J-f:^-^ ^- ^ =/^' -4^. ^^^^%;: -'\.A .■' '-W->3. «■;$•' ■ '-r'-"^ Wi5Jjg'>"','X -v ~rHp: i, ^'^eîT? r^- tn^*y cor. ■^-•i L^ /-c ^*fm; \. «isdi-rr LIBRARY OF I885_IQ56 MUSEE ENTOMOLOGIQUE ILLUSTRE LES INSECTES MUSÉE ENTOMOLOGIOÏÏE ILLUSTRÉ HISTOIRE NATURELLE ICONOGRAPHIQUE DES INSECTES l'LBLllili PAU UNli KliUNlON d' E N TOM OL O G IS 1 ES NUANÇAIS ET ICTKANGEHS 30US LA ;Plî\ECTION DE J. "T^OTHSCHILD TROISIÈME ET DERNIER VOLUME comprenant LES ORTHOPTÈRES — NÉVROPTÈRES — HYMÉNOPTÈRES HÉMIPTÈRES — DIPTÈRES — APTÈRES, etc. PARIS J. ROTHSCHILD, ÉDITEUR l3, RUE DES SAINTS-PÈRES, l3 IS78 LES INSECTES ORGANISATION - MŒURS CHÂSSE - COLLECTION — CLASSIFICATION HISTOIRE NATURELLE DES ORTHOPTÈRES - NÉVROPTÈRES - HYMÉNOPTÈRES HÉMIPTÈRES - DIPTÈRES — APTÈRES, f.tc. AVEC 24 PLANCHES EN COULEUR ET 460 VIGNETTES PARIS J. ROTHSCHILD, ÉDITEUR !3, RUE DES SAINTS-PÈRESj l3 1 S78 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Table générale des Matières '^ Table des Insectes et des Plantes figurés sur les 24 Planches vi Avis de l'Editeur ' Ordre des Orthoptères ^ Ordre des Thysanoptères ^^ Ordre des Névroptères ^' Ordre des Hyménoptères '°9 Ordre des Hémiptères --9 Ordre des Aphaniptères -^9 Ordre des Strepsiptères ^9-' Ordre des Diptères ^99 Ordre des Anoploures ■'^^ Ordre des Thysanoures •'"•^ Chasse, Préparation et Conservation des Insectes ■'^7' Bibliographie 3^-^" Aperçu historique sur les Progrès de l'Entomologie ^89 Tableau de la Classification 4^5 Table alphabétique des Familles, Genres et Espèces décrits dans le Volume . . 419 TABLE DES INSECTES ET DES PLANTES FIGURÉS SUR LES 24 PLANCHES PLANCHE I . . . . Page i3 Orthoptères : Forficula auricularia. — gigantea. Blatta germanica. Gryllotalpa vulgaris. Gryllus campestris. Plantes : Convolvulus sepium. Trifolium pratense. PLANCHE H Page 21 Orthoptères : Mantis religiosa. — coque ovifère. Deroplatys desiccata. PLANCHE III Paae Orthoptères : Acanthodes imperialis. Acridoxena Hawaiiana. PLANCHE IV. . . . Page 79 Névroptères : Libellula depressa. Agrion sanguineum. Calopteryx virgo. Ephemera vulgata. Phryganea grandis. Névroptères : Larve de Libellule pour- suivant une larve d'É- phémère. Etuis de Phryganes. Plantes : Butomus umbellatus (au centre). Hippuris vulgaris (à droite). Polygonum amphibium (à gauche). PLANCHE V . Page 89 Névroptères : Ascalaphus Kolyranensis. — sa larve (en bas). Myrmeleon Caffer. Libellula marginata. PLANCHE VI Pa! Hyménoptères : Apathus vestalis 9 . Eucera longicornis o"- Bombus muscorum 9. — lucorum Ç, et son nid. Plantes : Aubépine (en haut). Silène maritima (en bas). TABLE DES 34 PLANCHES. VII PLANCHE \ H Pauc 12, HYMiiNorxÉuKs : Xylocopa morio. Chrysantheda frontalis. Euglossa Romandi. Centris deiiudans. Plantes : Passitlora Kcrmesiana. PLANCHE VHl . . Page i53 HYMiiNOPrÈiîts : Chrysis ignita. Mutilla europitaÇ. — — d'- Formica rufa o"- — — Ç. — — V. Pompilus fuscus. Astata boops. Mellinus arvensis. CrabroquadrimaculatLis. Cerceris arvensis. PLANCHE L\ . . . Page 141 Hyménoptèues : Vespa crabro. — vulgaris. Dasipoda hirtipet.. Halictus rubicundus. Cœlioxys simplex cf. — — 2. Melecta armata Ç. Osmia rufa 2. Megachile centuncularis. PLANCHE X . . . Page i65 Hyménoptères : Rliyncliium nitidulum. Eumenes esuriens. Parapison rulipes. Trypoxylon rejector. PLANCHE XI . . . Page ijS Hyménoptères : Stylops melittae. Vespa arborea et nid. Hyménoptères : Cilissa hœmorrhoïdalis. Eumenes et son nid. Andrena nitida. — Trimmeranaet nid. Nomada rulicornis. Formica rufa et son nid- Plantes : Scille penchée. Erica cinerea. PLANCHE XII . . . Page ibg Hyménoptères : Vespa mandarinia ?. Pelopœus lœtus et nid. Pepsis héros. PLANCHE XIII . . Page 209 Hyménoptères : Sirex juvencus cf. Cynips Kollari. Lyda hortensis. Trichiosoma lucorum. Cimbex lutea, larve et cocon. Plantes : Chêne et Pin. PLANCHE XIV . . Page 221 Hyménoptères : Hylotoma rosa.-. Crassus septentrionalis. Athalia spinarum. Allanthus scrophularias. Cimbex iutea. Schizocerus pallipes. Lophyrus pini. Tenthredo Zonatus. PLANCHE XV Page 249 Hémiptères : Ledraaurita. Triepphora sanguinolenta. Stenocephalus agilis. Pentatoma dissimile. VllI TABLE DES 24 PLANCHES. l'i.ANiiis : Senecio Jacobiua. Lamiiim album. l'LANCHE XV L . Paye 357 Hémipïèues : Hotinus maculatus. Preciloptera circulata. Cicada adusta. PLANCHE XVI 1 Pai i63 Hémiptères : Notonecta glauca. Ranatra linearis. Nepa cinerea. Plantes : Lentille d'eau (Lenina). Potamogeton heterophyllus. Aster tripolium. PLANCHE XVni . . Page 269 Hémiptères: Hydrometra gibbifera. — argentata. Corixa Geoftioyi. Halticocoris kiteicollis. Acanthia lectularia. Reduvius personatus. Coranus subapteriis. PLANCHE XIX Page 377 Hémiptères : Asopus luridus. Verlusia rhombea. Coreus hirticornis. Pyrrhocoris apterus. Neides depressus. Phytocoris tilise.* Henestaris laticeps. Rhyparochromusdilatatus.* "Dans cette Planche XIX, par suite d'une erreur de rimprinieur, le Phytocoris tiliœ porte le nom du Rhyparochroiniis, et réciproquement. PLANCHE XX . . . l'âge Hémiptères: Pygoplatys lanciler. Diactor bilineatus. Dalader acuticosta. Oncomeris flavicornis. iS3 PLANCHE XXL Page 3i5 Diptères : Acanthomeia magnilica. Phellus glaiicLis. Pangonia longirostris. Mydas giganteus. PLANCHE XXn . . Page 323 Diptères : Asilus crabronitormis. — germanicus. Stratiomys furcata. Eristalis tenax. Volucella pellucens. — plu mata. Merodon clavipcs. Syrphus lucoium. PLANCHE XXHI Diptères Page 339 Syrphus pyrastn. Tachina grossa. — ferox. . Conops macrocephalus. Musca domestica. Scatophaga scybalaria. — stercoraria. PLANCHE XXIV . . Page 333 Diptères : Tabanus bovinus. (Estrus equi. Conops vesicularis. Tachina grossa. Plantes : Chèvre-feuille. AVIS DE L'EDITEUR e volume, le troisième et dernier do notre Musée ENTOMOLOGiQUE, compreod tous les ordres d'insectes -'i'v-^ X autres que les Coléoptères ou Scarabées (Tome I"), i -, n^% et les Lépidoptères ou Papillon^ (Tome II). Il renferme '■/N 1 donc les Orthoptères (Forfîcules, Blattes, Grillons, Saute- i G' V - ^vil^^ relies, etc.'; les Névroptères (Libellules, PZphémères , [:W. Friganes, etc.); les Hyménoptères (Abeilles, Guêpes, ■ ', ■ Fourmis, Ichneumons); les Hémiptères (Punaises, Cigales, ; Pucerons, etc.); les Diptères (Mouches, Cousins, Œstres, etc. , et les Aptères (Lépismes, Podures, Puces, Pous). Ces ordres, non moins intéressants que les précédents, renferment une foule d'espèces aussi remarquables par leurs formes et leur organisation que par les instincts admirables qui dirigent quelques-unes d'entre elles dans la construction de leurs demeures et l'éducation des petits, ou dans les ruses qu'elles mettent en œuvre pour surprendre leur proie. Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons déjà dit sur l'organisation générale des insectes, ce sujet ayant été largement traité dans VJntrndiictioti\^\acée en tête de notre premier volume. ORDRE DES ORTHOPTÈRES Cet ordre, l'un des moins nombreux en espèces de la classe des Insectes, est un de ceux qui renferment les plus grandes espèces, et particulièrement celles dont les formes sont les plus singulières. Les Orthoptères se distinguent nettement des ordres voisins par leurs caractères. Leurs organes buccaux consistent en deux mâchoires, deux mandibules et deux lèvres bien développées, annonçant des insectes éminemment broyeurs. Leurs ailes offrent un de leurs principaux carac- tères distinctifs ; les supérieures, auxquelles on conserve encore le nom d'élytres ^ comme chez les Coléoptères, sont d'une texture moins solide et seulement semi-coriace; en outre ^ elles croisent ordinairement l'une ORDRE DES ORTHOPTÈRES. sur l'autre dans l'état de repos, tandis que chez les Coléoptères elles se rapprochent exactement par leurs bords sur la ligne médiane du corps , sans jamais chevaucher l'une sur l'autre ; de plus, les ailes inférieures sont pliées dans le sens longitudinal, absolument à la manière d'un éventail, d'où leur nom d'Orthoptères, formé de deux mots grecs [urthos^ droit, et ptéroii^ aile). On ne retrouve ce caractère dans aucun autre ordre d'insectes. Les Orthoptères diffèrent bien plus encore des Coléoptères par leur mode d'accroissement et leurs métamorphoses, qui sont incomplètes. Ils n'offrent pas, comme ces derniers et les Lépidoptères, les trois états bien tranchés de larve, de nymphe et d'insecte parfait. Au sortir de l'œuf, le jeune Orthoptère ressemble déjà à l'insecte qui lui a donné naissance, si ce n'est qu'il n'a pas encore acquis les organes du vol. A l'aide de plusieurs mues successives, il augmente de grosseur, et les rudiments d'ailes et d'élytres se montrent seulement à l'avant-dernière mue; c'est alors qu'on le regarde comme nymphe. Un dernier changement de peau, ordinairement le sixième, le fait passera l'état parfait; les ailes sont alors aussi développées qu'elles doivent l'être, et l'insecte peut se reproduire. L'état de nymphe n'est pas ici une période de repos, d'engourdissement, comme pour la chrysalide; la nymphe des Orthoptères conserve toute son activité. Le corps des Orthoptères est généralement allongé, de consistance molle et charnue. La tête est grosse, verticale, et offre sur le front deux ou trois petits yeux lisses ou ocelles; les vrais yeux occupent les côtés de la tête; ils sont parfois très-grands, à réseau. Les antennes, souvent composées d'un grand nombre d'articles, affectent parfois des formes qu'on ne retrouve pas ailleurs dans la classe des insectes. Leurs mandibules sont écailleuses , triangulaires , épaisses , munies au côté interne de dents plus ou moins fortes; les mâchoires portent, comme celles des Coléoptères carnassiers, deux palpes; mais la palpe interne est ici transformée en une pièce membraneuse inarticulée, voûtée en dessus et recouvrant l'extrémité des mâchoires. C'est cette pièce que l'on nomme, d'après Fabricius, Galea (casque), que d'autres ont traduit, nous ne DESCRIPTION GENERALE. savons pourquoi, par le mot français galette. Les palpes externes, les seules en vue, sont composées de cinq articles. La lèvre inférieure ou languette est presque membraneuse, allongée, divisée en lanières et garnie de palpes composées de trois articles. Leurs pattes sont en général longues et robustes; les postérieures sont souvent beaucoup plus grandes que les autres, et propres au saut ; les tarses sont le plus souvent garnis en dessous de pelotes membraneuses et toujours terminés par deux crochets. L'abdomen est allongé , composé de huit ou neuf anneaux, et. souvent terminé chez les femelles par une tarière ou oviducte en forme de stylet ou de sabre, composé de deux pièces appliquées l'une contre l'autre, et destinées à enfoncer leurs œufs dans la terre. Ces œufs sont pondus, le plus ordinairement en masse, soit dans le sol, soit sur la tige des plantes. Les femelles sont en général très-fécondes, et quelques espèces causent d'etïroyables ravages par leur prodigieuse multiplication; telles sont les sauterelles, qui dépouillent des provinces entières de toute végétation. Presque tous les Orthoptères sont herbivores; seules les Mantes sont carnassières. Les insectes de cet ordre sont infiniment plus répandus dans les pays chauds que dans les régions froides ou tempérées du globe. L'ordre des Orthoptères se divise d'abord en deux sections principales: les Coureurs et les Sauteurs, et chacune de ces sections est subdivisée en familles. ORDRE DES ORTHOPTÈRES. ORTHOPTÈRES. - PREMIÈRE SECTION LES COUREURS (cursoria) ont les pieds semblables, uniquement propres à la course, les étuis et les ailes couchés longitudinalement sur le corps. Dans cette section, les femelles sont dépourvues de tarière cornée. Quatre familles rentrent dans cette division: les Forficules, les Blattes^ les Mantes et les Spectres. FAMILLE DES FORFICULIENS Ces insectes, bien connus de tout le monde sous le nom de Perce- oreille^ pourraient être confondus à première vue avec les Staphylins de l'ordre des Coléoptères ; mais leurs caractères les en distinguent d'une façon bien tranchée et les rangent parmi les Orthoptères. Ce sont des insectes de forme allongée; leur tète est ovoïde, épaisse, sans ocelles, avec les yeux de grandeur moyenne. Les antennes varient en longueur et pour le nombre des articles; le corselet, carré en avant et sur les côtés, est arrondi en arrière; les élytres sont très-courts et se joignent par la suture; Ym.\.-Fo,ji„daamcrh„na. jj^ (.Q^yj-ent ù pcluc Ic tlers de l'abdo- men. Sous ces élytres sont des ailes très-étendues servant au vol, et, lors- qu'on les voit déployées, on a de la peine à comprendre comment elles peuvent se caser à l'aise sous des étuis si petits (fig. 4). Ces ailes, formées d'une membrane extrêmement ténue, sont, comme dans tous les autres FAMILLE DES FORFICULIENS. Orthoptères, plissées d'abord en éventail, et ensuite repliées deux fois sur leur longueur, comme un N. Ce caractère, qui ne se retrouve pas dans les autres familles, a déterminé quelques auteurs à établir pour ces insectes un ordre particulier sous le nom de Dermaptùres. Les pattes sont moyennes avec des tarses de trois articles , dont le premier est le plus long; mais ce qui distingue surtout ces insectes, ce sont les pinces qui terminent leur abdomen ; emboîtées dans une plaque crus- tacée qui termine le corps, elles varient suivant les espèces, mais sont toujours concaves à leur partie interne et plus grandes chez les mâles que dans les femelles. Quand ces insectes sont inquiétés, ils relèvent leur abdomen d'un air menaçant et cherchent à se défendre avec leurs pinces. Le nom ancien de Perce-oreille et l'appareil formidable dont ils sont armés, a fait attribuer par le vulgaire à ces insectes des habitudes per- nicieuses. Ils s'introduiraient dans les oreilles et, de là, dans le cerveau, où ils causeraient parfois des désordres capables d'entraîner la mort. Sans discuter cette fable ridicule, nous nous contenterons de dire à ceux qui peuvent l'ignorer, que le conduit auditif n'étant pas percé, rien ne peut par ce conduit s'introduire dans la tète. Si par hasard des Forficules ont pénétré dans les oreilles de personnes endormies, c'est seulement parce qu'ils recherchent toujours les cavités pour s'y réfugier. Leur nom de Perce-oreille, déjà ancien, vient en réalité de ce que la pince dont est nmni leur abdomen, rappelle pansa forme l'instrument dont se servaient autrefois les bijoutiers pour percer les oreilles auxquelles on voulait attacher des pendants. Les craintes qu'ils inspirent aux jardiniers sont beaucoup plus fondées ; ces insectes attaquent en effet les fruits etlesfîeurs, et commettent souvent de grands dégâts, surtout sur les œillets. Comme ils recherchent les endroits frais et humides et fuient le grand jour, on les attire en plaçant des pots à fîeurs, des briques ou des paillassons près des lieux qu'ils fréquentent. Contrairement à ce qui a lieu pour beaucoup d'insectes qui abandonnent le soin de leurs œufs à la nature, les femelles des Forficules couvent leurs œufs et prennent soin des petites larves qui en sortent ORDRE DES ORTHOPTÈRES. pendant leur premier âge; la mère veille avec sollicitude sur ses petits, et ceux-ci accourent au moindre danger se réfugier sous le ventre et entre les pattes de leur mère. La famille des Forfîculiens comprend trois genres: i" les Forficulcs pro- prement dites [Forficitla), qui ont de dix à quatorze articles aux antennes et des ailes; 2" les Forjicesila^ quiont plus de quatorze articles aux antennes et des ailes; 3" les Chelidiira, qui manquent d'ailes. Le genre Forficula a pour type : la Forficule perce-oreille {Forjïcula auricularia) [PI. I], longue de i5 à 20 millimètres, d'un brun foncé luisant, avec la tête roussàtre, des antennes de quatorze articles, des élytres bruns bordés de jaune et des pattes d'un jaune pâle. Cette espèce est très-commune dans toute l'Europe. Une autre espèce, la Forficule petite {Forficula minor) n'a que 5 à 6 milli- mètres de longueur; son corps est d'un jaune brunâtre; ses antennes n'ont que douzearticles. Elle voltige FiG. 5. - Furficesiiaiou^Mma. souvcnt le solr autour des fumiers. Dans le genre Forficesila rentre la plus grande espèce du genre, la Forficule géante [Forficesila gigantea) [PI. I]. Cette espèce, assez commune dans le midi de la France, a 22 à 25 millimètres de longueur, sans compter les pinces. Elle est de couleur fauve, avec deux bandes brunes sur le corselet et une sur chaque élytre. Ses antennes sont composées de trente articles. Le Forficesila longissima du Nicaragua (fig. 5) est remarquable par la longueur de ses pinces, qui, dans le mâle, dépasse celle du corps. Sa couleur est presque noire. La partie supérieure de ses élytres est forte- ment ponctuée. Le Forficesila americana^ représenté avec les ailes étendues dans notre figure 4, habite la Jamaïque et d'autres points de l'Amérique du Sud. FAMILLE DES BLATTIENS. FAMILLE DES BLATTIENS Les Blattiens sont des insectes à corps aplati, très-déprimé, à tète inclinée, cachée sous le rebord du corselet^ les yeux sont grands, échan- crés pour recevoir les antennes^ qui sont sétacées et composées d'un grand nombre d'articles; le corselet, en forme de bouclier presque demi-circu- lairCj s'avance au-dessus de la tète, qu'il couvre plus ou moins, selon les espèces ; les élytres sont placés horizontalement et se croisent un peu à leur extrémité; les ailes sont simplement pliées dans leur longueur; ces dernières manquent dans quelques espèces , au moins dans l'un des sexes. L'abdomen est assez volumineux, très-déprimé, et terminé par deux filets articulés. Les pattes sont longues, comprimées, épineuses, bien confor- mées pour la course; les tarses ont tous cinq articles. Les Blattes sont des insectes très-agiles, nocturnes et lucifuges, c'est- à-dire qui fuient la lumière ; elles se retirent pendant le jour sous les meubles, dans les fentes des planchers, des boiseries, et n'en sortent que la nuit pour prendre leur nourriture. Répandues par toute la terre, les Blattes sont en général fort nuisibles ; elles infestent souvent nos maisons, surtout les cuisines et les offices , et attaquent indistinctement toutes les substances animales ou végétales , dévorant non-seulement les provi- sions, mais encore les cuirs et les vêtements. Leur corps très-aplati leur permet de s'introduire facilement par les plus étroites fissures ; ils pénètrent ainsi dans les armoires, les buffets, et sont à bord des navires un véritable lîéau. C'est ainsi qu'il arrive parfois que des caisses renfermant des comestibles se trouvent entièrement remplies de ces insectes, qui en dévorent et en souillent le contenu. La reproduction des Blattes offre des singularités très-remarquables. Les sexes peuvent être facilement distingués chez ces insectes par le développement de l'abdomen; il est beaucoup plus renfîé dans les femelles que dans les mâles. En outre, dans ces derniers, on compte huit anneaux, tandis que chez les premières on n'en compte que six ou sept. ORDRE DES ORTHOPTERES. Comme beaucoup d'Orthoptères , les Blattes pondent leurs œufs renfer- més dans une coque de consistance coriace, qu'elles sécrètent à l'aide d'une glande particulière dont elles sont pourvues. Cette coque ou cap- sule a généralement la forme d'un carré long avec les angles émoussés. Les femelles la portent pendant quelque temps suspendue à l'extrémité de leur abdomen, jusqu'à ce qu'elles aient trouvé un endroit convenable pour la déposer. L'intérieur de la capsule est divisé en cellules disposées sur deux rangs j et dont chacune renferme un œuf. Le nombre de ces cel- lules varie suivant les espèces : dans la Blatte germanique il est de trente-six, tandis que la coque du Kakerlac des cuisines n'en contient que seize. Après avoir porté sa coque pendant un temps plus ou moins long, suivant la température, et lorsque les petits sont près d'éclore, la femelle dépose son fardeau, le prend entre ses pattes et lui fait une ouverture longitudinale d'un bout à l'autre ; à mesure que la fente s'élargit , on voit sortir de la coque les petites larves blanches, deux à deux et roulées sur elles-mêmes. La mère préside à cette opération et les aide à se développer en les caressant de ses antennes. Les larves commencent par agiter leurs antennes, puis leurs pattes, et bientôt elles se mettent à marcher. Dès ce moment, la mère ne s'en occupe plus. Les jeunes Blattes, d'abord blanches et transparentes, ne tardent pas à prendre une autre couleur, d'abord verdàtre, puis noire nuancée de gris. Tous les Blattiens ont six mues successives ou changements de peau , avant d'arriver à l'état parfait. A chacune de ces mues l'insecte a sensi- blement augmenté de volume, et à la quatrième on distingue les anneaux du thorax de ceux de l'abdomen. La cinquième le fait passer à l'état de nymphe ; on aperçoit alors des rudiments d'ailes, et les formes de l'insecte sont déjà bien arrêtées. Enfin, cinq ou six semaines plus tard, sa peau se déchire pour la sixième fois, et il en sort l'insecte parfait. On connaît beaucoup d'espèces de Blattes, propres à tous les pays, mais surtout aux pays chauds; cependant le froid de la Laponie n'en garantit pas ses habitants. Ces espèces ont été réparties dans plusieurs genres. ' FAMILLE DES BLATTIENS. (3 Le genre Blatte proprement dit [Blatta) renferme les petites espèces européennes, et présente les caractères suivants : corselet laissant le front à découvert; cuisses épineuses ; antennes sétacées. Abdomen des milles sans filets articulés. L'espèce la plus commune de ce genre est la Blatte germanique [Blatta germanica) [PI. I]. Elle a de 12 à i5 millimètres de longueur, est entière- ment fauve clair avec les élytres et les ailes quadrillés de raies plus fon- cées, et deux raies longitudinales noires sur le corselet. Cette espèce habite également les maisons et les bois. La Blatte laponne [Blatta laponica) , un peu plus petite que la précé- dente, est noire avec les élytres et le pourtour du corselet fauves. Cette espèce se trouve communément dans nos bois, sous les feuilles sèches ou lesécorces pendant le jour. On la trouve dans le Nord, et même en abon- dance, dans les huttes des Lapons, où elle dévore le poisson que les pauvres pécheurs font sécher pour leur nourriture. Les Kakerlacs sont les plus nuisibles de tous les Blattiens ; importés d'Amérique avec les cannes à sucre et d'autres marchandises, ils ont envahi l'Europe entière, et se soiit tellement multipliés dans les boulan- geries, les épiceries, les cuisines, etc., qu'ils sont parfois un véritable fléau. Le genre Kakerlac a pour caractères : corselet laissant le front à décou- vert ; cuisses épineuses ; antennes au moins aussi longues que le corps ; abdomen des mâles muni de filets articulés. La Blatte orientale Kaker- lac oriental ! s) , connue sous le nom vulgaire de Blatte des cuisines, pul- lule dans certaines maisons. Elles restent immobiles pendant le jour, cachées derrière les boiseries, les meubles, sous les parquets, et l'on n'en voit pas une seule ; mais dès qu'il fait obscur et que tout est tranquille, elles sortent par centaines de leurs sombres retraites, se répandent de tous côtés , et leur voracité s'attaque à tout ce qui se trouve sur leur che- min, gâtant de leur bave tout ce qu'elles ne dévorent pas. Ces insectes jettent par la bouche un liquide noirâtre et répandent une odeur infecte. Un fait peu connu, qui peut militer en leur faveur, c'est que les Kaker- lacs recherchent les punaises et les mangent avec avidité; c'est pour eux H ORDRE DES ORTHOPTÈRES. un gibier savoureux, et là où il y a des Blattes, les punaises ont bientôt disparu. Quelques personnes trouveront peut-être le remède pire que le mal] c'est une affaire de goût. On peut d'ailleurs se débarrasser des uns et des autres au moyen de la poudre de Pyrèthre, qui a sur ces insectes une action énergique. La Blatte orientale (fig. 6), longue de 25 millimètres, est entièrement d'un brun foncé avec les pattes et les ailes plus claires; ces dernières sont plus courtes que l'abdomen, surtout chez les femelles. La Blatte américaine {Kakerlac americana) est plus grande que la pré- Pici. C. — Blatto orientalo, m:"ilo et foraelle (à gaiiclic!}. cédente, avec les ailes plus longues. Elle est d'un fauve rousScître, avec deux taches arrondies, contiguës, brunes sur le corselet. Cette espèce infeste les navires de commerce, et pénètre dans les caisses et les barils qui renferment les provisions et les marchandises, dévorant tout et lais- sant après elle une odeur infecte. Le Kakerlac américain ou Cancrelas est commun partout ; mais plus peut-être aux îles Bourbon et Maurice qu'ail- leurs. Cet insecte est pour les colonies un véritable fléau. Parmi les Blattiens étrangers, nous citerons le genre Polyphaga, qui se distingue par son corselet anguleux antérieurement, ses antennes plus courtes que le corps, et ses cuisses sans épines. Les femelles sont privées d'ailes. FAMILLE DES BLATTIENS. i5 A ce genre appartient la Blatte égyptienne {Polyphaga œgyptiaca)^ qui, comme on le voit ici (fig. 7 et 8), atteint une grande taille. Cet insecte est noirâtre, avec le corselet bordé de jaune pâle; le mâle seul a Mâlo. Fig, 7 et s. — Pohjphaga ipi/iiptlaca. Femelle. des ailes ; ses élytres ont des stries transversales. La femelle, complète- ment dépourvue d'ailes, est beaucoup plus grosse que le mâle. On trouve cette espèce en Egypte, dans la Barbarie et dans les Indes orientales. On la rencontre aussi parfois dans l'Europe méridionale, où elle a sans doute été transportée par des navires. Les espèces du genre Poly^osteria sont privées d'ailes dans les deux sexes; leurs antennes sont plus courtes que le corps. Celle que nous figurons ici (fig. 9) est propre à l'Australie ; sa taille est considérable. Elle est d'un brun foncé, avec toute la surface du corps finement granulée, et lorsqu'on la re- garde obliquement, elle présente des reflets cuivreux. Au sommet du corselet est une bande jaune, et des taches de même couleur marquent les côtés de chaque segment du corps; les pattes sont également zébrées de jaune. Fig. 9. — Polyzosteria ciiprea. i6 ORDRE DES ORTHOPTÈRES. FAMILLE DES MANTIENS Les Mantiens sont des insectes singuliers, autant par leurs formes que par leurs habitudes. De tous les Orthoptères, ce sont les seuls qui aient des habitudes carnassières. Chez ces insectes, la tète est verticale et nullement emboîtée comme chez les Blattiens ; leur corps est toujours élancé, étroit j leurs élytres et leurs ailes, très'-veinés , embrassent les côtés du corps. L'abdomen est allongé, composé de neuf anneaux et terminé, comme chez les Blattiens, par deux petits appendices articulés. Les femelles sont toujours plus grosses que les mâles, et ceux-ci deviennent parfois victimes de la voracité de leur compagne. La férocité de ces insectes est extrême, et lorsqu'on place plusieurs Mantes dans une boîte, elles .se livrent des combats terribles, qui se terminent toujours par la mort de l'un des adversaires, et le vainqueur dévore le vaincu, s'il n'est lui-même maltraité au point de ne pouvoir le faire. Les Mantiens se tiennent habituellement sur les arbustes ou sur les broussailles, immobiles et les pattes en arrêt pendant des heures entières, attendant qu'une proie passe à leur portée. Leurs pattes antérieures sont admirablement conformées poursaisirune proie; les cuisses sont épaisses et garnies en dessous d'épines acérées; les jambes se replient contre les cuisses; elles sont un peu arquées et également munies de fortes épines. D'après cette disposition, les Mantiens sont pourvus d'une pince préhensile qui ne permet pas à leurs victimes de leur échapper. Comme les Blattes, les Mantiens pondent leurs œufs renfermés dans une sorte de coque de consistance assez friable et recouverte d'une matière gommeuse blanchâtre. Cette coque varie de forme, suivant les espèces : elle est généralement ronde ou ovalaire. Les œufs sont rangés à l'intérieur, chacun dans une cellule séparée. Les femelles attachent leur coque ovifère autour des tiges d'arbustes en formant une sorte d'anneau large qui l'empêche de tomber. C'est à la fin de l'été que la ponte a lieu, et c'est seulement l'été suivant que les jeunes larves éclosent. Elles FAMILLE DES MANTIENS. 17 percent l'enveloppe de la capsule, qui n'est pas très-dure. Les petites larves ont déjà la forme des insectes parfaits, seulement elles n'ont encore aucune trace d'ailes. Après plusieurs mues, l'insecte a pris tout son développement. Les Mantiens habitent toutes les parties du monde, mais seulement dans les régions chaudes. En France, on ne les rencontre que sur le littoral de la Méditerranée en Provence et dans l'ancien Languedoc. La famille des Mantiens se divise en trois groupes ou tribus : La première, celle des Erémophilides, semble former le passage entre les Blattiens et les Mantiens. Les insectes qui la forment ont le corps ramassé, avec des élytres et des ailes courts, ne couvrant pas l'abdomen. Un seul genre rentre dans ce groupe , c'est celui des Eremophila^ insectes de couleur grisâtre, dont la démarche est très-lente et qui vivent au milieu des déserts de l'Arabie et de l'Egypte. Ils se traînent lentement sur le sable, dont ils ont la couleur^ ce qu'il y a de singulier^ c'est qu'ils vivent dans des endroits complètement privés de végétation , et où l'on ne découvre pas d'autres insectes qui puissent servir à leur nourriture. Le groupe des Mantides, beaucoup plus étendu, renferme plusieurs genres dont les caractères communs sont: corps plus ou moins élancé, élytres et ailes couvrant totalement l'abdomen; antennes longues , sétacées. Le genre Mantis, type du groupe, se distingue par son corselet presque aussi long que l'abdomen, ses yeux arrondis et ses cuisses simples. Ses espèces sont assez nombreuses; le type du genre est la Mante religieuse {Mantis religiosa) [PI. II], assez commune dans toute l'Europe méridionale et la Barbarie; on l'a rencontrée quelquefois dans la forêt de Fontainebleau. Cet insecte est bien fait pour surprendre par ses formes étranges : son corp.s allongé et grêle, avec la partie antérieure redressée et les pattes de devant en l'air, lui donne un aspect singulier, qu'augmente encore une démarche lente et compassée. Aussi a-t-il été de tout temps le sujet des croyances les plus bizarres. Les Grecs lui donnaient le nom de Mantis (devin), nom que Linné lui a conservé, et lui attribuaient des qualités ORDRE DES ORTHOPTÈRES. surnaturelles; de sorte que Ton peut croire que ces croyances ont été transmises à travers les siècles par les antiques Phocéens à leurs descendants. La coutume qu'a cet insecte de lever ses pattes en l'air et de les croiser comme deux mains jointes, a fait regarder ces animaux^ par les populations superstitieuses du Midi , comme des dévots qui se tenaient sans cesse en prière. De là le nom de Prega-diou (prie-dieu) que leur donnent les Provençaux. Les Turcs poussent encore l'illusion plus loin, et prétendent que les Mantes, dans ces moments de contemplation, tournent toujours leurs pattes du côté de la Mecque. Une vieille légende rapporte très-gravement que saint François-Xavier, se promenant un jour dans un jardin , une Mante religieuse vint se poser sur sa main. Il lui ordonna de chanter les louanges de Dieu, ce que fit aussitôt l'insecte, en entonnant à haute voix un très-beau cantique. Mais si l'on approche de plus près pour observer les mœurs de ces dévotes créatures, on les voit, en effet, se tenant sur leurs quatre pattes postérieures, le corselet et la tête redressés et les deux pattes de devant élevées et jointes l'une contre l'autre. Elles ont l'air de prier, en effet; mais en y regardant de plus près , on voit qu'elles sont tout simplement à l'affût pour saisir entre leurs pattes tout insecte que sa mauvaise fortune fait passer à leur portée. Les Mantes sont, en eff'et, très-carnassières et ne vivent que de rapines , et leurs organes sont bien appropriés à leur manière de vivre. La tête, bien dégagée du corselet, est armée de fortes mandibules tranchantes et aiguës, et l'on ne saurait imaginer d'instrument plus propre à saisir une proie que les deux bras. La première portion de ces membres est longue et large, et creusée d'une rainure semblable à celle du manche qui reçoit la lame d'un couteau de poche; les deux bords de cette rainure sont garnis de pointes très-dures et très-acérées. L'insecte lait entrer dans cette rainure, en le repliant, l'avant-bras, également hérissé de pointes, et toutes ces pointes sont tellement serrées l'une contre l'autre, qu'on essaierait vainement d'en retirer un cheveuqui s'y trouverait pris. Sans bouger de la place où elle est cramponnée, la Mante suit d'un mouvement de tète imperceptible le vol de quelque mouche imprudente; puis, tout à coup, comme le chat qui s'élance d'un bond sur la souris, la FAMILLE DES MANTIENS. '9 Mante étend ses pattes de devant et saisit, avec la promptitude de l'éclair, la mouche qui vole au-dessus d'elle. La Mante religieuse est longue de 6 à 7 centimètres , entièrement d'un vert tendre; ses élytres ressemblent beaucoup à une feuille de saule à demi fanée; ils sont, dans le mâle^ bordés par une teinte rosée. La Mante prêcheuse [Mantis oratorio), plus petite que la précédente, se trouve également dans toute l'Europe méridionale. Le genre Thespis se distingue des vraies Mantes par ses formes plus élancées et par la longueur des pattes des deux paires postérieures. Le Thespis pourpré [Thespis purpurascens)^ que nous figurons ici (fig. lo). FIO. 10. — Tliespis pnrpnr doit son nom spécifique à la magnilique teinte de pourpre qui coloré ses ailes. Lorsque celles-ci sont formées, et les élytres appliqués contre le corps, on prendrait volontiers l'insecte pour une petite branche de bois, dont il a la couleur. Ce singulier Mantien vient de l'Amérique du Sud. Une autre espèce^ le Thespis Xiphias , est remarquable par son corps aplati, armé inférieurement et de chaque côté d'une rangée de dents , qui l'a fait comparer à la longue lame qui termine le museau de l'espadon, en latin Xiphias. Le genre Harpax se distingue par ses yeux pointus, ses cuisses foliacées et son corselet beaucoup plus court que l'abdomen. On en connaît plusieurs espèces, la plupart propres aux Indes orientales et à l'Afrique. Nous figurons ici une espèce remarquable de cette dernière contrée, le ORDRE DES ORTHOPTÈRES. Harpax ocellé {Harpax ocellaria) [fig. 1 1]. Son corps est aplati, assez large, et se prolonge sur les côtés du corselet et de l'abdomen en membranes dentées; ses jambes postérieures sont également munies en dedans de membranes foliacées. Cet insecte est peint de couleurs brillantes. Son corps est d'un beau vert; ses ailes, d'un riche jaune dans leur pre- mière moitié, sont transparentes dans l'autre moitié; les élytres sont d'un beau jaune foncé, avec une large tache en forme d'œil/ noire entourée de vert. Le genre Deroplatys se distingue surtout par la largeur du corselet; caractère d'où lui vient son nom (dos large;. On n'en connaît qu'une espèce d'Amérique, que nous ligurons dans notre PI. II. Ce singulier insecte a le thorax épanoui sur les côtés en deux larges membranes découpées infé- rieurement et festonnées comme les barbelures d'un harpon. Les derniers segments de l'abdomen sont également munis de fortes dents sur les côtés. Ses ailes et ses élytres sont forts et grands; ces derniers, par leur couleur et leurs nervures , ressemblent absolument à des feuilles mortes. Leurs pattes antérieures sont réellement des armes redoutables; elles sont non-seulement larges et puissantes ^ mais armées de longues dents aiguës, noires. Les cuisses médianes et les posté- rieures portent vers l'extrémité une petite membrane en forme de fer de hache. Le troisième groupe des Mantiens, celui des Empusides, a pour caractères: un corps élancé et des élytres couvrant tout l'abdomen, comme les Mantides; mais leurs antennes sont courtes, bipectinées dans les mâles, sétacées dans les femelles, et leurs cuisses foliacées. Le genre Empitsa^ qui donne son nom au groupe, possède un représentant en Europe; c'est l'Empusa appauvrie {Empitsa pauperata), qui n'est pas rare dans le midi de la France. Elle est longue de 6 à Unrpax occllnria. FAMILLE DES MANTIENS. 7 centimètres, d'un vert pâle, avec les élytrcs un peu plus foncés. Ses cuisses postérieures portent une petite mem- brane foliacée à leur extrémité. Le genre Phyllocrania a été établi pour un singulier insecte de l'Afrique australe, que l'on a nommé Phyllocrania paradoxa, et que nous figurons ici (fig. 12), ce qui fera mieux com- prendre qu'une description , même détaillée , l'aspect étrange de cet insecte. Sa couleur brune, la forme aplatie de son corps, les membranes qui ' ^ garnissent les côtés de son corselet, de son ab- fio.ia.- nviiocuniaparadoxa. domen et de ses jambes , le font ressembler à une feuille sèche déchiquetée. ORDRE DES ORTHOPTÈRES. FAMILLE DES PHASMIENS Les Phasmiens ou Spectres ont de grands rapports de forme avec les Mantiens, parmi lesquels les rangeaient Linné et Fabricius ; mais outre qu'ils n'ont pas, comme ces derniers, les pattes antérieures préhensiles, leur régime est toujours végétal. Dans les Phasmiens toutes les pattes sont ambulatoires i les élytres, chez les espèces ailées, sont très-petits, con- sidérablement plus courts que les ailes, en forme de cuillerons ; leur abdomen ne porte pas d'appendices articulés, mais seulement des folioles. Les Phasmiens présentent souvent les formes les plus étranges, ce qui leur a fait donner le nom de spectres, dont le mot grec Phasma n'est que la traduction. Ils sont en général extrêmement longs et minces et plus ou moins cylindriques, de sorte que certaines espèces dépourvues d'ailes ont tout à fait l'aspect de tiges de bois desséché. De là les noms de Bdtou ambulant. Feuille ambulante , Cheval du diable, etc. Ces insectes se traînent lentement et comme avec peine sur les arbris- seaux ou les arbres, dont ils mangent les jeunes pousses. Lorsqu'on les saisit, ils font sortir par deux pores thoraciques un liquide laiteux d'une odeur forte et désagréable. Quelques espèces se multiplient parfois au point de devenir nuisibles à la végétation. Les Phasmiens diffèrent encore des Mantiens par la manière dont ils pondent leurs œufs ; ceux-ci ne sont jamais enveloppés dans une capsule, mais déposés les uns après les autres, soit sur les plantes, soit dans la terre. Les mâles sont plus petits que les femelles. Les Phasmiens habitent l'Amérique méridionale, l'Afrique, l'Asie , et surtout la Nouvelle-Hollande. On en rencontre deux espèces aptères dans l'Europe méridionale. Le genre Cjphocrana a pour caractères : des ocelles situés sur le front] les palpes non dilatées à l'extrémité; le thorax et l'abdomen cylindriques, ce dernier muni de filets comprimés et foliacés. FAMILLE DES PHA.SMIENS. 23 Le Cyphocvanc Goliath, de la Nouvelle-Hollande, a près de 20 centi- mètres de loni^ueur; son corps est de couleur verdàtre rayé de jaunâtre; son corselet tuberculeux ; ses élytres verts en dessus portent deux taches blanches à la base; les ailes, d'un vert clair, sont bordées de rouge vif; les pattes, garnies d'épines nombreuses, sont jaune varié de vert. Le Cyphocrane Enccladc\ autre géant de la famille, a 20 centimètres de longueur et ses ailes étendues ont presque autant d'envergure ; nous fc figurons ici réduit de moitié (fig. i3). L'insecte est d'un vert bru- FIU. IJ. — Cai'lia nàtre; les élytres sont bruns mouchetés de jaune, et les ailes, d'une gaze très-délicate, sont colorées d'un brun foncé brillant parsemé de taches d'un blanc pur. Les espèces du genre Bactcria ont un corps long, étroit, filiforme, dé- pourvu d'élytres et d'ailes; leurs antennes sont longues et d'une extrême ténuité ; les tarses ont le premier et le dernier article plus larges que les intermédiaires. La Bactérie à feuille [Bacteria phyllina) est assez com- mune au Brésil. Elle a de i5 à 18 centimètres de long; sa couleur est un ORDRE DES ORTHOPTÈRES. roux jaunâtre parsemé de taches blanchâtres; le thorax est couvert de tubercules nombreux ; les pattes sont armées d'un grand nombre de petites épines ; les cuisses intermédiaires portent vers leur base deux forts piquants. Le genre Bacille est le seul de la famille qui ait des représentants en Europe. Ses espèces sont aptères comme les Bactéries, dont elles différent FIG. M. — Eui,jcmUhn Ao/,vi?(i(vi.y, p;iKC 2ô). par leurs antennes courtes et grenues, la longueur de leurs pattes anté- rieures, et le premier article des tarses aussi long que tous les autres réunis, hc Bacille de Rossi se trouve en Italie et dans la France méridionale. Il est long de 7 à 8 centimètres, de couleur jaune verdàtre; son corselet est lisse, aussi long que l'abdomen; ses pattes sont longues et grêles; les cuisses intermédiaires et postérieures sont armées de quelques épines. Une autre espèce, le Bacille granulé, se rencontre également dans le midi de la France; il est d'un vert pâle avec le thorax parsemé de lignes saillantes. FAMILLE DES PHASMIENS. 25 Le genre Eitrycanthc renferme des espèces très-remarquables , à corps large et robuste, privé d'ailes, à cuisses postérieures renflées et épi- neuses. L'espèce la plus anciennement connue, l'Eurycante horrible [E. /wrn'da}, que nous représentons ici réduite d'un tiers (fig. 14, voy. p. 24), habite la Nouvelle-Guinée. Elle a de 12 à i5 centimètres de longueur. Sa cou' jur varie du brun au noir. Les deux côtés de son corps sont carénés et armés de fortes épines ; on en remarque aussi quelques-unes sur la tête ; Fig. 15. — Euryi-antha Tyrrlw presque tous les segments de l'abdomen ottrent en dessous deux tuber- cules ou deux épines, et les pattes, surtout les cuisses postérieures, sont armées de gros aiguillons. Une autre espèce du genre, Y Euvycantha Tyvrhœa ifig. i5), habite les Nouvelles-Hébrides, où on la nomme Karabidioii. Elle a, comme on peut voir, un aspect beaucoup moins formidable que la précédente, bien qu'elle soit de même taille. On la rencontre assez communément dans les ter- rains marécageux où croissent les sagoutiers, aux dépens desquels elle ORDRE DES ORTHOPTERES. vit. Ces insectes recherchent l'obscurité et passent habituellement le jour cachés sous l'épaisse végétation parasite qui. dans ces régions, couvre souvent complètement le tronc des vieux arbres. Le genre Phasma se distingue par un corps très-étroit, ailé, des antennes sétacées aussi longues ou même plus longues que le corps ; des ailes très-dé veloppées, aussi longues que l'abdomen; des élytres irès- courts atteignent à peine la base des ailes; les pattes sont simples, très- gréles, l'abdomen linéaire, arrondi. Le Phasme bioculé [Phasma biocuiatiim) , long de 8 centimètres , est FIG. IG. — Ilicuna Zeuxis. d'un brun sombre, à corselet granulé ; ses élytres sont carénés dans leur milieu; les ailes sont brunes dans toute leur étendue; les pattes sont grêles et sans épines. Cette espèce se trouve au Brésil. Une autre espèce très-remarquable du genre Phasma est le Phasma Zeitxis^ que nous figurons ici réduit de moitié (fig. i6;. 11 vient de Bornéo. C'est un fort bel insecte, surtout lorsqu'il a les ailes déployées; celles-ci sont d'un noir brillant , tachetées de jaune et bordées de bleu. Les antennes sont d'une longueur et d'une finesse extrêmes. FAMILLE DES PHASMIENS. Le genre Phylliiim est très-remarquable , et se distingue facilement des autres Phasmiens par un corps large, aplati, membraneux; des élytres très-développés, imitant^ des feuilles. Leur tête est avancée et allongée, les yeux petits, les antennes longues et sétacées dans les mâles ^ courtes et grenues dans les femelles; leurs cuisses sont comprimées et garnies d'un appendice membraneux ; les tarses ont cinq articles et entre les crochets existe une palette très-apparente; l'abdomen est large, ovale, déprimé et membraneux. Fkynum siccifoiia. Les Phyllies habitent les contrées chaudes des Indes orientales, où leur lorme extraordinaire les a fait remarquer de tous les voyageurs. La forme aplatie de leur corps et surtout la manière dont les élytres sont disposés, leur donnent l'apparence de feuilles. Lorsqu'elles sont placées sur un arbuste^ le naturaliste lui-même a de la peine, au premier coup d'œil , à les découvrir, d'autant plus qu'elles sont toujours dune belle couleur verte. La PhvUie feuille sèche .Phyllium siccifolia) fig. 17^ est une des 28 ORDRE DES ORTHOPTÈRES. plus remarquables. Elle a 8 à 9 centimètres de longueur; son corps, très-aplati, est d'un vert pâle ou jaunâtre ; le corselet est court, dentelé sur les bords; les feuillets des cuisses sont aussi dentelés. Une espèce également remarquable est le Phyllium Scythe de l'Inde FIG. IS. — ritijUii Scythe (fig. 18), dont les élytrcs, d'un beau vert, ressemblent d'une manière telle- ment frappante à des feuilles, qu'il est à peu près impossible de distinguer l'insecte lorsque celui-ci se tient immobile sur un myrte ou un laurier. Plusieurs de nos lecteurs ont pu s'assurer par eux-mêmes de cette ressem- blance extraordinaire, en visitant les serres du Jardin d'acclimatation de Paris, qui a possédé plusieurs de ces insectes-feuilles vivants. FAMILLE DES LOCUSTIENS. ORTHOPTÈRES. — DEUXIÈME SECTION SAUTEURS (SALTATOKIAi Les Orthoptères qui rentrent dans la section des sauteurs iSaltatoria] ont les cuisses de la paire postérieure beaucoup plus grandes que celles des autres paires, ce qui leur donne la faculté de sauter. Les mâles pro- duisent un bruit aigu ou une espèce de stridulation par des moyens divers. La plupart des femelles déposent leurs œufs en terre et sont très- fécondes ; quelques-unes même le sont au point de devenir un véritable fléau. La section des sauteurs comprend trois familles : les Locustieus , les Grvlliens et les Acridiens. FAMILLE DES LOCUSTIENS Les espèces qui rentrent dans cette famille offrent pour caractères dis- tinctifs d'avoir les palpes internes et les mâchoires très-larges ; les palpes maxillaires de cinq articles, les labiales de trois; la languette quadrifide; les antennes sétacées. Ces insectes sont essentiellement sauteurs ; de là le nom de Sauterelles qu'on leur donne vulgairement. La grande disproportion de leurs pattes postérieures avec celles de devant et du milieu leur permet ditîicilement de marcher; c'est par des sauts réitérés que ces Orthoptères progressent; ils s'aident souvent de leurs ailes, qui sont très-développées. Les cuisses des pattes postérieures sont renflées à la base par des muscles puissants. Ils communiquent leur action aux jambes, qui sont très-longues et qui, s'appuyant seulement sur les épines par la contraction des muscles des 3o ORDRE DES ORTHOPTÈRES. cuisses, donnent aux pattes un mouvement élastique qui porte le corps en l'air. Tous les Locustiens ont le corps allongé, assez épais; les pattes plus ou moins garnies d'épines ; des antennes longues, très-fines. Ce qu'il y a de plus remarquable chez ces Orthoptères, c'est la tarière dont sont pour- vues les femelles, et qui consiste en deux lames cornées, rapprochées l'une de l'autre en forme d'étui pendant le repos, mais s'écartant lors de l'émission des œufs. Cet oviducte, ordinairement un peu courbé, et que l'on a comparé à un sabre, est destiné à pénétrer dans la terre où la femelle doit déposer ses œufs. Les Locustiens mâles ont la faculté de produire un chant ou plutôt une sorte de stridulation, pour appeler leurs femelles. Ce son est produit par le frottement des élytres l'un contre l'autre. A la base des étuis existe une membrane transparente, à laquelle on a donné le nom de miroir, et qui est traversée et entourée par quelques nervures très-saillantes et très- dures; c'est le frottement contre ces nervures qui produit ce son aigu propre aux Orthoptères de cette famille. Les Locustiens sont répandus dans toutes les parties du globe. Quel- ques espèces sont très-communes ; mais elles n'atteignent jamais cette multiplication prodigieuse qui rend certaines espèces d'Acridiens si redou- tables. Ces Orthoptères ne vivent que de végétaux; ils se tiennent au milieu des champs ou sur les branches d'arbres. Ce n'est que dans les derniers mois de l'été et l'automne que l'on trouve l'insecte parfait ; jusque-là on n'en rencontre que les larves, puis les nymphes, qui ne dillèrent d'ail- leurs de l'état parfait que par l'absence des ailes. La famille des Locustiens est divisée en cinq tribus, subdivisées elles- mêmes en un grand nombre de genres. La première, celle des Prochilidcs^ ne renferme qu'un seul genre, Prochilus, et une seule espèce, Prochilus australis de la Nouvelle-Hol- lande, qui, par son corps extrêmement grêle, ses ailes étroites, sa tête un peu avancée en museau, rappelle encore l'aspect général de certains Phasmiens. FAMILLE DES LOCUSTIENS. La seconde tribu, celle des Ptérochro-ides^ se distingue par ses antennes insérées sur le front et sa tète à sommet conique. Les genres qui s'y rat- tachent sont propres aux parties les plus chaudes du globe. Le genre Pterochro^a , caractérisé par son sternum étroit, bidenté, et par ses antennes épaisses, renferme de grands et beaux insectes de l'Amérique équatoriale, aux élytres larges, aux ailes étendues et ornées de couleurs vives et variées. Nous figurons ici aux deux tiers de sa grandeur l'un des PiG. 19. — Fterochroza ocellala. plus remarquables, le Pterochvo-a occllata de Cayenne (fig. 19). Son corps est brunâtre, son corselet fauve, ses antennes longues et épaisses. Les élytres, d'un brun rougeàtre, imitent assez bien une feuille sèche, avec les nervures plus claires et parsemées de taches irrégulières, tantôt plus claires, tantôt plus foncées que le fond. Les ailes sont réticulées par une quantité de petites lignes brunes transversales, très-rapprochées les unes des autres ; l'extrémité seule est rougeàtre et ornée d'un œil noirâtre portant au côté externe deux petits croissants blancs. 32 ORDRE DES ORTHOPTÈRES. Les Pseudnphyllcs des Indes orientales se distinguent par un sternum fort large et des antennes grêles : Pseudophyllus ncriifolius de Java. Les Acanthodis ont la tète tuberculée , des antennes grêles , plus longues que le corps; le sternum large et les élytres fort étroits. Le type de ce genre est V Acanthodis aqiiilina de l'Amérique méridionale. Il a 8 centi- mètres de longueur et 14 centimètres d'envergure ] il est gris tacheté de brun. Un insecte fort singulier qui se rattache à ce genre, V Acanthodis impe- rialis, PI. III, a été pris à Silhet dans l'Hindoustan. Son corselet est garni de plaques épineuses; son abdomen, très-recourhé, est armé d'un fort ai- guillon de chaque côté de l'oviducte, qui est court, épais et redressé comme une griffe de lion. Ses cuisses et ses jambes sont garnies d'épines nom- s-r--^^ r.rl,-rn Ihi^lrh- (voy. pa breuses, et les cuisses de la première paire portent une large membrane déchiquetée sur ses bords. Les élytres, d'un jaune brunâtre, ressemblent à deux feuilles sèches déchirées au côté interne; la ressemblance est rendue encore plus frappante par de petites taches d'un blanc grisâtre représentant les petits amas de mucédinées si communs sur les feuilles mortes. Les ailes sont de couleur sombre, à l'exception d'une large bande au bord extérieur, qui est de la couleur des élytres. La tribu des Lociistides est la plus nombreuse de la famille, à laquelle elle a donné son nom; ses espèces ont été réparties dans un assez grand FAMILLE DES LOCUSTIENS. 