Î347S

BOOK 226.2. T347S c. 1

THIERY # SERMON SUR LA MONTAGNE

ET LE SOCIALISME CONTEMPORAIN

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ARMAND THIÉRY

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Ce^it l'mnicale figure de Jésus, la sublime personnalité divine jyen- chée vers nous et qui nous attire a pratiquer sa Loi, la Bontie Nou- velle de V Evangile...

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INSTITUT SUPÉRIEUR DE PHILOSOPHIE

1, RUK DES FLAMANDS

1896

LE SERMON SUR LA MONTAGNE

SOCIALISME CONTEMPORAIN

ARMAND THIÊRY

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ET LE

Socialisme Contemporain

C'est Vamicale figure de Jésus, la^sublime personnalité divine pen- chéc vers noies et qui nous attire à pratiquer sa Loi, la Bonne Nou- velle de V Evangile...

LOUVAIN

INSTITUT SUPÉRIEUR DE PHILOSOPHIE

1, RUE DES FLAMANDS

1886

-'i.

L'Évangile par un Socialiste

Picard et son soi-disant

groupement méthodique du sermon

sur la montagne

Le Sermon sur la montagne est à facettes multiples. Chacun de ses alinéas a pour ainsi dire abordé un sujet différent tou- chant soit à la morale, soit à la religion, soit à la sociologie. On n'y trouve pas un ordre

LOGIQUE BIEN DÉFINI. MaiS

lorsque, ayant relevé chacun des points développés par le prodigieux prédicateur, on essaie de les grouper méthodi- quement, on aboutit à un saisissant résultat. (Picard, le Seyvnon sur la Montagne, p. 16.] (1).

Il y a vraiment un plaisir extrême à ranger soigneusement les élé- ments épars d'un désordre qui trai-

(1) Edmond Picard. Le Sermon sur la montagne et le Socialisme contemporain. Une brochure de U»5 pages. Bruxelles 1896. Chez Paul Lacorablez.

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nerait depuis dix-huit siècles. Et ce plaisir devient d'autant plus grand que l'arrangement nouveau ainsi opéré donne des aspects et des résultats plus saisissants et plus inespérés.

On s'est avisé de crier au désarroi et à l'incohérence de quelques pages des évangiles constituant le « Ser- mon sur la montagne «. Boule- verser les textes de ce sermon, les remettre dans une suite et une ordonnance, refaire tout à neuf, être l'Archimède de je ne sais quel Eurêka triomphant, telle est la modeste thèse et la prétention sou- tenue ex-professo par M. Picard, dans une brochure récente, bro- chure presque célèbre, en tous cas, brochure à sensation, à scandale même, puisqu'elle vaut à son auteur l'humiliant refus de la lire en con- férence au Palais de Justice de Bruxelles. Et certes, notre baby- lonien palais tout laïcisé et tout

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païen, qui refuse même le crucifix aux angoissés des salles d'assises, a néanmoins mieux à faire encore qu'à entendre les blasphèmes du fantai- siste amateur de critique biblique.

Quoi qu'il en soit, voici le résumé des découvertes de l'avocat devenu exégète :

V Le Sermon sur la montagne enfilade d apophtegmes réunis au petit bonheur, et se succédant au hasard sans plan densemhle. 2^ Invention surpj^enante dun nou- veau groupement méthodique des textes. Le fidèle rédacteur du journal « le Peuple, » montre sérieusement comment le Sermon sur la montagne, grâce à ce grou- pement méthodique, ne devient ni plus ni moins que le socialisme athée de 1896.

La force de ces invraisemblables dires, c'est leur affirmation auda- cieuse dénuée de tout ce qui pour- rait être une preuve ou permettrait

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au lecteur de se rendre compte des faits.

Leur réfutation c'est la simple citation du texte évangélique (1). Il eût été si élémentairement honnête de citer ce texte ; de le citer vrai et tel qu'il est dans son ordonnance authentique. Vous au- riez pu ensuite essayer de le ren- verser à plaisir de fond en comble et d'en jeter les débris en tous sens ; mais le lecteur aurait su au moins à quoi vous vous en preniez.

Sans rien me montrer, vous voulez me décider à renverser le texte sacré. Parcequ'il manque d'as- pect architectural , dites-vous ! De grâce, avant de tout jeter bas, voyons, jetons un coup d'œil sur les pierres ; et, vraiment, s'il y a en elles plus de grandeur et d'unité

(1) Nous renvoyons à la tin du présent opuscule ; le lecteur y trouvera le texte authentique en regard du t«xte tel que Picard prétend le grouper.

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superbe que dans les plus nobles structures des temples grecs et de nos plus grandioses cathédrales, nous dirons que vous êtes aveuglé et que vous vous êtes mépris.

Qu'est-ce donc que le sermon sur la montagne ? Le Sermon sur la montagne est un sermon d'ensei- gnement (1).

Que doit contenir un tel sermon?

Évidemment deux parties y sont essentielles : il y faut avant tout une partie dogmatique la loi évangélique énoncée avec tout ce qui peut l'enseigner et la faire com- prendre ; une partie morale

(1) Jésus, dit le texte sacré, voyant les foules monté la montagne; et, s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et ouvrant la bouche il les enseignait disant : ... etc. (Évangile Saint Matt. V. 1,2.)"

nous enseignant à appliquer cotte loi évangélique et à nous y conformer. L'ordre à observer entre ces deux parties n'est pas indifférent ; les par- ties interverties, ce serait exhorter à accomplir une loi avant d'en con- naître la portée ni la teneur.

Le sermon sur la Montagne prend exactement trois chapitres complets de l'Évangile ; ce sont les chapitres V, VI, VII de saint Mathieu. Des deux parties que nous venons d'in- diquer, la première, (partie dogma- tique), comprend tout le chapitre V ; la seconde, (partie d'application ou partie morale), comprend les deux autres chapitres du texte (chapitres VI et VII).

Ces deux parties se subdivisent à leur tour dans l'ordre suivant :

I. CH. V. PREMIERE PARTIE, PARTIE DOGMATIQUE :

LA LOI ÉV ANGÉLIQUE.

Les trois subdivisions de la PREMIÈRE PARTIE : V \] ne première subdivision énonce cette loi dans ses dispositions fondamentales et sa sanction qui est le bonheur éternel. (S. Math., ch. V, versets 3 à 10).

2" Cette loi ne se fait pas seule- ment connaître par son énoncé; en eifet, elle est enseignée par les faits. Cette seconde subdivision la fait connaître par les bonnes œuvres des disciples; ceux-ci se voient imposer la responsabilité de l'enseigner pra- tiquement par l'exemple, et reçoi- vent la mission formelle de la manifester ouvertement par le bien qu'ils auront opéré aux jeux de tous (versets 11 à 16).

3*" Dans une ifroes?è»i? subdivision, cette loi s'enseigne non plus par la pratique que les disciples en mani-

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festeront au monde dans l'avenir, mais elle se révèle par la connais- sance de l'ancienne loi mosaïque, en tant que l'Évangile est l'accom- plissement fidèle de tout l'Ancien Testament et qu'il en vérifie toute chose avec une exactitude saisis- sante. Il n'est pas une loi autre, il est la réalisation parfaite des pro- messes et des symboles antérieurs (versets 17 à la fin).

II. CH. VI ET VII. DEUXIEME PARTIE, PARTIE MORALE :

L'APPLICATION DE LA LOI ÉVANGÉLIQUE.

Les trois subdivisions de la SECONDE partie i Après la partie qui est dogmatique, en ce qu'elle réunit ce qui doit nous faire connaître la loi, vient la seconde partie, partie toute d'exhortation morale

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pour nous faire pratiquer la loi. Cette partie est naturellement plus développée (elle comprend les cha- pitres VI et VII de saint Mathieu). Ici aussi trois subdivisions, le Sau- veur des hommes nous y enseigne successivement :

P Ce que nous devons rechercher (ch. VI).

2" Ce que nous devons penser (ch. VII, 1 à 5).

S'' Ce que nous devons faire (6 à la fin).

Nos intentions, nos pensées, nos œuvres, c'est toute la pratique de notre vie.

De même qu'il n'est pas possible de renverser l'ordonnance des deux parties, de même la succession des subdivisions est dans un ordre obligé. Pour les trois premières c'est évident : on comprend que le texte donne la loi évangélique dans les béatitudes qui la formulent ; puis 2" dans les disciples qui l'annonce- ront jusqu'à la fin des temps ; enfin

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dans le Testament ancien qui la préparait depuis l'origine. Ainsi aussi pour les trois subdivisions de la seconde partie. En réalité, nos pensées précèdent nos actes, et, à leur tour, nos pensées sont précé- dées par nos désirs (1). Si notre intention est mauvaise nos pensées en seront perverties et, conséquem- ment, nos actes en seront repréhen- sibles. A cet ordre Jésus se réfère expressément : Si votre intention, dit-il, devient mauvaise tout le reste en sera atteint. Si votre œil est mauvais, tout votre cœur sera dans les ténèbres (VI, 23).

En lisant le texte intégral que nous allons citer, on verra ce que Picard en a retranché et ce qu'il a interverti et je supplie le lecteur

(1) p]n philosophie c'est une vérité classi- que que la cause finale précède la cause exeraplative et celle-ci la cause efficiente.

Le désir, comme aussi le besoin et la nécessité stimulent, rendent ingénieux, font penser, et amènent ainsi à l'action.

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de constater sur le texte même l'injustice et le non-sens de ce pro- cédé de mutilation et d'interversion.

Celui qui, dans le sermon, mécon- naît toute ordonnance de parties, se plaint aussi de ne pas compren- dre, — de rencontrer des redites, amenant la confusion.

« Parfois des obscurités : Un « mélange amenant quelque désor- » dre. Puis, des retours aux idées r> antérieures suivis dun nouveau » départ en élan (1). "

Les reproches formulés sont immérités. Il n'y a pas une partie ni une seule subdivision qui ait un élément étranger au sujet qui y est traité ; on n'y trouve rien qui soit idée empruntée ou redite reprise d'ailleurs.

Voici encore une critique qui porte à faux :

« Dans le sermon sur la Mon- tagne, les transitions, affirme Pi-

(1) Picard, op. cit., p 13.

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carcl, n'existent pas « . (Picard, opus. cit. p. 13). En réalité les voici :

Transition de la V^ subdivision à la 2®. C'est le mode bien connu d'unir deux idées en passant du général au particulier. Jésus termine les Béatitudes en disant : « Bienheureux tous les persécutés pour la justice. « Puis, pour en venir à parler des disciples, il reprend cette même béatitude mais non plus sous la forme générale, mais en l'appliquant seulement à la persé- cution que souffriront ses disciples. Il s'adresse directement à eux : « Bienheureux êtes-vous quand vous serez maudits et persécutés. '^

De la subdivision à la 3®. Pour passer de l'enseignement des disciples dans la suite des siècles, à l'enseignement des scribes et des pharisiens dans les temps qui ont précédé, le Sauveur décrit magnifi- quement à travers les siècles du passé et de l'avenir la constance

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immuable de la loi, identique à elle-même à la fois dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament. Montrer ce qui précède identique, à un certain point de vue, à ce qui suit, c'est l'essence même de toute transition (1).

