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SÉNÉCHAL DE LA GRANGE. ‘041 ae MISSION SCIENTIFIQUE G. DE CRÉQUI MONTFORT ET E. SÉNÉCHAL DE LA GRANGE D € LES LACS DES HAUTS PLATEAUX DE L'AMÉRIQUE DU SUD LE D" M. NEVEU-LEMAIRE PROFESSEUR AGRÉGÉ À LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE LYON AVEC LA COLLABORATION DE MM. À. BAVAY, E.-A. BIRGE, E. CHEVREUX, G. MARSH, J. PELLEGRIN ET J. THOULET PARLS IMPRIMERIE NATIONALE LIBRAIRIE H. LE SOUDIER, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 174 288374 INTRODUCTION. La région de l'Amérique du Sud désignée sous le nom de Chaut plateau », est située dans la zone tropicale, entre le 11° et le 24° de latitude Sud. Au nord, elle occupe une portion du territoire péruvien, mais la plus grande partie de son éten- due appartient à la Bolivie. On lui donne dans le pays le nom d'altiplanicie. Cet immense plateau a pour limites : à l'ouest, la Cordillère extérieure où occidentale, qui, dirigée tout d'abord du sud au nord, s'infléchit au nord-ouest vers le 18° de latitude Sud; à l'est, la Cordillère intérieure où orientale, comprenant deux chaînes; la plus méridionale, orientée vers le nord-est, aboutit au Pilcomayo; l'autre, dirigée vers le nord-ouest, est parallèle Aa Cod occidentale; on la désigne sous le nom de Gor- dillère royale {Cordillera real) ; elle comprend les hauts som- mets de l'Himant, du Huayna-Potosi et de l'Ilampu ou Sorata. Entre ces deux ee le plateau s'abaisse pour former le commencement du bassin du Pilcomayo. Au nord, le plateau se termine au Cerro de Pasco et à la lagune de Chinchaycocha, qui déverse ses eaux dans le bassin de l'Amazone ; au sud, il se rétrécit graduellement pour bientôt disparaitre quand les deux Cordillères se réunissent pour for- mer une chaîne unique. Vers le 21° de latitude Sud se dresse un nouveau massif, la Cordillère de los Frailes, passant à l'ouest de Potosi et se termi- nant à Oruro. C'est le pays situé à l'ouest de ce massif que j'ai parcouru. Cette région, d'une altitude moyenne de 4,000 mètres, n'offre oe lu pour les eaux qui Sy accumulent. C'est la punal), qui se présente sous différents aspects : tantôt Pana signifie «hauteur, élévation »; on désigne également sous ce nom, en Amérique du Sud, le mal de montagne. vi INTRODUCTION. ce sont d'immenses plaines de sel (pampas salinas), comme aux environs d'Uyuni, tantôt de vastes déserts dépourvus de toute végétation, tantôt des espaces où végétent quelques rares plantes : pastos, tolas, yaretas où cactus. I n’y a pas un arbre dans toute la région. Aux environs de Challapata, de Pazña et d'Oruro se trouvent de nombreux marécages. Enfin l'eau des pluies se rassemble dans deux grands lacs d'aspect tout diffé- rent: l'un, profond, entouré de hautes montagnes et contenant de l’eau douce, le Titicaca; l'autre, grande lagune sans profon- deur et contenant de l'eau salée, le Poopo. Ces deux lacs sont réunis l'un à l'autre par un cours d’eau, le Desaguadero, qui sort du lac Titicaca pour se déverser dans le lac Poopof. CO Neveu-Lemaime (M.). Le Titicaca et des hauts plateaux boliviens (La Geogra- le Poopo. Contribution à l'étude des lacs phie,IX,n°6, 19 juin 1904, p. 409-450). LES LACS DES HAUTS PLATEAUX DE L'AMÉRIQUE DU SUD = DEC CHAPITRE PREMIER. LAC POOPO. I. — HISTORIQUE. Le lac Poopo, appelé aussi lac ou lagune Pampa Aullagas, du nom de deux villages situés sur ses rives, était à peine connu quand nous l'avons visité. Alcide d'Orbigny"), qui l'appelle lac de Pansa , en parle en ces termes : «Le lac