33 nombre de genres, dont les caractères communs sont d'avoir les antennes insérées au sommet du front et les palpes peu longues. Les Phanéroptères sont tous étrangers à l'Europe ; ils ont le sternum creusé au milieu , le corselet non prolongé en arrière , les ailes plus longues que les éiytres, les antennes grêles. La plupart habitent l'Amé- rique méridionale; leur couleur est vert tendre (fig. 20, voy. p. 32). Les Scaphitra se distinguent surtout des précédents par les antennes dont les premiers articles sont très-épais , souvent velus ; le prosternum 't^ '^y est bidenté ; les ailes dépassent les éiytres. A ce genre appartient la Lo- custe feuille de lis, propre aux parties méridionales de l'Europe. Cette espèce, longue de 20 à 22 millimètres, est entièrement verte; ses ailes sont diaphanes. La femelle porte une tarière très-courte, large et recour- bée en haut. Le genre Locusta proprement dit ou Sauterelle comprend les espèces à front tubercule entre les antennes, à sternum mutique et à éiytres plus longs que les ailes. Le type du genre est la grande Sauterelle verte [Lo- custa vividissiuia) [fig. 21], dont le corps et les éiytres sont entièrement 3 34 ORDRE DES ORTHOPTÈRES. verts ; l'abdomen offre une ligne longitudinale brunâtre ; la femelle porte une tarière longue et droite, que l'on appelle le sabre. Cet insecte est fort commun aux environs de Paris, où on lui donne à tort le nom de Cigale , qui appartient à un autre insecte chanteur de l'ordre des Hémiptères, et dont nous parlerons plus loin. On rencontre la grande Sauterelle verte sur les arbres pendant le jour et plus ordinairement dans les champs , le soir; c'est alors que le mâle fait entendre son chant aigu et sonore. Il est facile à distinguer de la femelle : ses ailes ont de fortes nervures , et il est dépourvu de sabre. C'est à l'aide de ce sabre ou oviducte que la femelle dépose dans un terrain meuble , qu'elle puisse traverser, six ou huit œufs allongés et blanchâtres, d'où sortent, au printemps suivant, de jolies petites Sauterelles dépourvues d'ailes, mais à cela près déjà ressemblantes à leur mère. Les grosses Sauterelles sont formidablement armées de larges mandibules dentées; elles mordent très-fort et ne lâchent plus lorsqu'elles sont irritées. Si on leur présente le bord d'un chapeau ou d'un vêtement de drap, elles le mordent si serré que la tête reste attachée après, lorsqu'on les retire brusquement. Le genre Decticus se distingue du précédent par sa tête sans tubercules, plus large; les élytres, un peu plus longs que les ailes, ont un large miroir dans les mâles. Le type du genre est la Sauterelle ronge-verrue {Decticus verrucivonis) , ainsi nommée parce que les paysans de la Suède, suivant Linné, croyaient que le liquide noir qu'elle rend par la bouclie, lorsqu'elle est irritée, fait disparaître les verrues qui poussent sur les mains. Cet insecte, d'un tiers plus petit que la Sauterelle verte, est encore plus commun dans notre pays. Il est verdâtre , avec la tête et les pattes rosées ; les élytres sont roussâtres et otïrent trois séries longitudi- nales de taches brunes. Dans notre planche III est représenté un fort beauLocustien qui vient des îles Sandwich, c'est VAcridoxena havaiiana. Sa couleur générale est le vert avec une teinte jaunâtre; la tète est beaucoup plus foncée et paraît presque noire. Les élytres sont d'un brun rougeâtre rayé de noir et tacheté de jaune. Les ailes sont très-étendues, arrondies comme un éventail ouvert et marquées dans chaque pli d'une quantité de petits traits blancs régulièrement espacés. FAMILLE DES LOCUSTIENS. 35 Le genre Acrifi'-a a pour caractères: tcle lisse; sternum mutique ; J / Fia. 22. — Acripe:a rrlirulata (f. élytres et ailes longs dans les mâles ; élytres courts, larges et dans les femelles. Ce genre est l'un des plus singuliers de la famille des Locustiens par la grande dissemblance qui existe entre les deux sexes, comme le font voir les deux figures 22 et 23 que nous donnons ici de VAcripe^^a reticulata. Chez cet Orthoptère, qui n'est pas rare à la Tasmanie, on trouve des ailes grandes, parfaitement développées, et un corps élancé chez le mâle, absolument comme dans nos vraies Sauterelles. La femelle, au contraire, est toute ramassée, et ses élytres sont courts, larges, bombés et recourbés latéralement de manière à envelopper l'abdomen, et, de plus, il n'existe point d'ailes sous les élytres. Aussi, dans les Acripeza, bombés VlQ. 2.3. — -If ■lirnlalii Ç . le maie ORDRE DES ORTHOPTÈRES. seul peut voler; la femelle ne peut point évidemment se servir de ses élytres pour cet usage. On a créé le genre Barbitistes pour de petits Locustiens du midi de l'Eu- rope dont les élytres et les ailes demeurent toujours à l'état rudimentaire. Le groupe ou la tribu des Bradyporides comprend les espèces dont les antennes sont insérées au milieu du front, sous les yeux. Elles sont réparties dans un petit nombre de genres. Tels sont les Ephippigeva, dont le type, l'Éphippigère de la vigne {Ephippigeva vitiinn), se rencontre en automne assez communément dans les vignes des environs de Paris. Elle est longue de 22 à 25 millimètres, d'un cendré jaunâtre mêlé de vert ; le corselet, très-élevé par derrière , figure une selle [cphippium) . Les élytres et les ailes sont rudimentaires. Les Ephippigera sont très-singu- liers parla conformation des organes du vol ; les élytres mêmes sont to- ^^^ talement nuls et les ailes sont réduites à de simples écailles voù- ,mc-ta(,«. et peut-être bien aussi de très-petits animalcules. Les larves des Psociens ne diffèrent de l'insecte parfait que par l'absence des ailes, et des nymphes, en ce que celles-ci montrent déjà des rudiments d'ailes. Cette famille renferme un très-petit nombre d'espèces : le type du genre est le Psoque à deux points ÎPsociis bipiinctatiis ; [fig. 45], commun dans presque toute l'Europe. 11 est long de 4 millimètres, varié de noir et de jaune, avec les ailes transparentes pourvues d'une petite tache vers le bord marginal et d'une autre vers le bord opposé, noirâtres; ces taches sont souvent peu marquées ou disparaissent même tout à fait. On le trouve sous les écorces, sur les troncs d'arbres, les vieilles murailles, etc. Le Psoque frappeur {Psocus piilsatorhis) , long de 2 millimètres seule- ment, est d'un gris jaunâtre tacheté de roux ou de brunâtre. Ce petit 70 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. insecte, vulgairement connu sous le nom de Pou de bois , se trouve abon- damment dans les collections d'histoire naturelle, les bibliothèques, et surtout dans les vieux papiers, qu'il ronge. Son nom de frappeur {piilsa- toriiis) vient de ce que l'on a cril qu'il produisait, comme les vrillettes [Anobium) ^ un petit bruit analogue au battement d'une montre; ce qui lui a fait partager avec ce Coléoptère le nom d'horloge de la mort. Quel- ques classificateurs ont fait de cette espèce le type du genre Atropos , fondé sur ce que ses tarses sont de trois articles et ses ailes nulles. FAMILLE DES PERLIENS. FAMILLE DES PERLIENS Tous les insectes que comprend cette famille ont les parties de la bouche bien développées et solides, rappelant celles des Orthoptères. Leurs palpes maxillaires sont longues, grêles, composées de cinq articles ; les palpes labiales n'en ont que trois. Les Perliens ont le corps aplati, d'égale largeur dans toute son étendue • leur tête est plane, souvent plus large que le thorax et munie de trois ocelles disposés en triangle entre les yeux. Leurs ailes sont fort larges, surtout les postérieures, qui se re- plient sur elles-mêmes pendant le repos. Leur abdomen est souvent ter- miné par deux longs filets articulés. A l'état d'insectes parfaits, les Perliens fréquentent le bord des eaux, où ils se tiennent sur les pierres, les plantes, etc. Les femelles portent leurs œufs suspendus à l'extrémité de l'abdomen dans une sorte de petit sac, qu'elles détachent et laissent tomber dans l'eau. Pendant les premiers temps de leur existence, les Perliens vivent, en effet, constamment dans l'eau. Leurs larves paraissent même préférer les eaux courantes aux eaux stagnantes, et c'est dans les premières, et là surtout où le courant est rapide, qu'on les trouve en plus grand nombre. Elles marchent lentement, en faisant traîner leur ventre sur le sol , et souvent se fixent sur une pierre à l'aide de leurs pattes et y demeurent longtemps en quête d'une proie. Les Perliens passent l'hiver à l'état de larve, deviennent nymphes au printemps suivant, après un changement de peau, puis, bientôt après, subissent leur transformation en insecte parfait. A ce moment elles quit- tent leur premier élément et vont sur le rivage se fixer sur une pierre ou sur une plante, où elles attendent que leur peau se dessèche et se fende pour en sortir. Les larves des Perliens sont carnassières ; elles ont des mâchoires et des mandibules acérées. Leur corps se rétrécit vers l'extré- mité postérieure et offre dans plusieurs espèces trois paires d'organes res- piratoires externes, placés sur chaque segment du thorax ^ mais ces organes manquent chez quelques-unes. 72 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. Cette famille est peu nombreuse; le genre Perla, qui donne son nom au groupe entier, est le plus important; on en connaît un assez grand nombre d'espèces européennes qui offrent pour caractères : des mandi- bules et des mâchoires membraneuses, et l'abdomen terminé par deux longs filets; labre peu apparent. Chez les Perles, la différence qui existe entre les deux sexes est quelquefois très-considérable ; les mâles de plusieurs espèces sont beaucoup plus grêles que les femelles, et leurs ailes sont très-courtes. L'une des espèces les plus répandues dans notre pays est la Perle bordée {Perla marginata, fig. 75, voy. p. 104), longue de 25 millimètres environ, d'un gris fauve avec la tète rougeâtre , bordée de brun; les ailes, transparentes, sont lavées de jaunâtre avec les nervures noires. La larve de cette espèce est d'un jaune-citron tacheté de noir; le corselet porte trois lignes longitudinales et une bordure noire. Elle vit sous les pierres, dans les rivières. On trouve encore dans nos environs la Perle brune Perla bicaudata) , longue de 22 à 25 millimètres.; elle est d'un brun grisâtre avec une raie fauve le long du corps. Ses deux filets abdominaux, d'un brun foncé, sont très-apparents. Le genre Nemoiira comprend les espèces à mandibules et mâchoires cornées, à labre très-apparent. Leur abdomen est dépourvu de filets. Ce dernier caractère fait distinguer les Némoures des Perles au premier abord; mais leurs larves en sont cependant munies, aussi bien que celles des Perles. A l'état parfait, les Némoures voltigent au bord des eaux et se posent sur les pierres et sur les plantes; les larves habitent surtout les eaux courantes ; elles se distinguent de celles des Perles et des Éphé- mères en ce que leurs antennes sont plus longues et leur allure lente. Ce genre ne renferme qu'un petit nombre d'espèces, dont le type est la Némoure nébuleuse (Nemoiira nebulusa)^ d'un brun noirâtre avec les ailes antérieures d'un gris cendré, traversé par des bandes blanchâtres. Les ailes du mâle sont beaucoup plus courtes que celles de la femelle dans cette espèce, qui est commune dans la plus grande partie de l'Europe. FAMILLE DES ÉPHÉMÉRIENS. yj FAMILLE DES EPHEMERIENS Les Éphémériens ont des caractères particuliers qui les font aisément distinguer de tous les autres Névroptères. Leurs antennes sont extrême- ment courtes ; les parties de la bouche rudimentaires et tout à fait impro- pres à la mastication ; les ailes très-inégales, les antérieures étant grandes, tandis que les inférieures sont très-petites ou avortent même complète- ment. Les Éphémères ont le corps allongé, la tète petite, presque entièrement occupée par les yeux; entre ceux-ci sont placées trois ocelles lisses et les antennes composées de trois articles, dont les deux premiers courts et le dernier en forme d'alêne, de la longueur de la tète ; le prothorax est grand, carré; les premières ailes sont aussi longues que le corps, trian- gulaires à réseau carré oblong; les ailes inférieures sont très-petites et n'ont l'air que d'un lobe des supérieures; l'insecte les tient élevées l'une contre l'autre pendant le repos; les pattes antérieures sont beaucoup plus allongées que les autres et sont ordinairement dirigées en avant; l'abdo- men est allongé, terminé par des filets plus longs que lui, au nombre de deux dans les mâles et de trois dans les femelles. Les Éphémériens offrent des métamorphoses incomplètes ; sous leur premier état, ils sont aquatiques; leurs larves, de forme allongée, sont munies de branchies extérieures, situées soit sur les côtés, soit sur le dos. Les mœurs de ces larves varient suivant les espèces: quelques-unes se tiennent en terre dans des trous ci-eusés dans les berges des rivières; ce trou est double, en forme d'L très-allongé, comme un tube de verre plié en deux. D'autres espèces sont errantes et ne se creusent pas de trous. Les nymphes des Éphémériens ne diffèrent des larves que par des rudi- ments d'ailes; ce sont donc des insectes agiles et prenant de la nourriture sous tous les états. 74 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. Les Éphémères, ainsi que leur nom l'indique [êphèmcros , qui ne vit qu'un jour;, n'ont qu'un moment à vivre; plusieurs naissent après le coucher du soleil et ne voient pas son lever; quelques-uns à peine résistent un ou deux jours; mais si leur existence sous la forme ailée est courte, il n'en est pas de même du temps qu'ils passent sous leur pre- mier état; car, comme Swammerdam l'a observé, il est de trois ans. Quand arrive le moment de la dernière transformation, les nymphes sortent de l'eau et vont se fixer sur quelque endroit sec, où elles attendent que leur peau se dessèche. Leur enveloppe se fend alors au-dessus de la tête et du corselet, et l'Éphémère ne tarde pas à en sortir. Aussitôt qu'il peut faire usage de ses ailes, l'insecte se met à la recherche d'une com- pagne. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les Éphémères naissent ordinairement le soir, et presque toujours avec une abondance surprenante; aussi les pêcheurs appellent-ils ces animaux manne des poissons; il n'est pas rare de voir les terres avoisinant les rivières couvertes le matin d'un blanc de neige, qui n'est autre que les cadavres amoncelés de ces insectes; c'est vers le milieu de l'été qu'a lieu cette éclosion. Ces insectes n'ayant pour ainsi dire reçu la vie que pour la transmettre, ne s'occupent que de la reproduction de leur espèce; leur vie est si courte, qu'ils n'ont pas besoin de manger, et la nature, qui ne fait rien en vain, leur a refusé les organes de la manducation. Le màlc meurt aussitôt après avoir satisfait au vœu de la nature, et la femelle songe immédiatement à sa ponte; elle porte ses œufs dans deux grappes, qui sortent du dessous du septième anneau de son abdomen; chacune de ces grappes, qui contient de trois à quatre cents œufs, est fort grosse par rapport au volume de l'insecte; la femelle va les pondre à l'eau, et ils tombent au fond par leur propre poids et s'y dispersent. Dès lors, sa mission est terminée et elle ne tarde pas à mourir. Les Éphémériens ne sont pas destinés à briller au grand jour; la nature semble n'avoir rien fait en leur faveur; leurs formes sont délicates et assez élégantes; mais leur couleur blanchtUre ou jaunâtre, tachetée de noir, n'a rien qui plaise à l'œil; ils sont d'une mollesse et d'une fragilité extrêmes; la moindre pression les défigure; la dessiccation les racornit, et encore FAMILLE DES ÉPHÉMÉRIENS. 75 dans cet état le moindre soufile les casse; aussi font-ils le désespoir des entomologistes. La famille des Éphémériens se compose en réalité du seul genre Ephe- mera, bien que des entomologistes aient créé divers genres fondés sur des caractères peu importants. L'Éphémère vulgaire {Ephemcra vulgata iPl. IV et fig. 46] est Fin. iG — Éiiliùmèrc vulg nymphe et iusecte paifait. considérée comme le type du genre. Elle est brunâtre, tachetée de jaune, avec les quatre ailes transparentes, réticulées par des nervures brunes et ornées en outre de quelques taches de cette même couleur; l'abdomen est terminé par trois lilets d'un brun foncé. La larve est d'un jaune brunâtre, avec le thorax et l'extrémité de l'abdomen tachetés de noir. Cette espèce est la plus répandue en France ; c'est à elle surtout que se rapportent les détails qui précèdent. La plus grande espèce connue est l'Éphémère à longue queue Eplie- 76 ORDRE DES NEVROPTÉRES. inera lungicaiida), longue de 25 à 28 millimètres, d'un blanc jaunâtre, avec la partie dorsale et les ailes un peu enfumées ^ son abdomen ne porte que deux filets. Cette espèce se trouve abondamment en Belgique, en Hollande et en Allemagne, principalement dans les grandes rivières comme la Meuse et le Rhin. Sa larve a la tête allongée en forme de corne, et les jambes courtes et épaisses. On rencontre encore en France et dans les environs de Paris les Ephe- mera lutea, marginata et bvevicauda^ qui portent, comme le rulgata, trois filets à l'extrémité de l'abdomen, et les Ephemera striata, vAgra et culici- fonnis, qui n'ont que deux filets, comme le lungicaiida. FAMILLE DES LIBELL ULIENS. 77 FAMILLE DES LIBELLULIENS Les LibcUuliens se distinguent par leurs antennes courtes, terminées par une soicj par des màclioires et des mandibules très-fortes ; des palpes labiales aplaties, recouvrant toute la bouche; à l'extrémité de l'abdomen sont des appendices en forme de pince. Leurs quatre ailes sont grandes, égales, finement réticulées; leurs torses ont trois articles. Ces insectes légers, déliés dans leur taille, ornés de couleurs brillantes, ont de tout temps attiré les regards et ont reçu le nom de Demoiselles, très-approprié à leur tournure élégante ; mais ce sont de véritables nymphes chasseresses^ essentiellement carnassières, et, comme tous les animaux de proie, on les voit continuellement voler au-dessus des eaux et dans les allées des bois, tantôt planant sur place à la façon de l'aigle ou du milan, tantôt décrivant des cercles rapides et s'élançant comme un trait sur quelque malheureux insecte, qu'ils saisissent et dévorent sans arrêter leur vol. Lorsque le moment de la ponte est arrivé, la femelle se rend auprès des eaux ; elle se pose sur une branche ou sur une herbe placée au-dessus du liquide et y laisse tomber en un seul paquet tous ses œufs, qui descendent au fond et s'y dispersent. Les Libelluliens sont des insectes au corps allongé, ressemblant le plus souvent à un petit tuyau cylindrique, formé de différentes parties, à peu près d'égale grandeur, et qui sont les segments. Leur tête est transversale et porte latéralement deux très-gros yeux et trois petits ocelles sur le vertex; des antennes de cinq ou six articles, terminées par une soie, mais si courtes que c'est à peine si toute leur longueur égale la moitié de la tète ; la bouche se compose d'un labre court, large, très-mobile^ de man- dibules très-robustes, munies de dentelures aiguës^ de mâchoires cornées, aiguës, munies d'épines; les palpes sont de deux ou trois articles; la lèvre inférieure très-grande, servant à clore complètement la bouche. Le 7S ORDRE DES NEVROPTÈRES. thorax est presque carré; les quatre ailes, de taille et de forme pareilles, ont le réseau très-petit et très-serré. A l'état de larve ou de nymphe, les Libelluliens habitent le fond de nos étangs et de nos ruisseaux. Là, tapies dans la fange, elles attendent avec patience qu'un insecte, un mollusque ou même un jeune poisson vienne passer à leur portée. Alors elles débandent, comme un ressort, une arme fort singulière qui représente chez elles la lèvre inférieure. C'est une sorte de masque animé, armé de fortes pinces dentelées et porté par des pièces articulées, dont l'ensemble égale la moitié de la longueur du corps. Cet instru- ment agit à la fois comme une lèvre et comme un bras; il saisit la proie au passage et l'amène jusqu'à la bouche (fig. 47 et 48). Lorsqu'arrive le temps de sa métamor- phose, la larve se traîne hors de l'eau où elle a vécu près d'une année, grimpe lente- ment sur quelque plante voisine et s'y sus- pend la tète en bas. Bientôt le soleil dessèche et durcit sa peau, qui tout d'un coup éclate et se fend. La Libellule dégage d'abord sa tète et son corselet; ses pattes, ses ailes, encore molles et sans vigueur, se raffermissent au contact de l'air; au bout de quelques heures, elles ont pris toute leur force. Aussitôt la Libellule abandonne comme un vêtement usé la peau terne et limoneuse qui la couvrit si longtemps, et devenue Demoiselle, ou plutôt Mouche-dragon, comme l'appellent les Anglais {Dragon fly) , elle s'élance à la recherche de sa proie. Les larves des Libelluliens nous offrent encore quelques particularités dignes de remarque relativement à leur mode de respiration. N'ayant pas les pattes conformées pour la natation, elles ne peuvent venir par inter- valle, comme beaucoup d'autres insectes, respirer l'air à la surface de l'eau ; une disposition particulière vient obvier à cet inconvénient. L'ex- trémité de l'abdomen présente deux ouvertures, situées entre des appen- FlG. IS. Nymplm ik> Libi-llulc Fjg, .17. Lavve de Libellule FAMILLE DES LIBELLULIENS. 79 dices terminaux qui s'écartent ou se rapprochent à la volonté de l'ani- mal. Quand il les écarte, une certaine quantité d'eau p>énètre par ces ouvertures; des organes spéciaux, espèces de branchies internes, absorbent l'air contenu dans cette eau, qui est ensuite rejetée avec force par l'anus. La famille des Libelluliens se divise assez naturellement en trois groupes ou tribus fondés sur le nombre des articles et la forme des palpes labiales; ce sont les Libelliilides, les yEshnides et les Agrionides. La première tribu, celle des Libellulides, a les palpes labiales de deux articles et le corps assez épais. Le grand genre Libclliila comprend un nombre considérable d'espèces répandues dans le monde entier. On peut regarder comme le type du genre, la Libellule déprimée {Libclliila depressa) (PI. IV), très-commune dans toute l'Europe, où on la voit voler au bord des eaux pendant toute la belle saison. Le mâle est d'un brun roussàtre avec l'abdomen bleuâtre en dessus; la femelle est d'un jaune olivâtre, avec les anneaux bordés de jaune latéralement; l'abdomen est large et déprimé dans les deux sexes. Les ailes sont blanches, diaphanes, avec une tache marginale noire, et parsemées de petits points jaunes. La Libellule à quatre taches {Libellula qiiadrimaculata) , également très-répandue en Europej est de la même taille que la précédente. Elle est d'un brun jaunâtre, avec la tête et les côtés du corselet jaunes. Les ailes, blanches, diaphanes, jaunâtres à la base, portent chacune une tache noire; l'abdomen, d'un roux obscur, a le premier segment, l'extrémité du cinquième et les suivants entièrement noirs; les pattes sont de cette der- nière couleur. Dans cette espèce, les deux sexes sont semblables. Cette jolie Libellule représentée ci-après (page 80, iîg. 4g) est le Libellula pulchella de l'Amérique septentrionale. Elle est brune, tachetée de jaune; ses ailes, blanches et diaphanes, portent trois taches brunes. L'abdomen, fortement déprimé, est bleuâtre dans le mâle et d'un jaune brunâtre dans la femelle, avec le bord des segments d'un jaune clair. Une autre espèce figurée dans notre PI. V, la Libellule bordée (Libel- lula marginatà ., plus petite que les précédentes, est d'un brun brillant. ORDRE DES NEVROPTERES. avec la bordure des ailes d'un jaune pâle; l'extrémité de celles-ci est tou- jours blanche et transparente. Le c^roupe ou la tribu des ^Eshnides se distingue à ses palpes labiales de trois articles, à son corps grêle, à ses yeux très-gros, peu écartés ou même contigus, comme dans les ^Eshncs proprement dites. Ce genre ren- ferme un assez grand nombre d'espèces, dont le type est l'^shne grande PIG. 49. — Libellula 2'l(lckcUa {voy. page 7!)). (^Eshua grandis) ; c'est la plus grande Libellule de notre pays; elle ay à 8 centimètres de longueur et jusqu'à 12 centimètres d'envergure. Sa tête est d'un jaune ferrugineux, tachetée de brun; ses yeux énormes, d'un brun bleuâtre; le corselet roussâtre, avec deux bandes obliques jaunes sur les côtés; les ailes sont diaphanes, avec une tache marginale roussâtre ; l'ab- domen, d'un brun roux, portant sur chaque segment, du deuxième au huitième, deux petites lignes transversales jaunes dans son milieu et deux FAMILLE DES LIBELLULIENS. taches bleues de chaque côté; les appendices abdominaux et les pattes sont roussàtres. La femelle diffère du mâle par les taches de son abdo- men, qui sont toutes jaunes, et le huitième segment est sans taches, comme les derniers. Cette espèce est la plus répandue du genre; on la rencontre dans la plus grande partie de l'Europe et communément aux environs de Paris. Sa larve, qui se trouve en grande abondance dans les mares et les étangs, est plus courte que celle des Libclhila ; elle est d'un vert brunâtre, avec des taches irrégulières plus foncées. ^Eslma annulata. L'yEshne à tenailles [Gomphus forcipata) est le type du genre Gomplnis, qui se distingue des .-Eshnes proprement dites par l'écartement des yeux. D'un tiers plus petite que le grandis, le forcipata a la tète et le corselet d'un jaune brunâtre varié de noir; l'abdomen est noir, avec tous les segments tachetés de jaune sur les côtés et portant, les deux premiers une tache jaune, et les suivants une ligne de même couleur; les pattes sont noires. La femelle est semblable au mâle. L'^shne annulée {jEshiia annulata) [fig. 5o], également répandue en ORDRE DES NÉVROPTÈRES. Europe et dans les environs de Paris, est presque aussi grande que YyEshna grandis; elle est noire, avec des taches d'un beau jaune; ses ailes sont blanches et diaphanes, avec la tache marginale noire, petite et allongée. La femelle est tout à fait semblable au màk; mais ses appen- dices abdominaux sont plus courts. Dans cette espèce, les yeux sont moins grands et moins rapprochés que dans les précédentes, et l'abdomen se renfle en massue à l'extrémité. Ce dernier caractère a porté quelques entomologistes à en faire un genre particulier sous le nom de Covdiile- gaster. FlU. 51 et 32. La tribu des Agrionides se distingue à première vue par l'élégance des formes plus sveltes et par Féclat des couleurs ; ces Libelluliens ont en outre les yeux petits, très-écartés et comme pédicellés; leurs palpes labiales sont composées de trois articles. Les Agrions proprement dits ont les ailes comme pétiolées à la base, pourvues de nervures basilaires parallèles et de cellules assez grandes; leurs ailes sont transparentes. Le type du genre est TAgrion Jeune-fille {Agrion piiella) [fig. 5i et 52]; elle a 3 à 4 centimètres de long et 5 d'en- vergure. Sa tête et son corselet sont noirs en dessus, bleus en dessous; les ailes sont blanches, très-diaphanes, avec la tache marginale brune; l'ab- FAMILLE DES LIBELLULIENS. 83 domen est bleu, avec les cinq premiers articles tachetés de noir, le huitième et le dixième entièrement noirs; les pattes sont de cette dernière couleur. Toutes les parties qui sont bleues dans le mâle sont vertes dans la femelle. FiG. 53. — Mecistogaster vrnattis (voy. page 84). Cette espèce est commune en F'rance et dans les environs de Paris, pen- dant toute la belle saison, dans les endroits marécageux. L'Agrion sanguin (Agrion sanguineiim) [PI. IV], de même taille que le précédent, est d'un beau rouge carmin tacheté de noir. 11 habite aussi la France. Le genre Calopteryx se distingue des Agrions, dont il a tout à fait l'apparence, par des ailes larges à la base, pourvues de nervures basi- laires parallèles et de cellules très-petites. Dans ce genre rentre TAgrion vierge [Calopteryx virgo) [PI. IV], charmante espèce très-commune dans la plus grande partie de l'Europe et dans nos environs, où on la voit 84 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. voler pendant toute la belle saison au bord des eaux. Elle est entièrement d'un beau bleu verdàtre métallique, avec les ailes diaphanes ayant une large bande transversale d'un bleu verdàtre. La femelle, d'un vert bronzé, a les ailes d'un vert métallique avec une tache marginale d'un jaune blanchâtre. Chez cette espèce, les deux sexes sont assez différents et ils ont tous les deux de nombreuses variétés. Sa larve est très-allongée, presque transparente, d'un vert sale, avec quelques nuances plus claires et plus foncées. Nous figurons ici une espèce de l'Amérique du Sud, le Mccistogaster ornatiis (fig. 51-i, voy. p. 83), remarquable par la longueur de son ab- domen. Sa couleur générale est jaune; les ailes sont transparentes dans les deux premiers tiers de leur longueur, puis lavées de jaune et ornées d'une tache d'un beau jaune opaque à leur extrémité. FAMILLE DES MYRMÉLÉONIENS. 85 FAMILLE DES MYRMELEONIENS Les Myrméléoniens se rapprochent des Libelluliens par leur structure générale, mais ils présentent des différences très-notables, surtout sous le rapport de leurs métamorphoses. Leurs caractères principaux sont d'avoir des ailes presque égales, planes; les parties de la bouche solides; les tarses de cinq articles; les antennes filiformes, multiarticulées, les palpes maxillaires composées de quatre ou cinq articles. Les Myrméléoniens sont terrestres à l'état de larves. Celles-ci sont courtes^ élargies, avec une forte tète armée de longues mandibules. Elles sont très-carnassières et vivent d'autres insectes, dont elles s'emparent de diverses manières. Au moment de subir leur transformation en nymphe, elles se construisent un petit cocon soyeux, auquel sont ajoutées souvent des matières étrangères. La taille de ces larves parait très-minime, com- parée à celle des insectes parfaits, et en voyant le cocon piluliforme d'un Fourmi-lion ou d'un Hémérobe, on est étonné d'en voir sortir un si grand insecte. La famille des Myrméléoniens se divise assez naturellement en quatre groupes ou tribus distinctes. Ce sont les Myrméléonides, les Némopté- rides, les Hémérobiides et les Panorpides. La première tribu, celle des Myrméléonides, est composée d'insectes bien reconnaissables à leurs antennes plus ou moins longues, mais tou- jours renflées vers l'extrémité. Dans le genre Myrmeleo proprement dit ou Fourmi-lion, ces antennes ne sont pas plus longues que la tète et le corselet réunis et elles sont renfîées graduellement vers l'extrémité, tandis que dans le genre Ascalaphe, de la même tribu, ces antennes sont pres- que aussi longues que le corps et renflées subitement en une petite massue. Les Fourmis-lions [Mynneleo) ressemblent au premier coup d'œil aux Agrions, mais leurs antennes et leurs palpes les en font bientôt distin- guer ; ils ont, comme ces Libelluliens, un corps très-allongé, une tète 86 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. transverse avec deux gros yeux saillants, le corselet globuleux, les ailes grandes ; mais celles-ci sont douées de peu d'énergie, et ces insectes volent mal; ces ailes sont, en outre, couchées dans le repos. Les Fourmis-lions sont carnassiers sous leurs deux états de larve et d'insecte parfait ; mais ce sont surtout les travaux et l'industrie de la larve qui ont de tout temps attiré l'attention sur ces insectes. Cette larve a une tête et un corselet étroits, avec un abdomen large et très-volumineux. Les mandibules sont plus longues que la tête, grêles et un peu recourbées, formant une longue paire de pinces propres à saisir fortement une proie. La tête, qui est plate, a la forme d'un trapèze irré- gulier, plus large en avant; son insertion avec le corselet se fait au moyen d'un cou très-mobile et susceptible d'un grand allongement. L'abdomen^ de forme ovoïde, est bombé en dessus et plat en dessous, divisé par anneaux et garni de poils raides. Les pattes sont composées comme à l'ordinaire , mais le tarse, d'un seul article, est terminé par deux crochets qui ont la faculté de s'écarter et de se rapprocher comme les sabots de certains ruminants, ce qui doit aider l'animal à marcher dans le sable, où il se tient continuellement. Le type du genre Fourmi-lion (Myrmclco formicariiis) [fig. 54, voy. p. 87] est long d'environ quatre centimètres, noirâtre, avec quelques taches, jaunes, et les ailes diaphanes, offrant quelques points ou taches noirâtres. Nous le figurons ici, ainsi que sa larve. La larve du Fourmi-lion est d'un gris rosé, avec de petits bouquets de poils noirâtres sur les côtés du corps ; ses pattes sont assez longues et grêles; les antérieures dirigées en avant, ainsi que les intermédiaires, tan- dis que les postérieures, plus robustes que les autres, sont très-serrées contre le corps et ne peuvent servir à l'animal qu'à se diriger en arrière. C'est d'ailleurs le seul mouvement qu'exécutent les larves des Fourmis- lions. Cette organisation ne leur permettant pas de poursuivre une proie, il a fallu que la nature leur enseignât l'art de construire des pièges ; et, comme nous allons voir, l'animal a profité de ses leçons. Dès que le petit Fourmi-lion est sorti de l'œuf, il cherche un emplace- ment convenable pour creuser son piège. La femelle d'ailleurs, en fai- FAMILLE DES M YRMELEONIENS. 87 sant sa ponte, a d'ordinaire pourvu d'avance à la recherche du terrain, qui doit être sablonneux, composé de grains fins et secs, à l'abri des vents et de la pluie; c'est assez souvent au pied de quelque vieux mur ou de quelque gros arbre que le Fourmi-lion s'établit. Lorsqu'il a trouvé la place qui lui convient, il commence par creuser un fossé circulaire, représen- tant la circonférence que doit avoir l'entonnoir; puis, marchant à reculons et décrivant des tours de spire dont le diamètre diminue graduellement, il enlève le cône de sable. Pour cela faire, il s'arrête à chaque paSj charge i-lion et sa larve (Mijrmeleo forji (s), [voy. page 8G]. sa tête de sable, et, la relevant brusquement, lance son fardeau au delà de son enceinte. Une heure lui suffit pour achever son travail. Il se place alors au fond de son entonnoir, le corps enseveli dans le sable et ne lais- sant passer que les mandibules, qu'il tient ouvertes, comme le montre notre planche V. Ainsi embusqué, il attend patiemment que le gibier lui vienne. Malheur alors à l'insecte imprudent qui, cheminant, passe sur les bords d'un trou dont le talus est raide et dont les parois sont prêtes à s'é- bouler; quelquefois il tombe à l'instant au fond du précipice et y est aussitôt dévoré; d'autres fois, ne tombant pas au fond, l'animal cherche à remon- ORDRE DES NÉVROPTÈRES. ter; mais le Fourmi-lion, averti par l'éboulement du sable de la présence de sa proie, dégage sa tète et fait jaillir sur lui une pluie de sable qui l'étourdit et la fait tomber à portée de ses redoutables mandibules. Dès que la larve du Fourmi-lion s'est emparée de sa victime, elle la suce pour absorber toutes les parties liquides qu'elle contient, et rejette ensuite sa dépouille au loin. Les fourmis étant très-nombreuses et ayant plus que les autres insectes l'habitude de courir à terre, sont plus exposées à servir de pâture aux Fourmis-lions ; c'est ce qui a valu à ces derniers le nom sous lequel ils sont généralement connus. Le Fourmi-lion n'est cependant pas toujours heureux ; mais la nature lui a donné un estomac capable de supporter de longs jeûnes ^ car on en a conservé vivants pen- dant plusieurs mois sans leur donner de nourriture. Quand les larves de Fourmis-lions ont acquis tout leur développement, vers les mois de juillet ou d'août, elles se forment un petit cocon soyeux, mêlé de grains de sable et parfaitement rond comme une petite boule, dans lequel elles se métamorphosent en nymphes. Celles-ci rappellent déjà la forme du corps de l'insecte parfait, mais sont dépourvues d'ailes. Elles ne prennent les organes du vol que vers la fin d'août ou au com- mencement de septembre. Le Fourmi-lion {Myrmeleo formicarius) est la seule espèce que l'on rencontre, et même assez communément, aux environs de Paris. D'autres espèces de Myrmeleo habitent l'Europe méridionale et même le midi de la France; tels sont les Myrmeleo libelliiloides , pisamis , rapax, etc. Les mœurs de leurs larves sont sans doute analogues à celles du Fourmi-lion, mais elles n'ont pas encore été observées avec le même soin. Nous donnons, à la planche V, la figure d'une magnifique espèce, le Myrmeleo cajfer, de l'Afrique australe. Sa couleur générale est le brun clair avec des taches jaunes. Les ailes sont transparentes, légèrement lavées de jaune et tachetées de bruri plus ou moins foncé. La larve de cette espèce, comme celle du Myrméléon libelluloïde, chasse à découvert dans les lieux arides et sablonneux, mais sans creuser d'entonnoir. Les Ascalaphes {Ascalaphus) se distinguent des Myrméléons par leurs FAMILLE DES MYRMELEON lENS. 89 antennes longues, renflées à leur extrémité en une petite massue, rappe- lant celles des papillons diurnes; par leur abdomen beaucoup plus court, parleurs ailes plus larges et moins longues. Tout le corps de ces insectes est très-velu; leurs yeux sont comme formés de deux parties soudées ensemble; leurs pattes sont courtes, avec cinq articles à tous les tarses. Les espèces de ce genre habitent surtout l'Europe méridionale; une seule, Pjg. 55. — Nemopleia imperatrix (voy. page 90). l'Ascalaphe longicorne {Ascalaphiis longicornis , se montre dans le centre de la France et rarement aux environs de Paris. L'insecte est noir, avec le bord des yeux et les tibi:is jaunes; leurs ailes sont transparentes, à nervures brunes, et tachetées de jaune-soufre. U Ascalaphiis mcriciionalis se trouve en Provence. Ces insectes, au contraire des Myrméléons, ont le vol rapide et puissant. Nous donnons, planche V, la figure d'une belle espèce de l'Europe go ORDRE DES NÉVROPTERES. méridionale : VAscalaphus kolyrauensis. Sa tète est noire, ornée d'un cercle de poils d'un jaune doré; le thorax et l'abdomen sont d'un pourpre très-sombre et dont on ne voit bien les reflets qu'à la pleine lumière. Les ailes ont le champ transparent, avec des taches variées, noires à la base^ jaunes au centre, puis d'un brun foncé. La tribu des Némoptérides, caractérisée par des antennes sétacées, la tète un peu prolongée en bec, les ailes postérieures presque linéaires, sou- vent dilatées en forme de spatule, ne comprend qu'un genre, celui des Némoptères, dont on ne connaît qu'un petit nombre d'espèces des con- trées chaudes de l'ancien continent; telles sont les Nemopteva Coa des lies de l'Archipel, Nemopteva alba de Bagdad, et Nemoptera imperatiix de l'Afrique occidentale (fig. 55, voy. p. 89). Cette superbe espèce n'est remarquable que par la beauté de ses ailes; les supérieures sont transpa- rentes et irisées des couleurs les plus vives de l'arc-en-ciel; les inférieures sont transformées en une longue queue qui s'épanouit en palette comme les plumes caudales de certains oiseaux-mouches. La tribu des Hémérobiides est caractérisée par des tarses présentant entre leurs crochets une petite pelote, et par un abdomen dont la lon- gueur ne dépasse pas celle de la tète et du corselet réunis. Le genre Hémérobe, type de ce groupe, se distingue par l'absence d'ocelles, par des ailes égales, disposées en toit au repos, sans dilatation. Leur nom, qui est synonyme de celui à' Ephémère^ leur a été donné par Linné parce qu'ils sont censés ne vivre qu'un jour. Ce sont de fort jolis petits insectes; leurs yeux globuleux, souvent couleur d'or [chrysops], rendent leur tète beaucoup plus large que le corselet; leurs antennes sont longues, séta- cées; le prothorax est long, plus étroit que la tète et les autres segments du corselet; l'abdomen est plus allongé que le reste du corps; les ailes sont presque deux fois aussi longues que le corps et très-trans- parentes. Mais si, séduit par son élégance, on saisit cet insecte, ce qui est facile, car, malgré ses longues ailes, son vol est lourd, il laisse après les doigts une odeur infecte, dont on a souvent de la peine à se débarrasser. Les larves des Hémérobes (fig. 56-b.) sont renflées au milieu du corps FAMILLE DES MYRMELEONIENS. et pointues à leurs deux extrémités; elles sont très-vives et très-souples. Elles vivent à l'air ou sous les feuilles et au milieu des pucerons dont elles font leur nourriture, car elles sont très-carnassières et ne s'épargnent même pas entre elles. On les voit saisir de leurs mandibules aiguës les pucerons les plus dodus, les élever en l'air, les sucer en moins d'une minute et rejeter les peaux vides; elles en sacrifient ainsi un nombre considérable dans une seule journée, et Réaumur, qui les a étudiées avec soin, leur a donné le nom de Lions des pucerons. La larve de V Hémérobe chrysops, espèce qu'a surtout étudiée Réau- mur et que nous figurons ici (fig. 56-b.i, a une singulière habitude : celle de se re- couvrir des peaux vides de ses victimes comme un sauvage indien se pare des chevelures qu'il a scalpées. Dès qu'elle a sucé un puceron, d'un coup de tête elle jette sa peau sur l'extrémité de son corps et l'y fixe sans autre moyen que les irrégula- rités ou les poils qui s'y trouvent; une se- conde va joindre la première et ainsi de suite; toutes ces peaux tiennent ensemble par le seul entrelacement de leurs parties. Dans quel but la larve de l'Hémérobe se revêt-elle de cette singulière armure? est-ce pour se déguiser aux yeux de ses trop confiantes victimes, comme le fait la Ré- duve à masque , ou afin de se dérober elle-même à la vue et aux attaques de ses propres ennemis, comme nous l'avons vu pratiquer à la larve du Criocère du Lis? [Coléoptères.) Au milieu de l'abondance où vivent ces larves , elles ont bientôt pris tout leur accroissement; aussi ne vivent-elles sous cet état qu'une quinzaine de jours; passé ce temps, elles se retirent dans quelque feuille desséchée et se mettent, à l'abri d'un de ses plis, à construire leur coque au moyen de la filière qui est située à l'extrémité de leur abdomen; Ilemerobius chr. 92 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. elle s'y renferme complètement et l'on est étonné que le corps de la larve puisse tenir dans un si petit objet qui atteint à peine la grosseur d'un petit pois; mais l'insecte qui en sort avec ses grandes ailes, ses longues antennes et son corps menu, est encore plus incom- préhensible. La durée du séjour des nymphes dans la coque varie selon la température. Ces nymphes, que nous figurons en c, sont recourbées dans leur cocon et portent leurs ailes et leurs antennes curieusement contournées. Les femelles fécondées font leur ponte comme tous les autres insectes; mais leurs œufs offrent une singularité remarquable. Ces œufs sont abon- damment enduits d'une matière visqueuse, très-extensible, et qui, dessé- chée à l'air, reste élastique. La femelle, au moment d'en déposer un, appuie sur une feuille l'extrémité de son abdomen et le relève sans lâcher l'œuf; la liqueur collée à la feuille s'allonge et forme un filet délié, au bout duquel se balance l'œuf qu'abandonne la femelle (fig. 56, g./.). Ces œufs, portés sur de longues tiges, ressemblent tellement à certaines Mucédinées, que des botanistes les avaient classés comme telles. Tout ce qui précède se rapporte surtout à FIO. 04. — Hemerobins chrysops. i»tt 1 Hémérobe aux yeux dorés [Hemerobiiis chrysops) [fig. 56 à 64]. Sa tête et son corps sont mélangés de noir et de vert; ses antennes sont fauves^ ses ailes diaphanes, azurées, ont les nervures longitudinales vertes et les transversales noires ; les yeux sont dorés dans l'insecte vivant. L'Hémérobe perle {Hemerobiits perla), un peu plus grand que le précédent, mais également commun dans nos environs, a le corps, les antennes et les nervures des ailes jaunâtres. Les yeux sont couleur d'or dans l'insecte vivant. Le genre Osmyle, voisin des Hémérobes, en diffère surtout par les trois ocelles qui existent sur le vertex. II a pour type une espèce assez répan- due en Europe, YOsmylus maculatus, dont la larve se trouve dans la terre humide et monte après les tiges des plantes pour se métamorphoser en FAMILLE DES MYRMÉLÉON lENS. gS nymphe. Cette espèce, assez rare aux environs de Paris, est d'un jaune brunâtre, avec les ailes diaphanes, d'un blanc irisé tachetées de noir. La tribu des Panorpides forme un petit groupe assez singulier à raison de la forme de la tête des espèces qui la composent^ cette tète est forte- ment prolongée en une sorte de bec long et grêle. Les antennes sont sétacées, les ailes postérieures arrondies, étroites. Le genre Panorpa, qui donne son nom au groupe , a pour type une espèce commune partout {Panorpa communis) [fig. 65]. — Elle se tient dans l'herbe et les brous- sailles pendant toute la belle saison. Son corps est grêle, porté sur de longues pattes , tacheté de jaune et de noir. Les ailes sont transparentes, maculées de noir, et chevauchent l'une sur l'autre au repos, en recouvrant l'abdomen. Chez le mâle, l'abdomen se recourbe à l'extrémité sur le dos, et son dernier anneau est prolongé en une pince rougeàtre et gonflée, qui otïre quelque ressemblance avec la queue relevée du scorpion, d'où le nom vulgaire de Aloiiche-Scorpion , qu'on lui donne parfois; mais il n'y a pas ici, comme chez le scorpion , de poche à venin ; c'est un instrument de préhension et non une arme offensive. L'abdomen de la femelle se termine tout ditréremment: ses anneaux s'effilent en FiG. Go. — Panorpa communis. un long tube rétractile propre à la ponte des œufs. Les Panorpes sont des insectes très-carnassiers et très-hardis : ils se jettent sur des papillons et des mouches beaucoup plus gros qu'eux, les percent de leur bec acéré et les emportent sur quelque plante pour les dévorer à leur aise. La femelle dépose ses œufs dans la terre ; ceux-ci sont assez volumineux et éclosent au bout de huit jours. La larve se nourrit de débris organiques, et parvient à toute sa croissance au bout d'un mois. Sa couleur est alors d'un gris rougeàtre. La tète a la forme d'un cœur et est armée de fortes mâchoires; le corps est divisé en douze segments bien distincts, dont chacun porte des verrues garnies d'un bouquet de poils, comme certaines chenilles nocturnes , et sur les trois derniers segments sont des stylets cylindriques terminés par de longues soies. Cette larve s'enfonce en terre g_^ ORDRE DES NÉVROPTÈRES. plus profondément pour se transformer en nymphe, et en sort à l'état ailé quinze jours après. Les Borées se distinguent des Panorpes par l'absence d'ocelles et par l'état rudimentaire de leurs ailes. Ce sont des insectes de très-petite taille. Le Borée hyémal [Borœus hyemalis) habite le nord de l'Europe; on en trouve parfois des quantités considérables sur la neige. FAMILLE DES RAPHIDIENS. 95 FAMILLE DES RAPHIDIENS Les Névroptères qui font partie de la famille des Raphidiens se dis- tinguent à leurs ailes presque égales, ayant des nervures transversales peu nombreuses; à leur bouche un peu avancée en forme de bec, mais moins que dans les Panorpides. Leurs antennes sont sétacées, leur prothorax très-long et leurs tarses composés de cinq articles. Cette^ famille renferme, comme la précédente, des types assez différents entre eux. Leurs larves sont beaucoup plus allongées que celles des Myrméléoniens, et leur genre de vie est bien différent. Nous la divisons en troistribus distinctes, dont la première, celle des Mantispides, estbien reconnaissable à ses pattes antérieures ravisseuses, à ses jambes très- renflées, armées d'épines, et dont les tarses peuvent se replier sur la jambe, de manière à former une pince préhensile. Cette tribu ne comprend qu'un seul genre, Maiitispa^ dont les espèces, quoique peu nombreuses, sont dispersées dans des régions très-opposées. Les Manlispes ont la tête large, avec des antennes courtes; le prothorax allongé et plus étroit que la tète, des ailes diaphanes à réseau assez lâche, des pattes antérieures ravisseuses comme celles des Mantiens parmi les Orthoptères, ce qui suffirait à indiquer les appétits carnassiers de ces Névroptères. Le type du genre est la Mantispe païenne Mantispa pagana) ^ qui se trouve dans le midi de la France et quelquefois, mais très-rarement, dans les bois des environs de Paris. Ses métamorphoses, longtemps ignorées, ont été récemment découvertes en Autriche et publiées par M. F. Brauer; elles offrent des détails très-curieux. La Mantispe femelle pond en juillet sur les buissons et les plantes basses de très-nombreux et très-petits œufs roses, d'où sortent de petites larves hexapodes, très-agiles, et qui courent çà et là aussitôt après leur naissance. Ces petites larves sont parasites et vivent aux dépens des petites araignées renfermées dans les cocons que les Lycoses, les Clubiones et quelques autres araignées errantes o6 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. déposent dans des trous ou attachent aux tiges des végétaux. Les petites larves de Mantispes grimpent sur ces coques, les déchirent en un point à l'aide de leurs mandibules et entrent dedans. Là, elle attend patiemment l'éclosion des œufs et égorge les jeunes araignées à mesure qu'elles sortent. Elle grossit ainsi peu à peu au milieu d'une sorte de bouillie formée par les cadavres de ses victimes, puis, par- venue à son entier développement, elle subit une mue qui est une sorte de métamorphose; elle devient boursouflée, n'a plus que des pattes rudimentaires , grosses et co- niques, impropres à la marche, et son abdomen se termine en pointe et se trouve muni de filières anales. Elle demeure ainsi quelque temps enroulée au milieu des cadavres des petites araignées, continue à y grossir, jusqu'à atteindre 8 ou lO millimètres, puis se file un cocon d'un jaune verdàtre dans l'intérieur du sac à œufs de l'araignée. Au bout d'une quinzaine de jours , elle se transforme en nymphe, dont les yeux et les pattes antérieures ravisseuses pliées sur le côté indiquent déjà l'in- secte parfait. Enfin, elle quitte son cocon, perce celui de l'araignée, et une nouvelle mue la fait sortir à l'état de Mantispe ailée. Nous figurons ici le Mantispa grandis (fig. 66), le géant du genre, ori- ginaire de l'Afrique australe. Son corps est d'un brun pâle, et ses ailes sont transparentes, à l'exception d'une large bande bordant la portion supérieure de l'aile et qui est d'un jaune brun. Ses jambes ravisseuses sont très- robustes. La tribu des Raphidiides, comme la précédente, ne renferme qu'un genrcj Raphidia. Les Raphidies ressemblent aux Mantispes par les ailes et Mantispa grandis. FAMILLE DES RAPHIDIENS. 97 par Ici longueur du prothorax; mais leur tête est plus grande, plus aplatie, et leurs pattes antérieures ne sont pas ravisseuses, mais simple- ment propres à la marche, comme les autres. L'abdomen des femelles est, en outre, muni d'une longue tarière, un peu recourbée, au moyen de laquelle elles pondent leurs œufs sous les écorces, où leurs petites larves vivent de proie. Ces larves sont allongées, avec la tète très- large, aplatie, portant de petites antennes^ leur premier anneau thora- cique est écailleux et plus long que les suivants. Ces larves sont très-actives et remuent leur corps dans tous les sens comme des ser- pents. Les nymphes ne sont pas renfermées dans un cocon comme celles des Mantispes ou des Myrméléoniens ; elles ressemblent déjà beaucoup à l'insecte parfait, et leurs ailes sont appliquées sur les parties latérales du corps. Le type du genre est la Raphidia aphiopsis (fig. 67), que l'on trouve, mais rarement, aux environs de Paris. Son corps est noir; ses ailes , , . . ^ 1 • 1 1 Ylii. 67. — Raphidia aphiopsis. blanches, entièrement diaphanes, ont une tache noire vers leur extrémité; l'abdomen est noir avec plusieurs lignes longitudinales jaunes. Les Semblides forment la troisième et dernière tribu de la famille des Raphidiens; elle se distingue des deux précédentes par la tête et le prothorax courts, les pattes simples et l'absence de tarière chez les femelles. Leurs antennes sont longues , filiformes et composées d'un grand nombre d'articles. Le genre Corydalis est des plus remarquables. Nous figurons ci-après le Corydalis armata (fig. 68, voy. p. 98), qui habite l'Amérique du Sud (Colombie), et dont l'envergure des ailes atteint 14 centimètres. C'est la plus grande espèce connue jusqu'à ce jour. L"individu représenté ici est un mâle, et le principal caractère de ce sexe réside dans la conformation des mandibules, qui sont tellement développées, longues, aiguës, qu'on croirait voir un fourmi-lion gigantesque qui aurait conservé ses armes de larve. Chez la femelle, ces mandibules sont robustes mais courtes, et il y a 7 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. autant de différence entre les deux sexes qu'entre ceux du Lucane cerf-volant et de sa femelle. Le genre Semblis a pour type le Semblis de la boue {Semblis lutaria)^ très-commun dans notre pays. Les pêcheurs à la ligne, qui s'en servent comme amorce, le nomment voilette. Il est d'un brun enfumé, à ailes réticulées de noir ; les postérieures très-larges , recouvertes au repos FiG. 68. - Curydalis armalu cf (voy. page 97). par les antérieures en forme de toit; le mâle est d'environ un tiers plus petit que la femelle. Celle-ci pond sur les feuilles^ les roseaux, les pierres placées au bord des eaux, des œufs allongés, qu'elle dis- pose les uns à côté des autres. Au sortir de l'œuf, la jeune larve se rend à l'eau. Cette larve a une tête écailleuse, pourvue d'yeux et d'antennes courtes, de quatre articles, dont le dernier en soie, des mandibules arquées munies de dents au côté interne. Leur abdomen FAMILLE DES RAPHIDIENS. 