De la V^ à la 2' partie. La synthèse de toute la comparaison entre la loi ancienne et évangélique c'est que celle-ci est l'accomplisse- ment de celle-là et en apporte la perfection. Aussi Jésus termine- t-il ce parallèle par cette conclusion: « Pour vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est par- fait ^ (V. 48). Dans la seconde partie c'est aussi cette perfection qui sera envisagée, non plus, il est vrai comme caractéristique générale

(1) C'est par l'éternité immuable de la loi divine que les enseignements passés de la loi de l'Ancien Testament s'unissent aux enseignements évangéliques qui auront le règne de l'avenir jusqu'au dernier jour.

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de toute la loi évangélique opposée à la loi mosaïque, mais comme devant régner pratiquement dans les trois domaines de notre con- duite : nos désirs, nos pensées, et nos actions.

De la V^ à la subdivision. En terminant la subdivision qui comprend tout le ch. VI, Jésus la résume toute entière par une con- clusion synthétique : Donc, dit-il, cherchez premièrement le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît. » Donc, ajoute encore Jésus, pas de souci du lendemain : demain se pourvoit à lui-même. A chaque jour sa peine! (VI. 33-34). A ce précepte fonda- mental de nos désirs succède immé- diatement le précepte essentiel con- cernant nos jugements (VII. 1) et cette juxtaposition même est la transition par énumération. En effet, quand les éléments sont cor- respondants et sont liés entre eux

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par une relation de dépendance comme nos actes vis-à-vis de nos pensées et nos pensées vis-à-vis de nos désirs, pas n'est besoin d'autre transition qu'une simple énuméra- tion. Il suffit qu'une conclusion annonce l'aclièvement d'un déve- loppement pour que l'esprit attende le développement suivant.

Le moment semble venu de ren- contrer une autre critique. Comme preuve de désarroi, Picard invoque les inégalités, une dissemblance d'allure entre les phrases du texte, une alternance de style concis et prolixe.

« Tantôt le propos s'allonge, tantôt il est d'une hrièveté lapidaire (1).

» Aussi, ajoute-t-il en terme da conclu- sion, cette impression se solidifie t- elle que ce n'est qu'un canevas ou un résidu.

(1) Picard, opus. cit. pp. 13 et sq.

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Et, en vérité, comment admettre aisément qu'en cette circonstance solennelle et devant ces « multitudes «, Jésus, F apôtre génial à la parole merveilleuse, opérant sur les foules les séductions de la mu- sique orphéique emplissant les monts de la Thrace, n'aurait parlé qu'une quin- zaine de minutes, laissant pourtant de son éloquence, en cette conjoncture fa- meuse, des souvenirs impérissables (1) ".

On comprendrait le raisonnement de Picard, si le Sauveur n'était apparu en ce monde que le temps de faire ce seul discours ; s'il n'avait pas guéri les foules et frappé de stupeur par ses triomphes, ses souf- rances et sa résurrection.

Le retentissement de sa parole jusqu'à nous s'aide de toute cette divine épopée. C'est aveuglément

pour

Picard de néerlierer tout

&-^-^&'

cela (2).

(1) Picard, opus. cit. pp. 13 et sq.

(2) Picard est notamment contredit par un passage qui précède immédiatement le sermon : « Jésus, y est-il dit, parcourant

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D'ailleurs, si les différents déve- loppements sont aux divers en- droits du sermon sur la Montagne, de longueur tant soit peu inégale, la raison en est encore dans le sujet à traiter.

Dans la première partie, la der- nière subdivision est plus longue que les deux autres ; dans cette sub- division Jésus, ayant à prouver la perfection que la loi évangélique apportait à la loi ancienne, les com- pare entre elles sur quatre points de doctrine : A) le mal envers le pro- chain. B) l'adultère. C) le serment. D) le bien envers le prochain.

A) Le mal envers le prochain. Tandis que la loi mosaïque se borne à proscrire le meurtre, Jésus va jus-

" toute la Galilée, enseignant dans leurs » synagogues et prêchant l'Évangile du » royaume de Dieu et guérissant toute » langueur et toute infirmité parmi le y^ peuple, et sa renommée s'étendit dans « toute la Syrie. « (S. Mathieu, IV, 23, 24).

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qu'à défendre : a) de causer au pro- chain la moindre peine ; b) et le précepte évangélique oblige si étroi- tement et si parfaitement qu'il fau- drait interrompre un sacrifice pour se réconcilier si on avait souvenir d'avoir peiné autrui ; c) et le juge céleste nous fera rendre compte jus- que des moindres manquements dont notre prochain ne nous aura par- donné. (V. 21 à 26).

B) V adultère. Tandis que la Loi ancienne n'interdit que le fait de l'adultère : a) la perfection de la Loi nouvelle en interdit même le désir ; &J et ce précepte évangéliq ue astreint au prix de tous les sacrifices ; c) sauf pour le cas d'adultère, la loi évan- gélique ne permet plus le divorce mosaïque, et même alors elle défend à tous d'épouser l'épouse répudiée. (27 à 32).

C) Le serinent, Selon la loi ancienne, n'était obligatoire que le serment Seigneur lui-même était

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nommé : a) et Jésus de dire : ne jurez ni par ce qui appartient directement à Dieu ; h) ni par votre tête qui, elle aussi, lui appartient ; c) et dans la perfection évangélique de la sin- cérité, votre simple affirmation dis- pense de tout serment. (33 à 37).

D) Le bien envers le prochain.— (38 à 48).

a) La loi mosaïque, qui prescrit de faire du bien au prochain, exclut toutefois de notre charité nos enne- mis, et elle autorise formellement à leur faire tout le mal qu'ils nous ont fait. Au contraire, c'est la perfection de l'Évangile de ne pas admettre d'exception à l'amour du prochain et d'obliger positivement à faire du bien au méchant qui nous frappe, à l'injuste qui nous attrait au tribunal pour nous dépouiller, à l'importun qui veut nous entraîner de force avec lui, à l'exploiteur qui veut de nous des dons ou des prêts (38 à 42) .

h) Au lieu de haïr nos ennemis

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comme le permet la dure loi mosaï- que, l'Évangile nous oblige à les aimer, à faire du bien à ceux qui nous haïssent, à prier pour ceux qui nous persécutent et nous calom- nient, et, certes, c'est la perfection plus grande de l'Évangile puisqu'il nous fait ressembler à la bonté du Créateur qui donne indistinctement à tous, aux bons et aux méchants, le soleil bienfaisant et la pluie féconde (43 à 45).

c) Enfin, l'imperfection de la loi mosaïque apparaît mieux encore quand on songe qu'elle est identique sur ce point à la loi des païens et des publicains qui, certes, eux aussi, se croient obligés à aimer leurs amis et à haïr leurs ennemis.

On le voit, entre ces quatre points que nous venons d'indiquer : le mal, l'adultère, le serment, le bien, il y a une gradation . A) Respecter le pro- chain en ne lui causant aucun mal ; B) Nous respecter nous-mêmes par

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la pureté ; C) Respecter Dieu en n'em- ployant, pour appuyer nos paroles humaines, ni le nom du Créateur, ni rien de ce que lui appartient ; D) Imiter vraiment la Bonté divine par nos actes de charité envers tous.

Pour vous, ajoute Notre-Seigneur, soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. Par ces mots, il réunit la deuxième partie à la première. Pour la loi elle est par- faite, c'est la conclusion qu'il donne de tout ce qui précède ; pour vous, ajoute-t-il, apprenez à être parfaits également ; ce sera toute sa seconde partie.

Soyez dit-il, parfaits d'abord dans vos intentions, c'est-à-dire dans ce que vous recherchez. Pour cela :

A) Dieu seul doit être la fin que vous avez en vue dans les bonnes œuvres que vous faites (VI, 1 à 18).

a) Dans vos aumônes Dieu et non pas la louange des hommes doit être votre fin (1 à 5).

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h) De même dans vos prières : priez pour plaire à Dieu seul (6 à 15).

a) Quand vous priez, n'ayez pas votre intention attachée à la quantité de paroles, ni votre espoir dans le grand nombre que vous en avez récité ; car vous serez exaucés non pas par les paroles que vous pro- noncez, mais par Celui auquel elles s'adressent.

P) Ne soyez pas inquiets, ni scru- puleux de savoir si vous avez bien formulé devant Dieu vos intentions dans leurs moindres détails. Il sait ce dont vous avez besoin.

y) Que votre intention aille à lui, simplement et avec confiance, ainsi que la formule le texte du Pater; et qu'aussi votre intention envers les hommes soit sincère et pratique, car si vous n'avez pas l'intention vraie de pardonner à vos ennemis, votre Père céleste ne vous pardonnera pas non plus.

c) De même aussi quand vous

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jeûnez ayez Dieu en vue et non Tadmiration des hommes (16 à 18).

B) Non-seulement nous devons avoir Dieu en vue, mais même : Dieu doit être notre seule intention et notre seul trésor (9 à la fin du chapitre).

a) Le ciel est un trésor impéris- sable : les trésors d'ici-bas sont caducs (19, 20).

h) Or nul ne peut se vouer à la fois à la recherche des trésors de la terre et à ceux du ciel ; notre cœur nous entraîne tout entier de l'un ou de l'autre côté (21 à 24).

c) Dès lors pourquoi rechercher les trésors de la terre ? Ils peuvent, il est vrai, nous assurer de quoi manger et vivre, mais le bon Dieu le peut aussi ; et sa bonté aura soin de nous plus parfaitement encore (24 à la fin du ch. VI).

Jésus en vient à la seconde subdivision : nos jugements, puis, rapidement, par une transition, à la troisième subdivision : nos actions.

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Ne jugez pas, a-t-il dit, (VII, 1 à 5) mais, ajoute-il, cela n'est vrai que du jugement en lui-même. Ne jugez pas pour le plaisir de théorétiser; mais jugez au contraire quand il s'agit, non plus seulement de pen- sées, mais d'œuvres. Agissez judi- cieusement nous dit le Sauveur. « Ne jetez pas aux chiens les choses saintes ; ne jetez point vos perles » devant les pourceaux. De peur ^ qu'ils ne les foulent aux pieds et w que, se tournant contre vous, ils » ne vous déchirent « (6).

Agissez ainsi si vous ne voulez pas que les hommes que vous aurez gratifiés indignement se retournent contre vous.

Subdivision : L'Action A) L'ac- tion nous assm^e les biens suivants : a) les dons de Dieu, b) les œuvres des hommes et c) notre salut (7 à 14).

a) Par la prière agissez auprès de Dieu si vous voulez obtenir ses dons (7 à 11).

b) Agissez en faveur des hommes

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si vous voulez obtenir qu'ils agissent pour vous (12).

c) Agissez énergiquement et non pas mollement ; c'est le moyen d'échapper à la perdition (13, 14).