de Pansa, long de plus d'un degré, et large à peine de cinq lieues, occupe la partie la plus basse de tout le plateau bolivien. En effet, le trop plein du grand lac de Chucuito forme la rivière de Desaguadero, navi- gable partout, qui, après avoir serpente durant une soixantaine de lieues au sud-est, vient se jeter dans la lagune de Pansa. Les eaux s'évaporent dans ce vaste réservoir sans issue et sont constamment salées. Au milieu se remarque l'ile de Choro, et tous les environs sont très populeux. On n'y compte pas moins de vingt et un bourgs dans un rayon de quelques lieues autour du lac, les Indiens y ayant été attirés par suite de la facilité qu'ils y trouvent pour élever leurs troupeaux de lamas et d’alpacas. » Ce passage de d'Orbigny contient plusieurs erreurs : les dimensions du lac sont inexactes, la longueur est trop grande et la largeur trop faible, comme on peut s'en rendre compte ® D'Onsiexy (A.). Voyage dans l'Amérique méridionale, in-4°. Paris, 1855, IT, 1° partie, p. 309. LACS DES HAUTS PLATEAUX. 1 2 LAC POOPO. en consultant la carte qui accompagne le texte ; le Poopo y est figuré avec une forme très allongée et-très étroite qu'il n’a pas en réalité. L'ile de Choro que d'Orbigny place au milieu du lac se trouve non pas en cel endroit, mais à l'embouchure du Desaguadero; il'existe bien une île au centre du Poopo et la plupart des géographes s'accordent à lui donner le nom d'île Panza, seul nom sous lequel elle est connue dans la région. Quant aux environs du lac, ils m'ont paru beaucoup moins populeux que ne semble le dire d'Orbigny. Du lac Aullagas, nous ne savons rien, dit E. G. Squier (1) quelques années plus tard, et il ajoute : «En somme, je re- garde le lac Aullagas comme lun des problèmes les aie cu- rieux que le continent américain offre à l'attention et aux recherches des explorateurs. » Clements R. Markham a remarqué, comme d'Orbigny, que les eaux du Poopo étaient salées; dans sa carte de Empire of the Yncas, 1 donne à cette lagune le nom de lac Paria, dénomi- nation dont j'ignore l'origine. D'autres auteurs ont encore parlé du lac Poopo, mais loujours pour avouer leur ignorance; en effet, comme le dit Élisée Reclus, l'exploration de ce lac est à peine commencée. Aussi avons-nous pu recueillir pendant notre voyage beau- coup de documents inédits; mais, avant de les exposer, Je tiens à mentionner les principales cartes du lac, manuscrites ou imprimées, que nous nous sommes procurées soit en Europe, avant notre départ, soit durant notre séjour en Amérique du Sud. La première en date n'a été communiquée à Challapata par M. Barrau; c'est une carte manuscrite intitulée : Mapa del Lago Poopo, sequm exploraciôn de M. Bonché à bordo de la barca «Trinidad» por las costas del lago desde Enero hasta Marzo de 1864 Los nümeros en el lago indican la profandidad en piés ungleses. (Voir 1) EN © Souier (E.-G.). Quelques remarques Pérou. (Bull. de la Societe de geographie, sur la géographie et les monuments du p° série, XV, janv. 1868). Pre r las costas del 1290 rzo de 1864 % 71270 indican la profandidt MAPA del Lago Poopo S'egum exploracron de M Bonché à bordo 0! 3 % ER à à R $ à © à FT a 4 & © S-v SERRES G & ESS e S LS d SÈS A KDE VS à Fees TN Ve, EX SN mn CENT LL ne dll € D LL LL Æ Mn UD Q\ K\ WE wi! en &" ut ESCALA de 5 leguas n'! 18, E F2 a nn, S S $ EA \ 00000000 0 AS S RS Z Z UN / CARTE DE M. BONCHE. ü h 0 ‘ L » | l : \ Q . : “" n 13, L A . , : : : DRE CR ï e * 1 : me 4 2 ‘NU E ra no 5 . < . DATE ‘ : : : © n 4 LAC POOPO. 