| Re mur monter: a LS RLIBRARY UE 2687 PE =} " 8 | CC TE =, re À R W:Gibson-{nvr 5: H : = — E À ta} F: ge 0 DURE “| l = "os ; . LE RÈGNE VÉGÉTAL TEXTES LE EGNE VÉGÉTAL - DIVISÉ EN TRAITÉ DE BOTANIQUE, FLORE MÉDICALE, USUELLE ET INDUSTRIELLE HORTICULTURE THÉORIQUE ET PRATIQUE PLANTES AGRICOLES ET FORESTIÈRES HISTOIRE BIOGRAPHIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE DE LA BOTANIQUE PAR MM, O. REVEIL FR. GÉRARD Docteur en médecine » Botaniste - micrographe, Pharmacien en chef des hôpitaux, Membre de plusieurs Sociétés savantes, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris et à l'Ecole supérieure de pharmacie, Membre de plusieurs Sociétés savantes, etc. l’un des principaux collaborateurs du Dictionnaire universel d'histoire naturelle. A. DUPUIS | RENNES Professeur d'histoire naturelle, Botaniste Ancien Professeur de botanique et de sylviculture Attaché au Muséum d'histoire naturelle, à l'Institut agronomique de Grignon, Rédacteur en chef Membre de plusieurs Académies de l’Horticulteur français, et Sociétés savantes, etc, LA Membre de plusieurs Sociétés savantes, etc. AVEC LE CONCOURS (pour la Flore médicale) DE M. LE DOCTEUR BAILLON Professeur de Sciences naturelles médicales à la Faculté de Médecine de Paris ET D'APRÈS LES PLUS ÉMINENTS BOTANISTES FRANCAIS ET ÉTRANGERS formant dix-sept beaux volumes dont neuf volumes grand in-S° jésus de textes ET HUIT ATLAS PETIT IN-QUARTO DE PLANCHES GRAVÉES SUR ACIER ET FINEMENT COLORIÉES TEXTES LIBRARY NEW YORK ROTANICAL GARDEN PARIS L. GUERIN ET Cie, ÉDITEURS DÉPOT ET VENTE A LA LIBRAIRIE THÉODORE MORGAND RUE BONAPARTE, D 1870 Réserve de tous droits. Laos LFP Mibndéh scie DUT Fe HIMERNI APT RETETAUEE à | PUUN AU RNRAT TETE LOIS QUELS OP RE CEA LT UTP E CITES D nf NE SRE 4) ah: » . Can ur & a © , MECT déphenie miierh ) DENT EPP PET ETS CNT AT We, eut " à imp 4 LL ' 2 tt DIT DRNTE I OETENTEE TETE ! "P in M 1 iaihteb cu totrih, das \S M Atpyi A 4: pre Pre id ru à k lranfe 5: di tr or e CALNAN 4 | itià (2100 À © HORTICULTURE JARDIN POTAGER E 1 JARDIN FRUITIER TEXTE Paris — Imprimerie de P-A, BOURDIER et Ce, rue des Poitevins, 6. HORTICULTURE JARDIN POTAGER ET PAR MM. F. HÉRINCQ | FR. GÉRARD | botaniste attaché au Muséum d'histoire naturelle, | botaniste - micrographe, rédacteur en chef de l’Horticulteur français, | l'un des principaux collaborateurs du Dictionnaire auteur de nombreux ouvrages d'horticulture , universel d'histoire naturelle, membre de plusieurs Sociétés collaborateur de la plupart des Journaux et des Revues savantes, etc. horticoles et agricoles. et d’après les plus savants écrits français et étrangers sur la matière OUVRAGE DONNANT DES NOTIONS GÉNÉRALES SUR LA CULTURE DU JARDIN POTAGER ET DU JARDIN FRUITIER ET DES NOTIONS PARTICULIÈRES SUR CHAQUE PLANTE TEXTE ÉDITÉ PAR L. GUÉRIN DÉPÔT ET VENTE A LA LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES ET DES ARTS ILLUSTRÉES De Théodore MORGAND, libraire-éditeur RUE BONAPARTE, à Réserve de tous droits. Ù : . LE 4 Ca . Hi hat cg 7: AA Ar: AR VITE PA ATP Î WVEAITL À be e-rr TR CL ANNEE [TR Pr UF à | “at co aDx4t 8 slute Le 4 ie es suù us À qe r + ‘wi ve HS des monte neige { RU paie À | OT 90 20 Rens de rduh alt pe vi | , Der tr ons FAO TES hs ire 107 PARTIS LR D 12. | wi ent wi wa vu LA RE CE ATEN ARE re AE RE AMEN Lo. À ax Tuer PME MR). : que LE Pre PR FH mi , ET DL EPUTT EME Res " . fi si qu uil À: n … { € - +i F L1 FAN Pal - ‘e UNS | À . A k TL : A - E b, e F 2 Fe ni D 50e VE % vi és La: EC pr œ 1 "a æ CA HS A HE TT DR : sn v à pri | ie rs QU He à M NUROE 2 2 À ra Se A NMATRR 2: NUE nr ‘1, VELAMR ELA Ad HU QUELS + L L. , ol LE PQ N x LÉ 9 Û Fra an MORTE x à ut Es = . : ; ” | à ÿ | » ' * . _ = _ . ai \ < | - . # , AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. Nous avons cru pouvoir, sans inconvénient et même avec avantage pour le lecteur et l’horticulteur, réunir sous la même couverture, le Traité de culture des plantes potagères et le Traité de culture des plantes fruitières, en un mot tout ce qui constitue le jardinage économique proprement dit. Les auteurs, hommes d’une science reconnue, ont fait précéder ces Traités, de Notions générales qui sont ap- plicables à tous deux; puis, en tête de chacun ils ont mis des Notions plus immédiatement spéciales à l’un et à l’autre. Aïnsi, dans les Notions générales préliminaires, ils parlent non-seulement de la nature, des amendements, des engrais du sol, de l’art de féconder celui-ci, des moyens de multiplier les plantes et des divers modes de multiplication, de la conservation et de l’entretien des végétaux, mais encore des essais de météorologie applicables à la culture, des mala- dies des végétaux cultivés et des moyens d’y remédier, des animaux nuisibles ou utiles à la culture, etc. Toutes ces 1 JAN Z - 1909 2 AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. choses sont, en général, non-seulement du domaine de l’hor- ticulture potagère et de l’horticulture fruitière, mais encore de celui de l’horticulture d'ornement, et même peuvent s'étendre à toute la grande culture, agriculture et sylvicul- ture. Les lecteurs du Règne végétal sauront bien trouver ici, pour l'appliquer à toute autre partie de l’ouvrage, quand besoin sera, des notions utiles à la grande culture, de même qu'ils puiseront dans l’horticulture des végétaux d’orne- ment, et réciproquement dans l’horticulture potagère et frut- here, ce qui peut être rapporté à l’une aussi utilement qu’à l’autre. Enfin, quand il s’agira de certains végétaux exoti- ques ou extraordinairement cultivés dans nos jardins et dans nos serres, ils en trouveront, non-seulement les propriétés sanitaires, utilitaires ou nuisibles, mais encore l'habitat, la culture et tous les détails botaniques dans la belle et savante Flore médicale, usuelle et industrielle qui tient une place si importante dans ce grand Règne végétal dont toutes les par- ties peuvent s’unir l’une à l’autre, pour former un vaste en- semble, quoique chacune d’elles présente, dans sa spécialité, un tout complet. ù Pour en revenir aux deux divisions principales de ce volume et de leur atlas (le Jardin potager et le Jardin fruitier), les auteurs, après leurs notions générales, ont donc donné des notions particulières à l'une et à l’autre de ces divisions, à la suite de chacune desquelles notions particulières, ils sont entres dans le corps même du sujet, sous une forme à la fois théorique et pratique. Il ne faut pas perdre de vue que ce n’est point un Bon Jardinier, ou tout autre ouvrage annuel du même genre, qu'ils ont voulu faire, mais que ce serait plutôt, si nous pouvions qualifier ainsi une œuvre de cette na- ture et se reliant à un ensemble d’une importance telle que peut l’avoir un Règne végétal, une sorte de Bon Jar- AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. 3 dinier perpétuel, point de départ de tous les autres , où les éléments, les principes fondamentaux de la science hor- ticole, et non les fantaisies passagères, sont rappelés et affirmés avec l’autorité de la science, d’une manière cons- tante et durable. Les deux volumes et les deux atlas horti- coles du Règne végétal sont, à vrai dire, une introduction vaste et détaillée pour tous les autres livres et pour les revues ou Journaux périodiques consacrés à l’horticulture. A l'appui de ces principes fondamentaux , nous avons donné, pour cette partie comme pour les autres, de magni- . fiques atlas de planches coloriées, avec des textes explicatifs en regard, non pas certainement dans l’unique but de flatter les yeux, mais pour servir à l'instruction du lecteur, au double point de vue horticole et botanique. L'art et l’exac- titude se sont donné la main pour communiquer à ces figures un attrait et une utilité qui n’ont, Dieu merci, aucun rap- port avec les planches de ces livres à végétaux d’étrennes, où la forme et le coloris fantastiques des figures marchent, à de bien rares exceptions près, de pair avec l’inanité des textes, quoique ces textes soient, en général, des plagiats uniquement déguisés par des erreurs de copistes ignorants. Le salut de ces livres contre les poursuites en contrefacon est dans la sottise même des copistes qui les font et dans la’ bonne foi des éditeurs qui les acceptent comme des œuvres originales, originales seulement par les lourdes bévues qu’on introduit. Cost va il mondo, cost è l’ignoranza della gente , 5 5 al pro degli editori confidenti; ou, comme diraient les An- glais : thus goes the world; such is the public ignorance, and all for the greater benefit of confident publishers. ñ Mn nb Pal ” edlsij qi 1OQRE ”, Hnrbgiees Offer dites Lrilriiarre mé hui Labrgv me api M uiniriontt dumnsdon seupiboircig ruminaso nl rx TE “Mafia bn) GATE my: ft aqqu't a! MeRLgeS rat anis VE JNPLONEr mdanèlq satin ant to ALU 22 1 ls [ [2 LUCE 4 Jubii mic F5 pere rw its ni fo hit PHELREL Ÿs una: tré | sil Ca gee VOD 0e EEE EST ESS LE 0 shit HN F Ange SENTE À ALLUT Mon prises PEN AUORr ENER h 3 ! é t À r + | _ L TAB 9 tue ARTE [4 ATAN ODA VE EN) O1 brregyets x : ; 4 « “NN 9908! ‘Ml otPr NE er 1000 Ets | : 6} ERA 4 ‘f r 0 à +1 io pitri fer) | “i0 FT Penn ou titre} ic | Ë ETAT ao) 00 erpri LOT AOT I POMI ÉTÉ “ii bols ac L. | UT N'ITR I TTT DR C LIL “ie RTC [al te sut it | LL ts 11% ACER D Er Per try de veine rlcy sat 0 ne | 11} 21 #7 reée ff d ? CT PL es LH F MIRE TIIN QE EU ta 4l) bite] wi rap p'ut ES: RIAT vai. à { ont | fs. Toto, nu”, trrsioe toire er) pouf PTT { E ICO) M ; nié à WT wy res c4t1ÿ3 pbs Step AT LEEE ri “. Fer hd k 1 ir ati! 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C'est pourquoi, bien que nous placions également des no- tions préliminaires en tête de l'horticulture fruitière et de l’horti- culture d'ornement, on pourra encore puiser dans ces notions plus générales des renseignements utiles à la fois à toutes les divisions horticoles. La culture des végétaux n'est pas, à justement parler, une science, car une science suppose des principes immuables, des règles éta- blies sous forme d'axiomes; c’est tout simplement un art fondé sur l'observation, et encore sur l'observation locale. Le climat, le sol, l'exposition plus ou moins abritée, les mille accidents qui donnent à chaque localité un caractère particulier, les influences météoro- logiques qui modifient l'influence de chaque année, sont autant de causes variables faites pour exercer la sagacité de l’horticulteur. Chaque région a ses particularités, qui ne se reproduisent identi- quement en nulle autre, et qui impriment à la végétation un 6 | HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, caractère particulier à chaque contrée. Nous pourrions en citer une quantité d'exemples, et montrer que l’art de lhorticulteur ne dispose pas d’une manière absolue de la nature végétale; qu'il ne fait que mettre en œuvre les circonstances climatériques plus ou moins avantageuses ; en un mot, qu’il ne fait que profiter des modi- fications physiologiques de l’organisme végétal. Climat, — Le climat n'étant pas à la disposition du propriétaire d’un jardin, il ne lui reste plus qu'à étudier le parti qu'il peut lo- giquement tirer de celui-ci : pour cela, il n’a qu'à consulter d’abord les jardiniers expérimentés de la localité qu’il habite, et ensuite, s’il est tant soit peu botaniste, la ÆVore locale, qui lui donne, par sa nature, l’idée de la richesse du sol, et, par les deux époques si importantes et trop négligées de la feuillaison et de l’effeuillaison, de la floraison et de la maturation, les notions les plus précises sur la nature du climat. | Sol.— Il en est de même du so/ : on n’est pas, dans la plupart des circonstances, maître de choisir le sol qui convient à telle ou telle culture ; il faut l’accepter tel qu'il est, le plus souvent sans qu'il soit possible de le modifier par des amendements ou quelquefois même de lui donner la quantité nécessaire d'engrais. La nature du sol, en l'absence d’amendements et d'engrais suffisants, exige une observa- tion attentive, et, dans cette circonstance encore, demande qu'on étudie les productions qui lui conviennent le mieux. L'observation est d'autant plus importante que l'expérience montre que les va- riétés d’une même espèce d'arbres fruitiers ne réussissent pas égale- ment bien dans le même sol. Dans les terrains peu profonds, les arbres à racines pivotantes meurent très-promptement. Il y a des localités où la culture du pommier et celle du poirier sont impos- sibles ; les terrains qui conviennent aux variétés de pêches à peau duveteuse ne conviennent pas aux brugnons. C'est donc encore à l'expérience à faire connaître quelles sont les cultures les plus pro- pres au sol du jardin qu'on possède. En se conformant à ces préceptes, on tirera de son jardin le meilleur parti possible, et les produits en seront beaux et savou- reux, tandis qu’en voulant faire indistinctement des cultures de NOTIONS GÉNÉRALES. 7 toutes sortes dans un sol qui en repousse un certain nombre, on n'aura que des produits médiocres, quelquefois nuls, et, de plus, les ennuis inséparables de l’insuccès. A mendements. — Il faut faire observer toutefois que, dans la cul- ture des jardins où l’on opère sur une étendue restreinte, la modifi- cation du sol est plus praticable que dans l’agriculture : on a toujours à sa disposition, dans ce domaine si limité, des amendements et des en- grais qui permettent d'élargir le cercle des cultures propres au climat. Dans presque tous les pays, les amendements existent en quan- tités assez notables pour permettre de modifier le sol. On entend par amendements des substances appartenant au règne minéral et qui modifient d’une manière avantageuse la nature du sol. Suivant les circonstances, l'opération est inverse : il faut allégir une terre trop compacte ou donner du corps à une terre trop sablonneuse. On croit généralement que le sable est l'amendement des terrains argi- leux, et l’argile celui des terrains sablonneux. C’est une erreur : le sable ne se combine pas avec l'argile ; il passe à travers la couche labourable, et loin de faire corps avec elle, il pénètre tout entier dans le sous-sol sans avoir produit de résultats. L’argile, mêlée aux terres sablonneuses, est d’un effet meilleur ; mais ce qui rend l’em- ploi de ce moyen impraticable, c’est la quantité considérable qu'il faut de ces amendements pour obtenir un résultat satisfaisant. Dans les localités où la marne est abondante, on peut l’employer avec succès pour l'amélioration du sol. Il faut se servir de la marne calcaire pour les sols argileux, et de la marne argileuse, ainsi que de l'argile marneuse, pour améliorer les terrains graveleux et sa- blonneux ; on doit toutefois faire observer que les dépenses sont assez considérables pour que le plus souvent ce moyen soit rejeté. Sur le bord de la mer on peut employer le falun, qui est une espèce de marne renfermant une grande quantité de coquilles, et dont l'effet est à peu près celui de la marne proprement dite. Il est rare de trouver du falun loin du littoral, quoique la Touraine, les environs de Vienne en Autriche, etc., etc., en possèdent. Le limon marin appelé tangue, mélange de coquilles, de sable et de matières animales et végétales en état de décomposition, est un | x: 8 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. ‘amendement excellent, qui joue le rôle à la fois d'amendement et d'engrais. Dans nos villes les plâtras servent aussi d’amendement et d’en- grais, et sont assez avantageux à employer dans les terres com- pactes. 11 y a même, dans les endroits dont le nivellement a eu lieu par remblai, des espaces assez considérables qui ne sont composés que de plâtras, ce qui ne les empêche pas de faire d'excellents jar- dins au bout d'un certain nombre d'années. Les boues des villes, et, à leur défaut, celles des routes très-fré- quentées, forment aussi amendement et engrais. Les cendres, la chaux, le plâtre sont des stimulants plutôt que des amendements ; ils s'emploient rarement dans les jardins. Les engrais sont destinés à rendre au sol épuisé la fertilité dont il a été dépouillé par une production trop abondante ; ils sont pré- férables quand ils résultent de la combinaison des matières ani- males et végétales; les fumiers sont, de tous les engrais, ceux qui conviennent le mieux. Les uns sont chauds, par exemple, les fumiers de cheval, d'âne, de mouton, la colombine ou la fiente. de pigeon et de poule ; d’autres sont froids, par exemple, les fumiers de vache et de bœuf. Les fumiers où engrais purement végétaux peuvent avoir une certaine utilité ; mais ils ne restituent pas au sol tous les principes fertilisants dont il a besoin ; c’est pourquoi il faut y préférer les engrais mixtes, végétaux et animaux. Le fumier doit être enterré après sa fermentation, surtout dans les jardins. Ce qui donne à l’horticulture toute sa supériorité sur la grande culture, c’est l'emploi abondant des fumiers; ceux-ci modi- fient le sol primitif et en font un sol artificiel où l’on obtient, en petite culture surtout, à peu près tout ce qu'on veut, avec de fréquents arrosements. 11 faut cependant faire observer que, dans les terres fortes ou compactes, froides et pénétrées d'humidité, on ne doit em- ployer que des fumiers non consommés, faisant la fonction d’a- mendements. La décomposition plus lente des fumiers neufs fait qu'il faut s'attendre à une action moins rapide, et par conséquent plus durable. C’est en hiver et à Ja fin de l'automne qu'il convient NOTIONS GÉNÉRALES, 9 d'étendre le fumier; on l’enterre le plus tôt possible, pour que son action se fasse sentir dès que les plantes seront entrées dans leur période de végétation. Le fumier étant l'agent indispensable de fertilisation, il faut. dans les jardins potagers surtout, en mettre tous les ans et le plus que l’on peut; on doit toutefois faire remarquer que les végétaux de la famille des Liliacées, ou, en d’autres termes, les plantes bulbeuses, ne réussissent pas bien dans un sol trop récemment fumé : il faut qu'il ait été fumé de l’année précédente. Les vieilles couches et le terreau de feuilles non encore consom- mées sont employés à être étendus sur le sol, plutôt comme cou- verture que comme engrais; cependant ces débris ne sont pas dé- pourvus d’une certaine action fertilisante, et contribuent à la nutrition des végétaux. Leurs principaux avantages sont de servir d'écran contre l’action directe des rayons solaires et d'empêcher la terre de se dessécher par suite de l’évaporation. On donne le nom de paillis aux débris de couches qu’on étend sur le sol; le paillis est un excellent moyen dont on ne peut trop recommander l'usage. Labours et défoncements. — Nous ne parlerons que sommaire- ment des /abours, car on en apprendra plus en voyant une seule fois un jardinier défoncer ou bêcher, qu’en lisant des pages entières sur la pratique de cette opération manuelle. Nous nous bornerons à dire que le défoncement a lieu dans les terrains neufs ou épuisés lorsqu'on veut faire disparaître la couche supérieure, couverte de mauvaises herbes dans le premier cas, et de terre sans fertilité dans le second. Les défoncements sont indis- pensables quand on veut planter des arbres. Les labours qui se font à la bèche dans les jardins, ont lieu non- seulement tous les ans avant que les gelées ne s'opposent à tout travail, mais encore chaque fois qu'on veut faire succéder une culture à une autre, en y ajoutant, suivant le besoin, des engrais “qui seront d'autant plus consommés qu'ils devront agir plus rapi- dement. Lorsque les mauvaises herbes couvrent le sol, il faut les arracher et les brüler, ou ne les employer qu'après leur entière 10 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. consommation, parce que les graines, qui y sont mêlées en grande proportion, germent et couvrent laterre d'une multitude de végétaux inutiles, épuisant celle-ci et nécessitant des sarclages fréquents. Sarclage. — Les plantes qui couvrent spontanément le sol de nos jardins et se mêlent à nos cultures d’une manière si incommode, ne sont pas les mêmes que celles qui viennent däns les terres neuves non encore remuées. Elles sont attachées au sol par des racines moins profondes; mais elles n’en sont pas moins nuisibles, et il importe de les arracher, opération appelée sarclage, avant la maturité de leurs graines, hormis celles qui repoussent soit par les racines, soit par les boutures. Quand on a eu cette précaution, on n'a plus à craindre qu’elles reparaissent avec une égale abondance. IL faut cependant dire que les fumiers sont toujours mêlés en telle propor- tion à ces parasites incommodes, qu'on ne doit jamais se flatter d’être affranchi de la minutieuse opération du sarelage. Ajoutons que les sarclages se font plus facilement après la pluie, ou, dans les temps secs, après un léger arrosement. Binage. — Une autre opération, qui n'est qu'un labour en petit et qui a comme lui pour effet d'ameublir le sol et de le rendre ac- cessible à l’action des grands agents de la végétation, l'air, la lumière et l’eau, est le binage, si absolument nécessaire aux plantes pota- gères, et si utile aux végétaux d'ornement. Il consiste à remuer le sol autour des plantes en végétation, au moyen d’un instrument qu’on appelle une binette. Souvent les deux opérations du sarclage et du binage se confondent, et l'on arrache les mauvaises herbes en remuant le sol. Instruments de jardinage. — En donnant, avec un texte en re- gard , la figure des principaux énstruments de jardinage (pl. LV de l'atlas) propres à la culture des jardins, nous avons voulu éviter ici à nos lecteurs les ennuis d’une description; nous nous bornerons à dire qu’il est inutile de multiplier sans nécessité le nombre des ins- truments dont on fait usage, et qu'il faut, pour les plus importants surtout, tels que la bêche, la pioche, le rateau, les binettes, les séca- teurs, les serpettes, etc., ne prendre que des instruments de première qualité et d’une taille qui rende sérieuse l'opération à laquelle on NOTIONS GÉNÉRALES. 11 se livre. Les outils en miniature, véritables jouets d'enfants, ne sont jamais propres à une culture de produit et servent seulement à faire du jardinage un agréable passe-temps. Arrosements. — Les arrosements sont, en horticulture, une opéra- tion de la plus haute importance. Les eaux pluviales sont supérieures aux eaux stagnantes, les eaux stagnantes aux eaux courantes, et ces dernières aux eaux de puits. En un mot, les eaux conviennent d'autant mieux aux arrosements, qu’elles sont plus mêlées d'air ou de substances organiques, en état de division infinie, qu'elles se putré- fient plus facilement et sont plus privées de sels calcaires. Ce qui revient à dire que, chaque fois qu'on se sert d’une eau crue, dans laquelle le savon se dissout avec peine, il faut la laisser reposer, pour que les sels se déposent et qu'elle subisse l’action des agents extérieurs. La quantité des arrosements dépend de la sécheresse de la saison et de la nature du sol; mais, dans la culture potagère, ils doivent être plus fréquents que dans la culture ornementale; le but qu'on se propose, en cultivant des plantes utiles, c’est d'obtenir le plus promptement possible les produits les plus beaux. Les moments de la journée où il convient d’arroser dépendent de la saison. Au printemps et à l'automne les nuits sont froides, et les arrosements du soir nuiraient à la végétation : c'est pourquoi il faut arroser le matin; en été, on doit de préférence faire l’arrose- ment dans l'après-midi. En général, il faut éviter d’arroser au milieu de la journée, quand le soleil est dans toute sa force, parce que la rapidité de l’évaporation nuit en partie au bienfait de l'opération. On a érigé en précepte de n’arroser les gros légumes, qui ont be- soin d'une végétation assez lente pour acquérir tout leur volume, qu'avec de l’eau à une basse température, c’est-à-dire avec l’eau telle qu’elle sort du puits, sans lui laisser le temps de s’échauffer. Le froid, en ralentissant leur croissance, leur permet de se déve- lopper normalement ; tandis que, si l’on employait des eaux tièdes, comme celles qui sont depuis quelques heures exposées à l’action de la chaleur ambiante, ces légumes s'emporteraient en feuilles et donneraient prématurément des produits sans valeur. Il faut bien se pénétrer de ce principe, c’est que la chaleur et 12 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. l'eau sont, avec la lumière, les agents essentiels de la végétation : on ne doit donc pas craindre de les appeler à son secours quand on veut obtenir des produits horticoles en abondance. Ceci s'applique surtout aux herbes potagères, qui sont toutes plus ou moins artifi- cielles, c’est-à-dire qui sont des végétaux hypertrophiés ou déme- surément développés par la culture ; et encore ceux qui pomment ou produisent des feuilles en abondance doivent-ils être surveillés pour qu'ils acquièrent leur développement normal, et ceux qui donnent des graines pour qu'ils n’acquitrent pas une exubérance de feuil- lage, aux dépens des semences qui sont le but de leur culture. Pour exprimer en peu de mots la loi en vertu de laquelle se développe la nature végétale, il faut dire que l'équilibre le plus parfait doit ré- gner entre toutes les parties d’un végétal pour qu'il se développe normalement, que l'hypertrophie d’un organe entraîne l’atrophie d’un autre, et que, dans le cas où c'est l'organe hypertrophié qui est le produit recherché, il faut empêcher les autres appareils de crot- tre outre mesure. Il faut diriger les arbres fruitiers, de manière à favoriser le développement floral aux dépens du bois et du feuillage; par la même raison il ne faut pas faire produire aux végétaux d’or- nement des feuilles aux dépens de la fleur. - Comme on le voit, les opérations fondamentales de l’horticulture sont de pur empirisme, mais d’empirisme rationnel, qui n’admet que des règles générales et qui demande à être modifié suivant les circonstances. Il y a dans le jardinage quatre parties distinctes : 1° Les travaux généraux, applicables à toute espèce de culture; 2° La culture potagère, qui a ses exigences particulières et ré- clame une activité et une surveillance de tous les instants; 3 Le jardin fruitier, qui a également ses exigences particulières, et dont les principes fondamentaux sont un balancement constant entre le bois et le fruit ; 4° Le jardin d'agrément ou d'ornement, dont le but est la succes- sion non interrompue des fleurs, et qui, pour en arriver là, demande des soins, des repiquages, des multiplications incessantes et des remaniements, ayant pour objet de ne jamais laisser les plates- NOTIONS GÉNÉRALES. 15 bandes veuves de fleurs. Nous n’aurons à nous en occuper que très- incidemment dans ces notions générales, puisque cette partie de l’horticulture a son atlas et ses textes spéciaux. Commençons par les études et les travaux qui sont à peu près applicables à toutes les espèces de culture. DE LA MULTIPLICATION DES PLANTES. DES COUCHES, DES RÉCHAUDS, DES ADOS, DE LA CULTURE GÉOTHERMIQUE ET DU DRAINAGE. La culture de pleine terre n’est praticable que pour les plantes placées sous le climat convenable et y accomplissant leur eyele de végétation dans le cours d’une seule saison; car, ce qui rend tant de végétaux impropres à la culture, c’est plutôt l'humidité de l’au- tomne et du printemps, les alternatives de gelée et de dégel que l'intensité du froid. Le plus simple abri défend du froid le plus ri- goureux, tandis que les couvertures les plus épaisses n’empêchent pas les plantes délicates de succomber à une température qui ne des- cend quelquefois pas à deux degrés au-dessous du point de congéla- lion, mais qui oscille sans cesse entre le froid humide et le froid sec. Voici, en peu de mots, comment se passe ce phénomène qui fera comprendre pourquoi des végétaux, vigoureux en apparence, ne peuvent supporter un froid quelquefois très-peu intense. La végé- tation a beau être suspendue par l'hiver, il y a néanmoins encore dans l'organisme un mouvement vital insensible, ou plutôt une plante est toujours si disposée à rentrer en activité, que deux jours de beau temps et quelques jours d’un soleil tiède font grossir les bour- geons, et que le travail de la vie reprend son cours. Lors même qu'il y a une torpeur qu'on pourrait comparer à l’hibernation des animaux, les fluides nourriciers, quoique stagnants, n'en existent pas moins dans les tissus, et ils sont soumis, comme tous les corps fluides, à l’action des agents extérieurs. Turgescents et mobiles quand il fait chaud, ils se condensent par le froid ; mais en se con- gelant, ils augmentent de volume, ils déchirent les mailles des tis- 14 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. sus qui les recèlent, et qui, dans cet état, repassent à l'état inerte. Dès que la température s'élève, ces tissus lacérés, devenus impropres à la vie, tombent en pourriture. Les plantes rustiques, qui bravent la rigueur des hivers, ne sont pas composées de tissus Tâches, mais derses ; et les mailles en sont trop petites pour que la congélation des sucs séveux y puisse produire le déchirement de tissus résistants. Couches. — Les plantes qui ont besoin d’une plus longue période de végétation que celle que leur accorderait notre climat, exigent des soins différents des plantes de pleine terre ; c’est pourquoi on a imaginé les couches et les moyens artificiels de conservation. Quelque modeste que soit un jardin, il faut toujours une petite couche pour semer des légumes précoces ou des fleurs. Nous ne parlerons pas longuement des couches de primeurs, qui ne diffèrent des autres que parce qu'elles sont élevées plus tôt, Les principes de construction des divers genres de couche étant invaria- blement les mêmes. | Théorie de la couche.— Le principe sur lequel est établie la couche, est le développement de la chaleur produite par la fermentation de matières organiques végétales ou végéto-animales humides ; il n'est donc pas nécessaire que ce soit du fumier, bien que ce mélange des produits végétaux et des détritus animaux hautement. fermentesci- bles soit le meilleur élément producteur du calorique. Des feuilles sèches, de la paille hachée, des balles d'avoine, des herbes des champs, produiront la chaleur par leur amoncellement et par leur arrosement soit avec de l’eau pure, soit avec des urines ou des eaux saturées de matières animales, soit avec des solutions alcalines ou ammoniacales ; mais quelles que soient les matières employées, elles ne vaudront jamais le fumier. Principes généraux de la couche. — 1° Les couches doivent être à l'exposition la plus chaude, c’est-à-dire au sud, et abritées contre les vents du nord ; 2° elles seront d'autant plus épaisses que l'épo- que à laquelle on les établira sera plus froide : ce qui a lieu pour les couches d'hiver, qui se font à partir de la fin d'octobre jusqu’en avril; 3° sur une terre froide et pénétrée d'humidité, elles seront plus épaisses que sur une terre sèche et perméable à la chaleur; A NOTIONS GÉNÉRALES. 15 4° plus elles seront étroites, plus elles seront épaisses ; cependant il ne faut guère s'éloigner de certaines règles générales, consacrées par l’usage et d’après lesquelles on leur donne au moins un mètre de largeur : car la largeur normale est 130 ; 5° il faut employer de préférence du fumier de cheval neuf; mais comme une couche montée avec ce fumier seul serait trop chaude et brülerait les jeunes plantes, on le mélange soit de débris de couches anciennes, ou, quand ceux-ci manquent, de fumier de feuilles; par ce moyen, la fermentation est moins active, et la chaleur a plus de durée; les couches chaudes exigent du fumier plus neuf, les couches tièdes du fumier plus consommé ; 6° les réchauds, dont on flanque les cou- ches qui commencent à se refroidir, doivent se composer de fumier neuf seulement, parce qu'ils sont destinés à transmettre la chaleur et doivent arriver à la plus haute température possible; 7° les sentiers qu’on laisse entre les couches, quand on a plusieurs de celles-ci, doivent être également remplis de fumier. On voit que le but qu’on se propose en établissant des couches, est d'obtenir pendant le temps le plus long possible une chaleur ca- pable de suppléer la température de l'atmosphère. La théorie une fois bien établie, nous allons énumérer les principales conditions à observer dans la construction d’une couche. Pratique de la couche.— Pour monter une couche, on commence par mélanger les fumiers le plus également possible, soin qu'on aura pareillement en disposant les lits de fumier les uns au-dessus des au- tres. On établit sa couche, qui est disposée sur un terrain creusé dans toute son étendue d'environ 20 centimètres, par strates ou lits successifs, en allant toujours à reculons, pour avoir devant soi le travail qui progresse. À chaque lit, on nivelle, on foule, afin d’ob- tenir une surface régulière ; on mouille au besoin plus ou moins, suivant l’état du fumier, et l’on a soin que la répartition ait lieu avec une telle égalité, que la couche, qui doit représenter un solide d'une parfaite régularité, soit composée, dans tous ses points, d'élé- ments semblables. Quand la couche est terminée, on remplit les sentiers ; puis on place les coffres, espèces d’encadrements de bois qui se posent sur les bords supérieurs de la couche et descendent avec a 16 HORTICULTUYUE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. : e elle, à mesure qu’elle s’affaisse ; on charge sa couche de terreau, pour pouvoir faire les semis, et l’on pose les panneaux ou châssis de verre, qu'on laisse fermés pendant quelques jours, pour donner à la fermentation la possibilité de s'établir. La première fermenta- tion est tumultueuse, et la chaleur est telle, que, si l’on n'y pre- nait garde, on brülerait les semis que l’on confierait à la terre et les plantes qu'on voudrait abriter ; il faut donc attendre que la plus forte chaleur soit passée, que la couche ait jeté son feu ; si la cha- leur ne diminuait pas assez vite, on ferait quelques arrosements autour de la couche pour la refroidir. Couche sourde. — Il y a une autre sorte de couche qu’on appelle couche sourde, qui s'établit plus tard, vers la fin de mars et dans tout le courant d'avril. Elle se fait dans une tranchée de 1 mètre au plus de largeur, et de 35 à 40 centimètres de profondeur, avec les mêmes matériaux que les précédentes, et la saillie au-dessus du sol ne doit être que de 30 ou 40 centimètres. Cette sorte de couche n'est pas plane; elle est légèrement renflée au centre ; on la charge de terreau ou de bonne terre, et on recouvre le tout de fumier long pour entretenir la chaleur. Réchauds. — La durée de la chaleur des couches est de deux à trois mois et dépend surtout de l’époque de l’année où elles ont été établies : plus la température est basse, moins la durée de la chaleur est grande; c’est pourquoi, pendant tout l'hiver, et dans les premiers jours du printemps, on est obligé d'avoir recours à certains moyens de ranimer la chaleur qui s'éteint sans faire une couche nouvelle. C’est ce qu'on appelle des réchauds. Cette opération consiste à remplir de fumier neuf ou propre à la fermentation les sentiers qui longent les couches, et à les remanier ou renouveler en partie lous les huit ou quinze jours. Quand le temps est mau- vais et la température basse, on couvre les réchauds pour en conserver la chaleur. Du thermosiphon. — Un moyen non pas plus économique, mais plus commode, et qui est applicable d’un bout à l’autre de l’année, est le procédé de chauffage connu sous le nom de /hermosiphon. C’est un appareil à circulation d’eau chaude, qui peut aussi bien > NOTIONS GÉNÉRALES. 17 servir à chauffer une serre qu'une simple bâche, et évite le dispen- dieux emploi du fumier, tant comme acquisition que comme main- d'œuvre. C’est sur une couche de terreau assez mince, autour de laquelle circulent les conduits du thermosiphon, que l’on fait les semis. On comprend que c'est une construction permanente et non mobile comme celle des couches, bien que la disposition ingé- nieuse de l’appareil permette son déplacement sans grand embar- ras. La facilité de régler la chaleur est un avantage qui donne au thermosiphon une grande supériorité sur le moyen assez primitif des couches. On doit cependant dire, pour la justification de ce dernier moyen, que, comme on n'a pas toujours besoin d'un appareil permanent, et que, le secours de la chaleur artificielle n'étant plus nécessaire quand les semis de printemps sont terminés, l’on aura longtemps encore besoin des couches de fumier qui s’établissent où l’on veut, et dont les débris fournissent un excellent moyen de couvrir les semis ou les plantes que l’on doit protéger contre le hâle, en conservant l'humidité des arrosements . Ados. — Un moyen plus économique encore que les couches d'obtenir des produits prématurés, est celui des ados. Ce sont des _plates-bandes en pente d’une inclinaison de 20° à 25°, à une expo- sition chaude, que l’on charge de terre et de terreau mêlés, et sur lesquelles on fait des semis ou repique de jeunes plants qu’on recouvre d'une cloche. Culture Géothermique. — Par une sorte d'extension du système 1M. Delaire, directeur du jardin botanique d'Orléans, a été l’applicateur d’un appa- reil calorifère dont le système diffère essentiellement de ceux en usage, et a mème sur le thermosiphon une grande supériorité, à cause de l'avantage réel qu'il a de verser dans le local à échauffer, de l'air pur, qui s’est chargé de calorique non plus en pas- sant à travers des tuyaux incandescents, mais en traversant des chambres de chaleur voisines du foyer. Pour restituer à l’air qui s'échappe par les bouches calorifères la vapeur dont la caléfaction l’a dépouillé, des bassinages dont l’évaporation est perma- nente suffisent, et l’on n’a pas besoin de faire arriver dans l’espace échauffé de la vapeur d’eau. Il ne faut pas une longue explication pour comprendre que ce système est applicable de mille manières toutes excellentes ; qu'il suffit de s’en tenir au prin- cipe qui consiste à ne pas dessécher l’air ni à le décomposer, en le faisant circuler dans des tubes métalliques chauffés au rouge. Il ne faut pas même que l’air soit en contact avec du fer, quand il est échauffé à une haute température, car il se décom- pose en partie, et devient irrespirable pour les hommes et les végétaux. 18 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. des ados, le savant M. Charles Naudin a imaginé un nouveau mode de culture, qu'il a appelé géothermique, pour les arbres et les ar- bustes exotiques demi-rustiques, comme les plantes d’Orangerie, lesquelles désormais, au lieu d'être tenues en pots ou en caisses, et mises en serres pendant l'hiver, peuvent être cultivées en pleine terre à l’aide d'abris mobiles. Dans ce système, les pots et les cais- ses sont remplacés par un sol plus ou moins étendu, isolé du ter- rain environnant par un fossé muré, de quelques centimètres de large, et rempli de corps mauvais conducteurs du calorique, tels que du charbon de bois, de la paille, de la mousse, etc., ou simplement même vide, l'air étant par lui-même un corps isolant. Des tuyaux de thermosiphon , ou la cheminée d’un poêle, circulant horizontale- ment dans l'épaisseur de la parcelle des terrains isolés, commu- niquent à ceux-ci le degré de chaleur requis pour le succès de la culture. Quant aux abris temporaires, ils consistent en nattes, et surtout en tissus grossiers de laine ou de bourre, soutenus par une légère charpente de bois dont les pièces peuvent se monter et se démonter à volonté. Ces tissus doivent être eux-mêmes recouverts d’une toile cirée qui les défende de l'humidité. Aux premiers froids de l'hiver, cette sorte de tente est dressée sur les massifs. On la tient incomplétement close, tant que la tempéräture de l'air se maintient au-dessus de zéro; mais on la ferme hermétiquement dans les temps de gelée. On ne fait toutefois usage de la chaleur artificielle que dans le cas où la température intérieure de la tente s’abaisse au point de devenir inquiétante pour la santé des plantes, et encore ne doit-on chauffer que tout Juste autant que cela est nécessaire pour écarter la gelée, afin de ne pas exciter à contre- temps lg végétation ; car le repos hivernal est, pour toutes les plan- tes, une des premières conditions de santé et de bien-être. Au retour du printemps, c'est-à-dire dès le milieu ou la fin de mars, quand le soleil a déjà de la force, on fait fonctionner l'appareil dechauffage, d’abord faiblement, puis de plus en plus fort, de manière à amener, au bout de quelques jours, la température de la terre à 15, 16 ou 18 degrés centigrades. Les plantes entrent alors immédiatement en végétation ; on les découvre au fur et à mesure pendant le jour, NOTIONS GÉNÉRALES. 19 pour qu'elles jouissent de la chaleur du soleil, sauf à les découvrir la nuit si l'on est menacé de gelée. Enfin, on enlève toutes les pièces de la tente quand les gelées printannières ne sont plus à craindre, ce qui , sous le climat de Paris, a lieu dans la première quinzaine de mai seulement. Nous n’avons cru pouvoir mieux faire que d'emprunter à M. Naudin lui-même (Manuel de lamateur des Jardins), l'exposé de son ingénieuse théorie. Drainage. — Bien que plus spécial à l’agriculture, le drainage, mot emprunté à la langue anglaise et qui signifie desséchement à l'aide de petites coupures, de saignées pratiquées dans le terrain pour l'écoulement des eaux, est un des moyens dont peut user l'horticulteur, non-seulement pour assécher les terres imbibées d'eaux stagnantes, mais pour élever, par cette opération même, la température du sol dont il dispose, l’eau stagnante ayant entre autres effets fâcheux, celui de refroidir sensiblement la terre. Au moyen de petites rigoles profondes de 0",50 ou 1 mètre, rapprochées d'autant plus les unes des autres que le sol est plus imbibé d’eau, et desquelles on dirige les pentes vers une fosse d'écoulement, ou mieux encore au moyen de tuyaux en terre cuite, nommés drains, que l’on place bout à bout, que l'on recouvre de terre, et qui fonctionnent avec une parfaite régularité, on obtient un accrois- sement de chaleur du sol de 2, 3, et même 4 degrés et plus, ce qui a sur les plantes en culture une action très-favorable, surtout dans les contrées humides et septentrionales. Le drainage cesse d’être utile dans les pays méridionaux où la chaleur et la sécheresse sont les caractères dominants. DES SEMIS. L'opération qui doit précéder tout semis est l'ameublissement du sol par le labour ou par une division qui le rend perméable à tous les agents extérieurs. Principes généraux. — Les principes généraux des semis sont en petit nombre, et ils n’exigent, pour être retenus ou pratiqués, é 20 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. aucun effort de mémoire ou des connaissances préliminaires étendues. | 1° On fait les semis à des époques calculées de manière à ce que la plante, dont la durée de la végétation est connue, puisse parcou- rir cette durée avant que l'hiver ne vienne en suspendre le cours. 2° Ce qui détermine l’époque des semis, c’est Le plus ou moins de rapidité de la germination; c’est-à-dire qu’on peut semer pendant un plus long temps les plantes dont la germination est rapide. Cepen- dant, en général, on ne peut guère semer les plantes potagères plus tard qu'au mois de juillet. Certaines plantes d'origine étrangère, quoique parfaitement naturalisées chez nous, telles que les Haricots, ont conservé une susceptibilité qui empèche de les semer trop tôt, parce que l’humidité est assez grande encore pour qu'ils pourrissent avant de sortir de terre. Il y a des semis de printemps pour les légumes et les fleurs an- nuelles ; des semis d'automne pour les légumes qui peuvent passer l'hiver, pour les plantes vivaces et surtout pour les arbres; cer- taines espèces même doivent être semées aussitôt après la maturité des semences. 3° Dans les terres chaudes on sème de très-bonne heure; dans les terres chaudes et sèches, on sème tôt, et l’on enterre assez profon- dément pour ne pas exposer les jeunes plants à l’action destructive du hâle ; dans les terres humides et froides, on sème plus tard et l’on enterre moins les graines, qui pourriraient si elles étaient trop recouvertes. 4° Les graines doivent être d'autant moins recouvertes qu'elles sont plus fines ; celles qui sont d’une extrême ténuité, comme les Raiponces, ne doivent pas être recouvertes. 5° On doit plus ou moins fouler le sol après le semis pour mettre les graines en contact avec la terre et en faciliter la ger- mination. Pratique. — Les semis sont de trois sortes : & /a volée, en lignes ou rayons, et en fossettes ou pochets. Semis à la volée, — Le semis à la volée, plus rapide comme opération, n'est bôn, dans la petite culture, que quand on a des NOTIONS GÉNÉRALES. 21 étendues de terrain assez considérables à ensemencer. C’est, à proprement parler, un mode de semis qui n’intéresse que la grande culture. Il consiste à remplir la main droite de graines qu’on répand sur le sol par un mouvement vif et saccadé d’avant en arrière, en ouvrant légèrement les doigts pour répartir également la semence. Quand les graines sont fines, on y mêle de la terre ou du sable pour éviter de les répandre en trop grande quantité, c’est-à-dire de semer dru. Quoi qu'on fasse, on emploie une quantité de graines triple ou quadruple de celle qu’on répandrait par le semis en rayons ; cela cause une perte d'argent et de temps, parce qu'il faut éclaircir le plant qui s’étiolerait s'il était trop pressé. Si l'on sème à la volée, il faut, après le semis, herser le terrain avec la fourche ou le râteau, le fouler légèrement pour recouvrir les graines, étendre quelquefois un peu de terreau de fumier, et, si la saison l'exige, donner de légers bassinages pour activer la ger- mination. Semis en lignes, — Le semis en lignes est une opération plus longue, mais plus rationnelle ; il se fait en traçant à la binette ou avec le manche d’un râteau des lignes tirées au cordeau, pro- fondes d'environ 4 à 5 centimètres, dont la distance varie suivant la nature du semis. On répand les graines dans le fond des sil- lons, puis on les recouvre en rabattant en partie la terre avec le dos du râteau. Lorsque les graines sont levées et que le plant est sorti de terre, on achève de remplir les sillons en nivelant le sol. C'est le mode de semis le plus avantageux, en ce qu’il faci- lite les opérations subséquentes. Semis en fossettes. — Le semis en fossettes s'applique aux plantes qui se cultivent en touffes. On fait avec la binette des trous dispo- sés en échiquier, au fond desquels on dépose plusieurs graines ; on les recouvre avec la terre des fossettes de la ligne voisine, et quand les plants sont assez élevés, on égalise le sol. Semis sur couches. — Nous ne dirons que quelques mots du semis sur couche, qui ne diffère en rien des précédents; nous ajouterons seulement qu’il faut éviter de semer à une température de plus de 22 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. 14 à 15° centigrades, et que les semis y réussissent toujours mieux, parce qu'on peut, à volonté, diriger les agents de la végétation. C'est d'octobre en mars que les couches sont utiles, et de no- vembre en avril qu'on emploie les réchauds. DU REPIQUAGE. L'opération qui, pour les plantes non semées en place, suit immédiatement le semis, c’est le repiquage, lequel consiste à en- lever une plante qui a acquis une certaine force et à la planter dans un autre lieu, pour qu'elle y parcoure toute sa période de vé- gétation. | Principes généraux : — 1° Ne pas lever des plants trop vieux ou trop forts, parce que la reprise en serait plus difficile, et que les produits en seraient moins beaux ; 2° Les plants qui reprennent difficilement racine doivent être préalablement mis en pépinière, opération qui consiste à les re- planter {rès-près l’un de l’autre pour en faciliter la reprise; ce sys- tème de repiquage provisoire a pour résultat de déterminer la pro- duction d’une grande quantité de petites racines qui rendent la reprise assurée lors de la plantation définitive; il faut bien observer que les petites racines appelées chevelu sont celles qui servent à l'absorption de la plante, tandis que les grosses racines ne servent qu'à la fixer dans le sol; les arbres, même les plus gros, ne vivent que par leurs chevelus ou extrémités radiculaires ; 3° Le repiquage doit avoir lieu en terre meuble; on étend en- suite sur le sol une bonne couche de paillis pour maintenir l’eau des arrosements ; 4 On doit, le plus qu'on peut, choisir un temps couvert pour faire ses repiquages ; la fin du jour est le moment le plus favorable. Pratique. — L'opération du repiquage, dont l'agent direct est le plantoir, se fait en pratiquant dans le sol ameubli un trou natu- rellement conique, par suite de la forme de l'instrument ; on y pose son plant, après en avoir tronqué, aussi nettement qu'on le peut, NOTIONS GÉNÉRALES, 23 l'extrémité radiculaire, on rabat la terre autour des racines, en ayant soin de laisser le moins de vide possible; et, pour déterminer un contact plus intime, on soulève doucement Le plant afin de tasser la terre dans le trou. Quand on a des repiquages considérables, il faut arroser au fur et à mesure du travail pour ne pas laisser les plants se dessécher, DES DIVERS AUTRES MODES DE MULTIPLICATION, Les semences ne sont pas le seul mode de multiplication des plantes, car les végétaux ont des organes doués d'une vitalité persistante répandue dans toutes leurs parties ; souvent même une seule feuille suffit pour donner naissance à un être nouveau. Tantôt ce sont des oignons, d’autres fois des tubercules, des œilletons, des bulbilles, qui offrent des moyens naturels de reproduction ; la sépa- ration des racines est un autre moyen plus artificiel; les marcottes et les boutures le sont davantage encore, et peuvent, à juste titre, être considérées comme une opération qui se rattache d’une ma- nière plus intime aux secrets de l’art de l’horticulture. Multiplication par oignons, caïeux, bulbilles. — Les végétaux de certaines familles se reproduisent par des oignons, qu'il faut choisir sains, planter en terre non récemment fumée, et garantir de la pourriture en évitant l'excès d'humidité. Quand les oignons ont parcouru une certaine période, qui est de trois années, il se forme autour de la partie qui émet les racines, et qu’on appelle le plateau, de petits oignons, appelés caïeur, qui servent à la multi- plication. Il leur faut de trois à quatre années pour qu’ils donnent leurs fleurs. On les plante de bonne heure, c’est-à-dire au moins un mois avant les gros oignons, pour éviter leur desséchement, qui est en général très-rapide. Certaines plantes, telles que la Rocam- bole, le Lis bulbifère, etc., portent, au lieu de graines et aussi à l’ais- selle des feuilles, de petits oignons qu'on désigne sous le nom de bulbilles, ou petits bulbes, et qui se traitent comme les caïeux. Les plantes bulbeuses se multiplient par la semence aussi bien que par les caïeux ou les bulbilles, mais elles sont plus longtemps à donner 24 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. leurs produits. Pour faire comprendre le phénomène de la produc- tion bulbifère, nous ferons observer que l'oignon, communément regardé comme une racine ou un tubercule, est une tige rac- courcie; que l'espèce de tige qui porte les fleurs est tout simple- ment un pédoncule, et que les caïeux sont des æilletons. Multiplication par tiges souterraines, tubercules, griffes, pattes. — Certaines plantes produisent ou des Ziges souterraines, comme les Sceaux de Salomon, les Primevères. D’autres produisent des /uber- cules, espèces de bourgeons souterrains qui peuvent être détachés de la plante et servent à sa reproduction : la Pomme de terre, les Topi- nambours, en un mot les vrais tubercules, ont des yeux multipliés et peuvent être coupés en morceaux ; d’autres, au contraire, comme les Dahlias et les Pivoines herbacées, n’ont de bourgeon qu'au som- met : ce sont des racines tuberculeuses ; il faut donc diviser ces der- niers de manière à laisser’ à chacun de ces /aux tubercules une portion du collet, qui est le point de départ de la tige, pour ne pas supprimer l'œil terminal. On reconnaît les tubercules à bour- geons multiples, aux enfoncements dans lesquels sont nichés les yeux qui doivent produire des tiges nouvelles, et l’on peut les diviser en autant de parties qu'il y a d’yeur. Les Renoncules ont des racines tuberculeuses, comme le Dahlia, mais qui prennent le nom de griffes. De même pour les Anémones; leurs racines, nom- mées pattes, exigent aussi, lors de leur séparation, qu'on ait soin d'y laisser un œil si l’on veut leur voir produire une nouvelle plante. Mais ces dernières distinctions trouvent mieux leur place dans l'Horticulture florale. (VÉGÉTAUX D'ORNEMENT.) Multiplication par division des racines. — La plupart des plantes vivaces se multiplient par la division des racines : 1 se forme, à la base de la plante, un amas toujours croissant de nouveaux Yeux, chaque œil étant susceptible de produire une tige, et lors de’la sé- paration, qui a lieu à l’automne ou au printemps, on enlève à la fois un morceau de la souche avec un œil qui donnera une tige. Les yeux de la circonférence sont plus jeunes et plus vigoureux que ceux du centre, la plupart du temps dépourvus de vitalité. Multiplication par coulants, filets ou stolons. — D'autres plantes NOTIONS GÉNÉRALES, 25 comme les Fraisiers, se reproduisent par coulants, filets ou stolons : c'est-à-dire qu'il s'échappe du pied mère des ramifications grêles, rampantes, nommées f{efs, qui s'enracinent à chaque nœud, et dont la séparation donne naissance à une plante nouvelle. Multiplication par œilletons ou rejetons. — Les æi/letons ou re- jetons sont des bourgeons qui se développent autour de certaines plantes, telles que les Artichauts, et qu’on peut séparer des vieux pieds, en ayant soin de les enlever avec une portion de racine. Comme ils sont en général très-tendres et se flétrissent facilement, on les plante sur-le-champ pour ne pas les laisser flétrir, car, dans ce dernier état, leur reprise deviendrait incertaine. DES MARCOTTES ET DES BOUTURES (pl. LIIT). Les moyens de multiplication artificiels sont de deux sortes : les marcottes et les boutures, qui, les unes et les autres, exigent une certaine habileté pratique pour aboutir au succès. Marcottes en général. — Les marcottes sont des branches que l'on enfonce dans le sol, ou que l’on met dans un pot sans les déta- cher d’abord de la plante mère, mais qu'on n'en sépare qu'après la production des racines. Le seul soin à prendre, c’est d’entrete- nir l'humidité du sol. Il y a plusieurs sortes de marcottes : les marcottes simples (pl. LIL, fig. 3), qui se pratiquent à l'égard des végétaux reprenant facilement racine, tels que le Groseillier. L'opération consiste à coucher une branche effeuillée et ébourgeonnée, à sa partie en- terrée, dans une tranchée faite dans le sol, en en faisant sortir l'extrémité, pour ne pas interrompre le mouvement vital. Le plus souvent on maintient la branche en terre au moyen d'un crochet. Dans les végétaux qui ont la tige articulée, ou trop rigide ou trop fragile pour pouvoir être abaissée et enterrée, on procède autre- ment : on fait entrer la branche dout on veut faire une marcotte, dans un pot fendu sur le côté et rempli de terre, qu'on soutient en l'air au moyen d’un support et qu’on entretient dans un état d'hu- 26 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. midité modérée, pour faciliter l'émission des racines sans avoir à redouter la pourriture. Marcottes par incision (pl. LIT, fig. 4). — Elles ne diffèrent des précédentes qu’en ce qu'on incise la branche de manière à former une languette, c’est-à-dire qu'on l’entaille de bas en haut, oblique- ment, jusqu à la moelle, de telle sorte que la partie séparée forme un angle aigu avec le corps de la branche. Cette opération, qui par- ticipe de la bouture, exige quelques soins de plus que celle-ci. On supprime les feuilles de la sommité du rameau marcotté pour ralen- tir la végétation. Pour maintenir la terre dans un état d'humidité et éviter les transitions si nuisibles de sécheresse et d’excès d'humidité, on couvre le sol d’une couche de paillis et l’on donne un bassinage. Marcottes par strangulation (pl. LIL, fig. 5). — Elles sont une modification de la marcotte simple, dont elles diffèrent en ce qu'on entoure d'un fil de fer, de manière cependant à ne pas couper l'écorce, la partie qui est enterrée pour faciliter l'émission des ra- cines au-dessus du point ligaturé. Marcottes par cépée (pl. LIT, fig. 6). — Elles sont plus com- pliquées : elles consistent à couper au printemps, au ras du sol, un arbre ou un arbuste qu'on veut multiplier, et à recouvrir de terre la section de la souche. Il ne tarde pas à sortir du collet des rejetons qui bientôt s’'enracinent et qu’on enlève au fur et à mesure. Marcottes par racines (pl. LILI, fig. 7). — Elles se pratiquent en incisant une racine mise à nu et en laissant la plaie à l’air libre. La séve ne tarde pas à produire; au point où la section a eu lieu, un bourrelet qui émet bientôt des bourgeons parmi lesquels on choisit le plus vigoureux, que l’on conserve en retranchant les autres. À l’automme, on le détache de l’arbre producteur, en cou- pant la racine. Boutures en général. — Les boutures sont plus savantes que les marcottes : elles reposent sur ce principe, que toutes les parties cel- lulaires d’une plante en végétation, même une simple feuille, sont susceptibles de donner naissance à une plante nouvelle; mais il s’en faut de beaucoup que tous les végétaux reprennent avec une égale facilité: les uns, tels que ceux de texture molle et herbacée, NOTIONS GÉNÉRALES. 27 et entre autres les Oxalis, les Dahlias, etc. . reprennent avec une facilité merveilleuse; car il ne faut que quelques jours pour qu’une branche mise en terre produise des racines, et les feuilles se flé- trissent à peine, tandis que d’autres exigent des soins très-minu- tieux qui ne sont pas toujours à la portée du simple amateur, et réclament le concours de cloches et de châssis. Boutures à lair libre. — Les boutures les plus simples sont celles dites à l'air libre (pl. LIT, fig. 4) : ce sont celles qui réussissent ke plus facilement et qui s'appliquent au plus grand nombre de végétaux ligneux. Voici comment on procède : au mois de janvier on détache des rameaux de l’année précédente dont le bois est suffisamment parfait (ce qu'on appelle bois aoûté), et on les coupe en morceaux de 15 à 20 centimètres de long; la longueur dépend, en général, de la distance des yeur, en ayant soin de pratiquer la section bien nettement et au-dessous d'un œil. On'enterre ces parties de rameaux dans du sable ou de la terre légèrement humide et pulvérulente, à une exposition ou dans un lieu où la gelée ne soit pas à craindre. À la fin du mois de février, et pendant tout le courant de mars, on plante ces tronçons dans une terre bien préparée et dans une situa- tion ombragée, en laissant sortir une couple de bourgeons. On couvre le terrain d’un lit de détritus de couche, et l’on entretient l'humidité par de légers bassinages. Tel est le procédé des boutures à l'air libre. Boutures forcées. — Les boutures forcées (pl. LIII, fig. 2), se font sous cloches et sous châssis, sur couche ou dans les serres, soit dans la terre même qui couvre la couche, soit dans des terrines rem- plies de terreau auquel on mêle de la terre de bruyère, soit enfin dans des bâches de serres remplies de sable fin et tenu constamment humide. Ce mode de multiplication, qui s'applique plus particu- lièrement aux plantes d'ornement et aux plantes de serres, ne réus- sissant que difficilement en pleine terre, peut être pratiqué durant toute l’année, et préférablement durant les mois de février et de mars. Le reste de l'opération est absolument semblable à celle du boutu- rage à l'air libre; mais il faut défendre les boutures contre l’action du soleil, en ombrageant, avec des paillassons ou des toiles, les clo- 28 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. ches ou les châssis; le soir, on remet ces couvertures dans un but différent : celui de garantir les plantes de la fraicheur des nuits. On aura soin d'entretenir la terre en état constant d'humidité au moyen de bassinages modérés, mais dispensés avec intelligence. Tant que les boutures ne sont pas reprises, ce qu'on reconnait au mouve- ment de végétation qui se manifeste par la production de nouveaux organes, on s’abstient de leur donner de l'air, afin d'y concentrer la vie et de provoquer l'émission de bourgeons; mais dès que les feuilles commencent à pousser, indice certain de la production des racines, on donne un peu d’air pendant les heures les plus tièdes de la journée, en soulevant les cloches ou les châssis, ce qui imprime plus d'activité à la végétation. Pour ralentir l'évolution anormale des boutures, on préserve les bourgeons qui se développent avec trop de vigueur, et l’on relève les boutures avec leur motte ; on les repique séparément dans des pots qu'on enfonce dans le terreau de la couche; dès ce moment les jeunes plantes n'ont plus besoin que des soins communs à tous les végétaux. Lorsqu'elles ont acquis assez de force, on les plante en pleine terre, ou on les rempote en pots plus grands. Boutures aquatiques. — Il y a une autre espèce de bouture qui peut être de quelque intérêt, quoiqu'elle soit rarement mise en pra tique : c’est celle qui se fait dans de l’eau, soit à l’air libre, soit sous une enveloppe protectrice. On peut appeler ces boutures, boutures aquatiques : elles consistent à prendre un rameau propre à être bouturé, c’est-à-dire bien aoûté, et à le mettre dans de l’eau pure. Il ne tarde pas à se développer, à la base de la partie immergée, des racines qui atteignent en peu de temps une longueur considérable, et propagent la vie dans les bourgeons supérieurs. On à fait ainsi avec succès des boutures d’arbrisseaux à fruits, tels que les Groseil- liers, les Framboisiers. Ce moyen, qui ne présente aucun avantage pour un horticulteur, est curieux pour un amateur. Boutures d'été, ou boutures à froid. — Ce houturage, qui a lieu vers la fin de l’été, et que nous notons seulement ici pour mémoire parce qu'il appartient à l’horticulture d'ornement, diffère du bou- turage de printemps en ce qu’on n’a plus besoin de couche. On met NOTIONS GÉNÉRALES. Le. 29 les boutures dans des pots qu’on place sous châssis froid, ou en pleine terre, en couvrant d’une cloche, et qu'on soustrait à l’action du soleil; le mieux.est de choisir un terrain exposé au nord. Vers la fin de la saison, les boutures sont reprises, et on les met dans des pots séparés. Pendant l'hiver, les jeunes plantes acquièrent de la force, et au printemps on a des végétaux capables de porter des fleurs. Divers autres genres de bouturage. — IL y a certams végétaux qui reprennent par la division des racines coupées en tronçons et qui peuvent être bouturés, soit à l'air libre, soit sur couche ; mais ce mode de multiplication ne diffère en rien des boutures ordinaires. Ce qui prouve la puissance de vitalité des organismes appartenant au règne végétal, c’est, comme on l’a déjà indiqué, que l'on est parvenu, par le moyen du bouturage étouffé, à reproduire des plantes, non plus par des tronçons de tiges munies de bourgeons, mais simplement de feuilles et même de sections de feuilles. Il ne faut pas perdre ceci de vue : c’est que la plus petite partie complète d'un végétal est le type réduit du végétal lui-même ; toutes les autres parties sont la répétition de l'acte primitif. Ces genres de boutu- rages, rappelés ici pour mémoire seulement, ont plus naturelle- ment leur place dans l’horticulture florale. (Voyez VÉGÉTAUX D'ORNEMENT. ) Préparation d’un sol favorable au bouturage. — Les boutures se font avec une grande facilité dans de la terre mêlée de charbon de bois réduit en poussier, à la proportion d’un tiers. La reprise est plus rapide, et les racines y sont plus fortes. On rétablit la santé des plantes en les mettant dans une terre de cette composition. Les insectes parasites, nés de l'épuisement des végétaux et qui sont presque toujours un signe de débilité, disparaissent, et l'application de ce moyen à des végétaux atteints de pourriture a complétement réussi : leur guérison a été rapide et durable. DE LA GREFFE (pl. LIV). La greffe a, comme on le sait, pour objet de transporter sur un 30 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. tronc sauvage, ou sur une plante de peu de valeur, un fruit meilleur ou une fleur plus belle. Théorie. — L'opération de la greffe est fondée sur la propriété dont jouissent les tissus vivants, ayant affinité de structure, de pou- voir être transportés d'un individu sur un autre, l’un considéré comme agent passif de nutrition, et l’autre comme agent actif de. reproduction. C’est une substitution qui n’exige pour condition pre- mière que l’affinité des tissus et des êtres à associer. La vie distincte et séparée devient une et identique. Les tissus doivent, pour con- dition première, être en pleine végétation ; car on ne grefferait pas un rameau mort sur un arbre vigoureux, et réciproquement; le sujet sur lequel on applique la greffe doit donc être dans un état de santé qui lui permette de transmettre à la plante qu'on lui confie une portion de la surabondance de vie dont il est pourvu. L'union de la greffe a lieu, d’une part, par les faisceaux radiculaires qui partent de la base des yeux du greffon, ou rameau greffé, se prolongent sur le sujet, entre le bois et l’écorce, dans cette partie de la tige nommée cambium ; et, d'autre part, par les rayons médullaires du sujet, qui se prolongent dans les mailles des faisceaux vasculaires descendant de la greffe et formant des sortes de clavettes. Ces rayons médullaires étant gorgés de séve, fournissent, aux faisceaux radiculaires descen- dants de la greffe, le suc nourricier qui pénètre les membranes des nouveaux tissus en passant d’une cellule à l’autre, et c'est ainsi que s'établit entre les deux individus une vie commune qui, en se per- pétuant, donne à l'arbre, ou au sujet devenu le centre de vie de l'être nouveau, les qualités de l’arbre qui a fourni la greffe. On comprend alors qu'il soit indispensable d'observer certaines conditions. Principes généraux. — 1° La mise en contact aussi immédiat que possible de la partie de Ja tige et de la greffe nommée cam- bium, pour établir le contact intime des tissus nouveaux. 2° Choisir des végétaux ayant entre eux un certain degré d'affi- nité; c'est-à-dire que, de variété à variété, de race à race, d'es- pèce à espèce, la greffe réussit toujours; de genre à genre, elle ne réussit que quand ce sont des genres voisins ou des familles très- naturelles; ainsi le Camellia et le Thé se greffent parfaitement l’un NOTIONS GÉNÉRALES, 31 sur l’autre; mais de famille à famille, la greffe ne réussit pas : ce sont des contes que ces fabuleuses greffes de Rosiers sur Houx, etc. 3° IL faut ne prendre que des sujets vigoureux et encore en séve; car si la vie ne circulait pas, il n’y aurait pas de transmission vitale possible. 4° Les deux époques de l’année propres à greffer en plein air, sont le mois d'avril, au moment où la vie s'éveille, et le mois d'août, avant que la séve cesse de circuler. Dans les serres on peut greffer durant toute l’année. 5° On doit apporter beaucoup de soin à la pratique manuelle, et soustraire la greffe aux influences extérieures qui en empêcheraient la reprise. La cire dont on se sert pour cela se compose de 2 parties de poix, 2 parties de cire jaune, et 1 partie de suif, fondues ensemble. Pratique. — Nous nous bornerons à citer les principales espèces de greffes, toutes les autres n'étant, en général, que des modifications d'une seule même opération. Greffe en écusson. — Cette greffe est une des plus usitées, et c’est la plus facile à pratiquer; elle a lieu à deux époques : l’une, au moment où l'évolution végétale commence : c'est la greffe à œil poussant, et on la pratique de mai en juillet; elle donne des résul- tats immédiats; l’autre, qui a lieu d'août en septembre, se pratique seulement quand la séve a perdu de son activité : c'est la greffe à œil dormant ; elle ne fait plus que reprendre sans pousser , et son évolution, suspendue par l'hiver, a lieu au printemps suivant. C'est cette seconde greffe qui est pratiquée pour les arbres à fruits à noyaux. Quel que soit le mode adopté, l'opération est la même; l'époque seule et les circonstances diffèrent. (PI. LIV, fig. 1, 1 a, HebPCs) Quand on veut greffer un sujet, on le prépare en supprimant une partie de ses branches, pour ne pas priver la greffe d'une séve qui serait employée ailleurs. On enlève sur le sujet qu'on veut mul- tiplier ou reproduire, un #7/ sain et vigoureux; on commence par couper la feuille, en laissant toutefois le pétiole, qui n’est plus qu'un moyen de préhension; car la partie importante est l'œil, souvent imperceptible, placé à son aisselle. On enlève 32 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. ensuite, avec la lame du greffoir, l’écusson composé de l'œil, de l’é- corce et d'une faible portion de bois, parce qu'il faut conserver la racine du bourgeon, c'est-à-dire le mamelon cellulaire d'où nais- sent les fibres radiculaires qui descendent dans le cambium pour y puiser les sucs nourriciers. On dégage ensuite avec soin le bois superflu, de manière à mettre ce mamelon presque à nu. Cette opération est délicate, parce qu'il faut se garder d'enlever la racine de l'œil, ce qu'on reconnaîtrait au vide qui en résulterait dans l’é- cusson. On fait ensuite au sujet sur lequel on veut appliquer l'écusson une fente en forme de T, qui coupe l'écorce entièrement jusqu'à l’aubier. On soulève doucement la partie que le greffoir a fendue; on en écarte les deux bords supérieurs, en glissant sous l'écorce la spatule du greffoir; puis on introduit l’écusson dans toute sa longueur, on rapproche les bords de l’écorce, et on liga- ture avec de la laine, sans comprimer l'œil de la greffe (ce qui en empêcherait le développement), mais, toutefois, en exerçant à la fois sur la greffe et Le sujet une pression qui établisse entre les par- ties un contact intime. Dix à douze jours après cette opération, la greffe est soudée, ce qu'on reconnait à la flétrissure du pétiole qui ne tarde pas à tomber. Lorsque le bourgeon de l’écusson a atteint quelques centimètres de longueur, on rabat le sujet à une hauteur arbitraire au-dessus de la greffe, pour le faire jouir de tout le bénéfice de la séve, et on sup- prime tous les gourmands qui tenteraient de se développer sur le sujet greffé; puis, lorsque le bourgeon de la greffe a pris un certain développement et qu'au-dessous de lui on voit apparaître d’autres bourgeons, on pince l'extrémité du bourgeon primitif pour favoriser le développement des bourgeons secondaires. L'année suivante seu- lement, on rabat la tige au-dessus de la naissance de la greffe. Greffe en fente. — Elle se pratique également au printemps; à l'automne, elle exige quelques précautions sur lesquelles il est bon d'insister, et de l'observation rigoureuse desquelles dépend son succès. Ce que l’on a dit de la greffe à écusson, quant aux conditions dans lesquelles doivent se trouver le sujet et la greffe, est applicable à toutes les autres greffes. La greffe en fente de prin- NOTIONS GÉNÉRALES, 33 temps peut s'appeler à æl poussant, car elle se développe aussitôt. Pour enlever le greffon du sujet qu’on veut multiplier, il faut de- vancer le moment où la séve reprend son activité; les bourgeons doivent avoir encore des écailles protectrices qui les défendent du froid; il est même bon de couper les greffes d'avance, à l’automne, en bois aoûté, et les enterrer dans un lieu sec pour ne pas laisser se développer les bourgeons. Vers la mi-avril, on dispose le sujet à greffer en coupant la tige horizontalement; puis on la fend dans tout son diamètre quand le sujet est petit, et seulement dans une moitié, ou moins encore, quand il est plus fort. L’entaille doit être assez profonde pour pouvoir y insérer la greffe. On coupe ensuite la greffe de manière à lui laisser quelques bourgeons; on taille la partie inférieure, qui doit être insérée dans le sujet, à double biseau ou en coin, en réservant extérieurement une partie intacte qui ait conservé son écorce. On écarte ensuite doucement, avec la spatule du greffoir, la fente du sujet; on y introduit la greffe, l’é- corce en dehors, de manière que le cambium coïncide de la manière la plus parfaite avec celui du sujet; on ligature le bout avec de la laine douce, et l’on enduit l'extrémité du sujet avec de la cire à greffer. (PL. LIV, fig. 2, 2 a, 2 6,2 c.) On ne pratique pas seulement cette greffe sur des végétaux li- gneux : elle peut être également pratiquée sur des plantes her- bacées. Greffe par approche. — Cette greffe est peut-être la plus simple et la plus ancienne; c'est même celle qui se pratique journellement dans les bois, où le rapprochement de deux sujets de même espèce finit par les unir assez intimement pour n'en plus faire qu’un seul. Nous ferons remarquer ici la nécessité impérieuse de l'identité des espèces pour qu'une greffe réussisse : souvent le Chèvrefeuille, ou un végétal volubile semblable, s'enroule autour d'un jeune sujet qu'il étreint de telle sorte que ses circonvolutions s’y incrustent profondément. Quel que soit l’âge de l'arbre, jamais une soudure n’a lieu entre ces deux plantes. Souvent l'arbre étranglé forme entre les replis du Chèvrefeuille d'énormes bourrelets; que l’on coupe l'arbre, et le Chèvrefeuille se détache sans avoir laissé autre chose 3 34 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUIIIÈRE. qu'une profonde empreinte. Dans la gre/fe en approche naturelle, au contraire, les écorces disparaissent sous la pression réciproque, et la soudure a lieu dans toute la longueur des parties en contact. Dans la greffe par approche artificielle, on enlève sur chacun des deux sujets un lambeau d’écorce et on les rapproche plaie contre plaie, en maintenant le contact par une ligature. On n’en sèvre la greffe que quand la reprise est certaine, et l’on supprime la tète du sujet greffé le plus bas possible, pour que la greffe soit réelle- ment dominante et que l'arbre n’ait pas une figure disgracieuse et difforme : il faut, pour cela, beaucoup d'attention et une certaine délicatesse manuelle qui exige de la pratique. On établit des haies impénétrables en en greffant entre elles les branches de manière à former une espèce de réseau vivant que rien ne peut détacher. (PL. LIV, fig. 3, 3 @, 3 0.) Greffe en placage. — C’est une variété de la greffe en écusson, à cette différence près qu'on ne réserve pas l'écorce du sujet à gref- fer. On pratique sur le sujet une entaille superficielle d'une figure quelconque; on en détache toute l'écorce de manière à mettre l’au- bier à nu; puis on applique en plaque sur la surface dénudée un bourgeon enlevé comme l’écusson et coupé exactement sur le mo- dèle de l’entaille. On se sert de ce mode de greffe, non-seulement pour les Camellias et certaines plantes d'ornement, mais encore pour les arbres à fruits, tels que les Poiriers. Nous donnons, dans l’atlas, des modèles de greffes de ce dernier genre. (PI. LIV, fig. 4, 4a,4b, 4c, 4 d.) La greffe en placage réussit mieux quand on l'étouffe sous cloche. Greffe en anneau. — Elle convient surtout aux arbres dont le bois est dur, et on l’applique particulièrement au Noyer. C'est en- core une espèce de placage ou d'écusson, qui exige, pour condition première, que les diamètres soient le plus égaux possible. Pour pratiquer cette grefle, on enlève à l'arbre, qu'on veut multiplier, un anneau d’écorce portant un bourgeon, et on le détache avec soin en le fendant d’un côté, à l'opposé de l'œil. On enlève ensuite au sujet à grelfer une bande circulaire de même hauteur que la bande-greffe, qui est appliquée sur la partie ainsi dénudée, et on NOTIONS GÉNÉRALES. 35 ligature, en observant les mêmes précaulions que pour la greffe en écusson. Quand la reprise de la greffe est assurée, on rabat la tête du sujet. Ce mode de greffe, qui est d’une application facile, réus- sit parfaitement et est d'une extrême propreté. (PI. LIV, fig. 5, us 25 C5) Greffe Herbacée. — Elle s'applique à tous les végétaux ligneux à l’état herbacé, ou même purement herbacés; on la pratique sur- tout pour la multiplication des arbres verts. Ce n'est qu’une greffe en fente, faile un peu plus tard et exigeant les précautions qui résultent de Ia susceptibilité des végétaux; c’est-à-dire qu'il faut garantir ceux-ci contre le soleil et l’action desséchante de l'air; et pour cela on les enveloppe d’une feuille de papier, qu’on n’en- lève qu'après la reprise, laquelle a communément lieu dans le courant de la quinzaine qui suit l'opération. Greffe en fente bouture (PI. LIV, fig. 7). Ce mode de multipli- cation est particulier à la Vigne. 11 est employé pour changer la production de Vignes vigoureuses. On prépare des sarments avec talon, d’une longueur variable. Un peu au-dessus de la section in- férieure, on enlève l'écorce et une faible portion de bois de manière à former une cicatrice allongée de 2 à 3 centimètres de longueur ; puis on pratique une entaille de bas en haut, et parallèle à la cica- . trice en faisant pénétrer l'instrument jusque près de la moelle, mais sans détacher l’esquille qui en résulte, et formant comme une lan- guette. La greffe étant ainsi préparée, on déchausse le cep qu'on veut greffer ; on le rabat un peu au-dessous du niveau du sol, non pas horizontalement, mais très-obliquement, pour obtenir un long biseau. Ensuite on fend le cep, comme pour la greffe en fente, au milieu de ce biseau, et dans cette fente on introduit la languette latérale de la greffe; on recouvre de cire et l'opération se termine par le rapprochement de la terre autour de la souche. La greffe ne tarde pas à se souder; en même temps elle émet, du talon, des racines comme une bouture, et le nouveau sujet, se nourrissant à la fois et par la souche et par les racines de la bouture, se développe avec une {elle vigueur que souvent il fructifie la même année de l'opération , et toujours sûrement la deuxième. Comme la greffe en L 36 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUIIIÈRE. fente ordinaire, celle-ci se fait en avril, avant le développement des yeux. Greffes de bourgeons à fleurs ou à fruits (PI. LIV, fig. 6). — On pratique ce genre de greffes, qui a pour objet de faire produire immédiatement des fleurs et des fruits à des sauvageons, depuis quelques années seulement, quoique l'Anglais Knight eût depuis assez longtemps démontré la possibilité de greffer les bourgeons du Rosier cultivé sur le Rosier sauvage, et de faire produire de la sorte à celui-ci, au bout de quelques jours, des roses aussi belles, sinon plus belles que sur le sujet en culture. Il était dès lors naturel que l’on cherchât à appliquer cette oreffe aux arbres fruitiers, et c’est ce qu'ont en effet tenté avec succès divers horticulteurs, et plus particulièrement M. Luizet, d'Écully, près de Lyon, dont elle ; a même pris le nom, concurremment avec celui de greffe mixte, que lui a donné M. Carrière, parce qu'elle tient à la fois des: greffes par scions et des greffes en écusson. Elle peut se faire, en effet, de plusieurs manières : en approche, en fente, en couronne, en navelle, mais elle est surtout recom-— mandée en écusson. Toutefois, dans la circonstance, le bourgeon à fruit étant souvent placé à l'extrémité du rameau, l’écusson ne doit pas être toujours celui de la pratique ordinaire. Dans le cas où le rameau à fleurs est d’une certaine longueur, on le déta- che de préférence au niveau de la branche à laquelle il appartient, et l’on en taille la base en biseau allongé d’un seul côté, comme dans la greffe en placage, en ayant soin de conserver au biseau le plus d’écorce possible, mais peu de bois; on pratique une incision en T sur le point de la branche où l’on veut greffer, et, après avoir soulevé les bords de la plaie avec la spatule du greffoir, on insère le rameau, on ligature, ou l’on recouvre de mastic. Si, au contraire, le rameau est tellement court qu'il puisse être considéré comme nul, on détachera et l’on greffera le bourgeon comme l'on ferait avec un écusson ordinaire. Du reste, c'est à l'intelligence de l'hor- ticulteur de discerner le genre de greffe qu'il devra préférer pour placer sur telle ou telle partie des arbres les bourgeons fructi- fères, et de juger quand il pourra, au moyen de la grefle en NOTIONS GÉNÉRALES. 31 fente, insérer un rameau tout entier couvert de bourgeons à fruits. Les greffes Luizet se font au printemps ou à l’automne. Dans le premier cas, elles donnent des résultats la même année. Dans le second cas, qui paraît être le meilleur, elles procurent des fleurs ou des fruits l'année suivante. Par ce nouveau genre de greffes, on obtient : la production immédiate de fruits sur des arbres qui, en raison de leur jeunesse ou de leur débilité, n'en pourraient donner qu'après de nom- breuses années d'attente; la possibilité de faire pousser des fruits sur les branches gourmandes d'arbres sujets à la taille, branches qui, condamnées à une stérilité constante ou temporaire, n’en épui- sent pas moins les branches fructifères en prenant toute la séve de l'arbre; le moyen d’avoir des fruits sur des branches dépourvues par elles-mêmes de bourgeons fruitiers; enfin la faculté d'utiliser les bourgeons à fruits d'arbres vieux ou souffrants, bourgeons qui ne sauraient être alimentés suffisamment sur le pied qui les porte, mais qui, transportés sur un arbre plus vigoureux, donnent des fruits superbes. Telles sont les principales espèces de greffes, qui reposent toutes sur un seul et même principe, et exigent, outre l'observation des conditions physiologiques de succès, une habitude que la pratique ne tarde pas à faire acquérir. DE LA CULTURE FORCÉE DES LÉGUMES ET DES ARBRES FRUITIERS. La culture forcée est une opération artificielle par laquelle on obtient des productions végétales, bien avant l’époque fixée par la nature. Cette opération consiste simplement à soumettre les plantes à une température constante plus élevée que la température exté- rieure. [l ne faut cependant pas croire que, plus on donne de chaleur à un végétal et plus on le soustrait aux agents extérieurs, plus sa croissance est rapide et ses produits en fruits ou en fleurs sônt beaux et abondants. Il faut consulter les besoins propres à chaque végétal, 38 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, et proportionner les soins qu'on lui donne à ses exigences spéciales. En lui donnant à la fois un excès de chaleur et d’abri, le végétal s'étiole ou donne des productions anormales. S'il ne perd pas ses qualités dans cette atmosphère étouffée, il devient si délicat que le moindre courant d’air, la plus légère variation dans la température le fait périr; une goutte d'eau tache ses feuilles, en un mot, on en a fait un être absolument artificiel. On a cessé de cultiver exclusive- ment les melons sous cloches ; au printemps, un abri de papier huilé suffit pour les défendre dans leur enfance contre les intempéries de cette saison capricieuse, et, dès qu'ils ont acquis assez de force pour résister à des variations incessantes, on enlève ces frêles abris, et les produits sont plus savoureux que ceux venus sous cloches ou sous châssis. Combien de végétaux réussiraient en pleine terre, sous notre climat, si l’on osait les laisser braver nos saisons! Mais le préjugé existe encore, et l'on perd bien des plantes rustiques en les étiolant sous des abris inutiles. Papier huilé, —- Les plus simples des abris sont de simples cou- vertures de papier huilé pour les végétaux, dans la première en- fance ; on applique le papier sur deux petits osiers courbés en are, et on le maintient avec des pierres ; 1l simule alors parfaitement une bâche de voiture. Serre mobile. — De simples panneaux vitrés, dressés devant des arbres en espaliers, peuvent constituer une serre à forcer. Il suffit d'établir une sorte de coffre avec des piquets plantés à 1",50 envi- ron du mur, et sur lesquels on cloue une planche large de 30 à 35 centimètres. Des montants en bois, appuyés en bas sur les piquets et en haut sur le mur, au-dessous du chaperon, forment la char- pente de cette serre improvisée; ils sont placés à une distance qui doit être égale à la largeur des panneaux vitrés, et fixés au mur et aux piquets, au moyen de gros clous ou d’entailles; ces montants supportent les panneaux. Aux deux extrémités de ce toit vitré, on construit des cloisons en planches en laissant à l’une d'elles une ouverture pour établir la porte. On peut se contenter, .comme mode de chauffage, de dresser en dehors et tout autour de la serre un réchaud de fumier neuf de cheval, et de couvrir pendant la nuit et NOTIONS GÉNÉRALES, 39 les grands froids avec des paillassons. En établissant cette serre au commencement de décembre, on peut gagner une avance de trois semaines à un mois sur la maturité naturelle du fruit. Mais, comme souvent on veut gagner plus de temps encore, on élablit un appa- reil de chauffage, poêle ou thermosiphon, dont les tuyaux circu- lent sur le devant de la serre. Le poêle est plus économique, mais il exige une grande surveillance, car il produit, à certains moments, des coups de chaleur qui grillent toutes les plantes. Le thermosiphon est d'un usage plus commode, en ce qu’il permet de mieux régler la température. Ce simple abri convient aux arbres plantés le long des murs en espalier, Vignes, Pêchers, Pruniers, Abricotiers, etc. On l’enlève chaque année pour le dresser devant d’autres arbres, et laisser reposer ceux qui ont été forcés. Bâche à forcer. — La bdche à forcer est une sorte de grand coffre que l’on construit avec des planches clouées sur des piquets plus ou moins hauts, suivant la hauteur des plantes à forcer. Elle peut être mobile ou fixe. Pour la culture des Vignes en contre-espaliers, M. Gontier, l’habile primeuriste de Montrouge, a fait construire des panneaux en planches les uns hauts de 1" 20, pour former le der- rière du coffre, et les autres de 30 centimètres pour le devant. Au moment du forçage, il fiche en terre, derrière le contre-espalier de Vigne, de gros piquets équarris qui, après avoir été solidement en- foncés, doivent avoir 1" 20 de hauteur au-dessus du sol; et, à 1"10 en avant, sont implantés de plus petits pieux faisant saillie de 0"30 seulement. Tous ces piquets sont reliés entre eux au sommet par des barres de bois qui forment ainsi le cadre de coffre; on ajuste ensuite sur tous les côtés les panneaux en planches; le dessus est naturellement couvert par des panneaux vitrés. Des réchauds en fumier sont construits tout autour jusqu'au sommet du coffre, et un appareil de chauffage mobile peut, à la rigueur, être établi à l’un des bouts; dans ce cas, on fait circuler les tuyaux le long de la paroi du devant. Les bâches à forcer les fraisiers peuvent se construire de même, 40 à HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. mais en donnant plus de hauteur à la paroi de devant, et de ma- nière à obtenir une pente très-douce des châssis vitrés, afin que les plantes soient le plus près possible du verre. Dans les bâches du po- tager impérial de Versailles, consacrées à la culture forcée du Frai- sier, les pots sont placés sur un gradin mobile, qu'on élève ou qu'on abaisse à volonté, pour que les Fraisiers touchent presque constamment les vitres et jouissent ainsi de la plus grande somme de lumière possible. Ces bâches sont chauffées au thermosiphon, dont les tuyaux, distants l’un de l’autre de 30 à 40 centimètres, occupent cette fois le milieu du coffre. La véritable serre à forcer, la grande serre construite, ne diffère en rien de la serre chaude destinée aux plantes exotiques. Le mode de chauffage est le même; la distribution de la chaleur seule varie. En effet, dans une serre à forcer, le degré de chaleur à entrete- nir n’est pas toujours le même : il dépend de la phase végétative des plantes. Ainsi, au début du forçage, il faut une chaleur douce, comme celle que reçoit la plante au moment où elle commence à pousser à l'air libre, mais chaleur soutenue, et point d'air. On donne de l'air seulement à l’époque de la foliaison, pendant la- quelle la température doit en même temps être plus élevée; la moyenne est de 20 à 25 degrés le jour et de 15 à 20 la nuit. Pour fa- voriser cette première végétation, on bassine et seringue les feuilles ; mais il faut cesser ces bassinages aussitôt qu'apparaissent les bou- tons à fleurs : trop d'humidité atmosphérique les ferait couler; à ce moment l'air de la serre doit être plutôt sec qu'humide et la ven- tilation bien établie, pour favoriser la fécondation. Mais, dès que le fruit est noué, on doit recommencer les bassinages, pour donner à l'air une certaine somme d'humidité qui permette aux fruits d'ac- quérir un plus beau développement. T'oiles à claire-voie. — Les foiles à claire-voie, en brisant le rayon- nement solaire, empêchent les arbres à fruits de geler lors de leur floraison : tels sont les Amandiers, les Pêchers et, en général, les arbres en espaliers à floraison précoce. Ce n'est pas le froid qui fait souffrir ces fleurs : si la température s'élevait doucement, on n'aurait NOTIONS GÉNÉRALES, A | rien à redouter ; les fluides, condensés par le froid, reprendraient peu à peu leur état normal, et la vie circulerait librement dans les tissus; mais la chaleur brusque et pénétrante des rayons solaires agit sur les tissus amollis comme le ferait un fer brülant, et les désorganise. Paillassons. — Ce que fait la toile la plus simple, le paillasson le fait mieux encore. Il sert, non-seulement à abriter directement les végétaux, tantôt en les garantissant comme un mur contre les vents contraires, tantôt en leur servant de couverture ; mais encore à couvrir les cloches, les châssis, les vitraux des serres, et il joue un grand rôle dans l’horticulture. Aujourd’hui, on a sinon aban- donné, du moins diminué l’importance du paillasson à cause de sa fragilité : il se pourrit facilement et se détériore de telle sorte que, quelle que soit la modicité de son prix, il cause des dépenses assez considérables. Claies articulées. — On à cherché, pour les vitraux des bâches et des serres, à remplacer le paillasson par des claies articulées, composées avec de petites lattes en treillage, unies par du fil de fer. Elles se font aussi avec des morceaux de bois à treillage et ont l’avan- tage de laisser pénétrer plus de lumière que ne le font les paillas- sons, qui projettent une ombre opaque etfroide. La construction de ces claies, auxquelles on donne plus de durée en les couvrant d’une couche de couleur à l'huile, ne choque pas l'œil comme les paillas- sons et dure plus longtemps. Ombrage des vitraux. — On ombre aussi les vitraux en les cou- vrant d’une couche de blanc d'Espagne, délayé dans de l’eau, ou de lait de chaux ; mais ce badigeonnage économique est malpropre et coûte assez de main-d'œuvre quand on veut le faire disparaitre. De bonnes toiles, rendues imperméables par un vernis quelconque, peuvent encore parfaitement servir à cet usage ; mais 1l faut éviter l'emploi des huiles siccatives et lithargyrées, parce que, si elles étaient accumulées en certaine quantité, elles s'échaufferaient et seraient susceptibles de prendre feu spontanément, par suite de l’avidité pour l'oxygène des substances employées. Un des meilleurs enduits est le caoutchouc fondu dans l'huile essentielle de térében- 42 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. thine, ou bien tout simplement l'immersion de la toile dans un bain de savon, puis dans un bain d’alun. Ce procédé rend les tissus suffi- samment imperméables pour une saison, et il a l'avantage de ne coûter presque rien. On a encore employé avec succès l’amidon additionné d'indigo. C’est un enduit très-propre et très-solide ; le marc de bière, également coloré par l'indigo, a été essayé avec suc- cès en Belgique. | Cloches. — Les plus simples des abris sont les cloches. On com- prend assez bien leur usage pour n'avoir pas besoin de s'étendre longuement sur ce sujet. Les cloches, placées sur des végétaux dont la racine est plongée dans le terreau d'une couche, y concentrent la chaleur et en favorisent la végétation. On les emploie aussi pour forcer les boutures. Le seul soin qu'exigent les cloches, dispendieu- ses à cause de leur fragilité, est un lavage fait deux fois dans le cours d'une année, pour en détacher les matières terreuses qui les rendent opaques. Lorsqu'on n’en a plus besoin, il faut les rentrer dans la resserre et les empiler l’une sur l’autre en mettant entre chacune d'elles un peu de paille afin d'éviter un contact immédiat qui aurait la casse pour résultat. Châssis. — Les chdssis, dont il a été fait mention en parlant des couches, sont des sortes de petites serres qui permettent d’entre- prendre des cultures impossibles sous cloches dont le moindre inconvénient est de faire perdre une quantité considérable de ter- rain. Ils sont le plus communément posés avec leurs coffres sur des couches, pour la culture des légumes de primeurs : haricots, pois, salades, carottes, etc. On divise le châssis en deux parties : le coffre, ou caisse longue, et les panneaux, cadres vitrés, qui forment la toiture et reposent sur le coffre. On fait ordinairement les pan- neaux en bois de chêne; mais il est préférable d'employer l'acacia, dont le bois est incorruptible. On est aujourd'hui revenu du pré- jugé qui avait dans le principe fait rejeter le fer. Ce métal joint à la solidité l'avantage de ne pas répandre dans le châssis une ombre préjudiciable et d’avoir une légèreté et une élégance que ne comporte pas le bois. Il faut recouvrir les coffres et les panneaux, que ces derniers soient en bois ou en fer, d’une bonne couche de NOTIONS GÉNÉRALES. | 43 peinture à l'huile ou de quelques enduits hydrofuges comme ceux dont les bitumes font la base, poar en assurer la durée. ESSAIS DE MÉTÉOROLOGIE APPLIQUÉE A L'AGRICULTURE ET A L'HORTICULTURE. — PRONOSTICS. PROVERBES AGRICOLES ET HORTICOLES. Nous n'avons sur cet objet que des indications vagues, et tout ce que nous pouvons faire, à l'exception de quelques observations gé- nérales qui ont un certain degré de certitude, ne va guère plus loin qu'un pronostic s étendant à une journée. Faisons néanmoins ob- server que les marins, les bergers et les vieux habitants des cam- pagnes ont acquis un tact assez sûr pour qu à l'inspection du ciel, et à certains signes qui leur sont familiers, ils reconnaissent les va- riations prochaines du temps ; mais ces pronoslications empiriques manquent de certitude et ne sont pas de longue portée, tandis que le but que se propose la science, c’est d'étendre ses pronostics à toute une saison, sinon à une année tout entière. Le savant La- marck, à qui l’on ne peut reprocher qu'une tendance à la généra- lisation qui trop souvent précédait l'expérience, a publié pendant plusieurs années des observations météorologiques fondées sur un certain nombre de principes scientifiques et qui devaient, selon lui, servir de guide à l’agriculteur, au navigateur, en un mot à tous ceux à qui 1l importe de connaître à date fixe quel sera l'état du ciel. Il pensait, avec Toaldo, que l'atmosphère qui enveloppe notre globe peut être comparée à la mer; qu'elle est soumise à l'influence de la lune, comme l’est l'océan, ainsi qu'à l'action du soleil; que les différences dans la position de la terre, par rapport à ces deux astres, exerçaient sur cette mer aérienne des mouvements généraux et particuliers qui pouvaient être prédits comme le sont les marées : car il ne voyait dans les courants que des marées de l'atmosphère. Parti de ce principe, Lamarck groupa les phénomènes météorologiques , et chercha s'il n’y avait pas pé- riodicité dans leur reproduction. Si on peut lui objecter les erreurs 44 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. dans lesquelles il est tombé, on ne peut au moins lui reprocher d'avoir raisonné illogiquement. Depuis l’époque déjà éloignée où cessèrent de paraître ses annuaires météorologiques, il ne fut plus fait de travaux dans cette direction, jusqu'à ces dernières années où, avec moins d'autorité, M. Mathieu (de la Drôme) a entrepris de ranimer ce genre d'observations d’ailleurs fort hypothétiques. On en est, nonobstant ces essais, réduit encore à certaines observations générales connues sous le nom de pronostics. Avant d’'énumérer ces pronostics, disons, d’après François Arago, quelques mots du phénomène vulgairement connu sous le nom de lune rousse. Lune rousse. — « On croit généralement, surtout près de Paris, a écrit l’illustre astronome, que la lune, dans certains mois, a une grande influence sur les phénomènes de la végétation. Les savants ne se sont-ils pas trop hâtés de ranger cette opinion parmi les préjugés populaires qui ne méritent aucun examen? « Les jardiniers donnent le nom de lune rousse à une lune qui commence en avril, devient pleine soit à la fin de ce mois, soit plus ordinairement dans le courant de mai : suivant eux, la lumière de la lune, dans les mois d'avril et de mai, exerce une fàcheuse action sur les jeunes pousses des plantes. Ils assurent avoir observé que la nuit, quand le ciel est serein, les feuilles, les bourgeons, exposés à cette lumière, roussissent, c’est-à-dire se gèlent, quoique le ther- momètre, dans l'atmosphère, se maintienne à plusieurs degrés au- dessus de zéro. Ils ajoutent encore que, si un ciel couvert arrête les rayons de l’astre et les empêche d'arriver jusqu'aux plantes, les mêmes effets n’ont plus lieu sous des circonstances de tempéra- ture d’ailleurs parfaitement pareilles. Ces phénomènes semblent indiquer que la lumière de notre satellite est douée d'une certaine vertu frigorifique : cependant, en dirigeant les plus larges lentilles, les plus grands réflecteurs vers la lune, et plaçant ensuite à leur foyer des thermomètres très-délicats, on n'a jamais rien aperçu qui puisse justifier une aussi singulière conclusion. Aussi, dans l'esprit des physiciens, la une rousse se trouve maintenant reléguée parmi les préjugés populaires, tandis que les agriculteurs restent encore NOTIONS GÉNÉRALES. 45 convaincus de l'exactitude de leurs observations. Une belle décou- vérte faite par Wells permettra, je crois, de concilier ces deux opi- nions en apparence si contradictoires. « Personne, avant Wells, n'avait imaginé que les corps ter- restres, sauf le cas d’une évaporation prompte, pussent acquérir la nuit une température différente de celle de l'atmosphère dont ils sont entourés. Ce fait important est aujourd'hui constaté. Si l’on place en plein air de petites masses de coton, d’édre- don, etc., etc., on trouve souvent que leur température est de 6, de 7 et même de 8 degrés centigrades au-dessous de l'atmosphère de la température ambiante. Les végétaux sont dans le même cas. 1] ne faut donc pas juger du froid qu'une plante a éprouvé la nuit, par les seules indications d'un thermomètre suspendu dans l’at- _mosphère : la plante peut être fortement gelée, quoique l'air se soit constamment maintenu à plusieurs degrés au-dessus de zéro. « Ces différences de température entre les corps solides et l’at- mosphère, ne s'élèvent à 6, 7 ou 8 degrés du thermomètre centé- simal que par un temps parfaitement serein ; si le ciel est couvert, la différence disparaît tout à fait ou devient insensible. « Est-il maintenant nécessaire que je fasse ressortir la liaison de ces phénomènes avec les opinions des agriculteurs sur la lune rousse ? « Dans les nuits des mois d'avril et de mai, la température de l'atmosphère n'est souvent que de 4, de 5 ou de 6 degrés centi- grades au-dessus de zéro. Quand cela arrive, les plantes exposées à la lumière de la lune, c’est-à-dire à un ciel serein, peuvent se geler, nonobstant l'indication du thermomètre. Si la lune, au contraire, ne brille pas, si le ciel est couvert, la température des plantes ne descendant pas au-dessous de celle de l'atmosphère, il n y aura pas de gelée, à moins que le thermomètre n'ait marqué zéro. Il est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent, qu’avec des circonstances thermométriques toutes pareilles, une plante pourra être gelée ou ne l'être pas, suivant que la lune sera visible ou cachée derrière des nuages; s’ils se trompent, c’est seulement dans les conclusions : c’est en attribuant l’effet à la lumière de l’astre. La lumière lunaire n’est ici que l'indice d’une atmosphère 46 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. sereine : cest par suite de la pureté du ciel que la congélation nocturne des plantes s'opère : la lune n’y contribue aucunement; qu'elle soit couchée ou sur l'horizon, le phénomène a également lieu. L'observation des jardiniers était incomplète : c’est à tort qu'on la supposait fausse. » (Arago, As/ronomie populaire, t. TT, pp. 498-500.) Pronostics et proverbes sur le temps. — Avant de parler des instruments de physique qui constituent les meilleurs éléments d'appréciation des phénomènes produits par les agents météorolo- giques, disons quelques mots des pronostics fondés sur des données résultant d'observations naturelles. Nous ne parlerons pas de la Saint-Urbain, de la Saint-Médard, de la Saint-Barnabé, parce que les pronostics établis sur les accidents météorologiques de ces anni- versaires sont dépourvus de certitude. Cependant, on peut dire que les pluies abondantes à certaines époques, comme par exemple à la mi-mai et dans les premiers jours du mois de juin, menacent d'avoir de la durée, parce qu’à cette époque le soleil a déjà acquis de la force, que l'abondance des pluies donne naissance à de nom- breux orages formés par l'évaporation, et que cet échange constant entre la terre et l'atmosphère suffit pour prolonger la durée et la fréquence des orages. Les principaux proverbes justifiés par l'expérience sont les suivants: Si avant la Saint-Martin (11 novembre) la glace porte une oie, elle ne tardera pas à fondre; c'est-à-dire que l'hiver précoce annonce une cessation rapide du froid. Noël vert et Pâques blanches n’est pas moins exact. Si l'hiver ne vient tôt, il vient tard. Avant la Chandeleur, quand l’alouette chantera, tout après elle se taira. C'est-à-dire que, lorsque les premiers jours de février sont beaux et chauds, il faut craindre du froid pour plus tard. Mars sec, avril humide, mai frais, remplissent la cave et le grenier. La poussière de mars vaut de l'or. Neige de mars fait mal au blé. Quand le tonnerre gronde de bonne heure, la famine vient tard; c'est-à-dire que les chaleurs du printemps annoncent une bonne année. NOTIONS GÉNÉRALES, 41 Sécheresse d'avril ne vaut rien; avril est assez malin pour amener de la neige. Ces proverbes indiquent la crainte des gelées nocturnes. Saint Georges et saint Marc nous menacent de bien des maux. Saint. Pancrace et saint Servat ont également la réputation d'amener des gelées tardives. Mai frais et juillet humide remplissent granges et tonneaux. Année solaire, c’est-à-dire chaude, année salutaire. Année boueuse et humide, année ruineuse. .. Quand la terre est sèche, l’eau est pauvre: ce qui signifie que la chaleur donne du blé et peu de poissons. Autant de brouillards en mars, autant d’orages en été. C’est un proverbe des plus exacts. Plus la terre émet de vapeurs, plus les orages menacent. Ce qu'août n’a pu cuire, septembre ne le fait pas rôtir; ce qui s'applique aux vignes, dont les produits sont d'autant meilleurs que le mois d'août a été plus chaud. Saint Gal (16 octobre) ramène le bétail devant les étables; ce qui veut dire que l'humidité de cette époque est si grande que les pâturages sont malsains et qu'il faut en retirer les bestiaux. N'ayons pas trop de dédain pour les proverbes : s'ils ne sont pas tous de la plus rigoureuse exactitude, ils sont au moins fondés sur des observations qui ne manquent pas toujours de justesse !. ! Voici l'explication que J.-A.-C. Peltier a donnée des deux proverbes : Grand vent amène grande pluie, et Petite pluie abat grand vent : «La vapeur aqueuse, transparente ou opaque, est formée par la réunion de parti- cules tenues à de grandes distances et indépendantes les unes des autres ; lorsque ces particules sont électrisées, elles se repoussent toutes, et la masse entière occupe un volume plus considérable. « Il résulte de là que toute cause qui enlève à une masse de vapeurs électrisées une portion de son électricité amène, d'une manière indirecte, le rapprochement des par- ticules de vapeur entre elles, par suite une condensation plus considérable, et enfin, s'il y a lieu, la précipitation d'une plus ou moins grande quantité de vapeur d’eau sous forme de pluie. « Cet effet est très-manifeste dans les orages, Toujours on voit la pluie redoubler après une forte décharge électrique ; c'est que cette décharge a diminué la répulsion des particules de vapeur entre elles et a amené la condensation, et par suite la pré- cipitation d'une partie. Cet effet n’est pas moins manifeste dans une autre circons- tance remarquable. Chacun connaît le proverbe que Grand vent amène grandepluie; ce proverbe est fondé, et voici comment : 48 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Après les proverbes fondés sur pronostics généraux, viennent les pronostics particuliers, qui se rapportent à des variations atmos- phériques plus prochaines, et par conséquent présentant plus de certitude. Pronostics météorologiques. — Lorsque les étoiles perdent une partie de leur lumière sans qu'aucun nuage ne paraisse s'être inter- posé, c’est un signe de prochain orage. Les halos et tous les cercles qui se montrent, soit autour du so- leil, soit autour de la lune, sont en général des signes de pluie. Quand les nuages s'accumulent à l’ouest au moment où le soleil « Lorsque l'air contient un assez grand nombre de masses vaporeuses fortement électrisées, ces masses peuvent ne donner naissance à aucune chute d’eau, si la ré- pulsion de leurs particules est assez forte pour empêcher leur précipitation; mais voici alors ce qui arrive souvent : l'air pur est un composé de substances isolantes, et ne peut servir à la conduction électrique ; chacun de ses atomes ne peut agir qu'en prenant au contact des vapeurs une portion de leur électricité libre. Ces atomes re- poussés ensuite, comme tout corps isolé, fuient le corps électrique, ainsi que le dé- montre l'expérience de Volta avec des balles de sureau. L’air ainsi repoussé, après s'être chargé d'électricité, vient la déposer sur le sol et y reprendre sa neutralité. Étant devenu attirable de nouveau par le nuage, il s’y recharge une seconde fois, il en est repoussé, et vient encore déposer sur le sol sa charge électrique, pour recom- mencer une troisième fois, une dixième fois, etc., etc., faisant ainsi partie d’un tour- billonnement atmosphérique entre le globe et la nue orageuse. « Lorsque cette espèce de va-et-vient de l’air a déchargé les masses de vapeurs transparentes ou opaques qui se trouvaient dans l’atmosphère d’une portion de leur électricité, ces vapeurs, moins repoussées entre elles, se rapprochent, se condensent et se précipitent,au moins en partie, donnant alors naissance à des chutes d'eau plus ou moins considérables, et dont l'abondance dépend sans doute de la quantité de vapeur contenue dans l’atmosphère, mais aussi du nombre de décharges électriques partielles que le va-et-vient de l'air a fait subir aux masses de vapeurs, et par suite du veut qui en est résulté. « On dit encore , d’une manière proverbiale, que Petite pluie abat grand vent. Ce fait est également vrai et très-facile à expliquer. « Les nuages qui donnent de violentes rafales de vent sont toujours des nuages for- tement chargés d'électricité résineuse. Or, ce sont les répulsions électriques qui amè- nent ces bourrasques. Toutes les causes qui peuvent diminuer la charge électrique des nuages auront donc pour effet de diminuer en même temps l'intensité des coups de vent. Mais la pluie, en tombant, emporte une quantité notable de l'électricité des nuages; de plus, elle rend l'air sous-jacent meilleur conducteur, et par conséquent facilite l'écoulement de l'électricité des nuages dans le sol. Une pluie, mème médio- cre, peut donc en définitive produire une grande diminution dans la tension électri- que d’un nuage, et par conséquent dans la violence des bourrasques et rafales qui accompagnent sa marche. » + he ” Fe NOTIONS GÉNÉRALES. ; 49 se couche, et qu'ils se colorent d’une teinte rougeâtre, on peut croire à du vent et à de la sécheresse. | Après la pluie, les nuages qui s’abaissent sur le sol et courent le long des champs indiquent le beau temps. Le brouillard qui survient pendant le mauvais temps indique la présence du beau temps. . Le brouillard qui se forme pendant le beau temps et demeure avec une certaine persistance est un indice de mauvais temps. L'horizon dépourvu de nuages, sans qu’il règne aucun vent, si ce n'est celui du nord, est le signe d’un beau temps. Les changements fréquents qui ont lieu dans la direction des vents annoncent la tempête. Lorsque le vent s'élève pendant le jour, il est de plus longue du- rée que celui qui s'élève pendant la nuit. Les petits nuages blancs qui passent entre la terre et le soleil, et s’y colorent de diverses couleurs, annoncent la pluie. Sous notre latitude, les vents du sud-ouest et d'ouest annoncent la pluie ; le vent du nord, le froid see, et le vent d’est, le beau temps. Quand la gelée commence par un vent de nord-est, elle est de longue durée et cause des ravages considérables. En hiver, l'abondance de la neige annonce une année fertile ; celle de la pluie, une mauvaise année. Le printemps chaud promet des fruits en abondance; le prin- temps froid, des récoltes tardives. Pronostics tirés des animaux. — Les cris des corbeaux, pendant la durée du mauvais temps, annoncent sa prochaine cessation. Les canards annoncent l’oragè quand ils volent en criant et en plongeant dans l’eau. Les poules qui se roulent dans la poussière avec plus de persis- tance que de coutume annoncent la pluie. Les pigeons rentrant tard au colombier indiquent aussi le mau- vais temps. Les abeilles pronostiquent la pluie quand elles ne s’éloignent pas de leur ruche, ou quand elles y rentrent de meilleure heure. 4 LO 50 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Les hirondelles qui volent et rasent la surface de l'eau, où qui volent très-près du sol, présagent le mauvais temps. A l’approche d'un orage, les abeilles sont disposées à attaquer ceux qui approchent de leurs ruches, et les mouches piquent avec plus d’opiniâtreté que de coutume. Quand le temps est à la pluie, les grenouilles coassent plus tard qu'à l'ordinaire. On peut regarder comme un indice certain de pluie l'apparition des crapauds qui sortent de leurs trous; celle des limaces, limaçons et lombrics; l’activité avec laquelle Les taupes fouillent le sol, celle des fourmis qui rentrent leurs larves, les chats qui se passent la patte derrière les oreilles, etc. Pronostics tirés de phénomènes physiques. — Il y a certitude de pluie quand la suie se détache du tuyau de la cheminée et tombe dans le foyer ; Signe de vent et de froid, quand les charbons incandescents sont plus ardents qu'à l'ordinaire et que la flamme est agitée. La flamme droite et tranquille est, au contraire, un indice de beau temps. Pronostics tirés des animaux. — M. Quatremère d’Isjonval, membre de l’Académie des sciences, dit Bers dans sa Flore insecto- logique, observa attentivement les Arazgnées, pendant huit années, et 1l affirme que l’on peut tirer de leurs travaux les pronostics les plus sûrs ", Les Épeires diadèmes, si communes dans nos jardins, pronosti- quent le beau temps quand elles se rassemblent en grand nombre, entreprennent de larges toiles et travaillent pendant la nuit. Le temps sera beau et durable quand elles étendent au loin les lils principaux de leurs toiles. ! Quatremere d’Isjonval, dont le plus beau titre scientifique est d'avoir découvert les sels triples, mais dont les expériences furent souvent marquées au coin de l’ex- centricité, a publié, sous le titre d’Aranéologie (1795-1797), un livre curieux sur le travail des araignées et sur le rapport de ce travail avec les variations du temps; il ajouta à ce livre un Calendrier aranéologique. L NOTIONS GÉNÉRALES, J{ ILest variable quand elles ne travaillent que peu et n’entrepren- nent pas de grands travaux. Si elles suspendent leurs travaux ou ne tissent que de petits fils, on peut s attendre à de la pluie. On peut présager du vent quand elles ne fabriquent que les rayons de leurs toiles, ou qu'après les avoir déchirées, elles se retirent dans leurs trous. Les Tégénaires indiquent un temps serein quand elles travaillent même pendant la nuit et montrent la tête en étendant leurs pattes. Lorsqu'au contraire elles ne montrent que la partie postérieure de leur corps, elles présagent la pluie. | En hiver, les Arwignées que le froid fait rentrer dans les maisons indiquent du froid quand elles travaillent; un froid vif et continu, quand elles fabriquent plusieurs toiles ou cherchent à déposséder leurs congénères. Ces pronostics devancent le froid souvent même de quinze Jours. DES INSTRUMENTS MÉTÉOROLOGIQUES NÉCESSAIRES A L'HORTICULTEUR (PI. LV). Les instruments météorologiques dont l'horticulteur doit se pourvoir sont : 1°le Baromètre, qui sert à indiquer les variations qu éprouve la pression de l'atmosphère; 2° le Thermomètre, qui sert à apprécier la température des corps; 3° l’Æygromètre, qui sert à faire reconnaitre le degré d'humidité de l'air, c’est-à-dire à mesu- rer la force élastique de la vapeur d'eau que celui-ci renferme. C'est sur les indications fournies par ces instruments, les plus exacts qui aient été inventés jusqu'à présent, que l’on doit, dans la pratique, appuyer ses observations. Nous allons entrer dans quel- ques détails sur chacun d'eux. Du baromètre. — Le mot haromètre (tiré du grec baros, poids, métron, mesure) signifie mesure de la pesanteur, parce qu'en effet l'instrument mesure la pression exercée par lat- mosphère dans le lieu où il est placé. C’est à l’immortel Galilée 52 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. qu'est due la première idée de la pesanteur de Fair, phénomène qu'en 1643, un an après avoir fermé les yeux à son maître, Torri- celli démontra, en plongeant dans ure cuvette de mercure lextré- mité inférieure d’un tube de verre d'environ 1 mètre de hauteur, qu'il avait complétement rempli du même métal et dont l'extrémité supérieure était bouchée. Ce liquide, qui est treize fois et demie environ plus dense que l’eau, ne descendit, dans le tube, qu'à une hauteur telle que la différence du niveau supérieur au niveau dans la cuvette fut de 0,76, ou d'environ treize fois et demie moindre que la hauteur de la colonne d’eau qui fait équilibre au poids de l'atmosphère. L'appareil de Torricelli, encore aujourd'hui en usage, n'était autre que le baromètre auquel on a donné différentes formes, le faisant soit à siphon, soit à cadran, tantôt à cuvette fixe, tantôt à cuvette mobile. Barometlre à siphon. — Il emprunte son nom à sa forme. Il n’a pas de cuvette, ou plutôt le tube lui-même en tient lieu. Ce tube est recourbé en U par le bas, et présente par conséquent deux branches, mais l’une plus longue que l’autre, quoique de même diamètre. Dans le baromètre à cuvette, l’action capillaire du verre sur le mercure déprime la colonne dans le tube plus fortement que dans la cuvette; mais dans le baromètre à siphon, la dépression est naturellement la même des deux côtés du tube et n’a plus besoin d'être corrigée. On gradue le baromètre à siphon au moyen d'une règle mobile qui porte les divisions et qui fait mouvoir en même temps une petite tige d'ivoire qu'on amène, avant chaque observa- lion, à affleurer la surface du mercure. On peut aussi appliquer une règle fixe, dont le zéro est placé au-dessous ou au-dessus du point que le niveau du mercure peut atteindre dans la branche la plus courte; on obtient la hauteur exacte en retranchant de la hau- teur observée dans la branche la plus longue, la différence de hauteur observée entre le zéro fixe sur la tige et le niveau du mer- cure dans la branche courte, si le zéro est situé au dessous; on ajoute au contraire cette différence si le zéro se trouve placé au- dessus du niveau. Baromètre portatif à siphon de Gay-Lussac. — Le célèbre NOTIONS GÉNÉRALES. 53 Gay-Lussac à imaginé un baromètre portatif à siphon, qui porte son nom. Les deux branches sont séparées par une portion du tube capillaire dont le diamètre est assez fin pour que l'air ne puisse ni traverser ni déplacer le mercure; l'extrémité de la branche la plus courte est entièrement fermée, et ne présente, sur le côté, qu'une petite ouverture par où l’air puisse pénétrer, mais sans permettre au mercure de sortir. Pour rendre l'ap- pareil plus portatif, on entoure le tube d'une enveloppe solide; on peut même envelopper entièrement la plus longue branche, et se borner à observer les variations du mercure dans la plus courte. | Baromètre de Bunten. — Le baromètre de Bunten, ainsi ap- pelé du nom de son inventeur, est un perfectionnement du pré- cédent. Il est formé de deux tubes soudés, dont le supérieur, ter- miné en pointe, s'enfonce un peu au-dessous de la soudure, de manière à laisser autour de la pointe un petit espace circulaire. De cette sorte, les bulles d'air qui restent adhérentes aux parois du tube dans le renversement de l'instrument, au lieu d'arriver par le ballottement jusque dans le vide barométrique, viennent se loger dans l'angle circulaire formé autour de la soudure, et n’'abaissent pas par leur force expansive la colonne baromé- trique, comme cela a lieu dans le baromètre portatif de Gay- Lussac. Baromètre à cadran. — C'est une variété du baromètre à siphon. Il n’en diffère qu’en ce que, au-dessus de l’orifice de la plus courte branche, se trouve une petite poulie parfaitement mobile, et dont le centre est fixé à celui du cadran derrière lequel est attaché le ba- romètre. Cette poulie, sur laquelle s'enroule un fil et qui porte un contre-poids à son extrémité, correspond à une aiguille destinée à parcourir les divisions du cadran: Quand le mercure monte ou descend dans la branche courte il fait marcher l'aiguille. Les frotte- ments et les adhérences rendent la marche de cet instrument très- irrégulière et ses indications peu exactes. Baromètre à cuvette. — Il consiste en un tube de verre long d'environ 1 mètre, fermé par un bout et ouvert par l’autre, qui est D4 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. verticalement plongé, par son extrémité ouverte, dans une cuvette remplie de mercure, de manière qu'une partie de ce mercure, en vertu du poids de l’atmosphère qui pèse sur la surface du bain, se tient à une certaine hauteur dans le tube. Pour construire un baromètre à cuvette, on a un tube de verre parfaitement droit et bien calibré; on le fait sécher pour en chas- ser tout l’air et toute l'humidité; on y verse du mercure que lon a préalablement fait bouillir; on fait encore bouillir ce dernier dans le tube, afin de chasser tout l'air qui aurait pu se mêler avec lui en le versant dans le tube, et on achève de remplir ce tube en plusieurs fois. Cela fait, on ferme l'extrémité du tube avec le doigt et on le plonge dans une cuvette. Il ne reste plus qu’à dé- terminer la hauteur de la colonne barométrique, hauteur qui est ordinairement à 28 pouces (760 millimètres) au-dessus du niveau de la mer. Dans le baromètre à cuvette ordinaire, les indications ne sont pas fort exactes, parce que le niveau du mercure dans la cuvette, qui est considéré comme fixe, s’abaisse ou s'élève suivant que le mercure monte ou descend dans le tube. Pour remédier autant que possible à cet inconvénient, on donne à la cuvette beaucoup plus de largeur qu’au tube. Baromètre à cuvette mobile de Fortin. — On a cherché à ob- vier aux inconvénients qu'ont ces différents genres de baromètre, d’être fort embarrassants à cause de leur longueur, et sujets à se briser dans le plus court transport. Un habile constructeur d’ins- truments, M. Fortin, a imaginé un baromètre portatif à cuvette mobile, dont la cuvette, recouverte d’un fond en peau, perméable à l’air et imperméable au mercure, qu'une vis fait monter ou des- cendre à volonté, porte à sa partie supérieure une petite pointe en ivoire au moyen de laquelle on obtient un niveau constant; le tube de verre est enfermé dans un tube en métal, fendu dans sa lon- gueur afin que l’on puisse apercevoir la colonne de mercure, et portant des divisions. M. Ernst a encore modifié et amélioré cet instrument. Hypsothermomètre de Walferdin. — Il existe un instrument, NOTIONS GÉNÉRALES, 55 portatif aussi, et plus commode encore, dont les données, compa- rées à celles du baromètre, ont toujours été de la plus parfaite conformité : c'est le Thermomètre hypsométrique où Hypsothermo- mètre de Walferdin, dont le principe repose sur la diminution des températures auxquelles à lieu l'ébullition de l’eau, et partant de la pression atmosphérique à mesure qu’elle s'élève. Comme il fallait, pour obtenir des centièmes de degré, condition indis- pensable pour la précision, un instrument à tube très-long, et plus long même encore que le baromètre, le problème a été heu- reusement résolu. M. Walferdin a, pour obtenir de longs degrés sur une tige courte indiquant à la fois le zéro et le point d’ébul- lition de l’eau, séparé en deux parties la tige du thermomètre hypsométrique au moyen d'une chambre, et donné à chacune des deux parties de l'instrument une échelle arbitraire gravée sur la tige elle-même. La manière de se servir de cet instrument est fort commode. Le calcul des altitudes par le moyen de l’Aypso- thermomètre ne présente pas plus de difficultés que celui qui repose sur l'observation barométrique : on trouve des tables altitudinales hypsométriques dans tous les traités de physique. Baromètre à eau. — Nous ne parlons que pour mémoire de cet instrument suranné, et néanmoins encore en usage dans quelques départements. Il ne peut indiquer les grands mouvements de l’at- mosphère que quand il est soumis à des conditions constantes de température. Nous devons donc avertir ceux qui s’en servent qu'ils n'en tireront aucune indication sérieuse. Il est vrai de dire cepen- dant que M. Walferdin a entrepris de le perfectionner pour pouvoir l'appliquer aux observations maritimes. Variations du baromètre. — Le baromètre éprouve dans un même lieu des variations plus ou moins considérables. Ainsi, à Paris, il n'est presque pas de jour où il ne varie de plusieurs millimètres. On distingue deux sortes de variations : les variations horaires, qui, se reproduisant très-régulièrement à des heures marquées, sont d'une grandeur constante; et les variations accidentelles, qui sur- viennent irrégulièrement sans qu’on en puisse prévoir ni l’époque ni l'étendue. Dans nos climats, l'heure de midi est celle de la jour- 56 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. née où la hauteur du baromètre est très-sensiblement la hauteur moyenne du jour; en hiver, le #arimum est à 9 heures du matin, le minimum à 3 heures de l'après-midi, et le second maximum à 9 heures du soir; en été, le maximum a lieu avant 8 heures du ma- tin, le minimum à 4 heures de l'après-midi, et Le second maximum à 41 heures du soir. La hauteur moyenne du baromètre, à Paris, est de 756 millimètres. Pronostics tirés du baromètre. — Le mercure oscillant dans le tube, de manière à présenter à des distances rapprochées des éléva- tions et des abaissements appréciables, indique qu'un changement de temps est prochain. Quand la colonne de mercure est entre le beau temps et la pluie, le moindre mouvement ascendant ou descendant indique, le premier, le beau temps, le second, la pluie et quelquefois le vent : car l’abais- sement du mercure n'indique pas toujours de la pluie, mais quel- quefois aussi du vent. Après une pluie longue et continue, le baromètre montant sans oscillations est un indice de beau temps; c'est le contraire quand : il descend avec continuité. Il arrive quelquefois cependant que, contrairement à l'indica- tion barométrique, il y a du beau temps quoique la colonne de mercure soit très-basse, et de la pluie quoiqu'elle soit très-haute. C’est alors une indication qu'il y a dans l’atmosphère des eou- rants de vents en sens inverse : dans ce cas, le baromètre obéit au courant supérieur, et les phénomènes météorologiques suivent l'influence du courant inférieur. Il faut alors consulter l’2ygro- mètre. Du thermomètre en général, — La dénomination de /hermomètre (du grec #hermos, chaud, métron, mesure) correspond à celle de mesureur de chaleur. L'invention de cet instrument remonte à la fin du seizième siècle, mais il a fallu bien de savantes veilles pour l’amener à l’état où il est aujourd’hui. «A la rigueur, dit Biot, tous les corps pourraient être employés à mesurer la chaleur, puisque tous sont sensibles aux variations de cette chaleur; mais, pour ren- dre l'instrument exact et commode, il y a un choix à faire entre NOTIONS GÉNÉRALES, 57 eux. Si nous employons un corps solide, par exemple, une barre métallique, ses dilatations etses contractions seront trop petites pour pouvoir être observées. Si nous voulons les apercevoir, il faudra les agrandir par des rouages et des leviers qui en rendront l'observation très-minutieuse et même souvent inexacte. Si au contraire nous employons, pour construire notre thermomètre, une substance aériforme, par exemple l'air ou quelque autre gaz, les dilatations et les contractions seront tellement considérables, qu'il deviendra (très incommode de les mesurer, quand les variations de la chaleur auront quelque étendue. Les variations de volume des liquides, plus grandes que celles des corps solides, et moindres que celles des gaz, offrent un moyen terme exempt de ces inconvénients opposés, et par conséquent nous sommes conduits à chercher notre thermo- mètre dans cette classe intermédiaire de corps. Il en est un parmi eux que ses qualités physiques et chimiques rendent éminemment propre à cet usage : c’est celui que l’on nomme #ercure ou vif-argent, parce qu’en effet 1l ressemble à de l'argent qui serait rendu cou- lant par la chaleur. Le mercure supporte, avant de bouillir et de se réduire en vapeur, plus de chaleur que tous les autres fluides, excepté certaines huiles ; et l’on peut aussi, sans qu’il se gèle, l’ex- poser à des degrés de froid qui solidifieraient tous les autres liqui- des, excepté certaines liqueurs spiritueuses, comme l'esprit de vin ou l’éther. En outre, le mercure a l'avantage d’être plus sensible que tout autre liquide à l’action de la chaleur ; et enfin les varia- tions de son volume, dans l’étendue des phénomènes qu'il est le plus ordinaire d’observer, sont parfaitement régulières et propor- tionnelles à celles que les solides et les gaz éprouvent dans des cir- constances semblables. Toutes ces propriétés doivent nous porter à nous servir du mercure dans la construction de nos thermomètres, préférablement à tout autre corps. » Malgré cette opinion de l'il- lustre physicien, on emploie fréquemment encore d’autres subs- lances, et particulièrement de l'alcool pour construire des thermo- mètres. Ce sont même les plus en usage en horticulture, bien que les thermomètres à mercure conviennent mieux aux observations délicates. Le choix de l'instrument a done sa valeur, même en 58 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. horticulture, parce que les thermomètres communs sont mal gra- dués, surtout mal calibrés, et qu'après leur graduation, le zéro se déplace, ce qui détruit toute la certitude des indications. Quant à la théorie du thermomètre, elle est fondée sur la propriété na- turelle des corps de se mettre en équilibre avec la température ambiante, et comme la chaleur a pour effet de les dilater et le froid de les condenser, il en résulte que, quand la chaleur agit sur la colonne de mercure ou d'alcool, celle-ci se dilate et lé liquide monte dans le tube; tandis que, quand le froid condense ou resserre le liquide, qui jouit de la propriété de ne jamais geler, il descend, et la colonne peut même s'abaisser jusqu'au niveau de la cuvette ou du renflement qui contient le mercure ou l'alcool. Le thermomètre ordinaire se compose d’un tube de verre d’un diamètre très-petit, et portant à son extrémité un renflement en forme de boule ou de cylindre, qui sert de réservoir au liquide. On sait que le point supérieur, le seul dont nous puissions avoir besoin dans les usages communs, est celui de l'ébullition de l’eau ; le point inférieur ou le zéro est celui de la glace fondante. Tout ce qui est au-dessus du zéro indique donc la chaleur, et tout ce qui est au dessous, le froid. Avec le thermomètre à mereure on peut aller jusqu'à 360 degrés au-dessus de zéro; au-delà le thermomètre entrerait en ébullition. On a marqué sur le thermomètre quelques températures consacrées par des observations constantes et qui A] servent d'indications générales. Ce sont : Le Sénégal, qui correspond à 50° centigrades ; La chaleur humaine, à 40°; Les bains, à 32° ; Les vers à soie, ou la température qui convient le mieux à ces insectes, à 29° ; Les serres, à 20° ; Le fempéré, qui est la température des caves d’une certaine pro— fondeur telles que celles de l'Observatoire, à 12° 50 centigrades ou 10° Réaumur ; NOTIONS GÉNÉRALES. 