99 porte à l'extérieur des organes respiratoires consistant en filets articulés disposés des deux côtés au nombre de deux sur chaque anneau. Au moment de se transformer en nymphes^ ces larves sortent de l'eau et vont le plus habituellement subir leur transformation au pied des arbres; là, elles se creusent dans la terre une cavité ovalaire et y restent logées tant qu'elles demeurent sous la forme de nymphe. L'insecte parfait sort de la nymphe en laissant sa dépouille tout à fait intacte; il vit à peine quelques jours. ORDRE DES NÉVROPTÈRES. FAMILLE DES PHRYGANIENS La famille des Phryganiens, dont quelques auteurs ont fait un ordre à part sous le nom de Trichoptères, comprend des insectes qui rentrent par leurs caractères généraux dans l'ordre des Névroptères. Leurs ailes membraneuses sont presque égales, offrant des nervures branchues sans réticulations transversales; leurs mandibules sont rudi- mentaires et leur bouche impropre à la mastication. Les Phryganiens ont de grands rapports avec certains Lépidoptères de la famille des Phaléniens; ils ont, en général , des couleurs grisâtres assez sombres, des antennes longues et filiformes, et, comme les Psychés, ils ne prennent aucune nourriture à leur état d'insecte parfait. Ils forment en réalité le passage entre les Névroptères et les Lépidoptères, auxquels nous avons consacré un volume particulier. Les Phryganiens sont répandus sur tous les points du globe, mais ils sont surtout nombreux en Europe. On les rencontre particulièrement dans les endroits marécageux, au bord des eaux. Ils volent le soir en grande quantité pendant les beaux jours d'été. Leurs larves sont aqua- tiques; elles ont une tète écailleuse, les trois premiers anneaux du corps également cornés, les autres extrêmement mous et le dernier constam- ment muni de deux crochets. Les parties latérales des anneaux de l'abdomen sont garnis d'organes respiratoires, dont la forme et la dis- position varient suivant les genres et les espèces. Ces larves, ayant la plus grande partie de leur corps d'une consistance très-molle, seraient trop facilement la proie des nombreux insectes et reptiles carnassiers qui habitent les eaux, si la nature ne leur avait donné une industrie propre à les protéger: elles se construisent, en eflet, des étuis ou fourreaux soyeux recouverts de corps étrangers, tels que des fragments de bois, de feuilles, de petites pierres, de petits coquillages, etc. Chaque espèce FAMILLE DES PHRYGANIENS. emploie toujours les mêmes matériaux, à moins qu'elle ne s'en trouve privée et ne soit obligée d'avoir recours à d'autres. La forme de ces fourreaux varie beaucoup selon les divers matériaux dont ils sont construits; les brins d'herbes, les morceaux de bois, les pierres et les coquillages disposés et entrelacés de différentes manières, donnent à ces étuis les formes les plus irrégulières et les plus variées. Ces larves , en général , sortent la tête et le corselet de leur étui et le traînent après elles en marchant, ce qui leur a fait donner le nom vulgaire de charrées ; mais il en est quelques-unes, cependant, qui se construisent seulement des abris immobiles. Ces larves, très-communes dans toutes les eaux stagnantes ou peu courantes, peuvent être facilement recueillies et mises dans un aquarium , où Ton aura le spectacle de leurs curieux travaux. Elles sont omnivores et se contentent parfaitement des feuilles de saule; la seule condition pour les conserver est de ne pas laisser cor- rompre l'eau dans laquelle on les conserve. Quoique très-nombreux en espèces, les Phryganiens se ressemblent beaucoup; les entomologistes en ont fait cependant plusieurs genres^ basés principalement sur la forme des palpes ou des nervures des ailes. Dans les Phryganes proprement dites {Phrygaiiea)^ les palpes maxillaires sont plus longues que les labiales, de quatre articles, et les ailes sont pour- vues de nervures transversales; dans les Sericostoma, ces palpes n'ont que trois articles et les ailes sont dépourvues de nervures transversales ; les Hydropsychés ont les palpes maxillaires simples dans les deux sexes, les ailes sans nervures transversales, les jambes antérieures munies d'éperons; les Mystacides ont des palpes maxillaires très-longues et poi- lues, de cinq articles; leurs ailes sont pourvues de nervures transversales; enfin, les Hydroptiles, les plus petits des Phryganiens, ont les palpes de cinq articles, hérissées, et des ailes étroites. Le genre Phrygane (Phryganea) renferme les espèces les plus remar- quables; la Phryganea grandis, figurée dans notre PI. IV, peut être considérée comme le type du genre ; elle est assez commune en France et dans nos environs. Son corps, ses ailes et ses antennes sont couverts d'un duvet très-serré, plus long sur les nervures. Nous empruntons au ORDRE DES NÉVROPTÉRES. livre intéressant de M. Pizzetta, ï Aquarium, la description des procédés mis en œuvre par la larve de cette espèce pour construire son fourreau. « Il est fort intéressant de voir ces larves fabriquer leur étui; il faut donc les mettre à part dans un vase en verre, rempli d'eau limpide, qu'on aura toujours soin de laisser ouvert et à l'abri delà grande chaleur. Pour faire sortir une larve de son étui^ il faut employer certaines précau- tions; car si on la tirait par la tête, elle se cramponnerait si fortement avec ses crochets abdominaux qu'on ne la retirerait pas entière. Le meil- leur moyen est de la pousser par derrière avec une pointe émoussée ou une tête d'épingle; elle avance ainsi peu à peu et finit par sortir. Si l'on met une larve ainsi sortie à côté de son étui, elle cherchera à y rentrer; mais si on enlève celui-ci et qu'on lui donne les matériaux nécessaires, on la verra s'en fabriquer un autre. « Prenons, par exemple, celle-ci, qui habite un étui de pierres(fig. 69, a). Après s'être promenée par tout le vase, comme pour reconnaître le terrain et choisir un endroit propre à confectionner son étui, la larve choisit deux ou trois petites pierres plates et en fait une voûte mince , soutenue par des fils de soie, au-dessous de laquelle elle se loge. Ce premier point accompli^ on la voit successivement prendre une pierre avec les pattes et la présenter comme le ferait un maçon, cherchant à ce qu'elle rencontre exactement l'intervalle et à ce que la surface soit lisse à l'intérieur; elle l'attache alors par des fils de soie aux pierres voisines. Elle fait la même chose pour chaque pierre, en se tournant toujours en dedans de son ouvrage, dont elle sort le moins possible, et seulement autant qu'il le faut pour saisir les pierres qui lui conviennent. Elle met cinq à six heures à faire son étui, qu'elle tapisse entièrement de soie à l'intérieur. « Si la larve se sert d'autres matériaux, coquilles, bois, feuilles, la fabri- cation de l'étui est la même , mais d'autant moins longue que les maté- riaux ont plus de surface. Elle commence toujours par la partie posté- rieure, et avance ensuite peu à peu. Arrivée au moment de sa transfor- mation en nymphe, la larve s'enferme dans son étui et le bouche; elle sait que la mollesse de ses téguments et son impossibilité de fuir la livre- raient sans défense à ses ennemis. Cette clôture de l'étui se fait aux deux FAMILLE DES PHRYGANIENS. [o3 bouts par une grille ou tamis de soie, qui ferme l'étui sans empêcher l'eau de passer. Celles qui font leur étui de pierres le ferment souvent avec une seule pierre plate.» Nous figurons ici plusieurs spéci- o '• •■ d mens de fourreaux (fig. 69 à 72 ' : en b est celui de la Phrygaiic rhombiqiie, composé de petites bûchettes de bois disposées transversalement; en d est celui de la Phryganca liiiiaris, com- posé de brins d'herbes et de nervures fig. es à 72. - luuncaux de pinyganes. de feuilles savamment enchevêtrées -, en c est représenté l'étui de la Phrygauea fiisca , fabriquée de petites coquilles agglutinées par de la matière soyeuse. .- l'W FlG. 73 et 74. — Fhryganea fii La Phrygane brune [Phrygaueafusca) [fig. yS et 74], de moitié plus petite que la Phr. grandis, est d'un brun clair, avec des taches et les nervures des ailes plus foncées. Elle construit son fourreau soit avec de petites 104 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. pierres, soit avec de petites coquilles, et elle choisit de préférence celles des planorbes qui sont rondes et plates. Nous avons dit que, pour se transformer en nymphe, la larve ferme son étui aux deux extrémités , mais avec des fils de soie un peu lâches pour laisser passer l'eau. Ces grilles sont souvent fortifiées de brins d'herbes, de petites pierres, de bûchettes de bois, etc. Au bout de quinze FiG, 75 à 83. — 1. Ferla mart/inata (page 72). — 2. LimnepJiUiis hicolor. a. Itivre. h. mâclioîre ot palpe r. lèvre de la femelle, e. pince anale du mâle. — 3. Fhri/t/anett minor, — 4. Leptocerus oc/tra'^eus. à vingt jours, ces nymphes rompent la grille et sortent du fourreau. Elles gagnent , en nageant sur le dos , quelque plante aquatique, sur laquelle elles montent; puis, quelques instants après leur sortie de l'eau^ leur peau se boursoufle comme une vessie pleine d'air, se déchire sur le dos et donne passage à l'insecte parfait, qui étend ses ailes, les sèche à l'air et s'envole. Une fort jolie espèce de Phrygane, que l'on voit parfois voler le soir FAMILLE DES PHRYGANIENS. io5 en grand nombre au-dessus des ruisseaux et des étangs, est la petite Phrygane [Phryganea minor) [fig. yS (3), voy. p. 104]. — La couleur du corps est d'un brun jaunâtre, avec le dessus de la tête et le thorax couverts d'un duvet jaune; les ailes supérieures sont d'un brun pâle avec des taches et une bande oblique d'un beau brun foncé; les ailes inférieures sont transparentes et irisées ; les antennes , d'un brun clair, sont annelées de brun foncé. Une autre espèce, le Limnephilus bicolor, est représenté fig. 75 (2), (voy. p. 104J. Ce petit genre diffère des Phryganes propres par les ailes plus étroites, coupées plus carrément au bout; leurs jambes inter- médiaires sont, en outre, pourvues d'un seul éperon, tandis que les Phry- ganes en ont deux. Sur la même planche est représenté (fig. 75 (4), voy. p. 104) le Leptocerus ochraceus, qui appartient au groupe des Mista- cides. Cet insecte est surtout remarquable par la longueur excessive de ses antennes. 11 y a de petites espèces très-analogues à l'état adulte, mais dont les larves offrent certaines différences. Ce sont les Hydropsychés. 11 est de ces larves qui ont des branchies en touffes et, en outre, au bout de l'abdomen, deux longs pédicules à crochets, entre lesquels sortent quatre tubes rétractiles communiquant avec les trachées. D'autres, les Rhyaco- philes , n'ont pas de branchies du tout, et portent à l'extrémité de l'abdomen deux tubes pour respirer l'air au dehors. Toutes ces larves se font des abris momentanés et fixes, dont elles sortent à volonté. Cet abri consiste le plus habituellement en une calotte ou réseau de fils de soie collés à une pierre plate, à une souche, à une plante immergée. D'autres enfin se font des tuyaux en terre durcie appliquée par un côté contre une pierre, et circulent dedans. Le type du genre Rhyacophile {Rhyacophila inilgaris est long de 14 millimètres, et son envergure est du double. Il a le corps fauve, les an- tennes courtes et minces; les ailes supérieures diaphanes, à nervures fauves, avec une grande quantité de points bruns; les ailes inférieures n'ont pas de taches. La larve de cette espèce se tient dans les ruisseaux sous les pierres; sa tête est jaune avec trois taches noires, son corselet jaune et son abdomen varié de vert et de pourpre; le dernier segment de io6 ORDRE DES NÉVROPTÈRES. l'abdomen est terminé par quatre crochets dentelés en dessous. Cette espèce se trouve assez communément en France et en Suisse dans le milieu de l'été. Les Hydroptiles sont de très-petits Phryganiens à antennes courtes et filiformes, à palpes maxillaires de 5 articles; leurs ailes sont terminées en pointe, très-velues, ayant leurs nervures peu distinctes. Ces insectes volent surtout le soir. UHydroptila piilchricornis n'a que 3 millimètres de longueur; son corps est noir, ses ailes grisâtres tachetées de blanc. Ce joli petit insecte n'est pas rare aux environs de Paris. Fio. 84. — Tcvmite hicifngi?, feraello et sfildats çi-ii ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES L'ordre des Hyménoptères est certainement l'un des plus intéressants, tant à cause des différents genres d'industrie qu'ortrent les insectes qui le composent, que par l'intérêt dont ils peuvent être pour l'homme, puis- qu'ils renferment les insectes qui nous donnent la cire, le miel, la noix de galle, etc. Les caractères rigoureux auxquels on reconnaît les insectes de cet ordre sont : quatre ailes nues, simplement veinées, dont les inférieures toujours beaucoup plus courtes; des mandibules, des mâchoires et une lèvre susceptibles d'un grand allongement, modifiées de manière à former une trompe; une tarière ou un aiguillon dans les femelles. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Dans la méthode , la place que doivent occuper ces insectes a souvent varié, selon la valeur des organes que l'on a voulu prendre pour base. Si l'on adopte les ailes pour caractère principal , comme l'ont fait beau- coup d'entomologistes , les Hyménoptères devront être placés entre les Névroptères et les Lépidoptères; mais si l'on considère les organes buc- caux et le canal alimentaire, bien plus importants à iiotre avis, ces insectes doivent être intermédiaires entre les insectes broyeurs et les insectes suceurs, c'est-à-dire être placés entre les Névroptères et les Hémiptères. Les Hyménoptères ont la tête globuleuse, verticale ; les yeux à réseaux globuleux, ordinairement plus développés dans les mâles ; ils ont en outre, pour la plupart, trois ocelles placés en triangle sur le vertex; leurs antennes varient de forme suivant les genres et même suivant les sexes; leur bouche se compose d'un labre incliné, de deux mandibules cornées, de deux mâchoires et d'une lèvre étroite souvent allongée en manière de trompe, d'une languette rétractile souvent très-longue, trifide, plumeuse; les palpes maxillaires sont le plus souvent de six articles et les labiales de quatre ; les pattes ont toutes des tarses de cinq articles et terminés par deux crochets; les ailes sont transparentes, veinées longitudinale- ment, croisées l'une sur l'autre dans le repos^ et unies, lorsqu'elles sont étendues, par une rangée de petits crochets fixés au bord antérieur des secondes ; les nervures, en s'anastomosant entre elles, forment des cellules dont la forme et la grandeur ont servi au classement des Hyménoptères. L'abdomen tient au thorax par un étranglement formé par le second segment abdominal; il est formé de cinq à neuf segments, et muni à son extrémité soit d'une tarière, soit d'un aiguillon; l'un et l'autre sont composés de trois pièces principales : la tarière ou l'aiguillon proprement dit, et deux pièces qui l'enveloppent, formant une gaine; la pièce principale est toujours dentelée. Les tarières sont .extérieures, dépassant le corps ou logées dans une rainure inférieure de l'abdomen ; les aiguillons sont toujours internes et portent à leur base des glandes venimeuses sur lesquelles agit l'aiguillon pour faire sortir la liqueur par l'efïet même de la piqûre. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Les Hyménoptères sont des insectes terrestres, vivant à l'état parfait sur les fleurs; c'est parmi eux que l'on trouve les mœurs les plus curieu- ses, les instincts les plus extraordinaires, appliqués surtout à la con- struction du nid et à la conservation des petits. Mais ces insectes, si bien doués à l'état adulte, sont au contraire très-peu avancés en sortant de l'œuf; la majeure partie des larves est privée de pattes et demeure pen- dant toute sa vie dans le berceau où la mère est venue pondre son œuf. Rien ne varie plus d'ailleurs que la première demeure et l'alimentation propre au jeune insecte ; un instinct admirable guide la mère, qui place ses œufs dans les conditions les plus favorables à leur développement et à l'approvisionnement des larves qui doivent en sortir. Les unes sont nourries de miel, les autres de matières végétales, d'autres encore de proie vivante. Tous ces insectes subissent des métamorphoses complètes, c'est-à-dire qu'ils demeurent, pendant leur état de nymphe, incapables de se mou- voir et de prendre aucune nourriture. Sous le rapport de la classification, les Hyménoptères sont générale- ment divisés en deux grandes sections : les Porte-aiguillon et les Térébrans, suivant que les femelles sont armées d'un aiguillon ou d'une tarière. La première de ces sections comprend sept familles : les Apiens, les Vespieiis, les Eiiméniens , les Crabroniens, les Sphcgicns, les Formiciens et les Chrysidieiis. La seconde section, celle des Térébrans, comprend six familles : celles des Chalcidiens, des Proctotnipiens, des Ichneiimoniens , des Cynipsiens , des Siriciens et des Tciithrédiniens. Nous allons passer successivement en revue toutes ces familles. ORDRE DES HYMENOPTERES. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFERES La première famille des Hyménoptères, celle des Apiens ou Melli- FÈRES, a pour types l'Abeille et le Bourdon. Tous les insectes qui la composent savent fabriquer cette pâtée sucrée et parfumée qu'on appelle mielj et dont ils nourrissent leurs larves. Ils ont pour caractères com- muns : mâchoires et lèvres ordinairement fort longues, constituant une trompe ; lèvre inférieure plus ou moins linéaire avec l'extrémité soyeuse. Pattes postérieures le plus souvent conformées pour récolter le pollen des étamines, le premier article des tarses très-grand, en forme de palette carrée ou de triangle. Ailes étendues pendant le repos. La famille des Apiens se divise en plusieurs groupes ou tribus fondées sur la forme des jambes postérieures et de la langue. La première de toutes, celle des Api des, qui renferme les Abeilles et les Bourdons, offre pour caractères distinctifsdes pattes postérieures ayant les jambes élargies et le premier article des tarses dilaté à l'angle externe de sa base ■ la langue cylindrique presque aussi longue que le corps. Les Abeilles proprement dites [Apis] ont les jambes postérieures inermes ; le premier article des tarses quadrangulaire, avec son angle supérieur proéminent. Ce genre comprend une dizaine d'espèces très- analogues entre elles par la taille et les habitudes. Celle qui vit en France et dans tout le nord de l'Europe, qui a été l'objet des études de Réaumur et de Huber, est l'Abeille mellifique {Apis mellifica., que nous figurons ici avec tous ses détails. Elle est de couleur brune à duvet plus clair, avec l'abdomen d'un brun uniforme. Celle dont parlent les anciens, et que l'on élève encore en Italie, en Grèce et dans une partie de l'Orient, est l'Abeille ligurienne {Apis ligiis- tica). Elle ressemble beaucoup à notre espèce commune, mais en diffère surtout par son corps brunâtre, avec les trois premiers anneaux de l'ab- domen ferrugineux et bordés de noir. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. ii3 Les Abeilles sont connues de toute antiquité. La Bible en fait mention et elles y sont désignées en hébreu sous le nom de Déborah. Les Grecs les nommaient Melissa, et, ne connaissant pas le sucre, le miel était pour eux d'autant plus précieux; aussi avaient-ils divinisé celui du mont Hymette et du mont Ida; mais ils avaient sur leur organisation et sur leur histoire beaucoup d'idées fausses. Ce n'est en réalité que depuis les observations admirables de Réaumur et de Huber que l'histoire des Abeilles est sérieusement connue. Ce dernier surtout a passé un grand nombre d'années à étudier les Abeilles, et ses découvertes ont fondé la vérhable histoire de ces insectes , découvertes d'autant plus/merveil- leuses que Huber était aveugle. 11 observait les faits par les yeux d'un domestique dévoué et en tirait les déductions qui ont donné le jour à l'un des ouvrages les plus importants sur les mœurs des insectes. De toutes les sociétés que forment les animaux, celle des Abeilles est la plus parfaite, non-seulement par sa durée, mais encore par la compli- cation des travaux qu'exécutent les individus qui la composent ^ travaux dont la perfection étonne même l'esprit humain. La société des Abeilles est composée de trois sortes d'individus : les mâles, les femelles et les neutres ou ouvrières. Les femelles (fig. 87 à 97, I 9, voy. p. 1 14), toujours en très-petit nombre — il n'en existe ordinairement qu'une dans chaque ruche — sont plus grandes que les mâles et les neutres; leur tête est presque triangulaire; leurs tarses sont dépourvus de brosses; leur abdomen, très-allongé, conique, est muni d'un aiguillon. On nomme cette femelle /e/ne ou mère-abeille. — Les mâles des Abeilles (fig. 87 à 97, 2 ^^ voy. p. 1 14), que les éducateurs appellent ordinairement F aux- Bourdon s , sont plus courts, plus ramassés et plus gros que les ouvrières. Leur tète est plus arrondie, ce qui est dû au grand développement des yeux; les tarses ont leur premier arlix-le allongé. Les neutres ou o/aT/ère^ (fig. 87 àg7, 3 9, voy. p. 1 14) sontd'une taille un peu moins grande. Leur abdomen est armé d'un aiguillon dont la piqûre est très-douloureuse. Leurs pattes postérieures sont conformées pour exécuter les travaux de récolte et de construction. Ainsi, le premier article du tarse, qui a reçu le nom de pièce carrée, s'articule avec la jambe par son 114 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. an<^le supérieur, de manière à se replier sur elle et à former une sorte de petite pince (fig. 87 à 97/j; en outre sa face interne est garnie de plusieurs rangées de poils raides qui l'ont fait nommer la brosse. La jambe a la forme d'une palette triangulaire et elle est creusée à sa face externe d'une petite cavité qui a reçu le nom de corbeille. La brosse sert à récolter le pollen des fîeurs sur les étamines; la corbeille sert à l'emporter. Fig. s; à 1)7. — 1. Abeille femelle ou Reine. — 2. Abeille mâle ou Faux-Bourdon. — 3. Abeille iieulre ou Unvviere. . Antenne de femelle. — b. Patte postérieure de mâle. — c. Langue de nulle. — d. Antenne de mâle. — c. Mandibule de mâle. /. Patte postérieure de neutre. — g. Patte postérieure de femelle. — li. Aiguillon et vésicule à venin. L'Abeille provient d'une larve sans pattes, qui éclôt d'un œuf pondu par la reine ou mère-abeille, comme nous le verrons plus loin. Cette larve, molle, apathique, qui reste tout le temps renfermée dans sa cellule, est formée de treize à quinze segments, à l'extrémité desquels on voit d'un côté la tète, de couleur plus foncée, munie d'une petite lèvre, de mandibules courtes et d'une lèvre inférieure dont la langue porte une FAMILLE DES APIENS OU MELLIFERES. ii5 filière et deux palpes fort courtes. A l'autre extrémité du corps est l'anus, et, sur les côtés, il y a autant de stigmates que de jonctions d'anneaux. Ce ver change plusieurs fois de peau , et , après sa dernière mue , se file un cocon soyeux pour y subir sa transformation en nymphe. L'insecte parfait éclôt sept ou huit jours après cette métamorphose, et il perce lui- même le cocon et le couvercle de sa cellule de cire. Toutes ses parties, molles d'abord , acquièrent de la consistance et prennent leur couleur. Aux époques d'éclosion, le nombre des individus devient ordinaire- ment si considérable, qu'ils ne peuvent plus être tous contenus dans la ruche. C'est alors qu'ont lieu ces émigrations qu'on désigne sous le nom (ï essaims^ et dont l'époque varie habituellement entre la mi-mai et la mi- juin. C'est toujours la naissance d'une femelle qui détermine une émigra- tion, car deux reines ne sauraient vivre en bonne harmonie dans la même ruche. L'essaim a ordinairement pour chef la femelle de l'année précédente, et se compose en grande partie de neutres qui ont passé l'hiver avec elle. Après avoir volé quelque temps sans se disperser, l'essaim, qui suit tous les mouvements de la reine, s'abat sur le lieu que celle-ci a choisi pour se reposer ; ces individus s'accrochent les uns aux autres , et forment ainsi une grappe pendante d'une longueur souvent démesurée. Partout où l'homme a réduit ces insectes en une sorte de domesticité, on profite de ce moment pour les faire entrer en masse dans une ruche préparée à l'avance pour les recevoir; mais quand l'essaim est sauvage, quelques neutres se détachent pour aller à la recherche d'un domicile convenable, qui consiste ordinairement en quelque cavité dans un tronc d'arbre, une fente de rocher ou tout autre endroit analogue. Quand il est trouvé, l'essaim conduit par la reine en prend aussitôt possession, et les travaux des neutres commencent sans retard. Les premiers consistent à boucher exactement tous les orifices, toutes les crevasses de leur nou- veau domicile, en n'y laissant qu'une ouverture d'un faible diamètre pour rentrée et la sortie. Elles se servent pour cela de proyolisj matière résineuse qu'elles recueillent sur les bourgeons naissants de certains ii6 ORDRE DES HYMENOPTERES. arbres, notamment le saule, le peuplier, et qu'elles emploient sans lui faire subir aucune préparation. Ceci terminé, la récolte de la cire commence, ainsi que la construction des ravons^ dont elle est l'unique matière. Ces rayons sont placés non horizontalement comme ceux des Bourdons, mais perpendiculairement, et se composent de cellules adossées par leur fond, légèrement hexa- gonales, et disposées de façon que leur base est formée de trois pièces rhomboïdales à peu près d'égale grandeur, de sorte que le fond d'une cellule d'un des côtés du rayon repose sur des portions de base de trois cellules du côté opposé fig. 98) ; disposition qu'on a démontré mathé- matiquement être, conjointement avec la forme hexagonale, la plus propre à économiser l'espace et la matière. Toutes les cellules ne sont pas d'égale grandeur et varient à cet égard suivant ^lâlà ^^^^ destination; les plus nombreuses, destinées à '^^^^fc^j recevoir les provisions de pollen et de miel, ainsi qu'à '^^Jk'^^'^^i^ l'éducation des larves de neutres, sont les plus L^ W^''^' '' r'-''^itss. D'autres, exactement de la même forme, l^P^P '^ mais de 2 millimètres environ plus fortes en diamètre, sont destinées aux larves des mâles. Enfin, après avoir terminé celles-ci, les neutres en construisent ceuaies renfciLirda coorain. quatrc OU cluq, qul u'out oeu de fixe dans leur position, pour recevoir les larves de femelles. Ces dernières ont la forme d'un dé à coudre, et il entre dans leur con- struction près de i5o fois autant de cire que dans les cellules ordinaires; elles diffèrent encore de celles-ci en ce que leur ouverture n'est pas horizontale , mais perpendiculaire et dirigée en bas ; elle est plus étroite que le fond, et les neutres l'agrandissent, ainsi que la cellule entière, au fur et à mesure que la larve qui y est contenue acquiert une plus grande taille. Le nombre des rayons dépend de la grandeur de l'habi- tation; ils sont parallèles et séparés les uns des autres par un intervalle de 12 à i5 millimètres environ, de sorte que les Abeilles circulent libre- ment entre elles. Celui qui occupe le centre de l'habitation est le premier construit. FlG. &S. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. 117 Aussitôt qu'un certain nombre de cellules ordinaires sont terminées, quelques-uns des neutres y déposent du miel, tandis que les autres sont occupés à en bâtir de nouvelles. Ceux qui apportent de la cire à cet effet ne recueillent pas de miel, et réciproquement. Chaque cellule, après avoir été remplie de cette substance, est fermée hermétiquement avec un mince couvercle de cire. Les Abeilles, en effet, le réservent pour la mauvaise sai- son et n'y touchent pas tant qu'il y a des fleurs. La nourriture des neutres, ainsi que celle de leurs larves, consiste en pollen, dont elles font aussi provision dans quelques cellules, en y mêlant quelquefois un peu de. miel. La reine ne prend aucune part à ces divers travaux et ne quitte jamais la ruche, où les neutres l'entourent de leurs soins ; ils l'accompagnent en grand nombre partout où elle va. et la nourrissent en lui présentant au bout de leur trompe le miel qu'ils viennent de recueillir dans la cam- pagne. Son unique charge est de pourvoir à la population de la ruche, et elle s'en acquitte en conscience. Ce qui se passe à cet égard dans la ruche, varie d'ailleurs suivant que la nouvelle colonie a eu pour reine une ancienne femelle ou une femelle de l'année. Dans le premier cas , la femelle commence à pondre dans les cellules ordinaires, dès qu'il y en a un certain nombre de terminées, des œufs de neutres; puis, quelque temps après, des œufs de mâles, et elle finit par déposer dans les cellules royales quatre ou cinq œufs de reine. Le développement de ces œufs a lieu très-rapidement, ainsi que la transfor- mation des larves en nymphes et de celles-ci en insectes parfaits. L'évo- lution complète d'une ouvrière a lieu en vingt jours, à dater de l'instant où l'œuf a été pondu ; celle d'un mâle en vingt-quatre jours, et enfin celle d'une femelle en seize jours. Quand la femelle a ainsi pondu tous ses œufs, elle meurt, et la ruche reste sans reine jusqu'à ce que les larves des jeunes femelles soient trans- formées : les neutres supportent patiemment cet interrègne sans inter- rompre leurs travaux. La première transformée de ces jeunes femelles se hâte de tuer les autres en les perçant de son aiguillon dans les cellules où elles sont renfermées; si plusieurs éclosent à la fois, elles se battent ,i8 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. à outrance jusqu'à ce qu'il n'en survive qu'une seule. Mais il peut arriver aussi que l'ancienne reine ne laisse aucune héritière ; c'est ce quia lieu lorsque les larves de jeunes femelles se transforment de son vivant en insectes parfaits; elle les massacre alors sans que les neutres s'y opposent. Il arrive dans ce cas l'une de ces deux conséquences : ou la société privée de chef cesse tout travail et se dissout, ou elle a recours au moyen suivant pour se procurer une nouvelle reine. Les neutres prennent une larve d'un jour dans une cellule ordinaire, la transportent dans une cellule royale et lui donnent pour aliment la pâtée particulière réservée pour les seules larves de femelle. D'ouvrière qu'elle eût été, la larve, ainsi élevée, devient femelle et hérite de tous les droits de la reine précédente. La nouvelle reine, quelle que soit son origine, sort de la ruche en plein jour, par un temps chaud et serein, suivie de tous les mâles qui lui font cortège, et elle célèbre ses noces. A son retour, elle devient l'objet des plus grands soins; les ouvrières l'entourent, la caressent avec leurs antennes et lui offrent à l'envi du miel. Quarante-six heures après sa rentrée, elle commence sa ponte, qui ne consiste jusqu'à l'hiver qu'en œufs de neutres; elle l'interrompt pendant toute la mauvaise saison et ne la reprend qu'en avril. Ses premiers œufs sont encore des œufs de neu- tres, après quoi elle en produit dans les premiers jours de mai plusieurs de femelles. Lorsque celles-ci sont arrivées à l'état parfait, les ouvrières les empêchent de sortir des cellules où elles sont renfermées, afin que leur mère ne les massacre pas. Dès que celle-ci s'aperçoit de leur exis- tence, elle entre dans une grande agitation et parcourt la ruche dans tous les sens. Enfin, ne pouvant atteindre ses rivales, elle se détermine à quitter l'habitation et en sort accompagnée d'une foule de vieilles ouvrières. C'est ainsi que se produit le premier essaim. Le vide qu'il occasionne dans la ruche est comblé par les neutres qui éclosent en grand nombre chaque jour. 11 ne reste qu'une nouvelle reine dans la ruche, qui se trouve presqu'entièrement composée d'individus de l'année. Quant aux mâles, les ouvrières les laissent en paix jusque vers la fin d'août, bien que leurs services soient inutiles; mais à l'époque en question, elles tombent sur eux et en font un massacre général qui dure ordinairement trois jours. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. , 119 Ces massacres peuvent paraître cruels ; mais dans cette république sévère^ la loi suprême est la conservation et le bien-être de tout le corps social; du moment qu'un membre devient inutile ,* il n'obéit plus à la loi , il devient nuisible, il faut le supprimer. Ne concourant en rien aux travaux de la communauté, et passant leur vie à butiner sur les fleurs pour leur propre compte, il n'est pas juste que ces fainéants profitent pendant l'hiver des provisions qu'ils n'ont pas amassées. Pendant l'hiver tous les travaux cessent dans les sociétés des Abeilles; dès les premiers froids, ils commencent à languir. On ne voit plus sortir de la ruche que quelques ouvrières qui errent aux environs sans s'en éloigner beaucoup; les autres restent dans l'habitation, pressées les unes contre les autres, et ont perdu une partie de leur activité sans toutefois s'engourdir complètement. Les Abeilles passent ainsi l'hiver, se nourris- sant avec modération du miel contenu dans leurs cellules, jusqu'à ce que le printemps les rappelle à leurs occupations ordinaires. Lorsque la tiède haleine des zéphyrs printaniers fait épanouir les co- rolles odorantes de milliers de fleurs dans les prairies et dans les bois, au fond de chaque calice des glandes particulières exsudent une liqueur sucrée que l'on nomme nectar. C'est avec ce sirop parfumé que l'Abeille fabrique son miel, et c'est pour recueillir ces gouttes de nectar qu'elle plonge au fond des corolles sa langue en forme détrompe (fig. 87 à 97 c, v. p. 1 14). L'Abeille voit à grande distance, et son odorat subtil la guide vers les fleurs préférées. Elle récolte également le pollen en se roulant dans l'intérieur des fleurs. Son mouvement fait détacher le pollen qui, en s'échappant des anthères, vient s'attacher aux poils dont son corps est couvert , et à l'aide des brosses qui garnissent les tarses de ses jambes postérieures, elle se nettoie et rassemble cette poussière jaune en deux petites boulettes qu'elle place dans la corbeille ou cavité de chaque jambe. Ce pollen^ mêlé en diverses proportions au miel, forme la pâtée dont les ouvrières nourrissent leurs larves. Pendant longtemps on avait pensé que la cire dont sont formées les alvéoles était due au pollen récolté par les ouvrières ; mais on sait aujourd'hui que la cire est sécrétée par lamelles minces entre les arceaux ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. inférieurs des anneaux de l'abdomen. Huher confirma cette découverte, due à un paysan de Lusace, et constata même que les Abeilles nourries exclusivement de pollen ne' sécrétaient pas de cire, tandis que celles qui mangeaient des matières sucrées en fournissaient. Outre l'Abeille commune et l'Abeille ligurienne dont nous avons déjà parlé, on élève en Egypte l'Abeille à bandes [Apis fasciata) que l'on voit souvent représentée sur les monuments égyptiens. A l'île de France et à Bourbon on trouve rJ.Z7e/7/e iinicolore qui fournit un miel vert très-estimé; au Bengale vit V Abeille indienne^ au Sénégal V Abeille d'Adansou, au cap de Bonne-Espérance V Abeille du cap, etc. Les Mélipones ont les jambes posté- rieures munies d'une espèce de peigne à l'angle interne ; le premier article des tarses inermc] l'abdomen convexe en dessus. Les Mélipones, propres à l'Amé- rique, où elles remplaçaient notre Abeille, sont plus petites, de formes plus ramassées, leur corps est plus velu, leurs pattes postérieures plus longues. Elles sont dépourvues d'aiguillon et font leurs gâteaux dans les creux d'arbres. La cire dont ils sont faits est brune. Tout autour des gâteaux à alvéoles hexagonales, qui servent au couvain, sont de grands pots arrondis où s'amasse le miel. Celui-ci est moins doux, mais plus odorant, plus coloré et plus fluide. La Mélipone à quatre bandes [Melipoiia quadrifasciata) du Brésil (fig. 9g) est d'un brun roussâtre , avec une bande jaune sur chacun des quatre premiers segments de l'abdomen. Les Trigoncs sont de très-petits Apiens, de formes raccourcies, à abdomen triangulaire, caréné en dessous. Nous figurons ici le Trigona niftcnis (fig. 100, V. p. 121), également du Brésil; il est d'un noir brillant, à l'exception des cuisses postérieures, qui sont rouges. Les Trigones ont les mêmes mœurs que les Mélipones j comme elles, elles sont privées Fig. 09. — Melijiona quadrifasciata. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. d'aiguillons; on en connaît plusieurs espèces, dont quelques-unes des Indes et de l'Australie. Les indigènes de ce dernier pays sont très-friands de leur miel fortement parfumé. Pour découvrir les nids cachés dans les creux d'arbres, ils suivent de l'œil une de ces Abeilles au sortir de quelque fîeur, ou même, pour mieux la distinguer, ils lui attachent un petit plumet de coton, et la suivent ainsi jusqu'à son trou. Les Bourdons (Bombus), bien reconnaissables à leur corps gros et velu, ont pour caractères : les jambes postérieures hiépineuses à l'extré- mité; le premier article des tarses dilaté à l'angle externe de la base. Les Bourdons comptent des espèces nombreuses, surtout en Europe; ils offrent dans leur organisation beaucoup de ressemblance avec les Abeilles. On trouve chez eux trois sortes d'individus : des mâles, des femelles et des neutres ou ouvrières; et ces dernières ont , comme chez les Abeilles, les pattes postérieures conformées pour la récolte du pollen. Les Bourdons forment des sociétés assez nombreuses et construisent des demeures spacieuses où ils élèvent leur progéniture ; mais ces sociétés sont annuelles et tous leurs membres meurent à la fin de l'automne, à l'exception de quelques femelles fécondes, qui vont passer l'hiver engourdies dans quelque trou et commenceront au printemps le logement de leur nombreuse postérité. Dès les premiers beaux jours de mars, ces femelles se réveillent et se mettent aussitôt en quête d'un endroit convenable pour y établir leur nid. Elles profitent de quelque cavité naturelle ou de quelque trou de mulot, le nettoient le mieux possible, en lissent les parois, et le font communiquer au dehors au moyen d'une longue et étroite galerie, afin d'en rendre l'accès plus difficile aux ennemis. Ces travaux terminés, la femelle forme avec du pollen une ou plusieurs FIG. 100. — Trigona ruficnis (voy. page 120). ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. masses arrondies dans lesquelles elle dépose des œufs, d'où sortent bientôt de jeunes larves, qui se trouvent ainsi au milieu de la nourriture qui leur convient. A mesure qu'elles la consomment à l'intérieur, la femelle en ajoute de nouvelle à l'extérieur de la boule, qui finit par deve- nir irrégulière et prendre l'apparence d'une truffe. Le moment de la trans- formation venu, ces larves, qui sont toutes des larves d'ouvrières, s'en- veloppent dans une coque de soie de forme ovale, chacune accolant la sienne à celle de sa voisine, ce qui finit par former de véritables rayons irréguliers, composés de cellules, lorsqu'elles ont enlevé en sortant l'extré- mité de ces coques (fig. loi). On trouve dans chaque nid plusieurs de ces rayons placés sans beaucoup de régula- rité les uns sur les autres. Aussitôt après leur naissance, les ouvrières aident la femelle dans ses travaux ; elles agrandissent le nid et nourrissent de pollen les jeunes larves qui ne sont pas encore transformées. Quelque temps après, la femelle pond des œufs de femelles et de mâles, qu'elle dépose dans les anciennes coques d'où sont sortis les neutres. Ces premiers individus sont inférieurs pour la Coques de Bourdons des taille à d'autres qui doivent paraître plus tard. Les neutres les nourrissent, tant qu'ils sont à l'état de larves, uniquement avec du miel et déposent le surplus de leur récolte dans les coques restées inoccupées. Vers la même époque on trouve dans les nids des espèces de godets construits avec la même cire qui forme la voûte intérieure du nid, et qui sont également remplis de miel. Après leur naissance, les femelles, qui vivent entre elles en bonne intelligence, aident les neutres dans leurs travaux. En août il naît d'autres femelles de plus grande taille, qui sont destinées à propager l'espèce l'année suivante, et lors- qu'arrivent les froids, la colonie se dissipe. Les femelles de petite taille ainsi que les neutres périssent- celles de grande taille se cachent dans le nid même où elles se sont préparé à cet effet des cellules en mousse, et s'y engourdissent pour y passer l'hiver; au premier prin- FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. 123 temps, elles se réveillent, comme nous l'avons vu, et vont fonder une société nouvelle. Chaque nid peut avoir de i5o à 200 individus ; c'est à l'automne que la réunion atteint son chiffre le plus élevé ; mais aux premiers froids tout périt, sauf les quelques femelles fécondes dont nous avons parlé. Les espèces les plus répandues dans notre pays sont : le Bourdon des mousses, le Bourdon des pierres, le Bourdon des hois, le Bourdon souterrain, le Bourdon des jardins, qui tous ont des mœurs analogues. riG. 102. — Nid du Bourdon des Le Bourdon des mousses {Bnmbus musconim) [PI. VI] offre quelques particularités intéressantes. Son nid, qui a souvent 5o à 60 centimètres de profondeur, est recouvert d'un dôme de mousse cardée mêlée de terre (fig. 102), et la manière dont ils s'y prennent pour carder cette mousse est des plus curieuses : plusieurs Bourdons se mettent à la suite (fîg. io3, voy. p. 124), le premier détache la mousse qui doit être travaillée et la pousse à celui qui est derrière lui; le second l'éparpillé avec ses pattes, puis la ramasse en une petite pelote, qu'il pousse de ses pattes de devant à celles de derrière et l'envoie à un troisième placé derrière lui, et la 124 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. mousse, cardée et poussée ainsi de Bourdon à Bourdon, arrive dans l'état voulu à sa destination. ■^«i ^^' '^V-f\'^^V^> »^t. PiG. 103. — Bourdons cardant la mousse (voy, page 123). Le Bourdon des pierres {Bombus lapidarius), dont nous figurons ici les Fld. IM à 110. — I. Anthiilhim manicalum. — a. Langue &' AnOiidilim. — r. jr.iiulibulc i'Alithidmm. — 2. BomlMS lapidari femelle. — 3. Bovibus lapidarms neutre. — 4. Bombus lapidarhis mâle. — 7'. Langue de Bovihus. trois sortes d'individus ffig. 104 (2), 104 (3) et 104(4), i^^ se construit pas de nid et vit sous les pierres. La femelle et l'ouvrière sont noires, avec FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÉRES. 125 l'extrémité de l'abdomen d'un rouge brique vif; le mâle porte en outre trois bandes jaunâtres, deux aux deux extrémités du corselet, et l'autre à la base de l'abdomen. Cette espèce, moins industrieuse que les autres, ne se creuse pas de nid et vit sous les pierres. Nous avons représenté dans notre planche VI le Bourdon des bois {Bombiis lucorimi) avec son nid; on y voit les cellules, placées irréguliè- rement et faites d'une cire grossière et brune. La couleur du Bourdon est FIG. 111. Boinhus cajanensis. — PiG. 112. Bomhuis i noire avec le devant du thorax et le second anneau de l'abdomen jaune; les trois derniers anneaux sont blancs. Parmi les espèces étrangères, également fort nombreuses, nous cite- rons les Bombits cajanensis et Boinbus cxiiniiis, que nous figurons ici. Le premier à gauche (fig. iii) est, comme son nom l'indique, natif de Cayenne; il est noir avec des bandes d'un jaune brillant. L'énorme Bour- don qui s'élève à droite (fig. 1 12), Bombus eximius, habite le Bengale. Il 126 ORDRE DES HYMENOPTERES. est couvert d'un long poil touffu d'un aspect velouté, et les segments de l'abdomen sont. frangés de longs poils châtains. La tribu des Psithyrides se distingue de celle des Apides par des pattes postérieures simples, sans dilatation ni poils propres à retenir le pollen ; leur langue est cylindrique, aussi longue que le corps. Les Psithyres^ que l'on a pendant longtemps confondus avec les Bour- dons, auxquels ils ressemblent beaucoup par leur corps velu et par la disposition de leurs couleurs, n'ont pas les pattes disposées de manière à récolter le pollen ; aussi ne construisent-ils pas d'habitation et n'existe-t-il chez eux que deux sortes d'individus, des mâles et des femelles. Incapa- bles de nourrir et d'abriter leurs larves, ces Psithyres, grâce à leur livrée pareille, pénètrent dans les nids des Bourdons et y pondent leurs œufs ; semblables en cela aux coucous, qui déposent les leurs dans les nids d'autres oiseaux, et dont les petits avides et gloutons prennent une partie de la nourriture apportée par les pauvres parents et affament même sou- vent les enfants légitimes. Les Bourdons confondent les larves étrangères avec les leurs, les entourent des mêmes soins et de la même sollicitude. Ces larves y subis- sent leurs métamorphoses et s'envolent à l'état d'insectes parfaits pour opérer comme l'a fait leur mère. Quelques entomologistes donnent aux Psithyres le nom générique d'ApathiiS. Nous figurons dans notre planche VI l'Apathus vestalis, qui vit dans le nid du Bourdon des jardins, dont il porte la livrée. Le Psithyre des rochers {Apathus rupestris) pond dans le nid du Bourdon des pierres, auquel il ressemble beaucoup. La tribu des Anthophorides a pour caractères: les jambes posté- rieures dilatées en forme de palette^ et le premier article des tarses offrant aussi une palette en dessus et une brosse en dessous ; la langue toujours plus longue que la moitié du corps. Chez les insectes qui composent ce groupe, il n'existe jamais que deux sortes d'individus, des mâles et des femelles. On ne trouve plus ici ces admirables sociétés, modèles d'ordre et de prévoyance. La femelle vit solitaire et construit elle-même un nid divisé en cellules ; mais elle ne FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. 127 sécrète pas de cire. Dans chaque cellule elle pond un seul œuf, et la larve apode qui en sort se nourrit du miel et du pollen qu'y a déposés la mère. Celle-ci, dès qu'elle a pourvu à la sûreté et à l'alimentation de sa progé- niture, meurt sans la voir éclore. Les ^////zo/7/;o;y'5 proprement dits ont encore, comme les Abeilles et les Bourdons, les pattes postérieures élargies et munies de brosses, de façon à piouvoir récolter le pollen; leurs mandibules sont étroites et pointues, leurs antennes courtes et filiformes. Les Anthophores sont des insectes printaniers, qui volent avec beaucoup de rapidité, ne s'arrétant que peu sur chaque fîeur. Les femelles établissent leur nid dans les terrains cou- pés à pic ou dans les vieux murs, se servant pour cela des trous qu'elles y trouvent et qu'avec de la terre elles savent rétrécir à la grandeur qu'elles désirent; avec la même terre elles fabriquent de petites cellules en forme de dés à coudre, très-lisses, qu'elles remplissent de pâtée et où elles déposent un œuf; il existe quelquefois deux de ces cellules l'une au-des- sus de l'autre ; le nid est ensuite fermé avec de la terre. Le type du genre, l'Anthophore des murs {Authophora parictiua)^ est noir, avec une bande roussàtre ou grisâtre sur le milieu de l'abdomen ; les tarses sont garnis de poils roussâtres. Cette espèce construit sur les murs des tuyaux cylindriques formés de petits grains de sable agglutinés. On la trouve assez communément aux environs de Paris. — Les Anthophores abondent dans les ravins arides de la Provence exposés au brûlant soleil du Midi; on les y rencontre souvent en quantité telle, qu'on croi- rait à la présence d'une ruche; mais, en réalité, ces insectes ne sont que des voisins indifférents qui ne s'occupent point les uns des autres, à moins que l'un d'eux ne tente de s'emparer du trou d'une de ses compagnes, ce qui donne alors lieu à de furieux combats. Ce qu'il y a de plus singulier, c'est qu'un Hyménoptère parasite, le Melecte^ qui vit à ses dépens, et dont nous parlerons plus loin {Nomadides) ^ vient impunément pondre ses œufs dans son nid, sans que l'Anthophore paraisse s'en émouvoir. Les Euglosses^ remarquables par leur trompe, aussi longue que tout leur corps, et par leurs jambes postérieures très-dilatées, en forme de palette creuse, sont parées des plus brillantes couleurs. Ces insectes habi- 138 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. tent l'Amérique méridionale. UEuglossa Romandi, figurée dans notre planche VII, où elle est représentée plongeant sa longue trompe dans la corolle d'une passiflore, est un très-bel insecte ; son abdomen est d'un beau vert brillant changeant en pourpre à la base; le thorax est pourpre et la tête verte à reflets dorés. Sur la même planche, et insérant sa trompe dans la fleur de passiflore, est un insecte du même groupe, également remarquable, le Chvysantheda fnmialis. Son corps est d'un vert brillant, finement ponctué, et ses ailes sont brunes avec des reflets bleus bien accusés. Cet insecte est parasite et pond ses œufs dans le nid de la grande Xylocope qui vole au-dessus (PI. VII). Les Eucéres sont remarquables par la longueur de leurs antennes, qui, surtout dans les mâles, dépassent parfois celle du corps tout entier. Dans notre planche VI est figurée Y Eiicera Inngicoiiiis . Elle est noire, cou- verte d'un duvet brun en dessus et gris cendré en dessous. Cet insecte n'est pas rare en France; ses habitudes sont exactement les mêmes que celles des Anthophores. Les Xylocopes ou Abeilles charpentières de Réaumur ont les jambes postérieures garnies de longs poils en dessus et en dessous ; ils ont en outre les mandibules élargies à l'extrémité, sillonnées, fortement dentées et propres à couper le bois. Ce sont des insectes de la taille de nos gros Bourdons et parfois même beaucoup plus grands. Le type du genre, la Xylocope violette (Xylocopa violacea)^ est la seule espèce européenne; on la reconnaît à son gros corps d'un noir violacé, et à ses ailes noirâtres, sans transparence. Sa tête et son corselet sont très- velus. Cet insecte n'est pas rare aux environs de Paris. On le voit butiner au printemps sur les fleurs des arbres fruitiers. La femelle creuse des galeries dans le bois pourri, dans le sens des fibres, et divise ces galeries en cellules, au moyen de petites séparations, comme on le voit ici (fig. ii3, voy. p. i2gi. Dans chaque cellule, elle dépose une provision de miel et de pollen, exactement calculée pour chaque larve, et y pond un œuf; puis, elle ferme la cellule par un plafond de sciure de bois humectée d'une salive gluante. Sur ce plafond, elle dépose un nouveau FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. 