LL RL ALL 2 asc AE PTE D NT 27 PERRET Gad rs CDS \ LA AN RETARS NAS RE \ SAN ES 2 2 PSE LS Te LL Z E CLÉS Cr LE LL EL : À RAS À \ AL N \ \\ \| s! CT Le LL RSS £, SL CÉRLE 2 LE ANA SAS N À \ KEANE NS PSS LS Ze. LP SENTE NA Ds LL ES . LS, S Fe À HS NN NN NS £ TRS LS £ PS ass N N \ AS K RAR e LE LS ms LEZ AURA AR ÉRRRENN RARE AN LI a ASE de 4 RAS \ Ÿ N SAONE LE CLÉS, LL ue, LE Ni ù NI a NS N N K NN RU NE AR N USA RES ‘ N LA AIS \ SR AAA RARE RAA AV AR RASE Ÿ RER à RAA NE N (2 }, ARS AN 4 À Ps : ARR SR AERt SSSR ere tree Sea ; PEROU ARE KE KA à £ ho se a fe ie NEA à qi SRE SL 1 \ NS NT à \ N NS NS MEANS Ÿ kS À AN à * LUI KR RAA RAR : N ARR \ù ARR W NI AIS LES NARARNEN oi . À . SR XL A KR LES LS Le LL MTS Pres Y LES ENCHAINEMENTS DU MONDE ANIMAL DANS LES TEMPS GÉOLOGIQUES FOSSILES PRIMAIRES ARE UE CR re AUS ELA = MoTrERoZ, Adm.-Direet. des mp. réunies, A, rue Mignon, 2, : d \ al Can À * L SE 4 n T » Fr LRU QE ï , 41 l 1 5 rs - À Û on £ rex Fe S : mu à ” Fe Fi Li ÿ ï x ne à È 1 É : (re f “ ï À £ Ï x ” 4 ï \ : e : 4 LS 4 2 : Li à < Û : É £ Fe è | È ï 7 = : 5 1 L L } 28 - D th MAO) ï 1! = TAN Au V 1 ‘ l ; ÿ \ | ñ (l L nl LI u 1 ï à ï Ï Ê EC 4 Abe 6 4 + ge AIT ‘ TE ‘ ? Ê k , ! 7 | € * 1 si ù 3 j) = \ LA : à 4 grandeur naturelle : £. tête; les autres (fig. 209) ont.eu leurs To sg 5 6 scene te seoments soudés comme ceux des thoraciques; 7, 8, 9, seg- Li ments de l’abdomen; tel. imules adultes. telson (d’après M. Henry Il serai LD ; à : & Woodward). — Silurien 2 L SEE d api end à quels supérieur de Leintwardine. sont les êtres qui ont pu avoir des aftinités avec ces bizarres créatures, si isolées dans la nature actuelle. Grâce aux travaux des deux Milne Edwards, de Lockwood, Packard, Dohrn, Richard Owen, on connaît bien les limules. M. Packard a montré l’apparente ressemblance qui existe entre le limule sur le point de sortir de sa coque (fig. 210) et les trilobites tels que les Trinucleus (fig. 188). I y a 1. Chez plusieurs isopodes actuels, tels que Livoneca et Nerocila, les épimères des segments thoraciques prennent un grand développement. 2. "Hyuovc, demi; &onxc, bouclier. - Eipos, Épée ; oÿpx, queue. . Néoc, nouveau et Limulus. C2 rs 14 210 FOSSILES PRIMAIRES. cependant, entre le limule etlestrilobites dont on a découvertles pattes, cette différence que les appendices locomoteurs ont été Fic. 208. — Belinurus ! bellulus, vu F1G. 209. — Prestwichia® anthraæ, vu en dessus, grandeur naturelle : t. tête avec grandes pointes gé- nales; th. thorax avec segments séparés; tel. telson en forme d'épée comme dans les limules actuels (d’après M. Henry Wood- en dessus, aux 2/3 de grandeur; on voit passer en dessous les appen- dices céphaliques p. : g. pointes génales; ({h. thorax à segments soudés (d'après M. H. Woodward). — Terrain houiller de Coalbrook- ward). — Houiller de Coalbrook- Dale. Dale. localisés dans le limule au-dessous de la tête (fig. 210), au lieu que, dans les trilobites, ils se montrent, dit-on, sous tous les F1G. 210. — Embryon de Limulus Polyphemus immédiatement avant l’éclosion, grandi. À. vu en dessus; B. vu de profil (d’après M. Packard). anneaux du corps (p. 197, fig. 199); ainsi le mérostome est un animal où les organes sont plus spécialisés, et il indique par conséquent une évolution plus avancée. 1. B£os, dard: oùpx, queue. 2. Ainsi nommé en l'honneur de l’éminent géologue Prestwich qui a le premier signalé ce crustacé dans son Mémoire sur la Géologie de Coalbrook- Dale. 3. Ces figures sont tirées d’une note intitulée : Æmbryology of Limulus Poly- phemus (The American Naturalist, vol. IV, p. 498, 1871). ARTICULÉS. 211 Si les ascendants des mérostomes ont pu se rapprocher des trilobites, leurs descendants ont pu se rapprocher des arach- nides. Chez les arachnides et les mérostomes, les appen- dices locomoteurs sont localisés au-dessous de la tête. Un habile zoologiste, M. Jules Barrois, en étudiant l’embryogénie des araignées, a indiqué dans ces animaux un stade qu’il a nommé limuloïde (fig. 211); suivant lui, ce stade où Fig. 211. — Stade limuloïde d’une FiG. 212. — Buthus occitanus du jeune araignée, grandie, vue sur Levant, vu en dessous, aux 2/5 de le dos (d’après M. Jules Barrois). gr. — Coll. zoolog. du Muséum. le thorax et l'abdomen sont distincts, rappelle l’état du xipho- sure silurien, l’'Hemiaspis. Le lecteur se rendra compte de lexactitude de ce rapprochement en comparant la figure 211 avec celle de l’'Hemiaspis (fig. 207, p. 209). On ne peut aussi manquer d’être frappé des analogies qui existent entre le Ptery- gotus et les scorpions (fig. 212) : un corps allongé avec de nombreux segments, des yeux placés de même, des antennes en forme de pince, quatre paires de pattes céphaliques. A la vérité, le scorpion a une respiration aérienne, tandis que le Pterygo- bus avait une respiration branchiale ; mais son peigne est un organe énigmatique qui s’expliquerait, si l’on admettait qu’il représentât la plaque branchiale d’un euryptéride devenue sans 212 FOSSILES PRIMAIRES. usage, lorsque cet animal a quitté la vie aquatique pour adop- ter les habitudes terrestres. Comme l’a fait remarquer très jus- tement M. H. Woodward, quand nous voyons tous les jours les crapauds et les libellules provenir de la transformation de bêtes aquatiques, nous devons être disposés à admettre que des scorpions à respiration aérienne ont pu avoir pour ancêtres dans les temps géologiques des animaux à branchies tels que les Plerygotus. Edriophthalmes" et podophthalmes”. — Ces crustacés sont aussi rares dans les terrains primaires que les trilobites y sont communs ; il semble que les crustacés les plus élevés “soient ceux qui ont paru le plus tard. M. H. Woodward a fait connaitre sous le nom de Præarcturus* gigas des fragments d’un crustacé découvert dans le dévonien de l’Herefordshire FiG. 213. — Acanthotelson Stimpsoni, grandeur naturelle (d’après MM. Meek et Worthen). — Houiller de l'Illinois. qu'il a supposé être un isopode* gigantesque. MM. Meek et Worthen ont rangé dubiltativement près des isopodes les genres carbonifères de l'Illinois qu'ils ont appelés Acanthotelson * (fig. 215) et Palæocaris*. Ces crustacés ont des caractères 1. “Eôpatos, sessile; og0aruos, œil. Les édriophthalmes sont les isopodes et les amphipodes. 2. Ilodc, moddc, pied et op0aïuoc. Les podophthalmes sont les stomapodes et les décapodes. 3. Præ, devant; Arcturus est un isopode actuellement vivant. 4. ’Isoc, égal; mode, modos, pied, parce que les isopodes ont des pattes sensi- blement égales. 9. ’Axavôa, piquant; t£\cov, extrémité; on appelle telson le dernier article qui forme la queue. 6. Ianœdc, ancien ; xapç, crustacé. ARTICULÉS. 213 mixtes; le premier, suivant M. Dana, appartient à un groupe intermédiaire entre les isopodes et les amphipodes. Quant au Palæocaris, ses tendances seraient vers les décapodes macrou- res. « Nous voyons en lui, ont dit MM. Meek et Worthen!, un de ces types embryonnaires ou compréhensifs qu’on rencontre si souvent dans les divers départements de la paléontologie, et qui fournissent auæ avocats de l'hypothèse darwinienne quelques-uns de leurs plus forts arguments. » Les amphipodes * ont été représentés par le Necrogamma- rus*, le Gampsonyx ‘, le Prosoponiscus”. M. Brocchi classe près de ces animaux un petit crustacé du permien d’Autun qu'il vient de décrire sous le titre de Nectotelson®. Il croit qu’il faut également regarder comme un amphipode le Palæocaris cité dans le précédent paragraphe. Quelques restes ont été attribués par M. H. Woodward aux stomapodes” sous le nom de Pygocephalus* et de Necroscilla”. Les décapodes®° les plus anciens que l’on connaisse sont les Anthracopalæmon" du terrain houiller. Bien que les déca- podes soient les plus élevés des crustacés, ils n’ont pas joué dans la nature des rôles principaux; les trilobites et les mérostomes qui, à certains égards, leur sont inférieurs, ont été rois dans le monde organique, tandis que les décapodes 1. Geology of Illinois, vol. III, 1868. 2. ’Augt, autour, auprès; moÿs, moûoc, pied; les branchies sont placées près de là base des pattes. 3. Nexpoc, mort; Gammarus, genre actuel d’amphipode; ce mot est tiré de xduuwapos, crevelte. Le Necrogammarus a été signalé par M. H. Woodward dans le silurien supérieur. 4. Faubèc, courbe ; ot, ongle. 5. Ipocwnov, visage, apparence; ov{oxoc, cloporte. 6. Nuxtèc, qui peut nager; téAcov, telson, parce que le telson est disposé de manière à pouvoir servir à la natation. T. Zroua, bouche; modc, moûds, pied. 8. TIUÉ, ruyès, derrière; xepaXn, lête. 9. Nexpoc, mort; Squilla, squille. 10. AËxa, dix; mods, parce qu’ils ont cinq pattes de chaque côté du thorax. M. Boas a publié un important travail sur l’évolution des décapodes. Copenhague, in-4°, 1880. AL. AVOGUEË, wxoc, charbon ; Palæmon, salicoque. 214 FOSSILES PRIMAIRES. ne l’ont jamais été. C’est que les trilobites et les mérostomes ont apparu dans un temps où 1l n’y avait pas encore de puis- sants poissons comme à l’époque carbonifère, de terribles reptiles comme dans les âges secondaires, de gigantesques cétacés comme ceux d'aujourd'hui, tandis que les décapodes se sont multipliés dans des mers où régnaient déjà des vertébrés. Ge ne sont pas les créatures les plus élevées qui ont eu les plus hautes destinées; l’importance des êtres a été subordonnée à celle de leurs contemporains. A rticulés à respiration aérienne. — De même que les crus- tacés supérieurs, les articulés à respiration aérienne, c’est-à- dire les arachnides, les myriapodes et les insectes, sont encore F16. 214. — Eophrynus Preslvicii, grandeur naturelle, vu en dessous pour montrer les stomates (d’après M. H. Woodward). — Houiller de Dudley. Col- lection Hollier. inconnus dans les parties les plus anciennes des terrains primaires. Les arachnides n’ont pas été rencontrés au-dessous du carbonifère, mais on en a recueilli dans ce terrain plusieurs échantillons très bien conservés; on en pourra juger par la figure ci-dessus de l’Eophrynus! (fig. 214) qui a été trouvé en Angleterre. M. Roemer a signalé dans le terrain houiller d'Allemagne une araignée, la Prololycosa? anthracophila , 1. ‘Ewc, aurore; opüvoc, bête venimeuse. 2. Toro, premier; Lycosa, genre actuel d’araignée, ARTICULÉS. 215 dont la pétrification n’est pas moins curieuse; elle montre non seulement les quatre paires de pattes avec tous leurs segments et les deux palpes, mais encore le tégument coriacé du corps el les poils attachés aux pattes. Comme les arachnides, les myriapodes n’ont pas été obser- vés au-dessous du carbonifère. L'existence de ces animaux pendant l’époque houillère a été révélée par la découverte du Xylobius!, de l'Anthracerps”, de l'Euphoberia* (fig. 215), etc. Fig. 215. — Euphoberia Brownü, aux 3/4 de grandeur (d’après M. Henry Woodward). — Terrain houiller de Glascow, Écosse. M. Scudder vient de signaler dans le houiller de l'Illinois un énorme myriapode, l’A cantherpestes *. Des insectes ont été découverts dans les couches dévo- niennes du Nouveau-Brunswick. Les cinq espèces qu’on a recueil- lies sont des névroptères et des pseudo-névroptères. L'une d'elles, la Platephemera * était gigantesque ; elle avait, dit-on, plus de 0",20 de largeur, quand elle étalait ses ailes. M. Scud- der, et plus récemment M. Hagen, ont étudié ces intéres- sants fossiles. Il faut avouer que la brusque apparition de né- vroptères bien développés fournit, dans Pétat actuel de la science, une objection contre l’idée du développement pro- oressif. À l’époque houillère, les insectes se sont multipliés ; les tra- d ÆEVhov, bois ; filoc, vie, parce que le Xylobius a été trouvé dans des troncs d'arbres. 2. ’AvüpaË, axoc, charbon ; Épnw, je rampe. 3. ES, bien ; v06£guoc, elfrayant. 4. ’Axavôæ, épine; Eprncts, animal rampant. 5. ITharc, large ; épnuepov, éphémère. 216 FOSSILES PRIMAIRES. vaux de MM. Scudder aux États-Unis, Woodward en Angleterre, Goldenberg en Allemagne, Preud’homme de Borre en Belgique, nous les ont fait connaitre. Il y avait des coléoptères de la fa- mille des charançons et de celle des scarabées; des orthoptères des familles des blattes, des sauterelles, des mantes; des névroptères nombreux. Une aile trouvée par M. Dawson dans le houiller du Canada annonce, suivant M. Scudder, un ortho- ptère qui avait, en étalant ses ailes, 0",177 de largeur. En France, la houillère de Commentry (Allier) a fourni à Fis. 216. — Protophasma Dumasii, à 1/2 grandeur : a. antennes; 0. œil; 1p.,2 p.,3 p. première, seconde et troisième paires de pattes ; À à. ailes de la première paire ; 2 4. ailes de la seconde paire ; ab. restauration imaginaire de l’abdomen (d’après M. Charles Brongniart). — Partie supérieure du houiller, Commentry, Allier. M. Fayol un grand nombre d'insectes que M. Charles Bron- gniart étudie en ce moment. Quelques-uns sont dans un état remarquable de conservation, comme on en jugera par le des- sin ci-dessus du Protophasma* (fig. 216). Le Titanophasma* dépassait les plus grands insectes de notre époque; il avait 0®,25 de long (sans les antennes). M. Charles Brongniart a 1. Ioütoc, premier ; oaoua, spectre. 2. Tirav, ävoc, Titan, géant, et oéop. ARTICULÉS. 217 fait observer qu’en général les insectes houillers différaient peu des formes actuelles et étaient déjà très élevés en organi- sation. D'après cela, il faudrait croire qu’à l’époque houillère les continents ont vu le règne des articulés, de même qu’ils ont vu à l’époque secondaire le règne des reptiles, et à l’époque tertiaire le règne des mammifères. Ce que nous con- naissons des articulés à respiration aérienne des temps pri- maires révèle des êtres qui ont achevé leur perfectionnement, et non pas des êtres qui sont en voie d'évolution. À cet égard, ils contrastent avec les articulés marins, car ceux-ci, ainsi que l’a montré le tableau de la page 183, parais- sent indiquer une marche évolutive : d’une part, le règne dans l’époque cambrienne et silurienne des crustacés les plus infé- rieurs, tels que les ostracodes, les branchiopodes, les trilobites, d'autre part, la tardive arrivée ou la rareté des crustacés les plus élevés favorisent l’idée d’un développement progressif. D’où vient ce contraste offert par les articulés à respiration branchiale et ceux à respiration aérienne? Il résulte peut-être en partie de ce qu’à l'exception de quelques vestiges trouvés dans le dévonien, tous les articulés à respiration aérienne jus- qu'à présent connus, proviennent du terrain houiller; ce terrain, quoique rangé dans le primaire, est récent compa- rativement aux couches cambriennes dans lesquelles on a déjà recueilli une multitude de crustacés. CHAPITRE XI LES POISSONS PRIMAIRES Il y a quelques années, allant visiter tout au nord de l’Écosse une pauvre cité qu’on nomme Cromarty, je vis une colonne qui domine le pays d’alentour et au sommet de laquelle a été placée la statue d'Hugh Miller; près de là, on me montra la chaumière où ce paléontologiste était né : c’est un touchant contraste que celui de cette glorieuse colonne et de cette humble demeure. Miller était un ouvrier carrier; en cassant Les pierres du terrain dévonien, il y trouvait des poissons fossiles. Son esprit en fut émerveillé ; un jour, 1l laissa la pioche pour prendre la plume ; il se mit à enseigner aux montagnards écos- sais la science nouvelle qui fait découvrir dans les pierres des créatures de Dieu, et ainsi augmente la grandeur de nos idées sur la Puissance organisatrice du monde‘. En vérité, ce sont d'étranges bêtes que celles dont Hugh Miller a étudié l'organisation. Plusieurs d’entre elles ont un cachet d'êtres embryonnaires. Il n’en est pas de l’histoire des premiers vertébrés comme de celle des premiers invertébrés; ceux-e1 se cachent dans des feuillets si vieux et si altérés, que d'ici à longtemps peut-être on ne pourra déchiffrer l'énigme de leurs commencements. Mais, comme les vertébrés sont moins 1. The old red sandstone, or New walks in an old field. Edinburgh, in-8, 1841. POISSONS. 219 anciens sur le globe, nous n’avons pas besoin de nous enfoncer aussi profondément dans les couches terrestres pour découvrir leurs débuts. Des vertébrés ont été découverts en Angleterre dans l'étage de Ludlow, à la partie supérieure du silurien. En Amérique, on n’en a pas encore rencontré plus bas que dans le dévonien infé- rieur appelé Schoharie Grit. Récemment, M. Marsh a fait l’histoire de l’arrivée et de la succession des vertébrés en Amé- rique” : « Dans l’état présent de la science, a-t-il dit, aucune vie verlébrée n’est connue avoir existé sur le continent améri- cain dans les périodes archéenne, cambrienne ou silurienne ; cependant, durant ce temps, plus de la moitié des roches stra- tifiées américaines a élé déposée. » Non seulement, à en juger par nos connaissances actuelles, les vertébrés ont paru plus tard que les invertébrés, mais encore ils se sont manifestés sous la forme de poissons, c’est- à-dire d'animaux à sang froid, se développant sans allantoïde, avec des membres incapables de servir à la préhension, ayant un cerveau très petit, représentant ce qu’il y a de moins élevé parmi les vertébrés : ce sont là des faits qui favorisent l’idée d'évolution. Si on laisse de côté le problématique Amphiozus, auquel sa nature molle n’a point permis de se conserver à l’état fossile, on peut partager la classe des poissons en deux sous-classes : celle des poissons cartilagineux tels que les raies, les squales, les lamproies, et celle des poissons osseux tels que les brochets, les anguilles, les lépidostés, les dipnoés. Les naturalistes sont en désaccord sur la question de savoir laquelle de ces deux sous-classes a la priorité. Cela provient de ce qu’ils les considèrent à des points de vue différents. Un poisson cartila- gineux, comme un requin, est plus élevé qu’un poisson osseux, par exemple un brochet, car il est plus rapproché des vertébrés 1. Introduction and succession of vertebrate life in America, An address deli- vered before the American Association at Nashville. Tennesse, Auguste 30, 1877. 220 FOSSILES PRIMAIRES. supérieurs ; un poisson dipnoé est plus élevé lui-même qu’un brochet, puisque sa respiration pulmonaire et d’autres carac-, tères le placent plus près des batraciens. Cependant, le brochet est un tvpe plus divergent, 1l a dû passer par plus de modifi- cations, il est plus poisson que les autres; par conséquent, il annonce un élat d'évolution plus avancé. Cartilagineux. — On désigne aussi ces poissons sous les noms de chondroplérygiens', de sélaciens* ou de placoïdes”*. Ils présentent de nombreuses différences avec les poissons osseux. Nous verrons que, dansles temps primaires, ces derniers ont eu également une parie de leur squelette cartilagineux ; mais cela a tenu à ce qu’appartenant aux anciens âges du monde, ils ressemblaient aux fœtus chez lesquels les éléments osseux n’ont pas encore envahi tous les cartilages; cet état a été transitoire, au lieu que, dans la plupart des pièces du squelette des poissons cartilagineux, l’état cartilagineux a été perma- nent. Les poissons de la sous-classe des cartilagineux, sauf ceux du groupe des lamproies, vivent actuellement dans la mer; il n’en a pas été ainsi à l’époque primaire. M. Davis a en recueil des débris dans la couche du terrain houiller du Yorkshire qu’on appelle le cannel-coal, et qui a été formée dans des eaux douces. En Allemagne et en France, on a fait de semblables remarques ; les dépôts permiens des environs d’Autun ont offert en même temps des plantes et des reptiles soit lacustres, soit terrestres avec des restes nombreux de poissons cartilagi- neux tels que les Pleuracanthus. Les débris des poissons cartilagineux qui ont été rencontrés dans les terrains primaires sont surtout des dents isolées. . XOvÔpos, cartilage; mtepüvov, nageoire. . Zéhuyoc, poisson cartilagineux. . IDGE, axdcç, plaque; eidoc, apparence. Ce nom a été imaginé par Louis Agassiz, parce que plusieurs cartilagineux, tels que les raies, ont leur peau renforcée par des plaques osseuses. CO 19 = POISSONS. 291 Quelques-unes de ces dents rappellent des animaux actuels ; par exemple celles du genre Psammodus! (fig. 217) se rappro- chent des dents des cestraciontes qui vivent maintenant dans les mers australes; mais la plupart sont différentes, comme on Fic. 217. — Dent de Psammodus F1G.218.— Dents d'Or'odus ramosus, porosus, à 1/2 grandeur. — Carbo- grandeur naturelle. — Calcaire nifère du comté d’Armagh, Irlande. carbonifère d’Oreton, Shropshire. Collection du Muséum. Collection du Muséum. en jugera par la figure 218 qui représente une pièce d'Orodus ?, et encore mieux par les figures des dents de Cochliodus*. Leur singularité les a rendues célèbres ; trouvées isolées comme ET Fie. 219. — Cochliodus (Strebbodus) F1G. 220. — Moulage d’une màchoire oblongus, grandeur naturelle. — de Cochliodus contortus, aux 2/3 Carbonifère du comté d’Armagh, de grandeur. — Carb. du comté Irlande. Collection du Muséum. d’Armagh. Coll. du Muséum. dans la figure 219, elles seraient restées incompréhensibles; heureusement on a pu en découvrir qui étaient en place dans la mâchoire, ainsi qu’on le voit dans la figure 220. Outre les dents, on rencontre des épines* analogues à celles 1. Waupoc, sable; odovs, dent. 2. ’Opos, colline; CLENES 2. Koyhias, av, Colimaçon; odovs. Ces dents simulent une spire comme une coquille de colimaçon; de là est venu leur nom. 4. Les paléontologistes donnent quelquefois à ces épines la désignation d’/chthyo- dorulites (:x00c, Vos, poisson; 86pv, lance ; Ac, pierre). 222 FOSSILES PRIMAIRES. des sélaciens actuels; la figure 221 en montre une qui res-. semble singulièrement à celles des animaux du groupe des raies qu'on appelle des mourines. Certaines de ces épines annoncent des poissons de grande taille; pour s’en rendre compte, il faut noter que la pièce représentée dans notre figure 292 est dessinée aux 9/9 de grandeur; j'en ai vu dans le Musée d’Édim- bourg qui sont encore plus fortes. Sauf les dents, les ai- guillons et quelques piè- ces dermiques, on connaît peu le squelette des pois- sons cartilagineux ; les Pic. 221. — Aiguil- animaux enliers sont des lon de Pleurata- raretés dans les collections thus * Frossardi, grandeur natu- de fossiles primaires. Il relle. — Permien moyen de Dracy- ù ” j FIG. 222. — Aicuillon en résulte qu'il est IMPOS- dorsal de Ctenacan- : Saint-Loup, près sible d'essayer de tracer ‘#* uybodoides, d'Autun. Collec- aux 3/5 de gr. — tion du Muséum. l’histoire de leur évolu- HouillerdeDalkeith, Écosse.Coll. du Mus. tion. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que sans doute leurs vertèbres ont été incomplètement ossifiées, car, si leurs corps eussent été aussi 1. IDevpov, côté; Gxavôa, épine, parce que, de chaque côté de l’aiguillon, il y a des piquants. Depuis l’époque où j'ai proposé le nom de Pleuracanthus Frossardi pour des épines trouvées dans le permien de Muse, nos collections ont reçu de nombreux échantillons de la même espèce recueillis dans le permien de Dracy- Saint-Loup. Dernièrement M. Davis a signalé sous le nom de Pleuracanthus pulchellus un aiguillon du cannel-coal de ja Grande-Bretagne qui ressemble beau- coup au Pleuracanthus Frossardi. 2. KrTetc, xTevos, peigne; &xavÜo, épine. POISSONS. 223 solides que dans les squales actuels, il est probable qu'ils se seralent COnservés,. Poissons osseux. — Il n'en est pas des poissons osseux comme des cartilagineux ; on en a recueilli de nombreux sque- lettes entiers. Lorsque nous suivons ces animaux à travers les âges géologiques, nous voyons qu'ils se sont trouvés dans deux étals différents : l’état téléostéen et l’état ganoïde. L'état téléostéen, ainsi que le nom l'indique‘, est celui d’un poisson où l’ossification est achevée. L'état ganoïde est celui des poissons dont l’ossification est incomplète; pour compenser la faiblesse qui en résulte, le corps est protégé par de grandes plaques ou des écailles osseuses couvertes d’un émail brillant; c’est ce qui a fait imaginer le nom de ganoïdes?. Comme bien d’autres désignations de classe, d'ordre, de famille, de genre, le mot de ganoïde est souvent appliqué à des animaux qui n’ont pas le caractère que leur titre semble indiquer : beaucoup de ga- noïdes n’ont pas des écailles ganoïdes. Le nom d’atéléostéen ° serait, dans un grand nombre de cas, préférable; mais, outre qu'il serait injuste de faire disparaître celui de ganoïde qui rappelle une des plus bellèës œuvres dues au génie d’Agassiz, le nom d’atéléostéen ne serait pas lui-même toujours exact, car plusieurs ganoïdes, notamment le polyptère et le lépi- dostée, aujourd’hui vivants, ont leur squelette bien ossifié : ceci prouve qu'il est impossible d'établir des séparations tranchées entre les êtres d’une même classe. Ce qui est bien certain (et c’est là une des plus curieuses révélations de la paléontologie), c’est que, si l’on place d’un côté les poissons osseux dont le squelette est inachevé, et d’un autre côté ceux dont Le squelette est achevé, on remarque que la plupart des premiers appartiennent aux anciennes époques, . Téeroc, achevé; 6otéov, 08. . Favos, éclat; eidoc, apparence. . Ateknç, inachevé; ootéov, 08. CO 19 224 FOSSILES PRIMAIRES. et que, sauf très peu d’exceptions, les seconds sont postérieurs aux temps primaires. Pour classer les fossiles, nous n’avons que les parties dures susceptibles de se conserver dans les couches de la terre. En se basant sur ces moyens imparfaits, on peut provisoirement par- tager les ganoïdes en deux groupes : les placodermes et les ganoides proprement dits. Placodermes. — Les placodermes sont les poissons ganoïdes qui ont, au lieu d’écailles, de grandes plaques dures ‘. Ce sont les plus anciens des poissons ; ils vivaient déjà à la fin des temps siluriens (étage de Ludlow); ils ont eu leur règne F1G. 223. — Scaphaspis Lloydii, aux F1G. 224. — Pferaspis rostralus, 2/3 de grandeur. — Dévonien aux 2/3 de grandeur. — Dévonien inférieur de Cradley, Hereford- inférieur de Cradley, Herefordshire. shire. Collection du Muséum. Collection du Muséum. à l’époque dévonienne. C’est parmi eux que l’on range le Sca- phaspis” et le Pterapsis* représentés ici dans les figures 293 et 224. Comme ces figures, faites d’après des empreintes, ne donnent pas de détails de structure, j'ai ajouté un dessin (fig. 225) copié dans un mémoire de MM. Powrie et Lankester. . IDE, axoc, plaque ; dépuu, peau. . Zxäon, barque; àon, bouclier. à 3. Irepov, aile et 4omic. M. Schmidt a émis l'opinion que le Pleraspis et le Sca- phaspis sont un même animal (Geolog. Magazine, vol. X, p. 152, 1873). 19 —= POISSONS. 225 Pour prouver que les Scaphaspis sont des poissons d’un caractère tout à fait initial qui marquent le passage de l’in- vertébré au vertébré, il suffit de rappeler l’histoire de leur découverte. En 1835, dans son grand ouvrage sur les pois- sons fossiles, Agassiz attribua leurs débris à des poissons. F1G. 225. — Portion de l’os qui représente la carapace du Scaphaspis Lloydii, aux 3/4 de grandeur (d’après M. Ray Lankester). — Dévonien inférieur de l’Herefordshire. Un peu plus tard, Rudolph Kner prétendit que ce n’étaient pas des restes de poissons ; 1l supposa que c’étaient des co- quilles internes de mollusques, analogues à l'os de la seiche. En effet, si l’on compare le tracé d’un os de seiche (fig. 226 ) © HE 16. 226. — Os de Sepia officinalis, F16. 227. — Restauration d’un os à peu près au 1/3 de grandeur. de Scaphaspris, d’après M. Ray Époque actuelle. Lankester, à 1/2 grandeur. et celui de la plaque singulière qui représente la carapace du Scaphaspis (fig. 227), on ne peut manquer d’être frappé de leur ressemblance apparente. En 1856, M. Ferdinand Roemer exprima l'opinion que la pièce attribuée par Kner à un mollus- que provenait d’un crüstacé, et 1l considéra la plaque d’un Scaphaspis du dévonien de l’'Eifel comme un os de seiche ; il linscrivit sous le nom de Palæoteuthis'. Deux ans après, À. Ilxxaoc, ancien; tevbc, calmar. 15 226 FOSSILES PRIMAIRES. M. Huxley étudia la structure des plaques du Scaphaspis, et déclara que c’étaient bien des os de poissons. Mais, pour enlever tous les doutes, il fallut que M. Ray Lankester eût, en 1863, la bonne fortune d'obtenir un morceau de Pterapsis”, = ee = FiG. 228. — Cephalaspis Lyelli, vu en dessus, à 1/2 grandeur: 0. orbites; p. nageoires pectorales; d. nageoire dorsale ; c. caudale (d’après M. Ray Lankester). — Dévonien inférieur de Glammis, Écosse. genre voisin du Scaphaspis, quiavait, contre sa plaque, des écailles semblables à celles des poissons. On ne saurait s'étonner que d’éminents naturalistes,comme Kner et Roemer, aient cru ces poissons primiufs plus près des invertébrés que des verté- brés. En effet, des vertébrés, qui justifient leur nom, de- vraient avoir des vertèbres; le Scaphaspis n'en montre pas plus de traces que l’'Amphioæus de nos mers actuelles. Les ver- tébrés ont leurs membres sou- tenus par des pièces solides; les Scaphaspis et leurs alliés n’ont aucun vestige de ces pièces ou d’un os interne quel- conque ; ils ont seulement une ou plusieurs plaques qui for- ment, à la périphérie, un lam- beau de cuirasse, comme chez les crustacés. Ces plaques, vues au microscope, n’ont pas laissé découvrir les ostéoplastes et les canalicules qui caractérisent en général * les os des vertébrés. 1. Irepov, aile; acc, bouclier 2, Même chez les poissons actuels, les os sont très souvent dépourvus d'’ostéo- plastes ; cela montre combien les poissons sont inférieurs aux autres vertébrés. POISSONS. 227 Les membres de la famille dont le Cephalaspis: (fig. 298 et 229) est le chef, ont apparu à la fin de l’époque silurienne, et n’ont pas dépassé le dévonien inférieur. [ls ont donc été les contemporains de la famille du Scaphaspis. La structure de leurs os est plus compliquée, car ils ont des ostéoplastes, comme le montre la figure 230. En outre, ils ont des nageoires F1G. 229. — Cephalaspis Lyellii, vu de profil, à 1/2 grandeur : p. nageoires pectorales; d. nageoire dorsale; €. nageoire caudale (d’après M. Ray Lankester). — Dévonien inférieur d’Arbroath, Écosse. pectorales p.,dorsale d., et caudale c. Cependant ce sont encore des poissons tellement différents de tous ceux qui existent ac- tuellement qu’on est embarrassé pour décider s’il convient de les ranger dans la sous-classe des poissons osseux ou dans celle des poissons cartilagineux. Ils sont dépourvus de vertèbres et Fi6. 230. — Section horizontale d’un lit moyen du bouclier de Zenaspis, grandie 200 fois (d’après M. Ray Lankester). d'os internes. Vainement chercherait-on dans leur tête les dispositions des poissons actuels ; on voit un bouclier (fig.228) où il est impossible de tracer les divisions des os du crâne; sa forme rappelle celle des trilobites; il a des prolongements qui 1. Kepaïn, tête et äonxc, bouclier, à cause du grand bouclicr céphalique. 228 FOSSILES PRIMAIRES. ressemblent à leurs pointes génales. Il est curieux de comparer à cet égard la tête du poisson Eukeraspis qui est un sous-genre de Cephalaspis, et la tête du crustacé A cidaspis. Le dessous de la tête des céphalaspidés a également des rapports de formes avec les trilobites. Tandis que le Cephalaspis et ses sous-genres rappellent les F1G. 231. —- Moule d'Auchenaspis Salleri (Egertoni), gr, nat. — Passage- beds (silurien le plus élevé). Ledbury, Herefordshire. Coll. du Muséum. ilobites, l’Auchenaspis" (Hg. 231) et le Didymaspis ? (fig. 239) rappellent les crustacés branchiopodes. Je ne peux mettre à côté l’une de l’autre la carapace du Didymaspis (fig. 239), et celle d’un Apus (fig. 235), sans remarquer leurs rapports de F16. 2932, — Didymaspis Grindroui, Fic. 233. — Apus productus, vu en gr. nat. (d’après M. Lankester). — dessus, grandeur naturelle. — Dévon. inf. de Ledbury. Époque actuelle. Environs de Paris. forme; on voit aussi que les yeux sont placés à peu près de la même manière. Les Pterichthys* (fig. 234) différent beaucoup des céphalas- pidés, mais, comme eux, ce sont d’étranges bêtes. En commen- çant son chapitre sur les Plerichthys, Agassiz s’est exprimé 1. ‘Avynv, évos, cou; &oms, bouclier. 2. Atôvuoc, double et &omic. 3. IItepôv, aile ; yOde, poisson. POISSONS. 229 ainsi : € [l est impossible de rien voir de plus bizarre dans toute la création que le genre dont nous allons nous occuper. Le même élonnement qu'éprouva Cuvier en examinant pour la première fois les plésiosaures qui semblaient porter un défi à toutes les lois de l'organisation, je l’ai éprouvé moi-même, lorsque M. H. Miller... me fit voir les échantillons qu'il en avait ramassés'.» Les Plerichthys se trouvent abondamment FiG. 234. — Plerichthus cornutus, à 1/2 grandeur, vu sur la face ventrale. Pour faire ce dessin, l’artiste s’est servi de l’empreinte et de la contre- empreinte, — Dévonien du nord de l'Écosse. Collection du Muséum. dans certains gisements, notamment à Lethen-Bar, dans le nord de l’Écosse. On en voit de nombreux échantillons dans les musées de Londres, d’Édimbourg, d’Elgin et de Forres. Pour faire saisir de suite leur bizarrerie, je dirai qu’à l’origine on à attribué leurs carapaces, tantôt à des insectes, tantôt à des crustacés, tantôt à des tortues. Je conçois qu’on ait eu quelque peine à reconnaître en eux de vrais poissons, car, bien qu’on les range parmi les verté- brés, ils n’ont aucune partie de leur colonne vertébrale qui soit 1. Agassiz, Monographie des poissons fossiles du vieux grès rouge ou système dévonien, p. 6, in-4°. Neuchâtel, 1844. 230 FOSSILES PRIMAIRES. endurcie. L’ossification, au lieu de se produire à l’intérieur, s’est portée vers la surface, de sorte que plus de la moitié du corps est enfermée et en partie immobilisée dans une cuirasse, F1G. 235. — Coccosteus decipiens, face ventrale, au 1/3 de grandeur; on voit en avant la partie du corps cuirassée, eten arrière le corps tout à fait nu, avec la notocorde entourée d’arcs neuraux et hé- maux. — Dévon. de Stromness, Orcades., Coll. du Muséum. comme chez les crustacés ; Les membres antérieurs sont eux- mêmes cuirassés et articulés à la facon de ceux des écrevisses ; ils semblent avoir été faits, non pour nager comme ceux des poissons, mais pour sauter ou marcher. La partie postérieure du corps est mobile, porte de petites écailles et des nageoires. Ainsi, on peut dire que le Pterichthys est partagé en deux portions : une antérieure par laquelle il se rapproche des invertébrés, et une postérieure par laquelle il appartient aux vertébrés. Le Coccosteus! (fig. 235) se rencontre dans les mêmes gise- ments que le Pterichthys ; comme il est bien plus grand et armé de dents aiguës (fig. 236), on suppose qu'il en fai- sait sa proie. Je donne ici un essai de restauration de cet ani- mal d’après les dessins d’Agas- siz, Miller, Pander, M. Huxley et d’après ce que J'ai vu dans les musées d'Écosse (fig. 237). Je n’ai pas mis de nageoires © © pectorales, parce que je ne connais pas leur forme; mais, À. Kôxxoc, grain; 0otéov, 0S, à cause des granulations de la surface des os. POISSONS. 231 suivant M. de Trautschold‘, des échantillons trouvés dans le dévonien de Ssjass indiqueraient que le Coccosteus avait de très puissantes nageoires pectorales. Ge poisson rentre plus franchement dans Île type vertébré que ceux dont j'ai précédemment parlé; il présente des com- FiG. 236. — Mächoire inférieure de Coccosteus decipiens, grandeur naturelle, d’après un échantillon que j'ai trouvé dans le dévonien moyen de Lethen- Bar, nord de l'Écosse. mencements de vertèbres. Chacun sait que, de nos jours, les vertébrés adultes ont une colonne vertébrale formée de petits os c. appelés centrum ou corps de vertèbres (fig. 258), qui sup- portent en-dessus un arc neural? n. servant à protéger la IRL Hi G d/ ITS NN We NN RRQ FiG. 237. — Essai de restauration du squelette de Coccosteus decipiens, au 1/3 de grandeur. — Dévonien moyen d'Écosse. moelle épinière, et en dessous un are hémal® X. servant à pro- téger deux grands vaisseaux sanguins. Lorsque nous suivons dans un aquarium le développement des jeunes poissons, nous voyons des individus où il n’existe pas encore de vertèbres ; on remarque seulement une corde blanche qui indique la future colonne vertébrale; cette corde on l'appelle la notocorde * ou Ueber Dendrodus und Goccosteus, in-8° avec 8 planches. Moscou, 1879. Nepov, nerf. Aîua, sang. N&roc, dos et yopèn, corde, = wo Lo = 232 FOSSILES PRIMAIRES. corde dorsale; les vertèbres ne se forment que plus tard. On peut supposer qu'il s’est produit, dans la série des temps géo- logiques, la succession des phénomènes que nous observons aujourd'hui dans un même individu depuis son état fœtal jusqu’à l'état adulte, car les poissons de l’époque silurienne semblent avoir eu une notocorde sans aucune ossification, et la plupart des poissons de l’époque dévonienne ont eu | un commencement d’ossification; c’est sur les arcs qu’elle s’est portée. Le Coccosteus (fig. 235) offre un exemple d’un poisson où les arcs destinés à protéger la moelle épi- nière et les vaisseaux sont déjà ébauchés, tandis que les corps des vertèbres ne le sont pas encore. La partie postérieure du corps de Coc- Pie. 228. —Vertèpre C0Steus était tout à fait nue; aucune écaille caudale d’un sau- n'empêche de voir son squelette interne; la mon, vie en avant, : Did : de grandeur natu- Partie antérieure du corps formait un cu- re ou rieux contraste ; elle avait une cuirasse très tèbre; n.are neu- solide; cela a fait dire à M. Richard Owen! : M5 arehémal € Coccosteus était armé comme un dragon français avec un fort casque et une courte cuirasse; nous voyons ses restes dans l’état où l’on pourrait un jour rencon- trer ceux de quelques-uns des soldats de la vieille garde de Napoléon, qui, ayant élé ensevelis tout habillés, seraient déterrés, dans le fatal champ de Borodino ou sur les rives de la Dwina. » L'illustre naturaliste, dont je viens de citer les paroles, pense qne le Coccosteus devait cacher dans la vase la partie postérieure de son corps qui était sans défense. Il ra- conle, sur l’autorité de M. Duff, qu’un petit poisson de l’Inde, le Pimelodus gulio, dont le corps est nu et dont la tête porte un casque très dur, s'enfonce dans la vase, et que, lorsqu'un poisson passe au-dessus de lui, il saute et le tue en lui 1. Palæontology, 2*° édition, p. 149. Edinburgh, 1861. POISSONS. 239 donnant un coup de sa tête cuirassée ; peut-être le Coccosteus se. comportait de même. On n’a pas encore des données bien précises sur la manière dont fonctionnaient les mâchoires de ce singulier poisson; une des orandes différences des animaux articulés et des vertébrés consiste dans le jeu de leurs mâchoires : chez les premiers, elles sont en général disposées horizontalement, celle de gauche opérant avec celle de droite; chez les seconds, elles sont placées verticalement; il y a une mâchoire inférieure dont les dents rencontrent celles de la mâchoire supérieure située du même côté. Il serait curieux de trouver des poissons primaires qui présentassent des transitions entre ces disposi- tions de mâchoires. Ganoïides proprement dits. — Tandis que le nom de placo- dermes a été donné aux ganoïdes dont le corps porte de F16. 239. — Amblypterus' macropterus (sous-genre Rhabdolepis) aux 2/3 de grandeur : L. b. lames branchiostèges ; p. grandes nageoires pectorales ; v. ventrales; d. dorsale ; c. caudale dont l'extrémité supérieure est enlevée ; an. anale. — Dans un sphérosidérite du permien de Lébach, Prusse rhénane. Collection du Muséum. erandes plaques, on a réservé particulièrement la désignation de ganoïdes à ceux qui ont des écailles (fig. 239) ; quelquefois 1. ’Au6}dc, émoussé ; rrepov, aile, rame. 234 FOSSILES PRIMAIRES. pour mieux préciser, on les appelle des ganolépides ou des lépidoganoïdes*. Les ganoïdes écailleux ont paru à l’époque dévonienne, pen- dant le règne des étranges placodermes; ceux-c1 ayant disparu à l’époque carbonifère, ceux-là ont pris un grand développe- ment; ils sont devenus très variés de forme et ont atteint une taille considérable, comme on en peut juger par l’écaille de Rhizodus®? représentée dans la gravure 242 et par la dent de Megalichthys * qui est figurée ici (fig. 240). FIG. 240. — Dent de Megalichthys Hibberti, aux 3/4 de grandeur. — Carbo- nifère de Burdie-House. Collection du Muséum. Depuis la curieuse découverte des Ceralodus vivants de l’Australie, on est porté à penser que plusieurs animaux clas- sés sous le titre de ganoïdes ont été des dipnoés *, c’est-à-dire des poissons qui respiraient à la fois par des branchies comme . Favôc, éclat; Aenics, (00c, écaille. . “Pia, racine; o8odc, dent. . Méyac, grand ; Ge, poisson. 4. At, deux fois; von, respiration. Pour se rendre compte de l’état inter- médiaire des dipnoés, il suffit de lire, dans le Recueil de la Palæontographical Society, le récit que M. Miall a fait de leur découverte : en 1837, Natterer reconnut que la vessie natatoire de la Lepidosiren paradoæa remplit les fonctions d’un poumon; Natterer et Fitzinger classèrent cet animal parmi les reptiles à côté des batraciens pérennibranches. En 1839. M. Owen décrivit la Lepidosiren (Proto- ptlerus) annectens et la regarda comme un poisson. MM. Bischoff, Gray, Milne Edwards ont mis les dipnoés avec les batraciens; Agassiz, Muller, Hyrt, Peters es ont rangés avec les poissons. Depuis l’étude du Ceratodus par M. Günther, on ne doute plus que les dipnoés soient des poissons. NS POISSONS. 239 les poissons ordinaires, et par des poumons comme les verté- brés supérieurs; tel serait notamment le cas du genre Dip- terus' qui, avec l’aspect d’un ganoïde ordinaire, avait une dentition presque semblable à celle du dipnoé actuel appelé Ceratodus. Assurément rien n’est plus instructif pour l’étude des enchaînements du monde animal que l’organisation de ces dipnoës qui nous révèlent des liens entre deux classes diffé- rentes de vertébrés. Malheureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, 1l nous est le plus souvent impossible de savoir si un poisson fossile a été un dipnoé, ou bien a respiré seulement par des branchies ; ainsi nous devons réunir sous Fic. 241. — Palæoniscus? Blainvillei, aux 2/3 de grandeur : d. nageoire dorsale ; c. caudale; a. anale; p. pectorale ; v. ventrale. — Permien de Muse près Autun. Collection du Muséum. un titre commun des animaux qui ont eu sans doute des rôles différents dans l’histoire de l’évolution. Le caractère le plus apparent qui distingue les ganoïdes est celui des écailles osseuses couvertes d’émail (fig. 241). Ces écailles indiquent des êtres mieux adaptés pour la vie passive que pour la vie active; elles formaient une cuirasse qui devait gêner le sens du toucher et les mouvements; en 1. Nommé ainsi parce qu’il a deux nageoires dorsales (dVo, deux; ntepèv, aile). Au sujet des relations de plusieurs ganoïdes anciens et des dipnoés actuels, on pourra lire une intéressante note de MM. Hancock et Athey intitulée : À few remarks on Dipterus, Ctenodus, and on their relationship to Ceratodus Forsteri (Ann. and Magaz. of natural history, 4 série, vol. VII, p. 190, 1871). 2. Jlxhatdc, ancien ; Oox0c, poisson. 230 FOSSILES PRIMAIRES. compensation elles constituaient une armure impénétrable; nul chevalier du moyen âge, en sa cotte de maille, n’a été mieux protégé que les poissons ganoïdes des temps primaires. La forme et les dimensions des écailles ont été très va- riables; tantôt elles étaient arrondies (Rhizodus, fig. 249), tantôt elles étaient en losange (fig. 241), et d’après cela on a distingué des ganoïdes eyclifères' et des ganoïdes rhombi- fères*. Quelquefois elles étaient très grandes (fig. 249); d’autres fois elles étaient si petites, qu’elles donnaient à l’en- F1G. 242. — Écaille du Rhizodus ornatus, représentée de grandeur naturelle sur la face interne; là où elle est brisée, elle laisse voir l'empreinte de sa face externe. — Carhbonifère de Burdie-House, Écosse. Collection du Muséum. veloppe du corps l'aspect d’une peau de chagrin comme dans les squales (fig. 245). Il résulte de là quelque ressemblance avec les poissons cartilagineux; cette ressemblance a pu être augmentée par la présence, en avant des nageoires, de grands piquants qui devaient être enfoncés dans les chairs, comme dans les cestraciontes (fig. 244). Mais ce ne sont là que des 1. Kÿxdoc, cercle; vépw, je porte. 2. “Pou60s, losange et oépw. POISSONS. 997 apparences; vues à la loupe, les écailles présentent l’aspect de celles des poissons osseux ganoïdes (fig. 245). FiG. 243. — Cheirolepis' Cummingiæ dans un nodule, aux 3/4 de grandeur : p. pectorale; a. anale; d. dorsale; c. caudale. — Dévonien moyen de Lethen- Bar, Écosse. Collection du Muséum. 4 Dans beaucoup de poissons dévoniens, les écailles se sont prolongées jusque sur les nageoires, ainsi qu’on le voit chez FiG. 244. — Diplacantlhus longispinus, à 1/2 grandeur : op. opercule; 1 d. pre- mière dorsale; 2 d. deuxième dorsale; c. caudale; an. anale ; v. ventrale; p. pectorale. — Dévonien de Gamrie, Écosse. Collection du Muséum. le ganoïde actuellement vivant dans le Nil, le Polyplerus. M. Huxley * a proposé de réunir dans un même groupe, sous 1. Xp, yerpds, main; kemte, écaille. 2. M. Huxley a donné de très intéressants détails sur les poissons anciens dans un mémoire intitulé : Preliminary essay upon the systematic arrangement of the fishes of the devonian epoch (Mem. of the geol. survey., Décade X, 1861). 298 FOSSILES PRIMAIRES. le nom de crossoptérygidés! (ou crossoptères), les ganoïdes qui présentent cette disposition. Le second caractère qui distingue les ganoïdes primaires, c'est l’imparfaite ossification des vertèbres. La colonne verté- F1. 