^on les bâtons, c.-à-d. les Jambes, pour se sauver ? on les. prend à son cou. Le fantassin se plaint d'avoir les jambes raides « comme du bois », comme des bâtons de chaise (rig.), des quilles, des poteaux, des échasses, des badines (rig.), des baguettes. Cette étymologie semble adéquate, et celles qu'on m'a proposées, de voir dans les bâtons soit des timons de voi- tures, soit des leviers de direction d'avion, je

ne puis que les remettre jusqu'à preuve d'ori- gine aviatrice ou trainglote ; le pluriel les bâtons, qui les contredit, est constant. Sys- sém. : mettre les bouts de bois, Partir ; 46® art., 46 ; 46^ inf., -17 ; 53^ art., 130e inf., 2^ cal, -18 « J'ai pris mon violoncelle et j'ai mis les bouts de bois dans le salon )). un brigadier violoncelliste ; « V'ià l'train qui met les bouts de bois », divers soldats ; || mettre les bouts de bois était usuel à Lille avant -14, témoignage d'un jeune Lillois ; mettre les bois, Se sau- ver ; 98e i^f.^ .17 . 95e inf., 40e art., -18 ; mettre les bouts, Se sauver : «Le coup de main était loupé, on s'est mis les bouts, dans le boyau », 66e chass., mai 18 ; mettre les cannes, Partir ; 46e inf., -17 ; 40e, 53e .^rt., 13e tir. alg., matins, -18 ; « maitre les cannes », Quitter le secteur, un soldat du 1er étranger, lettre, sept. 16 ; [ « On m'appelle à la cuis- tànce. Je mets les cannes », chapelle ; « à se mettre les cannes, c'est-à-dire à prendre les jambes à son cou », rocher (cf. bagoter) ; mettre les triques, Partir ; sain. ; mettre les flûtes. Partir ; 40e ^pt., -18 ; mettre les ba- guettes ; cf. paturons et flubes. Le soldat «uiede dit mettre les tubès, Sûhw. Sold., 69, 71, 72.

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Un pronom remplace ces noms ; on dit : les mettre, Partir ; 46^ inf., -15 ; très général et très usuel : « la loco les met » ; | « On les met », « Mettons-les », « il faut même qu'ils [les Boches] les mettent, un jour ou l'autre », Feu, 30, (cf. 167, 208, 218). Et, le soldat simplifiant encore : « Dans les rangs l'un dit . à l'autre : « Mets donc par quatre, eh ! ballot I », Marche donc par quatre, luc platt, marin fusilier, carnet, in PeU Par., 20-5-16 ; de cette dernière construction je n'ai que cet exemple, et elle est inconnue de plusieurs bons témoins, fantassins, artilleurs et marins.

baveux, m., A, Journal ; 360^ inf., 14-15 ; H Paris, avant -14 ; haçeux, Médisant, dlle. B, Savon ; marins, -18 ; | « le système ba- veux », le Lavabo (d'un café), Feu, 324.

béard (laisser), Laisser (qqch.) tranquille ; Un poilu a demandé était le bouthéon, on lui a répondu ironiquement, (c'est une des scies du jour,) « derrière toi ; le bouthéon est sale, il demande il y a de l'eau, le chœur lui répond « derrière toi ! » ; alors l'homme exaspéré : « Ah ! Laissez ça « béard » », p'^pit GARS. Béard, Tranquille, dlle.

béoane, f., Mitrailleuse ; un commerçant

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aux halles de Paris, 81® t., août 14 ; un Nan- tais, 8le t., -16 ; un 1* mitrailleur, 156® inf., avr. 18 ; 289® inf., mai 18. Bécane désigne toute Machine ; l'application la plus ancienne connue est Locomotive, ri g. ; (cf. bécasse, Machine à vapeur, poulot. Le sublime, in lar- CHEY, 1888), puis Bicyclette, IJondeuse méca- nique (le deuxième clairon « m'a pas rasé, i' m*a « simpement » comme qui dirait tondu avec sa bécane », boyer-rebiab, 24 Heures, 29), Machine à écrire, etc. Géane, féminin patois (H*- Maine, par ex.) de géant, ornemaniste dé- rivé de ornement, plafonner, de plafond, prin- tanier, de printemps, autorisent à voir en bé- cane le féminin du bécant. Oiseau, de Targot faubourien. L'oiseau chante, crie ; l'outil, la mécanique, le véhicule, crie, grince, guiore ; aussi la Fausse clé du cambrioleur est un oiseau, grison, Gil Blas, 21-4-85, et un rossi- gnol ; la Voiture est une chignole, c.-à-d. une pleureuse, et une guimbarde, c.-à-d. une mu- sique ; la Locomotive, le Tank, l'Avion, le Di- rigeable, la Mitrailleuse, des bousines, bousins et zinzins, Toute Machine de fer est donc une oiselle, une bécane, Gf. tacot, béqneter, tr. et intr., 1, Manger ; général,

plus usuel aux Parisiens et Parisianisés ; | AGATHA ; PANTRucHARD ; |1 l'image est an- cienne : « Nos oiseaux de proie [deux sou- peuses galantes] recommencent à becqueter », LESAGE, Diable boiteux (éd. Bibl. Nat., I, 138). 2, Manger (au figuré), Dépenser : « J'ai bé- queté pus de vingt francs », artilleur nazairien, -17 ; jl béqueter une thune, ross. Dér. : bé- auetance, f., Repas; 13® tir. alg., -18; | becque- tance, pantruchard ; poilulogue ; bectance, Feu, 23 ; becauette, f., Fourchette : « On pose son godet, son couteau, sa pelle et sa becquette », Feu, 21-8-16 Nous laissons (sur la table) verre, couteau, cuiller et fourchette ; M. Barbusse l'a entendu « une fois ; il était peut-être improvisé» par le parlant; le suffixe -ette est pris à fourchette, le syn. prochain^ par ce parasitisme morphologique, qui est, (cf. pép'ère), une loi d'argot.

berlingot, m., A, i, Automobile ;S. A. P.-X, nov. 16 ; I texte sous chaufferette ; 2, Avion, « Suis le berlingot qui monte en chandelle », musidora. Berlingot, voiture désuète (du XVIII® siècle) ; d'où Véhicule avec va- leur dépréciative ; cf. tacot. B, Comman- dant du camp d'av^^^ de Pau et de tout

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camp d'avoii ; mécanos d'aven, Pau, mars 18.

berniquette, f., Eau-de-vie ; 95^ inf., 7^ c^^, très en vogue depuis mai 18. .

bertillette, f., Eau-de-vie ; 95^ inf., 7^ c^^, très en vogue depuis mai 18.

bessonneaux (faire des), Rebondir au sol ; aviateurs, Miramas, mai 18. Image prise de l'aspect ondoyant d'une série de hangars d'aviation Bessonneau vus d'enfilade et quant à leut toit voûté. Syn. : atterrir au ricochet^ ib.

biblosco, m.. Projectile (quelconque) ; usuel aux crapouilloteurs du 177® art., août 18 ; - suffixation de bibelot.

bicot, m., 1, 1^, Soldat de couleur de l'Afrique nord, Arabe, Berbère, Marocain ; usage géné- ral ; même, 2^ parfois. Sénégalais; 1| se date au moins de -02, se rendit fameux un « Bicot de Montparno » ; on eut aussi un « Bicot de Montmartre », Journ.j 5-4-03 ; « Hein ! dit un Breton, on leur a fait la pige aux mocots et aux bicots ! )), Dépêche de Brestj 27-7-06. Apocope de Arbicot, suffixation de Arbi^ libre suffixation de Arabe. 2, Marin chauffeur (matelot, qu^^-m® ou sous-off., et non pas seu- lement quartier-maître comme dit d. ; marins,

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14-18 ; Il dès -98. Son métier le fait bronzé, en fait un Noir.

bicyclette, f., A, Pince-nez : « T'as ta bicyclette sur ton nez ? )), 81® t^, mars 16. Métaphore sur la forme du pince-nez aux cercles jumeaux. -^ D'où, plaisamment, bicycliste, m., Homme porteur de lunettes ; agatha ; et non pas dérivé de besicles, comme dit sain. ; et, syn., cycliste de bataillon, m. ; c^l, 15-18. B, Seau liygiénique ; d. Métaphore, non de forme, mais d'attitude : on l'enfourche comme uiio bicyclette.

bidou, m., Simple soldat quelconque; inf., secteur 174, avr. 18 ; | « vulgaire bidou )^, BRiNGER, M. le Vicomte^ 53.

biff, m., Fantassin de ligne : « ! les biffs de la du ...® », Pépères, 17 ; apocope de biffin.

bigor, m., Artilleur de marine : « Ces cadres admirables, officiers et sous-officiers de nos marsouins, de nos bigors et de nos divisions algériennes, tunisiennes et marocaines », z, Armée de 1917, 245 ; H usuel à Brest dès >85. Apocope de bigorneau, même sens. Le bigor- neau est un mollusque qui s'attache aux roches côtières ; l'artilleur de marine en fait autant.

~ 7^

RiG., LARCHEY, DLLE traduisent bigorneau. Soldat d'infanterie de marine ; c'est un contre- sens ; le fantassin de marine navigue, c'est un marsouin ; ross. le traduit « soldat de la ligne appelé ainsi par les zouaves » ; chapelle écrit, dans une version poilu-français, « un bigorneau comme moi «<•.•> Le bigorneaUy c'est le fantassin »; et on a signalé des Balkans, à D., ce sens que je n'ai pas observé. D'où bigorre, £., Artillerie de marine ; D. m. p. ; cf. marsouille,

bigorner, 1, Démolir par capotage : « se bi- gorner », Capoter à l'atterrissage ; aviateurs, Mi- ramas, mai 18; | « le « coucou » est « rectifié », « bouzillé », « bigorné » et le « corbillard » l'emmène au « cimetière » <...> Par exemple, pour l'atterrissage il jfaut avoir l'œil afin de ne rien « bigorner » ! », thavet ; « de bigor- ner Fritz », de Détruire l'avion boche, mont- GEORGE. 2, Tuer : se faire bigorner, Aller à la mort ; 13® tir. alg., -18 ; en vogue générale ;

se bigorner, Aller à l'assaut ; 18® chass., -18.

bigorné, m., Cadavre ; Parisiens, -18 ; bigorne, f., Trépas ; zouaves, d'où il passe au 13® tir. alg., juill. 18 : aller ou monter à la bigorne, Aller se faire tuer.

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billard, m., A, Terrain d'exercices ; brosser le billard, Faire des exercices de guerre en ter- rain varié : « Demain les poilus au repos [au cantonnement] devront se contraindre, comme ils disent, à « brosser le billard )> entendez à subir les trois appels et l'exercice en campagne matin et soir. Après le « travail » de là-bas [des tranchées], cette servitude leur paraîtra humi- liante, comme une rétrogradation », Trois jours, 16-7-16 ;- l'idée est qu'on frotte le terrain à le faire reluire. De même briquer, Frotter, (a briquer le pont du navire »), d'où briqueviïle, Portefaix, (de qui les courses astiquent les rues), et briquer la mer Depuis deux ans qu'il « briquait » la Méditerranée orientale, se lais- sant drosser à droite, à gauche, <...> », MILLE, Les pêcheurs de monstres, Jourrh., 8-8-17) ; de même, gratter les paires. Etre misérable, RiG. ; polir le bitume, Se promener pour cher- cher pratique, Jargon (1849).- B, Terrain de combat : « F..., est cultivateur. <;...>» H sait ce que pourrait produire le a billard », tout ce terrain inculte fécond seulement en moissons de lauriers ! », Bochofage, in B. des A,, 14-3-17 ; monter sur le billard, Sortir de la tranchée pour l'assaut ; 81® t., -15 ; sys-

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sém. : tapis, m., même sens ; monter sur le tapis, Sortir de la trancliée pour l'assaut, 81® t., -15 ; se battre sur le tapis, Combattre sans tranchées, 289® inf., -18. C, Table d'opération chirurgicale ; ambulance de la Maison-Blanche près le Bourget, janv. 16; | Le blessé opéré sept fois s'insurge quand on lui parle d'une huitième intervention, « et, selon l'expression consacrée, déclare qu'il ne veut plus « monter sur le billard » », e. de FEUQuiÈRES, Pet. Par., 26-6-16.

L'idée comporte deux images: un espace plat et un jeu, J'entends aussi monter sur le billard, Se mettre au lit pour les jeux d'amour, un Pa- risien, -15 ; cf. caramboler une femme ; ici et dans l'emploi C la scène est vraiment un pla- teau ; si dans l'emploi G l'acteur risque sa peau, si dans les emplois A et B le plateau est raboteux, l'idéô n'en est pas moins que le secteur de « no man's land » à conquérir est un champ-clos se joue un jeu aux règles ma- thématiques. Les filles nomment tremplin leur endroit de racolage, dlle. Le secteur de l'assaut est aussi nommé la plaine, c*^, -18 ; le plateau : monter sur le plateau, Don- ner l'assaut, ib. ; il est schématisé en sur-

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face plane. Balayer les . planches. Jouer dans un lever de rideau, rig., rappelle brosser le billard d'autant mieux que les planches théâ- trales sont nonamées le plateau et le tremplin. Les matches de boxe deux champions montent sur un plateau limité ont pu nourrir dans l'imagination populaire les termes de billard et de tapis : « Grassi se relève <<.,.> Griqui le renvoie au tapis par un upper eut «, Auto, 4-4-18, p. 2, c. 4. {Monter ^ur la plancïw, Comparaître devant un tribunal, boss., offre une image d'escrime).

biniou, na.,1, Clairon, 2, Soldat ou Matelot clairon ; 81^ t. et marins, 14-17 ; 109^ inf., 16-17; 130^ inf., 2e 0^^, -18; n marins, 19^ et 47® inf., 95-96. Du breton biniou, Cor- nemuse:

biquet, m., Soldat de la classe 18 ; 18® inf.; -17 ; I proposé par descaves, Journ., 20-3-17 ; Marche des Biquets, chanson de courtois, à la suite du Doute impie, pièce jouée en nov. 17 au centre d'instruction de la IV® Armée.

birouie, f., A, Ballon captif d'observation ; mixte, -18 ; de biroute, Membre viril, mot populaire (surtout dans le nord) ; la longueur du ballon, et la rondeur de ses bourrelets sta-

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bilîsàteurs, impose cette image, et les illustrés gais ne se sont pas interdit d'en jouer ; dér. : birontier, m., Equipier d'aérostation ; mixte, -18. B, Manche à air, suspendue à un mât, un pylône^du camp d'aviation ; gonflée par le vent, elle en montre la direction et la force ; diverses escadrilles, 17-18 ; Miramas, mai 18 ;

pendante par temps calme, horizontale par vent fort. Syssém. : bitte, f., Ballon captif d'observation ; 81® t., mai 15 ; général ; couille, f., même sens ; divers soldats, -17 ; rêve de vierge, m., même sens ; « un B. C. A. (lisez : ballon captif allongé), d'aucuns l'ont encore appelé « Rêi^e de Vierge » », micro még as, B. des A., 28-11-17.

biscotte, f.. Rengagé ; 40® art., -18 ; d'où, par libre suffixation, biscaille, f., même sens, ib. ; remplaçants syn. de biscuit, m., usuel et général : « Qu'est-ce que c'est que ce capitaine A.?

C'est un biscuit. Ho, alors ! », S. A. P.-X, ►16 ; Il avant -14. L'Engagé est nommé une boule : il s'est « vendu » pour une houle de pain par jour ; (dans la marine et l'inf. c^^® il est nommé fayol ; faire fayol, Se rengager dans la marine, pour pouvoir manger des fayols) ; l'Engagé étant une boule, le Rengagé est une

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boule recuite, un pain puissance 2, un biscuit

D'où lulu, m., Rengagé ; 40® art., sept. 18 ;

du biscuit Lefèi^re- Utile dit lu, puis lulu. Biscuit, Engagé volontaire, d., est un sens abusif.

bistouille, f.. Eau-de-vie ; 81® t., 14-17 ; et autres corps ayant passé par le Pas-de-Calais.

bistouille, f., Café additionné d'eau-de-vie, Pas-de-Calais.

bistric, m., Fourniment, Fourbi : « je trim- balle tout un bistric », 112® inf. ou 304® inf., A. ARNoux. Dér. : bistriquette et bistri- caillon, créés pour un plaisir de sonorité, mo- nax recueillis par a. arnoux ; | « Moi, je suis soldat de deuxième classe et je distingue trois choses à la guerre : le bistric, la bistriquette et le bistricaillon. Pour le reste, toc et toc.... Vous avez compris, Monsieur ? », réponse narquoise d'un soldat interrogé sur la guerre par un civil indigne d'une réponse. Cabaret, 459.

bitord, m., Saucisson ; chass. à' cheval, D. Pris à la marine : bitord, 1, Cordage de marine à torsades ; 2, chez les marins, Sau- cisson de tabac à chiquer.

blairer (ne pas), Ne pas aimer, Ne pas ad- mettre volontiers dans sa société ou dans son

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■tMAU&V ^

esthétique ; Parisiens et parisianisés, 16-17 ; « je ne les blaire pas beaucoup », un marin, -18 ; | « un mec que je ne peux pas blairer )>, pantru- CHARD ; Les ordonnances d'officiers, « je les blaire pas, je les considère pas comme des hommes libres )>, Cabaret, 464, Blairer^ dér. de hlair, Nez,, organe fait pour sentir, ne s'em- ploie, comme, au même sens, son synonyme pouvoir sentir, qu'en tournure négative ; c'egt pourquoi on ne peut pas poser blairer = Aimer. Mais en traduisant blairer = « détester », sain. £| eu la même distraction que l'auteur de V In- térieur de^ prisor^s (1846) écrivant « Piffer, détester » et « Naser, détester, abhorrer ».

Wanquet, m., Vin blanc ; assez usuel au 112® ou 304® inf. et au génie, a. arnoux; | « Une chopine de bl^nquet »j Cabaret, 468. Syn. : l)lançhouillard, m., d.

Weô, m., 1, Rase campagne, Terrain (inha- bité) entre les lignes, ou (en tant qu'inhabité) sur la ligne de feu ; 130®, 156® inf., 17-18 ; 2e (.al^ _^g . JQ-ncer dq,ns le bled, Attaquer, (on y dit aussi foncer dans la brousse) ; 40® art., -18 : « prendre position dans le bled p, Mettre en pQsition sans abri de pièce ; n'est employé au §!• t, que par les anciens Africains ; | « vous

faire jcigouiller en faisant les zouave? «U8 l'Wed. <„,> On grimpe pus Tparapet et nons weilh sus l'bled », sAiNT-cAssm, Temps Buté, in Front, 1-9-16 ; « ep panne dang le bled, QÎiki^T avia- teur, <,M>, au front », FJ6 Par., 9-9-16, p. 688, 0, 2, 2, Front : « Yqus saisirez <..,>le prâ qu'un poilu attache à qptte nii^e au point ayant de regagner le « bled » », e. mer;.e, lettre ftux journaux. Matin, 10-5-18, p, 2, ç, 4. 3, En- droit (quelconque, même yilJage), CftRtQn^e- meAt ; 156® inf., mai 18, ce sens rare est réel mais nouveau ; | « un chic fcled » fiù qn res- tera « quinze jours », « deux colis m'atten- dent au bureau du chef », m^ç orlaî^, Journ^^ 1-9-17. Algérien bled, nï,,Terrain, Campagîie, Cf. çkouya,

blet, Ivre ; 22® C, 0. A., mai 18, -^ Sysgéni. : mur, Ivre ; 81® t., 14-17 ; \\ Brest, -95 ; | ?îpss.;

d'où muraille, Ivre ; 109® jnf., -1? ; génie, avr, 18 ; | Cabaret^ 458 ; -^ suffixation Jifcre ;

d'où muraillée, f.^ Partie d'ivrpgnerie : « une muraillée générale », 81® t., -14,

[;^^ bleus aille, f., 1, goldat de la plus jeune classç, par ex, un soldat de la classe 11 yerpé pa^nii des territoriaux ; 18® inf., rl4 ; 81® t„ -15 ; -r- 2, Soldat nouveau-arrivé au çprps, mêniç §'i}

-93--^

k

a fait campagne antérieurement : « d'ia bleu- saille ! », Gaspard, 268, cri de soldats du front à l'adresse d'un renfort du dépôt ; « t'es encore une « bleusaille » », ih., 241, encore Naïf. Syn. au sens 1, blenvasse, m. Sale bleu- vasse ! », 81® t., -16 ; j] acker. Soldat Bernard, 110 ; bleuçasson, ib,, 63 ; cf. pétasson.

Blentinet, m., nom d'un journal du front, mai 16. Dér. de bleu, Jeune soldat. Le -t- qui amorce le suffixe se retrouve dans bleuté. Teinté de bleu, et le suffixe -inet dans rouginet, m., Vin rouge, d.

bobard, m., 1, Blague, Récit suspect : « lancer des bobards », Lancer des faux-bruits ; Pari- siens et Bretons parisianisés, 81® t., -15 ; | Feu, 43, 227 ; || « ces bobards-là », curnonsky, Matin, 29-3-12, à propos de maximes morales aventureuses ; 2, Méprise : « faire des bo- bards », Se méprendre ; Parisiens et voyous nantais, 81® t., -14. Bobant, Forfanterie, Roman de la Rose, vers 9429, est trop lointain de date'^et de sens. On expliquera mieux bo- bard, 1, par une suffixation libre sur boniment, et mieux encore bobard, 1 et 2, par bobèche, Hête, pris au sens de Coup de tête et d'Imagi- nation ; cf. monter le bobard. Illusionner,

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hobard est syn. de hourrickon. Tête. Le pas- sage du sens 1 au sens 2 se retrouve sous perco. bobosse, m., Fantassin ; assez général, moins dans l'inf. que dans les autres armes ; | « Quand les Bobosses ont mis les voiles des tranchées avec tout leur bardin, on a pris le « Saurer » des Galeries- Lafayette et sommes à c't' heure au repos », pantruchard, c.-à-d. Quand nous avons (nous autres, fantassins), quitté le secteur (par notre relève) avec tout notre bagage, nous avons pris l'omnibus des tranchées (les camions autos)..., (et non pas : Quand les « Boches » « se sont sauvés », traduc- tion absurde donnée par sain., p. 54) ; hirsch, Journ., 7-2-16 ; m. l., N. Contes vér,^ 192 ; || usuel dès -96 ; et aux hussards, Alençon, -09.

Apocope à redoublement de fantabosse. Je n'ai pas recueilli, depuis -14, dachebosse, m., Fantassin, qui m'a été certifié en -13 usuel dans i*est et chez les Polytechniciens issus de l'est, et qui semble le chevauchement de jan- tabosse et de Dache (perruquier des zouaves);

ni chabosse, m.. Fantassin, que donne d. bocco, m., Boche ; usuel au 289® inf., juin 18 ;

G. MARÉCHAL ; « si Ics Boccos me le permet- tent », c.-à-d. si je réchappe, lettre d'un 1* du

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289®, juill. 18. Le mot semtle spécial à ce corps. Il y est conçu comme dérivant de boche et sans parenté avec hossu, Boche, qui y est inconnu.

boche, A, m., 1, Allemand ; 2, Belligérant progetmain ; B, adj. m. et f., 1, Allemand ; 2, Progermain ; â, En convenance avec la pensée, le caractère germanique ; pre- mière audition en campagne, de Parisiens du 69^ inf., combattant entre Hem et Curlu avec ma son de mitrailleurs du Bl® t., 23-9-14, (pro- noncé bheuche) ; le mot ne s'est vulgarisé au 81^ t. que l^hiver suivant (par les journaux ? par les éléments d'activé en liaison ?) A Paris, eii oct. 15, quand M^le A. D. put revenir d'un couvent d*Ucle-les-Bruxelles, elle qui avait toujours parlé pur parigot, sa stupéfaction à entendre parler de Boches n^eut d'égale que la stupéfaction de ses parents devant tant d'igno- rance ; I « Voici la forêt de Moyen\ al <<•••>► Les boches y fourmillent )), aviateur david, carnet, 23-B-14, in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135, c. 2, et ih., c. 3. Dès -15 l'Intendance distribue au front « l'Anti-Boche », papier à cigarette. Boche se trouve dans la « citation » de Jacquet, assassiné à Lille, patue au Journal Officiel peu

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avftnt le 29-5-16. Une note de k Vlîl^ Ai'ïnêe, 14-1-17 l'interdit en style officiel, parce que (( la coi'tection du style honore celui qui en est Tauteut. » (!) Mais une autre, datée G. Q. G., 6-6-17 et signée pétain, Remploie deux fois. - L'anglais, dès -14, Ta emprunté : bôsh ; A. fr., 13-12-14, p. 2, c. 4. \\ Boche, Allemand, est dans noteîi, bruant et ross. ;- Sui' sa vie modeste de -01 à -14 je pourrais joindre des faits à ceux qu*on a cités ; à dire qu' « Aucun témoignage n'a pu le relater avant 1900 », d., il y a erreur : il est en toutes lettres dans tJÈ BERCY, {Lettres argotiques. Lanterne de Bruant, 1896, 65, p. 5) ; dans dlle (1896) ; dans viRMAÎTRE, Dict. d^argot (1894) ; dans VERLAINE dès -89, Kant, Schopenhauer, Hegel et autres Boches », in huret. Enquête (1891), et Art et Critique, 15-6-89) ; « Bal des Boches » est le nom d'un bastringue, boule- bard de la Gare, Paris, -86, et « n'importe quel habitant du quartier vous dira que Boche est synonyme d'Allemand », Courrier Français^ 6-6-86 ; on affirme l'avoir entendu en -70, Int. des Ch., LXXI, 29. Tête de hoche, qui n'est pas attesté plus anciennement, ne dit rien d'autre que Tête d'Allemand ; et les Boches

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étant têtus et lourds, on l*a employé à l'adresse des lourdauds entêtés ; de même « tes raisons de boche », hirsch, Le Tigre, 255, répond à querelles d'Allemand (^). Naturellement boche ser- vait pour tout ce qui parle germanique ; d'où Boche, nom pour concierge alsacien, zola. Assommoir (1877), et sobriquet pour ouvrier luxembourgeois, Int. des Ch., LXXII, 126. C'est l'apocope d'alboche. (Le même procédé, appliqué sans doute à rigolhoche, a donné boche, m., Mauvais sujet aimé des petites dames, delvau, 1866).

Dér. : Bochie, f., Germanie ; très usuel au 8le t., mai 16 ; au 2^ c^l, août 18 ; | liou- VILLE, lettre à Capus, Figaro, fév. 16, in A. fr..

(1) SAIN, cite : « Tête de boche. Ce terme est spéciale- ment appliqué... aux Allemands, parce qu'ils compren- nent assez difficilement -<...>> », boutmy. Langue iferie typographique, 1874. Mon exemplaire de boutmy, 1874, second tirage portant trois additions, ne souffle mot de cette locution. De « spécialement » d. a fait « plus spécialement » ; c'est corrompre le témoignage. Le « parce que » de boutmy ne suffit pas à inverser l'éty- mologie.

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19-2-16 ; suffixe comme Turquie; Boche- nie, L, Germanie ; 81®t., -15, apax ; d'après

Germanie, ou Bosnie? ; bo chérie, f., A, Acte boche ; très usuel, 2^ c^^, août 18 ; B, Objet boche : « vous rapporter quelques bocheries », BARON (4® spahis), lettre, 11-6-15, à ses sœurs qui demandaient s'il avait rapporté des tro- phées ; C, Pays et Société boche : « en Bo- cherie », 40® art., -18 ; | m. l., iV. Contes vér,y 195 ; suffixe comme turquerie ; bochon- nerie, f., Acte sale d'un Boche ; 40® art., -18 ;

I DONNAT, Figaro, 3-4-15 ; chevauchement de hoche -j- cochonnerie ; bochetçn, m.. Re- jeton de Boches : « Mort à toute cette salle race de boches et de bochetons et leur chef Guillaume fusillé sans retard. Un poilu de la classe 1893 », crayonnage, poste de guetteur, 81® t., Wailly, fév. 16 ; | « demi-Bochetons », L. n»AUDET, Vermine du monde, A, fr., 26-5-16 ; suffixe comme moineton. Petit moine ; bochaillon, m., même sens ; très usuel, c^^, août 18 ; suffixe comme embuscaillon ; bochemar, m., Boche ; assez usuel, 40® art., sept. 18 ; I Bochemar, titre de roman, sazie, Journ., juin 16 ; suffixe chez sazie d'après Zigomar ; bochard. Boche ; 40® art., sept. 18 ;

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I « prunes bochardes », BËiNGtÈR, M, le Vi- comte, 63.

Composé : îraiico-boché, m., Ëoyàu « qui s'organise toujours au point le plus avancé vient expirer le mouvement offensif », 1* i»., Matin, 20-6-16.

Les dérivés et composés populaires sont cer- tainement plus nombreux, (voir rince- Boches), en dépit de d., qui, sauf b'ochèrie, les nie. Une soixantaine d'autres, à ma connaissance, se trouvent chez les écrivaïtis.

bôîtê (mettre en), Berner, Tourne^ en dérision ; 22e c.O. A., 14-16 ; 40e art., -18; | V.dup.— Emboîter qqn, V « Engager à faiïe quelque chose en votre faveut, dans le jargon du régiment », rig., ce qui équivaut, la complai- sance n^étant pas Tâme normale du troupier, à Traiter le camarade en dupe. C'est le sens fort, dont être emboîté, Recevoir dés reproches, ROSS., et emboîter un acteur, le Siffler, dlle, offrent le sens faible. Syssém. : mettre en caisse. Berner ; 22^ C. 0. A., usuel aux Parisiens, -17 ; mettre dedans ; attraper ; ramasser ; ayant, tous, les mêmes sens fort et faible. L4mage est celle d'un homme qu'on çisse, à qui l'on nVe le chu, qu'on traite en colis. De

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même les Yanks disent io kan the Kaiser^ {kan pour can par germanisme), Mettre le Kaiser en boîte de conserve, Emboîter Guillaume. Voir Coups de gueule, p. 569.

boîte à asticots, f.. Boîte à masque contre les gaz ; Pépères, 69, 223; fagus, 562. Méta- phore prise de la forme et du métal.

boîte à fromage, f.. A, Avion (de type quel- conque) aux formes peu élégantes ; R. G. Aé., juin 18. B, Avion d'observation biplan ; 156^ inf., mai 18 ; à cause des plans pa- rallèles. — Syssém. et syn. de B : caisse à sa- von, f. ; aviateurs ; d. ; || dès -09 ; caisse à biscuits, f. ; D ; caisse d'emballage, f. ; d. cf. table de nuit.

boîte à poux, f.. Calot, Bonnet de police : « une boîte à poux assez grande pour que ma tête puisse y contenir », Feu, 169. Cf. étui à puces.

boîte de singe, f., 1, Récipient quelconque, notamment et à l'origine Boîte de viande de conserve vidée, bouteille vide, etc., qu*on em- plit d'une quelconque cheddite, munit d*une mèche et lance aux Boches ; 46^ inf., oct. 14, Argonne ; | « Nos hommes sont arrosés de « boîtes de singe » qui font heureusement plus

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de bruit que de mal », péricard, Face à face, 314, souvenirs du 95^ inf., mars 15, Bois-Brûlé ; d'où, syssém. : boîte à conserves Amieux, f., Grenade boche ; 66® chass., mai 18 ; dans l'hiver 14-15 les grenades réglementaires man- quaient ; les Boches tirèrent parti comme nous de leurs boîtes de fer-blanc, Amieux ou pas à mieux. 2, Projectile d'engin de tranchée ; génie ; d. -3, Obus ; lambert ; ou Obus de 77 ; galopin, Poilus de la 9®, 14 et 17. On peut trouver vraisemblable que la même provection qui fit nommer boîtes de singe des Bouteilles explosives ait été poussée jusqu'au sens d'Obus explosif. Mais en -18 tel des meilleurs témoins que j'aie consultés s'inscrit en faux contre le sens 3. L'important est de ne voir dans ces emplois que des extensions du sens et de les bien séparer de boîte de con- sentes, cité sous marmite et expliqué comme marmite par une métonymie du contenant par le contenu.

bombette, f.. A, Petite bombe boche, sphé- rique, lancée à l'arbalète ; portée : 50 mètres ; départ silencieux ; deux bruits ^'dans^le trajet : tch... huit ! ; éclatement bruyant ; 80® t., -16, Boesinghe ; B, Œil : « c'que j*ai vu avec c'te

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paire de bombettes-là ! », Feu, 8-8-16. B peut se tirer de A, ou directement des autres noms des yeux : billes ; calots, (Noix, Billes à jouer) ; boules de loto.

bon comme la romaine {être), Ne pas pouvoir l'éviter, (le désagrément, la corvée) : « Je suis bon comme la romaine », 81® t., mai 16, c.-à-d. Malgré la circulaire qui rappelle les P. T. T. (R. A. T.), je ne serai pas rappelé, étant au front ; | « On est bon comme la romaine », Gaspard, 42, signifie Le combat est inévitable, et ib., 111, Nous allons avoir à charger à la baïonnette ; « je pouvais être bon comme la romaine », e. c. Pet. Journ., 8-4-16, propos d'un blessé, Je pouvais être tué. Syssém. : bon jusqu'au trognon, même sens ; Feu, 259 ; « bon de tout et de partout, comme la romaine, <;...^ Et jusqu'au trognon encore », Pépères, 45. Je suis bon jusqu^au trognon équivaut à 07» tire de moi comme d^un jambon ; il se déve- loppe en bon comme la romaine, par précision et par excellence. Mais trognon ne développe bon que par queue romantique ; bon. Attrapé, Victime, Réglé, est d'argot général ; les Pari- siens disent : « je ne suis pas bon », N'insiste pas, tu ne m" « auras » pas ; bon, syn. de pris,

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semble provenir de T administration militaire : hon pour le service^ c'est Pris au service. Dér, syn. : gras pour la corvée, même sens 5 d. ; l'animal gras est bon pour l'abattoir.

bonhomme, (pluriel bonhommes), m,. Soldat, par opposition à Gradé, ex. « Six bonhommes, pour la corvée ! », ou quand le grade n'im- porte pas, ex. « Pas de tabac, pas de bon- homme ! », « Y a eu des bonhommes de tués ? » ; 81® t., 14-17 : Bonhomme, sobriquet du cap, G., tiré de son vocatif familier « Eh bien, bon- homme ? » ; usuel à tous les corps de l'ouest, (anonyme. Matin, 1-3-15 ; e. h., Temps^ 24-5-15 ; COHEN, 74), et même au 109® inf. (Lyonnais), 16-17, c'est le mot des paysans, poilu étant celui des citadins ; | ancien, niais peut-être pas antérieur aux lois qui ont fait soldat tout paysan. Bonhomme, Roturier, au Moyen- Age ; d'où Quidam, Homme (de rang social inférieur), dans tout l'ouest, Pluriel bonhommes, comme des Bourgeois- Gentil- hommes et non des Bourgeois- Gentilles- Gens.

bonne, sans place {la), la Cavalerie, quand elle « se morfondait à l'arrière », Cri de P., vers juill. 16. la bonne à tout faire, la Cava-

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lerie, « maintenîtnt qu'elle est dans les tran- chées », ib.

bossant, Comique, à faire mourir de rire :

« L'plus ]Dossant,, c'est <..,>> », Gaspard, 290 ;

I boBsand, lambert. Syssém. : gondolant ;

baleinant, Qui fait gondoler (l'auditeur) comme

une baleine en parturition ; torsif.

bossu, Frustré, Mal partagé, Dupe : « Le général en prend à son aise, là-bas, et nous, ici, nous sommes bossus », 81® t., -15. Un bossu est un bombé et se bomber de portion, c'est JLn être frustré ; dér. syn. Quanta se bomber, c'est Jltre frustré, parce que faire la tortue, c'est Jeûner, riq,, et que la tortue a le dos bombé,

bossu, m,, Boche : les Bossus ; 130® ijif., août 18 ; G. fe;rrand,

bouchei^ uoir, ni., Artilleur français ; marcel, Journ., 21-6-15 ; je n'ai pas recueilli dans l'usage ce terme que dauzat, 27-6-17, note peu répandu ; semble le mot-à-mot de schwarz Metzger, que les Boches auraient appliqué à l'artilleur français au début de la guerre ; chez nous cette façon d'exprimer uniforme sombre et capacité pour tuer semble aussi terne qu'hos- tile ; SAîN,, p. 50, la juge plaisante. Cf. sau-

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terelles bleues, f., « nom prononcé par les Boches contre les chasseurs à pied », m. sieltzer, 66® chass., mai 18. demoiselles au pompon rouge, f., Fusiliers de la brigade navale : Nous inspirons aux Boches « une terreur sans pareille. Aussi nous ont-ils surnommés « les oiseaux noirs », les « tirailleurs bleus» et puis« les de- moiselles au pompon rouge ! », lettre du fusilier A. C, de Belle- Isle, in le goffic, Dixmude, I, i, {Rev. des Deux-Mondes, 1-3-15, 173 ; demoi- selles à cause du décolletage. Nous nommons grosse Bertha, d'après Targot boche, le 420 boche, et aussi, depuis mars 18, le 240 bom- bardant Paris. Cf. capout, œuf de Pâques, pélot (?), ploum, russe (?), C'est la guerre (?).

bouchon (ramasser un), 1, Etre engueulé ; 81® t., -15; I « Puis, comme étudiant en mé- decine qui découchait régulièrement, <;.-.> j'ai conclu une sorte d'entente avec les sous- officiers <^...^, les faisant reconnaître malades quand ils avaient la flemme, à condition qu'ils ne me fissent pas ramasser de bouchons dans leurs appels, contre-appels, <....> », z. Armée de 1917, 108. Bouchon se tire, par image interne, de^bouchonner. Donner des coups de poing, DLLE, Etriller, image de cavalerie.

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Syssém. : foin, m., Admonestation ; passer un foin, LAMBERT ; II d'où faire du foin, Crier pour faire scandale, dlle ; étriller, Engueuler ; et plus généralement : laç'er la tête, passer un suif (marins), un savon, un shampoing. 2, Faire une chute (de bicyclette, par ex.) ; 81® t., -14. C'est une façon de s'étriller la peau, comme ramasser une gaufre, même sens, c'est se mettre la face en gaufre. Cf. gadiche.

boudin (aller au), Partir pour le front ; dé- pôt du 81® t., Nantes, juin 16. C.-à-d. aller faire du boudin, aller Verser le sang, rig. - Syssém. : à la barbaque I

boueux, m.. Soldat originaire de la Marne ; 40® art., sept. 18. Marnais —>- marneux (usuel, ib.) >- boueux.

bougnoul, m.. Troupier en tant que cor- véable ; marins, -18. H Brest, -90; 19® inf. et et coloniaux (Brest), -98. Les Bou- gnoul sont, au témoignage de certains marins et coloniaux, tous les Sauvages : aller chez les Bougnoul, Aller aux colonies à Sauvages ; selon d'autres, ce sont seulement une tribu de l'Afrique nord-ouest ; un marin me spécifie que ce sont les Kroumanes du cap des Palmes, mais déclare que ce nom, tout en leur étant

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ESNAULT 7

appliqué, a une extension naturelle plus grande ; un Martiniquais nie dit que la population civile de la Martinique nomme Bougnoul les noirs, les métis, les « hommes du pays ». Etym. : en wolof, (Sénégal), bou-gnoul, le Noir, khalèl fcoM- gnou/, Négrillon ; «pour l'indigène frotté de français c'est une injure proche de sale nègre», CH. MONTEiL. L'idée Indigène à tête plus ou moins sotte engendre celle d'Imbécile cor- véable, parce que de tout temps le colon traite l'indigène de Turc à More ; le mot bougnoul contient si bien ce dernier sentiment qu'on appelle à Brest, -11, train bougnoul le chemin de fer départemental qui court dans les douves de la ville, parce qu'il sert surtout aux paysans de l'arrondissement, ces indigènes.

bouillasse, f.. Boue ; 70© inf., 14-15 ; suf- fixation libre de bouillie, Boue, usuel, et qu'on lit dans paraud, 90. bouasse, f., Boue ; Pé- pèreSj 8 ; suffixation de boue.

bouillote, f., Trompette; 40^ art., -18; chass. d'Afrique, Balkans ; d.

bonine (monosyllabe), f., Tambour ; « ma bouine », Mercy, (tambour), 81® t., -15 ; « La Bouine », sobriquet de ce Mercy, 81^ t., 10® c*®, d'un tambour du bon ^^ 289® inf., avant

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juin 18, et do tous les tambours du 95® inf., 14-18 ; Il 95e inf., avant -14. Cî.bouhine, f., Petite maison ; H*-Maine, montesson ; idée commune, Caisse, caisse lui-même signifiant Tambour. Cf. caberlot. d. signale gouine, f.. Tambour ; 146® inf. ; cf. inversement g > b, sous grignolet.

boule (se mettre en), Capoter à l'atterrissage ; Miramas, mai 18. tomber en boule, Tomber verticalement ; aviateurs ; je « me laisse tom- ber en boule sur sa carlingue », sem, Journ.y 27-5-16.

boulette, f., Grenade ; D. m. p. ; « « S'ils sont sortis, les Boches, ils ont prendre quéque' chose ! » Tiens, écoute, là-bas, les boulettes qui r'biffent ? T'entends ? )>, Feu, 242.

boulonner, Travailler organiser un sec- teur) ; général; | « Les troupes qui organisent n'attaquent jamais elles ont boulonné ; on connaît trop le danger, on n'y va que d'une fesse », Cabaret, 464. Boulonner, Travailler, DLLE, terme d'ouvriers ; cf. chantier ; rappels de la vie civile. Le syssém. immédiat est gou- piller, Travailler, attesté en -27 dans l'argot ; un peu plus lointain buriner. Travailler, dlle ; en -59 montesson définit boulonner « Courber

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le dos par suite de lassitude «, ce qui n'est que son étymologie personnelle.

boulot, 1, m., 1^, Travail ; usuel et général; Il daté de -90 dans sain. ; mais on trouve « Y i^a y açoir du bouleau, on va se battre », jar- gon de voyous, dès -81, rig., et c'est très vrai- semblablement le même mot ; 2^, Combat ; divers soldats, 16-18 ; Combat se tire de Travail, cf. chantier , sans qu'il soit utile de rappeler le bouleau, Rixe, des voyous. 2, Zélé au travail, au combat, au service : « mec boulot », Homme zélé. Cf. « Je suis service », J'aime à faire du service, S. A. P.-X, -16 ; « La sixième, c'est la compagnie règle- ment », ... A cheval sur le règlement ; « une toilette très guerre » ; « une barbe synthé- tique, union-sacrée [,] noire, blanche, grise, jaune, châtain, carotte », lafage, Journ., 31-7-16 ; être deuil ; être business ; être flemme ; être ficelle ; être Régence ; être Moyen- Age ; être bout-de-bois ; être bec d^ ombrelle.

L'explication de boulot est à trouver ; on en a aisément de plus vraisemblables que de le tirer, avec sain., du bois de bouleau et de la menuiserie en tant que le bois de 'bouleau est impropre à la menuiserie ; fil à retordre signifie

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Difficulté du travail, et cependant on n*en- tend pas dans les ateliers de couture * Allons, mesdemoiselles, au barbelé ! sous prétexte que le fil barbelé est impropre à la couture. Boulot ne signifie pas Difficultés au travail, mais Tra- vail en quantité. Paris mange du pain rond qu'il nomme du boulot ; de l'équation boulot = Pain se tirent bien, 1^, du boulot, des Coups de poing, (des pains) ; 2®, il y a du boulot [sur la planche], Il y a beaucoup de travail faire] ; (ne pas confondre la locution il y a du pain sur la planche avec l'autre, de sens opposé, fai du pain cuit sur la planche, que donne hdt) ; cf. il y aura du biscuit, Il y aura beaucoup à faire ; D. m. p. ; \\ il y aura du bicuit ( = 6^5- cuit). Légion Etrangère, -80 ; m. protat, qu'on peut interpréter, non seulement comme un symbole de l'idée de Dureté, mais par le pain boulot : le boulot sera dur ; cf. biscuit, Militaire rengagé, qui est une « boule » recuite. Toutefois, pour admettre ferme cette étymo- logie de boulot, il faudra pouvoir écarter et le provençal boulau, Quantité plus ou moins grande, un bon boulau, une Bonne quantité, MISTRAL, et le verbe boulonner. Travailler, escorté de barrer le boulon, Ne pas travailler, dlle.

IM

bourguignotte, f., Casque du combattant ; 15-18. Connu de ceux qui lisent, ce mot re- pris au Moyen- Age n'a pas passé dans la con- versation courante, à plus forte raison dans les ordres oraux ; hour gui guette, même sens, dans une pièce de vers, g. Bertrand, in V. du p., est à la rime, pour une rime.

bourrage, m., Amplification d'un rhéteur optimiste et idéologue ; usuel et général ; | MAURRAS, A. fr.y 21-2-17 ; « les espions se pro- mènent en lisant le communiqué : « Bourrage ! » <<...> Patrie ? « Bourrage ! )> Honneur ? « Bourrage ! » », guitounet, B. des A., 18-7-17 ; jj Compiègne, -09; entendez bourrage de crâne ou de mou. bourrer le crâne. Tromper par de trop belles paroles ; 81^ t., -15 ; usuel et général ; || Paris, -07, dauzat, mai 17, 481 ; Bordeaux, 08-09. Syn. et syssém. : bourrer la caisse ; 40^ art., -18, et Paris, -18 ; en mettre plein le citron ; ib. Le crâne est le caisson de la nourriture intellectuelle ; y nxettre de la bourre, c'est lui faire un plein en trompe- l'œil. Les journaux, en se vantant à l'envi de suralimenter leur abonné, ont contribué au succès de cette locution : « Nous ne savons à quel canard peut bien faire allusion V Humanité

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pour bourrer le crâne de son malheUtetiX pu* blic », MAURRAs, A. fr., 28-2-16 ; « Maurice Barrés <...;> n'a su que bourrer d'étoupe le journal dans lequel il écrit », « imbottir di stoppa le pagine del giornale », Messagero de Rome, in VŒuvre, 5-8-16, p. 2, qui ajoute : « En français cela se traduit assez exactement par « bourrer le crâne » ». Le général verraux invente le type de « Crâne-Bourré », Œuvre^ 30-9-16. Cf. « to stufï my head », de me Bour- rer la tête (de mauvaises nouvelles), Shakes- peare, Le roi Jean, vu. Retravaillée, la métaphore a donné aux lettrés : « Le pro- fane lui-même <!.••!> aura confusément [en lisant le Feu] l'idée d'un bourrage de nerfs, d'ailleurs involontaire », le biffin, A. fr., 31-3-17 ; « en nous efforçant de débourrer les crânes », maurras, A. fr., 21-2-17 ; et videur de crânes, Rhéteur aux idées pessi- mistes : « ces « videurs de crânes », agents évi- dents d'un ennemi intéressé à fomenter chez nous des troubles politiques », A, fr., 28-5-17, p. 2, c. 2 ; cf. G. E., 1-4-18, 435. Le sens, quoique voisin, est autre, dans « J'ai assez pour vivre avec ma pension ; je n'ai pas besoin de me bourrer le crâne à apprendre un métier »,...

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de me Farcir la cervelle, brieux, Ann, p. /., 30-7-16. bourrer le mou, même sens ; 81® t., juin 16 ; marins, juin 18 ; | «on ne se raconte [entre poilus] que des histoires vraies : il n'y a qu'au civil qu'on peut « bourrer le mou » », lug PLATT, carnet, 31-10-15, in Pet. Par., 28-5-16 ; Gaspard, 37, 163 ; joint à fiche les grolles, Feu, 21-8-16. Syn. et syssém. : gonîler le mou ; D. ; d'où gonfleur, m., Hâbleur ; d. ^ Le mou, c'est le Poumon, donc le Cœur, Plutôt que d'causer sur cett* petite affaire, j'aimerais mieux, pour sûr, me bouffer le mou », me man- ger le Cœur, bringer, M. le Vicomte, 187^. C'est le coffre aux sentiments ; le bourrer c*est le nourrir d'émotions creuses. Sy.^- sém. : fressure, aloyau, foie : « De ma fres- sure Dame Luxure s'emparait », la fon- taine, Janot et Catin ; flogner Valoyau à qqn, Caresser, Courtiser qqn, nisard. Quel- ques parisianismes ; avoir les foies blancs. Par une métonymie (de la partie pour le tout), greffée sur cette péjoration (d'un viscère animal pour notre plus noble viscère), mou devient syn. de Corps : se grouiller le mou, Se dépêcher ; 81® t. ,-15 ; 1 « entrer dans le mou » à qqn, lui Donner des coups, Cabaret, 473 ; ||

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I

enfler le mou à une femme, l'Enceinter. * (Cette explication vaut mieux que* de| traduire mou par Cerveau, contenu du crâne à.bo.urrer, sous couleur qu'on trouve « le fromage blanc qui me sert de cervelle », paraud, 92, et « avoir du mou de veau pour cervelle », hirsch, Journ., 10-7-16).

bourre-crâne, m.. Blague, Mensonge : « C'est des bourre-crânes pour les naïfs », un Nantais, 8le t., -15, apax.

bourrin, m., 1, Cheval; 40® art., 14-18; toute la 88© D^n t. (Loire- Inf. et Vendée), 14-17 ; I tout le IX® c. d'armée, cohen, 75; agatha; Gaspard, 43 ; « bourin », Feu, 100 ; || Mulet, puis Mauvais cheval, terme de caserne, surtout de cavaliers et artilleurs, 95-99, dauzat, 27-6-17 ; « Marche ! ou tu sauras comment j'attige les bourins », rosny, Marthe Baraquin, Vil ; de bourrin. Ane ; Char.-Inf., Vendée, Nantes, Lorient, Anjou, Loches, Mantes ; cf. inversement rosse, vocatif à l'adresse d'un Ane, MERLIN COCCAIE, XXIII (éd. 1859, p. 408 ); d'où bourdon, m., Cheval ; 40® art., 14-18 ; | dépôt de dragons dans l'ouest, e. h., Temps, 24-5-15 ; HENRioT ; Il terme de cochers et charretiers, ross. ; libre suffixation de

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bourrin, soit calembour, ou pour rappeler le verhe bourder^ Achopper, usuel en Loire- Inf. 2, Moteur à explosion ; un 2<i-ni® mécanicien, (instruit dans l'aéronautique à S*-Cyr, -17) et autres marins, -18 ; on mesure la force des moteurs en chevaux-vapeurs ; et les Chevaux, eux, étaient déjà traités de moteurs à crottin^ ce qui est, comme dit ce 2<i-m®, « la même chose renversée ». Cf. fokker.

bourriguotier, m., Anier : « Le soldat Vin- cent de la 10® c^® employé comme bourriquo- tier, restera attaché à ce service », note de service, 81® t., 9-4-17.

boasculer, Se montrer excessif, en actes, pa- roles, ou raisonnement ; Parisiens et parisia- nisés, 16-18 : « Tu bouscules ! », Tu exagères ; un chauffeur, S. A. P.-X, oct. 16. bousculer du porte- pipe. Vomir : « Je pensais bien qu'il bousculerait du porte-pipe », micromégas, B. des A., 28-11-17, à propos d'un observateur mal endurci aux tangage et roulis de la sau- cisse et dont les lèvres ont été indiscrètes à l'égard de la nacelle. Sous-entendu dans tu bouscules, Tu exagères, l'objet bousculé par l'indiscret, le fanfaron, le surhomme, est pré- cisé, un peu ad libitum, dans l'usage courant :

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Le capitaine m'a dit que je lui paraissais tirer au flanc « et que si je voulais passer premier- jus, fallait pas trop bousculer le moulin à rata », ...je ne devais pas Exagérer ma flemme, cha- pelle, 10-8-16 ; bousculer le pot-de- fleurs, Paris, mai 15 ; | Fantasio, 15-8-16, p. 99 ; J. L., Temps, 21-10-16 ; ce pot-de- fleurs n'est, très vraisemblablement, que le poty c.-à-d. le Cul, comme le bas-relief de la locution vieillie chahutez pas le bas-relief, Lais- sez-moi tranquille ; bousculer la voiturette, 130e inf,^ c. M.-2, -17 (un peu démodé, sept. 18) ; la voiturette qui véhicule la mitrailleuse. Syssém. : charrier, 1, Malmener en paroles, Rudoyer logiquement et illogiquement ; 2, intr., Blaguer ; général ; assez usuel même aux paysans, 81^ t. ,16-17 ; \ D. m, p. ; fagus, 564 ; Il Philibert, 61, 254 ; la série des sens de charrier est celle-ci ; 1, Transporter en char ; 2, Transporter : charrier sa bidoche, se charrier, Se promener ; 3, Pousser en bousculant : « Notre omnibus était bien sage, elle allait au pas, elle était tranquille, quand elle a été char- riée de biais par une voiture de tonneaux, monsieur, qui nous a culbutés et qui a bien échappé de nous tuer », lavedan, Leur beau

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physique^ 83, propos d'un valet de chambre ;

4, 1^, Mener loin par des questions indiscrètes ; 2^, intr., Chercher à savoir, rabasse ; d'où charrieury Curieux, charriage. Curiosité, ri g. ;

5, 1^, Mystifier, Escroquer, vidocq ; 2®, intr., Tricher, ri g. ; autres syssém. : brouetter. Tromper ; 81^ t., -16 : « Est-ce que vous allez longtemps me brouetter comme ça ? » ; faire aller ; faire marcher ; et aller fort, Exagérer ; chambouler,!, .Bouleverser : «des crapouillots pour chambouler la cagnat », pan- TRUCHARD ; « ça m'a chamboulé », Ça m'a bouleversé moralement. Feu, 175 ; 2, Exa- gérer, Vouloir rire : « Tu chamboules », Fan- tasio, 15-9-16, p. 167, c. 2 ; chambouler la mappemonde. Exagérer ; d. ; la mappe- monde, la Tête ; cf. secouer la tronche^ Railler, Nénesse, 84.

Dérivés de charrier : charriage ; par apo- cope de charriage, sans charr, Sans exagérer ; et, par chevauchement avec en faire un plat, en faire un charr, Parisiens, 81^ t., -17 ; par suffixation libre, charrette, Mensonge, Leurre, terme d'ouvriers, Dépêche de Brest, 16-4-07, Conseil municipal ; par queue romantique, charrier dans le mastic, Exagérer l'affaire ;

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et, par confusion calembourique avec un autre verbe, charibotter dans le mastic, c^^, janv. 18 ; charibotter dans le boudin, Feu, 20-8-16 ; charibotter dans les bégonias, Paris, juin 16 ; ces bégonias sont simplement, à l'ori- gine, les tiges, les Jambes, de l'interlocuteur qu'on bouscule. Cf. chatouiller, miner ^ pié- tiner, abîmer, flubard.

bouse {atterrir comme une), Atterrir en épa- tant lourdement l'appareil ; esc. S-152,juin 18.

Image prise directement de la bouse qu'une vache flaque à terre, (et non de bouse, Non- valeur, ex. Echalote, 46, syn. de galette, Mala- droit).

bousiller, 1, Démolir ; 81® t., -16 ; très gé- néral ; I Mousqu., 254 ; 2, Tuer ; usuel, 360® in., -14 ; 246® inf., c^\ 40® art., -18 ; mais non au 81® t.; | agatha le com- mandant a été bouzillé par un méchant 77 qui l'a coupé en deux)), m. l., N. Contes vér,, 196 ; « ça t'démolit l'épaule et ça t* fout par terre, mais ça t' bousille pas )), Feu, 226 ; (cf. 172.) Je n'ai pas observé un bousiller, « S'enfuir, se débiner )), que donne D. m. p.

Le sens 1 était usuel aux ouvriers pari- siens dès 10-14 : (( J'ai donné mon zinc

[Bicyclette] à rebecter, Tmécano m' l'a bou- sillé ». Il sort du sens Mal faire (un travail), aussi usuel chez les bourgeois de Brest, et les paysans du H*-Maine (1859), qu'à propos de la pièce de soie, chez les canuts lyonnais. Le sens 2 date d'au moins -97, dauzat, 16-4-17, 667 ; « Il sortit son revolver, Si tu ne marches pas, cria-t-il, on va te « bousiller » ! », Matin, 28-6-13 ; « Ça devient une manie. D'un bout de la journée à l'autre, on n'entend plus con- juguer à Y Anarchie que le verbe « bouziller » <C...>> Bouziller est un verbe très simple qui, en langue anarchiste, signifie : loger une balle de browning dans la peau de quelqu'un », RiRETTE-MAiTREJEAN, Matin, 25-8-13 ; ces textes montrent comment les milieux ouvriers on ne travaille pas ont conduit le mot de Gâcher à Saboter puis à Tuer. Dér. : bou- sillage, m.. Bris : « c'est le « bouzillage » ef- froyable » de l'avion sur le sol, icart. Sys- sém. : déglinguer, Mettre en charpie : « F s'est p'têt' bien fait déglinguer sur leurs fils de fer », Feu, 252 ; déglinguer. Chiffonner, dlle. Déchirer, ross. ; déclinquer, Démolir, à Brest, 80-08.

bousillé, Ivre ; 81© t., -16. ~ Idée d'un

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brouillamini cérébral. Une mimique usuelle accompagne le mot ; on se tourne le poing de- vant le museau, comme pour le barbouiller ; (cf. noir). Syssém. : en désordre ; retourné.

bousin, m., A, Désordre ; 95® inf., -18 : Quel bousin !, quand on reçoit ordres et contre- ordres ; de bousin, Bordel ; B, Mitrailleuse ; 66® chass., mai 18 ; cf. zinzin. bousine, f., A, Mitrailleuse ; mitrailleurs du 130® inf. et d'autres corps, 17-18 ; B, 1, Locomotive ; DUR, Est- Républicain, 3-9-16, p. 2, c. 1 ; 2, Cuisine roulante ; inf., -15, Lorraine, ay- NAUD ; idée commune : Machine bruyante ; cf. zinzin, et plus (généralement l'application à diverses machines des mots bécane, tacot, tank, zinc. bousiner ; voir zinzin.

bout de bois (tirer le), Lancer l'hélice ; esc. S-152 ; juin 18.

bout de bois, 1, m., Etat d'ébriéto : « J'avais pas le bout de bois, mais je me sentais troublé )>, « Tu avais ramassé un bout de bois, hier ! », « Y en avait des bouts de bois, au Centre, le premier janvier ! » ; marins et soldats. Diri- geables et Captifs, 17-18 ; \\ usuel aux marins, Brest, -08.^ Est-ce parce que l'homme ivre a quelque chose dans le nez et que les sauvages

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se mettent dans le nez un bout de bois ? L'espagnol, qui a taco, Cheville, a aussi taco, « coups de vin bus Tun sur l'autre », quintana ; le français, qui a tacot, Bout de bois, (en Gâti- nais, par ex. ; voir ici tacot,) a aussi tacot, Petit verre d'alcool, (de Brest à Noirmoutiers) ; d'où la substitution de bout de bois à tacot dans *avoir un tacot dans le nez ? -^^ 2, Ivre : « Je suis bout de bois » ; marins, centre de captifs, fév. 18. De même, de ai^oir bu du gaz dérive être gaz. Etre ivre ; mécanos d'aven Pau, et 2^ mixte, -18 ; de a^oir son grain, être grain : « Avant la guerre, je ne buvais jamais, mainte- nant je suis toujours à moitié grain », un ma- rin, Captifs, fév. 18. Cette explication semble meilleure que de supposer qu^ être bout de bois soit Etre raide (Ivre) comme un bout de bois et d'en tirer l'emploi 1.

bouteille, f., 1, Torpille aérienne française ; 10^ et 27^ inf., -15. Syssém. : bidon, m., même sens, surtout pour les gros calibres ; 95^ inf., avr. 16, Eparges, (mais en mai 18, dans ce corps, n*est plus usuel qu'aux anciens) ; 2, « Tuyau de poêle» boche ; 95® inf., nov. 14 au Bois-Brûlé, forêt d'Apremont, « nom assez impropre, qui est demeuré cependant au 95® »

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jiisqu*en mars 18, a. blanc ; 3, Pétard a manche ; d. Le sens 1 est à la forme de la torpille ; 2 et 3 sont abusifs. bouteille de Champagne, f.,Obus de 88 autrichien ; 20^ chass., août 18 ; créé sans doute dans quelque sec- teur champenois pleuvait la bouteille ; sous Verdun, -16, le soldat mitraillé parle de dragées de Verdun, par allusion double à celles qu'il y reçoit et à celles que Verdun fabriquait. Cf. marmite.

bouteille de Champagne (la), f., l'Hôpital Brezin à Garches ; d^ c. sahuc ; parce qu'il a reçu les évacués de la grande offensive de Champagne de -15 ; cf. dauzat, 16-4-17, 660.

bouteillon, m., 1, Marmite de campement indi- viduelle, portée par le fantassin ; usage général ; au 81® t., surtout en -14 ; | « Et les bouthéons (prononcez houteillons) )), p'tit gars ; « j'en- voyai une corvée avec Ses bouttions », e. r.^ Journ., 21-9-17. L'objet a été inventé par un intendant, M. Bouthéon ; bouteillon est une étymologie populaire, antérieure d'ailleurs à -14. A Montendre (Char.-Inf.) bouteillon, (là encore on prononce aussi bouttion ; cf. artilleur ■— >- artieur), Panier à une anse et à couvercle bilobé pour faire le marché. 2, Torpille

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S8NAULT B

aérienne : houtéon, d. Sématisme, cf. mat- mite.

boutrole, f., Casque 1915 ; d. Métaphore de fonction (ou de forme et de matière) sur bouterolle, Garniture de fer au bout du four- reau d'épée.

boyauter, 1, Cheminer dans les boyaux, aux tranchées ; 81® t., avr. 15 ; 2, Vivre aux tranchées : « la Chéchia, journal boyautant du 1®^ zouaves )), mars 16, titre calembourisant avec se boyauter, Se tordre de rire. Dér. : boyauteur, m., Grand creuseur de tranchées et boyaux ; 81® t., -15.

branco, m., Brancardier ; Feu^ 59. •^- Syn. ; brancardot, m., et braquignol, m., d, Cf. veto.

braq[uer, Faire un virage (en avion) ; mont- GEORGE. Terme de charretier : braquer l'avant-train, le Mettre dans une position oblique par rapport à i'axe de la voiture.

bras-cassés, m., A, Homme paresseux ; V. du p. ; D. m. p. S'emploie à l'adresse des brancar- diers, 81® t., 15-17 ; des sergents-fourriers et caporaux d'ordinaire, D. m. p. aux mots sac et saindoux. Cf. retourné. B, Marin en mauvaise posture pour l'avancement par suite de mauvaises notes ; marins, 14-18 ; on dit

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I,

aussi de lui « il a eu les bras coupés ». bras- mort, m., Serre-frein de train ; génie, sept. 18 ; ( on l'appelle aussi croquemort).

brêl, m., Mulet ; 13^ tir. alg., août 18 ; des brêl traînent les voiturettes de mitrailleuses. Arabe hgKèl ; r français faux-équivalent de la gutturale aspirée. Cf. chouya.

breler, Punir ; génie, avant mai 18. De breller, terme de pontonnier, syn. d'Attacher ? Serait en ce cas syssém. du mot des marins souquer, 1, Raidir (une amarre), 2, Tenir sévè- rement sous un régime de punitions ; san- gler, Réprimander ; ceinturer, hisser, Arrêter. bride (se mettre la), Jeûner ; 81^ t., -16. Syssém. : se mettre la corde, 1, Jeûner ; 81^ t., -15 ; 2, par extension, Ne rien avoir : « si tu laisses tomber une vis [dans la paille de couchage], tu peux t'mettre la corde pour la retrouver », Feu, 146. Ce sont de simples remplacements syn. de se mettre la ceinture, Jeûner ; 81® t., 14-17 ; général ; || date d'au moins -94, dauzat, 16-4-17, 667 ; se mettre la ceinture de qqch., en Etre frustré ; 81® t., 14-17 ; général ; | « on s'met la ceinture d'élec- trique », Feu, 203 ; « on se met la ceinture pour le pinard », Pépères, 256 ; « la ceinture ! », Je n'ai

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rien eu, Tu n*en auras pas, Il n'en aurait pas, toute la conjugaison ; , s'accompagne, chez ceux qui parlent bien, du geste approprié au serrage d'une ceinture à ardillon pour moins souffrir du jeûne ; de les crans, symbole de Privation ; ( « Et deux crans, pour le pèze », Pas d'argent, cargo, Innocents, 97) ; toutefois, cran, Jour de punition, mot de caserne qui semble se dater d'entre 85-95, ne vient pas de ce que la consigne est une « privation » de sortie, (cela, c'est du style de collège), mais de ce que le consigné est « bouclé » au quartier, (d'où l'idée de ceinturon à crans) ; se mettre la tringle. Jeûner ; 270^ art.,2e c^l, -18 ; | «Tu m'as pas ar'gardé. Tu peux t'mettre la tringle », Feu, 42 ; |] se mettre une tringle, même sens ; sol- dats suisses, 6'c/i«'. Sold.,12 ; tringle, Rien, usuel aux ouvriers parisiens, au moins dès -96. briques (bouffer des), Jeûner ; 81® t., 14-17 ; général ; |1 s'enfiler des briques, rig., manger des briques, noter, et se caler des briques, sauce cailloux, ROSS., même sens. Syssém. : bec- queter du bois, Jeûner ; Feu, 39 ; manger des clarinettes, Jeûner ; 270^ art., mai 18 ; | becqueter des clarinettes. Jeûner ; Feu, 253 ; jouer du fifre ; noter. Ces divers menus

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I

d'inanition s'expliquent suffisamment de soi, puisqu'on ne profite guère à téter sa clari- nette, ni à mordre du bois, ni à lécher les murs ; briques cependant n'est pas aussi limpide que cailloux : à travers les patois briques signifie Fragments, Miettes ; on peut croire aussi que briques est un remplaçant syn. de pavés, dans manger du pavé, Chercher en vain de l'ouvrage, RI G., avec disparition de l'image première de promenade famélique ; enfin prie s'emploie ac- tuellement comme syn. de Rien : « je n'en- trave que prie », mécanos d'av^^ parisiens, Pau mars 18, et en gascon brigo est Rien du tout : « Avèt sucré ? Nou n'èy pas brigo ! » On se demande donc si ce brigo, ou ce prie, ou tout au moins ces briques, Fragments, ne sont pas l'origine de la série sysséman tique. Autre lo- cution syn. : béqueter, s'enfoncer, se taper, ou s'envoyer des clopes ; Parisiens, avr. 18 ; Il s'envoyer des cloques, bruant ; les clopes ce sont les Mégots de cigarettes ; je ne sais s'ils sont symbole de jeûne forcé parce qu'ils sont des cigarettes de pauvre, ou parce qu'on fume pour tromper la faim.

brouillard (foncer dans le). Monter à l'assaut ; 2e 0^1, août 18.

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brûler, A, Tuer (qqn), d'un coup de feu ; usuel aux ouvriers des villes, 14-18 ; | « J'en ai brûlé un grand roux [un Boche] au dernier coup de main », Cabaret, 457 ; || usuel aux apaches mo dernes dès -03 au moins, ce raccourci de brûler la cervelle, ou la gueule, à qqn, est encore bien plus ancien : « Lâche le cheval, ou je te brûle ! », STENDHAL, Ckartreuse de Parme (Iggg), m, (éd. Fayard, I, 55). B, 1, Astiquer ; d. ; un mauvais astiquage brûle le cuir ; Atta- quer avec acharnement ; d. ; astiquer, c'est Rosser.

buffet, m., 1, Estomac (du cardia au pylore) s-en mettre plein le buffet, 40® art., -18 ; | LAMBERT ; « J'tc dis qu'si j'ai rien dans l'buffet, j'marche pas ! », la Saucisse, in B. des A., 25- 7-17 ; syssém. : magasin, m., même sens ; D. m. p. ; allusion au magasin, du fusil 86 ; caisse ; baraque : « se taper sur la caisse ou sur la baraque », Jeûner par force, rig. ; 2, par extension. Estomac (Poitrine) ; divers soldats, 16-17 ; voir ici casserole et en a^oir sous hf la, les ; | « Partie supérieure du corps », D. m. p. ; ou Tronc, y compris le ventre i « Quand j'ai reçu ma ferraille, j'ai dit : « Aux abatis, ça va. Rien dans l'buffet, ça colle »,

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Gaspard, 150. Syssém. : garde- manger, m., Poitrine, Ventre : « quatre balles dans le garde- manger », d'esparbès, Journ'., 10-11-16 ; il est naturel de préciser par une image alimentaire l'espèce du coffre Estomac-Poitrine ; en voici une autre : armoire, f., Poitrine, Feu, 21-8-16, est précisé par armoire à linge, f., Poitrine ou Ventre, Feu, 36, soit par queue romantique, soit pour évoquer une chemise plastronneuse.

busot,m.,Obus; d. busoter, Bombarder ; d.

cabane, f., Chevron de blessure : Les nou- veaux gardiens de la paix recrutés au front « sont facilement reconnaissables, car tous portent les quatre brisques sur la manche gauche et quelquefois aussi une ou deux « ca- banes )) sur la manche droite », A. fr., 13-7-17, p. 3, c. 5. La répartition des deux sens Che- vron de blessure et Chevron d'ancienneté entre cabane et baraque n'empêche pas l'unité de leur sématisme ; voir pied.

cabèche, f.. Tête ; ne paraît vraiment usuel que dans la locution de sabir couper cabèche, Couper la tête d'un ennemi tué, usuelle aux Bicots ; I PARAUD. Cabane, dans attiger la cabane, Se moquer, semble une libre suffixa-

^ 119 ^

tion, calembourique, de cahèche ou cahoche ; attiger c'est Se payer la tête. Un marchand forain bon argotier^au 81® t., -16, ne prononce que attiger la cabale.

caberlot, m., Tête ; 231® inf., 14-16; | « une idée fixe au milieu du caberlot », Feu, 20-8-16 ; Il Paris, avant -14. Cabernot, Petit cabinet noir, à Vertou (Loire- Inf.), 80-85, et à S^-Na- zaire, -18. Le sématisme est Caisson. Cf. bouine.

cab-four, m.. Caporal-fourrier ; D. m. p. brig'four, Brigadier-fourrier ; cavalerie, rig.

cafard, m., Prise de regard mentale qui res- treint le champ intellectuel, rend esclave des impressions tristes et ne suggère au malade d'autre guérison qu'une absence géographique, de sorte que le cafard devient l'excuse, facile, des déserteurs ; usuel et général : coup de ca- fard, Acte sot causé par le spleen ; il courant dans les corps africains et coloniaux, généralisé par la guerre ; les hommes atteints du ca- fard, du cafard noir (voir noir), ou du cafard vert (celui-ci est le plus terrible, comme la manille verte est la Manille la plus forte, celle d'atout), distillent le « sirop de cafard » et l'in- fusent à qui les écoute ; cf. veson. Séma-

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tisme : Insecte rongeur ; voir grelots, - Dér. : hypercafard, Cafard renforcé ; cafardisé, en- cafardé, Atteint du cafard ; décafardé, dé- sencafardé. Guéri du cafard.

cafouille, f., 1, Fouillis ; 2, Boue ; 154^ inf., -18. Cf. pasdss. Dér. : cafouiller, Mal fonctionner ; automobilistes, S. A. P.-X, -16 ; aviateurs, 16-18 ; Etre maladroit ; télépho- nistes, 8® génie, -18 ; | « Ça cafouille )),L'appareil est secoué par le mauvais régime d'une hélice, PUNCH, Fantasio, 15-8-16, p. 96; I| très usuel dans les sports, notamment au foot-ball, au sens Mal jouer ; cafouiller, « Chercher », dlle, plus exactement Mettre du désordre en cher- chant. ■_ cafouilleux, Maladroit ; aviateurs, téléphonistes, 16-18 ; | musidora ; |I Bête,

DLLE.

cage à poules, f.. A, Avion à empennages M. Farman, Voisin et peut-être G-4 (Caudron ancien) ; 15-18 ; ] « de paisibles « cages à poules » nous étions en 1915 reposaient sous les Bessonneaux », Vincent, Gu, Aér., 17-1-18 ; l'hélice de ces types était à l'ar- rière, dans un bâtis qui tenait lieu du fuselage des types plus récents. B, Bâtis carré de bois se fixant sur le coffre du caisson d'ar-

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tillerie, pour transporte!" le surplus de matériel et d'effets divers des servants ; mot apparu au 40® art., fin oct. 17 dans la Somme, usuel trois semaines après et en juin 18 ; Taspect « rappelle tout à fait les cages que les mar- chands de « poussines )> et de pigeons emploient dans l'est », f. de keralio ; syssém. : boîte à cochons, f., même sens ; comparaison avec les boîtes servant aux unités des diverses armes à transporter leurs cochons nourris des déchets de l'ordinaire ; syn. : boîton, m. ; ces deux noms boîte à cochons et boîton ont été essayés, au 40® art., 17-18, mais n'ont pas pris ; autre syn. : cage à douilles, f., moins usuel que cage à poules, 40® art., 5.® b*®, juin 18.

cagna, f., 1, Abri léger aux tranchées, soit niche dans la terre, soit cabane de boisage ; très usuel et, dès -15, très général ; 81® t., Artois, et xxxx® inf.. Lorraine, dès oct. 14, infiniment plus usuel que gourbi et guitoune ; « les cagnas individuelles sont interdites «, 81® t., -15 ; I « Voici des « cagnats » admira- blement installées. Des escaliers descendent sous terre et Ton aperçoit de la paille fraîche. Des matelas épais de rondins et de tôle on- dulée mettent ces abris à l'épreuve des

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bombes les plus puissantes », Matin, 17- 8-15. Annamite cai-nhà, Maison en paillotte ou bambou tressé ; (ex. ; léra, Tonkinoiseries (1896), 14) ; d*où cagna, f., Chambre (de ca- serne), usuel dès longtemps aux coloniaux dans leurs dépôts en France ; (ex. : « Qui est-ce qui est de caï-nhà là-dedans ? », Quel est l'homme de chambre ?, B. des A., 12-7-16, p. 12) ; 2, Maison (civile), Chez-soi : « Ah ! la cagna ! R'voir sa cagna !... C'est propre ici, c'est mi- gnon », Gaspard, 244, propos de Gaspard per- missionnaire; 11 usuel à Brest, -01 ; syssém. : guitoune, Chez^soi, ross. ; un ex-officier appelle son chez-soi sa tente, d'esparbês, Demi- Solde, xvi. On lit « la cague », l'Abri (aux tranchées), dans une lettre de A. Paraud, Figaro, 5-5-15, (texte ici tue-boches), coquille pour cagna ; (sain, l'a transcrit « cagne », sans prévenir, et a voulu en faire une forme « fran- cisée », que personne ne connaît. Une étymologie proposée de cagna par cagnard. Abri sur le pont d'un navire, Abri sous les ponts de Paris, (cf. « si un enfant <;...>>, il faudrait l'étouffer ou le jeter aux cagnards », diderot. Neveu de Rameau), n est condamnable ni en sémantique, ni parce que cagnard est désuet.

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ni phonétiquement, (cf. prélart > prélat, Toile goudronnée, cagnard ^ cagnat, Goéland, en Côtes-du-Nord); mais, outre le témoignage des coloniaux, la morphologie s'y oppose : on dit un cagnard et une cagna. Quant à la Cagne, l'Ecole Normale Supérieure, c'est bien moins vite une importation d'Annam pour dire Mai- son par excellence, que l'ensemble des Cagneux (Normaliens) ; cf. marsouille. Autres mots annamites usuels à nos marins : nyoc, f., Eau. tyoutyou, m., Riz ; c^l, -18 ; d'où tyoutyouter, Manger ; marins, -18.

caïffa, m.. Chasseur d'Afrique ; d. Ils vivent sous le même tropique que le café du Planteur de Caïffa.

caille (être à la), Etre en rouspétance ; Pari- siens et parisianisés, 17-18 ; « Ils s'étaient payé des fringues et on avait tout embarqué ! Ils n'avaient plus rien. Tu parles qu'ils étaient à la caille ! », un 2^-m®, Paimbœuf, -17 ; l'avoir à la caille, « Etre embêté avec souvent aussi l'idée de ne pas être rassuré », p. char- pentier, 13® tir. alg., -18 ; d'où avoir qqn à la caille. Etre irrité contre qqn ; | « j'ies ai à la caille [les embusqués et demi-em- busqués], c'est quand i' crânent », Feu^ 136 ;

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(( je les avais plutôt à la caille [les touristes et métèques] )), J'avais une dent contre eux, ib.^ 20-8-16 ; Il « Je faisais faire cercle aux gens ; y en avait un à qui j'avais laisser tomber ma crosse sur le pied plusieurs fois ; à la fin il commençait à m'avoir à la caille », un fantassin de ligne, Parisien, -10, à propos d'un service d'ordre en pays espagnol. Si on invoque *rouscaille, f., substantif verbal de rouscailler, Rouspéter, qui se trouve dès 1628 dans le Jar- gon au sens de Parler, lessyssém. seront aller au râle, Rouspéter : « On lui a chipé son bidon, tu parles s'il va aller au râle » ; soldats, Pari- siens surtout, -18 ; H usuel avant 14 ; de râler ; aller au cri. Rouspéter : « Quinze jours de grosse [de Prison] pour une plombe [Heure] de retard, y a de quoi aller au cri ! » ; soldats, Parisiens, -18 ; || usuel avant -14 ; de crier. Si on rapproche se cailler le sang, Se faire de la bile, usuel dès -01, la tournure Valoir, r représentera le sang, sera crue antérieure à la tournure être, et le syssém. sera tout mon sang dans mes freines se glace. Si on invoque mouscaille, f., Gadoue, V sera encore le sang, mais les syssém. seront l'avoir à la merde, l'avoir à la crotte, Paris et 13® tir. alg., -18, et

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3e faire un sang de peste. La .1^^ hypothèse explique mieux ai^oir qqn à la caille, la Fa^^oir à la caille, la 3^ être à la caille.

caisseur, m., Discoureur prolixe ; 22^ C. O. A., 14-16 ; caissard, m., même sens ; ib. Homme qui en fait une caisse. Cf. hisser et déculottée.

calabousse, f., Prison ; marins, 15-18. ~ Un marin en -15 me dit : « C'est le nom de la prison à San- Francisco.» Le mot est usuel aux marins des Etats-Unis, mars 18 ; ils l'écrivent « cala- bouss » et l'estiment connu à travers tous les Etats-Unis, au sens Prison, ou tout au moins Violon (prison provisoire).

calebasse, f., Abri aux tranchées : chercher « une calebasse pour planquer ses os », Feu, 234 ; « une calebasse des Boches s'étaient planqués », ib., 287. Supposé que l'image première, d'un toit bombé en fruit de courge, convienne moins pour le second texte, qui suppose une architecture presque vitruvienne, le sens avait déjà été étendu jusqu'à Apparte- ment civil : « Quand j'avais loué cette grande calebasse d'appartement, comme disait élé- gamment le lieutenant Louis de Meung, qui ne poétisait pas les choses, », d'aurevilly,

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Diaboliques, Rideau cramoisi. Syssém. t bocal, Logement ; bidon de zinc. Sous- ma- rin.

calendrier, m., Petite boîte d'explosif, fixée sur raquette de bois, qui, tenue par le manche, se lance, ou s'assène sur l'adversaire ; engin français ; 95® inf., janv. 15 ; 46® inf., 14-16 ; mot ignoré au 81® t., 14-17, et au 14® chass., nov. 16; désuet d'ailleurs, comme la chose, avant mars 18; | D, m. p. ; a Grenade à main », V. du p. Le texte suivant, est censé parler un soldat français, « recevoir sur ma cloche des calendriers, des guitares, des raxjuettes et des crapouillots », chapelle, pourrait faire penser à tort que ces noms désignent des engins boches.

caler les dominos (se), Manger ; inf., -17. Les dominos sont les Dents. Syn. : se caler les joues, les amygdales, les soupapes, ri g. ; se caler les foies, Nantes, -13.

calot, m.. Bonnet de police ; 81® t., 14-17 ; usuel et général; jj seul nom usuel au troupier au 19® inf., -95. Mot que beaucoup ignoraient avant -14, dauzat, 16-4-17, 666 ; désignait jadis le Fond du shako, dauzat, ib. ; k Saint- Cyr, le Képi, rig.

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ôàlûa, m., Centre d'approvisionnement de matériel automobile ; lafage, Les bagnoles au Cama, Journ.^ 22-6-16. Mot fait des initiales c, a, m, a ; cf. crip, rat, ex, érème, bâton,deux- quarante- quatre. La langue anglo-saxonne aime ces formules algébriques ; les Anglais ont anzac, Australian and New-Zealand Army Corps, qu'on trouve en français, m. sing., Secteur occupé par l'Anzac aux Dardanelles ; nos alliés des Etats-Unis amex, American Expedi- tionary Force, qu'on trouve, m. pi., Soldats des Etats-Unis, dans nos textes imprimés : Matin, 25-8-17, p. 1, c. 1 ; Phare de la Loire, 13-4-18, p. 1, c. 2 ; Vie Par., 18-5-18, 429.

camarade syndiqué. Mon ami ; vocatif, usuel ; 81® t., 14-16 ; I Gaspard, 10 ; camarade syn- diqué de la Palliée, même sens ; 81® t., 14-16 ; - La Pallice étant proche de la Vendée, quelque événement syndicaliste doit être l'ori- gine du succès de cette queue anecdotique dans la 88® D°^ t. Cf., autres traces de la lutte des classes, faire des manières bour- geoises. Faire des manières, (Viser à la délica- tesse,) 81® t., -17 ; marins, -18 ; et, aux Confusions, amnistie.

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camembert, m., Képi d'officier : « ton ca- membert », groupe de médecins militaires, Pa- ris, avr. -17. Image prise de la forme basse et très cylindrique du képi d'officier à la mode. boîte à singe, f.. Képi haut (d'un colonel) ; D. C.-à-d. boîte à viande de conserve, cylin- drique.

camigôotte, f.. Abri aux tranchées ; Feu, 20- 8-16, et p. 216.

camoufle, f,. Camouflage ; faire une ca- moufle, Maquiller ; D. m. p.

camoufler, Chaparder ; 13^ tir. alg., 40^ art., -18 ; I « Quel est encore l'animal qui m'a « camouflé » mon paquet de tabac ? », Echo des Marmites, in Ann. p. L, 5-11-16, 485, démarqué par le Crocodile, in B. des A., 28- 2-17. Camoufler un engin d'attaque, un travail de défense, c'est le soustraire (aux re- gards) ; cf. embusquer et repérer. Mieux, ca- moufler l'ennemi, c'est le souffler, le subtiliser^ en faisant exploser un camouflet souterrain, ce furent les Boches qui furent camouflés », Bourru, 264).

canadien, m.. Engagé de la classe 18, dur à ins- truire ; 82e j^rt. L, -17 ; D. —L'artillerie fut dotée en 15-17 de chevaux canadiens rétif s au trait.

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ESNAULT 9

cantoche, f., Cantine, (salle du cantinier) ; 81® t., rare ; | Gaspard, 231 ; « Y fera soif, ce soir, à la cantocke », marcel, Journ., 21-6-15 ; (ce dernier texte mal transcrit donne à sain. un mot cantache, que gauthiot ensuite dit « de vieux argot militaire », et que je n'ai jamais entendu. Cf. sardoche.

caoutchouc, m., Café : « L'caoutchouc a fait l'mur )), Plus de café. Feu, 203 ; suffixation- calembour sur caoudji. caoua, m.. Café ; gagne du terrain, propagé par les coloniaux ; arabe, kahwa, Café ; cf. chouya. caoudji, m., Café ; même remarque ; arabe kah- wadji, Cafetier ; bistro a de même deux sens. Marchand de vin, « chez le bistro », Débit de vin, « aller au bistro ».

cap-horn, m., 1, Coiffure de cuir pour les navigateurs : « son front [d'un matelot], les cheveux bouclaient sous le « cap Horn », la rude coiffure de cuir, », mille, Journ., 8-8-17 ; 2, Bonnet de vol, en cuir, doublé de drap, pour observateurs de captifs et pilotes de dirigeables, Paimbœuf et S^-Nazaire, 17-18.

capi, m., Capitaine ; D, m. p. Syn. : capit', D. pitaine, m., Chef d'escadrille ; Mousqu., 125. Cf. terri.

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caporal- patates, m., Caporal d'ordinaire ; 8le t., 14-17 ; 78e t., 14-17 ; caporal-sain- doux, m., même sens (et non Caporal-fourrier, comme dit rocher, 25-8-16) ; 81® t., 15-16, 130^ inf., -18; cabot- graillon, m., même sens ; Télé-Mail, in Front, 1-9-16 ; cabo-rata, m., même sens ; s^^ autom. de munitions pour l'art. 1., Salonique et Assanova, 14-17 ; caporal- mulets, m., Caporal mitrailleur mule- tier; 81^ t., -14 ; caporal- bourrin, m., même sens ; 81^ t., -14 ; brigadier- marcassin, m.,(?) Brigadier soignant les porcs de la section, 14® son. d'auto-canons 75, 30® art., adresse d'une carte-postale envoyée de Courbevoie, 17-10-16 ; sergent- ballot, m., Sergent vague- mestre affecté aux colis et qui les va chercher avec une petite voiture ; dépôt du 65® inf., Nantes, 14-18 ; caporal- tubes, m., Caporal chargé des tubes flexibles (pour gonflement de « saucisse » à l'hydrogène) : « le zèle du caporal- tubes et des hommes- flexibles », micromégas, B. des A,y 28-11-17. Ces déterminants ajoutés à caporal et sergent indiquent les diverses causes finales de leur emploi; cf. homme et copahu, De Patate, sobriquet de Bégos, cabo d*or- din*, 10® c**, 81® t., 14-15, (ses successeurs n'en

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curent pas la survivance,) et d'un autre, 78^ t., 14-17 ; boîte à graisse, f., Marchis mécani- cien ; D. ; soit par synecdoque en sous- entendant le grade, ou directement par méto- nymie parce qu'ils prononçaient souvent ces mots.

capote, f.. Paillasson à bouteille de vin ; coopérative du 81® t., -17. Vêtement confor- table pour la route et la cave-abri.

capout ! (moi, pas), Grâce I, (soit au sens Ne m'engueule pas, soit au sens Tu me rases, Lâche-moi le coude) ; 81® t., -17 ; divers sol- dats, 17-18 ; sabir franco-germanique signi- fiant Ne me tuez pas, (l'allemand /capui. Ruiné, Cassé, Mort, est pris du français capot, Rati- boisé), usuel aux Boches faits prisonniers. Syssém. : camarade !, mêmes sens ; autre cri du Boche qui demande grâce. Cf. boucher noir.

capsaille, et capseille (faire). Chavirer, Ca- poter ; marins, -18 : « L'embarcation a fait capseille » ; « L'avion fera capseille »; |1 usuel, à Brest, à Dinan, en basse-Loire, « depuis tou- jours », au témoignage des mêmes marins. Suffixation libre sur capoter ?

carafe, f., Panne de moteur ; aviateurs : « Si

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le moteur « ne gaze » pas, c'est la « carafe » », THAVET. En carafe. Abandonné, Inutilisé, usuel à Paris, dès -03 ; très probablement de l'argot care, Cachette, {mettre à la care, Mettre de côté), par suffixe-calembour.

carapace (faire). A, Lécher le derrière ; 81® t., août, sept. 14 ; B, Etre serrés les uns contre les autres, de façon à présenter vers le ciel une surface continue quoique composite : Le village « fait la carapace autour de l'église, qui est assise au milieu des maisons », Cabaret, 454. A, extension de sens ; B, métaphore ; tirées toutes deux du mouvement de service en campagne nommé carapace, par ex. aux 81® t., août 14, cal, .18, consistant à se jeter, ayant fait à gauche par quatre, tous à genoux, la tête dans l'entrefesson de l'homme de devant, sacs contre sacs, préservation mu- tuelle contre une rafale d'obus ; autre part le commandement d'exécution était « Ra- fale ! ».

carrosserie {atterrir sur la), Atterrir par la carlingue au lieu des roues ; esc. S-152, -18.

cartouche, f.. Cartouchière ; Nantais, 81® t., 14-17 ; usage constant ; « cartouches a réparé », carnet d'un sergent.

casque à pointe, m., Obus cylindro-coniquc du mortier de tranchées ; 80® t., fév. 16, Boe- singhe ; 154® inf., juill. 16, Mort- Homme. Pointe désigne-t'il le cône, et casque pas grand chose ? Il y a sans doute eu déduction syno- nymique sur un autre nom de coiffure militaire ; cf. pot- de- fleur s.

casse-gueule. A, Téméraire, Culotté, Coura- geux : « un type casse-gueule », 289® inf., avr. 18. Syssém. ; casse-cou. Cf. ,apprenti- cadai^re. B, m., Témérité ; Mousqu.^ 39.

casse-pattes, m.. Eau-de-vie ; 156® inf., 16® chass., génie, 17-18 ; | agatha ; « se met- tre un cintième de casse-pattes dans Tcornet», Feu, 121 ; Il usuel aux contingents du nord dès 1900. Encore plus usuel aux contin- gents du nord dès 1900, casse- pattes, Vin blanc : « Apportez un litre de casse-pattes ». Syssém. : roule- par-terre.

casse- pipe, m.. Affaire (militaire) pénible, soit attaque ou défensive ; 156® inf., mai 18. La pipe est la Tête, dite fréquemment tête de pipe, et par synecdoque pipe ; casser sa pipe, qu'on traduit et qu'on emploie équivalent de Mourir, est exactement Mourir d'accident ; on trouve aussi cassage de tête. Bataille : « préférer une

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position un peu en arrière au cassage de têtes de la première ligne », z, Armée de 1917, 78. Mais au succès de casse-pipe a pu contribuer le souvenir des tirs forains sur pipes à bon marché. casse-croûte, m., Attaque ; d. ; libre suffixation du précédent.

casser du bois, Briser son appareil ; aviateurs, 16-18 ; îaire du bois, même sens, Dirigeal)les, mai 18. Métonymie de l'objet par sa matière ou une de ses matières ; cf. fer, zinc.

casserole, f.. A, Calotte hémisphérique adap- tée à l'avant de l'avion, (devant l'hélice et tour- nant avec l'hélice,) de façon à prolonger le fuse- lage pisciforme au lieu de l'arrêter par un méplat; aviateurs ; sématisme. Cuve métallique. B, Automobile ; 48^ t., -16 ; sématisme, Ustensile aux stridences métalliques, syssém.: tarare, ou Ustensile contenant du feu, syssém. : chaufferette, Automobile ; bouille, f., Locomotive ; 5^ génie, -18 ; apocope de bouilloire ou de bouillotte. C, Tête : « Je m'fous d'êt' blessé, pourvu qu'ce n'soit ni au buffet ni à la casserole », fantassin, fév. 16 ; séma- tisme : Récipient se produit une ébuUition ; syssém. : bouillotte^ cafetière, Tête ; avoir la tête en feu, le cerveau en ébuUition, faire de la

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çapeur ; (d'où, par dér. syn. sur fumée, fumer sans tabac, Etre irrité, et tête de pipe, au sens particulier de Homme prompt à s'irriter.)

cassis (du), des Morts et des Blessés et de la Casse de matériel : « Toujours dans le même secteur, avec un peu de cassis de temps en temps )), lettre du 211^ t., sept. 16. Syssém. : copeau : rei>enir en copeaux, Etre rapporté dé- chiqueté, TouNY-LERYs, M. dc Fv., 16-5-17, p. 375 ; Il les anciens « qui avaient déjà fait du copeau dans les rangs anglais de 1813 à 1815 », d'esparbès, Demi-Solde, v.

cercueil volant, m., 1, Méchant appareil de vol ; aviateurs, -17 ; « C'est un vrai cercueil, ce dirigeable-là », un adjudant de dirigeables, déc. 17. 2, Avion monoplan parasol Morane- Saulnier, avr. 18. Cf. cercueils d'acier, appli- qué aux Sous-marins, lors de la perte du Far- fadet, du Lutin, du Pluçiôse.

chaleureux. Peureux ; 40^ art., sept. 18. Euphémisme pour ch{iasseux) ; cf. Ah ! cha- leur !, cri de dépit et de refus, pour chiasse !, chierie !

chameau (équipe-), f., Equipe de porteurs de madriers et poutrelles dans un travail de pontage ; génie, avant mai 18.