B) L'action est pierre de touche qui nous fait discerner les bons des méchants :

a) L'action servira à reconnaître les vrais prophètes ; car ceux-ci pro- duiront des actions bonnes. Au con- traire, les faux prophètes produiront des actions mauvaises (15 à 20).

b) L'action servira, au jugement dernier, à discerner les justes et les réprouvés. Ceux qui auront accom- pli la volonté du Père Céleste seront élus. Seront, au contraire, réprouvés ceux qui n'auront que leurs seules paroles ; et ceux également qui, sans agir eux-mêmes, se seront bornés à laisser la force divine agir en eux prophétiser, chasser les démons, et faire des miracles (21 à 23).

c) L'action distinguera enfin les

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sages des insensés parmi ceux du peuple qui, ce jour-là, écoutaient des lèvres du Christ, les enseigne- ments du sermon de la Montagne (24 à 27).

Et ceci est en même temps la péroraison de l'orateur Jésus. Ainsi, dans une dernière étreinte des accents de son cœur il parle à ses auditeurs, d'eux seuls.

Comme on a raison de dire que tout discours est pour faire agir, pour emporter une décision, une adhésion effective ! Et voici que, dans un cœur-à-cœur suprême, avec cet élan, cet entraînement, cette affection pressante des véritables éloquences, la parole du Sauveur se résume une dernière fois, se con- centre sur ses auditeurs pour empor- ter adhésion et sauver : « Quiconque, M dit-elle, entend ces paroles que je y> dis et les met en pratique sera w assimilé à un homme sage qui a » bâti sa maison sur la pierre. Et la

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^ pluie est tombée, et les torrents « sont venus, et les vents ont soufflé » et se sont précipités sur cette mai- T son, et elle n'est point tombée ; » car elle était fondée sur la pierre. w Mais quiconque entend ces paroles w que je dis et ne les accomplit » point sera semblable à l'insensé » qui a bâti sa maison sur le sable. » Et la pluie est tombée et les w fleuves sont venus et les vents w ont soufflé et se sont précipités " sur cette maison : elle s'en est r écroulée ; et grande a été sa « ruine. «

Oh! comme je comprends l'im- pression de ces dernières paroles sur la foule. On sentait Jésus s'adres- sant aux esprits et aux cœurs, les conjurer, les prendre à partie avec l'autorité de l'amitié divine, les entraînant à la pratique de l'Évan- gile. Et qu'elle devait être forte pour chacun cette étreinte de la parole, de l'affection du divin Maître !

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Le verset final de l'Évangéliste est un merveilleux tableau de tout cela : c'est l'opposition entre les scribes et l'ascendant du maître souverainement aimant Jésus.

Jésus ayant achevé ces paroles, les foules étaient dans ï admiration de sa doctrine. Car il les enseignait comme ayant autorité; et non comme les scribes et les pharisiens . (28).

Ces scribes et ces pharisiens ! On comprend leur sécheresse de cœur ! Que leur importait la loi ! Ils ne la pratiquaient pas ! Prêchant, ils im- posaient des fardeaux pesants qu'il ne soulevaient pas du petit doigt ; leur prône n'était que le sec commen- taire de la loi théorique. Et Picard, en véritable héritier des scribes et des pharisiens, juge mauvaise la péroraison entraînante du Christ à ses auditeurs. Il trouve préférable de mettre en guise de péroraison, non pas cette exhortation pratique, mais le dispositif théorique, l'exposé initial de la loi, les Béatitudes :

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« Les Béatitudes, cette hymne magni- fique, — glorification sublime de la plèbe, qui ouvre dans l'Évangile de saint Mathieu le sermon sur la Montagne, il convient de la mettre à la fin comme le résumé pathétique de tout ce qui précède, comme un FLOT DE SANGLOTS exprimant toutes les douleurs et aflîrmant tous les espoirs de ces sacrifiés, de ces opprimés pour qui le socialisme lutte et, à qui, ainsi que Jésus il y a deux mille ans, il promet la victoire (1).

Évangile un flot de sanglots !

Eh bien non, remercions-en Dieu, citoyen Picard, l'Évangile est autre chose qu'un « flot de sanglots. » L'Évangile ne ment pas à son nom : c'est une nouvelle de joie ; mais c'est aussi, en pratique, la parole de cer- titude et de paix donnant le cou- rage du relèvement et du triomphe. C'est l'amicale figure de Jésus, la sublime personnalité divine pen- chée vers nous et qui nous attire à

(1) Picard, op. cit. p. 84 et seq.

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pratiquer sa loi. Et il est d'une immense joie de penser que ceux qui écoutent ses préceptes et qui les suivent, fondent leur vie sur un fondement indestructible résistant à tous les revers, a toutes les révo- lutions, à tous les tyrans.

Le sermon sur la Montagne occupe une place très étendue dans l'Évan- gile de saint Mathieu. Picard ne comprend pas ce développement, il y voit un problème. ^^ Dans les sou- 55 venirs du vulgaire, dit-il, le ser- » mon sur la Montagne est court. » Il l'est même dans l'Évangile de 55 Luc. Quant à Marc, çà et quel- 55 ques traits, sans plus. Dans Jean, 55 rien. Mais l'œuvre de Mathieu lui confère une importance extraordi- 55 naire ; le dixième de l'œuvre pour 55 cet événement d'une heure. ^ {\)

Picard oublie que les Évangiles, comme le mot même l'indique, sont ces livres qui marquent un éton-

(I) Picard, op. cit. p. 9 et XO,

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nant avènement ; ils doivent marquer ce que leur titre annonce : la Bonne nouvelle ; en eux est l'inattendu, le contraste, la venue d'une joie im- mense succédant brusquement à la désolation, comme un événement inespérément heureux fait succéder la félicité à la douleur. Marc, Luc et Jean eux relatent non plus l'éta- blissement du règne, mais le chris- tianisme lui-même ; ils écrivent moins pour les juifs devenant chré- tiens que pour les gentils et pour l'Église déjà constituée universelle- ment.

Rapprochant entre eux les Évan- giles, Picard n'a pas compris pour- quoi le sermon sur la Montagne était rendu si longuement dans saint Ma- thieu. Partant d'une conception faus- se qui n'aperçoit pas le caractère propre à la mission de chacun des évangélistes, il croit à une anomalie. Et, constatant le développement plus considérable du sermon sur la Mon- tagne dans saint Mathieu, il ne com-

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prend pas l'importance spéciale que devait avoir le sermon pour cet évangéliste. P Mathieu est l'évan- géliste premier en date ; il s'attachait donc à rendre avec des développe- ments plus complets ce qui est le thème primordial du sermon sur la Montagne : la succession d'une loi nouvelle à la loi ancienne. 2" Spé- cialement il écrivait pour les juifs qui connaissaient la loi ancienne, que le sermon rapproche de l'Évangile en un parallèle long et approfondi.

Le sermon sur la Montagne est rapporté dans saint Mathieu comme le premier manifeste de la vie publi- que de Notre Seigneur. Avant ce moment la doctrine mosaïque était seule régnante. A partir d'alors un enseignement plus parfait va gagner des adeptes. Ne fallait-il pas s'attendre à ce que, dés ce premier instant, l'opposition des doctrines se marque, s'indique en traits nets ? Dans ce premier Évangile que saint

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Mathieu adresse aux juifs, la parole du Christ doit donc être présentée surtout comme apportant un renou- veau à leur loi. Ne fallait-il pas dès lors qu'elle se révélât avec ce carac- tère, surtout dans ce discours sur la Montagne qui est le premier de Jésus.

Dans notre vie courante le carac- tère d'une nouvelle n'est-il pas de frapper, dès le principe, par le changement qu'elle apporte. Eh hien, dès ce premier moment qui, solennellement, inaugure une nou- velle inouïe qui va dominer la terre entière, un beau caractère de la. doctrine du Sauveur se manifeste : Jésus n'apporte pas seulement à la terre une nouvelle, c'est une nouvelle de joie, c'est l'Évangile, c'est la Bonne Nouvelle. Aussi les premières paroles sont-elles béatitudes et j oies , joies accumulées, joies indicibles, joies profondes solennellement pro- mises. Et vraiment cette prédica-

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tion des joies est toute nouvelle dans le monde : celui qui prêche ainsi, n'est plus un prophète ou un juge. Mais c'est celui qui, de sa voix enseignante, ne parle pas comme homme, mais donne et dispose de l'éternité même, de la joie des cieux , comme d'un bien lui appartenant en propre et de par une souveraine autorité.

Et de même que le premier sermon de Jésus débute par les béatitudes, de même le premier miracle de l'Évangile se caractérisait par la joie que Jésus rend miséricordieu- sementàCana alors que les convives et les hôtes avaient épuisé le vin qui symbolise la joie. La joie est aussi dans les premières paroles de ce sermon sur la Montagne qui est comme une réalisation mystérieuse de la joie annoncée dans la parole des anges à la Noël. Voilà pourquoi, dans ce premier sermon du Rédemp- teur, les premiers mots, plus solen-

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nels que tous les autres, sont comme un hymne à la joie ; ce sont les huit béatitudes ; l'idée du bonheur y revient à chaque verset : il semble, qu'après des siècles de tristesse, le ravissement céleste est rendu à la terre. Et, de fait, rien que l'Évangile ne pouvait contredire aux mau- vaises passions adulées comme des joies parce peuple glorieux, charnel et matériel d'Israël. Quel étonne- ment étrange dut-on ressentir lors de l'inattendu inouï de ces joies que proclamait la parole nouvelle. Jus- qu'alors d'où cherchait -on, d'où espé- rait-on la joie? Et voici que, solen- nellement, dans le calme d'une autorité infinie, un pauvre insoup- çonné élève la parole, la parole d'une joie qui ne ressemblée aucune des joies qui sont poursuivies folle- ment par la foule et rêvées par chacun au plus secret de ses ambi- tions. Dans ce peuple tout le monde vit de l'esprit de richesse,

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tous sont torturés de leur désir sans borne de posséder les biens, voici proclamer bienheureux, au lieu de l'esprit qui rend esclave de la richesse, lesprit opposé, l'esprit qui nous en détache et nous rend notre liberté. Oui, bienheureux, est-il dit, ceux qui ont un autre esprit, l'esprit nouveau, ceux qui sont animés du désir de la pauvreté ! Bienheureux ceux qui ont en eux- mêmes cet esprit de détachement qui délivre de l'asservissement et de la passion du gain ; bienheureux ceux dont la volonté n'est pas vouée à adorer l'or ; bienheureux ceux qui savent supporter la pauvreté avec amour et liberté d esprit ; bienheu- reux ceux qui ont l'intelligence de comprendre l'indigence et sont pas- sionnés de pauvreté. Bienheureux ces délivrés du culte de l'argent, parce qu'ils possèdent une richesse dans leur cœur ; déjà ils régnent du règne divin du ciel auquel ils se sont

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attachés en se libérant de la misère delà terre.

Vous-mêmes, juifs, vous pouvez vous étonner et dire : nous avions l'esprit de dureté et de cruauté ; la vengeance était un plaisir âpre que nous permettait notre loi, et voici la béatitude de la douceur ! Et la joie de posséder la terre est promise non plus aux violents qui attaquent par force et cruauté, mais à tous ceux qui sont doux et sont débonnaires à ne pas malmener ni laisser souffrir leurs frères !