245. — Écailles de Diplacanthus longispinus, grandies 5 fois, vues sur leur face interne?. — Dévonien de Gamrie, Écosse. Collection du Muséum. brale était entièrement ossifiée chez le Tristichopterus et le Megalichthys ; elle l'était dans la partie postérieure du corps du Dipterus; chez le Pygopterus, il y avait des rudiments de centrum. Mais les autres poissons trouvés dans les terrains primaires n’ont pas eu leur notocorde ossifiée; on trouve quelquefois des ares neureaux et hémaux; quant aux cen- trum, ils ne sont pas formés. J’ai fait représenter (fig. 246) un poisson du terrain permien, c’est-à-dire de la dernière époque des temps primaires, où la colonne vertébrale était encore à l’état de notocorde dans l’âge adulte comme dans les embryons des poissons actuels; les centrum ne sont pas ossifiés; on voit seulement de petits ares neuraux. Il y a là des faits qui ont une importance considérable : le centrum est la partie qui donne de la force aux vertèbres, et, comme la colonne verté- brale est l’axe sur lequel s'appuient les principaux organes 1. Kpocooc, frange; mteptytov, nageoire. 2. Cette figure est un exemple des difficultés de détermination qu'offrent parfois les échantillons fossiles; on croirait voir des écailles dirigées en avant. Mais, comme me l’a suggéré mon savant collègue du Muséum, M. Vaillant, il est pro- bable que, par suite du mode de brisure de l'échantillon, les écailles se montrent sur leur face interne; les parties placées en avant et qui semblent en saillie sont celles qui s’enfonçaient dans la peau ; les parties externes, qui faisaient réellement saillie sur le vivant et sont dirigées en arrière, sont cachées dans la pierre. POISSONS. 239 du mouvement, il est vraisemblable que les animaux primaires, dont les vertèbres étaient dépourvues de centrum, n'avaient pas Fi. 246. — Megapleuron Rochei, au 1/4 de grandeur. Pour cette gravure, M. Formant s’est aidé de l'empreinte du fossile et d’une contre-empreinte en plâtre, qui a été faite par M. Stahl. On voit en d. des plaques dentaires qui rappellent le Ceratodus ; les opercules sont en 0p.; il y a, au milieu du tronc, un vide not. laissé par la notocorde; de chaque côté s'étendent de grandes côtes; on remarque en n. des épines qui représentent les arcs neuraux ; de nombreuses écailles sont disséminées çà et là ; sur les points marqués éc., elles sont restées alignées. — Permien d’Igornay, Saône-et-Loire. Donné au Muséum par M. Roche. la même somme d’aclivité que les poissons actuels. Plus tard, dans le cours de cet ouvrage, nous verrons que le développe- 240 FOSSILES PRIMAIRES. ment de la colonne vertébrale a eu lieu, au fur et à mesure de l’atténuation des écailles osseuses qui protégeaient le corps; avant d’être devenus plus capables de se mouvoir et par consé- quent de se défendre, les poissons ont eu plus besoin d’être bien cuirassés; la solidification de l’exosquelette a été en proportion inverse de celle de l’endosquelette. Un troisième moyen de distinguer les poissons primaires de ceux des époques plus récentes est fourni par le mode de ter- minaison de la colonne vertébrale, ou, en d’autres termes, par la disposition de la queue. On a d’abord attaché beaucoup d'importance au plus ou moins d’inégalité des lobes de la queue, parce qu'on à remarqué qu’un très grand nombre de poissons primaires ont eu une queue à lobes inégaux, landis que les poissons osseux de l’époque actuelle ont une queue en apparence symétrique; on à appelé hétérocerques” les poissons dont la queue a des lobes inégaux, et homocerques* ceux dont la queue a des lobes égaux. Mais bientôt on s’est aperçu que, dans les temps anciens, 1l y a eu des poissons dont la queue avait des lobes très égaux, et que, de nos jours, la plupart des poissons homocerques ne sont que des hétéro- cerques modifiés. Nous commençons à connaître l’histoire de la queue des poissons; les dessins théoriques 247, 248, 249, 250, 251 montrent les phases par lesquelles la queue à passé dans les temps géologiques. La figure 247 représente l’état le plus simple sous lequel on puisse concevoir la colonne verté- brale ; elle diminue successivement, comme dans une queue de rat ou de lézard, et partage la partie postérieure du corps en deux moitiés égales; MM. M’Coy et Huxley ont proposé d’ap- peler diphycerque* cet état de régularité parfaite, pour le dis- tinguer de l’état homocerque qui est une hétérocercie dissi- mulée. Supposons que la colonne vertébrale se relève à son extrémité, et que ses apophyses hémales, au lieu de décroître . "Etepoc, autre; xép4os, queue . ‘Oudc, égal et x£pxoc. 3. Aupvnce, double; xép4os, queue. l 2 POISSONS. 241 progressivement, s’agrandissent et supportent un grand lobe caudal, il en résultera une queue d’un aspect irrégulier; on voit dans la figure 248 un dessin de semi-hétérocerque, c’est-à-dire F1G. 249. — Poisson hétérocerque, Fic. 251. — Poisson homocerque. d’un diphycerque qui est en voie de devenir hétérocerque; la figure 249 représente un vrai hétérocerque. Admettons en- suite que l’extrémité caudale de la colonne vertébrale ne s’est pas allongée, et que les apophyses hémales aient pris plus 16 242 FOSSILES PRIMAIRES. d'importance, on aura l’état appelé stégoure ! (fig. 250). Enfin, si les apophyses hémales se soudent pour former une grande plaque verticale d’une disposition à peu près régulière, on aura l’état homocerque (fig. 251). Dans ces modifications, ce qui me parait important, ce n’est pas que la queue soit restée droite ou se soit recourbée à son extrémité, mais c’est que la colonne vertébrale se soit terminée en pointe ou bien ait formé une grande pièce termi- nale ; pour appeler l’attention sur cette différence, on pourrait nommer leptocerques, ceux dont la colonne vertébrale se ter- mine en pointe, stéréocerques ceux où elle se termine par une large dilatation. Les leptocerques (soit diphycerques, soit hété- rocerques à des degrés divers) rentrent dans le type le plus ordinaire des vertébrés; aussi, bien que plusieurs d’entre eux, comme les anguilles, se soient perpétués jusqu’à nos jours, on constate qu’ils ont eu leur règne dans les âges pri- maires; les stégoures, qui marquent le passage des lepto- cerques aux stéréocerques, ont vécu surtout dans les temps secondaires; quant aux stéréocerques, on n’en à pas encore trouvé dans les terrains primaires ; ils caractérisent les époques plus récentes. On ne peut pas dire que les stéréocerques soient des créatures plus parfaites que les poissons dévoniens et carbonifères, mais on peut dire qu’ils sont plus spécialisés. Avec leur grande plaque caudale qui sert de gouvernail et augmente la force des coups de queue, avec leur colonne vertébrale bien ossifiée qui fournit de puissantes bases d'in- sertions aux muscles spinaux, avec leurs écailles molles qui ne gènent pas les mouvements, les poissons de notre époque sont mieux adaptés que leurs ancêtres des temps primaires pour la locomotion aquatique; ce sont les plus poissons de tous les poissons. Moquin-Tandon a dit” : « Les poissons savent avancer et reculer sans éfjort, lourner en tout sens, 1. Yréyn, toit ; oùpa, queue. 2, Le monde de la mer, 2° édition, p. 481, in-8°. Paris, 1800. POISSONS. 248 bondir, s’élancer el s'arrêter brusquement... Ils S'avancent, reviennent, se pressent, se forment en escadrons, Ss’épar- pillent, se réunissent de nouveau, s’égarent, disparaissent, el la trace de feu qu’ils ont laissée scintille encore à nos yeux émerveillés. L'agitation et l’inconstance de la mer semblent s'empreindre sur les êtres qui vivent au milieu de ses ondes, dans la souplesse, la rapidilé et la vivacité de leurs allures. » Sans doute les poissons primaires n’ont pas eu une vivacité pareille à celle des poissons actuels si bien décrits par l’ingénieux auteur du Monde de la mer. M. Alexandre Agassiz, voulant continuer les belles recher- ches que son père a faites sur la classe des poissons, s’est livré à l’étude embryogénique des poissons vivants, et, dans une série de mémoires remarquables, 1l a confirmé les idées de Louis Agassiz sur l'accord des développements paléon- tologiques et des développements embryogéniques ; les nom- breuses figures de jeunes poissons qu'il a données montrent que les poissons traversent depuis l’état embryonnaire jusqu’à l’état adulte les mêmes phases par lesquelles ils ont passé depuis les temps primaires jusqu'aux temps actuels. Aux remarques qui précèdent sur les caractères distinctifs des poissons primaires, je dois en ajouter quelques-unes qui sont importantes pour la discussion de la théorie verté- brale dont j'aurai à parler dans les pages suivantes. Ainsi je ne peux omettre de rappeler que, chez des poissons dévo- niens dont les vertèbres n’ont pas encore leur centrum ossifié, on trouve des côtes parfaitement formées. Je fus bien frappé de ce fait lors d’une excursion que je fis en Écosse à Saint- Andrews. Après m'avoir montré la curieuse collection de pois- sons fossiles qui appartient à l'Université de cette ville, le pro- fesseur Mac Donald me conduisit à la célèbre localité de Dura Den; chez le propriétaire du moulin de Dura Den, comme dans le musée de Saint-Andrews, il me fit voir de nombreux blocs de grès dévoniens couverts de poissons ayant tout à la fois des côtes très développées et des vertèbres incomplètement 244 FOSSILES PRIMAIRES. solidifiées *. La figure 246 représente un poisson permien où l’on observe le même contraste : les côtes sont très grandes, bien qu’il n’y ait aucune trace de corps de vertèbre. Je prie encore mes lecteurs de noter la ressemblance des nageoires paires qui représentent les membres antérieurs et postérieurs avec les nageoires impaires que l’on regarde généralement comme des parties dermiques. Un éminent anatomiste, M. Mivart, a publié récemment un mémoire où il a montré chez les poissons cartilagineux actuels la ressem- blance des nageoires paires avec les nageoires impaires, et il Fig. 252. — Tristichoplerus alatus, à 1/2 grandeur : s. et à. os qui soutiennent la seconde dorsale 2 d. et l’anale @.; r. rayons inter-épineux ; €. nageoire caudale dans laquelle on voit se continuer la pointe de la colonne verté- brale ossifiée ç. v.; 1 d. première dorsale; v. ventrale (d’après Egerton). — Pévonien d'Écosse. en a conclu que les unes et les autres devaient être également considérées comme ayant leur point de départ à la périphérie du corps. L’examen des poissons anciens confirme tout à fait ces remarques. Dans plusieurs d’entre eux, on voit les écailles s’avancer sur les nageoires impaires aussi bien que sur les nageoires paires. Le genre Tristichopterus * (fig. 252) qu’Eger- ton et M. Ramsay Traquair ont fait connaître, avait ses 1. M. Huxley a donné à l’un de ces genres de poissons le nom de Phanero- pleuron pour rappeler que les côtes sont très apparentes (gavepds, manifeste ; mhevpdv, côte). 2. Tpeïc, trois; otiyn, rangée; ntepov, aile, parce que la seconde dorsale et l’anale ont chacune trois rangées de gros inter-épineux. POISSONS. 245 nageoires dorsale et anale soutenues par des pièces qui ressemblent singulièrement à des os des membres; ces na- geoires devaient avoir beaucoup de force. Nous avons là un exemple frappant d’un déplacement de fonction; les nageoires les mieux adaptées pour la locomotion n'étaient pas celles qui sont les homologues des membres, mais e’étaient les nageoires impaires !; ainsiles parties considérées comme de simples dépendances de la peau remplissaient les fonctions dévolues spécialement aux membres chez les êtres supérieurs. Remarques sur la théorie de l’archétyge. — Tai rappelé que dans les temps primaires, on trouve des poissons trop élevés pour ne pas supposer que ce sont des Lypes déjà avancés dans leur évolution. Mais on y rencontre aussi des poissons si peu perfectionnés, qu'ils se rapprochent de la forme la plus simple sous laquelle nous pouvons concevoir le type vertébré ; il est permis de croire qu’ils ont été des descendants peu modifiés des prototypes ? vertébrés, c’est-à-dire des premiers vertébrés qui ont paru sur noire terre. Il m'a semblé intéressant de rechercher si l’étude de ces êtres primitifs indiquait des relations entre les prototypes vertébrés et le type idéal des vertébrés auquel on a donné le nom d’archétype*. Il n’y a pas de question qui ait plus préoc- cupé les anatomistes que la théorie de larchétype. C’est Oken qui l’a établie : € En août 1806, dit-il *, je voyageais dans le Hartz; comme je cheminais dans une forêt, je vis à mes pieds un cräne de chevreuil blanchi par le temps; le ra- masser, le retourner, le regarder, fut l'affaire d’un instant; c'est, m'écriai-je, une colonne vertébrale. Celle pensée me frappa comme un éclair, et, depuis ce temps-là, on sait que 1. Dans les poissons, la locomotion est effectuée surtout par les muscles attachés à la colonne vertébrale, au lieu d’être effectuée par les muscles des membres, comme dans les quadrupèdes et les oiseaux. 2. Ilpwroc, premier ; tÜmoc, type. 3. ’Apyn, domination et tÜüxoc. 4. Isis, p. 511, 1818. 216 FOSSILES PRIMAIRES. le cräne est une colonne vertébrale. » La théorie vertébrale devint bientôt célèbre; l’ensemble du squelette des êtres les plus élevés parut n'être qu’une répélition de parties homo- logues plus ou moins modifiées. Les panthéistes accueillirent favorablement la nouvelle doctrine qui paraissait révéler l'identité de parties en apparence différentes; elle fut acceptée de même par plusieurs spirilualistes, car les idées de simpli- cité de plan charment toujours les esprits philosophiques. Spix, de Blainville, Bojanus, Gœthe, Etienne Geoffroy Saint- Hilaire, Carus, Strauss, Gervais, M. Richard Owen, etc., ont, avec des variations diverses, adopté l’idée d’Oken. Les disciples de Démocrite et d'Épicure, a dit M. Owen, raison- naient ainsi : « Si le monde a été fait par un esprit ou une intelligence préexistante, c'est-à-dire par un Dieu, il faut qu'il y ait eu une Idée et un Exemplaire de l'univers avant qu'il fut créé... N'ayant découvert aucun indice d’un arché- lype idéal dans le monde ou dans quelqu'une de ses parties, ts concluaient qu'il ne pouvait y avoir eu aucune connaissance, ni intelligence, avant le commencement du monde, comme sa cause. » M. Owen a consacré à l’étude de larchétype un livre spécial !, et il s’en est occupé encore dans son À nalomie comparée des vertébrés *. Il pense que tout est vertèbre chez le vertébré, sauf quelques os que l’on trouve dans la peau, les viscères, ou qui se forment dans les muscles. Suivant lui, la tête serait composée de quatre vertèbres ainsi constituées : La vertèbre du nez comprendrait : Un centrum (vomer); Un arc supérieur (préfrontaux et nasal) ; Un arc inférieur (palatins, maxillaires, inter-maxillaires) ; Des appendices (ptérygoïdes, jugaux). La vertèbre &u front comprendrait : Un centrum (présphénoïde) ; Un arc supérieur (orbitosphénoïdes, postfrontaux, frontal); Un arc inférieur (tympaniques et mandibules). 1. Principes d'ostéologie comparée ou Recherches sur l'Archétype et les homo- logies du squelette vertébré, avec 15 planches et 3 tableaux, Paris, 1855. 2. Vol. I, p. 27 à 30. Londres, 1866. POISSONS. 247 La vertèbre pariétale comprendrait : Un centrum (basisphénoïde) ; Un arc supérieur (alisphénoïdes, mastoïdes, pariétal) ; Un arc inférieur (les os de l’hyoïde); Des appendices (rayons branchiostèges des poissons). La vertèbre occipitale comprendrait : Un centrum (basi-occipital) ; Un arc supérieur (ex-occipitaux, para-occipitaux, sus-occipital); Un arc inférieur (ceinture thoracique) ; Des appendices (humérus et les autres os du membre antérieur). Les vertèbres du tronc comprendraient : Des centrum; Des arcs supérieurs ; Des ares inférieurs représentés par les côtes, les pièces du sternum, les os du bassin, les os en V; Des appendices (membres postérieurs). On ne saurait nier qu’il soit possible d'imaginer un type dans lequel se retrouvent des traits communs aux différents vertébrés. Le poisson, le reptile, l'oiseau, le mammifère, ont un grand nombre de pièces dont les homologies sont manifestes. On a cherché à saisir le plan général de ces homo- logies, et, comme, au fur et à mesure du perfectionnement des vertébrés, la colonne vertébrale a pris plus d'importance, on à supposé un système dans lequel tout aurait été ordonné par rapport à elle. C’est dans ce sens qu’on peut entendre ces mots de M. Owen”: « L'idée de l’archétype se manifesta dans les organismes, sous diverses modifications, à la sur- face de notre planète, longtemps avant l'existence des espèces animales chez lesquelles nous la voyons aujourd'hui déve- loppée… La nature a avañcé à pas lents et majestueux, guidée par la lumière de l’archétype au milieu des ruines des mondes antérieurs, depuis l’époque où l’idée vertébrale s’est manifestée sous sa vieille dépouille ichthyique jusqu'au moment où elle s’est montrée sous le vêtement glorieux de la forme humaine. » 1. Ouvrage cité, p. 12 et 13. 248 FOSSILES PRIMAIRES. Si la nature actuelle offre certaines apparences qui expli- quent comment d’éminents naturalistes on! été portés à ima- giner la théorie de l’archétype, il n’en est plus de même pour la nature des temps primaires. Les plus anciens vertébrés connus sont l’opposé de l’archétype vertébré; personne ne pourra supposer qu’ils aient été dérivés d’un être qui aurait réalisé l’idée de l’archétype. En effet, ce qui caractérise l’archétype, c’est une colonne vertébrale composée de corps (centrum) avec des arcs en dessus et en dessous. Or les centrum manquent chez presque tous les anciens poissons, et les arcs n’ont pas encore été signalés dans les animaux des groupes Cephalaspis, Pteraspis, Pterichthys, elc.; ces animaux ont eu des os à l'extérieur avant d’en avoir à l’intérieur. Dans la théorie de l’archétype, le crâne est composé de ver- tèbres qui se sont agrandies ; par conséquent, si les premiers vertébrés, qui ont paru dans le monde, eussent été dérivés de l’archétype, ils devraient avoir eu un crâne de petite dimen- sion, et les vertèbres de ce crâne seraient facilement recon- naissables, car elles n'auraient pas eu le temps de subir de profondes modifications. Tout au contraire le crâne est très grand dans plusieurs des poissons les plus anciens, et rien ne ressemble moins à une réunion de vertèbres; le sus-occipi- tal, les pariétaux, les frontaux qui, dans la théorie de l’archétype, sont supposés des apophyses épineuses de ver- tèbres, sont aussi différents que possible de ces apophyses ; on ne distingue ni le basilaire, ni les ex-occipitaux, ni les alisphé- noïdes, ni les orbito-sphénoïdes que l’on a regardés comme des parties des vertèbres crâniennes. Le crâne a eu son complet développement avant les vertèbres; il n’est donc pas naturel de croire qu’il en procède. Dans la théorie de l’archétype, on admet que les os des membres sont des parties ou des appendices des vertèbres. Mais les poissons primaires ne nous permettent pas d'accepter cette supposition, puisque, chez plusieurs d’entre eux, la POISSONS. 249 formation des membres a précédé celle des vertèbres. En parlant du genre Tristichopterus (fig. 252), j'ai dit que la seconde nageoire dorsale et la nageoire anale ne sont pas sans analogie avec les membres des vertébrés; comme on ne prétend pas qu'elles dépendent de la colonne vertébrale, 1l n°y a pas non plus de raison de prétendre que les nageoires paires, c’est-à- dire les membres, sont des dépendances du système vertébral. Les animaux ont eu des pattes, longtemps avant d’avoir des vertèbres. Enfin, dans la théorie de l’archétype, les côtes des vertébrés sont supposées des parties de vertèbres interposées entre les parapophyses ou les centrum et les hémapophyses. Mais plu- sieurs des premiers vertébrés n’ont point présenté une telle disposition, j'ai rappelé que, dans le Phaneropleuron, il y avait des côtes bien développées, quoique les centrum ne fussent pas encore formés, et j'ai donné (fie. 246) le dessin d’un poisson qui a d'énormes côtes, el où cependant on n’aper- çoit aucune trace de corps de vertèbres. Les côtes n’ont pu être une dépendance du système vertébral, puisqu'elles ont été formées plus tôt que lui. Ainsi il n’est pas vraisemblable que les premiers vertébrés soient descendus d'êtres qui auraient réalisé l’idée du prétendu archétype. Mais alors on demandera de quoi ils peuvent provenir. Si J'avais à choisir entre les hypothèses de l’ori- gine des vertébrés primitifs tels que les placodermes, je les supposerais provenant d'animaux qui, au lieu d’avoir eu un squelette interne, ont eu une enveloppe externe comme les crustacés”. Ce qui donnerait quelque probabilité à cette 1. Il importe toutefois de faire remarquer que l’idée de faire descendre les vertébrés des invertébrés n’est raisonnable qu’à la condition de supposer dans les temps anciens des animaux sans vertèbres organisés autrement que ceux d'aujourd'hui; car il y a des différences profondes entre les vertébrés et les invertébrés. À l’époque actuelle, les poissons ont des cartilages, des os en phosphate et carbonate de chaux, leur vésicule ombilicale se continue avec le ventre, tandis que les crustacés ont de la chitine, n’ont pas de cartilages, n’ont pas de phosphate de chaux, et se développent en ayant la vésicule ombilicale sur le dos. 250 FOSSILES PRIMAIRES. supposition, c’est que plusieurs d’entre eux nous ont montré de singulières ressemblances avec les crustacés. Les philosophes qui ont imaginé l’archétype vertébré, ont eu en vue un germe d'abord microscopique, qui grandit, tout en restant le centre de la vie ; ils ont pensé que le développement a eu lieu de dedans en dehors. Mais l’étude de l'embryogénie nous montre qu'à l’origiae les granules nutritifs restent dans le centre et que les granules destinés à se changer en blastoderme se portent vers la périphérie; c’est là que l’organisation commence. Il peut en avoir été ainsi dans lévo- lution générale du monde animal : les animaux auront eu d’abord une solidification externe, c’est ce que nous appelons l’état crustacé ; plus tard ils auront eu un axe central ossifié, LR nee RTE EUR FIG-2259: c’est ce qu'on nomme l’état vertébré. Je ne suppose pas les vertébrés, à leur début, se rapprochant de la forme représentée one FIG. 254. dans la figure 253; je les suppose plutôt commençant sous la forme représentée dans la figure 954. Ce n’est pas en lui- même, mais c’est dans le milieu qui l'entoure qu’un être puise les éléments au moyen desquels 1l s'accroît; on conçoit donc que le développement ait pu se produire de dehors en dedans. CHAPITRE XII LES REPTILES PRIMAIRES Dès 1710, d’après les invitations de Leibnitz, un médecin de Berlin, nommé Spener, a décrit un reptile qui avait été tiré des schistes permiens de la Thuringe'. Mais, c’est seulement vers 1847, lors de la découverte des Archegosaurus, que l’at- tention des paléontologistes a été attirée vers les quadrupèdes des temps primaires. D’intéressants travaux sur ces animaux ont été publiés : en Russie, par Kutorga, Fischer de Waldheim, Eichwald; en Allemagne, par Goldfuss, Hermann de Meyer, MM. Geinitz, Fritsch, Credner, Deichmüller; en Angleterre, par MM. Owen, Huxley, Wright, Hancock, Miall, Athey; au Canada, par M. Dawson; aux États-Unis, par MM. Wyman, Newberry, Leidy, Cope, Marsh, etc. En France, sauf l’A phelosaurus”, trouvé par M. de Rouville auprès de Lodève, on n'avait signalé avant 1867 aucun reptile primaire. Aujourd'hui, nous avons le Protriton, le Pleuro- noura, l’Actinodon, l’'Euchirosaurus, le Stereorachis, tous extraits du permien des environs d’Autun; c’est surtout à MM. Roche père et fils, directeurs des usines d’Igornay, que 1. On a donné à cet animal le nom de Proterosaurus (mpôtepoc, prédécesseur et caüpoc, lézard). 