59 Les Orangers, où la température qui convient aux orangeries, à 7°; Rivières gelées , à — T° continus. Ces indications, suffisantes dans les conditions habituelles de la vie, ne le sont plus en horticulture. On devrait faire des thermo- mètres appropriés aux diverses opérations de culture et indiquant les limites extrêmes de chaleur et de froid qui conviennent à chacune d'elles. Ainsi, par exemple, un bon thermomètre à l'usage des horticulteurs devrait porter à droite les 3 échelles Centigrade, Réaumur et Fahrenheit, et à gauche les indications suivantes (on distingue les degrés au-dessus de zéro par le signe +, et les degrés au-dessous par le signe —) ; Serre à Orchidées; maximum d'été. . . . . . . . + 300 — HARIMUMETHINER ME CU + 15. Serre chaude; maximum du Jour. : . . . … .. + 17 — — delainit 0 EM. + 13 — minime sal a rebelis ss + 12 SERTB A TOTCEL : MAXIMUM... en 0e + 35 — CADEQUNN DU ce ele eee te + 25 Serre a ANANAS MAXIMUM NAN NIN —+ 30 = minimumesersvetetes. Ari: + 12 Serre temMpÉérÉe ÉMAXIMUM. FL... Ur. + 8 — HU E, ne SU, CE 2 SELREITOIe AIN ED Ce + 5 — RAT SE a re io 0 Sortie des plantes de serre tempérée; minimum. . + 15 — froide; minimum . . . +10 Rentrée des plantes de serre tempérée; minimum. + 5 _ froide; minimum . . “+ 2 Couches; maximum . . . . . . El QU + 30 —_ DENISE ee = op 0. + 15 Gelée des Lauriers-roses. . . . . . 7-2. -HOICET — 5 — ONANPErS PE SL D PER ce — 5 = OMVIErS 5 CE NC RE Ce) | — arbres’ forestiers: A5 4 d'au 1 1.025 C'est d’après ces principes que nous donnons dans l'Atlas afférent à ce volume le modèle d'un thermomètre à triple échelle et à hygromètre: (PI. LVI, fig. 2.) 60 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. En France, nous avons adopté le /Lermomètre centigrade, ima- oiné par l’astronome et physicien suédois André Celsius, mort en 4744. C’est l'instrument dans lequel l'intervalle qui sépare le zéro degré où le point de la glace fondante du point d'ébullition de l’eau, est divisé en 100 degrés. Le /hermomètre de Réaumur, en usage en Italie et en Espagne, n'est divisé qu'en 80 degrés. Le thermomètre de Fahrenheit, célèbre physicien de Dantzig, est adopté en Angleterre; le zéro est pris dans un mélange de glace et de sel; il correspond à 32 degrés, et le point d’ébullition à 212 degrés. Pour convertir les degrés du thermomètre centigrade en degrés de Réaumur, il suffit de multiplier les premiers par 4/5 ou 0,8; et pour convertir en degrés centigrades les degrés Réaumur, de multi- plier ces derniers par 5/4 ou 1,25. Quant au thermomètre Fahren- heit on peut ramener ses indications à l'échelle centigrade en dé- duisant d’abord 32, puis en multipliant les degrés restants par 5/9 ou 0,535. Pour transformer les degrés Fahrenheit en degrés Réau- mur, on multiplie par 4/9 ou 0,444, après avoir déduit 32. Pour éviter tous ces calculs, nous donnons ici la conversion de l'échelle du thermomètre centigrade et des deux échelles de Réau- mur et de Fahrenheit. | Table de la correspondance des thermomètres de Réaumur et de Fahrenheit avec le thermomètre centigrade. Centigrades. Réaumur. Fahrenheit. Centigrades, Réaumur. Fahrenheit. 100 80 212 86 68, 8 186.8 99 19.2 210.2 85 68 185 98 18.4 208.4 84 67.2 183.2 97 71.6 206.6- 83 66.4 181.4 96 16.8 204.8 82 65.6 179.6 95 76 203 81 64,8 177.8 94 THE 201.2 80 6% 176 93 14.4 199. 4 19 63,2 174.2 92 73.6 197.6 18 62.4 172.4 91 12.8 195.8 71 61.6 170.6 90 72 194 76 60.8 * 7" 108.8 89 14152 19222 15 60 167 88 70.4 190.4 74 59.2 165.2 87 69.0 188.0 13 58 .4 163.4 NOTIONS GÉNÉRALES, 61 Centigrade*, Réaumur, Fabrenheit. Centigrades, Reéaumurs Fahrenheit. 72 57.6 161.6 30 .24 86 71 56.8 159.8 29 292 84.2 70 56 158 28 22.4 82.4 69 55.2 156.2 21 21.6 80.6 68 54.4 154.4 26 20.8 18.8 67 53.6 152.6 25 20 75 66 52.8 150.8 24 1972 1922 65 52 149 23 18.# 73.4 6# 542 147.2 22 17.6 71.6 63 50.4 145.4 21 16.8 69.8 62 49.6 143.6 20 16 68 61 48. 8 141.8 19 1522 66.2 60 48 140 18 14.4 64.4 59 41.2 138.2 17 13.6 62.6 58 46.4 136.4 16 12.8 60.8 o1 45.6 134.6 15 12 59 56 44.8 132.8 14 11.2 57.2 DE) 4% 131 13 10.4 22.4 54 43.2 129.2 12 9.6 53.6 33 12.4 127.4 11 8.8 51.8 52 41.6 125.6 10 8 50 51 40.8 123.8 9 1.2 48.2 50 40 122 8 6.4 46.4 19 39.2 120.2 7 o.6 44.6 48 38.4 118.4 6 4.8 42,8 47 31.6 116.6 5 4 41 46 0 30-06 114.8 n 9.2 39.2 45 36 113 3 2-4 31.4 4% 30.2 144.2 Lu 1.6 35.6 43 34.4 109.4 l 0.8 93.8 42 33.6 107.6 0 0 32 41 32.8 105.8 1 0.8 30.2 40 32 10% 2 126 28.4 39 31.2 102.2 3 2.4 26.6 38 30.4 100.4 4 3.2 24.8 37 29.6 98.6 5 4 23 36 28.8 96.8 6 4,8 21.2 35 28 95 ï >.6 19.4 3% 212 93.2 8 6.4 17.6 33 26.4 91.4 9 1e? 15.8 32 25,6 89.6 10 8 14 31 24.8 87.9 Exposition du thermomètre. — 1] reste à parler de l'exposition du thermomètre. C'est un point essentiel, car il n'y a pas, à pro- prement parler, de température absolue, et, dans un lieu clos sur- tout, la température peut varier de plusieurs degrés. A l'extérieur, les objets ambiants exercent encore leur influence sur la marche de cet instrument. Pour avoir la température moyenne du lieu, il faut 62 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. exposer son thermomètre de manière à le soustraire à toutes les in- fluences ambiantes. A l'extérieur, le thermomètre sera fixé par le côté à un pieu, puis placé à l'ombre et loin de tous les murs, pour éviter le rayon- nement, et également loin des courants chauds ou froids qui pour- raient agir sur le liquide thermométrique. A l’intérieur, le mieux est aussi de ne pas le placer au fond de la serre, le long des murs, non plus que le long des vitraux. [] doit être suspendu vers le milieu de la serre, également loin de ses deux extrémités, pour connaître la température cherchée, c'est-à-dire celle qui convient le mieux à la nature des végétaux que l'on y cul- tive. Voici maintenant des instruments, ou peu connus, ou d'invention récente, qui peuvent être d'un grand secours dans l'observation usuelle : Thermomètre horizontal à minima de R utherford. — Le /hermo- mètre horizontal à minima de Rutherford (pl. LVE fig. 1), oublié pendant longtemps, est un instrument d'une utilité d'autant plus erande qu'il peut remplacer le thermomètre ordinaire quand on le met dans la position verticale ; et il sert à indiquer le plus grand abaissement de la température à un moment donné quand on le place horizontalement. Cet instrument se compose d’un tube rempli d'alcool, dans la par- tie graduée duquel se trouve un petit indicateur d'émail de couleur obscure, ayant la forme d’un pilon à deux renflements, qui suit le liquide dans son abaissement et conserve sa position quoique l'al- cool s'élève, parce qu'il oppose au liquide ascendant un poids trop considérable pour remonter. On se sert de cet instrument en faisant, par un mouvement de bascule qui redresse brusquement la partie du thermomètre opposée à la cuvette, revenir l'index au niveau de l'extrémité supérieure de la colonne d'alcool. On le place horizon- {alement, en lui donnant cependant une inclinaison légère ; c'est- à-dire de manière à ce que la boule du thermomètre soit plus basse de quelques degrés que la partie supérieure. Le liquide en se con- densant entraine l'index, qui descend ainsi jusqu'au minimum NOTIONS GÉNÉRALES, 63 de température. Quand la température s’élève, l'alcool se dilate, remonte, et laisse l'index au minimum de la température à la- quelle l'instrument a été exposé. M. Walferdin s’est occupé de réhabiliter cet instrument utile, en lui faisant subir quelques modifications indispensables. Il a reconnu qu'il ne fallait pas que ce thermomètre füt mis dans une position absolument horizontale, parce que l'alcool, vaporisé par l'élévation de la température, vient se condenser à l'extrémité supérieure du tube, ce qui ne permet plus à la colonne inférieure, raccourcie de la quantité vaporisée, d'indiquer la température avec exactitude. En l'in clinant, il favorise la chute de l'alcool qui s’est condensé en haut du tube, et, pour rendre cette action plus rapide, il coude l’extré- mité du tube de manière à donner à cette partie l’inclinaison Ja plus grande. On n'a pas besoin d'une longue démonstration pour faire comprendre jusqu'à quel point ce thermomètre est com- mode. Il indiquera constamment, et avec plus de précision que ne le ferait une observation nocturne, le plus grand abaissement de la température, soit en plein air, soit dans une orangerie ou une serre : Ce qui déterminera à prendre les précautions que réclame l'intensité du froid ou permettra, au contraire, de ne pas insister sur des précautions inutiles, et cela sans se déplacer, en consultant son thermomètre à une heure quelconque de la journée, l'index conservant, comme on l'a dit, la position où l’a fait descendre le plus grand abaissement de la température. Dans le jour on le re- dresse, et il sert alors comme thermomètre vertical. Thermomètre à maxima de Walferdin. — Le fhermomètre à mazima de M. Walferdin est d'un emploi aussi facile que le {hermo- mètre à minima et indique, avec une précision qui n’est jamais en défaut, le maximum de la température. Le tube est terminé, à sa partie supérieure, par une chambre conique qui permet de déplacer le niveau du mercure : on ne fait redescendre la petite quantité de mercure reçue dans cette chambre qu'après avoir interrompu la colonne par une petite bulle d'air sec interposée; il en résulte que, quand l'instrument placé horizontalement est exposé à une tempé- rature quelconque, s’il y a accroissement de température, le liquide ‘ 64 HORTICULIURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. thermométrique se dilate et chasse la colonne supérieure, qui se trouve portée au maximum de température auquel l'instrument a été exposé. Quand la température s’abaisse, la colonne mférieure redescend, tandis que la colonne supérieure reste à la place où elle a été poussée. On comprend alors que, quel que soit l'abaissement du mercure, la colonne supérieure conserve sa position et indique alors le plus haut degré où s’est élevée la température. La manœu- vre est aussi simple que celle du thermomètre 4 minima. W suffit, après la notation, de redresser l'instrument pour que la colonne supérieure, toujours séparée par la bulle d'air interposée, se replace dans la normale. De l’hygromètre ou hygroscope. — Un instrument dont on ne fait aucun usage dans l’horticulture, et qui serait cependant d'une haute utilité surtout dans les serres, est l'Aygromètre. On connaît les capucins, dont le capuchon se relève quand le temps menace de pluie, et s’abaisse en laissant leur tête nue lorsque le beau reparaît. Ce sont de simples hygromètres fondés sur la propriété dont jouis- sent certaines substances organiques, et à un très-haut degré les cordes à boyau, de se dérouler quand le temps est humide et de se resserrer quand il est sec. Malheureusement, cet instrument tout primitif n’est pas susceptible de graduations. On se sert aussi, pour connaître le degré d'humidité de l’atmosphère, des larges rubans de Laminaria saccharina. Cette algue est très-hygrométrique et jouit de la propriété de s’allonger en s’amollissant, quand il fait humide, et de se raccourcir en se contractant quand il fait sec. Les aigrettes de Stipa pennata sont dans le mème cas. Hygromètre à cheveu. — L’instrument fondé sur le même prin- cipe, et le moins inexact, est l’Aygromètre à cheveu de Saussure. On l’établit en faisant bouillir, pendant vingt-cinq à trente minutes, dans de l’eau contenant un centième de carbonate de soude, un pa- quet, de la grosseur d'une plume à écrire, de cheveux très-doux que l’on lave, puis que l’on fait sécher. On prend un des cheveux préparés de la sorte, on le fixe par une de ses extrémités, on le tend verticalement, et l'on roule une ou deux fois son autre extré- mité autour d’un axe horizontal. A cet axe est attachée une aiguille æ * «+ RL NOTIONS GÉNÉRALES. 65 mobile dont la pointe correspond à un cercle gradué. Bien entendu que le cheveu est maintenu dans sa position verticale à l’aide d’un contre-poids de 15 centigrammes ou 3 grains, suspendus à l’aide d'un fil de soie roulé également autour de l’axe. Tout étant ainsi disposé et l'instrument étant abandonné à lui-même, à l'air libre, le cheveu absorbe l'humidité, s’allonge, l’axe est mis en mouve- ment par la pesanteur du contre-poids et l'aiguille marche peu ou beaucoup, suivant qu'il y a plus ou moins d'humidité absorbée. On sait que les cheveux bien préparés se dilatent ou s’allongent de de leur longueur totale, depuisla sécheresse extrême jusqu'à l’humi- dité extrême, tandis que non dépouillés de leur matière grasse, ils ne se dilatent que de, et encore d’une manière peu régulière. Saussure détermine l'extrême humidité en plaçant l'hygromètre sous une cloche de verre qui plonge dans l’eau et dont il mouille les parois. Au bout d’une heure le cheveu est arrivé à l'humidité extrême; car dans cet état de choses il faut admettre que l’air a été complétement saturé. Le point où l'aiguille s’arrête a été noté et détermine ensuite la sécheresse extrème en plaçant l'instrument sous une autre cloche parfaitement sèche, avec du carbonate de potasse déposé sous une plaque de tôle de fer qui a été d’abord chauffée jusqu'au rouge, puis refroidie assez pour ne pas briser la cloche. Au bout de trois jours, si toutes les conditions ont été rem- plies, l’hygromètre est fixé. Le point où il s’est arrêté est marqué zéro ; c’est le point de la sécheresse extrême. L’intervalle est ensuite divisé en 100 parties égales ou, degrés. Cet instrument indique avec une précision relative le degré de saturation de l'atmosphère, et est d’une observation facile. Il im- porte d'autant plus de l'introduire dans notre horticulture, qu'il peut donner pour les serres le point de dessiccation de l’air qui né- cessite des bassinages. Cette opération ne serait plus arbitraire, mais raisonnée. Les horticulteurs sont tellement convaincus de la nécessité de maintenir dans leurs serres la saturation de l’atmos- phère à un état d'équilibre, qu'ils savent que la privation, plutôt que l’excès, engendre des maladies qui font périr les végétaux les plus vigoureux. é 66 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, L’hygromètre n'indique pas la quantité absolue d'humidité, mais la quantité purement relative : ainsi, quand il marque 80, l'air contient de 60 à 70 pour cent d'eau. M. August, de Berlin, a véri- fié avec soin la graduation de l’hygromètre et y a fait d'importantes corrections; mais pour l'usage de l’horticulteur, cette précision n’est pas nécessaire, et l’on peut se contenter des indications re- latives. On saura seulement que cet instrument indique toujours un excès qui n'existe pas. Nous nous bornerons donc à indiquer la cor- rection des principaux degrés de saturation : | Hygromètre Vérification Hygromètre Vérification de Saussure. par M. August. de Saussure. par M. August. 100 100 40 23 80 71 30 16 70 56 20 10 60 7 10 4 50 31 6) 2 L'Aygromètre à cheveu, malgré les modifications qu'ont voulu y apporter Daniel Wilson, Deluc et M. Babinet, comme tous les ins- truments destinés à indiquer le degré de saturation de l'atmosphère, présente un vice jusqu à présent irrémédiable : c'est qu'il n’est pas comparable; on entend par cette expression que deux hygromètres construits avec des cheveux appartenant à une même personne, préparés en même temps et soumis à une même influence, ne donnent pas les mêmes indications (pl. LVI, fig. 4). Il faut donc, si l'on veut avoir quelque chose de plus précis qu’une simple indication approximative, recourir à un instrument plus parfait. Le seul qui remplisse actuellement cette indication est le psychromètre de M. Walferdin, comparable au moyen de son thermomètre différentiel. Du pronosticon, — Un instrument, de date encore assez récente, indique d’une manière très-précise, au moins pour la Journée, les changements du temps, surtout lorsque le thermomètre est au- dessus de 15 degrés; c'est le pronosticon (pl. LVI, fig. 3). Voici comment 1] se construit : on prend un long verre cylindrique, ar- rondi par en bas; on y verse 90 grammes d'alcool rectifié, marquant environ 40 degrés, et l’on y ajoute 4 grammes de camphre, NOTIONS GÉNÉRALES. 67 2 d’azotate de potasse et 2 d’ammoniaque. On ferme bien hermé- tiquement le goulot par un bouchon et une vessie, et l’on suspend le cylindre dans un endroit où le soleil ne puisse donner. Le pré- cipité, qui diminue par la chaleur et augmente par la fraîcheur de la nuit, sert à pronostiquer le temps. Dans un temps humide, le précipité tombe au fond en flocons informes, qui s’épaississent comme des nuages; quand le ciel commence à s’éclaircir, il se forme des cristaux étoilés, qui se précipitent au fond en forme de broussailles. Par un ciel serein, on aperçoit en haut des cristaux imitant les plumes, qui s’abaissent et se disposent sur le fond comme des forêts de sapins. Ces derniers cristaux n’ont ordinaire- ment que 2 centimètres de longueur. Si cette longueur augmente deux ou trois fois, c’est une preuve qu’il y aura des orages le soir: on assure même que, vingt ou vingt-quatre heures avant les fortes tempêtes, tout le mélange s’agite dans le tube et se roule avec violence. De la direction des vents. — L'observation de la direction des vents, au moyen d'un bonne girouette, complète l’ensemble des in- dications météorologiques nécessaires à l’horticulteur. Il est impor- tant de connaître la direction des vents, puisque, suivant les loca- lités, ils ont des propriétés particulières. Il ne faut pas se contenter des quatre points cardinaux : Nord, Est, Sud, Ouest; mais observer les huit espèces de vents princi- pales : ainsi Nord(N.), Nord-Est (N. E.), Est (E.), Sud-Est (S. E.), Sud (S.), Sud-Ouest (S. O.), Ouest (0.), Nord-Ouest (N. O.), car chacun d'eux a ses propriétés caractéristiques, et influe d’une manière très- sensible sur la température. C'est ainsi que le soleil a beau avoir de la force, quand le vent souffle avec violence, il abaisse la tem- pérature en favorisant l’évaporation, et il dessèche les corps orga- niques au moyen de ce phénomène bien connu sous le nom de häle, qui est si préjudiciable aux végétaux. Ce sont les vents chauds et secs, tels que ceux d'E. et de N. qui ont les propriétés les plus desséchantes. Ainsi, sous le climat de Paris, en hiver, la direction des vents est S. 48° O., et en été N. 88° 0. 68 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Voici, au reste, pour les vents qui influent beaucoup sur la tem- pérature, les lois le mieux confirmées par l'expérience : En hiver, la direction du vent est plus australe, c'est-à-dire que le vent se dirige plus régulièrement vers le Sud que pendant le reste de l’année, et c'est dans le mois de Janvier qu'il a son mari- mum de force. Au printemps, les vents d'Est sont les plus communs ; ils règnent, suivant les localités, en mars ou en avril. En été, les vents soufflent de l'Ouest, et c'est au mois de juillet qu'ils atteignent leur #2aximum. Les vents du Nord sont aussi plus communs. En automne, les vents d'Ouest font place à ceux du Sud, qui soufflent surtout en octobre. À Paris, la fréquence des diverses espèces de vents est disposée dans l'ordre suivant: en prenant 1 pour le nombre total des vents, les fractions indiqueront leur présence : Vents L'OUEST. :. 0.190 Vents de nord-est. . . 0.106 — de sud-ouest . . . 0.181 — de nord-ouest, . 0.09% — CUS, 2. O0 LS — de sud-est. . . 0.65 ETS DOTE 2777 0.127 — TESTS EN TENTE 0.64 Telles sont les indications météorologiques qui doivent trouver place dans un traité de culture, et l’on ne saurait trop répéter que ces connaissances, faciles à acquérir, intéressent aussi à un très- haut degré les opérations de l'harticulteur. Indications nécessaires pour l'envoi de plantes exotiques. — Avant- de terminer ce chapitre, nous donnerons aux collecteurs qui se chargent d'enrichir notre horticulture de végétaux exotiques, le conseil de ne jamais envoyer de plantes destinées à être cultivées dans nos serres sans y joindre les trois indications suivantes : 1° L’altitude, qu'on déterminera d'autant plus facilement qu'on se sera muni d'un bon baromètre : c'est l'instrument hypsométrique le plus sûr, mais non pas le plus commode; il faut pour cela noter la hauteur exacte, prise au point le plus bas du lieu où l’on se trouve et à l'élévation altitudinale où l’on s'arrête, avec l'indication de la saison, de l'heure du jour et de la température; des tables de NOTIONS GÉNÉRALES. 69 réduction indiqueront les hauteurs correspondantes; l'appareil hyp- sométrique de M. Walferdin remplace avantageusement le baromè- tre, et la manœuvre en est facile ; 2° La fempérature, qu'un bon thermomètre indiquera; il faut la déterminer au lever du soleil, à midi et le soir; c’est à l’époque de la floraison que ces indications doivent être prises, mais il fau- drait également indiquer l’époque de la suspension de la vie végé- tale et celle de son réveil ; 3° Le degré d'humidité de l'atmosphère aux trois époques de la Journée où se font les observations thermométriques : il importe de connaître le degré de saturation de l’atmosphère pour servir de guide dans la culture. Ces indications, qui n'ont pas besoin d’une précision mathéma- tique, mais qui peuvent osciller entre certains extrêmes, sont de la plus haute importance quand on veut réussir à cultiver les végé- taux exotiques. Variations dans les phases de la vie végétale en Europe. — Rap- pelons 1ci, pour l'époque comparée de feuillaison, de floraison, de fructification et d’effeuillaison des végétaux, une loi formulée par M. Quetelet, et qui facilite la détermination de ces différentes phases de la vie végétale, pour toute l'Europe. Pour la /afitude, Bruxelles pris pour point de départ, il faut compter pour ces divers phénomènes quatre jours d'avance ou de retard par degré, suivant qu'on se dirige vers le Sud ou le Nord. C'est ainsi que, Paris étant à 3 degrés de Bruxelles, telle plante qui fleurit sous cette latitude le 12 mars, doit fleurir à Paris près de douze jours plus tôt. | Pour les alfitudes, 11 faut compter également quatre jours de re- tard par 100 mètres d’élévation au-dessus de Bruxelles, placé à 60 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Nous conseillerons aux horticulteurs, amis de la science, de faire des observations précises sur les époques de feuillaison et de flo- raison des végétaux les plus communs, qui diffèrent entre elles de vingt à trente Jours; quelques-uns même, comme les Lonicera , présentent quarante à cinquante jours de différence. Ces observa- 4 70 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, tions ne sont pas sans intérêt : elles doivent servir de guide dans les opérations des jardins, car de la précocité de certaines apparitions végétales on peut déduire l’époque des évolutions ultérieures. Quelques exemples des précocités et des retards extrèmes suffi ront pour montrer l'intérêt de ces observations. C'est aux excellents travaux de M. Quetelet que ces données sont empruntées : Feuillaison, Moyenne Noms des plantes. de 10 années. La plus précoce. La plus tardive Marronnier d'Inde. , . . . 6 avril. 27 mars. 27 avril. Épine-vinette . . . . + :. . 22 mars. 26 février. 14 avril. Noisetier avelinier. . . . . 24 mars. 2 mars. 16 avril. Peuplier. d'Italie. . :.. . 14 avril. 4er avril. 29 avril. PÉUNEIMET EL RNA NUS Aer avril. 1er mars. 23 avril. Rosier à cent feuilles . . . 6 avril. 1er mars. 21 avril. DOULES E téet 1 avril. 18 mars. 22 avril. Ormes: AMIE 14 avril. 29 mars. 29 avril. Nienepe Rire NES SEE 25 avril. 14 avril. 1# mai. Floraison. Marronnier d'Inde. . . . . 3 mai. 23 avril. 16 mai. Épine-vinette . . . . . . . 4 mai. 18 avril. 20 mai. Noisetier avelinier. . . . . 11 février. 14 janvier. 17 mars. Peuplier d'Italie. . . . . . 23 mars. 28 février. 18 avril. PrUNEIERE EN CR Tee 16 avril. 2 mars. 30 avril. Rosier à cent feuilles. . . . 29 mai. Al mai. 28 juin. el ut Ne «à 9 juin. 15 mai. 17 juin. OPEN NECUERt 18 mars. 4 février. 7 avril. Names fee motor ct 2 23 juin. 16 juin. 6 juillet. DES MALADIES DES VÉGÉTAUX CULTIVÉS. Les végétaux soumis par l’homme à une éducation artificielle, édu- cationquiest une véritable domestication, perdent une partie des avan- {ages physiques dont ils jouissaient à l’état sauvage. Nous ne leur avons pas, 1l est vrai, donné l'hospitalité dans nos jardins, pour qu'ils conservent leurs qualités agrestes. Aux uns nous demandons des fruits savoureux et abondants, et nous supprimons impitoyablement le développement exagéré de leurs branches et de leur feuillage, pour concentrer toute l'activité de la plante dans la production de la NOTIONS GÉNÉRALES. 71 fleur et du fruit; aux légumes nous demandons des graines comes- tibles, des feuilles larges et charnues, des racines succulentes, et, pour obtenir ce que la plante peut nous fournir, nous lui donnons une terre meuble dont l'épuisement est réparé par des engrais dis- pensés d’une main généreuse. Nous distribuons aux végétaux utiles les arrosements avec une libéralité peu commune, la chaleur leur est conservée avec un soin minutieux, on les défend contre le moindre vent glacé, à chaque instant la terre est remuée pour que les agents dé la végétation puissent percer le sol avec plus de faci- lité ; les insectes sont impitoyablement chassés de la plante que la nature leur avait assignée pour domicile exclusif; en un mot, nous les tenons en chartre privée, et nous ne leur laissons aucune liberté de se développer comme il conviendrait à leur organisation primi- tive. Nous faisons pour elles et avec plus de puissance encore ce que nous avons fait pour nos animaux domestiques. Ces soins, dis- pensés avec un égoïsme qui contrarie sans cesse la disposition na- turelle de la plante, ne peuvent qu'engendrer des maladies, puisque toutes viennent de ce que les tissus poussés à produire avec exubé- rance contractent des maladies qui tiennent à des conditions d'existence antiphysiologiques, et les prédisposent à des phénomènes pathologiques qui causent trop souvent leur mort; en un mot, nous les constituons en un état tératologique que la culture a fait passer à l’état normal. Les végétaux cultivés sont plus délicats, parce que leurs tissus sont plus gorgés de sucs aqueux : ce qui les met dans un état anormal, puisant ses causes dans les alternatives de chaleur et de froid qui leur sont bien plus funestes qu'aux végétaux accomplissant librement leur période de vie et n'étant pas con- traints de vivre à une époque où il faudrait mourir, et de mourir au moment où la vie est développée en eux dans toute sa plénitude. Les maladies sont de deux sortes : les unes externes, les autres internes. Les maladies externes sont le plus souvent le résultat de chocs et d'accidents fortuits, ou bien encore de la présence des parasites végétaux ou animaux qui, en s’établissant sur un tissu, le détrui- sent en attaquant la vitalité dans tous les points où ils végètent. 72 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Quelques-uns sont purement passagers : ce sont les parasites qui, s'ils ne sont pas trop nombreux, ne font pas périr la plante et peuvent facilement être détruits. Les maladies internes sont des altérations pathologiques qui résultent presque toujours des in- fluences ambiantes agissant sur des tissus ne présentant aucune sorte de résistance et obéissant à toutes les causes de destruc- tion. Entretenir les plantes en bonne santé par des soins dispensés avec intelligence; supprimer, par ablation, les parties malades qui tenteraient de propager le mal, telles que les lésions et la pourri- ture; chasser et détruire les insectes qui causent aussi des altéra- tions pénétrant profondément l'organisme ; détruire les parasites végétaux quand ils ne sont pas trop abondants pour cela : tels sont les principaux soins hygiéniques qu'on puisse donner aux végé- taux; c'est pourquoi tous les traités de pathologie végétale sont pu- rement théoriques et trop souvent inutiles quand une plantation devient malade, et les soins, quelque intelligemment dispensés qu'ils soient, sont infructueux, s'ils embrassent un trop grand nombre de sujets. Des transplantations faites à propos, des arrose- ments augmentés en cas d'atrophie, diminués quand il y à hy- pertrophie ou excès de développement, quelques arrosements stimulants lorsque la plante est atteinte de langueur et que les tissus se décolorent : voilà ce qui doit être fait pour guérir les plantes ma- lades. Le grand soin de l'horticulteur, chez qui les végétaux ont un aspect si différent de ce qu'on les voit chez les amateurs, est de maintenir l’équilibre végétal par une observation attentive des be- soins de la plante, qu'il met dans les conditions les plus sembla- bles possible à celles de l’état de nature, autant que cette simili- tude de condition peut être obtenue. Seulement ne perdons pas de vue que les maladies des Pommes de terre, des Betteraves, de la Vigne, sont autant le résultat de l'éducation que nous leur avons donnée que celui des phénomènes intangibles provenant des causes extérieures ; nous les avons forcées à produire le décuple de ce qu'elles donnaient à l’état sauvage, et, en augmentant les produits, nous en avons fait des végétaux presque valétudinaires qui redou- NOTIONS GÉNÉRALES. 7e tent toutes les influences. Le développement parasitique, qui a été considéré comme une cause, est purement un effet qui, en aug- mentant, devient cause à son tour; mais le mal est dans notre sys- tème d'éducation végétale, fondé sur nos besoins; nous portons la peine d’avoir arraché les végétaux à leur état naturel, pour les forcer de produire avec exubérance, ce à quoi la nature ne les avait pas destinés. A ces généralités nous ferons succéder quelques considérations pratiques sur les maladiesles plus communes à nos végétaux cultivés, qui font des ravages quelquefois si grands, que des contrées en- lières sont réduites à la mendicité par suite de l’anéantissement de leurs récoltes, que des industries s’éteignent faute de produits, et cela souvent pour n'avoir pas employé à temps des moyens simples et peu dispendieux qui auraient mis un terme à ces fléaux. Quelques indications plus précises sur la cause des maladies des plantes servi- ront de guide aux horticulteurs, afin qu'ils ne s’égarent pas dans de fausses théories. La cause première des maladiesestmultiple, nous le répétons. Quel- quefois ce sont les agents ambiants, ces grands conservateurs de la vie végétale, qui amènent des altérations pathologiques. Les pluiesabon- dantes, en ramollissant les tissus, sont des causes de pourriture ; l’abaissement de la température qui les accompagne empêche la floraison, et parfois une aspersion intempestive, en détruisant le pollen, empêche la fécondation; la sécheresse produit des résultats identiques par des causes inverses; les vents ébranlent Les végétaux sur leur base et empêchent les racines de remplir leurs fonctions physiologiques, ou bien renversent les plantes sur le sol et les livrent à toutes les causes de destruction en les amoncelant de manière à déterminer une fermentation désorganisatrice ; l'électricité qui sature l'atmosphère joue dans les phénomènes de la vie un rôle mystérieux que nous ne pouvons encore apprécier, et qui cependant est nécessaire à l'équilibre des fonctions organiques. Quand ces di- verses actions, réunies ou isolées, ont amené des modifications chimiques dans les tissus et les fluides stagnants ou circulants, il se forme des combinaisons morbides qui sont des agents de mort. 74 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Ainsi la température, l’hygrométricité de l'air, la lumière, l’élec- tricité, sont les quatre agents qui concourent à l'équilibre vital quand ils sont répartis dans certaines proportions ; mais qui, l'équilibre rompu, deviennent des causes de désorganisation. Les causes mécaniques sont innombrables, et peuvent être préve- nues ou réparées. Les parasites animaux et végétaux sont, après les agents pondé- rables et impondérables, les causes les plus fécondes de phéno- mènes pathologiques. C’est d'eux à présent que nous allons nous occuper. Pour bien comprendre les effets du parasitisme végétal, il faut se pénétrer de cette vérité : c'est qu'à l’état sauvage les végétaux ont beau croître dans les conditions les plus propres à leur nature, ils n'en sont pas moins affectés de maladies parasitiques qui les font souvent périr. Une liste des principaux genres de Cryptogames qui attaquent les végétaux fera comprendre comment et pourquoi les plantes agri- coles et horticoles deviennent le siége de maladies nombreuses, causées en grand nombre par des végétaux amenant souvent à leur suite des parasites animaux, qui les épuisent et finissent par les tuer. Le Viscum album (le Gui) retarde la croissance des arbres en dé- tournant la séve à son profit, et, s’il est implanté sur les arbres frui- tiers, 1l en diminue les produits. La Cuscuta anéantit quelquefois des champs entiers de Fu dont elle absorbe les sucs et qu’elle étouffe sous le lacis serré de ses tiges filamenteuses. L'Orobanche à fleurs bleues, dont les suçoirs pénètrent dans les racines du Chanvre, affaiblissent cette plante, quoique ne l’épuisant pas entièrement. Mais ce sont surtout, parmi les Cryptogames, des Champignons microscopiques qui sont les parasites les plus funestes aux végétaux. L'Erineum altaque le Noyer, la Vigne, le Tilleul , le Houx, les Ronces. Le Cladosporium foliorum croît sur les feuilles du Chou. NOTIONS GÉNÉRALES, 75 Le genre Exosporium affecte les feuilles et les tiges desséchées. Le Cephalotrichum ou Periconia attaque les plantes sèches, entre autres, les Malvacées. L'Oidium, qui est en possession d'une si triste célébrité et dont la variété Tuckeri joue un si grand rôle, vient en général sur les fruits en décomposition; telle est la variété Larum, qui croît sur les Abricots, la variété Fructigena qui croît sur les Poires et les Pêches. L’Ærisyphoides est connu sous le nom de Blanc; nous en reparlerons toute à l'heure. Le Fusisporium sulphureum, qu'on croit être la cause de la maladie de la Pomme de terre, se développe sur ce tubercule sous forme de taches jaunes. Le Fusisporium aurantiacum croît sur les Cucurbita- cées. Le Penicilium roseum croît sur la fane des Pommes de terre. Le Tubercularia, entre autres la variété vulgaris, ne vient que sur les branches déjà frappées de mort. Le Groseillier est souvent attaqué par ce parasite, qui indique un état de maladie voisin de la mort. Le Diderma difforme croît sur les tiges sèches de la Pomme de terre. Le Sclerotium clavus, ou Ergot, est trop connu pour qu’on en parle longuement ; il attaque les Céréales. Le Sclerotium brassicæ vient sur les Choux qui s’altèrent ; le Sclerotium varium vient sur les nervures des Choux conservés en terre. Le Rhizoctoma attaque les Crocus. L'Erysiphe où Erysibe attaque le Noisetier, l'Épine-vinette , les Pois cultivés, dont les feuilles paraissent alors couvertes d’une poussière blanche. L’Æcidium attaque les feuilles des Poiriers, des Pommiers, de l'Épine-vinette, des Crucifères, des Légumineuses, des Groseilliers, sur la surface inférieure desquelles il forme des taches orangées. Il envahit souvent la plante au point d’en empêcher la végétation. L'Uredo est le parasite de la Betterave, des Chicorées, des Pois et des Haricots, du Céleri, de l’Aïl, des Poireaux, du Framboisier, de la Pimprenelle, des Rosiers, des OEillets, etc. La poussière n’en 76 | HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. est pas orangée comme celle des Æcidium : elle est brune ou d’un roux obscur. On en connaît soixante et dix espèces. Les Puccinia attaquent les feuilles de l’Ail cultivé, de l’Asperge, du Céleri, de la Fève, du Prunier, du Groseillier, et, parmi les plantes d'ornement, les Violettes, les Anémones, le Jasmin, etc. ; elles forment des taches d’un brun noir et faciles à reconnaître. L'abondance de ce cryptogame est une cause de mort pour les plantes. Le Dothidea brassicæ vient sur les feuilles languissantes du Chou; la ÆRibesia, sur les branches mortes du Groseillier. Les Spheæria, ne croissant que sur les branches mortes, ne pré- sentent aucun danger. Leur apparence est presque toujours sem-— blable : ce sont des taches noires, souvent confluentes, faciles à reconnaître. Le nombre des espèces est considérable. Il vient encore, dans nos serres, des Agarics de diverses espèces, et dans la tannée un parasite des plus dangereux : lÆ#halium flavum. Tous ces végétaux sont plus ou moins abondants; mais ils sont toujours l'indice d'un état de langueur qui a dû donner originai- rement naissance à ces parasites et qui en entretient la multiplication par sa persistance. Les végétaux utiles sont soumis à des influences plus préjudi- ciables encore : ils ne croissent pas dans des conditions normales, ils sont imposés au sol qui les nourrit, abreuvés d’eau, poussés à la turgescence par des engrais dispensés d’une main généreuse, et obligés de ne donner que des produits anormaux, des feuilles épaisses et tendres, quand elles sont naturellement minces et co- riaces, des fruits ou des racines énormes. En un mot, nous les avons rendus aussi: accessibles à la maladie que nous l'avons fait pour les animaux soumis à l'empire de l'homme, et il en est de même de l’homme dès qu'il renonce à la vie naturelle. Le nombre des mala- dies se multiplie parce que les conditions d'existence ont changé ; il faut donc, comme premier principe, entretenir les plantes dans le plus parfait état de santé et combattre ensuite, si l’on peut, les ma- NOTIONS GÉNÉRALES. 77 ladies qui les attaquent ‘. Nous parlerons seulement des plus com- munes. La fonte, — C’est une maladie commune à la Carotte, à la Mâche, ! M. le docteur Léveillé s'exprime dans les termes suivants dans sa lettre sur les maladies des cerises (Revue horticole de 1852) : «M. Schleiden, dans un ouvrage très-remarquable sur les maladies des plantes, fait remarquer que les végétaux que nous cultivons sont plus souvent malades que ceux qui vivent à l’état sauvage, ou plutôt sans culture. En effet, nous créons en quel- que sorte le sol dans lequel les premiers doivent puiser les éléments de leur nutrition, tandis que les seconds, au contraire, choisissent le terrain qui leur convient. Les graines germent ou ne germent pas dans le lieu où elles ont été déposées : si le sol est bon, elles vivent ; s’il est mauvais, elles meurent. D'où il résulte naturellement que les plantes que nous trouvons sont toujours dans les circonstances les plus favo- rables à leur existence et généralement bien portantes. «Ce simple énoncé est la clef de toute la théorie ; on comprend tout de suite pourquoi un terrain s'épuise quand on y cultive, pendant de longues années, la même espèce de plante, et pourquoi, par le fumier qu'on lui fournit tous les ans, il se sature des mèmes principes ; les uns, il est vrai, sont bons; les autres mauvais; mais les plantes sont dans la nécessité de les absorber indifféremment, parce qu'elles n’en trouvent pas d’autres. « Tantôt ce sont les phosphates qui dominent, tantôt ce sont les alcalins. Ces prin- cipes réagissent chacun à leur manière sur les éléments primitifs, sur la protéine, sur les sucs renfermés dans les cellules ; la vitalité est frappée à sa source même, les sucs sont altérés, les produits immédiats ne se forment pas, les cellules mèmes finis- sent par se désagréger, et les plantes sont atteintes d’une maladie constitutionnelle : alors elles languissent, pourrissent ou deviennent la proie des insectes et des végétaux parasites inférieurs. « Cette théorie est peut-être trop généralisée, mais elle est conforme du reste à celle que professent MM. Liebig et Boussingault : elle satisfait pleinement l'esprit ; plus tard, quand elle sera bien comprise, il sera toujours facile d'en éliminer ce qu'elle peut avoir de trop absolu. Ce qui paraitra singulier, c'est de voir qu'en mème temps que M. Schleiden, et sous l'influence des mêmes idées, M. Delafond, profes- seur à l'École vétérinaire d’Alfort, observait un effet presque identique sur les che- vaux nourris avec le foin provenant des prairies artificielles, par conséquent avec le Trèfle, le Sainfoin et la Luzerne. Le cheval en liberté, comme les plantes à l’état sau- vage, choisit les aliments qui lui conviennent : les uns, comme les Graminées, lui donnent de la fibrine; les autres, comme le Trèfle, le Sainfoin, la Luzerne, lui don- nent de l’albumine. Dans nos écuries, nourris seulement avec ces Légumineuses, son sang s’altère ; il abonde en eau, en albumine, ne contient presque pas de fibrine; le nombre des globules sanguins est considérablement diminué ; il en résulte une enté- rite aiguë ou chronique qui enlève un nombre considérable de chevaux. M. Delafond a fait ces observations dans les départements d'Eure-et-Loir, de Seine-et-Oise, de la Marne, de Seine-et-Marne et de l'Aisne. Ce qui donne de la force aux prévisions du professeur d’Alfort, c'est que l'on n’observe cette maladie que depuis une trentaine d'années, et que cette époque coïncide avec celle de l’établissement des prairies arti- ficielles dans ces départements, » 18 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. à la Chicorée, à l'Oignon, au Poireau, aux Laitues et aux Romai- nes, aux griffes d’Asperges et à la Poirée. C’est une indication que le terrain ne leur convient pas. Elle est encore due à une mauvaise qualité du terreau, à l'absence de soleil ou d’eau, ou à leur excès, en un mot à des conditions de nutrition incompatibles avec les be- soins de la plante. Il faut enlever les végétaux qu'on commence à voir dépérir et les repiquer dans un autre terrain, et surtout éviter de semer ou de planter des végétaux dans l’endroit qui vient d’être ravagé par cette maladie, parce que tout ce qu'on y mettrait périrait. Le chancre. — Cette maladie qui attaque les Asperges, Les Choux etles Choux-fleurs, les Melons et en général les Cucurbitacées dé- licates, et les Tomates, ne peut guère être guérie que par l’excision de la partie chancreuse, si cette opération est praticable, ou par l'application au sol d'une sorte de drainage ou de desséchement, car le chancre est toujours le résultat d’un excès d'humidité, soit plu- viale, soit provenant des arrosements. Quand ce sont les arbres qui sont atteints de cette grave et dan- gereuse maladie, il est plus facile de la guérir si l’on s'y prend à temps. Dans les végétaux ligneux, le chancre est rarement spontané ; il vieut de blessures causées par la dent des animaux ou par quelques chocs extérieurs, quelquefois aussi il a sa source dans les ravages inté- rieurs de certains insectes. Il faut, en principe, soustraire la partie dénudée à l’action de l'air et empêcher l'écoulement de la séve, et dans le cas où il y aurait déjà un état assez avancé de décomposition du tissu ligneux, nettoyer la plaie et atteindre jusqu'au tissu vivant. On a beaucoup vanté, au commencement du sièele, le mortier ou mastic de Forsyth, enduit à base calcaire qui adhérait assez forte- ment à l'arbre pour lui permettre de réorganiser ses tissus sans craindre les influences météorologiques et atmosphériques. Sans connaître la composition du mastic de Forsyth, nous dirons que tous les mastics appelés /uts par les chimistes peuvent parfaitement le remplacer, surtout celui des alchimistes, composé de chaux et d'albumine, qui est indestructible. Nous ne conseillerons pas le fameux onguent de Saint-Fiacre, composé de terre grasse et de L4 Le. NOTIONS GÉNÉRALES. F 19 fiente de vache, parce qu'il a l'inconvénient de se gercer et d’être délayé par les pluies. Les meilleurs masties sont ceux qui out pour base les cires et les résines. On a indiqué (Annales forestières de 1844) un mastic réputé excellent, et qui se compose de : SCUHNOIENUANUIE 0e eee + Ua eee 330 grammes. Cirenaune, CRE ENLSEIONE STORE 330 = SES SR ec Et ET _— GOUALON EPS MANS se Vs lee ent Te ne 170 — Le tout fondu ensemble et épaissi jusqu à consistance de mortier, avec quelques poignées de suie en écailles bien tamisée. On applique ce mastic sur la plaie, après l'avoir nettoyée. Quelquefois on ferme la plaie des arbres chancreux avec du plâtre ou du ciment romain. Le mastic composé de chaux pul- vérisée et de caséum, ou fromage blanc, est tout aussi bon. Il faut avoir soin de ne pas étêter ou ébrancher les arbres qui ont éprouvé des lésions textulaires graves, parce qu'ils n’auraient pas la force de régénérer les tissus détruits. La jaunisse. — Elle attaque de préférence les plantes à feuilles minces, telles que les Épinards, le Cerfeuil, parmi les plantes pota- gères. Cette maladie est une véritable chlorose : c’est un dépé- rissement causé par une mauvaise élaboration des sucs nourri- ciers. Elle attaque encore les arbres et arbustes à fruits et les végé- taux d'ornement. On a proposé pour les guérir des arrosements stimulants d'eau légèrement additionnée de sels métalliques. La jaunisse est le plus souvent, pour les plantes potagères, l'effet de la sécheresse ; il leur faut une exposition ombrée et des arrosements suffisants. Dans ces conditions, il n'y aura pas à craindre la destruc- lion complète de toute une récolte. Quant aux arbres, les arrose- ments stimulants de guano, de colombine, d'urate, etc., sont les meilleurs moyens. Le sulfate de fer dosé avec prudence, 4 gram- mes par litre de liquide, est un bon moyen à employer pour les végétaux d'ornement ; mais 1l ne faut pratiquer ces arrosements qu'avec une extrême prudence, car on tuerait infailhiblement la plante qu'on soumettrait à ce régime avec continuité. La gomme. — C'est une extravasion de sucs propres commune 80 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, à nos arbres fruitiers, surtout à nos Pruniers. C'est quelquefois le résultat d’une taille faite à contre-temps, et qui devient, faute de cicatrisation, une sorte de bouche par laquelle s'échappe la séve, et c’est surtout au printemps et à l'automne que la gomme appa- raît; les blessures produisent le même effet; d'autres fois c'est un fait purement physiologique dont la cause est inconnue. Il faut souvent aussi regarder la gomme comme une espèce de pléthore, dont l'incision longitudinale est le meilleur mode de traitement. L'ablation de la branche affectée de la gomme est le meilleur moyen; mais quand il y a une accumulation sous-jacente qui ne peut se faire jour par suite de la résistance de l'écorce, on lui donne jour comme à un abcès par une large entaille, pour empêcher que cette gomme, s'acidifiant au contact de l'air, ne devienne la cause de chancres ineurables si l’on n’y porte prompt remède. La rouille. — La rouille, due à la présence d’un Æcidium, se manifeste par des taches rougeâtres analogues par leur structure avec le blanc: elle est funeste aux Lailues et aux Romaines, à lO- seille, à la Poirée et à certains arbres à fruits, surtout au Pêcher. Dans les premières, elle s'attache au-dessous des feuilles, les crispe et les fait périr en empêchant la séve de circuler. On lattribue à l'influence des pluies ; elle ne peut être guérie que par un change- ment de temps, qui fait disparaître la cause qui l’a produite. Dans les Pêchers elle fait tomber les feuilles et détruit l’équilibre de la végétation, en faisant pousser les bourgeons à contre-saison. On n’a pas de moyen de la détruire, non plus que le rouge, dû principale- ment à des circonstances atmosphériques particulières, et qui attaque certaines espèces de Pêches, telles que la Pêche Royale et l'Admirable ou Belle de Vitry, qui ont entre elles de grands rap- ports. Le blanc, — Le banc ou meunier, appelé encore la /épre, est une moisissure blanchâtre produite par les filaments de l’Oidium erysi- phoïdes ; 1 attaque les Romaines et les Laitues, les Mâches, les Choux-fleurs et les arbres à fruits en espalier, surtout les Pêchers, qui sont les plus délicats de tous ceux que nous cultivons. Cette NOTIONS GÉNÉRALES. 81 maladie fait périr les végétaux auxquels elle s'attaque, et, malgré des opinions contraires, quelques personnes la regardent comme contagieuse par attouchement, parce que autrement elle ne paraît pas s'étendre à distance. On n’a pas, jusqu’à ce jour, employé contre cette maladie d'autre moyen que l’ablation des parties at- taquées ; mais on est fondé à croire que les moyens employés contre les parasites végétaux, et que nous indiquerons en parlant de la maladie de la Vigne, pourraient servir à combattre le &anc avec succès. C'est pendant le mois de juin que le blanc attaque le Pêcher. Quelquefois le mal se prolonge jusqu'en août. Après avoir attaqué les bourgeons, il gagne les rameaux el se propage jusqu'aux fruits, qu'il tache et rend amers. Les horticulteurs de Montreuil ne connaissent, pour combattre le mal et en arrêter les progrès, d'autre moyen que d'asperger les par- lies attaquées avec une pompe à jet continu. L'eau détache cette espèce d'Oidium, et souvent l'arbre en est complétement délivré. On assure qu'un seul bassinage fait au printemps, en avril, avec un liquide composé de : urine, 4 litres; colombine, 1 litre, qu'on laisse fermenter pendant deux jours, en y ajoutant un demi-litre d’eau, dans laquelle on a fait mariner des tiges et des feuilles d’Aco- nit, suffit pour délivrer complétement du #lanc le Pêcher qui en est le plus attaqué. L’oïdium. — Comme nous pensons que la maladie de la Vigne aun principe commun, et comme noussommes tenté de croire à l'identité de l’'Oidium Tuckeri et de l’Oidium erysiphoides, nous ne séparerons pas ces deux affections. Ce qui manque encore à la connaissance de ces maladies, c’est l'appréciation des moyens de propagation conta- gieuse de ces Cryptogames léthifères. Il faudrait s'assurer de ce fait : savoir si, les sporules de l'Oidium Tuckeri tombant sur un autre végétal et l’envahissant, comme cela a lieu très-souvent, il ne se métamorphose pas suivant la nature du nouveau milieu dans lequel il se trouve, et s’il n’y a pas une altération des caractères du type spécifique quand les conditions d'existence sont changées. On a vu des cordons de Vignes couverts d’Oidium complétement contagion- 6 82 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. ner plusieurs centaines de pieds de Bourrache qui se trouvaient au-dessous. Des Groseilliers, qui se trouvaient également sous ces cordons, furent aussi attaqués par l’Oidium. La maladie de la Vigne est une des plus désastreuses, à cause des préjudices considérables qu'elle cause à nos populations viticoles. Dès la fin de mai, les feuilles de Vigne, qui devraient être d’un vert vif et gai, deviennent jaunâtres, cloquées, marbrées ; les rameaux herba- cés se couvrent de globules transparents qui ressemblent à de petits Lycoperdons ; ils ont tous un empatement et sont remplis de petits globules qui sont sans doute des sporules. A mesure que les parties herbacées deviennent ligneuses, ces parasites s’atrophient et noir- cissent sans abandonner leur place, et bientôt il se forme sur la branche où ils ont vécu une tache noire présentant au microscope une altération semblable à celle qu’on remarque dans la Pomme de terre. C’est une sorte de désorganisation textulaire, non par perte de substance, mais par induration. Le fait positif quant au développe- ment de l’'Oïdium, c’est que de la mi-juin à la mi-juillet l'envahisse- ment est complet et les feuilles sont couvertes d’une épaisse poussière blanche ayant une odeur de moisi très-intense. Quand la maladie a profondément pénétré dans l’organisme de la Vigne, elle a porté partout une atteinte mortelle à la vie : Le bois est sec et cassant, le canal médullaire est vide, ou la moelle est noire, ce qui se reconnaît à la taille, et sur presque tous les points on remarque une altération textulaire profonde. On assure que, pendant l’évolution du mal, il s opère une décomposition des éléments ternaires qui entrent dans la composition des organes des végétaux, et qu'ils disparaissent complétement, ce qui explique la suspension de la vie. Les moyens employés pour remédier au mal sont aussi nombreux que variés. Nous n'indiquerons que ceux qui ont paru avoir quel- que efficacité. Le lavage et le grattage du cep paraissent être sans utilité, parce que la maladie attaque exclusivement les parties herbacées et ne se développe qu'après leur évolution. Ce qui doit consoler les propriétaires de Vignes, sans les rendre plus insouciants pour cela, c’est qu'on a remarqué que la maladie est en décrois- sance, et l'on a lieu d'espérer qu'elle disparaîtra comme elle est NOTIONS GÉNÉRALES. 83 venue, Sans qu'on puisse apprécier les causes qui l'ont produite et celles qui en ont amené la disparition. Certes, ce sont des influences non pas internes mais externes, non pas vivantes mais désorgani- santes , telles que les agents météorologiques, qui ont causé le mal qui à envahi une partie des plantes cultivées. Des variations brus- ques de température, l'interruption de l’ordre régulier des saisons, une humidité prolongée pendant au moins sept à huit mois de l’an- née, ont sans doute été les causes prochaines d'une maladie devenue cause à son tour. Un fait irréfutable, c'est que le froid est mortel pour les Oidium et que l'abaissement de la température les fait complétement périr ; 1l ne faut qu'un froid de 2 à 3 degrés con- tinus pour les tuer tous. Une chaleur sèche de 35 à 40 degrés produit le même effet : ils ne peuvent prospérer qu'entre 0° et + 28° à 30°. C'est pourquoi l'Oidium fait ses plus grands ravages entre la mi-juillet et la fin d'août : car il trouve pendant cette période les deux conditions de chaleur et d'humidité nécessaires à son existence. Le premier et le plus puissant de tous les prophylactiques est de favoriser par tous les moyens possibles la végétation de la Vigne : car les plantes vigoureuses résistent sans peine aux plus graves inva- sions; c’est pourquoi nous voyons dans nos jardins les Potirons ré- sister à la plupart des maladies qui attaquent et font périr les Melons. C’est que dans ces végétaux la puissance vitale, cette combinaison des forces qui résistent à la mort, suffit pour triompher des causes de destruction. C'est ainsi qu’on a vu des ceps au pied desquels on avait mis un compost fertilisant demeurer parfaitement sains : la suie, le chlorure de sodium (sel de cuisine), les urines, les cendres, produisent le même effet. M. Roboüam cite l'expérience de M. Allez, de Coulommiers, qui avait couvert les plates-bandes de ses espaliers d’une couche de dix à quinze centimètres de tannée dans le but de sauver ses Pêchers, infectés tous les ans du #lanc ou meunier. Les Vignes qui étaient la proie de lOidium ont été sauvées par ce moyen, et cet horticulteur eut à l’automne des Pèches et des Raisins magnifiques, tandis que partout où la tannée manquait on reconnaissait un état de souf- 84 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, france et une végétation chétive. Le même moyen a rétabli des Poiriers et des Pommiers malades ; ce qui prouve que, chaque fois qu'il est possible de donner aux arbres plus de vigueur, lOï- dium disparaît. Nous rappellerons cependant que le tan produit dans les serres le Cryptogame connu sous le nom d’Æ#halium fla- vum, qui est mortel pour les végétaux et se multiplie avec la plus déplorable rapidité. Il reste à savoir si à l'air libre il en est de même. La fleur de soufre a été préconisée à l’état pulvérulent ; elle sert à saupoudrer la Vigne. Il faut en couvrir toutes les parties atteintes de l'Oidium, car si on laisse échapper la moindre surface malade, l'infection ne tarde pas à recommencer ses ravages. On peut em- ployer, pour lancer le soufre avec plus d'économie, un soufflet qui disperse la poudre en poussière plus ténue et la fait plus fortement adhérer aux feuilles, ou des boîtes à houppe avec lesquelles l’opéra- tion se fait plus rapidement. On a prétendu que ce moyen était infaillible, mais il est proba- ble qu'il n’agit que comme le font les poudres absorbantes ; c’est pourquoi on a proposé la poussière de charbon, qui jouit, à un plus haut degré que le soufre, de la propriété de se charger de l’humi- dité des corps avec lesquels on la met en contact. Ce moyen, s'il produisait les mêmes résultats, serait plus économique que le soufre. Ces essais de soufrage, bons pour les treilles de nos jardins, sont d'une difficile application à la grande culture viticole. Le vigneron a peine à les entreprendre, surtout quand, à la dépense du soufre, il faut ajouter une main-d'œuvre longue et plusieurs opérations successives; car, pour obtenir du succès, il faut soufrer quatre fois au moins, c'est-à-dire tant qu'on voit le mal reparaitre. On parait aussi avoir obtenu de bons résultats avec le plâtre, la cendre et même la poussière des routes. Mais il faut avoir soin de mouiller avant de les répandre, et leur action n'est pas plus durable que celle du poussier de charbon. On a proposé des liquides de différentes sortes, dans lesquels en- traient le soufre, la chaux, des alcalis, etc. De tous ces moyens, l'eau de chaux chaude a présenté les meilleurs résultats ; mais ce NOTIONS GÉNÉRALES. 85 moyen n’est applicable que pour de petites étendues. Le fait est qu'une simple immersion dans cette eau suffit pour détruire com- plétement l'Oidium. L'eau tiède peut réussir également, mais son effet est de courte durée. Ces moyens ne sont donc applicables, nous le répétons, que sur une échelle fort restreinte. L'époussetage, proposé par M. Guérin-Méneville, a réussi ; mais on comprend que ce moyen demande à être répété et ne présente que des avantages limités. Les vapeurs acides, sulfureuses, ete., peuvent avoir des résultats satisfaisants; mais elles ne sont applicables qu’en petit et demandent, pour être dispensées dans les proportions convenables, une main habile. M. Bouchardat a conseillé le provignage comme un moyen de garantir la Vigne du fléau, et en effet les jeunes provins ne sont pas atteints de l'Oïdium. M. Roboüam a cru avoir résolu le problème : il a remarqué que tous les ceps qui rampent sur le sol, et dont les feuilles et les fruits reposent sur un terrain herbu, sont complétement affranchis de cette maladie. Sa méthode a paru confirmée par des expériences faites sur plusieurs points de la France, aussi bien qu'en Italie. Le plus sage, comme le dit M. Bouchardat, est de recourir, à défaut d’un remède certain, à des moyens prophylactiques qui ont pour eux la sanction de l'expérience. I faut donc que les sarments courent sur une terre herbue, sans pour cela que l'herbe envahisse le sol et étouffe le raisin. Les observations faites par M. Roboüam prouvent qu'il n’y a pres- que jamais identité entre la chaleur et l'humidité à la surface de la terre et à 1 mètre au-dessus du sol. Près de la terre les variations ne sont pas aussi brusques que celles qui se passent dans l'atmosphère à une certaine hauteur : 6 heures du matin, température à la surface de la terre. . . . . ++ 20 492 HINÉT OT OUTO es taie ie het ie elVe te en Ce eV Do 539 10 heures du matin, thermomètre . . . . . . . . +. 1... . + 100 ÉNSTOMIOITR, - M. es ne St de... 450 6 heures du matin, température à 1 mètre au-dessus du sol. . . . — 1/2° rome. its suclentadtréét nl eau à 500 10 heures du A DRSPHAGMÈLES à à à ee à she sa € v + 20° PNSEOMIOMO ns a qe LS CRIER . 459 86 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Cette observation, qui paraît assez naturelle, mérite d'être répé- tée : on y trouvera peut-être l'explication de certains phénomènes de culture dont on ne s’est pas rendu compte jusqu’à ce jour. Gangrène. — La maladie des Pommes de terre est aussi grave au moins, dans les résultats, que celle de la Vigne : le Crypto- game qui attaque ce précieux tubercule est le Botrytis infestans, qui en envahit le feuillage; il semblerait que les fanes ont été frappées d’une gelée très-intense, tant elles sont flétries. L'altéra- lion gagne alors le tubercule qui, quelquefois, arraché à l'état sain, ne tarde pas à devenir malade. Une fois en cet état, 1l se pro- duit des Cryptogames d'autres genres, entre autres des Fusisporium et le Fusidium sulphureum, qui ne sont que le résultat de l’altération des tubercules; dès que le mal est établi, les insectes s'en mêlent et l'on ne peut plus sans dégoût, quoique sans dangers, faire usage de ces tubercules, qui sont d’une digestion pénible ou difficile. Quelles sont les causes de ce mal? C’est ce que nul n’a encore pu expliquer, et la science est muette à cet égard : les cryptogamistes l'ont vu uniquement dans la présence du Botrytis infestans ; les entomologistes ont revendiqué la part des insectes dans cette œuvre de destruction. Mais les végétaux et les animaux ne sont que des causes secondaires; il y a une cause première qu'il faut chercher en dehors et dans les circonstances purement atmosphériques ou ambiantes. On peut croire que nos Pommes de terre, forcées à la production par une culture qu’on pourrait appeler #rrafionnelle, sont devenues plus accessibles à l’action des agents ambiants, dout le mode d’action est inappréciable par nos instruments; nous savons seulement que la constitution du climat de notre pays a changé, et que l'influence qui a modifié le genre de vie de la Pomme de terre est la même que celle à laquelle on peut attribuer la ma- ladie des Betteraves, de la Vigne, des Patates, des Tomates, des Ha- ricots, etc. M. Payen a reconnu que la maladie qui a attaqué les Patates est la même que celle des Pommes de terre. Comme pour ces dernières, quand on faisait cuire les tubercules, ils devenaient immangeables dans les parties attaquées. NOTIONS GÉNÉRALES. 87 Il en est de même de Tomates cultivées dans le voisinage de Pommes de terre malades, et qui ont été atteintes du même mal. Il s’agit donc, non de combattre une influence extérieure, ce que nous ne pouvons faire, mais de chercher les moyens de se soustraire à cette influence. Indiquer les moyens inutilement essayés, c’est dire dans quelle direction il faut faire ses recherches. Le chaulage et l'immersion dans le lait de chaux ne sont pas des moyens proposables, car le Bofryts infestans n'est pas à la surface des tubercules, et les Fusisporium et les Fusidium n’attaquent pas les tiges. Les semis n'ont amené aucun résultat : on a eu beau faire venir les semences de contrées que la maladie avait respectées jusqu’à ce jour, elles n’en ont pas moins donné des tubercules malades. La plantation dans les terrains fumés ou non fumés a eu un même résultat. On avait cru remarquer que les Pommes de terre hâtives, dites Pommes de terre Marjolin ou Kidney, n'étaient pas malades, et qu’il fallait avoir recours à la production printanière. Mais aujourd’hui les variétés hâtives ne sont pas plus épargnées que les variétés tar- dives. Le seul moyen qui semble avoir réussi, quand on récolte des Pommes de terre ou toute autre racine que la maladie a envahies, est de ne les pas mettre dans une cave, mais dans un endroit sec où elles n’ont rien à redouter du froid. On pourrait essayer les moyens indiqués pour la Vigne, les bassi- nages avec des eaux saturées de matières actives, ou l'emploi de substances pulvérulentes, dont l'effet paraît assuré. Dans ce cas, on recommandera la poussière de charbon, qui tueräà infailliblement, en absorbant son eau de végétation, le Botrytis infestans. Au reste, nous le répétons, nous en sommes aux conjectures, et le Botrytis infestans n'est pas la cause du mal, dont il reste encore à chercher l’origine : il n’en est que l'effet. C’est done dans l'étude des meilleurs ou des moins mauvaises conditions de culture qu’il faut chercher le remède, en se pénétrant bien de cette vérité : c’est que 88 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. les terres sablonneuses et maigres conviennent mieux à la Pomme de terre que les sols gras et humides. Quant à l'emploi du tubercule malade, outre le procédé de con- servation suffisamment expérimenté en Allemagne, où la maladie a sévi peut-être plus encore que partout ailleurs, c’est qu'on peut sans peine extraire de ces tubercules altérés la fécule qu'ils contiennent, et donner la pulpe aux bestiaux, qui n'en sont nullement incom- modés. | Les Betteraves et autres racines attaquées de la même maladie ne peuvent guère être soumises à aucune sorte de traitement, si ce n'est le repiquage dans un autre terrain, tant que la racine n’est pas trop volumineuse, ou bien l’arrosement avec des liquides stimulants ou les liquides composés que nous avons signalés pour lOidium de la Vigne. Maladie des fruits rouges à noyau. — M. le docteur Léveillé a signalé une maladie qui attaque les Merises, les Cerises anglaises et surtout les Bigarreaux. Ces fruits sont tachés comme s'ils avaient été frappés de la grêle. Jusqu'à ce moment les fruits aigres n'ont pas été attaqués; mais les fruits doux et sucrés ont pourri ou séché à moitié sur les arbres, ce qui a causé aux propriétaires un préjudice considérable. Aux débuts du mal, la Cerise porte un ou plusieurs points obscurs entourés d'une auréole rosée ; peu de temps après la tache s'agrandit, l’auréole s’efface, et au centre de cette tache, qui est une véritable désorganisation du tissu, on trouve une sorte de nucleus endurci, ce qui rapproche cette maladie de celle des Pom- mes de terre. Le pédoncule ne tarde pas à se dessécher, la mala- die gagne les branches de l'arbre, s'étend au canal médullaire et chemine souterrainement, car à l'extérieur aucun symptôme ne trahit la présence du mal. Il apparaît bien quelques taches dues au mycelium d'un Cryptogame indéterminé, mais il est effet et non cause. Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit comme cause générale de la maladie des végétaux ; nous croyons seulement qu’en déposant au pied de l'arbre des engrais très-divisés, dont les prin- cipes seront dissous par des arrosements abondants, on en rani- mera la vitalité, et on lui donnera assez de force pour triompher des influences ambiantes. NOTIONS GÉNÉRALES, 89 La cloque. — La cloque est une maladie qui semble due à de brusques et soudaines transitions de température. C’est au prin- temps, et surtout en automne, ces deux époques de l’année où les variations atmosphériques sont le plus considérables, qu'elle fait son apparition. On voit quelquefois, dans le courant d’une journée, la température varier de — 1° à + 30° centigrades. Il en résulte une perturbation inévitable dans la circulation ; la séve, stagnante à une basse température, s’épanche dans les tissus distendus par une tur- gescence instantanée, et l’état morbide suit de près cette mauvaise condition physiologique, qui fait le plus souvent périr les arbres qui en sont atteints. Les feuilles se gonflent, se crispent et perdent leur couleur; les bourgeons cessent de se développer et augmentent de volume ; il apparaît alors un Cryptogame qui envahit les parties ma- lades, et, comme dans la plupart des cas, ce n’est qu’un effetet non une cause. Quand l'équilibre de la température est rétabli, la cireu- lation reprend son cours normal, et la crise se termine par la mort de quelques bourgeons. On rabat à la seconde séve les parties mor- tes, et avant l’arrière-saison les nouveaux bourgeons ont eu le temps d'acquérir leur développement. Certaines variétés de Rosiers telles que : Microphylle, Aimée Vi- bert, Hyménée, sont très-sujettes à la c/oque. Le Gardener's Maga- zine indique, comme un moyen de rétablir ceux qui ont souffert de cette maladie, l’arrosement avec de l’eau dans laquelle on a fait dissoudre une petite quantité d'azotate de potasse (sel de nitre). On croit qu'en bassinant le feuillage avec ce liquide on pourrait égale- ment apporter remède au mal. Quant au soufre en poudre, qui a été indiqué comme un moyen curatif, il est sans effet. S'il détruit le Cryptogame qui s’est établi à la surface du feuillage, il ne remédie pas au mal, qui a une source essentiellement atmosphérique. En un mot, c'est à l'étiologie qu'il faut demander l'origine d’une maladie, avant d'employer empiriquement des moyens qui sont presque toujours dépourvus d'efficacité. Pourriture. — La pourriture, de nature différente du chancre, attaque parfois les plantes bulbeuses alimentaires ou ornementales. 90 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Cette maladie est due le plus souvent à un excès d'humidité, à un sol compacte et humide ou trop chargé d'engrais : car il faut à ces végétaux une terre légère, sablonneuse, fumée de l’année précé- dente. La contexture molle et aqueuse des plantes bulbeuses fait facilement comprendre comment elles sont accessibles à la pourri ture. Les Tubéreuses se pourrissent plus facilement encore que les Jacinthes et les Tulipes; les Lis, les Amaryllis et tous les Oignons à fleurs qui doivent rester en terre toute l'année sont également très-susceptibles de pourriture. On peut, en général, regarder comme perdus les bulbes attaqués par ce mal, qui ne cède pas toujours à l’excision de la partie malade, quoique ce soit le meilleur moyen. On déchausse l'Oignon sans découvrir les racines, on enlève la partie pourrie, on couvre la plaie de sable sec et on recouvre de terre. On a sauvé par ce moyen des Oignons d’un grand prix. Les racines charnues ne pourrissent que quand on les laisse dans une terre trop pénétrée d’eau ou que, après les avoir arrachées, on les met dans une cave humide. Il faut, en général, à tous les végétaux charnus une terre légère, et à l'époque où la période de la végéta- tion est accomplie, des arrosements ou une humidité moyenne. Les tiges herbacées et les plantes charnues, comme les Æochea, les Cactus, les Crassula, pourrissent aussi facilement. On les guérit fort bien par l'excision de la partie malade, en couvrant la plaie de l’onguent que nous avons indiqué ; il suffit pour empêcher l’action désorganisatrice de l’air ambiant, et la cicatrisation est parfaite. La pourriture diffère du chancre, en ce que ce dernier est sec et la première humide et d’une difficulté de guérison plus grande que celle du chancre. Pour prévenir la pourriture qui envahit trop souvent les plantations d’Oignons à fleurs et fait le désespoir des horticul- teurs, il faut, en les levant de terre pour les rentrer, ne pas enlever toute la hampe et les racines, mais les laisser se flétrir compléte- ment d’elles-mêmes : une ablation dans le vif prédispose à la pour- riture. C’est sous le plateau, c’est-à-dire à la partie inférieure de la Jacinthe, que la pourriture se déclare. Quelquefois il suffit, pour les en guérir, de les essuyer avec un linge rude et de les tenir jus- qu'à la plantation dans un endroit sec. NOTIONS GÉNÉRALES. 91 . La chlorose. — Cette maladie, de nature essentiellement asthé- nique, indique un état de souffrance générale, une mauvaise assi- milation des éléments de nutrition, en un mot un état semblable à l’anémie chez l’homme. Les dissolutions ferreuses, sulfate ou perchlorure de fer, dans la proportion de 1 à 2 grammes par litre d’eau pour les immersions de la plante même et 8 grammes pour les arrosements, ont été em- ployées avec succès par M. Gris, pharmacien de Châtillon-sur- Seine, pour guérir les végétaux chlorotiques, tant herbacés que ligneux, et les résultats, quoique contradictoires quelquefois, ont, en général, été satisfaisants : la végétation a été plus vigoureuse et les produits légumineux et erucifères surtout, supérieurs à ceux des plantes de même sorte cultivées concurremment sans stimu- lant. C’est ainsi que des Choux-Fleurs arrosés avec une dissolution ferreuse ont donné en poids brut 10 kil. 300 gr., et ceux cultivés sans stimulants 4 kil. 780 gr. Ce moyen mérite d’être expéri- menté. Le miélat. — Cette maladie apparaît à la surface des végétaux sous forme de manne sucrée, et la transsudation a lieu tant par la tige que par les feuilles, les fleurs et les fruits. Elle forme à la sur- face des organes qu'elle recouvre une sorte de vernis qui s'oppose à la transpiration ou à l’exhalation, et les affaiblit par la privation d’une partie de la substance élaborée. Les arbres à fruits et les Ro- siers sont surtout atteints de cette maladie, due à la végétation des plantes délicates qui viennent dans un terrain sec, et elle se montre surtout dans les années de sécheresse. L'effet de cette sécrétion anormale est de diminuer l'activité vitale des plantes, d'empêcher les fruits de grossir et de les faire tomber avant le temps. Le méélat attire sur les plantes qui en sont atteintes les pucerons, les fourmis et les guêpes. On a essayé pour le détruire la chaux, le soufre, sans le moindre succès. Les arrosements abondants et les bassi- nages paraissent être les meilleurs moyens. Un horticulteur anglais dit qu'il a remarqué que l'apparition du mniélat sur les Rosiers coïncidait avec une pourriture des racines qui en avait ralenti la végétation. Il a guéri ces arbustes en retranchant la partie chan- 92 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, creuse, et en développant en eux l'énergie vitale par des irrigations stimulantes. La fumagine. — C’est une végétation cryptogamique, de couleur fuligineuse, qui s'attaque surtout aux Pêchers en espalier, aux Abricotiers, aux Orangers, ainsi qu'aux végétaux d’orangerie. Cette maladie, dont le Cryptogame n’est que la production anormale, est attribuée à l'exposition ombragée où se trouvent les arbres, ainsi qu'à l'humidité qui en amollit les tissus. On s’en délivre faci- lement par un simple lavage, et en changeant l’exposition à laquelle les arbres ont souffert de cette maladie, qui ne produit le parasi- tisme que quand elle est arrivée à son plus haut période. La coulure. — Cette maladie assez commune est le résultat de la continuité de la pluie et d’un abaissement subit de la tempéra- ture. Elle attaque surtout les arbres faibles et languissants, dont elle fait avorter les fruits, faute de fécondation, ou plutôt même faute de nutrition. C’est pourquoi, quand on voit les arbres atteints de cette maladie, il faut les ranimer par tous les moyens au pou- voir de la science horticole. La bruissure ou bruine. — Elle résulte de l’action continue du vent : comme tous les courants d'air doués d’une grande rapidité, elle dessèche les végétaux en diminuant la masse des fluides cireu- lants. C'est à la fois une question d'influence météorologique et d'exposition. On n’a pas d’autres moyens de soustraire les arbres à cette action destructive que de les ranimer par des stimulants li- quides, qui réparent les pertes successives qu'ils éprouvent par suite de l'agitation de l'atmosphère et de ses qualités desséchantes, et par des bassinages généraux avec une pompe à main. Ce moyen suffit souvent pour remédier au mal, qu'il faut prendre à son début. La gelée. — Elle est une cause réelle de maladie; elle fait périr les bourgeons à feuilles ou à fruit, et cause la chute des fleurs des arbres fruitiers. Cet effet est produit par l’action du soleil sur ces frèles organes quand ils sont couverts de givre. On peut prévenir le mal en seringuant les arbres avant que le soleil en ait fait fondre la glace. Un autre moyen, qui peut être employé en mème temps : NOTIONS GÉNÉRALES. 93 ou même seul, consiste à mettre l'arbre qu’on veut préserver sous le vent d’un feu de paille, de foin ou de copeaux humides produi- sant beaucoup de fumée. Il faut pratiquer cette opération avant le lever du soleil. C’est un moyen applicable en grand aussi bien qu’en petit, et qui préserve parfaitement les végétaux des effets désas- treux de la gelée blanche. Les Lichens et les Mousses. — Ce sont des végétaux pseudopara- sites, surtout les premiers, qui ne portent qu’un assez mince préju- dice à la végétation quand ils ne sont pas trop abondants. Les arbres forestiers, les arbres fruitiers en plaine, entre autres les Pommiers à cidre, sont couverts de la base au sommet de Lichens qu'on ne prend jamais, à grand tort, la peine d'enlever, et qui s'op- posent à la mise en rapport de l'arbre avec l'air ambiant. Les Mousses, à l'égal des Lichens, deviennent nuisibles si elles se mul- tiplient avec excès, et sont le fléau des Pommiers. On enlève Mousses et Lichens avec l'instrument appelé émoussoir, qui n'est qu'une sorte de raclette à bords non tranchants, ou bien on enduit les ar- bres avec du lait de chaux, ce qui fait disparaître tous les parasites qui s'étaient établis sur leur écorce. Quant aux Mousses qui for- ment au pied des arbres de brillantes pelotes d'émeraudes, elles doivent ètre conservées, parce qu'elles entretiennent la fraicheur. Il n’est rien même plus facile que de faire croître ce paillis naturel, utile dans les années sèches. Le Gui. — Ce parasite des Pommiers et des Peupliers doit être détruit avec soin au moyen d’un ciseau belge, sorte de fermoir à douille dont se servent les élagueurs. Si l'on néglige ce soin, le Gwz se développe avec vigueur, et ne tarde pas à appauvrir la végétation des arbres sur lesquels il s’est établi. De l'influence des infiltrations du gaz hydrogène sur les arbres. — La maladie produite par l'infiltration du gaz dans le sol est le ré- sultat d'un empoisonnement véritable. Il faut donc s'assurer, lors- qu'on plante des arbres le long de chemins parcourus par des tuyaux destinés à conduire le gaz d’un point à un autre, s'il n y a pas de fuite qui, en saturant le sol, lui donne des qualités délétères. Cette remarque, faite bien des fois, & malheureusement été confirmée par 94 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. » l'expérience, et le seul moyen à opposer aux fuites inévitables des conduits de gaz serait d'établir de chaque côté des travaux de ma- connerie dont les éléments seraient la brique, pour empêcher la sa- turation de la terre par un gaz impropre à la vie. De la mutilation, ou de létêtement. — Les véritables horticulteurs se sont, avec raison, élevés contre l'habitude d’ététer les arbres qu'on plante, ce qui ne l’a pas empèchée de prévaloir. Cependant il est une loi imprescriptible qui exige que pour réussir on mette en équilibre les branches et les racines de l’arbre que l’on plante. Le préjugé l’a emporté, et l’on cause, faute de nutrition, un éfiole- ment qui ne tarde pas à porter ses fruits. L'arbre végète misérable ment pendant quelques années, et l’on est obligé de l’abattre à une époque où il devrait avoir acquis un développement capable de faire espérer pour l'avenir des résultats productifs. Outre l'éfcolement il ya la carie qui s'établit sur les plaies faites par la serpe. L'éféte- ment est donc une méthode vicieuse à laquelle il faut renoncer. DES ENGRAIS SUSCEPTIBLES DE PRÉVENIR ET D'ARRÊTER LES MALADIES. Ayant considéré les maladies des végétaux dues aux influences ambiantes comme des affections asthéniques qui, en affaiblissant leur énergie vitale, les livrent aux parasites, devenus à leur tour des causes réelles et actives de destruction, nous croyons devoir indiquer les meilleurs engrais qui conviennent aux grands végétaux, aux arbres à fruits surtout, et qui en augmentent la vigueur. Le sel, répandu au pied d'un arbre en assez grande quantité pour ètre visible, est réputé un des meilleurs et des plus énergiques sti- mulants. Comme le sel gris est cher, on peut le remplacer par le sel qui a servi à conserver la morue. L'effet en est le même. Le compost, regardé pendant longtemps comme le remède souve- rain à tous les maux du Règne végétal, a perdu une partie de sa réputation et est au-dessous de ce qu'on en espérait. NOTIONS GÉNÉRALES. Jo Sa composition est la suivante : Terre franche et terreau de couches, mêlés ensemble par parties égales, étant pris pour. , . , . . . . . 1 On y ajoute : HUMMETITENNACHBIENAS ES ER Ne Ce 1/10 Poudretteiee fs dass Qté aps eu « CM PERS O0 1/20 Colonbiner FRERE EE ER CEE 1/40 Mareidemaisint e 20797 SRENEICOPON CERN AE TAPIE, 1/40 Crotunidemoutont. che MR TE UE PR 1/20 HERO. 2. 7h Pas Cu ARENEE Ent 175 On mêle le tout ensemble, on en fait un amas en forme de cône, qu'on recouvre de terreau; chaque année on le remanie, on le passe à la claie, et, au bout de trois ans, on l’emploie. C'est ce com- post qui forme le fond de la terre à orangers de Versailles. Le fumier animal a près de trois fois autant de vertu. Les wrines, humaines surtout, et fermentées, ont une valeur qua- druple. Le quano paraît avoir une valeur à peu près égale. On a surtout confirmé sa supériorité sur le noir animal, les cendres et même la poudrette. | On voit que nos connaissances en étiologie pathologique végétale sont bien bornées; notre thérapeutique l'est plus encore : nous en sommes réduits à l’empirisme, et souvent même à l'empirisme le plus grossier. La véritable prophylactique, l'hygiène végétale, est le principal moyen auquel il faut recourir pour prévenir linvasion du mal. Tout le secret consiste à mettre les végétaux dans des condi- tions le plus semblables à celles qu'ils occupent dans leur état na- turel, et à ne pas les développer anormalement avec excès. C'est une étude à faire qui exige quelque pratique et de bons conseils, mais dont le succès est immanquable. Le choix des variétés qui s’accommodent le mieux du sol qu’on peut leur donner est une des conditions essentielles de succès. Quant à ces fléaux que des circonstances climatériques incompré- hensibles nous envoient, il faut étudier leur éfiologie, la combattre autant que le permet la faiblesse de nos moyens, puis attendre que, comme 1l les amène, le temps les remporte. 96 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. DES INSECTES ET DES ANIMAUX NUISIBLES. Nous croyons devoir nous étendre, dans l'intérêt des horticulteurs et des amateurs de jardinage, sur un sujet d’une importance d’au- tant moins contestable qu’on voit souvent en quelques jours l'espoir d'une récolte anéanti, des plantes rares ou précieuses, élevées avec soin, détruites par des animaux qui ne peuvent que trop facilement se soustraire à nos recherches. Nous pensons donc rendre un ser- vice en reprenant ce sujet et en lui donnant une forme à la fois vul- gaire et scientifique; car notre but est de familiariser les horticul- teurs avec la science et de leur prouver qu’elle n’est pas aussi stérile que beaucoup d’entre eux le pensent. Qu'ils ne s’effrayent pas de la nomenclature entomologique : elle n’est pas plus barbare que celle des végétaux, et nous ne doutons pas qu'ayant appris qu'au petit nombre d'insectes, connus d’eux seulement par leurs noms vulgaires, ils en peuvent ajouter plusieurs centaines d’autres, dont ils n'avaient aucune idée, ils ne prennent goût à une étude si susceptible d’avoir des résultats profitables à l’horticulture !. On a beaucoup écrit sur cette matière et donné des procédés ou ! Pour donner une idée de la multiplicité des insectes qui vivent aux dépens de certains de nos arbres, nous énumérerons ceux dont notre Poirier commun est la demeure habituelle, soit dans le tronc, soit à la surface des feuilles, soit dans les fleurs et le fruit : COLÉOPTÈRES. Capnodis tenebrosa, qui se trouve aussi sur Bitoma crenata, sous l'écorce. l’Aubépine. Scolylus pyri (Eccoptogaster), aussi sur le Sor- Agrilus viridis, aussi sur la Vigne. bier. Hololepta depressa, sous l'écorce. Scolytus pyri, idem. Osmoderma eremita, aussi sur le Saule. Platypus cylindricus, sous l'écorce. Mecinus pyrastri, sous l'écorce. Sylvanus unidentatus, idem. Anthonomus pyri, aussi sur le Sorbier. Leiopus nebulosus, idem. Phyllobius calcaratus, quironge les bourgeons. Saperda scalaris, idem. Phyllobius pyri, de même. HÉMIPTÈRES. Pamphilus pyri dévore les feuilles. Phytocoris magnicornis, sur les feuilles. Tingis pyri (tigre des Jardiniers), idem. Aphis pyri, aussi sur le Cornouiller. Capsus pyri, aussi sur l’Érable, Kermes pyri, aussi sur la Vigne. NOTIONS GÉNÉRALES, 97 trop compliqués ou impraticables en grand. Les substances qu'on emploie ne sont souvent applicables qu'à des doses élevées pour être efficaces, et dans cet état elles tuent les végétaux qu'on cherche à sauver. Nous allons entrer en matière par des indications généra- les, sans cependant prémunir d’une manière absolue le lecteur contre les recettes spéciales ; mais nous dirons que, dans la plupart des cas, le meilleur moyen, celui qu'emploient les horticulteurs soigneux, est une recherche minutieuse dés insectes, qu’on détruit en les écrasant au fur et à mesure de leur apparition. I faut surtout s'appliquer à détruire les insectes parfaits avant leur accouplement ; car si on leur laisse le temps de déposer leurs œufs, toute destruc- tion ultérieure serait inutile. Il faut faire une chasse impitoyable à tous: les insectes, sans en excepter les kyménoptères, tels que les Fourmis, les Guépes, les Bourdons, qui ne sont pas préjudiciables aux fleurs, mais qui dévorent les fruits mürs. En écrasant ou noyant les insectes avant qu ils aient pu se reproduire, on les em- LÉPIDOPTÈRES. Vanessa Polychloros, aussi sur le Cerisier. Himera pennaria, sur le Rosier. Papilio podalyrius. Ennomos lunaria, sur le Tilleul. Arctia lubricipeda. Ennomos alniaria, idem. Liparis Chrysorrhæa, aussi sur le Myrte. Acidalia brumata, sur le Prunellier. Liparis auriflua, idem. Melanthia fluctuaria. Dasychira pudibunda, aussi sur le Noyer. Eupithecia rectangularia, aussi sur le Tama- Lusiocampa quercifolia. risc. Bombyx quercus, aussi sur le Mûrier. Crocallis elinquaria, sur l’Ajonc. Pœcilocampa populi, sur le Peuplier. Argyrotosa holmiana. Eriogaster everia, sur le Tilleul. Carpocapsa pomonana. Clisiocampa neustria, sur le Pommier. Glyphipteryx bergstræssella. Attacus pyri, sur l'Oranger. Lithocolletis pomonella, aussi sur l’Érable. Zeuzera æsculi, sur le Marronnier. Yponomeuta cognatella, sur le Fusain. Lophopteryxz camelina. Yponomeuta evonymella, idem. Diloba cœruleocephala, sur le Prunier. Elachista serratella, aussi sur le Cerisier. Mecoptera satellita. Tinca angustella, sur la Clématite. Orthosia munda, sur le Cerisier. OEcophora cinctella, sur l’Olivier. Cynœdia ambusta. Cheinomophila gelatella. DIPTÈRES. Cecidomyia pyri. Voilà cinquante-sept espèces d'insectes pour une seule espèce d'arbre, dont une vingtaine lui sont absolument propres. C’est une preuve de la nécessité de la vigilance inépuisable de l’Aorticulteur, et de l'étude que celui-ci doit faire des animaux nuisi- bles et de ceux qui sont ses auxiliaires, pour protéger les uns et détruire impitoya- blement les autres. -?} 98 HORTICULTURE POTAGÈRE El FRUITIÈRE, pêche de déposer des milliers d'œufs dont les dégâts ne seraient apparents qu'à une époque où il ne serait plus possible de sy opposer. Comme on ne peut tuer tous les insectes qui nuisent aux vé- gétaux de nos jardins, il faut chercher leurs œufs et les détruire. On connaît déjà l'échenillage, par le moyen duquel on fait dispa- raître les œufs de la Chenille processionnaire, cette ennemie de nos arbres à fruits; mais combien d’autres ennemis n’avons-nous pas qui ne sont pas si connus et qui nous échappent par les formes multiples sous lesquelles ils se cachent. Quelques mots sur les di- verses apparences des œufs des insectes nuisibles seront d’un grand secours pour en faciliter la destruction. Le Liparis chrysorrhea dépose sur les feuilles des haies et des arbres à fruits des masses velues et roussàtres dans lesquelles sont renfermés ses œufs. Les petites Chenilles qui en sortent filent en commun, et, pour se défendre contre le froid, font des nids blancs très-visibles en hiver sur les arbres à fruits. Le Bombyx lanuginosus dépose, en spirale, autour des rameaux, des nids velus et grisätres, très-apparents quand les arbres sont dépouillés, et qui peuvent alors être détruits. La Clisiocampa neustria forme autour des branches des arbres fruitiers des anneaux composés d'œufs lisses recouverts d’un enduit grisâtre, sous la protection duquel ils passent l'hiver. L’Acridium (Criquet) dépose ses œufs dans la profondeur du sol et quelquefois aussi, sous forme de masses brunâtres, agglomérées le long de la tige des végétaux. La Lygæa militaris, si connue sous le nom de Punaise des Choux, ne pond que douze œufs, disposés alternativement sur deux lignes parallèles dont une des extrémités passe l’autre. La Pentatoma grisea pond égalememt douze œufs globuleux, d’un vert doré, qui sont réunis en masse. Les Hémérobes ont leurs œufs portés sur de longs filets, fixés à la surface inférieure des feuilles, et qui ressemblent plutôt à un végétal cryptogame qu'à un œuf d’insecte. Les Tenthrèdes pondent leurs œufs sur des feuilles ou les jeunes NOTIONS GÉNÉRALES, 99 pousses des végétaux, sous l'épiderme desquels la femelle les insinue. Ils augmentent de volume après leur ponte. Le Culex pipiens (Cousin) dépose, dans les eaux, des masses d'œufs en forme de barque et rendus insubmersibles par l’enduit visqueux qui les unit. L'Epeira diadema, comme toutes les espèces d’Araignées, enve- loppe ses œufs dans une sphère de soie, nid doux et chaud où les Jeunes Araignées bravent l’intempérie des saisons. Voici, au reste, une série de moyens généraux de destruction proposés à diverses époques et dans différents pays. On peut les es- sayer; car, s'ils ne sont pas absolument bons, on ne peut pas dire qu'ils soient tous dépourvus d'efficacité. On a préconisé les vapeurs qui se dégagent du soufre, en un mot le gaz acide sulfureux. Ce procédé, qui n’est pas applicable en grand à moins de frais considérables, et peut avoir des conséquences fu- nestes pour le végétal auquel on l’applique, consiste à recouvrir d’un abri quelconque, cloche, tonneau, tente de toile, la plante attaquée, et à y faire brüler des bandes de papier trempées dans du soufre fondu. On laisse pendant un quart d'heure la plante en rapport avec l'acide sulfureux, et au bout de ce temps les insectes sont morts. On peut cependant avoir recours à la fumée de foin ou d'herbes hu- mides, ou bien encore à celle de plantes âcres et aromatiques, et, si les végétaux sont petits et peu nombreux, aux fumigations de tabac ou de soufre, au moyen de l'appareil appelé fumigateur. C'est un excellent moyen contre les Pucerons. On a proposé pour la destruction des Chenilles un moyen qui est infaillible, à ce qu'on assure : il consiste à pendre aux végétaux attaqués par ces larves, des chiffons de laine ou des morceaux de drap. Pendant la nuit, elles s’y réfugient, sans doute pour se sous- traire à l’action du froid, et chaque matin on va visiter ces piéges, toujours garnis de Chenilles. On affirme encore que les branches d'Aune les éloignent par leur odeur. Un moyen employé avec succès, suivant le Gardener's Magazine, consiste à former un liquide épais, composé de soufre, chaux vive en poudre, tabac, de chacun égale quantité ; on délaye le tout dans 100 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. un mélange d’eau de savon et d'urine, jusqu'à consistance de pein- ture épaisse. Quand les arbres sont taillés et dépalissés, on les enduit dans toutes leurs parties d’une couche de cette composition. Les arbres sont préservés, dit-on, d’insectes pour longtemps. S'il reste de cette composition, on la met dans un vase, en versant dessus assez d'urine pour en couvrir la surface. On propose, pour les plantes de serre, un procédé qui serait d'un emploi commode s’il était positif qu'il conduisit à la destruction des insectes dont elles sont infestées. On prend des feuilles de Laurier- Cerise; on les pile et on les place entre les pots, ou, quand la serre est grande, on en jouche les sentiers, on en met partout et on ferme hermétiquement la serre pendant dix ou douze heures. Au bout de ce temps, tous les insectes sont morts. Il est évident que ce sont les émanations hydrocyaniques qui produisent cet effet: mais on objecte à ce moyen qu'il n’a pas d'action sur les œufs et exige que l’opéra- tion soit répétée chaque fois qu’une nouvelle éclosion a lieu. D'un autre côté, les émanations ne peuvent-elles pas être préjudiciables à la santé des jardiniers qui entreront dans la serre après que l’at- mosphère aura été saturée des principes délétères du Laurier-Ce- rise, qui sert, comme on le sait, à préparer l'acide hydrocyanique médicinal? De plus, les Lauriers-Cerises, quoique répandus, ne sont pas si communs qu’on puisse s'en procurer autant et aussi souvent qu'on en aurait besoin ; il en faut plus de 2 décalitres pour une serre de 6 mètres 50 centim. de long sur 4 mètres de large. On a essayé les essences de térébenthine et de schiste battues avec un jaune d'œuf pour les rendre miscibles à l’eau en toute propor- tion. L'effet a été immédiat : les ensectes, et surtout les Fausses Co- chenilles, périrent sur-le-champ, et furent en un instant dépouillées de leur duvet; les œufs, recouverts de l’enduit destructeur, ne tar- dèrent pas à périr. L'Inconvénient est que les végétaux supportent difficilement ce traitement : 1l est vrai que l'expérience a été faite sur un Calasetum et un Hura, deux plantes aussi délicates l’une que l’autre; maisil faut dire que les feuilles tachées par les essences tombèrent quelques jours après. Les plantes à feuilles coriaces souffrent parfaitement ces lotions. I faut donc trouver un liquide NOTIONS GÉNÉRALES. 101 qu'on prépare en assez grande quantité pour n'avoir besoin que d’im- merger dedans le végétal, sans l’enduire ou le frictionner feuille par feuille. Nous dirons que chaque fois qu'on peut, sans danger pour la plante, employer l'essence de térébenthine, comme cela a lieu pour les nids de Guëpes et les fourmilières, on doit s’en servir : ce moyen est infaillible. Une eau amidonnée d’une façon assez épaisse et dans laquelle on avait fait fondre du sulfure de potasse, à la dose de 3 grammes pour 1 litre, a bien réussi; elle a en partie tué les grosses Coche- nilles; deux jours après la préparation s’est en allée en écailles. Le feuillage n’a pas souffert la moindre altération, et cet enduit ne l’a pas souillé. Le plus simple bassinage suffit pour faire tom- ber ces écailles légères. Il n’est pas besoin de laver les plantes avec une éponge, sauf les parties trop chargées de Cochenilles: il suffit d'immerger les plantes dans le liquide, en l’agitant pour le faire adhérer partout. Ce liquide, essayé par M. Rivière, se compose de : Arnidén 6. shomsrolgs roue cnden ya 80 baies: URSS ee ec le ete 4 litres. Salfure de potasse. 4 SJ 10 42 srarimes. On fait fondre le sulfure de potasse dans le liquide, quand il est refroidi. Le prix de ce liquide est de 10 centimes le litre. On doit ajouter à ces moyens celui plus lent, mais toujours in- faillible, du soufre en poudre, qui s'applique après un bassinage : c’est celui qui réussit le mieux; mais il est long et souille désagréa- blement le feuillage des végétaux. Le Tabac produit un résultat semblable; seulement il est fort dispendieux. Le liquide à chercher doit servir à des immersions, et ne pas nuire aux plantes les plus délicates. Nous terminerons en disant que les acides et les alcalis, même faibles, les huiles essentielles, l'alcool et les huiles grasses sont incompatibles avec les végétaux ; qu'il en est de même des sels toxiques, qui empoisonnent les plantes. 102 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE., DES INSECTES. PREMIER ORDRE : HYMÉNOPTÈRES. Ces insectes, reconnaissables à leurs quatre ailes membraneuses parcourues par de nombreuses nervures sans réticulations, et dont les Abeilles, les Guêpes, les Bourdons et les Fourmis sont les types, méritent notre attention à un double égard. Les uns sont nuisibles et d’autres, utiles, en ce qu’ils nous viennent en aide dans la destruc- tion des autres insectes ennemis de nos jardins. Hyménoptères nuisibles. — Les hyménoptères, même les plus utiles, sont quelquefois nuisibles, aux époques surtout où l'ari-: dité de la saison a fait disparaître les fleurs; la nourriture leur manquant, ils se jettent sur tous les fruits. Les Aÿeslles sont dans ce cas : elles couvrent les espaliers et y font des dégâts considéra- bles; il en est de même des Guépes, qui n'ont pas, comme les Abeilles, une utilité qui mérite nos égards. On les détruit en sus- pendant aux arbres et aux treilles de petites bouteilles remplies d’eau sucrée ou miellée, dans lesquelles elles viennent se noyer. Chaque fois qu’on rencontre un nid de Guêpes, on le détruit en l'inondant d’eau bouillante, après avoir bouché préalablement pen- dant la nuit, époque où elles sont toutes rentrées, leur nid avec du mastic, ou en y versant de l'essence de térébenthine. Les Fourmis sont de tous les hyménoptères les plus incommodes et les plus industrieux. Elles nuisent de toutes les façons : d’abord par les vides qu’elles font au pied des arbres, vides qui entrainent la mort des jeunes racines, par l'acidité dont elles imprègnent tout le sol, et par le mouvement résultant de leur activité qui déplace in- cessamment les molécules de la terre et empèche les racines de remplir leurs fonctions; plus tard, en attaquant, par légions in- nombrables, les fleurs, les feuilles et les fruits. La petitesse des Fourmis empêche qu'on ne les détruise par une simple opération manuelle ou par des bassinages. On les fait périr, dans leur nid, en arrosant celui-ci d’eau bouillante dans laquelle on a fait fondre de NOTIONS GÉNÉRALES. 103 la potasse jusqu'à alcalinité, ou du savon noir qui agit à la ma- mière des corps gras. Les /arves, qu'on appelle communément les œufs, seront détruites ou désorganisées, et le peu qui échappera périra faute de soins. La plupart des Fourmis seront noyées, et celles qui pourront se soustraire à la destruction iront du moins s'établir ailleurs. Si la fourmilière est assez loin des végétaux pour qu'on n'ait pas à craindre l’action du liquide d’arrosement sur les plantes, on pourra augmenter la quantité de potasse, ou, mieux encore, arroser la terre d'acide muriatique étendu. L’essence de térébenthine est un excellent moyen de destruction. Voilà pour les nids de Fourmis. On empêche ces insectes de monter aux arbres en les entourant d’un bourrelet de laine cordée ou bien de goudron liquide. Comme les espaliers ne peuvent être garantis par ce moyen, on y suspend des bouteilles d’eau miellée dans lesquelles elles trouvent la mort. Les arbustes cultivés dans des caisses ou des pots sont parfaite- ment préservés de l’incommodité des Fourmis au moyen de godets remplis d’eau, formant un bassin autour des pieds des caisses ou de la base des pots. M. Pépin, chef de l’école de botanique au Jardin des Plantes de Paris, a dit avoir observé que, si l’on jetait au milieu d'une four- milière une poignée de feuilles de Tomates, les Fourmis ne tar- daient pas à disparaître pour ne plus revenir. La Tomate est une plante dont la culture est assez facile et dont les produits sont assez agréables, pour qu'on en ait toujours quelques pieds dans son jardin. Un journal de Berlin, la Gazette de Spener, a recommandé ce moyen comme infaillible. Un autre horticulteur dit s'être parfaitement délivré des Four- mis en arrosant les fourmilières à plusieurs reprises, pendant deux jours, avec de l’eau dans laquelle il avait fait dissoudre du sulfure de potasse dans la proportion de 50 grammes pour 23 litres d’eau. Cet arrosement, loin d’avoir nui aux végétaux auxquels il a été ap- pliqué, en a, au contraire, activé la végétation. Le sulfure de po- tasse, ou foie de soufre, est une substance d'un très-bas prix. Les 30 grammes coûtent 10 centimes au détail, et l'emploi de ce moyen 104 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, jouit d'une parfaite innocuité quand la dose n'excède pas 2 à 3 grammes par litre d’eau. Cette expérience, indiquée d’une manière fautive, puisqu'elle signalait le sulfate de potassium comme la subs- tance employée, a été rectifiée, et le succès du moyen employé a été confirmé par des expériences nouvelles. On recommande seulement de ne pas se servir, pour ce liquide, d'arrosoirs de cuivre : il faut employer des arrosoirs de zinc, sur lesquels le sulfure de potasse n’a aucune action. Ce moyen peut être employé, et avec le même succès, pour d’autres insectes. Le dosage seul doit varier. Les autres kyménoptères nuisibles sont : La Mégachile centunculaire et celle du Poirier, qui attaquent les feuilles de nos Rosiers, de nos Lilas et de nos Poiriers, pour en gar- nir le nid de leur progéniture. Les A n/hocopes qui, dans le même but, coupent les pétales de nos fleurs, ne sont pas assez directement nuisibles pour être l’objet d’une poursuite spéciale ; elles peuvent au reste être détruites par les mêmes moyens que les Abeilles et les Guêpes. Il y a aussi des Xylophages parmi les hyménoptères: ce sont les Sirex, qui s'attaquent aux arbres résineux. On désigne sous le nom de Fausses Chenilles les larves des Ten- thrédines, qui sont, contrairement aux lois morphologiques propres aux hyménoptères, munies d'organes de locomotion, tandis que les autres en sont privées. Ces insectes sont phyllophages. — Tels sont : La Lyda du Poirier, qui dévore les feuilles de cet arbre, et celles du Rosier ; Le Cladie difforme, qui ronge les feuilles du Rosier du Bengale ; Le Némate du Groseillier qui fait de si grands ravages dans les plantations, que, dès le commencement de la saison, il les a com- plétement dépouillées de leurs feuilles ; d’autres espèces du même genre qui attaquent l’Oseille de nos jardins et le Cerisier, l'£m- phyte du Groseillier, ennemi de cet arbrisseau ; Le Crypte fourchu qui dévore le feuillage des Framboisiers ; L'Athalie du Rosier à cent feuilles qui cause souvent des ravages NOTIONS GÉNÉRALES, 105 irréparables ; l'Afhale du Rosier, qui est une autre espèce, et vit aux dépens de l’arbrisseau auquel il s'attache ; | L’Hylotome de la Rose, plus connu, qui est un des ennemis les plus redoutables des Rosiers et fait le désespoir des jardiniers ; la larve de T Épine-vinette, qui dévore les feuilles de ces arbrisseaux. On peut ajouter aux hyménoptères ennemis des Rosiers : le Pam- phile cynosbate, qui attaque aussi le Poirier ; les Tenthrèdes du Gro- seillier, qui vivent de la moelle des rameaux ; le Dolère de l Églan- lier, qui ronge le feuillage, et le Cynips de la Rose, l’auteur de ces excroissances chevelues connues sous le nom de Bédégar. Le Pamphile du Poirier réunit en paquet, au moyen de ses fils de soie, les feuilies de cet arbre, et Les dévore après. Le Tenthrède du Cerisier vit aux dépens de l'arbre, à l’état de larve. Le Tenthrède rustique s'attaque aux Chèvrefeuilles. Les végétaux de ce genre sont également dévorés par les Tenthrèdes du Groseillier ; il en est de même du Troëne, qui nourrit le Tenthrède agréable. Pour ne pas prolonger cette nomenclature, nous nous bornerons à dire que ce sont les tribus des Cynips et des Tenthrèdes qui four- nissent Le plus d’ennemis de nos végétaux utiles et d'ornement. On peut appliquer à tous ces insectes les moyens généraux indi- qués au commencement de ce chapitre. Hyménoptères utiles. — Le plus souvent ceux-ci vivent, à l’état adulte, du suc des fleurs; mais leurs larves ne se nourrissent que de proie vivante. Certains hyménoptères, qui élèvent leurs larves de cette sorte, placent près d'elles un insecte qu'ils ont piqué de manière à ne pas causer sa mort, mais de façon à le plonger dans une sorte de lé- thargie ; et les jeunes larves trouvent, dans cette provision si ingé- nieusement préparée, de quoi arriver jusqu'à l’époque où elles subiront leur transformation. Nous citerons les principales espèces d'hyménoptères dont les larves sont carnassières, ainsi que les insectes qui servent de nour- riture à ces dernières : Le Discælie à ceinture emporte, dans le lieu où il dépose ses œufs, des Chenilles vivantes de la Pyrale de la Vigne. 106 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. L'Odynère épineuse s'attaque au Phytomène variable, espèce de Charançon. L'Odynère crassicorne nourrit ses petits avec les larves de la Chry- somèle du Peuplier ; L'Odynère pariétine nourrit les siens avec des larves de Pyrales ou de Papillons de nuit. Les Crabros sont dans le même cas: ce sont des Pyrales, des Pu- cerons, des Diptères, qu'ils prennent pour nourrir leurs petits. Les Diodontes et les Pemphrédons sont des ennemis mortels des Pucerons. Le Spilomène troglodyte réunit quelquefois autour de sa larve plus de 10 à 40 larves de Thrips. Le Goryte à moustache emporte dans son nid la larve assez grosse d’un hémiptère appelé Aphrophore écumante, qui vit sur les Saules. La Cercéris des sables n'emporte pas des larves, mais bien des in- sectes les plus durs, tels que des Charançons, dont on trouve quel- quefois jusqu’à une douzaine dans son nid. Les Oxrybèles et les Bembex vivent de Mouches ; Les À states, de larves de Pentatomes. Les Pompiles attaquent les Araignées. Les Sphex se nourrissent d’'Acridiens ou Sauterelles, dont les dégâts sont connus. L'Ammoplhile des sables détruit un nombre considérable de larves de Papillons nocturnes. Le Scolie des jardins nourrit ses larves avec celles d’un ennemi presque aussi redoutable que le Hanneton, l'Oryete nasicorne. Parmi les Chrysis, ces charmants petits hyménoptères qui ont l'abdomen brillant comme des rubis, il en est, tels que les Cleptes, qui détruisent les larves de la Tenthrède du Groseillier, tandis que d’autres déposent leurs œufs dans le nid des hyménoptères dont nous venons de parler et en font mourir les larves, soit en se nourrissant de la provision amassée pour ces dernières, soit en les attaquant elles-mêmes. Les Chalcidiens, les Proctrupiens et les Ichneumoniens nous vien- NOTIONS GÉNÉRALES. 107 nent en aide, non pas en plaçant près de leurs œufs les larves d’autres insectes, mais en déposant leur œuf lui-même sous la peau de la victime qu'ils ont choisie. Les plus intéressants pour nous sont : La Chalcis petite, qui détruit par ce moyen un nombre considé- rable de Pyrales ; Les Ptéromales, qui attaquent non-seulement les Pyrales, mais aussi les Chenilles de Papillons de jour ; Les Eucyrtes, qu'on devrait chercher à multiplier dans nos ser- res, détruisent les hémiptères si nuisibles des genres Cochenille et Kermès ; L'Eulophe des Pyrales, qui est l’ennemi naturel de cette peste de nos Vignes ; le Béthyle fourmi, qui en agit de même; Le Céraphron de Charpentier, qui vit aux dépens du Puceron des Fèves; Le Platigaster, qui limite les ravages que font dans nos céréales les larves des Cécidomyes ; Les Téléas, qui détruisent un grand nombre de larves de Papil- lons nocturnes ; L'Hybrizon, qui attaque les Pucerons, surtout ceux du Rosier ; Les Bracons, qui déposent leurs œufs dans le corps des larves des Ptines, rongeurs de nos bois ouvrés, et dans celui des Charan- CONS ; Les Microgasters, qui attaquent de préférence la Chenille du Chou; la nature, toujours prévoyante, les a chargés d'établir une sage pondération et de mettre des bornes à leur multiplication; sur 200 Chenilles de Piéride, à peine en trouve-t-on une dizaine qui arrivent à effectuer leur transformation; le reste est la proie des Microgasters, dont les différentes espèces détruisent aussi les larves d’autres Lépidoptères; Le ARhitigaster irrorator, qui est parasite de l’Acronycta Psi ; Le PBlacus, qui est le destructeur des Otiorrhynques et des Bary- notes, et qui appartient au groupe. des Charançons ; Les Ophions, qui vivent en parasites sur les chenilles des Pa- pillons nocturnes ; 108 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Les Pimplas, les Cryptes, qui sont également des ennemis redou- tables des larves des Lépidoptères; Les Zchneumons, qui attaquent toutes sortes de larves. DEUXIÈME ORDRE : COLÉOPTÈRES. Le seul caractère que nous assignerons à ces insectes pour les faire reconnaître, est l'existence d'ailes antérieures cornées ou élytres, tandis que les ailes postérieures ou inférieures sont papyracées et repliées sous les élytres sans jamais être croisées. Leurs mâchoires sont distinctes, bien conformées et propres à la mastication. Nous trouverons dans cet ordre, comme dans les hyménoptères, des insectes nuisibles et d’autres utiles. Coléoptères nuisibles. — La Céfoine dorée est un insecte innocent sans doute à l’état de larve, car elle se trouve dans les fourmilières ; elle est nuisible seulement à l’état adulte : on la rencontre sur les Pivoines et surtout sur les Roses, où elle brille comme une pierre précieuse. La Cétoine hérissée recherche surtout les fleurs des Abricotiers. Au milieu de l'été on trouve encore, sur les Rosiers, la Trichie à bandes, qui affectionne particulièrement ces arbustes. Sa larve est perfide pour le bois, dans lequel elle vit, et qu'elle fouille à la manière des Termites. Les constructions rustiques sont souvent attaquées par cet insecte, qui en cause la ruine au moment où l’on s’y attend le moins. Ce sont les bois de mauvaise qualité employés à ces cons- tructions qui en recèlent le plus: car la Triche n'attaque pas les bois sains et durs. On la trouve à tous les états dans ceux qui sont mauvais, depuis la larve jusqu'à l’insecte parfait. L’'Hoplie farineuse est un parasite des fleurs; elle fait son appari- lion au mois de Juin. De tous'les coléoptères, le plus commun et le plus nuisible est le Hanneton. Comme il faut, pour tenter la destruction d'un insecte avec quelque chance de succès, connaître ses habitudes, la durée de NOTIONS GÉNÉRALES. 109 sa vie, sous son triple état, l’époque de l’accouplement et de la ponte, etc., nous ferons en quelques mots l’histoire de l’évolution du Hanneton. Le Hanneton s’accouple à la fin d'avril et dans les premiers jours de mai. L'accouplement, qui est répété trois fois, a lieu quelques Jours après qu'il est sorti de terre. Après chaque fécondation, la femelle s'enfonce dans la terre et y dépose, à une profondeur de 5 à 6 centimètres, une vingtaine d'œufs. Après la dernière ponte, la femelle reste dans la terre et y meurt. Le mâle tombe peu de temps après de l'arbre sur lequel il a vécu, et va s’enterrer dans le sol pour y achever de mourir. La durée de sa vie a été de 10 à 15 Jours. Son activité est nocturne, depuis le crépuscule jusqu’à minuit. À partir de ce moment, il tombe dans un engourdissement léthargique et reste plongé dans cette torpeur jusqu’au lever du soleil. Les œufs, deposés en terre depuis la fin d'avril jusqu’au milieu de mai, éclosent au bout de quelques semaines, et les rava- ges du Ver blanc commencent à l’automne, mais jamais plus tard que le mois d'octobre. Le Ver blanc pénètre plus profondément dans le sol pour y prépa- rer son quartier d'hiver. Au printemps, les Vers blancs, réunis en famille pendant la première année, montent à là couche supérieure du sol et recommencent à manger. Ils se réunissent en groupe au- tour des racines des végétaux et se creusent des galeries qui ne sont Jamais distantes de plus de 30 centimètres de la plante dont ils se nourrissent. Quand la sécheresse est grande, ils plongent; après une pluie, ils remontent ; si la pluie continue, ils redescendent. Dès la seconde année, les Vers blancs cessent de vivre en société et se dis- persent dans les champs, où ils attaquent indistinctement tous les végétaux. Quand ils ont dévoré les petites racines, ils rongent les grosses, puis quittent la plante épuisée pour en attaquer une autre. Dès le mois de septembre, le Ver blanc s'enfonce pour son hiver- nage, et cette fois il plonge dans le sol à une profondeur qui est de plus d’un mètre ; ce qui le fait échapper à la rigueur du froid. Pendant cette seconde année, le Ver blanc est plus redoutable qu'à aucune autre époque, quoique le nombre en ait été réduit des 110 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. 7/10 par la mort. Il commence ses ravages au mois d'avril. En juin, il est parvenu à son maximum, et sa voracité dure jusqu’en août. Cette période, la plus importante de sa vie, est celle où il atteint son plus grand développement. Au printemps de la troisième année, le Ver blanc remonte vers la couche supérieure du sol ; mais il mange moins, parce que l'époque de sa transformation approche et qu'il lui faut moins d'aliments. A la fin de juillet, il redescend dans le sol, à une profondeur de 60 à 120 centimètres, et se change en chrysalide. Au bout de 28 à 56 jours, temps pendant la durée duquel il ne prend aucune nourriture, il subit sa troisième et der- nière métamorphose. Les arbres sur lesquels le Hanneton se jette de préférence sont les Chênes et les Hètres, pour lesquels il abandonne les arbres fruitiers. Il est facile de comprendre, d’après ce qui précède, que le Ver: blanc n’est un ennemi dangereux que parce qu'on ne fait pas au Hanneton une chasse assez sérieuse. C’est pourquoi on doit d'au- tant plus redouter les ravages du Ver blanc que l’année a été plus abondante en Hannetons. Outre la chasse, le plus sûr de tous les moyens, qui devrait être imposée aux habitants des campagnes comme l’échenillage, il faut répandre sur les champs, avant l'époque où cet insecte va paraître, c'est-à-dire à la mi-avril, des engrais à odeur fétide, tels que la poudrette liquéfiée, l'urine étendue d’eau, les résidus infects de certaines fabriques. Ces odeurs repoussent le Æanneton et l'em- pèchent de pondre dans le sol recouvert de ces substances pré- servalives. On a également recommandé la suie comme un bon moyen ; mais on ne peut l’'employer que sur de petites surfaces, car cette subs- tance n’est pas assez abondante pour suffire à saupoudrer des champs entiers. - Les moyens employés contre le Hanneton peuvent l'être contre le Ver blanc pendant la première année de sa vie, car dans leur se- conde il est plus difficile de s'opposer à ses ravages, et la profondeur à laquelle il plonge le met à l'abri des agents extérieurs. NOTIONS GÉNÉRALES, 111 Ces indications sont empruntées à un travail qui fut publié par ordre du gouvernement de Zurich. L'auteur a fait les remarques suivantes, qui sont d’un haut in- térêt : 1° C'est que les Vers blancs se rassemblent de préférence dans les champs occupés par des végétaux qui gardent la terre depuis le printemps jusqu'à l'automne, tels que les prairies, les Trèfles, Luzernes, etc. ; 2° Le Hanneton épargne les champs complétement dépouillés à l’époque de la ponte; 3° Les Vers blancs périssent dans les champs dépouillés pendant la seconde moitié de l'été et tout l’automne, comme les champs de Froment. Dans les jardins potagers, les arrosements avec des engrais féti- des ne sont pas toujours possibles ; l'emploi de la suie l’est plus : car on peut s’en procurer en quantité assez considérable pour un espace restreint. On a remarqué que les Vers blancs recherchent particulièrement certaines plantes, et entre autres la Laitue et les Fraisiers : c’est pour- quoi on recommande d'offrir à ces larves les plantes sur lesquelles elles se jettent de préférence, pour épargner celles qu’on veut sous- traire à leur voracité. On a cru (car sous ce rapport tout est encore incertitude) que les terrains dans lesquels on cultivait ou mêmie on avait cultivé des Crucifères, telles que Colza, Chou, Radis, Cresson alénois, ne re- célaient pas autant de Vers blancs que ceux où l’on avait fait d’au- tres cultures. Pâquet prétendait mème que des feuilles de Chou enterrées au pied d'un arbre, ou étendues simplement sur le sol en guise de paillis, éloignaient les Vers blancs ou les empêchaient de dévorer les racines des plantes. Pour donner une idée de l’effrayante multiplication de ces enne- mis de nos récoltes, nous donnerons quelques chiffres d’un haut enseignement en économie agricole. Dans une année abondante en Hannetons, le gouvernement de Zurich fit ramasser ces insectes, et il en fut recueilli 17,376 viertels, ce qui représente environ 153 mil- 112 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. lions de ÆHannetons. En admettant qu’il y eût moitié femelles et que la-moyenne de la ponte fût de 30 œufs, au lieu de 60, nombre habituel, on trouve que cette chasse a prévenu la naissance de 2 milliards 295 millions de larves. Maintenant, la quantité de nour- riture étant pendant les trois années de la vie souterraine du Ver blanc d'environ 1,000 grammes, leurs ravages auraient été de 20 millions de quintaux métriques de substance végétale. On doit détruire le Hanneton qu'on ramasse, en le jetant dans de l’eau bouillante. Quant à sa valeur comme engrais, 1l est pru- dent de ne pas le répandre sur les champs, parce qu'il ne manque- rait pas de produire des larves de Diptères également nuisibles aux végétaux. Le plus grand ennemi du Ver blanc est la Taupe. Les ennemis du Hanneton sont le Hérisson, la Chauve-souris, les Engoule- vents, les Pies-grièches, les Corbeaux, la plupart des oiseaux insec- tivores. Les animaux domestiques, tels que les Porcs, les Poules, les Canards, sont avides de Vers blancs et de Hannetons, quoique ce ne soit pas toujours sans danger pour eux. Le Hanneton a encore pour ennemi un des plus beaux insectes de nos pays, le Carabe doré, qui lui fait une chasse impitoyable et lui dévore les intestins, qu'il défile en les lui arrachant du corps. Le Carabe est donc un insecte à ménager. Les autres espèces de ÆHannetons ne sont pas moins nuisibles : le Hanneton du Marronnier d'Inde etle Hanneton foulon sont les en- nemis de nos arbres. Ce dernier a fait parfois des ravages considé- rables dans certaines localités. Un des fléaux de nos cultures, peu connu et cependant parfois très-nuisible, c’est l'Anésoplie des jardins, petit Hanneton d'un vert cuivré. On assure que sa larve est un des ennemis de nos Choux. Ce qui est positif, c’est qu'il dévore, à l’état adulte, les feuilles des Rosiers. L'Euchlore de la Vigne fait des ravages considérables dans nos vignobles et mérite d’être mentionné pour le salut de nos treilles; il faut donc le suivre dans son évolution et le détruire surtout à l’état NOTIONS GÉNÉRALES, 113 adulte, car nous ne connaissons pas l’histoire évolutive de ces pa- rasites incommodes, comme nous connaissons celle du Hanneton et de l'Oryctes, et nous en sommes réduits à les détruire quand nous apercevons leurs ravages. Le Rhinocéros où Moine (Scarabœus nasicornis, Oryctes nasicor- #”s), est un coléoptère qui n’est nuisible qu’à l’état de larve. C’est le Vergus ou la Chenille de terre des horticulteurs, qui fait des ra- vages considérables dans les potagers et coupe en une seule nuit la tigelle des Pois quand elle est à 2 centimètres de longueur. C’est en septembre que le Zéhinocéros sort de terre : il vit de 50 à 60 jours, mais à l'état parfait il ne cause aucun dégât; il ne semble avoir subi cette transformation dernière que pour la perpétuation de sa race. Les femelles, une fois fécondées, recherchent les endroits où . se trouvent des déjections animales et y pondent leurs œufs. Quand les larves sont écloses, elles cheminent entre deux terres et commencent leurs dégâts. Le seul moyen à employer contre ces in- sectes est de les chasser à l’état parfait et de les détruire, ou bien d'établir de petits tas de crottin de cheval, de fiente de vache ou de terreau, dans le but d'offrir aux Æhinocéros femelles un lieu commode pour la ponte. On les remue chaque matin, et l’on y trouve ces insectes, qu’on écrase à mesure; on rétablit ensuite les tas, et l'on continue à les visiter chaque jour pendant la durée de la fécondation. Vers le milieu de l'automne, époque où la ponte est terminée, on transporte les fumiers dans la basse-cour, où la volaille recherche jusqu'à la dernière larve et détruit jusqu’au plus petit œuf. Les Lèthres, communs en Hongrie et dans la partie ne té de la Russie, sont des ennemis fort dangereux de la Vigne, dont ils dévorent les jeunes bourgeons. On ne les connaît pas en France. Les Bousiers, les Aphrodies, les Coprophages, les Ontophages, quoique vivant, dans les fumiers et les terreaux, de matières végé- tales et de déjections, n’en sont pas moins nuisibles aux jeunes ve- gétaux, qu'ils empêchent de prospérer en renversant sans cesse le sol dans lequel ils croissent. Le Passale interrompu est un des parasites de la Patate; comme 8 114 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. la culture de cette plante se répand, il est bon de connaître un de ses ennemis. 4 Le Platycère caraboïde est commun dans les environs de Paris, et s'attaque à nos arbres au commencement du printemps; 1l ronge les feuilles naissantes et les bourgeons. La Lagrée velue se rencontre sur les fleurs, aux dépens desquelles elle vit,'et elle est très-commune dans notre pays; il en est de même de l’Anthique floral. La Cystite soufrée attaque plusieurs plantes potagères. Le Mylabre de la Chicorée est un insecte à propriétés vésicantes qui s'attaque à ce légume et y fait de fréquents ravages. Les Staphylins, quoique carnivores, se trouvent dans certaines fleurs, dont ils dévorent les pétales avant leur épanouissement. Les OEillets de collection en recèlent une espèce presque microscopique, | dont les ravages font le désespoir des amateurs. La Cantharide médicinale est commune sur les Frènes de nos Jardins et sur les Lilas. | Les Ælaters, plus connus sous les noms de Taupin, Maréchal, Bonjour, sont des insectes très-destructeurs. Leurs larves font sou- vent des ravages assez considérables parmi les plantes de nos jar- dins, ravages que l’on peut prévenir en établissant dans le voisi- nage, ou même seulement en bordure, des Marguerites, dont ils sont friands. Ils abandonneront alors les plantes sur lesquelles ils s'étaient jetés pour ne plus attaquer que les Marguerites. Celles-ci sont des plantes rustiques qui ne redoutent pas la voracité de ces frêles ennemis et n’en continuent pas moins de végéter. Les Navets sont souvent détruits par les Tuupins. Quand on a affaire à des végétaux cultivés en grand, il est préférable de faire fouir autour des plantes attaquées et de recueillir les Taupins. L'Agrile du Poirier passe ses premiers états dans les branches de cet arbre. Les Lucanes où Cerfs-volants et les Sinodendrons cylindriques taillent, à l’aide de leurs fortes mandibules, les tiges printanières des arbres. 11 faut chasser l’insecte parfait, le seul état dans lequel il soit possible de l’atteindre, quoiqu'il nuise aussi bien à l’état de larve. NOTIONS GÉNÉRALES. 