NUE Ü RU a) il SE HR RE ESA 2 En es LES HARUONENEEES Het MERE il ù I ss 4 LATE MNNAUE pe del h ARE M na fi f FE RE fi DRE 2 £ ir1522 na Lieu ! dei naran À a Hi! . il 1 fi MA À co À deu HAUUE ta # t] ie ja SR CUTA RP ALT ; HT f À ft Nu. is Hi Ë À k : it] D P AO TC LauTt RAT KR or) mA demon, ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE PARIS. MÉrOSIE Présentée au Concours d’Agrégation DU {er MAI 1889 (Section d'Histoire naturelle et de Pharmacie) LES CÉTACES NOUFFLEURS EUGÈNE-LOuUIsS BOUVIER Agrégé de l'Université, Docteur ès-sciences. Pharmacien de 1re Classe LILLE IMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE ET LITHOGRAPHIQUE LE BIGOT FRÈRES 9,11et 11 bis, rue Nicblas-Leblane, e1 68, rue Nationale, 15S9 JUGES DU CONCOURS MM. PLANCHON, Président. A. MILNE-EDWARDS. BOURGOIN. MARCHAND. PRUNIER. GUIGNARD. BLEICHER. JUGES SUPPLÉANTS MM. BOUCHARDAT. MOISSAN. BEAUREGARD. CHASTAING. SECRÉTAIRE M. MADOULÉ. CANDIDATS MM. BELZUNG. BOURQUELOT. BOUVIER. HÉRAIL. DEVAUX. BRUNOTTE, Professeur À Monsieur POUCHET au Museum d'Histoire naturelle, Hommage très respectueux. ENSPRODUCMON En raison de leur genre de vie et des particularités en apparence bizarres qu'ils présentent, les Cétacés ont eu le privilège de fixer depuis longtemps l'attention des naturalistes. Aristote s'en est occupé en fort bons termes, et Pierre Belon, que M. Fischer regarde à juste titre comme le père de la Cétologie, a donné les idées les plus justes sur leur véritable nature. Si l’on part de ces illustres savants pour se rapprocher de notre époque, on voit les travaux alfluer en telle abondance qu'on court risque de s’égarer si l'on n'a eu soin de se munir d'un fil d'Ariane pour parcourir ce labyrinthe d’un nouveau genre. On me taxerait d'exagération si je n'apportais des preuves, et cependant j’effleure à peine la vérité. Joel Asaph Allen a publié en 1881 une Liste préliminaire des Notes et des Travaux relatifs aux Mammifères appartenant aux ordres des Cétacés et des Sirénides (1); ce travail important s'arrête en 1845 et ne compte pas moins de 1.013 numéros! Or les recherches d'histoire naturelle ont pris une extension singulière depuis 1845 et si Allen avait continué sa liste jusqu'à notre époque il aurait pu aisément ajouter 500 numéros aux 1.013 déjà nommés, ce qui aurait donné à sa liste bibliographique les dimensions d’un ouvrage déjà très respectable. Avec des documents aussi nombreux et remontant à une anti- quité aussi éloignée, on aurait pu faire un travail où les recherches récentes, comparées aux observations plus anciennes, auraient acquis plus de relief et présenté une saveur toute particulière. Mais cette tâche, était bien au-dessus de mes forces et je me suis limité à un cadre plus restreint. J'ai particulièrement étudié l'anatomie des (1) J. A. Allen. — Preliminary List of Works and Papers Relating to the Mam- malian Orders Cete and Sirenia. Bulletin of the U. S. geological and geogra- phical Survey, vol. 6, No 3, 1882. te Cétacés et j'ai tenté de réunir dans cet ouvrage la plupart des notions précises recueillies par nos devanciers. Pour arriver à ce but, il eût été complètement inutile de recourir à tous les auteurs cités par Allen ; quelques-uns seulement se sont occupés d'anatomie et la plupart des travaux antérieurs au xix® siècle ont été repris, modifiés et étendus par les observateurs plus récents. J'ai compulsé Belon, Hunter qui sont les premiers maitres en Cétologie et, dans notre siècle, mes recherches bibliographiques ne sont à peu près complètes qu’à partir de 1860. Depuis Hunter jusqu’à cette dernière date, il est un certain nombre de travaux, absolument classiques, qu'il eût été imprudent de ne pas consulter; je cite en passant Cuvier, Von Baer, Rapp, Stannius et surtout les deux grands cétologistes de notre époque, Eschricht et Reinhardt. On pourra se convaincre, en lisant mon travail, des emprunts nombreux que j'ai faits à ces différents auteurs. La seconde partie de cet ouvrage, beaucoup plus restreinte que la première, est relative à la distribution géographique et à la phylogénie des Cétacés. J'ai insisté tout particulièrement sur la distribution géographique, car nos connaissances sur ce point sont encore très incomplètes et, en résumant les remarqua- bles travaux de Flower, de Van Beneden, de Turner, etc., j'ai voulu condenser en quelques pages des matériaux dispersés dans un très grand nombre de mémoires. J'ai relevé aussi, mais sans insister beaucoup, les notions les plus importantes relatives à la classification et à la phylogénie des Cétacés. Cette dernière partie est intéressante, et a donné lieu, dans ces dernières années, aux discussions les plus contradictoires. Enfin j'ai voulu, dans la mesure du possible, ajouter quelques notions anatomiques aux connaissances actuelles. Grâce à l’'amabi- lité de M. le professeur Pouchet, qui m'a très libéralement ouvert son laboratoire, j'ai pu étudier un Dauphin, un Marsouin et un baleineau de Balænoptera rostrata échoué tout récemment sur les côtes du département des Landes. M. Beauregard, aide-naturaliste au laboratoire de M. Pouchet, m'a cédé, avec la plus grande obli- geance, ce dernier et très précieux exemplaire. Pour la dissection de ces trois spécimens, j'ai eu souvent recours à l’aide et aux conseils de M. Boulart, préparateur dans le même laboraloire; on ne saurait rencontrer nulle part un concours plus spontané et plus utile et je me fais un plaisir d'offrir mes remer- ciments les plus vifs au professeur qui m'a offert les matériaux de ces recherches et au préparateur dont laide m'a été d’un puissant | 1 | secours. Je dois également à M. Biétrix de très belles coupes dont il sera fait mention plus loin, à M. Henri Gervais des renseignements de toute nature, et à M. Beauregard la connaissance d’un certain nombre d'ouvrages qu'il m'a très gracieusement communiqués. M. P. Fischer, qui se fait toujours un plaisir de rendre service aux nouveaux venus dans la science, m'a non seulement ouvert sa bibliothèque, mais il a recueilli pour moi, dans ses souvenirs, de nombreux renseignements et plusieurs fois il m'a guidé dans les riches collections de Cétologie du Muséum d'histoire naturelle. A tous ces collaborateurs bienveillants, je suis heureux d'exprimer ici ma profonde reconnaissance. Les résultats que j'ai pu obtenir sont inclus dans le corps de cet ouvrage, mais ils s’en distinguent facilement par le ton personnel que prend la rédaction dans les passages où je les expose. La plupart sont accompagnés de dessins originaux, tous relevés sur nature, soit directement, soit d’après mes croquis, par un excellent dessinateur du Muséum, M. Charles Richard. Je suis loin de vouloir dissimuler les imperfections de ce travail, mais il méritera peut-être l’indulgence si on veut bien le considérer comme une synthèse anatomique qu'on avait pas encore tenté jus- qu'ei. C’est surtout une œuvre de bonne volonté où j'ai accumulé tous mes efforts ; je serai satisfait si on veut bien lui reconnaître ce mérite et s’il peut fournir quelques renseignements aux natura- listes qui s'occupent des Cétacés. Paris, 2 avril 1889. LES CÉTACÉS SOUFFLEURS CARACTÈRES EXTÉRIEURS Le Célacé nous apparait au premier abord comme un être énig- maltique et anormal. Dans l'état presque absolu d’ignorance où nous sommes vis-à-vis des causes qui ont servi de mobile aux divers modes d'adaptation, il nous est bien difficile d’entrevoir, je ne dis pas l’origine, mais plutôt la raison de l’origine d’un organisme de cette nature. Les Mammifères sont des animaux essentiellement terrestres ; ils ne peuvent respirer que l'air tel qu'il existe dans l'atmosphère, leur respiration cutanée est extrèmement réduite, ils doivent s'accoupler pour se reproduire et, après leur naissance, les jeunes devront assez longtemps se nourrir aux mamelles de la mère. Toutes ces fonctions s’accomplissent normalement et pour ainsi dire sans encombre chez les Mammilères terrestres, mais comiment peut-il en ètre de mème pour des animaux qui vivent dans l’eau et qui, sans danger de mort, ne peuvent abandonner cet élément. Ce sera l'objet principal de ce travail de montrer comment ce résultat surprenant à pu être réalisé et, grâce aux progrès de l'anatomie et de la physiologie, la solution d: ce problème pourra èlre considérée comme à peu près précise; mais quand nous serons conduits à rechercher par quels stades et pour quelle raison à pu se produire la transformation d'un animal essentiellement terrestre en un animal essentiellement aquatique, nous resterons dans Je domaine des hypothèses, et c’est à peine si nous aurons la préten- tion d'approcher de la vérité. Etant destinés à vivre dans l'eau, les Cétacés ont le corps con- formé, d'une manière générale, comme celui des Poissons. Il à la orme d'un fuseau plus où moins allongé, la tête n'est pas séparée du tronc ou s’en distingue par un étranglement à peine marqué (Plataniste), enfin les membressont transiormésen nageoires el une rame caudale termine toujours la queue qui est, comme la tête, tout d'une venue avec le reste du corps. D'ailleurs, en dépit du genre de vie qui est le même chez les Cétacés et chez les Poissons, des différences extérieures très frappantes se manifestent à l'extérieur entre ces deux groupes de Vertébrés. Les membres 2 — 10 — postérieurs, quand ils existent, sont toujours rudimentaires, sans fonctions et complètement cachés dans les tissus du corps, la nageoire caudale n’est pas disposée verticalement mais horizontale- ment, la ligne latérale n'existe pas, le corps, toujours lisse et uni, n'est jamais revêtu d’écailles et, au moins dans les premiers àges de la vie, présente en avant un certain nombre de poils, vestiges très réduits de l’origine première de ces animaux. Si nous ajoutons à ces caractères, les traces persistantes de l’ombilie qui a mis en relation l'animal avec la mère, enfin les mamelles destinées à l'alimentation du jeune, nous aurons esquissé en peu de mots les traits les plus frappants qui, au point de vue des caractères extérieurs, résultent de la comparaison des Cétacés avec les Poissons. SQUELETTE Caructères généraux. — Les traits les plus généraux du squelette des Cétacés sont en rapport étroit avec les formes extérieures du corps. Les vertèbres du cou sont courtes et très réduites, celles de la queue sont nombreuses, très puissantes à la base de l'organe, très réduites et presque rudimentaires à son extrémité; la tête osseuse est très développée relativement au reste du corps, elle se fait remarquer en outre par une extension presque toujours très grande et parfois excessive (Baleines) de la région maxillaire ; la courte charpente des membres antérieurs est très sensiblement normale, mais iln’en est pas de mème pour les membres postérieurs qui sont rudimentaires ou nuls, quoique toujours indiqués en position par un bassin d’une seule pièce et sans relation directe avec la colonne vertébrale. Considérablement réduits suivant leur grand axe, les os longs des Cétacés sont pleins et par suite complètement dépourvus de moelle; comme les autres os de l'organisme ils se distinguent d'ailleurs par une structure spongieuse qui coïncide en sénéral avec le développement d'une matière grasse particulière qui imprègne la substance osseuse et ne disparait pas toujours par la macéralion, comme on peut s'en convaincre en jetant un coup d'œil sur un squelette monté de grand Cétacé. Tête osseuse. — La région cranienne de la tête osseuse présente un certain nombre de particularités nettement tranchées et tout à fait caractéristiques. L'occipital énormément développé, s'étend el — considérablement en dessus et en avant (supra-occipital) pour former la plus grande partie de la voûte crâänienne et s’articuler avec le frontal, recouvrant en grande partie et rejetant sur les côtés les os pariétaux très peu apparents au dehors; en dessous, l’occipital (basi-occipital) se développe dans des proportions presque aussi grandes, constituant une portion considérable du plancher postérieur du crâne et rejetant assez loin vers le haut le trou occi- pital. Les frontaux atteignent aussi un très grand développement, surtout dans le sens transversal et limitent en avant les parois de la cavité crânienne ; très peu apparents dans la région médiane, où ils sont en partie recouverts par les os du nez et par les maxillaires, ils prennent un développement énorme sur les côtés, constituent la partie antérieure de la fosse temporale et s’avancent jusque dans la région orbitaire. Sur le plancher du crâne, en avant de la portion basilaire de l'occipital, on voit d'avant en arrière le basisphénoïde dépourvu d’apophyse clinoïde et de selle turcique, puis le présphénoïde com- plètement soudé à l’ethmoïde. Ce dernier os ne présente niapophyse crista-galli ni lame abondamment criblée; il est aussi compact que es autres os, et il se prolonge en avant, sous forme de cartilage, dans la gouttière du vomer. Le vomer lui-même est un os très allongé, formé par deux lames qui se soudent inférieurement et qui limitent en dessus la gouttière profonde occupée par le cartilage ethmoïdal ; cet os caréné prend son origine en arrière sur le prés- phénoïde et se prolonge même parfois un peu sur le basisphénoïde ; dans sa partie postérieure, il constitue le septum nasal et Van Bene- den (70,71)le considère, avee Gratiolet, comme l'os en V de la pre- mière vertèbre cervicale ; le présphénoïde représenterait le corps de cette vertèbre qui se place d’ailleurs à la suite de deux autres corps vertébraux souvent très nets, le basisphénoïde et le basi-ocecipital. D'après le même auteur ces corps vertébraux présenteraient, dans le fœtus de Baleine franche, la forme biconcave des vertèbres de Poissons (70,70). Le temporal, dans sa portion écailleuse, constitue une grande partie de la vaste fosse temporale; il laisse en dedans un espace libre pour le rocher, s’unit en avant à l'aile du basisphénoïde, en haut et en avant avec le pariétal, en arrière avec l'occipital. La région pétreuse, ou rocher, présente des rapports divers avec les autres os du crâne, mais elle est toujours en relation étroite avec la caisse du tympan, pièce osseuse visible à l'extérieur du crâne et ressem- blant assez bien, par sa forme et par son orifice, à une coquille de EyONE Porcelaine ou de Bulle. En dehors et en avant de la caisse tympa- nique, le temporal se prolonge transversalement et forme une puis- sante saillie dont la face inférieure se creuse légèrement en cavité glénoiïde pour recevoir le condyle de la mâchoire inférieure, tandis que le bord antérieur se prolonge plus ou moins en avant pour former l’apophyse zygomatique. Si nous passons maintenant aux os de la face, nous observons d’abord que cette partie de la tête est sensiblement séparée de la précédente par les orifices des narines, situés à une grande dis- tance de l'extrémité antérieure du corps; en arrière et au-dessus des narines nous voyons les deux os du nez toujours très réduits. La face presque toute entière est constituée par les très longs maxil- laires logeant entre eux les intermaxillaires presque toujours aussi longs qu'eux et quelquefois un peu plus ; au milieu des inter- maxillaires nous apercevons la gouttière vomérienne avec son car- tilage ethmoïdal. Nous voyons aussi que les maxillaires s'unissent très souvent, par l'intermédiaire de lamelles saillantes, avec les os du front, qu'ils s'étendent latéralement aussi loin en dehors que ces derniers, enfin qu'ils se mettent en relation avec l’apophyse zygomaltique du temporal par un os jugal ou zygomatique qui limite inférieurement l'orbite. Ainsi formée par un ensemble de cinq os, la voûte buccale osseuse, considérée sur sa face inférieure, forme un vaste palais qui se continue en arrière par les palatins proprement dits et en arrière de ces derniers par les ptérygoïdiens ; ces der- niers forment une espèce de canal conique dans lequel débouchent en avant les narines et en arrière la trompe d'Eustache. La mandi- bule inférieure se compose de deux branches directement ou indi- rectement unies en avant; en arrière chaque branche s’articule par un condyle peu saillant avec la cavité glénoïde du temporal, et une apophyse coronoïde , parfois rudimentaire, fait saillie sur la branche un peu en avant du condyle. , La cavité crânienne est mise en relation avec les organes externes par un certain nombre de perforations dont les plus intéressantes sont la perforation auditive, creusée dans le rocher pour le passage du nerf acoustique, et la perforation optique livrant passage au nerf optique et située entre le présphénoïde et le frontal. A la base du maxillaire supérieur on observe toujours quelques trous sous orbitaires, sur la face externe du maxillaire inférieur des trous mentonniers, enfin sur la face interne des mêmes os un orifice parfois très grand qui conduit dans le canal dentaire. L'appareil hyoïdien se compose d’un corps (basihyal) situé sur — 13 — la ligne médiane et de deux paires de cornes en relation avec ce corps. Les cornes postérieures (thyrohyal) se soudent de bonne heure avec l’os médian et sont libres à l'extrémité opposée; quant aux cornes antérieures (stylohyal), elles se mettent en relation par un ligament avec la région mastoidienne du temporal et avec le corps de l’hyoïde par un cordon fibreux plus ou mois développé. Si l’on fait exception pour l'appareil hyoïdien, presque toutes les dispositions ci-dessus décrites caractérisent les Cétacés vis-à- vis des autres Mammifères: elles coexistent du reste avec des variations secondaires en rapport avec les deux modifications principales que présente l’armature buccale. Chez les Cétacés à fanons ou Mysticètes, on observe par exemple une apophyse du frontal qui se met en relation au-dessus de l'œil avec la saillie latérale du temporal, et un os lacrymal distinct compris entre le frontal et le maxillaire supérieur un peu en avant de l'œil; les deux branches de la mandibule sont arquées et simplement réunies en avant par du tissu fibreux, enfin les os du nez forment toujours un rudiment de toit au-dessus des fosses nasales externes. Chez les Cétacés pourvus de dents et connus sous le nom de Célo- dontes, on observera des modifications d’un autre ordre : le frontal restera séparé du temporal, los lacrymal cessera d’être distinct sauf chez les Ziphioïdes, les deux branches de la mandibule se réuniront en avant par une symphyse et les os du nez seront rejetés en arrière des narines sans aucune relation directe avec ces dernières. Colonne vertébrale. — La colonne vertébrale des Cétacés se carac- térise aisément par sa courbure unique, par la réduction en lon- gueur de sa région cervicale, par l'absence de sacrum et par le nombre toujours considérable des vertèbres caudales. « Les vertè- bres des Cétacés, dit Van Beneden (70, 16), sont articulées de manière à laisser un certain jeu entre elles sans danger pour la moelle épinière; l’animal flottant a les mouvements plus réguliers et moins saccadés que l’animal terrestre, et il fait des efforts beau- coup moins considérables: » toutefois, dans la région cervicale, les vertèbres sont très comprimées dans le sens longitudinal, tantôt très rapprochées quoique libres (Balénoptères, Inia, Plataniste), tantôt complètement soudées en une seule masse (Baleines, Hyperoodon, etc.), dans tousles cas elles occupent une région fort restreinte dont les mouvements sont à tous égards très limités. R. Owen fait observer que les vertèbres cervicales constituent, de ne cette manière, une base solide pour l'énorme tête qui doit vaincre la résistance de l’eau quand le rapide nageur fend les eaux dans sa course (29, If, 416). Peu différentes les unes des autres, à l'exception de celles qui constituent les deux extrémités de la colonne vertébrale, les vertè- bres des diverses régions du corps ne se distinguent guère que par les appendices osseux en relation avec elles. Les vertèbres dorsales se reconnaissent aux côtes dont elles sont pourvues ; les vertèbres caudales antérieures aux os en chevrons qu’elles présentent sur leur face inférieure et qui constituent un arceau hémal; les vertèbres lombaires sont dépourvues d’appendices et comprises entre les caudales et les dorsales, enfin les vertèbres cer- vicales sont comprises entre ces dernières et la base du crâne. Le nombre total des vertèbres varie beaucoup : l'Hypéroodon en a seu- lement 45 quise divisent en 7 cervicales, 9 dorsales, 9 lombo-sacrées et 20 caudales (7 C, 9 D, 9 L, 20 C), tandis que le Lagénorhynque à bec blanc n'a pas moins de 91 vertèbres dont 7 cervicales, 14 dorsa- les, 20 lombo-sacrées et 49 ou 50 caudales (7 C, 1% D, 20 L, 49 C). Les vertèbres cervicales sont toujours au nombre de sept comme dans presque tous les autres Mammifères. Le corps des vertèbres a la forme d’un disque dont la longueur maximum est atteinte dans la région lombaire ; la longueur de ce disque est en général un peu inférieure à son diamètre, mais dans certains cas, la longueur lemporte de beaucoup sur la largeur ; c'est ce qu'on observe notamment dans la Balænoptera rostrata et bien mieux encore dans les Cétatés fossiles des genres Squalodon et Zeuqglodon. Les apophyses épineuses et transverses des vertèbres servent d'attache à presque tous les muscles du tronc et sont toujours très développées dans la plus grande partie de la colonne vertébrale, surtout dans la région lombaire; les apophyses épineuses attei- enent leur plus grand développement dans les Ziphioïdes et les apophyses transverses chez les Baleines et quelques autres Mysti- cètes. Dans la première partie de la région dorsale les apophyses transverses se détachent des parois osseuses du canal neural, plus loin, elles descendent progressivement vers le corps qu'elles attei- gnent au niveau des dernières côtes et, dans le reste de Îa colonne verlébrale, elles sont situées tout à fait latéralement sur les côtés des corps vertébraux. En même temps que se produisent ces dépla- ments, on observe des modifications correspondantes et très carac- téristiques des Cétacés dans les apophyses articulaires. Les vraies — 15 — apophyses articulaires (zygapophyses) sont localisées dans la région cervicale et dans les premières dorsales, ailleurs elles disparaissent et sont remplacées fonctionnellement par des apophyses accessoires (métapophyses de R. Owen) dont la disposition doit être étudiée de plus près, Dans le Marsouin, ces apophyses m'ont paru faire com- plètement défaut dans les vertèbres dorsales les plus antérieures, d’ailleurs pourvues de zygapophyses ; un peu plus en arrière, elles apparaissent comme une saillie sur le bord antérieur de l’apophyse transverse et coexistent avec les zygapophyses de plus en plus réduites; ces dernières venant à disparaitre, les apophyses acces- soires montent sur les côtés du canal neural, atteignent le sommet de celui-ci au niveau des dernières dorsales et se localisent nette- ment sur les apophyses épineuses dans les régions lombaires et ‘audales ; elles disparaissent sur les dernières apophyses épineuses de la queue. Ces apophyses accessoires, au moins dans la région lombaire, forment par leur réunion une coulisse qui embrasse l’apophyse épineuse de la vertèbre précédente et doit restreindre dans une certaine mesure, les mouvements latéraux de la colonne vertébrale. Dans la région cervicale, l’atlas et l’axis présentent seuls des apophyses épineuses bien développées ; les apophyses transverses sont représentées à droite et à gauche par deux saillies osseuses dont la supérieure doit être considérée comme l’apophyse transverse normale, tandis que l’inférieure serait plutôt un rudiment de côte cervicale soudé à la vertèbre. Très fréquemment les deux apophyses transverses de chaque côté se soudent à leur extrémité et limitent un canal pour le passage de l'artère vertébrale. L’atlas s'articule par deux surfaces avec les condyles occipitaux et reçoit l'apophyse odontoïde de l’axis, moins développée que dans les autres Mammi- fères. Dans la Baleine de Biscaye (70,107) la première vertèbre dorsale vient se souder au massif osseux constitué par les sept vertèbres cervicales. Sur toute la région la plus antérieure de la queue, le corps de chaque vertèbre caudale se met en relation du côté ventral avec deux os accessoires qui se soudent intérieurement de manière à constituer un V. Ces os en Vou en chevrons limitent un canal hémal qui reçoit les troncs vasculaires de la queue ; chacun d'eux est toujours en rapport avee deux vertèbres mais, d’après Van Beneden et Gervais (70,17), l'os appartient toujours à la vertèbre la plus antérieure. Comme les apophyses épineuses et les apophyses transverses, les os en chevrons manquent complètement dans le — 16 — dernier tiers de la région caudale ; les vertèbres ne sont plus alors représentées que par leurs corps discoïdes dépourvus de mouvement propre ; ces os sont perforés de chaque côté, dans le sens vertical, par des artères, et ils se continuent jusqu'à l'échancrure médiane de la nageoire caudale. La dernière vertèbre de la queue, très réduite, s’atténue en pointe en arrière. Les côtes de la première paire sont toujours courtes, larges et aplaties ; les autres sont plus ou moins convexes du côté externe, elles présentent un angle costal assez peu prononcé mais elles sont dépourvues de gouttière pour loger les nerfs et les vaisseaux intercostaux. Chez les Cétodontes les côtes les plus antérieures ont une tête et une tubérosité bien prononcées; par leurs tubérosités, ces côtes s’articulent avec l’apophyse transverse de la vertèbre correspondante et par leur tète avec le corps de la vertèbre située immédiatement en avant ; les côtes postérieures ne sont pas différenciées en tête et en tubérosité, elles sont simplement articulées avec les apophyses transverses et la dernière paire est mème fréquemment flottante. Chez les Mysticètes la tète et la tubérosité sont peu développées ; les côtes s’articulent aux apophyses transverses par leur tubérosité, mais leur tête n'atteint pas le corps de la vertèbre précédente ; celte disposition a pour résultat de permettre aux côtes des mou- vements plus étendus. Les côtes de la première paire, chez les Mysticètes, sont dépourvues departiesternale ets’articulent seules avec le sternum ; dans la Baleine des Antipodes, ces côtes prennent à leur extrémité inférieure un tel développement qu'elles peuvent embrasser presque complète- ment les bords de ce dernier os. Chez les Cétodontes, plusieurs paires de côtes sont toujours en relation avec le sternum par une portion sternale qui reste cartilagineuse dans les Ziphioïdes, mais qui devient osseuse dans les autres Cétacés du mème groupe. Le sternum des Mysticètes est, à tous les âges, un os impair peu développé qui se produit par un seul point d'ossification. Chez les Cétodontes il est remarquablement allongé et formé par plu- sieurs paires d'os, (cinq dans la Mésoplodon) placés à la suite; dans le jeune âge chaque paire de sternèbre présente deux points d'ossification, un à droite, l’autre à gauche : chez l'adulte, toutes ces pièces osseuses finissent par se réunir ou même par se souder, laissant parfois sur la ligne médiane des perforations plus ou moins caractéristiques des espèces; on observe deux perforations dans l'Hypéroodon, trois et quelquefois quatre dans le Globicéphale. Une ns Nbre perforation analogue, due à une croissance limitée du côté de la ligne médiane, peut se rencontrer à certains âges chez les Mysticètes du genre Mégaptère et dans la Balænoptera musculus. Ceinture scapulaire et membres antérieurs. — La ceinture sca- pulaire des Cétacés est dépourvue de clavicule et se compose seulement d'une omoplate étalée et aplatie. Sur le bord antérieur de cet os on voit généralement deux apophyses inégalement dévelop- pées, la supérieure est l’acromion, linférieure est l’apophyse coracoïde. Ces deux apophyses sont en général d'autant moins développées que les membres antérieurs sont plus longs, mais cette règle n’est pas sans exception; si en effet, dans la Mégaptère du Cap, l’atrophie complète des apophyses coïncide avec le déve- loppement exagéré des membres antérieurs, par contre, dans le Globicéphale, les deux apophyses sont énormes et les bras relative- ment plus longs que dans les autres Cétacés. L'humérus est un os court, massif, présentant à l’une de ses extrémités une tête sphérique pour l'articulation avec l’omoplate, et à l’autre deux surfaces articulaires sur lesquelles viendront s’insérer le cubitus et le radius; l’humérus forme une tubérosité qui sert de point d'attache aux muscles de l'épaule. Chez tous les Cétacés, à l'exception de la Baleine franche, les os de l’avant-bras (cubitus ret radius) sont plus allongés que l’humérus, quelquefois il y a exagération de ces os dans le sens de la longueur, comme on l’observe dans les Balénoptères et notamment dans la Balænoptera borealis. Le cubitus ordinairement plus court que la radius, est muni à son extrémité proximale d’un olécräne qui atteint en général des dimensions considérables dans les Cétacés ziphioïdes et dans le Cachalot. Les os du carpe varient beaucoup en nombre et se présentent très souvent isolés etavec des contours mal définis au milieu du cartilage dans lesquels ils se forment. Ces os sont distribués sur deux rangées. La rangée antérieure, ou procarpe, se compose ordinairement de trois os, le radial (scaphoïde), le cubital (semi-lunaire) et l’intermédial (pyramidal); la rangée postérieure ou mésocarpe n’a guère que deux os qui correspondent au 2 (trapézoïde) et au 3e (grand os) de cette rangée. Dans l'Hypéroodon, le nombre des os du carpe est plus considérable et s'élève à huit, trois pour le procarpe et cinq pour le mésocarpe (70,373); dans l’Orque, au contraire, les os carpiens sont très réduits et ne dépassent pas le nombre de cinq. ce pp On observe plus fréquemment quatre doigts (Mégaptère, Pho- cœæna, etc.) que cinq (la plupart des Baleines, Orques, etc.), le pouce faisant très souvent défaut (Mégaptère), ou n'étant représenté que par son mélacarpien (Baleine franche). Les phalanges de chaque doigt sont en forme de sablier, séparées par des disques cartilagi- neux plus gros qu’elles, ce qui donne aux doigts une apparence noueuse ; elles dépassent en général de beaucoup le nombre normal de trois qu’on observe dans les autres Mammifères. Dans le doigt le plus long, leur nombre peut s’élever à 13 (Globicéphale) ou descendre jusqu’à 3 (Pontoporia). La forme extérieure des nageoires pectorales dépend uniquement de la grandeur et du nombre des os dont nous venons de parler. Dans la Megaptera longimana les os de l’avant-bras sont relative- ment aussi longs que dans les Balénoptères, mais les phalanges, sans être relativement plus nombreuses sont singulièrement plus allongées ; d’ailleurs l'index et l’annulaire sont courts, appliqués contre les deux doigts médians également longs, leurs phalanges alternent avec ces derniers, et comme les téguments de la nageoire sont intimement appliqués sur le bord de l’index et du médius, la très longue nageoire présentera en avant une série de saillies correspondant aux nodosités cartilagineuses de ces deux doigts (64,265). Dans le Globicephalus melas la nageoire est encore relati- vement longue et ressemble assez bien à une aile d'Hirondelle ; la grande longueur de la nageoire est due à la multiplicité des phalanges et sa forme à la longueur relative des doigts : les deux antérieurs, inégalement développés, donnent au bord antérieur de la nageoire une forme légèrement convexe en avant ; les autres doigts vont ensuite en diminuant graduellement et servent de base au bord postérieur concave de l’organe. Bassin et membres postérieurs. — Les membres postérieurs des Cétacés, quand ils existent, ne sont jamais visibles à l'extérieur et l’on est resté longtemps sans soupconner leur existence. Leur découverte est due à Reinhardt: en 1843, ce savant observa de chaque côté, dans un fœtus femelle de Baleine franche, deux centres cartilagineux placés à la suite et en relation avec l'os iliaque du même côté par l'intermédiaire du plus grand ; ce dernier fut consi- déré par Reinhardt comme un fémur et le centre cartilagineux suivant comme un tibia. Cette interprétation ne fut pas d'abord acceptée et, en 1849, Eschricht disait en parlant de ces os: « Parmi tous les os jusqu'ici connus en relation avec le bassin des AU Mamimilères, ils me paraissent, dans tous les cas, pouvoir être seulement comparés aux os accessoires des Marsupiaux. » (15,137). Plus tard (1861) Reinhardt et Eschricht retrouvèrent ces os dans deux individus de la mème espèce, l’un adulte, l’autre plus jeune (20,134) et revinrent à l'opinion primitive de Reinhardt qui est unanimement adoptée aujourd’hui. Plus récemment, Struthers a étudié le bassin et les membres postérieurs dans dix Baleines franches, et il a observé que, dans l’adulte, le fémur est ossifié, mais que le tibia reste toujours à l’état cartilagineux (76,159,160). Les autres Mysticètes ne possèdent jamais qu’un fémur qui fut trouvé par Eschricht et Reinhardt dans les Mégaptères (20,134) et par Flower dans la Balénoptère commune (26,704) ; d’après Stru- thers la Balænoptera borealis n’a déjà plus de fémur et res- semble en cela à tous les Cétodontes. Le bassin persiste toujours sous la forme de deux os situés l’un à droite, l’autre à gauche de la colonne vertébrale, à la naissance de la queue. Ces deux os ne se rencontrent jamais sur la ligne médiane et ils ne présentent aucune relation directe avec la colonne vertébrale. Des modifications du squelette aux différents âges. — Les modifi- cations du squelette aux différents âges sont d’ordre en général très secondaire et surtout relatives à la marche suivie par l’ossifi- cation. Eschricht a montré (15,145), en effet, que tous les carac- tères essentiels du squelette sont déjà représentés dans le fœtus et que les cartilages de ce dernier permettraient de distinguer deux espèces aussi bien que le squelette de l'adulte; cette règle très générale s’applique même au nombre des vertèbres et au nombre des articles des doigts (15,142). L'importante découverte d’'Eschricht n’a pas été sans importance pour la Cétologie, puisqu'elle à fait disparaître cette idée fausse que le nombre des articles, dans certaines parties du squelette, peut augmenter avec l’âge. Flower (67,384-387), de son côté, réunissant ses propres obser- vations à celles de Reinhardt, d'Eschricht, etc., est arrivé à décrire trois stades dans les progrès de l’ossification du squelette. « Dans le premier, toutes les épiphyses de la colonne vertébrale (1), des deux extrémités de l’'humérus, du radius, du eubitus, sont séparées et (1) Ces épiphyses, au nombre de deux pour chaque vertèbre, sont franchement discoïdes, l’une est située sur la face antérieure du corps vertébral, l’autre sur sa face postérieure. ot les apophyses des vertèbres sont très incomplètes. L'animal reste dans cet état jusqu’à ce qu’il ait atteint plus de la moitié de la longueur de l’adulte. Ce stade est celui de jeune et, quand il va bientôt se terminer, les os perdent en majorité le caractère spon- gieux des os moins âgés et acquièrent la structure ferme des âges suivants. — Dans le deuxième, les deux épiphyses de l’humérus, celles de l'extrémité supérieure du radius et du cubitus, enfin les épiphyses des vertèbres cervicales antérieures et des vertèbres postérieures sont soudées, tandis que les épiphyses du reste de la colonne vertébrale sont toujours libres. L’ossification des apophyses transverses des vertèbres cervicales, quoique souvent incomplète à l'extrémité, s’est assez étendue pour donner aux os, dans une large mesure, la forme caractéristique de l'adulte. Ce stade est celui d’adolescent ; l’animal à presque atteint sa taille normale et il commence à se reproduire. — Le dernier stade est celui de parfait adulte, dans lequel toutes les épiphyses sont ankylosées. » Après ce résumé fort intéressant, nos observations se limitent naturellement à la tête osseuse, à la main et aux extrémités postérieures. Dans le crâne du fœtus, on trouve entre l’occipital et le frontal un os interpariétal qui est ensuite recouvert par les pariétaux ; plus tard ces derniers disparaissent à leur tour sous le toit formé par l’occipital et c'est ainsi qu'en certaines régions les parois de la cavité crânienne sont formées par trois os superposés dont on n'aperçoit les traces qu’en examinant le crâne par sa face interne. Flower fait d’ailleurs observer que le basisphénoïde se soude plus tôt au présphénoïde et au basioccipital et qu'il en est de même pour la soudure de ce dernier avec les occipitaux latéraux (67,385). Le cartilage ethmoïdal, qui remplit la gouttière vomérienne, s’ossifie seulement chez les Cétacés Ziphioïdes, à l'exception de l’Hypéroodon. Dans le Ziphius cette ossification est très développée sur une longueur considérable (61,381), elle est déjà plus réduite dans le Berardius, enfin elle est localisée à la base du cartilage dans les Mésoplodons (70,399). Malgré leur développement parfois énorme, les branches de la mâchoire inférieure n’ont l’une et l’autre qu’un seul point d’ossifi- cation. La signification morphologique de l’os qui représente de chaque côté le bassin, est restée jusqu'ici un peu indécise. D’après Reinhardt et Eschricht, cet os se développerait par un seul point d’ossification et correspondrait à un ischion (20,135), opinion qui est à peu près ne généralement admise. Or, en étudiant le développement du bassin dans les Balénoptères, H. Gervais (82,1282) a observé deux points d'ossification, « l’un, situé dans la région supérieure, représentait par ses connexions l'ilion; l’autre, situé un peu au-dessous et en arrière, contigu au premier, se rattachait à la branche postérieure du cartilage représentant l’ischion. » L'ossification était peu avancée dans le fœtus étudié par H. Gervais et l’auteur pense que, dans des fœtus un peu plus âgés, on trouverait probablement un troisième point d'ossification qui correspondrait au point d'ossifi- cation du pubis chez les autres Mammifères. Dans les Baleines, le fémur s’ossifie avant l’os pelvien (76,159); c’est le contraire qui se produit dans les Mégaptères (64,272). Dans la main, Ryder (79,1014) a montré que les métacarpiens et les trois ou quatre premières phalanges du second et du troisième doigt s'ossifient simultanément, tandis que les phalanges distales s'ossifient successivement de la base à la périphérie de la nageoire. Je revien- drai sur cette observation importante en traitant de la phylogénie des Cétacés. MUSCLES, ARTICULATIONS, MOUVEMENTS Les muscles des Cétacés, dit Rapp (12,80), se présentent en gros faisceaux et se distinguent par leur couleur rouge sombre ; soumis à la cuisson, ils deviennent presque noirs. Ils sont séparés par une mince membrane dépourvue de graisse, l'élément adipeux se trouvant localisé dans les téguments, sous le muscle peaucier et dans les os. Dans la queue et dans les nageoires pectorales les muscles se terminent par de puissants tendons qui se retrouvent d’ailleurs, à divers degrés de développement, dans quelques autres régions du corps. Peu de temps après la mort, les muscles les plus puissants, et notamment ceux en rapport avec la colonne verté- brale, perdent leur apparence fasciculée et, au lieu de rester fermes, deviennent mous et sans consistance sous la pression. Peauciers. — Dans le Marsouin (66,2-4) les muscles peauciers, situés immédiatement au-dessous du lard, s'étendent depuis l'extrémité antérieure jusqu’à l’anus; sur la face ventrale, ils remontent sur les côtés du corps et atteignent la région dorsale ; l’aponévrose sous-jacente qui les sépare des muscles attachés au squelette est, d’après Rapp (12,88), dépourvue de graisse et il en HO serait de même dans la Balænoptera musculus d'après Delage (60,36,37); toutefois Stannius signale dans cette région un tissu conjonctif graisseux et l’aponévrose recouvrirait complètement les muscles de la queue. Le même auteur décrit également de puis- sants faisceaux qui se rendent à l'os du bras et dont les uns tirent la nageoire pectorale en avant et en dessus, tandis que d’autres la font mouvoir en arrière et vers le bas. Dans le Globicéphale, Murie (37, fig. 57 et 58) signale une extension au moins égale dans les muscles peauciers et dans leur aponévrose : les tempes, la mâchoire inférieure, et tous les flancs sont recouverts par les peauciers jusqu’à une faible distance de la ligne médiane dorsale au-dessus et en arrière jusqu’au niveau de l'anus. Les figures relevées par Murie sont certainement les meilleures pour donner une idée de l'extension et de la direction des faisceaux des muscles qui nous occupent. D’après Carte et Macalister (35,220) les muscles peauciers dans la Balænoptera rostrata ne se distingueraient pas nettement en avant du muscle mylo-hyoïdien dont les fibres transversales, atta- chées sur les bords de la mâchoire inférieure, servent à soulever le plancher buccal et à chasser l’eau contenue dans la bouche. En arrière du mylo-hyoïdien, les fibres du peaucier formeraient une expansion musculaire aussi peu étendue dans le sens longitudinal que dans le sens transversal. Delage (60,30) a observé, dans la Balænoptera musculus, des mus: cles beaucoup plus développés, mais moins étendus cependant que dans le Marsouin et dans le Globicéphale. Comme dans ces derniers, l’'aponévrose du peaucier entoure, à la manière d’une gaine, les muscles de la queue, envoie des prolongements qui se fixent sur les vertèbres caudales et fournit une enveloppe à chacun des muscles et aux tendons des muscles de cette région ; l’aponévrose augmente en épaisseur à mesure qu'on avance en arrière et finale- ment se jette dans la nageoire caudale dont elle constitue en partie le tissu fibreux (60,36,38). Delage signale également les relations intimes qui existent entre les muscles peauciers et leur aponévrose ; celle-ci, au contraire, est complètement indépendante des muscles sous-jacents. D'après le mème auteur, le muscle peaucier servirait à comprimer les poumons quand l'animal plonge et son dévelop- pement concorderait avec l'existence des plis qu’on observe sur la paroi ventrale des Balénoptères. Je dois faire observer, toutefois, que les Cétodontes sont toujours dépourvus de plis ventraux et possèdent néanmoins des muscles peauciers beaucoup plus développés que les Balénoptères. Muscles de la tête et du tronc. — Dans le tronc, les muscles de beaucoup les plus importants sont ceux qui servent à mouvoir la queue qui est, comme on sait, le principal organe de la locomotion de tout le corps. Du côté dorsal, les muscles principaux sont les suivants : 10 Le dorso-spinal qui naît du crâne au-dessus du trou occipital et se fixe aux apophyses épineuses de toutes les ver- tèbres, à l'exception des dernières caudales; dans sa portion moyenne ce muscle se confond ; 2° avec le sacro-lombaire et le long dorsal qui, situés sur sa face externe, prennent leur origine sur l'’occipital comme sur les apophyses transverses des ver- tèbres dorsales et lombaires et, avant d'atteindre la nageoire cau- dale, forment un ensemble de neuf tendons séparés ; 3° le transversal supérieur, recouvert par les précédents, qui se fixe aux vertèbres lombaires et caudales ; 4° enfin les muscles interspinaux réunissant les apophyses épineuses de deux vertèbres successives. Sur le côté ventral de la colonne vertébrale on observe les muscles suivants : 4 le grand droit qui s'étend de l’occipital basilaire aux corps des premières vertèbres dorsales; 2 le petit droit compris entre l'occipital et la partie inférieure de l’atlas; 4 le grand psoas, d’une puissance énorme, qui forme une grande partie des parois posté- rieures de la cavité du corps; issu des dernières côtes, de leurs vertèbres, ainsi que des lombaires et des premières dorsales, ce muscle se fixe sur les dernières caudales et se continue par des tendons jusque dans la nageoire terminale ; 4° le transversal infé- rieur qui part des apophyses transverses des vertèbres caudales antérieures et, par des tendons, se rend aux dernières ; 5° enfin les interspinaux inférieurs qui correspondent, sur la face ventrale, aux interspinaux supérieurs. Le petit psoas n'existe pas, mais l’en- semble de tous les muscles précédents suffit, dans une large mesure, pour enlever toute ligne de démarcation entre le tronc et la queue: Les muscles des côtes n’offrent rien de particulier. Les muscles de la tête seront spécialement étudiés plus tard dans les rapports qu'ils présentent avec les appareils digestif et respiratoire. Nous ferons seulement observer que les muscles moteurs de la mandibule (temporaux, masséters, ptérygoïdiens internes et externes) offrent, chez les Mysticètes, un développement en rapport avec la longueur et le poids des os énormes qu'ils doivent faire mouvoir. Dans les Balénoptères, et probablement aussi dans les autres Mysticètes, le masséter se divise en plusieurs masses qui, au lieu de s’insérer sur l'os jugal, naissent du maxillaire supérieur et de l’apophyse du temporal (77). 24 — Ÿ Muscles des membres. — Les muscles de l'épaule se retrouvent à peu près identiques chez tous les Cétacés comme j'ai pu m'en convaincre en comparant les diverses descriptions et notamment celle de Rapp (12, 88-89) sur le Marsouin et celle de Carte et Macalister sur la Balænoptera rostrata (35,218). Parmi ces mus- cles les uns viennent du dehors s'attacher sur l’omoplate, ce sont les vrais muscles de l'épaule, les autres se rendent de l’omoplate au bras et sont plutôt les muscles du bras. Les vrais muscles de l'épaule sont le rhomboïdal qui se divise en une partie supérieure et en une partie inférieure dans le Marsouin, le serratus magnus, le levator anguli scapulæ, le petit pectoral qui tire l’omoplate du côté de la première côte, le grand pectoral, le céphalo-huméral (masto-huméral) qui fait mouvoir en avant la nageoire et le latissimus dorsi qui lui communique un mouvement contraire. Le trapézoïde n'existe pas. Les muscles du bras sont le deltoide et le supraspinatus qui peu vent relever la nageoire, l'énfra-spinatus, le teres-major, le sous- scapulaire qui permet à la nageoire de s'appliquer contre la poitrine, le coracobrachial peu développé, le costo-huméral qui communique au bras un mouvement dans le sens de la première côte, enfin le triceps qui lui permet de se retirer en arrière. Dans le Dauphin, le Lagénorhynque (44,152), et dans le Globi- céphale (37,274), le muscle rhomboïdal est toujours simple, et sil'on observe que Flower et Meckel sont arrivés au mème résultat en ce qui concerne le Marsouin, on pourra se convaincre que des varia- tions assez considérables peuvent se produire dans les muscles du corps chez les Cétacés. J'ai passé très rapidement sur les muscles précédents car ils ne diffèrent guère que par leur nombre et par leur étendue des mus- cles correspondants des autres Mammifères ; les muscles de la main demandent au contraire une étude plus détaillée. Dans la Balænoptera musculus, Carte et Macalister (35,228) ont décrit dans la main les muscles suivants : 10 extenseur commun des doigts : naît de la capsule fibro-cartilagineuse qui entoure la tète du cubitus et du radius, et se continue dans quatre tendons qui s'insèrent sur les phalanges de chacun des doigts ; 2 fléchisseur radial du carpe : naît en avant de l’extrémité humérale du radius et s’insère par un tendon à la base du métacarpien du premier doigt ; 3 fléchisseur commun des doigts : se détache à la fois de l’olécrane et du bord interne de l’humérus, et se termine dans quatre tendons qui s'insèrent sur les phalanges de chacun des doigts ; 4° palmaris AO lonqus : s'étend de l'olécräne au métacarpien du quatrième doigt, enfin 5° fléchisseur ulnaire du carpe: part aussi de l'olécräne et s’insère sur le quatrième métacarpien en arrière du précédent. Ces muscles ont été étudiés depuis, dans la mème espèce, par Perrin (39,815) et par Struthers (69,111,115) et ces études ont donné lieu à quelques divergences ; si d’une part Perrin et Struthers sont d'accord pour contester l’existence d’un palmaris longus, ils diffèrent en ce sens que le premier signale un quatrième fléchisseur que le second n’a pu retrouver. En outre, d’après Struthers (64,269) la Mégaptère aurait les mêmes muscles que la Balénoptère. Dans la Baleine franche (75,218-223), Struthers retrouve tous les muscles qu’il a observés dans la Balénoptère mais il en signale deux autres que cette dernière ne possède pas. L'un d’eux est l'extenseur ulnaire du carpe qui nait de l’olécrâne et que l’auteur n’a pu suivre jusqu'à l’extrémité distale du cubitus ; l’autre est le fléchisseur radial du carpe que Struthers n'avait pu retrouver dans sa Balénoptère. Dans l'Hypéroodon (74,115-118), Struthers à trouvé les trois fléchisseurs et les deux extenseurs signalés par Carte et Macalister dans la Balénoptère, et une observation analogue a été faite par Turner dans le Mésoplodon. On n’a signalé jusqu'ici aucun muscle dans la main du Globicéphale, du Marsouin, ete, et en général de tous les autres Cétodontes étudiés jusqu'ici. On est resté très longtemps sans soupçonner la présence des mus- cles dans la main des Cétacés : Flower les signala le premier dans les Mysticètes. Depuis on pensait que ces muscles faisaient comple- tement défaut aux Cétodontes, mais les observations de Struthers ont dû modifier cette opinion. En fait, on peut dire aujourd'hui que les muscles rudimentaires des Cétacés, très importants au point de vue phylogénétique, atteignent leur maximum de développement dans les Baleines ; qu’ils se réduisaient déjà en nombre et en dimen- sion dans les Mégaptères et dans les Balénoptères, qu'ils ont à peu près la même importance que dans ces dernières chez les Cétacés Ziphioïdes (Hypéroodon, Mésoplodon), enfin qu'ils disparaissent à peu près complètement dans les autres Cétodontes. D'après Leboucq (145,208), on trouverait pourtant, chez ces derniers, des muscles rudimentaires dans Ja main du fœtus. Les muscles des membres postérieurs rudimentaires ont été étudiés dans la Baleine franche par Struthers (76,314-320) : ils partent du bassin pour aller s’insérer sur le fémur et se divisent en deux groupes. Trois d’entre eux (deux longitudinaux et un trans- versal) entourent comme d’une capsule la tête du fémur, et peuvent 4 oi être considérés comme représentant le groupe des rotateurs externes de la hanche; les autres, au nombre de quatre, se terminent sur le corps du fémur et sont tous des fléchisseurs de cet os. Ils com- prennent un adducteur externe, un adducteur interne, un abduc- teur situé au-dessous de l'os, enfin un muscle postérieur qui se prolonge sur l'articulation du genou, atteint l'extrémité du tibia et joue le rôle de fléchisseur du genou et d’extenseur du fémur. Les homologies de ces quatre muscles sont très difficiles à établir; Struthers pense que le premier est un iliaque interne, le second un iliaque externe, le troisième un des muscles profonds de la cuisse et le dernier, surtout tendineux et aponévrotique, un grand adduc- teur et un tendon du jarret. Dans la Mégaptère (64, 278) Struthers ne signale qu'un muscle allant au fémur et toutes les attaches de cet os sont ligamenteuses, mais, comme dans la Baleine, certains faisceaux de la queue ou du tronc viennent se fixer sur l’os. Ces muscles n’existent pas dans les Balénoptères et à plus forte raison dans les Cétodontes. Articulations, mouvements. — Suivant Hunter (3, 384), l’articula- tion du maxillaire inférieur avec le temporal se fait, non par simple contact, mais par l'intermédiaire d’une masse très épaisse de subs- tance ligamenteuse remplie d'huile. Eschricht et Reinhardt, en étudiant ce ligament intermédiaire dans la Baleine franche (20, 85), découvrirent deux capsules synoviales absolument distinctes lune de l’autre; lesdeux savants cétologistes n'examinèrent pas, à ce point de vue, d'autres Mysticètes, mais ils exprimèrent le désir que ce sujet devint l’objet de nouvelles recherches. Ces recherches furent entreprises en 1882 par Beauregard, et voici les résultats auxquels elles ont conduit (77). L'auteur a étudié deux Balénoptères (B. Sibbaldii fœtus et B. musculus adulte); dans ces Mysticètes, le condyle sessile de la mandibule doit s’articuler avec l’apophyse latérale du temporal mais, comme les deux surfaces articulaires sont convexes, l'articulation ne peut s'effectuer que par l’intermé- diaire d'un très épais ménisque cylindrique et ligamenteux, complè- tement dépourvu de cartilage comme l'avaient dit Eschricht et Reinhardt, mais chargé d'huile ainsi que l'avait signalé Hunter. Du côté du maxillaire, le ménisque adhère complètement au con- dyle, mais du côté du temporal, l’adhérence est moins intime; là, d'après l'auteur, il a été « impossible d'observer nettement une cavité synoviale et des surfaces lissesde contact» dansla B. Sibbaldii, tandis que dans la B. musculus Qi existait particulièrement à la partie supérieure de la voûte formée par l'apophyse articulaire une large surface triangulaire lisse répondant évidemment à une cavité synoviale. » Van Beneden (78, 675) n'a trouvé aucune capsule synoviale dans l'adulte de B. Sibbaldii et ses observations con- cordent, en cela, avec celles de Macalister, de Perrin, de Murie, de Knox sur d’autres Balénoptères; d’ailleurs, il n’a observé qu'une seule capsule synoviale dans la Baleine franche. Il est probable que, sous ce rapport, des variations doivent exister entre différents indi- vidus d’une même espèce, mais on peut néanmoins affirmer, avec Van Beneden, que la capsule synoviale est beaucoup plus caracté- ristique des Baleines que des Balénoptères. La synoviale fait toujours défaut chez les Cétodontes el le ménisque se réduit à une lame fibreuse très mince ; ce sont là, du moins, les résultats obtenus par Beauregard sur le Delphinus tursio et sur le Lagénorhynque. Dans les Cétodontes, non seulement le ménisque à une épaisseur très faible, mais le condyle maxillaire correspond à une surface beaucoup mieux disposée pour le recevoir que dans les Mysticètes ; il en résulte que, chez les premiers, la mâchoire inférieure ne peut s'écarter de la mâchoire supérieure que dans des limites très restreintes, tandis que, d’après M. Pouchet, « les Balænoptères sont capables d’un abaissement prodigieux de la mächoire infé- rieure tel que celle-ci peut arriver à faire un angle droit avec la mâchoire supérieure ». Grâce à la direction verticale des condyles occipitaux, à l'épais- seur du cou, à la réduction des vertèbres cervicales et à leur soudure très fréquente, la tête du Cétacé ne fait qu'un avec le corps et ne peut se mouvoir sans lui. D'ailleurs les mouvements sont très limités dans d’autres parties beaucoup plus actives du corps. Ainsi, l’articulation de l’humérus avec l'épaule est pourvue d’une capsule synoviale, mais partout ailleurs dans la nageoire, de pareilles articulations n'existent pas, si ce n’est dans la Mégaptère où Struthers (64,255) décrit une synoviale entre les épiphyses cartilagineuses qui terminent chaque phalange des doigts. Ces synoviales des phalanges, quand elles existent, permettent tout au plus des mouvements de glissement très réduits. Plus réduits encore sont les mouvements du tibia et du fémur dans les Baleines et, dans ces dernières, la capsule tendineuse formée autour de la tète du fémur par les trois muscles rotateurs est complètement dépourvue de membrane synoviale (76,316). La queue est l'agent principal de la locomotion chez les Célaces ; c'est à cet organe que le Dauphin et le Marsouin doivent leur agilité 109 proverbiale et les grands Cétacés, tels que Ie Cachalot et les Mysticètes, leur puissance redoutable. Pour ces derniers une barque de pèche est un frèle esquif et il suflira d'un coup de queue pour plonger dans les eaux l’embarcation et ses nautoniers. Les diverses masses musculaires de l'organe ont chacune leur rôle dans les mouvements de cet énorme appendice. Les muscles dorsaux et spécialement le dorso-spinal, le sacro lombaire et le long dorsal le relèvent vers le haut; il en est de même des supé- rieurs interspinaux, mais le transversal supérieur, agissant en commun avec le transversal inférieur, communique à la queue des mouvements latéraux. Du côté ventral, le grand et le petit droit rapprochent la tète de la poitrine, tandis que le grand psoas et les muscles interspinaux inférieurs peuvent recourber la queue vers le bas (12,80-83). C’est la nageoire caudale qui sert de gouvernail au Cétacé et elle jouit à tous égards d’une puissance el d’une résistance en rap- port avec le rôle important qu'elle doit remplir. D'après Roux (81) et Delage (60), cette nageoire se compose, au-dessous des téguments, de trois plans fibreux superposés. Le premier, sous-tégumentaire, se compose de fibres transversales qui «partent de la crête médiane déterminée par la présence des dernières vertèbres caudales » ; le deuxième se compose de fibres longitudinales qui croisent à angle droit les précédentes, enfin le troisième, ou plan médian, est formé de fibres verticales qui se rendent de la peau à la peau ou naissent des fibres horizontales précédentes. C'est dans ces couches fibreu- ses, pour la plupart formées par l’'aponévrose des peauciers, que viennent se terminer, sous la forme de rubans épars, les tendons des muscles de la queue, et cette disposition n’est pas sans impor- tance, car « si les énormes tendons moteurs de la nageoire s’insé- raient directement sur les os, comme cela a lieu d'ordinaire, le bout du rachis serait infailliblement rompu. Avec la disposition exis- tante, au contraire, toutes les parties sont liées entre elles et chacune concourt pour sa part à la solidité de l’ensemble. » (60,38-40.) La nageoire caudale, quand elle bat l’eau de bas en haut, permet à l'animal de plonger: elle le ramène à la surface par un mouve- ment inverse et lui communique une direction oblique par des mouvements obliques. La nageoire dorsale, formée de tissu fibreux rempli de graisse, a un rôle très secondaire et peut même manqner quelquefois (Baleine, Néomeris) ; elle donne à l'animal un équilibre plus stable en l'empèchant de s’incliner trop facilement à droite ou 00e à gauche. C'est un organe qui, d’après la plupart des auteurs, a les plus grandes ressemblances avec la bosse graisseuse qu'on observe dans le Dromadaire et dans le Zébu. Quant aux nageoires pectorales, elles joueraient un rôle analogue quoique plus eflicace, mais il n’est pas douteux qu'elles doivent exercer une grande influence sur la progression de l'animal. TÉGUMENTS Structure des téquments. — Les recherches les plus complètes et les plus récentes sur la structure de la peau, dans les Cétacés, sont dues à Delage (60,21-29) ; nous résumerons d’abord ici les résultats obtenus par cet observateur, dans son étude de la Balænoptera musculus. La peau de l’animal se divise, comme chez les autres Mammi- fère, en un épiderme superficiel et en un derme sous-jacent. — Sur sa face interne, l’'épiderme présente des sillons longitudinaux profonds, parallèles entre eux mais parfois anastomosés ; les inter- valles entre ces sillons sont remplis par des feuillets épidermiques de même direction et de mème hauteur, enfin la cavité des sillons est occupée par des lames qui appartiennent au derme. Dans toute la région où il est en contact avec les lames, l’épi- derme est formé de «deux à trois assises de cellules petites, rondes ou polyédriques, à paroi peu épaisse, très empilées les unes sur les autres, mais sans déformation. » À mesure qu'on s'éloigne de cette couche pigmentaire pour se rapprocher de la surface, les cellules s'étirent dans le sens longitudinal ; elles deviennent fusiformes, puis aplaties, et finalement passent d'une manière assez brusque, aux minces et longues cellules cornées, privées de noyau et de protoplasma, qui constituent la couche superficielle, désignée sous le nom de cuticule. Le derme ou lard « est formé d’un feutrage de faisceaux conjonctifs dans les mailles duquel sont comprises d'énormes cellules graisseuses » ; il pénètre, sous forme de lames, dans les sillons épidermiques et, du sommet des lames, on voit naître des papilles qui s’enfoncent dans l’épiderme, assez loin pour se rapprocher beaucoup de la couche cornée. Dans la couche tout à fait superficielle du derme, l’auteur à pu observer des faisceaux conjonctifs privés de graisse et des capillaires qui pénétraient dans les papilles, mais nulle part il n’a observé de fibres musculaires dans le derme, sauf dans la lèvre inférieure et sur le dos de la tête. — 30 — Ces muscles sont striés et Delage pense qu'ils représentent peut-ètre le peaucier dans ces deux régions. La distinction en lames et en papilles dermiques a été observée sur la face ventrale de la queue, elle n'existait généralement pas dans les autres régions. Elle n’a d'ailleurs jamais été relevée par les sa- vants qui ont étudié avant Delage la struc- ture de la peau; il n’en est fait nulle mention dans les tra- vaux de Turner (43) et d’Anderson (50, 432). D’après ce der- nier, on trouverait des fibres musculai- res dans le derme et le lard serait unique- ment formé de tissu conjonctif sur sa face interne. J'ai pu étudier la structure de la peau dans le Dauphin vul- gaire, sur des coupes qui m'ont été obli- geamment commu- niquées par M. Bié- trix, préparateur au laboratoire des Hautes - Etudes de M. Pouchet. La cou- che épithéliale (fig. 1, S) ne présentait rien de particulier, mais les lames der- miques(P), très régu- lièrement disposées, Fig 1.— Coupe verticale dans la peau du Dauphin (sur les flancs). La partie su- perlicielle de l'épiderme et la partie pro- fonde du derme ne sont pas représentées. Dans le derme, l'ensemble finement poin- tillé représente les faisceaux conjonctifs. ne montraient aucune trace des papilles signalées par Delage. Ces lames étaient formées par un réseau conjonctif très fin, qui se prolongeait dans le lard sous-jacent et y formait des faisceaux 31 — d'autant plus gros qu'on se rapprochait davantage de la couche profonde; des cellules conjonctives fusiformes (corps fibroplas- tiques) parfaitement nucléées (E) se trouvaient en assez grand nombre appliquées sur les faisceaux. Des cellules remplies de graisse n'existaient ni dans les lames, ni dans la couche der- pl, VIN Fig. 2. — Coupe verticale épaisse de la peau du Dauphio, traitée par la potasse pour isoler le réseau élastique. mique immédiatement sous-jacente, mais on les trouvait nombreu- ses dans les couches plus profondes du der- me. Des vaisseaux (V) se trouvaient dissémi- nés dans le lard et péné- traient jusque dans les papilles. Le derme tout entier était occupé par un réseau formé par des libres élastiques anas- tomosées en réseau étroit (fig. 1, C etfig. 