2. 'Ageïne, simple et cadpoc, lézard. L’Aphelosaurus a été décrit et figuré par Gervais dans la Paléontologie française, 252 FOSSILES PRIMAIRES. nous sommes redevables de leur découverte. L’abondance des reptiles qu’on a retirés de couches, où on n’en avait jamais rencontré jusqu'à ces dernières années, prouve combien nous devons prendre garde de ne pas attribuer à la nature des lacunes qui n'existent que dans nos esprits ignorants. Les plus anciens reptiles connus appartiennent aux terrains carbonifère et permien, c’est-à-dire à la partie supérieure des formations primaires. Tandis que les invertébrés ont été nombreux dans les temps siluriens, et que les poissons, plus élevés que les invertébrés, ont eu leur règne dès l’époque dévonienne, les reptiles, supérieurs aux poissons, ne se sont multipliés qu’à partir de la période carbonifère. Il y a là des faits favorables à l’idée d’un développement progressif du monde animal. La classe des reptiles est divisée en deux : la sous-classe des reptiles anallantoïdiens, représentée de nos jours par les ba- traciens, et la sous-classe des reptiles proprements dits, ou allantoïdiens, tels que les crocodiles, les lézards, les tortues, les serpents. Tous les naturalistes s'accordent à considérer cette seconde sous-classe comme plus élevée que la première, car l’allantoïde est une extension du feuillet interne du blas- toderme qui sert à envelopper le fœtus, et est destinée, dans la plupart des êtres parvenus au stade de mammifère, à former le placenta. Comme le placenta met le fœtus en communication intime avec sa mère, et lui permet de prendre un grand déve- loppement avant de venir au jour, il marque un notable per- fectionnement. A la vérité, chez les reptiles proprement dits et chez les oiseaux, l’allantoïde ne se change pas en placenta; mais sa seule présence révèle une tendance vers les états les plus élevés de l’organisation. Il est impossible d'affirmer que les plus anciens reptiles aient été des anallantoïdiens; néan- moins, cela est assez vraisemblable, attendu qu’à en juger par leur squelette, ils se rapprochent plus des batraciens actuels que des reptiles allantoïdiens. Il y aurait là encore un indice favorable à l’idée d’un développement progressif. REPTILES. 253 Je ne peux exposer ici les formes si variées que plusieurs paléontologistes habiles ont mises en lumière. Je m’attacherai particulièrement à l’étude du Protriton, du Pleuronoura, de l'Archegosaurus, de l’Actinodon, de l’Euchirosaurus et du Stereorachis. Je choisis ces genres par la seule raison que je les connais mieux que les autres. [ls me semblent d’ailleurs assez bien représenter les principales gradations des reptiles primaires : le Protriton et l’Archegosaurus sont des types très peu élevés, l’Actinodon est plus avancé, l'Euchirosaurus l'est plus encore, et le Stereorachis est une des créatures les plus parfaites qui aient été découvertes dans les terrains primaires. Protriton et Pleuronoura. — En 1875 ° j'ai appelé l’atten- ton des paléontologistes sur des quadrupèdes d’une petitesse UT | Nu F1. 255. — Protriton petrolei, grandeur naturelle, vu sur le ventre. —- Permien de Millery, près Autun. Collection du Muséum. extrême, que l’on trouve dans le permien des environs d’Autun. Ils ont l’apparence de toutes jeunes salamandres qui auraient une queue très courte; je les ai décrits sous le nom 1. Sur la découverte de batraciens proprement dits dans le terrain primaire (Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 15 février 1875, el Bulletin de la Soc. géol. de France, 3° série, vol. II, séance du 29 mars 1879, pl. VIT et VIII). 254 FOSSILES PRIMAIRES. de Protrilon' petrolei. Je représente dans la figure 255 un des fl A1 ait CATAU [124 1 HAE F1G. 256. — Essai de restauration d’un squelette de Protriton petrolei, grandi 3 fois, supposé vu sur la face ventrale. On n’a mis qu’un des côtés de la mâchoire inférieure m. 1. pour laisser mieux voir la disposition des os de la tête : à. m. inter-maxillaire garni de dents; m. maxillaire: v. vomer; pu. palatin ; ju. jugal ; sph. sphénoïde ; p{. ptérygoïde ; ba. basilaire. On aperçoit sur le second plan les orbites or., les tympaniques {y., et les sus-occipitaux $. 0.3; v. ce. vertèbres cervicales; v. d. vertèbres dorsales ; v. L. vertèbres lombaires ; v. c. vertèbres caudales; co. côtes; cl. clavicule ; 0. omoplate; k. humérus ; r. c. radius et cubitus; me. métacarpiens; ph. phalanges ; il. iliaque; is. ischion; f. fémur; {. p. tibia et péroné; mf. métatar- sieus; ph. phalanges des paltes de derrière. — Permien des environs d’Autun. 1. Pro, avant; Triton, salamandre aquatique. Le terrain qui renferme le Pro- triton est exploité pour en tirer du pétrole. REPTILES. 955 plus grands sujets que je connaisse‘. Je joins un essai de restau- ration entrepris d’après ce que j'ai observé dans différents échantillons (fig. 256). Jusqu'à présent, l’époque primaire paraissait avoir été ca- ractérisée par des reptiles distinets des batraciens actuels ; on les avait décrits sous les noms, tantôt de labyrinthodontes”, tantôt de ganocéphales *, tantôt de stégocéphales *. Il m'a semblé que le Protrilon, comme aussi un petit fossile d’Alle- magne, l’Apateon*, et un autre des États-Unis, le Raniceps’, ne différaient pas autant des batraciens. Voici les raisons qui m'ont frappé : pour tous les paléontologistes, le principal carac- tère des labyrinthodontes est d’avoir les os placés derrière les yeux (post-orbitaires, post-frontaux, sus-temporaux) si déve- loppés qu'ils s'unissent pour former un toit continu; chez les batraciens, ces os sont très réduits ou supprimés, de sorte que les cavités des yeux sont relativement si grandes qu’il en résulte une forme de tête très différente. Dans le Protriton, les os situés en arrière des yeux sont bien moins développés que chez les labyrinthodontes”, et les orbites ont une gran- 1. Cet animal est notablement plus fort que les Protriton qui ont été trouvés par M. François Delille et dont j'ai donné la figure en 1875. 2. Ax6Vpivôoc, labyrinthe ; 65wv, dent. Ce nom a été donné par Hermann de Meyer, parce que les labyrinthodontes du trias, qui ont été étudiés les premiers, ont des dents d’une structure compliquée où les plis de dentine prennent un aspect labyrinthiforme. 3. Tévos, éclat; xeoann, tête. Le nom de cet ordre, dit M. Owen, est tiré des plaques osseuses sculptées et polies extérieurement ou ganoïides qui protégeaient loute la tête. Ces plaques comprennent les post-orbitaires et les sus-temporaux qui couvrent d'un toit les fosses temporales. M. Owen a réservé le nom de ganocé- phales aux labyrinthodontes où la notocorde est persistante. 4. Zréyn, toit; xepanñ, Lête. M. Cope comprend sous ce nom les labyrintho- dontes, les ganocéphales et les petits reptiles du houiller américain que M. Dawson a nommés microsauriens (uexpoc, petit; cadpoc, lézard). 5. Le docteur Gergens crut que l’Apateon était une petite salamandre ; Hermann de Meyer supposa qu'il y avait là une erreur, et, pour rappeler que ce fossile avait donné lieu à une méprise, ille nomma Apateon (àmatswv, trompeur). 6. Rana, grenouille; ceps, en composition pour caput, tête. Wyman a rangé le Raniceps parmi les batraciens. 7. Le Loxomma, qu'on a cru devoir classer parmi les labyrinthodontes, fait exception par la grandeur de ses cavités orbitaires. 256 FOSSILES PRIMAIRES. deur qui rappelle l’apparence des batraciens. Un autre carac- tère important des labyrinthodontes, c’est la forme bizarre de leur ceinture thoracique, avec un grand entosternum sur le- quel s'appuient des clavicules (épisternum), élargies en avant (fig. 258 et 264) ; or je n’ai pas su voir d’entosternum ossifié chez les Protriton, et les clavicules n’ont point l’élargisse- ment qui est si remarquable dans les labyrinthodontes. Ce qui distingue encore les labyrinthodontes, ce sont des côtes très grandes, compliquées; au contraire, chez le Protri- lon, le système costal est simplifié comme chez la plupart des batraciens. Enfin, les labyrinthodontes des temps primaires ont eu sous le ventre un système d’écailles tout à fait curieux (voy. fig. 258 et 268), au lieu qu’à en juger par sa fossili- sation, le corps du Protrilton à été aussi nu que celui des batraciens. C’est pourquoi le Protrilon m'a paru un reptile, dans lequel ne se sont pas encore accusées les divergences qui ont caractérisé le groupe des labyrinthodontes; j'ai pensé qu’il s'écartait moins du type commun des reptiles anallantoïdiens actuels, et notamment des salamandres. A côté de quelques traits de ressemblance avec l’état jeune des salamandres, le Protriton montre des différences. Une des plus apparentes consiste dans la brièveté de la queue. Parmi les échantillons de Millery, qui m'ont été communiqués par M. Pellat, j'en ai remarqué un (fig. 257) qui est long de D1 millimètres, dont la queue est proportionnémenrt plus longue ; elle compte 16 vertèbres, sur les premières desquelles on voit des côtes. Autour du squelette, la pierre a pris une teinte plus foncée, comme s’il y avait eu une peau plus résis- tante que dans le Protriton. J'ai inscrit ce fossile sous le nom de Pleuronoura”. 1. IDevoov, côte; ovpù, queue. Les reptiles de l'époque permienne aux environs d'Autun (Bull. de la Soc. géol. de France, séance du 16 décembre 1878). Au moment où je livre ces lignes à l'impression, M. Stanislas Meunier vient de donner au Muséum un second échantillon de Pleuronoura du permien d’Autun avec une longue queuc. REPTILES. 297 Les petits reptiles qui ont l’aspect de salamandres ne sont pas rares aux environs d’Autun. Les premiers Protriton que j'ai vus ont élé découverts par MM. Roche, Loustau, François Delille, à peine les ai-je décrits, que MM. l'abbé Duchène, Durand, Pellat, Chanlon en ont retrouvé un grand nombre à la base de la couche du permien de Millery, appelée le F1G. 257. — Pleuronoura Pellati, vu sur le dos, grandeur naturelle : 0. orbite ; m. mandibule ; c. clavicule ; om. omoplate ; . humérus; r. c. radius et cu- bitus ; v. vertèbres avec leurs côtes bien visibles ; v. c. vertèbres caudales avec côtes ; à. iliaque ; f. fémur ; {. p. tibia et péroné; on voit en p., et tout autour du’squelette, la limite d’une teinte plus foncée due sans doute au corps de l’animal. — Permien de Millery, près d’Autun. Collection de M. Pellat, boghead; M. Bernard Renault et M. Tarragonet m’en ont remis des spécimens très bien conservés du boghead de Margennes; MM. Roche et Jutier en ont découvert à Dracy-Saint-Loup, dans des couches permiennes, qui sont à 2000 mètres plus bas que celles de Millery. Ces créatures, qui se sont tant multipliées et ont vécu si longtemps, ont dû offrir bien des variations. Par une heureuse coïncidence, on a également trouvé dans les schistes bitumineux du permien de la Bohême et de 17 298 FOSSILES PRIMAIRES. la Saxe, une multitude de petites bêtes qui rappellent les nôtres; l’une d’elles, notamment, décrite sous le nom de Branchiosaurus ‘, ressemble au Protriton et surtout au Pleuronoura ; le Melanerpeton? pusillum en paraît'aussi très voisin. M. Fritsch a fait sur les fossiles de la Bohême un ouvrage accompagné de belles figures ÿ. M. Geinitz * a publié dernière- ment, en collaboration avec M. Deichmüller, un supplément à son magnifique travail sur le Dyas, et il y a décrit plusieurs rep- tiles de la Saxe, qui se rapprochent de ceux de la Bohême. M. Credner” s’est occupé aussi des repüles permiens de la Saxe, On ne peut manquer d’être frappé de la remarque que les petits fossiles d'apparence salamandriforme se trouvent dans les mêmes terrains où l’on rencontre les labyrinthodontes. Ainsi, l’'Apateon à été recueilli dans des couches semblables à celles de Lébach, où l’Archegosaurus abonde; dans le terrain de Dracy-Saint-Loup, près d’Autun, on voit, à côté des Pro- triton, l’Actinodon et l’'Euchirosaurus; en Bohême et en Saxe, MM. Fritsch, Geinitz et Deichmüller ont décou- vert, outre le Branchiosaurus, des animaux tels que le Dawsonia et le Melanerpeton pulcherrimum®, qui semblent des labyrinthodontes. En présence de ces coïncidences, il est naturel de penser que, parmi les petits fossiles d'aspect sala- mandriforme, il doit y en avoir qui représentent l’état jeune 1. Ainsi appelé parce que les savants allemands ont vu qu'il avait des bran- chies en arrière de la tête comme l’Archegosaurus. Je suppose que c’est le même genre que le Pleuronoura. 2. M£duc, noir; éprerov, reptile. Ce genre a été d’abord découvert dans les couches carbonifères de l'Irlande. 3. Voyez le grand ouvrage de M. Fritsch, intitulé : Fauna der Gaskohle und der Kalksteine der Permformation Bühmens, in-4°, Prague, 1879. À. Geinitz und Deichmüller, Nachträge zur Dyas Il, in-4° avec planches, 1882. 5. Credner, Die Stegocephalen (Labyrinthodonten) aus dem Rothliegerden des Plauen’schen Grundes bei Dresden (Zeitschrift der deutschen geologischen Gesell- schaft, 33° vol., p. 298. Berlin, 1881). 6. Cet animal parait assez différent du Melanerpeton pusillum ; ii a un ento- sternum el un épisternum comme les vrais labyrinthodontes, REPTILES. 259 des labyrinthodontes. Mais il n’est pas toujours facile de distinguer les différences dues à l’âge et les différences spé- cifiques chez des animaux qui ont pu être sujets à des méta- morphoses, comme le sont plusieurs des batraciens actuels. Ainsi, l’Apaleon d'Allemagne et la plupart des Protriton, découverts jusqu’à présent aux environs d’Autun, sont d’une extrême petitesse (de 26 à 45 millimètres, y compris la queue); le Pleuronoura, les Branchiosaurus salamandroides et gra- cilis, le Melanerpelon pusillum sont encore bien petits, car ils ne dépassent guère 70 millimètres. On peut supposer que cette ténuité provient de ce que c’étaient des individus très jeunes. Mais il serait possible aussi que ce fussent des ani- maux adultes ; car, s’il est vrai que les êtres ont été soumis à la loi d'évolution, on doit admettre qu’ils ont, dans les temps primaires, présenté en partie les caractères de ceux de l’époque actuelle à l’état d’enfance, ou même à l’état d’embryon; par conséquent, 1l faut s'attendre à trouver dans les terrains an- ciens, non seulement des êtres très simples, mais aussi des êtres très pelits. Dans le Protriton, l’espace orbitaire me paraît avoir été plus grand que dans le Branchiosaurus ‘, et il est encore un peu plus grand dansle Branchiosaurus que chez les labyrintho- dontes, tels que l’Archegosaurus et l'A ctinodon. Est-ce parce que les os en arrière du crâne (post-orbitaire, post-frontal ?, sus-squameux) se sont agrandis pendant la vie des individus ? Est-ce parce qu'ils se sont agrandis pendant la série des déve- loppements des espèces? Je n'ai pas vu d’entosternum ossifié dans le Protriton*; 1. Surtout si l’on juge le Branchiosaurus par la restauration que M. Fritsch en a donnée. 2. Comme M. Fritsch l’a reconnu, il y avait un post-frontal chez les petits reptiles salamandriformes; seulement il était extrêmement mince dans le Pro- triton. 3. Sur la plaque du Pleuronoura que j'ai figurée, J'ai remarqué une petite em- preinte ovale dont je nai pas osé parler, parce qu’elle m'a paru trop probléma- tique; elle a à peu près l’aspect de l’entosternum que M. Credner a attribué au Branchiosaurus. 260 FOSSILES PRIMAIRES. MM. Fritsch et Credner en ont observé de très rares exemples dans le Branchiosaurus; chez l’'Archegosaurus, l'Actinodon, le Dawsonix, cet os est devenu très grand, solide, losangique au lieu d’être ovale. Les clavicules sont étroites dans le Pro- triton, le Pleuronoura d’Autun, le Branchiosaurus de Bohème, larges chez les vrais labyrinthodontes, dans la partie qui s’in- sère sur l’entosternum. Sont-ce là des progrès d’ossification qui indiquent des différences d’âge ou des différences spéci- fiques”? Le Protrilon avait le corps toul nu, avec une peau très molle; le Pleuronoura avait une peau plus consistante; M. Fritsch à trouvé un spécimen de Pranchiosaurus avec une peau écailleuse; les écailles de la peau du ventre s’accusent bien chez de petits sujets de Dracy-Saint-Loup, que Jj'attribue aux genres Euchirosaurus où Actinodon. Ces variations nous font-elles assister à des changements de croissance indivi- duelle ou à des changements dans Pévolution des espèces ? Il n’est pas aisé de répondre à ces questions ; néanmoins, Je suis porté à croire que les différences ne sont pas uniquement dues à l’âge des individus. Par exemple, le Protrilon que j'ai représenté dans la page 253 (fig. 295) est presque aussi grand que le Pleuronoura; je n'ait donc pas de raison de supposer que ses différences avec le Pleuronoura proviennent de ce qu'il est plus jeune; d'autant plus que, d’après lPinspection des salamandres actuelles, la brièveté de la queue ne me parait pas êlre un caractère embryonnaire. Il est également difficile de penser que les Protrilon sont de jeunes individus d’Acti- nodon, d'Euchirosaurus où d'Archegosaurus, attendu que leurs vertèbres semblent plus ossifiées. Toutes ces questions sont d’un grand intérêt, car elles nous font bien sentir les ressemblances que les évolutions spéci- fiques ont pu avoir avec les évolutions individuelles. Mais on ne doit les traiter qu'avec la plus grande réserve, car aux dif- ficultés que je viens de signaler se joint celle qui résulte de l’état, le plus souvent imparfait, dans lequel se trouvent des REPTILES. 261 créatures chétives enfouies dans des terrains d’une immense antiquité. Archegosaurus. — De même que le Protriton, le Pleuro- noura, le Branchiosaurus simulent à quelques égards l’état jeune du genre Archegosaurus, lV'Archegosaurus simule par ses vertèbres et les os de ses membres l’état jeune des genres Aciinodon et Euchirosaurus, dont je parlerai plus loin. Des petits squelettes, découverts à Draey-Saint-Loup par M. Roche, à côté des individus adultes d’Actinodon et d’Euchirosaurus, ont une étonnante ressemblance avec l’Archegosaurus; je suppose néanmoins que ce sont des jeunes, soit de l’Acti- nodon, soit de l'Euchirosaurus, attendu qu’on n’a pas encore découvert à Autun d'Archegosaurus adulte. Ces ressem- blances sans doute sont des indices d’une filiation, ou tout au moins d’une unité de plan dans le développement des quadru- pèdes anciens. L’Archegosaurus' se trouve dans le permien de Lébach (Prusse rhénane); il a été étudié par Goldfuss et Hermann de Meyer. Les recherches du docteur Jordan ont amené la découverte d’un grand nombre d'échantillons ; plusieurs musées en possèdent, et, notamment, le Muséum de Paris en a une instructive collection. On voit, dans la page suivante, le dessin de l’un d’eux (fig. 258); sa tête forme un triangle très allongé ; ses inter-maxillaires 4. m. et ses maxillaires #. portent de nombreuses dents pointues qui annoncent des mœurs carnas- sières. Le ventre est couvert de petites écailles éc. minces, aciculées. La ceinture thoracique a une curieuse disposition, sur laquelle des avis très divers ont été émis; selon moi, la grande pièce médiane ent. est l’entosternum des lézards et des tortues ; les deux pièces cl. qui s'appuient sur ent. sont les clavicules, c’est-à-dire les homologues des épisternum des tortues et des grands os arqués de la ceinture thoracique des 1. ’Apynyds, qui est à la tête; caüpos, lézard, 262 FOSSILES PRIMAIRES. poissons ; les piècess. cl. sont les sus-claviculaires, homologues de ceux des poissons, qu'on appelle quelquefois des sus-sca- FiG.298. — Archegosaurus Dechenii, aux 2/5 de grandeur, vu sur la face ventrale; les os de la face infé- rieure du crâne, étant en partie brisés, laissent voir le dessous de ceux de la face supérieure. L’ar- tiste s'est aidé pour ce dessin de l'empreinte et de la contre-em- preinte : 2 m. inter-maxillaire avec de fortes dents; m. maxil- laire et m. i mâchoire infé- rieure avec nombreuses dents pointues; n. nasal; fr. frontal; p. [. préfrontal; or. orbite; ju. jJugal; par. pariélal; sph. sphé- noïde, en arrière duquel est un prolongement b.0c. qui représente le basi-occipital; c. côtes; ent. en- RSS all tosternum sur lequel s'appuient des SK À côtes sternales; cl. clavicule (épi- sternum); S. cl. sus-claviculaire ; om. omoplate; h. humérus; à. iliaque; f. fémur ; {. et p. traces du tibia et du péroné; cop. copro- lite dans sa position naturelle près de l'anus; la face inférieure du corps est couverte d’écailles fines éc. disposées en rangées qui forment des chevrons. La queue a été détruite. — Dans un nodule du permien inférieur de Lébach, Prusse rhénane. Collection du Muséum. pulaires, et homologues peut-être aussi de l’épine de l’omo- plate des mammifères; om. sont les parties plates des omo- plates. IL y a deux paires de membres, sensiblement égaux, tournés en arrière, servant à la natation; leurs os avaient leurs REPTILES. 263 extrémités cartilagineuses ; 1ls étaient d’une grande simpli- cité; les éléments osseux envahissaient imparfaitement leurs cartilages, de sorte que leur tissu était peu dense et facile à comprimer; c’est pour celte raison qu'en passant à l’état fos- sile, ils se sont souvent déformés. La colonne vertébrale offre une disposition très intéressante pour l'étude de la formation du type vertébré ; elle est au pre- mier abord difficile à comprendre, parce qu’elle est restée dans un état en partie cartilagineux, et que ses éléments, n'étant pas F16. 