115 Le Bruche du Pois est l'ennemi de ce légume. D'autres espèces du même genre attaquent les Lentilles et les Fèves de marais; si elles n’empêchent pas ces graines de germer, tout au moins elles en dévorent un tiers de la substance. Il faut mettre le plus vite qu'on le peut un terme à ce parasitisme. Comme on sait que les Bruches. infestent constamment les graines en question, il faut faire périr ces insectes dans leur premier àge, en soumettant la semence qu'on veut délivrer à une température de 70 degrés. Cette chaleur ne dessèche pas l'embryon du végétal et tue la larve ou l'insecte qui a établi sa demeure dans les semences. L'Apodère du Noïsetier dépose ses œufs dans le pétiole des feuilles de cet arbrisseau. Les larves ne pouvant vivre que dans des feuilles flétries, mais non desséchées, la femelle fait aux pétioles des feuilles une entaille dans laquelle elle dépose un œuf. La feuille ne tarde pas à Jaunir et à se tordre sur elle-même, sans que la vie s’y étei- gne entièrement, et elle conserve sa vitalité jusqu'à l’éclosion de la larve; car tout dans la nature est calculé pour certains buts ca- chés qui ne manquent jamais de s’accomplir. Les À {telabes ont les mêmes mœurs que les Apodères, et font des dégâts analogues. Les Æhynchtes attaquent la Vigne, dont ils coupent les feuilles, ainsi que les Poiriers et les Pommiers. On les connaît sous les noms vulgaires de Bèche et de Lisette. Comme les feuilles auxquelles ces insectes ont confié leur progéniture sont flétries, on n’a qu'à les enlever, et l’on fait périr l'animal en enlevant la partie du végétal qu’il a choisie pour demeure. Les Thylacites sont les ennemis du Noisetier, dont ils dévorent les feuilles et les bourgeons. Les Phyllobies, parmi lesquelles la Phyllobre argentée, sont très= nuisibles aux végétaux. Les Charançons du genre Anthonome attaquent la fleur et le fruit des Pommiers et des Poiriers. Le Phytobie à quatre tubercules ronge les feuilles de nos Groseil- liers. 116 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. L'Otiorrhynque noir ronge pendant le jour le feuillage du Citron- nier et passe la nuit au pied de l'arbre. L'Obérée à pupilles ronge dans son premier état les feuilles des Chèvrefeuilles au point de les faire périr. | Les Balanines sont les ennemis de nos Noyers, dont ils dévorent le fruit. La tribu tout entière des Scolytes est le fléau des arbres fores- tiers et de ceux des jardins, surtout le Scolyte destructeur; le Pyq- mée ne les épargne pas davantage. Les Cérambycins sont dans le même cas : ils sont représentés chez nous par les Prions, les Ægyosomes, dont le scabricorne détruit les Tilleuls; le Capricorne héros, cet ennemi de nos Chênes; les Su- perdes, les Rhagies, ete. En un mot, tous les Capricornes doivent être détruits à l’état adulte, car les larves se dérobent à toutes les recherches en se cachant dans la profondeur du bois de nos arbres. Le Nyphone saperdoïde vit dans les troncs des Grenadiers. Le genre Orsodacne, de la famille si nombreuse des Chrysomèles, attaque nos Cerisiers. Le Criocère du Lis est le destructeur de cette belle plante, et les autres espèces du même genre sont Les fléaux des plantes bulbeuses. Le Léma est le parasite spécial de l’Asperge, sur laquelle il vit dans tous ses états; cette plante a encore pour ennemi le Léma à douze pouls. | La Casside verte détruit les Artichauts; le Cryptocephale soyeux attaque les plantes de la famille des Composées, comme les Salsi- fis, etc. L'Eumolpe de la Vigne est un des nombreux parasites de”cet utile arbuste, dont il dévore le feuillage. Il faut le chasser à l’état adulte. La Chrysomèle ensanglantée est commune sur les Crucifères ; celle du Navet s'attaque à la plupart des plantes potagères. Le Cryplocéphale à douze points dévore les bourgeons des Cor- nouillers. L'Altise bleue (Tique, Puceron noir) est trop connue de nos jardi- niers, dont elle est l’ennemi le plus terrible. Elle fait fondre les NOTIONS GÉNÉRALES. 117 cotylédons des végétaux par ses succions répétées, et fait périr avec eux les plantes qu'ils étaient chargés de nourrir. On indique un moyen facile de détruire cet insecte, qui cause des ravages presque incalculables dans les semis des Crucifères, et anéantit souvent des planches entières de Choux. On met de distance en distance, dans les plânches de ce légume, des cloches de verre qui sont soulevées d'un côté de 1 à 2 centimètres au-dessus du sol, pour permettre aux insectes de s’y introduire. Le soir, après les ravages de la journée, les A//ises cherchent un refuge sous les clo- ches. Comme ils ne les quitteront qu'au jour, on va de grand matin les visiter; on les renverse, et l’A/fise, ne pouvant monter le long des parois lisses des cloches, retombe au fond. On verse alors, dans la cloche, de l’eau dans laquelle on a mis de l'huile, et les inséctes sont tués immédiatement. L'Afficoléracée s'attaque aussi à la Vigne, et dépose ses œufs sur les jeunes feuilles. Les larves vivent du parenchyme de la feuille, et tout le cep paraît avoir été desséché par le feu. Le remède paraitra étrange; mais on à constaté qu'en les chassant on prolonge leur présence, tandis qu'en leur livrant la Vigne une année, elles ne reviennent plus. On croit que, quand elles sont abondantes, elles attirent des ennemis qui les détruisent. Nous insisterons, en terminant le paragraphe relatif aux coléop- tères nuisibles, sur la nécéssité de rechercher les larves et de dé- truire les adultes, en rappelant que les mêmes insectes attaquent des végétaux de presque tous les genres indistinctement. C'est ainsi que nous avons vu, parmi les hyménoptères, les Tenthrèdes, qui se trouvent sur le Chèvrefeuille, le Lilas, le Cerisier, être réunis sur le Groseillier ; il en est de même de certaines espèces ou de certains groupes qui attaquent les végétaux les plus différents. Les Agriles attaquent la Vigne, les Rosacées, les Framboisiers, les Néfliers, etc. | E Les familles nuisibles qu’il faut connaître sont les Scarabéides, les É/atérides, les Bostrichides, les Curculionides, les Scolytides, les Cérambycides et les Chrysomélides. Coléoptères utiles. — Le nombre des coléoptères carnassiers est 118 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. très-considérable; ils appartiennent à certaines tribus essentielle- ment composées d'insectes créophages. On a beau dire que les Lu- canes, où Cerfs-volants, attaquent dans certaines circonstances les insectes vivants, le bien qu’ils peuvent faire ne balance pas le mal qu'ils ont produit à l'état de larves. Aussi peut-on les détruire sans scrupules. Parmi les Sé/phes, on peut citer celui à quatre points, dont la larve, qui se tient sur les arbres, fait une chasse active aux chenilles. Les insectes de cette tribu, vivant au reste de détritus animaux et végétaux, ne sont pas nuisibles. Il faut ajouter toutefois qu'on à constaté des ravages considérables causés par des larves de Si/phes nées dans des débris animaux, et qui, n'ayant pas de nourriture, se sont jetées sur des Betteraves et en ont dévoré les feuilles. Les Staphylins sont en partie carnivores ; c'est ainsi que la larve du Xantholin ponctué et les Leptariens vivent aux dépens d’autres insectes. La larve du Staphylin odorant est fort agile et d’une vora- cité sans égale. Elle attaque tous les insectes et ne ménage pas même ceux de sa propre espèce. La larve du Philonthe bronzé vit dans le fumier sous les détritus des végétaux, et dévore les larves des diptères. Les Hétérotops, les Quédies, vivent de la même manière. La grande tribu des Carabiques est presque exclusivement car- nassière : les insectes compris sous cette dénomination commune vivent de proie vivante, tant à l'état de larve que d’insecte parfait. Le Calosome sycophante se nourrit surtout de Chenilles; et sa larve, qui est très-vorace, détruit un grand nombre de Chenilles processionnaires. Le Carabe doré, si commun dans nos champs et nos jardins, est un de nos plus utiles auxiliaires; il faut donc le ménager, car il fait sa nourriture des insectes nuisibles, tant à l’état de larve que d’insecte parfait. | Les Cicindèles sont, parmi les Carabiques de nos pays, un des plus agiles et des plus élégants destructeurs d'insectes. La larve est constamment en embuscade comme celle du Fourmi-lion et dévore les insectes qui tombent dans le piége qu'elle leur a tendu. NOTIONS GÉNÉRALES,” 119 Quelques genres de la tribu des Cantharidiens vivent aux dépens de certains Hyménoptères. Les larves des Lampyres attaquent tous les insectes qu'elles trou- vent dans la terre ou dans le bois, et même les petits mollusques. La larve du Téléphore brun et celle du Téléphore livide vivent d'insectes et de vers. | Le Drile jaune mérite d’être signalé, parce qu’il détruit les Li- maçons. Les larves du Clairon-fourmi vivent aux dépens de celles des Cur- culioniens ou Charançons. Le Clairon-fourmi mériterait d’être étu- dié dans le but de savoir s’ilne pourrait pas nous délivrer desennemis de nos récoltes appartenant à la nombreuse tribu des Charançons. Le Trichode des A beilles est parasite des Guêpes. ) L'Opilos mou se nourrit, dans son état de larve, de celles des espèces lignivores. Les Coccinelles sont, pour la plupart, carnassières sous leurs deux états. La Coccinelle commune dévore une quantité prodigieuse de Pucerons et mérite d’être respectée. TROISIÈME ORDRE : ORTHOPTÈRES, Les caractères distinctifs des insectes orfhoptères sont dans les ailes : les ailes antérieures ou supérieures, auxquelles on donne encore le nom d’élytres, sont à demi coriaces et croisent l’une sur l’autre dans l’état de repos, tandis que les secondes sont pliées dans le sens longitudinal. Les appareils masticatoires sont semblables à ceux des coléoptères. Sous le rapport des métamorphoses, ils ne subissent que des changements incomplets. L'Orthoptère, à sa nais- sance, ressemble à l'adulte, et il n’en diffère que par la taille et par l'absence d'ailes. Ce n’est qu'après cinq changements de peau successifs que ses ailes apparaissent, et dans cet état de transition il prend le nom de Nymphe. C'est après une dernière mue que les ailes sont formées, et l’'Orfhoptère est alors devenu insecte parfait. Cet ordre est herbivore ou omnivore, et cause souvent d’immen- ses ravages. 120 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Orthoptères nuisibles. — Les Forficules, improprement appelés Perce-oreilles, sont des insectes voraces, à habitudes nocturnes, qui s’attaquent à tous les végétaux, et sont les plus dangereux ennemis de nos OEillets, dont ils percent le bouton et mangent la fleur avant son développement. On les détruit en mettant, dans le voisinage des végétaux qu'ils dévorent, des pots de terre ou des sabots de pore renversés. Dès le matin, les Forficules s'y réfugient, et l'on en peut, par ce moyen, détruire un très-grand nombre ; des botil- lons de paille font le même effet : en un mot, tout ce qui leur offre un abri peut leur être funeste. Les Blattes ou Kalerlacs, communs au nord et au centre de l’Eu- rope, mais surtout dans l’Europe méridionale, sont des insectes omnivores assez agiles pour qu'on ne sache comment s'en délivrer. On ne peut les détruire qu'en les recherchant à l’état adulte pour les écraser, ou en offrant à leur voracité des substances empoi- sonnées. Les Sauterelles proprement dites, ou Locustes, dont l'espèce la plus répandue en Europe est la grande Sauterelle verte, sont des insectes phytophages d'une grande voracité, mais plus répandus dans les champs que dans les jardins. L'EÉphippiger des Vignes vit aux dépens de ces arbustes; mais il n’est pas assez répandu pour causer de grands ravages. On peut plutôt le détruire à l’état adulte qu'à l'état de larve. Il faut ce- pendant le chasser pour l'empêcher de se multiplier, car il ferait des ravages, quelquefois considérables; il s'attaque au Müûrier comme à la Vigne. Le Grillon champêtre, quoique assez commun, à on ne sait trop quel genre de vie. On est assez porté à le croire carnassier, mais on n’en est pas sûr; il ne fait pas de grands dégâts. Le Gryllus Cisti * ronge le feuillage des Cistes. | L'Acanthie transparent, commun dans le midi de l'Europe, dépose ses œufs dans la tige des végétaux herbacés, en perçant avec sa ta- rière leur parenchyme jusqu'à la moelle. La Taupe-Grillon, plus connue sous le nom de Courtilière, ves- semble assez à une Écrevisse. Les pattes sont larges et très-propres NOTIONS GÉNÉRALES. 121 à fouir. C’est dans les terrains meubles, mais surtout dans les cou- ches, que cet insecte fait le plus de dégâts. La nourriture de la Taupe-Grillon consiste en végétaux et en insectes. Bien qu'on ait prétendu qu'elle était exclusivement créophage, il est positif qu’elle s’'accommode fort bien des végétaux tendres, et qu'elle ne les coupe pas seulement pour se frayer un passage. Sa fécondité est extraordi- naire. Les femelles des Taupes-Grillons établissent leur nid dans les terres fermes et y déposent jusqu'à trois cents œufs. On pense que la durée de leur évolution est de trois ans. Ce sont des insectes assez nuisibles pour qu'on leur fasse une chasse active. On sait qu'ils s’ac- couplent pendant la nuit, vers le milieu de l'été, et que le mâle fait entendre un chant assez distinct pour appeler la femelle: c’est un indice que le moment est venu de rechercher les œufs. Ceux-ci sont déposés dans la galerie circulaire qui se trouve au bas du trou ver- tical pratiqué par l’insecte, et non dans les galeries qu'il creuse dans toutes les directions; on peut en fouillant mettre les œufs à nu et les détruire. Pour tuer l’insecte, on se borne à verser dans ses galeries de l’eau sur laquelle nage de l'huile. La Courtilière re- monte et est bientôt suffoquée; l'essence de térébenthine vaut encore mieux ; l’eau de savon noir réussit également bien. Les Criquets ne font pas dans nos jardins d’assez grands ravages pour qu’on s’en occupe ici; seulement, dans les régions et les an- nées où ils se jettent sur les récoltes, les jardins en sont aussi bien ravagés. Le seul moyen à employer contre eux est de détruire les adultes et de rechercher leurs œufs, qui sont réunis, au nombre d’un cent, dans une masse agglutinante. Orthoptères utiles. — Les Mantes, habitantes de l’Europe méri- dionale, sont carnassières, et ne se tiennent sur les buissons que comme dans une embuscade, pour guetter au passage les insectes qui passent près d'elles. QUATRIÈME ORDRE : THYSANOPTÈRES. Les Thysanoptères, insectes aplatis comme les Hémiptères, dif- fèrent toutefois de ceux-ci par la structure de leur bouche, et se 122 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. rapprochent des orthoptères; comme ces derniers, ils subissent des métamorphoses incomplètes et ne passent à l’état adulte qu'après plusieurs mues. Les Thrips et les Œlothrips se trouvent sur les Graminées; ils in- festent souvent les végétaux de nos serres chaudes, et attaquent les Oliviers. On les détruit, comme les autres insectes, par des lotions et des bassinages, ainsi que par des fumigations. On peut essayer les moyens généraux qui ont été précédemment indiqués. CINQUIÈME ORDRE : NÉVROPTÈRES. On distingue les Névroptères à leurs ailes larges, membraneuses, parcourues par un grand nombre de petites nervures brodant le tissu transparent de l’aile de nombreuses aréoles. Leur bouche est formée pour la manducation et armée de fortes mâchoires. Les Vé- vroptères subissent des métamorphoses incomplètes; la nympbe, qui ressemble à la larve, est douée de mouvement dans quelques groupes, et l’insecte en sort en fendant la peau qui le retient prisonnier. D’autres ont des larves immobhiles. On remarque, en général, d'assez grandes différences parmi ces insectes. N'évroptères nuisibles, — À peu d’exceptions près, les Névroptères sont carnassiers; cependant les Termites font d’étonnants ravages dans les bois de construction, surtout le Termite lucifuge; les Psoques sont. dans le même cas : ils rongent surtout le papier. Névroptères utiles. — Les Libellules, les Æschnes, les Agrions, sont carnassiers dans tous leurs états. : Les Fourmis-lions, très-communs dans nos pays, tendent des pié- ges aux autres insectes en se cachant au fond d’un trou en enton- noir, dans lequel tombent les insectes qui passent sur le plan in- cliné de ce trou. Dès qu'une victime est tombée dans le piége, la larve du Fourmi-lion Va saisit avec ses pinces et en suce toutes les parties liquides. Les Hémérobes attaquent, à l’état de larve, les Pucerons, au milieu desquels ils vivent, et en détruisent un grand nombre. NOTIONS GÉNÉRALES. 123 SIXIÈME ORDRE : HÉMIPTÈRES. Les Hémiptères ont une bouche en sucçoir et des ailes semi-co-— riaces et semi-membraneuses. Leurs métamorphoses sont incom- plètes : dans leur jeune âge ils ressemblent aux adultes, dont ils ne diffèrent que par la privation d'ailes. La plupart vivent du suc des végétaux. Hémiptères nuisibles. — Nous ne parlerons pas des vraies Coche- nilles, qui sont l’objet de soins particuliers et que l’on recherche dans les arts et la teinture. | Les Aphis, ou Pucerons, sont les plus dangereux ennemis des vé- gétaux; malgré l’exiguité de leur taille, les ravages qu'ils exercent sont considérables. Tantôt ils épuisent les plantes par leurs succions, tantôt ils détournent la séve et amènent, par des extravasions, des excroissances qui nuisent au développement du végétal. La fécon- dité de ces insectes est telle, qu'une seule femelle peut, dans le cours d’une année, devenir la souche de 200,000 individus. Le plus dangereux et le plus commun est le Puceron du Rosier, qui attaque non-seulement ces arbrisseaux, mais encore un nombre considérable de végétaux tendres. Le Dryophile attaque le Cornouiller, la Vigne, le Fusain, le Ner- prun, l’Oranger, le Noyer, le Poirier, le Pêcher auquel il cause la cloque, le Pommier, le Cerisier, le Laurier-Rose, le Sureau, etc. Il ne faut pas croire que, malgré un air de ressemblance qui rap- proche ces petits êtres Les uns des autres, ce ne soit qu'une seule et même espèce ; suivant les plantes sur lesquelles ils vivent, ils affec— tent une forme particulière, sans que pour cela néanmoins leur as- pect général soit changé. On doit donc seulement dire que le Puce- ron est l'ennemi de tous nos végétaux cultivés, d'ornement ou d’uti- lité, et que les naturalistes, l'œil armé d’une loupe, ont constaté chez les divers parasites de ce genre établis sur des plantes différentes, des dissemblances plus ou moins grandes, qui les ont déterminés à leur donner des noms particuliers. C’est ainsi que, bien que le Puceron dryophile paraisse la souche de ces myriades d'insectes 124 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. qui nuisent à nos jouissances par leur parasitisme, on a donné les noms : | d'Avis caprifolii à celui des Chèvrefeuilles, — loniceræ à celui du Lonicera, — sambuci à celui du Sureau, etc. Le Puceron des Hétres est remarquable par la longue fourrure blanche qui le couvre. Le Puceron des Groseilliers se multiplie dans de telles propor- tions, qu'il fait recroqueviller toutes les feuilles de cet arbrisseau ; il ajoute à ses propres dégâts ceux causés par les Fourmis qu'il attire. Voici un moyen indiqué comme infaillible pour les détruire. On prend du papier non collé, on le trempe dans une solution d'azotate de potasse (salpêtre), puis on y fait adhérer du tabac ; on le roule ensuite sur un mandrin, de manière à en faire un cylindre, on en colle les bords et on le laisse sécher, Quand on veut s'en servir, on attache ce cylindre par un de ses bouts à la plante couverte de Pucerons, on met le feu à la partie inférieure, et le papier, en brülant, laisse échapper, souvent pendant très-longtemps, une fumée, plus persistante qu'épaisse, qui suffoque les Pucerons. Nous conseillerons de tremper le papier dans une solution de poudre à tirer, de mettre à l’intérieur, en l’y faisant adhérer par un léger ami- donnage, du soufre en poudre, et d'en faire des cylindres qu'on tiendrait en réserve et qui ne peuvent manquer leur effet. Ils coù- teraient moins cher que le cylindre au tabac. On assure qu'en sau- poudrant d’Ichthyoguano (espèce d'engrais) les végétaux chargés de Pucerons, on les en délivre. Le Puceron lanigère cause d'immenses dégâts dans les plantations de Pommiers. La destruction de cet insecte est d'autant plus diffi- cile, qu'il est recouvert d'une espèce de duvet, lequel le rend im— perméable , et empêche l’eau des bassinages et celle des pluies d'agir sur lui. Le brossage à l’eau de chaux est le meilleur moyen. D’après M. Raspail, une dissolution d’Aloès dans de l’eau , em- ployée en lotions ou en bassinages, suffirait pour faire périr tous ces insectes. NOTIONS GÉNÉRALES. 45 Le Tamarise et la Clématite sont la proie d’un Coccus particulier (Grallinsecte), qui attaque aussi le Tulipier, le Myrte, le Buis, le Pé- cher et le Prunier. Le Coccus Vitis compose son nid d’une masse cotorineuse sécrétée par la femelle, qui repose dessus et couvre de son corps les œufs destinés à régénérer l'espèce. Quand une treille est attaquée par ce Gallinsecte, elle dépérit; le Raisin se dessèche, et la mort ne tarde pas à la frapper. On n’a d’autre moyen de s’en préserver que d’enle- ver, par l’épamprement, les feuilles sur lesquelles l’insecte s’est établi, opération un peu longue peut-être, mais dont le profit compense amplement les frais. La Cochenille de l'Oranger est un insecte fort nuisible, qui attire aussi tes Fourmis sur l'arbre qu'elle habite. Le Kermès de la Vigne attaque également l'Oranger, le Néflier, le Poirier et le Prunier. | L'Aspidiote de la Rose est un Gallinsecte qui diffère des Coche- nilles par le duvet blanc et laineux dont son corps est couvert. Il vit sur le tronc de l’arbuste, qui en est quelquefois si infesté qu’on le croirait chargé de moisissure. C’est encore une espèce d’Aspi- diote qui détruit les végétaux que nous élevons dans nos serres. La Psylle du Buis s'attaque aux jeunes feuilles de ce végétal, les- quelles, comme on le sait, sont appliquées l’une contre l’autre; il les force à s'arrondir en demi-sphère, servant de berceau à une génération nombreuse. La Psylle de l'Olivier se développe dans la fleur, dont elle tire la séve et fait avorter le fruit. Elle se cache sous une enveloppe cotonneuse. La Psylle du Fiquier détermine la for- mation des galles qui se développent sur la nervure principale des feuilles. On trouve cet insecte sur le Laurier-Rose, dont il est un des plus redoutables ennemis, et sur le Laurier-franc. La Cochenille du Saule est aussi celle du Tamarisc. Cet insecte, qui envahit les jeunes branches, et cause les plaies cancéreuses qui couvrent le tronc de ces arbres, est un fléau des plus destruc- teurs. Les liquides indiqués dans le préambule de ce chapitre peuvent suffire pour qu'on se débarrasse de ces parasites voraces. On dit aussi avoir employé l’eau de chaux avec succès. 126 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Les individus du genre Ledra, entre autres l'Aurita, vivent sur le Noisetier. La Penthimia atra, petit insecte d’un noir profond, vit en para- site sur la Vigne et joint ses dégâts à ceux des autres ennemis de ce végétal. La Miris du Tilleul vit sur le tronc de cet arbre, ainsi que sur le Peuplier et sur le Coudrier. Le Thrips de l'Ortie attaque la Vigne. Les Tingis, connus sous le nom de Tigres, vivent sur nos végé- taux, et entre autres sur le Poirier, dont le Téngis Pyri est un des parasites. Les Lygées sont essentiellement phytophages : elles couvrent le plus souvent les plantes d’une manière incommode, et c'est dans nos potagers qu'elles sont le plus communes, surtout la Lygée mi- litaire, qui attaque nos Choux et nos autres légumes. Le Lygæus nassatus est un des ennemis du Rosier ; il pique les tiges herbacées, les fait recoquiller et en fait avorter les fleurs. Le Pentatome orné est un parasite de nos Choux. Les autres espè- ces, connues sous le nom général de Punaises de bois, vivent sur les végétaux, dont elles pompent le suc au moyen de leur longue trompe. | L'Arade vit sous l'écorce du Bouleau. La Cigale Hématode est commune sur les Vignes du Midi. La Aéduve annulée suce la séve de l'Orme. Le Blastophage du Sycomore détruit les bourgeons de cet Érable, tandis que le Capse rose, qui épuise, par ses succions répétées, le parenchyme des feuilles de l'Érable commun, se trouve aussi sur le Poirier. Le Phytocoris à grandes cornes vit sur le Poirier; il pompe le suc des feuilles de cet arbre. La Scutellaire variée de noir vit dans les fleurs du Pommier. La Tettigonie du Rosier se nourrit de la séve de cet arbrisseau et lui fait beaucoup de tort. L'Aphrophore écumante se trouve à la fois sur le Rosier et sur le NOTIONS GÉNÉRALES, 127 charmant arbuste du Japon qu'on appelle Weigelia; elle s’at- taque également au Saule. La Cercope ensanglantée se trouve sur le Saule. Hémiptères utiles. — Les Népes et tous les individus de la même tribu sont carnassiers et ne vivent que de proie. Les /éduves ont des mœurs semblables; tels sont les Pirates, dont le type est le Aer stridule, le Prostemma quttula, les Nabis et les Phymates. SEPTIÈME ORDRE : LÉPIDOPTÈRES. Dire que les Lépidoptères forment la grande famille connue sous le nom de Papillons, c’est en donner une description suffisante. Leurs métamorphoses sont complètes. A l’état de larves ou de chenilles, les Lépidoptères dévorent les végétaux ; ils sont souvent si multipliés, qu'on peut les considérer comme les plus redoutables ennemis de nos jardins. Les femelles déposent leurs œufs sur les plantes qui doivent ser- vir de nourriture à leurs chenilles. Dans la plupart des circons- tances, ces œufs sont disposés par plaques et adhèrent au végétal par une substance glutineuse; d’autres les enveloppent d'une espèce de coton qui les met à l'abri des intempéries des saisons et les pro- tége, lors de l’éclosion, contre les chances de destruction. Nos potagers et nos fruitiers sont le théâtre des ravages des Lépi- doptères; c'est done à ces redoutables adversaires de nos récoltes qu'il faut faire une chasse active, infatigable. Les larves sont détruites par les arrosements faits avec des disso- lutions de suie, de substances sulfureuses ou alcalines, et par les fumigations, quand elles vivent isolées; lorsqu'elles sont réunies, en masse, comme les Chenilles processionnaires, on en détruit un grand nombre par l'échenillage. Les Papillons doivent être poursuivis à outrance, sans égard pour leurs brillantes couleurs et leurs gracieuses allures. Ce sont des en- nemis que nous devons détruire sans merci, parce que leur inno- cence à l’état adulte, où ils ne vivent que du miel qu'ils puisent 128 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. dans le nectaire. des fleurs, n'empêche pas leur ravage à l’état de larve, et ces larves sont les véritables ennemis de nos plantes. Lépidoptères nuisibles. — On en trouve dans toutes les classes de Papillons. PAPILLONS DIURNES. — Le Machaon, cet élégant porte-queue, est très-commun chez nous. Sa chenille, verte avec des taches jaunes, dévore les feuilles des Carottes. Le Piéride du Chou, ce Papillon blane si commun dans nos jar- | dins, dont la chenille velue est jaunâtre, avec trois bandes noires, vit aux dépens de nos Choux. On sait que ces Crucifères à feuilles compactes recèlent dans leurs replis cet ennemi dangereux. La Leucophasie de la Moutarde s'attaque à cette Crucifère. Les Vanesses, dont le Paon de jour est le plus beau représentant indigène et dont la chenille est noire et pointillée, vit sur le Cerisier. L'Argynne Euphrosyne, dont la chenille anguleuse est garnie, sur le dos, de deux rangées de tubercules, vit sur l’'Oranger. Le petit Sylvain, à chenille verte, garnie d’épines charnues et rameuses, vit sur le Chèvrefeuille. Le Syrichte de la Mauve dévore les Malvacées. L'Hespérie Actæon, dont la larve est très-reconnaissable, en ce qu'elle a la tête un peu fendue, se transforme dans une feuille d'O- ranger roulée. | La Tortue dumicole, dont la chenille est couverte de points tu- berculeux surmontés chacun d’un poil, roule en cornet les feuilles du Lierre dont elle se nourrit. Elle s'y métamorphose sans former de coque, et se borne à tapisser de soie l'intérieur de sa demeure. PAPILLONS CRÉPUSCULAIRES. — Dans la famille des Zygènes, on doit citer le Procris de la vigne, dont la larve concourt à la des- truction de nos vignobles. Les Zygènes de la Filipendule, dont la Chenille, jaune verdâtre, est marquée de quatre rangées de taches noires, vit aussi sur les Légumineuses. Le Laurier-Rose a pour parasite une espèce de Détléphile, appelée le Sphinx du Laurier-Rose. Une espèce du mêmegeure, le Déiléphile Elpénor, atlaque la Vigne. NOTIONS GÉNÉRALES. f 129 Le Sphinx du Troëne attaque à la fois cet arbuste et les Lilas. Sa chenille est d’un vert tendre avec des bandes violettes. La Sésie tipuliforme vit à l'état de larve dans l’intérieur de la tige des Groseilliers, où elle se métamorphose. La Déiléphile Célério et le Procris ampélophage font des ravages parfois considérables. Le dernier est commun dans l'Italie septen- trionale. L'Achérontie A tropos ou Sphinx à tête de mort se trouve dans nos plantations de Pommes de terre. La larve du Smérinthe du Tilleul vit principalement sur les Ormes. Papillons nocturnes. — Les Bombyx ne prennent aucune nour- riture à l’état parfait; mais leurs larves, souvent fort grosses, ne sont pas moins voraces que celles des autres lépidoptères. On peut facilement en détruire un grand nombre en mettant des femelles dans une cage à barreaux écartés; elles ne manquent pas d'attirer les mâles, qui viennent, conduits nous ne savons trop par quelles émanations, de distances considérables. Le Grand Paon de nuit (Attacus pavonia major), le plus grand Papillon de nos pays, vit sur les Ormes et les Érables. La che- nille, qui est fort grosse, est d’un beau vert et garnie de tubercules étoilés d'un bleu tendre. | Les Bombyx processionnaires, dont les larves sont si communes et si dévastatrices, sont très-voraces. On leur a donné le nom de processionnaires. parce que, dès que l’une de ces chenilles se déplace, toutes les autres la suivent. Elles sont communes sur le Chêne. Le Bombyx-livrée, dont la Chenille est rayée de bandes bleues et rouges, est très-commun dans nos pays et vit sur nos arbres fruitiers, de même que le Lasiocampe feuille morte, dont la chenille grise et velue porte un double collier bleu. L'espèce la plus commune, celle qui a provoqué la loi sur l’éche- nillage, est le Liparis ou Bombyx cul- brun. Sa chenille velue, de couleur obscure avec des taches rougeûtres, vit sur les arbres fruitiers, dont elle dévore les bourgeons et les feuilles. Il pré- 9 130 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. sente cette particularité, que ses œufs pondus à la fin de l'été éclosent presque aussitôt; les larves passent l'hiver à l'abri du tissu de soie dont elles s’enveloppent. Il faut les détruire avant leur dispersion; car, dès que la végétation commence , elles se séparent et vont vivre chacune séparément sur l'arbre qui leur a prêté son abri. La Zeuzère du Marronnier d'Inde vit à l’état de chenille dans l’in- térieur du tronc de cet arbre, et se transforme dans le bois où elle a vécu. L'Attacus du Charme, qui vit en société dans son jeune àge, se transforme dans des coques d’un tissu très-solide, et est un des pa- rasites de l’Oranger. Le Dasychère pudibond, dont la chenille est reconnaissable aux deux vésicules rétractiles qu’elle porte à l’extrémité du dos, vit en parasite sur les Noyers. L'Orgie antique à chenille velue est l'ennemie de nos Rosiers. Les Limacodes dévorent, à l’état de larves, les racines des plantes. Les Hépiales sont également radicivores, et la plus commune est une ennemie du Houblon. Le Dilobe à tête bleue vit sur l'Aubépine. Les Triphènes vivent aux dépens des Crucifères et sont com- munes dans les jardins. La Brassicaire où l’'Omicron nébuleux , dont le véritable nom est Hadène des champs, vit à l’état de larve sur nos Choux. Cette chenille est d’un vert obscur avec des taches noires. La Leucanie pâle est parasite de l'Oseille. La Chariclée du Pied d'alouette vit à l'état de larve sur la plante dont elle porte le nom. On a donné aux chenilles de certains lépidoptères le nom de che- nilles arpenteuses et de géomètres, à cause de leur démarche singu- lière, parce que, quand elles veulent avancer, elles fixent les pattes antérieures, rapprochent les pattes postérieures de manière à for- mer de leur corps une sorte d’anneau, et renouvellent cette manœu-— vre chaque fois qu’elles veulent se porter en avant. La Geometra certata vit, à l'état de chenille, sur l'’Épine-Vinette. + NOTIONS GÉNÉRALES. 131 La Bourmie jardinière Vi sur le Tulipier. Quand elle est au repos, elle se dresse en restant tenue par la queue seulement, ce qui lui donne l'apparence d’une branche sèche. L’'Aspidie d'Udmann vit en société sous sa première forme. Ses larves réunissent en paquets les feuilles du Rosier et s’en nourris- sent. Elles se métamorphosent dans un tissu commun composé de mousse et de feuilles sèches. Les espèces du genre Ænnomos vivent sur nos arbres fruitiers et sur les Tilleuls. Le type du genre Xérène vit sur le Groseillier, ainsi que l’'Halia wavaria et V'Acidalie hastée. Les Pyrales, si communes partout et qu'on voit voltiger le soir autour des lumières, sont connues sous le nom de Tordeuses, parce que la plupart de leurs chenilles roulent en cornet les feuilles dont elles veulent se faire un abri. La plus nuisible est celle de la Vigne ; elle cause des dégâts considérables à l’état de larve, mais est facile à détruire quand on connaît quelque peu ses mœurs. La femelle dépose ses œufs par plaques à la surface des feuilles vers le mois d'août, et c'est surtout dans cet état qu'il faut la surprendre; car quand elle est éclose, elle fait des ravages incalculables. Elle réunit non plus en cornet, mais en paquets informes, au moyen de ses fils, les feuilles et les grappes, et anéantit ainsi l'espoir de la ré- colte. Il faut donc, quand on s'aperçoit de la présence de la Pyrale, en rechercher les œufs avec soin. Quant à l’insecte parfait, on peut en détruire des quantités considérables au moyen de feux allumés le soir et à la flamme desquels il vient se brûler. L'Argyresthie et le Microptéryx sont des Tinéites qui s’attaquent aux feuilles du Cornouiller, et y passent leur vie jusqu'à leur méta- morphose. La Teigne de la Clématite vit et se métamorphose dans un four- reau fusiforme ; elle est nue, a les pattes très-courtes, et le premier anneau couvert d’une plaque cornée. L’Incurvaria capitella est un des nombreux parasites du Gro- seillier. La Lyonnétie du Marronnier d'Inde vit à l’état de larve en minant, 132 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. et rongeant, entre les deux surfaces, le parenchyme de la feuille du Tilleul. On pense que c’est à la Teigne de la Vigne qu'on croit devoir attribuer la pourriture de cet arbuste. Le Cochylis roserana est parfois aussi nuisibie que la Pyrale. Les feuilles de l’Érable sont souvent minées par la larve de la Gracillaire hémidactylelle, qu’elle roule sur elles-mêmes. L' Yponomeute padella, commune sur les arbres de la famille des Rosacées, enveloppe de ses fils de soie les feuilles et les tiges, et fait des ravages considérables dans les plantations de Pommiers et de Poiriers. Il n'y a pas dans cet ordre un seul insecte qui soit utile pour la destruction des lépidoptères phytophages. Tous sont de dangereux parasites ; c’est pourquoi il faut les détruire dans tous les états où on les rencontre, mais s'adresser de préférence aux Papillons, puis aux œufs. Nous ne nous étendrons pas davantage sur le chapitre des Lépi- doptères; nous en avons cité un assez grand nombre pour prouver que tous sont nuisibles, mais que c'est dans les Nocturnes que les végétaux rencontrent le plus d'ennemis. Le feu et la flamme, auxquels se brülent les Nocturnes et les Crépusculaires, la chasse attentive, l'éducation ou la protection d'insectes et d'oiseaux qui sont leurs ennemis, sont les moyens d'arrêter les ravages de ces insectes. Quand il y a un trop grand nombre de plantes attaquées pour qu'elles puissent être traitées, 11 faut enlever les parties qui recèlent les larves ou les chrysalides et les brûler; mais la chasse, on ne saurait trop le répéter, est le meil- leur moyen. HUITIÈME ORDRE : APHANIPTÈRES. Il n'y a dans cet ordre, dont la Puce commune est le type, que des parasites des animaux. NOTIONS GÉNÉRALES. 133 NEUVIÈME ORDRE : STRÉSIPTÈRES. Ce sont des parasites de certains hyménoptères. DIXIÈME ORDRE : DIPTÈRES. La Mouche commune est le type de cet ordre, qui a pour carac- tères : une bouche en suçoir composée de mandibules et de mà- choires, deux ailes seulement et les ailes postérieures souvent re- présentées par deux pelits appendices rudimentaires qu’on désigne sous le nom de balanciers,, et qui ne sont que ces mêmes ailes ré- duites à cet état par atrophie. Les larves des diptères sont entière- ment apodes, ou sans pattes, et connues communément sous le nom d'As#cots. Les métamorphoses des diptères sont complètes. Diptères nuisibles, — Les Tipules sont phytophages, et celle du Chou est un des parasites les plus communs de cette Crucifère. Leurs larves vivent en rongeant les racines de certains végétaux. Le Cténophore à antennes pectinées ronge, à l’état de larve, le bois des Noyers. Les Cécidomyes produisent sur les plantes qu'elles habitent des excroissances dues à l’extravasion des sucs végétaux, et déposent leurs œufs sur le végétal où elles ont élu domicile. On en trouve sur les Groseilliers, les Tilleuls, les Érables et les Rosiers, dont elles roulent les feuilles : on en rencontre quelquefois jusqu’à cinq ou six dans une seule feuille; il en est de même de la Cécidomye du Poi- rier et de celle du Pommier; les Saules et les Peupliers en nourris- sent plusieurs espèces. Le Téphrite de, Meigen se développe dans le fruit de l’Épine-Vi- nette et le Téphrite antique dans celui de l’Aubépine. L'Urophore des Cerisiers se nourrit de la pulpe de la Cerise. La Siphonelle des Noix vit dans l’intérieur du fruit. La Phytomyse obscure vit en mineuse dans l'épaisseur du paren- chyme des feuilles du Chèvrefeuille. A la tribu carnassière des Syrphes appartient le genre Mérodon, 134 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, dont une espèce, le Clavipes, dévore à l’état de larve le bulbe des Nareisses. La larve de l'Ortalis du Cerisier vit de la pulpe des Cerises; suivant Réaumur, ce serait de l’amande seulement. Le Dacus de l'Olivier se nourrit de la chair de l'Olive et détruit des récoltes entières. La destruction des diptères à l’état parfait, l’ablation des feuilles qui portent des galles et des excroissances ou que les Cécidomyes ont roulées, tels sont les moyens de détruire ces insectes, qui font souvent des ravages assez grands pour qu'il soit utile d'en dimi- nuer le nombre. Les liquides sucrés et empoisonnés par l’arsenic sont d'excellents moyens à employer. On peut aussi en faire périr un grand nombre en allumant le soir des feux clairs, à la flamme desquels ils viennent se brûler. Diptères utiles. — L'Asi/e crabroni forme, si commun chez nous, attaque les chenilles et une foule d’autres insectes, qu'il tue par une succion prolongée. La Volucelle bombylans dépose ses œufs dans les nids des Bour- dons, et les larves qui en sortent détruisent celles de ces hyménop- tères. Les larves des Syrphes sont très-voraces; elles dévorent les Pu- cerons et les chenilles, sans dédaigner les autres insectes. Le Psammorycter vermilio a des mœurs semblables à celles des Myrméléons, et prend au passage les insectes qui tombent dans les piéges qu'il leur tend. Les Conops vivent aux dépens des Bourdons, dans l'abdomen desquels ils subissent leurs métamorphoses. Une fois à l’état adulte, ils se nourrissent du suc des fleurs. Les Tachines passent la première époque de leur vie dans le corps de certaines chenilles, et s'y transforment en nymphes. Les Némorées et les Myobies ont des habitudes analogues. L'Ocyptère bicolore est parasite du Pentatome gris. Tels sont les principaux insectes qui sont, ou le fléau de nos Jar- dins, ou les auxiliaires que la nature à créés pour mettre un terme aux déprédations des espèces nuisibles. NOTIONS GÉNÉRALES. 1435 Ces indications sommaires sont destinées à faire connaître le double rôle des insectes, et à faire cesser l'indifférence avec laquelle on voit certaines espèces parasites voltiger autour de nos planta- tions, ou l’empressement que l’on met à détruire sans nécessité des auxiliaires qu'on devrait respecter. ARANÉIDES. La Grise, cet ennemi des Pêchers, n’est autre que l’Acarus tela- rius, qui vit en familles nombreuses, non-seulement sur les Pè- chers, mais encore sur les OEillets, les Dahlias, les Rosiers, les Me- lons, les Haricots, les Radis, les Carottes. Il épuise le suc des feuilles et Les fait tomber, après les avoir privées de leur séve ; ou, quand elles résistent, il les couvre d'une manière si complète, qu'on les croirait saupoudrées de craie. Ces agglomérations filamenteuses sont des fils sécrétés par l'A carus telarius, qui se tient au milieu de ce feutrage protecteur. Dans les années sèches, l’Acarus telarius fait des ravages terribles : on a profité de cette indication pour asper- ger abondamment les végétaux atteints par cet insecte; mais ce moyen n'agit pas toujours suffisamment pour faire disparaître le mal. Le meilleur moyen est de saupoudrer les végétaux attaqués avec de la suie, de manière à les en couvrir entièrement. Les propriétés caustiques de la suie et son odeur exaltée délivrent complétement de leurs dangereux parasites les arbres qui en sont couverts. Au bout de peu de jours, l’Acarus et le tissu feutré au milieu duquel il est établi s’enlèvent par écailles et ne tardent pas à tomber. Les Araignées coureuses, de la famille des Faucheurs, qui pom- -pent le suc des jeunes plantes, sont éloignées ou détruites par le même moyen. DES MOLLUSQUES. De tous les êtres de cette classe, 11 n'y a que les Gastéropodes qui soient nuisibles; mais, quelque grands que soient leurs ravages, ils 136 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. sont faciles à détruire quand on leur fait une chasse active : ce-- pendant les petites espèces, telles que certaines Lünaces, échap- pent plus facilement à l'œil à cause de leur petitesse. Le genre Hélice, Limaçon ou Escargot, est représenté dans nos cultures par plusieurs espèces également nuisibles : l’Æscargot des Vignes (Helix pomatia), à coquille jaunâtre et très-grosse ; la Jurde- nière ou Hélice chagrinée (H. aspera), dont la coquille est grise et rugueuse ; la Livrée (H. nemoralis), jaune, à bandes brunes ou noïi- res; toutes ces espèces peuvent être mangées sans inconvénient quand on est sûr qu’elles ne se sont pas nourries de plantes véné- neuses. Les Limaces, privées de test, sont également nuisibles, mais moins toutefois que les Æscargots, parce qu’elles vivent plus loin de nous. On a remarqué que ces mollusques adoptent certains végétaux sous lesquels ils se réfugient, et dont ils dévorent le feuillage, d'un bout à l’autre de l’année. Ils ne sont pas éloignés par ceux à odeur forte ou repoussante, tels que les Tagètes, les Millefeuilles, ou ceux dont les sucs sont délétères, comme certains Champignons véné- neux ; et ils recherchent les plantes vireuses de la famille des So- lanées, des Renonculacées et des Ombellifères, les Rutacées, les Labiées, les Composées, les Papilionacées, les Crassulacées, les Li- liacées, les Narcissées. L'observation que nous venons de consigner ici doit mettre les amateurs d’'Escargots en garde contre de graves accidents qui prou- vent qu’on ne peut pas impunément manger toutes les espèces, ou qu'avant de les ramasser, il faut s'assurer s’il n°y aurait pas dans le voisinage de végétaux vénéneux. Les plantes les plus communes au pied desquelles on est lou- ‘jours sûr de trouver des Zimacons sont: Lis blanc, Acanthe, Lis superbe, -Sauge, Lis du Japon, Jusquiame, Lis (surtout les bulbeuses), Tabac, Persicaire d'Orient, Datura. NOTIONS GÉNÉRALES. 137 Nous ne donnerons pas plus détendue à cette liste et nous nous bornerons à rappeler que les végétaux vénéneux, les Champignons même les plus délétères, ne sont pas à l'abri de la voracité de ces mollusques. Exclusivement phytophages, ils font de grands dégâts dans les potagers, où ils dévorent les salades et les herbes tendres, et dans les vergers, dont ils attaquent les fruits. On les éloigne en répan- dant sur le sol, autour des végétaux qu'on veut leur soustraire, de la cendre, de la suie, du sel, de la potasse ou de la chaux pulvérisée. La nudité de la surface sur laquelle ils rampent, l'irritabilité des tissus de tous Les êtres de cette classe, les rendent plus faciles à éloi- gner; mais, néanmoins, le meilleur de tous les moyens est la re- cherche qu'on en fait après les pluies : on en détruit plus par cette chasse que par tous les agents employés pour s’en délivrer. Un des meilleurs moyens employés pour protéger les plantes contre la voracité des Limacons, est d'offrir à ceux-ci des Laitues et des végétaux tendres, sur lesquels ils se jettent de préférence. On peut encore, pour les attirer, leur offrir l’abri de pierres dis- posées de manière à présenter le plus grand nombre possible de ca- vités obscures ; ils y chercheront un refuge et finiront par y déposer leurs œufs. Quand on voudra faire une chasse productive, on enlè- vera les pierres qui seront couvertes de Limaçons à tous les degrés de développement, et qu'on détruira par l’eau ou en les écrasant. Le petit coléoptère appelé Drile est un ennemi du Lémaçon né- moral, auquel on peut l’opposer. Un amateur anglais a préconisé l’emploi d’un cône de zinc, frangé au sommet et dont les dentures sont rabattues de manière à former comme un cheval de frise. Le bord supérieur est garni d’une lame de cuivre soudée en trois points ou attachée par quel- ques goupilles. Ce cône de zine, auquel on donne une longueur et une hauteur arbitraires, est placé autour de l’arbre ou de la plante qu'on veut préserver de la voracité des Limaces ou de tout autre Mollusque. Lorsque ces animaux, dont le corps est nu et humide, arrivent au point de contact des deux métaux, ils reçoivent une dé- 138 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. charge électrique qui les force à rebrousser chemin. Loudon essaya ce procédé et en confirma la réalité, ce _ donne du poids à cette découverte. Si ce moyen a l'efficacité qu'on assure, il serait appli- cable à plus d’une espèce d'insectes, bien qu'il faille l'intermédiaire d'un corps mouillé. Ce n'est, au reste, qu'un moyen d’amateur, inapplicable en grand. DES BATRACIENS ET DES SAURIENS. Parmi les Batraciens, la Grenouille est des plus utiles à conser- ver, quoique sa destruction dans un but alimentaire soit assez considérable. Loin de nuire, cet animal est un actif chasseur, et par conséquent un des auxiliaires de l’homme. Les Grenouilles vivent d'insectes de toutes sortes et sont très-friandes de Lima- cons, sans être arrêtées par le test, qui se dissout parfaitement dans leur estomac. Le Crapaud est dans le même cas : il ne se nourrit que d'insec- tes, et l’on doit lui pardonner sa laideur en faveur des services qu'il ne cesse de rendre à nos cultures. On a tort de le croire mal- faisant. La liqueur amère du Crapaud brun ne provoque aucun accident. Il faut reléguer parmi les fables ce qu'on dit de cet animal. Le Lézard est également un petit et intrépide chasseur de Mou- ches ; 1 en fait une grande et utile consommation. Les Salamandres, et en un mot tous les êtres de la classe des Reptiles, sont exclusivement insectivores ou plutôt carnivores, et l’on ne peut trop les respecter, car ils servent sans nuire. DES OISEAUX. La classe des Oiseaux présente, comme celle des autres êtres or- ganisés, des catégories très-distinctes: les uns sont nuisibles ab- solument, c'est-à-dire qu'ils font incessamment des dégâts sans compenser par des services le préjudice qu'ils causent aux jardins; d’autres sont à la fois nuisibles et utiles, c’est-à-dire qu'ils sont en NOTIONS GÉNÉRALES. 139 même temps granivores et insectivores; il en est qui sont purement insectivores. IT faut donc détruire les premiers, sans pitié pour leur plumage ou leur chant; il faut tolérer les seconds et les protéger aux époques où ils nous rendent des services, et entourer de la protection Ja plus efficace les troisièmes, qui sont toujours utiles. Oiseaux nuisibles. — Les Passereaux et tous les oiseaux coniros- tres, vivant de semences et de fruits, sont les plus redoutables en- nemis des récoltes de céréales et du produit des vergers ; ils sont à la fois voraces et intrépides, et l’on ne peut s’en débarrasser que par une chasse active faite à l'automne pour les Moineaux et les Gros-Becs; car, au printemps, les détruire serait une erreur pré- judiciable. Les Moëneaux nourrissent leurs petits de chenilles, dont ils font une destruction considérable. Les Grives mangent nos Raisins; les Merles détruisent nos semences; les Loriots, nos Cerises et nos fruits mürs ; les Alouettes, les grains répandus dans nos champs. Les Bouvreuils, si connus sous le nom de Coupe- bourgeons, font des ravages incalculables dans les pays où le Pom- mier est cultivé. Il faut donc les empêcher d'accomplir leur œuvre de destruction. Plus tard, ils rentrent dans la classe des insecti-granivores, et demandent à être épargnés en raison des ser- vices qu'ils rendent. Les Gallinacés, Poules, Dindons, Perdrix et Cailles, les Colom- bins ou Pigeons, sont également des ennemis de nos semailles et de nos récoltes ; mais d'autre part ils sont d’une utilité si grande à l'alimentation par eux-mêmes, que nous ne devons pas chercher à en éteindre les races. On détruit ces oiseaux au fusil, au piége, et en employant les appâts empoisonnés qui en font périr un grand nombre ; mais seu- lement quand la terre est couverte, car, tant qu’ils peuvent choisir leur nourriture, ils ne s'approchent des appâts qu'avec défiance. L'arsenic, la noix vomique, dans la dissolution desquels on met im fuser des graines ou de la mie de pain, et la pâte phosphorée sur- tout, sont les plus efficaces poisons. On en voit rester sur la place, après ingestion de ces substances, qu'il n’est pas d’ailleurs sans danger d'employer. 140 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. Oiseaux utiles. — Les oiseaux utiles méritent une attention par- ticulière : parmi les Passereaux, les Becs- ins, tels que les Fau- vettes, les Rouges-gorges, les Rossignols, les Lavandières, les Berge- ronnettes; parmi les Grimpeurs, les Coucous, et parmi les Fissiros- tres, les ÆHirondelles et les Engoulevents, ne vivent que d'insectes, dont ils font une immense consommation, surtout les Coucous, qui ne se nourrissent que de chenilles velues. La vie de ces oiseaux doit être respectée, car ils rendent de grands services ; et s'ils dis- paraissaient, soit par la destruction résultant du plaisir de la chasse, soit par uné autre cause, telle que le déboisement, les récoltes se- raient dévorées par les insectes. Il faut donc non-seulement res- pecter ces oiseaux, mais encore faciliter leur multiplication et dé- truire leurs ennemis. Il faut aussi empêcher les enfants, surtout ceux des campagnes, d'enlever les nids et de faire mourir les pe- tits des oiseaux. DES MAMMIFÈRES. Mammifères nuisibles. — Nos jardins ne sont habités que par un petit nombre de mammifères : ce sont surtout ceux qui viennent, à l'époque de la maturité des fruits, visiter nos espaliers et nos vergers. Le Lérot, le Rat, la Souris, le Campagnol, la Taupe, sont à peu près les seuls que nous ayons à redouter. Le Lérot attaque nos fruits mûrs et fait souvent de grands rava- ges dans nos vergers, qui sont sa résidence habituelle. C'est un joli. petit animal, à habitudes nocturnes, qui passe l'hiver dans un état de léthargie qu'on appelle hébernation. On le prend au piége, on le tue au moyen de fruits empoisonnés avec de la noix vomique, ou bien on l’assomme le soir à la lumière pendant qu'il cherche sa nourriture. Le Rat et la Souris nuisent plus aux récoltes rentrées dans la serre à légumes que les animaux qui font le plus de dégâts. On emploie contre eux : la souricière ou la ratière, qu'on amorce avec du lard, du fromage ou des noix rôties, la mort aux rats, les appâts mêlés à du verre pilé et de l’arsenic. On à inventé plusieurs sortes de piéges NOTIONS GÉNÉRALES. 141 quine sont pas si avantageux que les appâts empoisonnés. Nous ne conseillons pas les Chats, qui font dans les Jardins des ravages in- calculables. Le Campagnol se jette sur Les jardins voisins des bois, et outre les ravages résultant de sa nourriture, il y ajoute en fouillant le sol, dans lequel 1l creuse sans cesse de nouveaux trous. On emploie contre lui les mêmes moyens que contre les Souris. La Taupe, quoique insectivore et vivant surtout de Vers de terre et de larves d'insectes, parmi lesquels il faut compter les Vers blancs, compense ses services par ses ravages, en creusant des galeries qui bouleversent les semis et les plantations, en coupant les racines qui se trouvent dans la direction de ses galeries, et en arrachant les plantes dont elle garnit son nid. Quand la faim la presse, elle mange aussi des végétaux ; son organisation lui permet même de se nourrir de certaines plantes vénéneuses sans en être in- commodée, entre autres de Colchique. Ce n'est que dans les grands jardins, et surtout dans les vergers, que la Taupe apparaît et exerce son industrie destructrice, et l'on a surtout à la redouter quand les jardins sont fermés par une haie. On prend les Taupes au piége, en l’amorçant avec des Noix qu'on a mis tremper dans des substances vénéneuses ou tout simplement dans de la lessive. On peut les forcer à abandonner leurs galeries en y versant des huiles essentielles à odeur pénétrante, telles que l’huile essentielle de schiste, celle de térébenthine ou des eaux sulfureuses. Le plus sûr moyen, si le jar- din est grand et si les taupinières sont nombreuses, est d’avoir recours à un habile {aupier ; il vous en délivrera plus sûrement que ne le font les piéges et les appâts. | Mammifères utiles. La Chauve-Souris est un animal insectivore, dont l’hibernation ou le sommeil d’hiver correspond à la disparition des insectes. Comme ses habitudes sont nocturnes, elle ne chasse que les insectes qui volent le soir, et ce sont les Phalènes et autres lépidoptères qui sont l’objet de ses poursuites. C’est donc un animal digne de notre protection, et que nos paysans ont tort de détruire, en les clouant comme des êtres malfaisants à la porte de leurs de- meures. 142 HORTICULTURE POTAGÈRE ET FHUITIÈRE. Le Hérisson, trop connu pour être décrit, mérite nos égards, et devrait être à l'abri des persécutions : il pourrait être élevé dans nos jardins, où il serait d'autant moins gènant qu'il passe le jour caché dans les coins obscurs, et ne paraît que du crépuscule au lever du soleil. Il ne fait aucun mal à nos herbes potagères, mange à l’oc- casion des fruits tombés et des racines de Chiendent, mais chasse avec persévérance les Souris, les insectes, les Limacons, les larves des Hannetons. Dans les pays où la Vipère abonde, le Hérisson peut rendre de grands services, car il ne redoute pas les morsures de ce dangereux reptile et l'attaque hardiment. Dans les maisons, il chasse les Souris et dévore les Criquets, lés Blattes et autres insectes incommodes. Les Musaraignes sont trop peu répandues dans nos jardins pour qu'il soit utile de faire autre chose que de les mentionner. Il serait à désirer que nous pussions introduire dans nos pays le Myrmecobius de l'Australie septentrionale ; il nous délivrerait des Fourmis qui infestent nos jardins et nos bois. Nous ne parlons pas des Myrmécophages, qui sont trop gros et ne pourraient trouver dans nos pays une nourriture assez abondante pour leur appétit. FIN DES NOTIONS GÉNÉRALES D'HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. HORTICULTURE THÉORIQUE ET PRATIQUE LE JARDIN POTAGER. D F'ucmi “{ née EL 5 Hess PILE FN à à - prié de AGairal 2 amsn: D best dis Posruste pe teWthii né péréret et vos bots na cu tüdi ail fr Fa Mredérqase, eu inf log ous et 1 chere LES sn we Far lé ester eg clones peur Ler Pr FE L à ° EL tav {1 - 4 LI o \ LA " f 2 * . [ul LE JARDIN POTAGER. NOTIONS PRÉLIMINAIRES POUR LA DISPOSITION ET LA SUCCESSION DES CULTURES DU JARDIN POTAGER. | Disposition du jardin, Bien que, faute d'espace, on soit souvent obligé de réunir dans un même lieu le potager, le verger et le jardin à fleurs, nous de- vons parler de la disposition propre à chaque partie, comme si elle devait toujours être distincte. Les légumes croissent mieux lorsqu'ils ne sont pas ombragés par des arbres de toutes sortes garnissant les plates-bandes, et quand des cordons de vignes ne leur disputent pas la nourriture qu'ils récla- ment pour eux seuls. Il y a désaccord, contradiction même, entre les nécessités du potager et celles du jardin fruitier. A l’un il faut des labours profonds et complets, que le jardin fruitier redoute d'autant-plus, qu'il craint pour les racines de ses arbres des lésions dangereuses. En un mot, quand on le peut, il faut séparer ces deux genres de culture. Le potager doit être divisé en planches aussi multipliées que l’exigent la variété et l'abondance des cultures. On ne consacrera une portion de planche, à chaque légume, que si l'on ne peut faire autrement. Il y a dans la culture polagère un assolement, une ro- 10 146 LE JARDIN POTAGER. tation de culture qui doit être disposée de telle sorte que la même planche ne produise pas deux fois de suite le même légume ; et l’on aura soin de faire succéder les semis et les repiquages des plantes élevées en pépinière de telle sorte aussi, que la terre, constam- ment remuée, rajeunie sans cesse par des engrais. nouveaux, subs- titue sans interruption un produit à un autre, en un mot, que jamais le sol ne repose. La largeur à donner aux planches, qui sont des parallélogrammes de longueur arbitraire, quoique communément elles aient de 15 à 20 mètres, est de 1" 30, avec une distance de 35 centimètres entre chacune d'elles. Les allées pratiquées autour des carrés principaux auront au moins 60 centimètres de largeur, et elles seront bordées d'herbes à fourniture, telles que Persil, Cerfeuil, Pimprenelle, Sarriette, Thym, etc. On donnera à l’allée centrale une largeur plus grande : elle aura au moins 2 mètres, et celle qui fera le tour du jardin n'en aura que 1,40. On réservera un emplacement particulier pour les couches et les châssis ; d’autres planches seront exclusivement consacrées à la cul- ture des plantes élevées en pépinière. Près de l'emplacement où seront déposés les fumiers, on prati- quera un trou où l’on jettera les sarclures et tous les débris végé- taux destinés à servir d'engrais après leur conversion en terreau. Si l’on ne peut avoir un bassin au centre du potager, on disposera, le long des planches qui bordent la grande allée, des tonneaux qui recevront l’eau d’une pompe ou d'un puits, pour éviter la peine de faire un long voyage chaque fois qu'on remplira ses arrosoirs. De la succession des cultures, Pour donner un exemple de ce qu’il faut entendre par la succes- sion des cultures, nous présenterons le tableau de la production de six planches dans le cours d'une seule saison. 0 SUCCESSION DES CULTURES. 147 1 Exemple. Quatre récoltes successives. Février, On sème de la Carotte tardive et on contre -sème des Radis. Mai. Après la récolte de la Carotte et des Radis, on plante de la Chicorée demi-fine qui a été semée sur couche, Fin de juin. On repique dans la Chicorée quatre rangs de Céleri ture semé en mai. 2° Exemple. Quatre récoltes successives. Février. On plante des Choux cœur-de-bœuf semés en septem- bre, et l’on contre-sème, dans la même planche, des Épinards. 1° quinzaine de juin. Les Épinards et les Choux étant consommés, on repique quatre rangs de Romaine semée à la mi-mai. 2° quinzaine de juin. On repique dans la Romaine trois rangs de Poirée à cardes. 3° Exemple. Cinq récoltes successives. Février. On repique des Pois Michaux de Hollande qui ont été semés sur couche en janvier ou février. Mars. Dans la 1° quinzaine, on sème des Radis roses. Juin. On repique quatre rangs d’Escarole semée sur couche dans les premiers jours de mai, et plus tard on contre-plante des Choux- Raves, semés vers la fin de mai. Août. On sème des Épinards de Hollande. 4 Exemple. Deux récoltes, Février, On plante des Pommes de terre hâtives, Juin. On sème en place de la Chicorée de Meaux. 148 LE JARDIN POJAGER, 5° Exemple. Cinq récoltes. Juin. On plante quatre rangs de Laitue qui a été semée dans la {"° quinzaine de mai. Juillet. On contre-plante, dans la planche de Laitue, de la Chi- corée ou de l’Escarole semée dans les premiers Jours de juin, et, de chaque côté de la planche, on repique un rang de Choux de Vau- girard semés vers la mi-juin. Octobre. On repique de l’Oignon blane semé dans la 2° quin- zaine d'août, et l’on contre-sème de la Mâche. 6° Exemple. Trois récoltes. Mars. On plante de la Laitue rouge qui a été semée vers la mi-octobre, et l’on contre-plante des Choux-fleurs semés dans la 1 quinzaine de septembre. Juillet. On sème de la Raïiponce. + _ Nous ne multiplierons pas davantage les exemples : les précédents suffisent pour démontrer la possibilité de tirer de la terre un parti constant sans la laisser reposer un moment. On voit que les récoltes se succèdent sans interruption; qu'elles sont d'au moins deux sortes de légumes, et vont jusqu'à quatre et cinq. On peut obtenir encore plus de produits ; mais il faut pour cela une grande connaissance de la succession des plantes horticoles, c’est-à-dire de la durée exacte du temps nécessaire pour que chacune d'elles arrive à donner ses produits‘. L'art de l'horticulteur maraïcher consiste donc à ‘ En voici un exemple : après avoir préparé le terrain et planté ses Asperges, c’est-à-dire à la fin d'octobre, on place ses coffres, et l’on y plante de la Chicorée demi-fine. En novembre, décembre, janvier ou février, on remplit les sentiers et le bord des planches avec du bon fumier de cheval bien mélangé. Quand on est arrivé à la hau- teur des coffres, on pose les panneaux, et l'on remet du fumier dans les sentiers, de manière à ce qu'ils soient plus élevés que les panneaux. SUCCESSION DES CULTURES, 149 disposer ses semis et ses repiquages de telle sorte qu’une récolte succède immédiatement à une autre, et que, tandis qu'une récolte mürit ou se consomme, il y en ait une seconde qui se prépare. Les semis faits en pépinière ont pour but de tenir toujours prêtes des plantes en voie de développement, afin de profiter du moindre em- placement pour lui confier un végétal nouveau. Vingt ou vingt-cinq. jours après on commence à récolter ses Asperges, puis ses Chicorées ; on plante ensuite de la Laitue gotte et deux rangs de Choux-fleurs, Lorsque les Choux-fleurs sont récoltés, on enlève les coffres et l'on remet dans les sentiers la terre qu’on en avait tirée ; puis, quand les planches sont rétablies dans leur état primitif, on plante de la Chicorée; après on sème du Cerfeuil et des Mâches ; ce qui fait sept récoltes dans le cours d’une seule saison. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER. JANVIER. 31 jours. — Les jours croissent de 1 heure 6 minutes. Vents dominants : S.S. 0. COUCHES. Il faut soigner les couches, faire des réchauds, donner de l'air aux plantes cultivées sous châssis, quand le temps le permet ; chauffer les Asperges et les Ananas. On fait des meules à Champignons. Semis. Concombres. Choux hâtifs. Laitue à couper. Chicorée fine. Persil. — crêpe. Chicorée sauvage. ‘ Pois hâtifs. — gotte. Haricots à manger en Fèves. Romaine. vert. (On continue Poireau. Cresson alénois. jusqu’en mars.) Céleri (jusqu’en mars). Carottes. Choux d’'York et au- Choux-fleurs (à la fin Radis. tres. du mois). Melons. Plantations. Pommes de terre Kidney. Persil. Estragon. Haricot nain de Hollande. Laitue hâtive sous cloches. Oseille. PLEINE TERRE. Sur ados à bonne exposition : Romaine verte. Plantations. Choux-fleurs. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER, Semis. Parmi la Romaine : Carotte hâtive. Oignon. Fèves de marais, Poireau. Produits. COUCHES. Laitue à couper. Persil. Oseille. Cerfeuil. Pourpier. Estragon. Radis. Cresson alénois. Asperges vertes. PLEINE TERRE. Choux de Bruxelles. Scorsonères. — de Milan. Protégés par une Chervis. — cabus. couverture. Mâches. — à grosses côtes. Raiponces. Poireaux. Persil. Ciboule. Oseille. Salsifis. SERRE A LÉGUMES, Choux-fleurs. Courges. Navets. Céleri-Rave. Cardons. Betteraves, — ordinaire. Carottes. Pommes de terre. Barbe-de-capucin. Chervis. Oignons. Chicorée frisée. Panais. Salsifis, Potirons. FÉVRIER. 28 à 29 jours. — Les jours croissent de 4 heure 36 minutes. Vents dominants : S. 0. COUCHES. On réchauffe les couches anciennes, et l’on en élève d’autres. On détruit celles faites en décembre, et l’on en mêle les fumiers non consommés à du fumier neuf pour en faire de nouvelles. Semis. Chicorée fine. Haricots nains. Melons à châssis. Chicorée sauvage. Fèves. Concombres. Radis roses. Carottes hâtives. Aubergines (à la fin Choux-fleurs. Céleri-Rave. du mois). Laitues pommées. Choux rouges. Artichauts. Romaine Choux de Milan et ca- Pois à châssis. bus. 152 LE JARDIN POTAGER. Plantations. Laitue gotte. — crêpe. Romaine. Melon cantaloup hâtif. Concombres. Fraisiers à forcer. Choux-fleurs précoces. Asperges. Peu de chaleur. PLEINE TERRE. Semis. Carotte hâtive. Panais. Chicorée sauvage. Radis. Poireau. Salsifis. Choux cœur-de-bœuf. Laitue gotte. Oignons jaunes (à la Choux d'York. Épinards. fin du mois). Ciboule (jusq. mars). Cerfeuil. Artichauts (mi-février Pimprenelle. Fèves naines. jusqu'à la fin de Persil (jusqu’en août). Fèves de marais. mars). Oseille. Scorsonères. Plantations. Pois Michaux. Sarriette. Poireau (semé en sep- Pomme de terre hâtive. Ail. Échalotes. Thym. Topinambours ( ainsi qu’en mars). Crambé (semé en mars précédent). tembre en pleine terre, ou sur couche à la mi-décembre). On butte le Crambé, et l’on donne de l’air aux Artichauts et au — à grosses côtes. Choux-fleurs. SERRE A LÉGUMES. Barbe de capucin. Céleri. Produits. COUCHES. Radis. Estragon. Crambé. Laitue à couper. Asperges vertes. Cerfeuil. de crèpe. — blanches. Oseille. Persil. PLEINE TERRE, Choux cabus. Màches. Persil. — de Bruxelles. Épinards. Céleri. — de Milan. Oseille. Raiponce. Pommes de terre. Céleri. Cardons. Navets et autres ra- Chicorée. Potirons. cines. Escarole. Oignons. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER. 153 MARS. 31 jours. — Les jours croissent de 4 heure 50 minutes. Vents dominants : S. O. et 0. COUCHES. Les surveiller attentivement; les ombrer le jour et les couvrir la nuit, pour préserver les plantes de l’aclion du froid. Chicorée sauvage. Concombres. Baselle. Melons à chässis. Laitues gottes sous cloches, Semis. Tétragone. Tomates et Piments (à la fin du mois). Plantations. Melons. PLEINE TERRE. On enlève la couverture des Artichauts. Radis roses. Oignon blanc. Choux quintal. — de Milan. — verts. Pour les produits d’hi- ver, jusqu'en mai. Laitues-Romaines. Panais. Betterave (de la mi-mars jusqu’à la mi-mai). Céleri à couper. Épinards (tous les mois jusqu'à la fin d’octo- bre). Chou marin. Romaine blonde. Souchet comestible. Semis. Pois. Fèves. Chicorée sauvage. Pimprenelle. Bourrache. Corne de cerf. Cerfeuil (jusqu’en sep- tembre). Persil. Pois ridé. Poireau. Carotte demi-longue. Angélique (en août ou juillet). Plantations. Laitue rouge. Choux-fleurs. Asperges. Basilic. Coqueret. Potirons et Courges. Patates (on bouture les). Arroche (semis succes- sifs jusqu'en sept.). Chervis. Cresson alénois (semé ensuite tous les 15 jours jusqu’à la mi- août). Cresson vivace. Pissenlit. Lentilles. Marjolaine. Menthe. Oseille-Épinard. Rhubarbe. Sarriette. Pommes de terre, Ail. 154 Asperges. Radis. Raves. Persil. Oseille. Oseille. Épinards. Chicorée sauvage. Poirée. Carottes. Navets. Betteraves. LE JARDIN POTAGER. Produits. COUCHES. Cerfeuil. Laitues pommées. Carottes (semées en automne). PLEINE TERRE. Laitue-Passion. Cerfeuil. Persil. SERRE A LÉGUMES. (Il y reste peu de chose.) Pommes de terre. Oignons. AVRIL. Pois hätifs. Haricots. Choux-fleurs (semés en automne). Crambé (blanchi). Navets (pour les pous- ses tendres). Choux (Idem). Choux-Raves. Céleri-Rave. 30 jours. — Les jours croissent de 1 heure 42 minutes, Vents dominants : E. et N.E. C’est dans les premiers jours de ce mois que les arrosements com- mencent. Melons à cloches, Concombres. Cornichons. Melons (semés le mois précédent). COUCHES. Semis. Potiron jaune, Haricot flageolet. Cardons. Plantations. Aubergines. A l'air libre : Chicorée fine, Choux-fleurs. Patates, CALENDRIER DU JARDIN POTAGER. Choux-fleurs tendres (depuis la mi-avril jusqu'à la mi-mai). Choux de Bruxelles. — de Milan. — de Poméranie. Oignon blanc. Pois. Fèves. Artichauts (en place). Lentilles. Carottes. Radis. Raves. Épinards. Tétragone. Choux de Milan. — quintal, Artichauts (on œille- tonne les). Laitues. Chicorée frisée. Asperges. Laitue-Passion. Choux d’York. Choux-fleurs. Crambé. PLEINE TERRE. Semis. Laitues. Romaines. Céleri à couper. — Rave. Nigelle. Énothère bisannuelle. Potirons et Courges (en place). Cornichons juin). Concombres la mi-mai). Chenillette (en place). Capucine, Persil. Cerfeuil. (mai et (jusqu’à Plantations. Céleri (semé sur cou- che). Estragon. Oxalis (mi-avril). Produits. COUCHES. Choux-fleurs. Pois. PLEINE TERRE. Brocolis. Pois. Fèves. Oseille. Persil. 155 Chicorées (jusqu’en Juillet etle mois sui- vant). Chicorée sauvage. Pimprenelle. Oseille, Cresson alénois. Crambé (jusq. mai). Sarriette. Basilic. Thym. Raiïfort sauvage. A la fin du mois : Haricots flageolets. — bagnolets. Les Cucurbitacées. Ciboules. Potirons et Courges (de la fin d'avril à la mi- mai). Haricots. Cerfeuil. Oignon blanc. Choux (pour les pousses tendres). Navets (Idem). 156 LE JARDIN POTAGER. MAX. 31 jours. — Les jours croissent de 1 heure 18 minutes, Vents dominants : N. E., S. Ù, COUCHES. Semis. Cornichons. Chicorée fine (à l’air libre). Melons. Escarole (Idem). Plantations. Melons (jusqu'à la fin du mois). PLEINE TERRE. Semis. Betteraves. Oignons. Choux-Raves. Oseille. Choux-fleurs. Épinards. Choux de Milan. Pois. Céleri turc. Fèves. Radis roses. Laitue. Radis noirs. Romaine. Scolyme (mi-mai jus- qu’à la fin de juin). Carottes. Artichauts. Plantations. Choux de Bruxelles. Choux de Poméranie. Choux-fleurs. Tomates, Chicorée demi-fine et fine. Romaine blonde, Céleri-Rave. Potirons. Oxalis crenata. Produits. x COUCHES. Chicorée fine d'Ita- Choux-fleurs. lie. Melons. PLEINE TERRE. Asperges. Choux-fleurs. Pois, Brocolis. Féves. Crambé. Laitues. Raves. Choux d’York. Radis. cœur-de-bœuf. pain-de-sucre. Navets hâtifs. Céleri à couper. Poirée à cardes. Patates. Poirée, Pourpier. Persil. Cresson. Haricots nains et à rames ({re quinzaine). Chicorée toujours blanche. Cardons de Tours. Maïs à poulets. Pommes de terre. Basilic (exposition chaude). Coqueret. Tétragone (semée sur cou- che). Haricots. Concombres. Artichauts. Oseille. Persil. Cerfeuil. Estragon. Pimprenelle, Civette. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER, JUIN. 157 30 jours. — Les jours croissent de 18 minutes du 1er au 21, et décroissent de 4 minutes du 21 au 30. Vents dominants : S. O., 0O.S. O., O0. COUCHES. Les couches ne sont plus nécessaires dans ce mois, si ce n’est pour certaines plantes, comme les Patates, qu’on ne doit pas replan- ter plus tard que la fin de juin. PLEINE TERRE. La plupart des végétaux dont la production est prompte doivent être semés très-souvent, pour n'en pas manquer, et à l'exposition du nord, pour qu'ils ne montent pas trop vite. Les arrosements doivent être abondants. Chicorée de Meaux (pour l'arrière-sai- son). Escarole. Choux de Vaugirard. — de Milan. Raves. Navets. Choux-fleurs. Laitues tous (en semer les 8 jours). Romaine. Laitues (à l'ombre). Romaines (Idem). Choux — de Milan. de Bruxelles. verts. Aubergines. Semis. Carottes. Navets (à partir du 15). Oignon blanc. Céleri turc. Cerfeuil (semer tous les 8 jours). Fraisiers. Épinards (semer tous les 8 jours). Cresson alénois, Oseille. Plantations. Choux d’York,. Choux-Raves. Poirée à cardes. Céleri. Poireaux. Produits. COUCHES. Concombres. Raves (semis fré- quents). Radis roses. — noirs. A semer tous les 8 ou 10 jours, pour en prolonger la produc- tion : Pois. Haricots. Fèves. Escarole. Concombres. Citrouilles. Potirons. Tomates. Tomates. 158 LE JARDIN POTAGER. PLEINE TERRE. Abondance partout. Toutes les fournitures. Choux cœur-de-bœuf. Fèves de marais. Asperges (on cesse de les Choux cabus blanc. Laitues. couper vers le 20). Oignon blanc. Romaines. Artichauts. Épinards (bientôt rem. Chicorée fine d'été. Pois. placés par la Tétra- Raiponce (fin du Céleri banc. gone). mois ). Choux--fleurs (pour l'au- Haricots. tomne). JUILLET. 31 jours. — Les jours décroissent de 1 heure. Vents dominants : O., O0. S. O., S. 0. Il faut, dans ce mois, faire attention à l'apparition si funeste du Puceron. On arrache l'ail quand les tiges en sont flétries. COUCHES. Elles ne sont plus nécessaires, bien qu’on puisse encore y planter, à l’air libre, des Choux-fleurs, de la Chicorée et de l’Escarole. PLEINE TERRE. Les arrosements doivent être copieux. Semis. Choux de Milan. Radis. Cerfeuil, Choux verts (jusqu’en Chicorée. Pourpier doré. août). Escarole. Ciboule (à partir du Carottes. Romaine. 19), Navets. Raïiponce. Plantations. Chicorée. Escarole. Romaine. Semés dans les premiers jours de juin. Laitue. Choux-fleurs. Choux de Vaugirard, semés dans la 2° quinzaine de juin. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER, 159 Produits. PLEINE TERRE. Tous les légumes. Pommes de terre hâtives. Tétragone pour remplacer l'Épinard. AOUT. 31 jours. — Les jours décroissent de 1 heure 38 minutes. Vents dominants : O., 0. S. O., S. 0. COUCHES. On plante des Choux-fleurs sur les couches à Melons ; on fait des meules à Champignons. PLEINE TERRE. Semis. 1" quinzaine. Mâches (jusqu’à la fin d'octobre). Épinards de Hollande. Navets. 2e quinzaine. Oignon blanc. Romaine rouge d'hiver. Laitue-Passion, Cerfeuil. Choux d’York, — cœur-de-bœuf. — pain-de-sucre. — d'hiver et cabus. Produits. Tous ceux de la saison, si l’on a soin de maintenir la terre hu- mide. Maturité des Melons de la dernière saison. 160 LE JARDIN POTAGER. SEPTEMBRE. 30 jours. — Les jours décroissent de 1 heure 46 minutes. Vents dominants : S. O., 0.S. O., N. E. COUCHES. Plantations. Dans la 2° quinzaine. Laitue gotte (semée dans la 1° quinzaine). | Chicorée fine (à froid). PLEINE TERRE. Sur les ados ou côtières, Semis. Radis roses, Plantations. Laitue-Passion (semée dans la 2° quinzaine d'août). Romaine rouge d'hiver (Idem). Dans les planches. Semis. Choux-fleurs. Perce-pierre. Mâches, Choux d'York. Rhubarbe. Carotte hâtive. — cœur-de-bœuf. Chervis. Arroche (dernier se- Épinards. Pimprenelle, mis ). Poireau long. Cerfeuil. Bourracbe. Plantations. Fraisier des Alpes, — Keen’s Seedling. Angélique. Oseille-Épinard, éclats. On fait les meules à Champignons; on butte les Cardons, le Cé- leri et les Poirées à Cardes, pour les faire blanchir. Produits, Tous les légumes en abondance. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER. 161 OCTOBRE. 31 jours. — Les jours décroissent de 1 heure 47 minutes. Vents dominants : S. O., 0.S. O., O. Les premières gelées blanches étant à craindre dans ce mois, il faut surveiller les opérations horticoles. C’est en octobre qu'on éta- blit les premières couches. COUCHES. On chauffe les Asperges vertes. Semis. 1"e quinzaine. Laitue petite noire. Romaine verte maraichère, 2° quinzaine. Laitue rouge. — gotte. — Romaine blonde maraïchère. — — grise maraichère. Plantations. Chicorée fine. Semés dans les premiers jours de sept . Choux-fleurs. P J ptembre PLEINE TERRE. Semis. {re quinzaine. Épinards. 2e quinzaine. Oignon blanc et jaune. Cerfeuil. Mâches. Carottes. Cresson Alénois. Asperges. Plantations. Pommes de terre (pour récolte précoce). Fraisiers. Oignon blanc. Choux cabus (semés en août). Choux d’York (en pépinière). On coupe les vieilles Asperges ; on fait blanchir le Céleri et les Cardons ; on arrache les Souchets comestibles. 11 162 LE JARDIN POTAGER. Produits. Tous les légumes, excepté les Pois et les Fèves. Ceux qui sont le plus abondants, ou qu'on commence à récolter, sont : Chicorée frisée. Choux-fleurs. Artichauts. Céleri. Cardons. Choux de Bruxelles. Oignon Patate. NOVEMBRE. 30 jours. — Les jours décroissent de 1 heure 21 minutes. Vents dominants : S. O., 0.85. O., N. E. COUCHES. On chauffe les Asperges vertes ; on commence à chauffer les As- perges blanches. C’est le moment des couches à primeurs. Semis. Laitue Georges. Laitue crêpe. Choux-fleurs. — à couper. Romaine. Radis. — gotte. Plantations. Romaines vertes. On sème des Pois michaux en pleine terre, mais sous châssis. PLEINE TERRE. Plantations. Choux cabus. — d'York. Laitue de la passion. — brune d'hiver. On arrache et rentre en serre tous les légumes qui souffriraient de la gelée; on met en jauge les Choux pommés ; on coupe les têtes des Choux-fleurs, et on les suspend avec des ficelles dans un cel- lier ou dans une cave très-saine. CALENDRIER DU JARDIN POTAGER, 163 Produits. COUCHES. Asperges forcées. On peut aussi conserver en pleine terre une grande partie des lé- gumes de la saison, surtout les racines. PLEINE TERRE. Oignons. Cardons. Chicorée. Choux-fleurs. Escarole. Céleri. Choux de Bruxelles. Pommes de terre. On récolte les Betteraves et les Chervis, et l’on commence à faire la Barbe de capucin. DÉCEMBRE. 31 jours. — Les jours décroissent de 21 minutes du 1er au 22, et croissent de 5 minutes du 22 au 31. Vents dominants : S, O., 0., 0. S. O., N. E. COUCHES, On continue de chauffer les Asperges. On met des panneaux sur toutes les couches à primeurs, et l’on fait les réchauds et couver- tures. Semis. {re quinzaine. Radis hâtifs. Raves hâtives. 2e quinzaine. Poireau. Carotte courte hâtive. Haricots. Pois michaux. Fèves de marais. Concombres (on continue jusqu’en mars). Plantations. Laitue petite noire. Pois (semés dans les premiers jours de novembre). Oseille. 164 LE JARDIN POTAGER. PLEINE TERRE. Plantations. Choux d’York et cabus (semés en août). Mettre en jauge les Brocolis ; couvrir le Persil ; donner pendant le jour de l’air aux Artichauts chaque fois que le temps le per- met ; terreauter la Civette. Produits. COUCHES. Radis. Persil. Cerfeuil. Laitue à couper. Estragon, Asperges. PLEINE TERRE. Choux de Bruxelles. Scorsonères. Épinards. — de Milan. Mâches. Cerfeuil. — à grosses côtes. Raiponces. Persil. Salsifis. SERRE A LÉGUMES. Carottes. Chicorée. Céleri. Navets. Barbe de capucin. Cardons. Betteraves. Escarole. Choux-fleurs. Panais. Choux. PLANTES POTAGÈERES. CULTURE PARTICULIÈRE A CHAQUE PLANTE. ORDRE ADOPTÉ. Pour ne pas séparer les plantes qui ont des affinités soit natu- relles, soit comestibles, nous croyons pouvoir sans inconvénient substituer à l’ordre alphabétique général (que l’on trouvera d’ail- leurs établi au moyen d'une table) des divisions fondées sur ces mêmes affinités. Ainsi, nous établissons dans les légumes dix sec- tions qui formeront pour nous autant de chapitres, et qui sont : 1° Plantes à racines alimentaires. 9° Plantes à tubercules alimentaires. 3° Plantes à bulbes alimentaires. 4° Plantes légumières à bourgeons, à inflorescences et autres parties alimentaires. 5° Herbes potagères. 6° Plantes pour salades. 7° Gousses et graines légumières. 166 LE JARDIN POTAGER. 8° Plantes condimentaires. 9° Cryptogames alimentaires. 10° Fruits légumiers. L'ordre alphabétique n’est employé que par section ou chapitre. On conçoit que cette distribution est dépourvue de toute préten- tion scientifique, et que l’on a seulement voulu , autant que pos- sible, réunir les plantes par similitude d'emploi. Nous indiquons d’ailleurs la famille à laquelle chaque plante appartient. CHAPITRE PREMIER. PLANTES A RACINES ALIMENTAIRES. Arraeacha comestible. Arracacha esculenta, D. C. — Conium arracacha, Hook. (Ombellifères.) Vivace. Cette plante à racine a été préconisée comme succédanée de la Pomme de terre, parce qu’en effet, dans son pays natal, l'Amérique du Sud, elle est cultivée comme végétal alimentaire; mais, malgré de nombreux essais, on n’a pu encore parvenir à l’introduire dans la culture en Europe. Nous croyons qu'il faut attribuer cet insuc- cès au mauvais mode de culture appliqué par les expérimentateurs. On s’est attaché surtout à la production de la graine pour la pro- pagation, et cette production est très-difficile, même dans le pays de l’A rracacha ; cette plante ne peut se multiplier que par boutures de section du collet de la racine. Voici, au reste, ce qui en a été dit par De Candolle, d’après M. Var- gas, médecin à Caraccas : « Les colons espagnols lui donnent le nom d’Apio, à cause de sa ressemblance avec l’Ache et le Céleri ; le collet de la racine donne naissance à quelques tiges et à des feuilles grandes, munies d'un pétiole creux et divisés en segments nombreux. Les racines sonl divisées en plusieurs branches épaisses qui, lorsque le terrain leur est favorable, acquièrent la grosseur d’une forte corne de vache. Cette racine s'accommode comme les Pommes de terre; elle est 168 LE JARDIN POTAGER. extrêmement agréable au goût, plutôt compacte que farineuse ; elle est si délicate, qu’elle exige très-peu de cuisson ; sa digestion est facile, et l'on en recommande l'emploi aux convalescents et aux per- sonnes dont l'estomac est débile. Réduite en pulpe, cette racine entre dans la composition de quelques liqueurs fermentées que l’on regarde comme stomachiques. Dans plusieurs parties de la Colombie, l'emploi de cet aliment est aussi universel que celui des Pommes de terre en Angleterre. « L'Arracacha exige un terrain noir, meuble et profond, qui se prête au développement de sa racine. Pour la propager, on coupe la racine ‘ en pièces de manière à laisser à chacune d'elles un œil ou bourgeon, et on les plante dans autant de creux séparés. Après trois ou quatre mois de végétation, les racines sont assez développées pour servir à l’usage de la cuisine ; si on les laisse plus longtemps en terre, ces racines acquièrent une immense dimension sans rien perdre de leur saveur. La couleur en est blanche, Jaune et pourpre; mais toutes ces variétés sont de même qualité; la plus estimée est celle que l’on trouve à Lipacon, village à dix lieues au nord de Santa-Fé de Bogota. « Comme les Pommes de terre, les Arracachas ne peuvent vivre dans les lieux trop chauds; elles y poussent trop en tiges, et les racines deviennent insipides. Dans les pays tempérés elles réussissent mieux, et mieux encore dans les parties les plus froides de la Co- lombie, où la chaleur moyenne est de 58 à 60 degrés de Fahrenheit (environ 12° de Réaumur ou 15° C.) ; c’est là que la racine prend le plus de développement et acquiert la saveur la plus délicieuse, circonstance très-importante pour l’Europe, où nous pouvons ainsi espérer de voir se naturaliser un jour ce légume précieux. Une racine qui, dans le pays natal de la Pomme de terre, peut rivaliser avec elle, mérite toute notre attention. Cette naturalisation pourrait devenir spécialement importante pour l'Italie et l'Espagne; car l’on sait que, dans les parties chaudes de l'Europe, la Pomme de terre réussit moins bien que dans les parties froides ou tempérées. » 1 C'est-à-dire le collet de la racine. RACINES ALIMENTAIRES. 169 Betterave (PI. I, fig. 1 et2). Beta vulgaris, Lin. (Atriplicées-Cycloiobées.) — Bisannuelle. PLEINE TERRE. — Semis. On sème la graine de Betterave de la fin de mars au commencement de mai, soit en lignes, soit à la volée, en terre meuble et profonde amendée par des fumiers bien consommés ou fumiers de l’année précédente. On arrache les plants superflus quand ils ont cinq à six feuilles, en ayant soin de laisser entre ceux qui restent au moins 30 centi- mètres de distance : le volume de l'espèce semée détermine l'écar- tement à laisser entre les plants. Quand il y a des places vides, on les remplit par des plants qu’on repique à distance, et quelquefois même on sème ses Betteraves en pépinière, et on les met en place quand la racine est déjà formée. Culture. La culture se borne à des binages répétés et des arro- sements quand la terre est trop sèche. Récolte. À la fin d'octobre ou au commencement de novembre. Les feuilles tendres, qui font d'excellents Épinards, peuvent être récoltées successivement depuis le mois de septembre jusqu'au mo- ment de la récolte des racines. Il faut avoir soin de ne pas les enle- ver toutes, car on nuirait au développement de la racine. Conservation. On rentre les Betteraves, dont les feuilles ont été coupées, soit dans la serre à légumes, soit dans un cellier ou dans une cave sèche. La durée de leur conservation va jusqu'en mai. Durée de la faculté germinative des graines. Cinq à six ans. VARIÉTÉS. Jaune ronde précoce. Rouge de Bassano (excellente qualité). Rouge ronde précoce. Rouge de Castelnaudary. (Id.) Jaune de Castelnaudary (chair fine). Grosse rouge ordinaire. Rouge foncée de Whyte, Jaune globe. Carotte (PI. I, fig. 3 et 4). Daucus carota, Lin. (Ombellifères-Daucinées.) — Bisannuelle. Cuzrure rorCÉE. C’est dans le mois de décembre que les premiers semis de Carottes ont lieu. On les fait sur une couche à 15°, chargée 170 LE JARDIN POTAGER. de 13 centimètres de terreau et garnie d’un châssis. Le seul soin qu’exige cette culture est de maintenir la température de la couche par des réchauds, et celle de l'intérieur des châssis en couvrant ceux-ci de paillassons quand le froid est rigoureux. La culture est, au reste, la même que pour la pleine terre. Récolte. Dans le courant d'avril. Dès le mois de mars on peut en- lever les panneaux; mais alors on ne récolte qu'en mai. Cultures intercalaires. On peut semer, parmi les Carottes, de la Laitue petite noire et des Radis roses. PLEINE TERRE. — Semis. On commence à semer dans le courant de février, et l’on continue jusqu'en juillet pour la seule Carotte. courte hâtive ; car les autres variétés ne peuvent pas être semées plus tard que le mois d’avril. Le semis a lieu dans une terre bien préparée, soit en ligne, soit à la volée. Après le semis l’on foule le sol et l’on terreaute la planche. Le semis à la volée, et même le semis en ligne ayant pour effet de donner une trop grande quantité de plants, on éclaircit pour ne laisser que le nombre de plants nécessaires au développement com- plet de la racine. Culture. Des sarclages et quelques binages pour les semis en ligne ; les arrosements ne doivent être donnés que quand la terre commence à perdre sa fraîcheur; car, par excès d’arrosement, on développerait le feuillage, et les racines en souffriraient. Récolte. En novembre ou décembre; on peut néanmoins les laisser en place , en les abritant par de la litière contre les froids rigoureux. Conservation. On rentre les Carottes dans la serre à légumes, et l'on en coupe le collet pour les empêcher de pousser. C'est dans le sable sec, et par lits alternatifs de racines et de sable, qu'on les conserve le plus longtemps. On peut avoir, par ce moyen, des Ca- rottes jusqu’en mars, époque où depuis longtemps déjà on a les carottes cultivées sur couche. Production de la graine. Les Carottes qu’on destine à produire des graines doivent être choisies parmi les plus belles et les plus franches, c'est-à-dire parmi celles qui ont les qualités les plus RACINES ALIMENTAIRES. A7A caractéristiques. On ne les étête pas; mais on se borne à couper les feuilles au-dessus du collet, et on les enterre dans des jauges où elles sont à l’abri du froid. À partir du mois de février et jusqu'en mars, on les met en place, à 60 centimètres de distance, pour les laisser monter en graine. Durée de la faculté germinative des graines. Trois à quatre ans. Il faut préférer, pour faire des porte-graines, les racines venues de graines de deux ans, parce qu'elles produisent des semences qui donnent naissance à du plant moins sujet à monter. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Carotte courte häâtive, ou rouge courte Carotte violette (très-prisée en Amérique). à châssis. — rouge d’Altringham. — _— variété semi-longue. — blanche des Vosges. — rouge courte de Hollande. — rouge à collet vert. — jaune d’Achicourt. — blanche à collet vert. — rouge pâle de Flandre, — — longue ordinaire. — — longue. — — variété transparente. — blanche de Breteuil (de garde. Céleri-Rave (PI. II, fig. 1). Apium graveolens, Lin. (Ombellifères.) — Bisannuel. PLEINE TERRE.— Semis. Si l’on veut avoir des produits hâtifs, on sème sur couche en février ; dans le cas contraire, c’est en avril qu'on fait le semis; il faut pour cela choisir un endroit ombragé. On repique d'abord les jeunes plants en pépinière, puis en place. Culture. Tous les soins consistent à donner des arrosements abondants pour faciliter la végétation. Pour favoriser le dévelop- pement du tubercule, on supprime toutes les grandes feuilles qui tendent à s'emporter. Récolte. On arrache le Céleri-Rave au mois de novembre. Conservation. On conserve les racines de ce Céleri en jauge, en ayant soin de les couvrir pour les garantir de la gelée; ou bien on les rentre dans la serre à légumes, en en supprimant les feuilles. Elles se conservent jusqu’au mois de mars. Durée de la faculté germinative des graines. Trois ou quatre ans. 172 LE JARDIN POTAGER. Cerfeuil tubéreux ou bulheux. Chærophyllum tuberosum. (Ombellifères-Scandicinées.) — Annuel. Cette plante, qui n’est pas un tubercule, mais bien une racine, malgré les qualifications de tubéreuse et de bulbeuse qu'on lui a données, est de beaucoup supérieure au Chervis, au Panais et même au Salsifis; elle a été introduite depuis peu d’années dans la culture, abandonnée, et ensuite reprise. La racine est petite, féculeuse et légèrement sucrée; elle fournit un mets très-délicat. PLEINE TERRE.— Semis. On sème en septembre et octobre en terre douce, point trop dru, en raison de la difficulté de l’éclaircissage. Culture. La jeune plante n’exige guère que des sarclages. Récolte. Elle se fait en juillet. Les racines sont mises, comme les Pommes de terre, dans un lieu sec et obscur. Celles que l’on destine à produire des graines sont replantées au printemps, ou, mieux peut-être, à l'automne, et à distances assez grandes. Observation. Le Cerfeuil de Prescott (Chærophyllum Prescotti) est une espèce à racine plus grosse, mais ramifiée; 1l possède toutes les qualités du cerfeuil bulbeux, demande les mêmes soins de culture, et il a l’avantage de pouvoir être semé au printemps. Chervis (PI. IL, fig. 2). Sium sisarum, Lin. (Ombellifères.) — Vivace. PLEINE TERRE. — Semis. Soit au mois d'avril, soit en septembre, en terre meuble. On peut aussi multiplier le Chervis par éclats; mais le mode de multiplication le plus usité est par le semis, quoiqu'on assure que les plantes depuis longtemps multipliées par éclats soient moins sujettes que les autres à présenter une mèche centrale ligneuse. Culture. La culture en est facile : il ne faut à cette plante que des facons et des arrosements multipliés. Récolte. On commence à récolter les Chervis en novembre, et l’on continue pendant l'hiver en les garantissant par une couverture de litière. Durée de la faculté germinative des graines. Quatre à cinq ans. RACINES ALIMENTAIRES. 173 Observation. Cette racine, d’une saveur douce et sucrée, atteint le volume d’une grosse Raiponce. Elle est ligneuse quand elle vieillit. Cette plante, originaire de la Chine, est plutôt propre aux départements du Centre et du Midi qu'au climat parisien. Chou-Navet. Brassica oleracea; var. Napo-Brassica, Lin. (Crucifères-Brassicées.) — Bisannuel. PLEINE TERRE.— Semis. Le semis a lieu de la mi-mai en juin, en place, et la culture est celle du Chou-Rave dont il est question ci-après et dont le Chou-Navet diffère en ce que la racine, au lieu d'être sur la terre, comme celle du Chou-Rave, est souter- raine. Il lui faut aussi des arrosements abondants. Récolte. À la même époque que les Choux-Raves ; mais on peut, pour ceux-ci, attendre qu'ils soient complétement formés. Conservation. Les Choux-Navets étant très-rustiques, on peut se dispenser de les rentrer dans la serre à légumes, et ne les récolter qu'au fur et à mesure des besoins. VARIÉTÉS. Chou-Navet hâtif. — ordinaire, Turnep ou de Laponie. — Rutabaga ou Navet de Suède (meilleurs). Chou-Rave (PI. X, fig. 1). Brassica gongyloides. (Crucifères-Brassicées.) — Bisannuel. PLEINE TERRE. — Semis. On sème de la fin de février en juin. Les jeunes plants, élevés en pépinière, sont mis en place quand ils ont quelques feuilles. Culture. Des binages et de fréquents arrosements sont les seuls soins qu'ils exigent. Récolte. On peut récolter le Chou-Rave en juillet et septembre, époque où il n’a pas atteint sa grosseur ; mais il est alors très-tendre. Les Choux-Raves sont bons à récolter en novembre. Conservation. Les Choux-Raves ne craignent pas la gelée; ils peuvent rester en terre après avoir été dépouillés de leurs feuilles 174 LE JARDIN POTAGER. et couverts de litière ; ou bien on les rentre dans la serre à légumes, etils se conservent jusqu’à la fin de février, et même jusqu'en mars. Durée de la faculté germinative des graines. Celle des autres Choux. VARIÉTÉS. Chou-Rave nain hâtif. — blanc de Siam. — à feuilles découpées, etc. Observations. Ge Chou, que l’on ne cultive pas depuis bien long- temps en France, est un excellent légume, dont la saveur participe de celle du Navet et du Chou. La partie que l’on mange n'est pas précisément la racine; c’est le collet ou la portion inférieure de la tige fortement renflée au-dessus du sol. Il mérite d'être cultivé, surtout à cause de sa longue conservation. Le Chou-Rave à feuilles découpées ou à feuilles d’Artichaut, qui nous est venu d'Alle- magne, est remarquable par l'élégance de ses feuilles. Enothere hbisannuelle. OŒEnothera biennis, Lin. (Onagrariées.) — Bisannuel. Les racines de cette plante, connue sous les noms d’Onagre, d’'Herbe aux ânes etde Jambon des jardiniers, ont une saveur douce et agréable, et peuvent entrer dans la culture , ne fût-ce que pour la variété. On les mange crues ou cuites, soit en salade, soit en plat, et c’est surtout dans quelques parties de l'Allemagne qu'on en fait usage. Elles sont nourrissantes et d’une digestion facile. Après le mois d'avril, les racines deviennent dures et fibreuses, on les abandonne. ” PLEINE TERRE. — Senis. Les graines, fines et d’une germina- tion facile, se sèment en avril assez clair, dans une terre grasse et fraîche, et plutôt légère que sèche. Culture. Lorsque le jeune plant, qui est fort rustique, a quelques feuilles, on le repique à 40 centimètres de distance, soit en lignes, soit en quinconce, et tous les soins se bornent à des sarclages et des arrosements si la terre est trop sèche, car l’'Onagre est une plante rustique, qui n’exige pas beaucoup de soins. RACINES ALIMENTAIRES. 4175 Récolte et conservation. On arrache les racines à la fin d’octobre, en ayant soin de couper les feuilles qui garnissent le collet, excepté celles du cœur. | On rentre dans la serre à légumes les racines arrachées, à moins qu'on ne préfère ne les récolter qu'à mesure du besoin. Il faut les consommer avant la fin de mars, car, dès qu'elles commencent à végéter, elles deviennent dures et ligneuses. Durée de la faculté germinative des graines. Deux à trois ans. Navet (PI. IV, fig. 41 à 5). Brassica napus, L. (Crucifères-Brassicées.) — Bisannuel. PLEINE TERRE. — Sernis. Les Navets se sèment depuis la mi-mai jusqu'au commencement de septembre, en terre sablonneuse ; pre- mière condition pour qu'ils acquièrent les qualités recherchées dans ce légume : une chair à la fois tendre, cassante et sucrée. Culture. Tous les soins consistent à éclaircir le semis, à sarcler, et à donner des arrosements dans les temps trop secs. Récolte. Depuis le mois d'avril ou mai jusqu'au mois de no- vembre, époque où on les arrache pour les mettre dans la serre à légumes. Conservation. Dans un lieu sec, on a des Navets jusqu’en mars et avril, époque où paraissent les nouveaux, semés à l’automne. Durée de la faculté germinative de la graine. Deux à trois ans. VARIÉTÉS, Navets tendres. — blanc plat hâtif (rond très-précoce). — rouge plat hâtif. (Idem.) — des Vertus (long et blanc). — des Sablons (demi-rond, blanc). — rose du Palatinat (rond, à collet rose). Navets demi-tendres. — jaune de Hollande (rond). EL — d'Écosse (rond, dur à la gelée). — — de Finlande. (Idem.} — gris de Morigny (oblong, un des meilleurs). Navets secs, à chair fine et serrée, ne se délayant pas à la cuisson. — de Freneuse (jaunâtre, demi-long). — de Meaux (blanc, allongé). — de Teltau (le plus petit de tous). 176 LE JARDIN POTAGER. Plantation pour graine. On choisit les Navets les plus francs qu'on met en terre au mois de mars, et ils donnent leur produit en Juin. Observations. Outre la racine elle-même, qui est très-recherchée à cause de sa saveur sucrée, on peut aussi manger les pousses des Navets, qu'on fait blanchir, et qui se préparent comme les Asper- ges, ou servent à assaisonner les viandes. Panais long (PI. II, fig. 4). Pastinaca sativa, Lin. (Ombellifères.) — Bisannuel.. La racine longue, simple, d’une saveur sucrée et très-aroma- tique, donne du goût aux potages. PLEINE TERRE. — Semis. De préférence en février; on peut néanmoins semer Jusqu'en juillet. Culture. La même que celle de la Carotte. Durée de la faculté germinative de la graine. Une seule année. Observation. 11 existe une variété en forme de toupie, et qui est connue sous le nom de Panais rond de Metz; ce panais est plus hâtif et convient mieux aux terres qui ont peu de fond. La graine n'est bonne que pour un an. Avec le Panais sauvage (Pastinaca sylvestris, Mill.), on a obtenu un bon légume, préférable, selon quelques auteurs, au Panais des jardiniers. Le froid n’arrête pas le végétation du Panais sauvage, que l’on sème en août et que l’on récolte en mai de l’année suivante. Radis, Rave, Raïfort cultivé (PI. II, fig. 2, 4, 5). Raphanus sativus, Lin. ; Raphanus sativus radicula, D. C.; Raphanus sativus oblonqus. (Crucifères-Orthoplocées.) — Annuel. Le Raïfort cultivé (Raphanus sativus), si commun aujourd'hui dans toute l'Europe et qui s'est même à peu près naturalisé en Es- pagne et ailleurs, est originaire de la Chine et du Japon. Il n'est pas certain que les formes nombreuses réunies par les botanistes sous la dénomination de Raïfort cultivé, ne constituent qu’une seule espèce, et ne soient que de simples races et variétés. D'habiles RACINES ALIMENTAIRES. 177 horticulteurs assurent avoir reconnu en elles une grande fixité, qui, si elle était parfaitement constatée, obligerait à les distinguer spécifiquement. D’autres, au contraire, ont dit. les avoir vues se fondre et passer l’une dans l’autre par l'effet de la culture. De Can- dolle distingue, dans l'espèce, les deux races suivantes : Rapis (Ra- phanus sativus radicula), caractérisé par une racine plus ou moins charnue, blanche, jaune, rosée, violette ou rouge ; et RaïFoRT Noir (Raphanus sativus niger), dont Mérot a fait une espèce séparée, qui se distingue par une racine généralement plus volumineuse, d’un tissu plus compact et plus dur, de saveur âcre et très-piquante, généralement noire à l'extérieur. Ce dernier, à cause de son âcreté même, et de sa dureté, est moins recherché que le précédent, dont la Rave (Raphanus sativus oblongus) n’est qu'une variété. CULTURE FORCÉE DU RADIS. — Semus. On sème sur couche et sous châssis, de décembre à la première quinzaine de mars; et, à moins d’hivers exceptionnels, vers cette dernière époque, on peut enlever les panneaux. On donne des bassinages fréquents pour avoir des Radis précoces et tendres. Comme le Radis occupe peu de place et demande à être souvent renouvelé, on le sème ordinairement parmi d’autres plantes et par petites quantités. Récolte. Trois semaines après le semis. PLEINE TERRE. — Semnis. Il a lieu en place et généralement parmi d’autres plantes, depuis Le printemps jusqu'à la fin des beaux jours. On sème peu à la fois. Pour obtenir, dans les terres légères, des radis bien ronds, il faut fortement piétiner le sol avant de semer. Culture. Elle est facile. On garantit, par le choix de l'exposition, contre l’ardeur du soleil, et l’on arrose copieusement, surtout dans les chaleurs, pour avoir des radis tendres. La culture de la Raveest la même que celle du Radis. Durée de la faculté germinative des graines. Quatre à cinq ans. VARIÉTÉS. Radis blanc hâtif. Radis vioiet ordinaire. — blanc ordinaire. — gros blancs d’Augsbourg. — demi-long blanc. — gros violet d'hiver. — — écarlate. — jaune hâtif, 12 178 LE JARDIN POTAGER. Radis demi-long rose. Radis noir d'hiver, ou Raïifort cultivé. — gris d'été. . — rose d'hiver de Chine (chair ferme, — jaune d'été. saveur franchement piquante). — rose hâtif. -- blanc de Chine. — rose ordinaire. — violet de Chine. — violet hâtif. Rave blanche. — violette hâtive (culture de primeur, sur couche). — rose ou saumonée (pleine terre). — rouge longue. — tortillée du Mans. Raiïifort sauvage (PI. II, fig. 3). Cochlearia armorica, Lin. (Crucifères.) — Vivace. Cette grande et forte plante vivace, que l’on appelle aussi Woutarde d'Allemagne et Moutarde de Capucin, se cultive quelquefois dans les jardins à cause de sa racine dont on se sert, dans certains pays, en guise de moutarde, pour assaisonner le bouilli. On râpe cette racme et on délaye la pulpe avec du vinaigre. C’estun condiment de haute saveur et qui ne convient ni à tout le monde, ni à tous les estomacs. À ütre de condiment, il aurait aussi bien trouvé sa place dans notre section X° que dans celle-cr. PLEINE TERRE. — Plantation. On plante au printemps des tron- cons de racines, en terre fraiche et ombragée. : Raiponce (P]. I, fig. 4). Campanula rapunculus, Lin. (Campanulacées.) — Vivace. PLEINE TERRE. — Semis. À la fin de juin ou dans le courant de juillet, en terre bien ameublie. La petite graine brune et luisante de cette plante étant aussi fine que le plus fin sablon, il faut, pour la répandre avec plus de facilité, la mêler à une grande quantité de terre sèche bien tamisée, ou de sable. Il ne faut pas l’enterrer au ràteau ; on la couvre simplement d’une légère couche de terreau et on la bassine au moins deux fois par Jour. Culture. Les soins communs aux plantes des jardins doivent être donnés aux Raiponces, On fait souvent de cette racine un objet de culture intercalaire, et on la sème alors parmi les Radis, les Oignons, les Laitues, etc. RACINES ALIMENTAIRES. 179 Récolte. Au fur et à mesure des besoins, de février en avril. Durée de la faculté jerminative des graines. Une à deux années. VARIÉTÉS CULTIVÉES. — 11 existe deux variétés de Raiponce, l’une velue, l’autre glabre, mais on n’en fait pas l’objet de cultures dis- tinctes. Salsifis blane [PI]. 3, fig. 1). Tragopogon porrifolium, Lin. (Composées-Chicoracées.) — Bisannuel. PLEINE TERRE. — Semis. La graine de Salsifis ou Cercifis blanc, qui a, sur le noir ou Scorsonère, l'avantage de donner son produit la première année, se sème à la volée, et mieux en lignes, depuis la mi- février jusqu'en avril, en terre douce, profondément labourée, et qui n'ait pas été trop récemment fumée. Culture. On arrose assez copieusement, si la terre est sèche, pour faire lever les graines; on éclaircit le plant, puis l’on bine et sarcle jusqu’à la récolte des racines. Récolte. Depuis le mois d'octobre jusqu'au printemps avant que la plante monte à graine. Conservation. Les Salsifis doivent être couverts pendant les gelées ; on les met en jauge vers la fin de novembre. Durée de la faculté germinative des graines. Une seule année. Scolyme d’Espagne. Scolymus hispanieus, Lin. (Composées-Chicoracées.) — Vivace ou trisannuel. PLeine TERRE. — Semis. Le Scolyme d'Espagne, succédané assez peu avantageux du Salsifis et qui a l'inconvénient d'être ligneux, au moins lorsqu'il n’est pas soigneusement cultivé, ayant, par ses feuilles, presque l'aspect du Chardon, se sème en terre saine, douce et profonde, par lignes distantes entre elles de 40 à 50 centimètres ; on laisse 25 centimètres entre les plants après en avoir opéré l’é- claircissement. Le Scolyme ayant une grande tendance à monter, ce qui rend l’axe ligneux et cordé, il convient de le semer tardivement de la mi-mai à la fin de juin, en ayant soin de n’employer que des graines d'individus n'ayant pas monté la première année. 180 LE JARDIN POTAGER. Culture. Dans le Midi, particulièrement dans la Provence gt le Languedoc, où on le nomme Cardouille, le Scolyme ne se cultive pas ; il croit dans les champs naturellement; mais, depuis un cer-. ain nombre d'années, on s'occupe d'améliorer sa racine par la culture, et divers horticulteurs ont démontré, par de bons résultats, qu'on pouvait l'obtenir tendre et charnu dans toute son épaisseur. Du reste la culture est la même que celle du Salsifis, avec lequel le Scolyme a, par sa saveur, beaucoup de rapports. Récolte. Dans le Midi on ramasse le Scolyme, à l'état sauvage, dans les champs; on fend la racine longitudinalement pour en re- trancher l’axe central, ordinairement ligneux, et l'on vend, par petites bottes, les parties corticales. La récolte se fait généralement en novembre. Conservation. — Quoique cette plante soit rustique, elle ne sup- porte pas toujours les gelées d’une manière égale. Il est donc pru- dent d’arracher les racines et de les ensabler dans la serre aux légumes, ou tout au moins de les couvrir sur place avec de la grande litière. Scorsonère d’Espagne, ou Salsifis noir (PI. IU, fig. 5). Scorzonera hispanica, Lin. (Composées-Chicoracées.) — Bisannuelle. PLEINE TERRE. — Semis. De février en avril, ou à la fin de juillet et en août, à la volée, ou mieux en rayons. Culture. Cette plante, qui diffère du Salsifis proprement dit en ce que sa racine est noire, et en ce qu'elle ne donne généralement ses produits alimentaires que la seconde année, se cultive néanmoins de la même manière. Récolte. On récolte les racines depuis le mois d'octobre jusqu’au printemps. Quelques personnes récoltent aussi les feuilles, les font blanchir et les mangent en salade comme de la Chicorée sauvage. Durée de lu faculté germinative des graines. Un an, ou deux ans au plus. CHAPITRE IT. PLANTES A TUBERCULES ALIMENTAIRES. Capueine tubéreuse (PI. VII, fig. 3). Tropæolum tuberosum, Ruiz et Pavon. (Tropæolées.) — Vivace. La Capucine, comme boutons de fleurs, et graines encore vertes, trouvera sa place ailleurs. Mais la Capucine tubéreuse appartient essentiellement à ce chapitre. Cette espèce, originaire de l’Améri- que du Sud, est entrée dans cette contrée comme plante alimen- taire, pour son tubercule qui a la forme d’une petite Poire, et qui est d’un jaune franc avec marbrures d’un rouge vif au bord du ren- flement qui protége chaque bourgeon. L’apparence de ce tubercule la fait plus rechercher que sa peu agréable saveur. Il plaît à l'œil plus qu'au goût. On le confit au vinaigre. Il est regrettable qu'on n'en puisse pas tirer un meilleur parti, car il est peu de plantes plus productives : un seul tubercule, du poids d'environ 25 à 30 gram- mes, peut, dans le cours d’une saison, donner une production de 1 à 2 kilogrammes. PLEINE TERRE. — Plantation. La Capucine tubéreuse se plante au mois d'avril, en pleine terre, à une exposition chaude. Culture. Des binages, quelques arrosements. Récolte et Conservation. On arrache les tubercules de cette plante au mois de novembre, et l’on se borne à les mettre dans l’en- droit le plus sec de la serre aux légumes, comme l’exigent, du reste, toutes les racines tubéreuses, et tous les tubercules. 182 LE JARDIN POTAGER. Caladiuma comestible, Caladium esculentum, Vent. Colocasia esculenta, Schott. (Aroïdées.) — Vivace. Cette plante, à rhizome tubéreux, de la grosseur du bras, origi- naire de l'Amérique méridionale, porte aussi les noms de Chou ca- raïibe, Colocasse, Gouet comestible, Tallo, Taro, Toya, Tayo. Elle n’est encore cultivée en Europe qu'au point de vue de l’ornementa- tion des jardins. On crut longtemps que la serre chaude lui était indispensable, mais dès les premiers essais qui furent faits à l'air libre, on s’assura qu’elle ne manquait pas de rusticité. On en fait aujourd'hui d’agréables massifs dans les jardins publics de Paris. Un jour viendra peut-être où l’on tirera parti, sinon dans le nord, au moins dans le midi de la France, du rhizome tubéreux du Cala- dium: comestible qui est cultivé dans toute l'Amérique, dans l'O- céanie, pays où les habitants en tirent, pour leur alimentation, une fécule abondante. Gesse tubéreuse (PI. VIT, fig. 5). Lathyrus tuberosus. (Légumineuses-Papilionacées.) — Vivace. Cette plante, connue aussi sous les noms d’Arnote, Gland de terre, Mégusson, Macusson, Marcusson, a de longs rhizomes traçants qui, de distance en distance, portent des renflements ou tubercules ovales de la grosseur du pouce, à écorce noire et rude. Dans les départements du centre de la France, on mange, après les avoir fait cuire sous la cendre, ces tubercules qui ont à peu près le goût de la Châtaigne. Quelques personnes en ont recommandé la culture comme pouvant être d’un produit utile. PLEINE TERRE. — Semis. L'automne paraît l’époque indiquée par la nature : car la Gesse tubéreuse répand ses graines presque aus- sitôt après leur maturité, et la jeune plante, si elle a eu le temps de se développer, passe l'hiver en terre et brave le froid. On peut cependant aussi la semer au mois de mars; mais ses racines ne sont pas si grosses que celles semées d'automne. Plantation. Quand on arrache les racines venues à l’état sauvage, on peut destiner les plus grosses à la consommation et réserver les TUBERCULES ALIMENTAIRES. 183 plus petites pour la reproduction. C’est à la sortie des froids, à la fin de février ou au commencement de mars, qu’on peut planter la racine de la Gesse tubéreuse. Culture. \ faut à cette plante des terres fraîches plutôt que légè- res. Elle y végète plus vigoureusement et donne des produits plus abondants. Elle ne demande que des arrosements, quand la séche- resse est trop grande; car autrement elle n’exige aucun soin. Un des inconvénients que présente cette plante, c’est d’avoir des tiges longues et grêles, qui traînent sur le sol et ne peuvent se soutenir à moins de trouver d’autres plantes pour appui. Un autre inconvénient non moins grand, et auquel on ne peut porter remède qu’en cultivant cette plante pendant une année en pépinière, c'est qu'elle ne donne ses racines comestibles qu’au bout de deux ans. M. Masson dit pourtant avoir obtenu des racines très- grosses dans le cours d'une année. Récolte. Au mois d'octobre on arrache les racines: on ne récolte que les plus grosses, que l’on conserve pour l'usage, et l’on met de côté les petites racines pour les planter au printemps, à moins qu'on ne préfère les laisser en terre où elles ont végété. Conservation. Dans la serre à légumes, dans un endroit sec, ou mieux dans du sable. Durée de la faculté germinative des graines. Trois ans. Glycine tuhéreuse ou Glyceine apios (PI. VIL fig. 4). Apios tuberosa. (Léqumineuses-Papilionacées.) — Vivace. Cette plante, comme la Gesse tubéreuse, produit de longues tiges ou des coulants souterrains qui se renflent, de distance en dis- tance, en un assez grand nombre de tubereules et qui atteignent, dès la première année, jusqu’au volume d'un œuf de poule. Ces tuberecules sont très-féculents ; ils ont une saveur que l’on pourrait comparer à celle du Topinambour. Toutefois ils finissent par laisser sur le palais et à l’arrière-bouche une sorte de happement désagréa- ble qui est dù à la présence d’un suc laiteux analogue au caout- chouc. Dans une terre de jardin riche, le produit de cette plante a été, en moyenne, au bout d’une année, de 600 à 700 grammes par 184 LE JARDIN POTAGER, plante. Dans une terre plus maigre, il s’est réduit, au bout de deux ans, à un tubercule du poids de 30 à 40 grammes par plante. On multiplie la Glycine tubéreuse par tronçons plutôt que par grai- nes. Elle a eu un moment de vogue, mais entre autres obstacles à son adoption, il faut compter la difficulté de l’arrachage, car les cou- lants s'étendent quelquefois jusqu'à plusieurs mètres de la plante mère; en outre les tubercules doivent rester jusqu’à deux ans, et quelquefois plus, en terre, avant de donner un produit raisonnable. XYgname du Japon ou de la Chine (PI. V, fig. 4). Dioscorea Batatas, Dne ; D. Japonica, Lim. (Dioscorées.) — Vivace. Ce tubercule proposé pour remplacer la Pomme de terre a été, depuis peu d’années, importé de la Chine en France. L'Igname de la Chine ou du Japon n'acquiert pas le volume de l’Igname ailé, mais il en a toutes les qualités alimentaires. On sait que les Igna- mes servent en Asie à nourrir des populations entières. Leur sa- veur, peu sensible, est presque semblable à celle de la Pomme de terre; la chair en est un peu plussèche, mais le goût en est agréa- ble; la quantité des fécules est de 20 pour 100. Multiplication et culture. — La multiplication est facile et des plus simples. Elle consiste à mettre les tubercules coupés par frag- ments moyens et de préférence leurs têtes, en végétation, sur cou- che, dans de petits ou même dans de grands pots, au mois d'avril, et à disposer les plants en place, dans une terre douce et riche, dès qu'on n’a plus les gelées à craindre. L'Igname du Japon paraît aimer les arrosements. Quoique ce soit une plante grimpante, elle peut à la rigueur se passer de tuteurs, si l’on a soin de soulever, de temps à autre, les tiges qui rampent sur le sol, afin de les empêcher de prendre racine. La récolte se fait le plus tard possible, les tuber- cules grossissant surtout en automne. On peut multiplier rapide ment, par bwlbilles qui se développent naturellement à l’aisselle des feuilles, et au moyen du bouturage des tiges; dans ce cas, on coupe celles-ci, vers le mois de juillet, en autant de morceaux qu'elles portent de feuilles, et on place les boutures près à près, sous clo- che à froid, dans de la terre de bruyère ou dans une terre sablon- TUBERCULES ALIMENTAIRES. 185 neuse et légère, en ayant soin que le bourgeon placé à l’aisselle de chaque feuille, soit enterré d’un demi-centimètre. La feuille doit être en général laissée entière. Au bout de cinq à six semaines, les boutures ont pris racine et présentent à l’aisselle de chaque feuille un tubercule de la grosseur d’une noisette, lequel grossit peu durant le reste de la saison. Alors on cesse les arrosements pour qu'il s'aoûte, et il donne au printemps suivant des plants aussi forts que ceux qui proviennent d’éclats de racine. Par ce moyen, chaque plante peut procurer plusieurs centaines de sujets. On peut aussi faire les boutures tout à fait à l’air libre dans un lieu suffisamment abrité. Dans ce cas, on ne coupe pas les tiges par tronçons: on les enterre horizontalement presque à fleur de terre, de telle sorte que le limbe des feuilles s'étale à la surface du sol tenu constamment frais à l’aide de bassinages. Récolte et conservation. — Depuis quelques années on récolte de la graine d'Igname en Algérie et mème en France, ce qui donne lieu d'espérer que l’on obtiendra un jour, dans nos pays, une modi- fication heureuse de cette longue racine tuberculeuse, par le moyen du semis; car jusqu'à présent (1865), cette plante n’a pu être en- core cultivée en grand à cause de la profondeur (plus d’un mètre) à laquelle pénètrent ses racines, qui offrent la plus grande diffi- culté d'extraction du sol par leur forme en massue, c’est-à-dire très-renflée à la base et très-amincie au collet ; elle est restée classée parmi les bons légumes de deuxième ordre. Oxalide crénelée,. Oxalis crenata, Jacq. (Oxalidées.) — Vivace. D'après M. Alcide d'Orbigny, les Américains du Chili et du Pérou nomment Oca cette plante à tubercules alimentaires, qui est originaire de leurs contrées, et préfèrent ses produits à ceux de la Pomme de terre.’ L'Oxalide crénelée, exportée du Pérou en Angle- terre, vers 1829, puis répandue sur le continent européen, donne une grande quantité de tubercules, gros comme des noix et même comme de petits œufs de poule, d’un jaune agréable à l'œil, possédant une chair ferme, peu féculente et légèrement acide. Une variété blan- 186 : LE JARDIN POTAGER. che se produit spontanément dans les plantations, et certains pieds donnent des tubercules blanes qui se perpétuent sous la même couleur, quoique provenant originairement de tubercules jaunes. Du reste la qualité alimentaire ne varie pas sensiblement. L'Ozralide, où Oca rouge (Oxalis purpurea, Wild), envoyée en 1850 par M. Bourcier, consul de France à Quito, au Jardin des Plantes de Paris, produit des tubercules dont la peau est d’un rouge car- miné (PI. V, fig. 1), et qui sont préférées, pour leur saveur, dans le Pérou, à ceux de l’Oxalide crénelée. Il en est de même de l’Oxa- lide tubéreuse (Oxalis tuberosa, Sar.), très-recherchée en Amé- rique, à cause de ses tubercules de 15 millimètres environ de dia- mètre sur 7 à 8 centimètres de longueur, tortueux, revêtus d’une pellicule mince, et qui ont le goût de la Châtaigne ; on les mange bouillis ou frits. PLEinE TERRE. — Plantation. L'Oxalide crénelée fleurit en Eu- rope, mais elle n’a pas encore donné de graines à l’époque où nous écrivons (1865). On la reproduit, en conséquence, par plantation de tubercules. On peut avancer ces tubercules sur couche en mars, pour mettre en place au commencement de mai ou pour les planter à demeure vers la mi-avril ; on peut aussi faire des plantations par boutures qui reprennent très-facilement. Pour le bouturage, on se borne à casser une branche qu'on repique en terre, et la bouture reprend sans même souvent que les feuilles se soient flétries. L'Oxalide crénelée demande une terre douce, légère et bien fumée avec des engrais consommés. Cette plante acquiert, par le tallage, un développement assez considérable ; on n’en met pas plus d’un pied par mètre carré si on la cultive pour ses tubercules. Si, au contraire, on la cultive pour ses feuilles et ses tiges succulentes qui remplacent parfaitement l’Oseille et ont, avec un peu plus d'acidité, plus de finesse de goût, il faut en mettre de 4 à 6 par mètre. Au Pérou, on mange ces feuilles en salade. Culture. Pour obtenir de cette plante tous les produits possibles, il faut commencer à butter les tiges nombreuses qui naissent du tubercule, dès qu’elles ont atteint de 8 à 10 centimètres de lon- TUBERCULES ALIMENTAIRES. 187 L 1 gueur ; on butte d’abord au centre, en les écartant, pour les for- cer à prendre une direction horizontale; puis, à mesure qu'elles s’allongent, on les recharge modérément de nouvelle terre, et l’on continue régulièrement jusqu’en septembre, époque où les tuber- cules se forment tout le long de la partie enterrée. Récolte et conservation. On arrache les Oxalis le plus tard possi- ble, quand la gelée en a détruit les tiges; car, tant que celles-ci conservent une apparence de vie, les tubercules grossissent. Ils acquièrent même encore du volume quand on les enterre dans le sable avec les tiges à demi desséchées qui les ont produits. On peut aussi, à cette époque, couper les fanes et couvrir les touffes de feuilles sèches; les tubercules se conservent et profitent même sous cette couverture. Les mulots sont très-avides de cette plante, et 1l faut la garder de leur voisinage. Observations. Un agriculteur de Rochefort-en-terre (Morbihan), M. Bellemain, a exposé dans un rapport adressé au ministre de l’agriculture et du commerce, en 1845, qu'il avait reconnu qu’on pouvait retirer, par hectare, de cette plante tuberculeuse, un pro- duit alimentaire de 60 à 80 quintaux, qu’il la considérait comme supérieure à la Pomme de terre et que sa fécule n’était pas infé- rieure à l'Arrow-root; que ses tiges el ses feuilles étaient d’une abondance telle, que, par hectare, on pouvait en retirer 280 hecto- litres d'une boisson saine et agréable, incorruptible, stomachique, antiputride, et pouvait être livrée au commerce au prix de cinq centimes le litre. Dans une lettre, en date de 1846, M. Bellemain ajoutait que des expériences lui avaient, en outre, appris que le tubercule de l'Oxalide crénelée pouvait être utilement employé à la panification, et que, mélangé avec moitié de farine, il donnait un pain substantiel, d'une saveur agréable et gardant sa fraicheur plu- sieurs jours. Malheureusement il résulte d'expériences plus récentes que celles de M. Bellemain, que l’Oxalide crénelée, au moins sous le climat de Paris, ne peut être avantageusement cultivée dans la petite culture, et moins encore dans la grande, en raison du petit volume des tubereules et des soins minutieux qui seraient néces- saires ; ces tubercules ne se formant qu'en octobre, et les gelées, 188 LE JARDIN POTAGER. même légères, élant funestes aux feuilles et aux tiges. Mais ce qu'on peut affirmer, c'est que ces feuilles et ces tiges ne le cèdent en rien à l'Oseille, sur laquelle elles ont l'avantage d’un plus grand produit et d’une conservation parfaite d’une saison à l’autre. Il faut seulement avoir soin de les hacher assez menu quand on veut les conserver. Patate douce, ou Batate comestible. Convolvulus batatas, Lin. (Convolvulacées.) — Vivace. Cette plante, originaire de l’Indoustan, mais qui est cultivée au- jourd’hui dans toutes les contrées intertropicales, et que l’on essaye, depuis un certain temps, d'introduire dans les cultures des parties méridionales de l’Europe et même dans le sud et le sud-ouest de la France, est pour les pays chauds, sous le rapport de la consomma- tion, ce que la Pomme de terre est pour les pays froids et tem- pérés. La racine tubéreuse de la Patate varie de couleur; on en possède des variétés rouges ou violacées, jaunes et blanches ; l’une de ces dernières, connue sous le nom de Patate igname, donne des tubercules d’un volume très-considérable, et qu'on a vu peser jusqu'à 4 kilogrammes. Le seul défaut que l’on trouve en elle, comme plante alimentaire, consiste dans la saveur sucrée de son tubercule féculent, saveur à laquelle elle doit le nom vulgaire de Patate douce, par opposition au nom de Patate proprement dite qu’on donne souvent à la Pomme de terre dans nos départements méridionaux. Ce défaut, si c'en est un, est facile à corriger par la préparation culinaire. M. de Gasparin fit connaitre, en 1845, à la Société centrale d'agriculture, le suceès qu'il venait d'obtenir, pour la culture de cette plante, dans le département de Vaucluse. Ses champs de Patates lui avaient donné une moyenne de 1 kilogramme de tubercules par plante, ce qui, à raison de 25,000 pieds par hec- tare, élevait le produit à 250 quintaux métriques, quantité supé- rieure à ce que la Pomme de terre semble pouvoir donner sous notre climat. M. Vallet, de Villeneuve, a fait, près de Fréjus, de grandes plantations de plusieurs variétés avec un succès complet. De ce nombre sont la rose de Malaga et a blanche de Ile-de-France, TUBERCULES ALIMENTAIRES, 189 cultivées également à Toulon où l’on a obtenu des fleurs et même des graines, ce que l’on avait cru longtemps très-difficile même sous notre climat le plus méridional. La Patate igname a également fleuri, jusqu'aux environs de Paris, et MM. Sageret, Robert et Vallet, à Paris, M. Reynier, dans le midi de la France, ont ob- tenu des graines et des produits par semis de plusieurs variétés, parmi lesquelles la Patate ovoïde, voisine de l’Igname, mais beau- coup plus courte. La Patate violette, ou plutôt rouge foncé, intro- duite de la Nouvelle-Orléans en France, en. 1836, par MM. Gontier et Chevet, a donné des tubercules précieux, gros, allongés, d’une pâte moins fine peut-être que la rouge ancienne, mais d’une meil- leure conservation. La Patate est plus productive que la Pomme de terre. Elle est utile non-seulement pour ses tubercules, mais encore pour ses fanes, qui peuvent servir de nourriture aux bestiaux. Ses feuilles, cueillies tous les quinze jours, peuvent même remplacer avantageusement les Épinards. La production de graines des Patates est très-importante, parce que c’est le moyen d'obtenir des variétés, ou meilleures ou plus hâtives. MULTIPLICATION. — Sens. Quand on entreprend de multiplier la Patate de graines, c'est sur couche et sous châssis, au mois de mars, qu'a heu le semis. Quand les plants ont acquis la force suffi- sante, 1ls sont traités comme il sera dit de ceux provenant de tu- bercules. | C'est au moyen des tubercules, en effet, que sous notre climat on multiplie le plus ordinairement la Patate. Cette multiplication est accompagnée de circonstances préliminaires qu'il faut étudier avec soin, si l’on veut obtenir du succès. Préparation et Plantation des boutures. Culture. Au mois de janvier, on choisit parmi les tubercules mis en réserve ceux qui sont le mieux conservés. On les dépose sur une couche chaude et sous un Châssis pour en réveiller la végétation, et on les recouvre d’une couche de terre d'environ 6 centimètres dès que l’on s'aperçoit que les yeux se préparent à émettre des bourgeons. A mesure que les jeunes pousses se développent, c’est-à-dire quand elles ont 6 à 8 centimètres, on les enlève et on les repique dans des pots qu'on 190 LE JARDIN POTAGER. enfonce dans la coucheet que l’on recouvre d’une cloche pour faci- liter la reprise. On attend ainsi que les boutures soient enracinées, et, dès qu'elles le sont, on les emploie à la reproduction des Patates. Dès les premiers jours de février, on a préparé une couche de 60 cen- timètres environ de hauteur, composée de moitié feuilles et moitié fumier, qu'on charge d'environ 25 centimètres de bonne terre, en ayant soin que le sol ne soit pas à plus de 10 à 15 centimètres du verre des châssis. Dès que la couche a acquis la chaleur convenable, c'est-à-dire 25 degrés centigrades, on plante ses Patates sur deux rangs, distants l’un de l’autre d'environ 50 centimètres, et l’on étend bien les racines des jeunes plantes pour n'avoir pas de Pata- tes contournées. On entretient la chaleur par des réchauds et l’on prévient, à l’aide de couvertures, l’abaissement de la température par suite de la froideur des nuits. On soulève les panneaux pour donner de l’air chaque fois que le temps le permet, et l’on donne des bassinages aussi souvent que l'exige la sécheresse du sol. Cha- que fois que l’on s'aperçoit qu’en grossissant les tubercules sor- tent de terre, on les recouvre pour qu'ils ne subissent pas l'action de l'air extérieur. La culture mixte ou culture sur couche sourde ne diffère du mode précédent qu'en ce qu’elle est intermédiaire de la culture forcée et de celle en pleine terre. On plante ses Patates en avril seulement, et on les couvre d’une cloche, qu'on enlève dès que les tiges ont pris trop de volume pour pouvoir être contenues sous le verre. Pour la plantation en pleine terre, on pratique, dans le courant d'avril ou au commencement de mai, à une distance de 50 centi- mètres en tous sens, des trous profonds de 30 centimètres, au fond desquels on met un lit de fumier de 10 à 15 centimètres, et qu'on recharge de bonne terre. On plante dans chaque trou trois bou- lures enracinées, distantes entre elles d'environ 10 centimètres. On les bassine et on les recouvre d’une cloche. Le reste de la culture est semblable à celle des Patates élevées sur couche. M. Reynier, qui a obtenu, dans le midi de la France, des produits remarquables, recommande de mettre les Patates en végétation, à la TUBERCULES ALIMENTAIRES. 