Qui donc d'entre nous songerait à proclamer heureux ceux qui pleu- rent ? Qui donc dispose de toute la joie et oserait ainsi promettre con- solation à tous les souffrants? Quoi! Nous nous disions qu'il n'y avait que tristesse et affliction d'esprit à dési- rer la justice ; il nous semblait que c'était un bonheur rêvé, un idéal inaccessible. Et voici annoncer l'éter- nel rassasiement de justice infinie;

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telle notre chair épuisée d'inanition, languissante, éperdue de faim et de soif, revit à se rassasier de nourri- ture et de breuvage.

Comme nous aimions à être durs, nous aimions aussi à être impitoya- bles, et voici le bonheur annoncé aux miséricordieux. Et cette miséri- corde que nous n'espérions pas pour nous, et entre nous, est donnée royalement à tous. Nous bornions la pureté aux actions cérémoniales et aux purifications extérieures. Voici que nous est révélée une chasteté plus délicate qui, outre la pureté matérielle du corps, va jusqu'à la pureté spirituelle, la pureté même des désirs et des plus secrètes aspirations ; et voici que pour ces âmes vierges qui se seront retenues de voir les spectacles et les imaginations mauvaises, une vision de Dieu est promise ; leur chasteté de regard verra la beauté de Dieu se rehausser de la splendeur des

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créatures dont elles se priveront héroïquement par pureté.

Puisque nous étions durs et sans miséricorde, toujours nous avions rêvé de guerres et ambitionné de conquêtes. Voici, au contraire, le bonheur de ceux qui veulent la paix. Voici pour eux plus que ce renom des conquérants : ils seront dits engendrés de Dieu.

Enfin, le bonheur est non seule- ment pour ceux qui ont faim et soif de la justice, mais encore pour ceux qui, pour l'équité, souffrent persécution. Voici que leur récom- pense est promise : c'est la même que celle des pauvres par l'esprit. Pour les six autres béatitudes, la joie est seulement promise dans l'avenir : ceux qui sont doux posséderont la terre ; ceux qui pleurent seront consolés, et ainsi de suite, mais, pour les pauvres, et pour ceux qui souf- frent persécution, c'est plus qu'une promesse qui leur est faite : le

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Seigneur Jésus ne dit pas que le royaume des cieux sera pour eux ; ils y ont un droit plus impérieux, leur possession en est tellement certaine qu'on s'exprime comme s ils le possédaient déjà dès à présent. Le texte sacré le dit formellement : le royaume des cieux est dès mainte- nant à eux. En vain, à ces persécutés qui souffrent les tortures les persécu- teurs veulent leur arracher leur ciel. Leur foi divine leur reste ; ils gardent leur croyance et continuent à pos- séder ce domaine royal, ce royaume de Dieu, inviolable dans la plénitude de leur libre volonté héroïque. De même, ceux-là sont pauvres en esprit, c'est-à-dire désespérément pauvres, jusqu'au fond de leur âme, qui ressentent la pauvreté de cette terre parce qu'ils se sont attachés au ciel. Et ainsi ils possèdent déjà ce royaume. Rien ne peut leur enlever cette meilleure part dont les misérables joies ne les empêchent

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pas de ressentir sans cesse la nostal- gie jamais apaisée ni assouvie.

Bossuet débute ses méditations sur les saints Évangiles par cette remarque fondamentale que le ser- mon sur la Montagne résume les Évangiles ; et il ajoute que les béa- titudes sont comme le sommaire et le résumé du sermon entier.

Picard rend le même hommage en quelques mots : à la hauteur sublime^ à la sérénité et à la paix du discours.

Ah! je le comprends, au moment de défigurer et de jeter au mépris quelques pages du livre des Évan- giles, on peut bien avoir un moment de vérité et de justice. Même exté- rieurement, même pour un esprit incroyant et superficiel, les Évan- giles ont un mystérieux éclat divin qui impose le respect et saisit d'ad- miration et d'étonnement. Voici ces quelques mots d'honnêteté dans le livre de Picard : « Les quatre Évan-

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» giles, si peu et tant! Le quinzième w seulement de la Bible entière. « Fraction minime qui concentre » tous les germes d'une civilisation » immense, pareille au petit sac de î» blé avec lequel un semeur fera " monter sur la campagne une " moisson splendide à ondulations ^ infinies » (op. cit. page 8).

Ainsi l'avènement magnifique du monde chrétien force l'admiration comme un spectacle grandiose ; et on est saisi à la pensée que les livres bibliques sont le point départ de toute la splendeur de ce monde nouveau. Mais à toute cette vérité Picard improvise une variante perverse et fondamen- tale. Il imagine le désordre dans la Bible, comme il a voulu l'inventer dans le sermon sur la Montagne. Pour mieux en rendre compte nous citerons successivement les dires de l'exégèse fantaisiste et nos consta- tations.

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La Bible est une dans son carac- tère divin. Et l'ordre admirable entre toutes les parties ramène sans cesse la pensée à l'Incarna- tion du Verbe qui domine à toutes les pages, pour apparaître de l'en- semble avec une majestueuse gran- deur.

Les dires de Picard : (1)

La Bible ! Enorme entassement de docu- ments et de renseignements disparates emmagasinés par le commun des esprits suivant l'enfantine série des aventures familières de l'Histoire Sainte ! Sans grande valeur intrinsèque pour la plupart, mais gonflés aux dimensions fabuleuses par le prodigieux grandissement du christia- nisme auquel on les a puérilement donnés pour bases orthodoxes.

Énorme entassement, livres historiques, accumulation si souvent fantaisiste et ridi- culement orgueilleuse d'épisodes défigurés en lesquels se sont extériorisés la vie

(1) Op. cit. p. 1.

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turbulente et la vanité ébouriffante de ce petit peuple arabe qui, sans doute, n'eût obtenu qu'une place infime dans l'histoire si, par le plus illogique phénomène, la vaste religion chrétienne ne s'était arbi- trairement rattachée à ces lointains, par cet accident : la naissance de Jésus l'aryen, en cette sémitique terre de Judée. (Picard, op. cit. p. 1,2).

En réalité nos constatations :

La Bible ! Synthèse magnifique des siècles qui attendent le Libérateur ! Le Libérateur est promis à la première page, et tout ce qui suit le prophétise, le figure par quelque attribut, le représente, pour le promettre de mille sortes, toujours plus solennelle- mentet avec plus de détails. Quelle unité et quellegrandeurîQu'àlalumièredes savants travaux, la Bible soit en outre, pour l'his- toire, le document ancien le plus précieux et le plus frappant d'exactitude, qu'im- porte ! Elle est avant tout au christianisme ! Elle appartient au Messie. Il vient non détruire la loi ancienne, mais y apporter la perfection attendue ; il ne renversera ni ne combattra les prophéties : il les accom-

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plit et c'est en cet accomplissement que se irouventle témoignage divin et unemarque irréfutable de la vérité de sa mission. Car Dieu seul a pu prédire ce Christ, sa nais- sance d'une Vierge et sa passion ; comme aussi Dieu seul est le puissant pour accom- plir ces miracles. Et Dieu aussi est la seule philosophie de l'histoire, et c'est à sa main qu'ont obéi les siècles, les conquérants et les races d'hommes, lorsque, durant des milliers de générations, Dieu faisait dans les peuples une préparation et un recueil- lement à la venue de son Fils Incarné.

Ce que Picard appelle puéril c'est tout cela, c'est l'application magni- fique des prophéties depuis la pro- messe à Adam et à Noé, la vocation d'Abraham,la naissance miraculeuse et le sacrifice d'Isaac, la bénédiction de Jacob ; puis entre les fils de Jacob, Juda choisi, lui l'inconnu, plutôt que Joseph le puissant, ou Benjamin le bien- aimé ; c'est David le berger qui est sacré roi et dont un pauvre et humble descendant ouvrier

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à Nazareth, sera le Christ. C'est enfin cette vie rédemptrice que des centaines de siècles de saints patri- arches, de juges de rois se sont épuisés à rendre et à figurer dans ses détails ; c est ce Messie escompté depuis quarante siècles que Picard appelle « l'accidentelle naissance d'un aryen en terre sémite, w

Et il ajoute : « Plus qu'aucun autre » document considérable, le sermon » sur la Montagne ouvre de grandes » vues sur la doctrine du Christ. Il M semble en être la proclamation J9 essentielle, le Syllabus péremp- w toire. L'étude et la méditation » en sont essentielles et je veux m'y «.risquer spécialement à ce point de >5 vue émouvant : en quoi le sermon w sur la Montagne est-il le précur- » seurdu socialisme moderne? « (1)

Cette question est tout le livret dont nous nous occupons. Il veut

(1) Op. cit. p. 11.

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savoir en quoi le sermon sur la Montagne est le précurseur du socia]isme. Saisi d'humilité devant la grandeur de la question, il va se risquer à se la poser à lui-même ; il va se consulter et se répondre sans broncher, avec toute Tinsuffisance que nous avons tous devant les œuvres de Dieu.

A cet égard, une brochure définit bien ce qu'est le socialisme. Elle est de Picard lui-même et a pour inti- tulé : Comment on devient socia- liste {\). Son titre indique bien qu'il s'agit de caractériser l'essence du parti.

« Ouvrier, y est-il dit, ton parti passe pour un adversaire forcené de la Religion.

" Mon parti ne s'occupe pas de la religion.

w Vos journaux contiennent

(1) Une brochure, chez Lacomblez, Bruxelles, p. 195.

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pourtant souvent des attaques contre les mi7iistres du culte.

y^ Contre certains prêtres, à propos de certains faits. Mais pas contre la Religion.

" Vous n'êtes cependant pas religieux.

» Il J a parmi nous des hommes qui ne sont pas religieux, et d'autres qui le sont. Chacun là-dessus est libre et n'a qu'à consulter sa con- science.

» Mais il y a une opinion commune qui vous impute l'impiété et l'intolérance.

» Je vous répète que cette opinion se trompe. On a tant fait servir la Religion contre nous, tantôt pour nous asservir, tantôt pour nous prêcher la patience et la résignation aux misères sociales, représentées comme des maux iné- vitables dont la compensation serait au ciel, qu'assurément nous avons

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pris en haine ceux qui V exploitaient ainsi pour nous maintenir dans notre malheureux sort. Mais en dehors cVeux et au-dessus d'eux, la religion nous apparaît comme un idéal digne de respect, comme tout autre idéal. Ce n'est pas nous qui sommes ses ennemis, ce sont eux qui l'ont compromise en la transfor- mant en instrument d'oppression, et, si cela eût suffi pour nous influ- encer, ils nous en auraient à jamais dégoûtés. « (1)

Si les socialistes poursuivent de leur haine féroce les chrétiens et spécialement les prêtres, il est une autre raison que l'auteur se hâte de déclarer c'est que le socialisme a opposé au culte chrétien, un culte athée qui fait de l'homme son propre Dieu. C'est le culte de l'Humanité, comme disent avec prédilection Denis, Vandervelde, Picard.