2, E) ; dans les lames les fibres étaient fines,mais elles prenaient au-des- sous des dimensions plus considérables et. ‘plus bas encore se fu- sionnaient par endroits 1, pour former de grands nodules élastiques (L) absolument semblables à ceux qui ont été si- gnalés par Ranvier (1) dans le tissu des artères etdansla gaine desnerfs (65, 321). Plis de la peau, couleur, poils. — Dans certaines espèces la peau présente des plis et des sillons localisés dans une région déterminée du corps; c'est ainsi que, dans les Ziphioïdes, on observe deux (4) Cet appareil élastique, d'une richesse extrème, caractérise éminemment le derme des Cétacés. Delage parait avoir soupçonné son existence (60, 27); mais je ne crois pas qu'il ait été réellement vu et décrit jusqu'ici. SAONE sillons superficiels sous la mandibule inférieure, l’un à droite, l’autre à gauche. Des plis et des sillons parallèles, situés sur la face ventrale depuis la symphyse maxillaire jusqu’au niveau de l’ombilic, sont absolument caractéristiques des Balénoptères et des Mégaptères et se trouvent très certainement en rapport avec les divers états de contraction et de distension que peut présenter cette région du corps. Dans le baleineau que j'ai étudié, les plis les plus rapprochés de Ja ligne médiane partaient en éventail d’une aire unie un peu allongée située en avant de l’ombilic; à l'extrémité antérieure de cette aire, on voyait naître un sillon médian qui se prolongeait sans interruption jusqu’au voisinage de la symphyse mandibulaire ; à droite et à gauche de cette ligne naissait un autre pli qui se dirigeait, en divergeant, vers la mandibule ; un peu plus en avant, l'espace compris entre chaque sillon latéral et le sillon médian donnait naissance à un sillon intermédiaire et, un peu plus en avant encore, entre ce dernier sillon et la ligne médiane, on voyait à des niveaux différents deux sillons sensiblement paral- lèles aux précédents. D’autres sillons semblables, mais bien plus nombreux, se détachaient latéralement de l'aire unie, mais sans laisser entre eux de sillons intermédiaires. Les plis étaient plus étroits que les sillons et en coupe avaient la forme de V ; ils s’anas- tomosaient assez fréquemment, et devenaient plus larges dans la région des lèvres. D’après Carte et Macalister (35 ,203), la coupe des sillons serait quadrangulaire, et d’après Murie (27,208), elle serait plissée et plus large vers le bas qu'à la surface; il est probable que ces divergences d'opinion sont dues aux divers degrés d'extension ou de contraction de la paroi ventrale. La présence d’anastomoses entre les plis est contestée par Perrin (39 ,807); mais tous les autres observateurs sont d’une opinion contraire. Recouverte par sa cuticule lisse et unie, la peau présente une coloration en rapport avec la couche pigmentaire de l’épiderme. Généralement les Cétacés sont d’un noir ardoisé sur le dos, blancs sur la face ventrale avec des transitions ménagées entre les deux zones ; quelquefois une bande blanche apparaît sur les nageoires pectorales (Balænoptera rostrata) ou sur la face supérieure du rostre (Lagenorhynchus albirostris). Plus rarement le Cétacé est complètement blanc {Delphinapterus leucas), avec des nageoires roses (Sotalia sinensis) ; plus rarement encore le corps est complè- tement noir (Globicéphale) ou d'une teinte générale allant du gris bleuàtre clair au blanc pur (Sotalia brasiliensis). Les cas d’albinisme sont très rares chez les Cétacés. see Tous les Célacés ont un petit nombre de poils sur le museau, et très fréquemment autour de l’évent, pendant la vie fœtale. Après la naissance ces poils tombent et ne laissent pour trace que leur follicule qui finit bientôt lui-même par disparaitre. La persistance de ces poils est quelquefois beaucoup plus grande ; dans la grande Baleine du Jardin des Plantes, Paul. Gervais put observer des poils sur le museau et autour de l'évent ; plus récemment, Struthers à recueilli des poils assez nombreux sur une Mégaptère ayant à peu près la taille de l'adulte (64,119) : ces poils étaient blancs, ils mesuraient environ 2 centimètres de longueur et faisaient une saillie de 5 millimètres à la surface de la peau. D’après Clark (48,688) et Cunningham (49,681) des Lagénorhyn- ques de taille assez forte ont encore de chaque côté # poils noirs sur la lèvre supérieure ; dans le fætus d'Orcella brevirostris, les poils ont la mème couleur et sont au nombre de cinq. (50,371). Le baleineau que j'ai étudié avait quatre poils blancs de chaque côté sur la lèvre supérieure ; un autre poil de mème couleur se trouvait sur le côté gauche des évents, mais le poil du côté droit avait disparu. Persistants ou cadues, ces poils sont toujours très peu nombreux et complètement inutiles. Pour se protéger contre la déperdition de chaleur et les variations de température du liquide ambiant, le Cétacé est partout revètu de la couche de lard dont j'ai parlé plus haut. Très réduite et en certains endroits presque nulle sur les nageoires pectorales et crudale, cette couche atteint des dimensions considérables sur les carènes dorsale et ventrale de la queue, et surtout au voisinage de la nageoire dorsale qui, malgré sa structure fibreuse, est une masse de graisse assez semblable à la bosse de cer- tains Ruminants. Dans la grande Balénoptère, étudiée par Turner (43), la couche de lard présentait les épaisseurs suivantes : sur les côtés et à l’angle de la machoire inférieure, de 25 à 37 centimètres ; sur la surface ventrale, 10 centimètres : en avant de la nageoire dorsale, 40 centimètres ; et en arrière de cette nageoire de 35 à 52 centimètres. D’après mes observations, l'épaisseur du lard varie de 2 à 3 centimètres dans le Dauphin et le Marsouin ; elle variait de 3 à 4 dans le baleineau de Balænoptera rostrata. C’est à la couche du lard qu'il faut attribuer la bosse céphalique qui donne à la tête de certains Cétacés un aspect si caractéristique. Cette bosse est très développée dans le Cachalot, l'Hypéroodon, le Globicéphale, le Grampus, et on la rencontre, mais à un moindre degré, dans le Dauphin et dans les espèces voisines. Elle est formée 5 — 34 — par un lacis inextricable de tissu fibro-élastique dans les mailles duquel se trouvent en adondance des matières grasses el huileuses (32,248) : ses relations avec les organes à blanc de baleine du Cachalot et de l'Hypéroodon sont extrèmement étroites. Gray a signalé dans la Baleine, une forte proéminence qu'on observe parfois sur le front de l'animal et qu'on désigne sous le nom de bonnet (85,170-171). Cette proéminence est très irrégulière, elle se compose de couches cornées parallèles dont la plus inférieure est fixée à la peau. On ignore complètement l’origine de cette for- mation qui est probablement de nature épidermique, elle peut se rencontrer chez toutes les Baleines, mème à l’état fœtal (4). APPAREIL DIGESTIF Armature buccale. — 1° Fanons.— Dans les Cétacés mysticètes, l’ar- mature buccale se compose de lames et de papilles cornées qui sont insérées sur la face inférieure des deux maxillaires supérieurs et qu'on désigne sous les noms de baleines où de fanons. Chez les Baleines les fanons forment deux séries qui ne se réunissent pas sur la ligne médiane en avant, chez les Mégaptères les deux séries se réunissent, enfin, chez les Balénoptères non-seulement les deux séries se réunissent en avant, mais elles convergent en arrière vers la ligne médiane et se terminent chacune en avant de l’isthme du gosier par une ligne courbe à tendance spirale et à cavité dirigée en avant. Dans les Mégaptères et les Balénoptères, les fanons sont courts et atteignent au maximum 95 centimètres de longueur dans les grandes espèces (Balænoptera musculus, B. Sibbaldii) sans dépasser de beaucoup 20 centimètres dans les espèces les plus petites, telles que la B. rostrata (60). Dans les Baleines, au contraire, les fanons sont extrèmement développés et mesurent parfois 5 mètres de longueur ; en général, dans la région où ils atteignent les plus grandes dimensions, ils ont plus de la moitié de la longueur du rostre (70,32). La disposition et les rapports des fanons ont été bien étudiés par Hunter (3), Ravin, Eschricht et Reinhardt (20); plus récemment Turner (43), Tullberg (95) et Delage (60) ont précisé ces rap- ports et donné des détails intéressants sur la structure de ces (1) P.-J. Van Beneden. Sur le bonnet et quelques organes dun fœtus de Baleine de Groëntand. Bull. Acad. Belg., t. XXVI, 1868, 186-195. = Rhites organes ; l'analyse suivante se rapporte particulièrement à ces derniers travaux. Les fanons sont implantés de chaque côté dans la muqueuse qui recouvre les mâchoires supérieures, et les os maxillaires sont excavés et perforés par des vaisseaux sanguins dans les régions qui reçoivent ces organes. Là l’épiderme de la muqueuse est dépourvu de couche cornée; il prend d’ailleurs une épaisseur considérable, ‘acquiert l'élasticité et la consistance du liège et constitue la subs- tance subéroïde (gomme des baleiniers anglais, Bartenwizschensubs- tanz de Tullberg); la couche la plus profonde de l’épiderme, celle qui constitue la zône pigmentaire, joue le rôle principal dans la for- mation des fanons et, en raison de son rôle spécial, à été désignée par Delage sous le nom de couche formatrice. Le derme sous-jacent se soulève en lames terminées par des papilles exactement comme dans la peau, seulement dans la région qui nous occupe, les lames sont dirigées transversalement. On trouve ainsi, d'avant en arrière, dans la région occupée par les fanons, des lames dermiques trans- versales terminées par des papilles; continues du côté externe, ces lames s’interrompent par intervalles du côté interne, si bien que chaque rangée transversale se compose en réalité d'une lame très large, puis de lames internes plus réduites, mais toutes placées à la suite dans la direction de la grande lame externe; enfin tout à fait du côté du palais, les lames n’existent même plus et les papilles isolées font simplement saillie à la surface du derme. Les lames et papilles s'enfoncent dans la substance subéroïde et se trouvent par conséquent coiffées par la couche pigmentaire qui, dans ces portions-là seulement, mérite à vrai dire le nom de couche formatrice. Sur les lames comme sur les papilles, les cellules de la couche formatrice se transforment en cellules cornées en même temps que des cellules nouvelles se produisent dans cette couche en contact immédiat avec le derme des papilles et des lames. La conséquence de cette transformation, c'est que lames et papilles se trouvent bien- tôt coiffées par une couche cornée qui divise la couche formatrice en une zone interne ou médullaire en contact avec le derme et en une zone externe en contact avec la substance subéroïde, ces deux zones étant seulement séparées par la coiffe cornée. À partir de ce moment l’épaississement de cette coiffe se produira aux dépens des deux zones ; il y aura, en un mot, épaississement interne et épais- sissement externe. Ce dernier épaississement doit être, a priori, plus rapide que le premier ; il recouvre les lames de couches cor- — 360 — nées successives sensiblement parallèles et les papilles de couches cornées concentriques. Il arrivera dès lors un moment où les cou- ches cornées des diverses papilles d’une mème lame arriveront en contact et finiront par ne plus laisser aucun intervalle entre elles, la couche formatrice déposera des couches nouvelles autour de l’en- semble et ainsi se constituera une couche corticale enveloppant les diverses couches papillaires, Fensemble ayant la forme d’une lame si les papilles sont réunies sur une lame (/anons lamelliformes) ou d’une soie complexe si plusieurs papilles se sont développées sur un pied arrondi (fanons composés filiformes) ; dans le cas d’une papille isolée, le fanon est simple et il n°y a pas lieu de distinguer une couche corticale (fanon simple filiforme). La couche subéroïde S’accroit continuellement par les assises profondes de la couche formatrice et continuellement aussi se dé- truit par la surface. Cette substance, dit Delage, « en se détruisant sans cesse déchausse les fanons à leur base, et ainsi se trouve expli- qué l'allongement de leur partie libre. — Les fanons ainsi déchaus- sés finiraient par tomber, mais les substances subéroïde et médul- laire, au point où elles se réunissent à angle aigu sous leur base, se transforment sans cesse en substance cornée, allongent cette base et la maintiennent ainsi à une distance invariable de la muqueuse. » Les notions précédentes nous donnent une idée sufiisamment exacte sur le groupement et l’origine des fanons. On les trouve disposés par rangées transverses sur là muqueuse des maxillaires supérieurs; dans chaque rangée les fanons externes sont des lames assez larges, du côté interne les lames deviennent de plus en plus étroites et bientôt sont remplacées par des fanons filiformes. Si l’on examine une rangée, on trouve qu'elle forme un triangle presque rectangle dont la base est le maxillaire, la hauteur le côté externe et l'hypoténuse le côté interne. Ce dernier est un peu arqué; et il porte une série de longs filaments qui représentent les extrémités libres et flottantes des fanons filiformes, ceux-ci, par leur union, constituent un fanon lamelliforme où un fanon liliforme composé. Il est naturel, en effet, que les extrémités libres des fanons composés soient formées de fanons filiformes simples peu adhérents entre eux ; ils correspondent à la partie qui s’est produite la première et ils n’ont pas eu le temps d’être enfermés dans la couche corticale, ou si cette couche existait, elle était peu épaisse et a fini par se détruire, laissant en liberté les fanons simples qu'elle embrassait. En mème temps se détruisait peu à peu l’extré- mité de ces fanons simples ; la cavité renfermant la papille se — 31 — trouvait mise à nu et le canal de la papille finissail par traverser le fanon de la base au sommet. La papille elle-même se trouve détruite à l'extrémité, mais elle parcourt le fanon sur une partie considérable de sa longueur ; quant à la lame dermique, elle est embrassée par la base bifurquée des fanons lamelliformes. — Les papilles sont parcourues par une veinule et une artériole qui émettent des capillaires; ces vaisseaux donnent leur coloration rose aux fanons clairs de la Balænoptera rostrata (43) mais, à lexa- men macroscopique, ils passent généralement inaperçus dans les fanons noirs ou presque noirs des autres Mysticètes. Des papilles se rencontrent aussi dans la substance subéroïde qu'elles contri- bueraient à accroître, d'après Turner, mais sans former de subs- tance cornée. Les fanons lamellilormes, d’après tous les auteurs, s'accroissent en largeur par l’adjonetion de fanons simples où composés situés sur leur bord interne. Malgré ces phénomènes de fusion ultérieure, le nombre des fanons internes reste le même; d'après Eschricht et Reinhardt, en effet, «l'apparition graduelle des lames formatrices des fanons auxiliaires n’est en aucune façon limitée à la vie utérine, mais se continue durant les premières années après la naissance ; elle se produit assez longtemps et se continue dans la mesure mème suivant laquelle les grands fanons auxiliaires s'unissent au fanon principal. » Par contre, le nombre des rangées ne change pas depuis la naissance (20,74 et 95,30). Les observations de Tullbergont montré que les premières saillies dermiques, destinées à former des fanons, se produisent dans la région moyenne de la mächoire ; les autres se forment ensuile en en avant et en arrière; les saillies se groupent déjà en rangées parallèles : les plus externes se présentent sous forme de lames el les autres comme des papilles coniques qui s’uniront ullérieure- ment aux lames (95,14); d’après Pouchet et Beauregard (97,477) les lames externes seraient elles-mêmes formées par des papilles fusionnées. Pour Delage, «les fanons ne sont pas des poils, mais d'énormes papilles cornées » (60,78), et, en effet, on ne retrouve nullement, dans la formation des fanons, l'invagination épidermique qui carac- térise au début la formation des poils. Depuis longtemps, du reste, on a éloigné toute assimilation entre les poils et les fanons ; Milne- Edwards (30, VI, 123) et plus récemment Tullberg (95,31) les consi- dèrent comme desformations analogues à la plaque épaisse et cornée de l'Ornithorhynque (Milne-Edwards) et à la corne du Rhinocéros (Tullberg). Turner (43) compare les fanons aux plis et aux papilles qui occupent transversalement le palais des Ruminants (Girafe) ou aux papilles cornées de la langue des Carnivores ; cette dernière assimilation, analogue au fond aux précédentes, a été reprise et généralisée plus tard par Pouchet et Beauregard (99,478). 90 Dents.— Tous les Cétacés ont des dents pendant la vie fœtale au moins. Chez les Mysticètes, toutes ces dents disparaissent avant la naissance ou peu de tempsaprès, etchez les Cétodontes mème, il n’est pas rare de voir disparaître dans l'adulte des dents qui avaient existé chez le jeune. Ainsi, chez les Cétodontes Ziphioïdes, l'adulte ne possède généralement pas de dents à la mâchoire supérieure, et les dents de la mâchoire inférieure, très souvent réduites à deux et situées plus ou moins en avant, se trouvaient suivies, dans le jeune, par d’autres dents plus réduites et toutes ou presque toutes caduques. Le Grampus présente des caractères à peu près analogues; dépourvu de dents à la mâchoire supérieure quand il atteint l’âge adulte, il peut en présenter six paires parfaitement développées à la mâchoire inférieure (88,350) ; mais ces dents elles-mêmes sont caduques ; on peut n’en trouver que deux et Mübius signale même un Grampus complètement dépourvu de dents. Dans le Narval, quatre dents seulement se présentent dans la gencive du fœtus, localisées à l'extrémité de la mâchoire supérieure; les deux posté- rieures sont rudimentaires et rapidement caduques ; les deux autres se développent (92,515) parfois chez le male, et bien plus rarement chez la femelle en défenses extraordinairement allongées en avant, mais presque toujours la dent droite chez le mâle, les deux dents chez la femelle, restent rudimentaires et cachées dans leur alvéole. La dentition du Cachalot est un peu plus complète; ce Cétodonte ne parait présenter de dents qu’à la mächoire inférieure, et ces dents sont reçues dans des fossettes gingivales de la màchoire supérieure. Si l’on examine ces fossettes chez l'adulte, on peut découvrir dans leur voisinage, ou même dans leur intérieur, des dents rudimentaires faiblement fixées; ces dents, du reste, ne peuvent ètre considérées comme franchement persistantes ; Bennett en à trouvé huit de chaque côté (10,127) mais L. de Sanctis n'a pu en découvrir qu'une paire (53,170). A l'exception du Grampus et du Narval, les Cétodontes delphinidés et platanistidés présentent presque toujours un nombre de dents considérable on en peut compter jusqu’à 68 de chaque côté et à chaque mâchoire dans l’Inia et jusqu’à 60 dans le Delphinus longirostris (70,12). — 39 — Toutes les dents des Cétacés sont très semblables entre elles et, dans la plupart des cas, il est presque impossible de distinguer par leur forme les incisives, les canines et les molaires. C’est chez les Cétacés fossiles du genre Squalodon que cette distinction se pré- sente avec le plus de netteté, car les dents postérieures, qui corres- pondraient aux molaires, ont la couronne triangulaire. crénelée et sont pourvues de deux racines. La distinction peut aussi s'établir avec une certaine facilité chez les Platanistes et les Inia ; dans ces deux genres, en eflet, les dents postérieures ont une couronne mousse, celles des [nia présentent même une espèce de talon et celles des Platanistes sont parfois munies d’une double racine (88, 352). À ce point de vue, le Plataniste sert d'intermédiaire entre les Squalodons et les Cétacés actuels ; ces derniers, en effet, ont toujours des dents simples à une seule racine et le plus souvent coniques. Dans le Marsouin et la Neomeris, les incisives sont per- sistantes à l’âge adulte, mais chez la plupart des autres Cétacés elles sont rapidement caduques. Les notions les plus générales que nous possédions sur la structure des dents des Cétacés sont dues à R. Owen (88, 355-358). D'après ce savant observateur, «la dentine de la dent des Cétacés carnivores est très remarquable, car les nombreuses cellules calei- gènes (calcigerous),sont distribuées généralement en plans parallèles aux surfaces de la dent et donnent à celle-ci, sur une coupe verti- cale, f’apparence des couches concentriques de dentine. La dentine est aussi caractérisée par la libre communication des tubes soit immédiatement ou par leurs branches, avec ces cellules et, par l'intermédiaire de leurs fins prolongements, avec les _cellules à prolongements radiaires du cément. L'obturation rapide de la cavité de la pulpe, dans la dent des Cétacés, est en rapport avec la libre communication de ces fins canaux ; ceux-ci servent à la circulation de la liqueur sanguine à travers les tissus dentaires qui sont ainsi maintenus en connexion vitale avec le reste de l'organisme. » Le cément est lui-mème traversé par des tubes perpendiculaires à la surface. La couronne des dents est souvent revètue d’émail à l’âge adulte ; c’est le cas du Squalodon, de l'Hypéroodon ($S, 347), des Orques (70, 546), du Globicéphale (70, 552), du Marsouin (70, 581), mais souvent aussi la couronne est, comme la racine, recouverte par du cément, soit que l'émail ait disparu, soit qu'il n'ait jamais existé. (Narval, Cachalot, et tous les Cétacés ziphioïdes à l'exception de l'Hypéroodon, etc.). — AÙ — Les recherches d'Anderson sur les dents postérieures du Plataniste (50, 437-440) et de Turner sur les Mésoplodons (73, 466-476 et 51, fig. 18-21) sont excellentes pour montrer comment les dents de certains Cétacés se modifient avec l’âge et perdent leur émail! Les dents postérieures du Plataniste très jeune sont formées de dentine etsimplement recouvertes par de l'émail ; plus tard la cavité de la pulpe s'oblitère presque complètement et à la base de la dent se forment, probablement aux dépens du périoste, des couches super- posées et à croissance basipète d’une substance qu'Anderson désigne sous le nom de cément ou d'ostéodentine. La jeune dent finit par être portée au sommet d’un fût formé par cette substance ; elle est usée par les frottements, son émail disparait, puis bientôt sa dentine et la dent adulte n’est plus formée que par du cément. Les dents antérieures restent grandes et ne subissent pas ces modifica- tions extérieures (88,352). Dans le Mésoplodon la dent du jeune est recouverte d’émail au sommet et de cément à la base; plus tard, quand la cavité de la pulpe s'est fermée, le denticule primitif s'est trouvé porté au sommet d’une colonne à croissance basipète qui se compose de cément au dehors et de vaso-dentine en dedans. Comme dans le Bérardius étudié par Flower (45,223), l'émail du denticule disparaît et la dentine est mise à nu au sommet de la dent. Dans le fût de la dent du WMesoplodon Sowerbyi Ray-Lankester décrit de l’ostéo-dentine, de même que Flower dans le Bérardius ; mais il est probable que les formations décrites sous les noms d’os- téo-dentine et de vaso-dentine par les auteurs précédents sont très analogues et qu'il en est de même pour l'ostéo-dentine indiquée au centre de la dent du Cachalot par R. Owen. Dans le Narval, le puissant développement de la dent gauche à pour cause la persis- tance de la cavité de la pulpe; rétrécie à la base, cette cavité s'élargil un peu plus en avant et se continue presque jusqu’à l'extrémité de la défense (88,348). On doit à R. Owen (88, 358-360) quelques observations très intéressantes sur le développement des dents des Cétacés. Une grande partie de la dent s’est formée avant que la matrice den- taire ne soit entourée par une alvéole osseuse ; elle n’est jamais du reste, à aucune période, complètement enfermée dans celle-ci. Dans les Delphinidés, par exemple, les dents se développent successi- vement d'avant en arrière ; supportées d’abord simplement par la gencive, leurs racines sont ensuite logées dans une gouttière alvéolaire, et finalement dans une alvéole bien limitée, si bien qu'on peut voir en avant des dents renfermées dans des alvéoles et Wu le plus en arrière dans un sillon, comme dans la mächoire de lAlligator adulte. A ce point de vue, par conséquent, les Cétacés ont conservé des caractères embryonnaires qui rappellent les Reptiles et certains Poissons. Les recherches de Pouchet (96), sur le Cachalot, de Pouchet et Chabry (94) sur les Balénoptères nous ont fait connaitre les pre- mières phases du développement des dents chez ces animaux. Dans les deux cas, la pulpe dentaire forme à son sommet un chapeau conique de dentine. La colonne pulpaire et le chapeau sont recou- verts par l'organe adamantin, mais il n’y a jamais formation d'émail. Pouchet à montré, en effet, que si l'organe adamantin est nécessaire à la formation de l'émail, il n’entre en fonction qu'autant qu'il a suivi une évolution spéciale en devenant aréolaire par péné- tration du tissu mésodermique. Or cette évolution ne parait se pro- duire dans aucun des deux cas et « si la dent du Cachalot ne s'atrophie pas comme celle des Balénides, il faut sans doute en chercher la raison dans la formation précoce, à la surface de celle-là, d’une couche de cément qui la protège après la disparition de l'organe adamantin. » Dans les Balénoptères, la paroi externe de l'organe adamantin se dissocie de très bonne heure, mettant en communication le tissu lamineux ambiant avec l'organe ; plus tard, sa paroi interne se dissocie à son tour et le tissu lamineux vient en contact avec le chapeau de dentine. Celui-ci se perfore par endroits, le tissu lamineux se met en relation avec la pulpe dentaire et cette disposition est probablement le signal de la disparition des dents. Cavité buccale et pharynx. — La cavité buccale est limitée en dessus par la voute palatine, en dessous par le plancher buccal sur lequel s'élève la langue, sur les côtés par les maxillaires et par les lèvres qui les recouvrent. Les joues n'existent pas chez les Cétacés. La langue fait plus ou moins saillie sur le plancher buccal et se confond avec lui en arrière où elle forme la partie antérieure de l'entonnoir pharyngien. C’est un organe charnu, éminemment musculaire ; elle est parfois complètement unie à la surface comme Rapp l’a indiqué dans le Narval (12,131), mais bien plus souvent elle présente de ce côté des orifices muqueux et des papilles de diverse nature. Dans le Dauphin vulgaire, j'ai observé à son extrémité postérieure des cryptes muqueuses disposés en V comme les papilles cäliciformes de l’homme et, en avant de ces cryptes, des papilles de diverse nature qui, se trouvant plus 6 abondamment en arrière, élaient accompagnées de conduits mu- queux débouchant sur une faible saillie et présentaient le plus souvent le renflement terminal des papilles fongiformes. Anderson mentionne des formations de même nature dans l'Orcella brevirostris (50,372); comme dans le Plataniste (50,434) il signale beaucoup de glandes muqueuses ramifiées. En général, des papilles et des pores muqueux sont signalés par tous les auteurs, mais beaucoup n’ac- cordent pas aux cryptes dont nous avons parlé la valeur de papilles caliciformes. Dans les Mysticètes la langue est soudée sur toute sa longueur au plancher buccal, elle n'a pas de pointe libre et c’est à peine si ses côtés, dans quelques espèces, se distinguent de la masse linguale et constituent des bords accusés. Dans les Célodontes, au con- traire, la pointe de la langue est libre sur une certaine longueur et, en avant au moins, se distingue du plancher buccal par des bords parfaitement dessinés. Toutefois, ces deux règles ne sont pas sans exception : dans la Balænopterarostrata(Waagewall, 15,108) la pointe de la langue serait libre en avant comme dans les Cétodontes (1) ; dans le Delphinaptère (52, 396)- et dans le Plataniste (50, 433) elle serait au contraire fixée à son extrémité comme dans les Mysticètes. Il en était de mème dans le Marsouin adulte que j'ai étudié. Quand la pointe de la langue est libre elle présente généralement des fissures ou des franges dont la longueur peut varier beaucoup ; quand elle est fixée, son bord est au contraire le plus souvent uni. Mais comme les précédentes, ces règles sont soumises à quelques exceptions : c’est ainsi que la langue du Delphinaptère (52, 396) est fortement frangée sur son bord antérieur tandis que celle du Globicéphale ne présente aucune trace d'échancrure (37, fig. 5). Le pharynx allongé et infundibuliforme fait communiquer la cavité buccale avec l'æsophage ; son plancher est constitué par la partie postérieure de la langue et par la muqueuse post-linguale ; son toit appartient au voile du palais et se prolonge en arrière de l’orifice des arrière-narines par la muqueuse pharyngienne qui n’est, après tout, que l'extrémité antérieure de la muqueuse de l’æsophage. Compris entre le voile du palais et le prolongement postérieur du toit pharyngien, l'orifice qui fait communiquer les arrière-narines avec la cavité pharyngienne se présente sous la forme d’une perforation située dans le toit de l'entonnoir dont nous parlons. Sur le plancher de ce dernier, et immédiatement en avant (l) Carte el Macalister la disent au contraire fixée (35, 330). — 43 — de l’æsophage, fait saillie l'extrémité supérieure du larynx qui se présente sous la forme d’un tube pyramidal dont les parois sont formées en arrière par les cartilages aryténoïdes et en avant par l'épiglotte dont les côtés se relient à ces cartilages. Sous l’action de museles spéciaux, le tube laryngien peut être amené vers le haut, son extrémité supérieure s'engage dans l'orifice des arrière- narines, il est pincé par un sphincter qui entoure cet orifice et une communjcation directe s'établit entre les poumons et l'air extérieur par l'intermédiaire des narines. C’est par ce procédé que lanimal respire en mênie temps que s'effectue la déglutition ; le tube laryn- gien traverse alors le pharynx comme un pilier, et les aliments, pour arriver dans l’æsophage, doivent se diviser en deux parties et passer à droite et à gauche de ce pilier. Une disposition analogue existe dans l’Eléphant, le Chameau, le Cheval (30, VI,271)etchezles jeunes Marsupiaux quand ils sont attachés aux mamelles de la mère, dans la poche marsupialé (41, 324). Chez les Cétacés, le voile du palais est toujours dépourvu de luette. Les muscles propres de la langue ne diffèrent pasde ceuxdes autres Mammifères ; les génio-glosses, hyo-glosses el stylo-glosses ont été décrits chez tous les Cétacés, et Rapp (12,133) signale un mylo-glosse dans les Delphinidés ; on trouve aussi les muscles linguaux qui forment dans l'organe des muscles intrinsèques dont les uns sont dirigés dans le sens longitudinal et les autres dans le sens transver- sal. Ces muscles servent à mouvoir la langue dans différentes direc- tions sans jamais lui communiquer des mouvements bien étendus. Sur la face inférieure du plancher buccal, au-dessous des muscles précédents, le mylo hyoïdien réunit les deux branches de la mâ- choire inférieure et s'étend souvent, sinon toujours, jusqu’à l’os hyoïde ; ce musele soulève le plancher buccal et rapproche la lan- gue du palais. Enfin, à la naissance du pharynx, dans la région ‘ occupée chez l’homme par les piliers du voile du palais, un musele sphincter très développé et constitué par les palato-glosses peut, en se contractant, fermer l'isthme du gosier et séparer complètement le pharynx de la cavité buccale. Ces dispositions caractéristiques sont en rapport étroit avec la manière dont l’animal prend et avale sa nourriture sans nuire à la respiration. Dans un Mysticète, par exemple, les lèvres inférieures sont épaisses, très élevées et peuvent s'appliquer exactement contre les lèvres supérieures moins développées. La bouche s'ouvre par l’action du dépresseur de la mâchoire inférieure qui, fonctionnelle- ment du moins, correspond au digastrique de l'homme (35,221), et le plancher buccal présente alors la forme d'un sac dans lequel serait logée la langue. D'après Turner (43), l'animal nage la bouche ouverte et engloutit la proie qui se trouve sur sa route ; pour que l'eau ne puisse pas pénétrer dans le pharynx, les palato-glosses se contractent et ferment l’isthme du gosier. L'animal relève ensuite la mâchoire inférieure, rapproche un peu les lèvres et les fanons viennent se loger entre les maxillaires inférieurs et la lapgue. En cet état la cavité buccale se trouve singulièrement restreinte, étant comprise entre les fanons, la langue et la voûte palatine. Par la contraction du mylo-hyoïdien, la paroi du sac maxillaire se sou- lève, la langue se rapproche du palais, l’eau est chassée au dehors par le treillis des fanons et la proie reste dans la bouche, retenue par ces derniers et par leurs prolongements filiformes. Alors s'ouvre l’isthme du gosier et la déglutilion commence. Si l'animal a intro- duit son tube laryngien dans Fl'érifice des arrière-narines, les aliments pénètrent purement et simplement dans l'æsophage en passant à droite et à gauche du tube. Mais si l'animal n’est pas dans la période active de la respiration, s’il plonge par exemple, le tube laryngien se couche sur le plancher pharyngien, son orifice étroit se ferme complètement, et la masse alimentaire, pro- tégée du côté des arrière-narines par le voile du palais, pénètre dans l’æsophage sans faire irruption dans les voies respiratoires. Chez les Cétodontes les phénomènes se succèdent à peu près de la mème manière, mais la bouche étant dépourvue de fanons, les lèvres sont moins épaisses et peu élevées. Des glandes muqueuses et des papilles se retrouvent nombreuses dans le pharynx et se relient sans interruption à celles de la langue. Dans le Dauphin vulgaire, Rapp signale plusieurs masses glandulaires situées sur la ligne médiane et s’ouvrant par plusieurs orifices ; malgré leur position, il les considère comme des tonsilles (12,132), mais, ces organes n'ont jamais été observés depuis chez les Cétacés, si ce n’est par Anderson qui les signale avec doute dans l'Orcella (50,373). Les Cétacés ressemblent à la plupart desautresanimaux aquatiques en ce qu'ilssontordinairement dépourvus de glandessalivaires. Carte et Macalister signalent des parotides en arrière du tendon du muscle temporal dans le Balænoptera rostrata (31, 222) ; Anderson aurait trouvé les mèmes glandes dans le Plataniste (42, 455) et Watson et Young des sous-maxillaires dans le Delphinapterus leucas (44, 397). Murie a étudié, avec suffisamment de détails, les glandes parotides VE — 4) — et sous-maxillaires du Globicéphale, du Grampus et du Lagénorhyn- que. D’après Heddle, les glandes salivaires de la Balænoptera muus- culus Seraient assez grosses pour remplir un baril. Œsophage et estomac. — L'æsophage des Cétacés est un canal qui s'étend du pharynx à l'estomac en se dilatant le plus souvent à son extrémité postérieure. Très large chez la plupart des Cétodon- des, il devient relativement étroit chez les Mysticètes. Dans un Marsouin de 5 pieds de long, dit Rapp (12, 13%) on peut y passer [a main pour pénétrer dans l'estomac, tandis que dans un baleineau de 18 pieds (Balæna mysticetus), sa largeur est à peine de 2 pouces %. Généralement pourvues de plis longitudinaux à leur intérieur, les parois æœsophagiennes se composent, comme de cou- tume, de fibres musculaires longitudinales et de fibres musculaires transversales. La muqueuse ne diffère pas sensiblement de celle du 1er estomac et sera étudiée en même temps que celui-ci; notons seulement qu'on y trouve des cryples muqueuses et que, dans l’Orcella, Anderson signale, du côté cardiaque, 4 ou 5 masses glan- dulaires qui se décomposent en lobules primaires et secondaires (50,374). Les Cétacés avaient leur proie telle qu'ils l'ont saisie et ne lui font subir aucune mastication ; à cet égard, ils ressemblent surtout aux Oiseaux et sont comme eux pourvus d’une panse dans laquelle se ramollissent et commencent à se dissocier les aliments. Du reste, comme ces derniers ne subissent là qu'une dissociation très incom- plète, la digestion doit s'effectuer très complètement dans l'estomac digérant qui est toujours formé de plusieurs cavités placées à la suite, très variables en nombre suivant les espèces et souvent très difficiles à séparer les unes des autres. De là des divergences nom- breuses qui, suivant l'expression de Milne-Edwards (30, VI, 518) « tiennent beaucoup plus à la manière d'interpréter les dispositions organiques observées qu'à un désaccord sur ces dispositions elles- mêmes. » C'est chez les Delphinidés que l'estomac se présente sous sa forme la plus simple et la plus typique Dans le Dauphin, par exemple, l’æsophage s'ouvre à la fois dans le 1° (panse) et dans le 2e com- partiment ; séparés par une courte cloison à leur origine, ces deux compartiments sont beaucoup plus développés que tous les autres et ont une forme ovoide ; le 4°r est tapissé par une muqueuse blan- che, ridée, rugueuse, ses parois musculaires sont très épaisses et très peu vasculaires ; le 2e au contraire à une muqueuse brune, — A6 — lisse, molle, très vasculaire et ses parois musculaires sont moins développées. Le 3° compartiment est petit, elliptique ; il se met en relation par un orifice étroit avec le compartiment précédent et par un autre avec le 4: ce dernier est allongé, tubulaire, plus ou moins en forme d'S: il est séparé du duodénum par un orifice pylorique muni d’une valvule musculaire; ces deux derniers compartiments sont sensiblement unis et rappellent par leur structure le deuxième. A quelques différences près dans la forme, c’est ainsi que se trouve constitué l’estomac du Lagenorhynchus albirostris. Il en est également de même dans le Globicéphale et dans le Grampus d’après Murie (32 et 37) à moins que, avec Turner (34, 71) et Fischer (32, 365), nous considérions comme un compartiment le conduit élargi qui fait communiquer les compartiments 2 et3; enfin nous aurions encore le même type d'estomac dans le Plata- niste si, contrairement à Anderson, nous donnions la valeur d’un compartiment très réduit au canal qui met en communication les cavités 2 et 3 décrites par cet auteur (50, 444). Dans le Cachalot, l'estomac présente encore une structure analogue en ce sens que l’æsophage communique aussi bien avec la seconde qu'avec la première cavité; toutefois il est bon d'observer que ces deux compartiments s'ouvrent très largement l’un dans l’autre. D'après Jackson (14, 142), chez cet animal, un troisième compartiment se mettrait en relation avec le deuxième, par un assez long canal, mais Pouchet et Beauregard considèrent ce compartiment comme un premier renflement duodénal (99,9). Chez d’autres Cétacés, l’æsophage est seulement en relation directe avec le premier compartiment, et le deuxième communique avec ce dernier par un orifice très rapproché du cardia. C’est ce qu'on observe dans l'estomac du Marsouin, presque identique d'ailleurs, à tous égards, à celui du Dauphin. Ce sera aussi la disposition offerte par les Mysticètes si l’on se rappelle l'observation faite par Milne-Edwards et que nous avons relevée plus haut. Les différents auteurs sont loin, en effet, d’être d'accord sur le nombre des compartiments de l'estomac dans les Mysticètes. Ainsi on a décrit : 3 compartiments dans la Baleine franche (Turner, 62), dans la Balænoptera rostrata adulte et dans la Megaptera longimana (Eschricht 15,98) ; 4 compartiments dans la Balænoptera rostrata (Perrin 39,811) et dans la B. musculus (Murie, 27,212) ; 5 compartiments dans la Baleine franche (Hunter), dans la Balæ- noptera rostrata (Carte et Macalister, (35,248) et Hunter) ; enfin dans un fœtus de celte dernière, Eschricht a observé une division en cinq cavités du dernier compartiment. Il est clair que ces divergences n’ont aucune valeur anatomique puisqu'elles tiennent aux appréciations différentes qu'on apporte dans la délimitation des compartiments ; il est plus clair encore qu'elles sont dominées par ce fait que la panse communique seule avec l’æœsophage et que le second compartiment se met en relation avec elle par un orifice très rapproché de ce dernier. Par conséquent, nous ferons encore rentrer dans ce type les estomacs du Delphinaptère (52,401) et du Narval (Meckel) quoi- qu'ils présentent l’un et l’autre cinq compartiments et c'est encore- à ce type qu'appartiendra l'estomac de l'Orcella brevirostris si, au lieu de le considérer avec Anderson (50,375-377) comme formé de trois cavités, nous attribuons la valeur d’un compartiment au conduit qui met en relation les deux dernières. Chez les Cétacés ziphioïdes, comme dans les précédents, l’æso- phage n'est en relation qu'avec le premier compartiment, mais celui-ci communique avec le suivant par un orifice opposé au cardia et, par suite, très éloigné de ce dernier; ce fait coïncide avec des différences organiques importantes sur lesquelles j'insisterai plus loin. Le nombre des compartiments est toujours très considé- rable : Turner en compte dix dans le Mésoplodon (62), Hunter, Vrolik et Turner (62) 7 dans l'Hypéroodon ; Jacob 8, Deslongchamps 8 à 9 (13, 12) et Eschricht 9 (15, 40) dans la mème espèce, enfin Burmeister signale 8 compartiments dans le Ziphius (Epiodon) qu'il aétudié et Parker 10 dans un Ziphius probablement identi- que. Si, dans toutes ces espèces, comme dans le Mésoplodon étudié par Turner, les compartiments communiquent entre eux par des orifices étroits et souvent munis de valvules, on sera porté à admettre que, chez les Ziphioides au moins, le nombre des com- partiments peut varier dans la mème espèce. On a observé depuis longtemps, en effet, des différences assez importantes entre l’estomac du jeune qui se nourrit encore de lait et celui de l'adulte. Rapp fait observer notamment (12,137) que la panse est très réduite dans les jeunes Dauphins, tandis que le 2e compartiment présente des dimensions relativement beaucoup plus grandes que tous les autres ; Eschricht à vérifié cette observa- tion sur les Mégaptères et les Balénoptères (15,97) el Turner sur le. rio Globicephalus melas (34,119). Des différences de même nature s’ob- servent chez les Ruminants. L'observation de Rapp est importante, car elle permet déjà de se faire, a priori, une idée du rôle que jouent, dans la digestion, les divers compartiments de l'estomac. Le faible développement de la panse dans le jeune prouve que cet organe n’a qu’un rôle faible ou nul dans la digestion des matières albuminoïdes et grasses, et comme ces matières constituent à elles seules la nourriture de l’adulte, le grand développement de la panse dans ce dernier nous permet de penser que cet organe est une simple antichambre de l'estomac, sans action immédiate sur la digestion. C'est le résultat auquel conduisent, en effet, les recherches histo- logiques les plus précises; et notamment celles de Boulart et Pilliet sur l’estomac du Dauphin (98). Dans cet animal, les parois du 1e: compartiment se composent de dehors en dedans : 4° d’une couche de fibres musculaires longitudinales ; 2° d’une deuxième couches à fibres circulaires; 3° d'un chorion conjonctif, élastique et vasculaire qui émet de longues papilles ; # d’un corps muqueux, épais dans lequel pénètrent les papilles précédentes; 5° d’un revèête- ment puissant formé par des cellules prismatiques, à striation scalariforme comme celles du corps muqueux; 6° d'un revêtement constitué par les cellules sous-jacentes qui s’atrophient peu à peu. Cette dernière couche s’enlève très facilement sur un animal mort depuis quelques jours. — Dans le > compartiment, les trois zones externes sont peu développées, mais les couches internes deviennent fortement glandulaires. Les glandes de cette région sont très longues et rappellent celles des Carnivores ; divisées en plu- sieurs lobes dans leur partie profonde, elles renferment tous les caractères des glandes pepsiques. Les compartiments 3 et 4 présen- tent tous deux la même structure ; leurs couches musculaires ne différent en rien de celles de la deuxième cavité, mais la muqueuse renferme des glandes en tubes longues, flexueuses dans leur partie profonde et présentant tous les caractères des glandes pyloriques ; on y trouve aussi des follicules clos. En résumé, le 1er compartiment est une simple dilatation de l’œsophage analogue à la panse des Ruminants ou au compartiment œsophagien qui communique largement avec l'estomac chez le Porc, le Cheval et chez certains Rongeurs; le 2 compartiment répond à l’estomac du fond des autres Mammifères ; les autres appartiennent à la région pylorique. Les recherches histologiques de Boulart et Pilliet s'accordent, dans . leurs traits essentiels, avec celles de Cleland (54) et de Weber (61) — 49 — sur l'estomac du Lagénorhynque et avec celles d'Anderson (42) sur le Plataniste et l’Orcella; de sorte qu'on peut considérer comme applicables à tous les Cétodontes, et probablement aussi aux Mysticètes, les conclusions formulées ci-dessus. Une exception doit être faite cependant, parmi les Cétodontes, en faveur des Cétacés ziphioïdes. En étudiant l'estomac du Mesoplodon, Turner (62) fut frappé de la différence profonde qui existe entre la muqueuse du 4 compartiment et celle de l’æsophage, différence qu'on n’observe pas, nous l'avons vu, quand on s'adresse à d’autres Cétacés. Tandis que l’æsophage présente de fins plis longitudinaux. la muqueuse du 1° compartiment est pourvue de larges plis cir- convolutionnés et ces différences extérieures sont en rapport avec des différences importantes dans la structure intime. La couche cornée de l’æsophage n'existe plus dans le 1e compartiment, et l’on observe dans ce dernier les glandes pepsiques normales. Turner considère par conséquent le 17 compartiment du Méso- piodon comme l’homologue du 2 compartiment des Cétacés non ziphioïdes. Weber est arrivé à la même conclusion dans ses recherches sur l'estomac de l'Hyperoodon (61) et il en est proba- blement de mème dans le Ziphius de Burmeister. Les Cétacés ziphioïdes se trouvent par conséquent dépourvus de la dilatation œæsophagienne qui joue le rôle de panse et l’æsophage débouche directement dans le compartiment stomacal qui corres- pond au deuxième du Dauphin. Ainsi s'expliquent, d'après Turner, les rapports remarquables qui existent entre les deux premiers compartiments, dans l'estomac de ces animaux. Parfois pourtant, et sans doute sous l'influence de l’atavisme, la dilatation œsopha- gienne peut se produire sous un faible développement ; cette anomalie curieuse a été signalée par Eschricht dans un Hypéroodon (15,40). En résumé l'estomac des Cétacés se compose d’un estomac divisé en deux régions: la 1e, qui est la plus rapprochée de l’æsophage, forme une cavité distincte tapissée de glandes pepsiques, la seconde, subdivisée en compartiments plus où moins nombreux est pourvue de glandes pyloriques et se termine au pylore. Entre l’æsophage et la première région s'intercale le plus souvent une dilatation œsophagienne qui joue le rôle de panse. Quand la panse est absente, les compartiments de l'estomac sont toujours très nombreux (Cétacés ziphioïdes) ; quand elle existe, tantôt elle s'ouvre dans l’œsophage en même temps que le 2 compartiment, (Globicéphale, Dauphin, etc.), tantôt elles'ouvre dans ce dernier non ” 7 loin de l'œsophage (Orcella, Marsouin, etc.), dans les deux cas, du reste, les compartiments slomacaux sont toujours assez peu nombreux. Avant de terminer ce chapitre, je dois signaler l'opinion de Carte et Macalister (35, 248), un peu différente de celle que nous avons exposée ci-dessus. Dans la Balænoptera rostrata, ces auteurs accor- dent un rôle tout particulier dans la digestion au dernier compar- timent stomacal : « Ce compartiment, disent-ils, semble être plus spécialement le siège de la sécrétion gastrique et aussi probable- ment de la digestion. Dans les autres Cétacés, on suppose ordinai- rement que les 2 et 3 compartiments constituent les vraies cavités digestives. » Les recherches histologiques de Carte et Macalister sont tout à fait insuffisantes pour servir d’argument sérieux à leur hypothèse. Intestin et glandes annexes. — L'intestin des Cétodontes se distingue par la grande uniformité de toutes ses parties; il ne présente ni cœcum, ni gros intestin différent de l'intestin grêle et toutes les divisions qu'on pourrait y établir seraient, par consé- quent, arbitraires. Chez les Mysticètes et dans le Plataniste, au contraire, existent un cœcum et un gros intestin parfaitement nets, signalés autrefois par Hunter (3, 411) et depuis par Eschricht, par Carte et Macalister, etc. Dansla Balænoptera rostrata étudiée par ces deux derniers auteurs, l'intestin grèle avait 80 pieds, le gros intestin 6 pieds et le cœcum 8 pouces (35, 249); le cœcum était un peu plus court dans le baleineau que j'ai étudié ; il est aussi plus court dans la Mégaptère (12, 100). A sa naissance, c’est-à-dire immédiatement en arrière du pylore, l'intestin est pourvu d’un renflement ou sac duodénal considéré autrefois comme appartenant à l'estomac. Cette dilatation atteint des dimensions considérables et se débouble mème en deux com- partiments successifs dans le Cachalot. Très caractéristique des Cétacés, elle pourrait cependant faire défaut dans certains types ; ainsi elle n’existerait pas dans la Mégaptère, d'après Eschricht (45, 100), dans le Ziphius d'après Burmeister, et dans la Balæ- noptera musculus d'après Murie (27, 212). Eschricht signale le renflement duodénal dans la Balænoptera rostrata, mais Carte et Macalister n’en font pas mention et ne le représentent pas dans la figure où il devrait se trouver (35, pl. VIL fig. 5). Eschricht (15, 100-101) à étudié avec beaucoup de soin les replis de la muqueuse intestinale dans les Mysticètes. Chez tous le — dl — gros intestin est muni de plis transversaux presque circulaires et très rapprochés les uns des autres, mais des différences profondes se font remarquer dans l'intestin grêle. Dans la Balænoptera rostrata il est occupé, sur toute sa longueur, par cinq ou six plis longitu- dinaux très saillants ; des plis transversaux très effacés existent dans les intervalles et toute la muqueuse est tapissée de villosités plus distinctes que dans aucun autre Cétacé. Dans la Megaptera longimana, au contraire, la muqueuse intestinale est occupée, au contraire, par des plis transversaux très saillants qui se réunissent à de courts plis longitudinaux ; les plis des deux ordres sont parallèles et l'ensemble figure des loges quadrilatères qui, à leur tour, sont divisées en loges secondaires par des plis moins développés ; les villosités n'existent pas et sont remplacées par de fins plissements comme dans l'intestin de l’'Esturgeon. Les plis intestinaux des Cétodontes se rapportent à l’un ou l’autre des deux types précédents : dans la Mégaptère les plis peuvent être considérés comme des valvules conniventes distribuées suivant un mode spécial, dans les Balénoptères les vraies valvules conniventes n'existent pas, mais les plis longitudinaux doivent jouer le mème rôle en ce sens qu'ils augmentent l'étendue de la surface absorbante de l'intestin. Des valvules conniventes typiques ont été rencontrées jusqu'ici chez tous les Ziphioïdes, ainsi que dans le Plataniste, le Grampus, le Globicéphale, le Delphinaptère et la Balænoptera Sibbaldii. Elles sont remplacées par des plis longitudinaux, toujours peu nombreux dans le Dauphin, le Marsouin, l'Orcella, et en général dans les Delphinidés les plus typiques. Les valvules conniventes de l'Hypé- roodon, telles qu’elles ont été décrites par Eschricht (15, 42) et par Deslongchamps (13, 13), sont d'une complexité extrème ; elles déter- minent dans les parois intestinales des loges profondes et subdivi- sées dont l’orifice est dirigé en arrière et permet aux matières diges- tives de circuler dans la direction de l’anus, mais non en sens contraire. Dans le Cachalot, Pouchet et Beauregard (99,93) décri- vent des valvules conniventes dans la deuxième dilatation duodénale, mais, d’après Jackson (14, 144), ces valvules seraient remplacées par des plis longitudinaux dans le reste de l'intestin. Quant aux villosités, elles n’ont été décrites que dans un nombre d’espèces très restreint, et il est impossible, dans l'état de nos connaissances, de donner quelque chose de général à leur sujet. Eschricht a relevé, chez les Mysticètes (15, 99, 100), quelques différences entre l'intestin du fœtus très jeune et celui du fœtus plus âgé. Dans le premier cas, le gros intestin a sensiblement le mème diamètre que l'intestin grèle et l’intestin mesure à peine 2 fois % la longueur du corps; dans le second cas, le gros intestin acquiert un diamètre beaucoup plus considérable que l'intestin grêle et l'intestin tout entier ne mesure pas moins de quatre fois la longueur du corps. Du reste la longueur relative du gros intestin ne parait pas varier beaucoup avec l’âge et le diamètre du cæcum est toujours à peu près égal à celui de l'intestin. Si nous passons du fœtus à l'adulte, nous voyons que le rapport de la longueur de l'intestin à la longueur du corps est très variable suivant les individus, les auteurs et qu'il peut varier de 16 à 5. C’est dans les Mysticètes que l'intestin a la longueur la plus faible relativement au reste du corps, et le rapport varie de 5 à 6 ; ce rap- port paraît être le même pour les Ziphioïdes, où, au moins, pour le Ziphius de Burmeister ; enfin chez les Cétodontes, il est en général beaucoup plus considérable et peut s'étendre de 6 % (Dauphin, d’après Rapp) à 16 % (Cachalot, d’après Jackson). Les glandes incluses dans les parois de l'intestin n'ont pas été également étudiées chez tous les Célacés, et nous pouvons dire à leur sujet ce que nous avons dit des villosités. Boulart et Pilliet décrivent dans les parois de l'intestin des glandes de Lieberkühn serrées et de courtes villosités, mais ils n’ont trouvé, dans cette ré- gion du tube digestif, ni glandes de Brünner ni les follicules clos qui constituent, en se groupant, les plaques de Peyer. Watson et Young(52,106)signalentdans le Delphinaptère,au voisinage du pylore, des formations glandulaires qu’ils considèrent comme des glandes de Brünner et ils décrivent en outre dix-huit plaques de Peyer. En général, les auteurs ne parlent que très rarement des glandes de Brünner des Cétacés, mais ils signalent le plus souvent, soit des follicules clos isolés (Cachalot, d’après Jackson), soit des plaques de Peyer parfois très étendues. Le foie des Cétacés présente des divisions encore moins pronon- cées que celles qu'on observe chez les Ruminants et chez les Pachy- dermes. C’est tout au plus s'il manifeste à sa pointe une division en deux lobes, le lobe droit étant en général plus développé que le gauche. Dans le Delphinaptère, la division en deux lobes n'existe même pas et dans le Cachalot le lobe gauche serait plus développé que le droit (14,144). La vésicule biliaire fait défaut et le conduit hépatique, avant de déboucher dans l'intestin, se réunit aux conduits pancréatiques. Le canal commun pénètre dans les parois du duo- dénum et, après les avoir suivies sur une longueur variable, débou- se — 03 — che dans la dilatation duodénale sur une saillie en général bien développée et qui constitue l’ampoule de Water. Dans le Dauphin, le canal commun s’élargit à son extrémité et présente à son intérieur des plis saillants dans lesquels s'ouvrent des glandes nom- breuses bien décrites par Boulart et Pilliet (98). Il y a aussi des replis et des glandes dans l'Orcella (50,382), mais les plis font défaut dans le Plataniste comme dans le Marsouin. Murie signale une dilatation terminale du conduit hépatique dans le Grampus. Le pancréas n’ofire rien de particulier. La rate, située au voisinage de l'extrémité postérieur de la panse, est le plus souvent accompagnée de plusieurs petites splénules. Comme le foie, elleest relativement réduite si on la compare au corps des Cétacés. De quoi se nourrissent les Cétacés? — Les Cétacés font la chasse aux autres animaux aquatiques et s'en nourrissent exclusivement ; ce caractère, avant tout autre, a permis de les séparer des Sirénides, autrefois appelés Cétacés herbivores. Nous ne sommes pas rensei- gnés d’une manière très précise sur les proies diverses dont s’em- parent les Cétacés ; le plus souvent les documents que nous possé- dons sont dus aux recherches anatomiques qui ont décelé des restes de nourriture dans la panse, ou à l'observation des fanons dans lesquels s’embarrassent fréquemment les petits animaux. Ces documents ne sont pas toujours d’une valeur incontestable, car les Cétacés avalent leur proie sans la broyer, ils l’engloutissent pour ainsi dire telle quelle et il ne leur est pas toujours possible d'éviter des corps étrangers qui ne jouent normalement aucun rôle dans leur nutrition. Témoin l'observation suivante faite sur la Baleine de Californie par le capitaine Scammon (47,24). « Nous avons observé, dit-il, plusieurs individus pris dans les lagunes et nous y avons trouvé les herbes que les baleiniers appellent jonc (sedge) ou mousse marine (une sorte de laitue marine) et qui, à certaines sai- sons, obscurcissent les eaux et forment des plages étendues à l’em- bouchure des estuaires. Beaucoup de naturalistes doutent que cela pénètre dans l'estomac comme nourriture et ils pensent que la Baleine, traversant des eaux occupées par ces plantes, doit néces- sairement, en ouvrant la bouche, en avaler plus ou moins et envoyer le tout dans l'estomac, puisqu'il n’y à pas d’autres voies pour s’en débarrasser. La quantité trouvée ne dépassait pas un plein baril (barrelful) .» : Eschricht a distribué les Cétacés en quatre groupes, suivant Îles proies dont ils se nourrissent. Ces groupes sont les suivants (15,7) : 1° Sarkophages. — Orques. 20 Teuthophages. — Physétéridés, Ziphioïdes, Delphinaptères, Narwals, Globicéphales. 3 Ichthyophages. — Marsouins, Dauphins, Platanistes, Balé- noptères. %° Ptéropodophages. — Vraies Baleines. Les Orques méritent à tous égards le nom de Carnivores (Sarko- phages) et doivent se placer avec les Requins parmi les plus redouta- bles animaux des mers. Réunies en troupe elles harcèlent et pour- suivent les grands Mysticètes et, d’après Cuvier, leur arrachent la langue dès qu'ils ouvrent la bouche. Elles s’attaquent aussi à des proies plus petites et comme leur taille (7 mètres et plus) est déve- loppée en raison de leur voracité, elles entassent ces proies dans leur énorme panse stomacale jusqu’à la remplir complètement. Dans une Orque de 7 mètres 50, étudiée par Eschricht (21, 159), la panse avait environ 2 mètres de longueur et 1 mètre 50 de large ; elle ne renfermait pas moins de 13 Marsouins et de 15 Phoques ! Ces ani- maux étaient entiers ou plus ou moins dissociés ; l’un d'eux était passé dans le 2 compartiment de l’estomac et un autre était dé- pouillé de sa peau qu'Eschricht retrouva dans la bouche accrochée aux dents. « La frayeur que ces animaux inspire est si grande, dit Van Beneden, qu'à la vue d’une lame de bois, qui imite leur nageoire dorsale, les Phoques se sauvent comme les Poules à la vue d'un oiseau de proie, et les pêcheurs ont tiré parti de cette frayeur pour mettre les Phoques en déroute. Une planchette en bois peint, fichée dans la glace, suffit à cet effet. » (78, 4). Les Teuthophages se nourrissent surtout de Calmars, sans négliger les autres Céphalopodes qui accompagnent ces derniers. Les becs de ces animaux se trouvent presque toujours en grand nombre dans l’estomac et mème dans l'intestin de ces animaux. Vrolik estime à 19,000 le nombre de becs trouvés dans un Hypé- roodon, et l’on se demande combien doit engloutir de Céphalopodes le gigantesque Cachalot dont les dimensions sont incomparable- ment plus grandes que celle de l’'Hypéroodon. Tous les Ziphioïdes et tous les Physétéridés se nourrissent de Céphalopodes comme les deux espèces précédentes et, ainsi qu'on l’a vu plus haut, il en est de mème des Delphinaptéridés et des Globicéphales. Aux Teuthophages signalés par Eschricht, nous devons ajouter les Pontoporia (31,489) et les Grampus (32,365). — Les Ichthyophages se nourrissent de poisson et comprennent, d’après Eschricht, la plupart des Delphinidés ainsi que les Bale- noptères. Dans la panse du Marsouin que j'ai eu l'occasion d'étudier se trouvait, recourbée en cercle, une Alose de 60 centimètres de longueur et parfaitement en chair ; à côté d’elle je pus observer un Merlan et les restes dissociés de quelques autres Poissons. Dans le Dauphin, la dissociation de tous les Poissons était achevée, et il ne restait plus dans la panse qu'un nombre considérables de têtes, de nageoires et de vertèbres. Les Balénoptéridés paraissent être beau- coup moins franchement ichthyophages que les Dauphins ; dans la Balænoptera musculus qu'il a étudiée, Murie (27, 212) ne signale que des fragments de méduses et des restes d'Entomos- tracés, et la Balænoptera borealis, d’après R. Collett (63), se nourrit exclusivement d'un petit Crustacé copépode, le Calanus finmarchieus. Eschricht range le Plataniste parmi les ichthyo- phages, mais d’après les observations plus récentes d’Anderson (50,421) cet animal recherche surtout un Crustacé, le Palæmon carcinus ; il mange aussi quelques Poissons et recueille même les grains de riz au voisinage des bateaux du Gange. Eschricht (15,9) considère les Mégaptères comme des formes intermédiaires entre les Balénoptères et les Baleines, au point de vue de la nourriture du moins. La Megaptera longimana, d'après Scammon (47,44) se nourrit en effet de Poissons et de petits Crus- tacés, mais elle ne diffère pas beaucoup, en cela, des ichthyophages, décrits plus haut. Quant aux vraies Baleines, elles paraissent recueillir les innombrables animaux pélagiques (Ptéropodes, Méduses, petits Crustacés, ete.) qui abondent à la surface des eaux, etce n’est pas sans étonnement qu'on voit ces géants de la mer se nourrir des proies les plus petites qu’elle renferme dans son sein. La Baleine de Biscayesenourrit de petits Crustacés (Guelde) et Scammon a trouvé des moules dans la bouche du Rhachianectes glaucus. Eschricht (15,8) a signalé des rapports entre la dentition des Cétacés et les proies diverses dont ils se nourrissent, mais ces rapports sont loin d’avoir la mème importance que chez les autres Mammifères, car l’armature buccale des animaux qui nous occupent sert uniquement à saisir la proie et à la mettre à l’abri de la fuite. Chez les Sarkophages, les dents sont fortes, puissantes et acérées; elles sont peu nombreuses, caduques, où mal implantées chez les Teuthophages et manquent même fréquemment à la mâchoire supé- rieure; les Cétododontes ichthyophages ont, à l'exception du 6 — Marsouin, des dents coniques toujours très nombreuses ; enfin, d'après R. Collett (63) on pourrait trouver, chez les Mysticètes, un certain rapport entre la finesse des fanons filiformes et la taille des animaux dont se nourrissent ces grands Cétacés. Discussions physiologiques. — Tous les auteurs sont d'accord pour considérer la panse comme une antichambre stomacale dans laquelle la proie se dissocierait et se détacherait des os pour passer ensuite dans les autres compartiments de l'estomac. Dans quel état se trouvent les chairs lorsqu'elles abandonnent la panse, c’est ce que l’on ne sait pas précisément, mais l'hypothèse admise par Owen (29,111,453), par Turner (62) et par d’autres, c’est que les sues digestifs peuvent passer du 2 compartiment dans la panse et commencer le processus de la digestion. Il arrive fréquemment (et c’est ce que j'ai pu observer moi-même dans l'estomac d’un Dauphin) que les restes enfermés dans la panse se composent seulement d'os et d’arêtes de Poisson, sans trace aucune de muscles et de chair. Que deviennent ces os, on ne le sait guère, etles hypothèses sont largement ouvertes. Observons toute- fois qu’on ne les rencontre jamais au-delà de la panse, et que l'observation d'Eschricht, d’après laquelle un Phoque aurait pénétré dans le 2 compartiment, est restée isolée jusqu'ici. On peut admettre, par conséquent, soit que les os sont expulsés par des vo- missements, soit qu'ils perdent d’abord leur calcaire et sont ensuite attaqués et digérés comme les matières albuminoïdes normales. Cleland ne parait pas accepter cette dernière hypothèse et pourtant elle n'aurait rien d’inadmissible si l’on songe que des becs de Calmars se trouvent normalement dans l'intestin de l'Hypéroodon et du Cachalot. Une autre hypothèse moins admissible à été proposée par Turner (34,71) sous une forme, il est vrai, relativement dubitative. Après avoir signalé les relations directes que l’æsophage présente, dans le Globicéphale, avec les deux premiers compartiments, le cétologue écossais ajoute que cette disposition « parait permettre, dans cet ani- mal, un processus de rumination limité au contenu des deux pre- miers compartiments et qu'un lien additionnel se trouverait ainsi établi, en ce qui regarde l'estomac, entre les Ruminants et les Cé- tacés. » Cette opinion a été combattue à bon droit ; Fischer (32,367) a fait observer notamment que la rumination serait impossi- ble à des animaux dépourvus de dents comme les Mysticètes ou seulement pourvus de dents à la mächoire inférieure comme les Grampus ; Watson et Young (52,404-405) ont ajouté à cet argument d'autres raisons non moins importantes, faisant remarquer surtout que la rumination des aliments est inutile quand un animal ne fait pas sa nourriture de substances végétales. En fait l'hypothèse de Turner serait tout au plus admissible chez les Cétacés dont lesto- mac ressemble à celui des Globicéphales, si l’on ne savait jusqu’à quel degré de dissociation arrivent les aliments emmagasinés dans la panse. Turner est probablement beaucoup plus près de la vérité quand il veut expliquer, chez les Ziphioïdes, la disparition de la panse par le régime de ces Cétacés. Les Ziphioïdes, comme on sait, se nourris- sent exclusivement de Céphalopodes et, d’après Turner, la mollesse du tissu de ces animaux, dépourvus de squelette franchement solide, rendrait inutile la présence d'une antichambre spécialement destinée à la dissociation. Les aliments, d'autre part, devraient séjourner assez longtemps dans l'estomac pour subir une digestion complète et les nombreux compartiments qu'il présente, séparés par des replis valvulaires, serviraient surtout à retarder leur passage, les matières dures et les plus indigestes étant retenues dans les derniers compartiments de l'estomac. L'opinion de Turner paraît assez rationnelle, surtout si l’on songe que les Cétacés avalent leur proie tout entière el sans mastication préalable. En vain pourrait-on objecter que certains Cétacés (Grampus, Globicéphale, Cachalot, etc.) sont pourvus d’une panse et se nourrissent néan- moins de Céphalopodes ; la panse ne nuit pas à la digestion de la proie, mais comme elle n'est pas indispensable, rien d’éton- nant qu'elle ait été supprimée chez les uns tandis qu'elle persiste encore chez les autres. On doit noter, en effet, que les Cétacés teuthophages, pourvus d’une panse, se rapprochent énormément des Ziphioïdes au point de vue de la dentition comme au point de vue de l’estomac. APPAREIL RESPIRATOIRE J'ai signalé, en décrivant les organes de la déglutition, le tube laryngien saillant sur le plancher du pharynx etcapable de pénétrer dans les arrière-narines lorsqu'il estsaisi par le sphincter du palais. Il nous reste à étudier, avec suflisamment de détails, lappareil organique tout entier qui à pour issue l’orifice du tube laryngien. 