191 fin de février, dans un local modérément chauffé, celui même où on les a conservées l'hiver. Il dit qu'on doit placer horizontalement, dans des terrines pleines de terreau, celles qui commencent à vé- oéter, les autres dans des corbeilles garnies de mousse humectée. Du 12 au 15 avril, elles sont couvertes de jets nombreux et allon- gés. Un peu avant cette époque, on a disposé au pied d’un mur, au midi, des coffres pleins de terreau jusqu’à la hauteur de 20 à 22 centimètres, dont les châssis sont couverts en calicot huilé, ce que M. Reynier préfère aux châssis vitres. Par une matinée douce, on y transporte les Patates germées, qui sont plantées avec précau- tion dans le terreau, à 7 ou 8 centimètres l’une de l’autre, et re- couvertes d'au moins 5 centimètres, quelle que soit la longueur des jets. Pendant quarante-huit heures on tient les châssis fermés et couverts de paillassons ; par la suite, on les ferme la nuit et on les ouvre le jour. Au commencement de mai, les jets ont produit des racines à leur base et des feuilles au dehors; pour achever de les consolider, on enlève les coffres trois ou quatre jours avant la plan- tation. Le terrain a été préparé à l'avance pour celle-ci par un bêchage profond avant ou pendant l'hiver ; on lui donne alors une nouvelle façon. Lorsqu'il est disposé, on relève les Patates une à une avec soin ; on fait choix des germes les meilleurs et les plus chevelus; on les enlève en les cernant et en découpant à leur base une petite portion du tubercule, du diamètre d’une pièce d'un frane. On supprime alors les feuilles, moins les deux supérieures, en cou- pant les pétioles à 1 centimètre environ de longueur, et on éborgne les yeux qui se trouvent à la base de la tige. Les plants ainsi pré- parés sont plantés, couchés, dans des fossettes, à la profondeur de 8 à 10 centimètres, l'extrémité seule et les deux feuilles conservées restant hors de terre et maintenues dans une position à peu près verticale. Quand on est forcé d'employer des jets n’ayant que peu ou n’ayant point de chevelu à leur base, on les repique à la cheville comme des plants de choux. Dans une plantation de 17 ares, faite par ce procédé, M. Reynier a obtenu 3,232 kilogrammes de Pa- tates, tandis que, dans le mème terrain et à côté, une étendue semblable n’a donné que 2,862 kilogrammes de Pommes de terre. 192 LE JARDIN POTAGER. Mais la méthode la plus simple paraît ètre celle qu'emploient MM. Thorburn auprès de New-York. La voici. Dans le courant d'avril ou au commencement de mai, on prépare une couche de l'épaisseur de 50 centimètres avec du fumier de cheval; on la couvre de 8 centimètres de terre sur laquelle on place ses Patates, que l’on recouvre de 10 centimètres de nouvelle terre. Lorsque les jets produits par les tubereules ont atteint 8 centimètres au-des- sus du sol, on les détache avec la main, et on les transplante, comme du plant de Chou, dans une terre douce et riche, à bonne exposition, par rangs distants l’un de l’autre de 1 mètre 30 centi- mètres, les plants à 30 centimètres sur le rang. On sarcle jusqu'à ce que les pousses couvrent le sol; ensuite on abandonne la plan- tation à elle-même. Si la couche est faite de bonne heure en avril, les premiers jets seront bons à planter au commencement de mai ; elle donnera une seconde et une troisième provision de jets sus- ceptibles de fournir de bonnes Patates, pourvu qu’on ne les emploie pas plus tard que la fin de juin. Quatre litres de Patates plantées de celle manière sur une couche de 1 mètre 30 centimètres carrés, peuvent donner une succession de jets dont le produit s’élèvera Jusqu'à 17 hectolitres. On a conseillé aussi la culture de la Patate sur des buttes en forme de grosses taupinières d’une hauteur de 70 à 80 centimètres, ou sur des ados formés par la terre des bords de la planche, qu'on ramène au centre en formant un dos d'âne, sur le sommet duquel on plante des boutures. Pour assurer la reprise de celles-ci, on les garantit de l’action du soleil, et dès qu’elles peuvent résister à toutes les influences ambiantes, on se borne à les arroser. Dans une terre légère et sèche, on a quelquefois réussi en plantant en planches labourées. On a remarqué que des Patates cultivées dans la terre meuble n'avaient donné que des tuberecules longs et minces, tandis que celles qui s'étaient trouvées en contact avec un sous-sol ferme et résistant, avaient donné des tubercules volumineux. Au commencement de ce siècle, dans les environs de Paris, on plantait les Patates dans de grands pots ou dans des caisses de 40 centimètres en tous sens, en ne mettant qu'un seul pied TUBERCULES ALIMENTAIRES, 193 dans chacune ; on remplissait ces pots ou ces caisses de bonne terre et on plongeait les Patates en motte avec tous leurs jets dans une couche en les entourant de fumier chaud. Depuis on a cultivé les Patates à froid, dans les mêmes localités, en met- tant dans chaque pot une bouture enracinée. M. Pépin, en culti- vant par ce procédé, a obtenu, de six touffes, 25 kilogrammes de tubercules. Aujourd'hui les maraîchers de Paris emploient un petit plant provenant de boutures qui sont faites une à une dans de petits pots, et que l’on plante en motte. Il faut avoir soin, au mo- ment de planter, comme on l’a déjà indiqué plus haut, de dérouler ou mieux de couper les racines qui se sont enroulées au fond du pot et qui sans cela grossiraient sous la forme contournée qu'elles avaient prise dans les pots et qui ne donneraient ainsi que des produits défectueux. Récolte et conservation. Les premières Patates se récoltent en juillet et en août. On arrache d’abord les plus grosses, puis on recouvre pour favoriser le développement des tubercules qui n’ont pas encore pris tout leur accroissement. On continue les bassinages pour soutenir la végétation, et on ne les abandonne qu'en septem- bre, époque où les tubercules n'ont plus à se développer, mais seulement à mürir. La véritable récolte se fait en octobre, autant que possible par un temps sec et beau, et l'on doit y appor- ter le soin le plus minutieux ; car les tubercules qui ont été blessés pourrissent très-promptement. Il importe, après les avoir arrachés, de les laisser pendant quelques jours à l'air libre et au soleil ; puis on les rentre dans un lieu sec dont la température soit la plus constante possible. On dépose dans des caisses ou mieux encore dans des jarres de terre cuite, lit par lit, sur du sable très-sec, ou entre des couches de mousse parfaitement sèche aussi, les tubercules que l’on destine à la reproduction, en ayant bien soin qu'ils ne se touchent pas l’un l’autre. On a proposé diverses métho- des de conservation ; mais quelle que soit celle qu'on adopte; que ce soit du sable sec, de la mousse, du fumier, le problème consiste à empêcher l'humidité d'atteindre Les tubercules. Les uns placent les jarres où les tubercules sont déposés près de l’âtre des cheminées 13 194 LE JARDIN POTAGER. de cuisine, d’autres recommandent le poussier de charbon, qui est hautement hygrométrique, et qui, selon eux, conviendrait mieux que le sable et surtout que le fumier. M. Mabire, jardinier de feu le comte Molé, à Champlâtreux, préparait, au mois d'octobre, une couche épaisse, formée de fumier de cheval et de feuilles bien sèches, haute de 50 à 60 centim. ; il y posait tout de suite des coffres, que l’on remplissait de terreau sec ou d’un mélange de terre de bruyère et de terreau, en ayant soin de leur donner une forte inclinaison du côté du soleil; puis il couvrait de châssis pour éviter l'humi- dité des pluies. A l'époque de l’arrachage, fait par un temps sec, il faisait ressuyer quelques heures les tubercules, puis il plaçait tout de suite ceux destinés à être conservés, sur le terreau de la couche, en les rangeant prèsles uns des autres, mais sans qu'ils eussent de contact entre eux, et il Les disposait de manière à ce que leur lon- gueur fût dans le sens de la pente de la couche; puis il tamisait par dessus 8 à 10 centimètres de terreau bien sec. Les tubercules poussaient lhiver dans cet état; les soins qu'ils demandaient, consistaient à préserver les châssis de la gelée par des réchauds mo- dérés et des paillassons pendant la nuit. Au contraire, les panneaux restaient découverts pendant le jour, et l’on profitait de toutes les belles journées pour donner de l'air. Si, malgré ces précautions, il se manifestait de l'humidité dans la couche, un jour de beau soleil, on retirait le terreau placé sur les Patates, sans les déranger, à moins qu'il n’y en eût de gâtées ; puis on les laissait sécher au soleil sous le verre, après quoi, on les recouvrait de nouveau de terreau bien sec. M. Mabire avait ainsi conservé des tubercules encore parfaitement propres à la végétation au bout de la deuxième année. M. Souchet, jardinier du château de Fontainebleau, à con- servé les tubercules de Patates, en laissant quelques touffes en place, en les couvrant d’un coffre avec ses panneaux dès la mi- septembre, afin de les préserver de la pluie et de l'humidité, en supprimant progressivement une partie des feuilles et des tiges à mesure que la végétation se ralentissait, enfin en garantissant les tubercules de l'humidité et de la gelée pendant l'hiver. M. Reynier, de son côté, a imaginé et employé avec succès une disposition de TUBERCULES ALIMENTAIRES. 195 magasin pour conserver en grand les Patates pendant les mauvais jours, et chaque année, pour aiñsi dire, quelques procédés nouveaux sont mis en œuvre pour obtenir une plus sûre et plus facile conser- vation de ce précieux tubercule que l’on cultiverait davantage, si l’on n'éprouvait pas tant de difficultés à le tenir en réserve. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Patate rouge. — blanche de Pæis. — jaune. Les plus vantées par M. Barbot. — rose Robert ou de Malaga. — rouge de Malaga. — blanche de l'Ile-de-France. — violette à grosses racines, de facile conservation. — Igname, belle et grosse variété qui acquiert un volume considérable, mais qui n’est pas très-délicate. — ovoïde, voisine de l’Igname. — de Waal, originaire du Guatemala, introduite d’abord en France comme plante d’orne- ment, mais donnant un tubercule blanc, volumineux, excellent et d’une conserva- tion facile. Pomme de terre (P]. VI, fig. 1 à 5). Solanum tuberosum, Lin. (Solances.) — Vivace. Nous ne ferons mention dans ce volume que de la culture hor- ticole de la Pomme de terre, et que des variétés de choix que l’on recherche pour les jardins. Le reste appartient aux plantes agricoles où l’article de cette solanée est très-développé. CULTURE FORCÉE. — Plantation, Culture et Récolte. En janvier on plante sur une couche chaude les tubercules de la Kidney, de la Naine hâtive et de la Fine hâtive, variétés qui conviennent le mieux pour la culture forcée, et l’on en entretient la chaleur par des réchauds, en ayant soin de couvrir les panneaux avec des paillas- sons pendant la nuit, et en donnant de l'air pendant le jour. Vers la fin de mars, ou au plus tard vers le 15 avril, on commence à obtenir à chaque pied quelques tubercules bons à cueillir, et, pour prolonger la production, on fouille chaque touffe; on en enlève les tubercules les plus gros, on recouvre et l’on bassine. Pendant plus d'un mois, les tubercules qui n'avaient pas acquis leur volume, grossissent successivement, eton les récolte à mesure qu'ils sont arrivés à maturité. 196 LE JARDIN POTAGER. Les maraîchers des environs de Paris obtiennent vers le 15 avril par la culture des forcées, des Pommes de terre qui, en qualité de primeurs, se vendent fort cher, quoique d’une qualité médiocre en raison même de leur précocité. Pour cela on met en végétation, à la fin de décembre, les tubercules destinés à être plantés, et quand ils sont suffisamment poussés et enracinés, on les plante à demeure sur une couche chaude, garnie d’un mélange de parties égales de terreau et de bonne terre de jardin. On place les tubercules au fond d'un rayon profond de 12 à 14 centimètres, mais on ne les recouvre d'abord que de 4 à 5 centimètres de terre bien meuble. On met ordinairement quatre rangs par châssis et six plantes par rang. Au besoin, les espaces entre les rangs peuvent, au commencement de la végétation, être occupés par des Radis, de petites Laitues ou d’autres plantes ; mais il faut enlever ces plantes quand les tiges de la Pomme de terre ont pris de la force ; on achève alors de combler les rayons. On arrose modérément d'abord, puis plus abondamment à mesure que les plantes prennent de la force, et l’on donne de l'air toutes les fois que le temps le permet. Après les quinze pre- miers jours, il n’est pas nécessaire que la couche soit maintenue très-chaude; il suffit d’une température douce, assez uniforme pour que les plantes n’éprouvent pas de temps d'arrêt dans leur végétation. La récolte se fait comme il a été dit plus haut. Les ma- raicher emploient de préférence la Kidney ou Marjolin pour cet usage. Voici la méthode qui est suivie dans le comté de Lancastre (An- oleterre). Au commencement de février on place les Pommes de terre dans un local chaud, et on les couvre d’une couverture de laine, que l’on retire au commencement de mars pour faire prendre de la vigueur aux nouvelles pousses. Vers la fin de ce mois, on les transplante en pleine terre, en ayant soin de recouvrir de 5 centi- mètres de terre les pousses nouvelles, qui, si elles ont déjà 5 centi- mètres de longueur quand on les transplante, doivent donner des Pommes de terre bonnes pour la table un mois et demi à deux mois plus tard. PLEINE TERRE. — /lantation. C'est à la fin de février ou dans la TUBERCULES ALIMENTAIRES. 197 première quinzaine de mars qu’on plante les Pommes de terre dans un sol sablonneux et léger, fumé avec des engrais consommés, à une distance de 40 centimètres en {ous sens. On peut planter des tubercules entiers, des morceaux de tubercules, pourvu qu'ils soient garnis de plusieurs bourgeons, et, si l’on ne peut faire autrement, des boutures faites sur couche, en plantant de gros tubercules au mois de mars et en en détachant les bourgeons dès qu’ils ont acquis 30 centimètres de longueur. On les met en pleine terre, en les enterrant Jusqu'à ce qu'il ne paraisse plus extérieurement que l’ex- trémité de la bouture. - On laissera 40 à 50 centimètres entre chaque touffe, pour donner à la plante le moyen de se développer avec plus de vigueur, et lui laisser l’espace nécessaire pour qu’elle puisse nourrir ses tubercu- les. On recouvrira de quelques centimètres de terre. Culture. Des binages et des sarclages fréquents. Quant au buttage, cette opération est aujourd'hui regardée par quelques auteurs comme inutile. Cependant la pratique démontre que les Pommes de terre buttées donnent un plus grand nombre de tu- bercules que celles qui ne l'ont pas été. Récolte. Au mois d'octobre, quand les tiges sont flétries. Conservation. Dans une cave sèche ou dans un lieu sec et sain, où les Pommes de terre soient à l'abri du froid et de la lumière, qui les fait verdir. Culture hibernale des Pommes de terre. Plusieurs expériences. tentées par des horticulteurs distingués, ont montré qu'il était possible de faire deux récoltes de Pommes de terre la même an- née sur le même terrain. Depuis la maladie des Pommes de terre, on s’est spécialement occupé de ces essais dans le terrain de la Société impériale d'horticulture. Dans les premiers jours de septem- bre 1845, époque à laquelle le jardin commençait à se dégarnir, on planta, dans un carré, des Pommes de terre de l’année; elles furent cinq à six semaines à lever. Au milieu de novembre on les butta; et lorsque les gelées vinrent, on les couvrit, les unes de cloches qui furent entourées de feuilles, les autres de feuilles seule- ment. Au mois de mai, on les arracha, et toutes furent assez gros- 198 LE JARDIN POTAGER, ses et bonnes à manger. Il fut remarqué que parmi ces Pommes de terre, qui avaient passé l'hiver en pleine terre, pas une n’était ma- lade. Ensuite on exécuta une seconde plantation avec des tubercu- les récoltés en 1845 ; on les récolta au mois d'août. Si l’on s'était servi de tubercules de l’année, la plantation aurait été plus tardive de cinq semaines environ. Enfin, le 25 août, il fut fait une troisième plantation avec des tubercules récoltés au printemps; ils levèrent quelque temps après. En les buttant au mois d'octobre, "on remar- qua qu'il n'y avait encore aucun tubercule de formé; cependant, avant de les couvrir, vers le 10 novembre, ils furent examinés et l’on en trouva de la grosseur du doigt. Lorsque les fortes gelées furent venues, on mit une seconde couche de feuilles, et à la fin de décembre les tubercules étaient d'une belle grosseur : ils avaient acquis tout leur volume sans végétation extérieure, pour ainsi dire. De la régénération des Pommes de terre par le semis. — Quelle que soit la cause de ce phénomène, 1l est certain que la Pomme de terre dégénère parfois ; en cette occurrence, le meilleur procédé à suivre pour lui restituer ses qualités premières consiste à la re- produire par semis. Cette pratique régénère, dit-on, le tubercule, l'améliore, le rend plus vigoureux. Pour recueillir de bonnes grai- nes, on supprime tous les fruits sur un pied de Pomme de terre, à l'exception de deux ou trois qu'on laisse arriver à une entière ma- turité. On prend la précaution de ne pas cultiver d’autres variétés dans le voisinage de celles dont on veut récolter la graine, car s'il y avait mélange de poussière pollinique pendant la floraison, le produit de la graine serait une espèce bâtarde. On reconnait la maturité de la graine au ramollissement de la baie, et dans les es- pèces tardives, au desséchement de la tige ; en un mot, l'époque la plus favorable pour les recueillir est celle de la récolte des tuber- cules. On dépose ces baies à la cave et on les abandonne à clles- mêmes jusqu'à ce qu'elles commencent à pourrir. On les presse entre les doigts au-dessus d’un vase contenant de l’eau tiède; celui-ci recoit la graine, qu'on lave à plusieurs reprises, afin de la débar- rasser de la matière gluante qui y adhère. Cette manipulation est TUBERCULES ALIMENTAIRES. 199 des plus essentielles; car si le mucilage n’est pas parfaitement en- levé, il sèche et forme sur la graine une couche solide qui retarde un peu la germination. Quand les graines ont subi cette opération, on les fait sécher et on les conserve ; chaque baie donne au-delà de 100 graines. Vers la mi-avril ou au commencement de mai de l’an- née suivante, on sème ces graines en raies distancées de 0",10, sur un sol bien ameubli, qui a été fumé en automne ; dix jours après, la graine lève. Il est essentiel de sarcler soigneusement le semis, et c’est pour ce môtif que la disposition en raies est recommandée. Aussi- tôt que les plants sont parvenus à la hauteur de 0",10 à 0,15, on procède au repiquage, et on place les pieds à 0,15 les uns des autres, dans des rangs distants de 0°”,50. La première année, les tubercules n’atteignent pas leur entier développement; ils sont aqueux et non comestibles. Quelques-uns acquièrent le volume d'un œuf de poule, mais presque tous restent petits et ne dépassent pas le volume d'une Noisette. Ces petits tubercules, aussi bien que les gros, sont conservés pour être replantés, l’année suivante ; ils donnent, la seconde année, une Pomme de terre arrivée à sa perfection. | On aura surtout soin de leur conservation, et l’on veillera à ce que les Pommes de terre ne germent pas avant d’être confiées à la terre. Observations. Nous devons faire observer que si, chez nous, on ne mange que les tubercules de la Pomme de terre, en Suède et dans d’autres pays les sommités des tiges, quand on les a fait bouillir, sont regardées comme un mets très-délicat. VARIÉTÉS A CULTIVER DANS LES JARDINS POTAGERS. Pomme de terre de Jeancé, demi-tardive, productive, de bonne qualité ; tubercule jaune, rond, à chair jaune. — de Kidney hâtive ou Marjolin, jaune longue, précoce, d’excellente qualité. _ naine hâtive, même qualité que la précédente. — Truffe d'août, rouge, ronde, précoce. — fine hâtive, jaune, ronde, précoce. — de Descroïzile, petite, rouge, longue, d’excellente garde. — de Châtaigne Sainville, jaune, oblongue, petite; mais une des meilleures connues. 200 LE JARDIN POTAGER. Pomme de terre de Vitelotte, rouge, longue, yeux fortement entaillés, recherchée en cuisine à cause de sa solidité dans les ragonts, — violette, ronde et de qualité très-recommandable. — tardive d'Irlande, rouge, ronde, ne poussant que fort tard. — Blanchard, très-précoce et productive. — de Comice d'Amiens, jaune, ronde, hâtive. — de Shaw, ronde, jaune, bonne qualité. — de Segonzac, plus productive que la Shaw, mais un peu moins hâtive. — jaune longue de Hollande, lisse et aplatie. — rouge longue de Hollande. Psoralée comestible où Picotiane (PI. V, fig. 5). Psoralea esculenta, Pursh. (Léqumineuses-Papilionacées.) — Vivace. Pursh a décrit le premier cette plante originaire de l'Amérique septentrionale, et dont le tubercule très-féculent fournit, pendant l'hiver, un aliment sain et assez abondant dans les contrées où il est indigène. M. Lamarre-Picot (de qui elle a pris le nom de Pico- tiane) l’introduisit dans la culture en 1846 ; deux ans après, il fut envoyé par le gouvernement français en Amérique afin d'en rap- porter une quantité de tubercules assez considérable pour faire des essais en grand. Mais les résultats ne répondirent pas aux espéran- ces. La reproduction par tubereules ne paraît pas possible, par la raison qu'on n'obtient pas ainsi une quantité plus grande de pro- duits que celle qu'on a employée. Le bouturage des tiges, proposé par feu Gaudichaud, est de pure horticulture, au moins quant à présent. Ce ne serait donc que par le semis, voie très-lente et très-difficile, que l’on pourrait espérer obtenir des résultats fruc- tueux. La Psoralée exige au moins cinq à six années pour acquérir un volume comestible. Les Indiens de l'Amérique du Nord en font usage quand ils sont privés d'autre nourriture, et les tubercules qu'ils mangent ne proviennent pas de plantes cultivées, mais de plantes sauvages qui ont pu croître à loisir et dont l’âge n'est pas connu. Ce tubercule qui acquiert la grosseur d’un œuf, est riche en fécule ; mais 11 a le désavantage d'avoir une saveur aromatique ; la farine qu'on en retire est blanche, mais trop savoureuse pour en- trer dans l'usage habituel. Le pain qu'on a essayé de faire avec cette farine avait un goût de Mélilot trop prononcé pour pouvoir être accepté. Malgré tout ce qu’on a pu dire à son avantage, la TUBERCULES ALIMENTAIRES, 201 Psoralée ne saurait, à aucun titre, remplacer la Pomme de terre, ni pour la saveur, ni pour le volume, ni pour la rapidité des pro- duits. Souchet comestible (PI. VIL fig. 1). Cyperus esculentus, Lin. (Cypéracées.) — Vivace. Cette espèce, qui porte-vulgairement le nom d’'Amande de terre, croit spontanément dans le midi de l’Europe, en Orient, dans l’A- frique méridionale et septentrionale, et on la cultive assez souvent comme plante alimentaire, à cause de ses tubercules ovoïdes qui sont très-féculents, ont le volume d'une Noisette et une saveur analogue à celle de la Châtaigne. On les mange ordinairement cuits; on peut aussi les manger crus, et ils servent aussi à préparer une émulsion, une sorte d’orgeat très-agréable. PLEINE TERRE. — Plantation. En mars, peu profondément, dans une terre bien ameublie, légère et humide, à distance de 25 centi- mètres pour permettre aux pieds de taller. Il faut faire tremper les tubercules vingt-quatre heures dans l’eau avant de les planter, et en mettre au moins quatre par chaque trou. Culture. Des arrosements, des binages et des sarclages. Récolte. On arrache les tubercules en octobre. Conservation. En lieu sec jusqu'à l’année suivante. Terre-Noix, ou Carvi à bulbe de Châtaigne. Carum bulbocastanum, De Cand. (Ombellifères-amminées.) — Bisannuelle ou vivace. Le Carum bulbocastanum, ainsi appelé parce que sa racine tu- béreuse, arrondie, de la grosseur d’une Noix et grisire, a un goût analogue à celui de la Châtaigne, quoique moins fin, se nomme vulgairement Terre-Noix. Il croît dans les lieux humides et possède une saveur aromatique dans toutes ses parties, ce qui est commun aux végétaux de cette famille. On fait cuire la racine tubéreuse sous la cendre ou dans de l’eau, et on l’assaisonne de diverses manières pour la manger. Un des inconvénients qu’elle présente, c'est 202 LE JARDIN POTAGER. qu'il lui faut deux ou trois ans pour arriver à une grosseur comes- tible. En outre elle n'est pas divisible comme le tubercule de la Pomme de terre. Il faut donc se borner à recueillir les racines tubéreuses des plantes que l’on a ou trouvées ou semées, et les con- server Jusqu'au printemps dans la serre aux légumes. On ne sait pas du reste quelles qualités acquerrait ce végétal s’il était bien cultivé. Topinambour, ou Hélianthe tubéreux (PI. V, fig. 2). Helianthus tuberosus, Lin. (Composées.) — Vivace. L'Hélianthe tubéreux, vulgairement nommé Topinambour, Poire de terre, ete., est originaire du Brésil et a acquis une certaine importance en Europe depuis qu’on a reconnu les avantages alimen- taires que présente sa culture. En effet, le caractère le plus im- : portant de cette espèce consiste dans ses rhizomes tubéreux et un peu féculents, qui fournissent un aliment abondant, soit pour l’homme, soit pour les bestiaux. Ses feuilles mêmes peuvent être une bonne nourriture pour les animaux, et ses tiges desséchées fournissent un assez bon combustible dans les campagnes. L’Hé- lianthe tubéreux n’était guère cultivé que dans les jardins, lorsque Ivart en préconisa la culture en grand pour la nourriture des bes- tiaux et particulièrement des troupeaux. M. Dujonchay contribua ensuite à la mettre en faveur. Les tubercules de Topinambour pré- sentent, entre autres avantages, leur abondance et la propriété qu'ils ont de braver les gelées. Cependant, quand on en fait l’ali- ment principal des moutons, ils peuvent amener des inconvé- nients auxquels du reste on remédie facilement par l'addition d'une petite quantité de sel, ou d’une substance tonique quel- conque. La meilleure manière d’en faire pour les animaux un ali- ment parfaitement sain est de les combiner par moitié avec une nourriture sèche. | Si le Topinambour contenait de la fécule autant que la Pomme de terre, il serait, en raison de l'abondance de ses produits, de sa rus- ticité et de la facilité de la conservation de ses tubercules, supé- rieur peut-être à cette précieuse solanée, mais sa saveur est assez TUBERCULES ALIMENTAIRES. 203 semblable au réceptacle de l’Artichaut, avec plus de douceur fade et d'insipidité, ce qui en limite l'usage. Un de ses autres inconvé- nients est de se multiplier dans les jardins d’une manière telle qu'il est presque impossible de l'en extirper quand une fois on l'y a in- troduit. Les tubercules qui échappent à l’arrachage se détruisent difficilement, et le terrain où l'on a cultivé des Topinambours peut en rester garni pour ainsi dire indéfiniment; aussi, en général, consacre-t-on à cette plante un coin spécial et écarté. PLEINE TERRE. — Plantation et culture. On plante les Topinam- bours de février en mars, en terre plutôt forte que légère, et on les abandonne à eux-mêmes, en se bornant à quelques sarclages et à une seule façon lorsque la terre est trop compacte. Par le sens, on à obtenu plusieurs variétés, dont quelques-unes à tubercules jaunes ou d’un blanc jaunâtre. Récolte. Les tubercules résistant au plus grand froid, on peut n’en faire la récolte qu’au fur et à mesure des besoins. Cependant, comme ce n’est guère qu'au mois d'octobre que les tubercules sont formés, ce n'est qu'à cette époque qu'on la commence. Uliuque, ou Ulluco tubéreux (PI. V, fig. 3). Ullucus tuberosus, Caldas. (Portulacées.) — Vivace. Par suite de la maladie qui a ravagé les champs de Pomme de terre et des disettes qui en ont été la conséquence, les agronomes et les botanistes ont porté leur attention sur les plantes tubéreuses susceptibles de remplacer, au besoin, ce précieux végétal. La Gly- cine tubéreuse, la Picotiane et l’Ulluque tubéreux sont de ce nombre, avec l’Igname. L'Ulluque, originaire du Pérou et de la Bolivie où on le cultive en grand à cause de son tubercule qui constitue un aliment estimé des indigènes, a été introduit en Europe en 1848, époque de laquelle datent les premiers essais de culture qu'on en fit en France. Malheureusement ces essais n’ont pas eu, sous notre climat, les résultats espérés, quoique la hauteur à laquelle sont . Situées les terres consacrées à cette culture dans l'Amérique du Sud, soit d’une rigueur assez grande pour qu'on en ait pu inférer que 204 LE JARDIN POTAGER. l'Ulluque supporterait sans peine le froid de nos hivers. Malgré cela, même le buttage, le bouturage et le marcottage des tiges, tous les soins de l’horticulture, en un mot, une touffe d'Ulluque n’a Jamais produit chez nous plus d’un quart de ce qu’on aurait ob- tenu d'une touffe de Pomme de terre dans des conditions identiques. De plus, les tubercules de l’Olluque ne semblent pas pouvoir ac- quérir, sous notre climat, la maturité suffisante pour devenir féculents. Peu mangeables pour l’Européen, ils ne sont que d’une très-médiocre alimentation pour les animaux. L'Ulluque a besoin, pour se développer, de la température à la fois humide et chaude de l'automne ; de sorte que les plantations qu’on én fait en août ou septembre, donnent un produit presque égal à celles faites au printemps. Les conditions de végétation de l’Ulluque sont à peu près les mêmes que celles de l’Oxalide crénelée qui lui est préféra- ble par la quantité de son produit et par la qualité de ses tuber- cules. PLEINE TERRE. — Plantation. À la mi-mars, ou si l’on veut, en août et septembre, on peut mettre en terre les tubercules de cette plante. On en fait, si on le préfère, des marcottes et des boutures, qui reprennent assez promptement. Les branches qui traînent sur le sol s'enracinent naturellement. Culture. XL faut à l'Ulluque une terre meuble, de l'air, de l'espace et une humidité mêlée de chaleur. Récolte ef conservation. Les tubercules ovoïdes et aplatis, quel- quefois cylindriques, de l’Ulluque, se récoltent à l'automne. Ils se conservent dans un lieu sec. CHAPITRE IIT, PLANTES A BULBES ALIMENTAIRES !, Ail commun (P], VII, fig. 5). Allium salivum, Lin, (Liliacées.) — Vivace. Cette plante paraît être originaire des sables de la Sicile et est indigène du midi de l'Europe. On la cultive pour ses bulbes, nom- més tètes ou gousses, à odeur et à saveur très-fortes, mais qui ne plaisent pas également à tout le monde. C’est surtout dans le Midi qu'on la recherche, malgré l'odeur nauséabonde qu'elle laisse dans la bouche; dans le Centre et dans le Nord on en accepte un aperçu comme condiment de quelques viandes, telles que le gigot de mou- ton, mais on paraît en redouter l'infection pour la bouche. Il est vrai de dire que l'Ail du Midi est plus doux que celui que l’on cultive dans le Nord. L’Ail ne donne presque jamais de graines dans les contrées septentrionales, où l’on est en conséquence obligé de le multiplier par caïeux. On aurait au reste peu d'avantages à le mul- tiplier par semis, car 1l lui faudrait trois années pour arriver à grosseur comestible. Les Aulx, à l’état de bulbes, entrent dans beaucoup de mets et d'assaisonnements ; leurs feuilles hachées se mangent en salade au printemps. Sur les bords de la Loire, on pile le bulbe et quelquefois les feuilles pour les mêler au fromage frais. En Orient, on les réduit en poudre pour s’en servir comme de poivre moulu. Addi- 1 Toutes ces plantes appartiennent à la famille des Liliacées et au genre Ail. 206 LE JARDIN POTAGER. tionné à la colle de farine, l’Aïl donne à celle-ci une plus grande force d'adhésion. | Plantation. En février et mars, on plante les bulbes ou gousses de l’Aiïl, à 15 centimètres de distance, soit en bordures, soit en planches. Pour avoir des produits plus hâtifs, on peut planter en octobre. Culture. L’Ail préfère une terre forte, sans trop d'humidité, à une terre très-légère. Le fumier qui lui convient le mieux est celui de cheval. Il faut, pour faire tourner les bulbes, arrêter la séve, qui se porterait dans la tige, tordre les feuilles et la hampe, et les lier. Les Aulx n'exigent aucun soin et sont assez robustes pour ré- sister à toutes les températures. Récolte et conservation. Dès que la tige est entièrement fanée, on arrache les bulbes ; on les laisse quelque temps à l'air libre pour les ressuyer, puis on en fait des bottes que l’on suspend en lieu sec. Ail d’Espagne, ou Rocambhole. Allium scorodoprasum, Lin. (Liliacées.) — Vivace. Cette espèce qui croit à l’état sauvage en Grèce, en Italie, en Espagne, en Portugal, etc., a pour caractère particulier de porter, au lieu de graines, entre les fleurs, des bulbilles qui peuvent servir à sa reproduction ; mais on n’emploie pas ce moyen de mul- tiplication parce qu'il est trop lent. On multiplie par caïeux comme pour l'ail commun. La culture est d’ailleurs la même. Les Génois, qui cultivent beaucoup la Rocambole, en importent de grandes quantités en Provence, sous le nom d’A77 rouge. I est plus doux que l’Ail commun. Ail d'Orient. Allium ampeloprasum, Lin. (Liliacées.) — Vivace. Cette espèce, dont la patrie paraît être aussi le midi de l'Europe et particulièrement la péninsule Ibérique, produit un bulbe qui se divise en caïeux, plus gros que ceux de l’Aïl commun ; il possède BULBES ALIMENTAIRES. 207 une saveur et une odeur moins àcres et plus agréables, ce qui mé- riterait de le faire rechercher des palais délicats. Ciboule commune. Allium fistulosum, Lin. (Liliacées.) — Vivace, cultivée comme bisannuelle. PLEINE TERRE. — Serus. On sème cette plante, qui appartient au genre Ail, à deux époques, selon les produits hâtifs ou tardifs qu'on en veut tirer. Dans le premier cas, le semis se fait en février ou mars, pour mettre en place, par deux plants ensemble, dans le courant d'avril ou de mai, en laissant entre chaque touffe une distance de 15 à 16 centimètres. Dans le second cas, on sème dans le courant de juillet, et l'on repique en septembre. Culture. Celle de l’Aïl, comme soins généraux. Terre légère et substantielle. Récolte et conservation. La récolte commence deux mois après la plantation. Laisser en terre et relever au fur et à mesure des besoins. Durée de la faculté germinative des graines. Deux ans et plus, en laissant les graines dans leur enveloppe. VARIÉTÉS, Ciboule blanche hâtive. (Elle se traite aussi comme vivace; on lui laisse, dans ce cas, former de grosses touffes que l’on met en éclats selon les besoins; elle est d’une longue durée.) — vivace, dite Ciboule de Saint-Jacques. (Elle comporte elle-même plusieurs variétés ; on Ja multiplie d’éclats que l’on plante, de préférence, en bordure, au printemps et à l’automne ; elle a les mêmes propriétés que la ciboule commune.) Civette ou Cihoulette (PI. VILLE, fig. 4). Allium schœnoprasum, Lin. (Liliacées.) — Vivace. PLEINE TERRE. — Plantation. Cette plante vivace, que l’on nonime aussi Appétit, et qui appartient au genre Ail, se multiplie de caïeux que l'on sépare en mars. e & Culture. faut à la Civette une bonne terre, une bonne exposi- tion et des arrosements dans les temps secs. On la cultive quelque- fois en planches, mais plus généralement en bordures. Récolte. On récolte au fur et à mesure des besoins. 208 LE JARDIN POTAGER. Échalote (PI. VII, fig. 3). Atllium ascalonicum, Lin. (Liliacées.) — Vivace. PLEINE TERRE. — Plantation et culture. C'est par les bulbes et non par les graines que l’on multiplie cette plante réputée origi- naire des montagnes de la Syrie, et qui appartient au genre Aïl. On choisit pour cela des bulbes de moyenne grosseur, et même les petits moins profitables dans le méuage, dont le plant est au moins aussi favorable que celui des gros. L’Échalote demande une terre plutôt sèche qu'humide, légère et pas trop récemment fumée. On plante en bordures ou en planches à 10 centimètres de distance, dans la première quinzaine de mars. Si l’on veut avoir une récolte hâtive, c’est-à-dire dès le mois de juin, on plante les Échalotes au mois d'octobre, mais pas plus tard que dans les pre- miers jours de novembre. Cette plante n’exige d’ailleurs d'autres soins que ceux communs à la plupart des végétaux des jardins. Récolte et conservation. Quand les feuilles sont fanées, on arrache les bulbes, qu'on laisse ressuyer pendant quelques jours à l'air libre, et on les entre dans la serre, où ils doivent être tenus au sec. C’est vers la fin de juillet et dans les premiers jours d'août qu'a lieu la récolte des bulbes mis en terre au printemps, et c’est dans les premiers jours de juin que se fait celle des produits de la plantation d'automne. VARIETES, Grosse échalote (peu cultivée, mais d’un volume double au moins de celui de l’espèce type). — d'Alençon (variété plus volumineuse encore que celle de l’espèce précédente, mais plus lente à se former). Échalote de Jersey (variété plus précoce, qui se multiplie de graines. Les bulbes sont d’une conservation difficile. Elle est répandue dans le nord, et on la connaît en Écosse sous le nom d'Échalote de Russie. Elle se multiplie de graines. Sa culture est la même que celle de l’échalote ordinaire.) Ognon, ou Oignon commun (P]. VII, fig. 1 et2). Allium cepa, Lin. (Liliacées.) — Vivace, cultivé comme bisannuel. Les Oignons appartiennent au genre Aiïl. Ils forment une des plus importantes branches de la culture potagère. Leurs nombreuses variétés se modifient sous l'influence du sol et du climat. BULBES ALIMENTAIRES. 209 CULTURE FORCÉE. — Les Oignons blancs (4/anc de Nocera, très- petit, blanc gros et blanc hätif) sont les seuls, particulièrement le hâtif, qui se cultivent en primeurs. On les sème sur couche et sous panneau, en Janvier et février. Les soins qu'ils exigent ne diffèrent pas de ceux des autres primeurs. PLEINE TERRE. — Semis et culture. L'Oignon blanc se sème à la mi-février et dans la première quinzaine de mars, en place et en pépinière. Dans le nord, on pratique surtout le semis en place ; à Paris et dans le midi de la France, on sème généralement en pépi- nière, pour établir ensuite ses carrés par le repiquage. Cette der- nière méthode est bonne dans les terres fortes. L'Oignon rouge pâle et ses variétés se sèment à la fin de janvier ; mais le mois de février est celui qui convient le mieux pour sa culture; on peut pourtant aussi semer au mois d'août, mais alors il est à craindre qu'au printemps suivant une partie ne monte à graine. L'Oignon ne réussit bien que dans une terre légère et fumée de l’année précédente. Le fumier de mouton est fort estimé pour l'Oi- guon ; le marc de raisin, ou enfoui, ou répandu sur le semis à la place de terreau, est aussi d’un excellent usage. On prépare la terre à l'automne ou au commencement de l'hiver, et on lui donne une seconde façon quinze Jours avant le semis pour qu'elle puisse se tasser. Les semis faits en terre trop creuse ne réussissent pas ; c’est pourquoi dans les terres naturellement meubles, on piétine les planches ou, s'il s’agit de culture en grand, on passe le rouleau avant et après le semis, lequel se fait à la volée. Après avoir foulé le sol, on recouvre la graine d’une couche de terreau, et, si le temps est trop sec, on arrose légèrement pour favoriser la germi- nation. Après la levée des graines, on éclaircit le plant pour laisser entre chaque Oignon la place nécessaire à son développement, et l’on regarnit les endroits où 1l est trop clair. Le plant que l’on éclaireit peut servir à replanter ou être employé comme Ciboule quand il est assez fort. Les sarclages, les binages, des arrosements sans excès sont les soins qu’exige l’Oignon. Quand le bulbe commence à se former, on brise, sans les arracher, mais en les couchant sur la 14 210 LE JARDIN POTAGER. terre, toutes les feuilles qui composent la fane, afin d'arrêter la séve au profit de l'Oignon. Pour la culture en pépinière et par transplantation, l’Oignon blanc se sème dans les premiers jours d'août, pour être repiqué dans le courant d'octobre, lorsqu'on possède des terres légères. On sème à la fin d'octobre, pour repiquer en mars, dans les terres fortes. La distance à laisser entre les plants est de 10 à 12 centimètres. Quand le froid est rigoureux, on couvre le plant avec de la litière. L'Oignon, arrivé à demi-grosseur, est bon à consommer dès le mois de mai, si ce n’est même d'avril, et successivement durant tout l'été. Les Oignons destinés à produire de la graine se plantent en f6- vrier et mars. Sous le nom de culture à la baguette, M. de la Boëssière a mis en pratique un procédé qui appartient d’ailleurs au semis en place, auquel on a adapté quelques modifications. Voici ce procédé décrit par son auteur. Du 15 juillet au 15 août, on sème en rayons tracés le long d’un cordeau, au moyen d'une baguette, dans un terrain bien préparé, que l'on piétine, afin de resserrer la terre dans le fond du rayon, et de donner à ce rayon le moins de profondeur possible, la beauté de la plante dépendant surtout, lors de son grand développement, de son affleurement au sol. On met 22 centimètres d'intervalle entre les rayons, afin de pouvoir butter les plantes avant les grandes gelées. On sème plutôt dru que clair, parce que l'hiver, s'il est rude, en détruit une partie. On remplit les rayons de terreau ; enfin on arrose pour faire lever, si le temps est sec. Les grandes gelées passées, on abat la terre qui a servi à butter, on éclaireit les rangs, on sarcle en grattant peu profondément la terre avec de petites paroires à main. Cette méthode, suivant M. de la Boëssière est la moins dis- pendieuse de toutes, malgré les soins qu'elle réclame tout d’abord. IL est bien vrai qu'une partie des Oignons ainsi obtenus monte au printemps ; mais l’auteur du procédé y trouve en quelque sorte un avantage, en ce que dans son terrain, défavorable à la culture de la graine, ces Oignons montés en produisent néanmoins de plus BULBES ALIMENTAIRES. 211 belle et de plus grosse que les Oignons replantés en vue d’en obte- nir. M. de Vilmorin fait observer que cette pratique est contraire à ce que l'expérience a démontré pour la conservation des espè- ces potagères, et que des Oignons ainsi récoltés pendant plusieurs générations perdraient leur aptitude à tourner et dégénéreraient en Ciboule. Tout au plus, dit ce dernier horticulteur, pourrait-on alterner, récolter une année de cette manière, une autre année sur des Oignons replantés, comme font en Angleterre quelques habiles cultivateurs pour les Navets. M. de Vilmorin considère que la mé- thode de M. de la Boëssière n'est bien applicable qu’à la production des Oignons d'été et d'automne. Parmi les autres méthodes proposées pour la culture de l'Oignon est ceile de semer l’Oignon très-dru en mars et en avril, en em- ployant 60 grammes de graine par mètre carré. On obtient à l’au- tomne des Oignons gros seulement comme de petites Noisettes ; on les conserve l'hiver en lieu sain, et en février ou mars on plante ces petits bulbes à 10 centimètres de distance l’un de l’autre. MM. Le- brun et Nouvellon, de Meung-sur-Loire (Loiret), ont obtenu ainsi, autrefois, des récoltes considérables de gros et beaux Oignons. Mais le difficile est, surtout dans les étés pluvieux, d’avoir, par ce moyen, des bulbes en assez grand nombre et de la grosseur indiquée pour la plantation. Cette méthode se rapproche de celle qu’on emploie pour obtenir des Oignons à confire. On sème épais et l’on n'arrose que fort peu. La variété la plus favorable pour cet usage, quoique toutes les autres y soient plus ou moins propres, est l'Oignon blanc hâtif. Récolte et conservation. Les Oignons blancs se récoltent à la fin d'avril et dans les premiers jours de mai. Ceux de couleur se récol- tent à la fin d'août et dans les premiers jours de septembre. On les laisse se ressuyer sur le sol où ils achèvent de mürir; puis on en forme des bottes qu'on suspend au grenier ou dans l'endroit le plus sec de la serre aux légumes. Le seul soin à prendre est de les pré- server de la pourriture et de les étendre, si l’on craint qu'ils ne subissent l'influence de l'humidité. En prenant ces précautions, on peut garder des Oignons jusqu'au commencement de Juin, époque 212 LE JARDIN POTAGER, où les Oignons blancs ont donné leur produits. Du reste, lorsque le bulbe d'Oignon est bien aoûté, qu'on a choisi une bonne variété de conserve, et qu’on a eu soin de le mettre dans un endroit sec, à l'abri de l'humidité, on peut toujours garder lOignon jusqu'à ce qu'une récolte nouvelle vienne remplacer celle qui est épuisée. Durée de la faculté germinative des graines. Deux ans. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Oignon blanc gros (estimé pour sa douceur et sa bonne qualité). — blanc hâtif (doux aussi et recherché pour sa précocité). blanc de Florence (très-petit et qui ne s’est jamais maintenu franc sous le climat de la France en général). blanc de Nocera (également très-petit et peut-être le même que celui de Florence, très-hâtif, tournant presque aussi promptement qu'un Radis; mais tendant, sous notre climat, à grossir et à perdre de sa précocité). rouge pâle ou de Niort (le plus ordinaire en France, et qui, dans beaucoup de loca lités, est d'excellente qualité). jaune ou blond, des Vertus, près Paris, et de Cambrai (gros, excellent et de très-bonne garde). rouge foncé (plus piquant, large et plat, très-recherché dans quelques pays). jaune d’Espagne (de couleur soufrée, large, d’une chair tendre, doux et sucré dans son pays d’origine, mais prenant sous les climats plus froids une saveur piquante). poire ou pyriforme (rougeâtre, à chair grossière, à saveur forte, mais de garde par- faite). furiforme ou corne-de-bœuf (de forme analogue à l’Oignon pyriforme, mais beaucoup plus allongé, tournant difficilement, sujet à dégénérer, peu digne d’être recherché, si ce n’est pour la curiosité). de Madère, romain ou de Bellegarde (gros Oignon du midi de l’Europe, rouge pâle, obrond, quoique sujet à s’allonger, très-doux, mais perdant ses qualités dans le Nord où il réussit difficilement). de Danvers (belle race américaine très-hâtive, à bulbe sphérique, à collet fin, de bonne garde). double tige (rougeûtre, très-plat, hâtif, à petites feuilles). James (de couleur blonde, de forme allongée, très-estimé en Angleterre pour sa bonne conservation). globe (sous-variété de l'Oignon James, un peu moins blond, remarquable par sa beauté, mais difficile à conserver sous sa forme globuleuse). d'Égypte ou bulbifère (variété intéressante qui fournit à l'extrémité de la hampe peu de fleurs ét un grand nombre de petits bulbes, au lieu de graines, sans que celui qui est en terre cesse de grossir ; il possède, par sa nature, le double avantage que quelques horticulteurs ont essayé d'obtenir, celui de la sureté de la récolte et de l’économie de la culture; il offre en outre deux genres de multiplication, en terre par les caïeux et hors de terre par les bulbilles; mais sa chair est grossière et il pourrit très-aisément s'il n’est pas dans un lieu sec et froid, ou du moins non chauffé. Ces caïeux se plantent en février et mars à 30 centimètres de distance sur tous les sens. Les bulbilles ou rocamboles se plantent de mars en avril, à 15 ou 20 centimètres entre rangs, et à 8 à 12 centimètres sur le rang, selon leur grosseur.) patate ou souterrain (qui ne donne ni graines, ni bulbilles, mais se multipliant, comme les Tulipes et les Oignons à fleur, par les caïeux qui se forment autour de la BULBES ALIMENTAIRES. 213 plante mère. C’est un bon Oignon, qui se garde très-longtemps. On le plante de pré. férence après l'hiver, quand on a pu le conserver jusque-là; dans le cas contraire, c’est-à-dire où il pousse, on le plante pendant ou même avant l'hiver. On distance de 30 à 40 centimètres. On butte à deux reprises, très-légèrement la première, - davantage la seconde. Sa conservation exige une température très-sèche et froide. Comme moyen de conservation indiqué, on coupe la tige à 3 centimètres au-dessus du collet, on fend ce reste en quatre jusqu’à la base, sans attaquer le bulbe et on laisse sécher ainsi.) Porreau ou Poireau (P]. IX, fig. 3.) Allium porrum, Lin. (Liliacées.) — Bisannuel. Cette plante, originaire des contrées méridionales de l’Europe, et qui forme une section du genre Aiïl, croît spontanément dans les départements du midi de la France, comme-dans la péninsule ibé- rique. On la cultive, de temps immémorial, dans les jardins pour l'usage culinaire, afin de relever le goût des potages, des bouillons, des sauces et de certains mets, par l'emploi de ses bulbes cylin- driques et de ses feuilles. CULTURE FORCÉE. — Semis. À la mi-décembre, on sème sur couche et sous châssis. On abrite le plant contre la gelée, et au mois de février on le met en place; au mois de juillet il est bon à consommer. PLEINE TERRE. — Semis. On peut, si l’on n'a pas de couches, semer les Porreaux au commencement de septembre. Pour obtenir des produits précoces, on relève le plant en février et on le met en place; mais il arrive souvent que le Porreau monte à graine, ce qui empêche d’avoir recours à ce moyen et lui fait préférer le se- mis sur couche. On sème en général les Porreaux en février et mars, et pour les produits tardifs en Juillet. Culture. Dès que le plant a acquis la grosseur d’un tuyau de plume, ce qui a ordinairement lieu en avril, on le déplante et on le repique en terre substantielle, famée de l’année précédente, à 15 centimètres de distance, et à une profondeur de 10 centimètres, en ayant soin, avant la plantation, de couper la racine et l’extré- mité des feuilles. Les soins se bornent à des sarclages et à des ar- rosements dans les temps secs. Une pratique destinée à faire grossir 214 LE JARDIN POTAGER. les Porreaux, et que l'expérience, bien que contraire à la théorie, a consacrée, consiste à en couper les feuilles plusieurs fois. Quand on voit que les Porreaux semés à l'automne ont une tendance à monter, on les arrache et on les replante très-près les uns des autres pour en ralentir la végétation. Les Porreaux destinés à porter graine sont plantés en mars; il faut avoir soin de ne choisir que les sujets les plus vigoureux. Récolte et conservation. On récolte en Juin pour les semis d’au- tomne, en septembre pour ceux du printemps. On laisse les Por- reaux en terre et on les arrache au fur et à mesure du besoin, parce qu'ils ne supportent pas, comme les autres végétaux de cette famille, une longue sortie de terre. Durée de la faculté germinative des graines. Deux ans. IT faut conserver les graines dans leur enveloppe. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Porreau long ordinaire (propre au semis de pleine terre). — gros court (à racine moins longue et plus grosse que le précédent; cultivé dans le Midi, mais sensible au froid et, sous le climat parisien, propre seulement au semis de couches ou de printemps). — gros court de Rouen (rustique et, en Normandie, atteignant parfois la grosseur du bras). 6 — jaune de Poitou (remarquable par son feuillage d’un vert très-blond et par sa gros- seur presque égale à celle du précédent ; il est adopté par les maraïichers de Paris pour la culture ou primeur sur couche). CHAPITRE IV. PLANTES LÉGUMIÈRES A BOURGEONS, A INFLORESCENCES ET AUTRES PARTIES ALIMENTAIRES. Artichaut |PI. X, fig. 4 et 5. Cynara scolymus , Lin. (Composées-Cynarées.\ — Vivace. L'Artichaut est généralement accepté comme originaire du midi de l'Europe. Quelques auteurs lui assignent l'Éthiopie comme pays d'origine, et ajoutent que, de là, il se serait répandu dans l'Égypte, dans la Barbarie, en Syrie, en Grèce, en Espagne, en Italie, en France, etc. On le trouve tellement vivace, il trace sous terre avec tant de vigueur dans les jardins qui bordent le Nil, qu'on a beau- coup de peine à l'en extirper. Phlégon, surnommé Trollien (de Trolles, en Lydie, sa ville natale), médecin et philosophe du deu- xième siècle après J.-C., désigne cette plante sous le nom grec d'artutika (ägrurw), dont les Italiens ont fait artichiocco, et les Fran- cais artichaut. M. de Theis fait dériver le nom de deux mots celti- ques, art, épine, et chaulr, chou épineux. Si l’origine du nom d’Artichaut est fort obscure, celle de Cynara scolymus ne l'est pas moins. Ces deux mots paraissent avoir été associés à tort par Dios- coride, et ont même donné lieu à un autre genre de confusion. On a cru, et c'était une erreur, qu’on mangeait les racines et le récep- tacle d’une seule et même plante. On cultive dans quelques pro- vinces méridionales, dit M. Decaisne, le Scolymus hispanicus pour ses racines, mais ses réceptacles n'ont jamais servi à la nourriture de l’homme, pas plus que les racines de Cardon ou d’Artichaut n'ont 216 LE JARDIN POTAGER. été employées comme légumes. Le Cynara et le Scolymus sont donc ‘deux genres essentiellement distincts, et l’épithète de sco/ymus ajoutée au nom de cynara servait seulement à indiquer la ressem— blance entre les feuilles et le port de ces deux plantes. Quant au nom de cynara, il provient, suivant Columelle, qui nous à laissé une description excellente de l’Artichaut ou du Cardon, de la cou- tume où l’on était de le fumer avec de la cendre, coutume encore recommandée au seizième siècle, mais dans un autre but, par Charles Étienne, médecin et célèbre imprimeur, né en 1504, mort en 1564, dans son livre De re rustica, où il est dit que « la cendre de Figuier, répandue autour des plantes, est très-propre à écarter les rats et les souris, qui causent de grands dommages aux arti- chautières. » On ne saurait dire précisément à quelle époque la culture de l’Artichaut s’est introduite en France. Vincent de Beau- vais, savant dominicain, ami de saint Louis, qui, dans son Spe- culum naturale, nous a laissé des détails sur les plantes alimen- taires le plus généralement cultivées au treizième siècle, ne parle pas de l’Artichaut. Charles Étienne, déjà cité, n’en indique qu’une seule espèce, tandis que l’illustre médecin-botaniste Jean Baubhin, qui vivait au seizième siècle, et le non moins célèbre médecin-bo- taniste Mathias Lobel, qui florissait vers la même époque, déerivent plusieurs des espèces que nous cullivons encore à présent. On à prétendu que l’Artichaut n’était qu'une race obtenue du Cardon par la culture, mais ce n’est qu'une induction tirée de ce que cette dernière plante aurait seulement été trouvée à l’état sauvage. CULTURE FORCÉE DE L'ARTICHAUT.— Dans le courant de novembre, on relève en mottes les Artichauts qui étaient en pleine terre, et on les plante dans un coffre sous lequel on à soin d'entretenir la chaleur au moyen de réchauds de fumier. On met également ces plantes à l’abri de la gelée, en couvrant les panneaux pendant la nuit. Lorsque le temps est beau, on leur donne de l'air pendant la journée. On obtient, dans le centre et dans le nord de la France, par la culture forcée, des Artichauts bons à manger en avril; mais l'Algérie et même le midi de la France, sans moyens factices, don- nent des Artichauts beaucoup plus tôt. PLANTES LÉGUMIÈRES. 217 On peut substituer à la méthode ci-dessus indiquée celle, plus simple, qui consiste à pratiquer autour de la planche dont on veut forcer les produits, des fosses de la largeur des sentiers, dans lesquelles on met du fumier neuf. On dispose ensuite, de dis- tance en distance, soit des cerceaux fichés en terre par les deux bouts, soit un léger bâtis, qui permettent de poser sur la planche des paillassons ou d'autre abris susceptibles de défendre les Ar- tichauts contre la gelée et le mauvais temps. On couvre en même temps le sol de fumier chaud pour activer la végétation, et l'on remanie les fumiers tous les quinze jours, en y ajoutant chaque fois du fumier neuf. Par cette méthode, on n'obtient pas des produits aussi précoces; néanmoins on a des Artichauts à la fin de mai. PLEINE TERRE. — Semnis. On use peu de ce mode de reproduction; il n’a guère lieu que dans les cas où les anciennes plantes ont péri par accident, comme dans des hivers exceptionnels, par exemple, car l’Artichaut redoute les fortes gelées des climats septentrionaux. On sème sur couche en février et mars, ou en pleine terre en avril et dans la première quinzaine de mai; mais comme les Artichauts ne reproduisent pas leur espèce, et qu'il se trouve dans les semis plus des deux tiers des Artichauts qui retournent au type sauvage, et ont les écailles munies d’épines, on préfère avoir recours à la plantation des œilletons. Plantation. La multiplication par œilletons est la plus générale- ment en usage. On enlève au mois d'avril les œilletons qui se for- ment autour des vieux pieds, et on les plante dans une terre douce et meuble, bien amendée, bien humide et suffisamment préparée par des labours, à une exposition chaude, après avoir rabattu les feuilles. Dans une plantation faite en avril, la plupart des œilletons donnent des fruits à l'automne de la même année. Culture. Les soins à donner aux Artichauts, qu'ils soient jeunes comme ceux venus d'œilletons, ou vieux comme les grosses touffes qui ont déjà donné plusieurs récoltes, consistent à n'épargner ni les binages ni les arrosements. Si ces soins sont dispensés avec in- telligence et si la saison est favorable, on a en automne des Arti- 218 LE JARDIN POTAGER. chauts venus des œilletons plantés au printemps, et les produits seront très-abondants au printemps suivant. Au mois de novembre on coupe les tiges qui ont produit, ainsi que les grandes feuilles, et l’on relève le tout autour de chaque pied pour le mettre à l'abri de la gelée; puis on couvre de feuilles sèches et de litières. Vers la mi-mars, dès que le temps a perdu toute rigueur, on détruit les buttes des Artichauts, et on donne à ceux-ci un labour profond. | Lorsqu'on enlève les œilletons des Artichauts, on a soin de leur en laisser deux ou trois seulement pour ne point épuiser la touffe mère. Une plantation d’Artichauts demande à être renouvelée tous les trois ans, car la durée des produits n'étant que de quatre années, pour qu’ils soient à la fois beaux et abondants, et pour n'éprouver aucune interruption dans la récolte, il faut s’y prendre une année d'avance. Les cultivateurs des environs de Paris plantent des æille- tons chaque année, pour avoir des produits qui succèdent à ceux fournis par les vieux pieds, lesquels fructifient ordinairement en mai et en Juin. À Récolte et conservation. Dans le centre et dans le nord de la France on commence à cueillir les Artichauts en mai et en juin, et l'on continue jusqu’en septembre. Les petits sont destinés à être mangés crus, et l’on a raison de les enlever pour permettre à ceux qui restent d'acquérir plus de développement. Nous avons déjà dit que dans le Midi la récolte était plus hâtive. . On ne peut conserver les Artichauts que quelques jours ; encore est-on obligé de plonger l'extrémité de la tige dans l’eau pour les maintenir à l’état de fraicheur. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Artichaut gros vert ou commun (Cynara scolymus viridis ; le meilleur, le plus cultivé et le plus estimé à Paris). — de Laon (sous-variété du précédent, plus gros, à écailles larges et ouvertes). (PI. X, fig. 5.) — de Bretagne ou Gros-Camus (autre sous-variété de l’Artichaut commun, d'un vert plus pâle, à tête large, plus aplatie que dans les précédents, à écailles obtuses et très-peu ouvertes, un peu plus précoce que l’Artichaut commun, mais moins charnu ; on ne le cultive guère aux environs de Paris). (PL X, fig. 1.) PLANTES LÉGUMIÈRES. 219 Artichaut de Provence (à tête allongée, moins charnu, mais plus hâtif que ceux ci-dessus ; ne convenant guère qu'aux climats méridionaux, parce qu’il est très-sensible à la gelée. On le cultive avec succès dans le midi de la France, d’où il est importé à Paris comme primeur). — violet (Cynara scolymus vio'acea ; hâtif, peu gros, excellent à la poivrade, moins bon cuit, à tête allongée, à écailles d’une teinte violette à la pointe). — rouge (Cynara scolymus rubra; moins gros que l’Artichaut violet, en forme de pomme, à écailles extérieures d’un rouge pourpre; bon à la poivrade). — blanc (Cynara scolymus alba ; espèce délicate, et par cela même peu cultivée ; elle vient dans le Midi). — sucré (Cynara scolymus italica ; provenant des environs de Gênes; fruit petit, d’un vert pâle, chair d’un jaune foncé, goût fin, sucré, bon cru seulement ). Observations. On a proposé de fendre la tige de l’Artichaut en quatre, et d'introduire dans les parties entr'ouvertes de petits bà- tons pour forcer la séve à tourner exclusivement au profit du fruit. Ce moyen ne paraît pas avoir obtenu le résultat annoncé. On a également conseillé de couvrir les Artichauts d'un épais tissu de laine noire, afin d'en étioler les feuilles, ou, pour être plus correct, les écailles involucrales, et de les rendre plus ten- dres. L'expérience n’a pas répondu à la théorie. D'après M. Audot, on apporte sur les marchés d'Italie un produit particulier d’Artichaut, qu'on obtient après avoir courbé la plante à angle droit en réunissant les pétioles des feuilles, et la masse charnue qui en résulte, connue dans le pays sous le nom de Gobbo, nom qui est celui des Cardons d'Arfichaut, se mange crue et est d’un goût excellent. Il y a là une erreur sans doute, car on ne peut courber à angle droit la tige vigoureuse de l’Artichaut, dont les feuilles se brisent si aisément. Voici, du reste, ce que dit Targioni Tozzetti dans ses /struzioni botaniche, À. WE, p. 151 : « Quand la plante commence à vieillir et à perdre sa vigueur, on coupe les sommités des feuilles, on les attache et on les courbe sous terre, où en s’étiolant (érsugandosi) et en blanchissant elles perdent leur goût amer, deviennent douces et se mangent avec la racine pen- dant l'hiver sous le nom de Gobbi, ainsi que les Jeunes pousses qu’on appelle Carducci. » De son côté, le Jardinier français indique avec précision l'opération au moyen de laquelle on prépare les Gobbi ou Cardes d’Artichaut. « Pour tirer, dit-il, des Cardes d’Artichaut, vous vous servirez des vieux pieds que vous voulez ruiner. Les pre- 220 LE JARDIN POTAGER, . mières têtes étant cueillies, vous rognerez les plantes à demi-pied près de terre, et couperez la tige le plus bas que vous pourrez. Les œilletons pousseront de très-grande force, et, étant à trois pieds de haut ou environ, vous les lierez avec des brins de foarre (paille longue), sans les serrer beaucoup, puis vous les entourerez de grand fumier, cela les fera blanchir. Vous les pourrez laisser jusqu'aux orandes gelées, que vous les cueillerez et serrerez dedans la cave ou autre lieu exempt de froid. Vous cueillerez de jour à autre ce que vous en aurez besoin, commencant par les plus grandes, et laissant les autres, qui s’'enfonceront en peu de temps, ayant toute la nour- riture de la plante. » Asperges (PI. X, fig. 3et4). Asparagus officinalis, Lin. (Liliacées-Asparagées.) — Vivace. Les Asperges sont des plantes vivaces, quelquefois des arbustes ou des arbrisseaux sarmenteux et grimpants assez souvent munis d'épines. On compte environ une cinquantaine d'espèces du genre Asperge. Aucune d'elles ne croît spontanément en Amérique. Près des deux tiers ont été trouvés au cap de Bonne-Espérance; huit croissent à l’état indigène dans les diverses parties de l'Europe mé- ridionale, et les autres, soit dans les îles Canaries, soit dans les îles de la mer des Indes, soit au nord de l'Asie. Succulente sous notre climat tempéré, l’Asperge devient ligneuse dans les pays chauds. Sur les diverses espèces connues, celle qui a pour habitat principal l'Europe centrale et méridionale, est seule comestible. Les autres sont de vrais buissons. La racine de l'Asperge commune, appelée griffe, produit chaque année des tiges nouvelles dont on mange le bourgeon ou la jeune pousse, appelée aussi turion. CULTURE FORCÉE DE L'ASPERGE. — MM. Lenormand, Marie et Loisel ont donné d'excellentes notions sur la manière de forcer les Asperges. Voici le procédé indiqué par M. Lenormand : Au mois de mars, on fait des couches de médiocre épaisseur, sur PLANTES LÉGUMIÈRES, 291 = lesquelles on plante les Asperges. Ces couches, établies dans des tranchées de 1*30 de largeur sur 30 centimètres de profondeur, et qui offrent une saillie de 10 à 15 centimètres au-dessus du sol, sont chargées de 15 centimètres de terre. Sur ces couches on place des coffres, et on plante par châssis seize griffes d'Asperges d'un an de semence. Pendant l'été, on enlève les rameaux. Au mois de février de l’année suivante, on laboure les sentiers qui se trouvent exhaussés, parce que la couche a tassé, et l’on emploie cette terre à rechausser les griffes d'As- perges. Dans le courant de l’année, les Asperges acquièrent une bonne grosseur, et l'on peut, au bout de deux années de planta- tion, commencer à chauffer les Asperges, en les laissant reposer une année sur trois. Cette méthode, au moment où elle fut rendue publique, en 1847, parut d'autant plus avantageuse, qu'auparavant il fallait attendre trois à quatre ans pour obtenir une première récolte, et que l'on ne pouvait chauffer les Asperges que tous les deux ans. À cet avan- tage s’ajoutait celui de n’avoir pas besoin de renouveler ses planta- tions aussi souvent. Dans ce système, on conseillait de mettre de cent quatre-vingt- douze à deux cent quarante griffes d’Asperges par chaque planche. On faisait aussi observer que la terre devait être plus meuble, et que c'était une des conditions indispensables du succès. M. Marie crut devoir ajouter quelques indications à celles de M. Lenormand, en même temps que des moyens de multiplier les cultures sur le même terrain. Voici comment il s'exprime : «Vers la fin d'octobre on étend un lit de terreau sur les Asperges ; on enlève la terre des sentiers à 30 ou 40 centimètres de profon- deur; on creuse également une tranchée de même largeur et de même profondeur au bout des planches, puis on dépose sur les Asperges la terre qu'on a tirée. On place les coffres sur les plan- ches ; et, après avoir bien divisé la terre dont on les a chargés, on l’'étend uniformément, de manière à les élever d'environ 33 centi- mètres. Lorsque le terrain est ainsi préparé, on plante de la chico- rée demi-fine. En novembre, décembre, janvier ou février, on rem- 299 LE JARDIN POTAGER, plit les sentiers et les bords des planches avec du bon fumier de che- val, bien mélangé, et on le foule comme on fait pour une couche ; quand on est arrivé à la hauteur des coffres, on pose les panneaux et on remet du fumier dans les sentiers, de manière qu'ils soient plus élevés que les panneaux. Quel que soit l'état de la tempéra- ture, on ne donne point d'air aux Asperges, qui végètent mieux sous l'influence d’une atmosphère chaude et humide; pendant la nuitet par le mauvais temps on couvre les panneaux avec des pail- lassons, afin d'y concentrer la chaleur. On remanie les réchauds de fumier tous les dix ou quinze Jours, en ajoutant chaque fois plus ou moins de fumier neuf, suivant l’état de la température, enfin de manière à obtenir sous les panneaux une chaleur qui ne doit pas être de moins de 15°, et qu'il est inutile d'élever à plus de 25°. Les Asperges sont généralement en état d’être coupées vingt ou vingt-cinq jours après qu'on a commencé à les forcer. Lorsqu'elles sont bonnes à récolter, on les coupe tous les deux ou trois jours, ce qui dure pendant deux mois environ; après quoi, on les laisse monter en graine, afin de ne pas épuiser le plant. Après la récolte des Asperges, on plante de la Laitue gotte et deux rangs de Choux-fleurs. Lorsque les Choux-fleurs sont récoltés, on enlève les coffres, puis le fumier des sentiers, et l’on remet la terre qu'on en avait tirée. Quand les planches sont rétablies dans leur état pri- mitif, on y plante de la Chicorée. Après la Chicorée on sème le Cerfeuil; après la récolte du Cerfeuil, des Mâches. On laisse repo- ser les Asperges une année sur trois, ce qui paraît suffisant, les Asperges étant de la plus grande beauté, malgré les nombreuses récoltes de légumes faites sur le même terrain. » On force les Asperges sur place en enlevant la terre des sentiers à une profondeur de 60 centimètres, et en la remplaçant par du fumier neuf bien tassé. On a soin de recharger les Asperges avec la terre des sentiers, pour donner aux bourgeons, la seule partie recherchée de la plante, un peu plus de longueur. On place des châssis sur les planches; on remplit les coffres de fumier chaud, qu’on enlève dès que l'on s'aperçoit que les Asperges com- mencent à pousser. On entretient la chaleur des réchauds en en re- PLANTES LÉGUMIÈRES. 223 L : | + Li : s [S vey D "= 470 2 rare Ce e F5 cp: … ” ® enr 4 = y iaré Mrs L finis wm Le ED ré A : pus M ET: “ .. A ‘à | e, à | AT TRUE | ” tie { és LE ® ce | , LOT Le 0 e “ ge . 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Le jardin fruitier, proprement dit, diffère du verger, en ce que dans ce dernier les arbres sont abandonnés à eux-mêmes et plantés dans un sol gazonné, tandis que les arbres du premier sont l’objet de soins particuliers qui se renouvellent tous les ans; on les taille, ébourgeonne, palisse; et le sol est, chaque année, ameubli par des labours, binages, etc. L'emplacement destiné à l'établissement d’un jardin fruitier est, en général, semblable, pour la figure, au jardin potager, mais il en diffère par l'orientation, c’est-à-dire par le choix des expositions, qui sont calculées pour l'avantage des cultures qu’on y fait. 11 faut avant tout des abris et des murs construits avec soin pour qu'on puisse y établir des espaliers. Le rectangle et le parallélogramme ne sont cependant pas les plus avantageux, parce que ces deux figures géométriques ne pré- sentent franchement au soleil qu'un de leurs côtés pendant un certain nombre d'heures de la journée, tandis que la forme en tra- pèze, proposée par Dumont de Courset, est la meilleure. Le plus 416 LE JARDIN FRUITIER. grand des côtés parallèles, où est pratiquée l'ouverture principale, est au midi, et les côtés divergents sont les plus larges. Il résulte de cette disposition, que ces deux côtés, le long desquels sont établis les espaliers, ont le soleil, l’un le matin, l’autre le soir; et que dans le milieu de la journée, moment où les murs de figure régulière sont entièrement dans l'ombre, ceux-ci reçoivent le soleil oblique- ment. On peut, si l’on veut multiplier les surfaces propres à l’établisse- ment d’espaliers, faire élever dans l’intérieur du jardin, à des dis- tances calculées de telle sorte qu'ils ne se portent pas mutuellement ombre, des murs parallèles entre eux et perpendiculaires à l'axe du jardin. | Le crépi des murs doit ètre fait avec du plâtre de préférence à de la chaux, parce qu'ainsi il facilite le palissage à la loque et prend mieux les clous ; il doit avoir au moins deux centimètres d'épaisseur. On a parlé des murs de pisé, qui sont en usage dans certaines parties de la France, mais qui sont presque inconnus à Paris. On les a abandonnés, malgré leur supériorité, à cause de leur peu de durée et des dégradations qu'y cause le palissage. La hauteur des murs doit être de 3 à 4 mètres; et le bord du chaperon doit former une saillie d'au moins 25 centimètres. Non- seulement cette saillie garantit les murs de la pluie qui les dé- grade, mais elle protége, en même temps, le fruit, et forme contre la pluie verticale un abri d’une haute utilité. L'intérieur du jardin fruitier est divisé comme celui du jardin potager ; ilen diffère en ce que le long des murs et sur le bord des carrés il y a une plate-bande qui leur est parallèle. Les murs portent des espaliers; la plate-bande établie le long des murs doit avoir 1",30; les plates-bandes situées le long des carrés sont plantées en quenouille, et en arbres de diverses formes, tels que Pommiers nains, et Groseilliers en buissons, qu'on place entre les quenouilles; ces plates-bandes, larges de 4,50, peuvent être bordées de Pommiers dirigés en cordons horizontaux, à 25 ou 30 centimètres du sol. DISPOSITION DU JARDIN. | 417 Le choix de l'emplacement pour un jardin fruitier est plus fa- cile que pour un jardin potager, parce qu'il exige moins d’eau. Si l’on trouve un coteau en pente douce exposé au midi ou au sud- est, il faut le choisir de préférence pour y établir un jardin fruitier, parce que les arbres y sont à l'abri des vents du nord, et que les fruits y sont de meilleure qualité que dans les plaines; on peut, si la pente est rapide, y établir des terrasses, qui sont d’un charmant effet. Les expositions du nord et du levant sont particulièrement pré- judiciables aux arbres à fruits à noyau ; dans la première ils sont vio- lemment tourmentés par les vents froids qui en outre dessèchent les fleurs; et à l'exposition du levant ils reçoivent dès le matin le soleil qui détruit les fleurs ou les jeunes fruits encore couverts de ver- glas. L'exposition du couchant n'offre pas ces inconvénients; les vents sont moins froids en général que ceux du nord. Les soins que réclame le jardin fruitier consistent à donner, chaque année, à la terre un labour à la bêche, et, dans le courant de la saison, cinq à six binages à la houe. Si l’on est obligé de disposer soi-même le terrain propre à l’éta- blissement d'un jardin fruitier, il faut défoncer le sol bien plus profondément que pour un jardin potager, les racines plongeantes des arbres fruitiers exigeant un sol plus profond; il faut, en géné- ral, fouiller la terre à 1 mètre au moins. Il est bon de faire ses trous plusieurs mois avant la plantation, car la terre se bonifie par suite des influences atmosphériques ; on dépose d’un côté du trou la terre de la couche superficielle, et de l’autre celle de la couche inférieure moins fertile. Au moment de planter, on remplit le trou à moitié avec la terre de la couche supérieure, et, si l’on peut, on garnit le fond de quelques lits de gazon retournés. Quand on a affaire à une terre de peu d'épaisseur avec un sous- sol impropre à la végétation, il faut faire des trous moins profonds mais plus larges; si l'on veut faire des plantations sans épargner les frais, on ouvre des tranchées de 2 mètres de largeur, profondes de 1 mètre, en rejetant toujours sur un bord la terre végétale et sur l'autre la terre du fond; au moment de la plantation on Jette au fond la terre de dessus et on remplit avec la terre provenant du 27 418 LE JARDIN FRUITIER. fond. Si la terre est décidément mauvaise, on l’enlève et la rem- place par une autre, composée de deux tiers de terre franche et d'un tiers de terre de prairie. Un des principes sur lesquels il faut le plus insister, c'est de ne jamais entamer le sous-sol quand il est contraire à la végétation. On le couvre d'une épaisse couche de bonne terre afin de fournir aux racines la nourriture dont elles ont besoin. Quant à la bonification du sol, on doit s'en occuper en plantant. Il faut que le terrain soit complétement fumé, pour mé- nager les engrais annuels qui influent sur la saveur des fruits; il vaut mieux renouveler la terre qui est au pied des arbres, en y substituant celle qu’on enlève dans les bois ou sur les grandes rou- tes. Les engrais trop consommés et ceux qui ont une odeur de pu- tréfachion sont préjudiciables à la santé des arbres et au parfum des fruits. Les meilleurs engrais sont ceux qui se décomposent le plus lentement; on en peut mettre une certaine quantité au-dessous du point où repose la racine de l'arbre, et par leur décomposition successive ils fournissent à l'arbre une nourriture susceptible de durer pendant plusieurs années. On a beaucoup vanté le guano; mais cet engrais est trop fugitif; son action ne dure qu'une seule année. Il peut convenir aux plantes herbacées, et non aux arbres. La plantation d'un arbre fruitier est une opération très-impor- tante, à laquelle, cependant, on n'apporte pas toujours les soins qu’elle réclame. L'existence et le degré de fertilité d’un arbre dé- pendent en partie de la manière dont il est planté; on ne saurait donc prendre trop de précautions. La première condition de réussite est le choix des sujets ; il faut rejeter tout arbre dont la tige est chancreuse ou couverte de mousses, et dont les racines sont ridées ou offrent une teinte noirâtre. Les jardiniers mal habiles plantent les arbres tels qu'ils les reçoivent des pépimiéristes ; ils négligent de visiter les racines qui, généralement, sont meurtries ou brisées par les instruments d’arrachage; il arrive, dans ce cas, que ces meur- trissures engendrent des moisissures qui gagnent tout le corps des racines, et que l'arbre meurt peu de temps après sa plantation. Il faut toujours rafraîchir, avec un instrument bien tranchant, l’extré- mité de toutes les racines et même du chevelu, et retrancher toutes DISPOSITION DU JARDIN. 419 celles qui sont trop endommagées par la pioche de l’arracheur ; c'est cette opération qu'on appelle habillage. L'arbre, ainsi préparé, est-placé dans le trou, de telle sorte que le collet, ou le point qui se trouvait au niveau du sol de la pépinière, se retrouve également au niveau du sol de la plate-bande, en tenant compte du tassement de la terre, qui varie entre 10 et 15 centimètres suivant la nature du terrain. En général le point d’attache des racines supérieures ne doit pas être recouvert de plus de 5 centimètres. Avant de rem- plir le trou, on étale bien les racines, et la terre rendue aussi meu- ble que possible, est rejetée en pluie par un mouvement particulier de la main, de manière à ce qu'elle pénètre dans les intervalles des ramifications radiculaires. Dans les terrains légers on plombe, quand le trou est à peu près rempli, en commençant, non au pied de l'arbre, mais en piétinant de distance en distance à 40 ou 50 centi- mètres tout autour, et en se rapprochant de l'arbre. Dans les terrains compactes, il faut plomber très-faiblement. DES EXPOSITIONS. L'emploi des diverses expositions est facile à déterminer. Au midi et en espalier. Les Pèchers précoces, Avant-Pêche blanche et rouge, Pavie de Pomponne. Les Cerisiers hâtifs, tels que Royale hâtive, Belle de Choisy. Les Pruniers Reine-Claude, Monsieur hâtif. _ — blanche, Mirabelle, Drap-d'Or. Les diverses variétés d’Abricots, surtout l’Abricot-Pèche. Les Poiriers Bon-Chrétien d'hiver, Citron des Carmes. — — d'Espagne, Doyenné d'été. _ — d'été, Épargne. — — turc, Saint-Germain d'hiver. — Colmar. — Crassane. — Saint-Germain. — Bergamote d'Alençon. Les Pommiers Apis. —- Calville blanc. — Reinette hâtive. Les Raisins Chasselas. — Barbarossa. — Bandalès. — de Palestine, — Cailhaba. 420 LE JARDIN FRUITIER. Au levant. Les Poiriers Beurré Capiaumont. Les Poiriers Beurré rance, — — Bosc. — Colmar d'hiver. — — d’Amanlis. — Belle angevine. tt — gris. — Martin sec. Au couchant. Les Pêchers. Tous les Abricotiers qui se contentent du midi et du couchant, L'Abricot angoumois veut le couchant franc. Les Cerisiers de Prusse. — de Spa. — Griotte de Portugal. Les Pruniers, qui s’accommodent aussi du midi. CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER. JANVIER. SI l’on veut établir un jardin, il faut défoncer profondément le sol. Pour les plantations, on a dù faire les trous à l’automne. Ou plante à cette époque si le terrain est sec et léger; mais les planta- tions de printemps conviennent mieux dans les terrains froids et humides. On continue à tailler les Poiriers et les Pommiers de vigueur moyenne. Quant aux arbres vigoureux, on les taille au printemps seulement. On délivre les arbres de leur bois mort et on les nettoie avec soin, soit avec un instrument à tranchant obtus, soit avec de l’eau de chaux, pour faire périr les mousses et les lichens établis sur leur écorce ainsi que les insectes qu'ils abritent. Si l’on ne peut mettre immédiatement en place, à cause des gelées, des arbres qui ont été arrachés, on les met en jauge, et l’on en couvre les racines pour les soustraire à l’action du froid. Dans l'intérieur et pendant la suspension de tous les travaux, on prépare des treillages, de l'osier, des clous et des loques, pour être prêt à faire toutes les opérations ultérieures. FRUITIER. Le Raisin qui peut, avec des soins, avoir été conservé jusqu'à cette époque. Poires : Saint-Germain. Poires : Beurré bronzé. — Alexandre Bivort. — Colmar. — Bergamote de Pâques. — Doyenné d’hiver. 422 LE JARDIN FRUITIER. Poires : Joséphine de Malines. Pommes : Reinette d'Angleterre. — Rousselet d'hiver. — — grise. — Suzette de Bavay. — — de Cantorbéry. — Triomphe de Jodoigne. — Fenouillet doré. — Passe-Colmar. -- Belle d'Angers. — Bon chrétien d’hiver. — Api. — Beurré d’Aremberg. ._— Calville rose. — deRans. — — royal. — Bezi Chaumontel. — Gros faros. FÉVRIER. On se hâte de terminer les plantations. On continue de tailler les Pommiers et les Poiriers, et on taille entièrement la Vigne. On rabat la tête des Framboisiers, pour les faire ramifier. , On coupe les rameaux propres à faire des greffes au printemps et on les fiche en terre au pied de l'arbre qui les a produits, pour évi- ter les erreurs. Vers la mi-février on donne un labour général. On sème les pepins de Poires et de Pommes. FRUITIER. Raisin. Encore quelque peu. Poires : Belle angevine. Poires : Colmar. — Royale d'hiver. — Bergamote Espéren. — Orange d'hiver. — Beurré Rans. Pommes : Fenouillet rouge. — Bon chrétien d'hiver. — Calville blanche d'hiver. — Calebasse de Bavay. — Reinette de Canada. — de Curé. — — d'Anjou. — Doyenné d'Alençon. — — franche. — — d'hiver. — Blenheim Pippin. — Jaminette. — Golden Drop. MARS. Le plus grand soin qu'on doive avoir est d'achever de tailler tous les arbres fruitiers en espalier. On en excepte toutefois ceux qui sont trop vigoureux, parce qu'il est convenable de les laisser s'é- puiser par la production de leurs premiers bourgeons. Il ne faut pas tailler trop tôt les Pêchers, pour ne pas en avan- cer la floraison. CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER. 423 Dans le courant du mois on taille les contre-espaliers et les que- nouilles, puis les tiges. Il faut attacher, immédiatement après la taille, tous les rameaux qui doivent l'être; plus tard, on risque, en palissant, de casser les bourgeons qui se sont développés. Après la taille on donne un dernier labour, et l’on répand uu bon paillis au pied des arbres. On marcotte et butte Les racines des Coignassiers, des Paradis el de tous les arbres qui se multiplient de cette manière. On sème les derniers pepins de Pommier et de Poirier. On plante les boutures préparées le mois précédent et on les paille aussitôt après la plantation. Déterrer les Figuiers et les délivrer du bois mort. FRUITIER. Poires : Catillac. Pommes : Doux d'argent. — Colmar d'hiver. — Fenouillet rouge. — Bergamote de Pentecôte. — Impériale. — Muscat Lallemand. — Mignonne d'hiver. — Rousselon. — Newton Pippin. — Suzette de Bavay. — Rambour d'hiver. — Vingt mars. — Reinette grise. — Vauquelin. — — du Canada. — Zéphirin Grégoire. — franche, — Léon Leclerc de Laval. — — rousse, — Sant-Germain. — Calville blanc. — Orange d'hiver. — Court-pendu. — Bon-Chrétien d'hiver. — Pearson’s plate. — Élisa d'Heyst, — Api. AVRIL. On achève de tailler les arbres vigoureux qu'on a réservés pour les derniers, et c’est l’époque où l’on soumet à cette opération les Pèchers dont on avait craint d'avancer la floraison par une taille prématurée. L'horticulteur soigneux doit profiter de ce moment, qui est celui de l’évolution végétale, pour commencer à surveiller la forme de ses arbres à fruits, et empêcher un développement exagéré d’en détruire la régularité. Déjà les bourgeons ont acquis un développe- 494 LE JARDIN FRUITIER, ment qui permet de juger du rôle qu'ils sont appelés à jouer dans l'harmonie des parties de l’arbre ou dans la production du fruit. On supprime, dès cette époque, tous ceux qui ne sont pas néces- saires et qui menacent de troubler l'équilibre de l'arbre. C'est ce qu'on appelle l'ébourgeonnement à œil poussant. Si les gelées tardives menacent les espaliers en fleur, il faut les protéger par des toiles ou des paillassons, et les préserver surtout des effets du soleil levant, dont la chaleur subite, succédant au froid dela nuit, fait fondre la glace et grille ensuitela fleur. S'il reste quelques travaux de labour à faire, on se hâte de les terminer, ainsi que les plantations. On fait les boutures et les couchages ; si on le peut, on répand partout une couche épaisse de paillis pour empêcher l'action du hâle. On greffe en fente les Cerisiers, Pruniers, Pommiers, Poi- riers, etc. On met en place les Amandes qu’on a fait stratifier. Retrancher sur les Figuiers l’œil à bois qui accompagne le fruit. FRUITIER. Poires : Catillac. Pommes : Belle fleur. — Muscat Lallemand. — Grain d'or. — Bergamote de Hollande. — Mignonne d'hiver. — — de Pâques. — Narthern Spy. e — de la Pentecôte. — Princesse royale. — de Soulers. — Reinette franche. — Bon-Chrétien d'hiver. — — lisse. — Bellissime d'hiver. — — verte. — Élisa d'Heyst, — — grise. — Fortunée. — — de Caux. — Lieutenant Poitevin. — Calville blanc. — Rousselon. — — rouge. — Simon Bouvier. — Court-pendu. — Prévost. — Api. MAL. L'énumération des travaux de ce mois est courte, mais elle n'en est pas moins d’une haute importance ; car ces travaux laissent peu CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER, 425 de loisirs au jardinier, 1 faut qu'il visite ses espaliers, et en général tous ses arbres fruitiers, pour surveiller le développement du fruit, et qu'il apporte une attention soutenue à maintenir l'équilibre de ses arbres ; car l’accroissement anormal des branches de certaines parties ne nuirait pas seulement à la régularité de l'arbre, mais encore à la fructification. Si l'on remarque dans un Pècher qu'une branche destinée à porter fruit n’en a aucun, il faut la supprimer, afin de permettre à la branche de remplacement de prendre plus de vigueur. On continue l’'ébourgeonnement pour supprimer les jeunes bran- ches mal placées ou nuisibles. C’est le moment de greffer en flûte et en écusson à œil poussant. On ne doit pas perdre de vue les greffes en fente faites le mois précédent. PRODUITS. Le fruitier est presque entièrement dégarni. Poires. Quelques-unes de celles du Bigarreau hâtif petit rouge. mois précédent. Cerise nain précoce. Pommes. Id. — Werder’s early black heart. Les Cerises commencent à paraitre : — rouge de mai. JUIN. Ce mois est pour le jardinier l’époque où toute son intelligence doit s'exercer. Si dans l'opération de la taille il a fait preuve d'une parfaite connaissance des lois qui président à la production du fruit, il lui faut à cette époque de l’année, où la végétation est ar- rivée à son apogée de luxuriance, visiter ses espaliers avec le soin le plus scrupuleux pour en maintenir l'équilibre dans toutes les parties et porter sur-le-champ remède au mal qui tendrait à se pro- duire par défaut d'équilibre. Le palissage, le pincement, la suppression des bourgeons inu- tiles et des branches gourmandes, sont les opérations qui peuvent seules assurer la belle végétation des arbres à fruits et en garantir les produits ultérieurs. 426 LE JARDIN FRUITIER, Si l’on négligeait ces soins importants, certaines parties de l'arbre l’emporteraient sur d’autres. Il en résulterait des déviations aux- quelles il ne serait pas, plus tard, possible de porter remède, si ce n’était par des opérations qui amènent toujours du trouble dans la production et causent à l’horticulteur un préjudice réel. C'est dans ce mois que commence le palissage de la Vigne et celui des arbres en espaliers, qui doit être continué jusqu’à la fin de la saison. Dans les premiers jours de ce mois, on pince le bourgeon terminal des Figuiers pour en assurer la fructification. A la fin de ce mois on taille les Müriers dont les feuilles ont été récoltées pour le besoin des magnaneries. Époque de floraison du Noyer tardif. PRODUITS. Framboises, à partir de la mi-juin. Guignes, les dernières ne passent guère le 15. Cerises, les variétés précoces, les autres à la fin de ce mois. Bigarreaux, pendant tout le mois. Groseilles à grappes. — à maquereau. JUILLET. On continue les travaux indiqués pour les mois précédents, et qui doivent durer depuis le moment où se développent les premiers bourgeons jusqu'à la fin de la saison ; car si la taille est nécessaire, les soins qui maintiennent l'équilibre de l'arbre ne le sont pas moins. On procède donc, dans ce mois, plus strictement au palis- sage qui est devenu indispensable ; mais il n’est pas complet. Cette opération appartient encore au mois suivant. Quand on remarque qu’une branche tend à s’emporter, on la pince pour l'arrêter. Si l’on en voit d'utilement placées qui manquent de vigueur, on les met en avant pour les soumettre à l’influence des agents de la végétation. On commence à découvrir les fruits qui approchent de leur ma- CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER. 427 turité en enlevant les feuilles qui les ombrent : mais il ne faut pas dégarnir l'arbre de feuilles avec imprudence. On arrose les arbres quand le temps est sec, et l’on donne des bassinages sur les fruits pour les attendrir et les rendre plus acces- sibles à l’action du soleil. C'est à la fin de ce mois qu'on commence à greffer en écusson à œil dormant, les Abricotiers, Pêchers, Pruniers, Cerisiers, Poiriers et Pommiers, et tous les arbres dont la séve s'arrête de bonne heure. On continue, au contraire, la greffe en écusson à æl poussant sur les arbres dont la végétation dure jusqu'aux gelées, tels que les Amandiers. On ébourgeonne aussi les jeunes sujets qu’on veut disposer à faire des quenouilles. ï FRUITS. . Figues en pleine maturité. Prune Saint-Pierre. Abricots, la plus grande partie des Poires : Rousselet hâtif. variétés. — Blanquette. Cerise anglaise tardive. — Auguste Jurie. — Belle de Choisy. — Muscat-Robert. — Reine Hortense. — Épargne. — Royale tardive. — Citron des Carmes. Bigarreaux. — Doyenné d'été. Avant-Pèche blanche. — Beurré Giffart. Prunes : Royale de Tours. Pommes : Calville d'été. — Jaune hâtive. — Api d'été. — De Montfort. — Passe Pomme d'été. — Monsieur hätif. — Blanche précoce. — Pêche. AOUT. Ce mois est l’époque du dernier palissage ; cette opération a pour objet de donner sur-le-champ, à toutes les branches, la position qu'elles devront occuper, parce que plus tard elles auraient acquis une rigidité qui s’opposerait à ce qu'on leur imposât une direction. On ne laisse en liberté que les branches faibles, auxquelles on permet de se développer ; mais dès qu’elles ne poussent plus on les palisse. 428 LE JARDIN FRUITIER. On continue l’'ébourgeonnement; mais cette opération ne laisse que peu de chose à faire, si on l’a conduite avec soin dans le cou- rant des mois précédents. Il faut découvrir les fruits pour leur donner de la couleur et hâter leur maturité, mais ne le faire qu'avec prudence. On continue de greffer en écusson à œil dormant. On ébourgeonne les arbres en pépinière qu'on destine à recevoir certaines formes pour en équilibrer les parties, et l’on a soin de veiller à ce qu'ils soient solidement fixés à leurs tuteurs. PRODUITS. Cerises de Planchoury. Prunes : Monsieur hâtif. — de Kleparow. — Ponds Seedling. — de Spa. — d'Agen. — Griotte du Nord. — Drap-d'Or d’Esperen. — d'Allemagne. Poires : Bellissime d'été. Abricots, les dernières espèces, surtout — Épargne. les Alberges. — Épine rose. — de Jacques. — Madeleine. — de Versailles, — Saint-Jean. — Royal. — Beurré Goubault. Figues en plein rapport. — — Seringe. Pèches : Avant-Pèche. — d'ange. — Belle Beauce. — de Stuttgard. _ Chevreuse hâtive. — Notre-Dame. — Desse. — Mignonne grosse. — — petite hâtive. — Pourprée hâtive. Prunes : Reine-Claude. — Damas de Montgeron. — Musquée. — Mirabelle. — Pêche, — Duchesse de Berry. — Bon-Chrétien Williams. Pommes : Rambour d'été. — Passe-Pomme rouge. — —— blanche. — De Jérusalem. Amandes. Noix en cerneaux. SEPTEMBRE. L'horticulteur commence à respirer : partout la végétation des ar- bres est suspendue, et il ne reste plus, si l’on a exercé une surveillance attentive pendant toute la période de développement, qu'à visiter les Pèchers pour les empêcher de se déformer. On pincera les bran- CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER. 429 ches qui tendraient à s'emporter, et on rapportera en avant les plus faibles. C’est à cette époque qu'on peut découvrir les fruits sans crain- dre que l’effeuillaison ne nuise aux arbres. Cette opération con- tribue à les faire mürir, et leur donne plus de saveur et de couleur. On greffe les arbres qui végétaient encore trop vigoureusement le mois précédent. | La préservation des fruits contre les insectes, les petits rongeurs et les oiseaux, doit être l’objet de l’attention de l’horticulteur. On met les raisins-en sacs, pour les soustraire à ces premières causes de destruction ainsi qu'aux premières gelées. Dans la pépinière, tous les travaux se bornent à un dernier binage. On rabat les branches des Figuiers sur l'œil devenu bourgeon ou sur le bourgeon le plus élevé. PRODUITS, Pèches : Admirable jaune. Poires : Beurré d’Amanlis. — Belle Chevreuse. — — d’Angleterre. — Belle de Vitry. — — Capiaumont. — Bourdine. — Bon-Chrétien d'été. — Chevreuse tardive. — — William. — Grosse Madeleine. — Épine d'été. — Brugnons. — Amiral. Figues d'automne, si l’on a eu soin de — Barbancinet. pincer l'extrémité des branches. — Beau présent d'Artois. Prunes : Reine-Claude violette. — Bezé de Montigny. — — diaphane. — Fondante charneuse. _ — de Bavay. — — de Malines, etc. en Damas de septembre. — Gros Rousselot,. — Surpasse-Monsieur. — Doyenné, — Diaprée rouge. Pommes : Reinette d’Espagne. — Sainte-Catherine. — —. de Hollande. — Dame-Aubert, rouge et blan- — Belle-Fontaine. che. — Passe-Pomme d'Amérique. — Couëtche d'Allemagne. — Rambour d'été. — — d'Italie. — Transparente d’Astrakhan. — Tardive de Châlons. Cerises griottes du Nord, exposées au — Perdrigon. nord. — Reine Victoria. Noisettes. Poires : Beurré gris. 430 LE JARDIN FRUITIER. OCTOBRKRE. Les arbres n’exigent plus aucune sorte de soin, jusqu’au moment où il faudra les tailler. On se borne, si l’on a des transplantations à faire, à marquer les arbres qui sont destinés à être changés de place. On peut profiter de la liberté que laisse le jardin fruitier pour défoncer et fumer les terrains qu’on destine à des plantations. C’est le moment de la récolte : on ne peut apporter trop de soin à cette opération, si l'on veut que les fruits se conservent. On choisit le moment où le temps est sec, et l’on commence par les arbies dont la végétation vient de cesser. On cueille les fruits un à un. on les dépose dans les paniers qui doivent servir à les transporter ; là on les laisse se ressuyer pendant cinq ou six jours avant de les rentrer dans le fruitier. Si l’on veut conserver longtemps ses fruits, il ne faut pas les cueillir lorsqu'ils sont arrivés à une maturité com- plète ; il convient de le faire une huitaine de jours auparavant. Ils achèveront de se perfectionner dans le fruitier, et l’on peut ajouter à la durée de leur conservation tout le temps qu'ils auront mis à acquérir leur perfection. (Voir le chapitre du Fruitier). FRUITS. Les Figues d'automne jusqu'aux gelées. Poires : Bonne d’Ézée. Pèches : Admirable jaune. — — de Malines. — Sanguine. — — Louise d'Avranche. — Pavie de Pomponne. — Napoléon. — Persèque jaune et rouge. — Saint-Michel Archange. — Tetons de Vénus. — Délices de Jodoigne. Prunes : Mirabelle d'octobre. — Duchesse d'Angoulème. — Reine-Claude d'octobre. — Hardy. — Waterloo. — Six. — Bifère. — Rose. — Dela Saint-Martin. — Aurore. — Coe’s Golden Drop. — Dumortier. Poires : Crassane. — Bergamote d'automne. — Verte-longue. Coings. — Culotte Suisse. Pommes : Rambour d'été. — Doyenné. — Gros -Pigeonnet. — Beurré Capiaumont, — Reinette d'Espagne, — d'Hardenpont. = de Hollande, CALENDRIER DU JARDIN FRUITIER. 431 Pommes : Figue. Framboises des quatre saisons. — Golden Drop. Amandes. — Grand Alexandre. Châtaignes et Marrons. Nèfles. Cueillies pour ètre mises sur Noisettes. la paille. — Avelines. Cormes, Noix. NOVEMBRE. On arrache les arbres qu’on veut supprimer et l’on renouvelle sur-le-champ la terre dans laquelle ils ont végété, pour pouvoir procéder sans retard à de nouvelles plantations. On défonce les terrains qu'on veut planter en arbres fruitiers. Si l’on à à replanter des terrains qui ont déjà porté des arbres à fruits, on fera bien d'attendre une couple d'années au moins, pour laisser à la terre le temps de se rétablir de son épuisenient ; encore faudra-t-il avoir soin de ne pas planter les mêmes espèces. On enterre les Figuiers pour les défendre contre les gelées, ou bien on les enveloppe de paille. On commence à tailler les arbres vieux ou faibles, pour empè- cher que la séve, en en venant gonfler les yeux, n’achève de les épuiser. Dans les terres calcaires, légères et sablonneuses, où les planta- tions d'automne réussissent le mieux, on peut commencer à planter des arbres fruitiers. On met en pot les arbres fruitiers destinés à être chauffés au printemps. Pour conserver du raisin jusqu’au mois de janvier, on établit des panneaux devant les Vignes en espalier afin de les défendre contre le froid et l'humidité. Dans la pépinière, on couvre les plants et les semis qu’on veut préserver de la gelée. FRUITS. Ce n'est plus au jardin mais au fruitier qu'il faut s'adresser. Les principaux fruits qu'il renferme et doit conserver jusqu'au printemps, sont : 432 LE JARDIN FRUITIER. - Le Chasselas, dans toute sa fraicheur. Poires : Délices d’Hardenpont. Poires : Crassane. : — Joséphine de Malines. — Sylvange. — Saint-André. — Martin sec. — Soldat laboureur. — Duchesse d'Angoulème. — Gille Ô Gille. — Dumas. — Orpheline d'Enghien. — Dupuy Charles. Pommes : Reinettes. — Colmar d'Aremberg. — Api. — Beurré d'Aremberg. — Calvilles, et presque toutes — — Six. : les variétés qui n’ont pas, — — des Béguines. comme les Poires, une — — Diel. courte durée. — — Clairgeau. Nèfles. — Bergamote Sageret,. Cormes. — Bézy d'Échasserie. Noix. — Doyenné d’Alençon ou Gris. Amandes. — — Sieulle. Coings. DÉCEMBRE. On continue les plantations quand le temps est beau et le terrain favorable. Dans les terres fortes, argileuses ou humides, on se contente de faire les trous pour laisser la terre mürir ou se ressuyer, et l’on ne plante qu'au printemps. On défonce, laboure et fume. Quand il ne gèle pas trop fort, on taille les Pommiers, les Poi- riers et les fruits à pepins; on en excepte ceux qui poussent avec trop de vigueur. On attend jusqu'en février pour tailler les arbres à noyau qui, ayant le bois plus tendre, pourraient souffrir de la gelée. On peut au reste labourer au pied des arbres et y répandre des fumiers. A la fin du mois, on meten place les serres mobiles sur la Vigne et les arbres fruitiers qu'on veut chauffer. FRUITS. Chasselas. Poires : Bonne de Malines. Toutes les Poires d'automne et d’hi- — Marquise d'hiver. ver; les principales sont : — Bergamote Sageret, Poires : Crassane. — Passe-Colmar. CALENDRIER DU Poires. Saint-Germain. — Belle de Noël. — Beurré Diel. — — de Ranse. — Douillart. —. Orpheline d'Enghien. — _ Fondante de Noël. — Doyenné d'Alençon. — Angleterre d'hiver. — Colmar. — Louise bonne ancienne. — Royale d'hiver. — Bezy Chaumontel. — — Goubault. JARDIN FRUITIER. Poires. Virgouleuse, — Soldat laboureur. — Messire Jean. ” Pommes. Calville blanc. — Fenouillet gris. — Rambour d'hiver. — Châtaignier. — Api, les deux variétés. — Les Reinettes. — De Saulgé. — Ribston Pippin. — Rivière. -— Princesse Royale. 28 433 DU FRUITIER. La conservation des fruits, à laquelle on attache avec raison une si haute importance, est souvent compromise par le peu de soin qu'on met à disposer le lieu où on les garde de manière à les sous- traire à l’action des agents ambiants qui en sont les destructeurs. On ne doit pas choisir pour fruitier le premier endroit venu : il: faut un emplacement dans des conditions telles que la température en soit la plus égale possible, qu’on puisse en intercepter à volonté l'air et la lumière, et au besoin chauffer en n’y laissant pénétrer qu’une douce chaleur, à moins qu'on n’ait un local à une exposi- tion septentrionale. Pour compléter la disposition du fruitier, il faut en faire boiser les murs ou les couvrir de paillassons ou de nattes, afin d'empêcher la température intérieure de s’équilibrer avec celle de l'extérieur; en un mot, il faut l’entourer de corps mauvais con- ducteurs du calorique pour en prévenir la déperdition. Il importe d’avoir dans son fruitier un thermo - hygromètre pour pouvoir en régler la température, et si l'hygromètre annonce qu’il y a un excès d'humidité, on chauffe doucement pour dessécher l’air, et l’on peut mettre, sur les tablettes, des morceaux de chaux vive pour absorber l'humidité surabondante. L'hygromètre doit toujours indiquer un peu de sécheresse plutôt que de l'humidité. Un fruitier souter- rain, creusé dans un terrain sec, assez profondément enterré pour que la température y soit constante, muni d'un large soupirail qui laisse pénétrer à volonté l'air et la lumière et auquel on appli- querait la disposition ci-dessus indiquée, conviendrail mieux que tout autre. On établit autour des murailles du fruitier des tablettes à re- DU FRUITIER, 435 bord, larges de 50 centimètres. On peut les couvrir de son bien see ou de sable quartzeux, ce qui vaut mieux que de la paille, pour y déposer les fruits. On dit que le duvet qui forme la tête des Mas- settes ou Roseaux à mèches est excellent pour la conservation des fruits. On en met un lit assez épais sur lequel on place les fruits. Les fruits destinés à être conservés doivent être cueillis à la main avec le plus grand soin quelques jours avant leur maturité (surtout pour les fruits à pepins) ; il faut qu’ils cèdent sans qu’il soit néces- saire de les arracher violemment de la branche. On doit faire deux récoltes : celle des fruits du bas et du milieu de l’arbre qui sont les premiers mûrs, celle des fruits du sommet qui sont mûrs les derniers. La cueillette des fruits tardifs doit avoir lieu avant que le froid tombe au-dessous de zéro, ce qui nuirait à la conservation. On les essuie avec un linge fin; on les laisse trois ou quatre jours étendus sur une table bien sèche, afin qu'ils perdent une partie de l'humidité attachée à leur surface, puis on les range par ordre dans le fruitier. Quand les fruits sont rentrés et rangés, on intercepte l’air et la lumière et l'on visite ses tablettes une fois ou deux par semaine. On conserve les Raisins, soit suspendus au plafond, soit sur des tablettes, mais 1l leur faut absolument un endroit exempt d’hu- midité. Les cultivateurs de Thomery ont un procédé fort simple qui leur permet de conserver très-verts et très-frais les Raisins jusqu’au mois de juin. Dans le courant du mois d'octobre, on rogne le sarment un peu au-dessus de la grappe, et avec de la cire à greffer on enduit la cicatrice; puis on coupe le sarment et on introduit sa portion infé- rieure dans une fiole pleine d’eau, à laquelle on ajoute un peu de poudre de charbon pour empêcher la putréfaction ; on bouche en- suite la fiole avec de la cire à greffer. Ainsi préparées, les grappes se conservent très-fraîches avec la rafle aussi verte qu'au moment de la récolte. On suspend toutes les fioles au bord des tablettes du fruitier ; comme elles sont hermétiquement fermées, il n'y a pas : à craindre l’évaporation qui pourrait produire de l'humidité. C’est là surtout le secret de la conservation des fruits : avec une 436 LE JARDIN FRUITIER, température égale, plutôt sèche qu'humide, la pourriture n’atta- quera aucun des fruits déposés dans le fruitier. La nature du sol où les fruits ont été récoltés joue un grand rôle dans leur conservation. Les fruits qui se conservent le mieux sont ceux qui ont été récoltés dans un terrain léger et caillouteux ; ceux provenant d’un terrain froid et humide se conservent moins bien. Il en est de mème des fruits récoltés dans une année pluvieuse. DE LA TAILLE DES ARBRES FRUITIERS. Rien de plus varié que les opinions des horticulteurs les plus habiles sur les principes et la pratique de la taille. Cette opération, d'une haute importance, et dont la théorie repose sur la connais- sance des lois de la physiologie végétale, est encore livrée à l’empi- risme, c'est-à-dire à des théories irrationnelles qui font plus de tort aux jardins fruitiers que si l’on abandonnaiït à eux-mêmes les arbres qu'ils renferment. On ne peut donc trop recommander des cours publics de taille, sous la direction d’horticulteurs praticiens (car eux seuls possèdent l'habileté manuelle nécessaire) assistés de botanistes qui connaissent la physiologie et appliquent à chaque fait son explication, autant que le peut permettre l’état de la science. Sans la taille, nos jardins fruitiers ne contiendraient que des arbres dé- pourvus de grâce, démesurément développés, donnant des fruits par caprice et ne comportant que les hautes tiges. Ainsi plus d’arbres à fruits le long de nos murs, plus de quenouilles dans nos plates- bandes, et partant plus de jouissances pour le petit propriétaire ou l'amateur qui n’a que quelques mètres carrés à consacrer aux loisirs de la culture. Nous ne nous étendrons pas longuement sur les opérations suc- cessives de la taille. Nous ne donnerons dans ce préambule que des principes généraux, ou la partie purement axiomatique : on en trouvera les détails aux Pêchers pour les fruits à noyau et aux Poi- riers pour ceux à pepins ; ces deux arbres étant ceux qui réunis- sent à un plus haut degré les conditions qui les rendent propres à la culture artificielle. | Examinons l'arbre à l'état sauvage et voyons quelles sont ses fonctions normales. Comme individu, l'arbre sauvage pousse du bois, des branches, des feuilles, ne donne que des fruits petits, 438 LE JARDIN FRUITIER. d'une saveur acerbe ou parfois insipide, tantôt en nombre considé- rable, d’autres fois peu et souvent pas; les fleurs avortent, parce que la séve est employée à la production du bois; les fruits, s'ils nouent, tombent dès qu'ils sont formés ; et s'ils viennent à bien, ils sont petits, secs, cassants, mais ils renferment des graines bien for- mées, qui servent à la reproduction de l'espèce. Le premier besoin de toute individualité est donc de se conserver, sans se préoccuper de sa progéniture, et l'arbre sauvage obéit à cette loi : la nature a bien donné aux arbres des formes définies qui les distinguent entre eux; mais elle ne s'occupe pas d’une symétrie minutieuse et les abandonne à eux-mêmes dès qu'ils sont assez forts pour résister aux chances de destruction. Suivant le sol dans lequel ils végètent, si leurs racines trouvent une veine de terre qui leur convient, elles s’y plongent sans s'occuper de l'équilibre de la tige et des branches; de telle sorte que l'arbre, fort et vigoureux d'un côté, est grêle et presque atrophié de l’autre. Suivant les alternatives de sécheresse ou d'humidité, il se développe peu ou beaucoup, toujours sans par- ler du fruit, qui vient quand il peut; et toutes les influences at- mosphériques le tourmentent, le mutilent et en font souvent un arbre fort laid, qui vit, et voilà tout. Transportez maintenant cet arbre sauvage dans nos jardins et abandonnez-le à lui-même, il ne donnera pas plus de fruits, ou tout au moins ils ne seront pas meil- leurs ; il profitera de la richesse du sol pour se développer en bran- ches, et n'en sera pas plus régulier pour cela. Que se propose-t-on dans la culture des fruits ? D’avoir des arbres bien faits, produisant des fruits beaux, donnant une récolte chaque année, qui n'occupent que la place que le jardinier leur a consa- crée et qui cèdent à tous les caprices, en conservant entre leurs parties un équilibre auquel la nature ne les a pas destinés. La taille se propose donc de répartir, avec le plus d'égalité possi- ble, la séve dans toutes les parties de l’arbre, de manière à établir entre le bois et le fruit un équilibre parfait. Trop de bois empêche le développement du fruit; trop de fruit épuise l'arbre et empêche le développement du bois. Ce dernier est indispensable à la produc- tion du fruit; mais l’attention du jardinier consiste à ne lui en lais- DE LA TAILLE, 439 ser produire que ce qu’il faut pour que l'arbre soit maintenu en santé, sans qu'il nuise par son excès à la fructification. Deux principes généraux dominent toute la théorie de la taille : 1° Tailler long pour avoir du fruit. Mais l'excès de fruit fatigue l'arbre, l’épuise, et souvent, quand on a abusé de ce moyen, la stérilité remplace l'abondance. 2° Tailler court pour avoir du bois. Mais une taille trop courte empêche la production du fruit, car la séve se porte avec exubérance dans tous les bourgeons et les fait produire du bois. C’est la moyenne qu'il faut observer entre ces deux excès, et c’est là la grande difficulté de cette opération; elle dépend d’une foule de circonstances accessoires quiexigent de l'observation et de la pratique. Les instruments sont : la serpette, qui coupe net, mais est d’un maniement difficile; le sécateur, d'un usage plus commode, qui sert aussi bien à couper des brindilles qu’à démonter de grosses bran- ches, mais qui meurtrit le point où le jardinier prend son appui, s’il n'y fait une grande attention et s’il n’a pas l'habitude de se servir de cet instrument ; on ajoute à ces deux instruments la scie à main, qui sert à couper les plus grosses branches (PI. LV). Le moment où l’on commence à tailler est le courant de décem- bre, et l'opération dure jusqu'en mars. Il n’y a pas de règlés précises pour déterminer l'époque la plus favorable à la taille, elle est subor- donnée à l'exposition, à la température et à l’état des arbres ; il faut en général commencer par les arbres faibles et terminer par les plus vigoureux. Le principe qui domine toute l'opération est de tailler avant l’époque du grand mouvement de la séve, qui fait dé- velopper les yeux ; si l’on attendait jusque-là, on nuirait à la végé- tation, et les branches produites sous cette influence seraient fai- bles et sans vigueur. Le grand soin à apporter dans la taille des arbres est de faire une coupe oblique dont l’inclinaison soit opposée à l'œil et qui partant au-dessus du point d'insertion de l’œil arrive juste à la hauteur de son extrémité, afin que la cicatrisation s’opère le plus promptement possible. Si la plaie est grande, il faut la recouvrir avec un enduit 440 LE JARDIN FRUITIER. résineux qui empêche l'influence désorganisatrice de l’atmosphère sur le bois dénudé. On commence la taille, non pas dans l'ordre du devétéppéiéent de la végétation, mais par les arbres les moins sensibles à la gelée; tels sont les Poiriers et les Pommiers. Pour les autres, on commence en février et l’on termine à la fin de mars, ou dans les premiers jours d’avril pour les arbres vigoureux et les Pêchers. Des diverses formes auxquelles on peut soumettre les arbres fruitiers. La pyramide ou quenouille (PI. XXXIX). C’est celle qui convient surtout aux arbres à fruits à pepins, sur- tout au Poirier. Parmi les arbres à noyau, ceux qui s’y prêtent le mieux sont l’Abricotier, le Prunier et le Cerisier. Il faut avoir soin de choisir de jeunes arbres suffisamment garnis de branches latérales sur toute la longueur de leur tige et bien équi- librées, sans quoi l’on perdrait beaucoup de temps à rétablir celles qui seraient dégarnies par la base. Éventail (PL XXIV, XXXV, XL). Cette forme convient surtout aux fruits à noyau; c’est une dispo- sition élégante ayant la forme d’un V, mais plus difficile à conduire que la palmette, et qui exige des soins attentifs. C'est une de celles aussi dont on conserve l'équilibre avec le plus de peine, et qui ré- clame une surveillance non interrompue. L'éventail s'applique également aux contre-espaliers. La palmette (PI. XLI, XLII). La palmette convient à tous les arbres : la palmette simple diffère de la pyramide sous le rapport de la taille; c’est, à proprement par- ler, une pyramide à branches distiques appliquée contre un mur. On peut faire une palmette double, dont la forme est celle d’un U, avec une pyramide de deux ans, ou, à son défaut, avec des greffes d'un an, qu'on rabat à 30 centimètres de terre pour obtenir deux bourgeons, avec lesquels on établit des tiges ou flèches parallèles. Elle fructifie plus promptement et plus abondamment que les au- DE LA TAILLE, 44 tres formes ; les branches se prêtent mieux à une disposition symé- trique, et la végétation en est plus égale. _ C'est au Poirier surtout que cette forme convient. Le cordon (PI, XLVIIT). Le cordon est une tige simple qui porte directement les petites branches à fruits. On peut appliquer aux Pêchers, principalement à ceux cultivés dans les terrains médiocres, une disposition unilatérale, qu'on ap- pelle coup de vent ou cordon oblique. Pour l'obtenir on plante ses arbres de manière à incliner sous un angle de 45° les tiges d’un même côté. Par ce moyen on obtient un espalier bien garni et qui fructifie au bout de peu d'années. Le cordon vertical convient par- ticulièrement à la Vigne et au Poirier. Le cordon horizontal est ap- pliqué à la Vigne et au Pommier pour faire des bordures dans les jardins fruitiers ; on obtient ces bordures en plantant des jeunes sujets d’un an de greffe à 1" 50 ou 2 mètres les uns des autres, et on les couche sur un fil de fer ou une tringle en bois, disposé à 30 centimètres du sol; au fur et à mesure que chaque extrémité atteint le coude du Pommier voisin, on la greffe sur lui, et au bout de quelques années on obtient ainsi une bordure d’une seule pièce : ces cordons sont très-productifs. De l’entonnoir. Forme peu usitée, qui convient aux Pommiers sur Doucin et Paradis. Les Poiriers sur Coignassier s’y prêtent également bien. Plein-vent, ou haute tige. Ce sont les arbres destinés aux vergers qu'on dispose de cette sorte. Cette forme s'applique aussi bien aux arbres à noyau qu’à ceux à pepins ; ils ne diffèrent entre eux que par la longueur des branches, qui doivent être au nombre de 3 ou #4 au plus. Il faut tailler court Les arbres à pepins, l’Abricotier et le Prunier; tailler long le Cerisier. Les arbres dits plein- vent ne demandent à être taillés que pendant les quatre ou cinq premières années; passé cette époque on les abandonne à eux-mêmes. DES DIVERS PERFECTIONNEMENTS APPORTÉS À LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS. RESTAURATION DES ARBRES FRUITIERS ÉPUISÉS PAR LA VIEILLESSE. D’après M. Dubreuil. Les arbres fruitiers les mieux cultivés finissent toujours par se couvrir de nodus formés par les cicatrices produites par les tailles réitérées. Le tronc devient difforme, les bourgeons s’amaigrissent, et les fleurs, ne recevant que peu de séve, ne peuvent plus nouer leurs fruits. | Arrivé à cet état, l'arbre doit être arraché ou restauré. Dans ce dernier cas on supprime toutes les branches, en les coupant à quelque distance du tronc, et on enlève la vieille écorce, celle seu- lement qui est tout à fait morte. Bientôt de nouveaux bourgeons se développent; vers le mois de juin on conserve ceux qui sont les mieux disposés, et on supprime tous les autres, en les cassant à 10 ou 15 centimètres de longueur pour en obtenir des produc- tions fruitières. Dès la troisième année, si le travail est bien fait, on obtient une nouvelle et abondante récolte, que ne peut pas produire un jeune arbre à sa troisième année de plantation. Comme complé- ment de ce rajeunissement, il faut renouveler la terre autour de l'arbre ; car cette terre épuisée ne peut plus fournir assez abon- damment l'élément nutritif aux nombreuses racines qui naissent à la suite du développement des vigoureux rameaux. On ouvre en conséquence une tranchée circulaire à { mètre environ du pied de l'arbre, large de 80 centimètres au moins sur autant de profondeur, CULTURE DES ARBRES FRUITIERS. 443 et on la remplit avec une bonne terre franche ou de prairie très- meuble, dans laquelle les racines se développeront et puiseront une séve abondante. Quelques praticiens préfèrent à ce rajeunissement par recepage le rajeunissement par la greffe en couronne théophraste, en posant autant de greffes qu’on veut avoir de branches mères. Ce procédé nous a toujours mieux réussi que le recepage ; les greffesse dévelop- pent plus régulièrement et avec une vigueur extraordinaire ; quand elles sont appliquées sur un tronc presque au niveau du sol, elles produisent des flèches plus vigoureuses que celles des jeunes plants, et desquelles on peut obtenir rapidement des branches latérales pour former des palmettes simples ou doubles, et même des pyra- mides. Pour le rajeunissement par la greffe des arbres en pyramide, les branches latérales sont taillées d'autant plus long qu'elles sont plus rapprochées de la base, de manière à conserver à l’arbre sa forme pyramidale. Celles de la base sont coupées à 0"60 de leur nais- sance, et celles du sommet à 0"15 seulement. Il y a, nous le ré- pétons, plus d'avantage à greffer en couronne chacune de ces bran- ches, parce que l’action de la séve, répartie sur une plus grande étendue de tige, ne fait pas toujours développer les bourgeons là où ils sont nécessaires. Les arbres à fruits à pepins et les Groseilliers sont ceux qui pré- sentent le plus de chance de succès : ceux à fruits à noyau se com- portent moins bien, parce que leur vieille écorce développe moins facilement de nouveaux bourgeons que celle des premiers, et que d’ailleurs la greffe n’y réussit pas toujours. Il est surtout, parmi ces derniers, une espèce pour laquelle le recepage présente rarement de bons résultats, c’est le Pêcher. Il est en effet très-rare de voir percer de nouveaux bourgeons sur la vieille écorce de ces arbres après le recepage. Aussi ne conseillons-nous cette opération, pour cette espèce, que dans le cas seulement où il existerait vers la base des branches des rameaux tout formés. Alors on devra couper les branches immédiatement au-dessus de ces rameaux. Il est encore une autre espèce d'arbre fruitier dont nous n'avons 444 LE JARDIN FRUITIER. pas parlé, et qui peut être également rajeunie : c'est la Vigne. Le remplacement successif des coursons sur les cordons de la Vigne détermine aussi, à la longue, des exostoses, des nodosités plus ou moins prononcées. Lorsque la Vigne est arrivée à ce point, il n°y a aucun avantage à la conserver dans cet état, et il convient de la rajeunir. Pour cela on coupe les cordons de manière à obtenir un sarment vigoureux. On le laisse se développer librement. L'an- née suivante, au printemps, on couche chacune des tiges portant ainsi un sarment, et l’on fait ressortir l'extrémité des sarments au pied du mur, précisément au point où doit s'élever la nouvelle tige. On opère ensuite comme s’il s'agissait de former une treille avec de jeunes Vignes. Toutefois, il devient nécessaire de remplacer une partie du ter- rain épuisé par la végétation prolongée de cette treille. Dans ce but, immédiatement avant le couchage des nouvelles tiges, on enlève 0®12 à 0"15 de la surface de la plate-bande, en prenant bien soin de mutiler le moins possible les anciennes racines. On remplace ce sol appauvri par une autre couche de terre bien amendée avec un terreau consommé. C’est dans ce nouveau terrain qu'on pratique le couchage des tiges. M. J.-L. Snow, de Swinton-Garden, a parfaitement réussi à ra- jeunir un vieux Prunier de l'espèce appelée en anglais Green-gage, dont le tronc, presque complétement excavé, ne portait plus que quelques branches maladives, en l'entourant, jusqu'à la hauteur d’un mètre, d’un mélange de bonne terre végétale, de sable et de fumier de vache frais. Cette opération, qui avait eu lieu en avril, réussit assez bien pour qu'en été l'arbre ait poussé de toutes parts de vigoureuses racines ; le jeune bois se développa, et le vieux Prunier recommença à donner des fruits aussi beaux que ceux qu'il portait à l’époque de sa plus grande vigueur. Ce moyen ne peut être recommandé que dans le cas où l’on serait menacé de perdre une espèce de fruit de qualité rare et difficile à remplacer. De l'incurvation des rameaux dans les arbres à fruits. Un procédé employé pour provoquer, dans les arbres, la produc- CULTURE DES ARBRES FRUITIERS. è 445 tion du fruit, et qu’on applique surtout au Poirier, est la courbure, dans le but d'empêcher la séve de tourner au profit des rameaux à bois, et de l’obliger à favoriser la nutrition des fruits. Rien de plus simple que cette méthode ; elle consiste à attacher la branche qu'on veut arquer, vers la moitié de sa longueur, avec un lien quelcon- que, assez gros toutefois pour ne pas entamer l'écorce, et l’on fixe en terre ou à une branche inférieure l’autre extrémité du lien. On comprend les résultats physiologiques de cette méthode : la séve a pour tendance naturelle d’affluer vers l'extrémité des rameaux, puis- que l’élongation est la première loi de l’accroissement des végé- taux; contrariée dans sa marche par l'obstacle que lui impose l’in- flexion des rameaux, elle se porte sur tous les bourgeons latéraux, et, ainsi partagée sur plusieurs points, elle concourt à la formation des productions fruitières. Il ne faut l’appliquer toutefois qu'avec mesure, et de préférence à des arbres dont la stérilité vient d'un excès de vigueur. Une édu- cation intelligente des arbres à fruits convient mieux que l'emploi de tous les moyens artificiels, et a l'avantage de les laisser parcourir toutes les périodes de leur vie sans l’avoir troublée dans son cours et avoir risqué de précipiter leur mort. Du développement artificiel des bourgeons dans les arbres à fruits. On pratique avec succès des incisions transversales pour faire dé- velopper des branches là où elles sont nécessaires à la charpente des arbres. Cette opération consiste, lors de la taille, à faire immédia- tement au-dessus ou au-dessous d'un œil que l’on veut faire déve- lopper, une incision transversale qui enlève l'écorce et qui pénètre de 2 à 3 millimètres dans le corps ligneux, suivant la grosseur du bois sur lequel on opère, et aussi suivant la force que l’on veut donner au bourgeon qui doit se développer. A l’aide de cette inci- sion on obtient à volonté un bourgeon à bois ou un bourgeon à fleurs. L'incision pratiquée au-dessus de l'œil provoque son déve- loppement en bourgeon à bois, par l'abondance de séve qu'il reçoit, cette séve étant arrêtée dans son mouvement ascensionnel par l'in- 446 LE JARDIN FRUITIER. cision située au dessus. Au contraire, par l’incision au dessous, l'œil ne recevant plus de nourriture ne peut que produire un faible bourgeon qui se couvre de fleurs. Quant aux incisions longitudma- les, elles ne provoquent, pas, comme les transversales , le dévelop- pement immédiat de l'œil; mais, une fois développées, elles favori- sent l'extension des bourgeons en dilatant les écorces et en permet- tant à la séve d’affluer dans cette partie plutôt que dans toute autre. Plantation d'arbres fruitiers sur un sous-sol artificiel en briques. Victor Paquet a fait connaître ce mode de plantation qui, avant lui, était tout à fait inconnu en France. En Angleterre, et principalement en Écosse, on emploie pour établir ces sous-sols des briques allon- gées, que l’on place au fond des rigoles ou voies d'écoulement. Ces briques sont nommées semelles, et c'est sur elles que portent des tuiles placées de champ, et dont l'effet est d'empêcher que les terres, qui s’amollissent graduellement sous l’action combinée de l'air et de l’eau courante, ne viennent obstruer une tranchée émi- nemment utile pour l'assainissement des terres humides. Cette mé- thode, très-recommandable sous tous les rapports, a donné l'idée” d'employer les briques à un autre usage non moins digne d'imita- tion chez nous : à la plantation des arbres fruitiers. Tout le monde sait qu’un mauvais sous-sol fait périr les arbres fruitiers aussitôt que les principales racines viennent à s’y enfoncer. L'arbre dont le feuillage jeune encore jaunit, dont les pousses se couronnent, indique que les racines arrivent à une terre ou sous- sol qui leur est contraire, soit par une humidité stagnante, soit par une porosité excessive. Empêcher, par un travail quelconque, les racines de l'arbre d'arriver à ce sol destructeur, c'est assurer sa vie et garantir au propriétaire la jouissance d’abondants produits. C’est ce que nous nous proposons de procurer à tout le monde le moyen de faire. Du mur d’espalier, jusqu’à la distance de 2 mètres environ, on ouvre une tranchée de 25, 30, 40, 50, 60 centimètres, ou davan- tage si le terrain le permet; on nivelle parfaitement le fond de cette CULTURE DES ARBRES FRUITIERS. 