129 tas de pâtée et un nouvel œuf, et ferme la cellule, et ainsi de suite jusqu'à ce que sa ponte soit achevée. Le percement de ces galeries est pour la Xylocope un travail herculéen, car elles ont parfois jusqu'à 3o centimètres et plus de longueur; ces gale- ries sont perpendiculaires et obliquent un peu, de manière que le fond se rapproche de la superficie du bois. Le premier œuf pondu a été déposé au fond de la galerie, et les cellules superposées de bas en haut. C'est donc l'œuf placé le plus profondément qui éclôt le premier, et comme, pour sortir de sa cellule et remonter vers l'orifice supérieur, il aurait dû traverser toutes les autres cellules et massacrer ses sœurs, sa tète se trouve tournée vers le fond de la cellule, et lorsque l'insecte parfait est éclos, il cherche naturellement à sortir de ce côté, et c'est pour cela que la mère a rapproché le fond de sa galerie de la superficie du bois. La Xylocope nouvellement née perce donc la mince paroi qui la sépare du monde et prend son vol, après avoir ainsi frayé la route à ses sœurs , qui se transforment successivement suivant l'ordre de la ponte. On trouve des Xylocopes dans toutes les parties du monde, mais surtout dans les régions chaudes. Dans notre planche VII est représenté le Xylocopa morio du Brésil, d'un beau noir brillant, avec les ailes brunes, et dans la figure ci-après le Xylocopa nigrita (fig. 114 et 11 5, voy. p. i3o) de l'Afrique australe. Dans cette espèce, les deux se.\es ont des couleurs difi'érentes : le màlc à gauche) est couvert de poils jaune orange, et ses ailes sont transparentes; la femelle est noire, garnie d'un poil grisâtre. On a fait les genres Centris et Epicharis de quelques Xylocopes de l'Amérique équatoriale dont les mandibules sont quadridentées ou tri- dentées, tandis qu'elles ne sont qu'unidentées dans les vraies Xylocopes. Dans notre planche Vil est représenté le Centris denudans, bel Hymé- noptère brésilien. Son corps est d'un beau noir velouté ; le thorax est Fig. 113. — Nid du Xytoco}>a violacea (voy. page 128). ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. couvert d'un poil épais, de couleur orant;e, et les ailes sont brunes, à reflets bleus. Ses mœurs nous sont inconnues; mais sa structure générale et la grande ressemblance qu'il oti're avec nos Xylocopes t'ont présumer que leurs habitudes sont analogues. La tribu des Andrénides comprend des Apiens qui ressemblent beau- coup à ceux des tribus précédentes par l'aspect et la structure générale ; Fltl. m. — Xi/locopa niijrUa c^, — FiG. 115. — Xylocopa niiji-Ua $ (voy. p;itïc V^M). mais ils s'en distinguent par leur languette ou lèvre inférieure dont le lobe intermédiaire, en forme de cœur lancéolé, est plus court que leur tête. Ils ont, en outre, les jambes postérieures munies de longs poils pro- pres à récolter le pollen^ avec des espaces lisses sur les hanches, à la base des cuisses et sur les côtés du corps. Les Andrénides vivent tous solitairement et n'ont que deux sortes d'in- dividus, des mâles et des femelles. Ces dernières ramassent avec les poils de leurs pattes postérieures le pollen des étamines et en composent avec FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. i3i un peu de miel une pâtée pour nourrir leurs larves. Elles creusent dans les terrains argileux, ou dans le mortier des murailles, des trous profonds pou^ y placer le berceau de leur progéniture^ où elles déposent avec la pâtée mielleuse un œuf, et ferment ensuite l'ouverture avec de la terre; mais on remarque cependant des ditterences importantes dans les habi- tudes, suivant les genres et les espèces. Les Dasypodes ont le premier article des tarses postérieurs long, garni de très-longs poils; leur langue est assez longue et linéaire; leurs anten- nes assez longues, arquées dans les mâles, un peu renflées dans les femelles. L'espèce la plus commune, le Dasypode à pieds hérissés Dasy- pnda hirtipes)^ planche IX, est très-répandue dans la plus grande partie de l'Europe. Cette espèce est couverte d'une pubescence grisâtre très- serrée, ayant l'abdomen de cette couleur chez le mâle, avec de longs poils au bord de chaque segment ; il est noir chez la femelle, avec quatre lignes transver- sales blanches et les pattes postérieures cou- vertes de poils roussâtres. Elle butine de pré- férence sur les plantes chicoracées, et creuse dans les chemins des trous profonds. Une autre espèce, le Dasypoda plumipes ^ yw. ne. - Dcu^ypodapuampes. que nous représentons fîg. ii6, se trouve en Europe; il a le corps noir, le thorax couvert d'un poil soyeux couleur d'or; ses jambes sont également frangées de longs poils jaunes. Les Audrènes proprement dites ont le premier article des tarses posté- rieurs court, dépourvu de longs poils; la langue courte, dilatée à l'extré- mité; les antennes assez longues dans les deux sexes. Ce genre renferme un assez grand nombre d'espèces, la plupart indigènes. Leurs femelles creusent des trous dans un sol exposé au midi et enlèvent la terre à l'aide de leurs pattes ; elles déposent ensuite un œuf dans ces trous après l'avoir approvisionné d'une pâtée composée de pollen et de miel, et le rebouchent avec soin en y rejetant une partie de la terre qu'elles en avaient tirée. On connaît deux ou trois espèces de ce genre aux environs de Paris ; la plus commune, et celle qui lui sert de type, est l'Andrène des murs [Andrena i32 ORDRE DES HYMENOPTERES. Flcsscv) [fig. 117]. Elle est d'un noir bleuâtre, couverte de poils d'un blanc grisâtre; les ailes sont noiriîtres. Nous figurons dans notre planche XI les Andrena nitida et trim- merana. La première est d'un noir brillant et poli sur le ventre, avec le thorax couvert d'un duvet jaune. Les ailes sont légèrement enfumées à leur extrémité et leurs nervures sont couleur de rouille. La seconde est également noire, mais son thorax et ses jambes sont garnis d'un poil roux assez épais sur le dos. Les antennes de la femelle sont plus longues que dans les autres espèces. La planche XI représente au-dessous de l'in- secte son nid et sa larve. Cet insecte est souvent attaqué par le Stylops MclittiV^ petit insecte figuré au haut de la planche. Au-dessus de V An- drena nitida, l'on y voit figuré le Cilissa hœnior- rhoïdalis^ genre très-voisin des Andrènes. Il est noir, couvert d'un duvet jaune pâle ; les 5" et 6' segments de l'abdomen sont couverts d'un duvet jaune d'or. Dans les Halictes^ les antennes des mâles sont beaucoup plus longues que celles des femelles; leurs ocelles sont disposés en ligne courbe, et leurs mandibules unidentées. L'Haï iciiis rubiciin- r 10. 117. — Andrena l'iessœ. dus, figuré dans notre planche iX, est noir, cou- vert d'un duvet brun rouge, avec les segments de l'abdomen bordés de blanc. Sur la même planche sont représentés au trait, en d la tête du mâle et en c son abdomen. Les Halictes font en terre des trous profonds, à plusieurs cellules latérales, comme celui de Y Andrena trim- incrana, représenté en bas de la planche XI. Les Colletés ont le premier article des tarses postérieurs assez long^ dépourvu de longs poils ; leur langue est courte, trilobée. Ces Apiens tapissent les parois de leur trou avec une liqueur visqueuse qu'elles éta- lent en se servant de leur languette comme d'un pinceau, et cette même matière leur sert à construire de petites cellules en forme de dé à coudre qui contiennent chacune un œuf et de la pâtée mielleuse, et sont empilées les unes sur les autres. FAMILLE DES APIENS OU MELLIFÈRES. [33 La trihu des Osmiidks renferme des insectes nidifiants, comme les précédents, mais qui en difierent essentiellement par la manière dont ils récoltent le pollen. Tandis que tous les autres Apiens recueillent ce pollen sur les jambes et le premier article de leurs tarses postérieurs, ceux-ci l'entassent à l'aide des brosses de leurs pattes sous l'abdomen, où il se trouve retenu par des poils étages dont il est garni en dessous. Ce caractère suffit pour distinguer les Osmiides de tous les autres Hymé- noptères. Cette tribu renferme plusieurs genres : les Osinics proprement dites ont des palpes maxillaires de c^uatre articles, les mandibules très-fortes, bidentées, carénées; l'abdomen des femelles est presque ovoïde, convexe en dessus, garni en dessous d'une brosse soyeuse. Les espèces de ce genre ont des mœurs fort remarquables. L'une d'elles, rOsmie du pavot (Osmia paparevis), nous offre une industrie admirable, décrite avec détail par Réaumur, dans son immortel ouvrage. Cette Osmie, à laquelle il donne si justement le nom d'Abeille tapissière^ est longue d'environ 8 milli- mètres, noire, hérissée de poils d'un gris roussàtre. Elle creuse dans la terre un trou perpendiculaire de 20 à 25 millimètres de profondeur, cylindrique, bien évasé et un peu ventru au fond, ressemblant à une fiole très- allongée fig. 1 18). Lorsque l'Abeille a achevé de lui donner les proportions convenables, elle songe à le tapisser. Dans cette vue, elle va couper avec beaucoup d'adresse, sur les fîeurs du coquelicot, des pièces de forme ovale qu'elle saisit entre ses pattes et va porter à son trou. Là elle les applique sur les parois et les étend avec un art admirable, ayant soin de les faire déborder son trou. Elle applique au moins deux couches de pétales l'une sur l'au- tre, et les pièces qu'elle découpe avec ses mâchoires sont d'une régularité que pourrait à peine atteindre le tailleur armé de ses ciseaux. Après que la tapisserie a été tendue, l'Abeille remplit le nid de pâtée jusqu'à un Fig. us. — Xid de l'Osram payme i34 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. quart environ de sa hauteur, et y dépose un œuf; puis, elle replie soi- gneusement les parties de la tapisserie qui dépassent l'orifice du nid, comme lorsqu'on replie sur lui-même un cornet de papier à moitié plein, et recouvre le tout de terre avec tant d'adresse, qu'on ne retrouve aucune trace du trou ni de la tapisserie. On trouve cette espèce aux environs de Paris. L'Osmie rousse {Osmia riifa) [PI. IX] est noire, très-velue, couverte de poils roux; sur son chaperon s'élèvent deux petites cornes pointues. Cette Osmie construit son nid dans la cavité de quelque pierre ou d'un mur, à l'abri de la pluie. Elle enduit de terre les parois de la cavité, de manière à n'y laisser qu'un trou bien circulaire. Elle remplit à moitié ce trou de pâtée, y pond un œuf, puis le bouche avec de la terre. Quelques espèces d'Osmies, entre autres VOsmia helicicola et VOsmiabicolor (fig. 1 19), mettent à profit les coquilles vides des coli- maçons, celles surtout des Hélix adspersa et nemoralis, pour y construire leurs nids. La première divise la coquille au moyen de cloisons papyracées en une dizaine de loges FIG. 110. — Osmia licolvr. . . i i a ^ r qui contiennent chacune de la patee et un œut; mais la dernière (O. bicolor) ne paraît pondre que dans la dernière loge du fond. Les iV/£^^ac/n7e5, très-voisines des Osmies, en diffèrent en ce que leurs palpes maxillaires n'ont que deux articles et que leurs mandibules sont quadridentées; leur labre^ en carré long, est très-développé, d'où leur nom qui signifie grande lèpre. Les matériaux qu'emploient les Mégachi- les varient suivant les espèces; ainsi la Mégachile des murs {M. muraria), que Réaumur nommait l'Abeille maçonne., travaille avec du mortier. Elle choisit, pour bâtir son nid, un trou ou un angle dans un mur exposé au midi. Ce nid est formé de sable et de terre finement gâchée, et liés ensemble au moyen d'une liqueur visqueuse qu'elle dégorge. Elle n'a pour outils dans cette opération que ses mandibules, qui font l'office de truelle. Elle étend sur l'endroit qu'elle a choisi une première couche cir- culaire du mortier ainsi préparé ; puis, sur ce fondement, elle dresse, les FAMILLE DES APIENS OU MELLIFERES. i35 Nid du Sleffockile muraria. unes à côté des autres, cinq ou six petites cellules d'environ 2 centimètres de hauteur et présentant la forme d'un dé à coudre. Avant de fermer chaque loge, elle y place un œuf ainsi que la pâture nécessaire à la larve. Quand la dernière cellule est achevée, elle étend, par dessus toutes ces petites constructions, une couche d'une ma- tière si solide, qu'on ne peut la briser qu'avec des instruments de fer. Ces nids sont assez communs aux environs de Paris, sur les murs en moellons bien ex- posés au midi ; mais il faut bien les connaître pour les distinguer, car on les prendrait volontiers pour une plaque de terre des- séchée, et aucune ouverture extérieure ne vient déceler cette demeure. Parfois, la Mé- gachile des murs creuse un trou dans l'espace compris entre deux briques, y construit ses cellules et referme l'entrée avec de la terre; c'est un nid de cette sorte que nous représentons ici (fig. 120). La Mégachile du rosier {Megachile ceiitiiiiciilaris) [PI. IX], que Réaumur nomme la coiipeiise de feuilles du rosier, est noire, couverte d'un duvet gris fauve; son abdomen est garni en dessous de poils d'un rouge cannelle, avec de petites taches blanches sur les côtés. Elle creuse, le plus souvent dans un sentier battu, ou bien quelquefois dans un vieux mur, un trou de 4 à 5 centimètres de profondeur, dans lequel elle construit plusieurs cellules en forme de dé à coudre et faites de feuilles de rosier proprement jointes en- semble (fig. 121 et 122), et de façon que le fond de l'un des dés s'insère dans l'ouverture du précédent, comme on voit chez le marchand les dés entrés les uns dans les autres (fig. i23, voy. p. i36\ Pour faire les pièces de sa tapisserie , elle coupe avec ses mandibules une pièce ronde dans une feuille (fig. 124 et i25, voy. p. i36), et cela avec autant de promptitude que nous pourrions le faire avec des ciseaux, FIO. 121 ut 122. i36 ORDRE DES HYMENOPTERES. FIG. 123 (voy. page 135 et avec beaucoup plus de régularité, car on les dirait tracés au compas. Elle emporte cette pièce et l'arrange dans son nid avec une propreté et une habileté incroyables; et, sans employer aucune matière liante, elle parvient à courber ces parcelles de feuilles les unes dans les autres avec une exactitude admirable, de manière à former le dé, les feuilles s'appliquant contre les parois de la galerie, par suite de leur élasticité propre. Elle remplit alors la cellule, terminée d'une pâte miellée qui, recueillie sur les fleurs du chardon, conserve une jolie teinte rosée, puis elle y dépose un œuf. Elle ferme alors la cellule avec trois petites pièces rondes qui doivent former le fond du dé suivant, et elle procède ainsi jusqu'au bout de la galerie. On rencontre très- fréquemment cette Mégachile dans les jardins des environs de Paris. On trouve communément en France la Mégachile des poiriers {Mégachile pyvina) ^ et la Mégachile à ceinture {Méga- chile cincta) qui emploie les feuilles de la bourdaine. UAuthidiiim manicatian, représenté (fîg. 104) à la page 124, est noir, tacheté de jaune; sa tète est aussi large que son thorax, avec trois ocelles placés sur le front en triangle; le ventre, un peu courbé, est muni dans la femelle d'une touffe de poils en brosse, et terminé dans le mâle par cinq épines. L'Anthidie creuse dans le tronc pourri des saules, ou ^,. utilise la galerie vide de la chenille du Cossus. Lorsque l'excavation est préparée, elle recueille sur les plantes, telles que les lychnis, les silènes, le duvet qui les recouvre pour en garnir son nid et en fabri- quer, à l'aide de la salive gommeuse qu'elle sécrète, une cellule en forme de cocon. Elle remplit à moitié cette cellule de pollen et de miel, puis y dépose un œuf d'où sort la larve à laquelle sont destinées ces provisions. Celle-ci, lorsqu'elle a atteint tout son développement, se file un cocon de Vu;. 121 et 125. - Mrgachile FAMILLE DES APIENS OU MELLIFERES. iB? soie d'où elle sort au milieu de l'été à l'état d'insecte parfait. Cet insecte est assez répandu en France. Une autre espèce, qui habite le midi de la France et l'Algérie, VAnthidie tachetée, fait son nid dans les coquilles vides des colimaçons, comme le font quelques Osmies. La dernière tribu des Apiens, celle des Nomadidcs^ renferme des espèces dont la manière de vivre est bien difl'érente de celle des tribus précédentes. Celles-là ne construisent plus de nids pour abriter leurs petits. Les organes propres à la récolte du pollen leur manquent ; leurs pattes simples, dépourvues de palettes et de poils, ne leur permettent plus de recueillir des provisions, et elles ne nourrissent pas leurs larves. Ne pouvant pas construire de demeures ni préparer de nourriture pour une progéniture incapable de se mouvoir, et qui cependant ne peut vivre que de pollen et de miel, elles vivent en parasites aux dépens des provisions amassées par de plus industrieuses qu'elles. Tels sont les Cœlyoxis^ Hyménoptères velus qui ont beau- coup de l'aspect des Mégachiles, aux dépens desquelles ils vivent la plupart. Le Cœlyoxis FiG. 126. — yomada sex/asciata. simplex, dont nous figurons dans notre planche IX le mâle et la femelle, est surtout remarquable par la différence de forme qui existe entre les deux sexes. Dans la femelle, l'abdomen est étroit, terminé en pointe ; dans le mâle, au contraire , l'abdomen est large, tronqué à l'extrémité, et fortement denté, comme le montre la figure. Chez ce dernier, la tète est aussi beaucoup plus large et le corselet plus globuleux. Les Nomades proprement dits sont de petits Hyménoptères à antennes coudées, à palpes maxillaires de six articles. Elles ont générale nent le corps glabre et ressemblent beaucoup, par la disposition de leurs couleurs noires ou ferrugineuses mélangées de jaune, à de petites guêpes. Ces petits Apiens s'introduisent dans les nids des Andrènes et autres Abeilles soli- taires pour y déposer leurs œufs; les larves qui en sortent dévorent la provision de miel des propriétaires légitimes du nid, qui meurent affamés. La Nomade ruficorne {Xomada ritjîcornis) ^ tigurée dans notre ,38 ORDRE DES HYMENOPTERES. planche XI, se trouve dans les environs de Paris. La Nomade à six bandes {Nomada sex/asciata), figurée ci-devant (fig. 126, voy. p. 137), est noire avec l'écaillé des ailes et six bandes sur l'abdomen de couleur jaune. Cette espèce se trouve en Suisse. Les Mélectes sont des Apiens velus, noirâtres, tachetés de blanc. Comme les précédents, ils sont dépourvus des instruments propres à construire leur nid et à récolter le pollen, et ils vivent en parasites aux dépens des Anthophores auxquels ils ressemblent. Ces Mélectes déposent leurs œufs dans le nid des Apiens constructeurs, et leurs larves, qui éclo- sent les premières, se nourrissent de la pâtée mielleuse déposée par l'An- thophore, et affament ainsi les petits de celle-ci, qui, lorsqu'ils naissent, ne trouvent plus rien à manger. Dans notre planche IX est figuré le Melecta arma ta. FAMILLE DES VESPIENS. 1^9 FAMILLE DES VESPIENS La famille des Vespiens comprend des insectes sociaux où l'on trouve les trois sortes d'individus. Leur corps dépourvu de poils indique que ces insectes ne peuvent plus récolter le pollen des fleurs ; ils ne sécrètent pas de cire et construisent leurs nids avec des fibres végétales qu'ils cou- pent et mettent en œuvre à l'aide de leurs fortes mandibules. Les Ves- piens ne conservent pas leurs ailes supérieures étalées au repos, comme les Apiens ; ils les plient en deux dans le sens de leur longueur, de sorte qu'elles paraissent alors très-étroites, et ne les étendent que pour voler. Leurs antennes sont coudées ; leurs pattes postérieures simples avec les jambes pourvues de deux épines à l'extrémité. Les femelles et les neutres sont toujours armés d'un aiguillon. Comme chez les Abeilles et les Bourdons, leurs sociétés sont compo- sées de mâles, de femelles et de neutres; mais ces sociétés sont annuelles comme celles des Bourdons, c'est-à-dire que quelques femelles, échap- pées aux rigueurs de la saison, passent l'hiver engourdies dans quelque retraite, et s'éveillent au printemps pour édifier leur nid, pondre leurs œufs et élever leurs larves. Les Vespiens, connus généralement sous le nom de guêpes^ s'attaquent surtout aux fruits et aux matières sucrées ^ ils se nourrissent d'ailleurs de toute espèce de sucs végétaux ou animaux. La famille des Vespiens se divise en trois groupes ou tribus fondés sur la forme du corps et l'attache de l'abdomen. Ce sont les Vespides , les Polis tides et les Epiponides. La première, celle des Vespides, à corps épais, à abdomen sessile^ à chaperon ayant son bord antérieur tronqué, ne comprend que le genre Guêpe proprement dit [Vespa). Ce genre ren- ferme un grand nombre d'espèces répandues dans toutes les parties du monde, mais plus particulièrement dans les pays chauds. Toutes sont d'une assez grande taille et offrent des couleurs jaunes ou ferrugineuses sur un fond noir. I40 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Les sociétés des Guêpes ne durent dans nos pays que depuis le prin- temps jusqu'aux premiers froids. Les individus qui les composent sont tous ailés et se ressemblent sous le rapport des couleurs. Les femelles sont seulement plus grandes que les mâles et les neutres, et ceux-ci à peu près égaux entre eux. Les mâles seuls sont dépourvus d'aiguillon. Les Guêpes construisent des nids très-remarquables, dont un petit nombre sont souterrains ou placés dans des creux d'arbres ; les autres sont établis en plein air ■ mais, quelles que soient leurs habitudes et leur industrie à cet égard, l'origine de leurs sociétés est la même pour toutes les espèces. Ces sociétés doivent leur naissance à des femelles fécondées l'année pré- cédente, qui ont échappé dans quelque retraite aux rigueurs de l'hiver. Elles se mettent isolément à Touvrage et jettent les fondements d'un nid en construisant quelques cellules dans chacune desquelles elles déposent un œuf d'où, au bout de quelques jours, sort une larve. La mère ne trouvant pas de fleurs à cette époque, qui correspond aux premiers jours du printemps, nourrit d'abord ces larves avec les sucs d'autres insectes, surtout d'Hyménoptères et de Diptères, qu'elle mâche et réduit en une sorte de bouillie. Les premiers insectes parfaits qui naissent sont des neutres, qui se mettent aussitôt à aider leur mère en construisant de nou- velles cellules; celle-ci finit même par ne plus travailler ni sortir du nid, où elle continue de pondre, tant dans les cellules nouvellement faites que dans celles qui ont déjà servi de berceau à d'autres larves. Pendant ce temps les neutres la nourrissent en lui dégorgeant la nourriture qu'ils ont recueillie sur les fleurs. Vers la fin de l'été, il naît des femelles et des mâles, qui ne s'accouplent qu'au commencement de l'automne. Les mâles meurent bientôt, et quand les premiers froids se font sentir, les femelles se réfugient sous quelque abri pour y passer l'hiver. Vers la même époque, en octobre, les neutres, comme pris d'un accès de fureur^ font un massacre général de toutes les larves qui existent encore dans le nid; puis, bientôt après, ils se dispersent et ne tardent pas à périr de froid et de faim. La société est alors anéantie, et les femelles fécondées, qui se sont cachées pour hiverner, en sont les seuls débris. Les nids que construisent nos Guêpes indigènes sont formés d'une FAMILLE DES VESPIENS. 141 sorte de papier grossier, mais flexible, et qu'on peut chitlbnncr sans le rompre. Les matériaux qu'elles emploient à cet effet consistent en par- celles de bois sec et à demi décomposé, qu'elles réduisent en pâte à l'aide de leurs vigoureuses mandibules, en y ajoutant une liqueur visqueuse; après quoi elles l'étaient en lames minces, qu'elles polissent en passant dessus leur languette à plusieurs reprises. Ces nids, du reste, varient pour la forme autant que les espèces. La Guêpe vulgaire (Vespa vidgaris) [fig. 127] que tout le monde con- naît, construit un nid que l'on nomme guêpier. Ce guêpier est construit sous terre, à la profondeur d'environ 16 centimètres, communiquant à la surface du sol par un chemin rarement creusé en ligne droite. La forme du nid est ordinairement celle d'une boule de 3 à 4 décimètres de large. 11 est entièrement composé de parcelles de vieux bois que les Guêpes détachent à l'aide de leurs mandibules, qu'elles humectent ensuite et pétrissent pour les convertir en une pt\te semblable à du carton et imperméable à l'eau. Chaque ouvrière revient des champs chargée d'une petite boulette de cette pâte molle , qu'elle porte •^ ' ^ ^ ^ Vlti 127. - res^a ful^arii. entre ses mâchoires; elle va aussitôt l'appliquer à la partie du nid qui est en construction. Dans cette opération, elle marche à reculons, et à chaque pas qu'elle fait, elle étale une portion de la petite boule ligneuse sans la détacher du reste qu'elle tient entre ses deux premières pattes. Après l'avoir ainsi étendue en une lame mince et entièrement appliquée, elle passe et repasse sur son ouvrage sa langue enduite d'une liqueur gommeuse qui lui donne un beau poli. Le guêpier se compose de deux parties principales : de l'enveloppe et des gâteaux qu'elle renferme. L'enveloppe a souvent plus de 2 centi- mètres d'épaisseur. Elle n'est point massive, mais composée de douze à quinze couches qui laissent des vides entre elles, et dont chacune est aussi mince qu'une feuille de papier. L'expérience démontre qu'une surface bosselée offre, toutes choses égales d'ailleurs, une bien plus grande résistance qu'une surface simple- ment unie. Ce principe a été appliqué avec beaucoup d'art par la Guêpe ORDRE DES HYMENOPTERES. commune dans la construction de l'enveloppe de son nid qui est rabo- teuse et semble faite de coquilles bivalves posées les unes sur les autres, de manière à ne laisser paraître au dehors que leur extérieur convexe. L'intérieur du guêpier contient douze à quinze gâteaux parallèles dispo- sés horizontalement ou par étages, et garnis chacun inférieurement de plusieurs centaines de cellules hexagonales remplies d'œufs ou de larves. Des chemins sont pratiqués pour la circulation entre ces gâteaux, et aboutissent à deux portes rondes ménagées pour l'entrée et la sortie des Guêpes. Ces planchers de carton qui supportent tant de berceaux, sont solidement soutenus, d'es- pace en espace, par des colonnes de même matière que le reste du nid ; mais massives et toujours d'un plus grand diamètre à leur base et à leur chapiteau que dans leur milieu. La Guêpe des arbres [Vespa arborea), re- présentée avec son nid dans notre planche XI, habite les bois de nos environs; elle construit son nid avec une matière parfaitement sem- blable quant à la couleur et à la consistance; mais au lieu de le placer en terre, elle le sus- pend entre les branches des arbustes. Ce guêpier, qui n'est jamais très-étendu, est en- touré de nombreux feuillets, ce qui, joint à sa forme sphéroïdale^ lui donne l'aspect d'un chou ou d'une énorme rose grise. Dans notre planche IX est représentée la Guêpe commune et au-dessus le Vespa crabro, la plus grande de nos espèces, et celle dont la piqûre est la plus redoutable. Le Vespa crabro, vulgairement connu sous le nom de Frelon, place son nid dans les cavités des vieux arbres, et em- ploie pour le construire d'autres matériaux que les précédentes : au lieu de bois mort, il se sert d'écorce d'arbres vivants, et le papier qu'il 128 et 12;i. - Piéiie et auue ùcc par les Préions (voy. page 143). FAMILLE DES VESPIENS. 143 fabrique est plus épais, plus grossier et plus fragile ; ce nid, qui est beau- coup plus petit que celui du Vcspa vulgaris^ est également recouvert de plusieurs enveloppes, mais elles sont séparées les unes des autres par des intervalles de 12 à i5 millimètres et ressemblent à de grandes écailles. Des passages pratiqués dans leurs parois conduisent dans l'inté- rieur du nid. Les Frelons font souvent des dégâts assez considérables FIG. 130 et 131. — Vespacincla. en dépouillant les arbres de leur écorce, surtout les frênes et les aunes (fîg. 128 et 129, voy. p. 142). Dans notre planche XII est représentée une magnifique espèce étran- gère, la Guêpe Mandarine {Vespa Mandarinia) de la Chine et du Japon. Ses couleurs sont celles de notre Guêpe commune, mais plus brillantes, et les ailes sont d'un jaune clair plus foncé à la base. Nos figures i3o et i3i représentent le Vcspa cincta, également asiatique et répandu dans presque toute l'Inde. Il est d'un brun foncé avec une large bande jaune brillant, marquée de deux points noirs. 144 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. La tribu des Polistides comprend des Vespiens à corps élancé, à abdomen aminci à sa base en pédicule ; leur chaperon a son bord anté- rieur angulaire. Le genre Polistes est le plus nombreux en espèces et le mieux connu. Ces insectes font des nids moins parfaits que ceux des vraies Guêpes, en ce qu'ils n'ont jamais d'enveloppes; les gâteaux sont à nu. On 'trouve pendant toute la belle saison^ sur les genêts et d'autres arbustes, la Poliste française [Polistes gallica) [fig. i32]. Dès les premiers beaux jours, la femelle suspend à une tige un simple gâteau porté par un Fig. 132. — rolislesgank pédicule et contenant un petit nombre de cellules, comme on le voit dans la figure ; dans chacune d'elles elle pond un œuf, et élève les larves qui en sortent et qui, devenues insectes parfaits, aident la mère et agrandis- sent le nid en y ajoutant des cellules ; quelquefois aussi, mais plus rare- ment, elles superposent un second gâteau au premier. Depuis le moment où l'œuf a été déposé dans sa cellule, une vingtaine de jours suffisent pour que l'insecte ait accompli toute son évolution. La Poliste de Tasmanie [Polistes Tasmaniensis) que nous figurons ci- après (fig. i33, voy. p. 145), est la plus brillante du genre; son thorax est FAMILLE DES VESPIENS. 145 marron, son abdomen couleur de rouille et ses ailes d'un brun pâle. Son nid, comme on le voit dans la figure, ressemble à un bouquet de clochettes. Ces nids sont d'ailleurs de formes très-variables, suivant les espèces ; nous en donnons ici quelques exemples. La figure i33, à droite, représente le nid sus- pendu du Polistes aterrima; ce sont des espèces de cornets suspendus les uns au bout des autres; l'insecte est tout noir. Ce- lui (fig. 134) à gauche est com- posé de trois corps en forme de gousses, réunis par une seule tige qui les suspend à une branche d'arbre. Sous cette enveloppe, les cellules, au lieu d'être placées côte à t (voy. page 144). Flo. 134 et 135. — Polistes aterrima. côte, sont placées sur une ligne droite alternativement, chacune d'elles dépassant de moitié la précédente. On ne sait à quelle espèce appartient 146 ORDRE DES HYMENOPTERES. Apoïca pallUla. ce nid qui vient du Brésil. Le genre Apo'ica, très-voisin des Polistes, n'en diffère que par la forme campanulée du second segment de l'abdomen. U'Apoica pallida du Brésil, ainsi nommé de la couleur d'un brun jaunâtre pâle de son corps, construit un nid fort curieux, représenté avec son auteur dans notre figure i36. Au même groupe appartient le Mischocyt- tanis labiatus du Brésil; il est brun, couvert d'un léger duvet gris. Son nid, que nous figurons ici avec son constructeur (fig. 1^7), affecte une forme toute différente de celles que nous avons vues jusqu'ici. Il est fait d'un papier très-fort et paraît formé de trois parties distinctes. A la partie inférieure sont placées les cellules, dont l'ouverture regarde le sol, puis au-dessus de chaque cellule se trouve un auvent qui les protège contre la pluie ; enfin vient la tige par laquelle tout le nid est suspendu à quelque branche. Cette tige est très-longue et aussi solide qu'une soie de la même grosseur. L' Icaria ferriiginea, que nous représentons ici avec son nid (fig. i38, voy. p. 147), est voisin des Polistes. Cet insecte est noir avec une large bande couleur de rouille au centre de l'abdomen. Le nid de l'Icaria est encore de forme singulière; il ressemble à deux fiûtes de Pan accolées l'une à l'autre et suspendues par un lien fixé à la base du premier tube. Ce petit Vespien vient de l'Inde. La troisième tribu des Vespiens, celle des Epiponides, comprend de petites Guêpes des régions tropicales, à corps court et ramassé, à abdomen peu ou point pédoncule, à mandibules quadridentées. Des deux genres que comprend ce groupe, le premier, Epipone, ne renferme que quelques espèces, Mischocyttar\ FAMILLE DES VESPIENS. 147 dont les constructions nous sont inconnues. Le second, Chavtcrgiis , nous otïre plusieurs espèces américaines très-intéressantes. L'une d'elles, la Guêpe cartonnière yChartergus niditlans), fort répandue à Cayenne, est noire avec une ligne sur le corselet, une sur l'écusson et le bord postérieur de chaque anneau de l'ahdo- men jaunes. Les nids que construit cette petite Guêpe sont très-remarquables ; leur forme se rapproche de celle des Guêpes pro- prement dites, c'est-à-dire elles sont complè- tement enfermées sous une enveloppe. Celle- ci, aussi bien que les gâteaux, est formée d'une sorte de carton tellement analogue à celui que fabriquent les cartonniers, que le meilleur ouvrier s'y tromperait lui-même. Ces nids, quelquefois fort grands, renferment jus- qu'à huit et dix gâteaux, et il n'existe aucun espace pour circuler le long des parois du nid; il est complètement fermé de tous côtés et n'a qu'une ouverture en dessous pour le passage des petites Guêpes. Ces nids, qui ont la forme d'un sac, sont suspendus aux branches des arbres. Une autre espèce de ce genre, le Charlergus brasiliensis, que les habi- tants nomment Lechegtiaiia, récolte souvent son miel sur des plantes vénéneuses et occasionne des empoisonnements chez les personnes qui le mangent. Fiu. 138. — Icaria/errVffinea. (voy. page 146). 148 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. FAMILLE DES EUMENIENS Les Euméniens ont encore de grands rapports avec les Vespiens, sur- tout par la disposition de leurs ailes; mais leurs caractères naturels et surtout leurs mœurs, les en distinguent bien nettement. Ils ont le corps oblong, assez allongé ; des antennes composées de treize articles dans les mâles et de douze dans les femelles; leurs mandibules^ beaucoup plus longues que larges, sont rapprochées en avant en forme de bec et den- tées ; leur languette est étroite et allongée ; leurs ailes sont repliées dans le sens de leur longueur, comme chez les Guêpes. Les Euméniens vivent solitaires; il n'existe pas chez eux d'individus neutres, et la femelle seule pourvoit au soin de sa progéniture. Les insec- tes parfaits vivent sur les fîeurs dont ils pompent le miel ; mais ils ne sont nullement organisés pour le récolter, non plus que le pollen, et ne sau- raient en approvisionner leurs larves. Celles-ci sont carnassières et vivent de proie vivante; mais, ce qu'il y a de singulier, outre cette différence de régime entre l'insecte parfait et sa larve, c'est que celle-ci est privée de pieds et incapable de se mouvoir. Comment fera-t-elle donc pour se pro- curer cette proie sans laquelle elle ne peut vivre 7 C'est la mère qui la lui procurera. En effet, cette mère industrieuse, qui ne vit que du nectar des fîeurs, va faire la guerre aux insectes pour assurer l'existence de sa pro- géniture. En général l'Euménien s'attaque à une espèce particulière pour en approvisionner son nid. La femelle pique de son aiguillon ses victimes et les emporte dans son nid. L'insecte ainsi blessé ne meurt pas de la blessure, il demeure plongé dans un état anesthésique qui, tout en le rendant incapable de se mouvoir et de se défendre, lui conserve sa fraî- cheur et sa souplesse. Les larves qui éclosent auprès de ces provisions péniblement amassées par leur mère, trouvent à leur portée une nourri- ture convenable, en quantité suffisante pour toute la durée de leur exis- tence de larve. Et cette pauvre mère qui, guidée par un instinct admi- FAMILLE DES EUMÉNIENS. 149 rable, a assuré l'existence de ses petits par des moyens si opposés à sa propre manière de vivre, ne verra même jamais ses enfants; car elle aura cessé de vivre lorsque ceux-ci viendront à éclore. On divise la famille des Euméniens en deux tribus distinctes : les EuMÉNiDES et les Odynêrides. Dans la première sont les Eumenes proprement dits, bien reconnais- sables à leur abdomen, dont le premier anneau ressemble à une clochette. Leur livrée est à peu près celle des Guêpes, mais leur corps est bien plus allongé. L'espèce la plus répandue de ce genre, en France, est l'Eumène étranglé [Eumenes coarctata)^ long de 12 à i5 milUmètres, noir, avec des taches et le bord des segments abdominaux jaunes. Cette espèce fait son nid sur les graminées et surtout sur les bruyères ; il consiste en une petite boule sphérique, de terre très- fine, dans laquelle la mère ne dépose qu'un seul œuf avec la pâture néces- saire à sa larve. Elle construit plusieurs nids de la même espèce. Dans notre planche X est repré- sentée une belle espèce de l'Inde , l'Eumène affamé [Eumenes esiiriens) ; au-dessous de l'insecte est représenté le nid, qu'il approvisionne avec de petites chenilles arpenteuses. Les Synagris diffèrent des Eumenes par leur lèvre terminée par quatre lanières, tandis qu'elle est trilobée chez ces derniers. Les Synagris sont tous exotiques. L'un des plus remarquables est le Synagris cornuta 'fig. iSg), de l'Afrique australe. Sa couleur générale est noire avec le tour du corselet, les ailes et les mandibules d'un brun jaunâtre. Ces dernières sont d'une taille énorme, en forme de faulx et portent à la base une très- forte dent. La seconde tribu des Euméniens, celle des Odynérid es, a pour carac- tères : l'abdomen à peine pédicule, la lèvre trilobée avec le lobe du milieu plus grand et bifide; les palpes maxillaires longues. Les Odynères FIG. 139. — Syna/jris cornuta. ,5o ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. sont les plus nombreux et les plus répandus du groupe. Ils ressem- blent à de petites Guêpes noires ceinturées de jaune. Réaumur, et après lui Audouin et Léon Dufour, ont fait des observations pleines d'intérêt sur les Odynères. L'espèce dont parle Réaumur sous le nom de Guêpe solitaire^ est l'Odynère à pattes épineuses [Odynerus spinosus) suivant Audouin, et l'Odynère des murailles {Odynerus murarius) , de Latreille. Il est noir, avec les antennes et le front jaunes, deux taches sur le devant du corse- let et quatre bandes sur l'abdomen , également jaunes. Cet Odynère, qui n'est pas rare aux environs de Paris, creuse dans le sable ou dans les vieilles murailles un trou cylindrique, qu'il prolonge au dehors, en y adaptant un petit tuyau construit en guillochis avec la terre qu'il retire de sa galerie souterraine. Ce tuyau est sans doute destiné à garantir son nid de l'invasion des insectes étrangers. Quand ce nid est terminé, il y dépose un œuf; mais avant d'en maçonner l'entrée, il était nécessaire de pourvoir à la nourriture de la larve qui doit prendre tout son accrois- sement dans cette retraite et y subir toutes ses transformations. L'Ody- nère s'en va donc chercher une petite chenille verte sans pattes qui, dans le repos, se tient roulée sur elle-même; il la saisit, la force à s'étendre le long de son corps, afin qu'elle puisse entrer plus facilement dans son trou, et vient la déposer au fond de sa cellule, où la chenille se roule d'elle-même en anneau. L'Odynère en entasse ainsi dix à douze, toutes disposées en forme annulaire, puis il ferme l'ouverture du trou avec les matériaux de l'échafaudage qu'il avait construit à l'entrée. La larve de l'Odynère éclôt, mange une première chenille, puis une seconde, et ainsi successivement jusqu'à la dernière. Alors elle a atteint tout son développement, et se file un cocon pour s'y transformer en nymphe, et ce n'est qu'au printemps suivant qu'elle perce le plafond de sa demeure et prend son essor à l'état d'insecte parfait. Une autre espèce d'Odynère, VOdynerus rubicola, placée par quelques auteurs dans le genre Oplopus, construit son nid dans une tige de ronce sèche; elle le divise en loges, au moyen de terre sableuse pétrie, et FAMILLE DES EUMÉNIENS. i5i dépose dans chacune d'elles un œuf avec de petites chenilles de Pyrales. La larve passe l'hiver engourdie dans sa cellule et se métamorphose au printemps suivant. Le Rhynchium iiitiJiiliini , figuré dans notre planche X, est un Ody- nère de l'Inde; il établit son nid dans les branches du bambou. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. FAMILLE DES CRABRONIENS Comme les Euméniens qui les précèdent et les Sphégiens qui les suivent, les Crabroniens vivent à l'état d'insecte parfait sur les fleurs, comme c'est le cas de presque tous les Hyménoptères; mais leurs larves ne vivent que de proie vivante. Cette proie leur est apportée par les mères, qui creusent dans la terre ou dans le bois, comme nous l'avons vu précédemment, une demeure pour leur progéniture. Les Crabroniens sont des Hyménoptères de moyenne taille, recon- naissables à leur tète large et carrée et à leurs jambes plus ou moins ciliées ou épineuses. En outre, leur labre est peu saillant, leurs mâchoires et leur lèvre courtes ne constituent pas de trompe; leurs antennes sont droites, leurs pattes robustes. La famille des Crabroniens se divise en trois tribus : les Crabrouidcs, les Lavrides et les Benibécides , basées sur la forme du labre et des mandibules. La première tribu, celle des Crabro.nmdes, dont le labre est caché et les mandibules unies sans échancrure, renferme des genres nombreux; elle a pour type le genre Crabro assez riche en espèces , dont plusieurs offrent des habitudes pleines d'intérêt. Le Crabro à grosse tête {Crabro cephalotes) creuse des cellules dans le bois pourri à l'aide de ses mandi- bules, et en rejette à mesure les parcelles avec ses pattes postérieures. Dans chaque cellule il dépose un œuf qu'il approvisionne de Diptères. Les Crabro ont les antennes coudées , fusiformes dans les mâles et fili- formes chez les femelles. Leurs larves (PI. VI II,/,' sont apodes. Dans la planche VIII est représenté le Crabro quadrimaculatits ^ l'un des plus communs. Il est noir tacheté de jaune; le ventre porte quatre bandes jaunes interrompues au milieu, d'où son nom de quadrimaculatus. Le Crabro subtcrraueiis (fig. 140, voy. p. i53) est du midi de l'Eu- rope; il est noir tacheté de jaune. FAMILLE DES CRABRONIENS. i53 Dans le genre Tripoxylou , les antennes sont en massue et les mandi- bules hidentées. Le Tn'poxyloii rejector est figuré dans notre planche X et au-dessus de lui ses cellules allongées, qu'il approvisionne de petites araignées vertes; puis il dépose un œuf dans chacune d'elles et en ferme rouverture. Les Diodontes et les Pcmphredon qui creusent des tubes dans le bois pourri, apportent à leur nid une quantité considérable de Pucerons qu'ils vont chercher sur les plantes en les saisissant avec leurs mandibules. Les Melliiies ont des antennes presque filiformes et des mandibules tridenlées PI. VIU, c. d. e.). Le Melline des champs {Mellimis arvensis)^ représenté dans notre planche VIII, est noir varié de jaune, avec les pattes de la même cou- leur. Cet Hyménoptére creuse son nid dans les terrains sablonneux, et les approvisionne avec des Diptères de diverses espèces. La larve se nourrit de ces insectes, et lorsqu'arrive le moment de sa transformation en nymphe, elle se construit une coque soyeuse qu'elle consolide avec les débris de ses victimes. Les Cerceris se reconnaissent à leurs an- tennes renflées en massue et aux premiers seg- ments de l'abdomen qui sont étranglés. On en connaît plusieurs espèces habitant la France et la plus grande partie de l'Eu- rope. L'une d'elles, le Cerceris des sables {Cerceris arenaria)^ creuse son nid dans les terrains sablonneux, et oftre cette particularité singulière, qu"au lieu de choisir pour la nourriture de ses larves, comme font les autres Crabronides, des insectes à téguments mous tels que les Chenilles ^ les Diptères^ les Araignées, il recherche les Coléoptères les plus durs et principalement des Charançons. Il faut croire cependant qu'il choisit de préférence ceux qui sont nouvellement éclos et dont les téguments n'ont pas encore eu le temps de se solidifier. Le Cerceris arvcnsis , représenté dans notre planche VIII, est comme ses congénères, noir varié de jaune. Comme l'espèce précédente, il approvisionne ses lar\es avec des FiG. iiO. — Crabro sit^terrane (voy. page 152). i54 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Charançons, entre autres les Otinvhynchus^ dont l'enveloppe cornée est si dure qu'on a de la peine à la percer avec une épingle. Les Philanthes à antennes brusquement terminées en massue, à mandi- bules unidentées, à abdomen contracté à la base, nous offrent un exemple de témérité singulière. Le Philanthe apivore {Philanthus apivorus) rôde autour des ruches, et, malgré sa taille plus petite et le redoutable aiguillon de son adversaire, il fond sur le dos de Tabcille occupée à butiner dans quelque fleur, la saisit avec ses mandibules par le cou, et lui enfonce son aiguillon dans l'abdomen, avant qu'elle ait eu le temps de se mettre en défense. Puis il l'emporte engourdie dans son nid pour servir de pâture à ses larves. Il est curieux de voir le Philanthe emportant cet insecte plus gros que lui, et s'etîbrçant de le faire entrer dans son trou, en le tirant à lui à reculons. Parfois, malgré tous ses efforts, il ne peut en venir à bout; il sort alors, lui coupe les pattes et les ailes, et fait entrer son corps mutilé en le comprimant comme à la filière. La larve du Philanthe, repue d'abeilles, se file un curieux cocon en forme de fiole allongée, dans lequel elle se transforme en nymphe, puis en insecte parfait. Le nid du Philanthe consiste en une galerie presque horizontale de 20 à 25 centimètres de pro- fondeur, qu'il creuse avec ses mandibules dans les talus des chemins sablon- neux. Le Philanthe apivore est noir tacheté de jaune ; son abdomen, de cette dernière couleur, porte une tache triangulaire noire sur chaque anneau. Les espèces du genre Astate se distinguent à leurs antennes grêles, filiformes, à leurs mandibules arquées, bidentées, à leurs jambes épaisses. Ces insectes font leurs nids, comme les précédents, dans les chemins sablonneux et les approvisionnent avec des larves et des nymphes de Punaises des bois. A la planche VIII est représenté YAstata bnops mâle; en g.^ planche VIII, on voit la tête de la femelle. La seconde tribu, celle des Larrides, est caractérisée par un labre toujours caché et des mandibules offrant à leur base, au côté interne, une profonde échancrure. Les représentants de ce groupe ne sont pas nom- breux : ce sont des insectes de petite taille, de couleur noire enfumée, variée de jaune. Us sont principalement répandus en Europe et dans le nord de l'Afrique. Leurs mœurs sont analogues à celles des autres Crabroniens. FAMILLE DES CRABRONIENS. i55 Bembex rostrata. La troisième et dernière tribu de la famille des Crahroniens est celle des Bembécides. Ces insectes^ en général propres aux régions chaudes du globe, sont d'une assez grande taille, et ont un corps robuste, de couleur noire tachetée de jaune. Ils ont pour caractères le labre triangulaire, vi- sible; les mandibules pointues, uniden- tées au côté interne. Leurs habitudes se rapprochent beaucoup de celles des pré- cédents; les femelles creusent des trous dans le sable pour y déposer leurs œufs, et les remplissent d'insectes pour servir à la subsistance de leurs larves. Ces Crabroniens sont extrêmement agiles et volent rapidement de fleur en fleur, en faisant entendre un bourdonnement aigu. Quelques-uns exhalent une odeur de rose très-prononcée. Le Bembex à bec Bembex rostrata) [iîg. 141], type du genre Bembex, est noir avec cinq bandes sinuées d'un jaune citron; les pattes sont de même couleur. On trouve cette espèce aux environs de Paris. Elle creuse des trous profonds dans les terrains sa- blonneux exposés au plein midi, et y entasse une quantité de petits Diptères, surtout des Syrphides; puis elle y dé- pose ses œufs et ferme l'entrée du nid. Une autre espèce , le Bembex à larges tarses {Bembex tarsata)^ du midi de l'Europe, nourrit ses larves avec des Diptères du genre Bombylius. Les Sti^es ont, au contraire des Bembex, le labre et les mâchoires courts et ne formant pas la trompe. Quelques espèces se rencontrent dans la France méridionale et l'Espagne ; elles vivent dans les terrains sablonneux. sptcioms çf (vny. pape 150). ,56 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Les Sti{es, dont le nom tiré du grec signifie /'o/7//„ps »,<,><,& (vo,-. page iii 2. œufs que cette tarière est sus- ceptible de se dérouler. Les antennes sont presque liliformes chez les vrais Cynips. Parmi les espèces les plus répandues, nous citerons le Cynips des FAMILLE DES CVNIPSIENS. feuilles du chêne [Cynips quercus) figuré d'autre part (fig. 202, p. 208), et auquel se rapportent les généralités exposées plus haut. Dans notre planche XIII est figuré le Cynips Kollari, ainsi que les galles produites par ses piqûres. Ces galles, très-communes sur les chênes en Angle- terre, sont placées sur les branches à la naissance du pédoncule des t'euilles ; elles ont 25 à 3o millimètres de diamètre et sont dures comme du bois; l'insecte trouve cependant le moyen de ronger cette épaisse et dure muraille pour sortir de sa prison. La noix de galle, dont on se sert pour la con- fection de l'encre et des teintures noires, avec une dissolution d'acide sulfu- rique ou de sulfate de fer, est produite par un Cy- nips qui habite le midi de l'Europe et surtout le Levant. On lui donne le nom de Cynips de la PIG. 20s. - Cynips lerminaJis (vov. gallc à teintUrC (CVUipS Fk:. £09. - Rose du Saille CtVn/>« page 213). ' " saUcis) [vov. page 213]. gallœtinctoriœ). C'est un petit insecte long de 5 millimètres, d'un fauve pâle, avec un duvet soyeux et blanchâtre; des ailes diaphanes, avec les nervures jaunes, l'abdomen fauve, avec une tache noire au milieu. Quand le mo- ment de la ponte est venu, la femelle fait de petites entailles sur un chêne d'Orient {Quercus infectoria), et dans chaque fente elle dépose un œuf. Les excroissances ne tardent pas à se développer, et la petite larve établie au centre de la galle se nourrit de la substance qui l'entoure. La noix de galle est plus petite qu'une noix, habituellement de forme ronde et tellement dure qu'on ne peut la briser qu'au marteau ; sa ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. FIG. 210. — (Inll,- .lu Cyjiips aplerns (v couleur extérieure est d'un gris brunâtre lisse. Quelques-unes de ces galles sont percées d'un trou, comme on le voit dans la figure 2o3, page 209 : c'est quand l'insecte est sorti ; mais on les recueille avant ce moment, parce qu'elles contiennent alors plus de matière astringente. Le Cynips de la rose (Cynips rosœ) est une des espèces les plus communes dans notre pays. 11 est noir, avec les pattes ferrugi- neuses; l'abdomen de la même couleur, avec l'extrémité noire. Les galles produites par cet insecte sont assez communes sur les rosiers; elles sont fort singulières et connues sous le nom de bédégars. Ce sont des excroissances chevelues, de couleur verte, qui entourent les tiges du rosier; leur dimension atteint souvent celle d'une petite pomme ou d'une nèfle, dont elles rappellent un peu la forme. Elles paraissent composées d'une quantité considérable de filaments serrés très-compactes , dont plusieurs ont leurs extrémités libres et plus ou moins ramifiées, ce qui leur donne cette apparence chevelue. A l'intérieur du noyau sont plusieurs loges, dont chacune contient un œuf ou une larve. Un autre Cynips des pédoncules du chêne {Cynips ijucrciis pcdiiuculi) pique les chatons des fleurs maies du chêne et produit de petites galles rondes, ce qui les fait ressembler à des grappes de groseilles ifig. 204, voy. p. 210). Les piqûres des Cynips produisent les déformations les plus singulières : le Cynips inflator pique les bourgeons qui se développent en forme de petits artichauts (fig. 2o5, voy. p. 210); un autre pique l'écorcc de l'arbre et la fait soulever en cloques épaisses, au milieu desquelles est déposé un œuf (fig. 206 et 207, voy. p. 210); c'est le Cynips corticalis. D'autres (Cynips tciDiiimlis^^ produisent à l'extrémité des branches de FAMILLE DES CYNIPSIENS. grosses tubérositcs (fig. 208, voy. p. 21 1) dans lesquelles vivent plusieurs larves. Le Cynips salicis produit, par sa piqûre, sur les i^ros bourgeons du saule ces galles feuillues, rougeàtres, connues sous le nom de roses du saule (fig. 209, voy. p. 211). Les plus curieuses, telles que de grosses trutfes dures ou des pommes de pin déformées (fig. 210, voy. p. 212), s'attachent au chevelu des racines en hiver, à plusieurs décimètres sous terre. 