259. — Portion de colonne vertébrale d’un Archegosaurus, brisée de telle sorte que les vertèbres sont partagées en deux moitiés latérales ; on a représenté ici la moitié droite vue en dedans, aux 5/4 de grandeur, en s’aidant pour la restaurer des parties osseuses restées dans la moitié gauche : n. neurépine; a. côté antérieur; p. côté postérieur; c. trou de conjugaison; €. r. canal rachidien; 3: 4. zygapophyse antérieure; 3. p. Zygapophyse postérieure; d. diapophyse; pl. c. pleurocentrum ; i. c. pièce inférieure du centrum (hypocentrum). — Permien de Lébach. Collection du Muséum. soudés, ont été disjoints dans la fossilisation. Mais je pense que les naluralistes pourront en avoir une idée exacte en examinant la figure que j'en donne, d’après un de nos échantillons du Muséum (fig. 259); on y voit quatre vertèbres brisées verticale- ment; les arcs neuraux sont distincts des centrum, chaque centrum est formé d’une pièce inférieure &. c. el de deux pièces latérales pl. c.; on comprendra encore mieux cette disposition : 264 FOSSILES PRIMAIRES. une fois qu’on aura regardé (p. 271, fig. 270) la figure d’une des vertèbres de l'£Euchirosaurus qui, étant dans un état d’os- sification plus avancé, se sont mieux conservées à l’état fossile. Les parties d. qui s’aperçoivent au-dessous du conduit de la moelle épinière sont les avances des arcs neuraux qui ont servi à l'insertion des côtes; ce sont des diapophyses qui n’appar- tiennent pas au centrum. Actinodon. — Les schistes permiens des environs d’Autun, qu'on exploite pour le pétrole, renferment de nombreux copro- lites (fig. 260). Leur forme indique qu'ils proviennent d’ani- F16. 260. — Coprolites qui proviennent peut-être de l'Actinodon Frossardi ; grandeur naturelle; dans celui de gauche, on voit des écailles de Palæo- niscus. — Permien de Dracy-Saint-Loup, près Autun. Collection du Muséum. maux dont l'intestin avait des valvules spirales comme chez les squales actuels et les Zchthyosaurus secondaires ; les écailles de Palæoniseus qui y sont contenues apprennent que ces ani- maux étaient des carnivores. On connaît maintenant plusieurs reptiles qui ont pu faire ces coprolites. Le premier qui ait été découvert est l’Actinodon ‘ ; M. Frossard l’a trouvé à Muse et m'a confié le soin de le décrire. La figure 2061 représente la 1. 'Autis, îvos, rayon ; 62&v, dent. J'ai proposé ce nom pour rappeler que l’'Actinodon se distingue des labyrinthodontes du trias par la texture de ses dents qui ne présentent pas de circonvolutions. REPTILES. 265 face inférieure de sa tête; des dents pointues garnissent les mandibules, les inter-maxillaires, les maxillaires, les pala- tins; le vomer, outre deux grandes dents, est couvert de dents en carde comme chez certains poissons, Dans le crâne qui est —, = — FiG. 261. — Crâne de l’Actinodon Frossardi, vu en dessous aux 2/5 de grandeur; on a légèrement modifié la position des os pour les rendre plus compréhensibles. Ce dessin a été fait d’après une pièce trouvée par M. Frossard, mais les inter-maxillaires ont été ajoutés d’après un échan- tillon du musée d’Autun: m. maxillaire; m. i. mâchoire inférieure ; vo. vomer avec des dents en carde; pal. palatin; pl. ptérygoïde; sph. sphé- noïde. On à marqué par une teinte plus foncée les os de la paroi supé- rieure du crâne rendus visibles par l’aplatissement et la disparition d’une partie des os de la face inférieure: fr. p. frontal principal; La. lacrymal ou préfrontal; par. pariétal avec un trou vers le milieu; j. jugal; sq. squameux; $.$q. Sus-squameux; mas. mastoïde; fym. tympanique. — Schiste bitumineux du permien de Muse, près Autun. Collection de M. Frossard. dessiné ici, les os placés en arrière sont brisés; mais j'ai d’autres échantillons dans lesquels le sphénoïde, les ptérygoides et le basilaire sont en bon état; on y remarque deux condyles occipitaux ; l'aspect est à peu près le même que dans la pièce d'Euchirosaurus dont on verra la gravure page 270 (fig. 269). 266 FOSSILES PRIMAIRES. La figure 262 montre un crâne d'Acfinodon avec ses os sculptés comme ceux des crocodiles, ses deux orifices nasaux placés en avant, el ses orbites en arrière desquels les sus-tem- poraux, sus-squameux et les post-orbitaires sont développés de telle sorte que le crâne forme un toit continu; on a ici un A NAT qq nil x ju À Fic. 262. — Crâne de l’Actinodon brevis' vu en dessus, aux 3/4 de gran- deur. — Permien de Dracy-Saint-Loup. Donné au Muséum par M. Roche. bon exemple de la disposition qui a fait imaginer pour les labyrinthodontes les noms de ganocéphales et de stégocé- phales. J'ai représenté (fig. 263) un des singuliers os en forme de selle de cheval qui constituent la partie inférieure du centrum des vertèbres. Les pièces de la ceinture thoracique que M. Frossard a trou- 1. Je crois que ce crâne indique une espèce différente de l’Actinodon Frossardi. Il est notablement plus petit, quoique ses os très bien soudés semblent annoncer un animal adulte. 1] est plus large que long, au lieu que l’Actinodon Frossardi est plus long que large; la partie médiane de son bord postérieur ne forme pas une profonde concavité comme dans l’Actinodon Frossardi; par ce dernier caractère, il se rapproche du grand crâne (fig. 269) que j'attribue à l’Euchirosaurus. REPTILES. 267 vées sont excellentes pour l'étude (fig. 264), car elles sont libres et jouent les unes sur les autres dans leur position naturelle : on voit en ent. un entosternum plus large et plus sculpté que dans l’Archegosaurus ; sur ses bords antérieurs s'appuient des clavicules (épisternum) dirigées, non en arrière comme Fic. 263. — Hypocentrum ou partie inférieure du centrum d’une vertèbre d’Actinodon Frossardi, grandeur naturelle. A. vu de côté; B. vu sur la face postérieure; G. vu en dessous. — Permien de Muse, Saône-et-Loire. Collection de M. Frossard. chez l’Archegosaurus, mais sur les côtés; ces pièces ont un prolongement qui s'articule par glissement avec des os s. cl. allongés, plats, en forme de rames, que j'appelle des sus-elavi- FIG. 264. — Ceinture thoracique de l’Actinodon Frossardi, vue sur la face ventrale, aux 2/5 de grandeur : ent. entosternum recouvert par les deux clavicules ou épisternum ép.; s. cl. sus-claviculaire; 0. omoplate. — Per- mien de Muse. Collection de M. Frossard. culaires; ils sont peut-être les homologues des acromions des omoplates dans les mammifères; en 0. on voit une omoplate plus développée que dans l’Archegosaurus, avec un épaissis- sement sur le côté interne, dans la partie où adhérait le cora- coide et où s’articulait l’os du bras. Quelques pièces des membres sont représentées dans les 268 FOSSILES PRIMAIRES. figures 265 et 266; elles sont très simples ; on croirait voir des os de fœtus de mammifères ou plutôt des os comme ceux FIG. 265. — Patte de devant de Fi. 266. — Pièces qui sont sup- l’Actinodon Frossardi, aux 2/5 de posées pouvoir être un fémur grandeur; les deux os de l’avant- etun tibia de l’'Actinodon Fros- bras sont restés croisés comme sardi, aux 2/5 de grandeur, — ils l’étaient sans doute à l’état Permien de Muse. Collection vivant; on ne voit pas d'os du de M. Frossard. carpe. — Permien de Muse. Collec- tion de M. Frossard. des poissons qui ont des extrémités creuses remplies par une substance cartilagineuse molle. Gelte disposition annonce 4 FiG. 267. — Ecailles ventrales d'Actinodon Frossardi, grandeur naturelle, — Permien de Dracy-Saint-Loup. une grande infériorité, car c’est principalement à l'extrémité des os que les muscles et les ligaments s’insèrent chez les animaux supérieurs. Elle parait indiquer des membres qui n'avaient que des mouvements généraux ; plusieurs de leurs os devaient avoir entre eux les mêmes genres de rapports que ceux de la colonne vertébrale. REPTILES. 269 Il y avait sur le ventre, entre les membres de devant et de derrière, des écailles d’une forme singulière; elles variaient sui- vant leur place; quelques-unes (fig. 267) étaient très pointues. Fi. 268. — Fragment d’une portion ventrale de l’Actinodon Frossardi, avec les écailles, grandeur naturelle. Pour faire ce dessin, on s’est servi de l'empreinte et de la contre-empreinte. Permien de Dracy-Saint-Loup. Leur disposition était sans doute la même que dans l’Arche- gosaurus ; comme leur dimension est notablement plus grande, il est plus facile de s’en rendre compte. On a représenté ici (lis. 268), de grandeur naturelle, un échantillon qui a été 270 FOSSILES PRIMAIRES. donné au Muséum par M. Jutier, ingénieur en chef des mines; les écailles sont placées par rangées qui sont disposées en che- vrons. Elles sont très longues, minces, étroites. Gelles qu'on remarque en avant montrent leur pointe acérée qui s’enfonçait dans la peau. À droite, en arrière, sont deux centrum de ver- tèbres, vus sur le côté ventral; pour les rendre apparents, ona enlevé les écailles qui les recouvraient. Euchirosaurus. — Les recherches qui ont été faites dans le permien d’Autun ont amené la découverte de nombreux osse- ments différents de ceux de l’Actinodon Frossardi: je réunis HF. Dhs. ph Co- pe F16. 269. — Partie postérieure du cràne de l’£uchirosaurus Rochei? vu en dessous, aux 2/3 de grandeur : bas. basilaire avec doubles condyles occi- pitaux c.0.; ty. tympanique; sph. sphénoïde; pt. ptérygoïde; pal. palatin; m. maxillaire. — Permien de Dracy-Saint-Loup. Donné au Muséum par M. Jutier. leur descriplion sous un même nom, celui d'Euchirosaurus, en prévenant que c’est là un rapprochement tout à fait provi- soire; comme les os ont été trouvés par différentes personnes, à différentes places, à différentes époques, il est difficile de décider quels sont ceux qui doivent aller ensemble. Lorsque Cuvier a classé les pièces fossiles du gypse de Paris, il a pu attri- buer chacune à son espèce, parce qu'il a eu pour se guider les êtres de la nature actuelle qui ont des affinités avec ceux des temps tertiaires. Mais l'examen des animaux récents ne REPTILES. 271 peut jeter qu'une lumière bien affaiblie sur des créatures d’une aussi immense antiquité que celles des temps permiens. Parmi les pièces dont la détermination m’embarrasse, je citerai d’abord une portion de crâne dont on voit ici la face inférieure (fig 269). Ce crâne ressemble beaucoup à celui de l’Actinodon Frossardi pour la disposition du sphénoïde, du pté- rygoide et de ses doubles condyles occipitaux, concaves au lieu d’être convexes; mais 1l est plus grand, proportionnément FiG. 270. — Restauration dune vertèbre d’Euchirosaurus Rochei, vue de profil et vue sur la face postérieure, de grandeur naturelle : n. neurépine avec de larges expansions latérales al.; s. suture de la neurépine avec les neurapophyses; 2. 4. zygapophyse antérieure; 3. p. zygapophyse posté- rieure; d. diapophyse; c. facette d’articulation de la côte; c. r. canal ra- chidien ; pl. c. pleurocentrum; 1. c. pièce inférieure du centrum; not. vide qui était rempli par la notocorde. — Permien inférieur d’Igornay. plus élargi; sa portion postérieure est bien moins excavée dans le milieu, et, si je ne suis pas trompé par de fausses apparences de sa paroi supérieure dues à des compressions, les yeux paraissent avoir été placés plus en avant que chez l’Aclinodon. La figure 270 présente un essai de restauration de vertèbres 2172 FOSSILES PRIMAIRES. que MM. Roclie ont trouvées dans le permien d’Igornay et de Dracy-Saint-Loup ; je les attribue provisoirement à lEuchiro- saurus. Tout est singulier dans ces vertèbres. Leur neurépine, au lieu d’avoir la forme d’une apophyse épineuse, se dilate transversalement, produisant de grandes avances latérales (fig. 270, al., fig. 276, n.); je ne connais dans nos pays aucun animal vivant ou fossile qui offre une pareille conformation !. Ces expansions latérales ne sont pas également développées dans tous les _ échantillons; les figures 271 et 272 offrent un exemple de leur diversité *; Je n’ai pas de moyens de décider si ces varia- 16. 271. — Neurépinc de vertèbre F1G. 272. — Neurépine de vertèbre d'Euchirosaurus Rochei, vue en d’un Zuchirosaurus, vue en des- dessus, de manière à montrer sus, montrant un élargissement son élargissement transversal, aux plus grand que dans la figure 2/3 de grandeur. —- Permien de précédente, aux 2/3 de gr. — Dracy-Saint-Loup. Donné au Mu- Permien d’Igornay. Donné au séum par M. Roche. Muséum par M. Roche. lions sont génériques ou si elles résultent de ce que les ver- tèbres appartiennent à des régions différentes de la colonne vertébrale. Non seulement les centrum ne sont pas soudés aux arcs neuraux, mais encore 1ls sont composés de trois parties non soudées entre elles, et, comme ces parties ont été en général isolées dans la fossilisation, elles offrent des énigmes aux pa- léontologistes; je n’oublierai jamais la singulière impression que Je ressentis la première fois que je dégageai du schiste où elles étaient cachées, ces pièces * qui nous font saisir sur le l. Les vertèbres d’un reptile permien du Texas signalées par M. Cope sous le nom d'Epicordylus marquent une tendance vers la disposition des neurépines d’Euchirosaurus (Proceedings of the amer. philosophical Society, vol. XVI, p. 51», 1878). 2, Il y a des vertèbres qui n'ont pas ces expansions latérales; celles-là pro- viennent peut-être de l’Actinodon. 93. Elles n'ont été prêtées par M. Vélain qui les avait reçues de M. Roche. REPTILES. 273 fait la manière dont la vertèbre s’est constituée : je vis d’abord (lig. 275) des morceaux lisses en dessous, rugueux en dessus qui me rappelaient ceux que J'avais autrefois observés dans l’'Actinodon (fig. 263) ; ils représentent lossification isolée de la partie inférieure du centrum, et, pour celte raison, on Fic. 273. — Hypocentrum d’une vertèbre d'Euchirosaurus Rochei, grandeur naturelle. À. vu de côté; B. vu sur la face postérieure; C. vu en dessous. — Permien inférieur d’Igornay, Saône-et-Loire. Collection de la Sorbonne. peut les appeler hypocentrum ‘. Je remarquai ensuite d’autres rudiments d’ossification (fig. 274) qui avaient une facette arti- culaire en dessus, et je m’aperçus que cette facette correspon- Fig. 274. — Pleurocentrum d’Æuchirosaurus Rochei, de grandeur naturelle, A. vu de côté; B. vu en dessus, montrant sa facette d’articulation avec la neurapophyse de Parc neural. — Permien inférieur d'Igornay. Collection de la Sorbonne. dait parfaitement avec une facette placée de chaque côté au dessous des arcs neuraux des vertèbres (fig. 275, cen.); j'ai donné à ces petits os le nom de pleurocentrum ? pour in- diquer qu'ils forment les parties latérales du centrum. 1. Yno, sous; évrpov, centrum ou corps de vertèbre. Le nom inter-vertébral employé par Hermann de Meyer et celui d’inter-centrum employé par M. Cope n’ont pas eu, dans la pensée de ces savants auteurs, ia même signification que j'attache au nom d'hypocentrum. Selon moi, lhypocentrum est la partie fondamen- tale du centrum, tandis que l’inter-vertébral ou l’inter-centrum a été regardé comme une pièce distincte du centrum, intercalée entre deux vertèbres consécu- tives. 2. Ilhevoov, côté; xévrpov, centrum de vertèbre. 274 FOSSILES PRIMAIRES. En mettant ces pièces en connexion, on à une vertèbre comme celle de la figure 270 où la partie centrale devait être à l’état cartilagineux; la notocorde n'était pas encore com- plètement envahie par lossilication. Ainsi, à la fin des temps primaires, c’est-à-dire au moment où vont commencer les ver- tébrés secondaires à vertèbres complètement ossifiées, il y avait des vertébrés où les éléments des vertèbres, agencés ensemble, FiG. 275. — Arc neural de vertèbre d'Euchirosaurus Rocher, de grandeur naturelle. A. vu en avant; B. vu en dessous : n. neurapophyse; c. r. canal rachidien ; £. 4. trou pour rattache d’un ligament ; 3. 4. zygapophyse anté- rieure; %. p. zygapophyse postérieure ; d. diapophyse; c. facette d’inser- tion de la côte; cen. facette articulaire en rapport avec le pleurocentrum ; not. place où la notocorde n’était pas ossifiée. — Permien inférieur d'Igornay. Collection de la Sorbonne. ne manquaient plus que d’un peu de carbonate et de phos- phate de chaux pour que leur ossification fût achevée. Ge qui rend cette constatation plus saisissante pour le natu- raliste, qui tâche de surprendre les secrets de l’évolution des anciens êtres, c’est que ce n’est pas là un fait isolé; l’Acti- nodon devait être dans le même cas. La colonne vertébrale de l’Archegosaurus (fig. 259) offrait une disposition analogue; mais l’ossification était moins avancée, et les pleurocentrum n'avaient pas des facettes articulaires en rapport avec les arcs neuraux; il y avait plus de cartilage. M. Cope a découvert dans le permien du Texas de nombreux animaux qui semblent avoir été à peu près aux mêmes stades d'évolution que ceux REPTILES, 279 de nos pays. Il à notamment fait connaître le Trimerorachis!, dont les vertèbres avaient, comme dans l’Archegosaurus, FiG. 276. — Portion d’un bloc de schiste renfermant plusieurs pièces de l’£u- chirosaurus Rochei, à 1/2 grandeur; j'ai noté dans l’arc neural d’une des vertèbres : n. neurépine; m. trou de la moelle; not. place de la noto- corde; 3. Zygapophyse; d. diapophyse; f. c. facette en rapport avec le pleuro- centrum. On voit en 0. s. un os supplémentaire qui unissait la diapophyse avec la côte; c. côtes ; h. c. hypocentrum; p. c. pleurocentrum; f. fémur; {. sa tête; é. écailles. — Permien de Dracy-Saint-Loup, Saône-et-Loire, Recueilli par MM. Roche et donné par eux au Muséum. 1. Tosic, trois; pépoc, partie; bdyw, colonne vertébrale. Il faut ranger les recherches de M. Cope sur les reptiles primaires parmi les plus curieuses décou- vertes de cet éminent naturaliste, 276 FOSSILES PRIMAIRES. l’Actinodon, l'Euchirosaurus de l’ancien monde, leur centrum formé de trois parties; seulement ces parties étaient si incom- plètement développées qu’elles ne formaient qu’une écorce autour de la notocorde. Dans le même terrain, M. Cope a signalé sous le nom de Rachitomus ! d’autres vertèbres où l’ossification était au même degré que dans l'Euchiro- Saurus. J'ai représenté dans la page précédente (fig. 276) une par- tie d’un bloc qui me parait intéressant, parce que les os, ayant été trouvés à côté les uns des autres, 1l est vraisemblable qu’ils appar- tiennent à un même individu ; Je suppose que ce reptile étut l’Euchirosaurus. On y voit des arcs neuraux, un hypocen- trum, un pleurocentrum comme ceux dont je viens de parler, cten même temps des côtes que leurs larges expansions ne Fic. 277. — Écailles nd ; ES | d'Euchirosaurus Ro- rendent pas moins singulières que les Che Soeur Ertébres mOn vNTemarquemMplistents reile. — Permien de Dracy - Saint- Loup. éCailles qui se distinguent de ce Iles de Coll. du Muséum. JActinodon par leur plus grande lar- seur; de semblables écailles se sont retrouvées sur plusieurs autres morceaux; j'en représente ici qui sont isolées et vues de grandeur naturelle (fig. 277). La pièce d’après laquelle J'ai proposé le nom d'Euchirosau- rus? est un humérus d'un aspect bizarre, fort différent de tout ce qu'on à découvert dans nos pays; M. Cope m'a dit qu'il en avait vu d'assez semblables dans le permien du Texas. Cet os (fig. 278) indique une plus grande bête que les autres qua- drupèdes de nos formations primaires; 1l a 0°,120 de long ; ilest très trapu , il atteint 0*,085 de largeur. Sa portion proximale est développée d’arrière en avant, tandis que sa portion distale 4. “Paye, colonne vertébrale ; tôgroc, section. 2, Eÿyeupoc, qui est adroit de ses mains ; cadpos, lézard. REPTILES. 21% s'étale transversalement dans la région de l’épitrochlée. Il porte plusieurs apophyses très saillantes comme chez les animaux fouisseurs. Deux d’entre elles forment la terminaison inférieure d’une forte crête deltoïde; un peu au-dessous de celle qui est placée sur le bord externe, il y en a une autre qui est située au-dessus de l’épicondyle ; j'ignore si ce sont des attaches de muscles ou bien si elles représentent les rudiments d'une ar- cade pour le passage d’un vaisseau. Notre collection renferme Fig. 278. — Humérus d'Æuchirosaurus Rochei, vu de face et de côté, à 1/2 grandeur. — Permien inférieur d’Igornay. Donné par M. Roche au Muséum. des os de l’avant-bras de l’Euchirosaurus; malheureusement nous n'avons pas de pièces de sa main qui nous aide à saisir la signification de son singulier humérus. .. On voit dans la figure 276 la moitié proximale d’un fémur trapu comme l’humérus, avec une très large dilatation trochan- térienne qui rappelle un peu la disposition de certaines Lor- tues et des mammifères amphibies. Les recherches de MM. Roche, Jutier, Chanlon ont mis à jour plusieurs autres os qui ont beaucoup de ressemblance avec ceux de l’Actinodon découvert à Muse par M. Frossard; mais 278 FOSSILES PRIMAIRES. ils sont notablement plus grands ; je donne ici la figure d’un entosternum (fig. 279) et d'une plaque de schiste où l’on voit l’omoplate en connexion avec un petit coracoïde, la clavicule (épisternum) et un fragment de sus-claviculaire (fig. 280). Je n'ose décider si ces pièces proviennent d’un grand Actinodon ou d’un Æuchirosaurus. Quel que soit le genre auquel il faille les rapporter, elles sont précieuses, parce qu’elles nous permet- tent de mieux déterminer les homologies des os de la ceinture Fig. 279. — Entosternum d’un Æuchirosaurus? vu sur la face ventrale, aux 2/5 de grandeur; on remarque de chaque côté de sa partie supérieure une dépression correspondant à l'appui des clavicules (épisternum), — Permien de Dracy-Saint-Loup. Collection du Muséum. thoracique des labyrinthodontes. Comme jusqu’à présent je n'avais observé que trois pièces de chaque côté de la ceinture thoracique, il m'avait paru naturel de supposer que ces pièces étaient l’omoplate, la clavicule et le coracoïde. Aujourd’hui, je connais quatre pièces; en regardant les échantillons représentés dans la figure ci-contre (fig. 280) et dans la figure du Stereo- rachis (ig.281), je constate que l’os regardé d’abord comme un coracoïde est une omoplate au bord de laquelle le coracoïde est attaché; il résulle de là que je ne peux appeler omoplate l'os s. el. de PArchegosaurus (fig. 258) et de l’Actinodon (fig. 264) qui s'articule par glissement avec la clavicule (épisternum) ct. ; REPTILES. 219 je suppose que cet os est une pièce qui manque dans beaucoup de reptiles; ce serait peut-être l’homologue de l’hyosternum ) D des tortues, du sus-claviculaire des poissons et de l’épine Fic. 280. — Os de la ceinture thoracique d’un ÆEuchirosaurus? aux 2/5 de grandeur : cl. clavicule (épisternum); s. c. sus-claviculaire ; om. omoplate ; cor. coracoïde. — Permien de Draey-Saint-Loup. Collect, du Muséum. de l’omoplate des mammifères, qui, ici, ne serait pas soudée à lomoplate. Stereorachis. — Le Muséum de Paris doit à la générosité de MM. Roche un blocremarquable du permien inférieur d’Igornay, où sont réunis de nombreux ossements d’un même reptile; j'ai proposé de l’inserire sous le nom de S{ereorachis Rochei. Y'ai représenté une partie de ce bloc dans la figure 281, et plusieurs pièces isolées dans les figures 282, 983 et 284. Le Stereorachis est une preuve frappante de linégalité avec laquelle l’évolution s’est produite, car on le trouve dans le même gisement que l'£Euchirosaurus, et pourtant c'était un type bien plus perfectionné. 