LES ARBRES A GUTTA-PERCHA LEUR CULTURE CHARTRES. — IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT. LES \ B R A /^ wsw York' B O T A N I C A L ARBRES A GITTA- PERCHA LEUR CULTURE MISSION RELATIVE A LACCLIMATATION DE CES ARBRES AUX AiNTILLES ET A LA GUYANE l'A II Henri LECOMTE Agrégé de l'Université, Docteur es sciences, Professeur au Lycée Saint-Louis, Lauréat de l'Institut. ^ P A R I S Georges CARRÉ ET C. NALD, Éditeurs 3 , R V E R A c I .\ E , 3 1899 ?11 PREMIERE PARTIE CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES ARBRES A GLTTA Uorigine botanique de la gutta-percJia. La giitta-percha, pas plus que le caoutchouc, dont our. Thomas Lobb (n° 290) ; l)"^ Oxley. Palaquium oblongifolium Pierre Syn. honandra Gutta vai'. ublongifolia de Vriese. Dichopsis obloïKjlfoiia. Burck. Arbre élancé duiil les rameaux jeunes sont cou- verts d'un duvet roussàtre. Feuilles pourvues d\ui [)ctiole court, oblon- gues ou lancéolées-oblongues, assez longuement acuminées, un peu coriaces, vertes à la face supé- • l'ieure, mais couvertes d'un duvet jaune d or brillant à la face inférieure. Les feuilles jeunes atteignent CO\SI DÉRATIONS GENERALES FiG. I. — Rameau de Palaquium ohlongifoUum. lo LES ARBRES A GITTA-PERCHA 22 centimètres de longueui* et 7,5 centimètres de largeur et le pétiole a i,5 à 2,5 centimètres de long; ses feuilles se distinguent de celles du P. Gutta par ce caractère qu'elles sont atténuées plus longuement à leur partie inférieure. Leurs nervures latérales perpendiculaires à la nervure principale, un peu re- courbées, sont parallèles les unes aux autres et sont au nombre de 20 à 3o de chaque côté de la nervure principale; elles sont presque complètement immer- gées dans le parenchyme. Fleurs groupées (généralement de i à 6) à l'aisselle des feuilles tombées, pourvues de pédon- cules de 1.5 à 2 millimètres. Calice ovoïde, campanule, à divisions ovales obtu- ses, les intérieures plus grêles que les autres. Corolle à tube dépassant lo calice ; ses lobes sont de même longueur (jue le tube. Etamines 12 en 2 verticilles; filets lilifoi'mes éga- lant en lonouour les lobes de la corolle ; anthères ulabres, aio-uës. Baie charnue surmontée pnr le rc^stc du style, ac- (*ompagné(* par le calice persistant, couverte d'un (Uivet roux, longue de 3,5 à 4 centijiièlres et ayant un diamètie de 3 à 3,5 centimètres. Pbisieurs loges avortent. Los graines, au nombre de i, 2 ou 3, sont ellipsoïdes ou com|)rimées latéralement, à tégument crustacé et brillant. Le bile couvre une grande partie de la surface. Aux Indes Néerlandaises, c'est-à-dire dans les CO.\SIDÉRATIO.\S GÉNÉRALES n pays producteurs de gutta, le Palaquium oblon/jlfo- liiim est la plante à gutta-percha par excellence. On la rencontre à Sumatra, à Bornéo et dans la pres- qu'île de Malacca. Une plante répandue sur une aire aussi considérable doit nécessairement porter de nombreux noms indio-ènes différents suivant les ré- gions / Njatoeh Balani Tcniboga ; 1 — Sirah ; c . / ^ ) — ^^er2\i ; Sumatra (i).( c^ i — socsoen ; — Pirang ; — Abang. _, , N i Niatoeh Balam Doerian ; Bornco (i). . ^ ,. ( Ka-Malam-Faridi. Malacca. . . | Taban Merah (d'après Beauvisage). C'est le nom de Balam Temboga qui est le plus répandu dans rarchipel étalais pour désigner le Pal. oblongifoliuw \ ce nom rappelle la couleur jaune de la face inférieure des feuilles (Temboga, cuivre jaune en malais). La gutta fournie par cette plante est compacte et homogène. Plongée dans l'eau chaude elle se pétrit sans devenir oluante et conserve en se refroidissant toutes les formes qu'on lui a communiquées. Sa cou- lure rouge ou rouge brunâtre est due au mélange avec le latex de petits morceaux d'écorce dont la matière tinctoriale se répand dans la gutta sous l'influence de la cuisson. (i) Noms sous lesquels se trouvent ces plantes dans l'herbier de Bui- lenzorg. 12 LES ARBRES A GUTTA-PERCHA Le gouvernement néerlandais a donné Tordre de cultiver ce Palaqitiiim à Java, concurremment avec le Pal. Gutta, dont le Jardin possédait deux pieds seu- lement, il y a une dizaine d'années. Les produits fournis par les autres espèces du genre Palaquium signalées plus haut présentent à peu près les mêmes qualités et la culture de ces di- verses espèces présente un intérêt considérable. Palaquium Krantzianum Pierre Syn. Dichopsis Krantziana Pierre. Arbre de 3o à 35 mètres, pourvu de feuilles al- ternes, oblongues ou ellipticpies, arrondies ou acu- minées au sommet, à face inférieure plus ou moins pubescente. D'après le I)'^ Bcauvisage, les caractères de la fleur sont les suivants (i) : (( Les fleurs ont un réceptacle à [)eii j)rès plan et « plutôt légèrement concave. « Le calice est doul)le, construit le plus souvent « siu^ le type 3 redoublé. Les 3 sépales extei^nes sont « triangulaires, équilatéraux, presque plans, épais, « coriaces, rugueux à Textérieur, lisses à Tinlérieur, « donnant au sommet du bouton, par leur réu- « nion avant Tanthèse, l'aspect d'une pyramide (i) Beal'visage, Contvihut. à l'rtudc de la Gutta-pevclia, Pari«, i88i, p. \2. aONSIDËBATIOXS GENERALES i3 « triangulaire, légèrement imbriqués ou subval- (c vaires ; l'un d'eux paraît situé directement en haut, « les deux autres sur les côtés. Les 3 sépales inté- a rieurs, alternes avec les précédents, sont ovales- « arrondis, très concaves, coriaces et très épais au <( milieu, surtout à leur base, minces et scarieux sur 'Tn. et Hooker Syn. Azaola Leeini T. et B. Keratophorus Leerii Hassk. CeratopJiorus Leerii Micj. Feuilles ovales-oblongues, acuminées, un peu on- duleuses sur les J)ords, coriaces, glal^res, mesurant 5-IO centimètres de long sur 2,5 à /| centimètres de large ; pétiole grêle mesurant seulement 5 à 7 milli- mètres de long. Fascicules de fleurs au sommet des rameaux. Lobes du calice arrondis, ayant 3 millimètres de long. Corolle à peu près di^w^ fois j)lus longue (|ue le calice, pourvue de 8 lohcs mesurant chacun ,'> milli- mètres de longueur. Elamines 16 ; filets à peu près de même longueur que les anthères, glabres. Ovaire coni(jue, couvert de poils, 10-12 locuhure ; style allongé, exserte. C 0 XS I DEBAT 10 XS G E X Eli A LE S 19 Fruit charnu, conique, souvent un peu recourbé, mesurant 3-''i centimètres de long, surmonté par une pointe qui est le reste du style. Une graine unique, allongée, mesurant i8 à 25 millimètres de long, à tégumentcoriace, brun pâle; all^umen aljondant et corné ; cotylédons charnus, cippliqués. Se rencontre à Sumatra fTeysmann , à Banka (Teysniann), k Fiornéo, îx Amboine, etc. Le Pcujena Croixiana, décrit par Pierre, serait très rapproché du précédent, dont il ne diffère que par les léuilles un peu plus petites et possédant un moins grand nombre de nervures secondaires ; par les étamines qui ont le lilet un peu plus court et par l'ovaire qui a 8 loges au lieu de lo ou 12. IJIsonandra Benjamina créé par de Vriese paraît aussi se rapprocher beaucoup du Paijena Leerii. Le Pof/f'na Leerii est extrêmement répandu dans les Indes Néerlandaises ; aussi lui connaît-on une nudtitude de noms indigènes. ■Sjatoeh Balam Baringin ; — ^^ aringin ; — Soendai ; — Pipis. Sumatra. . . / Balam Tandjoeng ; — Tjabée ; — Tandoek ; — Troenk ; — Soute. Bornéo. . . j Njatoeh Ka-malan ranas. Banka.. . . 