11 en sort des Cynips aptères semblables à des Fourmis à gros ventre, marchant lentement au pied des chênes sur la terre humide ou sur la neige, en faisant vibrer leurs longues antennes. On ne connaît encore que la femelle de cette espèce; peut-être le mâle est-il ailé. Une autre espèce, le Cynips calicis^ pique le calice des jeunes glands du chêne, dont le fruit déformé se développe en feuillets superposés et recoquillés (fig. 211, voy. p. 212). 214 ORDRE DES HYMENOPTERES. FAMILLE DES SIRICIENS. Cette famille est la moins nombreuse de tout l'ordre des Hyméno- ptères ; elle ne comprend que trois genres répartis dans deux tribus. Les Siriciens sont en général des insectes de grande taille, dont le corps est long et cylindrique, et non plus étranglé au milieu comme dans les familles précédentes, l'abdomen étant attaché au thorax dans toute sa largeur. Ils ont une tète semi-globuleuse, des mandibules courtes et épaisses, très-robustes, des antennes sétacées ou filiformes assez longues et vibratiles comme chez les Ichneumons ; leurs ailes sont très-veinées. Les Siriciens sont lignivores, au moins à l'état de larves; ils fréquentent les bois très-couverts, et produisent en volant un bourdonnement sonore. La première tribu des Siriciens, celle des Oryssides, se distingue par ce caractère qui les rapproche des Cynipsiens, d'avoir une tarière capil- laire roulée en spirale dans l'intérieur de l'abdomen; mais leurs formes générales et leurs autres caractères les font ressembler aux vrais Sirex. Un seul genre rentre dans cette tribu (Oryssus)^ qui ne renferme lui-même que deux espèces; l'Orysse couronné {Oryssus coroiiatiis) habite le midi de la France; il est long de 12 millimètres, d'un noir luisant, avec l'abdo- men d'un rouge fauve. La seconde espèce, {'Oryssus unicolor^ plus petite que la précédente, a l'abdomen noir. Cette espèce est fort rare à Paris, où elle a été trouvée par le célèbre entomologiste Latreille. Les Oryssus se trouvent au printemps dans les bois, souvent posés sur les troncs d'arbres au soleil; ils paraissent rechercher de préférence les sapins et les hêtres. La tribu des Si rigides a pour caractères principaux : la tarière très- robuste, toujours saillante et droite; les ailes parcourues par de fortes nervures. Cette tribu comprend deux genres, les Sirex proprement dits FAMILLE DES SIRICIENS. 2l5 et les Xyphidria ; ces derniers ayant des palpes maxillaires de cinq arti- cles, tandis que celles des Sirex n'ont que deux articles. Les Sirex sont des insectes de grande taille, très-robustes. Leur vol est rapide et accompagné d'un bourdonnement sonore. Au moyen de leur tarière les femelles percent les bois des arbres verts pour y déposer leurs œufs. Les larves qui en sortent sont allongées, cylindriques, à anneaux plissés transversalement; le dernier est muni d'une petite pointe. Ces Sirex fjijm (vuy. page 216). larves sont armées de mandibules robustes, et causent parfois, lorsqu'elles sont en grand nombre, des dégâts notables. C'est de préférence sur le sapin et le mélèze que les femelles des Sirex vont déposer leurs œufs, en choisissant de préférence les arbres fraîchement coupés ou récemment écorcés. Les larves vivent à l'intérieur de ces arbres plusieurs années, et se filent une coque soyeuse lorsqu'elles sont sur le point de se transfor- mer en nymphes. 2i6 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. Assez rares dans nos régions, les Sirex sont très-répandus dans les grandes forêts de sapins du nord de l'Europe. L'espèce type du genre est le Sirex géant {Sirex gigas) que nous représentons ci-devant (fig. 212, voy. p. 2i5). 11 est long de 25 à 3o millimètresj noir, avec le second anneau de l'abdomen et les trois derniers jaunes ; les jambes sont de la même couleur. Dans notre planche XIII est représenté le Sirex jiiveucus ^ belle espèce qui fréquente les grandes forêts de l'Europe. Il est d'un noir violet, avec la base des antennes et l'abdomen fauves. Les Xyphidries sont des Siriciens de moyenne taille, à tête globuleuse, séparée du thorax par un étranglement. Elles ont les mêmes mœurs que les Sirex. Le type du genre est la Xyphidrie chameau {Xyphidria came- liis)^ longue de 18 millimètres, noire, avec deux lignes blanches sur la tête et une petite tache triangulaire de même couleur sur la plupart des anneaux de l'abdomen. FAMILLE DES TENTH RÉDINIENS. FAMILLE DES TENTHREDINIENS. La dernière famille des Hyménoptères, celle des Tenthrédiniens, com- prend des insectes à corps court et parallèle, à abdomen non pédicule, mais uni au thorax sur toute sa largeur. La tarière des femelles est écail- leuse, logée entre deux autres lames qui lui servent d'étui, dentelée en scie pour inciser les végétaux où elles déposent leurs œufs ; cette confor- mation leur a fait donner le nom de mouches à scie. Dans cette famille les larves ont un aspect tout nouveau; elles doivent résider sur les végétaux qu'elles ravagent, et ont des pattes multiples pour se déplacer. Ces larves ressemblent beaucoup aux chenilles par leur forme et leurs couleurs ; mais leurs pattes membraneuses ou mamelons sont en nombre plus considérable que chez les chenilles ; de dix au plus chez ces dernières, elles sont au nombre de quatorze à seize chez les Hyméno- ptères. On donne à ces larves le nom dc/aiisses chenilles, qui leur convient très-bien. La plupart, si on les touche, relèvent la partie postérieure de leur corps d'un air menaçant ou se roulent en spirale; elles laissent sou- vent suinter un liquide d'odeur désagréable. Pour se métamorphoser en nymphe, elles se filent une coque soyeuse, soit dans la terre, soit sur les plantes où elles ont vécu. Elles y deviennent nymphes et nullement chrysalides comme on pourrait le croire d'après leur ressemblance avec les chenilles; mais elles ont cela de commun avec ces dernières, qu'elles restent souvent enfermées dans leurs coques fort longtemps, et y passent même quelquefois l'hiver. La famille des Tenthrédiniens se divise en plusieurs tribus. La pre- mière, celle des Céphides, se distingue par un corps grêle et comprimé, une tarière à peine saillante, de longues antennes ordinairement épaissies à l'extrémité. Les Cèphes ont les antennes épaissies à l'extrémité, de vingt et un arti- cles. Leurs larves sont molles, avec six pattes écailleuses, mais pas de ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. fausses pattes membraneuses. Ces larves vivent à l'intérieur de certaines tiges et causent parfois des dégâts assez considérables. Tel est le Cephiis pygmœus (fig. 2i3), petit insecte noir, à anneaux jaunes sur l'abdomen. La femelle insère au mois de mai un œuf dans une tige de blé ou de seigle, qu'elle a percée au moyen de sa tarière; la larve qui en sort (fig. 214) se nourrit de la moelle de la tige , et parvenue au terme de sa croissance , peu de jours avant la moisson^ elle descend vers la terre pour s'y trans- former en nymphe ; mais auparavant, pour assurer sa sortie sous la forme ailée au printemps suivant, elle coupe circulairement la paille en dedans, un peu au-dessus du sol. Les épis attaqués par le Cephus se reconnais- sent aisément: ils sont blanchâtres et droits, et s'élèvent au-dessus des autres, qui sont encore verts et se courbent sous le poids des grains, tandis que les premiers sont entièrement vides. En outre, la coupure circulaire, opérée par la ^ larve au bas de la tige, fait que celle-ci se brise au fe^ pied lorsqu'il fait du vent. Le champ présente J^ alors le même aspect que s'il avait été traversé dans tous les sens par des animaux. luivcU' viQ. -iii. - 'jepiM, La seconde tribu, celle des Te nthréd ides, '^''''"'^ pijf/mœus. . l'i/'jiH'fiis. se compose de toutes les espèces à corps épais, à antennes plus courtes que le corps. Cette tribu, beaucoup plus consi- dérable que la précédente, se subdivise en quatre groupes distincts. Le premier comprend les Lydas et les Lophyres, à antennes longues, sétacées et multiarticulées. Les Lyda, qui constituent le principal genre, ont les antennes grêles et sétacées. Leurs larves sont dépourvues de pattes membraneuses, aussi marchent-elles lentement; elles s'aident, comme certaines chenilles, pour descendre d'une feuille sur une autre, en se laissant suspendre au bout d'un fil. Ces larves habitent en société sur divers arbres, dont elles dévorent les feuilles. On connaît plusieurs espèces de Lyda , dont quelques-unes sont fort nuisibles. De ce nombre est la Mouche à scie du poirier {Lyda piri) , qui cause parfois de graves dégâts sur ces arbres fruitiers. Ses larves ou fausses chenilles, d'un jaune d'ocre, vivent en groupes sous un nid de soie très-clair qui enveloppe le FAMILLE DES TE N TH RÉDI N 1 ENS. et Nid de L)jda pii bouquet de feuilles qu'elles veulent manger (tig. 21 5). Quand elles l'ont dévoré, elles se transportent auprès d'un autre bouquet de feuilles et l'enveloppent d'une nouvelle toile pour le ronger à leur aise. Lorsqu'elles ont ainsi atteint leur entier accroisse- ment, elles se laissent glisser à terre au bout d'un fil, et s'enfoncent dans le sol pour y passer l'hiver et y subir leurs métamorphoses. L'insecte parfait que nous figurons ici (fig. 216) est noir, tacheté de jaune. Une autre espèce, le Lyda hortensis, représentée dans notre planche XIII, a des mœurs analogues. Elle est d'un noir bleu brillant, avec le ventre orange. Le Lyda inanita vit sur le tremble. Les Lnphyres ont des antennes multi- articulées en panaches, à double rangée dans les mâles et en dents de scie chez les femelles (PI. XIV, d. e). Le type du genre est le Lophyre du pin [Lophyrus pini) , figuré dans notre planche XIV. Le mâle est entièrement noir; la femelle a le corps jau nàtre, tacheté de noir. Les larves de cette espèce vivent parfois rassem- blées en grand nombre sur les pins, et y occasionnent des dégâts consi- dérables. Selon un auteur allemand, ces larves et quelques autres du même genre {L. pinastri^ junipcri) ont détruit en Franconie, il y a quelques années, plusieurs milliers d'acres plantés de pins. Les larves de Lophyres {b) dé- vorent les jeunes pousses de ces arbres, et elles se filent une coque soyeuse sur l'arbre même (c) ; jamais elles ne s'enfoncent en terre. Le genre Cladiiis renferme quelques espèces indigènes, dont le type est le Cladius difformis , petit Hyménoptèrc noir, avec les pattes blan- châtres. La larve de cet insecte est d'un vert pâle, légèrement poilue, avec l'IG. 21<;. — Lyila piri. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. la tète ferrugineuse ; ses pattes membraneuses sont au nombre de qua- torze. Ces larves vivent sur les rosiers et s'y construisent, entre les branches ou dans les plis des feuilles, des cocons pour s'y métamor- phoser en nymphe. Celle-ci ressemble beaucoup à la larve, mais on n'y reconnaît plus de pattes. L'insecte parfait éclôt environ quinze jours après la transformation en nymphe , c'est-à-dire dans le mois de juillet. Les mâles ont les antennes pectinées. Les Nemates (Neinatus) sont très-répandus dans notre pays. Leurs antennes sont simples, de neuf articles; leurs mandibules sont échan- crées. Les larves de ces Hyménoptères vivent sur les feuilles des arbres et causent parfois des dégâts considérables. Tel est le Nemate du gro- FlU. 217. — Nemalus ,/mssHtarm ^ seillier [Neinatus grossulariœ) [fig. 2171, un des plus communs, dont les larves fourmillent dans certaines années sur les groseilliers, au point de les dépouiller complètement de leurs feuilles , ce qui fait avorter les fruits. Ces larves (tig. 218) sont glabres et portent vingt-deux pattes; elles sont d'une couleur verdâtre claire, avec des séries transversales de tubercules. ^^ L'insecte parfait a la tête et le corselet noirs: l'ab- ^ domen jaune, avec l'extrémité noire; ses ailes sont |^ transparentes et irisées. La femelle dépose ses œufs tout le long des nervures des feuilles, comme les grains d'un chapelet, et au bout d'une huitaine de jours les petites larves éclosent et se mettent à ron- ger les feuilles. Chaque femelle dépose sur un gro- seillier une soixantaine d'œufs, et chaque larve qui en sort consomme trois ou quatre feuilles avant de se transtormer en nymphe. Le Nemate du saule {Nematus capreœ), long de 7 à 8 millimètres, est jaune, avec le dessus du corps noir. Sa larve est verte, tachetée de Fit;. iilS. — Ltiive lie Ncmalus fjrossiUaricv. FAMILLE DES TENTHREDINIENS. Fii;. 2111. — /'../.') noir. Cette espèce vit sur le saule marceau, dont elle dévore les teuilles nouvelles et fait ainsi périr les jeunes arbustes. Le Nemate septentrional, dont quelques auteurs font un sous-genre {Crœsiis septentrionalis) à cause de la forme dilatée de l'extrémité des tibias et du premier article des tarses, a les antennes de la longueur du corps. 11 r5S^~>^, -a?/--^^'^"^ est noir, avec le milieu de l'abdomen fauve, ainsi ^^ que les jambes. Cette espèce, figurée dans notre planche XIV, vit à l'état de larve {a) sur le saule, - dont elle ronge les feuilles. Cette larve est verte, avec de grandes taches jaunes; elle recourbe l'ex- trémité de son corps jusqu'au-dessus de sa tète lorsqu'on Finquiète. Au moment de sa transformation elle file une coque noire. On trouve d'autres Nemates sur divers arbres, qui en souffrent beau- coup, car en peu de temps ils les dépouillent de toutes leurs feuilles. Les Dolères ont le corps plus grêle et plus élancé que les autres Tcn- thrédiniens; leurs antennes sont plus longues et plus grêles. Le Dolents grossiilariœ (fig. 219) est noir, à ailes transparentes' et irisées. Il dépose ses œufs sur les branches des groseilliers, et les larves qui en sortent rongent les feuilles et les dépouillent par- fois de toute leur verdure, ce qui fait avorter les fruits. Les vraies Teuthrèdes ont le corps plus épais, les antennes de neuf articles. Leurs larves ont dix pattes membraneuses, en tout seize. Ces larves sont souvent ras- semblées en grand nombre sur certains ar- bres, qu'elles dépouillent de leurs feuilles. L'une d'elles, appartenant au sous-genre Allantus, la Tenthrède de la scrophulaire 1 Tenthredo scrfjphulcviiv': , figurée dans notre planche XIV, vit sur la plante dont elle porte le nom. Elle est noire, avec les anneaux de l'abdomen, à l'exception du second et du troisième, ayant le bord ■2in et 221. — Tenlhredo ros. (voy. page 222). ORDRE DES HYMENOPTERES. PIG. 222. — Tenthndu fnlvicomis. postérieur jaune. La larve de cette espèce (c) ne construit pas de cocon régulier, comme le font la plupart des Tenthrédides, mais seulement une cellule terreuse au pied de la scrophulaire. La Tenthrède à une bande ( Tenthredo louatus) , figurée dans notre planche XIV, est moins commune que la pré- cédente ; on la trouve rarement aux environs de Paris. Elle est noire^ avec le chaperon, les angles antérieurs du thorax, l'écusson, les jambes et une large bande sur l'ab- domen d'un jaune clair. La Tenthrède des rosiers (re/z/^rcrfo ro^jrî^;») , figurée d'autre part (fig. 220 et 221, voy. p. 22i), est d'un jaune ferrugineux, avec la tête, les antennes et le thorax d'un brun noir. La femelle dépose ses œufs dans l'écorce du rosier, et il en sort , au bout de huit jours, de petites fausses chenilles jaunes, mar- quées de points noirs, qui se mettent à dévorer les feuilles et les jeunes pousses, et y causent par- fois de grands dégâts. La Tenthrède à cornes fauves [Tenthredo fiil- vicornis)^ représentée figure 222, est noire, à an- tennes jaunes. La femelle dépose ses œufs dans les fîeurs en boutons, et la larve (fig. 223, a) se nourrit au sein du fruit naissant, qui n'atteint pas son développement et tombe (fig. 224, b). La larve est alors arrivée à toute sa croissance, et elle sort du fruit pour se transformer dans le sol. Les Selandria ont le corps court, assez large; les antennes, de neuf articles, sont un peu renflées à l'extrémité. Une espèce assez commune dans les jardins fruitiers, le Selandria œthiups (fig. 225), vit sur le poirier, où sa larve cause parfois de grands FlG. 2:i5. — ips. , ^^ , . • a ^ ri ' ' 1 dommages. Cette larve est noirâtre, renflée a la partie antérieure et enduite d'une humeur visqueuse. Bien qu'elle soit pourvue de vingt pattes, elle est très-paresseuse et semble collée à la feuille sur laquelle elle se tient. Ces habitudes et sa viscosité lui ont fait FIO. 22.^ et 224. — a. Lnrve dn re;,. tliredo fvlvicomiti. — h. Fruit Mttaqiu' p.av la Larve. ^' FAMILLE DES TENTHRÉDI N I ENS. 223 donner le nom de /ari'c limace. Cette espèce ronge les feuilles du poirier, et lorsqu'elle est nombreuse, elle le dépouille de toute sa verdure, arrête ainsi sa végétation et empêche les fruits de se développer. (VJflialia centi/oJia: La Seiandrie à poitrine noire {Selaiidria nielaiiustcnm, , qui n'est pas rare en France, est de couleur jaunâtre, avec la tête, les antennes et la poitrine noires. La larve de cet Hyménoptère vit sur les peupliers; elle est d'un jaune verdâtre, avec des séries de points noirs, et tout son corps est couvert de poils blancs. Les Athalics ont les antennes un peu en massue ou pectinées dans les mâles ; leur corps est court et aplati. Quelques-unes causent des dégâts assez considérables; tel est l'Athalie de la rose à cent feuilles [Athalia cciili- foliœ) [fig. ■226], dont les larves font souvent le désespoir des jardiniers (fig. 227). PIG. 228. — AlJinlia spinonii, Ffti. 229. — Lavvc A'Athaha spivarvm (voy. pafîP 22-t}- Une autre espèce, encore plus nuisible, est V Athalia spinarumouMouchc du navet, le fameux Turnip-fly des Anglais, que nous représentons dans notre planche XIV et ci-dessus, figure 228. La tête et les antennes sont noires; le thorax est jaune à la partie supérieure, noir sur les côtés et 224 ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. en arrière; l'abdomen est jaune, et les ailes sont transparentes et irisées; les pattes sont jaunes, tachetées de noir. La femelle dépose ses œufs sur la face inférieure des feuilles, et les larves qui en sortent dévorent celles- ci et n'en laissent que les nervures. Cette espèce se multiplie souvent au point de détruire complètement la récolte. La larve (fig. 229, v. p. 223) est d'un gris noir plombé; elle a vingt pattes et est complètement nue. Lors- qu'elle a atteint tout son développement, elle se creuse dans le sol une petite cellule ovale, polie en dedans, et s'y métamorphose en nymphe pour ne devenir insecte parfait qu'au printemps suivant. Les Hylotomes sont bien reconnaissables à leurs antennes de trois articles, dont le dernier en massue allongée, cylindrique; leurs mandi- bules sont échancrées, leurs quatre jambes postérieures munies dans leur milieu d'une épine. Leurs larves ont dix-huit pattes. Ce caractère des antennes est très-remarquable chez les Hylotomes ; les deux premiers articles sont très-courts; le troisième ou dernier forme à lui seul toute l'antenne, qui atteint en longueur l'extrémité du corselet (PI. XIV, d); cet article est nu dans les femelles, velu dans les mâles. Le corselet est glo- buleux et l'abdomen ovalaire. Le type du genre est l'Hylotome du rosier [Hylotoma rosœ)^ tiguré dans notre planche XIV. Il est d'un fauve rougeàtre clair, avec la tète, les antennes, le thorax noirs; les tarses sont annelés de noir. La larve est en dessus couleur de feuille-morte, parsemée de petits tubercules noirs, de chacun desquels sort un poil ; les côtés et le dessus sont vert pâle. Lorsqu'elle ronge la feuille sur laquelle elle est placée, elle la tient embrassée à l'aide de ses six pattes antérieures et contourne le reste de son corps en l'air en forme d'S. Lorsqu'elle se dispose à se transformer en nymphe, cette larve descend en terre et se forme une double coque rougeàtre à l'extérieur et blanche à l'intérieur. Cette espèce est commune aux environs de Paris. Les Schiiocèves dilfèrent très-peu des Hylotomes; mais leurs antennes sont fourchues dans les mâles. Le Schi^ocenis pallipes^ représenté dans notre planche XIV, montre bien ce caractère singulier; les antennes sont non-seulement pectinées, mais doubles, les deux branches prenant nais- FAMILLE DES TENTHRÉDI NIENS. 225 sance sur le premier article. La tète et le thorax de ce curieux insecte sont noirs ; son abdomen est jaune, ses tarses très-pàles.' Les Céphalocèrcs sont des Hylotomes de l'Amérique du Sudj dont les antennes sont composées de sept articles. Le dernier groupe de la tribu des 'l'enthrédides est celui des Cimbex, qui comprend les plus beaux et les plus grands insectes de la famille. Ils ont pour caractères des antennes renflées en une forte massue, n'ayant pas plus de huit articles. Leur corps est épais et trapu ; leur tête aussi large que le thorax; leurs yeux sont divisés et leurs mandibules tridentées. Ces Hyménoptères ont en général un vol lourd et ils produisent en volant un fort bourdonnement. Comme celles des genres précédents , les larves des Cimbex vivent sur les plantes dont elles rongent les feuilles. Elles ont douze paires de pattes et se métamor- phosent dans des cocons qu'elles se filent entre les branches. On connaît plusieurs espèces de Cim- bex dans notre pays; le type du genre (,ny. pi,.-e 22c). est le Cimbex jaune {Cimbex littca)^ représenté avec sa larve et son cocon dans nos planches XllI et XIV. Sa larve vit sur le hêtre, le bouleau, le saule, dont elle ronge les feuilles; maiSj au contraire de la plupart des larves de Tenthrédiniens qui se tiennent à la face inférieure des feuilles, celle de cette espèce préfère le côté supérieur. Le cocon que se lile la larve, pour s'y transformer en nymphe, est solide, d'une texture serrée comme du cuir et de couleur brune. 11 est fixé à quelque branche, souvent caché parmi les feuilles; l'insecte par- fait n'en sort qu'au printemps suivant. Il est jaune, tacheté de violacé brunâtre. Le Cimbex des bols {Trichiosoma luconim) ^ dont quelques auteurs font un genre distinct, a le corps de formes plus allongées et couvert 226 ORDRE DES HYMENOPTERES. d'un poil court et serré. Cette espèce, figurée dans notre planche XIll, offre, lorsqu'elle vole, l'apparence d'une Abeille. Elle a le corps noir, mais recouvert d'une forte pubescence d'un gris roussàtre ■ les pattes sont rousses, avec les cuisses noires. Ce Cimbex est répandu dans toute l'Eu- rope; il est plus commun aux environs de Paris que le Lutea. On le ren- contre dans les bois, principalement sur l'aubépine, dont se nourrit la larve. Le Cimbex hiimevalis (fig. 23o, voy. p. 225) se trouve dans presque toute l'Europe, mais il est rare aux environs de Paris. Il doit son nom aux taches jaunes placées aux deux angles supérieurs de son corselet. Les Abia ne diffèrent des Cimbex proprement dits que par leurs antennes, dont la massue est composée de cinq articles. Ils ont les mêmes habitudes. L'Abia fasciata, qui se trouve aux environs de Paris, mais beaucoup plus rarement que dans le Midi, est long de 12 à i5 millimètres, d'un noir bronzé, avec la partie postérieure du thorax et le premier segment de l'abdomen blancs. Les ailes, diaphanes, portent dans leur milieu une tache en forme de bande d'un brun noirâtre. Les Pcrga sont des Cimbex de la Nouvelle-Hollande, remarquables par la grande dimension de leur écusson, presque carré et à angles pos- térieurs aiizus. PIG. 233. — liCS Pucerons et lenis Emicinis. ORDRE DES HÉMIPTÈRES Le nom d'HÉMiPTKREs (demi-ailes) donné à cet ordre, tel qu'il est constitué dans presque tous les auteurs, est défectueux, puisque les caractères qu'il indique : les ailes supérieures coriaces dans leur première moitié^ ne peut s'appliquer à une grande partie de l'ordre (les Homo- ptères)^ dont on fait généralement une section à part. Les entomologistes anglais ont élevé cette section au rang d'ordre (Homoptera) et ont conservé le nom d'HÉMiPTÈRES à la section des Hétéroptères, qui présen- tent en effet ce caractère des ailes supérieures coriaces dans leur première moitié. Ces deux sections offrent d'ailleurs des caractères communs dans les organes buccaux, composés d'un labre supérieur, d'une lèvre tubuleuse renfermant quatre soies coriaces représentant les mandibules et les mâchoires. 23o ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Pour nous conformer à l'usage établi chez nous, nous conserverons donc l'ordre des Hémiptères divisé en deux sections ou sous-ordres : les Homoptèrcs et les Hétéroptères. Les Hémiptères ont pour caractères généraux une tète plutôt petite, de forme triangulaire, verticale; les yeux saillants, placés aux angles supérieurs; le plus souvent il existe deux ocelles. La bouche, rostre ou suçoir, est, comme nous l'avons indiqué, composée d'un labre et d'un tube renfermant les organes destinés à prendre la nourriture. Ce tube, qui n'est que la lèvre modifiée, est articulé, en général très-robuste et replié en demi-cercle sous la tête dans les espèces qui vivent aux dépens des animaux, grêle et allongé entre les pattes chez celles qui se nourris- sent du suc des végétaux. La longueur de ce suçoir est quelquefois si con- sidérable, qu'il dépasse l'extrémité du corps. Les ailes antérieures des Hémiptères, souvent désignées encore sous le nom à'élytres, sont toujours d'une certaine consistance à la base; les ailes sont toujours plus ou moins membraneuses et d'une texture assez solide. Les Hémiptères , parmi lesquels on compte tous les insectes connus sous le nom vulgaire de Punaises, ont des métamorphoses incomplètes : au sortir de l'œuf, ils ressemblent complètement aux adultes , seulement ils sont privés d'ailes. Ils n'en acquièrent des rudiments qu'après plusieurs mues; ils sont considérés alors comme nymphes, et sont développés après un dernier changement de peau. C'est exactement le même mode de développement que chez les Orthoptères. Les Hémiptères vivent en général du suc des végétaux; cependant il en est un grand nombre parmi eux qui sucent d'autres animaux ou même le sang de l'homme. Quelques espèces sont connues par les dégâts qu'elles causent à l'agriculture; tels sont les Tingis, les Coccidiens, les Pucerons et d'autres. On divise l'ordre des Hémiptères en deux sections ou sous-ordres : les Homoptères et les Hétéroptères , et chacune de ces sections comprend quatre familles. FAMILLE DES COCCIDIENS. 23 I HÉMIPTÈRES. - PREMIÈRE SECTION llO.MOl^TKUKS Les insectes qui rentrent dans ce sous-ordre ont, comme l'indique leur nom {omoios^ semblable, et pteron, aile), les quatre ailes semblables, c'est- à-dire membraneuses et transparentes dans toute leur étendue. Leur prothorax est plus court que les deux autres segments du thorax. Le bec prend naissance à la partie inférieure de la tcte. Cette section comprend quatre familles : les Coccidieus, \(i?,Aphidicns , les Fidsoriens et les Cicadieus. FAMILLE DES COCCIDIENS Cette famille est composée d'insectes anomaux et n'offrant i^uère comme caractères communs que d'avoir des antennes fili- formes et des tarses d'un seul article; en outre, les femelles au moins sont toujours privées d'ailes. On voit souvent, sur les branches des pêchers et d'autres arbres fruitiers, de petites tubérosités brunes ayant la cou- leur du café ou de la feuille-morte. Ces espèces de galles sont ovales et ressemblent à un petit bateau renversé, dont la longueur serait de 6 à 7 millimètres sur 3 ou 4 de large, et l'on remarque une petite échancrure à leur extrémité posté- rieure. Ces tubérosités sont des insectes de la famille des Coccidiens, et comme ils ressemblent à des galles, on leur a donné le nom de Galliusectes (fig. 234). 233 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Vers la fin du mois de mai ou dans les premiers jours de juin, ces galles apparentes ont pris tout leur développement. Dans ce temps, leur ventre et le contour de leur corps sécrète une sorte de coton blanc qui forme un lit mollet à l'insecte, et c'est sur cette couche douillette qu'il se met à pondre un nombre prodigieux de petits œufs rougeàtres, qu'il pousse, au fur et à mesure de leur sortie, sous son ventre. Ces œufs se trouvent donc placés en tas sur le lit de coton. L'insecte meurt aussitôt sa ponte terminée, et la peau de son ventre, collée contre celle de son dos, forme un couvercle qui protège les œufs. Au bout d'une dizaine de jours, ces derniers éclosent et donnent nais- sance à un excessivement petit animal, qui sort de dessous sa mère par l'échancrure dont il a été parlé, et s'éloigne de son nid de quelques pas pour y rentrer promptement. Bientôt toutes ces petites larves quittent définitivement le nid et s'épar- pillent sur les feuilles voisines et sur les bourgeons les plus tendres pour y chercher leur vie. Ces petits êtres sont rougeàtres, en forme d'ovale allongé^ ils sont pourvus de six pattes; leur tête porte deux antennes, et leur extrémité postérieure deux soies horizontales. Ils prennent leur nour- riture par le moyen d'un petit bec effilé qu'ils enfoncent dans l'écorce, et sucent la sève, qui est leur unique aliment. Les petites larves marchent avec agilité dans leur premier âge, et changent volontiers de place; mais elles deviennent de plus en plus sédentaires en grandissant. Elles grandissent pendant l'été et une partie de l'automne, et lorsque les feuilles tombent, elles se réfugient sur les branches, où elles se fixent définitivement pour ne plus changer de place. Ce sont les blessures qu'elles font à l'arbre et la sève qu'elles absorbent qui occasionnent la maladie de langueur qui l'atteint ou qui accélère son dépérissement et sa mort, si la maladie vient d'ailleurs. Le Gallinsecte s'engourdit pendant l'hiver et se ranime au printemps, dès que la sève monte; il prend de la nourriture et atteint l'âge adulte. Lorsqu'on examine toutes ces galles au mois d'avril , on en remarque de plus petites les unes que les autres; de ces petites galles on voit sortir FAMILLE DES COCGIDIENS. !33 à reculons un très-petit insecte d'un brun rougeâtre ; il a deux fines antennes , l'abdomen terminé par quatre soies , et porte deux ailes d'un blanc sale, bordées antérieurement d'une ligne rouge ( les inférieures avortent). Ce petit insecte est le mâle; il est très-actif, se promène sur le dos des femelles immobiles et meurt bientôt. FIG. 235 ot 23i:. FiG. 237 et 238. — Cocots ndonidum. Telle est l'histoire du Gallinsecte ou Cochenille du pêcher {Lecanium persicœ) [fig. 241 et 242], qui est la plus commune de toutes les espèces de cette famille. On connaît le Gallinsecte de la vigne {Lecanium vitis) FlG. 23M et 240. [fig. 234], qui nuit beaucoup aux vieux ceps; le Gallinsecte de l'oranger [Lecanium hesperidum) [fig. 239 et 240], qui attaque aussi les citronniers et les myrtes. Les Lecanium coryli , ilicis, liliœ,fagi (fig. 243 à 245, voy. p. 234), vivent sur le coudrier, le houx, le tilleul, le hêtre. .34 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Le genre Cocciis ou Cochenille renferme de nombreuses espèces. C'est le Cnccus adoniduin (fig. 237 et 238, voy. p. 233), qui vit sur les plantes FIO. 243 et 2M. — Leemiiim /luii. FIG. 24r,, — Lprnnmm/iti,. des serres chaudes, café, canna, bananier, cactus, etc.; son corps est elliptique, d'un jaune rosé, farineux de toutes parts. PlO. 24n et 217. — L FKi. Ï4.S ft 249. — Cuccvs( Mais la plus remarquable du genre est la Cochenille du nopal {Cnccus cactî)^ qui fournit, comme on sait, la belle couleur cramoisie connue sous FAMILLE DES COCCIDIENS. 235 le nom de cochenille. La Cochenille du nopal (fig. 25o et 25 i), saupoudrée de points blancs, s'élève sur le cactus nopal abondant au Mexique, où on l'employait déjà à la teinture avant l'invasion européenne. Les Espa- gnols prirent d'abord pour une graine les femelles desséchées qu'ils apportèrent en Europe; de là le nom de graine d'écavlate sous lequel on les désignait. On récolte les femelles avant la ponte, en lesrâclant avec FJG. 250 et 251. — Cochenille du Xov.il. mâle et l'enielle. un couteau de bois, et on les fait périr à la chaleur d'une étuve. On a soin de laisser sur la plante quelques-unes de celles-ci pour la reproduction. La Cochenille du nopal a été introduite aux Antilles , en Andalousie , en Algérie, où les essais ont été heureux, mais où cette éducation se répand peu par ignorance des soins à y apporter. Cette Cochenille donne le meilleur carmin, ne passant pas à l'air comme les rouges d'aniline. 236 ORDRE DES HEMIPTERES. La Cochenille sylvestre^ couverte d'un duvet qui la rend peu délicate et bien moins sensible aux pluies, se récolte au Mexique à l'état sauvage, et donne une couleur moins vive. On employait autrefois la Cochenille du chêne vert du midi de l'Europe et la Cochenille de Pologne pour obtenir des rouges violacés. Aux Indes orientales, la Cochenille laque, qui vit sur les figuiers, s'en- toure d'une abondante sécrétion de gomme laque. FAMILLE DES APHIDIENS. FAMILLE DES APHIDIENS Ainsi nommce du mot Apliis, qui veut dire Puceron, parce que ce genre en compose la plus grande partie, la famille des Aphidiens ren- ferme , comme la précédente, des insectes qui offrent des caractères et des mœurs tout à fait insolites ; les seuls caractères communs aux diverses tribus qui composent cette famille est d'avoir les antennes filiformes et les tarses de deux articles terminés par deux crochets. La première tribu, celle des Aleurodides, est formée du seul genre Aleurodes , caractérisé par des ailes de consistance opaque, les supé- rieures offrant une seule nervure des antennes filiformes de six articles. La seule espèce du genre, V Aleurodes chelidoiiii^ vit sur la chélidoine ou grande éclaire. C'est un petit insecte long de i 1/2 à 2 millimètres, au corps jaunâtre ou rosé, recouvert d'une pubescence cotonneuse d'un blanc de neige. Ses ailes supiérieures portent chacune une tache élargie et un point d'un brun noirâtre. La tribu des Aphidudes se disfingue à ses quatre ailes diaphanes par- courues par plusieurs nervures; à ses antennes filiformes de cinq à sept articles, à ses pattes simples. Elle a pour représentant principal le genre Puceron {Aphis). Toutes les espèces composant ce genre se nourrissent de la sève des végétaux; c'est avec leur bec qu'elles pompent les sucs. Ce bec est toujours enfoncé dans le tissu des végétaux, soit sur les racines, les tiges ou les feuilles ; quelques espèces vivent même dans l'intérieur des feuilles, et leur présence y occasionne des boursouflures, des excrois- sances, qui sont remplies de ces petits animaux et souvent d'une liqueur sucrée assez abondante. Cette espèce de miel est produite par deux pro- longements que l'on observe à l'extrémité de l'abdomen d'un très-grand nombre d'espèces; ce sont des tuyaux creux par où passe cette liqueur, qui est la sève élaborée dans le corps des Pucerons. La maladie de 338 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. certains arbres, désignée sous le nom de miellat , est produite par ces animaux. Les Fourmis sont très-friandes de ce suc sucré, et on les voit presque continuellement le lécher au moment où il sort du Puceron. Les Pucerons vivent presque tous en société; ils marchent très- lentement et restent immobiles pendant la plus grande partie de leur vie, uniquement occupés à sucer les sucs végétaux. Chaque société ott're, au printemps et en été, des individus toujours privés d'ailes, et d'autres dont les ailes doivent se développer. Tous ces individus sont des femelles qui produisent des petits vivants sans union préalable. Les mâles ne paraissent qu'à la tin de la belle saison ou en automne; il y en a d'ailés et d'aptères. Ils se rapprochent des fe- melles , qui pondent des œufs sur les branches, et ces œufs, après avoir passé tout l'hiver, donnent au printemps sui- vant des femelles d'où sortiront neuf générations successives de Pucerons toujours femelles , sans présence de mâles. Ceux-ci , comme nous l'avons dit, ne paraissent qu'une fois et à l'ar- rière-saison. Rien n'est curieux comme d'observer la reproduction des Pucerons qui se trouvent rassemblés en quantité considérable sur la plupart des rosiers (fig. 253'. On les voit là réunis par milliers autour des jeunes tiges et du pédoncule des fleurs, serrés les uns contre les autres comme les moutons dans la plaine un jour d'orage. Aucun ne bouge, tous ont leur petit bec pointu enfoncé dans l'épiderme de la tige, suçant à l'envi et se gorgeant des sucs du rosier. On remarque que ceux qui occupent les premiers rangs, c'est-à-dire le haut de la branche, sont les plus gros, et que les autres sont de plus en plus petits. A certains moments on voit sortir de l'abdomen des plus gros , à la file et toujours à reculons , quinze à vingt petits, semblables à leur mère, à la taille près. Cette bonne mère Fig. 252. — Pue Rosier très-gi" Kio. 253. — Tige de Roisier couverte de Pucerous. f:amille des aphidiens. l3q Liuve d'IIémérobc. Gigogne, sans même se retourner pour voir ses enfants, continue à sucer sa hranclie, et les petits, sans s'inquiéter autrement de leur mère, passent sur le dos des autres Pucerons pour aller à leur tour enfoncer leur petit bec dans la peau du rosier. Quelques jours à peine après leur naissance, les jeunes Pucerons produisent à leur tour des petits vivants, et comme chaque Puceron produit en moyenne, de mai à fin septembre, une centaine de petits, on peut facile- ment imaginer l'innombrable quantité de Pucerons auxquels une seule mère peut donner naissance en une saison. Il y a onze ou douze générations par an, et le calcul nous donne déjà à la sixième génération, c'est-à- dire au bout de trois mois à peine, dix milliards de Pucerons! Avec une pareille fécondité il ne resterait bientôt plus de rosiers ni d'autres plantes sur la terre entière, si la Providence n'y avait pourvu en leur suscitant une foule d'ennemis; les Coccinelles, les Syrphes, les Ichneu- mons et surtout les larves des Hémérobes, connues sous le nom de Lion des pucerons (fig. 254), en tont une immense destruction. Nous avons figuré dans le frontispice du chapitre les ennemis des Pucerons (lig. 233, voy. p. 229 ^ On en connaît plusieurs centaines d'es- pèces; la plus répandue est celle du ro- sier, Aphis rnscv (fig. 252), entièrement vert clair et l'abdomen muni de deux lon- gues cornes tubuleuses par où s'écoule la liqueur sucrée. Le Puceron du pécher Aphis pcrsicœ [fig. 25 5 J est d'un vert foncé tacheté de noir, avec les antennes de même couleur; ces dernières plus longues que le corps; l'abdomen est muni de deux cornes allongées. Les jeunes sont jaunes, verts ou pourprés, suivant leur âge. Cette espèce nuit beaucoup au pécher, dont elle fait, par sa succion, crisper et boursoufler les feuilles, ce que les jardiniers attribuent le plus souvent au\ vents roux ou à la lune rousse. l'IG. 265. — Aphia pers 240 ORDRE DES HEMIPTERES. Fw. ibC. — JpkU ffroemlar Le Puceron du groseillier Aphis grossitlavice [fig. 256J vit sur cet arbuste, dont il déforme les feuilles et les tiges; il est verdàtre, avec les tarses bruns. Malgré leur immobilité et leur appa- rente inertie, les Pucerons ailés émigrent vers la fin de la saison et vont pondre leurs œufs parfois à d'assez grandes dis- tances ; c'est ce que l'on a constaté pour le Puceron du pécher, pour le Puceron lanigère et pour le Phylloxéra , dont nous parlerons bientôt. Avant 1812, on ne connaissait pas le Puceron lanigère en France ; venu de l'Angleterre, qui le tenait de l'Amérique du Nord, il se propagea rapidement dans toute la Normandie et la Picardie, et a souvent compromis la récolte des pommes à cidre. Le Puceron lanigère {Aphis laniger [fig. 257] est long de 2 1/2 millimètres, d'un brun rougeàtre , recouvert en dessus d'une sécrétion blanche cotonneuse, qui le fait ressembler à un petit fîocon de neige, lorsqu'il se laisse emporter par le vent. Ses an- tennes sont courtes, d'un jaune pâle, et sa trompe s'étend jusqu'aux pattes postérieures ; celles-ci sont jaunâtres. L'abdomen ne porte pas de cornes tu- buleuses. 11 a des ailes dans l'arrière- saison et émigré souvent au loin. Cet insecte s'établit, par familles plus ou moins nombreuses, sur les branches, sur le tronc et sur les racines des pommiers. 11 y produit, par ses piqûres et par l'atîlux de la sève qu'il attire, des loupes, des nodosités galeuses, des déformations plus ou moins considérables, qui entraînent la langueur et quelquefois la mort de Farbre, et qui empêchent la production des fruits. KlG. 'ÀÔI. — Puceron lauigèrc. FAMILLE DES APHIDIENS. 24' Une autre espèce, le Puceron du pommier {Ap/iis mali) [tig. 258], vit également sur cet arbre, mais y cause moins de dégâts que VAphis laniger. Le Puceron du tilleul {Aphis tiliœ)^ dont nous figurons ici un couple mâle et femelle (fig. 259 et 260), abîme ces arbres sur les promenades publiques de Paris. On détruit les Pucerons sur les arbres envahis au moyen d'aspersions ou de lavages avec de l'eau de lessive, de l'eau de chaux, une infusion de tabac, des huiles lourdes de goudron, etc. Là où il se trouve des feuilles cloquées, il faut les enlever ainsi que les bour- „ ,.„ , ,, ,. ' no. 2.1S. — Ajigale rouge, comme on' l'appelle vulgairement, saute assez vivement lorsqu'on veut la saisir. Une autre espèce, répandue dans presque toute l'Europe, et que représente notre figure 273, est le Cercopis bifasciata. Elle est d'un jaune grisâtre, sans taches, avec les élytres bruns tachetés de gris jaunâtre. Cette espèce varie à l'infini. Les Tettigonies^ qui ont de nombreux représentants en Amérique, sont des Hémiptères allongés, de forme élégante et de couleurs très-varices. Le type du genre est assez commun dans le midi de la France: c'est la Tettigonie vcnc[Tetiigonia inridis)^ à corps vert tacheté de jaune et de noir. La tribu des Membracides se distingue par des antennes très-petites, insérées en avant des yeux; entre ceux-ci sontdeuxocelles. Leur corselet est dilaté de manière à couvrir le corps, et affecte souvent des formes bizarres. La plupart de ces insectes singuliers appartiennent au continent américain. Le genre Centrotc est caractérisé par un pro- thorax cornu, prolongé postérieurement en une \ 'SR.J^ pointe étroite , mais laissant l'écusson visible. On en connaît une^^espèce assez commune en France, c'est lèJCentrotiis cornutus (fig. 274 , que nous figurons ici , et que Geotfroy, le vieil historien des insectes des environs de Paris, appelait le Petit diable cornu. C'est un petit insecte d'un brun noirâtre, ayant à la partie antérieure du corselet deux cornes aiguës et trigones avec une partie postérieure très-rétrécie , on- dulée et bossue dans le milieu atteignant l'abdomen. Dans Xcs^arnis d'Amérique, le prothorax n'offre aucune dilatation, mais il est arrondi et se prolonge jusqu'à l'extrémité de l'abdomen, qu'il emboîte de tous les côtés; les pattes ne sont pas foliacées. 25o ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Heteroholiis armatus. Les Heteronotiis ont le prothorax en forme de huile vésiculcuse terminée par trois épines; leurs clytres otfrent des nervures fourchues, parallèles. L'espèce que nous figurons ici (fig. 276) est des plus singulières; c'est Vtictcronotus armatus de l'Amazone. Sa couleur est un jaune rougeàtre tacheté de ooir. Comme on peut le voir, son nom à' armatus lui a été donné en raison de l'appareil formi- dable d'épines dont est armé son corps. Les '^ocydium ont le prothorax sans prolongement postérieur, ayant au bord antérieur un petit tube portant plusieurs vésicules arrondies, et en arrière une longue épine. Nous donnons ici la figure grossie d'une des formes les plus étranges du monde des insectes : c'est le Porte- grelots (^Bocydium tiutinnabularife- rum) [fig. 277I. Ce curieux insecte, qui se trouve au Brésil, est de la grosseur d'une mouche ordinaire; il est hrun avec le corselet noir. UHypsauchenia Wcstjvoodii , des Philippines, est non moins singulier; son thorax, élevé en cône et prolongé en pointe en arrière, se partage en fourche au sommet. Notre figure 27S (voy. p. 25 1) le représente au double de sa taille ordinaire. La tribu des Fui.gorides ren- ferme les plus grandes et les plus belles espèces de la famille. Elle offre pour caractères des antennes de trois articles insérées sous les yeux; deux ocelles au-dessus; le corselet nulle- FlG. 211. — Bocydium tiiilinnabidari/erutii FAMILLE DES FULGORIENS. 25l ment prolonge et les pattes propres au saut. — Toutes les Fulgorides sont exotiques, à l'exception d'une seule espèce, de fort petite taille, toute verte, à front prolongé et strié de cinq lignes longitudinales. \) Ce Fiilgorc d'Europe a été pris plusieurs fois sur les noyers ; mais il ne peut être comparé aux magni- fiques espèces de l'Amérique et de l'Inde. Celles-ci sont remar- quables par leur tète vésiculeuse, tantôt gonflée et massive , tantôt offrant un prolongement grêle et recourbé. La plus grande espèce du genre Fitlgorc est le célèbre Fulgore porte-lanterne Ftilgora latcrnavia) [fig. 279] de la Guyane, que nous tigurons ici. Longue ORDRE DES HEMIPTERES. de 8 à 0 centimètres, large de 12 a i3, elle est d'un jaune verdàtre mou- cheté de noir et de blanc, avec un grand œil jaune entouré de noir et ayant une pupille de même couleur portant deux taches blanches. La tète a 25 millimètres de long; elle est globuleuse, oblongue, fortement bossue en dessus, munie en dessous de quatre rangs d'épines courtes. M"' Sibylle Mérian rapporte, dans son magnifique ouvrage sur les insectes de Surinam , que ces insectes répandent une forte lueur phos- Viy/ >//' \\k\ Eelos(oma ;,randis. et atteint parfois 7 à 10 centimètres. Ce sont de terribles Punaises, dont le bec très-robuste doit faire de douloureuses piqûres ; aussi les redoute- t-on beaucoup dans les pays qu'ils habitent. Le Belostoma grandis, que nous figurons ici plus petit que nature (fig. 2g5), habite les eau.x dormantes du Brésil. Son corps, d'un brun noir tirant un peu sur le verdàtre, est tacheté de jaune. On en connaît d'autres espèces de l'Afrique et de l'Inde, très-voisines de la précédente. Les Naucores ont le corps ovalaire, nullement acuminé en avant, comme dans les genres précédents; leur tète est large, arrondie à sa 266 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. partie antérieure. Les antennes, de quatfe articles, ont le troisième beau- coup plus long que le dernier, ce qui distingue facilement ce genre de tous les précédents, qui ont toujours le dernier article plus long que les autres. Le Naucore cimicoide, commun dans presque toute l'Europe, notam- ment aux environs de Paris, est long de lo à 12 millimètres, d'un vert pâle, parsemé de points noirs et de taches brunes. FAMILLE DES RÉDUVIENS. 267 FAMILLE DES REDUVIENS Les insectes compris dans cette famille sont caractérisés principalement par une tète rétrécie à son insertion ; des antennes toujours libres , longues et grêles; un écusson petit. Ils sont presque tous carnassiers, et leur bec est plus acéré et plus robuste que dans la plupart des Hémi- ptères. Les Réduviens sont répandus dans toutes les parties du monde, mais plus particulièrement dans les pays chauds. Nous les diviserons en trois groupes ou tribus : les Hydromctrides, les RédiiJ'iidcs et les Ciinicides. La tribu des Hydrométrides otïre pour caractères: un corps allongé, étroit, toujours couvert d'un duvet très-court ; des antennes cylindriques, assez longues, composées de quatre articles; les pattes antérieures plus courtes que les autres et dépourvues d'épines propres à retenir leur proie. Ces insectes, quoique aquatiques, ne s'en- foncent jamais sous l'eau, mais marchent et courent à la surface liquide comme ils le feraient sur un terrain solide, et même avec plus d'agilité, car ils semblent glisser sur les eaux comme des patineurs sur la glace. Cela est dû au poil très- court et très-serré qui couvre leur corps et le dessous de leurs tarses, et leur permet de courir sur l'eau sans se mouiller. Les Gerris , au corps allongé, étroit, un peu déprimé, à antennes aussi longues que la moitié du corps , au corselet long, s'élargissant de la partie antérieure à la partie postérieure , aux longues pattes postérieures , sont ces insectes que l'on désigne vulgairement sous le nom dC Araignées d'eau, et que l'on voit par milliers, pendant toute la belle saison, glisser rapi- dement à la surface des bassins et des étangs. Le Gerris des lacs [Gerris Pic. 20c. — Geri-is lacuslris (voy. page 2GS). ?.68 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. laciistris) [fig. 296, voy. p. 267] est long de 8 à 10 millimètres, d'un brun foncé; l'abdomen roussâtre avec trois lignes d'un noir brillant. Cette espèce a des élytres et des ailes ; mais il en est une , le Gerris aptera , du double plus grande que la précédente, qui est constamment privée des organes du vol. Les Hydromètres ont le corps encore plus allongé , filiforme , d'une ténuité extrême ; la tête cylindrique allongée ; les antennes de quatre articles, dont les deux derniers fort grêles et plus longs que les autres. Le type du genre est l'Hydromètre des étangs (Hydromctra stagnoriun)^ que l'on trouve courant sur les eaux stagnantes de presque toute l'Europe. Dans notre planche XVIII sont représentés les Hydrometra argentata et gibbifera. Tous ces insectes vivent de proie qu'ils saisissent au moyen de leurs pattes antérieures. La tribu des Réduviides comprend des Hémiptères au corps allongé, à tête fortement rétrécie vers sa partie postérieure; à bec court, épais, fortement recourbé; à antennes longues et grêles, composées de quatre articles, dont les deux premiers plus longs et plus gros que les autres ; les pattes sont longues et minces. Les Réduviides sont des insectes très-carnassiers, doués d'une grande agilité. Ils ont des formes très-variées, des couleurs le plus souvent sombres, mais quelquefois très-vives. Les Réduves proprement dites {Reduvius) ont la tête ovalaire , les yeux saillants, les antennes à premier article épais. Leur corselet est triangulaire, très-distinctement bilobé, les élytres de la longueur de l'abdomen au moins. Le type du genre, la Réduve masquée (Reduiniis personatus)^ fréquente les maisons habitées, où elle fait la chasse aux Punaises, aux Mouches et aux Araignées. Elle doit son nom à la curieuse habitude qu'a sa larve de s'envelopper de poussière, de flocons, de toiles d'araignée, de façon à celer sa présence. Cachée sous ce déguisement, elle s'avance douce- ment, par petits soubresauts, vers les insectes qu'elle convoite. Devenue plus agile à l'état parfait , lorsqu'elle a pris des ailes , la Réduve abandonne ce déguisement. Elle est alors d'un brun noirâtre obscur, FAMILLE DES RÉDUVIENS. 