280 FOSSILES PRIMAIRES. Les deux mandibules ont été conservées; l’une d'elles se voit dans la figure 281 aux 2/5 de grandeur; la mâchoire supérieure est représentée dans la figure 282 aux 2/3 de gran- deur ; malheureusement, les deux dents les plus fortes sont A AAMENNT AA (EU HS 7 WINLE IN: FiG. 281. — Portion d'un bloc! qui a été recueilli par M. Roche; on y trouve réunis plusieurs os du Stereorachis dominans, dessinés aux 2/5 de grandeur : ent. entosternum; cl. clavicule ou épisternum; om. omoplate; cor. coracoïde ; c. côtes; m. mandibules; v. L. vertèbre vue latéralement; v. p. vertèbre vue sur la face postérieure; cop. coprolite. — Permien d’Igornay. Donné au Muséum par MM. Roche. » brisées ; mais, telles qu’elles sont, eiles indiquent que le Stereo- rachis devait être une bête redoutable. Les dents ont une inser- tion thécodonte*. Un coprolite qu’on aperçoit dans la figure 1. Ce morceau qui est d’une extrême dureté et plusieurs autres échantillons figurés dans le présent ouvrage ont été dégagés avec beaucoup de talent par un artiste du Muséum, M. Stahl. 2. Oxn, gaine; 00wv, dent. Cela veut dire que chaque dent est enfoncée dans un alvéole spécial. REPTILES. 281 981, cop. renferme des écailles de Palæoniscus qui montrent que le Stereorachis mangeait des poissons. Les vertèbres (fig. 281 et 283) contrastent avec celles de PAr- chegosaurus (fig. 259), de l’Actinodon (lig. 263) et de PEuchiro- _saurus (fig. 270); j'ai dit que, dans cesanimaux, leurs éléments n'étaient pas encore soudés, et qu’une partie de la noto- corde subsistait à l’état cartilagineux. Dans le Stereorachis, les vertèbres étaient complètement ossifiées ; c’est pour marquer F1G. 282. — Mâchoire supérieure du Sfereorachis dominans, vue sur la face externe, aux 2/3 de grandeur; on a complété au trait la partie des dents qu’on suppose avoir été brisée. — Permien.d’Igornay. Collection du Muséum. le progrès de solidification réalisé par ce reptile que J'ai pro- posé le nom de Slereorachis'. On voit dans la figure 283 une vertèbre dessinée de grandeur naturelle, et, à côté, la coupe verticale d’un centrum. Quoique les vertèbres soient solidifiées, on pourra remarquer dans la coupe ci-jointe que leur centrum est biconcave comme chez les poissons et les Zchthyosaurus ; c'est là un reste d’infériorité. Le bloc représenté dans la figure 281 montre un entoster- 1. Xrepedc, solide ; Sayw, colonne vertébrale ou rachis. Régulièrement, ce inot devrait s’écrire Stereorhachis; mais, comme l'usage est d'écrire rachis, et non rhachis, je crois pouvoir mettre Sfereorachis. C’est pour la même raison que j'ai écrit Rachitomus, Trimerorachis. 282 FOSSILES PRIMAIRES. num ent., qui est large en avant, rétréci en arrière ; il est entouré de côtes; 1l y a, près de cetos, une grande elavicule cl., arquée comme chez les poissons et le Protrilon ; elle s'appuie sur une omoplate om. qui porte à son bord interne le coracoïde cor. L’os le plus curieux du groupe découvert par M. Roche est HE Fi. 283. — Vertèbre de Sfereorachis vue de côté, grandeur naturelle. Toutes ses parties sont soudées : n. neurépine non bifurquée ; 3. 4. zygapo- physe antérieure ; 3. p. zygapophyse postérieure ; €. face antérieure du cen- trum. On a représenté à côté une coupe verticale du milieu d’un centrum pour montrer sa forme biconcave. l'humérus qui est dessiné à part figure 284. Ainsi que M. Ri- chard Owen la déjà constaté sur des humérus de reptiles triasiques, l’humérus du Sfereorachis offre la singularité d’avoir quelques traits de ressemblance avec celui des mammi- fères monotrèmes. Comme dans les monotrèmes, sa partie proximale se porte d’arrière en avant, sa parlie distale s’élargit extraordinairement de gauche à droite par suile du dévelop- pement de l’épitrochlée et de l’épicondyle ; on voit aussi, comme dans ces animaux, une perforation pour le passage d’une artère. Les humérus de plusieurs reptiles actuels ont un petit trou au- REPTILES. 283 dessus de l’épicondyle. Il y à déjà longtemps, un savant russe, Kutorga, avait signalé dans le permien de l’Oural un humérus qui avait à la fois une perforation près du bord interne, comme chez le lion, et près du bord externe,comme chez les laceruens; il l'avait attribué à un mammifére, et l’avait inscrit sous le nom de Brithopus*. Les importantes recherches de M. Owen sur les Fig. 284. — Humérus de Séereorachis dominans vu sur la face antérieure, à 1/2 grandeur. — Permien inférieur d’Igornay. reptiles triasiques de l’Afrique australe tels que le Cynodraco, le Platypodosaurus et celles de M. Cope sur les reptiles per- miens du Texas ont montré que de nombreux quadrupèdes des temps anciens ont eu leur humérus perforé *. On voit dans le bloc de la figure 281 plusieurs écailles ; on 1. Bouôèc, lourd; noùc, pied. Kutorga, Beitrüge zur Kenntniss der organischen Ucberreste des Kupfersandsteins am westlichen Abhange des Urals, in-8°, 1838. — En 1842, Fischer de Waldheim a reconnu que l'os attribué par Kutorga à un mammifère provenait d’un reptile auquel il a donné le nom d’Eurosaurus. Le nom de Brithopus proposé par Kutorga a la priorité ; il doit donc être préféré. 2. Ces animaux ont été décrits par M. Owen sous le nom de thériodontes, et par M. Cope sous les noms de pélycosauriens et de théromorphes. 284 FOSSILES PRIMAIRES. en a représenté deux à part de grandeur naturelle dans la figure 285. Ces écailles ont l'aspect de piquants, elles sont plus étroites, plus aiguës etproportionnément plus petites que dans l’Actinodon et surtout dans l'£Euchirosaurus ; peut-être pou- vaient-elles se redresser et servir d'armes défensives. L'Ophi- derpelton, dont les caractères ont été mis en lumière par M, Huxley et M. Fritsch, avait aussi des écailles en forme d’épines. La présence dans le permien imférieur d’un quadrupède aussi perfectionné que le Stereo- rachis dominans entraîne pour les évolulion- nistes la pensée de tout un monde de qua- cas ru drupèdes qui devront être découverts dans du Stereorachis les époques carbonifère et dévonienne. Déjà dominans, gran- bnne deur naturelle. — On a constaté dans les couches houillères des ne 80r = quadrupèdes d’une organisation assez avan- cée. Ainsi, dès 1863, M. Dawson a publié au Canada un livre intitulé : The air-breathers of the coal period, où 1l à fait connaître plusieurs reptiles, notamment une petite bête, appelée Hylonomus!', à vertèbres bien ossifiées, qui aurait été capable de respirer hors de l’eau, de grimper et de sauter dans les arbres. M. Huxley a signalé dans le houiller de la Grande-Bretagne divers reptiles, parmi lesquels on peut citer PAnthracosaurus”, animal long de deux mètres, trouvé dans une houillère du bassin de Glascow. M. Atthey a figuré une vertébre bien ossi- fiée de ce grand reptileÿ. En 1844, le docteur King a vu dans le houiller de Greensburg en Pensylvanie des empreintes d’un énorme animal#; les traces 1. "Mn, forêt; vouds, demeure, parce que M. Dawson l’a trouvé dans un tronc d'arbre. 2. ?'Avôpat, axoc, charbon ; cxÿpoc, lézard. 3. Annals and Magazine of natural history, 4 série, vol. XVI, pl. X, fig. 4, 1876. 4. Ces empreintes ont été décrites sous le nom de Batrachopus (Barpayoc, grenouille ; æoùc, pied). Charles Lyell en a parlé dans ses Éléments de géologie (traduction française, vol. Il, p.136). REPTILES. 285 des pas de derrière mesuraient près d’un pied de long, et par conséquent dépassaient en grandeur celles des labyrinthodontes triasiques. Ces empreintes indiquent une bête qui avait une respiration aérienne, car, d’après leur mode de fossilisation, il est évident qu’elles ont été faites par un quadrupède mar- chant sur l’argile molle d’un rivage, que cetle argile s’est desséchée au soleil et s’est crevassée. Ensuite du sable a dû recouvrir l'argile, et enfin le sable se sera changé en grès. Ainsi a pu se conserver la preuve de l'existence de quelque géant resté inconnu ; enfoncée dans la nuit des temps géologiques, cette créature est perdue pour nous, comme tant d’autres qui se sont épanouies sous le seul regard de Dieu et dont l’homme n'aura jamais la vision. Des empreintes de pas de reptiles encore plus anciens! ont été observées par Lea dans la Pensylvanie à 520 mètres plus bas que celles de Greensburg ; on a pensé qu’elles pour- raient appartenir au dévonien. Remarques générales. — Si insuffisantes que soient ces éludes, elles offrent quelques enseignements pour l’histoire de l’évolution. Quand on voitles vertèbres incomplètement formées dans lArchegosaurus et même dans l'A clinodon et l’Euchiro- saurus, qui, à cerlains égards, sont des êlres assez perfection- nés, on ne peut se défendre de l’idée que l’on surprend le type vertébré en voie de formation, au moment où va s'achever l’os- sification de la colonne vertébrale. Et, lorsque l’on considère les os des membres de l’Archegosaurus et de l’Aclinodon, avec leurs extrémités creuses, autrefois remplies par du cartilage, ne pouvant exécuter que des mouvements généraux, il est naturel de croire qu'ils indiquent des animaux dont l’évolution n’était pas terminée. M. Dawson, en faisant les découvertes de reptiles que j'ai citées dans une page précédente, a été frappé de l’état imparfaitement ossifié de leurs os; voilà ce qu'il a dit de l’'Hy- 1. Elles sont citées sous le titre de Sauropus (oadpos, lézard; noëç, pied). 286 FOSSILES PRIMAIRES. lonomus : « Rien n’est plus remarquable dans le squelette de celle créature que le contraste entre les formes parfaites el belles de ses os et leur condition imparfailement ossifiée, cir- constance qui soulève la question de savoir si ces spécimens ne représentent pas les. jeunes de quelques reptiles de plus grande taille”. » Comme le savant paléontologiste du Canada, je crois que ces os représentent un état de jeunesse ; seulement je suppose qu'il faut distinguer dans les animaux fossiles deux sortes de Jeunesse : la Jeunesse des individus, et la jeunesse de la classe à laquelle ils appartiennent. A l'époque primaire, la classe des reptiles était jeune, plusieurs de ses types étaient peu avancés dans leur évolution; c’est pour cela que, même dans les indivi- dus adultes, quelques-uns de leurs caractères pouvaient refléter ceux des reptiles actuels à l’état jeune ou même à l’état em- bryonnaire ; ce sont là des applications des idées qui ont été mises en avant par Louis Agassiz sur Les rapports de l’embryo- génie et de la paléontologie. L'examen des reptiles primaires permet encore de faire une addition à nos remarques précédentes sur la question de Par- chétype. La persistance de la notocorde, le faible développe- ment du cerveau, l’imperfection des membres portent à croire que l’Archegosaurus et l'A ctinodon se rapprochaient des êtres que l’on peut supposer avoir été les prototypes reptiliens. S'il en est ainsi, nous sommes sollicités à nous faire une ques- tion analogue à celle que nous a suggérée l’étude des poissons : les prototypes des reptiles ont-ils réalisé l’idée qu’on s’est faite de l’archétype? Comme pour les poissons, je réponds: les reptiles primaires n’ont pas réalisé l’idée de l’archétype ; car l’archétype du reptile devrait avoir pour axe une colonne vertébrale, et la paléontologie nous apprend que plusieurs des anciens reptiles, de même que les anciens poissons, ont eu les centrum de leurs vertèbres incomplètement ossifiés. Dans l’ar- 1. Air-breathers of the-coal period, p. 42, in-8°, Montréal, 1863. REPTILES. 287 chétype du reptile, les membres auraient dû procéder des ver- tèbres; or il est vraisemblable que les membres des reptiles ont été formés avant les vertèbres, puisqu'ils sont déjà très perfec- tionnés chez P£uchirosaurus dont les vertèbres sont encore incomplètement ossifiées. Dans l’archétype reptilien, les côtes devraient être une dépendance des vertèbres ; mais, s’il en est ainsi, comment se fait-il qu'elles aient dans l’£uchirosaurus un grand développement, alors que les vertèbres sont incom- plètement formées. Dans l’archétype reptilien, les mandibules devraient s'attacher à la vertèbre frontale, et, au contraire, chez l’Actinodon et l’Archegosaurus, elles s’attachent tout en arrière du crâne. Dans larchétype reptilien, le crâne devrait être composé de vertèbres encore peu modifiées et très recon- naissables;, or, dans l’Actinodon et l'Euchirosaurus, quoiqu'il y ait des condyles occipitaux, on ne peut pas dire qu’il y ait une vertèbre occipitale. En vérité, rien ne ressemble moins à une réunion de vertèbres que le crâne d’un Archegosaurus ou d’un Actinodon ; quand d’une part je vois l’occipital, le pariétal, les frontaux, les temporaux si complètement développés, si solides, si brillants, qu’ils ont fait imaginer le nom de ganocé- phales, quand d’autre part je constate l’état rudimentaire des vertèbres, je ne peux croire que le crâne des premiers reptiles ait été Le résultat d’une simple extension des vertèbres. Chez les reptiles des époques plus récentes, on trouve un peu plus de tendance vers la forme que l’on a attribuée à l’archétype; par exemple, dans le varan, le basilaire forme le centrum d’une verlèbre crânienne bien reconnaissable, et même le sphénoïde peut être considéré comme le centrum d’une seconde vertèbre crânienne. Il est probable que les vertèbres du crâne se sont formées tardivement dans les temps géologiques, lorsque le cerveau des animaux, ayant pris plus de développement, a eu besoin d’être mieux protégé. Ceux mêmes des reptiles primaires où l’on observe des ca- ractères d’infériorité n’établissent pas de liens entre la classe des reptiles (allantoïdiens ou anallantoïdiens) et celle des 288 FOSSILES PRIMAIRES. poissons. Ainsi l’Archegosaurus qui, d’après l’état de sa colonne: vertébrale et des os de ses membres, paraît un type assez rudimentaire, s’éloignait des poissons par plusieurs ca- ractères, notamment par son grand sternum, ses côtes ster- nales, son membre de devant avec un long humérus, un radius, un cubitus, des doigts distincts et son membre de der- rière avec un fort fémur soutenu par un large bassin. Le Protrilon et le Pleuronoura étaient aussi très différents des poissons. Ce sont là des faits d’une importance considérable sur lesquels je vais revenir dans mon résumé général. RÉSUMÉ La paléontologie est à la fois grandeur et misère : gran- deur, parce que nous tâchons d’embrasser l’ensemble du monde organique, et misère, parce que, pour faire l’histoire des êtres fossiles, nous sommes réduits le plus souvent à des morceaux isolés que les injures du temps ont défigurés. Plu- sieurs choses, qui aujourd’hui sont incompréhensibles, cesse- ront de l'être pour nos successeurs moins ignorants que nous. Je vais essayer de résumer les quelques remarques que n’a suggérées l’état actuel de nos connaissances des êtres pri- maires. 3 Enchaînements du monde animal dans les temps pri- maires. — Il est difficile de douter qu’il y ait eu des enchai- nements entre les êtres cambriens et les êtres siluriens, entre ceux-ci et les êtres dévoniens, entre ceux-ci et les êtres carbo- nifères, entre ceux-ci et les êtres permiens, entre ceux-ci et les êtres que nous rencontrerons en abordant l’étude des temps secondaires. Un éminent paléontologiste qui vient de publier un livre sur quelques-unes des grandes questions de l’histoire des êtres fossiles, y a écrit ces mots : « Toutes les époques se relient l’une à l’autre, non par des êtres préservés d’une 19 290 FOSSILES PRIMAIRES. manière excephionnelle, mais par des faunes et des flores entières *. » Les foraminifères primaires ressemblent singulièrement aux foramimifères actuels. Plusieurs de leurs genres se sont continués depuis les temps carbonifères jusqu’à nos jours. Non seulement leurs espèces passent les unes aux autres, mais on a de la peine à établir des démarcations nettes entre les familles, soit qu'on prenne la texture, soit qu’on prenne le mode de groupement pour base de classification. Il est arrivé pour les polypes la même chose que pour les foraminifères ; autrefois on les rangeait d’après leur mode de groupement, el on a reconnu que ce mode offrait des sépara- tions peu tranchées. Aujourd’hui on classe leurs familles d’après les caractères de leur structure intime, et on aperçoit également des transitions entre ces familles : il y a passage des tubuleux aux tabulés, des tabulés aux rugueux, des rugueux aux madréporaires bien cloisonnés. Il n’est pas aisé non plus de placer une démarcation nette entre les formes des polypiers anciens et celles des polypiers récents. Malgré leur apparente diversité, la plupart des crinoïdes se laissent ramener à un type commun. L'étude des oursins n’a pas encore révélé des transitions entre les paléchinides primaires et les nééchinides ; pourtant il n’est pas impossible de comprendre comment, par la sou- dure et l’atrophie d’une partie de leurs pièces, leur change- ment a pu s’opérer. Les travaux de M. Davidson ont appris que les espèces des brachiopodes passent les unes aux autres. Même il n’est pas toujours facile d'établir des barrières entre les genres des familles différentes. Les lingules, les cranies, les discines, les térébratules, les rhynchonelles prouvent que la nature des anciens jours présente quelques traits de ressemblance avec celle d'aujourd'hui. 4. Briart, Principes élémentaires de paléontologie, p. 426, gr. in-12, Mons, 1883. RÉSUMÉ. 291 Les mollusques des temps primaires ont aussi plusieurs types qui les unissent à ceux de notre époque. La multitude des variations que M. Barrande a constatées dans les céphalo- podes, notamment dans les Orthoceras et les Cyrtoceras, a montré que la forme spécifique a souvent été quelque chose d’éphémère, d’insaisissable. Quoiqu'il ne semble pas difficile de concevoir comment les céphalopodes à calotte dite initiale sont devenus des céphalopodes à nucléus sphérique, il faut avouer que leur passage n’a pas encore été observé ; mais les caractères du siphon, des cloisons, de l’ouverture et de la courbure des coquilles ont offert des transitions. Comme les mollusques, les trilobites ont donné une preuve frappante de la simplicité des moyens par lesquels la nature produit les apparences les plus diverses. On à vu que les diffé- rences provenant de leurs métamorphoses individuelles sur- passaient leurs différences spécifiques. Si bizarres que soient les mérostomes anciens, les genres Belinurus et Prestwichia les ont rattachés aux limules des temps actuels. Les ostracodes, les insectes des jours primaires ont, dit-on, ressemblé à ceux de notre époque. Plusieurs poissons nous ont offert des caractères qui tendent à faire considérer ces fossiles comme représentant l'état jeune de la classe des poissons. Quelques-uns des reptiles primaires, qui ont eu des ver- tèbres incomplètement ossifiées et des os des membres avec des extrémités restées cartilagineuses, sont également difficiles à comprendre, s'ils ne représentent pas l’état jeune de la classe des reptiles. Ainsi l'étude patiente des faits semble révéler des enchaîne- ments entre les êtres des âges passés. A la fin de sa vie, ayant eu le temps de beaucoup observer et de beaucoup méditer, le grand géologue d’Omalius d’Halloy' a écrit : « J’ai peine à croire que l’Étre tout-puissant, que je considère comme 1. Sur le transformisme (Bull. de l'Ac. roy. de Belgique, 2 série, vol. XXXVI, n° 12, décembre 1873). 292 FOSSILES PRIMAIRES. l'auteur de la nalure, ait, à diverses époques, fait périr tous les êtres vivants, pour se donner le plaisir d’en créer de nou- veaux, qui, sur les mêmes plans généraux, présentent des dif- férences successives, tendant à arriver aux formes actuelles. » Ce langage me parait celui du bon sens; l’examen des fossiles primaires porte à admettre des passages d’espèce à espèce, de genre à genre, de famille à famille. Mais, pour rester dans la vérité tout entière, il faut ajouter que l’état actuel de la science ne permet guère d'aller plus loin ; il ne laisse point percer le mystère qui entoure le déve- loppement primitif des grandes classes du monde animal. Nul homme ne sait comment ont été formés les premiers individus de foraminifères, de polypes, d'étoiles de mer, de crinoïdes, d’oursins, de blastoïdes, de cystidés, de brachiopodes, de -lamellibranches, de gastropodes, de céphalopodes, d’ostra- codes, de trilobites, de décapodes, d’arachnides, de myria- podes, d'insectes, de poissons, de reptiles, etc. Les fossiles primaires ne nous ont pas encore fourni de preuves positives du passage des animaux d’une classe à ceux d’une autre classe. Dans le cambrien inférieur de Saint-David, on voit déjà des polypes, des échinodermes, des mollusques, des crustacés. Dans le silurien, 1l y a des oursins, des erinoïdes, des stellé- rides qui ne semblent pas se lier beaucoup plus intimement que ceux de l’époque actuelle. J’avoue que, lorsque j'ai com- mencé à étudier les reptiles du permien, qui, à certains égards, présentent des caractères d’infériorité, je m'attendais à leur trouver des rapports avec les poissons; mais j'ai constaté tout le contraire, car ces fossiles, par le développement extrême de leurs membres de devant et de derrière, comme par leur ceinture thoracique et pelvienne, se montrent aussi différents que possible des poissons. Ces faits qui mettent en lumière la séparation de la plupart des classes du monde animal dans des temps très reculés, ne doivent pas, je pense, étonner les zoologistes. Les plus habiles observateurs se refusent à admettre une série linéaire unique RÉSUMÉ. 293 commençant à la monade, se continuant tour à tour sous la forme de polype, d’échinoderme, de mollusque, d’annelé, d’articulé, de poisson, de reptile, d'oiseau, de mammifère et finissant à l’homme. Quoique les mammifères soient les plus perfectionnés des vertébrés, l'étude de leur développement embryogénique ne nous apprend pas qu’ils aient passé par l’état poisson et par l’état oiseau. La paléontologie marche d'accord avec l’embryogénie, quand elle croit découvrir que, dans les temps géologiques, il n’y a pas eu un seul enchaîne- ment, mais plusieurs enchaînements d’êtres dont le dévelop- pement s’est poursuivi d’une manière indépendante. Développement progressif. — Quelle que soit la manière dont nous supposions que les évolutions des êtres se sont pro- duites, il paraît bien probable que ces évolutions ont marqué un progrès successif dans le cours des âges géologiques. Nous ignorons ce qui s’est passé avant l’époque cambrienne ; mais, depuis cette époque, l’histoire des êtres révèle des progrès. Dans les temps siluriens, les animaux sont devenus plus nombreux et plus variés qu’à l’époque cambrienne. Les po- lypes, les échinodermes et les céphalopodes ont pris une extension inconnue auparavant. À côlé des trilobites, ont apparu les crustacés mérostomes, et même la fin de l’époque silurienne a vu quelques poissons. Mais, dans toute la première moitié de celte immense époque, il n’y avait encore ni pois- sons, ni mérostomes; les rois des Océans n'étaient que des tri- lobites ou des céphalopodes. La plupart des animaux trouvés dans les terrains primaires, et notamment dans les terrains siluriens, semblent avoir été mieux organisés pour se défendre que pour attaquer, comme si, dans les anciens jours du monde, les êtres, plus rares qu’au- jourd’hui, eussent eu plus besoin d’être conservés. Ainsi cer- tains rugueux avaient des opercules; les cystidés étaient logés dans des boîtes, et même la plupart des crinoïdes proprement dits, au lieu d’avoir leurs viscères libres comme les crinoïdes . 