1 Koelan. 20 LES ARBRES A GUTTA-PERCHA La gutta qu'elle fournit est de bonne qualité ; elle reste plus blanche que celle des Palaquiums, car le lait s'écoulant abondamment des incisions pratiquées dans l'écorce on en peut recueillir de grandes quan- tités sans mélange avec des morceaux d'écorce, ce qui n'est pas toujours le cas des arbres à Gutta. Composition de diverses guttas provenant de Palaquium Gutta et de PAYE^A (d'après Obach). ORIGINE GUTTA RÉSINE IMPU- RETÉS EAU Getah Taban, provenant de Pal. Gutta. Analyse de Ridicy Getah Soondie , j)rovenant de Payena Leerii. Analyse de Hugh Low 00,7 /.3,o I 1 , 0 32,0 0,2 5,1 l3.I 19,3 Le haut prix atteint par les lionnes guttas depuis que la construction des cables sous-marins s'élend de plus en plus a iiuilé à la iccherche des phuilcs qui pourraient Tournir des produils analogues à la gutta. Nous venons de voir déjà que hi gutta livrée acluellement au commei'ce est Ibuinie par des es- pèces dillércntcs de celle qui était primitivement exploitée et même par des arbres appartenant à des genres diflerents [Pafjena). Tous les représenlanls de la famille des Sapotacées ont été tour à tour Tobjet de recherches dans le but d'en extraire de la gutta. COXSIDÉBATIOXS GÉyÉRALES 21 De ce nombre il faut compter au premier rang le Miimisops Balata Gaertn., commun à la Guyane, où on le rencontre un peu partout dans les forets, rod action de la gutta-prrcha, communica- lloii il la Soc. (rcncouriigfMiiciil . lo juin 189'i. RECOLTE 35 « Le débris végétal est pulvérisé assez finement, puis mis en suspension dans le toluène ; la bouillie fluide ainsi obtenue est mise en digestion au bain-ma- rie pendant quekjue temps. La gutta se dissout dans le toluène avec une certaine lenteur; sa dissolution est facilitée par des agilalions rapides et par des chauf- fages intermittents au bain-marie. » On fdtre ensuite et on épuise. 11 s'agil alors de se débarrasser du dissolvant; celui-ci boul à 110° et ii ne serait pas possible de porter la gulta à cette température sans la détériorer. Aussi M. Jungfleisch s'est-il servi de la vapeur (Leau à too" (\u[[ fait j^asser dans la solu- lioii clIc-méme inainteiuie à cette température. La vapeiii- d eau enlraîiie lapidement le toluène. Actuel- leinenl M. .luiigfleisch |)i(''cipite la gutta parTacétone. Les résultats sont i-emar(|ual)les. ^^)ici les chifTi'es in(li(|u<''s par M. .lungnciscli : Le vieux bois sec a fourni. . . q iT) à 10. '1 5 p. 100 de gutta; Les bourgeons secs ont fourni. 10,20 — Les feuilles scclies ont fourni. . 9,06 à 10,02 — On peut donc comj)ter sur un rendement de 9 à 10 pour 100. D'après Serullas un arbre de 00 ans j)eut donner 11 kilogrammes de feuilles sèches, ce qui porte le rendement à 1,000 ou 1,100 grammes de gutta, « alors que 1 arbre abattu en donne à peine 1265 grammes )>. En 1897 le P' liamsay a proposé d'employer Lhuile de résine comme dissolvant et de précipiter le pi'o- duit par Lacétone. 56 LES ARBBES A GUTTA-PERCHA Enfin M. Obach a lui-même indiqué un procédé de dissolution par l'essence de pétrole bouillante et la précipitation de la gutta par relVoidissement à I5^ Ce procédé a été ensuite modifié et un brevet a été pris à cet effet par MM. Siemens et Obach pour l'emploi de divers dissolvants, comme la benzoline. Ces procédés, tout intéressants qu'ils soient, ne peuvent entrer actuellement dans la pratique cou- lante et ceux-là seuls qui n'ont jamais eu Tocca- sion de parcourir une foret tropicale peuvent s'en étonner. Comment ])ourrait-on, en effet, recueillir les feuilles ou les rameaux des arl)res à gutta dans la forêt vierge quand les essences les [)lus diverses se trouvent mêlées d'une façon inextrical)le ? Il est clair (|ue cette récolte ne i)ourra se faire facilement et (|ue par conséquent les procédés d'extraction que nous venons de décrire ne |)ourront être mis en (cuvre cpie si on ciM''e des forêls din lues à gutta ; alors seulement la récollt^ des reuilles c[ des branches sèches deviendra possible. A ce j)oint dr. vue il est donc désirable (pi'on organise do vastes plantations (Tarbres à gutia dans les régions tropicales. T^a structure même et la disposition des laticifèies (hins les plantes de la famille des Sapotacées ex- |)li(pient amplement ce fait (pion obtient de très laibh^s récoltes d'arbres de très grande taille et jus- tifient rem|)loi de la méthode nouvelle crextraclion par les feuilles. liÉCOLTE 37 En elïel les rlucles d'Œsterlc (i), de Gliiiiiaiii (2) ot d'autres ])olanisles sur les lalieilères des Sapola- <:écs ont mon tic (|ue ees laticilères n'existent pas seulement dans lécorec de la tige ; mais encore dans la moelle et (ju ils se prolongent jusque dans les feuilles où ils suivent nt)n seulement les nei'vui'es mais se répantlent aussi dans le parenehymc. De plus ces latic ifères ne consliluent pas des luhes continus (3) comme ceux des Euphorbiacées et des Apo( ynéesmaisdes filesde cellules contenant chacune TITÉS DE GUTTA-PERCIIA BRUTE EXPORTEES DE SINGAPORE DE l8/|4 A 1 8()(j D'après Sfraits Settlements Govprnwenf Gazette. iS'ri 2 1 cwls i85', 12.5O2 (wls 1804 30,4 10 cnts. i8',5 202 i855 0,000 i805 22,4 I \ i8/i() 0.384 i850 12,305 18OO 15.395 i847 1 1 ,()()3 1857 14,752 18O7 i'.,iO'i i8',8 1 '1,070 1 858 lO, 8()8 18O8 10.720 i8/,() 1 1 ,585 i85() 21,522 1809 I 0.755 1 8ÔO 3,700 1 8O0 24,878 1870 37,753 i85i 0,8'io 18O1 12,224 1871 30.991 i853 8,io0 18O2 I 0.855 1872 4o 943 i853 1 3,858 cw Is 1 803 2I,07'l 1873 43.803 75,5o0 159, i3o c\\ Is ^!()9, '1 I 'j C\NlS PHODIC nos ET COMME II CE DES C i T TA S 39 1874 2.1,794 CAVts i884 59,565 c\\ Is 1894 5o , 935 cwts 1875 17,454 i885 53,849 1895 Ji'797 1876 2o,33i 1886 4o,4ii 1896 5i ,64o 1877 3o, i54 1887 3o,388 1878 32,817 1888 28,164 1879 66,558 1889 60,933 1880 60,391 1890 89,035 I88I .73,870 1891 63,327 1882 77,059 1892 49,701 i883 71,098 1893 44,907 520, 330 CAA ts 470,526 cwts Comme ou le voil parce tal)leau, el pi iiicipalemeiiL si on tient compte des moyennes décennales, les exportations suivent très nettement une marche Quantités de Gutta-percha. brute importées en Angleterre Quantités de Gutta- percha-brute exportées de Singapore IS^t*- - '996 Si-'fci Années FiG. 3." croissante malgré la destruction (|ue les récolteurs font journellement des arbres à gutta ; l'explication de cette anomalie se trouverait probablement dans ce fait qu'on fabrique actuellement de la gutta non seulement avec le lait des meilleurs arbres, mais encore qu'on y mélange celui d'un grand nombre •d'autres végétaux. /.o LES ARBRES A GUrTA-PERCHA UJ ?; -.-- Q ^^ C-. » T^ ^T ^^_ Le - l^ r^ _ ^^ CN ^ c*- :^ l^ l^ i^ X «-C" ce c C' Ci Z X o .«^ O ■^c o — î^ >- le c CO l^ '4^ CT- c^ c' tVT o c^ ~ c M l^ X c> i-e X L^ • hJ X —1 3 c-O 3 i-"!^ — 3 CO C- ^ c; L^ **; tf) w^ ■vT" ..j^ C^' C C-I ts — CO C-. c: C' ce H Ji* ♦ ••. •^ »^ t •^ »^ ». •■■ »■ •- o "C c O X — o_ ».r" r- lO O Cl c: * P2 H t-^ •«^ ;~c es O c^ ~ i-O "^ »e 1-e iO ^ î^ ^^ — ^^ — -CT e-- C " X ce' o G o 1 "^ 1 n *-"~ — C- ce •»-r* X ~^ C] O 11. ca oc s "^ l^ t^ ■^ " JV IW Ci oc ». u L^ t^ CO ^ es Cl r~ 6 ■ -< C^' >r 7/^ ce ». -^ t-O Q ^^ c: c; ce :^' ^ x c-'; ^ ^H t^ l~- ^ — -^ oc CO Le ^o "ÎT c •^ * K ^ ■^^ c r-! :>c ^^ — CV^ iO C CO ce o c CO' ^ .