8 58 — Cet appareil organique se compose du larynx, de la trachée et des poumons. Laryuæ. — Dans le Dauphin que j'ai étudié, les cartilages du larynx présentaient la forme et les relations suivantes : Le cartilage thyroïde, à peu près aussi long que large, occupait la face ventrale et les côtés du larynx. Sa portion ventrale, qu’on peut désigner sous le nom de corps du thyroïde, avait la forme d’un triangle isocèle dont la base formait le bord antérieur et le sommet l'extrémité postérieure (1). La base du triangle était légèrement convexe en avant et se trouvait en relation avec la base de l’épiglotte; les côtés formaient l'an et l’autre une légère courbe à convexité tournée vers la ligne médiane et munie d’une légère saillie vers le milieu de sa longueur, enfin le sommet du triangle se terminait par une extrémité arrondie comprise entre les deux cornes ventrales du cartilage cricoide. Le corps du thyroïde est assez mince ; il est plutôt un peu excavé sur la face ventrale et une très faible saillie occupe une position correspondante sur la face dorsale. La base et les côtés du triangle ne se rencontrent pas en avant, ils laissent entre eux, à droite et à gauche, un intervalle médio- crement développé, espèce d'isthme qui met en relation le corps du thyroïde avec les ailes. Chacun des deux isthmes mesure environ 9 millimètres dans le sens antéro-postérieur et se rattache, en s’élargissant un peu, du côté interne au corps du thyroïde, du côté externe aux ailes de ce cartilage. Les ailes du thyroïde occupent les côtés du larynx et se recour- bent même un peu sur la face dorsale au-dessus du cartilage cricoide. À son extrémité postérieure, chaque aile présente un pédicule assez étroit qui se rattache par un ligament à l'angle externe et postérieur du corps du cartilage cricoïde. Ce pédicule se dirige en avant et un peu obliquement vers la face ventrale ; il s'élargit progressivement et, vers le milieu de la longueur de l'aile, se continue dans une expansion assez grande qui constitue la moitié antérieure de celle-ci; cette lame a un bord dorsal arrondi et convexe, peu saillant sur le pédicule ; du côté ventral, au contraire le bord se dirige vers la ligne médiane suivant une courbe régulière et se continue avec le bord postérieur de l’isthme., (1) Dimensions du corps du thyroïde : base du triangle, 36 mill. ; hauteur, 35 ; côtés, 29. 0 Le bord antérieur de ce dernier est de 7 millimètres en retrait sur le bord dorsal antérieur de la lame, et l'union entre ces deux bords se fait suivant une ligne droite de même longueur, parallèle à l'axe du corps. Si par conséquent nous examinons le larynx latéralement, nous verrons un large intervalle entre le corps du thyroïde et ses ailes; celles-ci déborderont le corps en avant et en arrière et, dans leur région antérieure élargie, se rattacheront au corps par l’intermé- diaire des isthmes (1). Le corps du cartilage cricoide forme, du côté dorsal, un écusson quadrangulaire un peu plus long que large. Le bord antérieur de cet écusson, légèrement convexe en avant, se trouve à un niveau postérieur de quelques millimètres à celui du bord antérieur du corps thyroïdien. Le bord postérieur est légèrement échancré sur la ligne médiane. Dans sa moitié antérieure le corps du cricoide se prolonge latéralement, à droite comme à gauche, dans les ailes du cartilage ; en arrière des côtés de celles-ci on aperçoit les bords latéraux libres du corps thyroïdien ; ils occupent évidemment la moitié de sa longueur et sont sensiblement parallèles à Faxe du Corps. L'angle qu'ils font avec le bord postérieur est arrondi et c’est sur le côté dorsal de cet angle que viennent s’insérer, comme on la vu plus haut, les ailes du thyroïde. Le corps du cricoïde est un peu concave du côté ventral; sur la face dorsale il présente une convexité correspondante et, sur la ligne médiane une carène antéro-postérieure très saillante en avant.: Les ailes du cricoïde se dirigent obliquement en arrière et finissent par se terminer à une faible distance l’une de l’autre, du côté ventral, en arrière du sommet du corps thyroïdien. Elles se présentent l’une et l’autre sous la forme de lanières cartilagineuses un peu plus larges à leur origine sur le corps du cricoïde qu'à l'extrémité ventrale, où elles se rencontrent sans se souder. Elles sont un peu convexes en avant et laissent entre elles et la partie adjacente du corps cricoïdien un espace libre occupé par les pre- miers anneaux de la trachée (2). Les deux cartilages aryténoides constituent, en avant des cartila- ges précédents, la paroi dorsale du tube laryngien. Chacun d’eux se (1) Dimensions d'une aile : longueur, 67 mill.; largeur du pédicule dans sa partie la plus étroite, 7; largeur de l’aile dans sa partie la plus large, 27. (2) Dimensions du cartilage cricoïde : longueur du corps, 38 mill.; largeur, 30 ; longueur de la ligne suivant le bord antérieur de l'aile depuis sa naissance, 45. — 60 — compose d’un corps et de deux cornes qui se continuent sans transition de manière à donner au cartilage la forme d’une lanière cartilagineuse sensiblement convexe sur son bord ventral. Le corps aryténoïdien fait saillie sur cette lanière du côté dorsal et s'articule par une surface plus longue que large sur l'angle formé en avant par le corps cricoïdien et le bord antérieur de son aile. En arrière du corps la corne postérieure, extrèmement courte, se dirige vers le bas dans l'intérieur du larynx et se termine sous la muqueuse laryngienne ventrale par une extrémité libre. La corne antérieure se dirige en avant et occupe toute la longueur du tube laryngien, elle est sensiblement de largeur égale dans toute son étendue et se termine en avant par un bord obtus (1). A leur extrémité ventrale, les cornes postérieures sont séparées par un intervalle de quelques millimètres ; quant aux cornes anté- rieures elles convergent d’arrière en avant. Séparées par un inter- valle de près de 2 centimètres en avant du bord antérieur du corps cricoïdien, elles se rapprochent de plus en plus en avant et finissent par s'affronter sur leur bord interne. Dans l’espace triangulaire qu’elles laissent entre elles, elles sont réunies par une membrane. Ces deux cornes sont en regard l’une de l’autre et à elles deux constituent la moitié dorsale du tube laryngien. L'épiglotte, chez le Dauphin comme dans les autres Cétacés, sem- ble faire partie du larynx en ce sens qu'elle constitue toujours la paroi ventrale du tube laryngien. C’est une languette fibro-cartila- gineuse, située du côté ventral par rapport aux cartilages aryténoi- diens et creusée en gouttière profonde du côté dorsal. C'est la réunion de la gouttière épiglottidienne et de la gouttière formée par les aryténoïdes qui forme la cavité du tube laryngien. J Située entre les ailes thyroïdiennes et le corps thyroïdien, l'extrémité postérieure de l'épiglotte forme, du côté ventral, une saillie épaisse qui se met en relation avec le bord antérieur du corps thyroïdien ; en avant elle devient très mince, s'étale un peu et se termine par un bord arrondi. Les deux bords, sur toute leur lon- quewr, se mettent en relation par une membrane avec les bords ventraux des deux cartilages aryténoïdiens pour compléter les parois du tube laryngien. À son extrémité antérieure, autour de son orifice, ce tube est muni d’un bourrelel saillant, assez rigide, qui permet au tube d’être plus efficacement retenu par le sphincter (1) Dimensions d'un cartilage aryténoiïde : longueur, 85 mill.; largeur, 13 ; lon- gueur des cornes antérieures, 60. — 61 — du palais. Ainsi formé, le tube laryngien ressemble assez bien à un bec d’oie et son orifice est sensiblement semi-lunaire. Au point de vue des cartilages du larynx, tous les Cétacés res- semblent au Dauphin et se distinguent des autres Mammifères par l'existence d’un tube laryngien et le moindre développement du cricoïde qui ne forme jamais un anneau complètement fermé du côté ventral. L'absence de cornes thyroïdiennes antérieures est également un caractère assez distinctif de l’ordre, mais il me parait présenter moins d'importance puisqu'on peut morphologiquement considérer comme des cornes antérieures rudimentaires la saillie latérale située en dehors el en avant de listhme thyroïdien. Dans le Dauphin notamment, cette saillie se sépare de listhme par un bord abrupt. D'ailleurs, dans l’intérieur de l’ordre, des différences notables peu- vent être signalées si l’on étudie le larynx, non-seulement dans les différents genres, mais, comme l’ont montré Beauregard et Boulart, dans les différentes espèces. Dans le Globicéphale (37), le Delphinaptère et le Marsouin (52,421), les cornes aryténoïdiennes se rapprochent beaucoup du côté ventral, mais sans arriver jamais au contact; le corps du cricoïde est pro- fondément échancré en arrière dans le Globicéphale (87), il est au contraire fortement convexe en avant dans le Cachalot (55, fig. XIT) et dans le Pontoporia (31) ; le thyroïde s'étend énormément dans le sens transversal dans ce dernier genrecommedansle Plataniste (50); son corps présente une échancrure en arrière chez le Globicéphale; enfin dans le Cachalot (53, fig. 12) les deux aryténoïdes seraient en contact sur une grande partie de leur longueur, cette disposition s’exagérerait encore dans le Delphinaptère,et chez le Narval, d'après Mayer, ils seraient absolument continus en avant. Le larynx de l’'Orcella offre tous les caractères essentiels du larynx de Globicé- phale, mais son cartilage cricoïde est moins développé. Le larynx des Mysticètes présente des caractères particuliers el fort instructifs. Le tube laryngien est beaucoup plus court ce qui tient à la réduction considérable de l'épiglotte et des cartilages aryténoïdes, ses deux moitiés sont seulement réunies à la base par la membrane muqueuse, enfin, d’après R. Owen, son orilice est plutôt triradié que semi-circulaire. Les cartilages ont des cornes postérieures en général plus longues que les antérieures et le cricoïde, réduit à son corps, laisse du côté ventral un grand espace libre qui est occupé, comme nous le verrons plus loin, par un sac de nature particulière. — 62 — Beauregard et Boulart (107) ont comparé entre eux les larynx de différentes espèces de Baleines et de Balénoptères, et ils sont arrivés à mettre en évidence certains traits caractéristiques des genres. Dans les Baleines le cartilage thyroïde est plus long que large, les ailes du cricoïde sont très larges et très étalées, l’épiglotte est courte et large; dans les Balénoptères, par contre, le cartilage thyroïde est plus large que long, les ailes du cricoïde sont moins larges en avant qu'en arrière, enfin l'épiglotte est allongée et trian- gulaire. Au point de vue de l'appareil laryngien la transition entre les Baleines et les Balénoptères s'effectuerait par l'intermédiaire de la Balænoptera Sibbaldiï, dont le corps thyroïdien se prolonge lon- guement en pointe en arrière. Dans la Megaptera longimana, étudiée par Eschricht, les caractères du larynx paraissent aussi établir une transition entre les deux genres précédents, car si l’épiglotte est allongée et triangulaire comme dans les Balénoptères, le corps du cartilage thyroïde se prolonge assez loin en arrière et présente sur son bord postérieur une échancrure médiane de mème nature mais plus développée que celle de la Balæna antipodarum (15,105). Trachée. — En étudiant la trachée du Dauphin j'ai pu relever les faits suivants. Depuis son origine à l'extrémité postérieure du larynx jusqu'au point où il se divise en deux bronches principales, cet organe mesurait six centimètres de longueur et 37 millimètres de diamètre. Sur le milieu de sa longueur il donnait naissance à une bronche accessoire droite un peu moins grosse que le petit doigt. À deux centimètres de son origine, cette bronche se divisait en trois rameaux, deux grands et un petit, qui se rendaient séparé- ment au poumon droit; la bronche droite principale se rend aussi dans le même poumon, mais elle y pénètre un peu en arrière des rameaux précédents. Du côté gauche, la trachée n’émet aucune bronche avant sa division principale, mais à huit millimètres de son origine la bronche gauche, beaucoup plus grosse que la droite, émet un rameau important qui correspond à la bronche accessoire du côté droit et présente les mêmes dimensions. La trachée et les bronches sont partout cerclées d’anneaux irré- guliers, très étroits et toujours complets. Tantôt ces anneaux se bifurquent, tantôt plusieurs se réunissent en un seul, quelquefois mème on voit une branche de bifurcation s’arrèter net el se loger entre deux anneaux consécutils. Le premier anneau de la trachée, celui qui est en relation avec le cartilage cricoïde, mérite une mention particulière. Plus développé que les autres, il — 63 — présente une largeur uniforme vers le bord postérieur du corps cricoïdien, sur les côtés il s'étale et s’'amineit pour occuper en partie l’espace angulaire laissé par le corps du cricoïde et par ses cornes. À droite le cartilage ne se bifurque pas et il se continue du côté ventral, mais à gauche il émet une branche postérieure qui va rejoindre la partie droite de l'anneau, et la portion principale du cartilage va se terminer en pointe vers l'extrémité de la corne cricoidienne gauche. La trachée, dans les autres animaux de l’ordre, diffère assez peu de celle du Dauphin; elle est toujours très courte en raison de la faible longueur du cou, les bronches elles-mêmes ne sont jamais très développées et les anneaux cartilagineux, généralement fort irréguliers, sont serrés les uns contre les autres comme dans la plupart des animaux plongeurs. Ce dernier caractère, toutefois, n’est pas d’une constance absolue: dans l'Orcella (50,388) les anneaux eartilagineux de la trachée laissent entre eux de très grands vides et peuvent assez librement jouer les uns sur les autres. Comme dans les Ruminants, le Cochon, le Cheval, le Pécari, etc., le poumon droit reçoit deux bronches de la trachée et le poumon gauche une seule. Il est de connaissance courante que les Baleines font seules exception à cette règle en ce sens que la trachée n’émet jamais de bronches accessoires avant les deux bronches principales, mais il me semble qu'on accorde une importance trop grande à un fait qui est sujet à des variations presque toutes faciles à expliquer. Ainsi, dans le Pontoporia (31,487) et dans le Narval (4,139) la trachée se divise en quatre bronches, les deux antérieures étant des bronches accessoires et les deux postérieures des bronches principales, dans le Pontoporia du moins; dans la Balænoptera rostrata (35,243) la trachée se divise seulement en deux bronches principales et la bronche droite, immédiatement après sa naissance, émet pour le mème côté une bronche latérale. Or, il est facile de voir que la bronche latérale de cette Balénoptère correspond morpholagiquement à la bronche accessoire droite normale, et comme la bronche latérale gauche que j'ai signalée dans le Dauphin occupe exactement la mème position relative, on peut conclure, au point de vue de la division de la trachée, que le Dauphin vulgaire se rapproche énormément du Pontoporia. Dans le Cachalot, d’après L. de Sanctis, (53, L. 12) on aurait une disposition analogue, mais la bronche latérale serait beaucoup plus éloignée du point d'origine de la bronche gauche. Des recherches précises permettront — 64 — peut-être d'accorder à ces changements de position des bronches annexes une certaine valeur systématique. Chez les Mysticètes le corps cricoïdien se continue sans transition dans les anneaux antérieurs et ces derniers, comme le cricoiïde lui-même, sont toujours incomplets du côté ventral et réunis par une membrane. Les Cétodontes qui présentent des dispositions analogues sont très rares. Dans le Delphinaptère (52,421) les premiers anneaux de la trachée sont incomplets du côté ventral et réunis par une membrane comme chez les Mysticètes ; il en est de mème dans l’Orcella, mais l'on observe en outre deux cartilages aplatis et courts qui sont regardés par Anderson comme une dépendance du cricoïde (50,387). Poumons. — La chambre thoracique, dans laquelle sont renfermés les poumons, acquiert une longueur très considérable chez les Cétacés. Ilen est ainsi, du moins, pour ses deux portions latérales, celles qui sont destinées à recevoir chacune un poumon ; sur la ligne médiane, la chambre est beaucoup plus courte et formera par conséquent à droite et à gauche deux longs prolongements laté- raux. En raison de cette disposition, le diaphragme sera fortement convexe en avant, s’étendra très loin en arrière et occupera une po- sition moins transversale que dans les autres Mammifères; du reste comme les prolongements postérieurs des poumons s'appliquent sur ce muscle puissant, ils présenteront du côté interne une conca- vité évidente. Cet allongement de le cage thoracique, en rapport avec la grande capacité respiratoire des Cétacés, coexiste avec une structure organique évidemment destinée au mème but, D’après R. Owen (29,3, 578), les anneaux cartilagineux des bronches sont plutôt arrondis que plats et secontinuent jusque dansleurs ramifica- tions extrèmes, les cellules pulmonaires sont relativement plus petites que dans es Mammifères terrestres et les anastomoses des passages intercellulaires sont telles, qu’il suffit d’insuffler de l’air par une branche de la bronche pour que le poumon tout entier se remplisse. Cette dernière observation, relative aux Cétacés en général, appartient à Hunter (3, 108), mais elle a été relevée plus tard sur le Dauphin par Jackson (14,158). L'élasticité des pou- mons est très grande comme on peut s'en rendre compte soit par l'expérience directe, soit en étudiant les coupes histologiques qui mettent toutes en évidence des fibres élastiques abondantes dansles parois des cellules aérifères. Cette élasticité agissant dans le même sens que celle de la peau et coïncidant en outre avec la pression sas sisi — (05: — énorme de l’eau salée, rend l'expiration brusque et très facile: mais comme toutes ces causes réunies rendraient l'inspiration pénible, les muscles inspiratoires et surtout le diaphragme ont pris un dé- veloppement proportionnel. Enveloppés par une plèvre très résistante, les poumons des Cétacés présentent toujours une simplicité extrème et c'est tout au plus si, dans quelques-uns, on à pu signaler une tendance à Ja divi- sion en deux lobes. C’est dans le Globicéphale (37, 265) et dans le Grampus que ce fait a été relevé pour la première fois, mais la languette antérieure et ventrale qui tend à se former en avant du cœurne mérite guère le nom de lobe et,si on voulait à tort lui accor- der cette valeur, on devrait alors la signaler dans l'Orcella, le Pla- laniste (50) et probablement dans un certain nombres d’autres Cétodontes. Dans le Ziphius d’après Burmeister (36), dans le Lagénorhynque et dans le Marsouin d’après Cleland (5%) le poumon droit présenterait un faux lobe probablement de même nature. Dans le Dauphin de Chine, Williams.a signalé deux lobes longitu- dinaux bien marqués, mais Murie (37,265) doute que la descrip- tion de l’auteur soit correcte et suppose que l’auteur à désigné sous le nom de lobes les bords dorsaux et ventraux du prolongement postérieur des poumons. Sur le bord ventral des poumons, immédiatement en arrière du cœur, on trouve fréquemment à droite el à gauche une masse plus ou moins ovoide qui a reçu le nom de glande pulmonaire. Signalées pour la première fois par Hunter dans le Tursiops tursio, ces glandes ont 6té trouvées ensuite par Jackson dans le Globicephalus (14,16%), par Murie dans le Grampus (42,131), par Anderson dans lOrcella (50,388), enfin, par Watson et Young dans le Delphinaptère (52,422). Elles ont aussi été aperçues par Williams dans le Dauphin de Chine, mais l’auteur s'est mépris sur leur véritable nature et les à consi- dérées comme des dépôts tuberculeux. Ces glandes n’ont pas été trouvées par Jackson dans le Marsouin etdans le Dauphin, et Murie pense qu'elles n'existent pas dans ces deux espèces (42,137). En fait je ne les ai pas trouvées dans le Marsouin, et j'ai suffisam- ment fouillé le poumon pour pouvoir affirmer qu'elles n'existent pas, mais elles sont parfaitement représentées dans le Dauphin, et si on ne les a pas signalées jusqu'ici il faut attribuer cette lacune à leur situation un peu moins superficielle que dans les autres Cétacés. Dans la région où se trouvent les glandes pulmonaires, les bords ventraux des deux poumons sont généralement reliés par un pont fibreux constitué par les plèvres et les glandes occupent les extré- q — 66 — mités de ce pont. Généralement simples, mais quelquefois doubles (Grampus), elles sont ovoides ou réniformes et n’ont jamais plus de & à 5 centimètres de longueur. Des vaisseaux nombreux s'irradient autour de ces organes, mais, suivant Murie,quelques-uns seulement pénètrent dans leur profondeur. Anderson à étudié la structure de ces glandes dans lOrcella (50,389). Il à observé une substance fondamentale réticulée dans les interstices de laquelle se trouvent un grand nombre de cellules ayant l'apparence des corpuscules Iymphatiques. Des vaisseaux à parois minces et d’autres à parois très épaisses traversent la glande et s'y ramifient. L'auteur ne paraît pas tirer de conclusion de son étude, mais on peut croire, suivant toute probabilité, que l'organe est de formation lymphatique. : Parties molles en connerion avec le larynx. — Dans la Balænoptera rostrata (35, 237-23$) les muscles intrinsèques du larynx sont au nombre de dix-sept : 1° Les {hyroïidiens sont des muscles plats et larges qui naissent du bord externe des cornes thyroïdiennes et s’insèrent en avant sur la partie postérieure du corps hyoïdien ; 20 les crico-thyroidiens se détachent extérieurement de l'extrémité antérieure du cricoïde et S'insèrent en avant et en dessus sur l’angle inféro-externe de la corne du thyroïde ; 30 les crico-aryténot- diens postérieurs naissent sur la surface postérieure du cricoïde et embrassent l'angle postéro-externe de l'aryténoïde ; 40 les aryténo- épiglottidiens supérieurs ratlachent les cartilages aryténoïdes à l'épiglotte; 5° les aryténo-épiglottidiens inférieurs jouent le mème rôle mais se trouvent au-dessous et en arrière des précédents; 6° les hyo-épiglottidiens réunissent la face antérieure de l’épiglotte au corps de l'hyoide ; 7° les aryténo-épiqlottidiens accessoires réunis- sent les angles antérieurs el externes des aryténoïdes au pédicule fibro-cartilagineux de lépiglotte ; 8° les thyro-aryténoïdiens ratta- chent la saillie verticale médiane située sur la face supérieure du cartilage thyroïde aux bords antérieurs et externes des aryténoïdes et aux parties contiguës du cartilage cricoïde ; % enfin le muscle aryténoide proprement dit est une bande impaire aplatie qui met en relation les angles internes des deux aryténoïdes. Des membranes relient certains cartilages entre eux et avec les grandes cornes de Fhyoïde et l’ensemble des membranes, des muscles et des cartilages constitue le larynx tel qu'il vient d’être retiré de l'animal. Sa cavité est tapissée par la muqueuse ; elle présente un certain nombre de dépendances et de formations glandu- laires sur lesquelles il ne sera pas inutile d'insister. (7 — La plus remarquable de ces dépendances est bien certainement le sac laryngien qu'on observe sur la face ventrale du larynx dans tous les Mysticètes. Bien décrit par Boulart et Beauregard (107) dans la Balænoptera musculus, ce sac présente dans cette espèce la structure et les relations suivantes : long de 35 centimètres au moins etétendu à la face ventrale du larynx, il est recouvert en avant par le cartilage thyroïde; « dans sa portion médiane, il siège entre les ailes du cricoïde qui lembrassent de chaque côté, en arrière enfin, il s'étend sur la face ventrale de la trachée. Par sa face supérieure, il est accolé à la membrane crico-trachéale qui unit entre elles les extrémités libres des anneaux incomplets de la trachée. Sa face ventrale est libre. L'ouverture par laquelle le sac laryngé communique avec le larynx, à la forme d’une fente qui mesure Om30 de longueur et 0m02 de largeur, et se trouve sur le milieu de la face dorsale du sac. Cette fente à pour limites les faces internes des cornes postérieures et du corps des aryténoïdes, lapissées par la muqueuse du larynx. Elle s'étend en avant jusqu'à l'orifice du larynx (et non de la glotte ou tube laryngien); en arrière, elle est limitée par un repli de la muqueuse du larynx, repli qui affecte la forme d’an septum triangulaire, reliant les deux extrémités supérieures des cornes de l’aryténoïde et compris entre les plis arqués de la muqueuse qui partent des lèvres de la fente. En s’écartant ou en se rapprochant, les cornes de l’aryténoïde déterminent évidemment la dilatation ou l'occlusion de celte fente. » Le sac est tapissé par la muqueuse du larynx qui, dans cette région, présente des plis variés dont les anastomoses délimitent des aréoles arrondies ou ovales; de nombreuses cryptes s'ouvrent au fond de ces aréoles. Les parois du sac ne mesurent pas moins de 8 millimètres d'épaisseur, elles «sont formées extérieu- rement d’une couche musculaire dans laquelle on distingue principalement, dans la portion postérieure, des fibres circulaires qui s’insèrent sur les bords des anneaux de la trachée et des fibres longitudinales qui, à sa face ventrale, sont dirigées d'avant en arrière, tandis que sur ses côtés elles vont obliquement d'avant en arrière et de dedans en dehors. « Ces dernières s’insèrent sur le bord antérieur des premiers anneaux de la trachée à lextrémité postérieure des ailes du cricoïde et plus en avant sur la face concave de ces mêmes ailes. » Dans la Balænoptera Sibbaldii le sac ne présente pas de fibres musculaires du côté dorsal (107) et d'après Turner (43) les faisceaux circulaires, seuls décrits par l’auteur, auraient leur origine sur le — 68 — prolongement médian du corps thyroïdien, vers le bord inférieur libre du cricoïde et sur le corps des aryténoïdes. Dans la Balæna antipodaruwm et dans la Baleine franche (107), le sac est très épais mais très réduit et, dans la première espèce au moins, ne s'étend pas au-delà du bord postérieur du cricoïde; dans la Megaptera longimana (15,106), il est assez bien développé et pré- sente sur sa face ventrale une saillie médiane qui le divise incom- plètement en deux moitiés latérales « évidemment analogues aux ventricules de Morgagni. » D’après les travaux les plus récents le sac laryngé ne serait pas caractéristique des Mysticètes et se rencontrerait chez un certain nombre de Cétodontes sous une forme rudimentaire. C'est dans le Grampus (42, 127-130) qu'il se rapproche le plus de la forme typique précédemment décrite. D'après Murie, les plis longitu- dinaux qui, dans cette espèce, font saillie sur la muqueuse du tube laryngien, s'interrompent et présentent d'étroites dépressions glandulaires vers la base de l’épiglotte. Parmi ces dépressions l’une d'elles, située sur la ligne médiane ventrale, se distingue des autres par sa profondeur et en réalité conduit dans un sac de médiocre dimension. Ce sac remplit en grande partie l'angle de jonction entre la base élargie de l’épiglotte et le cartilage thyroïde, mais n’atteint pas le bord postérieur de ce dernier. Ses parois ont une épaisseur considérable. Un revêtement graisseux entoure l'organe et une couche épaisse de muscles inter- vient entre cette dernière et la paroi interne du cartilage thyroïde. Ces muscles, d’après Murie, correspondent évidemment aux fais- ceaux musculaires qui entourent ou forment la paroi externe du sac laryngé des Mysticètes et, par leur disposition, seraient les homologues des thyro-aryténoïdiens. La muqueuse du sac forme des trabécules fibreux entre lesquels sont des cryptes tapissées par des glandes muqueuses. Dans le Delphinaptère, Watson et Young (52,417) considèrent comme l'homologue du sac laryngé deux dépressions plus com- plexes qui réclament une étude attentive. A la base et en arrière de l’épiglotte, et par conséquent au-dessus du thyroïde, la muqueuse fait un pli très saillant sur la ligne médiane axiale et ce pli sert de limite commune à deux cavités situées sur ses côtés. Ces cavités se subdivisent, par de hauts trabécules, en ur certain nombre d’aréoles profondes qui communiquent librement entre elles et se poursui- vent même sur la muqueuse laryngienne ventrale en arrière des cavités. Celles-cicommuniquententreelles au-dessus du pli médian, — 69 — trop peu élevé pour les séparer complètement l'une de l'autre ; elles sont revètues extérieurement par les muscles thyro-arylénoïdiens. Watson et Young assimnilent complètement ces deux cavités (52,418-421) aux ventricules de Morgagni des autres Mammifères et au sac laryngé des Mysticètes. Pour justifier l'assimilation des deux cavités du Grampus avec les ventricules de Morgagni, ils font observer que leurs relations avec le cartilage thyroïde et les muscles thyro-aryténoïdiens sont les mêmes, que les ventricules décrits par Murie dans le Saiga sont absolument semblables au sac du Delphinaptère, enfin que ce sac à une structure bilatérale très nette et que ses deux cavités seraient complètement distinctes si la cloison médiane était plus élevée. D’après les mêmes auteurs, en supposant le sac du Delphinaptère suffisamment prolongé en arrière il passerait ventralement entre le thyroïde et le cricoïde, et la disposition serait exactement la mème que dans les Mysticètes ; si l’atrophie du sac est poussé à un si haut degré dans l'espèce qu'ils étudient, c'est que les cartilage cricoïde et thyroïde ont pris un développement si considérable dans les Céto- dontes qu'ils laissent entre eux très peu d'espace ; mais comme le sac, dans le Delphinaptère, présente des muscles thyro-aryténot- diens aussi bien que celui des Mysticètes, on ne saurait lui refuser, malgré sa réduction considérable, la mème signification morpholo- gique. Dans le Hesoplodon, Turner a signalé un sac laryngien semblable à celui des Grampus (62); dans l'Orcella, organe a exactement Ja mème disposition et la mème structure que dans le Delphinaptère (50,385); dans le Plataniste, de chaque côté du pli épiglottidien, et au niveau des cornes postérieures des cartilages aryténoïdes, on ne trouve plus qu'un petit orifice conduisant vraisemblable- ment dans un sac aveugle (50,455). Jusqu'ici on n'avait signalé des formations de cette nature dans aucun autre type, mais en étudiant le Dauphin, il ne me fut pas difficile de reconnaître une disposition absolument identique à celle présentée par le Delphinaptère. Les deux cavités étaient profondes d’un centimètre au moins, leurs trabécules étaient très élevés et le pli médian les séparait d’une manière à peu près complète. Ces cavités commencent en pente douce à la base de l’épiglotte, mais elles n’acquièrent toute leur profondeur qu'en arrière de celle-ci ; leur extrémité aveugle s'étend jusqu'à la naissance du dernier tiers du corps thyroïdien, elle est séparée de ce dernier par des museles qui sont probablement = 0 — homologues des thyro-aryténoidiens de Watson et Young et les parois latérales des cavités se rattachent en-dessus aux bords postérieur et externe du cartilage aryténoïde. Si l’on admet l'interprétation de Murie et de Watson, le pli médian du Dauphin correspond au pli médian situé sur la face ventrale du sac laryngé de la Mégaptère, et l’on devra forcément homologuer les deux cavités latérales aux ventricules de Morgagni puisque Eschricht lui-mème admet comme évidente cette homolo- gie dans la Mégaptère. Le Marsouin serait dépourvu de ventri- cules, car je n'ai pu trouver aucune cavité à la base de son épiglotte. En dehors des glandes muqueuses éparses dans la muqueuse du larynx, il est quelques accumulations glandulaires dont plusieurs doivent être signalées ici. «© Dans le Delphinus delphis, dit © Rapp (12,147), sur la face ventrale du larynx, entre l'anneau le plus antérieur de la trachée et le cartilage thyroïde, je trouvai une glande rougeñtre composée de plusieurs lobes et presque aussi grosse qu'une noix. Elle était en grande partie recouverte par les ares latéraux non réunis du cricoïde et s’ouvrait par plusieurs ori- tices dans la cavité du larynx. » Mon attention n'avait pas été attirée sur cette glande et je ne l'ai pas observée dans le Dauphin que j'ai étudié; mais j'ai pu voir, sur cet individu, deux glandes laryn- giennes dont la position symétrique m'asingulièrement frappé. Ces glandes sont situées l’une à droite, l’autre à gauche du tube laryn- gien, entre les ailes élargies du thyroïde et la base cartilagineuse de ce dernier. Grosses comme une aveline, elles sont logées dans les muscles de cette région et en contact avec la muqueuse du tube laryngien. J’observai ces glandes en préparant les cartilages du larynx el comme rien ne pouvait me faire soupconner leur pré- sence, elles n'étaient pas intactes quand je les aperçus. J’ai vu sur la face interne de l’une d'elles trois perforations qui m’ont paru être des orifices glandulaires, mais dans l’état où se trouvaient les glandes, il ne m'est pas possible de rien affirmer. Dans le Lagénorhynque et dans le Marsouin, Cleland (54) signale une énorme masse de substance glandulaire lobulée comprise entre le bord postérieur du cartilage thyroïde et la face ventrale du cri- coiïde. Cette masse correspond à peu près en position au corps thyroïde dont l’auteur ne fait pas mention, elle occupe aussi la mème place que la glande signalée par Rapp. Muscles moteurs du larynx. — L'appareil hyoïdien est situé Re au-dessous et un peu enavantdularynx, il se rattache à ce dernier parles muscles thyrohyoïdiens et kérato-pharyngiens (35, PI. 6, fig. 3) Il se met d’ailleurs en relation avec le sternum par le sterno-hyoïdien etavec l’os squameux par le stylo-hyoïdien; le cartilage thyroïde, de son côté, se rattache au premier cartilage costal ‘et au sternum par le sterno-thyroïdien, muscle bien développé dans le Globicephalus et dans le Delphinaptère (52,410), mais absent dans la Balænoptera rostrata. Ces muscles et quelques autres sont tous protracteurs el élévateurs du larynx, les autres exercent sur cet organe une action inverse. Les cornes styloidiennes, ou grandes cornes de l’hyoïde, sont d’abord entrainées vers le haut et fixées par les muscles stylo- hyoïdiens; le corps de l’hyoïde est ensuite élevé et porté en avant par les muscles hyo-cératiques (1) et cérato-pharyngiens, enfin les hyo-épiglottidiens et les constricteurs du pharynx, avec les stylo- pharyngiens, déplacent la glotte d’arrière en avant (35,241) et sont secondés, dans ce mouvement, par les muscles thyro-hyoïdiens. La rétraction s'effectue naturellement par la distension de ces muscles et par la contraction des sterno-thvyroïdiens et des sterno-hyoïdiens. Conduits des marines et sacs aériens. — J'emprunterai à Eschricht (15, 106-107) la description succincte des narines dans les Mysticètes. «Le voile du palais, comme chez tous les Cétacés, est très long ; il s'étend du bord postérieur des palatins jusqu'à lex- trémité la plus postérieure de la caisse tympanique ou même jusqu'à l'os hyoïde. Il forme, comme de coutume, une cloison horizontale entre les parties les plus reculées de la bouche (pharynx) et de la cavité nasale. Dans cette région ces parties sont étroites et com- prises entre les deux apophyses des sphénoïdes, les bords externes de ces os et les bulles tympaniques; elles ont la forme d'un tube qui est divisé en deuxétages par le voile du palais. L’étage inférieur n’est en réalité que la partie postérieure rétrécie de la bouche (pharynx), mais l'étage supérieur constitue un long tube nasal qui, vers le bord postérieur des os palatins est divisé en deux narines par le vomer. Dans la muqueuse du tube nasal on trouve en arrière et de chaque côté une accumulation de grands orifices muqueux el plus en avant, vers le bord supérieur et concave de Papophyse sphénoïdale, on aperçoit les deux petits orifices arrondis des trompes d’Eustache. » Plus haut les narines sont séparées par le septum nasal constitué inlérieurement par le vomer et au-dessus (4) Carte et Macalister signalent ces muscles sans indiquer leurs attaches. Eee par le cartilage ethmoïdal, leur muqueuse prend la couleur de la peau et leurs conduits viennent s'ouvrir sur la tête à droite et à gauche de la ligne médiane. Les orifices externes des narines reçoivent le nom d'évents; ils sont ordinairement situés sur une légère saillie des téguments et se présentent sous la forme de deux fentes dirigées obliquement d’arrière en avant et de dehors en dedans; ils se trouvent à une faible distance l’un de l’autre et dans l'intervalle on observe un sillon médian longitudinal. Dans la Megaptera longimana étudiée par Struthers (64, 123), les évents étaient situés sur la pente postérieure d’une faible saillie, un peu en avant du niveau des yeux, ils mesuraient 28 centimètres de longueur; ils étaient séparés en avant par un intervalle de 8 centimètres, en arrière par un intervalle trois fois plus grand; ils étaient un peu convexes l’un vers l’autre. Dans les Cétodontes le voile du palais sépare encore le pharynx du conduit commun des arrière-narines, mais l’orifice qui fait communiquer les deux étages est relativement beaucoup plus étroit. Compris entre les ptérygoïdiens et les sphénoïdes en avant, ce conduit rencontre bientôt le septum nasal qui le divise en deux narines comme chez les Mysticètes ; mais ces deux narines, au- dessus du septum se réunissent dans une chambre commune, la cavité spiraculaire, qui s'ouvre sur le sommet de la tête par un seul évent. Ce dernier est généralement placé un peu en dehors de la ligne médiane; le plus souvent il se présente sous la forme d'une fente arquée à concavité antérieure (Ziphioïdes, Grampus, Orcella, Dauphin, Marsouin, Delphinaptère, etc.), quelquefois sous la forme d’un V à sommet postérieur (Globicéphale, 37,244). Le Plataniste et le Cachalot différent de tous les autres Cétodontes par la position et la forme de cet orifice. Dans le Plataniste (50,449) c'est une fente droite et longitudinale située sur le sommet de la tète entre le cou et le rostre ; dans le Cachalot c’est une très longue fente rejetée forte- ment à gauche et placée parallèlement à la ligne médiane un peu en arrière du bord abrupt du museau ; cette fente est un peu arquée et figure assez bien unS dont les courbures terminalesseraient très peu prononcées. Dans la pièce conservée au Musée d'anatomie comparée du Jardin des Plantes, on y fait entrer aisément les deux mains bord à bord. La cavité spiraculaire est séparée des narines proprement dites par un bourrelet antérieur et par un bourrelet postérieur (valvules de Von Baer) qui déterminent sa fermeture du côté des narines. Sur les côtés elle se prolonge ordinairement dans une paire de diverti- — 15 — cules ou sacs spiraculaires dont les parois présentent un grand nom- bre de plis arqués. Plus bas et à peu près au niveau des commissures formées par les attaches des bourrelets, chaque narine commu- nique avec un certain nombre de saes nasauxr formés par les diverticules de la muqueuse. Dans le Grampus (42, 125) Murie décrit sept sacs nasaux, dont trois pour la narine gauche et quatre pour la narine droite. Ces sacs communiquent avec la chambre spiraculaire, soit directement, soit indirectement : les deux sacs prémaæillaires sont les plus développés et se prolongent en avant sur les os de même nom; les deux sacs marillaires sont latéraux, situés un peu en avant des premiers et débouchent directement dans la chambre spiraculaire ; les sacs naso-frontauxr se présentent chacun sous la forme d’un tube qui s'étend en arrière et se recourbe en dedans: à leur extrémité aveugle, ils se mettent en relation par un cordon solide et s'ouvrent dans les sacs maxillaires ; enfin le sac facial impair, qui est également une dépendance de ces derniers, se recourbe en avant et se renfle avant de se terminer. Dans son étude sur le Globicéphale, Murie signale simplement l'absence du sac facial et renvoie pour le reste au Grampus (37,245). En dehors des sacs spiraculaires, il existe, en effet, dans le Globicé- phale trois paires de sacs nasaux, mais ces sacs différent par leurs connexions de ceux décrits plus haut dans le Grampus.J'ai pu les étudier très complètement au Laboratoire d’Anatomie comparée sur une pièce préparée par M. Boulart, et voici ce que j'ai observé. Sur la paroi antérieure de la chambre spiraculaire la muqueuse noire forme deux replis séparés par un léger intervalle: ces replis déterminent l’un et l’autre une fente peu profonde (quelques milli- mètres) qui s'ouvre vers le bas. Au-dessous de la fente on voit deux bourrelets très saillants séparés par un léger intervalle qui corres- pond très exactement au bord supérieur du septum nasal; étroits en avant, ces plis s'élargissent en arrière et forment une partie du plancher des sacs prémaxillaires où ils s’'atténuent progressivement. Sur les parois postérieures de la chambre deux replis de la mu- queuse se forment latéralement, s'avancent vers la ligne médiane el se rencontrent dans un frein commun qui vient se fixer entre les extrémités saillantes des bourrelets précédents. Les sacs spiracu- laires, gros comme une mandarine quand ils sont bourrés de coton, s'ouvrent par une large fente antéro-postérieure sur les côtés de la chambre spiraculaire. En avant et un peu plus bas, on voit de cha- que côté une autre fente un peu moins grande qui va de la com- missure postérieure de l'orifice précédent au bord latéral du 10 NT bourrelet dont j'ai parlé plus haut. La fente conduit dans un sac prémaxillaire ovoïde deux fois plus long et presque aussi large que le sac spiraculaire. Si l’on étudie attentivement les sacs prémaxil- laires on voitqu'ils donnent naissance, sous la forme de diverticules, à deux autres sacs situés sur leur face externe et un peu en arrière de la fente terminale. Le sac le plus antérieur est gros comme une petite noix et il s'ouvre dans le sac prémaxillaire par un orifice étroit mais assez allongé ; le suivant est situé au-dessous et un peu en arrière; il est étroit, sacculilorme, long de 10 à 12 millimètres et gros comme une noisette ; son orifice est rapproché du précédent, mais il s’en distingue avec la plus grande facilité. Le sac antérieur correspond peut-être au naso-frontal et l’autre au maxillaire ; dans l’exemplaire que j'ai étudié, ce dernier était plus développé à droite qu’à gauche. Les sacs nasaux du Marsouin ont été décrits par de nombreux observateurs, mais la lumière n’est pas encore faite sur leur nom- bre et sur leurs rapports. En dehors des sacs spiraculaires, Von Baer décrit quatre paires de sacs : deux antéro-inférieurs (préma- xillaires), deux postéro-inférieurs (naso-frontaux), deux postéro- supérieurs (maxillaires?) et deux antéro-supérieurs (naso-faciaux”?) Les deux sacs postérieurs de chaque côté n’ont qu'un seul orifice dans la chambre spiraculaire et ils se prolongent par un étroit con- duit dans le sac antéro-supérieur qui vient recouvrir le sac antéro- inférieur sans communiquer avec lui (100,818). Depuis Von Baer, Rapp a décrit deux sacs nasaux pairs et un impair (12,104); Sibson (1) n’en à pas trouvé davantage, seulement il indique la dis- position du sac impair qui est un prémaxillaire, enfin Huxley (41,408-409) revient à la description de Von Baer. Quand j'étudiai le Marsouin, je n'étais pas au courant de toutes ces divergences et mes observations ne parviennent malheureusement pas à les faire disparaître. J’ai observé deux sacs prémaxillaires peu allongés mais parfaitement séparés, ils s'ouvrent par deux orifices au-des- sous de la valvule antérieure des narines ; en relation étroite avec ces orifices se trouvent deux fentes conduisant dans des sacs allongés gros comme le doigt, un peu renflés à leur extrémité et qui s'étendent latéralement, en dehors et en arrière, enfin au-des- sous de la valvule postérieure on trouve non sans peine deux orifices fort élroits qui conduisent dans les sacs frontaux ovoides. Ceux-ci, par leur position, correspondent évidemment aux trois (1) Sibson T.— On the Blow. hole of the Porpoise.— Phil. Trans., L. 138, 1848, 117. paires de sacs communiquants décrits par Huxley et Von Baer, mais je ne les ai pas étudiés avec plus de détails et il m'est impossible de dire si chacun d’eux se divise en trois compartiments distincts. Dans l’Orcella et dans le Plataniste, les sacs nasaux sont décrits avec beaucoup de détails par Anderson; ils sont en même nombre et présentent à peu près les mêmes dispositions que dans le Globi- céphale (50,383 et 450) ; il en est de même dans le Lagénorhynque (44,147). Le nombre des sacs se réduit considérablement dans le Delphinaptère : tous disparaissent à l’exception des prémaxillaires (52,413) ; chez les Mysticètes les sacs spiraculaires et les sacs nasaux n'existent pas. Von Baer et Huxley ont considéré les sacs nasaux comme des cor- nets du nez transformés. Murie n’est point de cette opinion (57, 246-247) et regarde les sacs des Cétacés comme homologues des larges sinus qui sont en relation avec les narines chez les Artiodac- tyles et certains Périssodactyles. Dans le Tapir, Turner a observé en effet deux longs sinus en relation avec les narines et qui occupent la place des sacs nasaux; dans le Saïiga tartarica, Murie signale trois paires de sacs, et comme ces animaux ont des cornets du nez bien développés, le savant cétologiste repousse absolument les conclu- sions, basées sur des observations comparatives minutieuses, de Von Baer. Malgré ces divergences, il est un point sur lequel tous les observateurs tombent daccord, c’est que, suivant lexpression de Von Baer, les portions externes des conduits du nez « doivent être comparées à une trompe comprimée et rentrée » (100, 339); Von Baer arrive à cette conclusion dans son étude sur le Marsouin et L. de Sanctis, en comparant les narines du Cachalot à la trompe de l'Éléphant (53,231), penche évidemment du mème côté quoiqu'il soit moins aflirmatif. Murie dans ses comparaisons, n’a pas d'autre but que la réfutation des idées émises par Von Baer et par Huxley, mais comme les deux types qu’il choisit pour la discussion sont des animaux ayant une trompe bien développée (Tapir) ou rudimen- laire (Saïga, 37, 246), on peut croire que la comparaison précédente n'est pas laite pour lui déplaire. Parmi les Cétodontes, le Cachalot réclame une étude toute parti- culière en raison de l’asymétrie de son crâne, des narines osseuses etde l’évent. Quand on étudié les narines osseuses sur le squelette ou est frappé par la réduction extraordinaire de la narine droite et par la déviation des deux narines à gauche, qui correspond à celle de l'évent. Le nombre des narines, leurs relations entre elles et avec l'évent, les dilatations qu'elles peuvent présenter sur leur trajet, 176, — ces (questions et nombre d’autres étaient restées jusqu'ici sans solution ou du moins avaient été mal comprises; le travail récent de L. de Sanctis était loin d'avoir apporté quelque lumière, el l’on serait encore dans l'ignorance la plus complète sans les recherches de MM. Pouchet et Beauregard. En attendant la publi- cation du travail d'ensemble que doivent publier prochainement les deux cétologistes, M. Beauregard m'a tracé un excellent schéma des narines du Cachalot et la description suivante peut être considérée comme la notice explicative de ce schéma. Dans la masse fibro-graisseuse qui constitue en avant le museau abrupt du Cachalot, se trouve une cavité verticale dont les dimen- sions en tous sens sont un peu moindres que celles de la coupe verticale du museau. Cette cavité se met en relation, par un très court conduit, avec l’évent situé en arrière à une très faible dis- tance. Celui-ci communique du reste à son extrémité postérieure avec la narine gauche, qui se prolonge obliquement en arrière et en bas, sous la forme d’un conduit de diamètre uniforme, jusqu’à la narine osseuse gauche. A droite del’éventla cavité verticale présente surson bord postérieur une saillie en museau de singe ; cette saillie est traversée par une fente horizontale et la fente s'ouvre dans un canal qui se dirige en arrière vers la narine osseuse droite. À sa naissance sur le museau de singe, le conduit a des dimensions trois ou quatre fois aussi grandes que la narine gauche ; plus loin il s’élargit encore et forme en réalité une longue dilatation ovoïde qui se resserre considérablement avant d'atteindre la narine osseuse. Avant de pénétrer dans cette perforation, il émet un immense diverticule, où pour nous servir de la terminologie courante, un sac nasal qui va occuper la moitié droite du bassin formé en arrière par les maxillaires et par les frontaux. Dans les narines osseuses seu- lement, les deux conduits nasaux sont séparés par le septum osseux normal, et ils se réunissent en dessous dans la cavité des arrière- narines. Ce qui frappe le plus, dans cette disposition, c'est l’énorme développement de la narine droile qu'on avait jusqu'ici considérée comme rudimentaire ou nulle, c'est ensuite le rapport des deux conduits avec les perlorations nasales; c’est ainsi que la narine droite, de beaucoup la plus vaste, communique avec les arrière- narines par la perforation la plus étroite, tandis que la narine gauche plus réduite traverse la plus grande perforation. Les cavités en relation avec les narines sont virtuelles, en ce sens que leurs parois sont en contact; pour les bien mettre en évidence il faut les bourrer de coton ou les gonfler avec une injection solide. Ausceles en relation avec les narines. — Nous empruntons à Carte et Macalister la description des muscles en relation avec les narines externes dans un Mysticètle, la Balænoptera rostrata (35,239-240). Ces muscles sont distribués sur trois pans séparés. Le plan super- ficiel est formé par les dilatateurs des narines: ces muscles naissent sur le bord du maxillaire supérieur dans ses portions frontales el intermaxillaires; les fibres convergent et se dirigent en dedans pour se fixer les unes sur le raphé cartilagineux médian compris entre l'extrémité du museau elles évents, les autres sur les lèvres externes de ces derniers. En écartant ces lèvres, elles servent à ouvrir les fentes respiratoires el à faciliter par conséquent l'expira- tion et l'inspiration. Le plan moyen comprend deûx masses musculaires distinctes : les rétracteurs des ailes du nez et les constricteurs du nez. Le rétracteur des ailes du nez représente probablement le muscle pyramidal ; il naît sur la portion antérieure et externe du frontal et s’insère sur le centre cartilagineux qui forme les parties latéraleset postérieures des narines. Ce muscle parait devoir rétracter et fixer en arrière les lèvres des évents et concourir par conséquent à la clôture de ces derniers. Le constricteur du nez se fixe sur l'angle antérieur de la fosse temporale et sur langle supérieur du maxil- laire; il se dirige en avant eten dedans pour s’insérer Sur la surface antéro-supérieure du raphé cartilagineux médian. Les fibres de ce muscle, en se dirigeant en avant, décrivent une courbe dont la concavité est tournée en dedans et vers le haut; avec celles du muscle correspondant situé du côté opposé, elles embrassent les narines Comme un sphincter, compriment les ailes externes des narines quand elles se contractent et contribuent ainsi à fermer complètement les orifices du nez. Ces muscles correspondent sans doute aux compresseurs du nez. Le plan profond comprend un seul muscle de chaque côté. Ce muscle nait sur toute la surface supé- rieure et interne de l'os maxillaire etsurle bord supérieur etexterne du cartilage ethmoïdal. Ses fibres se dirigenten arrièreets'insèrent sur le corps cartilagineux qui forme le bord externe des narines. Le muscle est probablement un dépresseur des ailes du nez; en se con- tractant il fait tourner le cartilage alaire el concourt ainsi à louver- ture des narines. Les fibro-cartilages externes ou alaires sont ovales et disposés de manière à pouvoir clore complètement les narines. Le tissu qui les compose est mou, fortement élastiqueet imprégné de graisse du côté externe. Leur surface interne ou nasale est tapissée par une mu- e queuse épaisse et ridée en plis longitudinaux. En enlevant ces derniers, on met à découvert un musele puissant qui naît sur la face externe de la crète cartilagineuse ethmoïdale et s’insère sur le côté externe du fibro-cartilage. En se contractant, ce muscle dirige- rait en avant et en dedans l'extrémité antérieure du cartilage et laisserait l’orifice nasal parfaitement libre ; l’occlusion dépendrait surtout de son relächement. Ces muscles sont loin d'être étudiés et interprétés de la mème manière par tous les auteurs, comme Murie le reconnait lui- méme (42,127): ils sont loin d’ailleurs d’être connus d’une manière complète. C’est pourquoi je me contenterai de relever ici, pour les Cétodontes, une des descriptions qui m'ont paru les meilleures, celle des muscies du Grampus griseus (47, 127-128). Dans cette espèce comme dans le Globicéphale, Murie reconnait quatre couches musculaires superposées ; la couche superficielle correspond à l’occipito-frontal, elle ferme l’évent en le comprimant d'avant en arrière; ses attaches sont sur la crête occipito-frontale et sur le sac naso-frontal. La couche suivante, qui correspond proba- blement à l’élévateur des lèvres supérieures et des ailes du nez, à les mêmes attaches et le même rôle. La troisième agit sensible- ment comme les précédentes, mais contribue surtout à comprimer les sacs maxillaires; elle correspond soit à l’élévateur supérieur propre, soit au zygomatique, soit peut-être à tous les deux combinés. La dernière agit surtout comme un dépresseur des ailes du nez. Des muscles mettent aussi en relation, de chaque côté, les sacs posté- rieurs avec les os situés en arrière; l’un serend du frontal au sac naso-frontal, l’autre a les mêmes attaches mais se dirige en dehors, le troisième est disposé comme une corde dans la courbure du mème sac; ces trois muscles exercent des tractions et des compressions sur ce sac; ils sont homologues des muscles qui agissent sur les cartilages alaires dans les autres Mammifères. Reste enfin à signaler un muscle longitudinal chargé de graisse et situé à la surface du maxillaire supérieur ; il agit à la fois comme protracteur et dilatateur des narines et comme compresseur du sac prémaxillaire. Pour la comparaison avec d'autres espèces, je renvoie au travail de Murie sur le Lagénorhynque (44) et sur le Globicéphale, et aux recherches de Von Baer (100) et de Sibson (1) sur le Marsouin. (1; Sibson. Loc. cit. 118-120. — 19 — Mécanisme de la respiration. — Après cette longue étude, nous connaissons les organes de la respiration et les agents qui les ac- tivent ; il nous reste à signaler la raison des particularités offertes par ces organes et le rôle qu'ils jouent dans les phénomènes respira- toires. Dans un passage philosophique admirable, Von Baer à montré comment le genre de vie du Célacé a influé sur son organisation (100,830). « Le corps du Cétacé, dit-il, est en général d’une densité un peu plus faible que celle de l’eau, et il émerge par conséquent un peu à la surface de l'élément. D'autre part le conduit nasal, dont le rôle est d'amener l'air aux poumons, tend à s'ouvrir sur les parties les plus saillantes de la tête. Je n’ai pas besoin de rappeler que dans le Cachalot, où une masse énorme de graisse recouvre la tête et rend celle partie la plus légère, l’évent se trouve placé à l'extrémité de celle-ci. Dans les Mysticètes les orifices des narines se trouvent à peu près vers le milieu de la longueur de la tête ; dans les Dauphins où le crâne est plus court et le rostre beaucoup moins chargé de graisse, l’évent recule sur le front, et dans le Narval où la tête est alourdie en avant par la dent gigantesque, ilest placé en arrière presque dans la région de la nuque. Il est merveilleux d'observer, d’ailleurs, que dans le fœtus de la même espèce, où la dent n'apporte pas encore son surcroit de poids, l’orifice des narines se trouve situé beaucoup plus en avant. » Le savant anatomiste montre ensuite com- ment le déplacement des narines a modifié complètementet progres- sivement, depuis les Mysticètes jusqu'aux Cétodontes, la disposition des os du crâne : l’ethmoïde recule de plus en plus entraînant avec lui les os du nez qui, d'abord un peu saillants, finissent par perdre toute importance et, plaques inertes, s'accolent sur la paroi anté- rieure du crâne; les frontaux s’incurvent contre les occipitaux, et les pariétaux, ne trouvant plus de place à la surface, sont recouverts par la voûte crânienne et bientôt n'apparaissent qu'à peine à l'extérieur du crâne. «€ La meilleure manièredecomprendre les particularités de la tête des Cétacés, ajoute Von Baer, serait de la comparer à une tête de Chien ou de Chat faite en argile plastique et comprimée dans le sens pariétal aussi bien du côté frontal que du côté occipital, » et iltermine sa comparaison en faisant observer que la perforation infraorbitaire est très peu éloignée du trou occipital. Si la forme du crâne se laisse mécaniquement déduire du dépla- cement des narines, le mécanisme de la respiration s'explique naturellement, au moins dans ses traits généraux, en faisant agir les masses musculaires dont nous avons parlé. — S0 — Quand l'animal s'approche de la surface l'expiration se produit aussitôt, rapide et très puissante, grâce à l’élasticité des poumons et des parois thoraciques, à la pression du milieu ambiant et aux muscles expirateurs. Dans les Mysticètes, en raison de la mobilité des côtes, ce phénomème doit atteindre une intensité plus grande ou au moins doit se produire plus facilement que dans les autres Célacés. Avant Fexpiration, du reste, les muscles qui ouvrent les évents et ceux qui soulèvent le larynx et l’entrainent en avant se sont contractés ; les évents se sont ouverts et le tube laryngien s’est introduit dans l’orifice qui fait communiquer le pharynx avec les arrière-narines. Étroitement pressé par le sphincter pharyngien, le tube a été fortement saisi et les poumons n’ont plus eu d’autre voie, pour communiquer avec l'extérieur, que les narines et lévent. Alors l'expiration s’est produite, suivie de très près par l'inspira- ion, les évents se sont fermés et l'animal, pourvu d’une provision d'air, à pu s'éloigner de la surface. En même temps se sont relàchés le sphincter pharyngien et les protracteurs du larynx, les rétracteurs se sont contractés et le tube laryngien entrainé en arrière a repris sa position normale. Entre deux inspirations successives s'écoule parfois un temps assez long et l’on peut se demander comment l'air demeure dans les poumons durant cet intervalle. Il est presque nécessaire d’ad- mettre que la chambre thoracique, dans ce dernier état, occupe à peu près son volume normal et que l'expiration exige tout particu- lièrement des efforts musculaires pour s’accomplir ; mais comme celte hypothèse serait impuissante à elle seule pour rendre compte du phénomène dont il s'agit on a tenté de expliquer par des dispo- sitions physiques dont le rôle est évidemment additionnel. Ainsi Turner dit que l'air est retenu, d’un côté par la fermeture des évents, de l’autre par le grand rapprochement des cornes inférieures des aryténoïdes qui seraient capables d'interrompre plus ou moins les communications du larynx avec son tube (43). Le mécanisme respiratoire que nous avons retracé est celui géné- ralement admis par les auteurs. Murie lui à donné récemment une forme un peu différente qui repose sur des observations anatomi- ques précises, et se rapproche vraisemblablement beaucoup plus de la vérité (37,292). D'après lui, le tube larvngien serait engagé à demeure dans les arrière-narines