5 Cette carte m'a été d’un grand secours pendant ma croisière et j'ai cru intéressant d'en donner ici une reproduction, réduite environ de moitié. Les contours ne sont pas très exacts, mais il est difficile de les critiquer, car les rives du lac sont sujettes à de grandes variations suivant les saisons; d'autre part, l'auteur de cette carte indique de nombreuses îles et quelques archi- pels qu'il nous a été impossible de découvrir aux endroits indiqués. Enfin les profondeurs qui y sont notées sont tellement exa- gérées, qu'on est tenté de croire à une erreur dans l'indication de l'unité de mesure dont s'est servi l'auteur, d'autant plus que proportionnellement entre eux les nombres sont exacts. 2° La carte de J.-B. Pentland, excellente en ce qui concerne la région du lac Titicaca, est beaucoup moins bonne dans la partie où est figuré le lac Poopo, appelé laguna de Aullagas. L'auteur donne au lac un contour tout à fait fantaisiste et ne mentionne aucune île. 3° La carte du Pérou au 1/500,000° de A. Raimondi® con- tient le lac, indiqué sous le nom de Lago de Poopo 6 Aullagas. L'ile Panza y est mentionnée, ainsi qu'une autre île à laquelle il n'est donné aucune dénomination. 4° La carte publiée par Justo Leigue Moreno, à l'échelle de 1/4,000,000°, contient aussi le lac Poopo, mais sa petite dimension ne permet pas d'apprécier l'exactitude des contours. 5° Enfin M. de Créqui Montfort avait mis à notre disposition, avant notre départ, une carte dressée par les soins de la Com- pagnie de Huanchaca, intitulée : Lignes de chenuns de fer desser- vant les mines de Huanchaca, à Véchelle de 1/1,050,000°. Sur cette carte, les contours du lac sont indiqués d'une façon approximative, mais ses dimensions sont assez exactes ; aucune ile n'y est figurée. Tel était l'état de nos connaissances sur le lac Poopo, lorsque nous décidâmes d'aller le visiter. (0 Rarmonbt (A.). Mapa del Peru. Escala de 1/500,000*. Foja n° 32. (à LAC POOPO. II. — ITINÉPAIRE. Notre mission? avait quitté Paris le 2 avril 1903, s'était em- barquée à Bordeaux le 3 et, après de courtes escales à Marin, Vigo, Lisbonne, Dakar, Rio de Janeiro et Montevideo, débar- quait à Buenos Aires le 26 avril. Après quelques jours passés dans la capitale de l'Argentine, nous traversions le continent américain, franchissions la Cordillère des Andes et arrivions le 6 mai à Valparaiso. De là, nous remontions par mer la côte du Pacifique Jusqu'à Antofagasta, et, une huitaine de jours plus tard, le 18 mai, nous nous meltions en route pour les hauts plate aux et parcourions en chemin de fer les 610 kilo- mètres qui séparent Antofagasta d'Uyuni. Le lendemain, nous gagnions Pulacayo, notre quartier général, situé à 4,200 mètres d'altitude. Le principal but de mon voyage étant l'étude des grands lacs des hauts plateaux, mon séjour à Pulacayo ne fut pas de longue durée, et, le 2 juin, je pars avec M. Guillaume et un nouveau compagnon, M. Bastide, que je m'étais adjoint pour faire quelques levées topographiques. Nous parcourons en chemin de fer la distance qui sépare Pulacayo de Pazna, petit village assez rapproché du lac Poopo°. IDR ligne descend en serpentant de Pulacayo à Uyuni, pas- sant au milieu de gigantesques cactus assez clairsemés, puis côtoie une immense plaine de sel, la pampa de Empeza, qu'on laisse à l'ouest, tandis qu'à l'est on aperçoit les hauteurs dénudées de la Cordillère de los Frailes. Un peu plus loin, le paysage devient moins monotone et lon constate la présence de pastos, au milieu desquelles paissent les troupeaux de lamas ® Créqui Moxrronr (G. ne) et SÉNE- CHAL DE LA GRANGE (E.). Rapport sur une mission scientifique en Amérique du Sud (Bolivie, République Argentine, Chili, Pé- rou) [Nouvelles archives des Missions scienti- Jiques, XIE Paris, MDCCceiv, p. 81-1 29 |. ® Neveu-LemaIRE (M.). de la région du lac Poopo (Bulletin de la Exploration Société de géographie, VIT, n° 3, 15 sep- tembre 1903, p. 161-162). Pi. IL. 10 I1 12 M. Neveu-Lemaire, phot. EXPLORATION DU LAC POOPO 1. Transport de l'embarcation de Pazña au lac. — 2. « Pampa salina » au voisinage du lac. — 3 et 4. Mise à flot de l’embarcation. — 5. Les bords du lac. — 6. Le départ. — 7. Après une nuit passée à bord. — 8. Une « nevada ». — 9. L'ile Panza. — 10, 11 et 12. Indigènes de l’île Panza. LAC POOPO. 7 et d’alpacas; par endroits on rencontre aussi des bœufs et des moutons. Aux environs de Challapata, on est tout étonné de trouver quelques rares cham ps d'orge. Bientôt nous apercevons le lac Poopo, que nous croyions voir depuis longtemps déjà, à cause du mirage si fréquent dans ces vastes plaines sableuses. Nous arrivons à Pazña, petit hameau formé d’une dizaine de maisons, el situé sur la ligne du chemin de fer d'Antofagasta à Oruro. Là nous débarquons nos nombreux bagages, et nous nous installons chez un habitant du pays, Senor Orellana, qui pouvait mettre à notre disposition un pe Hit canot construit par lui et baptisé du nom pompeux de Cristobal Colon. J'avais tout d'abord pensé pouvoir faire chaque jour le trajet qui sépare Pazna du lac et parcourir celui-ci dans différentes directions. Mais ce projet était irréalisable, car il fallait plu- sieurs heures de marche d'abord dans la puna, puis dans l'eau, avant de gagner un endroit du lac qui fût navigable. Le plus pénible fut le transport du canot. Après lavoir hissé sur une grande charrette, attelée de six mules, nous parcourons dans la puna les dix kilomètres environ qui séparent Pazña du lac. Enfin nous apercevons les rives du Poopo, couvertes d’un dépôt de sel blanc comme de la neige; nous ne sommes pas au bout de nos peines. I nous faut d'abord descendre le canot de son véhicule, puis le pousser pendant plusieurs kilomètres dans la vase avant qu'il ne se décide à flotter {pl 11). Étant donnée l'exiguité de notre embarcation, je laisse M. Guillaume s'em- barquer avec Orellana et un Indien pour gagner File Panza, y photographier et y mensurer quelques indigènes. Pendant ce temps, M. Bastide et moi revenons à Pazna et fai- sons l'ascension d'un petit cerro voisin, hérissé de grands cactus dont les épines traversent nos bottes comme autant d’aiguilles. Du sommet on domine le lac, et, tandis que je prends des photographies et un croquis, mon compagnon fait quelques observations géodésiques. Le lendemain, nous suivons le cours du rio de Pazna, af- fluent du lac; nous y récoltons des poissons, divers animaux 8 LAC POOPO. aquatiques et plusieurs oiseaux d'eau. Sur ces entrefaites, M. Guillaume est revenu à Pazña. Considérant alors les difficultés que nous avions eues pour cette première expédition, je résolus de m'embarquer avec mes deux compagnons, emportant avec moi divers instruments, des couvertures et des vivres pour une huitaine de jours, et de ne point quitter le lac que nous ne l'ayons exploré. Le 6 juin, vers quatre heures du soir, nous sommes tous les trois à bord du Cristobal Colon (pl. I). Notre minuscule embarcation est complètement remplie, et nous ne pouvons faire un mouvement sans prévenir nos compagnons, pour ne pas chavirer. Il est trop tard