(1) Une brochure, chez Lacomblez Bruxelles, p. 196.

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Picard finit son dialogue (1) en disant : « Depuis soixante-quatre « ans la politique a vécu en Bel- » gique de clérico-libéralisme. Est- « il mort d'aujourhui ce Clérico- » libéralisme ?.

" Il le paraît. C'est singulier, » on n'en parle plus. «

« Oui, il est mort depuis le » suffrage universel, depuis Tavè- w nement du socialisme. En un tour de main le voici supprimé. A qui, »» à quoi ce miracle est-il ? »

Vraiment à vous socialistes ! Oui, vraiment à vous ! » Vous avez éteint les querelles religieuses . »

On est stupéfait, en lisant ces derniers mots. Comment a-t-il pu croire un seul instant que les luttes religieuses étaient aplanies par le socialisme, lui Picard qui citait, en commençant, les attaques que les

(1) Comment on devient socialiste, opus. cit., p. 196.

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socialistes vont répéter partout con- tre les représentants de la religion !

Le socialisme renchérit vraiment sur le doctrinarisme libéral, qui, en persécutant les prêtres, prétendait au moins respecter et même peut- être pratiquer le catholicisme. Le socialisme n'a fait que succéder à cette mission de haine ; avec cette différence qu'il a été plus radicale- ment athée, non seulement aban- donnant ouvertement la pratique du culte catholique, mais élevant autel contre autel, et intronisant le culte de l'homme s'adorant lui- même.

Picard oppose en ennemis la reli- gion socialiste, idéal social, idéal placé sur la terre et dans la vie hu- maine^ — à l'idéal religieux placé dans le ciel et dans la vie future.

Pour favoriser et servir cette ido- lâtrie de l'humanité, il veut, avant toute réforme, la haine de Jésus- Christ.

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Crois-tu que la religion soit la vérité, dit encore la brochure, du moins la religion chrétienne ?

La réponse de Picard est une né- gation absolue qui nie même les droits de la vérité à être crue et défendue.

Je pense, moi, que l'essentiel est d'avoir un idéal, vrai ou faux, peu importe. (1)

Le but du livre intitulé : Le Ser- mon sur la Mo7itagne et le Socialis- me contemporain y est énoncé for- mellement et apparaît sans cesse. Pour écraser la Religion, l'auteur comprend qu'il y a plus à faire qu'à la nier et à la décrier à tort et à travers. Perfidement il s'attaque au Christ dans ce que le Sauveur nous

(1) Comment on devient socialiste^ opus. cit., p. 196.

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a laissé : ses sacrements et ses mi- nistres qui les confèrent aux fidèles réunis en une Église.

« Le socialisme contemporain, « écrit-il, n'en est plus à la con- y^ damnation que quelques-uns de ses adeptes ont prononcée contre « la Religion à une époque ils « ne voyaient celle-ci que sous la » forme concrète et étroite des cul- T tes positifs et de leurs abus redou- y^ tables. Il est descendu plus loin dans les abîmes » (page 103).

Oui certes, le socialisme est des- cendu plus loin dans les abîmes de haine. Sa haine ne se contente pas de nier et d'insulter Dieu, elle va jus- qu'à s'élever elle-même une idole terrestre ; c'est le culte de l'huma- nité divinisée dans l'unité cosmique.

" Chacun de nous contient une « parcelle du Divin. Mais ce Dieu w doit être compris en dehors des w organisations positives, en dehors w des églises et des hiérarchieB, en

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« dehors des sacerdoces et des pa- « pautés (Picard, Le Sermon sur la Montagne et le Socialisme contem- porain, p. 103).

Oui, Picard a raison de dire que le socialisme est descendu plus loin dans les abîmes, il ne s'arrête pas à la simple impiété des athées, il pré- tend à la malice des profanateurs.

Il lui semble bon de profaner le Christ, c'est le sens de la phrase suivante que Picard a prise comme épigraphe de son livret : « Le jour enfin paraît et dans le disque même du soleil rayonne la face de Jésus- Christ (1). « Ce jour qui parait c'est, dans le langage du mage Picard, l'avènement du socialisme. Et, dans l'avènement radieux de ce Dieu nou- veau qui est comme un soleil cosmi- que, Picard imagine de faire figurer comme accessoire Jésus le Dieu

(1) Le Sermon sur la Montagne et le Socialisme contemporain, op. cit. épigra- phe du titre.

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ancien : tel à Rome un roi dompté enchaîné au char triomphal de son vainqueur. C'est écœurant et déchi- rant ce blasphème.

Et pour nous, nous prions la face sanglante de Notre Dieu Rédemp- teur, d'être miséricordieux au der- nier jour au pauvre blasphémateur. Il prêche en faveur de son vilain Dieu Cosmos, qui est le panthéisme, l'amoncellement brutal des choses, et, au nom de son dieu il nous pro- met le bonheur. « L humanité, dit- il, ne comprend pas le Cosmos, elle ne compy^end pas les liens qui l'unis- sent à lui. Et pourtant elle ne sera heureuse que lorsqu'elle en aura la plehie intelligence et que religieu- sement elle s y soumettra w . ^ H y a dix-huit siècles que notre Dieu per- sonnel, notre Dieu avec nous, l'Em- manuel de l'Eucharistie, l'Évangile et les promesses de bonheur des Béatitudes, prêchent le bonheur avec une splendeur et une vivante élo-

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quence bien autre que celle de l'ab- ject désordre du panthéisme.

On peut se demander pourquoi cet acharnement à faire du sermon sur la Montagne, puis de l'Évan- gile entier et enfin de la Bible, un chaos, et, en terminant les notes que j'écris, on peut les trouver fasti- dieuses parce qu'elles revendiquent sans cesse de la même façon pour nos livres saints Tordre, la disposi- tion raisonnée, l'agencement, la logique, l'unité. Il me resouvient du vieil adage de saint Augustin : Ordo ducit ad Deuyn, l'ordre con- duit à Dieu. Dans son athéisme prosélyte. Picard s'est fait fort de ce que le désordre éloigne de Dieu. Pour exclure sûrement Dieu des livres saints, il a plaidé que le désordre y règne en dieu.

FIN

APPENDICE

Le lecteur trouvera aux pages qui vont suivre le texte de Picard en regard du texte de l'Évangile. Nous noterons en marge quels sont, dans l'Evangile, les pas- sages omis par Picard. Dans son ouvrage il a intercalé au texte des commentaires de sa façon. Par des numéros en marge nous renvoyons à la page de son com- mentaire ; en même temps ces numéros indiquent le groupement qu'il a inventé. Par exemple, il propose de renvoyer les Béatitudes à la fln du sermon ; (page 84). Les versets 13 à 16, ch. V, dont Picard fait un commencement, sont naturellement au début de son commentaire (p. 26). Entre ces deux textes extrêmes, (texte initial p. 26 et final p. 84) ae placent tous les autres versets. La place il les range est indiquée ainsi par la pagination que nous imprimons en marge. On sera frappé de voir comment, sans apparence de motif, des textes intimement unis entre eux, sont néanmoins déjetés et morcelés par le sénateur socialiste.

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Texte authentique de rÉYangîle.

(1) V Uésus, voyant les foules, monta sur la nûontagne ; et s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui. 2Et ouvrant la bouche, il les enseignait, disant :

1" PARTIE. LA LOI ÉVANGÉLIQUE.

y '"6 subdivision : La loi évangélique

annoncée par ses dispositions et sa

sanction.

84 ^Bienheureux les pauvres en esprit : car le royaume des cieux est à eux. ^Bienheu- reux ceux qui sont doux : car ils possé- deront la terre. ^Bienheureux ceux qui pleurent : car ils seront consolés. ^Bien- heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : car ils seront rassasiés. ^Bien- heureux les miséricordieux : car ils obtien- dront miséricorde. «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur : car ils verront Dieu.

(1) Les numéros en marge renvoyent aux pages du livret de Picard et indiquent le classement qu'il donne des textes. Un astérisque indique il coupe le texte. Voir notre note page 57 du présent livret.

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Texte de l'ÉYangile remanié par Edmond Picard

Le peuple sel et lumière du monde.

« Vous êtes le sel de la terre. Or, si le sel v. 13, 16, s'affadit, avec quoi le salera-t-on? Il ne vaut plus rien, mais à être jeté dehors et foulé des hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville assise sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une chandelle pour la mettre sous le bois- seau, mais sur le chandelier d'où elle éclaire tous ceux qui sont dans la chambre. Qu'ainsi luise votre lumière devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est aux Cieux ! «

La confiance dans les forces cosmiques.

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne vi. 26, 30.

sèment ni ne moissorment, ni n'amassent

en greniers, et votre Père, le Céleste, les

nourrit : n'êtes-vous pas beaucoup plus

excellents qu'eux? Et pourquoi êtes-vous

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sBienheureux les pacifiques : car ils seront appelés enfants de Dieu. loBienheureux ceux qui souffrent persécution pour la jus- tice : car le royaume des cieux est à eux. *

S'^^ subdivision. La loi annoncée par l'œuvre des disciples.

59 ^iBienheureux êtes-vous quand vous serez maudits et persécutés, et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. i^Réjouissez-vous et tres- saillez de joie, parce que votre récom- pense est abondante dans les cieux : c'est ainsi qu'ils ont persécuté les Prophètes qui ont été avant vous. *

29 ^^Vous êtes le sel de la terre. Que si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. i^Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. i5Et l'on n'allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le can- délabre, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. isQu'ainsi votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et glori- fient votre Père qui est dans les cieux, *

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en souci du vêtement ? Apprenez bien comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent. Néanmoins je vous dis que Salomon, même en toute sa splendeur, n'a pas été habillé comme l'un d'eux. Si donc Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, aujourd'hui subsistante, demain jetée au feu, ne vous couvrira-t-il pas d'autant mieux, vous, gens de petite foi? «

La justice immanente.

« Ne pensez pas que je sois venu abolir V. 17, 20 la loi ou les prophètes, je ne suis pas venu pour abolir mais pour remplir. Car, en vérité, je vous le dis, jusqu'à ce que soient passés le ciel et la terre, pas un iota, pas un trait ne passera de la loi que tout ne soit accompli. Celui donc qui rompra un de ses commandements, même des moin- dres, et instruira ainsi des hommes, sera réputé le plus petit au royaume des cieux ; mais qui les aura pratiqués et enseignés, celui-là sera tenu grand au royaume des cieux. Car je vous dis que, si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez nullement au royaume des cieux

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S""^ subdivision. La loi évangélique annoncée par un parallèle avec V ancien Testament : 35 i^Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. isCar je vous le dis en vérité : Jusqu'à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul point de la loi ne passera pas, que tout ne soit accompli. isCelui donc qui violera un de ses moindres commande- ments, et enseignera ainsi aux hommes, sera regardé comme le moindre dans le royaume des cieux : et celui qui les gar- dera et enseignera ainsi aux hommes, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. *

PERFECTION DE LA LOI ÉVANGÉLIQUE MARQUÉE PAR QUATRE POINTS DE DOCTRINE.