et c’est pendant la déglutition qu'il serait fortement saisi par le sphincter post-nasal. La contraction du sphinceter à très probablement pour effet de fermer complètement l'orifice du tube et de rendre par conséquent tout passage de Pair impossible: pendant les phénomènes d'inspiration et d'expiration le sphincter embrasse le tube sans le serrer, suffisamment pour empé- cher l’air de pénétrer dans le pharynx mais pas assez pour amener au contact les deux valves du tube. La supposition de Murie me pa rait très juste. Presque toujours, quand on dissèque un Cétacé, le tube laryngien est engagé très loin dans les arrière-narines ; j'ai observé cette disposition sur les trois individus que j'ai étudiés et la plupart des anatomistes mentionnent le même fait dans leurs mé- moires. On doit remarquer, d'autre part, qu'un sphineter n’est pas absolument nécessaire aux Cétacés et manque mème absolument chez les Mysticètes. Cette observation a été manifestement exprimée par Eschricht (15, XIII): dans les Mégaptères el les Balénoptères, dit-il, «le tube supérieur du larynx n’est pas saisi par un sphincter comme dans les Dauphins »; et l’on peut croire qu'ilen est de mème dans les Baleines. L'absence du sphincter dans les Mysticètes est en rapport étroit avec la forme du tube laryngien. Au lieu d’être soutenu par un cartilage solide et un peu renflé à son extrémité comme dans les Cétodontes, le tube laryngien des Mysticètes est franchement pyramidal, ses cartilages sont courts et la moitié supé- rieure du tube est formée par des languettes charnues qui n'offri- raient pour ainsi dire aucune prise au sphincter visiblement absent ou au moins imperceptible sans dissection. J'ai observé ces faits dans la Balænoptera rostrata et je dois avouer qu'en ce point je me trouve en désaccord absolu avec Carte et Macalister (35). A vrai dire, les deux cétologistes ne décrivent pas explicitement un sphineter du pharynx, mais ils disent que les fibres musculaires palatines situées autour de l’orifice post-nasal, se contractent et saisissent le tube laryngien quand celui-ci à pénétré dans le$ arrière-narines. D'ailleurs, pour cette région du corps, la description de Carte et Macalister a perdu la plus grande partie de sa valeur à la suite d'une erreur dont j'ai peine à comprendre l'origine. Ainsi les figures 6,7,8 et 9 de la Planche VI ne correspondent pas à la réalité, à moins d’une anomalie inexplicable. Ce qu'ils ont représenté par la lettre ?, sous le nom de pli pré-épiglottidien, n'estautre chose que le voile du palais ; les aréoles situées à droite et à gauche de ce prétendu pli appartiennent au plancher des arrière-narines, la per- foration située en arrière du palato-glosse n'existe pas et la soie qui, dans la fig. 6, passe au-dessus de ? devrait en réalité passer au-des- sous. En un mot, il n'existe pas de pli pré épiglottidien en fer à cheval sur le plancher du pharynx; ce pli n’a pas été vu dans la = Vo Balænoptera Sibbaldii par Turner et, comme on vient de le voir, je ne l’ai pas trouvé davantage dans la B. rostrata. Le sac laryngé des Mysticètes recoit à coup sûr une certaine quantité d’air pendant l'inspiration, mais on ne connaît pas le rôle physiologique de lorgane. Carte et Macalister (35,238) pensent que cette poche, en se contractant, chasse l’air qu’elle contient et augmente l'intensité du courant expirateur au moment où il est sur le point de se terminer; Turner (43) partage la mème opinion, mais il croit en outre que l'air renfermé dans le sac est employé par l'animal quand il s'éloigne de la surface et reste quelque temps au- dessous de l'eau. Les sacs spiraculaires et nasaux des Cétodontes, au point de vue de leur homologie et de leur rôle, ont été complètement étudiés par Von Baer (100 et 101). Il les envisage comme de vastes sinus olfactifs, dont le rôle dans la sensibilité spéciale est faible ou nul, mais qui remplissent à coup sür des fonctions respiratoires. A l'exemple d'Owen, il considère l'appareil olfactif comme un poumon céphalique et il établit l'exactitude de son assertion en montrant combien sont nombreuses etimportantes les ramifications artérielles qui s'étalent sur les parois des sinus nasaux dans les Ruminants el surtout dans les Cétacés. C'est aussi à Von Baer que nous devons des notions exactes sur le « souffle ou jet » des Cétacés. Le travail du savant allemand date de 1826, il renferme un luxe de détails et de preuves, et cependant nombre de personnes à demi familiarisées avec les sciences natu- relles persistent encore à croire que le Cétacé rejette par les narines l’eau qu'il a avalée. En 1836 Frédérie Cuvier, le frère de l'illustre anatomiste, acceptait encore les idées anciennes et les exprimail sous la forme suivante : « Supposons que le Cétacé ait pris dans sa bouche de l’eau qu'il veut faire jaillir : il meut sa langue et ses mächoires comme s’il voulait l'avaler, et, fermant son pharvnx, il la force de remonter dans le conduit et dans les narines, où son mouvement est accéléré par les fibres annulaires, au point de sou- lever la valvuleetd’aller distendre les deux poches placées au-dessus (les sacs spiraculaires). Une fois dans les poches, l’eau peut y rester jusqu'à ce que l’animal veuille produire un jet. Pour ceteftet, il ferme la valvule, afin d'empêcher cette eau de redescendre dans les narines, et il comprime avec force les poches par les expansions musculaires qui les recouvrent: contrainte alors de sortir par louverture très étroite en forme de croissant, elle s'élève à une hauteur correspondante à la force de la pression » (7, 89). On — 83 — savait pourtant, à cette époque, que les sacs spiraculaires sont relativement étroits et qu'ils manquent complètement chez les Mysticètes ; Von Baer le fait observer et aux raisons scientifiques il ajoute unespirituelle critique des erreurs qui se perpétuent sans rai- son. « Je sais bien, dit-il, qu'on pourrait justifier le jet (d’eau) par - quelques centaines de preuves choisies dans les auteurs depuis Aristote; Lacépède, notamment, compare la sortie du jet au bruit d’un tonnerre lointain ou à la détonation d’un canon d'assez fort calibre. Mais que ne peut croire un écrivain en s'appuyant sur un autre ? Le mème crédule Lacépède ne prétend-il pas que les Baleines agées mesurent parfois la cent-millième partie d'un quadran ter- restre, c’est-à-dire plus de 300 pieds... Quand brüle le toit d’une maison, on cherche à éteindre le feu avec des pompes, mais les jets qui s’entrecroisent ne donnent nullement l'illusion d’une canon- nade violente ou de coups de tonnerre lointains, et cependant le jel s'élève à coup sûr à une hauteur plus grande que celui des Baleines » (100,824). Ces idées fausses ou inexactes reposaient sur des observa- lions commentées et exagérées par de nombreux intermédiaires; elles provenaient rarement de source directe. «Cela me fut prouvé, ajoute Von Baer, par un pêcheur qui me vendit un Marsouin, et me dit en me montrant l'évent : € C'est par là qu'ils font jaillir l'eau jusqu’à la hauteur des maisons. » Curieux, je lui demandai s'ilavait observé le fait. Mais point du tout, il avait été autrefois à la chasse des Baleines avec un pècheur du Lübeck, et c’est là qu'on lui avait conté l’histoire » (100,842). Combien de gens parlent encore du jet des Cétacés, et n'ont pas vu la mer comme le pêcheur de Lübeck ! Avant Von Baer, un baleinier observateur, Scoresby, avail reconnu la vraie nature des évents. Ce sont les vraies perforations nasales, disait-il, et il n’en sort pas de l’eau, mais de l’air chargé de vapeur. On sait aujourd’hui que la vapeur rend le jet très évident quand l'air est assez froid pour la condenser, qu'il est parfois accompagné d’eau en nature lorsque l'animal expire avant d’avoir atteint la surface, enfin qu'il varie beaucoup en hauteur suivant les Cétacés. Tous ces résullals élaient parfaitement acquis en 1836, époque où le chirurgien Thomas Beale publia son histoire du Cachalot (9). Avant Beale et Von Baer, d'ailleurs, on savait très bien que les Cétacés respirent par les évents comme la plupart des Mammifères par le nez; l'erreur courante consistait à admettre que les narines servent en outre à rejeter de l’eau. Nous empruntons à Beale, témoin oculaire très estimé, quelques gr détails sur la respiration des Célacés en général et en particulier du Cachalot (9,43-4%). « Après chaque respiration les narines disparais- sent au-dessous de l’eau ; l'inspiration dure à peine une seconde ; elle se fait par suite très rapidement, l'air pénétrant dans Ja poitrine avec une rapidité étonnante. L'inspiration, néanmoins, ne produit aucun bruit, et l'expiration elle-même ne produit qu'un souffle assez faible ; à cet égard, le Cachalot diffère des autres Cétacés, du Rorqual et de quelques autres dont l'inspiration est accompagnée d'un son bruyant semblable au bruit causé par l'air quand il est attiré rapidement dans un orifice étroit; ce son est appelé par les baleiniers le € drawback » et quand on l'entend la nuit au voisinage du bâtiment, la vigie reconnait l’espèce de Cétaté qui l'a produit. Dans un grand Cachalot € bull » (à large face) le temps employé à une inspiration et une expiration ou plutôt l’espace de temps com- pris entre la fin de deux respirations successives est de dix secondes. Durant six secondes lévent est au-dessous de l’eau, l'inspiration dure une seconde, l'expiration trois secondes et dans chaque période pendant laquelle l'animal vient respirer il fait de soixante à soixante-dix inspirations et reste, par conséquent, à la surface de l’eau de dix à onze minutes. » La tète plonge ensuite lentement, le corps s'incurve, on voit disparaitre la bose dorsale, puis la queue arquée el convexe en dessus fait saillie à la surface et l'animal s'élance verticalement dans les profondeurs. Tous ces mouvements s'effectuent avec lenteur et régularité. « Le Cétacé reste une heure et dix minutes au-dessous de la surface ; quelques-uns s’attardent pendant une heure vingt, d’autres, mais c'est un cas très rare, ne restent pas au-delà d’une heure ». Il cherche alors sa proie, et si l’on calcule le temps qu'il passe à respirer, on trouve que ce temps remplit la septième partie de son existence. Quand Fanimal revient à la surface, ajoute le capitaine Scammon (47,76) on voit d’abord saillir Fextrémité du mufle el souvent on ne voit que cette partie de son corps ; on apercoit alors ses jets de vapeur blanchâtre, et ceux-ci peuvent être aperçu du grand mât à trois ou quatre mille de distance. Dans la Mégaptère, d’après le mème observa- teur, le jet peut s'élever jusqu'à vingt pieds et forme deux colonnes qui correspondent aux deux évents. Les autres Célacés respirent probablement tous à la manière du Cachalot, c'est à dire qu'ils viennent à la surface pour faire provi- sion d'oxygène pendant quelques minutes et qu'ils restent ensuite un temps beaucoup plus long au-dessous de Feau. M. P. Fischer, qui a observé plusieurs fois en mer des Balénoptères, m'a confirmé — D — ce fait à plusieurs reprises et Scammon arrive aux mêmes résullals pour la Baleine franche (47,54). « Quand rien ne Fagite, dit-il, Vanimal reste généralement à la surface de une minute et demie à deux minutes et demie.il respire alors de six à neuf fois et dispa- rait pendant dix et quelquefois même pendant vingt minutes ». Van Beneden (194,63) rapporte que l'Hypéroodon, d’après certains baleiniers, pourrait rester deux heures loin de la surface et d’après Fr. Cuvier (7,134) il arrive souventau Dauphin « de rester sous l'eau pendant un temps très considérable. » Si bien organisés pour vivre et pour respirer dans l’eau, que deviennent les Cétacés quand ils échouent ou quand ils sont apportés sur le rivage”? Cette question est intéressante: si ces ani- maux, en effet, ont le genre de vie des Poissons, ils respirent néan- moins par des poumons comme les Mammifères terrestres, et l’on se demande jusqu'à quel point il leur serait possible de vivre à terre si on pouvait leur fournir une nourriture suffisante. Pour résoudre ce problème, il faudrait posséder de nombreux et très précis ren- seignements et, malheureusement, les différents auteurs restent muets sur la question où ne donnent que des détails très vagues. On sait, d’après la lettre de l'abbé Lecoz, que parmi les 32 Cacha- lots échoués dans la baie d'Audierne, certains vécurent quelques heures et poussaient de sourds gémissements, on sait, en outre, que deux femelles mirent bas et que les jeunes avaient une vigueur remarquable. Mais nos renseignements ne vont pas au-delà. Les pêcheurs de Sardines, à leur grand désespoir, capturent assez fréquemment des Marsouins et des Dauphins qui se sont embar- rassés dans les filets en poursuivant le poisson. Ces Cétacés, abso- lument intacis au moment où ils sortent de l’eau, sont abandonnés sur le pont et jetés sur la cale au débarquement. Ils pourraient servir à de curieuses expériences s'ils n'étaient maltraités par les enfants et quelquefois par les pêcheurs. Is meurent ordinairement sept ou huit heures après qu'on les à capturés, m'a dit M. Biétrix, mais ils vivraient probablement bien plus longtemps s'ils n'étaient soumis par les enfants aux tourments les plus barbares. Quoi qu'il en soit, la mort doit être assez rapide pour les Cétacés privés de leur élément naturel et posés sur le sol. Ces animaux ont une vigueur extraordinaire et pour soutenir leur activité ils doivent engloutir des proies en quantité considérable ; nul doute qu'ils ne tombent bien vite d’inanition quand ils sont hors de l’eau et que cette cause ne soit un des agents principaux de leur mort plus ou moins rapide. On doit penser aussi que la pression de leur corps — $86 — sur le sol doit singulièrement gèner les mouvements respira- loires et qu'une asphyxie lente se produit peu à peu, mais toujours assez rapidement pour amener la mort en combinant ses effets à l'absence de nourriture que j'ai signalée plus haut. Voix. — On a coutume de considérer les Cétacés comme dépour- vus de cordes vocales et la plupart des travaux publiés jusqu’à ce jour n'en font en effet pas mention. Toutefois Murie a décrit dans le Grampus deux cordes vocales assez développées qui s'étendent d'arrière en avant sur la face ventrale du larynx jusqu’à la base de l'épiglotte. Ces cordes sont longitudinales et non transversales commechezles autres Mammifères ; Murie fait observer qu'elles occu- pent une position à peu près analogue dans les Ruminants, notam- ment dans le Saiga qu'il à étudié et dans l’'Hyæmoschus aquaticus disséqué par Flower (42, 130). Turner, de son côté (43), signale de fausses cordes vocales rudimentaires dans la Balænoptera Sib- baldii : elles se présentent de chaque côté comme un simple pli de la muqueuse laryngienne étendu obliquement dans le sens antéro- postérieur un peu en arrière du pli aryténo-épiglottidien. D’après lui, ces cordes seraient peut-être capables de vibrer sous le passage de l'air et le son serait renforcé par la poche laryngienne. En tous cas, il est parfaitement démontré que certains Cétacés, sinon tous, sont capables d'émettre des sons. Le Cachalot pousse des mugissements quand il échoue et l'Hypéroodon ne parait pas être moins bruyant: ©1Il beugle d'une manière effrayante » dit Van Beneden (194, 63), tandis que le Dauphin, au dire de F. Cuvier, ferait entendre un cri très léger. Il paraît, ajoute le même auteur, que la Baleine « n’a jamais fait entendre de cris, n’a jamais produit de sons que l'on püût attribuer à sa voix ; du moins on ne rapporte pas qu'on lui ait jamais entendu pousser ces beuglemens dont plusieurs rorquals, dit-on, ont effrayé ceux qui ont été à portée de les voir au moment où la mer les abandonnait sur le rivage. Scoresby nie mème Ja possibilité de la voix chez ces animaux ; mais le grand nombre des témoins qui parlent des cris violens que plusieurs espèces de Cétacés ont fait entendre, et la probabilité qu'il n’y à point de différences entre l'organisation du larynx de ces espèces et celle du larynx de la baleine franche, permettent dificilement de refuser à cet animal la faculté de rendre des sons. » (7, 370). Je n'ai trouvé aucun renseignement sur cette matière dans le livre du capitaine Scammon. est | . EN | Glande thyroïde, thymus. — Ces deux glandes n’ont que des rela- tions de voisinage avec les organes respiratoires et notamment avec la trachée; leur étude à donné lieu aux divergences les plus grandes depuis Hunter qui n’a pas reconnu leur existence (3,418). Camper a signalé le thynrus dans un fœtus de Baleine franche, (12,152), Rapp dans le Dauphin et le Marsouin (12,152), Gulliver dans le Globicéphale (17,65), Eschricht dans la Balænoptera rostrata el la Megaptera longimana (15,104) et Anderson dans le Plataniste ? (50,459). Dans les Balénoptères et les Mégaptères, c’est une glande bilobée située sur le bord antérieur du cœur; dans ces deux espèces comme dans leGlobicéphaleellen’envoie pas de prolon- sement dans le cou. Elle est extrêmement réduite dans le fœtus de Baleine franche. Dans le Dauphin et le Marsouin, au contraire, elle se prolonge en avant et se divise en plusieurs lobes, mais ses deux inoitiés restent toujours en relation sur la ligne médiane. La glande thyroïde a été étudiée par les mêmes auteurs et par d'autres dans toutes les espèces signalées plus haut, sauf peut-être dans la Baleine franche. Dans les Mégaptères et les Balénoptères c'est une glande en fer à cheval, renflée à ses deux extrémités libres, qui encadre pour ainsi dire les côtés et le cul-de-sac de la poche laryngée; sa partie médiane plus étroite est située immé- diatement au-dessus du thymus. Ses rapports sont les mêmes dans les autres Célacés, mais comme le sac laryngé n'existe pas ou au moins ne fait pas saillie au dehors elle devient plus condensée, plus compacte el s’avance en avant jusque dans la région cricoï- dienne. Dans le Plataniste, on la trouve à la bifurcation de la trachée. La glande thyroïde à été signalée pour la première fois, autant que je sache, par Cuvier dans le Dauphin (6, IV, 533); Hunter ne l'avait pas mise en évidence dans ses dissections (3, 418). Le thymus a été signalé dans le Narval par Wilson (106,378) et dans la Balænoptera Sibbaldii par Turner (43), mais il n’est pas fait mention du corps thyroïde dans ces deux espèces. D'après les observations qui précèdent, on est presque en droit, néanmoins, de conclure que le corps thyroïde et le thymus sont représentés chez tous les Cétacés. APPAREIL CIRCULATOIRE Les Cétacés sont, par excellence, des animaux plongeurs et présentent par conséquent au plus haut degré l'appareil circulatoire approprié à leur genre de vie. La quantité de sang est énorme, plus srande certainement que dans aucun autre Mammifère, les troncs vasculaires sont très gros à leur origine, mais ils se résolvent le plus souvent en plexus épais et serrés ou se renflent parfois en réservoirs d'une Capacité très grande. Les veines sont partout dépourvues de valvules, mais leurs parois sont souvent très épaisses (102,399) et leur calibre acquiert ordinairement des dimensions considérables. La ramification des vaisseaux, poussée à l’extrème, engendre des anostomoses nombreuses et certains plexus (celui de la moelle épinière par exemple) mettent en relation l'extrémité de la queue avec les régions les plus antérieures du corps. C’est sans doute aussi à cette circonstance qu'il faut attribuer les variations individuelles assez nombreuses déjà signalées par Von Baer (102,400) ; ces variations, toutelois, ont été beaucoup trop exagérées et on peut dire aujourd’hui que toutes les dispositions essentielles ne subissent pas de modifications sensibles dans les individus de la mème espèce. Les caractères que nous venons de signaler ne sont pas propres aux Cétacés et se rencontrent chez d’autres animaux plongeurs el notamment chez les Lamantins (1); mais ils acquièrent dans les Cétacés leur intensité maximum et c’est à ce titre qu'on peut les ranger parmi les traits les plus typiques du groupe. CIRCULATION ARTÉRIELLE Cœur et troncs vfférents. — Le cœur est un peu plus large que long, quelquefois ses deux dimensions sont égales ; il a toujours une épaisseur beaucoup plus faible que sa longueur. Il est plus aplali chez les Cétodontes que chez les Mysticètes et, à ce point de vue, le Cachalot peut être considéré comme intermédiaire entre les deux groupes. Les mesures suivantes ont été relevées par Beauregard sur le cœur d’un Cachalot adulte (109,421): longueur Om9%, largeur 0m91, épaisseur maximum O®48. Il se termine ordi- nairement en pointe à son extrémité venticulaire, mais il n’est pas rare chez les Cétodontes de rencontrer une légère dépression à la pointe du cœur entre les deux ventrieules. Cette disposition se présente dans l'Orcella et surtout dans le Plataniste (50); Jackson signale la dépression terminale dans le Globicéphale (14) et @) Murie, — On the Form and Structure of he Manatee (Manalus americanus). — Trans. z0ol. soc. London, t. S. 1872-74, 175-178 184 — 9 Murie, dans son travail sur là même espèce, accepte la descrip- tion de Jackson. On peut observer à ce sujet de nombreuses variations individuelles ; la dépression existait dans le Cachalot décrit par Jackson, elle manque dans l'individu décrit par Beau- regard; Jackson ne la pas observée dans le Marsouin, tandis qu'elle apparaissait très nettement dans l'individu que j'ai étudié. Les rapports et les dimensions relatives des oreillettes et des ventricules sont, en général, les mêmes que dans les autres Mam- mifères ; mais l'oreillette droite est plus grande que la gauche, et si le ventricule du même côté ne parait pas toujours d’une capacité plus grande que le ventricule gauche, il faut en chercher la raison dans l'épaisseur beaucoup plus grande des parois musculaires de ce dernier. Le sang veineux revient dans l'oreillette droite par les veines coronaires, la veine cave supérieure et la veine cave inférieure. Les orifices de ces vaisseaux sont dépourvus de valvules; c’est là, du moins, la conclusion à laquelle on arrive quand on compare les descriptions des valvules du cœur (Rapp, Turner, Watson et Young, Jackson, ete.) ; toutefois, Carte et Macalister observent que la valvule d'Eustache est un peu marquée à lorifice de la veine cave inférieure. Le Delphinaptère paraît différer des autres Cétacés par la disposi- tion des veines coronaires; au lieu de former un seul sinus coro- naire, celles-ci en formeraient deux et naturellement, la valvule de Thébésius ferait défaut à leurs orifices (52). Les veines pulmonaires sont au nombre de deux de chaque côté, elles ne présentent rien rien de remarquable (11, IX, 165). Elles débouchent parfois par deux orifices seulement dans l’oreilletté gauche. Les valvules auriculo-ventriculaires sont disposées suivant le type normal. Dans le Globicéphale, Murie a signalé une anomalie curieuse de la valvule tricuspide ; le segment septal de cette val- vule serait perforé d'un orifice large comme une fève qui serait lui-mème protégé par une valvule de second ordre (37); cette dis- position n'a jamais été rencontrée ailleurs. Les valvules sigmoides, situées à lorifice des artères, ne présentent rien de particulier. Rapp a observé des nodules d’Arantius sur ces valvules dans le Dauphin (12, 157); mais ces nodules n'ont pas été retrouvés par Stannius et le plus souvent les auteurs n’en font pas mention, leur description du cœur élant toujours très succincte. Dans la Balænoptera musculus, Murie dit nettement qu'ils n'existent pas (27) et Delage est arrivé aux mèmes résultats en étudiant la mème espèce (60, 115). — 90 — Les parois des oreillettes (fig. 3, d et 4) sont bosselées sur les bords et forment des poches et des loges marginales ; souvent les oreillettes sont unies à leur intérieur, sauf dans la région des loges où se trouvent toujours des colonnes charnues parfois libres dans leur milieu. A l’intérieur des ventricules s'élèvent les piliers charnus ordinaires dont la description laisse encore à désirer. Dans le Cachalot « les ventricules, presque égaux entre eux en capacité, offrent une disposition toute particulière de leurs colon- nes charnues. Celles-ci, au nombre de deux principales, dans cha- que ventricule, sont fixées à la paroi ventriculaire par une de leurs faces, cette face toutefois n’est pas complètement adhérente. La face libre donne insertion aux cordages tendineux des valvules aurieulo- ventriculaires. Il existe dans chaque ventricule deux de ces colonnes charnues fixées, l'une à la paroi antérieure, l’autre, à la paroi pos- térieure ; chacune d'elles est formée d’un corps central aplati poly- conal, des angles duquel partent de fortes branches qui se divisent bientôt ; leurs ramifications, de plus en plus petites, s'anastomosent et déterminent des aréoles plus particulièrement nombreuses vers le sommet des ventricules. Les valvules auriculo-ventriculaires sont formées à gauche d’un repli circulaire divisé en quatre lam- beaux d’inégale longueur (deux plus grands et deux plus petits) ; à droite, le repli membraneux se divise en trois lambeaux seule- ment, un antérieur, un interne et un externe. « Les oreillettes offrent dans leur région postérieure une struc- ture aréolaire très compliquée, résultant de l’entrecroisement de nombreuses colonnes charnues, » (109,421-422). L. de Sanctis à donné une compendieuse description des piliers et des aréoles du cœur dans le Cachalot (53). Le foramen ovale inter-auriculaire, qui existe à l’état embryon- naire, ne persiste jamais chez l'adulte, mais il laisse ordinairement pour trace la fosse ovale, surtout développée du côté droit el entourée par l'anneau de Vieussens. On à constaté la persistance du trou ovale dans des fœtus déjà très avancés. Dans le fœtus de la Balænoptera Sibbaldii, étudié par Turner (43), le foramen était muni d’un bourrelet sur les bords et lenestré dans le milieu ; il avait une dimension beaucoup plus faible dans le fœtus de Baleine franche observé par Knox, mais la membrane fenestrée était toujours per- sistante ; Jackson signale purement el simplement le foramen ovale dans un fœtus de Dauphin long de 94 centimètres (14). Le conduit artériel (ductus arteriosus), prolongement du troisième arc aortique, persiste beaucoup plus longtemps à Pétat fonctionnel — NI — et se rencontre même chez les adolescents. C’est là du moins ce que j'ai pu observer sur mon baleineau de Balænoptera rostrata (lig. 3, e.). Le conduit avait les dimensions du petit doigt, et une sonde grosse comme un crayon le traversait d’une extrémité à l’autre ; dans l'adulte de la même espèce, étudié par Carte et Maca- lister il était représenté par un cordon fibreux imperforé. Dans les grands Balénoptères, il paraît persister beaucoup plus longtemps encore : son Canal avait des dimensions appréciables dans la Bala- noptera musculus de 19 mètres étudiée par Murie (27,513) et Turner l'a retrouvé dans une B. Sibbaldii de 25 mètres. En général le conduit paraît persister moins longtemps chez les Cétodontes : dans le Dauphin et le Marsouin que j'ai étudiés, il avait dû dispa- raitre depuis longtemps. Il était persistant dans un Cachalot de » mètres observé par Jackson (1%). A leur sortie du cœur, l'aorte (fig. 3, A) et l'artère pulmonaire (fig. 3, P) se dilatent fréquemment en sinus à leur sortie du cœur. Ces dilatations sont énormes dans le Cachalot (53), Turner les figure dans la Balænoptera Sibbaldiï (43) et dans le Globicéphale (3%) el Delage les décrit dans la 2. musculus (60, 117); elles étaient très peu évidentes dans ma B. rostrata (fig. 3). Du reste, il doit y avoir là des variations individuelles assez considérables; d’après Rapp les dilatations existeraient dans le Narval et seraient surtout fortement développées dans le Dauphin et le Marsouin ; or, aucun renflement n'est figuré par Wilson dans les vaisseaux du Narval (106, pl 2, A), Jackson n’a pas trouvé de dilatations artérielles dans le Dauphin (14) et si elles existaient dans le Dauphin et dans le Marsouin que j'ai eus en ma possession, elles devaient être bien faibles puisqu'elles ne m'ont pas frappé ; Slannius ne les a pas trouvées dans le Marsouin (105, 380). Chez les Mysticètes les artères émises par la crosse aortique (lig. 3, A) sont disposées comme dans l'Homme, les Anthropomor- phes, l’Ornithorhynque, les Pinnipèdes et la plupart des Rongeurs claviculés y compris le Castor. À la sortie du cœur, la crosse émet un tronc brachio-céphalique droit (?), un peu plus loin une carotide sauche (t) et à gauche de celle-ci une sous-clavière gauche (u) qui donne naissance la thoracique interne du même côté. Il en serait de mème dans l’'Hypéroodon d'après Owen (29,111, 536). Dans les Céto- dontes la disposition des artères rappelle les [nsectivores ; la caro- tide gauche naît de l'artère sous-clavière gauche et la thoracique du mème côté se détache de l'aorte en arrière de la sous-clavière. D'après Watson et Young, le Delphinaptère établirait, sous ce rapport, une Eos transition entre les Cétodontes et les Mysticèles:; comme dans ces derniers, la sous-clavière gauche donnerait naissance à la thora- cique du même côté, mais elle émettrait également la carotide gauche comme dans les Cétodontes ; en un mot, dans le Delphinap- tère, 11 y aurait deux troncs brachio-céphaliques (52, 427). Le Narval, qui se rapproche beaucoup des Delphinaptères, ressemble à tous égards aux autres Cétodontes (106); ilen est de mème du Cachalot (14). Dans l'Orque, d'après Stannius (105, 382), la carotide gauche à une origine distinete sur la crosse aor- tique, qui émet par conséquent quatre troncs successifs. irtères et plerus artériels de la j FC / tête et du cœur. — Les vaisseaux \ LA artériels du Marsouin ont été étu- )) diés avec beaucoup de soin par CAN CRE Slannius (105); nous les décrirons ra d'abord dans cette espèce d'après Fig. 3. — Cœur et troncs vasculaires le travail du savant allemand, et nous lescomparerons ensuite, pour chaque région, avec les vaisseaux de mème ordre des autres Cétacés. A la sortie du cœur, l'aorte donne immédiatement naissance aux artères coronatres ; celles-ci sont au nombre de deux, lune à son origine à droite, l’autre à gauche, mais les rameaux de ces artères se distribuent sur les deux faces du éœur et contractent de nom- breuses anastomoses. issus du cœur de la Balænoptera rostrati, vus par la face ventrale. Le tronc brachio-céphalique droit irrigue une grande partie du thorax, la nageoire et l'épaule droites, avec toute la partie droite de la tête et du cou. Il donne successivement naissance aux artères suivantes : la thoracique interne, Ja carotide interne, la carotide externe, l'artère cervico-occipitale, enfin il se continue dans la sous- clavière droite qui émet la mammaire interne du même côté. Nous laisserons momentanément sous silence les artères thoraciques et mammaires qui appartiennent à la région du thorax et nous allons passer en revue les autres vaisseaux issus des troncs brachio- céphaliques. La carotide externe, ou faciale, après avoir émis une petite branche ne destinée au larynx el au plexus artériel du cou el du cerveau, se rend sur les côtés de la tête el pénètre dans la cavité orbitaire. Chemin faisant elle distribue trois où quatre rameaux aux muscles hyoïdiens, émet une artère linguale, des branches pour les muscles de la mandibule et pour la peau et finalement se divise en deux artères linguales principales, une interne et une externe. Dans la région temporale elle donne en outre les branches suivantes : une petite artère du temporal pour le périoste de cet os, plusieurs rameaux pour les muscles de la fosse temporale, une artère alvéo- laire inférieure qui se rend dans le canal mandibulaire, les artères” des muscles temporaux, lartère ophthalmique très puissante, el les rameaux des muscles de Fœil. L'artère pénètre ensuite dans le conduit maxillaire supérieur (artère maxillaire interne), et après avoir donné naissance à une artère de l'évent, se divise en avant en deux branches : la branche infraorbitaire se distribue aux muscles des narines, à ceux qui recouvrent la mâchoire supérieure et à la peau dans la même région; Fautre branche, qui correspond à l'artère alvéolaire supérieure, se continue en avant et irrigue les dents, les gencives et les os de la mächoire. Comme la carotide externe, la carotide interne envoie un petit rameau au plexus du cou, plus loin elle pénètre dans la cavité cranienne par le trou carotidien du rocher, et y forme deux troncs principaux en même temps qu'elle donne naissance à l’étroit plexus du cerveau. Ce dernier est situé à la base du crâne, entre le plan- cher osseux et la dure-mère; en arrière il se réunit dans quatre ou cinq branches et finalement dans un seul tronc qui pénètre dans le canal viscéral des vertèbres et, chemin faisant, émet des rameaux plexiformes. Quant aux deux troncs de la carotide, lantérieur constitue l'artère cérébrale et le postérieur l'artère cérébelleuse. Les artères cérébrales des deux côtés se mettent en relation, par un puissant plexus, sur le bord antérieur de la selle turcique rudimen- taire, et il en est de même pour les artères cérébelleuses en arrière de Fhypophyse ; l'artère cérébrale s’anastomose en outre, par une branche, avec la bifurcation antérieure de l'artère cérébelleuse du mème côté. Les branches cérébrales el cérébelleuses envoient d'ailleurs au cerveau, à la surface et dans la profondeur, un certain nombre de rameaux plus où moins importants. L'artère cervico-occipitale, presque aussi forte que la sous-clavière, émet bientôt une branche pour le cou. Cette branche envoie un rameau aux muscles du cou,un autre dans le larynx entre les carti- lages cricoide et thyroïde, un troisième à la base de Ta langue. Plus 94 — loin, Partère cervico-occipilale donne naissance à des artérioles très nombreuses qui entrent dans la formation du plexus vascu- laire du cou, plus loin encore elle irrigue les muscles dentelés, teres major, grand dorsal elc., puis le tronc principal atteint la nuque, forme une couronne autour de l'occipitaletse ramifie abondamment dans les muscles puissants de la nuque. L'artère sous-clavière, après avoir envoyé quelques rameaux au laryax, à la glande thyroïde au thymus et aux muscles du cou (ces quatre rameaux partent d'une seule branche) se dirige vers la nageoire et, avant de l’atteindre, envoie une branche thoracique externe aux différents muscles de l'épaule. Au niveau de la tête de lhumérus elle se divise en deux troncs principaux; le postérieur forme plusieurs rameaux extrèmement courts qui se divisent tous en un très grand nombre d’artérioles dans les muscles des bras; l'antérieur (artère brachiale) se bifurque et peu après se résout en lines artères parallèles dont quelques-unes vont dans Pavant-bras. Parmi ces dernières, on remarque une artère radiale plus forte destinée aux deux premiers doigts, et une artère cubitale qui se ranilie dans les autres. Les artères homologues du côté gauche se distribuent de la même manière que les précédentes et forment en commun avec elles les plexus du cerveau et du cou. Dans le Marsouin qu'il a disséqué, Turner signale (34,68) entre les racines de la carotide externe et de l'artère cervico-occipitale, une branche qui se rend derrière le pharynx pour assister son homo- logue du côté opposé dans la formation du réseau du cou; il fait, en outre, observer que lartère thyroïdienne gauche du Globicéphale nait isolément de la sous-clavière gauche à une faible distance de son origine. Dans la même espèce, ainsi que dans le Grampus et le Lagénorhynque, Murie (37) signale un grand plexus situé sous la face inférieure du crâne et étalé jusqu'au voisinage de la mandi- bule; il mentionne en outre dans la cavité mandibulaire de la Baleine franche et de la Balænoptera musculus aussi bien que du Globicéphale, un réseau fibreux renfermant de la substance sraisseuse ainsi qu'un fouillis de capillaires artériels et veineux; il y aurait aussi un réseau (dans le Globicépale) à la base de la langue et à la naissance des trompes d'Eustache; la plupart de ces réseaux sont artériels el veineux et en relation par des anastomoses importantes. Dans la Balænoptera Sibbaldii (43) et, dans la. B. rostrata Comme j'ai pu m'enconvaincre après Carte et Macalister (35), il y a une carotide commune à droite comme à gauche (fig. 3,5, t) — 95 — et c’est seulement après un long trajet que le tronc commun se divise en carotide interne et en carotide externe. Dans la Balænoptera rostrata Carte et Macalister signalent une artère vertébrale issue de la sous-elavière, mais il n’est fait nulle part mention d'une cervico- occipitale chez le Mysticètes. Artères et plexus thoraciques. — Dans le Marsouin, les artères el les plexus thoraciques présentent la disposition suivante (105) : L'artère thoracique interne droite, issue du tronc brachio-cépha- lique droit, a des dimensions sensiblement plus fortes que la sous- clavière. Elle émet d'abord en avant une branche pour les muscles plérygoïdiens, l'œæsophage et le pharynx, puis elle se dirige en arrière, fournit un nombre très considérable d'artérioles au grand plexus thoracique, envoie une branche sur le bord antérieur de la première côte et se termine à la cinquième, après avoir donné naissance aux cinq premières intercostales. L'artère thoracique interne gauche se ramifie de la mème manière que la précédente, mais elle a son origine distincte sur l'aorte assez loin en arrière de l'artère sous-clavière gauche. Entre cette dernière et les premières intercostales issues de l'aorte quelques rameaux isolés, plus ou moins importants, se détachent isolément du tronc aortique el concourent directement à la formation du plerus thoracique. Les artères intercostales, qu'elles naissent indirectement des tho- raciques internes ou directement de la portion thoracique de l'aorte, se comportent toutes de la même manière et sont au nombre de douze paires (les cinq paires antérieures se détachent des thora- ciques, les sept paires postérieures de l'aorte). À une faible distance de son origine, chacune d'elles envoie une forte branche ascendante dans le muscle spinal et un peu plus bas une autre branche qui se dirige également dans le dos pour irriguer le muscle long dorsal. La neuvième intercostale de chaque côté émet en outre une branche antérieure et une branche postérieure ou récurrente, la branche antérieure se rend en avant jusqu'à la septième côte el s'anastomose superficiellement avec les branches terminales de la mammaire interne; quant à la branche récurrente, elle s’anasto- mose avec une, branche latérale issue de l'aorte en arrière el ses rameaux se répandent même jusque dans la portion antérieure du muscle psoas. Le grand plerus thoracique est formé en grande partie par des artérioles issues des artères intercostales, par les artères thora- ciques et aussi par deux troncs impairs issus de l'aorte, entre — 96 — la sous-clavière gauche et les intercostales aortiques. Il est situé superficiellement, dans la cage thoracique, entre la plèvre en dessous, les muscles intercostaux et les côtes en dessus. En relation immédiale avec le plexus du cou, il atteint sa plus urande épaisseur dans l'extrémité antérieure de la cage thoracique; il est assez étroit dans cette région, mais il s’'élargit plus loin, devient moins épais et à partir de la neuvième intercostale, s'atténue rapidement en largeur et en épaisseur jusqu'à la dernière côte. Entre la première et la troisième côte, le plexus fait saillie en dehors de la cavité thoracique et s'étend dans la région dorsale où il se continue parmi les muscles de la nuque. Sur toute sa longueur, du reste, il se prolonge dans le très large canal de la moelle par les trous intervertébraux, et, par Fintermédiaire de plexus spinal, entre en relation avec le plexus situé dans le crâne. L'artère mammaire interne, issue de Ja sous-clavière, à la même distribution des deux côtés; elle se dirige en arrière sous l'extrémité sternalé des sept première côtes, émet des rameaux intercostaux qui s'anostomosent avec les extrémités des intercostales, envoie quelques branches aux muscles du sternum et se met en relation avec les rameaux terminaux de l'artère épigastrique issue de l'hypogastrique. Le plexus thoracique du Narval, d’après Wilson (106), diffèrerait énormément de celui du Marsouin. Les deux thoraciques internes s'étendent en arrière jusqu'au huitième espace intercostal (entre les côtes 8 et 9) et, parallèles à la colonne vertébrale, servent de limite externe au plexus qui occupe, par conséquent, la même largeur dans toute son étendue. Très éloignées de la colonne vertébrale, ces thoraciques émettent en dedans une centaine de pelites branches qui se résolvent tout entières en artérioles pour former le plexus en dehors, elles donnent naissance à un petit nom- bre de branches intercostales externes qui vont à la rencontre des branches intercostales internes, issues des artères mammaires. Les artères intercostales issues de l'aorte sont au nombre de sept paires et chaque paire se détache de l'aorte par un tronc commun. La première paire se distribue dans le cinquième espace intercostal el correspond par conséquent à la cinquième paire d'intercostales. Les quatre premières paires se distribuent complètement au plexus, qu'elles servent à former, el au lieu de se prolonger en dehors du plexus comme dans le Dauphin, sont remplacées dans cette région par les branches intercostales externes des thoraciques. Les trois dernières, au contraire, ont la même disposition — 97 — que celles du Dauphin; après avoir donné de nombreux rameaux au plexus, elles quittent celui-ci et se prolongent dans les espaces intercostaux. Mais, dans chacune de ces paires, on remarque une asymétrie frappante; la cinquième paire correspond à gauche à deux intercostales (9 et 10e) et à droite n'envoie qu'un faible rameau dans le plexus ; la sixième correspond aux trois der- nières intercostales et irrigue très peu le côté gauche, enfin la septième présente la même asymétrie que la cinquième, el correspond à gauche à la dernière intercostale. En dehors du plexus on trouve l'artère mammaire qui émet une branche épigastrique antérieure et une puissante artère phrénique. Le plexus n’a guère été étudié, avec certains détails, en dehors des deux espèces précédentes. R. Owen a repris l'étude du Marsouin (29, IL, 546) et arrive aux mêmes résultats que Stannius ; antérieu- rement, Breschet avait étudié le réseau dans la même espèce, mais il n'avait pas signalé le rôle important des artères thoraciques (104). Carte et Macalister ont signalé le plexus thoracique dans la Balæ- noptera rostrata (35,221); pour eux ce plexus serait principalement logé dans la région cervicale à l’intérieur des anneaux formés par les apophyses transverses des vertèbres cervicales, il s’étendrait en arrière Jusqu'à la quatrième vertèbre dorsale et enverrait d’ailleurs des prolongements dans le canal neural. Dans la B. Sibbaldii, Turner signale les mammaires internes et les artères thoraciques, et il ajoute que ces dernières contribuent à la formation du plexus tho- racique. Murie (37) et Anderson (50) ont signalé en passant le plexus thoracique du Globicéphale et du Plataniste, mais sans accorder à cet organe une étude particulière. Dans les recherches que j'ai faites, j'ai porté tout particulière- ment mon attention sur le plexus, afin d'ajouter quelques éléments nouveaux à nos connaissances très incomplètes en ce point, et, comme on vient de le voir, trop souvent contradictoires. Dans le Dauphin (lig. 4), j'ai observé une disposition assez semblable à celle du Marsouin. Les artères intercostales sont au nombre de quinze paires (la dernière paire n'est pas représentée sur la figure); les deux premières paires (a? , «° ) naissent indirecté- ment des artères thoraciques (4, l’): les autres naissent séparément de l'aorte par des troncs impairs assez longs en avant et beaucoup plus courts en arrière (4); chaque tronc impair se bifurque pour donner les deux intercostales correspondantes. Dans le Marsouin les artères intercostales antérieures se détachent seules de l'aorte par des troncs impairs (105). Dans la région antérieure les branches” 13 — YS — spinales des intercostales naissent directement des artères tho- raciques; les autres artères intercostales ne présentent aucune différence essentielle avec celles des Marsouins, seulement, l'artère spinale de la première paire aortique prend un très grand dévelop- pement et va former sur la nuque un réseau important. La onzième paire intercostale m'a paru présenter la même disposition que celle ty ie | du Marsouin. Le : | plexus est extraor- dinairement épais à l'extrémité antérieu- re de la cavité thora- cique, en arrière il devient très étroit et fort mince et, dans cette région, il pré- sente à peine quel- ques rameaux sur la face inférieure du corps des vertèbres. Lesrecherches très précises que j'ai pu faire sur la Balænop- tera rostrata (fig. 5) me portent à consi- dérer les Mysticètes comme des Cétacés où le plexus thoraci- que est loin d'avoir les grandes dimen- sions qu'il présente Fig. 4. — Plexus thoracique du Dauphin, vu par la chez les Cétodontes. RTE Du reste, et c’est là le côté intéressant de mes observations, les artères situées en dehors du plexus, mais encore très rapprochées de celui-ci, manifestent déjà une tendance à la disposition plexiforme ; elles émettent de petites artériales grèles, flexueuses, qui s'anastomosent entre elles ou se mettent en relation avec le plexus lui-mème. Cette disposition curieuse a été très imparfaitement représentée dans la partie pos- térieure de la figure. Dans la B. rostrata que j'ai étudiée, comme dans tous les Mysti- cètes, on observe à droite un tronc brachio-céphalique (i) qui se — 99 — divise bientôt en carotide commune (c) el en sous-clavière (b). La sous-clavière elle-même se bifurque bientôt, sa branche interne est la thoracique interne (t), sa branche externe représente la mam- maire (m) et émet le tronc axillaire (sc) des nageoires antérieures. A gauche, la sous-clavière (b) se détache directement de la crosse aortique à côté de la carotide commune gauche (fig. 3, w), mais elle ne présente pas d’autres différences si on la compare avec la sous- clavière droite. L'artère thoracique se dirige en dedans sous la forme d'un arc dont la corde serait la lroisième côte; elle se dirige ensuite en arrière parallèlement à la colonne vertébrale et se ter- mine entre la cinquième et la sixième côte. Chemin faisant, elle émet un certain nombre de branches importantes qui émettent Fig. 5. — Plexus thoracique de la Balænoplera rostrata, vu par la face ventrale. toutes des artérioles, comme l'artère elle-même, pour le plexus thoracique. Ces branches jouent le rôle des cinq premières inter- costales; celles qui naissent en avant sur le bord antérieur finissent par se résoudre complètement en petites branches pour le plexus, mais les autres envoient toujours quelques branches en dehors du côté de l'artère mammaire, à lFexceplion toutefois de celles qui remontent du côté dorsal et qui correspondent aux artères spinales — 100 = du Marsouin. Ces dernières branches sont au nombre de trois ou de quatre et présentent toutes des dimensions considérables. Les artères intercostales proprement dites (4) (celles qui naissent direc- tement de l’aorte) se détachent isolément de cette dernière ; elles présentent par conséquent la disposition normale des Mammifères et diffèrent en cela des artères du Marsouin, mais surtout des artères du Dauphin et du Narval. La première de ces intercostales émet un certain nombre d'artérioles plexiformes et notamment celles qui servent de point de départ au plexus en arrière, la seconde donne naissance aux artérioles flexueuses auxquelles j'ai fait allusion et qui entrent en relation avec la partie postérieure du plexus ou avec l'artère intercostale précédente, enfin la dernière artère intercos- lale représentée sur la figure émet un très petit nombre de ces artérioles qui sont toujours flexueuses, mais sans relation aucune avec les artères intercostales précédentes ou avec les artérioles qui en partent. Ainsi, d’après mes recherches, le plexus s'étend plus loin en arrière qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, en dehors de ses limites très nettes, les artères qui lui font suite se distinguent par leur ten- dance à devenir plexiformes: enfin les artères intercostales issues de la thoracique, malgré leur irrégularité frappante, rappellent beaucoup plus celles du Dauphin où du Marsouin que celles du Narval. La réduction du plexus, déjà très grande dans le sens longitudinal se manifeste bien plus fortement encore dans le sens transversal. Le plexus atteint des dimensions latérales assez considérables entre la deuxième et la troisième côtes ; plus en arrière, il devient brus- quement beaucoup moins large et, entre la sixième et la septième côtes se met en relation, par un paquet vasculaire étroit, avec la deuxième intercostale issue de l'aorte. En avant, il s’atténue beau- coup moins vite, se dirige vers les vertèbres cervicales, traverse, comme l'ont observé Carte et Macalister, les trous latéraux de ces dernières vertèbres (v) et reparait en avant (p) sur les côtés des condyles occipitaux ; comme de coutume, il envoie des prolonge- ments dans le canal neural. Si l’on examine les bords internes du plexus, on voit qu'ils ne recouvrent nullement la face inférieure des corps vertébraux comme chez les Cétodontes ; le plexus droit, en un mot, est séparé du plexus gauche et il suflira de jeter un coup sur les figures £et5 pour se rendre compte des différences pro- ondes qui existent, à tous égards, entre le plexus des Mysticètes el celui des Cétodontes. Toutefois, dans la B. rostrata, le plexus droit n'est pas complètement séparé du plexus gauche ; une branche — 101 — impaire (n), médiocrement développée, se détache directement de l'aorte et, dans sa course en avant, forme un plexus peu serré qui se meten relation avec les plexus des deux côtés. J'ai relevé plus haut les divergences qui existent entre les auteurs relativement aux artères qui entrent dans la constitution du plexus et la conclusion à laquelle on peut être conduit c'est que, vraisem- blablement, chaque genre est caractérisé par une disposition parti- culière du pleæus, ce qui donne immédiatement un intérèt tout particulier à l'étude de cet organe qui est caractérisé d'ailleurs par son extension, beaucoup plus faible chez les Mysticètes que chez les Cétodontes. D’autres divergences existent dans la nature et dans les rapports des artérioles qui entrent dans la constitution du plexus. D’après Hunter (3,415), qui a reconnu le premier la vraie nature de cet énorme plexus, les artérioles avec les muscles intercostaux formeraient quelque chose d’analogue à ce qu'on observe dans les artères spermatiques du Chien; d’après Breschel (104,15 et 18) les intercostales tout entières se réduiraient en plexus pour se reconstituer à la périphérie, les artérioles n’émettraient que très peu de branches et ne seraient pas en relation avec des veines. Stannius a montré que les intercostales traversaient le réseau sans se résoudre complètement en branches (105,395) ; Owen a fait observer (29,546) que les artérioles de deux espaces intercostaux entrent en relation par des anastomoses, mais il ajoute que ces fins vaisseaux peuvent € ètre suivis sur une grande lon- gueur sans changer de calibre et sans émettre aucune branche » ; Wilson (106,385-386) observe, par contre, trois sortes d’artérioles, il signale des plissements sur les parois de celles-ci, mentionne un fin réseau veineux intercalé au plexus artériel, des branches secondaires et tertiaires issues des artérioles, enfin il attire latten- tion sur la différence qui existe entre le faible calibre de ces dernières à leur origine et le calibre plus considérable qu'elles finissent par prendre plus loin; pour terminer cette revue rétrospective, ajoutons que Carte et Macalister considèrent Je plexus comme étant plus veineux qu'artériel. Voici maintenant les observations que j'ai pu faire sur la nature intime du plexus. J'ai d’abord remarqué, avec Wilson, que le plexus peut se séparer assez facilement des muscles intercostaux et des côtes sous-jacentes qui servent simplement à le Supporter ; j'ai vu ensuite que sur ses bords latéraux, et surtout en arrière, deux plexus intercostaux successifs peuvent être isolés sur une certaine longueur sans trop de ruptures où de déchirures. Je me suis alors — 102 — demandé si, comme on l’a fait observer, deux plexus intercostaux successifs présentaient entre eux des anastomoseS importantes. Pour résoudre cette question d’une manière positive j'ai eu recours à la dissection et à l'expérimentation. Dans un Dauphin j'ai suivi ces filamentsenchevêtrés d’une manière presque inextricable jusqu'à mettre en évidence un certain. nombre d’anastomoses très nettes entre deux plexus intercostaux successifs; puis, ayant reçu le baleineau de B. rostrata j'ai pu me convaincre, presque sans dissection, que ces anastomoses existaient bien réellement, parce que sur le bord postérieur du plexus, certaines artérioles que j'ai signalées avaient une disposition plexiforme et se mettaient en relation avec le plexus ou avec l'artère intercostale voisine. J'ai vérifié ensuite par l'expérience, sur un Marsouin et sur la B.rostrata, les résultats auxquels m'avaient conduits la dissection : j'ai isolé absolument une artère intercostale en relation avec le plexus et j'ai poussé une injection dans cette artère ; j'ai vu alors le plexus s’injecter tout entier non seulement dans la partie en relation avec l’intercostale étudiée mais dans les régions voisines. Cette dernière préparation m'a montré en outre que le plexus est artériel. Qu'il y ait quelques veines mélangées avec lui, cela paraît de toute évidence, mais ces veines ne prennent aucune part à la formation du plexus et sont simplement intercalées dans ses mailles. Comme Wilson j'ai pu observer que les artérioles sont plus petites à leur origine que dans leur parcours plus éloigné, mais je n'ai pu constater entre leurs racines cette égalité frappante dont il fail mention; j'ai vu ensuite que les ramifications des artérioles sont nombreuses, qu'elles se produisent quelquefois par faisceaux de trois ou quatre et que, dans ce cas, toutes n’ont pas les mêmes dimensions. Je n'ai pu apercevoir les plissements signalés par Wilson dans les artérioles ; enfin je n’ai trouvé aucune différence, dans le calibre de ces dernières, entre les Cétacés de grande taille (Balénoptère) et les petits Cétacés tels que le Dauphin et le Marsouin. irtères de l'abdomen et de la queue. — Dans cette région du corps, nous choisirons encore pour type la description du Marsouin (105). Au niveau de l’origine de la dernière paire intercostale on voit naître de chaque côté les deux artères lombaires et de petits rameaux phréniques. Entre les deux artères lombaires se détache l'artère cœæliaque et immédiatement après l'artère mésentérique supérieure. L'artère cœliaque se divise en deux branches, l’une destinée à — 103 — l'estomac, au pancréas, au foie et à la rate, l'autre au duodénum qu’elle atteint en formant un arc dans le mésentère. L’artère mésen- térique supérieure présente d’abord la mème disposition que cette dernière, mais du bord externe de son arc on voit partir des arcs secondaires donnant à leur tour des arceaux tertiaires ; les arté- rioles terminales partent de ces dernières et se rendent à l'intestin. Viennent ensuite les artères surrénales (deux à droite, une à gauche), les grosses artères latérales qui forment une paire, et un peu plus en arrière la paire formée par les artères rénales. Chaque artère latérale se ramifie sur le muscle psoas, envoie des branches à son intérieur et forme deux troncs principaux; lun se dirige en avant et va se mettre en relation par des rameaux de second ordre avec la branche postérieure de la neuvième intercos- tale; l’autre va en arrière, présente des divisions nombreuses el entre en relation, d’une part, avec une autre artère latérale qui nait de l'aorte dorsale au voisinage des artères spermatiques, de l’autre avec les rameaux de lartère épigastrique. Quant aux artères rénales, elles se distribuent dans les reins et fournissent un rameau à chaque lobule. Les deux artères spermatiques s'associent à quelques autres artères plus petites et forment un réseau très serré qui s'étend jusqu'aux testicules et à la prostrate; à ce réseau se joignent de nombreux et fins vaisseaux issus des artères hypogastriques. En arrière des artères Spermatiques, on voit naître successive- ment l'artère mésentérique postérieure qui se rend au rectum, et les deux fortes artères hypogastriques. Celles-ci envoient de nombreux rameaux aux muscles du bassin, une branche à la vessie, une artère péniale impaire, enfin une forte artère épigastrique qui se ramifie dans les muscles ventraux et s’'anastomose avec la mam- maire interne à son extrémité postérieure. Entre la dernière vertèbre dorsale et la première vertèbre cau- dale, l’aorte dorsale émet douze paires d’artères lombaires qui émettent les mêmes branches dorsales que les intercostales et envoient aussi, surtout en avant, des rameaux puissants dans le muscle psoas. Dans la queue, l'artère dorsale passe entre le corps des vertèbres et les os en chevrons: logée dans le canal hémal, elle est entourée par un plexus qu'elle a formé elle-même, mais elle ne se résout pas complètement en faisceau comme l'avait pensé Von Baer, et on peut la suivre jusqu'à l'extrémité de la queue. Chemin faisant elle donne naissance à des branches ventrales et à des branches dorsales ; ces dernières occupent la même position — 104 — relative que dans la région lombaire, seulement la gouttière verté- brale dans laquelle on les trouvait logées s’est changée de chaque »ôté en un canal clos qui iorme de chaque côté, dans les corps vertébraux de tous les Cétacés, des perforations latérales. Dans la nageoire caudale, les rameaux ne forment aucun plexus et ont un parcours rectiligne. L'aorte dorsale, dans sa région postérieure, n’a généralement pas été étudiée parla plupart des auteurs qui ont porté leurs recherches sur les Cétacés ; on sait toutefois que l'aorte ne se résout jamais tout entière en plexus dans la queue et se prolonge jusque dans la nageoire. Des divergences très grandes sont dues aux diverses inter- prétations qu'on a données aux artères hypogastriques. D’après Rapp (12, 164) les artères crurales et iliaques communes n'existent pas chez les Cétacés, tandis que, d'après Meckel (11, IX, #18), « on ne trouve que les iliaques internes qui se distribuent à la vessie urinaire et aux organes de la génération. » Murie, au contraire, considère les artères hypogastriques de Stannius comme des iliaques communes et en donne une description assez complète qui doit trouver place ici. D'après cet auteur l'artère iliaque commune du Globicéphale (37, 270-271) se divise bientôt en deux branches : la branche antérieure reçoit le nom d’hypogastrique; elle émet quelques rameaux à sa base, remonte jusqu'au sommet de la vessie urinaire où elle rejoint son homologue du côté opposé et, formant dans cette région l'artère ombilicale, se réduit en un cordon presque imperforé. La branche postérieure se divise bientôt en une iliaque externe qui se distribue aux parois abdominales et aux organes vénitaux, et en une branche iliaque interne qui se rend aux parties sénitales et aux muscles du bassin. J'ai étudié ces parties avec le plus grand soin afin de faire dispa- raitre, autant que possible, les divergences fâcheuses qui rendent si difficile cette étude dans les Cétacés. Voici les résultats que j'ai pu obtenir (je conserverai, pour être plus clair, la nomenclature adoptée par Stannius) : Dans la femelle du Dauphin, il n'y à aucune relation entre les artères génitales et les artères hypogastriques. Les premières sont extrèmement nombreuses et forment dans le ligament large un plexus artériel d’une richesse extrème:; les branches de ce plexus ne se prolongeaient pas très loin du côté ventral, ce qui tient peut- être à une injection incomplètement réussie, mais elles se resser- raient et s’anastomosaient étroitement du côté dorsal, et leurs — 105 — branches principales nombreuses allaient se jeter séparément dans l'aorte dorsale, soit en passant sous la veine cave inférieure, soit en passant par dessus. L’artère mésentérique inférieure séparait le plexus des artères hypogastriques. Celles-ci présentaient toutes les branches indiquées par Murie: à une faible distance de leur origine on voyait naitre les artères ombilicales, restes atrophiées et imper- lorés des artères ombilicales du fœtus, ces artères étaient transfor- mées en deux cordons fibreux qui allaient s'attacher au sommet en cul-de-sac de la vessie urinaire. Un peu plus loin, chaque artère ombilicale se bifurquait : la branche antérieure se dirigeait en avant, à une faible distance de los du bassin, se ramifiait abon- damment dans les parois ventrales et envoyait même quelques branches en arrière, à une faible distance du bord externe de los du bassin ; la branche postérieure était franchement récurrente et se distribuait dans les muscles du bassin. Le Marsouin mâle m'a montré une disposition semblable des artères hypogastriques, et notamment deux artères ombilicales inperforées et distinctes au sommet de la vessie. L'artère sperma- tique (fig. 6, a) est absolument indépendante de l'artère hypogas- trique et présente des caractères tout particuliers. Elle naît, par un très grand nombre d’artérioles, de l’aorte dorsale dans la région qui se trouve en arrière des reins ; ces artérioles circulent dans le liga- ment péritonéal qui rattache les glandes mâles aux parois du corps et qui est homologue du ligament large de la femelle. Là, elles se dirisent en dehors et en dessous, se ramifient peu abondamment, mais deviennent sinueuses, s'anastomosent entre elles et consti- tuent un plexus génital d'une grande richesse (a). Vers son bord externe et postérieur, le plexus devient très épais, réunit ses branches et finalement forme deux gros vaisseaux qui débou- chent bientôt lun dans Flautre el constituent lartère sperma- tique (a). Cette artère atteint le testicule à l'extrémité postérieure, elle suit à quelque distance son bord externe et finalement pionge dans son intérieur, après avoir émis des branches à la surface. Nous avons donc ici lexemple, pour le moins très rare, d’un vaisseau simple dans sa région moyenne et abondamment ramifié à ses origines comme à son extrémité. Les artères lombaires, dans le Dauphin, n'offraient rien de parti- culier et se distribuaient comme celles du Marsouin. Il y avait deux fortes artères rénales à droite, une grosse et plusieurs petites à gauche. Meckel fait observer, et il a probablement raison, qu'il n°y a généralement qu'une artère rénale de chaque côté et la multi- 11 — 106 — plicité de ces vaisseaux lui parait être un caractère individuel (11, IX, 416). Les artères cœliaque et mésentérique antérieure naissaient de l'aorte par un tronc commun assez court. Le plexus génital existe chez les Mysticètes ; Carte et Macalister, toutefois, n’en font pas mention en signalant les grands plexus du corps. VEINES Dans le Marsouin. — Les veines des Cétacés, comme de tous les animaux en général, sont beaucoup moins bien