^r* iH ■ t^ — ' 2' en .g "" ^^ CO CVÎ CN "^ ^^ n f" ? C*'^ wi OC c>^ ►— CO "CT M CO X ce e- •»^ < .< CO *— CD t- ^—1 3 «O cr- e^ oc o -- ^ ■""^ p. C-; s ^ 1 rt •^— r" ^. i ~ «^^ C- ^' i o X ce X y ^ ^. ^ ^ .-' ^ , 1 1 , 1 , ^^ » e ^ r''* o c ce ». ^ o m ^^ r»"" b: Ci r*^ — c lO C-. o C- H U* u: i-^ = 2 s s c^^ o ce c c: i.e - r Cs s X » > ^ ce e t-- O o oc uO 1^ X Cl Tfl H TJ c^-; O l>- C s £ s s " T ^M ^i^ CJ ^^ ►^ CJ' M ci Y 1- X r.- - — t^ ^-r e- X ,— , ^ - ■.^— ce ^. ce c^ CO cô o ce t o l ->. c ^ -■^ Q -^ , '^ t ^ * s T "c". /T •" ^: ^ * ^- ^^ .^ ce •< — es ^ 1 ^ 1 "^ ^-T — . c- ^- r-- éO ce Cl ' <— .4_, *c 1 ^ "^T" ^ l- 1 ^ -v."" c ■** ^11^ •Ï r: *^ = — — — 2 S o ^mt N^ O * » •■. N- es ^3- lT" OC OC' ce 1^ ce ^ rî -— N es oc ce CT C ■»^~ l^ .^ rc *^- * * N^ Q X c^ :0 W* w- -^ "^ u: w- C- *.^ r<^ Q. f ^ le 1 O ^ _ •^ N^ '^. :-^ •- > r- - • • •■ > > O T' r^ C^' c c ^— X X 1 ^ ^— ,^, r,-i ^- CO c ^"* — — ce r" — /»> ^ ^ ■" u: T. _ M C- w- , "^ 3 l^ rv le L^ ce mm ►— - Cf. T- 1 ~ ce c: o: ^. ' "^ ce - X X 1 * -V» , ' r* — — X >— 1* — r*- e*- ce CO — »-^ < t) r: ^ ^ ._j;' •»^ o o t^ L^ u:; — ^.^ ^ 1 ^ cr- _ „ O i-O .— C-. OC c- o X ce ■^_ '>" C- — l^ Lfî "^ o CI Cî X o M w- «<' U3 ^ ■-' » ^ ^ 1 ^ _. -^ *^' 1 0 «^ ce ,— X y-. ■■ *" CN^ CO i»- r^ ^ "■ es ce z *^' ("^ p^ f^ -»^ 3 ^"* l- ^» X l.-î ce X e^ X I ^ le ce ~ « r-^ » * l^ — ce PO o — »e • e X — — "" » 1 >t ..^— *'^ CO JS^ o X Cl o c e^ « f— • Éî • » • '. '' V •■ » w- r » C *■ ) ^. r- "" CO 1 ^ — " "" c; ce c^: ^■^ ,— pâ 1* M CO tr iO> »-' ^^ 2 le o ^ ^fcT" ^— /^ >'. C^ ce c^ C". ^fcT" c_ fê X t-i -^ ce »o Cl -*■ o t^ ri e* X O ce ^ -__ '— l^ '". o < 'M O OC x' ^-4 r^ X ■^' C- r-' c c' — ' ;' ^^ H .»J— * 1 - ro 1 "^ 1 e '.^ %^ ^-* ce c^ ^^ » "' * "' "^ \ o ce ce c- r*" X ce l^ o M irî X --T ^— C) .— C<1 c cv j^^ Ê ce t^ *^ i*^ *.■" X '*^- irs »e X o r^' i^ ï^ en '-C 1 !^ l^ — ■^ »o c^ ^^ i- i^ ce ^ ^ X ^ ^ _ ^-1 x' .^' mm -■* ^, -' .^-* C"^ r^" c-. \ t ^ <-^ :s^ ce ,^ r* es i"^ O lO o t^ X C ç^ ^^ es ce OT »-0 r^ oc X X X X o Ci o o o "c> oc X X X X X 00 X X oc ce X PliODlCTK) \ E / C (> M M E H C E D E S G i T TA S 'a i Ce tableau tiré de Straits Settlements Government (razette montre très nettement que si les exportations totales de Singapore sont plutôt en décroissance, les importations en France et en Allemagne ont pris dans ces demi ères année s une valeur de pi us en plu s grande. QUANTITÉS ET VVLELU DE LA GUTTA BRUTE IMPORTEE A SINGAPORE AVEC EA PROVENANCE (d'aPRÈS UBACIi) ' Penan^ 3,o2C| ovt-^ Perak Selangor. . Suiiijei Ujong. Malacca. . Jolior. . Rliio . . . c '4J Paliang. 1 riiiggaim. Kelantau.. Palàni Suigina Est (le la prninsule malaiso. -o -o Nord du Bornt'O anglais. Brunci. Labuaii. . Saïawalv. . Bornéo. es Naliina. . Célèbes. . *"" \ Archipel Sulu. o i Boi / lie' Sumatra i8,3î^oc\>ts Java Bail Auti'es îles néerlandaises. Cochincliine.. Aiilres contrées. iBoG VALEUU ?, )) Si .-7 it.ri ('..>3 1 iS X )) ov t^ 3 7,f)3o J6 )) 0()o 1.38 :^■i■2 0'.) 3,701 3, 35'j 7Ga )) )> I .H73 8, ..'17 ^1 ,760 c-w ts 38,12', 1* I •» 37.'. "7 cw Is .■..90 5 i' •)7 3.017 3'|,.'Jo() 1 .'> I 2 1 1 .") , '1 I ( > i3 , 3(5 / / fW t> •'.7.07'^ i* i8 33o c\> ts 93.010 j6 )> )) 1..7 /.37 880 i8 'in 2 1 » cw ts 9-'^' 927 ^ » ho . 9^" CA\ t- :2 8n.of|i ^' Le diagramme suivant indique encore mieux que ce tableau rorioine de la outta vendue sur le marché de Singapore et les variations de la production dans ces diverses contrées. 42 LES ARBRES A GUTTA-PERCHA Tonnes 188 s e 7 S 3 1890 1 2 3 U S 6 rSSS 6 7 S 3 iseo 1 2 3 s 6 »Si 7885 S 7 3 S mo 1 2 3 U 5 6 1385 6 7 8 S 1 3 * 5 6 ^ 'Z^ '^ ^ ^, % ^ ^ ?=» ^ ^ s^ ^ î> W Vj K t^ "^ "^ "^ '^ «^i ^ ^ »o Q ■^ . Pe lir. su 'e 177c 'Ja 'se el ÎU tre s J fe? ph is i/û. inn ?ei ... ,.. -- ■ r -- -- :•- -- ... -- ... -- » . . -- -- 1 _ m -- ... -- ... Bi ^rj lé 7 ... -- ... ^-^ ,.. -- ... ... -- -- -- ... -- -- ... -- -- -- -- ... L_J n^ 1 si 7771 r?/ ra 1 r ... . . . -- -- k — • ._. -- ._. -- -- -_, -- -- -- -- -- --■ 1 1 . ; t 1 ji tr. ^s r76 Sj 70J /ai id< z/is es oo .Ci >n oo oo 3 O CL, es C« O Ci- ce riqués à Toide de cette substance par d'an- ciens traiispoi'lés vagabondant dans les bois. (i) Je>m\n>. lialala aiid llic 13alala Induslrv. 188."). PRODUCTIOX ET COMMERCE DES C UT TA S EXPORTATIONS DE BAL AT A DE LA GUYANE ANGLAISE (l) i88r 18 tonnes 1890-91 102 tonnes i885 2.") — 1891-92 52 — 188G 3i 1892-93 107 1887 37 - 1893-94 92 1888 112 — 1894-90 94 - 1889 i64 — 1895- 96 73 - Pour CCS i5 dernières années les prix payés à Londres ont oscillé entre i sh. i d. et 2 sh. 6 d. la livre avec une moyenne de i sh. 10 deniers la livre ce qui représente environ 5 fiancs le kilogramme. Les exportations de la Guyane hollandaise sont à [)eu près équivalentes à celles de la Guyane anglaise. D'après les rapports du Consul anglais à Paramaribo (dles ont atteint les chiffres suivants : EXPORTATIONS DE BAL AT A DE LA GUYANE HOLLANDAISE 1889 1,5 tonnes 1893 32 tonnes 1890 7O — 1894 107 — 1891 95 — 1890 i33 — 1892 120 189G 125 — Comme on le voit ces exportations ne sont pas très considérables ; mais elles dénotent, du moins, dans les colonies anglaises et hollandaises, une certaine activité (pii [)arait manquer dans notre Guyane. (i) Foreign office Mlscellan., n^ 4o6. Z,G LES ARBRES A Gl TTA-PEBCIIA ESSAIS DE CULTURE DES ARBRES A GUTTA-PERCHA Depuis qiron a reconnu les précieuses propriétés de la gutta-percha et qu'on a vu ce produit acquérir sur les marchés européens un prix de vente de plus en plus élevé, on a eu Tidée d'assurer par la culture rationnelle les récoltes de l'avenir rendues très projjlénîatiques par la destruction barbare que les récoltevrrs font des aibres à gutta. Il n'est guère j)ossible de considérer sérieuse- ment comme \\\\ ess;ii de culture l'inlroduction de quelques plaiils de gulta au Jaidin royal de Kew en 1847. Ces plants reçus de Singapoore pai- MM. Wilkinson el Jcwesbury, de Londres, avaient été confiés à llooker, (jui les avait accueillis avec reconnaissance pour le Jaidiii de Kew. Dès i848 d(*s tentatives sérieuses dc^ culture étaient faites dans l'ib^ de Siiigapoui-e et on n y éta- blissait jKis moins d(^ - phinlations du(^s à Tinitiative de trois hommes dont les noms sont indissoluble- nu;nl liés à riiisloirc de la gutta-peiciia : Oxley, ^tontgomerv cl d'Almeida. Mais peu à |)eu les Chi- nois, lassés (res(M)in|)tei- un icMidement qui se faisait trop allcndic a leur gi'é, (U't iiiisiicnt ces cultures précieuses pour les reinplaciM- par d'autres j)lus ré- jnunératrices. La plantation du D' Oxley ne compre- nait g'uère, paraîl-il . (|ue des arbres à gulla de la meil- leure sorte, provenant tous de la foret de Hukit f imah. PRODUCTION ET COMMERCE DES GUTTAS A7 tandis que les autres plantations étaient surtout constituées par des arbres appartenant au genre F ici/ s. La plantation de Sir José d'Ahneida, établie à Sé- rangong, comptait plus de 4,ooo arbres. En 1888, il n'en subsistait plus que quelques-uns; encore se trouvaient-ils en tiès mauvais état et le latex de <'eux qui suljsistent actuellement dans le nord de 1 lie n'est guère employé que pour falsifier ropium Straits Tinifs, ]^u'\\\ 1892;. Au Jardin botanique de Buitenzorg, dont les Hol- landais ont fait depuis quekjues dizaines d'années lin établissement scientifique de premier ordre, unique dans les régions trcjpicales, on recevait, dès 18^7, de Singapour, un certain nombre déjeunes plants d arbres à gutta ; mais, soit que le terrain ait été mal chosi, soit que les soins de cullure n'aient pas été sulfisants, il restait à peine au l)out de 2 ans la moitié des Palaquiuin mis en terre. Un certain nombre de ces arbres ont résisté aux diverses cau- ses de destruction et, en 1880, deux d'entre eux produisaient des fruits et desgraines en abondance. Au mois de février de Tannée suivante i5o jeunes plants, provenant de ces graines, transplantés dans le Kultur Tuim de Tjikeumeuh S'Lands Platentuin te Buitenzorg, Batavia 1892 p.p. 44-^ à ^^^^. En i856 le Jardin botanique de Buitenzorg rece- vait aussi 2,000 jeunes plants de Niato balam temboja provenant de la côte ouest de Bornéo et le directeur ^8 LES ARBRES A G UT TA-P ERC JIA du Jardin, J.