447 tranchée, puis on y établit, à plat et à sec, mais se touchant, une aire de briques ; on recouvre ce pavage à sec de quelques centimè- tres de terre ou d'une couche plus épaisse, si toutefois la profon- deur de la tranchée le permet ; on place l'arbre sur cette couche de terre, en supprimant préalablement les racines pivotantes, et l’on dispose les autres le plus horizontalement possible; on recouvre ensuite le pied de l'arbre selon l’usage ordinaire, avec de la terre aussi substantielle que possible, aussi mouvante que la nature et la force des arbres l’exigent ; on donne les arrosages aussi fréquents et aussi copieux que le besoin de l'arbre, la nature du sol et la tem- pérature de la saison le nécessitent; un bon paillis d'herbes vertes entretient la fraicheur au pied des arbres ; de bons fumiers gras (si le terrain est sec et brûlant) leur envoient les sucs nourriciers qu'ils contiennent en abondance ; et enfin des seringages sur le feuillage le préservent des immondices et de l'attaque des insectes : avec ces soins assidus une Jeune plantation prospérera. Les racines, s’allon- geant et grossissant, ne tardent pas à approcher du mauvais sous- sol; mais une couche de briques placées comme il a été dit plus haut, les oblige à s'étendre horizontalement ; l'obstacle qu’elles rencontrent les force à se fixer dans la partie supérieure du sol ; elles y développent un épais chevelu qui s’approprie utilement les sucs nourriciers que contient cette couche labourable, dont la fertilité est entretenue par des binages, des engrais et des paillis, dont les sucs sont entraînés dans le sol par l’eau des pluies dans Les années humides, et par celle des arrosages dans les années sèches. NOTA. Nous avons adopté quatre divisions à mettre à la suite des no- tions préliminaires pour le jardin fruitier. Ce sont : 1° Arbres et arbustes à fruits à noyau; 2° Arbres et arbustes à fruits à pepins; 3° Arbres et arbustes à fruits en baies ou baccifères ; 4 Arbres à fruits à fleurs en chaton. Dans ces quatre divisions, nous avons compris les arbres et ar- bustes qui, bien que ne produisant pas de fruits ou même ne pou- vant pas supporter la pleine terre sous le climat de Paris, sont néanmoins cultivés à l’air libre et donnent des fruits dans plu- sieurs de nos départements méridionaux. Quant aux plantes fruitières de serre froide, de serre tempérée et de serre chaude, sous le climat de Paris, nous en avons fait l'objet d’un appendice à la suite du jardin fruitier. Dans cet ap- pendice nous comprenons les plantes herbacées et les plantes li- oneuses, et nous donnons la culture en serre de certains végétaux fruitiers, même de quelques-uns de ceux dont nous aurons pu parler précédemment, comme étant de pleine terre dans le midi de la France. Tels sont les Orangers et les Grenadiers si com- muns en Provence, ainsi que dans l’ancien comté de Nice, et qui sont des plantes de serre sous le climat parisien. CHAPITRE PREMIER. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. Abricotier, Prunus Armenica Lin.; Armeniaca vulgaris Lam. (Rosacées-Amygdalées.) L’Abricotier se rapporte, d’après la plupart des botanistes, au genre Prunier. On le regarde généralement comme originaire de l'Arménie, quoique quelques auteurs, entre autres Allioni, pré- tendent en avoir observé à l’état sauvage dans certaines contrées de l'Europe méridionale. L'Abricotier constitue un arbre de force moyenne, à cime naturellement arrondie, formée de rameaux tor- tueux et revêtus d’un épiderme brun. Ses feuilles, d’un vert gai, sont ovales ou ovales-arrondies, presque en cœur, acuminées, doublement dentées, glabres, portées sur un pétiole glanduleux. Ses fleurs, qui ont la blancheur de l'albâtre, avec un calice rougeâtre, sont de grandeur moyenne, solitaires ou géminées, à cinq pétales arrondis, concaves, brusquement retrécis en onglet à leur base; elles naissent irrégulièrement le long des branches, plus serrées sur les plus courtes, plus rares sur les plus allongées; elles s'ouvrent avant le développement des feuilles et sont d’une durée très-courte. Comme elles se montrent de bonne heure, elles sont très-exposées à souffrir des gelées tardives. Le fruit, ou Abricot, est une drupe charnue, succulente, à péricarpe vélouté, à noyau lisse, plus ou moins comprimé, qui n’est ni sillonné ni poreux, ayant l'un de ses bords obtus et l’autre relevé de trois 29 450 - LE JARDIN FRUITIER. saillies aiguës longitudinales. Selon les variétés, l’Abricot est marqué d'un côté d’un sillon plus ou moins profond, presque toujours plus large que long. C'est surtout le fruit qui caractérise, par l’époque de sa maturité, par son volume, etc., les variétés assez nombreuses de l’Abricotier. Ce fruit est à bon droit l’un des plus estimés; mais sa saveur ne se développe que suivant la chaleur du sol et celle du climat. Aussi les Abricots de nos départements déjà un peu méridionaux sont-ils plus recherchés que ceux des environs de Paris ou du nord de la France, pour faire des confitures, parce qu'ils demandent une bien moindre adjonction de sucre. Les Abri- cotiers de plein vent donnent des fruits beaucoup plus succulents que ceux d’espalier pour lesquels l’art est obligé de suppléer à l'in- suffisance du climat. Il se consomme annuellement des quantités considérables d’Abricots, soit qu’on les mange crus, soit qu'on les prépare en compotes, en confitures, en conserves à l’eau-de-vie, ou encore desséchés au soleil ou au four, après les avoir ouverts en deux. L’Amande, tantôt douce, tantôt amère, selon les variétés, et même le noyau qui l'enveloppe, servent à la préparation de cer- taines liqueurs de table, dont la plus connue et la plus recherchée est l'Eau de noyau. Le bois de l'Abricotier est de couleur grise, veiné de jaune et dé rouge; il est assez estimé pour le tour et la tabletterie. PLEINE TERRE. — Choix du terrain, exposition, multiplication. L’Abricotier s’accommode de tous les terrains. Dans les terres fortes, il donne beaucoup de bois et produit peu de fruit; quand on ne peut lui procurer qu'une terre de cette nature, il faut le greffer sur le Prunier; il y végète moins et fructifie davantage. Dans les terrains légers, secs, brülants, on doit le greffer sur Amandier. Les expositions qui conviennent le mieux aux Abricotiers sont le midi et le couchant. Quoique les diverses espèces d’Abricotiers puissent se reproduire de graines choisies avec soin parmi celles des plus beaux fruits, on ne multiplie guère cet arbre de noyau, excepté l’Alberge : on le reproduit de greffe faite sur Prunier ou sur Amandier, comme il vient d'être dit. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 451 Culture. Tous les Abricotiers réussissent parfaitement en plein vent, s'ils sont suffisamment abrités du froid, et leurs fruits sont beaucoup plus parfumés que ceux des arbres en espalier; mais il faut, pour les empêcher de se dégarnir, les soumettre à une taille raisonnée. En plein vent, on les plante à 5 ou 6 mètres de dis- tance, pour leur permettre d'acquérir tout leur développement. Pour espalier, lorsqu'ils sont greffés sur Amandier, il faut une dis- tance de 7 mètres. Pour les sujets greffés sur Prunier, la distance de 5 mètres suffit. Chaque année on taille les Abricotiers pour les empêcher de se dépouiller du bas. On supprime toutes les branches qui se dévelop- pent dans l'intérieur, afin de laisser entre les rameaux assez d’es- pace pour que l'air et la lumière y circulent facilement. La taille a pour but de forcer la séve à se porter sur la partie inférieure des branches et non à leur extrémité. Quand l’Abricotier vieillit et ne présente plus à l’œil qu'un arbre sans grâce, dont les branches nues sont couronnées au sommet par un maigre bouquet de feuilles, on le renouvelle en rabattant les grosses branches, que l’on remplace par les plus vigoureux des jeunes rameaux. Du reste, l’Abricotier est un arbre dont la conduite est facile et qui ne demande que peu de soins. On peut le cultiver en quenouille, mais, quoiqu'il s’y prête vo- lontiers, cette forme tout à fait artificielle ne lui convient qu’à demi. Après la haute tige, l’espalier est la forme la plus usitée. Presque toutes les variétés se soumettent à ce genre de culture, qu'on n’ap- plique que dans les localités où les plein-vent réussissent mal, ou que quand on veut avoir dés fruits plus précoces. Récolte. On récolte les Abricots depuis le commencement de juillet jusqu'au commencement de septembre suivant les variétés, et aussi suivant les climats. Les Abricots qu'on envoie de Lyon et surtout de Clermont-Ferrand à Paris, et qui sont surtout destinés à faire des confitures, sont presque toujours cueillis, en raison de la distance, et par crainte de pertes en voyage, avant maturité; on ne les possède donc pas, en général, à Paris, avec toute la saveur qui leur est propre. 452 LE JARDIN FRUITIER. CULTURE FoRcÉE. — On ne force que difficilement les Abricotiers. Quand on veut les cultiver en primeur, il faut commencer à les chauffer au mois de février et ne leur donner qu'une chaleur mo- dérée. | CHOIX DES VARIÉTÉS PAR ÉPOQUE DE MATURITÉ. Juin. Abricot Mille (assez gros d’un rouge orange, mi-fondant). — précoce, Abricot hâtif musqué, Abricotin (petit, rond, jaune pâle et rouge foncé; chair jaune clair, un peu musquée ; de qualité inférieure, mais recherché pour sa pré- cocité). — blanc (petit, rond, un peu duveteux, blanc du côté de l'ombre et jaune clair du côté du soleil; chair fine, mais peu savoureuse). Juillet. Abricot Albergier de Montgamet (sous-variété de l’Abricot Alberge, dont elle ne diffère que par la précocité). — Angoumois(petit, jaune ambré et rouge foncé, à chair juteuse d’un goût agréable). _ _ d’Oullins (moyen, jaune orange, à chair ferme juteuse). — Comice de Toulon (gros, duveteux, jaune orange, à chair fine sucrée et aromatisée). — commun (gros, jaune rougeâtre, à chair ferme parfumée). — d'Alexandrie (gros, couleur jaune orange ; variété délicate; craint les gelées). — de Hollande, Amande Aveline (petit, jaune taché de rouge, à chair excellente d’un goût relevé). — de Provence (aplati, rouge vif du côté du soleil, à chair jaune très-foncé). — de Syrie, Abricot Kaiska (petit, jaune, à chair fondante). — du Clos, Abricot Luizet (très-gros, ovoïde, d'excellente qualité). — Musch, Musch-Musch, Abricot Musch de Turquie (moyen, jaune orangé, à chair transparente musquée, d'excellente qualité). — Laujoulet (gros, jaune orange, pointillé de rouge, à chair très-juteuse). — ‘ Pêche, Abricot de Nancy (très-gros, rougeàtre ou jaune fauve, à chair très-fondante, vineuse). — gros précoce, Abricot hâtif de la Saint-Jean, Abricot orange précoce (muyen, jaune orange, taché de rouge, à chair très-fine, d'excellente qualité). — Royal (très-gros, à chair jaune fondante, excellente qualité). — Tachard(de moyenne grosseur, jaune orange, à chair très-fine et très-juteuse). Août. Abricot Alberge, Albergier; Albergier de Tours (petit, galeux, à chair jaune rougeûtre vi- neuse fondante). — de Jacques(de grosseur moyenne, jaune rougeûtre, de très-bonne qualité). — de Portugal (diffère de l’Abricot de Provence par sa forme ronde, sa couleur jaune clair, et l’époque de maturité plus tardive). — de Versailles (gros, jaune lavé de rouge, à chair fondante, d'excellente qualité). — Pourret (diffère de l’Abricot-Pêche, par sa chair plus ferme, plus vineuse, et son époque plus tardive de maturité). Septembre. Abricot Beaugé(gros,jaune pâle,marbré de lilas,à chair un peu cassante,d’un goût très-agréable). — de Noor (moins gros que l’Abricot-Pêche, de forme ovale, à chair rouge clair, d’un goût très-agréable). ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU, 453 Amandier (Pl, L, fig. 4 et 4a). Amygdalus communis Lin, (Rosacées-A mygdalées.) L'Amandier, originaire de l'Asie et du nord de l'Afrique, est aujourd'hui naturalisé et cultivé dans tout le midi de l'Europe, y compris le sud, le sud-est et le sud-ouest de la France. C’est un arbre de moyenne grandeur, dont la tige, haute de 6 à 8 mètres, est droite, couverte d’une écorce brun cendré, d’abord lisse et bril- lante, plus tard rugueuse et gercée; il en découle un suc gom- meux, connu sous le nom de Gomme du pays. Les jeunes rameaux sont allongés, dressés, minces, flexibles, couverts d'une écorce lisse, vert clair, un peu glauque. Les feuilles sont alternes, pé- tiolées, lancéolées, aiguës, finement dentées, glabres, d’un beau vert. Les fleurs, qui naissent toujours sur les pousses de l’année précédente, sont grandes, blanches ou rosées, presque sessiles, solitaires ou réunies par deux ou trois. Le calice est rougeàtre à l'extérieur, à tube turbiné, à limbe partagé en cinq lobes obtus, étalés. La corolle est à cinq pétales arrondis, retrécis à la base en un onglet court, étalés et insérés au sommet du tube du calice, ainsi que les étamines, qui sont au nombre de vingt-cinq à trente sur plusieurs rangs. L'ovaire est globuleux, un peu comprimé, à sillon interne, uniloculaire, velu-cotonneux. Le fruit est une drupe verte, ovoïde, allongée, comprimée, pointue au sommet, à chair peu épaisse, dure, coriace et presque sèche, s’ouvrant et se détachant aisément après la maturité. Le noyau, rugueux, crevassé, renferme une graine ou amande (rarement deux) à tégument brun, rugueux et à cotylédons très-volumineux. L'Amandier présente deux variétés fort distinctes, l’une à graines douces, l'autre à graines amères; ces deux variétés se subdivisent en,sous-variétés, à coque dure, ligneuse et épaisse, ou mince et fragile. Les Amandes amères, qui se trouvent souvent mêlées aux Amandes douces dans le commerce, constituent un des poisons les plus violents que l’on connaisse, non-seulement parce qu’elles forment de l'acide cyanhydrique au contact de l’eau, mais encore 454 - LE JARDIN FRUITIER. parce qu’elles produisent de l’essence d'Amande amère, substance des plus énergiquement dangereuses. Les Amandes amères, avec les Amandes douces, servent néanmoins à préparer le looch blanc, le sirop d’orgeat, les amandés, les émulsions. Pour toutes ces prépa- rations, on prive les Amandes de leur épisperme, par l'immersion dans l’eau froide ou chaude : la pellicule se détache alors par simple pression entre les doigts. Le lait d'Amandes douces est un excellent adoucissant, rafraîchissant ou calmant (voir la Flore médicale du XIX° siècle, t. A, p. 59 à 61). Quant aux Amandes douces elles- mêmes, on les mange sur nos tables, fraîches ou sèches. PLEINE TERRE. — Choix du terrain, exposition, multiplication, culture. Une terre sèche et chaude est celle qui convient à cet arbre originaire des climats méridionaux et qui réussit assez mé- diocrement sous la latitude de Paris. L'Amandier est un des arbres qui fleurissent au premier prin- temps; c'est pourquoi il lui faut une bonne exposition. Dans les pays et les localités où les froids tardifs du printemps sont à redouter, il convient de le planter en espalier. C’est dans cette circonstance seulement qu'il faut le tailler dans la culture en plein vent. Il n’exige d’autres soins que d'en enlever les branches mortes et de conserver à l'arbre une forme agréable. L’Amandier sert à greffer les diverses variétés de Pêcher et d’Abricotier, quand on les plante dans des terrains profonds et brûlants. On multiplie l'Amandier de graines qu’on met stratifier à l’automne et que l'on confie à la terre au printemps (voir pour le surplus de la culture, la Flore agricole et sylvicole qui fait partie du Règne végétal). Récolte et Conservation. C’est au mois d’août qu'apparaissent les premières Amandes, qu'on sert sur les tables avant leur maturité complète et quand le brou est encore vert. Les Amandes destinées à être conservées se récoltent en septembre et octobre. Les Amandes douces et amères se trouvent dans le commerce avec ou sans co- ques. On connaît plusieurs sortes des unes et des autres; elles nous viennent d'Afrique, d'Espagne, d'Italie, de Provence, de Langue- doc, ete., ete. Rien de plus facile que la conservation des Aman- des; elles ne demandent qu’à être déposées dans un lieu sec. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 455 VARIÉTÉS, Amandier commun à petits fruits, Amandier doux, Amandier franc (le plusrobuste, convient dans les climats froids ; Amande douce à coque dure). — à gros fruits et à coque dure (le plus cultivé dans les départements méridionaux; Amande douce, coque dure et renflée, produit abondamment; sous-variété à fruit amer). — à coque dure et à gros fruits (fleurs grandes ; Amande douce et coque dure). — . à coque demi-dure (sous-variété du précédent). — à coque tendre, Abeïlan des Provençaux, Amande des dames (fruit plus petit, aplati, coque tendre; fleurit tard; à coque plus dure dans les pays méridionaux : la fleur est sujette à couler). — à coque très-tendre, à la Princesse, à la Sultane (gros à coque tendre, pétales larges, parfois échancrés ; fruit plus gros et plus délicat), _ pistache (fruits plus petits encore). — amer à coque dure (fleur plus grande ; fruit allongé ; Amande amère). — à coque tendre (sous-variété du précédent). — pêche (fruits de deux sortes : les uns à brou sec, les autres à brou charnu, épais, amer, bon seulement en compote : l’'Amande est douce). Bigarreautier, Voir ci-après Cerisier. Cerisier (PI. XXVIIL, fig. 4 et 5). Cerasus vulgaris Mill. et Lin.; Cerasus caproniana De Cand. (Rosacées- Amygdalées.) Le Cerisier passe pour être originaire de l'Asie Mineure, où il habite surtout les bords de la mer Caspienne. On attribue” généralement l'introduction en Europe des Cerisiers cultivés à Lucullus (soixante-huit ans avant J.-C.), qui les aurait apportés de Cérasonte (aujourd'hui Keresoun), ville de l’ancien royaume de Pont; c'est même de là que vient le nom de Cerisier. Mais il paraît probable, que le célèbre général romain n’a importé en Europe que des variétés supérieures à celles qu'on y possédait auparavant; car il est certain que le Merisier a existé de tout temps en Italie et dans les Gaules. Dans tous les cas, c'est à Lucullus que l’on doit la cul- ture de cet arbre-précieux. Le Gerisier commun est un arbre dont la tige, haute de 8 à 10 mètres, droite, cylindrique, couverte d’une écorce lisse et luisante, se divise en rameaux un peu étalés, dont l’ensemble forme une cime arrondie; Les feuilles sont alternes, pé- tiolées, ovales, aiguës, dentées, glabres, d’un beau vert. Les fleurs sont blanches, longuement pédonculées, groupées en petits fasci- cules ou bouquets, entourées à leur base par les écailles persistantes 456 LE JARDIN FRUITIER, qui formaient les boutons ; elles présentent un calice campanulé, à cinq lobes courts et arrondis, une corolle à-cinq pétales, des éta- mines nombreuses, un ovaire simple, ovoide et libre. Le fruit est une drupe globuleuse ou un peu oblongue, ombiliquée à la base, charnue, très-glabre, renfermant un noyau presque globuleux et lisse, marqué latéralement d’un angle un peu saillant. Les usages des fruits des Cerisiers et des variétés de ceux-ci sont nombreux. On consomme beaucoup de ces fruits exquis en nature. En outre, on en fait d'excellentes confitures, des conserves par la dessiccation, ou dans l’eau-de-vie; on en fait aussi des liqueurs de table fort esti- mées, telles que le ratafia, le marasquin, le #erschenwasser, ete. Le bois des Cerisiers est d’un grain serré, susceptible de prendre un beau poli, d’une couleur rougeâtre, qui, avivée par une immersion de vingt-quatre ou trente heures dans un bain d’eau de chaux, ressemble assez à celle de l’Acajou. Aussi l’emploie-t-on à faire des meubles. Le bois du Cerisier mahaleb ou Cerisier odorant (Prunus Mahaleb Lin.; Cerasus Mahaleb Mill.), connu aussi sous le nom d'arbre de Saint-Lucie, qui lui vient de ce qu’il abonde dans les Vosges, près de l’ancienne abbaye de Sainte-Lucie, est surtout très-recherché par les ébénistes et les tourneurs. Il ne faut pas le confondre avec un bois du commerce de couleur rouge, nommé pareillement bois de Saint-Lucie, à raison de sa provenance de l’île de Sainte-Lucie, l’une des Antilles. Deux espèces distinctes ont donné naissance aux variétés de Ceri- siers cultivés dans nos jardins. | L'une est le Cerisier des bois, vulgairement Merisier (Prunus avium Lin.; Cerasus avium Mæœnch.), espèce commune dans les grandes forêts, dans les pays montagneux de l'Europe, qui forme un bel arbre, à branches dressées ; à rameaux étalés, mais non pen- dants; à feuilles grandes, pendantes, obovales-oblongues , acumi- nées, doublement dentées , légèrement pubescentes en dessous ; à fleurs blanches, longuement pédicellées, sortant par deux ou trois trous de chaque bouton; à fruits petits, de forme un peu oblongue, rouges, à pulpe adhérente au noyau et à l'épicarpe, à suc coloré. L'autre est le Cerisier commun (Cerasus vulgaris), espèce qu'on ne ARBRES ET ARBUSTES À FRUITS A NOYAU, 457 connaît pas en Europe à l'état sauvage, qui est le type des Guigniers et des Bigarreautiers. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Cerisier croît dans tous les terrains quand ils ne sont ni trop secs ni trop humides. Il aime les terres légères, franches et profondes, et donne d'excellents fruits dans les {errains calcaires. Multiplication. On multiplie les Cerisiers par la greffe, soit en fente, soit en écusson à œil dormant, sur de jeunes plants de Meri- sier, si l’on veut des arbres à haute tige, et sur des plants de Ceri- sier Mahaleb, vulgairement Cerisier de Sainte-Lucie, si l'on veut des pyramides ou des espaliers qu'on met dans des terrains cal- caires. Quelle que soit, au reste, l'espèce choisie pour la greffe, elle n’influe en rien sur la qualité du fruit. Culture en plein vent. Le plein vent est la seule forme sous la- quelle les Cerisiers soient réellement productifs. On ne prend d'autre soin que d'enlever de l'arbre le bois mort ou les branches inutiles. Le Cerisier réussit fort bien en pyramide et donne beaucoup de fruits, quand on a soin de choisir des variétés fertiles. Culture en espalier. Le Cerisier Griottier réussit en espalier à toutes les expositions; mais surtout à une exposition chaude qui lui fait produire des fruits précoces. L'inconvénient du Cerisier en espalier, est qu’il occupe inutilement un emplacement susceptible d'être consacré à des fruits qui donnent davantage et qui ne s’ac- commodent pas d'une autre culture. Récolte et Conservation. La récolte des Cerises se fait de la mi- mai au mois de septembre. Ces fruits se gardent à peine quelques jours. On ne les conserve au-delà de ce temps qu’en les faisant sé- cher ou en les mettant dans du sucre ou de l’eau-de-vie. Observations. On peut cultiver, si l’on a un grand emplace- ment, quelques pieds du Merisier des bois; il donne une grande abondance de fruits noirs, qui fournissent, par la distillation, la liqueur connue en Allemagne sous le nom de kirschenwasser et en France sous le nom de irsch. On sait aujourd’hui qu’on obtient partout, quand l'opération est bien conduite, du kirsch aussi bon que celui de la forêt Noire. 458 LE JARDIN FRUITIER. Il y a dans le genre Cerisier trois races distinctes : Guignes, Fruits en cœur à chair molle et juteuse, très-foncée, mais manquant de parfum. Les Guignes sont exclusivement cultivées en plein vent et non autrement. Bigarreaux. Fruits en cœur, marqués d’un sillon profond, chair ferme, croquante et très-agréable. Les Bigarreaux ont l'inconvénient d’être presque toujours verreux. Comme les Guignes, les Bigar- reaux se cultivent en plein vent. Ce sont de grands et beaux arbres à rameaux dressés et fort élégants. Cerises, Les fruits du Cerisier sont sphériques, rouges ou cramoisis, à chair fondante, juteuse, su- crée avec une acidité plus ou moins prononcée. Ces arbres diffèrent des précédents par leur forme en tête, leurs feuilles plus petites et d’un vert plus obscur. Les Cerisiers se cultivent en plein vent, en pyramide et en espalier. ; CHOIX DE VARIÉTÉS PAR ORDRE DE MATURITÉ. Fin de mai. Cerise de mai hâtive, grosse Guigne noire, Guigne nouvelle hâtive (grosse, de première qua- lité). — rouge de mai, Cerise précoce de mai, Duc de mai, Angleterre hâtive (assez grosse, rouge noirâtre à chair tendre, sucrée), — Elton, Bigarreau Elton (assez grosse, très-belle, rose clair, à chair douce, ferme). Guigne rose hâtive, Cerise de mai rose (moyenne, rouge foncé, très-juteuse). Bigarreau de mai (gros, rose). Griotte naine précoce, Précoce de Montreuil (petite, rouge clair, à chair d’abord blanche, aci- dulée ; arbre pour espalier). Juin. Guigne noire précoce ou Early Black, Cœur noir ou Black-heart (grosseur moyenne, noire, à chair douce, très-tendre). — noire de Tartarie, Guigne noire de Circassie, Guigne noire de Russie, Tartarion noir, en anglais Tartarion-Black (gros, noir luisant, à chair douce très-tendre, pourpre foncé). — royale, Double royale (grosse, très-bonne). — blanche (moyenne, blanche, à chair très-sucrée, très-tendre). — rouge (moyenne grosseur, rouge, à chair tendre, douce). — d'Adam (moyenne grosseur, rouge pâle, à chair très-tendre, douce). — Beauté de l'Ohio ou Ohio beauty (grosse, rose, à chair douce). — de Buxeuil (grosseur moyenne, rose clair ambré, à chair douce). — Lucie (petite, rose, à chair tendre). — Guindole (grosse, rose, à chair tendre ; arbre très-fertile). — précoce de Tarascon (grosse, rouge, à chair très-tendre; arbre très-fertile). Bigarreau noir à gros fruit (gros, noir pourpré, à chair ferme). — noir précoce, Bigarreau hâtif petit (petit ou moyen, à chair rouge foncé). — Jaboulay (gros, rouge foncé, à chair ferme. _— petit rouge hâtif (petit, rose, à chair ferme). — Cleveland (gros, rose ambré, picté de rose transparent). — Coé transparent (gros, rouge, à chair tendre). —- Rockport (gros, rose). _— monstrueux de Mézel (très-gros, rouge vermillon, à chair rose, sucrée, ferme). ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU, 459 Cerise rouge Muscat, Cerise Guigne (grosse, rouge foncé, à chair rouge). — impératrice Eugénie (grosse, rouge foncé, à chair ferme, douce, très-légèrement aci- dulée). , — duchesse de Palluau, Cerise docteur Bretonneau (grosse, rouge foncé, à chair très- tendre, douce, un peu acidulée). -— de Montmorency à longue queue (assez grosse, déprimée, rouge à longue queue, à chair blanche, sucrée, mais un peu acidulée). Juillet. Cerise de Montmorency à courte queue, Gros Gobet, Gobet à courte queue, Cerise la Reine, Cerise de Kent) (grosse très-déprimée, rouge vif, à queue courte, à chair fine d’un blanc pâle, douce, un peu acidulée; mürit quinze jours après la Mont- morency à longue queue). — Montmorency de Bourgueil (grosse, déprimée, rouge vif, à chair douce peu aci- dulée). — Amarelle royale, Cerise admirable de Soissons (très-grosse, rouge clair, d'excellente qualité). — royale (grosse, un peu comprimée, rouge brun très-foncé, à chair rouge très-tendre). — Griotte douce royale, Cerise du Docteur, Griotte de Portugal, Cerise portugaise, royale de Hollande, courte-queue de Bruges (grosse, très-aplatie, rouge très-brun, à chair rouge foncé, très-juteuse, un peu acidulée). — épiscopale (grosse, rouge foncé, un peu acidulée, très-belle). — Reine Hortense, Monstrueuse de Bavay, Reine des Cerises, belle Audigeoise, Belle suprême, etc. (très-grosse, rose foncé, à chair douce, excellente). — de Planchoury (grosse, cordiforme, rouge vif ponctué de rouge clair, à chair sucrée, acidulée). — belle d'Orléans (grosse, rouge foncé, à chair juteuse acidulée). — belle de Choisy, Cerise doucette (de moyenne grosseur, rouge clair, ambrée, douce, acidulée; très-bonne) . Bigarreau Downton, Cerise Downton (gros, en cœur arrondi, rose clair, à chair ferme, douce). — Princesse (gros, noir, à chair ferme). — Napoléon, Bigarreau royal, Gros Bigarreau de princesse de Hollande, grosse Cerise de princesse (très-gros, en cœur, rose vif marbré de rose clair, à chair succu- lente sucrée). — commun, Graffion, Cerise croquante (gros, marbré de rouge, à chair très-tendre). — de Reverchon (gros, rouge brun presque noir, à chair rose douce). — à gros fruit rouge, gros Bigarreau (gros, rouge noirâtre, à chair ferme, douce). — d'Esperen, Bigarreau des Vignes (gros, rouge clair et chamoïs, à chair sucrée excellente). — Gros-Cœuret, Cœur de Pigeon, Marcelin, Bigarreau de Hollande (gros, rouge clair, très-bon). — blanc, Bigarreau d'Espagne (assez gros, rouge clair, à chair sucrée). — jaune (petit, chair peu parfumée). Guigne marbrée (grosse, panachée de rouge). — toupie (de grosseur moyenne, en cœur aigu, rose foncé). Août. Guigne rival (de grosseur moyenne, rouge très-foncé noirâtre, à chair acidulée). — jaune, Cerise à soufre, Cerise espagnole jaune (de grosseur moyenne, couleur d’am- bre, à chair douce). Cerise Lemercier (assez grosse, arrondie déprimée, rouge foncé, à chair rougeâtre très-ju- teuse, sucrée, un peu acidulée). 460 LE JARDIN FRUITIER. Cerise Guindoux de Provence, Guigne douce de Provence (grosse, ronde, rouge noirâtre, très-juteuse, sucrée, acidulée). — Fisbach, Cerise Malacord (très - grosse, rouge vif et rouge ambré, à chair douce sucrée). — Belle de Chatenay, Belle de Sceaux, Belle magnifique, Cerise de Spa (grosse, rouge clair, à chair douce acidulée). — Anglaise tardive, véritable Cerise anglaise , Late duke, en français Feu le duc (grosse, rouge vif, à chair ferme douce). Septembre. Bigarreau de septembre, Merveille de septembre (petit ou moyen, rouge, de médiocre qua- lité). Octobre. Cerise belle Agathe (de grosseur moyenne, rouge clair marbré de pourpre foncé, à chair très-juteuse, douce, la meilleure, dit-on, de cette saison). — à l’eau-de-vie, Grosse Cerise à plomb longue, Cerise Picarde, Griotte du Nord, Griotte seize à la livre (grosse, rouge foncé, à chair ferme très-acide ; très-bonne pour confiture, mais peu mangeable crue). — Morello de Charmeux (grosse, rouge foncé, presque noirâtre, à chair juteuse peu acide, assez agréable). — de la Toussaint, Cerise de la Saint-Martin (de grosseur moyenne, rouge à chair très- acide ; convient seulement pour confiture). Chalef argenté où à feuilles étroites ; Olivier de Bohème. Elæagnus angustifolia Lin.; Elæagnus orientalis. (Eléagnées.) Le genre Chalef, qui est le type de la famille des Éléagnées, a pour principaux caractères : feuilles alternes, couvertes de petites écailles brillantes; ramules souvent spinescents; fleurs axillaires pédicellées; fruit de l'apparence d’une Olive ou d’une petite Prune oblongue. Ce fruit est couvert d’une peau épaisse, d’un jaune rou- geâtre, rempli d'une pulpe agréable et farineuse ayant le goût de la Datte; il jouit d’une grande réputation en Orient et particulière- ment en Perse. Le genre Chalef renferme environ une vingtaine d'espèces connues. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux croissant dans l’Europe centrale, l'Asie tempérée, et surtout dans le Japon. Le bois en est tendre et ne peut guère servir que pour le chauffage. Une espèce fort intéressante est le Chalef réfléchi (£/æaqus reflezus), qui a été décrite par M. Decaisne, et qui est sans contredit la plus belle du genre; elle a des feuilles d'un vert foncé en dessous et par- semées de petites verrues blanches, et d’un roux ferrugineux plus ou moins vif en dessous; les fleurs sont nombreuses, ponctuées, ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 4GI d'une pourpre pâle, et d’une odeur agréable (voir l’Horticulture, Végétaux d'ornement, p. 265). Le Chalef se multiplie de boutures et réussit dans les terrains sablonneux. Cornouiller mâle (PI. XXIX, fig. 6). Cornus mascula Lin. (Cornées.) Le Cornouiller mâle, ou Cornier, est un petit arbre dont la tige, haute de 4 à 5 mètres, couverte d'une écorce ridée, se divise en nombreux rameaux opposés, presque glabres, portant des feuilles opposées, courtement pétiolées, ovales, aiguës, entières, luisantes en dessus, glabres ou légèrement pubescentes en dessous. Les fleurs, qui paraissent avant les feuilles, sont jaunes et groupées en petites ombelles entourées d’un involucre à quatre folioles; elles présentent un calice très-petit, à quatre dents, une corolle à quatre pétales, quatre élamines, à anthères ovoïdes, un ovaire simple, ovoïde, bilocu- laire, surmonté d’un style court terminé par un stigmate obtus. Le fruit, appelé Cornouille ou Corne, est une drupe ovoïde, rouge ou jaunâtre, ombiliquée, à pulpe acidule, renfermant un noyau os- seux. On en fait des confitures, des marmelades et des boissons vi- neuses. Quoique aigrelet, il est, pour certaines personnes, agréable à manger. On le fait quelquefois confire pour le servir en guise d'Olive. Le bois est dur, tenace, d'un grain fin, susceptible d’un beau poli; il est employé par les ébénistes et les tourneurs. Le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea Lin.), désigné vulgai- rement sous le nom impropre de Cornouiller femelle, se distingue du précédent par sa taille moins élevée, ses branches ordinaire- ment rougeâtres, par ses fleurs blanches, assez grandes, paraissant après les feuilles, et groupées en corymbes rameux, dépourvus d'involucre, enfin par son fruit noir, petit, globuleux, couronné par le limbe du calice et à saveur amère. Ce fruit est fort inférieur à celui du Cornier mâle. Ces deux espèces sont indigènes de presque toutes les régions de l'Europe ; la première habite surtout les bois, et la seconde les haies (voir, pour les autres espèces de Cornouillers, la Flore médi- 462 LE JARDIN FRUITIER. cale du XIX° siècle, t. 1, pp. 395 à 397; l'Horliculture, Végétaux d'ornement, p. 262; et la Flore agricole et sylvicole, famille des Cor- niers). PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Cornouiller à fruit co- mestible est un arbre robuste qui croît dans tous les terrains et ne redoute pas une exposition ombragée. Multiplication et Culture. Quand on veut propager les Cor- nouillers dans les jardins, on emploie la semence, qui doit être mise en terre aussitôt après la récolte; elle lève au printemps sui- vant. On laisse le plant pendant deux ans sans y toucher, en se bor- nant à de simples sarclages. Dans la troisième année, on le met en pépinière à 30 centimètres de distance, et ce n'est que quand il est assez fort, c’est-à-dire trois ou quatre ans après, qu'on lé met en place. Les rejetons sont fort nombreux : on les lève en automne et on les met en pépinière pendant une année ou deux, puis on les met en place. Les marcottes se font à l'automne. Elle reprennent dans le courant de l’année et peuvent être levées à l'automne suivant pour être mises en pépinière. Les boutures se font au mois de mars ou d'avril, quand l'arbre est en fleurs. On a soin d'y laisser un talon de bois de deux ans. On les met dans un terrain frais et ombragé, et on les lève à l'automne suivant pour les mettre en pépinière pen- dant deux ou trois ans. On greffe les variétés en fente sur l’espèce, et on transplante au premier printemps. La culture est nulle. La taille se borne à supprimer les branches mortes et à régulariser la forme de l'arbre en maintenant l'équilibre des rameaux. On peut, si l’on ne veut pas consacrer trop de place à ces arbres, de mérite inférieur, les cultiver en haie : car Le Cor- nouiller supporte fort bien le ciseau. Récolte et Conservation. À l'automne on récolte les fruits, mais seulement quand ils sont bien mürs. Leur conservation est de peu de durée : il faut les consommer le plus tôt possible à leur ma- turité. Néanmoins l’auteur du Jardinier français dit avoir fait confire des Cornouilles au sel, et les avoir fait passer pour des Oli- ves de Vérone. Il assure que la couleur et Le goût en sont peu diffé- rents. Pour cela il les cueillait au moment où elles commencent à ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU, 463 rougir ; il les mettait dans des pots remplis d’eau salée, y ajoutait du Fenouil ou du Laurier, bouchait le vase et n’y touchait que trois * mois après. VARIÉTÉS. Cornouiller à fruits jaunes. Cornouiller à fruits blancs. — à gros fruits ou Acurnier. Ginkgo à deux lobes ; arbre aux quarante écus. Ginkigo biloba Lin.; Salisburia adianthifolia Smith. (Taxinées.) Le genre Ginkgo a été établi par Kœmpfer pour un grand arbre de la Chine et du Japon, à tige droite, de 25 à 30 mètres, à ra- meaux étalés, formant une cime pyramidale; à feuilles cunéiformes, en. éventail, bilobées, fasciculées sur les vieux bois, alternes sur les pousses de l’année, vert jaunâtre, caduques; à fleurs mâles, en petits chatons jaunâtres ; le fruit est une drupe d’un jaune verdà- tre d’abord, jaune à maturité, assez semblable à une Prune de mira- belle, contenant une amande blanche, savoureuse, que les Chinois et les Japonais mangent crue ou rôtie, et qui rappelle à peu près le goût de la Châtaigne. PLEINE TERRE. — Culture et Multiphcation. On cultive, depuis plus d’un demi-siècle, le Ginkgo dans nos jardins d'agrément à cause de son port élégant et de son feuillage singulier. Il y réussit fort bien et résiste à nos hivers les plus durs; mais nous n'avons rien fait pour rapprocher les deux sexes de cet arbre, dont on pour- rait avoir un individu mâle au milieu d’un groupe de femelles, et dont on pourrait même chez nous obtenir des fruits. Peut-être est-ce plutôt par suite de l'ignorance où l’on est de l’excellence de ce fruit qu'on ne le cultive pas dans nos jardins autrement que pour l'ornement. Dès qu'on s’en occupera, on obtiendra des fruits édules. Il faut au Ginkgo une terre franche, légèrement humide, pro- fonde, car sa racine est pivotante, et une exposition chaude et om- bragée. On le multiplie de rejetons et de marcottes, ou de boutures faites à la fin de février, en terre douce et à l’ombre, avec des 464 LE JARDIN FRUITIER. branches de l’année ayant un talon de bois de deux ans. On mul- tiplie aussi de semis en terre franche, mélangée de terreau ou de terre de bruyère ; on repique la troisième année. Guignier. Voir au mot Cerisier. Jujubier commun. Rhamnus Zizyphus Lin.; Zizyphus vulgaris Lam. (Rhamnces.) Le genre Jujubier se compose d'arbres de 12 à 16 mètres, réduits à l’état d’arbrisseaux rameux de 6 à 10 mètres; on en con- naît une vingtaine d'espèces qui habitent principalement les con- trées qui bordent la Méditerranée, les régions voisines des tropi- ques et aussi l'Amérique intertropicale. Pline nous apprend qu'au temps de la république romaine, le Jujubier n'existait pas en Italie, et qu'il y fut apporté de Syrie sous le consulat de Sextus Papirius, c’est-à-dire aux premiers jours de l'ère vulgaire, et qu'il ne tarda pas à se répandre à cause de la beauté de sa tige et du feuillage brillant qui le décore. C’est ce qui, a fait dire, en général, qu'il ap- partient à d’autres contrées. Sa tige tortueuse, rude, crevassée, se garnit dès la base de nombreuses branches à écorce d'un brun rougeâtre, émettant des rameaux annuels, verts, grêles, filiformes, flexueux, épineux. Les feuilles sont alternes, brièvement pétiolées, ovales-oblongues, acuminées, arrondies à la base, dentées, assez fermes, d’un vert clair et brillant, et marquées de trois à cinq ner- vures longitudinales fortement saillantes. Les fleurs, d'un jaune pâle, petites, sont solitaires à l'extrémité de courts pédoncules axil- laires; elles présentent un calice à cinq sépales, une corolle à cinq pétales, cinq étamines à filets courts, à anthères d’un beau rouge vif, un pistil composé de deux carpelles et inséré sur un disque glo- buleux. Les fruits, appelés Jujubes, et dans le Bas-Languedoc Guin- dulos, qui succèdent à ces fleurs, sont des drupes de la force et de la grosseur des Olives, à peau lisse, coriace, d'abord verte, puis jaune, enfin rouge, à chair jaunâtre, molle et visqueuse à la maturité, à noyau allongé, ligneux, rugueux, très-dur, divisé en deux loges ARBRES ET ARBUSTES À FRUITS A NOYAU. 465 dont chacune renferme une graine aplatie, arrondie, lenticulaire et Jaunâtre. Ces fruits, d’un goût assez agréable, même avant parfaite maturité, sont fermes, sucrés, très-nourrissants quand ils sont arrivés à point. Ils ont pour propriétés de calmer un peu la soif, d’amortir la force des fièvres ardentes, de soulager les personnes affectées de toux et de catarrhes. Séchées au soleil, les Jujubes constituaient, avec les Daites, les Figues et les Raisins, ce qu’on nommait les fruits bé- chiques ou mucoso-sucrés. Le docteur Reveil (Flore médicale, t. T, p. 186) se plaint, avec raison, que l’on ait supprimé le fruit du Ju- jubier de la pâte dite de Jujube, qui n’est plus, dit-il, qu'une pré- paration de sucre et de gomme aromatisée avec un peu d’eau de fleurs d'Oranger. Le bois du Jujubier commun est dur, de couleur roussâtre ; 1l est susceptible d'un beau poli, ce qui le fait assez sou- vent employer pour le tour, n'étant pas assez gros pour un autre usage. PLEINE TERRE. — Multiplication et Culture. Le Jujubier peut être multiplié facilement par graines et par drageons. Il se plaît surtout dans les terrains légers, sablonneux et secs. Dans le midi de Ja France, on le cultive en plein vent; dans le nord, il demande une exposi- tion au midi, contre un mur, et il doit même être couvert pendant l'hiver. Il végète lentement et pousse tard. Dans le midi, on a raison de le propager de semences; dans le nord, comme cette voie est fort lente, il vaut mieux déraciner, pour les replanter, les jeu- nes pieds qui sortent de terre autour du tronc. En plantant les Jujubiers près les uns des autres et en inclinant les jeunes bran- ches, on peut obtenir des haies à la fois impénétrables et produc- tives. | Observations. Une espèce de Jujubier fort célèbre est celui des Lotophages ou Jujubier Lotos (Z2zyphus Lotus Lam.; Zizyphus sativa Gærtn ; Zizyphus Lotos Desf.; Rhamnus Lotus Lin.), que l’on croit originaire de la chaîne de l'Atlas et des plaines arides et in- cultes de l’Afrique méditerranéenne. On en voit en Sicile, en Por- tugal, etc. C'est un arbuste de 2 à 4 mètres, dont les nombreux rameaux, d'un gris blanchâtre, tantôt se dressent, tantôt se courbent vers la terre, et sont munis, dans leur jeunesse, de deux piquants à 30 466 LE JARDIN FRUITIER. chaque nœud. Les feuilles, alternes, ovales, obtuses, crénelées, trinervées, glabres, un peu rudes, sont pourvues d’un pétiole très-court. Les fleurs, petites, d’un blane pâle, solitaires ou glomé- rulées et situées aux aisselles des feuilles, s'épanouissent au prin- temps. Le fruit, de la grosseur d’une Prune sauvage, d’abord vert, puis safrané dans la maturité, est de forme sphérique’et renferme un noyau petit, osseux, arrondi, biloculaire. C’est ce fruit qui, dans l'antiquité, était l’aliment favori des Lotophages, ancien peuple de l'Afrique occidentale, qui habitait plus particulièrement l'ile dite des Lotophages, autrement Menynx, aujourd'hui Zerbi ou Gerby. Selon ces peuples, l'effet des fruits du Lotos était de faire oublier la patrie aux étrangers et de les attacher invinciblement au pays où on les recueillait. Au rapport de Polybe, les Lotophages les broyaient et les renfermaient dans des vases pour les manger en conserve. Ils en faisaient aussi une liqueur qui ne se conservait pas au-delà d'une décade. De nos jours, les habitants du nord de l'Afrique mangent ces fruits, les vendent sur les marchés et en préparent encore une liqueur. Leur saveur se rapproche beaucoup de celle des Dattes et des Figues. On en fait aussi une sorte de pain res- semblant assez, par l'odeur et la couleur, aux pains d’épices les plus délicats. Le Jujubier Lotos souffre beaucoup du froid. Il serait pourtant susceptible d'être cultivé en Corse et même dans certaines parties de nos départements méditerranéens, en ayant soin de le mettre à l'abri des vents du nord. Le Jujubier des Ignanes (Z2zyphus Ignaneus), que l’on pourrait aussi cultiver, en bonne exposition, dans nos départements méri- dionaux, croît aux Antilles, particulièrement dans l’île de Curaçao, où, sous le nom de Cerise sauvage, on mange son fruit jaunâtre, pulpeux et assez agréable au goût. On distingue encore le Jujubier des Chinois (Zizyphus sinensis), arbuste plus élégant que le précédent et que l’on cultive dans nos jardins botaniques. En Cochinchine, on mange les fruits du J uju- bier agreste (Zizyphus agrestis Lour.). Le Napka des Égyptiens modernes et des Arabes (Zizyphus Na- peca Lam.), appelé par Linné Æhamnus spina Christi parce que, ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 467 dit-on, la couronne d’épines qui figure dans la Passion fut faite avec ses rameaux, appartient aussi au genre Jujübier. Il est de la taille d’un gros Poirier; sa manière de se ramifier et la forme de ses feuilles, ont, avec cet arbre, une assez grande ressemblance pour qu'on puisse s’y méprendre à première vue. Ses fruits mü-— rissent successivement ; ils sont d'un vert jaunâtre, un peu co- lorés en rouge du côté qui regarde habituellement le soleil, et leur parfum est le même que celui de la Pomme reinette ; ils contiennent un noyau oblong et à deux loges. Le bois de Napka est souvent em- ployé, en raison de sa force et de sa dureté, ‘pour la construction des barques qui naviguent sur le Nil. Leprieur et Perrotet signalent une espèce de Jujubier du Séné- gal (Z2zyphus hardei) dont les fruits sont vénéneux, mais dont les racines passent, auprès des nègres, pour avoir des usages médicinaux. Merisier. Voir au mot Cerisier. Olivier commun, (PI. XXIX, fig. 4.) Olea Europæa Lin. (Oléinées-Oléées.) Quoique l'Olivier appartienne à la Flore agricole et forestière du Règne vegétal, où il en est traité (voyez à la famille des Oéinées, Tribu et Genre II Oféées), et qu'il en soit aussi assez largement question dans la Flore médicale du XIX° siècle (t. IT, p. 452 à 456), nous en parlerons encore ici à cause de ses fruits, qui sont si re- cherchés sur les tables, et qui nous procurent des huiles préférées à toutes les autres. L'Olivier est un arbre dont la tige, susceptible de s'élever à 10 ou 15 mètres, est couverte d’une écorce lisse. cendrée; elle se divise en branches et en rameaux tortueux, dont l’ensemble forme une cime irrégulière. Les feuilles sont opposées , courtement pétiolées, oblon- gues, étroites, lancéolées, aiguës, entières, fermes, dures et coria- ces, lisses, persistantes, d’un vert grisâtre en dessus, blanchâtres en dessous. Les fleurs, petites, d’un blanc jaunâtre, forment des grappes courtes et serrées à l’aisselle des feuilles de l'extrémité des rameaux. 468 LE JARDIN FRUITIER. Le fruit est une drupe ovoïde, à noyau dur et osseux, ou chartacé et fragile, divisé intérieurement en deux loges qui devraient renfer- mer chacune deux semences, mais dont l’une avorte toujours; cette drupe, verte d’abord, devient d'un violet noirâtre à sa maturité. L’Olivier n’est pas indigène de l’Europe, comme semblerait l’in- diquer la dénomination spécifique d'Olivier d'Europe. Il croît spon- tanément en Afrique dans la chaîne de l'Atlas, en Asie, dans la Syrie, l'Arabie, la Perse. Il semblerait que d’abord il aurait été transporté d'Asie en Grèce à une époque très-reculée, puisque, d’après la my- thologie, Minerve en aurait doté Athènes naissante. Il est probable que ce fut vers le septième siècle avant J.-C. qu'il fut mtroduit par les Phocéens dans leurs colonies gauloises. L’Olivier d'Europe est une des plus importantes cultures des départements de la Vaucluse, du Var, du Gard, des Basses-Alpes, des Alpes-Maritimes, de l'Hérault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales; il ne descend guère en France plus bas qu'Orange d’un côté, et que Castelnaudary de l’autre. En Italie, il ne descend pas en deçà du lac de Garde, et ne se trouve pas en Afrique au-delà de l'Atlas, ce qui prouve qu'il n'est pro- pre ni aux climats trop froids, ni aux climats trop chauds. Il gèle à 12 degrés centigrades, mais il redoute les gelées du printemps. « On peut, dit Duhamel de Monceau, en élever dans les jardins (sous le climat de Paris), moyennant quelques précautions, mais simplement pour la curiosité. Ils y supportent les hivers ordinaires sans être couverts, et l’on peut en élever en buisson, pourvu qu'on mette un peu de litière sur les racines; si alors les gelées très- fortes font périr les branches, les souches repoussent de nouveaux jets. » Le même auteur ajoute qu'il en avait, en espalier, à sa cam- pagne (près de Pithiviers), et que même il en recueillait quelques fruits dans les années chaudes et sèches. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. L'Olivier s’accommode de tous les terrains, excepté quand ils sont marécageux; mais on ne le plante pas dans les terres riches et fertiles, parce qu'’alors il pousse en bois et donne peu de fruits. On choisit les coteaux arides et sa- blonneux exposés au midi ou au levant et abrités contre les vents froids. On est généralement d'avis, en Provence, qu'un terrain ARBRES ET ARBUSTES A FRUIIS A NOYAU. 469 mêlé de cailloux est le plus favorable, et que l'huile, provenant des Olives, est alors beaucoup plus fine et se conserve plus longtemps. Multiplication. On multiplie l’Olivier de drageons, qu’on laisse se développer pendant deux ou trois années avant de les enlever; on emploie, outre les éclats de racines, les marcottes et les boutures, qui fructifient au bout de cinq à six ans. On ne le sème que très- rarement, parce que de cette manière il croît avec trop de lenteur, et qu'il lui faut alors douze années avant de donner assez de fruits pour récompenser le cultivateur de ses soins; cependant les ar- bres venus de semence sont réputés les meilleurs. Dans ce cas, on sème en avril, et, pour hâter la germination, on casse le noyau, en ayant soin de ne pas blesser l’amande. Plantation. On plante les Oliviers à peu près en toute saison, mais plus généralement au printemps dans les sols humides, et en automne dans les terres sèches. On les met dans des trous larges et profonds ou des tranchées dont la terre ne peut être trop remuée. Il faut laisser entre chaque pied 15 mètres dans les bons terrains, et 12 dans les mauvais. La plantation en quinconce est la meilleure ; on les plante cependant aussi en allée, et quelquefois même dans les haïes ou bien autour des habitations. Greffe. On greffe les bonnes variétés sur l’Olivier franc. On greffe en fente sur les vieilles branches, en écusson sur les jeunes. Cette opération a lieu au printemps. Culture. La culture de l'Olivier demande beaucoup de soins, si l'on veut obtenir des produits abondants. Ordinairement on donne trois labours croisés, accompagnés de binages, en février, mai et août; mais on ne fouille pas trop le sol de peur de blesser les ra- cines; 27 centimètres de profondeur suffisent, et l’on évite même de passer la charrue sur la partie la plus rapprochée du pied des arbres, que l’on remue seulement avec la houe. Au dernier labour, on fait un buttage et l’on met du fumier consommé de cheval, de mouton. ou de chèvre, à une certaine distance des trous, pour agir sur les radicules. On ne laisse jamais l’Olivier atteindre sa hauteur naturelle, parce que la récolte des fruits est plus difficile ; qu'il donne plus de prise 470 LE JARDIN FRUITIER. au vent qui casse ses branches, et que plus les branches sont près du sol, plus ses fruits mürissent facilement. Taille. Quoiqu’on puisse abandonner l’Olivier à lui-même, on fait néanmoins mieux de le tailler, parce que par cette opération l’on obtient plus de fruit. La taille a pour but d'enlever les branches mortes, celles qui sont trop faibles; d'arrêter le développement des gourmands; d’em- pêcher l'arbre de trop s'élever, et de diminuer la surabondance de ses rameaux. Il ne faut pas tailler trop court pour ne pas ralentir la production, car si l’on rabattait les branches, on aurait des ra- meaux seulement la seconde année et des fruits la troisième. Dans la taille ordinaire, on a des produits tous les deux ans, et c’est la loi ordinaire pour les Oliviers abandonnés à eux-mêmes. L'époque la plus favorable pour la taille est mars et avril; on peut néanmoins tailler pendant tout le cours de l'hiver. Récolte. Le moment le plus convenable pour cueillir les Olives . est le mois de novembre, quoiqu'elles ne soient pas complétement mûres à cette époque; mais elles donnent une huile de meilleure qualité. Le docteur Reveil a néanmoins pu dire, dans la Flore mé- dicale, que, pour l'extraction de l'huile, on cueillait les Olives à leur parfaite maturité, c'est-à-dire lorsqu'elles sont d’un violet tel- lement foncé qu’elles paraissent noires; car beaucoup de cultiva- teurs ne font la récolte qu’en février et mars. On cueille les Olives à la main dans certains cantons, on les gaule dans d’autres. Cette dernière méthode, plus expéditive, en meurtrit un grand nombre et les fait s’altérer plus promptement. Quant aux Olives vertes des- tinées à être servies sur nos tables, on les cueille quelquefois dans les mois de juin et juillet. Conservation. Les Olives ne se conservent pas fraiches au-delà de quelques jours. Celles que l'on cueille pour être conservées sont mises, pendant huit ou dix jours, dans de l’eau que l’on renouvelle toutes les 24 heures. Après ce temps on cesse de renouveler l’eau et on les sale fortement. Au bout de quelques jours on en peut faire usage. On les garde plus longtemps si elles ont été soumises pen- dant quelques jours à l’action d’une lessive faiblement caustique. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 4TI C'est la préparation propre aux Olives Picholines. Les Olives con- fites les plus délicates sont celles qui sont privées de leur noyau au sortir de la saumure, et qu'on met dans de l'huile fine : elles se conservent ainsi pendant deux ou trois ans. Elles sont meilleures lorsqu'elles restent quelque temps exposées à la chaleur après avoir été tirées de la saumure, d’où vient l'habi- tude de les tenir dans la poche pour les pocher, comme on dit vul- gairement. VARIÉTÉS CULTIVÉES. Olivier à gros fruit long (O/ea fructu majusculo et oblongo Tournefort, O. angulosa Gouan), qui porte les noms vulgaires d’Olivière, Oulivière, Galiningue, Gallinenque, Lau- rine. (Cette variété est surtout cultivée aux environs de Béziers. Selon Magnol, elle est peu estimée près de Montpellier. Gouan dit que l’huile qui en provient est ruédiocre, Mais le fruit, gros, rougeâtre, à long pédoncule, est excellent confit. L'arbre est rustique et résiste bien au froid; son feuillage est ordinairement maigre.) — à petit fruit rond (O/ea fructu münore et rotundiore Tournefort, vulgairement Aglan- dau, Aglandou, Caïanne (variété cultivée surtout dans les environs d’Aix : fruit petit et arrondi, très-amer, donnant une huile excellente et abondante). — à fruits en forme d’Amande (Oliva sativa major, oblonga, angulosa, Amygdali forma Magnol; O. amygdalina Gouan), vulgairement Anellou, Allemengou, Amellenco. {L'une des variétés les plus répandues en Provence et en Languedoc, estimée pour ses fruits gros, ovoïdes, et de forme un peu analogue à celle de l’Amande, arrondis à la base, aigus au sommet, noirâtres, piquetés. On confit ces fruits plus souvent qu'on n’en extrait de l'huile, quoique celle-ci soit très-bonne L'arbre, très-fertile, croit dans tous les terrains.) — pleureur ou à fruit de Cornouiller (O/ea media, oblonga, fructu cornt Magnol; O. crani- : morpha Gouan), appelé Cormeau, Corniau, en Languedoc Oulibié Courniaoü, de Grasse, Plant Salon, Courgnale (variété très-productive, à branches inclinées vers la terre, à fruit petit, arqué, pointu, très-noir, porté sur un pédoncule court, donnant une huile fine). — à fruit sphérique (0. sphærica Gouan), en Provence Aulivoredouno ; en Languedoc Ampoullaoù ; appelé aussi Baralengue (à fruit plus arrondi que celui des autres va- riétés, gros noir, donnant une huile délicate). — à petit fruit oblong (O/ea fructu oblongo minori Tourn.; O. oblonga Gouan), vulgaire- ment Picholine, Saurine. (Variété cultivée principalement en Provence, à fruit al- longé, ovale-oblong, à noyau bombé d’un côté, le plus estimé pour confire, donnant néanmoins une huile fine et douce. — Cette Olive a été nommée Picciolini, de ce qu'un Italien de ce nom inventa la manière de la préparer.) — verdale (Olea media, rotunda, viridior Magnol ; 0. viridula Gouan), appelé aussi Ver- daoùü, Pourridale, Pourriale (variété des environs de Montpellier, médiocrement productive, à fruit ovoïde, tronqué à la base, à long pédoncule, restant longtemps vert, pourrissant souvent à la maturité, d’où lui viennent ses noms de Pourridale et Pourriale). — à bouquets ou Olivier bouquetier (O/ea munor, rotunda, racemosa Magnol; O. race- mosa Gouan), vulgairement en Languedoc, Oulibié Bouteillaoü, Rouget; en Pro- vence, Rapugan, Caïon à grappe; et aussi Boutiane, Ribière, etc. (Variété moins sensible au froid que les autres ; produit variant d’une année à l'autre, quelquefois 472 LE JARDIN FRUITIER, abondant; fruit arrondi, noir, à noyau court, en bouquets, donnant une bonne huile, mais qui dépose beaucoup. D’après Garidelle, cette Olive ne serait pas différente de l’Olive précoce à fruit rond. « J'ai cru pendant longtemps, avec l’il- lustre Magnol, dit cet auteur dans son Histoire des plantes qui naissent aux envi- rons d'Aix, que c’était ici une espèce particulière ; mais j’ai observé dans plusieurs Oliviers de ma métairie au Tholonet, etc., que ce n’était qu'un jeu de la nature; car les mêmes Oliviers qui avaient porté ces petites Olives en grappe, en portaient, les années suivantes, de rondes tout à fait semblables à la Barralenquo, à la grosseur près. ») Olivier précoce à fruit rond (O/ea media, rotunda, præcox Magnol ; O. e. præcox Gouan) ap- pelé vulgairement Aulivo barralenquo, Moureau, Mouraoù, Mourette, Mourescale, Négrette (fréquemment cultivé en Provence et Languedoc; fruit de grosseur moyenne, ovoide, de couleur très-foncée à sa maturité, à noyau très-petit, porté sur un court pédoncule ; feuilles épaisses, larges, nombreuses). Salierne (Olea minor, rotunda, rubro-nigricans Magnol; Atro-rubens Gouan), appelé aussi Sagerne et Sayerne (variété cultivée surtout en Languedoc, restant ordinaire- ment basse, sensible au froid, à feuilles petites, à fruit violet-noirâtre, revêtu d’une couche de poussière glauque, arrondi inférieurement, aigu au sommet, donnant une huile très-fine). à petit fruit panaché (O/ea minor, rotunda, ex rubro et nigro variegata Magnol; O. e. variegata Gouan), en Languedoc Oulibié, Pigaoù ou Pigale (fruit de grosseur et de forme variables, passant du vert au rouge, et du rouge au violet, toujours ti- queté de blanc). à fruit odorant (Olea mainor lucensis, fructu odorato Tournefort), appelé aussi Olivier de Lucques et Lucquois (variété à feuilles larges et nombreuses; à fruit très-allongé, courbé en bateau, rougeâtre, tiqueté de blanc, à odeur agréable, des meilleurs à confire, mais de peu de conservation). à gros fruit ou d’Espagne (Olea fructu maximo Tournefort; O. e. Hispanica Rorier), appelé aussi Espagnol, Plant d’Eiguières de la grosse espèce (variété cultivée sur- tout en Provence, à fruit plus gros que celui d’aucune autre espèce de nos pays, quoique bien inférieur encore en volume à celui de certaines variétés exotiques, comme celle de Lima, estimé pour confire, mais donnant une hüile amère). royal (Olea fructu majori, carne crassa Tourn.; O. regia Cesalpin), appelé en Pro- vence Aulivo Tripardo, Triparde, Triparelle (variété à feuilles petites, étroites, allon- gées ; à fruit gros, moins cependant que celui de la variété précédente, bon à confire, mais donnant une huile mauvaise). à fruit pointu ou à bec (Olea fructu oblongo, atro-virens Tournefort), vulgairement Aulivo becu, Ponchudo, Rougette (variété à feuilles étroites, à fruit en pointe à ses deux extrémités, prenant à la maturité une couleur rouge foncé, donnant une bonne huile). à fruit blanc (Oea fructu albo Tourn.; O. Alba Magnol), vulgairement Olive blanche, Blancane, Vierge. (Cette variété, toujours chétive et à peu près inutile, est néanmoins remarquable parce que son fruit ne noircit ni ne rougit à la maturité; il reste très- petit, avec une chair blanche, semblable à de la cire; le noyau est proportionnelle- ment très-gros. Les feuilles sont courtes et larges ; les rameaux sont faibles et effilés. Cet Olivier ne se voit guère qu'aux environs de Nice et sur quelques points de la Provence.) Pardiguière de Cotignac (produit des fruits en abondance, donne une huile des plus fines). à fruit doux. (Variété des environs de Naples, donnant des fruits de moyenne grosseur et assez hâtifs. On les mange quelquefois sans préparation sur l'arbre même. L'huile qu’on en tire est excellente.) ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 473 Pêècher,. (PI. XXX à XXXVI.) Amygdalus Persica Lin.; Persica vulgaris Mill, et De Cand. (Rosacces- Amygdalées.) Le Pêcher passe pour être originaire de la Perse, C’est un arbre de moyenne grandeur, dont la tiges couverte d'une écorce brune, lisse, se divise en rameaux allongés, dressés, d’un vert clair, por- tant des feuilles alternes, pétiolées, lancéolées, étroites, aigués, dentées en scie, d’un vert glauque sur leurs deux faces, offrant sou- vent à la base du limbe des glandes de formes diverses qui servent à distinguer les variétés. Les fleurs, d’un beau rose le plus souvent pâle (PL. XXX, fig. 4), paraissent avant les feuilles, sont rappro- chées et presque sessiles; elles présentent un calice tubuleux, rou- geâtre en dehors, à tube turbiné, à limbe divisé en cinq lobes ovales-lancéolés, étalés ; une corolle à cinq pétales arrondis, en- tiers, courtement onguiculés; des étamines insérées sur le tube du calice; un ovaire simple, libre, ovoïde, uniovulé, surmonté d’un style et d'un stigmate simples. Le fruit est une drupe arrondie (PI. XXXD), à chair épaisse et succulente, à noyau presque arrondi, pointu, sillonné renfermant une graine à cotylédons charnus et volumineux. Les botanistes sont divisés sur la question de savoir si les nom- breuses variétés de Pêchers que l’on cultive en Europe appar- tiennent à une seule espèce ou à deux espèces distinctes. Les uns, parmi lesquels on compte MM. de Candolle et Seringe, admettent deux espèces différentes : le Pêcher commun (Persica vulgaris Miller.) à fruit duveté, et le Pêcher à fruit lisse (Persica lœvis De Cand.). Les autres, en plus grand nombre, croient à l'existence d'une espèce unique dans laquelle ils admettent deux ou trois races, sub- divisées en variétés. On verra, dans les quelques mots qui précèdent la nomenclature des Pêches, ce qu'on doit penser de cette division. PLEINE TERRE. — Observations préliminaires. L'éducation du Pêcher est l’écueil des horticulteurs et à plus forte raison celui des amateurs. 11 faut, paur bien conduire cet arbre et en tirer tout le parti qu’on en peut espérer, une habileté qui ne dépend que de. 474 LE JARDIN FRUITIER. l'habitude et ne reçoit rien de la théorie. C’est donc aux plus habiles praticiens qu’il faut s'adresser, et parmi les plus experts il faut citer les habitants de Montreuil, près Paris, ce riche village dont toute la fortune vient de la bonne culture de ses Pêchers. Cette culture, qui renferme tant de problèmes restés longtemps sans solution, a été, depuis l'introduction de cet arbre, qui re- monte à 1562, l’objet d'études non interrompues de la part des horticulteurs. Le Pêcher méritait à tous égards qu'on s’occupât ainsi de lui, car il est peu d’arbres dont les fruits soient aussi bril- lants et aussi exquis, ce qui lui fera toujours occuper la première place dans nos jardins. Après avoir fait les délices des vergers de nos rois et orné de ses fruits leurs festins splendides (la Quintinie en avait établi des espaliers dans quinze des jardins qui entourent le grand carré du potager de Versailles), 11 s’est répandu chez les petits propriétaires, dont il a récompensé le labeur par ses pro- duits parfumés; puis des cultivateurs, lui consacrant exclusive- ment toute leur industrie, y ont trouvé une honnête aisance. Mais il s’en fallait de beaucoup que la bonne éducation du Pè- cher fût à la portée de tous, et qu’elle pût promptement arriver à la perfection; il était nécessaire pour cela que de longues géné- rations de cultivateurs vinssent, par des essais multipliés, simplifier les méthodes et remédier aux défauts des procédés antérieurs. Pourtant le Pècher, écueil de tant de jardiniers, croît avec une vigueur à laquelle atteignent peu d’arbres à fruits ; depuis les pre- miers jours du printemps jusqu'à la moitié de l'automne, 1l ne cesse de végéter avec une exubérance qui tournerait à son détriment, si la main patiente du jardinier n’était là pour tempérer son ardeur et en équilibrer les différentes parties, afin d’en obtenir des produits assurés en rapport avec sa force. Après avoir succinctement parlé des meilleures conditions de plan- tation du Pêcher, telles que le choix du terrain, l'exposition, les murs, abris, etc., nous examinerons en peu de mots les avantages et les défauts de la taille à la Montreuil ; nous traiterons, avec tous les développements que comporte le sujet, de l'éducation sous la forme carrée, qui est universellement reconnue pour la plus parfaite, ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 475 quoique le désir immodéré d’avoir de rapides produits lui fasse au- Jjourd'hui préférer la disposition oblique; nous terminerons par la description de toutes les variétés de Pêchers qui ont trouvé place dans les vergers. Du terrain qui convient le mieux au Pécher. Il ne faut pasattribuerle succès des jardiniers de Montreuil à l’ex- cellence de leur sol : il est, au contraire, comme celui de la plupart des environs de Paris, d'assez médiocre qualité et bien loin d’avoir partout une nature et des qualités identiques ; mais le Pêcher n’est pas aussi difficile qu'on le pense sur le choix du terrain; il vient à peu près partout et ne doit sa réussite qu’auxoins attentifs dont il est l'objet. Une terre ayant une profondeur suffisante pour qu'il puisse y plonger ses longues racines pourra, quelle qu’en soit la nature, lui fournir les matériaux d’une végétation vigoureuse. Toutefois, on doit dire qu'il se plaît mieux dans un sol léger reposant sur un fond perméable qui laisse filtrer Les eaux pluviales et permet à l'arbre de chercher partout, sans obstacle, la nourriture qui lui est nécessaire. Il faut ajouter néanmoins que, si l’on plantait les Pêchers dans un terrain qui en aurait précédemment nourri d'autres, il faudrait avoir soin de faire de très-bonne heure des trous profonds, et de substituer à la terre usée par les arbres détruits, un sol neuf pris sur un autre point de jardin. Cette condition est de la plus haute utilité, si l’on ne veut pas échouer dans une plantation qui récom- pensera de ces premiers ennuis d'établissement par de longues an- nées de durée, d'autant plus qu'elle n'exige que peu de main- d'œuvre. Des expositions. Quoique les expositions ne soient pas, dans les jardins déjà éta- blis, toujours à la disposition du planteur, il est convenable de dire que les plus favorables sont le levant et le couchant. On plante ce- pendant encore des Pêchers au midi et au nord. Ceux plantés au midi ont plus tôt des fruits mürs; mais cette exposition brülante est cause qu'ils se dépouillent quelquefois prématurément de leur feuil- 476 LÉ JARDIN FRUITIER. lage, qu'ils se dégarnissent souvent du bas, et qu'ils perdent parfois quelque branche, inconvénient très-grave, auquel il faut ajouter les dangers des pluies printanières et l'action dévorante du soleil sur de jeunes feuilles ou de tendres bourgeons frappés par les gelées blanches. Le couchant n’a pas le même inconvénient : il est plus favorable que le midi, qu'on fait mieux de consacrer à d’autres cultures, par exemple celle des Cerises précoces. On peut plan- ter souvent avec avantage des Pêchers à l’exposition du nord, quand on destine à cet emploi des espèces franches comme la Grosse Mi- gnonne. Les Pèchers y acquérant moins de développement, il faut les planter de 5 à 6 mètres de distance, au lieu de 8, qui est celle qu’on leur donne aux autres expositions. 11 est bien entendu qu'il s'agit ici de la forme carrée; car pour les cordons obliques, on plante à 80 centimètres ou 1 mètre au plus. Des murs et de leur mode de construction. Il en est des murs comme des expositions : il faut utiliser ceux qu’on à ; mais quand on est maître de les faire élever ou qu'on éta- blit un jardin, il est bon de se conformer aux habitudes des jardi- niers de Montreuil, qui ont des murs d’une construction et de di- mensions appropriées à leur emploi. Ces murs ont 2 mètres 76 centim. de hauteur; leur fondation est de 50 centim. quand le sol qui les porte est solide; leur épais- seur à la base est de 58 centimètres, et ils diminuent de manière à n'avoir plus que 32 centimètres d'épaisseur au sommet. On forme, pour les élever, une chaîne en pierre et en plâtre longue de 1 mè- tre ; les 2 mètres suivants sont en pierre et en mortier préparé avec la terre même du sol; de sorte que ces murs sont composés d'un tiers de chaines en pierre et en plâtre, et de deux tiers de pierres liées par du mortier de terre. Lorsque le mur est arrivé à sa hauteur, on le termine par un chaperon dont la saillie est de 16 centimètres. Cette saillie est pro- portionnée à la hauteur de 2 mètres 76 centimètres. Si les murs ont plus d'élévation, la saillie du chaperon doit être plus grande. Comme le but qu'on se propose en établissant un chaperon est ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 477 de garantir le Pêcher contre l’égouttement de l'eau pluviale et de protéger les jeunes rameaux contre l'effet des gelées printa- nières en empêchant l'effet direct du rayonnement, il serait plus avantageux de leur donner encore plus de saillie ; mais on remédie à leur brièveté en faisant sceller sous le chaperon, au midi et au couchant, de 70 en 70 centimètres, des supports longs d'environ 50 centimètres à partir du mur, en leur donnant une inclinaison légère. Ces supports sont destinés à recevoir de petits paillassons, ou tout autre abri, qui augmentent les avantages résultant des cha- perons et garantissent complétement les Pêchers contre les pluies et les gelées de printemps. On fait ensuite crépir le mur sur ses deux faces, si c’est un de ces murs de refend dont nous parlerons plus loin; l'enduit dont on le revêt doit avoir environ 27 millimètres d'épaisseur, pour qu'on puisse pratiquer le palissage, qui a invariablement lieu, à Mon- treuil, au moyen de clous et de loques ; la coutume des treillages n'étant répandue que dans les jardins particuliers, mais nullement pratiquée dans ce pays, comme offrant moins d'avantages que la première méthode, bien que ce système de palissage ne présente aucune économie. Les personnes qui voudraient néanmoins couvrir leurs murs de treillages les feraient en lattes dont les mailles auraient 24 centi- mètres sur 22. On ne doit guère y avoir recours que dans les loca- _lités où le plâtre, la meilleure substance à faire le crépi, est rare ou trop cher. Les murs de clôture ne sont exclusivement destinés à recevoir des espaliers que dans les propriétés bourgeoises, ou dans celles où la culture du Pêcher n’est pas une spécialité; mais là où l’on se propose de tirer de cette culture un parti avantageux ou de spécu- lation, comme à Montreuil, on divise les jardins au moyen de murs de refend dirigés, autant que cela est possible, du nord au sud, et distants entre eux de 10 mètres. Ils sont isolés de chaque côté des murs de clôture d'au moins 1 mètre 30 centimètres, afin de n’apporter aucun obstacle à la circulation. Ces murs de re- fend forment un réseau de parallélogrammes qui servent de brise- 478 LE JARDIN FRUITIER. vent, concentrent la chaleur et permettent d'établir des espaliers sur chacune de leurs faces. Leurs frais de construction ne sont pas très-élevés ; ils revien- nent dans ce pays, où le sol même fournit souvent une partie des matériaux, à 14 ou 15 francs le mètre de long, sur une hauteur de 2 mètres 76 cent. Lorsqu'ils sont construits sans parcimonie et que les matériaux employés sont de bonne qualité, ils peuvent durer trente ans sans réparation. Des plates-bandes. Lorsqu'on fait une plantation nouvelle ou qu'on veut donner aux Péchers le sol et l’espace dont ils ont besoin pour végéter sans entraves, on ménage le long du mur une plate-bande, large d'en- viron 4 mètre 30 cent., qui sert d’allée pour faire les travaux que nécessitent les arbres en espalier. Il faut, pour ne nuire en aucune manière à la végétation des Pê- chers, ne jamais rien planter dans ces plates bandes, pas même des salades ; car ces plantations ont pour effet d’appauvrir la terre, de porter préjudice aux espaliers par les travaux de labour qu'elles né- cessitent et qui ont l'inconvénient de blesser les racines des Pê- chers ; de plus, elles attirent des insectes de toutes sortes, qui ne peuvent manquer, dans les cas d'insuffisance de nourriture, d'aller s'attaquer aux Pèchers et à leurs fruits. Tout le travail qu'on peut se permettre de donner au sol dans les temps ordinaires est un petit binage avec un crochet à deux dents, et des ratissages pour détruire les mauvaises herbes. La conduite des Pêchers nécessitant des travaux incessants, et tous les soins de l’horticulteur ayant pour objet d'en favoriser la végétation, on comprend l'importance qu'il y a de ne pas embar- rasser les plates-bandes par des cultures qui gènent la circulation et qui privent les espaliers des bénéfices des éléments nutritifs que recèle le sol. Des fumiers. Lorsqu'on se propose de faire de nouvelles plantations ou qu'on ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 479 a des espaliers plantés depuis deux ou trois années, il faut répan- dre sur le sol et y enfouir du fumier de cheval ou de vache bien consommé, quand on peut s’en procurer; mais comme tous les en- grais animalisés conviennent aux besoins de la végétation, et qu'à Montreuil ces fumiers sont fort rares, on les remplace par des boues de Paris, dont on étend sur les plates-bandes une couche de 8 cen- timètres qu’on laisse mürir sur le sol avant de l’enterrer ; on l’ap- porte en général en automne et on l’enfouit au printemps, quand il a perdu sa crudité. Si cependant le fumier était consommé, il ny aurait aucun inconvénient à l’enterrer immédiatement. Il ne faut pas perdre de vue que le Pècher, soumis aux exigences de la domesticité et dont on n’entretient la vigueur que pour en tirer des produits, a besoin de stimulants réparateurs ; c’est pour- quoi il ne faut pas négliger, tous les deux ou trois ans, d'entretenir la puissance nutritive du sol au moyen de fumiers. Des abris nécessaires aux Péchers. Nous avons, en parlant des murs, fait mention des paillassons qui viennent en aide à la brièveté des chaperons ; il nous reste, pour compléter ce sujet, à parler des dimensions de ces abris. On emploie ordinairement des paillassons de 50 centimètres de largeur, que l'on place à la fin de janvier et qu'on retire dans les premiers Jours du mois de mai. Nous avons déjà dit quels avantages on en peut attendre, et nous ajouterons qu'on peut les remplacer par de minces planchettes ou des feuilles de métal. On peut joindre à ces abris de grands paillassons de jardiniers, ou même des toiles, dont on garantira la face des espaliers en ayant soin qu'ils n’y soient pas appliqués et n’en fassent pas tomber les fleurs. Leur but est, comme pour les premiers, d'empêcher l'effet destructeur des gelées au printemps et des variations inattendues de température, si communes à cette époque. Il ne faut néanmoins avoir recours à l'emploi des paillassons verticaux que dans les cir- constances où la constitution de l'atmosphère l’exigerait ; car, dans les temps ordinaires, il n’est pas nécessaire d’en faire usage, les pail- 480 LE JARDIN FRUITIER. lassons ou abris horizontaux suffisant pour défendre les espaliers contre l’intempérie des saisons. Des instruments nécessaires à la taille du Pécher. Les instruments nécessaires pour la taille du Pêcher sont en petit nombre; ce sont : la serpette, le sécateur et l’égohine ou scie à main. La serpette, à laquelle on préfère actuellement le sécateur, donne une coupe ou section plus nette que celui-ci, et jamais son emploi n'engendre de chancre, ce qui a quelquefois lieu quand on se sert du sécaleur pour toutes les opérations de la taille. Le sécateur, devenu aujourd'hui d’un usage général, a été bien longtemps à triompher des préventions qui l'ont accueilli à son ap- parition dans la pratique horticole. Il est adopté par tous les jardi- niers, à cause de la rapidité avec laquelle il permet d’expédier le travail; mais, si l’on ne sait pas s’en servir avec dextérité ou si l’on a un instrument défectueux, il meurtrit les branches et cause à l'arbre des maladies qui le font périr. La scie à main sert à démonter une grosse branche tout près de son point d'insertion. Quand on à fait usage de cet instrument, il faut parer la plaie avec la serpette pour en faire disparaitre les as- pérités, et, pour que la cicatrisation ait lieu le plus promptement possible, on la recouvre avec de l’onguent de Saint-Fiacre. Le palissage à la loque exige pour appareil un petit panier d’o- sier dans lequel on met des clous à palisser, un marteau et des lo- ques de drap. On s’en sert pour faire les membres de l'arbre et en palisser les branches. Du choix des arbres et de leur plantation. On doit, avant de faire sa plantation, savoir si le Pêcher est creffé sur Prunier ou sur Amandier. Dans le premier cas, la terre qui convient n’a besoin que d’une profondeur médiocre; mais il faut de l'humidité. Les racines de cet arbre, rampant sous le sol, ont besoin de moins de fond. Le Pêcher greffé sur Amandier, au contraire, a des racines plongeantes; c’est pourquoi il lui faut une terre qui ait du fond et qui soit plutôt sèche qu'humide. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 481 En général, on doit toujours donner la préférence au Pêcher greffé sur Amandier, parce qu’il produit un arbre plus vigoureux et d’une plus grande étendue. Il faut, dans le choix de la variété qu'on veut planter, s’attacher aux sujets dont l'écorce est lisse et de couleur claire, qui aient été greffés l’année précédente à une hauteur de 18 à 20 centimètres, et n'ayant qu'une seule tige bien garnie d'yeux dans sa partie infé- rieure, car c'est sur le développement de ces yeux qu'on fonde tout l'espoir et l'avenir de l'arbre. Une autre condition non moins importante est de faire arracher le jeune arbre avec des précautions assez minutieuses pour que les racines soient dans le plus parfait état de conservation. Un chevelu bien fourni, et qui n’a éprouvé aucune détérioration, contribue puissamment, comme on doit le penser, à assurer la reprise de l'arbre et à en développer la vigueur. C'est pour satisfaire à cette exigence qu'il vaut toujours mieux planter des arbres sortant de la pépinière que ceux qui sont restés en jauge, où leurs racines ont souffert quelque détérioration. On plante aussi des arbres formés, c’est-à-dire des arbres ayant déjà deux, trois et même quelquefois quatre années de plantation. Ces arbres ont l'avantage de procurer au propriétaire la jouissance d'un mur presque immédiatement couvert, et des fruits la pre- mière ou la deuxième année de plantation; mais ils n’atteignent jamais, en général, un développement considérable. Aussi est- il préférable, si l’on veut obtenir des arbres vigoureux, de plan- ter dans un terrain neuf de jeunes arbres de dix-huit mois de greffe. Pour utiliser l'emplacement consacré à la culture du Pêcher dans un terrain neuf, en attendant qu’il ait acquis son développe- ment, on plante entre deux Pêchers un Poirier qui donne du fruit pendant que les murs se garnissent; et quand les Poiriers ont envahi la place qui leur avait été assignée, on les supprime, et on laisse aux Pêchers la faculté de s'étendre autant que le permet la vigueur de leur végétation. Il faut, avant de procéder à la plantation, ouvrir les trous desti= 31 482 LE JARDIN FRUITIER. nés à recevoir les Pêchers. Ils doivent avoir, pour le moins, un mètre carré sur un demi-mètre de profondeur. Quand on forme un espalier au levant, au midi et au couchant, on établit ses trous à 8 mètres de distance l’un de l’autre; mais si c'est au nord, on ne les écarte que de 5 à 6 mètres. Il faut mêler à la terre tirée du trou une hottée de fumier consommé ou de ga- doue; quand le mélange est bien fait, on rejette la terre dans le trou. On plante le Pècher depuis la fin d'octobre jusqu'au commence- ment de mars. Si la terre est sèche et légère, il faut planter de bonne heure; si, au contraire, elle est froide et compacte, il ne faut planter qu’au mois de février ou mars. En général, il y a avantage à planter de préférence tard que tôt. Quand la terre est trop humide ou le temps pluvieux, il vaut mieux retarder la plantation; on l'a- vance, si l’on peut prévoir quelque changement atmosphérique qui y soit contraire. «Lorsque le moment de la plantation est arrivé, dit M. Malot dont nous développons ici la théorie, on rouvre un petit trou au milieu du grand trou que l’on a fait ouvrir précédemment et remplir avec de la terre mêlée de fumier; on habille l'arbre, c’est-à-dire qu'on supprime le chicot de la greffe; on l’étète à 22 centimètres environ (PI. XXXIT, fig. 1 et 2); on rafraîichit l'extrémité des racines en les coupant en biseau, de manière à ce que la coupe repose sur la terre au fond du trou. Les racines cassées doivent être supprimées. Quand ces premiers préparatifs sont faits, on présente l'arbre de- vant le trou pour voir s’il est assez profond et si les racines s’y développeront à leur aise, et l’on fait les changements réclamés par le volume des racines du sujet à planter. Le collet de l'arbre doit être à la distance de 15 à 18 centimètres du mur vers lequel il est incliné. « I faut donc, comme on vient de le dire, en plaçant l'arbre dans le trou, ne s'occuper que de la position des yeux, sans sem barrasser ni de la difformité causée par la greffe, ni de la position des racines. Toutefois, ilest bien entendu qu'il est préférable (quand il est possible d’avoir un œil de chaque côté de l'arbre, c'est-à-dire ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS À NOYAU. 483 un à droite et un à gauche) que la plaie résultant de la suppression du chicot de la greffe soit tournée du côté du mur et que la plu- part des racines soient dirigées du côté de la plate-bande; mais ces trois conditions ne se rencontrent pas toujours. C’est donc à celle des yeux qu'il faut donner la préférence. «On doit apporter la plus grande attention, quand on veut élever ses Pêchers sous la forme carrée, à ce que les meilleurs yeux non développés qui se trouvent au bas de la tige soient placés de telle sorte qu'ils puissent, en se développant, s'épanouir un à droite et un à gauche. rh «Quand on a pris toutes les précautions qui viennent d’être in- diquées, on coule de la terre fine entre les racines de manière à les recouvrir complétement; on soulève l'arbre légèrement, à plusieurs reprises et par saccades, en le prenant par la tige, pour ne pas laisser de vide entre les racines et les mettre en rapport le plus immédiat possible avec la terre. On doit veiller à ce que l’arbre ne soit pas plus enterré qu'il ne l'était dans la pépinière , et à ce que la greffe ne soit pas à moins de 10 ou 12 centimètres hors de terre. On achève de remplir le trou et l’on forme au pied de l'arbre un petit bassin, puis on y répand une légère couche de paillis ou de grand fumier. «ITest une précaution à laquelle on n’a pas assez égard et qui s'oppose à la réussite des plantations du reste les mieux entendues : c'est de déterminer, au moment où l’on fait une plantation, sous quelle forme on élèvera ses Pêchers ; car, chaque forme ayant ses principes, il faut que, dès le moment de la plantation, elle soit suivie avec la plus scrupuleuse attention. «Les formes le plus en usage sont celles en éventail, en palmette, en cordons obliques et en U; mais la forme carrée (PI. XXXII, XXXIIL, XXXIV et XXXV)estcelle quiconvient le mieux aux murs de Montreuil, parce qu'ils ont peu d’élévation et que, sous cette forme, la hauteur d’un Pècher n’est que du tiers de sa largeur. Cette forme est regardée comme supérieure à toutes les autres, partout où les murs ne sont pas plus élevés que ceux de Montreuil, parce qu’elle est la seule qui permette de couvrir complétement un mur et qu’on 484 LE JARDIN FRUITIER. en obtient des fruits en plus grande quantité, plus espacés et plus beaux. Un exposé succinct des diverses opérations nécessaires pour mettre ce système d'éducation en pratique, permettra de diriger soi-même, et sans autre guide, les arbres qui se trouvent dans les conditions requises pour réussir sous la forme carrée. » De la taille (PI. XXXII à XXXV). Le but qu'on se propose, par la taille, est de raccourcir la plus grande partie des branches et d’en supprimer d’autres, conformé- ment à certains principes ou suivant la forme à laquelle on se pro- pose de soumettre l'arbre. De tous les arbres fruitiers, le Pêcher est celui qui a le plus be- soin du secours de la taille, surtout lorsqu'il est palissé contre un mur. C’est à l'opération de la taille, et à l'abri dont cet arbre jouit de la part du mur le long duquel il est palissé, qu’il doit l’abon- dance des fruits qu’il produit. Si l’on négligeait de le tailler, les bourgeons inférieurs périraient successivement, par suite de la tendance de la séve à se porter vers l'extrémité des rameaux ; toute la partie inférieure de l'arbre se dé- garnirait, et les fruits ne se trouveraient plus qu'au sommet des branches qui auraient bientôt franchi le chaperon du mur; il en résulterait que, privés de la protection dont ils auraient joui et de la chaleur dont le mur concentre et conserve les rayons, ils n’at- teindraient ni la grosseur, ni le riche coloris, ni le parfum qui est leur principal mérite et fait regarder la Pêche comme un des fruits les plus délicieux de nos climats. Un autre effet de la taille raisonnée est de faire produire au Pé- cher du nouveau bois chaque année, ce qui retarde l’époque de son dépérissement et en accroît la longévité. Il a été longuement discuté sur la longueur qu'on doit, en les taillant, laisser aux branches du Pêcher; mais toutes les règles qu'on a présentées à cet égard ne sont fondées que sur des données théoriques et arbitraires, et l'absolu ne peut pas plus être appliqué à cette opération importante qu'à toute autre de l’horticulture. L'âge de l’arbre, son état de santé, sa vigueur, doivent être pris ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 485 en considération pour juger si l’on doit tailler long ou court, et il faut, pour cela, étudier les conditions dans lesquelles se trouve l'arbre ; ce qui exige de la pratique et de l'intelligence. La seule règle générale qu'on puisse poser est de donner aux branches qui doivent former la charpente de l’arbre une longueur de 33 à 96 centimètres, et de 5 à 20 centimètres aux branches à fruits. Entre ces limites, il y a une multitude de degrés dépendant des conditions énoncées plus haut et qui guident le praticien dans le mode de tailler qu’il devra adopter. | La première opération que l'on fait subir au jeune Pêcher (PI. XXXIT, fig. 1) est d’en couper la tige à 20 centimètres environ au-dessus de la greffe (PI. XXXIL, fig. 2 et 3); mais il faut consul- ter pour cela la position des yeux. On commence à tailler dès les premiers jours de février et l’on continue jusqu'en mars. Les arbres exposés au levant et au midi seront taillés les premiers, et l’on finira par ceux qui sont au cou- chant et au nord. Pour profiter de toute la végétation, il est pré- férable de tailler de bonne heure, surtout les vieux arbres qui manquent de séve et qui sont aux expositions du levant et du midi; c’est encore une règle générale qu'il convient de ne pas perdre de vue. Avant de parler de la taille proprement dite, c'est-à-dire de la série des opérations destinées à donner à l'arbre la forme carrée, il convient de faire connaître, avec détail, les différentes parties de l'arbre, pour que cela serve de guide aux horticulteurs et fasse comprendre le système généralement suivi pour obtenir cette forme, si supérieure à toutes les autres. Le tronc du Pêcher est la partie comprise depuis le point où l'arbre sort de terre jusqu’à la bifurcation des branches-mères ; cette longueur n'excède généralement pas 30 centimètres. Les branches-mères, au nombre de deux, ont reçu ce nom parce que ce sont celles qui doivent former la charpente de l’arbre et qui donnent naissance à toutes les autres. Ce sont donc elles qui jouent le rôle le plus important et méritent toute l’attention. Les branches qui se développent, par suite de l’art de l’horticul- 486 LE JARDIN FKUITIER. ture, sur les parties latérales des branches-mères, à des distances déterminées, ont recu le nom de membres. On en favorise la végé- tation pour leur faire acquérir autant de force qu'aux branches- mères et prolonger leur durée. Dans un Pêcher cultivé sous la forme carrée, les #ranches à bois sont celles qui terminent les branches-mères et les membres. On donne le nom de bourgeons aux jeunes branches herbacées qui n’ont pas encore passé leur première année ou qui ne se sont pas encore ramifiées (Pl. XXX, fig. 1). Au-delà de cette époque, ces bourgeons deviennent des branches à bois ou à fruit. Nous donnons le nom de bourgeons anticipés, bien plus logique que celui de faux bourgeons ou de rédrugeons, aux bourgeons qui se développent prématurément. Voici comment ils se produisent : dans le Pêcher, les yeux ne se développent que dans l’année qui suit leur naissance; mais lorsqu'une branche à bois se développe dans la partie supérieure de l'arbre, les yeux qui se trouvent sur le tiers de sa hauteur, au lieu de dormir comme les autres jusqu'au printemps suivant, se développent et se convertissent en petites branches. On doit, lors du palissage en vert, attacher toutes ces petites branches, excepté celles qui sont placées sur le devant et le derrière de la branche principale; elles doivent être pincées à un œil. Le nom significatif de gourmand a été appliqué de temps immé- morial aux branches qui se développent avec une vigueur insolite aux dépens des branches voisines, ou quelquefois même de toutes celles de l'arbre. Si l’on a affaire à un jardinier inexpérimenté, il ne saura pas prévenir à temps l'influence destructive des gour- mands, qui ruineront promptement les arbres dont ils épuisent inutilement la séve, tandis qu'avec de la pratique et de l'expé- rience on en prévient le développement et l'on modère leur excès de vigueur; on peut même, à l’aide du pincement, les forcer à changer de nature, et l’on peut aussi s’en servir pour rajeunir des arbres épuisés et défectueux; mais jamais il ne doit y avoir de sourmands sur les arbres bien conduits. Il est une sorte particulière de branches qu'on rencontre quel ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 487 quefois sur le Pêcher et qu'on a nommées, à cause de leur déve- loppement anormal, branches adventices, qui, au lieu de sortir comme les autres d'un bourgeon, sortent inopinément et sans qu'on ait pu les prévenir, sur le tronc ou les branches de l’arbre, en per- çant la vieille écorce; on peut quelquefois utiliser ces branches avec avantage. Les branches à fruits n'ont jamais les formes vigoureuses et co- lossales des gourmands; elles sont au contraire petites ou moyennes, tant sous le rapport de la grosseur que de la longueur; elles sont flexibles et ne se ramitient pas à leur extrémité comme les branches à bois (PI. XXX, fig. 2 et 5). Leur écorce est verte et lisse. Dans un arbre bien conduit, elles occupent les parties latérales des bran- ches-mères et des membres dans toute leur ioñgueur, et elles gar- nissent les intervalles qui se trouvent entre les branches-mères et les membres. Il faut avoir soin de les palisser avec le plus d'ordre et de symétrie possible, parce que c’est sur elles que se fondent les espérances de l'horticulteur, puisqu'elles sont destinées à pro- duire le fruit. Comme elles ne doivent donner du fruit qu'une seule fois au même endroit, il faut les empêcher de se développer outre mesure; le talent du jardinier est de leur préparer chaque année des successeurs auxquels on donne le nom de branches de remplacement. Les branches à fruits portent à leur base un certain nombre d'yeux à bois, suivis de boutons à fleurs, simples (PI. XXX, fig. 2), doubles, ou triples (PI. XXX, fig. 5), et puis d’autres yeux à bois. C'est de ces derniers qu'il ne faut pas permettre le développement, et ce sont eux qu'on supprime par le moyen de l'opération appelée pincement. On à donné le nom de bouquets, et plus improprement de co- chonnets, à des branches à fruits d’autre sorte qui se développent sur l'arbre déjà en rapport; elles ont de 5 à 8 centimètres de long, se couvrent d’un grand nombre de fleurs et sont constamment ter- minées par un petit bouquet de feuilles (PI. XXX, fig. 3). Nous joignons à la description des huit opérations successives auxquelles nous soumettons le Pêcher pour l’amener à la forme 488 LE JARDIN FRUITIER. carrée, des figures simples (PI. XXXIT à XXXV), ne représentant que les branches-mères et les membres de l'arbre. Nous n'y avons pas compris les branches à fruits, ce qui rend ces figures plus in- telligibles, parce qu'elles montrent la place que doivent occuper les branches-mères et les membres pendant les huit tailles pour arriver à établir dans toute la perfection désirable un arbre ayant la forme carrée. Au demeurant, rien de plus facile que d'obtenir des branches à fruits, puisque chaque fois qu’on fait développer un membre ou un prolongement de membre, il se couvre de plus de branches à fruits qu'il n’est possible d’en conserver. . Nous savons par expérience qu'il serait difficile de montrer par des figures le retranchement successif des branches à fruits et leur remplacement par d’autres branches ; nous nous bornerons à dire que les opérations qu’exige la conduite de l'arbre sous ce rapport ne présentent aucune difficulté naturelle, mais qu'elles demandent seulement l'étude des ressources offertes par la végétation. Nous commencerons par faire observer que, chaque fois qu’on veut tailler un arbre, il faut le dépalisser entièrement ; que, dès que la taille est faite, il faut le nettoyer afin de détruire les insectes et leurs œufs; et qu'il est bon quelquefois d'y ajouter, comme com- plément de précautions, le lavage des arbres ainsi que celui du mur avec de la lessive et un lait de chaux. Première taille. Il faut, avant de commencer à tailler un Pêcher, être fixé sur la forme qu’on veut lui donner. Si nous voyons des Pêchers si difformes, c'est que ceux qui les gouvernent n'ont pas suivi de plan dans la forme à leur donner, ou que ces arbres, en passant par différentes mains, ont été soumis à plusieurs régimes. Quoique la conduite du Pêcher, pour l’amener à la forme carrée, ne présente pas de difficultés, il faut néanmoins y apporter de grands soins, parce que cet arbre, malgré la facilité avec laquelle il se plie à toutes les formes, végète avec tant d'activité, qu'il s’écarte en peu de temps de la forme à laquelle on veut le soumettre, si on ne ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 489 le surveille pas de près, pour maintenir l'équilibre entre toutes ses parties. Il ne faut pas compter pour une première taille le ravalement de la tige d’un jeune Pêcher lorsqu'on le plante (PI. XXXIT, fig 1), car cette opération n’a d'autre but que de faire développer deux yeux (PI. XXXII, fig. 3) sur la partie que l’on conserve, et d'obte- nir deux bourgeons (PI. XXXIF, fig. 4) destinés à devenir les bran- ches principales de l'arbre. La première taille (PI. XXXIT, fig. 5) mérite une attention scrupu- leuse, lorsqu'on veut donner à son Pêcher la forme carrée; car les membres inférieurs doivent prendre naissance à 40 centimètres environ au-dessus du sol et provenir d'un œil placé en dehors. L’œil qui est le plus voisin de la coupe est destiné au prolongement de la branche-mère; l'œil qui est immédiatement au dessous et au de- hors est destiné à donner naissance au premier membre inférieur. Deuxième taille. Une année après la première taille, c’est-à-dire au mois de février suivant, la charpente du jeune arbre à pris la forme indiquée par la fig. 6 de la planche XXXII. Les deux premiers membres se sont dé- veloppés; les deux branches-mères se sont allongées; celles-ci ont été un peu ouvertes, et les membres inférieurs ont été un peu élevés pour en favoriser la vigueur. Comme l'arbre a poussé plus vigou- reusement que la première année, on peut, après l'avoir dépalissé, tailler les branches-mères sur une longueur d'environ 64 centimè- tres, toujours sur un bon œil situé en dedans ou en devant, pour continuer d’allonger les branches-mères; il faut qu'il y ait immé- diatement au dessous et en dehors un autre œ1l également choisi dans des conditions favorables, pour donner naissance au second membre inférieur placé en dehors (PI. XXXIH, fig. 7). Les premiers membres doivent être taillés sur un œil de dessus ou de devant, et un peu plus court que les branches-mères. En les _palissant, il faut les ouvrir légèrement pour arriver à leur donnerle degré d'ouverture représenté par la figure 8 de la PI. XXXIH. I faut favoriser, par tous les moyens possibles, la vigueur de l'arbre et lal- 490 LE JARDIN FRUITIER. longement des membres inférieurs. On arrive à ce résultat en les palissant tous. On peut même encore en tirer la pousse terminale en avant, et l’attacher à un échalas à 15 ou 20 centimètres du mur. Ce moyen est applicable à toutes les branches qu'on fait grossir plus que les autres. Troisième taille. En février suivant, la charpente doit avoir la forme figurée sous le numéro 8 de la planche XXXII. Les quatre membres inférieurs commencent à se dessiner; les deux du dessous, ainsi que les bran- ches-mères, sont garnis sur les côtés de branches à fruits qui, dès cette année, commenceront à se mettre en rapport. Pour continuer les opérations qui serviront à en perfectionner la forme, on dépalisse, on nettoie l'arbre pour le délivrer des insectes qui y sont établis et ne manqueraient pas de se développer au prin- temps, et on le taille comme il est indiqué sur la figure 9 de la planche XXXII, en procédant de la même façon, c'est-à-dire sur un œil terminal qui doit guider pour asseoir la taille; c’est l'œil qui se trouve en dehors et immédiatement au-dessous qui doit toujours gui- der; car c’est de lui que dépend la réussite des membres inférieurs. Une fois la taille terminée, on repalisse l’arbre en lui donnant plus d'ouverture. Il faut avoir la même attention que l’année précédente, et favo- riser le développement des membres pour les protéger. C'est alors qu'il faut veiller aux branches à fruits et à leur remplacement, et surtout à ce que les branches ne prennent pas trop de développe- meut et de volume. On est obligé quelquefois d'avoir recours au pincement et à un palissage sévère pour obtenir le plus possible l'équilibre dans les petites branches. | Quatrième taille. Au moment de la quatrième taille, le Pêcher doit être parvenu à représenter la figure 1 de la planche XXXIIT et être pourvu de ses six membres inférieurs, trois de chaque côté, qui suivront la direc- tion presque horizontale indiquée par des traits, et qu'ils ne quitte- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. : 494 ront plus, quoique les deux branches-mères doivent s’écarter en- core ; celles-ci et les quatre plus vieux membres inférieurs, sont garnis des deux côtés de branches à fruits qui auront déjà pu don- ner quelques produits pour encourager la main qui les a soignées, et dont la prévoyance sait leur ménager des successeurs sous le nom de ôranches de remplacement. Après avoir examiné si un côté de l'arbre n'a pas besoin d’être redressé et l’autre abaissé tem porairement afin d'établir l'équilibre, on le dépalissera pour tail- ler ses branches-mères de la même manière que précédemment, c'est-à-dire à la longueur de 55 à 65 centimètres, et les membres un peu plus courts; car quelques centimètres de plus ou de moins, selon la nécessité de maintenir ou de rétablir l’équilibre, ne déran- gent pas du tout le système. Les branches à fruits seront taillées à la longueur de 5 à 25 centimètres, selon leur force, le nombre et la place qu'occuperont les boutons à fleur; mais, parmi ces bran- ches à fleurs, 1l faudra en choisir deux des mieux placées et de moyenne grosseur dans le bas de l’intérieur de l'arbre, une sur chaque branche-mère, pour les disposer à former les deux pre- miers membres supérieurs dans le courant de la campagne. Ces deux membres supérieurs devront prendre naissance plus bas que les deux premiers membres inférieurs sur les branches- mères ; de manière que, quand tous les membres seront formés, les supé- rieurs alterneront avec les inférieurs, et seront tous placés à envi- ron 65 centimètres l’un de l’autre, sur chaque côté des branches - mères, afin qu'il y ait de la place entre eux pour palisser tou- tes les branches à fruits dans le meilleur ordre possible. Après l'opération, l'arbre devra présenter l'aspect de la figure 2 de la planche XXXIIT. Cinquième taille. A l’époque de la cinquième taille, les deux premiers membres supérieurs devront commencer à garnir l’intérieur de l'arbre entre les branches-mères qui auront été successivement écartées depuis leur première année, et qui le seront encore de plus en plus jusqu’à la huitième. Plus l'arbre devient grand, plus il est nécessaire de 492 LE JARDIN FRUITIER. le dépalisser, avant de le tailler, pour le brosser et pour détruire les insectes. Les deux membres supérieurs seront taillés, comme les membres inférieurs, à la longueur de 40 à 50 centimètres, et les deux branches-mères à la longueur de 35 à 70 centimètres. Les branches à fruits seront, comme de coutume, taillées, selon leur force, de 5 à 25 centimètres de longueur; mais il faudra en choisir sur chaque branche-mère pour former les deuxièmes membres su- périeurs, à environ 66 centimètres au-dessus des deux premiers. Les branches à fruits se trouvent naturellement de 8 à 15 centimé- tres de distance; il sera facile d’en choisir une des mieux placées et de force moyenne pour la convertir en membre. Mais si bien tailler un arbre est une chose nécessaire, indispen- sable, cette opération ne suffirait pas si, dans le cours du prin- temps et de l'été, on négligeait de revoir très-souvent son arbre pour prévenir les désordres susceptibles de s’y développer. On a d'abord à s'occuper de l’ébourgeonnement lors de la pousse, puis de favoriser le développement des branches de remplacement, puis des pincements, puis des palissages, puis du maintien de lharmo- nie, puis encore du soin des fruits, etc., etc. ; de sorte qu'il ne se passe pas une huitaine de jours de printemps et d'été sans qu'un Pêcher en espalier ait besoin de quelque opération, qui ne demande, à la vérité, que très-peu de temps chaque fois. Sixième taille. Après avoir dépalissé et brossé l'arbre, s'il en a besoin, on tail- lera les branches-mères et les membres à la longueur indiquée par les principes établis. Ces tailles peuvent s'allonger ou se raccourcir de quelques centimètres, selon le plus ou moins de vigueur de l'arbre, sans que la régularité en souffre. Les branches à fruits se- ront toujours laillées à la longueur précédemment indiquée ; mais il faudra, comme dans les deux années précédentes, en choisir une, à environ 66 centimètres du second membre, pour la convertir en un troisième et dernier membre du côté supérieur de l'arbre; après quoi, on le repalissera et l’on attendra qu'il pousse pour lui don- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 493 ner tous les soins indiqués précédemment pendant le printemps, l'été et une partie de l'automne. Septième taille. On doit retrouver, à ce moment, le Pêcher muni de toùs ses mem- bres, sept de chaque côté, y compris les deux branches-mères, comme dans la planche XXXIV. Il a presque toute l'étendue qu'il doit ac- quérir, et l’on pourrait dirainuer un peu les tailles de ses branches- mères et de ses membres. Une fois taillé, l'arbre doit présenter l’as- pect de la figure 2 de la planche XXXIV. Quant à ses branches à fruits, on les taillera toujours de même, en raison de leur force ou de leur faiblesse, et aussi en raison du nombre et de la position des boutons à fleur qu’elles porteront. Depuis la troisième taille, l'arbre a augmenté le nombre de ses fruits en raison de l'étendue de ses membres et de la multiplication de ses branches à fruits. Huitième taille. Quand on aborde son Pêcher pour le tailler, on trouve sa char- pente entièrement formée, comme la représente la planche XXXWV; tous ses membres, dirigés en ligne droite, laissent entre eux un espace suffisant pour palisser sans gêne toutes les branches à fruits; celles-ci sont nombreuses et peuvent rapporter, chaque année, 500 belles Pêches, sans compter celles que l'on a dû supprimer pour leur faire de la place. Les arbres étant maintenant suffisamment garnis de branches, on doit raccourcir la taille des membres chaque année, afin de ne pas les affaiblir et de leur conserver la vigueur nécessaire à la production des branches à fruits. La hauteur des murs des jardins de Montreuil n'étant que de 2 mètres 83 centimètres, nous avons dù avoir égard à cette hau- teur en essayant de former des Pêchers qui représentent un carré long; et, calculant la vigueur de cet arbre, on a dû prendre la réso- lution de le conduire de manière à ce que, quand il aurait acquis tout son développement, il eût deux fois plus de largeur que de hau- teur, c'est-à-dire qu'il arrivât à 2 mètres 66 centimètres de haut, en même temps qu'il arriverait à 8 mètres d'envergure. Comme ces Pé- 494 LE JARDIN FRUITIER. chers, d’après le méme calcul, sont plantés à 8 mètres l’un de l’autre, il arrive aussi que, quand ils sont formés, tous les membres inférieurs touchent à leur extrémité les membres de même ordre des deux Pêchers de droite et de gauche, et que tous les membres supérieurs arrivent à la même hauteur sous le chaperon. C'est de cette ma- nière qu’on peut parvenir à former des arbres carrés; que les murs se trouvent entièrement couverts, et qu’on évite le reproche fait à la plupart des autres méthodes, qui ont le défaut de laisser les vides au-dessous et au-dessus de leurs arbres, de ne pas couvrir le mur, et d'y laisser en pure perte des places non couvertes, où de bons fruits pourraient mürir au profit du propriétaire. D'ailleurs, un Pêcher à forme carrée, bien plein, sans lacune, est plus productif et plus agréable à l'œil que celui qui ne s'étend que sur deux lon- gues ailes, et qui laisse toujours des vides regrettables au-dessus et au-dessous de ses ailes. Observations essentielles. Un des points essentiels et presque infaillibles pour diriger sans difficulté des Pêchers sous la forme carrée et bien pleins, suivant la méthode indiquée, c’est de ne jamais tailler son arbre sans avoir examiné sur le dessin comment il doit l'être, et de ne jamais tailler une branche de charpente sans avoir auparavant examiné si la branche parallèle peut l'être à la même longueur. Au moment de la végétation, il faut examiner comment l'arbre sera formé l’année suivante; par ce moyen, on est certain de ne laisser sur son Pêcher que les bourgeons nécessaires pour former la charpente de l'arbre, à laquelle on donne de la vigueur autant que possible. En supprimant les bourgeons inutiles, on est sûr de n’a- voir jamais sur ses arbres de branches gourmandes, lesquelles con- somment en pure perte une grande quantité de séve; d’ailleurs, règle générale, un arbre bien conduit ne doit jamais avoir de branches gourmandes, lesquelles ne vivent qu'aux dépens des au- tres. Si, malgré l'attention (ou plutôt si faute d'attention), un bourgeon se développait avec trop de vigueur, il faudrait le ra- valer presque en entier; mais un moyen bien meilleur encore, c’est ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 495 de ne pas en laisser pousser, ou bien de le pincer de près, même plusieurs fois s’il le faut. Des opérations ayant pour objet de maintenir le Pécher sous la forme normale et d'assurer sa fructification. De la taille d'été ou en vert. La taille d'été consiste dans la sup- pression des branches qui avaient des fleurs, mais dont le fruit n’a pas noué. On taille ces branches sur l’un des yeux les plus infé- rieurs, et duquel on espérait une branche de remplacement, qui, au moyen de cette taille, se développe mieux et plus tôt. On taille quelquefois, dans le même but, les branches qui ont porté des fruits, aussitôt qu'ils sont cueillis sur la branche de remplace- ment qu'elles ont ou devraient avoir à leur base, afin d’éclaircir et nettoyer l'arbre, et de faire profiter la branche de remplace- ment du reste de la végétation. L'observation des branches de remplacement est le point de mire sur lequel le jardinier doit avoir toujours l'œil ouvert. De l'ébourgeonnement à sec ou à la pousse. Après que la tige du jeune Pêcher est rabattue à la longueur voulue, les yeux, qui sont au nombre de quatre à six ou huit sur la partie restante, et qui ne seraient jamais développés si la tige n’eût pas été rabattue, ne tar- deraient pas, au printemps, à se développer la plupart en branches plus ou moins vigoureuses, sion ne les surveillait pas exactement. Quand ils ont environ 27 millimètres de. longueur, on en choisit deux des mieux venants, un à droite et l’autre à gauche, à la moin- dre distance possible l’un de l’autre, que l’on destine à former les deux branches-mères de l'arbre, et l’on abat tous les autres en les poussant à gauche avec le pouce. C’est cette dernière opération que l'on appelle ébourgeonnement à sec ou à la pousse; cet ébour- geonnement a pour Caractère de s'exécuter à la pousse avant que les bourgeons aient pris un certain développement, avant qu'ils aient épuisé de la séve en pure perte, et d'éviter de petites plaies qui auraient lieu si l'on attendait pour les supprimer qu’ils aient poussé et soient devenus nuisibles. L'ébourgeonnement à sec ou à la pousse est une opération très-importante, pas assez appréciée, 496 LE JARDIN FRUITIER. trop négligée, et qui éviterait beaucoup de plaies aux arbres lors du palissage d'été. Des entailles. Depuis quelque temps l'usage s’est établi de prati- quer des entailles ou crans au bas des branches qui prennent trop de vigueur, ou au-dessus d'un œil, pour favoriser son développe- ment. Dans cette opération, on enlève un morceau triangulaire d'écorce et de bois, jusqu’à la profondeur de 2 ou 3 millimètres, en raison de la grosseur de la branche. De l'ébourgeonnement d'été ou en vert. Si l’ébourgeonnement à sec ou à la pousse pouvait s'effectuer sur tous les yeux dont les bourgeons deviennent inutiles ou nuisibles, on aurait peu de chose a supprimer au premier palissage ; mais, dans la crainte de faire des vides, on ébourgeonne peu à sec sur les branches d’un arbre formé, et lorsque les bourgeons mal placés ou nuisibles sont développés, et qu'il s’agit de palisser, c'est une opération longue et difficile pour conserver les bourgeons bien placés. Aussi les personnes qui n'ont pas ébourgeonné à sec, ou de bonne heure en vert, font, en palis- sant, un abatis considérable de bourgeons inutiles, dont la séve, dépensée en pure perte, aurait été utilement employée au bénéfice des rameaux bien placés et au développement de l'arbre. C’est done une chose très-utile, économique, quoique minutieuse en ap- parence, de surveiller le développement des yeux et de supprimer tous ceux qui sont mal placés ou inutiles, avant qu'ils aient at- teint la longueur de 24 à 27 millimètres, pour l'ébourgeonnement à sec ou éborgnage des yeux, ou à la longueur d'environ 11 centi- mètres pour l’'ébourgeonnement en vert. On sent bien que les yeux qui se développent en avant et en arrière sont au nombre des mal placés. Du pincement. Le pincement consiste à couper entre les ongles l'extrémité d’un rameau ; il s'exécute sur les rameaux qui ont une tendance à trop pousser, à trop s’allonger, et à détruire l’harmonie que l’on a intérêt de conserver entre toutes les parties d’un Pêcher. Le pincement a pour effet de troubler la marche trop rapide de la séve dans le rameau pincé, et de suspendre son cours pendant une huitaine de jours. Après ce temps, le rameau recommence à pous- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS À NOYAU. 497 ser : mais on peut le repincer une seconde, une troisième, et même une quatrième fois; ce qui suspend autant de fois la séve pendant une huitaine de jours et contribue puissamment à ralentir la vi- gueur du rameau. Les auxiliaires du pincement sont un palis- sage rigoureux et une direction inclinée à droite ou à gauche ; avec ces trois moyens, on peut mater un rameau des plus vigou- reux. Des branches de remplacement. Les branches-mères et les mem- bres d'un Pècher se garnissent assez facilement de branches à fruits sur les deux côtés ; mais ces branches, après avoir rapporté, reste raient nues à la base et feraient un mauvais effet si, chaque année, on ne les supprimait pas à la taille pour les remplacer par d’autres branches à fruits dont on a provoqué et favorisé le développement l’année précédente. Ce sont ces nouvelles branches à fruits qu’on appelle branches de remplacement et qui doivent être remplacées à leur tour, et ainsi de suite. Il y a des branches de remplacement qui se développent naturellement toutes seules, mais le plus sou- vent il faut les provoquer, et c'est ce qu’on ne fait pas assez géné- ralement dans la pratique ; c’est une prévoyance qu'il faudra établir en nécessité pour la perfection de la taille du Pêcher. Entrons dans quelques détails à ce sujet. Le Pècher est organisé de manière qu'une branche à fruits donne son fruit la seconde année de sa naissance el n'en donne qu’une fois; si, pendant l’année qu’elle porte son fruit, on la laisse s’al- longer d’une nouvelle pousse, ce sera cette nouvelle pousse qui portera du fruit l’année suivante, et ainsi de suite ; et les pousses de la première et deuxième année, etc., ne pouvant plus rapporter de fruits, il en résulte des vides aussi contraires aux intérêts du propriétaire que désagréables à l'œil et nuisibles à la production ; pour remédier à ces inconvénients, il suffit de savoir en profiter. En effet, toute branche destinée à porter des fruits, a plusieurs yeux à sa base (PI. XXX, fig. 1), et il s’agit de favoriser le développement de l’un de ces yeux le plus près du talon et de supprimer les autres, pour qu'il se développe en une branche assez forte et assez longue pour porter du fruit l’année suivante, et permettre de supprimer à 32 498. LE JARDIN FRUITIER. la taille celle qui est en rapport et de la remplacer par la nouvelle branche, qui subira le même sort à son tour, et ainsi de suite. II faut, pour obtenir ce résultat, surveiller les branches à fruits dès le moment de la défloraison, examiner si l'œil le plus près de la base est en bon état, favoriser son développement en faisant une petite entaille à la branche qui le porte au-dessus de cet œil, et en supprimant ous ceux qui sont au-dessus de lui jusqu'au premier bouton à fleur. Quand le fruit commence à venir et les feuilles à se développer, il faut apporter une attention extrême à pincer le jeune rameau qui se développe naturellement au bout de la branche à fruits, mais en lui laissant toujours quelques feuilles, parce qu'elles sont très-utiles à la perfection et au succès des fruits; et si la bran- che pincée, à la longueur d'environ 27 centimètres, venait à re- pousser, on la repincerait encore une ou deux fois. Entre deux fleurs, il y a ou il peut y avoir un œil à bois (PI. XXX, fig. 5), qui se développe en branche pendant que le fruit grossit; il faut aussi pincer cette branche et ne lui laisser que quelques feuilles, par la même raison, c'est-à-dire pour que la séve ne soit pas trop attirée dans la branche à fruits, afin que la branche de remplacement qui est à sa base prenne de l'accroissement. Si, par accident, la branche à fruits n’en conservait aucun, il faudrait, aussitôt qu'on n’a plus d'espoir, la rabattre sur la branche de remplacement ; celle-ci en profitera davantage. Enfin, l’art du remplacement est la partie la plus savante, comme la plus utile, dans la conduite du Pêcher en espalier, et cependant c'est la plus négligée. Du dressage. Par ce mot, on entend l'opération par laquelle on étend et l’on attache à droite et à gauche les branches-mères et les membres d’un Pècher en espalier en lignes parfaitement droites, quoique dirigées elliptiquement; on sent bien que, pour la régu- larité et la santé de l'arbre, ses deux côtés doivent avoir une égale obliquité; mais il y a des cas où cette égalité est temporairement dérangée : c’est quand d'un côté un membre prend plus ou moins de force que l’autre ; dans ce cas, l'on incline le plus fort et l'on re- dresse le plus faible jusqu'à ce que l'équilibre soit rétabli. On aide encore puissamment au rétablissement de l'équilibre en palissant ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 499 rigoureusement les branches du membre le plus fort, et en laissant en liberté celles du membre le plus faible. Le dressage doit se faire tous les ans, tant qu'un Pêcher n’a pas atteint la taille à laquelle on le juge parfait. Dans un Pêcher dirigé sous la forme carrée, le dressage n’est terminé qu’en huit ans, et jusque-là ses membres inférieurs se rapprochent chaque année de la ligne horizontale, et, chaque année, ses membres supérieurs s’é- loignent peu à peu de la ligne verticale, en suivant obliquement la direction que l’on donne aux branches-mères en les abaissant peu à peu, sans leur faire perdre la ligne droite qu’elles doivent tou- Jours conserver ainsi que les membres. Le dressage se fait en février et en juin, immédiatement après la taille : au moment de la taille d'hiver, il n’est peut-être pas sans danger ; à cette époque, le bois du Pècher offre de la rigidité, et ses membres ne se prêtent pas aussi aisément aux nouvelles direc- tions qu'on veut leur donner. Il vaut mieux attendre que les Pé- chers soient en séve pour les dresser, dans la crainte de les faire éclater. Du palissage d'hiver. Cette opération s'exécute immédiatement après la taille d'hiver, et fait suite à celle du dressage; elle consiste à attacher au mur, dans un ordre et une direction convenables, toutes les branches à fruits taillées qui existent sur les deux côtés des branches-mères et des membres. Du palissage d'été en vert. Les jardiniers qui raisonnent peu ou point s'empressent de palisser entièrement leurs Pêchers dès la fin de mai, et sont fiers de présenter un beau tapis de verdure, sem- blable à une glace, à ceux qui ont l'ingénuité de l’admirer. Le pra- ticien éclairé par l'expérience, au contraire, ne voit dans ce palis- sage uniforme et anticipé qu'une préparation à la production d’une infinité de défauts, qui accélèrent la difformité et la ruine des ar- bres. En effet, si le palissage a pour but apparent de donner de la propreté et de la beauté aux arbres, il a pour effet certain de mo- difier la végétation en mettant les bourgeons dans une espèce de gène qui les empêche de remplir complétement leurs fonctions ; et, comme dans un arbre où l’on doit entretenir l'harmonie dans 500 LE JARDIN FRUITIER. toutes les parties il y a toujours des bourgeons vigoureux qui ont besoin d’être matés, et d’autres qui sont faibles et ont besoin d’être favorisés dans leur croissance, il est clair qu’en les palissant tous de bonne heure et à la même époque, les plus faibles s’affaibliront de plus en plus et finiront par périr. C’est, en effet, ce que l’on voit toujours dans les arbres mal conduits. En thèse générale, les bourgeons supérieurs d’un Pêcher sont toujours plus vigoureux que les inférieurs ; ceux du côté supérieur des membres sont plus forts naturellement que ceux du côté infé- rieur ; et, pour rétablir l'équilibre, il faut palisser les bourgeons supérieurs quinze jours ou trois semaines avant les inférieurs ; pincer ceux des premiers que le palissage ne modérerait pas suffi- samment, et tirer en avant ceux des inférieurs qui resteraient en- core trop faibles. Il résulte de cette nécessité, qu'il ne doit y avoir de palissage complet que vers la fin de la saison, et que jusque-là on ne doit exécuter que des palissages partiels. Le palissage consiste à attacher au mur, avec une loque et un clou (selon l'usage de Montreuil), toutes les Jeunes pousses d'un arbre dans la direction et aux places les plus convenables ; celles qui ter- minent les branches-mères et les membres se placent toujours en ligne droite avec ces mêmes branches-mères et ces mêmes mem bres. Les branches à fruits se placent obliquement entre les mem- bres, le plus régulièrement qu'il est possible. Si quelqu'une de ces branches à fruits a besoin d’être pincée ou raccourcie, on le fait. Si à l’ébourgeonnement on avait oublié ou négligé de supprimer une branche mal placée ou inutile, on la couperait au ras du membre. De l'abaissement. On abaisse tout un côté d’un arbre en espalier quand ce côté prend plus de force que l’autre et que l'équilibre parait prêt à se détruire; on abaisse une branche qui paraît vou- loir prendre trop de développement; mais les abaissements ne doi- vent être que temporaires, parce qu'ils sont toujours désagréables à l’œil. Du redressement. Par une raison toute différente de celle qui fait recourir à l’abaissement, on redresse le côté d’un arbre qui ne ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 501 pousse pas assez -vigoureusement pour conserver l'équilibre ; on redresse une branche pour lui donner de la vigueur ; et, quand ses parties sont rentrées dans l'équilibre, on remet toute chose à sa place. Des incisions. Quelquefois l'écorce des branches-mères et des membres se durcit au point de gêner la cireulation de la séve; quel- quefois aussi il se forme des engorgements de séve qui produisent de la gomme, ce qui est presque toujours funeste aux arbres; on remédie souvent à ces deux inconvénients en faisant quelques inci- sions longitudinales dans l'écorce, avec la pointe d’une serpette, sans entamer l’aubier, aux endroits affectés. Après cette légère esquisse des différentes opérations qui s’exé- cutent ou peuvent s'exécuter, chaque année, sur un Pêcher en espalier pendant sa vie, il faut rappeler les noms que l’usage a donnés aux différentes pousses d’un a. conduit sous la forme carrée. De l'éclaircie. Le Pècher produisant souvent plus de fruits qu'il ne convient à la conservation de sa santé, il est aussi souvent né- cessaire d'en supprimer une partie, et c'est cette opération qu'on appelle l’éclaircie. Il peut arriver qu'en somme un arbre n'ait pas trop de fruits, mais que ceux-ci soient mal distribués, qu’il y en ait peu dans un endroit et trop dans l’autre. Dans ce cas, il faut en ôter là où ils se nuisent réciproquement : car, des Pêches qui n’ont pas erû en liberté, ne sont jamais aussi bonnes ni aussi belles que celles qui n'ont pas été gènées. L'époque où l’éclaircie doit s’exé- cuter est quand le noyau se forme, c’est-à-dire en juin : mais il est quelquefois prudent d’attendre un peu pour éclaircir, parce que le Pêcher se débarrasse souvent de lui-même d’une partie de ses Pêches au moment de la formation de leur noyau, époque qui est une espèce de crise pour tous les fruits à noyau. De leffeuillaison. Environ trois semaines avant la maturité des Pêches, ou quand leur peau commence à jaunir, on découvre avec prudence et peu à peu celles qui ne sont pas exposées au soleil, en enlevant une partie des feuilles qui se trouvent au devant. Cette opération ne doit se faire que par un temps couvert ou pluvieux ; L! 502 LE JARDIN FRUITIER. elle s'exécute en saisissant la feuille, à l'endroit où l’on veut la rompre, entre l'index et le pouce, et, en faisant un mouvement en remontant ; elle se casse net et laisse le fruit à découvert. Il faut se garder de tirer les feuilles par en bas, car elles se détacheraient en- tièrement, et le bouton qu’elles ont dans leur aisselle en souffrirait. L'effet de l’effeuillaison est de faire prendre de la couleur aux Pê- ches, ainsi que de leur faire acquérir le parfum qui les rend si dé- licieuses et que le soleil seul peut leur donner. De la cueillette. La maturité des Pêches ne se juge pas tout à fait au brillant coloris qu’elles ont du côté exposé au soleil : il faut aussi que le côté de l'ombre n'ait plus rien de vert et qu'il ait pris une légère teinte jaunâtre partout; alors on prend la Pêche avec les cinq doigts, et, en la tournant un peu, elle tombe dans la main ; si elle résiste, c’est qu'elle n’est pas mûre : il faut alors attendre un jour ou deux. Quand on cueille des Pêches, on doit prendre quel- que précaution pour ne pas les froisser. Il faut avoir un panier garni d’une tapisserie ou d’un linge doux, dans lequel on pose légère ment chaque Pêche après l'avoir enveloppée d’une feuille de Vigne non humide. Arrivé à la maison, on brosse les Pêches avec une brosse douce pour enlever leur duvet et les rendre plus brillantes encore ; dans cet état, on peut les manger de suite ou les conserver quelques jours dans l'office. Du Pécher en éventail. L'éducation en éventail ne diffère de la précédente que par les changements que l’on apporte à la direction des branches. Pour obtenir un bon résultat, on trace sur le mur un demi-cercle dont les rayons serviront à donner à chaque membre la place qu'il doit occuper. Première année. On coupera la tige en biseau à 20 centimètres au-dessus de la greffe et en tournant la plaie du côté du mur. Cette première opé- ration a pour objet de déterminer le développement de plusieurs bourgeons. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 503 On choisira parmi ces bourgeons les deux plus vigoureux, un de chaque côté, pour former les deux branches-mères, et l’on suppri- mera les autres. On aura soin de les palisser pour éviter tout acci- dent, et l’on donnera à ces deux branches une égale inclinaison si elles sont également vigoureuses; on inclinera le plus celle qui est la plus forte pour en arrêter le développement et l’équilibrer avec l’autre. Deuxième année. Après avoir dépalissé l'arbre, on commence par couper le chicot qui est entre les deux membres et l’on rabat les branches-mères à une longueur de 50 centimètres et sur deux yeux; un de devant pour prolonger les branches-mères, et l’autre en dehors et au des- sous pour former les premiers membres. On donnera à ces deux branches, en les palissant, une ouverture de 15°. L'ébourgeonnement et le palissage sont les opérations subsé- quentes. Troisième année. On coupera les branches-mères à 40 centimètres de long, tou- jours en-ayant soin que l'œil sur lequel on taillera soit placé de manière à les prolonger le plus facilement possible. Les premiers membres seront taillés plus court que les mères- branches; les branches qui se développeront dans l'intérieur seront taillées courtes, et l’on taillera à deux ou trois yeux de leur inser- tion les faux bourgeons : car ce sont les yeux sur lesquels on aura taillé qui produiront des branches à fruits. Les branches inférieures seront taillées plus long que les bran- ches supérieures. Pour la symétrie de l'arbre, on supprimera toutes les branches mal placées. En palissant les Pêchers, on donnera aux mères-branches une ouverture de 30°. L’ébourgeonnement et le palissage se feront comme l’année pré- cédente; la première de ces opérations ayant pour but de main- tenir l'équilibre de l'arbre. 504 LE JARDIN FRUITIER. Quatrième année. On taillera les membres et les branches de manière à laisser l'œil, qui facilitera leur prolongement. On rabattra les branches à fruits sur celles de remplacement; celles-ci Le seront à 5 ou 6 yeux, se- lon leur force, dans le but d'obtenir un bourgeon de remplacement le plus près possible de leur insertion. Les faux bourgeons seront taillés à 2 ou 3 yeux. On donnera aux branches-mères une ouverture de 35 à 40°. L'ébourgeonnement devient plus nécessaire que jamais, si l’on veut maintenir l'équilibre de l'arbre et veiller surtout à ce qu'il ne se développe pas de gourmands. Le palissage est exécuté toujours d’après les mêmes principes. Cinquième année. La taille de cette cinquième année a pour but de donner à l'ar- bre tout son développement et d'arrêter d’une manière définitive la forme qui a fait le but de son éducation. Les principes sont les mêmes : on raccourcit les branches terminales; on taille les bran- ches à fruits de manière à y laisser du fruit, les faux bourgeons sur 2 ou 3 veux, et l’on ne donne plus aux branches-mèrés qu’une ouverture de 45 à 50°. On favorisera le prolongement des branches de bifurcation et ce- lui des bourgeons convenablement placés pour en faire par la suite de nouvelles branches de bifurcation. Tout le reste de la conduite de l'arbre consiste à ramener toutes les parties de l'arbre à un équilibre parfait. Du Pôcher en cordon oblique. M. Dubreuil a fait connaître, pour le Pêcher, une forme des plus simples, qu’il a nommée cordon oblique, et qui permet d’ob- tenir des fruits beaucoup plus rapidement que par la forme compliquée du Pêcher en éventail, etc. On choisit, à cet effet, de jeunes Pêchers d’uue année de pépi- nière, et dont le scion soit bien constitué. On plante à 80 centi- mètres ou 1 mètre de distance, soit obliquement, soit perpendicu- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 505 lairement, comme dans la plantation ordinaire. Dans le premier cas, on taille la tige à 60 ou 80 centimètres, pour obtenir, la même année, des petites brindilles qui, l’année suivante, pourront déjà donner quelques fleurs, mais sur lesquelles on commencera la taille pour les transformer en branches coursonnes, qu’on traitera ensuite comme toutes les productions fruitières d’un Pêcher formé. Dans le second cas, c’est-à-dire dans la plantation perpendicu- laire, on rabat le scion au-dessus du deuxième ou troisième œil de la base, placé du côté de la direction vers laquelle on veut faire obliquer les Pêchers ; et, au moment du développement des bour- geons, on supprime tous ceux qui se trouvent au-dessous de ce bourgeon supérieur, lequel, placé sur le côté, doit former la tige oblique. Ce moyen fait perdre une année, mais l'arbre se trouve dans de meilleures conditions de plantation. Chaque année on allonge la taille de cette tige, qui doit rester simple. et que l’on conduit comme une branche mère d'un Pècher en éventail. On ne peut établir ces plantations de Pêchers en cordon oblique que là où les murs ont au moins 3 mètres de hauteur, ear le développement de ces arbres, conduits sur une tige, est très-rapide, e Pécher en plein vent. Le Pêcher en plein vent ne réussit guère en deçà de Paris, en prenant du sud au nord; il ne donne, dans des conditions de tem- pérature froide, que des fruits petits et souvent amers. Sa conduite ne coûte aucun soin : on le plante à une exposition aussi chaude que le pays ie comporte, abritée, et on se borne à supprimer les branches mortes. Du chauffage des Péchers. Pour avoir des Pêches de primeur, on choisit les espèces hâtives et surtout les espaliers qui sont exposés au levant ou au couchant. Au mois de janvier, on établit devant les Pêchers une serre mobile dont les châssis ont 2 mètres de long. Ils sont en haut soutenus par des chevrons scellés dans lé mur, et par le bas ils s'appuient sur un soubassement de planches de 85 centimètres de haut. 506 LE JARDIN FRUITIER, Après avoir taillé les arbres, on leur donne une température de 12° ,qu'on élève jusqu’à 18 au maximum. Quand le soleil frappe sur les châssis, on donne de l'air. On couvre la nuit. On bassine les feuilles. Les fruits sont mürs en avril. Après la cueillette on enlève les châssis. On peut chauffer les Pêchers tous les ans; mais 1l vaut mieux ne les chauffer que tous les deux ans et les laisser reposer une année. CHOIX DE VARIÉTÉS CULTIVÉES. On peut évaluer à 150, au moins, le nombre des variétés de Pè- ches, qui ont été successivemenit cultivées. Quelques auteurs ont voulu classer ces fruits en plusieurs groupes, comme on a essayé d’é- tablir une classification pour les Poires, afin d'en faciliter l’étude. Mais, dans les deux cas, ces classifications sont purement théori- ques; elles sont d’une application impossible dans la pratique, et ne peuvent aider en rien à la connaissance des fruits. Ainsi, pour les Pêches, la première division repose sur la grandeur des fleurs : 19 leurs grandes; 2 fleurs moyennes ; 3° fleurs petites. Outre que la valeur de ces mots ne peut être appréciée que relativement, cette division ne peut s'appliquer que pour la classification des arbres et non des fruits. Les subdivisions sont établies sur des caractères très-inconstants : la présence, l'absence et la forme des glandes si- tuées à la base du limbe des feuilles. Dans certaines variétés on trouve, en effet, des feuilles glanduleuses et d’autres qui ne le sont pas. Les autres caractères sont empruntés aux fruits : peau duve- teuse où lisse; chair adhérente où non adhérente au noyau. On voit de suite FPimpossibilité d'appliquer pratiquement cette classifica- tion à l'étude des fruits. Comment savoir par exemple, à l'époque de la fructification, si la fleur est petite, grande ou moyenne? Une classification des Pêches est donc aussi impossible que celle des Poires. La seule réellement rationnelle est celle qui repose sur l’é- poque des maturités. Dans le Pêcher, il faut distinguer néanmoins trois races parfaitement distinctes : Les Péches proprement dites, à la peau duveteuse, à la chair non adhérente au novau. Les Pavies, à la peau duveteuse, et à la chair adhérente au noyau. Les Brugnons où Nectarines, à la peau lisse. ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 407 La maturité des différentes variétés de Pêches s'opère de la fin de juillet à la fin d'octobre; on peut donc avoir des Pêches pendant trois mois. Juillet. Pèche à Bec (assez grosse avec une petite pointe au sommet, rouge; n’a de mérite que par sa précocité). — Avant-Pêche blanche (petite, terminée en pointe, blanche; chair blanche, très-sucrée). — Avant-Pèche rouge, Avant-Pèche de Troyes (petite ronde, jaune clair, teintée de rouge, à chair fondante sucrée et musquée). Août. Première quinzaine. Pêche mignonne hâtüve, Grosse mignonne hâtive (grosse, bosselée, colorée de rouge vif au soleil, à chair très-juteuse et sucrée). — Galande pointue, Galande Dormeau (en forme de toupie ou arrondie, et déprimée au sommet, à chair blanc jaunâtre, rouge autour du noyau). Deuxième quinzaine. Pêche mignonne, Grosse mignonne, veloutée de Merlet (grosse, ronde, à large sillon rouge foncé du côté du soleil, à chair fondante sucrée : PI. XXXI, fig. 1). — Vineuse de Fromentin (plus grosse, plus foncée que la Pêche mignonne, et à chair plus vineuse). — Desse, Desse hâtive (de grosseur moyenne, presque ronde, rouge foncé du côté du so- leil, à chair blanc verdâtre, mais rougeûtre gris du noyau, très-juteuse, sucrée, vi- neuse). . — Pucelle de Malines (de grosseur moyenne, presque ronde, fortement colorée de rouge, à chair blanche, mais rouge foncé près du noyau, juteuse, sucrée, acidulée). — Alberge jaune, Pêche jaune (moyenne grosseur, colorée de rouge foncé, à peau ad- hérente à la chair, qui est jaune, mais rouge foncé autour du noyau, sucrée, vi: neuse). k — Galande Bellegarde, grosse noire de Montreuil (grosse, ronde, colorée de rouge pourpre presque noire, à chair blanche, rougissant autour du noyau, fondante, sucrée, vi- neuse). — belle de Doué (très-grosse déprimée, fortement colorée de rouge, à chair blanche, un peu rosée autour du noyau, très-juteuse, sucrée), Brugnon hâtif d’Angervilliers, Pêche violette d’Angervilliers (petit ou moyen, jaune pâle, fortement coloré de violet foncé, à chair blanc jaunâtre, rose près du noyau, très - juteuse, fondante, musquée). — Newington hâtif (gros, rond, luisant, rouge carminé, fortement coloré de pourpre brunâtre, à chair blanc rosé, plus rouge autour du noyau). Septembre. Première quinzaine. Brugnon violet de Courson, Pêche grosse violette hâtive (gros, presque rond, blanc jaunûtre, coloré en rouge violet du côté du soleil, à chair blanche fondante, un peu vi- neuse). — violet hâtif, Pêche violette hâtive, petite violette hâtive (de grosseur moyenne presque rond, blanc jaunâtre, coloré de rouge violet du côté du soleil, à chair 508 LE JARDIN FRUITIER. blanc jaunàtre, rougissant autour du noyau, fondante, sucrée, vincuse, très-par- famée). Brugnon de Standwick, Pêche Standwick nectarine (gros, ovoïde, blanc, teinté de violet, à chair très-sucrée). _ Chanvière (plus gros que le précédent et supérieur en qualité). — Pitmaston orange, Pêche Pitmaston orange (de grosseur moyenne, ovale-oblong, pourpre noirâtre, à chair jaune, et d’un rouge violacé autour du noyau, excel- lent). Pêche Belle Bausse (ressemble beaucoup à la grosse Mignonne, à chair très-parfumée, rouge autour du noyau). — de Malte Belle de Paris (de grosseur moyenne, marbrée de rouge foncé, à chair blanche, musquée). — Madeleine rouge, Madeleine de Courson (grosse, ronde, striée de rouge pourpre et colorée de rouge foncé, à chair blanche veinée de rouge). — Chevreuse hâtive (assez grosse, un peu allongée, terminée par un mucron, colorée de rouge vif, à chair blanche, rouge autour du noyau, sucrée). — Willermoz (grosse, plus large que haute, jaune orange, pointillée de rose et de car- min, à chair jaune d’Abricot, rouge vif autour du noyau, fondante; cette variété se reproduit de noyau). — Reine des Vergers (très-grosse, jaune rougeûtre , d'excellente qualité). Deuxième, quinzaine. Pêche Clémence Isaure (grosse, presque ronde, jaune orange foncé, colorée de rouge ver- millon, à chair fondante, jaune abricot, violacée autour du noyau). — admirable (grosse, ronde, jaune paille, colorée de rouge vif, à chair blanche , rouge pâle autour du noyau). — Belle de Vitry, admirable tardive (grosse, presque ronde, jaune, lavée et marbrée de rouge clair, à chair blanche). — Bon ouvrier (grosse, plus large que haute, pourpre clair, lavée de pourpre plus foncé, à chair blanc jaunâtre, parfumée). — Sieulle (très-grosse, presque ronde ou un peu conique, rouge foncé du côté du so- leil, à chair blanc jaunâtre, rouge violacé autour du noyau, très-juteuse, par- fumée). — Madeleine rouge tardive, Madeleine à moyennes fleurs (moyenne, sphérique, très- colorée de rouge, à chair blanche fondante, rouge autour du noyau). — Bourdine, Pêche Bourdin, Pêche de Narbonne (grosse, presque ronde, colorée de rouge foncé, à chair blanche sous la peau, très-rouge autour du noyau, juteuse, vineuse et sucrée). — Teton de Vénus (très-grosse, plus haute que large, terminée par un mamelon pointu, peu colorée, marbrée de rouge, à chair blanche, très-juteuse, sucrée, violacée au- tour du noyau). — Nivette veloutée (grosse, ronde ou peu allongée, peau adhérente à la chair, jaune ver- dâtre, colorée de rouge vif, à chair blanche verdâtre veinée de rouge très-vif autour du noyau). — Royale (grosse, presque ronde, mamelonnée au sommet, lavée de rouge clair, sur jaune verdâtre, à chair blanche sous la peau, rouge autour du noyau, sucrée). — Cheuvreuse tardive (assez grosse, ovale-arrondie, pourprée et verdâtre, à chair blanche très-succulente). — de Syrie, Pêche de Tullins, Pêche d'Égypte (moyenne grosseur, oblongue, déprimée sur les côtés, blanc verdâtre, colorée de rouge carmin, à chair blanche fondante, vineuse). — Pavie Madeleine, Pavie blanc (grosse, ronde, blanc un peu marbré de rouge vif, à ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 509 chair blanche, rougeâtre autour du noyau, ferme, succulente, juteuse, très-vineuse). Pêche Bonneuil (moyenne, presque ronde, souvent mamelonnée au sommet, faiblement co- lorée de rouge, à chair blanche coriace’ sucrée ; mürit difficilement sous le climat de Paris; convient au Midi). — Alberge Pêche jaune, Persais d'Angoulême, Persèque jaune (très-grosse, arrondie, jaune, colorée de rouge , à chair jaune, tachée de rouge autour du noyau, ferme, sucrée). — Persique, Persèque, gros Persèque (grosse, oblongue, bosselée, colorée de rouge, à chair blanche, rouge autour du noyau, ferme, aigrelette; variété pour le Midi). Octobre. Pêche abricotée, Péche de Burray, Pêche d'Orange, grosse jaune (très-grosse, arrondie, jaune, rougissant un peu au soleil, à chair jaune, rougeâtre autour du noyau, ferme; ne mürit bien que sous le climat du Midi). — Chancelière (grosse, un peu allongée, mamelonnée au sommet ; Chair fine, blanche, rouge autour du noyau, fondante sucrée). | — Tardive d’Oullins (très-grosse, bosselée, colorée de rouge au soleil, à chair blanche), — Sanguine (PI. XXXI, fig. 3; moyenne grosseur, ronde, d’un rouge obscur, à chair rouge, un peu sèche, de médiocre qualité ; ne müûrit qu’en espalier au midi). — Pavie rouge de Pomponne, Pavie Camu (très-grosse, ronde, blanc verdâtre, colorée de rouge clair, à chair dure, vineuse, blanche dans le milieu, rouge sous la peau et autour du noyau; bonne dans le Midi). — Pavie tardif, Pavie royale (très-grosse, mamelonnée au sommet, jaune, pointillée de rouge, à chair jaune, ferme, juteuse; ne convient qu’au climat du Midi). — Brugnon jaune lisse, jaune abricoté, Pêche lissée jaune (moyenne grosseur, rond, jaune, luisant, marbré de rouge, à chair jaune, ferme, juteuse). Pistachier frane ou Pistachier eultivé (PI. XLIX, fig, 4 et 4 a). Pistacia vera Lin. (Térébinthacées-Pistaciées.) Le Pistachier franc est un grand arbrisseau ou un petit arbre originaire de l'Asie Mineure, d’où il fut emporté en Italie par Vitel- lius. Depuis cette époque, il s’est répandu dans presque toute la région méditerranéenne. Sa tige, haute de 4 à 5 mètres, se divise en rameaux portant des feuilles alternes, pétiolées, imparipennées, à cinq folioles ovales, obtuses, coriaces et glabres. Les fleurs sont petites, dioïques et dépourvues de corolle. Le fruit est une drupe ovoïde, allongée, de la grosseur d’une moyenne Olive, jaunâtre, ponctuée de blanc vers l’époque dela maturité, teintée de rouge du côté directement éclairé par le soleil, s’ouvrant en deux valves à la maturité; renfermant une graine à deux cotylédons volumineux, charnus, d’un beau vert gai, d’une saveur agréable, délicate et par- fumée, connue sous le nom de Pistache, La substance de cette graine recouverte d'une pellicule mince et rougetre, est nourris- 510 LE JARDIN FRUITIER. sante et renferme une assez forte proportion d'huile grasse. Les Pis- taches constituent un aliment agréable, mais toujours d'un prix assez élevé. On les mange en nature, ou bien on les fait entrer dans diverses préparations de friandises. En médecine, on en prépare des émulsions et des sirops adoucissants (voir la Flore médicale du XIX° siècle, t. III, p. 86 et 87). PLEINE TERRE. — Choix du terrain, multiplication, culture, ré- colte. Le Pistachier ne mürit guère ses fruits sous le climat pari- sien, que quand il est mis en espalier à une exposition des plus favorables. Mais dans nos départements méridionaux, il supporte très-bien la pleine terre. 1] lui faut un terrain graveleux et sec. On multiplie de marcottes, ou mieux de graines semées sur couche et sous châssis ; sous le climat parisien, on met en place après avoir élevé les jeunes plantes en orangerie pendant deux, trois ou quatre ans. Le Pistachier étant dioïque, c’est-à-dire ayant les organes mà- les et femelles portés sur deux pieds distincts, il faut avoir soin de placer des pieds mâles à côté des femelles ; un seul pied mâle suffit même pour plusieurs femelles ; ou, mieux encore, on greffe sur chaque pied femelle un rameau mâle. Il est prudent de couvrir les Pistachiers, racines et branches, pendant les hivers un peu ru- des ; car ils gèlent à — 7° centigrades ; on dit que, greffés sur Té- rébinthe, ils supportent — 10°. Les Pistachiers fleurissent en avril et mai; on récolte leurs fruits dans le courant de septembre. On les conserve, comme les Noisettes, en un lieu sec. Observations. Le Pistachier de Narbonne (appelé par Willdenow Pistacia reticulata) n’est qu’une simple variété du Pistachier franc, de même que le Pistachier de Marseille (Péstacia massiliensis de Miller) n’est autre que le Pistachier lentisque. (Voir pour le Pistachier lentisque (Péstacia Lentiscus Lin.) et pour le Pistachier térébinthe (Postacia Terebinthus Lin.) aux mots Lentisque et Térébinthe, dans la Flore médicale du XIX° siècle. Voir aux mots Postachier et Lentisque dans l'Horticulture, Végétaux d'ornement, ainsi que la Flore agricole et sylvicole, à la famille des T'érébinthacées.) ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 511 Plaqueminier d'Europe ou d’Etalie, ou Plaqueminier faux Lotier. — Plaqueminier de Virginie, — Plaqueminier caque. Diospyros Lotus Lin.— Diospyros virginiana Lin. — Diospyros kaki Lin. fils. (Ebénacces.) Les Plaqueminiers en général sont des arbres de troisième gran- deur ou des arbrisseaux propres aux contrées chaudes et tempérées des deux hémisphères. Les feuilles sont simples et alternes, très-en- tières ; les fleurs, mâles et femelles, sont séparées sur deux individus différents, quelquefois aussi portent des fleurs monoïques sur les pieds femelles; ces fleurs présentent un calice persistant, dont les divisions profondes varient, selon les espèces, de quatre, cinq à six, une Corolle monopétale urcéolée, attachée au fond du calice, partagée en son limbe en quatre, cinq et six découpures réflé- chies. Le fruit est une sorte de drupe globuleuse, charnue, dont le noyau est à 8 ou 12 loges, renfermant chacune une graine très - dure, comprimée latéralement, amincie en angle à sa face intérieure. D'après l’étymologie grecque du nom scientifique du Plaqueminier ( Diospyros, qui signifie proprement froment, blé, fruit de Jupiter ou des dieux), on pourrait croire que les fruits de toutes les espèces, très-nombreuses, de ces végétaux sont agréables à manger; il n'est cependant que peu d’entre ces es- pèces qui, sous ce rapport, méritent qu'on s’y arrête. Nous en ci- terons trois : 1° Le Plaqueminier Faux Lotier, appelé aussi Plaqueminier d'Europe et Plaqueminier d'Italie (par Gaspard Bauhin Lotier d'Afrique, par Matthiole Faux Lotus, par Jean Bauhin et Tourne- fort Gualacana).C'est la seule espèce qui s’avance naturellement dans le midi de l'Europe et même de la France où on la regarde comme naturalisée. Ce Plaqueminier est un arbre de 12 à 14 mè- tres de haut, droit, à branches et à rameaux horizontaux, recouverts d’une écorce jaunàtre, quelquefois pendants, de forme pyramidale lorsqu'il croit librement; ses feuilles ovales-oblongues, ou oblon- gues-lancéolées, acuminées, sont d’un vert foncé en dessus, pâles 512 LE JARDIN FRUITIER. et glauques en dessous, cilées sur les bords. Les fleurs, partant de l’aisselle des feuilles, petites, solitaires, naissent sur les jeunes pousses de l’année, et s'épanouissent en juin et juillet. Les fruits qui leur succèdent sont d’un jaune orangé un peu obscur, presque globuleux, de la grosseur des Cerises, partagés intérieurement en huit loges contenant chacune une graine, et accompagnés à la base par le calice persistant, divisé en quatre parties égales, un peu plus longues que les lobes roussâtres et enroulés de la corolle. Ce sont ces fruits, d’une saveur pre, très-astringents, que, par une erreur peu explicable, on confondit longtemps avec ceux du Jujubier, qui faisaient les délices des Lotophages de l'antiquité (voir au mot Jujubier, p. 464 et 465 de ce volume). Toutefois, soumis à la cuis- son et sucrés, les fruits du Plaqueminier Faux-Lotier sont man- geables, et pourraient être améliorés par la culture. Tout terrain pour ainsi dire est favorable à cette espèce qui vient facilement en pleine terre, même sous le climat de Paris, et résiste aux hivers les plus froids, quoiqu'elle soit originaire des contrées chaudes; elle a l'inconvénient d’être d’une croissance très-lente. On la multiplie de semences ou de rejetons. Les semences se met- tent en pleine terre, ou mieux en terrine tenue sur couche. L'an- née suivante, on plante, en pépinière, à une exposition chaude. Le plant y reste deux ans, et ensuite on le met en place. 2 Le Plaqueminier de Virginie, originaire des États-Unis d’A- mérique, particulièrement de la Virginie, de la Louisiane, du Ma- ryland, où il est vulgairement nommé Pishamin et Persimon. Cette espèce, de 6 à 10 mètres de hauteur, à cime arrondie, à rameaux et feuilles distiques, donne un fruit comestible, rond, lisse, à peu près du volume d’une Prune, à chair molle, visqueuse, un peu acerbe avant sa parfaite maturité, s’'adoucissant lors de celle-ci. Ce fruit est fort estimé des Américains. Avant de le cueillir, on lui laisse souvent subir l’action de quelques légères gelées. Après l'avoir cueilli, on l’étend sur de la paille ou sur des tables, pour qu'il achève de mürir et de s’adoucir, de la même manière que les Nèfles, sur lesquelles il l'emporte en ce qu'il se conserve longtemps mou et bon à manger sans pourrir. En Amérique, on le mange en nature; ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 513 on en fait du cidre, du vinaigre; par distillation, on en obtient une eau-de-vie; quand on a retiré le noyau, on prépare avec la pulpe écrasée, passée au tamis et séchée au four ou au soleil, des gâteaux et . des sortes de confitures sèches qui se conservent pendant une année. En France, le fruit du Plaqueminier de Virginie reste toujours in- férieur à ce qu’il est dans son pays natal. Néanmoins, dans nos dé- partements méridionaux, il est déjà d'assez bonne qualité. Le bois de cette espèce est d'une couleur brune et d’une contexture qui permet de l’employer aux ouvrages de tour, à faire des brancards de voiture, elc. Dans la Pensylvanie, le Maryland et la Virginie, on s'en sert pour faire des poulies, des maillets et des montures de fusils et d'outils. On dit que son écorce est astringente et possède des propriétés fébrifuges. Le Plaqueminier de Virginie réussit en Europe, et dans le midi de la France, en pleine terre, à une exposition un peu chaude. On reproduit de semis fait au printemps, dans un sol léger, et à l'ombre en recouvrant les graines d’à peu près deux centimètres de terre. Quelques arrosements suffisent. Au bout de six semaines, rarement plus, le plant paraît; s'il a fait quelques progrès du- rant l'été, on peut le repiquer l’année suivante. Dans le départe- ment des Basses-Alpes, où il est cultivé depuis assez longtemps, on connaît le Plaqueminier de Virginie sous le nom de Néflier d’A- mérique. 3° Le Plaqueminier caque, originaire du Japon, ressemble beau- coup aux deux précédents par son port; ses Jeunes rameaux se re- vêtent d'un léger duvet; ses feuilles, pointues aux deux extrémités, sont plus grandes, ovales, luisantes en dessus, cotonneuses en des- sous; ses fleurs, réunies par deux sur des pédoncules solitaires, sont retombantes et velues; les fruits, que l’on connaît dans le com- merce sous le nom de Fques caques, sont gros comme des Prunes. d’un beau rouge cerise et d’une saveur agréable. On cultive ce Pla- queminier en pleine terre dans quelques jardins de nos départe- ments méridionaux. Dans nos départements du Nord et sous le cli- mat de Paris, on ne le cultive qu’en caisse, à cause de la nécessité où l’on est de le mettre en orangerie pendant l’hiver. 33 514 LE JARDIN FRUITIER. Prunicr domestique ou eultivé. — Prunier entier OU Pru- neautier. — Prunier de Briançon (PI. XXXVI, fig. 4 à 5). Prunus domestica Lin. — Prunus insititia Lin. — Prunus Brigantiaca Wild. (Rosacées-Amygdalées.) Le Prunier domestique ou Prunier cultivé est un petit arbre ou un grand arbrisseau, dont la tige, haute de 3 à 7 mètres, couverte d'une écorce d’un brun cendré, se divise en rameaux nombreux, étalés, glabres, portant des feuilles alternes, pétiolées, ovales ou oblongues, aiguës, crénelées ou dentées, un peu rugueuses, légère- ment pubescentes en-dessous, accompagnées de stipules linéaires, pubescentes. Les fleurs sont blanches, solitaires sur des pédicelles pubescents. Elles donnent naissance à des fruits qui sont des dru- pes, de forme, de grosseur et de couleur diverses selon les variétés, penchées, lisses, glabres, marquées d’un sillon longitudinal, cou- vertes d’une efflorescence glauque et fugace appelée /ewr, et ren- fermant, sous un noyau oblong, ovale, comprimé, rugueux, une amande ovoïde, comprimée, pointue au sommet, à cotylédons charnus et assez volumineux. Le Prunier enté ou Pruneautier (Prunus insititia), que l’on croit originaire de l'Orient, se distingue du précédent, dont il est d’ail- leurs si voisin, par sa taille inférieure, qui n’est que de 2 à 3 mè- tres, par ses jeunes rameaux pubescents veloutés, et ses fruits plus arrondis. Le Prunier de Briançon (Prunus Brigantiaca) est un petit arbre, dont la tige, haute de 2 à 5 mètres, se divise en rameaux étalés, lisses, portant des feuilles ovales, acuminées, dentées, glabres, luisantes, à nervure médiane ciliée. Les fleurs sont petites et portées sur des pédoncules glabres, assez longs, groupés au nombre de deux à cinq. Le fruit, du volume d’une petite noix, est globuleux, un peu aigu, jaunâtre,glabre, à pulpe verdâtre et acerbe ; il ren- ferme un noyau lisse. C’est à ce genre qu'appartiennent le Prunel- lier ou Prunier épineux (Prunus spinosa Lin.), et la Coccumiglia (Prunus cocomilla Ten.). Les variétés de Pruniers les plus estimées passent pour être ori- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU. 515 ginaires de l'Orient, et particulièrement de Syrie, quoique cela ne soit appuyé que de preuves insuffisantes. Le Prunier de Briançon croît naturellement dans les Hautes-Alpes. Les fruits de la plupart des Pruniers (Prunes) comptent parmi les plus beaux, les plus savoureux, les plus exquis dont une cul- ture intelligente ait doté nos tables. Aussi la consommation qui s’en fait annuellement est-elle considérable. La chair aqueuse et sucrée des Prunes est peu nutritive, mais elle est d'une facile di- gestion; néanmoins, prise indiscrètement par des personnes à es- tomac faible, elle est susceptible de donner des diarrhées opinià- tres. Outre l’excellence du fruit mangé frais et en nature, la Prune se recommande par les préparations nombreuses qu’on en peut faire; on en fait des confitures de diverses sortes, des accompagne- ments délicieux pour la pâtisserie, des conserves à l’eau-de-vie fort recherchées, des liqueurs alcooliques telles que le Raki et le Zowvet- schenwasser. Par une dessiccation, opérée alternativement au four et au soleil, ou dans des fours et des appareils spéciaux qui donnent un résultat plus prompt et plus sûr, on prépare les Prunes en Pru- neaux, qui sont pour la Touraine et l’Agénois un commerce impor- tant; c'est particulièrement dans les cantons de Clairac et de Sainte-Livrade que se font les Pruneaux dits d'Agen. Dans ces loca- lités, la culture du Prunier prime toutes les autres, et elle porte spécialement sur les deux variétés connues dans le pays sous les noms de Prune robe de sergent où Prune d'ente, et Prune de roi. Les Prunéaux se mangent en nature, ou cuits, et forment un aliment de facile digestion pour les estomacs délicats ou malades. Ceux qu'on prépare avec la Prune de Petit-Damas noir ont une légère aci- dité et agissent comme laxatifs ; aussi sont-ils d'un usage médicinal. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Prunier s'accommode assez bien de tous les terrains. Il faut pourtant en excepter ceux qui sont arides et brûlants, ou constamment humides, ou glaiseux. Dans tous les cas, il réussit mieux dans une terre légère que dans au- cune autre. Multiplication. On multiplie les Pruniers : 1° de rejetons que l’on arrache après la chute des feuilles, pour les greffer dans le cou- 516 LE JARDIN FRUITIER, rant de l’été suivant; 2° de noyaux que l’on sème après leur matu- rité parfaite pour obtenir quelque nouvelle variété, ou mieux en- core pour se procurer des sujets propres à servir aux espèces et variétés que l’on veut conserver; 3° par la greffe qui se fait en fente, au mois de février, sur les gros sujets, et en écusson à œil dor- mant ou à œil poussant, depuis la mi-juillet jusqu'au milieu d'août, sur les jeunes. Cette dernière sorte de greffe est la plus usitée et la plus sûre. | Culture, taille, plein vent, pyramide, espalier. Le plein-vent est la forme qui convient le mieux au Prunier; tous les soins se bor- nent à le délivrer, chaque année, de son bois mort et de ses bran- ches inutiles. Il faut, pendant les trois premières années qui sui- vent la plantation, rabattre les nouvelles branches de l'arbre, pour l'obliger à former de jeunes bois sans qu'il étende trop loin ses ra- meaux. On arrache, soit lors de leur apparition, soit à l'automne, les drageons qui se forment au pied et épuisent la séve sans profit. Les Pruniers venus de semis drageonnent moins. La forme pyramidale convient aussi fort bien au Prunier qui se soumet sans résistance à la direction qu'on lui donne, et produit des fruits plus gros. Quoiqu’on ne cultive guère en espalier un arbre dont les fruits sont plus savoureux quand ils proviennent du plein-vent, on peut néanmois soumettre le Prunier à cette culture, qui accélère la ma- turité des produits. On se contente alors des expositions d'est, d'ouest et du nord, celle du midi étant trop brûlante. On ébour- seonne chaque année, mais avec modération; le travail a lieu au déclin de la première séve, et durant tout le temps que la marche de cette liqueur est ralentie, ce qui a lieu ordinairement en juillet et août. L'ébourgeonnement se borne à la suppression des bour- geons surnuméraires et des branches gourmandes; de cette sup- pression, bien entendue, l'arbre tire sa forme avantageuse, sa vi- gueur, sa fécondité et sa durée. CHOIX DE VARIÉTÉS CULTIVÉES, On connait environ 300 variétés de Prunes; mais les pépinié- ARBRES ET ARBUSTES A FRUITS A NOYAU, 517 ristes n’en cultivent guère qu’une centaine; nous indiquerons seu- lement les variétés les plus recommandables : Juillet. Prune de Lamotte (de moyenne grosseur, allongée, violet foncé). — de Montfort (assez grosse, ovale, violet foncé). — de Saint-Pierre (moyenne grosseur, presque ronde, jaunâtre). — de Monsieur (grosse, presque ronde, violette). — de Monsieur hâtive (PI. XXXVI, fig. 5 ; grosse presque ronde, violet foncé). — Pêche (très-grosse, ovale, rouge brun). — royale hâtive (grosseur moyenne, ronde, violet clair). — royale de Tours (PI. XXXVI, fig. 2; grosse, ovoïde ou presque ronde, violet clair). Août. Prune belle de Louvain (grosse, ovale, pourpre violet). — grosse de Cooper (grosse, ovale, rouge pourpre). — Damas musquée, Prune de Chypre, Prune de Malte (petite, arrondie, violet foncé). — Damas noir tardive (petite, ronde, noire). — gros Damas blanc (moyenne grosseur, un peu allongée, d’un vert jaunâtre). — Damas d'Italie (moyenne grosseur, presque ronde, violet clair). — Damas de Tours (moyenne grosseur, arrondie, violet foncé). — Damas Mongeron (grosse, presque ronde, violet clair et ponctuée). — Damas violet (PI. XXXVI, fig. 4; moyenne grosseur, allongée, d’un violet rouge). — d'Agen, Prune robe de Sergent, Prune datte, Prune à Ente, Datte violette (grosse, ovoide, rouge violacé ; très-estimée pour faire les Pruneaux. L'arbre se propage de drageons, et se reproduit de graines). — de Jérusalem (grosse, allongée, rouge foncé ; pour Pruneaux). — des Béjonnières (grosse, ovale, jaune teinté de lilas). — diaprée violette (moyenne grosseur, ovale-allongée, violette). — diaprée noire (petite, allongée, noire). — drap d'or d’'Espéren (grosse, ovale, arrondie, jaune d’or, pointillée). — Impériale gage (très-grosse, ovale, jaune verdâtre, pointillée de gris). — Impériale violette, Prune d'œuf (grosse, ovale, violet clair). — Mirabelle, petite Mirabelle (PI. XXXVI, fig. 3; petite, un peu allongée, jaune, poin- tillée de rouge). — grosse Mirabelle, Mirabelle double, Prune drap d’or (moyenne grosseur, presque ronde, jaune clair, pointillée de rouge). — de Monsieur jaune (assez grosse, ovale-arrondie, jaune, teintée et pointillée de pourpre). — Reine Victoria, Queen Victoria, Aldenton (grosse, ovale-arrondie, rouge violet, ponc- tuée de gris roux). — Quetsche, Couëtche hâtive (moyenne grosseur, ovale, violet cendré), — Reine blanche (petite, ronde, jaune clair verdâtre). — Reine Claude, Reine Claude Dauphine, grosse Reine Claude, Reine Claude dorée, Abricot vert, Verte bonne (PI. XXXVL, fig. 1; grosse, arrondie, verte, maculée de gris). — Reine Claude d’Oullin (grosse, arrondie, vert jaunâtre, teintée de rose). — Royale (grosse, presque ronde, violet clair). — Washington, Washington jaune (très-grosse, ovale-arrondie, jaunâtre, teintée de rose). Septembre. — belle de septembre (grosse, ovale allongée, rouge brun). D18 LE JARDIN FRUITIER, Prune Boulouf (très-grosse, rouge foncé, teintée de violet, maculée de brun roux). Columbia (très-grosse, pourpre brunâtre). Comte Gustave d'Egger (moyenne grosseur, ovale, jaune d’or, marquée de lignes et stries rouges). Dame Aubert, Dame Aubert jaune, Grosse luisante, Impériale blanche (très-grosse, ovale, jaune, et vert jaunâtre). d'automne de Schamal (grosse, ovale, rouge terne). de Brignole (assez grosse, ovale-arrondie, jaune d’or, pointillée de rouge). diaprée rouge, Prune Roche-Corbon, Impératrice diadème (moyenne grosseur, un peu en Poire, rouge cerise, pointillée de brun). Impériale de Milan (moyenne grosseur, ovale-arrondie, violet foncé, pointillée de gris). Impériale de Sharp (grosse, ovale, jaune d’ambre, teintée de rouge terne, et de rouge brun). jaune tardive (de moyenne grosseur, ovoïde, jaune d’ambre, pointillée de blanc). Jefferson (assez grosse, ovale-arrondie, jaune d’or, pointillée de rouge violacé, et mar- brée de pourpre). de Kirchou, Kirche’s (grosse, arrondie, violet foncé, pointillée de roux). Mirabelle tardive (petite, ronde, jaune mat, pointillée de rose). Perdrigon blanc (petite, ovale-arrondie, vert blanchâtre, pointillée de rouge). Perdrigon rouge (petite, ovale-arrondie, rouge violacé pointillé de couleur fauve). Perdrigon violet (moyenne grosseur, un peu allongée, violette). Pond’s Seedling (très-grosse, ovale, rouge violacé, pointillé de noir). Quetsche, Couëtche, Quetsche d'Allemagne, Quetsche de Metz (moyenne grosseur, ovoïde, rouge violacé). grosse Quetsche nouvelle de Dorrel (grosse, ovale, violet rougeûtre). Reine Claude de Bavay (grosse, ovale-arrondie, vert jaunâtre, pointillée de violet). Reine Claude diaphane, Prune diaphane (grosse, ronde, jaune ambré, nuancée de rose). Reine Claude violette (assez grosse, arrondie, violette, pointillée de roux). royale de Vilvorde (très-grosse, oblongue, verte et rouge foncé). . Sainte-Catherine (moyenne grosseur, ovoïde-allongée, jaune pâle, ou fauve pointillé _ de rouge). Étendard d'Angleterre ou Standard of England (assez grosse, ovale allongée, rouge violacé). surpasse Monsieur (très-grosse, arrondie, violet très-foncé). Tardive musquée (assez grosse, oblongue, violet très-foncé cendré). Octobre. Prune gage d'Automne, en anglais Autumn gage (assez grosse, ovale-arrondie, jaune clair, pointillée de gris). Coé, Prune Goutte d’or, en anglais Golden drop (grosse, oblongue, jaune d’or, poin- tillée de pourpre). Coé à fruit violet (grosse, oblongue, lilas violacé). Decaisne (grosse, oblongue, d’un vert opaque, teintée de rose, et pointillée de gris). Quetsche d'Italie (grosse, oblongue, violet très-foncé). de Saint-Martin (assez grosse, oblongue, violette ; la plus tardive). CHAPITRE IL ARBRES A FRUITS DITS VULGAIREMENT A PEPINS :. Alisier à fleurs blanches, Alouchier. Sorbus aria Crantz ; Cratægus aria Lin. Pyrus aria Ehrh. (Rosacées-Pomacées.) On a donné le nom d’Alouchier, dans les parties de la France où il abonde le plus, à l’Alisier à fleurs blanches, parce qu’on emploie son bois, très-dur, à faire des aluchons de moulin et des vis de pressoir. C’est un arbre indigène de nos contrées où il croît dans les montagnes boisées, parmi les rochers, et d’une hauteur d’en- viron 7 à 8 mètres. Son écorce est grisätre ; ses feuilles sont ovales, dentées, cotonneuses, blanches ‘en dessous. Les fleurs sont blan- ches et à cinq pétales comme celles des Poiriers, disposées en co- rymbes ou fausses-ombelles au sommet des rameaux. Les fruits qui leur succèdent sont charnus, d’un brun rouge à leur parfaite ma- turité. On les mange crus après les avoir fait blettir comme les Nè- fles, pour qu'ils perdent leur àpreté. Les enfants les recherchent à cause de leur acidité. On en fait des conserves, et quelquefois une boisson légère. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Les terres légères et quelque peu humides sont celles qui conviennent le mieux aux Alouchiers, qui ne s’accommodent guère des terres fortes. ! Nous écrivons dits vulgairement à pepins, parce que, scientifiquement, plu- sieurs des fruits dont nous parlerons dans ce chapitre sont les uns considérés en botanique comme pourvus de noyaux, ainsi les Nèfles, etc. ; les autres considérés comme fruits en baie, ainsi les Grenades, les Oranges, ete. Nous avons cru devoir dans ce volume, essentiellement de pratique horticole, suivre les divisions d’usage ; mais on trouvera quelques considérations de classification scientifique pour les fruits dans le deuxième volume du TRAITÉ DE BOTANIQUE GÉNÉRALE qui fait partie du RÈGNE VÉGÉTAL. 520 LE JARDIN FRUITIER. Multiplication. On reproduit par semis à l’automne , aussitôt après la maturité des fruits. Il faut laisser ces fruits entiers, et ar- roser assez copieusement, ce qui n'empêche pas que la plus grande partie de la graine ne lève que la seconde année. Il vaut mieux mettre les graines stratifier, soit dans des fosses à l'air libre, soit dans des caisses à la cave, et ne les semer que la seconde année. La graine ne doit être enterrée que de 1 à 2 centimètres. On multiplie aussi les Alouchiers de marcottes et de rejetons ; on y gagne au moins deux années, mais les arbres sont moins beaux que ceux venus de semence. Les marcottes se font à l’au- tomne ou au commencement du printemps. On les lève, ainsi que les rejetons, au bout d’une année, et on les met en place. Mais le moyen le plus rapide est la greffe à œil dormant sur Poi- rier, Cognassier, Néflier ou Aubépine; trois ans après on a des ar- bres bons à mettre en place, mais qui ne durent pas longtemps. Les Alouchiers greffés sur Aubépine forment une tête arrondie. Culture. On sarcle le jeune plant, on bine et l’on arrose quand le temps est sec. Il reste deux années en place, puis on le repique en pépinière à 20 ou 25 centimètres de distance. Deux années après on le relève pour l’espacer de 40 à 50 centimètres : on l'y laisse deux ou trois ans. Il ne faut ni le raccourcir, ni le tailler, ni en tourmenter les racines. Récolte et conservation. On récolte avant les gelées, on conserve, dans un grenier, sur la paille, pendant deux mois au plus. On connaît deux variétés d'Alouchier : Alouchier, Alisier blanc (Pyrus aria; fruits rouges, acerbes, vendus sur les marchés de Bour- gogne et de Franche-Comté sous le nom d’Alizes). — de Bourgogne, Alisier à longues feuilles, fruits en forme de poires de la grosseur du pouce, qui ne se mangent qu'après avoir été déposés sur la paille, comme les Nèfles. Ils blettissent et sont alors comestibles). Arhousier, Arhoise, Arbre à fraise. Arbutus unedo Lin. (Éricinées.) Les Arbousiers sont des arbrisseaux, des arbustes et même des arbres dont on connaît une vingtaine d'espèces, les unes propres aux climats méridionaux de la France, les autres indigènes de ARBRES A FRUITS A PEPINS. 521 l'Asie Mineure, des îles de la Grèce, de la Grèce elle-même ; d’au- tres encore croissant spontanément sur les montagnes les plus bau- tes de l Europe et dans les contrées les plus septentrionales. L'espèce la plus commune, du moins en France, est l’Arbousier commun ou des Pyrénées (Arbutus unedo Lin., de unum edo, qui. signifie j'en mange assez d’un), appelé aussi Arboise, Arbre à Fraise, Fraisier en arbre. Le plus souvent il forme un arbuste de 2 à 4 mètres; quelquefois c’est un arbre de 7 à 10 mètres. Il croît spontanément dans les forêts du midi de la France, de l'Italie, de l'Espagne, et particulièrement sur les dunes de sable qui s'étendent de l'embouchure de la Gironde aux pieds des Basses-Pyrénées, au- tour du bassin de la Méditerranée, etc. Son trone est gercé ; ses feuilles sont persistantes, alternes, ovales-oblongues, dentées, d’un vert brillant, sur lequel tranche agréablement le pétiole qui est rouge ; les fleurs sont blanches ou rosées, en forme de petits gre- lots et disposées en grappes courtes et renversées; le fruit est une baie globuleuse, tuberculeuse, à cinq loges polyspermes, ressem- blant à une Fraise, jaune d’abord, puis d’une belle couleur rouge ou rosée à parfaite maturité, d’une saveur aigrelette qui le fait fort rechercher par les enfants et par les oiseaux. En 1807, l'Espagnol Juan Armesto retira de la pulpe jaune et mucilagineuse des fruits de l’Arbousier commun, un alcool de 16 à 20 degrés, et un sucre liquide prêt à se cristalliser. Pour obtenir ces résultats, il paraît essentiel de n'opérer que sur des fruits d’une entière maturité; on recueille d’abord ceux qui sont tombés par l'effet du vent ou par suite de légères secousses de la main; puis on prend ceux qui cèdent sans efforts au simple contact du doigt ; après les avoir pressés dans des sacs sous l’action de la meule, on les traite comme le moût de Raisin dont on veut obtenir du sucre. L'eau-de-vie d’Arbouse, comme celle du Raisin, est le produit de la fermentation spiritueuse et de la distillation du fruit. On fait aussi, avec adjonction de sucre, des confitures d'Arbouses. Les pauvres mangent crue et au naturel l’Arbouse qui, par elle-même, est fade et indigeste. Assaisonnée d’eau-de-vie et de sucre, elle a un goût agréable et elle est très-recherchée des Arabes. Comme le 522 LE JARDIN FRUITIER. Citronnier, l’Arbousier porte à la fois des fleurs et des fruits. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Tous les sols conviennent à l'Arbousier ; mais il vient mieux dans des terres pierreuses et légè- res qui s’'échauffent facilement. II supporte volontiers Le climat de Paris, mais ses fruits y mürissent rarement. En tirant seulement un peu vers le sud-ouest, à Angers, par exemple, il donne des fruits abondants et susceptibles d’être mangés. Multiplication. L'Arbousier se multiplie de graines que l’on sème au printemps en pépinière. On repique le plant dans sa deu- xième année. Dans le midi, les drageons qu’il produit en abon- dance servent à sa propagation. Les Provençaux ont encore l'habi- tude de multiplier l’Arbousier commun en éclatant les branches de dessus une vieille souche. Culture et récolte. Duhamel du Monceau conseillait de couvrir le pied des Arbousiers avec de la litière, parce que s’il arrivait que les branches gelassent, la souche en repousserait de nouvelles. Mais en général les soins se bornent à débarrasser la plante de son bois mort. La récolte des fruits a ordinairement lieu à la fin de dé- cembre. Observations. — L'Andrachné ou Arbousier à panicules (Arbutus andrachne Lin.), arbrisseau formant naturellement pyramide, est originaire de l'Asie Mineure, des îles de la Grèce, de la Grèce elle- même, pays où il porte des fruits deux fois par an. Il subsiste très- bien en pleine terre dans le midi de la France; mais plus haut il est sujet à périr. On tire également de cette espèce une eau-de-vie d’un goût agréable, sans odeur empyreumatique et qui est propre à faire une liqueur de table. La culture de lAndrachné est difficile ailleurs que dans son climat natal. L'’Arbousier des Alpes (Arbutus alpina) est, avec la Ronce arc- tique, le dernier arbuste à fruits comestibles que l’on rencontre sur les plus hautes montagnes de l'Europe. Sa tige rampante est garnie de feuilles oblongues, dentées, ridées, ciliées ; ses baies noirâtres, d'un goût agréable, sont très-précieuses pour les Lapons, les Sa- moïèdes, les Kouriles, et autres habitants du cercle polaire. L'Arbousier raisin d’Ours (Arbutus uva ursi) habite aussi les mon- ARBRES A FRUITS A PEPINS. 523 tagnes les plus hautes, mais diffère de l’Arbousier des Alpes par ses feuilles assez semblables à celles du Buis, ce qui l’a fait appeler quelquefois Busserolle, et par ses baies d’un beau rouge, en grappes, d'un goût désagréable, ce qui n'empêche pas les Ours d’en faire leurs délices (voir d’autres détails dans la Æore médicale du XIX° siè- cle,t. 1,p. 91498), Azerolier, Épine azarolière (PI. XXIX, fig. 5). Cratægus azarolus Lin. (Rosacées-Pomacées.) L'Azerolier est un arbre d'environ 10 à 12 mètres de hauteur, qui croît spontanément dans les forêts du midi de la France. Son tronc est fendillé. Ses feuilles sont petites, cunéiformes, à trois lobes obtus, grossièrement dentées, duveteuses en dessous. Les fleurs ressemblent à celles de l’Aubépine, et, comme elles, sont dispo- sées en petits bouquets corymbiformes. Les fruits sont gros, globu- leux, de couleur rouge ou Jaunâtre ; ils ont une saveur qui paraît agréable aux habitants de nos départements méridionaux; ils sont acidules, légèrement sucrés, rafraîchissants ; pour les manger crus, on les laisse blettir ; on en fait des confitures et des con- serves. PLEINE TERRE. — Choëx du terrain. Un sol sec, exposé à toutes les influences du soleil, est nécessaire pour amener les fruits à leur perfection. Multiplication. On multiplie par semis aussitôt après la matu- rité des fruits, absolument comme pour l'Alouchier. On greffe sou- vent l’Azerolier sur l’Aubépine commune. Culture. On ne sarcle le semis que la seconde année, époque où l'on peut lever le plant pour le mettre en place. On fait la plan- tation pendant les journées tempérées de l'hiver; il faut avoir grand soin de ne pas casser les racines, si l’on ne veut pas s’ex- poser à perdre beaucoup de plants. L’Azerolier n’a pas besoin de la main de l’homme pour végéter vigoureusement. Récolte et conservation. On récolte tout à fait à l'arrière-saison. La manière de conserver est celle qu’on emploie pour des Nèfles. 524 LE JARDIN FRUITIER. VARIÉTÉS. Nous citerons pour mémoire les espèces suivantes : Épine pinchaw (Cratægus tomentosa ; originaire de l'Amérique septentrionale; arbuste de 1 mètre à 1 mètre 50 cent.; à fruits plus gros que ceux de l’Épine azarolière ordi- naire et d’un goût agréable). — _azerole d'Orient (Cratægus aronia ; dont le fruit est fort estimé en Orient). — à feuilles de Tanaisie (Cratæqus tanacetifolia ; à fruits très-gros). — à feuille écarlate (Cratægus coccinea; dont les fruits comestibles sont connus sous le nom d’Azeroles d'Amérique), Bibassier, Néflier du Japon, Ériobotrye du Japon. Eriobotrya japonica Lindl.; Mespilus japonica Thunb. (Rosacées-Pomacées.) On connaît quatre espèces d’Ériobotryes ou de Bibassiers, crois- sant dans la Chine, le Japon et le Népaul. Ce sont des arbrisseaux de 2 à 3 mètres, à rameaux tomenteux; à feuilles grandes, lancéo- lées, cotonneuses, persistantes ; à fleurs petites, d’un blanc verdâtre ou jaunâtre, disposées en panicule terminale, s’épanouissant en octo- bre et novembre, quelquefois en mai, exhalant une forte odeur d’a- mande amère; à fruits d’un beau jaune, ombiliqués, ressemblant à des Prunes de Mirabelle, et ayant une saveur qui se rapproche de celle de l’Abricot. Le Bibassier du Japon fructifie en pleine terre dans le midi de la France. Ce qui empêche sa fruclification sous le climat parisien, c'est qu'il y fleurit en octobre ou en novembre, et que, par suite, ses fruits n'ont pas le temps de mürir ; on a beau rentrer la plante dans l’orangerie, les fruits, qui n’ont pas eu le loisir de se déve- lopper, restent petits et acides. Néanmoins le Bibassier peut, même sous le climat de Paris, passer l'hiver en pleine terre, pourvu qu’on le mette à bonne exposition, et qu'on lui donne une couverture de litière bien sèche. Il commence à souffrir [sous l'influence d’une gelée de 10 à 12 degrés Réaumur. Multiplication, culture. Le Bibassier résiste d'autant mieux à la gelée qu'il est greffé sur Aubépine; on peut néanmoins aussi le cultiver franc de pied. Il demande une terre franche et légère, et une exposition chaude. On l’obtient aussi de semis en pots, qu'on rentre l'hiver en orangerie ; on repique en pépinière; on attend que le ARBRES A FRUITS A PEPINS. 525 jeune plant soit assez vigoureux pour le mettre en place; on couvre le pied de litière bien sèche dans les hivers rigoureux. Bigaradier. Voyez à l'article Oranger. Cédratier. Voyez Oranger. Citronnier. Voyez Oranger. Cognassier commun (PI. XXXVII, fig. 4 et 5). Cydonia vulgaris Rich.; Pyrus cydonia Lin. (Rosacées-Pomacées.) Le Cognassier commun est originaire de l'Asie Mineure, ce qui n'implique pas qu'il ne le soit pas également, comme on l’a écrit dans la Flore médicale, de l’île de Crète, aujourd’hui Candie. Il est de- puis longtemps d’ailleurs naturalisé dans presque toutes les parties de l’Europe; il croît à l’état à peu près spontané dans le midi de la France. Son tronc est tortueux; ses Jeunes pousses sont couvertes d'un duvet grisâtre. Les feuilles sont alternes, ovales ou en cœur, cotonneuses en dessous. Les fleurs sont assez grandes, blanches, so- litaires et presque sessiles. Le fruit est pyriforme raccourci, ou presque globuleux, couvert d'un duvet floconneux. Quoique ce soit plus particulièrement dans les départements du midi et du centre que l’on cultive, en France, le Cognassier pour ses fruits, il n’en est pas moins vrai que sous le climat même de Paris, on récolte beaucoup de Coings. Dans plusieurs endroits on le cultive spéciale- ment pour obtenir des sujets propres à greffer des Poiriers. On le voit jusque dans nos haies. On fait avec les fruits du Cognassier des marmelades, des conserves, des confitures aussi exquises qu'elles sont salutaires dans certains cas, des sirops, des liqueurs (voir au surplus la Flore médicale, t. T, p. 366 et 367). PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Cognassier est un arbre robuste qui vient partout, mais qui préfère toutefois les terrains lé- gers et frais. Multiplication. On multiplie de graines semées dès que le fruit 526 LE JARDIN FRUITIER. est mûr, en terre meuble, afin d’avoir des sujets au printemps. On multiplie aussi par marcottes ou de drageons qu'on obtient en but- tant les vieux pieds. Quant au Cognassier de Portugal, dont il sera parlé ci-après, aux variétés, il se multiplie de greffe appliquée sur le Cognassier commun. On a proposé pour la multiplication de cet arbre, qui sert à gref- fer les Poiriers, de ne pas perdre les petites branches qui sont sup- primées du jeune sujet lorsqu'on le prépare à recevoir la greffe. On les ramasse en juillet et août; on les coupe à 30 centimètres, et on les met à demi couchées dans une jauge, à 8 centimètres de distance. On les recouvre de terre meuble, et on les arrose de temps à autre. À la fin de la saison, ou au printemps, on plante ces boutures, qui sont enracinées et garnies de branches ayant sou- vent acquis la longueur de 20 à 30 centimètres. Ce mode de mul- tiplication est applicable à tous nos arbres à fruits. Taille. On se borne à débarrasser le Cognassier de son bois mort. Récolte et conservation. La récolte des Coïngs a généralement lieu en octobre. On conserve dans le fruitier avec les autres fruits. VARIÉTÉS. Cognassier commun, Cognassier à fruit maliforme, ou à fruits en forme de Pomme, en an- glais Aple quince, Cognassier à fruit en Orange, en anglais Orange quince (le fruit est rond, de la forme d’une pomme, d’un beau jaune d’or; il demande à être cueilli à parfaite maturité; sans quoi il cuit difficilement). un pyriforme, en anglais Pear quince (le fruit est en forme de Poire, jaune foncé, à chair ferme et sèche, mais de haut goût; il reste plus dur et ne se colore pas à la cuisson comme les précédents; il est mür à la fin d'octobre). PI. XXX VIH, fig. #. — de Portugal, en anglais Portugal quince(à fruit allongé comme la Poire, PI. XXXVII, fig. 5, un peu plus précoce que le précédent, moins âpre, cuisant fort bien et pre- nant une couleur cramoisie, plus pâle que celle du Coïing en forme de Pomme). — de Fontenay, Cognassier vertical, en anglais New-Upright quince (variété qui se distingue des autres, en ce que l'arbre pousse verticalement; son fruit n’a pas de qualité qui puisse le faire préférer à celui des autres Cognassiers). Cormier, Sorbier domestique, Sorbus domestiea Lin.; Pyrus sorbus Gærtn.; Cormus domestica Spach. (Rosacées- Pomacées.) Le Cormier ou Sorbier domestique croît spontanément dans les forêts des montagnes de l’Europe méridionale et dans l'Afrique ARBRES A FRUITS A PEPINS. byf | septentrionale. Il est haut de 12 à 16 mètres. Ses feuilles sont composées de 13 à 19 folioles ovales, cotonneuses blanches en- dessous. Les fleurs sont petites, blanches comme celles du Poirier, disposées en corymbes ou petits bouquets touffus paniculés. Le fruit est pulpeux, de 2 centimètres environ de diamètre, d'un rouge vif, tantôt presque globuleux, tantôt affectant la forme d’une petite Poire. On fait avec les fruits du Cormier une boisson supérieure au cidre de Pomme et au cidre de Poire, mais beaucoup plus capiteuse. A leur complète maturité, ils perdent leur saveur acerbe, et devien- nent comestibles; toutefois il faut les faire blettir sur la paille à la manière des Nèfles. PLEINE TERRE. — ‘Choix du terrain. Toute terre convient au Cormier. Néanmoins il vient mieux et croît plus rapidement dans une terre substantielle et profonde; car un des grands inconvé- nients de cet arbre, plus à priser encore pour son bois que pour son fruit, c'est la lenteur de sa croissance. Multiplication. On multiplie de graines semées aussitôt après leur maturité, ou, au printemps, avec des graines conservées, en stratification, pendant l'hiver, dans une planche bien préparée à l'exposition du Levant. Lorsque le plant a deux ans et 8 à 9 cen- timètres, on le repique; il en périt beaucoup dans cette première opération. Lorsqu'il a quatre ans et environ 35 centimètres de haut, on le repique encore, en mettant les pieds à 40 centimètres les uns des autres. On le taille et on le façonne; puis, à huit ans et quand il à 3 mètres de haut, on le relève une troisième fois pour le mettre définitivement en place. Dans ces deux dernières opéra- tions, il périt encore beaucoup de pieds. Il faudrait pouvoir élever les Cormiers en place; mais ils eroissent si lentement et ils sont su- jets à tant d’inconvénients, qu'on en perdrait presque autant par le repiquage. Le mieux est peut-être de le semer dans une haie et de l'abandonner à lui-même. On le multiplie aussi par greffe sur Aubépine et sur Poirier. Il croît alors plus vite, mais les arbres qui en proviennent sont moins beaux et de moindre durée. Toutefois, sous le rapport des fruits à obtenir, il y a tout avantage à adopter la greffe. LES 528 LE JARDIN FRUITIER. Culture. Lorsque le Cormier a franchi les premières années de sa vie, et qu’il a survécu aux diverses transplantations, on n'a plus à s’en occuper; il résiste à toutes les influences locales. Récolte. On récolte les Cormes ou fruits du Cormier en octobre. VARIÉTÉS. Cormier à Cormes-Pommes, ou Sorbier à Sorbes-Pommes (à fruits arrondis; ces fruits son ceux que l’on doit préférer pour faire de la boisson). — à Cormes-Poires, ou Sorbier à Sorbes-Poires (à fruits allongés; ce sont les meilleurs pour manger, surtout quand ils sont venus à une exposition chaude). Grenadier (PI. LI, fig. 4). Punica granatum Lin. (Granatées). Le Grenadier commun est un arbre de moyenne grandeur. Sa tige, haute de 5 à 7 mètres, irrégulière et tordue, se divise, pres- que dès la base, en nombreux rameaux opposés, tétragones, épi- neux, portant des feuilles opposées, courtement pétiolées, lancéo- lées, entières, glabres et luisantes. Les fleurs, d’un beau rouge, sont presque solitaires et sessiles au sommet des rameaux; elles présentent un calice en entonnoir, épais et charnu, coloré, à tube adhérent avec l'ovaire, à limbe partagé en cinq divisions trian- gulaires, obtuses; une corolle à cinq pétales sessiles, arrondis, entiers, un peu chiffonnés, insérés au sommet du tube calicinal, ainsi que les étamines qui sont très-nombreuses, à filets rouges et subulés, à anthères réniformes ; l'ovaire est infère, adhérent avec la base du tube du calice, à plusieurs loges disposées sur deux éta- ges superposés, renfermant un grand nombre d’ovules attachés à des placentas gros et saillants qui occupent la base et le côté in- terne de chaque lobe; il est surmonté d’un style simple, renflé à la base, terminé par un stigmate glanduleux, discoïde et aplati. Le fruit est globuleux, de la grosseur du poing, couronné par les dents du calice; son péricarpe, dur, coriace, d'un jaune rougeûtre, est partagé intérieurement en un grand nombre de loges disposées sur deux étages, séparées par des cloisons membraneuses et ren- fermant des graines polyédriques, irrégulières, à tégument charnu et succulent. ” ARBRES A FRUITS A PEPINS. 529 Le Grenadier est indigène de la Mauritanie, d’où il fut importé . dans l’Europe australe et dans toutes les régions tropicales du globe. Il croît en pleine terre et porte des fruits mürissant parfaitement bien dans le midi de la France. On le cultive même en pleine terre à bonne exposition, et à l’aide de certains soins, dans quelques jardins sous le climat de Paris. On connaît deux espèces de Grenadiers : le Grenadier commun (Punica granatum Lin.) et le Grenadier nain (Punica nana Lin.). Ce dernier croît principalement aux Antilles et à la Guiane, où l’on en fait des haies et des clôtures; il n’a que 60 à 80 centimètres de hauteur, et produit un fruit plus acide que celui du Grenadier commun duquel seulement nous nous occupons ici. Le fruit du Grenadier demande à rester sur l'arbre jusqu’à matu- rité complète ; c’est l'enveloppe des graines, le tégument, que l’on mange ; elle est en général d'une saveur aigrelette, agréable et ra- fraîichissante. Le bois du Grenadier est fort dur:et susceptible d’être employé dans les arts. Nous renvoyons à la Flore médicale du XIXE siècle (t. L°, p. 117 à 120) pour ce qui est des mérites médici- naux du Grenadier. PLEINE TERRE. — Multiplication, culture. Le Grenadier se mul- tiplie par greffes, boutures, et surtout par drageons, Il lui faut une terre substantielle et une exposition chaude. On le cultive soit en espaliers, soit en arbre à tête. Sous cette dernière forme, on le voit figurer dans les plates-bandes des allées des jardins de nos départe- ments méridionaux. Nous en parlerons plus loin pour la culture en serre dans le Nord. Livré à lui-même dans le midi de l’Europe, il forme de superbes buissons où la fleur brille à côté du fruit. Le Grenadier donnant beaucoup de sujets, il importe de pincer sou- vent les jeunes pousses, surtout durant l’été. Limetier. Voyez à l’article Oranger. Limonier. Voyez à l'article Oranger. Les 530 LE JARDIN FRUITIER. Néflier (PI. XXXVIL, fig. 3). Mespilus germanica Lin. (Rosacées-Pomacées.) Le Néflier est un petit arbre, indigène de l’Europe, au tronc et aux rameaux tortueux. Ses feuilles sont ovales-oblongues, velues en dessous. Les fleurs, assez grandes, sont blanches, presque sessiles, et naissent isolément au centre d’un bouquet de feuilles, qui ter- mine les rameaux. Le fruit est presque globuleux, déprimé, ombi- liqué au sommet, couronné par les folioles allongées et persistantes du calice, divisé intérieurement en 2 ou 5 loges, contenant chacune une semence, et se séparant à la maturité en autant de nucules (ou osselets) blanchâtres, dures, osseuses; la chair de ce fruit, d'abord dure et acerbe, devient molle et acidule à parfaite maturité, la- quelle n’a lieu le plus souvent que quand on a mis la Nèfle blettir sur un lit de paille. Les meilleures Nèfles que l’on mange en France appartiennent à nos départements méridionaux; celles de Naples et du midi de l'Italie sont peut-être encore préférables. Le bois du Néflier est dur, compacte, d’une teinte rougeàtre avec des veines assez bien marquées, d'un grain fin, susceptible d'un beau poli. On l’emploie pour armer les fléaux, parce qu’à la pesan- teur il joint l'avantage de ne pas casser. Avec les branches on fait de bons manches de fouet. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Néflier s’accommode as- sez bien de tous les terrains et de toutes Les expositions. Toutefois il préfère une terre grasse, humide, avoisinant les eaux. Il languit dans les terres sèches où le soleil darde en plein ses rayons. Dans les terres fortes, argileuses, il se charge de Lichens. Multiplication, culture. On multiplie les Néfliers de semences, de marcottes, de rejetons et de greffes. La voie des semences est la meilleure en ce qu'elle donne des tiges vigoureuses, mais elle est la plus lente : les graines sont deux années à lever. La voie la plus prompte est celle de la greffe, qui dépouille le Néflier d’une grande partie de ses épines et l’amène à donner des fruits plus gros et plus agréables. On greffe en fente ou en écusson, sur Aubépine, Azerolier, Poirier, Coignassier, Néflier des bois. On a conseillé la ARBRES A FRUITS A PEPINS. 531 grefle en fente sur Coignassier au printemps pour les terres humi- des, et sur l’Azerolier pour les terres sableuses. Les arbres greffés depuis trois ans sont les meilleurs pour la transplantation. Récolte et conservation. On récolte les Nèfles d'octobre à novem- bre. Elles ne sont pas mangeables au moment de la récolte. 11 faut les laisser blettir sur la paille. On peut les conserver dans le frui- tier jusqu'au mois de décembre. VARIÉTÉS, Néflier commun, Meslier à fruits petits (fruits allongés, précoces, appelés autrefois Saint- Lucas, parce que la Saint-Luc , 18 octobre, passait pour être le moment opportun de les cueillir). — à gros fruits. — à très-gros fruits (sous-variété du précédent). — sans nOYaux. Oranger (PI. LIT, fig. 4 à 5). Citrus. (Aurantiacées ou Hespéridées.) Nous donnons deux articles Oranger dans ce volume, l’un à la culture de pleine terre, l’autre à la culture des plantes de serre. Nous tâcherons de ne pas trop nous répéter. Le genre Oranger ne comprend pas seulement les arbres qui produisent les Oranges : il renferme un grand nombre d'espèces et de variétés que le langage vulgaire désigne sous le nom de Biga- radiers, Limetiers, Limoniers, Citronniers et Cédratiers. L'Oranger proprement dit (Citrus aurantium) est un arbre à feuil- les articulées sur un pétiole ailé. Le fruit est globuleux, jaune d’or, à écorce peu épaisse plus ou moins relevée de petits tubercules qui sont des vésicules remplies d'huile essentielle ; la pulpe est compo- sée de poils vésiculaires qui contiennent un jus doux et sucré. Le Bigaradier (Citrus vulgaris) diffère de .l'Oranger par ses fruits lisses, rarement raboteux, à écorce d’un rouge orange foncé, mince, très-odorante, et par le jus de la pulpe qui est un peu acide et légèrement amer. Le Limetier (Citrus limetta) a ses fruits globuleux, d’un jaune pâle verdâtre, couronné d'un mamelon arrondi chiffonné ; l'écorce est as- sez épaisse, d'un goût insipide, et le jus de la pulpe est doux et fade. Dans le Zimonier (Citrus limonum), le fruit est oblong, jaune 532 LE JARDIN FRUITIER, safran , terminé par un mamelon conique régulier, et l'écorce, mince, compacte, est adhérente à la pulpe qui est remplie d'un jus très-acide. Ce sont les fruits des différentes variétés de cette espèce qui sont vendus dans le commerce sous le nom impropre de C1- tron. C'est de Limon que viennent les mots l’monade, limonadier. Le Citronnier vrai, est le Cédratier (Citrus medica), dont les feuilles ont le pétiole non ailé. Les fruits sont très-gros, tout ma- melonnés , d’un rouge violet ‘dans le jeune âge et devenant d'un beau jaune à la maturité; l’écorce est très-épaisse, spongieuse, d'une odeur suave, adhérente à la pulpe qui a un goût acidulé. De tous les arbres fruitiers, il n’en est pas de plus beaux, de plus agréables, de plus utiles que toutes ces espèces du genre Oranger. Leur feuillage procure un ombrage perpétuel dans les pays où ils sont cultivés; ils parfument l'atmosphère de la plus suave odeur par leurs fleurs, desquelles on extrait de l'huile essentielle appliquée dans les arts et la médecine; enfin les Oranges viennent étancher la soif du voyageur, rafraichir le palais du malade; le ciladin se fait préparer une agréable boisson avec les fruits du Limonier, et le gourmet savoure la chair fine et délicate du Cédrat glacé au sucre. L'histoire de l'introduction de ces arbres si précieux, dans les cultures européennes, est assez obscure. On ne sait rien de bien positif sur la patrie de l'Oranger proprement dit; on croit assez gé- néralement qu'il est originaire du Japon. D’après Théophraste, la Perse et la Médie seraient le berceau du Cédratier. Quelques au- teurs donnent comme pays originaire du Bigaradier les Indes orien- tales, et ce serait aux Arabes que l'Europe méridionale en devrait l'introduction. Le Limonier serait passé de l'Égypte en Europe à l'époque des Croisades. Quelques auteurs des quinzième et seizième siècles, parlent déjà de cette culture sur les rives de la Méditerranée, et si l'on doit s’en rapporter au nom français vulgaire de certaines Oranges, 1l ne serait pas douteux que ces fruits ne nous fussent venus des côtes du Portugal. PLEINE TERRE. — Quelles que soient l’origine et l’époque d’in- troduction des Orangers, Limoniers, etce., il est incontestable ARBRES A FRUITS A PEPINS, 529 que ces arbres fruitiers sont acquis à la grande culture des pays tempérés de l'Europe et de l'Afrique méditerranéennes. L’expé- rience a démontré, en effet, que cette culture exige non seulement une certaine température, mais encore le voisinage de la mer. Ainsi l’Oranger en pleine terre ne prospère plus dans l’intérieur des terres au-delà de 80 kilomètres (environ 20 lieues de France) ; et sa production cesse, dans les régions maritimes, à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Au début de cette culture, et grâce au dauphin Humbert IT, der- nier dauphin du Viennois, qui en avait fait venir de Nice, en 1336, on voyait les Orangers s’avancer jusqu'aux portes de Lyon, à Vienne; il y a disparu depuis longtemps, car il ne produisait rien. Choix du terrain et de l'exposition. W faut absolument à ces arbres les régions maritimes, et une exposition abritée des vents du nord. Les terrains argileux et compactes conviennent plus particulière- ment aux Orangers et Bigaradiers; les terres friables sablonneuses sont préférées par les Limoniers. Dans le midi dela France, c’est dans les ravins creusés par la retraite de la mer, où la température ne descend que rarement à zéro, que le Cédratier à gros fruits prospère le mieux, et que ces fruits acquièrent le plus beau développement. Multiplication et plantation. La multiplication des Orangers se fait par semis, par boutures, par marcottes et par la greffe. Jusqu'au 44° degré de latitude septentrionale, les semis peuvent être faits en pleine terre, dans un terrain bien ameubli et bien uni; on recou- vre avec une bonne terre riche en humus; au bout de quinze jours la germination est opérée. L'année suivante on repique le plant en pépinière ; trois ou quatre ans après on replante encore en pépi- nière, ou l’on met tout de suite en place. Les graines de l'Oranger sauvage doivent être préférées; elles produisent des sujets plus ro- bustes, qui résistent mieux aux froids et donnent plus rapidement leurs fruits. Plus tard on peut les greffer avec d’autres variétés, qui se mettent plus vite en rapport, donnent une plus abondante récolte, et des fruits plus exquis que ceux qui sont greffés sur Bigaradier. Pour la multiplication par bouture, on choisit de préférence les bourgeons gourmands. D34 LE JARDIN FRUITIER. Le marcottage ne produit que des sujets malingres. On greffe en écusson à œil poussant et à œil dormant. Cette opé- ration peut se faire sur les sujets en pépinière, ou sur les sujets mis en place, ordinairement deux ans après: le repiquage ou la transplantation. Pour la greffe à œil poussant qui s'opère en avril, mai et juin, on fait, sur le sujet, une incision en J renversé ; pour celle à œil dormant l'incision est faite en T dressé, et c'est en août jusqu'en octobre qu'on la pratique. La plantation se fait en février et mars : pour la culture en espalier, on plante à 2 mètres de distance; pour celle en contre-espalier à 3 mètres; pour le plein vent, la distance est de 6 mètres. La première fructification a lieu généralement à l’âge de dix-huit ou vingt ans. Taille. L'Oranger demande à être taillé ; mais si une taille bien faite est favorable à l'arbre, la taille mal faite est des plus nuisibles. C'est en mars et avril qu’on pratique cette opération. Elle consiste à retrancher les pousses chétives, les branches et rameaux morts ou superflus et surtout ceux du centre; car il est très-important de dégarnir l’intérieur de l'arbre pour favoriser la circulation de l’air ; les pousses trop vigoureuses doivent être coupées vers leur moitié, La taille ne se pratique que tous les deux ou trois ans, et toujours par un temps clair. Culture. Deux labours sont nécessaires chaque année : le premier au printemps, l’autre à l'automne; dans les terrains légers ils doi- vent être moins profonds que dans les terres compactes. Vers le mois de mars on donne une bonne fumure avec des en- grais soit animal, soit végétal; mais ceux qui sont le plus en usage dans le midi de la France proviennent des ràpures de cornes ou des débris de laine. On pratique autour de l'arbre, à la distance de 30 à 40 centimètres du tronc, une fosse circulaire de 20 à 30 cen- timètres de profondeur dans laquelle on dépose les engrais, et on les recouvre de terre. ". Les arrosements doivent être donnés avec beaucoup de discerne- ment, car en général l'Oranger n'aime pas l'humidité; il faut en- tretenir seulement le sol en état constant de fraîcheur; dans les terrains légers, pendant la sécheresse, on arrose tous les six ou huit ARBRES A FRUITS A PEPINS. 535 jours; et dans les terres compactes tous les dix à quinze jours. Récolte. La récolte varie suivant les espèces : celle de l’Orange propremeut dite se fait en trois fois : d’abord en octobre, les fruits sont encore un peu verts et peuvent être envoyés à de grandes dis- tances; la seconde récolte a lieu en décembre, les fruits sont à moitié mürs et peuvent encore voyager; la troisième, pour les fruits en parfaite maturité, se fait au printemps. . Les Limons ou vulgairement Citrons, se récoltent toute l’année, car ces arbres sont constamment en fleurs et en fruits. On récolle les Cédrats en août jusqu’au mois de janvier. L'Oranger en plein rapport donne, par an, de 10 à 30 kilo- grammes de fleurs, et une innombrable quantité de fruits. Le Ci- tronnier est plus productif encore. CHOIX DES VARIÉTÉS. Orange franche, Orange douce (PI. LII, fig. 2) moyenne grosseur, jaune d’or à vésicules saillantes). — de Chine (moyenne grosseur, arrondie, ferme, peau lisse et luisante; cette variété est rustique, moins sujette à geler, et convient aux pays placés en dehors de là ré- gion habituelle des Orangers). — de Gènes (surface chagrinée, beau jaune rouge). — de Nice (sphérique, déprimée aux deux pôles, beau jaune foncé, à écorce épaisse, à pulpe jaune foncé). — de Malte, Orange rouge de Portugal, Orange Grenade (sphérique, à peau chagrinée, jaune passant au rouge, à pulpe rouge surtout à la circonférence, à petits pepins ; fruits juteux très-doux). — à pulpe rouge (diffère de la précédente par la peau plus fine, plus lisse, toujours jaune; très-cultivée en Algérie.) — Majorque (PI. Lil, fig. 5, peau mince, jaune d’or). — Mandarine (Citrus nobilis; petite, mais d’un goût exquis ; demande beaucoup de cha- leur). Toutes ces variétés, moins la Mandarine, sont confondues dans le commerce de Paris, qui appelle Orange de Malte toutes celles à pulpe rouge, et Orange de Portugal, toutes celles à pulpe jaune. Limon ordinaire (PI. LIL, fig. 1),\ — Bignette, | Citrons de Paris. — _ à gros fruits, Cédrat à gros fruit (PI. LIL, fig, 3). — de Salo. — de Florence. — à fruit à côtes. : Bigarade ordinaire (fruit d’un beau jaune, jus acide. PI. LI, fig. 4). — cornue (dont les fruits singuliers succèdent à des fleurs très - recherchées pour leur parfum, et dont on fait l’eau de Bigar ade), Lx 536 | LE JARDIN FRUITIER, Poirier (PI. XXXVIII à XLIV). Pyrus communis Lin, (Rosacées-Pomacées.) Le Poirier est originaire de toutes les parties tempérées de l’an- cien continent. Sa circonscription générique a été envisagée de manières extrêmement différentes par les botanistes. Tournefort avait admis comme genres. distincts les Pyrus, Malus et Cydonia. Linné n’en fit qu'un seul genre auquel il conserva le nom de Pyrus. Ant.-Laurent de Jussieu a, comme Tournefort, distingué les Poiï- riers d’avec les Pommiers et les Coignassiers; M. Spach (swifes à Buffon) en a fait de même. Lamarck, Persoon, de Candolle (F/ore française), n'ont adopté cette division que partiellement : ils ont conservé les Pommiers en genre distinct et séparé (Malus), mais ils ont réuni sous le nom de Pyrus les Poiriers proprement dits et les Coignassiers (Cydonia). Lindley, d'autre part, a non-seulement confondu sous le nom commun de Pyrus, les Pyrus et les Malus de Tournefort, mais encore les Sorbus de Tournefort et de Linné, tandis qu'il a conservé comme génériquement distincts les Coignas- siers ou Cydonia, Il a été suivi par de Candolle dans son Prodromus (t. Il, p. 629-633), et par Endlicher (Genera plantarum). Enfin, Smith a été plus loin encore et a fait entrer toutes les Pomacées dans deux genres seulement : les Pyrus qui ont l’endocarpe mince, cartilagineux et membraneux, et les Mespilus pour toutes les es- pèces qui ont l’endocarpe osseux. Au milieu de cette divergence d'opinions, le plus sage semble être d'adopter comme distincts et séparés les groupes des Coignassiers, des Poiriers, des Pommiers et des Sorbiers, surtout quand il s’agit de pratique horticole. Le Poirier, qui croît à l’état sauvage dans presque tous les bois de la France, est, dans cet état, un arbre de forme pyramidale, haut de 10 à 15 mètres, à branches étalées, garnies de quelques petits rameaux courts, terminés en pointe piquante. Les feuilles sont ovales ou arrondies, longuement pétiolées, glabres et luisan- tes; les yeux qui se trouvent à leur aisselle sont glabres. Les fleurs sont blanches, disposées par 6 à 12, en corymbes simples ; elles offrent un ovaire infère à 5 loges; 5 pétales ; 20 étamines et ARBRES A FRUITS A PEPINS. 537 plus ; 5 styles. Les fruits sont petits, globuleux et turbinés, durs, -très-acerbes ; mais, par des semis multipliés, on est parvenu à ob- tenir des fruits à chair tendre et juteuse, à eau douce et sucrée, qui constituent nos bonnes Poires de table. Il n’est personne qui ne connaisse les usages des Poires, soit qu'on les mange au couteau, ou cuites, soit qu’on en fasse des compotes, des conserves tapées ou séchées, soit qu'on en fasse une boisson, etc. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Les terres franches et un peu fraiches, celles qui sont fortes et riches en humus, conviennent le mieux au Poirier. il végète cependant aussi dans les terres mai- sres et arides; mais il s’y déforme et n'y donne que peu de fruits. Il redoute par-dessus tout les terres froides et humides, et celles dont le sous-sol est impénétrable à ses longues racines pivotantes. Exposition. Le Poirier croit indifféremment à toute exposition; mais pour la maturation des fruits il lui faut celle du levant, quoi- que beaucoup de variétés s’accommodent du couchant. Le Bon- Chrétien aime le midi et le couchant; mais le plus petit nombre s’'accommode du nord; on peut citer, parmi celles auxquelles cette exposition convient, les Beurré d’Arenberg, d'Hardenpont, Gris d'hiver, le Passe-Colmar, le Soldat laboureur, etc. Multiplication. Peu d'arbres à fruits sont plus indépendants que le Poirier des soins du cultivateur; les semis faits avec les pepins provenant des meilleures espèces, donnent des individus qui retour- nent le plus souvent à l’état sauvage. Ce n’est que par la greffe qu'on perpétue les bonnes variétés. On a pour cela trois sortes de sujets sur lesquels on greffe en fente, ou bien en écusson à œil dormant. Ces sujets sont : 1° lé Sauvageon, provenant des graines du Poirier sauvage; il est robuste, vit longtemps et donne beaucoup de fruits. Les inconvé- nients qu'il présente sont de ne se mettre que tardivement à fruit, de ne donner des fruits que de qualité médiocre, et de ne pas fructifier tous les ans. 2° Le Poirier franc, venu de la semence des Poiriers cultivés. II est moins vigoureux que le Sauvageon, croît plus vite et se mel à fruit plus promptement, quoique moins vite que le Coignassier. 538 LE JARDIN FRUITIER, Les fruits qu'il produit sont gros et savoureux. Une fois à fruit, ces arbres vivent très-longtemps. On peut les planter greffés de l’année. 3° Le Coignassier. Get arbre ne fournit que des sujets peu déve- loppés et n'ayant pas une longue durée; mais il a l'avantage de se mettre à fruit dès la deuxième année, et de produire des fruits plus savoureux. Îl réussit dans les terrains humides, avantages que n'ont ni le Sauvageon, ni le Franc; mais, en revanche, il ne vient pas dans les terrains secs. Il ne faut planter les Coignassiers qu'après dix-huit ou vingt mois de greffe. Le Sauvageon convient donc exclusivement aux vergers; le Franc aux arbres en plein vent ou en quenouille et aux espaliers pour les terres profondes et sableuses, et le Coëgnassier pour les terres fortes, humides, de peu de profondeur. On greffe aussi certaines variétés sur d’autres variétés vigoureuses greffées elles-mêmes-sur Coignas- sier, et l’on en obtient de bons résultats. Il ne faut pas choisir des arbres trop vieux, mais de jeunes sujets vigoureux, de deux ou trois ans, au plus, à écorce lisse et n'ayant aucune altération. On gagnera plus de temps qu'en plantant de vieux arbres. De la taille et de la direction des Poiriers (PL XXXVIII). C’est ici le lieu d'établir la différence qui existe entre les arbres à noyau et ceux à pepin, sous le rapport du développement, non des branches à bois, qui ont des caractères semblables, mais des : bourgeons destinés à porter des fleurs et des fruits. Dans les arbres à pepins, l’&7/ & bois est celui qui, par son déve- loppement, produit un bourgeon garni de feuilles seulement; c’est un petit corps conique, pointu, écailleux, qui termine les rameaux, ou qui se trouve à l’aisselle d’une feuille ; les boutons à fleurs sont renflés, arrondis au sommet et enveloppés dans un plus grand nom- bre d’écailles (PI. XXXVIIL, fig. 5). On distingue plusieurs sortes de rameaux : Le rameau proprement dit, ou rameau à bois (PI. XXX VIE, fig. 3), qui est long, généralement de la grosseur d’un crayon, et sur le- O? O© quel les feuilles sont plus ou moins espacées les unes des autres ; ARBRES A FRUITS A PEPINS, 539 ces rameaux sont destinés à fournir les branches de la charpente de l'arbre; on les taille plus ou moins longs, pour faire développer leurs yeux, soit en autres bourgeons à bois, soit en petits bourgeons raccourcis destinés à porter des fruits. Quand ces rameaux sont très- vigoureux, et qu'ils se développent sur le corps d’une grosse branche, on les appelle gourmands (fig. 2); généralement ces rameaux gour- mands sont dépourvus d’yeux à leur base; dans l’opération de la taille il faut le supprimer radicalement, car ils absorbent la séve. Quand les rameaux à bois sont grêles, comme le montre compara- tivement la figure 1, on les appelle Brindilles. Par le peu de nourri- ture qu’ils reçoivent, ils tournent très-facilement à fruit; c’est-à-dire ‘que l'œil terminal se gonfle sans s’allonger, et vers la troisième an- née il produit des fleurs. Au moment de la taille, on les conserve intacts, s'ils ne sont pas trop longs; mais lorsqu'ils dépassent 10 cent. de longueur, on les casse, au lieu de les tailler, à 7 ou 8 cent. de leur point d'insertion : l'œil, au-dessus duquel on a pratiqué le cassement, se gonfle comme l'œil terminal normal, et se transforme en deux ou trois ans en bourgeon à fruits. Quelquefois il se développe, sur le bourgeon à bois nouvellement taillé, des petits rameaux très-courts et très-pointus, qu'on nomme dards (PI. XXX VIII, fig. 3); pendant l'été suivant, ces dards ne s’al- longent pas, mais ils donnent naissance à quelques feuilles très-rap- prochées qui forment une espèce de rosette; et la seconde ou troisième année ils portent des fruits. 11 ne faut donc pas les tail- ler, à moins qu'on n'ait besoin d’un bourgeon à bois à leur lieu et place; dans ce cas on les rabat presque au niveau du rameau qui les porte, et, des yeux de la base, sortent des bourgeons à bois. La lambourde (PI. XXXVIIT, fig. 6) est généralement un petit rameau, comme le dard, mais chez lequel l'œil terminal est ar- rondi, plus gros; elle se couronne de rosette de feuilles sans s’allonger, et fleurit la troisième année. On ne la taille jamais. Après la première fructification, la lambourde se gonfle, et donne naissance à plusieurs autres petits rameaux qui se mettent à fruits à la troisième année de leur apparition; elle devient alors Bourse. Les bourses sont des lambourdes qui ont déjà fructifié, et sur 540 LE JARDIN FRUITIEK. lesquelles naissent constamment des boutons à fruits; il ne faut tailler ces bourses que le moins possible, seulement quand elles sont très-âgées et qu’elles portent un trop grand nombre de petites productions fruitières. Taille. Le Poirier se prête, avec la plus admirable docilité, à tou- tes les formes qu’on veut lui imposer; on ne le cultive plus aujour- d’hui que sous trois formes : la quenouille ou pyramide, l’espalier et le plein vent, ou à haute tige. Du Poirier en quenouille ou pyramide. Les Poiriers en quenouille sont ceux qui conviennent le mieux dans les plates-bandes; car ils produisent beaucoup sans occuper trop de place : c’est la forme la plus gracieuse qu'on puisse adopter ; cependant il y a des variétés qui ne s’y prêtent nullement; telles sont les Bon-Chrétien d'été, d'hiver, de Bruxelles, le Beurré Chaumontel, l’Épargne, le Beurré rance, la Crassane, etc.; mais ce sont des exceptions. Ce qu'il faut éviter en élevant ces Poiriers en pyramide, c’est de les laisser produire une trop grande quantité de branches, qui nuisent à la fertilité de l'arbre et sont désagréables à la vue. Dans le cours de la première année, on taille le rameau terminal qui doit former la flèche sur le sixième ou le huitième œil pour obtenir la production de branches latérales qui constituent la car- pente, et l'on choisit pour cela l'œil qui favorise le plus le déve- loppement vertical de la tige. À la seconde taille, l’extrémité du rameau terminal est également taillée de manière à obtenir le dé- veloppement de nouvelles branches latérales, et les premières bran- ches de charpentes sont taillées de manière à laisser plus de lon- gueur aux branches inférieures. On supprime sur chaque branche Jes rameaux qui feraient confusion, et l'on taille très-court tous ceux qui ne concourent pas à la forme de l'arbre. Ce sont les yeux inférieurs de ces rameaux qui donneront naissance aux brindilles, aux dards et aux lambourdes, qu’il faut se garder d'enlever, puis- qu'ils sont destinés à produire du fruit. Si l'on juge nécessaire d'établir une branche charpentière, pour LCR ARBRES A FRUITS A PEPINS. D41 donner à l'arbre une forme symétrique, en l'absence d'un bour- geon, on en obtient une, soit en posant un écusson, soit en cer- nant l'œil le plus près du point où l'on veut établir la branche. Cette . opération consiste à enlever, au moment de la taille, une partie de l'éçorce qui se trouve au-dessus de l'œil, ce qui lui donne une force de développement extraordinaire. On obtient le mème ré- sultat en faisant une simple incision, ou en donnant un coup de scie au-dessus de cet œil. Pincement. Par la taille d’un rameau, on détermine l'évolution des trois ou quatre yeux supérieurs; on pince les deux ou trois bourgeons les plus rapprochés du bourgeon terminal pour favoriser le développement de ce dernier, et l’on choisit parmi les autres ceux qui concourent le mieux par leur développement à la forme symétrique de la charpente de l'arbre ; il faut les choisir en alter- nant avec les branches déjà formées, de manière à faire décrire à l’ensemble de toutes les branches une sorte de spirale qui s'élève de la base et tourne autour de la tige. À la taille suivante, on rabat les bourgeons pincés qui se trou- vent au-dessous du bourgeon terminal de chaque bras, en les tail- lant sur l'empâtement, de manière à en faire sortir de petits rameaux fructifères, qu'on pince pendant la végétation suivante, quand ils tendent à trop s’emporter; et on raccourcit les brindilles, en les cas- sant, de manière à ne leur donner que 8 à 10 centimètres de long. Il ne faut pas oublier que, dans la taille de la flèche et des bran- ches latérales ou charpentières, il faut toujours choisir l'œil le mieux placé pour les prolonger symétriquement. On doit veiller à l'établissement des branches fruitières, et l’on empêche le développement de celles qui tenteraient de s’empor- ter et de produire des gourmands. L'éducation de la seconde année est en tout semblable à celle de la première. Ce n’est qu'une répétition des mêmes opérations, à cette différence près, que chaque année elles sont plus longues, plus compliquées, et d'autant plus indispensables, qu’on ne réussit à conserver à une quenouille sa forme symétrique qu'en en sur- veillant la végétation avec la plus scrupuleuse rigueur et en préve- D42 LE JARDIN FRUITIER. nant ses écarts. C’est par l’ébourgeonnement et le pincement, qu'on parvient à maintenir l'équilibre des arbres fruitiers. Le jardinier qui veut non-seulement avoir des arbres dont la forme soit agréable à l'œil, mais qui produisent des fruits en abon- dance, doit empêcher les branches de charpente de la quenouille de prendre une direction verticale; ces branches doivent se rappro- cher le plus possible de la direction horizontale. Pour obtenir ce résultat, qui présente des difficultés sérieuses dans les arbres jeunes, on a recours à des procédés très-variés et fort arbitraires pour obliger les branches à abandonner leur verticalité pour prendre une direction horizontale. Des cercles attachés au corps de l'arbre et sur la circonférence desquels on fixe les branches qui tendent à se redresser, sont le moyen le plus simple et le meilleur. Du Poirier en espalier (PI. XL, XLI, XLIT). L'éducation du Poirier en espalier ne présente pas les mêmes difficultés que celle du Pècher. Rien de facile comme de lui impri- mer une direction, Comme il a la faculté de produire des rameaux sur le vieux bois, il est toujours aisé de substituer une branche nou- velle à celle qui a péri. Les branches de remplacement, si néces- saires dans le Pêcher, où leur vie n’est que d’une année, n’occu- pent pas tant l’horticulteur dans le Poirier, car les branches à fruit vivent plusieurs années. La forme en éventail (PL. XL) est absolument semblable pour les principes à celle du Pêcher. On plante les Poiriers à 6 ou 8 mètres de distance suivant la hauteur des murs, et l’on choisit de préfé- rence les arbres greffés de l’année, bien vigoureux, et dont les bourgeons inférieurs soient très-constitués. Ils donneront dans l’année des pousses de plus de 50 centimètres, tandis que si l’on plante des arbres greffés depuis deux ou trois ans, ils ne poussent que des rameaux étiolés, longs à peine de quelques centimètres. On donne aux Poiriers en éventail la même direction qu’au Pè- cher. On les rabat de manière à obtenir quatre bourgeons, deux de chaque côté, pour former la charpente de l’arbre, et l’on éta- blit deux branches principales ouvertes à angle droit les premières [l ARBRES A FRUITS A PEPINS. 543 années et qu'on ferme plus tard un peu plus. Ce sont ces mêmes branches qui fournissent des branches secondaires et tertiaires. A mesure que les bourgeons se développent, on les palisse et les dis- pose aussi régulièrement que possible en regard les uns des au- tres. Pour maintenir l'équilibre de la végétation, on pince l’extré- mité de ceux qui poussent trop vigoureusement, et l'on supprime les bourgeons qui se développent devant et derrière. Il est convenable d’appeler ici l'attention sur la réussite de l'é- bourgeonnement du printemps, pour faire disparaître les bourgeons qui se développent intempestivement ou avec exubérance, afin d'é- viter l’opération si préjudiciable de la taille d'août. Cette taille 1r- rationnelle a pour objet de faire développer des bourgeons qui ne devraient paraître qu'au printemps. À chaque taille, on établit sur chaque membre des branches de bifurcation pour remplir les vides. Si l’on a planté des arbres tout disposés pour la forme en éven- tail, on n’a plus qu’à tailler les branches sur un œil disposé de ma- nière à prolonger ces branches dans la direction que réclame la forme de l'arbre. On supprime celles qui sont inutiles, en ayant soin, toutefois, de ménager les lambourdes et les brindilles. Quand on a affaire à des éventails négligés et qui se sont entiè- rement déformés, on rétablit les branches de charpente qui ont disparu ou qui manquent, en greffant par approche sur les points où l’on veut en établir, On peut sans inconvénient multiplier ces oreffes, qui ne présentent dans leur application aucune difficulté. Pour la palmette simple (PI. XLT), forme plus gracieuse que l'éven- tail et plus fructifère, on modifie l'opération première en rabattant la tige de manière à obtenir à droite-et à gauche quelques bourgeons dont on forme les premières branches charpentières. Il faut laisser entre elles au moins 35 centimètres de distance. Il doit y avoir al- ternance dans la disposition des branches, c’est-à-dire qu'entre deux branches de gauche il y a une branche à droite. On les incline d'autant plus qu’on veut en favoriser ou en restreindre le dévelop- pement, mais sans leur donner, toutefois, une horizontalité parfaite. Chaque année, on abaisse les branches davantage; on taille de D44 LE JARDIN FRUITIER. | manière à obtenir un prolongement de la tige et des branches, et l’on pince les bourgeons mal placés. Il faut continuer cette opération jusqu'à ce que le mur entier soit tapissé, de la base au sommet; le nombre des branches se trouve alors déterminé par l'élévation du mur. Les branches doivent être taillées sur une longueur d'environ 15 à 30 centimètres, suivant la vigueur de l'arbre, et sur un œil placé de manière à les prolonger le plus directement possible. Pour la palmette double, où en U (PL. XLIT) on rabat le sujet au- dessus du deuxième œil inférieur, pour obtenir deux bourgeons qui constitueront les deux branches verticales de la lettre U; l'année suivante on taille chaque branche comme dans la palmette simple, pour obtenir les branches latérales. Tous les autres soins consistent à maintenir l'équilibre de l’ar- bre ; pour cela il faut en surveiller avec soin la végétation, et l’em- pêcher, par un ébourgeonnement attentif, de perdre sa symélrie. C’est dans le palissage qu’on rétablit l'équilibre compromis : quand un bourgeon est plus vigoureux que le bourgeon parallèle, on l'in- cline de manière à l'empêcher d’épuiser la séve à son profit. Des Poiriers à tiges. On plante les Poiriers à tiges en plein vent, à 5 ou 6 mètres de distance, et l’on n’a plus à les surveiller que pendant deux années. On les taille de manière que les branches qui en forment la char- pente soient également exposées, et l'on en maintient l'équilibre jusqu’à ce qu'on reconnaisse qu'on peut les abandonner. Nous avons indiqué, d'après l'excellent ouvrage de M. H. Du- breuil, le moyen de rajeunir les’ arbres épuisés par la vieillesse. Cette méthode, justifiée par l'expérience, est applicable surtout au Poirier, et présente des difficultés pratiques qui peuvent en empê- cher le succès. On restaure les Poiriers épuisés ou ne donnant plus de fruits, en les rabattant et les greffant en couronne. On pose un nombre de greffes d'autant plus grand que l'arbre est plus vigou- reux. Quand elles sont bien reprises, on choisit celles qui sont le plus développées et l’on en forme la nouvelle charpente de l'arbre. ARBRES A FRUITS A PEPINS. 7. 545 Un autre genre de greffe très-avantageux est la greffe des boutons à fruits. Quand un arbre vigoureux ne porte pas de productions fruitières, on lui en applique en greffant des lambourdes. L’opéra- tion a lieu vers le mois de juillet. On pratique sur les branches charpentières des incisions en T, comme pour la taille en écusson ; on enlève des lambourdes.sur un arbre qui en porte abondamment; on la taille en biseau d’un côté, et on l’introduit dans J’incision ; avec de la laine on fixe la greffe qui, l’année suivante, porte ses fruits. Récolte et conservation. On récolte les Poires, selon les variétés, depuis la mi-juillet jusqu'aux gelées. On les conserve dans le fruitier, suivant les variétés, jusqu'aux mois d'avril et mai. CHOIX DE CENT VARIÉTÉS, Plus de 4,000 variétés sont sorties du type du Poirier indigène ; mais les pépiniéristes n’en cultivent guère que cinq à six cents ,'et ce nombre peut être encore de beaucoup réduit, en éliminant toutes les variétés de qualités inférieures. Nous avons donc fait un choix parmi les meilleures, ne voulant offrir que les Poires les plus recommandables à divers titres. Différents auteurs ont cherché à classer toutes ces Poires, en donnant à chacun des groupes qu'ils établissaient un nom parti- culier. C'est ainsi que sont venus tous ces noms de Doyenné, Beurré, Bergamote, etc., qui désignaient autant de genres de fruits ayant certains caractères, propres seulement aux fruits de chaque groupe. Par exemple, toutes les Poires dites Beurrés devaient avoir la chair très-fine, et fondante comme du beurre; on voulait distin- quer les Doyennés par une forme, les Bergamotes par une au- tre, etc. Cette classification, comme toutes les classifications du reste, était théoriquement d’une admirable simplicité ; mais, quand on en vint à l'application, les formes intermédiaires firent brèche aussitôt à l'édifice, et, le charlatanisme aidant, il devint impos- sible de donner une définition rigoureuse des différents groupes établis. Ainsi, certaine Poire, des plus pierreuses, est nommée Beurré, 35 546 LE JARDIN FRUITIER. pour faire croire à une qualité supérieure de la chair; et d’au- tres sont classées parmi les Doyennés par les uns, et dans les Beurrés par les autres; telle est, par exemple, la Poire double Philippe, qui est à la fois le Doyenné Boussoch et le Beurré de Mérode. Il ne faut donc tenir aucun compte de ces appellations géné- riques de Beurré, Doyenné, Bon-chrétien, ele., qui ne désignent ni une qualité, ni une forme. M. Decaisne a pensé qu'il convenait de faire disparaître tous ces noms de la nomenclature, et dans son bel ouvrage intitulé le Jardin fruitier du Museum, il supprime les mots Doyenné, Beurré, ete., qui précèdent les noms particuliers de certaines Poires. Ainsi, la Poire Beurré Clairgeau des pépiniéristes est la Pore Clairgeau de M. Decaisne; la Poire Doyenné du Comice devient la Poire du Comice ; la Poire Bon-chrétien Napoléon est tout simple- ment la Poire Napoléon. Cette rectification des noms de Poires, jettera peut-être un peu de trouble, pour commencer, dans la nomenclature pomologique ; mais nous la croyons bonne et utile, en ce qu'elle fait disparaître des noms trompeurs; tôt ou tard, certainement elle sera adoptée par tous les hommes qui s'occupent de la culture des arbres fruitiers, et elle passera ensuite dans le langage vulgaire. C’est cette nomenclature rectifiée que nous suivons dans notre choix des va- riétés, en faisant suivre, toutefois, ces nouveaux noms des noms anciens, pour en faciliter l'étude et l'application. Quant à la classification par époques de maturité, elle n’est pas non plus, nous devons le dire, d’une rigoureuse exactitude; elle peut guider assez sûrement pour les Poires d'été; mais pour les va- riétés d'hiver, il faut faire une large part aux éventualités, et tenir compte de la maturation irrégulière et successive des fruits d’une même variété, Par exemple, la Poire de Rance commence à mürir, au fruitier, au mois de décembre, mais tous les fruits ne mürissent pas à la fois; on en retrouve encore à la fin de février. Les pre- mières Passe-Crassanes mürissent dès décembre et les dernières en mars ; les Poires Espéren mürissent successivement de décembre ARBRES A FRUITS A PEPINS. 547 à avril, etc. Les époques indiquées ici, pour les Poires d’hiver, sont donc celles de la maturité des premières Poires de chacune des variétés citées. Juillet. Poire André Desportes (grosseur moyenne, chair ferme, juteuse ), — Auguste Jury (moyenne grosseur, en forme de toupie raccourcie ; chair fine sucrée, demi-fondante ). — de juillet, doyenné de juillet, doyenné d'été (petite, en forme de toupie obtuse, jaune clair; chaire demi-fine, ayant une eau abondante et aromatisée), — gros Must (moyenne grosseur, chair cassante, juteuse ; arbre très-fertile pour ver- ger, greffé sur franc). — petit blanquet (petite, à chair cassante, juteuse ; arbre estimé pour sa précocité). — épargne, beurré de Paris, Poire seigneur (moyenne grosseur allongée, à longue queue ; chair fondante, C’est la meilleure des Poires précoces), — Giffard, beurré Giffard (moyenne grosseur, régulière de forme, pointillée et lavée de rouge; chair fine, ayant une eau abondante sucrée, Excellent fruit; arbre de haute tige préférable). Août. Poire Goubault, beurré Goubault (moyenne grosseur ou petite, raccourcie ayant plutôt la forme d’une pomme que d’une poire, d’un vert jaunâtre, à chair très-fondante, très-ju- teuse et sucrée; arbre pour plein vent). — Monsallard, Épine rose, Épine fondante, Épine d'été (moyenne grosseur, allongée, ar- rondie aux deux extrémités, à chair fondante très-juteuse, sucrée). — d’Ange (grosseur moyenne, ventrue, verte, pointillée de grisâtre, très-fondante et juteuse, ayant une eau sucrée acidulée), — Duchesse de Berry (moyenne grosseur, en forme de toupie arrondie, jaune clair à la maturité; chair fondante très-juteuse, ayant une eau sucrée et parfumée : excel- lente), — Henry Desportes (grosse, à chair fondante beurrée, très-juteuse sucrée : très-bonne), — Marie-Anne de Nancy (moyenne grosseur, à chair demi-fondante, mais très-bonne), — Milan blanc, Bergamote d’été, Mouille-bouche (moyenne grosseur, en forme de tou- pie, un peu ventrue, verte, pointillée de couleur fauve, à chair fondante demi-beur- rée, ayant une eau sucrée un peu aigrelette, très-agréable), — Williams, Bon-chrétien Williams (grosse, en forme de toupie ventrue, d’un beau jaune d'or à la maturité, à chair fine fondante, juteuse, ayant une eau sucrée et musquée). — Belle de Bruxelles sans pepin, Belle d'août, Poire Fanfareau, Bergamote sans pepin (grosse, à chair tendre, juteuse, mais devenant pâteuse à son extrême maturité), — Briffaut (grosse, à chair fondante, mais blettissant très-vite : délicieuse). — Bellissime d'été (petite, à chair tendre; très-avantageuse pour la vente; arbre très- fertile ). — Seringe, Beurré Seringe (moyenne grosseur, ovoïde, à longue queue, jaune pâle Qu tillée de brun; chair très-fine ayant une eau abondante sucrée), — ‘de Stuttgard Phovenne grosseur, régulière, à chair demi-fondante, très-juteuse). — superfine, Beurré superfin (PI, XLIV, fig. 2; grosse, presque ronde, à chair beurrée très-fine, très-juteuse, sucrée), Septembre. Poire Amanlis, Beurré d'Amanlis (grosse, en forme de toupie ventrue , jaune et rouge brun, à chair fine fondante, ayant une eau agréable sucrée acidulée, mais blettissant vite), #4 548 LE JARDIN FRUITIER, Poire d'Angleterre, Beurré d'Angleterre (moyenne, en forme de toupie allongée, à chair beurrée, très-juteuse, blettissant assez vite; arbre pour verger, ne réussissant que greffé sur franc). — arbre courbé, Poire amirale (grosse, oblongue ou en forme de toupie, à grosse queue , vert jaunâtre, maculée de couleur fauve ; chair très-fondante, ayant une eau sucrée et parfumée ). — Barbancinet (moyenne grosseur, à chair fondante beurrée ; excellente ). — Defays, Doyenné Defays (moyenne grosseur, de forme arrondie, bosselée autour de la queue, jaune vif lavée de rouge, à chair fine, fondante, très-juteuse, ayant une eau sucrée parfumée). — double Philippe, Beurré de Mérode, Doyenné Boussoch (grosse, ventrue, arrondie aux deux bouts, à chair tendre fondante, blettissant vite). — de Fontenay, {Jalousie de Fontenay-Vendée, Belle d’Esquermes (moyenne grosseur, vert clair pointillée de gris, à chair fine, dont l’eau abondante a une saveur particu- lière sucrée acidulée ). — de Charneu, Fondante de Charneu, Duc de Brabans (assez grosse, oblongue ventrue, vert pointillé de gris, à chair fine fondante sucrée). — Beau présent d'Artois, Présent royal de Naples (grosse, à chair tendre, on. recom- mandable par la beauté, la bonté du fruit et la fertilité de l’arbre). — Fondante des bois, Beurré Davy, Beurré Spence (moyenne grosseur ou grosse, ellip- tique, arrondie aux deux bouts, à chair fondante très-juteuse ; excellente). — Thompson (grosse, oblongue ou ventrue, bosselée, jaune verdâtre marbrée de fauve, à chair fondante, très-fine et très-juteuse, sucrée). — Bonne d’Ezée (grosse, ovale obtuse, vert jaune pointillé de brun, à chair fine, fon- dante, faiblement parfumée). — Bonne Louise d’Avranches ou Louise Bonne d’Avranches (PI. XLIII, fig. 3; assez grosse, oblongue, vert clair nuancé de rouge, à chair fondante, très-juteuse, sucrée, agréablement parfumée). — Beurré, Beurré gris, Poire d’Amboise, Beurré doré (grosse, fortement teintée de rouge sur fond jaunâtre, à chair demi-fondante, juteuse, exquise ; c’est une des meilleures parmi les anciennes, et ses qualités n’ont guère été dépassées par les nouvelles va- riétés), — dAlbret, Beurré d’Albret (moyenne grosseur, en | for me de toupie, obtuse, jaune d’ocre, à chair fondante, fine, très-juteuse, et dont l’eawrabondante est sucrée acidulée), _— Duchesse d'Angoulême, Poire Duchesse ((PI. XL, fig. 1; grosse, en forme de toupie obtuse, bosselée, verte marbrée de brun, à chair ferme, onctueuse, demi-fondante, juteuse, sucfée). - — Grésilier, Poire seigneur d’Espéren, Bergamote Fiévé (moyenne grosseur, en forme de toupie ramassée, à chair très-fine, très-sucrée, parfumée et musquée). — Six, Beurré-Six (grosse, ovale ramassé, bosselée, à chair très-fine, très-juteuse, et dont l’eau est sucrée acidulée). — Aurore, Beurré Aurore, Beurré Capiaumont (grosseur moyenne, pyriforme allongée, jaune clair un peu roux, à chair ferme, fine, sucrée, un peu vineuse), — Bon-chrétien d'été, Gracioli (grosse, à chair cassante, juteuse). Octobre. Poire Diel, Beurré Diel, Beurré magnifique, Beurré du roi, Beurré incomparable, Beurré Lom- bard, etc. (grosse, en forme de toupie ou oblongue obtuse, jaune verdàtre, pointillée de roux, à chair ferme, demi-fondante, très-juteuse, sucrée ; la meilleure). _— de Doyenné, Bonne Ente, Poire de Saint-Michel (grosseur moyenne, en forme de toupie» déprime, jaune et rouge, à chair très-fine, juteuse, sucrée acidulée, agréablement - parfumée), — Conseiller de la cour, Maréchal de cour (grosse, pyriforme , obtuse , à queue courte, jaune terne teintée de rouge, à chair granuleuse, ferme, juteuse, sucrée, parfumée). ARBRES A FRUITS A PEPINS. 549 Poire Délices d'Angers, Délices d’Hardenpont d'Angers (grosse, oblongue obtuse, à grosse Poire queue, verte pointillée de gris, à chair ferme, très-juteuse, sucrée, un peu mus- quée). Doyenné gris, Doyenné roux, Doyenné doré (PI. XLIIE, fig. 2; moyenne grosseur, ar- rondie obtuse, déprimée, de couleur rouille, à chair très-fine, très-juteuse, sucrée et très-agréablement parfumée), Épine du Mas, Belle épine du Mas (moyenne grosseur, oblongue, vert jaunâtre, poin- tillée de gris, à chair férme, très-juteuse, sucrée. acidulée). Baronne de Mello (moyenne grosseur, ventrue, jaune terne et brun, à chair très-fine, très-fondante, juteuse, sucrée, d’un goût très-relevé; excellente). Clairgeau, Beurré Clairgeau (grosse, allongée, souvent arquée, jaune vif et rouge, à chair fine, un peu ferme, très-iuteuse, sucrée, un peu musquée). Délices d'Hardenpont, Délices d’'Hardenpont belge, Archiduc Charles (grosse, en forme de toupie, obtuse, jaune paille pointillé de gris, à chair un peu rosée sous la peau, fine, fondante, très-juteuse sucrée acidulée). Napoléon, Bon-chrétien Napoléon, Poire médaille, Poire Liart (moyenne grosseur, de forme variable, mais toujours. un peu étranglée vers le milieu, d’un vert clair, à chair fine, fondante, très-juteuse, sucrée, plus ou moins parfumée). Nec plus Meuris, Beurré d’Anjou (assez grosse, oblongue, vert clair et pointillée de fauve, à chair fine, fondante, et dont l’eau abondante à un goût vineux et un par- fum agréable), de Saint-Waast, Bézi Vast, Bézi de |Saint-Waast, Beurré Beaumont (moyenne gros- seur, arrondie ou en forme de toupie, un peu bosselée, rouge vif et rouge brun, à chair demi-fondante, très-juteuse, sucrée). : Sucrée de Montluçon (grosse, en forme de toupie, ventrue, irrégulière, jaune, à chair demi-fondante, sucrée, mais un peu astringente, comme celle de la Crassane), Van Mons de Léon Leclerc (grosse, ovale allongée, vert jaunâtre marbrée de brun, à chair fine, fondante, très-juteuse, sucrée et d’un agréable parfum), d’Arenberg, Colmar d’Arenberg, Kartoffel (grosse, ventrue ; à courte queue, vert jaunâtre marbrée de couleur fauve, à chair demi-fondante). Bergamote, Bergamote d'automne (moyenne grosseur, de forme arrondie, déprimée aux deux bouts, d’un vert pâle. à chair fondante, très-juteuse, sucrée, parfumée).' Verte longue, Mouille-bouche, de Duhamel (petite, verte, à chair fondante, très-juteuse; ce n’est qu’un fruit de marché). Culotte suisse, Verte longue suisse, Verte longue panachée (diffère de la verte longue par la panachure blanc verdâtre de sa peau). Novembre. Bachelier, Beurré Bachelier (grosse, ventrue, un peu bosselée, à courte queue oblique, jaune verdâtre tachée de fauve, à chair fine très-fondante , très-juteuse, d’un goût relevé). Crassane, Cressane, Bergamote Crassane (PI. XLIV, fig, 4; moyenne grosseur, verdâtre maculée de brun, à chair fondante, sucrée, astringente; arbre peu fertile, ne fruc- tifie bien qu'en espalier au midi), Fondante de Malines (assez grosse, en forme de toupie ou oblongue ventrue, jaune, tachée de brun, à chair fondante, un peu granuleuse, très-juteuse, sucrée, faiblement musquée ). du Comice, Dôyenné du Comice (moyenne grosseur, en forme de toupie ou oblongue, jaunâtre, largement taché de couleur fauve, à chair très-fine, un peu ferme, très-ju- teuse, sucrée acidulée, parfumée). Triomphe de Jodoigne (PI. XLIV, fig. 3; grosse, pyriforme, allongée, obtuse au som- met, jaune rouge, tiquetée de brun, à chair fondante, très-juteuse, sucrée, parfumée, avec un petit goût d'amande amère), 550 LE JARDIN FRUITIER, Poire Colmar, Poire Manne (grosse, en forme de toupie, verte, tiquetée de brun, à chair gra- nuleuse, demi-fondante, très-juteuse, sucrée, uu peu acidulée, parfumée), — de Curé, Comice de Toulon, Belle de Berry, etc. (grosse, allongée, un peu arquée, vert clair, piquetée de gris, à chair fondante ; bonne seulement dans les terrains légers et chauds). — Joséphine de Malines (moyenne grosseur, en forme de toupie, aussi large que haute, vert clair, teinté de brun, à chair rosée, très-fine, fondante, très-juteuse, dont l’eau sucrée et vineuse est agréablement parfumée), : — Orpheline d'Enghien, Beurré d’Arenberg des Belges (assez grosse, ovale obtuse, à courte queue oblique, verte, tiquetée de gris, à chair ferme, fondante , très-juteuse, sucrée, acidulée, parfumée ). _ Passe-Colmar (moyenne grosseur, pyriforme obtus, jaunâtre, piquetée de roux, à chair fondante, très-juteuse, sucrée, un peu citronnée). — Sylvange, Bergamote Sylvange, Sylvange verte (moyenne grosseur, presque rond, jau- nâtre, pointillée de gris, à chair fine, fondante, sucrée, acidulée, agréablement par- fumée). _ Goulu morceau, Beurré d’Hardenpont, Beurré d’Arenberg français (grosse, oblongue, bosselée, vert clair, pointillée de gris). — Saint-Germain , Saint-Germain gris (PL. XLIV, fig. 4; assez grosse, allongée, arrondie vers l'œil, verte pointillée de brun, à chair fine , quelquefois granuleuse, fondante, très-juteuse, sucrée, acidulée). Décembre. Poire Bonne de Malines, Colmar Nélis (moyenne grosseur, en forme de toupie, verte, forte- ment maculée de brun, à chair jaunâtre, fine ferme, très-juteuse, sucrée, parfumée). — Belle alliance, Beurré Sterckmans (grosse, en forme de toupie raccourcie, jaune ver- _ dâtre, fortement colorée en rouge, à chair fine, fondante, très-juteuse, sucrée, d'un goût vineux, assez parfumée). — Bronzée, Beurré Bronzé (grosse, oblongue, à peine ventrue, de couleur bronzée, à chair fine, sucrée, acidulée). + — de Lucon, Beurré de Luçon, Beurré gris d'hiver nouveau (assez grosse, obtuse, renflée à la base, largement tachée de couleur fauve, à chair fine, fondante, juteuse, sucrée, parfumée). — Fondante de Noël (moyenne grosseur, en forme de toupie, nuancée de rouge vif, à chair demi-fondante, fine, très-juteuse, sucrée, parfumée). — Nouvelle Fulvie (grosse, en forme de toupie, bosselée, jaune citron, fortement nuancée de rouge vif et pointillée de roux, à chair fine fondante, très-juteuse, sucrée). — de Rance, Beurré de Rance, Bon-chrétien de Rance, Beurré de Noirchain (grosse en forme de toupie obtuse, vert clair, pointillée de brun, à chair verdâtre sous la peau, granuleuse, ferme, très-juteuse, sucrée, acidulée, un peu astringente). — d'Alençon, Doyenné d’Alençon, Doyenné d'hiver, etc. (moyenne grosseur, ovale obtuse, verte, pointillée de gris, à chair fine fondante). _— Virgouleuse (moyenne grosseur, ovoïde, bronzée, maculée de brun, à chair fine, fon- dante, très-juteuse, sucrée, acidulée, parfumée, très-parfumée). Poires mürissant de janvier à mai. Poire Amoselle, Bergamote de Hollande, Bergamote d'Alençon (moyenne grosseur, arrondie déprimée, verte, pointillée de brun, à chair demi-cassante, très-juteuse, sucrée). — de Chaumontel, Bezi de Chaumontel, Beurré de Chaumontel (PI. XLIIL, fig. 4; grosse, pyriforme, bosselée, fortement teinte de rouge vif, à chair demi-cassante, granu- leuse, juteuse, sucrée, acidulée). _— Bon-chrétien d'hiver (assez grosse, en forme de gourde, jaune päle, lavée de rouge, pointillée de brun, à chair cassante sucrée). ARBRES A FRUITS A PEPINS, 551 Poire d'Angleterre d'hiver (PI. XLIIE, fig. 5; moyenne grosseur, pyriforme, verte, poiatillée de brun, à chair fondante, juteuse, sucrée). Monseigneur Affre (moyenne grosseur, ovoïde, à longue queue, jaune terne, marbrée de couleur fauve, à chair fine, un peu granuleuse, très-succulente, sucrée, acidulée, parfumée). — Non Pareille, Bezi incomparable (moyenne grosseur, arrondie, à chair ferme, très- sucrée). Passe-Crassane (grosse, arrondie, déprimée, souvent plus large que haute, jaune clair, pointillée de couleurs noire et rousse, à chair fine, très-fondante, très-juteuse, sucrée, parfumée, nn peu acidulée). de Pentecôte, Doyenné d'hiver, Bergamote de Pentecôte (grosse, arrondie, ventrue, vert clair, pointillée de gris, à chair fine, fondante, juteuse, sucrée, parfumée). Vauquelin, Saint-Germain Vauquelin (assez grosse, ovale ou allongée, à courte queue, vert clair, largement maculée de gris-roux, à chair demi-fine, fondante, très-juteuse, sucrée, acidulée, parfumée). — Espéren, Bergamote Espéren (grosse, arrondie, vert clair, pointillée de couleur fauve, à chair fine, ferme, très-juteuse, sucrée, astringente; se conserve jusqu'au mois d'avril). — Suzette de Bavay (moyenne grosseur, arrondie, vert foncé, pointillée de gris roux, à chair un peu grossière, assez juteuse). — Poires à cuire. Poire Amadote (moyenne grosseur, mürissant en août; arbre très-fertile). Messire-Jean (assez grosse, en forme de toupie, d’un gris roussâtre, mürit en octobre et novembre). Martin-Sec, Poire de Saint-Martin (moyenne grosseur, pyriforme, de couleur brun clair, teintée de rouge, à chair sucrée, d’un goût particulier assez agréable; mürit en novembre). Bellissime d'hiver, Vermillon des dames (très-grosse, presque ronde, amincie vers la queue, d’un beau rouge, pointillée de gris, et couleur fauve). — (Catillac (très-grosse, ventrue, obtuse, jaune pâle; se conserve jusqu’en mai), Belle-Angevine, Duchesse de Berry d’hiver, etc. (très-grosse, ovale très-allongée, vert clair, lavée de rouge vif; sert surtout d’ornement sur les tables, car sa chair est très-fade). — de Lèvre, Gros Rateau (très-grosse, superbe, mürissant en janvier et février). Pommier (Pl. XLV). Malus communis Lamck ; Pyrus malus Lin. (Rosacées-Pomacées.) Le Pommier sauvage croît dans toutes les forêts de l’Europe, particulièrement dans les bois dont le sol est calcaire, et un peu frais. C'est un arbre de moyenne grandeur. Deux variétés se rencontrent dans la nature : une à fruit acerbe, et une autre à fruit doux: c'est de cette dernière que sont sorties, à la suite de nombreux semis opérés avec soin, toutes les excellentes Pommes dites Pommes à couteau. Le Pommier cultivé est un arbre qui peut s'élever jusqu’à 10 et 12 mètres; ses branches sont presque toujours étalées, et forment 552 LE JARDIN FRUITIER, une cime arrondie. Les feuilles sont alternes, pétiolées, pubescentes- blanches en dessus, et velues en dessous. Les fleurs sont blanches ou faiblement teintées de rose, disposées en corymbes sur les ra- meaux raccourcis ; l'ovaire est infère, à 5 loges, surmonté par les 5 divisions du calice, par les 5 pétales, et d’étamines nombreuses, au centre desquelles sont 5 styles un peu soudés entre eux infé- rieurement. Le fruit est charnu, à chair plus ou moins juteuse, acide ou sucrée, de forme globuleuse plus ou moins aplatie vers les deux pôles. Un assez bon nombre de Pommes sont de très-bons fruits à cou - teau, en état de figurer sur nos tables pendant la moitié de l’année, et jusqu'à l’époque où les fruits rouges peuvent les remplacer. Cuites elles sont excellentes. On en fait des marmelades, des compotes, des gelées exquises, des gâteaux. En les faisant sécher au four, on en peut avoir d’un bout de l’année à l’autre. C’est un des aliments les plus agréables, les plus rafraichissants. On en fait un sirop simple et un sirop composé ; on en prépare des limonades. Avec le jus de la Pomme acide des champs , on obtient la boisson généralement connue sous le nom de cidre, qui est celle d’une notable partie des habitants de l'Europe. | PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Les Pommiers s'accommo- dent de tous les terrains et de toutes Les expositions, à l'exception de celle du sud. | Multiplication. On greffe les Pommiers à haute tige sur Aiïgrin, et les Pommiers nains sur Doucin et sur Paradis. Ces derniers sont préférés dans les jardins, parce qu'ils sont très-précoces, fertiles, et n’occupent que peu de place. Le Pommier sur Doucin est celui qu'il faut choisir de préférence quand on à un terrain brülant, parce que ses racines, plongeant plus profondément en terre, y cherchent la fraicheur. Les racines des arbres greffés sur Paradis rampent presque à la surface du sol et s'élèvent fort peu. Les Pommiers ainsi greffés ont l'avantage de donner beaucoup de fruits d'excellente qualité. Mais quand on veut avoir des produits abondants et de longue durée, il faut donner la préférence aux arbres à tige. ARBRES A FRUITS ‘A PEPINS. 553 Culture, plantation, taille. La culture et la tulle du Pommier sont en tout semblables à celles du Poirier. La docilité de cet arbre est très-grande, et l’on peut lui donner toutes les formes. Quand on plante des arbres à haute tige, on met entre eux de 8 à 10 mètres de distance pour laisser à leurs branches assez d’es- pace et d'air. Il faut, pour assurer le succès d’une plantation de Pommiers, ne pas l’abandonner à elle-même pendant les pre- mières années, mais la soumettre à une taille raisonnée qui lui donne une forme régulière et l'empêche de se déformer par une végélation capricieuse. | Les Pommiers nains se plantent à 2 mètres au plus l’un de l’autre, et sont susceptibles de se prêter à toutes les formes imaginables. On regarde la forme en gobelet comme la plus convenable, et comme celle qui permet à ce végétal de produire le plus abondamment. Ce n'est, au reste, qu un buisson dont on évide le centre, en laissant à la circonférence un petit nombre d’yeux vigoureux qui servent à établir la charpente du gobelet, et qu'on palisse sur des cerceaux pour en régulariser le développement. Une fois la charpente éta- blie, il ne reste plus qu’à empêcher les branches-mères de produire, à l'intérieur ou à l'extérieur, des gourmands qui nuiraient à la ré- gularité de l'arbre. On taille de manière à obliger les branches nou- velles à suivre une direction symétrique, et, pendant le cours de la végétation, on pince court tous les bourgeons qui s’emportent et tendent à détruire l'équilibre que la main attentive de l’horticul- teur doit chercher à conserver. Pomnuers en haie. On a proposé de cultiver des Pommiers en haie comme on l’a fait des Coignassiers. Cette forme, très-agréable à l'œil, n’est praticable que quand on veut séparer, sans perdre de terrain, des parties de jardin l’une de l’autre. On choisit pour cela des arbres greffés sur Doucin, qu'on plante à un mètre de distance. On en courbe les branches, non pas à angle droit, mais à angle ou- vert, de manière à former des losanges ; et, pour les obliger à conser- ver cette position, on greffe, par approche, les branches principales. Les soins ultérieurs, tant pour la taille que pour l’ébourgeonne- ment consistent à remplir les vides en favorisant le développement 554 LE JARDIN FRUITIER, des bourgeons intérieurs, et à éviter surtout que les arbres ne se dégarnissent du bas. Récolte et conservation. Les Pommes se récoltent, suivant les va- riétés, depuis la fin de juillet ou le commencement d'août, pour les plus précoces, jusqu’à la fin de l'automne. | Moins aqueuses que les Poires, les Pommes se conservent plus facilement. Elles doivent être cueillies quelques jours avant leur parfaite maturité; car, une fois le fruit complétement développé, la maturation est un phénomène purement chimique, qui a lieu tout aussi bien sur les tablettes du fruitier que sur l'arbre. Il faut laisser les Pommes se ressuyer au grand air; ensuite on les dispose une à une sur les tablettes d’un fruitier à température constante, et on les visite souvent pour enlever celles qui sont atteintes de pourriture. CHOIX DES CINQUANTE MEILLEURES VARIÉTÉS, Les variétés de Pommes sont très-nombreuses; on évalue à en- viron 2,500 à 3,000 le nombre des variétés connues actuellement, tant pommes à cidre, que pommes à couteau; pour ces dernières, d’après le dernier catalogue de la société d’horticulture de Londres, le chiffre s’élèverait à 1620. Nous ferons donc, comme pour les Poires, nous donnerons un choix ; mais ici, par suite de la longue conservation de ses fruits, il est impossible d'établir de catégories par époque de maturité ; nous suivrons l'ordre alphabétique, et nous indiquerons l’époque de la iaturation de chaque variété. Pomme Api (PL XLV, fig. 3; petite, aplatie, lisse, blanc jaunâtre, nuancée de rouge vif; mû- rissant de décembre à mai). — Barbarie (grosse, très-belle et très-bonne, mürissant de janvier à mars). — Beauty of Kent, Beauté de Kent (grosse, ovale, arrondie, jaune, flagellée de rouge, müûrissant d'octobre à février). — Belle d'Angers (grosse et belle pomme de toute première qualité). — Belle Dubois, Belle du Bois, Pomme Louis XVIII (très-grosse, arrondie, déprimée, parfois côtelée, jaune citron, pointillée de blanc et de brun clair, mürit à la fin de l'automne). — Belle fleur, double fleur, Monsieur, etc. (grosse, un peu conique, jaune verdâtre, colorée en rouge sang ; mürissant en novembre). — Bleinheimpippin, Orange Pippin (grosse, presque ronde, plus large que haute, jaune, pointillée de rouge ; mûrit en novembre et se conserve jusqu’en mars). — Bonne de Mai (assez grosse, blanc verdâtre, nuancée de rouge carmin, se conser- vant jusqu’au printemps). s ARBRES A FRUITS A PEPINS, 555 . Pomme Barovitsky (grosseur moyenne, déprimée, côtelée, jaune clair, nuancée et marbrée de rouge vif; mürit fin d’août). Calville blanche d'hiver, Calville blanc, Reinette à côtes (PL. XLV, fig. 5; grosse, large à la base, relevée de côtes saillantes vers l’œil, d’un blanc jaunâtre, faible- ment nuancée de rose pâle; mürit en décembre et se conserve jusqu’en mai). Calville rouge (assez grosse, allongée, relevée de côtes saillantes au sommet, rouge plus ou moins foncé, pointillée de jaunâtre; mürit en novembre et décembre). Calville Saint-Sauveur, Reinette Saint-Sauveur (très-grosse, allongée, mais plus large à la base, relevée de côtes au sommet, vert clair et jaunâtre, pointillée de gri- sâtre; mürit en novembre et se conserve jusqu’en février). Calville du Roi (grosse, à chair très-tendre, mürissant en janvier et se conservant jusqu’en avril). Calville des Femmes (excellente, de grosseur moyenne, mürissant de mars à mai). Châtaignier (moyenne grosseur, un peu plus haute que large, vert clair, teintée de jaune et plus ou moins largement colorée de rouge vif; mürit en décembre et n’est pas de longue garde). Court-Pendu, Capendu (de moyenne grosseur, arrondie, aplatie, gris foncé, teintée en rouge foncé ; mürit en décembre et peut se conserver jusqu’en mars). Reinette Orange @e Cox, Cox's Orange Pippin, des Anglais (de grosseur moyenne, déprimée, jaune orange foncé, panachée et pointillée de rouge pâle et de carmin ; mürit en novembre et ne se conserve pas au-delà de décembre). d'Êve (grosse, déprimée, jaune, pointillée de blanc et un peu teintée de rose; mürit en décembre et se conserve jusqu’en février). Doux d'Argent, Doux d’Angers (excellente, assez grosse, un peu aplatie, jaune citron pointillée de rouge et de brun clair ; mürit en novembre et se conserve tout l’hiver). Petit Fenouillet, Fenouillet gris, Pomme anis (petite, arrondie, plus large à la base, rude, grise, légèrement teintée de rosée; mürit de décembre à février). Gros Fenouillet gris (de moyenne grosseur, d’un vert grisâtre, marbrée de rouge foncé; mürissant eu décembre). Fenouillet jaune, Fenouillet doré, Pomme GoËe de pigeon, Pomme Drap d’or (pe- tite, arrondie, un peu aplatie, d’un beau jaune doublé de gris fauve, et nuancée de rouge; mürit en novembre et se conserve tout l'hiver). Grand Alexandre, Gros Alexandre, Aporta (très-grosse, ronde, aplatie, relevée de côtes vers l’œil, vert jaunâtre, teintée et striée de rouge; mürit en octobre et dé- cembre). Reinette de l'Ohio, Green Ohio’s Pippin (assez grosse, ronde, aplatie, vert jaunâtre, marbrée de rouge clair; mürissant de décembre à février). Joséphine, Belle Joséphine (très-grosse, irrégulière, aplatie, ronde, relevée de côtes au sommet, d’un blanc jaunâtre, uniforme; müûrit en novembre et ne se conserve pas au-delà de décembre). Gros Faros (grasse, très-bonne; mürissant de décembre à février). Impériale (excellente, de moyenne grosseur, mürissant en décembre et se conservant jusqu’en mars). Newtown, Newtown Pippin (assez grosse, arrondie, aplatie, relevée de côtes peu saillantes au sommet, jaune clair, marbrée de roux et de rose; mürit en décembre et se conserve jusqu’en mai). | Northern Spy (grosse, de première qualité; mürissant de janvier à avril). Pigeonnet de Rouen, Gros Pigeonnet, P. Pigeon d'hiver (assez grosse, un peu allon- gée mais déprimée au sommet, jaune mo pointillée et marbrée de rouge vif; mürit en décembre. Princesse noble, Reinette princesse, Reinette d'Orléans (assez grosse, presque ronde, un peu de. jaune d’or, pointillée de brun et marbrée de rouge ; mürit en no- vembre et décembre). 