connues que les artères. Nous relevons ici comme type la description de lPappareil veineux du Marsouin, d'après Von Baer (102) ; c’est le seul travail un peu étendu que nous possédions sur ce sujet intéressant. Le système veineux du Marsouin est caractérisé par un certain nombre de caractères embryonnaires qui ne sont pas sans relation avec la forme simple du corps de l'animal. Le système de la veine cave antérieure présente de larges relations avec la veine cave postérieure et ces relations s'établissent, non seulement par les veines intercostales, mais aussi par les très larges vaisseaux vei- neux du canal neural. Comme dans les embryons de Vertébrés et comme chez les Vertébrés inférieurs, les veines forment d’abord des plexus avant de constituer les troncs importants qui s'ouvrent dans l'organe central; si, dans la tête par exemple, on suit les vaisseaux veineux du centre à la périphérie, on les voit tous se résoudre en plexus et éviter la division arborescente qui caractérise Pappareil circulatoire des Vertébrés supérieurs. Un autre trait essentiel de lappareil veineux c'est la largeur considérable de ses voies, la dimension plus forte des branches qui entrent dans ses plexus, enfin l'absence totale de valvules à l'intérieur de ses vaisseaux. Au niveau du tiers postérieur des reins, la veine cave inférieure se partage en deux gros troncs qui restent parallèles et en contact sur la ligne médiane el sont désignés par Von Baer sous le nom de veines iliaques quoiqu'ils aient des fonctions beaucoup plus complexes que les veines iliaques des autres Mammifères. Ces deux gros troncs sont exclusivement alimentés par des plexus veineux dont les principaux sont les suivants : 4° le plexus caudal logé dans l'arc hémal et mèlé au plexus artériel; il se jette à peu près tout entier dans la veine iliaque droite; 2 le plexus rectal qui met en relation la veine cave inférieure avec la veine porte et se jette AD aussi dans l’iliaque droite ; 3° enfin un plerus épigastrique et un autre plexus qui se forme dans les muscles du bassin. Les trois masses veineuses que nous venons de signaler sont situées en arrière de la cavité abdominale, et l’une d’elles (la pre- mière) se prolonge même très loin dans la queue. Il en est d’autres qui sont situées sur les côtés des veines iliaques et qui jouent un rôle encore plus important dans leur formation. Ces plexus sont au nombre de trois de chaque côté et comprennent, de la face dorsale à la face ventrale, le plexusdes apophyses transverses, le plexus du psoas et le plexus péritonéal. Le plexus des apophyses transverses occupe la face ventrale des vertèbres de la région lombaire ; il s'ouvre par de nombreux troncs dans les veines iliaques et ne mérite du reste aucune mention spé- ciale. — Le pleæus du psoas est situé sur la face ventrale du muscle psoas ; il s'étend du tiers postérieur de la région des reins jusqu'à la partie la plus reculée de la cavité abdominale. Les veines qui le constituent s’anastomosent abondamment et laissent entre elles des mailles plus ou moins étroites. D'après Von Baer le rôle de ce plexus extrêmement étendu serait de mettre en relation la veine cave inférieure avec les veines tégumentaires postérieures, mais On à vu que Stannius le considère aussi comme la voie naturelle qui permet au sang des artères lombaires de revenir au cœur. Le plexus recoit de chaque côté une veine postérieure qui longe la queue parallèle- ment à la ligne médiane, une veine latérale postérieure qui vient des parties latérales et postérieures de la queue, une veine latérale antérieure issue des téguments un peu en arrière du bassin, enfin un petit pleæus ischiatique allongé, par l'intermédiaire duquel lui arrive le sang des trois derniers vaisseaux. Sur son bord externe le plexus recoit en outre cinq à sept troncs veineux tégumentaires qui traversent les muscles abdominaux, en avant il présente quel- ‘ques relations avec le plexus phrénique parallèle aux artères lom- baires, enfin en dedans il s'ouvre par des orifices larges et nom- breux dans la veine iliaque correspondante. — Le plerus péritonéal est logé, au-dessous du précédent, dans la membrane péritonéale déjà occupée par le plexus génital artériel. Complètement distinel du plexus du psoas il est formé par de petits vaisseaux qui débou- chent dans la veine iliaque correspondante par une série d'orifices disposés sur une ligne droite. Les deux veines caves antérieures se réunissent avant de s'ouvrir dans l'oreille droite; comme de coutume, elles ont lune et l'autre pour origine deux veines jugulaires, une interne et une externe. À — 110$ — part ces troncs tout Le reste du système veineux antérieur est plexi- forme, ainsi on trouve un puissant plexus dans la région de lévent et un autre le long de la màchoire inférieure. Aucune veine azygos proprement dite ne met en relation la veine cave postérieure avec la veine cave antérieure; Von Baer suppose toufefois qu'un réseau veineux très fin et dificile à remplir par les injections se trouve mêlé au plexus artériel thoracique, mais n'offre qu'une communication très indirecte aux deux systèmes de erandes veines. En réalité, la communication s'établit par une énorme veine logée dans le canal vertébral : quand on étudie le tronc impair de la veine cave antérieure on est frappé, non seule- ment par son calibre énorme, mais par sa disparition presque subite. On voit sans doute qu'elle est formée par deux branches alimentées en partie par les rameaux du plexus sous-intercostal (veines intercostales), mais on remarque aussi que ces deux bran- ches ne sauraient à elles constituer un tronc aussi gros. En fait, on trouve que la face inférieure de la moelle est occupée par deux fortes veines, que celles-ci s'ouvrent en arrière dans la veine cave inférieure, mais qu’elles se réunissent en avant en un tronc énorme, et que ce tronc à lui seul vient déboucher dans la veine cave anté- rieure dont il est le principal afférent. Les deux veines situées dans le canal vertébral ne sont pas des azygos (celles-ci manquent chez tous les Célacés), mais elles jouent le mème rôle et présentent des dimensions en rapport avec la masse considérable de sang qu'elles sont destinées à conduire. En mème temps que Von Baer, Breschet (104,19) mentionnail l'absence de l’azygos dans le Marsouin et donnait une étude plus détaillée des veines neurales qui la remplacent. Ces veines sont au nombre de deux, mais la gauche est beaucoup plus petite que la droite; elles s'envoient transversalement des branches d’anastomose nombreuses et importantes, et finalement se réunissent en avant. Ces veines occupent toute la longueur du rachis et reçoivent chemin faisant les veines caudales, lombaires et intercostales. Entre la troisième et la quatrième côte, le tronc veineux commun quitte le canal neural, arrive à droite dans la région supérieure de la cavité thoracique et, se dirigeant vers la ligne médiane, s'ouvre avec la veine jugulaire commune dans la veine cave antérieure. Une excellente injection de l'appareil veineux m'a permis d’étu- dier, sur un Marsouin male, la disposition et les relations des plexus situés au fond de la cavité abdominale. La veine cave se divisait en deux branches inégales au niveau du bord anté- — 109 — rieur des reins. Ces deux branches restaient parallèles, et en con- tact; la gauche, de beaucoup la plus petite, se prolongeait isolé- ment en arrière, sans se diviser ni s'anastomoser avec la droite ; cette dernière, par contre, se bilurquait en arrière des reins el sa branche gauche, après un trajet un peu moins long que le plexus péritonéal, se réunissait à la branche droite qui, un peu plus loin se divisait de nouveau en deux troncs égaux, parallèles, eten contact comme les précédents. Ce mode de division suffirait à lui seul pour montrer que la dénomination de veines iliaques employée par Von Baer est vicieuse; aussi, dans lPétat d'imperfections où sont nos connaissances el aussi pour être plus précis, j’appellerai A la branche gauche primitive, B la droite, C la division gauche de cette dernière et D sa division droite. Ces branches offrent des relations particulières avec les plexus avoisinants. Le plexus péritonéal (fig. 6, s) occupe la mème position que le plexus génital artériel, en ce sens qu'ilest situé dans le ligament péritonéal ; il est d'ailleurs étroitement mêlé au plexus artériel et, dans la figure, on a représenté le plexus artériel (a) à gauche, le plexus veineux à droite. Ce dernier à son origine par un très grand nombre de petits orifices, à gauche dans la branche CO, à droite dans la branche D. Tous ces orifices sont assez irrégulièrement distribués suivant une ligne droite. Les branches du plexus se dirigent en dehors, deviennent flexueuses, s’anastomosent, se divisent et se réunissent en plusieurs troncs principaux qui vont se ramifier dans le testicule (t). Un de ces troncs, de beaucoup le plus important (v°) est situé sur le bord antérieur du plexus qu'il suit sur presque toute sa longueur ; il recoit un grand nombre de branches plexi- formes et, sur le côté externe du plexus, envoie une où deux bran- ches à lépididyme (e) et au testicule, puis se continue sur le bord antérieur de ce dernier où il se bifurque avant de se ramifier abon- damment à la surface et dans l’intérieur de la glande mâle. Sur son côté externe et un peu plus en arrière, le plexus émet deux ou trois autres branches pour l’épididyme et pour le testicule; enfin, plus en arrière encore, le plexus forme des rameaux de plus en plus gros qui se résolvent en quelques branches bientôt réunies en un oros tronc (v). Ce dernier est situé à l'extrémité postérieure du testicule où il se divise bientôt et se distribue de la mème manière que le trone v’. Les veines supertficielles du testicule sont extrème- ment abondantes et contractent de fréquentes anastomoses ; les veines internes m'ont paru moins nombreuses. Si nous suivons, depuis leur origine, les petites veines qui leur ont donné naissance, — 110 — nous voyons que la disposition est exactement la mème que celle des artères du plexus génital, en ce sens que les gros troncs (v, v’, etc.) occupent la région moyenne et se divisent, suivant le mode arbores- cent du côté externe, suivant le mode plexiforme de côté interne. Fig. 6. — Plexus abdominaux et organes génito-urinaires du Marsouin mâle. Je dois ajouter qu'un nodule (b) formé par le plexus se trouve à l'extrémité antérieur de l'os du bassin et se met en relation avec le tronc vet avec le reste du plexus. Le plexus du psoas (ps) est situé immédiatement au-dessus du plexus péritonéal et apparait dans une lacune centrale de ce der- nier. Il s'ouvre par de grands et nombreux orifices, à droite dans la branche D au-dessus des orifices du plexus péritonéal, à gauche dans la branche C. Les rameaux qui le forment présentent la dis- position caractéristique signalée par Von Baer, mais ces branches sont grosses, non flexueuses et contrastent singulièrement avec les fines branches enchevètrées du plexus péritonéal. On sépare très — 111 — facilement, sur une grande étendue, les deux plexus superposés, mais il n’est pas juste de dire qu'il n°y à entre eux aucune relation. J’ai pu observer, dans les régions moyenne et externe qnelques fines branches allant verticalement de lun à l'autre; mais du côté interne, au voisinage de la veine cave, les rameaux de communica- tion sont bien plus nombreux et finissent par devenir très abondants aux points où le plexus du psoas recoit le plexus périrectal el celui de la vessie. Autres Cétacés.— Dans la femelle du Dauphin, le sinus péritonéal élait beaucoup moins développé que dans le male du Marsouin et, sans injection, se faisait à peine remarquer au milieu du plexus arté- riel génital. Les veines rénales étaient au nombre de deux à gauche, mais il n'y en avait qu'une à droite. Comme les artères, elles envoyaient une branche à chaque lobule et distribuaient leurs branches ultimes dans la capsule rénale. Le plexus du psoas m'a paru manquer absolument dans la Balænoptera rostrata que j'ai étudiée et il m'a été impossible d'observer le ligament périlonéal. Dans la mème espèce, Carte et Macalister ne signalent ni le plexus du psoas ni le plexus péritonéal. D’après Turner (43), les veines antérieures du corps présente- raient une disposition particulière dans la Balænoptera Sibbaldii. Le tronc commun de la veine cave serait formé par deux veines innominées (jugulaires ?) qui commenceraient à la naissance de la nuque sous la forme de sinus dilatés; dans ces sinus viendraient s'ouvrir les veines de la nuque, des nageoires et des parois internes de la poitrine. Région hépatique. — Sur le trajet de la veine porte, on a cbservé assez fréquemment les restes de la veine ombilicale du fœtus. Dans la B. rostrata (35, 251), Carte et Macalister l'ont vu entrer dans le foie par le bord libre du ligament falciforme, mais elle s’oblitérait à quelque distance et envoyait un rameau à la veine porte sans former toutefois un ductus venosus comme dans le Cheval. Jackson (14) a également signalé la persistance de la veine ombilicale dans le Cachalot, le Dauphin, le Marsouin et le Globicéphale. Il-est probable, par conséquent, que les restes de la veine sont aussi constants que ceux de l'artère ombilicale. Meckel signale en outre une dilatation en sinus de la veine porte dans le Marsouin: une dilatation de mème nature existerait aussi dans la Loutre et à un moindre degré — 112 — dans le Phoque etdans le Castor (11, IX, 450). Jackson n’a retrouvé ce sinus dans aucun des quatre types qu'il a étudiés et Murie ne le signale pas dans l’Otarie (1). Une disposition bien plus remarquable à été signalée par tous les observateurs, sauf Jackson (14), dans les Cétacés. C’est une énorme dilatation de la veine cave inférieure en arrière du diaphragme. Ce sinus est allongé, très renflé et occupe une fissure longitu- dinale sur le côté dorsal du foie. On l'a retrouvé chez presque tous les Mammifères plongeurs et j'ai pu moi-même l'étudier tout récemment dans le Rat d’eau (4rvicola amphibius). D’autres dilatations ou sinus s’observent dans les veines sus- hépatiques à l'intérieur du foie. Elles ont été signalées par Meckel dans le Dauphin et depuis n’ont jamais été étudiées que je sache ; Jackson ne les a retrouvées ni dans le Cachalot, ni dans aucun des trois autres types qu'il a décrits (Globicéphale, Marsouin, Dauphin) ; cependant elles existent bien réellement et acquièrent parfois une très grande importance. C’est dans le Dauphin que les sinus m'ont paru avoir le plus grand développement. Le foie de cet animal est composé de deux lobes étroitement appliqués sur le sinus de la veine cave infé- rieure. Les veines sus-hépa- tiques de petite taille sont nombreuses et débouchent, soit immédiatement en sortant du foie, soit après un court trajet dans ce dernier sinus. Il en est deux, toutefois, qui prennent des dimensions très considérables et 1 1 se renflent en sinus énormes à 4 l’intérieur de l'organe (fig. 7). Fig. 7.— Le joie du Dauphin avec Le plus grand sinus (gd) corres- ses sinus veineux, vus par la pond au grand lobe du foie et face ventrale, : : ; le moins développé (g) au lobe plus réduit. Chacun de ces sinus s'étend à l’intérieur de la glande sur une grande longueur et prend une forme ovoide quand il est injecté. A l’intérieur viennent s'ouvrir les veines afférentes par un Murie, — Descriptive Anatomy of the Sea-Lion [Otaria jubata). Transact. zool. Soc. London. — T. 8, 1872-1874, 546. h A6 — 115 — grand nombre d'orifices de toutes dimensions; les plus grands, situés à l'extrémité postérieure, admettaient très facilement le pouce, d’autres étaient réduits à la grosseur d'une tête d’épingle. Les deux sinus allaient en convergeant et en se réduisant à leur extrémité antérieure et débouchaient par une extrémité rétrécie, mais au moins aussi grosse que la veine cave, immédiatement au- dessus du diaphragme; les orifices /o, 0’) dans la veine cave fr) n'étaient séparés que par une mince cloison commune. Chacun des sinus, quand il était bien gonflé par l'injection, égalait environ le volume du sinus de la veine cave. Meckel signale trois sinus dans le Dauphin, mais le sinus moyen présenterait seul des dimensions considérables (11, IX, 449). Dans le Marsouin, les deux sinus m'ont paru moins développé, mais je dois observer qu'ils n'étaient pas injectés; enfin, dans la Balænoptera rostrata, le sinus droit, consi- dérablement réduit, existait seul et la veine hépatique gauche ne formait pas de dilatation appréciable. Ce résultat est du plus haut intérêt et concorde parfaitement avec mes observations sur Fappa- reil artériel. J'ai cherché les sinus du foie dans un Arvicola amphibius, mais je n’ai observé aucun renflement sensible dans les quatre veines principales qui viennent déboucher dans le sinus de la veine cave. Ces sinus, toutefois, ont été mentionnés chez d’autres animaux plongeurs ; Murie les à signalés dans l'Otarie (1) et j'apprends que M. Brissaud, Professeur agrégé à l'Ecole de Médecine de Paris, vient de les étudier dans la Loutre. Rôle physiologique et signification morphologique des sinus et des plexus. — Pour donner une interprétation exacte aux sinus et aux plexus importants des Cétacés, il est absolument nécessaire de connaitre le genre de vie des différents animaux chez lesquels on peut les rencontrer. Si nous nous adressons d'abord aux animaux plongeurs, nous trouvons que les Sirénides, à ce point de vue, se rapprochent des Cétacés plus que tous les autres Mammifères. Dans sa belle étude sur l’organisation du Lamantin (2), Murie à représenté un certain nombre de plexus très étendus et il en signale d’autres. Un puissant plexus part de la glande parotide et se dirige en avant sous la machoire inférieure; un autre, bien plus étendu et bien plus (1) Murie. Loc. cit (2) Murie, loc. cit. p. 176-177. — 114 — dense, oceupe toute la largeur du cou et s'étend jusque dans les bras ; les plexus de la nuque, de la queue, du ligament génital, de la moelle épinière sont parfaitement représentés et le grand plexus thoracique se retrouve encore, formé par les intercostales qui se résolvent en paquets et s'isolent complètement les unes des autres. L'auteur ne mentionne aucun plexus veineux et ne parle même pas du sinus de la veine cave inférieure qui, très probablement du moins, doit exister dans ce groupe. Murie à également étudié les Pinnipèdes et notamment l'Otarie; après Cuvier, Meckel, Barkow, il a signalé l'énorme sinus post-diaphramatique de la veine cave inférieure et il a observé en outre, comme on l’a vu, des ren- flements assez forts sur le trajet des veines sus-hépatiques; à l'exception d'un petit plexus infra-orbitaire, l'auteur ne mentionne aucune ramification anormale dans l'appareil cireulatoire. Comme dans le Lamantin, il y a une dilatation à la naissance de Paorte. Von Baer a signalé un plexus brachial dans le Morse. Chez beaucoup d'animaux plongeurs (Phoque, Loutre, Castor, etc.) l'artère pulmonaire présente fréquemment une dilatation considérable à son origine ; il en est de mème de l'aorte, et la veine cave inférieure se dilate toujours en sinus en arrière du diaphragme ; mais, en dehors des plexus normaux des autres Mammifères, ces animaux ne présentent rien de remarquable, comme j'ai pu m'en assurer en étudiant un Arvicola amphibius dont le sinus post- diaphragmatique était d’ailleurs bien développé. Les Ornithorhynques sont des animaux intéressants en ce qu’ils nous montrent des plexus qui ne sont pas tous dus à l'adaption à la vie aquatique. Le sinus de la veine cave inférieure est bien déve- loppé, l'artère brachiale se réduit en petits rameaux nombreux, il en est de mème de l'artère qui se rend aux membres postérieurs et l'artère 1liaque elle-même finit par se résoudre en trois plexus. Dans l'Echidné les artères des membres se divisent à peu près de la même manière, mais le sinus de la veine cave n'existe pas (29, IL, 539), et cet exemple nous prouve que la présence des plexus n’est pas toujours en relation avec la vie aquatique. C’est ce que nous montrent, en effet, avec une grande évidence, un certain nombre d'animaux terrestres. Dans les Paresseux (Unau et Aï), le Lori et le Tarsier, les artères des membres postérieurs se réduisent en plexus, et on observe la même disposition dans les artères brachiales des mêmes animaux, ainsi que chez tous les Edentés. Enfin les artères de la queue se divisent elles-mêmes suivant le mode plexiforme chez les Fourmiliers, les Pangolins, — 115 — le Tatou (29, III, 548) et chez les Mammifères à queue prenante, notamment chez les Singes et chez les Marsupiaux (11, IX, 446). Von Baer (102, 403) a fait observer que certains caractères de l'appareil circulatoire des Cétacés, et notamment les plexus, pré- sentent une certaine ressemblance avec les dispositions fœætales, mais il est loin de les attribuer à une persistance des traits embryon- naires, et il les considère plutôt comme le résultat d’une différen- ciation peu prononcée dans les formes du corps. Cette observation est évidemment applicable à certains cas, et notamment aux Mammifères, dont le corps ressemble plus où moins à celui des Cétacés: du reste il saute aux yeux qu'elle n'a pas le moindre caractère de généralité puisqu'elle ne s'applique pas aux Paresseux, aux Loris, aux Edentés, etc., et en sénéral à tous les Mammifères qui, par leur forme, s’éloignent plus ou moins des animaux qui nous occupent. Quoique ayant limité ses études au plexus thoracique, Breschet à donné des vues très exactes sur le rôle des plexus et des sinus chez les Cétacés. Le cœur de ces animaux, dit-il, a une force d'impulsion énorme parce que ses parois, surtout celles du ventricule gauche, ont une épaisseur beaucoup plus grande que dans aucun autre Mammifère, À peine sorti du cœur et violemment chassé, le sang vient s’accumuler dans les plexus artériels et notamment dans l'énorme plexus thoracique qui devient turgescent. Quand l’animal plonge, le sang artériel accumulé dans ce réservoir revient peu à peu dans l'aorte pour être distribué aux organes. Du reste, après l'inspiration, le poumon est fortement distendu, il presse le plexus et en chasse peu à peu le sang; d'après Breschet, cette pression exagérée expliquerait même le déplacement de la veine azygos qui a quitté la cavité thoracique pour se renfermer dans le canal neural (104, 66-69). Turner accepte complètement l'interprétation de Breschet, mais il la complète de la manière suivante : « Je pense, dit-il, que les fines subdivisions du plexus distribuentet égalisent la force du courant sanguin avant qu'il se répande vers les organes délicats, tels que la moelle et l’encéphale. Il doit ètre regardé, par conséquent, comme l'équivalent téléologique des artères de la pie- mère de l’homme, du cerele de Willis et des flexuosités de l'artère vertébrale et de la carotide interne, enfin du réseau admirable en connexion avec les’artères intra-crâniennes des Ruminants et du Cochon » (43). Wilson ajoute que les origines rétrécies des arté- rioles du plexus jouent jusqu’à un certain point le rôle de sphine- ters, permettent au sang de s'emmagasiner et ne le distribuent — 116 — ensuite que progressivement et peu à peu. Les ganglions et les nerls sympathiques, observés par cet auteur dans le réseau, jouent proba- blement un rôle dans l'expulsion du sang (106). Breschet à donné en outre une explication, depuis longtemps prévue, des plexus et des sinus veineux des Cétacés. € En favorisant le retour du sang veineux jusqu'au cœur, dit il, et en facilitant son passage à travers les cavités de ce viscère, on ferait parvenir dans tous les tissus un sang qui les jetterait dans la torpeur. À priori, on devrait penser que chez les animaux à poumons, qui plongent dans l’eau et qui y séjournent quelque temps, il existe des réser- voirs pour retenir ce sang veineux loin du cœur, afin qu'il ne soit pas distribué aux tissus par les mêmes voies que celles qui portent le sang artériel. Il fallait admettre l'existence de diverticules pour ce sang artériel afin de le rendre plus tard à la circulation générale, lors des intermittences de l'exercice de lhématose dans les pou- mons, l'air atmosphérique ne pouvant plus arriver dans cet organe.» Si nous considérons maintenant les plexus et les sinus des Cétacés dans leur ensemble, nous leur accorderons à tous la signi- fication physiologique qui leur à été attribuée par Breschet, mais sans leur attribuer cependant une égale importance. Les sinus sont bien évidemment en rapport étroit avec l'adaptation à la vie aqua- tique, car on les rencontre indifféremment chez tous les animaux plongeurs; il en est de mème des plexus veineux qui manquent absolument ou sont très peu développés chez les autres animaux; ces plexus veineux caractérisent absolument les Cétacés ; ils sont en rapport étroit avec l'abondance du sang signalée chez ces Mam- mifères et avec la durée quelquefois très considérable de la sub- mersion qu'ils subissent volontairement en chassant leur proie. Quant aux plexus artériels, certains d’entre eux ne se rencontrent que chez les animaux plongeurs, c’est le cas notamment du grand plexus thoracique, des plexus du cou et de la nuque et autant que j'ai pu m'en assurer des plexus situés sur la face inférieure de la tête ; on doit par conséquent les considérer comme le résultat de l'adaptation à la vie aquatique; il en est très probablement de mème du plexus spinal et du plexus de la queue. Les autres plexus artériels ont une signification différente ; on les rencontre non pas, comme le dit Von Baer, chez des animaux dont le corps est peu différencié, mais chez les Mammifères dont les membres n'exécutent que des mouvements lents. Dans les Cétacés, les membres antérieurs jouent évidemment un rôle très actif, mais ces nageoires n'ont qu'une articulation et se meuvent d’une pièce, LT — comme une palette dont les éléments solides internes seraient sans mouvement les uns sur les autres, et c’est à ce point de vue qu'on doit considérer les plexus brachiaux des Cétacés comme homolo- gues des plexus des membres chez les animaux Paresseux. Quant aux plexus de la queue qu'on rencontre chez les Singes et les Marsupiaux à queue prenante, ils n'ont pas la mème signification, puisqu'ils sont localisés dans un organe actif au plus haut degré : il faut voir en eux, au contraire, le résultat d’une adaptation spéciale en rapport avec la longueur de l'organe, mais sans grande analogie avec le plexus caudal des Cétacés. SYSTÈME LYMPH ATIQUE Le système lymphatique des Cétacés n’est pour ainsi dire pas connu, et les seules observations qui s’y rattachent sont toutes rela- tives à des questions de détails sur lesquelles il n’est pas utile de s’attarder. Je ferai observer seulement que les glandes lymphatiques sont extrèmement nombreuses chez ces animaux et se rencontrent dans toutes les régions du corps, mais surtout dans les cavités internes ou dans leur voisinage. Une énorme masse lymphatique allongée se trouve à l’origine de l'artère mésentérique supérieure qu’elle recouvre parfois sur une longueur de plus d’un décimètre. Cette masse a été signalée par Murie dans le Globicéphale, mais je lai retrouvée parfaitement développée dans le Dauphin et dans le Marsouin et très probablement elle doit se rencontrer ailleurs. Les glandes pulmonaires des Cétodontes, les glandes observées par Ander- son sur l'estomac de l'Orcella, et celles en relation avec le cæœcum du Plataniste, enfin les deux glandes que j'ai signalées à la partie supérieure du larynx sont très probablement des organes Ilympha- tiques. Il en est de même d’une paire de glandes que j'ai observées à droite et à gauche, un peu au-dessus de l’extrémité de l'os du bassin dans le Marsouin. Les glandes nombreuses situées sur les vaisseaux qui partent du cœur dans le Plataniste et dans l’Orcella sont aussi de même nature et l’on est en droit de se demander si les prétendues glandes salivaires signalées par différents auteurs ne sont pas également d'origine lymphatique. Turner a signalé, dans la Balænoptera Sibbaldii (43), un vaisseau moniliforme accompagné par une veine et en rapport étroit avec l'intestin. Ce vaisseau était en relation avec l'artère mésentérique, d'ailleurs très pauvre en arcades, et ses renflements consistaient en — 118 — masses arrondies d'apparence lymphatique et creusées de logettes à leur intérieur; des branches de ce vaisseau se rendaient à l'intestin et Turner attribue à ce système les mêmes fonctions qu'aux plexus de la moelle et du cerveau, en ce sens qu'il sert à diffuser dans les parois de l'intestin le puissant courant artériel. Murie compare les renflements moniliformes aux glandes Iympha- tiques très richement irriguées qu'il a trouvées dans certaines parties du corps et notamment dans la langue du Globicephalus ; il croit voir dans ces formations quelque chose d’analogue à la glande coccygienne de l'homme et les considère comme des centres dans lesquels se mettent en relation intime l'appareil vasculaire et l'appareil absorbant. (Il est à présumer, dit-il, et je considère cette hypothèse comme tout à fait probable, que les systèmes vascu- laire et absorbant des Cétacés sont en connexion plus étroite qu'on ne l’a supposé jusqu'ici. Une telle manière de voir est digne de créance et acceptée par tous ceux qui prétendent qu'il y a échange direct de matière entre les canaux lymphatiques et sanguins à l'intérieur des glandes lympbhatiques ordinaires. » (37,271). Envi- sagées à ce point de vue, les glandes lymphatiques des Cétacés n'auraient plus rien d’anormal et leur multiplicité s’expliquerait par la nutrition très active et par la riche vascularisation de ces animaux. Un vaisseau moniliforme a été signalé sur les parois stomacales de l'Orcella par Anderson (50,378). SYSTÈME NERVEUX Membranes cérébro-spinales. — Le système cérébro-spinal pré- sente avec le squelette les mêmes rapports que dans les autres Mammifères, mais il se distingue par un certain nombre de carac- tères qui lui donnent une physionomie assez particulière. Dans le crane, l’encéphale est enveloppé par les trois membranes normales (pie-mère, arachnoïde, dure-mère) et la membrane la plus externe, la dure-mère, forme comme de coutume une fente entre le cervelet et les hémisphères cérébraux, une faux entre les deux hémisphères. Le plus souvent, la faux et la tente ne se distin- guent par aucune particularité remarquable, mais dans le Cachalot une saillie médiane osseuse dérivée de l’occipital supérieur se pro- jette dans la direction de la faux et, chez certains Delphinidés, une saillie osseuse pénètre même dans la tente du cervelet (29,111,146). — 119 — J'ai sous les yeux une coupe verticale médiane et antéro postérieure d'un crâne de Dauphin et je remarque qu'une faible saillie occipi- tale osseuse correspond en position à la faux cervicale formée par la dure-mère. Dans la colonne vertébrale, le canal neural présente une largeur très considérable due à l'énorme développement du plexus vascu- laire spinal. Ce plexus entoure la moelle avec ses membranes qui sont, comme on sait, des prolongements des enveloppes encéphali- ques, etil se continue sans transitions avec le plexus crânien, de sorte qu'une couche de vaisseaux vient s'ajouter aux membranes cérébro-spinales pour protéger les centres nerveux. Dans le canal neural, le plexus est traversé par deux artères et par deux veines qui le suivent sur une partie de sa longueur, On à vu comment les veines quittent le canal dans la région thoracique et remplacent fonctionnellement la veine azygos absente; quant aux artères (artères méningées spinales de Stannius), on les voit se former pro- gressivement dans le plexus crânien, sortir par le trou occipital et se prolonger en arrière jusqu'en un point qui n’a pas été, que je sache, déterminé jusqu'ici. Je ferai seulement observer que, dans le Dauphin, une de ces artères est beaucoup plus faible que l’autre, qu'elle s’atténue progressivement à mesure qu'on se dirige en arrière et que, vers le milieu de la région thoracique, elle s'est réduite à un degré tel qu'on peut la supposer sur le point de se perdre complètement dans Pautre. On sait que le plexus craänien se forme aux dépens de la carotide interne qui a traversé le trou carotidien du rocher pour se mettre en relation avec l’encéphale. Turner fait observer, à ce sujet (34,69), que les carotides perdent beaucoup de leur importance en se rap- prochant du cräne et cependant ne paraissent donner aucune branche aux régions voisines. Ce fait est important, pour expliquer la nutrition du cerveau. Dans le jeune Globicéphale qu'il étudia, le cerveau était plus lourd que celui de l'homme, mais recevait beaucoup moins de sang malgré le plexus qui l’entourait ; l'activité fonctionnelle de l'organe devait, par conséquent, être moindre et Turner part de ce fait pour demander qu'on tienne toujours comple de la vascularisation quand on veut faire une comparaison sérieuse des encéphales. Encéphale. — Ge qui frappe d'abord quand on étudie lencéphale, c’est la faible dimension de l'organe relativement au reste du corps. Quelques chiffres relevés dans divers auteurs rendent cette remarque — 120 — extrèmement frappante. Dans une Balænoptera rostrata de 5m20, Hunter a trouvé un cerveau du poids de 2,320 gr. et dans une jeune Baleine de 6 mètres le poids ne dépassait pas 1,884 grammes (109, 488). Rapp releva le chiffre de 670 grammes pour un Dauphin mesurant 1080 de longueur et il observe incidemment que le cerveau était beaucoup plus développé que dans le Dauphin de même taille étudié par Tiedemann. On est également frappé par la puissance du cervelet dont la masse est considérable relativement à celle du cerveau proprement dit : dans le Dauphin qui servit à ses observations, Rapp trouva au cerveau le poids de 525 grammesetau cerveletcelui de 150 grammes; le rapport était de 1 à 3 1/2, énormément plus développé que celui qui sert de caractéristique à l'homme et à un certain nombre de Mammifères. En dehors des dimensions relatives aux deux parties principales de l’encéphale on peut faire les remarques suivantes: le cerveau se fait remarquer par ses faibles dimensions dans le sens de la lon- sueur ; ilest plus large que long et souvent aussi haut que large, sa surface est fortement circonvolutionnée, le bulbe est réduit, les nerfs optiques sont de faible taille comme les nerfs olfactifs quand ils existent, les tubercules quadrijumeaux sont fortement développés, les corps striés sont réduits et ilen est de mème du lobe de l’hippocampe, le corps calleux est caché par les hémis- phères, la vallée de Sylvins présente de grandes dimensions dans le sens latéral, enfin le pont de Varole est souvent très allongé. Après avoir passé en revue les caractères généraux de l’encéphale nous étudierons successivement cet organe chez les Mysticètes et chez les Cétodontes; nous comparerons ensuite les résultats obtenus et nous déterminerons les analogies avec les autres Mammifères. Pour l’encéphale des Mysticètes nous résumerons simplement le remarquable travail de Beauregard sur la Balænoptera Sibbaldii (IIS): nous trouvons là, en effet, une étude comparée des plus inté- ressantes dans laquelle se trouvent réunis et condensés tous les l'avaux antérieurs sur la matière, notamment ceux de Leuret et Graliolet (1), de Serres etGratiolet (2), d'Eschricht (3) et de Broca (4). Nous adopterons, comme Beauregard, la nomenclature de Broca. (1) Leurel et Gratiolet. — Anatomie comparée du système nerveux, t. IL. (2) Serres et Gratiolet. — Observations anatomiques sur un jeune rorqual. Comples rendus, 1861. @3) Eschricht. — Planches de Reinhardt d'après les dessins d'Eschricht, 1869. (4) Broca. — Sur la nomenelature cérébrale. Revue d'anthropologie, 1878 et Centres olfactifs, 14. 1879 di — Mysticètes. — Par sa forme ramassée et presque sphérique, l'encé- phale du fœtus ressemble de très près à celui des Cétodontes ; dans l'adulte, au contraire, il s'étire et se rétrécit en avant, s'étend lar- sement en arrière et, vu par dessus, figure assez bien un triangle isocèle à large base, dont le sommet serait dirigé en avant. Dans le bulbe, les corps restiformes paraissent très développés, mais les corps olivaires ne sont pas apparents et se cachent probablement sous les pyramides antérieures. Entre le bord postérieur du pont de Varole et la saillie des pyramides antérieures, on observe une bande transversale qui doit être considérée, non pas comme un trapèze, mais COMME Un avant-pont. En avant de la protubérance, dans l'espace compris entre les pédoncules cérébraux, et en arrière du chiasma des nerfs optiques, on observe un infundibulum grêle terminé par une hypophyse très développée. Entre les hémisphères, le corps calleux forme un bourrelet à son extrémité postérieure mais son extrémité antérieure, au lieu de s’infléchir brusquement pour constituer un genou bien caractérisé, se recourbe à peine en arrière et en bas et se termine par un bec presque vertical. Le cerveau est simplement adossé au cervelet, mais il ne le recouvre pas. Les lobes latéraux de ce dernier sont elobuleux el presque sphériques, très développes ; ils « présentent à leur face supérieure une division assez régulière en lames presque parallèles dans leur région interne, mais coupées de lames saillantes à direc- tion oblique, formant des groupes ou lobules irrégulièrement dis- posés. Un sillon transversal profond, sillon circonférenciel, se remarque en arrière, qui délimite de chaque côté un lobe postérieur et inférieur. » Le vermis médian à la forme d’un cordon peu saillant à plis annulaires transverses ; il s’élargit en avant et se renfle fortement en arrière. La conformation interne du cervelel n'offre rien de remarquable ; comme dans tous les Cétacés, l'arbre de vie est parfaitement représenté. Les différences, dues à l’âge, que nous avons signalées dans l’en- céphale, sont toutes localisées dans le cerveau. Chez le fœtus, région frontale est proportionnellement à la région occipitale beaucoup plus développée en largeur que chez Fadulte, ce qui donne au cerveau une forme globuleuse, mais le lobe pariétal du fœtus est proportionnellement aussidéveloppé que celui de l'adulte, et dans cette région le diamètre longitudinal du cerveau reste toujours double du diamètre transversal. Par conséquent «€ la difré- rence de forme, si accentuée dans les deux âges, ne répond pas à un 16 étirement du manteau des hémisphères dans la région antérieure, mais il s’agit bien plutôt d'une sorte d’arrèt de développement de la région frontale. » Passant à l'étude des circonvolutions, Beauregard considère successivement, suivant la méthode de Broca, le grand lobe linr- bique et le manteau de l'hémisphère. Le grand lobe limbique comprend le lobe de Fhippocampe en arrière, le lobe du corps calleux au milieu et le lobe olfactif en avant. Une longue scissure limbique sépare ce lobe du manteau de l'hémisphère: elle est située sur la face interne, au-dessus du corps calleux dont elle est séparée par le lobe du corps calleux. Elle commence en avant au-dessous du bec de ce dernier organe, se continue en dessus sous la forme d'une courbe parallèle à la surface de l'hémisphère, se dirige en bas et un peu en avant en arrière du corps calleux et arrive à la face inférieure de l’encéphale. Là, elle se trouve interrompue par un pli (pli de passage rétro-limbique), mais elle reparaît au-delà pour limiter en dehors le lobe de l'hippo- campe; devenue très superficielle elle se trouve interrompue par un pli de passage qui relie le lobe de lhippocampe aux circonvo- lutions voisines, au moment où elle va se continuer, sur les côtés de l'hémisphère, dans la scissure de Sylvius. Le lobe olfactif sera étudié au chapitre des organes des sens; nous ferons seulement observer qu'il naît, par deux racines, sur la face inférieure du cerveau, en avant du chiasma des neris optiques. La racine interne, très courte, gagne transversalement la face interne de l'hémisphère; la racine externe se dirige transversalement en dehors dans la vallée de Sylvius et, vers son extrémité externe, plonge au-dessous du lobe de lhippocampe avec lequel elle entre en relation. À Le lobe de l'hippocampe est peu développé, il est limité en avant par la partie interne de la vallée de Sylvius, en arrière et en dehors par la partie inférieure de la scissure limbique, interrompue à ce niveau par le pli de passage rétro-limbique qui le fait communiquer avec les circonvolutions siluées en arrière. Le lobe est complète- ment lisse; il présente seulement un faible sillon transversal qui le divise transversalement en deux plis. Le pli postérieur se continue vers le haut dans le lobe du corps calleux. Le lobe du corps calleux est compris entre la scissure limbique et le corps calleux ; il a, par conséquent, le contour général de la scissure et aucune de ses parties ne peut apparaître sur la face supérieure de l'hémisphère. Beaucoup plus large en avant qu'en 12 — arrière, on le voit d'abord subdivisé en trois circonvolutions parallèles et superposées: au-dessus du corps calleux les trois circonvolutions se réduisent à deux, et en arrière on n’en observe plus qu'une. Il prend naissance en avant au-dessous du bec du corps calleux par une racine simple, en arrière il se continue sans tran- sition avec le pli postérieur de lhippocampe. Les circonvolutions du lobe sont très plissées sur toute leur longueur. Le manteau de l'hémisphère occupe toute la face supérieure, une grande partie de la face inférieure et une partie de la face interne de l'hémisphère. Dans les régions supérieures et internes, les circon- volutions sont disposées de la manière la plus simple. Elles sont toutes, en effet, dirigées d’arrière en avant, plus ou moins sinueuses dans leur parcours, mais ne présentent qu'en petit nombre ces plis d’anastomose qui, devenant superficiels, amènent dans le manteau de lhémisphère ces complications si embarrassantes pour les anatomistes qui tentaient de ramener à un type la disposition topographique des circonvolutions des cerveaux gyren- céphales. «La direction longitudinale de ces circonvolutions indique clairement que le lobe frontal n'a pas pris un grand développe- ment...... Les circonvolutions pariétales par suite n'étant pas sènées dans leur développement, n'ont pas eu à se plisser trans- versalement et il ne saurait ètre question ici d’un lobe occipital ni d’un Jobe temporal. » On doit diviser par conséquent les circon- volutions du manteau en pariétales et frontales. Toutes les circonvolutions pariétales naissent d’un pôle (pôle temporal) situé sur la face inférieure du cerveau et occupé par le pli de passage rétro-limbique. En avant, dans la région où il se met en relation avec le lobe de lPhippocampe, ce pli donne naissance aux circonvolutions du groupe pariélal ; un peu plus en arrière, dans une partie profonde, il sert de racine aux circonvolutions plus nombreuses du groupe sagittal. Le groupe pariétal ou syloten se compose de deux circonvolutions; la plus interne se divise d’abord pour se mettre en relation avec la partie antérieure et externe du lobe de l'hippocampe, elle redevient simple ensuite, suit le bord postérieur de la vallée de Sylvius, contourne son bord externe et revient ensuite en dedans pour former le bord antérieur de la vallée. La circonvolution externe est parallèle à la précédente dont elle occupe le bord externe ; simple à son origine, elle se divise bientôt en deux circonvolutions qui restent isolées jusqu'à leur terminaison antérieure au niveau du lobe frontal. Dans cette région les circonvolutions sylviennes aboutissent au pli pré- 42 — rolandique dont il sera question plus loin. La vallée de Sylvius s'étend transversalement de dedans en dehors entre les deux replis de la circonvolution la plus interne ; très large à son origine en avant du chiasma, elle se rétréeit de plus en plus à mesure qu'on s'éloigne en dehors. Le toit de la vallée est fortement renflé et la masse nerveuse qui l’occupe, de dimension considérable, doit cor- respondre probablement à la racine des nerfs olfactifs et au lobule sous-sylvien où insula des Primates. Les circonvolutions sylviennes occupent la partie inférieure du cerveau comme la vallée de Sylvius qu'elles limitent, toutefois la circonvolution externe apparait déjà sur la face supérieure de l'organe ; on va voir que cette région sera occupée, en grande partie du moins, par les cérconvolutions sagit- tales. Celles-ci naissent par une racine simple du pli de passage rétro-limbique, seulement, comme elles occupent la partie la plus large de l'hémisphère, elles se subdivisent rapidement et l’on peut bientôt en compter huit sur la face inférieure du cerveau en dehors et en arrière des circonvolutions sylviennes. Très peu plissées pour la plupart sur la face interne, où elles s’'irradient de dedans en dehors à partir de leur racine, ces circonvolutions remontent sur la face dorsale, se dirigent parallèlement à la ligne médiane d'arrière en avant et, dans cette région, s'anastomosent fréquemment et deviennent très sinueuses. La circonvolution la plus interne occupe la face interne et supérieure des hémisphères ; elle forme la limite supérieure de la scissure limbique et empêche le lobe du corps calleux d’apparaître à la surface du cerveau. Du reste, vers la moitié supérieure de l'hémisphère, elle se confond avec la circon- volution externe la plus voisine et c'est alors une circonvolution frontale qui sert de limite supérieure à la scissure limbique. Les circonvolutions sagittales viènnent se perdre dans la partie supé- rieure du pli post-rolandique, de même qu'inférieurement Îles circonvolutions sylviennes venaient se terminer dans le pli pré-ro- landique. Ces deux plis limitent entre eux la scissure de Rolando qui apparait très nettement en avant sur la partie supérieure de l'hémisphère ; dans cette région elle est dirigée d'avant en arrière et de dehors en dedans. Cette scissure sépare les circonvolutions pariélales du lobe frontal, mais elle est fréquemment interrompue par les plis de passage dont nous venons de parler. Néanmoins, on reconnait parfaitement le lobe frontal; il forme l'extrémité antérieure de l'hémisphère et se rétrécit progressivement pourse termineren pointe du côté interne vers le milieu de l’organe. Il est formé par trois — 125 — circonvolutions : deux d’entre elles occupent la face inférieure el prennent leur racine en dedans du lobe olfactil et immédiatement en avant de sa racine interne; elles se dirigent d’arrière en avant, de dedans en dehors, et remontenten avant sur la face supérieure du cerveau; la plus externe s’anastomose fréquemment avec les circonvolutions pariétales voisines. La troisième est celle qui limite en avant la scissure limbique; elle occupe la face interne de l'hémisphère et se sépare très nettement des circonvolutions sagit- tales voisines. (1) Célodontes. — Quand on veut comparer l'encéphale des Céto- dontes à celui des Mysticètes, on se trouve immédiatement arrèté par l'absence de documents comparables à ceux dont nous disposions pour ces derniers. Toutefois, comme le cerveau du Dauphin à été étudié par Broca, nous pouvons choisir ce type comme terme de comparaison avant de passer en revue les autres Cétodontes. Dans le Dauphin, comme chez les Mysticètes, le cerveau est très sensiblement plus large que long, mais il ne s’atténue pas en pointe en avant et, au lieu d’être triangulaire par dessus et pyramidal dans son ensemble, il affecte plutôt une forme globuleuse. Les lobes olfactifs font défautet leur base d'insertion sur la face inférieure du cerveau est occupée par une surface unie désignée par Broca sous le nom de désert ; les hémisphères cérébraux recouvrent aux trois quarts le cervelet ; on n’apercoit qu'une partie du vermis mé- dian et une très faible portion de la zone postérieure des lobes latéraux ; ces derniers sont circonvolutionnés irrégulièrement en avantet en dessous, le vermis médian lui-même s'élargit et présente un sillon dans le sens de sa longueur; les circonvolutions acquièrent une complexité encore plus grande que dans les Mysticètes (29, IT, fig. 85), enfin l’asymétrie des hémisphères est toujours plus où moins marquée (12, 117). Le développement plus faible du lobe de l'hippocampe et la position plus antérieure du pôle temporal dis- tinguent aussi les Cétodontes des Mysticètes. Rapp (12, 116) signale un trapèze (2) entre le pont de Varole et les pyramides antérieures du bulbe. » Les observalions précédentes relatives au Dauphin sont, autant qu'on le sait, applicables presque toutes aux autres Cétodontes, (1) D'après Guldberg (119) le cerveau des Balénoptlères serail asymétrique jusque dans son hypophyse ; la corne postérieure n'existerait pas dans les ventricules laté- raux, Inais on la rencontrerait dans le Marsouin. (2) Le trapèze manquerait dans le Dauphin d'après Cuvier et Tiedemann. — 126 — d'ailleurs très peu étudiés. Dans le Cachalot (53,229) le cervelet est considérablement développé par rapport au cervelet; dans le Kogia, au contraire (116), il est relativement beaucoup plus petit que dans le Dauphin : ses lobes latéraux sont presque symétriques, le pont de Varole n’est pas proéminent, le lobe ectorhinal est beaucoup plus développé que dans le Dauphin, enfin les cornes postérieures, très peu marquées dans ce dernier, deviennent ici rudimentaires. Dans le Plataniste (50, 462-467) le cervelet porte les traces d’une asymétrie très marquée, le lobe droit est plus développé que le gauche et le lobe médian est rejeté dans la direction de ce dernier ; les nerfs optiques sont extraordinairement grèles ; l’hypophyse mesure transversalement 12 millimètres et longitudinalement 6, il n'y a pas de limite bien définie entre le pont de Varole et la moelle allongée, mais on observe cependantun trapèze asseznet; lascissure de Rolando existe, enfin trois circonvolutions frontales se font remarquer dans la région orbitaire. Dans le Marsouin (41, 410) l'encéphale ne diffère pas sensiblement de celui du Dauphin ; on observe un rudiment de corne postérieure dans les ventricules latéraux et un trapèze entre le pont de Varole etles pyramides antérieures du bulbe. La forme globuleuse du cerveau n’estpas toujours aussi nettement indiquée que dans Je Dauphin et le Marsouin ; dans le Kogia, par exemple (116, 438), le cerveau est assez étroit en avant et sa forme générale est plus nettement triangulaire : chez le Plataniste, il est médiocrement large, mais sa hauteur est grande et la forme globuleuse est singulièrementatténuée; dans l'Orcella, au contraire, cette dernière forme prédomine et le cerveau se rapproche remar- quablement de celui du Dauphin (50). Affinités. — «© I est possible de prouver, a dit Broca (109, 486), que les circonvolutions si compliquées des Cétacés, quelque spé- ciales qu’elles soient, peuvent se ramener à un type peu différent de celui des Solipèdes et des grands Pachydermes; » cette pré- somption à été singulièrement confirmée, comme nous allons le voir, par Beauregard (109). . Lorsqu'on étudie le grand lobe limbique des Cétacés, on est Îrappé des analogies étroites qu'il présente avec celui du Cheval, du Tapir, de PÉléphant; l'are supérieur de la scissure limbique, notamment, se prolonge jusqu'en avant et au-dessous du bee du corps calleux, reproduisant ainsi une particularité qui caractérise le cerveau de ces derniers animaux ; toutefois, une légère différence est à signaler, c'est l'interruption de la scissure limbique en arrière, au point où elle va se continuer avec la scissure de Sylvius; cette interruption caractéristique de tous les Cétacés fait absolu- ment défaut dans le Cheval. Par contre le lobe du corps calleux, qui présente un commencement de division dans ce dernier animal, devient plus sinueux et plus divisé chez les Mysticètes et atteint son maximum de complication chez les Cétodontes. Des analogies aussi évidentes se manifestent également dans les circonvolutions du manteau des hémisphères. Toutes les circonvo- lutions des deux groupes pariétaux (sylviennes et sagittales) naissent, comme dans le Cheval, autour du pli de passage rétro- limbique et ce fait anatomique est en rapport avec la disposition très compliquée de cette région postérieure du cerveau chez les Cétacés et chez les Solipèdes. D'un autre côté le lobe frontal des Pachydermes, quoique plus développé que celui des Mysticètes, à toujours des dimensions relativement faibles et ce caractère vient ajouter une nouvelle importance à ceux que nous avons déjà signalés. Nous avons vu que, chez les Mysticètes, les hémisphères viennent simplement s'appuyer contre le bord antérieur du cervelet, tandis qu'ils le recouvrent presque complètement chez les Cétodontes ; nous avons vu aussi que, chez ces derniers, les circonvolutions cérébrales deviennent beaucoup plus compliquées. Or, il est à observer que les Pachydermes, tels que le Cheval, lFHyrax, la Girafe, le Cerf, etc., ont les circonvolutions en général moins compliquées que les Mysticètes, et que leurs hémisphères viennent simplement s'appuyer contre le cervelet comme chez ces derniers. D'où l'on peut conclure, au point de vue de l’évolution en général, que les Mysticètes se rapprochent plus des Pachydermes que les Cétodontes. Dans cette région du système nerveux, l’évolution des Cétacés, à partir des Pachydermes, aurait eu pour résultat le développement des hémisphères et la complication de leurs circonvolutions; à ce point de vue, les Cétodontes se trouveraient à un stade évolutif plus élevé que les Mysticètes, mais ils auraient gardé certains caractères embryonnaires, tels que la forme globuleuse du cerveau, et ces caractères seraient d'autant plus marqués qu'on s’éloigne- rait des Mysticètes, puisqu'ils sont très frappants chez les Delphini- dés et, à ce qu'il paraît, plus atténués dans le Cachalot, le Kogia et le Plataniste. Structure intime. — La structure intime de l'encéphale a été élu- — 128 — diée par Owsjannikow dans le Dauphin (115) et par Herbert Major dans le Delphinaptère (114). Ces travaux, surtout le premier, man- quent de erilique et sont pour cette cause un peu dénués d'intérêt, ils paraissent montrer toutefois que le cerveau des Cétacés, dans sa constitution intime ressemble presque complètement à celui des autres Mammifères. Dans le Dauphin l'écorce grise du cerveau se subdivise en cinq couches qui sont, de l'extérieur à l’intérieur : 1° la couche granu- leuse dépourvue de cellules nerveuses ; 20 la couche cellulaire ex- terne composée de petites cellules ; 3° une couche très souvent mé- connue et occupée par quelques petites cellules éparses ; 4 la cou- che cellulaire moyenne composée surtout de très grosses cellules ; 5° enfin la couche cellulaire interne que certains auteurs réunissent avec la précédente mais qui est très distincte cependant en raison des faibles dimensions de ses cellules. Dans le Dephinaptère, Her- bert Major a observé une écorce grise moins épaisse que celle de l’homme ; il décrit seulement trois couches ; la 4re ({re d'Owsjanni- kow) et la 2 (2 et 3%) ressemblent complètement à celles de l'Homme, non-seulement par la disposition, mais aussi par la struc- ture des éléments anatomiques : la 3 couche (4 et 5°) se distingue de celle de l’homme en ce qu’elle renferme dans la région occipitale de grandes cellules multipolaires qui, chez l'homme, sont rempla- cées, au moins sur le bord externe de la couche, par des cellules de petites dimensions. Le cervelet (115, 13-17) se compose de quatre couches. Ce sont : 1° une couche de fibres fines et à double contour ; 2° une couche de petites cellules à prolongements mèlées à quelques cellules plus grosses ; 3° la couche limitante très nettement caractérisée par ses orosses cellules de Purkinje. Ces cellules sont ovoïdes et leur noyau renferme plusieurs nucléoles ; elles émettent un fort prolongement périphérique et un petit prolongement central qui se ramifie abon- damment et se met en relation par ses branches avec les petites cellules de la couche précédente ; 4° la couche graruleuse externe formée par les prolongements périphériques et très ramifiés des cellules de Purkinje. : Nerfs crâniens. — En dehors des neris de la sensibilité spéciale (ollactifs, optiques et acoustiques) qui seront étudiésaux organes des sens, les nerfs crâniens présentent les particularités suivantes Les nerfs de la 3 paire (oculo-moteurs) sont d'assez petite taille; dans le Plataniste, où l'œil est très réduit, ils deviennent d’une = = ténuité très grande; il en est de mème des nerfs de la 4 paire (pathétiques). Les nerfs de la 5° paire ({rijumeaux) naissent par deux racines sur les côtés du pont de Varole. Dans l’intérieur du crane ces nerfs présentent déjà une particularité, car leur racine antérieure (sensitive) ne forme pas de ganglion où au moins n'offre pas de renflement bien sensible (12, 119). Chez les Mysticètes, le rameau dentaire de la branche maxillaire est énormément plus développé que le rameau dentaire de la branche mandibulaire; cette différence frappante est en rapport avec la nutrition des fanons situés sur la mächoire supérieure seulement. Dans le Marsouin, une branche orbitaire se joint, en avant des paupières, à un plexas nerveux formé par le nerl facial; ce plexus envoie des rameaux aux museles de l’évent et il innerve le musele palpébral inférieur avec un rameau sous-cutané émis par la branche maxillaire. Cinq ou six rameaux pré-orbitaires se dirigent en avant entre le périoste de la machoire supérieure et les couches tégumentaires situées au-dessus; ils envoient à l'évent une branche récurrente et ün gros rameau de la branche maxillaire va aussi se ramifier sur les membranes plissées de l’évent. Les nerfs dentaires ne présentent pas de différences sensibles, et la branche gustative est relative- ment petite; cette dernière émet une mince corde du tympan filiforme qui peut être suivie jusqu'au facial (29, ILE, 153). Dans le Plataniste, Anderson signale un gros ganglion sur le trijumeau, à un pouce de son origine (50, 463). Les nerfs de la sixième paire (moteurs oculaires externes) ne présentent rien de particulier. Les nerfs de la 7% paire (faciaux) traversent le trou de Fallope du rocher et aussitôt envoient de petites branches musculaires cu- tanées qui se répandent autour de l'orifice auditif (29, IT, 455); d’après Buchanan elles formeraient mème, dans les Mysticètes el le Narval, un puissant plexus sur la membrane du tympan (Trommelhaut) (12, 121); ce nerf innerve le mylo-hyoïdien et les muscles de la paupière inférieure, mais son rôle principal est de former le plexus pré-oculaire qui envoie de fines branches aux sacs et aux muscles en connexion avec l’évent. C'est pour cette raison que Bell l'avait nommé nerf respiratoire de la face (12, 121). Les nerfs de la 9% paire (glosso-pharyngiens) se divisent en deux branches à leur sortie du crâne; Ja plus petite se rend au sphincter pharyngien des arrière-narines et là, s’unit par un plexus avec une branche des nerfs pneumo-gastriques; l’autre se rend au 17 — 130 — palais, à la base de la langue et aux muscles compris entre l'os hyoïde et le larynx (29, IIT, 159). Les nerfs preumo-gastriques (10° paire) naissent par de nom- breuses racines de la moelle allongée ; leur étude est loin d’être complète, mais on sait néanmoins qu'ils se rendent à certains viscères thoraciques et abdominaux comme chez les autres Mammi- fères. Les nerfs de Ja 11° paire (accessoires où spinaux) ne présentent rien de particulier. Les nerfs hypoglosses (12 paire) envoient une petite branche au sphincter palatin des arrière-narines avant de se rendre à la langue et aux muscles hyoïdiens. La moelle épinière et ses nerfs. — Nos connaissances sur ce sujet se réduisent à peu près à un travail sur le Marsouin, publié en 1877 par Cunningham dans le Journal of Anatomy and Physiology (113) et à un mémoire plus récent de Guldberg (119). Nous allons d’abord résumer le premier travail. La moelle épinière s'étend du trou occipital jusqu'à l'intervalle compris entre les 6e et, 7 vertèbres lombaires ; elle présente deux renflements : l’antérieur est en connexion avec les nerfs qui forme les plexus brachiaux et cervicaux, le postérieur innerve les organes génitaux et l'appareil musculaire de la queue. Ce dernier s’atténue en un filament grèle que l’on peut suivre en arrière à quelque dis- lance et que l’on perd ensuite. Les sillons longitudinaux de la moelle sont les mêmes que dans les autres Mammifères. Dans la région cervicale les racines des nerfs spinaux sont nalu- rellement très rapprochées les unes des autres; elles sont, au con- traire, fort éloignées dans la région dorsale; dans larégion lombaire elles sont étroitement pressées les unes contre les autres. Les racines croissent en longueur d'avant en arrière et deviennent exirèmement longues dans la région lombaire ; là, elles constituent la queue de cheval, deviennent flexueuses pour se plier aux mouvements de la queue et se relient entre elles par du tissu con- jonetif. Dans les régions cervicale et dorsale, les ganglions des racines supérieures sont très nets et situés dans les trous intervertébraux ; dans la région lombo-caudale ils sont très petits et situés dans cer- lains cas à une distance considérable du trou. Partout les racines supérieures sont plus petites que les inférieures, disposition abso- lument inverse de celle qu’on observe chez les autres Mammifères : dans la queue du Cheval les racines supérieures se distinguent à peine et ne sont pas plus grosses qu'un cheveu, dans la région anté- rieure, au contraire, ces racines sont à peine moins grosses que les inférieures. On se rendra compte de ces variations en se rappelant que les nerfs de la queue se rendent à des muscles énormes, tandis que dans de la région antérieure, le système cutané, prend un déve- loppement relatif beaucoup plus grand. Les nerfs cervicaux sont au nombre de 8; le premier ou sub- occipital passe entre loccipital et latlas le dernier entre la septième vertèbre cervicale et la première dorsale. Aussitôt après avoir quitté les trous intervertébraux ces nerfs se bifurquent et donnent des branches supérieures et des branches inférieures. — Les branches supérieures des nerfs cervicaux se dirigent du côté dorsal pour se terminer dans les muscles et dans la peau ; elles se réunissent suivant le mode plexiforme dans le Dauphin, mais elles restent partout isolées chez le Marsouin, sauf dans les museles où leurs rameaux s'unissent librement. — Les branches inférieures se mettent en relation avec le sympathique par l'intermédiaire de fas- cicules délicats ; elles se relient entre elles par de puissantes anastomoses el constituent ainsi deux plexus, le plexus cervical el le plexus brachial. Le plexus cervical est formé par les trois pre- miers nerfs cervicaux etles rameaux quien partent peuventse diviser en trois groupes. Les uns envoient quelques branches au muscle mastoïido-huméral, mais se distribuent pour la plupart dans la peau et les muscles cutanés depuis les régions auriculaires et infra- maxillaires jusque dans la région de la gorge; les autres émettent quelques rameaux pour le musele scalène inférieur mais forment surtout un nerl important qui, renforcé par des anastomoses des Le et 5° cervicaux, passe sous le plexus brachial, envoie un rameau au muscle costo-scapulaire, pénètre dans le thorax et va