269 avec les pattes roussàtres, et telle que nous la représentons dans notre planche XVIIl. La Réduve entre souvent dans les maisons, le soir, attirée par la lumière. Elle n'est pas nuisible et nous délivre au contraire des insectes incommodes ou dégoiitants qui sont malgré nous nos hôtes. Il faut cepen- dant se bien garder de la saisir, ou ne le faire qu'avec précaution, car elle pique avec son bec imprégné d'un venin, et produit plus de douleur qu'une Guêpe. Une des plus belles espèces du genre est la Réduve agréable {Rcdii- riiis amœnus de Java. Elle est d'un beau rouge de corail, avec des taches d'un noir bleu luisant. Les Ploiaria P. vagabundaj ont les mêmes habitudes que les Réduves, et habitent également les maisons. Les Pirates {P. stridiilus vivent aussi de proie, mais la recherchent sur les plantes. Le genre Coranus est caractérisé par l'étranglement très-marqué du cou , la longueur du premier article des antennes double de celle des autres, et la brièveté des ailes, qui ne dépassent pas le troisième anneau de l'abdomen. Dans notre planche XVIII est figuré le Coranus siibapterus^ que l'on trouve dans les lieux secs et sablonneux, sous les bruyères et les ajoncs. II est d'un noir grisâtre, revêtu d'un court duvet jaunâtre; ses ocelles sont rouges et ses antennes d'un brun pâle. La tribu des Cimicides est caractérisée par un corps fortement déprimé et ordinairement arrondi, par une tête pointue s'tavançant entre les antennes, et dont le bec ou suçoir est inséré dans une cavité dont les bords sont saillants. Les Cimicides sont en général des insectes de petite taille, répandus dans toutes les parties du monde. Leurs habitudes varient suivant les espèces; les uns, comme la Punaise des lits, sucent le sang ; d'autres attaquent les insectes vivants ; d'autres enfin sucent la sève des végétaux. Le genre Cimcx, qui ne comprend aujourd'hui qu'une seule espèce, la plus connue, la plus répandue et la plus redoutée, j'ai nommé la Punaise des lits, oftre pour caractères: un corps excessivement déprimé, ORDRE DES HEMIPTERES. à peine plus long que large, ayant une forme tout à fait arrondie; des antennes sétacées, fort grêles, terminées en une longue soie ; le corselet fort court, extrêmement êchancré ; l'écusson triangulaire, large à sa base. Les élytres sont tout à fait rudimentaires, réduits à de simples moignons, et les ailes entièrement nulles; les pattes peu longues et fort minces. Fabricius donnait à ce genre le nom à' Acanthia , mais le nom de Linné a prévalu. La seule espèce de ce genre, avons-nous dit, est la Punaise des lits {Cimex lectularius) , représentée dans notre planche XVIII. Cet insecte n'est que trop connu par ses piqûres et par l'odeur infecte qu'il répand. Quelques auteurs ont prétendu que cet insecte nous venait d'Amérique, comme tant d'autres choses bonnes ou mauvaises; et suivant eux, ce ne serait qu'après l'effroyable incendie de Londres, en 1666, qu'il aurait été introduit dans des bois de construction venus d'Amérique, et il se serait de là répandu au loin. Mais pour qui connaît les anciens, cette opinion est complètement fausse ; car déjà Pline, Dioscoride et Martial en font mention dans leurs écrits. Nec toga uecfocus est nec tutus cimice lectus (ni vêtement, ni foyer, ni lit n'est à l'abri de la Punaise), dit le poète satyrique en se plaignant de cette odieuse créature, qui, grâce à l'aplatissement de son corps, s'introduit impunément partout. Comme la Punaise des lits ne vole pas, on pourrait s'étonner qu'elle ait pu se répandre dans le monde entier, si l'on ne savait qu'un seul homme qui, sans le savoir, en apporte quelque part une famille dans un des plis de son habit, peut en peupler toute une maison et même toute une ville; cependant elle est inconnue dans l'extrême Nord et l'extrême Midi; c'est le centre de l'Europe qui en est infecté, et Lyon est connu, en France, comme leur quartier général. La Punaise se blottit pendant le jour dans les interstices des boiseries, sous les papiers de tenture, et échappe ainsi à toutes les investigations; mais elle sort à la nuit de sa retraite pour se gorger de notre sang. Cette ignoble créature ne manque pas toutefois d'une certaine intelligence ; car si, pour éviter ses atteintes, on couche dans un hamac ou dans un lit dont les pieds sont isolés du parquet, elle sait parfaitement gagner le FAMILLE DES RÉDUVIENS. 171 plafond au-dessus du dormeur et se laisser tomber verticalement sur le lit. La Punaise pond ses œuts dans les encoignures. Leur coque est cou- verte d'une espèce de villosité destinée à faciliter leur adhérence contre les corps et les tissus où ils sont déposés. L'œuf, comme c'est le cas habituel chez les Hémiptères, a un couvercle que la petite Punaise pousse pour sortir. Ces larves, d'abord blanchâtres, ne tardent pas à se teindre en rouge par le sang qu'elles absorbent. On a souvent rencontré des Punaises dans les nids des hirondelles et dans les poulaillers. La Punaise des lits se multiplie en prodi- gieuse quantité, surtout dans les maisons mal- propres, et on a employé beaucoup de moyens ^^- pour les détruire, mais la plupart sont ineffi- J/^'^''^ caces et plusieurs dangereux. La benzine, la térébenthine, l'essence minérale, l'huile de pétrole les tuent sûrement ; mais ces liquides répandent une odeur fort désagréable et sont très -inflammables. Le pyrèthre les tient à distance, et si l'on en saupoudre les draps, on sera à l'abri de leur atteinte ; mais ce moyen n'en débarrasse pas la maison. On ne peut atteindre ce dernier but qu'en em- ployant l'acide sulfureux, et voici comment: sur un réchaud placé au milieu de la chambre, on met un vase contenant du soufre, après avoir hermétiquement bouché tous les endroits accessibles à l'air, et ce n'est que le lendemain, lorsque la vapeur de soufre s'est exhalée et a dégagé tout l'acide sulfureux, que toutes les Punaises ont succombé. Les Arades [Aradus) ont le corps déprimé; le bec grêle, plus long que la tête; les antennes cylindriques, et des élytres recouvrant entièrement l'abdomen. L'Arade du bouleau ' Aradus betiila-), commun dans toute l'Europe, est le type du genre. Il vit sous les écorces, où il recherche d'autres insectes. Dans le genre Phr mata, les antennes, plus longues que la tête, ont Fie:. 21)7. — 'J'ingls pi (\oy. page 2T2). 272 ORDRE DES HEMIPTERES. leur dernier article en massue. Ces Hémiptères vivent d'insectes qu'ils poursuivent sur les végétaux. Les Tingis, au contraire, vivent sur les végétaux dont ils sucent la sève. Ils ont le corps aplati, les élytres réticulés et le dernier article des antennes en bouton. Une espèce de ce genre, le Tingis piri, est très-nuisible aux poiriers; les jardiniers le connaissent sous le nom de Tigre. Ce Tigre, que nous figurons d'autre part (fig. 297, voy. p. 271), n'a que 2 millimètres de longueur et 3 1/2 millimètres d'envergure- il est cependant très-nuisible malgré sa petite taille; il s'établit en colonie sous les feuilles, qu'il pique et crible de petites pustules noires. Les fumiga- tions et les aspersions ne font pas grand effet sur lui ; le meilleur moyen d'en débarrasser les arbres est encore de couper les feuilles attaquées et de les brûler. On détruit ainsi une grande quantité d'œufs et de larves. FAMILLE DES LYCÉENS. 273 FAMILLE DES LYCÉENS La famille des Lygéens comprend une longue suite de genres dont toutes les espèces sont essentiellement phytophages. Ces insectes ont le bec plus court que les Réduvicns ; leurs pattes sont simples et propres à la course. On les rencontre sur les plantes dont ils se nourrissent, et sur lesquelles ils déposent leurs œufs par paquets. On divise les Lygéens en trois groupes ou tribus, qui se distinguent les unes des autres par le point d'insertion des antennes et par la présence ou l'absence d'appendices entre les crochets des tarses. Ce sont les Coréides , les Lygœides et les Capsidcs. Les Cor Éi DES ont les antennes insérées à la partie antérieure de la tète, sur la même ligne que les yeux ; leurs tarses ont .deux appendices entre leurs crochets. Cette tribu comprend un assez grand nombre d'espèces, dont quelques-unes atteignent une taille assez grande et sont ornées de couleurs brillantes. Ces Hémiptères sont répandus dans toutes les parties du monde. Dans le genre Stenocephalus la tête est prolongée en pointe, et le dernier article des antennes est plus long que les autres ; les pattes sont simples] les jambes droites. Le Sténocephale agile {St. agilis), figuré dans notre planche XV, doit son nom à l'activité remarquable qu'il déploie soit en marchant, soit en volant, et cela pendant les plus chaudes journées de l'été. Sa couleur est le brun pâle, avec une petite tache rouge sur chaque épaule; ses antennes et ses pattes sont jaunes, avec une tache noire à chaque joint. Les Anisoscelis ont la tête un peu avancée; les pattes longues, les cuisses postérieures ordinairement aplaties et épineuses, les jambes foliacées. Nous figurons dans notre planche XX V Anisoscelis (Diactor) bili- neatiis. Ce singulier insecte a les jambes postérieures dilatées en une large feuille. Sa couleur est un rouge brun foncé, avec deux raies jaunes sur le 274 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. thorax et la tète. Les membranes foliacées des jambes postérieures sont rougeâtres et portent deux taches jaunes. Cette espèce nous vient d'Amérique. Le genre Pachylis comprend des espèces américaines, présen- tant pour caractères : la tète courte ; les pattes postérieures à cuisses renflées et épineuses, à jambes comprimées. Le troisième article des antennes est dilaté en feuillet. Nous figurons ici (fig. 298 et 299) le Pachylis gigas et sa larve. Cet Hémiptère remarquable est ori- ginaire du Mexique. Toutes les parties claires des figures sont d'un beau rouge cramoisi, et les parties foncées sont d'un noir velouté. Pic. 298. — Pachylis rjigas. ^^;.-*..f^^ Les ailes seules sont d'un vert velouté, rayées de jaune brillant. La figure 3oo (voy. p. 275) re- présente un Coréide voisin, le Petascelis remipes de l'Afrique australe; ses noms générique et spécifique font allusion à la forme de ses jambes postérieures élargies et aplaties en forme de rames. Le corselet de cet insecte est brun bordé de jaune, et parcouru dans son milieu par une ligne de la même couleur. Les ailes sont d'un brun chocolat, plus foncées à l'extrémité. Dans le genre Metapodius , dont notre figure 3oi (voy. p. 276) repré- Lavve de Farli^Us gif/as. FAMILLE DES LYCEENS. '75 sente une belle espèce, propre au Brésil, les jambes postérieures sont encore élargies et aplaties en forme de rames, et les cuisses sont fortement renflées et épineuses. La couleur de cet insecte est un brun rouge acajou; les pattes postérieures portent une ligne rouge. Celles-ci ont la cuisse ronde et la jambe aplatie , toutes deux garnies de fortes épines au côté interne. Le genre Corée {Corciis) renferme des espèces nombreuses , caracté- FlG. 300. — Pe'ascciis rçmipcs (voy. page 274;. risées par leur tète courte, par leurs antennes à premier article long et à dernier article ovalaire. La Corée bordée {Corciis marginatiis) est très- commune sur les plantes, où elle pond ses œufs dorés. Elle est longue de i5 millimètres, d'un brun obscur en dessus, livide en dessous; antennes ayant les deux premiers articles rougeàtres et le dernier noir; élytres bruns, sans taches. La Corée à cornes velues {Coreus liirticoniis), figurée dans notre planche XIX, a le corps et surtout ks antennes hérissés de poils raides; le 276 ORDRE DES HEMIPTERES. corselet a ses bords armés de fortes épines. Cette espèce se trouve dans toute l'Europe méridionale. On a fait des Corées à ventre plus large que les élytres, le genre Vcr- liisia. . Dans notre planche XIX est figuré le Verlusia rhombca. Il est d'un brun jaunâtre couvert en dessus de petits points; ses pattes sont jaunes. Cette espèce n'est pas rare sur les feuilles des arbres en automne. Certaines Corées étrangères sont remarquables par des appendices bizarres. Telle est, par exemple, la ~ Phyîlomorphe de AIadûgascai\ qui ressemble à une feuille déchiquetée. Les Coréides du genre Neidcs ont le corps d'une extrême ténuité et assez allongé ; la tête s'avance en pointe entre les antennes, et ces dernières , extrêmement grêles et longues , forment un coude très- prononcé après leur second article, qui est renflé à son extrémité; le dernier article, comparativement court , forme une sorte de massue ; les aileSj sont linéaires et couvrent entièrement l'abdomen. Nous figu- rons dans notre planche XIX le Neides depressus, remarquable par la longueur et la gracilité de ses membres, qui rappellent ceux des Hydromètres. Sa couleur est d'un brun jaunâtre, avec l'abdomen noir. Les Rhyparochromus ont le corps de forme ovale; la tête petite, non prolongée; les antennes moyennes, à premier article plus court; les pattes sont plutôt courtes et robustes. Le Rhyyarochromiis dilataliis , figuré dans notre planche XIX ('), est noir, recouvert d'un fin duvet jaune. Il n'est pas rare en France, et se trouve sous la mousse. Melapodivs laliprs (voy. p.ige â74). 0; Voir la note page i-jij. FAMILLE DES LYCÉENS. 277 Sur la même planche est représenté ÏHciicstaris laticcps, insecte assez commun dans le midi de la France. Il est d'un jaune dbcrc nuage de brun. Il est surtout remarquable par la largeur de la tête, qui est plus large que le corps. La tribu des Lyg^eides est caractérisée par des antennes insérées au-dessous des yeux, à dernier article fusiforme, et par les tarses sans appendice entre les crochets. Le genre Pyrrhocoris a la tète très-avancée; le corselet rebordé latéra- lement. Le type de ce genre, le Pyrrhncovis aptcrus, représenté dans notre planche XIX, est des plus communs dans toute l'Europe; c'est cette Punaise, bariolée de noir et de vermillon, que l'on rencontre si fré- quemment rassemblée en sociétés nombreuses au pied des arbres et au bas des murs exposés au midi. Cette espèce n'a jamais que des moignons d'élytres. Ces Punaises ne dégagent pas de mauvaise odeur; elles sucent la sève des végétaux, les fruits tombés, les insectes morts. Elles se cachent pendant l'hiver sous les pierres et les écorces, et s'y engourdissent. Les espèces du genre Lygée ont la tète triangulaire ; le thorax plat , deux fois plus large en arrière qu'en avant; leurs ocelles sont très-distincts et leurs antennes à articles courts. La couleur rouge, relevée par des taches noires, domine chez la plupart des espèces. Les Lygées vivent sur les plantes, réunies souvent en si grande quantité, qu'elles forment une masse rouge. Tels sont les Lygœiis mi li taris et Lygcvus cquestris , très- communs dans le Midi. Ce dernier, long de 8 à 10 millimètres, a la tète, les antennes, les pattes et le bord antérieur du prothorax gris; les élytres, le corselet, l'abdomen, une grande tache sur la tète rouge cinabre; deux points noirs sur le corselet, en arrière de la bande grise; écusson noir; deux points noirs en arrière de l'écusson et quatre plus loin. Cette espèce est égale- ment commune aux environs de Paris. Nous représentons ici (fig. 3o2, voy. p. 278) une magnifique espèce du Bengale, le Lygœiis grandis des anciens auteurs, dont on fait aujourd'hui un genre particulier sous le nom de Macrnchcraia. Il atteint 278 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. jusqu'à 5 centimètres de longueur. Il est d'un rouge cinabre tacheté de noir. La tribu des Capsides a pour caractères généraux : les antennes insc- : ijrandis ;voy. inigc 277). rées au-dessous des yeux, à dernier article très-grèle; l'abdomen présen- tant chez les femelles une tarière quelquefois très-saillante. Les Capsides se rencontrent généralement dans les lieux humides, sur les plantes qui les nourrissent. Ils sont agiles, mais de petite taille, et ornés le plus souvent de couleurs vives et variées. Les espèces du genre Miris ont le corps très-allongé ; la tète prolongée en pointe entre les antennes; ces dernières fort longues, à dernier article très-grêle. Le Miris virens est vert, avec ^v l'extrémité des antennes et les tarses fauves. - : Il est commun dans toute l'Europe. Le Miris errant [Miris erra tiens) , long de S à 10 millimètres, est d'un vert pré, avec quatre lignes noires sur le corselet et trois sur la tète. Le mâle a le dessus de la tête, du corselet et des élytres noir. Cette espèce est commune partout. Le genre Phytocoris a la tète courte, arrondie; les antennes grêles, le corps oblong. Le Phytocoris du tilleul [Phytocoris tiliœ) , figuré dans Vhjtoi FAMILLE DES LYCEENS. îyo notre planche XIX (^), est verdàtre, avec trois bandes brunes. Le Phytocoris à deux points {Phytocoris bipimctata) [fit;. 3o31 est vert, avec deux points sur le prothorax- les élytres, plus ptiles, ont un point jaune à l'extrémité. Cette espèce se trouve dans le nord de l'Europe. l'IO. :lijl il 311. - 1. St)!i(Momtus tri'juUatin luàlc. A'Orihocephdtu ■ S^iletlonotiis trignUalus ïcunsllc. — '3. Orthocej^halus Ittrttt^. — n. Tête l>. Tart>c postiirieur. — c. Aile. Vn fort curieux Capside est le Systcllonotiis tviguttatiis (fig. 3o4, I et 2), remarquable par la forme de l'abdomen étranglé à sa base, comme le montre la figure de la femelle, fort différente d'ailleurs du mâle, puisqu'elle est sans ailes et d'un brun jaunâtre uniforme. Le mâle est d'un brun rougeàtrc, couvert d'un fin duvet jaunâtre. C) Par suite d'une méprise du graveur, le Phytocoris tiliœ porte le nom de Rhyyarockromus diljlatiis, et re'ciproquement. ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Sur chaque élytrc sont trois bandes diagonales blanches. Cet insecte est assez rare, surtout la femelle, que l'on prendrait à première vue pour une Fourmi. La figure 3o4 (3) représente VOrthocephaliis hirtus, retiré du genre Phytocoris, dont il faisait autrefois partie, et avec lequel il offre des différences assez marquées dans la forme et le port de sa tète droite, la longueur du second article des antennes (fig. 2g5 (3), a). Cet insecte est noir, couvert d'écaillés d'un jaune doré, du milieu desquelles s'élèvent des poils noirs. Les cuisses sont noires et les jambes d'un jaune rougeàtrc. Le genre Capsiis, qui a donné son nom à la tribu, comprenait autrefois tous les genres précédents et plusieurs autres. 11 se trouve très-réduit aujourd'hui et ne renferme plus qu'un petit nombre d'espèces, parmi les- quelles nous citerons \qs Capsits trifasciatiis , vlatiis , laniarius, dans lesquels le rouge et le noir dominent. Le Capsus trifasciatus, long de 7 à 8 millimètres, est noir, avec les bords du thorax , l'ècusson et les élytres rouges ; ces derniers portent trois bandes transversales noires; les antennes et les pattes sont noires, les jambes annelées de rouge. Cette espèce se trouve dans toute l'Europe. FAMILLE DES SCUTELLERI ENS. FAMILLE DES SCUTELLERIENS Les Hcniiptcrcs de la famille des Scutelléricns se distinguent surtout par la grandeur de leur écusson, qui recouvre les élytres en partie ou même en totalité; leurs antennes sont longues et toujours libres, ordinairement de cinq articles; leur corps est large et épais, leurs pattes courtes et grêles. Les Scutelléricns sont souvent très-remarquables par la vivacité de leurs couleurs, qui ont parfois un éclat métallique. Ces insectes sont répandus dans toutes les régions du globe, mais surtout dans les pays chauds, où vivent les espèces aux plus riches parures. Tous sont phytophages, et vivent des sucs végétaux qu'ils pompent en en- fonçant leur bec dans le parenchyme des feuilles ou dans le tissu des jeunes branches. On divise la famille des Scutelléricns en trois groupes ou tribus, basés sur la forme de l'écusson. Ce sont les Pentatomides , les Cydnides et les ■^ Plu. il-î. — Etlessa corniiln. Scittcllérides . La tribu des Pentatomides se distingue par l'écusson triangulaire, ne couvrant pas tout le corps, et par les pattes énormes. Dans le genre Oncomeris la tète est petite; les antennes simples, épaisses, surtout le troisième article; l'abdomen présente une pointe à sa base. Nous figurons dans notre planche XX VOncomeris Jlavicoruis de l'Australie. Ce bel insecte est noir, avec les ailes bleues à reflets cuivreux. Le genre Edessa est américain; ses espèces ont la tète très-petite, triangulaire; l'abdomen porte des épines latérales. Nous représentons ici (fig. 3 12) V Edessa cornuta, de Para; son corselet, armé de deux longues •283 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. FlG. 31J. — i'cntatoma olcr< pointes recourbées, est brun verdàtrc, son écusson jaune, et la partie supérieure du corps azurée. Notre planche XX représente deux espèces de Pentatomides très-remar- quables : le Pygoplatys lancifer, de Bornéo , qui rappelle VEdessa cor mita par son corselet prolongé latéralement en pointes, et le Dalader acuticosta, qui présente aussi les angles supérieurs de son corselet prolongés en pointes, mais recourbés en haut en crochet. Les Pentatomes proprement dites [Penta- toina) comprennent un très-grand nombre d'espèces. Ce sont surtout ces Hémiptères qui sont connus sous le nom de Punaises des bois. Leurs caractères distinctifs sont: d'avoir le corps court, ovale et arrondi , l'écusson ne recouvrant pas tout l'abdomen ; celui-ci mutique; les antennes filiformes, de cinq articles. Les Pentatomes répandent pour la plupart une odeur forte et très-désagréable, qui se communique aux objets que l'insecte a touchés. Les femelles déposent leurs œufs par plaques sur les feuilles et les tiges des végétaux; ces œufs sont parfois agréablement colorés. Parmi les espèces qui se trouvent aux environs de Paris, nous citerons la Pentatome des ptotagers (Pentatoma nleracea) [fig. 3i3], que l'on trouve communé- ment dans les jardins et les champs, sur les choux et diverses plantes crucifères. Cette espèce est fort nuisible et commet parfois de grands dégâts sur les choux, qu'elle infecte de son odeur. Ses piqûres nombreuses sur les feuilles, dont elle suce la sève, fait jaunir et dessécher la plante sur pied. La Pentatome dissemblable {Pentatoma dissi- milis) fréquente également les jardins ; elle est longue de lo à 12 millimètres, d'un vert obscur, couvert de points enfoncés noirs; les antennes, les pattes et le ventre sont d'un jaune rougeàtre; les ailes sont enfumées. Cette espèce est figurée dans notre planche XV. La Pentatome des baies {Pentatoma baccariim) [fig. 314] est pubescente. l'cntaloma hacd FAMILLE DES SCUTELLÉRI ENS. rougcàtrc en dessus, avec l'extrémité de l'écusson jaunâtre; l'abdomen tacheté de noirâtre sur les bords; les antennes annelées de noir et de blanc. La Pcntatome rayée Pcntatuma lincata) [tig. 3i5] est jaune, ponctuée, rayée dans sa longueur de lignes d'un brun rougeàtre. Elle n'est pas rare dans le midi de la France. Le genre Asopus n'est qu'une division du grand genre Pcntatome, dont il diffère par le rostre fort et libre, et par les jambes antérieures dilatées. V Asopus litridiis, figuré dans notre planche XIX, est bien connu des jardi- niers ; il est parfois très-abondant dans les vergers, surtout sur les ceri- siers, dont il suce les fruits mûrs et qu'il infecte de son odeur dés- agréable. 11 est jaunâtre, pointillé de noir, avec les côtés de la tète et du corselet à reflets .^r.//^ bleuâtres, il est jaune en dessous, avec deux "°~ rangées longitudinales de points noirs. La Pentatome du bouleau [Pentatoma betulœ< offre à l'observateur des mœurs intéressantes. C'est une Punaise grise avec une tache noire sur l'écusson, et le rebord de l'abdomen jaune et noir. Si l'on en croit De Geer, la femelle de cette espèce est un modèle de sollicitude ma- ternelle, vertu rare chez les Punaises. On la voit conduire ses petits de feuille en feuille, comme une poule ses poussins; on en voit toujours de 3o à 40 autour d'elle; elle les guide, les défend, et ne les abandonne pas aussi longtemps qu'ils ont besoin de ses soins. Lorsque ses petits s'éloi- gnent ou courent quelque danger, la mère bat des ailes avec rapidité pour les rappeler ou pour éloigner les ennemis. Parmi ceux-ci, le plus à craindre est le mâle même de l'espèce, qui ne cherche qu'à détruire les petits. Rien n'est curieux comme de voir la ruse et l'énergie que déploie la femelle pour s'opposer aux projets sanguinaires du mâle, et donner à ses petits le temps de se cacher ^ ce qu'ils font en s'éparpillant sous les feuilles. La figure 3 16 (voy. p. 284) représente le Catacanthus incarnatiis, belle ntatoma liueata. 3ù4 ORDRE DES HÉMIPTÈRES. espèce de l'Inde ^ elle varie du jaune au rouge, avec des taches noires; l'extrémité des ailes est d'un bleu profond. Le genre Brachystcthus est caractérisé par la brièveté de son thorax deux fois plus large que long. Le Brachystcthus ntbromaculatiis du Brésil (fig. 3 17) est d'un noir brillant vcrdàtre, avec de larges taches d'un rouge écarlate, forte- ment pointillées. La tribu des Cydiiidcs offre pour caractères : l'écusson triangulaire, ne couvrant pas tout le corps ; les pattes garnies d'épines. Elle comprend esscn- b-io. 31,!. - c.aacan,ku. laco.rn.tus {vuy. ,,ugu .».,. ticUement Ic gcurc Cydniis, caractérisé par des antennes grêles, et dont le type est le Cydnus tristis, tout noir, finement ponctué en dessus. On trouve cet insecte dans presque toute l'Europe. La tribu des Scutellérides est l'une des plus remarquables de celles des Hémiptères hétéroptères. Comme l'indique son nom, le principal caractère de ce groupe est le développement de l'écusson (Sciitclluiu)^ qui s'étend sur l'abdomen et le recouvre soit en entier, soit dans la plus grande partie de son étendue. Les Scutellèrcs sont remar- quables, non-seulement par leurs cou- leurs, tantôt métalliques et brillantes, tantôt d'une vivacité admirable, mais encore par leurs formes, qui les feraient prendre parfois pour des Buprestes, et, comme ces derniers, ils mérite- raient le nom de Richards ;, au moins les espèces des contrées chaudes; car celles de nos pays froids ou tempérés sont les moins grandes et les FiG, 317. — LraclujtUtltHii rnbwmacukUu FAMILLE DES SCUTELLÉR lENS. moins belles de toutes. Malgré leur beauté, les Scutellères sont des insectes désagréables de leur vivant; de toutes les Punaises, ce sont celles qui répandent l'odeur la plus infecte. Elles vivent sur les plantes dont elles sucent la sève; mais, à l'occasion, lorsqu'elles rencontrent quelque chenille, elles plongent leur bec acéré dans son corps et l'en retirent gorgé de ses humeurs. On a établi plusieurs coupes géné- riques dans le groupe des Scutellé- rides : ce sont les Pachycoris, à corps ovalaire convexe, qui habitent l'Europe méridionale; les Tetyra, à corps moins bombé, européens; les Sphœrocoris, les Odontoscclis, les C/iUviiucoris sont exotiques. Les Sciitellaria proprement dits sont les plus beaux de tous les Hémiptères; ils sont tous exotiques. Parmi les plus belles, nous citerons: la Scutellère marquée [Scutcllaria signala), très-commune au Sénégal. Elle est longue de i8 à 22 millimètres, d'un beau vert brillant et métallique en dessus, avec des taches noires; le dessous du corps et les pattes sont rouges ; sur les côtés de l'abdomen sont des taches vertes et bleues. Le Sciitellaria nobilis de l'Inde (fig. 3iS) est en dessus d'une nuance chatoyante, qui, selon l'incidence des rayons lumineux, paraît verte, bleue ou violette; sur ce fond éblouissant se détachent en noir profond des taches rondes placées longitudinalement. Le genre Augocoris offre tous les caractères des Scuicllavia, à l'excep- tion d'un seul, tiré des antennes; celles-ci n'ont que trois articles, carac- tère qui distingue ce genre de tous les autres de la même famille; le premier article est fort court, le second et le troisième sont très-longs. Les espèces de ce genre sont américaines. V.' Augocoris Gomesii, long de iG à 18 millimètres, a le corps plus court Snili-llarlti nohiUs 286 ORDRE DES HEMIPTERES. et plus ramasse que les Scutellères. Il est d'un jaune rougcâtre brillant, avec les antennes noires; la tête, le corselet et l'écusson portent de gros points d'un bleu noirâtre; les pattes sont de cette dernière couleur. Cette espèce est assez répandue au Brésil. Le genre Peltophora a des antennes de cinq articles, dont le second est très-grand et arqué, et le troisième tort court. Le Peltophora vuLvomacidata de l'Australie est d'un beau bleu brillant tacheté de rouse. ^j:,m^^ ^^ ^y^' ORDRE DES APHANIPTÈRES ^V\( et ordre ne comprend qu'un seul genre, le genre ^- Puce (Piilex)^ bien connu de tout le monde. Le nom â! Aplianiptères leur vient de la privation d'ailes. Ces singuliers insectes ont le corps recouvert de segments cornés très-sôlides; il est comprimé, arqué à sa partie dorsale et composé de douze segments, non compris la tête. Celle-ci, petite, arrondie antérieurement, est penchée en avant et garnie de cils raides. Leurs organes buccaux les rapprochent des Hémiptères. La bouche a la forme d'un suçoir composé de trois pièces, renfermé entre deux lames articulées, de manière à constituer une trompe cylindrique et telle qu'on en voit le détail dans les figures a, b et/(fig. 322). Au milieu est le dard formé par le labre, puis les mandibules allongées en grandes scies; les mâchoires, transformées en lames articulées, sont soudées avec la lèvre inférieure pour former une gaîne, dans laquelle les mandibules et le labre sont main- Î90 ORDRE DES APH AN IPTÉRES. tenus. Les Puces n'ont pas d'yeux composés, mais seulement deux petits yeux lisses; leurs antennes, placées derrière l'œil, dans une échancrure de la tctCj sont composées de trois articles mobiles; le premier court, le second long et épais, le troisième plat, élargi en palette et divisé en lanières ou digitations de plus en plus courtes, d'avant en arrière; le thorax est grand et bien distinct, les pattes sont longues et robustes, à hanches très-fortes, à cuisses courtes, à jambes très fortement ciliées, en un mot tout à fait conformées pour le saut ; les tarses sont composés de cinq Fia. 322 à 328. — 1. Pidex lalpcc. o. Menton et ii.alpes. — h. Tète gi'ossie. — c. Palpe. — d. Tarse, o. Nymphe. — /. Menton et palpes. ■ 2. Pulex ivrilaiis. articles et terminés par des crochets longs, recourbés et aigus; l'abdomen est très-grand, ovale, beaucoup plus large verticalement que le thorax. Les Puces subissent des métamorphoses complètes; elles se multiplient avec presque autant de rapidité que les Punaises. La femelle pond une douzaine d'œufs assez gros dans les coins garnis de poussière, dans les fentes de parquets, sur les meubles et dans les poils des animaux. Il en sort des larves blanches et sans pattes, semblables à de petits vers, à tète écailleuse munie de deux antennes courtes, mais privée d'yeux. Ces larves sont très-vives ; elles marchent avec rapidité en serpentant, et exé- cutent les mouvements les plus bizarres au plus léger attouchement. Leur développement s'opère en une douzaine de jours, au bout desqiiels elles ORDRE DES AP H AN IPTÈRES. 291 se filent un petit cocon soyeux, dans lequel elles se changent en nymphe et d'où elles sortent à l'état d'insectes parfaits. Les Puces vivent en parasites sur l'homme et sur les animaux, mam- miféres et oiseaux; elles nichent dans la fourrure des chiens, chats, lièvres, etc.,. qui en sont très-tourmentés en été et en automne. La précaution que l'on prend de baigner les animaux pour les débarrasser de ces insectes est inutile , et des expériences ont prouvé que des Puces tenues au fond de l'eau pendant plus de douze heures, revenaient à la vie après en être sorties. De tous les moyens préconisés contre les Puces, le meilleur, pour s'en préserver, est d'entretenir une grande propreté dans les inté- rieurs, et pour les détruire, l'emploi de la poudre de pyrèthre. On connaît un grand nombre de Puces. La Puce irritante {Pitlex irritans\ représentée figure 322, vit sur l'homme. Elle préfère la peau délicate des femmes et des enfants. Elle abonde surtout dans les pays chauds; en Algérie, les Arabes, très-malpropres, logent dans les plis crasseux de leur burnous des œufs de Puces et ,^ de véritables légions de ces insectes à tous les *^ états. Cette espèce, qui paraît vivre exclusive- k,,. 32,. _/,,,„ p.«e.a,«,fcm.iic. ment du sang humain, n'a d'épines ni au cha- °' f"rp7gc 292^'' peron ni au thorax. La Puce du chien {Pitlex canis) est munie d'épines au chaperon et au thorax ; elle vit sur les chiens et les chats, et n'attaque l'homme qu'acci- dentellement. Beaucoup d'animaux ont leurs Puces : on reconnaît comme espèces distinctes celle de la taupe {Pulcx talpœ) [fig. 822], celles de la chauve- souris, du hérisson, du blaireau, de la souris, du lérot , du pigeon, de l'hirondelle, etc. Une petite Puce de l'Amérique du Sud, la Puce pénétrante {Pulex penclrans), vulgairement connue sous le nom de chique, est très-redoutée. Son bec est très-long, son corps effilé et étroit. Le mâle demeure tou- jours grêle et errant; il est plus petit que la Puce commune. La femelle 292 ORDRE DES APH ANIPTÈRES. pénètre sous la peau, et s'y gorge de sang. Son abdomen devient énorme, gros comme un pois, sur lequel la tête et le corselet ne paraissent plus que comme un point brunâtre (fig. 329, voy. p. 291). La ponte a lieu dans la plaie, et de graves ulcérations en résultent parfois; on a même vu des cas suivis de mort. Ces Puces chiques abondent aux Antilles, à la Guyane, au Brésil, en Colombie, et les nègres et les Indiens, qui marchent pieds nus, en sont souvent attaqués. De vieilles négresses, aux colonies, font métier de les extraire, et elles savent les enlever avec' dextérité à la pointe d'une aiguille. ORDRE DES STREPSIPTÈRES (RHIPIPTÈRES DE Latreille) ordre est aussi limité que le précédent; il renferme une dizaine d'espèces ayant pour caractères communs : des mandibules en forme de petites lames linéaires, croisées l'une sur l'autre; des palpes maxillaires de deux articles; des yeux gros, globuleux et grenus; des ailes antérieures rudimentaires, ayant la forme de petits balanciers étroits, courbés au bout et renflés en massue. Les ailes postérieures sont au contraire grandes, membra- neuses et pourvues de nervures longitudinales; elles ont, comme celles des Orthoptères, la faculté de se replier en éventail. Leurs tarses sont dépourvus de crochets. Les larves de ces petits insectes offrent beaucoup de ressemblance avec celles de certains Diptères; elles ont le corps en ovale allongé, privé de pattes, et tous leurs téguments sont mous et blanchâtres. Comme on le voit, ces caractères anomaux rendent difficile à trouver 296 ORDRE DES STREPSI PTÈRES. la place qui convient réellement à ces insectes ; cependant leurs carac- tères et leurs métamorphoses les rapprochent davantage des Diptères que de tout autre ordre d'insectes. Les petites larves vivent en parasites sur certains Hyménoptères, tels que des Guêpes, des Polistes, des Andrènes. Elles se tiennent cachées sous les anneaux de l'abdomen, et l'on reconnaît leur présence aux petites gibbosités qu'elles y forment. Quoique très-peu nombreux en espèces, les Strepsiptères ont été répartis dans quatre genres distincts , caractérisés par la forme plus ou moins singulière des antennes et par le nombre des articles des tarses. Ce sont : Les Xenos, à antennes plus courtes que le thorax, ayant un premier article très-court, un deuxième très- long, comprimé, et un troisième aussi long, inséré „ „„ ,. à la base de celui-ci. Leurs tarses sont de quatre ar- PIG. 332. - - Aenos vesparum. ^ ticles. Le Xenos vesparum, qui habite surtout le midi de l'Europe, vit sur des Guêpes et des Polistes. Nous figurons ici ce singulier insecte très- grossi. Les Elenchiis ont les antennes grêles, pubescentes, à premier article court, suivi de deux lamelles grêles. Leurs tarses ont deux articles. Ces insectes, de même que les Stylops, vivent sur les Andrenides. Les Stylops ont des antennes membraneuses de six articles ; le pre- mier assez grand, le second très-court, le troisième prolongé au côté interne en un lobe allongé, les trois derniers de grandeur moyenne. Leurs tarses sont de quatre articles. Les Halictophages ont des antennes très-courtes, ayant le premier et le deuxième article presque carrés; les suivants munis d'un rameau allongé. Leurs tarses sont de trois articles. Le type du genre, V Halictophagus Cur- tisii^ a été découvert sur une espèce d'Halictus. ORDRE DES DIPTÈRES Les insectes qui composent cet ordre — l'un des plus nombreux de la classe — se distinguent facilement par le caractère qu'indique leur nom, c'est-à-dire de n'avoir que deux ailes , les inférieures se trouvant réduites à deux petits appendices vihratiles auxquels on a donné le nom de balan- ciers. Leur bouche consiste en un suçoir composé des mandibules et des mâchoires, qui prennent la forme de lancettes écailleuses; les lèvres viennent former un canal à ce suçoir qui varie d'ailleurs considérable- ment dans sa forme et sa composition. Les yeux sont très-développés, quelquefois même contigus dans certains mâles ; il existe en outre pres- que toujours des ocelles, parfois au nombre de deux, le plus souvent de 3oo ORDRE DES DIPTÈRES. trois. Les antennes sont insérées au-dessus de la cavité buccale, et varient beaucoup de forme. Le thorax, généralement robuste, porte deux ailes diaphanes et mem- braneuses, d'une étendue moyenne, deux balanciers et deux cuillerons, petits organes en forme de coquille, et situés au-dessous des balanciers. Les pattes sont terminées par des tarses de cinq articles, munis de deux crochets , entre lesquels sont situées deux ou trois pelotes vésiculeuses et membraneuses, dont la disposition est telle, qu'elle permet aux Diptères de se maintenir à la surface des corps les plus polis, comme les glaces, et d'y marcher avec sécurité, même dans une situation renversée. Ces pelotes vési- culeuses s'appliquent exactement sur les corps, et agissent comme des ven- touses. L'abdomen est presque toujours convexe en dessus, concave en des- sous; il n'offre le plus souvent que cinq ou six anneaux; le reste, dans les femelles, prend la forme de tuyaux rentrant les uns dans les autres, comme les tubes d'une lunette, et forme une espèce de tarière propre à introduire leurs œufs. Les larves des Diptères sont molles, sans pattes, mais munies parfois de mamelons qui leur tiennent lieu de pieds ; leurs stigmates, au lieu d'être, comme dans celles des autres ordres, répartis tout le long des côtés du corps, sont situés à l'extrémité du corps, qui se prolonge parfois en un long tube (voir la figure en tête de l'ordre). Leurs organes buccaux consistent en deux crochets recourbés, dirigés en bas, au moyen desquels elles hachent les substances dont elles font leur nourriture. Ces larves n'éprou- vent pas de mues pendant le cours de leur accroissement; mais une partie d'entre elles changent de peau pour passer à l'état de nymphe. Les Diptères, avons-nous dit, constituent un des ordres les plus nombreux de la classe des insectes; ils sont encore plus répandus dans le Nord que dans le Midi. Sur les terres les plus rapprochées du pôle, là où l'on ne dé- couvre plus d'insectes des autres ordres, on rencontre encore des Diptères. Les deux types principaux de cet ordre sont les Cousins et les Mouches, ou plus scientifiquement les Némocères et les Brachocères, qui for- ment deux sections distinctes. ORDRE DES DIPTÈRES. 3oi I. Les Némocères ont les antennes filiformes, généralement plus longues que la tête et le corselet réunis, et composées de plus de six articles. Leur corps est grêle et élancé; leur trompe allongée et saillante; leurs palpes sont de quatre ou cinq articles, et leurs ailes longues. Cette section renferme deux familles, celle des Ciiliciens et celle des Tipuliens. II. Les Brachocères ont généralement les antennes courtes, de trois articles au plus , dont le dernier est renfîé et ordinairement muni d'un style sétiforme, qui représente le reste de l'antenne atrophié. Le corps est le plus souvent large, ainsi que les ailes; les palpes sont de un ou deux articles. 3o2 ORDRE DES DIPTÈRES. FAMILLE DES CULICIENS La famille des Culiciens tire son nom du mot Ciilcx , nom latin du Cousin; elle renferme les insectes diptères qui, comme ce dernier, ont pour caractères : des antennes filiformes de quatorze articles, aussi longues que la tète et le thorax réunis, hérissées de longs poils; une trompe longue, avancée, renfermant un suçoir acéré, composé de cinq pièces; des palpes longues, de cinq articles; des ailes à nervures couvertes d'écaillés. FlG. 335 à 337. — C'iUex pipiens. — g. Palpe. — ft. Auteuue. Les Culiciens ou Cousins ne sont que trop connus de tout le monde ; on les trouve répandus sur tous les points du globe, aussi bien dans les contrées glaciales que dans les régions torrides, où ils tourmentent les hommes et les animaux de leurs piqûres. La famille des Culiciens ne comprend qu'un très-petit nombre de genres, dont le plus important est le genre Cousin [Ciilex], qui donne son nom au groupe entier. Toutes les espèces offrant des mœurs à peu près identiques, nous décrirons avec quelque détail celles du Cousin com- mun, le plus répandu et le mieux connu dé tous. Le Cousin commun (Culexpipiens), que nous représentons ici (fig. 335), est brun, avec deux bandes plus foncées sur le thorax; l'abdomen gris. FAMILLE DES CULICIENS. 3o3 annelé de brun. Les antennes, très-velues dans le mâle, figurent deux petits panaches {h). On rencontre les Cousins partout, mais surtout dans les lieux humides, marécageux; on les voit souvent, le soir, former au-dessus des eaux de petits nuages, qui montent et descendent en s'entre-croisant, et semblent se livrer, sous les rayons obliques du soleil couchant, à des danses fan- tastiques. Les Cousins se tiennent assez généralement tranquilles une partie de la FIG. :J3.S à 3il. — Culex inpù journée; mais vers le soir ils se rassemblent en grand nombre, en faisant entendre un bourdonnement aigu et particulièrement désagréable. Les femelles sont malheureusement très-fécondes ; chacune donne naissance à deux cents ou trois cents œufs environ, et il peut y avoir jusqu'à six généra- tions chaque année. Les œufs sont allongés, oblongs, pointus supérieu- rement, réunis en une masse qui a la forme d'un radeau, et qui vogue à la surface de l'eau sur laquelle les Cousins déposent leurs œufs 'ûK Tous ces œufs sont posés perpendiculairement côte à côte, et l'on se demande comment l'insecte parvient à les faire tenir dans cette position , du moins 3o4 ORDRE DES DIPTÈRES. les premiers, qui doivent nécessairement offrir trop peu de base par rap- port à leur hauteur. Voici comment il s'y prend: Lorsqu'elle veut pondre, la femelle s'ac- croche au moyen de ses quatre pattes antérieures à quelque feuille ou à quelque petite aspérité au bord de l'eau, de manière à ce que l'extrémité de son abdomen effleure la surface du liquide ; puis , sous l'extrémité de l'abdomen, elle croise ses deux longues jambes postérieures en X, et pond son premier œuf, qui descend soutenu par les jambes, et reste main- tenu verticalement; elle en pond alors un second, qu'elle colle le long du premier, toujours en le maintenant avec ses pattes; puis un troisième, et ainsi de suite, et ce n'est que lorsqu'elle a pondu son dernier œuf, qu'elle abandonne le petit radeau qui est alors en état de voguer sans risque. Environ quarante-huit heures après la ponte, les larves sortent par le bout inférieur de l'œuf, de sorte qu'elles naissent dans l'eau où elles doivent vivre jusqu'au moment de leur transformation en insecte parfait. Mais c'est là le moment difficile de leur existence; car cet insecte, qui vivait dans l'eau et qui aurait péri même si on l'en eût tenu dehors pen- dant un temps assez court, va passer à un état où il n'a rien tant à craindre que l'eau ; s'il y touche il est perdu. Voici comment il se conduit dans cette situation délicate: il se tient étendu à la surface de l'eau, de manière à ce que son corselet gibbeux soit élevé au-dessus. Ensuite il se gonfle de manière à faire craquer sa peau de nymphe, qui se fend dans le dos, comme le ferait un habit trop étroit ; il fait alors paraître sa tète et son corselet, et les élève autant qu'il peut au-dessus des bords de l'ouverture qui leur a permis de paraître au jour. Puis il tire tout doucement la partie postérieure de son corps vers la même ouverture , et se redresse de plus en plus, jusqu'à ce que son enveloppe de nymphe soit devenue vide et comme une espèce de bateau, dans lequel le Cousin se tient dressé haut debout; car ses ailes, trop molles encore et collées le long de son corps, ne peuvent alors lui être d'aucun usage. Ce bateau d'un nouveau genre se trouve ainsi pesamment chargé, et les bords de son ouverture touchent presque l'eau ; le moindre souffle, la plus petite agitation de l'air peut le faire chavirer, et il faut que le Cousin fasse des prodiges d'équilibre pour FAMILLE DES CULICIENS. 3o5 se maintenir dans cette position dangereuse. Mais enfin ses ailes achèvent de se déplier et de se sécher, et il prend son vol. La larve du Cousin ib) a un long abdomen garni de faisceaux de soies, dont elle se sert pour nager avec beaucoup d'agilité. Au moyen des organes ciliés dont sa tète est pourvue, elle détermine un petit tourbillonne- ment dans l'eau pour amener à sa bouche les matières dont elle se nourrit. L'avant-dernier segment de l'abdomen porte l'organe respiratoire; celui-ci consiste en un tube qui forme un angle avec ce segment. L'extré- mité de ce tube est munie de plusieurs pointes, disposées comme les rayons d'une étoile, dont l'animal se sert pour se maintenir à la surface de l'eau et se mettre en rapport avec l'air atmosphérique ; veut-il s'en- foncer, les rayons se rapprochent, empêchent l'air de pénétrer dans l'in- térieur du tube, et l'animal descend aussitôt; veut-il remonter, au con- traire, il épanouit les rayons, l'air pénètre dans l'intérieur du tube, et la larve s'élève sans peine. Cette larve change plusieurs fois de peau avant de se transformer en nymphe. Pour effectuer ces mues successives, elle vient présenter son dos à l'air et au soleil; bientôt la peau se dessèche, se fend longitudinalement et permet à l'insecte de rejeter sa vieille dé- pouille. C'est à la dernière mue que le Cousin se métamorphose en nymphe. Celle-ci, dans le repos, prend une forme circulaire en appliquant sa queue au-dessous de sa tête. Quand elle veut nager, elle se débande ^ et à l'aide des palettes dont est munie l'extrémité de son corps, elle se meut rapidement dans les eaux. Cette nymphe respire au moyen de deux tuyaux placés sur le thorax. Huit à dix jours après cette métamorphose le Cousin devient insecte parfait. La trompe du Cousin est un instrument d'une délicatesse et d'une per- fection admirables. C'est un tube fendu dans sa longueur en deux parties flexibles, terminées chacune par une lèvre ou petit bouton, et renfermant un aiguillon composé de cinq filets écailleux ou petites lames, semblables à des lancettes, les unes dentelées en scie à leur extrémité, les autres seulement tranchantes. Le jeu de toutes ces petites scies acérées perce promptement la peau, et à mesure que ces lancettes s'enfoncent, le four- 3o6 ORDRE DES DIPTÈRES. reau, qui ne pénètre pas avec elles^ se replie en formant un coude. Pour une trompe si délicate, le sang est un liquide encore trop grossier, et afin de lui donner plus de fluidité, le Cousin y mêle une certaine liqueur vénéneuse qui détermine dans la piqûre une irritation et une enflure plus ou moins considérables. Il y a des contrées où ces insectes deviennent un véritable fléau, et leur nombre, quelquefois incalculable, a pu mettre en fuite les habitants. On lit souvent dans les relations de voyages les descriptions des tourments que les Maringouins , les Moustiques font endurer, sous les climats des tropiques, aux voyageurs et aux naturels de ces régions; car ces insectes y deviennent plus grands^ plus multipliés, et leur venin y semble plus caustique que partout ailleurs. On ne peut se reposer ni dormir un instant sans s'entourer de voiles de gaze appelés moustiquaires. Les Caraïbes d'Amérique ne se frottaient d'ocre rouge que pour éloigner les Maringouins, et ce n'est que dans ce but que les Hottentots se frottent le corps de bouse de vache et d'autres substances malpropres, bien que l'on ait attribué cette coutume à un goût dépravé, et c'est peut-être à la même cause qu'il faut attribuer l'habitude de fumer le tabac, que les Espa- gnols trouvèrent établie chez les sauvages de l'Amérique. On pourrait croire que les contrées du Nord, déjà si peu favorisées à d'autres égards, devraient être à l'abri de cette peste; mais il n'en est rien, et les malheu- reux Lapons en sont réduits à se frotter le visage et les mains de graisse, et à vivre constamment au milieu de la fumée, pour pouvoir se soustraire à leurs attaques. Linné dit avoir vu des habitants dont les bras et les jambes étaient devenus monstrueux par suite des piqûres réitérées de ces insectes. Les Megarhines., ainsi nommés à cause de la longueur de leur trompe, sont des Cousins d'Amérique. Ce sont ceux désignés par les voyageurs sous les noms de AIoiis tiques et de Maringouins. « Mais comment décrire les souffrances que nous causait celte peste ailée, dit le capitaine Bach {Voyage dans les glaces du pôle arctique). Ces atroces persécuteurs s'élevaient en nuages et obscurcissaient l'air. Parler et voir était également impossible; car ils s'élançaient sur chaque point FAMILLE DES CULICIENS. Soy de notre corps qui n'était pas défendu, et y enfonçaient en un instant leurs dards empoisonnés. Nos figures ruisselaient de sang comme si l'on y eût appliqué des sangsues. La cuisante et irritante douleur que nous éprouvions, immédiatement suivie d'inflammation et de vertige, nous ren- dait presque fous. Nos hommes, même les Indiens, se jetaient la face contre terre en poussant des gémissements semblables à ceux de l'agonie. » Les Tipuliens ont en général la trompe courte, épaisse, terminée par deux grandes lèvres; leurs palpes sont courbées, ordinairement courtes. Ces insectes ressemblent d'aspect aux Cousins; mais ils ont la bouche trop faible pour attaquer l'homme et les animaux, et ne peuvent que sucer les fluides végétaux. Cette famille, plus nombreuse que celle des Culiciens, a été divisée en plusieurs tribus. La première, celle des Chironomides j a pour type le genre Chironomus , dont les espèces ont des antennes plumeuses, grêles, de treize articles dans les mâles et de six seulement dans les femelles : le dernier très- '^''"- ^^-- ~ ^'>"''' ''"""" ' (voy. page 308). long. Ces insectes ressemblent beaucoup aux Cousins. Le Chironomus pliimosus, très-commun dans toute l'Eu- rope , est d'un gris verdâtre annelé de noir. La tribu des Tipulides comprend plusieurs genres, dont le plus important est celui des Tipules proprement dites. Ces insectes ressem- blent à de grands Cousins ; mais leur corps est encore plus allongé , et leurs pattes d'une longueur et d'une ténuité extrêmes, ce qui leur a valu le nom anglais de Daddy long legs. Ils ont pour caractères principaux une trompe courte et épaisse; des antennes filiformes de treize articles. Ils vivent dans les endroits humides, déposent leurs œufs dans la terre au moyen de leur tarière, et les larves vivent sur les racines de certaines plantes auxquelles elles causent ainsi parfois beaucoup de tort. Il en est cependant dont les larves vivent dans l'eau. Telles sont celles du Chiro- nonie pliimeux, connues sous le nom de vers de l'ase., et fort recherchées 3o8 ORDRE DES DIPTÈRES. des pêcheurs à la ligne ; on les récolte en abondance dans le sable qu'on retire de la Seine, surtout près d'Asnières. Cette larve ressemble à un ver délié, d'un beau rouge de sang. L'une des espèces les plus communes et les plus nuisibles est la Tipule Fia. 313 U 347. — TiimU lonijk a. TOte grossie. — h. Nymphe. — (voy. liage 309). d. liuuclic et palpt potagère {Tipiila olcracea) [fig. 342, voy. p. Soy]. Elle est d'une couleur tannée, avec des raies obscures; les ailes sont enfumées, avec les ner- vures d'un ocre brun; les balanciers longs, grêles et en massue; les pattes très-longues, d'un jaune d'ocre brillant. Cette espèce doit son nom aux ravages qu'elle cause dans les jardins potagers. La femelle pond ses œufs en volant, ou reposée sur l'herbe, et les lance à distance comme par un fusil à vent. Ces œufs ressemblent à de petites graines ovales , d'un noir brillant ; l'abdomen de la femelle en FAMILLE DES CULICIENS. 3oq renferme souvent plus de 3oo. Les larves qui en sortent croissent jusqu'à ce qu'elles aient atteint la grosseur d'une petite plume d'oie; elles sont cylindriques, longues de 25 millimètres, d'une couleur terreuse, et revêtues d'une peau tellement dure, qu'en Angleterre on les nomme jaquettes de cuir. Ces larves restent cachées pendant le jour et rongent les racines des fèves, des laitues, des choux, des pommes de terre, etc. ; elles sortent la nuit pour changer de lieu lorsque la nourriture leur manque ou qu'elles veulent se transformer en nymphe. Celle-ci est épineuse, et montre sous la peau le relief des ailes et des pattes. Pachyn ^nperntnr (voy. page 310). Une autre espèce, très-voisine de la précédente, le Tipula maculosa, détruit les pois, les fraisiers, les carottes et les laitues. La Tipule à longues cornes {Tipula longicornis), que nous représentons ici (fig. 34!