-E. Teysmann, les faisait placer en 3 sta- tions différentes de l'île de Java. Deux de ces planta- tions disparurent ; celle de Puwokarta fut aussi dé- truite en partie ; mais 80 arbres environ purent résister, atteignirent leur taille adulte et les arbres vigoureux qu'ils sont devenus pioduisent régulière- ment des graines depuis i883. Ces graines sont soigneusement recueillies (S'Lands Plantentuin te Buitenzorg, Batavia, 1898, p. 36, 106, 170 et 180). En 1884 l'établissement de Buitenzorg recevait un certain nombre de plants bien authentiques de Pala- quiimi et de Payena en bon état qui furent utilisés pour l'organisation d'une plantation à Tjikeumeuh. Les principales espèces étaient : Palaquiuin oblongifolium (rapporté de Padang par le D"^ Burck) ; Pal. Giitta; Pal. Treubii; Pal. Bornernse ; Paijena Leeri. Le gouvernement hollandais est allé plus loin. I']ii i885 il a fait établir an jardin d'expérience spéciale- ment réservé aux arljres à gulla, à Tjipeter, dans la ])rovince de Preanger. On y a piaulé les mêmes ar- bres qu'à Tjikeumeuli et la plantation parait avoir donné d excellents résultats car, cin([ ans plus tard, le I)"^ Eug.-F.-A. Obach a pu en prendre des photo- graphies. Les j(Mines Pai/rna Lceri sont abrités par des Albizzia moluccaiia plantés en même temps. PfiODUCTIOX ET COMMERCE DES GUTTAS Vj De renseignements fournis au 1)'' Eug. Obach par le directeur du Musée colonial de Haarlem, il résulte que,' dès i885, ces arbres ont produit une récolte abondante de graines qui ont été utilisées pour des semis et ont ainsi permis d'étendre les cultures. On a même pu saigner les arbres et Obach a reçu des échantillons de la gutta oljtenue. A titre de renseignement, on peut encore citer, pour les colonies anglaises, quelques plants d'arbres à gnlta phicés dans les jardins botaniques de Pera- deiiiya et de Henaratgoda à Ceylan. Ces plants prove- naient de graines rapportées de Perack par Sir llug]i Lowen en 1882 et représentaient Taibre productem* duGetah taban pufeJi (probablement Dichopsis poltjan- //^/Bentli) et (piekpies arl)res producteurs de Gctah sundek \Paf/ena LpeniBvwiik). ^I. Seligmann-Lui (i), envoyé par le gouvcu-nc- ment à Sumatra [)our y trouver des arbres à gutta et pour en tenter l'importation en Indo-Chine, re- commandai! de faire une tentative dans notre colonie, tout en indiquant qu'elle pourrait très bien ne pas donner de bons résultats, en raison de la natiii'c même du climat. M. Seligmann-Lui indique comme pouvant être choisies pour Tétalilissement de ces cultures les montagnes de Kamchay et leur prolongement vers (i) Séligman.n-Lui. Rapport à M. le Ministre des postes et télé- graplies sur les origines de la gutta-pcrcha. Paris, i883. Lecomte. 4 5o LES ARBRES A GUTTA-PERCHA les montagnes de Cardamome. D'après des indica- tions qu'il a recueillies, on pourrait aussi établir des plantations d'arbres à gutta dans « le pays qui s'étend depuis Baria et Bien-Hoa, vers les sources du Donnai au nord, et à l'est vers les montagnes du Binh-Thuan et du Tsiampa ». Malheureusement la température y est assez fraîche pendant la nuit et la matinée ; c'est peut-être là le danger le plus grand à redouter. Les pluies y sont abondantes; la végétation se rapproche de celle de Sumatra. M. Seligmann conseillait d'y introduire le Mayang-Derian, le Batou et leSundek, dont on peut se procurer des plants à Sumatra. (( Quels que soient les soins apportés à la recherche des meilleurs terrains de culture, toute entreprise d'ac- climatation en Cochinchine renferme en elle-même un élément aléatoire, et l'on ne saurait répondre de la réussite. Au contraire, le hasard serait supprimé, le succès deviendrait certain, si on pouvait créer un établissement dans un pays de production actuelle, où la présence spontanée des arbres à gutta est la plus sure preuve qu'ils y peuvent [)rospérer (i). » En raison des diflicultés ([ue présenterait la créa- tion d'un étal)lisseinent dans les possessions néer- landaises ^1. Seligmann préconisait la cote orientale de la prescju'ile de Malacca et en particulier l'Etat de Pahang qui lournit déjà « ce qu'il y a de meilleur et de plus recherché dans le commerce ». (i) Séligman.n-Lui, lor. cit. PRODUCTION ET COMMERCE DES GUTTAS 5i ^lallieureusement les indications fournies par !M. Seligmann-Lui ne furent point utilisées et la question resta au point où elle se trouvait aupara- vant. D'un autre côté, M. Crozat de Fleury avait été frappé de certaines analogies entre le Cambodge et les îles de la ^lalaisie oîi se trouvent les arbres à gutta ; il recommandait d'afiPecter à ces cultures la région du Cambodge (pii s'étend entre le canal de Ilatien jusqu'à la province de Rattambang et oii on rencontre à peu près la même végétation qu'à Java. En 1886 une nouvelle mission fut confiée à ^I. Serul- las qui fut arrêté par la maladie dans son premier voyage ; mais Tannée suivante (1887) il réussissait à pénétrer dans les forêts de l'Etat de Perak et il rame- menait à Singapoui- une certaine quantité de jeunes arbres trouvés dans la forêt. Il rencontra même, pen- dant son séjour à Singapour, dans la région autrefois explorée par Lobb et Oxley, le Pal, Gutta qui avait été signalé par ces deux voyageurs. Des plants d'arbres à gutta, rapportés par M. Serul- las, furent, il y a quelques années, distribués à quel- ques-unes de nos colonies. J'ai vu pour ma part, au jardin de Saint-Pierre (Martinique), un plant qu'on m'a signalé comme étant de cette provenance ; on lavait laissé en pot et il était resté maigre et chétif. Cet essai ne parait avoir donné aucun résultat car on n'a pas cherché à placer les plants dans les con- ditions qui sont les plus favorables à leur végétation. 