pour se mettre en route, et nous passons la nuit au mème endroit, amarrant le canot à un pieu enfoncé dans la vase {stations 1 et 2) [pl HT]. Le 7, après avoir attendu toute la matinée une rame qu'on devait nous apporter de Pazha, nous partons vers deux heures de l'après-midi dans la direction sud-sud-est, et nous mouillons pendant la nuit non loin de la côte est (stations » à 4). Le 8, nous nous dirigeons à la voile avee un vent favorable au sud-ouest. Nous voulions gagner la rive opposée, mais un changement brusque dans la direction du vent nous force à modifier notre itinéraire et à aller au nord-ouest, vers l'ile Panza. Nous y arrivons à la nuit tombante et mouillons à 50 mètres de file {stations 4 à 8). Le 9, à notre réveil, une mince couche de glace nous en- toure. Deux d’entre nous vont à terre pour renouveler notre provision d'eau douce, puis nous doublons la pointe sud-est de l'île à la rame. Nous naviguons ensuite à la voile pendant quel- ques heures, mais bientôt nous sommes obligés de ramer pour atteindre le golfe San Epifania, où nous n’arrivons qu'à dix heures du soir. Nous mouillons près de la côte {stations 8 à 12) Le 10, il nous est impossible de partir; un vent violent nous pousse à la côte; il pleut, il grêle et un orage terrible passe au- dessus de nous. Nous venons d'essuyer une nevada (pl. I). Pc. I. LAC POOPO ITINÉRAIRE SUIVI PAR LA MISSION FRANÇAISE du 3 au 13 Juin 1903 = Jtinéraire du D'M.Neveu-Lemaire ( releve par M°G Bastide ) Echelle '/600 000 o ki 5 40 Les numèros indiquené les Stations 10 Juirë Pampa Aullagas LAC POOPO. 11 Dans la soirée, le temps s'éclairceit, le vent s’'apaise, et, comme il nous est propice, nous en profitons pour hisser la voile. Nous partons à six heures du soir, naviguons une partie de la nuit et touchons vers minuit à la côte ouest de l'ile Panza, où nous mouillons (stations 12 à 14). Le 11, nous appareillons de bonne heure et doublons à la rame, non sans beaucoup de difficultés, la pointe nord-ouest de l'ile, qui se prolonge par un banc recouvert seulement de quelques centimètres d'eau, où nous avons failli rester échoués à plusieurs reprises. Bientôt nous arrivons dans des parages plus profonds, et, comme le vent nous est contraire, nous ramons à tour de rôle, voulant regagner le soir même les pa- rages de Pazha; mais, à la tombée de la nuit, nous sommes encore très loin de la côte. Surpris par une temporada, nous sommes obligés de gouverner au vent, ce qui nous éloigne de la rive, et nous restons dans cette situation critique une partie de la nuit, craignant à chaque instant qu'une vague ne fasse chavirer notre embarcation {stations 14 à 10): Enfin, le 12, à force de rames, nous arrivons au mouillage en face Pazna à trois heures et demie du matin, par une nuit absolument noire (station 20). Après un court repos, nous regagnons Pazña, où l'on nous croyait perdus; on se disposait même à partir à notre re- cherche. Cette exploration dura six jours et six nuils, que nous passâmes à la belle étoile avec une température toujours au- dessous de zéro degré. Nous naviguions toute la journée, faisant de nombreux sondages, prenant la température de Veau, pé- chant au filet fin, à la dynamite, ce qui nous procurait parfois des centaines de petits poissons. Comme ils appartenaient tous à la même espèce, après en avoir mis quelques-uns de côté pour les collections, nous faisions frire le reste, afin de ména- ger nos provisions et de varier nos menus habituels. D'ailleurs les spécimens conservés dans l'alcool