556 LE JARDIN FRUITIER. Pomme Princesse d'Orange (de moyenne grosseur, un peu longue, relevée de quelques côtes au sommet, jaune, pointillée de gris; mürit en novembre et se conserve tout l'hiver). Rambour d'hiver (grosse, trés-aplatie, vert blanchâtre et jaune, pointillée et striée de rouge; mürit en décembre). Rambour d'été, Rambour franc (PI. XLV, fig. 2; grosse, ronde, aplatie, souvent bos- selée, blanchâtre et jaune clair, striée de rouge). Reine des Reinettes (assez grosse, très-aplatie, plus large que haute, vert passant au jaune d’or, marbrée de rouge vif, et pointillée de gris; mürit en janvier). Reinette d'Angleterre, Pomme d'Or (de moyenne grosseur, aplatie, vert jaunâtre et jaune vif, marbrée de rouge clair, maculée de rouge sang, et pointillée de roux; mürit en novembre et se conserve jusqu’en janvier). Reinette d'Allemagne, Reinette bâtarde (grosseur moyenne, arrondie, aplatie, jaune foncé, panachée de rouge clair, et pointillée de gris; mürit en décembre et janvier). à Reivette de Bretagne (de grosseur moyenne, à peu près arrondie, à peau rude, jaune rougeûtre, striée de rouge; mürit de novembre à janvier). Reinette du Canada (PI. XLV, fig. 4; très-grosse, arrondie, aplatie le plus souvent; jaune clair, pointillée de brun et de roux; mürit en décembre et se conserve jus- qu’en mars). | Reinctte grise du Canada, Canada gris (très-grosse, rugueuse, de couleur grise, nuancée de gris clair; müûrit en novembre et se conserve jusqu'en mars). Reinette de Caux (grosse, arrondie, irrégulière, aplatie, lisse, verte ou jaune d’or, pointillée de gris et de blanc, et marbrée de rouge; mûrit en novembre, et se con- serve jusqu’en février). Reinette de Hollande (assez grosse, ovale, lisse, jaune verdâtre, pointillée de gris, et striée de carmin ; mürit vers novembre). Reinette dorée, Reinette jaune tardive (de moyenne grosseur, arrondie, aplatie, d’un beau jaune d’or, tachée de rouge et pointillée de gris clair; mürit en décembre et se conserve jusqu’en mars). Reinette du Vigan (assez grosse, variable quant à la forme, souvent conique, jaune citron, nuancée de rose et pointillée de roux; mürit en février, et se conserve jus- qu’en avril). Reinette franche (de grosseur moyenne, arrondie, aplatie, vert clair et jaune pâle, nuancée de rouge et pointillée de brun ; mürit en février et se conserve jusqu’en mai). Reinette grise (PI. XLV, fig. 1; assez grosse, arrondie, aplatie, rugueuse, grise ou jaune rougeâtre ; müûrit en décembre, et se conserve jusqu’en mai). Reine grise de Grandville, Reinette de Grandville (assez grosse, arrondie, aplatie, jaune, doublée de couleur fauve et pointillée de gris roux; mürit en novembre et décembre). Robin (assez grosse, arrondie, un peu aplatie, vert clair et jaune d’or, maculée de vermillon vif; mûrit en décembre et se conserve jusqu'en mai). Sucrin (moyenne grosseur; arrondie, aplatie, relevée de côtes au sommet, vert ten- dre et jaune clair, uniforme, sans ponctuations; maürit en mars et se conserve jusqu'en juin). Violette des quatre goûts, Reinette des quatre goûts (de moyenne grosseur, arrondie, -d’un beau rouge violacé; mûrit en novembre et décembre). CHAPITRE IN. ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS VULGAIREMENT DITS EN BAIES OU BACCIFÈRES !. Airelle ou Vaecinier. Vaccinium Lin. (Ericinées-Vaccinices.) Les Airelles ou Vacciniers sont des arbrisseaux dont on connait environ quarante espèces, les unes provenant de l'Europe, les autres de l’Asie septentrionale, le plus grand nombre de l'Amérique du Nord; sous les tropiques ils ne se montrent qu'à une certaine hau- teur des montagnes. Leurs caractères généraux sont : feuilles al- ternes, simples, entières, dentées ou crénelées, courtement pétiolées, quelquefois coriaces, persistantes, dans quelques-unes parsemées de points glanduleux, dans quelques autres terminées par une pointe calleuse; fleurs solitaires ou groupées en grappes ; baies de plusieurs, notamment d'espèces communes en Europe, comme l’Airelle Myr- tille ou Raisin des bois ou Airelle Anguleuse (Vaccinium Myrtil- lus Lin.) , l’Airelle ponctuée (Vaccinium Vitis idæa Lim.), l’Aïrelle veinée (Vaccinium uliginosum Lin.), contenant du mucilage, du sucre, des acides malique cet citrique associés à une substance as- tringente. Ces baies se mangent crues ou cuites dans certaines con- 1 Nous faisons pour le caractère scientifique des espèces contenues dans ce cha- pitre sous le titre général de fruits en baies, les mêmes réserves qui sont indiquées dans la note du chapitre II, page 519. 558 LE JARDIN FRUITIER. trées, ainsi que plusieurs autres de provenance exotique; elles four- nissent aussi une boisson fermentée. Nos bois sont remplis d’Airelles qui donnent, en été, des fruits acides pouvant être mangés frais, et se conservant toute l’année après avoir été séchés au soleil ou au four. On en fait du sirop, des confitures, des conserves ; on peut s’en servir comme condiment pour assaisonner les viandes. En Alle- magne et dans les Vosges, on distille les baies d’Airelle et l’on en fait une eau-de-vie. Enfin les baies d’Airelle sont employées dans la teinture. PLEINE TERRE. — Multiplication, culture. Les Aïrelles d'Europe s’'accommodent de toutes les expositions et croissent sans culture sur la pente septentrionale des montagnes; elles fleurissent au prin- temps, et donnent en été des fruits abondants. Toutes les espèces ne sont pourtant pas d'une si facile et sponta- née venue : il leur faut une terre légère, et les espèces d'Amérique demandent la terredebruyère. La multiplication se fait par marcottes, rejetons et semences. On a souvent conseillé de planter dans les mas- sifs des parcs anglais des espèces à fruits comestibles. VARIÉTÉS INDIGÈNES. Airelle Myrtille, Vaccinier Myrtille, Airelle anguleuse, Raisin des bois (Vaccinium Myrtillus Lin. ; petit sous-arbrisseau rameux, haut de 3 à 4 décimètres, à rameaux anguleux ; à feuilles ovales, aiguës, dentées en scie, tombantes ; à petites fleurs d’un blanc rosé, solitaires sur des pédoncules courts et penchés; à fruits de la grosseur d’un gros Pois, d’un noir blanc, qui rappellent les baies du Myrte, d’où le surnom de Myrtille donné à cette espèce; ces fruits sont connus sous les noms vulgaires de Bleuets, Maurets, etc. L’Airelle Myrtille est la plus commune en France et n’est pas pour cela la plus facile à cultiver, On la trouve en abondance dans les bois frais, les bruyères d’une grande partie de l’Europe; aux environs de Paris, dans la forêt de Montmorency. On la cultive dans quelques jardins). — ponctuée, Vaccinier ponctué (Vaccinium vitis idæa Lin.; arbuste toujours vert, dont les rameaux ont la propriété de s'attacher à la terre lorsqu'ils y touchent et de pro- duire de {nouveaux individus; feuilles persistantes, ponctuées en dessous; fleurs rosées formant des grappes pendantes ; fruits d’un beau rouge, un peu acerbes, dont on peut faire des confitures comme de ceux du précédent ; abondant dans les Vosges et sur les Alpes; culture facile). — veinée, Airelle des Marais, Vaccinier ponctué, Vaccinier des Marais (Vaccinum uligino- sum Lin. ; habite les tourbières, les lieux humides; elle est commune en Auver- gne ; les fruits petits, quoique moins agréables que ceux du Myrtille, sont néanmoins utilisés de la même manière. On la cultive aussi, comme plante d'ornement, dans les jardins). — Canneberge (Voyez ce mot). ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES, 599 VARIÉTÉS EXOTIQUES, Airelle ou Vaccinier de Pensylvanie (Vaccinium pensylvanicum ; espèce qui n’a pas plus de 60 centimètres de haut; on la cultive dans les jardins, en terre de bruyère, à une exposition fraiche et couverte). — résinifère (Vaccinium resinosum ; espèce du Canada, à fruits excellents, les meilleurs du genre ; on cultive aussi en terre de bruyère, à une exposition fraiche et couverte). Argousier, Griset, Hippophaé. Hippophaë rhamnoïdes. (Elæagnées.) Les Argousiers sont des arbustes indigènes de l’Europe centrale, susceptibles de s'élever en arbres de 4 ou 5 mètres de haut, mais le plus souvent formant des buissons d’un mètre à un mètre et demi, ‘épineux à l'extrémité des rameaux, qui sont garnis de feuilles al- ternes, persistantes, couvertes en dessous d’écailles blanchätres ou roussâtres ; à fleurs unisexuées, petites et vertes, les mâles sessiles, disposées en petits chatons, les femelles axillaires et solitaires; à fruits d’un jaune orange, globuleux , disposés en chapelets le long des branches. Les fleurs paraissent en avril et mai. Les fruits dont l'arbuste est chargé en septembre, quoique très-désagréables au goût à l'état frais, servent dans le Nord pour accommoder du pois- son. On entire de l’eau-de-vie par distillation. La racine longue et traçante de l’Argousier distille un suc gommeux, très-amer, que les anciens employaient dans la médecine vétérinaire. L'Argousier n'exige aucune culture. Camarine. Empetrum. (Empétrées.) Les Camarines (dont le nom scientifique Æmpetrum vient du grec éprerpos, signifiant qui croît sur les rochers) sont de petits ar- briëseaux à tiges couchées, très-rameuses, à feuilles alternes, ser- rées, linéaires ou oblongues-linéaires, obtuses, planes en dessus, d'un vert sombre, luisant, roulées au bord, convexes en dessous, dépourvues de stipules ; à fleurs petites, axillaires, solitaires, sessiles, unisexuées, quelquefois hermaphrodites, d’un rouge sanguin foncé; le fruit est une drupe noire ou rouge suivant l'espèce. Ces arbrisseaux croissent naturellement dans des régions froides, soit par leur latitude, 560 LE JARDIN FRUIIIER. soit par leur hauteur, tant en Europe qu'en Asie et en Amérique. La Camarine à fruits noirs ou plutôt d’un bleu noïrâtre (£mpetrum nigrum) croît sur les hautes montagnes de l'Europe centrale, et se. trouve jusque sous le pôle. Ses fruits acidules se mangent cuits, dans le Nord; ce sont les seuls dont les Groënlandais fassent usage; ils en préparent, par fermentation, une boisson alcoolique. On en fait des tartes. PLEINE TERRE. — Culture, multiplication. faut aux Camarines une terre légère, sablonneuse, une exposition ombrée. La multipli- cation se fait par semences mises en terre, aussitôt après la récolte des fruits. Observations. La Camarine blanche de Linné (Æmpetrum al- bum Lin.) a été proposée comme genre par Don (£dinb. New Phul. Journ., t. I, p. 63), sous le nom de Corema. C'est un petit ar- brisseau croissant sur les côtes maritimes du Portugal, très-ramifié ; à feuilles éparses, étalées, linéaires, obtuses, planes en dessus, rou- lées aux bords; à fleurs blanchâtres, assez grandes, polygames, ag- glomérées, terminales ; à fruits blancs, d’une saveur plus agréable. que celle des fruits de Camarine noire, mürissant en août et sep- tembre. Sous le climat parisien, il faut à cette plante une exposition très-chaude, et, en hiver, un abri. Elle ne vaut pas la peine d’être cullivée en orangerie, ce qui serait cependant le seul moyen d'en obtenir des fruits sous ce climat. Canneherge ou Vaceinier oxyecoccos. Vaccinium oxycoccus Pers. ( Ericinées-Vacciniées. ) Canneberge est le nom vulgaire du Vaccinium oxycoccus, arbuste qui croit dans nos forêts marécageuses, et dont la baie acide à la propriété de nettoyer et de blanchir l’argenterie. Les baies des deux espèces de Canneberge que l’on cultive dans nos jardins ne jouissent pas d’une haute réputation ; elles ne sont pourtant pas désagréables; leur acidité les rend surtout propres à faire des tartes, mais elles varient de qualité suivant la station où la plante est cultivée. Il faut aux Canneberges, cultivées pour leurs fruits, un marais arüficiel, comme l'avait établi le célèbre botaniste anglais 3. Banks. ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. »61 On a soin d'empêcher le mouvement des eaux de déchausser le pied de la plante qui doit être de 12 centimètres dans le sol et de 20 centimètres environ au-dessus de la surface de l’eau. Quand une plantation a réussi, elle donne des récoltes régulières, indépendan- tes de la saison et de la température, et n’ayant rien à craindre des insectes. ESPÈCE D'EUROPE. Canneberge des Marais, Airelle coussinette, Vaccinier Oxycoccos (Oxycoccus palustris ; à baies cramoisies, fortement acides, mais ayant une saveur particulière, agréable, qui les fait rechercher de tout le monde dans les pays où elles croissent ; on en expédie de Russie en Allemagne). ESPÈCES EXOTIQUES. Canneberge à gros fruits (Orycoccus macrocarpus ; espèce originaire de l’Amérique du Nord). — dressée (Oxyccoccus erectus; originaire de Virginie, à baie écarlate, transparente, d’excellent goût). Epine-Vinette, Vinettier, Berberis (PI. XLIX, fig. 3). Berberis vulgaris Lin. (Berbéridées.) L'Épine-Vinette est un arbrisseau buissonnant, indigène de l'Eu- rope, où il croit dans les bois, les haies, les lieux incultes et sau- vages. Les tiges, hautes de 1 à 2 mètres ou plus, dressées, couvertes d'une écorce gris cendré, se divisent en rameaux diffus épineux, portant des feuilles d’abord fasciculées, plus tard alternes, pétiolées, ovales-obtuses, fortement dentées en scie, glabres, d’un vert glau- que, plus pâle en dessous. Les fleurs, d’une odeur repoussante, d'un beau jaune, portées sur des pédicelles minces munis d’une pe- tite bractée à la base, sont groupées en grappes axillaires, simples, allongées et pendantes. Le fruit est une petite baie, ovoïde-allon- gée, ombiliquée au sommet, d’un beau rouge, plus rarement violette ou blanchâtre, contenant deux ou trois graines oblongues. Avec les fruits mürs de l’Épine-Vinette on fait des confitures, des conserves, des sirops ; les fruits verts, confits au vinaigre, tien- nent lieu de câpres; fermentés avec de l’eau de miel, ils procurent une boisson aigrelette rafraichissante. "PLEINE TERRE. — Multiplication, culture. On multiplie, en au- tomne, de rejetons, de boutures et de marcottes; ces dernières sont deux années à s'enraciner. On peut aussi multiplier de semences, 36 562 LE JARDIN FRUITIER. aussitôt après maturité, soit en place, soit en terrines. Les soins ont beau n'être pas indispensables à cet arbrisseau, il est plus beau et plus vigoureux quand on le cultive. Pour en obtenir du fruit comes- tible, il faut lui donner une exposition chaude, l'empêcher de pous- ser des rejetons et le mettre sur un brin. Récolte. On récolte les fruits en novembre, c'est-à-dire le plus tard possible. Ils ne se conservent, comme toutes les baies en gé- néral, que peu de jours. VARIÉTÉS D'EUROPE. Épine-Vinette commune, Vinettier (Berberis vulgaris; fruits rouges à saveur très-acide). — — à fruits blaucs (moins acides). _— — à fruits violets. — — à fruits noirs. — — àgros fruits. — — à fruits sans pepins (vient sur de vieux pieds provenant de marcottes ; variété très-recherchée). VARIÉTÉS EXOTIQUES. Épine-Vinette du Népaul (Berberis Nepaulensis ; fruits plus gros et moins acides). — — du Canada (Berberis Canadensis ; baies plus acides que celles de l'espèce euro- péenne). ] i — — de Chine (Berberis Sinensis ; mêmes qualités que l’espèce vulgaire). Figuier (PI. XXXVIL, fig. 4 et 2). Ficus carica Lin. (Morées.) Le Figuier est originaire de l'Asie; on en a trouvé des espèces en Amérique, mais elles ne sont pas comestibles. Il nous est venu _des contrées de l'Orient, et paraît avoir été introduit par les Pho- céens dans le midi de la France, où il est cultivé en grand depuis un temps immémorial. Il fait même partie de la culture en plein champ sous le climat de Paris, à Argenteuil. Dans nos départe- ments du Sud-Ouest, dans ceux de l'Ouest, particulièrement sur les côtes maritimes, dans les départements de Maine-et-Loire, d'Indre-et-Loire, etc., les Figuiers sont de la plus belle venue, pourvu qu'ils soient un peu abrités. Le Figuier est un arbre dont la tige peut atteindre la hauteur de 10 mètres, mais qui, en sénéral, reste beaucoup plus bas dans nos cultures. Cette tige se divise en nombreux rameaux, terminés par des bourgeons ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 563 très-pointus, portant des feuilles alternes très-grandes, à pétiole cylindrique et pubescent, à limbe large, échancré en cœur à la base, à cinq lobes arrondis et obtus, épais, ferme, d’un vert foncé et luisant à la face supérieure, plus clair à l'inférieure, qui est cou- verte de poils rudes et courts. Les fleurs, monoïques, très-petites, blanchâtres, pédicellées, sont renfermées dans un conceptacle pyriforme charnu, dont elles occupent toute la surface interne, et qui est muni, à la base, de deux ou trois petites écailles, tandis que le sommet est percé d’un trou (œil) bouché par de nombreuses écailles scarieuses disposées sur plusieurs rangs. Les fleurs mâles, situées à la partie supérieure, présentent un calice à trois divisions el trois étamines saillantes. Les fleurs femelles, beaucoup plus nom- breuses, occupent le milieu et le fond du conceplacle, et présentent un calice à cinq divisions, un ovaire à une seule loge, muni d’un style latéral terminé par un‘stigmate filiforme et bifide. L'inflores- cence, fécondée et parvenue à maturité, forme l'espèce de fruit ap- pelé Figue : c'est une fausse baie composée du conceptacle, devenu épais, charnu, succulent, et de nombreux akènes très-petits (véri- tables fruits, vulgairement appelés graines), adhérents par des pé- dicelles charnus à la paroi intérieure de ce conceplacle. Tout le monde connaît l'excellence et les usages des Figues; elles sont saines et agréables, peu nourrissantes à l’état frais, beaucoup plus nourrissantes quand elles sont sèches. Elles font partie, avec la Datte, le fruit du Jujubier et le Raisin, des quatre fruits pectoraux qui entrent dans la composition des sirops et des pâtes pectorales. Elles sont la base de la nourriture des habitants des îles de l’Ar- chipel et de certaines populations africaines. On en mange beaucoup en Italie, en Espagne, dans le midi de la France; dans le Nord, on les sert plus volontiers sèches, en hors-d’œuvre ou au dessert. Dans certaines contrées, on en prépare, par fermentation, un vin qui produit à la distillation une eau-de-vie agréable. Le suc de la Figue, élaboré, perfectionné, raffiné pendant douze heures, après que le fruit a été cueilli, se convertit en un sirop délicieux. PLEINE TERRE. — Choix du terrain et de l'exposition. Quoique le Figuier s'accommode de toutes sortes de terres, il préfère cepen- 564 LE JARDIN FRUITIER, dant un sol sablonneux et doux. Il est bon, sous le climat pari- sien et sous celui du Nord, de le planter au midi, ou, si l’on peut, dan$ un angle formé par la réunion de deux murs, car il redoute les hivers excessifs, et gèle à 12° centigrades. Duhamel du Monceau dit que le fruit est plus sucré et le goût plus fin quand l'arbre est dans un terrain sec, et même entre des rochers. Multiplication. Le Figuier se multiplie de rejetons, de boutures, de marcottes et de tronçons de racines; mais le mode par rejetons est le plus court et le plus facile. Pour ce dernier mode, on laisse sur le pied-mère quelques reje- tons destinés à la multiplication; les Figuiers en produisent beau- coup. Pour ne pas épuiser l'arbre, on enlève les rejetons au bout de la première année, et on les met en pépinière. A la cinquième ou sixième année, ils commencent à donner des fruits. Les marcottes ne s'emploient que faute de rejetons. Les boutures ne sont bonnes que dans certaines circonstances, c’est-à-dire quand on veut expédier au loin et sur-le-champ une variété digne d'être reproduite. Il faut pour cela choisir des bran- ches de deux ou trois ans. On enterre les boutures de 30 centimè- tres, à l’ombre, dans une terre ferme et non humide, en les arro- sant au besoin. Au printemps suivant, on relève les boutures et on les met en pépinière. Quand on veut multiplier certaines variétés par la greffe, 1l faut préférer celle en sifflet. On peut aussi, avec des chances diverses, employer la greffe en écusson. Quant à la greffe en fente, elle ne réussit pas ou réussit mal; aussi ne l’emploie-t-on pas. Quel que soit le moyen de multiplication, il ne peut faire pro- duire des fruits à l’arbre avant quatre ou cinq ans. Enfin on peut multiplier de semences; mais ce mode n’a guère été employé que par curiosité et pour obtenir des variétés nouvelles. Duhamel du Monceau dit qu'on peut tenter de se procurer ces variétés en semant les graines qui se trouvent dans les Figues sèches, ces semences se conservant très-saines dans les fruits qui n’ont été desséchés que par l’ardeur du soleil. «Si, dans la vue d'obtenir de nouvelles espèces, ajoute Duhamel, on veut semer la graine des Fi- ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 565 gues de son jardin, il faut laisser celles-ei mürir sur l'arbre jusqu’à ce qu'elles soient extrêmement flétries. On les cueille dans cet état, et on les écrase dans un bassin rempli d’eau fraiche; on ramasse la bonne graine qui tombe au fond de l’eau, et, après l'avoir un peu desséchée sur un linge, on la sème dans des terrines, en la répan- dant sur la superficie de la terre, et on ne la recouvre qu'avec un peu de terre passée au crible. Si l’on tient ces terrines sur une couche chaude, et si l’on a l'attention de les défendre de la grande ardéur du soleil avec des paillassons, on aura la satisfaction de voir en peu de jours les jeunes Figuiers sortir de terre. » (Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre. Paris, 1755. 4. 1hp.:299.) Plantation. On plante le Figuier au printemps mieux qu'à l’au- tomne. On l'élève en cépée que l’on forme au moyen d'un ou deux pieds de chevelu, qui se couchent dans une fosse demi-cireu- * laire, à une profondeur d'environ 50 centimètres. On le recouvre de 30 centimètres de terre seulement, de manière à pouvoir, chaque année, au printemps, rehausser le sol. On relève l'extrémité des plants, auxquels on ne laisse que deux ou trois yeux au plus hors de terre. Dans la troisième année, on rabat le Figuier au ras du sol, dans le but de faire développer des bourgeons qui formeront les branches de la cépée ; on n’en laisse que cinq ou six, qu'on bifurque plus tard, suivant le volume qu’on veut donner à sa cépée, la seule règle à suivre étant de ne pas faire un buisson confus, dont la con- duite serait difficile. « Il vaut mieux, dit Duhamel du Monceau, planter les Figuiers en buisson qu’en espalier, parce que, dans la première de ces conditions, 1ls donnent des Figues plus nom- breuses et plus müres. Si l’on se contente, ajoute le même au- teur, de tenir ainsi les Eiguiers à une bonne exposition, il arrivera de temps en temps que les branches gèleront, à la vérité, la souche repoussera ; mais les nouveaux jets ne donneront des Figues que dans la troisième année. Pour prévenir ces accidents (il s’agit ici du climat de Paris), il faut tenir les Figuiers très-nains.» Un autre auteur recommande de ne pas les tenir, sous ce même climat, hauts de plus de 2 mètres. 566 LE JARDIN FRUITIER. Culture. Le Figuier redoute avant tout le sécateur et la serpette, et demande à être tourmenté le moins possible. C’est une des rai- sons pour lesquelles il ne produit pas plus en espalier que quand on le laisse en arbre ou en buisson. Ce qu’il lui faut, c’est la liberté. Au mois d'avril, on voit apparaître le fruit, qui est accom- pagné d’un bourgeon à bois, qu'il faut supprimer pour empêcher ce fruit de couler; on ne réserve un œil dans le bas de la tige que quand la symétrie de l'arbre exige une branche de plus pour le compléter, Les cultivateurs ajoutent à cette opération le pincement du bourgeon terminal, en juin, pour hâter la maturité du fruit. En septembre, on rabat la branche sur le bourgeon destiné à fournir une bifurcation. Pendant tout le cours de l'été, il faut supprimer les branches ou bourgeons surnuméraires, afin d’én prévenir le déve- loppement, puisqu'ils épuisent le pied. On donne deux ou trois binages par an; on arrose dans les trop grandes chaleurs, s'il en est besoin; on nettoie l'arbre de son bois mort. On fume le sol tous les trois ans avec des engrais bien consommés, ou bien on y met des terres neuves; il faut toutefois ménager le fumier, car s’il donne la quantité, il nuit à la qualité des Figues. Quand une fois le Figuier a donné ses fruits, on n’a plus d'autre soin à en avoir que de le coucher en terre ou de l’empailler à la fin de l'automne pour le soustraire à la gelée. Quoiqu'une enveloppe de paille doive suffire pour empêcher l’action du froid, l'hivernage en terre convient mieux : la fructification de l'arbre en est plus pré- coce et plus belle; mais il faut pour cela qu'il y ait été accoutumé. Cette opération, qui se pratique dans la culture en grand d’Argen- teuil, près Paris, consiste à enterrer complétement la cépée, après en avoir enlevé les feuilles et les débris étrangers, qui devien- draient une cause de pourriture. La couche de terre en ados qui recouvre le Figuier doit avoir de 25 à 30 centimètres d'épaisseur, pour que le froid ne puisse traverser le sol et atteindre le bois. Au mois de mars, on déterre le Figuier, et on le débarrasse du bois mort. Quand il s’agit de former une cépée, on supprime les bourgeons terminaux, excepté pour les Figuiers rouges et vio- lets, et l’on peut encore supprimer les branches inutiles, qui font ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 567 confusion; on supprime également tous les rejetons inutiles. La culture du Figuier dans les-pays méridionaux et même sur nos côtes maritimes de l'Ouest, ne demande pas les précautions employées sous le climat parisien pour garantir la plante du froid. A cela près, elle est la même. Récolte. I] y a deux sortes de Figues, la Fique-fleur ou de prin- temps, et la Fique d'été. La première mürit dans nos départements du Midi, selon les variétés plus ou moins hâtives, depuis le com- mencement de juin jusqu'au mois de Juillet, et un peu plus tard dans les contrées au Nord; elle naît sur les rameaux de l’année précédente ; elle est d'ordinaire très-grosse. La seconde, ou d’au- tomne, ne tarde pas à lui succéder depuis le mois d'août jusqu’en septembre et octobre; elle est plus petite, plus succulente ; si les gelées ne venaient pas en arrêter la production, elle donnerait en- core durant tout le mois de novembre. Pour obtenir, sous le climat parisien, une récolte d'automne, après celle d'été, on a conseillé de sacrifier les Figues d'été de quelques arbres, lorsqu'elles sont formées, en cautérisant la plaie faite au bout de la branche au moyen d'un onguent agglutinatif. Les branches s’allongent, les Figues d'automne apparaissent plus tôt; on pince la branche fructi- fère dès qu’elle porte quelques fruits, et le plus souvent les Figues mürissent avant les gelées, si l’année est chaude et si la chaleur se prolonge. Pour obtenir des Figues d'automne sur des Figuiers de petite taille, un habile horticulteur, M. Lemon, coupait, au mois de juin, des branches-de Figuier longues de 25 à 30 centimètres, et les mettait avec leurs feuilles sous une cloche à boutures ; au bout d’un mois elles étaient enracinées, avaient conservé leurs feuilles et se chargeaient de fruits de seconde saison qui mürissaient parfaite- ment. Ces arbres nains, car ils n'avaient pas plus de 35 à 45 cen- timètres de hauteur, résistaient mieux au froid que les grands ar- bres. Caprification. I est une autre manière de mürir les Figues qui était connue dès le temps d’Aristote, et dont Tournefort parle dans son Voyage du Levant. C'est la caprification qui consiste à sus- 568 LE JARDIN FRUITIER. pendre aux branches des Figuiers cultivés des chapelets de fruits de Caprifiguier ou Figuier sauvage, souche de nos Figuiers cultivés, et qui produit, au lieu de fruits doux et sucrés, des sycônes secs et farineux, toujours remplis d'insectes hyménoptères appelés Cynips. On attribue à ces insectes la propriété de faire mürir les Figues, en pénétrant dans leur intérieur chargés de poussière fécondante, ou bien, en y déterminant, par leur piqüre, un afflux considérable de séve qui en accélère la maturité. Cette opération, fort contro- versée, est considérée par quelques botanistes comme absolument inutile, tandis que d’autres, s’en déclarent les partisans. Tour- nefort et, après lui, Duhamel du Monceau ont décrit, avec beaucoup de détails curieux, la caprification telle qu’on la pratique danse les îles de l'Archipel et à Malte. Le docteur Lindley en dé- montre l'utilité sur les Figues tardives pour en accélérer la matu- ration, et dit que dans tous les lieux où elle se Paques les arbres donnent dix fois plus de fruits. Autres moyens de maturation. Les Égyptiens prétendent obtenir des résultats analogues à ceux de la caprification en cernant l'œil de la Figue. Duhamel du Monceau parle de l'usage déjà ancien de mettre, avec un pinceau, un peu d'huile d'Olive à l'œil des Figues, c'est-à-dire à l'ouverture que l’on aperçoit à l'extrémité du fruit. Il avait vu faire cette opération à Bercy chez le savant docteur Geof- froy. On choisissait sur une même branche deux Figues de même grosseur, et qui élaient parvenues aux deux tiers de celle qu’elles devaient avoir. On mettait avec un pinceau un peu d'huile d'Olive à l’une des deux; celle-là grossissait plus que l’autre, et parvenait plus tôt à sa maturité sans rien perdre de sa bonté. Quelques au- teurs, ajoute Duhamel, ont aussi conseillé de piquer l'œil de la Figue avec une plume ou une paille graissée d'huile. Enfin on conseille encore de piquer l'œil de la Figue quand elle a atteint les deux tiers de sa grosseur simplement avec un poinçon, une épingle, une aiguille trempée dans l'huile, ou d'y déposer une goutte de ce liquide. Cette opération a pour résultat d'introduire l'air dans le fruit et de hâter ainsi la conversion de la fécule en sucre, ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 569 Conservation. Les Figues fraîches demandent, pour ainsi dire, à être mangées aussitôt après avoir été cueillies. Elles ne peuvent supporter le transport que quand on les cueille avant la maturité complète, et dans cet état elles ne sont pas bonnes à manger. Dès qu'elles sont mûres, elles ne peuvent supporter le plus petit trans- port sans altération. Souvent une seule journée suffit pour les faire passer à l’état acide et les rendre désagréables au goût. Dans le Midi on opère en grand la dessiccation des Figues qui forme une bran- che de commerce assez considérable. On les divise alors en trois classes : la Figue grasse, la violette et la petite. Cette dernièré est la meilleure. Les Figues sèches se prennent parmi les variétés hà- tives ; on les place sous l’action la plus forte des rayons solaires, et lorsqu'elles sont à point, on les met dans des corbeilles que l’on dépose en un lieu bien sec. Les Figues que l’on fait sécher au four sont les plus communes; on les destine aux bestiaux. VARIÉTÉS CULTIVÉES. On range les Figues, selon la couleur, en deux catégories, les blanches (PI. XXXVII, fig. 2) jaunâtres et vertes d’une part; les violettes (PI. XXXVII, fig. 1}, rouges, brunes ou noirâtres de l'autre. Figue blanche, ronde ou Grosse blanche (là meilleure de toutes et la plus commune). — longue (plus grosse que la précédente, mais plus délicate et moins productive). — jaune, Angélique, Mélette (fruits moyens, jaunes, à pulpe rougeûtre, très-sucrés). — grosse longue pyriforme (d’un rouge violacé; de bonne qualité). — grosse superfine de la Saussaye (obtenue par M. Croux ; à chair d’un vert jaunâtre et d’une saveur douce et sucrée; elle mürit sous le climat parisien). — perpétuelle de Lée. — poire, ou de Bordeaux (fruit rouge-brun, chair fauve, manquant de délicatesse). — marseillaise (moyenne, à chair blanchâtre ; d’un excellent goût; mürit tard; c’est la meilleure des variétés cultivées en France, tant fraiche que sèche). — grosse jaune, ou Aubique blanche (très-grosse et très-sucrée). — Concourelle blanche, Cordelière, Servantine (délicieuse, surtout en première saison). — brune (n’est estimée que par ce qu’elle est hâtive ; assez grosse). — grosse blanche longue, ou Marseillaise longue (la récolte d’automne est la meilleure pour ces Figues qui viennent en abondance). — petite blanche ronde, de Lipari, Blanquette, Esquillarelle (fruit petit, rond, doux comme du miel). — monissoune, moissonne, mouissone (très-petite ; à peau d’un bleu violacé, très-fine, sou- vent crevassée; hâtive et délicate ; on en fait deux récoltes dans le sud-est). — grosse violette longue, Aubique noire (à peau d’un pourpre obscur et couverte d’une poussière purpurine, transparente ; chair d’un beau rouge ; d’une saveur douceûtre). 570 LE JARDIN FRUITIER. Figue Cuou de Muelo, Rose noire (fruit ovale, d’un rouge-noir, à chair blanche et douce). — Barnissotte ou grosse Bourjassotte (à peau bleuâtre; à chair rouge de sang ; une des meilleures; demande une exposition chaude). — verte, de Cuers (d’un vert foncé tirant sur le bleu, très-brune, rouge en dedans, portée sur un Jong pédoncule ; excellente). — Bargemont (allongée, d’un violet faible sur un fond jaunâtre ; excellente, fraîche et sèche). — Bellonne grise (oblongue, aplatie à sa partie inférieure ; à chair rouge ; demande de l’eau). — du Levant, de Smyrne, de Turquie (très-gros fruit, très-sucré). On ne cultive guère sous le climat brameux et inconstant de Paris que cinq des variétés précédentes : la blanche ronde, la blanche longue, la violette, la jaune angélique, et la Figue-poire de Bor- deaux, parce que seules elles y mürissent habituellement ; les au-. tres exigent plus de chaleur et demandent l’espalier. Voir pour d’autres espèces du genre Figuier la Flore médicale du XIX° siècle,.t. 1, p. 52 à 54; l’Horticullure, Végétaux d'orne- ment, p. 268, 269, 316, et la Flore agricole et forestière, à la famille des Morfes. Framboisier, Ronce-Frambhoisier (Pl, XLIX, fig. 1 et2). Rubus Idæus Lin. (ARosacces.) Le Framboisier, ou la Ronce-Frambhoisier, comme son nom latin l'indique, a été donné comme originaire du mont Ida, dans l'Asie Mineure. Le fait est que la Ronce-Framboisier, comme la Ronce sauvage ou des haies (Æubus fruticosus Lin.), croît spontanément danstoute l'Europe méridionale et centrale, où elle recherche l'ombre et le frais; on en trouve sur les Alpes et sur les montagnes du dé- partement de la Drôme. C’est un sous-arbrisseau traçant, à tiges droites, de 1 à 2 mètres, se renouvelant tous les deux ans, frèles, couvertes de petits aiguillons légèrement piquants; à feuilles infé- rieures quinquéfoliées, trifoliolées vers le haut de la tige, vertes en dessus, blanchâtres et pubescentes en dessous; à fleurs blanches, en grappes, à pédoncules velus et rameux, composées de cinq pé- tales réguliers, d’étamines nombreuses ayant leur point d'insertion sur le calice; à ovaires nombreux. Le fruit est globuleux, multiple, de couleur variable, juteux, formé d’une réunion de petites drupes, charnues, succulentes, renfermant chacune une seule graine. ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 571 Ce fruit, connu sous le nom de Framboise, que sa saveur fraîche et parfumée, sa richesse en sucre, ont fait de tout temps recher- cher, se mange au naturel et en confiture; on en fait des con- serves, des sirops, un vinaigre dit sirop de vinaigre framboisé; on le mêle à la confiture de Groseille pour la parfumer; on en aro- matise des glaces; on peut, par fermentation, en tirer un alcool; les habitants du Midi le mêlent au vin, et en font de l’hydromel; en Allemagne on en fait une liqueur recherchée, appelée Himbur brandiwein. PLEINE TERRE. — Choix du terrain et de l'exposition. Le Framboi- sier vient dans tous les terrains; il préfère néanmoins les sols pier- reux et frais; 1l lui faut une exposition où, bien qu'à demi om- bragé, il reçoive l'air et la lumière. Comme il appauvrit la terre et nuit aux autres plantes, on le cultive à part. Multiplication et plantation. La multiplication se fait au moyen des nombreux drageons qui poussent de la racine, et qu’on plante depuis la fin d'octobre jusqu'à la fin de mars. Cette plantation se fait dans des rigoles, disposées à 1 mètre de distance les unes des autres, et ayant de 25 à 30 centimètres de profondeur sur 40 de largeur. On met un seul rang de Framboisiers dans chaque rigole, et on laisse entre ceux-ci une distance de 30 à 40 centimètres. Culture. Dans la première année qui suit la plantation, on taille le Framboisier très-court; les années suivantes, on le taille, sui- vant la force des sujets, de 40 à 65 centimètres de terre. Chaque année on remplit les rigoles pour forcer les plantes à produire des racines. Le Framboisier exige des fumures et des labours, si l’on ne veut pas voir le volume du fruit diminuer peu à peu. Dans le même but et aussi parce qu'il appauvrit la terre, comme on l’a déjà dit, on le change de place tous les quatre ou cinq ans. Récolte et conservation. On récolte les Framboises, suivant les va- riétés, de juin en novembre. Il vaut mieux les cueillir le matin, de très-bonne heure; elles ont plus de parfum que si on les cueille au milieu du jour. Elles ne se conservent fraîches qu’un ou deux jours, et c’est en cet état qu’on les sert sur nos tables mêlées aux Fraises et aux Groseilles, qu'elles parfument agréablement. 572 LE JARDIN FRUITIER, VARIÉTÉS CULTIVÉES. On compte de 20 à 30 variétés de Framboisier. Framboisier à fruit rouge ordinaire (pl. XLIX, fig. 2). _ à fruit blanc ordinaire (pl. XLIX, fig. 2). — à fruit couleur de chair. — à gros fruits rouges obtus. _ _ — allongés. — du Chili (pl. XLIX, fig. 14; à gros fruits jaunes). —— des Alpes ou des Quatre saisons (à fruits rouges ; de juin jusqu’en novembre). — Falstoff (variété anglaise à gros fruit pourpre, de haut goût, mûrissant successi- vement pendant longtemps). — Emily (fruit gros, jaune pâle). — .Cushing (variété obtenue de graines par le docteur Brinckle, de Philadelphie ; fruit gros, cramoisi et d’une saveur délicate. Il mûrit de bonne heure et donne souvent une seconde récolte). — Cope (gros fruit eramoisi, à épines rouges). — Belle de Fontenay (variété naine et remontante à gros fruits rouges). s — des Quatre saisons ou Bifère (à gros fruits rouges). — Gambon (à fruit rouge, gros, allongé, conique, très-sucré et parfumé). —_ Franconia (variété tardive; à fruits rouges, ayant des qualités mixtes entre Fal- stoff et le Red Antwerp). _ à fruit orange (plus tardif que le F. d'Anvers; à fruits jaune orange, gros et très- abondants) — Merveille des quatre saisons (à gros fruit rouge et franchement remontant). = Knevett’s giant (d’origine anglaise; donne abondamment des fruits rouges de haut goût. Cette variété a la chair ferme, et se laisse facilement transporter dans les marchés). — d'Anvers à fruits rouges, True red Antwerp, Burley, Late bearing Antwerp (fruit gros, conique, d’un rouge obscur, d’'nne saveur aromatique. Il müûrit dans la première quinzaine de juillet). —- d'Anvers à fruits jaunes (fruit gros, jaune pâle, de saveur douce; donne une longue succession de fruits ). — Monthly, Large fruited Monthly, River’s large (fruit moyen, rouge, d’une saveur très-fine; variété fertile). — Walker (variété peu connue au-delà de Philadelphie; à gros fruit cramoisi obs- cur, supportant bien le transport; qualité appréciable pour le producteur). — Barnet (fruit gros, ovale arrondi, rouge noir, de première qualité). — blanc de Souchet (fruit gros, blanc, sucré, très-bon ; variété fertile et dont le fruit miûrit successivement). Gaulthérie shallon. Gaultheria Lin. (£ricinées.) Les Gaulthéries sont des arbrisseaux croissant dans les deux Amé- riques; à feuilles alternes; à fleurs axillaires et terminales, dispo- sées en grappes; à fruits de couleur variable, suivant l'espèce. La Gaulthérie shallon qui, dans l'Amérique du Nord, son pays natal, croît à l’ombre des Pins, sur des points où toute autre végétation ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. D13 est impossible, mériterait beaucoup plus d'être cultivée, comme ar- brisseau baccifère, que la Gaulthérie couchée, ou Thé de montagne, Thé de Terre-Neuve (Gaultheria “procumbens). Les fruits en sont excellents, et susceptibles d’être mangés soit crus, soit en con- serves. On en fait de très-bons pouddings. PLEINE TERRE. — Multiplication. On multiplie les Gaulthéries de graines semées à l'ombre et au frais, le plus tôt possible après leur récolte; on les multiplie aussi de marcottes ou de boutures. Il leur faut une terre légère et substantielle. Groseillier à grappes. — Groseillier cassis, — Groseillier épineux où à maquereau (PI. XLVI). Ribes rubrum et album Lin. — Ribes nigrum Lin. — Rides uva crispa Lin. (Ribésiées.) Les espèces du genre Groseillier, indigènes des contrées montueuses de l’Europe, de l'Asie (Sibérie), de l'Amérique septentrionale et de l'Amérique méridionale (Chili), sont toutes des sous-arbrisseaux buis- sonnants, inermes ou épineux, à feuilles éparses, digitées, lobées ou incisées, dont le pétiole, dilaté à sa base, est semi-amplexicaule; à pédoncules axillaires ou s'échappant des bourgeons, portant une ou plusieurs fleurs disposées en grappes, verdâtres, blanches, jau- nâtres ou rouges, rarement unisexuées par avortement. Le fruit est une baie plus ou moins grosse, globuleuse, isolée, ou plusieurs dispo- sées en grappes, de diverses couleurs, renfermant un petitnombre de graines mucilagimeuses. Les Groseilles en grappes sont recherchées, surtout quand leur acidité est mitigée par le sucre, pour l'usage de la table. On en fait des tartes, des gelées exquises et saines, des sirops, des boissons acidules et rafraichissantes, des glaces ; et, par la méthode Appert, des conserves excellentes. Dans quelques contrées du Nord, on fait sécher les Groseilles dans un four légèrement chauffé, et on les met ensuite, pour l'usage, dans des boîtes de fer-blanc ou des bo- caux hermétiquement fermés. Le Groseillier noir ou Cassis (Æibes nigrum) se distingue du Groseillier ordinaire par ses feuilles glan- duleuses, aromatiques; par ses fleurs verdâtres, rougeâtres en de- D14 LE JARDIN FRUITIER. dans; par son fruit noir et aromatique, dont on fait une liqueur très-recherchée sous le nom de Cassis. Le Groseillier à maquereau ou épineux (/ètbes uva-crispa) Uüre son surnom de l’usage que l’on fait de son fruit, en Angleterre, pour accommoder le poisson nommé maquereau. On fait aussi de ce fruit des confitures, des tartes, et un vin assez agréable quand il est préparé avec soin. PLEINE TERRE. — Considérations générales, Le Groseillier à grappes joue un grand rôle dans nos jardins et nos vergers. Les fruits tien- nent sur nos tables et dans nos offices une place assez distinguée pour qu’on apporte, dans sa culture et dans le choix des variétés productives et de qualité supérieure, l'attention la plus scrupuleuse. Rien pourtant n’est plus négligé que la culture du Groseillier. Sa végétation vigoureuse, sa rusticité, ont fait, à tort, croire aux ama- teurs qu'il n’exige aucun soin et qu'il peut impunément être aban- donné à lui-même. Aussi l’art de la taille ne lui est-il pas assez généralement appliqué. I semblerait qu’on le juge indigne de tant de soins. Il arrive de là que l’arbuste abandonné à lui-même ne porte que des fruits chétifs, aigrelets, espacés entre eux par suite de la coulure des fleurs. Pourtant l'abondance, la régularité et la qualité des fruits du Groseillier cultivé avee intelligence payent lar- gement la peine que causent les soins qu'on lui donne. Les Hollan- dais ont les premiers cultivé le Groseillier avec la méthode familière à ce peuple laborieux et patient, et les résultats ont démontré l’a- vantage de cette culture. C'est pour prémunir contre ce préjugé que nous croyons devoir faire précéder la description des diverses variétés de Groseilles de quelques détails sur la culture du Groseillier. Les habitants de Louveciennes, de Marly, de la Celle-Saint-Cloud, qui se livrent en grand à cette culture, et en tirent un grand pro- duit, sont récompensés de manière à convaincre les plus incrédules de la nécessité de donner au Groseillier des soins attentifs, et de le soumettre à un système régulier de taille. Ce sont les meilleurs suides à suivre dans la conduite de cet arbuste, car ils ont pour eux la sanction de l'expérience; et l'on sait qu’en fait de culture, l’em- pirisme joue un grand rôle et remplace souvent la science. ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. : D15 En suivant avec attention les phases du développement du Gro- seillier, on remarque que lorsque l'œil terminal s’allonge, il sort communément près de sa base, sur les rameaux de l’année précé- dente, une ou plusieurs grappes accompagnées de leurs deux ro- settes foliacées (on entend par ce nom les boutons du centre des- quels s'échappe une grappe accompagnée de chaque côté de petits faisceaux de trois feuilles inégales). Les yeux placés en dessous se développent comme bois, rosettes ou feuilles. Le Groseillier porte quelques fruits vers le haut du rameau de la dernière pousse; pen- dant le cours de la saison, les yeux qui sont à la base des feuilles des rosettes sur ce rameau deviennent, ainsi que les autres, des boutons à fleurs qui s'épanouiront au printemps suivant. Dès que les feuilles sont tombées, on aperçoit les boutons que les feuilles ont nourris, et qui promettent une abondante récolte pour l’année suivante ou pour la troisième année de la formation de cette portion de la branche ; à la quatrième année, cette même partie de la branche donnera une récolte encore plus abondante; passé cet âge, elle tend à se dénuder et à devenir stérile. Multiplication, plantation, taille, culture, récolte, conservation. La multiplication, la plantation et la conduite du Groseillier exi- gent les soins suivants : | Le Groseillier demande à être pris sur des pieds vigoureux, non sujets à la coulure et portant de longues grappes garnies de grains transparents ou espacés. On doit le planter dans une terre douce, sablonneuse et fraiche, ce qui lui fait produire des fruits plus gros et plus doux, bien qu'il se contente de tout terrain et de toute exposition. Il faut le planter en automne ou en février, à l’air libre, en massif et le long des plates-bandes. Cette dernière méthode ne peut convenir qu'aux personnes qui ont un petit jardin et quelques pieds de Groseilliers; mais elle n'est jamais à suivre pour ceux qui veulent cultiver le Groseillier en grand et en obtenir des produits abondants. La distance entre les pieds est de 1 mètre 30 centimè- tres en tout sens. On a l'habitude de les planter plus près, souvent à 1 mètre seulement; c'est une mauvaise pratique, qui ne peut avoir que de fâcheux résultats. Quand le plant du Groseillier est 576 LE JARDIN FRUITIER. bien enraciné, on le rabat sur trois ou quatre yeux, afin d'obtenir des bourgeons qui seront le commencement des premières bran- ches, et l’on détruit tous les bourgeons qui prennent naissance sur souche. À l’époque de la taille, qui a lieu en février, on raccourcit sur le premier œil les jeunes rameaux destinés à la formation de la touffe. Ce seront des rosettes qui donneront l’année suivante une abondante récolte, car les grappes sont toujours plus belles et plus nombreuses au sommet de la branche qu’à sa base; en taillant trop long, les yeux inférieurs seraient improductifs. Il faut donc faire naître le fruit près de terre, à environ 25 à 30 cen- timètres du sol. Si les yeux réservés par cette taille se convertissent en bourgeons, on en fait des coursons ou branches à fruits, et l’on continue chaque année de la même manière à étendre les prolon- gements des branches, sans y laisser établir de ramifications. Cette prescription n’est cependant pas absolue; car, pour remplir des vides au bout des branches, on est obligé de favoriser le dévelop- pement de branches nouvelles. On élève, si l’on veut, les Gro- seilliers en espalier et en contre-espalier sous forme de candélabres et de palmettes; et l’on obtient, par la taille, des fruits plus gros, quoique beaucoup moins nombreux. Le nombre des branches des- tinées à établir la charpente de l’arbuste, et qui se formeront suc- cessivement d'après les principes ci-dessus, ne doit pas excéder neuf ou dix, pour éviter que faute d’air les produits ne s’étiolent, et la disposition générale du Groseillier doit affecter la figure d’un gobelet. IT faut six ou sept années pour qu’un Groseillier soit arrivé à cet état de perfection. Pour maintenir le Groseillier dans les conditions physiologiques les plus favorables à sa fructification, 11 ne faut pas laisser de bois inutile en surcharger les branches, et pour cela on les supprime avant qu’il s’en établisse. En pratique raisonnée, on ne laisse pas subsister de branches au-delà de cinq années, six au plus, pour ne pas épuiser, au détriment du fruil, un arbre qui ne produirait plus que du bois. La conduite du Groseil- lier doit, en un mot, être dirigée de telle sorte que chaque branche soit composée successivement de six pousses superposées, et l’on ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 571 supprime les branches nouvelles avant leur septième pousse. Quand une portion de branche a atteint le maximum de sa fécondité, elle se charge de fleurs et de grappes avec une telle profusion, que la formation des feuilles s’altère; elles avortent, le fruit est petit, sans jus ; la masse des grappes engendre l'humidité, et l'abondance ne larde pas à se convertir en pénurie. Quelques personnes cultivent le Groseillier en tête, sur une seule tige, de 1 mètre 30 centimètres à 1 mètre 60 centimètres, ou bien en quenouille ; d’autres en font des palissades et des éventails, et c'est d’après ce dernier système que l'on voyait des Groseilliers séculaires cultivés au potager de Versailles ; mais la meilleure mé- thode est de les cultiver en touffes composées de trois pieds plantés en triangle. On multiplie le Groseillier de boutures choisies avec soin sur des touffes franches, non sujettes à la coulure, à feuilles larges et d'un beau vert, à pousses élancées, à grappes longues, à grains transpa- rents, gros et bien espacés. On avait coutume de faire les boutures au printemps; mais on a reconnu qu il valait mieux les faire au mois d'août avec du bois aoûté. On les laisse deux années en pépinière avant de les mettre en place. Il faut toujours, pour avoir de beaux produits, planter les Groseilliers à l'air libre, et ne pas les reléguer à l'ombre des arbres d'un verger, où ils ne produisent que des fruits de seconde qualité. Une des plus détestables coutumes est de pro- pager le Groseillier par des éclats pris sur de vieilles souches épui- sées et qui ne végètent plus que dans une terre dont elles ont dé- truit les propriétés nutritives. On à beau planter ces éclats dans une terre neuve, ils n’en portent pas moins un germe d'infécondité et de destruction. On multiplie encore le Groseillier de marcottes et de semences; mais ce dernier moyen ne s'emploie que pour obtenir des variétés nouvelles. M"° Aglaé Adanson, dans sa Maison de Campagne, dit, à l’article Groseillier, que quand on veut avoir de très-grosses Groseilles, on arrose les Groseilliers depuis l’époque où la fleur noue jusqu'à celle de la maturité du fruit. Si l’on coupe avec des ciseaux les trois ou quatre dernières fleurs de quelques 37 578 LE JARDIN FRUITIER. grappes, les paies deviendront grosses comme de petits raisins. Ce qui vient d’être dit, comme culture, des Groseilliers à grappes se rapporte aussi bien aux Cassis qu'aux Groseilliers à maquereau. Récolte, conservation. C'est, en général, de juin en juillet que le Groseillier donne ses fruits; ils se conservent frais quatre à cinq Jours après qu'on les a cueillis; le transport les fane beaucoup ; mieux vaut pour les conserver les garder sur l’arbrisseau ; lorsqu'on veut en faire de la gelée, et qu'on ne possède que des variétés à fruits acides, on empaille la plante, lors de la maturité, par un temps sec ; on peut conserver ainsi les Groseilles en grappes jus- qu'aux froids. Quelques personnes ont l'habitude d’effeuiller les Groseilliers qu'elles empaillent; mais il est prudent de s'abstenir de cette mé- thode, dans la crainte de développer l'acidité des fruits. VARIÉTÉS DU GROSEILLIER ROUGE ET BLANC A GRAPPES. (Ribes rubrum et album.) (les fruits sont petits et acides ; on les délaisse gé- néralement pour les variétés à gros fruits; fin de juin). — à feuilles panachées (simple variété de collection; fin de juin). — perlé ou ambré) fin de juin). — à gros fruits rouges | (PL-XLVI, fig. 2 et 3; fruits plus gros et moins acides ; — blancs | fin de juin). — — couleur de chair (variété tardive). — — hâtif de Bertin (à fruits rouges). (grains gros, très-espacés sur de longues grap- Groseillier commun à fruits rouges _— — blancs ER de Hollande à fruits rouges pes, moins acides, peau tellement fine que _— — — blancs le fruit supporte à peine le transport; fin de juin). — White grappe, groseillier à grappe blanche (diffère peu du précédent; pie est seulement un peu plus gros). — Knights sweet red, douce rouge de Knight (diffère du Hollande rouge par la couleur de son fruit, qui est plus pâle, et par uu peu moins d’acidité; variété à gros fruits). _ Gondouin (feuillage étoffé; grains très-gros réunis à l'extrémité de la grappe; deux variétés, une rouge et l’autre blanche). _ Cerise (pl. XLVI, fig. 6; fruits très-gros,° d’un beau rouge, au nombre de 45 à 20 sur chaque grappe; comme ils sont très-acides, il ne faut les cueillir que quand ils sont parfaitement mûrs ; commencement de juillet : cette variété est attaquée de préférence par les limacons; il faut la visiter souvent pour la délivrer de ce mollusque). — Reine Victoria, Queen Victoria (les fruits, au nombre de 20 à 25, sont fort gros, d'un rouge vifet d’un goût un peu acide; les graines en sont très-petites. Gette variété n’est pas propre à figurer sur les tables, mais elle convient parfaitement ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. y) pour faire des confitures et fournit une grande quantité de gelée : commence- ment de juillet). Groseillier fertile de Bertin (à fruits rouges). L — très-précoce (variété répandue en Allemagne). — Paluau (fleurit tard, et produit en abondance des fruits moins acidules que les autres variétés à fruits rouges). — la Versaillaise (à gros fruits rouges). VARIÉTÉS DE GROSEILLIER NOIR A GRAPPES OU CASSIS. Groseillier Cassis à fruit noir, Poivrier (Ribes nigrum ; fruit de juillet; pl. XLVL, fig. 7). — — de Virginie (fin de juillet). — — à fruits bruns. _ — à fruits panachés (cultivé depuis longtemps à Montmorency, près Paris), — — à feuilles d'Érable (arbuste vigoureux, grappes longues, grains gros; c’est le géant des Groseilliers : variété à feuilles de Vigne). — — Noir de Naples ou Blak-Naples (variété très-productive, à fruits très-gros). — — à fruit jaune (fruit jaunâtre, plus petit que celui des précédents; variété en- core peu répandue). Observations. Parmi les Groseilliers à grappes, figurent encore : le Groseillier vineux, Groseillier des roches, ou Groseillier Corinthe (Aèibes vinosum; Ribes petreum), originaire de l’Auvergne, cultivé dans le département du Pas-de-Calais, produisant des grappes courtes, peu chargées de fruits, d’un beau rouge, assez acides et sucrés, que l’on emploie dans le poudding où ils rempla- cent le raisin de Corinthe; et le Groseillier doré (Ribes aureum) trouvé au commencement du dix-neuvième siècle, par Pursh, sur les bords du Missouri et de la Colombia, dans l'Amérique du Nord, dont les baies ovales, noirâtres, aromatiques, sont mangeables, même sans le secours de la culture. VARIÉTÉS DE GROSEILLIER ÉPINEUX OU A MAQUEREAU, Les principales variétés des Groseilliers épineux (Ribes uva-crispa), arbrisseaux à tiges courtes, ramassées et chargées d’épines, et sem- blant appartenir à deux types différents, l’un à fruits lisses, l’autre à fruits hérissés, sont les suivantes qui, pour la plupart, sont emprun- tées à l’horticulture anglaise. | Variétés à fruits blancs. Groseillier Abraham New Land (fruit moyen, de bonne qualité). _ Vénus brillant, bright Venus (fruit moyen, excellent). — Fille de Cheshire, Cheshire Lass (très-précoce, fruit gros, bonne qualité). _ Cristal (tardif, fertile; fruit petit, bon). — Blanc précoce, Carly white (fruit moyen, bonne qualité). 280 LE JARDIN FRUITIER, Groseillier Fleur de Lis (ffuit gros, de très-bonne qualité). Groseillier Groseillier Groseillier Gouvernante, Governess (fruit moyen, bon). Gros blanc précoce, large carly white (très-précoce, fruit gros, verdatre, bonne qualité). Autruche, Ostrich (fruit gros, bonne qualité). Fille du moulin, Maid of the mill (fruit moyen, bon). Miss Walton (fruit moyen, bon). à Reine Charlotte, Queen Charlotte (fruit moyen, verdälre, bonne qualité). Reine de Saba, Sheba Queen (fruit gros, bon). Noix blanche, Walnut white (fruit gros, jaunâtre, très-bonne qualité). Gloire de Wellington, Wellington’s Glory (fruit délicieux, gros\. Ours blanc, white Bear (fruit gros, très-bonne qualité). Lion blanc, white Lion (tardif; fruit gros, très-bonne qualité). blanc Smith, white Smith (fertile; fruit gros, excellent). Miel blanc, white Honey (fruit moyen, très-bonne qualité). Variétés à fruits rouges. à Groseille à maquereau commun (PI. XLVI, fig. #). rouge de Beaumont, Beaumont’s red (fruit gros, très-bonne qualité). rouge de Champagne, Champagne red (très-fertile ; fruit petit, bonne qualité). lady Cheshire, Cheshire lady (fruit moyen, tardif, excellent). Commodore (fruit gros, très-bonne qualité). Compagnon, Companion (fruit gros, très-bonne qualité), Couronne bob, Crown bob (fruit très-bon, très-gros). Écho (fruit gros, très-bon). Empereur Napoléon, Emperor Napoleon (fertile ; fruit gros, de très-bonne qualité). Forester (fruit gros, très-bonne qualité). Rejeton d’Hougton, Hougton’s seedling (très-productif, à fruit moyen, rouge pâle). Marchand de fer, Iron monger (fruit petit, velu, de saveur délicate). Enfant du Lancashire, Lancashire lad (fruit gros, d’assez bonne qualité). Lotterie, Lottery (fertile; fruit gros, bon). Magistrale (fruit gros, bonne qualité). Miss Bold (précoce; fruit très-gros, d'excellente qualifé). rouge pale, pale red (le plus productif de tous, ressemble au rejeton d’'Hougton ; fruit moyen). grosse-ovale-rouge, red-oval-large (fruit gros, de très-bonne qualité). Warrington rouge, red Warrington (une des meilleures variétés tardives; fruit gros, d’excellent goût). Rifleman (tardif, fertile; fruit gros, de très-bonne qualité). Lion rugissant, Roaring red (fruit petit, de bonne qualité et de bonne garde). Chêne royal, royal Oak (fruit moyen, bonne qualité). peintre Sally, Sally painter (fruit moyen, bonne qualité). Limon parfumé, scented Lemon (fruit gros, très-bon). Shakespeare (fruit gros, de très-bonne qualité). Smolensko (fertile; fruit très-gros, assez bon). Tantrarara (fruit moyen, bonne qualité). Variété à fruils roses. Héros de Melbourn, Melbourn hero (fruit moyen, bonne qualité). V'ariélé à fruits rosés. conseiller Brougham, (fertile, tardif, médiocre qualité). ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. D81 Variétés à fruits jaunes. Groseillier à Groseille grosse ambrée (PI. XLVI, fig. 5; fruit gros et très-bon). — Bunkers-Hill (fruit gros, bonne qualité). — jaune de Champagne, Champagne yellow (fruit petit, excellent). _ Orange de Chine, China Orange (fruit gros, bonne qualité). — Aile de canard, Duck wing (fruit gros, bon). — Effrayant, Fearful (fruit très-gros, d'excellente qualité). — Beauté souriante, Smiling beauty (fertile ; fruit très-gros, très-bon). — Souverain, Sovereign (fruit gros, excellent). _— Soufre précoce, early Sulphur (fertile, précoce, fruit moyen bonne qualité). _ Trafalgar (très-fertile, fruit gros, de bonne qualité). _ Lion jaune, yellow Lion (PI. XLVI, fig. 5; très-gros fruit rond). V’ariétés à fruits verts. Groseillier à Groseille verte commune (PI. XLVI, fig. 1). — Gloire du fermier, farmer’s Glory (fruit gros, bonne qualité). — vert Glenton, Glenton green (fruit moyen, excellent). _— Gloire de Ratcliff, Glory of Ratcliff (fruit moyen, bonne qualité). — Gage vert, green Gage, Pitmaston’s (fruit gros, clair, très-sucré, excellent). — Prince vert, green Prince (fruit moyen, bonne qualité). — Rejeton vert, green Seedling (fertile; fruit petit, bonne qualité). — Bois vert, green Wood (fertile; fruit très-gros, pâle, de bonne qualité). — Cœur de chêne, heart of Oak (fertile; fruit gros, bonne qualité). — vert prolifique Hebburn, Hebburn green prolific (fruit moyen, excellent). _ Invincible (fruit très-gros, bon. — Prune irlandaise, irish Plum (fruit moyen, foncé, de bonne qualité). — Joyeux pêcheur, jolly Angler (tardif; fruit gros et bon). _ rejeton de Keen, Keen’s seedling (fertile, fruit moyen, bonne qualité). — Keepsake (fruit très-gros, de bonne qualité). — Laurier, Laurel (fruit gros et bon). _ Faisan, Peacocke (fruit gros et bon). _ Perfection de Gregory, Perfection Gregory (fruit gros et bon). — Providence (fruit gros, de très-bonne qualité). _ Reine Adelaïde, Queen Adélaïde (fruit gros, de bonne qualité). _— Vert lisse (très-fertile; fruit moyen, bonne qualité). — Noix verte, green Walnut (très-fertile; fruit moyen, bon). — Warrington (gros fruit vert, long). Micocoulier austral, Micocoulier de Provence, Bois de Perpignan, Fabrecaulier, Fabreguier. Celtis australis Lin. (Ulmacées.) | Les Micocouliers sont des arbres indigènes des régions les plus chaudes de l'hémisphère boréal. On en connaît une trentaine d’es- pèces, parmi lesquelles une seule, le Micocoulier austral, vulgaire- ment Micocoulier de Provence, Bois de Perpignan, Fabrecaulier, 582 LE JARDIN FRUITIER. Fabreguier, croît naturellement dans le midi de la France. Celui-ci est un arbre de 15 à 16 mètres de hauteur, à feuilles ovales, lan- céolées, obliques à la base, dentées en scie, d’un vert foncé ; à fleurs petites, verdàtres, éparses sur des pédoncules souvent simples, les mâles à la base des rameaux, les hermaphrodites au dessus, dans les aisselles des feuilles. Le fruit que l’on considère vulgairement comme une baie, est une drupe noirâtre, charnue, lisse, en forme d'une petite cerise, renfermant un noyau qui fournit une huile capable de lutter pour la douceur avec celle de l'Amande douce. Ce fruit, quand il est parvenu à maturité, est d'une saveur sucrée, assez agréable. Le bois de l'arbre est dur et incorruptible. Les luthiers l'emploient pour faire des instruments à vent; on s’en sert aussi pour en faire des brancards, des manches de fouet, de la menuiserie, de la marqueterie. Toutes les espèces du même genre, le Micocoulier de Virginie, le Micocoulier à feuilles en cœur, dont les fruits sont plus gros, mé- riteraient également d’être cultivées dans les jardins paysagers, où l’on veut joindre l’utile à l'agréable. PLEINE, TERRE. — Multiplication. On multiplie les Micocouliers de semences mises en terre dès qu’elles sont mûres. Muürier noir. Morus nigra Lin. (Morées.) Le Mürier noir est depuis si longtemps introduit dans l'Europe méridionale qu'on pourrait l’en croire indigène. On s'accorde néanmoins à le regarder comme originaire de la Perse où il existe à l’état sauvage ; mais quelques auteurs admettent comme probable qu'il y avait été transporté de la Chine. C’est un arbre, à tige haute de 10 à 12 mètres, irrégulière, couverte d’une écorce rude et gri- sâtre, à suc laiteux; cette tige se divise en rameaux nombreux, longs, étalés, portant des feuilles alternes, pétiolées, ovales-aiguës, profondément échancrées en cœur à la base, dentées, quelquefois lobées, assez épaisses, velues, rudes au toucher, d’un vert sombre. Les fleurs monoïques, petites, verdàtres, sont groupées en chatons axillaires pédonculés. Le fruit est une sorose ovoïde, pourpre noi- ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 583 râtre (PI. XXIX, fig. 7), formée de l'ensemble des sépales charnus succulents, au milieu desquels se trouvent de petits akènes ; mais chaque fruit, en particulier, est un akène enveloppé par 4 sépales charnus. La Müre est en usage comme aliment et comme subs- lance médicinale. On peut la manger au vin et au sucre ; on la met dans des tartes ; on en compose un sirop rafraichissant très-agréable; on en fait aussi, par la fermentation, un vin de difficile conserva- tion, que l’on peut transformer en vinaigre; on en fait même de l’eau-de-vie. Dans les contrées du Nord et même du Centre, le Müûrier noir, quoique résistant parfaitement en pleine terre, n’a qu'une végétation peu vigoureuse; ses fruits restent assez acides et mürissent difficilement, s’il n'est pas placé en bonne exposition contre un mur. . PLEINE TERRE. — Choix du terrain, exposition, multiplication, plan- tation, culture. Le Mürier noir s’accommode de tous les terrains, pourvu qu'il soit à une exposition qui le protége contre les vents du nord. Toutefois, les sols substantiels et profonds lui conviennent mieux que les autres. On multiplie cet arbre de semences, mises en terre en mars ou avril, et l’on ne met en place que lorsque le plant a au collet la grosseur d’une plume d'oie, c'est-à-dire la deuxième année. On multiplie aussi de boutures et de marcottes faites en été ou en automne. Les plantations doivent se faire, de préférence, au prin- temps, comme cela a lieu pour tous les arbres à racines charnues. Si, par circonstance, on plante en automne ou en hiver, il faut entourer les racines de terre meuble et légère, ou sablonneuse. Un autre moyen de. multiplication, c’est la greffe en flûte et en écusson sur franc, ou sur Mürier blanc. On ne taille les Müriers que pour les délivrer de leur bois mort. On les rabat quand ils ne portent plus que de petits fruits. Récolte et conservation. — Les fruits, très-abondants et mürs en juillet, se conservent sur l'arbre jusqu'en septembre. IL faut les cueillir au moment où ils se détachent de la branche sans secousse; plus tôt ils sont acerbes, plus tard ils ont perdu leur sa- veur. 584 LE JARDIN FRUITIER. Muürier d'Italie, Mürier rose. Morus italica Poir.; Morus rosea Lamk. (Morées.) Cette espèce que l’on a longtemps regardée comme une simple variété du Mürier noir, paraît en être distincte. Elle a en effet beau- coup de ressemblance avec celui-ci par le port, par le feuillage; mais elle en diffère par son écorce lisse, d’un vert pâle, par le duvet cotonneux qui couvre légèrement ses jeunes rameaux, par ses feuil- les constamment entières, cordiformes et dont les nervures de la face inférieure sont très-saillantes, et pubescentes. Le Mürier d'Ita- lie, qui tire son nom de ce qu'il nous est venu de ce pays, bien qu'on le croie originaire d'Asie, s'élève rarement au-dessus de 8 mè- tres. Son fruit à les mêmes usages que celui du Mürier noir. Sa multiplication et sa culture sont les mêmes. Muürier de Constantinople, Morus constantinopolitana Poir. ( Morées. ) Cette espèce a été également confondue avec le Mürier noir. C'est un arbre médiocrement élevé, à cime très-large et étendue sur toute sa périphérie; ses feuilles sont largement dentées, alternes, souvent rapprochées par touffes, d’un très-beau vert luisant, à pé- tiole assez long, légèrement canaliculé en dessus. Le Mütier de Constantinople croît partout, mème sur les coteaux rocailleux et résiste à l’effeuillement annuel le plus complet, ce qui est de la plus grande importance, car ses feuilles sont recherchées pour les vers à soie. Son fruit peut être employé comme celui des deux précédentes espèces. Mürier rouge. Morus rubra Lin. (Morées.) Cette espèce nous est venue de la Virginie, de la Louisiane, et d'auprès de Montréal. Elle est haute de 15 mètres environ. Son tronc est revêtu d'une écorce noirâtre, et garni de rameaux portant des feuilles assez grandes, très-rudes au toucher, d’un vert sombre ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 585 en dessus, pâles et velues en dessous. Les fleurs sont dioïques, ra- rement polygames, distantes les unes des autres, disposées en épis longs, pendants, cylindriques, peu fournis. Les fruits qui leur suc- cèdent sont d’un rouge assez vif, légèrement velus dans leur jeunesse, et très-bons à manger. Muürier multicaule Ou à tiges nombreuses, Morus multicaulis Perrot. ; M. tatarica Desf; M. cucullata Bonaf. (Morées.) Cette espèce paraît être descendue du nord de la Chine et même de la Tatarie, où le célèbre voyageur Pallas la trouva jusque dans les plaines basses voisines de la mer des Indes, et de là dans les îles de l’Archipel d'Asie. M. Perrotet, en l’apportant des îles Philippi- nes en Europe, vers 1823, avait été précédé depuis assez longtemps par l’intendant des îles de France et de Bourbon, d’abord par le grand bienfaiteur de l'humanité, Poivre, dont le nom sera immortel dans nos colonies de la mer des Indes, et ensuite par Pallas. Le Müûrier multicaule n'a que peu d'élévation et ne forme, à propre- ment parler, aucun tronc. C'est un grand arbrisseau à racines tra- cantes d'où s'élèvent ordinairement plusieurs tiges presque droites, rameuses dès la base, minces et flexibles, dont l'écorce est parsemée de lenticelles blanchâtres ; les feuilles sont d’un vert clair, arrondies à la base ou largement cordiformes, brièvement acuminées au som- met, irrégulièrement dentées, longues de 2 à 3 décimètres, larges de 15 à 20 centimètres, flasques, minces et tendres, bulbées ou comme crépues, glabres sur leurs deux faces, pourvues d’un pétiole long d'environ 1 décimètre, large, un peu comprimé et comme triangu- laire à sa base, accompagnées de deux stipules blanchâtres, lan- céolées, scarieuses. Le fruit comestible, d'abord blanc, devient rouge, et finalement noir; il est oblong ou turbiné, petit, de saveur ai- grelette et agréable. - Mürier blane. Morus alba Lin. (Morées.) Cette espèce, la plus renommée de toutes pour ses feuilles qui sont l'aliment le plus goûté des vers à soie, ne paraît exister à l’état 586 LE JARDIN FRUITIER. L sauvage qu'en Chine. Les chroniques de l'empire chinois disent que sous le règne de Hong (ce qui correspond à 2700 ans avant Jésus-Christ) l’impératrice Si-Ling-Chi remarqua que les vers à soie se nourrissaient des feuilles du Mürier, et songea à tirer parti de la soie qu'ils produisaient. Dès cet instant, ajoutent ces chroniques, l'industrie séricicole prit naissance en Chine. En quelques siècles, elle acquit un développement immense qui, peu à peu, s’étendit au monde entier. De la Chine elle passa dans les Indes orientales, des Indes orientales en Perse et en Arabie. L'Europe fut la dernière à la connaître et paya pendant bien longtemps un grand tribut de luxe à l'Asie; la soie s’y vendait au poids de l'or, si ce n’est plus. Ce ne fut qu'en 555 après J.-C., que deux missionnaires ayant ap- porté à Constantinople des œufs de vers à soie qu'ils s'étaient pro- curés au péril de leur vie, on rechercha le Mürier et on commença d'en entreprendre la culture en Europe. Au huitième siècle, les Arabes, ces grands civilisateurs d'autrefois, depuis si absurdement stationnaires, répandirent l'industrie séricicole en Espagne et dans les pays voisins; mais ils ne s'appliquèrent qu'à la culture du Mûrier noir. Cela dura jusqu'à l'an 1130, où Roger IF, roi de Sicile, issu de la maison normande de Tancrède de Hauteville, introduisit en Sicile le Mûrier blanc, qu'il avait apporté de la Grèce, et en seconda la culture ; de là, cet arbre passa dans l'Italie méridionale, puis en France, où vers la fin du quinzième siècle, il commença à se pro- pager. Toutefois, le progrès fut lent dans notre pays. François Traucat, jardinier à Nîmes, fit, en 1564, une grande pépinière de Müriers blancs, qui approvisionna le midi de la France. En 1601, d’après l'ordre de Henri IV, le célèbre agriculteur Olivier de Serres en fit faire des plantations importantes à Paris, dans le jardin même des Tuileries. Plus tard, Colbert voulut contraindre tous les pro- priétaires à planter un certain nombre de Müriers sur leurs terres ; mais sa mesure n'ayant pas eu les résultats qu’il désirait, il y subs- titua une prime de 24 sous par chaque pied de Mürier planté depuis trois ans. Par suite de cet encouragement, les plantations de Mûrier blane se répandirent rapidement dans presque toute la France, et l'industrie séricicole devint l'une des plus considérables de notre ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES,. 581 pays. Mais la culture de cet arbre n’y devait pas réussir partout éga- lement ; repoussée par l’inconstance du climat de Paris et de ses environs, elle trouva un abri plus sûr dans nos provinces méridio- nales où elle prit une extension immense et durable. Le Mürier blanc, ordinairement d’une taille médiocre, est sus- ceptible de s'élever à 15 mètres. Son écorce est peu épaisse, rude, gercée. Ses branches sont diffuses et éparses, garnies de feuilles al- ternes, minces, glabres, échancrées en cœur à leur base, dentées inégalement, découpées en plusieurs lobes profonds, irréguliers. Les fleurs sont en chatons axillaires, portés sur de longs pédoncules. Les fruits qui leur succèdent, petits, globuleux , sont le plus sou- vent blanchâtres, rarement teintés d’un rouge pâle; ils sont fades et de peu de valeur, au moins sous notre climat. PLEINE TERRE. — Choix du terrain, exposition, multiplication, culture. Le Mürier blanc aime les terres légères, et même les lieux élevés, exposés aux vents; là, sa feuille est excellente, et la soie des vers qui s’en nourrissent, est abondante, nerveuse, très-pure ‘et très-belle. Il se multiplie facilement par graines, boutures et mar- cottes. Les semis donnent des pieds plus vigoureux et de meilleure venue ; aussi préfère-t-on souvent ce genre de reproduction. Dans ce cas, on sème les graines immédiatement après leur maturité. On les stratifie, si on ne doit les mettre en terre qu’au printemps suivant, ce qui a lieu dans les pays un peu septentrionaux. On re- commande de choisir les graines fournies par des arbres sains, d'âge moyen, et qui n'aient pas été effeuillés dans l’année pour la nourriture des vers à soie. Les jeunes plants qui en proviennent et qui portent vulgairement le nom de pourrettes, doivent être abrités contre le froid de l'hiver pendant les deux ou trois premières années. Assez souvent on les greffe dès qu'ils ont pris un peu de force, mais les avis sont partagés relativement aux avantages de cette opération qui se fait d'ordinaire en flûte. Les régions habituellement froides ne conviennent pas à la culture du Mürier blanc, qui réussit par- faitement dans nos départements méridionaux et même dans ceux qui sont moins favorisés par le soleil, tels que Saône-et-Loire, le Rhône, la Drôme, l'Ardèche, l'Aveyron, etc. 588 LE JARDIN FRUITIER, Konce frutescente, Ronce des haies, Rubus fructicosus Lin. (Rosacées.) La Ronce est un arbrisseau, indigène de l'Europe, à rameaux sar- menteux, généralement armés d’aiguillons, quoiqu'il y ait des varié- tés qui en sont dépourvues; ses feuilles, simples ou composées, sont très-polymorphes, accompagnées de stipules adnées au pétiole. Ses fleurs, blanches ou rosées, généralement assez grandes, quelquefois mème assez belles pour en faire, par la culture, des plantes qui produisent un ornement des jardins, sont rarement solitaires, le plus souvent réunies en grappes simples ou composées; leur calice est très-ouvert et aplani, quinquéfide, non accompagné de bractées, persistant ; leurs cinq pétales sont insérés sur le calice qui les dé- passe; leurs étamines sont très-nombreuses et insérées également sur le calice; leurs pistils sont nombreux, libres et distincts, portés sur un réceptacle convexe, et chacun d’eux est composé d'un ovaire uniloculaire , uni-ovulé, auquel s'attache, un peu au-dessous du sommet, un style terminé par un stigmate simple ou presque en tête. À ces pistils succèdent tout autant de petites baies, d’un pour- pre très-foncé, presque noires ou plutôt de petites drupes agrégées, charnues, succulentes, renfermant des graines. On cultive très-rare- ment la Ronce dans nos jardins au point de vue du fruit; c’est un tort : la Ronce, améliorée par la culture, donne des fruits excel- lents, susceptibles de lutter avec ceux du Framboisier qui lui- même n’est qu'une espèce de Ronce. On peut manger ces fruits, vulgairement appelés Mûres sauvages, au naturel et avec du sucre; on en peut faire des confitures, des sirops, et, par fermentation, un vin agréable. PLEINE TERRE. — Choix du terrain, multiplication, culture. Tout terrain convient aux Ronces, mais elles prospèrent mieux dans ce- lui qui est gras et humide. Le semis de graines est le moyen de multiplication le plus lent et même le plus incertain. On doit préférer les plants enracinés, que l’on arrache dans les haies ou dans les bois : on rabat les drageons à quelques centimètres des racines, et l’on peut compter sur une prompte reprise. On ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 589 fait cette opération au commencement de l'hiver ou au commen- cement du printemps. On multiplie aussi par marcottes et boutures. Les Ronces croissent avec une grande rapidité ; quelquefois, pen- dant la première année, elles donnent des tiges de 4 à 5 mètres de long sur 2 centimètres et plus de diamètre. Il en résulte qu'un seul pied suffit pour couvrir une étendue de terrain considérable. On peut planter les Ronces dans un terrain préparé par un simple labour avec une demi-fumure. Tous les soins se bornent à des sar- clages et à débarrasser la plante de son bois mort, car les tiges qui ont porté des fruits périssent, et l’on doit ménager celles de l’année précédente, qui, à leur tour, en porteront. Récolte et conservation. Les Ronces fleurissent à la fin du prin- temps et ne donnent de fruits mûrs qu'à la fin de l'été. II faut avoir soin de les cueillir au moment où ils ont une saveur acidule; car si an les laisse trop longtemps sur la plante, ils finissent par devenir fades à force de maturité. A l’état sauvage, la récolte se prolonge, parce que les fruits mürissent successivement et sont souvent très- petits. Au contraire les fruits de la Ronce cultivée mürissent presque simultanément, et donnent des fruits plus abondants et plus volu- mineux. Les fruits de Ronce ne se conservent pas plus longtemps que ceux du Framboisier. VARIÉTÉS. Ronce commune à fruits noirs. — — à fruits blancs (obtenue par la culture). — — sans épines (également obtenue par la culture; il lui faut une exposition ombrée). Observations. On doit signaler ici d’autres espèces de Ronces fru- tescentes : 1° la Ronce odorante (Æubus odoratus Lin.), quelquefois ap- pelée Framboisier du Canada, originaire de l'Amérique septen- trionale, arbuste à tige dressée, rameuse, inerme'; à grandes feuilles simples, quinquélobées, bordées de dents inégales; à pétioles, pé- doncules et calices chargés de poils glanduleux qui sécrètent une substance agréablement odorante; à belles fleurs roses, odorantes, portées en assez grand nombre au sommet des rameaux; à fruits semblables aux Framboises. On en possède une variété à fleurs blan- 590 LE JARDIN FRUITIER. ches, plus grandes que dans le type. La Ronce odorante se multiplie aisément par semis et par rejets. Elle demande une terre fraîche et une exposition un peu couverte. 2° La Ronce hispide (Æubus fruticosus) qui remplace dans l'A- mérique du Nord le Aubus fruticosus d'Europe et dont les fruits sont plus gros et plus savoureux que ceux de ce dernier. 9 La Ronce Rochester ou Lawton black-berry (Müre de Lawton), variété américaine cultivée à Boston, si fertile et si productive qu'un seul scion porte de cinq cents à mille fruits, assez gros pour que soixante à soixante-dix de ceux-ci suffisent, dit-on, pour remplir un litre. Leur diamètre moyen est de 3 centimètres. Leur saveur est fine et relevée. Ce qui rehausse le mérite de cette plante, c’est qu'elle brave les hivers les plus rigoureux. 4 La Ronce à feuilles de Rosier (Rubus coronarius de Sims) à Jo- lies fleurs blanches et odorantes, qui a produit une variété à fleurs doubles. 5° La Ronce des îles Mascareignes (Rubus Mascarinensis) indigène des iles de ce groupe (îles de France, Bourbon, Rodriguez, etc.), belle espèce à gros fruits rouges, très-savoureux et très-parfumés. Enfin, nous indiquerons les Ronces à tiges absolument herbacées des contrées septentrionales de l’Europe, telles que la Ronce du : Nord (Rubus arcticus Lin.), dont le petit fruit, de la couleur, de l'o- deur et du goût de la Framboise, est très-recherché en Suède, en Laponie, en Finlande; la Ronce des marais (/iubus chamæmorus Lin.) à fruit jaunâtre comestible; la Ronce des rochers (ÆRubus saxa- lilis) qui donne aussi des fruits bons à manger. Vigne (PI. XLVII et XL VIII). Vitis Lin. (Ampélidées ou Viticées.) Le genre Vigne -est formé d’arbrisseaux qui croissent spontané- ment dans les parties moyennes de l'Asie et dans l'Amérique sep- tentrionale. On a dit que la Vigne avait été apportée d'Asie en Eu- rope où elle se serait dans tous les cas si bien naturalisée, surtout en France, qu’on croirait volontiers qu'elle s’y trouve dans sa vraie patrie et sur un sol de prédilection; car les produits des Vignes de ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 591 France sont les plus recherchés du monde entier. Le tronc de la Vigne est sarmenteux, susceptible de s'élever à une grande hau- teur, à écorce se détachant longitudinalement des vieux pieds sous forme de filasse. Les feuilles sont alternes, simples, en cœur, entières ou lobées, parfois même incisées plus ou moins profon- dément. Les fleurs sont hermaphrodites dans les espèces de l’an- cien continent, dioïques ou polygames dans celles du Nouveau- Monde ; elles forment des panicules ou grappes opposées aux feuil- les, desquelles panicules un grand nombre restent d'ordinaire en- tièrement ou presque entièrement stériles, et dégénèrent alors en vrèlles ; ces fleurs ont pour caractères : calice libre, très-court, à cinq angles et à cinq dents rudimentaires ; corolle de cinq pétales insérés à l'extérieur d’un disque hypogyne, concaves, se soudant entre eux par leur sommet infléchi, de manière à former une seule pièce qui se détache tout entière, au moment de l’épanouissement, en une sorte d'étoiles à cinq rayons tronqués; cinq étamines insé- rées de même que les pétales, auxquels elles sont opposées, à an- thères biloculaires, s’ouvrant longitudinalement ; ovaire libre, en- touré à sa base d’un disque à cinq lobes, creusé de deux loges, qui renferment chacune deux ovules collatéraux, ascendants, fixés à la base de la cloison; cet ovaire porte un sligmate sessile, déprimé, presque pelté. A ces fleurs succèdent des fruits qui sont des baies (PI. XLVIT) de couleur variable, plus ou moins sphériques ou allongées selon les variétés. Nous n'énumérerons pas tous les usages de ces fruits exquis et délicats qui, sur nos tables, tiennent, dans leur fraîcheur, ou des- séchés, une place si importante. Ce n’est guère que des Raisins de table que nous nous occuperons ici, quoique le principal mérite du fruit de la Vigne soit dans les variétés nombreuses et plus ou moins exquises du vin qu'il produit. La Vigne croît partout, pourvu que la latitude lui convienne. C'est pourquoi en-deçà du 51° degré de latitude boréale, mais plutôt du 49° comme limite naturelle de l’ancien monde, du 38° pour l’A- mérique du Nord, et au-delà du 40° degré de latitude australe, c'est-à-dire dans la Nouvelle-Hollande, on ne cultive plus cet ar- 592 LE JARDIN FRUITIER. buste. Chez nous, la culture de la Vigne destinée à donner du Raisin de table est artificielle ; c’est pourquoi elle exige certaines conditions inutiles pour les Vignes dont les fruits sont destinés à la production du vin. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Les terrains secs, chauds et calcaires conviennent à la Vigne; elle s’accommode au reste fort bien du sol de nos jardins. | Multiplication. On emploie, pour multiplier cet arbuste, les marcottes couchées dans des paniers ou des pots, les chevelées ou sarments avec racines, les crossettes ou sarments non enra- cinés. Dans la culture purement fruitière, on préfère les marcot- tes soit en panier, soit en pots, aux chevelées, et celles-ci aux cros- settes. Ces dernières ne conviennent que pour la multiplication en grand. | On peut encore reproduire les variétés d'élite par la greffe en fente sur le vieux bois; celte opération a lieu au printemps, au moment où la séve entre en mouvement. Il faut couper quinze Jours à l'avance les sarments qu'on veut greffer, et les conserver à demi enterrés dans un lieu frais. Ce moyen n’est applicable que quand on veut, dans la culture fruitière, substituer une va- riété à une autre. Voici sur cette question ce que contenait l’Horficulteur pratique de 1844. M. Méline, jardinier en chef du jardin botanique de Dijon, écrivait : «En 1838, le jardin botanique de Dijon possédait un pied de la Vigne nommé Verjus, taillé en cordon et planté le long d’un mur exposé au midi. Cette espèce de Raisin mürit fort rarement dans notre climat. Je résolus de chercher le moyen de remplacer l'espèce sans perdre mon pied de Vigne, qui était déjà fort; je lui substituai donc, au moyen de la greffe, une autre variété dont les fruits mû- rissent mieux : Je choisis la variété connue sous le nom de Malaga. Le 22 avril, à l’époque où la séve était assez abondante, et où les bourgeons paraissaient vouloir se développer, je commençai mon opération : je plaçai quatre greffes sur les pousses de l’année précé- dente. La greffe que je mis en pratique fut celle en fente au milieu du ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 593 bois. Je coupai chaque tige, en leur laissant seulement deux ou trois bourgeons (car il est nécessaire de placer des greffes aussi bas que possible) ; alors je pratiquai entre les deux nœuds supérieurs une. fente longitudinale, dans laquelle j'introduisis chaque greffe, que j'avais choisie, autant que possible, de la même grosseur que les tiges qui servaient de sujet ; j amincis en forme de navette les deux extrémités de mes greffes, en ménageant de toute altération le bour- geon placé au centre; J'inoculai mes greffes dans les fentes prati- quées pour les recevoir ; ensuite je ligaturai chacune avec de l’é- corce d'Osier, en ayant soin de ne pas couvrir l’œil. Je mis alors un engluement de poix ou de cire à greffer. Les autres coursons de mon pied de Vigne furent taillés comme cela se pratique ordinairement. Au bout d'un certain temps, la séve étant devenue plus abondante, les tailles sur lesquelles je n’avais pas placé des greffes dévelop- pèrent les bourgeons, qui poussèrent avec force. Je pinçai les pousses, afin de faire refluer une plus grande quantité de séve dans les coursons où J'avais pratiqué mes greffes. Alors, vers le 22 juin, deux de mes greffes commencèrent à pousser un peu : les deux au- tres ne développèrent que quelques feuilles. Ayant toujours eu soin d’équilibrer la séve, mes quatre greffes produisirent plus tard des tiges qui traversèrent sans altération l'hiver suivant. Mais je dois dire aussi qu'une chose importante à faire, c’est de ménager avec soin le bourgeon qui termine le sujet; car son action principale est d'attirer la séve à lui et de la faire circuler autour de l’œil de la greffe, chez laquelle elle entretient ainsi la vie en facilitant la re- prise. « Depuis 1838, mon pied de Vigne végète bien ; les greffes que j'y ai faites produisent de bons Raisins chaque année, et forment un contraste aussi curieux qu'intéressant avec le Verjus, dont je n’ai pas supprimé toutes les pousses. «En 1840, j'ai fait, dans un jardin à Dijon, une opération ana- logue à celle dont je viens de parler; mais le sujet, quoique de mème nature, était beaucoup plus vieux, et couvrait une plus grande étendue. Aussi, au lieu d’y placer quatre gretfes, j'en ai placé une vingtaine, dont la plupart ont assez bien réussi. Cette année, ce 38 594 LE JARDIN FRUITIER. pied portait des grappes de Chasselas blanc, de Chasselas rose, de Chasselas doré, etc. » Cette greffe est une pure curiosité; celle qu'on emploie usuel- lement, est la greffe à cheval. Pour la pratiquer on déchausse le pied de la Vigne, pour pouvoir en couper la tige au-dessous du niveau du sol, et on amincit le tronçon en bec de flûte. La greffe est fendue longitudinalement à sa base dans l’axe de la moelle, et c’est dans cette fente, qu’on entre le bec du sujet. On la fixe avec de la laine, puis on recouvre de terre. La multiplication par semences n’a d'autre objet que celui d’ob- tenir des variétés nouvelles, ce qui est pratiqué en Amérique, où l'on croise avec la Vigne d'Asie les espèces indigènes. Plantation. On plante la vigne aux mois de mars, d'avril ou de novembre. Pour établir une treille, on doit planter à 1 mètre 33 du mur. Pour faire cette plantation, on ouvre une tranchée à cette distance du mur; on y met de l’engrais (les meilleurs sont, outre les fumiers consommés et la boue des villes, les engrais qui. comme la laine ou la raclure de corne, se décomposent lentement), et l’on plante les jeunes pieds de Vignes verticalement; on les rabat en- suite à deux yeux. L'année suivante on supprime un des deux sar- ments, le moins vigoureux, et l’autre est couché et enterré à 30 centimètres environ, dans toute sa longueur, dans la direction du mur, en redressant seulement l'extrémité. Si lors de ce cou- chage les sarments ne sont pas assez longs pour arriver jusqu’au pied du mur, on les recouche une seconde fois. Ainsi plantés on obtient des sarments vigoureux qui servent à établir les cordons d’espalier, et qu'on taille, l’année suivante, plus ou moins longs, suivant la forme à donner. Des divers modes de culture de la Vigne. Culture à la Thomery (PI. XLVTI). La Vigne exigeant de la cha- leur, il faut, sous notre latitude, préférer l’espalier, parce que le Raisin arrive plus sûrement à parfaite maturité. On ne doit pas se contenter d'un seul cordon : il faut tapisser le mur tout entier, en adoptant le système dit à la Thomery, qui est le plus avantageux ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES, 595 quand on veut obtenir de beaux produits. Les succès obtenus par les cultivateurs de Thomery nous engagent à décrire avec quelque détail ce genre de culture. Les murs de Thomery ont environ 2 mètres 50 de hauteur, et sont garnis d’un chaperon en saillie d'environ 25 centimètres, pour garantir la vigne de la gelée et de l’action des pluies. On le garnit de treillages dont les mailles ont 40 centimètres de côté. Le premier cordon est établi'à 16 ou 18 centimètres du sol. | On substitue aujourd'hui aux treillages, des fils métalliques gal- vanisés tendus horizontalement et soutenus de distance en distance par des barres de bois verticales, ce qui est préférable à l’ancien système. Pour un mur de 2 mètres 50, on établit 5 cordons et 4 seule- ment s'il n’a que 2 mètres. Ces cordons sont distants entre eux de 50 centimètres. On taille le cep destiné au cordon du bas en un point où il ait un œil double; dans le cas contraire, on taille au-dessous en favo- risant le développement de deux yeux qui produiront deux bran- ches destinées à former les bras de gauche et de droite du cordon. Quand le bois est aoûté, on couche les deux bras le long du treil- lage, en les y appliquant le plus immédiatement possible. Si l’un des bras avait pris naissance trop au-dessous du point où il doit être palissé, on le fait monter verticalement jusqu’à la hauteur du treillage, puis on le courbe avec précaution, de telle sorte que les deux bras présentent une ligne parfaitement horizontale, comme s'ils sortaient du même point. Le deuxième cordon est établi de la même manière, puis le troi- sième, et ainsi de suite. Les premiers bras doivent, la première année, être taillés à 35 centimètres, ce qui représente trois bourgeons; l’élongation ne doit avoir lieu que dans des proportions semblables, c’est-à-dire de 35 centimètres seulement chaque année, et l’on arrête définitive- ment leur croissance quand ils ont { mètre 30 centimètres de lon- gueur. On comprend facilement l'emploi de ces trois bourgeons; les 596 LE JARDIN FRUITIER. deux premiers sont taillés en coursons destinés à porter des fruits en supprimant tous les bourgeons intermédiaires, et le dernier sert à l'allongement des bras. L'année suivante, lés coursons sont taillés sur un œil ou sur deux yeux, et les bras sur trois. Les années suivantes on fait le même travail, de manière à obtenir un mur entièrement tapissé de Vigne. Pour arriver à ce résultat, il faut de cinq à six années, pendant lesquelles on ne doit avoir d'autre but que de faire remplir par les bras et les coursons tout l’espace réservé pour cela et de former un ensemble comme celui de notre planche XLVIIT, qui représente une portion de mur garni de Vignes à la Thomery. Dans le cours de l'été, on palisse verticalement les bourgeons des coursons, et l’on étend horizontalement la pousse destinée à allonger le cordon ; on doit se rappeler que chaque cordon doit avoir huit coursons, tous placés à la partie supérieure du cep. Le résultat de cette disposition est de fournir, pour chaque surface de mur de 2 mètres 50 centimètres, quatre-vingts coursons qui pourront pro— duire plus de trois cents grappes, ou 30 kilogrammes de raisin. Un soin qu'il ne faut négliger en aucune circonstance, c'est de tailler les coursons très-courts, c'est-à-dire à 6 millimètres au plus, pour faciliter le développement des petits bourgeons qui se trouvent à la base de chaque branche verticale. Vigne en palmelte simple, ou en cordon vertical. Pour obtenir cette forme, il faut tailler les pieds de Vigne sur le troisième ou quatrième œil au-dessus du sol. Quand les bourgeons sont déve- loppés, on choisit le plus vigoureux, qu'on dirige verticalement, et l’on pince tous les autres pour favoriser son développement. La seconde année, on rabat les tiges plus ou moins, suivant leur vigueur ; on choisit ensuite le bourgeon le plus nourri pour prolon- ver la tige, et l’on palisse horizontalement les bourgeons de droite et de gauche, en supprimant les bourgeons placés devant et der- rière, ainsi que les faux bourgeons. La conduite de la Vigne en palmette n’est que la répétition du même acte, c’est-à-dire qu'on rabat le bourgeon horizontal de la ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 597 tige jusqu’à ce qu’on ait successivement atteint la hauteur du mur, et les branches latérales sont rabattues sur deux yeux jusqu'à ce que le mur soit garni latéralement. ” Contre-espalier. La Vigne en contre-espalier ne diffère de la Vigne à la Thomery que parce qu’elle se compose de deux cordons seu- lement, et qu'au lieu d’être palissée contre un mur, elle est atta- chée le long de quatre lignes de fils de fer tendus horizontalement, et soutenus de distance en distance par des échalas, après lesquels les ceps sont attachés. La Vigne, ainsi conduite, produit beaucoup et présente une disposition convenable pour être chauffée. De la Vigne en pyramide. La conduite de la Vigne en pyramide de 2 mètres paraît convenable pour les vignobles des pays tempérés et méridionaux ; on peut même l’introduire dans les jardins, où on l’alternerait avec des arbres fruitiers en quenouille, et elle ne serait pas sans élégance. Ce procédé est très-simple : lorsque le cep planté a bien repris, on fiche à son pied un tuteur haut de 2 mètres; on y attache le maître brin, on le taille de manière à permettre le dé- veloppement de tous ses yeux en rameaux latéraux, et en peu d'an- nées il a atteint la hauteur de son tuteur. On taille les branches latérales convenablement ; on n’en laisse que le nombre suffisant pour que la tige soit bien garnie du haut en bas, sans qu'elles soient assez rapprochées pour empêcher l'air de circuler et le soleil de pénétrer entre elles, afin que les grappes jouissent de l'influence de ces deux agents. Ces branches latérales sont taillées et ébour- geonnées tous les ans, mais ne sont jamais attachées en faisceau ; elles doivent se diriger en liberté vers toute la circonférence de la pyramide, et les grappes doivent être facilement accessibles à l'air et au soleil. Culture horizontale de la Vigne. Un horticulteur de la Meuse cul- tive ses Vignes horizontalement au-dessus des murs de son jardin, et dispose ses fils métalliques de la manière suivante : « De mètre en mètre, et dans toute la longueur du mur, on place de chaque côté, et à 12 centimètres des tuiles, une patte coudée dont le crochet est tourné en bas; on fixe à chacune de ces pattes un bout de gros fil de fer qui passe par-dessus la largeur du toit et est soutenu par un 598 LE JARDIN FRUITIER. petit morceau de bois de chêne, de 21 à 30 centimètres de lon- gueur sur 45 à 20 centimètres de hauteur, posé sur deux tuiles. A chaque extrémité du mur, on fixe trois autres petites pattes égale- ment distantes, auxquelles on attache trois autres fils de fer plus petits qu'on conduit le long du mur en les tournant autour du gros chaque fois qu'on le rencontre. On construit ainsi un treillage ho- rizontal assez solide pour résister à l’impétuosité des vents, et sur lequel on fait courir les sarments, de telle sorte que les Raisins re- coivent la réverbération du toit sans le toucher, ce qui les fait promptement mürir et leur donne une qualité supérieure. » Culture de la Vigne en général. Quel que soit le mode de palissage adopté pour la Vigne, il faut avoir soin d'enlever tous les bourgeons qui se développent sur les branches, contrarient par leur présence la disposition de la Vigne, et s'opposent au développement du fruit, dont ils absorbent une partie de la nourriture. Il faut, quand le Raisin est formé, en avancer la maturité en le dégarnissant des feuilles qui l’ombragent. On doit aussi, si l’on veut de beaux produits, supprimer une partie des grappes pour ne laisser sur l'arbre que les plus belles et éclaircir les grains de celles conservées; c’est par ce moyen que les cultivateurs de Thomery obtiennent des grappes énormes, dont les eraims sont très-gros et réguliers. En hiver, on donne une façon à la terre en ayant soin de ne pas blesser les racines, qui sont peu profondément plongées dans le sol ; on y ajoute des engrais semblables à ceux dont il a été parlé au commencement de cet article; et si l’on a employé ceux à décom- position lente, il faut ne les renouveler que quand ils sont décom- posés. Pendant le cours de l'été, on donne deux ou trois binages : un avant la floraison, un second lorsque les grains sont à la moitié de leur grosseur, et le troisième lorsqu'ils commencent à mürir. Dans les temps arides, on se trouve bien des bassinages fréquents sur les feuilles, après la floraison, et surtout pendant la matu- ration. | Chauffage de la Vigne. La Vigne en espalier est forcée au moyen de panneaux établis de manière à former au-devant du ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. . 4599 mur une serre mobile qu'on chauffe soit par des réchauds, soit au moyen d’un thermosiphon. Si elle est en contre-espalier, on commence par disposer autour un réchaud de fumier, qu'on renouvelle chaque fois qu'il est besoin, et l'on pose les panneaux; mais il est préférable d’avoir recours au chauffage au thermosiphon, qui exige moins de surveil- lance et permet de régler plus facilement la température. C’est de la fin du mois de décembre jusque dans le courant de février qu'on chauffe la Vigne; on la taille préalablement comme si l’on était en saison. Dans le commencement de l'opération, on maintient la température à 15° ou 16° centigrades. On augmente successivement jusqu'à 20°, et on laisse se développer la grappe sous l'influence de cette température. Pendant la floraison, on doit donner un peu d'air dans les journées éclairées par le soleil, pour favoriser la fécondation; quand les grains sont formés, on élève la température à 25° ou 30° jusqu’à complète maturité du Raisin. | La conduite de cette culture est facile : on couvre les panneaux la nuit pour empêcher l’action du froid ; si la température inté- rieure s'élève trop, on donne de l'air, et l’on bassine fréquemment pour entretenir sous les châssis une atmosphère humide, en ayant soin de ne pas arroser avec de l'eau glacée ; c’est pour cela qu’on doit déposer l’eau vingt-quatre heures d'avance dans la bâche pour qu'elle s'y échauffe. La Vigne traitée de cette manière donne des Raïisins mûrs au bout de quatre mois à quatre mois et demi. Récolte et conservation. On récolte les Raïisins suivant les va- riétés, depuis les plus hâtifs en juillet jusqu’en septembre, ce qui est, sous le climat de Paris, la véritable époque de la maturité des Raisins. Les variétés précoces et à peau fine ne se conservent pas aussi longtemps que celles de maturité plus tardive. En les déposant dans un fruitier, sur des tablettes bien sèches, après les avoir fait ressuyer, mais mieux encore en les suspendant, on les conserve jusqu'en janvier. Il faut avant tout éviter l'humidité ; c’est pourquoi 600 LE JARDIN FRUITIER, on a imaginé de les enfouir dans des matières sèches et pulvéru- lentes. Mais le mieux est de couper les grappes avec une partie du sarment, dont la base est introduite dans une petite fiole remplie d'eau pure et d’un peu de poudre de charbon de bois, pour empê- cher la corruption du liquide; avec de la cire à greffer on enduit l'extrémité du sarment, et on ferme l'ouverture de la fiole. Le Rai- sin se conserve vert, ainsi que la rafle, jusqu'en avril et mai. CHOIX DES MEILLEURES VARIÉTÉS DE RAISINS DE TABLE. Les variétés de la Vigne d'Asie (V2fis vinifera) sont très-nom- breuses, et il serait difficile de les énumérer toutes. La belle collec- tion du Luxembourg, dans l’année 1865, en renfermait 1,500 va- riétés ; mais toutes ne produisent pas des raisins de table ; les plus remarquables à ce point de vue sont les suivantes : Raisin d’Angers rouge (grains moyens, ovales-arrondis, rouge clair, très-sucrés ; mûrissant fin d'août). — Aspiran noir, Verdal, Piran, etc. (grains moyens, un peu oblongs, violets, très-juteux ; mürissant en septembre, à Montpellier, plus tard dans le centre de la France). — Chasselas bifère, Muscat bifère (grains gros, ronds, jaunes; mürissant fin août; variété donnant deux récoltes par an dans le midi de la France). — Chasselas Cioutat, Ciotat, Raisin d'Autriche, Persillade (grains moyens, arrondis, blanc jaunâtre ; mürissant en septembre). — Chasselas doré, Chasselas de Fontainebleau (grains assez gros, ronds, jaune clair, parfois dorés, très-sucrés ; müûrissant fin d'août, commencement de septembre, PI. XLVII). — Chasselas gros Coulard (grains assez gros, blancs, à un seul pepin). — Chasselas hâtif (variété mürissant de huit à dix jours plus tôt que le Chasselas doré). — Chasselas musqué (grains ronds, moyens, d’un blanc verdâtre, très-juteux et sucrés, un peu musqués ; mürissant fin d’août dans le Midi). — Chasselas rose (grains moyens, ronds, rose clair; mürissant en septembre). — Chasselas rose de Falloux (grains gros, presque ronds, roses; mürissant au commente- ment de septembre. — Chasselas rose de Négrepont (grains d’un beau rouge clair à la maturité qui arrive vers la mi-août dans le Midi). — Chasselas rouge, Chasselas violet (grains ronds, d’abord roses, puis rouges, croquants, mais bons ; mürissant en septembre). — Corinthe (grains petits, ronds, d’un jaune clair et de couleur ambrée, sucrés ; mürissant en septembre). — Fendant vert, Fendant blanc, Fendant jaune (grains assez gros, ronds, vert jaunâtre ou jaune clair; müûrissant en septembre). — Fendant roux, Tokay (grains assez gros, ronds, rose clair ; mürissant au commence- ment de septembre, et se conservant assez longtemps). — Fintindo (grains gros, un peu ovales, d’un violet noir, à peau épaisse ; mürissant au Com- mencement de septembre dans le Midi, et demandant une bonne exposition). — Frankenthal, Chasselas bleu (grains gros, ovoïdes, d’un violet noir, très-fleuri, cro- quants, sucrés et d’un goût particulier; mürissant en septembre ou octobre à bonne exposition). ARBRES, ARBUSTES ET ARBRISSEAUX A FRUITS EN BAIES. 601 e Raisin gros Damas (grains ovoïdes, très-gros, rouge fiolet foncé, très-juteux et sucrés; mû- rissant en septembre en espalier bien exposé,'dans le centre de la France). — gros Gromier du Cantal (grains très-gros, ronds, rose foncé, très-juteux et sucrés; mû- rissant en octobre à bonne exposition). — gros Ribier du Maroc (grains très-gros, ovoïdes, noirs, avec fleur violette ; mürissant en octobre en espalier bien exposé au midi, dans le centre de la France). — Joannène charnu, Marvoisier (grains assez gros, allongés, jaune d’or ou ambrés, cro- quants ; mürissant fin juillet dans le Midi, seulement en août, et en espalier bien abrité et bien exposé, dans le centre de la France). 4 — Madeleine blanche de l'Isère, grosse Madeleine blanche (grains moyens, ovoïdes, d'un blanc jaunâtre, sucrés, un peu musqués; mürissant dans la première quinzaine d'août). — Madeleine précoce de Malingre, Précoce blanc (grains moyens, oblongs, blanc verdâtre, jaunissant un peu à la maturité qui arrive à la fin de juillet). — Madeleine violette (grains petits, presque ronds, violet noir, très-fleuris, mürissant fin d'août). — Malvoisie blanche de la Drôme (grains moyens, un peu allongés, blanc jaunâtre, cro- quants ; mürissant à la mi-septembre). — Morillon hâtif, Raisin de la Madeleine, Madeleine noire, Plant de juillet (grains petits, ovales-arrondis, violet noir, très-fleuris, croquants, peu sucrés; mürissant fin de juillet). — Morillon panaché (variété du précédent, offrant dans la même grappe des grains noirs et blancs, ou des grains panachés de noir et de blanc). — Muscat blanc (grains assez gros, presque ronds, d’un blanc verdâtre, sucrés et mus- qués ; mürissant en septembre en espalier bien exposé). — Muscat blanc hâtif du Jura, Muscat blanc de Frontignan (grains moyens, blanc jaunä- tre tachetés de marron). — Muscat de Syrie, Muscat de Smyrne (grains gros, jaunes, dorés, ovoïdes, croquants; sucrés et musqués ; mûrissant en septembre dans le Midi ; variété pour espalier dans le Nord). — Muscat rouge, Muscat gris (grains assez gros, très-ronds, d’un rouge gris, sucrés et musqués; mûrissant en septembre en espalier). — Muscat violet, gros muscat violet (grains ovales-arrondis, violet foncé, musqués ; mü- rissant en septembre, en espalier). — Noir précoce de Gênes, Raisin d’Ischia (grains petits, ovales-arrondis, violet foncé, noï- râtre, très-sucré et parfumé ; mürissant fin de juillet). — de la Palestine, Raisin de Jéricho (grappes énormes, mesurant plus de 60 centimètres de longueur, sur 20 à 30 de diamètre, à grains moyens, allongés, d’un vert clair ou jaune bronzé; mûrissant en octobre dans le Midi. Variété plutôt curieuse par ses grappes volumineuses que par la bonté de son grain; dans le centre de la France elle ne mürit pas même en espalier; mais on la force très-bien en serres ou sous châssis. _— Panse jaune, Raisin des Dames, Chasselas Napoléon (grains très-gros, ou moyens, ovoi- des, jaunes, dorés, transparents, sucrés müûrissant en septembre et octobre, mais en espalier au midi). — Pineau gris, Malvoisie gris (grains petits, ovales, gris ou violet clair, très-sucrés ; müû- rissant en septembre). — Pineau noir (grains moyens, ronds, noirs, très-bons ; mürissant en septembre). — Précoce musqué (grains moyens, ronds, blancs, croquants, très-sucrés, musqués ; mû- rissant fin d'août). _ Primavis Muscat (grains moyens, ronds, jaune ambré, müûrissant commencement d'août). — Schiras (grains gros, ovoides, longuement pédonculés, rouge violet, recouverts d’une fleur bleuâtre, un peu croquants, sucrés; müûrissant fin de septembre, en espalier bien exposé, et se conservant longtemps au fruitier). 602 LE JARDIN FRUITIER. Variétés américaines. Ces variétés sont issues du Vitis labrusca et du Vitis cordifolia. Catawba, Arkanson, Red Muncy, Catawba Tokay, Lebanon Seedling, Singleton (rouge pâle, grains gros et ronds, goût aromatique et sucré). Diana, ressemble au Catawba. Isabella (grains gros, noirs, sucrés, musqués, rustiques et très-productifs) : ses sous-variétés Troy Grappe, Pensylvanie, Marion, Lee’s Seedling, ne valent pas le type. Missouri, Missouri Seedling (grains petits, presque noirs, excellents : on en fait un vin qui rap- pelle le madère). Ohio, Segar box (grains petits, noirs ; bon Raisin de table). Herbemont (grains petits, pourpre ; excellent pour Raisin de table; on en fait un vin qui res- semble au Manzanella : la variété dite Lenoir diffère à peine de l’'Herbemont). Bland, Powel (grains moyens, rouges pâles, portés sur de longs pédicelles ; un peu tardif, est excellent pour le transport, et se conserve facilement). Elsinburgh (grains petits, noirs, sucrés, de bonne qualité; excellent Raisin de table, un peu plus hâtif qu’Isabella). ; Gerhard Schmitz (ressemble à l’Isabella, un peu plus tardif ; variété nouvelle). Scuppernong, Roanoke, Bull, Bullu, Fox Grape dans le Sud (c’est une espèce distincte, le Vitis vulpina, très-estimée dans les États du Sud, mais trop délicate pour ceux du Nord). CHAPITRE IV. ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHATON OU A ENVELOPPE LIGNEUSE :. Araucaria du Chili et Arauearia du Brésil. Araucaria Chilensis Lamk; Æraucaria imbricata Ruïz et Pav.; Columbea quadrifaria Salisb. — Araucaria brasiliensis Lamb. (Conifères-Abiétinées.) Les vraies Araucaria, ou Araucaria américains, qui tirent leur nom des Araucans (dont le vrai nom est Aucas ou Molouches, principale nation indigène de la famille chilienne, qui se distingue par sa civilisation et sa haine implacable contre la race espagnole), sont de très-grands arbres du Brésil et du Chili, à tige droite, por- tant, comme les Sapins, des branches rapprochées en faux verticilles très-réguliers. Ces branches, surtout dans l’espèce du Brésil, se dé- truisent vers le bas de la tige; celles qui sont voisines du sommet, persistent, s’allongent, et retombent en partie, de manière à donner à l’arbre un port très-remarquable. Les rameaux sont couverts de larges feuilles lancéolées, aiguës, beaucoup plus longues et étalées dans l'espèce brésilienne que dans celle du Chili, plus courtes et lâchement imbriquées dans cette dernière espèce, dont on trouvera une belle représentation dans l'Atlas des Plantes agricoles et fores- tières qui fait partie du RÈGNE véGéraL. Ces feuilles sont coriaces, très-dures, sessiles, et ne tombent que très-tard par suite de leur destruction. C'est à l'extrémité même des rameaux que se dévelop- 1 Nous rappelons pour ce chapitre les réserves faites à la note du chapitre II, p. 519. . 604 LE JARDIN FRUITIER. pent sur des individus différents, cas fort rare dans les Conifères, les fleurs mâles et les fleurs femelles. Les chatons mâles sont sim ples, très-volumineux, composés d'écailles nombreuses très-rap- prochées, terminées par un appendice subulé; chacune d’elles porte à sa face inférieure 12 à 20 anthères étroites, linéaires, disposées sur deux rangs superposés, et fixées par leur extrémité opposée à l’axe de la partie élargie de l’écaille. Les chatons femelles ou les jeunes cônes terminent de même les rameaux; chaque écaille pré- sente une cavité formée par la réunion de l’écaille proprement dite et de la bractée, et dans cette cavité ouverte supérieurement se irouve contenue une seule graine réfléchie, c'est-à-dire fixée par la chalaze vers l’extrémité de l’écaille, et dont le micropyle est dirigé vers l'axe du cône. Les cônes mürs sont très-gros; ils égalent presque le volume de la tête d’un enfant; les écailles renfermant chacune une gaine, sont caduques, terminées par un appendice subulé. La graine cylindrique, plus grosse que celle du Pin pignon, renferme un albumen très-épais, doux et bon à manger. L'embryon cylin- drique, présente deux cotylédons appliqués l’un contre l’autre, et qui, dans la germination, ne sortent pas de la graine. Par ce carac- tère, les Araucaria du Brésil et du Chili se distinguent de toutes les Conifères dont la germination est connue, et surtout des Eutassa ou Araucaria de l'Australie qui ont quatre cotylédons foliacés portés sur une longue tigelle (Ad. Brongniart). Dans les Andes, le fruit d'Araucaria est une des bases de la nourriture des indigènes; l'abon- dance de ses graines est telle qu'un seul cône en contient deux à trois cents, et qu’un seul rameau porte souvent de vingt à trente cônes. Les graines, recouvertes d’une peau assez fine, sont aussi grosses que des Amandes communes. Leur goût est bon. Elles peu- vent être mangées crues ou rôties; elles produisent de l'huile. Les deux Araucaria américains, tous deux propres .aux parties australes et tempérées de l'Amérique méridionale, seraient néan- moins susceptibles de prendre place dans nos forêts avec nos es- sences utiles. Ils supportent impunément nos hivers les plus rigou- reux. Leur bois est de très-bonne qualité. On a pu être découragé par la lenteur avec laquelle ils croissent les premières années; mais CO ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHATON. 605 ils se développent ensuite avec rapidité. Les graines, recueillies en temps opportun, c’est-à-dire en mars, époque où elles jonchent le sol, et stratifiées avec soin, peuvent arriver d'Amérique dans des conditions de reproduction excellentes. Châtaignier (PI. IL, fig. 2et6). Castanea vulgaris Lamk; Castanea vesca Gærtn. (Cupulifères.) Le Châtaignier, indigène de nos contrées, est un arbre très-élevé, d'un diamètre souvent considérable, à rameaux étalés, à feuilles oblongues, pointues, fermes, un peu luisantes, profondément den- tées en scie. Les fleurs sont monoïques ; fleurs mâles, disposées par- fois en chatons minces très-longs et entourées d’écailles ; étamines au nombre de 8 à 15, longuement saillantes ; fleurs femelles ren- fermées dans un involucre accrescent à 4 lobes, hérissé extérieu- rement d'épines dures, rameuses; ovaire à 6 loges dispermes, dont cinq avortent, couronnés par 6 styles cartilagineux; fruit formé d’une noix à péricarpe coriace, tomenteux et fibreux à la face in- terne, lisse à la face externe, plane sur une face, formant une con- vexité sur l’autre, ou irrégulièrement anguleux; cotylédons char- nus, volumineux. Les bonnes variétés de fruits de Châtaigniers qui prennent alors le nom de Marrons (PI. L, fig. 2) au lieu de celui plus vulgaire de Châtaignes (PI. L, fig. 6), sont un excellent dessert; on les mange rôtis; on les associe volontiers aux viandes et aux ragoûts ; on s’en sert pour farcir des volailles; on les glace au sucre. Les modestes Châtaignes de nos bois se mangent en gé- néral bouillies dans de l’eau; de leur farine on fait des purées, des gàteaux. Elles servent à la nourriture des habitants de certains de nos départements pendant une partie de l’année, tant dans leur état de fraîcheur qu'après avoir été séchées et dégagées de leur en- veloppe. Les Châtaigniers qui produisent nos meilleurs Marrons sont surtout cultivés dans la France centrale et dans les environs de Lyon. - PLEINE TERRE. — Choix du terrain. A faut au Châtaignier, dont les racines sont pivotantes, une terre franche, légère et profonde. 606 LE JARDIN FKUITIER. Les sols calcaires, argileux et humides ne lui conviennent pas. Multiplication et plantation. On multiplie de semis par des fruits qu'on met stratifier pendant l’hiver dans du sable et dans un lieu à l'abri de la gelée. A la fin de février et dans la première quinzaine de mars, on met en terre les Châtaignes qui ont déjà des germes longs de plusieurs centimètres, en rayons distants entre eux d'en- viron 4 mètre, laissant entre chaque trou un espace de 50 cen- timètres. IL faut mettre deux Châtaignes dans chaque trou, à 10 centimètres d’éloignement. A la fin de la saison, on laboure le sol; pendant l’été, on se contente d’un seul binage, et l'on conti- nue ces soins jusqu'à ce que les arbres aient acquis une force suf- fisante pour qu’on les transplante. Le semis en place ne présente aucune différence, si ce n’est qu’il faut plus de soin dans la plan- tation. * Le Châtaignier venu en pépinière est bon à planter quand il a au moins 3 à 6 centimètres de diamètre. On peut le planter à l’au- tomne en ayant soin de maintenir de l'humidité au pied au moyen de mousse ou de paille. Si le plant n’a pas été greffé, on remet l'o- pération au printemps de la seconde année, et on le greffe en flûte ou en écusson au moment où la séve entre en mouvement. L'avan- tage de la greffe est de faire fructifier l'arbre plus tôt, car ceux venus de semence croissent lentement et ne donnent pas de fruits avant la vingt-cinquième année. Culture. Pendant la jeunesse du Châtaignier, on supprime les branches surabondantes, pour donner à celles qui doivent former le corps de l'arbre le moyen de se développer; plus tard, on se borne à en enlever le bois mort ou desséché. Le Châtaignier est un arbre rustique qui, une fois en rapport avec le sol, ne réclame plus le secours de l’homme. Comme il occupe une place considérable, il ne peut trouver accès que dans des vergers de grande étendue ou bien dans des jardins d'agrément spacieux, où il tient sa place comme arbre d'ornement beaucoup mieux que certains arbres exo- tiques. Sous le climat de Paris, le Châtaignier fleurit en Juillet ; mais ses fruits se développent rapidement. Récolte et conservation. On récolte au mois d'octobre, lorsque ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHAION. 607 les fruits se détachent naturellement de l’arbre. On laisse ceux-ci s'ouvrir à l'abri d’un hangar, où leur maturité s'achève. On en tire les Châtaignes, qu'on laisse ressuyer au soleil. On conserve jusqu’au printemps, si les fruits sont déposés dans un lieu sec, car la Châ- taigne pourrit facilement. Parmentier conseillait, pour les conser- ver, de les faire bouillir dans l’eau pendant un quart d'heure, et de les faire sécher ensuite dans un four. Châtaignier VARIÉTÉS FRANÇAISES, commun (à fruit petit et farineux (PI. L, fig. 6). à fruit printanier (son seul mérite est dans sa précocité). à Marrons de Lyon (Castanea sativa, arbre vigoureux, peu fertile, craignant les températures froides ; à fruit plus rond que dans les autres variétés, gros de 4 centimètres de diamètre ; de qualité supérieure (PL. L, fig. 2) : on le con- nait aussi sous les noms du Luc, d’Aubray, du Var, d'Agen, du Vivarais, pays où on le cultive). Pourtalonne (arbre fertile ; fruits gros, de bonne qualité). à Châtaigne verte du Limousin (arbre productif; fruits gros, de goût agréable, de bonne qualité, de bonne garde). | Exalade (arbre très-fertile, de moyenne taille; rameaux étalés presque horizon- talement ; fruit excellent; la variété la plus recommandable suivant Bosc, cependant elle s’épuise promptement par excès de production). de Cars (à fruit tardif, petit, mais de bon-goût et surtout de garde). vrai Marron (le meilleur de tous, n'ayant pas, comme les autres, de zeste dans sa chair). Royale blanchire (hàtif; fruits gros, mais de peu de garde). Corive (fruit petit, mais de longue garde). de Châlons (fruit gros et hâtif). à Marron Nowzillard (fruits gros ; qualités du Marron de Lyon). Combale (arbre très-fertile ; fruits gros et de bonne qualité) VARIÉTÉS ÉTRANGÈRES. Cantorberry. Devonshire. Downton. Maters's. Prolific (la Castanea glauca des jardiniers). Prolific de Knight. Vesca des Américains. Lewis (sous-variété du précédent). Chincapin (Castanea pumila ; variété américaine, à fruits fort petits). prince’s Chinquepin (sous-variété du précédent). Coudrier. Voyez ci-après : ANoëisetier. Marronnier, Voyez : Chütaignier. 608 LE JARDIN FRUITIER. Noisetier (PI. L, fig. 1,3, 32). Corylus. (Quercinées.) Les Noisetiers ou Coudriers sont des végétaux ligneux, dont les dimensions varient depuis celles d’arbrisseaux peu élevés jusqu’à celles d’arbres de taille moyenne. Ils croissent naturellement dans les parties tempérées de l'Europe et de l'Amérique septentrionale ; on en a découvert dans le nord des Indes orientales. Leurs feuilles, simples, alternes, se montrent après les fleurs qui sont monoïques; les fleurs mâles forment des chatons cylindriques à bractées écail- leuses imbriquées sur toutes les faces ; chacune d'elles en particu- lier porte deux écailles symétriques, soudées par leur base entre elles et à la bractée, à la face supérieure de laquelle elles sont pla- cées ; le long de la suture de ces deux écailles s’attachent 8 étami- nes, généralement en deux rangées, à filets simples, très-courts, à anthères ovales, uniloculaires, terminées par des soies; les fleurs femelles, groupées en petit nombre (1 ou 2), sont entourées d'un involucre à 2-5 folioles petites, déchirées, velues, soudées entre elles par leur base; chaque fleur présente un périanthe à limbe supère, très-petit, denticulé, velu; un pistil à ovaire adhérent, biloculaire, dont chaque loge renferme un ovule unique, ana- trope, suspendu ; 2 stigmates allongés, filiformes. Le fruit est une noix (PI. L, fig. 1, 3 et 3*) enveloppée par l’involuere très-accru et devenu foliacé, tuberculeux à sa base, plus ou moins déchiré vers son bord. L'histoire botanique des Noisetiers cultivés pour leur fruit présente quelque divergence dans les auteurs. En effet, les bota- uistes français, et, en Angleterre, Loudon, ete., lés considèrent comme formant une seule espèce, le Corylus avelana, tandis que les auteurs allemands, Willdenow en tête, en font deux espè- ces distinctes: le Corylus avellana et le Corylus tubulosa. Cest cette dernière manière d'apprécier que nous adoptons iei et d’après laquelle nous établissons nos distinctions en traitant des variétés. Les Noisettes franches et les Noisettes Avelines sont des fruits de ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHATON. 609 dessert fort agréables, qui se mangent à l’état frais et sec, et four- nissent une huile excellente. PLEINE TERRE. — Choix du terrain. Le Noisetier réussit dans tous les terrains et s’accommode de toutes les expositions ; il aime surtout l’exposition du nord, et demande de l'air et de l’espace pour pouvoir développer ses branches vigoureuses. Multiplication. Le Noisetier se multiplie de semences mises en terre aussitôt après la récolte ou conservées pendant l'hiver en stra- tification. Comme elles ne reproduisent pas franchement la variété dont elles sortent, on préfère la reproduction de marcottes faites en automne sur du bois de deux ans au plus. Elles sont en général bonnes à planter au bout de la deuxième année. La multiplication par drageons est le plus communément pratiquée. On l’effectue en automne, et l’on met sur-le-champ en place les plants quirepren- nent la première année, mais n’ont acquis toute leur vigueur que la seconde. On ne greffe que rarement le Noisetier. Culture, récolte, conservation. Les soins à donner au Noisetier, une fois qu'il est en place, sont absolument nuls. On récolte les Noisettes en août et septembre. On les conserve en un lieu sec, et mieux dans du sable en lieu aéré, ou dans une cave saine. VARIÉTÉS, Noisetier Avelinier (Corylus avellana Lin., vulgairement Noisetier, Coudrier; c’est un grand arbrisseau à tiges droites, rameuses, revêtues d’une écorce brunâtre intérieure ment, grisàtre sur les rameaux, parsemée de lenticelles, pubescente sur les jeunes pousses; à feuilles pétiolées, ovales, presque arrondies, souvent en cœur à leur base, acuminées au sommet, doublement dentées, marquées, sur chacune de leur moitié, de nervures et de plis parallèles entre eux, pubescentes ; à chatons mâles, naissant par trois ou quatre ensemble, dont les écailles sont obovales-cunéiformes; à fruit, vulgairement connu sous les noms de Noisette, d’Aveline, variant beau- coup de grosseur et de forme, généralement ovoide, souvent anguleux, couvert dans sa partie supérieure d’un léger duvet satiné et roussâtre, enveloppé dans un involucre campanulé de même longueur que lui ou un peu plus long, mais tou- jours ouvert et étalé à son bord qui est denté ou déchiré : le tégument de sa graine est jaunâtre ou blanchâtre, mais non rouge; la race dite de la Cadière est fort estimée). — à gros fruits (PI. L, fig. 3 et 3). — à grappes (Corylus racemosa; variété à fruits très-gros et d'excellente qualité). — à Noix striée (Noix presque globuleuse, striée de brun et de blanc). — franc ou tubulé, à fruits longs (Corylus tubulosa ; diffère de l’Avelinier par une taille plus haute, des feuilles plus grandes, plus lisses, surtout par un involucre fruc- 39 610 LE JARDIN FRUIIIER.. tifère beaucoup plus long, qui dépasse fortement le fruit, se prolonge en tube res- . serré vers son orifice, incisé-denté à son bord : le fruit lui-même est de forme plus allongée que le précédent. PI. L, fig. 1). Noisetier à fruits blancs (Amande recouverte d’une pellicule blanche, variété la plus estimée). — à fruits rouges (Amande recouverte d’une pellicule rouge). — à feuilles pourpres (fruits violets, dont l'Amande est très-bonne). Noyer (PI. L, fig. 5,7, 7“, 8). Juglans. (Juglandées.) Le Noyer est un arbre de première grandeur, dont la tige, haute de 15 à 20 mètres, couverte d’une écorce gris cendré, se divise en branches et en rameaux à écorce blanchâtre, portant des bour- geons bruns et des feuilles alternes, pétiolées, articulées, imparipen- nées, composées de 7 ou 9 folioles ovales aiguës, grandes, glabres, coriaces, d’un vert sombre. Les fleurs, qui paraissent avant les feuil- les, sont monoïques. Le fruit ovoïde renferme, dans une enveloppe verte et charnue, nommée vulgairement 4rou, un noyau ou coque (Noix) à deux valves ligneuses, renfermant une seule graine divisée en quatre lobes très-irréguliers (PI. L, fig. 5, 7, 7“, 8). Les Noyers communs et à feuilles de Frêne sont originaires de la Perse et de l'Asie Mineure; les autres espèces appartiennent à l'A- mérique du Nord, Le Noyer commun (Juglans regia) est culüvé en grand chez nous, comme arbre fruitier. Les congénères ne se trouvent encore, en Europe, que dans les jardins botaniques et les parcs d'agrément. Les Noix. fraîches sont très-recherchées, et sont en effet un fruit très-agréable. A l’état de Cerneaux, c'est-à-dire un peu avant leur maturité, elles sont fort goûtées dans nos desserts. Dépouillées de la pellicule qui les revêt, leur amande constitue un aliment sain ; mais, en séchant, les Noix deviennent indigestes, et prennent même souvent une rancidité qui les rend nuisibles. Lorsqu'elles sont en- core jeunes et avant que leur noyau soit formé, on en fait une liqueur stomachique, appelée ÆRatafia de Noir, en les mettant à infuser dans de l’eau-de-vie. On en fait aussi une bonne confiture. On en extrait des quantités considérables d'huile, connue sous le nom d'huile de Noir. Le Noyer est précieux dans l’industrie et ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHATON. 