52 LES ARBRES A GUTTA-PERCHA Enfin, en 18S9, M. Humblot, résident honoraire de la Grande-Gomore, emportait dans cette colonie quatre pieds de Palaquiiim, dont trois purent arriver en assez bon état pour être mis en terre. « Ils avaient perdu toutes leurs feuilles et ne mesuraient que o",t 5 de haut. » M. Humblot plaça un de ses plants près du littoral, un autre à 25o mètres d'altitude et le troi- sième à 5oo mètres. Pendant deux ans ces plantes restèrent à peu près stationnaires ; mais au bout de ce temps celle qui était à 25o mètres prit un déve- loppement rapide et devint l^icntot un bel arbre de 5 à 6 mètres de haut. Le plant (pii se trouvait à 5oo mètres se décida aussi à s'accroître mais il ne prit pas le développement du j)récédent. Quant à celui qu'on avait laissé sur le littoral il resta petit et chétif Il paraît donc^ démontré par cette expérience que les arbres à gu tta peuvent se développer à une lati- tude différente de celle des régions où on les ren- contre habituellenu'jit ; mais il fuit pour cuda leur l'ournir l'humidité et la clialeur dont ils ont besoin. Encore n'est-il pas prouvé (jue les résultats seront en tous points satisfaisants c^ar M. Humblot déclare lui-même qu'avant incisé l'écorce de son plus bel arbre il n'a j)U en extraire de latex tandis que les pousses et les l'euilles en contenaient une assez forte l^i'oportion. Des feuilles de cet arbre à gulta ont été soumises par M. Milne-Edwards. directeur du Muséum, à PRODUCTIOX ET COMMERCE DES GLTTAS 53 ^I. le l^"" Guignarcl, meiu])r(' de Tlnstitiit,- qui a re- connu un vrai Palaquium producteur de gulta. Enfin, le dernier et le plus important essai d'ac- climatation des plantes à gutta l'ut confié par le ^li- nistre des Colonies aux soins du regretté Raoul, pharmacien en chef des Colonies, qui contracta mal- heureusement, dans les forets de Sumatra, la maladie qui devait fenlever. Ce sont les ])laîites rapportées par ce savant dévoué que le Ministre des Colonies a J^ien voulu me charger de transporter aux Antilles et à la Guyane pour tenter leur acclimatation; pen- dant ce tem])s un autre lot de ces plantes à gutta était dirigé sur le (]ongo; d autres doivent être four- nies à diverses colonies de la zone tropicale. CHOIX DES TEUUAIXS PROPRES A LA CLLTURE DES ARBRES A GUTTA. CLLMAT 11 n'est guère [)()ssil)le. on le comprend facile- ment, de préciser les conditions exactes que doit remplir le sol choisi pour une plantation d'arbres à gutta. 11 est clair, en effet, que de tels arbres peu- vent, comme la phq^art des autres végétaux, vivre sur des sols de nature assez différente ; il ne s'agit donc pas de savoir si les arbres à gutta peuvent croî- tre dans certaines conditions ; mais de rechercher sous quelles influences ils acquièrent rapidement leur 54 LES ARBRES A GIJ TTA-P ERCH A plus grand développement et fournissent le maxi- mum de gutta utilisable de bonne qualité. Thomas Lobb et le D' Oxley qui ont observé la vraie plante de Singapour constatent dans leurs rap- ports qu'ils n'ont trouvé le Pal. Gutta que sur des terrains d'alluvions, au pied des collines où l'humi- dité est constante. D'après Oxley les conditions sont bien différentes à Bornéo ; « c'est sur les montagnes de médiocre altitude ou des collines moins élevées, exemptes d'inondations, que l'on trouve les plus beaux arbres; en outre, on a remarqué qu'ils croissent d'autant mieux que leur situation les expose moins à l'in- lluence de l'eau stagnante. » Ce terrain que décrit Oxley est précisément le même où se développe le Palaquium oblomjifolium sur les plateaux de Padang. C'est probablement cette dernière espèce qui avait été trouvée à Bornéo par Oxley et non pas le Pal. (hitta, comme il le croyait. 11 en résulte que les exi- gences paraissent différentes poui' ces doux espèces. Les observations de Seligmann-T.ui (i) concordent avec celles de Miirloii à Perack. « Les îles de la « Sonde, dOrigine ériiplive et renfernjant encore « plusieurs volcans en activité, présentent, en raison « de cette nature, deux sortes de terrains bien dis- « tincts. Au centre est une région montagneuse, (( quelquefois très élevée; les rivières, recevant à (i) Loc. cit., p. 13 et suiv PBODUCTIOX ET COMMERCE DES GLTTAS 55 « l'époque des pluies une masse d'eau énorme, des- « rendent avec impétuosité, ravinent profondément « les berges des vallées supérieures et se chargent <' d'une quantité considérable de limon qu'elles dé- (( posent plus loin lorsque leurs cours est ralenti. « Ainsi.se forme au pied des montagnes une cein- <( ture de terres basses qui s'élargit tous les « jours De ces alluvions les plus récentes sont <( encore noyées à demi Au delà, des dépôts « plus anciens, déjà asséchés par le soleil, forment <( un sol ferme, mais absolument plat, peu élevé et « souvent inondé par les crues des rivières. » C'est dans cette deuxième zone ({u'on trouve les plantations de tabac de Delli et de Langkat, les cul- tures de canne, de poivre et de café de la province de Palembang, etc. (( Plus haut, enfin, dès que les premiers mouve- <( ments du sol encaissent les rivières dans des val- « lées plus profondes et emj^échent les déborde- « ments; dès que, par suite, les terrains rocheux (c commencent à émerger des couches épaisses des « terrains de transports, on entre dans la région des « grandes forets : c'est là que sur des bancs de grès « recouverts d'un humus peu profond, se rencontrent ance sur le vapeur Salvador, de la Compagnie transatlantique, pour aller à la Guadeloupe et transportais avec moi 3 caisses contenant : 97 plants de Palaquium ; i5 — de Diptérocarpées. Les conditions climatériques de la Guadeloupe paraissent très favorables à la culture des arbres à gutta, surtout si on choisit une localité suffisamment élevée pour qu'elle reçoive des pluies abondantes, et si on a soin, en même temps, d'éviter les altitudes où la température s'abaisse notablement. 70 BAPPOBT A M. LE MINISTRE DES COLOMES Au point de vue de la température, on peut dire que les régions basses, comme la Pointe-à-Pitre et Basse-Terre pos- sèdent une température moyenne annuelle de 26°. Les varia- tions les plus grandes n'atteignent pas 5° au-dessus et au- dessous de cette moyenne. Mais dans les parties élevées, comme le Camp Jacob (545 mètres d'altitude) les variations diurnes sont beaucoup plus considérables et ne se prêteraient pas à la culture d'une plante aussi délicate que le Pala- quium. Quant au régime des pluies, il est bien indiqué dans le tableau suivant emprunté au consciencieux, travail de Rau- lin : s UB L E S A R B B E S A G U TTA A LA A \ T IL LE S ta es H H -r. rr. ZZ ^ -J r Y) ^ H 3 'Xi 'J » c« ilj Q ■Si >^, z - o s o) w ^^ z a >-i o ^■^ <^ Cd a 3 o o: o ?î lO l-O c^ ^* tO a; L-5 r^ I-* fO CO II 1 1 i ro r^ ri O *t lO pî ■"^ o ^; ""^ o CO l-H — fC Cî t— ?o r^ i-'î 1^ i-o •— C-- -^ [^ — — cô r^ ro 1- •^ L-O O ?) X t^ C^ o ri XI — es ^c ^" r^ L-O o o c^ *^ o u-5 1-^ ri à-s r? — — ro r* X 1-- 30 X C3 00 X — O ■^ l-^ •^ C«l c^ c -■ t^ 1-- ».^ ?o i-O .^ i-; e^ t^ w ïO ro »— lTÎ o O l^ M c; «^^ i.