Omis ^^Je vous le dis si donc, si votre justice

pctr n'abonde plus que celle des scribes et des

Picard ^ ^

pharisiens, vous n'entrerez point dans le

royaume des cieux. *

A. Le mal envers le prochain. 41 21 Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Vous ne tuerez point ; celui qui tuera sera passible de jugement. z^Et moi

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Primauté de la vie spirituelle.

« La lumière du corps, c'est l'œil. Si ton VI. 22, 23. oeil est sain tout ton corps sera éclairé ; mais si ton œil est malade, tout ton corps sera obscur. Donc la lumière qui est en toi est-elle ténèbre, combien grands seront ces ténèbres !

» Pourtant je vous dis ; Point de souci VI. 25. pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus; la vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement?

« Ne soyez donc point en peine, disant -. VI. 31, 33. Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Ce sont les gentils qui s'inquiètent de tout cela ; mais vous, votre Père, le Céleste, sait que vous en avez besoin. Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. »

La fraternité absolue.

« Vous savez qu'il a été dit aux anciens : V. 21, 26. Tu ne tueras point » ; si quelqu'un tue, il sera justiciable du tribunal ; mais moi, je

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je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère, sera passible de juge ment ; quiconque dira à son frère : Raca, sera passible du conseil ; et celui qui l'appellera fou, sera passible de la géhenne du feu. 23Si donc, offrant votre présent à l'autel, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre vous, 24iaissez votre présent devant l'autel et allez-vous récon- cilier avec votre frère ; et après vous viendrez présenter votre offrande. 25 Accordez-vous promptement avec votre adversaire pendant que vous cheminez avec lui ; de peur que votre adversaire ne vous livre au juge, que le juge ne vous livre à l'exécuteur, et que vous ne soyez jeté en prison. 26je vous le dis en vérité, vous n'en sortirez point que vous n'ayez rendu jusqu'à la dernière obole. *

B. L'adultère.

75 27VOUS avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Vous ne commettrez point l'adul- tère. 28Et moi je vous dis ; Quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis l'adultère dans son coeur.*

53 59Que si votre œil droit vous scandalise, arrachez-le et le jetez loin de vous ; car il

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vous déclare que quiconque se courrouce contre son frère est justiciable du tribu- nal. Celui qui dit à son frère : Raca ! est justiciable du sanhédrin ; celui qui dit : Imbécile, relève de la Géhenne du feu.

» Si donc tu apportes ton offrande à l'autel, et si tu te souviens que ton frère a quelque chose à ton encontre, laisse-là ton offrande , devant l'autel , va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens offrir ton présent.

» Hàte-toi de te remettre d'accord avec ton adversaire quand tu es encore en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, et le juge au sergent, et que tu ne sois jeté en prison ; en vérité, je vous le dis, tu n'en sortiras point avant d'avoir rendu le dernier quadrin.

» Que si vous acquittez aux hommes leurs V!. 14, 15. fautes,ainsi vous fera votre Père, le céleste. Mais si vous ne pardounez pas aux hommes leurs offenses, de même votre Père ne pardonnera pas les vôtres.

» Donc, comme vous désirez que les VII. 12. hommes en usent avec vous, usez-en tout- à fait de même à leur endroit ; cela est, en effet, la loi et les prophètes.

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vaut mieux pour vous qu'un de vos mem- bres périsse, et que tout votre corps ne soit point jeté dans l'enfer. 30Et si votre main droite vous scandalise, coupez-la et la jetez loin de vous ; car il vaut mieux pour vous qu'un de vos membres périsse et que tout votre corps n'aille point en 75 enfer.* 3iii a été dit encore : Quiconque renverra sa femme, qu'il lui donne un acte de répudiation. 32Et moi je vous dis : Quiconque renvoie sa femme, hors le cas d'adultère, la fait devenir adultère ; et qui- conque épouse la femme renvoyée, commet un adultère. *

C. Le serment.

QQ 33Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux anciens : Vous ne vous parjurerez point, mais vous vous acquitterez envers le Seigneur de vos serments. 34Et moi je vous dis : Vous ne jurerez en aucune façon, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu ; 35ni par la terre, parce que c'est l'escabeau de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand Roi, 36Vous ne jurerez point non plus par votre tête, parce que vous ne pouvez rendre un seul de vos cheveux blanc ou noir. 37Que

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» Ne jugez point, afin de n'être point VII. 1, 5. jugés : car de te! jugement que vous juge- rez,serez-vous jugés, et de telle mesure que vous mesurerez on vous mesurera vous- mêmes. Pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas le chevron qui est en ton œil ? Hypo- crite, enlève d'abord de ton œil le chevron, puis tu examineras le moyen de tirer le fétu hors de l'œil de ton frère. »

L'universelle bonté.

» Vous savez qu'il a été dit : « Œil pour V. 3P, 48. œil, dent pour dent. » Moi, je vous dis de ne point résister au méchant, mais si quel- qu'un te frappe en ta joue droite, tourne- lui aussi l'autre. Quelqu'un pareillement veut-il plaider contre toi et enlever ta tunique, abandonne-lui aussi le manteau. A qui te veut contraindre de faire une lieue, fais-en deux avec lui. Donne à qui te demande et ne te détourne point de celui qui veut remprunter. Vous savez qu'il a été dit : « Tu aimeras ton ami, et tu haïras ton ennemi >'. Mais je vous dis, moi : Aimez vos ennemis, bénissez vos maudis-

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votre langage soit : oui, cela est ; non, cela n'est pas, car tout ce qui est au delà vient du Mauvai;s. *

D. Le tien envers le prochain.

44 38VOUS avez entendu qu'il a été dit : OEil pour œil, et dent pour dent. 39Et moi je vous : Ne résistez point au méchant; mais si quelqu'un vous frappe sur la joue droite^ présentez-lui encore l'autre joue. 40Et à celui qui veut vous appeler en justice pour vous enlever votre tunique, abandonnez encore votre manteau. 4iEt si quelqu'un veut vous contraindre de faire mille pas, faites-en deux autres mille avec lui. 42 A qui vous demande, donnez,et ne vous détournez point de celui qui veut emprunter de vous.

45 43VOUS avez entendu qu'il a été dit : Vous aimerez votre prochain, et vous haïrez votre ennemi. 44Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient; ^ôafin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. 46Car si vous aimez ceux qui vous

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seurs ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous courent sus et qui vous persécutent, pour devenir fils de \otre Père, celui des cieux, car il fait lever son soleil aux mauvais et aux bons et envoie la pluie aux justes et injustes. Si vous accueillez seulement vos frères, que faites-vous davantage ? Les publicains ne font-ils pas de même ? Les gentils eux-mêmes n'en usent-ils pas ainsi ? Soyez donc, vous, parfaits comme votre Père, le céleste, est parfait. »

La foi dans la justice.

Nul ne peut servir deux maîtres, car ou VI. 24. il haïra l'un et aimera l'autre; ou il tiendra à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamôn.

Qui donc écoute les paroles que je dis et VII. 24, 27. les met en pratique, je le comparerai à un homme avisé, lequel a bâti sa maison sur une roche. La pluie a beau tomber, les torrents venir, les vents souffler et heurter cette maison, elle ne s'est point démolie, car elle avait été fondée sur le rocher.

Mais quiconque écoute ces paroles que

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aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains aussi ne le font-ils pas? 4~Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens ne le font-ils pas ?

48Pour vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.*

DEUXlÈiME PARTIE :

PRATIQUE DE LA LOI ÉVANGÉLIQUE DANS LES TROIS DOMAINES DE NOTRE CONDUITE : NOS INTENTIONS, NOS PENSÉES, NOS ŒUVRES.

^e subdivision : nos INTENTIONS. A. Notre intention doit tendre vers Dieu.

VI iGardez-vous de faire vos bonnes œuvres devant les hommes, pour être vus d'eux : autrement vous ne recevrez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux.

SQuand donc vous faites l'aumône, ne sonnez pas de la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les rues et les synagogues, afin d'être honorés des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 3Pour vous, quand vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait la droite.

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je dis et ne les met point en pratique, il est comparable à un homme fou qui a bâti sa maison sur le sable. Quand la pluie est tombée, que les torrents sont venus, que les vents ont soufflé et heurté cette maison, elle s'est écroulée dans une grande ruine. »

L'intégrité.

« Que si ton œil droit te fait chopper, V. 29, 30, arrache-le et jette-le au loin, car mieux te vaut perdre un de tes membres et que ton corps entier ne soit point précipité en la Géhenne. Que si ta main droite te scanda- lise, coupe-là et jette-la au loin, car mieux te vaut perdre un de tes membres et que ton corps entier ne soit point précipité dans la Géhenne. »

Le mépris des richesses.

Ne vous entassez point des trésors sur VI. 19, 21. la terre la teigne et la vermoulure gâtent tout, et les larrons pénètrent et volent. Mais entassez-vous des trésors au ciel, la teigne et la vermoulure ne gâtent rien, et les larrons ne pénè-

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4afin que votre aumône soit dans le secret; et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra.

5Et lorsque vous priez, vous ne ferez point comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et dans les angles des places publiques, atin d'être vus des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. (3Pour vous, quand vous prierez, entrez dans votre chambre, et en ayant fermé la porte, priez votre Père dans le secret, et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra.* ^Ne multipliez pas les paroles en

78 priant. Dans vos prières ne parlez pas beaucoup, comme font les païens, car ils s'imaginent être exaucésàforce de paroles. sNe leur ressemblez point, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le demandiez.*

81 9Vous prierez donc ainsi : Notre Père qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sanctiflé. lOQue votre règne arrive; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. HDonnez-nous aujourd'hui le pain nécessaire à notre subsistance. i^Remet- tez-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui nous doivent, i3et ne

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trent ni ne volent ; car est ton tr(5sor aussi sera ton cœur.

)7 Ne vous mettez point en souci pour vi. 34. le lendemain, car le lendemain prendra souci pour lui-même ; à chaque jour suffit son mal.

« Entrez par la porte étroite, car large vil. 19. est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui y entrent. Resserrée est la porte et étroit le chemin conduisant à la vie, et en petit nombre ceux qui le trouvent. »

Le dédain des attaques et des calomnies.

« Heureux ôtes-vous quand on vous V. 11, 12. outrage, ou vous poursuit et que menson- gôrement on débite à votre encontre toute sorte de mauvais propos à cause de moi ! Réjouissez-vous et tressaillez car votre récompense sera grande aux cieux ; ainsi, en effet, a-t-on persécuté les prophètes qui ont vécu avant vous. »

« Ne donnez point ce qui est sacré aux VII. 6. chiens, ni ne jetez vos perles devant les porcs, de peur qu'ils ne les foulent et, en se détournant, ne vous déchirent. »

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nous induisez pas en tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il. *

42 i4Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra aussi vos péchés ; ismais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offen- ses, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres. *

70 i^Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les hypocrites, car ils exténuent leur visage, pour que leur jeûne apparaisse aux hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense, npour vous, qliand vous jeûnez, parfumez votre tête et lavez votre face, iSafln qu'il n'apparaisse pas aux hommes que vous jeûnez, mais à votre Père, présent dans le secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra. "^^

B. Notre intention doit tendre vers Dieu seul : il est notre trésor stable.

55 i9Ne vous amassez point des trésors sur la terre, ou la rouille et les vers consument et les voleurs fouillent et dérobent. 20Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, ni la rouille ni les vers ne rongent, et les voleurs ne fouillent ni no déro-

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La vertu de V action et des œuvres.