611 dans les arts. On emploie les racines et le 4rou pour faire des tein- tures brunes très-solides; les menuisiers font avec le 6rou pourri dans l’eau une teinture qui donne au bois blanc une belle couleur de Noyer. Le bois de Noyer est liant, assez plein, facile à travailler, gracieusement veiné, et recherché pour faire des meubles. Quant aux usages médicinaux du Noyer, ils sont longuement énumérés dans la Flore médicale du XIX° siècle (t. IL, p. 435-438). PLEINE TERRE. — Le développement considérable qu'acquiert le Noyer, l'étendue parcourue et stérilisée par ses racines dévorantes, l'ombre épaisse qu’il projette autour de lui et qui arrête la végéta- tion des plantes qu’on cultive dans le voisinage, empêchent d'intro- duire dans nos jardins l’espèce commune, à moins que ces jardins ne soient assez spacieux pour qu'on puisse accorder à l'arbre l’es- pace de terrain qu'il réclame. Choix du terrain, multiplication, culture. Quand on cultive le Noyer pour ses fruits, il lui faut une terre substantielle et moins légère que quand on vise à la qualité du bois. Il faut choisir l’ex- position d'ouest et de nord-ouest. Le meilleur moyen de multiplication est par les semences; car la transplantation exige des soins qui en empêchent quelquefois le succès. On choisit pour le semis les fruits les plus beaux ; à l’au- tomne, on les met en place, ou bien, si l'on préfère les planter au printemps, on les met stratifier dans du sable. Au bout de sept à huit ans desoins, les jeunes Noyers commencent à porter des fruits. Si l’on préfère avoir recours à la transplantation, il faut faire cette opération avec soin, et surtout éviler de rabattre les jeunes ar- bres au moment de la plantation, ce qui retarderait leur végé- tation. On greffe le Noyer seulement lorsqu'on veut reproduire identi- quement une espèce. Cette opération a lieu au printemps sur de jeunes sujets d'environ un mètre de hauteur. On peut indifférem- ment leur appliquer la greffe en fente, en flûte, à écusson, à œil poussant et en anneau. Cette dernière est particulière au Noyer. Les Noyers greffés s'élèvent beaucoup moins que les arbres francs de pied. 612 LE JARDIN FRUITIER. Le Noyer ne se taille pas : une fois planté, on l’'abandonne à lui-même ; toutefois, quand on voit mourir l'extrémité des bran- ches, maladie assez commune à cet arbre, on les rabat à 50 cen- timètres du tronc. Récolte et conservation. Les Noix sont müres à la fin de sep- tembre, et on les récolte dans les premiers jours d'octobre. Dès la fin de juillet on peut les manger en cerneaux. Les Noix ne se conservent fraiches que peu de temps. On conseille, comme un moyen de les conserver en cet état, de les mettre dans un pot de terre hermétiquement bouché et de les enterrer profondément. Les Noix sèches se conservent jusqu’à la fin de l'hiver ; mais elles per- dent leur qualité à mesure que la saison avance. De la maturation des fruits du Noyer par stratification. Feu Ca muzet constata sur les fruits du Noyer cendré un fait déjà consigné par Duhamel, dans sa Physique des arbres (Paris 1758, Guérin et Delatour, 2 vol. in-4°), et qui mérite d'être signalé. Les fruits de cet arbre tombent tous avant leur maturité, et ne contiennent, à cette époque, que la gelée visqueuse qu'on trouve dans tous ces fruits au moment où l’amande commence à se for- mer. Camuzet fit ramasser des fruits du Noyer cendré dans cet état d’imperfection, et les jeta dans un trou qu'il recouvrit de terre. Ayant eu au printemps besoin de cet emplacement pour y planter un arbre, il examina les Noix qui y avaient passé l'hiver, et, les ayant trouvées parfaitement conservées, ilen cassa quelques-unes dont les amandes étaient parfaitement formées, au point que, en ayant semé, presque toutes germèrent; il n'en manqua pas dix sur cent. L'expérience de Duhamel avait d'avance confirmé cette ob- servation : car il dit qu'ayant souvent récolté des Noix dont l'a- mande ne faisait que commencer à se former, 1l les mettait en tas à la cave, et elles y mürissaient aussi bien que si elles fussent restées sur l'arbre. Cette observation fut mise à profit par Camuzet : il appliqua ce moyen à des Amandes, des Glands, des Marrons d'Inde, des Pavies et autres fruits susceptibles d'être reproduits de semences, et réussit toujours à conserver leur amande dans un parfait état de faculté germinative. ARBRES A FRUITS ET A FLEURS EN CHATON. 613 VARIÉTÉS, Noyer commun (Juglans regia ; type de toutes les variétés européennes ; fruit de grosseur moyenne, assez plein, PI. L, fig. T et 74). — variété de Périgord (fruit gros et très-plein). à coque tendre ou Mésange, de la Lande (PI. L, fig. 8; variété à fruit très-plein et à coque très-tendre, excellent pour dessert). à feuilles variables (excellent fruit à coque tendre et précoce). à gros fruit long (variété très-fertile et bonne à cultiver). à Bijoux, à très-gros fruit, Noix de Jauge (PI. L, fig. 5; fruit gros comme un œuf de poule, Amande petite et de qualité moyenne). tardif, ou de la Saint-Jean (Juglans serotina ; ne fleurissant qu’à la fin de juin). fertile (Juglans præparturiens ; espèce à cultiver dans les jardins ; elle a l'avantage de donner des fruits dès la deuxième année du semis. Elle est si fertile que des sujets cultivés en pots et n’ayant pas! mètre de hauteur, se chargent de fruits. La Noix est de grosseur ordinaire ; mais très-pleine et à coque tendre). à grappes (variété très-productive ; Noix de la grosseur de celles du Noyer commun, et réunies au nombre de dix à vingt-cinq; se reproduisant de semis). de Barthère (à fruit très-long, très-beau, à coque peu dure, bien pleine; variété fertile, obtenue vers 1835, par MM. Barthère, de Toulouse). Mayette longue ou rouge (arbre vigoureux, prospérant dans toutes les expositions, celle du nord exceptée ; à fruits ordinairement réunis au nombre de deux). Mayette blanche (variété très-voisine de la précédente; à fruit plus tendre, d’un jaune clair et souvent taché ; chair blanche, souvent avariée ou vineuse). Gautheron (à fruit de forme et de grosseur un peu variables, ovale ou ovale-allongé ; variété rustique et vigoureuse, plus fructifère que la Mayette dont elle se rap- proche). Chaberte (fruit ovale-arrondi, bien plein à la maturité; variété la plus tardive de toutes, rustique, cultivée surtout pour l'huile qu’on en retire). Franquette, Noix de Vinay (variété abondante en fruits assez gros, allongés, déprimés ou arrondis à la base, bien pleins, d’un goût très-agréable ; recherchés pour dessert). Parisienne (arbre rustique, s’accommodant facilement de presque tous les sols ; à fruit mesurant de 40 millimètres de hauteur sur 35 millimètres de large; déprimé aux deux bouts, agréable au goût ; léger comparativement à son volume ; la rugosité de sa coque nuit un peu à sa vente). ü Noir (Juglans nigra Lin.; belle espèce très-répandue dans l’Amérique septentrionale ; arbre superbe qui attéiné de 20 à 25 mètres de haut, et dont le tronc a jusqu’à 2 mè- tres de diamètre ; fruit agréable à manger, mais inférieur à celui des espèces d’Eu- rope). en Olive ou Pacanier (Juglans olivæformis ; appartient aussi à l'Amérique, fructifie abondamment ; la Noix a une coque lisse semblable à une Olive ; elle est très- -pleine et d’un excellent goût ; sa peau intérieure est rougeâtre). FIN DU JARDIN FRUITIER,. « he “ ton D Û e u La 4 ': "e y à ro DLCLE (à w 19 tlubrés rat Bo h ÉLUS 14 Nr ds #5 2 sale to tien 0,i à ill 2 D act 2° Et if nb ! 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NOR | Lee W re 1m ARTE Nos | | TRES un L M 7 4 où ee | à AAUETMIOR | \ AUDITART LE suoisoi : | | eanraruA THAT + de AYAHO Ain SA A TANT si du PR D, aie fi TAMIN) a avoue » L 14 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE TEMPÉRÉE ET DE SERRE CHAUDE SOUS LE CLIMAT DE PARIS !. Notions préliminaires. Nous ne saurions mieux faire, pour commencer, que de répéter ici ce que nous avons déjà dit dans les Notions générales pour les Végétaux d'Ornement (p. zxv1), d’après MM. Decaisne et Naudin. «Rien ne fait mieux comprendre, disent ces deux savants observa- teurs, l’influence de la chaleur souterraine, que le contraste observé entre la végétation du midi et celle du nord de la France. Tant qu'on ne tient compte que des températures atmosphériques, on ne s'explique pas ces différences. Comment comprendre, en effet, que 2, 3 ou 4 degrés de température moyenne annuelle en plus, suffi- sent pour rendre productive (en pleine terre) la culture de l’Olivier, du Jujubier, de l'Oranger, pour rendre possible celle de quelques Palmiers et de beaucoup d’autres plantes de provenance subtropi- cale? Tout cela néanmoins s'explique sans peine lorsqu'on se rap- pelle que le midi de la France, surtout aux alentours de la Médi- terranée, est un pays riche en soleil, que Le sol s’y échauffe fortement et profondément, et que, comme il est en même temps très-sec, la chaleur s’y conserve longtemps. Dans le Nord, en l’absence du so- leil, le sol n’a guère en été que la température de l'air, c’est-à-dire { Le nombre des plantes fruitières de serre s’augmente chaque année. Il doit être bien en- tendu que nous n’en donnons ici qu’une partie. La Flore médicale, usuelle et industrielle du XIXe siècle en mentionne beaucoup d’autres. 618 PLANTES FRUITIÈRES, de 15 à 20 degrés centigrades, et cette température s’abaisse encore par l'évaporation dont il est le siége, à la suite des pluies qui sont fréquentes en cette saison. Les racines des plantes y trouvent donc une chaleur totale incomparablement moins forte que dans le Midi, et, sans méconnaître l'influence directe des rayons solaires sur les parties aériennes des plantes, il est permis d'attribuer à cette tem- pérature souterraine une partie notable de la supériorité des climats du Midi sur ceux du Nord. » Nous avons déjà dit ailleurs que les végétaux souffrent plus en- core de la mobilité presque incessante de la température de cer- taines régions, que du froid lui-même. De là vient que les plantes originaires de l'Amérique du Nord, où elles résistent à des hivers très-rigoureux, ne peuvent supporter les transitions brusques si com- munes à la France, à l'Angleterre et à l'Allemagne, et qu’il faut des moyens artificiels pour les garantir. Nous avons encore dit (Notions générales pour les Végétaux d'Or- nement, p. Lxvii) qu'il ne fallait cependant pas croire que plus on donne de chaleur à un végétal et plus on le soustrait aux agents ex- térieurs, plus sa croissance est rapide, plus ses produits en fruits ou en fleurs sont abondants et beaux. Il faut consulter les nécessités imposées par chaque végétal, et proportionner les soins qu’on lui donne à ses exigences spéciales. Si on lui impose à la fois trop de chaleur et d’abri, il s'étiole ou ne rend que des productions anor- males. S'il ne perd pas toutes ses qualités dans cette atmosphère étouffée, il devient si délicat que le moindre courant d'air, la plus légère variation dans la température le font périr; on en fait un être absolument artificiel. De là vient que pour certaines plantes il faut la serre chaude, que pour d’autres il faut la serre tempérée, et qu’il y en a aux- quelles, même sous le climat de Paris, l'Orangerie et la serre froide ou serre flamande suffisent. Nous renvoyons aux Nofions générales du volume consacré aux Végétaux d'Ornement (pages LxXX à Lxxv) pour la description de ces diverses serres. PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE SOUS LE CLIMAT DE PARIS. Ananas (PI. XLVII, fig. 3). Bromelia Ananas Lin., Ananassa Lindl., Ananas Tourn. (Broméliacées.) — Vivace. Ce fruit légumier, dont la patrie originaire n'est pas parfaite- ment connue, mais que l’on suppose être parti de l'Amérique mé- ridionale, est dans tous les cas naturalisé aux Indes orientales et en Afrique. Aussi élégant que délicieux, il a été longtemps cultivé d’une manière assez irrationnelle pour n'avoir pas donné les produits qu’on en a obtenus depuis, tant pour la maturation que pour l'ex- cellence de la qualité. Aujourd'hui nos jardiniers primeuristes sont arrivés à en faire un objet de commerce qui a acquis une impor- tance remarquable. Les Ananas se multiplient par œilletons, par couronne et par graines. On n'use guère de la multiplication par graines qu'en vue d'obtenir des variétés. Pour élever les Ananas, il est indispensable, sous notre climat, d'employer des châssis et des coffres, de même que pour faire fruc- üfier, il faut avoir une serre bien exposée, à une ou deux pentes, mais peu élevée, de telle sorte que les plantes soient très-rappro- chées du vitrail. Établissement des couches. C’est au commencement de mai qu’on établit les couches destinées à la culture des Ananas ; elles se com- 620 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE posent de proportions égales de fumier neuf et de fumier vieux, mé- langées avec soin. On leur donne une épaisseur de 50 centimètres, plus les coffres ; on charge la couche de 20 centimètres de terre de bruyère, on garnit extérieurement les coffres de fumier, d'autant plus neuf que la saison est plus froide, et l’on recouvre le tout de panneaux. Plantation. C'est en été, de mai à septembre, qu'on fait ses plan- tations avec le plus d'avantage ; car, en hiver, on ne tient aucun compte des œilletons et des couronnes des Ananas. Les œilletons se détachent à la base des pieds-mères ; on leur enlève quelques feuil- les, on coupe net le talon (il en est de même des couronnes), et on les plante sur la couche qui ne doit pas marquer plus de 35 degrés centigrades, et qui doit être dans un état suffisant d'humidité. On ne les enfonce pas à plus de 6 centimètres, et on les met à 15 cen- timètres de distance. Après la plantation, on bassine et on couvre les châssis avec des paillassons pour faciliter la reprise des jeunes plantes. Il ne faut pas craindre de leur donner des mouillages. Au bout d’une quinzaine de jours, temps suffisant pour que les plantes soient enracinées, on donne de l'air et on ombre de moins en moins jusqu'à ce qu’elles n'aient plus rien à redouter de l'in- fluence de la lumière. Vers la mi-octobre, on prépare une nouvelle couche à laquelle on mêle au moins moitié de feuilles d'arbres, et qu'on recouvre de tannée, de sciure de bois ou de mousse au lieu de terre. Quand la chaleur est à 30 degrés, on procède à la transplantation, opé- ration qui a lieu dans les premiers jours de novembre. Transplantation. On arrache les plants avec précaution, en leur laissant une petite motte; on enlève quelques feuilles à la base, puis on les met dans des pots proportionnés à leur force, et dont le diamètre est de 10 à 15 centimètres; on les enfonce dans Ja tannée par rang de taille, c’est-à-dire qu'on place les plus grands dans la partie la plus élevée des coffres ; attention dont on com- prend la nécessité. Après la plantation, on tient les châssis fermés pour faciliter la pousse des nouvelles racines ; on entoure les coffres de réchauds qu’on remanie suivant les besoins, afin d'entretenir SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 621 toujours la température intérieure à 15 ou 20 degrés, et l’on cou- vre de paillassons. Pour faire passer l'hiver à ses Ananas sans qu'ils aient rien à re- douter de la rigueur du froid, on fait à la mi-décembre une nou- velle couche composée de 2/3 feuilles et 1/3 fumier bien mélangés, et à laquelle on donne une épaisseur plus considérable ; on les charge de tannée et y transporte ses plantes par un beau jour. Arrosements. En hiver, on arrose les plantes avec ménagement, car il faut éviter d'en mouiller le cœur, dans la crainte d’engendrer la pourriture; puis l’eau destinée aux arrosements doit s'être ré- chauffée dans un endroit abrité et dont l'atmosphère soit tiède. Tous les soins consistent à renouveler ou remanier les réchauds pour conserver à l’intérieur des coffres une température de 12 à 18 degrés, et l’on continue de couvrir de paillassons pour empêcher le froid de pénétrer. On ne découvre que quand ïl fait du soleil ou qu'il ne gèle pas. Au mois de mars, on établit des couches nouvelles, composées comme les précédentes ; on place dessus des coffres de 90 centi- mètres par derrière, et de 75 par devant; on les recouvre de 25 centimètres de terre de Bruyère; on pose les châssis, on les en- toure de fumier sec ou de feuilles, et quand la température est tom- bée à 35 degrés, ce qui a lieu environ un mois après, on plante ses Ananas au printemps, à 12 Ananas par châssis. On comprend qu'il faut procéder à cette transplantation avec un soin minutieux. Il faut eulever le plant en motte, après avoir détaché de sa base quelques feuilles destinées à faciliter la production de nouvelles racines ; puis on dépose la plante dans un trou où on l’affermit par une pression modérée, et on la recouvre de quelques centimètres de terre. Tout le sol de la couche doit être couvert de paille, pour em- pêcher l’eau des arrosements de battre la terre et de retomber le long du coffre, sans profit pour la végétation. On termine cette opération par un copieux bassinage, et cette fois on ne couvre pas les châssis. Tous les soins consistent à arroser pour empêcher la terre de se dessécher, et à bassiner ses plantes fréquemment. L’aération, si nécessaire à la végétation, est subordonnée à l'état de la tempéra- 622 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE ture extérieure et intérieure, ce dont avertira un thermomètre placé dans les coffres ; règle générale, on donnera de l'air dès que le température s'élèvera à 30 degrés, et la quantité d'air sera pro- portionnée à la température. Dans les chaudes journées d'été, on ouvrira les châssis de 50 centimètres, depuis huit heures du matin jusqu’à quatre heures du soir, et l’on donnera les bassinages pen- dant que les châssis sont ouverts. Au bout d’une année, les plants traités de cette manière pourront porter fruit l’année suivante. Au commencement du mois d'octobre, on prépare une couche de 50 centimètres d'épaisseur, composée de feuilles et de fumier mélangés, et on les couvre de 25 centimètres de tannée. On enlève les plantes avec précaution, c’est-à-dire qu'on prend garde de bri- ser les racines; on enlève quelques feuilles, puis on les met dans des pots de 20 centimètres de diamètre, qu'on plonge dans la tan- née et on les traite comme les boutures étouffées pendant une quin- zaine de jours; on les ombre le jour pour les garantir de l’action dévorante du soleil, et pendant les nuits on les couvre de paillas- sons pour les garantir du froid. Quand on les arrose, on a soin de ne pas verser d’eau dans le cœur, ce qui produirait infailliblement de la pourriture. Lorsque les plants sont repris, on les met dans la serre à fruits, et on les place en pleine terre dans une bâche chauffée en dessous par les tuyaux-gouttières du thermosiphon. On fait arri- ver dans le sol de la vapeur d’eau pour entretenir la terre à une température de 25 à 30 degrés. On commence à planter en janvier ou dans les premiers jours de’ février, et l’on choisit pour cela les plus beaux plants de deuxième année, levés de la pleine terre dans le mois d'octobre précédent. On prépare la bâche, en mettant sur le plancher des détritus de ra- cines et de tiges de Bruyère, qu'on recouvre de 25 centimètres de terre de Bruyère; on chauffe pendant deux jours, puis on plante ses Ananas à 80 centimètres de distance entre eux et sur des rangs espacés de 50 centimètres. On a soin d'enlever quelques feuilles pour faciliter la production de nouvelles racines. Les autres soins consistent à maintenir la chaleur du sol à 25 ou 30 degrés, et celle de l'atmosphère de 15 à 20. SOUS LE CLIMAT DE PARIS, 623 On bassine trois fois par jour avec une seringue à trous fins, pour favoriser le développement des plantes avant qu'elles mar- quent. Vers la mi-mai, les plus précoces marquent fruit, et mürissent dans l’espace d’un mois à six semaines. Les autres se succèdent sans interruption jusqu’en septembre et même jusqu'en décembre. Il faut pour cela en cultiver plusieurs variétés, afin que les fruits ne mürissent pas en même temps. On peut, à mesure qu'on récolte, remplacer les Ananas qu'on arrache par des plants conservés en pots; il faut avoir soin de re- nouveler la terre dans un espace de 25 à 30 centimètres. On peut aussi prendre pour cela des plants levés en motte, sous les châssis où se trouvent les sujets de première année. Une douzaine de châssis suffisent pour récolter dans une année de 80 à 100 Ananas. On écrase la Cochenille qui attaque l’Ananas à l’aide d'une petite spatule de bois, on brosse les feuilles ou on les lave avec de l’eau et du savon noir. De la culture des Ananas sans feu. X est des horticulteurs qui ont trouvé le moyen de cultiver les Ananas d’une manière moins dispendieuse. Tel était M. Heynderyex, de Destelberghen, près de Gand. On fait creuser une fosse d'environ 70 centimètres de pro- fondeur, sur une largeur de 50 centimètres et une longueur de 5 mètres. La terre est remplacée par 30 centimètres de feuilles sè- ches, recouvertes d’une couche de fumier neuf de semblable épais- seur. On place sur cette sorte de couche un coffre ayant 1 mètre 70 centimètres sur le derrière, et 1 mètre 25 centimètres par devant, et l’on achève de charger la couche de 50 centimètres de terreau. Les Ananas sont plantés à nu dans ce terreau. D'un côté, sont les pieds d’un an, de l’autre ceux à fruit, qui mürissent sans autre chaleur que celle du fumier placé sous le terreau, et qui ne sert qu'à favoriser la végétation dans les premiers temps; car, pen- dant deux années, les Ananas portant fruit sont restés sans être dérangés. Quand la récolte est faite, on renouvelle la couche et l’on plante les jeunes pieds qui ont déjà passé un an en pot. 624 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE Il faut donc pour cette culture économique un an en pot et deux ans en plein terreau; en tout trois ans et même trois ans et demi. Le coffre est garanti à l’extérieur par un revêtement épais, com- posé de feuilles sèches et de gazons. Pendant les gelées, on couvre les châssis avec des planches, ou, à leur défaut, avec d’épais paillassons. Une autre méthode était également suivie chez le même amateur; il cultivait des Ananas dans une bâche froide, protégée extérieure- ment par du terreau de feuilles. Ces plantes étaient dans des pots percés latéralement, sur trois points, de trous en forme de croix, et le fond du pot était percé d’un trou plus large qu'à l'ordinaire, pour permettre la sortie et le développement des racines. Le ter- reau du fond de la bâche était préparé depuis trois ans, et les plan- tes se mettaient à fruit de deux à quatre ans. La bâche avait 12 mètres de longueur, 3 de largeur, et contenait sept rangées d'Ananas disposés en quinconce par rang de taille. Ces cultures ont prouvé que les plants venus de couronnes ne portent fruit que la troisième année, tandis que ceux provenant des œilletons fructifient quelquefois au bout de dix-huit mois. Au reste, le développement du fruit est toujours en rapport avec l’âge du plant, et s’il porte à dix-huit mois, le fruit est plus faible. Autre méthode pour cultiver les Ananas sans feu. Dans le prin- temps de 1846, M. Barnes commença à cultiver les Ananas sans feu, dans une bâche remplie d’une couche tiède de feuilles. Les Ananas y prirent un grand développement, et restèrent exposés à l'air libre jusqu’à l’arrivée des premiers froids. Alors les panneaux de la bâche furent replacés, et la couche fut renouvelée de manière à entretenir une température suffisante pour empêcher la gelée d'y pénétrer. Au printemps suivant les pots contenant les Ananas, qui presque tous avaient fleuri ou étaient sur le point de fleurir, furent enterrés dans une plate-bande au pied d’un mur au midi; cette plate-bande avait été défoncée, et l’on avait remplacé la terre par des feuilles fortement tassées qui remplissaient tous les intervalles existant entre les pots. Les Ananas, ainsi traités, végélèrent aussi bien qu’on pouvait le SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 625 désirer, quoique moins vite que dans la bâche fortement chauffée. Ceux qui étaient le plus avancés au commencement de la belle sai- son, donnèrent au mois de septembre des fruits aussi mürs et d'aussi bonne qualité que les Ananas chauffés. Leur poids varie de 2 à 3 kilogrammes. L'expérience fut continuée en 1848 : M. Barnes mit également en plein air, au mois de mai, des Ananas qu'il avait fait hiverner sans feu et qui venaient de fleurir. L'été de 1848 fut peu favorable, les pluies furent presque continuelles dans le comté de Devon; dans les premiers jours de juillet, il y eut des nuits très- froides, la température descendit au-dessous de zéro, et M. Barnes trouva de la glace dans son jardin. Les Ananas n’en mürirent pas moins; seulement, leur poids moyen resta un peu au-dessous de celui des Ananas cultivés de la même manière l’année précédente. Dans les premiers jours de septembre, il survint des gelées blanches assez fortes pour faire périr les Balsamines, et quelques plantes un peu délicates. Les Ananas ne parurent pas en souffrir, ceux dont le fruit avait été cueilli et livré à la consommation donnèrent un grand nombre de rejetons très-vigoureux, employés immédiatement pour la multiplication ; ils ont produit, toujours sans feu et avec la seule chaleur d’une couche de feuilles, des plantes vigoureuses qui ont été réservées pour la saison de 1856. Les Ananas de M. Barnes ont été comparés avec des Ananas ve- nus directement des îles Lucayes, où cette plante croît naturelle ment; ils leur ont été trouvés supérieurs, sinon en volume, du moins en qualité. VARIÉTÉS CULTIVÉES, Ananas de la Martinique, ou commun, à feuilles panachées de jaune. = — à feuilles panachées de jaune et à fruit rose. — — à feuilles panachées de blanc. = — à feuilles lisses (plante recommandable par la qualité de son fruit). — Comte de Paris, variété de l’Ananas martinique (plante dont le port et le fruit res- semblent en tout au commun, mais venant beaucoup plus gros et d’une culture plus facile, parce qu’il produit beaucoup moins d’œilletons). — de la Providence (très-long, fruit rond). _— _ à feuilles lisses ou Providentia magna. — de Cayenne, à feuilles lisses, ou Maïpouri (l’un des meilleurs de ce pays, gros fruit pyramidal). — — à feuilles épineuses. _— — Neuman. 40 626 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE Ananas de Cayenne, Charlotte-Rothschild. de la Jamaïque, noir. _ violet (plante remarquable par la couleur de ses feuilles et de son fruit, qui atteint toujours 30 centimètres de hauteur). — à feuilles lisses (variété du précédent, à fruit pyramidal, couleur bronze, très-gros). — aurore. de Java, à feuilles rayées. — à feuilles lisses. — à feuilles épineuses. de Saint-Domingue, en pain de sucre (beau port et beau fuit), de Sumatra (fruit rond, blanc à la maturité). de Malabar (gros fruit, cylindrique). d’Antigoa, noir (gros fruit rond). — vert (gros fruit, première qualité). - blanc (gros fruit rond). _ (variété de l’Antigoa, à fruit jaune orangé). de la Havane, doux, à feuilles lisses, à fruit vert. — doux, à feuilles lisses, à fruit rose. 4] en pain de sucre (très-gros fruit). du Brésil, à feuilles épineuses. — à feuilles lisses (fruit pyramidal). demi-épineux, couleur paille. — couleur orange. de Sainte-Lucie (gros fruit cylindrique; feuilles épineuses). du Mont-Serrat (l'un des plus gros fruits). de la Trinité (gros fruit pyramidal). d’Otaïti (gros fruit rond). — à feuilles lisses. de la Guadeloupe, à feuilles lisses (gros fruit rond). — variété dite dans le pays Gros Cœur (gros fruit à chair jaune). Duchesse d'Orléans (fruit en pain de sucre). Enville (fruit en pain de sucre très-gros). Pelvillain (gros fruit pyramidal). Prince d’Esling (gros fruit cylindrique). Gontier (gros fruit cylindrique). Princesse royale (fruit pyramidal, à grains saillants). Hémisphérique (gros fruit). Roi (plante dont le port et la couleur semblent faire une espèce : feuilles lisses d’un vert clair; gros fruit cylindrique). Pain de sucre brun. à feuilles rayées, brun. couleur bronze. poli blanc (fruit pyramidal). Pomerel (gros fruit cylindrique). Reine Barbude (gros fruit mi-sphérique), Reine Pomaré (belle plante qui ressemble par son port à l’'Enville; gros fruit de la forme et de la saveur de l’Ananas commun). Reine des fruits (plante à feuilles lisses et à gros fruit). Princesse de Russie. Princesse d’Essling (gros fruit pyramidal). Madame Gontier (variété de l'Enville, à gros fruit pyramidal). SOUS LE CLIMAT DE PARIS. (ep) Lo =] Avoeatier, Laurier-avoent, Poirier-avoeat. Laurus persea Lin.; Persea gratissima Gærtner fils. (Laurinées.) L'Avocatier est un bel arbre, de 12 à 15 mètres de hauteur, qui croit spontanément dans l'Amérique tropicale, et que l’on cultive avec profusion aux Anlilles et dans quelques îles de la mer des Indes, à cause de son beau port et de l’excellence de son‘fruit. Son tronc grisâtre, crevassé, d’un bois blanc et tendre, soutient une vaste cime dont les branches sont anguleuses, couvertes dans leur jeunesse de poils blancs et cotonneux. Ses feuilles, qui ont de 10 à 20 centimètres de longueur sur 5 à 8 de largeur, sont rapprochées les unes des autres à l'extrémité des jeunes rameaux, elliptiques, acuminées, vertes et lisses en dessus, blanchâtres en dessous. Ses fleurs, hermaphrodites et réunies en petites grappes axillaires, se composent d'un calice à 6 divisions et de 12 étamines disposées sur deux rangs. Le fruit qui leur succède et qui renferme un noyau très-gros, ovoïde, inégal, est gros, pyriforme, allongé, longuement pédonculé ; sous une sorte d’écorce mince, mais résistante, d’abord verdâtre, puis d’un violet pourpre à parfaite maturité, il présente une pulpe abondante, grasse au toucher, d’une consistance buty- reuse, très-fondante, sans odeur, d’une saveur particulière appro- chant de celle de la Noisette et de l’Artichaut. Les fruits de l’Avocatier, connus aux colonies sous le nom de Poires avocates, se mangent ordinairement en hors-d’œuvre, coupés en tranches comme les Melons et assaisonnés d’un peu de sel. Les Européens qui mangent pour la première fois de ces fruits si esti- més des Américains, les trouvent fades, y ajoutent du sucre, et les assaisonnent avec du Citron ou des aromates ; mais peu à peu ils s’y accoutument et les recherchent autant que les colons. Sous le climat parisien et dans le Nord, l’Avocatier exige la serre chaude. Bananier, Musa Lin. (Musacées.) Les Bananiers passent pour être originaires de la partie de l’Asië 628 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE méridionale que l’on connaît, en géographie botanique, sous la dé- nomination de région des Musacées et des Scitaminées. On sup- pose que c’est de là qu’ils ont passé en Afrique et en Amérique. Ce ne sont point des arbres, comme on le eroit vulgairement en Europe : ce sont des plantes herbacées, vivaces seulement par leurs drageons, et dont les tiges périssent aussitôt qu’elles ont donné leurs fruits. Ils-ont une analogie remarquable avec les plantes de la fa- mille des Liliacées : un plateau charnu, semblable à un bulbe, émet des racines fibreuses en dessous et des feuilles en dessus ; ces feuilles, longues de 2 à 3 mètres sur 60 à 80 centimètres à peu près de large, se succèdent rapidement; leurs pétioles qui s’engainent les uns dans les autres, forment une sorte de tige atteignant de 3à o mètres de hauteur. Elle est traversée, dans son centre et dans toute sa longueur, par une hampe qui naît sur le milieu du bulbe, et va sortir au sommet, à côté de la feuille terminale; là, cette hampe se recourbe, se penche vers la terre, et se termine par une es- pèce de grappe, nommée régime, portant les fleurs. Les caractères bo- taniques sont : feuilles pourvues d'un long pétiole élargi, entières et roulées en cornet à leur naissance, d’un vert tendre, lisses et comme satinées en dessus, marquées, surtout en dessous, d’une grosse ner- vure ou côte médiane, de laquelle partent un grand nombre de ner- vures transversales très-fines et parallèles; fleurs jaunâtres, grandes, réunies plusieurs à l’aisselle de spathes ou bractées colorées, dis- posées en un long spadice solitaire et pendant; fruits à peu près triangulaires, longs, jaunâtres, terminés en pointe irrégulière à leur sommet (PL.XXIX, fig. 1), à chair épaisse, un peu pâteuse, dis- posées en longues grappes ou régimes, ayant chacun 3 loges qui con- tiennent un grand nombre de graines, lesquelles avortent toujours dans les variétés à fruits comestibles. Dans les climats chauds, toutes les évolutions du Bananier s’ac- complissent en un an ou dix-huit mois, et la plante périt, comme on l’a dit, quand ses fruits sont mürs; mais dans nos serres il n’en est pas ainsi, et l'on y a vu des Bananiers vivre plus de douze ans. Les fruits de ces plantes sont plus ou moins estimés suivant les espèces. La Fique banane, Bacove, Banane courte, qui est produite SOUS LE CLIMAT DE PARIS, 629 par le Bananier- Fiquier ou Bananier des sages (Musa sapien- tèum Lin.), ainsi appelé de ce que les sages Hindous vont, dit-on, philosopher sous son ombrage, figure avec distinction au dessert sur la table des riches colons ; sa chair est délicate, molle, fraîche, excellente; elle n’a besoin d’aucun assaisonnement et on la mange toujours crue. Au contraire la Banane longue, produite par le Ba- nanier du Paradis (Musa Paradisiaca Lin.), appelé aussi Plantanier, Figuier d'Adam, est généralement abandonnée aux pauvres et aux nègres ; elle demande à être cueillie un peu avant sa maturité, c’est- à-dire au moment où sa couleur, d’abord verte, commence à passer au jaune ; une peau un peu rude recouvre une chair molle, d'une saveur douce et agréable; on la mange rarement crue; on la fait cuire au four ou sous la cendre, ou dans l’eau avec de la viande salée ; ainsi préparée, la Banane longue est très-sucrée, très-nour- rissante, d’une facile digestion ; quelquefois, après l'avoir pelée, on la coupe en longues tranches qu’on enveloppe d’une pâte légère et qu'on fait frire comme des beignets. On cultive le Bananier des sages et le Bananier Paradis, ainsi que leurs variétés, dans les serres d'Europe, quoique leur dévelop- pement gigantesque y ait fait un peu renoncer. Le Bananier des Troglodytes (Musa Troglodytarum Lin. ; Musa uranoscopus Rumph) qui croît aux Moluques, donne des fruits petits, irrégulièrement tachés de rouge et striés de noirâtre. Le Bananier de la Chine (Musa sinensis Sweet.), celui qui convient le mieux à nos serres, parce qu'il n’atteint guère plus de 2 mètres de hauteur, et que ses fruits y mürissent très-bien, donne des fruits excellents, petits, qui ressemblent assez à des Poires de Beurré bien müres. On peut dbtenir d’une seule plante jusqu'à 300 fruits par ré- gime, en la cultivant en saison, c'est-à-dire à une époque où elle ait le temps de fleurir avant les froids. Les Bananes vertes contiennent beaucoup de fécule ; müres, elles n'offrent plus que du sucre, mais en telle abondance, que sous ce rapport elles le disputent à la Canne et à la Betterave. Elles ne peu- vent se garder longtemps, et pour les conserver on a imaginé de les couper en tranches minces et de les faire sécher. Quelquefois on les 630 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE râpe après les avoir dépouillées de leur peau ; on les met à la presse, et on les fait cuire ensuite dans une poêle, à la manière du Manioc. Ce procédé les convertit en une farine longtemps saine et bonne, de laquelle on peut faire une bouillie agréable et nourrissante. Le cœur du Bananier, nommé dantong, se prépare comme un légume. Les feuilles du Bananier, quoique fragiles et souvent déchiquetées par les vents, servent à couvrir les habitations du pauvre dans les pays où il croît en pleine terre. On utilise, en les filant, les fibres extrè- mement ténues qui composent en grande partie le pétiole des feuilles, et l’on en forme des tissus très-fins, connus sous le nom de ÆVipis. Les plantations en grand de Bananiers ou les Bananeries s’établis- sent ordinairement dans les terrains frais et ombragés, sur le bord des rivières, des ruisseaux, des ravins, au fond des vallées les plus profondes, pour les préserver des ouragans qui les renversent et les déracinent. On plante les pieds à 2 ou 3 mètres de distance en tous sens, et, une fois arrivés à un certain degré de force, ils ne deman- dent aucun soin. Il n’en est pas de même dans nos serres où ils sont l’objet d’une culture particulière. Le Bananier du Paradis, le Bananier des sages et le Bananier de la Chine se multiplient par œilletons, que l’on plante dans une terre composée des débris de la terre épuisée en partie par les Ana- nas, à laquelle on mêle une certaine quantité de terreau neuf pour lui rendre des principes nutritifs. La profondeur du sol doit être d'environ 40 centimètres, la température ambiante de 18 à 20 degrés centigrades, et celle dù sol de 25 degrés, en faisant côtoyer ou par- courir la bâche, dans la partie inférieure, par les tuyaux d'un ther- mosiphon, appareil très convenable pour ce genre de culture, car il élève jusqu'à 30 degrés la température de la terre. L'appareil à air chaud de M. Delaire convient surtout pour cette culture, qui exige plutôt une température soutenue qu'élevée. Pour obtenir des fruits mûrs dans l’espace d'une année, et même de dix mois, il faut prendre des œilletons robustes et déjà assez développés, les mettre en terre au mois de février ou de mars, donner des arrosements quand le sol tend à se dessécher, et des bassinages pour entretenir l’atmos- SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 631 phère dans un état constant d'humidité. Le Bananier fleurira vers le mois de septembre et donnera des fruits en février. On peut, en culture artificielle, planter à toutes les époques et compter un an entre la mise en terre et la récolte; mais l’époque ci-dessus indi- quée est la plus favorable. I1 vaut mieux que la température exté- rieure soit élevée au moment où le Bananier forme son régime. Cactier opontie (PI. LI, fig. 5). Cactus opuntia Tourn. (Cactées.) — Vivace. Les plantes appelées Cactées à cause de la ressemblance plus ou moins exacte de leurs fleurs avec celles du Chardon épineux (Car- duus ferox), qui croît abondamment en Sicile, et parce que Théo- phraste avait employé le mot cactos (xéxros) pour désigner une plante armée d’aiguillons dont la piqûre est susceptible d’exciter une douleur brülante, sont toutes originaires de l'Amérique, où elles habitent surtout entre les tropiques, quoiqu’elles s’avancent dans les régions tempérées jusqu'au 49° degré de latitude boréale, et au 30° de latitude australe. Elles ne craignent néanmoins pas trop le froid, puisqu'on les rencontre sur les hautes montagnes presque à la limite des neiges éternelles. Il en est même une es- pèce, celle qui fait plus spécialement l’objet de cet article, qui s'est répandue et naturalisée dans toutes les contrées méditerra- néennes, à ce point que plusieurs auteurs ont prétendu, mais sans preuves, qu'elle en était indigène. On ne saurait se faire une idée exacte, même dans les plus belles serres, des formes étranges des Cactées, quand on ne les à pas vues dans leur pays natal. Sous les tropiques, elles rivalisent en hauteur, en puissance, avec les végé- taux les plus robustes, les arbres les plus élevés. Une espèce devenue très-rustique en Europe, qui prospère à 325 mètres au-dessus du niveau de l'Océan, sur la montagne de Toringos, dans l’île de Madère, que l’on rencontre sur tous les ri- vages de la Méditerranée et sur les roches maritimes de nos dépar- tements des Alpes-Maritimes, du Var, des Bouches-du-Rhône, de l'Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, c’est le Cactier en raquette ou Cactier opontie (Cactus opuntia où opuntiacus), dont 632 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE on connait chez nous plusieurs variélés. Il s'élève à 3 mètres, et même jusqu'à 6 à 7 mètres, sur le littoral méditerranéen. Au Mexique, il atteint quelquefois plus de 20 mètres de hauteur. La tige, d’un vert glauque, se compose d'un grand nombre d’articu- lations ou raquettes ovales, plus ou moins épaisses, portant des épines grêles et roides comme des soies de sanglier, rousses, dis- posées par petits paquets autour desquels sont trois, quatre et cinq aiguillons solides, aigus, tantôt étalés en étoile, tantôt en houppe, très-dangereux par leurs piqûres. Du centre de ces défenses sort une fleur solitaire, inodore, jaune; les premières fleurs commencent à s'épanouir en avril, les autres se succèdent jusqu'au mois de juin. En août apparaît un fruit succulent, bon à manger, quoique un peu fade, que l’on a vulgairement appelé, à cause de sa forme, Fique d'Inde, où Fique de Barbarie. On peut aussi manger, à la manière des Asperges, la fleur et les bourgeons du Cactier opuntie, quand ils ont de 27 à 54 centimètres de hauteur. Dans le sud de l'Italie, les bœufs se nourrissent volontiers des enveloppes du fruit; les chèvres et les moutons mangent les articles de la plante, coupés par tran- ches et dépouillés de leurs épines. On se sert quelquefois de ces mêmes articles à la place de cantharides et de sinapismes, et, dans quelques pays, on les regarde comme un spécifique contre les af- fections goutteuses et rhumatismales; dans l’île de Minorque on les emploie en cataplasmes, pour les dysenteries etautres inflammations. Le Cactus opuntia a la propriété d’engraisser, au bout de dix-huit à vingt ans, le sol qui l’a porté. On en forme des haies impénétrables autour des habitations. On l’emploie à chauffer les fours. A l'état ligneux, il seit, en ce même état, aux naturels de quelques parties du continent américain, ct, dans certaines des Antilles, à faire des planches, des rames, des assiettes, eto. Le Cactus cochenillifer (dont on trouve la représentation dans l'Atlas de nos Plantes agricoles et forestières), nourrit la galle-in- secte ou cochenille, qui fournit la couleur écarlate. Le Cactus opuntie est la seule espèce de Cactées qu'on puisse cultiver pour ses fruits. Les Siciliens mangent beaucoup de ceux-ei soit à l’état frais, soit à l’état sec. Le seul inconvénient du fruit de SOUS LE CLIMAT DE PARIS, 633 Cactus est d'être couvert d’épines d’une extrême petitesse, qui en- trent dans la peau et causent des démangeaisons fort incommodes. Il faut une certaine précaution pour les manger. Leur chair est jaune et contient un grand nombre de graines; elle a la propriété de colorer l'urine en rouge. A l’état indigène ou de naturalisation, presque tous les Cactiers croissent dans les forêts ou sur les rochers, d’autres sur le tronc des vieux arbres; ils demandent les rayons directs du soleil et re- doutent l'humidité. ‘ Tous les Cactiers se multiplient de boutures que l’on enfonce de 8 centimètres dans le sol. On les arrose légèrement pour que la terre presse la bouture de toutes parts, et l’on ne donne ensuite que rarement de l’eau, jusqu'à ce que la plante nouvelle soit enracinée, : ce qui se reconnaît aux pousses qu'elle commence à former. Dans nos serres, celte évolution à lieu après trente à quarante jours. La maturation du fruit du Cactier opontie exige, sous le climat parisien, l'abri d'une serre tempérée. Carambholier, Averrhoa. Averrhoa carambola Lin.; Averrhoa Bilimbi Rumph. (Oxalidces.) Le Carambolier ou l’Averrhoa, qui tire ce dernier nom du célèbre médecin arabe Averrhoës, est un arbre élégant, petit, originaire des Indes orientales, qui présente les caractères suivants : feuilles al- ternes, composées, imparipennées, à folioles ovales, lancéolées, très- entières ; fleurs peu remarquables, disposées en grappes paniculées, terminales; calice persistant à la base du fruit qui est une baie al- longée, d'un beau jaune, exhalant un parfum très-agréable, marquée de cinq angles saillants, correspondant à autant de loges ren- fermant chacune de 2 à 5 graines, dont l'embryon, dressé au milieu d'un albumen charnu, offre une radicule courte et des cotylédons comprimés. Ce genre ne comprend que deux espèces. Le Carambo- lier fleurit de juillet en septembre, et se charge trois fois par an de fruits qui continuent de grossir depuis le moment où ils nouent jusqu'à leur maturité. La moyenne de son existence est de cin- 634 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE quante ans, et c'est à partir de sa troisième année qu'il fructifie. Il a donné des fruits, pour la première fois, en Angleterre, dans les serres de M. Bateman. Le vase qui le contient demande à être enterré ; mais il ne faut pas que ce soit dans une tannée soumise à l'action de la chaleur. Sa culture est simple et facile. Ce serait peut-être de tous les arbres des Indes orientales celui qui fructifie- rait le plus volontiers chez nous. Corossole, Anone. Anona Lin. (Anonacées.) Le Corossole, Corossolier, Sapadille, ou Anone, dont on trouve la figure dans l'Atlas de la ÆVore médicale du XIX° siècle, est un petit arbre ou un arbrisseau des régions tropicales de l’ancien et du nou- veau monde. Sa tige est couverte d'une écorce brune. Ses feuilles sont alternes, longues et larges, ovales-lancéolées, pointues, en- üières, lisses, d’un vert sombre et luisant, persistantes, à l’aisselle desquelles se trouvent des bourgeons d’un jaune orange. Les fleurs, grandes, vertes au dehors, jaunes au dedans, odorantes, se succé- dant pendant toute l’année, sont portées par des pédoncules soli- taires. Le fruit est très-gros, charnu, en forme de cœur, couvert d'une écorce mince, vert-jaunâtre, hérissée de pointes molles; il renferme des graines ovoïdes à test coriace et crustacé. On peut manger tous les fruits du genre Anona; mais on recherche surtout ceux de l’Anona muricata, vulgairement Corossol à fruits hérissés, Cachiman épineux, Cachimentier, fruits en cœur, verts, hérissés de pointes molles, pesant jusqu'à 4 kilogrammes, d’un goût délicat et parfumé; ceux de l'Anona cherimolia où Anona tripetala, vul- gairement Corossol du Pérou, Cherimolier, qui ont la grosseur d'une forte Pomme, et dont la saveur est délicieuse; ceux de l’Anona squamosa, vulgairement Corossol à fruit écailleux, Pomme de sucre, Pomme de Cannelle, Hattier, Attier, Alocire, Alte, Halte, qui sont d’un goût relevé par un parfum d’Ambre et de-Cannelle. Les Anonacées ne réussissent guère dans le midi de la France, mais on en a vu croître et fructifier en plein air dans le sud de l'Espagne. En Angleterre on a essayé d’en cultiver quelques indivi- SOUS LE CLIMAT DE PARIS, 635 dus à l’air libre, à chaude exposition, le long d’un mur; mais c’é- tait simplement une fantaisie d’amateur. | C'est, en réalité, sous nos climats, une plante de serre chaude. On multiplie le Corossol par des boutures faites de rameau aoûté et par des semences : il faut que ces semences soient fraîches et strati- fiées. Les boutures reprenant lentement, on préfère le semis qui produit des plantes susceptibles de fructifier au bout de trois ou quatre ans. Il faut aux Corossols une bonne terre franche mêlée de terre de Bruyère, et une température de 12 à 20 degrés centigrades. Chrysohalane. Voyez plus loin Zcaquier. Eugénie ou Eugenia de Micheli, Cerisier de Cayenne, Eugenia Micheli Lamk ; Eugenia uniflora Lin. (Myrtacées.) Les Eugenia forment un genre établi par Micheli pour des arbres et des arbrisseaux de l’Asie et de l'Amérique tropicale, à feuilles opposées, stipulées, pellucido-ponctuées, très-entières; à fleurs sessiles à l’aisselle des feuilles, ou pédonculées, solitaires ou en cymes, bibractéolées, blanches; baies noires ou rouges. L'Eugénia de Micheli, appelé aussi Roussaille, Cerisier de Cayenne, qui est l'espèce la plus connue, est cultivée pour ses bons et beaux fruits aux colonies françaises des Antilles et de la mer des Indes. Il est aussi l'objet de soins persévérants en Algérie, où il devra réussir puisqu'il n'exige qu'une température moyenne. Avec cette température, il demande un sol doucement pénétré de la chaleur, mais pas de manière à dessécher la terre. Il ne lui faut jamais plus de 20 degrés centigrades et moins de 15. Pendant la végétation, il demande de l’eau en abondance et des bassinages quand le temps est beau. On cesse d’en faire pendant la floraison et quand le fruit noue; mais on les reprend dès que le fruit com- mence à grossir. Pendant la période de maturation, on mouille l'arbre le moins possible et on lui donne beaucoup d’air chaque jour, ce qui aoûte complétement lés fruits. La multiplication se fait de semences, de boutures et de marcottes. 636 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE Observations. L’'Eugenia ugni est une petite espèce, à fruit déli- cieux, mais qui n'est pas plus gros qu'un grain de raisin. Cette es- pèce, d'introduction assez récente, est de simple serre froide. Euphoria, Euphoria Comm. (Sapindacées.) Le genre Euphoria est originaire de l'Asie tropicale et produit des fruits fort estimés. On a obtenu des produits abondants de l'£wphoria-Longana, ou Longan et Long-Yen, arbuste de 7 à 9 mètres, cultivé en Chine de temps immémorial pour son fruit, qui est.de la grosseur d'une Prune moyenne, de couleur brune et à écorce réticulée; à pulpe incolore et semi-transparente; le centre occupé par un noyau dont la grosseur diffère suivant les variétés; la saveur en est douce, légè- rement acide et fort agréable, surtout dans les climats chauds. IL à fructifié en Europe d'une manière parfaite dans des serres disposées pour l'éducation des arbres à fruits tropicaux. L'Euphoria-Litchi où simplement le Li-tchi, est un arbuste de 5 à 6 mètres, à fruits disposés en panicules, oblongs, réticulés, rouges à l’époque de la maturité, du volume d’une grosse Prune, à pulpe transparente et à gros noyau. Lorsque ces fruits sont bien mürs, ils sont, dit-on, supérieurs à ceux du Mangoustier; le goût en est à la fois doux et acide. On les fait sécher comme des Pruneaux, et les Chinois s’en servent pour édulcorer le thé. L'Euphoria Nephelium, vulgairement le Ramboutan, originaire des Indes orientales, donne un fruit ordinairement géminé, infé- rieur, comme qualité, à ceux des deux premières espèces. La culture des Euphoria n’est pas difficile. Elle doit se faire en serre chaude, sous notre climat. Il leur faut beaucoup d’eau pen- dant la végétation, peu pendant la période de repos. On peut les planter en pots ou en caisses, mais mieux entre des planches ren- fermant de la terre légèrement sablonneuse, et dont les éléments ne soient pas trop divisés, mais plutôt en morceaux assez gros. Le drainage est, pour ces plantes, une opération de la plus haute im- SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 637 portance, pour empêcher que les racines ne souffrent de la stagna- tion de l’eau; c’est pourquoi il faut mettre un grand nombre de tessons au fond des caisses où on les cultive. L'exposition est une des premières conditions du succès de la culture des Euphoria. Il importe qu'ils ne soient pas plantés à l'ombre d’autres arbres qui les priveraient des rayons du soleil. Il convient de les plâcer, dans les serres, de manière à ce que ces rayons frappent dessus obliquemient durant la chaleur du jour. On multiplie les Euphoria de boutures de rameaux aoûtés, et tenues étouffées. Glycosme, Glycosmis Corr. (Aurantiacées ou Hespéridées.) Les Glycosmes appartiennent à la famille des Aurantiacées ou Hespéridées, et ont été rangés par Endlicher dans la section des Limonées, dont les caractères généraux sont : étamines doubles des pétales, un seul ovule ou deux ovules collatéraux. On cultive depuis longtemps dans nos serres ces arbustes qui pourraient être autant d'utilité que d'agrément. Ils se recommandent par l’abon- dance de leurs fleurs, en panicules odorantes, et par celle de leurs fruits. Le Glycosme à feuilles de Citronnier (Glycosma citrifolia Lindl., - Limonia citrifolia Willd., Limonia parvifolia Sims), est un arbuste de 1 mètre 50 centimètres à 2 mètres, originaire de la Chine, et introduit en Europe au commencement du dix-neuvième siècle. 11 se couvre de petites fleurs en panicules, presque inapparentes, mais ré- pandant une odeur suave ; il leur succède une quantité considérable de petites baies rouges d’un suc à la fois doux et sucré. C’est un des arbustes exotiques qui donnent le plus de fruits, en serre. La terre qui convient le mieux aux Glycosmes est un mélange de moitié terre franche, un quart terreau de feuilles et un quart fumier consommé. Il leur faut beaucoup d'air, des arrosements et des bas- sinages suivis. L'air est nécessaire surtout au moment de la florai- son, sil’on veut obtenir de nombreux fruits. On multiplie ces végétaux de graines, de boutures et de marcot- 638 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE tes. Les semences sont mises en terre au printemps; on rempote quand elles sont levées. Les boutures sont coupées à toutes les époques de l’année et prises sur des rameaux aoûtés. On les plante dans le sable et on les couvre d’une cloche. Elles s’enracinent au bout de six semaines. Les marcottes réussissent parfaitement par un simple couchage, sans qu’il soit besoin d’incision; cependant l'incision facilite l'émission des racines, ou bien on marcotte à la manière des œillets. Ce sont des plantes d'Orangerie. Goyavier ou Gouyavier (PI. LI, fig. 1). Psidium Lin. (Myrtacées.) Le genre Goyavier se compose d'arbres et d’arbrisseaux originai- res de l’Asie orientale et de l'Amérique. Hs sont de taille moyenne ; quelquefois cependant, ils s'élèvent à 8 ou 10 mètres; leurs rameaux sont opposés; leurs feuilles, également opposées, sont simples, en- tières, marquées de points glanduleux ; leurs fleurs sont blanches, accompagnées de deux bractées, portées sur des pédonculesaxillaires; elles ont pour caractères : calice presque pyriforme, à 4 ou 5 lobes irréguliers et profonds ; 4 à 5 pétales ; étamines très-nombreuses, à anthères déhiscentes longitudinalement; ovaire infère portant un style et un stigmate. A la fleur succède une baie couronnée par le calice, offrant de 1 à 5 loges polyspermes, contenant des graines réniformes, osseuses, nichées dans une pulpe succulente. L'espèce la plus intéressante du genre est le Goyavier Poire ou Goyavier blanc (Psidium pyriferum Lin.), arbrisseau ou petit arbre de 2 mètres 30 centimètres environ, fort commun à la Guyane et aux Antilles, à tronc droit, à écorce unie, verdâtre, tachée de rouge et de jaune; à rameaux quadrangulaires, portant des feuilles ova- les-allongées, aiguës, lisses en dessus, veloutées en dessous ; à fleurs blanches, assez semblables à celles du Coignassier ; à fruits en forme de Poire (PI. LI, fig. 1), de la grosseur d’un œuf de poule, jaunes au dehors, rouges, blancs ou verdàtres à l’intérieur, dont la pulpe est charnue, succulente, et la saveur douce, agréable, très-parfumée. Les habitants des Antilles font une grande consommation de ces fruits, SOUS LE CLIMAT DE PARIS. | 639 soit qu'il les mange crus, soit qu'il les mange cuits. Astringentes avant leur entière maturité, les Gouyaves sont relàchantes dès qu'elles sont mûres ; elles reprennent leur qualité astringente quand on les cuit. En gelées, en confitures, en pâtes, les Gouyaves pyri- formes sont extrêmement estimées. Le Goyavier Pomme (Psidium pomiferum Lin.), appelé aussi Goyavier rouge et Goyavier des savanes, est un arbrisseau ou petit arbre du Mexique, haut de 3 à 4 mètres. Son fruit est de la grosseur du précédent, mais arrondi comme une Pomme; il est plus acide et moins agréable ; la couleur de sa chair lui à fait aussi donner le nom de Gouyave rouge. Le Goyavier polycarpe (Psidium polycarpum Lamb.) est un ar- brisseau de 1 mètre, originaire des Antilles, à fruit globuleux, de la grosseur d'une Prune et de couleur jaune, Le Goyavier de Cattley (Psidium Cattleyanum Sabin.) est un arbre de 8 à 10 mètres, dont le fruit est savoureux, pourpre et de la grosseur d’une Prune. La culture des Goyaviers est des plus faciles dans les pays chauds ; ils s’y reproduisent si aisément et avec tant d'abondance, que sou- vent on en extirpe des pieds comme des plantes inutiles. Sous le chmat parisien, ils demandent une exposition chaude, l'abri d’un mur contre les vents du nord, même en été, et l’Orangerie, sinon la serre chaude, pendant l'hiver. Mais en Espagne, en Italie, et même dans nos départements du Midi, on est parvenu à les cultiver en pleine terre à l'air libre et à leur faire porter des fruits. On multiplie les Goyaviers de semences ou de boutures, ou bien par la greffe. Grenadier. Nous avons parlé précédemment, avec des développements suffi- sants, du Grenadier (pages 528 et 529 de ce volume). 11 ne nous reste plus qu'à dire quelques mots ici de la culture de cet arbre dans nos serres, Dans le nord de la France, le Grenadier se cultive rarement en pleine terre, parce qu'il faut le mettre au midi en espalier, et avoir encore la précaution de le couvrir pendant les fortes gelées, 640 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE ce qui n'empêche pas les fruits d’être mauvais, faute de maturité suffisante. C’est pourquoi on ne donne communément de soins, sous le climat de Paris, qu'aux variétés à fleurs, dont plusieurs sont des plus délicates. Pour Jes conserver plus facilement, on les plante en pot et en caisse, quand les pieds commencent à devenir orands. On en orne, pendant la belle saison, certaines places dans les jardins, et on les rentre, pendant l'hiver, dans l'orangerie, dont on ne les sort que quand on n’a plus à craindre les gelées. Cependant, moins délicats que les Orangers, les Grenadiers peuvent être exposés à l'air huit ou dix jours plus tôt que ces dermiers, c'est-à-dire dans les derniers jours d'avril ou dans les premiers jours de mai, suivant la température. Les Grenadiers en pot ou en caisse doivent être plantés dans une terre substantielle, dans laquelle la terre franche entre au moins pour moitié; celle qu'on donne ordinairement aux Orangers leur convient bien. Comme ils poussent beaucoup de racines, ils usent promptement leur terre, et il faut avoir soin de les changer, selon la grandeur des vases dans lesquels ïls sont plantés, tous les ans pour les petits, et tous les trois à quatre ans pour les grands. En été, ils exigent des arrosements fréquents et abondants; si on les néglige sous ce rapport, ils ne donnent que peu de fleurs, ou elles . tombent avant de s'épanouir. Ce n’est qu'en ayant très-exactement le soin de tailler les Grena- diers en caisse qu'on parvient à les élever sur une seule tige et à leur former une ‘tête régulière. Le temps le plus favorable pour les tailler est la fin de l'hiver ou le commencement du printemps, avant qu'ils aient poussé de nouvelles feuilles. Naturellement il pousse de leurs racines une multitude de rejets qu'il faut leur re- trancher toutes les fois qu'on les voit se multiplier; autrement ils ne formeraient que des buissons. Les Grenadiers vivent longtemps. On croit que ceux de l’Oran- serie de Versailles ont deux à trois cents ans. Dans leur vieillesse, ils sont sujets à se carier et à devenir difformes ; mais cela ne les empêche pas de se charger, chaque année, d'une grande quantité de fleurs. | SOUS LE CLIMAT DE PARIS. GA Les fruits qu'on obtient en serre sont généralement mürs en oc- tobre. On les conserve sur des tablettes. Leur enveloppe coriace protége longtemps contre l’action de l'air extérieur. VARIÉTÉS FRUITIÈRES POUR SERRES. Grenadier commun. — à fruits doux rouges. — à fruits doux blancs (les Grenades blanches sont plus douces que les rouges). Grenadille,. Voyez plus loin : Passiflore. Icaquier, Chrysobalane-icaquier. Chrysobalanus icaco Lin. ( Chrysobalanées. ) Le genre Icaquier ou Chrysobalane se compose d’arbrisseaux ou d'arbres peu élevés, qui croissent spontanément dans l'Amérique tropicale, et dans les parties septentrionales de ce continent qui avoisinent le tropique. ; L'espèce la plus intéressante du genre est le Chrysobalane-Ica- quier, qui donne un fruit comestible, nommé vulgairement Zcaque, Prune icaque, Prune d'Amérique. C’est un petit arbre ou plutôt un arbrisseau de 2 ou 3 mètres, qui croît particulièrement aux Antil- les, à la Guyane, et aussi au Sénégal, où l’on ne sait pas s’il a été transporté, ou s’il y était de toute origine. Son tronc est tortueux ; - ses feuilles sont presque arrondies ou obovées, échancrées, à très- court pétiole, entières, glabres et luisantes; ses fleurs sont petites, inodores, blanchâtres, disposées en panicules axillaires ou termi- nales; les étamines sont velues. Le fruit est une drupe de la crosseur et à peu près de la forme d’une Prune moyenne; sa couleur varie beaucoup : jaune, blanche, rouge ou violette, suivant la variété; sa chair est un peu molle, blanche, d’une sa- veur douce et agréable, quoique un peu astringente ; l’amande qui est contenue dans la drupe est très-bonne à manger, et générale- ment préférée à la chair même du péricarpe. On prête, en Améri- que, aux diverses parties de l’Icaquier des propriétés médicinales, qui les font employer fréquemment aux Antilles et à la Guyane, bien que les médecins d'Europe ne paraissent leur en accorder aucune 41 642 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE et necomprennent même pas cette plante dans la nomenclature de la Flore médicale. L'écorce renferme beaucoup d'acide gallique et de tannin, qui la rendent astringente. Les mêmes propriétés astringen- tes se retrouvent, dit-on, dans la racine, dans les feuilles, dans le fruit auquel on a recours dans les diarrhées. Dans les mêmes pays, on fait avec les graines une émulsion antidysentérique. On en retire aussi une huile dont on use aux colonies pour quelques pré- parations pharmaceutiques. On fait avec les fruits de l’Icaquier des confitures que l’on expédie souvent des Antilles en Europe. La culture de l’Icaquier est-celle de l'Eugenia de Micheli et du Jambosier (Voir cesmots). C’est une plante de serre chaude sous notre climat. On a remarqué que quand cette espèce croît dans des endroits humides, son fruit ne devient pas pulpeux et reste sec. Jambhosier. Jambosa vulgaris Dec.; Eugenia Jambos Lin. (Myrtacées.) Le genre Jambosier, que l’on a séparé du genre Eugenia, habite les mêmes contrées que celui-ci. Il se compose d'arbres ou d’ar- brisseaux à feuilles longues, lancéolées, d'un beau vert brillant, à fleurs grandes, d’un blanc jaunâtre, en panicules; à fruits égale- ment jaunâtres, d'un goût agréable, parfumés, que l’on appelle vulgairement Jambos ou Pommes de Rose, parce qu'ils ont le par- : fum de cette fleur. Le Jambosier commun, Pomme de Rose (Zugenia Jambos Lin. ; Jambosa vulgaris De Cand.), dont on a représenté la fleur dans la planche XLIV, fig. 4 de l’atlas des Végétaux d'ornement, est un arbre de 10 mètres environ de haut, qui a donné des fruits dans les serres d'Europe. Une chaleur moyenne lui suffit; une tempéra- ture trop élevée le rend bientôt la proie des pucerons, qui résistent à tous les moyens de destruction. Le Jambosier à feuilles amplexicaules (Jambosa amplexicaulrs) est un arbuste originaire des Indes orientales, qui a aussi donné des fruits dans les serres d'Europe. Le Jambosier de Malacca (Jambosa Mulaccensis De Cand.), dont la SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 643 fleur est aussi représentée dans la planche XLIV, fig. 5, de l’atlas des Végétaux d'ornement, est un grand arbre à feuilles larges, à fleurs rouges, en fascicules, à fruits ovales de 5 centimètres de dia- mètre, blancs d’un côté, rouges de l’autre, d’une saveur très- agréable, très-délicate, d’un parfum exquis. Le Jambosier pourpré (Jambosa purpurascens De Cand.) est une espèce cultivée aux Antilles, particulièrement dans l’île de la Trinité, et qui donne des fruits excellents. Il faut beaucoup d'emplacement aux Jambosiers, leurs racines s'étendant au loin. Il vaut donc mieux les cultiver en pleine terre, quoique dans une serre, qu’en caisse. Ils demandent une tempéra- ture moyenne ; un sol doucement pénétré de chaleur, de 35 degrés centigrades au plus et de 20 degrés centigrades au moins. Le Jam- bosier commun (Jambosa vulgaris) n’a cependant pas besoin d'autant de chaleur. Un sol riche et bien drainé est nécessaire aux Jambo- siers. Pendant la végétation, qui est rapide, il leur faut de l’eau en abondance, et des bassinages chaque fois que le temps est beau. On cesse pendant la floraison et quand l'ovaire noue, mais on re- commence dès que le fruit a acquis un certain volume. Pendant la période de maturation, il faut mouiller l'arbre le moins pos- sible et lui donner beaucoup d'air chaque jour, ce qui aoûte com- plétement les fruits. Pour que ceux-ci ne deviennent pas coton- neux et insipides, il faut les cueillir avec soin deux ou trois jours avant leur maturité complète, et les exposer ensuite à la chaleur du soleil, jusqu'à ce qu'ils soient entièrement mûrs; ils sont ainsi plus sucrés et la chair en est fondante. n multiplie les Jambosiers de boutures étouffées. Mamimné, Mamei, Abricotier d'Amérique, Abricotier de Saint-Domingue. Mammea americana Lin. (Guttifères.) Le Mammé ou Mamei, connu sous ces noms des Anglais et des Espagnols, appelé par les colons français Abricotier d'Amérique ou Abricotier de Saint-Domingue, est, dit Jacquin dans son Histoire 644 : PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE des plantes d'A mérique (Selectarum stirpium Americanarum historia, p. 268), un des plus majestueux et des plus élégants entre les plus beaux arbres de l'Amérique. Il atteint jusqu'à 25 à 30 mètres de hau- teur, et sa tige, revêtue d’une écorce grisätre et crevassée, se termine par une cime pyramidale ample et touffue. Ses jeunes rameaux sont quadrangulaires ; ils portent des feuilles ovales ou obovales, op- posées, fermes, coriaces, d’un vert foncé, très-luisantes, sillonnées de veines transversales et parallèles, parsemées de points ou de vésicules transparentes, à court pétiole, longues de 15 à 20 centi- mètres. Les fleurs, grandes, blanches, d'une odeur suave, naissent éparses, solitaires ou géminées au sommet de courts pédoncules sur les anciens rameaux; elles sont hermaphrodites, mais quelque- fois unisexuées par l'avortement d’un des organes. Le calice est coloré, composé de deux folioles coriaces; la corolle à quatre pétales larges, arrondis, concaves, entièrement ouverts; les éta- mines sont nombreuses, à filets courts, terminés par des anthères minces et oblongues , au milieu desquelles est l'ovaire surmonté d’un style et d’un stigmate simples. Le fruit, presque rond, géné- ralement de la grosseur d’un gros Coing, renferme quatre noyaux; il est recouvert d’une enveloppe double, qui protége une chair délicate; la première enveloppe se détache aisément; la seconde adhère fortement à la pulpe; on a grand soin de l'enlever, car elle est d’une amertume et d'une âcreté repoussantes pour le palais. La partie succulente, assez semblable, pour la couleur, à nos Abricots d'Europe, est ferme, aromatique, d'une saveur douce et agréable. Coupé par tranches et macéré dans le vin sucré, afin de lui ôter les particules résineuses qu’aurait pu laisser sa se- conde enveloppe, le fruit de Mammé est goûté sur les tables des colons. On tire des fleurs, par distillation, la liqueur connue à la Martinique sous le nom d’eau des créoles. Cet arbre mériterait d’être cultivé dans les serres, non comme plante d'ornement ou de collection, mais comme arbre à fruit. I n’exige pas de soins particuliers, et se multiplie facilement soit de drageons, soit de semences qu'il faut tirer d'Amérique en stratifica- ion. On pourrait surtout cultiver le Mammea humilis. SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 645 NMangoustan ou Mangostan, Garcinia mangostana Lin.; Mangostana indica Rumph. (Guttifères.) Le genre Mangoustan se compose des végétaux arborescents, ori- ginaire des îles Moluques, renfermant, comme la plupart de ceux de la famille des Guttifères, un suc jaune qui coule lorsqu'on incise leur tronc. Ils portent des feuilles opposées, à pétiole renflé, à limbe ovale-lancéolé, aigu, entier, ferme, assez épais, d’un vert lisse et brillant en dessus, olivâtre en dessous, marqué de nervures latérales parallèles. Les fleurs, de moyenne grandeur, rouge aurore, sont solitaires, à l'extrémité de courts pédoncules axillaires et terminaux ; elles présentent un calice à 4 divisions, une corolle à 4 pétales arrondis et concaves, 16 étamines à anthères arrondies, un ovaire globuleux, offrant 5 à 8 loges uniovulées, surmonté d’un style court terminé par un stigmate étoilé et divisé en lobes dont le nombre égale celui des loges. Le fruit est sphérique, charnu, du volume d'une Orange moyenne; la chair, ou péricarpe, est épaisse de près d'un centimètre, vert jaunâtre en dehors, rouge en dedans, et n’adhère pas au noyau; l'intérieur, qui est divisé en 5 à 8 loges, est rempli d'une pulpe blanche, molle, très-fondante, d’une saveur sucrée accompagnée d'une légère acidité, d’une odeur qui rappelle celle de la Framboise; dans cette pulpe, très-rafraîchissante, et même un peu laxative, que l’on mange après avoir enlevé la partie péricarpienne, se trouve une graine de la forme et de la grosseur d’une Amande et ayant le goût de la Châtaigne. Ce fruit, nommé Mangouste, est très-estimé dans les Indes orientales, à la Chine, et dans toutes les contrées intertropicales où l’arbre qui le porte est répandu. J faut au Mangoustan une terre composée de deux parties de terre de jardin, d’une partie de terreau mêlé d’un peu de terre forte et de sable de rivière. Sa culture est celle de la plupart des végétaux originaires des régions tropicales. On le cultive en serre chaude sous notre climat. 646 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE Manguier de l'Inde, Arbre de Mango. Mangifera indica Lin. (Térébinthacées-Pistaciées.) Cet arbre, originaire des Indes orientales, d'où il a été transporté à la Guiane et aux Antilles, a une tige haute de 10 à 15 mètres, couverte d’une écorce épaisse, rugueuse et noirâtre, divisée en bran- ches nombreuses, dont l’ensemble forme une cime large et étalée. Ses feuilles sont alternes, oblongues-lancéolées, entières, fermes et coriaces. Ses fleurs, petites, blanches, teintées de rouge, quelquefois polygames par avortement, sont disposées en grappes, dont la ré- union constitue une large panicule terminale ; elles présentent un calice profondément divisé en 5 lobes égaux et caducs, une corolle à 5 pétales oblongs, sessiles, étalés, alternant avec les divisions du calice, 5 étamines, un ovaire pourvu d’un style latéral terminé par un stigmate obtus, globuleux. Le fruit, appelé Mangue, et qui se mange vert ou mür, est une drupe presque ronde, acquérant depuis le volume de l’Abricot ou d’une Poire ordinaire jusqu'à celui d’une grosse Pomme, à peau lisse, quelquefois verte, d’autres fois jaune, mais toujours colorée de jaune ou de rouge du côté de la lumière ; à chair jaune orangé, succulente, quoique filandreuse ; renfermant un noyau large et aplati qui lui-même contient une Amande char- nue et amère. Il n’y a presque pas de noyau dans les Mangues cultivées. La saveur du fruit cultivé varie depuis celle de la Prune, jusqu’à celle de l’Abricot et de la Pêche. Pour l'odeur du fruit du Manguier sauvage elle a de l’analogie avec celle de la Térében- thine; il n’en est pas ainsi de la Mangue cultivée. Dans les colonies, on cultive les Manguiers en grand, à cause du peu de soin qu'ils demandent et de l'excellence de leurs fruits. Il leur faut un compost de moitié terre franche et moitié terre de bruyère. Ils exigent un sol dont la chaleur est au plus bas de 15 à 20 degrés, et, dans nos serres chaudes, si on veut leur faire produire des fruits, il convient de les mettre en pleine terre. On voit souvent sur une seule panicule, cinq ou six fruits qui acquièrent la grosseur de nos plus belles Pommes de Rambour. On peut multiplier les Manguiers de semence ; mais comme ils SOUS LE CLIMAT DE PARIS, 647 tendent ainsi à retourner au type primitif, il convient de les greffer par approche en choisissant parmi les nombreuses variétés (on en connaît plus de cent cinquante) les plus estimées. Les arbres greffés de la sorte fleurissent et mürissent la première année, Melicoeca hijugué, Knepier., Mammon. Melicocca bijuga Lin.; Melicocca carpoodea Juss. (Sapindacées.) Les Melicocca (/zjuga et Olive formis), appelés Mammons par les indigènes, et aussi Knepier, sont des arbres de l'Amérique méri- dionale, dont les caractères principaux sont : Fleurs blanches po- lygames; calice quadripartit, ouvert, persistant; 4 pétales alter- nant avec les divisions du calice, égaux, onguiculés , squammeux; disque hypogyne, orbiculaire, très-entier; ovaire presque bilocu- laire, à 2 ovules; un style très-court; stigmate presque pelté, large; drupe à écorce épaisse, presque globuleuse , couronnée par le style, uniloculaire, à une graine, très-rarement à deux ou trois graines; feuilles alternes, composées de 4 folioles très-briè- vement pétiolées, opposées par paires, elliptiques -oblongues, aiguës, très-entières, un peu coriaces, glabres, d'un vert gai, clair en dessus, assez pâle en dessous. Les fruits du Melicocca bijugué et ceux du Melicocea oliviforme ont environ 3 centimètres de dia- mètre; ils sont pourvus d’une peau coriace, lisse, verdàtre, qui protége une pulpe douce, légèrement acide et astringente. On en mange les graînes rôties comme des Châtaignes. Les Melicocca peuvent se cultiver et fructifier, dans nos con- trées, en serre, dans une pleine terre composée d’un mélange de terre substantielle et d'un tiers de sable. On multiplie ces arbres de boutures, de marcottes et de graines. Mombin ou Monbin, Spondias, Spondias Lin. (Térébinthacées.) Ce genre est formé d'arbres propres aux contrées intertropicales, à tige haute de 10 à 12 mètres; à feuilles alternes, pennées avec foliole impaire ; à fleurs polygames, blanches ou rouges, formant 648 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE des panicules axillaires et terminales ; calice petit, coloré, quinqué- fide ou quinquédenté ; 5 pétales étalés, insérés sur le bord d’un dis- que légèrement crénelé; 10 étamines insérées de même; un ovaire sessile, à 5 loges uniovulées, surmonté de 5 styles épais et très-courts terminés chacun par un stigmate obtus. Le fruit est une drupe charnue, à 5 noyaux ligneux monospermes, soudés entre eux le long de l’axe, ou seulement à leur base, et garnis, sur leur face externe, de fibres ou de pointes. Le Mombin blanc ou Mombin à fruits jaunes (Spondias lutea Lin., ou Spondias myrobolanus Jacq.) est d'une végétation vigou- reuse, et s'élève, dans son pays natal, à 12 ou 15 mètres. Les fleùrs jaunes, en panicules, s’'épanouissent en mai dans les serres d'Eu- rope. Cet arbre donne, en septembre, dans ces mêmes serres, un fruit jaune, teint d’orangé, quelquefois pourpré du côté du soleil, ayant le volume et la forme d’une Prune un peu ovoïde; sa chair est fondante, agréablement acide, et douée d’un parfum particulier; au centre se trouve un noyau fibreux et très-volumineux quand la maturité du fruit est parfaite. Le Mombin à fruits rouges ou pourpres (Spondias Mombin Lin., ou Spondias purpurea Miller), vulgairement Prunier d'Espagne, est un arbre un peu plus petit que le précédent, à fleurs en grappes simples, petites, de couleur rouge-pourpre; à fruits ovales, d’un rouge foncé, parfois rayé de jaune, d’un goût aussi agréable que celui du précédent. Le Mombin de Cythère ou Arbre de Cythère (Spondias Cytherea Sonnerat, ou Spondias dulcis Lamk.) est très-abondant aux îles de la Société, d’où il a été transporté à l'ile de France (Maurice) et à l'ile Bourbon (la Réunion). Son fruit, en grappes, à peu près de la grosseur d'un Citron moyen, est vulgairement appelé Pomme de Cythère; sa saveur agréable, un peu aigrelette, a été comparée à celle de la Pomme de reinette. On le mange soit cru, en ayant soin de ne pas y mordre, à cause des pointes qui hérissent son noyau, soit cuit ou en confitures. Le Mombin zanzé (Spondias zanze G. Don) est originaire de la Guinée, C’est un arbuste de 5 à 6 mètres, dont les fruits ressem— SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 649 blent, par la forme, le volume et la couleur, à ceux de nos Prunel- liers ; ils ont le goût des fruits des autres Mombins. Le Mombin oghigée ( Spondias oghigee G. Don) est un grand arbre de Guinée, dont le fruit comestible a la grosseur d'un œuf de pigeon. Les fruits de différentes espèces du genre Spondias sont arrivés à maturité dans les serres d'Europe. I faut aux Mombins ou Spondias une chaleur modérée dans nos serres, Où 1ls réussissent mieux en pleine terre qu'en caisse. La terre qui leur convient est celle que préfèrent la plupart des plantes tropi- cales. Pendant la période de végétation, ils exigent des arrosements abondants et des bassinages quand le temps est beau; mais, en hi- ver, 1l convient de ne leur donner que la quantité d’eau nécessaire pour qu'ils ne souffrent pas. Il leur faut un drainage qui empêche l'humidité d’être stagnante à leur pied , afin de ne pas laisser les racines pourrir. On ne taille pas ces arbres, si ce n’est pour qu'ils ne nuisent pas aux végétaux voisins par le développement excessif de leurs branches ; toutefois on en peut rectifier la forme. On les multiplie de boutures étouffées. Oranger (PI. LIT, fig. 1 à 5). Citrus. (Aurantiacées ou Hespéridées.) Nous avons déjà amplement traité de l'Oranger dans la culture des Arbres fruitiers de pleine terre (p.531 à 535 de ce volume). Nous n'avons plus à nous occuper ici que de sa culture comme plante de serre. Les différentes variétés du genre Cètrus ne supportent pas une température au-dessous de 5 à 6 degrés centigrades, ce qui, sous le climat parisien, oblige à leur donner, en hiver, l'abri d'une serre froide qui a reçu le nom d’Orangerie. De la terre à mettre dans les caisses. La terre qui convient le mieux à l'Oranger en caisse, doit être substantielle, allégée par un bon terreau, et additionnée d'une petite quantité de terre de bruyère, si l'on en a. Depuis assez longtemps, on a renoncé à ces composts dont on faisait une sorte d’arcane et qui n'étaient autres qu'une terre meuble et légère, quand tous les éléments qui entraient dans la composition avaient été réduits par la maturation à une sorte 650 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE d'unité. Une bonne terre de jardin, mêlée par moitié de terreau de vacheet de cheval, suffit à tous les besoins de l'Oranger ; mais comme ces terres légères sont sujettes à la dessiccation, il leur faut des ar- rosements abondants. Une terre trop forte nuit à la végétation de l’Oranger, dont les racines souffrent dans un sol compacte; et ce qui prouve jusqu'à quel point, sous notre climat, ces arbres, peu difficiles sur le choix du terrain dans les climats chauds, réclament une terre substantielle et légère, c’est que les jeunes Orangers qui ont souffert d’un milieu trop dense, se rétablissent dans une couche de terreau pur. Multiplication par semences, par greffes, par boutures. On mul- tiplie l’'Oranger de semences, quand on veut tenter la fortune des variétés nouvelles, et l’on choisit pour cela les pepins de toutes les espèces (en donnant toutefois la préférence au Bigaradier sur le Ci- tronnier); on met en terre de février en avril, soit dans des terri- nes, soit graine à graine dans des pots de 6 à 8 centimètres, remplis d'une terre légère et recouverts de 15 millimètres de terre. On les plonge dans le terreau d’une couche marquant au moins 18 degrés, et l’on recouvre de panneaux. Dans la quinzaine, les graines lèvent et l’on entretient la chaleur par des réchauds, et l'humidité par des arrosements. On défend le jeune plant par des paillassons, et l’on ne donne d'air que vers la fin du mois de juin. En août, les plus forts plants peuvent être greffés. En octobre on les rentre sous une bâche, ou, à défaut de cet abri, on les met sous des châssis préparés comme ceux de l’année précédente, et entretenus par des réchauds. Au mois de mai suivant on rempote les jeunes plantes dans de plus grands pots, et on les met sur couche, en ayant soin de donner un peu d'air. Vers le mois de juillet et pendant tout le mois d'août, on greffe les sujets assez forts pour supporter cette opération: Pendant tout le cours de cette année, et même l'année suivante, on les tient sous châssis, en augmentant toutefois la quantité d’air qui leur est donnée. Ce n’est que pendant l'été de la quatrième année qu'on les expose à l'influence de l’air extérieur. SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 651 Quand les Orangers ont passé deux années en pot, on les met dans une caisse, parce qu'ils y réussissent mieux. On peut grefler les Orangers depuis trois mois jusqu’à douze à quinze ans; on adopte pour les jeunes plantes la greffe dite à la Pontoise, qui consiste à appliquer l’une contre l’autre deux surfaces taillées en biseau; mais la greffe en fente la plus simple, sans perte de substance du sujet à greffer, réussit fort bien; la greffe Fau- cheux, variante de la précédente, ne lui est pas préférable. On a l'avantage, en employant ces greffes, de conserver sur le sujet greffé une branche chargée de feuillés et de fléurs qui continue de se développer, comme si elle n’avait pas été détachée du pied- mère. Les gros pieds se greffent en écusson; c’est ainsi que nous les apportent les Italiens et les Provençaux. Le Citronnier vaut mieux pour cela que le Bigaradier. Ce mode de multiplication ne peut convenir que dans le cas où l'on veut propager des variétés nouvelles, et il ne peut être mis en pratique que par les horticulteurs marchands. I1 arrive à Paris des plants d’Orangers qui viennent du Midi tout greffés, ce qui dispense des soins qu’exige cet arbre dans sa première jeunesse. La multiplication par boutures est peu pratiquée; car certaines variétés, telles que les Orangers et les Bigaradiers restent longtemps si faibles qu'on a renoncé à les multiplier par ce moyen. Culture sous le climat parisien. L'Oranger est-un arbre assez rus- tique si l’on excepte sa susceptibilité sous le rapport de la tempé- rature, phénomène d'autant plus difficile à comprendre, que des végétaux appartenant à des régions beaucoup plus méridionales, réussissent parfaitement chez nous en pleine terre et résistent à nos hivers. À partir du 10 au 15 mai, on sortles Orangers, et on les met à l’ex- position la plus chaude et la plus abritée, après les avoir préparés depuis la mi-avril, par de l’air et des mouillages abondants, à chan- ger de position. On laboure la terre des caisses, on la couvre de 5 à 6 centimètres de fumier gras, et l'on mouille abondamment. Le seul soin consiste à donner des arrosements quand les feuilles per- 652 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE dent leur fermeté. Au 15 octobre, on les rentre dans l'Orangerie. Les soins consistent en des rencaissements successifs, tous les deux ou trois ans jusqu à dix, et tous les cinq ou six lorsqu'ils sont plus avancés en âge. Il ne faut pas les mettre dans des caisses trop gran- des parce qu'ils y languiraient. On leur donne à chaque changement de caisse une terre de plus en plus substantielle et consistante. Le rencaissement exige quelques précautions : il faut supprimer les racines brisées ou pourries, mettre à nu l'extrémité des racines sai- nes pour que leur contact avec la terre neuve soit immédiat et qu'elles puissent produire de nouveaux chevelus. On arrose forte- ment la motte qui reste attachée à l'arbre, et l’on met au fond de la caisse des platras ou des coquilles d’huîtres pour drainer le sol; on recouvre le tout d’une couche de bonne terre; puis on place son arbre, et autour de la motte on met de la nouvelle terre en ayant soin de la bien tasser; quand la caisse est pleine, on fait au pied de l'arbre un petit bassin destiné à recevoir les arrosements, et l’on donne de l’eau en abondance. Les autres soins consistent à entretenir la propreté des feuilles par des bassinages réitérés. On arrose abondamment pendant toute la durée de la fleur, et l’on proportionne les arrosements à l'élévation de la température. Taille. L'Oranger se prête facilement à la taille. C’est au mois de septembre qu’on fait cette opération, destinée à donner à l'arbre une figure plutôt régulière qu'agréable. Au mois de mai, on pince les branches pour forcer l’arbre à développer de nouveaux bourgeons. Après la floraison l’on délivre l’Oranger de ses branches mortes ou superflues ; enfin on maintient par des soins incessants l'équilibre des différentes parties de la plante. Quand l’Oranger cesse de pousser, on rapproche les branches sur le bois de cinq à dix ans, sans qu'il en souffre; mais cette opéra- lion doit avoir lieu dans l’année qui suit celle où l'Oranger a été encaissé. De l'Oranger en espalier. On dispose quelquefois les Orangers en espalier, sur les murs de fond des serres, ou bien on les palisse le long d'un mur à bonne exposition. A l'approche des froids, on éta- SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 653 blit devant une serre mobile que l’on enlève au mois de mai. Les ar- bres, dans le plus bel état de santé, se chargent de fruits à tous les degrés possibles de maturité. Quand on veut jouir de la vue et du parfum de l'Oranger, il faut le laisser à l’air libre pendant l'été, ce qui peut, au reste, se concilier avec la serre tempérée. De l'Oranger en quenouille et en pyramide. On a taillé en que- nouille des Orangers de la variété dite Bigarade. Ces arbres, greffés à la Pontoise ou en placage, ont une forme des plus élégantes. On greffe dans la longueur et sur les côtés de la tige principale, de petites branches garnies de leurs feuilles, ce qui avance beaucoup leur développement. Il faut, pour la réussite, que les sujets greffés soient mis pendant quelque temps sous un châssis chaud et privé d'air. La forme en pyramide présente l'avantage de faire occuper à l'Oranger moins de place que lorsqu'on le taille en boule. Les caisses qui le contiennent peuvent être placées côte à côte dans l'Orangerie sans que les branches se touchent et s’entre-nuisent par leur voisinage. Récolte des fleurs et des fruits. Les Orangers produisent sur le jeune bois des fleurs qui sont l'objet d'un orand commerce pour la parfumerie et la distillerie. C'est vers le milieu de juin qu'elles sont le plus abondantes ; on les cueille alors tous les deux ou trois Jours. Les Orangers de Portugal sont à peu près les seuls qui donnent, dans nos Orangeries, des fruits comestibles. Les Limoniers et les Bigaradiers y produisent des fruits bons seulement à entrer comme condiments dans les préparations culinaires. Toutefois, on est fondé à croire que si l’on cultivait, dans les serres, les Orangers pour leurs fruits, on ne tarderait pas à y obtenir des produits suscep- tibles d’être mangés. On cueille les Oranges au fur et à mesure de leur maturité, qui est successive. Quand on veut consommer les Oranges sur place, on les laisse entièrement mürir; mais quand on veut les garder dans le fruitier ou les expédier au loin, on les cueille avant leur parfaite maturité. Il faut que les Oranges soient déposées dans un fruitier bien sec et dont la température soit de la plus grande égalité possible. 654 : PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE Passiflore, Grenadille (PI. LI, fig. 2). Passiflora Lin. (Passiflorées.) Le genre Passiflore (contraction de flos passions, fleur de la Pas- sion, à cause de la ressemblance que les premiers navigateurs cru- rent trouver entre la forme des organes de cette plante et celle des instruments de la passion de Jésus-Christ, tandis que le nom fran- cais de Grenadille exprime que le fruit, principalement des deux espèces que l’on a connues les premières, a la forme d’une Gre- nade et que sa pulpe est bonne à manger), ce genre est devenu le type de la famille des Passiflorées, et se compose de plantes herba- cées ou frutescentes, grimpantes au moyen de vrilles axillaires qui représentent un pédoncule dégénéré. Quelques-unes cependant, en très-petit nombre, telles que les Passiflora glauca Humb., sont ar- borescentes; celles-ci sont dépourvues de vrilles. La grande majo- rité des Passiflores croît dans l'Amérique tropicale; quelques-unes se trouvent en Asie. Les feuilles sont alternes, simples, entières, ou divisées de diverses manières, le plus souvent accompagnées à leur base de 2 stipules. Les fleurs, généralement grandes et assez brillantes pour assigner à plusieurs d’entre elles un rang distingué parmi nos plantes d'ornement, sont axillaires, solitaires ou portées sur des pédoncules articulés dans le haut, et munis de plusieurs brac- tées qui forment un involucre plus ou moins voisin de la fleur; le calice est à 5 sépales, et la corolle est composée de 5 pétales; le fond de cette fleur est occupé par un disque extrèmement développé, qui forme intérieurement un urcéole à parois épaisses, et qui se prolonge, par sa portion libre, en plusieurs rangées de filaments nommés staminodes, parmi lesquels les extérieurs sont parfois aussi longs que les pétales, tandis que ceux des rangées intérieures sont souvent réduits à de simples mamelons saillants; ces appendices, d'ordinaire vivement colorés et souvent annelés de teintes diverses, contribuent singulièrement à donner à ces fleurs la singularité d’as- pect et l'élégance qui les distinguent; du centre de la fleur s'élève une longue colonne ou un gynophore terminé par le pistil, et 5, ou, plus rarement, 4 étamines opposées aux sépales, à anthères bilo- SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 655 culaires, introrses, mais paraissant extrorses dans la fleur épanouie : par l'effet de leur renversement; le pistil se compose d’un ovaire uniloculaire, à ovules nombreux portés sur 3 placentas pariétaux, surmontés de 3 styles terminés chacun par un stigmate en tête. Dans presque toutes les espèces, les fleurs sont de peu de durée, mais se succèdent rapidement. Le fruit, très-variable dans la gros- seur et la forme, mais le plus souvent ovoïde, offrant les plus vives couleurs, est, dans plusieurs espèces comestibles, rempli d’une pulpe sucrée, avec saveur acidulée; les graines nombreuses et com- primées, sont enveloppées d’une arille et attachées sur 3 filets à la paroi interne du fruit (PI. LI, fig. 2). Une grande partie des Passiflores fructifient dans les serres; les unes sont de serre tempérée ou d’Orangerie ; les autres sont de serre chaude. Culture. La culture en est facile. Ces plantes demandent un sol rendu plus léger par l'addition de terre de bruyère non tamisée, mais simplement brisée en mottes. Il faut avoir soin de veiller à ce que la terre soit parfaitement drainée. Multiplication. La multiplication des Passiflores a lieu par bou- tures plongées" dans du sable et modérément étouffées. Observation. Une remarque assez singulière faite sur les Passiflores que l’on cultive dans nos serres, c’est qu’à l'exception de la Passiflore édule, aucune d'elles ne se féconde naturellement; il faut aider la nation en fécondant artificiellement, c’est-à-dire en portant le pollen sur les stigmates. ESPÈCES DE SERRE TEMPÉRÉE OU D'ORANGERIE, Passiflore ou Grenadille à fleur incarnat, Passiflore couleur de chair, ou Pomme de moi (Passiflora incarnata Lin.; espèce originaire de la Virginie et des montagnes du Pérou, qui réussit assez bien en pleine terre dans nos départements méridionaux , quoique sa tige gèle souvent l’hi- ver; fleurs lilacées odorantes, lavées de pourpre ; fruits comestibles de la grosseur et de la couleur d’une Orange. Cette Passiflore est la première que l’on ait introduite en Europe ; le botaniste et méde- cin espagnol Nicolas Monardes, la décrivit en 1569. On la multi- plie aisément de marcottes). _ — édule (Passiflora edulis Sims. Fruit pourpre, acide, d’une saveur particulière fort agréable; convenant parfaitement pour faire des marmelades ou des confitures), 656 : PLANFES FRUITIÈRES DE SERRE * Passiflore ou Grenadille bleue (Passiflora cærulea Lin. Quoique originaire du Brésil et du Pé- rou, cette espèce vit très-bien en plein air, même aux environs de Paris, lorsque ses tiges, devenues ligneuses, sont appuyées contre un mur tourné vers le soleil du midi, pourvu que, durant l'hiver, on couvre ses racines de terreau, et qu’on abrite ses tiges de la gelée au moyen de nattes en paille ou d’un canevas étendu droit devant elle à quelques centimètres. Fleurs odorantes, nombreuses, larges de 7 à 8 centimètres , axillaires et solitaires, verdâtres en dehors, d’un bleu très-pâle en dedans; les filaments de leur cou- ronne sont purpurins à leur base, d’un bleu pâle ou blancs vers leur milieu, d’un bleu plus vif vers leur extrémité. Fruit comes- tible, ovoide, de la grosseur d’un petit œuf, de couleur jaune orangée (PI. LI, fig. 2), mûrissant à l’air libre dans le midi de la France et de l’Europe, et même sous le climat parisien); en Oran- gerie elle fructifie très-rarement). ESPÈCES DE SERRE CHAUDE. Passiflore où Grenadille quadrangulaire (Passiflora quadrangularis Lin. Belle plante croissant naturellement à la Jamaïque et dans les parties chaudes de l’'Amé- rique, où, de plus, on la cultive pour sa beauté et pour son fruit; c’est aussi l’une des plus recherchées dans nos serres. Sa tige sar- menteuse acquiert 18 à 20 mètres de longueur; ses rameaux ont quatre angles ailés, ce qui lui a valu son nom spécifique. Ses feuilles sont en cœur à leur base, ovales, acuminées au sommet, entières, glabres, grandes. Ses fleurs, très-odorantes, pourpres en dedans, avec les filaments de leur couronne épais, arqués, flexueux, mélés de blanc, de pourpre et de violet, sont à peu près les plus grandes du genre. Le fruit est ovoide, jaunâtre, luisant, de la grosseur d’un petit Melon, à pulpe odorante, d’une saveur douce, mêlée d’une légère acidité. Ce fruit est très-estimé des créoles, qui le mangent, comme nous faisons des Fraises, assaisonné de sucre, avec ou sans vin. Dans nos serres, on cultive cette Passiflore, comme la -plupart de ses congénères, dans une bonne terre légère. Elle à be- soin de chaleur souterraine et d’arrosements abondants pendant la floraison. On la rabat après la fructification et l’on renouvelle le sol avant qu’elle repousse. On la multiplie par boutures, par marcottes, et, plus habituellement, par greffe sur la Passiflore bleue, dans le but de rendre sa floraison plus abondante et plus prompte). es — ailée (Passiflora alata Aït. Cette espèce, originaire du Pérou, est presque aussi belle que la précédente, dont elle a le port, et à la- quelle elle ressemble à plusieurs égards. Ses rameaux ont égale- ment quatre angles longitudinaux ailés. Ses fleurs sont un peu plus petites, pendantes, du reste de couleur analogue et également odorantes. Elle fructifie abondamment dans les conditions ordi- naires. On la cultive presque aussi fréquemment et de la même manière que la Passiflore quadrangulaire. Il est important qu'elle puisse étendre au loin ses racines). _ — Bonaparte (Passiflora Bonapartea. 1 lui faut, comme à la précédente, de l’espace pour étendre ses racines, et il est nécessaire que la terre soit chauffée. Les fruits, de couleur orange et en forme de Poire, sont assez gros; la chair en est juteuse et d’un goût déli- cicux). , SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 657 Passiflore ou Grenadille à feuilles de Laurier, Citron d’eau (Passiflora laurifolia Lin. Elle croit à la Martinique et à Cayenne ; belles fleurs blanches, pourprées et violettes ; fruits de couleur jaune-citron, de la grosseur d’un œuf de poule, à pulpe aigrelette, d’un excellent goût). — — pomforme, Calebasse douce (Passiflora maliformis Lin; à fruit comestible, jaune, de la grosseur et de la forme d’une forte Pomme. L'enveloppe de ce fruit sert à faire de petites boîtes et des tabatières. — — à stipules dentelées (Passiflora serratistipula Sessé; à fruit très- doux et très-agréable). _ _ à grappes (Passiflora racemosa Brotero; brillante espèce, originaire du Brésil, qui doit son nom à ses grandes et belles fleurs d’un rouge écarlate, naissant en nombre et par grappes vers l'extrémité des rameaux. Fruit oblong, d’un vert pâle, uni, à trois côtes, long d’en- viron 7 centimètres). Poupartie. Poupartia Comm. (Térébinthacées.) Les Pouparties sont des arbres originaires des iles Moluques, desiles de la Sonde, de l'ile de la Réunion (Bourbon), et de plusieurs groupes de l'Océanie ; à feuilles imparipennées ; à fleurs diclines par avorte- ment et diplostémones; à graine dépourvue de périsperme. Comme la plupart des Spondiacées, ils portent des fruits comestibles, qui sont des drupes avec un noyau à loges au nombre de 2 à 3, et pro- cédant d’un ovaire surmonté d'autant de styles courts. Le Poupartie à fruits doux (Poupartia dulcis Blume) est un arbre assez élevé, dont les fruits, connus sous le nom de Pommes de Taiti, de Prunes douces de Java, sont gros, de couleur jaune, et contiennent une pulpe douce, aromatique, succulente, ayant le parfum de l’Ananas. Le Poupartie Mango, Daho, Prune de Mango (Poupartia mangi- fera Blume, ou Spondias mangifera Pers.), originaire de Java et répandu dans plusieurs parties des Indes orientales, a été intro- duit dans les serres d'Europe, dans la première partie de ce siècle, et mérite d'être cultivé pour son fruit d’un jaune verdâtre, ovale, de la grosseur d’une Prune de Sainte-Catherine, d’une saveur dé- licieuse et d’un parfum agréable. Le Poupartie de Bourbon, Bois Poupart, Prune de Bourbon (Poupartia borbonica Lamk.), est un arbre de 12 à 15 mètres, à 42 658 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE fleurs petites, pourpres, auxquelles succède un petit fruit d’un jaune foncé, dont le parfum est fort agréable. IL a été introduit en 1825 dans les serres de l’Europe; mais on l’a négligé à cause de l'insignifiance de ses fleurs. | La culture des Pouparties est la même que celle des Mombins (voir ce mot). Sapotillier comestible, sapotier Achras, Sapota Achras Mill.; Achras Sapota Lin.; Achras Zapota Jacq. (Sapotacées.) La famille des Sapotacées fournit plusieurs genres et espèces à fruits comestibles, entre autres : le Lucuma délicieux (Lucuma deliciosu) découvert en 1845 par M. Linden dans les montagnes de la Sierra- Nevada, à une hauteur de 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, introduit en Europe par M. Schlim, dont le fruit, de la gros- eur d'une Orange, gris en dehors, avec une écorce rugueuse, rose en dedans, est, dit-on, d’une saveur délicieuse; et le Sapotillier, ou Sapotier Achras, connu aux Antilles et sur le continent américain sous les noms de Sapodillas, Zappodillu, Nispero, Sapota, Sapodilia Tree, duquel nous allons nous occuper plus particulièrement 1er. C'est un des arbres des plus élégants et des plus utiles des con- trées intertropicales du continent américain et des Antilles, où il s'élève à une hauteur qui varie depuis 2 jusqu'à 16 ou 17 mètres; arrivé à une certaine taille, il affecte la forme pyramidale. ‘Les branches et les rameaux, généralement tri ou quadrichotomes, portent, vers leur extrémité, des feuilles épaisses, larges, longues, elliptiques, un peu aiguës, lisses, d’un vert foncé luisant en dessus, plus pâles en dessous, très- veinées, dont le pétiole est couvert d'un duvet ferrugineux, de mème que le pédicelle et le calice. Les fleurs, qui commencent à paraître en mai et qui se succèdent pendant trois à quatre mois, forment une ombelle terminale entremê- lée aux feuilles; leurs sépales sont ovales, un peu aigus; leur corolle est tubuleuse-campanulée, un peu plus longue que le calice. Des feuilles et des rameaux, quand on les rompt, dans leur jeune âge surtout, il sort en abondance un suc laiteux qui diffère de celui de SOUS LE CLIMAT DE PARIS. 659 la plupart des végétaux lactesctnts, en ce qu'il est presque dépourvu d’àcreté; ce suc, en se concrétant à l'air, forme une matière blan- châtre, d'apparence résineuse, qui dégage en brülant une odeur d’encens. Le produit le plus important de ce Sapotillier est son fruit, appelé Sapotille, que les habitants de l'Amérique du Sud placent au rang des plus exquis dont la nature les ait dotés. Il varie de forme et de grosseur suivant la variété de l'arbre; il est ou ovoïde, ou globuleux, ou déprimé, à peau brune plus où moins crevassée, intérieurement creusé de 10 à 12 loges renfermant cha- cune une graine noire, très-luisante; sa pulpe, d'abord âpre et laiteuse, a cela de commun avec nos Nèfles qu'elle ne devient co- mestible que lorsque le fruit est 4/et; aussi donne-t-on le nom de Nèfle d'Amérique à ce fruit, dont la chair, arrivée à maturité, est jaune, fondante, juteuse, très-sucrée, el se mange à la cuiller comme les crèmes. Lorsqu'on le laisse longtemps à l'arbre, il finit par y mürir parfaitement; mais on préfère toujours le cueillir quel- ques jours avant qu'il soit en cet état. Les premiers fruits sont mürs en septembre, et il s’en succède jusqu'en janvier. Il faut se garder de manger les graines, qui sont amères et dangereuses, quoi- qu'on leur prète des propriétés médicinales, ainsi qu'à d'autres parties de l’arbre (voir la Flore médicale du XIX° siècle, &. VIT, au mot Sapotillier). On multiplie les Sapotilliers, dans leur pays natal, de graines semées à l’ombre aussitôt après la maturité des fruits; c'est pour- quoi les graines qu'on envoie en Europe ne germent pas si elles n'ont pas été expédiées en stratification. Les jeunes pieds qui pro- viennent des semences restent en place pendant cinq ou six ans, exigeant pendant tout ce temps des soins assidus. On les met en- suite en place dans une terre légère et profonde, en ayant l’atten- tion de les transplanter avec une grosse motte, sans laquelle leur reprise serait très-difficile. On plante toujours, en Amérique, les Sapotilliers loin des habitations, soit à cause de l'odeur forte qu'ils dégagent le matin, surtout après les pluies, soit parce que leurs fruits attirent une grande quantité de chauves-souris, qui entrent ensuite dans les habitations. Le meilleur moyen de se procurer 660 PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE SOUS LE CLIMAT DE PARIS. des Sapotilliers pour nos serres, c'est.de faire venir d'Amérique de jeunes plants élevés dans des caisses. On cultive plusieurs variétés de Sapotilliers, entre autres le Zappodilla, le Sapotillier à fruit rond, pointu au sommet, le Sapo- üllier à fruit rond aplati, le Sapotillier à fruit oblong, le Sapotillier à gros fruits (Achras mammosa), dont le suc sert à préparer une encre sympathique, et dont les fruits se mangent sous le nom d'œuf végétal, etc. Ces variétés diffèrent non-seulement par la forme, mais encore par la saveur. Quelques espèces de Sapotilliers appartiennent à l’île de France (Maurice), à la Chine, aux îles Moluques, aux îles Philippines, où l’on trouve le Sapotilla (chicomone, dont le fruit, trois fois plus gros que celui de l'espèce commune, recouvert d’une peau rude, écailleuse, d’un gris cendré, ayant la forme d’un cône de Cèdre, a une chair jaunâtre, d’un goût exquis. | Voir, pour le surplus, la Ælore médicale du XIX* siècle, L. HE, et la Flore agricole et forestière, à la famille des Sapotacées. FIN DES PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE, SOUS LE CLIMAT DE PARIS. TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE DES PLANTES DONT LA DESCRIPTION ET LA CULTURE SONT DONNÉES DANS CE VOLUME, Les noms latins ou scientifiques des plantes sont en ifalique ; les noms français ou vulgaires en romain. 449 à 452 Abricotier. — d'Amérique ou de St- Domingue. 643 Achras sapota. 658 ADO. 17 Agarics alimentaires cultivés, 319 à 335 — aliment. non cultivés. 335 à 347 Agaricus. 319 à 347 — campestris ou edulis. 322 Ail commun. 205, 300 .— d’Espagne. 206 — d'Orient. ib. Airelle. 523 Alisier à fleurs blanches. 519 .Alkékenge jaune douce. 384 Alléluia. 245 Alliumn ampeloprasum. 206 — ascalonicum. 208 — cepa. > tb. — fistulum. 207 — porrum. 213 — sativum. 205 — schœnoprasum. 207 — scorodoprasum. 206 Alouchier. 519 Amandier. 453 à 455 Amanita. 330 Amanites alimentaires. | ib. a Amarante. 245 Amarantus. 488. — sinensis. 246 — tricolor. ib. AMENDEMENTS. 1 Amygdalus communis. 453 à 455 — persica. 473 à 509 Ananas. 619 à 626 — variétés d’. 625 à 626 ANAnAssa. 619 à 626 Aneth. 301 Anethum fœniculum. 241 — graveolens. 301 Angelica archangelica. 300 Angélique. ib. ANIMAUX NUISIBLES OU UTILES AUX PLANTES, 96 à 142 Anis. 302 ANOn&. 634 Anonie. id. Ansérine. ; 246 Anthriscus cærefolium. 305 Apios tuberosa. 183 Apium dulce. 230 — graveolens. 171, 230 — petroselinum. 313 Arachide ou Pistache de terre. 376 Arachis. ib. 662 TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. Araucaria du Brésil. — du Chili. Araucaria brasiliensis. — chilensis. 603 à 605 ib. ib. ib. — columbea quadrifaria. ib. _— imbricata. Arboise ou Arbousier. ib. 520 à 523 Arbres et arbustes à fruits en baie. 557 ton. pins. Arbutus unedo. Archangelica officinalis. Argousier. Arracacha comestible. Arracacha esculenta. Arroche des jardins. ARROSEMENTS. Artemisia dracunculus. Artichaut. —— variétés d’. Asparaqus officinalis. Asperge. — variétés d’. Astragale en hameçon, Astragalus hamosus. Aubergine. Averrhoa, Averrhoa bilimbi. _— carambola. AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. Avocatier. Bananier. — de la Chine. — du Paradis. — des Sages. — des Troglodytes, Bannette. Barbarea vulgaris. Barbarée. Barbarine, Barbe de capucin. BAROMÈTRES, Baselle. Basella. Basilic. à fruits en cha- 603 à fruits à noyau. 449 à fruits à pe- d19 020 300 RH) 167 ib. 258, 302 id. 628 629 284 248 ib. 389 259, 262 52 à 56 248 ib. 302 Batate comestible, 188 — _igname. 188, 195 Belle-Dame. 247 Berberis. 561 Berberis canadensis. 562 — nepaulensis. ib. — sinensis. ib. — vulgaris. 561 Beta vulgaris. 169, 242 Bette commune. 242 — à cordes. ib. Betterave. 169 BINAGES. 10 Blanchette. 274 Blé de Turquie. 294, 310 Bois de Perpignan. 581 Bolets comestibles ou Ceps. 348 Boletus. ib. Bonannia officinalis. 278 Bonne-Dame. 247 Borrago officinalis. 249 Bourrache. ib., 303 Boursette. AT Bourures. 25 2:29 Bibassier. 024 Bigaradier. 525 Bigarreautier. 455 Bigarreaux. 458 à 460 Brassica eruc«. / 282 — gongyloides. 173 — napus. 175 — nigru. 278 — oleracea. 173, 232 — — acephala. 232 —— — botrytis. 237 — — bullata. 234 — — capitata. ib. — — castala. 232 — pelsai. 255 — sinensis. éb. Brouseliana ananas. 619 à 625 Cactier opontie. 631 Cactus opuntia. éb. Caladium comestible. 182 Caladium esculentum. ib. Calebasse. 398 CALENDRIER DU JARDIN POTAGER, 150 à 164 — DU JARDIN FRUITIER. 4214 à 433 TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. Camarine. 559 Campanula rapunculus 178 Canneberge. 560 Cantharellus cibarius. 351 Capparis saliva. 303 — spinosa. ib. Càprier. ib. Capsicum annuum. 314 Capucine. 259, 304 — tubéreuse, 181 Carambolier, 633 Cardamine, 260 Cardamine pratensis. ib. Cardon. 288 Carotte. 169 Carum bulbocastanum. 201 — Carvi, 305 Carvi. ib. — à bulbe de châtaigne. 201 Castanea glauca. 607 — pumila. ib. — : saliva. 607 — vestu Où vulgaris. 605 Cédratier. 525 Céleri. 230, 261 — Rave. 171 Ceps. 348 Cerasus avium. 456 — caproniana. 455 à 460 — lauro-cerasus. 309 — Mahaleb. 456 Cerfeuil. 305 — musqué ou d'Espagne. 306 — tubéreux ou bulbeux. 172 Cerises (variétés de). 458 à 460 Cerisier. 455 à 460 — de Cayenne. 635 — de Sainte-Lucie. 457 — des bois, 456 — Griottier, 457 — Mahaleh. ib. Chalef. 460 Champignons. 319 à 375 — de couche. 322 Châtaigne d’eau. 399 Châtaignier. 605 à 607 Chayote. 378 Chenille ou Chenillette. 261 Chenopode. 246 663 Clenopodium. 246 — quinoa. 256 Chervis. 172 Chicons. 274 Chicorée endive. 261 — Sauvage, 263 Choco. 378 Chœrophillum sativum. 305 Chou. "232, 266, 306 — cCcabus. 237 — de Bruxelles. 234 — fleur. 237 — frisé. 234 — marin. 240 — Milan. 234 — Navet. 173 — non pommé. 232 — pancalier, 234 — pommé. ib. — Rave. 234, 266 — variétés de. 233 à 239 — vert, 232 Chrysobalane-icaquier. 641 Chrysobalanus icaco. ib. Ciboule commune. 207, 306 Ciboulette. 207, 307 Cicer arelinum. 298 Cichorium endiva ou indivia. 261 — crispa. ib. — latifolia. ib. — intybus. 263 Citronnier. 525 Citrouille. 379, 388 Citrus. 525 Civette. 207, 307 Clavaires. 392 Clavarix. ib. Claytonie perfoliée. 266 Claytonia perfoliata. ib. CLIMATOLOGIE. 6 Cochlearia. | 267 — armoric«. 178 — officinalis. 267 Cocumiglia. 514 Coignassier. 525 Colocasia esculenta. 132 Coloquinelle. 387 Coloquinte. 384 Concombres. 380 664 TABLE OÙ CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. Concombres variétés de. 383, 384 Convolvulus batatas. 188 Coqueret comestible. 384 Coriandre. ; 307 Coriandum sativum. ib. Cormier. 526 Cormus domestica. êb. Corne-de-Cerf. 267 Cornichon. 307, 384 Cornouiller. 461 Cornuelle. 399 Cornus mascula. 461 Corossole. 634 Corylus. 608 — avellana. 609 — racemosa. äb. — tubulosa. St RE Coucnes. 14 Coudrier. 608 Courges, 385 à 390 Crambé maritime. 240 Crambe maritima. ib. Cratægqus aria. 519 — aronia. 524 — azarolus. 523 — coccine«. 524 — tanacetifolia. ib. — tomentosa. ib. Cresson alénois. 267 — de fontaine. 268, 307 — vivace. 270 Criste marine. 280 Crithimum maritimum. ib. CRYPTOGAMES ALIMENTAIRES. 319 à 375 Cucumis melo. 399 — sativus ou vulgaris. 380, 384 Cucurbita citrullus. 409 — lagenaria. 398, 409 — latior. 398 — maxima. 386 — moschata. 389 — . pepo. 387 CULTURE DES ARBRES FRUITIERS. 442 à 447 Cucrure Force (notions générales de). Cyperus esculentus. 201 Daucus carot«. 169 Dent-de-lion. 281 Développement artificiel des bourgeons des arbres à fruits. 445 Dioscorea batatas où japonica. 184 Diospiros kaki. 513 — lotus. o11 — virginiand. 512 Dolichos unguiculatus. 284 Dolique à onglet. ib. Doucette. 277 Dragone. 308 DRAINAGE. 19 Echalote. 208, 308 Echarbot. 399 Élæagnus angustifoliaouorientalis 460 Empetrum. 999 ENGRaIs. 94 Énothère. 174 ENVOI DES PLANTES EXOTIQUES. 68 Épinard. 250 — de la Nouvelle-Zélande, 257 37 à 43 CULTURE GÉOTHERMIQUE. «(y Cydonia vulgaris. 929 Cynara cardunculus. 228 — scolymus. 215 — immortel. 253 Épine azarolière. 523 — vinette. 561 Eriobotrya japonica. 524 Ériobotrye du Japon. ib. Ervum lens. 293 Erysimum præcoæx. *, 270 Erysium barbareum. 248 Escarole. 261 Estragon. 308 Eugenia ou Eugénie. 635 Eugenia Micheli ou uniflora. ib. — jambos. ib. — ugni. 636 Euphoria. ib. Euphoria. ib. — Lichi. tb. — Nephelium. ib. Exotiques (envoi des plantes). 68 Faba sativa. 284 — vulgaris. ib. Fabrecaulier. 581 Fabreguier. ib. TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. Fargon. Fenouil. FEUILLAISON, Fève. Ficus. Figues (variétés de). ‘Figuier. FLORAISON. Fœniculum officinale. Follette. Fougère musquée. Fragaria vesca. Fraise (arbre à). Fraisiers. — variétés de. Framboises (variétés de). Framboisier. FRUITIER. 308 241, 309 70 284 362 à 370 569, 570 562 à 370 70 241 247 306 390 à 398 520 390 à 398 395 à 398 572 370 à 572 434 à 436 FRUITS LÉGUMIERS. 376 à 412 Garcinia mangostana. 645 Garvanche. 298 Gaultheria. Da Gaulthérie Shallon. ib. GÉOTHERMIQUE (culture). 17 Gesse cultivée. 286 — tubéreuse. 182 Ginkgo à deux lobes. 465 Ginkgo biloba. ib. Giraumon. 387 Glycine tubéreuse ou Glycine apios. 183 Glycosme. 637 Glycosmis. éb. — citrifolia. 0. Gombaud ou Gombo, ou Guiabo. 287 Gougourdette. 389 GOUSSES LÉGUMIERES. 284 à 299 Goyavier ou Gouyavier. 638 — de Cattley. 639 — _ polycarpe. ib. — Pomme. ib. GRAINES LÉGUMIÊRES. 284 GREFFES (notions générales de), 29 à 37 Grenadier. 528, 639 Grenadille. 641 Griottes. 457 à 459 Griset. 208 Groseilles (variétés de). 078 à 581 Groseillier à grappes. 573 à 581 Groseillier à cassis. 665 381 — épineux où à Maquereau. 40. Guignes. Gyrolle. Haricot. Helianthe tubéreux. ITelianthus tuberosus. Helvelles. Helvella. Herbe aux charpentiers. — de barbe, — dragon. HERBES POTAGÈRES. Hibiscus esculentus. Hippophaé. Hippophaë rhamnoides. Houblon. Humulus lupulus. Hydnes, Hydnum. HYGROMÊTRES. Icaquier. 458 à 460 349 287 302 ib. 353 ib. 248 ëb. 308 245 à 258 287 309 éb. 242 ib. 393 à 359 éb. 64 à 66 641 Igname de la Chine ou du Japon. 184 Incurvation des rameaux dansles arbres à fruits. #44 INSECTES UTILES OU NUISIBLES AUX PLANTES. INSTRUMENTS DE JARDINAGE. Jambosa amplexicaulis. — malaccensis. — purpurascens. — vulgaris. Jambosier commun. 96 à 142 10 642 ib. 643 ib. 642 — à feuilles amplexicoles. 46. — de Malacca. — pourpre. JARDIN FRUITIER. JARDIN POTAGER. Juglans. — nigra. — olivæformis. — præparturiens. — regia. — serotina. Jujubier agreste, — commun. ib. 643 413 à 660 143 à 412 610 613 ib. ib. ib. - éb. 466 464 666 TABLE OÙ CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. * Jujubier des Chinois. — des Égyptiens. — des Ignanes. — du Sénégal. — Lotos. Julienne jaune. Ketmie comestible. LABOUR, Lactuca perennis. — sativa. Lagenaria vulgaris. Laitue. — _pommée à couper. de printemps. d'été. d'hiver. — romaine. — vivace. Lathyrus sativus. — tuberosus. Laurier-cerise. — d’Apollon, ou franc, ou noble, ou sauce, Laurus nobilis. Lens esculenta. Lentille. — d'Espagne. Lepidium latifolium. — salivum. Limaçon ou Lupuline turbinée. Limetier. Limonier. Lotier comestible, Lotus edulis. Lune rousse, Lupuline turbinée. Lycopersicum esculentuin. Mâche. Macre. Mais. 294, Majorana crassa. — vulgaris. MALADIES DES VÉGÉTAUX. Malus communis. Mammé ou Mamei. Mammea americana. do à 466 ib. ib. 467 465 248 287 ÿ 211 271 398 271 274 271 272 596 543 ib. — d'italie, Mangostana indica. 645 Mangoustan. ib. Manguier de l'Inde, 646 MARCOTTES. 25 Marjolaine commune. 311 Marronnier. 605 Medicago tornata. 27 — turbinata. ib. Melo. 399, 409 Melon d'eau. 409 — du Malabar. ib. Melons. 399, 409 — culture des. 400, 407 — variétés de. 407, 408 Mespilus germanica. 530 — _japonica. 524 MÉTÉOROLOGIE. 43 à 70 Micocoulier. 581 Mithrophora. 309 Mithrophore. ib. Mombin ou Monbin. 647 — à fruits rouges ou pour- pres. 648 — blancouàfruitsjaunes. 6. — de Cithère. tb. — Oghigée. 649 — Lanzé. 648 Mongette. 284 Morchella. 356 Morelle noire. 251 Morille, 356 Morus alba. 584 — Constantinopolita. ib. — cucullala. ib. — italica. ib. — multicaulis. ib. — nigra. 582 — rosea. 84 — rubra. ib. — tatarica. ib. Moutarde blanche. 278, 312 — de la Chine ou de Pékin. 279 — noire, 278, 312 — sauvage, 292 MULTIPLICATION DES PLANTES, l 29 Mûrier blanc. 585 — de Constantinople. 584 ib. TABLE OÙ, CATALOGUE ALPHABÉTIQUE, Mürier multicaule. 580 — NO 582 — rose. 584 — rouge, ib. Musa. 627 — paradisiaca. 629 — sapientium. ib. — $inensis. ib. — Troglodytarum. ib. Myrrhis odorata. 306 Napka. . 466 Napo-Brassica. 173 Nasitor. 267 Nasturtium officinale. 268 Navet. . 175 Néflier. 530 — du Japon. 024 Nigelle aromatique. 312 Nigella sativa. ib. Noisetier, 608 à 610 — à grappes. 609 — à noix striée. id. — avelinier. ib. — franc ou tubulé. ib. NOTIONS GÉNÉRALES D'HORTICUL- TURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE, D à 442 NOTIONS PRÉLIMINAIRES POUR LA . DISPOSITION ET LA SUCCESSION DES CULTURES DU JARDIN PO- TAGER, 145 à 149 NOTIONS PRÉLIMINAIRES POUR LA DISPOSITION ET LA CULTURE DU JARDIN FRUITIER, LA CONSER- VATION DES FRUITS, LA TAILLE DES ARBRES. 415 à 420 NOTIONS PRÉLIMINAIRES POUR LA CULTURE DES PLANTES FRUI- TIÈRES DE SERRE, 617 Noyer. 610 à 613 — variétés du. 613 Oca rouge. 186 Œnothera biennis. 17% Ognon ou Oignon commun. 208, 312 Oïdium. 81 à 88 Olea europæa. 467 à 472 Olives (variétés d’). 471, 472 Olivier commun et ses va- riétés,. 467 à 472 Olivier de Bohème. Oranger. Oranges (variétés d'). Origan. Origanum majoranoides. Orpin blanc. Oscille. — à trois feuilles. — de bûcheron, — dioïque. — épinard, Oxalide crénelée. — rouge. Oxalis acetosella. —. crenata. — purpurea. Pain à coucou, Panais long. Papaver somniferum. Passerage cultivée. — à larges feuilles. Pastèque. Pastinea sativa. — sylvestris. Patate douce. Patience des jardins. Patissons. Pavot. Pècher. — culture du. — taille du. Pêches (variétés de). Pépons. Perce-pierre. Persica vulgaris. Persil. Petsaï. Phaseolus. Phytolacca decandra. Phytolaque. Picotiane. Picridie cultivée, Picridium vulgare. Piment. Pimprenelle. Pissenlit, Pistacia vera. Pistachier franc ou cultivé. 667 460 531 à 535, et 649 à 653 BRL ad ib. 283 259 245 ib. 252 253 185, 253 186 245 185 186 245 14 254, 343 267 312 409 176 ‘tb. 188 253 387 254, 313 413 à 593 ib. 484 à 506 507 à 509 387 280 473 à 509 313 255 287 256 id. 200 280 ib. 314 315 281 509 509 668 FABLE OÙ CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. Pisum sativum. 295 Plantago coronopus. 267 Plantain. äb. PLANTATION D'ARBRES FRUITIERS* 446 Praxres à bulbes alimentai- res. 205 à 214 — à racines aliment. 167 à 180 _ àtubercules aliment. 181 à 20% — condimentaires. 300 à 318 — de serre tempérée et de serre chaude. 615 à 660 — légumières à bourgeons et inflorescences alimen- taires. 215 à 244 — pour salades. 259 à 283 Plaqueminier caque. 513 — d'Europe ou d'Italie ou faux Lotier. 511 —— de Virginie. 512 Poireau ou Porreau. 213, 316 Poirée à cardes. 242 — commune. ib. Poires (variétés de). 547 à 551 Poirier. 536 à 551 — taille du. 538 à 549 Pois, 295 — chiche. 298 Poivre long. 314 Pomme d'amour. 410 — deterre. 195 Pommes (variétés de). 594 à 556 Pommier. 591 à 596 — culture du. 593 Pompinella anisum. G 302 Portulacea oleracea. 281 Poterium sanguisorba. 315 Potirons. 386 Pourpier. 281, 315 Pronosticon. 66 ProNosTICS ET PROVERBES. 46 à 51 Pruneautier. 514 Prunellier. ib. Prunes (variétés de). 517, 518 Prunier cultivé ou domestique. 514 à 518 — de Briançon. 514 — entier ou Pruneautier. ib. — épineux. ib. Prunus armenica. 449 à 452 — "AUIUN: 456 Prunus brigantiaca. — cocomilla. — domestica. — insililia. — lauro-cerasus. — Mahaleb. — spinosa. Psidium. — Cattleyanum. — _ polycarpon. — pomiferum. Psoralea esculenta. Psoralée comestible. Punica granalum. Pyrus aria. — communis. — cydonia. — malus. —_ sorbus. Quinoa. Radis. — variétés de. Raifort cultivé. — sauvage. Raiponce. Raisin d'Amérique. 514 514 14 à 518 514 309 456 514 638 639 ib. ib. 200 ib. 528, 529, 639 519 536 à 554 525 551 à 556 526 256, 316 176 177, 178 176 178, 316 178, 282 256 Raisins de table (variétés de). 600 à 602 Raphanus oblongus. 176 — — radicula. ib. — — sativus. ib. Raves. 176 — variétés de. 178 RÉCHAUDS. 16 REPIQUAGE. 22 RESTAURATION DES ARBRES FRUITIERS. Rhamnus lotus. — spinosa Christi. — Zzisyphus. Rheum. Rhubarbe. Ribes album. — nigrum. — rubrum. — uva. Rocambole. Romaires. 442 à 444 A ib. 206 1) 274 TABLE OÙ CATALOGUE ALPHABÉTIOUE. Romarin. Ronce des iles Mascaraignes. — des marais. — des rochers. — du nord. — Framboisier. — frutescente. — hispide. — odorante. Rondolle. Roquette. Rosmarinus officinalis. Rubus arcticus. — chamaærorus. — coronarius. — fruticosus. — Idæus. — Mascarinensis. — odoratus. — saxatilis. SALADES (plantes pour). Salisburia adianthifolia. Salsifis blanc. — noir. Sanive. SARCLAGE. Sarriette des jardins. — vivace. | Satureia hortensis. — montana. Scandix cærefolium. — odorata. Scarole. Scolyme d'Espagne. Scolymus hispanicus. Scorpiurus vermiculata. Scorsonère d'Espagne. Scorzonera hispanica. Sedum album. SEmIs (notions générales de), Sénevé. Serpentine. Sinapis alba. — arrensis. — nigru. — Pekinensis. Sisymbrium. — nasturtium. 570 à 259 à 261, £ 316 990 îb. ib. ib. D12 588 590 289 248 282 316 590 D) I ] tt ©: æ 669 Sium sisarum. 172 Solanum lycopersicum. 410 04 TUOTUM: 251 — tuberosum. 195 Sorbus aria. 519 — domestica. 526 Souchet comestible. 201 Soutenelle. 247 Spinacea oleracea. 250 Spondias ou Monbin. 647 — Cytherea. 648 — lutea ou Myrobolanus. ib. — oghigée. è 649 — purpurea. 648 — zanze. ib. Surelle. 245 TAILLE DES ARBRES FRUITIERS, 437 à 441 Taraxacum dens leonis. 281 Tétragone étalée, ou Cornue. ai Tetragona expansa. ib. THERMOMÈTRES. 06 à 6% Thermosiphon. 16 Thlaspi sativum. 267 Thym commun. 317 Thymus vulgaris. éb. Tomate comestible. 410 à #12 Topinambhour. s 202 Toute-bonne. 247 Toute-épice. 312 Tragopogon porrifolium. 179 Trique-madame. 283 Tropæolum tuberosum. 181 Vie vécéraLe (variation dans les Truffes. 359 à 379 Tuber. ib. Ulluco tubéreux. 203 Ullucus tuberosus. ib. Ulluque. 203, 258 Urtica dioica. 252 Vaccinier. sh Vaccinium. ib, — oxœyCOCCUS. tb. l'aleriana locusta. 271 Valerianella olitoria. éb. Vexrs (direction des). 67 V'icia lens. 293 670 phases de la). Vigne. — culture de la. Vinettier, Vilis. — cordifolia. — labrusca. — vinifera. TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. 69 590 à 602 594 à 600 561 590 à 602 602 ib. 600 Zea mais. Zizyphus agrestis. — bardei. Ignaneus. Lotus ou Lotos. Napeca.' sativa. sinensis. FIN DE LA TABLE OU CATALOGUE ALPHABÉTIQUE. CLEF DES ABRÉVIATIONS DES NOMS D'AUTEURS CITÉS DANS LE COURS DE CE VOLUME COMME AYANT DENOMME DES AI. Bats. Bauh. Blackw. Bolt. Bosc. Bot. Mag. . Bull. Cald. Champ. :; Clus. Comm. . . Crantz , Dec,, Dne, Decne, D. C., De Cand. Desf, Desvarar. Dod.. Dodon , Don . Duch. Dun. Ehrh, Fr. Fuch. PLANTES POTAGÈRES ET FRUITIÈRES. Allioni. Batsch. Bauhin. Blackwell. Bolton. Bosc. Botanical Magazin. Bulliard. Caldas. Champion. Clusius (de Lécluse). Commerson, Crantz,. Decaisne. De Candolle. Desfontaines. Desvaux. Dodoëns, Dodon. G, Don. Duchesne, Dunal. Ehrhard.- Fries, Léonard Fuchsius. G. Bauh. Gærtn. . Gouan . Hoffm. . Hook. LE: Humb. . Jacq. J. Bauh. Juss. Koch Kunth . Lam. ambe ak. eve” Lindl. Lin., Linn. . ini Lois. 4 4 mn ns Gaspard Bauhin. Gærtner. Gouan. Hoffmann. Hooker. Hortus parisiensis (Jardin des plan- tes de Paris). Alexandre de Hum- boldt. Jacquin. Jean Bauhin, Jussieu. Koch. Charles Sigismond Kunth. Lamouroux: Lambert, Lamarck. Leveillé, Lindley. Linné, Einné fils. Loiseleur-Deslong= champs. 672 Lour. Magn. Mill. . Mœnch . Moris. Naud. Neck. Nees. Paul. Perrot. . Pers. Poir. Presl Pursh Rich. Rob. Br., R. Br. . Ro. en à R. P., R.zet Pay... Rump., Rumph.. Loureiro. Magnol. Miller. Mœnch. Morison. Charles Naudin. Necker. Neces d'Esenbeck. Paulet. Perrotet. Persoon. Poiret. Presl. Pursh. Richard. Robert Brown. Roques. Ruiz et Pavon. Rumphius. Salish. Schœæf. Scht. SCop. Ser. . |! Sibth. Sims. Smith Sonn. Spach . Swartz . Swt.. Ten.. TL. Tourn.- Thore Thunb.. Tuls. Vent. Vitte e Wats. Willd. EE —— CLEF DES ABRÉVIATIONS DES NOMS D'AUTEURS. Salisbury. Schæffer. Schott. Scopoli. Seringe. Sibthorp. Simson. Smith. Sonnerat. Spach. Swartz. Sweet. Tenore. Tournefort. Thore. Thunberg. Tulasne. Ventenat. Vittadini. Watson. Willdenow. TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES CONTENUES DANS L'HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. AMÉBEISSDMENT 4, . . 1. DéaAmenonohee RTS NC | NOTIONS GÉNÉRALES D'HORTICULTURE POTAGÈRE ET FRUITIÈRE. . . . . . b) De li'mulupleation des-plantés. + : … 1 0.4 LAS EN RER LR 1 ORNE PRE M Te Du repiquage . . . nn Des divers autres Does F7 ne: A ir de CU dt Des marcottes etdes boniures .°. . . . . . . . UN; De la greffe, . .. +... si. 8r 30e TS RIT De la culture forcée des LS 2 des nn. tue — 37 Essais de météorologie appliquée à l’agriculture et à lhoricul{use = Pronostics et Proverbes . . . . s SÉANCES Des instruments météorologiques nécessaires à l'horticulture Re A Des maladies des végétaux cultivés . . . . . s LS 170) Des engrais susceptibles de prévenir et d’arrêter fee re RE ER Des insectes et des animaux nuisibles en général . . . . . . . . . . 96 Des insectes nuisibles ou utiles selon leur ordre scientifique . . . . . 102. Des mollusques . . . . PR Des-batriGenset dés sauriens: : .: . . . . . DS TR Des GÉPR a ne aa - 6 R L Des MAMMMREES TR TE Le ei co CR RON eu 4 LE - 43 674 JABLE PAR ORDRE LE MATIÈRES. LE JARDIN POTAGER . | Notions préliminaires pour la desoston et la succession des taie du jardin potager . ne Calendrier du jardin potager . Culture particulière à chaque plante potssite. — one adôplé Chap. I. — Plantes à racines alimentaires Chap. IT. — Plantes à tubercules alimentaires Chap. II. — Plantes à bulbes alimentaires . Chap. IV. — Plantes légumières à ru à inflorescences et autres parties alimentaires Chäp. V. — Herbes potagères Chap. VI. — Plantes pour salades | Chap. VII. — Gousses et graines légumières Chap. VIII. — Plantes condimentaires . : Chap. IX. — Cryptogames alimentaires cultivés et non cuits és , Chap. X. — Fruits légumiers . LE JARDIN FRUITIER Calendrier du jardin fruitier . Du fruitier ; De la taille des arbres bre Ordre adopté pour le jardia fruitier . Chap. I. — Arbres et arbustes à fruits à A Chap. II. — Arbres à fruits dits vulgairement à pepins . Chap. III, — Arbres, arbustes êt arbrisseaux à fruits, vulgairement à dise en baies ou baccifères . : Chap. IV.— Arbres et arbustes à nr et à Eu en re ou à enve- loppe ligneuse . PLANTES FRUITIÈRES DE SERRE SOUS LE CLIMAT DE PARIS. Catalogue par ordre Re et des plantes dont il est traité dans ce VOlUME. 7.0 É Clef des abréviations kg noms d' Jurte ts dons ce OS KIN DE LA TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES. Paris, - lmprimerie A. Laine et J. Havard, rue des Saints-Peres, 19 661 671 et, 0e e ( ER ao L New York Botanical Garden Library LU