-O o X - ». C^ ro t ^ C^ t— *rj — r^ o X O r; — • £»î * ^ O ^ r( lO »M -^ ^ ..:— o [-1 J n 1-3 < C X n X r^". X X X "- ^^ u: ^»^ ,^ C/2 —4 -rS ^■^ t^ o . H X ^ X < X ^ X ^ < ^ ^H 11 *-> »— "v Z5 y: O < ^ s > ^-v 2 23 — U C Q ^ o CJ y o i-H S-2 o >^ >> >^ .Cï ^l^^llllll FiG. 5. — Diagramme des chutes de pluie à Basse-Terre ('1827-1870). '^ ^ rx 1^ J?!' =^' -^S-à-â ^ s- ^ ^ -nj "^ «^ ^ ^ t$ / ^ \ / \ 3 00 / \ 1 "1 n r> 1 j\ / 2 5o 200 \ / \ . / 1 "^ / - I JO 100 .JO FiG. 0. — Diagramme di s chutes de pluie au Camp Jacob (1855-1870). -j'i RAPPORT A M. LE MINISTRE DES COLONIES Comme on le voit par le tableau ci-dessus et par les diagrammes qui raccompagnent, les chutes de pluies sont d'autant plus abondantes que l'altitude est plus élevée et on peut trouver l'humidité suffisante, même pendant la période la plus sèche de l'année, à partir de i5o mètres d'altitude, si toutefois la localité choisie appartient au massif élevé de la Soufrière. Le T*^^ août, j'arrivais à Basse-Terre, chef-lieu de la colo- nie, où j'avais le bonheur de rencontrer immédiatement M. Moracchini, Gouverneur, qui voulut bien m'ofîrir l'hospi- talité dans sa résidence du Camp Jacob, à proximité de la colline de Matouba, préconisée avec raison par Raoul pour effectuer des plantations de gutta. Le Camp Jacob se trouve à environ 55o mètres d'altitude sur le flanc du massif couronné par la Soufrière. Le sommet de la Soufrière, situé à i,/454 mètres d'altitude, est presque constamment couvert de nuages, et 1 humidité atmosphérique devient de plus en plus prononcée à mesure qu'on atteint des altitudes plus élevées; malheureusement la température s'abaisse en même temps et il ne faut déjà plus songer à établir des plantations de gutta à l'altitude du Camp Jacob, étant donné surtout que la Guadeloupe se trouve entre les i6° et i6° 3o' de latitude Nord environ. Si l'administration de la Guadeloupe n'avait pas fait pré- parer de terrain spécialement affecté à la culture des arbres à gutta, elle avait du moins provoqué des demandes, et je pus, dès le lendemain de mon arrivée, grâce à l'obligeance de M. le Gouverneur, me mettre en communication avec des planteurs sérieux qui désiraient recevoir des plants et promettaient de leur accorder les soins les plus minutieux. Aucune demande n'émanait d'habitants de la Grande Terre et d'ailleurs la confi- guration de cette partie de l'île ne convient pas à la culture de la gutta, car on n'y rencontre pas les altitudes nécessaires pour provoquer une humidité atmosphérique extrême. • SUR LES ARBRES A GUTTA AUX ANTILLES 78 Les planteurs auxquels, d'accord avec M. le Gouverneur, je décidai de remettre des plants furent les suivants : MM. de la Roncière, à Trois-Rivières ; Clavssen, a Gourbevre ; de Lagarde, à Saint-Claude ; Cabre, à Saint-Claude. Je me rendis tout d'abord à \ hahitalion de M. delà Ron- cière dans la commune de Trois-Rivières. Cette localité se trouve située au Xord-Ouest de la Rasse-Terre, et au pied de la Soufrière. C'est là qu'aboutissent les eaux provenant de la source du Galion. L'habitation de l'IIermitage appartenant à M. de la Ron- cière se trouve à 3 kilomètres environ de la localité et à une altitude qui varie de i5oà 3oo mètres suivant les points que l'on considère. La superficie totale des terres dont M. de la Roncière est propriétaire est considérable et les défrichements actuelle- ment efïectués s'étendent sur près de 200 hectares dont [\o sont déjà plantés en cacaoyers et en caféiers. Les travaux de débroussaillement de la forêt nécessités par la plantation de g-utta auraient nécessité plusieurs journées et je dus me contenter d'établir une pépinière à 200 mètres d'altitude environ sur la pente sud d'un petit vallon dont le fond est occupé par un ruisseau d'eau claire. Le sol y est meuble, profond et l'inclinaison du sol est suffisante pour éviter la stagnation de l'eau. Je procédai moi-même à la mise en place des plants com- prenant : 26 Palaquium ; 3 Diptérocarpées. Des plants de Madeira [Colocasia escalenta)eide Malanga [Xaiithosoma sagittifolium) furent placés entre les plants de gutta pour les abriter provisoirement contre le soleil. Des cacaoyers et des bananiers complètent d'ailleurs cet abri. Je 7/i RAPPORT A M. LE MINISTRE DES COLONIES • suis persuadé que dans ces conditions les plants confiés à M. de la Roncière pourront se développer et être prochaine ment mis en place dans la forêt. Dix autres plants de g-utta ont été confiés à M. Glayssen, ancien conseiller général de la Guadeloupe, propriétaire de riiabitation Saint-Charles, dans la commune de Gourbeyre à trois kilomètres de la ville de Basse-Terre. L'altitude est de 210 mètres et la situation même de la localité au col de Gourbeyre la met à Tabri des vents de mer. L'habitation de M. de Lagarde se trouve sur les pentes mêmes du Matouba à 5oo mètres d'altitude; malheureusement le sol y est constitué par une argile un peu trop compacte et il a fallu chercher dans Tétendue de la plantation le terrain le plus favorable, l^a plantation comprend i5 hectares de café et 2 ou 3 hectares de cacao. On y rencontre en outre de la vanille, des muscadiers, des cannelliers, des girofliers, des poiT vriers, etc. M. de Lagarde, secrétaire du Conseil général de la Guadeloupe, chargé il y a quelques années d'une mission au Venezuela pour l'étude de la culture et de la manipulation du cacao accordera certainement tous ses soins aux plants de gutta qui lui sont confiés et il en fournira quelques pieds à son voisin M. Raulin, agriculteur distingué, qui jouit dans la colonie d'une réputation méritée, mais qui se trouvait en voyage au moment de mon séjour à la Guadeloupe. AL de Lagarde a reçu : 33 plants de Pulaqiiiiim ; 6 — de Diptérocarpées. Les plantations de café et de cacao de MM. Cabre et fils s'étendent depuis le Camp Jacob jusqu'à Basse-Terre à des al- titudes qui varient par conséquent de 100 à 55o mètres. Elles ont une superficie totale de plus de 100 hectares et on y ren- contre des séchoirs très bien installés pour le café, des appa- reils à dépulper et à décortiquer. M. Cabre fils, dont l'habita- SUE LES ARBRES A GUTTA AUX AXTILLES fo lion se trouve sur remplacement dune ancienne plantation du Père Labat, fabrique même un chocolat qui est très estimé. J'ai livré à M. Cabre père : 2 2 plants de Palaquium ; 6 — de Diptérocarpées, qui ont été placés à diverses altitudes dans la plantation. Enfin j'ai encore laissé 6 plants de Palaquium qui ont été confiés au jardinier de la résidence du gouverneur au Camp Jacob. Un rapport sommaire a été adressé à M. le Gouverneur de la Guadeloupe sur les plantations effectuées dans la colonie qu'il administre. Je lai prié de vouloir bien confiera M. Elot, agronome de la colonie, le soin de visiter périodiquement ces plantations et de le renseigner sur leur état. Après une semaine de séjour, je quittais la Guadeloupe le 8 août pour revenir à la Martinique. Si les plantations de gutta effectuées à la Guadeloupe ne donnent pas de bons résultats il faudra en attribuer la cause à la situation géographique de 1 île qui se trouve véritablement trop loin des limites habituelles des contrées qu'habitent ces plantes à gutta et aussi à la nature argileuse du sol qui ne convient peut-être pas très bien à la culture de plantes à raci- nes pivotantes comme les Palaquium. En résumé les plantes destinées à la Guadeloupe ont été distribuées de la façon suivante : -G RAPPORT A M. LE MINISTRE DES COLONIES NOMS LOCALITÉS ALTITUDE MM. de la Roncière. . Trois -Rivières. 25o™' 26 3 plants de Palaquium. Diptérocarpées. Claysscn. Gourbeyre . 210"^ 10 plants de Palaquium. de Lagarde. Saint-Claude.. 3oo-5oo™' ,, plants de Palaquium. Diptérocarpées. Cabre. . Saint-Claude.. Basse-Terre. . (22 200-000™ ,, / b plants de Palaquium . Diptérocarpées. le Gouverneur . Camp-Jacob. . 