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chandelle, f., Ascension verticale ou presque verticale ; aviateurs, 16-17 ; Miramas, mai 18 ; I « faire une chandelle », dorme, lettre, 22-7-15, in Gu. Aér., 17-1-18 ; « On décolle comme les as ! Une vraie chandelle », nadaud, Li- berté, 10-12-16 ; avion qui « monte en chan- delle )), MusiDORA ; « parti en chandelle, il a une légère défaillance ; il se cabre trop, il a manqué la seconde il lui était permis de redresser son appareil » et tombe, dortet, Illustration, 28-10-16 ; d'où piqué chandelle, m., Erection de l'avion perpendiculairement au sol : Arrivé au-dessous de l'avion boche, « je commençais à le tirer dans un « piqué chan- delle ». Le mitrailleur ne ripostait même pas, le Boche piquait en hâte <....'> J'effectue alors une série de « piqués chandelles » au cours desquels j'envoie plusieurs salves », récits de R. Montrion, aviateur, in Gu. Aér., 27-12-17, p. 110, c. 1; Il « au moment l'appareil a commencé à se mettre « en chandelle » », Matin, 16-4-13. Emplois non aviateurs : faire une chandelle. Lancer une balle bien verticalement, FUSTiER ; « Tout à l'heure, du haut de la barque, il plongerait en chandelle », margue- RiTTE, Fabrecé, III, i. J'entends dire droit

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comme une bougie, à propos de qqch. qui se guindé rapidement jusqu'à la verticale. En chandelle est une image de charpentiers : chandelle, Pièce de bois verticale, hdt.

chantier, m., Secteur, Poste ; divers soldats, -17 ; I « Pour moi le chantier se tenait à Cu- mières, entre Regnéville et Chattancourt », E. c, Pet. Journ,, 8-4-16, propos d'un mi- trailleur. — Rappel de la vie civile ; cf. « Je veux le ramener [l'avion boche qui me poursuit] dans nos propriétés »,... au-dessus de nos Lignes, montgeorge ; « Je passe au- dessus du fossé )),... au-dessus de la Tranchée ennemie, ib. ; une Fusée éclairante est dite bougie et chandelle ; la Gagna la carrée ; cf. 1®, boulonner, boulot, chapeau, facétie, facteur ; 2®, pétoire.

chapeau, m.. Casque ; 8^ génie, -18. D'où blindé, m., (sous-entendu chapeau) ; d. Syn. : toque, et à peu près tous les syn. populaires de chapeau. « Le soldat appelle son casque un chapeau, ses brodequins des bottines, sa capote un pardessus ; il essaie de plaisanter », j. de- meure ; ces plaisanteries sont des rappels de la vie civile, tentant d'améliorer l'objet par une litote ironique ; cf. chantier.

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Charles- humbert, m., « Obus français de 280 » ; V. du p. M. Charles Humbert menait cam- pagne pour la multiplication de l'artillerie lourde.

Charlotte, f., le Canon de 75 ; dauzat, 16-4- 17, 664. Cf. Joséphine.

charretier, m., A, Conducteur d'artillerie ; 40® art., 15-16. B, Automobiliste employé à un service de convoi de matériel, aux ca- mions-bazars, aux camionne^ttes ; S.A.P.-X, -16. Antonyme, chien de luxe ; cf. chenaux de lucce.

chassbi, m., Chasseur : A, Avion de chasse (dit chasseur) ; aviateurs ; B, surtout, Chas- seur alpin, Chasseur à pied ; les chasseurs eux-mêmes ; « Emile M <... > au 120 Chasbi au Canon de 37, secteur 160 », adresse de lettre, août 16; I Le Chahi, journal du front, cité Journ,, 18-7-16, p. 4, c. 3 ; « S.-lieut. de Chas- bis », Vie Par., 23-3-18, p. 269, c. 3 ; chassebi, DAUZAT, 16-4-17, 666 ; C, Chasseur à che- val ; D. ; D, Chasseur d'Afrique ; d., sens suspect. Selon d. chassebif, usité au sens B au 23® alpins, offrirait la forme pre- mière et serait fait de chass{eur) -\- biff(in) ; mais -bif et -bi sont deux suffixes également

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solides dans l'usage ; et les vitriers se sont-ils jamais voulu appeler des Chasseurs-Chiffon- niers, les fantassins de marine des *mar-biff ? J'ai entendu affirmer que le sens premier était Chasseur d'Afrique ; était-ce pour insinuer que l'étymologie est *chasseur- bicot ? -bi n'est que le même suffixe qu'on a dans Arbi (de Arabe), frisbi (de {frisquet), dégueulbi (de dégueulasse), Tochbi (de Dochbi -< Dodoch -< Mardoch -< Mardochée, sobriquet de M. Amand, professeur, Alençon, lycée, -10), fourbi, m., Fourrier, D. m. p., (de fourrier), et qui les fait rimer avec fourbi (Chose), gourbi (Cabane), biribi (Loto), toubi (-< toubib), et autres mots populaires. chasse- pattes, m., Chasseurs à pied, dauzat, 16-4-17, 666 ; substitution de patte à pied dans une forme *chass-pied due aux abréviations sur registres ; cf. bâton ; de chasse-patte a été extrait un suffixe -patte ; d'où VOSgepatte, m., Vosgien ; xxxx® inf., Lorraine, 14-15, aynaud ; « | Co- lasson, dit Vosgepatte, était à la fois rede- vable de son surnom à sa contrée d'origine, les Vosges, et au Journaliste, qui renfermait men- talement dans cette appellation générique tous ses congénères, et la lui avait appliquée, à lui

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tout spécialement, parce qu'à ses yeux Co- lasson synthétisait la race », a. a.. Contes vér., 23 ; ce Journaliste est de vrai un Parisien grand lecteur de quotidiens.

châsses (être aux), 1, Se tenir sur ses gardes ; 2, Etre avisé ; lambert. Syssém. : être sur Vœil, même sens ; « un gars sur l'œil ». La même construction de être exprime de nom- breux états et l'idée d'Avoir (ex. être au sac, Avoir le sac. Etre riche), de nombreuses actions et l'idée de Faire (ex. être à renaud, Renauder).

châtaigne (aller à la), Attaquer ; 130^ inf., 17-18. On échange des châtaignes, des mar- rons, des Coups.

château (panne de), f.. Panne préméditée, dans un endroit d'élection et de dilection ; aviateurs, Miramas, mai 18. Tout châtelain fait gracieuse chère à un aviateur en dé- tresse.

chatouiller la torpille. Exagérer, Agir ou Parler inconsidérément ; 270® art., oct. 18 ; | « dernière trouvaille venue du front, on nous garantit l'avoir entendue », Vie Par., 18-5-18, p. 429. Cf. bousculer.

chaufferette, f.. Automobile : « L'instrument qui sert à jouer s'appelle très ordinairement,

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Berlingoty Tarare, ou Chaufferette')), Alexandre, Le jeu de Vauto, in Front, 16-10-16. Le chauf- feur qui a les pieds sur les pédales sent aux jambes la chaleur du moteur à travers un tablier métallique ; cette chaufferette désigne par métonymie toute la voiture ; cf. casserole.

chaussette (comme une), sert de superlatif à retourner, Mettre à l'envers ; retourner qqn comme une vieille chaussette, lui Faire faire des déclarations successives blanc et noir, marins fourriers, -18; | « ces effroyables bombarde- ments qui retournent les tranchées « comme des chaussettes » », galtier-boissière. Ré- flexions sur le courage, dans Revue franco- macédonienne, in B. des A., 13-12-16.0

chef de gare, m.. Sergent qui est de jour paur toutes les escadrilles, à la R. G. Aé., DORME, mémoires, 22-7-15, in Gu. Aér., 17-1-18, p. 164, c. 2. Métaphore de fonction.

chemin de fer, m.. Liseré de rengagé ; 40® art., -18 ; d'où, par bredouillement simulé, le syn. chien de îer ; ib. ; et, sans doute, chien vert ; 334® inf., signalé à d. sans traduction.

cheminée (en), en Spirale ; aviateurs : « des- cente en cheminée »,musidora ; X « est épatant

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pour monter en cheminée », Brise d'entonnoirs^ in B. des A., 28-3-17; | « L'appareil s'est mis « en cheminée » ; il a piqué du nez sans que la surface sustentatrice ait pu intervenir pour ralentir la chute », Matin, 8-5-09, p. 2.

chenille, f., Engin d'invention boche contre avions, chapelet de ballonnets incandescents qui brise l'hélice prise à ses liens de fer et incendie les plans ; Gu. Aér., 5-7-17, p. 532 ; Mousqu., 180.

chérer, 1, Outrepasser ; usage général, Pari- siens et parisianisants : « il chère », Il fait des acrobaties sportives, à propos d'un aviateur, mé- canos, Pau, 48, (cf. Mousqu.y 82, 139). 2, Railler ; même usage. On retrouve ces deux sens sous bousculer et charrier.

Cherrer, (car cette graphie est plus fréquente que chérer,) « paraît être le doublet provincial du parisien charrier quelqu'un, s'en moquer (en wallon, on dit cherri pour charrier) », sain. Il me plairait au moins autant de tirer, avec ROSS., chérer de l'adjectif cher, aussi facile à employer adverbialement comme fort, sec, lourd, dur, {aller fort ; péter sec ; rigoler lourd, {Feu, 360) ; croire dur). Cher, adverbe, 1, Beau- coup ; RI G. ; « Pour quatre sous de brie tu es

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mal servi : il n'y en a pas cher », ross. ; la ques- tion argent offre un sématisme simple et peuple ; 2, Difficilement ; dlle ; 3, Fort, Dur ; s^enlei^er cher, Avoir le ventre vide, rig. (parce qu'à force de faire ballon, de Jeûner, on a chance d'acquérir une force ascension- nelle); « un des trois types m'avait m(ordu cher des châsses et du coude »,... m'avait regardé et m'avait fait le coude avec Insistance, Philibert, 176 ; « il aurait écopé cher »,... été condamné au Maxinium, ib., 328 ; 4, En grand nombre, En grande quantité. Vite ; pas si cher. Pas si vite. Pas tant, ross. ; « y passe par [lire : pas] lerch [loucherbèm, pour cher] de treppe, ...Beaucoup de monde, hayard, Dict. (T ar- got, 8.

De là, A, en conservant à cher son sens gé- néral. Qui coûte beaucoup d'argent, on tire chérer, Forcer la dépense, (p. ex. dans du bou- din ou du camembert) ; d'où chérer. Railler, et, traduction d'un bon argotier « Chiner en mettant les pieds dans le plat », 81^ t., mars 16 ; car Railler qqn se dit Vacheter et le chiner ; chérer c'est Y mettre le prix, Ne pas regarder la dépense d'esprit en achetant et chinant ; d'où, par allusions culinaires, cherrer dans le boudin,

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Se moquer, art. du Poilu, 6-2-15, in sain.; GAUTHiOT, p. 80 ; cherrer dans le camembert, Exagérer, Fantasio, 15-9-16, p. 167, c. 2 ; l'antonyme naturel sera économiser, Se mo- dérer dans la moquerie : « On murmure : Oui, oui, ça va... C'est pas la peine de nous la faire. Economise », Feu, 342 ; et, repre- nant au sens propre, mais par plaisanterie, les produits culinaires, on aura : « Car, vraiment, entre nous, nous avons un peu « cherré » avec les camemberts, les babas au rlium, les fiçe o'clock teas », prax. Œuvre, 27-11-16, c.-à-d. Nous ne nous en sommes pas privés.

B, en développant le sens second cher. Fort, on a chérer, Y aller carrément, sans regarder à l'effort : « Cherre pas trop, pour éviter les cahots », Ne force pas de vitesse, recommanda- tion à un chauffeur de taxi, Œuvre, 4-11-16, p. 1, c. 3 ; « tu trouves pas que les « cuistots » ont un peu « cherré » dans le beurre ? »,... ont Mis trop de beurre dans la soupe, p'tit gars ; Chairez !, Hardi ! Courage !, a. humbert, Mon bagne, in fustier ; d'où chérer, 1, Exagérer : « Dites donc les Boches, je crois que vous cherrez un peu ! »,... vous Outrepassez le temps con- venu (pour puiser de l'eau), Poilu, 6-2-15, in

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10

SAIN* ; « 3etet-Vo\is cftri'émeftt dans la mêlée et allez-y en cherrant le plus possible. Cherrez, mes amis, cherrez, sous peine de passer poul" des nouilles », c.-à-d. Blaguez en argot d'avia- tion sur des questions techniques vos audi- teurs rie comprennent tien, vieux juteux ; sans chérer^ SariS exagérer, 231^ inf., -16 ; 2, tr.j chérer^ Patiner indiscrètement, Bous- culer, et même Rosser -: « les types qui sont rétamés [Ivfes] ou qui chèrent de trop près les fumellefe pigeift de la grosse », PANtHUCHARD, c.-à-d. Les hommes ivres ou trop peloteurs dfe femmes attrapent de la prison et de la vérole ; (sAifT. n'a pas vu dans ce texte le dotible sehs de grosse ; en revanche il en a sorti uîx verbe « Ghéher, faire la noce, c'est-à-dire boillxe chère » !) ; en Loire- Inf., -05, un coureur cy- cliste est dit chérer, sur la piste, quand il force un concurrent à se rapprocher de la cofde et le gêne ; cherrer. Frapper fort, ross* ; « Chère-le, <C*.^> il aime ça, qu'on le chère* Les baffes, ça l'excite », Philibert^ 219 ; -^ d'où chérèr dans le mastic, Exagérer l'affaire ; 270® art. mai 18, j et, par allusion aux déménageurs bousculeurs, cherrer dans la console, Ejcagérer^ s. GUITRY, Jean Illf acte 2 ; pincer le

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marbre, Exagérer ; 270^ art., mai 18 ; 95^ inf., -18 ; syssém. du vieux chahuter le bas- relief ; et, par précision sur les membres heurtés, chérer dans les bégonias. Exagérer ; 8le t., -16 ; I Paris, mai 16, InL des Ch., LXXIV, 135 ; GAUTHioT, 80 ; « Il cherre un peu dans les bégonias, le comité d'organisa- tion )), Il monte son style jusqu'au galimatias, Fantasio, 15-6-16, p. 924, c. 2 ; ■■ les bégonias sont les Jambes, V. du p, ; dans les tuli- piers, Vie Par., 19-8-16, p. 167, c. 2 ; dans les tulipes ; bringer, M. le Vicomte, 185 ; dans les pétunias ; i6., 60, 106 ; dans les violettes ; un matelot, sept. 18 ; défriser la chicorée ; bringer, ib., 109 ; Mousqu., 21. ^ Toute cette sémantique qui tire Exagérer de Mettre cher est à rapprocher de celle qui tire Exagérer d'Aller fort, étudiée sous bous- culer, et qui a contaminé ses jeux de boudins et de bégonias avec ceux de chérer. Plus généralement, sont encore syssém. : charger, Se moquer. Exagérer ; en remettre, Exagérer^ Ajouter au programme ; au texte, en parlant F de Mounet-Sully, l. daudet, A. fr., 6-3-16 ; au protocole de la civilité, en parlant d'une femme, bourget, Le mensonge du père, iv ;

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la même idée se retrouve dans Pas tant I, mot de mode en nov. 16, Vie Par,, 4-11-16, p. 829, c. 2, qui sert de réducteur à une vantardise ou à une lamentation.

cheval (mauvais), Méchant ; divers soldats et marins, 16-18 ; « Le colon n'est pas mauvais cheval, il cause avec nous », 81^ t., -16. Syssém. : rosse, Cf. carcagnat, m., Cheval ; d. ; dér. de carcan, Cheval (porteur d'un collier); c'est, changé de suffixe ou mal lu, le carcagno, Usurier^ de vidocq, mais en son sens premier ; les usuriers sont des rosses.

chevaux- de- bois (manger, bouffer avec les), Jeûner (par force) ; 81^ t., 4*5-17 ; 63^ art., 1^7-18 ; 8^ génie, avr. 18 ; | « On « briffe » avec les « chevaux de bois », p'tit gars. Les che- vaux-de-hois sont très sobres.

chevaux- de- bois [du), des Evolutions circu- laires (en avion) ; centre de dirigeables, 17-18 ; I « y z'en ont fait du ch'vaux d'bois,en l'ait », RICHARD, Pet, Par., 14-5-16. Syssém. : faire le cirque. Se promener en rond (autour d'un pâté de maisons, en parlant de gardiens de la paix), BRUANT, Captii^e, I, xxii. D'où, au singulier, cheval de bois, même sens, sauf qu'il est restreint à une mésaventure et non plus

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aux prouesses de vol, Pivotage tête à queue sur le sol, produite par le moteur, dont le pilote n'est pas maître ; usuel aux aviateurs ; Mira- mas, mai 18 ; | « l'appareil mal tenu fait brus- quement dèmi-tour, avec un petit frisson, il [le pilote] sent la queue qui se soulève, et coupe : un « cheval de bois... » On le remet face au vent, il repart, autre « cheval de bois ! »,

THAVET.

chevaux de luxe, m.. Militaires faisant un service agréable, avec loisir d'être bien nourris et bien habillés ; en particulier Militaires de la S.A.P.-X, Toul, -16. C'est les considérer comme embusqués. Cf. : « vous n'avez pas des manières de chevaux de luxe, mes gas, mais des façons de bourrins, de sales bourrins qui ruent », Cabaret, 472. Syssém. : cheval de box, m.. Sous-officier ; d. (graphie boxe) ; bœufs, m.. Officiers-mariniers ; marins ; || dès -08 ; l'équipage nomme leur salle à manger parc aux bœufs et les juge à l'engrais. Trans- posés peuple de l'idée d'officiers de salon.

cheveux creux (avoir les). N'être pas brave ; 81^ t., -16 : « Toi t'as les cheveux creux ; tu parles que quand t'es saoul » ; | Pépères, 45, 161. Cf. genoux-creux.

149 -^

chicane, f., Vagin ; 81® t., mai 16. C'est le pertuis praticable à travers un réseau de bar- belés ; syn. : tranchée. Cf. chevaux de frise, m., Sourcils, moustaches hérisses ; d.

ohichiard. Faiseur de manières ; 231® inf., apax, témoignage de h. barbusse; | Feu^ 106. Chichi, Grimace, Complication dans les ma- nières ; Paris, -95 ; Brest, -98.

chien de luxe, m.. Automobiliste employé à un service chic, conducteur de coupés d'offi- ciers, d'omnibus d'officiers ; S.A.P.rX, -16. Antonyme : charretier.

chien- chien- gomme, m.. Membre viril ; ma- rins, S*-Nazaire, sept. 18. Au sens premier, c*est le nom, francisé à S^-Nazaire, d'un bonbon dont raffolent les Yanks, lanière caoutchou- teuse et menthée qu'on mâche longuement sans la dissoudre, le chewing-gum ; (to chew, Ruminer).

chier (celui qui nous fait), m., le Cuisinier ; marins, avr. 18.

chignole, f., 1, Voiture à bras, une, deux, trois, ou quatre roues ; sur l'essieu un plancher,, une caisse ou une baignoire ; parfois voiture d'enfant ; un chien, des fois, aide le pousseur ; sert aux cuistos ; 81® t. ; usage très général; [

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Echo des Marmite^, in B. des A., 8-11-16; (| usuel à Paris, rû5. - 2, Automobile ; France et armée d'Orient, 14-16; || usuel avant -14. 3, Avion î « Ma chignole va rester en carafe », MONTGEORGE. Se rattache à chignole (pro- noncé aussi suivant les régions signole, souaî- nole, Ï.ITTÏIÉ), Dévidoir ; Manivelle ; Boucle pour tirer sur le tuyau à gaz allumé dans les débits de tabac, Paris, -01 Vilebrequin por- tatif, Mousqu.y 253 ; etc. dér. de chigner, Pleurer ; une chignole est une Grinçante ; cf. bécane^ taxi ; gnole.

Chinoique, m., Olybrius : « s'pèce de chi- noique )), Feu, 39. De chinois, même sens ; le suffixe rappelle la terminaison de amoiqué, Emu, (uuYSMANS, Sœurs Vatard, v), et de quelpoique, Rien, vidocq.

cbiotte, f., 1, Canot Wbite ; un 2^-m^ méca- nicien, -18 ; ' le militaire a pour faisoirs des baquets et bailles ; et une méchante barque s'appelle une baille ; on a ainsi un ^ématisme aller et retour ; cf. fokker. 2, Dirigeable de petites dimensions i a Ce matin, mon copain Lagadec a passé dans sa chiotte »,... nous a survolés dans le dirigeable il est mécanicien ; le même 2^-m^, -18 ; le canot White est une

i

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vedette, et les marins appellent aussi çedette un dirigeable de petites dimensions. Syssém. : tinette, f., Automobile ; d.

chipèstèr, m., Eau-de-vie ; dépôt du 57® art. (Toulouse), (le témoin écrit « chippester »), avr.-mai 15 ; 97® t. (Parisiens), fin -16 à Laître- sous-Amance ; 144® inf., juill. 17 ; usuel aux et 12® inf. (fort contingent du sud-ouest) ; au camp de Ger (Basses-Pyr.), 6®, 12®, 18®, 34®, 49®, 123®, 144® inf., févr. à mai 17, (avant *-v. 17 on disait gnole et fil-de-fer) ; 289® inf. (Parisiens), l'on parle de « chipèstèr trois (toiles », Eau-de-vie extra, avr. 18, Oise; |1 assez répandu en Charentes avant -14, témoi- f^nage d'un artilleur en avr. 18. Inconnu aux ^•0®, 81® t., 95® inf., inusité au 40® art., sept. 18, £ iuf de deux Gascons venus de Toulouse en -16, C3 mot, qui sonne espagnol, ne semble pas es- ] agnol à des hispanisants, ni anglais, ni marin, ifi lorrain, ni breton, ni berrichon. chipes- iarnic, m.. Eau-de-vie extra ; d.; chevau- ciaement de chipèstèr + chnic.

chocolat, 1, m., Marocain, Sénégalais ; D. m. p.; II Noir; usuel aux étudiants, Paris, -96. 2, Ivre ; un Parisien, 81® t., -16 ; marins, 17- 18 ; le sens 2 se tire du sens 1, sur ce que

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Ivre se dit noir. Syssém. : sénégalais, Ivre ; usuel à la s^ii sanitaire automobile 45, 16-17 : « Tu étais sénégalais hier soir » ; c^^, -18; d'où le Sénégal, l'Ensemble des ivrognes de la s°^ sanit. autom. 45, 16-17 ; cf. marsouille ; les troupes noires, les Soldats saouls ; 289® inf., 13® cl®, -18.

chocolat, Trompé dans son espoir. Dupe ; 109® inf., -17 ; génie, 40® s^n D. C. A.,81® art. 1., mai 18 ; « J'ai été chocolat » dit celui qui n'a pas trouvé ce qu'on l'avait envoyé chercher ; « On a fait des combinaisons savantes, on a manœuvré habilement, on a fait de rudes efforts, et puis... chocolats ; « Jp suis cho- colat dans la combine »; H «j'ai passé dix ans de ma vie de policier affublé du surnom de « Chocolat », plutôt désobligeant pour un homme dont la profession est justement de ne pas l'être « chocolat » », jaume. Matin, 4-8-08. Mal expliqué dans g. e., 16-4-18, 653, au détriment de l'étymologie que j'avais notée plus anciennement : chocolat, usuel aux filous du jeu de bonneteau dès -86, a été tiré, par synec- doque, de *crème au chocolat, queue roman- tique sur crème ; crèmeYsi le même sens que chocolat : être fait crème, Etre dupé par son

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complice, dlle ; « Tu me fais pas crème, va ! », Tu ne m'illusionnes pas, kirsch, Le Tigre, 213. De ce crème a été tiré aussi ^crème au moka, puis, par synecdoque, moka, syn. de chocolat : « Oui, et l'autre s'est rebecqueté la cerise, mais cela ne l'a pas empêché d'être moka. Ce qui veut dire en vieux français <C.-.!> l'adver- saire [du boxeur Sam Mac Vea] a repris des forces, mais il a été tout de même vaincu », vAUTpL, Matin, 10-2-09.

De savoir quel était le sématisme de crème, c'est une autre affaire. Les soldats suisses disent on est chocolat, On est éreinté, Schw. Sold., 73. C'est à peu près au même sens qu'on trouve l'image de crème dans nos provinces : des gars tout creumés. Qui manquent d'énergie. Mous comme de la crème, duine, Patois de Dol, Annales de Bretagne, XII, 592 ; « Vers le soir, je commençai à penser je me retirerais pour la nuit. En face de moi <<...>* un village était campé <C...>» Mais d'aller y demander l'abri, c'était comme pour le manger, ça me faisait crème », Je me trouvais sans courage, le roy, Jacquou, 150. Cî. rester comme deux ronds de flan. Rester ébahi. Toutefois la mollesse des crèmes n'explique pas bien tous les emplois de

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la Jûpution faire crème ; leur couleur jaune a pu coopérer : passer au jaune c'est Tromper.

chQCQtes} (avoir les), Avoir peur ; 21 e cJja^S. (un ténioin parisien), P? ; |1 choquoUe, Os gr^s ; chiffonniers, mo. ; cf. c^st d^ la choquoUef C'est bon, DÏ.LE ; chocaillon, Chiffonnière, Ivro- gnesse, DEI.VAU ; c( Oui, ma chocotte ; oui, niQ|i rat en sucre )), dit une fpmme à son mari, pu- vERNois, Nounette, 44 ; chocote^ c'g^t, A, Ce qui pue, (par ex., un OS de poubelle), B, une Crotte, d'où ma chocote / = ma crotte /, et aç'QÏr les cliQcoteSy sysséna, à^a^oir les colomhins ; dér, ; chûcoterj Puer, [ça chocote, ça cocote), usuel aux Parigots ; clipcotièrç, f ., Cuisine roulante ; Parisiens, d. ; c.-à-d, yoiture à ordures puantes ; syssém. de torpilleur,

Ohôî !, Vois !, Regarde ! ; 13^ tir. alg., 48. Mût arabe, usuel au5f Français d'Alger.

choueîlle, (monosyllabe), m., Yerrée ; Bel?, 2^Tm® (Lorientais), -18, mona^ç, sauf qu'on le répète autour de lui ; en jeter un cJjouaiHe, Travailler dur ; d. Selon Belz, qui a vécu dans le Nord, c'est un mot lorientais ; le té- moin de D. a passé par l'Artois. Les deux emplois se ramènent sous le syu. commun coup, {coup 4 hoire, en jeter un coup) ; cf, gnole.

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chouya, m., Petite quantité : « Un chouia de tabac ? )), Feu, 217. Arabe chouyat, Petite chose. Nos soldats d'Afrique emploient dès longtemps chouya- chouya, Tout doucement, rig.; de l'arabe chouya- chouya. Peu à peu. Cf. adruper, brêl, chôf, chuchemahure, class, clebs, fissa, gourbi, guitoune, kaddour, kébir, lobé ?, maouss ?, niquer, nouba, ramdam, sidi, souasoua, toubi, zob ; malabar.

Chtimi, m., Français du Pas-de-Calais, du Nord, Picard, Wallon ; 46^ inf., 14-16 ; 40^ art., 14-18; 11 usuel avant -14, a fait fortune par la guerre. Ch', Ce, ti. Toi, mi. Moi, mots du Nord juxtaposés. Au 81® t., chtimi est in- connu, on appelle les Français du nord les gars de cK nord, à cause de leur habitude de remplacer l'article le par un article ce pro- noncé cK . Cf. sidi, mon- bon, ya-ya ; boueux, grelu, gros-lard, mahaut, pigouil. ^

cîcasse, f., Eau-de-vie ; Parisiens au 96® inf., -17 ; 154® inf. (Meusiens) et marins,-18 ;, | « Ah ! ce sacré caoua... en campagne, il nous semble délicieux, surtout quand on peut mettre dedans un peu de cicasse... », galopin. Poilus de la 9®, 21 ; Le cuisto « arrose ce breuvage [le café] d'une liqueur que les littérateurs de l'arrière pour

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paraître informés, appellent sicine ou sicasse », VArgonnaute, in B.des A., 2-5-17 ; | lambert. Il est difficile de ne pas rattacher ce mot à cicico, cicico boër, Boisson hygiénique sucrée des ménages ouvriers brestois, créée et vendue deux sous, même un sou, le litre, en -04 et plus tard par M. Rouzaut, rue de la Fontaine, et en -08 par M. Barbier, rue Navarin ; M. Rou- zaut a beau m' affirmer, en -12, que ce mot fut sa « pure invention », cicico semble apparenté à chicUf f.. Boisson indienne sur l'Orénoque, DIDEROT, Richardson, Breuvage de maïs au Chili, texte de -76 in littré, par l'intermé- diaire de cici, m., Boisson de maïs ou de fruits fermentes usuelle au Chili, larousse ; séma- tisme de cicasse ainsi compris : Liquide humble, économique et trompe-le-goût ; cf. tamar. SAIN, n'a pas hésité à tirer cicasse de chicorée et à croire que la chicorée est l'un des vivres de l'ordinaire ! Je commets peut-être une imprudence analogue en supposant dans sicine un dérivé (savant) du latin siccus (Sec) ou du latin sitis (Soif).

cigale, f., Eclat d'obus ; 246^, 289^ inf., 16- 18 ; secteur 174, sept. 18 ; « Un 240 éclate-t-il au bord du parados ? Une paille, murmure

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le poilu éclaboussé par les cigales », Cri de P., vcts juin. 16 ; « Mêlée [la pluie] aux « cigales « (aux éclats d'obus), on dirait comme du plomb foildu qui vous gi*iffe la charnUre )>, Trois jours^ 19-746. Syssém. : abeilles.

Cigare, m., A, Obus ; D. m. p. « le 270 aux longs cigafes qui Voyagent lentement tfès haut )), A. F., N. Contes vêr., 84 Il est d'usage maintenant de calibrer les cigares au milli- mètre ; les plus en vogue sont les 75 ; quand on veut désigner des 120, on se sert du mot- pipe », agatsa, 107 ; légion étrangère^ t). « Le nom de cigare fut donné au 75 poui* êtte utilisé dans les conversations télépho- niques qu'on craint de voir interceptées par l'ennemi. Je ne sais s'il serait possible de loca- liser dans le temps et l'espace [cette conven- tion sur] les expressions cigate et pipe. Je les ai entendues en Woëvre en 1917 ; mais elles étaient certainement en usage depuis long- temps ; dans la même artillerie on usitait aussi, pour les mêmes désignations de petit et de gros calitre, respectivement les expressions flûte et clarinette, comme langage conventionnel télé- phonique )), j.-P. FAuttfe, avr. 18 ; le fait histo- rique ainsi allégué serait d*ûutant plus Utile à

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établir en lieu et date qu'il repose sur une convention, négation même de la sémantique objective ; agatha, notons-le, n'a sans doute pas donné, dans le journal du 309® d'inf., l'argot téléphonique actuel du secteur ; il y aurait eu une pointe de trahison ; il faut au moins cons- tater que le mot, s'il a été adopté pour le télé- phone et seulement à temps, a su plaire dura- blement (15-17) ; cette grâce qu'on lui a faite, parmi tant d'autres mots insignificatifs des codes secrets temporaires, peut s'expliquer par une convenance sémantique réelle. Comme les ZeppelinSj les Obus sont des cigares par leur forme cylindro-conique. Cf. pipe, f., Obus de 120 ; agatita ; D. m. p. ; V. du p, J'ai cru à une métaphore prise de la propor- tion du diamètre à la longueur, mais je me rallie à cette autre idée qu' « employant cigare pour 75, on a tout naturellement pris pipe pour le 120, parce que c'est le « numéro au-dessus » en matière d'articles de fu^meur )), j.-p. faure ; cette déduction du moins ne repose pas sur une convention ; dans les codes téléphoniques il est d'usage de donner des noms de même catégorie à des objets analogues ; par ex. ce sont des noms de baptême, Marie, Pauline, etc., qui

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désigneront tous les ouvrages d*un secteur. Suite logique du sématisme de pipe et cigare ici sous bastos ; cf. mirliton.

B, Figure : Il « va prendre la faction à un poste de grenades pour en mettre plein le cigare à Friedrick, s'il voulait venir nous souhaiter le bonjour )),... pour assommer le Boche, s'il nous attaquait à l'aube, paraud. Métaphore de couleur sur le teint de certains visages ; ou simple dérivation synonymique sur pipe, Tête ; cf. casse-pipe.

cinéma, m., A, 1, Bataille ; 156^ inf., mai 18. 2, Séjour aux tranchées, ib. 3, Front (des armées), ib. Syn. de comédie et de pièce, qui sont d'excellent style pour le même objet, (mais de pièce éminemment remuante, « mo- Loria » disaient les Romains), ce mot, tout amer qu'il est dans la bouche du poilu, n'en égale pus moins notre petit peuple à la noblesse des Ballades d'Hugo : « Nous qui sommes Gen- tilshommes De haut lieu. Il faut faire Bruit sur terre Et la guerre N'est qu'un jeu )). Vers le 9-5-15, devant Arras, au 360^ inf., un de mes bons amis vit le bataillon voisin du sien sortir ; il vit la course jusqu'aux fils, puis le résultat des tirs des mitrailleuses ennemies :

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ses compagnons pour la plupart se tordaient de voir les cabrioles des assaillants atteints par des balles, sans éprouver rien des sentiments qu'un simple récit provoque, on se serait cru au ciné », m. protat. Cf. facétie, tango ; cf. aussi entendre le bédouin, Entendre le ca- non au loin, d., (bédouin, Prêtre, d.), c.-à-d. la bataille comparée à la messe ?

B, Bordel ; d. Cf. l'emploi galant de billard.

C, Chiqué, Tape-à-l'œil : c^est du cinéma, C'est une démonstration bien réglée de ehamp- de-manœuvre, plutôt que de la vraie guerre utile ; 13® tir. alg., -18. Syssém. de théâtre, de pas-çécu.

cinq-frères, m.. Projectile boche, faisceau de cinq tuyaux à explosions successives ; d. Image prise des arbres à troncs multiples nommés deux-frères, etc.

cirage, m.. A, Vin ; 246® inf., -15 ou -17, mais désuet en -18 ; 156® inf., -18 ; | « un litre de cirage à seize ronds », m. l., N. Contes vér., 196 ; corvée de cirage, f., Saoulo graphie en commun : « Le soir [au cantonnement] quel- ques-uns vont à la corvée de cirage et les types qui sont rétamés <<...> », pantruchard, 117 ; ' le vin rend noir, Ivre. Syssém. : cassis,

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ESNAULT 11

m., Vin ; 156® inf., -18, non fréquent ; | « se débarbouiller avec du cassis », S'enivrer, Expressions à la mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17 ; le cassis est une liqueur noire, d'où l'idée qu'on peut s'en barbouiller, outre le cer- veau, le museau, comme de mûres, de haie. réglisse, m.. Vin ; 156® inf., -18, non fréquent ; I « on s'est laissé tomber à pleins godets, dans riampion, du réglisse qui s'posait un peu là, du bouché », Feu, 21-8-16 ; le jus de réglisse en bâton est d'un beau noir qui barbouille le museau des gosses ; (toutefois il se peut qu'on ait sous ce dernier mot la même litote que sous tamar et cicasse, l'assimilation d'une liqueur précieuse à une liqueur vulgaire, savoir à l'eau de bois de réglisse, qui n'enchante pas les adultes ; mais dans cette vue on attendrait plutôt coco, nom bien connu de cette infusion, et qui désigne l'Eau-de-vie et même le Vin, dans RiG.). coaltar, m.. Vin ; d. B, Sou- danais ; D. ; d'où lions noirs, m.. Sénégalais ; D. ; à cause de la célèbre marque de cirage ; boîte de cirage, f., Artilleur français ; d. ; sur l'ancien uniforme noir.

cisaille, f., Veste ; 250® art. -, d. Image exagérant celle de corset, m., Vareuse ; 23® al-

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plus, D. : la taille est si serrée, par chic, que la hanche droite (gauche) prolonge le flanc gauche (droit).

clapoter, Faire son bruit de fonctionnement, en parlant du moteur (d'avion) : « mon moulin donne des ralentis <;...>> Je me demande si j'ai fait mon plein de sauce avant le démarrage, lorsque le moulin se remet à clapoter », mont- GEORGE. Clapoter) Manger ; rig. ; usuel à Brest, 98-18 ; [claper. Manger, d.). Métaphore prise d'une mastication bruyante.

claque des genoux, m.. Homme sujet à la peur ; 246^ inf., 17-18.

claque- merde, m., Bouche ; assez général : « Ferme ton claque-merde et le bec de gaz ! », Tais-toi .et éteins la bougie ; « J'ai pris la mouche, et, d'un pain, je lui ai eiifoncé son claque- merde en lui cassant deux dents », Sous-Intce de la 22^ D»», -16 ; | « Verrouille ton claque-merde, il fait courant d'air », Cabaret, 471. Claquer, Manger. Comparaison avec la cuvette à clapet des cabinets d'aisances ; syssém. : Ferme ton égoût, ton clapet.

olass (c'est), C'est réglé, Il n'y a plus à y revenir : « C'est class, le ballon ne sortira pas », centre de dirigeables, nov. 17, à l'occa-

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sion d'une brume trop intense; \\ « c*est classe, mon chien », Il faut obéir, Nénesse, 198. Arabe, khelas /, Assez !, du verbe khalUs, il a Fini. Le chevauchement de c^est class + ^n avoir mare a donné c'est mare, d., et en avoir class, Etre fatigué de qqch., 40^ art., août 18.

classard, m.. Militaire qui a suivi le sort de sa classe d'appel, par opposition à Engagé : « Les sous-offs de Descaves sont réels, mais ce sont les rengagés qui ont ces mœurs-là, pas les classards », un sergent, 340^ inf., août 16. Cf. frontard.

clé anglaise, f.. Bombe d'avion ; usuel au 1676 inf.^ .18.

cléber, A, Jeûner ; m. protat ; B, Man- ger ; mixte, oct. 18 ; | d.

clebs, m., Caporal ; 81® t., août 14 ; 2^ c^l, -17 ; 95e, 289e inf. ; 40^ art., -18 ; « mon clebs », Mon caporal d'escouade ; Caporal se dit caho ; or cabot signifie Chien ; or Chien se dit clebs ; donc clebs signifiera Caporal ; il y a dér. syn. sur cabo, qui, appliqué au caporal, n'exprime nullement l'idée de Chien ; de plus il y a sématisme aller et retour ; cf. fokker. Arabe kelb, Chien ; pour le 5, cf. rabs. Cf. chouya.

Clemenceau, m.. Vin remboursable des coopé-

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ratives de régiment ; g. turpin. M. Cle- menceau, selon le poilu, a fait mettre ce vin à 1 franc le litre. Syn. : remboursable, m., assez général, -18 ; et par apocope, rembour, m., 40^ art., sept. 18.

cloche, f.. A, Casque ; 2^ c^l, -18 ; | V. du p.; CHAPELLE ; Il cloche. Chapeau melon, avant -14. B, 1, Hèle ; d'où « vieille cloche », vocatif amical. Feu, 32, 118 ; 2, a, Homme forte- tête : « Y a pas à dire, y a des cloches dans le Centre [des Captifs] », un 2^-m®, -18 ; b. Homme rigoleur : « On dit ces conneries-là quand on est une bande de cloches ensemble », marin, -18 ; c. Sot, Ballot : « T'es une cloche ! », 270® art., -18 ; syssém. : crâne, Hardi, Fou, Tapageur, daté 1787 par hdt.

clou, m.. Etoile de croix de guerre ; esc. Br.- 219 ; marins ; -18 ; | « une croix de guerre avec un « clou » », mortane, Gu. Aér., 17-1-18, p. 155.

clous à mougère (faire des). Trembler, et, peut-être, plus exactement, claquer des dents, par le froid ; marins lorientais, mai 18. La maugère (et non mougère) est une garniture en cuivre de vergue et de dalot ; mais le clou à maugère (et non clou à mangère comme l'im-

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prime le Bulletin Officiel de la Marine, 1915, partie principale, 2^ sem., p. 575), est un clou à tête large. A bord, le clou à maugère sert à clouer les panneaux ; panneau, Bouche, est usuel aux marins ; faut-il comprendre que les dents que le froid entrechoque sont comparées à des clous avec lesquels on veut fermer un panneau ? Mieux vaut expliquer la locution par un remplacement syn., en style marin, de pisser des clous de sabot, Souffrir en urinant, par suite d'une maladie de vessie, ou d'une maladie vénérienne, (rig.) ; un froid doulou- reux serre les coudes aux reins et constreint l'anus tout comme cette miction poignante et tranchante dont parle rig. ; l'idée, ainsi, est Souffrir comme si on faisait, c.-à-d. pissait, des clous à large tête.

cobaye, m.. Elève-observateur d'av^^^; esc. Br.-219, août 18. Parce que les physiolo- gistes ont des cobayes pour élèçes ? Ou parce qu'ils les tiennent en observation ?

COCO, m., 1, Essence de pétrole : « C'est de l'es- sence qu'on met dans le moteur [d'avion] ? Non, c'est du coco », musidora ; Mousqu., 253. - Je doute, malgré l'opinion de d., p. 202, que ce soit une métaphore de couleur prise du

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jaune pâle du coco, Infusion de bois de réglisse au citron ; j'y vois une plus énergique méta- phore de fonction, prise du sens second de coco, Eau-de-vie, (voir ici sous cirage) ; en effet, si l'Essence de pétrole est dite coco, inversement est dite pétrole l'Eau-de-vie (et non pas l'Infu- sion de réglisse) ; ce sématisme mutuel, cf. fokker^ invite à décider qu'en sémantique l'es- sence est au moteur ce que l'alcool est à l'esto- 1 omac, une eau de vie. 2, Aviateur ; d. ; métonymie ; cf. copahu.

coiffer. Survoler de près (un autre avion) : « je cabre mon coucou et me laisse tomber en boule sur sa carlingue. Je le coiffe, et à dix mètres, je lui lâche ma bande [de mitrailleuse] », SEM, Journ., 27-5-16. Dans un des commu- niqués officiels de -14 coiffer sert à exprimer la manœuvre, tentée par le Boche, de Rompre notre front de bataille en gagnant de vitesse vers le nord le meilleur de nos armées, manœuvre appelée depuis la course à la mer. Un voi- lier se coiffe quand il Reçoit soudain le vent par le nez.

coiffton, m.. Coiffeur de compagnie ; 109^ inf., 9^ c*^, -16. Le suffixe -ton, tiré de mots comme chaton, Petit chat, le t est du radical,

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se retrouve dans mesieuton, m., Petit monsieur, Bteau fils ne faisant pas de corvées, un paysan vendéen, 81^ t., -14 ; mecton, Petit mec, Indi- vidu ; fromton, Fromage, etc.

colimaçon, m.. Tête : « Tu rentrerais ton calimaçon », Tu baisserais la tête dans les épaules et au-dessous de la tranchée, un ouvrier nantais, 81^ t., -14, apax. Ca- pour co- ; c'est aussi le prononcé à Dinan (C.-du-N.).

Syssém. : se COQUeter : «Naturellement, faut t'coqter tout d'même [quoique le casque te protège la tête]. Avise-toi pas de l'ver la trompe en l'air [pendant que l'obus arrive] », Feu, 226 ; trompe rappelle assez les cornes du limas. L'anglais a de même to shrug, Ren- trer en sa coque, Lever les épaules. Cf. ga- bian.

colis- postal franco de port et d'emballage, m., Obus ; c^l, -18 ; | « Malgré l'abondance regrettable des « 105 », que nous appelions des colis-postaux », mac orlan, Journ., 31-12-16 ;

colis à domicile, m.. Gros obus i « a large bombshell is called « un colis à domicile », lite- rally a C. 0. D. [Collect On Delivery] parcel », Morning, fév. 18. Syssém. : italien pacco postale la lettre Colis-postal), Gros obus

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métaphore de cette guerre, dauzat, 1-1-18.

colle, f., Riz (cuit) ; agatha ; D. m. p. ; V. du p.

collet {s^en fiche plein le), S'empiffrer ; Feu^ 20-8-16. Syssém. : manger à plein pourpoint, usuel au Mans.

colombin, m., 1, Gros excrément humain ; divers soldats, -15 : les colombins f, Je refuse ; c.-à-d. la merde ! ; a, hors du moule : « J'suis de colombins )),... de corvée dans le cantonnement pour les enlever, Feu, 83 ; | ROSS. ; b, dans le moule : « J'ai un colombin qui presse », groupe d'av^^^, avr. 18 ; d'où avoir les colombins, Avoir peur. Etre peureux ; 81^ t., avr. 16 ; zouaves, 16-17 ; 2^ groupe d'avon -17 ; 40e art., 2e c^l, mixte, -18 ; | « S'agit pas de s' dir' patriotes. Et puis d'avoir les colombins », montéhus, Lacroix de guerre ; « j'ai les colombins », Feu, 232 ; un colombin est une Fiente de colombe ; hdt en ce sens donne colombine, f. Dans un autre emploi, colombin, Petit boudin de pâte argileuse que l'on étend à la main pour unifier à l'œil les diverses parties d'un pot d'argile, B. des A., 6-9-16, p. 8, c. 2, se comporte encore comme syssém. de boudin. Ai^oir les colombins, c'est sentir ce besoin que

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la peur met aux entrailles ; il est peut-être utile de sous-entendre un complément, omis dans l'usage, déterminant colomhins ; cf. groh les (?) ; syssém. : açoir la chiasse, la trouille, la frousse (cf. g. e., Dançez Geriadur, heoz), les grolles (?), être foireux ; d'où mettre les COlom- bins, S'enfuir par peur ; divers soldats, dont un territorial, sept. 17, un zouave au mixte, mai 18 ; g. charpentier ; chevauchement de mettre les cannes + ai>oir les colomhins. 2, A, les colomhins, les Feuillées : « il revient des colomhins », 2^ mixte, mai 18 ; B, Homme lâche, indifférent à ce qui devrait l'intéresser : Nos artilleurs, vers qui nous tirions des fusées, « les regardaient seulement pas, ces colom- hins ! », propos d'un fantassin, Caharet, 470 ; syssém. : merde t « T'es un homme ou une vache ? Une vache ou une machine ? Une machine ou une merde ? », ib., 458 ; * C, Ohus cal, sept. 18. Dér. : colombitier, Chier ; d.

combine, f.. A, Plan hahile ; 81® t., 14^17 ; très usuel aux parisianisants ; marcher dans la comhine, Etre du complot, de l'association ; être chocolat dans la combine; \ usuel à Paris et NanteSj 11-13. B, Costume de vol, vêtant

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les bras et les jambes d'une seule tenue, Diri- geables et Captifs, 17-18. Chacun de ces deux sens sort du sens correspondant de combinaison. binaise, f., Plan habile ; D. m. p., est Tapocope de combinaise, apocope de combinaison. Cf. terri. .

comme ac, comme aco. Autant que ça, Aussi grand que ça, Tout à fait bien. Tout ce qu'il y a d-e bon ; se répand de plus en plus : « un travail comme ac » ; « il en a fait comme ac », ouvriers nantais, 81^ t., -17 ; faire un repas, en écraser comme aco, 13® tir. alg., -18 ; d'où : manger et dormir comme ce çieil Aco lui-même, monax, ib., -18 ; | comaco, Feu, 21-8-16. Provençal, comme aco, Comme ça.

compteur à gaz, m., Havresac ; inf.. Lor- raine, 14-15.

concierge de tranchées, m.. Homme de la tranchée qui conçoit son rôle comme contem- platif, passif et déterminé, pas assez comme critique, protéique et offensif : « Quand les « concierges de tranchées » [ennemis] seront tout tremblants à leur poste, les mitrailleuses et les fusils se tairont », anon., B. des A., 10-5-16, p. 7, c. 3. Cf. guichet et -poteau-fron- tière.

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conditionné, A, Ivre : « Il a été bien condi- tionné », 16^ chass., 14-17 ; usuel aussi à Paris, 14-18 ; syssém. : fait, refait, Ivre ; 360^ inf., 14-15; 40^ art., -18 ; réussi. B, Blessé ; 16^ chass., 14-17; usuel aussi à Paris, 14-18. Syssém. : fade ; bien servi ; complet ; qui a son compte ; de même en anglais to get a dose, Avoir une dose de boisson et Encaisser un mauvais coup. Cf. lapin.

confetti, m.. Petite rondelle de drap à coudre au col de la veste et de la capote, une à droite, une à gauche, à côté du numéro du régiment, bleues au 1^^ bato^^, rouges au 2®, jaunes au 3®, exclusivement dans la zone des armées ; 81® t., déc. 16 - oct. 17. Syn. pastille.

convalo, f.. Convalescence ; Feu, 61, 118 ; Mousqu., 34; cf. çéto.

copahu, m.. Infirmier ; 46® inf., 14-16 ; 81e t., 16-17 ; centre de dirigeables, -17 ; 63® art., -18; || nom du chien d'un étudiant en médecine, -02. Sobriquet par l'occupation fréquente, ou prétendue fréquente, et autant que possible génito-urinaire. Cf. péca, m., A, Médecin ; marins, 17-18 ; B, In- firmier, Pharmacien ; d. ; prononcé vul- gaire de ipéca ; coco, 2 ; caporal- patates.

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COpé, f., COpette, f., Coopérative du régi- ment ; 81® t., -17. 00 >- o, comme dans alcool.

copeaux (avoir les), Avoir peur ; très usuel aux 95e, 156e, 289^ inf., 40®, 207® art., juin- oct. 18. « De cette tradition des caricatu- ristes de représenter par des spirales les jambes des personnages terrifiés (?) », j.-p. faure ; cf. (?) avoir les jambes en dentelle, les panards en malines, les avoir Fatigués. Ces copeaux semblent plutôt être des crachats ; copeau, Crachat, larchey ; ce serait un syssém. de açoir la flemme, puisque flemme semble le même mot que le français flegme, m., 1, vieux nom de la Lymphe ; 2, Crachat. Le flemmard est bien un lymphatique ; le genre seul fait difficulté. En outre, à flegme les patois répondent par flume, Crachat, açoir des flumes, S'engorger (dlle) ; et on trouve flube. Peur, qui ne semble pas autre chose qu'une altération de flume. Flube est de genre m. dans a^oir le flub, Avoir peur, bruant, Cap- twe, I, XXII (Pet. Par., 20-11-16) ; f., dans dlle, flube. Peur ; douteux dans avoir les îlubes, Avoir peur, 156® inf., 40eart., -18 ; | V.du p. ; mettre les îlubes, même sens ; 40® art., -18 ;

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chevauchement de mettre les bois + avoir les flubes. Voir flubard.

corbillard, m., 1, Voiture d'ambulance ; 16^ chass., -17 ; 2, Camion qui emporte un avion bTisé ; H. G. Aé., -17.

cornes du diable, f.. Antennes au nombre de quatre, qui surmontent le récipient sphérique de la torpille automatique marine ; terme de chalutiers dragueurs de mines et d'observa- teurs de captifs, -15 - mars 18; | s. basset, PeL Par,, 2-4-16. Du diable parce que, choquées, elles font tout sauter.

COrniflot, m.. Eau-de-vie ; 246^ inf., 17^ c^^, 17-18 ; 20e chass., -17 ; 156^ inf., août 18. Semble suffixe comme f-iflot de fantassin, gourd-if lot de gourd^, (cf. artif-lot de artif- icier ?), ce qui laisse hésiter, pour le radical, entre des mots parmi lesquels je n'ai pas trouvé de sens sûrement convenable ; la corne ou cor- nouille est un fruit aigrelet ; la méchante eau-de-vie pue et Puer c'est corner ; enfin, un Coup de poing est une cornanche, (d.) et l'Al- cool est un coup, (voir gnole).

corvaille, f,, Corvée ; 109® inf., -17 ; 8^ génie, -18 ; suffixe comme tranchaille, Tranchée ; journaille, Journée {Philibert, 282 ; Nénesse,

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245) ; cf. hleusaille, muraille. corvasse, f., Corvée : « les longues rêveries de la faction, les distractions et joies de la « corvasse » », Echo des Guitounes, in Matin, 26-9-15, p. 4 ; suf- fixe comme godasse, Godillot ; barbasse, Bar- Baque ; cf. bleu^asse,

corvée d'enîant de troupe, f., Service manuel d'agrément qui fatigue surtout celui qui le.reçoit : « Tu vois comme tu es [Tu as un fichu carac- tère] ! Et puis, après, tu reviendras auprès de moi pour la corvée d'enfant de troupe ! )), un maçon nantais, 81® t., -16. Contée, Travail professionnel, dans le jargon des filles de mai- son ; RI G. ; Philibert, 195 ; enfant de troupe, Sperme mis au vent, est le retour du sématisme dont l'aller est fausse-couche,foutriquet,et échappé de capotey Homme mal foutu, Avorton. : corvée de viande, f., Rapports sexuels : aller à la corvée de viande ; 46® inf., b^^, déc. 16 ; groupe d'av®^, avr. 18. Le même emploi comique de corvée donne encore corvée de cirage ; cf. exercice de paupières.

coton, m., A, Substance des nuages, avia- teurs, -16 ; I MusiDORA ; adjudant cartault. Feuillets de carnpagne^ 11-9-16, in Gu. Aér., 27-9-17, p. 734, c. 2. Gf. balles de coton.

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Cumulus ; terme marin. B, Brume ; météo- rologues, Rosnay, -17; | « l'épouvantable « co- ton )), alias la brumasse )), eynac, Gu. Aér.^ 3-5-17, p. 388, c. 3.

couche (prendre la), Perdre une ancienne mentalité par l'acquisition mécanique d'une nouvelle : « Que veux-tu, mon vieux, dit Cho- pin, tu es comme moi : tu as pris la couche ! ». MILLE, Journ., 12-7-16, propos consolatif, à l'adresse d'un sergent, curé « dans le civil », qui s'aperçoit un lundi d'avoir oublié sa messe la veille. Syssém. : se rouiller.

COUCOU, m.. A, 1, Avion ; aviateurs, 15-18; | « Les mécaniciens préparaient les « coucous » », anon., souvenirs du 24-12-14, in Lectures pour tous, août 15, p. 148 ; 2, Dirigeable ; aéro- nautes, -17 ; syssém. pour A^, A* : tacot, zinc, taxi ; B, Canon de 75 ; 40^ art., 5^ h^^, mai 18 ; syssém. pour B : rossignol, m., Canon, ib., sept. 18 ; zinc, tacot ; C, Eclat d'obus : « Entends-tu le coucou ? », un ouvrier nantais, à propos d'un éclat d'obus antiaérien qui re- tombe en chantant ('), 81^ t., sept. 17, apax ;

( 1) Onomatopée de la chute de ces cafïuts : « cha- chuchechéchi », pawlowski, Signaux, 9.

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I « On l'a eu, r filon, d's^eshigner des coucous ! », On en a eu, de la chance, d'échapper aux éclats, MARCEL, Journ., 21-6-15, propos immédiate- ment consécutif à l'éclatement d'un obus, (la traduction « obus » dans sain, fausse le sens). Un coucou est quelque chose qui chante ; syssém. : oiseau, moineau, Obus ; plus spé- cialement c'est une mécanique qui chante, par ex. une Méchante voiture, boiste. Dictionnaire (1843), un Petit train départemental, pays de Retz, -16, d'où les sens A et B, coucou a pour syssém. oiseau, Fausse clé, rossignol, toute Vieille ferraille grinçante. Fausse clé, bécane.

couînard, m.. Téléphone ; couineur, m., Appel téléphonique vibré ; 40^ art., -18. De couiner. Geindre, en parlant d'enfants, de meubles, usuel dans l'ouest.

coup de coude, m.. Coup de vin ; 112® ou 304® inf., -17; | « « Un coup-de-coude pour tor- cher le cafard ». Ah ! les doux et jolis noms que les hommes ont trouvés pour le vin », Cabaret, 468. Queue romantique sur coup, Verre (de vin) ; cf. gnole.

coup de tabac, m.. Rafale aérienne ; avia- teurs, Miramas, mai 18; | « Pris dans d'inces- sants remous, secoué, ballotté par les « coups

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BSNAUI.T 12

de tabac », l'appareil tanguait », eynac, Gu. Aér., 3-5-17, p. 387, c. 3; || usuel dès longtemps dans la marine. Dér. : tabasser, Subir un coup de vent violent ; aviateurs, Miramas, mai 18 ; se tabasser, Se battre. Se passer à tahac ; 13® tir. alg., -18 ; suffixe comme aço- casser, se prélasser.

coup de trompette, m., 1, Engueulade par un chef ; marins, -18 ; 2, Affaire désagréable et embrouillée ; marins, -18. Le passage de 1 à 2 est une métonymie exprimant la cause par l'effet ; la trompette est la gueule du chef et un sale coup est un coup fécond en gueulées et en engueulades. Syssém. : coup de gueule, 1, Engueulade ; 2, Affaire (militaire). Mê- lée : « Il y a eu cependant dans la forêt un sacré coup de gueule, la deuxième fois : avant-hier, les Boches se sont avisés de nous charger la nuit à la baïonnette », paraud, 77. Le pas- sage, du sens Quelque chose qu'on dit, au sens Quelque chose qu'on fait, se retrouve sous perco.

coup dur, m., Aventure périlleuse ; aviateurs, fantassins et marins : « Il a eu le coup dur deux fois », un pilote de dirigeables, parlant d'un pilote aviateur tombé deux fois, nov. 17 ; « Dans les Astra, si t'attrapes le coup dur, t'as

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1

pas à t'en faire )>, autre pilote ; « V*là Tcoup dur maintenant », un marin jouant au damier, fév. 18; I « leur « cran » de jadis, un peu dé- primé à la suite de « coups durs » », mortane, Gu. Aér., 19-4-17, p. 354 ; « Pour qu'il pleure... un homme comme lui !... faut que ça soye un coup dur qui le tape ! », hirsch. Chacun son déchoir, i, propos de soldat; |1 coup dur, Evéne- ment imprévu et fâcheux, rig. L'existence de cette alliance de mots dès -81, le fait que coup y a sensiblement le même sens que dans tenir le coup, Faire tête aux difficultés, sem- blent en contradiction avec la vogue neuve dont jouit coup dur. Au mixte, mai 18, on entend « Le coup est dur ! » cent fois le jour, pour exprimer le désappointement d'une re- lève contremandée, ou une angoisse au sujet d'un manillon sec. On peut croire que la locution coup dur, toute existante qu'elle fût, a été revi- vifiée par la mode de la boxe ; cf. : « Les pro- fessionnels de la boxe connaissent bien ce fléchissement qui les attend vers le troisième ou le quatrième round. C'est que le cœur doit aider les poings <...>» Il en est de même du vrai chasseur [aviateur de chasse] qui en- caisse les coups durs, qui guette sa chance, qui

t

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la saisit au bond », h. c, Gu. Aér., 29-11-17.

courant d'air, m.. Nouvelle : « Aussi est-on aux aguets pour deviner l'instant de la relève... Depuis quelques jours déjà les « courants d'air » circulent : )), Bourru, 191. Métaphore expri- mant une course subreptice, insaisissable.

courants d'air (manger, croûter, béqueter des), Jeûner ; 360^ inf., 14-15 ; 13^ tir. alg., 270^ art., -18. toucher des boîtes de courants d'air, Ne pas percevoir de vivres ; 13^ tir. alg., -18. Cf. un homme « Mince comme un courant d'air », Mousqu., 62.

courber une aile (se faire). Etre blessé ; 5^ génie, -18.

coustible, m., Couteau ; mécanos d'av^^, Pau, mars 18. Un suffixe argotique -ible apparaît dans encible, Ensemble, Mémoires d'un forban philosophe (1829).

cra, m., 1, Explosif fusant ou instantané ; d. 2, Eau-de-vie ; f. de keralio ; cf. rapide.

crabe (marche en), f.. Dérive dans l'air sous l'action du vent ; aviateurs, Miramas, mai 18 ; marins, S*-Nazaire, mai 18 ; à propos d'avions et de dirigeables ; | « le zeph me fait faire le crabe, puis les montagnes russes », Je dérive, puis je tangue, montgeorge.

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cran, m., Disposition à agir avec énergie, Courage, Mordant ; usuel, mais peut-être moins que les journaux le feraient croire ; inusité au 81® t., 14-17 ; « Vous manquez de cran », Vous hésitez, gén. Joffre à M. Viviani, 31-7-14, Int, des Ch., LXXII,270 ; | « Pour avoir de l'ascen- dant sur les hommes, du « cran », comme l'on dit là-bas [aux tranchées], il faut leur montrer que l'on n'a pas peur », lettre d'un officier blessé, dans Dépêche de Toulouse, in Journ., 14-6-15, p. 3, c. 5 ; Les Boches n'ont « pas le même cran que nous )),RiCHARD,Pe^Par., 14-5-16 ; « des offi- ciers de « cran », de maizière. Pet. Par., 12-4-16 ; « il grogne, le « jas » [le soldat belge] ; mais au feu, il est plein de cran », Montaigne, Journ., 29-10-16 ; à cran. En dispositions éner- giques : « de petits groupes [de soldats alle- mands] un peu plus « à cran » que les autres, se ressaisissent et tentent d'organiser la résis- tance », Journ., 6-11-16, p. 1, c. 5; |1 le mot se trouve sous ces deux constructions bien avant 14, mais cran signifiait surtout Colère, et à cran Exaspéré : aç^oir son cran. Etre en colère, boutmy, Typographes, (1874) ; Ta femme te cherche à travers le bal, « elle est à cran, va ! », Philibert, 247. Métaphore prise

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à un mécanisme plus ou moins capable (inacti- vité suivant tel ou tel cran, et spécialement, semble-t-il au cran de départ d'une arme à feu ; (cf. « « Ouvrons l'œil, que je m'dis, et les deux oreilles », et je me couche en chien de fusil, l'attention au cran d'arrêt », Philibertj 26). La détente agit sur le chien pour le mettre au cran de départ; aussi a-t-on dit ai^oir de la détente, « Avoir de l'énergie », merlin, et anté- rieurement aç^oir du chien, Avoir de l'entrain, DELVAu. En somme être à cran, c'est être Prêt à « éclater », notion voisine de Prêt à agir chez le peuple, qui confond volontiers colère et acti- vité. — Et comme le chien d'un fusil a aussi le cran d'abattu, on trouve aussi à cran, Sans énergie. Abattu : « Le pneu est crevé et je suis à cran, le pif sur le pavé », Nénesse, 152. (Cette explication tient pour non avenue l'idée que le cran est l'Ascendant, comme le prétend un des textes cités).

crâne- de- piaffe, m., A, Homme vaniteux ; 40^ art., -18 ;au vocatif, un Parisien, 81^ t., -15 ; peut s'expliquer soit par piaffe, f.. Orgueil, Embarras, hdt et vidocq, soit par piaffe, m., Moineau, (et aussi Serin), usuel aux ouvriers parisiens, (dès avant -14), qui donnerait plutôt

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ici le sens de Crâne léger, Tête éventée. B, certain Avion : « vTel avion s'appelle Crâne de Piaffe <;...>- un piaffe étant un moineau )>, FAGus, 562 ; si « tel avion )> signifie tel « type » d'avion, ce type est peut-être le Moineau ? Voir cuisine- roulante.

crapaud (faire le), A, Se tapir contre le sol : « je suis enlevé de terre et je retombe dans un trou d'obus, sur le dos de l'aspirant, qui « fai- sait le crapaud » dans ce trou, pour laisser passer l'orage », anon.. Pet. Par., 9-7-16, p. 2, c. 2 ; B, Progresser par bonds au ras du sol ; « Il faut bondir à tout instant d'un entonnoir à l'autre, « faire les crapauds », comme ils disent ; s'agripper des pieds, des ongles à la terre glis- sante », Trois jours, 13-7-16 ; cf. lézard, image de reptation plus rapide : « les moulins à café ont tourné ; l'autre s'est planqué ventre à terre, et il est revenu comme un lézard [du bled il était à découvert] », Cabaret, 463.

crapaud, m., A, Diskushandgranate, grenade boche, à forme de coquille hémisphérique ou lenticulaire, portant six petits tubes saillants, dont quatre sont des détonateurs ; (deux types, différant par la grosseur) ; 95^ inf., mars, avr. 15, forêt d'Apremont ; le nom était aussi usuel

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que le proj ectile abondant ; | « Grenades dites « crapauds )), légende d'une photographie de ma- tériel allemand pris au sud de la Somme, Illus- tration, 29-7-16, p. 104 ; traduit du boche frœsche (crapaud), delcourt ; sématisme : les sauts désordonnés que fait assez fréquem- ment cette grenade en roulant, avant d'éclater, A. BLANC ; (annuler ce que j'ai dit, g. e., 1-4-18, 423). Syn. : montre, f., déch. ; métaphore de forme. Une grenade boche très voisine, sinon la même, est dite schildkrœte, (écaille, tortue), DELCOURT, ce qui est bien vu, et pour la forme (de carapace), et pour le nombre des tubes saillants; (une tête, une queue et quatre pattes) ; d'où en français tortue, f. ; Bourru, 82, 141, 172 ; « Grenade lenticulaire (Tortue) », décrite avec dessin. Les Grenades actuellement en usage dans Varmée allemande, Impr. Nat., mai 17. Un article très confus, Temps, 15-9-15, ayant signalé tortue, sorte de grenade boche « hérissée » (1) de percuteurs, et devant son nom à sa ressemblance avec le crabe « tourteau » (!), sain., qui a jugé cet article « curieux », a retenu la description et l'étymologie ; le D. m. p. l'a suivi. B, « Tuyau de poêle » ; fantassins, secteurs de l'Aisne,

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mai 18 ; même sématisme : sauts désor- donnés que fait ce projectile.

crapouillot, m., 1, 1°, Petit mortier de tran- chées, portée variant de 30 à 300 mètres ; usuel et général depuis l'été -15; | auparavant ceux qui apprirent alors le mot y saisirent une injure autant qu'un concept : « Ils ont une drôle de forme, ils sont d'un poids immaniable, jamais on ne pourra se servir de pareils cra- pouillots, disions-nous alors dédaigneusement », H. o., N. Contes vér., 217 ; Miroir, 16-5-15, p. 15 ; « une batterie de crapouillauds avec ses artilleurs, baptisés du nom barbare de « cra- pouilleurs » », lè., 1-8-15, p. 14; H crapouillot, Petit mortier de bronze, à âme lisse ; mot usuel, me dit-on de divers côtés, sous le Second Empire, et qu'on retrouverait, sans doute, dans les récits du siège de Sébastopol ; en -85 aux écoles à feu de Pontarlier, h. gauthier- viLLARS, Temps, 31-3-15, pour un calibre de 15cm ; pour des calibres de 15, 22, 27, 32, Int. des Ch., LXXI, 158 ; en -90 à l'école d'applica- tion d'art, de Fontainebleau, j.-p. faure ; 2^, par métonymie, Servant d'une batterie des- dits mortiers, 81® t., -15 ; | Vie Par.,k la ru- brique Petite Correspondance, 24-6-16, p. 480,

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c. 3, et ultérieurement ; 2, 1°, Projectile de ce mortier de tranchées ; 81^ t., -16 ; | « [sur la ligne de feu] s'abattent la grenade à fusil, les crapouillots les plus divers », lieute- nant p., Matin^ 20-6-16 ; extension du sens 1, 1^ ; 2^, a, Obus de 77 ; d. ; abus du sens 2, 1^ ; b, Bidon agrandi en y tirant une cartouche ; d. ; métaphore sur le sens 2, 1^, qui se retrouve, exagérée, sous quatre cent ^ingt, et inversée, (cf. fokker), dans bidoUy Pro- jectile de crapouillot. A la fin de -14, comme l'armée ne disposait d'aucun engin de tranchée, on utilisa provisoirement les petits mortiers des vieux forts et dès arsenaux, qui avaient tout à fait la silhouette du crapaud ; le nom est. resté aux engins perfectionnés qui leur succédèrent et qui gardent du crapaud d'être obèses, béants et de se guinder sur un affût court et gros, pareils d'attitude à la grenouille qui avale les palets au jeu de tonneau. L'his- toire du mot depuis -14 n'offre pas d'autre diffi- culté ; mais son sématisme initial n'est pas nettement débrouillé. L'image du crapaud s'imposait pour l'objet, et elle était tradition- nelle : crapaud f Affût de mortier, hdt ; cra- paudeaUy Canon court et gros, 15® siècle, co-

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IJEPROY. D'autre part la petitesse de l'engin comparé aux vrais canons fait impression sur le servant, et crapouillot est, comme crapoussin, un synonyme d'Enfant ; ainsi que des Bottes de paille très petites sont dites des enfants de bottes, nos mortiers ont été conçus comme des Enfants de canons. Ainsi le radical crap- offre une métaphore de schéma, le suffixe -ouillot offre une idée de petitesse ; si on constate qu'une grenade, objet plus petit encore, a été nompiée crapaud sans diminutif, on y trouvera une nouvelle raison de penser que crapouillot, qui nous est arrivé tout fait, eut au contraire pour sématisme dans l'esprit de nos pères, l'idée diminutive de son suffixe.

Dér. : crapouilloter, 1, Bombarder par cra- pouillots ; divers soldats, -16; | « De tranchée à tranchée <...> on se « crapouillotte » », lettre d'un officier de l'Argonne, B. des A., 2-4 sept. 15, p. 1 ; « crapouilloté », lambert ; « bombar- dés, crapouillotés, fusillés », z. Armée de 1917, 30 ; -2, Pleuvoir, en parlant des bombes d'obusiers : « il crapouillotte )), Poilu, 6-2-15, in SAIN. ; « ça crapouilloté bien de temps en temps », propos d'un soldat, B. des A., fin avr. 15, in Illustration, 1-5-15, p. 448 ; « Et ça

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crapouillotait, fallait voir ! », Bourru, 141 ; de crapouilloteur, m., Servant d'un cra- pouillot, PARAUD ; Vie Par., 2-9-16, p. 670, G. 3 ; z, Armée de 1917, 194, 306 ; semble plutôt avoir pris son suffixe à artilleur qu'à l'idée du verbe crapouilloter ; crapouillotage, m.. Bombardement par crapouillot ; d. crapouiller, A, Bombarder : « il fut crapouillé à outrance », dorme, lettre du 2-7-16, in Gu. Aér., 23-8-17, p. 653 ; B, Pleuvoir, en par- lant des bombes d'obusiers : « Quand ça s'est mis à crapouiller », « ça crapouillait », 14^ chass., nov. 16 ; de crapouilleur, m., cité ci- dessus, mais qui semble inusuel, mai 18 ; cra- pouillage, m.. Bombardement par fusants ; Mousqu., 99. La même conjugaison imper- sonnelle a donné aussi ça bombe, Il pleut des bombes, thénault, instituteur à Reims, jour- nal, 22-2-15, in Lectures pour tous, 15-7-16, p. 1528 ; ça bille. Les bombes courent comme billes ; inf.. Lorraine, 14-15 ; 13® tir. alg., -18.

crécelle, f.. Mitrailleuse ; D. m. p. Séma- tisme, cf. moulin à café.

crèche, f.. A, Endroit, Coin de grange, Ton couche ; inf., Lorraine, 14-15 ; plumer dans la crèche, un soldat d'Agen, -18 ; B, Abri

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aux tranchées ; agatha ; Feu, 21-8-16. De crèche, 1, Etable, Bergerie, en Basse-Bre- tagne, 2, Chambre sale, en Bretagne et à Paris.

crème de menthe, f., Tank : « Sur cinq crèmes de menthe il n'en est rentré que deux ; les trois autres, foutues », 48® t., nov. 16 ; « Je suis employé dans les caterpillars qui sont ana- logues aux crèmes de menthe des Anglais », lettre d'un soldat, nov. 16 ; mot-à-mot du nom d'un tank anglais, Mint-cream, qui s'illus- tra, étendu à tous les tanks, ce nom n'est pas encore oublié, oct. 18, non plus que caterpillar ; mais ils n'ont pas prévalu ; tortue, proposé par un narrateur officiel de la bataille du 15-9-16, cf. Pet. Par., 29-9-16, éd., p. 1, c. 4, n'a pas du tout réussi. Je n'ai pas observé un autre sens, « Celui qui donne du courage à ses voisins de tranchée ou d'assaut », V. du p. ; vraie analyse du sématisme anglais de mint-cream, Stimulant ; mais précisément sus- pect d'être peu populaire par tant de science de l'anglais. faire une crème de menthe. Monter sur un camarade couché et lui bourrer le ventre de coups de poings et de genoux ; 130e inf., C. M.-2, août 18.

crêpe, f.. Mauvais pilote aviateur ; centre de

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dirigeables, 17-18 ; R. G. Aé., avr. 18. Sys- sém. : galette, Maladroit, usuel dès -37 (vi- docq) ; tourte ; tarte. Une crêpe a été imprimé un crêpé dans musidora, « Ce coucou-là est conduit par un crêpé... )).

crêpe (se retourner la), Capoter à l'atterris- sage ; aviateurs, Miramas, mai 18. Crêpe, Cul ; cf. se retourner les pinceaux.

creuse (avoir la), Avoir faim ; un Nantais, 81® t., -15. Le Jargon (1836) nomme la Gorge la creuse, mais a^oir cette creuse-\k ne se dirait bien que de la soif en sous-entendant sèche. La dent creuse n'a fourni de sématisme usuel que pour l'idée de Petite quantité d'ali- ment ; elle ne se confond pas avec la dent longue, à laquelle fait allusion a^oir la dent, Avoir faim ; et surtout * a^oir la dent creuse se fût condensé en *Va<^oir creuse. Dans notre locution creuse semble donc une vision con- crète qui allégorise directement la Faim. Cf. lourde.

creuser, 1, Faire vite de la route : « Je me suis vu en retard, je creusais, mais j'ai été arrêté par un encombrement de voitures » ; « C't avion-là fait du 220 à l'heure ; tu parles qu*i* creuse ! » ; « Je fais le sturdgeon [sorte de

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nage], tu parles que j* creuse ; 2, Avoir de ravancement : « Tous les autres creusent, les torpilleurs tanguent sur leur bosse », Toutes les autres spécialités ont de l'avancenient, les torpilleurs point ; marins, -18. Syssém. : tailler de Vacant, tailler, même sens ; image prise du navire qui creuse sa route en taillant la mer.

creux (être dans le). Etre bien en main : « Attention, v'ià le Général I Galvanisés par ce cri, les serre-files et les caporaux enveloppè- rent leurs hommes d'un rapide regard d'ins- pection, tandis que ceux-ci relevant la tête tiraient sur l'arme, tendaient les jarrets et l'échiné. La petite troupe était dans « Fcreux » ; elle franchit, à une allure de 14 Juillet, l'inter- valle qui la séparait du rassemblement », anon., Tête-gauche I, le 120 Court, 25-10-16, p. 1, c. 3. Entendez dans le creux de la main de son chef. Apte à obéir parfaitement ; syssém. : empaumé, enganté, Enthousiasmé, Asservi de cœur.

crime (avoir du), Etre audacieux ; 13« tir. alg., -18. Cf. a^foir du çice, Etre ingénieux.

crinchon, m.. Eau; 81^ t., 10^ c^e, janv. 16: « baptiser le pinard avec du crinchon ». Le Crinchon, affluent de la Scarpe, court de Rivière

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à Arras, arrosant le secteur qui fut celui du ré- giment pendant seize mois.

crip, m., Militaire au Cours Régional d'Ins- truction Physique ; Mont-de-Marsan et toute la 18® région, nov. 17 : « Etes-vous un crip ? » Des initiales, c, r, i, p ; cf. cama.

crocodile, m.. Suite de tuyaux raccordés, chargés d'explosifs, destinés à rompre un ré- seau de fils de fer ; 81® t., mai 17 ; antérieure- ment en d'autres corps; | Le Crocodile^ journal du front, cité B. des A., 31-1-17. Image de longueur serpentine ; juxtaposées aux tuyaux, des grenades font peut-être figure de pattes.

croix- de- bois (une, la), la Mort au champ d'honneur ; 81® t., 15-17 ; usage général, 15-18 ; gagner la croix- de- hois,F,tre tué à la guerre; | SAIN. Allusion à la croix- de- guerre, dans des réflexions on établit laquelle est plus facile à recevoir ; mais la croix-de-guerre a été insti- tuée parjune loi du 8-4-15 ; notre locution n'est-elle pas antérieure ?

croix- rouge, f.. Dame de la Croix- Rouge : « une petite Croix-Rouge très gentille )>, e. r., Journ., 20-6-16 ; voir pé-cé-èr. Cf. tabor, m., 1, Soldat indigène aux Tirailleurs Maro- cains : (( Des tabors. Ils défilent avec leurs

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faces bises, jaunes ou marron », Feu, 48 ; de tabor, m,, Troupe de soldats marocains commandés par un chef marocain ; 2, par métaphore sur la hardiesse primesautière des Marocains, Poilu patrouilleur de « corps franc »; 246^ inf., août 18. royau, m.. Soldat du train ; d. ; c.-à-d.un des Royaux-Cambouis. bataillon d'Afrique, m., . Bataillonnaire : « un ancien bataillon d'Afrique comme lui », Phi- libert, 99.

crottes (lâcher ses), Laisser tomber ses bombes, en parlant d'un avion, d'un aviateur ; 81® t., juin 16; I « Puis nous sommes repassés sur le cantonnement j'ai lâché mes... crottes, de deux ou trois kilos chacune », dorme, mé- moires, 22-7-15, in Gu. Aér,, 17-1-18, p. 164, c. 2, et 27-9-15, ib., p. 165, c. 2 ; benjamin, Journ.,21-5-16. berlingot, m., Bombe d'avion: « L'oiseau blessé <<...>> lâchait ses « berlin- gots », destinés aux femmes et aux enfants de Paris », récit publié par le Temps, in Ouest- Eclair, 15-4-18, p. 2, c. 2 ; syn. de crotte, en est-ce le syssém., par l'idée de Bonbon, de Dragée, et le mot crotte de chocolat ? Il semble plutôt que l'image de Fiente est déduite de celle d'Oiseau. Voir pêche et pruneau.

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ES^AULT 13

croûte, f., Repas ; usuel et général aux con- tingents parisianisés ; | chapelle ; Feu, 20, '130, 138, 221, 253; H usuel à Paris, -90, Brest, -07 ; substantif verbal de oroûter, Manger. CFOUStaille, f., Rep^s ; Gaspard, 101 ; ^— et eroustauoe, f., Repas ; desgranges, V Auto, in Œui^re, 20-8-16, p. 2, c. 5 ; sont tous deux des suffixations libres de croustille, Repas léger, hdt.

-eu, -Cumulus, dans les composés eirro-cu, m.,Xirro-cumulus, et altp-CU, m.. Alto-cumulus, sortes de nuages ; météorologues, 17-18. Abrégés usuels sur les registres, passant de dans la conversation ; cf. bâton.

eube, m., Paquet, Colis-postal ; D. m. p. Cube de tabac est ancien et civil.

cuillerée (faire une), Faire une cueillette d'épaves (dans des tranchées boches aban- données), artilleur (naguère du 39^ art.), 175^ crapouillot, août 18. De cueillir ? Dp cuiller, Main ?

cuir, m.. Cuirassier ; cuirassiers, train, art. ; « cuir. », Deuxième régiment de cuirassiers, BENJAMIN, Journ., 21-5-16 ; dauzat, 16-4-17, 666. Cette apocope sans adjonction du sufr fixe -0 est dup à « cuir. », abrégé usuel sur les

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registres, et au jeu de mots qu'il fournit.

cuirassier coupé en deux, m.. Fantassin de toute petite taille ; 81^ t., -17. Syssém. : demi-boule, f.. Soldat auxiliaire ; d. ; o.-à-d. Malingre ; demi- portion, demi-siphon, bout- de-cigare, Homme de petite taiile.

cuisine- roulante, f.. Avion Moineau, mono moteur bihélice, type sorti en -16, qui a peu vécu ; sobriquet encore usuel en juin 18, R. G. Aé. ; I MONTGBORGE. De la fumée ahpn^ dante que le moteur produisait surtout au départ. Cf. piano sous* feur crématoire, et usine à gaz. Voir erâne- de- piaffe.

CUiso, m.. Cuisinier ; 81® t., 10^ c^^, déc. 14, rare, non recueilli ensuite ; | n. ; OUisto, Cuisi- nier ; 81^ t., diverses c^^^, août 14-oct. 17 ; très usuel et très général; || créé vers -94, dau^at, 16-4-17. Cuisto dérive de euistancier, cuiso de cuisinier. Cuistancier est à cuistanee comTîie cuisinier à cuisine, Cuistanee^ dérivé libre de cuisine, est suffixe comme ses syn. béquetance et croustance ; cf. galetanee et roustance.

cuite, f., Nourriture : « Mon premier prépare

la cuite (1) des Germains <...> (1) Crous^

tance, cuistanee ou cuisine poijr les arriépé^

|fc (gens de l'arpière). », Echo des Guitounes, in

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Front, 16-3-17 ; (ce « premier » est «con», parce que « confédération germanique »). Terme d'ouvriers, cuite, Quantité de matière qu'on cuit d'un coup.

cul- de-singe, m.. Cavalier ; inf., très usuel ; Il antérieur à -14 ; son fond de pantalon a une luisance épilée, sa fesse une rougeur écor- chée.

cul-de-zinc, m., Servant d'artillerie de cam- pagne divisionnaire ; 40® art., juin 18 ; |1 an- térieur à -14 ; il s'asseoit sur le zinc du « caisson )>. Syn. usuel : court- à- pattes.

culottés (section des), « Groupe franc » qui n'a pour service en lignes que les coups de main ; 66® chass., mai 18. Culot, Audace, semble s'être établi entre -81 et -90 ; (rig. ne l'a pas, mais il a se culotter, Commencer à con- naître la vie, le monde ; dlle, F. -A. a culotter, Aguerrir).

cygne (faire le cou de). Baisser la tête en vitesse : « Cache-toi, cache-toi, Bedin, fais le cou de cygne ! », un paysan nantais, 81® t., -15. Ce mouvement de crainte sous les obus fut jadis le même sous les flèches, et la locution faire la cane peut dater des batailles des plus hauts ternps ; il s'agit de la souplesse des ca-

nards et cygnes à baisser le col et non pas des plongeons que fait sous l'eau le canard. L'anglais a duck, 1, Cane ; 2, Courbette, Mou- vement de tête. Syn. : saluer, Baisser la tête (en entendant siffler les balles) : « le comman- dant se promenait debout, sans baisser la tête, sans saluer », Cabaret, 461.

cylindre, m.. Galons circulaires aux manches ; 79e, 102e et 231^ inf., 15-18 ; est sans doute aux premiers permissionnaires parisiens venus en permission après que le képi bleu et les galons diminués eurent été institués pour le front. D'où cylindrique, m., Officier de l'intérieur : « J'ai rencontré un cylindrique sur le boulevard. Laissez tomber ! [Je ne l'ai pas salué.] Ah ! mon pote, si tu l'avais vu aller aux oiseaux... i' gueulait, i' gueulait », avr. 18 ; cylindrique comporte mépris et sous-entend (Officier) embusqué. Cf. roule- cerceaux, self,

dal ! (un). Mince ! ; 2^ c^l, 13^ tir. alg., -18 : « Cent mille prisonniers ! Un dal ! » Syssém. de une paille /, un rien /, èe rattache à ne voir, ne piger, que dal, ou d^al,... Rien ; dal, mas- culin ou dépourvu de genre, est, malgré l'avis de D., sans parenté vraisemblable avec une dalle.

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dé, Aj m.j Débrduillatd : « C'est un », marins, -18 ; apocoipej dejdébrouillardi ou midiix de démefdeUr^ démêrdard^ même sens. = Bj Dêbrouillardisme : « le système » ; « il s'est procuré ça^ système »,... en le volant, (tout ftu moiils à un voleur) ; apocope de débrouille, ou mieux de démerde^ substantifs verbaux de se débrouiller ^ se démerder ; système au sens de Façon et A la façon de, est dans hiOjj mais système semble postérieur à -01. Il est difficile de décider si l'apocope est pho- nétique et conserve comme première syllabe du niot, ou graphique et cite pour ainsi dire entre guillemets la lettre initiale d comme une sorte d'étiquette ; cf., en faveur de cette dernièfe explication, eûc^

débleuir, Rendre vieux soldat : « Je me suis engagé : habillé, le lendemain parti pour Ma- dago i j'étais vite débleui ! », marin, août IB. Cf. bleuet, m.. Soldat de la plus jeune classe, appelé avant l'âge de vingt-et-un ans, à l'oc- casion de la guerre ; mot proposé par des- gaves, Journ., 5-1-16 ; adopté... sous bénéfice d'inventaire, pat les combattants ; méta- phore greffée sur le vieux mot bleu^ Nouveau recruté. Cf. bleuets^ Hommes des bataillons de

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voloritàirys, portant uniforme bleuj pois- son, U armée et la garde nationale, II, 75. DESCAVES proposa aussi regain, m., Homme récupéré aptes ajournement, ^ c.-à-d* seconde coupe opérée sur une classe militaire. JourUi^ 27-8-16. Plus outre descaves a ris- qué bleuettë, Femme débutant dans une car- rière^ par ex. dans l'enseignement primaire, Journ., 29-5-17. Sur bleuet^ d'esparbès^ Joufn.^ 10-li-lG, a risqué coquelicot, Jeune homme, pour signifier Joue à la rougeur agréable en même temps que Fleur ; depuis on a dé- crété : « Les coquelicots, ce sont nos valeu- reuses recrues de la classe 19 ; la classe 18 avait été baptisée : les pâquerettes ; la classe 17, les bleuets. Nos trois couleurs sont ainsi représen^ tées », Avenir (de Bagnères-de-Bigotre), 21-4-18, 1, c. 4 ; selon bergerat^ Journ., 22-4-18, coquelicot = 19,18 = bleuet, 17 = pâquerettes Mais quand on a voulu nommer la classe 20 les boutons d'or^ elle a protesté, sur la fâcheuse couleur et la mince utilité de cette herbe, Liberté^ in Ouest- Eclair, 26-8-18, p. 1, c. 8 ; cf. tigre. L. DÈSCAVE6 m'écrit que coquelicots^ pâquerette et bouton d'or semblent sortis de V Intransigeant.