se distri- buer au diaphragme, aux plèvres et au péricarde. Le troisième groupe est constitué par plusieurs branches anastomosées qui se con- densent finalement dans un seul nerf; ce dernier est rejoint par une brancheimportantedel'hypoglosse et va ensuite se distribuer dansles muscles sterno-hyoïdiens, sterno-thyroïdiens et thyro-hyoïdiens. Le pleæus brachial est formé par la réunion de cinq nerfs cervicaux pos- térieurs et du premier nerf dorsal, quelquefois mème un petit fais- ceau du deuxième nerf dorsal vient se joindre au plexus. Les acines inférieures se groupent tantôt en deux (Dauphin), tantôt en trois cordons (Marsouin) qui constituent finalement un faisceau plexiforme d'où s'échappent des rameaux très nombreux. Tous ne — 132 — naissent pourtant pas du faisceau plexiforme; l’un d’eux part du quatrième nerf et se rend au musele scalène inférieur, un autre se détache du septième nerf et va au scalène supérieur, enfin du cor- don antérieur partent deux rameaux dont l’un se rend au muscle scapulaire et Pautre au spinatus. Quant au faisceau il innerve richement les muscles de Pépaule et du bras, envoie même une petite branche à la peau sur la face palmaire du bras et de l'avant-bras et finalement émet trois autres neris importants, le médio-ulnaire qui dessert la peau sur la face palmaire de la nageoire et se prolonge jusqu’à l'extrémité de celle-cr, le musculo-spinal destiné au triceps et à la face dorsale de la nageoire jusqu'au carpe, enfin le circonflexe qui se répand dans le deltoiïde etinnerve la peau de l'épaule et de la face dorsale du bras. Ce nerf a été retrouvé par Carte et Macalister dans la Balænoptera rostrata (35,200). Les nerfs dorsaux se divisent aussi en deux branches: les branches inférieures forment les nerfs intercostaux et ne présentent rien de particulier, mais il n’en est pas de mème des branches supérieures. Celles-ci, en effet, se divisent bientôt en trois rameaux ; un rameau externe qui suit l'apophyse transverse de la vertèbre postérieure et se dirige en dehors dans les museles et dans la peau, un rameau interne parallèle à l'apophyse épineuse et destiné aux muscles et à la peau du dos, enfin un rameau de communication qui se dirige ünimédiatement en avant pour s’anastomoser avec la base du rameau interne. Ces rameaux de communication passent sur les lames ver- tébrales et constituent de chaque côté un cordon anastomotique très curieux et absolument caractéristique des Cétacés. Dans la région dorsale antérieure, ce cordon est encore peu marqué, mais il devient parfaitement continu dans la région postérieure et nous le verrons bientôt se poursuivre jusqu’à l'extrémité de la colonne vertébrale. Un mince rameau de renforcement met souvent en communication, suivant une ligne oblique, deux rameaux internes consécutifs ; cette disposition est indépendante de la précédente. Dans la région lombo-caudale, des différences plus grandes encore peuvent être signalées entre les Cétacés et les Mammifères terrestres. Notons, en effet, que les membres font défaut et qu'il ne saurait par conséquent être question d'un plexus ischiatique ou crural, du reste comme les muscles de la queue sont aussi bien développés du côté dorsal que du côté ventral on trouvera les branches supérieures aussi bien développées que les inférieures. Les divisions des branches supérieures continuent à se mettre en relation par des rameaux de communication: à partir de la 1e vertèbre lombaire, les branches inférieures se relient entre elles par le mème procédé, si bien qu'on observe sur toute la lon- eueur de la queue deux cordons nerveux de chaque côté, lun au-dessus des apophyses et l’autre au-dessous: ces cordons sont en forme de rubans et correspondent plutôt à des plexus dont tous les laisceaux seraient reliés entre eux par du tissu conjonctil. On compte 25 nerfs de chaque côté dans la région qui nous occupe. Dans la partie antérieure, les branches inférieures se divisent comme dans la région dorsale, émettent à leur base des rameaux de renforcement et envoient fréquemment dans les museles et dans la peau plusieurs rameaux externes. En arrière de la 482 vertèbre lombo-caudale, ces derniers ne sont pas aussi nombreux et partent directement du cordon, les rameaux internes ne recoivent plus de branches de renforcement et se continuent assez loin en arrière avant de diverger. Entre la 25e et la 26° vertèébre lombo-caudale, les nerfs disparaissent et le cordon subsiste seul, diminuant gra- duellement de dimension, mais se prolongeant jusqu'à Fextrémité de la queue; il envoie alors de nombreux rameaux dans la nageoire terminale. Les branches inférieures se dirigent en dehors et vers le bas par dessus les disques intervertébraux. Les onze premières correspon- dent aux nerfs lombaires et sacrés de l'Homme, mais ne s'unissent pas pour former un plexus lombaire et un plexus sacré. Ces onze nerfs se rendent tous aux muscles fléchisseurs de la queue et à la peau, mais les 8e, 9% et 10e s'unissent entre eux et avec un petit rameau du 7e pour former le nerf génital où inter-pudique qui se ramifie abondamment dans les muscles génitaux, dans les parties vénitales externes el sur la vessie. Apartir du nerf 11, toutes les branches inférieures s'unissent entre elles pour former le cordon longitudinal inférieur qui cesse de s’accroitre à partir de la 25e vertèbre lombo-caudale et se termine comme le supérieur à Fex- trémité de la queue. Ce cordon émet des nerîs très nombreux qui forment fréquemment des plexus dans les muscles fléchisseurs ; ses derniers rameaux se distribuent dans la peau sur la face ventrale de la nageoire. Swann (1) prétend que les nerîs de la nageoire se rendent aux muscles et non à la peau qu'il considère comme très peu sensible. Cunningham accorde au contraire à la nageoire une très grande (1) Swann. — Illustrations of the comparative anatomy of (he nervous system. London, 1835. Mo sensibilité, et son opinion parait bien fondée si l’on considère, d’après la description précédente, le nombre considérable de rameaux nerveux qui se rendent dans ses téguments. D'après Guldberg (119), la moelle épinière des Cétodontes (Mar- souin) se termine entre les vertèbres lombaires 9 et 10, mais elle se terminerait à la 4° lombaire dans les fœtus de Balénoptères. D'ailleurs le canal central de la moelle ne serait pas reconnaissable dans les Mysticètes adultes. ORGANES DES SENS ŒIL Les yeux des Célacés sont situés sur les côtés de la tête au-dessus du niveau de la lèvre supérieure. Chez les Mysticètes, ils se trouvent sur une ligne perpendiculaire à la commissure des lèvres et à une distance relativement faiblede celle-ci,si bien que dans les Baleines, où cette commissure s’incurve fortement vers le bas, l'œil parait ètre fortement rapproché du côté ventral du corps; dans le Cachalot, l'œil est situé à peu près au même niveau que chez les Mysticètes, mais il est situé beaucoup plus haut. Les Cétodontes se distinguent par leurs yeux rejetés plus ou moins loin en arrière de la commissure, mais placés toujours à un niveau supérieur à celui de la commissure; l'Hypéroodon, le Delphinaptère, le Marsouin, etc., présentent cette disposition d'une manière très frappante, elle l’est beaucoup moins dans le Globicéphale et surtout dans lOrcellu. Pour rendre plus frappante la différence qui existe à ce sujet entre les Cétodontes et les Mysticètes, on pourrait dire que la bouche parait plus longuement fendue chez les seconds que dans les pre- miers; je dis paraît, car on sait que la bouche si démesurément grande des Mysticètes doit ses dimensions considérables au puis- sant développement de la mandibule et des maxillaires. L'œil des Cétacés est toujours extrêmement réduit relativement au volume du corps et, comme Eschricht le fait remarquer, ses dimensions ne sont nullement en rapport avec celles de l'animal (16,286). C’est dans les Balénoptères qu’il présente ses plus grandes dimensions ; dans un exemplaire de 60 pieds il était «aussi gros que la tète d’un enfant nouveau-né » (111,2); il est plus réduit dans les Baleines franches où, d’après Eschricht, il ne dépasserait pas quatre fois le volume de celui du Dauphin (16,286); dans l'énorme — 135 — Cachalot l'œil n'est guère plus gros que celui du Bœul (10,128), enfin chez le Plataniste qui peut atteindre 2m50 de longueur, la fente oculaire est réduite à 6 millimètres de diamètre. L'œil des Cétacés se distingue en outre par l'épaisseur démesurée de la selérotique. Dépouillé de ses muscles, cet œil est très sensi- blement sphérique quoique un peu déprimé dans le sens antéro- postérieur ; sur une coupe verticale on voit que ses cavités internes, occupées par les milieux réfringents, affectent une forme lenticu- laire et présentent un diamètre transversal beaucoup plus grand que le diamètre longitudinal. Ces différences entre l'extérieur el l'intérieur de l'œil sont uniquement dues au développement énorme de la selérotique en arrière et à sa réduction relative en avant. Comme chez tous les animaux qui vivent dans l'eau, la cornée est peu convexe ; elle présente une disposition stratiliée manifeste et dans un œil de Baleine franche, Rapp à pu compter jusqu'à douze couches superposées (12, 95). Comiue chez les Poissons, le cristallin est presque régulièrement sphérique et comme il fait un peu saillie dans la chambre antérieure de l'œil, l'humeur aqueuse est extrème- ment réduite ; l'indice de réfraction du cristallin est aussi élevé que celui du crownglass (117, 521). L'iris est généralement de cou- leur-brune, des fibres musculaires radiales peuvent dilater la pu- pille longitudinalement elliptique, tandis qu'un anneau de fibres circulaires servent à la contracter (12, 97) ; sur la partie antérieure de l1 membrane se voient des artérioles flexueuses qui vont en s’ir- radiant à partir des canaux artériels dont la pupille est entourée. La couche interne de la choroïde présente un tapis à reflet très brillant ; sa coloration est argentée dans les Mysticètes, bleu marine dans le Dauphin, bleu clair dans le Marsouin ; les procès ciliaires sont nombreux et, chez les Balénoptères du moins, ne présentent pas tous les mêmes dimensions (29, II, 249). Le corps vitré est lenticulaire comme la chambre qui le renferme. Dans le Marsouin (172) les couches de la rétine sont les mèmes que chezles autres Mammifères, les bâtonnets et les cônes ne présentent rien de particulier, mais la couche ganglionnaire se fait remarquer par ses cellules énormes qui atteignent parfois 27 millièmes de milli- mètres et sont plus grandes certainement que celles qu'on peut observer dans les autres Mammifères ; ces cellules sont anguleuses ou ovales, elles ont un contour bien défini, un noyau et un nucléole, et émettent de nombreux prolongements qui se mettent en relation, les uns avec les fibres de la couche granuleuse, les autres avec les faisceaux du nerf optique. Ces cellules colossales ont été trouvées par Ritter (1) dans les Baleines. Des glandes lacrymales out été observées par Rapp dans le Dau- phin etle Marsouin (12-93), par Carte et Macalister dans la Bala- noptlera rostrata 135, 255); elles s'ouvrent par un grand nombre d'orifices sur la conjonctive palpébrale, mais les conduits et les points lacrymaux de l'homme n'existent pas ; ces glandes n’ont pas été trouvées dans le Cachalot par Bennett (10, 128). Il se peut que le glande de Harder, signalée par Owen chez les Cétacés, en l’absence de toute lacrymale (29, III, 260), corresponde aux formations glandulaires décrites par Rapp et par Carte et Macalister. Ces der- niers auteurs, par contre, relèvent l'absence du cartilage tarsal et des glandes de Meibonius dans les paupières, tandis qu'un groupe de follicules meiboniens est indiqué par Owen. Les cils n’existent jamais. Les muscles moteurs de l'œil et des paupières sont très sensible- ment normaux; à l'exception de Rapp, tous les auteurs signalent un sphincter des paupières, et l’on trouve partout les quatre muscles droits, l'oblique supérieur, oblique inférieur et le muscle choanoïde; ce dernier est divisé en quatre masses, il à son origine sur la gaine fibreuse du nerf optique et va s'insérer sur la face postérieure de la sclérotique comme dans les autres Mammifères. Les muscles de l'œil, dit Rapp, « se font remarquer, chez les Cétacés, par leurs très grandes dimensions. Il semble que chez les Mammifères, la grosseur des muscles ne soit pas en rapport avec celle de l'œil, mais plutôt avec l'épaisseur de la sclérotique. Dans l'Éléphant, dont l'œil est très petit, les muscles sont extrême- ment forts, mais la sclérotique est aussi plus épaisse que dans aucun autre animal, à l'exception des Cétacés. » (12, 93). Le nerf optique se détache de la face inférieure du cerveau, immédiatement en avant de Phypophyse; après avoir formé le chiasma normal, il diverge en dehors, entouré sur toute sa lon- gueur par une gaine fibreuse épaisse qui envoie à son extérieur des cloisons radiales longitudinales. Autour de cette gaine se continue le puissant plexus artériel de la base du cerveau et, dans la Balw- noptera Sibbaldii, ce prolongement vasculaire peut devenir aussi gros que le bras (LES, 482). En arrière de l'œil, le plexus est recu dans une cavité infundibuliforme formée par la sclérotique à son (1) Ritler. — Die Structur der _Relina dargestellt nach Untersuchungen über das Waltischauge. Leipzig, 186%. … — (ot extrémité postérieure ; à ce niveau, des perforations sont creusées dans cette dernière membrane et livrent passage aux artères de la pupille et des procès ciliaires (29, IT, 249). D'après Ritter, les artères de la rétine, dans la Baleine, traverseraient aussi la scléro- tique avant de se rendre à leur champ de distribution, mais dans le Marsouin, d'après Hulke (112), le nerf optique est parcouru normalement par ses artères axiales qui le suivent sur toute sa longueur, pénètrent avec lui dans l'œil et se ramifent ensuite à la surface de la rétine. L'œil du Plataniste a subi des modifications si particulières, qu'il doit occuper une place à part dans la description de l'organe (50, 468-471). Les nerîs optiques sont réduits à des filaments, le cristallin fait défaut, mais les deux humeurs sont représentées, les muscles de l'œil sont rudimentaires et destinés surtout à comprimer la masse de graisse qui enveloppe le bulbe; la conjonc- tive, sur la cornée, renferme des glandes muqueuses simples ou ramifiées, son tissu conjonetil sous-muqueux, forme des papilles qui pénètrent entre les glandes et dans lesquelles Anderson à cru apercevoir des capillaires, des rameaux nerveux et mème un corps ovale ressemblant aux corpuscules du tact. Le bulbe oculaire est piriforme avec son sommet dirigé en dedans, la sclérotique est étroitement unie avec la choroïde, elle est mince et son épaisseur est uniforme ; d’ailleurs la rétine se distingue parfaitement et lon n'observe pas de modifications particulières dans liris et dans les procès ciliaires. Cet œil d’une dimension presque microscopique, dépourvu de cristallin, obscurei en avant par une conjoncetive en tous points semblable à la peau, ne doit donner à l'animal que des sensations Ilumineuses très restreintes. En fait, le Plataniste est presque aveugle ; quand on le place dans un bassin, il ne mesure jamais la distance qui le sépare des bords et se heurte continuelle- ment contre ces derniers. On ne saisil pas bien les causes qui ont pu conduire à une atrophieaussi prononcée: ce n’est point Fadapta- tion à la vie dans les eaux douces qui à pu produire à ce résultat, car l’Orcella fluminalis a les mêmes habitudes que le Plataniste et ses yeux sont normalement développés. D'après Anderson, la partie externe du globe de lœæil doit suppléer, par son pouvoir tactile, à l'imperfection de la vue. Cette infirmité naturelle, si lon peut s'exprimer ainsi, n'empêche pas le Plataniste d’être un habile chasseur et de choisir sa proie; il ressemble en cela aux Cachalots que l’on trouve parfois privés de la vue par accident ou difformité native. Ces gigantesques aveugles, dil Baele, ne paraissent pas 1S — 138 — souffrir beaucoup de cet état ; ils sont gras et riches en huile autant que les individus parfaitement intacts (9, 36). APPAREIL AUDITIF. Pièces osseuses (de l'appareil auditif. — Les pièces osseuses de l'appareil auditif se composent exclusivement du rocher où os pétreux et des osselets de loreille moyenne. Le rocher étant un os très complexe et d’ailleurs assez variable suivant les groupes, nous lui consacrerons d'abord une étude spéciale et nous ferons la description des osselets en nous occupant des parties charnues de l'oreille. Chez les Mysticètes l'os du rocher à une structure spéciale assez peu variable suivant les espèces et, pour en donner une idée exacte, il nous suflira de la décrire dans un type ; nous choisirons la Balænoptera rostrata. Le rocher de la B. rostrata se compose de deux régions assez distinctes ; la région supérieure, enclavée entre les os de la base du crâne (ptérygoïdien, occipital basilaire, occi- pital externe etossquameux) forme une espèce de plafond au-dessus de la région inférieure et se rattache à cette dernière par deux pédicules assez grèles. La première région se divise en trois parties absolument continues : l’opisthotique, le labyrinthe et le prootique. L’opisthotisque occupe la portion la plus reculée du rocher ; c'est une longue apophyse très comprimée qui se dirige en arrière et très fortement en dehors pour s’'insinuer dans une entaille profonde creusée dans le squameux el située immédiatement en arrière de l'énorme apophyse articulaire de cet os. L'opisthotique est légère- ment arqué et sa concavité très faible est tournée en avant; il se continue antérieurement et en dedans avec la région labyrinthique et émet en cet endroit un pédicule vertical obliquement comprimé qui descend verticalement pour se souder à la caisse tympanique ou région inférieure du rocher. Le labyrinthe figure assez bien une pyramide triangulaire oblique dont le sommet postérieur se continue en arrière avec l’opisthotique, tandis que la face externe s'appuie contre la portion ascendante du temporal. La face inférieure est fortement bombée du côté de la caisse tympaniqueetforme,avant de se réunir avec la précédente par un bourrelet très saillant, une anfractuosité au fond de laquelle se trouvent la fenêtre ovale et la fenètre ronde : quant à la face supérieure elle est complètement libre et forme une 4139) ° partie du plancher cränien en dedans de la portion ascendante du temporal, Sur cette face, on aperçoit différents orifices servant au passage des vaisseaux et des nerfs et notamment à la carotide interne, mais la perforation la plus importante, dans le sujet qui nous occupe, est le conduit auditif interne en forme d'entonnoir dont la partie terminale présente un certain nombre d'oritices plus petits, — Le prootique est une apophyse pyramidale obliquement aplatie de dedans en dehors : il se continue avec le labyrinthe sur presque toute la longueur de l'angle par lequel se mettent en rela- tion la face externe et la face inférieure de ce dernier. À son origine en arrière, le prootique fait une saillie au-dessous et en dehors de la cavité au fond de laquelle se trouvent les deux fenêtres : il s'appli- queen dehors, en dessus et un peu en dessous dans une cavité cor- respondante du temporal limitée en partie inférieurement par le bord postérieur du ptérygoïdien ; sur sa face inférieure il est libre el regarde l'os tympanique, se rattachant à ce dernier par un pédi- cule situé un peu en arrière, sur son bord externe. La région inférieure du rocher où os tympanique est située au- dessous du labyrinthe et du prootique. Elle à la forme très caracté- ristique d'une coquille de Cyprée (vulgairement la porcelaine) ou de Bulle, et on la désigne en effet sous le nom de bulle. La face buccale de la bulle est tournée contre le labyrinthe et le prootique, sa face dorsale arrondie est libre inférieurement et fait une forte saillie à la base du crane en avant et en dehors des condyles oecipi- taux ; son extrémité antérieure s'étend en avant presque aussi loin que la pointe du prootique, son extrémité postérieure dépasse à peine l’origine de l’opisthotique. La fente buccale, qui regarde le la- byrinthe et l'extrémité postérieure du prootique, est dirigée d'avant en arrière ; elle est limitée par deux lèvres. La lèvre interne est très épaisse et s'appuie contre une saillie de l'occipital basilaire ; son bord arqué se recourbe dans la caisse tympanique el y forme une puissante saillie osseuse ; la lèvre externe est mince et, comme elle forme le berd externe de la caisse, il en résulte que la fente buccale est beaucoup plus éloignée de la face interne que de la face externe de los tympanique. Ainsi placée, la caisse regarde la région supé- rieure du rocher mais reste séparée d'elle par un espace assez vaste: elle se rattache cependant à l’opisthotique par le pédicule postérieur, au prootique par le pédicule situé en avant. Les deux pédicules sont formés aux dépens de la lèvre externe : celui qui est situé en avant est à une distance assez grande du bord postérieur de cette lèvre, mais le pédicule postérieur est situé tout à fait en — 140 — arrière et se bifurque même pour envoyer un tronçon dans la direc- tion de la lèvre interne. La cavité de l'os ou caisse tympanique est très vaste malgré le bourrelet intérieur formé par la lèvre interne : elle communique en avant avec un vaste sinus ovoide creusé dans le ptérygoïdien et limité en partie, sur son bord externe, par une saillie inférieure du temporal: complètement tapissée par une membrane, cette poche d'Eustache s'atténue en avant et se pro- longe dans un conduit membraneux, la trompe d'Eustache, qui profite d’une lacune entre le temporal et le ptérygoïdien pour pénétrer dans les arrière-narines et s'ouvrir dans celles-ci par un orifice situé en dedans des ptérygoidiens et au-dessus des os pala- tins. Entre les deux pédicules, la face externe de la bulle présente supérieurement une forte saillie qu'on désigne sous le nom de promontoire et qui divise en deux orifices l'espace compris entre les deux pédicules; l’orifice postérieur, de beaucoup le plus grand, livre passage à un cul-de-sac fibreux, à paroi très épaisse, long de 5 centimètres environ. Sa cavité est un diverticulum de la caisse Lympanique avec laquelle elle communique largement ; il est logé dans une gouttière profonde qui contourne la base du bord posté- rieur de l'énorme apophyse descendante du squameux. Hunter (3), Home (110), et tous les auteurs qui ont décrit l'oreille des Cétacés, n'ont pas vu que c'était un diverticulum de la caisse et ils Pont considéré comme une membrane du tympan convexe en dehors : M. Beauregard, à qui je dois ces derniers détails, à déterminé la véritable nature de ce cul-de-sac fibreux et, d’après lui la membrane du tympan s'étendrait en avant du promontoire el fermerait le second orifice dont j'ai parlé plus haut. Les détails précédents, décrits d’après nature, sont assez complets pour qu'une courte description des pièces osseuses de l'oreille suflise aux divers Cétodontes. «On sait que chez les Marsouins etles Dauphins, dit P. Gervais (70, 576), la caisse auditive est soudée avec le labyrinthe osseux, mais que cette soudure n'est qu'adventive. Ces deux pièces sont d’abord séparées l’une de l'autre et simplement accolées, la caisse attenant à une tubérosité osseuse, aplatie et élargie à sa surface de contact avec le bord inférieur du rocher. La caisse est repliée en volute et son ouverture s'étend en avant sous la forme d'une échancrure dont les deux lèvres sont différentes pour chaque côté, lin- terne étant élargie et aplatie dans la partie de son étendue que surplombe le rocher, lautre ou externe, au contraire, amincie. © C’est par deux points que la caisse auditive adhère au labyrinthe, — 14 — et ces deux points sont séparés Fun de l’autre par l'ouverture Lym- panique qui manque ici de cadre osseux. Quant au labyrinthe, ses deux portions doivent ètre distinguées l’une de l'autre. L'une est le véritable labyrinthe, puisque l’on voit, à sa superficie, la fenêtre ronde, la fenêtre ovale sur laquelle est soudée la platine de l'étrier, les méats auditifs interne et externe et, intérieurement, le limacon, ainsi que les canaux semi-cireulaires ; l’autre, simplement tubéri- forme, est, en réalité, le mastoïdien. Chez les Ziphioïdes et les Physétéroïdes, elle s'allonge, devient flabelliforme, et, dans les crânes desséchés, jouit d'une mobilité particulière, quoique servant de point d'appui au dabyrinthe et à l’oreille moyenne. » Dans tous les cas, l’apophyse antérieure (prootique) fait défaut chez les Cétodontes et par le développement de l’apophyse postérieure, que Gervais homologue avec le mastoïdien, on voit que les Physétéridés et les Ziphioïdes servent d’intermédiaire entre les Mysticètes et les Delphinides. D'une importance très grande pour la systématique, Fos du rocher présente suivant les groupes d’autres différences dans ses rapports avec le crane. Chez les Mysticètes, il est lächement unis à ce dernier et remue très facilement, sans se laisser arracher toute- fois, lors qu'on essaye de lenlever du crane. D'ailleurs comme sa caisse tYmpanique n’est rattachée à la portion supérieure que par deux minces pédicules, le moindre acecident suffit pour briser ses attaches et la détacher complètement du crâne. Chez les Delphinidés, où lapophyse postérieure est très peu développée, los du rocher tout entier tombe parfois par la macé- ration, mais le plus souvent, et c’est ce qui se produit notamment dans le jeune, la caisse tympanique se sépare du reste, la soudure dans les régions pédiculaires n'étant pas suflisamment avancée. Chez les Ziphioïdes et les Physétéridés, au contraire, le processus postérieur, très développé et ridé, rattache fortement le rocher au crane. Du reste ce processus contracte des rapports plus étroits avec la caisse qu'avec le labyrinthe et si, par une fracture, on essaye de séparer l'os en deux parties; on voit que le labyrinthe acquiert une liberté relative tandis que la caisse du tympan reste fortement rattachée au crane par l'intermédiaire du processus postérieur (15, 46). Oreille erterne. — L'orilice auditif externe se trouve en arrière des veux, el à peu près au même niveau, sur le prolongement de la comumissure des lèvres. Il est si petit qu'on risque souvent de ne pas l'apercevoir, même en le cherchant avec soin; c’est ce qui est arrivé notamment à Murie pour le Globicéphale (37, 249) et à Perrin pour la Balænoptera rostrata (39, S07). Dans la Mégaptère de 13 mètres étudiée par Struthers, on pouvait seulement y introduire une petite plume d’oie (64, 121), dans le Delphinaptère de Watson et Young il pouvait à peine admettre une soie, enfin dans le Dauphin et le Mar- souin que j'ai étudiés on pouvait y faire entrer une tête d'épingle. Le pavillon de l'oreille manque complètement, à moins qu'on ne consi- dère comme un pavillon rudimentaire le repli signalé autour de l’oritice par Watson et Young dans le Delphinaptère (52, 428). G. Bond Howes (125, 467) à observé au-dessus, de lorifice un pro- cessus filiforme long de quelques millimètres dans un fœtus de Marsouin de 55 centimètres, dans un fœtus de Delphinaptère long de 32 centimètres et dans deux Marsouins adultes. Chez ces derniers, l'orifice auditif du côté droit était relativement grand; mais du côté sauche l'orifice était très réduitet le filament n'existait pas. L'auteur considère ce filament comme un pavillon rudimentaire: il ne la trouvé ni dans la Mégaptère, ni dans un fœtus de Delphinus leucoptus. Le conduit auditif externe, évidemment fort étroit, se dirige en dedans et se termine à la membrane du tympan; il passe en arrière de l'apophyse descendante de los squameux et, dans le Globicéphale (37, 250) et le Marsouin (41, 410) au moins, décrit un certain nombre de sinuosités ; Home figure une grande dilatation du canal à son extrémité tympanique. Dans la Balwnoptera rostrata, d'après Carte et Macalister (35, 252), les parois du conduit sont composées de trois couches : 10 une couche externe fibro-cellulaire qui renferme des fibres musculaires à environ un pouce du méat externe ; 2° une couche moyenne fibreuse plus épaisse que les autres; 39 une mem- brane interne ou pseudo-muqueuse formée par une involution de la euticule et présentant trois plis longitudinaux. Dans le Globicéphale el surtout dans le Lagénorhynque, Murie à pu mettre en évidence un certain nombre de faisceaux musculaires qui s’insèrent sur le conduit cartilagineux (37, 250). Ces muscles sont au nombre de trois et Murie les regarde comme représentant, sous une forme réduite, les muscles de l’helix et du traqus des autres Mammifères: ils sont désignés par l’auteur sous les noms d’élévateur, de protracteur et de rétracteur, mais comme il n°y à pas de pavillon, il pense que les deux premiers tirent en avant et vers le haut la portion externe du conduit. Oreille moyenne. — L'oreille moyenne est formée par la vaste — 143 — cavité creusée dans los du tympan et en partie aussi par une portion de l’espace compris entre la face buccale de la bulle et là région supérieure du rocher. Elle est limitée exlérieurement par la membrane du tympan et, chez les Mysticètes au moins, se pro- longe dans le cul-de-sac dont il a été fait mention en traitant des parties osseuses de la Balænopltera rostrata; par dessus, elle est limitée par la région supérieuredu rocher, en dessous par les parois de la caisse et en avant par les tissus voisins. En arrière elle se mel en relation avec les arrière-narines par la trompe d'Eustache dont la position est constante chez tous les Cétacés. Nous avons vu que, chez les Mysticètes, la trompe d'Eustache se dilate en un puissant sinus à son origine tympanique; cette dilatation existe encore dans les Cétodontes, mais elle devient extraordinairement comn- pliquée en raison des prolongements qu'elle émet el des cryptes, des aréoles qui se creusent dans ses parois membraneuses. La plupart des auteurs (Rapp, Owen, Huxley, etc.), ont signalé ces dilatations : Anderson en a donné une description très complète dans le Plataniste (50,452-455) et dans l’Orcélla (50,384) et je nesau- rais mieux faire que d'y renvoyer le lecteur; je dirai toutefois que l'auteur a suivi leurs prolongements jusqu'enarrière du thyro-hyal et qu'il leur trouve des analogies frappantes avec les sinus eusta- chiens du Cheval. Murie signale un renflement à l'origine tympa- nique de la trompe dans le Globicéphale et il décrit sur ce sinus un réseau admirable, mais ilne fait pas mention des prolongements et des aréoles (37,251). Les osselets de l’ouie sont au nombre de trois ; le marteau, l'en- elume et l'étrier. « Le marteau est le plus volumineux et se soude à la caisse tympanique dans les Mysticètes ; la Lète est très grande et présente une double surface articulaire ; l'enclume est moins grande et porte deux apophyses; les surfaces articulaires du mar- teau correspondent avec celles de l’enelume ; l’étrier n'est pas tou- jours perforé et s'applique si bien à la fenêtre ovale qu'il est souvent dans une immobilité complète et ne se détache même que fort difficilement. Il ne présente jamais la délicatesse de l'étrier des autres Mammifères et il est toujours plus long que large. » Des variations très grandes peuvent se produire dans ces osselets sut- vant les espèces, mais on comprendra qu'il nous est impossible de les signaler ; disons seulement que, chez les Mysticètes, le marteau se soude à la lèvre externe de la caisse tympanique, au niveau du promontoire. Rapp signale dans le Dauphin un muscle du marteau et un muscle de l'étrier. pre Comme chez les autres Mammifères, la membrane du tympan est concave en dehors (52,103). D'après Home, Hunter et Buchanan elle serait cependant convexe et mème musculaire dans les Mysticètes, mais nous avons vu que tous ces auteurs considéraient comme une membrane tympanique le diverticule en cul-de-sac étudié par Beauregard. Oreille interne. — Le nerf acoustique est très développé chez les Célacés, comme le fait observer Anderson en traitant du Plataniste (50, 464) et il pénètre dans le rocher par un conduit auditif externe de dimensions relativement grandes. L'oreille interne est tout entière logée dans le labyrinthe du ro- cher. Ses trois canaux semi-cireulaires sont très petits et le lima- con, divisé comme de coutume en deux rampes, se compose en moyenne de deux tours de spire. à La physiologie de l'oreille des Cétacés est restée jusqu'ici assez obscure, mais nous croyons que Rapp, plus que tout autre, l'a inter- prétée d'une manière fudicieuse. « Pallas, Carus, Buchanan pen- sent, dit-il, que les Cétacés reçoivent les vibrations sonores par la trompe d'Eustache qui s'ouvre dans les arrière-narines, et cela, à cause du diamètre extraordinairement faible du conduit auditif externe. Pourtant, cette vuene paraît pas juste, car la trompe d’'Eus- lache, ayant des parois molles et anfractueuses (collabirende) n’est pas disposée pour la transmission des sons ; ses parois munies de valvules, notamment, rendent inadmissible cette hypothèse. Chez ces animaux, je tiens également le conduit auditif externe comme incapable de recevoir les vibrations et de les conduire jusqu’au laby- rinthe ; il est en effet extrèmement étroit, très long, fortement re- courbé et dépourvu extérieurement de pavillon. Puisque les Cétacés habitent normalement un milieu plus dense et qui conduit mieux le son que le milieu aérien, je pense que la surface entière du corps doit recevoir les vibrations sonores et les conduire à l’oreille interne par l'intermédiaire des os. Les sinus remarquables qui agrandissent la cavité tympanique paraissent être disposés comme des membranes tendues destinées à recevoir une grande partie des vibrations par l'intermédiaire des os et à les conduire jusqu'au laby- rinthe. » Si nous observons, en effet, que les valvules des aréoles, dans les sinus de la trompe, sont tournées du côté de son orifice externe et intercepteraient par conséquent la transmission des vibra- tions, que le conduit auditif externe est souvent rempli par une ma- tière sébacée, nous reconnaitrons la justesse des observations de — 145 — Rapp et nous considérerons la réduction de l'oreille externe comme un eftet d'adaptation qui, du reste, se manifeste déjà à un certain degré chez les Pinnipèdes. OLFACTION Le sens de l’olfaction, lorsqu'il est bien développé, parait être un apanage des Vertébrés terrestres et on ne s’élonnera pas de le voir s'atténuer chez des formes destinées à vivre continuellement dans les eaux et, par suite, en rapport moins fréquent avec l'air chargé des vapeurs odorantes. En fait, on sait très peu de chose sur le pouvoir olfactif des Cétacés, mais on peut croire, néanmoins, que tous n’en sont pas dépourvus. « Ce qui nous fait supposer, dit Van Beneden, que le sens de l’odorat à une certaine délicatesse chez les Cétacés, c’est une observation que Lacépède a trouvée dans les notes manuscrites d'un vice-amiral, d'après laquelle Peau pourrie du fond d’un bateau, jetée à la mer, avait fait fuir les Baleines. » (118, 496). Cette observation intéressante est justifiée, du moins pour les Mys- ticètes, par les résultats de l'observation. Tous, en effet, sontpourvus d’un lobe olfactif qui envoie des filaments dans les cornets du nez, médiocrement développés d’ailleurs. Guldberg, il est vrai, n’a rien trouvé de semblable dans la Megaptera longimana et dans la Balæ- noptera museulus, mais si l’on songe qu'Eschricht à depuis long- temps figuré les lobes olfactifs dans la première espèce, nous pouvons croire, sans crainte de nous tromper, que les nerîs de l'olfaction existent aussi bien dans la B. musculus que dans les Mégaptères. Les Cétodontes, au contraire, paraissent complètement dépourvus d’un organe olfactif normal; toutefois, dans lHype- roodon, Eschricht a signalé la présence de lobes olfactifs, et cette curieuse découverte a été confirmée récemment par le travail de Guldberg (119). De nouvelles recherches viendront peut-être modifier en ce point nos connaissances sur les Cétodontes, mais ce que l’on peut affirmer, c’est que les filaments trouvés chez eux, et considérés comme olfactits par différents auteurs et notamment par Von Baer, ne sont probablement pas de nature nerveuse (100, pl. VI, fig. 6). L'étude de l’ethmoïde ne permet pas de trancher cette question d'une manière sérieuse. Si cet os, comme le fait observer Van Bene- den (70, 7), est distinctement percé d’orifices pour le passage des 19 nerfs olfactifs chez les Mysticètes, des perforations de même nature, sinon destinées au même rôle, se rencontrent également chez plu- sieurs Cétodontes. D'un autre côté, Anderson,étudiant le moule de la cavité crânienne du Plataniste, a observé en avant une forte saillie correspondant à l’ethmoïde, et cependant l'étude du cerveau frais n’a montré aucune trace de lobe et de nerfs olfactifs (50). Dans la Balænoptera Sibbaldii, d'après Beauregard (118, 499-500), les lobes olfactifs du fœtus se composent d’un renflement terminal ovoide situé en avant sur la base du crâne au-dessus des cornets du nez, et rattaché à la face inférieure du cerveau par un pédoncule dont la longueur atteint 32 millimètres. Ce pédoncule émerge vers le bord postérieur et inférieur du lobe frontal, d’une surface lisse et large qui s'étend en arrière vers le lobe de l’hippocampe et cor- respond à la racine moyenne du nerf olfactif. Cette plage unie occupe la mème position que la surface dépourvue de circonvolu- tions et désignée par Broca sous le nom de désert chez les Cétodontes. On observe d’ailleurs deux autres racines, l’une interne, peu développée, qui gagne transversalement la face interne de Fhémis- phère, l'autre qui se dirige en dehors et occupe le plancher de la vallée de Sylvius. Chez tous les Mysticètes étudiés jusqu'ici, la disposition est très sensiblement la mème et lon voit le bulbe olfactif émettre des nerfs nombreux qui se rendent aux cornets du nez. Ces derniers ont été décrits, par Van Beneden (70, 71), dans la Baleine franche. « Nous avons trouvé chez l’adulte, dit-il, trois lames osseuses, logées en arrière au-dessus des parois des fosses nasales, dont les deux internes correspondent aux deux cornets supérieurs, lexterne au cornet inférieur. La membrane qui les recouvre ne présente ni sillon, ni saillie, et la surface de l’os qui regarde les fosses nasales est parfaitement unie.» Les parties latérales de la base de l’ethmoïde «qui se recourbent sous la voûte des maxillaires, correspondent aux cornets, et l’on observe fort bien sur le côté les deux lames correspondant aux cornets supérieur et médian. Les cornets inférieurs aux maxillaires sont représentés par deux lames fort minces qui terminent le maxillaire sous l'os frontal. » Rapp émet cette idée que le nerfolfactif peut être remplacé, pour la perception des odeurs, par les branches nasales du trijumeau et peut-être par celles quise rendent'aux sacs spiraculaires dont la muqueuse est si fortement plissée. Il fait observer que chez les animaux dont l’odorat est le plus développé, certains cornets du nez se développent beaucoup et recoivent exclusivement les bran- Eye ches de ce dernier, enfin il cile, d’après Tiedemann et d’après Ouvrard, l'exemple d'hommes qui étaient dépourvus de nerfs olfac- tifs, Sans être pour cela moins sensibles aux bonnes et aux mau- vaises odeurs (12, 107). L'opinion de Von Baer est en somme peu différente, mais on à vu que le savant allemand considérait en outre les sacs du nez comme des organes respiratoires. Intelligence, instinct. — Les Cétacés habitent un élément qui les place à l'abri de nos études, et leur agilité proverbiale les met en quelques instants hors de la portée des observations. Aussi possé- dons-nous très peu de connaissances sur les mœurs et l'intelligence de ces animaux et encore, parmi celles aujourd’hui admises, en est-il beaucoup dont les bases ne sont pas complètement sûres. Nous relèverons simplement ici quelques passages empruntés à des autorités très sérieuses telles que Frédéric Cuvier dont la prudence est bien connue, à Beale, qui fut à la fois un voyageur et un savant, enfin au capitaine Scammon, baleinier observateur et consciencieux. Les Dauphins, dit F. Cuvier (8), sont de tous les Cétacés € ceux qui semblent tirer le plus de ressources de leurs facultés psychi- ques, qui paraissent apprécier avec plus de facilité et d’étendue la nature des circonstances où ils se trouvent. Indépendamment des nombreux récits qui ne permettent guère de douter sur la grande intelligence du Dauphin vulgaire, on sait l'empressement avec lequel il se rapproche des bäliments et en suit la marche, la pétu- lance et la vivacité de ses mouvements ; il n’est point de marin qui ne s’en soit trouvé témoin et qui n’en parle avec une sorte d’admira- tion ; or, lorsque la confiance, chez les animaux, n’est pas le résultat de la stupidité; elle est toujours un signe d’étendue dans le jugement, etrien n’annonce moins de stupidité que ces mouvements si prompts, si variés, auxquels les Dauphins se livrent souvent à la rencontre des vaisseaux; tout autre animal qu'eux les fuirait, et, au contraire, ils se plaisent à les suivre, comme pour lutter avec eux de vitesse et d’agilité; ils ne s’effraient ni des cris, ni des mouvements variés, et ces mâts, ces cordages, ces voiles, ces matelots, semblent un spectacle qui excite leur curiosité et leur est agréable. Toutefois, quoique les actions des Dauphins annoncent des facultés intellec- tuelles remarquables, les proportions de leur cerveau en font supposer de plus remarquables encore, et on les découvrirait sans doute s’il était possible de suivre la vie de ces animaux, ou de les placer, afin de les mieux observer, dans des conditions propres à favoriser leur développement, » ne L'étude du cerveau des grands Cétacés, d’après F. Cuvier, con- duirait à de toutautres conséquences, mais ses conclusions dans ce sens paraissent exagérées. Si les Baleines et la plupart des Cachalots sont des animaux timides et seulement dangereux quand ils se débattent dans les étreintes de la mort, ils manifestent néanmoins en maintes circonstances une puissance intellectuelle qu'on ne saurait nier. Il est notoire, par exemple, que les Hypéroodons ont appris à fuir l’homme depuis qu'on leur fait une guerre acharnée pour en tirer du spermaceti; tous les grands Mysticètes ont égale- ment donné des preuves de la mème prudence et nous en avons pour preuve les récits du capitaine Scammon sur la Baleine de Californie. Les baleiniers avaient observé que, dans leur passage, ces animaux visitaient les anses occupées par des prairies d'herbes marines ; ilsse placèrent là avec leurs bateaux et remplacèrent le harpon par une bombe à lance que pouvait projeter une espèce de mousquet. La chasse fut d’abord fructueuse, mais éveilla bientôt les soupcons des gigantesques Cétacés: ils se tinrent à distance du bateau et l’on fut obligé de recourir à de petites barques qui irappaient moins leur attention. Ce nouveau procédé réussit quelque temps mais les Baleines finirent par se méfier et bientôt elles passè- rent au large (47, 27). Dans la recherche de leur proie, les Cétacés font souvent preuve d’une sagacité très grande. Dans une promenade que je fis l’an der- nier aux iles St-Marcouf, avec M. le professeur Perrier, nous vimes, comme de coutume, les Goëlands raser les flots pour happer au passage les poissons de surface. IIS étaient accompagnés par les Marsouins qui, moins bien doués pour la vue que les Oiseaux de mer, suivaient partout ces derniers et leur enlevaient leur proie. Les Cétacés sont, en général, très sociables et beaucoup d'espèces forment des bandes qu’on désigne sous les noms de gamme ou d'école. C'est notamment le cas des Cachalots et Beale affirme avoir vu des gammes composées d’une centaine d'individus. IIS manifes- taient beaucoup d’attachement les uns pour les autres et quand une femelle était attaquée ils restaient autour d'elle jusqu’au dernier moment, on jusqu'à ce qu'ils fussent blessés eux-mêmes. Des jeunes restèrent même plusieurs heures autour des bâtiments après que leurs parents eurent été tués (9. 52). Si la relation suivante n’est pas trop exagérée, les Globicéphales ne le cèdent en rien, sous ce rapport, aux Cachalots. « Le 7 janvier 1812, dit F. Cuvier, des pècheurs de Ploubazlanec, se trouvant à une lieue en mer par un très mauvais temps, rencontrèrent ces Dauphins... Après avoir lutté pendant plusieurs heures inutilement contre ces animaux sans pouvoir en tuer aucun ni avec les gafles, ni avec les fusils dont il étaient armés, ils se réunirent à trois contre un des plus forts individus, et le poussèrent à coups de gaffes au rivage où il échoua. Pendant le trajet, cet animal poussait des mugissements douloureux, et, contre l'attente des pêcheurs, il fut suivi de toute la troupe, qui vint échouer elle-même, et qui se trouva composée de sept mâles, de cinquante-et-une femelles; et de douze jeunes à la mamelle. Dès que ces animaux touchèrent la grève, ils ne surent plus que se débattre machinalement, sans donner à leurs violents efforts une direction fixe; et, tout en se débattant contre la mort, ils poussaient des sons plaintifs.... Le plus vigoureux vécut cinq jours entiers » (8). APPAREIL URINAIRE Nous choisirons pour type de cette étude l'appareil urinaire des Mysticètes dont la description complète et détaillée a été faite récemment par Beauregard et Boulart (128); nous passerons ensuite en revue les mêmes organes chez les Cétodontes. Mysticètes. — Dans la Balænoptera musculus le rein à la forme d’un ellipsoïde très allongé situé en avant des organes sous le grand muscle psoas, il mesure 1m10 de longueur, 22 centimètres environ de largeur et 9 centimètres 1/2 d'épaisseur. Quand on a enlevé sa capsule on voit qu'il est composé d’un nombre très considérable des lobules (environ 3000) serrés les uns contre les autres et affectant très sensiblement la forme de pyramides à base externe et àsommet interne. Ces lobules ont en moyenne 15 millimètres d'épaisseur, quelques-uns atteignent 20 millimètres et, dans ce cas, paraissent résulter de la fusion des deux ou trois lobules plus petits. Chaque lobule simple se compose d’une couche épaisse de substance corti- ‘ale qui enveloppe un mamelon conique de substance médullaire ; le sommet du cône se continue dans un canal infundibuliforme dont la base élargie constitue le calice de cette portion de rein. Dans un lobule composé, on observe une grande cavité centrale qui dé- bouche dans un calice commun en forme d’entonnoir ; les paroiïisde la cavité sont formées par la substance corticale et présentent à leur intérieur trois prolongements divergents etacuminés des bords de lorifice du calice ; au-dessus de ce dernier se trouve un mamelon — 150 — de substance corticale, également divisé en trois zônes par des sillons ; l'ensemble donne assez bien l’idée d’un lobule formé par la fusion de trois autres et trois sillons externes manifestent à l’exté- rieur cette complexité. Les calices des lobules se rétrécissent assez rapidement et se mettent bientôt en relation avec les extrémités calicinales des lobules voisins; Fensemble constitue un canal cen- tral qui est l’uretère. Chaque lobule reçoit* en général deux branches artérielles, dont l’une se bifurque; les trois artérioles pénètrent dans la substance du lobule et se mettent en relation avec des veines qui sont paral- lèles aux artères dans leur trajet extérieur au lobule. L’artère rénale pénètre dans le rein, vers son extrémité antérieure, en un point qu’on pourrait appeler hile ; elle est accompagnée d’une artère plus petite; dans le rein, elle se divise en deux branches, l’une qui se rend dans la partie antérieure du rein, l’autre, beaucoup plus erande, dans la partie postérieure ; ces troncs artériels sont paral- lèles à l'axe du rein et situés à une faible distance de son bord interne, ils se divisent ensuite en petites branches pour irriguer les lobules. ‘ La distribution des veines a pu être étudiée très exactement dans la Balænoptera Sibbaldii. La veine cave inférieure se forme vers le niveau antérieur des reins par la réunion de deux gros troncs prin- cipaux qui par leur position correspondent évidemment aux veines iliaques de Von Baer. Dans la région rénale ces deux troncs reçoivent : 1° un certain nombre de veines importantes de la moitié postérieure des reins; 2° plusieurs autres veines rénales secondaires qui se réunissent pour former la grande veine rénale dont l’orifice se trouve également dans les troncs précités ; 3° des veines qui forment un plexus serré autour de l'artère rénale et qui débouchent aussi dans la grande veine rénale; 4 enfin des branches situées dans la partie antérieure des reins et qui se jettent dans la veine capsulaire avant sa réunion aux troncs iliaques. Ces différentes veines forment dans l’intérieur des reins plusieurs plexus étroits qui se mettent en relation par des anasto- moses nombreuses avec un très riche réseau veineux superficiel, et l’ensemble de ces plexus entre lui-mème en connexion avec les troncs iliaques par les voies que nous avons indiquées. « On peut se demander, disent les auteurs, si le plexus veineux que nous avons décrit chez les Balénoptères qui font le sujet de nos études, ne fait pas partie d’un système porte rénal dont les racines seraient cons- tituées par les veines iliaques. Dans cette hypothèse, une partie du Ÿ — 151 — sang veineux n’entrerait pas dans le rein et serait directement versé dans la veine cave inférieure où se terminent les veines iliaques. L'autre partie, par l'entremise des nombreux rameaux qui mettent en communication les veines iliaques, les reins et les réseaux veineux du rein, passerait par cet organe. Les veines efférentes de ce système porte seraient représentées tant par les veines qui se jettent dans la veine capsulaire que par celles qui accompagnent l'artère rénale et se jettent hors du hile dans la veine rénale. » Dans la B. musculus les uretères sortent des reins par leur extré- mité postérieure ; ils viennent s'ouvrir dans la paroi dorsale de la vessie en deux points très rapprochés et situés un peu en arrière du col. Quant à la vessie, elle est piriforme, à parois très épaisses et très vasculaires, tapissées intérieurement de plis longitudinaux très serrés en arrière, plus serrés encore et plus fins dans le col. Celui-ci s’atténue progressivement pour se transformer en wrèthre. Les lobules du rein, dans la Balwnoptera Sibbaldii, sont groupés en paquels comme dans la B. rostrata. Dans l'adulte, d’après M. Pouchet, ces groupes secondaires pourraient acquérir une indé- pendance remarquable. L'uretère et la vessie ne présentent rien de particulier. Cétodontes. — Les reins des Cétodontes sont formés de lobules comme ceux des Mysticètes, mais ils sont beaucoup plus larges et moins longs. Boulart et Beauregard n'ont pas trouvé chez eux les plexus si développés dans les Mysticètes et sur un Dauphin parfai- tement injecté, je n’ai rien non plus trouvé de semblable ; néan- moins, Comme je l'ai montré plus haut, la division en veines iliaques est parfaitement marquée. Les veines et les artères rénales plongent tout entières à l’intérieur des reins dans la région du hile, et sont toujours au nombre de une ou deux; d’après Meckel, il n'y aurait même normalement qu'une veine et une artère pour chaque côté. Les vaisseaux des reins, dans le Dauphin au moins, ne sont pas localisés dans les glandes, ils envoient aussi de fins rameaux dans la capsule. Dans le Lagénorhynque (14,149) Murie signale des lobules com- plexes semblables à ceux de la Balænoptera musculus. D’après Turner (34,75), les tubes urinifères sont extrêmement convolutés dans la région corticale et forment de nombreux corpuseules de Malpighi; la vascularisation de cette couche externe serait très riche, mais la substance pyramidale serait pauvre en vaisseaux et se distin- guerait très facilement de la précédente. — 152 — Les rapports des uretères avec la vessie ne méritent aucune mention spéciale ; comme chez tous les Cétacés, ce dernier organe paraît peu volumineux. Les capsules surrénales sont fermes et séparées complètement du bord antérieur des reins. Chez les Pinnipèdes les reins sont divisés en lobules et très semblables à ceux des Cétacés ; dans les Sirénides, au contraire, ils sont compactes et présentent la forme normale du rein des Mammifères. APPAREIL GÉNITAL MALE Testicules et leurs conduits. — Chez tous les Mammifères, les testicules du fœtus sont logés à l’intérieur de la cavité abdomi- nale; au moment de la naissance, ils changent de position, poussent devant eux le péritoine, traversent le canal inguinal et viennent se loger au dehors dans une invagination des téguments (bourse, scrotum). Un certain nombre de Mammifères cependant gardent en partie les traits embryonnaires en ramenant les testi- cules dans le canal inguinal après l’époque du rut; c’est le cas des Rongeurs, des Insectivores et des Chéiroptères ; chez d’autres, les caractères de l'embryon se conservent complètement et les testicules restent dans la cavité abdominale, c’est le cas des Mono- trèmes et c’est également le cas des Cétacés. Il est à peu près certain que cette disposition ne doit pas ètre interprétée de la même manière dans les deux groupes: chez les Monotrèmes c'est un héritage direct des formes reptiliennes inférieures pourvues comme eux de testicules internes, mais chez les Cétacés c'est très proba- blement le résultat de l'adaptation à la vie aquatique, ou bien un phénomène héréditaire dù à ce qu'ils se rattachent à des formes qui ont, comme l'Éléphant, des testicules internes. Chez les Siré- nides, les testicules sont également internes et dans les Pinnipèdes le scrotum est à peine proéminent (1). Situés sous le muscle psoas, les testicules (fig. 6, {) des Cétacés se trouvent en arrière des reins, auxquels ils se rattachent par le erand ligament péritonéal qui recoit le plexus formé par les artères (a’) et par les veines (s) testiculaires. Dans la fig. 6, ce ligament recouvre en partie l'extrémité postérieure des reins (AR). Les testi- cules ont une forme ovoïde et leur grand axe est dirigé d'avant en arrière. Leur volume doit augmenter beaucoup à mesure qu'on se (4) Murie. — Loc. cil. p. 572. — 153 — rapproche de l’époque de l'accouplement ; dans le Marsouin, étudié par Jackson, ils étaient déjà très gros et mesuraient 8 centimètres de longueur sur 3 de largeur : ils atteignaient un volume beaucoup plus considérable dans le Marsouin de mème taille (1240) qui a servi à mes recherches; les testicules de cet animal, représentés dans la fig. 6, avaient environ 1% centimètres de longueur et 6 à 7 de largeur. A leur sortie de la glande les conduits testiculaires forment en avant et en dehors une masse irrégulière renflée qui correspond à la tète de l’épididyme fe), cette masse se continue en arrière en s’atté- nuant peu à peu, elle se renfle par intervalle et arrive ainsi un peu en arrière du testicule; là se termine la queue de l’épididyme et commence le canal déférent qui se dirige en dedans puis directe- ment en arrière pour déboucher dans l’urèthre à côté de son con- génère du côté opposé. Le canal déférent (d), quoique flexueux, n'est jamais pelotonné el ne présente pas une longueur bien consi- dérable., Ses parois sont assez épaisses dans le Globicéphale tou- fois, elles deviendraient minces au voisinage de lorifice et dans le Marsouin et le Dauphin les canaux se dilateraent avant de débou- cher dans Purèthre (1%, 159-160). A lextrémité postérieure de l’'épididyme on ne trouve pas de vas aberrans ; la vésicule séminale, qu'on observe généralement vers l'extrémité du canal déférent, n'a été retrouvée nulle part depuis que Pallas l'a signalée dans le Delphinaptère. Anderson a étudié en détail les conduits testiculaires (vasa efferentia) du Plataniste (50,477). Ces conduits sont de quatre sortes : les uns sont de simples tubes à direction très sinueuse, d’autres présentent un ou plusieurs appendices cæcaux à leur base, certains naissent par deux racines qui s'unissent bientôt pour se bifurquer ensuite et l’une des racines seulement porte des appendices cœcaux, enfin il en est qui, directement issus du testicule comme des con- duits normaux, se prolongent un peu en dehors et se terminent également en cul-de-sac. Nous avons étudié complétement, au chapitre de la circulation, les veines et Îles artères des glandes génitales du mâle dans le Marsouin, et il nous reste maintenant à comparer ces vaisseaux avec ceux des Mysticètes. Dans la Balænoptera Sibbaldii (128) les veines forment deux groupes principaux de plexus; le plexus postérieur, qui se subdivise lui-même en cinq autres, est de beaucoup le plus important: il acquiert son maximum de com- plexitéà l'extrémité postérieure et reçoit principalement une énorme veine qu'on peut suivre sur toute la longueur de l'organe: les 20 -- 154 — vaisseaux de ce premier groupe appartiennent au testicule et à la plus grande partie de l’épididyme. Le deuxième groupe est unique- ment formé par les veines appartenant à la région moyenne de l’épididyme; quant aux artères elles sont, comme dans ie Marsouin, moins développées que les veines. La grosse veine du Balénoptère correspond à la fois, par sa distribution,aux deux grosses veines an- térieure et postérieure du Marsouin (fig. 6 , et v’) et elle présente le même mode de division en ce sens qu'elle est constituée par des branches afférentes et qu’elle se résout ensuite en un plexus efférent. Les veines du petit plexus sont représentées, dans le Marsouin, par les branches moyennes issues du plexus péritonéal (s). Le riche plexus superficiel du testicule du Marsouin n’a pas été signalé jusqu'ici chez les Mysticètes. Région prostatique de l'urèthre. — Le col de la vessie urinaire se prolonge en avant et, comme nous l'avons vu, forme bientôt le canal de l'urèthre. À son origine, ce canal est entouré par une masse glandulaire plus où moins développée qui recoit le nom de prostate et la portion correspondante du conduit urinaire impair est appelée région prostatique de l’urèthre. Outre les glandes qui l'entourent et qui viennent déboucher à son intérieur, cette région présente un certain nombre de caractères importants dont le détail doit nous occuper ici. C’est dans la région prostatique que les deux canaux déférents viennent s'ouvrir dans l’urèthre après avoir parcouru ses parois sur une longueur plus ou moins grande. Les orifices des deux canaux (fig. 8,0’) sur la paroi du conduit, se trouvent sur une légère éminence qui se rencontre également chez les autres Mammifères et reçoit le nom de verumon- tanum (v). Entre les deux orifices et un peu en arrière s'ouvre (0)sur la saillie un canal assez large (m) qui se dirige en avant et finit par s’atténuer en pointe. Ce canal aveugle est en grande partie logé dans la prostate ; il est peu développé dans l'Homme mais acquiert des dimensions considérables chez la plupart des Rongeurs ; morpho- logiquement, il correspond à l'utérus de la femelle et on le désigne sousles noms d’utérus mâle, d’utricule prostatique ou de protométra. Il à été signalé par Jackson, pour la première fois je crois, dans le Globicéphale, le Dauphin et le Marsouin, sans qu'on reconnüt sa véritable nature, (14, 159); Richard Owen l’a étudié dans le Narwal (29, IT, 659) et il existe probablement chez tous les Cétodontes. Delage n’en à pastrouvé les moindres traces dans la Balænoptera musculus (60, 121) et il n’a été signalé, que je sache, dans aucun 1 — Mysticète. Je lai étudié dans le Marsouin (lig. S)el j'ai pu observer à son orifice, sur le bord du verumontanum, un appendice en forme de fouet, fixé par sa base et libre à son extrémité (e). Cet appendice charnu mesurait environ un centimètre de longueur et n'a pas été signalé jusqu'ici. Il occupe assez exactement la position du elitoris dans la femelle et on serait tenté de l’assimiler à ce derniersi l’on ne savait quele pénis du mâle à pour correspondant le cli- Loris de la femelle. En avant de cet appendice et sur le mème côté de l’urèthre(uw) (la paroidorsale) j'ai aperçu en outre deux séries d’orifices(p) disposés suivant deux lignes courbes dont les concavités se regardent ; ce sont très proba- blement les orifices des glandes prostatiques. eo Dans la Balænoptera musculus les orifices de ces glandes sont épars sur les parois uréthrales | 7 (60,122) et dans le Globicéphale,ilss’ouvriraient RENNES sur les côtés du verumontanum (14,160). AUS Dans la B. musculus, à l'endroit où le col de | | la vessie vient se continuer avec la région pros- | tatique de lurèthre, il forme, d’après Deglage —#—" (60, 121), une espèce de museau de tanche dont les bords antérieurs sont libres dans a — Fig. 8.