5^om| 6 plants de Palaquium. Total : 97 plaxiis de Palaquium. i5 Diptérocarpées. Des reçus joints à ce rapport ont été demandés aux con- cessionnaires de plantes. Avant mon retour pour la France, M. le Gouverneur de la Guadeloupe a bien voulu me communiquer une lettre qui lui avait été adressée par M. Élot, agronome de la colonie, chargé sur ma demande de visiter les plantations. En voici le passage essentiel : « A part M. Cabre que je n'ai pas vu, malgré ma dé- « marche, il ma été possible de rencontrer chez eux les dilTé- « rents concessionnaires des plants de gutta et de voir ces u végétaux en place. Le peu de temps depuis lequel ils ont été « transplantés ne me permet pas de juger avec certitude de u la proportion de la réussite ; mais létat actuel des sujets u est généralement satisfaisant, et avec les soins dont ils sont (( l'objet le succès est à prévoir » (9 septembre). MARTINIQUE Notre colonie de la Martinique se trouve située entre les i4"33'43" et i4°52'47" de latitude N. et 63'^6'i9"-63°3i'34" de Sun LES ARBRES A GUTTA AUX ANTILLES 77 lono^itude 0. du méridien de Paris et elle se trouve séparée de la Guadeloupe par un bras de mer de 100 kilomètres environ au milieu duquel se trouve l'Ile de la Dominique. L'île est traversée du N.-O. au S.-E. par une longue chaîne de hautes montagnes entrecoupées de vallées et de gorges. Trois sommets principaux dominent cette chaîne de hauteurs; d'une part la Montagne Pelée qui atteint i,35o mè- tres et d'autre part les deux pitons du Garbet dont l'un, celui du sud, s'élève à 1,207 mètres et l'autre, celui de l'ouest, à 1,161 mètres. Au nord et au nord-ouest, c'est-à-dire au voisinage de la Montagne Pelée, le fond et les flancs des ravins et des vallées sont constitués par une terre meuble dont la surface est cou- verte d'une épaisse couche dhumus. Au sud, au contraire, dominent les terres argileuses; le choix des terrains propres à la plantation des Palaquium devait donc surtout se faire dans la région de la Montagne Pelée où le sol relativement meuble recouvre un sous-sol généralement constitué par de la ponce. Au point de vue climatérique, la Martinique comprend trois saisons : la saison fraîche commence en décembre et finit en mars ; le thermomètre oscille entre 21^ et 28*^,7 avec une moyenne de 24", 4 pour les localités situées au voisinage immé- diat et au niveau même de la mer. L'humidité relative de l'at- mosphère pendant cette saison ne descend guère au-dessous de 75 centièmes et il tombe environ ooo millimètres d'eau ; c'est le printemps. La saison chaude et sèche commence en avril et finit en juillet ; le thermomètre, au niveau de la mer à Saint-Pierre, oscille entre 22°, 9 et3i°,8 avec une moyenne de 26^,08. La saison chaude et pluvieuse comprend les mois de juillet, août, septembre, octobre et novembre. Le thermomètre oscille entre 28°, 4 et 3i°,4 avec une moyenne de 27'', 4- L'hu- midité relative de l'atmosphère est de 76 centièmes environ. 78 RAPPORT A M. LE MIMSTRE DES COLONIES et il tombe i,3oo à i,4oo millimètres d'eau à Saint-Pierre et à Fort-de-F'rance. C'est Thivernag^e. Les températures moyennes indiquées ci-dessus sont celles qu'on a observées au niveau de la mer ; mais à mesure qu'on s'élève, cette moyenne s'abaisse notablement et au camp Balata, à unealtitude de55o mètres environ, la moyenne de tem- pérature de l'année s'abaisse notablement. Il ne faut donc pas compter pouvoir établir des cultures d'arbres à gutta à une altitude supérieure à 3oo ou 4oo mètres, car si on réalise de mieux en mieux les conditions hyj^rométriques, ons'éloig-ne en même temps de plus en plus des conditions de température exi^^ées par cette culture. Les vents les plus fréquents qui se font sentir sur l'île étant les vents alizés dirif:^és de l'est au nord-est, il fallait aussi se proposer de trouver des emplacements abrités contre les vents ayant cette direction. En ce qui concerne les chutes de pluie on a surtout des observations faites à Saint-Pierre et à Fort-de-France, c'est-à- dire au niveau de la mer. Disons en passant qu'il est regretta- ble de ne pas trouver dans les principaux établissements de nos colonies les instruments nécessaires aux observations mé- téorologiques. Ainsi les jardins botaniques de Saint-Pierre, de Basse-Terre et de Baduel (Guyane) ne possèdent rien de ce qu'il faut pour réaliser ces observations. Par contre, au jardin botanique de Port-d'Espagne (Trini- dad), le directeur, ^L Hart, est chargé non seulement de faire des observations dans le jardin qui lui est confié, mais encore de contrôler les observations faites en divers points de Hle pour les adresser ensuite au bureau central de la Métropole. l^]t non seulement le directeur possède les appareils nécessaires, mais il reçoit encore pour ce service une subvention annuelle de 25 £ (G25 francs) qui vient s'ajouter à son traitement. Les Anglais, si soucieux de répandre les diverses cultures dans leurs colonies ont en elTet compris que la connaissance aussi SLR LES ARBRES A GIT TA AUX ANTILLES 7.J exacte que possible des conditions climatériques d'un pays est indispensable pour y organiser des cultures avec quelque chance de succès. Il est à désirer de voir les colonies françaises entrer résolument dans cette voie et il faut bien convenir que le budget de chaque commune permettrait de distraire faci- lement quelques centaines de francs des frais de secrétariat de mairie, qui sont exagérés, pour organiser un service météoro- logique. Le tableau suivant résume les observations faites en quel- ques points de la colonie : LOCALITÉS ALTITUDE MOYENNES DES CHUTES MENSUELLES DE PLUIE Sainf-Pierre. . 12™ 127,3 io5,i io5,G 97,8 107,7 2'i7,ô 807,6 3'|8,7 208,0 (1830-1870). 232,3 277,5 193,0 = 2^29,3, Fort-de-Francc. 2™ 119,1 10^,9 78,6 98,7 118,9 189,1 287,9 ^Ga.S 235, ^ (1835-1870). 25o,i 199,8 i5o,o =: 20^2,8. Comme on le voit les chutes de pluie sont suffisantes même à une très faible altitude pour permettre la culture des plantes à gutta. A mon retour à la Martinique, après une semaine de séjour à la Guadeloupe, je trouvais Tune des caisses de plantes en assez mauvais état ; cette caisse avait été ouverte dans le jardin même et à l'abri des vents. Les feuilles étaient presque toutes fanées, tandis qu'à l'arrivée les plantes se trouvaient en par- fait état. Je fis immédiatement vider la caisse ; les plants furent placés dans des pots en bambou et transportés près de la cascade du jardin dans un endroit où l'air contient cons- tamment une buée abondante. Quelques plants plus compro- mis que les autres furent débarrassés de la terre qui les accom- pagnait et je reconnus qu'ils étaient constitués par des boutures à peu près complètement dépourvues de racines. Je fis immédiatement rafraîchir ces boutures et je les plaçai aussi dans des pots en bambou. Au moment de mon départ 8o RAPPORT A M. LE MINISTRE DES COLONIES pour la France, j'ai eu la satisfaction de constater que presque tous les plants se trouvaient en bon état et pourraient être mis en terre très prochainement sans aucun danger. M. Nollet, directeur du Jardin botanique de Saint-Pierre, que M. le Gouverneur avait prié de se