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décoller (se), être décollé, Maigrir, Péricliter : « A Champigneulles, triste résidence, l'on m'exila un beau jour, Le cafard me tient per- manence Et je m'décolle tous les jours )), chan- son entendue au front, -16 ; « J'étais en sub- sistance chez les Anglais. Leur alimentation, c'est pas des repas, ça ne nous semble que des casse-croûtes. Au bout de huit jours de ce régime-là, j'étais décollé », 8^ génie, -17; | se faire décoller , Etre tué : Si... « et qu'il se fasse décoller », g. de wissant, Contes vér., 61 ; 1| « cela te ferait trop de peine de me voir décollé comme je le serai [quand je serai en prison] », DAVID, bandit de la Drôme, lettre, in Pet. Par., 21-9-09. Syssém. : se dégommer, S'user, Se flétrir, rig. ; se décartonner. Maigrir; gé- nie, -17; Il S'affaiblir, boutmy (1874) ; ~ air gondolé, Mauvaise mine, rig. Ne pas con- fondre avec décoller, Sortir de sa place, ou de son rang, ou de sa sustentation,par ex. Sortir en parlant d'un visiteur, [Le Boche décolle, ex- pression usuelle, 130^ inf., etc., sept.-oct. 18), Lâcher un concurrent en parlant d'un cou- reur. Prendre l'essor en parlant d'un avion, d'où à l'occasion Mourir (dlle, F.- A).

décor, m.. Paysage qui entoure l'aviateur en

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vol : chérer dans le décor ; rentrer dans le décor, Atterrir « en pylône » ; aviateurs, Mi- ramas, mai 18, et avant.

décrocher (se), Tomber, en parlant d'avions, d'aviateurs ; « Je crains un moment de me décrocher de perdre l'équilibre ))] et d'aller casser du bois », montgeorge.

déculottée, f., Abondance, Grand nombre : « Le curé était un espion, tu te rappelles ; il avait ouvert son parapluie, et aussitôt les Boches nous envoyaient une déculottée d'obus », un Parisien, déc. 16. Syssém. : débourdi- naille, f.. Chute abondante et chaotique : « Le crâne est pilonné comme le terrain pendant des heures par la « débourdinaille » des mar- mites », Trois jours, 19-7-16 ; dérivé de boudin, Intestin, avec un r intensif, peut-être avec chevauchement de débourrer, Chier ; à Pleurtuit (C.-du-N.) bourdine, Bousine, Vessie de porc ; or Trois jours contient plusieurs mots de l'ouest : mulon, castilles, bonjourer ; chiée, Quantité : « chiée d'enfants », « chiée de temps » ;

suée, Quantité, Nénesse, 221, 227 ; bran- lée, 1, Quantité ; 2, Douzaine, 81^ t., -14 ;

en combinant l'idée stercoraire avec celle de récipient, tinée, f., Grand nombre : « Prends

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donc des huîtres ! J'en ai mangé une tinée ! », itlârinsj déc. 17 ; | « Y en a| une tinée [d'hommes] », Feu, 45 ; « des tinées », ib., 124 ; tinette, f ;, même sens : « en faire une tinette », Exagérer une chose par son récit ;2®c^^-18; | Fëu, 89 ; Il une tine^ Beaucoup, flose. ; -^en se contentant de Timage de la plénitude d'Un réci- pient quelconc(Ue, en faire un platj Exagérer VerbeUsement ; Parisiens, 81^ t., 15-^17: «Tu ne vas pas nous en faire Un plat ; | « Oh, ça va, dit Mof ëau, nous en fais pas un plat. Quand t'au- ras vu c'que c'est [la guerre], », Gaspard^ 223 ; Il il en fait un plat^ Il fait grand chaud ; prendre un plat [de chaleur] , Avoir chaud ; [de crêpes ?] , Rouscailler ; tioss. ; en faire un saladier, niême seûs, 81^ t;, mai 17; | « Et il toussait et en faisait Ufl saladier là-dessus », FeUf 20-8-16 ; ~ en faire une gamelle, même sens : « N'en fais donc pas Une g&melle I », un 2d-m^, déc. 17; en faire une caisse, même sens ; 22^ C. 0. A., 14-16 ; « N'en fais pas une caisse 1 », Parisiens, août 17 ; cf. caisseur et visser une caisse, L'expression d'uUè abondance de pensée et de pâi'ole par la quantité d'une excrétion dont le cÔî*ps se soulage se retrouve dans tousser, voir ci-dessUs saladier \ ' cracher les glaires et gla-

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vioîter^ Parler ; uvoir de sales retn^ois^ Etre fécond en boniments aigres ; vomir., dégorger, débéqueter, dégueuler (ce qu'on avait sur le cœur) ; 40^ art., -18 ; déborder, Parler, Rous- péter : « Il frappait les hommes des fois, alors y en avait qui débordaient », 19® inf.^ -15 ; | « tout le monde se met à déborder et à parler à la fois », Feu, 129 ; || Vomir, dlle ]■ dé- bourrer, débloquer, 1, Chier ; 2, Parlet* sotte- ment. ■ Enfin l'idée de Quantité de parole s'exprime aussi par une image de quantité pesée : en conter pour deux sous ; 13® tir* alg., -18 ; I « et i' t'en f'sait par dessus le marché quinze grammes devant tout le monde », Il t'engueulait... en sus de la punition qu'il por- tait, Feu^ 259 ; « Je lui en ai collé pour deux ronds au colo [au colonel] »^ dubreuil, Journ., 21-9-16;

déesse, f.. Direction des Etapes et Services de FEtat-Major ; Toul, -16; | D. m, p. -^ Jeu de mot, presque obligé d'ailleurs phonéti- quement, sur les initiales D; E. S. -^^ Cf. bâ- ton.

dégonfler (se)j A, 1, Se décourager ; camps d'aviation, 17-18 ; | Mousqu., 254; 2, Ne pas oser tenir le coup après avoir promis, Dé-

_ a08

clarer forfait ; 300®, 315® inf., 10^ et 55© D^^^s inf., 14-18 ; || Paris, 13-18 ; dégonflé, Décou- ragé ; Miramas, mai 18 ; B, « Se mouchar- der », 20^ chass., août 18, l. sambardier ; serait peut-être mieux traduit Se dénoncer mutuellement (parce que le coupable qui se dégonfle, au sens A, avoue et dénonce) ? se regonfler. Reprendre courage ; Miramas, mai 18. Image d'aéronautique ? Plutôt image de cyclisme, de pneumatique dégonflé qui ne marche plus.

déguster, 1, Subir (qqch. de désagréable) ; Mousqu., 136, à propos de tangage en avion ; 2, Recevoir (des obus) : « Qu'est-ce qu'on déguste ! », Nous sommes bombardés intensi- vement, MAC ORLAN, Joum., 8-2-16 ; « Etre bombardé c'est « déguster » », Expressions à la mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17 ; Mousqu., 86. Cf. remettre ça.

déhotter, Faire sortir : « Les 420 les ont débottés de leurs abris », un Lorrain, 10® art. L, janv. 17; |1 déhotter, « Débarrasser le pavé », soldats romands, Schw. Sold., 69, 71. Mal expliqué par oranger, à la fois par « Partir sans prendre sa hotte », et par « Partir avec sa hotte » ; c'est Sortir ou Etre expulsé d'un abri

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comparable à une hotte, la hotte étant pro- bablement ici syn. de ruche et de nid ; sys- sém. : dénicher, Faire sortir. Syn. *. décam- buter, Sortir d'un abri : « notre capitaine crie : « En avant ! » et la compagnie décambute de la tranchée », d'esparbès, Journ., 10-11-16 ; dérivé de cambuse ? cf. se cambuser, Se cou- cher ; D.

demi-poil. Ni bleu ni R. A. T. : « Nous avons tous les âges. <C...> Dans la demi-section, il y a des R. A. T., des bleus et des demi-poils », Feu, 17. Cf. poilu. Le demi-poil n'est ni un duvetier ni un vieux bougre velu.

démontable en deux pièces, Constitué de deux noms joints par un trait d'union, en par- lant d'un patronyme : « le poilu au nom dé- montable en deux pièces » ; usuel aux 246® et 289® inf., avr. 18 et avant. Image prise des revues d'armes. Cf. noms à courants d^air, Noms à particules, bourget, V Emigré, i.

déplumer (se). Sortir de son couchage ; Feu, 21 ; dér. de plum, m., Couchage, apocope de plumard, 1, Lit de plume, 2, Couchage quel- conque. — Cf. s'empailler, Se mettre au lit ; Feu, 21-8-16 ;Ils « s'empaillent dans la plume », Ils couchent dans des lits mollets, ib., 121.

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Calembours avec les verbes anciennement tirés des mêmes radicaux.

descendez, on vous demande !, Votre (ou Ton, Son, Leur) atterrissage est brusque ; avia- teurs, Miramas, mai 18; | Moussu., 101, 105. Formule issue de quelque atelier construit en bâton de perroquet.

détraciueter, Détraquer : « détraqueter la mi- trailleuse » ; « un cheval détraqueté » ; 81^ t., août 14-oct. 17. J'entends aussi, chez des Nantais, hriffeter, Manger, à côté de briffer.

deux (en moins de), Rapidement : Il sort de la chambre « en moins de deux », Feu, 21-8-16 ; « 3 Vais ouvrir une boîte de singe en moins de deux », ifc., 253 ; « il faudrait voir à c* que vous vous fassiez la paire d'ici en moins de deux », ib.^ 113 ; V. du p. En moins de deux temps et trois mouvements.

deux-eoups, m., Pantalon de fantassin ou de civil : « Passe-moi mon deuxrcoups », Bl^ t. et 4^ zouaves, -17 ; || mot usuel suptout aux zouaves, dès -97. Le zouave distingue ainsi, du pantalon d'infanterie, étroit, et qui s'enfile en deux mouvements rapides, la large culotte qui lui est spéciale.

deux- quarante- quatre, m., Torpille aérienne

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du calibre 244"^"^ ; artilleurs sous Verdun, H. BARBUSSE, uov. 16 ; | « Et rien que des maous : des 380, des 420, des deux 44 », Feu, 232 ; ces torpilles sont plus souvent cotées 245 ; « mines allemandes de 245 », lieutenant p.. Matin, 20-6-16 ; bello, mine- torpille de '24cm^ 5, DELCouRT. De même un sept-oinq, un Obus de 75, du sept-sept, du Ganon de 77 ; 156^ inf., juin 18, 40^ art., -18 ; quinze-cinq, m., Pièce de ISS"*'» ; 40® art., -18 ; ceci, il est vrai, peut s'expliquer par Phabitude qui s'in- troduit de compter, comme dans la marine, par centimètres : du i^ingt-et-un, du 210, (40e art., sept. 18).

Cf. la désignation d'un régiment, dans l'usage de ce régiment même et de ses camarades, par les chiffres de son numéro ou par des nombres extraits de son numéro, au lieu du nombre que le numéro traduit : le quatre-sept (dès -93 à S*-Malo) ; le cinq-sept ; le cinq-neuf ; le six- deux ; le six-quatre ; le six-cinq (Nantes, 10-18) ; le six-six ; le six^neuf ; le sept-neuf ; le neuf-quatre (dès -13 à Bar-le-Duc) ; le neuf- cinq, (ceci rectifie ce que j'ai dit, g. e., 16-4-18, 644) ; le treize-quatre ; le quatorze-six ; le quinze-un ; le quinze-deux ; le quinze-trois ; le quinze-quatre

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(dès -13 à Lérouville) ; le quinze-cinq (dès -13 à Commercy) ; le quinze-six ; le quinze-huit ; le seize-un ; le seize-quatre ; le seize-cinq ; le deux-huit-neuf ; les 47^,... 134e,... 289^ d'inf., avr.-oct. 18. (Je n'ai pas entendu *le huit- deux, ni *le six-zéro ; ni ne se dit *le dix-trois à Alençon.) On dit le cent-six-trois ; le cent-six- six ; le cent-six-sept ; le trois- cent- six- six ; les 163e,... 366e d'inf., janv. 16 - oct. 18. (On dit le cinquante— et-un ; le cinquante- deux ; le quatre- vingt-un de Nantes ; le quatre-vingt-seize ; le cent-dix-huit ; le cent-trente ; le cent-trente- deux ; le cent- quarante- sept ; le deux-cent-dix ; le deux- cent- vingt- sept ; le deux- cent-tr ente- quatre ; le deux- cent- cinquante- et-un ; et même on dit le cinquante-huitième ; le cent- cinquante- deuxième). Le procédé semble limité à l'inf. de ligne. La série simplifiée ne commence pas au-dessous de 40, parce que l'énoncé trente-neuf, vingt-huit, dix-sept ne comporte pas plus de syllabes que * trois-neuf, * deux-huit, * un-sept. A la six- quatre-deux, nom du journal du 246^ inf.,fait double allusion : à une locution connue et au numéro du corps. Cf., autres énoncés abré- viatifs, cama, ex.

développer (se), Circuler, S'en aller à droite

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et à gauche ; divers soldats, 15-17; | Il faut voir « comment ^dans les cantonnements les frères se développent, pour chercher d'abord bien loger et bien manger », Feu, 125; || « A présent, développez-vous dans les grands prix, mes chers enfants », lavedan, Leur beau physique, Chez le coiffeur. Syssém. : « Je m* disperse », Je m'en vais. Je te quitte, Brest, -06. diable bleu, m., 1, Chasseur alpin ; D. m. p. ; 2, Chasseur à pied ; 20® chass., -18 ; | « Jeune mitrailleur, diable bleu <•••> », Vie Par,, 19-8-16, p. 632, c. 1. diable noir, m., Soldat africain ; D. m. p. Activité de diable au combat ici sous peau noire, sous uniforme bleu. tigre bleu, m., A, Fantassin colonial ; B, Alpin ; -14 ; d.

^dimension la), Comme-il-faut, Parfaite- ment ou Parfait : « Toujours gaillards, les enfants ? C'est à la dimension, mon capi- taine. — Alors, bonne chance et bon cou- rage ! », Matin, 29-7-15, p. 1, c. 2. Image de technique manufacturière ; syssém. : passer au gabarit. Perdre au jeu, rig. ; dér. syn. sur être fait, même sens, le gabarit servant à vérifier les dimensions de la facture. Syn. : à la rondelle. Parfaitement ; 81 ^ t., -14 :

209

BSNAULT 14

«Oi^ les a faits trente-quatre la manille], ah ! mais, à la rondelle » ; dér. syn. de être à la roulette, Etre dans le mouvement, au courant, lequel est sensiblement syn. de être à la coule.

dingue, f.. Fièvre paludéenne ; 2^ c^ViS ; | Balkans, -18, Intransigeant, 14-8-18, p. 2 ; syn. : dingue- dingue, f. ; inf. c^le^ Intr., 9-7-18, p. 2, G. 4 ; ij dingue, Fièvre paludéenne d' Indo- Chine et de Birmanie ; marins, coloniaux, dès -95 au moins ; autre prononcé de dengue, Fièvre rhumatismale des tropiques, qui, au- jourd'hui désuet, servit de syn. à influenza, France, -89. Dér. : dinguer, Avoir la fièvre ; Bçilkans, -18, Intr., 14-8-18 ; dinguot, ( >- dingu*), Fou.

distrib, f., Distribution ; 81^ t., -17, rare; | distribe, pantruchard ; poilulogue ; chapelle.

doigts dans le nez (les). Sans s'occuper de rien : « Nous sommes arrivés à Brest les doigts dans le nez », un pilote de dirigeables, déc. 17 ;

I On a pris Douaumont « les doigts dans le nez et l'arme à la bretelle », Pépères, 101 ;

II c'est, je crois, un terme de courses cyclistes. Syssém. : les mains dans les poches ; dans un fauteuil ; en se promenant ; usuels aussi en style de courses.

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donne ! (ça se), Le bombardement est intense, (Nous bombardons, ou Nous sommes bombar- dés) ; 81® t., 15-17 ; et sans doute général ; la phrase signifie On se montre généreux (pour nous, pour eux), il n'y a qu'à prendre ; elle peut évoquer des distributions populaires quel- qu'un qui sort les mains pleines peut engager les passants à se mettre dans la file ; cf. sous remettre une autre construction du verbe don- ner. — Syssém. : cadeau, m., Projectile : « Les Boches nous envoient des cadeaux », 289® inf., -18 ; distribution, f., Bombardement ; ravitaillement, m.. Bombardement subi ; in- tendance, f.. Bombardement subi ; ces trois derniers se trouvent dans le V.du p., définis dis- tribution « Obus de 75 )), ravitaillement « Obus de 210 allemand », intendance « Obus de 210 al- lemand » ; je n'ai d'usage oral témoigné que pour ravitaillement, 207® art., -18 ; tout en suspectant les spécifications de calibres d'étri- quer le sens, je crus d'abord, g. e., 1-4-18, 429, que la voiture d'intendance et le train de ravitaillement étaient ici en cause, par des métaphores auditives ; nous avons, de vrai, affaire à des métaphores de fonction, prises de la vie de guerre : le bombardement subi est up

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ravitaillement en munitions, mais « arrivant du mauvais côté, malheureusement », j.-p. faure ; cf. être relevés par les Boches ; intendance, qui parle au troupier de nourriture et non' de mu- nitions, offre cette ironie que le poilu bombardé est d'autant plus mal ravitaillé par son inten- dance qu'il l'est davantage en munitions enne- mies ; ce qu'on peut dire en faveur de la préci- sion de 75 pour distribution, c'est que les ra- pides rafales que ce calibre comporte sont comparables aux distributions d'un caporal expéditif, et que, de ce calibre-là, il y en a pour tout le monde.

doré, m., Officier ; 130^ inf., -18 ; galonné d'or.

doublure, f.. Tranchée « de doublement )> qui renforce la ligne de feu : « dix sapeurs, chargés comme des mulets, s'en vont vers les réseaux <C...>> Changeons d'épaule, ça m'rentre dans la barbaque. Nous voilà dans la dou- blure. — Silence, silence, bon sang ! on arrive », Crocodile, in B. des A., 9-5-17.

douce (en), 1, Sans effort : (( on progressait l'arme à la bretelle, sans penser à la guerre ; les Boches ne tiraient plus «<...>» ; ça nous faisait plaisir de leur montrer qu'on les possé-

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dait en douce ; comme on ne perdait presque personne, on ne se sentait pas de méchanceté », Cabaret, ^bl \ \\ Tranquillement, dlle ; l'idée est celle du clinamen épicurique ; cf. pépère ; aussi se rattache-t-elle à celle d'ataraxie qu'on trouve dans ce texte-ci : « Offrez-lui une cro- quignole sur le bout du nez, et il la recevra en douceur », diderot, Neveu de Rameau, éd. Fayard, 38. 2, Sournoisement, En cachette : « On ne devrait pas laisser tant de civelots se baguenauder sur le front, en douce poil-poil », Feu, 89, à propos d'espions ; plus usuel que le sens 1, ce sens 2 est très usuel et très général ; c'est celui que rig. donne à la locution en dou- ceur; — usuelles aussi les formes loucherbèmes en loucedoc : « en lousdoc », En secret. Feu, 183 ; et, davantage, en loucedé.

Dudule, sobriquet du guetteur boche aux tranchées, xxxx^ inf., Lorraine, 14-15.

dur à servir. Qui n'a jamais assez : « dans mon escouade j'en ai des durs à servir, vous savez », un caporal, 81® t., -17.

dure, f.. Viande ; Parisiens au 231 ^ inf.; | « de la dure, bouillie », Feu, 24 ; ib., 215 et 21-8-16. dure, Soupe, d., sort d'un faux-sens.

duvetier, m.. Poilu qui n'a encore aux mâ-

-- 213

choires que du duvet ; B. « pourrait être le père de Biquet, qui est un duvetier de la classe 13 », Feu, 17 ; M. Barbusse tient ce mot d'un témoignage sur l'usage oral. Le suffixe 'ier, qui indique une personne agissant sur la chose que désigne le radical, offre ici la même idée plaisante que dans soupier, saucier, Ama- teur de (ou comme on dit familièrement Mar- chand de) soupe, sauces. Cependant l*an- glais a un shaker, 1, Barbier, 2, Blanc-bec, comme qui nommerait raseur aussi bien celui qui est rasé, que celui qui rase.

échappés de cimetière, m.. Vieux officiers des services d'arrière ; 81^ art. 1., mai 18. Cf. rupture.

écoute (faire 1'), Ecouter si l'ennemi tra- vaille, terme de sapes- souterraines ; Bourru, 259. Cf. écoute, f., Galerie d'où l'on peut entendre si le mineur ennemi travaille, hdt ; écoute, Action d'écouter, semblait vieilli.

écouvillon, m., Eau-de-vie : « La nourriture de ce Poilu [le canonnier de 37] est la même que celle des autres ; cependant il l'affuble lui- même de noms différents <...!> gnole s'ap- pelle 1' « écouvillon » parce que « ça gratte le tube » », Diable au cor, in B. des A., 30-5-17.

214

Uécoui^illon est le balai de l'âme du canon ; les épi- nards sont le balai de V estomac ; l'eau-dë-vie nettoie les yeux [eau pour les yeux ; chasse- brouillard) et les boyaux [tripoli) ; si à sa vertu détergente vous ajoutez l'impression de râpe qu*elle donne au gosier, vous obtenez l'image de Vécoui^illon ; syssém. : îil de fer, m., 1, Vin : « Ce vin est bien mauvais, c'est du vrai fil de fer )), 81^ t., -15 ; 2, Eau-de-vie ; camp de Ger, 16-17. d'où barbelé, m., Al-

cool ; D.

I

écraser de la paille. Dormir ; « Ha, on en écrase, de la paille, en vingt-quatre heures ! », un paysan de Châlons-sur-Saône,81®t., juinl6 ; [ « C'est alors qu'on en écrase... de la paille sur le pajo », CHAPELLE ; un résultat du cpu- cher est censé sa cause finale et le sommeil est comparé aune corvée; la même idée adonné: exercice de paupières, m., Sommeil ; marins, 14-18 ; 81® t., juill. 15 ; marche de flanc, Repos sur le lit de camp, rig. ; faire des heures. Dormir ; d. ; sous-entendu : supplé- mentaires ; et en boche klappendienst (ser- vice de trappe), Corvée de portefeuille, del- couRT ; cf. cori>ée. Dér. : écraseur, m., Grand dormeur : « il n'y a pas pire écraseur

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que lui à la compagnie », 81® t., -15. Voir en écraser sous le.

écrémeuse, f., Mitrailleuse ; divers soldats, 14-17, faisant en même temps le geste de tour- ner une manivelle ; « je les ai déjà tatée [les Boches] voilà 10 jours et je n'est pas à me plaindre à part quelques pauvres malheureux qui ce sont laissée prendre par Tecrémeuse, je suis parti du d. d. [Dépôt Divisionnaire] comme vous voyez et je les tate un peu pour voir ce qu'il on dans la peau », un docker nantais, 65® inf., lettre 11-4-17. Le sématisme qu'in- dique le geste traditionnel de tourner une ma- nivelle se rattache à celui de moulin à café, (Un caporal du 81® t., qui emploie écrémeuse, ne sait pas l'expliquer autrement que par un geste de faucheur ; la mitrailleuse, dit-il, « cueille les meilleurs ».)

égratigner le Jésus, Exagérer dans l'action, le discours ou le raisonnement ; 340® inf., janv. 16 ; ... le jasus ; 95® inf., -18. Syn. et syssém. : écorcher ; d. Egratigner, écorcher, c'est un remplacement de bousculer. Quant au Jésus, c'est la figure. L'idée de Figure humaine est exprimée multiplement par les façons que l'art a trouvées de la reproduire :

216

h

portrait, ri g. ; d'où se bousculer le portrait. Se mettre le cerveau à l'envers, bringer, M. le Vicomte, 188 ; gouache, rig. ; médaillon, Nénesse, 204 ; photographie : « Non mais pige-moi la photographie de ce p'tit bas du cul », Feu, 47 ; ou tout simplement miroir : ({ recevoir un obus dans le miroir », D. m. p. Et toute figure devient un Jésus, parce que l'image du Seigneur est l'image éminente, digne de longue contemplation ; de même certains paysans nomment tous les livres des Heures. Cf. la salir.

élève-mort, m., A, Malade, ou Blessé ; 81® t., juin 17 ; se dit en particulier, plaisamment, à propos de l'homme qui exagère son mal, qui veut avoir une maladie de première-classe; 1| porté sur la liste des élèves-morts. Porté malade, au régiment, rig. Syssém. : pâle, Mort ; être pâle des jambes, a, Etre mort de fatigue ; b, Avoir des jambes de squelette ; marins, -18 ; (cf. pâlir qqn, le Tuer) ; raide. Mort ; [raidir. Mourir, Intérieur des prisons (1846) ; raidir Vergot, Mourir, dlle ; raidir des quatre pattes et de la queue. Mourir, en parlant d'hommes, de fleurs ; marins, -18) ; gelé. Mort ; pile. Mort ; ces quatre adjectifs se tirent de la

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pâleur des trépassés, àe la raideur des cadavres et de leur froideur glaciale, et de ce qu'un homme étendu sur le ventre, ne montrant pas sa face, est pile, et que c'est une attitude plus usuelle aux morts qu'à ceux qui respirent ; (pourtant se faite tuer, c'est aussi i^irer le i^entre pour voir passer les aéros, t).) ; ainsi pile équivaut pratiquement à Bousillé : « on roule un peu... puistoc... l'avion s'at-rête pile... Les roues avant viennent de heurter un talus )), chevalier, Gu. Aér., 28-6-17, p. 525; c. 3 ; « Aïe ! il faut descendre, comment ? Atterrir... « pile ou face ! »... », THAVET ; de se faire porter pâle, Se faite inscrire sur le cahier de visite ; génie, -18 ; ] Gaspard, 71 ; chapelle ; ou raide ; génie, -18 ; | Vous avez du toupet « de vous faire porter « raides » pour des petits machins de rien du tout », chapelle, Jourrt., 17-3-17 ; ou gelé ; d. ; ou pile, 81® t., 14-17 ; Il 19® inf., 96-01 ; qui signifient exac- tement se faire porter mort, et ne font pas allu- sion, comme on l'a dit, à des pâleurs symptô- ma tiques, aune raideut de paralysie, à une froi- deur désagréable, à une pronation paresseuse.

B, 1, Soldat qui va au combat ; Mousqu., 51, à propos d'un aviateur ; 2, voir appretiti.

218 •—

embusquer (s'), Se trouver un emploi (mili- taire) doux et caché, Se mettre (pendant la guerre) à l'écart des dangers du feu et des fatigues des armes ; usuel et universel, 14-18 ; Il E. « briguait la place du soldat libérable embusqué à la presse régimentaire », des- caves, Sous-offs, III, I ; embusqué s'étendait déjà avant -14 à des emplois civils ; à propos de civils exempts des périls de guerre, texte de -05, in Int. des Ch., LXXVI, 133 ; d'uni- versitaires postés hors cadre à Patis pour le mieux de leur avancement, ih., LXXI, 442 ; de P. T. T. jouissant d'un régime de faveur. Temps, 7-7-09, p. 3 ; l'idée première fut qu'on se poste pour guetter l'occasion de l'avancement et des honneurs ; c'est une méta- phore d'officiers plus que de troupiers ; cette idée de finalité a disparu ensuite ; l'embusqué se coîitente de s'être soustrait aux devoirs du commun. D'où embusquer, 1, Mettre dans un emploi (militaire) doux, caché, préservé ; usuel et universel, 14-18; || avant -14 (?) ;• 2, a. Mettre dans une situation douce (non mili- taire) : (( Quand il a été mort, on a embusqué sa femme comme bonne de curé », 81^ t., -16 ; b. Chaparder : « Des paires de souliers ? Y a

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qu'à aller à l'ordinaire. Le jour j'en aurai besoin, j'irai à midi quand y a personne, et j'en embusquerai une », 81® t., -16 ; parce que chaparder c'est détourner et mettre en sûreté, eux idées qui pourfEpicure n'en font qu'une.

Enfin embusqué^ en pleine vogue, est em- ployé métaphoriquement par des écrivains, comme syn. de Fainéant, Lâche et Inutilisé ; voir G. E., 1-4-18, 444.

Dér. : embusque, f., Emploi d'embusqué ; chass. d'Afrique, juin 18; | Cabaret, 478 ;

apocope à.^ embuscade, ou, mieux, substantif verbal de s'embusquer ; embuscade, f., Em- ploi d'embusqué ; sans aucune idée de chasse, le gibier étant déjà possédé ; usage plaisent d'un mot déjà formé ; embusqueur, m., Celui qui embusque ; D. m. p. débus- quer. Retirer d'une embusque ; D. m. p. ; B. des A., 22-3-16, p. 14 ; débusqueur, m.. Celui qui débusque ; Œu{^re, 10-10-16, p. 2, c. 2 ; désembusquer. Débusquer ; sénateur DEBiERRE, Joum., 20-12-16 ; désembus- cage, m.. Action de désembusquer ; poussin, A. fr., 27-11-16 ; embuscadin, Embusqué petit-maître, rime avec muscadin dans une ballade parue dans le Poilu, in Humanité,

~ 220

17-3-16; chevauchement, embusqué -f- mus- cadin ; (^) embuscomanie, f.,A, Manie consis- tant à préjuger embusqué tout civil ou soldat non frontard : « Les méfaits de V « embusco- manie » », le Briard, 18-10-16, p. 2, c. 5 ; B, Régime de la recommandation : poussin, A. fr., 27-11-16 ; embuscaillon, m.. Homme sans valeur employé au bureau de la compa- gnie, (dans Tespèce, vocatif à l'adresse d'un malingre) ; 81® t., juin 17, apax ; embrisqué, m., Soldat porteur, de nombreuses brisques : « Les Embrisqués de la iZone Désarmée -<...>► Embrisqué. Appellation heureuse due à notre verveux confrère « Le Pépère » », 120 Court, 10-10-16 ; chevauchement d*embusqué et de brisque, signifiant que les soldats du demi- arrière, moins exposés, ont le temps de vieillir sous une addition de chevrons.

emmancher (s'), Se faire, Se produire ; 81® t., 14-17 : « V'ià une affaire qui s'emmanche mal »; « Gomment qu'ça s'emmanche ; syssém. : Comment qu\a s' goupille ? Cf. sous manche, un emmanchement qui semble distinct.

encaisser. Admettre volontiers dans son

(^) Cf. Cagnadin, type de poilu, Horizon, sept. 18* ~ 221

esthétique ; usuel et général ; « deux sortes de types que je peux pas encaisser : les coiffeurs et les garçons de café », un marin, -18 ; dér. : encaisseur, Facile à séduire : « il était mille fois moins encaisseur encore que moi touchant la chose de l'espionnage », Il acceptait encore moins que moi qu'il y eût des espions en liberté, Feu, 20-8-16. Métaphore de physiologie ; l'Estornac est une caisse ; encaisser est syssém. de gober, aç^aler, digérer. Agréer, de çomir, dé- héqueter, Ne pas agréer ; mais il s'y est greffé l'influence de encaisser, Recevoir etSne pas rendre (un coup), dont les matches^de boxe ont décuplé le succès, dlle ne cite qu'un em- ploi de ce verbe : encaisser unlsoufflet, ce qui est lâcheté ; depuis, encaisser des ' gnons est devenu un métier honorable ; un encaisseur est un Lutteur dont l'endurance aux coups reçus est une sorte de capacité ; de « Le troupier français est devenu le premier « encaisseur » du monde », z, Œuvre, 20-10-16. Cf. prendre. encarabiner, Embêter : « Pourquoi qu'il nous faut à nous [pour nous mener à l'abreuvoir] un brigadier, tonnerre de sort !... Un brigadier qui nous encarabine », Cabaret, 469. Carabine ou Fusil étant seringue et clarinette, l'esprit des

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mots enfifrer et canuler, Embêter, a pu glisser dn^fifre par la clarmette,|oulde la canule par la seringue, jusqu'à la carabine. Mais il est plus vraisemblable que encarabiner est une libre « suffixation )> modifiant un verbe connu qui commence par enc-.

enfant de quatre pères et veuf de trois, m., Père de quatre enfants ou veuf père de trois ; 81® t., janv. 17. Simulation plaisante d'une méprise amenée par le raccourci qu'impose la fréquence de la formule ; les circulaires offrent des situations moins exposées aux militaires ayant ces charges de famille.

enfants de chœur à Poincaré, m., A, Chas- seurs à pied; 289® inf.,-18; ^c.-à-d. cadets et chéris de M. Poincaré, qui fut chasseur. B, Gendarmes ; fantassins, 15-16 ; c^^, 17-18 ; c.-à-d. Gardes-du-corps de l'Exécutif. C, Annamites ; c^^, -17 ; le bruit courut que le Président avait une garde annamite (!).

enfifreur de culasses, m.. Artilleur : « Ça t'apprendra, l'enfifreur de culasses, à <...> », Cabaret, 470 ; rudes amours.

enfile-boche, m., Baïonnette ; 81® t., avr. 16.

engazé. Intoxiqué par les gaz asphyxiants ; une femme de mobilisé, nov. 17 ; adj. leconte,

?23

I

-18. ~ Syn. : gazîfié ; 289^ inf., août 18. gazé ; 13^ tir. alg., août 18, tant en style poilu qu'en style médico- officiel ; même suffixe simple dans grenade, Dépeuplé de poisson à coups de grenade, d.

envoyer, Sonner (au clairon) ; marins, 17-18 ; « Est-ce que la soupe a été envoyée ; « En- voie-nous les permissionnaires [le rappel à la bordée de terre] ! )) ; || usuel avant -14. Se tire de envoyer un boniment, une chanson, Re- partir, Chanter ; cf. « Qu'est-ce qu'il envoie comme parfum ! », Il est parfumé excessive- ment.

épauler, 1, Coucher en joue : « Le Belge vou- lait passer vers le navire, il ne comprenait pas ce que lui disait l'Américain ; celui-ci Ta épaulé et l'a tué », un marin, -18 ; 2, Châtier, Punir, Traiter de rigueur par vengeance : « C'est alors qu'il l'aurait épaulé », 81^ t., -17 ; « Il va se faire épauler de quinze jours », Il va empaumer quinze crans de boîte ; marins, -18; sys- sém. : avoir à Vœil, Surveiller sévèrement ; viser, même sens.

épicier, m.. Militaire employé à la manuten- tion des caisses d'essence d'une escadrille : « Derrière une pile de caisses d'essence un des

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« épiciers » de l*escadrille «<•..>► », pol, Gu. Aér,, 22-3-17, p. 304, c. 2.

épingle à chapeau, f., A, Grenade à fusil ; lOe inf., -15; | dauzat, 16-4-17, 664. -— B, Baïonnette ; 340® inf., mai 16 ; | chapelle ; syssém. : aiguille à tricoter, f., Baïonnette ; LAMBERT ; D. || Epéc ; DLLE. Au sens A la métaphore se tire de la pointe piquante et de la longueur agressive des épingles des chapeaux de femmes vers 09-11 ; au sens B, de la tête à peu près cylindrique adaptée à une tige mince, style d'épingles à la mode.

équipe volante, f.. Groupe de soldats liés par le tempérament, toujours prêts à quelque expédition extérieure au service, et notam- ment à la maraude ; 81® t., août-oct. 14. Cf. (?) « Une séquelle, une isolante : une sec- tion », soldats genevois, Schw. Sold., 72.

èrème, m.. Vaguemestre : « A notre batterie nous appelons notre sympathique vaguemestre V Erème, de R. M., abréviation de Ravitaille- ment Moral. Vous devinez aisément pourquoi », B. des A., 30-8-16, p. 13, c. 1; ci.cama,'^' Syssém. : « un poilu du secteur 161 . pro- pose de lui attribuer [au vaguemestre] le sur» nom de chasse-cafard, car « le vaguemestre,

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ESNAULT 15

dit-il, contribue au maintien de rexcellent moral chez nos braves et héroïques soldats. » », B. des A., 26-7-16, p. 12, c. 3. sourire, m., Vaguemestre, d.

escalier {monter en), S'élever par à-coups ; R. G. Aé., 17-18.

essence, f., Ce qui fait marcher une machine : Ceux des soldats qui sont près de la locomotive stoppée « lancent au mécanicien ; R'colles-y de l'essence», benjamin, Jouri}., 1-5-16. Extension de sens plaisante et sans doute pas- sagère, de style, non de lexique ; cf., plus vrai- ment métaphorique, oriflamme, f.. Energie : « r t' faudrait un' 'tite 'oiture pour porter tout ça. Oui, mais qui c' qui la traînerait ? Toi ! en guise de moteur à crottin. Et qui c' qui m' mettra d' l'oriflamme dans les mol- lets ? », un cuisto, 81® t., -17 ; et, entrés dans le lexique, sauce, jus, coco, Essence de pétrole, (boisson nourricière des moteurs), pé- trole, Eau-de-vie, (fluide générateur de kilo- grammètres humains).

estanco, m.. A, Cagna, Abri aux tranchées ; assez usuel, Nantais, 81® t., -15 ; c^\ -18; B, Camion-bazar ; monax, 81® t., juin 16; \\ à Vestanco, en Prison, à la Salle de police ;

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65® inf. (Nantes), -92 ; estanco, nom, et ensei- gne, d'un petit café-concert, à Ancenis, -97. De l'espagnol estanco, 1, Mise de denrées en régie ; 2, Débit de tabac ; usuel à Gabès, -97, au sens de Cabaret ; usuel à Kati (Maroc), -08 : « l'estanco du père Pérez, l'Espagnol, cette vieille crapule qui nous louait des femmes bom- barras et qui nous vendait des œufs presque toujours couvés )), m. l., N. Contes vér., 190. Le sens B peut sortir tout droit du sens espa- gnol 1, et, sans pour cela lui voir engendrer l'autre sens, je l'aurais noté A, s'il eût été plus fréquent. Cf. malabar.

estomac (la faire à 1'), Crâner, Payer d'au- dace : « On ne vous donnera pas de billet au guichet, puisqu'il ne doit pas y avoir de per- missionnaires. Vous croyez que vous en aurez un ? Vous comptez la faire à l'estomac ? », marin, avr. 18 ; | r. w., Gu. Aér., 15-2-17, p. 214, c. 3; Il estomac, Intrépidité à jouer, veine ou non, dès -68 ; rig.

étamage, m., Etat-Major : « l'état-mage boche )), « scribouillard de l'état-mage », paw- LowsKi, Signaux, 66, 72 ; apocope-calem- bour. — Syn. : état- mâchoire, m., déch. ; libre suffixation, (cf. çétérinoir), offrant l'idée

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qu*on y mange bien, (cf. cheçaux de luxe).

étrangler, Epater, Epoustoufler ; 289^ inf., -18 ; étrangleur, m., Monteur de coups. Estampeur ; un forain au 81^ t., -16. Sys- sém. : cravateur, Bluffeur ; d. ; d'où coups de gueule, ici p. 569. Cf. asphyxier.

étui, m.. Gorge ou Estomac : « tu parles aussi d'un quart à trous ! C'est à ne pa* y croire c* qi's' laisse tomber de kilos dans l'étui, dans l'espace seulement d'une journée », Feu, 22. Gorge, Etui, Jargon (1836), terme de malfai- teurs, offre le sématisme inverse ; cf. fokker.

étui à puces, m., Pantalon ; Feu, 204. Etui, Caleçon de dessous ; lavedan. Leur beau physique, Les dessous. Cf. fourreau, m., Pan- talon ; D. m. p. Et quant au pessimisme, trop légitime en certains domiciles, cf. boîte à poux.

Eugène, m., les Feuillées : « le poste d'écoute qu'est au bout d'Ugène », saint-cassin. Temps Buté, in Front, 1-9-16. Cf. Jules et Eudoxie, Tinette militaire, rig. ; madame Durand, Cabinets, Brest, -98.

Eusèbe, m., la Paye ; adj. leconte, 18 ; | « palper Eusèbe », Feu, 20-8-16. Cf. Domi- nique, la Paye de l'équipage ; marins ; Ro- salie.

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ex, Exempt de service : « le toubib m'a mis ex deux jours », chapelle ; rocher. Se tire de l'abrégé « ex » mis en regard du nom du malade, plus exactement « ex. serv. », « ex, exer- cice », « ex. corvée », suivant la thérapeutique du major et la discipline du bataillon. Cf. ax^ dé, fe-fCf pé-cé ; cama.

excès de zèle, m., Adjudant ; d. Cf. ca- fard, m.. Adjudant ; d. ; aboyeur, m., Sous- officier ; D. Ils cafardent (mouchardent), ou gueulent, par excès de zèle.

expliquer (s'), Causer (en parlant du canon) : « N'était le grondement ininterrompu des grosses pièces, qui, comme disent les hommes, « s'expliquent » de ligne à ligne », ch. l., Jourrh., 1-8-15. S^expliquer, Discuter, Se disputer, est usuel populairement. Il est usuel aussi dans la prostitution, dans la plus basse, au sens de Se prostituer: « aujourd'hui je ne m'explique pas », « je m'explique tous les soirs au Châtelet [sur la place du Châtelet] », Paris, -04, exacte- ment Débattre le prix de ses faveurs. Toute platonicienne, l'origine psychologique de l'em- ploi galant de s'expliquer est saisissable dans ce texte-ci, parle un amoureux animé des sentiments les plus délicats : « il me restait tant

de choses à lui expliquer », J'avais tant d'im- pressions complexes à peindre devant elle, NODIER, Thérèse Aubert, éd. Fayard, 29. Syssém. : causer, qui se dit des canons, (cf. faire parler la poudre, et la devise Ultima ratio regum), dans les conversations orageuses {Cau- sons maintenant !) et en langage de galanterie (causer, Faire l'amour, et causeuse, Femme chaude, Dict. erotique moderne) ; rouscailler, 1, Parler, Jargon (1628) ; 2, Coïter, rig. ; grec ancien oiclU-^o^-ji, 1, Causer ; 2, Coïter, (et par le sématisme inverse ôapi^to, 1, Vivre en intimité ; 2, Causer), bailly, Dict. grec. Jactance teutonne, f., Bombardement boche ; D. ; alliance d'un substantif argotique à un adjectif savant ; exactement Langage ostro- goth. Voir passer, et, aux Notes, jus.

facétie, f., Coup de main (français ou boche), et même Attaque ; 156^ inf., avr. 18, l'on estime que cette expression n'a été relevée « dans aucun autre régiment ». Que ce soit, en plus intense, le même tour d'esprit de pu- deur et d'euphémisme qui fait appeler l'As- saut fantaisie sur fil de fer ; d. ; la Bataille bagarre, 360^ inf., 14-15, 109^ inf., -17, 8^ gé- nie, -18 ; et une Victoire échauîfourée, « Je

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sors de la grande échauffourée de Laneuville- Sire-Bernard [offensive française du 8-8-18 entre Somme et Avre] », i. lâchât, 12-8-18, telle est l'impression actuelle du combattant sur le mot facétie ; cette impression ne vaut- elle pas une étymologie ? Et elle peut être l'étymologie, et le mot serait syssém. de cinéma, du même régiment. Toutefois il est plus prudent d'y soupçonner un souvenir de S^-Cyr, que des officiers auraient propagé, avec adaptation du sens ; « Dans l'argot de Saint-Cyr, on appelle « facéties » les marches militaires )), note à une pièce de vers, le « Caso », Ou bien passant gaîment les jours de « fa- cétie )) Le fusil sur l'épaule et le sac sur le dos »), citée par sérieyx, Eclair, 1-7-08. Cf.c/ian- tier.

facteur, m., Vaguemestre ; 81® t., -15 ; sec- teurs 93, 101 et 146, B. des A., 26-7-16, p. 12. Cf. chantier.

fainéant, m., Havresac ; d. Il se fait porter ; cf. sac à lest.

faire. Faire prisonnier ; 40® art., -18 ; assez général: « nous, les avons faits », « pour les faire » ; être fait, Etre arrêté, faire aux pattes, Voler, termes de malfaiteurs, usuels aux trou-

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piers. Syssém. : travailler, Chaparder ; 13^ tir. alg.,-18.

faire canne, chaussettes, etc., Faire des effets de canne, *de chaussettes, etc., ou tout simple- ment Avoir une canne (pour assurer sa marche dans la boue, sur les routes), des chaussettes, etc., 81® t., 14-17; Il faire faux-col. Laisser passer le col de sa chemise, rig. ; faire fantaisie, Porter des effets non réglementaires, usuel dès long- temps. — faire ceinture. Jeûner par force, 81® t., 15-17 ; non par un chevauchement de faire fine taille + serrer sa ceinture, mais par condensation de Faire-comme-qui-se-met-la- ceinture. faire îissa, Se dépêcher ; mixte, très usuel, 17-18 ; non par décalque de faire vite, qui est plus industriel que militaire, mais par condensation de Faire-comme-qui-court- vite. faire pâle, ou raide, Se porter élève- mort ; D.

faisandé. Ivre ; 40® art., -18 ; combine les idées des syn. mort et mûr, cuit, mais n'est à l'origine qu'une simple queue romantique sur fait, même sens.

faisander, Choper : A, Chaparder ; 13® tir. alg., -18 ; B, Faire prisonnier ; d. Queue romantique sur faire, (par le participe passé :

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fait >" faisandé), peut-être avec allusion au système D, {fait en dé).

falot (passer au), Passer au conseil de guerre ; 130e inf., 2e c^l, -18 ; \\ 18^ inf., -Oâ. Idée : être regardé de près, étant suspect. Dér. : faloter, même sens ; d. Voir tournant.

fauche- pattes, m,, Obus à fusée sensible, dont les éclats rasent le sol et fauchent les jambes des hommes non abrités, « bibelosco dont les Boches sont peu chiches depuis que nous nous battons sur le tapis », g. maréchal ; 289e inf., mars-juillet 18.

fe-fe, m., Avion Farman frères ; aviateurs, avr. 18; | Feufeu, Gu. Aér., 29-3-17, p. 310. Des deux initiales (prononcées suivant une mode scolaire moderne) de Farman Frères. La marque est une F. Cf. me-fe ; ex. Les météos nomment be-ce-me, m., le télégramme d'obser- vations qu'envoie le Bureau Central Météoro- logique ; mais ils disent plus souvent le bé- cé-èm.

fer {du), m., des Obus ; un comm* d'art., oct. 14. ferraille, f., Obus : « Donc journelle- ment nous arrivait une ration de ferraille », H. o. (5e art. à pied), N. Contes vér., 222 ; « Quand j'ai reçu ma ferraille », Gaspard, 150.

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Cf. métaux, zinc, casser du bois. enclume, f., Gros obus, D., est moins une métaphore qu'une métonymie spécifiant le fer par un objet en fer, la substance par la forme.

fer à repasser (comme un), En tendant lour- dement vers le centre de la Terre : « Moi, dans la baille [la Mer] ! Je nage comme un fer à repasser )), un pilote de dirigeables, déc. 17; || « Le temps est passé celui qui volait bien se faisait remarquer, maintenant c'est le règne des aviateurs évoluant « comme des fers à repasser ! )) A eux les galons et les décorations, aux virtuoses les punitions et le conseil de guerre peut-être ! », chevilliard, article de la Vie au grand air, quelques mois avant la guerre in Gu. Aér. ,S-2-17, p. 197. De fer à re- passer, m.. A, Cuirassé lourd et dur à manœu- vrer ; marins, -18 ; B, Avion mauvais pla- neur, (quel qu'en soit le type) ; aviateurs, R. G. Aé. et Miramas, avr., mai 18. Le fer à repasser ainsi visé n'est peut-être que le Sou- lier, cet emploi du mot est dans dlle, F.- A., et les pêcheurs savent trop que le soulier est un poisson de fond.

feuille morte {tomber en). Tomber en oscillant par les effets de l'air sur les plans de l'appareil ;

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aviateurs ; 1 « L'appareil se mit en vrille et telle une feuille morle. descendit de 2 000 à 800 mè- tres », Matin, 26-4-16, p. 2, c. 3 ; « Moi, je dégringole en feuille morte », sem, Journ., 27-5-16.

feuille de timbres- poste, f., Aspect que prend un terrain soumis à un bombardement métho- dique : « Représentez-vous, tombant méthodi- c{uement de quarante en cinquante mètres [sic] tout d'abord, puis, la ligne tracée, dans l'inter- valle, des projectiles de gros calibre, creusant leur entonnoir, forant le sol, comme un crible, par quatre ou cinq à la minute. Et ainsi, le jour, la nuit, à jet continu, sans répit... Nos poilus, dans leur argot pittoresque, ont baptisé ce marmitage intensif : « la feuille aux timbres- poste ». Ils mettent toute leur attention à « suivre le pointillé » », Trois jours, 13-7-16.

ficelle, A, f., Galon d'officier ; 130^, 300^ inf., 15-18 ; I (( une ou deux ficelles au képeçon », RICHARD, Pet. Par., 14-5-16 ; « le nombre de mes ficelles », Cabaret, 467 ; || Liseré de sous- officier rengagé ; g. turpin. Ficelle rouge. Soldat de 1^^ classe, dlle, offre une image moins juste pour un galon plus large. Cf. (?) vermicel, Premier lieutenant, soldats genevois,

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Schw. Sold., 72. Cf. jarretière, f., Galon de tambour et clairon ; 98^ inf . ; déch. ; il est riolépiolé à la mode d'une sorte courante de jarretières élastiques.

B, Fil téléphonique ; génie, -18.

fièvre de Bercy, f., Ivresse ; V. du p. Bercy a de quoi donner des visions internes à plus qu'une équipe.

fifrer, Exagérer, Mentir ; sans fifrer, 231® inf., -16, H. BARBUSSE; non confirmé d'autres corps; | « tu n'as pas fini de fifrer ! », D. m. p. ; « On n'a rien, sans fifrer, on n'a rien », Feu, 203. . Syssém. : faire de la fanfare, A, Causer du scandale ; D. m. p. ; B, Se vanter, D. m. p. ; faire de Vharmonie, Faire du tapage, Car- touche ; faire de la remone, Faire le rodomont, RiG. ; peut-être même, Qar un bon mendiant est un bon menteur, aller en musique, Aller mendier. Chauffeurs de l'an VIII ; dans ces rapprochements musicaux, fifrer semble un peu maigre, surtout à côté de battre la grosse caisse, Parler de soi, Faire de la réclame, rig. ; mais précisément, fifres et tambours jouant souvent de concert, fifrer peut être présumé synecdoque de fifrer et tambouriner.

fignard, m.. Tabac ; d. Dérivation homo-

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nymique : Tabac trèfle ; or trèfle = Fignard (Anus) ; donc fignard = Tabac.

figne (au), Par derrière : « avoir quinze mètres au figne », Avoir vent arrière, vitesse 15°^^ à la seconde, aviateurs et aéronautçs, 17-18 ; figne, Cul ; syssém. : avoir « le vent en plein cul », PUNCH, Fantasio, 15-8-16, p. 96, c. 1 ; « On est fin prêt pour barrer. Même qu'on a le zef aux fesses », ib. Cul, Arrière, était déjà de style nautique.

f Hocher, 1, S'esquiver, Se débrouiller pour es- quiver du service ; divers soldats ; | « Quand tu filoches devant une corvée <^...>>, c'est les autres qui écopent », Feu, 34 ; « qu'un bigor- neau comme moi <;...]>, ça ne devait pas filo- cher comme je faisais », chapelle ; on a franc-fileur, « celui qui, pour échapper au siège, c.vait quitté Paris pendant la guerre de 1870. Par opposition à franc-tireur », rig., généralisé ensuite, franc-fileur, « individu qui file à l'étran- ger pour échapper au service militaire », dlle ; filocber, a, Filer, (Donner) ; b, Filer (Courir) ; d.; mais il semble que filocher peut signifier aussi bien Se débrouiller dans le service que Se dé- brouiller pour n'en pas faire, et d'une manière générale Profiter, (voir ci-après) ; cela s'expli-

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quera bien en tirant filocher de filon, ou tout au moins en admettant que filon transparaît, par chevauchement sémantique, sous le radical de filer, et que filocher remplace filonner ; (cf. sardoche) ; filon signifie toute Affaire, aussi bien ce qu'on fait parce qu'on doit le faire, que ce qu'on fait pour ne pas faire son devoir ; 2, Mettre à profit : filocher le secteur, Tirer parti de toute bonne occasion, a. arnoux; ] Une des dames infirmières, en me frottant le ventre chaque jour, me « répétait toujours que son mari n'était propre à rien. J'ai compris l'allusion. Alors j'ai filoché le secteur.... Oh ! ! !... Elle m'a donné des cheveux quand je suis parti )), Cabaret, 459 ; le sens premier de cette locution n'est-il pas Organiser le secteur de combat de façon débrouillarde ? Cf. secteur. Dér. : îilocheur, Débrouillard ; chapelle.

îilon, m., 1, Chance, Bon métier : ai^oir le filon ; cest pas le filon ; 81^ t., 14-17 ; très usuel et général ; | « on tient Tfilon », Gaspard, 150 ; « J'ai le filon )), ib., 221 ; la « blessure filon », Bourru, 97, envoie à l'arrière ; \\ usuel aux ma- rins de l'Etat, -07 ; trouver le bon filon. Avoir de la chance. Trouver une heureuse combinai- son ; soldats genevois, Schw. Sold., 72 ; le

23ô

filon, c'est la direction féconde, la route heu- reuse, la ligne d'or de la conduite ; image issue des mines : « Il s'égare <;...>» ; vingt fois il croit tenir le droit filon ; vingt fois <i-'-'> ^S M. c, N. Contes çér., 135 ; « le turf devint le filon-mère de la confrérie », mandelstamm, Jim Blackwood, jockey, 27 ; dér. : filonner, S'embusquer : « qu'i's filonnent, bon, c'est humain, mais qu'après, i' viennent pas dire : « J'ai été un guerrier » », Feu, 136 ; filo- neur, m., Embusqué ; Feu, 129 ; 2, Affaire, Chose (jusque dans les emplois les plus vagues), Métier, Pièce d'une machine, Papier d'iden- tité, etc. : ça s'rait pas dans V filon, Faut pas faire ça ; cf. fricot ; par une marche inverse, affaire, sans qualification, s'emploie pour Bonne affaire : « Cette fois j'ai le filon, le fin filon; "<...}> Cabot à l'équipe de fil de fer, c'est une affaire », Cabaret, 458. Je n'ai pas entendu açoir le bon filin que donne Z). m. p.

fine, f., Blessure-filon ; 20^ chass., -18 ; ce que les Tommies nomment blighty wound ; fin, Bon, en français populaire.

finish !, Il n'y en vait plus, Tu n'en auras pas, toute la conjugaison de ne pas avoir : « L'Anglais avait une flotte ; mais une armée.

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finish 1 », 2ds.m®s, -18. La vogue du mot vient des matches de boxe, (cf. encaisser) ; « résolus à conduire cette guerre jusqu'au finish », DEKOBRA, Journ., 4-8-16 ; « l'Alle- magne décida qu'il fallait un finish avec l'An- gleterre », interview de Lloyd George, in Œuvre, 30-9-16, p. 4, c. 2 ; de Victoire on a tiré Sup- pression, et de Suppression Carence.

Autres anglicismes ; (cf. sévère, vaseux, vic- time ; strafer, tank, tommy) :

Cf. afnaf, 1, Mi-parti : « j'suis content d'un côté, d'un autre sens, j'suis pas content ; c'est afnaf comme on dit », donnay, Impr., 71 ; half and half, Mélange par moitié de pale-ale et de stout ; usuel avant -14, aux demoiselles de perdition, aux chauffeurs, à ce monde qui va et vient de Chantilly au quartier Bréda. 2, Ereinté, Rendu : « J'en ai mare, je suis tout à fait af-naf », dragon e. h., Int. des Ch,, LXXIII, 551.

Cf. bizness, m.. Travail compliqué ; « Tu parles d'un bizness ! », « Ah ! quel bizness ! », cris quotidiens, 95^ inf., mai 18 ; (inusuel au 81® t.) ; I « Tu parles d'un business », i^eu, 15,100; || « Plutôt mourir que travailler Allons nos femmes, vite au bisnises », crayonnage sous le

240 --

Cours-la- Reine, Paris, -03 ; « Ça va les « bu- siness ? )) », Echalote, 51 ; business, Affaires ; La femme nouvelle, <••.> Elle sera, sans doute, plus forte, plus agissante, plus busi- ness », PROVINS, Journ., 29-7-17) ; importé jusque dans la basse galanterie.

Cf. olrède, Parfait ; divers soldats et marins, 17-18; I « j'ai un fusil qu'est olrède », Feu, 196 ; « Caporal Olred », signataire d'une ques- tion. Œuvre, 17-11-16, à la rubriq-ue Réponses ; ail right (prononcé olrèyt).

Cf. pouleuper, 1, Galoper ; mot de cavaliers, -17 ; employé à propos d'un ballon-sonde que prend un vent fort : « Ça pouleupe là- haut », météos, 17-18 ; | pouloper -, d. (qui le croit une onomatopée) ; || Pouleupe !, De la vitesse !, se dit aux chevaux attelés, dès -98 au moins ; to pull up, Tirer, Traîner, vive- ment. — 2, unipersonnel, Aller fort et raide : « ça ne pulluppait pas assez », donnay, Impr., I, 14, Les journées l'Etat-Major) n'étaient pas assez énergiques. Cf. adruper, Se sau- ver ; aux Balkans ; d. ; du sabir adrop !, Allume !, (arabe dWeb !, Frappe !), usuel au 13e tir. alg., -18.

Cf. rider. Chic, Elégant ; 231^ inf., h. bar-

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■SNAU&T 16

BUSSE ; divers soldats, 17-18 ; | «On s'est en- foncé un poulet ridder », Feu, 21-8-16 ; rider (prononcé à la française d'après la graphie, au lieu du prononcé anglais r^ydœr), Cavalier ; le composé gentleman-rider, Ecuyer amateur, a été compris Parfait gentilhomme ; « c'est du riflot, des vrais gentleman-rider qui dècheront sans dire ouf à cause des mistonnes », Philibert, 237.

fissa !, Vite', ; quelques hommes du 81® t., -17 ; I « Roule, mon vieux et fissa ! », propos d'un officier à un ancien soldat des corps de Kabylie, m. l., Contes çér., 84 ; arabe fis saâ, Tout de suite ; voir faire ; cf. chouya.

flambeau, m., Bonne affaire ; 81® t., -15 ; « Tufparles d'un flambeau ! », ne se dit que par ironie; |I Affaire, Métier, Invention, dlle. Le sens Bonne affaire est premier si le mot est extrait de affaire flambante ou flamboyante, très Chic. Cf. filon.

flanches, (f.?), Jambes ; usuel au c^l, 15-18. Apocope de *flancheuses Poltronnes ?

îlanquement (jeter un coup d'œil de), Re- garder de travers ; 289® inf., sept. 18 ; syn. : regarder en biseau, en chanfrein, ib.

flaût, {t sonore), m., 1, Flamand ; marins, 14-18 ; "JPmot usuel à Armentières, Dunkerque,

«4S

Douai, dès -01, aux Flamands eux-mêmes ; cf. flaoust, Flamand, ross., ignoré do mes témoins lillois. 2, Boche (?) dans ce texte : Nous donnons l'assaut, « Je plaque le bardin en douce et on fait la patatro sur les flahuts, ils en étaient comme deux ronds de flan ! », GossET, Le nouçeau langage (1915). Pour le son ail, cf. -taii ?

fléchette, f.. Bombe de l'obusier de tranchée :

selon les secteurs youyou, fléchette ou queue de rat », Apollinaire, M. de Fr., 16-2-16. De fléchette, Petit rouleau de papier plié en V qui sert de projectile aux éc^liers en classe ; cf. pétoire.

fleur {atterrir comme une). Atterrir très doucement ; Miramas, mai 18. Quand cette douceur n'est que relative : atterrir comme une petite fleur mais avec le pot ; esc. S-152, juill. 18 ; comme un merlan dans un cent de clous, Pau, -18 ; quand elle est parfaite : comme une fleur sur des œufs, R. G. Aé., -18.

flic, m., Gendarme ;. 95® inf., 16-18 ; marins, -18 (et avant) ; || Agent de police, rig. Com- missaire de police »), dlle, ross., noter ; c'est le sens ordinaire (et c'est celui qu'on a dans benjamin, Journ,, 13-3-15, et non Gen-

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darme, comme traduit sain.). Dér. fliquer, Arrêter pour mettre en prison : « deux cognes [deux Gendarmes] qui vient l'fliquer », Feu, 21-8-16; I être fliqué, Etre arrêté par les gen- darmes ; D. m. p. ; fliquerie, f., Gendar- merie ; D. m. p.

îlubard, m., Téléphone portatif Timimoun ; artilleurs, -18; | Fantasio, 15-7-18, p. 40, c. 2.

D'où « tu fais sonner le flubard )>, Tu es ex- cessif ; artilleurs, ib. De açoir les flubes, Avoir peur, (voir copeaux), parce qu'on ap- pelle certaines sonneries électriques des trem- bleurs ? ou de flube, parce que le son crachote ?

flubard, m.. Froussard, et aç^oir les flubards, Avoir peur, sont usuels à Paris, dès avant -14,

foies blancs (avoir les), et très fréquemment, par synecdoque, avoir les foies. Avoir peur. Hésiter, Etre lâche ; très usuel, surtout dans les corps jeunes et parisianisés. L'anglais a de même pale-hearted [au cœur pâle]. Pusilla- nime. — Une synecdoque analogue suppri- mant un déterminant nécessaire à l'image se trouve dans la locution de sens voisin se faire du sang, S'inquiéter, rig., entendez se faire du sang de peste. rougir les foies. Donner du cœur ; « Quand la lourde pilonne, tu te sens

244 ^

i

gaillard, ça rougit les foies à ceux qui les ont blancs », Cabaret, 460. Blancs signifie Ex- sangues, et équivaut à Froids. (Le visage d'un homme effrayé devenant bleu, vert, jaune, blanc, de-toutes-les- couleurs, on dit aussi aç>oir les foies verts, tricolores, Avoir peur). L'antonyme est joies chauds. Ardeur (amoureuse), Nénesse, 192, 244. Avoir du sang [dans les veines] , c'est Etre brave. Foie signifie Organe le sang est actif, et équivaut à cœur, Courage, et à mou. Poumon, Courage : se tracasser le joie. Se biler, d'espar- BÈs, Demi- Solde, viii ; « Ils avaient les foies [les sangs] complètement retournés », Ils étaient fous de peur, j. des vignes rouges, Journ., 1-6-16 ; se biler le mou, Se tracasser, Paris, -01. Foie a pourtant sa précision : l'homme « le plus résistant », « lorsque, dans la rue ou dans le métropolitain, il enregistre, malgré qu'il en ait, une rumeur inquiétante », ressent un coup « du côté du foie », et Paul- Emile, à son départ pour la Macédoine, disait aux Romains : Les percos, y a personne qui les laisse tomber assez pour ne jamais blanchir du foie et se faire de la bile, « nemo tam famae contemptor est eu jus non debilitari animus possit », LABORDE-MiLAA, La continuité clas-

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siquôy Revue hebdomadaire, 30-9-16, p. 616.

foin, m., Tabac ; 20^ chass., -18 ; | Gaspard, 64. Syn. et syssém. : trèfle, usuel dès -27 ; {treffoin dans vidocq) ; varech, m., d.

foire, f.. Pillage, par nos officiers et soldats, d'un village évacué de ses habitants ; glaces biseautées pour . cagnas, assiettes pour po- potes, etc. ; la foire de <...>> ; 81^ t., oct. 14- fév. 16.

îokker, m.. Gendarme ; aviateurs, mai 18. Syssém. : aviatiks, m., Gendarmes : « en raison de leurs nombreux raids », Mousqu., 71, 73. Une fois le Fokker appelé gendarme, l'avia- teur a, d'un saut rebroussé, appelé fokker le Gendarme qui venait, sur une route terrestre,lui demander ses papiers. Fokker constitue avec gendarme un jeu sémantique d'aller et retour (cf. G. E., Lois, II, 3), dans lequel, si le jeu est bien mené, le retour est naturellement, moyennant initiation préalable, deux fois plus amusant que l'aller. De même si un lettré nomme tranchées les Rides du front d'un poilu, Feu, 287, un autre dit « dans les rides du front », Dans les tranchées, titre de livre. Maréchal des logis s'abrège en logis, usage cou- rant ; or logis, Logement, devient, par un

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suffixe libre, logeteau, Nénesse, 195, 206, 236 ; d'où logeteau, Maréchal des logis ; merlin. Avion, c'est oiseau ; et aux Balkans on dit d'un corbeau que c'est un aéro grec ; d. -Le cy- cliste est à cheval ; et le cavalier démonté a lâché les pédales. Tel corps nomme les High- landers, qui sont écossais, petits pois, et les Petits pois, qui sont écossés, highlanders, d. Même jeu encore dans bourrin, chiotte, clebs, coco, (corvée d') enfant de troupe, crapouillot (2, 2^, h), étui, nourrice, passer à tabac, pélot, pompier, pou gris, quatre- cent- i^ingt, rasemottes, réadmis, seringue, tréteau, vosgien.

fort (aller), 1, Exagérer ; assez usuel et gé- néral; I Gaspard, 51 ; Feu^ 16 ; j. l., Temps, 21-10-16 ; « Michelet va peut-être « un peu fort », comme tous les grands poètes », téry, Œuvre, 12-9-16, p. 1, c. 3 ; 2, Etre exagéré : « trente sous <;..•>> pour quarante-cinq feuilles en zinc [un artichaut], ça va fort ! », chapelx.e, Journ,f 6-9-16, propos d'un soldat. Séma- tisme, cf. bousculer.

fouet, sert à exprimer le bruit du canon : « Lorsque le canon [boche] fait un bruit in- fernal, le guetteur gouaille : Tiens ! Fritz a mis une mèche neuve à son fouet ; sûrement il

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va mener le corbillard au kronprinz ! », Cri de P., vers juill. 16.

fouifoui, m., Membre viril : « Je pars en perm, tu parles que je vais me faire péter le fouifoui )), ... m'imposer une rude besogne d'amour; 340^ inf., -16. Fouifoui -< fifi, (cf. fouichu -< fichu ; « TArmorique est « foui- chue » », TAiLHADE, AcùoTi, 24-1-04) ; fifi, syn. populaire de Petit oiseau ; de nombreux noms d'oiseaux conviennent au susdit objet : san- sonnet (ri G.), merle, zizi, chouart, rossignol, bribri (Brest, -06), coucou, oiseau. Servent de même les noms de poissons ou simili-poissons, ex. : anguille, sangsue, d'où : « Il est en perm ; il dégorge son pimpeneau », dégorger par allu- sion à sangsue, et pimpeneau, prononcé nantais de pimperneau, Anguille des étangs saumâ- tres.

fouilleur, m.. Obus russe utilisé contre nous par les Boches, dont la chute rejette en arrière une grande quantité de terre ; 39® art., mai 18 ; I « le 210, dit « fouilleur », qui explose profon- dément en terre, fracassant les abris souter- rains », ASTRuc, Vie Par., 22-6-18. Cf. fouilleur. Charrue pour ameublir le sol sans creuser de sillons, hdt. Syn. : fouillard, m.,

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D. Syssém. : terrassier, m., Obus à fusée à retard ; 289^ inf., août 18 ; 40^ art., oct. 18.

four crématoire, m., Avion Voisin à moteur 140 H. P. Canton- Unné; aviateurs, 15-18; | Fantasio, 1-11-16, p. 234, c. 2-; Gu. Aér., 29-3- 17, p. 310, c. 1. Le mot fut créé en -15 à la suite de quelques accidents le feu, ayant pris à l'appareil, carbonisa le pilote ; des jalou- sies n'étaient pas étrangères à la fortune du sobriquet ; je n'enregistre ici que des viva- cités de langue, sans peser les réalités ; (cette remarque s'étend à plusieurs traits de mœurs, dont l'expression seule m'intéresse, secrétaire des poilus et non leur juge de paix) ; quoique l'expression ait pu désigner presque simulta- nément le moteur de l'avion en question et l'ensemble de l'avion, il vaut mieux renoncer au sens Moteur que j'ai signalé, g. e., 1-4-18, 447, et par suite à la métonymie du tout par la partie. Syssém. : marmite norvé- gienne, f., 1, Avion Renault, marque A. R., sorti en -16 ; aviateurs, -16- juill. 18 ; aux débuts de ce type, le pilote, soumis aux va- peurs de radiateurs surchauffés, se plaignait d'être cuit à l'étouffée ; or le type se trouvait sortir au moment de la campagne de presse,

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menée par exemple par M. Louis Forest, en faveur de la marmite norvégienne comme moyen de cuisine économique ; demeuré en service, il a été amélioré quant au refroidisse- ment. — 2, Tout appareil dont le moteur chauffe beaucoup ; R. G. Aé., -18. Même correspondance syn. dans ce texte : « ce fut un four [théâtral] auprès duquel le plus haut four du Creusot est réduit à des proportions de marmite norvégienne », anon., Vie Pur., 25-5-18, p. 465, c. 1. Cf. piano, apax : « As-tu vu le piano, comme il a dégringolé ? », à propos d'un avion boche tombant en flammes ; le ser- gent qui parlait ainsi, 81® t., mai 16, était sans lumières spéciales sur l'aviation ; c'était un bistro de Nantes ; piano, Fourneau, Cuisinière, donné dans ross., est usuel aux cuisiniers à Nantes comme à Paris. Cf. cuisine roulante. fourbitage, m., Fourbi, Affaire compliquée : « Quel fourbitage ! », Sale métier !, 81® t., -16, apax d'un Nantais. Je ne note ici ce mot que pour souligner l'emploi populaire de -t- pour former des dérivés commodes : maque- reautage, Métier de maquereau ; garouter, Cou- rir le garou ; bistrote. Débitante de vin ; cuterie, Histoire de cul ; sursitaire, Mis en sursis ; etc.

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fourchette, f., 1, Baïonnette ; 360^ inf., 14 -16 ; 80e t., 81e t., -16 ; divers soldats ; ] aga- THA ; A. F. (46® inf.), N. Contes vêr.^ 88 ; l. b., i6., 292 ; « C'est que les Allemands ont été cueillis « à la fourchette » suivant le mot d'un soldat, comme des escargots dans leur coque », anon.. Matin, 15-11-16, p. 1, c. 6; |I rig. ; 2, Assaut d'une tranchée : « Le capitaine commanda : Tout le monde sur le talus ! Allez-y à la fourchette ! <...> La fourchette ? Vous savez ce que c'est ? Non. Vous croyez que c'est la baïonnette. C'est un peu ça d'abord, mais c'est surtout la crosse, la matraque, les poings, les dents, la griffe, l'étranglement et la morsure, la saignée et l'assommade », m. b.. Contes per., 171; il « A la fourchette !», langage d'un ancien combattant de Sébastopol, dauzat, 16-4-17, 668. fourchette à escargots, f., Baïonnette, FAGus, 565. Avec escargots l'image est plus complète, ou la seule complète et première. Cf. tire-houchon.

fraise, f., 1, Figure : « la sale fraise qu'il avait, carrée du bas comme ces boîtes de singe an- glais )), Feu, 20-8-16 ; 2, Tête : « tant que l'on n'a pas pris l'obus « en fraise » », Expres- sions à la mode, Ver- Luisant, in Front, 16-2-17 ;

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3, Tout le corps : « Faut s'manier la fraise », ... Se hâter, Feu, 229. La face est rouge par pudeur, par santé, par ivrognerie ; syssém. : pêche, cerise, tomate. La forme de la tête et ses autres couleurs lui valent les noms de patate, betteraçe, courge, pastèque, olwe, cassis, grume (Dijon, -99 ; c.-à-d. Grain de raisin), citron, noix, pomme, poire (^) ; « Il a pris le quart d'eau en pleine poire », -18 ; Attraper un éclat d'obus « en poire », Feu, 234. Le passage du sens 2 au sens 3 se retrouve sous tomate : se manier la tomate. Se hâter, 19^ inf., -95 ; sous poire : Au repos « on ne prend pas de pruneaux en poire », PANTRUCHARD, 116 ; SOUS gucule i sc faire casser la gueule, Etre tué.

franco (passer), Ne pas saluer un chef au passage ; marins, -18. Franco, Sans payer, appuyé par la locution cest franc, Il n'y a pas à se gêner.

frère, m.. Individu ; 81^ t., 15-17 ; très gé- néral ; « Ce qu'il prend, le frère J », Il se fait amocher ; « tous ces frères-là » ; « l'autre frère » ; « le vieux frère »; |1 « ces frères-là », Echalote,

(^) Et probablement jadis * sorbe, d'où, par calem- bour, sor bonne.

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54 ; frère a le même sens vague dans gros- frères, Cavaliers de réserve, dlle. frère Mi- roton, m., même sens ; 81^ t., 15-16; | Feu, 15 ; Il frère Mironton, Nénesse, 55, 73, lOl, 117, 246, 255. S'emploient volontiers, et surtout, à propos de ce qui ne se conduit pas du tout fraternellement, un égoïste, un démerdeur, un cadavre, un Boche, un porte-monnaie vide.

fricot, m., 1, Métier de sybarite : « nous voila revenu dans les tranché et tu parle la boue ce n'est pas le fricot )), un soldat, 41^ t., lettre, 13-11-16; Il « Polochon rayonne. // a un fricot, un vrai fricot, un fricot d'homme de la classe, comme P<...> l'armurier, comme ?<••.> le cuisinier ; il a presque un fricot comme celui de B<;...>, le garçon de cantine », pawlowski. Polochon, 5 ; 2, Travail, Service, tout Ce qu'on fait : « Tous les jours, je fais mon petit fricot : c'est de soigner les deux canassons de tête de ma pièce », lettre d'artilleur, M. de Fr., 16-3-16, p. 377 ; cf. « Qu'est-ce que j'ai donc fait au fricot, ce soir ? », Je|n'ai pas de jeu, un boucher parisien, jouant aux cartes, mai 16. Substantif verbal de fricoter, i. Cuisiner, (ex. : « on avait tout chauffé [pris], sans y en laisser... à lui»., lui qu'avait fricoté [qui avait fait la

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cuistance] )), Gaspard, 71 ; ,d'où Nocer, Avoir

un bon emploi ; 2, Faire, d'où l'idée de Travail.

Le passage du sens 1 au sens 2 rappelle la

provection de sens de filon.

frigo, m., 1, Viande frigorifiée ; 81 ^ t., -15 ; I CHAJPËLLE ; 2, sobriquet d'un majot" aux

manières glacées ; 81^ t., -17 ; apocope de

frigorifié. D'où déguisé en frigo, Gelant de

froid, Pépères, 241.

frigorifié. Gelé : A, Souffrant du froid ;

81^ t., -15 ; marins, -18 ; B, Ivre ; D. ; gelé, Ivre, à Brest, -99.

Frigolin, m., sobriquet du soldat boche ; 289e inf., juin 18 ; en vogue, 130^ inf., oct. 18. Fritz, m., même sens ; à peu près général en -17, sauf aux territoriaux ; | paraud ; poi- LULOGUE ; Friedrick, m., même sens ; fa- raud ; Otto ; Ernest ; Michel ; d. Pré- noms boches fréquents.

îrigousse (en avoir). En être rassasié : M. « en avait « frigousse » » de faire l'exercice, ERLANDE/ Eu Campagne avec la légion étran- gère, 46 ; en avoir figous, En avoir assez ; D. De frigousser, Cuisiner, delvau. Manger, RiG. : *en avoir frigousse = en avoir soUpé ? froc, m., Pantalon ; Parisiens, 81® t., 15-16 :

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« Il chie dans son froc », Il a peur ; 40® art, -18 ; I agatha; Feu, 16, 113, 116, 188. Forme en muance avec frac, Habit de ville et de soirée.

frontard. Militaire au front : « je suis per- suadé que vous devez aussi bien vous plaire l'Arrière] sinon mieux que d'être frontard », un caporal, 81® t., lettre, 20-1-18; | « trois offic. frontards », Vie Par., 19-8-16, p. 632, c. 2. Cf. classard, couinard, flubard, fouillard, fuséard, groupard, popotard, téléphonard, trouil- lard, tunard, çachard, vasouillard, zonard.

froufrou, m.. Obus pneumatique de 74 boche ; Bourru, 172 ; de son bruit : « frou... frou... », ib., 174.

fuchsia, m., Vin : On a « bu le fuchsia », Feu,

58. Le soldat, aimant à ronchonner, discerne

volontiers teinte de fuchsine dans son vin ; de

fuchsine, il déduit fuchsia ; c'est une dérivation

par Tobjet interne. Il est vrai que c'est en

l'honneur d*un Fuchs, Bavarois, qu'un arbuste

a été nommé fuchsia, et en l'honneur d'un

^^ tienard, Lyonnais, (traduit en allemand Fuchs),

HL que la fuchsine a reçu son nom ; mais tant d'his-

^B toire n'est pas à la portée de tous ; il n'y a

^H donc pas, à confondre ces deux Fuchs, un ca-

Sftfi

lembour, mais simplement une étymologie po- pulaire. — Syssém. : coloro, m., Vin ; d. ; libre suffixation de coloré.

fumantes, f., Chaussettes ; 16^ chass., oct. 16 ; mécanos d'av^n^ Pau, mars 18 ; 156® inf., août 18. Syssém. : puantes, f., Chaussettes ; 16® chass., oct. 16 ; reniflantes, Chaussures, DELVAU ; fumerons, Pieds, (Jambes maigres, selon DELVAu). Toutes images olfactives ; (cf. gruyère, m.. Pied ; d.)

fuséard, m.^ Soldat lanceur de fusées ; D. m. p, fuséen, m., même sens ; D. m. p. Même suffixe -ard dans binoclard, m., Homme por- teur de binocle : « Cocon, le binoclard », Feu, 19 ; I D. m. p.; cf. frontard.

fuselage (sur le). Sur le dos, terme de com- bats aériens : « se mettre deux adversaires « sur le fuselage » », aviateur viallet, Gu. Aér., 10-1-18, p. 141, c. 1. On dit au même sens, sur le casaquin ; sur le paletot ; sur la mercerie^; et, syn. plus récent, voler dans le bénard à qqn, lui Sauter dessus, 289® inf., juin 18, le bénard étant le Pantalon. Le fuselage est comme la carapace du pilote.

fusil (du), m., du Courage : « Il en aMu fusil, le gars ! », Feu, 142. Fusil = Estomac,

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(Colle-toi ça dans le fusil /) ; or estomac = Cou- rage ; donc fusil = Courage.

fusil de rempart, m., Pièce d'artillerie lourde ; D. m. p.

fusil fou, m.. Fusil- mitrailleur ; c^^, fin 16- 18 ; son tir, 20 cartouches à la file, ou par saccades, fait penser à un fusil « devenu subi- tement fou », I. LACHAT.

fusiller. Démolir, Esquinter ; à propos d'avions, Miramas, Pau, -18 ; « fusiller un camion [automobile] », un conducteur, avr. 18 ; I « Vous allez m'fusiller ma bagnole ! », Feu, 106; Mousqu., 254; || « les caniveaux sont propres à « fusiller » les cadres [de bicyclette] », CATENOY, Fantasio, 1-9-11 ; syssém. : tuer, même emploi ; rapprocher aussi fusiller son pèse, Dépenser son argent, rig. ; fusiller de la marchandise volée, la Vendre à vil prix, Matin, 7-6-08. Syn. : nettoyer.

gabion, m., 1, Képi ; Ver- Luisant, in B. des A., .12-4-16 ; métaphore sur la forme en tronc de cône du képi du troupier. Syn. : pot- de-fleurs, qui offre le même schéma. 2, Ma- caroni gros et court : « On nous donne égale- ment beaucoup trop de gros et courts macaronis, appelés a gabions » par les troupiers », z, Armée

- 257 rnssiAULT 17

de La guerre, l'^3, article éciit vers juill. 15 ; métaphore|sur la forme du macaroni ; un ga- bion est àfpeu près un cylindre et il est percé aux deux bouts. 3, Gros homme mal habillé : « Cet adjudant aussi gros que court <;... ne se doute pas que...>> dans sa capote il est ficelé comme un gabion ^ », h. o. (5® art. à pied), N. Contes i^ér., 219 ; le fait est que beaucoup de gabions obstruant l'angle de deux barbettes rappellent le Balzac de Rodin, en mieux.

gâche, f ., Chance, Bonheur, Métier de sybarite ; 6®, 18®, 34® inf. et autres corps du sud-ouest ; ( « Au 81® d'infanterie pour exprimer qu'un homme est embusqué, on dit qu'il a la gâche », z. Armée de 1917, 315 ; « Les S. E. M. des sec- tions, les R. A. T., les conducteurs d'autos, les C. 0. A. ont la gâche, la gâche de lézard par rapport à tout le monde. Les cavaliers par rap- port aux artilleurs lourds, les lourds par rap- port aux canonniers de campagne, l'artilleur de 75 par rapport aux fantassins ont la gâche. Le cavalier dont le corps n'a pas été aux tran- chées par rapport à celui dont le corps y a été, le cavalier de tranchée par rapport aux che- vaux de frise ont une gâche. <•••> la gâche, la fine gâche... <<...> ; tous ceux-là par rap-

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port aux « divisions de for », celles-ci par rap- port aux aviateurs n'ont que des gâches I <C...> la vraie gâche », Poil et plume, (du 81® inf.), mai 16 ; « au fond ce serait le vrai filon, la bonne gâche, n'étaient le soleil et l'adjudant », lafage, Journ., 22-6-16. Mot usuel à Pau, Saintes, (dépôts du 18® et du inf.), etc.

gadiche (ramasser une), Choir ; 81® t., -15 : « avec les snow-boots on ne tient pas debout, le sergent en a ramassé des gadiches ! », un adjudant, normand ; libre suffixation de gadin. ramasser un gadin, Choir ; fantas- sins, mai 18; | « si j' n'avais pas agrafé la rampe, je ramassais un beau gadin », Feu, 21- 8-16; II ROSS. faire gadin- gadouille, Tomber de cheval, henriot. On dit ramasser un bou- chorit même sens, et gadin est traduit Bouchon par RASASSE et rig. ; mais ils ont pu l'extraire de la synonymie même ramasser un gadin «= ra- masser un bouchon (?). Gadin n'est pas de vieil argot. Quant à gadouille^ cf. : « Si vous êtes vêtus comme un provincial frais émoulu de sa cambrousse, on vous laissera à perpétuité, comme une pauvre gadouille, moisir sur la vieille cage à poules », juteux, 234 ; rappro-

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cher (?) gatouille, k faire disparaître des ca- bines de luxe les effets du mal de mer, l. Dau- det, A, fr,f 14-11-16, sorte de bouchon ?

gaîfe (prononcé gâfe)^ f., Garde : monter la gaffe ; 246® et 289® inf., 17-18, Parisiens ; gaffer^ Faire faction, est dans l'argot dès vi- DOCQ ; gaffre^ Sergent de police, dès 1455.

gaffer, Regarder : « Gaffe la belle gâcheuse ! », carte postale, sept. -16, dont Tavers présente une femme nue ; | se faire gaffer. Se laisser apercevoir par imprudence ; D. m. p. ; || « Bille de Bertillon, mets tes lunettes et gâfe ! », BONNOT, Tapache, billet à M. Bertillon, -13 ; gaffer, Guetter, vidocq ; Guette I, Regarde ! est usuel en Bretagne, Normandie, Berry, et l'était à Paris au 17^ siècle ; se faire voir ou zyeuter signifie Etre aperçu, et par suite Se faire prendre, rig. Dér. : gaffouiller. Regarder, Etre de guette ; 13® tir. alg., août 18.

Galeries Lafayettes, ; apax: « on a pris le « Saurer » des Galeries Lafayette et sommes à c't' heure au repos », pantruchard, 115 ; il s'agit de troupes relevées des tranchées. Saurer, nom d'une des marques de camions automobiles servant aux transports de troupes ; si ce camion ramène des Galeries (Lafayette,

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par queue romantique), et y conduit, ces gale- ries ne sont-elles pas les Tranchées, avec leurs couloirs et rayons, leurs sous-sols, leur bric-à- brac et leur confort ?

galetouse, f.. Gamelle ; 81® t., 14-17 ; ma- rins, -18 ; c'est la seule forme que j'aie enten- due ; I galetouse ; agatha ; D. m. p. ; gal- tose ; COHEN, 72 ; galtosse et galtousse, inf., Loraine, 14-15 ; galetos, 120 Court, in B. des A., 31-5-16 ; caltosse, 95® inf., -18; |1 galetosse, soldats genevois, Schw. Sold., 72 ; galtos. Ga- melle des marins, rig. J'y vois une forme vieille substituée à galettière, Plat à galette ; le suffixe -ouse était fort aimé de l'ancien argot.

galetance, f.. Gamelle ; d. ; suffixe d'après béquetance.

gamelle (ramasser une), A, Tomber en rou- lant (de bicyclette, par ex.). S'étaler par terre avec de l'élan ; 81® t., -14 ; divers soldats, 17-18 ; Il usuel aux écoliers, Châtillon-s-Seine, -08.

Syssém. : faire caisse, Tomber de cheval ; HENRioT ; on retrouve ce syssématisme de gamelle et caisse dans en faire une gamelle, ou une caisse, voir ici déculottée. B, Subir un échec (militaire) ; soldats, -18. Voir ici, manche, des syn. comportant le verbe

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ramasser. L'idée de gamelle semble dérivée de tremper une soupe, Donner des coups, rig.

gars (prononcé ga), m., 1, comme sujet ou complément, Homme : « les gars de la » ; usuel et universel ; 2, au vocatif. Cama- rade :« mon gars ! », « Eh ! le gars ; « p'tit gars !», Mon cher !, assez usuel au 81^ t., 14-17, même entre territoriaux, même de la ville de Nantes et de classe aisée. Remplacé dans les contingents parisiens, emploi 1, par mec, « les mecs de l'aviation », emploi 2, par pote, « mon pote ! », « Eh ! les potes ! », apocope de poteau.

gaspard, m., Rat : « La tribu des Gaspards », ALBIN, Bêtes nuisibles, in B. des A., 6-9 fév. 16 ; CHAPELLE ; V. du p. ; Il RIG. l'a déjà, en le notant jargon de chiffonniers. Gaspard, rat apprivoisé légendaire à la prison municipale de Lyon : passer la nuit açec Gaspard ; de VISA^, in d. Gaspard I, cri d'un paysan qui, la nuit, voulait faire croire au diable par un tintamarre préparé, Issoudun, -76, Int. des CL, LXXIV, 186. C'est à Dijon que fut élevé L. Bertrand, (1807-1841), l'auteur de Gaspard de la Nuit.

gaspiller, Amocher, Tuer : « Soudain, dési-

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gnant d*un geste large l'espace en avantf^de son poste, devaient se trouver, selon lui, les Boches, il dit : Ah ! mon vieux ! on va les gaspiller ! )), VALMY-BAYSSE, Joum., 12-11-16. Idée de Mettre en miettes comme pain gas- pillé. — gaspillage, m., Amochage ; Pépères,B9.

gaufre (ramasser une), Choir ; henriot. En effet on se relève la figure mâchée, compar- timentée de crevasses imprimées ; cf. moule à gaufres, Visage troué de petite vérole.

gautier, m., Pou : « Si chaque homme aurait un hamac, on n'aurait pas de gantiers », 81® t. -15, apax ; 2^ c^^, oct. 17 ; la famille Gautier les Poux ; c^', -18. Suffixation libre, ca lembourisant avec un nom d*homme, sur gaut Pou,cjui est ancien, (mal orthographié, parfois go : « les gos », Feu, 9).

gaz (boîte à), f., Boîte à cagoule ; d. Par ellipse du mot déterminé : gaz, m., même sens : le gaz ; mes gaz ; d.

gazer. A, Fumer ; 81® t., -16, rare; | « Pour Gazer », c.-à-d. Chapitre tabac, poilulogue ; D. m. p, ; Il usuel à Paris et à Nantes, -94 : « Il passe son temps à gazer » ; gazer une sèche, Fumer une cigarette ; locution simplifiant l'idée de faire des gaz, de la fumée ; B, 1, Aller

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vite et bien, en parlant d'une machine à mo- teur à explosion : « une bagnole qui gaze », une « gazeuse », une Bonne auto, marce'l, Journ., 21-6-15 ; « Une demi-heure plus tard nous gazions de nouveau sur la route », ib. ; « Et quand il est dans l'zeph, ça gaze ! », musidora ; mettre, ou lâcher les gaz, Forcer de vitesse (en auto) ; 2, Aller bien : « Ça gaze ? », Ça marche bien ?, un chauffeur parlant d'un feu de bois mort, déc. 16 ; « Le chef de gare a mis sur ma perm le tampon du six au lieu du tam- pon du cinq, ça gaze ! », un artilleur nazairien, nov. 17; I « Ça gaze ! », celval et charley, titre de revue jouée à Ba-Ta-Clan, sept. 16 ; « La voilà... mon idée <C---Z> H n'y a qu'à prendre l'avion-canon. J'ai appris le manie- ment du joujou à l'Ecole de tir aérien... le quartier-maître Plobanalec, son pointeur, est en permission... Ça gaze !... Dis-en un mot au capitaine », nadaud. Liberté, 10-12-16 ; « Allô ! nacelle. Comment va là-haut ? Ça gaze ? », MicROMÉGAS, B. des A., 28-11-17, dialogue du sol avec l'observateur d'un captif ; 3, Aller fort. Etre dangereux ; soldats, -17; | « ça gaze toujours un peu dans le secteur <;...>> Et si le cuistot vous dit : « Ça va gazer », c'est que ça

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va barder », chapelle ; « le pastis, c'est l'en- droit où ça chauffe, ça gaze », rocher ; « Ca gaze, ça barde. Quand il y a du travail ou du danger », V. du p. ; on peut voir dans ce sens 3 une influence des verbes syn. ça chauffe, y a de la pression, ça prend feu ; mais une simple extension du sens 2 a suffi ; à preuve le syssém. : il y a de rallure, du Dan- ger, D. ^

gazouiller. Bien marcher, en parlant^d'un moteur : « C'était une bonne auto, elle ga- zouillait », un 2d-m® électricien, nov. 17 ; | d'un projet : « pour que ça gazouille », Mousqu., 20. Deux explications possibles : A, Dérivé de ça gaze ; le suffixe -ouille se retrouve en cent dérivés de la ipême acabie,p. ex. « Le ballonnet vasouille, est vasouillard », Le ballon-sonde est « vaseux », va et vient sans marquer de "vent bien établi, météorologues, -17, propos de son- dages aériens ; dans ça gazouille la dérivation est fantaisiste en ce qu'elle évoque un verbe de sens étranger au sujet ; cette explication est très Satisfaisante, car, parallèlement, à côté de ça gaze. Ça pue (notamment à propos de merde), 46® inf. et 63® art., 17-18, on entend aussi ça gazouille, Ça pue, 46® inf. et 63® art., 17-18,

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usuel dès -81, rig. (avec texte de Zola) ; dans ce second couple le sématisme de Puanteur est sans doute extrait du gaz d'éclairage comme le croit RIG. ; la|fantaisie calembourique est la même dans les deux cas, avec cette grâce, dans le second, de souligner le contraste entre une puanteur morne et un chant ailé ; B, Ça gazouille se disant, c'est un fait, d'un bom- bardement intense par obus de calibre moyen qui vous passe par dessus la tête, soit obus boches cherchant nos batteries, soit 75 arro- sant la ligne boche, aurait pour syssém. : mur- murer. Mener grand bruit : a Ça murmure. Ils en mettent, les saL..!y),Cri de P,, vers juill. 16 ; « Ca murmure. Quand on pressent le dan- ger », V. du p. ; ronfler, même sens : « Il est venu ronfler )),... Faire de la rouspétance, un artilleur, 10® art. 1., -17 ; « Le vin ronflait »,... Coulait à flots et échauffait les têtes, 81^ t., -17. gendarme, m., Fokker, avion boche de chasse ; aviateurs, mai 18; | montgeorge. Le militaire qui circule en auto dans les .zones limitrophes du secteur de chaque armée voit, presque à tout carrefour, surgir un gendarme qui demande les papiers d'identité ; de même l'aviateur qui veut franchir les lignes voit sur-

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I

gir un, plusieurs fokkers, pour lui barrer la route j plus précisément, peut-être, Taviateur de chasse étant un chasseur, terme reçu, l'en- nemi qui le traite en braconnier est son gen- darme ; cf. fokker. Syssém. : CUrieux, m., 1, Eclaireur ; et 2, Avion en reconnaissance ; LAMBERT ; D. 171. f. ; 3, Obscrvatcur dans la tranchée 5 DÉcn. ; pas plus que gen- darme^ ce nom n'est un plat éloge de leur vigi- lance, puisque le curieux est pour les meçs dé- brouillards le nom du Juge d'instruction.

général, m., Vin : « Mais les poilus, les vrais, un peu dégoûtés de voir que les civils leur ont chipé ce mot de pinard, viennent de donner un nouveau^ nom à leur compagnon fidèle... et liquide, qui chaque jour les réconforte et les réchauffe. Le pinard, ils l'appellent mainte- nant : le général », Vie Par., 21»4-H7, p. 349, c. 2. Le vin est le moral ; être dispensateur de moral est le rôle légitime d'un chef.

genoux- creux, m., Fainéant ; agatha ; « les genoux-creux (les embusqués) », rocher. Le craquement des genoux, (cf. craquer des ge- nouXf S'agenouiller, Nénesse, 91), empêche de marcher, et c'est le symptôme des genoux- creux ; cf. cheveux creux, et poilus (pieds).

J67

gentillesse, f., Courtoisie élégante : « Vous savez, ajoute Barrés, le grand mot qu'un soldat de Verdun a dit. Il l'a dit à un Suisse, à Ben- jamin Valloton, esprit sérieux et noble, digne de recueillir une telle déclaration. Ce simple soldat a dit : « Nous croulons qu'il y ait encore de la gentillesse dans le monde. » Gentillesse, c'est un vieux mot qui désigne les qualités courtoises et nobles qui font que la vie vaut la peine d'être vécue », A. fr., 31-3-17, p. 2, c. 5.

géo, m., Service géographique de l'armée ; 20® son Je secrétaires d'Etat-Major, 22^ C.O.A., avr. 18; Il usité avant -14. On ne dit pas le S. G. A.

gercer la tomate, Amocher la figure ; zouaves, avr. 18 ; « se faire gercer la tomate », Etre tou- ché à la tête, zouaves. Syssém. -.faire saigner la pastèque, Frapper à la figure ; V. du p.

giclée, ï.. Décharge d'une mitrailleuse. Mi- traillade : « Sitôt qu'un boche traîne son ventre à mille mètres en dessous, descente verticale, et en arrière, à bout portant, tu lui déverses une « giclée » », daçay, Journ., 10-10-16 ; « je lui envoyais une « giclée » dans son moteur », DORME, lettre, 14-7-16, in Gu. Aér., 23-8-17 p. 653.