294 FOSSILES PRIMAIRES. secondaires, les avaient enveloppés dans une boîte qui rappe- lait la disposition des eystidés; les brachiopodes devaient ouvrir faiblement leurs valves; Maclurea et plusieurs ptéropodes avaient un couvercle; chez les céphalopodes, l'ouverture était souvent contractée. Jai fait remarquer qu’à en juger d’après les analogies des êtres actuels, les anciens mollusques proso- branches n’ont pas été des carnivores. Si, au lieu d’êtres chétifs, protégés par une coquille ou une carapace, se cachant dans les sédiments qui ont formé les schistes primaires, il y éût eu à l’origine des êtres plus puissants pour l'attaque que pour la défense, peut-être la vie ne se serait pas développée sur notre planète, et 1l y aurait le néant là où elle s’épanouit féconde et diversifiée. Les êtres siluriens devaient composer un monde silencieux. Sans doute 1ls n’étaient pas sans beauté ; je pense bien que les Verneuil, Salter, Barrande, Hall, dont la vie a été vouée à leur étude, ont éprouvé en face d’eux une incessante admira- tion. Cependant il y a loin de la calme nature des jours silu- riens à la nature si animée dont nous contemplerons les épa- nouissements dans les époques géologiques plus récentes. Les temps dévoniens marquent un grand progrès dans le monde organique, car 1ls correspondent au développement des vertébrés; il est vrai que ces vertébrés ne sont que des poissons, et encore beaucoup de ces poissons sont-ils d’étranges créatures, très différentes des poissons actuels. Les temps carbonifères et permiens ont été témoins de nou- veaux progrès. À côté des trilobites et des mérostomes qui diminuent, les crustacés supérieurs, tels que les décapodes, font leur apparition. Les insectes, les myriapodes, les ara- chnides deviennent nombreux. Les vertébrés ne sont plus représentés seulement par des poissons; en France, comme en Allemagne, en Russie, en Angleterre, en Amérique, les reptiles se multiplient. Mais, à part quelques genres de la fin des temps primaires, ils n’ont pas la diversité et la force que nous admirerons dans les temps secondaires. RÉSUMÉ. 295 On n’a pas trouvé de restes d'oiseaux et de mammifères. dans les terrains primaires; les vertébrés à sang chaud y manquent, ou tout au moins doivent être rares. C’est là une grande infériorilé, car les animaux à sang chaud sont ceux qui ont les fonctions les plus actives; or l’activité donne en partie la mesure de la puissance d’un être. En outre, au point de vue esthétique, les mammilères aux formes si variées, les oiseaux si riches de plumage, jouent dans la nature les pre- miers rôles: supposons nos campagnes sans le chant des oiseaux, sans les cris des mammifères, nous les trouverions plus tristes; les forêts des jours primaires ne valaient pas nos bocages d'aujourd'hui où lesoiseaux donnent de si beaux concerts. Et puis, sans vouloir affirmer sous quelle forme l'intelligence des bêtes a été éveillée à l’origine, nous pou- vons supposer que c’est par la sensibilité, car, chez l’homme lui-même, les philosophes reconnaissent que la sensibilité est la faculté primordiale ; elle précède le raisonnement. Or la sensibilité des créatures primaires devait être moins déve- loppée que celle des êtres des époques plus récentes; les oiseaux qui couvent, les mammifères qui allaitent paraissent plus aimer leurs petits que les autres animaux; dans les temps où ils n’existaient pas, le plus fort de tous les amours, l'amour maternel, devait avoir bien peu de manifesta- tions. Lorsque nous descendrons le cours de la vie géologique, nous assisterons à d’autres progrès: nous verrons dans l’époque secondaire le règne des reptiles ; à l’époque tertiaire, le règne des oiseaux et des mammifères; à l’époque quater- naire, le règne de l’homme. Ainsi, prise dans son ensemble, l’histoire du monde révèle un développement progressif. Épanouissements propres aux lemps primaires. — Tout en admettant que, dans son ensemble, l’histoire du monde pré- sente le spectacle d’un progrès, il faut se garder de croire que toutes les classes se sont développées d’une manière continue 296 FOSSILES PRIMAIRES. pendant la durée des temps géologiques. On a vu que les ptéropodes, les céphalopodes, les ostracodes, les branchio- podes, les mérostomes, les insectes ont atteint, à l’époque pri- maire, une grande perfection et une taille plus considérable que dans l’époque actuelle. Un des résultats les plus curieux des études paléontologiques a été de montrer que chacune des époques du monde a eu ses épanouissements particuliers ; elle a eu des êtres qui ont été faits pour elle; avec elle, leur règne a commencé; avec elle, leur règne a fini. On s’en rendra compte en jetant les yeux sur le tableau ci-dessous où j'ai indiqué la marche qu’a suivie le développement d’une partie des animaux primaires; J'ai représenté chaque groupe par un rameau que j'ai fait plus ou moins fourni, selon que le dévelop- pement a été plus ou moins grand. re ñ . EE = 8 WE LEUR ä S D UC ne SENTE EN A AE o @ © = “ = 2 S . d cs) =] © = A ° ES 2 < LA . = a TT + SNL Fe a RS A RS) SE D. = © © © it © = 2 = © = ‘# a SIMS oO — = S OS en. © à o © A 2 un 5 Er Le 2 = Aa =] A un = = © © «œ n — ms EE EE À Era : © D DS = E EN bn D 2 = = "a £ A æ = A œ < RER) a © d D Æ& OS © @ Ù &ù à GE 2 © À. Ar SNA Quaternaire. V4 Tertiaire. E Secondaire. Carbonifère el permien. Dévonien. Silurien. On voit dans ce tableau combien les graptolites ont été éphémères ; j'ai rappelé que, nés dans le cambrien, ils n’ont pas dépassé le silurien; quelques-uns des polypes hydraires des époques plus récentes ont pu en provenir, mais alors ils RÉSUMÉ. 297 ont cessé d’être des graptolites, de sorte qu’on doit dire que la forme graptolite est restée confinée aux anciennes époques. Les rugueux ont eu leur extension dans les temps primaires; il est vraisemblable que plusieurs ont été la souche des coral- liaires de la période secondaire, puisqu'ils se lient à eux d’une manière insensible, mais sans doute tous n’ont pas servi de progéniteurs. Quelques-uns des tabulés des terrains anciens, tels que l’Æeliolites, paraissent être les ancêtres des alcyonaires actuels ; au contraire la Michelinia, l'Halysites et plusieurs autres sont restés spéciaux aux formations primaires. L'ouvrage d’Angelin sur les crinoïdes met admirablement en relief la diversité de ces animaux à l’époque silurienne; assurément tant de richesse de formes n’a pas élé nécessaire pour abou- tir aux espèces actuelles dont les derniers dragages ont révélé l'existence. Il faut dire la même chose des brachiopodes primaires; certains d’entre eux se sont continués avec ou sans changements jusqu’à nos jours, mais l’immense majorité des genres d’orthisidés, de productidés et de spiriféridés a été sans influence sur les quelques brachiopodes de nos mers. Les ptéropodes et les nucléobranches primaires ont pu être les ancêtres de ceux qui sont venus après eux ; néanmoins, ils ont tellement changé qu’on ne risque pas de confondre les genres anciens avec les genres nouveaux. Sauf le Nautilus, aucune forme de la famille nautilidé, qui a eu jadis une extrême fécon- dité, n’est représentée de nos jours. Les trilobites, dont les variations ont attesté une si étonnante plasticité pendant les temps cambriens et siluriens, ont diminué dans le carbonifère, et leur dernière espèce a été trouvée dans le permien. Les mérostomes ne sont plus représentés aujourd’hui que par le genre limule; ce n’est pas pour produire ce survivant isolé que se sont épanoulies dans les temps primaires tant de singu- lières créatures des groupes xiphosuridé et euryptéridé. Je crois que plusieurs des poissons anciens ont été les prototypes des poissons actuels; mais quelques-uns d’entre eux, tels que le Pierichthys, le Cephalaspis, le Coccosteus forment une 298 FOSSILES PRIMAIRES. population étrange confinée dans les temps primaires. Les reptiles labyrinthodontes caractérisent la fin du primaire et le commencement du secondaire. Ces fossiles qui ont été spéciaux à certaines périodes de l'histoire de la terre rendent de précieux services aux géo- logues pour la détermination des terrains. Ils méritent bien le nom de médailles de la Création que Mantell leur a donné, car ils indiquent exactement les époques géologiques. Inégalité dans l’évolution. — Il ressort de ce que nous venons de dire qu'il y a eu de grandes inégalités dans le développement des êtres des temps anciens. Ces inégalités ne confirment pas l’idée d’une lutte pour la vie, dans laquelle la victoire serait restée aux plus forts, aux mieux doués. La paléontologie nous montre que le contraire a pu avoir lieu. Plusieurs êtres ont été comme des rois de passage; ils sont devenus des personnalités saillantes qui ont donné à leur époque une physionomie propre ; de même qu’on dit le siècle de Charlemagne, le siècle de Louis XIV, on peut dire l’âge de Paradoxides, l’âge de Siimonia, l'âge de Pterichthys et de Coccosteus, l’âge de Megalichthys, l'age d'Euchirosaurus. Ge sont quelquefois les êtres qui ont été les plus spécialisés et les plus parfaits dans leur genre qui se sont éteints le plus vite. Paradoxides du cambrien, Slimonia du silurien, Pte- richthys du dévonien ont marqué le summum de divergence auquel leur type devait atteindre. Ils ne pouvaient donc plus produire de formes nouvelles, et, comme le propre de la plupart des créatures est de changer ou de mourir, ils sont morts. : À côté de ces êtres de passage offrant les formes extrêmes, il ÿ en a eu d’autres dont la personnalité était moins accusée, créatures mixtes, représentant dans le monde animal le juste milieu; parmi ceux-là, on trouve les types qui ont persisté davantage. De même qu’il y a de nos jours des formes cosmo- polites qu’on rencontre dans tous les pays du monde, ilya RÉSUMÉ. 299 eu des formes qu’on pourrait appeler panchroniques ', car elles ont élé de toutes les époques. Elles ont constitué comme un réservoir permanent duquel sont sortis, à chaque instant des temps géologiques, des êtres destinés à prendre une place plus ou moins élevée. RS : Il se pourrait que la moindre longévité des genres qui, dans leur classe, présentent le plus grand perfectionnement, ait eu quelquefois sa cause dans ce perfectionnement même. Plus les organismes sont compliqués, plus il y a de chance pour qu’une de leurs parties se modifie, par conséquent ils doivent ressentir davantage les changements de milieu, et marquer l'heure avec plus de délicatesse au grand calendrier des temps oéologiques. La force de longévité des êtres inférieurs réside en partie dans leur faiblesse; 1ls nous rappellent la fable du chêne et du roseau. Comme le roseau, les chétives créatures, des temps géologiques se sont pliées devant les bouleverse- ments du globe, et ainsi se sont conservées, pendant que tombaient les puissants du monde organique. Il faut, du reste, convenir que nous ne pouvons expliquer que bien imparfaitement la cause de l’inégalité dans les évolu- lions des animaux, car nous voyons dans une même classe et dans une même époque des êtres qui sont à des états diflé- rents de développement : par exemple, J'ai dit que, dans le terrain permien d’'Igornay, on rencontre à la fois l’Actinodon, dont les vertèbres ont encore les pièces de leur centrum dis- tinctes, et le Stereorachis, où les centrum sont en un seul morceau. Les brachiopodes nous offrent de curieux exemples d’inégalité dans la persistance des genres : les lingules, les cranies, les rhynchonelles se sont continuées à travers tous les temps géologiques sans changements notables, tandis que les Pentamerus, les Productus et bien d’autres genres n'ont pas dépassé l’époque primaire. On trouve, à côté de types tout à fait spéciaux aux temps primaires, des types voisins de nos 1. Iläv, tout; ypôvoc, temps. 300 FOSSILES PRIMAIRES. nautiles et de nos limules qui ont eu la singulière destinée d'assister aux changements du monde organique, depuis le temps des trilobites jusqu’au temps actuel. La difficulté que nous avons à comprendre les causes de telles inégalités dans les évolutions des anciens êtres n’est pas une raison pour nier ces évolutions, car les métamorphoses embryogéniques dont nous sommes les témoins chaque jour ne sont pas moins inégales que les évolutions paléontolo- giques : les coléoptères changent peu, pendant que les papil- lons passent par de grandes métamorphoses; les crapauds et les grenouilles commencent sous la forme de tétards, tandis que les salamandres, en venant au monde, différent peu des salamandres adultes; beaucoup de gastropodes marins (proso- branches) subissent des modifications considérables, au lieu que les jeunes colimaçons, dès leurs premiers développements, sont colimaçons. Si toutes les créatures avaient changé également vite dans les temps géologiques, celles qui nous ont été transmises par les âges passés seraient toutes aujourd’hui des êtres élevés; il y aurait ainsi plus d'animaux supérieurs que d'animaux infé- rieurs, plus de mangeurs que de bêtes à manger; l'harmonie du monde organique serait depuis longtemps rompue. En outre, l'inégalité dans l’évolution est une des causes de la variété des spectacles que présente l’histoire du monde; à toutes les époques, sauf sans doute au début, il y a eu des êtres au premier stade de leur évolution, d’autres qui ont atleint au second stade, d’autres au troisième, d’autres à des stades plus élevés, c’est de ces inégalités que résulte en partie la merveil- leuse beauté de la nature dans tous les temps géologiques. FIN LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX PRIMAIRES CITÉS DANS CE VOLUME (Les noms des synonymes sont en italique. ) A PAGES AICANÉTORPES LES ARR NM Re et Lee ee 215 Acanthotelsone Simpson 21e RER RER ENMEN AE RNA 212 AGITAS PIS Tase ed SOM AE NE RC URM sen 1942192 AGEN O CRULU SRE NT er a ae la cn Ne eee lle ce lt dlelenoe 101 ACUAOUQUEDEe VIS NO OP P M N E e n cnoe tee 266 Actinodon Frossardi, fig. 260, DOAPRAOONARAOS Eee eo 262 à 270 ACETMERÉ PETER EME PR RNCS 165 Æolinae RAD SAN PEER TN CR RE En 200 Lclnarrars D et sl er ef ane ane eee be VD eo ne D nn Daieiete e DO NT 87 NGHOSÉUSRUAUS MAO MS TRE entiere e 191, 204 Ab byDEeRUSSMACrOpienuS fie 20 PE TER Creer eee. 239 AG ON CASE RP RE ae oser ne 137, 140 AMphoracrinus Gilbertsont, HT 71e. die nee ee 101 DA UIIO STORES ane canon ete à A ee D ane Malo e Le pelle los . 186 ANTDTACERNSe ee ce ee eee dei cpl een else 215 AREA COpAlÆ MON EEE ER EPAA RESER PE RPR R nree 213 AÉDLA COS AUS. RTS DA da ne a DA lande Dosrete es dinole encore 284 ANTRTA COS A OR SR SE RD nn a En ee sde Se en 138, 140 DAC OT tee a den le Ve ee me te bn ee CUP Lee ID ne te se eue etat 255 ADN lDSAURUS ER APRES AS PNEU RL TR. 251 AAC ONE EAP LEE EC NT RE NO UEboonoE 158 Anlocenas es lOS DA NN ee. tee eus 162, 169, 170 AAbelRteS COPUbUS PREMIER cote 179 TA CRI AO Se ae el nient ee blue ect beta lle efele a ce 214 302 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES. Archesosaurus Dechenii, fig "258,259..." 261 à 264 ANNÉE ONE IE oops no dd 000 0008 00000000 306000000000 00 00 0 0 106 Arethusina . .... NT OO D Se DA SOUS 000 201 AriStozoe recind, fe. A1Bbree mener rer ec CCC 185 ARULCULES 2 20 8e enr eco ree TTL ET TELE OC CPEREE 180 Asaphus expansus, fig. 191, 195.............. Sante Vs AC 194, 195 ASaphusiGuettardi no ODA RER ER CAE CCE CR CCE CEE 193, 200 Asaphusiplatycephalus 169 OS FEES PER RE PEER PRE PPEPEE 196 Ascoceras Keyserlingi, fig. 143........ nn 156, 158 VASMIOCTINUS SRE RER C RER Ce PT MEET EN ET TC EEE 97, 108 Athyristconcentrica Me MD EPP PERTE ER ere 125, 132 Athyris Ezquerræ fig 10806 Eee ee CELL TERRE 126 AthyristRoïssy1, fe LOTERIE EC PET EE 125 AURAS ÉTUDE PSE 0 DE Cr SO UD SCT oi 0 € on 0 0 0 125 Atrypardesquamata fo MUR RECETTE 126, 127 Atnypaureticularis 9 MIDI PEER ER MERE PE ERP CE LITE 126 AuChenapsisiSaltenl fig Dole Le eee ee ee CC CCE EC ER 228 AulacophyIluMIsUlCatUNMOALP EME PE ET EEE ECC CRT DE 15, 76, 83 AUlOpOra repens, Hp 0e RM CRE CO EE CRETE ECTS 69 Aviculareticulatas fie MAS EPS NE RE ECO CR CEE CEETE 137 Aviculopectenteerececcene centre CT LOT COLLE 131, 140 OL CR RON PS ER AIO D Date o MB Go do c 138, 140 B Barrandeocrinus SCeptrtn, Ag NME PE Ne EEE 104 BAtrAC OPUS: SAR ARNO AOL EE EEE 284 Belinurussbellulus 18208 EPP PEER EE 210 Bellerophon htulcus Re MINE ESC ER Eee 145 BIVAINES AE RS ee CU Ne OO OPA RS ER SE 136 BlaStodes rs MEN A AE RER NP RE CEE 88 Bothriocidaris Pahlent, Ho SO EPP EE MEN PERS ERA TE 106 Brachiopodes articulés. ...,........ HO RG CDD TOC bLoUC OC 0 0 118 BrACOPOdEs MNATUICUIES A EN AE ME UT PACE CURE CLEEEE 117 BrANChIOpodes is AP NN LI RME ENDREE 185 BTANCMIOSTUTUS LORS RE NE ER PERRET 258 AE ER A A ne 0.0.8 0 c é o 283 Bronteus/ffabellifer Aa MO PPMPERRE CPE RE CRT 19% BEVOZOANES RER ARE CRE EN SANTA PSC ER 115 Bumastus Darrmensis ee AO PEER RENE RER 189, 195, 199 € Galéeoldi)sandalina fe ASP Re IR Re 17, 124 CalymeneBlumenbachne Me MS2 PC PR EPP 188 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. 309 à PAGES. Galymenesenatio fo 1099200 Pr Oro CalymenernnStantetlSon es ARE Pr ee) se AUAENU 188, 200 Cneroterasduplec to AAA ANSE Res ss set 159, 162 GARDONI COLA EE Te Etes NE Aa arr. 158, 140 CARO AR RE PA EN eus ERA SR AS dt 197 CARMEN AN Dana ee D et lo) CEA SITES EAST ROSE PE ARE Pr eee 1e IS COLOIDORE NN RENTE RD I NT AR A A AT RE Lun 70 CEphalaspis Bye fe 228 9208 Pr RE NE EN + 226, 227, 248 GCDhalOpodes re ee MN Pre Un NN eue, 151 CenaOC ANS Alu denSIS ER NREE Ce n E RCI Pan Een Rte 185 DERATES SAS PA RER Reese ee 157 CETAUTUS SR RS nan ie ae etes lee 197 (CE ÉTES RSR TE PRE RE EN PT 12, 80, 82 Chénolepis Cumminegre tie2419 0e PRE e RE RE PNR 237 CDETUEUS Se ee Ua mu male aie rose 200 Bones ERUICOS A A MO OR ER cu 1922 CIRRMIDÉ TES es es Re M dre dcie e 186 Cladochonus Michelini, fig. 29....... TEST RE CO UE EU 68 CNE, MEME AC RE 0 0e De On 00 ED Tobin 170 Cmmemadeniont vase MASON PE PR RCE Ce 152, 164 Coceosleus decipiens fe 290 4297 EE 230 à 235 Cochhodusicontontusete 2200 re re elec chic ee 221 Cochliodusoblonqus ie 210 PC PRE 221 Codonaster. 7... ne D AN ne 93 CORTE DEUS ER Sn ae en one a D een el ce See le D cie 66 Columnaria ....... D na ae me CN lele opsio cie dei pee 82 Conan eno AAD RES CR Ce EE he neeeer. 139, 140 Cüunoconyphe vel fo SD Ve NN ne eee 186, 201 Conulaua pyrannidata He MAG URL CT PCR. 141, 142 COAST ARR ne de Mie se ones. 148 RAA SR A els LD à 2 aan e Unes dd eat de 117, 118 COTES A D ce ie eu Late cu lnalles dde out 93 Crotalocrinus? espèce peut-être nouvelle, fig. 76................. 103 OTUDIOCeRAS A AG RE nn me 162, 170 Gienacanthus hybodoides 410299 eee 222 CTÉNOTONTA RE Re ee del ne cn den A Ne 138, 140 (CHENE RSR ES SE PE PR Re RS 138 CUPHÉSS0ErINUS CraSSUS, MBA ee. ecrire 102, 103 COTON OU ER ln ne ce tn 138 CVAHAXOMAICOPNUL Ho Peer -cre cpu 75 Cyathophyllum heliantoides, fig. 45.....,.......,............. 10,10) Cyathophyllum heterophyllum, fig. 40..........,.........,...... 74 Gyathophyllum hexagonum, fig. 46............,........... FN AU 304 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES CYPRASPIS RER RE CERCLE 200 Gyprellaschrysalidea fie MIO EEE CRE ee CO EURE 183 CYR ER NT Ce NE D RE CPE LES 139 CGypadellaWrehtt te re PRE ER OT +. 18 Cypridellina BurrOvIL Mi AMD TER RE 185 Gyrtiarexporrecta 00 HOUR SAR ERP Eee 124, 132 Cyrtna Te ss RD SR COM NE EN CTP OR EET EEE 124 Cyrtoceras, fig. 168, ISSUE RE NOR TERRE 170 Gyrtoceras/heterochtum fe MOT PEER PP PTE CRE aid à 166 Gyrlocerasire pelle Mo MAIRES RE RE 161, 162 Gyrtoteras/subrugosum tin MOD 2e een CCC COTE CEE .. 155 CYTLONITES RS RS MAR NC TE PO DNS 143 Gyrtotheca ARR CN RCE EEE EEE 141 CYSHAES see bre M RM EU RE ELLES 89 Gystiphyllum americanum ie APR PERENE EC ERA TEEP EEE 74 CYSTOCIdATIS rene Es AE 90.0 00 87 D Dalmanites caudata, MD SO PE EEE PRET EEE TEE TTC CRE 190, 200 Dalmanites Hausmanni, fie 106-0002 CALE EN ER RER 195 Dalmanitesiwyerrucosa is O2 PRE PETER EE CCC ECRE 192, 194 Dentalina/multicostata fo TR EE RE RE TEE 5b] Dentalium nr ANS RARE RTE EME ET RARE EEE 140 DichogrAptuS eee ER SR PR LR LE DE DEEE 66 Dicranograptus teen Rene tient CCC LC LEE 5 100 Didymaspis Grmdrodi 00262 Pe RE 0 Re Crete ce ce LEE 2928 Didymograptus seminus 19 024,025 RTE CNE LC CRETE TRE 65 Didymograptus Muüurchison1 n-220 0 PERRET E RP TELE 65 Diplacanthus longispinus, fig. 244, 245.................... 231, 238 Diplosraptus fo 21e EU ER ON PRET OT EENEr 64, 66 D OR Ge. à 0 a o 234 DipteRis ne M AE ne die in ee RL LE 235, 238 IDÉES RAR RE 0.0 0 o o 165 Discimidés 257.2" A DC CDD TE Sd6 ga 0 do ee CAS IDUNOEN EE dooecoosootboboñco op gdotosrdooguc RSS bac 185 E Ecculiomphalus serpula fig. 1222 "CPR Lt ec cee 145, 146 ECRINOCYSLILES ANR ENCORE RER NE OR PR EC PER EEELE 87 Échinodermes 820 ie ne ie UN es ENeNNES TE Echinoencrinus armatus M0 51 PRE ER PT ET PR EEE 86 Echimosphærataurantium nn 02 tee tuer eco CAR EC 86 LISTE. ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. 305 PAGES, Pdnoermusisacculus Momo ee PP Nr re. GI, 102 06 ÉD iba les ns Re ner. ne D 2 Hp ocenhalusr ren ee re RE Een EURE 200 TE DOCS DRASS SUR PER ARR ne 161 Budothyra Bowen Ho Aer A ER RE PR nn 04, 58, 59 Ho pause SUVICUE fo RAA RE ER RUES 214 OZOON ER cute eau ie ee nm P ae MOST DOM TAN 21,200) ONCORUNIUS Se RAR CERN UN RAR ee nr 2172 See eue ne MR D Rs cet le dt D 182 BSnere membrane basse eo SET Re 185, 186 Pucalyptocrmusterassus, Me04 00 CARRE ROUES nee 95 Euchirosaumus Roche ete 200280 PP PRO RP EEE 270, à 279 EURO RAS DIS Re ne eu bee cu ee 298 Bones diionenens UE RE Se Re NE ne 179 Buvnphalusstuberculalus mio MSP CPP Re er 146 Euphoberia Brownii, fig. 215.......... ee D De 215 JR OROSNENS SEE RAR RE EE ARE EN RE MR EVE DER 283 BOPDIERNS SNS eee Pr ee ae D NU an sue 206 F Havosiles sole NO Sn RC AE Er ee Ar ee 72 PEVOTES MORT IRON RECRUE Te Re 172 Horainieress RE TT dm nu duo o1 Horse Enus COMMUNS Mo OPEN EPP E PE CE 0 DO A0S HuSispiraRen es pre ne ee M DNS eee de 148 AUS DNA ED eee Lee ee. ET D AT Le 93 &G Gampsonyx...... a D ee a Den pion ce 213 CATOTISS SRE ER OR ER Re Re n 233 CAO PO Ca A ee 140 GIOSS OCR AS RE RM eee dents A ta ee Beer are 165 Cpiosniiem 25640656 eee ere eee Ro LR Se de 00 Comphoceris DeShaves ENSEMIOIPPEC EE EECE CET E PCR ETS POS 167 Gomphocerasoralumefo MOD EEPE EEE PEER ont als 167 Gomphoceras inflatum, fig. 157................ ee 167 Gomphocerasmyemido He MODS EP REP EE R RR 167 Gomphoceras nanum, fig. 159......... A EN 167 Gomphoceras Ne MORE CEE CET EE CPC PEC ES 167 Gomphoceras pirifonme fo on nn snce 152, 156 Comphocerasipolens ASE EPP CEE CURE CE PER T ECC 167 Gomphoceras semiclausum, fig. 155....... A . JÉbpee 167 306 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES Gomphocerastsimple io tIGO EE CRE ERP 167 Gomphoceri1SRStaurostoma Ro NID ARE PEER EE e 168 Gontatites 1 MSO MES PAPER ARE rer 163, 170 Goniatites fecundus 9 ACIER PER E TEE CE TC CC LEE 172 GONALITESMNIUMESCENS IT MAI MERE RE ENTER EE RP PERTE 157 Gonratitestmretrornsus fo ADI PP RNEN PRE EC RRRE RE RP TEE 163, 164 GoniophyllumtFletcheri Ro MERE ERP CC EEE 177 Granatocrinusimelo MO NOIRE Re LE CN PTT EEE 90 à 92 Graphiocrinus SiMplex AO MD EEE EPP EPP ERP ECC EEE CLE 99/1015 4102 Graptolithustconvolutus 9-21 PERMET P EEE CPE EC CTP RPEEe 64 Graptolithus/priodon, 1022 PP PEER ER ETC CETTE 65, 66 Graptolithus Sedewickin no 21/27 PRENONS 64, 67 GraptolithusAturriculalusS ASS RE RP Pr CE CCE TETE (CS Graptolitidés 0.2 SN M REP en CC LCL LE (4 Gyroceras fo 168 Je ER R PRREER RE 170 Gyroceras#æooceros Mig O0 PRE EE RP ER RER PRÉC TE CET 155 Gyrocerastornatum, Mio, RARE RER ee CC CCC RC ETES 155 LE Halysites labyrinthica to 03 1 CREER ER CNP EE CEE CP EEE 69, 70, 82 HARMOMICS EEE RER RE TRE PRE CCE TETE 19 ÉCRAN SR SE PO OR AS OM E toomé onto bouounocoscoc 192 Heliolites megastoma, fig. 37 ..... DS 00 12, 0T0PRS2 Hemiceras Eee. certe Co rer PL CCC CELLEEE 142 Hermiaspistlimuloides ne n90T RER CR RER ECC EPP 209, -211 HMércocerass se sr ssl PR NN NN NS EPL ELEELE 165 HOIOCUSTI LES NE RÉEL ES 87, 88 Homalonotus delphinocephalus, fig. 186............... 189, 190, 199 TLYAIIÉES ER RE LORS LR ME TE ER TRE 141, 142 Hi DOCyStIteS ARRE Re EMER ET PE PR CELL our 93 Hylonomus Se MER Re NA ee de CSC TEL EES 284 HyMenocarIS RS een een UE CCE CCCEPELE 185 L Hlænuspisanteus, Ne, 20222 ere M NT 2 LATE TELLE 201 HÉROS Tovvaseptadtnndeu sata PAST 0e dde 50 bo 219 SOC ARE RER eee ce Ce T MP PH doo0 oo 138 L DParena Parkeliina oO eee cree eeL CC ECC 59 Lepadocrinus quadrifasciatus, fig. 53................... ee OS Leperditiascampbrensis ere RO ceh cc certe PSE RÉEL 183 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. 907 FAGES. épendilaiiranted eee ss Eee tete rec 184 ‘Lepidechinus...... ben vote oEbEoeo vo PSE OUR ADLADE OI Ee 106 depidesthes........ Sn ee mans cie ec RUE lc lion 106 Lepidocentrum . ......... CS RD eu DIN 0 Grid DE QNEA S 106 Lenovo e et ere bonbons en bone copei or 0 DTA AN O MMA 2e eee eue eee en et UC 140 HOME SM NNTEME Ee R Se 117 PinaulelhgrecuainentTSO PRE E EP EE EE CREE RC EESr PC 01107 ÉOUI TES PER Sen en en te certe ce ei M NEC 165 Ritnolamautloidens foto ReECERRrRE eR eEt 54 OROMNA PR des danse à aeene ee ei ont nl OU ES es 255 Foxonemanetebure ao MAIRE EEE EP RE Cr 145, 146 ÉUCIRARS RNCS RE Re En ste ee SU Sete 2e à 159 VOUS MA REP Er ere eee eue e e e 133 NA MA CURe AAA RE SR Te ee RS NN RE ae 140 Machrotheilus Subcostatus MAO REP CE PEER CRTC 141, 116 MATE DONAIRES A CD A 0 en Le nt ER Eee A Rer 18 MAT ICOdeRMES Arena eme dun ee Lea ent 67 MarSupiocrinusseælatus HS NOO ERP ERP PRE ER PE 91, 96 Mecs USRAleRNALUS MIO RO APE ERP EN EEE EE AN PER ESC RS S7, 88 Helene Den Me TD 20 0 00e PE ose note 231, 238 Nesnlodonteucullatus io MMPPERRE EEE REP PEER ERREUR 139, 140 MésapleuroneRocher fo 210 RER EC RC PERP EE U ee 238, 239 Melanerpeton pulcherrimum............ SR ER LM ENTR UT 258 HET Ne lICSADEP PE PECELE EP RORCNP EN CERREMEReRT RUE 162, 170 Melomiestmultnonass os STI PERRET PE CC Ce 105, 106 MOTOS tONTE SR RER CN EP RAI RE MR AN le pe RAA CE RER AR TRES 205 N'OSE RON EUR Re PRE RS En LAS Se 87 D Nesoceras hohemicum te MO3 Ce RER PR RCE 166, 176 MÉSpIdErInuS A ROrDeSU To ND RER TRE ARR RCE CCE 102, 103 HTÉTAlNEM EN TES RSR ER 10,2 19282 MICROISQUS ER nee RE tre die 182, 186, 200 MODO ASE Se ase es oaes 133 NIOAUCU DORA SE RE nn Ne nn sed dire rs oo 82 Murchisomatnlineati no MD EEE RE Ce OU DT AA Murchisonia coronata, fig. 126................, rade dde 147 MVL ARR ER RS Ne ete DéoRo000g0 0 . 158 MVRADOUES RSR ere 5 oo AE Lo SE TN CE 215 A‘ NautiloceraseomOS Eee tree rer Rene aie Me 162, 170 Nautilus MATIN BEA ere CCE eee DAOEE A Bi ne 0 208 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES. Nautilustbohemieus Me MIO PEER RE Rae Den ES) eine Romane TS En roc oososocoganconur 159 Nautilus Sternbergi, fig. 168........... EL Eee 169 Nautilus asubsSulCatuS io MALE EEE EE Pere 174 NeCROPAMMANUSE PARA RSECCRR LC CTC CC LITE CEE 10215 NECROSCINA RETRACE RE AP ET AE TE CIRE 213 NECLOLElS ONE RS EE ROLE ARR UE CE 00 à 0 243 Neolimulus. re RerRiae E EREME TOEERC Sr RTE EOTREE 209 Nodosinellagconcinna ie MDP RECERE EE PEER ER EC RTE 91, 58 Nothoceras bohemicumMaMID D ere EEE ee 164, 165 Nucleocnnus ere tbD RER ER E RE eee 90 à 92 NummuliiespriStina HONG PC RER RENE REP SEC PRE o4 e@ OsvaratDesmares io ASTRA ENCRES PEER PRE EEE 189 OIEnUS ER TR NE NC RE OT CU DEP EE LRES ee 001 OmphymaSubiurbinatum ie ts8 m9 PCR PER EEE PETER 19, 482 Ophidernpe lon AMP ERRRRNE ARRET Er HOudondsovnne . 284 Onhidioceras Mo MIOS RPC TEE CCE R CAT R EP ECC RP ETEEEEE 170 Oriostomadpninceps ie AL EEE RE PT OPEN EC CEE CEE 146 Ormoceras franconicum, Me 440 Re PRMPN EC TE CEE CEPEUPRRRE 159 OrmocerasitenmnluneeneeMAS REP Er EEE PEER PCT E HV RSS 161 OroOUUS LAMOSUS AIS MISE NPA P ERP ETRE PR boo 221 Orthis 'alternatar fig 88 RER MER EE PE CORTE 119 Orthis orbicularis, fig. 89....... ie PL EU T0 0 0 119 Orthisinatascendens Mo 1022 RE CP TER er 1919482 Orthoceras No AOB MR EEE RE RER EC CUT LE CIE ELEC EP ELEE 170 Orthocerastanculatum Mo MAC PRE PE 159, 160 Orthoceras annulatu@h, MR EEE Ci ec iEe 154 Orthocerastdulce ie MOSS AIO EPP ERP ERRE PER E PE EC PET CET 168, 173 Orthoceras Gtesneni 1e MODE EEE EN ETC TP TN CE ET RE CEEEEE 154 Orthoceras regulare, fig. 147.......... RE NT AE A ct Jde 1100) Orthocerastruncatum, fie 131492222206 0... C0 MID OrhOnOIuST RER EEE een ONCE te 00 Ostracodes...... ne LE ANT OR STE D PR . 183 OSLÉITES ee FR A RS RS LOI 0-0 d ne de ON (ONE 0 00080008 PR OIL 0 6 0 0.6 0 . 404 « PP PaCRYUOMUS PEER CC CCE CC CO CCC ONE TRES 139 érensone, Me PAR oo occonésechedbonase 6.6 06/00 0 68 Palma TA ere CRE ARTE, A D RTE en ereeesses 138, 140 LISTE ALPHABÉTIQUE DES. ANIMAUX. 909 PAGES. PAT DIU SR ee tee de a ie Ut 0, AM Palo ER ee ne RE nn 2102415 BaleocomarMAEStONR No Se Re ee rer pe nee 112 BAR o pas Edwards Peer. 184 PAlOdISEUSTerON one Re nn TU. PE soon MS Palæoniscus Blainvilleï, fig. 241........ + DRE Re NE Lente + 200 Paradoxides bohemicus, fig. 181...... DER Ra ME 487, 201, 204 DOCS ER Eee ns pére ce. eu Bentemernstonleatus to MODS EPP EU EEE PR RUE An AE en 128 BentamesussKmehtn to t00 AMD EP eE HN CAR EUR Pen DE) RentremirestdueroupeduP Norte TS OI RCE ER EEE RES 89 Béninemites floral nono rer PE SRE D NUE Ut 88 Pentremites sulcatus, fig. 56......... ls ten als Ne de ed DA Pentremibded sr barlethnte SSSR rREr ERP CE EERr RE ON ne LOU) Pentremitidea Schultzn, fig. 59....... ee M 89 RÉRISCHOdOMUS A PE FETE en Re UE Le 106 BÉRnODeClen ee re ee TRE AE RUE ire 140 ÉRAC Op SRE AR Re Mn ee etre ee 192 BAIE NIEUTONS EEE NS REP en ner este 244, 249 Bip ere D aa ne le ne ele ee On 158 PhrcmocersibrodenpietnoAt0 PCR EE PeP CPR PER EC Eee 156 Rhragmothec ar ere terre IR IR Te RS Bhyilostapius "#0" "tre en SA Ne DUO Dee 66 PODCAST 08 PR DUR CARTE Re PA Eco nl 158 FAO LE GDS ne men AN CR 224 BACOpSNaRCOS AAA AL PE REC EE PE CEE CRC 92 BÉCOpSIlEnAve US MINS EEE ee A 52 RRtÉDhenmena te nn rene ao RS ne 215 PICASSO RENTE SRE Par Re D eee ne ie . 145, 147 Platycrinus voisin du P. shumardanus, fig. 69............... 99, 103 Phtystomaniacarense, io A0 CC nn ie 145, 146 Pleuracanthus Frossardi, fig. 221..... Rs Roi nene 220, 222 Pletronone, MATE ST RER eee LAS LT MS 290, 2511 Pleurotomaria occidens, fig. 118..... Se A CU A ne 2 144, 146 PONTS RES ANR Re RER a rar ue 180 ÉOdO DENAIN es Ar Re NE PR tete er De ere 215 HOISSONS CAR AMINEUx ER RE PER ER CR ne 220 OI SS DNS USS EUR ee le die à um ue 225 POMPES rer de Ces Han A nn denis RUE GI Borcelliae ee ne. Re Rene LT REe SR On Re 143 PORTEURS RE TROUS RS ai cie de Che ne 81 RAC CUS OO LS En Re A A ee DR 212 Prestwichia anthrax, fig. 209....... D NE ten ire dec 210 Produetus Genitzl Mie eon een us sd Ne 422 310 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES Productus giganteus........ DRE NSME EE UE D eee ne ee HONG Productus honridus MAT AISMEEPEN RE ECS RS PPRSEN Ge DMTOIS BEA 0 à 121 PEOSOPONISCUS.- PR ECERRE RE EAN LOS CE VAR n a Le + 12418 Prose MI IONEMIEERR TESTER ANNE Arr nl iec PROTCLOSAURUS EE EAN RERE NT ER RE RE ENS D 251 Protichuites © RES EE ER Eee ER A RARE à 205 Protolycosa neo En e 0e DE 0 HE dourad once Sobcoo 214 Protophasma Dumasii, fig. 216....... Dub ble Bob DEMO DA Le 210 Protriton petrole, fig. 255, 256........ HD D RO à Die à .... 259 à 256 Psammodus porosus, fig. 217............ RE CAR EEE de en | Pseudocrinus.-........ nat no EN AE EN ER LE ET PtERASDIS ATOS ANUS MIO RL RER PE EP PEN EE RECENT ÉCRAN EE 0 224, 218 ne CORQUUS PI PO REP EEE CRE ee MOIS 220 NES lHeninea ee tree one au Ho 40 Da 0 O0 A HENEL AREA es 137 P REoTe nains [IS 206 RE CN PRE RAR RP Pare OUT 020 SPA ltesvsotus hilobus Mo IS EEEEEEERSE CE 00010200 Pupaave US ao MOST EEE me eee CHAR 1 AP OS NI) PSOCEPNa lus APPARENCE CRE RTE nn 050 0 0 00 oo 9 0 0 c 215 Pygopterus........ a lite RS SION Tee Re do 0 = 1200 TRS a Sedo Ho d do de E Rachitomus ........ TR ER CT M ES NC UE 0 HTC adiO aires AR ER PE a PES ape den EE EE 60: IVANICO PSE CAPE EPP EE RER re eee AD EST PRO PE 295 VASTES Un LE ee RER AE RE ER A TC Re 66 iemopleurides ....... Re ee PA CR Ne CE TEE Et 0 to 192. RÉPUIESER EEE CES CEE DR CIE SA DRE G EE SAS DAT DU TO 0 H05 0 ADI lihizodus ornatus, fig. 212. SE RS A TE RP ss ue RO D Rhynchonella lacunosa, fig. 106........... AAO RE En or APE Rhvachotretareuneata Mio MOTS REP ERP RER Re à MON 128 RISUCUXER EE SEEEN EP Pb oRte den DR b Dont ne 0 à à RETENIR s SACCAMINAN CALE PS ARRET CCE DRE 59, 08 DATECERAS ee ee EN É déret sRROSRE IST SH RAS ES bio de onda CRT DB 00 boat Re ee RUE 42 SA0 NITSULA NO DOS EEE EELEES RASE Se ET Na Mer 202900 SAUTOPUS. ce rene SE Se LR RER . 285 Scaphaspis Lloydii, fig. 223 229, 2 97. ER D io 224 0925 CCHDUIORITEER EEE RE NC RENE Run : Mt 145 S:imonia acuminata, fig. 201....... sert 208 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. o11 PAGES SOIENISCUSAINPICUS HO PNR EEE PRE LE TC RC CCE 147 SOMARONIS soscec0coocesecdhe be oo Men oc EE OU 86 SUIS EMIN AUS RER E ERSEEE CEEECEECR ee ce CC e cc 100 STE MOMENT AISNE RENE EEE RE TN 123 SHNCRSIHAIUS OO ERP ECO CCC 123 D) ALFONA RTE SOS ie D ee de Ce al ets era ct 126,132 SDARANE ITR ee Den lee See Ne ee RL ee eme eine ces eee 126 Sproribs. MEME eee 0506 080 cocoococbosoco unie cepooe 179 SDONCANTES LE ac dFote ue cadence en ub0 00e 200 TMD oO 60 SÉNÉNITeS EP ER E n ehe oninS à cn ces cc 110 SlereorachiSARoChe io 281 SEE CC 219 à 284 SIREDLOC ETS ER Ce dc lieu ue 166 SIteplonynCnUSUMhrACUIUNM DORE ER CE 120 Slansocephaluss uen Ro MAP MENSER EEE RE 130, 132 SIROMALODO RARE ee nl en eme nee Mo eine DS man eee 60 SOA OS AG OIIUSS PAPA ID EEE PR EE CT 122 Strophomenarhompoidalis fo JO ER E 120, 132 SVLONU US SRE M M de ne eee Se ee 206 SCOR Le Go SO MORE TNA Te D de PO DU EU 162 Svringopora verlicillata, fig. 32........... Dee 10, 80, 82 T TAINIES soc todo 06e 0e NE EE NE A En 69 Terebratula sacculus, fig. 111.......... De ae Le CR NE 130 Tetragraplus..... D'OR E DRIC A Po o BOT ES RP Re ont 65 THON LE RE EE AE SES ee ee Er 82 Thylacocrinus Vannioti, fig. 73........ D RE PR MS 98, 101 à 103 AANOPHRS MA ES ER AE AN Mn Line etre de see ane Dale 216 Han U SIDE Chien teint ennuis em tiliets Se dA ME me one 202 ACROSS TAP ENS RER a et M nee een cn Te 65 LAC MES SANS TE Re RE ARS SRE 186 HAMÉRCLAR RES RTE NEC Le ee ne C0 132 RGIMEDORACI IS nee lee ee = se te eee en eue 275 HnUclEuUSTORNALUS Ma MSA CR eee ere 191, 200, 209 Ristichopierusalatus To SD EP or c 214, 249 MrochatmmacondalsiomMarrEREErEE en + 59, 58 HGOCHOCE RAS RE RSR A eee cn a pee 8 a à ie Nain au he 155 UD RE ele matelas un eau 68 4 Uncites gryphus, fo 997... - 124 312 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. PAGES. Ÿ MEET RS PPS PARA RE AE PR RER D MR ei 6 178 x ONE Ra or 0 D'R 51070 D bo 0 RS RTE En ED à 8 à 215 &, LaphientiS pa tua No ES EEE REA 15 IC RSS Lenaspis/ 100230) LR EN ST RE NES AIS SR ARS 227 FIN DE LA LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX PRIMAIRES TABLE DES MATIÈRES LES ENCHAINEMENTS DU MONDE ANIMAL DANS LES TEMPS GÉOLOGIQUES INFRODUCTION. A GR A EN EE AE A2 SE 1 La paléontologie nous fait entrevoir qu’un plan a présidé au dévelop- pement de la vie. — Dans cet ouvrage, l’auteur a pour but de passer en revue les animaux des temps géologiques en notant les faits qui peuvent jeter quelque lumière sur le plan de Ja création du monde animal. CHAPITRE PREMIER IlNISTOIRE DES PROGRÈS DE LA PALÉONTOLOGIE.............e-.e.e 7 Première phase de lhistoire de la paléontologie dans laquelle on à appris qu'il y avait eu, avant la venue des hommes, des créatures différentes des créatures actuelles. — L’antiquité et le moyen âge w’ont pas conuu la paléontologie. -— Les premières lueurs de cette science ont paru en Italie. — Essais faits dans différents pays. — Cuvier fonde en France la paléontologie. — Seconde phase de l’histoire de la paléontologie dans laquelle on établit la chronologie géologique, en se basant sur les distinctions des fossiles des diffé- rents élages. — Classification des étages géologiques par Alcide d'Orbigny. — Enumération des auteurs qui se sont spécialement livrés à l’étude des animaux fossiles. CHAPITRE IH DE L’ACCORD DE LA GÉOLOGIE AVEC L'ÉTUDE DES ENCHAINEMENTS DES in TABLE DES MATIÈRES. Le monde animal à subi des changements pendant les temps gévolo- giques. — Tableau des principaux changements. — De Ja multi- plicité des époques où des espèces nouvelles ont apparu. — L'idée de la création continue tend à se substituer à celle des créations multiples. — Du sens qu’il faut attacher au mot étage géologique. — Fa vie, prise dans son ensemble, paraît avoir poursuivi sans interruption sa marche à travers les âges. — Les interruptions, qui ont donné lieu à ce qu'on appelle des étages géologiques, n’ont été que des phénomènes locaux. — Les derniers sondages faits à bord du Travailleur montrent que des superpositions d'êtres différents ont pu se produire, sans qu'il y ait eu de chan- gements dans l’ensemble du monde organique. — De la durée des temps géologiques. — Épaisseur des terrains fossilifères. CHAPITRE HI TERRAINS PRIMAIRES DIVISIONS DES TERRAINS PRIMAIRES .......e.ee.. RE is 36 Terrain archéen. — Terrain cambrien. — Terrain silurien. — Ter- rain dévonien. — Terrain carbonifère. — Terrain permien. — Chacun de ces terrains renferme de nombreux étages et sous- élages. CHAPITRE IV FOSSILES PRIMAIRES PESSEORAMINIEERES PRIMAIRES Re EN RE ER RE LAN RTRS AE 50 Les foraminifères montrent que la fonction ne dépend pas forcément de l'organe. — Principaux types. — Rareté relative des foramini- fères dans les terrains anciens. — Remarques sur la classification des foraminifères. — Les divisions basées sur la structure intime ne sont pas beaucoup plus fixes que celles basées sur la forme ex'éricure. — Radiolaires. -- Spongiaires. CHAPITRE V PESSPODNPESEPRIMAIRES REP CCE rE DRE Ode 0 00.0 va OI Graptolitidés. — Leurs capsules ovariennes. — Malacodermés. — Tubuleux. — Tabulés. — Rugueux. — Madréporaires. — Consi- TABLE DES MATIÈRES. 315 dérations générales sur les polvpiers primaires. — Comme pour les foraminifères, on trouve des passages entre les divisions basées sur la structure intime, aussi bien qu'entre celles basées sur les modes de groupements. CHAPITRE VI ÉESSECHINODERMES PRIMAIRES ER Rem mon nn 84. Cystidés. — Ce sont des types mixtes marquant des tendances, les uns vers les oursins, d'autres vers les crinoïdes, d’autres vers les étoiles de mer, d’autres vers les holothuries. — Blastoïdes. — Ils constituent un {ype spécialisé qui n’en a pas produit d’autres. — Figure théorique d’un blastoïde. — Crinoïdes. — Règne des paléo- crinoïdes. — De leur abondance et de leur beauté dès les temps siluriens. — Figure théorique d’un crinoïde. — Malgré la richesse de leurs variations, la plupart des crinoïdes se ramènent facile- ment à un type commun. — Oursins — Règne des paléchinides. — Figure théorique d'un oursin. — Ilomologies des oursins. — Stellérides. — Figure théorique d’une astéride. — Astérides et ophiurides. -—- La connaissance imparfaite des homologies des échinodermes rend difficile l’étude de leurs filiations. CHAPITRE VIE LES BRACHIOPODES PRIMAIRES. «eee seeeses es a Re 115 Les bryozoaires et les brachiopodes sont des animaux voisins. — Brachiopodes inarticulés. — Brachiopodes articulés. — L’évolu- tion des brachiopodes s’est produite d’une manière très inégale. — Transitions entre les brachiopodes. — M. Davidson admet des pas- sages d'espèce à espèce. CHAPITRE VII LES BIVALVES ET LES GASTROPODES PRIMAIRES 135 esse Bivalves asiphonidés. — Bivalves siphonidés. — Ptéropodes. — Nu- cléobranches. — Prosobranches. — Abondance des holostomes. — Rarcté des siphonostomes et des pulmonés. — Liste de M. Hall montrant dans le dévonien d'Amérique une série de formes repré- sentatives des espèces d'Eurcpe. (dE) TABLE DES MATIÈRES. (en CHAPITRE IX ESÉCEPHATOPODES PRIMAIRES PE OCR ET ET EE DER RERerS Différences des céphalopodes primaires et actuels. — Règne des nau- tilidés. — Ammonitidés. — Modifications du siphon, des cloisons, de l’ouverture de la coquille, de sa courbure. — Nucléus des cé- phalopodes. — L'auteur voit dans l'étude des céphalopodes des preuves en faveur de la doctrine de l’évolution. — II fait cepen- dant remarquer que M. Barrande, qui a plus étudié que personne les céphalopodes, est défavorable à cette doctrine. CHAPITRE X LES ARTICULES PRIMAIRES 82 0 ua moe tee Ce CET TE Difficulté de l'étude des vers pour les paléontologistes. — Importance des crustacés dans les temps primaires. — Ostracodes. — Leur règne à l’époque silurienne. — Branchiopodes. — Cirrhipèdes. — Trilobites. — Ils sont communs dès les temps cambriens. — Éton- nantes variations d'aspect obtenues par la simple modification de quelques parties de leur carapace. — Découvertes de M. Walcott. — Agnostidés. — Trilobites proprement dits. — Les différences provenant des développements individuels, qui ont été constatées par M. Barrande, affectent l'apparence de différences génériques. — Mérostomes. — Les curieux travaux de M. Henry Woodward montrent la liaison des formes allongées des euryptérides avec la forme raccourcie des limules actuels. — Les euryptérides s’en- chaînent-1ls également avec les scorpions? — Les édriophthalmes et les podophthalmes ont été comparativement rares. — Arachnides et myriapodes dans le houiller. — Insectes dès l’époque dévo- nienne. CHAPITRE XI LES POISSONS PRIMAIRES..... RSR SR NE TN En Duc 6 o Leur apparition à la fin de l’époque silurienne. — Poissons cartila- gineux. — Placodermes. — Groupe Scaphaspis. — Groupe Cepha- laspis. — Plerichthys. — Coccosteus — Ganoïdes. — Dipnoés. — Particularités des poissons anciens. — Ils présentent à certains égards des caractères d’infériorité. — Les prototypes des poissons ne réalisent pas l'idée de larchétype. 151 9 = 18 TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE XII DES REPTILES PRIMAIRES... 0. Dococoobe 560006000004 On n’a pas trouvé d'os de reptiles plus bas que dans le carbonifère. — Les premiers reptiles ont peut-être été des anallantoïdiens. — Protriton et Pleuronoura. — Archegosaurus. — Actinodon. — Euchirosaurus. — Stereorachis. — Plusieurs des reptiles pri- maires portent à croire qu'ils ont été tirés les uns des autres, mais non pas qu'ils sont descendus des poissons. — Les reptiles primaires ne réalisent pas plus que les poissons l’idée de larché- type. RÉSUMER Er. Re Vi OL à NA a Tee Enchainements des animaux d’une même classe depuis les temps primaires. — Les classes différentes semblent avoir formé de bonne heure des branches distinctes. — Développement progres- sif. — Épanouissements propres aux temps primaires. — Inégalité dans l’évolution. LISTE ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX PRIMAIRES CITÉS DANS CE VOLUME. . FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES MoTTEROZ, Adm.-Directeur des [mprimeries réunies, A, rue Mignon, 2. 917 251 289 301 à RAT ADDITIONS ET CORRECTIONS Page 1. — Je dois ajouter à la liste des personnes, qui m'ont procuré des fossiles intéressants, mon savant collègue du Muséum, M. Édouard Bureau. Page 42. — Au lieu de Way-Iik, lire May-Hill. Page 48. — Il ressort des discussions qui ont cu lieu cette année à Paris, dans le Comité de la nomenclature géologique, que le permien doit être divisé en deux étages principaux : l’inférieur est l'étage autunier ou étage des schistes bitu- mineux d’Autun; le supéricur est l'étage des schistes du Mansfeld, que M. Re- nevier a appelé le thuringien. Page 61. — Au licu de onctions, lire fonclions. Page 62. — Plusieurs savants, ct notamment M. Dewalque, ont depuis longtemps observé les récifs de polypiers qui ont été formés dans la mer dévonienne de la Belgique. En 1882, M. Dupont a fait paraitre un nouveau mémoire accompa- gné de planches, où il a donné une description détaillée de ces récifs. Page 83. — A la 14"° ligne, au licu de polypiers. il faut lire polypes. M. de Lacaze- Duthiers, qui a fait tant de beaux travaux sur les polypes, a constaté que les actinies ont d’abord 2 loges, puis 4, puis 6, 8, 10, 12, ete. Mais il n’a pas encore eu occasion d'observer cette progression dans la formation des premières cloisons calcaires des polypes à polypicrs. Page 88. — Au licu de Cariocystiles, lisez Caryocyslites. Page 117. — Au lieu de erruginea, lisez ferruginea. Page 198. — Au licu de mévt, lisez mévre. Page 219. — La Revue scientifique du 1* juillet 1882 à mentionné un travail de M. Ray Lanksster destiné à mettre en lumière les liens des limules avec les arachnides. Page 220. — La lamproie n’est pas le seul poisson cartilagineux dont on trouve des espèces dans les caux douces et salécs. M. Vaillant m'a dit qu’il y a des pastenagues qui sont propres au haut Amazone; M. Sauvage a signalé une scic dans le Mé-Kong. Page 282. — Dans la figure 283, la coupe verticale du corps de la vertèbre du Stereorachis a été placée sens dessus dessous. Page 284. — M. Dawson vient de publier, dans les Philosophical Transactions of the royal Society, un second mémoire sur les animaux trouvés dans les arbres des houillères de la Nouvelle-Écosse. no