devaient avoir le même sort que leurs congénères, car les Indiens chargés de rapporter 12 LAC POOPC. nos bagages à Pazña, attirés sans doute par l'odeur alléchante de l'alcool, burent le liquide et avalèrent les poissons. Quelques exemplaires que j'avais eu la précaution de mettre dans de petits tubes à part, et de conserver avec moi, échappèrent à l'appétit féroce des indigènes et revinrent seuls en Europe. Leur détermination a été faite depuis, et jappris que nous avions consommé ainsi, sans nous en douter, une variété non encore décrite : Orestias Agassizt var. inornata Pellegrin, 1904. Notre croisière terminée, nous revenons momentanément à Pulacayo, où nous devions retrouver notre chef de mission el nos compagnons. Nous allons maintenant exposer les résultats des recherches que nous avons entreprises au cours de notre croisière, et nous indiquerons, sous forme de tableau, à la fin de ce chapitre, les différentes opérations que nous avons pratiquées pendant notre séjour sur le lac Poopo, du 6 au 12 juin 1903. III. — CONFIGURATION GÉNÉRALE. SiruaTION. — Le lac Poopo est situé entre 18° 20" et 19° 10 de latitude Sud, et entre 69° 3"et 69° 35” de longitude Ouest de Paris. Il est orienté N. N. O.-$.S.E. ALTITUDE. — À. Raimondi, dans sa carte du Pérou, donne au lac Poopo une altitude de 3,640 mètres; Justo Leigue Moreno indique 3,078 mètres, et Vivien de Saint-Martin 3,682 mètres. Tous ces chiffres sont inférieurs à celui que nous avons trouvé; le Poopo est situé à 3,694 mètres au-dessus du niveau de la mer et à 118 mètres au-dessous du niveau du lac Titicaca. Dimensions. — D'Orbigny attribue au lac une longueur de 111 kilomètres et une largeur de 20 kilomètres. Comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, le Poopo est sensiblement moins long et moins étroit, et, d'après les documents que J'ai LAG POOPO. 15 rapportés, sa longueur maxima est de 88 kilomètres, sa largeur maxima de 4o, et sa largeur moyenne de 32 kilomètres La superficie du lac, calculée au planimètre Amsler, est de 2,930 kilomètres carrés; les chiffres donnés jusqu'alors sont plutôt trop élevés : José Domingo Cortes © donne 2,790, et É. Reclus 2,800 kilomètres carrés. Forme. — La forme du lac Poopo est assez difficile à définir; on peut cependant dire qu'elle est irrégulièrement ovale. Le lac est sensiblement plus large au nord qu'au sud et présente à l’ouest un vaste golfe. La côte Est est presque rectiligne; la côte Ouest est beaucoup plus découpée. GoLres ET BAIES. — À l'exception de la baie Poupé, située au nord-est, toutes les autres sont échelonnées le long de la côte ouest; ce sont, en allant du nord au sud : la baie Bolivar, la baie Sucre, le golfe San Epifana et la baie San Isidoro. Caps. — [ls sont tous situés sur la côte ouest, ce sont : entre la baie Bolivar et la baie Sucre, la pointe Morronegro et, plus au sud, les pointes de Toledo et San Antonio; au sud du golfe San Epifania, les pointes San Suvestre, Negra et San Miquel. ÎLes er ÎLors. — À peu près au milieu du lac se trouve une ile habitée, l'ile Panza. Cette ile est peu élevée au-dessus du niveau de Peau (pl. V). Ses bords montent graduellement en pente douce et sont cou- verts, en grande partie, par des dépôts salins. On croyait que cette île était peuplée d'Indiens urus; or cette tribu y est totalement inconnue. L'ile est habitée par une qua- rantaine d'Indiens aymaras, appartenant à la même race que ceux qui se trouvent entre le pays compris entre Oruro et La Paz. Les habitants de l'île Panza vivent presque