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glinglin, m., Obus, surtout de gros calibre : « Quand les gros glinglins nous tombaient des- sus », adj. Steininger, Nancéien, arrivant du 41^ t. au 81^ t., juin 17. Glinglin, Timbré, Tapé, Marteau, Un peu fou, « être glinglin » usuel à Paris, dès -08, me disent des témoins (qui ignorent le sens d'Obus) ; glinglin, m., Indi- vidu lent au travail, Pleurtuit (C.-du-N.), dès 1900 ; à la saint Glinglin, Jamais ; 81^ t., 14-17 ; « Penses-tu qu'on aura la paix ? Oui, mon gars, à la saint Glinglin » ; jusqu'à la saint Glinglin, Indéfiniment, A perpétuité ; locution « de vieil argot faubourien de Paris », me dit un Parisien ; usuelle à Dinan (C.-du-N.) dès -90, sinon -85 ; très usuelle au 81^ t., 14-17 ; se lit dans Philibert, 277 ; Gaspard, 290 ; à Couéron (Loire- Inf.), -05, on prononce saint clinclin ; le 19^ inf., -95, parlait de la saint trou du cul comme on vient de voir parler de la saint glinglin, qu'il ne semblait pas con- naître ; on parle aussi de la saint- saucisson : « r nous jamberait avec ça jusqu'à la Saint- Saucisson », Feu, 133. Tout cela donne à penser qu'un gros obus, qui chemine lentement, mérite le nom de glinglin, qui signifie Lenteur ; et que ce nom, signifiant aussi Sottise, a pour

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syssém. trou du cul. Reste à trouver un mot, (terminé en -glin et donnant glinglin par apo- cope à redoublement ?), dont le sens convienne aux divers sens de son dérivé.

gnole (o bref, ouvert ou peu fermé : corps du nord-ouest, 81^ t. par ex. ; long, ouvert : sol- dats de langue d*oc ; long, fermé: Dauphinois, Lyonnais, et la majorité, non l'unanimité, des Parisiens et parisianisés ; long et bref concur- remment en Chatentes avant -14), f.. Eau-de- vie ; apparu au 81^ t. entre janv. et juin 15 ; universalisé dès -16, d'autant plus aisément que Talcool est en campagne une « distribu- tion » ; I « gniole », Petit Echo (18^ t.), 28-2-15 ; « guyole )), HENRioT ; « gniaule », Journ., 12- 1-17, p. 2 ,c. 1 ; z. Armée de 1917, 238 ; « gnole », Cabaret, 458 ; « gnolle », bringer, M. le Vi- comte, 112 ; Il avant -14,inconnu dans la ma- rine, témoins marins 17-18 ; usuel à l'inf. c^^% témoin un ex-colonial adjudant de carrière en oct, 14 ; connu en Normandie, d. ; en Cha- rentes ; introduit au 160^ inf. (Lorraine, Cham- pagne, Paris), entre -09 et -1^, m. protat ; connu « depuis très longtemps » de f. buta- VAND comme' usuel en Champagne et à Lyon ;

ancien à Grenoble, plusieurs témoins ; fréquent

«

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dans les pièces du guignol à Lyon, l. sambar- DiER ; usuel au lycée de Bourg, -94, ; au lOe inf. Auxonne), -86, InL des CL, LXXIII, 274.

Sens figuré de gnole, Taloche^ gnolle » RiG. ; « gnole », larchey avec texte du 18® s.), apocope de torgnole. (Cf. gnole, Chapeau de femme, noter, apocope de bagnole). De nom- breux noms du Horion passent au sens Coup à boire : en français classique, coup ; ici, coup de coude ; taloche sous le nez, voir ici ruche ; - pichenette, Eau-de-vie, à Nantes, Hennebont, 11-18 ; pichenet, Vin ; rig. ; uppercut, m., Eau-de-vie ; d. ; (du terme de boxe) ; jecte, f., Coup à boire ; c^Vl8 ; (du brestois jecte. Coup, en tous sens du mot coup) ; choueille, étudié ici ; re^oher, Vin, dans sauce re^oher, Sauce au vin.

Ce sématisme national engage à expliquer corniflot par cornanche ; zigzorniffe par mor- nifîe, Coup au visage, chevauchant zigzag, Ivre ; pichte gorge par * pichenette- à- gor ge.

On passe de * boire une gnole à boire de la gnolê aussi aisément que de boire Une goutte à boire de la goutte. Les Parisiens et les Lyon- nais passent de gnole bref à gnôle long, aussi

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aisément que de vélodrome, économe, atome, pote (Camarade), gaffe (Guette), à i^élodrôme, économe, atome, pôle, gâfe ; cf. knop = que- naupe (^).

gobi, m., Camarade (au vocatif seulement ?); (( Un noir rencontre un blanc ou réciproque- ment : ils se disent Bonjour Gobi, ce qui si- gnifie Bonjour camarade », i. lâchât, août 18 ; I « le noir à qui l'appelle Gobi » répond ami- calement, à qui l'appelle Nègre il répond avec sa matraque, fagus, 564. Arabe qebiK (prononcé q{g)obi). Méchant, Mauvais, Inso- lent ; apporté au front par les Noirs.

godasse, f.. Chaussure de cuir ; 81® t., 14-17 ; très usuel et très général : « R'biffe pas : j'te

(^) L'eau-de-vie est un jus rebouilli, (cf. ra^ignole. Récidive), et concentré, (cf. espagnole, Jus concentré, LiTTRÉ) ; elle enivre, (cf. gavignolle. Ivresse ; H^-Maine) ; elle fait chanter, [cî.rossignoler, Chanter) ; elle assomme, (cf. égnoier. Assommer) ; elle achève un repas, (cf. fignoler, Parfaire) ; elle rend niais, mou, {gnole) ; elle embrume la tête, (cf. niôle, Brouillard, à Lyon, en Jura ; mais l'alcool est, dès longtemps, du chasse- brouillard, de Veau pour les yeux, et on n'a pas signalé de phrase l'ivrognt fût *dans la gnole). Toutes ces associations d'idées sont relativement peu satisfaisantes.

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fous ma godasse su' la gueule ! »; | paraud ; AGATHA ; PoiLULOGUE ; « Ics godasses vernies », Bicard, ii, 17; || usuel à un étudiant ancien élève des Arts-et-Métiers, Meaux -06 ; aux élèves du lycée, « ma godasse droite et mon cro- quenot gauche », Reims, -06 ; aux 106^ inf., 25e art. et E. N. T., Mourmelon, -07 ; aux Arts-et-Métiers, Angers, 10-14; || syn. de Sou- liers « le plus récent et le plus spécifiquement militaire », soldats romands, Schw. Sold., 68 ; avoir les godasses à bascules, Etre ivre ; FAGUS, 564 ; avoir pris ses souliers à bascule, génie, -18 ; litote qui excuse l'homme ivre de ne pouvoir tenir debout, (cf. « les Allemandes ont les talons ronds », On les fait aisément tom- ber sur le dos, Paris, 1900). Libre suffixation de godillot, Soulier du troupier ; (et non de godet, comme croit sain.) ; le genre est changé par l'effet du suffixe; cf. cicico, m. >► cicasse, f.; trac, m. > traquette, f., Peur. Autre suf- fixe : godaille, f., Soulier ; d.

De godasses, m. ou f.. Gothas, avions de bombardement boches ; se répand dans Belle- ville, entre le 2 et le 11 mars 18 ; usuel dans Paris, fin mars ; à la R. G. Aé., juin; | enre- gistré entre guillemets par hervé. Victoire,

-. 273

KSNAULT 18

10-3-18 ; « n*est plus tué par les Gothas ; on est mort dans un accident de godasses », MARCusE, Pays, 24-3-18 ; chevauchement de gotha et godasse à unique fin de calembour.

godet, m., Verre à boire : « à pleins godets », Feu, 21-8-16.

godiche, f.. Fièvre ; divers coloniaux, -18 ; | DAUZAT, mai 17, 486 ; \\ Fièvre paludéenne ; légion étrangère, Maroc, -12 ; usuel à la vieille inf. de marine, Intransigeant, 12-7-18, p. 2, c. 3, 14-8-18, p. 2.

goéland, m., Affamé ; marins, 2^ c^^, -18. Syssém. : gabian, m.. Gosier ; coloniaux mar- seillais, -17 ; D. ; gabian, autre nom du Goéland ; dans n. la traduction est Cou, et Fétymologie tirée de la grosseur du cou du goéland. On a bien ici une métonymie nom- mant une partie de l'homme par l'animal cette partie est caractéristique ; mais le propre du goéland est d'être un gosier affamé. Cf. tarin, Nez, parce que l'oiseau tarin a le bec conique et fort ; colimaçon, Tête, en tant que rétractile.

gorge (pour la), A boire (et du bon) : « Pour la gorge », c.-à.-d. Chapitre boissons, poilu- LOGUE ; « vous n'auriez rien pour la gorge ? »,

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1

Feu, 58. Cf. (eau) pour les yeux, Eau-dc-vie.

gorgeronet, m., Petit coup de vin ; soldats de Seine-et-Marne au 246^ inf., 17^ c^e, avr. 18. gorgillon, m., même sens ; 130^ inf., -18.

got, m., Gendarme ; fagus, 563 ; je ne con- nais pas ce mot autrement. Apocope de sergot, et extension du sens Sergent de ville comme sous flic. (Il est insoutenable que gant, Pou, soit « une abréviation de sergot (sergent de ville) », comme le dit fagus, ib., ni de pégot. Pou, que donne ross., ni de espingo, Espagnol ; gaut apparaît en France dès 1628 et se rattache au fourbesque italien gualdo, daté 1472).

goudronneuse, f.. Cuisine-roulante ; d. Syn. et syssém. : bitumeuse, f., d. Méta- phore prise de la forme et de l'allure de ces engins urbains. Image voisine : torpilleur.

gourbi, m., Abri sommaire aux tranchées ; peu usité au 81^ t., 14-17. Extension du sens Baraquement, qui est officiel ; « Si les ressources locales en cantonnement sont insuf- fisantes, elles [les troupes en campagne séjour- nant assez longtemps en certains endroits] auront quelquefois à construire par leurs propres moyens des abris plus confortables que

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les abris de bivouacs, savoir des] gourbis ou baraques », Instruction sur les travaux de cam- pagne, approuvée le 21 décembre 1915, 204 ; suivent les §§ 406-411 sur les gourbis, 411-414 sur les baraques. Pris de l'arabe ; cf. chouya.

gradient (avoir un ballonnet dans le), Etre timbré, en parlant d'un météorologue ; mé- téos, fév. 18. Sous le couvercle des cieux, analogue à un crâne, le gradient, quotient de la distance géographique de deux stations par la différence de leurs pressions atmosphériques, exprime la pente aérienne des surfaces iso- bares ; le ballonnet en question est le ballon- sonde de caoutchouc qui sert aux sondages aérologiques ; syssém. : avoir un hanneton dans le plafond.

grainetier, m., Météorologue affecté à un « poste de grains », c.-à-d. à une petite station de météo surveillant les « grains » atmosphé- riques ; école de météo, avril-juill. 18.

graisse de chevaux de bois la), Qui ne vaut pas cher : « des boniments à la graisse de chevaux de bois », ...Idiots, 46® inf., 63® art., 17-18. C'est une graisse purement illusoire, et le sématisme vient de là. Illusoires aussi la graisse de parapluie et d^ombrelle : « des

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phrases à la graisse de parapluie », du Bourrage de crâne, journalistes, Paris, -03 ; « toutes sortes de pépins à la graisse d'ombrelle », même sens. Cabaret, 459 ; et même celles de héris- son, (voir mords) et de hareng saur : « un fourbi à la graisse d'hareng saur »,... Ridicule, 63® art., mars 18. Par un jeu exagéré de succédanés, on arrive même à employer au même sens la graisse d'oie, « un perco à la graisse d'oie », PANTRUCHARD, 117 ; et aussi la peau de toutou, « nous la faire à la peau de toutou », Gaspard, 157.

graisseux, m., A, Cuisinier de compagnie ; très usuel au 231® inf., 14-16 ; | Feu,2i. B, Armurier de mitrailleuse ; déch.

grand mère, f.. Canon de 400 : « nos 400, ceux que nous avons baptisés les grand'mères », Journ., 29-9-16 (3® éd.), p. 1, c. 6. Idée de Grosseur respectable. Cf. quatre cent-vingt.

grand père, m.. Vieux ; usité au vocatif, par ceux de l'active, à l'adresse d'un de la territo- riale, 14-18. Le Capitaine de la compagnie étant couramment nommé le vieux, et le Colonel étant le père du régiment, le père de tous ces vieux, le généralissime, Joffre dans l'espèce, a pu s'appeler le grand-père, au témoignage de

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D. m. p. et des journaux de -15 ; mais il faut observer que mon çieux, l'Officier dont je suis l'ordonnance, signifie en réalité mon Patron, est du style de valet de chambre, et cesse de signifier l'âge ; c'est l'histoire de mon seigneur.

gratouillette, f., Démangeaison (produite par les poux ou la gale), henriot. Gratouille, Gale, DLLE ; suffixe -ette, cf. traquette, f., Trac, (Peur), LEFRANC, Pet. Journ., 2-8-15.

gravelle, f.. Corvée (?) ; apax : « Le temp passe plus vite qu'a la section et il n'y as pas de gravelle », texte, complet, d'une carte postale adressée de Courbevoie, 17-10-16, à un « bri- gadier-marcassin )) ; terme inconnu dans les divers corps j'ai enquêté ; « Corvée », tra- duit G. TURPiN ; (( entendu rarement », ajoute-t-il.

Grêle- à- Mort, f., Mitrailleuse ; ou sobriquet individuel d'une mitrailleuse ? apax : « Et y [ce pilote] se sert de mam'zelle Grêle- à- Mort.,, pas comme d'une seringue... Mam'zelle Grêle- à-Mort ? quoi c'est ? Faut-il que vous soyez tourte !... C'est sa mitrailleuse, pardi !.., C'est un p'titTnom d'amitié que j'iui donne comme ça », RICHARD, Deux « as » de r A. A, 0. [... de l'Aviation de P Armée d'Orient], Pet. Par., 14-5-16 ; propos de soldat aviateur.

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grêllère, f., Mitrailleuse ; apax : « Je Tap pelle aussi « Balle-aux-Boches », la « Grêlière » « Moulin-à-poivre » », suite du texte ci-dessus L'image de Grêle s'adapte assez topique ment à celle d'une mitrailleuse nubicole ; -ière suffixe de machine ; cf. gré/ier, 1, (vi^ux fran çais), Qui a rapport à la grêle ; 2, (en 1752), m. « Pièce d'artillerie qu'on charge à mitraille »

HPT,

grelots (avoir les), 1, Avoir un accès de foHe scène de manille : « Allez, joue. Trèfle... Dis, t'as pas les grelots ? J'en ai cinq en main.. et elle passe », boulanger, Les Crapouilloteurs. Est- Républicain^ 20-8-16, c.-à-d. que le joueur a hasardé une manille, sixième avec les trèfles de son partenaire, et qui ne réussit que par extravagance ; de grelotter, Aller un train de fièvre et de déraison ; « N. m'a dit que... ; je lui ai répondu que... ; M., alors m'a répliqué que... ;'^quand je suis parti, ça continuait en- core àjgr^^^**®^ ^^ •"-•a discussion continuait encore, passionnée et confuse, un sergent, Nantais, mais voyageur de commerce, contant une scène orageuse entre ses escouades, 81® t., -15. 2, Avoir un accès de peur ; 81® t., -16 ; 109® inf., 16-17 ;40® art. ,-18 ; | « La première

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fois qu'on va au feu, il est permis d'avoir les grelots, mais jamais d'en jouer un air », agatha ; « Dis donc, ça descend bougrement, vous ne trouvez pas ? fait Blaire. T'en fais pas, vieux panneau, raille Pépin. Mais si t'as les grelots, tu peux nous laisser tomber », Feu, 217 ; selon un soldat, açoir les grelots, c'est « grelotter de la bouche », Int. des Ch., LXXIV, 134 ; Il Paris, avant -14. Cf. açoir les grêlons, les grolots, sous grolles.

« Dans plusieurs des villages du pays de Montbéliard et dans ceux, limitrophes de notre territoire de Belfort, <...> on dit couram- ment : Il a les grulottes, ou plus exactement : El ait les grulattes, pour « il tremble, il a des frissons », soit de peur, soit de froid, soit de fièvre », j. l., Temps, 4-11-16. Oui, ai^oir les grelots équivaut à grelotter, mais entendu que grelotter signifie Avoir en tête les grelots de la fièvre, qui ne sont autres que des Grillons. Formes diverses selon les temps et les régions, grelot, grilot, grillet et grésillon, tous syn. de Sonnette, grésillon, grillet, grelet et grillon, tous noms du même Insecte sonore, font un seul radical ; d'où grelot = Fièvre ; ex. : « quemands [Mendiants] et belistres [Gueux] -<...> se sal-

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paudrant [poudrant de drogues] les jambes pour mieux trembler le grelot », Nouvelles de la lune, la suite de la Satire Ménippée, éd. Labitte (1883), 345) ; et grillon = 1, Idée fiévreuse (d'amour), des périers. Nouvelles, cxxvii ; 2, Petit camarade pour qui on ressent une amitié spéciale ; collège de Lan- gonnet, -90 ; cette véridique équation du Grillon et de la Fièvre, un habile observateur Ta aussi notée : Gaw, blessé, balbutia : « Les yeux de Gaw sont obscurs, ses oreilles sifflent comme des grillons ! », rosny. Guerre du feu, 171. Bref, - avoir les grelots n'est pas premièrement Avoir peur, comme définit le V. du p., mais Etre affolé. Syssém., autres noms d'insectes bruyants : avoir le bourdon. Etre ennuyé ; V. du p. ; hanneton. Idée fixe morbide ; veson.

J'avais indiqué cette étymologie, g. e., 1-4-18, 428 ; j'ai reçu de deux combattants la même protestation : les grelots qu'on a se- raient des Gringu'enaudes séchées à l'entre- fesson du poilu et attestant qu'il a eu la chiasse. Sans m'attarder à chipoter cette image vi- suelle, elle nécessite que le poilu « ait eu » la chiasse et ne V « ait » plus, ce qui contredit le

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sens même, le plus usuel des deux sens, d'apoir les grelots, et n'explique pas l'autre.

Dans l'usage moderne général grelot ne s'en- tend qu'au sens de Sonnette. L'image de son- nette aussi sert, directement, à exprimer la peur : battre la drelingue, Trembler, Etre vio- lemment ému j LAMBERT ; D. m. p. ; drelin- guer, Avoir peur à force de désirer fiévreuse- ment ; D. m. p. ; « j' drelinguais qu' a veule pas )), Je tremblais qu'elle ne consentît pas, FeUj 77 ; drelin est l'onomatopée du son d'une sonnette : « les drelins d'une sonnette », HDT ; le suffixe -ingue, cf. çaldingue, s'est substitué à la terminaison naturelle de dreliner ; quant à battre, c'est le verbe du pouls qui hat la fièvre.

Un chapitre voisin, dans cette entomologie poétique, est celui des insectes non bruyants qui expriment eux aussi la Folie, mais par l'image de piqûre et de rongement, le bigot ; le hredin ; V araignée ; le cafard ; V asticot (qu'on a dans la noisette, dans la Tête, ROSS.) ; le cosson, qui est, selon les provinces, le Rongeur, ou du blé, ou du bois de chêne, ou des pois et lentilles, et de qui dérive la COSSe, f., Flemme, Paresse, nom usuel, général, nou-

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veau, mais antérieur à -14, d'une maladie vieille comme l'homme, celle d'être piqué du cerveau comme un bois cossouné ; le malade est dit cossard, Fainéant, Flemmard, terme très usuel et à la mode depuis au moins -05. Cf. mar- gouillat, Cafard dans le plafond du colonial en Cochinchine ; marins, -18 ; le lézard mar- gouillat court aux plafonds des cases.

grelu, m.. Troupier haut-alpin : « Le Grelu, Organe du 159® d'infanterie, régiment haut alpin », titre du 14, 30-5-16 ; « Les bérets noirs de nos Grelus », ib., p. 4, c. 1 ; « Le Boche à l'assaut de Verdun, Lance ses troupes de plus belle. Mais pour rompre l'effortFdu Hun, C'est le Grelu que l'on appelle <•..> Tant que les Grelus sont de garde, Tu n'auras pas le fort de Vaux », ib., p. 5. Mot de la région lyon- naise : Des traîne-grolles qui n'ont sur eux que pilliaudres et pattes, « sont ladres, et grelus, et mal appris, et ne font que chapoter, et faire du tapage sans rime ni raison », e. t,, Nouveaux péchés, 66 ; sobriquet, syn. de Rustaud, accepté et glorifié par les Hauts- Alpins. Grelu est tra- duit par Médiocre dans dlle, F.- A. ; cf. un grollu, un Officier supérieur, Schw. Sold., 69.

grenade, f., Bouteille de vin ; artilleurs, p.

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Grenades et vin de luxe se doivent -porter comme le bon-dieu.

grignolet, m., Pain ; 231® inf., -15 ; | Feu, 117 ; brignolet, m., Pain ; fantassins pari- siens, 14-15 ; Il brignolet, Pain ; rig., avec un texte. Dér., parisien sans doute, de grigne, usuel à Paris dès 1718, 1, Fente dans la croûte du pain bien cuit, 2, Couleur dorée de cette croûte, ou de grignon, Morceau de pain cro- quant, Morceau de biscuit ; suffixe -olet, cf. guignolet. gringue, m., Pain ; 231® inf., -15 ; 40e art., -18 ; | Feu, 21-8-16 ; « ou qu'est r « gringue » ? », p'tit gars ; || rig. ; suf- fixation libre ne gardant de grigne que le radical gr- ; cf. çaldingue.

griller, 1, Devancer : « Commençons [pour trouver des civils qui veuillent bien nous rece- voir à faire popote] par là-bas tout de suite [par l'autre bout du village nous entrons] ; sans ça, nous [qui arrivons derniers] s'rons grillés ! )), Feu, 71 ; 2, Surpasser : « Moi, j'ai bien chapardé quèqu' petits machins par-ci par-là, -mais qu'est-ce que c'est qu'ça ? Les sapeurs, i' m'ont toujours grillé pour la chose du fauchage, alors quoi ? On a beau faire c* qu'on peut, on est toujours grillé par quel-

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qu*un », ih,, 192. D'où faire la grille a qqn sur qqch., le Surpasser : « Mon petit cousin Pierret me faisait la grille là-d'ssus [quant aux soupçons d'espionnage], Feu, 20-8-16. Sys- sém. : brûler. Cf. nettoyer.

grimace (barbaque à la), f.. Bœuf de con- serve : L'homme de soupe annonce « à la façon (Tun camelot » : « Potage chinois, barbaque à la grimace, et primeurs d'Italie ! ou si vous préfé- rez, en bon français à l'usage des « péquenots » : Riz à l'eau, singe à l'eau, macaroni à l'eau » ; le tout se mange dans de la « porcelaine éta- mée », p'tit gars. boîte à grimaces, f.. Boîte d'endaubage ; d. La porcelaine étamée est la vaisselle de fer. Le riz, accusé de paraître trop souvent, est déguisé d'un nom plus con- forme aux goûts français. La culture maraî- chère du macaroni en Italie est notoire. Cf. langouste de caillou. Bœuf en conserve ; d. Par une ironie analogue, nos prisonniers, au camp de Gœttingen, nomment légume bien tendre le Hareng ; le hareng-saur est en cui- sine l'antipode des petits pois de primeur, qui sont « un légume bien tendre », chanson con- nue ; D. regrette trop gravement de n'avoir pu « identifier » le « légume » nommé « hareng ».

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Quant à cette viande grimacière jusque dans la boîte l'industrie la comprime, c'est le singe ; Etre de méchante humeur et ne pas tenir en place se dit a^oir mangé du singe, Ross.; de même Mercy, quand il est de soupe, ne manque pas à crier « Bê, ! », s'il rapporte du moution ; cf. « les valeurs à turban », les Fonds turcs, coppÉE, Longues et brèches, p. 40, C. 2. singe, m., 1, Bœuf de conserve ; universel; || dès -95 au bas mot; || jusqu'en Suisse ; Schw. Sold., 68 ; les indigènes du Grand-Bassam man- geaient dujsinge boucané ; nos troupiers, sous Faidherbe, usèrent de cette ressource locale, Cri de P., 25-7-15 ; du jeune singe est « la base de tout vrai foutou [plat national du Baoulé] », BARATiER, Epopées africaines, 63 ; le sématisme de ce mot importé par l'infanterie de marine est que la viande de conserve, vivres de réserve en principe, est sèche comme du boucan et n'est qu'un pis-aller ; 2, Porc de conserve en boîte ; 81« t., -16. D'où, syn. : gorille, m., d. grippe-sous, m.. Sergent ; 2^ c^^, depuis mai 18 ; « le sergent seulement », i. lâchât ; malgré cette spécialité du sens, c'est sans doute la solde mensuelle des sous-officiers qui a fait envie au troupier.

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grise, î., Spleen ; « Quand il était dans ses grises, on le voyait bien », un marin, mai 18 ; | ai>oir la grise ; lambert. Humeur presque noire ; cafard moins sombre que le noir ; voir ici, pas mûre, un autre emploi de la même nuance. groin, m., Masque A. R. S., contre les gaz ; inf., secteur 174, sept. 18 ; | coiffer le groin, Mettre le masque. Cabaret, 462 ; métaphore inévitable sur l'aspect de ce préservatif. Syssém. : museau de cochon, m., Masque A. R. S. ; 95^ inf., juill. 18. faux-nez, m.. Masque contre les gaz ; d. ; se tire directe- ment de masque pal" l'idée Mardi-Gras.

groUes, f.. Souliers ; trèâ usuel à certains corps, 109^ inf., 16-17 ; 359® inf., -17 ; 40^ art., -18 ; et aux Parisiens; inusité aux recrues de Touest; I « les chaussures {les grolles) », hen- RiOT ; PANTRUCHARD ; « On claque les grolles l'une contre l*autre, des heures entières dans la neige », c. gr., 120 Court, in B. des A., 3-5 fév. 16. Grolle, Savate, à Lyon, en Savoie, en Suisse romande ; la Suisse a aussi grollons, même sens, Sckw. Sold., 68 ; traîner la groule^ Traîner la misère, rig. sous savate.

grolles (avoir les). Avoir peur ; un Chartrain parisianisé, 81^ t., -16, (mais inusuel dans ce

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corps) ; marins, mars 18 ; si usuel aux Lyon- nais du 109^ inf., 16-17, qu'un témoin, de ce corps, eût volontiers écrit, et croit avoir en- tendu prononcer grolots dans la locution syn. açoir les grelots-, \ « On lui bourrera l'mou et on lui fich'ra les grolles avec c't affaire-là », Feu, 21-8-16 ; « Pour n'avoir pas les grolles, i' n'a point les grolles ! », ib., 142 ; « Y s'agit pas d'faire le mariolle Dans les rues d'gueuler : A Berlin ! Et puis en route avoir les grolles. Et foirer aux port' de Pantin », montéhus, La croix de guerre. H y a mieux que d'y sup- poser une déformation de grelots, (c'est l'ex- plication proposée par d., qui affecte les grolles de la peur au genre masculin, mais j'ignore sur quel indice), ou un substantif verbal de groller, Démarrer, Vibrer, Remuer, dans le H*-Maine, qui est le français grouiller. Dans nos grolles je vois, soit *crolle, substantif .verbal de croller, vieille forme de crouler (Secouer, Tomber), conservée en fauconnerie au sens de Fienter ; le faucon crolle ; aç^oir les *crolles, ( >- grolles par phonétique, ou par influence de grolle, Soulier), est ainsi, par son image, et par son pluriel, le syssém. précis de a^oir les colombins, et se rattache comme expression

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de la. Peur à une physiologie courante; ou, plus simplement encore, le même mot que grolles, Chaussures, par ellipse d'une locution (lyonnaise ?) plus complexe, comme serait *avoir les grolles à bascule, Avoir les souliers ronds et ne pas pouvoir tenir debout, (cf. go- dasse), dont le déterminant serait tombé ; rapprochez avoir mis son pantalon de tremble, Avoir peur, 5^ génie, -18.

Chez des fantassins, secteur 174, sept. 18, on dit mettre les grolles. Avoir peur, adj. le- coNTE ; ce fait ne décide pas de l'étymologie, car il peut n'offrir qu'un chevauchement ana- logue à mettre les colombins et mettre les flubes. Mais le 2^ c^^, açoir les grelots est inusité, I. LACHAT, emploie avoir les grêlons. Avoir peur, sept. 18 ; et grêlons, Chaussures, (autre forme de grollons), est employé, (d.), dans certaines unités.

gros, m., A, Obus de gros calibre ; gérerai et usuel : « Et puis, tu sais, rien que des gros ! », 81^ t., 15-17 ; I « il tombe « du gros )»), Echo de P,, fin avr. ou 1-5-16, récit de guerre ; ellipse du substantif obus. gros vert, m.. Gros obus dégageant une fumée verte ; un soldat des tranchées de Luxembourg, sain. ; d'où, syn. :

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ESNAULT 19

pernod ; d. ; vert absinthe. gros noir, m., Gros obus dégageant une fumée noire ; 8le t., 14-17 ; 10e ii^f.^ à Morhange, -l4 ; 40^ art., -18 ; Obus de 210 ; inf., Lorraine, 14-15 : « Oh ! ceux-là, c'est pas les vrais gros noirs )), un soldat désignant un éclatement un peu verdâtre, 46^ inf., fév. 15; | cohen, 74 ; V. du p., qui définit trop spécialement « Obus de 150 » ; ce nom n'a aucun besoin d'avoir été traduit de l'anglais big black, même sens ; et tel qu'il se date, les Anglais au contraire ont pu le traduire. gros lourd, m., Obus de gros calibre ; « Il y a de tout dedans : du 75, du 80 de montagne, des torpillesj du « gros lourd ». Une musique endiablée », A. fr., 16-4-16, p. 3, c. 2. Dans ces trois noms composés, gros, qui sous-entend obuSf e^t substantif. ^ B, Tabac de troupe ; usuel et universel : « du gros » ; « le gros est bon pour la pipe » ; ce tabac étant, plus ordi- nairement encore, et sans conscience de pitto- resque, nommé le gros-cul, je ne vois pas dans gros l'abrégé de gros- cul, mais de gros tabac,

gros- cul, m., Bidon militaire de deux litres ; 81^ t., déc. 16, monax. L'idée de gros vient de la comparaison avec le bidon d'un litre, de l'ancien règlement, mais qui subsista ; cul

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exprime sans doute la base du bidon, large à proportion. Ce mot est précieux sémantiquc- mentj en ce qu'il invite «à penser que le parlant, Retailleau, paysan vendéen fixé à Nantes, compare ce bidon à quelque chose comnae une culasse de farine, et que cette image risque d'expliquer, en ligne collatérale, gros-cul, Ta- bac de troupe (^). Et toutefois, la grossièreté et la lourdeur s'exprimant par le oui, le paysan étant un cul-terreux^ le saunier un cul-salé^ etc., et le simple soldat étant un lourdaud à dé- grossir, le tabac *de gros-cul n'est-il pas fort simplement du tabac de soldat, par opposition au tabac de caporal^ qui est déjà plus affiné ? grosse-julie, f., Avion d'école Nieuport ; Mi- ramas, mai 18. Cet appareil a 28 mètres de surface portante, d'où l'idée d'évoquer l'hé- roïne d'une chanson, populaire à Paris dès -95, « ma gross' Juli-i-i-i-e » ; sa grosseur en fait d'ailleurs l'antithèse naturelle du petit Nieu- port monoplace que son constructeur a nommé Bébé. A leurs petits monoplaces les Anglais

(1) Ce gros cul, traité par d. de « nouvel arrivant 3), était àîchi-établi dès -§5 au 19® îiif. Dattâ p-Ois ml, Gfos tëbat, b., ail h'esl-il pas simpleini^tit cHl éterit fi6- gligcmment pM le <^&rrefepotidaiit de M. Dauaat ?

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ont donné le nom de « tabloïd », les assimilant aux comprimés comestibles pharmaceutiques de ce nom. Cf. bébé, Canon de 75 et Petit che- min de fer ; d1

grosse-noire, f.. Gros obus noir : « les « grosses noires » et les 105 fusants », Matin, 6-7-17, p. 2, c. 3 ; ellipse du substantif marmite.

groupard, m.. Soldat des Groupes Spéciau^c (formés de la réunion des anciens joyeux et des hommes qui ont subi, depuis leur temps de service,des condamnations de droit commun) ; z. Armée de la Guerre, 199. Cf. frontard.

grouper. Saisir, Prendre, d'où, 1, Chaparder ; usuel aux 231®, 360^ inf., 14-15 ; j ma toile de tente « qu'un de ces fumiers-là parlait de m' grou- per », Feu, 9 ; « Quel est l'enfaût d'voleur qui m'a groupé ma gamelle ? », Crocodile, in B. des A., 28-2-17 ; 2, Surprendre, Arrêter (poli- cièrement) ; se faire grouper. Etre pris (pour être puni) ; 231® inf., -15; || grouper. Saisir, MICHEL. On a signalé à d. rouper, Chapar- der ; D. le rattache à un roupiner plus ancien, que je ne connais pas.

guéguerre, f.. Guerre : « alors je vais faire un tout petit peu « la guéguerre » et j'irai voir Gui- guet avant le dîner », paroles de Dorme partant

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au combat aérien qui fut son dernier, vitalis, Gu. Aér., 23-8-17.

guerriculteur, m., Celui qui désire l'exten- sion de la guerre, parce qu'il y profite ; 81® t., mai 17. Le mot, et l'idée du mot, sont d'or- dinaire en situation dans la bouche, et l'esprit, de ceux qui, en temps de paix, seraient grévi- culteurs.

gueulard, m.. Canon ; D. m. p. gueularde, f., Artillerie lourde ; D. m. p. Syssém. : râleur, m., aboyeur, m., et roquet, m.. Canon de 75 ; 40® art., -18 ; en boche, chien de garde, 75.

guichet, m., Créneau de tranchée ; 95® inf. : monter aux guichets, Monter en première ligne ; envoyer un homme au guichet, l'Envoyer au créneau ; date de -17 dans ce corps. Cf. concierge, curieux.

guitare, f.. Sorte de grenade à main, fran- çaise, désuète depuis -15 ; 289® inf., -18 ; mot ignoré au 81® t., 14-17; | V. du p. ; voir calen- drier. — mandoline, f., Grenade à manche ; D. De la forme.

guitoune, f., Abri aux tranchées ; 81® t., printemps 15 en Artois ; | « Dans les guitounes de Carency », mac orlan, Journ., 17-7-15 ; divers secteurs du front français, notamment

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en Artois, 14-15, et corps expéditionnaipe dei Dardanelles, mai 15, dauzat, 16^447, 663 ; « un gourbi, une guitourne, un cagibi ; c'est la chambre à coucher du poilu », rochçh; |1 usité dès longtemps par nos troupiers; ex. : marque» RiTTE, Braç^es Gens, i\, (Revue de P., 1-1^05, 129). Pris à l'arabe kito\în, Tepte, -^ cf. cfiouya , ce mot s'est répandu sur le front, non pour des raisons de secteur, mais selon le nombre et Pinfluençe morale, dans une compagnie des individus, dans une armée des régiments, qui avaient servi en Afrique, et surtout ailon les synonymes qui avaient déjà possession de l'usage ; au 81^ t., en oct. 17, guitoune n'avait nullement réussi à devenir populaire, sana que je puisse dire comment l'annamite cagna s'était imposé. La forme « guitourne », apax, rap^ pelle une amusante erreur accompagnée d'une étymologie trop ingénieuse ; « Allumer la quir tourne, -^ argot de filles, c'est mettre la lampe allumée, le soir, derrière le rideau de la fenêtre. Qui tourne, fenêtre, est tout neuf », G. GRisoN, Figaro, 23«11-81. Allumer Jia gui- toune, c'était simplement Eclairer la chambre (de façon à appeler le client). habillé comme une truie avec deux rangées

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de tétons, Vêtu d'une veste ou capote croisée à deux rangées de boutons ; un qu^'-m^, fév. 18. Cf. veston de singe, m.. Petite veste du soldat (jusqu'en -15), et Ancienne, veste du marin, courte et ronde par en bas, qui, laissant pendre les bras très au-dessous de sa chute, donnait aux bras et à l'homme un aspect simiesque ; un m^-fe», mai 18. corset de singe, m., Bau- drier anglais qu*ont adopté par fantaisie force officiers français ; 17® alpins, -17.

hanneton, m., Avion ; d. syssém. et syn.: bruant, m. ; d. ; ^ de bruant, Hanneton, dans le nord ; frelon, m. ; d.

hauts-de-vase, m., Conducteurs, mécaniciens et menuisiers du génie, qui restent à Parrière et font peu de travail ; génie, d. Aucun électricien n'a pu me dire un sens technique de ce mot, qui, selon d., a été altéré en Hovas, usuel, ib. L'altération n'a-t-elle pas été in- verse ? Les Hovas sont l'aristocratie conqué- rante, donc les fainéants, de Madagascar.^

herbe ! (douoement sur 1'), Par un atterris- sage heureux et agréable i « Est-il [lo poilu sous un bombardement] bousculé par le souffle [de l'obus] ? Il ajoute : Doucement sur V herbe ou dans les roses », Cri de P., vers juill. 16.

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image prise de l'aviation : atterrir en cares- sant la marguerite, Atterrir avec une douceur idéale ; esc. S-152, juill. 18 ; | « il effleure la marguerite », musidora. Herbe, roses et mar- guerites, sont espèces du genre accident de terrain, mais du sous-genre doux accident.

hirondelle, f., Eclat d'obus ; inf., Lorraine, 14-15 ; 289® inf., -18. Cf. coucou, tourterelle.

hirondelle de cimetière, f., Eclat d'obus de retour ; 246® inf., Apremont, avr. 17. Sys- sém. : papillon de corbillard, m., même sens ; 246® inf., environs de Chauny, 24-3-18 ; ce mot et le précédent s'emploient d'ordinaire au plu- riel, et pour cause. Le peuple nomme en règle générale hirondelle, papillon (de ceci ou cela), l'homme ou la chose qui hante de prédi- lection (ceci ou cela) : hirondelles de la mort, Croquemorts et Gendarmes de service à une exécution capitale ; papillons d'auberge. Coups de poing ; ici le complément indique le lieu on est conduit, par l'hirondelle et le papillon, comme dans fleurs de cimetière, Taches qui viennent au vieillard sur la peau.

homme- flexibles, m.. Soldat de service aux tubes flexibles pour le gonflement d'un diri- geable ou d'un captif ; texte ici caporal-tubes ;

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par la même métonymie mulet, m., et bour- rin, m., Mitrailleur muletier ; 81® t., -14 ; homme- lettres, m.. Vaguemestre ; Feu, 41 ; doit sans doute se prononcer comme omelette ; homme- perco, m., voir perco.

horizon (bleu), m.. Bleu clair de Tuniforme adopté pour l'infanterie en nov. 14; | « ses yeux bleu horizon », Feu, 158. Autre couleur de guerre : moutarde. Jaune d'ocre : « sa va- reuse, sa culotte, ses bandes molletières, uni- formément « moutarde » », hirsch, Journ., 23-10-16.

hosteau, m.. Hôpital ; général, mais sentant l'argot; I Gaspard, 168; |1 hosto. Hôpital, Phi- libert, 282, 300. Le latin hospitale est devenu en France oustau dans le midi, hôtel dans le nord ; le bas-langage du nord-ouest, en repre- nant oustau à la langue d'oc, comme en témoigne Vs de hosteau, lui a donné un autre suffixe, -eau, en patois - iau, dont témoigne la variante ostio ; hosteau, et ses variantes, en argot de malfaiteurs au' début du 19® s., signifient Pri- son ;les notions Hôpital et Prison se confondent, soit parce que la même maison qui soigne les gueux les détient, soit parce que le détenu est compté pour malade dans la conversation des

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malfaiteurs. Dans eoinc'to, m., Recoin, Coin, très usuel, (dès -05, Paris), -to peut être à une synonymie, large, avec hosteau, logeteau ; -c- au verbe coincer, Serrer (dans un espace étroit, comme par des coins) ou au diminutif coinçon.

hurler. Faire son bruit très fort, en parlant d'un moteur ; « Le moteur tourne régulièrement à ses 1.220 1.240 tours, ma grosse hélice tant décriée fait merveille et je plains les cama- rades dont les moteurs « hurlent » à 1.350 tours pour gagner quelques chevaux », l'étoile BLEUE, Gu. Aér., 31-5-17, p. 452, c. 2.

inapter. Déclarer inapte : « Le major veut que tout le monde se présente à la visite en vue de la vaccination antiparatyphoïdique ; à lui d'inapter ceux qu'il jugera convenable », un sergent, (lettré), 81^ t., mai 16. -— Cf. per- missionner, Gratifier d'une permission ; D. m. p.; le sens précis n*est-il pas Porter sur les états de permissionnaires ?

influence (la faire à 1'), Paire des épates. Faire l'important ; 120® chass., juill. 16 ; avia- teurs et marins, 17-18; | « c'est toujours les plus foireux qui le font à Pinfluence, chez les bistrots », Cabaret, 465. Dans cet usage, il

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no s'agit p£^s de se prépeater comme influent ; mais dans une certaine France, politique, l'épa- teur travaille surtout à pe faire croire influent, instfillçr, Se faire valoir, Se vanter ; lam»- BEPT ; « D'un copain prétentieuat qui fait va- loir geg patrouilles, on dit qu'il installe )), Cri de P,, vers juilL 16. Comparaison avec oes revues d'installage le troupier, par un dia^ positif 6oigneu3ç, met en valeur, étalés sur aon lit, des riens ; de cette même image dérive, en parlant de la bêtise d'un homme, « Ce que tu en a^ uftQ couche 1 Tu pourraisi installer, tu

sais », COURTEÏ.JNE.

jardin gur l@ nombril (un petit), une Tombe au cimetière, ou au bord d'une route ; 81^ t., 14-1.7 ? « Que la guerre durera deux ans ? Alors nous aurons tous un petit jardin sur le nom- bril » ; P^tit jardin sur le ventïô, m„ même sens ; sons g^nit, autom, 45 et 85, 16-18 ; | à petit cimetière <C,,,> dormaient, «pec un ïpetit jardin sur le centre, comme disent les sol- lats, tous ceux qui, jamais plus, ne seraient •élevés du secteur », arnoux. Matin, 3-4-18. ^Çf, parc- aux- os.

Jean h ifouin, sobriquet du matelot de la larine nationale ; très usuel aui' marins :

« C n'est pas des permissions, ce n'est pas de i'amour, Ce qu'il faut à Jean 1* gouin, c'est trois doubles [de vin] par jour ! », fin de cou- plet sur l'air de la Madelon, S*-Nazaire, -18 ; || semble aux marins s'être établi entre -02 et -04 ; mais gouin est déjà dans dlle, F.- A,, et dans RiCHEPiN, à propos de mariniers : « Arrive enfin le tas des gueux, comme une troupe De canards éclopés qui poussent des couincouins Ce sont les vieux pouillards, les gouines et les gouins », La Mer, les Haleurs. Jean le ma- rin — >- maringouin, par queue romantique, (ex. « les maringouins d'eau douce ! », propos de matelot, leturque, Tire-Lire, 127), >► g'owm, par apocope. (Comment évoquer, avec D., un « ancien uniforme » blanc des marins ? en breton guen, Blanc, et le patronyme Le Guen, sont prononcés par u consonne (comme Guise) ; quelques horsains prononcent comme gain, personne comme gouin (^) .

(^) Les notes de d. sur Targot des marins sont faibles : la Normandie n'est pour rien dans « consignes noroua » ; lascar et dominique sont des mots ancestraux ; le castor n'est pas tant un « jeune marin » qu'un Ex-mousse ; la bataille de confettis n'est pas un «.charbonnier » ; le six-

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jetons (avoit les), Avoir peur ; 2^ c^^, août 18.

jeunot, m., Soldat jeune ; divers soldats et marins, 17-18; | D. m, p. ; « dans l'escouade il y a quatre ou cinq « jeunots » », je an des VIGNES ROUGES, Joum., 2-7-16 ; Il a Le jardi- nier qui est jeunot, on peut le faire engayer par une môme », Philibert, 238 ; on dit aussi jeunet, ex. Cabaret, 457. |

jockey, m.. Conducteur d'artillerie ; 40^ art., fin 17-mai 18 ; a remplacé charretier.

jockey (régime), m.. Alimentation peu abon- dante ; au front avant mai 18 ; être au ré- gime jockey. Jeûner par force ; génie, 13^ tir. alg., avr. 18 ; les jockeys se privent pour con- server leur légèreté. Syssém. : ration de La

pieds est le Mécanicien principal [cipal >- six-pieds), non l'officier mécanicien ; Canonnier se dit bousoux, non houson ; hosco, Maître de manœuvre, n'est pas le fran- çais bossu mais l'anglais bossman ou notre vieux bosseman avec suffixe plaisant ; le bico n'a rien à voir avec le bur- lous blanc du Bédouin ; le cuisinier ne s'appelle pas >M, mais la Corvée de vivres poste aux choux. Au Î26 art. 1., descendre à terre, Aller à l'arrière, d., (té^ loin breton), est dans le vrai un fait de marine : aller à zrre, pour un marin, c'e&t Etre permissionnaire, même 'il est « embarqué » dans un poste à terre, même s'il it au « dépôt ». Voir goéland, *matali matau.

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Ramée^ Nourriture de prisoû, Jargon (1849) ;

La Ramée^ nom typique du soldat» jo££rej m.^ Pièce d'or de vingt francs ; D. m.

p.^ S0U6 monnaie ; ■'^ a le ciel bleu j offre », Bieu^ horizon, sbm> Joum., 18-9'lB, présente la même allusion reconnaissante à Iti suprématie du généraUen^ohef.

Joséphine, f., A, la Baïonnette ;inf. c^^*^, Let^ tns héroïques (1916)^44; B, la Pipe; ^Aetjs, 565 ; G, Pièce de 75 ; dauzat, 16-4-17, 664.

Joséphine étant un nom d'excellentes Fran- çaiseS) il est naturel que le soldat le donne à ses plus fidèleè compagnes, notamment au 76 que le colonial nomme «usai par excellence le petit Français^ Lettres héroïques ^ 44 ; et d'autres, Gugusse, Julot, d.

journal (lire le), 1) Ne pas avoir à manger ; 81® t.j 14-15) soldats et grades, ex-coloniôux et parisiens ) \\ « Mon père me disait : Tu n'as pas donné à manger aux chevaux, ils lisent le journal, dans l'écurie », souvenir d'enfance d'un homme de Pleurtuit (d-du-N.) âgé de 32 ans, -18. -^ Remplaçant syn* de lire la ^atette, Jeûner, (archaïque), bruant ; prendre un plat d'affiches, « Ne pas avoir de quoi déjeuner,

dans le jargon des ouvriers. A Theure du'

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déjeuner, celui qui n*a ni argent, ni crédit, flâne comme une âme en peine et fait des sta- tions devant les affiches des théâtres », rig. Plus anciennement, jeûneur malgré soi, on allait devant un restaurant manger son pain à la fumée du rôt ; mais aujourd'hui tout le monde sait lire et ventre affamé a un cerveau. jubéol, m.. Café ; 40® art., -18 ; jubol suffixe d'après globéol, (reconstituant)i ou che- vauchement de jus + globéol ; d'où, syn. : béol, m., ib. ; apocope ; gyraldose, f., ib. ; gyraldose Y oisiiiG avec jubol et globéol parmi les réclames ; spermatol, m., ib. ; tonique imaginaire.

jubol, m., A, Vin ; b^^ sanit. autom. 85, juin 18 ; le jubol est un purgatif qui illustre les journaux d'ingénieux dessins allégoriques ; le vin, potion souveraine, nettoie, remède héroïque, les intestins des héros ; syssémi : tripoli, Eau-de-vie, rig. ; Rhum, d'esparbès, Demi- Soldey X ; quiconque, après une diètcj a bu un coup d'alcool, s'est vu, le gosier au moins, fourbi et éclairé ; cf. écouçillon. B, Nettoyeur de tranchées, soldat qui lutte corps à corps avec l'ennemi, grenade à la main, couteau aux dents j V. du p. \ « Nettoyeur de boyaux ))^

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dit le F. du p. : c*est l'étymologie, comme pour le sens A ; cf. pagéol.

juge de paix, m., Mortier de 220 ; artilleurs, 60e Don 1546 ; « il était d'usage, lorsqu'on était bombardé par du gros calibre boche, de faire répondre coup par coup par du 220, ce qui ne tardait pas à mettre un terme à cette sorte de discussion », j.-p. faure.

jumelles, f., Gros yeux proéminents ; sol- dats, G. TURPiN, avr. 18 ; les jumelles affec- tées aux officiers et sous-officiers dans la pré- sente guerre peuvent être la cause occasion- nelle de cette image, qui souligne, non sans exagération, la métaphore des syssém. sui- vants : carreau, m., Œil ; paraud ; « Jamais je n'arriverai à rien avec les « carreaux cas- sés » »,... étant Aveugle, b ri eux, Ann. p. L, 30-7-16, p. 136 ; 11 RiG.; vitre, f., Œil : Il « écarquille les vitres », Feu, 21-8-16 ; (cf. yeux dépolis, Yeux vitreux, Feu, 308) ; vasistas, m. Œil : « Faudrait pas encore recevoir ça [un éclat d'obus comme celui-ci] dans l'vasistas », Feu, 231. Cf. périscope.

jus, m.. A, Café ; très usuel et universel : « Au jus, dedans ! », cri traditionnel de l'homme qui apporte le café matinal, dans la

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chambrée autrefois, dans l'abri de tranchée aujourd'hui ; synecdoque de jus de chique, usuel aux marins dès -86, ou de jus de chapeau, (exactement Sueur mêlée de poussière), usuel aux civils dès -86 ; cf. rig. ; l'ellipse est in- consciente, et jus ne comporte plus aucune défaveur.

B, 1, Huile, d'où Energie : a, mettre, jeter du jus, en mettre, Travailler énergiquement ; usuel et général ; en mettre un jus, Se dépê- cher ; c^l, -18 ; parce qu'on dit mettre de V huile de coude, même sens ; b, avec jUS, avec Energie ; 81^ t., -16 \ y aller a^ec jus, Mettre de l'entrain ; c, jeter un jus. Briller ; Pari- siens ; I « Ça jette un jus ! y a plein d'dorures et ça r'iuit », machard, Guerre des mômes. Fan- tasio, 15-10-16, p. 199, parce qu'on dit jeter de rhuile, Briller, l'huilç donnant du brillant, (rig. donne jus. Elégance) ; d'où juteux, m.. Adjudant ; usuel et général; || antérieur à -14 ; syn. de gommeux, (rig. donne juteuse, Femme élégante), parce qu'il est le mieux habillé des sous-officiers (?), c'est l'explication de SAIN., à moins qu'il soit ainsi appelé, lui qui n'a tout de même pas le chic officier, et qui, en temps de paix, est souvent trop

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BSNAULT 20

chargé de famille ppur faire f^^taisie, en raison du jus, de l'Energie, qu'il met à faire respecter la discipline et à organiser le service dont il est protagoniste ; d, valoir le jus, Valoir l'argent dépensé, Etre remarquable : ça vaut le jus, C'est une chose à aller voir, C'est impa- yable ; « Oui, tu vaux l'jus, mon vieux [pour ta taille gigantesque] ! », Feu, 47 ; parce que Vhuile c'est l'Argent, (dès 1694, micrel), et cette explication se confirme par la location analogue ça vaut Vos, Ça vaut l'argent dépensé, à iTioins qu'il faille comprendre Ça vaut la peine (de le fairp, de se dérfinger), avec jus syji. de Peine, de Travail ; e, aller au ji;g, « aller à l'assaut d^ la tranchée ennemie », sain. ; parce qup le jus c'est le Travail et le travail le Combat ; SAm., seule autorité que j'aie po^r cptte ^oc^tion, et qui n'en déclare pas la sourcp, l'explique autrement : ce sériait P aller an café », s'pxposer ^\i^ « moulins à café » 4c l'ennpmi ; mais, d'abord, la mitrailleuse à subir n'est pas tout le cpmhat ; ensuite, elle est un moulin à café, nop pas un filtre à pafé, les pr^- np^^:^ qu'elle Iftl^ce n'pnt pas de jus autqur ; enfin, aller au jus est l'expression consacrée pour 4Ucr chercher le c£^fé (pour les cama-

rades), et non jamais pour le Boire ; f, court-jus, m., Court-circuit ; 8^ génie, c^^ D-4, sept. 18 ; le circuit électrique étant une Energie. 2, Sauce, d'où Essence de moteur à explosion ; mettre le jus, Mettre l'essence ; mé- canos d'av^^, Pau, mars 18 ; cf. sauce.

juteuse, f., Pipe; inf., secteur 174, -18; |

CHAPELLE.

kaddour, m., Chef de bataillon ; 13^ tir. alg., -18. Arabe kaddour, Grand.

kébir, m., 1, Colonel ; 13^ tir. alg., -18; H Chef de corps ; dlle. Arabe kbir, kébir. Grand. 2, cabir^ Capitaine ; 98^ inf., -17 ; |d.

kébour, m., Képi ; mécanos d'av»", Pau, mars 18; | agatha ; imprimé « kibour » dans HENRioT ; suffixe peut-être d'après chebour, Eperon. Syn. : képlard, m. ; agatha ; suffixe comme paplard, Papier. képçon, m.; « képeçon », ici ficelle ; suffixe comme pa- quçon, Paquet. képroque, m. ; pantru- CHARD, 116 ; suffixe comme labatrock, Ta- bac, (loucherbèm de tabac). kébroo, m. ; AGATHA ; D. m. p. ; Feu, 121 ; « kébrocq », B. des A., 12-4-16 ; suffixe comme albroque, Allumette, et pébroque, Pépin, (Parapluie).

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Tous ces noms du képi sont inusités au 81^ t., 14-17.

khaki, m., Etoffe de fantaisie : « un uniforme de khaki bleu », 81^ t., -16. Khaki, 1, Terre, Poussière ; 2, Couleur brun jaune du sol de la jungle ; 3, Tissu de coton de couleur brun jaune ; 4, Tissu de coton, bleu à l'occa- sion ; extension de sens aussi légitime que celles qu'on trouve dans ai^oir le blanc de Vœil bleu, à chei^al sur un âne, lumière obs- cure.

knop, f., Pipe ; « quelques-uns disent aussi quenauque », dauzat, 27-6-17 ; knop est usuel à la sous-int*^*^ de la 22® D^^^, -16, (prononcé o fermé bref, sauf, chez un Parisien, o fermé long) ; au camp de Ger (Basses-Pyr.), 6®, 12®, 18®, 34e, 49e, 123®, 144® inf., 16-17 ; aux 246® et 289® inf., (recrutement parisien), 17-18 ; aux Parisiens du 40® art., (prononcé 0 fermé long), -18 ; ignoré d'une foule de témoins di- vers de mai 16 à mai 18 ; « assez peu répandu », DAUZAT, 27-6-17 ; « très usité aux armées et en usage avant 1914 », g. maréchal; | « que- naupe » ; agatha ; V, du p. dauzat lui suppose une origine alsacienne et propose que ce soit l'alsacien knop, Etroit, en allemand

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knapp ; le sématisme ainsi obtenu ne parais- sant pas péremptoire, citons, à tout hasard, quelques!^mots de forme voisine : cône, f., Pipe, qui serait vieux d'au moins vingt ans et usuel à Dinan (C.-du-N.), prononcé patois répondant au français corne ; cônet, m., Grosse pipe, usuel à Dol (I.-et-V.) ; mais -ope comme suffixe m'est inconnu ; dope, m., Mégot de cigarette ; usuel à Paris ; knoh-kerri, m.. Massue an- glaise, B. des A., 29-3-16, p. 10 ; citons aussi pour sa ressemblance phonétique méknep, à couper, très probablement, mes knep, que j'ai recueilli en deux emplois qui se corroborent, a, Mes knep, sobriquet, tout Homme grotesque, (ouvriers parisiens, 19® inf., -95) ; b, mes knep, Mes couilles (un marchand forain, 81® t., -16) ; (bruant, Dict. (1901), donne kénep, Ivrogne). Dérivé : quenaupier, m., A, Fumieur de pipe ; D. m. p. ; B, Marchand de tabac, D. m. p. ; « quénaupier », Débitant (de tabac et de vin. Feu, 204, dont M. Barbusse m'écrit qu'il l'avait « bien ouï une fois ou deux ».

lâchage, m., Séance de vol l'élève avia- teur est pour la première fois livré à ses seuls moyens, thavet.

lacrymo, m., Obus lacrymogène : « leurs sa-

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loperies de lacrymos », Crapouillot, in Fronts 16-3-17 ; cf. aréo.

lance- pierres, m., Fusil ; agatha ; poilu- LOGUE ; Feu, 90. De lance- pierres. Morceau de cuir monté sur fourche de bois avec un élastique, servant aux enfants à tirer les oi- seaux ; cf. pétoire.

Lanterne- arrière, sobriquet d'Homme à la figure rubiconde de vin ; S. A. P.-X, -16 ; la lanterne- arrière des voitures est rouge. Syssém. : lanterne de claque, Nez rouge ; Ca- baret, 467 ; lanterne de bureau de tabac. Nez rouge, et lampion, même sens, Paris, -11 ; falot, m., Nez d'ivrogne : Le capitaine engueu- lait M., son ordonnance, « On se disait : « Ça barde pour le falot de M<C...>> » », Bourru, 104 ; pour son nez = pour lui, et le nez de M., qui a bu le rhum du capitaine, est uii nez d'ivrogne ; anglais, dangeroUs signal (signal de danger), même sens, -18; Cf. phare, ici surface.

lapin (tourner en). Devenir lapin à force de vivre sous terre : « je tournerai en lapin », pro- pos d'un soldat qui répugne à descendre dans le boyau il serait à l'abri du tir ennemi, ARNoux, Matin, 3-4-18i

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lÉk^in (gagner le), 1, Recevoir une forte puni- tion ; matins, mars 18 ; 2, Commettre une tnalôdresse, (par ex. renverser du vin)^ qui mériterait Une punitioij ; marinB, niai 18 5 un lapin vivant est souvent le gros lot dans Ifes loteries foraines. Syssém. : gagner le coque- tier, Etre blessé ou tué ; usuel dans les milieux ouvriers, par ex. chez les mécanos, R. G. Aé., -17; I « Et pour exprimer qu'ils avaient bien cru leur dernière heure Venue le pilote un as du bombardement jeta aux échos du camp d'aviation le fameux et cottsact-é : « Nous avons failli gagner le coquetier » », eynac, (>u. Aér., 3-5-17 ; (( on l'a déCrOdhê le cocotier... ^ Pé- pèrês, 46 ; -il s'agit du « joli cocotier dans la rangée supérieure », t, A. fr., 1-6-17, qu'on gagne aux loteries foraines et qui symbolise la blessure capitale qu'on peut recevoir à l'assaut. Cf., pour l'ironie, gros lot^ Vérole^ fade, (Bien partagé). Grièvement blessé ; ^ et pour le sématisme tiré des jeux forains, « « Pan, sur la tête du gosse ! » disent volontiers nos ar- tilleurs, devant un coup bien pointé », daudet, A. fr., 20-5-16, allusion au jeu de massacre ; cf. tonneau.

larqué, m., A, Quart de litre : « un demi-lar-

Ôll

que de pinard », mixte, -18 ; B, Quart pour boire ; 2^ mixte, -18. larqubèm, m., mêmes sens ; 2^ mixte, -18. Déformations du mot quart, types larantequé -< quarante, lou- cherbèm -< boucher ; le procédé est nommé « loucherbèm » ; bruant, Dict.,ejk expose le mé- canisme. — Notons le succès de lougué ■< coup, Gorgée, chez les téléphonistes du 109^ inf., 16-17, « Viens prendre un louké », « un cin- quième de louké », lancé par un Lyonnais ; c'est le louque. Verre à boire, de d. Autres : lacsé ■< sac, 40^ art, -18; la3opèm-< pajot ; cf. latsipume,[linarpèm, loumpé.

latsipume, m., monax : « Le Latsipume », nom d'un journalfdu front, cité Journ., 18-7-16, p. 4, c. 3. Je n'ai pu pénétrer le sens du mot, qui semble du loucherbèm, pour *patsi (?), pastiss, paquci ?..., ni savoir en quel corps ce journal se publiait.

laver les yeux (se), Regarder au périscope ; D. Plus exactement se rincer Vœil, Regarder de jolies choses, des spectacles suaves, en prendre plein les carreaux. Regarder longue- ment.

le, la, les, en, y, un, une, ça, quelque chose, pronoms remplaçant les noms les plus divers,

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et qui servent éminemment au langage par allusion aimé du peuple :

le faire, [le Coup, le Boniment], Tromper : On ne me le fait plus ; | « On nous Ta trop fait. Attends avant de croire », Feu, 43.

l'avoir à la caille ; voir caille.

l'avoir" dans le pot ; voir pot. h< l'avoir sec, [le Manillon], Etre très ennuyé ; Tu parles si je Vai sec !, usuel aux Parisianisés ; Il « j'ai *<••.!> tapé deux mois de tôle sans sursis et ensuite je me suis vu diriger sur le 79® de ligne à Nancy. Je te jure que je Valais sec )), lettre d'un récidiviste, in Matin, 22-9-09.

Avoir le manillon sec. Avoir un embête- ment ; usuel à Reims, -06. Sématisme pris du jeu de cartes le plus en vogue.

l'avoir sec, [le Gosier], Avoir soif ; V. du p.;

je ne l'ai pas recueilli dans l'usage et crains que ce ne soit qu'une étymologie fausse du précédent.

l'arrondir (se), [le Mât de cocagne]. Etre privé de qqch. ; 81® t., -15 ; syssém. : se taper [la colonne] ; image erotique prise de la privation de femme.

la sonner (se), [la Tête], Bien manger ; voir ruche.

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la raliietièr, [la GuêUle], Ronchonner ; tjsuel aux Parisiens ; || dès -08. Usuels aussi rdméfiet- Sa gUeUle^ fûmetiet' sa science, rûtnener.

l'avdit mauvaise, \y Humeur, ou mieux la Gueulé, en prenant gueule soit au sens de Figure, ou de Conversation, et celui-ei se com- prenant soit par la violence d'uû boniment aigre, ou mieux pat* le désagrément d'une bouche mdUçdise], Etre de méchante humeur ; 81^ t., 14-17 ; I « je commencerai à la voir mau- vaise bien sisse^ tôt lorsqu'on ildus ramènera aux tranchées », paraIjd, 92, graphie inspirée peut-être de la trouver mauvaise, mais qui ne se soutient pas, puisqu'on conjugue il Vavait, il Vaurait rnaUç^aise, etc.

la sauter, [la Générale], Demander la vole à manille aux enchères ; Bourg, hôpital, sept. 18. La locution consacrée est ; je prends la générale ; si k la [levée) générale je Substitue [Madame) la Générale, et que je la prenne, il est galamment logique de la sauter.

la sauter, [la Perche ? la Ligne ? la Danse devant le buffet ? la Polka des gencives ?], Etre privé de manger à l'heure attendue ; 360^ inf., -15 ; matins, déc. 17 - mai 18 ; 8^ génie, mai 18 ; c^^, -18 ; la sauter à pieds joints, ma-

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ritis, -18; I « Vous « sautez» quand un ... accident survient aux cuisines et nous risquons de la sauter quand reviendront les beaux jours de la guerre de mouvement )), Poil et plume (8le inf.), in A, fr., 4-7-16, p. 2, c. 6 ; « on la saute depuis ce matin », p. b. (58® art.), Contes vér.^ 69 ; « je vous annonce qu'on « la saute » aujourd'hui. Le rata est raté », a. cAf, Fatita- sio, 15-10-16. Je rapprochai d'abord cette locution de sauter à la perche, Etre misérable, Mourir de faim, dllë ; être à la perche^ Grever la faim, rig. Mais j'entends un marin, mai 18, faire observer à un commensal « Tu as sauté une ligne », Tu as oublié de prendre du second plat, avant de prendre du troisième ; ce serait une image prise de la lecture du journal, plutôt que de l'art du typographe ; elle surprendra moins si on se rappelle le succès énorme et général de la locution être, nêtre pas à la page, Etre bien au fait, Etre distrait. Enfin, et bien mieux, on parle de la polka des genciçes, et je crois avoir recueilli *la danser, Jeûner ; on peut donc voir dans la sauter son remplaçant syn. la représenterait cette danse rageuse qu'on sautille devant le buffet quand on ins*- pecte ses rayons déserts, ceux du haut, ceux

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du bas, et encore le dessus du meuble vide.

la péter, [la Faim], Jeûner par force ; 360^ inf., -15 ; usuel, 8^ génie, 156^ inf., 13^ tir. alg., mai 18 ; dér. syn. de la crever, {la faim), même sens, péter étant syn. de crever (avec bruif) ; cf. péter au point, Perdre faute d'un point, RiG, c.-à-d. Crever au point.

la faire, [la Chose, (l'Entreprise)], à V estomac, à r influence ; voir estomac, influence.

raccrocher (se 1'), [\slJ Ceinture], Etre privé de qqch. : « Quelquefois du pinard, mais le plus souvent on se l'accroche », pantruchard ; cf. « tu t'accroches trois belles ceintures l'une sur l'autre », Feu, 191 ; syn. : se la mettre ; voir bride ; fort mal expliqué dans sain. par « littéralement mettre son envie au croc ».

la serrer, [la Main], Donner une poignée de main : « ton frangin qui te la serre », lettre de soldat, -16.

la piler, [V Asphalte ? la Brique ?], N'avoir pas à manger ; 2^ c^^, -18 ; | « On la « pile » salement », p'tit gars. bruant a piler d^ or- gane. Jeûner ; dlle, F.- A,, sl piler, Manger, (cf. piloche. Dent) ; la piler serait * piler la brique (sous les dents) ? Je crois plus heureux de rap- procher la piler. Etre exténué de fatigue au

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COUTS d'une marche, Schw. Sold., 69, que je comprends piler la route avec peine ; * piler Fasphalte, ce serait, comme le polir, Aller et venir cherchant sa vie ; (le genre d'asphalte ne fait pas difficulté, le mot commençant par une voyelle).

la mener belle, [V Existence], Vivre agréable- ment ; divers soldats et marins, 14-18 ; | Phi- libert, 103 ; syn. : la mener douce et joyeuse, DLLE ; se la couler douce.

l'ouvrir, [la Bouche], Parler : « si tu n'es pas content et qu' tu l'ouvres trop )),...que tu Rous- pètes, Feu, 80 ; « J'sais c' que j'dis quand je l'ouvre )), ib., 89 ; « tu n'entendras jamais deux poilus l'ouvrir pendant une minute sans qu' <...> », ib., 183 ; « j' l'ai ouverte », ib., 11-8-16. la boucler, [ la Bouche], Se taire : « Paraît que... Mais mieux vaut la boucler », chapelle. la salir, [la Photo, la Gouache, V Image, ou la Cabane ?], Exagérer ; marins, 17-18. Voir, sous égratigner, les syssém. de Jésus, Figure, et, sous cabèche, cabane, syn. de Tête.

les mettre ; voir bâtons ; « Je les ai mis », CARGO, Innocents, 204 ; (dit-on aussi * Je les ai mises ?) ; fort mal expliqué dans Schw.

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Sold., 72 : « Jjes meUre {c.-à-d. les pantalons) : s'en aller )) (!)

les rouler (se), [les Pelotes ; « une dans le son, l'autre dans la farine », ajoute-t-on parfois, 81^ t., -16], Fainéanter. Syssém. : « Quand nous n'aurons rien à faire, faudra-t-il aussi aller se sécher les çaiiettes soua le hangar ? », centre de dirigeables, -17.

les avoir à la retourne ; voir retournés.

les avoir, [les Foies, ou un syn., voir copeaux, flubes, grelots, grolles, jetons] ^ Avoir peur ; R. G. Aé., juin. 18.

en avoir, [du Plomb dans Vaile], Etre atteint (d'un projectile) : « J'en ai », dernierg mots d'un sergent mitrailleur, licencié en lettres, à Douau- mont, -16 ; | « T'en as, toi ? », benjamin, Jour?*., 21-5-16 ; « j' (( en avais » dans le bras », DAÇAY, Gu. Aér., 30-8-17 ; « le Bqche [l'avion boche] en a... Regarde?, il fume...! », fiqué- MONT, Gu. Aér., 10-1-18. Syn. : en prendre un coup dans le portrait ; 360^ inf., 14-15.

en avoir d^-ns buffet, [du Cç^ur], Avoir du cœur au ventre, Etre courageux ; un cra- pouillot,janv. 16 ; 8^ génie, 40^ art., -18 5 | «JQ'est presque une bonne chose que d'avoir à|^se battre pour chasser son cafard, et ceux qui

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résistent à ce cafard-là en ont dans le « buffet » (sont des braves éprouvés) )), Troi^ jours, 19-7- 16. Syssém. : avoir de V estomac, du fusil. Syn. et syssém. : dans le coffre, 2^ c^\ -18 ; dans le tube, ib. ; tuhe, Tenants et aboutis- sants de l'estomac ; dans le Ijide, dans l'es- tomac, 40e art., -18.

en avoir, [des Couilles au cul], Ne pas ^voir froid ^ux yeux, Etre hardi : « ]plsca4rillps de monoplaces réservées à nos as pt ai;af vievj:?^ pilotes ayant montré « qu'ils en ^v^ient » )>j s. -11^ viALLET, Gu. Aér., 10-1-18, p. 142, c. 2.

en avoir plein les mirettes, [du Sahle], Etre fatigué ; D.

en avoir plein le pot, les ronfles, le^ arcas-

sines, voir pot, ronfles, arcassines.

en avoir ses pleines culottesi, [d'un Emmerd^- ment]. Etre submergé d'ennuis ; divers soldats, 17-18. ' ff^

en être, [de la Classe], Voir venir la fin 4e la guerre : Ha f on n'en est pas I, se dit h tqute distribution de nouveautés d'habillement et d'équipement ; 8i^ t., 15-17 ; | « Un qui vou- drait bien en être », ^igiiaturo, p., p. 238.

en faire un plat, [de Hie^s] ; voir décu- lottée.

3td -.

en faire (s'), [de la Bile, très probable- ment, — mais avec concours des syn. : du Souci, de la Mousse, des Cheçeux, du Nerf pour la Chine], Etre rongé de tracas ; très usuel et général; | Faut pas s^en faire est le thème des célèbres Alternati^^es du poilu (in B. des A,, 21-23oct. 15) ;((on en écrase sans s'en faire une miette », pantruchard ; « L' bourin, il s'en fait pas ! », à propos d'un cheval éclopé qui passe dans une voiture, benjamin, Journ., 15-5-16; Il date d'au moins -97 ; dauzat ; cf. « je ne me fais pas de bile pour un sou »,

PARAUD, 77.

en foutre à qqn plein les yeux, ou les châsses, ou les mirettes, [de la Poudre- aux-y eux], En faire accroire à qqn ; 81^ t., 15-17 ; | « nous en foutre plein la vue », Feu, 326 ; « leur en jeter dans la vue », donnay, Revue hebdoma- daire, 25-3-16, p. 473.

en jouer un air ; voir air.

en jouer, [des Jambes], S'enfuir, Partir ; 360e inf., -15.

en gratter, [du Jambonneau, (de la Mando- line)], hpôur qqn ou qqch.. Aimer qqn ou qqch. ; divers soldats ; I| Nénesse, 195, 244. Syssém. : en pincer, [de la Guitare], pour...

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L'idée exacte est Rabâcher l'expression de son amour.

en écraser, [de la Paille ? un Air d^orgue de Barbarie ?], Dormir ; 81^ t., 15-17 ; usuel et général ; | de losques, lettre, 23-6-15, in Mi- roir, 29-8-15, p. 14 ; Il Belfort, -10 ; d. Le com- plément représenté par en est généralement sorti du champ de la conscience ; j'ai intéressé la plupart de mes camarades en leur deman- dant ce qu'ils écrasent ; une fois éveillés à la philologie plusieurs ont voulu que ce fussent des puces ou des poux ; mais le dormeur foule réellement sa paille, et réellement ses parasites restent inécrasés. Malgré les faits cités ici sous écraser, l'explication de en écraser par la paillereste douteuse. Selon p. guiton, M. de Fr., 16-1-18, p. 381, « on dit en écraser un », et cet italianisant invoque schiacciare un sonnellino, Ecraser un somme, en argot florentin schiac- ciare un pisolino ; mais le fait est qu'*en écraser un est généralement inconnu. Mieux : on dit le ronflement de l'orgue ; d'où, en retour, le nez devient un orgue (^) : jouer de V orgue, Ronfler, DLLE ; en souffler. Dormir ; 40® art., -18 ;

{^) Argot : mon orgue = mon nez = Moi. 321

i

21

et d'autre part, on dit moudre un air, Jouer de l'orgue de Barbarie, cause de la rotation de main du joueur) ;. d'où en moudre, 1, Ron- fler ; 2, Dormir; 20^ chass., -18 ; H Paris, -18;

de les syn. : en mettre en poudre ; 360^ inf., 14-15 ; 2Ôe chass., -18; H Paris, -18; en casser ; déch. ; ^ en écrabouiller ; d. ; et en écraser.

en sentir, ou ressentir, (s'), [du Goût],pour qqch., Désirer ; usuel, surtout aux ouvriers, 16-18, d'où aux aviateurs ; 13^ tir. alg,, -18; | « Y en a un, en tous cas, dans l'escouade, qui s'en r'ssent salement pour elle )),... Est épris de cette femme. Feu, 62 ; « j' m'en ressens pas pour encore becqueter des clarinettes )), ib., 253 ; « Tu crois qu' i's s'en ressentent pour l'assaut, ceux-là ? », ib., 284 ; et, sans com- plément, (de même qu'on dit populairement, sans complément, aç>oir du goût, Se sentir de l'entrain), « aux rares hésitants qui s^en res- sentent moins que les autres [pour les dangers de l'aviation] », estève, Gu. Aér., 12-4-17 ; Le public « confond trop fï^cilement le vrai pilote ayant le feu sacré, «avec celui qui selon l'argot d'aérodrome, ne « s'en sent pas » et est complètement « dégonflé » », mortane, Gu. Aér.,

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26-4-17, p. 370 ; « Le bougre s'en « ressentait », je te l'ai dit », Il en voulait, Il voulait un duel, propos de Dorme, daçay, Gu. Aér., 30-8-17 ; « Je me reprends à m'en ressentir », « Je me reprends à désirer le combat », montgeorge.

en serrer cinq, [des Sardines, (des Doigts)], Serrer la main : « Mon vieux poteau, je te quitte en t'en serrant cinq. Ton copain M<C...> E », un chasseur (120^ bon), lettre à un zouave, août 16.

en mettre, [du Jus], Travailler énergiqùe- ment ; usuel et général ; « Vous allez en mettre ? », à l'adresse d'un soldat qui ôte sa veste pour aller aux feuillées ; \\ usuel dès -06 ; d'où, spécialement, en mettre, Faire de la vitesse ; les automobilistes ; en mettre un coup, Exécuter un tir ; les artilleurs ; | M. de Fr.y 16-3-16, p. 377 ; en fourrer un coup, un bon coup, des coups. Combattre, paraud, 64, 81, 88 ; en jeter un coup, Besogner active- ment ; 13^ tir. alg., -18. Voir jus.

en avez- vous, [de VEau]- pour- les- yeux ?, Avez-vous de l'eau-de-vie ?, façon discrète de demander à un bistro, devant des gens dont on n*est pas sûr, s'il peut satisfaire « la gorge ». Cf. tu as du ?, Tu as du tabac ?, usuel aux

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mousses de PAusterlitz pour esquiver le nom de la denrée interdite. La gnole matinière déblaye la vue.

y faire, la Chose], Manœuvrer, Mettre à profit, Jouer ; très usuel et général ; savoir y faire, Connaître le procédé convenable; | (( Crois-tu que les Boches peuvent y faire main- tenant du côté russe ? », paraud, 90 ; « J* veux pas y faire avec toi »,... Jouer avec toi. Feu, 7-10-16 ; cf. « Quelle occasion que cette guerre pour le rationalisme, s'il sait y faire ! », anon.. Feuillets, M. de Fr., 16-2-16, p. 624, c.-à-d. que le peuple de France s'étant battu admirablement sans mysticisme, les philo- sophes devront souligner la valeur de la raison toute nue dans l'action.

y en mettre, V Adversaire], [des Coups de poing], Rosser qqn : « Mets-y-en ! »

un, [Enfant], dans la locution // ne fen fera pas un dans le dos, Il ne te mangera pas ; génie, -18 ; || Brest, -04; Il ne c'eut pas m^en faire un dans les épaules qui trottent. Il n'est pas si terrible qu'on le croit, ou qu'il en a l'air, Il ne fera pas l'impossible, marins, -18.

un (sans), [Sou], Complètement dénué d'ar- gent ; divers soldats argotisants, 14-18.

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une (en casser), [Croûte], Manger ; Pépères^ 237.

une (en chanter), [Gamme], Engueuler : « Non I... mais I... tu ne vas pas m'en, chanter une... )), VALMY-BAYSSE, Joum., 12-11-16.

une (en pincer), [Romance], Dormir ; Pé- pères, 20.

une (ne bander que d'), [Couille], Ne pas se sentir d'audace ; S. A. P.-X, -16 ; marins, -18 ; Il et avant -14; cf. en boche, ich werde Sie hewegen bis Ihnen der Schwanz nach hinten steht !, Je vais vous secouer jusqu'à ce que vous bandiez en arrière, menace de gradé à la ma- nœuvre, DELcouRT ; cf. « OU conuait trop le danger, on n'y va l'assaut] que d'une fesse », Cabaret, 464.

ça (remettre) ; voir remettre.

quelque chose (se taper), [de la Mangeaille], Bien manger : « se taper quèque chose », benja- min, Journ., 23-2-16, sous-entendu dans le cou, dans la lampe. Dans la locution, très usuelle,

t prendre quelque chose, Etre amplement rossé, quelque chose, sous-entendu comme purge ou pour son rhume, est énoncé emphatiquement, parle de quantité, et n'a pas le sens purement pronominal ici en question. I

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limoger, Mettre en disgrâcej en disponibi- lité : « Kouropatkine vient d'être limogé », 340® inf., août 16 ; un officier payeur, Bu- reau 160, août 16; I « A la tête de l'aviation, nous avons maintenant des compétences. Que leurs ordres Soient exécutés, que les bras agis- sent, ou bien qu'ils soient « limogés » », mor- TANE, Gu. Aér., 28-6-17, p. 515. Des offi- ciers supérieurs et généraux, deux douzaines, dit-on, ont été envoyés en disponibilité à Li- moges, en sept. 14, (par le train de 9^,43, InU des CL, LXXVII, 267). Cet emploi d'uh nom de ville rappelle se faire shanghaïer, Devenir la > proie d'une agence de désertion, comme il en est à Shanghaï, à San-Francisco,..., qui saoule le marin, le retient au moment de la partance, et, une fois déserteur, l'engage pour une cam- pagne de pêche à la baleine, mot en usage chez nos longs-courriers et dans la marine de l'Etat.

lobé (être). Se trouver déconcerté, dupé, Avoir le dessous ; mixte, canon de 37, mai 18. Le vieux français disait lobeur, Trompeur ; le H*-Maine, en -59, alober, Tromper, mon- TESSON ; l'Ille-et- Vilaine, lober, Laisser sortir la langue hors de la bouche, (ce n'est pas signe d'un esprit qui domine les circonstances), et

g26 -^

lobardy Imbécile, orain, Glossaire ; cf. aba- lobé, Etonné, Ebahi, dlle, et un lobe bée que TiMMERMANs, (mincc autorité), donne comme de l'argot signifiant Bouche bée ; l'arabe a lâabj Se jouer de qqn.

losange, m., Conjonction des deux insignes, l'un en V, appelé Mange, signifiant évacua- tion sur l'arrière, l'autre en V renversé, signi- fiant blessure de guerre : « Ceux qui portent conjointement ces deux brisques ont le lo- sange », Cri de P., 7-5-16, p. 7, c. 2.

lot, m., Femme, en tant que compagne souhaitable ; 40^ art., -18 ; du sens Bonne Affaire, que donne d. Mais « la classification générale des femmes s'établit ainsi : i le lot, II le numéro, m le petit-beurre (le nec le 4" ultra) )), F. DE KERALio, Sept. 18.

louis- Philippe, m., Mortier de tranchée ; 95^ inf., mars 15, péricard. Face à face, 316 ; c.-à-d. Suranné.

loumpé, f.. Femme ; 66^ chass., mai 18, M. siELTZER. louml, f.. Femme ; un docker nantais, 81® t., -16. Formes loucherbèmes de roumie, Femme ; « roumie chipotasse », Femme dégoûtante, Nénesse, 243 ; d'autant plus que la définition de M. Sieltzer est « terme

i

employé par les poilus contre les femmes à l'ar- rière du front ». Quant à roumie, est-ce le même que roumie, « Croûte de pain, dans le jargon des chiffonniers », rig. ? ou bien est-ce roulure, rouleuse, Fille qui roule çà et là, ou roublarde, Femme rusée ou Femme riche, ou rouchie, Vaurienne, ou roupie, Punaise, (une Femme galante étant usuellement dite une punaise, parce qu'elle a les lits pour habitat), et le suffixe substitué a-t-il pour but de rappeler aux Algériens roumi, Européen ? Syn. : loulepé, f., usuel à Paris, loucherbèm de poule.

loupiot, m.. Soldat de la classe 16 (en 1916) ; ROCHER ; loupiau, Jeune (voleur), rig.

loupiote, f.. Fillette : d'où, 1, Petite lampe éclairant mal ; Mousqu., 55 ; 2, par ironie. Fusée éclairante ; d.

lourd, A,m., Canon d'artillerie lourde : « mal- gré la canonnade du « lourd » voisin qui fatigue nos tympans », médecin-major oudiette, B. des A., 21-11-17. B, De l'artillerie lourde : « les artilleurs lourds », Feu, 135. lourde, f.. Ar- tillerie lourde : « la lourde », mang, Fantasio, 1-5-16 ; de même : légère, f.. Artillerie lé- gère ; M. de Fr., 16-3-16, p. 377 ; et même : campagne, f., Artillerie de campagne division-

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naire ; 40® art., -18 : « un artilleur de la cam- pagne )).

lourde (avoir la), Avoir sommeil ; D. m. p. ; « J'ai la lourde ! », Feu, 284. Avoir la pau- pière lourde se fût condensé en *Vavoir lourde. On a, ici, la chose nommée tout droit par sa qualité maîtresse ; cf. la lourde, la Porte ; la longue, l'Année ; préparé par être lourd de som- meil, la lourde est le Sommeil, comme, préparé par a^^oir V estomac creux, la creuse est la Faim.

luisante, f., Baïonnette ; d.

lumineuse, f., Fusée éclairante : « les salauds d'en face envoient une lumineuse », saint- CASSiN, Temps Buté, in Front, 1-9-16.

lunettes en peau de saucisson (avoir les), Être gris ; FAGus, 564. Y voir trouble.

macab, m., Cadavre ; Parisiens, 81® t., mai 16; | « macchab », Feu, 15, 248, 340. Apocope de macabé, même sens, écrit souvent macchabée, (ex. Feu, 213, 282, 291), par un souvenir d'histoire sainte peu motivé ; (cf. palace).

macavoué, m., Obus, ou Torpille aérienne : « Macavoué, argot d'Artois, 1915. Disparu », L. POTTECHER, avr. 18 ; | « Trois fois nous y avons été en quatre jours, une fois le temps

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d*y passer la nuit ; mais le lendemain matin, oh ! sainte Brigitte I des gros macai^oués (comme dit le capitaine) nous tombèrent sur le dos », Lettres héroïques, (1915), 28 ; h. barbusse l'a employé , Feu, 24-8-16 (= p. 59), mais il m'écrit en oct. 16 que le mot lui fut communi- qué ; cf. préface, p. 14 ; sain, l'a pris dans Lettres héroïques ; D. m. p. et déch, le donnent sans référence, et ont pratiqué sain. ; M, Potte- cher est le seul témoin que j'aie trouvé de ce mot. Lorrain hacaoué, Têtard de grenouille, à Dombasle, Rigny S*-Martin, S*-Mihiel, Com- mercy, bocaoué à Pont-S*- Vincent, déformé par l'auteur de la lettre héioïque : m est la nasale de & ; ç^ est inséré, (cf. caoua >- cavoua, Café). Le projectile de crapouillot ressemble au tê- tard par son corps cylindrique et sa queue ; cf. queue de rat, saucisson.

machine à broder les pans de capote, f., Mi- trailleuse ; 13® tir. alg., -18 ; ~ elle les brode à jours, festons et dentelles. D'où ensuite, syn. : machine à coudre les pans de capote, f., ib., juin. 18 ; par chevauchement avec le suivant.

machine à coudre, f., Mitrailleuse ; lambert ; « Quand nos mitrailleuses sont en actions, le

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Boche en sa guitoune déclare : Voilà Franz- man à sa machine à coudre », dekobra, B. des A., 14-11-17. D'où machine à découdre, même sens; 156einf., C.M.-3, -18 ; | agatha Tu t' goures. <;...>- C'est pas la machine à décou- dre : c'est une motocyclette qui radine sur le chemin », Feu, 227 ; contamination de l'idée que la mitrailleuse découd beaucoup d'enne- mis avec l'image auditive de son « tac tac » de cloueuse de tôles.

machine à couper l'appétit, f., Cuisine-rou- lante ; 40^ art., -18.

machine à dépeupler, f., Mitrailleuse ; d.

machine à ramer le paletot, f., Mitrailleuse ; D. Elle étend la capote, et l'homm^e dedans^ «^ur le « biUard » ; ramer une pièce de drap, l'Etendre sur un châssis dit rame,

machine à secouer le paletot, f.. Mitrailleuse ; expression rapportée su 130^ inf. par tm gradé qui la cueillit en juin 16 ; à Ja mode aux 2^ c^^, 109e inf., nov. 17 ; au 246^ inf., à Chauny, fin mars 18 ; aux 13^ tir. alg., 8^ génie et 40^ art., mai 18. Syn. : secoue-paletot, m. ; d. ; machine à épousseter les paletots, f.; RALF,in M. de Fr., 16-3-18, p. 319 ; métaphore sur le bruit rageur de son « tapotement ».