— Canal de l'u- rèthre ouvert sur la le canal. Les canaux déférents viennent s’ou- ligne médiane ven- are : DO NC DT AE : trale dans sa région vrir sur ce repli qui, d'ailleurs, n’a été signalé prostatique (Marsouin). chez aucun autre Cétacé. On pourrait voir peut-être, dans cette saillie de la muqueuse, quelque chose d’analogue au verumonta- num des Cétodontes. Pénis. — À l’état de non érection, le pénis des Cétacés est inva- giné dans les parois abdominales et il fait saillie au dehors, au moment de la copulation où très souvent après la mort; dans le Îœtus, il est toujours pendant sur la face ventrale (15, St). Il est plus simple de décrire d'abord le pénis dévaginé et avant de com- parer entre eux les différents travaux, nous résumerons d’abord le mémoire le plus récent et le plus clair, celui de Delage sur le Balænoptera musculus (60, 122-130). L'exemplaire étudié par cel auteur mesurait 148 » SO de longueur; le pénis saillant avait 2 m 54 de long et 0,93 de tour à la base; il était sensiblement conique et son extrémité, grosse comme le doigt, élait à peine tronquée. Sur sa face postérieure, à 0,85 de la pointe terminale se trouvait un petit lambeau charnu € donnant l'idée d’un frein préputial qui — 156 — aurait été rompu. » Nous supposerons le pénis étendu d’arrière en avant sur la ligne médiane et appliqué contre la face ventrale du corps; il est traversé sur toute sa longueur par le canal de l'urèthre, qui s'ouvre en avant à son extrémité libre et se recourbe en arrière dans l'intérieur du corps pour venir se continuer avec la portion prostatique de l’urèthre, au point où ce dernier se dirige en avant dans la direction du col de la vessie. Sur une coupe transver- sale dans sa région moyenne, le pénis montre de dehors en dedans: 1° la peau; 2° une masse considérable de tissu gras, dans laquelle sont logés, sur le côté ventral, deux gros muscles péniens ; 3° une épaisse enveloppe fibreuse logeant dans son centre les corps caver- neux et au-dessous de ceux-ci le canal de Furèthre entouré de son COrps Sspongieux. L'enveloppe est formée d'un tissu fibreux blanc formé par des faisceaux radiaires ou circulaires du côté interne, longitudinaux au milieu et en dehors. Elle se continue jusqu'à l'extrémité libre du pénis avec des dimensions qui varient suivant celles de l'organe ; en arrière, elle se prolonge à l'intérieur du corps et au point où l’urèthre se courbe pour se diriger en avant vers la pros- late, elle se divise en deux branches (erura penis) qui vont s’in- sérer, en s'alténuant, à l'extrémité postérieure des os pelviens. — Les corps caverneux sont confondus en une masse ovoide située au milieu de l'enveloppe fibreuse et rejetée comme elle du côté dorsal, Ils sont constitués par des fibres ondulées qui se détachent des parois internes de l'enveloppe fibreuse et viennent se fixer sur une cloison ventrale qui s’'avance plus ou moins dans leur intérieur. La cloison est formée d’un tissu très dense et non vasculaire comme l'enveloppe fibreuse avec laquelle elle se con- linue, mais les corps caverneux sont occupés par des aréoles dans lesquelles s’anastomosent et se ramifient des vaisseaux. Les corps caverneux se continuent en avant jusqu'à la pointe du pénis et dans cette région leur cloison disparait complètement : en arrière, la cloison s’avance de plus en plus du côté dorsal et finit bientôt par les séparer en deux moitiés indépendantes, plus en arrière encore, la cloison est noyée dans l'enveloppe fibreuse qui entoure et sépare maintenant les deux moitiés des corps caver- neux, enfin, au point où se bifurque l'enveloppe fibreuse, la cloison disparait et chacun des deux corps caverneux se continue dans le crus pénis correspondant pour se terminer avant son insertion sur l'os pelvien du même côté. Les artères caverneuses pénétrent dans le pénis un peu en avant de sa bifurcation, elles sont relativement petites el sans relation directe avec les canaux parois très gros des corps caverneux. «Ce faible diamètre, dit Delage, n'est pas incompa- tible avec les fonctions du pénis. Siles vaisseaux afférents sont plus petits, l'érection pourra être plus lente à se produire; mais elle ne sera pas moins complète si le retour du sang par les veines est considérablement entravé. » L'urèthre, à partir de la prostate, décrit une courbe pour gagner le pénis avant de se diriger en avant; son diamètre diminue à mesure qu'on s'approche de l'extrémité antérieure el il s'ouvre sur la pointe libre du pénis, entre trois petites languettes charnues. Immédiatement après la prostate, l'urèthre est revêtu par le corps spongieuxr qui se renfle en bulbe à son origine. Le corps spongieux renferme de très nombreux petits vaisseaux séparés par des fibres ; entouré par l'enveloppe fibreuse, il se continue jusqu'à l'extrémité du pénis sans former de gland distinet. La masse conjonctive sous cutanée, qui forme l'enveloppe grais- seuse, est recouverte par la peau et se développe beaucoup du côté ventral pour loger les deux muscles péniens. Ceux-ci sont placés symétriquement de chaque côté de la ligne médiane et séparés lun de lautre par une couche conjonctive grasse. Ils se bifurquent comme l’enveloppe fibreuse et comme elle aussi vont s’insérer sur l'extrémité postérieure des os pelviens ; en avant, ils se terminent à peu près au niveau du petit frein préputial. Delage les regarde comme des rétracteurs du pénis. Dans les autres travaux sur les Cétacés, on signale presque tou- jours, à l'extrémité du pénis, une pointe libre qui se distingue nel- tement du reste de l'organe par son diamètre plus faible. Cette dif- férence est peu marquée ou nulle chez les Mysticètes et, chez les Cétodontes, il n’en est pas fait mention dans le Cachalot et dans l'Hypéroodon. Dans le Marsouin la pointe est très marquée comme on peut s'en convaincre en examinant le pénis (b) dans la Fig. 6; Anderson la signale dans l'Orcella fluminalis et elle atteint son maximum de netteté chez le Plataniste (50). Dans cette dernière espèce, Anderson la considère comme un prolongement filiforme du pénis et il regarde comme un gland une double saillie charnue qui embrasse ce prolongement à sa base. Dans tous les cas, cette pointe du pénis peut bien rentrer dans le corps, mais elle n’est pas rétrac- tile en se sens que la peau qui la recouvre ne peut ni s'invaginer ni se dévaginer. Aussi observe-t-on le plus souvent à sa base un repli tégumentaire, espèce de gaine prépuliale qui est plus ou moins développée suivant l'état de rétraction. — 158 — La plupart des auteurs considèrent comme un gland cette toute pointe libre du pénis, Eschricht va mème plus loin et désigne sous le nom de gland toute la partie du pénis qui est libre dans le fœtus (15,81) ; Beauregard et Boulart donnent le nom de gland à une fai- ble saillie formée par le corps spongieux autour de l'orifice uré- thral ; enfin, comme nous l'avons vu, ce gland très réduit n’existe- rail même pas dans la Balænoptera musculus étudiée par Delage. Le gland étant formé par le corps spongieux, il est certain que le prolongement pénial ne saurait lui être attribué, on doit donc admettre ou rejeter l'opinion de Beauregard et de Boulart suivant qu'il existe ou non un rudiment du corps spongieux, isolé autour de l'orifice uréthal. Dans le Plataniste, Anderson considère comme un gland les deux saillies situées à la base du processus filiforme : tantôt ces saillies sont exclusivement formées par le corps spon- gieux, tantôt les corps caverneux se continuent à leur intérieur (50,475). Le canal de l’urèthre n'est pas toujours excentrique par rapport aux corps caverneux ; dans le Marsouin, d’après Hunter (3,442) il serait placé au centre de ces derniers. Dans la Baleine franche, et dans les autres Balénoptères étudiés jusqu'ici, il occupe toujours la position que nous avons indiquée d'après Delage. Quant au septum libreux des corps caverneux qui disparait complètement en avant el sépare complètement les deux corps en arrière, il n’en est fait mention que dans le travail de Delage; Struthers (76) il est vrai, le représente très développé dans la Baleine franche, mais il ne l’a pas ‘suivi jusqu'au point où il sépare complètement les deux corps caverneux. Des veines sont partout signalées sur la face dorsale du pénis. L'os pénial n'existe pas, et c'est à tort qu'il a été indiqué par cer- tains auteurs au commencement du siècle. Muscles du pénis. — Les muscles du pénis ressemblent beaucoup à ceux des autres Mammifères. [Is se composent de l’érecteur du pénis (ischio-caverneux), de accélérateur de urine (bulbo-caver- neux) et des deux rétracteurs du pénis. A l’exception de ces deux derniers, tous les muscles sont situés à l’intérieur du corps entre les os du bassin; localisés à la base du pénis, entre sa courbe infra- prostatique et son point d'attache au corps quand il fait saillie au dehors, ils ne peuvent être observés qu'après une dissection assez délicate. Nous empruntons à Struthers leur description dans la Baleine franche (76,304-309). Dans ce Mysticète, un grand ligament interpelvien réunit lextré- — 159 — mité postérieure des deux os pelviens et forme un toit au-dessus des crura penis et du bulbe du corps spongieux ; il est continu en avant avec le grand ligament triangulaire el sur les côtés avec le tissu fibreux des crura penis ; pour arriver sur la face ventrale le canal de l’urèthre, entouré par des fibres circulaires striées qui se prolongent autour de la prostate, doit perforer ce ligament entre les deux cruraqui, un peu plus loin, l'entourent complètement. Un septum fibreux en fer à cheval prolonge inférieurement les deux crura depuis leur origine jusqu'au point où ils se réunissent en avant du bulbe des corps spongieux; ce septum présente par conséquent la forme d’un arc qui comprendrait entre ses branches, en dessus le ligament interpelvien et le ligament triangulaire, au-dessous de ceux-ci les deux crura etle bulbe du corps spongieux. Struthers réunit sous le nom de muscle compresseur lischio- caverneux et le bulbo-caverneux. Ce compresseur est un muscle tubulaire qui étreint la base du pénis depuis Fextrémité postérieure des os pelviens jusqu'à 30 centimètres en avant de celle-ci. Du côté dorsal, les deux moiliés de ce muscle sont absolument continues, mais elles présentent en avant une lacune allongée sur la ligne médiane, au-dessus de l’enveloppe fibreuse des corps caverneux. Du côté ventral, la masse musculaire est divisée en une région antérieure et une région postérieure par le septum en fer à cheval. Struthers appelle grand compresseur toute la partie dorsale et la partie antérieure de la région ventrale, et il considère comme un compresseur postérieur la partie inférieure située én arrière du septum. Un raphé médian, en relation avec l’enveloppe fibreuse du corps caverneux, se trouve sur la ligne médiane dorsale et sur la ligne médiane ventrale, il sépare tous ces muscles en deux moitiés symétriques. Struthers signale, en outre, une disposition particu- lière des crura penis; ils ne s’attacheraient pas, en s’atténuant, sur les os pelviens, mais ils se prolongeraient en dedans et un peu en arrière de ceux-ei sous la forme d’un bulbe ovoïde. Dans toute la partie comprise entre la lacune antérieure dorsale et son bord postérieur, le grand compresseur se détache du bord interne des os pelviens et des prolongements postérieurs ovoïdes des crura pénis; ses faisceaux se dirigent en dedans et en avant pour s’insérer sur le raphé médian dorsal et sur l'enveloppe fibreuse des corps caverneux ; en arrière de ce muscle on voit le ligament triangulaire, le ligament interpelvien et la perforation uréthrale. Sur la face ventrale, les faisceaux du grand compresseur se déta- chent, en partie de la face antérieure du septum en fer à cheval, en — 160 — partie du raphé médian ventral: ils se dirigent en dessus, en avant eten dehors,et vont s'insérer en avant sur les faces latérales et supérieures des crura et de l'enveloppe fibreuse des corps caver- neux ; ils occupent en avant les côtés de la lacune dorsale que nous avons signalée. Struthers considère la portion issue des os pelviens comme un ischio-caverneux, et celle qui se détache du raphé médian inférieur comme un bulbo-caverneux ; la portion issue du septum meten relation étroite ces deux masses musculaires. En arrière du septum en fer à cheval, qui marque comme on sail le point de réunion des deux crura, le raphé médian ventral ne peut plus s’insérer sur l'enveloppe fibreuse des corps caverneux ; il se fixe alors sur le bulbe du corps spongieux et, en arrière de celui-ci, sur la face inférieure du ligament triangulaire. Dans toute cette partie de son étendue il sert de point d'attache aux fibres muscu- laires du compresseur postérieur; en arrière du raphé il existe mème des faisceaux rigoureusement transverses qui relient entre elles les extrémités libres des deux crura. En avant de cette bande inter-crurale, les fibres se dirigent en avant et en dehors: les plus internes se fixent sur toute la surface fibreuse recouverte par le muscle, les plus profondes sur la paroi fibreuse du bulbe du corps spongieux, les plus superficielles sur la face postérieure du septum en fer à cheval, enfin celles qui occupent une position intermédiaire sur la surface des crura penis. Pour la plupart des auteurs, el notamment pour Owen (29, IE, 659) ce muscle doit ètre considéré comme une partie du bulbo-caverneux (accélérateur de Furine). Les muscles rétracteurs (fig. 6, sr) sont représentés par deux cordons et compris entre le compresseur postérieur et le levator ani (4); ils sont l'un et l’autre enfermés dans une gaine et formés de fibres musculaires pâles non striées. En arrière ils tournent autour du bord libre du ligament interpelvien et vont se fixer sur le col de la vessie et autour du rectum. Ces muscles suivent le pénis jusqu'à son prolongement filiforme et, suivant tous les auteurs, s’insérent à la base de ce prolongement. D’après Owen ces muscles nailraient « d'une commissure aponévrotique placée en avant du sphincter de l'anus. » (29, HE, 659). [ne me parait pas douteux que les muscles péniens signalés par Delage correspondent aux rétrac- (l) Le levalor ani, d'après Struthers, est un muscle arqué à concavilé anté- rieur ; ses fibres se détachent des parties postérieures du septum en fer à cheval et des os pelviens et se rencontrent en avant de l'anus dans un raphé médian. Les plus externes vont entourer l'extrémité du rectum. — A — teurs ; il est vrai que, dans ce cas, leur insertion serait aberrante, puisqu'ils vont se fixer sur les os pelviens. Considérations physiologiques. — Les fibres circulaires signalées par Struthers à l’origine de l’urèthre correspondent probablement au muscle de Wilson et doivent, comme lui, jouer le rôle de sphineter du col dé la vessie. Quant aux muscles ischio-caverneux et bulbo- caverneux, leur fonction bien connue est de faciliter le mécanisme de l'érection en chassant vers le sommet du pénis le sang qui arrive à la base dans les corps caverneux et spongieux ; on n'admet plus aujourd'hui que les bulbo-caverneux puissent jouer le rôle d’accé- lérateurs de l'urine et du liquide spermatique, et on considère le muscle de Wilson comme lagent principal de l'éjaculation. Beauregard et Boulart ne pensent pas que l'érection du pénis, chez les Cétacés, puisse être accompagnée par un développement de volume sensible. En raison de la structure et de l'épaisseur de len- veloppe des corps caverneux, € on est en droit, disent-ils, de penser que Pafflux du sang dans les sinus des corps caverneux ne peut avoir autre résultat que de rendre la verge rigide, sans pouvoir augmenter son volume. » (128) Cette opinion très ralionnelle à été aussi adoptée par Delage (60, 137). Tous les auteurs considèrent les crura penis comme fixés aux os pelviens à leur extrémité postérieure ; Struthers seul les à décrits indépendants de ces os. Ces organes n'ayant pas d'attache osseuse directe seraient saisis entre les muscles compresseurs qui ‘s’atta- chent en partie aux os pelviens et cette disposition donnerait une fixité suffisante à la base du pénis. (76, 307). En agissant sur le pénis après l'érection, les muscles rétracteurs le font rentrer dans l'abdomen et lon ne voit plus à l'extérieur qu'une fente assez semblable à la vulve de la femelle. Cette fente est située sur la face ventrale entre Pombilie en avantetlPanus en arrière. Dans la Balænoptera musculus étudiée par Delage, la distance de l'ombilic à l'anus était de 2m64 et il y avait 0,86 du centre de lafente à l'anus. Quand on pénètre dans la cavité dont cette espèce de vulve forme l’orifice, on trouve le prolongement rétréci du pénis, tout le reste de l'organe est rentré sous les téguments et quand on le suit dans cette position, on trouve qu'il se dirige d’abord en arrière, qu'il revient ensuite en avant et qu'il se termine finalement au point où lurèthre va pénétrerdans sa portion prostatique. La pointe du pénis, en un mot, s’est cachée dans les téguments invaginés qui recouvrent la portion la plus grosse du pénis quand il est à l’état d'érection. 21 — 162 — APPAREIL GÉNITAL FEMELLE Organes génitaux externes. — Les organes génitaux externes comprennent la vulve limitée par ses deux grandes lèvres, le clitoris entouré par les petites lèvres, enfin le prépuce quand il est bien développé. La vulve est un orifice ovale, allongé, situé à une faible distance en avant de l'anus; elle forme l'orifice d’un vestibule dont les parois sont formées par les grandes lèvres rembourées de lard. En arrière les deux grandes lèvres se rapprochent et se perdent dans un sillon qui s’atténue vers l'anus. A la place occupée par ce sillon, Beaure- vard et Boulart signalent un épais repli impair qui plonge en avant dans le vagin et s'étale en arrière du côté de l’anus (128). Les grandes lèvres sont parfois plissées et au fond des plis on a signalé dans le Globicéphale des glandes sébacées (37, En avant, les grandes lèvres ne se réunissent pas davantage, elles se perdent dans une dépression qui s'étend assez loin en avant; dans la Balænoptera Sibbaldii, d'après Turner, l'extrémité antérieure de cette dépression se terminerait par un mont de Vénus rudimen- taire. Sur le bord antérieur de la vulve et par conséquent à l’origine de cette dépression, se trouve un court appendice un peu recourbé en arrière, le clitoris. Cet organe présente un aspect assez variable suivant les espèces. Dans la Balænoptera Sibbaldii (128) il à la forme d'une pyramide triangulaire dont l’une des faces regarderait la vulve; dans la Balænoptera musculus (128) la pyramide présente un sillon sur sa face postérieure et des lobes vers son sommet; dans le Delphinaptère il est comprimé latéralement: il est conique dans le Globicéphale, il a la forme d’un bec de perroquet dans le Cachalot, enfin dans le Plataniste, il ressemble étrangement au pénis en ce sens qu'il est formé par un gland bilobé portant latéralement un processus filiforme (50, 478). Les petites lèvres se développent en forme de bourrelet à droite et à gauche du clitoris ; elles se rejoignent un peu en arrière, et con- vergent ou se perdent plus où moins en avant. Dans la Balænoptera Sibbaldii (128) elles se rejoignent en avant du clitoris et lui consti- tuent un capuchon préputial qui le recouvre jusqu’à mi-hauteur : ce capuchon parait également bien développé dans la B. rostrata ; il est à peine saillant dans la Z. museulus (128) et dans le Delphinaptère (52, 429), enfin il parait manquer dans le Dauphin, le Cachalot, le Globicéphale et les autres Cétodontes étudiés jusqu'ici. Entre la face — 163 — postérieure du clitoris et le point où se réunissent en arrière les petites lèvres se trouve la papille urinaire. Organes génitaux internes. — Le vestibule, très peu profond, conduit à l’orifice toujours très resserré du vagin ; il n’est pas ter- miné par une membrane hymen (12, 17%). Le vagin est un conduit sensiblement cylindrique qui se dirige en avant, entre la vessie au-dessous et le rectum au-dessus ; la muqueuse qui tapisse ses parois varie beaucoup d'aspect, mais présente en général des plis longitudinaux. Dans sa moitié anté- rieure, le vagin se rétrécit ordinairement un peu et sa paroi se soulève en plis transversaux circulaires. Ces plis sont généralement incomplets en arrière, ils sont plus saillants et très complets en avant et finissent bientôt par prendre laspect de disques perlorés au centre et un peu saillants en arrière; Hunter les a comparés au museau de tanche situé à l’orifice utérin et leur ressemblance avec ce dernier estsi grande qu'il se demande si la région occupée par ces replis appartient à l'utérus ou au vagin (3, 444). Le fait est que cette disposition singulière rend parfois la distinction très difficile entre le vagin et l'utérus; dans le Cachalot, par exemple, Jackson décrit (14, 145) des plis transversaux d’abord peu déve- loppés, puis très puissants et très nets, enfin de plus en plus réduits à mesure qu'on se rapproche des cornes utérines; il en es à peu près de mème dans le Ziphius (1), si bien qu'on à une dispo- sition assez semblable à celle que signale Owen dans le Chameau (29, LT, 695). Si les plis, dans le Cachalot, paraissent se prolonger dans le corps de l'utérus et correspondre aux plis transverses utérins de la plupart des Ruminants, chez les autres Cétacés 1ls sont toujours localisés dans le vagin et correspondent, par consé- quent, aux plis vaginaux transverses du Rhinocéros: toutefois, dans le Globicéphale on observe quatre plis vaginaux, y compris le museau de tanche normal, et un faible pli utérin (37, 285). Si nous compre- nons le vrai museau de tanche dans les plis vaginaux, nous trou- verons les nombres suivants chez les divers Cétacés : Balænoptera Sibbaldii 8 (128), B, musculus 4 (128), B. rostrata 8 (15), Platanista gangetica 6(50), Delphinapterus 9 (52). D'après Watson et Young, Hunter en décrit deux dans le Marsouin; il y en à cinq, dont trois peu marqués (lantérieur et les deux postérieurs) dans le Ziphius de Parker. (1) J. Parker et J. Scolt.— On a specimen of Ziphius recently obtained near Dunedin. — Transact. Zool. Soc. London. T. 12, S° partie, février 4889. — Je dois la communication de cette monographie toute récente à l'obligeance de M. A. Milne Edwards. NTI L'utérus est bicorne comme celui des Ongulés et des Carnivores ; il est situé tout entier, avec les ovaires et les oviductes, dans le liga- ment large qui se dédouble à son bord postérieur en deux lames, dont l’une va s'attacher sur la paroi supérieure de la vessie et l’autre à l'extrémité postérieure des reins. La portion impaire ou corps de l'utérus, commence au museau de tanche normal et se continue en avant jusqu'au point où il se divise en une corne droite eten une corne gauche. Comme nous le verrons plus loin, les Cétacés sont unipares et c'est dans la corne gauche que se trouve toujours le fœtus; la corne droite se trouve comme «greffée sur le corps de l'utérus et n’est pas le résultat de sa bifurcation. » (128). Cette disposition est extrèmement frappante dans l'utérus non gravide d’une mère et surtout dans un utérus gravide, mais elle se mani- feste déjà dans le jeune âge, comme l'ont observé Beauregard et Boulart sur des fœtus la Balænoptera Sibbaldii (128). En étudiant un utérus non gravide d'un Plataniste mère, Anderson à trouvé l'oviducte gauche sensiblement modifié, tandis que l’oviduete droit ressemblait beaucoup à celui du fœtus (50, 481). Les cornes de l’utérus s’incurvent latéralement ; elles se renflent plus ou moins à partir de leur, origine pour s’atténuer vers leur extrémité; là elles se continuent dans les oviductes (trompe de Fallope), conduits assez grèles, sinueux, parfois renflés sur leur trajet (50,481), qui se terminent sur le bord externe de l'ovaire et s’ouvrent dans l’entonnoir péritonéal désigné sous le nom de pavil- lon. Ce pavillon n'est pas lobé chez les Cétacés ; toutefois Murie signale des franges dans le pavillon du Globicéphale (37,285). L'ovaire allongé, ovoide ou cylindrique se trouve en arrière de l’oviducte et des cornes auxquelles il se rattache par le ligament large, Le parovarium ou organe de Rosenmüller est représenté dans le Delphinaptère sous la forme de tractus oblitérés qui s'étendent entre l'ovaire et les cornes (52,432). Les plis longitudinaux du vagin se prolongent dans l'utérus el dans les cornes; ils deviennent très fins dans l’oviducte et s’élar- gissent dans le pavillon. Dans la Balænoptera musculus, Beauregard et Boulart ont signalé dans le ligament large, en arrière des cornes, une grosse pelote graisseuse qui paraît manquer dans les autres espèces. Structure des organes, muscles. — Les mèmes auteurs ont étudié la structure du clitoris et ils ont trouvé sur une coupe transversale faite vers le milieu de l’organe, en avant, des corps caverneux, en — 165 — arrière un Corps Spongieux très développé. Le tout était englobé dans une enveloppe fibreuse recouverte par les tégu- ments (128). On sait d’ailleurs que l’intérieur du clitoris est formé par la réunion de deux crura qui occupent la même position que ceux du male et se fixent comme eux à l'extrémité postérieure des os pelviens. Anderson à signalé dans le vagin du Plataniste de nombreuses glandes ramifiées, allongées, qui plongent dans la couche sous- muqueuse et là, se réunissent en groupes dans .un réservoir Com- mun ; elles débouchent séparément à la surface du vagin et sont tapissées par son épithélium polvgonal. Assez semblables aux glandes utriculaires de lutérus, elles s’en distinguent par leurs réservoirs communs logés dans le derme (50, 48%). Nous étudierons plus loin la structure histologique des parois utérines. Les muscles génitaux ont été décrits avec beaucoup de soin par Murie dans le Grampus (42) et le Globicephalus (37). HS se composent d'un ischio-caverneux (érecteur du clitoris), d’un bulbo-caverneux (sphincter du vagin), d’un dilatateur de la vulve, enfin des muscles normaux de Wilson. Le ligament interpelvien existe toujours, mais il est plus développé et sert notamment d'attache au sphincter du vagin qui se fixe d’ailleurs sur les côtés de la vulve ; en avant de cette dernière vient se terminer l’érecteur du clitoris qui s'attache d'autre part à extrémité postérieure de l'os pelvien : quant au dila- tateur, il est formé par le muscle levator ani. La glande mam- maire est comprise entre le sphineter du vagin et lérecteur du clitoris; ce dernier sert à comprimer la glande (#2, 122). Accouplement. — Si l'observation des Cétacés, dans leur genre de vie ordinaire, présente des difficultés considérables, leur accou- plement qui se produit presque toujours à des époques déterminées, doit être bien plus difficile encore à étudier. Le fait est que nous savons à peine comment il se produit, et si des baleiniers dignes de créance ne nous avaient pas laissé leurs observations, nous en serions peut-être encore aux suppositions parfois bizarres émises dans les premières années de ce siècle. Hunter, vers la fin du siècle dernier, pensait que ces animaux se tiennent dressés pendant l’accouplement, et pour justifier son hypothèse, il invoquait la nécessité de la respiration (3, 445). Ce qui était une simple vue de l'esprit pour Hunter, devient, en 1816, un fait en apparence parfaitement établi. € Pour opérer leur accou- — 166 — plement, dit Gérardin (1), le male et la femelle se dressent l’un contre l’autre, enfoncent leur queue dans le sable, portent leur tèle au-dessus de l’eau, afin de respirer l'air atmosphérique, qui dans ce moment leur est si nécessaire pour tempérer l’ardeur qui les anime ; et ils se maintiennent, probablement peu de temps, si nous en jugeons par les rapports qui les lient aux autres Mammi- Îères, dans cette situation verticale, en s'embrassant et se serrant étroitement avec leurs nageoires pectorales. » En 1836, F. Cuvier est beaucoup moins explicite mais beaucoup plus près de la vérité. «© On ignore le mode d’accouplement des Cétacés souffleurs, dit-il. Personne jusqu'à présent n'en a été témoin. L'opinion la plus probable, c’est qu'ils s'unissent tous deux couchés sur le côté... On à beaucoup trop fait intervenir, dans ce phénomène, le besoin de la respiration. Le temps que tous ces anhnaux peuvent passer sous l’eau sans respirer, surpasse de beau- coup vraisemblablement celui que demande la consommation de cet acte » (8, XXV). [I est impossible d'émettre des idées plus justes et l'observation justifia bientôt l'hypothèse de Frédéric Cuvier. En 1846, Jackson enregistre les communications qui lui ont été faites par un capi- laine baleinier digne d'une « entière confiance, Il m'informe, dit-il, qu'il a eu plus d'une fois l'occasion d'assister à laccouplement du Cachalot, de la Baleine franche et du Marsouin; dans les deux premiers, il dure quelques minutes, mais dans le Marsouin il est presque instantané. L'animal se met horizontalement et non sur le côté; la femelle ne reste pas toujourscouchée sur le dos ; comme elle se trouve près de la surface, elle se retourne de temps en temps pour amener le sommet de la tète au-dessus de l'eau, dans le but évident de respirer » (14,146). Plus récemment, en 1874, le capitaine Scammon a raconté l’'accouplement des Mégaptères et son récil nous porte à croire que la supposition de F. Cuvier est d’une justesse absolue. € Dans la saison des amours, écrit-il, ces animaux sont connus pour leurs sgambades amoureuses. A celte époque, leurs caresses sont d’un nouveau el très amusant caractère, ce qui a sans doute donné lieu à ces histoires fabuleuses de l'Espadon où du Requin attaquant des Baleines. Quand ils sont l’un et l’autre couchés sur le côté, les Mégaptères s'administrent alternativement des coups avec leurs longues nageoires et ces lapes amoureuses, par un jour tranquille; (1) Dictionnaire des Sciences natures, t, 3, 116, p. 456. peuvent ètre entendues à plusieurs milles de distance. Ils frottent aussi les uns contre les autres leurs immenses et flexibles bras, ils roulent parfois d'un côté différent et se livrent à d'autres ébats qu'il est plus facile d'imaginer que de décrire, » (47). LE FOETUS ET SES MEMBRANES Position du fœtus et des membranes dans l'utérus. — Dans tous les cas étudiés jusqu'ici, le fœtus s'est trouvé logé dans la corne gauche : sa face dorsale regarde la partie antérieure de la corne, sa face ventrale, la partie postérieure. La tète est souvent dirigée vers le fond de la corne, le museau regardant lorifice de l’oviducte et la queue le corps de l'utérus: cette disposition à été observée par Anderson dans le Plataniste et l'Orcella (50,493), par Chabry et Boulart dans le Dauphin (130), par Turner dans la Balænoptera Sibbaldii (43) par H. Gervais dans le Pontoporia (129,761). Plus rarement, parait-il, on observe une disposition inverse, c'est-à-dire la tète tournée vers le corps de l'utérus et la queue vers orifice de la trompe: Van Beneden à signalé cette disposition dans le Globicéphale (43), Turner, dans le Narval (124,103) et Klaatsch, dans le Marsouin (133,6). Le fœtus est arqué comme la corne qui le renferme: la face dorsale et la face ventrale décrivent l'une et l'autre une courbe dont la convexité est dirigée en avant; au début de la vie fœtale, évidem- ment, cette courbe est peu prononcée ou n'existe pas, mais elle se développe plus tard et se présente toujours bien marquée dans les fœtus d’un certain âge. La nageoire dorsale est d’abord très peu développée, au moins dans le Dauphin (1), mais quand le fœtus à pris de grandes dimensions elle se replie ordinairement sur le côté, les nageoires pectorales se rabattent sur les flancs, la queue se recourbe généralement sur elle-mème etses deux lobes s'appliquent l’un contre l’autre ou se replient en cornet; sile fœtus est mâle, son pénis est toujours saillant, dans tous les cas d'ailleurs la tète est pourvue de poilssur les lèvres et souvent, sinon toujours, autour des évents. À un stade peu avancé la tête se prolonge en un bec conique assez allongé et continu avec la tête, cette disposition est très nette- mentindiquée dans le fœtus de Dauphin étudié par P. et H. Gervais el dans celui de Balænoptera rostrata figuré par Eschricht (15, PI. VI); elle est moins apparente dans le fœtus d'Orca représenté par Tur- (4) P. et H. Gervais. — Addition au mémoire de Turner sur FOrcæ. — Journal de zoologie. T. 1, 1872, p. 323. — 168 — uer (120, PI. XVI, fig. 5). Dans le fœtus de Dauphin représenté par Boulart et Chabry (130, PI. XXXIX), la queue n’est pas repliée sur elle-même. La corne gauche ayant pris un développement énorme pour loger le fœtus, la corne droite se trouve réduite à un appendice sacculi- forme peu développé; ordinairement un septum ou repli utérin s'élève des parois antérieures de l'utérus pour la séparer en partie de la corne opposée; ce septum à élé signalé partout, sauf dans l'utérus gravide étudié par Chabry et Boulart. Le chorion, formé par la membrane pellucide de l'œuf unie à la membrane séreuse et à la paroi mésoblastique adjacente de lPallan- toide, est intimement appliqué sur la paroi interne de l’utérus dont il occupe les deux cornes et en partie le corps. Le fœtus est logé dans la cavité de l'amnios et la membrane amniotique elle-mème vient plus ou moins s'appliquer sur le chorion dans presque toute l'étendue de la corne gauche; elle ne pénètre que très rarement dans la corne droite et je ne vois cette disposition figurée que dans le mémoire de Klaatsch (133). La cavité de l’allantoïde occupe au contraire totalement (Dauphin, d’après Chabry et Boulart) ou en partie (Narval d'après Turner, Plataniste d’après Anderson, Mar- souin d’après Klaatsch) la corne droite; elle s’avance dans le corps de Putérus et pénètre dans la partie postérieure de la corne gauche. Mais comme le chorion occupe à peu près toute la paroi interne de l'utérus et qu'il est formé en partie par la paroi mésoblastique de l’allantoïde, on doit dire avec Balfour (1) : « le mésoblaste de l’allantoiïde parait s'étendre sur toute la surface interne de la mem- brane subzonale (épiderme de la vésicule ombilicale réuni au faux amnios), mais la cavité de l’allantoïde persiste seulement comme un large sac à la face ventrale de l'embryon. » Dans sa portion cavilaire, l’allantoïde se met en relation immédiate, par sa face externe, avec le chorion; sur la face interne elle est étroitement appliquée sur l’amnios et forme avec ce dernier une cloison qui sé- pare la chambreamniotique de la cavité allantoïdienne. Dans la corne gauche, à une distance plus ou moins grande du corps de l'utérus, celte cloison se transforme et constitue le cordon ombilical ; ce cordon met en relation le fœtus avec ses membranes et s'insère sur la face ventrale de ce dernier en un point qui est situé en avant du pénis et portera chez l'adulte le nom d’ombilie. Si l’on fait une coupe trans- versale du cordon, on le trouvera formé à l'extérieur par l’amnios, (4) Balfour. — Traité d’embryologie, T. II, 1885, p. 245. — 169 — à l'intérieur par la membrane allantoïdienne. L'allantoïde, qui dans cette région porte le nom d’ouraque, traverse le cordon sur toute sa longueur, pénètre dans l’intérieur du fœtus et, comme chez les autres Mammifères, va se terminer en arrière par un pédoncule dans le cloaque génito-urinaire. La cavité de l’allantoïde se prolonge dans le cordon et dans l’ouraque pour s'ouvrir dans le cloaque génito-urinaire; le pédoncule de l’ouraque se dilate pour former la vessie urinaire et l’urèthre; vers la fin de la vie fœtale, toutes les autres parties de l’ouraque perdent leur lumière et s’atrophient plus ou moins complètement. Dans le fœtus de Marsouin, Klaatsch à observé vers le sommet du cordon une division en deux parties du prolongement de la cavité allantoïdienne, mais un peu plus loin les deux cavités se réünissaient en une seule. Le mème auteur a signalé, pour la première fois la persistance du canal vitellin dans l’intérieur du cordon; la vésicule vitelline, d’ailleurs, était tout entière atrophiée. Sur la coupe transversale du cordon se voient aussi quatre vais- seaux qui se répandent plus loin sur l’allantoïde et vont se ramifier dans le chorion. Deux de ces vaisseaux sont les artères ombilicales, les deux autres sont les veines ombilicales. Ces dernières se réduisent plus tard, chez les autres Mammifères et probablement chez les Cétacés, en un seul tronc qui va se mettre en relation avec le système afférent du foie et s'oblitère plus tard pour former le liga- ment rond de cet organe (1); quant aux artères ombilicales, elles vont se rattacher aux artères vertébrales postérieures : on sait que ces artères vertébrales deviennent les artères iliaques de ladulte et que leurs branches ombilicales oblitérées viennent se terminer au sommet de la vessie. Dans la Plataniste (50,493), les artères ombilicales dans le cordon présentent un aspect moniliforme et les renflements successifs communiquent entre eux par des orifices forts étroits; les veines sont peu régulières et se mettent fréquemment en relation avec des dilatations latérales. Dans l’'Orcella, Anderson signale des communications entre les artères et les veines du cordon (par des branches secondaires probablement) ; les veines présentent des dilatations dans leur course, enfin des vais- seaux lymphatiques moniliformes se mettent en relation avec des renflements ou cœurs lymphatiques et avec les corps pédonculés situés à la surface du cordon (50, 405-40#). A la surface du cordon, l’amnios forme des excroissances qui (1) Balfour. Loe. eit. p. 610. — 170 — correspondent évidemment aux corps pédonculés d'Anderson et que Klaatsch désigne sous le nom decaroncules. Dans le Marsouin, ces saillies sont distribuées sans ordre, mais abondent surtout à l'extrémité distale du cordon ; elles sont lenticulaires, sessiles ou pédonculées, blanches ou brunes; les blanches sont d'origine épithéliales, mais les brunes sont surtout formées aux dépens de la zone conjonctive de l’amnios: ces dernières se rencontrent sur le trajet des vaisseaux et peuvent ètre suivies assez loin dans le pla- centa (133). Dans le Narval (124, 104), Turner décrit également deux sortes de caroncules ; les blanches sont tantôt allongées, tantôt globuleuses ; les premières sont surtout nombreuses sur la moitié abdominale du cordon, les secondes sur sa moitié terminale etsur les parties adjacentes de lamnios. Les caroncules blanches sont recouvertes par l’amnios; elles sont formées par des cellules épithéliales squameuses et ressemblent aux corps blanchâtres qui sont développés si abondamment sur lPamnios de la vache. Les caroncules brunes, qui sont aussi très disséminées dans l’Orque (120, 321), sont surtout distribuéessur la partie de l’'amnios en rela- tion avec l’allantoïde, mais on en trouve néanmoins au-delà de cette région. Des caroncules sessiles ou pédonculées,grises où blanchâtres se rencontrent aussi, très nombreuses et très disséminées, dans Île Plataniste (50, 491) ; les caroncules grises sont dans cette espèce un toucher rugueux qui est dû à des acicules de subtance amorphe distribués à la périphérie. Les caroncules ont été également signa- lées par Beauregard et Boulart dans la Balænoptera Sibbaldii (128) ; on peut dès lors les considérer comme existant chez tous les Cétacés. Chabry et Boulart (130) ont observé dans le liquide allantoïdien du Dauphin un gäteau solide absolument libre « dont la nature, disent-ils, est probablement la même que celle du gàäteau que l'on connaît depuis longtemps chez les Chevaux. » Anderson à observé une formation analogue dans le Plataniste (50,492) ; la masse solide avait la forme et les dimensions d’une amande; elle n'avait aucune structure organisée, mais ressemblait plutôt à une masse albumi- noïde ayant pris une structure aréolaire et renfermant des corpus- cules ]ymphatiques et huileux entremêlés. Cette masse renfermait un très grand nombre de corps cristallisés où granuleux, proba- blement formés de glycogène ou de « dextrose. » Placenta. — Par l'intermédiaire du cordon ombilical et des vaisseaux qu'il renferme, le fœtus se met en relation avec le chorion et par conséquent avec les parois utérines de Ja mère, AT — el l'échange nutritif se produit entre les vaisseaux du fœtus et ceux de la mère ramifiés dans les parois utérines ; ces vaisseaux sont séparés à la fois par l'épithélium columnaire de lutérus maternel et par l’épithélium pavimenteux du chorion fœtal (123,34). Pour augmenter la surface d'échange, des plis longitudinaux apparaissent dans les cornes utérines et souvent même sur le septum qui les sépare ; parfois réunis par des plis transverses ou obliques intermédiaires, ils sont exactement coiffés par des re- plis correspondants du chorion fœtal. En outre, des saillies se forment à la surface du chorion et se divisent en petites saillies secondaires pour constituer ce qu'on appelle des villosités, et ces villosités pénètrent très exactement dans des cryptes subdi- visés en logettes secondaires de l'utérus. Entre les villosités du chorion se trouvent de très petites taches unies {smooth spots d’Anderson), absolument dépourvues de villosités, qui correspondent à des taches nues de même grandeur situées entre les cryptes utérins. L'ensemble ainsi constitué à recu le nom de placenta et l'on voit que cet organe se compose de deux parties, l’une mater- nelle formée par la paroi interne avec ses cryptes, ses taches et ses innombrables vaisseaux surtout abondants autour des cryptes ; l'autre fœtale constituée par le chorion avec ses villosités éminem- ment vasculaires et ses taches unies un peu moins irriguées. Telle est la disposition qui a été indiquée chez presque tous les Cétacés, par Turner dans le Narval (124), par Anderson dans l'Orcella etle Plataniste, par Klaatsch dans le Marsouin (133). Dans l’Orque, Turner ne signale pas les taches unies, mais il décrit, entre les cryptes infundibuliformes qui correspondent aux eryptes dont j'ai parlé plus haut, des cryptes cupuliformes peu profonds formés d’après lui pendant la gestation par une espèce d'hypertrophie de la muqueuse utérine (120,312). Des glandes utriculaires abondent dans les parois utérines et plongent dans le derme jusqu'au voisinage de la couche muscu- laire ; abondamment ramifiées (Anderson, Klaatsch, etc.), elles se dirigent obliquement vers la surface et plus obliquement encore viennent s'ouvrir sur la muqueuse utérine. Moins longues et moins sinueuses dans l'utérus en vacuité, elles peuvent manquer el manquent peut-être très souvent dans l'utérus fœætal, mais certaine- ment elles n’y sont pas toujours absentes, comme lavait annoncé Turner. Ce dernier auteur, il est vrai, n'en à pas trouvé dans l'utérus d'un fœtus de Narval, mais Anderson, qui n’en à pu observer dans un fœtus presque mür d'Orcella en à, au contraire, — 172 — signalé de très nombreuses dans l'utérus fœ@tal du Plataniste (50,482). Il nous faut maintenant savoir en quels points s'ouvrent exacte- ment les glandes utriculaires, et je dois dire à l'avance que nulle question n’a été plus discutée. D’après Turner, les glandes s’ouvri- raient surtout à l'intérieur des cryptes, mais quelques-unes néan- moins viendraient déboucher à la surface des taches unies (124,108): d’après Klaatsch, elles s’ouvriraient indifféremment dans les cryptes et sur les taches (133,39). Planteau a vivement combattu l'opinion de Turner et d’après lui, dans la Jument comme dans les Cétacés, les glandes utriculaires s'ouvriraient uniquement entre les cryptes, c’est-à-dire sur les taches unies, de même que, chez les Rumi- nants, elles s'ouvrent uniquement entre les cotylédons (127,279). L'opinion de Planteau semble avoir été émise autrefois par Eschricht, dans tous les cas, elle parait s’accorder parfaitement avec les faits observés par Anderson sur le Plataniste (50,488) et sur l'Orcella (50,399). Toutefois, si Anderson affirme avoir vu les orifices des glandes utriculaires au centre des taches unies, il ne dit nulle part que certaines d’entre elles ne s'ouvrent pas dans les cryptes. A cette question se rattache étroitement un problème qui a été soulevé par Ercolani. Dans son mémoire sur les membranes fœtales de l’Orque, Turner ne s'occupe pas du rôle des glandes utriculaires, mais plus tard, en étudiant le Narval, il dit que leurs cellules cylindriques constituent « un épithélium sécréteur et qu'elles élaborent sans doute des produits pour la nutrition du fœtus. » (124, 109). Quelques années auparavant, Ercolani avait émis une opinion semblable. » De même que, disait-il, pendant la première période de la vie extra-utérine, le fœtus se nourrit du lait de la mère, qu'absorberont ses villosités intestinales, de même, pendant la vie intra-utérine, il se nourrit d'une sécrétion mater- nelle (ou lait utérin), élaborée par l'organe glandulaire que nous décrivons, et cette sécrétion est absorbée par les villosités du cho- rion. » (121,472). Toutefois l'organe glandulaire d’Ercolani n’est pas le mème que celui de Turner, ce sont tout simplement les dépres- sions en forme de bouteilles qui viennent s'ouvrir dans les cryptes ou, pour être plus précis, les dilatations latérales des cryptes dans lesquelles viennent se loger les saillies secondaires des villosités du chorion. Ercolani montre d’ailleurs que lesorifices des glandes utri- culaires s’oblitèrent complètement vers le terme de la grossesse et qu'elles ne peuvent servir à nourrir le fœtus au moment où il a le plus besoin de nourriture, enfin il fait observer que ces glandes ne sont pas d’une nécessité absolue puisqu'elles font défaut dans les { CS SR À SO nn > Hdtii Le. =" — grossesses extra-utérines sans compromeltre la vie du fœtus. (122, 349). Ercolani réfutait ainsi à l'avance l'hypothèse de Turner ; Planteau (127, 280), de son côté, rejeta absolument l'idée de toute sécrétion destinée à nourrir le fœtus. Les dilatations des cryptes ne sont pas des glandes maisde simples invaginations de la muqueuse utérine ; du reste Robin à montré que le liquide interposé entre les parties fætales et maternelles du placenta ne contient que des élé- ments déjà tout formés dans le sang et des débris épithéliaux ; Schlossberger n’a trouvé dans ce liquide ni fibrine, ni caséine, enfin, d’après Collin, ce serait un produit de décomposition cadavé- rique. Planteau considère mème les glandes utriculaires comme de simples invaginations épithéliales et il nous ramène par conséquent à la nutrition du fœtus par échange osmotique. Les villosités ne sont pasrépandues également sur toute lasurface du chorion, en certains points persistent des aires nues dépourvues de villosités ou n'en ayant que très peu et de très petites; ces aires nues correspondent à des plaques nues et dépourvues de cryptes dans la muqueuse utérine. Turner à signalé dans l'Orque trois aires nues, l’une en face du col de lutérus, l'autre au pôle droit du chorion et la troisième au pôle gauche (120) ; ces deux dernières existent dans l'Orcella mais la première est située dans la corne gauche sur le seplum médian ; dans le Narval l'aire unie du pôle gauche disparait (12%), dans le Pontoporia il ne reste plus que l'aire du pôle droit (1291 et dans le Marsouin c’est l'aire du pôle gauche qui persiste seule. La placentation des Célacés, comme on vient de le voir, appartient au type diffus, mais dans certains cas, sinon toujours, elle mani- feste une tendance à la forme cotylédonaire. Dans la Balænoptera Sibbaldii (43), d'après Turner, les plis du chorion sont recouverts de villosités nombreuses qui se retrouvent encore sur les plis intermé- diaires; dans les intervalles entre les plis, au contraire, les villo- sités sont rares et petites ; dans le Narval s’observe une disposition semblable, qui a été retrouvée d’ailleurs dans la mème Balénop- tère par Beauregard et Boulart (128). Turner considère ces localisa- tions comme un passage où plutôt une tendance à la forme cotylé- donaire qui caractérise les Ruminants. Planteau va mème plus loin : les cryptes de la Jument, et par conséquent aussi celles des Cétacés, «pourraient être, à la rigueur, considérées comme de petits cotylédons maternels dans lesquels vont s'introduire et se ramifier autant de petits cotylédons fœætaux. De sorte que, au point de vue général, la différence qui existe entre les animaux à placenta diffus serait peut-être moindre qu'on le croît généralement » (127.280). Turner admet également que le placenta diffus des Cétacés, quoique dépourvu de caduque, à cependant quelque chose de comparable à une caduque placentaire. « Bien que les vaisseaux de la muqueuse ne forment pas de sinus, dit-il, ils sont cependant séparés du revêtement épithélial des villosités, non seulement par les cellules épithéliales tapissant les cryptes, mais encore par les corpuscules sous-épithéliaux de la membrane muqueuse. Comme situation anatomique, ces couches de cellules correspondent aux cellules de la caduque placentaire, mais il n'existe point de preuves de la séparation de ces couches à l’époque de la chute des mem- branes: quoique je considère comme très probable qu'un chorion de Baleine, examiné dans la dernière période de la gestation, four- nirait la preuve que l’épithélium tapissant les cryptes s’est, tout au moins pour quelques-unes de ces cryptes, séparé du chorion. « Pendant la période de resserrement qui suit la parturition, il n'est pas douteux que de grands changements tenant à la déperdi- tion de substance, à la dégénérescence histologique et à la résorp- tion interstitielle n'aient lieu dans les éléments constitutifs de la couche des cryptes, avant que cette couche ne puisserevenir à l’état qu'elle présente dans un utérus au repos. » (120, 319). Comparaison avec les autres Mammifères. — La placentation des Célacés se rapproche énormément de celle de la Jument et la seule différence sensible dans la structure intime est la direction des glandes utriculaires qui. dans la Jument, viennent s'ouvrir vertica- lement à la surface. Comparant les membranes de l'organe à celles de la Jument, Turner résumé comme il suit leurs affinités placen- taires. « Ces deux animaux, dit-il, sont unipares et possèdent un chorion allongé, sur la surface entière duquel, à l'exception de trois zones (les deux pôles et une zone intermédiaire), sont répandues des villosités caractéristiques ; chez tous deux l’amnios est couvert de petits corpuscules, et la vésicule ombilicale disparaît avant la naissance; chez tous deux l’allantoïde persiste comme un large sac. Mais, tandis qu'elle l'emporte sur l’amnios chez les Solipèdes, elle possède une surface relativement plus petite chez les Cétacés. Chez tous deux, la surface libre, très vasculaire, de la muqueuse utérine est creusée de cryptes pour recevoir les villosités du chorion et, chez tous deux aussi, les glandes sont également très développées.» La vésicule ombilicale disparait aussi de bonne heure chez les Rumi- nants, mais l’amnios l'emporte sur l’allantoïde et le placenta est — 175 — cotylédonaire. La Truie à un placenta diffus très semblable à celui de la Jument, mais les aires nues sont seulement au nombre de deux et les villosités se présentent sous la forme de papilles simples. PARTURITION, ALLAITEMENT, CROISSANCE Parturition. — La durée de la gestation et l'époque de la parturi- tion sont loin d’être connues dans la plupart des Cétacés. D'après Jackson (14,146) le Cachalot n'a pas d'époque particulière mais, si le fait est exact, il est certainement une exception dans ce groupe. Scammon raconte que la Baleine de Californie (47,25) enfante de décembre à mars et d’après lui la durée de la gestation chez tous les grands Cétacés serait de dix à douze mois (47,45). D'après Scoresby, la Baleine franche mettrait bas vers février et mars, et d’après Eschricht et Reinhardt du mois de mars au mois de mai; Turner pense que l'automne est l’époque de parturition pour la Balænoptera Sibbaldii (43). Anderson à pu étudier très exactement ces questions difficiles chez le Plataniste: la durée de la gestation serait de huit à neuf mois et la parturition aurait lieu d'avril à juin. F. Cuvier fixe en été l’époque du rut pour le Marsouin, mais je doute fort que cette assertion soit exacte, car le Marsouin mâle que j'étudiai vers la fin de février avait ses testicules dans un tel état de turgescence qu’ils devaient être mûrs pour l’accouplement; la durée de la gestation serait de six mois (8, 175). Le Dauphin paraît mettre bas vers la fin de l'automne (8, 135) et il s’accouplerait par conséquent vers le mois de mars. Les grands Cétacés et peut-être aussi les autres, paraissent se rapprocher de la côte à l’époque de la parturition. C’est l'opinion de Turner, et Scammon a observé plusieurs fois le fait chez les Baleines de la Californie. « Quand arrive la saison où elles doivent mettre bas, dit-il, elles se rassemblent d’abord aux extrémités les plus reculées des lagunes et se rapprochent si étroitement qu'il est difficile à un bateau d'avancer à la surface sans en heurter quel- ques-unes. On les à vues plusieurs fois échouer et rester plusieurs heures dans deux ou trois pieds d’eau ; lourdement étendues sur le fond sableux, elles ne paraissaient pas souffrir en cet état et atten- daient la marée montante pour être remises à flot. Elles ont été apercues, dans la baie de Monterey, se jouant avec délices dans les brisants de la baie » (47, 25). La plupart des auteurs sont unanimes pour admettre que la tête Tee pénètre la première dans le corps de l'utérus afin de sortir par le vagin; aussi Turner met-il en doute l’assertion de Boeck, d’après laquelle le fœtus de la Balænoptera rostrata se présenterait par la queue (43). Lütken, il est vrai, (134, 803) cite, d'après Olrik, des observations très différentes faites par les Groënlandais. « Chez tous les Cétacés, d’après eux, la queue du fœtus, qui est enroulée dans le corps de la mère, fait d’abord saillie, et pendant quatre à six semaines, avant que la naissance définitive ait lieu, on voit la femelle nager avec la queue du fœtus passant par son orifice génital. « Mais Lütken n’a pas l'air d'accorder beaucoup de créance à cette fable ; il relève lui-même la réponse que le directeur du district des Fær- Oern fait à une de ses lettres et cette réponse est explicite : le fœtus se présente par la tète. D'après des observations relevées sur une femelle de Marsouin, Jourdain explique de la manière suivante le mécanisme de la par- turition : « Lorsque les enveloppes fœtales se sont rompues, comme à l'ordinaire, dit-il, le fœtus, mis en liberté dans l’intérieur des voies génitales, se sépare du placenta dont le cordon se sectionne par un procédé que je ne saurais préciser. Alors l’arrière-faix (?) est seul expulsé, tandis que le fætus demeure dans lune des cornes utérines et dans le vagin, position que sa taille lui assigne. » Le fœtus observé par Jourdain était dans l’intérieur de la mère, avec le cordon rompu et déjà flétri; l’auteur ne sait combien de temps dure cette « supergestation » ni comment s'effectuent, dans cet état, l'alimentation et la respiration (126,138). L'observation précédente est d’une précision absolue, mais l'hypothèse qui l'accompagne est difficilement admissible, car on ne voit pas trop pour quelles raisons le jeune resterait ainsi dans la mère sans relations vitales avec elle. En fait, cette suppositionest en contradiction absolue avec les faits jusqu'ici observés. On sait que Pierre Belon a étudié la parturition des Cétacés: il figure notamment (1,13) une matrice de Dauphin avec un fœtus et plus loin un Tursiops femelle ayant son fœtus flottant au-dessous du corps, et rattaché encore aux parois maternelles par son cordon (1,18). Rondelet, de son côté, figure un Dauphin dont le fœtus offre avec la mère les mèmes relations que celles signalées par Belon dans le Tursiops (2,3%#). Mamelles de la femelle ; allaitement. — Les mamelles des Cétacés se forment comme celles des autres Mammifères, par une invagina- tion épidermique sur les côtés de laquelle se forment bientôt un mamelon et deux sillons latéraux (132j. Ces mamelles sont au nombre de deux. Chez l'adulte les mamelles sont situées sur les côtés de la ligne médiane et leurs mamelons, cachés au fond d’une fente bilabiée, sont situés sur les côtés et à une faible distance de la vulve. Le mamelon est garni de papilles et se termine par un orifice unique comme dans la Vache, certains Marsupiaux et quelques Rongeurs. L'orifice du mamelon conduit dans un canal qui s’élargit bientôt en réservoir pour recevoir tous les conduits de la glande. Chez les Mysticètes, Hunter a signalé des sillons sur les côtés des fentes mammaires (3,446) ; mais ces plis n'existent probablement pas chez tous les Cétacés; Beauregard et Boulart les décrivent dans la Balænoptera Sibbaldii et la Mégaptère (128$), mais je ne vois pas qu'on les ait signalés jusqu'ici chez les Cétodontes. Dans la B. Sibbaldii de 23 mètres étudiée par Turner, les glandes mesuraient 2240 de longueur et étaient presque tout entièressituées en avant du mamelon ; elles avaient 0m50 de largeur dans leur plus grand diamètre transversal et 0,15 d'épaisseur au pied du mamelon. Chaque glande était parcourue, suivant son grand axe par un canal qui servait de collecteur aux conduits secondaires ; à la base du mamelon le canal se dilatait en un réservoir de 0,16 de diamètre ; le réservoir formait lui-même un conduit qui débouchait au sommet du mamelon par un orifice danslequel on pouvait faire entrer l'index (43). Dans la mème espèce, Beauregard et Boulart signalent des replis valvulaires incomplets aux orifices des canaux secondaires vers le conduit central (128). Dans le Plataniste, Anderson (50,478) signale deux réservoirs sur leconduit central; le réservoir postérieur, le plus petit, est situé à la base du mamelon et donne naissance au anal de sortie ; il communique par un orifice étroit avec le réservoir antérieur dans lequel viennent s'ouvrir les canaux du lait. Dans le Marsouin qui allaite, d'après Rapp, la glande mammaire atteint à peu près le 1/5 de la longueur du corps; elle est large comme la main, épaisse de deux pouces, et le canal excréteur qui la traverse suivant son grand axe vient s'ouvrir à son extrémité (12,177); le réservoir n’est pas signalé, mais il avait été décrit et figuré anté- rieurement par Geoffroy St-Hilaire (1). Les glandes sont situées entre le peaucier et les muscles abdo- minaux:; elles sont entourées par un tissu conjonctif dépourvu de (1) Geoffroy St-Hilaire. — Fragments sur la structure et les usages des glandes mamellaires des Cétacés. Paris, 1834. — 178 — graisse (12,177) et assez lâche pour permettre à la glande de se dilater à l’époque de l’allaitement. Ces muscles peuvent évidemment la comprimer, mais la glande est en outre pourvue de muscles spéciaux. Anderson signale dans le Plataniste, autour de la première chambre, un sphincter qui peut chasser le laitou clore le canal de sortie (50, 478). Murie, dans le Grampus, attribue à l’érecteur du clitoris le pouvoir de comprimer les mamelles (42,122); dans le Globicéphale cette fonction serait en outre remplie par un muscle ischio-coccygien étendu entre l'os pelvien et le raphé périnéal, mais surtout par un compresseur des mamelles, espèce de sphincter en relation avec les faisceaux du périnée (37,288). Turner décrit dans le tissu sous-cutané, autour du mamelon et à sa base, de nombreux vaisseaux plexiformes qui pour- raient d'après lui constituer un tissu érectile ; il signale également un muscle destiné à comprimer les mamelles (43). Au milieu de toutes ces divergences, il est un point commun sur lequel chacun est d'accord ; c'est l'existence des muscles destinés à chasser le lait des réservoirs où il S'accumule et à Je faire sortir par ‘l’orifice unique du mamelon sous la forme d’un jet. Geoffroy St- Hilaire a depuis longtemps indiqué cette disposition, non-seulement chez les Cétacés, mais aussi chez les Kangurous et les Monotrëmes. Aristote qui connaissait très bien la viviparité des animaux qui nous occupent, à signalé les mamelles sur les côtés de la vulve et il ajoute que les petits nagent à la suite de leur mère pour têter le lait. Cette opinion, généralement acceptée, a été vivement combattue par Geoffroy St-Hilaire. Ce savant admettait d'abord que les ma- melles produisent un mucus hydraté que les jeunes recueillent sur les eaux, mais il rejeta bientôt sa conception du muecus hydraté et admit que les Cétacés se nourrissent de lait, mais sans téter, c’est- à-dire sans s'attacher plus ou moins longtemps au mamelon de la mère. Le jeune s'approche de la mère, introduit le bout de son mu- seau dans la fente mammaire, saisit le mamelon et l’abandonne aussitôt après avoir reçu un jet de lait lancé par les muscles qui compriment les mamelles. Cette opinion est aujourd’hui admise par tous les savants et Scammon l’a vérifiée par l'observation ; le jeune s'approche de la mère, qui se met un peu sur le côté, il ouvre la bou- che et saisit le mamelon, reçoit une puissante gorgée grâce au réser- voir de la glande et s’en va pour revenir bientôt. (47, 45) Ainsi s’ac- complit l'allaitement, dans ce milieu mobile, sans entraver les mouvements de la mère, sans nuire en aucune facon aux besoins respiratoires de la mère et du jeune. Le laitdesCétacés est très riche en matière grasse ; c’est l'opinion de tous les auteurs qui ont pu l’étudier. Il est aussi riche, dit Hunter, que du lait de vache additionné de crème (2,446), et Jour- dain a été frappé par son abondance et par «son aspect crémeux » (126, 138). Purdie est arrivé au mème résultat en analysant du lait de Marsouin ; il a en effet trouvé la composition centésimale sui- vante (131, 1072) : AUSSI Matière grasse . . . . . 45.80 Matières albuminoïdes . . . 