mettre à ma disposition pendant mon séjour dans la colonie, avait reçu, après Tavis inséré dans le Moniteur de la. Martinique, un certain nombre de demandes émanant de planteurs désireux d'acclimater dans leurs habitations les arbres à gutta-percha. Ces demandes émanaient des personnes suivantes : MM. Dormoy, habitation Pecoul, près de Saint-Pierre ; Sainte-Luce, J., juge au tribunal de Saint-Pierre, pour son habitation du F'onds-Galion ; Diobine, propriétaire, Le Lorrain ; Cornée, pour Thabitation Mackinstock du Morne- Rouge ; Carassus, conseiller général du Morne-Rouge, pour son habitation du Morne-Rouge ; Clos, Ajoupa-Bouillon ; Littée, frères, habitation du Parnasse ; i^a comtesse d'Espinay Saint-Luc, habitation Leyritz à Basse-Pointe ; Kneight, conseiller général, pour son habitation de Grand'Rivière. \i\\ raison des exigences des plantes à gutta et des difficultés de communication, jai dû mettre de côté un certani nombre de ces demandes, soit parce que les terrains proposés ne me paraissaient pas convenables, soit parce qu'il ne m'était pas possible de me rendre dans les localités sans une grande perte de temps. En définitive, j'ai distribué les plantes de la façon suivante: i" M.NL Littée frères au Parnasse. L'habitation porte le nom de Morne-Ktoile et se trouve à 3^0 mètres d'altitude à Lest de Saint-Pierre. C'est une très Sun LES AliBRES l ■ ^^ oc r-: HH c « ■— iC u; • 1-» ce 0 ^-^ 00 es ^ 0 H r ' 0 ~ ^— *^ fO /^i "^ ■' •^ ^" ^ tr» ^^ irs .^ a; C-. .rs i-( — CO r'i es C£ 10 :z] f ** "•^y 0 00 M _ 0 ^^ * '* CT c^ .^^ t/; -i-rrr-- CA • m^ b. 0 i _ t^ p X -X "-£ 0 0 0 0 ~ — — îO t^ 30 •-^ , ^ " 00 00 QO ^ S -S ,2 T^ (-1 1 1 • «^ Gh K o; ^ -- h-t M 4 NH 0 .2 0) « - irî 10 0 1^ u = . , c^ 00 OC X2 -c s C - ~-Xj 1— ( t-i -H r- -^ 0 -^ l^ - ° - - « C "^ ^ a s Millimètres ;5 (0 uj ♦ t>, "^ ^ ^ 'i ^ Jany. v^ Féyr. -/ <^ Mars Âynl Mai Juin Juillet Août Sept. \ ] y / ^ y* / r / Octob fiOY. \ V N Dér F.G. / - Di agra mme ! des chutes de pluie à Cayenne (1871-1880). 88 liAPPOnT A M. LE ][ IMS THE DES COLO.MES Dans cette long-ue période nous relevons seulement 2 mois sans pluie, le mois de septembre 1861 et le mois de no- vembre 1878, Mais il faut bien le remarquer, ces données relatives à la climatolog'ie de Cayenne ne donnent qu'une idée très imparfaite du climat de l'intérieur; on sait seulement que les chutes de pluie sont plus abondantes sur le plateau in- térieur et que, par conséquent, la saison sèche est moins prononcée. En outre, l'humidité atmosphérique est extrême. L'hygro- mètre descend rarement au-dessous de 77 et se tient le plus souvent dans le voisinage de 85 ou au-dessus de ce chilfre. La moyenne des années 1860, (ji, 62, 65, 72, 78, 74 et 75 est de 83, 10 et, d'après Van Leent,(lans la Guyane hollandaise, cette movenne est de 82,5. Toutes les conditions climatériques paraissent donc con- venables pour la culture du PaUiquium, car le climat de la Guyane se rapproche autant que possible de ceux de Sumatra et de Java, aussi bien par la température élevée que par l'humidité atmosphérique extrême et la répartition des chutes de pluie sur l'année tout entière. Il conviendrait peut-être, pour établir ces cultures de ne pas choisir les premières collines déjà visibles de la mer et dont la présence donne un cachet spécial à la Guyane fran- çaise à côté des Guyanes anglaises et hollandaises, dont les régions cotières forment d'immenses plaines sans élévation du sol. Mais les cultures de Palaquiam, du moins les premières, n'exigent pas seulement des conditions climatériques détermi- nées; elles demandent encore des soins et une surveillance qu'on ne pourrait malheureusement assurer dans les régions éloignées qui forment le seuil du plateau. Sans aucun doute il est possible de trouver dans notre colonie de la Guyane des régions correspondant à celles que Seligmann-Lui a décrites. Mais pour l'établissement des s LU LES AUBRES A (j i T l [ AL\ A \r IEEE S 89 premières plantations, j"ai dû choisir des sommets plus rap- prochés de la côte et des régions habitées. Le 3 août, je m'embarquais à Fort-de-P"rance, sur la Ville- de-Tnnrfei\ à destination de Cayenne, où nous arrivions le 8, dans laprès-midi après des escales à Sainte-Lucie, à Port- d'Espagne, à Démerari, à Surinam et aux Iles du Salut. Le jour de l'arrivée à Cayenne étant un dimanche, je me présentais le lendemain matin 9 août, chez ^L le Gouverneur par intérim pour mentendre avec lui au sujet de l'accomplis- sement de ma mission. Malheureusement, M. le Gouverneur par intérim n'était pas au courant des instructions transmises par le Département. Après quelques recherches on parvint à découvrir que ces instructions avaient été réellement reçues et quelles avaient été transmises à la Direction du service pénitentiaire. On n'avait rien préparé pour recevoir les plants de gutta et malgré la présence à Cayenne d'un jeune agronome, directeur du Jardin botanique de Baduel, malgré les res- sources que le service pénitentiaire possède au point de vue agricole, les instructions ministérielles étaient restées lettres mortes. Je me trouvais ici dans une situation plus dilhcileque dans les colonies de la Guadeloupe et de la Martinique, car les colons sont particulièrement rares à la Guyane et le prix: élevé de la main-d'œuvre ne permet guère à ceux qui existent de se livrer à des expériences. Cependant la Guyane possède un service considérable, qui dispose de grandes étendues de territoire et auquel la main- d'œuvre ne fait pas défaut : c'est le Service pénitentiaire. D'accord avec ^L le Gouverneur, j'allais immédiatement pro- poser à AL le Directeur de ce Service de vouloir bien recevoir les plants de gutta dans un de ses pénitenciers. Il voulut bien accepter, et une dépèche fut adressée sur-le-champ au péni- tencier du Maroni pour savoir de M. Hayes, chef de cultures, si on pourrait y trouver un emplacement convenable. Mais devant la difficulté des communications avec cette station et '.)0 liAl'POllT A M. LE MIMSTHE DES CO LUMES étant donné qu'il faut remonter assez haut dans la vallée du Maroni pour trouver des altitudes un peu élevées, je me dé- cidai à transporter les plants dont j'étais chargé au péniten- cier de Kourou sur la rivière du même nom. Le service pénitentiaire voulut bien mettre à ma disposition pour ce transport le bateau à vapeur le Capi, commandé par M. le lieutenant de vaisseau xMornu, et habituellement employé au service des Iles du Salut. Le mardi lo août, je me rendais donc à Kourou. Le lendemain t i, je remontais le Kourou avec M. Bardoux, commandant du pénitencier jusqu'à la station de Pariacabo, où se trouvent 120 transportés sous la surveil- lance d'un certain nombre d'agents commandés par M. le surveillant-chef Bonini. La vallée qui couronne le pénitencier et qui vient se terminer sur la rivière est actuellement occupée par des cultures vivrières et par des plantations de café et de cacao. De l'autre côté se trouve la colline de Carapa, ainsi nommée en raison de l'abondance des arbres du même nom. En explorant la forêt qui couvre cette colline, je reconnus la présence d'un ^irand nombre de Minuisops Bahita, arbres de la famille des Sapotacées, très voisins du P