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magogniau, m., Obus (de 150 et au-dessus) ; 40^ art., -18. Cf. mangonneau, Baliste du Moyen-Age.

mahaud, m., Bas-Breton (parlant la langue bretonne) ; usuel dans les corps du nord-ouest ; 40e art., s^n sanit. 85, -18 ; d'où, syn. : mahoudi, m., 40® art., -18. Mahou, mahaud, très antérieur à la guerre. Niais, Nigaud, Lourd, désagréable et bête, en Anjou, ver- rier et ONILLON ; cette injure est appliquée aux Bas-Bretons dans le nord de la VendéC; à Redon, à Rennes, dans la Mayenne ; on peut éclairer ce mot, et même aussi expliquer di- rectement notre sens par le mot, du Ht-Maine, mahon, Qui parle d'une façon inintelligible, MONTESSON ; le Bas-Breton « mahonne » en ce qu'il parle une langue nationale.

malabar, 1, Malin : « Les types de Panam, c'est des types malabars, <••.>• », un soldat, non parisien, nov. 16. Malabars, catégorie de Mercantis qui pullulent dans les ports francs, (Beyrout, Tunisie, Gibraltar, Portugal, Co- rée,...), vendant des plumes d'autruche, des bijoux, des soieries, du tussort,... ; habillés à l'européenne, ils ne sont pas obligés d'être nés sur la côte du Malabar. A Corée on leur achète

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des objets de luxe qu'on paierait 60 0/0 plus cher à Dakar, si Ton est plus disposé à les rouler qu'à les écouter. La propagation du mot est due à nos marins. Syssém. : arabe, juif, Mer- canti retors. 2, Gros et joli :'« un canon ma- labar )), c^l, -18. Autres mots de sabir médi- terranéen : bamboula, barda, barbaque, estanco. Autres exotismes : chouya ; bougnoul ; toumané ; cagna ; zigzig ; finish ; boucher noir.

manche (tomber sur un), Subir un échec, Rater son offensive, Avoir une désillusion ; 81^ t., août 14-oct. 17, généralisé par les Pari- siens ; très usuel et très général. Je lis : « La défaite autrichienne, d'après une estampe populaire russe qui s'est inspirée de cette locu- tion en usage chez nos alliés : « Ils sont tombés sur la fourche », locution qui a presque mot pour mot son équivalent en français », légende d'un dessin, Pet. Par., 9-6-16, présentant une paysanne russe, robuste, rieuse et géante, qui k cueille du bout de sa fourche un soldat autri- h: chien. Il est cependant fort peu vraisemblable ^t que nous ayons affaire, avec manche, à une ^H métaphore native, et beaucoup plus à plusieurs ^B syssémantiques et synonymes enchevêtrés et ^H entremordus. D'une part, un mot comme

I

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emmanchement, Etat de Thomme qui se voit dupé, (un Nantais illettré, -15), donne à penser que le manche en question se trouve dans le verbe passif se faire emmancher, Etre dupé, dont l'image rappelle le supplice du pal. D'autre part, une pelle a un manche et on dit ramasser une pelle. Subir un échec. Mais je connais aussi les manches des parapluies, des parapluies dits pépins ; or on nomme usuelle- ment, surtout dans la marine, pépin un Acci- dent de machine, une Situation embarrassante : avoir, attraper, ramasser un pépin ; l'origine en est-elle glisser sur une peau d'orange, tomber sur un pépin, comme pour le ramasser ? On a pu passer de pelle à pépin ou de pépin à pelle. De parapluie à ombrelle le pont sémantique est court, et aussi d'ombrelle à bec, soit parce que le bec de la canne de l'ombrelle est au bout du manche, soit parce qu'on a croisé *ramasser une ombrelle avec se trou<^er le bec dans Veau ; ainsi s'expliqueraient tomber sur un bec, (81® t., -15), et être, se trouver bec d* ombrelle, (paraud) ; duquel bec serait issu tomber sur un bec de gaz, même sens toujours, 81® t., 14-17, connu en -18 de tout le monde. La seule chose cer- taine en ces diverses locutions, c'est que les

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verbes succédanés avoir, être, se trouver, ra- masser, tomber sur ne fournissent pas d'image précise et ne servent qu'à introduire librement le substantif comique. Et dans un tel imbroglio, l'hypothèse de plusieurs affluents sémantique.' est pour l'étymologiste, jusqu'à plus ample informé, une dépense nécessaire.

manche à gigot, m., Pétard allemand, une boîte de mitraille sur un menche ; 46®, 246® inf 16-17.

manche à poils, m.. Imbécile : « Il a tout du choléra, c' p'tit manche à poils î), Feu, 21-8-1 f^ , « c' vieux manche à poils ! », ib., 211. Syssém. et syn. : manche à burnes ; 19® inf., -95 ; manche à bastos ; ross. ; et, sans complé- ment, manche; 81® t., 15-17; | Feu, 130; || 19® inf., -95, que le poil recomplète à nou- veau.

manche à balai, m., Levier de profondeur de l'avion ; usuel aux aviateurs, le mot a passé dans le style quasi officiel ; à la R. G. Aé., oct. 17, un avis placardé, signé d'officier, recommande de mettre « le manche à balai» à telle position après l'attr.rrissage ; | Journ., 8-5-16, p. 2, c. 4 ; « aux as du manche à balai », aux Aviateurs hors ligne, Fantasio, l-li-16,

~ 335

p. 235, c. 1. Métaphore prise du calibre et de la longueur d'un manche de balai.

mandoline, f.. Vase pour le malade alité; hôpitaux,Bourges, Chantilly, -18 ; | R.M.H.,5'oi- même, 15-4-18. Syssém. : violon, m., même sens, (et non Urinai, définition de dauzat, 16-4-17) ; 81^ art. 1., mai 18.

manut', f., Manutention mihtaire ; 81^ t., -16 ; I Feu, 6-9-16 ; fagus, 563.

maouss, adjectif, parfois substantif par sy- necdoque ; s'est répandu considérablement de- puis -14 ; n'est connu au 81® t., mars 16- oct. 17 que des plus parigotisants et des meilleurs argotiers ; H est connu aux sens Gros, Fort,Bon, sur les chantiers parisiens et chez les troupiers, depuis une vingtaine d'années, témoignages d'un ancien terrassier' et d'un ancien zouave en -16 ; usuel à Brest et S^-Brieuc dès -95 : un vent maouss, un plongeon maouss, un rivet maouss ; A, 1, Gros : « Et rien que des maous : des 380, des 420, des deux 44 », Feu, 233, à propos de la canonnade à Verdun ; syn. de gros. Gros obus ; 2, De grandes di- mensions : Les éclatements d'obus « ont creusé des trous... des trous « maouses » )), friedberg, Fantasio, 1-9-16 ; « Et un espion pas ordinaire,

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un espion maous, un espion comaco », FeU^ 21-8-16 ; d'où moralement, en parlant de ces hommes qui portent leur atmosphère avec eux, « Les types de Panam, c'est <C...> des mecs maouss », un soldat, non parisien, nov. 16, (voir malabar) ; B, Bon, Epatant, (par son chic, sa saveur,...) : un secteur maouss, un secteur Pépère, Tranquille ; « On est maouss maintenant, on voyage en lanterne magique », On est des rupins, notre wagon a une lanterne magique, le même soldat susdit, à propos d'une lanterne préhistorique suspendue aux crocs à bagages; | « Le médecin chef est un charmant homme et je suis dans ses papiers. Mais quand pïion épaule me laissera faire le salut militaire à la hauteur, je lui décocherai un mahous » et je retournerai à mon poste au front, e. c, Pet, Journ., 8-4-16 ; « Il fait claquer sa langue et sacre « maous » le pinard », arnac, Fantasio, 1-4-17. SAIN, rapproche le picard mahousse, Grosse femme. Truie ; dauzat, 27-6-17, Tan- gevin mahaud, mahou, Lourd, désagréable et bête. L'un et l'autre rapprochement laissent deux hiatus, de sens et de milieu social. En admettant que notre maouss soit parfois syn. de Lourd, il ne Test jamais de Lourdaud, il

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ESNAULT 22

n*est jamais péjoratif : « Adjectif admiratif généralement suivi [mieux : souvent suivi ou précédé] de pépère, soi-soi ou poi-poil », dit poiLULOGUE. Le mot semble avoir été couvé aux chantiers et aux camps (algériens ?) et non pas aux champs ; il est vrai qu'un trans- fert social a pu justement produire une saute de sers. L'arabe mâoueudj) {eu bref), Arqué, En érection, d'où Gros, Grand, Imposant, Puissant, Excellent, semble en posture d'ex- pliquer maouss. Cf. « homme maûs », cargo. Innocents, 94.

maouss- pépère, pépère- maouss, Gros, Co- pieux, Confortable, Respectable et bien fait. Beau ;plus usuels dans les corps d'activé que de territoriale ; inusités au 81^ t., 14-17 ; pé- père-maouss,au:K. 40^ art., 130® inf.,-18, plus usuel que maouss- pépère; | Si un obus « ronfle fort : c'est un pépère maous ! dit-on », un poilu des tranchées de Luxembourg, sain. ; « de la becquetance maous pépère », pantruchard ; « « Chouette turne ! » s'exclame le caporal. « On va être bath », approuve un poilu. « C'est pépère maousse », conclut une troisième voix. Et de suite l'on s'installe. La cave servira de chambre à coucher », Canard du boyau, ijx

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B. des A., 27-5-16 ; « QUINZE grammeg, sa- peur complètement retourné, mais fantaisiste, C*^ 9 /l du 6^ génie, par B. C. M., Paris, demande marraine maous pép. », c.-à-d. Maigriot, il me faut une marraine dodue. Vie Par., 19-8-16, p. 632, c. 2.

maouss poilpoil. Très énergique : « MAOUS POILPOIL, cl. 17 de Panam, une brisque déjà, très sport., <;...]> dem. corr. avec gent. marr. Paris., gaie, sentim. », Vie Par., 19-8-16, p. 632, c. 2 ; maouss poilu ; sain. ; cf. poipoil. Il y a couleur à rapprocher maouss poilpoil des qualités du poilu, c.-à-d. du combattant, et maouss pépère plus spécialement de celles du combattant territorial ; mais n'écrivez pas, comme M. Sainéan, p. 151, que leur emploi se répartit « suivant qu'il s'agit du territorial ou du troupier », l'adverbe disjonctif « ou » est une impertinence involontaire.

maouss- soi- soi. Copieux et délicat : « une marraine tout ce qu'il y a de pépère et qui en- voie des paxons maous soi-soi », c'est « une dame de l'arrière, pleine de cœur et de gen- tillesse, qui envoie des colis remplis de bonnes choses », CHAPELLE ; « maous soie soie », Pé- pères, 7. Voir souasoua.

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maquillé, Blessé : « Quant au pilote s'il est « maquillé » il va àwl'hosto » )),thavet. Ma- quiller, syn. populaire de Faire ; d'où maquiller qqn, le faire, lui Régler son compte, le régler, ex. Philibert, 159.

marabout, Abstème ; 2^ c^^, -18 : être mara- bout, Ne pas boire de vin ; « mot venant des Sénégalais », i. lâchât.

marchand de baisers, m., Vaguemestre ; sec- teur 93, B. des A., 26-7-16, p. 12.

marche en zig-zag, (f. ou m. ?), Eau-de-vie ; 156^ irf., avr. 18. L'anglais a to do zig-zag, Etre ivre, zig-zag, Homme ivre, elwall. En H*^-Bretagne, -03, zigzaguette, Certain degré d'ivresse ; à Plérm (C.-du-N.), -le, zig. Ivre. Aux 40^ art., août 18, s^n sanit. 85, oct. 18, zigzag. Ivre, est du sabir tout récent aux Yanks en voisinage. Syssém. : dérive, f., Eau-de-vie ; D. m. p. Cette liqueur met d'abord du vent dans les voilc^ ; mais redoublée de dose elle drosse le bâtiment humain comme le vent, le courant, ou la mer, et au terme de sa course le navigateur terrestre se trouve sou- vent dépalé de son but.

marie-louise, m.. Conscrit de la classe 1915 ; Int. des Ch., LXX, 180 ; « nos petits Marie-Louise

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<...> des classes 1914, 1915 et 1916 », e. h.. Temps, 24-5-15 ; « les Marie- Louise, les jeunes de la classe 15 », marcel, Journ., 26-6-15. Nom donné en 1814 aux conscrits convoqués sous le seing de Marie-Louise régente ; B. des A., 20-9-16, p. 13, c. 1.

marmanche, f.. A, Marmite de campement ; p'tit gars. B, Marmite (obus) ; c^^, -18. marmite (grosse), f., 1, Gros obus boche; 8le t., fin sept, 14-janv. 15 ; 125^ inf., déc. 14 ; I « aux explosions des grosses marmites », Bi- card, I, 7 ; 2, Gros obus ; 81® t., -15, rare- ment : « du 75 ou des grosses marmites ? ». marmite, f., 1, Gros obus boche ; 81® t., -15 ; 125® inf. et autres corps ; universel et usuel jusqu'à être quasi technique ; académique, et, comme tel, usé, 40® art., sept. 18 ; postérieur à grosse marmite ; plus rarement, au lieu de sous-entendre ainsi grosse, on dit une grosse noire, en sous entendant marmite ; 2, Gros obus ; 81® t., 15-17, rarement : « nous allons leur envoyer des marmites, paraît-il ».

Le pot-au-feu est un vase se cuisinent des éléments multiples, le culot d*obus un vase d'explosifs chimiques et de débris métalliques hétéroclites ; le sématisme est Contenu fort

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chaud d'une marmite de ménage. C'est ce qui fait que l'image a convenu primitivement aux obus boches, parce que l'imagination les saisit à leur explosion qui met à jour leur contenu, et non à leur départ ; ce sématisme est corroboré par la définition que donne un poète suffisam- ment populaire : « Qu'est-ce qu'une Marmite ? <...> C'est un hideux bolide inventé par l'En- fer Qui contient des pruneaux confits chez Krupp-le-Boche, Des petits pains K. K... en cuivre ou bien en fer <C...> C'est le jouet teu- ton, la surprise fragile Qui vous apporte de tout : du plomb, du zinc, des clous )), a. sOriac, Poilu au 277® rég. d^inf., sonnet sur carte pos- tale, en vente en juill. 16. L'image serait exprimée encore plus exactement par le dérivé marmitée ; ce mot est attesté : « Marmitée, Eclats d'obus », D. m. p. ; M. Barbusse l'a employé : « Le type <;...> avait l'air pas ras- suré et s'en r'ssentait pas pour la marmitée », Feu, 58, encore que dans cette phrase marmi- tage semblerait convenir aussi bien. Selon p. MILLE, marmite « date des exploits anar- chistes », Fantasio, 1-5-15, p. 142, c.-à-d. d'en- viron -93 ; il serait naturel que, les anarchistes ayant lancé des bombes de propagande par le

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fait, les bombes de bombardement aient reçu, par dér. syn.,le même sobriquet qui fut donné à celles-là ; il sera relativement facile d'établir si quelque anarchiste se servit d'une marmite réelle pour quelque attentat fameux ; si on ne retrouve pas ce fait,il sera mieux d'admettre que le sématisme, dès -93, fut pris du contenu hétérogène de l'engin explosif. Il est amu- sant, mais insignifiant, de signaler qu'on trouve en 1758 « des bombes appelées en mar- mites, parce qu'elles en ont la figure, et des bombes oblongues que quelques-uns appellent à melons », la chesnaye des bois, Dictionnaire militaire, I, 236 ; ce texte exhumé, dans sain., a incité à supposer que le mot marmite aurait été conservé par « la tradition des écoles d'ar- tillerie et de Polytechnique », dauzat, 16-4-17, 666 ; on sait au contraire que notre marmite est populaire, que les balisticiens n'ont pas tenté de l'expliquer, et qu'il fut d'abord appli- qué et reste propre aux obus ennemis.

Dér. : marmiter, 1, Bombarder par gros obus ; usuel et général ; « nous avons été marmites » ; 2, Pleuvoir (en parlant d'obus) ; 109® inf. et génie, 17-18; | « Ça marmite ici ? », mac oRLAN, Journ.y 8-2-16 ; marmitage, m.,

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Bombardement par gros obus ; usuel ; | « avant ou pendant les « marmitages » », A. fr., 15-3-16, p. 4, c. 1 ; « ce marmitage intensif », Matiriy 13-7-16, p. 1, c. 5 ; d'où, littérairement. Action réalisée par surprise brutale : « M. Be- douce a déclaré que toute discussion a été rendue impossible par le fait que le projet a été, au début de l'après-midi, devant une salle vide, « adopté par un véritable marmitage » », Echo de P., 8-3-18, p. 2, c. 2, compte-rendu de la Chambre ; marmitable, Bombardable ; D. ; marmiteux, Fécond en marmites ; d. ;

marmitant, Ecrasant d'inouïsme ; 81^ t., 10® c*®, avr. 15 ; syssém. : renversant, suffo- cant ; marmite, Stupéfait : « j'en suis mar- mitée », provins. Vie Par., 11-11-16, p. 851, c. 2.

Syssém. immédiats : bouteillon, Torpille, le bouthéon étant une marmite réduite indivi- duelle. — pignate, f., Gros obus ; Balkans, d. ;

pignate, Chaudière, (de l'italien pignatta, Marmite), est usuel dès longtemps dans la ma- rine à vapeur ; tel corps l'emploie au sens Cuisine-roulante, d.

Autres syssém. : œuf de Pâques, m.. Projectile explosible lancé à la main ou par un canon de

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bois, fabriqué expéditîvement d'une grosse douille ou d'une boîte de singe, usage du début des tranchées ; 10® et 27^ inf., S^-Mihiel et Woëvre, -14, N.-D. de Lorette, -15; | « Les « œufs de Pâques » -<..•> radinaientsur nous, en vitesse », j. des vignes rouges, Journ., 1-6-16 ; l'œuf de Pâques est une boîte à surprises ; plein de bonnes choses, il offre ici une ironie qu'on retrouve dans {ça se) donne ; le mot se retrouve en boche : osterei [œuf de Pâques], Obus, delcourt ; cf. boucher noir. boîte de conserves, f.. Mortier de tranchée, Crapouillot : « puis, périodiquement, armés de boîtes de conserves qu'ils nomment crapouillots et de queues qu'ils coupent aux rats quoi cela peut-il bien leur servir ?) ils [les Poilus] partent chasser un animal nommé Boche », POiLULOGUE, entendez Armés de Cra- pouillots qu'ils nomment boîtes de conserves et de Projectiles qu'ils nomment queues de rats ; le texte est ironique et se doit lire à l'envers; M. Sainéan l'a lu à l'endroit ; (ne pas con- fondre cette boite de conserves avec le sens étendu de boîte de singe). tonneau de chou- croute, m., même sens ; d. fût-de-bière, m., même sens ; inf.. Lorraine, 14-15, aynaud ;

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noms de cuisine germanique, réservés sans doute aux projectiles boches, (avec allusion à la force du calibre). seau hygiénique, m., Torpille de 245 ; d. ; vase de déchets mêlés et malodorants. cf. bouteille. Syssém. plus lointain, ne se trouve plus l'idée de contenu : chaudron, m., Obus : « un quartier de chau- dron qui nous tombe sur la tête à huit kilo- mètres de distance », a. daudet, Les francs- tireurSy (1871), la suite de Robert Helmont, in-8^, p. 46, c. 2) ; le culot étant un vase métallique comme le chaudron.

maroc, m., Pain ; certaines unités du Midi ; DAuzAT, 1-1-18, 69. Emprunté aux soldats piémontais ? chez eux maroc, Pain, est usuel ;

DAUZAT, ib.

marouille, (f. ?), Mitrailleuse ; 29® dragons ; d.

marraine, f.. Maîtresse qui commence le commerce galant par échange de lettres : « MA- RIN voudrait marraine <...> », Vie Par., 11-11-16, p. 865, c. 3 ; autres textes anté- rieurs, ib. Déviation du sens Femme qui de l'arrière protège un poilu, apparu en -15.

marsouille {la), f., l'Infanterie coloniale ; 52e çal Qi divers Parisiens, (inusuel au c^^), -18 ; I PAUL FiOLLE, La Marsouille, titre ;

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ensemble des marsouins, Fantassins coloniaux, anciennement Fantassins de Marine. Cf. la biffe, l'Infanterie de ligne ; 81^ t.,14-17 ; | Ca- baret, 457, 466 ; Il 19e inf., -95 ; ensemble des biffins, Fantassins de ligne, comme c'est aussi l'Ensemble et le Métier des biffins, Chiffonniers, (rig.) ; cf. la gouape, la Boulange, l'En- semble des gouapeurs, des Boulangistes ; et ici bigorre, mitraille, séné gai.

massier, m.. Vaguemestre ; secteur 194 ; B. des A., 11-10-16, p. 13, c. 1. « Ce mot simple à prononcer a l'avantage de rappeler la masse que parfois le poilu reçoit pour acheter du pinard », ib. ; masse, Argent : « Aboule la masse ! », hirsch, Le Tigre, 299 ; ai^oir masse complète. Avoir la bourse bien garnie, merlin.

matau, matot, m.. Matelot ; 23^ alpins, d. D. y voit l'apocope de matelot. Mais matao, (2 syllabes, 0 semi-voyelle), c'est Mathurin, en Loire- Inf. et Vendée, et un mathurin c'est un Marin. Le singulier matai, (d.), quoique plai- sant, plaide pour la forme matau.

matériel de secteur, m., Militaire qui reste dans un même secteur, pris en subsistance par les unités qui s'y succèdent ; se dit bien des gardes de matériel, des observateurs de corps,

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des téléphonistes, d*un puni de « prison » que sa compagnie laisse en première ligne à la relève, et, par extension, des agents de liaison et chefs de section qui restent quelques jours après la relève pour passer les consignes ; 109e inf., 16-17 ; 289e inf., -18 ; « j'ai été déta- ché dans un service je faisais matériel de secteur », a. arnoux, lettre, avr. 18 ; com- paraison avec les outils, effets, et munitions qui doivent rester en secteur et sont transmis en charge aux relèves. Syssém. : accessoire de coque, m.. Marin ancien à bord ; marins, 16-18 ; I jB. des A., 18-7-17; un accessoire de coque est d'ordinaire une grosse pièce de ma- tériel fixe, riçée à bord.

maternelle (/a), .Salle, sise près du corps-de- garde, puis, à partir de l'été -17, Baraque de quatre salles, deux grandes, deux petites, cons- truite de neuf, servant à l'instruction des météorologues, à la R. G. Aé., sept. 17-mai 18. L'idée est Ecole maternelle, d'autant plus naturelle que les membres de l'enseignement étaient en majorité parmi les météos. Une sorte de respect attaché au mot interdit de le chan- ger ; ainsi pouponnière, couveuse, sont mal reçus, mayonnaise (faire la), Agiter le manche à

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balai circulairement dans tous les sens ; avia- teurs ; Miramas, mai 18.

mec en blouse, m., « Chose belle, ou grosse, ou qui fait du bruit » ; légion étrangère, a. ar- Noux ; I Une torpille arrive sur nous, et n'éclata pas ; un Alsacien, ancien légionnaire, essaie alors de blaguer : « Le Sanct Petrus a pas voulu qne j'aurais été bousillé par le gros mec en blouse qui ratatine... », Cabaret, 459 ; rata- tine, pour radine, mauvais français individuel de l'Alsacien de qui l'écrivain recueillit ce pro- pos ; mec en blouse, « expression de la légion étrangère, (surtout de l'ancienne légion), signifie originairement un homme riche, par extension tout individu à la hauteur, et, par extension encore, [définition ci-dessus] », a. arnoux. Syssém. : pépère. Gros.

mèche à briquet, f., Fourragère honorifique ; usuel au 81^ art. 1. dès fin -16 ou janv. 17; | expression à la mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17. Est-ce bien, comme je l'ai cru, G. E., 1-4-18, 426, et comme tendrait à le faire croire le rapprochement avec mèches, Galons, soldats genevois, Schw. Sold., 72, une métaphore visuelle pu tactile prise de la forme et de la consistance du cordon ? La fourragère

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sert, sans confortable, mais réellement, de mèche au briquet ; i. lâchât, l. pottecher. Dans un régiment décoré de la fourragère, de- mandez du feu à un soldat qui ne la porte pas... Ce serait ainsi une simple métonymie de l'objet par sa destination. En tout cas, dans le premier semestre de -17 la seule fourragère existante était aux couleurs de la croix de guerre, vert et rouge ; la fourragère aux couleurs de la mé- daille militaire, jaune et vert, accordée pour la première fois le 14-7-17, (au 1^^ rég* de marche de la légion étrangère), n'est donc pas spéciale- ment visée en raison de son jaune par le nom de mèche à briquet,, comme l'a cru g. rozet, Œuvre, 25-7-17. Syssém. : amadou, m., Fourragère : mériter Vamadou, 2^ c^^, août 18 ; amadou, Mèche de coton pour briquet à silex, en Bretagne, Charcutes, Béarn, par sur- vivance.

me-îe, m.. Avion Maurice Farman ; avia- teurs, -17 ; I Mousqu., 146. Des deux ini- tiales, M. F., marque de ce type ; cf. fe-fe.

mélangé. Ivre ; g. turpin, -18; | Le Piège, de soupe, ne revient pas ; « Pourvu que Le Piège ne soit pas « mélangé » avec ses « mar- n^anches » ? », p'tit gars. Syssém. : en dé-

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Sordre, Ivre : « Ah ! laisse-moi, bégaya-t-il, tout en titubant légèrement : je suis un peu en désordre », valmy-baysse. Mots de poilus, Journ., 12-11-16. Le désordre, le mélange, en question, est celui du cerveau ; il ne s'agit pas de l'ivresse qui jette par terre, par quoi l'homme est mort, retourné, et raide, mais de celle qui laisse constater le désordre des atlas cérébraux, bousillés, et noircis, au bibliothé- caire même de ces atlas.

menteur, m., Journal ; très usuel au 81^ art. 1., mai 18. Menteuse, Affiche, dlle. Cf. bour- rage.

merde, f.. Temps bouché, qui empêche de voler ; R. G. Aé., -17. Syssém. : crasse, f., 1, 1*^, Brume qui gêne pour voler la « crasse » salissait l'horizon », eynac, Gu. Aer., 3-5-17, p. 387, c. 3 ; crasse ou merde, ce sont des « temps à ne pas mettre une direction dehors », Matin et Journ., 5-7-16, syn. aviateur de temps à ne pas mettre un chien dehors ; 2^, Nuage noir : Allons « visiter ce petit paquet de crasse», Mousqu., 138 ; 2, Dépression avec pluie et vent, visible sur la carte du tenips ; météo- rologues, 17-18.

merde (dire). Rater : « L'engin n'a pas éclaté.

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' C'est un obus qui dit merde », Feu, 234. Cf. œil qui dit merde à Vautre, œil Louche, et surtout foirer, Faire long feu, hdt.

messager d'amour, m., Vaguemestre ; à la 3/63 génie, B. des A,, 30-8-16, p. 13. N'est-il lettre que de marraine ?

métaux, m.. Obus : « J'allais sans cesse de Cumières au poste de commandement sous une dégringolade de métaux », e. c. Pet. Journ., 8-4-16. Cf. fer.

métallurgie, f.. Fabrication des bagues, croix, calvaires, cœurs, porteplumes, en aluminium, dans la tranchée ; 81® t., 10^ c^e, -16. C'est une métallurgie qui ne renvoie pas en sursis à l'arrière.

météo. A, m., Météorologue ; B, f.. Météo- rologie. — Cf. aréo.

métro, m.. Abri souterrain pour section, avec Jjurtie à chaque bout ; d. Moins vaste est le guignol, m., Cagna à un seul habitant. -^ L'abri le plus sommaire, mais naturel, ce sont les épaules ; voir colimaçon.

miaule, m.. Mulet : « les miaules sont de pré- cieux auxiliaires pour les grelus », x..., Le « miaule », sorte de physiologie du mulet, dans le Grelu (159^ inf., régt ht-alpin), 30-5-16 ; « les

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braves « miaules » au pied sûr, dandinant leurs lourdes têtes coiffées d^oreilles brinqueba- lantes », Diable au Cor, in Front, 25-10-16 ; E. R., Journ., 24-10-16, p. 2, c. 4 ; art. du 120 Court, in B. des A., 25-4-17. Mot de Savoie, et en usage aussi, me dit-on, à Chablis (Bourgogne) dès -70. Dér. : miôliste, m., Muletier ; d.

miaulant, m., Obus de 77 ; inf., adj. le- coNTE. miaule, m.. Obus, de 77 boche, et" de 75 français ; 81® art. 1., mai 18 ; | Obus de 77 boche ; V. du p, ; apocope de miaulant^ exprimant l'obus par son cri ; « Quelques obus passent en miaulant )), pawlowsky. Signaux, 184 ; cf. youyou, Torpille aérienne, et gueulard (^).

(^) Onomatopées du 75 : « Ça fait csss... ping !... Non, dit l'adjudant... Ça fait tss... frac !... Ça ne fait pas ... frac, dit Dufîau, musicien à ses heures. Je traduirais l'éclatement par « vrr... cragh... ph... » », r. l., N. Contes ^ér., 112. Cf. « le bruit de leur trajectoire [des 77] ressemblait à une longue inspiration suivie d'une profonde expiration d'éclatement », p. c, ib., 7 ; « les petits obus [de 75] vibraient dans l'air, comme s'ils cou- raient en se poussant le long d'un même fil métallique », GÉFREY, Contes i'ér., 232.

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ESNAULT 23

mie de pain mécaniaue, f., 1, Puce ; D. m. p. ;

si vous voulez chasser avec le dessous du doigt des miettes de pain de dessus un tapis de reps, vous les verrez sauter comme puces, aussi haut et aussi imprévisiblement. 2, Pou ; Feu, 9 ; D. m, p. ; ce sens 2 semble moins heureux, du moins pour ce qui est du ressort mécanique ; mais des mies de pain sèches dans un lit ou dans la culotte font dfe quoi se gratter.

Mie de pain, Vermine ; dlle. mille-pattes, m., Applique de brisques nom- breuses ; 289^ inf., août 18. Cf. moustique.

minèn, m., Minenwerfer ; 81® t., oct. 15-17, les officiers et les lettrés ; 156® inf., avr. 18, un lieutenant ; | « Quelques minen, des « saucis- sons )) éclatent », l'autre sergent, Œuvre, 4-11-16 ; « un éclatement de minen », z., Armée de la guerre, 163 ; cf. ih., 204, et z, Armée de 1917, 195 ; une prétendue francisation en « minène », signalée par cohen, 74, est une simple graphie, sans intérêt si le substantif coupé reste masculin comme je l'ai toujours entendu. Lance-mines, m., proposé pour Minenwerfer, n'a pas pénétré au 81® t.

miner, m., Minenwerfer. Cette forme s'insinue au 81® t. depuis sept. 15, devient assez usuelle

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au premier de Pan et unique dans Pusage po^ pulaire vers le 20-1-16 ; le caporal Guihard, qui parle une bonne langue et a l'oreille fine, semble le seul primaire disant minèn le 30-1-16 ; I « marmitage effroyable, 150, 210, miners, torpilles, rien ne manque », lieutenant b., Gu. Aér., 9-8-17, p. 622, c. 1, (coquille pour minen ou minens ?) ; plus brutal que minèn, ce raccourcissement est une véritable hernie réséquée.

miner le, pylône, Exagérer grossièrement : « Le secteur [la banlieue nord-est de Paris] n'est pas des plus calmes. Les Boches, selon la nouvelle expression à la mode ici « minent le pylône » (lisez cherrent unpeutrop)», h. pinel, lettre écrite de la R. G. Aé., 9-6-18. Cf. bous- culer.

mirliton, m.. Canon (de 75) : « mener de mon mieux notre brave mirliton », lettre d'artilleur, M. de Fr., 16-3-16, p. 377. A rapprocher de flûte et clarinette signalés, sous cigare^ comme termes conventionnels de communications té- léphoniques.

mitraille {là), f., l'Ensemble des mitrailleurs d'un régiment ; 81^ t., août 14. * Cf. mar- souille*

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mitrailleuse à gosses, f., Femme prolifique : « Elle pondait un enfant tous les ans. Réglé, recta : une vraie mitrailleuse à gosses ! », Feu, 175. Métaphore de rythme.

mitrailleuse à pissenlits, f., Sabre série Z ; D. Double rafraîchissement des syn. coupe- choux, tranche-fromage ; d. y voit une allusion aux malades qui pissent au lit ; mais si les infirmiers, à qui ce sabre n'est pas spécial, adoptent cette explication, c'est par un séma- tisme adventif.

mitre, f., Obus de 210 allemand ; V. du p. Cf. pot'de-fleur,

mobilisé, Employé à l'arrière par mobilisa- tion industrielle ; usuel et général au front aussi bien qu'à l'arrière, 15-18 ; d'où se mo- biliser. Se cacher ; d. ; cf. embusquer, 2.

mobilo, f., Mobilisation : « à la mobilo », au Moment de la mobilisation d'août 14 ; un sol- dat, -16. Cf. çéto.

mochtévo, Moche, Laid, Sale : « Mon quart est mochtévo », ouvrier parisien, mai 17. Moche, suffixe d'après le russe nitchévo ?

modiste, f., Zouave ; d. Syssém. : blan- chisseuse, f., Zouave ; d. De sa culotte bouf- fante.

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mon-bon {les), m., les Français du midi ; 40^ art., -18 ; de leur vocatif usuel ; syn. : marins, m. ;ib. ; de leur prénom fréquent ;

macarelle, m. ; ib. ; d'un de leurs jurons ; cf. hildepute, m., Béarnais et Landais ; d. ;

de leur juron familier ; chtimi. montagnes russes (faire les), Tanguer en

avion : « le zeph me fait faire le crabe, puis les montagnes russes », montgeorge.

monter, Aller occuper les tranchées ; inf. ; Se rapprocher de la ligne de feu ; art. ; usuel et universel. Antonyme : descendre. Quitter la ligne de feu pour une ligne de soutien, ou les lignes pour le cantonnement ; usuel et univer- sel. — « Un journal du front pose respectueu- sement une question à ce qui nous reste de l'Académie française : Doit-on continuer à dire, pour une troupe qui relève : « Monter en ligne )) ou « monter aux tranchées » ? ce qui équivaut exactement à l'expression : « monter dans un trou. » )>, Œuvre, 30-3-17, p. 2, c. 3 ; l'Académie, même sans consultation de ses deux maréchaux, répondra que c'est un souve- nir des locutions de service des places garde montante, descendre de garde. On dit là-haut. Sur le front, par opposition à l'arrière, mais

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c'est plutôt parce que le front se trouve dans le nord de la France, plus haut en latitude. De redescendre, Evacuer le pays devant l'en- nemi, en parlant de la population civile : Les habitants, entre Amiens et Noyon fuient de- vant le Barbare : « Ça recommence [C'est comme en 1914] !... On redescend ! », anon., Matin, 3-4-18, p. 1, c. 5. On dit volontiers descendre à la caisse, Aller à la prison [de la caserne], que soit la prison.

moral, m., Vin ; divers soldats, juill. IG- nov. 16 ; 81e t., 246e inf.. -17 ; en juill. 16 le mot arrive aussi à l'armée des Balkans : « « Pi- nard » sera-t-il détrôné ? Un autre mot vient de surgir. naquit-il ? Sur le front français, c'est certain ? Mais sur quel point du front français ? Je ne sais pas. Toujours nous est-il arrivé et lui avons-nous fait un excellent ac- cueil. Appeler le vin le « moral » nous a paru drôle et très juste )), m. -a. g.. Croquis balka- nique, daté « A l'armée d'Orient, Juillet 1916 », in Phare de la Loire, 9-8-16. Le vin soutient le moral, le courage ; cf. général. Syssém. : « Force morale », étiquette sur bouteille de co- gnac, Bourru, 104. remonte- moi- le- moral, m.. Eau-de-vie ; d. surmoral, m., Eau-de-

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vie ; 246e ou 289^ inf., -18 ; (— cf. surpoilu). relève- moral, m., Eau-de-vie, (jamais Vin) ; 156e inf., mai 18.

mords-moi-le-jus {un zigoto à la), « un Rien- du-tout ; par extension, un Epateur », a. ar- Noux ; 40e ^Yi^ .j^g . «C'est malheureux, tout de même, d'avoir affaire à des zigotos à la mords-moi-le-jus qui ne comprennent rien et rebiffent à la bagatelle », Cabaret, 469. Cf. un zigoto à la mords- moi- le- nœud, un Fanfa- ron ; un marin de Plérin (C.-du-N.), avr. 18 ; 156e inf., 40e ^^^t ^ 4g . _ f^ire qqch. à la mords- moi-le-nœud, le Mal faire ; deux Di- nanais, avr. 18 ; à la bouffe- moi-le-nœud, même sens ; un Nantais, avr. 18 ; une idée à la mords -moi-le-doigt, une idée Stupide ; Parisiens, -18 ; | « C't' une idée à la graisse d'hé- risson et à la mormoelle d'oie, ni plus ni moins », Feu, 190. Il y a un verbe mordre, Regarder, (voir chérer), mais il est inconnu de ceux de qui j'ai entendu ces locutions, dont les dernières, et aussi la définition de a. ARNOux,ne mettent pas Fanfaronnade en posture de sens premier ; sans quoi j'aurais traduit mords-moi le jus, Regarde ce chic (que j'ai en faisant telle chose) ; il est vrai que bouffer peut ne se trouver ci-

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dessus que par dér. syn., c.-à-d. avec déviation du sens de mordre.

mort- subite, f., Avion Morane-Saulnier ; avia- teurs, 17-18 ; simplement à cause de sa marque M. S. Le même jeu de contresens benoît donne nombre de « corrigés» de thèmes français-poilus ; ex. : les anciens maquereaux bien conservés,traduction perverse de A. M. B.C., (Armement militaire des bateaux de commerce);

consigné nord-ouest (prononcé noroît), Con- signé jusqu'à nouvel ordre ; marine, 14-18; |1 04-14 ; en face du nom de l'homme consigné jusqu'à « nouvel ordre )), le fourrier met les ini- tiales n. o., qui étaient aussi, naguère, le sym- bole du « nord-ouest », (aujourd'hui remplacées par n. w.) ; pieds et chaussettes, lecture plai- sante de P. C. qui signifie Ponts et Chaussées ; marins ; grand bordel divisionnaire, G. B. D., (Groupe des brancardiers divisionnaires) ; 2e c^i, -18 ; chauffeur- mécanicien {être), ou conseiller municipal, ou caporal mitrailleur, avoir C. M., (Consultation motivée) à la visite ; ib. ; merde. Mise en route des éclopés ; T^bul, -16 ; 130® inf., -18 ; ça va assez doucement, C. V. A. D. (Convoi administratif) ; Pépères, 54.

Cf. pé-cé-èr.

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mouchard, m., A, Manomètre enregistreur ; B, Baromètre enregistreur marins, centres de Dirigeables et de Captifs, nov. 17-juill. 18; || mouchard, A, Contrôleur des rondes, consistant en un cadran qui tourne sous une plaque de laiton percée d*un trou ; par ce trou le rondier poinçonne un papier au carbone plaqué sur le cadran mobile ; d'où vérification ultérieure de l'heure de sa ronde ; arsenal de Brest, janv. 14 et avant ; B, Compteur-enregistreur des tours de la machine, à bord des vaisseaux ; marins. L'instrument enregistreur par ses points ou sa courbe, qui restent, témoigne des manquements du rondier, et des inattentions que peut avoir l'homme de veille à la pression de la vapeur ou à la pression atmosphérique, et qu'il masquerait ensuite,n'était le mouchard, par des manœuvres trop brusques. L'enregis- treur les trahit donc autant qu'il les sert. On a déjà mouchard, «Tableau », dans l'argot, en -36, Jargon ; (peut-être ce tableau affiché, pendant la Révolution, sur chaque maiso-n et donnant la liste des locataires, pour aider la police ?) Le même sématisme a donné renard, Tableau indicateur, dans la ma- rine ; et, en style d'ouvriers, jaune, Ouvrier

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traître à la corporation, le Renard étant une bête jaune.

moulin, m., 1, Moteur d'avion : « le « moulin gaz[e] bien » et tourne 850 tours », « le moulin ne veut rien savoir », danziger, B. des A., 3-1-17 ; « Un moteur, se dit « moulin » », tha- VET ; « si le moulin ne nous plaque pas », ESTÈvE, Gu. Aér., 26-4-17 ; 2, n'importe quel Moteur ; marins et soldats d'un centre de Dirigeables, 17-18. J'ai compté ce mot pour une métaphore auditive, g. e., 1-4-18, 429; à tort. M. le col. faure y voit une image vi- suelle : moulin, m'écrit-il, ne s'appliquait, tout au moins vers -09, qu'aux moteurs rotatifs, qui présentent une certaine analogie avec un mas- sif moulin à 7 ou 9 ailes ; « il est possible », ajoute-t-il, « que, par suite de la seule analogie de l'hélice, le mot ait passé à tous les moteurs. Il ferait mieux image appliqué aux avions britanniques, la plupart de leurs hélices ayant 4 pales au lieu de 2 que possèdent les hélices françaises », 1-5-18 ; cette explication a le dé- faut de négliger la rotation du moulin, qui lui est encore plus essentielle que l'aspect des ailes. Le vrai sématisme est visuel et cinématique ; des mécanos me disent : « un moteur est un

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moulin parce qu'il tourne » ; et voyez sous tour- niquet l'équation des idées Moulin et Tourner. D'où : bi- moulin, m., Avion bi-moteur ;

THAVET.

moulin à café, m., 1, Mitrailleuse ; 81^ t., sept. 14 ; usuel et universel ; en employant ce mot les troupiers font très ordinairement le geste de tourner une manivelle ; | « les mou- lins à café ont tourné », Cabaret, 463 ; || lar-

CHEY ; MERLIN ; USUcl dès -70, GAUTHIOT, 81 ;

de même chez les Boches die Kaffeemilhle ;

syssém. : écrémeuse. 2, Moteur d'avion (?); apax : « Et tout d'abord, que l'argot des camps d'aviation n'ait plus de secrets pour vous. <<...>> Parlez sans relâche des « moulins à café qui gazent bien )) )), juteux.

Le sématisme est généralement ignoré, tant des mitrailleurs que des profanes. Les mi- trailleurs sont pour la plupart agacés du geste de manœuvrer un moulin à café que font les pro- fanes. Avec raison, si les profanes croient qu'une naanivelle détermine le tir de la mitrailleuse. Il y avait une manivelle à la mitrailleuse de -70 ; un tour complet déterminait le départ des 25 coups qui composaient toute la charge ; c'est aussi avec une manivelle que, plus tard,

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on actionnait le premier canon-revolver de 37mm La mitrailleuse de la guerre actuelle n'en comporte pas. Il y a une poignée au petit volant vertical affecté au pointage en hauteur, qui déplace lentement le canon, et qui intéresse beaucoup trop l'œil du profane. La vitesse du tir et le fauchage, vrais intérêts de l'engin; s'obtiennent, l'une par le va-et-vient d'un ressort automatique, l'autre par l'impulsion que la main du tireur donne de droite ou de gauche à la culasse.

Le tir crépitant de la mitrailleuse ressemble par son bruit spécial et sa régularité à la mou- ture de grains de café ; on ne peut pas dire que café ne soit ici, comme dans tel emploi aphrodi- siaque du mot moulin à café, que par queue romantique sur moulin ; il est plutôt une addi- tion heureuse à l'image primitive, qui était toute dans moulin. Moulin traduit, avec sim- plicité et justesse, quelque chose d'essentiel à la mitrailleuse, le mécanisme de « répétition » par lequel les balles s'engagent automatique- ment dans le canon. Cette présentation méca- nique, successive et décisive, des objets à « moudre » st fait employer l'image de moulin et même le terme de moulin à café pour le

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défilé des prévenus devant le juge, (voir tour- nait). — A bord, le moulin à café, c'est le Ca- bestan. — Je me suis sans doute trompé quand j'ai rangé, g. e., 1-4-18, 428 , moulin à café, Mitrailleuse, parmi les méta- phores auditives, non pas en ce que j'ai négligé la manivelle de -70, ni surtout pour avoir, avec tout mitrailleur, constaté qu'il n'y a rien à tirer de la rotation du volant de pointage, mais parce que j'ai méprisé le geste circulaire des troupiers, qui peut fort bien être traditionnel depuis -70. Le nombre des gens qui avaient quelque science de la mitrailleuse ayant été fort restreint de -71 à -14, il serait suspect que le geste eût été conservé par simple fidélité filiale à un geste des combattants de -70 tra- duisant la manivelle de leurs mitrailleuses. Mais il est naturel que ce geste ait été conservé en tant qu'il traduit l'idée de moulin à café ; et ce mot était juste en tant qu'il exprime l'es- sentiel d'un engin à répétition. Un revolver à barillet serait bien un moulin,si le nombre de ses balles avait quelque rapport avec ce qu'on moud communément de grains de café, de poivre, ou de blé, quand on met en train un moulin. C'est par une juste poésie qu'un mi-

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trailleur dit : « Avec mon moulin à café entre les jambes » il faut « opérer tranquillement, comme si on tournait des films à la revue de Long- champ )), et « j'irai tourner mon appareil )), E. c, Pet. Journ., 8-4-16. Sur la conserva- tion du nom de moulin à café malgré les trans- formations de l'engin, cf. crapouillot.

moulin à mitraille, m., Mitrailleuse : « Les mitrailleurs pointent leurs moulins à mitraille », A. A. (21® chass.), Contes vér,y 126.

moulin à poivre, m., Mitrailleuse ; lambert ; D. m. p. ; voir grêlière. La mitrailleuse pique, sale, poivre la chair. Syn. : poivrière, f. ; nombreux fantassins de ligne, i. lâchât, -18.

moulin à rata, m., Mitrailleuse ; 81® t., -15; quelques soldats çàet là, 15-17 ; c^l, -18. Le mitrailleur se plaint des fréquents ratés de sa pièce. Le pilote aviateur parle aussi des ratés de son moulin : « Mon compte-tours baisse, n'entends-tu rien de suspect au moulin ? J'écoute un moment : le moteur trépide un peu, mais je ne perçois pas de ratés », estève, Gu. Aér.y 26-4-17, p. 371, c. 2. Rata pour raté, Coup manqué, est une substitution de suffixe à fin de calembour ; rata pour rateur, Homme qui fait faux bond, Vaurien, est ancien dans la

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marine ; un rata fini ; « un « rata » comme toi, qui ne trouverait pas de l'eau à la mer », ciGNEROL, Notes (Tun Bordachien, 147. Sys- sém. : turlutine, f., Mitrailleuse ; g. turpin, -18 ; I HENRioT ; de turlutine. Sorte de pa- nade pour les marins, de la landelle, Quarts de nuit, 147 ; Biscuit pilé avec du riz et du lard, nourriture du soldat en campagne, cler (1856), in LARCHEY ; Soupe mitonnée, à Pleur- tuit, -18 ; d'où on aura tiré * moulin à turlutine, équivalant à moulin à rata, et par synecdoque tur- lutine en sous-entendantle substantif déterminé.

moustiaue, m., Insigne de TEtat-Major : « ceux-là ... qu'ont des moustiques sur le col, c*est pas des militaires ... », propos d'un tran- chéien, marchand, Fantasio, 1-6-17. L'in- signe est un bâtonnet pourvu de trois paires de foudres en guise de pattes, et d'une paire d'ailes.

multiple, m., Multiplicateur de téléphonie : Le téléphoniste est « devant son multiple », Boum voilà /, in B. des A., 30-8-16.

mur (avoir fait le). Manquer : «Le pinard a fait le mur », D. m. p. ; « L' caoutchouc a fait l'mur », Feu, 203 ; faire le mur, usuel dès -12 au moins, c'est Sauter le mur du quartier, Découcher, donc Manquer l'appel).

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muraille, Ivre ; génie, 17-18 ; | Cabaret, 458. Suffixation libre sur mûr, Ivre, dont le sématisme est qu'Etre complet, Avoir son saoul, c'est être à point. (Il ne sied pas d'expli- quer qu'un homme ivre est *mûr parce que le noir est éminent dans les mûres noires à matu- rité ; voir noir). Dérivé : muraillée,f.. Ivresse ; 81^ t., 14 : (( une muraillée générale ».

nager (savoir), 1, Etre débrouillard ; Télé- Mail, in B. des A., 8-11-16. 2, Se réserver les filons et les honneurs ; 246% 289^ inf., -18 ; <i implique un peu de mépris », g. maréchal.

navet, m., Torpille ; inf., Lorraine, 14-15 ; | « les crapouillots les plus divers, depuis les énormes mines allemandes de 245 jusqu'aux vulgaires « navets » en passant par toutes les espèces de « tuyaux de poêle », p.. Matin, 20-6- 16. Syssém. : betterave, f., Obus ; « Qu'est-ce qu'ils plantent comme betteraves !... », Rigol- boche, in B. des A., 20-9-16. Métaphore de forme.; ces deux légumes sont des cylindres à queue, comme le têtard ; cf. macaçoué. Il s'y ajoute une litote consistant à ramasser le séma- tisme parmi le minable décor des tranchées, à simuler que le soldat est réduit à des armes d'homme préhistorique ; cf. parpaing.

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neige, Propre, Reluisant, Pareil à du nickelé ; employé couramment au 40® art., 15-16, mais exclusivement par les conducteurs de la Marne et de la Meuse ;quasi oublié en juin 18.

néma, et niéma, Non, Il n'y en a plus ; armée d'Orient ; dauzat, 1-1-18, 67. Négation serbe, qui a eu la même vogue chez les trou- piers français dans les Balkans que notre il n^y a plus en France chez les troupiers anglais qui le prononcent napou.

nerveux comme un plat de nouilles, Pas ner- veux du tout, Refusant de marcher, de partir, en parlant d'un moteur d'avion ; R. G. Aé., -17 ; cf. « qu'sont vos nerfs ? Y's êtes comme des nouilles ? », Gaspard, 242. Image de mollesse flasque.

nettoyer. Démolir jusqu'à suppression ; usuel ; .( L'obus avait nettoyé l'auto », f év. 18 ; || nettoyer la monnaie, Manger l'argent de sa paye, nettoyer qqn, le Chasser de sa place ; rig.

Le nettoyeur de tranchées purge la tranchée ennemie de ses combattants, comme le net- toyeur de cambrousse, le savonneur de cambuse, vide un appartement de ses objets précieux.

La provection de sens de nettoyer une place (d'un objet) à nettoyer un objet (de sa place) a

BSNAULT 24

des analogues : brûler la route, les planches, c'est Cheminer, Jouer, vite ; brûler un relai, le Franchir ; puis brûler qqn (au relai), l'y De- vancer ; cf. griller. Syn. fusiller, zigouiller.

nibé, m., Chose, Machine, Truc ; ouvriers argotisants, 81® t., -15 ; « ce nibé-là », 27® al- pins, -16, à propos d'un fusil- mitrailleur, d., (mais non pas syn. de fusil-mitrailleur !) ; \\ très usuel aux forains;- SL^-pscrenté knib de.,.,caiT rien a d'abord signifié Chose. Au même sens passe- partout les zouaves emploient chuchemahure, m., dér. de l'arabe chichema, Lieux d'aisances.

niquer, 1, Baiser ; mixte, mai -18 : « nî- quer une grognasse » ; nique nique la coufa !, phrase proverbiale de sabir, signifiant Em- prosage. On l'adresse aux Bicots, pour les faire marronner, tout en tapant de la paume droite sur l'orifice plissé que forme le poing gauche entre le pouce allongé et les autres doigts ra- menés en cylindre ; cf. malabar. 2, a. Pu- nir : « Deux nègres Américains en train de boire une bouteille de Champagne dans la rue ont été vus par un gendarme ; tu parles qu'il les a niques », marins, fév. 18 ; « Tu vas te faire niquer », Tu vas te faire choper, mixte, mai 18; b, Supprimer, Tuer : se faire niquer,

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être sTorpillé, Coulé, etc. : « ÏJ Engageante vient de se faire niquer par un sous-marin », marins, fév. 18. Syssém. : baiser, très usuel aux sens a et b, particulièrement dans tout le nord- ouest ; le mettre, V introduire à qqn. Tromper qqn ; se faire bitter, Etre puni. Ecole Polytechnique, -13. Nique s'emploie aussi en un sens affaibli et vague, comme syn. de Un peu sot. Qui n'a rien d'épatant : « C'est un mec, quoi ! Ho, un mec un peu nique », un ouvrier nantais parisianisé, 81® t., mai 17. noir. Ivre ; 81® t., 15-17 ; un sergent, après boire, n'arrivjit pas à déchiffrer un ordre cras- seux : « Pendant que G<....>> ânonnait, on ne savait pas si le chiffon était trop noir pour les yeux du sergent, ou le sous-officier trop noir pour lire son paplard », 81® t., -16; | « gai, à moitié noir, quoi ! », paraud ; agatha ; D. m. p. ; « sans être mûrs, on était un peu noirs. On avait le nez sale, quoi », Feu, 21-8-16. Les syn. bousillé, et surtout nez sale et débarbouillé avec du cassis (voir cirage), montrent bien le sématisme de noir ; l'ivresse obnubile le cer- veau ; autres syssém. : attraper une macula- ture. Se griser, jargon d'ouvriers pressiers ; rig.; goudronné, Ivre ; 40® art., -18. Cf. chocolat,

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noir, m., Tristesse, Spleen ; assez général; | Les sales percos « sont très rares et méprisés, car ils laissent dans l'esprit un peu de leur crasse autrement dit, ils donnent le noir », Rigolboche, in B. des A., 24-5-16 ; |[ « ça [l'alfa dans le café] me tape sur le ciboulot et ça me donne du noir », Philibert, 234 ; « De plus en plus, je prends le noir ! » et ne pense qu'à me suicider, mirande et rivoire. Pour çiçre heureux, i, 10. Soit extrait de broyer du noir, soit synecdoque de cafard noir ; la synonymie de grise fait pencher pour la pre- mière explication.

noix la), noix de coco la), Qui peut faire illusion, mais qui est faux et non valable ; très usuel : « Je me fais une fausse permission avec une signature à la noix de coco », S. A. P.-X, sept. 16 ; I « j'suis pas le dernier à envoyer des salades, un coup qu'on m'enverrait des boniments à la noix », donnay, Impr., 75 ; « une installation à la noix », Feu, 9, à propos d'un lit fait d'une mince couche de fumier ; |1 « Et le gradé [sous-brigadier de paix] ajouta : Vous savez, je ne veux pas d'affaires « à la 'noix » ni « à la flanc » ! Il signifiait par qu'il était bien décidé à ne pas apporter à Thierry

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[agent de police] un témoignage de complai- sance », Matin, 27-8-13. Se tire de l'idée de stupidité exprimée par noix. Tête, chevauchée par une image de confiserie à bon marché, coco ; au total, du « chiqué ».

nouba, f., Noce, Fête grossière ; usuel et général : « Voilà quinze jours qu'il ne voit pas le soleil, [noce la nuit, sommeil le jour], c'est la nouba ! », Parisien, 81® t., -14; | agatha ; « C'était la vie large et abondante, la « vraie nouba » », Gaspard, 40 ; « Tu parles d'une louba qu'i s'est envoyée », Feu, 110; un » louba. Feu, 9-8-16 et p. 31, est une coquille pour « une », H. BARBUSSE ; mais h. barbusse n'a entendu au 231® inf. que « louba » et non « nouba ») ; H usuel dès -97 au moins, dauzat, 16-4-17, 667. Une noce ne va pas sans mu- sique, l'Algérie sans la nouha, cette musique des tirailleurs algériens qui a enchanté les bou- levards parisiens en -13. Cf. chouya. Syssém. : fête arabe, f.. Noce carabinée ; jeunes soldats d'inf., oct. 16 ; il est vrai pourtant qu^arabe sert parfois d'équivalent à Intense ou Etrange, mais en mauvaise part : « un bour- rage-de-crâne arabe », Feu, 123, « un motif [de punition] arabe ».

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nougat, m., Fusil ; 156® inf., -18; | agatha. Sans doute par synecdoque de * bâton de nou- gat. Le fusil est un bâton creux, un bâton à feu en français d'autrefois. Quant à nougat, j'y vois une allusion aux enrayages de magasin qui font du lebel un outil « fragile » ; cf. : « La chasse ? Il faut marcher ! J'ai des j amibes en nougat )), un coiffeur obèse, Le Bourget, nov. 17 ; MICHEL donne bâton de cire, Jambe. Syssém. : sucre d'orge, m., Lebel ; 156® inf., -18, apax.

nourrice, f.. Cuisine-roulante ; 23® son de munitions d'art., d. C'est sans doute bien moins une image bucolique qu'une métaphore reprise aux nourrices industrielles, à celles de captifs et dirigeables par exemple. Cf. fokker.

nouveau-né, m., Obus non éclaté ; 81® t., sept. 15 ; syn. et syssém. : bébé, m. ; ib. On l'entoure d'un berceau prudent.

occuper (s'), 1, Se donner du mal ; usuel et général : « il a fallu s'occuper pour reprendre le village », Bicard, i, 6; || « Vous faites bien vos affaires. Dame ! ça va, ça va, mais aussi je m'occupe. Vous ne vous imaginez pas le mal que l'on a », Philibert, 3 ; 2, Se donner du souci ; usuel et général; || Brest, -98 ; c'est sur ce sens 2, affaiblissement du sens 1, que

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s*appuîent les queues anecdotiques si usuelles : Ne inoccupé pas du pot- de- chambre, chie dans les draps /, 81® t., -15 ; T^ occupe pas du cha- peau de la gamine, pousse la voiture /, 81® t., sept. 14 ; T^occupe pas du chapeau de la gosse /; Laisse flotter les rubans /; tous con- seils syn. de Vas-y carrément, sans scrupules.

Une pure contagion faisant leur succès à ces formules, qui servent de phrases passepartout, jetées dans la conversation si souvent qu'il leur arrive parfois de redevenir spirituelles, on peut rapprocher les faits suivants : à la du 109® d'inf., en -16, un coiffeur de Chaumont faisait suivre toutes ses réponses de « Et avec ça. Monsieur, un petit coup de fer ? », et un boucher de Paris, de « Et avec ça, Madame, un petit coup sur l'os ? », si bien qu'il était devenu courant de lancer ce dernier boniment au mo- ment où éclatait un obus. Cf. ici -tau et Confusions, p. 561.

œilleton, m.. Créneau de tranchée, Feu, 255 ;

de œilleton. Pièce adaptée au télescope vers l'oculaire, et percée d'un trou très petit l'on applique l'œil.

offensive (prendre 1'), Faire la chasse aux poux ; 81® t., -15 ; syssém. : die Laeuse alar-

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mieren, (donner l'alarme aux poux), Gratter

ses poux, DELCOURT.

offic'mar, m.. Officier ; 81^ art. 1., -18 ; cf. hochemar, chassmar, tranch^mar, zigomar.

oignon, m., Ruban de la croix-de-guerre ; esc. Br.-219, -18. - Cf. banane.

oiseau, m.. Obus : Lettres héroïques (1915), 30. Syssém. : moineau, m.. Obus : « Des moineaux fusants de 77 », Journ., 21-6-15 ; les Boches nomment moineau la Balle de fusil, SAIN. Cf.; « Falcquet paist Libicocque de bons oiseaux de bois »,... de Coups de bâton, Merlin Coccaie, xix, (éd. 1859, p. 327) ; cf. tourterelle, coucou.

onze, m.. Paire de jambes : « Il faisait frio aussi, et on tremblait sur son onze », Feu, 21-8-16 ; synecdoque de train onze, même sens ; cf. vingt-deux.

ordin', m., Ordinaire (de compagnie) : « N*en faut un cabot d'ordine, pas ? », valmy-baysse, Journ., 12-11-16.

organe (crever d'), Crever de faim. Avoir grand faim ; usité de divers côtés ; un employé nantais parisianisé et un négociant bordelais, juin 17 ; un m^-f^', fév. 18 ; etc. ; crever Vorgane ; Di ; || organe, Faim, Jargon (1836) ;

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les dictionnaires d'argot postérieurs ont laissé tomber ce mot, sauf bruant, piler (Torgane, Jeûner.

OS à qqn (cavaler sur V), (taper sur [F), l'En- nuyer : « A la gare ! Tu commences à m'cavaler sur l'os avec ton air d'avoir toujours raison », Feu, 8-8-16 ; Les embusqués « commencent à m'taper sur l'os », ib., 136 ; dans certaines locutions syn., cavaler est représenté par courir, et 1*05 en question, dont la moitié du genre humain est dépourvue, nommé par d'autres noms équivalents.

ouistiti, m.. Patron, Officier dont on est l'ordonnance : « i' cirait les godasses de son ouistiti », Feu, 5-9-16 ; syssém. : singe, Patron, en style de domestiques.

oursin, m.. Entrelacs de fil barbelé, en forme de sphère d'environ l'^ de diamètre, jetés dans un boyau, une brèche, pour l'obstruer rapidement, ou devant les lignes pour ren- forcer les défenses ; 10^ et 27^ inf., 14-15 ; 95e inf., 15-18 ; 112% 130% 304e inf.^ 16-18 ; le Camp des oursins, centre de la fabrication desdits engins, 81® t., -16; | Le soldat, dans les boyaux « franco-boches », « sent le danger immédiat, bien des fois même aucun « oursin »

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ou cheval de frise ne lui permet d'escompter un obstacle possible », p., Matin, 20-6-16. Mal défini dans g. e., 1-4-18, 423. Méta- phore prise des piquants et de la rondeur des oursins de mer. Syn. : araignée, f. ; d. œuf, m. ; D. anse de panier,

pagaille, f.. Désordre ; très usuel, et semble en voie de généralisation; | « dans une pagaïe effroyable », anon.. Pet. Par., 21-3-16, p. 2, c. 2 ; « Sans discipline, qu'il jacquetait, c'est la pagaye », Cabaret, 458 ; ]] très usuel aux marins et à toute la Bretagne à propos de tout désordre ; le mot était vendéen aussi ; le Centre prononçait pagane, la Provence pagaio.

pagéol, m,, Météorologue militaire se servant pour les sondages aérologiques de ballonnets de caoutchouc, blancs ou colorés, gonflés à l'hydrogène ; un m^-f^^, fév. 18, monax. Allusion au bouquet de ballons que porte un homme en blouse dans le croquis qui sert de réclame au pagéol. Produit pharmaceutique laveur de la vessie, à voir dans les journaux aux réclames. Cf., pour l'influence linguis- tique des quotidiens, tamar ; bibendum, m.. Homme corpulent ; agatha ; allusion à la caricature qui sert de réclame au pneu Miche-

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lin sur les murs aussi bien que dans les jour- naux ; et spécialement jubol.

pagnoter (se), Se mettre au lit ; Au 231® inf., 15-16, « j'ai toujours entendu dire po- beau- coup plus que pa- », h. barbusse, d'où se po- gnoter, Feu, 123 ; pagnoter seule forme que j'aie entendue 95-18 ; rig., dlle et tous mes autres témoins ne connaissent aussi que pa-.

pain à cacheter, m., Obus : « j'entends nos petits canons de montagne et nos 120 longs qui leur envoient des pains à cacheter », fa- raud. — Litote fantaisiste, peut-être indivi- duelle, mais intéressante pour le psychologue : un objet circulaire, à deux dimensions, est pris pour sématiser un objet dont la base est un cercle plat, mais dont la hauteur, ou troisième dimension, est laissée de côté ; de même une Chambre est dite une carrée, ou une tôle (du latin tabula), à cause de son plancher, en né- gligeant la hauteur de capacité que détermine forcément le quadrilatère de base ; de même un Ballot est dit un carré à oreilles, vidocq ; de même la Tête humaine confetti, {se taper le confetti, Manger), et map pemonde, [y oir chambou- ler) ; de même une pastille, qui est un objet plat, et pratiquement un simple plan, sématise une

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Balle, projectile dont l^épaisseur est très sen- sible dans la chair humaine. Ainsi les figures géométriques planes représentent les volumes de la géométrie dans l'espace. L'inverse n'est pas vrai, ou, pour être prudent, n'est pas aussi vrai. (Si balle signifie Pièce de monnaie, ronde et plate, c'est parce que la monnaie porte une balle, une Figure d'homme.) La rai- son en est que l'oeil ne perçoit pas la profondeur ou troisième dimension et que le dessin est plus facile que la sculpture.

pajot, m.. Couche l'on dort, (quelconque, sauf la terre nue) ; usuel et général; | pageot,

AGATHA ; pajot, POILULOGUE ; pajo, CHAPELLE.

Extension de pajot, Lit, usuel aux Pa- risiens, quoique inconnu de dlle et de ses devanciers, par ex. au 19® inf., -95, ainsi que son dérivé pajoter, se pajoter, Coucher, Se cou- cher ; de BERCY, (le collaborateur de Bruant pour son Dictionnaire), me disait en -99 que pajot vient d'un auvergnat pajet. Apocope : paj, m.. Lit ; 40® art., -18 ; d'où se pajer. Se coucher ; ib. Dérivé -calembour : pagéol, m.. Lit ; ib.

palace, m., Maison de bel aspect et de tenue parfaite ; s'emploie ironiquement : « Dites

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donc, les artiflots, faudrait voir à ne pas amo- cher l'argenterie du palace », Cabaret, 469, pro- testation d'un fantassin à l'adresse d'un ar- tilleur dont le poing vient de renverser une bouteille sur la table du cabaret. Ce mot, pris aux enseignes des grands hôtels anglo- saxons est sans doute sans rapport avec pa- lasse, Chic, très usuel aussi, et qui apparaît dans faire pallas. Faire le grand seigneur, vi- DOCQ ; ce dernier est souvent écrit pallas, (par une orthographe savante, mais inutile ? cf. bacante, macabé, et, sous poilus, nickelé).

Panam, m., Paris ; divers soldats, -16 ; très usuel, 17-18 ; I « nom d'amour donné par les Parisiens à leur village », Petit Voisognard (369^ inf.), 21-3-15,in sain. ; agatha ; « Paris, pour les permissionnaires du dépôt, se nomme « Panasse » », henriot ; Panasse est une co- quille ; la spécification erronée des permis- sionnaires montre que le mot était encore peu notoire fin juill. 15. « Panam (Panama ; l'Eldorado, quoi, avec sous-entendu ironique ?)», FAGus, 564 ; cette étymologie explique suffi- samment le but du mot, par son suffixe ; mais le radical Pa- conserve la première syllabe de Paris.

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panard, m., Pied ; 40® art.,-18 ; | henriot ; Feu, 84 ; j] à Bourges, 10-12, un seul soldat, de Béziers, appelait les pieds des panards, dauzat, 27-6-17 ; le terme a conquis du terrain. En provençal panard. Boiteux. On a d'abord appelé panard le Cheval dont les pieds sont tournés en dehors, puis 1* Homme qui a ce vice anato- mique, puis le Pied de ce cheval et de cet homme, puis tout Pied humain, par la vision enlaidissante qui est un tour d'œil si populaire.

panier à salade, m.. Casque : « Et si qu'elle [une marmite, un obus] tombe sur Pcaberlot, Malgré son panier à salade, D'un boche <C ..>• », UN MARSOUIN, oct. 16, in B. des A., 18-10-16, p. 6. Le casque français « fuit » par sa ven- touse ; le rend-elle pratique au-dessus d'un évier ?

panpan, f.. Voiture automobile Panhard ; automobilistes militaires de l'armée d'Orient, 16-17; Il usuel dès 02-05 à Bordeaux. Apo- cope à redoublement de Panhard (qui se pro- nonce par un hiatus juxtaposant an et a).

papa, m.. Bon outil : « si c avait été notre papa de France nommé 75 », on aurait pu compter les [Boches qui [auraient réchappé, JEAN MALAVAT, (81® înf.), lettre, dans Poil et

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Plume, mai 16, in z, Armée de 1917, 301. De papa, Brave homme ; par ex. : « Moi je suis été le second pour le secourir dont le premier a été notre papa de notre régiment le médecin- chef de service nommé B<C...> », id., ib., 302.

papafard, m., A, Grand bouleversement, Ba- roufle, Scandale ; connu de marins provençaux et de rares soldats parisiens, août 16-déc. 17 ; | « et j' savais que quand le vieux i' saurait la vérité, i' f'rait un fameux coup d'Etat. Ça n'a pas manqué. Tu parles d*un papafard », Feu, 11-8-16 ; B, Grand bruit ; mêmes mi- lieux que le sens A ; | « d' dormir et d' faire schloff avec un bruit et un papafard pareils comme celui qu'y a », Feu, 236; provençal papafard, Paperasse, Ecrit long et ennuyeux, Pamphlet, Cancan, Tripotage ; mistral.

paplard. m.. Papier portant écriture, (Ordre écrit. Rapport écrit, Titre de permission) ; 81® t., 15-17 ; usuel et général ; |1 papelard, Papier, Jargon (1836) ; « Bouffe le paquelar pour qui trainne pas », hirscHj Le Tigre, 82 ; dér. libre de papier, par le même suffixe qu'on a dans le syn. faflard, Fafiot, (Papier). Dér. : papelarder, Faire des écritures ; Feu, 121. Papyrus, Papier personnel, « Et ici c'est les

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papyrus. Tu parles d'une bibliothèque », Feu, 186, propos d'un poilu inventoriant ses poches, est moins une extension de sens d'un mot sa- vant, que papier suffixe librement, mais par un suffixe à quelque fourrier lettré.

paprika, m. : « Bavons dans V Paprika », titre d'un journal du front, in B, des A., 8-8-17, p. 12. Austro-hongrois, paprika, 1, Poivre rouge : Wiener Schnitzle mit ou ohm Paprika, Côtelettes ou Escalopes de veau au poivre rouge ; 2, Livre, Album d'histoires ga- lantes, (poivrées) ; 3. grand-carteret.

paçLUci, m., Paquet de tabac ; sous-intce de la 22e Don 16-17 ; - dér. libre de paquet, par un suffixe -ci que je ne retrouve qu'à peu près dans paccin. Paquet, Cartouche ; cf. maquecée, Maquerelle, vidocq ; cf. latsipume ? pa(lUÇOii, m., 1, Paquet, Colis-postal, tel que le poilu en reçoit, de victuailles principalement ; divers soldats, 16-17 ; | « on se tape le rapport ous- qu'on nous donne les babillardes et les paxons », PANTRUCHARD ; poiLULOGUE ; || paxou, Paquct, ROSS. ; 2, Havresac monté et surmonté de suppléments : « des paxons bien solides », Feu, 189 ; suffixe comme gobeson. Gobelet, vi- docq ; boxon, Bocard, (Maison publique) ; kép-

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çon, Képi ; d'après enfançon, Petit enfant, hameçon, Petit haim, etc., coinçon, Petit coin, entendu en -18. paquebust, m., Paquet ; d. ; suffixe comme tambuste, m.. Masque à gaz ; D., déformation de [masque) Tambuté ; et chaffuste, Machine, argot du Borda.

paquebot, m.. Voiture d'ambulance : « si vous recevez un shrapnell dans le buffet ne soyez pas étonné qu'on vous signale l'arrivée de l'ambulance en disant : voici le paquebot », AGATHA ; spécial au 309^ inf. ?, inconnu dans tous les corps que j'ai sondés, sauf au sec- teur 174, -18, adj. LECONTE ; probablement métaphore prise des couchettes de la voiture d'ambulance superposées comme dans les na- vires.

parc aux os, m.. Cimetière : « l'essentiel, c'est de ne pas être resté dans 1' Parc aux Os », Crapouillot, in Front, 16-3-17. Syn. : parc des refroidis ; Nénesse, 238 ; cf. jardin.

parisîané, Parisianisé : « Je me suis vite pa- risiané », un ouvrier ne à Nantes, 40 ans, mai 17 ; monax.

parpaing, m.. Obus (qui arrive et va éclater) ; 40e, 270^ art., 13® tir. alg. et secteur 174 ; « les par- paings radinent »,mai 18 ; | Le Parpairtrg, jour-

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ESNAULT 25

nal du front, in B. des A., 1-11-16 ; « Le par- paing s'amène, Ulle grosse torpille, sur tiotts », Ca- baret, 459. Parpaing, Grosse pierre de cons- truction ; « on dirait que, dans l'air, s'avance par saccades une grosse pierte », Bouf'ru, 194 ; cf. navet.

parti avec Itt Iftitie, Mon : « Les lettres de chez moi, c'est des boîtes à mensonge : ma sœlir avait iaidi des quat' pattes, partie avec la lame, (Jue ma femme m'éctivait ettcore Toute la fàtnille est en bohne santé », un 2d-ni6, tnat's 18. ~ Répondant nautique de étalé sUr le parapet. Tué, d.

pfts-ûiôrt, m.. Militaire qui, i*échappê du ebmbat, ou s'étaîit garé, atttape les i'éfcohi- penses ; 81^ art. 1., mai 18.

t)as- mûres (vertes et), f.. Affaires pénibles : « Aux Eparges nous en avons vu de vertes et de pas-mûres », un soldat, (de Gauville pt"ès Aumalè), 288^ inf., lettre, mars 16 ; | « un Nîtnois qui ne cessait de nous en racorlter des vertes et des pas mûres du matin au soir et avait toujours fait plus fort qUé lefe autres », R. D., Contes çér., 194. En voif de dutëë, en voir de raides ; la verdeur d'un fruit pas mûr sématise sa duteté et sa raideur. On peut aUssi

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en i^oir de grises et de toutes les couleurs.

passer qqn à tabac, Se moquet lui en long et en large ; 81® t., juin 16. Pdssef aU tabac, Donner des coups, rig. ; toute locu- tion signifiant Raillerie à toute locution signi- fiant Tromperie, (cf. bobard, peYco), et niêttie Coups, (cf. coup de gueule), il y a,non seuletnent passage aisé, niais « allet' et retour », (voit* fokket) ; lés mêmes verbes, (voit* dés ex. sous balancer), servent dans les déUx eniplois. Cf. discuter le COUj), Se défendre contre l'ennemi ; D. ; sens plus UsUél, Causer de la situation, de la guerre, entre camarades ; 40*^ art., -18. Voir expliquer.

i)àstiiré, f.. A, syn. officiel de confetti (voir ce mot). B, Balle (d*arme â feu) : « en leur balançant entte les côtes des centaïUes de pas- tilles à la minute [avec ma mitrailleuse] », È. c. Pet. Journ., 8-4-16 ; sématisme, cf. pain à cacheter.

pastiss, m., 1, Boue : « Le génie ayant plus particulièrement travailler dans la boue (et quelle boue !) l'a décorée du nom de pastisse (pourquoi ??) qu'il étend à tout fouillis, dé- sordre, ou cotnard », fagus, 562 ; ^~ 2, Fouillis de nature quelconque, (par ex. celui des vivres

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dans la musette), spécialement les Vivres de l'ordinaire sur les voitures ; chapelle ; Les véhicules « Chargés d'objets de toutes sortes En pêle-mêle confondus : Bagages, vivres et liquides, Ballots, pastis et saint s-frusquins... », Lapin à plumes, in B. des A., 18-10-16 ; 3, Désordre, Imbroglio ; coloniaux, -15 ; 13® tir. alg.,-18 ; I CHAPELLE ; « Vénizélos ou Gounaris, C'est toujours le même pastis », chansonnette connue de nos marins en Orient, -17 ; 4, Dé- sordre du corps-à-corps. Assaut : « le pastis c'est l'endroit ça chauffe, ça gaze, la tranchée de première ligne », rocher ; « Le mobilier du poilu, qui n'est pas dans le pastis, se compose <;...> », ib. ; 5, Danger, (Nuit, Invisible, Inconnu) ; chapelle ; « Chers co- pains. Deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont exellentes et désire qu'il en soit de même pour vous. Vous vous êtes sortis d'un joli pastis Paul et toi car nous allons travailler sur la route de T a l'endroit même ou il y a « Attention aux fils » Paul cet ou sait », un soldat (de Pézenas), 112® inf., lettre, 10-10-16. Mot de langue d'oc, géné- ralement ignoré encore en oct. 17 des régiments issus du nord : pastis, 1, Pâté, Bouillie épaisse ;

ms

2, Barbouillage, Confusion, Tripotage ; mis- tral. — Cf. latsipume ?

Le passage de Bouillie à Boue est usuel ; cf. « cette nuit nous avons pris quelque chose comme flotte sur la bobine. Il y en a une bouillie », paraud, 90. De Boue à Fouillis le passage se retrouve, inversé, (voir fokker), dans cafouille. Le passage de Boue aux autres sens est syssém. de purée, mélasse^ panade, toutes cuisines qui sématisent un Embrouillamini laissant peu d'espoir ; et de mouise. Embête- ment, Danger : « C'est toujours le deuxième bâton qui nous fout dans la mouise. Et on leur colle les citations », Cabaret, 465 ; être dan^ la mouise, c'est Etre dans une situation difficile, particulièrement à cause d'un budget défici- taire ; mouise dans dlle, F.- A., mouisse dans DLLE est traduit Soupe ; cf. être dans la pa- nade ; mais c'est l'alsacien mouess, Bouillie, le franc-comtois moisse ou mouesse, Confiture grossière, à Montbéliard, sahler. Vieux propos, (1917) ; cf. être dans la marmelade.

patate, f., A, 1, Tête : « L'ordonnance du lieutenant H. dit que le commandant P. a dit que le général d'A. en a gros sur la patate de la 88^ Division »,... en a par dessus la tête,

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81® t., -14 cf., à pyopos d*un ivrogne qui pleure : « C'est des r'vir'ments du temps passé qui lui passent dans la pomme de terre », Paris, vers -87 ; sématisme, cf. fraise. 2, Imbé- cile ; usuel et général ; | « C't un professeur de classes à Pî^ntruche, c'est p£ts une patate ni un outil )), Gaspard, 222. Syssém. pour le ps^ssage du sens 1 au sens 2 ; truffe, f., Benêt ; LAMBERT; Il « j'ai un joli gosse que j'aime et j'ai cette truffe-là qui m'entretient », Echalote, XVI, 52 ; truffe, Pomme de terre, est dès longtemps archi-usuel dans le H^-Maine, la Nièvre et le midi ; tomate, f., Sot ; Lam- bert ; « T'as l'air tomate, toi, t'sais, quand tu rigoles », BENJAMIN, Journ., 3-4-16 ; || dlle ; « J'en suis comme une tomate », Echalote, xii, 40 ; betterave, f.. Homme, et spécialement Soldat, peu dégourdi : « l^i betterave, la tomate, c'est encore une espèce de ballot », rocher ; « inutile et fî^lot, ridicule, empoté, et, pour parler comme eux [les poilus], betterave et pocheté, propre-à-rien et paquet ! », tardieu. Echo de P., avr. 16 ; || « Ces « betteraves », ces soldats de hsnieau commandés de piquet pour leur ignorance politique [de piquet d'exécution de condamnés politiques] », d'esparbès, Demi-

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Solde, XXII ; naçet, Imbécile; Mousqu., 43 ; || LARCHEY ; Dupe, tt^LE ; haricot) m,, Soldat peu débrouillard ; i). m. p. ; poil?, f., Imbé- cile ; « Je serais la noi^f », la Dupe ; 360^ inf,, juin 16 ; I « faudra pus qu' les députés ils m' bourrent el crâne, ni qu'ils m' prennent pour une noix ! », Gaspard, 208 ; et tout fruit ou légume que cultive le paysan ; aussi il y a con- venance particulière à qualifier un paysan de ces noins de 1^ tête humaine ; mais la tête d'un citadin est aussi bien l'un de ces objets ronds et humbles, et c'est la tête qui sématise Ifi Sottise. A preuve bille. Sot ; 40^ art,, -18; | « C'est bien nous les « billes » », Nous sommes dupes, On se fiche de nous, p'tit gars ; et tronche : « Pour qui me prends-tu ? pas possible, tu me prends pour une tronche », Philibert, 236. Le même sématisme semble se retrouver aux Etats-Unis : gob, 1, Bouche, Gosier ; 2, Ma- telot, par opposition à Officier, comme qui dirait grosse- gueule, marins américains, -18. B, Paysan : « Les Anglais, il les appelait des « rosbifs ». Les Italiens, il les appelait des « ma- caronis ». Les Allemands, il les appelait des « choucroutes ». Quant aux autres étrangers nés en Bretagne, en Auvergne ou en Franche-

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Comté, il les appelait des « patates ». )), Bicard, I, 1 ; il c'est Bicard, Parisien. Ce texte semble dire que le paysan est patate coname bouffeur de patates ; toutefois le sens B peut se tirer du sens A^ ; j'ai entendu un soldat traiter les paysans de « faces agricoles », (il était cégétéiste conscient et ardent). Les vo- catifs injurieux pied de chou, pied de vigne, pied de pommier, « Quel pied de chou ! », Quel imbé- cile !, 81® t., juin 16 ; « En voilà un pied de vigne !», ib., juin 16 ; « Pas besoin d'être trois pour te coller un marron sur la gueule, eh ! pied-de-pommier ! », Cabaret, 465, semblent des développements de pied, Imbécile, au moyen d'une image agricole et à l'adresse d'agricul- teurs, à moins, et ce serait encore plus con- forme au syssématisme ici étudié, que pied. Imbécile, en soit précisément la synecdoque ; [pied. Imbécile, ne peut se tirer de hête comme ses pieds, le mot est au pluriel).

patouille, f., Boue liquide ; 70® inf. etSl® t., janv. 15 ; | Bicard, u, 4.

patte de mouche la). Très déHcatement ; aviateurs à propos d'atterrissages : « Il reste encore à atterrir, ce dont Baron s'acquitte à la patte de mouche », estève, Gu. Aér., 26-4-17.

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pattes (prendre des), Etre barboté, Dispa- raître; 81^ t., 14-17 : « La bougie a pris des pattes )). Syssém. : faire des classes à pied,

même sens : « De la même brosse qui piste ou chasse ; [ = ,] on peut encore dire quelle fait des classes à pied », e. h., Temps^ 24-5-15 ; E. H. est dragon, et au dépôt, dans Toucst ; classes, Exercices ; syssém. plus général, s'envoler ; etc.

pattes (trois-), m., 1, Moteur à trois cylindres, ou à quatre cylindres dont trois seulement fonctionnent ; 2, Avion ayant pour moteur un trois-pattes ; de même six-pattes, m., Moteur et Avion à six cylindres ; - aviateurs et aéronautes, 17-18 ; Miramas, mai 18 ; | « un modeste « trois pattes » », icart ; « Mon moteur marche sur six pattes (950 à 1.020 tours) et l'appareil descend », david, carnet, 23-8-14, in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135, c. 2 ; voir pingouin. Simple développement libre de l'idée de Marcher, Maman, les p'tits bateaux qui vont sur l'eau, ont-ils des jambes ? »), comme dans prendre des pattes.

pattes d'acier, m., Cyclistes ; art., d. Semblable métalepse engendra la fable des centaures.

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paturons, m., Pieds ; d'où. mettre les pa- turons, Se sauver ; d. Syssém. : mettre les cales, Partir suhrepticement, Abandonner son poste ; 95s 156e inf., 40^ art., 16^ chaas., 13® tir. alg., 17-18 ; cales n'est pas un simple remplaçant syn. de bouts de boisi, (ni une déformation de cannes) ; les cales, en technologie, donnent du pied aux appareils ; d'où cale, Pied humain, qui n'a pas été attesté jusqu'ici, mais qui a donné caleter, Jouer des pieds, dès -44 ; (pour le suffixe -etery cf. détra- quêter). Cf. bâtons.

pause (ne pas avoir la). Etre en pleine utili- sation : « je sort tous les soirs avec des copains <C...!> et je te promet que le pinard n'a pas la pose », un chasseur (120® bato^^), lettre à un zouave, août 16 ; | « Ça va pas être la pause pour le bidon ? », phrase stéréotype usuelle aux tranchées, z. Armée de la guerre, 235. Métaphore tirée des progressions journalières de l'instruction du soldat, qui comportent des pauses entre des reprises d'exercice, Par exten- sion de ce sens technique on dit aussi C^e^t pas la pause, Ça barde, usuel et général ; 46® inf., -11. Autre, analogue, être en permission, N'être pas de service r « Il faut croire que la

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mort était en permission ; telle fut la réflexion du sergent mitrailleur R... s'apercevant qu'il n'était pas du tout le cadavre qu'il redoutait il y a quelques instantp », Gu. Aér-^ 25-1-17, p. 164, c. 2.

peau de bouc, f., Enveloppe du ballon diri- geable ; pilotes de dirigeables, -17. Méta- phore de couleur.

pe^u de citron, peau d'orange, f., Enveloppe du ballon libre sphérique ; pilotes de sphé- riques, avr. 18. La toile des sphériques est communément couleur jaune, plutôt citron. Cf. pelure d'orange !, Traître ! Faux-frère ! ; 81^ t., -15 ; employé notamment par un octroyen nantais bon syndicaliste, pe mot est un remplaçant syn. de jaune ; voir mouchard.

pé-cé, m., 1, Niche-abri de troupier, aux tranchées ; 2, Cantonnement d'un troupier ; 246® et 289® inf., et très usuel aussi dans de nombreux corps ayant relevé ces deux-là ; 17-18. De P. C, inscription des ppstes de commandement des officiers, à partir du coni- mandant de c^®, étendu par plaisanterie au sens de Chez-soi (où l'on est maître), Cf. té-cé-trois, m., Charrette à bras des cuistQS ; D. ; c.-à-d. T. C, (tr^in 4e combat)

d'un type 3, non prévu par le règle- ment.

pé-cé-èr, f., Dame de la Croix- Rouge ; offi- ciers de marine, mai 18. P est l'initiale d'un syn. de dame, pris dans la basse-cour, et dont poularde en -80 (rig.), tourterelle et pigeon au- jourd'hui, sont les syssémantiques. Le même jeu d'énigme fournit de nombreux sujets de versions poilues-françaises ; ex. :les B. C. D. F., les Bons couillons du front ; 81^ t., -15 ; un P. C. D. P., un Pauvre cocu de poilu ; 2^ c^^, -18. Cf. mort subite.

pêche, f., Bombe d'avion ; d. ; on sait ce que c'est que poser une pêche. Syn. et sys- sém. : crotte. Syssém. : perle, f., Gros obus ; D. ; on sait ce que c'est que lâcher une perle ; colombin, Obus, « quand il s'écrase comme une merde », i. lâchât.

péculier, Ayant pour service, unique ou spé- cial, de décompter, au bureau de la compagnie, le pécule de guerre des hommes de troupe; 81^ t., 11^ c^^ juin 17 : « le sergent pécu- lier ».

pedzingo, m.. Danger ; 81^ t., -16, peu usuel : « S' y a du pedzingo, j'aurai vite fait d' des- cendre », un ouvrier nantais. Suffixation de

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petji, Pétard, (Danger), ou, directement, de pétard, Danger, avec accommodation du t, (en d, de muette en sonore), à la sonore z ; même suffixe dans espingo, m.. Espagnol t « Les soutiers et les chauffeurs, y avait moitié d'Espingos », un Nantais ex-marin, 81^ t., -14.

pégu'no, m., « Homme peu intéressant, pay- san maladroit, qui ne comprend pas les choses, qui veut faire l'intéressant et qui est négli- geable », Brestois et Nantais parisianisés, 81® t., -15. De péquenot, Homme peu dégourdi, AGATHA, usuel aux c^l et aux marins, -18, par accommodation du q, (en g, de muette en sonore), à la sonore n ; péqu'no, suffixa- tion sur péquin, (cf. çéto), Individu non sol- dat, dont le sens premier est Chinois ; « Les Chinois, et les Pequins se vantent d'estre venus d'vn Chien, et d'vne femme Chinoise », Ha- rangues bçrlesqi^es par Monsieur Raisonnable (1651'), 100 ; d'où Homme ridicule ; d'où Civil, vers 1800, et Paysan. Cette notation du par- fait ridicule du Chinois est renouvelée aujour- d'hui par le suffixe du nom de Chinetoc que lui donnent nos marins, -18 et avant, suffixe rappe- lant mastoc et toc-toc.

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pelle, f., Cuiller ; voir becquette; \\ usuel aux fi'&n es- matons ; tttô.

pélot, m., Obus ; 207^ art., juill. 18 ; « Obus qui arrive et va éclater », M. ttiÉRY, 270^ art., mai 18 (^). De pêlot. Pois, (Petit pois et Haricot), terme enfatitiil, à Garteret (Mariche). Ce mot a aussi passé au sens de Sou, les hati- cdts sei'VÉïnt dfe jetons sur la table on joue et de postillës dans les pistolets d'ehf^nts. Cf. puis, Balles : « une Volée de pois », eRlandè, En campagHë, m, 1. Retour du sématisme : soriàiiîiéllâ, m., HaHcots ; BP t;, -16 (occasion- nellement) ; mitrailler, Edosset* des hari- cots ; D. Le rapport des sëlis de pétard, A, Haricot (vidocq), B, 9du {CaHoUche), C, Obus, tle semble pas immédiatement utili- sable, cat l'obus et le hàricdt sont de réels péteurs, tandis que la moiiilàie pétard a pu êti*e influencée pat* la monnaie pûtaf ; pour- tant. Voir ici pétard.

péiiidhe, f.. Avion Ni'euport biplace ; mont- GEôRGË. Cf. taxi.

péïJêre, A, Grt>s ; usuel, mais surtout dans

(1) ]Bello, Torpille de 245, argot boche, est igrlôré aux 207^, 2706 art.

39â

l'active ; inusité au 81^ t., 14-17 ; « les Italiens ont coulé un cuirassé et avarié iiti autte, ça c'est utl pépère boulot », un matelot^ mai 18 ; (on notera dans cet eX. place de l'adjectif, qui est établie d'après celle qu'aurait l'adjectif gros^ Ce qui montre bien iéi, en fait de syntaXe, le parasitisme argotique que je souligne eu fait de suffixes daiis becquette, en fait de gettres dans tatdne, en fait de synonymies dftns rif et à toute page) ; | Feu, 229j à propos d'un obus ; ib., 236, à propos d'un rat; |i 46© inf., IG-U ; Ménilmontant, premiers mois de -14^ à propos d'un paquet, dauéat, 16-4-17, 668 ; « une rombière pépère », une Grande-damé (de la noblesse), brii^ger, M. le Vicomte, 306.

B, Calme ; usuel et général ; Si, Calme par le stoïqUe accomplissement des devoirs : « Faut être pépère pour l'arrivée ! S'agit d'mettre ses moustaches su 1' pied d'guerre ! ))j nÈf^JAMi^, Journ., 1-5-16 ; « N'oublie pas que tu es un héros et qUe tu dois l'être en tout... Sois un poilu Repère ! ))^ Sois héroïq[ue en fait de bonne tenue j^endant ta permission, conseils aux per- missionnaires du front, anon., B. des A., 24-5- 16, p. 2, c. 3 ; « un combat pépère y>, « il a fallu Se battre comme des lions », h Poiiu^

m

20-7-15, in sain. ; « une marraine tout ce qu'il y a de pépère, et qui m'envoie des paxons maous soi-soi », chapelle ; b, Calme par une judicieuse sélection épicurique de plaisirs : « secteur pépère », Secteur tranquille, « endroit pépère », Beau cantonnement, « plat de fayots pépère », Haricots bons et copieux, le Pépère, in B. des A., 28-6-16 ; « c'est pépère », Confor- table, BENJAMIN, Journ., 23-2-16 ; « c'est pé- père », Il n'y a rien à faire, Gaspard, 232 ; (( j'me tiens pépère », Coi, Caché donc heureux, BENJAMIN, Journ., 17-2-16 ; Le permission- naire du front profite d'un changement de train, qui lui fait perdre des heures, pour visi- ter la ville ; il s'asseoit à une terrasse de café ; « Il est tout à la satisfaction de n'avoir pas encore atteint son point d'arrivée et d'être ainsi déjà « pépère » avant que sa perme ait officiellement commencé »,... d'être Libre de tout devoir..., letoubib. Vie Par., 26-8-16, p. 644 ; un abri « pépère », « dans lequel on peut défier toute marmite », le Poilu, 20-7-15, in sain. ; être pépère, N'avoir rien à craindre ; D. m. p. ; « Avec tel capitaine on est pépère », le Pépère, in B. des A., 28-6-16. On retrou- vera dans ces textes, a, tout Zenon, la philan-

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tropie (de la marraine), la volonté bandée (du bon soldat) ; b, tout Epicure, le plaisir du ventre, la tranquillité obtenue par la retraite et la contemplation. D'ailleurs, la recherche épicurique du calme est souvent laborieuse et demande de la ruse ; d'où, c, pépère, Rusé : un mécano « tout ce qu'il y a de pépère », « vieux roublard du « taxi )) », punch, Fantasio, 15-8-16. Les trois sens a, b, c, de pépère correspondent chacun à chacun à trois sens semblables de peinard ; père-peinard fait le pont entre les deux mots.

Les sens A et B se tirent de pépère. Grand père, usuel à travers la France ; A développe par métaphore, l'idée Ventru, Gros-père ; B, par extension de sens, l'idée Calme, soit par une Raison purgée de passions, soit par une Insouciance rassise, toutes deux qualités propres de l'Homme d'âge mûr.

Le dérivé parigot pépèremuche, 46^ inf., 14-17, a les mêmes emplois. Cf. maouss et souasoua^ et mec en blouse.

pépin, m,. Monoplan parasol Morane-Saul- nier ; R, G. Aé., -18 ; parasol pour son mât vertical soutenu de haubans ; pépin puisque parasol.

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ESNAULT 26

perce- brumô, m., î, Captif qui sert, par utie ascension préparatoire, à tâter les conditions atmosphériques, notamment la visibilité ; aéro- nauteSj 17-18 ; ' 2, Observateur faisant cette ascension, d'ordinaire jeune officier ou souS' officier, souvent artilleur, candidat élève - ob- servateur : (( Bientôt le « perco » descendra. Et pendant que le perce-brume, assez pâlot, un peu verdâtre, cédera sa place au camarade endurci <...> », micromégas, B. des A., 28- 11-17. ' C'est à ce mot que je rattache perco, m.. Ballon captif monté en observation ; texte ci-dessus ; j'y vois une libre suffixation de perce- brume, a.yec cependant, peut-être, le désir d'évoquer les Renseignements que donne le captif. D'ailleurs perco en tous ses sens, et perce-brume aussi, sont ignorés en mai 18 des marins observateurs d'un centre de captifs.

perco, m.,1,1®, Percolateur à café : « Qu'est- ce qui fiche le cuistot ? Il est tombé dans ses percos ! », phrase stéréotype usuelle aux tran- chées, z. Armée de la guerre, 236 ; - ce boni- ment est hors de la guerre de tranchées, puisque le matériel de campagne ne comporte pas de percolateur, et probablement antérieur à la guerre, puisqu'on trouve Perco sobriquet

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d'un cuisinier de caserne, u Perco le cuisinier », PAWLowsKi, Polochon^ p. 5, c. 2 et 11, c. 2, et sobriquet de tout cuisinier au 27® art,, ^16 ; d'où r homme- perco, l'Homme de corvée pour aller chercher le café, 27® art., -16. 2^, Ren- seignement (quelconque) qui circule ; galopin, Poilus de la 9®, 18 ; « un perco à la graisse d'oie », un On-dit sans fondement, pantku- CHARD ; « Perco. Tuyau qui sert à faire chauffer le jus et à donner les nouvelles des cuistots », poiLULOGuE ; « un perco, c'est-à-dire un tuyau », CHAPELLE ; glisser un perco, balancer un perco, Livrer un renseignement : « le cuistot, en apportant le jus, nous a glissé un perco en douce », CHAPELLE ; réel est en première ligne l'intérêt porté aux informations qui s'échangent à la cuisine ; mais en vain le Temps, 4-9-15, prétend que le « cagibi du per- colateur c'est, sur le front, le dernier salon l'on cause » ; cf. donnay, Liberté, 19-9-15 ; MAC ORLAN, Joum.^ 28-11-16 ; la cuisine au front ne saurait avoir de percolateur ; un perco est un tuyau, rien de plus, d'abord ; on a ici une simple dérivation synonymique ; et ce n'est que postérieurement, quoique tôt après, qu'on a observé que les /?ercos-tuyauX les plus

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caractérisés sont ceux de Perco-le-cuisinier. Cf. rapport. Perco au sens 2^ est loin d'être répandu dans l'usage ; je ne l'ai pas trouvé dans les différents corps que j'ai sondés ; il a été usité aux Dardanelles, cohen, 74 ; il est cependant inconnu en mai 18 de plusieurs ma- rins ayant couru l'Archipel. 3^, a, Ballon d'observation du perce-brume, voir perce- brume ; b, Blague, Plaisanterie î « C^est une [sic] bonne perco )>, lambert ; « on lui a fait un sale perco », D. m. p. ; « J'men ressentais pas du tout pour un perco de. c' calibre-là », Feu, 21-8-16; pour le passage du sens .2^ au sens 3^, b, cf. passer à tabac.