Demandez et il vous sera ociroyé ; cher- VII. 6, 11. chez et vous trouverez ; heurtez et on vous ouvrira. Car qui demande, reçoit ; qui cherche, trouve ; à qui heurte, on ouvre. En effet, quel homme parmi vous, quand son fils lui demande du pain, lui donne une pierre, on quand il demande un pois- son lui donne un serpent ? Si donc vous, encore que vous soyez mauvais, savez bien donner de bonnes choses à vos enfants, à plus forte raison votre Père, celui qui est aux cieux octroiera-t-il des biens à qui le sollicite.

M Plusieurs me diront en cette journée : VII. 22, 23. Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas pro- phétisé en ton nom, en ton nom jeté hors le démon, et en ton nom accompli de nom- breux miracles « ? Alors je leur déclarerai : ce Je ne vous ai jamais connus ; écartez- vous de moi, ô les fabricants d'iniquité. »

Pas d'intolérance !

« Vous savez encore qu'il a été dit aux v. 23, 37. anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu acquitteras au Seigneur tes serments. Mais

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bent. siCar est votre trésor, est aussi votre cœur.* 22La lampe du corps, c'est l'œil ; si votre œil est simple, tout votre corps sera lumineux ; 23et si votre œil est mauvais, tout votre corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en vous, est ténèbres mêmes, que seront-

48 elles .?* 24Xul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il hnïra l'un et aimera l'autre, ou il sera docile à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. * 25C'est pourquoi je vous dis : N'ayee point souci pour votre vie, de ceque vous mange- rez, ni pour votre corps, de quoi vous le vêiirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps pas plus que le

32 vêtement ?* 26Regardez les oiseaux du ciol, ils ne sèment ni ne moissonnent, ni ne recueillent en des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez vous pas plus qu'eux? 2:Qui de vous, en se tour- mentant, peut ajouter à sa taille une seule coudée ? 28i7t du vêtement, pourquoi vous en inquiéter ? Considérez les lis des champs, comme ils croissent : ils ne tra- vaillent ni ne filent :^^or,']e vous le dis : Salomon, dans toute sa gloire, n'était pas vêtu comme l'un d'eux. 30Que si l'herbe

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moi je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car ils est le trône de Dieu ; ni par la terre, car elle est le support de ses pieds ; ni par Jérusalem, car c'est la ville du grand Roi. De même ne jureras-tu par la tête, car tu ne peux faire un seul cheveu blanc ou noir. Que votre parole soit donc : »• oui, oui, non, non ! »» Le surplus est du malin. »

Ostentation. Hypocrisie.

« Ayez soin de ne pas pratiquer votre VI. 1, 7. aumône devant les hommes pour ne pis en être regardés ; autrement vous n'aurez point de salaire auprès de votre Père, celui qui est dans les cieux. Quand donc tu feras l'aumône, ne sonne point la trompette devant toi, comme en u^ent les hypocrites dans les synagog'ies et dans les rues, pour en être honorés des hommes ; en vérité, je vous dis qu'ils ont reçu leur salaire. Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta gauche ignore ce que fait ta droite, afin que ton aumône soit en secret, et que ton Père, celui qui sait les choses secrètes, te le rende à découvert.

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Omis

par

Picard

des champs qui est aujourd'hui, et qui demain est jetée dans un four, Dieu la revêt ainsi, combien plus vous, hommes de peu de foi ?* 3iNe vous mettez donc point en peine, disant : Que mangerons- nous ? ou ; que boirons-nous? ou : de quoi nous couvrirons- nous ? 32Les Gentils se préoccupent de toutes ces choses, mais votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. 33Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera dcnné par surcroît.* 59 34N'ayez donc point de souci du lende- main ; le lendemain aura souci de lui- même. A chaque jour suffit sa peine.* S-ne subdivision : Nos PENSÉES. iNe jugez point, afin de n'être point jugé. 2Car selon que vous aurez jugé, on vous jugera ; et de la même mesure dont vous aurez mesuré, on vous mesurera, spour- quoi voyez-vous le fétu dans l'œil de votre frère, et ne voyez point une poutre dans votre œil? ^Ou, comment dites-vous à votre frère : Laissez-moi ôter ce fétu de votre œil ; et vous avez une poutre dans le vôtre ? 5Hypocrite, ôtez d'abord la poutre de votre œil, et ensuite vous son- gerez à ôter le fétu de l'œil de votre frère. *

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« Si vous priez, ne ressemblez point aux hypocrites, car ils aiment de prier en se tenant debout aux angles des synagogues et des places publiques pour être vus des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense, Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et. ayant fermé la porte, invoque ton Père, celui qui voit dans le secret : il te le rendra à décou- vert.

" Quand vous jeûnez, ne devenez point VI. 16, 18. d'un regard triste comme les hypocrites, car ils affectent tous un air défait pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent ; en vérité, je vous dis qu'ils ont reçu leur sa- laire. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et tiens ta face, afin qu'il n'appa- raisse point aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est dans le secret, et ton Père, qui voit les choses secrètes, te le rendra à découvert. »

Les faux prophètes.

Donnez- vous garde des faux prophètes, vil, 15, 20. lesquels viennent à vous en habits de brebis, mais par dedans sont loups ravis-

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43 ^Ne jetez pas aux chiens les choses saintes, et ne jetez points vos perles dftvant les pourceaux, do peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant contre vous, ils ne vous déchirent.*

5me subdivision : Nos ACTIONS. A. Les actions nous assurent les biens sui- vait ts : a) fade de prier : les dons de Dieu^ b) aider son semblable : V accomplisse- ment de la Loi et les prophètes c) V action gj[ énergique : le salut.

«j"'Demandez,et il vous sera donné; cher- chez et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert. SQuiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l'on ouvrira à celui qui frappe. 9Qui de vous, si son flis lui demande du pain, lui présentera une pierre ?i0Ou s'il lui demande un poisson, lui présentera un serpent.^ nsi donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus votre Père qui est dans les cieux vous donnera-t-il ce qui est bon, 43 quand vous le lui demanderez. *

&^i2Ainsi tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous- mêmes pour eux, car c'est la Loi et les Prophètes.*

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sants. A leurs fruits les connaitrez-vous. Des épines cueille-t-on des grappes, et sur les chardons des figues ? Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais tout arbie pourri, de mauvais. Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. Vous les connaîtrez donc à leurs fruits.

L'épouse.

Vous savez qu'il a été dit : « Tu ne corn- v. 27, 28. mettras pas d'adultère. »» Mais je vous dé- clare que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère avec elle en son cœur.

« Il a été dit : « Qui répudie sa femme, v. 31, 32. qu'il lui donne un écrit de divorce ! » Mais je vous dis, moi, qui répudie sa femme, en dehors de la raison de paillardise, la rend adultère ; et qui épouse la délaissée com- met l'adultère. »

Que la prière soit brève.

- En priant, n'usez point de bavardages, VJ. 7, 8. comme les gentils, car ils s'imaginent être exaucés grâce à un long parler. Ne leur

82

56 cji3Entrez par la porte étroite, car large est la porte, et spacieuse est la route qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui entrent par là. HQa'étroite est la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu'il en est peu qui la trouvent ! *

B. L'action est une pierre de touche qui sert à caractériser : a) les bons pro- phètes, b) les élus au jugements dernier, c) les sages qui pratiquent la loi.

72 a;i5Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, et au dedans sont des loups rapa- ces. lôVous les connaîtrez par leurs fruits ; cueille-t-on du raisin sur des épines, ou des figues sur des ronces ? i^Ainsi, tout arbre bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais porte de mauvais fruits. isCar un arbre bon ne peut porter de mau- vais fruits, ni un arbre mauvais porter de bons fruits. i9Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits, sera coupé et jeté au feu.20Vous les connaîtrez donc d'après leurs fruits.

48 &;2iNon, quiconque me dit: Seigneur, Sei- gneur ! n'entrera pas pour cola dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui estdans lescieux,*

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ressemblez donc point, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.

» Chacun qui me dit: Seigneur! SeigneurI vil. 21. n'entrera pas au royaume des cieux, mais celui-là qui fait la volonté de mon Père, lequel est aux cieux ! »

L'oraison suprême.

Pour vous donc, que votre prière soit VI. 9, 13. ainsi :

« Notre Père, celui qui est aux cieux, ton nom soit sanctitié, ton règne arrive, ta volonté soit faite en la terre comme au ciel, donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, pardonne -nous nos otïenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ne nous induis pas en ten- tation, mais délivre-nous du malin. A toi la royauté, et la puissance, et la gloire à jamais. Amen ! ».

Les béatitudes des humbles et des opprimés.

Heureux les pauvres en esprit, car le V. 3, 10. royaume des cieux leur appartient ! Heu-

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Omis

par

Picard

*celui-]à entrera dans le royaume des deux. 22Plusieurs me diront en ce jour-là : Sei- gneur, Seigneur, n'avons-nous pas pro- phétisé en votre nom, et chassé les démons en votre nom, et fait en votre nom beau- coup de prodiges ?-^3Alors je leur dirai hau- tement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez- vous de moi, ouvriers d'iniquité. *

c;2^Quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera assimilé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre. 25Et la pluie est tombée, et les fleuves sont venus, et les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison, et elle n'est point tombée, car elle était fondée sur la pierre. 26Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les accomplit sera semblable à l'insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27Et la pluie est tombée, et les fleuves sont venus, et les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison, et elle est tombée, et grande a été sa ruine. *

280r Jésus ayant achevé ces paroles, les foules étaient dans l'admiration de sa doc- trine. 2»Car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes et les pharisiens.

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reux les affligés, car ils seront consolés ! Heureux les débonnaires, car ils posséde- ront la terre ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassa- siés ! Heureux les miséricordieux car il leur sera fait miséricorde ! Heureux les purs de cœur car ils verront Dieu ! Heu- reux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux les persécutés pour la justice, parce que à ceux appar- tient le royaume des cieux ! ».

Plan synoptique du « Sermon sur la Montagne »

^^^_ Évangile S. Mathieu, Cli. V, VI, VII.

I. - PREMIÈRE PARTIE, PARTIE THÉORIQUE OUPAilTIE DIDACTIQUE : LENSEIGNEMENT DE LA LUI ÉVANGÉLIQUE (Évangile S. Mat., chap. V).

I. Première subdivision : enseignement de la loi évangélique, par ce qu'elle EST, c'est-à-dire par les béatitudes qui formulent cette loi et sa

sanction (versets 2 à 11).

Transition : Notre Seigneur applique aux apôtres en particulier (versets 11, 12) la dernière béatitude exprimée en forme générale au verset 10.