411.19 - SUCrER dela) EN NS 139 SEISMMINÉAUS RS 0757 Cette proportion de matière grasse est énorme ; comparée à la quantité de matière grasse qu'on trouve dans le lait de vache, elle est quinze fois plus grande, et six fois plus grande que celle du lait de brebis. Au dire de tous les observateurs, les Cétacés sont très attachés à leurs petits et se précipitent pour les défendre quand on les attaque; la femelle du Cachalot, dit Scammon, recouvre de sa nageoire le jeune qu'on essaie d'atteindre. Le mème auteur ajoute que les femelles sont liées entre elles par une espèce de solidarité et entourent quelque temps leur compagne après qu'elle a expiré ; les jeunes, au contraire, qui se réunissent périodiquement en grandes troupes sont d’une couardise remarquable, et ils prennent la fuite en grande hâte aussitôt qu'un des leurs à été harponné (47, 78). Mamelles du mâle. — Les mamelles du male sont situées entre l'anus et la base du pénis, à peu près dans la position qu’elles occupent chez la femelle. Signalées pour la première fois par Pallas, dans le Delphinaptère, elles ont été très peu étudiées jus- qu'ici et Rapp prétend même qu'elles manquent absolument dans le Marsouin (12, 177). Eschricht à repris leur étude avec plus de succès; il les à trouvées, dans l'adulte ou dans le fœtus, chez le Marsouin, la Balænoptera rostrata, la Mégaptère et il pense, avec raison, qu’elles doivent exister chez tous les Cétacés (15, 83-84). Dans le Marsouin, d'après Eschricht, les deux glandes ont un con- duit commun qui vient s'ouvrir par un orifice à un pouce en avant de l’anus. « Cet orifice, dit-il, conduit dans un canal assez large ou dans une petite cavité dans laquelle on aperçoit, après l'avoir — 180 — ouverte, deux petites papilles qui convergentet regardent en arrière par leur extrémité libre ; par leurs faces légèrement divergentes, ces papilles reçoivent chacune un petit conduit que je considère comme le canal excréteur d’une glande difficile à séparer du tissu conjonctif. » Depuis cette époque personne n’a étudié cette dispo- sition bizarre, qui n’a, du reste, jamais été figurée. J'ai repris cette question et j'ai trouvé l’orifice unique (fig. 9, o) en avant de l'anus (a), de la position indiquée par Eschricht; le conduit {c) représenté dans la figure en grandeur naturelle, admet aisément un crayon, il se termine en cul-de- sac en avant et dans cette région présente de petites papilles (p) très nombreuses et très rappro- chées. Les glandes (m, m') sont à peu près en contact sur la ligne médiane et logées dans le tissu conjonctif ambiant ; sur des coupes faites dans le fond du sac et dans les glandes, les papilles apparaissent très saillantes et bien iso- lées les unes des autres ; les glandes, mêlées à une masse considérable de tissu conjonctif, ont une struc- ture qui rappelle celle des glandes mammaires en voie de développement. Sur des coupes transversales verticales, on voit, pour chacune d'elle, un conduit, sensible à l'œil nu, qui parait déboucher au fond du Fig. 9. — Les ma- S : . LI : LS 11: ellesduMarsouin SaC, entre les papilles, et mesure à peine 1 à 2 milli- mäle et leur cn- mètres de longueur. Je n'ai pas trouvé les deux duit commun ou- . . A . verl en avant. grandes papilles signalées par Eschricht. Une tendance à la disposition observée dans le Marsouin se mani- feste chez les Mégaptères. Dans un fœtus de cette espèce étudié par Eschricht (15,83), les mamelles n'étaient pas apparentes, mais elles ont été tout récemment étudiées dans l'adulte par Struthers (64, 117-118). Cet observateur a trouvé une fente mammaire impaire située à 45 centimètres en arrière de l’orifice préputial et à 60 cen- timètres en avant de l'anus ; cette fente mesurait 5 centimètres de longueur et 2 de largeur. Sa cavité était séparée en deux parties par un septum médian ovoïde et dans chacune des moitiés latérales se trouvait un mamelon percé d'un gros-orifice qui se bifurquait presque immédiatement. Dans les autres Mysticètes les deux mamelles du mâle sont séparées l’une de l’autre et ressemblent, sauf les dimensions plus — 181 — faibles, aux mamelles de la femelle ; c’est ainsi du moins qu’elles ont été signalées par Eschricht dans une Balénoptère (15,84) et par Flower dans la Balænoptera musculus (24,701). Elles sont égale- ment séparées dans le Delphinaptère d'après Pallas, et dans le Plataniste d’après Anderson. Dans cette dernière espèce (50,477), les mamelons sont libres sur la peau et percés comme de coutume par un seul orifice. Dans unfætus de Globicéphale, long de 30 centimètres environ, J'ai observé les fentes mammaires sous la forme de deux petites perforations très rapprochées et situées asymétriquement à droite et à gauche de la ligne médiane. Croissance. — Les femelles donnent ordinairement naissance à un seul petit, mais aussi quelquefois à deux. Ce dernier fait est positivement affirmé par plusieurs observateurs et notamment par Scammon. La Baleine franche, dit-il, donne normalement un seul petit, mais on en observe parfois deux (47, 67); quant au Cachalot, s’il en donne le plus souvent un, Jamais il n’en produit plus de deux (47,74). Ses petits en naissant sont déjà très développés et suivent facilement leurs mères. Chez les Mysticètes et chez les Cachalots, d’après Scammon (47, 67 et 74), ils atteignent le quart de la longueur de la mère, et cette observation concorde parfaitement avec celles relevées par Eschricht (15, 59-61) sur la Balænoptera rostrata ; les femelles sont plus abondantes que les mâles (15,61). On ne sait quelle est la durée de la vie chez les Cétacés, mais on ne croit plus, comme autrefois que leur durée de croissance et leur taille sont illimitées. Chaque espèce acquiert une dimension moyenne parfaitement déterminée et la dimension maximum ne s'éloigne jamais beaucoup de cette moyenne. Chez certaines espèces, les femelles ont une taille inférieure à celle du mâle et cette diffé- rence n’est jamais plus grande que chez le Cachalot, dont la femelle adulte, d’après Scammon (47, 74), a tout au plus le tiers ou le quart, de la taille des plus grands mâles. D’après le même auteur, il y aurait également une différence de mème nature chez les Orques: le mâle aurait 20 pieds en moyenne et la femelle 15. Les Mysticètes sont les plus grands de tous les Cétacés, mais il existe, sous le rapport des dimensions, des différences très impor- lantes entre les diverses espèces. La Baleine franche et la Baleine des Antipodes atteignent parfois 18 à 20 mètres de longueur; la Baleine du Biscaye a une taille un peu plus réduite, la Mégaptère atteint en moyenne 16 à 17 mètres de longueur, enfin, parmi les Balénoptères, la plus petile (8. rostrala) mesure environ de 9 à 18 — 10 mètres, Landis que la plus grande (B. Sibbaldiij parait atteindre et pouvoir dépasser 30 mètres. Pour la longueur au moins, la B. Sibbaldii est à tous égards le plus grand des animaux. Le Rhachianectes glaucus, espèce intermédiaire à divers égards entre les Baleines et les Balénoptères a, d’après Scammon, une longueur moyenne de 13 mètres. Parmi les Cétodontes, les naturalistes ont établi quatre groupes; les Physétéridés, les Ziphioïdes, les Delphinidés, enfin les Platanistidés qui, avec les /nia, paraissent être intermédiaires entre les Ziphioïdes et les Delphinidés. C'est parmi les Physétéridés qu'on rencontre les Cétodontes de grande taille et les très grands Cachalots mâles peuvent même atteindre une plus grande lon- gueur (25 mètres d'après Scammon) et un aussi grand poids que la Baleine franche ; le Kogia, au contraire, est un petit physétéroïde qui ne dépasse pas 4 mètres de longueur. Sans atteindre les puis- santes dimensions du Cachalot, les Ziphioïdes se rangent presque tous néanmoins parmi les grands Cétacés. D'après Van Beneden et Gervais, l'Hypéroodon mesure de 12 à 15 mètres, le Bérardius 10 mètres, le Ziphius de 6 à 8 mètres et le Mesoplodon Sowerbyi 5 mètres. Les Delphinidés du groupe du Narval (Delphinaptère ou Beluga et Narval) ont à peu près les mêmes dimensions que l'espèce précédente, les Globicéphales peuvent atteindre 7 mètres, les Grampus 3m50, et les Orques 8 mètres ; les autres Delphinidés sont en général beaucoup plus petits et leurs dimensions varient autour de 1m50 ou de 2 mètres comme celles du Marsouin et du Dauphin ; le Pon- toporia Blainvillei est un petit Delphinidé de 1"20 de longueur. Les Platanistes et les Inias sont à peine plus grands que les Dauphins ; ils peuvent atteindre 2"50 de longueur. Nous avons parlé à plusieurs reprises de l'asymétrie qui se manifeste, soit dans le crâne, soit dans les organes internes ou externes des Cétacés ; on pourrait croire qu’elles sont le résultat de la croissance et se manifestent de plus en plus à mesure du développement. Or, il n’en est rien, lasymétrie est non seulement fœtale, mais elle remonte dans la phylogénie : les Cétacés fossiles, en effet, se font déjà remarquer par leurs caractères asymétriques. M. Pouchet fait observer que lasymétrie a dù affecter d’abord les parties externes et que, par contre-coup, elle à retenti sur les organesinternes. Cette opinion est parfaitement justifiée par les faits. Les Mysticètes sont, en effet, les Cétacés les plus voisins des Mam- mifères terrestres et l’on n’observe chez eux qu'une asymétrie faible ou nulle, bien manifeste surtout dans la Balænoptera musculus où lun des côtés des corps est plus pale que Fautre. Chez les Céto- dontes, au contraire, l’asymétrie est parfaitement indiquée el se révèle extérieurement par le déplacement de l’orifice supérieur des narines qui est toujours rejeté à gauche ; elle atteint son maximum dans le Cachalot et se révèle encore avec une intensité très grande chez la plupart des Ziphioïdes. Or, si l'on observe que lévent, en raison même de son rôle prédominant dans la respira- tion, doit occuper la position la plus apicale de toute la tète pour arriver le premier à la surface des eaux quand l’animal veut respirer, on sera tenté de conclure, avec Pouchet, que la déviation de lévent à gauche doit contribuer à donner au côté gauche un caractère dorsal, ou, en d’autres termes, que l'animal doit s'incliner un peu sur le flane droit et se comporter ainsi, dans une certaine limite, à la manière des Poissons pleuronectes (1) L'asymétrie externe retentit surtout sur les os qui font partie de la voûte cränienne. Dans le Cachalot, la face supérieure du crâne est creusée d’un immense bassin dont les parois sont en grande par- tie formées par une énorme saillie verticale, postérieure et latérale des os maxillaires : au fond de ce bassin, que Gervais compare à un char antique, se trouvent les orifices osseux des deux narines, forte- ment déviés et de dimensions très inégales. Chez les Ziphioïdes, et notamment dans l'Hyperoodon, le cirque facial existe encore mais avec une profondeur moins grande ; il est dominé en arrière par un cimier bifurqué, dans la constitution duquel entrent à la fois les os du nez et surtout les intermaxillaires ; or ici, non-seulement les orifices des narines sont déviés et inégaux, mais la branche droite du cimier est beaucoup plus longue et plus développée que la gauche. Dans le Plataniste, il n'y a plus de bassin à proprement parler, mais chaque maxillaire, en avant de la région frontale, s'élève en une longue et haute lame conchoïde qui se dirige en avant et en dedans et, sans rencontrer son homologue du côté opposé, forme avec elle un toit à deux pans au-dessus de la face. Si l’on étudie ce toit dépourvu de faite, on voit que son aile gauche est moins développée que la droite, asymétrie frappante qui s’est produite de concert avec la déviation des narines osseuses. Dans le cours de leur croissance et surtout à l'état adulte, les Cétacés hébergent ou servent de base d'attache à des commensaux et à des parasites variés et particuliers à l’ordre. Les commensaux (1) Dans cette question de l'asymétrie, nous résumons surtout le travail de M. Fischer sur les Célacés du sud-ouest de la France et celui de M. Pouchet sur l'asymétrie des Cétodontes. — 184 — s’attachent où se fixent à la peau des Cétacés; les uns sont des Edriophthalmes læmodipodes du genre Cyame, les autres des Cirrhipèdes voisins des Balanes. Les Cirrhipèdes appartiennent aux genres Coronula (Diadema), Tubicinella et Conchoderma (Otion), mais les Otions nesontpasdirectement les commensaux des Cétacés, ce sont plutôt des espèces d’Anatifes qui se fixent sur les autres Cirrhipèdes que supportent les Cétacés. Ces derniers sont d’un intérèt tout particulier, car ils choisissent si bien leur hôte qu’on peut très souvent déterminer un Cétacé en examinant les Cirrhipèdes qu’il porte à sa surface. Les vrais Cirrhipèdes comimensaux ne se ren- contrent guère que chez les Mysticètes el encore faut-il faire une exception pour la Baleine franche qui ne porte que des Cyames et pour les Balénoptères dépourvus à la fois de Cyames et de Cirrhi- pèdes ; toutefois Steenstrup a signalé un Xenobalanus sur la peau du Globicéphale (86). Les Cirrhipèdes commensaux des Mysticètes sont les suivants : Coronula biscayensis sur la Baleine de Biscaye. Coronula balænaris et Tubicinella trachealis sur la Baleine d’Aus- tralie. Coronula japonica sur la Baleine du Japon. Cryptolepas rhachianecti sur la Baleine de Californie (47. Coronula diadema sur la Mégaptère. Les Cyames recherchent surtout les Mysticètes à l'exception des Balénoptères ; on les observe beaucoup plus rarement chez les Cétodontes. D'après Lütken les espèces connues sont les suivantes : Cyamus maysticetisur la Baleine franche. Cyamus boopis sur la Mégaptère. Cyamus Scammoni sur la Baleine de Californie (47). Cyamus monodontis et C. nodosus sur le Narval. Cyamus qlobicipitis sur le Globicéphale. Platicyamus Thompsoni sur l'Hypéroodon. Cyamus ovälis, C. erraticus, €. gracilis sur les Baleines australes et sur la Baleine du Japon ? Cyanus Kessleri sur une Baleine du Pacifique. Quelques autres espèces, moins bien déterminées, existent sur le Cachalot, certains Dauphins et sur la Baleine des Basques (Cyamus bsicayensis). Les parasites sont moins nombreux que dans les autres animaux marins et à ce point de vue les Cétacés se distinguent très manifeste- mentdes Poissons. Ontrouvedegrands Lernéens, des Penellaincrustés ouenfoncés dans la peau dela Balænoptera musculus(P.Balænopteræ) 185 et de l’Hyperoodon (P. crassicornis). Enfin des Echinorhynques, des Nématodes et des Distomes se trouvent dans les viscères d’un cer- tain nombre de Cétacés; dans le Marsouin notamment, les bron- ches, les arrière-narines et la trompe d'Eustache sont envahies par une multitude de Strongylus inflerus dont les mâles atteignent 17 centimètres de longueur et les femelles 7 (86). 24 — 186 — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE Bases de cette étude. — Pour étudier la description géographique des animaux il est nécessaire d’être fixé sur la limite des caractères qu'on attribue aux différentes espèces et cette limite n’est pas facile à établir quand on songe aux variations nombreuses que peuvent subir les êtres vivants. Dans cet ordre d'idées, il y a deux cou- rants très différents dans la science; les analystes voient des carac- tères spéciliques ou génériques dans les variations les plus légères, d’autres esprits, au contraire, sont portés vers la synthèse et n’accor- dent à ces variations qu'une valeur relative, bonne tout au plus à indiquer des races ou des variétés.Bien plus, les analystes à outrance négligent parfois des ressemblances absolues et créent des espèces lorsque les centres d'habitat de deux formes sont différents, si bien que la systématique, qui devrait ètre unescience uniquement basée sur les analogies ou les dissemblances anatomiques, tant intérieures qu'extérieures, néglige à tort ces caractères fondamentaux, s’em- pare de la distribution géographique des animaux, en fait la base de ses déterminations, puis voulant grouper ensuite dans un ensemble les éléments qu'elle a dissociés, donne une répartition géographique des espèces qu'elle à ainsi créées. Il y a là un cercle vicieux évident qui entrave singulièrementles progrès de lascience el par dessus tout, la rend incompréhensible pour ceux qui ne lont pas longuement approfondie. Plus que tout autre, l’auteur du Catalog of Seals and Whales à poussé l'analyse des Cétacés jusqu'à ses limites les plus extrèmes ; il à pour ainsi dire pulvérisé ce groupe si homogène, el nos connaissances sur ces animaux seraien entourées d'une obscurité profonde si ‘des esprits synthétiques comme Flower, Turner, Fischer n'étaient revenus aux règles fon- damentales de la classification et n'avaient groupé un grand nombre de formes séparées à tort par Gray. Eschricht en étudiant les varia- tions qui se produisent avec l’âge depuis la vie fœtale jusqu'à l'adulte (15), Flower en déterminant exactement les modifications progressives du squelette (67 et 183), enfin Fischer (55) en réunis- sant et en comparant les caractères de nombreux individus appar- tenant très évidemment aux mêmes espèces, sont parvenus, dans une certaine mesure, à établir cette limite des caractères spécifiques dont nous parlions plus haut et le résultat de leur étude a été de considérer comme des races ou des variétés, beaucoup d’espèces établies par les analystes. On à pu arriver ainsi à se faire une idée plus exacte de l'extension géographique des Cétacés, mais les connaissances seraient néan- moins restées très imparfaites si l’on n'avait essayé de déterminer, aussi exactement que possible, les déplacements périodiques qu'effectuent la plupart de ces animaux. Cette étude est remplie de diflicultés; commele fait observer Eschricht (146,203), on ne connailra exactement l'habitat des Célacés que si l’on a soin de noter les espèces qui reviennent régulièrement sur les mêmes rivages et les saisons qu'elles choisissent pour y revenir ; les indi- vidus échoués sur la côte ne donnent que des indications vagues et très souvent fausses, en ce sens qu'ils appartiennent presque toujours à des troupes égarées. « Sur les côtes du Danemark, par exemple, qui, dans certaines saisons, abondent en Marsouins..……. Jamais, que nous sachions, on n’y à entendu parler d’un Marsouin échoué ; et de mème, m'a assuré le capitaine H6lboll, il est bien plus rare qu’un Rorqual (Balénoptère) échoue sur la côte du Groënland, où il vient régulièrement des troupes de plusieurs centaines de ces animaux, que sur la plupart des côtes européennes de même étendue, où cependant il n’en arrive qu'accidentellement quelques individus (146). » Malheureusement, dans l'étude qui va suivre, nous ne pourrons pas toujours répondre aux desiderata exprimés par Eschricht et très souvent, faute de renseignements plus exacts, nous serons obligés de recourir aux échouements pour déterminer l'aire géographique des espèces. Migrations. — Les Baleines effectuent toutes des migrations; elles se rapprochent des climats plus froids en été et s'en vont dans des climats plus chauds en hiver. La Baleine franche à sa station d'hiver dans les parties méridionales de la mer de Baflin et du détroit de Davis, elle ne descend jamais plus bas que le 64% degré de latitude noril et par conséquent elle ne double pas le Cap Farewell; dans les hivers très rigoureux sa limite méridionale s’abaisse un peu et quelquefois des individus égarés sont descendus jusqu'à Terre- Neuve (70, 58). Dès le printemps la Baleine remonte vers le nord et s'enfonce dans les glaces. Des individus blessés sur la côte occidentale du Groënland ayant été pèchés au Spitzherg, on peut croire qu'une mer libre existe au nord de l’île groënlendaise ou que ces individus se sont rendus au Spitzherg en suivant à l’ouest la mer arctique. Dans ses stations d'été, la Baleine peut franchir le — 188 — détroit de Behring et pénétrer dans la partie septentrionale de l'Océan Pacifique (70). La Baleine de Biscaye, plus rare encore aujourd’hui que la Baleine franche, passe ses quartiers d’hiver dans le golfe de Gascogne et peut même s’égarer dans la Méditerranée ou jusqu'aux Açores, (55, 33) en hiver elle habite les côtes de l'Amérique du Nord et peut atteindre comme limite septentrionale la limite méridionale de l'espèce précédente. La Baleine du Japon effectue les mêmes migrations dans l'Océan Pacifique et voyage des côtes du Japon à celles de l'Amérique du Nord entre les 60e et 40e degrés de latitude. Dans l’autre hémisphère, les migrations de la Baleine australe sont inverses de celles de la Baleine de Biscaye; pendant les mois où cette dernière est en Europe, la Baleine australe est en Amérique et elle se rend en Afrique à l'époque où la Baleine de Biscaye est en Amérique. Quant à la Baleine des Antipodes, ses migrations sont moins bien connues; on sait seulement que cette espèce habite les régions tempérées; qu'elle arrive au mois de mai en Nouvelle-Zélande pour y passer l'hiver et y mettre bas, et qu'au mois d'octobre, elle se dirige vers le nord dans la direction des îles Norfolk. (151, 15-17,) (1). Les migrations des Balénoptères et des Mégaptères nous son très imparfaitement connues; la grande Baleine à aileron d’Es- chricht arrive dans le détroit de Davis au printemps, habite pen- dant l'été la partie septentrionale de la côte et pendant l'hiver la partie méridionale. La Baleine à bosse, qui paraît correspondre à la Mégaptère, fréquente la côte orientale du Groënland ; elle parait en hiver du côté sud et pénétre dans l'Atlantique, en été elle remonte du côté du nord. La Baleine naine (Balænoptera rostrata) arrive en avril à Godthaab sur la côte orientale du Groënland, et se rend dans les mers plus septentrionales ; elle retourne au sud vers le mois de novembre (146,217-218). Quant au Rhachianectes glaucus on sait qu'il passe la belle saison dans la mer d’Okhotsk et dans l'Océan arctique, et qu’il vient en hiver sur les côtes de Californie sans descendre au-delà du 20° degré (47,23). Les migrations du Cachalot, d’après Fischer, ne sont pas établies d’une façon satisfaisante. On à remarqué toutefois que les échoue- ments sur les côtes de France se produisent exclusivement en hiver (4) Dans un travail plus récent, Van Beneden dit que Balæna australiensis es synonyme de B. antipodarum, mais qu'il faudra probablement adopter comme espèce nouvelle la Balæna (Neobalæna) marginata (Gray), petite espèce de 15 pieds qui habite les mêmes régions. — 189 — et au commencement du printemps, et qu'aux Açores ces ani- maux ne paraissent qu'en été (55,99). Le Narval et le Delphinaptère effectuent des migrations très sen- siblement parallèles sur la côte occidentale du Groënland; en été ils remontent vers le nord jusqu'au 70e degré, en hiver ils descendent vers le sud; le Narval ne dépasse pas le 64° degré, mais le Delphi- naptère peut arriver jusqu'au 62e (146). Les migrations des autres Cétodontes sont à peine connues; on sait que l'Hypéroodon habite en été les côtes de la Nouvelle-Zemble ainsi que les détroits de Davis et d'Hudson ; (201,727); en été il se dirige vers le sud en passant sur les côtes d'Islande ou sur celles des iles Feroë. Le Marsouin arrive sur les côtes du Groënland vers la fin d'avril et remonte parfois jusqu’au 70e degré ; sur les mêmes côtes, l'Orque ne se voit jamais après le mois de novembre ni avant le mois de mai, enfin les vrais Dauphins et les Lagénorhynques atteignent parfois le Groënland en été (146,219). Espèces cosmopolites. — Le Cachalot est une espèce cosmopolite par excellence,et l’on à cru longtemps qu'il pouvait seul habiter in- différemment toutes les mers. D'après Van Beneden, ce serait sur- tout un animal des régions tropicales du Pacifique, mais il est ré- pandu depuis le Groënland au Nord jusqu'à la Nouvelle-Zélande au Sud ; on l’a rencontré jusqu’au Spitzberg (194, 30-32). Il échoue parfois dans la Méditerranée. Le mème auteur considère aussi les Balénoptères comme capables de franchir «la mer de feu de l'équateur » et de se répandre dans les deux hémisphères (152). La Balænoptera rostrata, d'après lui, n’ha- bite pas seulement la mer d'Europe, on la rencontre sur les côtes de Californie {B. Davidsonii), sur les côtes de la République Argentine (B. bonœrensis) et jusqu’en Australie où elle est représentée par des individus qui ne diffèrent en rien de ceux de nos mers. La B. Sib- baldii visite également le nord de l'Atlantique etle nord du Paci- fique ; sur les côtes de la Californie elle à été désignée sous le nom de Sibbaldius sulphureus et sur les rivages méridionaux de lAtlan- tique sous le nom de B. intermedia ; elle ne doit pas présenter de différences sérieuses avec la B. indica de Calcutta. Van Beneden fait également remarquer que Flower n’a observé aucune différence im- portante entre la B. borealis des mers d'Europe et la B. Schlegelii de Java et du Japon; l’on pourrait peut-être ajouter que la B. edeni observée par Anderson (50) dans le golfe du Bengale ne diffère pas sen- siblement de la B. Schlegelii. Van Beneden ajoute enfin que la B. mus- HIDE culus, qui est l'espèce la plus commune dans nos mers, est proba- blement la même que celle de Formose et de Patagonie (B. pata- chonica) et qu’elle ne diffère en rien de la B. velifera des côtes de Californie. (1452, 171-177). Quoi qu'il en soit, les Balénoptères re- cherchent surtout les régions tempérées et ne pénètrent jamais dans les glaces comme les Baleines ; l'espèce la plus septentrionale est la B. borealis dont les échouements ne dépassent pas la Hollande vers le Sud ; vient ensuite la B. Sibbaldii qui n'a jamais échoué au sud d'Oléron ; la B. rostrata se perd très rarement dans la Méditerranée, tandis que la B. musculus est le grand Cétacé le plus fréquent dans cette mer et-elle correspond très certainement à la Baleine d’Aris- tote : Cuvier la croyait propre à la Méditerranée (177, 98). Van Beneden considère égalementla Megaptera longimana comme une espèce cosmopolite (152, 177), et il fait observer que la A. versabilis des côtes de Californie lui correspond complètement ; en outre, Gervais, depuis longtemps déjà, avait annoncé que les Mégaptères du Japon ressemblent étrangement à celles de nos mers (166, 935). Plus récemment, H. Gervais a combattu les idées de Van Beneden et préconisé l'existence de trois espèces distinctes : M. longimana de l'hémisphère boréal, M. Lalandii du sud de PAt- lantique, enfin M. indica de la mer des Indes (184). Les Mégaptères, comme les Balénoptères, recherchent plutôt les zones tempérées ; la M. longimana est très rare dans nos mers etextraordinairement rare dans la Méditerranée (192). Les Ziphius sont aussi des Cétacés cosmopolites, de mème que les Orques et les Pseudorea. On a recueilli des restes du Ziphius caviros- tris depuis les îles Shetland jusqu'aux îles Falkland, et depuis la Nouvelle-Zélande où il paraît très abondant jusque dans les régions septentrionales du Pacifique. Il n’est pas très commun dans nos iners, mais il échoue assez fréquemment dans la Méditerranée, où P. Gervais l’a fait connaître le premier (177, 100). L'Orca gladiator se répand des côtes groënlandaises jusqu'en Tasmanie (183,507), il pénètre aussi dans la Méditerranée (55, 182). Le Pseudorca crassi- dens est plutôt un Cétacé des mers du Sud; une bande pénétra en 1864 dans la mer Baltique, mais Flower la considéra comme égarée; il abonde en Tasmanie. D'autres espèces cosmopolites appartiennent à des genres qui renferment des espèces localisées; c’est le cas du Globicephalus melas, du Delphinus delphis et du Tursiops tursio. Les très intéressantes études de Fischer ont montré jusqu’à quel point pouvait varier la éolo- rationetmêmelaformeextérieuredans le Marsouin etdans le Dauphin — 191 — 05,121 et 163); ces deux espèces présentent un très grand nombre de variétés ou de races, mais le Dauphin seul habite les deux hémisphères. Dans l'hémisphère sud il abonde sur les côtes d’Aus- tralie ; dans nos mers, il est surtout commun dans la Méditerranée, fréquente plus rarement la Manche et se rencontre à peine sur les côtes du Danemark ; le D. Bairdit du Pacifique septentrional est probablement identique avec notre espèce (191,3). Le Globicéphale se rencontre en Nouvelle-Zélande aussi bien qu'en Europe; il pénètre dans la Méditerranée; le Tursio va même plus loin el pénètre dans la Mer Noire (174,406) où il représente l’une des trois espèces mal connues signalées par Nordmann. Le cosmopolitisme du Delphinaptère est plutôt ancestral qu’ac- tuel. Ce Cétacé, en effet, habite les mers arctiques et antarctiques, se tenant toujours assez rapproché des glaces et dans tous les cas n'arrivant jamais à franchir l'équateur; cependant l'espèce des mers du Sud ressemble complètement à celle du Nord, non seulement par le squelette (183, 505), mais aussi par la couleur ; de sorte que, pour expliquer lisolement singulier de formes absolument ou très sensiblement semblables à chacun des deux pôles, ont est obligé de recourir à un ancètre commun dont les habitudes n'étaient pas les mêmes, mais qui ressemblait plütôt au Dauphin par un cosmopolitisme réel. Espèces locales. — Au premier rang des espèces locales se rangent les Baleines, renfermées chacune dans une aire plus ou moins étendue, mais ne traversant jamais les mers équatoriales. La Baleine franche occupe l'Océan arctique et n’abandonne jamais les glaces ; elle forme pour ainsi dire une couronne autour du pôle et ne double pas le cap Farewell situé au sud du Groënland. La Baleine de Biscaye s’étendait autrefois de l'Islande au golfe de Gascogne, mais elle se rend aujourd'hui, autant qu’on le sait, de cette région aux côtes orientales de l'Amérique du Nord. Dans son retour pendant la saison froide, elle s’égare parfois et pénètre dans la Méditerranée, c'est ainsi qu'un individu d'assez grande taille échoua à Tarente le 9 février 1877 et fut pris par Capellini pour une espèce distincte, voisine de la Balæna australis. Nous n’ajouterons rien à ce que nous avons dit sur les migrations et la distribution géographique de la Baleine du Japon, des Baleines du Sud et du Rhachianectes des côtes californiennes. Parmi les Ziphioïdes, le Ziphius cavirostris présente seul une distribution géographique très étendue ; toutes les autres espèces — 192 — sont localisées. L'Ayperoodon (H. rostratus) habite en été les mers arctiques ; on le trouve sur les côtes de la Nouvelle-Zemble, dans les détroits de Davis et d'Hudson (201, 727) ; en hiver, il ne parait pas descendre beaucoup vers le sud : il pénètre quelquefois dans la Baltique (194, 66), dans la Manche et très rarement dans la Médi- terranée : un individu échoua près d’Aigues-Mortes en 1880 (55,102; Les Mésoplodons habitent presque tous les mers du Sud; le M. Layardii s'étend du Cap à la Nouvelle-Zélande, le M. densirostris fréquente l'Australie ; le H. Grayi habite la Nouvelle-Zélande ; une seule espèce est localisée dans notre kémisphère, c’est le M. Sower- byi dont on a noté les échouements depuis la Suède jusque sur les côtes de France; un individu échoua sur les côtes de Sicile en 1790, mais depuis cette époque on n’en a plus trouvé dans la mer Médi- terranée (194, 108). Le 41. europœus de Gervais est une espèce dou- teuse représentée jusqu'ici par un seul individu qui échoua dans la Manche. Le Berardius arnouxii est un grand Ziphioïde qui habite la Nouvelle-Zélande. Sa distribution géographique rappelle un peu celle du Kogia, petit Cachalot dont le champ de distribution com- prend l'Australie, les mers du Japon (174, 408), et la mer des Indes (70, 348). De tous les Delphinidés, le Narval à la distribution géographique la plus limitée et c’est une des rares espèces qui ne donne pas de représentants aux deux hémisphères. Il habite les mèmes eaux glacées que le Delphinaptère, et n’échoue que très rarement sur les côtes européennes ; un individu fut capturé en 1736 à l’embou- chure de l'Elbe et un autre en 1800 sur les côtes du Lincolnshire (70,525). Un autre genre, celui des Cephalorhynchus est, par contre, exclusivement localisé dans les mers du Sud : le C. heavisidii habite les mers du Cap et ne diffère probablement pas du C. capensis et du C. hastatus qui se rencontrent dans les mêmes eaux ; le C. hectori fréquente les côtes de la Nouvelle-Zélande et le C. eutropia celles du Chili. Quant au Neomeris phocænoïdes, espèce de Marsouin dépourvu de nageoire dorsale, on le rencontre dans l'Océan indien et dans les mers du Japon (183,506). Le genre Feresia, comme le précédent, n’est représenté que par une espèce, la F° attenuata également des mers du Sud. Les autres Delphinidés non fluviatiles donnent tous des représen- tants aux deux hémisphères. Les Marsouins(Phocæna) sont représen- tés dans nos mers par le P. communs. Cette espèce abonde sur les côtes orientales et occidentales de l'Atlantique, et atteint vers le Nord les parages du Groënland; jamais elle ne pénètre dans la Méditerranée. = Le P. vomerina du Pacifique septentrional est une espèce très voi- sine, sinon identique ; il en est de mème du P. spinipennis de l'Atlantique méridional. Les Globicéphales sont représentés par une espèce cosmopolite, le G. melas dont nous avons parlé; mais on connait une autre espèce dont la distribution est presque aussi étendue, c’est le G. macrorhynchus des mers du Sud, de la Guade- loupe et des côtes de Californie (183,509). Les Lagénorhynques sont représentés par un grand nombre de formes souvent peu distinctes: le Lagenorhynchus albirostris habite l'Atlantique septentrional avec un certain nombre d'espèces au moins très voisines (L. acutus L. perspicillatus. L obliquidens). Le L. fusiformis d'Owen fréquente les côtes de Madras et correspond probablement au L. articus de Gray, enfin le L. clanculus se ren- contre dans le Pacifique (183,511). Les Prodelphinus sont aussi très variés dans leur distribution; le P. marginatus se rencontre dans la Manche, dans l'Océan et dans la Méditerranée, le P. dubius dans les mers du Sud, le P. obscurus dans les mers du Cap et peut-être dans le Pacifique (483, 496-499). Le Steno rostratus a un champ de distri- bution des plus étendus ; on ne l’a rencontré jusqu'ici toutefois, ni dans le Pacifique, ni sur les côtes d'Australie ; il ne paraît pas pénétrer dans la Méditerranée. Les Tursiops, qui sont déjà représentés par une espèce cosmopolite, comprennent aussi une forme particulière à l'Australie, le T. catalania (183, 478-481). Quant aux Grampus, leur champ de répartition est très vaste ; le G. griseus fréquente l'Atlantique et le Pacifique dans leurs régions septentrionales, pénètre dans la Méditerranée et descend jusque sur les côtes d'Afrique ; le crâne de G. richardsoni, trouvé au Cap, diffère bien peu de celui du G. griseus (183,510): Un certain nombre de Delphinidés établissent une transition naturelle entre les formes marines et les formes fluviatiles. Les Sotalia, par exemple, ne quittent pas le littoral ou fréquentent mème l'embouchure des fleuves : le S. quianensis se trouve à l’em- bouchure du Surinam dans la Guyane hollandaise, et le S. brasi- liensis dans la baie de Rio ; Flower signale le S. tucuri de l'Amazone comme peu distinct des espèces précédentes ; il indique également le S. sinensis (Dauphin blanc de Chine) dans la rivière de Canton et sur les côtes de Chine (183, 488-489). Le Pontoporia Blainvillei a les mêmes habitudes ; on le rencontre sur le littoral de la Patagonie et de la République argentine, ainsi qu’à l'embouchure de La Plata et des autres cours d’eau qui coulent sur ces CÔtes. — 194 — Les Orcella sont représentés par une forme d’estuaire et par une autre franchement fluviatile. L’'O. brevirostris habite l'embouchure des fleuves qui viennent déboucher dans le golfe du Bengale, et notamment dans les estuaires du Gange et du Brahmaputra, mais on ne le trouve jamais au-dessus du point où remontent les marées (50,369). L’O. fluminalis, au contraire, ne vient pas jusqu'à ce niveau ; il habite le fleuve Irawady, ne descend jamais jusque dans son delta et mème n'arrive guère qu'à deux degrès au nord de celui-ci ; il remonte dans le fleuve et dans ses affluents jusqu’au-dessus d'Ava et peut même atteindre le 24 degré de latitude (50,358-360). Le Platanista gangetica est également une espèce fluviatile, mais son extension géographique est plus vaste. Il abonde dans l’Indus, le Gange, le Brahmaputra et dans leurs affluents, mais on ne l’a observé ni dans le Nerbuddah, ni dans le Godavery, ni dans le sys- tème des rivières de Burma. Il pénètre dans les deltas de ce fleuve et s’y trouve même en grande abondance pendant la saison froide ; au printemps il remonte plutôt vers la source, et au mois de mai, quand les eaux sont basses, on le rencontre dans la Djemnah jus- qu'à Delhi (50,419-420). L'Amérique du Sud à un représentant fluviatile qui, par ses habitudes, correspond au Plataniste ; c’est l'Inia geoffrensis : il habite l'Amazone, qu'il remonte jusque dans le Haut-Pérou; on le rencontre aussi dans les principaux affluents, l'Uruguay, l'Ucayale, le Rio-Mamore et le Rio Madeira (50). Nous ferons observer avec Eschricht que toutes les espèces fluvia- tiles habitent la zone tropicale, et nous ajouterons, pour terminer, que certaines espèces marines remontent parfois assez loin dans les eaux douces ; le Marsouin, par exemple, pénètre dans la Charente jusqu'à Saint-Savinien (55,171), on l’a rencontré dans le Rhin jusqu’à Bonn et dans la Seine jusqu’à Paris. PHYLOGÉNIE Mon intention n'est pas de traiter complètement cette question, mais simplement de signaler les opinions diverses qu'on à émises au sujet de l’origine probable des Cétacés. Huxley considère les Cétacés comme des Carnivores adaptés à la vie aquatique etil les rapproche par conséquent des Pinnipèdes. Pour Flower (56 et 139), au contraire, les Cétacés auraient pour ancêtres des Ongulés de l’époque secondaire ; Hunter, depuis longtemps, avait remarqué les nombreux caractères que les Cétacés possèdent en RE abs MCE commun avec les animaux de ce groupe. Weber adopte une opinion intermédiaire; «les Cétacés, dit-il, à côté de caractères qui les rapprochent des Carnivores et notamment des Pinnipèdes, en pré- sentent d’autres qui appartiennent aux Ongulés; ils doivent dériver d’un type général de l’époque mésozoïque qui se tenait également près des Ongulés et des Carnivores quoique ayant plus d’affinités avec ces derniers. » (143, 54). Albrecht soutient une thèse absolu- ment différente. Pour lui, les Cétacés «ne sont, ni des Mammifères à sabot (Hunter) ni des Ours (Huxley) adaptés à la vie aquatique; ce sont les plus inférieurs de tous les Mammifères, ce sont les premiers représentants de cette classe qui aient apparu sur la terre, c’est-à-dire les animaux qui se rapprochent le plus des Promam- malia. » Et il ajoute : « Les Cétacés, dans leur évolution phylogé- nétique, ne sont jamais sortis de l’eau. Les Promammalia étaient des animaux aquatiques de nature céloïde, qui présentaient avec les Mammifères plus récents les mêmes rapports que les Enallio- sauriens avec les Sauropsidiens. » (142,347). Un des arguments principaux employés par Albrecht, c'est la multiplication du nombre des phalanges dans les Gétacés, et pour lui ce caractère viendrait des Poissons par hérédité directe. Leboucq à apporté un argument à cette thèse en montrant que « la main des Cétatés est un organe plus parfait à l’état embryonnaire qu'à l’état adulte. Dans le fœtus, dit-il, le carpe est plus compliqué, les phalanges des doigts sont plus nombreuses, il y a des muscles à l’avant-bras et à la main » (145,208). Par contre, Weber (143), Ryder (79) et Baur (144) ont établi que l'hyperpha- langie n’est pas héréditaire chez les Cétatés, mais acquise par adaptation et Baur a mème montré, en étudiant le curieux Macro- mirosaurus, que les Ichthyoptérygiens, comme les Sauroptérygiens, avaient pour ancêtres communs des Reptiles terrestres. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour reconnaitre les aflinités étroites qui relient les Cétacés aux Mammifères terrestres et l’on ne saurait adopter l'opinion d’Albrecht après une étude anatomique sérieuse, D'un autre côlé, comme on a pu le voir, les aflinités des Cétacés avec les Ongulés et notamment avec les Ongulés imparidi- gités sont très grandes et permettent de considérer comme très pro- bable l'hypothèse de Flower. Quant aux relations des Cétacés entre eux, elles sont très difficilesà établir; on n'ignore pas que les Mysti- cètes diffèrent moins que les Cétodontes des Mammifères terrestres, et l’on sait même depuis longtemps, gräce aux travaux d’Eschricht et de Reinhardt, que les Baleines sont à tous égardsles moins modi- EME fiés des Cétacés (20). Mais la détermination des aflinités que les Cétodontes peuvent présenter avec les Mysticètes est très difficile, et pour traiter cette question, la science attend encore des renseigne- ments plus précis que ceux dont on dispose aujourd’hui. PRODUITS Ambre gris. — L'ambre gris est le résidu de la digestion des Cachalots ; très employée autrefois, cette substance est aujourd'hui presque sans usage et on ne la connaïîtrait guère si Schwediawer ne nous en avait laissé une description très détaillée. « L’ambre gris, dit Schwediawer (195), estune substance solide, inflammable, d’un gris blanchâtre, parfois noirâtre qui, fondue ou brûlée, répand une odeur particulière, agréable à beaucoup de personnes, désagréable à d’autres. Tel qu'on le rencontre dans lecommerce, il varie de con- sistance suivant qu'il à été exposé à un air chaud ou froid. C'est une matière dure, cassante, susceptible de recevoir un poli mais sans acquérir jamais la finesse et la transparence du succin. En le grattant au couteau pour le réduire en poudre, une partie adhère comme de la cire à l'acier froid ; il adhère également aux dents si on cherche à le mâcher et produit la même impression sur les ongles. Complètement trituré, il a un goût terreux qui ne présente rien de particulier. Dans son état naturel il possède une odeur forte tout-à-fait caractéristique ; plus il est vieux, plus son oûeur semble devenir agréable; cette odeur s’exagère en le frottant entre les doigts, elle s’exagère aussi quand on le fond ou quand on le brûle. A une température modérée, il se résout en une huile épaisse, noirâtre, puis il fume, écume, et enfin disparait totalement sous la forme de vapeurs sans laisser aucun résidu charbonneux. Il se comporte de la même manière quand on le place sur un métal chauffé et il ne laisse d’autre trace qu’une tache noire; si le métal est chauffé au rouge, l’'ambre gris fond, s’enflamme instantané- ment, répand une fumée abondante et disparaît rapidement sans laisser la moindre trace; quand on l'approche de la flamme d’une bougie, il prend feu aussitôt et brüle avec une flamme claire et brillante jusqu’à ce qu'il soit consumé. Une aiguille chauflée au rouge pénètre facilement sa substance, laissant transsuder une huile noirâtre ; rien ne semble adhérer à l'aiguille, mais celle-ci présente les mêmes caractères que si on l’avait plongée dans de la cire. « L'ambre gris est si léger qu'il flotte, non-seulement sur l’eau — 197 — de mer, mais aussi sur l’eau douce. Sa couleur est d’un gris blan- châtre, quelquefois jaunatre, parfois noirâtre; la première teinte est la meilleure. Tout ambre gris conservé pendant un certain temps, se couvre d’une poussière grisàtre dont il paraît sau- poudré comme le chocolat. Sur la cassure, sa texture paraît granu- leuse et, dans certains fragments, stratifiée par couches. La pre- mière sensation au toucher est rude, mais si on le frotte entre Îles doigts, il donne la sensation d’un savon dur ou plutôt celle de la roche que les minéralogistes nomment smectis (argile smectique, ou peut-être stéaschiste). «€ On le trouve flottant à la surface de la mer ou ensablé sur le rivage, ou même quelquelois rejeté à une certaine distance des côtes, sur les rivages de l’Atlantique, sur les côtes du Brésil, sur celles de Madagascar, de l'Afrique, des Indes occidentales, de la Chine, du Japon, des îles Moluques. La plus grande partie de lambre gris qu’on importe en Angleterre, arrive des îles Bahama, de la Providence. » Un baleinier, dit P. Gervais, en a retiré parfois une masse de 130 livres du corps d'un Cachalot (70, 304). On à eu très longtemps les idées les plus fausses sur l’origine de celte matière; « Albert le Grand et avant lui Marco Polo, dit Van Beneden, connaissaient parfaitement son origine que l’on avait attribuée tantôt à des Oiseaux, tantôt à des Phoques ou à des Cro- codiles, et on avait même été jusqu'à supposer qu’il provenait d’une fontaine bitumineuse sous-marine, » (194, 26). L'Écluse avait aussi, sur ce sujet, des idées assez exactes : « Croyez-moi, dit-il, l’ambre n’est autre chose qu'un résidu d’aliment amassé pendant longtemps dans l'estomac (ou dans l'intestin) de la vraie Baleine. » (1) Il fau- drait supprimer le dernier membre de phrase, car on sait depuis longtemps que les Mysticètes ne produisent pas d’ambre gris. Les Japonais, du reste, qui recueillaient aussi l’ambre gris, n’ignoraient pas son origine ; ils l’appelaient Kusura no sun, ce qui veut dire excrément de Cétacé. La description donnée par Schwediawer s'applique exclusive- ment à l’ambre gris absolument pur, mais non à la matière telle qu'elle est rejetée. Celle-ci, en effet, se trouve ordinairement remplie de becs de Céphalopodes, ce qui prouve, comme le fait observer Schwediawer, que sa substance à dû passer d’abord par lPétat liquide ou au moins par un état pâteux très prononcé. La présencede ces becs suffirait à elle seule pour faire admettre que l’ambre gris est rejeté (4) Guibourt et Planchon. — Histoire naturelle des drogues simples, T. 4. 1876, p.119: — 198 — par un animal teuthophage. Mais quel est cet animal ? Schwe- diawer indique le Cachalot et n’en désigne pas d'autre, il fait mème observer, ce qui correspond parfaitement aux différences de taille sexuelles, que les masses d’ambre gris rejetées par la femelle sont plus petites que celles données par le male, et il ajoute que le Ca- chalot se nourrit de Sepia octopodia ou « cuttle-fish », termes qui correspondent à une idée générale très juste, mais qui, dans le détail, se contredisent, puisque la Sépia est décapode, tandis que le Poulpe est octopode. Il est probable que les Céphalopodes dont se nourrit le Cachalot sont très variés comme espèces et que l'animal ne se contente pas d’avaler les Calmars et les Seiches qu'il rencontre, mais aussi les Poulpes, comme le fait observer Van Beneden (194,26) et très probablement l'espèce la plus mus- quée, l'Eledone moschata. I est probable aussi que tous les Cétacés teuthophages sont capables de rejeter de lambre gris bien que, jusqu'ici, rien ne vienne apporter une apparence de certitude à cette probabilité. Dans tousles cas, les Baleines et autres Cétacés à fanons ne rejettent certainement pas d'ambre gris, car ils se nourrissent de petits Crustacés pélagiques, comme la Baleine de Biscaye (58), la Baleine du Sud, étudiée par Roussel de Vauzème (1), la Balænoptera borealis (63) et la B. Sibbaldii (2) ; soit de petits Ptéropodes et de Méduses pélagiques, comme on le suppose pour la Baleine franche, soit de Crustacés et de Poissons, comme les Mégaptères et les autres Balénoptères. Dans quelle partie du corps se trouve l'ambre gris ? Schwediawer est très explicite à ce sujet : c'est dans les six ou sept pieds qui forment la dernière portion de l'intestin; ilajoute même que la subs- tance doit s’'emmagasiner dans la région qui correspond au cœcum, mais cette assertion, qui est donnée comme un fait positif par Guérin (200, 84), est tout à fait dénuée de fondement, car on sait quele Cacha- lot, comme tous les autres Cétodontes à l'exception du Plataniste, est dépourvu de gros intestin et de cœcum (14, 143). Autrefois quand les Baleiniers capturaient un Cachalot, ils lui ouvraient immédiate- ment la portion terminale de l'intestin afin de recueillir l’ambre gris ; ils avaient même observé, dit Schwediawer, que les individus malades en renferment plus fréquemment que les individus sains (3) et que, dans ce dernier cas, on observe dans les parois intesti- (1) Roussel de Vauzème. — Description du Cetochilus australis, nouveau genre de Crustacé branchiopode. Ann. se. nat. t. 1, 1834, p. 334. (2) Plusieurs éstomacs de cette espèce ont été rapportés au Muséum par M. Pouchet; tous élaient remplis par des Crustacés que je regarde comme des Palémons de petite taille. (3) C’est aussi l'opinion du capitaine Scammon. . 199 nales des tumeurs et des ballonnements morbides. Quand la ma- tière est rejetée avec les excréments, elle n’a ni la consistance, ni la couleur, ni l'odeur de lambre vieux ; néanmoins les pècheurs la recueillent aussitôt qu’elle vient flotter à la surface. Il est pro- bable qu'elle se forme dans l'intestin par couches concentriques successives, car cette disposition, déjà signalée d'après Schwediawer, a été aussi reconnue par Guibourt. L'alcool bouillant ne dissout pas entièrement l'ambre gris, mais il abandonne par refroidissement un corps blanc, cristallisé, fusible à 35°, qu'on désigne sous le nom d’ambréine. Cette substance est soluble dans les dissolvants ordinaires des matières grasses et sa composition, établie par Pelletier, se rapproche un peu de celle de la cholestérine : carbone 83,37, hydrogène 13,32, oxygène 3,31. A la distillation, l'ambre dégage de l'acide benzoïque auquel il doit son odeur. Traité par l'acide nitrique jusqu'à cessation de va- peur, puis par l’eau et le carbonate de plomb, il donne l'acide am- bréique dont la composition également établie par Pelletier est la suivante : carbone 51,96, hydrogène 7,07, oxygène 8,59, azote 32,37 (200, 84-85). L'ambre gris ne sert plus guère qu'à la parfumerie; il était autre- fois employé dans la pharmacie et il faisait partie de lessentia ambræ d'Hoffmann, de la fénctura regia du codex parisien et du troschisci de ambre de Wurtemberg (195). D'après Guérin, la seule préparation officinale qui se pratiquait encore en 1874 était la tein- ture d’ambre : ambre 800, alcool à 80, 1000 (200, 85). Schwediawer raconte qu'il en prit une fois 90 grammes sans éprouver d'effet appréciable, mais il ajoute qu'un marin en prit une once et lui trouva des propriétés purgatives prononcées. Les pèlerins de la Mecque, ajoute-t-il, en font des fumigations et les Turcs l’em- ploient comme aphrodisiaque (196). Huiles des Cétacés. — La couche épaisse de lard qui enveloppe le corps de tous les Cétacés renferme une matière grasse complexe, huileuse, qui laisse déposer à froid des cristaux de cétène (sperma- ceti) au milieu d’une huile jaunâtre qu'on appelle suivant les espèces, huile de Baleine, huile de Dauphin, huile de Globicé- phale, etc. On pourrait done obtenir du spermaceti où blanc de Baleine, avec les huiles tirées du lard de tous les Cétacés, mais comme on est obligé de soumettre les téguments gras du corps à l’action de la chaleur pour obtenir les matières qu’ils contiennent, — 200 — on n'a jamais que des produits altérés et dans tous les cas de qualité inférieure (1). Telles qu’on les obtient par l’action de la chaleur sur le lard, ces huiles sont d’un jaune clair et ont une odeur de poisson prononcée. On peut en tirer par refroidissement une certaine quantité de cétine, mais toutes sont loin d’en renfermer une quantité notable; les petits Delphinidés n’en ont qu’assez peu, le Globicéphale en a davantage et les Mysticètes en sont toujours riches. Ces huiles varient en composition suivant les espèces. L'huile de Globicéphale, d’après Guibourt et Planchon, à une densité de 0,9718 à 20°; elle est très soluble dans lalcool surtout quand elle a perdu sa cétine et donne par la saponification les acides oléique, margarique et phocénique; ce dernier est volatil, il a pour formule CH1601, «Il se produit en outre deux huiles non acides et plus fusibles que l’éthal, ce qui semble indiquer dans l'huile du marsouin (à tète ronde) la présence de corps gras diffé- rents de l’oléine, de la margarine, de la phocénine et de la cétine, qui la composent principalement. » L'huile de Baleine contient, comme on sait, plus de cétine, mais elle renferme beaucoup moins des principes précédents (2). L'huile de Cachalot ne diffère pas sen- siblement de celle de Baleine, quant à l'huile d'Hyperoodon, qu'on obtient actuellement en grande quantité dans le nord, elle donne le centième de son poids de spermaceti, elle renferme 39 °/, de matière non saponiliable et ressemble énormément à l'huile de Cachalot. Le capitaine Davy, à qui nous ermpruntons ces détails (201,730), fait observer que, par l'action de l'acide sulfurique, l'huile devient d’un bleu pàäle, passe au violet clair et revient ensuite au brun, tandis que l'huile de Cachalot prend une teinte brun foncé et devient ensuite plus sombre avec un ton léger de violet. Les Berardius donnent également de lhuile et il en est de même des autres Cétacés ; toutes ces huiles, d’après Guérin (200,89) sont très avides d'oxygène, s’épaississent à lair et prennent un poids spécifique élevé. La quantité d'huile varie beaucoup suivant les espèces et surtout suivant les dimensions ; d’après le capitaine Scammon, les Mégap- tères donnent 40 barils d'huile et 6 barils de graisse viscérale, les plus grandes Baleines franches 200 barils, les grandes Balénoptères (1) Je tiens ces renseignements de M. le Professeur Pouchet qui m'a donné aussi de nombreux détails sur la manière dont on recueille le spermaceti dans le Cachalot. (2) Guibourt et Planchon. — Loc. cit., p. 116. . — 201 — 90 (47) et les Globicéphales 2 barils. Ces huiles servent à la fabrica- tion des savons mous, à l’apprètdes cuirs et à l'éclairage (200,88-89). Le Marsouin était pêché autrefois sur les côtes de la Manche ; « Les pècheurs, dit Fischer (55,175) s'étaient réunis en Société (Societates Walmannorum) et des madragues à Marsouins appelées « vasces » (vascæ) étaient établies sur toute la côte de Normandie, depuis la Brele, dont l'embouchure est au Tréport, jusqu’à l'embou- chure du Couesnon. Une foule de titres, du dixième au quator- zième siècles, sont relatifs aux droits de pêche du Marsouin. Les pêcheurs de la Seine apportaient ces Cétacés jusqu'à Londres. Le commerce de la chair et du lard était considérable ; la chair fraiche se vendait sur tous les marchés, salée ou séchée ; elle était exportée. L'huile servait à l'entretien des lampes d’églises. » Le même auteur rapporte que la Baleine de Biscaye, très commune au moyen-àâge et mème beaucoup plus tard, était chassée par les Basques et il ajoute que « dans presque toutes les vieilles maisons de Biarritz, existe uné pièce où l’on fondait l'huile de Baleine. En démolissant ces maisons, on trouve dans le sol des ossements de Cétacés el princi- palement des vertèbres qui servaient de sièges comme en Islande » (50,27). Spermaceti.— «Quelle est la nature du spermaceti? disait Thomas Brown en 1686. On doit se tenir sur une sage réserve, depuis que le savant Hoffmann, dans son travail de trente ans, à dit positive- ment nescio quid sit, el l'on ne s’étonnera point de la variété des opinions émises à ce sujet, les uns le regardant comme une fleur de la mer et d’autres comme une substance bitumineuse flottant sur les eaux. » On est un peu mieux renseigné aujourd’hui, mais on n’est pas encore fixé sur le processus suivi dans la formation de cette matière adipeuse. Pouchet et Beauregard (203 à 205), après Alderson (196), ont étudié la structure de l'organe qui, dans le Cachalot, donne le spermaceti; j'ai indiqué moi-même, d’après les deux pre- miers auteurs, la disposition des narines de cel étrange animal. C’est dans le vaste bassin, en forme de char antique, formé par le développement latéral et postérieur des maxillaires, qu'est logée la masse charnue énorme qui renferme le spermaceti. Ce n'est pas dans les sinus du crâne, comme on le dit fréquemment, que se trouve logée cette substance; elle est toute entière comprise dans cette masse puissante qui forme la face supérieure de la tète et le 26 — 202 — boutoir tronqué du Cachalot. Il n'y à pas non plus, à vrai dire, de réservoir à Spermaceti: au-dessus de la peau, on trouve du côté droit surtout, et sur la face dorsale de la tête, une épaisse couche d’un tissu blane et mou qui recouvre l'organe à spermaceti (204, 3/2); quand on étudie ce dernier, on trouve que la matière huileuse «est au milieu d’un tissu adipeux presque transparent, prodigieu- sement friable, où l'huile s’est peut-être épanchée en partie dans des sortes d’anfractuosités irrégulières creusées au milieu même de ce tissu. » Cet organe se développe autour des narines et parti- culièrement de la narine droite, mais il ne communique pas avec elles et les sacs nasaux en relation avec la narine du côté droit sont simplement englobés dans la masse, mais sans relation avec elle. Quant Panimal vient d’être capturé, m'a dit M. Pouchet, et pen- dant qu'il est encore chaud, on fait un trou à la surface de la tête et l’on puise avec des seaux le spermaceti liquide; quand la provision parait s'épuiser, un homme pénètre dans la cavité et, donnant des coups de pied dans tous les sens, brise les aréoles et les trabécules qui retiennent la substance jusqu'à ce qu'une quan- tité de liquide suflisante se soit accumulée pour permettre de la puiser à nouveau. Comme Hunter l'a fait observer depuis longtemps, le spermaceti ne diffère de l'huile des Cétacés que par la proportion beaucoup plus grande de cétine qu'il contient, et quand on le laisse refroidir, il laisse déposer cette substance en grande quantité. Du reste, comme le spermaceti est recueilli à l’état liquide et dans un état de transparence parfait, il est inutile de le soumettre à la fusion comme le lard et c'est là, surtout, ce qui lui donne sa prin- cipale qualité. D'après Guibourt et Planchon (1) ; Fhuilequi tient en suspension les lames de cétine est séparée par filtration ; la cétine ainsi obtenue, ou blanc de baleine filtré, est soumise à la pression, lavée à la potasse et à l’eau, puis fondue dans l'eau bouillante. Après solidification. la cétine est blanche, cristalline, brillante, onctueuse au toucher mais solide: elle fond à 44; l'alcool peut en ex- traire une huile incolore et il abandonne la cétine pure fusible à 490. La cétine est un éther cétylique beaucoup plusdifficilement sapo- nifiable que la plupart des corps gras. Chevreul à isolé le premier son alcool, l’éthal ou alcool cétylique C16H340 (197, 171) mais il croyait que l'acide combiné avec l'alcool était un mé- (1) Guibourt et Planchon. — Loc. cit. p. 117-118. — 203 — lange d'acide oléique et d'acide margarique ; en réalité, d’après Dumas et Péligot, ce ait de l'acide palmitique et d’après Heintz un mélange des acides stéarique, myristique, coccinique et cétique; ce dernier auteur, du reste, considère l'éthal comme un corps complexe formé par un mélange d'alcool cétylique et d’alcool stéarique (1). Le blanc de Baleine brüle avec une belle flamme blanche et très éclairante, il est surtout employé dans l'éclairage, dans la préparation des cosmétiques et en pharmacie, il entre dans la préparation du cold-cream. D’après Fischer (55, 99), le Golfe de Gascogne a été un parage très fréquenté par le Cachalot; on trouvait fréquemment l’ambre gris sur la côte et, au siècle dernier, Bayonne et St-Jean-de-Luz élaient des centres industriels pour la préparation du spermaceti. Les Basques le capturaient en même temps que la Baleine. D'autres cétacés, du reste, renferment une quantité notable de spermaceti dans leur bosse frontale et l'on pourrait presque dire, d'une manière générale, que tous les Cétacés dont la bosse est très développée sont capables d’en fournir. Au siècle dernier, Chemnitz annonçait déjà que F'Ayperoodon donne du blanc de Baleine comme le Cachalot, et de nos jours une chasse importante est faite dans le nord à cet animal pour en tirer à la fois l'huile et le blanc. D'après le capitaine D. Gray; il n'y à qu'une petite quantité d'huile incolore dans la bosse de la femelle; « dans le mâle, au lieu d'huile, on trouve une masse solide de graisse, semblable au melon d'eau, mais deux fois plus grande. » (201, 730). D'un autre côté, Van Beneden nous apprend qu'un mâle de Berardius capturé en 1866, donna 240 gallons d'huile fine et une quantité considérable de spermaceti logée dans la partie supérieure de la tête (194). I serait curieux de savoir si la bosse graisseuse du Globicéphale et du Plataniste renferme cette substance ; c'est l'opi- nion de P. Gervais, mais il serait bon de la vérifier. Produits divers. — On employait autrefois en pharmacie la dent du Narval, mais aujourd'hui on se contente de lutiliser comme ivoire ; on fait le même usage des dents du Cachalot et lon emploie aussi les os maxillaires très durs de cet animal. Nous avons vu plus haut que la chair du Marsouin était livrée à la consommation et vendue sur le marché. Il en était de même de €) Wurtz. — Dictionnaire de Chimie pure et appliquée, T. 1, 2° partie, p. SD. — 204 — la chair de la Baleine de Biscaye, comme le prouve ce quatrain, tiré des archives de Laval par Fischer (55, 27) : An 1590, — Poisson d'eau douce le caresme Ne nous fit pas moult grand apresme. Ainsi était celui de mer, Balayne, alouse, tout est cher. Anderson nous apprend que la chair et le lard du Plataniste sont mangés à l’occasion par les Indiens de la classe inférieure, et Scammon,qu'on prépare à la sauce certaines parties des viscères de la Baleine de Californie. De nos jours, les marins mangent assez fréquemment la chair du Dauphin et du Marsouin; elle n’est pas mauvaise, paraît-il, et sa consistance rappelle de loin celle du foie de veau. Je signale en passant les fanons des Mysticètes qui font l’objet d’un commerce important, mais qui deviennent très rares et très coûteux par suite de la disparition des Baleines. Les grands Cétacés sont activement poursuivis par les baleiniers el leurs représentants deviennent tous les jours moins nombreux. La Baleine de Biscaye, autrefois abondante sur nos côtes, a presque disparu complètement; dans le Nord, la Baleine francheest devenue également très rare et les pêcheries groënlandaises, si florissantes autrefois, n'existent pour ainsi dire plus. Depuis qu'on fait la chasse à l’'Hypéroodon, on a vu cet animal devenir de moins en moins répandu et on a observé le mème fait pour la Baleine de Californie. Ces géants de la mer sont donc sur le point de s’éteindre et, dans moins d’un siècle, les vraies Baleines du Nord seront probablement passées au rang des animaux disparus, comme la Rhytine de Steller. — 205 — LISTE DES PRINCIPALES QUESTIONS QUI ONT ÊTE L'OBJET DE RECHERCHES ORIGINALES DE LA PART DE L'AUTEUR Apophyses accessoires du Marsouin, p. 15. Structure des téguments du Dauphin, p. 30 et 31, fig. 1 et 2. Plis ventraux de la Balænoptera rostrata, p. 32. Laryox du Dauphin, p. 58-60. Trachée du Dauphin, p. 62-63. Glandes pulmonaires du Dauphin, p. 65. Ventricules de Morgagni du Dauphin, p. 69-70. Glandes laryngiennes du Dauphin, p. 70. Sacs spiraculaires et nasaux du Globicéphale et du Marsouin, p. 73-74. Pharyns et arrière-narines dela Bolænoptera rostrata, p. S1-82. Cœur de la B. rostrata, p. 91-92, fig. 3. Plexus thoracique du Dauphin et de la B. rostrata, p. 97-102, fig. 4 et 5. Artères génitales et iliaques du Dauphin et du Marsouin, p. 104-105. Veines et plexus veineux abdominaux du Marsouin male, p. 109-110, fig. 6. Sinus veineux du Rat d’eau, du Dauphin, du Marsouin, et de la B. rostrata, p. 111-112, fig. 7. Oreille osseuse de la B. rostrata, p. 138-140. Organes génitaux du Marsouin male, p. 152-155, fig. 8. Mamelles du màle (Marsouin, Globicéphale), p. 179-480, fig. 9. Les spécimens étudiés par Pauteur avaient les dimensions suivantes : Marsouin 1040, Dauphin 1"80, Baleineau 4, = 0e OUVRAGES CONSULTÉS ( TRAITÉS G ÉNÉRAUX, MONOGRAPHIES, ETC. 1. P. Belon. — De aquatilibus, Libri duo. Paris 1553. ?. G. Rondelet. — La première partie de l'histoire entière des Poissons. Lyon, 155$. 3. J. Hunter. — Observations onthe structure and Oeconomn of Whales. — Philosoph. Transact. t. 57, 1787, p. 371-450 ; pl. 16-23. . J. Fleming. — Description of a small-headed Narwal cast ashore in Zetland,Mém. of the Werner. Soc., t.1, 1808-1810, p. 131-148, pl. 6 D. Barclay and Neill. — Account ofa Beluga or white whale killed in the Firth of Forth. Mém. of the Werner. Soc., t. 3, 1817-1820, p. 371- 400 pl. 17:18. 6. G. Cuvier. — Leçons d'anatomie comparée. 7. K. Cuvier. — De l'histoire naturelle des Cétacés. Vol. et atlas; Paris, 1836. S. F. Cuvier. — Cetacea. Todd’s Cyclopedia of Anat. and Phys., t.1. = 1835-1836, p. 962-594. 9. T. 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(1) Dans le corps de l'ouvrage, les renvois bibliographiques sont inelus dans le texte el renfermés dans des parenthèses ; le premier nombre indique toujours le numéro de la liste bibliographique et quand deux numéros sont cités en même temps ; les deux nombres sont reliés par la conjonction el: Après le numéro bibliographique on trouve un nombre indiquant la page de l'ouvrage auquel on renvoie et quand plusieurs pages sont citées, deux nombres indiquent les pages extrêmes et sont reliés par un {rait d'union. —- 208 — 15. Eschricht. — Untersuchungen über die nordischen Walthiere. Leipzig, 1849. 16. Eschricht. — On the gangetic Dolphin, Ann. and Mag. of nat. Hist., 2e sér., t. 9, 1852, 161-188 et 279-373 ; pl. 5-7. 17. G. Gulliver. — Notes on a cetaceous Animal stranded on the north- east coast of Ireland, Proc. Zool. Soc. Lond., 1853, 63-67. 18. W. Thompson. — On the Occurrence of the Bottle-headed Whale, Hyperoodon bidens, Flem., and Remarks thereon, Ann. and Mag. of nat. 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Van Beneden. — Za distribution géographique des Balénop- tères, Bull. acad. Belg., 2e sér., t. 45, 1878, 167-178. 177. P.J. Van Beneden.— Un mot sur quelques C'élacés échoués sur les côtes de La Méditerranée el de l'Ouest de la France pendant le courant des années 1878-1879, Bull. acad. Belg., 2° sér., t. 49, 1880, 96-107. 178. P.J. Van Beneden. — Wémoire sur les Orques observé dans les mers d'Europe, Mém. acad. Belg, t. 43, 1880. 32 p. et3 pl. 179. P.J. Van Beneden. — Baleine échouée, le 7 janvier 1880, sur Les côtes de Charleston, Bull. Acad. Belg., 2° sér., 49, 1880, 313-315. 180. P.J. Van Beneden. — Un Hypéroodon capturé sur la grève d'Hillion (Côtes-du-Nord, France), en décembre 1880, Bull. acad. Bel. 8e sér., t. 50, 9-11. 181. P. J. Van Beneden.— Notice sur un nouveau Dauphin de la Nou- velle-Zélande, Bull. acad. Belg., 3e sér., t. 1, 1881, 875-882. 182. Flower. — On the Whales of the genus Hyperoodon, Proc. zool. Soc. Lond., 1872, 722-726 183. 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Be ET TON TS 21 TÉSTTON T0 OT RE RO ET EN MENACE le DELA NU 29 ADPAT EEE ES Li Se ee PR TE ai ADPALELIRRES DLFALOICE Sr ee see ee CL ET PR CA OU 57 ARDATOUNOLTOUIA LOC EN ee ee CE CP EE S7 CRCUTA ON PAT ÉRIELE E PP SS Veines. , Re ne uen aire eee lo tee lee ee Ce 106 SYSTMEUYMPHAIQUES EE Ne Ce UT SVSTOTLEMNE LEUR MI St «2 eee ent eee AO RAT CR TLS (D ME TA EC PE et Se me me eo u TT MDDATLIBAUCLE TER 0 es ce Me ee dE RTS OLACtION “otre eee ele ele ee I Ce EE EU 145 Infelligence instinct er re ce TT ATDDATOURINAITE EE er ee ee ee RE LU) ADpALO ET ÉNLtA MALE PE PRE Ne ne RE (52) AIDANT EN LUAlMEMELES A ce CR 162 DérETUSLERSESIMEMPrANES 0 M ee 0 7 Parturition, allaitement, croissance, asymétrie, parasites, , . . . . . , . 175 DiSÉRINUHONISÉOETAPRIIUE Er ee ET LRO EDVIGE A CE no D ln nc and mietouo ts We BOULES CM ane. etes Me te Dre EE ee US 100 Liste des'questions étudiées par l’auteur... 00 005 MiSte DIDHOBTAPRIQUE em Re 207 Fr TN ANS DÉEIES | NL 3 9088 00317407 5 nhkell QL737.C4B78 188 Les c:etac:es souffleurs,