2, Marmite norvégienne, chacun des six vases cylindriques de la Cuisine-roulante ; 95e inf., juin. 18.

percutant, m., Objet qui se meut rapide- ment : « r passe entre nous deux si vite qu'on n'a même pas pu le poisser par un abatis. Tu parles d'un percutant ! », Feu, 21-8-16. atterrir percutant. Atterrir brutalement à toute allure ; esc. S-152, juill. 18. Comparaison avec un obus ; en trombe disait-on aupara- vant.

périscope, m., A, Homme de taille à dépasser

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le parapet de la tranchée ; 81^ t., -16. Syn. : paratonnerre ; Feu, 284 ; infini ; ib. ; double-mètre ; agatha, 112 ; gratte-ciel ; ib. ;

notés ici pour ce qu'a de topique dans les tranchées l'inconvénient d'être grand.

B, Membre viril ; marins, -18 : « Le soir, le trottoir est plein de gonzesses qui font la veille contre les périscopes )),... qui se promènent en quête de clients ; métaphore d'attitude.

C, Œil ; 158e inf., 40^ art. -18 ; métaphore de fonction ; cf. jumelles.

perm, f.. Permission ; 81^ t., 15-17 ; usuel et universel ; |1 antérieur à la guerre ; perm, Faveur de sortir du lycée quoique interne, Brest, 85-93 ; cf. « permiss' », même sens, PAWLOwsKi, Polochon, p. 11, c. 2, 12, c. 1, pro- pos de chambrée.

perroquet, m., « tireur d'élite qui souvent se juche sur un arbre pour élargir son champ de tir » ; mot communiqué à M. Sainéan ;

SAIN.; D.

perte de vitesse (se mettre en), Choir à terre, étant ivre ; aviateurs : « J'espère que quand tu es en bordée, tu ne te laisses pas mettre en perte de vitesse », un 1* aviateur, lettre, mars 18.

L'avion qui « plafonne » perd son excédent

de puissance, et prend un équilibre instable dangereux.

pétard, m., A, Revolver ; 270^ art., 130^ inf., mai 18. B, 1, Canen ; 270^ art., mai 18 ; 2, Obus de 120 français ; V. du p. Cf. pa- tard (?), « Oh ! ces gros « patards », comme ils sont déplaisants ! Quand on se promène dans les bois <...!> ils éclatent soudain à côté de vous )), Bourru, 188, A et B, métaphores auditives ; le même nom convenant à un engin d'artillerie et à son projectile, on passe de B^ à B* par une métonymie ; A, B^ et B", litotes auditives et balistiques : le pétard est un jouet de fêtes populaires ; cf. pétoir.

pétarer, 1, Pétarader ; usuel au 81^ t., 44 : « Le canon va pétarer )) ; cf, pétarder, F^ire du bruit, dlle, 2, Devenir dur, Barder ; 81^ t., -14 î « Ça va pétarer », Il va y avoir du pétard, du baroufle ; cf, péter : « C'est la meilleure pâte d'homme qui soit, mais quand on lui bassine les oreilles, ça pète », un 2^'m^, brestois, -18 ; cf. ça chie, Il y a du scandale ; cf. « Vingt dieux ! à vot' âge [quand j'étais jeune], je n' pétais qu' du feu. On ramassait les étincelles h trente pas derrière moi ! »,

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«

langage du Lieuvin, delarue-mardbus, Journ.^ 23-11-17.

pétasse, f., Peur ; ai^oir la pétasse ; 46^ inf. ou 63® art. avant avr. 18 ; dérivé de péter^ syn. de Chier, par le suffixe du syn. chiasse.

pétasson, m., 1, Canon de 37 ; mitrailleurs, 156® iuf., avr. 18 ; 2, Canon de 240 bombar- dant Paris à 120 kilomètres ; R. G. Aé., juin 18 ; I PAWLOWSKI, Journ,, 11-4-18, Dér. de pé- tard ; -asson exprime, 1°, Petitesse de l'objet, (bécasson, Petite bécassine), d'où, 2^ Horreur du sujet, (tocasson, Laid, Femme laide), et Rappetissement de l'objet par mépris, (cf. bleuçassoUf vinçisson),

pète-pète (fusil), m., Fusil mitrailleur ; 246® et 287® inf., 17-18.

péter (faire), Tirer des coups de fusil ; 156® inf., -16.

péter les yeux (se faire). Dormir profondé- ment ; 81® t., 15-16. A force de regarder qj\ dedans.

petit brutal, m.. Canon et Obus de 88 autri- chien ; 66® chass., mai 18. « Pour la raison qu'aussitôt le départ il éclate sans l'en- tendre siffler )), M. siELTZER ; brutal, Canon est ancien. Cf. Petit Pierre, m., Canon ;

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usuel au témoignage d'un caporal bon argo- tier ; « V'ià P'tit Pierre qui parle », le Canon tonne, 81^ t., -16. Antérieurement j'avais en- tendu un homme que désassoupissait un écla- tement demander ce que c'était, et son voisin lui répondre « C'est P'tit Pierre qui s'en va » ; j'interprétais que c'était une allusion au bruit de porte claquée que fait une arrivée d'obus au loin, et que ce poilu tirait parti d'une image laissée dans son calepin cérébral personnel par la bonne vie familiale et ouvrière. Cf. José- phine ; Rosalie.

pétoche, f., Peur ; 130^ inf., -18 ; \\ Schw. Sold., 73. Libre suffixation de pétasse.

pétoche, f., Mitrailleuse ; mitrailleurs, 156® inf., avr. 18. Libre suffixation de pétoire, f., ou de péteuse, f.. Mitrailleuse, d. ; cf. sardoche.

pétoir, m.. Fusil; 95® et 156® inf., -18; | « mon pétoir », chapelle. pétoire, f.. A, Fu- sil ; 81® t., avr. 16 ; B, Canon ; 270® art., mai 18 ; C, Mitrailleuse ; esc. S-152, juill. 18. Métaphore tirée dans les différents corps, ici de pétoir, m., de pétoire, f., noms de la Canonnière de sureau ; ce jouet d'enfant est une pétoire à Nantes (dépôt du 81® t.). Cf. soufflet à punaises, m., À, Canon de 37 ;

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i

B, Fusil ; D. ; pousse- pousse, m., Decau-

ville ; D. ; allusion à un jouet mécanique de -89 ; arbalète, fléchette, pirouette, seringue, tonneau ; toutes ces litotes simulent que Farme la mieux au courant de l'industrie n'est qu'un jouet d'enfant. Cf. chantier.

pétrole, m., Eau-de-vie ; 81^ t., -17 ; 95^ inf. et 270® art., -18 ; général; 1| « Mauvais vin. Mauvaise eau-de-vie », rig. Le pétrole alimente le moteur à explosion, et dès le temps de Rigaud, la lampe d'éclairage ; le vin et l'eau-de-vie alimentent le moteur humain ; une image très voisine fait dire d'un moribond // n'a plus d'huile dans la lampe ; c'est donc ici une métaphore de fonction, sans idée péjo- rative, et les définitions de rig. faussent le sématisme ; cf. essence et oriflamme. Syssém.: gaz, m.. Eau-de-vie ; usuel ; || rig. ; gaz est le nom de l'Essence de pétrole dans le Bas- Maine, DOTTiN ; à Brest, gaz Mill ; d'où gazée, f.. Ivresse ; gazer. Etre allumé par l'alcool : Il « commençait à gazer », ... à parler et à gesticuler, 81® t., août 17 ; d'où être gaz ; cf. bout de bois ; as^oir son plein d'es- sence, Tnème sens ; en boche : die Einsprit- zung, (l'injection de pétrole dans les robinets de

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décompression de ravion), la Lampée d'alcool absorbée par l'aviateur avant le vol, delcourt ; benzin, Alcool, delcourt. Voir dans tripoli une autre métaphore, de fonction en- core, exprimant l'alcool.

pétroleur, m.. Soldat du génie lançant les liquides enflammés ; déch.

pétroleuse, f., Automobile ; d'o.ù A, Diri- geable ; art., d. ; B, Cuisine-roulante ; inf., -15, AYNAuo ; cf, sous-marin.

Philibert, m., le Havresac ; secteur 174, -18 ; adj. LECONTE ; | « quand j' mont'rai Phili- bert )\ Feu, 195 ; -^ cf, Azor, même sens-; Rosalie,

phoniste, m., Téléphoniste ; « Le phoniste partage avec le cuistot et le cycliste le mono- pole des tuyaux sérieux «, Echo des Guitounes^ in B, des A., 25-10-16 ; cf. télé et terri.

pichtogorne, m., A, Vin ; 289^ inf., 13^ c^% monax, avr. 18 ; 315^ inf. (-17 ?, rarement), 154^ inf, (Meusiens), juill. 18 ; connu au 13® tir. alg., -18, de g. pemonchy (du 87^ inf. (S^-Quentin) en 14-15) ; || argot parisien, M. PROTAT ; « Coup de vin, Verre d'alcool », usuel à Amiens, 90-10 et au 72® inf. (Amiens) : <( Nous allons prendre un pichtogorne ? », té-

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moin en déc. 17 un Amiénois en -73 ; pich- torgorne,jn., Coup de tout ce qui se boit au bistro ; apporté en -12 au 1^^ groupe d'aéros- tiers (Maubeuge) par François dit Tintin-des- Deux-Moulins, (Moulin-Rouge et Moulin de la Galette), le mot se répandit dans tout le monde de Taérostation, témoin en déc. 17 un Parisien pilote de dirigeables. B, « Caporal dégourdi, dessalé » ; 168^ inf., -16 : « Monsieur F. Marly et C^^ Serg. chef des Saligauds et des pichto- gornes, 168^ 9^ comp. S. P. 191. Je tiens bon à Panam et on les aura. Chariot », carte du 16-10-16 ; le destinataire, interrogé, veut l'orthographe « pychtogorne », et me donne la définition ci-dessus ; le mot était usuel au dépôt du 168^. pichtô, piohtegorge, pichte- gomme, m., Vin ; 40© art., 5^ b^^, juin 18 ; la dernière forme semble moins usuelle ; elle rime avec fromgom, Fromage. déch. donne piche- tagore, m., Vin ; d. les ayn. piohenagorne (dans un corps lorrain et parisien), pichegorge (sec- teur d'Artois, -15, ou de Champagne, 16-17), pichenogorge. Etymologie (?) * pichenette à gorge. Cf. gnole.

picnel, (m., f. ?), Shrapnell ; d.

pièce-grasse, f., Cuisinier de compagnie ;

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81® t., juin 16; Il DLLE. Sous-entendu ar- tilleur de ; cf. artilleur de la pièce humide, Infir- mier.

pied, m., Sergent, (et non pas « sous-off. » comme le dit V Echo des Marmites, n^ 2, Sup- plément) ; usuel, général ; II dès -95. De pied de banc, Sergent ; merlin ; Almanach du Père Peinard, 1894, 40 ; dlle ; pied en est la synecdoque, par ellipse du déterminant. Cf. pied, Maître d'escrime. Argot de S^-Cyr (1893), ce maître étant ou ayant été un sergent ? MERLIN explique « Quatre pieds à un banc, quatre sergents dans une compagnie », étymo- logie acceptée par sain, et par dauzat, 16-4-17, 665, et qui ne vaut rien, parce qu'aucun poète ne verra quelque lueur à ce que quelque esprit saisisse une analogie d'une compagnie à un banc, (l'année solaire est-elle un banc parce qu'elle roule sur quatre saisons, N.-S. Jésus- Christ un banc parce qu'il s'appuie sur quatre évangélistes ?), 2^ parce que les sergents ne vont pas du tout par 4, il y en a 1 par section, 16 par bataillon en temps de paix, 8, voire 12, par compagnie en campagne, et qu'il est fâ- cheux d'exiger que cette image ait eu pour berceau une caserne et pour horoscope les

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conjonctions d'un ciel de paix. Le galon qui signifie Grade de sergent n'est pas partout et de tous temps le, simple bâton de biais sur la manche. Dans la police, la cavalerie, l'artillerie, le train, le génie monté, le galon de marchis offrait avant la guerre, et offre encore en -18 par fantaisie, la figure angulaire, le sommet en haut, qui suggère l'image des pieds d'un banc, de deux façons, soit en ceci que certains bancs ont pour pieds des planches échancrées vers le sol de façon à constituer deux doigts dans ce pied, ou mieux en ceci que certains bancs, pour plus de stabilité, ont des pieds obliques qui convergent en haut sous la planche l'on s'asseoit, (un Grec eût dit des pieds de n). Voilà l'angle qui, fournissant une métaphore pour le galon, a passé, par métonymie, au porteur du galon. Les soldats nomment le sergent-ma- jor le double, ce qui prouve, s'il en est besoin, que l'imagination militaire s'intéresse à l'as- pect des galons. Syssém. : bancal, Qui a une jambe ou les deux jambes de travers ; c'est un dérivé de banc, « les pieds d'un banc étant ordinairement divergents », hdt ; cela prouve que l'œil populaire s'est réellement inté- ressé à l'obHquité des pieds d'un banc ; l'armée

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a inventé bancal, m., Sabre de cavalerie, à cause de sa forme cintrée ; charron, Insigne d'ancienneté de services, si^r le haut de la manche, angulaire, le sommet en haut, dont l'obliquité et la convergence évoque le chevron des toitures ; (hdt signale l'emploi analogue du chevron en sémantique de blason et de mines) ; il n'est pas surprenant que les galons en V renversé du bras étant sématisés par une image de charpenterie, les galons en V ren- versé de l'avant-bras soient sématisés par une image de menuiserie. -^ Le Chevron a été sur- nommé et baraque, et cabane^ et maison ; {ba- raque a été ravigoré par la guerre actuelle ; toutefois brisque se dit au moins autant, et au 81^ t. davantage) ; l'angle de la toiture est essentiel dans le schéma de l'habitation hu- maine ; voyez les charbonnages les plus rapides qu'un enfant peut jeter sur un mur. Bref pied de banc = Galon de sergent, c* q. f. d. La citation suivante lève tout scrupule : « Les troupiers donnent le nom de pied de banc au chevron qui orne la manche d'un soldat ren- gagé )), couLABiN, Dict. des locutions popul. de Rennes, (1891), notation qui a le double avan- tage de dater le mot de plus haut que ce die-

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tionnaire, œuvre lente d'un ancien officier octogénaire, et de faire penser que, le passage du sens Chevron au sens Galon de grade étant une extension de sens, pied de banc ne fut d'abord, absolument syn. de cheçron, qu'un syssémantique de chevron lui-même.

piège, m.. Homme barbu ; adj. lecontè, -18 ; I « Le Piège, [un barbu, comme son nom vous l'a déjà appris », p'tit gars. Synec- doque et métonymie de piège à poux, Barbe. Piège à poux s'emploie aussi aux sens de Peigne ; marins, -18 ; de Chemise ; 40® art., -18 ; de Gilet de flanelle ; d.

piétiner l'anthracite, Exagérer, Chérer ; 270® art., mai 18 ; l'anthracite est dou- blement précieuse en temps de restrictions charbonnières ; piétiner les bégonias. Exa- gérer ; Vie Par., 18-5-18, p. 429 ; chevau- chement de piétiner, Abîmer, avec bégonias. Jambes. Cette image se retrouve sous le verbe " marcher ; Frederick Lemaître improvi-

sant un autre texte que celui de son rôle, l'au- teur de la pièce, Barrière, lui dit « Faites atten-

^ tion, vous marchez dans, ma prose », rig. au mot faire de la toile, ' Cf. bousculer. Syn. : cisailler le barbelé ; 95® inf., -18 ; le pati-

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nage des réseaux est dangereusement bruyant ;

piétiner dans les barbelés, Exagérer ; Vie Par., 19-8-16, p. 617.

pif, m., Vin ; très usuel aux 46^ inf. et 63^ art., 14-18 ; | henriot; prononcé ra- pide de piçe, Vin, (rig. ; lambert), qui s'en- tend au 2^ mixte, -18, apocope de pwois, Vin,

d'où se piver. Se griser ; lambert ;• pivé. Ivre, ih. ; la sonore v devenue finale par l'apocope se mue en la muette correspondante / ; cf. souss -< sous-intendance ; rap ■< râble.

pigeon ramier, m., Perforeuse de sape ; d.

Métaphore ; elle roucoule ; cf. tourte- relle.

pigouil, m.. Troupier de l'est de la Gironde ; « Le Poilu Saint- Emilionnais, organe des Pi- gouils soldats », titre d'un journal du front, -15 ; du limousin pigolhou, Petit gars.

piloche, f.. Dent ; 231^ inf., mais peu usuel, H. BARBUSSE ; | « uuc sculc pilochc », Feu, 10; cf. 87; Il dès 1596, pechon de ruby. Cf. piltoche. Dent ; kirsch. Le Tigre, 228, 234 ; Nénesse, 119, 123.

pilon, m., Pétard à manche : « Grenades à manche du modèle courant de l'ennemi, dites « pilons » <!...> «, légende d'une photographie

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de matériel allemand pris au sud de la Somme, Illustration^ 29-7-16, p. 104.

pilonner le terrain^ l'Emietter en y creusant des trous d'obus jointifs pour en détruire l'or- ganisation défensive et offensive ; divers sol- dats, -16 ; I journaux du 8 au 15 juin -16 sur Verdun ; « vous pilonnez le terrain pilonner est l'expression à la mode ; puis vous lancez vos vagues d'assaut », verraux, Œui^re, 10-8-16. Dér. : pilonnage, m., Action de pilonner le terrain : « cet amas de ruines, ce déchiquetage, cette pulvérisation, ce pilonnage », l. barthou, Matin, 12-9-16 ; syssém. : martèlement, même sens : « le martèlement mieux assuré des organisations allemandes », de civrieux, Ma- tin, 21-8-16.

pilotaillon, m., Pilote aviateur maladroit ; Mousqu., 74. Cf. bochaillon, embuscaillon.

piloter le pé-O, Prendre le train de Paris- Orléans pour Paris ; école d'aven d'Etampes, mai 18 et avant. C'est un pilotage aussi facile, puisqu'on est « sac de lest », qu'agréable par le point d'atterrissage. piloter le bé-O, Prendre le tramway Bourget-Opéra ; R. G. Aé, oct. 17. piloter le bessonneau, Ne pas faire ,de vol ; ib.

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ESNAULT 27

pilule, f., Défaite ; usuel et général ; ramasser la pilule, Etre battu militairement ; 81® t., 14-17 ; I « Vengez-nous, les gars !... On a pris la pilule ! », Gaspard, 98 ; « Les Boches nous ont mis la pilule », g, v., N. Contes vér.^ 263 ; || Punition : « Pour su' que ça y va fair' pimenter son pilule », boyer-rebiab, 24 Heures de bor- dée^ 237. Défaite ou Punition, sens précisés du sens général Désagrément, [avaler une pi- lule ); syssém. : purge, Défaite, Rossée ; Ennui ; prendre une piquette. Etre battu, mis en déroute ; marins, c*^, -18; || Né- nesse, 245. L'idée commune est Amertume.

pinard, m., Vin ; usuel et universel ; inusuel ou rare au 81® t., avant l'été 15, complètement établi en janvier 16 ; | Petit Echo (18® t.), n^ 15, fév. 15 ; AGATHA ; pantruchard ; poi- LULOGUE ; devenu presque aussi officiellement littéraire que poilu ; « Versez de la flotte dans du pinard », edmond perrier. Observations scientifiques, B. des A., 8-11-16, p. 7, c. 2; tl usuel dès longtemps dans « certains quartiers » de Bordeaux ; en -86 au 13® art., d ; « avant la guerre » dans les casernes de « Nancy, Vitry- le-François, etc. » et dans la marine, dauzat, 27-6-17 ; introduit au 160® inf. (Paris, Lor-

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raine), entre oct, 12 et août 14, m. protat ; de- puis très longtemps avant la guerre dans la marine, au témoignage de marins de 35 ans, janv. 18. Selon un de mes correspondants, en mai 18, le pinard serait dans les Charentes un vin spécial « mélangé de pine (pomme de pin) »; (?) Bien meilleure semble l'étymologie ordinairement reçue : suffixation libre de pi- neau, (d'où le limousin avait déjà tiré pinaro, Vin), 1, Cépage bourguignon dont la grappe aux grains serrés rappelle la forme de la pomme de pin ; par extension. Cépages blancs de Touraine et d'Anjou ; d'où les enseignes « A la pomme de pin » et les branches de pin servant d'enseigne ; cf. richepin, Baïonnette, 14-12-16 ; 2, Vin tiré de ces raisins, sens usuel depuis longtemps en Bourgogne, Champagne, Lorraine, dauzat, 27-6-17 ; par extension tout Vin. Même métonymie du genre (Vin) par l'espèce (tel Cru) : aramon, m., Vin ; aga- THA ; Cabaret, 458 ; - du cru d' Aramon (Gard) ; loupillon, m., Vin : « saboter le lou- pillon )), Renverser le vin, Cabaret, 471 ; du cru du Loupillon, propriété de M. Armand Pallieras, ne tenant que de son propriétaire sa notoriété grande. D'ailleurs, le pinard et

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Taramon, c*est le vin qui coule ^ flots ; le « cacheté » continue à s'appeler du rm, Guide des Visiteurs au Front, dans Rigolboche, in B. des A., 20-9-16.

Dér. : pibus, m., Vin ; d. ; libre suffixa- tion. — linarpèm, m., Vin : « du ninar-pem », 2e (.al^ .j^g^ j^ LACHAT ; cf. larqué,

pinarder, S'occuper à boire ; 81^ t., -16, mo- nax. Syn. : picoler ; très usuel au 231^ inf., 15-16, H. BARBUSSE ; « y avait plus d'une heure qu'on était à picoler », un matelot, fév. 18; | « Tu picolais, et t'avais l'vin mauvais », Feu, 315 ; piquetonner. Le piqueton, le picolo et le pinard sont intertransvasables ; de même croûtef c'est brichetonner, et à peu de chose près saucissonner, car on dit très bien des porcs qu'ils « croûtent )> les truffes.

pinceau, m., Pied : « pinceaux gelés », aga- THA ; « r m' faut des péniches, <i...^ J'peux pourtant pas marcher sur la peau d' mes pin- ceaux », Feu, 84; Il coup de pinceau. Coup de pied, DLLE. AGATHA le traduit aussi « Jambe »; mais on ne peut' y voir un dérivé de pincettes, paire de pincettes, les deux Jambes, puisqu'on trouve pinceau au singulier ; c'est un dérivé de pince. Partie inférieure du devant du sabot

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du cheval, EJxtrémité de l'ongle des fauves ; sur l'animalisation de l'homme dans le bas- langage, cf. panard, auge, béqueter, bouchon, chameau, cheç^al, chevaux, chien, colombins, crâne, cygne, grolles ?, ouistiti, perroquet, pou, veto, habillé ; mais le suffixe -eau, tout fantai- siste qu'il est, peut avoir pour but de signi- fier des pieds crottés aux souliers boueux qui peinturlurent le parquet ils se posent. De là, en tout cas, se retourner les pinceaux, syn. : se retourner les fuseaux, « Atterrir sur le plan supérieur », Capoter à l'atterris- sage, de façon que les roues sont en l'air ; aviateurs, Miramas, mai i8 ; | « qu'il se « re- tourne les pinceaux » ou non, le « coucou » est « rectifié », thavet. C'est seulement avec le verbe retourner que pinceaux est usité en ce sens ; c'est en effet une locution toute faite que d^ avoir les jambes' en Vair, Etre renversé ; ex. : « quand il [le cuisto dont un obus a bousillé la marmite] a vu son macaroni les jambes en l'air », Feu, 34. Malgré l'analogie de l'avion avec l'oiseau, il n'y a donc pas à s'attacher à l'image des oisillons morts qui ont les pattes en l'air ; et on ne peut pas plus traduire pinceau, Roue d'avion, que patte, Cylindre d'avion, (voirpa^^es).

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pingouin, m., 1, Avion d'apprentissage : « Ici l'école d'avon de ...] pas de rouleurs, pas de « pingouins ». Les « trois pattes » et « six pattes » sont inconnus », thavet ; « On le voit manier avec une rare maîtrise le « Pingouin rouleur » appareil redouté des débutants, effec- tuer d'impressionnantes lignes droites, déjouer les « chevaux de bois », décoller, virer, atterrir », X, Les premières ailes [de Guynemer], Gu. Aér., 18-10-17, p. 772, c. 2; Il date de -09 ou -10, dans les centres d'av»" ; mère pingouin, f., même sens, Aéro auquel « on a rogné les ailes et qui, avec un bruit de motocyclette enrouée, est condamné à ne jamais quitter le sol », iCART ; pingouin à cause des ailes rognées ; mère parce que d'apprentissage, (cf. mater- nelle). — 2, Aviateur novice, plus ou moins maladroit et ridicule ; la Gu. Aér., -17, a 1' « his- toire d'un as » nommé Pingouin, en images ; le troupier anglais a aussi ce mot : penguin, 1, Officer of flying status, but who for some reason doesnot fly ; 2, Type of trailing ma- chine which does not rise from the ground ; Morning. Cf. castor, Officier de marine qui ne navigue pas.

piquer du nez, Descendre verticalement,

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l'avant vers le sol ; aviateurs ; terme pris à la langue nautique, piquer du nez dans la plume. piquer à mort, même sens, avec l'idée d'une rapidité de catastrophe ; Miramas, mai 18. Voir piqué chandelle sous chandelle.

pirouette, f.. Torpille aérienne ; 125^ inf., COHEN ; DAUZAT, mai 17. La torpille, ayant une trajectoire .en épingle à cheveux, fait en l'air une pirouette visible ; mais il est pro- bable qu'on a surtout une allusion- à la pi- rouette, nom du jeu de tinet en Basse-Bretagne, du toton autre part. Cf. pétoir. .

pisser dans le paquet d^ tabac de qqn. Se montrer désagréable à son égard ; 147^ inf., -14 : « En voilà un qui a pissé dans mon pa- quet de tabac »; syssém. : Il a chié dans mon panier, dans mes bottes ; dlle.

pister, se pister, 1, S'enfuir : « Le type s'est pisté ; il avait l'air pas rassuré <<...>» « C'est 22 )), qu'i disait », Feu, 58 ; 2, Disparaître, Se perdre. Etre démoli ; e. h.. Temps, 24-5-15 ; 3, Etre volé : « Brigadier, ma brosse piste ! », ib. C'est une image prise de la piste d'équi- tation des cavaliers ; cf. pattes. Pour la forme pronominale, cf. bagoter.

pistolet, m.. Urinai pour malades alités ;

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81® art. 1., mai 18; | dauzat, 16-4-17, 665. Syn. et syssém. : revolver, mr», d.

plafond, m., 1, Banc de nuages limitant la vue en hauteur ; météorologues et aviateurs, 17-18; I « Même il pourrait pleuvoir, le « pla- fond » est bas et mon cor m' fait mal », punch, Fantasio, 15-8-16, propos d'aviateur ; 2, Hauteur maximum pour tel avion : « l'avion bombardier devant traverser les lignes à une altitude qui le mette à l'abri des tirs d'infan- terie, c'est-à-dire à 2.000 mètres environ, il faut qu'il puisse s'élever assez haut, que son altitude maximum, son plafond, comme on dit, soit suffisant. Or, chose curieuse, le plafond d'un avion est d'autant plus élevé que sa vi- tesse est plus faible », nordmann. Matin, 24-10-16 ; « Pas de surprises d'en haut, puisque tu te trouves dans leur « plafond » », daçay, Journ., 10-10-16. Dér. : plafonner. Voler au plus haut : « C'est un as qui plafonne. Il est au moins à 2000 », musidora ; par anti- phrase : Les pilotes « jugèrent bon de plafonner à deux cents mètres pour mieux détruire l'ob- jectif », xxx..., Gu. Aér., 3-1-18. Cf. prendre une hauteur, Dominer l'avion adverse.

plané, m., Vol plané, descente moteur arrêté,

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par les seules propriétés de sustentation de l'avion : Son moteur le plaqua, « malgré tout il put revenir en plané jusqu'à nos lignes », DORME, lettre, 2-7-16, in Gu. Aér., 23-8-17, p. 563, c. 2. vol plané, 1, Descente à travers Fair : « Le lieutenant est descendu de son hamac en vol plané », 81® t., -15 ; 2, Chute à travers l'air, d'un corps quelconque, d'un homme, abandonné à ses propres moyens, in- suffisants pour lui assurer une bonne tenue ; 207e art., -18 ; Il (( Plouf ! Tu parles d'un vol plané ! », DuvERNOis, Nounette, 60, récit d'un suicide par la fenêtre ; en particulier, Chute consécutive à l'ascension que produit une ex- plosion d'obus : « S'il en arrive un [crapouillot] comme ça dans le blair à Fritz, il aura des chances d'aller faire un vol plané », paraud, 103 ; ou de mine ; Bourru, 181, 183 ; 3, Chute d'un homme de son haut ; fantas- sins, mai 18. Syssém., syn. au sens 2 : glis- sement sur l'aile ; looping ; virage ; d.

plouc, m., Rustre ; usuel aux corps bas-bre- tons ; signalé au 34einf. (Mt-de-Marsan). -17, D. ; Il ancien à Brest, Dinan, Nantes. Apo- cope de Plougastel ou quelque autre des 17 noms de communes rurales qui commencent ainsi.

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ploum, Idiot ; 154e inf. (Meusiens), -18, mot récent. De l'allemand plump, Epais, Rustre. Cf. boucher noir.

pluches ! (aux), A la charge ! ; 360^ inf., août 14 ; Il cri inventé au 160^ inf., 8^ c*^, aux manœuvres de -11, repris par les réservistes (360^) pour les charges réelles ; m. protat. Cf. épluchureSy f., Eclats d'obus ; déch.

pluie f., Mitraille, Bombes ; D. m. p.

plumji, m., Lit ; Nantais, 81^ t., -15. Suf- fixe comme trimji^ Trimard ; fromji, Fromage ; cognji, Cognac ; pétji, Pétard (Scandale).

poil (atterrir au), Atterrir parfaitement ; Miramas, mai 18. Quel poil ? On fait le poil aux meilleurs champions ? L'atterrissage est époilant ? Ou bien on effleure le poil de la terre, l'herbe ?

poiler (se), 1, Se tordre de rire ; 46^ art., -16 : « Moi i' me poilais dans mon coin » ; 81^ t., -17 ; ^narins, -18 ; | lambert; D. m. p. ; Il Nénesse, 252 ; poilant, Torsif ; 2, Se mo- quer ; je m! en poile, Je me fiche de ça ; tu te poiles de moi, Tu te moques de moi ; D. m. p. Du sens 1 au sens 2 le passage est le même que de rire à se rire de. Je rn'en bats Vœil, je vfCen tamponne le coquillard semblent aussi des

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développements intensifs de Ten ris ; on se tamponne l'œil pour essuyer les larmes venues à force de rire.

poilu, 1, m., 1^, Homme; usuel et général dès août 14, surtout aux troupes d'Afrique, aux fantassins coloniaux, et aux Parisiens, mais non aux contingents du nord-ouest ; uni- versalisé par les journaux et les permissions, été 15 ; usuel par ex. au 81^ t. à partir de cette date, mais sans éviction du syn. bonhomme -, « Mets quat' poilus à ta corvée »; || « Vous prendrez trois poilus pour faire la corvée de quartier )), 46^ inf., 10-11 ; usuel même à propos d'adolescents, ce qui fait du mot l'équivalent de quidam ou de type : « trente poilus à mener à la promenade », lycée de Reims, -06 ; textes d'avant la guerre, in g. e., 1-4-18, 441 ; c'est l'emploi comme substantif de l'adjectif poilu, 1, Fort ; 2, Brave ; textes d'avant -14, in g. e., ib., (y joindre Nénesse, 205, 210, et trois textes cités Int. des Ch., LXXI, 67) ; le plus an- cien est de BALZAC : « quarante-deux [ponton- niers] assez poilus, comme dit Gondrin [ancien soldat de la République et de l'Empire], pour entreprendre cet ouvrage », Médecin de cam- pagne, II, (1834). Le poil est signe de

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Thomme fait ; « Dans la demi-section, il y a des R. A. T., des bleus et des demi-poils », Feu, 17 ; par suite signe de l'énergie : « bougres à poil » déterminés à vivre libres ou mourir, HÉBERT, Père ' Duchêne, n^ 298, (1793). Mais tous les Français savent assez que c'est le poil du cul qui est l'emblème éminent de la force naturelle à un homme adulte, puis de la bra- voure : a^oir du poil au cul, Etre brave ; en grec ancien ixzlyixiiù-^oç, Au cul noir, sobriquet d'Héraclès ; et en grec moderne [xaXXtapoxwXo;, 1, Au cul noir de poil, 2, Brave ; cf. anglais nappy, 1, Poilu, 2, Fort, (en parlant de la bière) ; français chenu j 1, Aux cheveux blancs, 2, Excellent, hdt, (en parlant du vin,

non que le bon vin soit « blanchâtre », comme le dit sain.. Sources, mais parce que le bon vin est adulte et fort, et en parlant de n'importe quoi) ; i^elu, Chic ; larchey ;

et probablement aussi, moussu. D'attaque (soit par richesse, soit par vigueur), dans le Mystère de la Passion, (1486) ; Riche, dlle ;

un poilu est donc un brave ; et comme tout soldat est censé un brave, un poilu est un homme, un Troupier, puis tout Homme ; de mon poilu, A, mon Associé à la corvée, à la

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faction, au combat, dans la bouche d'un sol- dat ; B, mon Fils qui est à la guerre, mon Filleul, dans la bouche d'une mère, d'une mar- raine de guerre. 2^, Combattant français de la guerre de 14-18 ; usage universel mais qui ne date pas nettement d'avant janv. 15 : les Poilus et les Boches ; Poilus et Tommies.

2, adj.. Spécial aux combattants français de 14-18 ; sens tiré de 1, 2^ ; la langue poilue ; peut rester invariable comme les adjectifs de couleur : « Il semblait dépaysé, n'être pas dans la note « poilu » )), chapelle, Journ., 2-8-16 ;

d'où les formes hypocoristiques poipoil et poilpoil : « Maous. Adjectif admiratif généra- lement suivi de pépère, soi-soi ou poi-poil », PoiLULOGUE ; voir maouss et douce. Dér. : *poilusien, monax, dans « La Vie poilusienne », titre d'un journal du front ; suffixe pour allusion au journal la Vie Parisienne, le ca- lembour étant très reclferché dans les titres de journaux du front ; interpoilu. Qui se fait entre les poilus : « questionnaire interpoilu », rubrique inaugurée par le B. des A., 10-5-16 ;

cf. conférence interalliée ; demi- poilu, Fantasio, 15-10-16, p. 207 ; surpoilu ; Le journal le Bochofage procurera aux neurasthé-

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niques de l'Arrière des parrains « choisis parmi les poilus à l'indomptable moral, les « sur- poilus », et il y en a ! », Bochofage, in B. des A., 25-10-16 ; d'après le surhomme de Nietz- sche ; plus savant, subpoilu, m.. Soldat pas encore éprouvé t « un village bombardé le poilu vit « en père peinard » tandis que le sub- poilu se sent des fourmis dans les jambes », pï* voivENEL, Ann. p. l, 30-4-16, p. 515, c. 2. D'où, plus recherché, épilé, m., Individu qui ne se bat pas. Embusqué : « Tu peux les re- garder nos poilus. Va, espèce d'épilé ! », invec- tive d'un jeune Parigot, 10-3-15, citée par G. OHNET, Figaro, 11-3-15 ; | lambert ; « L'Em- busqué ou « Epilé » », CH. LÉO, Le langage des tranchées, cartes postales illustrées, n'^ 5 ; on a, de même, pour faire antithèse au front, fabriqué la nuque, delorme et carpentier. En franchise, revue jouée à Paris, déc. 15, in Fantasio, 1-1-16, p. 599, c. 1.

poilus (avoir les pieds), Se refuser à qqch. ; 81^ t., -14 : « Je ne marche pas, j'ai les pieds poilus ». C'est une maladie analogue aux côtes en long, aux genoux creux, plus analogue encore aux bras retournés ou cintrés, aux pieds qu'on a palmés comme les c^nards^ et qui se

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rattache pratiquement en séméiologic aux pieds niclés, c.-à-d. aux pieds nattés et noués par défaut de croissance ; niclé, mal écrit « nickelé » par étym. populaire, est un mot de Haute-Bretagne, H*-Maine et Berry ; voir G. E., Auto, 25-5-18. La locution ne pas mar- cher, Ne pas consentir, a suggéré l'image rurale des pattes rachitiques, et il est certain que du poil aux pieds, ainsi que dans la main, est une monstruosité, cause d'inaptitude. On a dit aussi ai^oir les pieds attachés^ Etre dans l'im- possibilité de faire qqch., dlle, qui se rattache sans doute étroitement non pas à l'image d'une entrave mise par un étranger, mais à l'idée que les rhumatismes sont une entrave ; cf. heude, Entrave, à Rennes, coulabin ; heudes, Rhumatisme aux jambes, nord de la Loire-

Inf., A. LEROUX.

pointu, m., 1, Soldat allemand î « les pointus ont se rentrer », a. (320^ inf.), N. Contes vér., 247 ; cf. i&.,248 ; pointu par le casque ; 2, Allemand : « Je viens de rentrer de Uckingen nous avons encore distribué quelque chose à ces braves « Pointus )) », cartault, feuillets de campagne, 15-9-16, in Gu. Aér., 27-9-17, p. 734.

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poirer, Prendre ; 231^ inf., h. barbusse ; A, Faire prisonnier : « j'ai poiré des Boches », Feu, 35 ; cf. ib., 59 ; B, Occuper : « C'est épatant, ici [cette maison-ci] et tu sais, ailleurs, tout est poiré ! )), Feu, 74. Soit remplaçant syn. de cueillir, parce qu'on cueille une poire à l'arbre ; soit dér. syn. de paumer. Appréhender, la paume ayant été tenue pour une pomme, et la pomme étant une poire, (antonyme, espèce de synonyme).

poisse, A, Grognon, Critique intempérant ; marins, mars 18 ; | « « Grinche » c'est [dans le vocabulaire des tranchées] un peu plus que « ronchon » ; c'est un peu moins que « poisse » », DUBREuiL, Journ., 21-9-16 ; apocope de poissant, Ennuyeux. B, 1, f., Déveine, Em- bêtement : « Là-bas y a du beau temps, pen- dant qu'ici nous sommes dans la poisse' », un 1* météorologue, nov. 17; | lambert; D. m. p. ; « Soudain, La Seringue arrêta la partie : « Y m' reste neuf croques <^...'^ je m'arrête, mince de poisse ! » », punch, Fantasio, 15-8-16 ; « Quand j' vous 1' disais que c' nom de Fatality d'vait nous f... la poisse. Faut et' fou pour app'ler un bateau comme ça ! », galopin. Re- quin d'acier, Journ., 28-11-17 ; « C'est-il notre

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ï

faute nous artilleurs] s'il y a des obus mal pesés ? C'est la poisse. Une poisse qui poisse souvent », Cabaret, 470 ; || « La poisse ! », cri de rage d'un coureur cycliste Paris- Bruxelles, au moment d'une crevaison, Rethel, -09 ; substantif verbal de poisser, Ennuyer ; 2, m.. Déveinard, Celui qui est de corvée plus souvent qu'à son tour : Le caporal re- quiert Ladé d'aller à la soupe ; « Ladé. Non, mais ça y est ! C'est moi le Chariot, alors ? « Poisse le baigneur », c'est toujours « mézigue » qui s'y colle. J'étais déjà de « tambouille » avant-hier », p'tit gars ; (voir baigneur) ; conime si on appelait quelqu'un La Déveine,

poisser. Embêter : « Ça va bien. Tu nous poisses ! », Gaspard, 164 ; cf. ib., 62, 156. Le sens Appréhender, Attraper, et spécialement Faire prisonnier, (rig., dlle), se trouve aussi dans Gaspard, 41, 69.

polka des gencives (faire la), Jeûner par force ; 13^ tir. alg., juill. 18 ; inf., adj. le- coNTE. Cf. la sauter.

polker (faire), Lanterner, Berner ; mécanos d'avoi^, Pau, mars 18. Ces mécanos inter- prètent que l'homme à qui on pose un lapin piétine du pied et va-et-vient dans un espace

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MNAVI.T 28

restreint ; le vrai sématisme est Balancer, En- voyer promener ; syssém. : faire tourner, Mys- tifier, dès -27, Jargon et Cartouche ; cf, balancer, sonner.

pommes de terre (être dans les), 1, Gésir par terre un peu n'importe où, en mauvaise pos- ture ; aviateurs, nov. 17, à propos de chutes d'avions ; | « sans le chef de l'escadrille <...>> j'aurais peut-être, dans une chute magistrale, été abîmer quelques plants de pommes de terre aux environs de Moislains ou villages avoisi- nants », viallet, Gu. Aér., 10-1-18, p. 141, cl; 2, Etre évanoui ; divers soldats pari- siens, avr. 18 ; 8^ génie, -18; | Ce garçonnet de treize ans que le bataillon avait adopté « n'éprouvait aucune gêne devant les blessures les plus démoralisantes. Il ne tombait jamais « dans les pommes » », mac orlan, Journ., 28-11-16 ; être dans les pommes, Etre fichu, malade, blessé ; V. du p. ; || usuel dans les hôpitaux avant -14. Syssém. : être dans les choux. Etre en mauvaise posture, en^danger ; divers soldats, 17-18 : a un camion dans les choux »,... Abandonné dans un champ après accident ; « un avion dans les choux »,... Tombé ; j LAMBERT; || chevul dans les choux, Cheval qui

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tombe et perd la course, terme de turf ; être dans les choux, Etre en retard dans son travail, terme de typographes, rig. Cf. : Un avion « qui est allé se retourner hier dans les blés », DORME, lettre, 27-6-16, in Gu. Aér., 23-8-17, p. 653.

pomper, A, Agiter le manche à balai d'avant en arrière ; aviateurs, Miramas, mai 18 ; image prise des manches de pompes usuels dans les cours et jardins. B, Faire monter en grade : « Je l'ai vu arriver simple infirmier et puis on l'a pompé aide-major, ihajor à deux [galons], mais i' m' impose pas », un lignard, nov. 16 ; de pomper, Travailler ferme et vite, terme de typographes, boutmy, et d'éco- liers, RIG., et de S*-Cyriens, dlle ? ou de pistonner. Faire avancer ? mais cette seconde explication suppose plutôt une dér. syn. qu'une simple substitution syn., car l'image d'un pis- ton qui fait avancer devant lui est tout autre que celle d'une pompe, qui épuise, qui aspire, qui déverse.

pompier (faire un). Boire au goulot ; ma- rins, 17-18. Ce dérivé de pomper était, sauf erreur, comme boire au goulot, une locution réservée. Gf. fokker.

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popotard, m., Cuisinier d'une popote de sous- officiers ou d'officiers ; paysan nantais, 81^ t., -16 ; cf. frontard. popoteurs, m., Mili- taires faisant popote ; de feuquières, Pet, Par., 25-3-16.

porte- brisques, m., Gendarme ; g. maréchal, sept. 18. Même idée de embrisqué.

portion de bas-ventre (croûter une), Bouffer du chat ; 13^ tir. alg., juill. 18.

posséder, 1, Tenir, Manœuvrer, Régir : Les chefs « nous possèdent et nous aut', on est qu' des matricules ! », Gasp., 51 ; à propos d'un embusqué indébusquable : « On avait essayé de tous les moyens pour le posséder, mais c'était pas vrai », Feu, 123 ; dans un coup de main : « Maintenant qu'on a prouvé aux Boches qu'on les possède, si on s'en allait...», j. des vignes ROUGES, Journ., 2-7-16 ; 2, Dompter, Maî- triser : « Hier soir, A. et E. ont possédé M. », l'ont Vaincu dans l'argumentation, 81® t., mai 16; I « Si la « Tank » venait à tomber dans quelque fosse à éléphant, les Allemands ne la posséderaient pas pour cela. La magicienne prendrait des ailes ; elle se volatiliserait dans l'air », H. LE ROUX, Ma^'n, 23-9-16 ; 3, Trom- per, Mystifier t « Il a des tas de trucs [d'attrapes

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faisantes] pour vous posséder », 46® art., -16.

Posséder, de nos jours, remplace açoir;ex. : « le môme venait de posséder sa quatrième dent )), Bicard, i, 6, (comme exister, être ; et existence, vie) ; or avoir qqn, c'est le Mener à sa fantaisie, le Dominer, en Faire sa chose ; ex. : « nous les avons eus [les Boches] à la grenade », Cabaret, 462 ; déjà Jeanne d'Arc s'exprimait ainsi : « Il ne plaît pas à Mes- sire qu'on les combatte [les Anglais] aujour- d'hui, dit-elle. Vous les aurez une autre fois »; et, le jour de Patay : « En nom Dieu, s'ils étaient [quand même les Anglais seraient] pendus aux nuées, nous les aurions », Chronique de la Pucelle, p. 296, 306. // est à moi, tenir qqn, prendre qqn, etc., expriment aussi Supé- riorité par Possession ; attraper, c'est d'abord Prendre dans une trappe, puis Mystifier. L'anglais répond à notre avoir par son to get : « We '11 get them », On les aura ; Morning.

pot, m.. Cul ; A, Casser le pot à qqn, le Mettre au supplice ; mixte, -18 ; et quel sup- plice ! auquel fait vis-à-vis lui casser les couilles ;

B, Vavoir dans le pot, Ne pas avoir réussi ; par ex., avoir distribué le pinard et se trouver « à la bourre », s'être fait couper un manillon ;

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2^ mixte, -18 ; syssém. : se trouver couillonné ;

G, en avoir plein le pot, En avoir (de qqch. de désagréable) assez et plus qu'assez ; usuel et en voie de devenir bourgeois ; beaucoup l'emploient, ainsi qu'en avoir plein le dos, sans se douter de l'image première ; le pot en ques- tion vient d'ailleurs à équivaloir l'ensemble des organes digestifs, à cause de, ses syn. saladier et cylindre ; tu fen ferais péter le cylindre. Tu t'en ferais mourir d'indigestion, dlle ; tu t^en ferais péter le saladier, même sens, Gompiègne, -09. Gf. niquer.

pot de chambre, m., Gasque du combattant, datant de -15 : « Le pot de chambre te protège suffisamment l'caberlot contre les billes de plomb », Feu, 226. Syn. : soupière; Feu, 17 ;

en boche, suppenpot, delcourt ; bocal ; bol ; casserole ; marmite ; saladier ; d. (^).

pot de fleurs, m.. A, Obus boche de 77 de tranchée ; 95^ inf., forêt d'Apremont, -15, (mais désuet dans ce corps en mai 18, malgré

(^) Le casque a été précédé par une calotte de fer, non percée, à glisser dans le képi, (printemps 15), qui selon le vœu même d'une notice officielle, servait de lavabo et de casserole.

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Pusage continué de la chose) ; métaphore de forme ; cf. mitre, casque à pointe. B, 1, Képi du troupier français ; 46® inf., 15-16; | Lam- bert ; D. m, p. ; Ver-Luisant, m B. des A., 12-4-16 ; (ce nom, allusion à une forme an- cienne, du képi rouge, tombe en désuétude) ; métaphore de forme ; cf. gabion. 2, Casque 1915 ; divers soldats, -16 ; (cf. panier à sa- lade ?)

poteau- frontière, m., Sergent rengagé ; très usuel à la 11® son c. Q. A., -16; || avant -14 au 65® inf. et probablement aussi à Soissons. La profession d'un poteau-frontière est de dire Ils ne passeront pas, cf. concierge de tran- chées — ; rintérêt de notre mot est dans la forte ironie dont on le teinte par en dessous.

pou gris, m.. Boche : « Les poux gris pré- parent une attaque », m. b. (22® t., mai 15), Contes çér., 170 ; « Les poux gris sont capables d'avoir soulevé [capturé] la patrouille )), m. b. (403® inf., juin 15), N. contes ^ér., 76. Tenace comme poux ; gris par sa capote. Retour du sématisme, (cf. fokker) : bavarois, m.. Poux ; D. Envahisseurs, tenaces, et retran- chés, comme des Boches.

poupée, f., Grenade française P-2 ; 85®,

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95® inf., 15-16. Métaphore tirée de sa « jupe ».

Syn. et syssém. : crinoline, f. ; 246® inf., 15-16.

pousse- au- crime, m., A, Vin : « Il y a différentes variétés de pinard. Les naturalistes signalent : le rouquin, l'aramon, le pousse-au-crime, le casse-pattes^ l'électrique, etc. », Poilu du 37, in Bl des A., 17-5-16. B, Eau-de-vie ; 156® inf., génie, une s^n de T. M., -18 ; sens plus réel et plus vécu.

praline, f.. Eclat d'obus ; lambert ; D. m. p.

Syssém. : dragée, f., 1, Balle de fusil, rig. ; 2, Eclat d'obus ; D. m. p. ; ça pleut comme aux baptêmes les dragées ; cf. dragée, Menu plomb de chasse, hdt. marron, m.. Balle ; marins, -18 ; | lambert ; pruneau, Balle ;

toutes confiseries.

prendre, Recevoir (un projectile) ; usuel et général; | « j'ai pris un éclat d'obus au coude gauche », paraud, 79 ; « on ne prend pas de pruneaux en poire [au cantonnement] », pan- TRUCHARD ; voir fraise ; « prendre un obus sur le coin », D. m. p., (sous-entendu : de la gueule) ; « Il vient de prendre une balle », e. r., Journ. 30-10-16 ; Il prendre, Recevoir (des coups) ; DAUZAT, Langue franc, d'auj., 36 ; « prendre

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un gnon », Nénesse, 243 ; « nous avons pris quelque chose comme flotte sur la bobine », PARAUD, 90. Syssém. : encaisser.

puants, m., A, Gaz asphyxiants ; B, Obus asphyxiants ; D, m. p. D'où antipuants, m., Masque protecteur.

pylône (en), En piquant du nez et la queue se redressant verticalement ; aviateurs, 16-18 ;

descente en pylône, Chute verticale qui peut suivre un « piquage du nez » ; 207^ art., mai 18 ;

atterrir en pylône, se mettre en pylône, Piquer du nez dans le sol et rester dans cette position ; Miramas, mai 18 ; | «je me pique dans un ter- rain à 180 kilomètres à l'heure, en pylône. Un retentissant craquement, une forte commotion, je régarde : il ne reste plus rien de mon appa- reil », récit d'une chute de Guynemer, Matin, 29-9-16. Le fuselage vertical, la queue en haut, ressemble à un des pylônes en forme d'obélisques des champs d'aviation, surtout quandjl'appareil s'étant fiché en terre, le fuse- lage, resté droit, est seul visible au loin. Antonyme : s'asseoir, Atterrir par la queue au lieu du train ; R. G. Aé., -17.

(luart à trous, m., Ivrogne ; voir étui ; sématisme analogue à panier percé, Dépensier.

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(luatrô cent vingt, m., A, Bidon individuel de 2 litres ; 81^ t., oct. 16-oct. 17 ; par opposi- tion avec Tancien d'I litre ; cf. gros-cul.

B, Coup de poing herculéen ; 81^ t., mars 16.

C, Homme taillé en hercule, et, par ironie, Avorton ; ce sens sert de sobriquet ; 81® t., -17. Idée de Grosseur, exprimée par le plus fort calibre de canon vulgarisé par la guerre actuelle. Le rapport du sens C au canon de 420 se retrouve, retourné, (voir fokker)ds.ns le style des troupiers anglais : Jack Johnson, Gros obus à fumée noire ; Morning ; du nom illustre d'un noir, champion du monde pour la boxe vers 08-11, de stature et de thorax géants. D, Cuisine-roulante ; voir sous-ma- rin. Syssém. au sens A : crapouillot, 2, 2^, b.

«lueue (de). Employé à tourner la queue des appareils dont les pilotes, inexpérimentés, ne peuvent sans risquer le capotage, se virer tout seuls ; iCART î Vélève de queue ; le tourneur de queues ; ih.

queue de rat, f.. A, Grenade boche à tige de 0°^,40, se lançant au fusil ; 46® inf ., mars-avril 15, Argonne ; cuirassiers, 1®^ groupe léger,15-16 ; | « Les <;...> « queues de rats )) <..•> radi- naient sur nous, en vitesse », j. des vignes

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I

noUGËs, Journ., 1-6-16. B, (Torpille aérienne ; textes sous boîte de conserves l'article mar- mite) et sous fléchette. Le sens B est nié par les témoins du sens A ; mais le sématisme étant pareil, Corps cylindrique à longue queue cy- lindrique, on peut le retenir jusqu'à ce qu'une plus ample information l'ait réduit à rien.

queurche, m., Tabac ; fantassins, secteur de l'Aisne, mai 18 ; témoignage d'un jeune soldat qui l'a appris dans FAisne. Ce soldat croit le mot de l'Aisne et interprète qu'on queurche. Tire, sur le tabac, en fumant ; en H*-Maine quercir et queurcir, Crever, creucher, encrucher, Accrocber, Embarrasser.

rab, m.. Portion (de vivres) qui n'était pas dès l'abord au programme de la distribution et qui fait l'objet d'une tournée complémen- taire ; un bon caporal s'arrange de façon à avoir du rab, et sous ce nom agréable répare les inégalités de la première tournée, en sorte que le rab devient règlement l'objet d'un es- poir ; usuel et général ; 81^ t., 14-17 ; du rab de rata ; « J'ai pas eu mon rab de gnole » ; | poi- LULOGUE ; CHAPELLE ; rab de rab, Portion qui fait l'objet d'une troisième tournée com- plémentaire de deux premières ; « superlatif »

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de rah comme dit poilulogue ; (ce spirituel rédacteur au Rigolboche ayant écrit que les « indigènes » des tranchées se jettent sur le jus en criant « Au rah ! », sain, a cru qu'il n'était de rah que de café ; et poilulogue ajoutant que rah c'est « merveille », « merveille incon- nue », SAIN, a sérieusement enregistré cette plaisanterie : « Rah, merveille, chose excel- lente » !). rabs, (altéré parfois en rams), m., même sens ; table de 2ds.m^s de la marine, -18. Rah apocope de rahiot ; rahs est certai- nement à une infiltration des Ecoles des Arts et Métiers sont de mode ces apocopes addi- tionnées de s, ex. : des roup' s de Krourn s, des roupettes de Kroumirs, des Rognons (en sauce) ; cf. cleh >► cleh's, Chien ; l'altération rahs > rams, est parallèle à krouhs >- kroums, Pain, signalé aux Balkans, (de l'arabe khouhz, Pain) ; en physiologie m est h nasalisé. Rahiot se trouve dès -32 : « Mousse, accoste ici ! Prends ton bidon et verse-moi mon bou- jaron d'eau-de-vie ; mais dans le grand bou- jaron, entends-tu, et non pas celui que tu as dans ta poche, qui n'est pas de mesure et que tu as acheté à terre pour avoir ton rabio plus fort », EDOUARD CORBIERE, Coupersation

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politique entre deux matelots en 1815, Journal du Ha^re, 14-11-32 ; ce texte montre le sens premier qui, ^u lieu d'être Distribution de ce qui reste, était Reste que le distributeur s'ad- juge indûment, bref. Gratte. Rapioter, Gratter, Voler sous couleur d'administration, apparaît en 1790 dans le Rat du Châtelet : rapioter le détenu, c'est, en parlant des geôliers, le Dé- pouiller à son entrée à la prison, de tout ce qu'il possède, en prétextant la fouille ; même emploi en 1797 dans nougaret. Histoire des prisons, III, 57. Le Jargon (1836) a rabiage, Rente ; une rente est une manière de supplé- ment gracieux, de gratte ?

Je n'ai pas entendu rab au sens qu'a fré- quemment rabiot, Suj^plément anormal à un programme de travail, à la durée d'un service ; ex. « trois kilom.ètres de rab », Pépères, 165. Le puni de prison fait du rabiot en ceci que demeurant au corps après ses camarades de classe, il touche, mieux servi, un supplément de journées de service; | Guynemer tombe de 3000 mètres et en réchappe, il « vit du rabiot maintenant », Matin, 29-9-16, p. 1, c. 5. D'où rabioteur, m.. Puni de prison ; agatha ; (nullement parce qu'il « mange et boit des

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restes », comme le croit sain.) ; on emploie aussi rabioteur^ m., Distributeur malhonnête qui s'adjuge ce qui reste d'une distribution ; 19e inf., -95 ; 8ie t., -17 ; cf. rogneur, m., Caporal d'ordinaire ; rocher; || Fourrier ; DLLE ; distributeur accusé de rogner sur la portion réglementaire.

rab, m., Dos ; usuel et assez général ; tourner le rah, 1, S'enfuir ; 2, Refuser de causer davantage ; D. m. p. ; recevoir qqch. sur le rab, Recevoir des projectiles ; lambert. Prononcé rapide de râble, Dos, que donne hdt ; dans CH. léo. Le langage des tranchées, cartes postales illustrées, n^ 3, planche anatomique, rab désigne le dos vers les omoplates. rig. donne râpe, Dos, sans indication du genre, et ROSS, rap, Dos ; on voit mal que le dos soit une râpe comme l'ont interprété rig. puis DLLE ; cf. pif.

radia, m., Radiateur ; mécanos ; Mousqu., 253.

radiner, Arriver, en parlant de projectiles ; Parisiens et parisianisés ; | « Les gros noirs radinaient », Cabaret, 461 ; voir mec, sac à terre. Le rade c'est la Promonade, le Trot- toir, {faire le radin, Racoler sur le trottoir,

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radeuse et radassè, Prostituée), d'où radiner, Trotter.

radio, m., A, Radiotélégramme ; 81^ t., -15 : « c'est arrivé par radio )) ; B, Radiotélégra- phiste : « TROIS jeunes radio <C.--> », Vie Par., 3-3-17, p. 209, c. 1; ib.y c, 2. Cf. aréo.

raide, m., Fusil ; d.

raide. Mort ; d'où deux emplois : A, se faire porter raide, Se faire porter malade ; cf. élève-mort ; B, raide, Sans le sou : « La Se- ringue comprit [que Balsamo était dépourvu d'argent] : T'es raide ? )) Le pilote [Balsamo] eut un geste vague. Tu parles. Il me reste vingt sous )) », PUNCH, Fantasio, 15-8-16 j syssém. : mort certains jeux), fauché. Raide, Ivre, (d'où raide comme la justice. Ivre), usuel dès longtemps, (rig., etc.), quoiqu'il puisse être syssém. de mort, qui se dit pour Ivre, ne parle pas dans l'usage actuel du degré d'ivresse d'un homme ivre-mort, mais de celui il marche raide comme balle.

ramasser un aviateur avec la cuiller à café et le papier buvard, après une chute, Recueillir les lambeaux mortels de l'aviateur ; R, G. Aé., juin 18 ; I « on l'a ramassé au papier buvard », 'Mousqu., 82.

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ramdam, m., 1, Jeûne forcé ; faire ram- dam, Jeûner malgré soi ; marins, Mocos et Bretons, 17-18 et avant; 1| légion étrangère et zouaves, 94-98 ; cf. aller au ramdam, "Ne rien toucher à l'ordinaire de la compagnie ; légion étrangère et zouaves, 94-98 ; 2, P, Tapage ; faire du ramdam, Chahuter ; soldats, janv. 16 ; marins, c^^, -18 ; faire ramdam, Chahuter, un adjudant d'art., Parisien, déc. 17; | « avec un crapouillot de 90, j'ai mis le feu à une gui- toune, ça a flambé pendant au moins une demi- heure. Ils devaient en faire un ramdam ! », paraud; Il faire du ramdam, usuel dès -9C au moins, témoignage d'un Nantais ; faire du rame-dame. Se fâcher dru, soldats suisses, Schw. Sold., 69 ; 2^, Plaisirs de Vénus ; aller au ramdam, Aller faire l'amour ; un Nantais parisianisé, bon argotier, 81® t., -15.

Ramdam est, en toute conscience chez les soldats d'Afrique et les marins, le ramadan, Grand jeûne, des Mahométans ; les Algérois prononcent ramdane ; le mot a fait un stage en Provence et Languedoc, il se dit du Hurlement des loups dans la montagne, du Bruit des cigales, du Sabbat des chats, aussi bien que du Carême des Mahométans. Le sens

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2,1° sort du sens l,parce que le ramadan s'ac- compagne de bruyantes manifestations de gaieté, la nuit, et que tout peuple qui pratique un jeûne rituel a hâte de le rompre. Le sens 2, sort du sens 2, 1°, soit à cause que les chats qui font du sabbat sont en amour, soit par la pro- vection générale du sens Bruit d'une réunion, d'une foule, au sens Proxénétisme, qui se re- trouve dans faire la nouha^ faire la noce, faire la foire (celui-ci usuel dans les garnisons de l'est, -05, et au camp de Châlons, -07). Cf. chouya.

ramdamdam la), A grand orchestre : « C'est le capitaine qui a voulu faire lui-même le rapport : ha, faut voir comme il a écrit ça : des mots va comme je te pousse, des phrases à la ramdamdam, une éloquence à coups de poing », un caporal fourrier (qui a voyagé dans le midi), 81^ t., -17. Issu de ramdam, par développement autogène, ou par chevau- chement de tamtam ; cf. « truc à la radadame », Affaire compliquée et terrible, Nénesse, 235 ; « du radada dans le bourrichon », du Tinta- marre dans la tête, ife.,218 ; ramatata. Tapage, en Languedoc, mistral.

rame (ne pas en foutre une, ou la), Fai- néanter; 81^ t., -17, (un négociant bordelais, un

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F.SNAULT 29

adjudant ex-colonial) ; 109^ inf., 16-17 ; 8^ gé- nie, -18; semble général; ne pas en fouti'e une ramée, même sens ; 109^ inf., 16-17 ; ma- rins de diverses spécialités, -18 ; génie, -18,

rampant, m.. Militaire du personnel de l'aviation, mais qui ne vole pas ; aviateurs, Miramas, mai 18; | rampant, Quiconque n'est pas aviateur t « en 1915, à une époque <...^ les « rampants » qui étaient au courant de la vie quotidienne des aviateurs, en tiraient volontiers une espèce de fierté » ; vjncent, Gu. Aér., 17-1-18.

rapide, m.. Vin qui saoule rapidement : « un kilo de ce rapide et j'étais retourné », 81^ t., juin. 16. Syssém. : électrique, m., Vin ; AGATHA ; D. m. p. ; voir pousse- au- crime ; Il Toul, -08 ; Paris, avant -14 ; —brutal, m., Vin ; AGATHA ; cf. « Il est bon, le mus- cadet ? Pas mauvais, mais brutal », ré- ponse d'un marin normand, mai 18, Je ne crois pas que du vin soit appelé du brutal parce qu'il rend brutal, quoique cette métonymie nommant la cause par l'effet se trouve dans loufoque, Vin (qui rend loufoque le buveur), et peut-être dans gnole ; je ne crois pas non plus que le vin soit dit électrique quand il est épa-

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tant, quoique on me dise qu'électrique a été usuel comme syn. d* Epatant, dans Parmée, surtout dans la cavalerie, avant la guerre. Une « compagnie électrique », à la légion étrangère, ERLANDE, Eu Campagne, 76, est celle Pen- traînement sportif est le plus intensif. Le Canon est le brutal, parce que l'obus est prompt ; j'ai entendu en -10 nommer le Train-express le brutal ; le fait qu'un train « rapide », « élec- trique )) parfois, est dit « brutal » invite à voir dans les mômes adjectifs appliqués au vin la môme idée. Promptitude ; ce n'est pas une image concrète qui mène PeSrprit du Vin au Train, mais cette idée que le boire est le Véhi- cule (Je la raison vers la déraison ; de train direct, 1, Litre de vin, chez les bouchers de la Villette, rig. i 2, Verre d*absinthe, (dont les catégories sont la grande vitesse pour Cha- renton, la petite {>itesse, la correspondance), rig. « et wagon, Grand verre de vin, rig. Cf. pi- crate, m., Vin; 40^ art., -18; c.-à-d. picolo à force explosive instantanée ; et cra.

rapide d'Asie, m., Obus de gros calibre que tire sur Sedul-Bahr une pièce établie à Koum- Kaleh ; marins, Dardanelles, mai 15. Sys- sém. : sud- express, m., Gros obus pendant sa

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trajectoire ; 65® t., Berry-au-Bac, -16. Idée : Rapidité du voyage de l'obus, (cf. brutal, Ca- non, sous rapide), et Sonorités complexes de sa course, d'où une double analogie avec le train de chemin de fer ; cf. train de plai- sir.

rapport des cuistos, m., Nouvelles que l'homme de service à la tranchée apprend des cuisiniers de la compagnie ; 81® t., 14-17 ; syssém. : décision de la roulante, f., même sens ; 81® t., 15-17 ; décision est le nom officiel de la pièce rédigée quotidiennement par le colonel pour être lue au rapport dans les compagnies ;

rapport du sous- marin, m., même sens ; A. ARNoux; I « Tuyaux de roulante, rapport de sous-marin », Cabaret, 464 ; rapport des chiottes, m.. Nouvelles qu'on apprend aux feuillées en voisinant et en lisant le journal, tout en téléphonant ; 81® t., 15-17.

raquette, f.. A, Grenade à main F-2 pourvue d'un manche,française ; 10®, 27®, 246® inf., 15- 16 ; I V. du p. ', B, Pétard à manche ; 15- 16, l*-grenadier morande ; syn. : calendrier.

Syssém. : battoir, m., Raquette à lancer les grenades ; D. m. p. ; brosse à dents, f., Grenade à manche ; d. ; brosse à cheveux,

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f., Grenade boche à manche ; 246® inf., 15-16 ; métaphores de forme.

rase- mottes, m., 1, Vol à très faible hauteur ; ESTÈVE, Gu. Aér., 26-4-17 ; plus métapho- rique est le casse- mottes, Navire caboteur qui tangue fort ; terme de marins ; 2, Personne myope ; mécanos d'av»"*, Pau, mars 18 : « Elle est bien, cette gonzesse-là ! Oh, la la ! un rase-mottes ; l'avion étant l'œil de l'ar- mée, c'est une image réciproque et excellente que l'œil qui rase l'objet soit un rase-mottes ; cf. fokker.

rasoche. Ras ; « Et les douilles, à la ton- deuse, rasoche ! », Feu, 42 ; L'obus éclate dans la tranchée « rasoche du talus », ib., 234. Même suffixe : ralocher. Râler, (Grogner) : « c'est qu'i' raloche, c' débris », ib., 47 ; par- locher. Parler ; ib., 115 ; coUocher, Coller, (Etre convenable, faisable) ; ib., 15, 261 ; balocher ; pétoche. D'autres mots, suffixes de même, offrent une altération du radical, voir sardoche ; cf. alboche.

rat, m., Homme de la Réserve de l'Armée Territoriale ; 81® t., fév. 17. Des initiales R. A. T., qui ne se sont d'abord prononcées que èr-a-té, m., même sens, 81® t., 14-17 ; le ca-

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lembouï* rat n*a d'ailleurs, à ma connaissance, qu'un succès d'estime. Autres à-peu-près : râleur, m., Homme des Régiments d'Artillerie Lourde ; des initiales officielles R. A. L. Le son malodorant de C. M. R. - 2, Compagnie de Mitrailleuses Régimentaire n^ 2, a tellement plu, qu'au 130e ini, sept. 18, la C. M.-2 s'ap- pelle encore ainsi, quoique R soit superflu de- puis la suppression en juillet 16 des C. M. de brigade» Cf. cama.

rayon, m., Grand route : filer sur le grand rayon, Faire une étape ; 5^ cuir., d. - De rayoUf Sillon tracé au cordeau.

réadmis, m., Haricots ; à bord de V Aventu- rier, 16-17 ; les réadmis étant les Marins- rengagés, et les Rengagés étant surnommés les fayots ; cf. fokker.

réaliser son zinc. Démolir son appareil ; di- vers aviateurs, -17 ; semble en juill. 18, R. G. Aé., encore plus usuel que bousiller', \ Le Boche « se houzille en réalisant son zingue )), S'écrase (au sol)..., MONTGEORGE. Dc même que des valeurs financières, ou une maison, sont dites réalisées quand on s'en défait contre argent, de même un zinc bousillé est réalisé en ce qu'il n'est plus bon qu'à vendre comme matériel de

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réforme. Une autre idée, la même ironie qui appelle gibus un haut de forme sinistré en accordéon, consisterait à supposer que la chute de l'aviateur a été Une expérience réalisant un type nouveau ; mais elle déterminerait à dire qu'il a réalisé un zitic, plutôt que son zinc ; toutefois les deux idées peuvent confluer, comme celles de Réaliser une valeur et de Boire du liquide quand on dit nous a^^ons liquidé, nous avons Bu ; cf. rectifié.

recamouîler, Retaper, Rafistoler : « Voilà encore une nouvelle note au sujet des perm. Il va falloir recamoufler toute la liste de la compagnie », un sergent, 22^ colonial, août 17. - L'image précise est celle de tapons collés sur la liste, comme un camouflage fait de ra- fistolages.

rectifié. Amoché; aviateurs, 1748; | « Le train d'atterrissage est légèrement « rectifié » mais pas de bobo pour l'équipage », cheva- lier, Gu. Aér., 28-6-17 ; voir bigorner. Rem- plaçant syn. de réglé, terme de lutte et del)oxe ; régler l'adversaire, c'est le Vaincre, donc le Mettre à mal ; une punition est une Dégelée de coups ; corriger, Battre. Cf. rétamer.

refouler. Rudoyer en paroles ; soldats, juill.

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16 : « Le capitaine est un chic type ; il ne re- foule personne )) ; refouler, Se refuser à, refouler au trai^ail, Chômer, rig.

relevés par les Boches (être), Perdre ses posi- tions ; 289^ inf., juin 18. Même ironie amère dans ra<^itaillement ; dans en jouer sur une toile de tente, et être évacué sur une toile de tente, Etre tué ; d. ; dans grande permis- sion, f.. Mort ; 81^ t., -16 ; d'où machine à signer les permissions, f., Mitrailleuse ; d.

remettre qqch., S'en occuper de nouveau : « Est-ce que j'aurai à remettre les sondages ? »,... à M'occuper encore des sondages (aériens) ? ; un matelot, mai 18.

Plus fréquemment, remettre ça, 1, Engager une contre-offensive, Proposer une reprise de duel, Recommencer l'offensive ; général, usuel surtout aux contingents des grandes villes ; | « Reposez-vous, les petits gars, dit l'adjudant Ligeois. Demain on remettra ça, et vous cou- cherez le soir à Vauquois, allongés sur des tripes de Boches ! », a. f. (46^ inf.), N. Contes vér., 80; Il « remettre, au sens de « redonner » (des coups) ou « répéter » (des propos désa- gréables) )) est usuel dès -07 au moins, dauzat, 16-4-17, 667 ; « ils furent bousculés par un trio

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de mauvais aloi. Vous ne pourriez pas faire attention, leur dit M. W<...>. Alors l'un des flâneurs : Viens donc t'expliquer dans un coin... Et tout en disant ces mots il allongea son poing dans la direction de M. W-<...>- ; mais celui-ci para le coup. A ce moment, des agents apparurent. Les apaches se disper- sèrent. Un peu plus loin MM. <...> se trou- vèrent, encore une fois, en présence des apaches ; mais cette fois, ces « messieurs » avaient sorti leurs revolvers et leurs couteaux. L'un d'eux s'approcha de M. M<C.-->. Est-ce qu'on « remet » ça, tous les deux ? lui dit-il », Matin, 13-8-13, p. 2. 2, Recom- mencer ce qu'on n'a pas achevé du premier coup 1 « Nous avons forcé un avion à atterrir. Il venait nous bombarder, il retournait faire son plein ; cinq fois qu'il a remis ça ! », un artilleur, nov. 17; | « T'as donc pas compris qu'il faut en finir avec la guerre ? Si on doit remettre ça un jour, tout c' qui a été fait ne sert à rien », Feu, 366 ; « A la fin [d'un dépla- cement par chemin de fer] on arrive, c'est-à- dire qu'on n'est pas arrivé du tout ; on dé- barque les roulantes <...>> ; et pour terminer dignement ce beau jour on « remet ça », autre-

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ment dit^ <...> on prend son fusil d'une main) son courage de l'autre et ses jambes à êon cou pour se rendre à un cantonnement qui s'obstine à être toujours un kilomètre plus loin )), la Roulante^ in B. des A., 15-11-16. 3j 1^, Recommencer (verbe iûtransitif) : « de « remettre ça ))», de vous Donner une seconde série de renseignements, un officier, (40^ s^n D. A.), marins, avr. 18 ; « si je tombais [de mft bicyclette], je remettais* ça ))j un ar- tilleur, déc. 17 ; Un moteur a un pépin, on l'arrange, « deux mois après il remet ça », un 2d-m^ mécanicien, déc. 17; | « Si les Boches insistent et « remettent ça » (comme on dit fréquemment à la section téléphonique), une voix lance dans l'obscurité de la sape : « C'est un arrosage systématique ! », Poilu du 6-9, in B. des A., 15-11-16 ; « Ah ! la barbe ! Ça fait au moins cent fois que j' la dis, mon histoire. Enfin, puisque ça t' fait plaisir, <...> je r'metB ça, encore une fois », g. v., N. Contes ^ér., 261 ; « Sept heures de vol hier, quatre aujourd'hui, et demain à 4 heures je « remets ça » », DORME, lettre, 2-7-16, in Gu. Aér., 23- 8-17 ; spécialement, Repartir au front : «Pour moi, ça va. Je vais sans doute remettre

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ça bientôt, caf je suis dans lefe ptemiers à partir. Je ne tn'en fais pas pour cela », un sergent (155e inf.), lettre, 20-9-16; | « Il a déjà été à la chasse, comprends-tu, *<•..> Il en a r'çu ; il sait c'que c'est et il tient pas autrement à r'mettre ça », Gaspard, 223. 2", Recom- mencer (verbe unipersontiel) : « Ça va r*mett' ça un beau jour », l'accident Se reproduira ; un 2'i-me mécanicien, fév. IB.

Si l'on n'avait afftiire qu'au verbe remettre qqch., S'en occuper de nouveau, on l'explique- rait bien par une locution d'ouvrier et en sous- entendant le remettre sur V établi. Cette expli- cation ne convient pas pour remettre ça. Des consommateurs dans un café se demandent « Qu'eSt-ce qu'on prend ? », et prendre signifie Boire ; des soldats sous les obus se disent « Qu'est-ce qu'on -prend ! », et prendre signifie Recevoir ; en violentait ces deux Verbes prendre et donnant au second un syn. qui ne convient qu'au premier^ on obtient « Qu'est-ce qu'on déguste ! » ; déjà plus anciennement, trinquer^ c*était Recevoir des coups. Remettre ça retravaille l.e même ordre d'idées ; chez le bistro, c'est, après avoir été l'invité. Dire au garçon « Remettes ça » et payer à son tour, de

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façon que le payant ne soit pas toujours le même Le garçon invita M. G <[•••> à prendre quelque chose, ce qui fut accepté avec em- pressement. — Remettez-nous ça ! déclara M. G<...>, qui ne voulait pas rester sur une invitation. Nouveau verre au comptoir », Ma- tin, 2-8-13 ; « On va remettre ça, c'est ma tournée ! », bringer, M. le Vicomte, 112 ; c'est donc, Rendant la politesse, offrir une tournée ; or Rosser quelqu'un se dit lui fiche une tournée, (le faire valser), et par calem- bour lui payer une tournée. La définition re- mettre ça, (( Recommencer à se battre » donnée par AGATHA ne convient qu'à propos de deux combattants dont aucun n'a été battu et qui font une reprise après une trêve-Dieu ou un empêchement majeur ; or, au sens primitif, celui des bistros, désire remettre ça quelqu'un qui se considère en état d'infériorité chevale- resque ; d'où le sens Ayant été battu, recom- mencer à se battre. Désirer une nouvelle re- prise pour obtenir un avantage définitif et une décision heureuse. L'extension du sens jus- qu'à Recommencer est postérieure.

Dans le texte « De temps à autre on s'mettait ça avec les gens d'en face, histoire de s' mon-

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trer qu'on était », g. v., N. Contes vér.^ 264, il n'est pas évident qu'il faille corriger 5' met- tait en remettait ; je lis dans une lettre d'un Landais (3^ chass. d'Afrique) « je suis toujours en trien [train] de me donner ça avec les Boches », juin 18.

renfort, m., Mandat-poste ; 7^ génie, d. ; || des renforts d'argent est du meilleur français, (du Corneille, in hdt). On ne saurait trop préciser les sématismes populaires ; on peut supposer qu'il s'agit de * soldats de renfort, (les soldats étant les Sous), ou de ^chevaux de ren- fort ; cette dernière hypothèse, due à d., a l'avantage d'expliquer le mot cheval, Mandat, mieux que ne le font les mots argotiques hidet et postillon, Correspondance entre prisonniers. Il faut remarquer pourtant qu'il y a ressem- blance d'une lettre à un mandat : une lettre étant un poulet, on en a tiré pigeon. Avance d'argent, (delvau, rig.). Mandat, (déch.) De cheval. Mandat, (usuel aux soldats, 14-18 ; aux lycéens, Poitiers, -94 ; aux fantassins, Orléans, -97), sont issus poney, Billet de 500 francs ; rig. ; ours, m.. Mandat ; aga- THA ; D. ; lapin, m., Mandat ; d. ; sur ours et lapin au sens Cheval, voir p. 566.

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repasser, Passer en revue et mettre en état J « Vous allez, sans désemparer, « repasser » l'ap- pareil [l'avion], de la première à la dernière pièce «, DEÏ.ARQNCE, Croquesel, m, in France Militaire, 12-10-16.

repérer, 1, Voir, Apercevoir ; usuel et gé- néral *. « Prends garde de te faire repérer I », 81^ t., 14-17 ; d'où se faire repérer^ Etre pris en faute, parce que c'est aussi le sens de se fq^ire s^oir ; 2, Trouver ; usuel et général ; I « j'ai repéré un coiQsteau "^^Petit Echo (18® t,), 28-2-15 ; « Mme Bicard, ainsi dirigée, sut re- pérer [dans le journal] la glorieuse citation à l'ordre du jour », Bicard, ii, 1 ; 3, Discer- ner; I « On y [lui] demande comment que c'est qu'il a repéré les Turcs »,.., comment il a Reconnu que c'étaient des Turcs qui occupaient la tranchée, i6., ii, 9 ; repérer le miaule, aux Balkans, c'est Prévoir qu'on va être évacué et par quel mulet ; (dans le civil le malade est au contraire visé par les croquemoris) \ 4, Choisir (qqn) à demeure pour les sales cor- vées et tri&tes postes : « Je l'ai à l'œil, je l'ai repéré et photographié », 40® art,, -18. Ce terme d'artillerie, familiarisé aux emplois les moins techniques, s'est d'autant plus aisément

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étendu que Tartillerie est devenue prépondé- rante ; mais on le trouve dès -81, déguisé en repérir, (bien incapable d'être décalqué di; latin reperire, et qui offre une confusion prove- nant de l'écriture), Guetter, Observer, dans le jargon des voyous, rig., et en -89, repérer. Regarder, macé, Mes lundis en prison, 264.

replier (se), Fuir à toutei jambes, (même en parlant d'un animal, d'un civil) ; usuel et général, 14-18; | Bicard, ii, 11; euphé- misme, — imité, dit le poilu, des communi- qués officiels, (de l'ennemi, s'entend).

requin, m., Avion bimoteur Caudron R^4 ; aviateurs, -18; [ montgeorge. Les uns y voient une métaphore visuelle frappante sur cet appareil comme pisciforme, les autres ne découvrent aucune ressemblance ; comme cet avion sert aux bombardements, je pense qu'e^ effet il a été jugé assez carnassier pour déve- lopper en requin le R de sa marque ; cf. mort- subite.

il^îréauisitionner. Voler ; 81® t., 14-17 et pro- bablement général. Réquisitionner c'est prendre s^ns payer ostensiblement ; le même euphémisme est usuel en Allemagne, Vorvi^aerts, in B. des A., 16-18 mars 16, p. 3,

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Syssém. : acheter, Chiper ; 81^ t., 14-17, qui, sauf l'intention d'amorcer une devinette, ne s'emploie qu'avec un signe d'ironie, un clin d'oeil, un sourire, un quart de silence, ou, en écrivant, une soulignure, (cf. Cabaret, 458).

resquiller. S'accorder un supplément. A, d'ab- sence ; marii^s \ « J'ai resquillé un quart d'heure », mars 18 ; | resquiller, S'esquiver du bord, B. des A., 16-5-17, p. 7, traduction sus- pecte ; B, de bon temps : « Je resquille, on m'a oublié », On oublie de me réembarquer après mon année de terre, marins, -18 ; C, de boisson : « Il avait resquillé tout le reste du litre », ib. Syn. au sens A : charger, S'oc- troyer un supplément de permission ; d. ; de charger, Exagérer.

rétamer un appareil, Briser un avion ; se rétamer, Se tuer ; aviateurs, -17 ; 1 Mousqu., 20, 82. On dit d'un perroquet qui chipote un bouchon de liège qu'il « s'entend à faire des bouchons neufs » ; rétamer, c'est Remettre à neuf. Cf. rectifié.

retour de campagne (nœud de). Muscle viril, que le défaut d'exercice n'a pas atrophié ; ma- rins, -18. Syssém. : « j'ai eu mon «oucher du jeudi. Ton crampon des contributions ?

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Ah ! ne m'en parle pas ! j'aimerais mieux un retour d'escadre ! Quel enragé ! », propos d'une fille de maison, Philibert, 80. Cf. « Il se tenait comme un vit de noce »,... Raide, Gourmé, Plein de soi ; un marin, déc. 17.

retour de flammes la), Extravagant (en parlant d'accoutrements) : « des aviateurs et des grues habillés à la retour de flammes », un matelot, mai 18. Développé de flambard, flambant, même emploi, mais qui a un sens moins risible.

retourné, A, Fou ; 81® t., -16 : « Quelquefois

le commandant est vraiment retourné et dingo »;

I Les services de l'arrière, il y en a tant que

c'est « à en devenir r'tourné », Feu, 120 ; voir

maouss-pépère ; syssém. : chaviré ; marins.

B, Saoul ; 81® t., juin 16 : « Hier soir, j'étais retourné » ; 40® art., -18 ; | agatha ; ému, c'est Ivre à un certain degré ; être retourné, c'est Etre vivement ému, hdt ; cette explica- tion vaut mieux que de rapprocher « Il avait les yeux retournés », Il était saoul, un Nantais, -16, qui rappelle davantage le breton mezo^ dall, Saoul à en être aveugle.

retournés (les bras). Incapacité de travail (prétendue) : « il a les bras retournés », Il est

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ESNAULT 30

paresseux ; 81^ t., 15-17 ; « il est les bras retournés », Il est paresseux de naissance, un Parisien, -16 ; d'où, syn., Jes avoir retournés, [les Bras], 40^ art., -18 ; et syssém. : les avoir cintrés, [les Bras], 40^ art., -18 ; les avoir en vrille, déch. ; avoir les bras, ou les avoir, à la retourne, Ne pas avoir le caractère ouvrier, mécanos d'avo^^, Pau, mars 18 ; au 13^ tir. alg., juilL 18, on souligne, d'un expressif « comm' ça I » en arrondissant les bras ballants, le pouce sur la couture du pantalon ; | « Pour le turbin, je les ai à la retourne », Toussaint, Vie Par., 26-8-16, p. 647 ; cf. « un gentil petit gars, tout franc et dessalé, qui ne r'tournait pas les mains devant l'ouvrage », Feu, 20-8-16 ; mes méca- nos m'expliquent qu'ayant toujours les mains huileuses, ils les mettent sur la hanche par le revers quand ils n'ont pas affaire à la machine, et que dans cette posture les bras sont retour- nés ; cette image explique bien le texte du Feu, suffisamment la locution a^oir les bras à la retourne, mais point celle de naître les bras retournés, qui parle d'une incapacité congéni- tale dont le sématisme est donné ici sous poilus (pieds). revue (être de la), A, Ne pas avoir à manger ;

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8le t., 14 (les Parisiens) -17 ; B, Etre frus- tré de sa légitime, Ne pas participer à une faveur ; divers soldats, surtout les parisia- nisés, 14-17 : « Encore une perm qui m'échappe, i'suis toujours d' la r'vue » ; | D. m. p.; || « Il n'y a que les pantes qui ont une couche de veine... Je suis de la revue jusqu'à la gauche », Nénesse, 248. On ne tire bien cette locution ni des revues inilitaiFes quoique on se brosse et qu'on aille à V astiquage avant de les passer, ni d'aller ^oir défiler les dragons, Jeûner par force, (rig.), ni de quelque phrase comme Je n'ai rien pour vous aujourd'hui, mais nous sommes de revue. Revue (de théâtre) semble le substitut de comédie ; être à la comédie, A, Chô- mer ; RIG. ; B, Etre sans le sou ; hogier-grison, Le monde Von vole (1887) ; envoyer à la co- médie, Congédier ; dlle ; ce rapprochement, sans indiquer le sématisme, recule la difficulté, ricain, m.. Soldat yank ; 95^ inf., depuis le contact avec les Yanks, avr. 18 ; « Les filles n'en ont plus que pour les Ricains », lettre d'un soldat du 95^ en permission, sept. 18. Apo- cope analogue : talien, m., Italien ; d.

rifle, m., Combat : « Tu viens au rif ?», un permissionnaire retournant au front à un soldat

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de l'arrière, pour le traiter d'embusqué, nov. 17 ; 2e c^l^ -18 ; rifle, Feu, argot ; e'est un vrai calembour pour journaux amusants de comparer un soldat qui a longtemps été au feu à une argile réfractaire ; il faut de la déduction pour retrouver dans ce feu image de combus- tion ; l'accommodation du mot rifle à un sens aussi spécial et technique ne se fait que chez quelqu'un qui pense au mot feu et par parasi- tisme ; cf. pépère ; de même jaffe. Soupe, mot d'argot, usuel au 66^ chass., -18, s'en- tend de soi-même, mais être de jaffe, Etre de corvée pour aller chercher la soupe, p'tit gars, n'est possible que par référence à la locution technique être de soupe.

rigolo, m., Fantaisiste : « combien se sont tués et ont tué en voulant émerveiller la galerie, « en faisant les rigolos », selon l'argot d'aéro- drome », MORTANE, Gu. Aér., 12-7-17, p. 546. Idée de Clown aérien.

rimailho, m., 1, Viande roulée en cylindre, en gros boudin enrobé d'une gaze ; on le nomme aussi « saucisson d'Australie, viande protégée », c'est intermédiaire entre le « singe » et la viande fraîche ; fiolle, La Marsouille, 243 ; cylindre, donc candh, donc rimailho,

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Canon établi par M. Rimailho, célèbre auprès des troupiers dès sept. 14. 2, Embusqué ; « Et comme tout s'enchaîne, un troisième Ri- mailho est en train de naître, qui n'est ni un canon, ni un saucisson d'Australie : lorsque, parmi les pauvres bougres crasseux qui re- viennent des tranchées, passe un automobiliste fringant, un mot fuse parfois : « Tiens ! un Rimailho !... une viande protégée !... », ib. Syssém. : viande protégée, f., Embusqué : « « Indispensable » c'est <<...> la porte ouverte par passent les « viandes protégées » à travers les lois les plus étroites et les instruc- tions les mieux cadenassées », p. c. Pays, 3-4-18. rince- Boches, m., Baïonnette ; dauzat, 16- 4-17, 660 ; calembour sur rince-bouche. Syn. : vide-Boches, m. ; ib. ; calembour sur vide-poches. tourne- Bôche, m.; sain. ; « Le Tourne- Boche », nom d'un journal du front ;

D. m. p., 233; calembour sur tourne- broche. tire-Boche, m. ; apax, 81® t., mars 16; |

E. H., Temps, 24-5-15 ; calembour sur tire- bouchon. Cf. embocher, Tuer le Boche avec sa propre baïonnette ; d. ; calembour sur embrocher.

Rip (jouer), S'en aller. Fuir ; 17® chass.,

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juin. 18, L. SAMBARDiER. Galemhour sur riper, dériper, mcnxe sens, usuels aux Pari- siens ; théâtral comme jouer la Fille de Vair, il le renouvelle. Syssém. de riper : glisser, Partir au repos ou en permission ; d.

rocobille, m., Eau-de-vie ; 48^ t., (Champe- nois en majorité), hiver 16-17; « du rococo, du rocobille )), un adjudant, ancien colonial, de Nancy, juill. 17 ; le mot est peu répandu (^) ; cf. crocomolle, Eau-de-vie, rig. ; croquomolle, Eau-de-vie de cidre, richepin. Brades gens, i, 12, (éd. Lafitte).

ronflant, m.. Nez : « un coup de poing sur le ronflant », Feu, 21-8-16. Syn. : reniflant, m., Nez ; Cabaret, 466 ; || rig.

ronfles (en avoir plein les). En avoir assez et plus qu'assez (d'une chose désagréable) ; mé-

(^) Je n'ai que deux faits : lo second, de l'adj. Stei- ninger, récemment venu du 41 <^ t. au 81^ t. ; l'autre, au témoignage de M'"^ Kiefïer, Laître-sous-Amance, entre 24-1-17 et 2-2-17, chez qui le 48^ t. avait eu une popote. A. MAZERY, mou sergent-major, présent à ce témoignage, présent peut-être aussi à l'autre fait, a transmis, à d., j'ignore pourquoi, une forme rocabi. De soldats du 81^ t. je n'ai jamais recueilli ni colifi, ni glinglin, ni Rosalie, transmis à d. par a. mazery.