II. Deuxième subdivision : ENSEIGNEMENT de la loi évangélique, par ce qui l'ACCOMPLIT, c'est-à-dire par la pratique des disciples qui accom- pliront cette loi jusqu'à la fin des temps et la feront connaître par leur exemple. En la mettant eux-mêmes à exécution, ils la révéleront aux yeux de tous (versets 11 à 20).

Transition : Notre Seigneur prescrit que la praticiue des disciples doit, à l'avenir, contribuer à répandre la loi évangélique (du verset 13 au verset 17). Mais, par une opposition, il ajoute aussitôt («eyseis 17 à 20) que : si les disciples enseignent ainsi la loi évangélique comme une loi nouvelle, ils ne doivent pas regarder celte nouveauté comme consistant à abolir la loi ancienne, mais à rendre semement plus parfaite cette loi ancienne. Jésus va montrer ensuite en quoi la loi nouvelle est plus parfaite :

III. Troisième subdivision : ENSEIGlVEMENT de la loi évangélique par ce qui la PREPARE, c'est-à-dire par l'ancienne loi mosaïque. Les juifs connaissaient la loi mosaïque , se servant de cette connaissance ancienne pour leur en enseigner une nouvelle, le Sauveur fait connaître la loi évangélique comme n'étant que la loi mosaïque, mais accomplie et rendue parfaite (versets 28 à 48). Pour montrer cette perfection apportée à la loi ancienne par la loi évangélique, Notre-Seigneur Jésus-Christ les compare sur quatre points de doctrine :

Ces quatre points sont disposés en un ordre qui forme une gradation ; en eifet, le premier concerne le prochain; le second nous-mêmes; le troisième le respect à Dieu ; le quatrième l'obligation d'imiter pratiquement la perfection même de Dieu.

A. Le mal envers le prochain : respecter son semblable, s'abstenir de ce qui lèse le prochain en lui-même et dans ses biens (versets 21 à 27). B- L'adultère : se respecter soi-même de tout ce qui est contraire à la pureté (versets 27 à 33).

C. Le serment : respect à Dieu, à cause de Dieu s'abstenir de ce qui viole le respect à son ciel qui est son trône ou à ce qui lui appartient

comme notre vie qui ilépend de lui (versets 33 à 38).

D. Imiter pratiquement la perfection de Dieu : le bien à faire au prochain de façon à imiter Dieu qui répand ses bienfaits sur les méchants et

bons (versets 38 à 47).

La transition est en même temps le résumé de ce dernier point et la conclusion de toute la première partie; c'est le verset 48 et dernier : " Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait „. De la perfection de la loi qui a été examinée dans la première partie, ce verset infère la pratique parfaite de cette loi. C est ce dernier point, la pratique de la loi, qui est l'objet de la seconde partie :

IL - DEUXIÈME PARTIE, PARTIE D'APPLICATION OU PARTIE MORALE : LA PRATIQUE DE LA LOI ÉVANGÉLIQUE (Évangile S. Mat., chap. VI et VII).

L'ordre des trois subdivisions suivantes est imprsé par ce fait que nos pensées et nos connaissances (seconde subdivision) précédent nos actions (troisième subdivisjoul. Nous dg.A?>ous d'après ce que nous connaissons, et, a leur tour, nos uitentions, nob désirs (première subdivision) précèdent etdirigf^nt nos pensées, car, comme le dit Notre-Seigneur, nos pensées vont vers ce que nous recher- chons ; si nos intentions sont mauvaises, tout en nous est perverti.

I. Première subdivision : PRATIQUE de la loi évangélique dans nos INTENTIONS (ch. V).

A. - La récompense refusée aux œuvres faites pour plaire aux hommes : Si vous voulez que Dieu récompense vos bonnes œuvres, Il doit être la lin que vous avez en vue (versets 1 à 18).

Les bonnes œuvres sont, dans l'ordre de mérite : d'abord l'aumône, puis la prière, et eulin le jeune.

a) Dans vos aumônes Dieu doit être votre tin et non pas la louange des hommes ( Versets 1 à 5), car, si nous avons en vue la louange

des hommes, Dieu ne nous donnera pas d'autre récompense que cette louange.

b) De mèiiie dans vos prières Dieu doit être votre fin (versets 6 à 15).

c.) Donc quand vous priez n'ayez pas votre intention attachée à la quantité de paroles, ni votre espoh' dans ^f ë^'^»'; "«^"^f^^^'i^^ ^^ous en avez récité, car vous serez exaucés non par les paroles que vous prononcez, mais par celui auquel elles s adi esseni ( v.^-

ê) Si vous avez Dieu eu vue dans vos prières, comme il sait tout, ne soyez pas inquiets ni scrupuleux de f^J.'i",^ ^^.'^^'J^^f,™ formulé devant Dieu vos demandes dans leurs moindres détails. Il sait ce dont vous avez ^^f^'^'^'-^^^Dl^^Y^T ''"^*'" nos grandes intentions fondamentales dans toute leur généralité ; c'est la prière par excellence (versets à a id).

y) S'il faut avoir Dieu en vue dans n(>s prières et s'adresser à lui seul (voir supra a et cj, il résulte cette conclusion que notre prière doit être sincère, sinon Dieu eu verrait le défaut et ne l'exaucerait. Si, contrairement à vos paroles du Pater, vous n'avez pas la volonté de pardonner à vos ennemis, votre Père céleste ne vous pardonnera pas (Versets 14 a 16). ' c) Dans vos jeûnes n'ayez pas en vue l'admiration des hommes pour vos mortifications, car vous n'auriez pas d'autre récompense que cette admiration des hommes (Versets 16 à 18).

B. La récompense des bonnes œuvres cjui sont faites pour plaire à Dieu (versets 19 à 34) : Ne cherchez que la récompense divine car elle l'emporte en valeur sur la récompense humaine.

a) En eflet, le ciel est un trésor impérissable, les trésors d'ici-bas sont caducs (versets 19 et 20).

h) D'autant plus que tout notre être dépend des récompenses que nous recherchons, nous nous attachons à notre trésor et nous nous y attachons tout entier. On ne peut servir deux maîtres,— rechercher à la fois les trésors du ciel et ceux de la terre (v. 21,24). c) Dès lors pourquoi rechercher les biens de la terre ? Ils peuvent, il est vrai, nous assurer de quoi manger et vivre, mais le bon Dieu le peut aussi . et sa bonté aura soin de nous plus parfaitemeni mciir.' (rerset 24, à la fin du chapitrej.

Comc/ms/oh de ce dernier point et de toute cette première sul.division : Dans vos Mentions ei par vos désirs cherchez d'abord le royaiune de Dieu, tout le reste sera donné par surcroit ; à chaque jour suffit sa peine (verset 34).

II. Deuxième subdivision . PRATIQUE de la loi évangéliquk dans nos JUGEMENTS fchap. VII, versets 1 à 6).

A. Si vous voulez n'être pas jugé vous-mêmes, ne jugez pas votre prochain (versets 1 à 5).

B. Mais s'il faut s'abstenir quand il ne s'agit que de juger pour le plaisir de reprendre vaniteusement votre frère, il faut, au contraire, juger

quand il s'agit de vous éclairer pour agir. Agissez judicieusement, nous dit le' Sauveur. Ne jetez pas aux chiens les choses

saintes.

Transition : Dans Ja subdivision précédente, Notre-Seigneur enseignait la simplicité d'intention qui consiste à avoir sans cesse les yeux sur le but. C'est ce que Notre-Seigueur, en un autre endroit, compare à la colombe lointaine dont rien ne détourne le regard du terme et qiu fixe simplement le but elle tend. Mais dans cette seconde subdivision il continue l'euseignemeut de la simplicité en disant qu'il ne faut juger rien de ce qui ne nous importe ni ne nous concerne (ne ^se^s 1 à 5). A l'enseignement de la simplicité Notre-Seigneur ajoute aussitôt renseignement de la prudence dans l'appréciation judicieuse des moyens pour atteindre notre tin. Soyez simples comme la colombe, disait-il; mais aussitôt il ajoute: " et soyez prudents comme le serpent qui s'appuie de tout son être sur le sol ferme, ainsi s avance sûrement et ne se repose pas sur un appui trompeur (verset 6).

m. Troisième subdivision : PRATIQUE de la loi évangélique par Wos ACTIONS (versets 7 à 27J.

A. UNIVERSALITE du commandement d'agir : L'action auprès de Dieu, des hommes et de nous-mêmes (versets 7 à 14) :

a) Agissez auprès de Dieu par vos prières si vous voulez obtenir ses dons. Universalité de l'action auprès de Dieu : Dans vos

prières demandez tout, et cherchez tout sans aucune restriction (versets 7 à 11). Oy Agissez en faveur des hommes dans la mesure vous voulez qu'ils agissent en votre faveur. Universalité du commandement

d'agir envers les hommes. Faites tout ce que vous voudriez qu'ils fassent pour vous (verset 12). c) Nous-mêmes n'épargnons pas nos peines ni nos labeurs, et nous trouverons la voie du salut et la vie éternelle (versets 13 et 14), Universalité de notre action en notre faveur : Affrontons sans aucune réserve toutes les difficultés et supportons absolument et sans broncher toutes les peines pour nous assurer la vie éternelle et faire notre salut I De ce dernier point à savoir que l'action conduit au salut, il résulte qu'elle servira à caractériser les bons ; c'est l'objet du développement

qui va suivre.

^- ■" L'action distingitf. LES RONs : les vrais prophètes, 1!- élus ^cr auditeurs avisés du Sermon sur l,i Montagne et de la narole de Notre- Seigneur Jésus-Christ en général C^rsefs J5 à 2.-?).

a) L action servira à reconnaître les vrais pro])hètes : ils produiront des actions bonnes. Au contraire les faux prophètes produiront

des œuvres mauvaises (versets 15 à 20).

b) L'action servira à distinguer les justes des réprouvés (versets 21 à 23).

a) Seront damnés ceux qui n'auront que leurs seules paroles ; seront au contraire élus ceux qui auront des œuvres, c'est-à-dire

qui auront fait la volonté du Père céleste (verset 21). c) Seront même condamnés ceux qui n'ont des œuvres qu'en apparence et qui. pour prophétiser, pour chasser les démons

et faire des miracles, se bornent, sans agir eux-mêmes, à laisser la force divine agir en eux (versets 22 et 23).

C. L'action distinguera enfin les sages des insensés painii ceux qui entendent les enseignements du Christ ; les sages pratiquent cet enseigne-

ment, les insensés le laissent stérile (versets 24 à 27).

Conclusion. Cette exhortation de pratiquer la loi du Christ est la conclusion de cette dernière subdivision, c'est en même temps la

conclusion de toute cette seconde partit, et en même temps c'est la péroraison et l'enseignement suprême qui résume tout le discours.

Epiloglte. Un verset final relate ensuite en narration que le Sauveur Jésus atteint sou but de révéler sa loi souveraine avei- le

caractère de loi divine, pratique, impérieuse et suprême. " Les foules, dit le texte sacré, étaient dans l'adiniratiou de sa doctrine, car il les

enseignait comme ayant autorité et non comme les scribes et les pharisiens ,. (verset 28).