^ à 347, voy. p. 3o8) ainsi que sa larve (c), sa nymphe {b) et les détails de son organisation [a — es Thkrkvites sont de très-petits Diptères que l'on rencontre sou- vent par troupes innombrables. Leurs larves molles et sans pieds, plus ou moins allongées, vivent dans la terre et dans le bois pourri. 33o ORDRE DES DIPTÈRES. FAMILLE DES MUSCIENS l,a famille des Musciens ou des Mouches est la plus nombreuse de tout l'ordre des Diptères. On compte les espèces par milliers ; mais beaucoup de ces insectes, très-petits , sont ditficiles à récolter et encore plus à conserver. Macquart expose ainsi le rôle harmonique que joue dans la nature l'ordre innombrable des Diptères : ff Voyez ces myriades de Muscides répandues sur toutes les parties du globe, tourbillonnant autour de tous les végétaux, de tous les êtres ani- més , et même particulièrement de tout ce qui a cessé de vivre ; la profu- sion avec laquelle ils sont jetés sur la terre leur fait remplir deux destina- tions importantes dans l'économie générale : ils servent de subsistance à un grand nombre d'animaux supérieurs; l'hirondelle les happe en rasant l'eau; le rossignol les saisit de son bec effilé pour les porter à ses nour- rissons; ils sont pour tous une manne toujours renaissante. D'autre part ils travaillent puissamment à consommer et à faire disparaître tous les débris de la vie, toutes les substances en décomposition, tout ce qui corrompt la pureté de l'air; ils semblent chargés de la salubrité publique. Telle est leur activité, leur fécondité et la succession rapide de leurs générations, que Linné a pu dire, sans trop d'exagération, que trois Mouches consomment le cadavre d'un cheval aussi vite que le fait un lion. » La famille des Musciens comprend quatre tribus bien distinctes entre elles par la forme de la trompe et des antennes. La tribu des Platypkzidb:s offre une trompe non saillante et des antennes petites. Ils semblent former le passage entre les Dolichopodiens et les autres Musciens. Ce groupe est d'ailleurs peu étendu et n'ofïre pas grand intérêt. Ses larves vivent dans les champignons et le bois pourri. La tribu suivante, celle des Conopsides, à trompe toujours saillante, coudée à la base, à tète très-grosse, avec l'abdomen cylindrique, est égale- FAMILLE DES MUSCIENS. 33j ment peu étendue et ne renferme qu'un petit nombre de genres. La plupart vivent dans leurs premiers états aux dépens des Bourdons et d'autres Apiens. Les Cnnops ont le deuxième article des antennes plus long que le troi- sième et le style terminal. L'espèce iigurée dans notre planche XXI'V, le Conops vesicitlaris, ressemble beaucoup aux Abeilles solitaires du genre Odynenis, dans le nid desquelles elle pond ses œufs. Les larves qui en sortent vivent en parasites dans le corps des Odynères eux-mêmes, et sortent comme les Stylops, dont nous avons parlé, entre les segments de l'abdomen. Le Conops à grosse tète {Cnnops macrocepha- lits), ainsi nommé parce que sa tête est plus large que le thorax, est figuré dans notre planche XXIIL Cette jolie espèce n'est pas commune dans notre pays; elle vit sur les fleurs. Le Conops aurifrons (fig. 37g), du Brésil, vit sur les fleurs; il est d'un brun noirâtre, recou- vert sur l'abdomen d'un duvet court, d'un blanc argenté ; sur les cuisses et le front sont des reflets dorés auxquels l'insecte doit son nom. p,,.^ s^f, _ conops «„r,/,o«... La tribu des Œstrides offre le plus grand intérêt sous le rapport du genre de vie des insectes qu'elle renferme. Ceux-ci sont bien reconnaissables à leur corps gros et velu et à leurs très-petites antennes, à dernier article globuleux, avec le style dorsal; leur trompe est nulle ou très-rudimentaire. Ces insectes semblent créés pour vivre aux dépens des grands animaux. Les Œstres ont le port de nos grosses Mouches; ils n'ont ni aiguillon ni suçoir acéré , et ne piquent pas les animaux comme le Taon ; mais ils les infestent de leur race. A l'état parfait, ces insectes vivent peu de temps; ils ne s'occupent que de reproduire leur race et de choisir la place où ils doivent déposer leurs œufs. Ce sont les larves qui sortent de ces derniers qui causent par leur présence des maladies parfois graves chez plusieurs animaux domestiques. -^ 332 ORDRE DES DIPTÈRES. Les Œstres sont répartis dans plusieurs genres, suivant quelques caractères différentiels et selon la manière de vivre de leurs larves. Le genre Œsirits, à antennes tuberculiformes, surmontées d'un lon'g style grêle et nu, a pour type lŒstre du cheval {Œstriis eqiii), figuré dans notre planche XXIV. Au moment de la ponte, la femelle s'ap- proche des chevaux, se balance quelque temps les ailes ouvertes pour préparer son œuf, puis fond comme un trait sur le quadrupède, aux poils duquel elle laisse un œuf collé. Elle répète le même manège un grand nombre de fois, et ces œufs sont toujours collés sur le poitrail, sur les jambes de devant, dans un endroit enfin où puisse atteindre la langue du cheval. L'incubation naturelle de l'œuf suscite une démangeaison qui porte le cheval à se lécher en cet endroit, et l'œuf collé à la langue passe avec la salive ou les aliments dans l'estomac. De ces œufs sortent aussitôt de petites larves en forme de pains de sucre et dont tous les anneaux sont garnis d'épines. Ces larves s'accrochent aux parois de l'estomac et se nourrissent des sucs gastriques de l'animal. Lorsque ces larves sont en petit nombre, l'animal les couve sans en ressentir trop de mal; mais lors- qu'elles sont en grande quantité, elles l'épuisent et souvent même causent sa mort. Arrivée à son entier développement, la larve de l'Œstre se laisse entraîner dans les intestins et sort par l'anus pour se transformer sous terre. Quelques auteurs font à.e.YŒstriis equi\e.sje.nrQ Gastcrophihis, mais il reste pour le plus grand nombre le type du genre Œstnis. Le genre Cephalemyia, caractérisé par l'absence de trompe, des cuillerons très-grands, les antennes à style apical, a pour type l'Œstre du mouton {Cephalemyia ovis). Cet Œstre est de la taille de celui du cheval, dont il se distingue par sa tète plus grosse , sa couleur d'un gris jaunâtre, marqué de taches brunes, et ses ailes blanchâtres. L'Œstre du mouton pond ses œufs sur le nez de cet animal, et les larves qui en sortent pénètrent en rampant , par les naseaux , jusque dans les sinus frontaux. La présence de ces larves dans les cavités crâniennes du mouton détermine chez lui, comme le Cœnure, la maladie du tournis. Ainsi que l'indique le nom de cette afl^ection, l'animal qui en est atteint décrit, tant qu'il est debout, des cercles continuels jusqu'à ce qu'il tombe FAMILLE DES MUSCIENS. 333 sur le sol, et toujours en inclinant du côté de son mal. Le tournis œstral entraîne souvent la mort, si on ne débarrasse l'animal du ver qui le ronge au moyen de fumigations ou d'injections d'huile pyrogénée. Nous figurons ici la larve de la Céphalémye du mouton (fig. 38o). Le genre Hypudcnua , caractérisé par des antennes à troisième article transversal très-court, muni d'un style plumeux, a pour type l'Œstre du bœuf Hypodcnna bovis). C'est le plus grand du groupe. 11 est très-velu, a le thorax jaune, antérieurement marqué de quatre lignes longitudinales noires; l'abdomen, d'un blanc grisâtre à sa base, est bordé en dessous de poils noirs, puis de poils jaunes dans le reste de sa longueur ; les ailes sont comme enfumées. La femelle de cette espèce est armée d'une tarière au moyen de laquelle elle perce la peau des bœufs et surtout des vaches laitières, pour y déposer son œuf entre cuir et chair. Cette piqûre détermine une tumeur ou bosselure percée d'un trou fistuleux au sommet, au milieu de laquelle vit la larve. Celle-ci se nourrit des tissus du derme, et respire en tenant son anus appliqué à l'orifice de la fistule, qu'elle débouche de temps à autre pour laisser écouler le pus dont se remplit la cavité. C'est ordinairement sur de cepuutmjia jeunes bêtes qu'on trouve le plus de ces bosses véreuses ; il est rare d'en trouver sur de vieux bœufs ou de vieilles vaches. Les cerfs et les rennes sont également en butte aux attaques d'une espèce d'Œstre , VŒdemagena tarandi , et Linné assure que cet insecte détruit chaque année, en Laponie, le quart des jeunes rennes. Dans les contrées tropicales, les Cutérèbres ont les mêmes mœurs. Le Cutercbra noxialis de la Nouvelle-Grenade couvre de tumeurs les bœufs et les chiens, et s'attaque même à l'homme; on voit souvent des natu- rels , au dire des voyageurs , avoir le ventre couvert des petites tumeurs renfermant la larve de cette espèce. On les en fait sortir au moyen de cataplasmes de tabac. La tribu des MusciDKs, de beaucoup la plus nombreuse, renferme une quantité immense d'espèces, la plupart d'une taille très-minime. Ce sont les insectes que l'on désigne vulgairement sous le nom de Mouches. 334 ORDRE DES DIPTÈRES. Ils ont pour caractères communs : une trompe très-distincte , membra- neuse et bilobée; les antennes terminées par un article plus ou moins ovalaire, avec un style dorsal. Leurs mœurs sont très-variées. Les Muscides sont répandus avec profusion sur la surface du globe, et jusqu'aux derniers confins de la végétation on les voit chercher la vie sur les plantes. D'autres ont été appelés par la nature à hâter la décom- position des êtres organisés qui ont cessé de vivre, en plaçant le berceau de leurs larves sur ces dépouilles. Quelques-uns déposent leurs œufs dans le corps d'autres insectes vivants, et leurs larves y vivent en para- sites à la manière de celles des Ichneumons. Il en est d'autres qui vivent dans le fumier, dans la terre grasse. Ces larves sont apodes ; générale- ment allongées , cylindriques , pointues et coniques en avant, grosses et arrondies en arrière; leur tète, sans yeux, est munie de deux mâchoires écailleuses en forme de cro- chets. Elles ne quittent pas leur peau pour se métamor- phoser ^ cette peau se durcit, devient écailleuse et forme le cocon dans lequel la nymphe passe un certain temps avant de se transformer en insecte ailé. Cette pupe est d'une couleur brun marron, et la larve y séjourne plus ou moins longtemps. On subdivise la tribu des Muscides en trois grandes sections : les Créo- philes, qui recherchent la chair; les Anthomy{ites , qui vivent sur les fleurs, et les Acalyptères, qui manquent de cuillerons. Chacune de ces sections renferme un grand nombre de genres, dont nous examinerons les plus importants. Parmi les Créophiles, nous citerons les Tachines , Mouches à corps étroit , cylindrique , avec les antennes ayant" leur troisième article plus long que le deuxième. Les femelles des Tachines déposent leurs œufs sur les chenilles, et les jeunes larves, à leur naissance, pénètrent dans le corps, s'alimentent de la substance adipeuse qui y abonde, et, après y avoir pris tout leur développement , sortent du corps de leur victime pour subir leurs trans- formations. On en connaît un assez grand nombre d'espèces, dont le type FAMILLE DES MUSCIENS. 335 est le Tachina vulgaris ifig. 38i), noir, à face grise et variée de cendré. Cette espèce est commune dans toute la France. Dans notre planche XXIII sont figurés les Tachina grossa et T.fevox, qui appartiennent au genre Echinomyia. Ces Échinomyes se font remar- quer par la grandeur et l'épaisseur de leur corps et par les antennes, dont le second article est plus long que le troisième (PI. XXIII, b); leur nom fait allusion aux soies rigides dont leur corps est hérissé. La pre- mière {Tachina grossa] [PI. XXIII, a, b] vit à l'état de larve dans les bouses de vache; la seconde {Tachina ferox) pond ses œufs sur les che- nilles, dans le corps desquelles pénètrent les larves qui se nourrissent de sa substance graisseuse et la tuent au moment de se transformer. Le type du genre Ocyptère {VOcyptera bicolor , reconnaissable à ses antennes dont le troisième article est lenticulaire, vit à l'état de larve dans le corps d'un Hémiptère , le Pcntatuma grisea. Les Mouches proprement dites ont les antennes longues comparative- ment; les deux premiers articles sont courts; le troisième, trois fois plus long que les deux premiers pris ensemble, donne attache à sa base et un peu extérieurement à une soie plus longue, plumeuse, ou couverte de longs poils dans la plupart (fig. 382, /). La trompe est membraneuse, coudée, rétractile et terminée par deux lèvres évasées (fig. 382 , e). Le corselet est cylindrique; les ailes, grandes et horizontales, ont les ner- vures longitudinales fermées par les nervures transversales ; les cuille- rons sont grands et les balanciers très-courts ; les pattes, longues et grêles, sont terminées par deux crochets , deux pelotes et une soie raide au mi- lieu (fig. 382, b); leurs yeux sont très-grands, au point d'occuper parfois tout le devant de la tète, et à réseau formé de facettes hexagonales (fig. 382, c). Le type du genre est la xMouche des appartements {Miisca doinestica , figurée dans notre planche XXllI, et bien connue d'ailleurs de tout le monde par son incommodité et son opiniâtreté, surtout pendant les journées chaudes et orageuses de l'été. Elle pond ses œufs dans le fumier, où vivent ses larves. La xMouche des bœufs {Musca bovina) , très-voisine de la Mouche 336 ORDRE DES DIPTERES. domestique, s'en distingue par les côtés de la face et du front blancs, et par son abdomen à bande dorsale noire. Cette Mouche est très-commune en F'rance, et très-incommode pour les bœufs et les chevaux, qu'elle harcèle sans cesse, se jetant sur les narines, les yeux et les plaies des bestiaux. La Mouche Chloris , que nous représentons ici (fig. 382, d, e, f)^ est d'un beau vert doré à reflets bleuâtres; ses yeux sont d'un brun rouge. ilardaria. a, I), ^ ■i. riiriUiu chloris d e, f. La figure représente le mâle de cette espèce. En d est la tête de la femelle, don les yeux sont moins étendus ; en e on voit sa trompe et en/ son antenne. L'Aricia lardaria (fig. 382, a, b, c) est d'un noir bleuâtre couvert d'un duvet grisâtre, avec quatre raies longitudinales sur le thorax. Cette espèce dépose ses œufs sur le lard, et par là hâte la décomposition de ce dernier. En b est figuré son tarse et en c les facettes de ses yeux. FAMILLE DES MUSCIENS. SSy Viennent ensuite les Lucilies, très-voisines des Mouches ordinaires. Tel est le Liicilia Cœsar, long de 9 à 10 millimètres, dont le corps, assez épais, est d'un beau vert métallique ; ses yeux sont bruns, et sa face est couverte d'un duvet argenté. Cette belle espèce, connue sous le nom vulgaire de Mouche dorée , dépose ses œufs dans les charognes et donne naissance à ces larves blanches, molles, sans pieds, qui rampent sans cesse en contournant leurs anneaux, et dont les pécheurs à la ligne se servent comme amorce sous le nom d'asticots. Une espèce de ce genre, le Lucilia homiuivorax de Cayenne, a parfois causé la mort de l'homme. Elle pond dans la bouche ou dans les narines de ceux que l'imprudence ou l'ivresse lui livre endormis en plein air. La larve, dont les crochets des mandibules sont très-aigus, remonte dans les fosses nasales ou les sinus frontaux. On en voit gagner le globe de l'œil et gangrener les paupières, ou corroder les gencives, l'arrière-bouche, la gorge, et déterminer tous les symptômes d'une angine aiguë. Sans les prompts secours de la médecine, le malade meurt au milieu de souffrances atroces. La larve en question est connue à Cayenne sous le nom de Ver macaque. Le Ver moyacuil du Mexique, qui attaque l'homme et le chien, est une espèce analogue. Une autre espèce, VIdia Bigoti, à trompe et antennes courtes, à épi- stome saillant, est fort redoutée au Sénégal. Elle pique avec sa tarière cornée et pointue, et introduit ses œufs sous la peau. Il en résulte une espèce de furoncle ou de tumeur au milieu de laquelle vit la larve. Les soldats des petits postes de la côte sont, ainsi que les nègres, souvent piqués par cette Mouche. Mais le plus redoutable des insectes , l'un des plus grands obstacles à l'exploration de l'Afrique centrale, est une simple Mouche, du genre Glossina, caractérisée par sa trompe très-longue, grêle, sétiforme. Ce ter- rible Diptère {Glossina morsitans), connu en Afrique sous le nom de Tsetsé ou de Mouche Ziuib, est de la taille de la Mouche ordinaire; elle est brune, avec quelques raies jaunes et transversales sur l'abdomen. La Mouche Zimb, dit un voyageur anglais, a la trompe garnie de trois soies fort raides^ dont la piqûre est redoutable au lion même dans les 338 ORDRE DES DIPTÈRES. déserts de l'Afrique. A ne considérer que la petite taille de cet insecte et sa faibles'se apparente, on le prendrait pour un être de fort peu d'impor- tance. Cependant les monstrueux animaux qui habitent les mêmes con- trées, l'éléphant, le rhinocéros, sont loin d'inspirer autant de frayeur que ce petit Diptère. Son seul bourdonnement jette l'épouvante parmi les hommes et les animaux, tant on redoute les funestes effets de sa puis- sance. Aussitôt qu'il paraît, les troupeaux, saisis de terreur, se mettent à courir de tous côtés dans la plaine jusqu'à ce qu'ils tombent épuisés de fatigue. Les plus forts animaux, ceux dont la peau est la plus épaisse et la mieux défendue par un poil dur et serré , tels que le chameau, ne sont pas moins exposés aux violentes piqûres de la Mouche Zimb, et si l'on ne se hâte de quitter les terres grasses et d'emmener les bestiaux dans les sables, où cette Mouche ne les suit jamais, bientôt attaqués par elle, leur corps se couvre de grosses tumeurs qui s'excorient , se putréfient et entraînent infailliblement la mort. L'homme lui-même est obligé de fuir devant les essaims de ces Mouches, qui arrivent du midi de l'Afrique à des époques fixes. C'est du Zimb dont parle Isaïe lorsque, prédisant la désolation de l'Egypte, il la menace de la Mouche qui viendra d'Ethiopie à l'appel du Seigneur, et dont les essaims couvriront la rive des torrents au fond des vallées, et poursuivront les troupeaux dans les cavernes , sous l'ombrage des bois, dans tous les lieux enfin où ils ont coutume de se retirer chaque année à l'abri de cet insecte terrible. Le célèbre docteur Livingstone a donné quelques détails sur le Tsetsé, qu'il a rencontré dans son voyage au Zambèse. Sa vue est très-perçante, dit-il, et, rapide comme la flèche, cette Mouche s'élance du haut d'un buisson où elle guette ses victimes. C'est une suceuse de sang On voit sa trompe se diviser en trois parties, dont celle du milieu s'insère assez pro- fondément dans la peau, qui prend bientôt une teinte cramoisie. Cette piqûre est pour l'homme sans plus de danger que celle du Cousin; mais il n'en est pas de même des animaux, qui presque toujours y succombent au bout de quelques jours. C'est un empoisonnement du sang produit par le venin que sécrète une glande placée à la base de la trompe du Tsetsé. FAMILLE DES MUSCIENS. SSg Livinystone perdit quarante-trois bœufs magnifiques sur les rives du Zambèse, qui en sont infestées. Le bœuf, le cheval, le mouton et le chien meurent victimes de la piqûre de ce Diptère, et ce qu'il y a de sin- gulier, c'est que ces mêmes animaux n'en ressentent aucun effet nuisible tant qu'ils tettent leur mère. Le porc et la chèvre sont également insen- sibles à ce poison , et les peuplades qui habitent ces contrées ne peuvent avoir d'autre animal domestique que la chèvre. Une espèce de Muscide, bien connue sous le nom de Mouche bleue de la viande, est le type du genre Calliphora, qui a la face nue et le style des antennes peu velu. Cette espèce, dont le nom scientifique est Calli- phora vomitaria (fig. 389), a la face rougeàtre, le corselet noir et l'ab- domen d'un bleu métallique; tout le corps est semé de grands poils noirs raides. Cette espèce n'est que trop connue; on l'entend pendant tout ^^ '-"'"' 7; ~""~" ^.„^ l'été bourdonner dans nos apparte- ' <^^^^|r^^ WÊ^mi^'- "x ments, cherchant à se poser sur les "^ y^^^\^ '^-'^'\-\^-^ . î I viandes pour y déposer ses œufs, '^"^-^— ^^^^-^-^^^gf^ry^^^^j^ qui éclosent promptement et les font immédiatement gâter. Quand on saisit p„. -m. - camrura romuana. cette Mouche, elle dégorge une liqueur brune infecte, ce qui lui a fait donner le nom qu'elle porte. Dans les champs, cette espèce dépose ses œufs sur les cadavres d'animaux. Les poètes et les orateurs de la chaire ont souvent parlé des vers qui dévorent les cadavres. C'est là une horrible image, horrible surtout pour ceux qui ont livré à la terre des personnes chères. Mais ces vers des tombeaux n'existent que dans l'imagination des poètes. Tout au plus ce sort serait-il réservé à ces puissants de la terre dont Malherbe a dit : Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines Font encore les vaines. Ils sont rongés des vers. En effet, déposés dans de somptueux tombeaux ou dans des caveaux, ils peuvent recevoir la visite de certains insectes qui, pénétrant par les soupiraux des voûtes sépulcrales et par les fentes que le ferment de la ^40 ORDRE DES DIPTERES. putréfaction du corps mort peut avoir produites dans le cercueil même du bois le plus précieux, y déposent leurs œufs ; mais le pauvre, dont la dépouille mortelle git dans une fosse de un mètre et plus de profondeur, est à l'abri des vers et des insectes sous son épaisse couverture de terre. Ilest simplement réduit en poussière, et se mêle à sa terre maternelle sans qu'aucun animal vienne troubler son repos. Les Stoinoxes ont le port de la Mouche domestique. Leurs antennes se terminent en une palette accompagnée d'une soie dorsale le plus sou- vent velue. Leur trompe, coudée près de son origine, est très-acérée et se porte en avant. Le Stomoxe piquant, Stomoxys calcitrans, est de couleur cendrée, à palpes fauves ; le thorax est marqué de lignes noires, et l'abdomen de taches brunes. Cette espèce, que nous figurons ici (fîg. 3go), est Irès-commune dans toute l'Europe et fort incommode par sa piqûre. C'est surtout en été et en automne que ce Diptère nous harcèle et nous tourmente ; les bœufs et I ' les chevaux n'en sont point garantis par l'épaisseur de siomL'ys'c^^ciiran.. 1'^"'" '^^ï'"- ^es fcmelles font leur ponte dans le fumier. On a fait de quelques Stomoxes {St. stimulans et irritans)., dont les palpes sont aussi longues que la trompe, le genre Itœmatobia. Les Achias sont de singuliers Diptères qui, à la forme des Mouches ordinaires, joignent une conformation particulière de la tête. Celle-ci se prolonge de chaque côté en une longue corne, à l'extrémité de laquelle est placé l'œil. L'espèce la plus anciennement connue, et que l'on consi- dère comme le type du genre, est V Achias uciilatiis de Java. Nous figu- rons ici les deux sexes d'une autre espèce du Japon, ï Achias lougividens (fig. 391 et 392, voy. p. 341). Comme on le voit, le mâle diflere considérablement de la femelle, non-seulement par la longueur du pédicule des yeux, mais encore par la forme du corps. Tous deux sont d'un brun pourpre, à reflets, avec des raies d'un gris argenté. Les Anthomyes, ou Mouches de fleurs, se distinguent à leurs antennes presque aussi longues que la face de la tête, avec la soie plumeuse ; à FAMILLE DES MUSCIENS. 341 FIG. 391. — Acliias îongh-idens, mâle (voy. page 340). leur abdomen composé seulement de quatre segments visibles, et terminé en pointe. Le type du genre, VAuthomyia pliivialis, commun dans toute l'Europe, ressemble à la Mouche domestique; mais il est d'un gris cendré, avec des taches noires sur le cor- selet et sur l'abdomen. Cette espèce est ;^^ç.,c's!^ souvent très-incommode en temps de pluie, parce qu'elle cherche à s'attacher au.\ yeux des hommes et des animaux. Les Anthomyes recherchent surtout les fleurs des Synanthérées et des Ombelli- fères ; oh les voit souvent réunies dans les airs en troupes nombreuses comme les Tipuliens. Les femelles déposent leurs œufs dans la terre, où leurs larves se déve- loppent rapidement. Celles-ci se fixent à un corps pour subir leur métamorphose , et leurs nymphes demeurent suspendues comme les chrysalides de cer- tains Lépidoptères. Quelques espèces de ce genre sont nui- sibles à nos cultures; telles sont : VAntho- myia cepaniiu, dont la larve détruit les oignons j et V Anthomyia lactucœ, qui ronge les laitues. L' Anthomyia platura {{[§. 3g3,voy. p. 342), connu des jardiniers sous le nom de Mouche de Véchalotte, est parfois très-nuisible. Il pond ses œufs au collet de la racine des échalottes, des oignons, et les larves qui en sortent pénètrent dans le bulbe et s'en nour- rissent. Le bulbe ne tarde pas à se décom- poser, et les larves vivent au milieu de cette putréfaction jusqu'au moment de leur transformation, qu'elles subissent dans le sol. L'insecte parfait est gris, avec trois raies plus foncées sur le dos. ^■^t^r/^^i^t.^ Ackias longiridtns j fti voy. pa^û 340). 342 ORDRE DES DIPTERES. h'Anthomyiû confonnis (fig. 3g4 à 3()8) vit aux dépens de la betterave, et lui cause souvent un grand dommage. Elle pond sur les feuilles un très-grand nombre d'œufs oblongs, rangés régulièrement les uns à côté des autres en plaque ovale (fig. 894 E), et les larves qui en sortent se répandent sur la feuille et en rongent le parenchyme (fig. 3g4 G), ce qui détruit la verdure de la betterave et nuit au déve- loppement de la racine. La figure a représente l'Anthomye femelle , et à sa gauche la tète du mâle, dont les yeux, bien plus étendus, occupent les côtés de la tête. La figure c représente la larve, qui pénètre dans le sol pour se transformer en pupe (fig. d). Les Scatophages , à leur état de larve et même à leur état d'insecte parfait, fréquentent les matières excrémentitielles. Leur corps est assez FjCî. 393. — Antliotmjîa platurn (voy. page 341). FIG. 39-1 à 398. — AnÛmm — II. TOto de l!i femelle. - d. Pn|)e. — E. Œuft. allongé, ordinairement velu; leurs antennes insérées entre les yeux, presque conliguès à leur base, plus courtes que la face, de trois articles, dont le dernier infiniment plus long que le second, en carré long, muni près de sa base d'une soie longue biarticulée, velue ; les yeux grands, FAMILLE DES MUSCIENS. 343 saillants, écartés l'un de l'autre dans les deux sexes ^ les ailes longues, les caillerons petits, l'abdomen allongé et les pattes grandes. Les Scatophages fréquentent habituellement les excréments humains et toutes les ordures, sur lesquels on les voit en grand nombre. Les femelles y déposent leurs œufs, qui sont oblongs et qu'elles piquent dans la fiente par un de leurs bouts. Les larves qui proviennent de ces œufs vivent pendant quelque temps dans les matières où elles ont été déposées à l'état d'œufs; ensuite elles entrent dans la terre pour subir leur dernière métamorphose, qui a lieu un mois après la ponte. Dans notre planche XX III sont représentés les Scatophaga stercoraria et scybalaria, tous deux très-communs en France. Le genre Tephritis renferme de petites Muscides qui haussent et abaissent presque continuellement leurs ailes pendant le repos. L'abdomen des femelles est terminé par un tuyau écailleux, ou oviducte, qui leur sert à déposer leurs œufs dans les semences des plantes, dans divers fruits, quel- - — • quefois aussi sous l'épiderme de la tige des végétaux. Quel- ^10. 399. ques espèces de ce groupe deviennent très-nuisibles. Ces insectes ont pour caractères distinctifs : des antennes inclinées, à troisième article long, et les ailes ayant une pointe au bord extérieur. Plusieurs espèces, avons-nous dit, sont très-nuisibles aux cultures; telles sont le Tephritis cerasi (fig. 399), qui vit de la pulpe des cerises. C'est une petite Mouche d'un noir brillant, à tète fauve; l'écusson est jaune, les tarses sont fauves; les ailes sont traversées par quatre bandes noires. Cette Mouche pond sur les jeunes cerises, un seul œuf sur cha- cune, et la larve qui en sort pénètre dans le fruit et en ronge la pulpe. Lorsque le fruit tombe de l'arbre, la larve en sort et s'enfonce dans la terre, où elle se transforme en pupe. Un Téphrite (Tephritis meigeni attaque le fruit de l'épine-vinette ; un autre pond ses œufs dans la graine de la bardane [Tephritis arctii). Un Téphrite de l'Ile-de-France nuit beaucoup à la culture du citron, en ce que les femelles déposent leurs œufs dans les fruits de cet arbre, et les empêchent ainsi de parvenir à une parfaite maturité. Un autre insecte de 344 ORDRE DES DIPTERES. ce groupe attaque dans le Midi les olives. Le dernier article de ses antennes, proportionnellement plus allongé que dans les vrais Téphrites, en a fait constituer le genre Daciis. C'est le Daciis oleœ (fig. 400) qui occasionne souvent des dégâts considérables au.x olives dans le midi de l'Europe. Les genres Micvopeia, Ulidia, Noti- ^ phila, renferment des Diptères de la plus petite taille ; la plupart vivent, pendant leurs premiers états, dans des ' ' champignons en décomposition ou dans FiG. 4110. d'autres matières plus ou moins dé- composées. Les OsciNiDES forment un groupe nombreux de petits Diptères qui déposent généralement leurs œufs sur les plantes herbacées, et leurs larves sont souvent fort nuisibles à ces végétau.x. A cette division appartiennent les Chlorops, à antennes portant un style biarticulé, à abdomen ovalaire. Les espèces de ce genre sont en général jaunâtres avec des bandes ou des taches noires, et leurs yeux sont verts , d'où le nom de Chlorops. Quelques-unes de ces es- pèces sont très-nuisibles à l'agriculture et attaquent Fig. 401. — CMomps lœyiiopiis. " ' les céréales. Tels sont les Chlorops tcvuiopiis et lineatiis. Le premier (fig. 401 1 attaque les blés verts et ronge les feuilles du centre de la plante (^fig. 402) ; l'afflux de la sève produit un gonflement des jeunes tiges, dont la croissance est arrêtée. Le second, le Chlorops lincatiis, dépose ses œufs sur l'épi à peine formé, et les larves qui en sortent rongent tout un côté de la tige, depuis l'épi jusqu'au premier nœud^ en s'y creusant un sillon, ce qui a pour effet de faire FIU. 402. • lie Ijli' iiltaiini'e iiîil- le Clllomiis, FAMILLE DES MUSCIENS. 345 avorter tous les grains situés de ce côté. Si l'on réfléchit à la quantité de ces Chlorops, dont chaque femelle pond de 5o à 60 œufs — même en admettant qu'un dixième seulement de ces œufs donne naissance à des larves, dont chacune détruit un épi — on com- prendra les ravages qu'exercent ces petits insectes. Des espèces différentes attaquent les autres es- pèces de céréales, et elles varient suivant les pays. Un naturaliste polonais, le D'' Waga, écrivait en 1847 à M. Guérin-Méneville, que, pendant plus de dix jours, le plafond d'une serre de 12 mètres de longueur siar 10 de largeur était couvert d'une petite espèce de Chlorops Chlorops lœta), que l'on tuait tous les jours et qui étaient chaque jour remplacés par d'autres. Ayant eu la curiosité de calculer approximativement le nombre de ces Mouches qui avaient envahi la serre, il arriva au chiffre énorme de cent quatre-i'ingt millions. Dans FlG. 40.1. — Oscinis rnslaln tvoy. piiïe 310). FIG. 4111 à 400, — r/iofa ahduminalif h. .laiiiljc posti'i-i combien de tiges de graminées cette multitude de Chlorops avaient-ils pondu leurs œufs avant de se réfugier dans cette serre , poussés par des vents constants '.' Au même groupe appartient un Diptère non moins nuisible : c'est X Oscinis vastator, dont Linné parle sous le nom de Musca frit , et qui. 346 ORDRE DES DIPTERES. chaque année, cause des dégâts considérables dans les cultures d'orge. Linné évaluait cette perte annuelle à plus de 100,000 ducats d'or pour la Suède. Notre figure 4o3 (voy. p. 345} représente ce petit insecte très-grossi. Les espèces du genre Phora sont caractérisées par leurs antennes insérées près de l'épistome, à troisième article globuleux, avec un long style. Leurs pattes sont épaisses, leurs ailes ciliées. Les Diptères de ce genre sont en général de petite taille et de couleur noire. On trouve sur les fleurs de la carotte sauvage, le Phora daiici, long de 3 1/2 milli- mètres, à corps noir^ avec les pattes jaunes. Notre figure 404 (voy. p. 345) représente le Phora abdominalis ; en a est figurée sa tête vue de profil, et montrant le dernier article des antennes très-petit et sphérique, muni d'un long style filiforme ; le bord supérieur des ailes est frangé ; une de ses pattes postérieures, à cuisses très-courtes et renflées, est représentée en b. Le nom spécifique de l'insecte, abdominalis, lui vient de son abdomen conique en forme de toupie. Ce Diptère est d'un noir brillant, avec les palpes orange et l'ab- domen d'un rouge brun; les ailes sont jaunâtres, à nervures brunes. On croit que la larve de cet insecte vit en parasite sur d'autres larves. Un des genres les plus singuliers de la famille est le genre Elaphoinyia. Chez les insectes de ce genre^ les côtés de la tête se prolongent en cornes très-développées chez les mâles ; ces appendices ont des formes diffé- rentes, suivant les espèces. Celle que nous reproduisons ici (fig. 407), YElaphomyia cen'icornis, doit son nom à la forme de ses cornes larges et rameuses, comme celles du cerf. Une autre, VElaphomyia alcicornis, a les cornes longues et cylindriques, fourchues au bout, comme celles de l'élan. Ces deux espèces habitent la Nouvelle-Guinée. FiG. 407. — Efaphoiinjîa 1 FAMILLE DES ORNITHOM Y lENS. 347 FAMILLE DES ORNITHOMYIENS. Les singuliers insectes qui composent cette famille s'éloignent de tous les autres Diptères par leur conformation, et présentent les signes d'une dégradation manifeste ; quelques-uns ont encore des ailes assez dévelop- pées, mais les balanciers leur manquent; de sorte que leur vol est incer- tain et que leurs ailes ne leur servent qu'à passer d'un animal sur l'autre. Ils vivent en effet en parasites sur divers mammifères et oiseaux, dont ils sucent le sang à l'aide des deux soies raides dont leur bouche est munie. Cette organisation buccale les rapproche des Anoplures. Leurs antennes sont tout à fait rudimentaires. Leurs pattes sont robustes et armées de crochets dentés, qui permettent à ces insectes de se cramponner solidement aux animaux sur lesquels ils vivent. Mais ce que les Ornithomyiens offrent de plus singulier, ce sont leurs métamorphoses. Ces insectes ne produisent pas d'œuf. L'abdomen chez les femelles est volumineux et recouvert d'une peau très-extensible. Lors- que le moment est venu, il sort du corps de la mère une énorme masse blanche , presque aussi grosse que l'insecte , en forme de lentille ronde et aplatie, de couleur blanche. C'est une larve qui a accompli son évolu- tion à l'intérieur du corps de la mère, et qui en sort à l'état de pupe ou de chrysalide. Cette enveloppe brunit bientôt, se durcit et forme une coque solide, d'où sort ensuite l'insecte parfait en soulevant la portion supé- rieure de la coque, qui cède sous sa tête comme un couvercle. Ce mode de reproduction leur a fait donner le nom de Pupiparea. La famille des Ornithomyiens comprend plusieurs genres distincts entre eux par la forme des antennes et des tarses, et par celle des ailes , qui manquent chez quelques-uns. Les Hippobosques ont un corps ovalaire, assez large, déprimé; la tète est petite et tient au corps par un étranglement; les yeux, assez grands. 348 ORDRE DES DIPTÈRES. embrassent les côtés de la tète; les antennes 'fig. 408, a) paraissent être réduites à un seul gros article globuleux, muni d'une ou de deux soies raides; les ailes sont une fois plus longues que l'abdomen, et se recou- vrent dans le repos ; elles ont de fortes nervures parallèles longitudinales, avec une seule petite nervure transverse ; leurs pattes (c) sont courtes , mais robustes, munies de poils courts et raides; les tarses, composés de FlO. 40S à 411. — Hippobosca equina. iKi. llL' ;i 41."'. — Strtiopteiijx hirinidin a. Antenne. — h. Mâclit — rf. Patte antrrienre. - Patte antérieure. ue. — f. Antenne. cinq articles, sont terminés par des crochets recourbés, longs et robustes, et fortement dentelés en dessous ; l'abdomen n'est pas séparé par seg- ments comme dans les autres Diptères; il est membraneux et susceptible d'une grande dilatation. Les Hippobosquessont des insectes sanguisuges qui s'attaquent aux ani- maux, en particulier au cheval ; ils se placent surtout sur les endroits dégar- nis de poils et à l'abri des coups de queue. Lorsqu'on veut les saisir, ils FAMILLE DES ORN ITHOM VI ENS. 349 courent assez rapidement, mais ne prennent leur vol qu'à la dernière extrémité, et reviennent bientôt se poser au même endroit. L'Hippobosque du cheval Hippobosca cqiiina) [fig. 408' est brun, avec la face, les épaules, l'écusson et l'abdomen en dessous jaunâtres; les pattes sont fauves, avec les crochets noirs. Cette espèce est commune partout. Réaumur, qui a particulièrement étudié ses mœurs, lui a donné le nom de Moiiche-araiiinée. Le genre Hœinabora diffère des Hippobosques par la forme de sa tète et de ses tarses (fig. 419, a , b ; les ailes sont aussi plus longues. Le type du genre est V Hœmabuva pallipcs , qui vit dans les bois et s'attaque Fie. 416 à 418. — Ornitîiomijia jringiUaria. — c. Jambe postérieure. — d. ila-xiliii. indistinctement à tous les mammifères qui passent à sa portée. 11 est d'un jaune verdâtre nuage de brun, avec les yeux et les crochets noirs. Cette espèce n'est pas commune, et se trouve principalement en Angleterre. Les Ornitliomyes ont les antennes velues, composées de deux articles, dont le premier petit et le second allongé (fig. 416, d) ; leurs ailes sont longues et étroites; leurs pattes (c), grandes et robustes, ont les tarses munis de crochets tridentés. Ces Diptères, dont la reproduction est sem- blable à celle des Hippobosques, vivent sur diverses espèces d'oiseaux, et jamais sur les mammifères. Ces insectes sont d'une grande vivacité, courent très-vite et souvent de côté comme les crabes; ils volent facile- ment. L" Ornithomyia viridis , nommé par De Geer Hippobosqiie des oiseaux, est assez commun en France, et se trouve sur différents oiseaux. 35o ORDRE DES DIPTÈRES. 11 est long de 7 à 8 millimètres, d'un vert obscur, avec les yeux brun rougeàtre; les ailes sont vitrées, à nervures noirâtres. V Ornithomya friugillaria (fig. 4i(3) est d'un jaune d'ocre à reflets verdàtres; l'abdomen d'un vert foncé et velu; les pattes sont d'un — h---^ (le front. - //. l'alto anlu noir de jais. Cette espèce vit sur les petits oiseaux, tels que le moineau, les mésanges, etc. Les Ornithomyes , dont les ailes très-étroites finissent en pointe, for- ment le genre Stenopteryx, dont le type est le Stenopteryx hinindinis (fig. 412, voy. p. 348), ainsi nommé parce qu'on le trouve sur les hiron- delles. Réaumur en a trouvé jusqu'à trente individus dans le nid d'un de ces oiseaux. La figure 412 représente en d la patte antérieure, en e la trompe, et en/ l'antenne de cet insecte. Nous voyons les ailes réduites à de simples lames dans les Stenopteryx; elles sont encore plus rudimentaires dans les Leptotènes, qui vivent sur les cerfs et les daims, et disparaissent com- plètement dans les Mélophages , qui passent leur vie accrochés au milieu de la toison des moutons. Chez ces insectes la tête est enfoncée dans le corselet, mais distincte; le suçoir est très-allongé; le corselet presque carré; les pattes sont robustes, avec les crochets longs et recourbés. Le Mélophage des moutons [Melophagus ovis) [fig. 422], long de 6 millimètres, est fauve, avec le ventre noirâtre. Cette espèce vit dans la toison des moutons. C'est ce qui explique ces volées d'étourneaux sui- vm. 422. 3l<:lol>lMij,is 01 FAMILLE DES ORNITHOM YI ENS. 35i vant les troupeaux et se cramponnant au dos des moutons, où ils cher- chent ces Diptères et d'autres parasites. Les Nyctéribies terminent l'ordre des Diptères, et oli'rent le dernier degré de la dégradation. Us forment le passage entre les Diptères et les Poux, avec lesquels on les a longtemps confondus. Leur tête est à peine distincte, ayant la forme d'un petit mamelon implanté sur le thorax; les ailes manquent complètement, ainsi que les balanciers; leur corps est aplati, leurs pattes démesurément longues et écartées, ce qui leur donne tout à fait l'apparence d'Araignées qui n'auraient que six pattes. Les Nyctérihies vivent sur les diti'érentes espèces de chauves-souris. Xi/cleriOia I.atieilUi. — ./. l'ait.' untù L'espèce la mieux connue est la Nyctéribie de la chauve-souris {Nyc- teribia Vespcrtilionis)^ longue de 3 ta 4 millimètres. Elle est entièrement d'un roussàtre clair, avec les poils noirs. On la trouve assez communé- ment sur la chauve-souris fer à cheval. Une autre espèce également répandue sur la chauve-souris commune [Vespcrtilio miirinus) est le Nycteribia Latreillei (fig. 423). Elle est d'un jaune d'ocre, avec le ventre brun. En d est représentée une jambe remarquable par la longueur du premier article du tarse, et par la forme renflée de la cuisse et du tibia; en e est la tête vue de côté. Les chauves-souris en sont parfois couvertes de sorte qu'il n'est pas difficile de se procurer cet insecte. Tant que l'animal sur lequel il se trouve est vivant, le parasite y reste fixé; mais dès que la vie est éteinte 352 ORDRE DES DIPTÈRES. chez lui, il le quitte pour s'attacher au premier être vivant qu'il ren- contre, ce qui explique qu'on le voit accidentellement sur d'autres animaux que la chauve-souris. On retrouve d'ailleurs cet instinct chez les Ornithomyes aussi bien que dans les Acarus, qui vivent en parasites sur les oiseaux de hasse-cour. ORDRE DES ANOPLOURES OU PARASITES C- y.; -''> es insectes qui rentrent dans cet ordre sont bien connus de tout le monde sous le nom vul;^'airc de ' Poux. Ce sont des insectes de petite taille, complè- tement dépourvus d'ailes, qui. vivent en parasites sur 1} l'homme et les animaux, dont ils sucent les liquides au moyen d'un suçoir, ou rongent la substance à l'aide de mâchoires distinctes. Ces insectes pondent des œufs géné- ralement très-gros, comparativement à leur taille, et il en sort des petits en tout semblables à leur mère, à la grosseur près, c'est-à-dire qu'il n'existe aucune transition marquée entre l'état de larve et celui d'insecte parfait. Leurs antennes sont très- courtes, et leur multiplication est souvent prodigieuse. On divise l'ordre des Anoploures ou Parasites en deux familles bien distinctes, les Pédicui.iens et les Philoptériens. 356 ORDRE DES ANOPLOURES OU PARASITES. FAMILLE DES PEDICULIENS Les insectes qui composent cette famille ont la bouche en forme de museau , d'où sort à volonté un petit suçoir. Us ont le corps aplati, demi- transparent, mou et revêtu d'une peau coriace. Leur tète est générale- ment petite , munie de deux antennes courtes de cinq articles, et de deux yeux petits et ronds; les pattes sont courtes et grosses, terminées par un fort crochet qui tient lieu de tarse et sert à l'insecte pour se cramponner aux poils ou à la peau des animaux sur lesquels il vit. Les Pédiculiens vivent de sang; les uns se nourrissent de celui de l'homme, les autres de celui des quadrupèdes mammifères; chaque qua- drupède a son Pou particulier, et quelques-uns même sont attaqués par plusieurs. Ces insectes sont ovipares; leurs œufs sont connus sous le nom de lentes; les petits en sortent au bout de quelques jours, et éprou- vent plusieurs mues avant de se reproduire. On divise la famille des Pédiculiens en trois genres : les Phtires , les Hœmatopines et les Poux proprement dits. Les Phtires ont les pattes antérieures et intermédiaires propres à la marche; les postérieures seulement conformées pour s'accrocher; leur thorax est très-court, se confondant presque avec l'abdomen. Le Phtire inguinal (Phtirus inguinalis) est de la grandeur du Pou de la tête, mais plus large et plus arrondi; ses pattes sont très-robustes et écartées, ce qui lui donne l'apparence d'un petit'crabe. Cette espèce, con- nue sous le nom vulgaire de morpion^ vit sur l'homme, dans les poils du pubis et des aisselles, rarement ailleurs. Sa piqûre est beaucoup plus vive que celle des Poux ordinaires , et il s'attache plus fortement à la peau. On se débarrasse de ce dégoûtant parasite au moyen de lotions de tabac ou de frictions avec l'onguent mercuriel. Les Poux proprement dits {Pediculiis) ont toutes les pattes conformées FAMILLE DES PÉDICULIENS. 357 pour s'accrocher; l'abdomen large, plat, de sept segments, à extrémité arrondie et munie d'un petit aiguillon dans les mâles , échancrée chez les femelles. L'homme nourrit deux espèces de ce genre , le Pou commun ou Pou de la tête , et le Pou du corps. Ces dégoûtants insectes sont malheureuse- ment trop connus pour qu'il soit nécessaire de les décrire. Le premier, Pcdiculus ccn'icalis (fig. 429), s'attache spécialement au cuir chevelu, agglutine ses œufs aux poils, et se repaît de la substance de la peau, qu'il fouille à l'aide de son suçoir. Lorsque le malade , impatienté de leurs démangeaisons, porte la main à l'endroit envahi pour se gratter, et que, par ce remède pire que le mal, il agrandit la plaie et l'envenime, ces plaies multipliées forment une croûte sous laquelle les parasites se tien- nent à l'abri et continuent leur œuvre de destruction et de propagation indéfinie. La chair des enfants est celle qu'ils recherchent de préférence ; ils infectent le nourrisson et respectent souvent la nourrice. Ils disparaissent de la tète à l'âge viril, pour attaquer de nouveau les vieillards. C'est un préjugé fort répandu dans les campagnes que la pré- sence des Poux préserve les enfants de toute autre maladie. Loin pjo. 4^;,, de la, sans parler des démangeaisons mcessantes qui privent cervicaux. l'enfant du sommeil et du repos, ces parasites finissent par causer une suppuration dégoûtante qui épuise le patient et peut dégénérer en ulcère dangereux. Les Poux se multiplient avec une efi'rayante rapidité; on a calculé qu'une seule femelle pouvait être la source de dix mille petits en trois mois. Les soins de propreté sont le meilleur préservatif contre cette vermine; on s'en débarrasse au moyen d'infusions de tabac , de staphisaigre , d'huile camphrée. On fera bien de s'abstenir de l'emploi des onguents mercuriels lorsqu'il existera des excoriations. La seconde espèce est le Pou du corps [Pediculus luimanus) , un peu plus grand que le précédent, à lobes de l'abdomen moins saillants, d'un blanc sale, sans taches ni raies. Il vit sur le corps de l'homme, dans les vêtements. Ce parasite se propage, dans certains cas, d'une si prodi- 358 ORDRE DES ANOPLOURES OU PARASITES. pieuse taçon, qu'il occasionne l'iiorribic maladie connue sous le nom de phthiriasis ^ dont moururent, dit-on, Hérode , Sylla et Philippe 11. Les espèces du genre Hœinatopine vivent sur des mammifères. Ils se distinguent par un abdomen large, déprimé, de huit ou neuf segments. Tous les animaux domestiques ont leur espèce de Pou. Celui du bœuf {Hœmatopiniis bovis) est blanc, traversé de huit bandes rougeâtres , à tète et pattes fauves. Celui du cochon [Hœinatopiniis suis) a la tête et le thorax jaunâtres, avec des taches brunes; son ventre est très-large, d'un blanc cendré. Ces insectes se multiplient parfois à tel point sur le porc, qu'ils perforent ses téguments. On voit alors ces animaux maigrir au milieu de l'abon- dance, leurs soies se dresser, en désordre, sales et dépouillées de leur luisant. Celui du mouton {Hœmatopinus opis) a la tète orbiculaire , le corselet étranglé dans son milieu, l'abdomen ovale, garni d'un faisceau de poils sur les côtés de chaque segment. Il est blanchâtre, rayé transversalement de brun. Cette vermine pullule parfois à tel point sur les animaux , que ceux-ci en sont épuisés, tombent dans le marasme, et finissent même par suc- comber. Les animaux avancés en âge y sont plus sujets que les autres. La malpropreté de l'habitation , une nourriture mauvaise et peu substan- tielle, sont souvent les causes de la maladie pédiculaire chez les animaux. FAMILLE DES PH ILOPTÉRIENS OU RICINS. 35o FAMILLE- DES PHILOPTERIENS OU RICINS Les genres qui composent cette famille ont pour caractère commun une bouche munie de mandibules très-distinctes. Ils vivent généralement sur les oiseaux, mais quelques-uns se trouvent sur les mammifères. Les espèces de cette famille sont assez nombreuses et réparties dans plusieurs genres, principalement caractérisés parles antennes et les tarses. Le genre Philoptenis a les antennes filiformes, de cinq articles, les tarses munis de deux crochets, les ptalpes maxillaires non distinctes, le prothorax plus étroit que la tête, l'abdomen composé de neuf segments. Le Philoptenis ocellatiis , ou Ricin du corbeau , vit sur cet oiseau et sur la corneille mantelée; il pond ses œufs en cercle autour des yeux de ces oiseaux. Ce parasite est long de 2 1/2 milli- -j^?^ mètres, d'un blanc grisâtre, avec les yeux noirs et des . \^!ç./' , taches coniques noires sur les côtés de l'abdomen. Une /"^^^^\ autre espèce vit sur le canard. ^'^^y Le Ricin du paon {Philoptenis paponis) [fig. 430] a la tète arrondie antérieurement, avec les angles temporaux nuoltm^J'àvoni,. très-grands; le thorax cordiforme, anguleux postérieure- ment; l'abdomen court, rétréci à sa base et élargi à son sommet. Il est d'un gris sale, avec le bord latéral des segments et un point sur chacun d'eux plus foncés. Le genre Trichodectes ne ditlère du précédent que par le nombre des articles des antennes, qui est de trois, et par les tarses, qui n'ont qu'un crochet. Le Trichodecte à tète arrondie {Trichodectes sphœrocephalus) vit sur les moutons. Il est blanchâtre , avec une tache sur la tète et neuf bandes transverses sur l'abdomen , de couleur obscure. Cet insecte a la tète orbiculaire , le thorax étranglé dans son milieu, l'abdomen ovale, garni latéralement d'un faisceau de poils sur chaque segment. Les Liotheum ont les antennes renflées en massue , les palpes maxil- 36o ORDRE DES ANOPLOURES OU PARASITES. laires distinctes , les tarses munis de deux crocliets écartés et crochus ; l'abdomen est formé de deux segments. Le Liotheum fasciatiim ^ long de 2 millimètres, a la tète cordiforme, d'un gris jaunâtre, ainsi que le tho- rax, l'abdomen blanchâtre avec des bandes brunes transversales. Il vit sur le coucou. Le Liotheum gigantcum vit sur le buzard. Les Gyropes ' Gyropus ont les antennes en massue et les tarses munis d'un seul crochet. Leurs yeux sont invisibles ou nuls; leur abdomen composé de six segments. Le Gyrope grêle \ Gyropus gracilis) vit sur le cochon d'Inde. ORDRE DES THYSANOURES '-ff.f otre dernier ordre des insectes comprend les ïhysa- noures. Ces petits êtres sont, comme les précédents, "* ' V privés d'ailes, et ne subissent pas de métamorphoses. Ils sont reconnaissables entre tous par les organes par- ticuliers de mouvement qu'ils portent à l'extrémité de l'abdomen, d'où leur nom de Tliysanoures (queue à franges), et qui leur permettent, le plus souvent, d'exécuter des sauts pi us ou moins considérables. Ils varient d'ailleurs beaucoup sous le rapport de la forme générale et de la composition de chaque organe en particulier. Chez ces insectes la bouche n'a plus la forme d'un suçoir, mais elle est composée , comme chez les insectes broyeurs , de mandibules et de mâchoires plus ou moins développées. Tous sont aptères, très-agiles, et échappent à la main qui veut les saisir, soit par une fuite rapide , soit en sautant. Les uns vivent dans l'intérieur des maisons, les autres se trou- vent sous les pierres, sur les matières végétales en décomposition, sur le bois pourri, les feuilles, etc. On divise cet ordre en deux familles ; les Podiiriens et les Lépismiens. 