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canos û'ry^^, Pau, mars 18 ; 156^ inf. (Pari- siens), juin 18. Ces mécanos s'étonnaient qu'une femme eût employé cette locution ï faire ronfler le bourrelet, Chier, (rig.), permet de supposer un mot ^ronflantes. Fesses, dont ronfles serait l'apocope. Il est plus vraisem- blable que les ronfles sont les narines. prendre une ronflée, Se saouler ; 13^ tir. alg., -18 ; c.-à-d. s'en mettre plein les trous de nez ?

Rosalie, f., la Baïonnette ; usuel au 80^ t., -16, à Boesinghe près Ypres ; | botrel, chan- son, in B. des A., 4-11-14 ; Echo des Gourbis^

3-5-15 ; AGATHA ; LAMBERT ; M. B. (22^ t.),

Contes vèr., 172 ; f. d., i6., 296 ; a, f., iV. Contes 9ér., 88 ; G. V., i6, 265, 268 ; après avoir fêté ce mot, l'Arrière a été avisé qu'il n'était pas fort répandu : « si vous dites « Rosalie » pour désigner la baïonnette, il y a des chances pour que vous ne soyez pas compris ! », Guide des visiteurs au fronts Rigolboche, in B, de^ A., 20-9-16 ; il est certain au contraire qu'on se fera très bien comprendre, pourvu que l'objet ainsi nommé soit proche de l'esprit ; mais on déplaira à l'auditeur s'il sait que la vogue litté- raire du mot est due à M. Botrel, et s'il est d'un autre bord politique que ce poète ; M, Barbusse

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Ta réservé aux embusqués, Feu, 131 ; M. Er- nest Charles, Pays, fin fév. 18, juge que c'est une perle, dans fabri, Uart et la manière, de dire au poilu « Enfonce-toi bien dans la tête que, dans le civil, baïonnette s'appelle « Rosalie )) » ; cet ostracisme, facile, rappelle le péché que commettent depuis Jules Le- maître, non pas ceux qui lisent du Georges Ohnet, mais ceux qui, en lisant, ne l'avouent pas. Tout le monde admet sans peine que d'autres noms de baptême aient été accordés aux objets familiers, cf. Charlotte, Eugène, Eusèbe, Gaspard, Grosse Julie, Joséphine, Petit Pierre, Philibert, Victor, etc., et zigomar, sans pour cela croire à leur universalité. Cî.Mlle Le- hel, le Fusil 86, barres. Echo de P.,23-12-15.

rototo, m., Moteur rotatif d'avion ; Miramas, mai 18 ; déformation comique ou assimila- tion phonétique involontaire de la deuxième syllabe de *rotato, apocope de rotatif ; cf. ç>éto.

rouffionner, 1, Ronfler : « Tu rouffionnais », un sergent ex-marin, 81^ t., 15, (inusité autre- ment au 81^ t.) ; -2, Dormir : « on va pou- voir rouffionner un brin [au cantonnement] », PARAUD, 96, (mal transcrit « roupionner » dans

SAIN.) ; LAMBERT.

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rouge (gros), m., Vin roùge de basse qualité : « Passe vite le gros rouge que j' m'en foute un coup dans 1' mirliton )), Crapouillot, in Front, 16-3-17. Syn. : bœu, m., Vin couleur sang- de-bœuf, Nantais, 81^ t., -15.

rougeole (boîte à), f., Etui de la cagoule ; d

roulante, f., Cuisine-roulante ; 11^ inf., avr 16 ; 81® t., mai 16 ; | « le « jus )) de la rou lante », Canard du Boyau, in B. des A., 27-5-16

roule- cerceaux, m., Voiture automobile gère et de luxe pour le service des officiers automobilistes de l'armée d'Orient, 16-17 « Eh, va donc, avec ton roule-cerceaux ! », crie un « charretier » à un « chien de luxe ». Les cerceaux en question sont les Galons circu- laires des officiers, et, par métonymie, les Officiers ; syssém. ; frette, Galon à la cas- quette ; marins ; cf. cylindre ; self ; deux- segments, m.. Lieutenant ; trois-seg- ments, m.. Capitaine ; automobilistes ; | paw- LowsKi, Signaux, 119 ; segment, Anneau de fonte douce qui fait l'étanchéité de compres- sion entre le piston et la chemise ; sa circonfé- rence est rompue d'une fente ; on « tierce » trois segments en les superposant de façon que les fentes se contrarient d'un tiers de cercle ; d'où

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métaphore : a J' sais qu* les segments du pis- ton [= du capitaine] sont bien tiercés et qu'il a de la compression pour m'envoyer rebondir », ib,

roule- par- terre, m., Eau- de- vie ; marins, juin 18; I AGATHA. Nos aïcux disaient « vin de pie, vin de singe, vin de lion, vin de pourceau », pour noter les stades de l'ivresse : si gnole signifie Chantante, il répond à vin de pie ; si c'est Niaise, à vin de singe ; pousse- au- crime et saute- à'ia- crête répondent à vin de lion ; roule- par-terre à vin de pourceau. Syn. : traîne- par- terre, m. ; d. ; roule- tout- debout, m., D. ; ^ le poivrot roule, puis tangue, puis coule bas. L'homme qui a trop bu est éteint^ 40^ art., -18, allumé, s'il eût moins bu.

roupane, f., Tunique ; cavalerie ; d.

rouski, m., Réclamation bruyante ; 81® t., 14-17 ; I LAMBERT ', |1 Brest, -07. Suffixa- tion libre de rouspettau, m., Bruit, dlle.'— Du même radical, et syn. : rouspétance, f,, usuel dès -81 ; RiG. ; rouscaillure, f. ; D. m. p. ; Feu, 126, 203 ; rouscaille, f. ; usuel aux 109e inf^ et ge génie.

rousser, Ronchonner : « J' dis qu' tu rousses [contre eux] et qu' pourtant tu voudrais bien

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êtro à leur place », Feu, 121 ; cf. ib., 11, 125, roussoter, même sens, ib., 12.

roustance, f.. Cuisine ; d. Boustissure, suf- fixe d'après cuistance.

ruche (se taper la), Manger à suffisance ; 359^ inf. (Lyonnais), -16 ; \\ usuel à Lyon, -13. Syssém. : se taper la hotte, Bien manger ; Feu, 20-8-16 ; PUNCH, Fantasio, 15-8-16 ; les ruches sont souvent der, hottes de paille ; se taper la cloche, Bien manger ; P. ris, -10 ; la hotte et la ruche ont une hauteur ovalisée comme la cloche et toutes trois somatisent par la tête humaine ; se taper la cerise, Bien manger ; Gaspard, 57 ; la cerise, la Tête ; cf. se refaire la crise. Feu, 9-8-16 ; se rebecqueter la cerise. Reprendre des forces, style de boxeurs, vAUTEL, Matin, 10-2-09 ; se taper la gueule, se taper la tête, Bien manger ; 81^ t., -14 (Pa- risiens) ; 270^ art. -18 ; se cogner la tête, Manger ; Feu^ 204 ; se la sonner, Bien dîner ; RiG. Sonner, cogner et taper, syn. entre- substituables ; ainsi, à A, se taper la tête ; B, se taper, Ne pas avoir part ; C, taper qqn, lui Soutirer de l'argent ; D, taper, Puer, [ça tape, Ça pue ; marins, -18 ; usuel aussi à Genève ; taper du placard. Avoir l'haleine fétide, 270^

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art., -18), répondent : A, se cogner la tête ; B, se cogner, Ne pas avoir part ; poulbot, Journ., 25-12-16 ; ross. ; C, cogner qqn, lui Demander de l'argent ; ross. ; D, cogner, Puer, Sentir fort, Ma voisine est rudement par- fumée. — Oui, ça cogne ! », Poilu du 37, in B. des A., 31-1-17).

Se taper, cogner, ou sonner, la tête, signifie que le geste de porter l'aliment à la bouche res- semble à celui de porter une taloche au mu- seau : « Car, au nombre de ses péchés mignons, Plumage avait celui de collectionner les « pom- pons » et d'entretenir les cuites. Chaque jour il se perfectionnait dans ce sport du gosier et des taloches sous le nez w, Echalote, m, 11. Cette même image peut aussi s'exprimer en prenant pour complément d'objet non plus la tête qu'on tape de qqch., mais la chose dont on tape la tête : « sous les pilliers [des halles] 'tapions simpelment d'misptier de six yards », Madame Engueule, (1754), scène 8, in NisARD, Quelques parisianismes, 14 ; « Allons- nous nous en taper ! »,... Boire, scribe, Uhon- neur de ma fille, (1836), in rig. Cf. gnole.

rupture (en). Fou : « Qu'est-ce qui t' prend, t'es pas en rupture, des fois ? », Feu, 257 ;

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sous-entendu : de cabanon. Cf. « Grand, et si maigre, et si osseux, qu'il semblait en rup- ture de cercueil », acker, La classe, 30 ; cf. échappés.

russe, m.. Nouvelle recrue ; au dépôt du ...^ dragons, dans Touest : « Un bleu, c'est un Russe. Si vous demandez pour quelle raison, on vous répond : « C'est parce que la Russie mobilise ! )) », e. h., Temps, 24-5-15. L'éty- mologie semble autre : le Russe, le Bleu, mot de soldats bavarois et wurtembergeois ; et en allemand populaire er ist ein Russe, Il a bon dos, C'est un lourdaud, delcourt ; on peut supposer que le dépôt en question* avait appris ce mot de prisonniers boches ; cf. boucher noir. Ce fut sans doute, d'ailleurs, une plaisan- terie passagère, analogue à celle d'appeler boches les premiers soldats de renfort arrivés au front en bleu horizon et qui semblèrent odieusement laids, 81^ t., janv. 15 ; (par une rencontre curieuse, ou par propagation de France en Suisse, les soldats genevois disent aussi Tu as tout du Boche, Tu as la nouvelle tenue, Schw. Sold., 72).

russes, f.. Linges dont on s'enveloppe les pieds ; agathaiç ellipse du mot chaussettes ;

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chaussettes russes^ même sens, est ancien ; ccjs linges sont d'usage norçi 1 chez le paysan russe et réglementaires dans l'armée russe ; cf. gau- THIOT, 80.

sabre, m., Mandat ; d.

sac à terre, m., A, Imbécile ; voir ballot. B, Obus : Les « « sacs à terre » radinaient sur nous, en vitesse », j. des vignes rouges, Joum., 1-6-16 ; syssém. : sac à charbon, m., a, Gros obus ; 325® inf. (Poitevins), août- sept. 14, en Lorraine ; cohen, 74 ; b, Obus de tranchées ; cuirassiers, 1®^ gr. léger, 15-16 ; Texplosion de Tobus dégage comme un nuage livide et noir et pulvérulent de charbon ou de terre ; les noms ci-dessus concrétisent la même image que note gros noir ; ils visent, comme marmite, le contenu de l'obus, mais ils le spé- cifient, en donnent une image plus simple, et la couleur de l'explosion devient l'essentiel du sématisme ; ne pas confondre avec seau à charbon.

sac à viande, m.. Sac de couchage : deux pièces de coton, cousues à un bout, et sur les côtés, jusqu'à la hauteur de la poitrine, elles comportent de chaque côté un soufflet ; la pièce qui reçoit le dos plus longue que

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Pautre, de façon à recevoir aussi la nuque ; 8le t., 16-17 ; 40e art., -18 ; syn. sac à bi- doche, m., 8le t., 16-17 ; 40^ art., -18. Sac à viande, Chemise ; prison de Reims, -50,

TABBÉ ; MERLIN.

sac à lest, sac de lest, m., Soldat aviateur non pilote, (mitrailleur, bombardier, observa- teur) : « En voiture, le lest ! », invitation du pilote, 17-18; | « Ignorants des ailes, ils s'em- barquent auprès de n'importe quel pilote <!...> les sacs à lest, des sacs pensants », DAÇAY, Gu. Aér., 15-3-17, p. 286, et ib., 17-1-18, p. 158 ; Il le lest, les Fantassins à bord d'un transport ; marins. Syssém. : colis, m., Ob- servateur en avion ; aviateurs, août 18. - morpion de carlingue, m., Radiotélégraphiste ; ib. ; parasite du pilote, il se fait porter, (cf. fainéant) ; en outre lui-même se plaint cons- tamment d'avoir des parasites, c.-à-d. des Bruits provenant, dans son appareil, des cou- rants telluriques ou météoriques.

sac à linge, m., Sergent- fourrier ; D. m. p. Idée : il est vêtu de première, du moins habillé de première main ; du linge, c'est une Femme coquette ; rig.

saint- honoré, m., Pain (de munition) : « On

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a conservé par prudence <...> un quignon du Saint- Honoré », Feu, 58. Louange sincère ?

salopette, f., Pantalon de toile, bleu, recou- vrant ou remplaçant le pantalon de drap ou 4e velours ; 81® t., 14-17; || « Large pantalon » des ouvriers de Paris, a. daudet. Une éç^asion (1871), la suite de Robert Helmont, in-8^ p. 71). Protégeant le vrai pantalon, elle prend pour elle les saletés pendant le travail.

sang des autres {le), la Décoration de la Lé- gion d'honneur ou de la Croix de guerre, quand elle est attrapée par faveur ou atteinte à Tancienneté ; 81® art. 1., mai 18. L'idée est celle de la fable de Bertrand et Raton ; mais le sématisme, s'il n'a pas été créé par le rouge de la Légion et celui que comporte la croix de guerre, s'en trouve précisé. Hugo, à l'archevêque de Paris, complice selon lui du crime de Décembre, disait « Et ce n'est pas de vin Que ton ciboire est rouge ». Syssém. : charognard, m., Officier qui obtient avance- ment et honneurs à l'arrière ; d. Il profite des cadavres. « Les affaires, c'est l'argent des autres. »

sardoche, f.. Sardine l'huile) ; 81® t., août-déc. 14 (Nantais). Libre suffixation

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altérant le radical ; de même manoche, f., Manille, (jeu) ; 81^ t., -15; | « à faire la « ma- noche » )), Gaspard, 221 ; cantoche ; ^er- noche ; allemoche ; filocher. Cf. rasoche.

sauce, f.. Essence (de moteur) ; aviateurs, mars 16- juin 18 : faire son plein de sauce ; mettre la sauce, Mettre l'essence carburée ; mettre toute la sauce, pour forcer de vitesse.

saucisse, f., A, Ballon captif allongé (pour l'observation) ; 81® t., avr. 15 ; universel et admis en style officiel dès -15. D'où sau- cissemann, m., Observateur en saucisse ; mé- téorologues à Rosnay, -17 ; suffixe germa- nique allusif à l'amour des Boches pour les saucisses ^ cf. choucroutman, Allemand, dlle, F.- A. Syssém. : boudin, m.. Captif allongé ; 81® t., 15-16; boudin cavaleur, m., 1, même sens ; cavaleur parce qu'il se déplace en campagne par les moyens d'automobilisme, en mer par ceux de navigation, auxquels son câble le rattache ; 2, Femme collante ; d. ; parce qu'elle vous espionne.

B, Tuyau de poêle, ou Crapouillot ; 81® art. 1., mai 18 ; mot « spécial à la région des Vosges », me dit un témoin ; | Les Boches lancent « des marmites, des saucisses et des tortues », lettre

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ESNAULT 31

d'un soldat du front, in sain. D*où sau- cisson, m., même sens : « Quelques minen^ des « saucissons » éclatent », l'autre sergent, Œuçre, 4-11-16 ; Bourru, 65.

saucisson d'Australie, m.. Viande roulée en cylindre sous une gaze protectrice ; voir ri- mailho.

saute-à-la-crête, m., Eau-de-vie ; 156^ inf., avr. 18. Syn. : saute- parapet, m, ; inf.. Lorraine, 14-15. On en donne au troupier pour sortir à l'assaut de la crête qu'occupe l'en- nemi ; notons que crête, Ligne faîtière d'une hauteur, terme de topographie, est devenu tout à fait usuel dès le début de la guerre chez une foule de paysans et d'ouvriers qui autant dire l'ignoraient, 81® t., sept.-oct. 14.

sauterelle, f ., A, Fusil mitrailleur ; 289® inf., juin 18. Cette arme est pourvue, pour assurer la visée, d'une double béquille de bois; d'où, syssém. plus simple : îusil à pattes, m., même sens; 66® chass., mai 18. Ces pattes ne l'empê- chent pas de sauter ; d'où son nom de cabri, m. ; D. B, Lance-bombe à ressort, sorte d'ar- balète ; -15, j.-p.-FAURE. Le f.-m. a hérité l'emploi tactique de cet engin de tranchées.

savé (no-). Je ne comprends pas (ce que vous

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dites), Je ne sais pas (la chose que vous ftie demandez) ; marins, janv. 18 et avant. Les Américains, matelots et officiers, conjuguent / saç'^y, he sa^^çies, do yoU sa^vy ? I saççièdy et y voient une itnportation mexicaine intro- duite par le sud-ouest des Etats-Unis.

schlass^ A, Ivre ; 81^ t., -16; | Feu, 113 ; FAGus, 564; 11 commis de magasin, -10 ; slasse, slassique Ivre, dlLe ; au 81^ t., on prononce aussi chass ; B, Esquinté t « je suis schlass », Je suis éreinté ; Nancéiens, mai 18. dlle le tire d'un hypothétique * soûlasse ; sAiN. d'un hypothétique *cheulasse ; fAgus de Tallemand geschlossen.

schloff (faire), Dormir ; Feu, 236. Plus anciennement aller au schloff, aller à schloff.

schraspout, m.. Obus : « Rentre et ferUne la porte encore une fois, on f ra tant qu'on finira pas [par] s' faire f... des schraspouts sut la gueule », boulanger, Est- Républicain, 20- 8-16. Consultation du d^ Abt, l'ophtalmo- logue nancéien : Schraspout créé depuis la guerre est d'aspect très lorrain ; beaucoup de mots, exprimant des idées de coups et de rossée, reçoivent dans le parler de Nancy le suffixe -pout, particulièrement les monosyl-

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labes ; capout est lorrain autant que boche ; on entend couramment, et dès avant -14, les paysans lorrains dire Je suis craspout, Je suis foutu ; un mot comme schlass, Esquinté, de- viendra aisément * schlasspout ; la terminaison -spout de ces deux mots-là, la ressemblance de schlass et de shra-, ont pu influencer particu- lièrement shrapnell pour y introduire un s.

scrapnell, m., Shrapnell ; 81^ t., 15-17 ; un 2d-m® (qui a fait les Dardanelles), mars 18, (mais il rectifie immédiatement après en shrapnell). Prononcé courant de shrapnell ; faut-il l'attribuer à la graphie, mal à propos germanisée, « schrapnell », (ex. : F. d., Contes ver., 19 ; m. b., i6., 165) ? Un grutier de S*-Nazaire prononce léz éscrapnèl, 81^ t., avr. 16. Voir pélot.

seau à charbon, m., Projectile boche plein de grenades qui se répandent à son éclatement ; 46^ inf., sept. 16, Champagne ; et très em- ployé déjà avant; | « Le Sceau à charbon », titre de journal, in B. des A., 18-4-17 ; « le premier qui a employé ce nom est sans doute le premier qui a vu cet engin ; l'image est immédiate. Quand on a reçu des seaux à charbon on ne peut pas concevoir que ce mot

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soit employé à autre chose qu'à les indiquer »,

1* DE LA BLANCHARDIÈRE. En boche koleU-

kasten,' (caisse à charbon), Obus lourd, del- couRT ; en anglais coal box, (boîte à charbon), Gros obus « that gives out a lot of black smoke », Morning. Cf. sac à charbon, Obus, qui se tire de la poussière noire qu'émet la chute d'un sac ; le sac peut ne pas se vider ; l'image de seau à charbon est d'un récipient noir rempli d'objets noirs, briquettes, boulets ou cassons, et qui se décharge(^).

Il n'y a pas à fixer en article de lexique l'image suivante de M. Barbusse : « le 220 qui n'est qu'une gueule, un seau à charbon, qui crache son obus de bas en haut », par compa- raison avec le 120 long, « mince et fin du bec », lévrier gris, Feu, 235.

séchoir (aller au). Aller, en parlant de fan- tassins, à l'attaque de positions aux barbelés intacts et bien défendus, les cadavres res- teront accrochés comme des loques durant des

(1) L'appareil français Moisson, boîte à mitraille volu- mineuse, aux parois minces, (souvent un baquet de bois), munie d'une queue, lancée par crapouillot, en usage en 14-15, répond à peu près au seau à charbon.

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jours ; 207® art., juin. 18. Cette image ma- cabre, fort nette, vaut une étymologie. Toute- fois séchey sur le fil, qui a le même em.ploi, 156® inf., août 18, a aussi le sens général Etre mort, ih. Cf. monter à la ripée, Partir à l'at- taque ; 130® inf., C. M. -2, août 18 ; g. fert RAND, qui le croit assez général, le tire da R. I. P., {Requiescat in pace), inscription tom- bale ; on aura (lit d'abord * monter à Vèr-i-pé, c.-à-d. aller à son cimetière ? Il est possible qn aller au séchoir en soit le simple synonyme,

séchoir, Cimetière, ri g., et préexistât aux barbelés.

secteur, na., 1, Département, Service attribué à qqn ; 81® t., -17 : « Les munitions, c'est pas mon secteur, je m'occupe de la comptabilité- personnel )) ; extension du sens Portion de front on est de service. 2, en diverses locutions : arroser son secteur, S'arroser le go- sier, ARNAC, Fantasio, 1-4-17, par allusion aux arrosages d'artillerie ; filocher le secteur ;

queues romantiques amenées par la fré- quen«3e du mot secteur dans la conversation du combattant ; comme on dit açoir le go- sier pris d'enfilade par un coup de vin^ Boire un trait, 289® inf., -18 ; abattre son deuxième

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a^ion, Boire son deuxième quart de vin, C. M. -2 du 130e inf., juin 18 ; et mettre sa godasse en liaison avec le derche, Donner un coup de pied au derrière.

self, m., Officier supérieur ; 8^ génie, c*^ D-4, sept. 18, M. vERDEiL. Du Schéma analogue de ses galons et d'une bobine de self-induction. Cf. cylindre.

seringue, f.. A, Lebel ; 81^ t., -16 ; 95^, 360^ inf., 16-18 ; général ; | agatha ; « les magasins d' nos seringues », Feu, 59 ; || Vieux fusil ou Mé- chant fusil, en Beauce, Lorraine, Provence, etc.. Ancien fusil très long des Arabes, chez les troupes d'Afrique ; dauzat, 27-6-17 ; en boche spritze, (seringue). Fusil ; delcourt. B, Canon ; « des seringues de 37 », employées à bord des bateaux contre sous-marins, un l^^-m®, déc. 17 ; I une carte postale illustrée, éditée (chez Le Deley) avant nov. 16, montre des caricatures peintes sur des tentes dans un campement fran- çais, dont l'une est un artilleur introduisant à un Boche une seringue étiquetée « 75 » ; inversement, (cf. fokker), les Infirmiers sont dits artilleurs de la pièce humide. C, Obus du mortier Stokes ; 2^ mixte, 95^ inf., mai 18 ; « envoyer une seringue aux Boches » ; méta-

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phore de forme : à l'arrière de l'engin la chambre d'explosion, à l'avant une fusée ; les engins Stokes, (très transportables et lançant 30 obus à la minute), sont rattachés aux pelotons de canon de 37. D, Fusée ; D. m. p. ; méta- phore de forme ; à moins que « fusée » soit une simple coquille pour « fusil ».

Dér. : seringuée, f., A, Bombardement par obus Stokes ; mixte, mai 18 : « fiche une seringuée aux Boches » ; B, Décharge d'une mitrailleuse ; esc. S-152, juill. 18.

sévères (pertes), Pertes (militaires) fortes, rudes ; expression fréquente dans les commu- niqués officiels ; « séçère n'est qu'une tra- duction <C--.>> de l'allemand streng. Elle a paru d'abord dans les éditions genevoises des communiqués boches, puis a passé dans nos traductions officielles des communiqués russes », Cri de P., 2-11-16, p. 10, c. 2 ; dauzat, mai 17, 483, reproduit cette opinion et le reproche qui s'en déduit ; mais sévère avait passé, depuis longtemps, du sens Sans indulgence, Sans relâ- chement, au sens Exagérément dur, dans cer- taines alliances de mots comme châtiment sévère, climat sévère ; au sens Rude, Difficile à croire, dans En voilà une sévère /, rig. ; et l'an-

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glais, qui dit severe d'un climat, d'un rhume, d'un mal de tête, d'une douleur, est accusable d'influence plus que l'allemand ; cf. finish.

Cf. SOUS-évaluer, Apprécier au-dessous de la réalité : « Le correspondant du Times à Wa- shington télégraphie <...>> Cela n'est pas au fait que les héroïques exploits des Français sont sous-évalués », Matin, 19-9-16, p. 3, c. 2 ; est-ce traduit « de l'allemand unter-schaetzeny), comme le croit dauzat, mai 17, 483 ? on le trouve sous une influence anglaise ; « sous- évaluer», elwall, Dict. an glais- français, 13^ éd., traduisant to underçalue, terme de commerce ; cf. « sous-estimer Veffort de nos adversaires », B. des A., 6-9-16, p. 5, c. 1.

Cf. tendre une inondation. Inonder un sec- teur pour raisons stratégiques : « C'est sans doute à la même source [traduction des com- muniqués boches] que remonte l'étrange ex- pression tendre des inondations, employée dans plusieurs communiqués de mars 1917 », dauzat, mai 17, 484 ; non point ; cet emploi de tendre ne se défend pas seulement par ce texte officiel « Les inondations, tendues devant le front d'une position, en rendent l'attaque difficile ; mais <;...> », Instruction sur les travaux de campagne

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approuvée le 21 décembre 1915, 89, mais aussi par un passage de daru, Venise « autour de laquelle une vaste inondation est toujours ten- due », Histoire de Venise (1853), II, 68, et par ce texte-ci, « Lorsqu'une place sera en état de guerre, les inondations qui servent à sa défense ne pourront être tendues ou mises à sec sans un ordre exprès du Roi », loi du 8-7-1791, titre I, art. 36, in M. de Fr., 1-2-16, 573.

Cf. inchangé, Sans changement : « situation inchangée », usuel dans les communiqués offi- ciels dès oct. 14, et devenu par eux usuel popu- lairement au moins dans cette alliance de mots ; DAuzAT estime cette vogue due à une influence de l'allemand im^eraendert ; mais inchangé est dans littré ; M. Dauzat lui-même l'avait employé avant la guerre : «l'orthographe restait inchangée». Langue franc, d^auj., 116 ; cf. inchangeable, loti, UInde, Vers Bénarès, xi ; « des viandes invariées », huysmans. Cathédrale, 110.

sidi, m., A, Individu ; 81^ t., -16; | « Des journalistes ? Ben oui, les sidis qui pondent les journaux », Feu, 39 ; « ce sidi-là », ib., 8-8- 16 ; valeur de dédain. B, Soldat indigène algérien, Bicot ; usuel et général ; | « manger le

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couscous avec les « sidis » », Bicard, ii, 16 ; et aussi Travailleur colonial, employé à l'Ar- rière ; usuel à Rennes, mai 18, Ouest- Eclair , 12-5-18, p. 3, c. 1. Du vocatif arabe sidi, Monsieur, d'où le sens A, qu'a aussi monsieur, et le sens B parce que les hommes de couleur, êtres de soumission, ont souvent à dire sidi. Cf. chouya.

signaleur, m., Lapin ; monax : « il [un lapin] a Vair de jouer du télégraphe optique avec ses oreilles ; on l'appelle « le signaleur » )), m. b., N. Contes çér., 250. Image juste, mais un peu Jules Renard ; je doute qu'elle se fasse recevoir comme métaphore usuelle.

silencieux, m.. Coutelas de combat : « Le couteau de tranchées est désigné sous ses an- cins patronymes de lame et lingue. Au cours d'une patrouille, j'ai entendu un Parisien l'ap- peler son silencieux )), g. maréchal, 289^ inf., mai 18. On compte aisément dans le présent lexique une cinquantaine d'adjectifs employés comme substantifs.

[^ six- cents- mètres, m., Observateur de captif ; usuel à l'équipage d'un bateau tracteur de captifs, S*-Nazaire, -18. Métonymie prise de l'altitude monte fréquemment le captif.

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six-mille au cul (avoir une), Etre très pis- tonné ; 5^ génie, -18 ; h. grelat. —6.000 est le chiffre de série d'une très puissante locomotive.

soldat (jouer au). Se servir d'abord, Prendre la plus grosse part î « Tu vois que la quatorze [la 14® escouade] a taillé son pain en prenant son pain dans les boules de la demi-section, et puis après ils viendront prendre encore chacun sa demi-boule, et la treize se tapera. Faut pas jouer au soldat ! », 81® t., janv. 16. Au passif être fait soldat, Etre privé de sa part ; dlle ; ROSS. On connaît l'adage « Moi d'abord ! en bon militaire ».

soldu, m.. Soldat, en tant que « ramassé pour des idéaux dont il n'a cure », et machine à agir passivement, f. de keralio, 40® art., -18 : « La viande qui pue, la viande qui sent. Les asticots qui se balladent dedans. Les mouches qui tombent dans le rata, Tout ça c'est bon pour le soldu », vieux couplet retouché à la rime ; ib. Suffixe pris à poilu ; ou, si on préfère, chevauchement de soldat + poilu.

sonner, 1, 1^, Atteindre par des armes à feu : « les Boches commençaient à nous « sonner » pour de bon », m. Toussaint, lettre, in barres. Echo de P,, 17-5-15 ; « C'est quand on a été

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sonné là-bas Verdun] qu*on peut dire t « J' sais c' que c'est d' et' sonné ! » », Feu, 232 ; cf. 360 ; soit par le canon : « Tu parles qu'on le sonne ! Sonne-le donc ! », artilleurs contemplant un tir d'artillerie sur avion, juin 16; I « les Boches les sonnent terrible- ment au 105 », E. R., Journ., 20-6-16 ; soit par la mitrailleuse : « On nous sonne, et de très près, se dirent à la fois les deux chasseurs [aviateurs], qui avaient reconnu le crépite- ment de la mitrailleuse boche », Matin, 28-4- 16, p. 2, c. 3 ; Tel de nos as « allait en « sonner )> un, c'est le terme trivial et tragique », da- ÇAY, Journ., 10-10-16. Sonner, Cogner, mot d'apaches ; voir bacantes et ruche. C'est en ce sens général, Cogner, qu'on l'entend aux aéro- dromes : « il faut chercher un terrain propice et se posera comme une fleur «sans trop « son- ner le zinc » ! », thavet ; on y dit, sans com- plément, sonner. Prendre un contact brutal avec le sol ; Miramas, mai 18. Dér. : sonnage, m., Bombardement : « Tu parles d'un sonnage ! », Poilu du 6-9, in B. des A., 15-11-16.— 2^, Anéan- tir moralement : « J'ai été sonné par la nouvelle de <C...>- », M. PROTAT ; syssém. : asseoir, assommer.

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2, Engueuler ; conducteurs, s^ satiit. 45, mai 17, qui joignent le geste du sonneur de cloche ; très usuel, son sanit. 85, 17-18 : « Qu'est- ce qu'il m'a sonné ! » ; 95^ inf., -18.

3, Envoyer promener : « J' vas t' sonner », 40e son D. C. A., avr. 18 ; « J'ai reçu ladite son] un canonnier qui employait sonner qqn, l'Assommer, comme dans l'argot parisien. En quelques jours sonner a fait florès chez des hommes qui le comprenaient imparfaitement ; on n'entend plus dans la section que /' i^as i' sonner, Je vais t'envoyer promener ; exemple d'engouement pour un mot », 1* de la blan- CHARDiÈRE ; malgré le champ restreint de cette notation, le sématisme n'y est pas aber- rant ; envoyer promener qqn, c'est en séman- tique exacte lui Coller un coup qui le rejette au loin comme pour une promenade, qui le fait valser (cf. p.olker) par la salle et rouler sur le parquet, cyclone involontaire le spectateur voit méchamment du tourisme ; sonner, ce fut d'abord Frapper de haut en bas, mais le mot, s'étant généralisé au sens Rosser, peut devenir comme envoyer promener, dont le sens premier est Rosser, un équivalent de Se débarrasser de l'importun.

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Cf. tirer le cordon, « canonner (en parlant de l'ennemi) » ; d. ; la traduction du témain, (un fantassin), est inexacte : il s'agit de la corde que le servant saque pour tirer le coup ; et ce geste chez l'envoyeur n'intéresse pas l'imagi- nation du destinataire ; ce cordon semble un s mple développement verbal de sonner (une sonnette, dans une maison). Quant au sonnage apache et artilleur, il se tire de sonner (un pi- lotis, en le frappant avec une sonnette).

sop, m., Avion Sopwith ; Miramas, mai 18.

SOP est la marque inscrite sur l'appareil ; le règlement y veut les trois premières lettres du nom. Les Anglais nomment leur Sopwith le chameau ; Vie Par., 25-5-18, p. 451.

sorcier, m., Météorologue ; aviateurs, déch.

Prophète du temps.

souasoua, 1, Avec élégance : « des as qui atter- rissent soi-soi comme des fleurs », juteux ; 2, Raffiné, Elégant : « Il recevait de sa marraine tous les quinze jours un colis, et quelque chose de souasoua », un ouvrier nantais ancien zouave, 81® t., -16 ; | « des paxons maous soi- soi », CHAPELLE ; Il connu dès -98, 19®inf.,de quelques sergents ; on dit aussi soinsoin ; matelots, mai 18 : « un morceau de savon

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solnsoin » ; | «un virage sur l'aile tout ce qu'il y a de « soinsoin » », Gu. Aér., 25-1-17, p. 166 ; on dit aussi tsointsoin ; centres de Captifs et de Dirigeables, -18 ; | « Ça gaze I T'soin t'soin... », Mousqu., 25 ; ib., 159. Apocope à redoublement de soigné ? ou de soyeux ? tel est le doute ordinaire, en France ; (cf. « la plus moderne, la plus soie-soie », Mousqu., 13). Or, c'est l'arabe souasoua, Egalement, En- semble. Ce qui est fait avec symétrie, balance et simultanéité est bien fait ; cf. à la hauteur, d^équerre, a^ec équilibre, à la dimension. L'em- ploi adverbial est donc antérieur à l'emploi adjectif. Cf. chouya.

soufflant, lïi., 1, Revolver ; marins, mai 18 ; I « il ne voulait pas se rendre et tirait avec son soufflant », Cabaret, ^^1 ; || «_mon soufflant », MARODON, Le diamant ^ert, xiv, Journ., 3-2-17 ; Pistolet ; viDocQ. 2, Pistolet automatique ; 289e inf., mai 18, Oise.

sous-marin, m., Commandant du camp d'av®^ de Pau et de tout camp d'av®^ ; mécanos, Pau, mars 18 ; (non confirmé par des témoins d'autres centres d'aven et d'aérostation). Peut-être parce qu'il surgit à l'improviste, avec l'œil-du-maître pour périscope ?

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sous-marin^ m., A, Cuisine-roulante ; inf., Lorraine, -15 ; 130® inf., -18 ; | voir rapport.

« A cause de sa forme », a. arnoux ; j'en doute. On applique à la roulante des noms de mécaniques modernes comme elle, pris aux chemins- de-fer : bousine ; train blindé, m. ; D. ; tortillard, m. ; d. ; à l'automobilisme : pétroleuse ; tank ; à l'artillerie : quatre- cent-vingt, m. ; d. ; canon à rata, m. ; d. ;

mitrailleuse à haricots, f. ; d. ; lance- bombes, m. ; D. ; à la marine : torpilleur à roulettes, m. ; inf.. Lorraine, -15 ; torpilleur, m. ; 2e c^l, -18 ; six-cent-six, m., 2^ c^l, août 18, c.-à-d. le torpilleur 606, 606 pour évoquer Vénus ; le tout pour dire four- naise, véhicule et trépidation ; son nom de marie-salope, f.,D., c.-à-d. Drague, parle d'absorp- tion et de vidange ; celui de batteuse, de bruit.

B, Brodequin ; 81® t., janv. 15. Naviguait, en effet, aux tranchées de Bailleulval, par des fonds d'l°^,50 ; syssém., d'ailleurs, de péniche, transat[lantique], etc.

sous- verge, m., Second d'un chef ; d*où,

A, Sergent-fourrier, et Scribe de bureau, par rapport au sergent-major ; 81® t., -17 ;

B, Lieutenant en second ; r. dupret ; 40® art.,

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ESNAULT 32

-18 ; Il commander en sous- çergeyCommsindeT en second ; dlle. Image de cavalerie ; le sous- verge est le cheval attelé à celui, dit porteur, qui porte le cavalier. Le préfixe sous- a aidé l'image à exprimer Sous-ordre, et particuliè- rement à traduire sous-lieutenant ; cf. contre- coup. Contremaître. Antonyme : porteur, m., Lieutenant en premier ; 40^ art., -18»

souss, f., Sous-intendance ; fagus, 563. On prononce s ouz- intendance ; devenant final le z se mue de sonore en muette ; cf. pif. A la sous-intendance de la 22® D^", la seule apocope connue était la souzin.

Stéphane, m., Avion Nieuport biplace ; R. G. Aé., -18 et avant ; ce type, accusé d'avoir un armement défectueux, avait avec un cé- lèbre poète du prénom de Stéphane cette res- semblance d'être mallarmé.

straîer. Bombarder, Malmener : « « L'endroit est malsain, les Boches nous « strafent » ce matin », nous a lancé le chef d'un petit poste », MARSiLLAC, Le « Joumal » aux armées britan- niques, Journ., 13-8-lG. AngHcisme tiré de l'imprécation boche « Gott strafe England ! », Que Dieu châtie l'Angleterre !

sucrer. A, Favoriser ; 81® art. 1., mai 18 ;

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se faire sucrer, Se faire favoriser, Avoir des citations : « Le ...^ groupe d'artillerie s'est fait sucrer », 81® art. 1., Verdun, -16 ; « Il a été sucré », Il a eu le bon filon. Il a eu la bonne blessure ; 81® art. 1.; B, 1, Blesser ; Expres- sions à la mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17 ;

2, Infecter d'un mal vénérien ; 109® inf. et génie, avr. 18 ; la construction la plus usuelle est se faire sucrer, équivialent du passif ; || su- crer. Maltraiter ; rig. ; le sens B est iro- nique. — Syssém. : assaisonner, A, Griser : « Nous l'avons assaisonné » ; B, Blesser ; sens tous deux usuels à Paris et au front, 14- 18. saler. A, Réprimander ; B, Blesser ; 14-18 ; C, Infecter d'un mal vénérien ; - poivrer. A, Griser ; B, Infecter de syphilis.

Cf. conditionné.

surface (en), A ciel ouvert, hors d'une cave ; marins, mars 18 : « Le bombardement passé, on surface ; « C'est un poivrot ! Il est som- melier ; mais quand il revient en surface, on voit mieux son nez, on dirait le phare d'Eck- mûhl ! » Pris de la navigation sous-marine.

survoler, Dominer en volant ; est entré dans l'usage oral populaire sans supplanter voler au- dessus de ; 81® t., 16-17 ; H Un monoplan « a sur-

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volé Pont-à-Mousson », Matin, 8-6-12. On a créé récemment aussi sur- vêtements, Vêtements de dessus (et sous- vêtements) ; surtricot, Tricot de dessus, Feu, 14 ; attaques surmarines des sous-marins ; surcursion de zeppelins à Paris, Incursion de zeppelins au-dessus de Paris.

table de nuit, f.. Avion d'observation, des types cages à poules ; quelques aviateurs, 17- 18 ; image exprimant, comme hoîte à fro- mage, le parallélisme des deux plans d'un bi- plan ; les haubans jouent le rôle des quatre colonnettes reliant les deux étages de certaines tables de nuit.

tachette, f., Baïonnette ; V. du p. Langue d'oc tacheto, f., Petit clou à tête ronde ; mis- tral. — Syssém. : clou. Baïonnette ; rig.

tacot, m., A, Machine locomotrice : a, Voi- ture automobile ; usuel et général, 14-18; || 01-14 ; b, Train de ravitaillement à» voie de 0^,60 ou 0«i,40, derrière les lignes ; 81^ t., 16- 17 ; 130^ inf., 17-18; | z, Armée de la guerre, 118 ; Il Train départemental ou à voie étroite; avant -14 ; c. Avion '. « Tu as les papiers du « tacot » ? », PUNCH, Fantasio, 15-8-16 ; d, Dirigeable ; pilotes de dirigeables, déc. 17 ; e, Captif ; un commandant de centre de

^ 500 -^

captifs, avr. 18 ; f, Tank ; un officier du 500^ A. S., août 18.

B, Machine à lancer des projectiles : a, Mi- trailleuse ; 156® inf., avr. 18 ; b, Canon de 75 ; 40e art., b^e, mai 18.

C, Machine : ton tacot, ta Machine à écrire ; fourriers de la marine, mai 18.

Cette liste des sens ne représente pas leur génération ; seul l'emploi A% qui est le plus risqué des emplois A, un captif n'ayant pas de moteur propre, sort de l'emploi A^, par exten- sion ; les autres dérivent du sens premier de tacot.

Un tacot est un petit tac, un petit Clou ; tac et ses dérivés s'appliquent à travers de nom- breux parler s spéciaux à divers objets compa- rables à un clou (^).

(^) Le breton a tach, Clou, pris au vieux-français, le mot a donné le verbe attacher. On a signalé à d. du- ché, Clou, tape-dache, Cordonnier. L'argot savoisien dit « faria » a tac, Bâton ; le français a taquet, Clou de bois (qui arrête, soutient, sert pour amarrer, ou, enfoncé en terre, donne un alignement, voir hdt) ; tacques, Usten- siles de fer fondu, (littré), dont clous, Outils de fer, est syssém. ; la langue d'oc a tacheto, Clou ; l'espagnol a taco, Cheville, et Lance mousse. (Dans le français parade de tac, du tac au tac, tac ne s'expliquerait-il pas mieux comme un syn. de pointe, que par l'onomatopée que pro-

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D'autre part les ouvriers appellent leurs outils des clous, rig. et usage général, 98-18 ; les malfaiteurs aussi leurs outils (dlle, ross.) ; toute machine, une bicyclette (dès -95), une montre (ross.), le 75 (40® art., -18), est un clou.

Tacot == Clou ; or clou = Outil, Machine ; donc tacot = Outil, Machine. Les substitutions synonymiques sont les syllogismes du peuple. Pour ce qui est des emplois A, tacot, Ma- chine locomotrice, on conçoit qu'il est aisé de faire passer le mot d'une sorte de locomotion à une autre ; on s^embarque dans un wagon ; en voiture ! dit le pilote aviateur à son passa- ger ; voir coucou, berlingot, taxi. On trouve en outre sous bécane, Machine grinçante, des em- plois correspondant aux sens A, B et C de tacot.

pose HDT ?) Emplois figurés : tac, Phlegmasie érup- tive, (mieux explicable comme syssém. de cZow, Furoncle, que par le latin tactus que propose hdt) ; tacot, Tige de végétal coupé restée en terre et aiguë, (H*-Maine) ; tac, Scorpion et autres reptiles, (centre et centre-ouest, voir JAUBERT et l'Atlas linguistique) ; taquet, tacot, tacaud, tacon, noms de poissons, Gadus luscus, Callionyme lyre, Saumonneau, (sur la Manche, en Bretagne et dans le centre-ouest, voir littré), syssém. de nombreux noms comparant le poisson à un outil pointu, aiguillette, étiquOi coyaUf lançon, alêne, etc.

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taf (mon), 1, mon Compte ; et 12® înf. (usité plutôt par les Parisiens dans ces corps à forte proportion d'hommes du sud-ouest), -17 ; 95® inf. (recrutement berrichon), avr. 18 : « Toi, t'as eu ton taf, va-t'en », propos du ca- poral d'ordinaire distribuant le vin, et 12® inf. ; « en avoir son taf », 95® inf. ; 2, mon Saoul : « Boire son taf de pinard », 95® inf., avr. 18; I « D. Quelles sont ces pensées [qui agitent le poilu au moment d'être relevé des lignes] ? R. <...> ; le poilu pense simplement qu'on va en écraser et boire son taf de pinard », le Pépère, 1-10-16, p. 2, c. 1. Le mot d'argot fade, signalé depuis -27 et toujours vivant, a les mêmes emplois : 1, açoir son fade, Avoir sa part dans une distribution, 2, être fade, Avoir son saoul (d'un agrément ou d'un accident), et spécialement fade, Ration de boisson, « Les meness's aboulent par douzaines, R'nifler leur petit fad' d'eau d'af », Les femmes arrivent... boire leur petite dose d'eau-de-vie, V Assommoir de Belleçille, chanson, (1850), in SAIN., Sources ; mais on ne voit pas pourquoi fade eût été chaviré en *dafe et *dafe altéré en taf. L'Anjou et la Bretagne (Nantes, Brest, S*-Brieuc) disent un taf pour un Chapeau;

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les deux taf ne sont pas aussi éloignés qu*il paraît d'abord : un Verre et un Chapeau tri- corne ont le commun nom de lampion ; un Haut de forme est dit un décalitre (et un bois- seau) ; le colhack, Coiffure militaire en cône tronqué, sert à désigner le Verre de liqueur, DLLE, F.-A.

tamar, m., Café : Un poilu servant le café : « Allez, au « tamar », là-dedans <...>► dégustez le moka de la roulante, supérieur au bois de panama », p'tit gars. Le « tamar indien », « fruit purgatif rafraîchissant », célébré à la page des quotidiens, se vend dans les phar- macies en boîtes de bonbons à 2 fr. 50.

tambour, m.. A, Caporal-fourrier ; 81^ t., -16 ; Brigadier-fourrier ; 81® art. 1., -18; | « Le chef et le sergent-fourrier jouent la par- lante contre le tambour et le scribe du bu- reau », B. des A., 22-3-16, p. 14; 1| usuel aux dragons, rig.; courteline, 8 h. 47 (au 22® chass. à cheval, Commercy), i, 3 ; B, Fourrier ; D. m. p., qui ajoute « Le tambour pied, sergent ou margis fourrier », [pied, Sergent), et, au mot sac, tambour, Sergent-fourrier. Je n'ai guère observé dans l*usage que le sens A ; cependant tambour seul peut ne signifier que Fourrier et

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convenir aussi bien aux deux sortes de four- riers, — soit qu'on le comprenne comme expri- mant l'idée d'Homme lige (du sergent- major), cf. sous-verge^ en se reportant par exemple à ce texte-ci, « Il y a dix jours, vous m'accusiez d'être le « tambour » de MM. La Chapelle et Le Bail. Aujourd'hui «<.••>> vous utilisez une lettre de M. Lanoir, dans laquelle son auteur prétend, cette fois, que je suis à la solde du Père Pupey- Girard, « camérier du pape » BiÉTRY, Matin, 29-12-06, soit que, beau- coup mieux, on l'explique comme un déve- loppement de baguettes^ Galons dorés insigne de la fonction de fourrier, qui du biceps con- vergent vers le nombril en posture de taper sur une peau d'âne.

tangent, 1, Sujet au détraquement, (en par- lant du canon) ; artilleurs, -16 ; 2, Risqué, Hasardé ; 40^ art., 5^ b*% mai 18 : « c'est tan- gent ». Cf. tangents, Sous, parce qu'ils prennent aisément la tangente hors des bourses les plus rondes. En aviation on appelle techniquement tangent à V impuissance de sus- tentation, et plus court tangent, tout appareil qui arrive près de son « plafond », sa surcharge ou la faiblesse de son moteur faisant qu'il n'a

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plus que juste la force nécessaire pour se sou- tenir ; une valeur péjorative s'attache au mot, car Tavion est toujours dangereux quand il devient tangent ; certains appareils, surtout dans les écoles, ont des moteurs mal réglés pour lesquels la tangence commence dès le décollage du sol ; d'où les textes suivants : « C'est un sale berlingot, il est tangent », Brise d'enton- noirSj in B. des A., 28-3-17 ; « « Le « 50 » est « tangent )> lui a dit son moniteur, « ne cabre pas afin d'éviter les pertes de vitesse » », tha- VET, Gu. Aér., 29-3-17 ; sous-entendu tangent dès les basses altitudes.

tango, A, Orange des écussons du col pour l'aviation : « écussons tango »,2® groupe d'av^n 17-18 ; nuance nommée sans doute pour avoir été adoptée lors de la vogue de la danse dite tango. L'escadrille des avions boches Tangos a pour couleur un rouge sang. B, Tangage volontaire en avion, pour échapper à un projecteur ; Mousqu., 47 ; ou par fan- taisie ; ib., 87 ; ^ jeu de mots ; cf. montagnes russes. C, Bataille ; inf., d. ; syssém. : valse lente !, A l'attaque ! ; d. ; danse, usuel et ancien ; cf. toboggan, cinéma.

tank^ m., 1, Auto blindée de combat en usage

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à partir de la mi-sept. 16. On a d'abord

hésité sur le genre : « la tank », voir posséder ; « le tank », Vie Par., 4-11-16, p. 841 ; Matin, 16-11-16, p. 1, c. 2 ; le mot est f. en anglais en ce sens de guerre : « she », Elle, comme en par- lant de vaisseaux ; le mot signifiait Citerne ; pendant la construction des premiers tanks les autorités anglaises baissèrent croire qu'il s'agis- sait de réservoirs à alcool (^). —D'où tank mâle, m., Tank boche à deux tourelles mobiles ar- mées chacune d'un canon, et, dit-on, à case- mate centrale, s'élevant et se rabaissant par crémaillère, portant sous sa coupole un troi- sième canon, calibre ^7^J^ ; tudesq, Journ., 26-4-18 ; mâle parce que cet engin est deux fois plus fort et plus rapide (7 à 8 km. à l'heure) que les tanks primitifs. Dér. : tankeur, m., Combattant affecté aux tanks : « OFFICIER tankeur », Vie Par., 16-2-18, p. 158, c. 1 ; ih., 16-3-18, p. 246, c. 2 ; (cf. skieur, m.. Homme faisant du ski ; sans qu'il y ait de verbe * tanker ni * skier) ; et avec une forme an-

(^) Autre origine d'après les Débats, 1 1-8-1 8 : l'inven- teur du tracteur à caterpillars serait Thomas Tank Burrel, manufacturier. ; que ne l'avait-il crié ?

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glaise, tanker, m., même sens ; seul usuel au

500e A. S., août 18 ; I « JEUNES tankers », Vie Par., 23-3-18, p. 269, c. 2 ; ib., 11-5-18, p. 424, cl. Syn. de tank : Caterpillar, m. : « section de caterpillars )>, tampon adminis- tratif apposé sur un pli, nov. 16 ; semble tout à fait désuet, dans son emploi militaire, en -18 ; anglais caterpillar (chenille) ; la roue Cingoli permet aux tanks de ramper et de franchir les obstacles à la mode des chenilles ; char d'assaut, m., imposé dans l'A. S. par le gén. directeur ; inusité dans les autres armes, août-oct. 18.

2, A, Cuisine-roulante ; 156® inf., C. M. -3, et 130® inf., juin 18 ; cf. sous-marin. B, Voiture à viande ; d.

taper, A, Faire son bruit rythmé, (en parlant d'une mitrailleuse) ; « Une mitrailleuse proche tapa », M. B., Contes çér., 171 ; |1 (en parlant d'un moteur d'avion) « Mon moteur « tape » bien. Je monte», la batte, Fantasio, 1-9-11 ; cf. « Le tapotement de nos mitrailleuses résonna», J. p.. Contes vér., 276 ; tap-tap, onomatopée du tir de mitrailleuse ; a. a., ih., 127, 143 (^).

(*) Onomatopée plus usuelle de la mitrailleuse : tac J « le tac-tac énervant », h. o., N. Contes vér.y 224 ; « tac,

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B, unipersonnel, Bombarder : Ça tape ; inf., Lorraine, 14-15 ; syn. : ça buque ; 141^ t., D. ; I « Ça buquait », recueilli d'un paysan, vers Soissons, par h. barbusse, et mis dans le Feu, 34 ; Il de buquer, Taper, sorel, Francion, I, (éd. Garnier, 24) ; Agréable conférence (1649), p. 4 ; texte de -77, in rig.

tarare, m.,i, Automobile ; voir chaufferette; \\ Automobile usée ; Bordeaux, -07 ; assimila- tion auditive de l'automobile à une certaine machine bruyante. La manivelle et l'entonnoir d'un tarare n'ont sans doute pas d'importance sémantique. 2, Char d'assaut ; 500^ A. S., août 18. Syssém. : batteuse, f., Cuisine-rou- lante ; D.

. tasser qqch. (se). Manger qqch. : « Quand je l'ai vu se tasser une sardine et un bout de pain comme ça, ça m'a fait pitié », un artilleur pari- sien, nov. 17 ; sous-entendu : dans le gosier ;

tac, tac, tac ! », g. v., i6.,268 ; « le « tacata » », enseigne ***, Revue de Paris, 1-10-15, 634 ; « le tac-tac », montrion, Gu. Aér., 27-12-17 ; « Tac, tac, tac ! », delvert, Quelques héros, in Gu. Aér., 3-1-18, p. 136. Et beaucoup moins usuelle : « Taratata ! »,e. c, Pet. Journ., 8-4-16 ; « ta-ra- ta-ta », Matin, 18-4-16, p. 1, c. 6.

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syssém., d'ailleurs, de cogner, car on dit tasser des gnons à qqn, « c' que j' lui ai tassé ! »

tatane, f., A, Brodequin militaire, Soulier, mécanos d'av^^^ Pau, mars 18 ; (je ne Favais pas entendu auparavant) ; 246^ ou 289^ inf. avant avr. 18 ; « n'est pas inconnu » à des sol- dats ayant passé en -17 par les 6^ et 12^ inf. ; « il a touché des tatanes neuves »; | Chaus- sure ; V. du p.; Il antérieur à -14 selon un fantassin parisien et un chass. alpin niçois qui l'emploient usuellement en mai 18 à Jarville près Nancy. Le Parisien susdit croit à une onomatopée : la savate claquant sur le parquet ferait ta-ta ; ce qui ne l'empêche pas de nier le sens Savate et de dire : taîane, « Toute espèce de godasse » ; (interrogé sur le genre de tatane : « une tatane, quoi, comme une godasse ; pour cette impression de parasitisme argotique, cf. pépère). « J'ai entendu des permissionnaires de Paris appeler leurs chaussures des tartanes (parfois altéré en tatanes) : métaphore d'origine provençale, dont la diffusion a été favorisée par le sens argotique analogue [syssématisme] de « bateau » (et peut-être aussi, pour la forme, par tartine [Soulier] <...>) », dauzat, mai''17, 485. Je n'ai pu observer la forme tartane ; au-

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tant il est aisé d'expliquer tatane par * tartane, et le Niçois susdit l'explique ainsi, autant il est aisé de voir en tartane une déformation de ta- tane par étymologie populaire.

B, Pied ; 246® inf., 17^ ci% mars 18 ; soldats parisiens, avr. 18 ; « J'ai mal aux tatanes », L. SAMBARDIER ; (scns nié énergiquement par le fantassin parisien et l'alpin niçois susdits, et inconnu aux 6^ et 12^ inf., -17, 2^ 0»^, -18) ; [ tatane, Pied, a été apporté à Ménilmontant par (( des soldats venus en permission )),« depuis un an à peine », dauzat, 27-6-17 ; cf. 16-5-17 ; D. le laisse tomber.

De A à B, le passage sémantique est aisé ; une Marseillaise me disait couramment Quittez ç>os pieds, Quittez vos chaussures, 97-05 ; c'était une plaisanterie ; mais souvent il est inutile de distinguer entre le pied et la chaus- sure : « Il a sali le parquet avec ses pieds sales » se dira .d'un homme aux souliers crottés. Sur- tout, la chaussure épousant le pied, tous deux ont une forme analogue ; aussi les nomme-t-on, par échange mutuel, le Pied pot à crasse, à l'occasion ribouis,\eL Chaussure ripaton,tous deux boîte à violon, rig. et trottinet. N'est-il pas remarquable que le mot qui rime le plus riche-

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ment avec tatane, savoir le mot militaire mata- tane, f., Salle de police, fustier et dlle, soit un syn. de boîte et de violon ? Ce rapproche- ment vaut en sémantique mieux que ne vaut en phonétique l'hypothèse, de la chute du r de * tartane. Naturellement, si on observait que les chaussures soient nommées argotiquement des * tannées ou * tannantes, il y aurait de quoi penser. On signale à d. un cordonnier de Châtel-Gérard (Yonne) surnommé dès long- temps le tatane.

-tau, suffixe pour tout nom propre ; 109® inf., cl®, -16 i un coiffeur de Chaumont et un boucher de Paris y lancent la mode de pro- noncer en -au tous les noms terminés en -au, ex. : hoyaii ; aux noms propres ils ajoutent -taiX, ex. : Grolleautaii, Robintau. La fréquence du i à la fin des noms propres français rend compte du t de ce suffixe dont le reste s'ex- plique par le jeu de supposerjphonétique la graphie au. J'ai écarté de ce recueil les no- tations de morphologie ; j'accroche ici celle d'un infixe argotique passepartout usité par un Parisien, graveur sur métaux,^au 81® t., -17, ex. : Ct/mcouille et mes denxno de BergecoVLille et mes deuxrac ; couille de

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mes deux, au 2^ c^^, -18 et dès avant août 17.

taube, m., Avion boche ; 81^ t., -15 ; ex- tension du nom d'une marque d'avion de bom- bardement.

taxi, m., A, Avion ; aviateurs, 14-18; | david, carnet, 23-8-14, in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135 ; MusiDORA. De taxi, Fiacre à taximètre, Pa- ris, -05. Dans le militaire anglais un avion « is usually called a « bus )> », Morning ; il y a longtemps que l'anglais emploie hus, Omnibus. Cf. tacot, berlingot, chignole, péniche ; cocher, m., Pilote-aviateur ; Mousqu., 87 ; écurie, f., Hangar d'aven ; ib. B, Voiture à bras ; D. C, Char d'assaut ; 500^ A. S., août 18.

télé, m., Téléphoniste ; Boum ^oilà /, in B. des A., 30-8-16 ; « l'appel d'un télé.j qui se meurt d'ennui », Vie Par., 10-3-17, p. 232, 0. 3 ; cf. phoniste.

téléphonard, m.. Téléphoniste ; usuel et gé- néral, A. ARNoux ; I Cabaret, 462; cf. fron- tard. Apocope, syn. : phonard, m. ;1306inf.,-18.

téléphoner, A, Aspirer à l'aide d'un tuyau de caoutchouc le vin d'un tonneau qu'on a percé frauduleusement, méfait reproché dans les conseils de guerre du front ; 124^ inf.,

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ESNAULT 33

l^e Qie^ . j^7 ; D. ; métaphore prise de Tattitude du téléphonant et du tuyau conducteur auquel il est suspendu. B, Chier ; très usuel au 109® inf ., -16, au 95® inf., depuis fév. 18; || dlle ; se développe naturellement en téléphoner à Guillaume {écrire à Bismarck étant coco) ; d'autres, selon les antipathies, téléphonent au pape, 109® inf., -16.

temps (heure du), f., Heure vraie astrono- mique, par opposition à l'heure officielle dé- calée système Honnorat ; un 2d-m®, fév. 18 ; temps, Ciel, comme dans oiseau bleu couleur du temps, et le temps tombe par morceaux.

terri, Territorial ; lambert. torrial, m., même sens ; et torriale, f., Infanterie territo- riale ; D. m. p. Cf. les deux apocopes de téléphoniste, de capitaine et de combinaison.

têtard, m., Cheval ; agatha ; « 1' têtard du major », Feu, 106. De têtard, Têtu ; rig.

teuf-teuf (fusil), m.. Fusil-mitrailleur ; c^^, août 18. Cf. fusil automobile, m., Fusil auto- matique 1917 à chargeurs ; ib., sept. 18. Dans le f.-m. il y a évidemment de l'automa- tisme, de V automobilisme par confusion plai- sante, mais teuf-teuf a plus de précision que d'évoquer les autos : teuf-teuf^ tuf-tuf, tf-tf, est

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ronomatopée du crachat, g. e., Lois, i, 14 ; or, le f.-m., « quand il tire, me disait un cama- rade, a l'air de cracher toutes ses dents »,

G. MARÉCHAL, aOÛt 18.

tigre, m.. Soldat de la classe 19 ; un conscrit nantais signe « votre tigre », sept. 18 ; | « Les jeunes recrues de Draguignan, de Brignoles et de Toulon ont solennellement consacré en de fra- ternelles réunions mêlées de chants et d'allo- cutions patriotiques le surnom de tigres donné aux petits soldats de la classe 1919, en hom- mage au premier ministre [Clemenceau] qui est l'élu du Var depuis de nombreuses années », Matin, 25-4-18, p. 1, c. 3. Cf, : Tarmée à Clemenceau, les Renvoyés des usines en 1918 ; 40^ art., oct. 18 ; cf. joffre, charles-humbert.

tir de barrage (demander le), ou l'artillerie, Vomir du vin rouge ; 2^ c^^, nov. 15, usuel en mai 17-sept. 18. Syn. et explicatif : lancer des fusées rouges ; ib. Lancer une fusée, Vomir ; dlle.

tire- bouchon, m.. Baïonnette ; Le poilu fran- çais nomme « the old-style bayonet », (la baïonnette ancien modèle), « a cabbage-cutter », (un coupe-choux), « a cork-screw », (un tire- bouchon), Morning. Coupe-choux convient à

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la 74, mais tire-bouchon à la 86, et c'est un bon syssém. de fourchette, ce qui compense la min- ceur d'autorité du Morning. Cf. tire- Boche sous rince- Boches.

tiser qqch. (se). Prendre (comme nourriture, comme corvée), « Se mettre », « S'appuyer » qqch. : « Qu'est-ce qu'on va se tiser ! », 13^ tir. alg., juill. 18 ; « A l'Yser, on s'est tisé quelque chose », un zouave, -18 ; connu de i. lâchât, mais non par le 2^ c^^. De attise. Bois que le brasseur met sous la chaudière ? Syssém. de s* enfourner qqch. ?

toboggan, m.. A, Chute rapide d'un avion, (par ex. du fait d'un « trou d'air », dépression barométrique locale) ; Mousqu., 136 ; B, Voi- ture automobile ; l. imbert.

toboggan (sauter le). Aller à l'assaut ; 156® inf ., mai 18. L'effet de chute en arc de cercle obtenu au bas de la glissade en toboggan est-il représenté ici par le franchissement du para- pet de l'ennemi, après la course rapide sur le « billard » périlleux ? Plus probablement, to- boggan développe verbalement l'idée de saut ; l'assaut et le toboggan ont pourtant cette res- semblance réelle qu'il y faut aller jusqu'au bout ; cette idée se retrouve dans Lâchons

516 •—

tout !, A l'assaut !, d., pris au Lâchez-tout ! des aéronautes. Cf. tango.

tôlier, m., Homme puni de prison ; agath a ; de taulCf Prison. Syn. : tôlard, m., 40® art. ,-18.

tomber sur qqch., le Chaparder ; 81® t., 14-17 ; « J'avais un quart tout à l'heure ; qui est-ce qui est tombé faible dessus ? )), 81® t., -16 ; tomber dans qqch., même sens ; e. h., Temps, 24-5-15. Syssém. : s'évanouir sur qqch., le Chiper, en Prendre indiscrètement ; usuel dès -99 ; se trouver mal sur qqch., le Chiper ; RI G. ; se casser le poignet sur qqch., le Chi- per ; 81® t., 14-17; Il 65® inf., -12 ; se fouler le poignet sur qqch., le Chiper, Feu, 196 ; cf. « J'ai été condamné cinquante fois, toujours pour ivresse ; jamais je ne suis tombé sur les mains )), ... jamais je n'ai Volé,un docker nan- tais, déc. 14. L'image est celle d'une chute simulée dont le but est de ramasser un objet.

tommy, pluriel tommies (prononcés tous deux tomi), m., Soldat du Royaume-Uni ; 15- 18 ; I LAMBERT. Usucl outre-Manchc. (Les Anglais ne sont pas sûrs de l'étymologie, ou en sont trop sûrs. Certains admettent qu'un certain Atkins, Tommy de prénom, se conduisit bravement à Waterloo ; B. des A., 4-10-16,

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p. 10. On dit préférablement qu*un rédacteur du ministère de la guerre anglais, dans les pre- mières années du 19^ siècle, remplaça le N..., symbole de nom d*homme, qui figurait sur les modèles de prestation de serment, par un nom et un prénom fort communs, et qu'un sobriquet en résulta, qui traînait dans les casernes depuis longtemps déjà quand Kipling le jeta dans le grand public par ses Ballades de la chambrée dédiées à Mr T. A. ; viard, Pays de France, 5-10-16, p. 10). sammy, pluriel sammies, (prononcés sami), m., Soldat des Etats-Unis, n'a dans l'usage français qu'un succès beau- coup plus maigre que tommy. Sammy, comme qui dirait Enfant de l'Uncle Sam, ne va pas sans protestations aux Etats-Unis, dont écho dans VŒuçre, 16-5-18, p. 2. Je n'ai jamais entendu teddy, pluriel teddies, syn. de sammy, que les journaux ont vo' lu lancer, comme qui dirait Enfant de Teddy Roosevelt, sobriquet en vogue nulle aux Etats-Unis, me disent les Américains ; non plus que nicolas, Soldat russe, D. m. p., du nom du tsar Ni- colas II. yank, m., syn. estampillé par le gén. March, chef de l'Etat-Major, 14-8-18, est lui-même « unsatisfactory », The Gas Valide,

S18

(journal des Dirigeables de Paimbœuf), 16-8-18, p. 1, c. 3.

tonneau, m., Acrobatie d'aviation consistant à avancer par une vrille horizontale ; aviateurs, mai-oct. 17; | « amorce la vrille, un coup de tonneau vigoureux et une feuille morte tapée, remets la sauce au ras des tranchées boches », sTABiLo, Gu. Aér., 7-6-17.

tonneau (faire un). Lancer une bombe de tranchée vers un but précis ; D. m. p. \ \\ même sens, Argot de S^-Cyr (1893). Comparaison avec un jeu bien connu ; cf. pétoir, lapin.

torpiller, A, a, Mettre à mal : « Porte-mon- naie torpillé )), Mousqu., 36 ; b, Punir ; génie, c^^ D-4, sept. 18. B, torpiller qqn, lui Injecter de la quinine ; d. ; image prise à la guerre navale, non sans allusion au tor- pillage électrique du d^- Vincent, fameux dans l'été 16 ; cf. takata, m.. Médecin du ba- taillon ; D. ; très probablement parce qu'il pique et repique, (voir sous taper l'onomatopée tacata), antityphoïdiquemcnt et antiparaty- phoïdiquement.

toto, m., Pou ; usuel aux troupiers, hiver 14- 15, Argonne, et Champagne ; cuir., 1^^" gr. léger, Artois, mars 15 ; « totos » légende d'un

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crayonnage mural représentant un pou, Bailleulval (P.-de-C), sept. 15, d'auteur in- connu, (mais étranger sans doute au 81^ t. je n'ai pas entendu le mot); | henriot ; CHAPELLE ; Il recueilli d'une paysanne nona- génaire à Montier-en-Der (Barrois), -03, usuel à l'hôpital S*-Louis, -89, d. Cf. toto, Sein, DLLE ; et mon toto, terme d'amitié de mère à enfant, fagus, 563, non pour le sématisme mais pour leur forme hypocoristique.

toubi, m., Médecin ; quelques soldats, 15-16 ; 231^ inf., H. BARBUSSE ; I Feu, 34; dauzat, mai 17, 485. Déformé de l'arabe toubib, Médecin, très usuel aux coloniaux, aux marins, 14-18,. et depuis au moins -79. Cf. chouya.

toumané, m., Tirailleur sénégalais ; usuel aux coloniaux; | D. m. p. ; « nos Sénégalais

les Toumanés, pour les appeler de leur sur- nom français, cadets noirs de notre Dumanet populaire », guignard, B. des A., 15-11-16.

De Toumané, prénom pour le fils aîné, fréquent chez les Soninké, (Sénégal) ; / ni segué, Toumané, Bonjour mon vieux, en sabir ; Toumanéa,{= chez \0oumané), ville de Guinée; CH. MONTEiL. Cf. malabar.

tourlousine (se foutre une). Se battre (avec

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qqn); 289^ inf., oct. 17-juill. 18; || connu avant

-14 de p. CHARPENTIER.

tournant (passer au), Etre condamné par le conseil de guerre î Si les ânes « se trottent dans les lignes boches, c'est-y eux ou le conducteur qui passera au « tournant » ? », valmy-baysse, Journ., 9-10-16. Syn. : passer au tourniquet : « J'ai failli passer au tourniquet [pour insultes à supérieur] ; le lieutenant a arrangé l'affaire », Cabaret, 458; || sens antérieur plus précis,pas5er au tourniqu\ Etre envoyé aux c*^^ de discipline, 19^ inf., 95-96 ; marins, -18 ; tourner, même sens, 19® inf., 95-96. Syssém. : passer (des femmes) au moulin à café, Envoyer dans une colonie, par mesure de police, (une cargaison de femmes que la police vient de rafler), de- LATTRE, plaidoirie du 27-1-79, in rig. ; le moulin à café, la Correctionnelle ; dlle ; les prévenus défilent et sont broyés l'un après l'autre, mécaniquement, graines avant, pous- sière après ; en technologie tourniquet et mou- linet sont des syn. ; et un Moulin blé) est nommé en argot un tourniquet, dès 1628 ; le tournant est aussi un mot technique : « Sys- tème qui, dans un moulin, fait tourner les deux meules », hdt ; Biribi, les c*®^ de discipline ;

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le jeu de Tourniquet des foires s'appelle biribi ; à ce jeu a été comparé le conseil de guerre j puis une extension a porté le mot au système pénitentiaire ce tribunal envoie ses condamnés. Voir moulin à café.

tourne-broche , m., Baïonnette ; lambert ; Le poilu français nomme sa baïonnette « a knitting-needle », (une aiguille à tricoter), « a roasting-spit », (une broche à rôtir), Morning. Cf. tourne- Boche sous rince- Boches.

tourniquet, m., A, Estomac : « Ah ! qu'on va s'en fout' dans 1' tourniquet ! », Crapouillot, in Front, 16-3-17 ; tourniquet, Moulin ; le tube digestif est un moulin. B, Roulement envoyant les soldats au feu avec régularité et égalité : « Le langage de la guerre vient de s'enrichir d'un nouveau terme qui est celui de « rafraîchissement ». L'expression née, dit-on, à Verdun, est en train de conquérir droit de cité sur la Somme, l'emploi de la même mé- thode qui fit ses preuves dans l'Est, semble offrir des résultats également satisfaisants -<...>» Ce système fort bien adapté à notre caractère national, féru d'égalité, a été baptisé par nos troupiers : « le tourniquet » <<...>► Ce système donne en effet à chacun l'illusion d'une

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fin possible de la guerre en ce qui le concerne, limite et définit l'effort qu'il doit donner pour avoir droit au repos )) ; l'espoir de jouir à brève échéance des agréments d'une ville non bom- bardée « lui fait aborder le « tourniquet » avec joie et presque dédaigner les douceurs relatives du « rafraîchissement ». C'est le grand sujet des conversations du front : « Encore un tour et puis ça y est... Au repos ! ...- »», Pet. Par., 12-10-16, p. 1, c. 6. C, autre emploi, sous tournant, offrant à peu près le même sématisme que l'emploi B.

tourterelle, f., 1, Torpille aérienne à ailettes ; 156^ inf ., avr. 18 ; | En Argonne « i's r'çoivent des tourterelles, qu'i's disent. C'est des grandes machines lourdes, lancées de près. Ça arrive en roucoulant, de vrai », Feu, 234 ; « En Argonne on l'appelait encore tourterelle à cause de son roucoulement dans l'air, et hirondelle en Artois », z, Armée de 1917, 143 ; 2, Grenade boche à fusil : ({ Les tourterelles, c'est les Viven-Bes- sière boches », 34^ inf., juill. 17. Syssém. : hirondelle, f., texte ci-dessus. pigeon, m., 1, Petite bombe à ailette : « Petites bombes à ailettes que nous appelons « pigeons » », légende d'une photographie de matériel allemand pris

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au sud de la Somme, Illustration, 29-7-16, p. 104 ; du côté français se lance par canon de 58 ; 2, Grenade à fusil ; l. sambardier. Les ailettes de ces engins ont pu suffire à les faire qualifier d'oiseaux ; (cf. oiseau) ; d'où hirondelle ; l'image auditive que comportent tourterelle et pigeon serait postérieure ; cf. pi- geon ramier ; sauterelle, f., Grenade à fusil ; cuir., l^r gr. léger, 15-16.

tout du ... (avoir), Etre complètement... ; 81® t., 15-17 ; marins, 17-18 ; usuel et général ; I «T'as tout du cuistancier », Tu es sale sur toi comme un cuisto, Feu, 11 ; aç>oir tout du fumier, du choléra, Etre méchant comme une peste ; a^^oir tout de la cache, Se montrer trop difficile ; | « Non mais, t'as tout d'ia vache ! Tu voudrais-t-il des bécasses ou du saumon ? », Gaspard, 77 ; H usuel en Suisse : açoir tout de Vemmanché, du dingot. Etre sot, fou ; Schw. Sold., 72, 73. Une locution comme II a tout de son père est du français le plus anciennement normal ; Ça n^a rien de sale, C'est joli, est populaire dès longtemps ; (l'an- glais dit : « there was nothing of the sneak in Traddles », Traddles n'avait rien du jobard, DICKENS, Copperfield, vu) ; nos locutions ci-

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dessus en dérivent insensiblement, neuves par la drôlerie des compléments adaptés à ce tour. train de plaisir, m.. Gros obus pendant son trajet ; 80^ t., -16 à Boesinghe. train de per- missionnaires, m., Obus de 305 ; V. du p. métro, m., Gros obus ; D. m. p. ; « Les projec- tiles se croisent en se vissant dans l'air à 1,000 et 1,500 mètres de hauteur... Les miens jouent de la contrebasse, au moins. Les fantassins les ont surnommés le « Métro » », l. d.-a.. Echo de P., 9-10-16 ; « Son souffle est lent ; on sent un projectile plus bedonnant, plus énorme que les autres. On l'entend passer, descendre en avant avec une vibration pesante et grandis- sante de métro entrant en gare », Feu, 229. train blindé, m., Gros obus ; d. chemin- de- fer, m.. Gros obus ; 360^ inf., 14-15. wa- gonnet, m., Gros obus ; 2^ c^l, sept. 18 ; c.-à-d. Decauville. train de wagons-lit, m., Série de gros obus ; barrés. Echo de P., 23- 12-15. corvée d'eau, f., Gros obus de mor- tiers ennemis ; 207^ art., -18. Idée commune de ces syssém. : Lenteur (relative) du voyage de l'obus de gros calibre, et sonorités com- plexes de sa course, le tout comparable à la marche d'un train de chemin de fer plutôt

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lent ; en boche leiterwagen, (voiture à ridelles, guimbarde), Obus lourd ; delcourt ; cf. r « m'Siis un sifflement se fit entendre très fort ; l'obus arriva comme un train qui déraille, rasa notre maison et éclata à dix mètres d'elle et à cent mètres de moi )>, Emile c, âgé de 16 ans et demi, récit relatif au 30-8-14, in MAUBLANC (de qui est la soulignure), La guerre vue par des enfants, Revue de Paris, 15- 9-15, p. 414. Sématismes très voisins : auto- bus, rapide. Autre syssém. : tracteur, m., Avion de réglage ; art,, n. ; de sa lenteur relativement aux « chasseurs ».

train blindé, m.. A, Vaguemestre ; secteur 14 : « Un vaguemestre s'appelle train blindé, pour la rapidité avec laquelle il apporte les lettres et se débine de même », B. des A., 30-8-16, p. 13. Cette explication du mot par le té- moin est louche ; la rapidité du vaguemestre à repartir n'intéresse guère les poilus déjà occu- pés de leurs babillardes, et quant à son arrivée, on lui reproche communément d'être lent, (cf. traînard). Une meilleure explication de train blindé est dans wagon. Vaguemestre ; de wagon à train synonymie ; blindé, sorte de suffixation libre. B, a, voir sous-marin ; b, voir train.

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train (oompter au), Compter pour rien, Ne

rien valoir ; Parisiens, mai 18; 2^ c^^, -18 ; | « Cœur du manillon !... Il est bon. Et la manoche alors, elle compte au train ? », bou- langer, Est- Républicain, 20-8-16. : La seule explication que je peux proposer est que comp- ter à signifie Etre incorporé ou en suhsiatance dans, que ce train soit le Train des équipages, et que les soldats du Train étant dits trainglotSy leur nom calembourise avec la tringle^ Rien ; à ce compte * compter à la Traingleet * compter aux Trainglots auraient précédé compter au train.

train (se manier le), Se hâter ; divers soldats et officiers, 17-18 ; train^ Cul (ellipse pour train de derrière), ri g. ; se manier le train est sans doute aussi vieux que ses syn. se manier le figne, etc.

traînard, m., Vaguemestre ; secteur 66 : « Nous appelons notre sympathique vague- mestre le traînard, car il ne va jamais assez vite à notre gré pour nous apporter des nouvelles de l'intérieur et de la payse », B. des A., 11-10- 16, p. 13.

traînard (ramasser un), Faire une chute ; 360e inf., 14-15 ; l. ïmbert, -18 ; syn. : aller à traîne ; 360^ inf., 14-15.

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« Traîne-patte, surnom donné aux services de l'arrière, secrétaires d'Etat major, employés au ravitaillement, aux stations sur routes, aux magasins, aux gares régulatrices, etc. )>, sain., sans référence. Le mot est-il pris comme un syn. de Boiteux et de Malingre, ou comme un équivalent de Traînard à l'arrière d'une armée en mouvement ? Dans ce second cas le rap- port de traînard à traîne-patte offrirait comme chasse-pattes un prélude du suffixe qu'on trouve dans çosgepatte. Syssém. : traîne-cul, m., Territorial ; d.

traîne- tranchées, m.. Homme ancien dans le service des premières lignes î « Flutte pour le Métier jen n'est mare je le rend par les yeux le métier de traine tranchée 18 mois de Campagne tout a l'heure C'est trop long pour des territo- riaux <...> signé un Poilu de la classe 1893 », crayonnage dans un abri de guetteur, 81^ t., fév. 16, à Wailly, secteur M^. Un complé- ment direct se construit avec beaucoup de verbes intransitifs de sens Aller : « courir les rues », (( balader les quais », « galoper un mu- sée », « promener les bordels », « trimballer les colonies » ; de même en anglais, grec, latin.

tranch' caille, f., Tranchée ; inf., Lorraine,

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*14 ; 106^ chass. (recrutement notablement pa- risien), oct. 17 ; génie, 289^ inf., 40^ art., avr. 18. Syn. : tranchaille, f. Eh ! sergent, sur le cahier du Toubib, mettez que Riquet des Tranchailles a mal aux « cannes » )), Crapouillot, in Front, 16-3-17. tranchade, f. ; D. m. p.

tranch'mar, f. ; d. Suffixes : -ade, attri- buable à la langue d'oc ; -caille, cf. rouscail- ler ; -aille, cf. corçaille ; -mar, cf. zigomar.

tranche de melon, f., Calot ; d. Image précise pour le calot « réglo », non pour le calot « fantais' » à forme de caravelle.

tranchée, f., A, Fente sexuelle de la femme ; 81^ t., -16 ; cf. chicane. B, Femme ; 81^ t., -16. D'où la personnification de la tranchée du 81^ t. en commère de revue : « La Commère (Entrant) : La Tranchée I... la voilà ! », péaud et RIVET, C'est Beau... Mais..., prologue, se. 8 ;

le sens B a l'avantage de rappeler trancher. Baiser : « Il passe son temps à trancher les femelles de B<...> », 81^ t., -15.

tranchéien, m., Soldat des tranchées : « Un ancien article paru ici même narrait la bonne camaraderie des « tranchéiens » », Carnet de la Semaine, 8-7-17, p. 4, c. 1.

tranchéite, f., Spleen des tranchées i La bouf-

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ESNAULT 34

larde « prévient la « tranchéite ». Honneur à la pipe du soldat ! », B. des A., n^ 92. Même suffixe médical dans bouite, f., Maladie consis- tant à être crotté de pied en cap « En tout cas vous avez une bouite », un major, 81® t., août 15 ; blérancourdite, f.. Désir immodéré de faire un tour à l'Arrière, maladie qui se gagnait au poste de secours de Blérancourt (Oise) ; 289® inf., -18 ; cutsite, f., cameli- nite, f., même diagnostic, épidémies qui succé- dèrent à" la blérancourdite, et dont le foyer était Cuts (Oise) et Camelin (Aisne) ; 289® inf., -18 ; ces trois mots usuels aux poilus ; flemmite et (par chevauchement avec méningite) flem- mingite, Flemme morbide ; espionnite, Ma- ladie mentale de voir des espions partout.

trente-zob, m., Canon de 37 ; 13® tir. alg., oct. 18 ; libre « suffixation » erotique.

tréteau, m., Cheval ; agatha ; Feu, 106. Un tréteau est un appareil, analogue à un che- valet, pourvu de quatre pieds et servant à porter avec stabilité ; un sématisme inverse fait du cheval un tréteau ; cf. fokker.

trimbouelle (ramasser une), Tomber de son haut. Rouler par terre ; fantassins, mai 18. ? Du radical de trimballage, Transport.

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trisser, se trisser. S'en aller rapidement ;

« Je m' trisse », « J' vais ni' trisser », usuel aux 18e t. (Paris et Normandie), 51^ t., 359^ (Lyon), 106e (Paris), 120^ (Nancy) inf., 16-17 ; 154^ inf. (Meuse), 13^ tir. alg., -18 ; (non au 81^ t.) ; « L'eau a trissé »,... a giclé du robinet dans l'évier, soldat, -17 ; « Tu parles qu'il a envie de trisser ! », 2<i-me (provençal), -17, parlant d'un ballonnet gonflé d'hydrogène ; | « le Boche avait « trissé » et s'était « cavale en vitesse »», chaîne, Mémoires d'un Rat, ii, 1 ; apparenté à trisse, Diarrhée, à Montbéliard, sahler, Vieux propos (1917), drisse, Diarrhée, dlle, F.-A., (d'où dringue, Diarrhée et, dès -87, Peur) ; la Diar- rhée est la courante. Dér. : trisse, f., Action de fuir ; 109® inf., 16-17, notamment dans boyau de trisse, Boyau propice à la fuite au moment du danger, (inexistant, mais les poilus se vantent de le repérer soigneusement dès la montée en secteur, et les nouveau-arrivés au front croient sur la foi des anciens à sa réalité et à son utilité) ; d'où prendre le boyau Von Trissmann, Fuir; 289® inf., juin 18; cf. : « Alphès qui savait tous les chemins hors la fuite », HUGO, Les Trois-Cents.

trois- kilos, m.. Main appliquant itn, coup :

^ 531

« Un trois kilos te la fermerait vite ! », Feu, 27 ; syssém. : demi-lwre. Main : « je vous tends ma demi-livre », un apprenti, Paris, -03.

Sous-entendu : de viande.

trois points (atterrissage), Atterrissage suc- cessif (au lieu d'être simultané) des deux roues et de la béquille de l'avion ; Miramas, mai 18.

trouillard, Peureux ; usuel et général; | (( C'est pas des trouillards », richard. Pet. Par., 14-5-16 ; Pépères, 35 ; déch. ; jj oublié par les lexicographes ; syn. : trouleux ; Paris, 1900.

trubulu, m., Chahut, Grosse affaire : (( L'Yser ? La Champagne ? Même Douau- mont et Vaux ? Jeux de gosses, à côté de Thiaumont. Là, c'est le grand trubulu et la grande misère », Trois jours, Matin, 19-7-16.

Apparenté à tribulation ?

tue-boches, m., Fusil : « Alors le môme La- raupem décarre de la cague, il se frotte un peu le coin des carreaux, prend son tue-boches et va prendre la faction », paraud, texte dans le Figaro, 5-5-15, (voir pagna) ; sain. traduit tue-boches Baïonnette, sans réfléchir qu'en première ligne le soldat dort ceinturon au flanc et n'a pas au réveil à chercher sa baïonnette. »

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tuer, A, Démolir, en parlant d'une automo- bile : tuer une ^'oiture ; un conducteur, avr. 18 ; Il tuer une pièce, l'Abîmer, style de charpen- tiers ; RiG. ; syssém. : assassiner un camion (automobile) ; un conducteur, avr. 18 ; « mon camion était mort )),... était Démoli ; un conducteur, avr. 18 ; fusiller ; zigouiller ; B, Casser, en parlant de la figure : tuer la gueule à qqn, la lui Casser, le Tuer ; « V'ià qu'ils nous tuent la gueule et qu'ils voudraient, après, nous la fermer ! )), Cabaret, 470, c.-à-d. Voici : les mêmes artilleurs qui nous tuent (en ligne, par leurs tirs mal réglés), voudraient ensuite nous empêcher de parler ; (la dans ce texte ne renvoie pas à gueule de la proposition précé- dente ; la fermer fait corps).

tunard, m., 1, Pièce de 5 francs : « un tunard par jour )), Cabaret, 458; | frère thunard, même sens ; dlle ; 2, Billet de banque de 5 francs ; 106^ chass., sept. 16 ; usuel aux pari- sianisés ; dérivé de tune, Pièce de 5 francs ; le rapport de tune à tunard se retrouve de flèche à fléchard. Sou ; cf. frontard.

tuyau de poêle, m., 1, Projectile en tôle, lon- gueur 0^^,60 à 0°^,70 ; largeur un tuyau de poêle ordinaire ; charge un explosif, (d'ordi-

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naire, de la cheddite), muni d'une mèche lente et quelquefois, en outre, d'un percuteur ; portée maximum 150"^ ; roulant après sa chute, il peut aller éclater dans un abri-caverne ; 80e t^ .16 à Boesinghe ; 340^ inf., avant juin. 16 ; soldats à Sanzey (M.-et-M.), juill. 16; 14e chass., nov. 16 ; 95^ inf., avr. 18 ; | voir na^et. 2, Bombe de crapouillot ; 360^ inf. et cuir., l^r gr. léger, -15 ; 2^ c^ï, -18.

usine à gaz, f.. Avion Bréguet ; déch. Cf. cuisine-roulante.

vachard, 1, Lâche: « si personne ne les sur- veille [les hommes des Bataillons d'Afrique], ils vont adopter l'attitude vacharde du mulet au repos, et ils vont se tourner les pouces ou feront la sieste )), z. Armée de 1917, 218 ; cache, Lâche, et vacherie, Saleté, usuels et anciens : « ça va être encore de la vacherie », propos d'une escouade qui attend le retour des hommes de soupe. Feu, 22 ; « si on s' carre à l'abri, la dernière vacherie qu'on puisse faire c'est d' faire croire qu'on a risqué », ih., 137 ; cf. frontard. 2, m., a, Rossard, Lâche; b, Rosse, Pas tendre ; 40^ art., -18 : un sale vachard.

vague. Bizarre, Louche ; 81^ t., mars 16 : « Je n' sais pas si not' chef de bataillon est

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chant, mais il a quèque chose de vague dans la peau ».

vague, f.. Fraction qui fait tel service de telle à telle heure ; 10® art. 1., fév. 17 : « On fait ce service par vagues, j'étais de la troisième vague, lui de la seconde ». Vagues, Lignes d'assaillants, (lignes minces, ou lignes de pe- tites colonnes), qui, successives, déferlent contre la tranchée ennemie. Manuel du chef de sec- tion (1916), 374.

vainqueurs de la Marne {les), m., les Gen- darmes ; 2^ c^^, déc. 17. Double ironie : pas combattants, faciles vainqueurs du pauvre soldu.

valdingue (faire, ramasser un). Tomber de son haut. Rouler par terre ; 87^ inf., -15 ; 156® inf. et divers fantassins, mai-juin 18 ; syn. : aller à la valdingue ; 289® inf., -18 ; ramasser une valdingue ; c^^, -18 ; aller à valdingue ; 360® inf., -15 ; valdinguer ; 289® inf., -18 ; cf. ^aldringue, f.. Etat d'ébriété qui amène une chute par terre, en- tendu avant mai 18, peut-être à Blain (Loire- Inf.) ; apparentés à vadrouille, Vagabon- dage, ou à valdrague. Désordre ? suffixe comme ribouldingue (Vadrouille noceuse), bal-

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dingue, drelingue, dringue (sous trisser), gringue. valise, f., A, Projectile d'artillerie lourde ; 156^ inf., juin 18 ; divers soldats antérieure- ment ; comparaison du contenu assorti d'un obus aux articles divers d'une valise, (cf. mar- mite) ? ou simplement idée de colis balancé en vitesse ? B, Torpille aérienne boche sans ailettes ; l. sambardier ; cf. « les calendriers, les guitares, les raquettes, les {>alises, c'est toute la variété des torpilles et autres engins simi- laires », CHAPELLE.

vaseux, 1, Songeur et irrésolu ; usuel et gé- néral; I « j' dev'nais vaseux devant c'te porte », Feu, 21-8-16 ; « Il devenait vaseux », FABRICE et MARLE, Tribulations d^un Boche, 22 ; cf. l'anglais muddy, 1, Vaseux, 2, Lourd, Hébété ; mudded et muddied, 1, Bourbeux, 2, Déconcerté. 2, Brouillé du cerveau (par l'ivresse) ; 81^ t., -16 ; cf. l'anglais muddied, 1, (eau) Troublée, 2, (homme) Grisé, (esprit) Hébété. Dér. : vasouiller, Etre irrésolu : « Le ballon vasouille », ... Ne sait aller, (le vent ne le drosse pas nettement), -17 ; va- SOUillard, Brouillé du cerveau (par l'ennui) : « On commence à être vasouillard », jeune sol- dat se plaignant de la monotonie du voyage

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en chemin de fer, -17 ,; voir gazouiller.

vendrou, m., Rengagé ; 40^ art., sept. 18. Vendu, Rengagé, suffixe d'après ... ?

verdure, Réduit à l'impuissance : « Trois francs [dans mon portemonnaie] ! Mon vieux, faudrait voir à m' remplumer, sans ça, en r'descendant [des tranchées, nous allons monter], j' suis verdure », Feu, 191; || mot de voyous et apaches : « Tâche d'en sortir [de la prison maritime] et surtout ne te bile pas : si tvi es verdure, tu peux t'en rapporter à moi pour serrer la cuiller [Faire son affaire] à ce vieux fayot cause de qui, l'ayant assailli et volé, tu es en prison] », matelot l, lettre, in Dépêche de Brest, 10-2-06. Tiré de çert, même sens, (comme de jaune, Traître, se tire jaunisse, Traître) ; ^ert- pomme- pas- mûre, Frustré ; 81^ t., 15-17; | en être çert-pomme,... Etonné, Surpris ; lambert.

verni, Veinard ; 81^ t., 14-17 ; | D. m. p, ; « Pendant tout c' temps [retraite de Belgique et bataille de la Marne] j'ai été verni. Pas une égratignure », g. v., N. Contes ver., 263 ; « les gars de la 9^, ils sont vernis ! Une vieille les reçoit pour rien », Feu, 80 ; « Il est toujours verni, V 5^ Bâton. Jamais i' n' donne comme

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nous ! )), ib., 265 ; aux cartes, « tu es verni ou tu maquilles les brèmes : l'un des deux ! », MAC ORLAN, Joum., 31-12-16 ; « Mais si l'avion [boche] tombe dans nos lignes, il n'y a plus de doute, tel pilote l'a abattu -'— du reste, ce « vernis » est vite rentré et raconte le coup aux copains », (verni parce que sa victoire sera homologuée), v..., Gu. Aér., 19-4-17; j] usuel aussi à Genève, Schw. Sold., 72 ; « je ne suis pas vernis », Nénesse, 80 ; cf. :'(( Il n'y a que les pantes qui ont une couche de veine », Moi je n'ai pas de chance, ib., 248 ; « Lui-même a foi en son étoile et ne cesse de répéter qu'il a la « peau vernie » », galopin, Mascotte des Poilus, I, XI. Dér. : vernissé, Veinard ; 81^ t., 14-17 ; ç^erni et vernissé s'emploient souvent

par ironie à propos de déveine, comme jade

pour signifier Frustré de sa part, comme cité pour signifier Puni, d. vernoche. Vei- nard : « Mais ce serait trop vernoche » si les Boches s'en allaient tout d'un coup, pan- truchard ; cf. sardoche. dlle a déjà petit i>ernis, Jeune élégant ridicule. Syssém. : reluisant^ brillant, gommeux, qui jette de rhuile^ juteux, doré. Le luisant d'une peau en santé florissante sématise le Bonheur, d'où la Chance.

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L'épiderme de toute peau arrive à s'appeler le vernis : « Je me suis heurté contre le mur et je me suis enlevé le vernis », 81^ t., -16. En un autre sens le vernis est l'Ensemble des gens chics, des « heureux » : « Je suis plutôt pistonné au vernis, comme tu vois... On a des relations dans le dessus du panier », Nénesse, 155.

vésicatoire, m., Havresac ; 246^ inf., juin 17, à Moronvillers : « Le vésicatoire me tire sur les côtelettes )>. Métaphore de sensation mus- culaire. — Cf. dur, m., Havresac ; inf. c^^^ ; p.

veson, m., Idée fixe de paresse et de déses- poir ; 80e t., -16 ; 81^ t., 15-17 : « J'ai la cosse aujourd'hui, c'est plus fort que la flemme, mais un peu moins que le veson » ; divers soldats et marins, 17-18 ; « avoir le gros veson rouge », Avoir la cosse, Miramas, mai 18. Le vesori est, disent les uns, « 100.000 fois plus terrible que la flemme », les autres « à 40 degrés au- dessus du cafard », ou « au-dessous » comme on voudra ; le « veson noir » est inguérissable.

vétérinoir, m., Médecin-major ; 81^ t., août 17.

Libre suffixation sur vétérinaire ; même suffixe : désertoir, m., Déserteur ; 81^ t., -16 ;

réservoir, Réserviste, qui fait calembour. Cf. état- mâchoire.

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veto, m., Vétérinaire ;87^inf.,-14 ; [ D. m. p.; Feu, 106 ; (( Le Veto du manège de chevaux de bois », signature, Dernier bateau, in B. des A., 5-4-16 ; Il à l'école vétérinaire, Toulouse, 99-06.

Le grand nombre des apocopes arrêtant un mot sur un o, (voir aréo), a suggéré depuis une quarantaine d'annéfes le procédé de rapocope renforcée d'un suffixe -o : ventilo, m.. Ventila- teur: « J'embrayais mon ventilo à 600 [tours] )), pilotes de dirigeables, déc. 17 ; ^ stabilo, m., Stabilisateur d'avion ; Gu. Aér., 8-12-17, p.206, c. 3 ; carburo, m.. Carburateur ; Mousqu., 95 ; mécano, m.. Mécanicien ; branco, coloro, conçalo, cuiso, cuisto, mobilo, vaguo ; rototo ; cyclo, m.. Cycliste ; 40^ art., -18.

Notons un suffixe -lo dans cwlo, m., Civil, (usuel et universel, (i) ; usuel dès-95), (cf. fromlo, Fromage, en Suisse ; viselot, Vice et Vicieux, ROSS.) ; un suffixe -no dans pé- gu'no, (cf. croquenot, Soulier) ; le vieux suffixe -go dans spago, m.. Spahi ; p. théry.

victime, Dupe, Mal partagé dans une distri-

(^) On ht souvent ciblot ; M. P. Charpentier l'emploie en m'écrivant. Je ne l'ai entendu jamais ; a. blanc non

plus, ni F. DE KERALIO ; G. FERRAND, G. MARECHAL, L.

SAMBARDiER, u'oseut pas être aussi négatifs. 540

bution ; 81^ t., 14 .(Parisiens) -17. Le mot, pour cet emploi adjectif et sans complément, a pu être influencé par l'anglais to fell a victim (ex., DICKENS, Pickwick, éd. New Century, 13), Devenir victime, (cf. « they 're the wictims o' gammon », Ils sont victimes de la blague, i6., 390) ; le turf et la galanterie auraient servi de pont : « un lieu dit le « Cercle" des Victimes », assez nauséeux tripot situé aux environs de la porte Dauphine », fréquenté par les jockeys, MANDELSTAMM, Jim Blackwood, 40.

Victor, m., le Fusil Lebel ; D. m. p. Oscar, le Fusil ; d.

vidange, f., Brisque en forme de V à laquelle ont droit les militaires renvoyés à l'arrière pour maladie ; Cri de P., 7-5-16, p. 7, c. 2. Vider qqn, le Mettre de côté. Le porteur de cet insigne a été çidé, Evacué, du front.

vider ses poches, Chier ; 81^ t., 14-17.

village nègre, m., Groupement circulaire de cagnas ; 81^ t., -15 (Wailly, cote 105) ; | péri- CARD, Face à face, 341.

villégiature (être en^, Se sentir allongé et raidi du bas-ventre : « Depuis ce matin, je sais pas si c'est le wagon, mais je suis en villégia- ture », jeune permissionnaire, 34^ inf., juill. 17.

541

' Syssém. et explicatif : « Je pars en voyage, i'ai ma canne », le même.

vinaigre (faire), Se dépêcher ; marins, nov. 17; I « C'est par ici !... Par ici !... Eh ! les gars, faites vinaigre ! On se précipite sans par- ler, à travers le dédale du boyau », Feu, 219 ; Il Du vinaigre !, Vite !, dlle. Cf. donner du i^inaigre, Presser le mouvement (en faisant sauter à la corde), hdt.

vinasson, m., Vin ; D. m. p. ', cf. pétasson.

vingt-deux, m., A, Moment il ne sied pas s'attarder, parce que ça devient dangereux ; D. m. p. ; « il avait Tair pas rassuré <!••.> c( C'est 22 », qu'i' disait », Feu, 58. B, Lieute- nant du commandant du camp d'av»" de Pau et de tout camp d'av^^ ; mécanos, Pau, mars 18.

Du i^ingt-deux, çlà les flics ! des apaches, (d'où pingtdeuser qqn. Faire le guet pour le pré- venir de l'arrivée de la police, Paris, -09), passé chez les ouvriers ; çingt-deux I, commandement usuel dans des chantiers de construction nan- tais pour que les hommes qui portent une poutre la jettent à teVre ensemble. Le sens B semble confirmer l'étymologie proposée pour sous-marin, et assimiler l'officier à un danger.

Les flics font leur ronde par couple ; cela

542

fait deux paires de jambes, deux fois onze.

virage de danseuse, m., Virage brusque, cabré et suivi d'une descente ; aviateurs, Miramas, mai 18.

viser, usuel et général aux trois sens, 1, Re- garder : (( Vise-moi ça [un bureau plein d'em- busqués] : ça fait pitié ! », Gaspard, 243 ; « Vise le copain », benjamin, Journ., 17-6-16 ; « Mi- sérables, ils raillent plus misérables qu'eux. Vise- moi ç'ui-ci », Feu, 46 ; 2, Voir : « Je t'ai visé en train de chercher des têtes d'obus », 81® t., -15 ; d'où mal-visé, Peu aimé : « Les aviateurs finissent par être mal-visés dans Paris », cause de leurs fantaisies), un pilote de dirigeables, déc. 17 ; 3, Comprendre : « Assez ! visé ! », Suffit, j'ai compris, 2^s.mes^ janv. 18 ; d'où viscope !, C'est bien, d., par allusion au vieux et usuel viscope, Visière du képi. Sens sortis des emplois militaires ou diversement techniques on regarde avec soin en guidant l'œil sur une mire ; comme,pour viser, on n'ouvre d'ordinaire qu'un œil, viser est syn. de bigner, guigner, loucher, tous verbes que le peuple aime employer pour Voir, parce qu'il s*y ajoute une idée de malignité ; mal- visé est décalqué de mal-vu ; le sens 3 fait allusion

^ 543

à la signalisation optique on envoie « Com- pris » pour passer à la suite.

visser un ours, Ennuyer par de longs dis- cours ; transmis à h. barbusse; | « tu n' pou- vais pas ouvrir ton bec sans nous visser un ours à propos d'elle [de ta femme] », Feu, 109 ; chevauchement de poser un ours, Débiter des bavardages insipides, rig., {ours, Bavar- dage insupportable, rig.), avec visser une caisse. visser une caisse. Tenir de longs dis- cours ; 22^ G. O. A., 14-16 ; la caisse est une quantité, (voir déculottée), Vours un objet, mais tous deux se vissent dans la tête de l'écou- tant ; cf. se boulonner une idée dans la tête, Se l'entrer fortement, forest. Matin, 3-8-17.

volant, . m.. Artilleur à cheval des 0°"^ de cavalerie ; 40^ art., juin 18.

vomir dans les choux (se), Etre jeté hors de son appareil à l'atterrissage ; esc. S-152, juill. 18 ; syssém. : être vidé par son appareil ; aviateurs, 17-18 ; syn. : être servi, déposé.

Von Kliick (pêche à la), f., Pêche à la gre- nade, — c.-à-d. à « la manière forte, chère à ce général », déch.

vosgien, m., 1, Lard ; 40® art., -18 ; 2, Porc ; ib. Les Vosgiens sont appelés

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bouffeurs de lards, m., ib., gros lards, m.,

inl'., Lorraine, -14 ; d'où le retour du séma- tisme ; cf. fokker.

vrille (en), En spirale de diamètre dimi- nuant, sorte de descente (en avion) ; d'où vrille, f.. Descente en vrille ; aviateurs, 16-18. vriller, Tomber en vrille ; Mousqu., 59.

wagon, m.. Vaguemestre ; secteur 146 : (( Chez nous, le mot d'argot par lequel on dé- signe le vaguemestre, c'est le wagon, ou plus communément le facteur )), B. des A., 26-7-16, p. 12. Vag-on, de çag-înestre, suffixe-calem- bour. — Syn. : vaguo, m., aux Balkans : « Vive- ment le vaguo )), Glorieuse Bretagne des Armées, 15-8-18, p. 14.

ya-ya, m.. Boche ; a. arnoux; [ Nos mi- trailleuses balayaient le champ « quand les ja-ja essayaient de ramper », Cabaret, 462, (ce / est le iott allemand) ; cf. le « clan des ya », les Boches et « embochés », l. daudet, A. fr., -17, passim. De ya, Oui ; sobriquet par la parole fréquente et typique. Les Américains à S*-Nazaire, -18, et les Boches, nous appellent les Oh-là-là, non parce que ce serait la plainte des blessés français, comme le dit delcourt, mais parce que tous les Français le disent cons-

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ESNAULT 35

tamment, pour exprimer moquerie, ironie, stu- péfaction amusée. Cf. chtimi.

youyou, sans doute m., Bombe d'obusier de tranchée : « l'horrible bombe qui naguère ve- nait en se lamentant et que les Boches ont réussi à rendre muette se nomme selon les sec- teurs youyou, fléchette ou queue de rat », APOLLINAIRE, M. de Fr., 16-2-16. Onoma- topée de cette lamentation.

zèbre, m.. Avion rapide ; Mousqu., 44 ; j] Cheval ; Argot de S^-Cyr (1893). Antonyme : éléphant, m., Biplan à grande envergure, ap- pelé aussi autobus ; Mousqu., 44.

zébu, m.. Homme des soi^s ^q discipline ; d. Bétail étrange, et, le zébu ayant une bosse, un peu chameau.

zeph, m.. Vent ; usuel dans l'aven et l'aéro- nautique ; 16-18; I « dans 1' zeph », musidora ; Il RiG. Apocope de zéphyr.

zeppelin volant, m., Caudron triplace ; dbch. Avion, mais colossal.

zeppelin (peau de). Rien : « on a tout sup- primé, tout... c'est nibé, rasibus et peau de zeppelin », donnay, Impr., 72, propos d'un ouvrier parisien. Queue calembourique sur peau de zébi, même sens ; zébi, zobi, Membre

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viril, sont usuels aux troupes africaines, ^ surtout sous la forme zob, 4<^ zouaves et ma- rins, 17-18 ; « mon zob ! », formule de refus. Cf. trente-zob.

KÎgomar, m., Sabre de cavalerie ; dépôt de dragons dans l'ouest, e. h., Temps, 24-5-15 ; BENRioT. La terminaison est due au souve- nir du héros d'un roman sanglant paru dans le Matin en -10, le Zigomar de sazie ; ce nom de bandit se tirait sans doute de zig. Homme, zigoto, Individu épateur, {faire son zigoto, dès -02 au moins), par le suffixe argotique -mar usuel dès 1800, {guich^mar, Guichetier, boss'- mar, Bossu, etc. ; cf. offic^mar). Le nom de ce meurtrier, quoiqu'il ne fût pas sabreur, a-t-il suffi pour faire baptiser le sabre de cavalerie ? On peut supposer un syllogisme plus précis. Majeure : allusion à la marque Z que porte un certain sabre, comique par le suranné de son modèle, ce sabre des pompiers et des sergots, que portaient aussi, au début de la guerre, les infirmiers et brancardiers, le sabre nommé par la théorie sabre série Z. Mineure : allusion à ce fait, copieusement réitéré dans le roman de M. Sazie, que l'assassin en chef Zigomar et la bande des Zigomars ses séides ont pour signe

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de reconnaissance la lettre majuscule Z, soit découpée, soit brodée sur des cagoules, ou collée aux murailles, ou dessinée d'un geste dans l'air, ou tracée du doigt sur une table. Conclusion Sabre (série Z, ou autre) = Zigomar. Si on ajoute à ce sématisme que le lieu, peut- être unique, le mot a été observé est un dépôt de l'ouest, il est vraisemblable que les cavaliers avaient déjà nommé leur sabre un zigue ou un zigouillard ; ce n'est plus seulement une lettre initiale, mais un vrai radical, qui se trouvait tout prêt à recevoir la terminaison -omar.

zigouillard, m., Surin, Couteau pour tuer ; 81® t., -16 : « Il ne serait pas long à jouer du zigouillard », un Nantais. Saintongeais zigue-zigue, m.. Méchant couteau ; nantais zague, m., Egoïne.

zigouiller, 1, Tuer ; usuel et très général; | « on va se faire zigouiller comme des lapins », Gaspard, 42 ; || en -08 j'avais l'impression de connaître ce mot depuis longtemps ; date de -97 au moins dans les milieux ouvriers de Paris, DAuzAT, 16-4-17, 667 ; « On a « zigouillé » Ro- marin » parce qu'il pouvait nous vendre, pro- pos de David, bandit de la Drôme, Matin,

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3-11-08 ; ROSNY, Dans les rues, 244, leroux, Roi Mystère, II, xviii, {Matin, 22-12-08), BRUANT, Loupiote, XI, [Journ., 2-11-09), le mettent dans des bouches d*apaches ; adam. Ville inconnue, i, [Matin, 10-2-11), de soldats coloniaux. C'est un mot de Pouest : poitevin zigouiller. Couper au couteau en déchirant ; vendéen sigouiller, Ebranler, Remuer vive- ment ; angevin zigâiller et sigâiller. Couper en déchiquetant avec un mauvais outil ; nantais ziguenailler. Hacher malproprement, Scier lon- guement ; sciguenailler, Faire des efforts répétés pour arracher quelque chose, a. leroux (1886). 2, Démolir à force de malmener : zigouiller une auto, S. A. P.-X, sept. 16 ; syssém. : tuer.

zigzig (faire), Coïter ; S*-Nazaire, mars 18 ; s^n sanit. 85, oct. 18. Sabir aux Yanks en voisinage ; cf. calabousse, sammy, zigzag.

zigzorniffe, m., Eau-de-vie ; génie, -18. Etymologie (?) sous gnole.

zim-boum, m., Obus, A, de canoii-revolver ; 80^ t., -16,'Boesinghe ; B, de 88 autrichien ; ib. ; C, de 105 autrichien ; ib. ; | « le « zim- boum » de Cheppy », Bourru, 119 ; « Bzim ! bdoum ! éclate le 105 », péricard. Face à face, 22.

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A, 1, Mitraille : recevoir du zinc, envoyer du zinc ; Lambert ; 2, Obus ; gé- nie, téléphonistes, juill. 17, au front ; usuel au dépôt de ce corps, 17-18, mais non dans toutes ses unités dispersées au front ; d'où aingUet, Pleuvoir, en patlant d'obus : « ça zinguait », 8^ génie, juill. 17, même remarque ; sens 1 et 2, zinc substitution syn. de /er, tout à fait extérieure à la chimie. B, 1, Bicyclette ; marins à Rochefort, -18; || Paris, 10-14 ; 2, Auto ; usuel, 15-18 ; | pawlowski, Signaux^ 123 ; 3, Avion ; usuel aux aviateurs, 16-18 ; I « foutu pour foutu, à 160 à l'heure, de toute la force de mon Gnome, j'entre dans son î^inc », SEM, Journ., 27-5-16 ; 4, Dirigeable ; pilotes de dirigeables (qui ont pour partie fait de l'avia- tion), nov. 17 ; ces sens B ne sont pas dus à la même ironie déprédatrice que les sens A ; j'y vois plutôt Pimage, très lâche, dfe véhicule métallique, exprimée par Récipient de zinc (^) ; cf. bidon de zinc, m., Sous- marin, « On n* trouve pas comme ça à profusion des marins

(^) Cf. poubelle, f., Char d'assaut ; b., c.-à-d. Boîte métallique fort pleine et malodorante ; dépréciation pat- io nez, par l'œil, et quant au métal.

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qui consentent à s'embarquer dans les « bidons d' zinc » », GALOPIN, Requin (Tacier,,., i, {Journ., 28-11-17), qui serait syssém. de bocal et calebasse, Logement, l'espace se meut l'équi- page de l'avant à l'arrière ayant forme de cylindre, mais qu'ignorent les marins, même affectés à cette navigation, que j'ai question- nés ; une étymologie a cours parmi les avia- teurs : les ailes des avions furent longtemps peintes de gris métallique, et les recrues, règle- ment, demandaient en frappant sur l'entoilage « c'est du zinc ? » ; outre cette bizarrerie de mettre paternement les as à l'école d'argot chez les novices, l'explication a le tort grave, séparant le sens Avion du sens Bicyclette, de renoncer à une filière sémantique qu'on re- trouve sous tacot, etc. C, Canon ; 40^ art., -18.

Dér. : dézinguer, 1, Démonter, Démolir ; 8^ génie, mai 18 : dézinguer une machine, la Déranger ; ^ 2, Tuer ; 289^ inf., juin 18 : dézinguer un Boche* le Descendre ; se tire de zinc, devenu syn. de Machine.

zingué. Ivre ; 81^ t. (Nantais), juill. 16. Syssém. de rétamé j bljindé. Ivre.

zinzin. A, 1, Moteur d'avion ; 81^ art. 1.,

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mai 18 ; 2, Avion ; 81^ art. 1., mai 18 ; 3, Dirigeable ; centre de dirigeables, -17. B, a, Voiture légère du train d'av<^ii ; aviateurs, L. POTTECHER ; b, Tracteur lourd d'art. 1. ; 81^ art. L, mai 18 ; c, P, nom personnel d'un tank : « le « Zin-Zin )> », Journ., 24-6-17 ; 2^, Tank ; 500^ A. S., un officier « range ce mot parmi les vieux termes génériques du genre voiture, appliqués à l'espèce tank «, G. MARÉCHAL, août 18 ; | « le généralissime fit connaître aux armées et au public la part prise par nos zins-zins (ainsi les poilus nomnient leurs tanks), dans l'offensive. <C...> Devant les zins-zins, affolés, ils jetaient leurs armes », ano- nyme, « Tanks » et « zins-zins », Les chars d^ as- saut », Journ., 24-11-17 ; « TANKS. Deux mé- canos, perdus dans un zin-zin », Vie Par., 23-3-18, p. 269, c. 1. C, Obus ; 360^ inf. et autres corps, 14-15, m. protat ; zouaves, chasseurs et fantassins depuis -16 seulement, témoignages de Parisiens, avr. 18 ; c^^, août 18 ; I DAUZAT, 16-5-17 ; Obus qui arrive et va éclater ; 270^ art. et 8^ génie, mai 18 ; d'où zinziner, 1, Bombarder : « la route est zinzinée », Poilu du 6-9, in B. des A., 15-11-16 ; 2, Pleuvoir, en parlant d'obus :

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« ça zinzine », 109^ inf. et génie, 17-18. Cf. dzin-dzin, (m. ?), Mitraille ; d.

Trois étymologies s'offrent : A, l'onomatopée zinzin, qui sert en provençal pour le bourdon- nement du moustique, (cf. à Nantes le père Zim-Zim, sobriquet d'un joueur de vielle), en invoquant l'analogie de youyou, onomatopée devenue le nom de la torpille ; B, l'adjectif zinzin, Paresseux, en H*-Maine, montesson, en invoquant la lenteur relative des tanks et des gros obus et rappelant, comme syssém., glinglin ; d'ailleurs ce mot peut très bien se rattacher à l'onomatopée susdite, car les insectes bourdonnants servent en sémantique populaire à signifier Inutilité, Remuement vain, (cf. grelots) ; G, le substantif bousin. Bordel, Boîte à chahut, zinzin par apocope à redoublement. Cette étymologie est la meilleure : 1^, elle rend compte de l'application de zinzin non seulement aux véhicules aériens et ter- restres, qui sont bien des maisons dansantes et bruyantes, mais à d'autres objets bruyants, à l'obus fauteur de désordre ; et on n'a pas à répartir en mots de radicaux divers tous ces zinzins dont la cohérence sémantique est sen- sible et analogue à celle qu'on observe sous

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zinc, tacot, bécane ; 2^, bousin et son doublet bousine se recueillent aux sens Locomotive et Mitrailleuse, c.-à-d. pour l'idée de Machine bruyante, et sont des syssém. de tacot et zinc ; 3^, mot bousiné se recueille comme syn. de zinzine : « une route bousinée, Défoncée par les obus », 81^ art. 1., mai 18, se tire de * bousin, Obus, générateur direct de zinzin, Obus ; 4^, le mot zinzin m'est d'abord arrivé, au 81® t., dans deux emplois non militaires, 1, un zinzin, une Maison de vin et d'amour se tient urî bal populaire ; « le zinzin entre Moriville et Portieux y), nov. 16, apocope de bousin, Bordel ; 2, du zinzin, du Bruit : « Les avions vont venir ; y aura du zinzin cette nuit », juin. 17, apocope de bousin. Chahut. Les mêmes Nantais (ouvriers, dockers) employaient ces deux sens, (et ignoraient ceilx qu*on trouve ci-dessus). Ces deux sens sont étroitement liés : tout mot signifiant Mauvais lieu signifie Bruit scandaleux, (et l'inverse est vrai) ; ex. : boucan, sabbat, bazar, bastringue^ chabanais, dé- dale, ^n Anjou chutrin, en vieux-français iriga/, du latin au français bacchanal, du français au. brpton taudion, en italien chiasso et charivari» zizi, m.. Moteur Anzani (pour avion) ; Mi-

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ramas, mai 18. Onomatopée ? Ou extrait du nom Anzani ?

zonard, m., Soldat de l^e classe; 94^ inf., 15-16; I D.

zouavette, f., Soldat venu aux zouaves d'une autre arme, (par ex. un boulanger originaire des C. 0. A.) ; 4e zoua>ves et 2^ mixte, 17-18. Le genre et le suffixe signifient que c'est un zouave d'occasion, à la manque. Le mot a eu aussi un autre sens.

ZOUaviller, Faire le brave ; transmis à h. Bar- busse; I « Mais ç'ui-là, s'il a voulu zouaviller, il est tombé sur le manche », Feu, 8-8-16. Syn. : faire le zpuave, même sens ; usuel; | « d'aller engueuler les Boches sus 1' parapet et d' vous faire zigouiller en faisant les zouaves sus F bled », saint- cassin. Temps Buté, in Front, 1-9-16; |1 richepin, Brades Gens, x ; ACKER, La classe, 63.

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SUPPLEMENT

L'objet de ce livre ne comportait ni les ques- tions de grammaire autres que de sémantique, ni ce qui est de style plutôt que de lexique, ni le folk-lore des poilus, ni leur sottisier. Les quatre notes ci-après se rapportent à ces ma- tières.

1. GENRE DES SUBSTANTIFS

Chez les ouvriers et paysans, les substantifs commençant par une voyelle (orale ou nasale) sont usuellement féminins. J'évalue de 8 à 9 sur 10, de 16 à 18 sur 20 en tenant compte des cas douteux, la fréquence de l'emploi comme féminins, des mots (ÎOnt voici des exemples entendus au 81^ t., 14-17.

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<t une grande abri » ; « des abus faites poup crier * ;

« de la bonne acide » ; « de la belle acier » ; « de la meilleure acier que l'autre » ; « est Vail ? Je ne sais pas elle est » ; « une alcool plus forte » ; « mon alcool est la meilleure » ; « h' aluminium, je la fonds trois fois pour l'avoir bien pure ; celle-ci, qui n'a été fondue qu'une fois, est pleine d'antjfiction [antifriction] »;

« Voilà de l'amadou qui semble bonne » ; « Si mon anneau serait pas si étroite, elle aurait été à l'annulaire » ;

« une petite appareil à acétylène qu'on appelle « bi- jou » : j'approche mon allumette, elle vole en éclats » ;

« une appel sérieuse » ; « la contre-appel » ; « h' ap- pétit est bonne ; « une nouvelle apprentissage » ; « une aréo allemande » ; « les aréoplanes nouvelles » ; « ton argent, quand tu la recevras » ; « JJargent n'est pas baisante [facile] à lui retirer des mains », Il est avare ;

« une atout [aux cartes] aussi grosse » ; « une grosse avantage » ; « une endroit plus grande, plus spacieuse » ; « Le Canada est une endroit moins malsaine » ; « mon écart la manille] était trop belle » ; « Toujours la bon- Dieu à' écart ; « Ça fait la même effet » ; « Toutes les équipages de ces bategiux-là » ; « une essai malheu- reuse » ; ' « Ça va te faire une bonne estomac », Ça t'ou- vrira l'appétit ; « lu' Etat peut faire ça, mais elle ne peut pas faire <;;...]^ » ; « pendant toute l'été » ; « L'incendie <^..^'^ ; elle éclairait ! elle flambait! »; « une mauvaise indice » ; « pendant toute l'hiver » ; « une hiver aussi longue » ; « une ohus, on la voit » ;

« l'or autrichienne » ; « toute l'or a été ramassée ; et

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celle qui voyage actuellement <^."^ » ; « une otage affreuse » ; « Je suis venu chercher des ordres plus pré- cises » ; « Vous pouvez proposer mes ordres [mes conseils] au général Joffre ; si elles sont acceptées, tant mieux » ; « l'oriflamme est plus coûteuse » ; « Cette os-là est moins forte que celle-là » ; « une ostacle sérieuse » ; « une jolie hôtel » ; « l'ouest est brumeuse » ; « une petite outil bien faite » ; « Que toute l'unii^^rs soit couverte d'un milliard (Je bons-Dieux ! »

« une ache-û-é », un H. O. E, Hôpital d'évacuation > s«'^ sanit. 85, -18.

2. CONFUSIONS DE SENS ET DE FORME PAR ÉTYMOLOGIES ET ANALOGIES POPULAIRES

Outre bouteillon et cartouche (au lexique), ont été entendus, employés en toute naïveté :

accélérer, Mollir, Se ralentir : « Le feu accélère », Le feu menace de s'éteindre ; 81® t., mars 17, apax. Accé- lérer n'a guère d'emploi populaire que dans pas accéléré ; or ce pas est l'allure normale de la troupe en marche et non une allure précipitée ; en outre le commandement Pas accéléré 1 ne s'entend que pour quitter le pas gym- nastique, lequel est plus rapide, de sorte que prendre le pas accéléré c'est Ralentir.

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adopter, Adapter ; usuel, 81^ t., 15-17 : « adopter utie vis ».

adversité, f., Opposé : « le militarisme, vois-tu, c'est l'adversité des choses... parfaitement, le rebrousse-poil du bon sens... on ne peut pas mieux dire, l'adversité des choses », Cabaret, 461 ; influence de adversaire sur un mot savant.

amnistie, f., Armistice ; confusion constante, 81^ t., 14-17 : « Avant la signature de la paix, y aura l'amnistie, qui durera longtemps » ; trace d'une époque plus remplie de politique que de guerre et d'un gouvernement faible envers certains de ses ennemis ? en tout cas, cette confusion, fort générale, se trouve déjà, selon le Cri de P., 13-10-18, dans une lettre adressée au Direc- toire en 1797 et signée Bonaparte.

antiquité, f.. Identité ; plaque d'antiquité, Plaque d'identité ; usuel et sincèrement usité par les paysans, 8ie t., lOe cle, fév. 16-mars 17 ; I30e inf., -18 ; || carte d' antiquité. Carte d'identité faisant sauf-conduit ; usuel aux femmes du peuple, S^-Nazaire, -18.

asthmatique (fusil). Fusil automatique ; 289^ inf., avr. 18, Oise ; 95^ inf., juin 18 ; cf. teuf-teuf.

aviser. Viser ; usuel: « J'aviserai pas votre permission, qu'il dit », -17.

cerisette. Série Z : « leur baïonnette [des brancardiers] est remplacée par l'ineffable sabre sériez [lire : série z] cerisette », laforêt, Le médecin de bataillon, M. de Fr., 16-1-16, 234. Voir zigomar.

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CoUetiner (se), Se battre ; 81^ t., 14-17, se colleter est ignoré des ouvriers et paysans ; \ D. m. p. ; || on trouve dans le Rat du Châtelet (1790) et dans Mémoires d'un Forçat (1828) in sain.. Sources, l'argot coltiner, Arrêter (un malfaiteur), qui est aussi Prendre au collet.

Influence du colletiner, Porter, usuel aux portefaix qui ont aux épaules un colletin de cuir.

côte, f.. Cote (d'altitude) ; 81^ t., 14-17 : « la côte 105 », le Plateau entre Berneville et Wailly ; confusion avec un mot cru syn. même par de nombreux officiers.

décimulé, Décimé ; 81^ t., -16 : « le régiment va être dé- cimulé.» Influence de dissimuler (cru syn. d'Anéantir ?)

évacuissé, Evacué ; d'abord monax de paysan, devenu usuel, 81® t., 10^ c*®, 15-16, par moquerie, puis par gaieté. De quelque analogie de conjugaison ou de quelque influence de suffixe que je n'ai pas découverte.

Sur la puissance propulsive de la moquerie en mor- phologie, un correspondant m'écrit : « Je crois que c'est pour « charrier » les gens du Nord, venus assez nombreux au 109 après Verdun, que l'usage avait été adopté de prononcer broulle pour brouille, solel pour soleil, fille comme i^ille, etc., etc. Et réciproquement on prononçait tranquille comme fille. Innombrables les « cuirs » que l'on tente d'immortaliser : au 109 on n'aurait jamais dit la banlieue ni les empirons, mais les abanlieues [la ban- lieue — >- Vabanlieue] ; le mot situation était toujours suivi de tel qu'il est parce que tel camarade avait commis pareille faute, etc. », j. demeure, mai 18. Les queues

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E8NAULT 36

romantiques dont situation tel qu'il est est un exemple

sont dues à la même contagion.

illucité, f., Lucidité : « j'avais toute mon illucité », un 2d-m6, -18. Influence d'illumination.

indigeste (tir), Tir indirect (de mitrailleuse) ; 246^ inf., janv. 18 ; 289^ inf., C. M.-4, mai 18.

marmotte, f., Marotte : « Il a la marmotte des permis- sions », un témoin au conseil de guerre, 88^ Do» t., -15» apax.

opérer, Repérer ; très usuel, 81® t., 14-17 : « Merde, on peut plus aller aux feuillées sans se faire opérer. »

oreille, f.. Orée l'oreille du bois », 81® t., -16, monax. récurés, Récupérés (après sursis d'appel) ; descaves, Journ., 27-8-16.

secoaade, f.. Escouade ; 81® t., -14. Inversement . « la machine à escouer le panetot », la Mitrailleuse ; 40® art., -18.

stagiaire, Stationnaire : « Avec cette guerre-ci nous

sommes stagiaires dans les tranchées », 81® t., -16, monax.

trépidité, f., Trépidation : « C'est pas un éclat d'obus

qui a brisé la vitre, c'est la trépidité », 81® t., -16 ; —^

influence d'intrépidité.

ventrilateur, m., Ventriloque : « ç'ui qui faisait le ven- trilateur » ; 81® t., -16 ; influence de ventilateur.

volcanisé, m., Volcanique : « un terrain volcanisé », 81® t., 16 ; influence de vulcanisé ; ou plutôt emploi métaphorique de volcanisé, terme d'atelier résultant de l'influence de volcan sur vulcanisé.

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znlan, m., Uhlan ; usuel, 81® t., août 14 : « quat' zulans », « un zulan » ; du prononcé un-n uhlan, des-z uhlans.

Je ne vois pas de raison proprement phonétique au traitement poste d'écoute >- poz d'écou, m., très usuel au 8le t., 10® cie, 15-16. Poste des coups [de main]^?

3. COUPS DE GUEULE.

Relèvent du style ( oral ) les vocatifs injurieux, les calembours conscients, les phrases toutes faites et bien faites qui servent au trou- pier à se montrer cuirassé et offensif contre les copains et contre le sort. Le soldat est un poète dont les deux poings sont les meilleures rimes, en même temps que les meilleures raisons ; mais la gueule est la troisième main du soldat.

terribles tauriaux, m., Territoriaux ; 81® t., 14-17 ; | GALOPIN, Poilus de la 9®, 20 ; « nos vieux « terribles » », lettre d'un sergent de t., in A. fr., 26-3-16, p. 1. C'est un calembour conscient, qui ne saurait compter au lexique. Je n'ai pas entendu le singulier « Terrible-tau- rial » que donne D. m. p.

Aux injures tirées des diverses situations de 563

service militaire, (ex. : bleusaille, bras cassés, enfifreur de culasses, traîne- pattes), il faut, pour atteindre au ton de la conversation quotidienne des troupiers, ajouter les vocatifs atroces em- ployés communément de bonne amitié.

Je n'en puis donner qu'un prospectus.

Les gros reproches à l'adresse d'un homme sont :

l'inhabileté et l'inutilité : Sacré pharmacien ! (Mala" droit) Guignol ! - Bon dieu d'acrobate I Nour- risson ! (Homme qui ne sait pas gagner sa vie et se Caisse entretenir) Enfant de malheur !

l'âge : Vieux canard ! Vieux cerf ! Vieux pé- tard ! Vieux nœud ! Vieux panneau ! Vieux ticket l Vieux détritus ! Vieux machin ! Figure de tête de mort !

la descendance : Graine d'oie ! Enfant de veau ! Fils de noble i^ache ! Dégringolé du cul de Marie- Salope I

la laideur, animale, ou inexpressive : Bec de linge ! Nez d'âne ! Tranche de gaille ! (Tête* de cheval) Bec de i^eau I Tête de cochon mal écumée ! Tête de lard ! Vieille couenne l Nez de rat ! Bec de cane I

Bec de moule I Vieille punaise ! Bec de puce ! Crâne de pou I Peau de mouche ! Face de ver !

Bec d'asticot ! Peau de tripe ! (Peau livide) Peau d'hareng saur ! (Peau bistrée) Peau de crachat !

Glaviot i>ert I Face de pet ! Jus de singe 1

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Tite de pied ! Face de semelle I Tête de nœud I Figure de peau de couilles ! (Visage ridé) Doublure de peau de con 1 Peau de fesse l Face de fesse ! Face de dos ! Face d'haricot 1 Face de noioi ! Vieille noix 1 Vieille cloche ! Saucisse à pattes l Figure de fromage coulant l

la saleté : Bande de poux ! l'adresse d'un seul homme) Choléra I Dedans de fumier 1 Nénuphar de pot-de-chambre ! Raclure de pelle à merde 1 Bif- teck d' amphithéâtre 1 Viande inerte !

On voit que la plupart de ces gueulées attaquent l'in- dividu par la tête, comme des gifles.

Ont été signalés à M. Dauzat ces synonymes de Che- val : bout de bois, saucisson, hareng, pélican. Dans un dépôt de dragons, de l'ouest, « Un cheval s'appelle rarement un cheval : c'est un bourin, un bourdon, un zèbre, une bique, un ours, un cerf, une carne, un bestiau, un tréteau, une vache, et s'il ne marche pas, un veau », e. h., Temps, 24-5-15. Est-ce une vraie onomastique ? Ces mots sont surtout des vocatifs, inju- rieux sauf cerf et zèbre, d'un cavalier à une monture ; à preuve, il faut au parlant, pour être sûr d'être compris, ou un cheval au bout de son poing, ou un récit servant de contexte à son mot. On se traite de cache entre cama- rades : « Tia ! 1' gars Pinceloup ! Ah ! c'te vieille vache ! », Gaspard, 8, propos d'un Normand ; on dit à un cheval malade « Ben, mon zèbre, t'as quèque chose ! »,

-^ 665

ÈENjAMiN, Journ., 15-5-16 ; « Vieille bique, ça Ira mieux ? », ib. ; « brosser le lapin », balzac, Colonel Cha- bert, (éd. Fayard), 36, se comprend Etriller le cheval parce qu'on est prévenu par le texte qu'il s'agit de la monture d'un officier, [lapin, comme ours, évoque un cheval mal tondu) ; « des biquets de quatre sous », mandelstamm, Jim Blackwood, jockey, se comprend Chevaux sans va- leur parce que l'on est dans un monde de jockeys ; « La chèi^re du capistron », Schw. Sold., 72, s'entend d'un che- val (maigre) grâce au capitaine qui complète l'image. Mais jamais on ne dit « Dans le village évacué il restait une vache », sauf en parlant d'une Vache. Le soldat dit bien « ma femme » à propos de son Fusil, « ma poule » à propos de sa Mitrailleuse, mais ne dit pas * Je suis allé voir les femmes au musée des Invalides.

Un combattant m'écrit : « Le poilu, c*êst le langage de gens qui veulent plaisanter, qui se hâtent de rire, qui parlent pour ne pas penser. Parler et péter n'est-ce pas tout le divertisse- ment permis à une demi-douzaine d'hommes serrés les uns contre les autres au fond d'un mauvais trou pendant un bombardement ? »

On connaît les multiples emplois du verbe chier : Marcher droit et sec : a Quand le capiston rouscaille, ça chie » ; Fabriquer : « Brigadier, je n'ai pas eu de sabre !

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Eh bîen, quand on n*a pas de sabre, on en ... un î »,

E. H., Temps, 24-5-15. On ne s'étonnera donc pas de la forte dose de coprolalie qui se trouve dans les échan- tillons ci-dessous du style proverbial troupier.

« Il m'emmerde. Mets lui ton nez dans le cul pour l'étouffer », 81 ^ t., -17.

A un homme qui vient semer la zizanie : « Tu voyages pour la paix ? », 81 e t., -17.

« Triste patelin ici : les souris montent au grenier les larmes aux yeux », Il n'y a plus rien, Berneville (P.-de-C), -15.

Réplique à une repartie désagréable : « Ha bien, tu m'en fous de belles ! Tu me la copieras, celle-là ! », 81® t., -15 (1).

« Il répète tout ce que mon cul lui apprend », C'est un sot ; un soldat, -16. C,-à-d. : je pète et il répète.

Riposte à qui taille une basane : « Retourne-toi, et mange-la ! », 81® t., -15.

Salutation à Marais, docker dans le civil : « Bonjour Monsieur Marais ! Ho, des monsieurs comme moi et des cochons comme vous, y en a beaucoup ! », 81® t., -15.

(^) « Engueule-le donc ; c'est pas ton père ! » Ce boni- ment, qui sert à encourager un timide, n'est connu du grand public que depuis La dame de chez Maxim (1899). C'était la plus quotidienne des phrases d'or de Pierre Le Moënner,Quimpérois, ouvrier chandellier,au 19® d'inf., à Brest, 94-95. Il y a vingt ans que j'ai le remords de ne pa9 réclamer.

567 ■-

« T'as chié partout. Au moins si je t'avais chîé dans la gueule, ça te l'aurait bouchée », 81^ t., -14.

« Je te pisse au cul ! Et moi, je te chie sur la gueule et je t'embaume d'un seul coup ! », 81^ t., -15.

« Encore un qui a sucé la Tour Eiffel pour la rendre pointue », Encore un fanfaron ; marin, -18.

« Va te coucher, de peur de perdre du temps ! » ; marin, -18.

« Bon appétit ! Merci. Et que la dernière bou- chée t'étrangle ! », marin, -18.

« Ha la la ! les enfants de nos enfants auront de vilains grands-pères », marin, -18.

Au-revoir à un permissionnaire en partance : « Va-t'en ! ça puera moins », marin, -18.

« Il n'aime pas l'alcool, non ! Il faut lui pincer le nez pour le lui faire boire », 81® t., -15.

« Mais si on retrouve pas la porte de son gourbi ? ^ Si vous êtes égaré, cherchez-vous !», 81^ t., -15.

Cantonnement sale : « ... Quand le villagecis rentrera ici, il faudra pour le nettoyage qu'il s'y prenne le matin, et encore pas un samedi », 81® t., -15.

« Ceux-ci piocheront, ceux-là pelleteront ; et vous qui n'avez pas d'outil, vous leur cracherez dans les mains », un officier ex-colonial, 81® t., -14.

« Il était couché sur sa paille ; s'il n'avait pas été si gros, on ^aurait dit l'Enfant Jésus; c't enfant d'pu- tain ! », 81 e t., -15.

« Il dort encore ? Ha, il ferait bien crever un chien à

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i

dormir », Il battrait un chien aux concours de sommeil » 8ie t., -15.

« Si c'est pas arrivé, ça arrivera ? », Tu blagues ; 81® t. -14.

« C'a été dit à la Cour des Muets... », Tu mens; 81 « t., -14.

Tu veux me tromper, me mettre en boîte : « Dis donc» est-ce que tu as travaillé chez Amieux ; 13® tir. alg., juin. 18 ; syn. : « Non, pour la mise en boîte, c'est pas ici I » ; ib. ; « Non, mon vieux, c'est quai de la Râpée, maison Amieux frères » ; ib.

« Cause à l'autre ! », Je ne suis pas ta dupe ; 130® inf., -18, avec le même geste que pour envoyer un ballot à la gare. Syn. : « Cause trois jours ; 13® tir. alg., -18 ; dévié de « Cause toujours ; « Poisses-en un autre ; « Tu connais Dudule ? Eh bien, poisse-le cinq minutes » ; « Poisse Dudule ! » ; 204®, 246®, 289® inf., juill. 18, {^) ; « Cause à l'autre trois fois... Marche ! », 246e, 289®, 321® inf., -18.

Tu veux m'épater, m' asphyxier : « Desserrez vos cra- vates... Marche ! » ; 246®, 289®, 321® inf., août 18.

Même emploi : « Tout le monde a son pain et son fro- mage ?... Marche ! » ; 95® inf., sept. 18 ; ' c.-à-d. Ça va bien, Suffit.

(1) Au 95® inf., sept. 18, Poisse-Dudule est un sobri- quet ; (antérieur à Dudule le poisse, héros des Signaux de pawlowsky).

569 -

Même Théorie, chapitre Visite d'un officier supérieur redouté : « Au commandement de Le 9' /. tout le monde fout le camp » ; 289® inf., août 18.

Au sens de Tu charries, N'exagère pas, V Intransigeante 9-7-18, p. 2, c. 4, signale comme frontard : « Ne fais pas de bruit dans la serrurerie », et comme plus récent et donnant « le ton suprême des tranchées de Montdidier » : « Chahute pas le postillon I ».Mes témoins ignorent l'un et l'autre.

« Oui, mon con, t'as bonne mine », Tu veux charrier ; 46«, 246e inf., 14-18 ; 13® tir. alg., 95^ inf., -18.

Repartie fort psychologique, et qui est au cœur même de l'art de la pantomime : « Allez, on les connaît tes boni- ments ; t'as qu'à faire les signes ! », 81® t., -14 ; sert à rembarrer un rouspéteur invétéré.

Adieux d'un homme en fureur qui abandonne la place et s'en va en « claquant les portes » : « Je ne suis pas pa- tron ici, vérole de bon Dieu ; je le serai p'têt' quèque part » ; 81® t., -16.

A un cavalier qui passe : « Ton canasson est malade ? » On ajoute ou on sous-entend : « Il a une emplâtre sur le dos», 8le t., -14. "

« Tant qu'y aura de la merde et des côns, tu seras pas orphelin », 81^ t., -14.

« Tant que les cons danseront, tu ne joueras pas de la musique » ; 46® inf., b»", nov. 16 ; 246®, 289® inf., -17 ; « Tant que les cons danseront, tu n'auras pas froid aux pieds » ; ib.

570

« Tu ne t'envoleras pas ! », Tu es nique ; 46®, 204®, 24 6e, 2896 in^., 14-18 ; plus complet : « Avec ce que tu as au train, tu ne pourras pas t'envoler ! » ; ib.

« Quand nos poux auront grossi, nous les mettrons à pousser des brouettes », 81^ t., -15.

« As- tu chaud ? Oui, je commence à écumer entre les jambes », 81^ t., -15.

« Un cassecouille et lui, c'est bien le même » ; 81® t., -15 ; le même est au neutre ; cf. « Ça et rien, ce sont bien les deux sœurs », ib., -15.

« Tu as mal au pied ? Non, à côté ! ? », 81® t., -14.

« Un demi-quart de vin ! Est-ce que tu m'as jamais vu boire un demi-quart de vin? Est-ce qu'y a des demi- saints dans le Paradis ? », 81® t., -15.

« C'est bête de se faire blesser, mais c'est con d'en mourir », G. Demonchy, 13® tir. alg., sept. 18.

Août 17, Chemin des Dames. Des bataillons de noirs montent pour l'attaque : « A consommer avant l'hiver ! » ; 246® inf.

Bombardement par aéros : « C'est la guerre mo- derne. — Eh bien, elle est batt, la mode ! », 81® t., -16.

Les majors ont photographié le tableau d'une chasse au rat (107 têtes) : « J'ai dit Pauvre France ! Les rats en photographie I », 81® t., -16.

« J'eminerde la merde et je chie dans mon pantalon quand je veux », Je me moque de tout ; monax de P. Thébaut, de Quilly, 81® t., 14-17.

Du même : « Je n'étais pas saoulaud avant ; ma vie a

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été trahie par la guerre actuelle », ...Dévastée, Décon- certée, -15.

« C'est pas régulier ! », protestation adressée à qui- conque demande du,rab, met sa chéchia de côté, raconte UD succès galant, etc. ; le ton sérieux fait l'emploi co- mique ; 13® tir. alg., juill. 18. Même emploi : « T'as pas le droit ! » ; zouaves, Milly, -17.

« Tu aurais faire comme ceci. Occupe-toi de tes fesses ! », 81® t., -15.

« Va te faire tâter ! », Va te faire lanlaire ; 13® tir. alg., juill. 18 ; - « Va te faire tâter par les Zoaques ! », 130® inf., C. M.-2, sept. 18 ;'— cf. Chez les Zoaques, de Sacha Guitry.

« Est-ce que je te demande si ta grand mère danse bien ? », De quoi te mêles-tu ? ; 268®, 289® inf., oct. 17.

A un bronchiteux : « Te voilà baisé à ton tour : ton cul sent le sapin », 81® t., -15.

« Deux permissionnaires, deux malades, pas de caporal : la seizième escouade va se trouver à cul », ...Réduite à impuissance ; 81® t., -16 ; cf. « C't affaire est tombée le cul dans l'eau », ib., -15, c.-à-d. est tombée dans le seau, n'a pas réussi.

Le soldat qui va essayer des chaussures ne manque pas d'annoncer : « Pour moi, un 28-4 fillette » ; 289® inf., -18.

(f Dis-donc, cuisto, as-tu gardé pour vous autres à la cuisine ? Vous en faites pas î J'en aurai au cul avant que vous en ayez à la bouche », marin, -I84

-, 672

« Quelle cangrène, quelle peste, ce type-là ! si la mort

ne l'embellit pas, ça fera un sale macabé », un soldat, -18.

Formule pour refuser un menu service : « Non, mais

as-tu vu beaucoup de domestiques habillés comme

moi ? », 8le t., -15.

« Ça ne va pas mieux a, répète le poilu à toute chose, même de mince importance, qui ne va pas selon son souhait ; misère infinie, fatalité inexorable ; 130® inf.-, sept. 18.

« Adieu, la valise ! », Tout est fichu ; 13^ tir. alg., août 18.

« Il ne mange pas le (?irage », Il n'est pas si terrible qu'on le croit, ou qu'il veut en avoir l'air ; 109^ inf., -17 ; génie, -18 ; se dit surtout d'un gradé : « Après tout il ne mange pas le cirage lui non plus ». Syssém. : bouffer le linge, Faire toute la besogne à soi seul : « Y a pas que toi tout d'même pour bouffer le linge, hé, bleusaille de la classe 15 », Pépères, 107.

« Pleure pas ! tu la reverras, ta mère », usuel dès -16. « C'est, malgré sa vulgarité foncière, une parole de foi vivace et d'amour », franconi. Un tel, 163 ; vulgaire en effet, et impitoyable, si on ne sent pas que cette phrase d'un passant à un bébé égaré, ne s'applique que par simple queue romantique à des poilus qui risquent, avec leurs pleurs, leurs yeux, et leur tout.

« Vivement demain soir, qu'on se couche ! », Ce sera deux jours de moins à souffrir ; franconi, 163, chapitre sont commentés plusieurs autres apophtegmes poilus.

573 --

« 103® terrassiers », c'est le 103® inf. ; « 25® terrassiers », le 25® chass. ; « 40® terrassiers », le 40® art. ; lisez le Petit Voisognard, « organe bi-hebdomadaire du 369® Terras- siers », mars 15 ; qui n'a pas remué sa pincée de terre ?

Cette terre, souvent, quelle glu ! Le 40® art. se nomme « 40® boueux » ; il qualifie ses conducteurs « les boueux », les « vaseux » ; le génie s'est dit le « vaseux », (cf. hauts-de-vase ?),

Au début de -17, le 130® inf. était un vrai bougillon : « 130® déménageurs », disait-il.

« C'est la guerre ! », phrase courante, et d'ordinaire stu- pide, des soldats, pour excTiser ébriété, vol, paillar- dise ; je désire que ce ne soit qu'une traduction du Der ist krieg boche.

« Jugulaire : jugulaire ! », Je ne transige pas ; marins, -18 ; jugulaire == service.

Bon ! encore une dispute : « La campagne s'avance : les caractères s'aigrissent ! », 81® t., 16-17 ; marins, -18.

« La bataille de Laisse-ça-là gagnée par le général Bourretapanse », les manœuvres ... à pagaille ; 40® art., 14-15.

« Y a gagner Saint-Raphaël », Nous méritons la relève, le repos, l'intérieur, une fine évacuation ; 40® art., -18 ; les Sénégalais de la Do» (la 40®) vont hiverner à S*- Raphaël.

Locomotive et wagons, au départ, le train chante au permissionnaire : « Je t'emmène, je t'emmène » ; et au retour : « Je t'emmerde, je t'emmerde »; 40* art.^ -18.

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« Faut pas essayer de comprendre I », C'est absurde ! 81^ t., 14-17 ; très usuel et général ; | Gaspard^ 51.— Employé par ironie à propos, non seulement des ordres chargés de mystère, mais des ordres absurdes qui portent leur contre-ordre en croupe.

« N'allez pas là-bas ! » (suspension entre les deux / ; les trois derniers a très fermés), Dangereux est le secteur vous allez, nous l'avons éprouvé, g. ferrand a entendu ce cri pour la première fois, montant à gauche de Reims, juin 18, d'un régiment de « joyeux » qui descendaient. Un écho de V Humour ^ 23-30 août, le déclare sur la route « de Ch...s-le-V...s à Herm...Ue », (Châlons-lo-Ver- geur, Hermonville) : un camoufleur le lança et le réitéra à deux quidans qui se dirigeaient vers un endroit en vue des Boches, et ces deux s'étant trouvés le gén. Mangin et M. Clemenceau, son émoi charitable fut, du coup, auréolé. Ce fait date de fin mai, d'après un écho de Paris- Midi antérieur au 13 août. Au début d'août le mot fait fureur sur tout le front. Au 13^ tir. alg., oct., on ajoute : « Prenez le boyau ; (le boyau d'accès, ou le boyau de trisae, selon l'idée).

« On les aura » [lei Boches] ; uBuel et universel dèi -15 ; consacré par la plus haute autorité qui fût Courage... On les aura ! », gén. fétain, ordre du jour de la XI^ ar- mée, 10-4-16. D'où, par amertume : On les auru / les pieds gelés.

« Debout, les morts ! », appel lancé par l'adjudant Jac» ques Péricard, dans sa tranchée envahie par les Boches,

575

95^ inf., Bois-Brûlé, 8-4-15 ; || « Debout, les morts ! », DiERX, Les paroles du vaincu (1871), str. 3 ; « A vos postes, les morts ! », dumas, Amour sacré (1912) ; « Le dragon blessé à la nuque <^...> cria, funèbre, dans la cour obscure de la maison : « Les morts, là-haut, descendez prendre l'air. On va faire une salade d'acier sur la route ! » Presque aussitôt, sur la plus haute marche de l'escalier, apparurent les plus infirmes, <C...>' »i d'esparbès, Tumulte^ Le Pont qui chante. Il n'est heureusement pas nécessaire de supposer que M. Péri- card se rappela ses auteurs, ni que le général Galliéni, en lançant son « jusqu'au bout », (3-9 -14), se rappela l'ordre du jour de Mac-Mahon à l'armée, « J'irai jusqu'au bout», (9-7-77).

On recueille çà et chez les littérateurs de guerre des dictons à images populaires : « tresser du filet pour la pêche aux boches », Etablir un réseau de barbelé, Pé- pères, 66 ; « faire les tableaux vivants », Se tenir immo- bile pendant l'éclairement d'une fusée, ib., 72 ; le « voile photographique », constitué sur la tête du guetteur par la toile qui bouche du côté intérieur la fente du cré- neau de tranchée. Bourru, 115 ; « On va vous poser des tapis pour passer », phrase adressée à l'infanterie de l'assaut par les porteurs d'échelles du génie, Artois,mai 15, ERLANDE, En Campagne, m, 1 ; « On eût dit qu'ils voulaient pulvériser Cumières. On n'osait pas coucher dans les granges, car le réveil n'était pas garanti », E. c, Pet. Journ., 8-4-16, calembour d'un réveil

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affirmé quant à l'avenir avec un réveille-matin garanti contre les accidents.

4. LiTTéRATURE PARIÉTAIRE

Je ne puis citer un lot de crayonnages re- cueillis dans les abris de guetteurs du secteur de compagnie M*, devant Wailly en février 16, en raison des personnalités et des amertumes dont ils étaient nourris ; on peut souhaiter qu'il grossira un jour un « Corpus » des ins- criptions poilues.

Voici un relevé des plus notables enseignes de cagnas du même secteur de première ligne et de la ligne de soutien, dans l'hiver 15-16, dues au 81® t. ou à des prédé- cesseurs.

« Au repos de Jules César », (pour commandant de compagnie). « Cottage de l'espoir », (pour officiers), « Villa des Poilus ». « Au pôle nord, 15-1-15 ». « La Vigilante », (le parrain, un sergent, n'en donne qu'à des amis sûrs le sens caché : vigie lente). « Villa Joffre ». « Villa Sani Suffi », (villas de ce nom à S^-Brévin, à Pornichet, à S^-Nazaire, 14-18). « Au Gagne-Petit. Portret. Scaer. a. zo. portred. mat. Guitaem quet Hep evat eur chopinad. Milin Caour », en langue bretonne,... Les gars (Pôtred) de Scaër sont de bons gars. Ne nous

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KSNAULT 37

quittohs pas sahà boire une chopihe, (et signature des deux auteurs). « Villa des bons grelotteux ». « Hôtel de la liaison ». « Villa du gâchis ». « Terrier du jeune Renard ». « Au petit Bacchus ». « Consulat de Bre- tagne ». « Kermaria ». « Kermadelon. 1914 ». « Ker Herbadilla », (parrain, un paysan d'Herbauges (Loire-Iiif.) instruit du vieux nom de sa paroisse). « La Maisonneuve ». « Au Soleil-levant ». « ÎCer Ja- jionais ». « Hôtei des Poux Volants ». « Villa des ttats ». - « Fabrique des squelettes ». « Câstel des Sâils ^biici de 3^ esc. ». « Villa des Indifférente <.

Quelques bdykux pbrtaietlt dhé noms officieux cràyoh- nés à côté ou à défaut de noms officiels : « Rue d'Alle- magne ». « Rue des Antiboches ». « Rue des Pieds htltfifdes i. « Rtie du Bain de siège. » Telles fëuillées : « Fabi-ique de chocolat ».

Du 93^ iiif., oii m'écrit, avril 18, que l'usage des en- seignes s'est à peu près perdu ; on déménage trop sbti- vent. Toutefois en voici trois de ce régiment : « Villa des Totbë )K a Poilus-Palace ». « Les Cénobites Tran- quilles » (cette dernière ne doit pàë être lue plU8 d'une fois..., âUs^i a-t-elle eu un légitime succès à travers les secteili-s).

bu 289* inf. : « Eau et gaz à touà les étages », Juvin- cbuH, jâhv. 18 ; boue et gaz asphyxiants. « Abri déi Lduftingues », Vareanes, avr. 18 ; calembour sur le bois, Voisin, de Louvetain. « Ker-Julot », route de Mbtilin-§bUâ-Touvent à Attichy, août 18.

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Au 49^ inf., Argonne, -16 : « Villa Pot'ana », en béar- nais... Ça peut aller. « Il est dangereux de se pencher à l'extérieur », écriteau de wagon.

Au 130® inf., janv.-juin 18, on constituait des « îlots de résistance » ; un des îlots s'inscrivit une devise au- dessous des consignes de combat affichées ; le colonel approuva ; il rendit obligatoire un texte, au choix ; on adopta, ici « Le fusil recule, le fantassin français jamais », « Avance si tu l'oses », « Se défexidre jusqu'à la mort. »

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NOTES TARDIVES

MOTS USUELS AU 40^ ART., -18, ccttc attes- tation confirmant utilement celles données d'autre part :

aramon ; armoire, IJavresac ; artillerie [demander V) ; autobus, bergougnan, pneu michelin, rognure de taxi^ viande blindée ; baraque, Brisque ; bavarois. Pou ; la boite à gaz, le gaz (non les gaz], la Boîte à masque ; bocal^ bouterolle, casserole, panier à salade, saladier, soupière. Casque ; buque [ça) ; caisse d' emballage, Biplan ; calandot (14-18 et avant -14), pélican. Cheval ; cigare, perle, Obus, (mots peu usuels) ; course à la mort ; cuiso ; demi-boule^ Auxiliaire ; écrabouiller [en) (peu usuel), faire des heures ; faloter ; faux-nez ; fouillard ; galeiouse, (non les autfes suffixes) ; gelé [se faire porter) ; godaille, grêlon, grollon.

581

sçMs-rnarin, Mam^ Ct^^ussiife ; gras ppur, JBqii ppuî" ; gruyère ; installer, Crâner ; kébir, Colonel (d'Afrique) ; kéhour, kébroc ; malabar, Gros ; mitrailleuse à haricots, quaire-cent-i>ingt, sous-marin, Roulante ; mouche à miel ; pétoire, 75 ; phonard ; picoler ; faire un pompier (au bi- don) ; remonie-moi-le-moral ; rouper, Chaparder ; ta- basser [se] ; téléphoner , Boire à un tonneau ; torpiller. Faire une injection sous-cutanée.

Préface, p. 17, 1. 16 :

Mellé, Joli, à la Légion Etrangère, d., est sans doute une mauvaise lecture de mello, Joli, si usuel aux Lillois. - Çlciquot, Fromage, connu de f. de keralio, usi^el à tel cavalier du 1^^ cuir., et signalé dans p., dérivp sapg doute de claque-en-hec, Fromage blanc mou, mot ar- dennais en -99, et rémois dès -45 (saubinet).

agents 4e liaison de la 48^ [D»"] {les), va., }es Corbeaux ; p. charpentier, été 18. Ils vont et viennent de cadavre en cadavre.

alboche. A Neuchâtel (Suisse), albotche, en 01-07, et sûrement dès -75, sinon dès -70, F. de

KERALIO.

arbalète, f., Cheval maigre ; 40^ art., -18. arcassines {en aç>oir plein les). Autres sys- sém. : en avoir plein les pieds, les arpions, les

582

bottes, 40^ art., -18 ; les trottin^ts, l. sambar- DiER ; les pattes, 156^ inf., -18. En outre, en a^oir plein les pieds, les arpions, Ips pan^yds, Etre saoul ; 40^ art., -18.

çis V). Bouffer à Va^, Jeûner, PRUANT ; c.-à-d. se brosser au lieu (Ip bouffer.

asphyxier. Très usuel, 130^ inf., 13^ tjr. alg., sept. 18.

Badèn-Badèn, m., la Captivité : aller à Badèn- Badén, Etre fait prisonni(2r ; 40^ art., -18. Prison en argot se dit villégiature.

balancer, B : servir ur\ état (adipinistratif), le balancer, le Faire avec soin, Pépères, 210.

bec-bois, m.. A, Mitrailleuse ; B, Canon-re- volver ; typographes lorrains, mercier, Nar\cy bombardée, 175-178 ; du nom lorrg^in de l'oiseau Pie, bec-bois, (qui bèque le bois).

béqaeter, 2, h, Bouffer (au figuré) : béqueier des kilomètres ; 13^ tir. alg., oct. 18.

boche. Etait connu à Spire en -Ql ; dans une famille universitaire (le père archéologue, un fils docteur en philologie et député au Reich- stag, un autre archiviste), on l'expliquait ainsi : après 70, les voyageurs, en passant l'ex- frontière alsacienne, donnaient leur nom ; un douanier, surpris de la fréquence du nom de;

583

Boesch, répandu en Palatinat, se serait écrié : « Aile Boesclî ! », Tous Boche ! ; g. ferrand.

Bochie, Pays des Boches ; très usuel, 1, Ger- manie, 2, Pays français occupé par les Ger- mains, 130^ inf,, -18. Bochenie ; « Le soldat dit aussi Bochenie, Allemagne », f. de keralio, nov. 18, spontanément. bochiser, Rendre germanophile, par contrainte ou persuasion, et embocher, Enrôler pour le germanisme, sont usuels au 40^ art. dès -14 peut-être, f. de KERALIO, annotant d. ; V Action française a largement usé de ces deux dérivés.

bourrin. Cf. bourri, m., Mulet, (non Che- val, sens donné par d.), 130^ inf., C. M., -18.

branleur, m., Ordonnance, (mot ancien), est, malgré une impression donnée dans d., tout à fait usuel au 40^ art., -18.

bras-cassés, à l'adresse des brancardiers : xxxxe inf., 14-15 ; 130^ inf., oct. 18.

capitaine, lieutenant, (faire), Rebondir au sol trois fois, deux fois ; aviateurs, déch. Voir bessonneaux.

{caporal). t cabo-cuisto, m., Caporal d'or- dinaire ; 40^ art., -18.

chandelle. De la ballotte à l'avion le pont est fait historiquement par le foot-ball : faire

584

chandelle, Lancer le ballon très verticalement, Brest, 05-10.

(chapeau). Syn. et syssém. de blindé : casquette en fer, f., 40^ art., -18 ; | d.

chassmar, m., Chasseur à pied ; 94^ inf., -17 ; mixte, -18 ; moins usuel que chassbi ; | chassemar, Chasseur à cheval ; déch. Cf. officmar.

choueille. Cf. « un chweie, un Petit peu ; un petit chçeie (les Champenois) ; de l'allemand schwein ? », f. de keralio, nov. 18.

[cirage). Lion noir. Sénégalais ] 40® art., -18; Kaol et Lion-Noir, la D®" Marchand, com- posée de coloniaux et de Sénégalais, ceux- ci barbouillés au cirage, ceux-là plus clairs et briqués au kaol.

coup de buis, m.. Grande attaque pour en finir ; un artilleur (d'Epernay), sept. 18. Métaphore de cordonnerie, (le buis sert à polir le cuir du soulier achevé), analogue à coup de torchon, Bataille qui nettoie la situation et l'un des adversaires.

crapouilloteur. On a dit « un tireur de cra- pouillot », Artois, mai 15, erlande, En cam- pagne, III, 1.

déculottée ; | Le bon Dieu, assis dans une

«85

SQUpis^e, « ji^ge Ips bops cpups ^t poii^tp les

déculottées », arnoux, Opinion, 31-8-18, p. 162.

4eU3ç-coups ; H Le fusil 4 deucc coups, le Pan- talon drqjt du chasseur d'Afriqv^ej (p^r oppo- sition ^ son large « fjptt^r^} ») : « Et surtout pas 4^^ fusils à deu3f coups ! «^ or^ire du colonel en vue d'une réception qfficipjïe, 5^ c))éiss. d'Afrique, -07 ; 1* mulot. Métaphore de forpie.

escargot électrique, m., Projecteur élec- trique ; 61^ art., p. Semble une sorte de monax ; raps témoiy}S l'ignorpnt, y cqnipris ceux 4e? sections df! prpjepteur?. Cf. esQÇir^ot, Çpquilje d'escargot servant de lanapiq^î.. hdt ?

éteignoir, m., Casque ; 40^ i^rt., -18 ; | ^.

fuisçLï^der. Mieux : gur fç{ire, paf le parti- cipe présent substantivé faisant^ q^., EJ^croc, (tricheur ^u jeu QU yendeur de niarph^n4ises achetées ^ crédit) ; êtfe faisandé serait être yic- tjff^p d'un faisant.

Jqlat ; pn dit « Mon vieux, tu risques le f^- Ipt », 130^ inf., -18, non pas *les falots.

fe-fe. Cf. fe-me, m., Fusil-niitrailleur ; 94^ inf„ 17-18 j ^u 81P t., -\1, If-èm.

flukç^rd ; usu^l, « désigne les appareils 4^ campagne, particulièrement ceux à ^ppel yi- tiré, (vijjfeurs, tren^hleur§), de l'e^^pressiqu ;

m

Tapp^reil vibre, tremble, donc il a peur : flu- bard )), 8^ génip, c^^ D-1, nov. 18.

{foin). varech ; 40^ art., -18 ; 11 d'espar- BÈs, Demi- Solde, xiii ; l'anglais weed a les trois sens de varech : R^but, Mauvaise herbe, Tabac.

franc, Braye ; 95^ inf., 40^ art., -18 ; fran- chise, f., Bravoure : « Sa franchise [de Driant] allait jusqu'à la tén^érité », 5Q^ chass., -16 ; 95e inf., -18.

Fritz ; (on prononce friss ; f. de keralio). Fritz, c'est l'ennemi au moment il n^est pas méchant : Fritz va à la soupe, va se coucher ; même généralisé, le sens n'a pas la valeur pé- jorative de Boche.

jrigoussç ou figous. Etymologie arabe, fondée sur le caractère algérien de la locution et sur le synonyme en avoir plein pot : fi, Dans 4- gouss, Cul, Vagin ; f. ^ijtavand.

fusil à- patates, m.. Fusil-mitrailleur ; inf. de ligne et 2^ c^^, nov. 18. Appuyé suf un pa- rapet, il fusille volontiers à j^aser terre.

gars ; suivi de l'emploi, de la spécialité, du grade : le gars cuisto ; les gars mitrailleurs ; le gaxs, capitaine, ; 130^ inf., -18.

glinglin, Obus ; | pÉCH. ; ARNoyx, Opinion, 31-8-18, p. 163.

587 ~

gnole. Prononcé o bref par plusieurs Lyon^ nais.,., usuel en Auvergne sans doute par suite du va-et-vient de petits commerçants auver- gnats établis à Lyon..., apocope de guignol qui signifie, (et guignolet aussi), Eau-de-vie, à

Lyon..., F. DÉCHELETTE, UOV. 18.

(groin). Le museau de cochon, le Masque boche de fin -15 et -16, (analogue à celui que nous avons adopté en -17) ; 40^ art., -16.

gros légumier, m.. Limousine, auto pour hauts personnages, pour « grosses légumes » ; V Humour, 23-30 août 18.

khaki, m.. Soldat britannique ; 40^ art., -18 ; |o.

knop. La forme cloques est à dopes (voir l'article briques) comme quenauque est à que- naupe. D'autre part pipe est usuel au sens Cigarette Paris dès 1900). Il semble ainsi que, sous la muance de o (bref et long), et mal- gré la différence de genres (m. et f.), dope, Mégot, et knop, Pipe, peuvent être un même mot.

{V accrocher). se la mettre ; 94^ inf., -16 ; 4^ mixte, -18 ; | pawlowsky, Signaux, 61.

machine à ramer le paletot ; « entendu quel- quefois )), p. THÉRY, nov. 18.

588

malo, m., Malade ; 40^ art., -18 ; | d.

maouss ; le Maouss, sobriquet d'homme, si- gnifie Gros avec la touche additionnelle Bon- enfant ; s^n sanit. 45, -16 ; « un vol maouss [en avion] », un vol Epatant. Superlatif ; pépère- maouss- poilpoil ; s^n sanit. 45, -16.

marraine. Cf. Int. des Ch., LXXIV, 311, LXXV, 187, 315.

matai (?) Cf. boyal, m.. Boyau ; d. ; bis- tral, m.. Bistro ; 40^ art., -18. Mais matai, tout à fait inconnu des marins, n'est-il pas une mauvaise lecture de înataf, Matelot, (Mau- vais matelot), qui leur est très usuel, depuis au moins -08 ?

mec en blouse, Type, Bonhomme, se distin- guant par un air soit cossu, soit campagnard ; usuel, 13^ tir. alg., nov. 18.

métro ; exactement Abri fait de tôles cin- trées ; F. DE KERALIO.

moulin à café. Syssém. : cinéma, m.. Fusil- mitrailleur ; terme inventé par M. Charles Do- ridam, le poète chansonnier, au 224^ inf., 19® 0*^, fit son chemin jusqu'à la D<^" ; les balles se présentent au tir successivement, comme les pellicules d'un film.

paprika. Baver signifie Parler et Parler

i89

exagéréiHent, pat* la sémantique notée sous déculottée. Etendu au sens Exagérer et che- vauchant piétiner dans les barbelés, il a donné haçer dans les barbelés.

(pé-cé). té-cé-irois, B, Train dfe combat du 3e bon . i3oe inf., -18.

{perco). Syssém. : jUS, m., Discours oiseux, Tartine : en faire un jus, Donner force détails qui n'intéressent pas l'auditeur ; d^s jus, des Boniments ; 40^ art., -18 ; de faire un jus, Faire un bruit, un bombardement ; d. ; plus exactiement, « S'expliquer )) avec bruit.

pétard, Ë, 1, 1^, Canon ; se dit souvent du 75 ; 40^ art., -18 ; 2^, a, Canonnier servant : premier- pétard, Canonnier de 1^^ classe ; ib. ; parce qu'on l'appelle premier- canon, par apocope de premier^ canonnier ; b. Sous-chef mécanicien, « en argot d'artillerie », lintier, Tube 1233, 249 ; sens inconnu au 40® art.

piétiner le caillebotis, Exagérer ; 2%^ art., nov. 18 ; bruit dangereux qui fait repérer.

pingouin. - 3, Insigne au bras du personnel volant, (deux ailes éployèes) ; marins avia- teurs, août-nov. 18.

poilu-, Le Poilu de Montmartre, journal vendu en avr. 93 à la porte dU « Concert des Poilus

590

de Montmartre )>, Int. des Ch., LXXIV, 377.

praline ; aUtres sy^èéin. : pastille, Bélllè ; berlingot, m., Obus ; des sou§-offë d*ÉlH.^ nov. 18 ; peut-être même bigottlëaii, th., Obus ; 40^ art., -18 ; les berliilgots étant des limas doux et les bigorneaux dés limas de mer. La simple roiideur deû ploitlbs de shrapnell les fait nommer chiqtièS, f. ; d. ; de chique, Bille à jouer ; mirftbéllèâ, f., m secteur lorrain, -14 ; b.

[rapport). !aite une décision, Art-angër les événements à son gré, soit discutant avec dfes copâinâ, soit bourrant le crâiie à dfes pâsëàilts ; 40® at-t., -18 ; sysséirî. de faire des Ibis, Rddà- péter avec idéologie, surtout en parlant d'un homme pris de vin, usuel aux Nàritais.

fehi^és. citation à l'ordre de la Crdi^- Rouge, f., Evacuation ; 130® inf., -18.

réquisitionner. Syssém. : mobiliser, 1, Em- prUhtet" ; 2, Voler ; 40® art., -18.

ricain. rital, m., Italien; usuel à quelques voyous parisiens, 40® art., ttbv. 18 ; chevau- chement de ricain -\- ital ?

russe ; « les Russes, les Bleus, 1914-1915 (les rbussëUtâ ?) », if. de kêRAtlo, noV. 18,

594

Saindoux, Constantin, roi de Grèce ; un 2d-m^, oct. 18. Calembour.

tendre une inondation ; autres textes, de Napoléon I^^ et de Macdonald, in Int. des Ch., LXXI, 341, 441.

sous-marin, A, Roulante, est le remplaçant syn. de torpilleur ; et torpilleur est une méta- phore de forme, prise aux torpilleurs, torpilleurs à roues, de Toulon, « véhicules du Service d'hy- giène, portant un long cylindre horizontal, semblable à une chaudière de torpilleur », BOYER-REBiAB, 24 Heures, 120 (cf. 128, 129, 139, 167) ; ces véhicules roulent dès l'aube et, stoppant devant les maisons sans lieux d'ai- sances, recueillent les excréments des toupines (et les tas d'ordures ?) ; un dessin, ib., 137, légitime le transfert de cette image à la rou- lante. — Syssém. prochains : chocotière, marie- salope, goudronneuse, les deux premiers par- lant de vidange, le dernier de tonneau couché, tous trois bien ingrats aux parfums de la cui- sine de guerre.

B, Brodequin ; on y substitue torpilleur ; 40^ art.

(tatane). / Matatane ; le matatan est un gros tambour indien ; le mot s'appliquerait à

rxQo _^

la salle de police, soit comme syn. de çioîon^ ou mieux comme syn. de caisf>e, Tambour et Prison, (cf. bouine).

terri. Cf. tirititi, m., Soldat de la territo- riale ; 98® inf., f. déchelette.

teuf-teuf. Autre onomatopée : fusil trac trac, m.. Fusil-mitrailleur ; usuel, 13® tir. alg., nov. 18.

{train). métro, Grosse torpille à gaz as- phyxiants ; 40® art., -18.

tricotins (avoir les), Avoir peur ; mixte, -18 ; avoir envie de tricoter des jambes.

tripes au soleil (avoir les). Etre mort ; 40® art., -18 ; syn. et syssém. : avoir la panse à l'air ; ib.

tube, m., Pièce d'artillerie : « Deuxième tube. A trois heures moins le quart, prêt à démar- rer ! », LiNTiER, Tube 1233, 41.

valise diplomatique, f.. Gros obus ennemi, signalé à d. par un capitaine du 74® inf., « est la traduction du terme russe [syn. d'Obus], articles Naudeau, je crois », F. de kekalio.

zeppelin, m., Chariot lourd de la pi^ce ; 40® art., b^®, 15-18 ; long et couvert d'une bâche, il a un aspect gonflé.

593 esnault 38

zinzin. Se dit de Pobus, art., -18 ; du télé- phone, du fusil, du 75, du barda, de toute chose et amas de choses embêtantes, 40® art. ; aller au zinzin, Aller à l'assaut ; p. théry.

Confusions (cf. p. 559) :

détonation, f., Dotation ; 130^ inf., -18.

serouade ; « Plus fréquemment ici :8ecoaée», 130® inf., -18.

métalllllgiste, m,, Météorologiste ; bréauté, Notes d'un météorologiste, M. de Fr., 1-11-18, p. 59.

'»'

594

INDEX

(Chercher aussi aux Notes tardives et, p. 559, aux Confusions)

aboyeur 229, 293 accessoire de coque 348 acheter 144, 464 Aco 171 adruper 241 aéro grec 247 af- faire 239 afnaf 240 aiguille à tricoter 225 allure 265 amadou 350 amex 128 Amieux 92, 569 anciens mja- quereaux ... 360 anthracite 415 antiboche 86 anti- puants 441 anzac 128 araignée 378 aramon 419 ar- mée à Clemenceau 515 armoire 119 arpions 582 ar- tillerie 515 asphyxiant 19 assaisonner 499 assassiner 533 asseoir (s') 441 automobile 514 aviatik 246 avion 487 avoir 437

B.G.D.F. 396 babille 52 bacaoué 330 bagarre 230 baguettes 41 Balle-aux-Boches 279 ballotter 55 Jaa-

595

luchard 60 bande (en lâcher une) l8 baraque 414 barbelé 215, 416 bardin 64 bascules (à) 273 baûcuse 509 battoir 452 bavarois 439 baver 589 bébé 292, 374 bec de gaz, d'ombrelle 334 be-cc-me 233 bé- douin 161 bégonias 109, 147, 415 bénard (dans le) 256 béol303 bergougnan 50 berlingot 193, 591 bes- tiau 565 betterave 368, 390 bibcndum 50, 378 bicuit 101 bicyclette (bifteck de) 50 bidon 112 ; de zinc 550 biffe 347 bigarrette 68 bigorneau 591 bille 391 bil- 1er 188 bimoulin 363 binaise 171 binoclard 256 bique 565 Biribi 521 biscuit 101 bistral 589 bitte 80 bitter 371 bitunieuse 275 bizness 240

blanchisseuse 356 blérancourdite 530 bleuet 198 bleuvasse 84 blindé 50, 138 bocal 438 boche 477 bœu 473 ; bœufs 149 bois (du) 116 ; (les) 70 boîte à cochons 122 ; à graisse 132 ; à mouches 33 ; à singe 129 ; de cirage 162 ; de conserves 345 boîton 122 bol 438 bomber 188 bosco 301 bottes 583 bottines 138 bonasse .98 boudin 481 bouffe-moi ... 359 bouffer le cirage, le linge 573 bouffeur de lard 545 bougie 138 bouille 135 bouine 593 bonite 530 boule 80 bour- don 105, 281 bourgeoises (manières) 128 bourrin 297 bousiné 554 bousoux 301 bout de bois 565 ; de bran- card 50 ; bouts de bois 70 bouton d'or 199 boyal 589 box (cheval de) 149 branlée 201 braquignol 114 brignolet 284 brisque 414 brosse à cheveux, à dents 452 brouetter 108 bruant 295 brutal 450 buquer 509

596

cabale 120 cabo 131,584 cabri 482 cadeau 211 cafard 229 cage à douilles 122 Cagnadin 221 caille- botis 590 caisse (une) 202 ; (mettre en) 90 ; (bourrer la) 102 ; (faire) 261 ; (visser une) 544 ; à savon, à biscuits, d'emballage 91 calandot 16 cales (les) 394 caleter 394 caltosse 261 camarade 132 cambuser (8e)205 camelinite 530 campagne 328 canettes 318 cannes (les) 70 canon à rata 497 caporal mitrailleur 360 car- buro 540 carcagnat 148 carne 565 carreau 304 carrée 138 casquette en fer 585 . casse-croûte 135 cas- ser (en) 322 ; le poignet (se) 517 casserole 438 cassis 161 Caterpillar 508 ça va assez ... 360 ceinture 115, 232 cerf 565

chabi 139 chabosse 85 chalausticer 59 chambou- ler 108 chandelle 138 char d'assaut 508 charger 464 charibotter 109 charognard 480 charrier 107, 108 charte 17 chass 483 chasse-cafard 225 chasse-patte 140 chaudron 346 chauffeur-mécanicien 360 chemin- de-fer 525 cheval 461 ; chevaux de frise 150 chevron 414 chien de fer, vert 142 chinetoc 397 chiottes (rap- port des) 452 chique 591 choux (poste aux) 301 ; (dans les) 434 chuchemahure 370 ciblot 540 cinéma 589 cintrés (bras) 466 cisailler 415 citation 591 ci- tron 102 civlo 540

claquot 582 clarinettes 116 classes à pied 393 clope 117, 309, 588 coaltar 162 cocher 513 cocotier 311 cogner 475 coinc'tvo 298 colis 479 collochcr 453 coloro 256 conseiller municipal 360 copeau 136 cp-

597 ~

quelicot 199 coqueter (se) 168 coquetier 311 corde 115 corset 162 ; de singe 295 corvée d'eau 525 cos- sard, cosse 282, 283 couille- 80 ; et mes deux 512 course à la mort 40 court-jus 307 cran 116 crîT^uer des genoux 267 crasse 351 cravatcur 228 crête 482 cri (au) 125 crinoline 440 crotte 125 cul 237 ; sec 49 curieux 267 cutsite 530 cycliste 75 cyclo 540

dache 501 dachebosse 85 dahu 34 déborder 203 débourdinaille 201 débusquer 220 décafardé 121 dé- cambuter 205 décartonner 200 décision 452, 591 dé- glinguer 110 dégueuler 203 demi-boule 195 ; -poilu 429 demoiselle ... 96 déposer 56 dérive 340 derrière toi 71 descendre 357 ; à terre 301 désertoir 539 dé- sordre (en) 351 détonation 594 dézinguer 551 dis- cuter le coup 387 distribution 211 dragée 440 dre- lingue 282 Dudule 569 dur 539 dzin-dzin 553

ébeiller 17 échauffouréc 230 éclater 18 économiser 145 écorcher 216 écrabouiller (en) 322 écurie 513 èf-èm 586 élastique 50 électrique 450 éléphant 546 embocher 469, 584 empailler (s') 205 en ... 318-324 enclume 234 enfilade (d') 486 envoyer 57 épilé 430 épluchures 426 èr-a-té 453 Ernest 254 escargot ...

586 espingo 397 étalé sur ... 386 exercice de pau- pières 215

fait 172 falot 310 fanfare 236 fantaisie sur ... 230 faux-nez 287 femme 566 fête arabe 373 figous 254,

587 fil de fer 215 filet 576 flubes 173 flûtes 70 foin 97 fossé 138 fourbi 140 fourreau 228 franco-

-- 598

boche 90 frelon 33, 295 Friedrick 254 fumerons 41 fuseaux 421 fusées rouges 515 fusil à pattes 482 fût de bière 345

gabian 274 gambettes 41 gamelle 202 garde-wian- ger 119 gare la) 60 gaz 409 ; (être) 112 gazé, gazi- fié 224 gelé 217 glissement sur.. .425 glisser 470 gon- fler le mou, gonfleur 104 gorille 286 gosse (tête du) 311 goudronné 371 gouine 99 grain 112 grammes (quinze) 203, 339 grand bordel ... 360 gras 94 gre- nade 224 gringue 284 gros ail 291 ; lard 545 grosse Bertha 96 gruyère 256 gueule (coup de) 178 Gu- gusse 302 guignol 352 gyraldose 303

half and half 240 hareng 565 hauteur 19 heures (des) 215 highlander 247 hildepute 357 hirondelle 523 hôchecagner 17 hotte 475 Hovas 295 hyper- cafard 121 inchangé 490 intendance 211 interpoilu 429 jactance ... 230 jaffe 468 jambes en l'air 421 jarretière 236 jatte 49 jecte 271 jeter 57 ; un coup 58 Julot 302 jus (un) 590 Kaol ... 585 kroums 444

la ... 313-317 lâchons-tout ! 516 lacsé 312 là-haut 357 laisse flotter ... 375 laisser glisser 56, tomber 56, 57 lajopèm 312 lance-bombes 497 lance-mines 354 langouste 285 lapin 461, 566 légère 328 légume bien tendre 285 les ... 317, 318 lest 479 lézard 183 liai- son (en) 487 lieutenant 584 linarpèm 420 lion noir 162, 585 logeteau 247 looping 425 louba 373 lou- cedoc 213 loulepé 328 loupillon 419 louqué 312 lulu 81

599

macaou 14 macarelle 357 madeleine-bastille 50 mademoiselle Lebel 472 magasin 118 maison 414 mandoline 293 manoche 481 mappemonde 108 mar- cassin 131 marcassine 41 marche ! 569 mare 164 niargouillat283 marguerite296 marie-salope 497 mia- rius 357 marmite 438 ; norvégienne 249 marron 440 matatane 512, 592 mec 262 mellé 582 merde 125, 360 merdeux 454 mère-pingouin 422 merlan 243 métallurgiste 594 métro 525 mettre ça (se) 460 ; en poudre 322

Michel 254 michelin 50 miôliste 353 mirabelle 591 miroir 217 misérables 41 mitrailler 398 mitrailleuse à ... 497 mobiliser 591 moineau 376 montre 184 morpion de ... 479. mort 533 mouche 33 moudre (en) 322 mouise 389 moutarde 297 mulet 297 muraille 83 murmurer 266 museau ... 287, 588

navet 391 niclé 431 nicolas 518 noix 391 nord- ouest 360 numéro 327 ; (n^* simplifiés, 207) nuque 430 nyoc 124 œuf 378 ; de Pâques 344 olrède 241 omelette ... 62 oriflamme 226 Oscar 541 Otto 254 ours 544, 565

P.C.D.P. 396 pagéol380 pâle 217, 232 panards 41, 583 panse à l'air 593 pantalon ... 289 papillon 296 pâquerette 199 pardessus 138 parlocher453 pas tant! 148 passer 57 pastèque 268 patard 406 pattes 583 paxon 384 pécal72 pédales 247 pégarre 68 peinard 401 pélican 565 pelure ... 395 péquenot 397 père- bâton 69 perle 396 permission 394, 456 permission-

600

ner 298 pernod 290 péteuse 408 petit beurre 327 ; coup 375 ; Français 302 ; pois 247 phonard513 photo- graphie 217

piano 250 pibus 420 picoler 420 picrate 451 pied de ... 392 ; pieds 582 ; et chaussettes 360 pigeon 523 pignate 344 pile 217 pilonner 19 pincer (en) 320 ; le marbre 146 pipe 159, 588 piqué ,«. 137 piquette 418 piquoiser 17 pitaine 130. piver (se) 416 plafond 19 plaine 78 plat (un) 202 plateau 78 pognoter 379 poilpoil, poipoil 429 pointillé 235 poire 252 pois 398 poivrière 366 porcelaine ... 285 porte-pipe 106 por- teur 498 poste d'écoute 19,563 pot de fleurs 107 po- tage chinois 285 pote 262 poubelle 550 pouleuper 241 pousse-pousse 409 prendre (en) 318 prie 117 primeurs ... 285 propriétés 138 puantes 256 quelque chose 325 quenaupe 308, 588

rafraîchissement 522 raide 217, 232 râle (au) 125 râleur 293, 454 ralocher 453 rams 444 ravitaillement 211 refait 172 regain 199 règlement 100 . réglisse 162 regonfler 204 relève-moral 359 rembourl65 remonte- moi ... 358 renard 361 reniflant 470 repérer 18 res- sentir 322 rêve de vierge 80 revolver 271 ; 424 rico- chet 74 ride 246 rider 241 rigoberts 41 ripée 486 rogneur 446 rognure ... 50 rondelle la) 209 ronfler 266 roquet 293 roses 295 rossignol 176 rouginet 84 rouper, roupiner, 292 royau 193

sabater 17 saladier (un) 202 ; 438 saluer 197 sam- my 518 saucisson 565 ; (saint) 269 sauterelle 524 :

601

bleue 95 scrapnell 398 seau hygiénique 346 secouée 594 secoue-paletot 331 segments 4'î'3 semer 56 Sé- négal 153 sergent 131 service 100 servir 56, 57, 583 shanghaïer326 sicinel57 singe 286 six-cent-six 497 ; pattes 393 ; -pieds 301 soinsoin, soisoi 495 souffler (en) 321 soufflet à punaises 408 soupière 438 sourire 226 sous (pour deux) ^03 sous-évaluer 489 spago 540 spermatol 303 stabilo 540 subpoilù 430 sucre d'orge 374 sud-express 451 super... 48 sur... 500 surmoral 358 surpoilu 429

tabasser 178 tableaux-vivants 576 tabor 192 tacot 112 takata 519 talien 467 tambuste 385 tank 20 taper 475 tapis 78 ; (les) 576 té-cé-trois 395, 590 teddy 518 tendre 489 terrassier 349 terriblcs-tau- riaux 563 tigre bleu 209 tinée 201 tinette 152, 202 tire-Boche 469 tirer le cordon 495 toile de tente 456 tomate 62, 252, 390 tonneau de choucroute 345 toque 138 torpiller 18 torpilleur 497, 592 tor- rial 514 tortillard 497 tortue 184,189 toto 20 tourne-Boche 469 tousser 202 tracteur 526 train blindé 497 traînc-par-terre 474 tranchée 20, 246 tra- quettc 278 travailler 232 tringle 116 triques (les) 70 trognon (au) 93 trois-pattes 393 tronche 391 trotti- tiets 583 troupes noires 153 truffe 390 tsointsoin 496 turlutine 367 tyoutyou 124

un, une*324, 325 uppercut 271 vache 565 vaguo 545 valse lente 506 varech 246, 587 vasistas 304 veau 565 veiller le Boche 35 ventilo 540 veston de

- 602-

singe 295 viande protégée 469 vide-Boches 469 vidé 544 videur 103 vieux 277 violettes 147 violon 336 virage 425 virer le ventre 218 vitre 304 voile photo- graphique 576 voiturette (la) 107 vosgepatto 140 vrille (en) 466 wagonnet 525 y ... 324 yank 518 ypériter 48 zéro 67 zigzag 340 zob 547.

603

SAIJNT-AMAND (cIIEr). IMPRIMERIE BUSSIÈRE

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PC Esnault, Gaston

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S737

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