364 ORDRE DES THYSANOURES. FAMILLE DES PODURIENS Les insectes qui rentrent dans cette famille ont pour caractères géné- raux : des antennes filiformes, plus courtes que le corps; des yeux con- glomérés, composés chacun de six petits yeux lisses; des palpes très- courtes. Les parties de la bouche sont réduites à quatre petites lames séti- formes, qui représentent les mandibules et les mâchoires. L'abdomen, composé de cinq segments, est pourvu à son extrémité d'un appendice fourchu ou simple, qui se replie sur le ventre en dessous, et qui est sus- ceptible de se débander comme un ressort en projetant au loin le corps. Les Poduriens sont de très-petits insectes, mous, couverts d'écaillés peu serrées, quelquefois paraissant glabres. Plusieurs vivent à la surface des eaux dormantes. Cette famille renferme quatre genres, qui sont : Lipiira ^ Podiira, Orchesella et Smynthurits. Les Lipura ont, comme les Podures proprement dits, des antennes de quatre articles, à articles égaux; mais leur appareil saltatoire est nul ou très-rudimentaire . Les Podura ont au contraire l'appendice caudal très-développé. On en connaît un assez grand nombre d'espèces , parmi lesquelles nous citerons : le Podure des arbres {Podura arborea), long de 3 1/2 à 4 milli- mètres; c'est une des espèces les plus grandes du genre, 11 est d'un noir lisse et brillant, avec la base des antennes et du thorax jaune; les pattes et l'appendice sahatoire sont blanchâtres. Ce Podure se trouve commu- nément sur les troncs vermoulus dans les bois. Les individus plus petits et blancs que l'on trouve parmi eux sont des jeunes. Le Podure velu {Podura villosa) [fig. 484 vu en dessus, et 435 vu de côté, voy. p. 365, de manière à montrer l'appareil caudal replié en dessous] est d'un brun jaunâtre entrecoupé de taches et de raies FAMILLE DES PODURIENS. 365 PlO. 434. Podiiia rilloso (voy. pnge M). noires. La tête et le thorax sont très-velus, l'abdomenest presque glabre. Cette espèce est assez commune sous les pierres. Le Podure gris [Podiiva plumbca), de moitié plus petit, a l'appendice saltatoire de la longueur du corps. Cette |i espèce vit sur les plantes basses; elle est commune nu.\ environs de Paris. Le Podure aquatique {Podiira aqiiatica) vit en nombre souvent considérable sur les feuilles des plantes aquatiques ou à la surface des eaux stagnantes, où il exécute , , . l'IU. 435. ses sauts. 11 est d un noir mat. />«7,„„ . wo. Sous le règne des derniers Césars, pendant le Bas-Empire et le moyen âge, l'invasion de l'Europe par les peuplades du Nord et par les Musul- mans anéantit peu à peu les matériaux des connaissances acquises : et replongea l'Occident en pleine barbarie. Ce qui échappe des arts et des sciences demeure pendant un long espace de temps enfoui dans quelques bibliothèques de monastères, et longtemps dans un oubli complet. Près de quinze siècles se passent ainsi, et vers i5oo un nouvel élan saisit l'Europe; elle essaie d'écarter les nuages qui l'environnent, et de revoir de nouveau la lumière. De cette époque date la seconde période de l'Enfomologie. On lait des efïorts pour rassembler les matériaux dis- persés des sciences; des voyageurs parcourent les pays éloignés, en observent et figurent les animaux; parmi les voyageurs citons Bélon pour le Levant, Flacourt pour l'île de Mada- gascar. A cette époque aussi on voit s'élever différents musées, où les richesses rapportées par les voyageurs sont rangées et décrites. Aldrovandi (Ulysse), né en i522 à Bologne, publie en iSgg son Historia naturalis en treize volumes in-folio, ornés de figures. Cet ouvrage embrasse toute l'histoire naturelle; les deux -' lIG. -toi. — Altrovanih. derniers volumes traitent des Entames ; on peut les regarder comme un magasin où se trouve enfoui tout ce qui a été dit antérieurement sur les insectes. Après lui Moufïet, médecin an- glais, donne son Theatriim iiisectonim , grand volume in-folio, orné de gravures sur bois dans le texte; cet ouvrage, imprimé à Londres, date de i634; les figures des espèces, quoique grossières, s'y trouvent bien reconnaissables. Cependant les recherches positives font encore défaut, beaucoup d'erreurs sont accréditées, et la génération spontanée est tou- jours admise. La troisième période commence au dix-septième siècle; elle offre un caractère tout particulier. On commence à secouer le joug de la scolas- 3f)4 APERÇU HISTORIQUE tique ; le doute sur les choses avancées par les anciens s'est emparé des esprits] on reconnaît que l'expérience et l'observation est la seule voie indiquée à tous ceux qui veulent faire un pas nouveau dans la science ; le microscope, la gravure sur cuivre^ les figures coloriées viennent en aide aux yeux et à la mémoire, et bientôt en effet l'amour de la recherche, la passion de l'expérience, amènent de brillantes découvertes. Bacon donne dans son Nopiun organum scientiarum la méthode philosophique à employer pour arriver à la vérité, méthode tout expérimentale, par laquelle il n'arrive à la généralisation qu'après avoir rassemblé des faits assez nombreux pour qu'il soit permis d'en tirer des conséquences. Puis vient René Descartes, le grand philosophe français et l'un des principaux instigateurs de la révolution scientifique du dix-septième siècle. Dans sa méthode pour arriver à la connaissance de la vérité, il recommande de prendre le doute pour point de départ. Harvey, anatomiste anglais , célèbre par sa découverte de la circulation du sang, avança le premier que tout être vivant est le produit d'une semence : omne viviim ex opo. Il avait composé un ouvrage sur la géné- ration des insectes; mais cet ouvrage fut perdu dans le pillage de sa maison, à la clfute de Charles I'', dont il était le médecin. Harvey, trop âgé pour recommencer ses travaux, ne put réparer cette perte. Malpighi, professeur à Bologne et à Pise, l'un des savants qui ont le plus honoré l'Italie, fit faire un pas immense à la science en appliquant le microscope à l'étude de la structure intime des organes. Il publia le premier une anatomie du Ver à soie et de son insecte parfait en 1669, fit connaître que dans les animaux de cette classe la respiration a lieu par des stigmates aboutissant à des vaisseaux contournés en spirale, appelés trachées, et que lair, au lieu de se rendre dans un réservoir commun, est distribué dans toutes les parties du corps. Il suivit avec une patience admirable ce même insecte dans ses métamorphoses, et fit l'anatomie des organes qui se développent successivement dans le Papillon pendant ses transformations. Dissertatio de Bombyce, in-4°. Il en existe de nombreuses éditions, dont quelques-unes in-folio. Leuwenhoéck (Antony van), né à Delft en i632, s'est rendu célèbre SUR LES PROGRÈS DE L'ENTOMOLOGIE. SgS par ses travaux microscopiques. Il était doué d'une patience et d'une adresse qui lui permirent de faire les observations les plus minutieuses au moyen de lentilles, qu'il fabriquait et polissait lui-même avec une perfec- tion admirable. 11 a laissé une foule de mémoires sur l'organisation et l'anatomie des insectes, réunis dans son Arcana natiirœ^ publié de 1(395 à 171g en quatre volumes in-4°. On est étonné des découvertes qu'il a pu faire en ce genre, et de l'adresse et de la persévérance qu'il lui a fallu, quand on sait que les simples lentilles de verre dont il se servait , don- naient à peine des grossissements de cent à cent cinquante fois. Vers le même temps ^ Swammerdam, compatriote de Leuwenhoëck, et l'un des plus habiles observateurs du dix-septième siècle, ^e livra à des études sur la structure intime des insectes, et en suivit les métamorphoses avec une étonnante sagacité. Ses travaux sur l'anatomie du Pou, du Sca- rabée nasicorne, de l'Abeille, du Taon, etc., sont remarquables, mais ses études sur la chenille et le papillon sont surtout admirables. En suivant les métamorphoses des insectes , il a le premier démontré que la chrysa- lide existe toute formée dans la chenille, à l'époque où doit s'opérer sa métamorphose, et que le papillon existe dans la chrysalide avec les organes qui lui sont propres. Cette observation eut une grande influence sur les idées relatives à la génération des insectes, et jeta les fondements du système de l'évolution. On doit à Swammerdam une Histoire générale des insectes , in-4°, avec i3 planches gravées, Utrecht 1669, et la Biblia naturœ, magnifique ouvrage in-folio, accompagné de 53 planches dessi- nées par lui-même. Ce dernier ouvrage ne fut publié que cinquante ans après la mort de son auteur, par le célèbre et riche médecin Boerhaave, son compatriote, qui avait acheté ses manuscrits et ses dessins. Ce qu'avaient si heureusement commencé les travaux de Leuwenhoëck et de Swammerdam, pour renverser la théorie de la génération spon- tanée des insectes, les expériences d'un médecin italien, Redi, le ter- mina. Cet observateur eut l'idée que les Vers qui fourmillent dans les viandes corrompues et donnent bientôt naissance à des Mouches , pro- viennent d'œufs déposés par les femelles. Pour s'en assurer, il exposa à l'air un grand nombre de boîtes sans couvercle, dans chacune desquelles Sgô APERÇU HISTORIQUE il avait placé un morceau de viande, tantôt crue, tantôt cuite, afin d'in- viter les Mouches, attirées par l'odeur, à venir pondre leurs œufs sur ces chairs. Il varia à l'infini ces viandes, que lui fournit la ménagerie du grand-duc de Toscane, et sur toutes il vit les Mouches venir pondre leurs œufs, d'où sortirent de nombreux Vers, et toujours ces Vers lui don- nèrent quatre sortes de Mouches : des Mouches bleues {Calliphora vomi- toria), des Mouches noires chamarrées de blanc [Sarcophaga carnavia) ^ des Mouches semblables à celles des maisons {Miisca domestica)^ et des Mouches d'un vert doré [Lucilia cœsar). Non content de cela, il fit une contre-épreuve décisive. Il plaça de nouveau des morceaux des mêmes viandes dans des boîtes, couvertes cette fois de toiles à claire-voie, afin que l'air pût circuler librement et amener la putréfaction, mais de sorte que les Mouches attirées par l'odeur ne pussent y déposer leurs œufs. Redi vit les chairs se corrompre, mais aucun Ver ne s'y développa. Goedart augmente le nombre des observations sur les métamorphoses; Vallisnieri peint les mœurs de divers insectes, entre autres du Fourmi- lion; d'autres auteurs débarrassent la science de ce fatras d'érudition médicale dont jusque-là elle était encombrée ; parmi eux Ray décrit les insectes de la Grande-Bretagne; Frich, auteur allemand, traite aussi des métamorphoses des insectes ; ses figures , quoique mal exécutées , ont un caractère d'exactitude frappant, les nervures des ailes y sont étudiées avec tout le soin possible; il avait prévu le parti que plus tard on en pour- rait firer. Des peintres habiles attachent leur nom à des travaux entomo- logiques; Albin, Ladmiral, Blancard, Hœfnagel, Mérian, Rœsel et d'autres consacrent leur pinceau à des ouvrages qui sont pour la plupart des chefs-d'œuvre de dessin et de peinture. On possédait donc déjà au commencement du dix-huitième siècle des connaissances assez importantes sur le mode de reproduction et sur l'or- ganisation des insectes; mais on n'avait encore que des notions peu éten- dues sur les mœurs, les instincts et les métamorphoses de la plupart de ces animaux, lorsque Réaumur publia le résultat de ses observafions. René-Antoine Ferchault de Réaumur naquit à La Rochelle en i683. Maître d'une grande fortune , il put suivre entièrement son goût pour SUR LES PROGRÈS DE L'ENTOMOLOGIE. 397 l'histoire naturelle. On lui doit une foule de découvertes utiles, telles que l'art de faire de lacier, la fabrication de la porcelaine opaque, le thermo- mètre qui porte son nom ; mais c'est surtout dans l'histoire naturelle que ses travaux et ses découvertes furent le plus nomhreu.x et le plus intéres- sants. Nous nous contenterons de citer ses travaux sur l'Entomologie, qu'il publia de 1734 à 1742 en six volumes in-4°, sous le titre modeste de Mémoires pour servir à l'histoire des insectes. Ce magnifique ouvrage renferme une foule d'observations curieuses sur les mœurs des insectes, sur leur structure et sur leur industrie, et l'on peut dire qu'il a le plus contribué à répandre le goût de l'Entomologie. Réaumur fut un des observateurs les plus sagaces, et personne ne le surpassa pour la patience et l'habileté avec lesquelles il préparait et suivait ses expériences. Charles Bonnet, de Genève, contemporain et ami de Réaumur, et comme lui contempteur des méthodes, fut un observateur aussi minu- 3g8 APERÇU HISTORIQUE tieux, mais penseur plus profond. 11 a consigné dans ses Contemplations de la nature le résultat de ses longues études. On lui doit la découverte de la fécondation des Pucerons sans accouplement pour plusieurs générations. Son Traité d'inseciologie est du plus grand intérêt. De Geer, entomologiste suédois, mais qui a écrit en français, marcha sur les traces de Réaumur; il l'a égalé comme observateur, et surpassé par son esprit méthodique. 11 a décrit et classé tous les insectes dont il a parlé, et a le premier fait usage des caractères pris de la forme des par- ties de la bouche. Malheureusement son ouvrage est d'un très-grand prix et excessivement rare. Avec l'illustre Linné s'ouvre une ère nouvelle pour l'Entomologie. Les insectes sont par lui divisés en ordres qui, presque tous, subsistent encore aujourd'hui. 11 désigne et caractérise pour la première fois d'une manière claire et rigoureuse, les groupes, les genres, les espèces. Le célèbre natu- raliste suédois, qui dévoila le système sexuel des végé- taux, avait des vues plus relevées que celles des simples nomenclateurs auxquels on a voulu parfois l'associer : il Pie. 453. apercevait, avec une finesse et une sagacité merveil- Charles Bonnet. leuses, les rapports les plus délie its de tous les êtres. Le caractère de ses écrits est l'ordre, la concision, l'exactitude. Il dé- brouilla le premier ce chaos informe que les natur listes avaient laissé subsister parmi les productions de la terre. Dans son zèle infatigable, il entreprit de décrire tous les êtres connvis de son temps, et de les classer suivant une méthode simple qui pût les faire retrouver au besoin. 11 reforma la nomenclature, et substitua à ces longues phrases descriptives, difficiles à conserver dans la mémoire, un double nom, l'un générique, exprimant les caractères généraux qui lient les êtres entre eux, et l'autre spécifique, énonçant les qualités par lesquelles ils diffèrent les uns des autres. Son Systema naturœ, qui apportait dans la science une véritable réforme, eut pendant sa vie douze éditions, et exerça une grande influence sur l'étude des êtres organisés. En entomologie, Linné fonda les ordres à peu près tels qu'on les observe aujourd'hui ; le premier renfermant les SUR LES PROGRÉS DE L'ENTOMOLOGIE. 399 insectes à élytres, Coléoptères et Orthoptères^ le second les Hémiptères, le troisième les Lépidoptères, le quatrième les Hyménoptères, le cinquième les ria. 4.'i4. — Lin Névroptères, le sixième les Diptères ; puis viennent les Aptères qui compren- nent, outre les insectes aptères hexapodes, les arachnides et les myriapodes. 40O APERÇU HISTORIQUE Fabricius, élève de Linné, introduisit une nouvelle méthode l'ondée sur les caractères de la bouche , qui fit grand bruit dans le moment où elle parut; mais elle a le défaut, comme toutes les méthodes rigoureuses fon- dées sur un seul organe, de réunir des objets tout à fait éloignés naturel- lement les uns des autres. 11 n'en a pas moins rendu de grands ser- vices à l'Entomologie en faisant connaître tout le parti qu'on peut tirer de ces caractères pour la classification. Fabricius joignit à ces travaux systé- matiques des traités séparés sur chacun des ordres qu'il avait créés, et décrivit un nombre considérable d'espèces nouvelles. Latreille, presque contemporain de Fabricius, était né à Brives en 1762. Incarcéré en i7y3, comme prêtre réfractaire, et condamné à la déportation, il dut son salut à un petit insecte, le Necrobia riijîcollis , qu'il trouva sur les murs de la prison où il était détenu. 11 envoya cet insecte, alors peu connu, à Bory de Saint 'Vincent, qui parvint à lui faire rendre sa liberté. Latreille mit à profit l'étude de ses prédécesseurs,' et s'ett'orça de créer une méthode plutôt naturelle que systématique; il imita l'illustre botaniste Laurent de Jussieu, groupant les espèces d'après la somme de leurs res- semblances, cherchant à rapprocher ce que la nature paraissait rappro- cher. Son premier ouvrage, publié en 1796, a pour titre : Précis des carac- tères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel, par le citoyen Latreille. C'était un premier essai. Quelques années après il publia son Gênera crustaceoruni et insectoruni (4 vol. in-8°, 1 806-1 807), ouvrage dans lequel il offrit une exposition si exacte des caractères, et presque toujours une si juste appréciation des affinités naturelles, que les travaux postérieurs n'ont amené de ce côté que des rectifications d'ordre secon- daire. Bien qu'étranger à l'anatomie, Latreille, par ses aperçus ingénieux, s'est presque toujours trouvé en parfait rapport avec les dissections anato- miques qui ont été faites depuis. Son Gênera est vraiment admirable pour la manière dont les divers genres s'enchaînent dans chaque ordre, et dont les caractères sont présentés. Dans le Règne animal de Cuvier, et notamment dans la seconde édition, dont la partie entomologique fut con- fiée à Latreille par le grand naturaliste, il perfectionna encore sa méthode. SUR LES PROGRÈS DE L'ENTOMOLOGIE. 401 Cette époque est riche en matériaux de toutes sortes : voyages, mono- graphies d'ordres, de familles, de genres, tout y abonde. Dans son Traité d'anatomie comparée, Cuvier avait présenté le résumé des connaissances de son époque sur l'organisation des insectes; il fut suivi dans cette voie par Marcel de Serres, Ramdhor, Carus. Strauss publia son beau travail sur l'anatomie du Hanneton, mais c'est incontestablement Léon Dufour qui a produit les travaux les plus complets sur cette matière. Nous ne pouvons rapporter ici la longue série des travaux spéciaux sur les insectes, des faunes entomologiques, des monographies, etc., le nombre en est immense. Nous nous contenterons d'ajouter que c'est à notre époque qu'appartiennent les applications de l'entomologie à l'agri- culture, et que les noms d'Audouin, de Ratzeburg, de Guérin-Méne- ville, de Nœrdlinger, etc., se rattachent brillamment à cette étude si utile. 26 402 APERÇU HISTORIQUE Depuis soixante ans environ, les voyages se sont tellement multipliés dans toutes les parties du monde, et ont fourni une telle quantité d'insectes aux collections des divers musées de l'Europe et même à celles de riches amateurs, qu'il est devenu impossible à un seul homme de faire un inventaire complet des représentants connus de la classe des insectes, ou même des représentants d'un seul ordre de cette classe; quelques-uns l'ont tenté, et y ont renoncé. Il faut donc se contenter aujourd'hui des faunes spéciales, des monographies ou des catalogues pour la détermina- tion et la classification des insectes. Nous avons indiqué dans la Biblio- graphie les ouvrages les plus récents et les plus utiles à consulter. TABLEAU DE LA CLASSIFICATION ORDRE DES ORTHOPT|ÈRES. COUREDRS (Cursoria). Fam. : Forficuliens . Genre : Forficula . . . — auricularia — minor Genre : Forficesila . — gigantea — americana — longissima Genre : Chelidura .... Fam. : Blattiens . . . . Genre : Blatta — germanica . — lapponica . Genre : Kakerlac .... — orientalis . — americana . Genre : Polyphaga .... — segyptiaca Genre : Polyzosteria . . . i3 i3 i3 14 14 i5 i5 Genre : Polyzosteria cuprea ... 1 5 Fam. : Mantiens 16 Tribu : Éremophilides 17 Genre : Eremophila 11 Tribu : Mantides 17 Genre ; Mantis ij — religiosa .... 17 — oratoria ig Genre : Thespis i g — purpurascens . . 19 — Xiphias .... 19 Genre : Harpax ig — ocellaria .... 20 Genre : Deroplatys 20 — dessiccata. . . 20 Tribu : Empusides 20 Genre : Empusa 20 — pauperata ... 20 Genre : Phyllocrania 21 — paradoxa . . 21 4o6 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Fam. : Phasmiens Genre : Cyphocrana . . — Goliath — Encelade; Genre : Bacteria .... — phyllina . Genre : Bacillus .... — Rossii — granulatus Genre : Eurycantha. . . — horrida — Tyrrhœa Genre : Phasma .... — bioculatum — ■ Zeuxis. Genre : Phyllium . . . — siccifolium — Scythe . SAUTEURS (Saltatoi Fam. : Tribu : Genre : Tribu : Genre : Genre : Genre : Tribu Genre Genre Genre Genre Genre Genre ia) LOCUSTIENS . Prochilides . . . Prochilus . . , — australis Pterochro^ides Pterochroza. — ocellata Pseudophyllus. — neriifoliu Acanthodis . — aquUina — imperialis l.ocustides (Sauterelles) Phaneroptera . — hystrix. Scaphura .... — liliifolia . . Locusta — viridissima . Decticus • — • verrucivorus : Acridoxena .... — Havvaiana : Acripeza — reticiilata 23 2.3 23 23 24 24 24 a5 25 25 26 26 26 27 27 28 29 3o 3o 3o 3i 3i 32 32 32 32 32 33 33 33 33 33 33 33 34 34 34 34 35 35 Genre Tribu Genre Genre Tribu Genre Fam. : Tribu Genre Genre Genre Genre Tribu Genre Genre Fam. : Tribu Genre Genre Genre Tribu Genre Genre Genre Genre Barbitistes . . . Bradyporides . . Ephippigera. . . — vitium Bradyporus. . — dasypus — oniscus Gryllacrides . Gryllacris . . Grylliens . Gtyllides . Gryllus . — campestris — domesticus — macrocephal Cerberodon . — viridis Schizodactylus . monstrosus Sphasrium . . — acervorum Grjrllotalpides. . Gryllotalpa . . . — vulgaris Tridactylus. . — variegati Acridiens (Criquets) Truxalides . . . Truxalis. ... — nasuta . — inguiculata Xiphocera . . . Pamphagus. Acridides . Œdipoda . . . — germanica Acridium . . . — migratoriu — stridulum — cœrulescens — dux . Teratodes . . . — monticollis Tetrix .... — subulatus . — bipunctatus TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 407 ORDRE DES THYSANOPTÈRES Fam. : Thripsiens 5 7 Tribu : Phlœothripsides . . 57 Genre : Phlœothrips Sj — ulmi .... 57 Tribu : Thripsides . Genre : Thrips . . — cerealium Pagts. 57 ORDRE DES NÉVROPTÈRES Fam. : Genre : Fam. : Genre Fam. : Genre Genre Fam. : Genre Fam. : Tribu Genre Termiens Termes .... — lucifugum — bellicosum — atrox . — morsitans — arborum PSOCIENS . Psocus . — bijxinctatui — pulsatorius Perliens. Perla .... — marginata — bicaudata Nemoura — nebulosa Ephémériens Ephemera . . — vulgata — longicauda — lutea — marginata — brevicauda ^ striata . — culiciformi LiBELLULIENS . Libellulides. . Libellula — depressa . — qiiadrimacu — pulchella — marffinata lata 63 63 64 65 68 68 68 69 69 69 69 71 7- 72 72 73 75 75 76 76 76 76 76 76 77 79 79 79 79 79 79 Tribu : ^shnides . . . Genre : ^Eshna .... — grandis . . — annulata . Genre : Gomphus . . . — forcipatus Tribu : Agrionides . . . Genre : Agrion .... — puella . . — sanguineum Genre : Calopteryx . . . — virgo . Genre : Mecistogaster . . — ornatus Fam. : Myrméléoniens Tribu : Myj-méléonides Genre : Myrmeleo . . , — formicarius — libelluloides — pisanus. — rapax . . — caffer . . Genre : Ascalaphus. . . . — longicornis — meridionalis — kolyranensis Tribu : Némoptérides . . . Genre : Nemoptera .... — Coa . . — alba . . — imperatri.x Tribu : Hemernbiides . . . Genre : Hemerobius Pages, 80 80 80 81 82 82 83 83 83 84 84 85 85 86 90 90 90 90 90 90 90 90 4o8 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Genre : Hemerobius chrysops — perla Genre : Osmylus. . . . — maculatus . Tribu : Panorpides . . . . Genre : Panorpa — communis Genre Borœus .... — hyemalis . Fam. : Raphidiens . Tribu Maiitispides . . Genre . Mantispa . . . — pagana . — grandis . Tribu Raphidiides. . . Genre Raphidia . . . — aphiopsis Tribu Semblides . . . Genre Corydalis . . . 90 90 92 92 93 93 93 94 94 95 95 q5 95 96 96 96 97 97 97 Genre : Corydalis armata Genre : Scmblis . . . — lutaria. Fam. • Phryganiens . Genre : Plirvganea . — grandis — lunaris — fusca . — minor. Genre : Limnephilus . . — bicolor Genre : Leptocerus . . . — ochraceus Genre : Hydropsyche Genre : Rhyacophila — vulgaris Genre : Hydroptila .... — pukhricornis ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES !"■ Section : PORTE-AIGDILLON. Fam. : Apiens (Melliféres) Tribu : Apides . . Genre : Apis . . . — mellifica — fasciata — unicolor — indica . — capensis — Adansoni Genre : Melipona . — quadrifascia Genre : Trigona .... — ruficrus . Genre : Bombus (Bourdon) — muscorum — lapidarius — lucorum. — cajanensis — eximius . Tribu : Psitliyrides. . . 123 124 [25 125 [25 [26 Genre : Tribu : Genre : Genre ; Genre : Genre : Genre : Genre : Tribu : Genre : Apathus. . . . — vestalis . — rupestris. Anthophorides . . Antiiophora — parietina Euglossa. . — Romandi Chrysantheda . . î— fronta Eucera .... — longicornis. Xylocopa — violacea . — morio — nigrita . Centris .... — denudans . Andrénides . . Dasypoda . . — ■ liirtipes. ' — plumipes TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 409 Genre : Andrena — Flessœ. — nitida . . . — trimmerana . Genre : Cilissa — hœmorrhoidalis Genre : Halictus .... — rubicundus. Genre : Colletés Tribu : Osmiides .... Genre : Osmia — papaveris . — rufa .... — helicicola . — bicolor . Genre : Megachile .... Genre Genre Genre Genre Fam. : Tribu Genre Tribu Genre Genre Genre — muraria — centuncularis. — pyrina . cincta . . . Anthidium — manicatum . — maculatum . Cœlioxis — simplex . Nomada — ruficornis . — sexfasciata . Melecta — armata . . . Vespiens (Guêpes). . . Vespides Vespa — vulgaris .... — arborea .... — crabro .... — mandarinia . — cincta Polistides Polistes — gallica .... — tasmaniensis — aterrima . Apoica — pallida .... Mischocyttarus Pages. i3i 3i 32 32 32 32 33 33 33 34 34 34 34 34 35 36 36 36 36 37 37 37 37 37 38 38 38 39 39 39 41 42 42 43 43 44 44 44 44 45 46 46 46 Genre : Mischocyttarus labiatus. Genre : Icaria — ferruginea . Tribu ; Epiponides Genre : Epipone Genre : Chartergus nidulans . . — brasiliensis . Fam. : Euméniens Tribu : Euménides Genre : Eumenes — coarctata — esuriens . Genre : Synagris — cornuta . . . Tribu : Odynérides . . . . Genre : Odynerus — spinosus — murarius . — • rubicola . . Genre: Rhynchium — nitidulum . Fam. : Crabroniens . . . . Tribu : Crabronides . . . . Genre : Crabro — quadrimaculatus. — subterraneus . Genre : Tripoxylon — rejector . . Genre : Pemphredon . . . . Genre : Mellinus — arvensis . Genre : Cerceris — arenaria . — arvensis . . Genre : Philanthus — apivorus . . Genre : Astata — boops . . . . Tribu : Larrides Tribu: Bembécides Genre : Bembex — rostrata . . . — tarsata. . . . Genre : Stizus — speciosus . . Pages. 146 .46 146 146 ,46 147 147 '47 .48 '49 '49 '49 149 '49 149 '49 '49 [5i [5 I l52 [52 l52 [52 [52 i53 [53 [53 [53 [53 [53 [53 [53 [54 [54 [54 [54 [54 [55 [55 i55 [55 [56 i56 410 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Fam. : Sphégiens . . . . i57 Tribu : Sphégides . . . ■ 107 Genre : Pompilus . . . . i58 — variegatus . i58 — viaticus i58 — fuscus . . i58 — atrox . . i58 Genre : Pepsis i58 — héros . . . i5q — elevata . . . .59 Genre : Mygnimia . . . . loq — avicula. Ibq Genre : Sphex l59 — flavipennis . . 160 — albisecta . . . 160 — crerulea . 160 — argentata . . 160 Genre : Ammophila . . . 161 — sabulosa 161 Genre : Pelopaeus . . . 161 — spirifex . . 161 laetus . . 161 Genre : Parapison . . . 162 — rufipes . 162 Genre ; Chlorion. . 162 — compressum 162 — lobatum . i63 Tribu : Scoliides . . . i63 Genre : Sapyga i63 — punctata . i63 Genre : Scolia i63 — hortorum . i63 — bicincta. i63 — procera . . i63 Tribu : Mutillides . . . . 164 Genre : Mutilla .... i65 — europaea . . i65 — Cerbera . . i65 Genre : Thynnus . . . . i65 — australis. . i65 Genre : Scleroderma . . . 166 — cylindri :un . i66 Fam. : Formiciens . . . 167 Tribu : Mjn-micides . . . 167 Genre : Atta . 178 — structor . . . 178 Genre: Atta barbara 178 Genre : Qicodoma 178 — cephalotes . . . 178 Genre : Eciton 1 79 — legionis 180 — hamata 180 Genre : Myrmica 180 — rubra 180 — domestica . . . 180 Tribu : Ponérides 181 Genre: Componotus i8i — gigas. ... 181 Genre: Ponera 182 — contracta .... 182 — grandis . . . . 182 Genre: Polyrachis 182 — textor .... 182 Tribu: Formicides i83 Genre: Polyergus i83 — rufescens . . i83 Genre : Formica i83 — rufa i83 — brunnea . . . . i83 — fuliginosa. . . . 184 — flava 184 — ligniperda . . . i85 — gracilescens . . . i85 Genre: Myrmecocystus . . . . i85 — mexicanus . i85 Fam. : Chrysidiens 187 Genre: Hedychrus 188 — regalis. . . . 188 Genre: Chrysis 188 — ignita 188 Genre; Euchrœa 189 — purpurata . . . 189 Genre: Stilbum 189 — splendidum . . . 189 V Section : TÉRÉBRANS. Fam. : Chalcidiens 190 Genre: Chalcis 191 — minuta 191 — clavipes 191 Genre : Chirocerus . . . . . . 191 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 411 Genre : Eurytoma . . Genre : Diplolepis . . Genre: Coruna . . . — clavata Genre : Pteromalus. . — communis — larvarum — puparum Genre : Cleonymus. — maculipennis Genre : Encyrtes . . . Genre : Eulophus . . . Fam. : Proctotrupiens Tribu : Proctotriipides Genre : Proctotrupes . Genre : Teleas .... — elatior . — ovulorum Genre : Gonatopus . — celebicus. Tribu : Mymarides. . Genre : Mymar .... — pulchellus Fam. : Ichneumoniens. Tribu : Braconides. . . Genre : Hybrizon . . . — aphidum Genre : Bracon .... — clavatus . Genre : Microgaster — glomerati Tribu : Ichneumonides Genre : Ophion .... — luteus . Genre : Paniscus — testaceus Genre : Pimpla .... — manil'estator, — instigator. Genre : Cryptus . . . — migrator — cyanator . Genre : Ichneumon — castigator — ambulatorius — proteus . . Pages. 191 192 192 192 192 192 192 192 192 192 193 193 194 194 194 195 195 195 195 196 196 197 198 198 '99 199 200 200 200 201 202 202 203 203 203 203 Genre Genre Genre Tribu Genre Genre Genre Genre Fam. : Genre Fam. : Tribu Genre Tribu Genre Ichneumon crassorius Tryphon . . . — rutilator Thyreodon cyaneus Evaniides . . . Pelecinus . — polyturator Fœnus .... — ejaculator Evania . . . — appendigaste: — Desjardinsii Megalyra ... — Schuckardi Cynipsiens . Cynips .... — quercus . — pedunculi — corticalis . — inflator . — KoUari . — gallœ tinctorias — terminalis — salicis . — rosse — apterus — calicis . SiRICIENS. Oryssides . Oryssus . — coronatu — unicolor Siricides . Sirex .... — juvencus Genre : Xyphidria . , — camelus Fam. : Tenthrédiniens Tribu : Céphides . . Genre : Cephus . . . — pygmseus Tribu : Tenthrédides . Genre : Lyda .... — piri . — hortensis Pages. 203 203 203 204 204 205 205 205 205 2o5 206 206 206 206 207 207 207 210 210 210 21 I 21 I 2l3 2l3 214 214 214 214 214 214 2l5 216 216 216 216 217 218 218 218 218 218 219 412 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Genre: Lyda inanita 219 Genre : Lophyrus 219 — pini 219 — pinastri. . . . 219 — . juniperi . . . 219 Genre: Cladius 219 — difformis . . . . 219 Genre : Nematus 220 — grossulariœ . . 220 — capreae .... 220 Genre: Crœsus 221 — septentrionalis . . 221 Genre: Dolerus 221 — grossulariœ . . . 221 Genre: AUantus 221 — scrophularias . . 221 Genre : Tenthredo 222 — zonatus . . . 222 — rosarum . . . 222 — fulvicornis . . 222 Genre : Selandria 222 — £ethiops. . . . 222 — melanosterna. . 223 Genre: Athalia 223 — centifoliœ. . . . 223 — spinarum. . . . 223 Genre : Hylotoma 224 — rosœ .... 224 Genre : Schizocerus 224 — pallipes . . . 224 Genre : Cephalocera 225 Genre : Cimbex 225 — humeralis . . . 225 — lutea 225 Genre : Trichiosoma 225 — lucorum . . 225 Genre : Abia 226 — fasciata 226 Genre : Peraa . 226 ORDRE DES HEMIPTERES l"^"- Section: HOMOPTÈRES. Pages. Fam. : Coccidiens 23 1 Genre : Lecanium 233 — persicae . . . 233 — vitis .... 233 — hesperidum . . 233 — ilicis . . . . 233 — tiliae .... 233 — fagi .... 233 — adonidum . . 234 — rosse . . . . 234 Genre : Coccus 234 — cacti 234 — citri 234 — sylvestris . . . . 237 Fam. : Aphidiens 237 Genre : Aleurodes 237 — chelidonii. . . 237 Genre : Aphis 237 — rosas 239 Genre : Aphis persicœ 239 — grossularias . . . 240 — laniger 240 — mali ....'.. 241 — tilix 241 Genre : Phylloxéra 241 — vastatrix . . 241 Genre : Psylla 241 — bursaria .... 245 — buxi 245 — piri 245 — ficus 245 — oleas 246 Fam. : Fulgoriens 247 Tribu : Cercopides 347 Genre : Typhlocyba 247 — rosœ .... 247 Genre : Ledra 248 — aurita 248 Genre : Penthimia 248 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 4i3 Pages. Genre : Penthimia atra . . ". . 248 Genre : Aphrophora 248 — spumaria . . 248 Genre : Triepphora 248 -^ sanguinolenta . 249 Genre : Cercopis 249 — bifasciata . . . 249 Genre : Tettigonia 249 — viridis. . . 249 Tribu : Membracides 249 Genre : Centrotus 24g — cornutus . . . 249 Genre : Darnis 249 Genre : Heteronotus 25o — armatus . . 25o Genre : Bocydium 25o — tintinnabulariferum 25o Genre: Hypsauchenia 260 — Westwoodii 2 5o Tribu: Fulgorides 25 o Genre: Fulgora 25 1 — laternaria . . . 25 1 — candelaria . . . 252 Genre : Hotinus 252 — subocellatus . . 253 — maculatus. . . 253 Genre : Pœciloptera 254 — circulata . 354 Genre : Flata 254 — margiiiella. . . . 354 Genre: Phœnax 254 — auricoma . . . 254 Genre : Lystra 254 Fam. : Cicadiens 256 Genre : Cicada 259 — plebeia . . . 259 — orni 259 — picta 259 — hœmatodes . . . 259 — maculata .... 259 — adusta 259 2'^ Section: HÉTÉROPTÉRES. Fam. : Népiens (Hydrocorises). . 361 Tribu : Notonectides 262 Genre: Notonecta 263 Pages. Genre: Notonecta glauca . . . . 262 Genre : Corixa 263 — Geoflroyi. . . . 263 — femorata .... 263 Tribu : Népides 263 Genre : Nepa 264 — cinerea 264 Genre : Ranatra 264 — linearis .... 265 — asiatica .... 365 Genre : Belostoma 365 — grandis . . . 265 Genre : Naucoris 266 — cimicoides . . . 266 Fam. : Réduvîens 267 Tribu: Hydrométrides .... 267 Genre : Gerris 267 — lacustris .... 268 — aptera 268 Genre : Hydrometra ..... 268 — stagnorum . 268 — argentata . . 268 — gibbifera . . 268 Tribu : Réduviides 368 Genre : Reduvius 368 — personatus . . 368 — amœnus . . . 269 Genre : Ploiaria 269 — vagabunda . . 369 Genre : Pirates 269 — stridulus .... 269 Genre : Coranus 369 — subapterus . . 269 Tribu : Cimicides 269 Genre : Cimex 369 — lectularius .... 370 Genre: Aradus ....... 271 — betulse 271 Genre: Phymata 271 Genre : Tingis 272 — piri 272 Fam. : Lycéens 273 Tribu : Coréides 273 Genre : Stenocephalus 373 — agilis. . . 373 Genre : Anisoscelis (Diactor) . . 273 414 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Genre : Anisoscelis bilineatus Genre : Pachylis — gigas . . . . Genre : Petascelis — remipes. Genre : Metapodius — latipes . Genre : Coreus — marginatus . . — hirticornis Genre : Verlusia — rhombea . . Genre : Phyllomorpha — madagascariensis Genre : Neides — depressus . . . . Genre : Rhvparochromus. . . — dilatatus. Genre : Henestaris — laticeps . . . Tribu : Lygœides Genre : Pyrrhocoris — apterus . . . Genre : Lygœus — militaris. . . . — equestris. — grandis . . . . Genre : Macrocheraia — grandis . Tribu : Caps ides Genre : Miris — virens — erraticus . . . . Genre : Phytocoris — tiliaî . . . . — bipunctata . . Genre : Systellonotus — trigustatus . Genre : Orthocephakis . . . . PageB. 273 274 274 374 274 274 275 275 275 275 276 276 276 276 276 276 276 276 277 277 277 277 277 277 277 277 277 277 277 278 278 278 278 278 278 279 279 279 280 Genre : Orthocephalus tritasciatus . — elatus . . — laniarius Fam. : Scutellkriens Tribu : Pentatomides Genre : Oncomeris — flavicoinis . Genre : Edessa — cornuta . . . . Genre : Pygoplatys — lancifer . . . Genre : Dalader — acuticosta . Genre : Pentatoma — oleracea . — dissimilis . — baccarum — lineata . . . — betulœ . . . Genre : Catacantus — incarnatus . . Genre : Brachystethus — rubromaculatus Tribu : Cydnides Genre : Cydnus — tristis Tribu : Scutellérides Genre : Pacliycoris ....... Genre : Tetyia Genre : Sphasrocoris Genre : Odontoscelis Genre : Scutellaria — signala — nobilis. . . Genre : Augocoris — Gomesii . . . Genre: Peltophora — rubromaculata. Pages. 280 280 280 281 281 281 281 281 281 282 282 282 282 282 282 283 283 283 283 284 284 284 284 284 284 285 285 285 285 285 285 285 285 285 286 286 ORDRE DES APHANIPTÈRES Fam. : Puucif.ns 289 Genre : Pulex 289 — irritans 291 Genre: Pulex canis 291 — talpx 291 — penetrans .... 291 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 415 ORDRE DES STREPSIPTÈRES ou RHIPIPTÈRES Genre : Xenos 296 — vesparum .... 296 Genre : Elenchus 296 Pages. Genre : Stylops 296 Genre : Halictophagus 296 — curtisii . . 296 ORDRE DES DIPTERES l'*" Section : NEMOCËRES. Pages. Fam. : Culiciens 3o2 Genre : Culex 3o2 — pipiens 3o2 Genre : Megarhinus 3o6 Fam. : Tipuliens 307 Tribu : Chironoinides 307 Genre : Chironomus 307 — plumosus . . 3o7 Tribu : Tipulides 307 Genre : Tipula 307 — oleracea .... 3o8 — maculosa .... 309 — longicornis . . . 309 Genre : Pachyrhina 3 1 o — imperator . . 3 10 Tribu: Mycetophilides . . . 3 10 Genre: Boletophila 3 10 Genre: Mycetophila 3 10 Genre : Sciara 3 10 Tribu : Cecidomyides 3 1 o Genre: Cecidomyia 3 10 — tritici . . . 3 10 — destructor. . 3 1 1 — saliciperda . 3ii Tribu : Bibionides 3 12 Genre : Bibio 3 1 2 — Marci 3 12 — hortulanus. . . . 3 12 Genre: Simulium 3 12 — ornatum . . . 3 12 — reptans . . . 3 1 3 Fam. : Tribu Genre Tribu Genre Genre Genre Genre Genre Tribu Genre Genre Fam. : Tribu Genre Genre Tribu 2" Section: BRACHOCËRES. Pages. AsiLIENS 314 : Mjrdasides 3 1 4 : Mydas 314 — giganteus . . . . 314 : Asilides 314 : Phellus 314 — glaucus . . . . 314 : Dasypogon 3i5 — spectrum . . 3i5 : Asilus 3i5 — crabroniformis . . 3i5 — germanicus . . . 3 16 — coriarius . . . . 3i6 : Mallophora 3 16 : Empis 3 16 — tessellata . . . . 3 i 6 : Anthracides 317 : Bombylius 317 — major. . . . 317 : Aiithra.x 3 17 — morio . . . . 3 1 7 — varia . . . . 317 — flava . . . . 3 17 Tabaniens 3 1 8 : Tabanides 3 18 : Tabanus 3 18 — bovinus. . . . 3 18 : Pangonia 3 19 — longirostris . . 3 19 — amboynensis . . 3 20 : Chrjrsopsides 3 20 4i6 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Pages Genre : .Chrysops 330 — cascutiens . . . 3 20 Genre: Hsematopoda 32o — pluvialis . . 32 1 Genre: Acanthomera 32 1 — Heydenii . 32 1 — magnifica . 32 1 Tribu : Xylo^hagides 322 Genre: Xylophaga 322 — varia . . . . 322 Tribu : Stratiomyides 322 Genre: Stratiomys 322 — chamasleon . . 322 — furcata . . . 323 Genre : Sargus 333 Genre : Ephippium 323 Fam. : Syrphiens 324 Tribu : Chrysotoxides .... 324 Genre: Chrysotoxum 324 — bicinctum . 324 Tribu : Volucellides 324 Genre : Volucella 324 — bombylans . . 324 — pellucens . . . 325 — plumata . . . 325 Genre: Eristalis 325 — tenax 325 Genre : Merodon 325 — clavipes . . . 325 Tribu : Syrphides 326 Genre : Syrphus 326 — seleneticus . . . 326 — lucorum . . . 326 — • pyrastri .... 326 Genre : Eumerus 326 — lunulatus . . . 326 Fam. : Dolichopodiens . . . . 327 Tribu : Dolichopodides .... 327 Genre : Dolichopus 327 — œrosus . . . 327 Tribu : Leptides 327 Genre : Leptis 328 — vermileo .... 328 — strigosa 328 Tribu: Thérévides 32g Fam. : Musciens 33o Tribu : Platypé^ides 33o Tribu : Conopsides 33o Genre : Conops 33 1 — vesicularis . . . 33 1 — macrocephalus . . 33 1 — • aurilrons. . . . 33 1 Tribu: Œstrides 33 1 Genre : Œstrus 332 — equi 332 Genre : Cephalomyia 332 — ovis. . . . 332 Genre: Hypoderma 333 — bovis . . . 333 Genre: Œdemagena 333 — tarandi . . . 333 Genre : Cuterebra 333 — noxialis . . . 333 Tribu: Muscides 333 Genre : Tachina 335 — vulgaris .... 335 Genre: Echinomyia 335 — grossa . . . 335 — ferox . . . 335 Genre : Ocyptera 335 — bicolor . . . . 335 Genre : Musca 335 — domestica. . . . 335 — bovina 335 Genre: Pyrillia 336. — chloris . . . . 336 Genre : Aricia 336 — lardaria . . . . 336 Genre : Lucilia 337 — Cœsar 337 — hominivorax . . 337 Genre : Idia 337 — Bigoti. 337 Genre : Glossina 337 — morsitans . . . 337 Genre : Calliphora 339 — vomitoria . . 339 Genre : Stomoxys 340 — cakitrans . . . 340 Genre : Hsematobia 340 — stitnulans . . 340 — irritans . . . 340 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. 41.7 Genre : Achias — oculatus . . — longividens . Genre : Anthomyia. . . — pluvialis — ceparum — lactucœ . — plat Lira — conformis Genre : Scatophaga. — stercoraria — scybalaria Genre : Tephritis — cerasi — Meigen: — arctii Genre : Dacus . — oleœ, Genre : Micropeza Genre : Ulidia . Tribu : Oscinides Genre : Chlorops ■ — tœniopus lineatus 340 340 340 341 341 341 342 342 343 343 343 343 343 343 344 344 344 344 344 344 344 344 Genre : Chlorops lasta. . . Genre : Oscinis — vastator . . Genre : Phora — dauci . . . — abdominalis . Genre : Elaphomyia . — ■ cervicornis alcicornis Fam. : Ornithomyiens. Genre ; Hippobosca ... — equina . Genre : Hœmabora — pallipes . Genre : Ornithoniyia . . . — viridis. — fringillari Genre : Stenopteryx . . . — hirundinis Genre : Melophagus . . . — ovis . Genre : Nycteribia .... — vespertilionis — Latreillei. Pages, 345 345 346 346 346 346 346 346 347 347 348 349 349 349 349 35o 35o 35o 35o 35o 35 1 35i 35 I ORDRE DES ANOPLOURES Fam. ; Pédiculiens (Poux) . . 356 Genre : Phtirus 356 — inguinalis . . 356 Genre : PedicLilus 356 — cervicalis . . 357 — humanus . . 357 Genre Haematopiniis .... 358 — bovis 358 — suis . . 358 — ovis . . 358 Fam. : Philoptiîriens (Ricins) . Genre : Philopterus .... — ocellatus . — pavonis . . Genre : Trichodectes .... Genre : Liotheum — fasciatum. — giganteum Genre : Gyropus gracilis . Piige.'î. 359 35q 35-) 359 359 spl:a.Tocephalus 359 359 36o 36o 3 60 ORDRE DES THYSANOURES Fam. : Poduriens 364 Genre : Podura . . Genre : Lipura 364 — arborea Pugei>. 364 364 4i8 TABLEAU DE LA CLASSIFICATION. Genre : Podura villosa. — plumbea . — aquatica . Genre : Orchesella . . . — filicornis Genre : Smynthurus . . — viridis rages. 364 365 365 365 365 365 365 Genre : Smynthurus solani Fam. : Lkpismiens . Genre : Lepisma . . — saccharina — aurea . Genre : Machylis . . . — polypoda Pages 365 366 366 367 367 367 367 TABLE ALPHABÉTIQUE DES FAMILLES. TRIBUS. GENRES ET ESPÈCES DECRITS ET FIGURES D.\NS L OUVRAGE 113 120 128 135 120 120 120 112 13i i:b 120 226 32 ^1 321 340 340 46 51 f,2 49 51 34 35 81 80 82 82 8;} 237 160 132 132 132 130 199 273 355 136 341 312 3U 341 341 127 126 317 317 317 317 126 126 289 2.37 240 24(1 113 121-121 120 118 147 117 247 218 249 246 — à baudes — charpentière — coupeiise de feuilles . — tVAdanson — indienne liguiîenne — maçonne — tapissière ....... — unicolorc Âbia fasciatu Acanthodis iniperialis . . . , Acanthomera Heydenîi. . . — magnifica . . , Achias ocnlatus — longividens ...,.■ Acridiens Acridium cœrulescens . . . , — dux — migratorium . . . . — striduluni Acridoxeno Havaiana Âcripeza reticiilata . . JEslma annulnta — gï-andis Agrionides Agrion puella I — sanguineum lAIeyrodes chelidonii I Ammophila sabulosa Ândrena Flessîe . . . . . — nitida — trimmerana . . . Ândrenides Anisopelma Anisoscelis biliiicalns . . . . Anthidium manicatuni . . Ânthomyia ceparum — couformis . . . . I — lactuca' — platura — pluvialis . . .\ntbopliora parieîinii . . , . Anthophoridcs Anthracides Anthrax flava — morio — varia .Apatbus rupestris — vcstalis Aphaniptèrcs Aphidiens Aptiis grossulariie — lanigcr — mali PLANCHES 1 coloriées. iPAQES.j 211 248 112 I.\ 120 112 112 146 271 ' 336 90 i 89 89 m i 314 , 316 XXI 1 ! 315 316 1 283 i 154 1 337 223 22:) 177 m 177 178 285 1 23 ! 36 { 22 IV 212 2I!5 155 155 XI 155 XI 312 312 312 XX : U 13 13 13 13 ! 11 250 : 310 1 125 125 ! 124 125 123 317 !I4 VI 121 123 123 123 123 123 301 28 i 87-97 136 226 223 160 111 112 104 ,'Apbis tilia; Aphrophora spnniaria . , . Apiens Apis fasciata ' — ligustica . , — mellifica ' Apoica pallitla , . . - . . Aradus betulïL- 'Aricialardaria JAscalaplms kolyranensis . I — lungicornis . . — meridionalis . . I Asilieiis ■ • ■ — crabronifomiis . . . , — germaniciis . Asopus luridus . . . Astata boops . . . , Asticots Athalia ccntifolia; . — spinanini. . Atta barbaru . . . — structor . . . . Atte maçonne. . . . I Augocoris Gomesii . JBactcria phyllina. , [Barbitistes I Bâton ambulant . . XXII XXU XIX viir jBelostoma grandis JBembécides . . . . Bembex rostrata . . I — tarsata. . . 'Bibio liortulanum . Bibionides Blatia americana — geiTnanica. . ; — lapponica . ! — orientalis . I Blatte des cuisines ...... ; Blattiens . Bocydium tintinnabularifurum. Boletophila Bombus cajanensis — eximius — lapidavîus lucorum — muscorum Bombylius major B^rœua hyemalis Bourdons Bourdon des bois — des jardins — des mousses — lies pien-cs — souterrain Bracliocères . lîniclu'btcllius rul>rumaculaliis. 420 19S 198 ;i6 36 339 83 14 210 278 280 280 311 310 310 129 249 332 225 217 218 11 153 153 249 248 190 191 191 191 307 307 163 3U 344 344 128 187 259 259 259 226 225 270 269 219 193 231 233 234 233 245 233 233 234 236 ■233 236 234 23:$ 137 132 TABLE ALPHABETIQUE. 316 353 357 349 27 284 Bracoii clavatus . . Braconîdes Bradyporus dasypii 235 231 246 234 2:J9 Calliphora vomitolia . . . . Calopteryx virgo Cancrelas (Blatle) Capriâcation Capsîdes Capsus elatus — laniarius — trifasciatus .... Catacanthus incarnatus. . Cecidorayia destructor. . , — Balîcîperda. . — tritici .... Cécidomyides Centris dcnudans Centrotus comutus .... Ceplialemyîa ovis Cephalocères Cëphides Cephus pygmaeus 'berodon viridis. . . , — arvensis Cercopis bifasciata .... sauguinolenta . Chalcidieus Cbalcîs clavipes minuta Cbartergiis brasiliensis . . lidula Cheval du diable . . . . . Chirocère . Chirononiides Cbironoinus plumosus . . Cblorion lobatum Chlorops lineata - lïPta — tiEiiiopus , . . . ChryBantheda frontalis. . Chrysidiens Chrysis ignita. Chrysops cïecutîens. . . , Chrysotoxum biciuctum . Cicada adusta — ba?matodes . . . — maculosa plebeja Cîcadîens Cigales Cigale noire — peinte Cilissa b»?moniioidalis. Cimbex des bois .... — humeralis . . . — lutea Cîmex lectularius. . . . Cimicides Cladius diflformis .... Cleonymus maculipennit Coccidiens Coccus adonidum .... — cacti — citri — ilicis — lauri — vîtis Cochenille de la rose. . — de la vigne. — de l'oranger. — de Pologne . — du nopal . . — du pêcher. . Cœlyoxis simplex. . . . Colletés Compouotus gigas . . . PLANCHES coloriées. 331 269 273 275 275 263 263 263 192 97 43 302 1.52 1.52 152 FIG. noires, 212 213 207 23 23 344 282 249 273 153 192 2:19 221 327 327 335 335 179 346 346 296 316 209 13 400 162 312 407 Conopsides . Conups i rifrcn.s. . macrocepbalu — vesicularis . Coranus subaplerus Coréides Coreus Iiirticornis . niargiuatus . Cerises C jrixa femorata . — Geoffroyi . Coruna clavata . . Corydalis armata. Courtillière .... Crabro cephalotes — quadrimacu — subterraneu Crabroniens. . . . jpbilcs .... Cricri quet voyageur. . . Crœsus septciitrionali.s Cryptus cyanator. . . — migrator. . . Culex pipiens Culiciena Cydnides Cydnus tristis. . . Cyuips aptcrus .... — calicis — corticalis . . . — du chêne ... Cyuips gallte tinctoriie — iuflator .... — Kollarl ... — quercus .... — sulicîs — terminalis . . Cynipsiens Cyphocrana Encelades — Goliath . Dacus olea; Dalader acuticosta . . Daruis ........ Dasypoda liirtipes . . — plumîpes . Dasypogon spectruni . Deborali (Abeille) . . Decticus verrucivorus Dermaptères Deroplatys dessîccata Dîactor biliueatus . . Diodontes Diplolepîs Diptères Dolerus grossularitc . Dolychopodiens. . . . Dolychopus lerosus. . Kchinomyia ferox . . — grossa. . Ecitones Ëcitoues aveugles . . Ëciton hamata . . . . legionis . . . . Edessa connita . . . . Elaphorayia alcicornis — cervicorn Elenchus Empis tessellata . . . Enipusâ pauperata . , Encyrtes Ephemera brevicauda — culiciformÎ! — longicauda — lutea . . . — marginata. — nigra . . . PLANCHES coloriées. X.XIII XXIV xvin TABLE ALPHABÉTIQUE. 421 3(i 14 2i 25 20(1 206 20; 217 22 25i 2ôi 205 ISÎ 18i 18i 185 167 86 167 142 2.i2 251 251 2i7 20H 2:îi 332 268 267 337 81 195 38 37 43 38 41 41 U 156 276 250 260 349 3 '.9 KpUemeiM striata vulgnta . . . . Ephêmêrieiis Ëphippigcra vitiiini. . . . Epipone , ~ ophila Kristalis tennx . . . , . . L longicornis . . . . Euchra'a purpuratii . . . . Euglossa Romaiidi . . . . EulopUe Euuieiies coarctuta . . . . esurions . . . , imerus lunulatus . , . . irycantha horrida . . . — Tynhœa . . . •ania appendigastcr . . — Desjardinsii . . . Evauiides Fausses chenilles euille ambulante . . . . Flata circnlata margiuella . . . . Fœnus ejaculator .... Forficesila americana . . longissima . . Forficula auricularia , . . — gîgantca . . . . — miiioi' )rficuliens Formica brunnea . . . . flava fuliginosa. . . . gracilescens. . . ligniperda. . . . rufa leo Forniiciens i-lion Fourmis Frelon . Fulgora candelaria . , . . — laternaria . . . . Fulgore porte-lanierne - . Fulgoriens Galle du chêne Gallinsectes Gasteropliilus equi . . . . Gerris aptera . — lacustris Glossina morsitans . . . . Gompbus forcipata . . . Gonatopus celebicus . . . Grillon des champs. , . . Gryllacris Gryllotalpa vulgaris . . . Grylliens Gryllus campestris . , . . domesticus . , . . macrocephaîus. . monstrosus. . . . viridis Guêpe mineuse Guêpes , . . Gyropus gracilis Halictophagiis Curtisii. . Ilalictus rubicundus . . . Harpas ocellarîa . . . . Iledychre royal Hëmérobiides aerobius chrysops. . . — perla . . . . iiiptères Henestaris laliceps . . . , ;ronotus arraatus . . . Hétéroptères Ilippobosca equîna . . . . nabora pallipes. . . . l'tANCnES PAGES. l'iG. colorides. noires. 3111 IV 321 231 185 173 253 271 253 XXII 253 272 VI 19S 2GI VII 2(i8 2US 268 X lOB 105 224 110 3:J3 250 269 110 138 197 203 203 198 XVI 203 187 203 187 337 13 6 245 154 233 243 2:13 239 233 2il 231 24e 147 2i8 3U8 437 368 436 XI 367 V 327 328 V 328 105 iO IX 350 79 79 79 49 79 77 105 XXIV 91 360 360 3(i4 56 33 21 29 219 3:i7 I 337 219 219 218 216 273 277 277 302 368 43S 277 302 316 IX 16 19 17 9 245 31 192 192 192 289 291 291 238 2iO 2:J9 241 238 291 270 261 ;U7 282 336 277 26i 265 97 303 187 175 176 323 329 217 2i6 •219 243 250 2i8 323 329 322 Plivtocoi-is bipilnctiita . — tiliio .... Pimpla PLANCHES coloriëes. tigfttor uifestator . . . Pirates stridiilus Plalypëzides Ploiaria vagabunda. . . . Poduva aquatica . , . . , — arborea — pluiubea . ; . , , — vitlosa PodiirÎLMis Pœciliiptera circulata. . , Piiisson (petit) d'argent. Polistes aterrima — gallica — tasmaaieusis. . Polyergus rufescens . . , Polypbaga legyptiaca. . . Polyrachis textor Polyzosteria ciiprea . Pompilus atrox — fiiscus — variegatus . . — *viaticus . . . Ponera contracta — grandis Ponérides Porte-aiguillun Pou de bois — de la tête — du bœuf — du cochon — du corps humain. . — du mouton Poux Prochilus australis ... Proctotrupiens Psendopbyllns neriifoliu^ PsitUyrus rupestris. . . , — vestalis . . . , Psocus bipuuctatus ... — pulsatorîus ... P.sylla bursaria — ficus olei Pterochroza ocellata . . PteromaUis commuais . — larvaruni. — puparum . — chique — du chien Pucerons Puceron du groseillier. — du pêcher. . , pommier. . du du tilleul . lanigère. . . canis irritans . . penetrans . . Punaise des lits . . . Punaises Pupipares Pygoplalys lancil'er. . Pyrilla chloris . . . . Pyrrhocoris apterus. . Ranatra asialica . . . — linearis . . . Rapbidia aphiopsis . . Raphidiens KéduTiens Reduvius amcenus , . — personatus. XI.X XVII 343 313 224 41 163 261 318 285 281 223 222 97 365 365 285 340 322 322 323 295 29B 326 326 279 318 318 335 335 335 318 195 217 2^ 222 221 222 3i3 313 :m PIO. noires. PLANCHES coloriées. Rhyacophila vulgarîs. . . Rhyuchium nitidulum . . Rbyparochronm'i dîlatatu: Ricin du corbeau — du paon. ...... •Sargus • . , Santerellu verte Scaplmra liliifolia . . . . ticatopliiign stercomvia , . — scybalavia . . Schizoctiins pallipes . . . Schizodactylus monour(). I;p. de G. Kischtiacb. surr' de G. Sillirriouun MUSÉE ENTOMOLOGIQUE "S catiipfsti i Onjlhlalrr riili/arls. ORTHOPTÈRES. - PI. I MUSEE ENTOMOLOGIQUE Zlantii réligiost desifcata. Coque ovifir, ORTHOPTÈRES. - PI. II MUSÉE ENTOMOLOGIQUE ORTHOPTÈRES. - PI. III MUSÉE ENTOMOLOGIOUE I.ilieltulrmil df la nytitjtj J-phcmn Agrion savgvwexiin Phrygano'n linml, Lart-f de I.iheUiilt. tTEph,}!,,;-,;-. ^m NÊVROPTÈRES. — PI. IV MUSÉE ENTOMOLOGIQUE Shjrîiielt'i Caffn- r.nelliila viarginata. NÉVROPTÈRES - PI. V MUSÉE ENTOMOLOGIQUE MUSÉE ENTOMOLOGIQUE Xylocoju liomandi. niri/santlipila .fmntalis. HYMÉNOPTÈRES. — PI. VII MUSEE ENTOMOLOGIOUE a.'i/,«s Fomiica ru/a 5. Pompihts Crahro 4-maculat)ts MkIiIIii Mninia „T,.,ura £3" rv/acT- Asicila boops. HYMÉNOPTÈRES. - PL VIII MUSÉE ENTOMOLOGIQUE Tespa cvahro Ç . Pasypoila hirlip^s. CceUoxjfs Melecta armata Ç . Osmia r„fa