sans commu- IL est important de noter que les di- tenant compte de l’époque à laquelle j'ai mensions du lac Poopo varient considé- parcouru le lac. rablement d'une saison à l’autre à cause ® Cortes (I. DomixGo). Bolivia. Apun- du peu d’élévation de ses rives ; les chiffres tes geogräficos, HR de costumbres que j'indique ne sont done exacts qu'en descriplivos e historicos. Paris, 1895, p. 7 1 LAC POOPO. nication avec la terre ferme. Une ou deux fois par an, quelques- uns d’entre eux gagnent en balza" la rive nord-ouest du lac, pour se rendre à la foire de Toledo, où ils échangent les pro- duits de leur sol contre différents objets. Ils élèvent en effet des bestiaux, bœufs et moutons et cultivent quelques plantes, quinoa, orge, pommes de terre. Habituellement ils ne navi- guent pas et ne se livrent point à la pêche. Je ne sais si, avant nous, d'autres Européens ont débarqué dans cette île, mais je suis certain que les Boliviens ne la con- naissent guère que de nom, et je crois qu ils se font une idée tout à fait erronée de son sol et de sa situation. Ils avaient d'abord pensé y élever des chinchillas, petits rongeurs dont la fourrure est très recherchée, mais je doute fort que le terrain de l'île soit proprice à cet élevage. J'ai également entendu parler, pendant mon séjour à La Paz, d'un autre projet : celui d'établir dans l'île un sanatorium pour le traitement de la tuberculose. On sait, en effet, qu'à de pa- reilles altitudes cette maladie est assez rare et parfois guéris- sable. Les habitants de La Paz craignent avec raison d'être contaminés par les Chiliens et les Argentins, qui viennent se soigner sur les hauts plateaux; aussi ont-ils songé à les reléguer dans l'île Panza. Mais, à mon avis, ce projet peut difficilement aboutir. Il faudrait, pour qu'il réussit, que le lac fût navi-. gable et que l’on pût se rendre de la côte est, la plus rappro- chée du chemin de fer, à l'île. Or cette traversée est impossible à l'heure actuelle. La création d'un chenal, qui permettrait à une embarcation de faible tirant d’eau d'aller de la côte au point où le lac commence à être assez profond pour la porter, exigerait des dépenses considérables, devant lesquelles reculera sans doute le Gouvernement bolivien. Outre l'ile Panza, on trouve le long de la côte ouest deux pelits ilots : l'un, situé dans le golfe San Epifania, est ilot de Créquu Montfort; l'autre, situé au sud de la pointe de San Sil- 1) On appelle ainsi des embarcations construites en jonc, dont se servent les indigènes (voir page 87). LAC POOPO. 15 vestre, est l'ilot Filomen, déjà signalé par J. D. Cortès en 1875. Sur la carte de M. Bonché (pl. [), on trouve encore men- tionné lilot San Fernando, au nord-ouest de l'ile Panza, mais il n'existe en ce point qu'un banc peu profond. Cette même carte indique quelques archipels, tels que l'archipel de Cande- laria et l'archipel Avelino, dont il nous a été impossible de reconnaitre l'existence. AFFLUENTS. — ÎÎs viennent se jeter sur la côte est du lac; ce sont, en allant du nord au sud : le rio de Poopo, le rio de Pazña , le rio de Challapata, le rio de Condo et le rio de Sevaruyo. J. B. Pentland indique sur sa carte trois pelits rios qui viennent aboutir à la côte ouest du lac, mais je ne les ai vus signalés nulle part ailleurs, et je n'ai malheureusement pas eu le temps de reconnaitre moi-même leur existence. DESAGUADERO. — Le principal affluent du lac Poopo est cer tainement le Desaquadero, qui, comme son nom l'indique, est l'effluent du lac Titicaca. Il déverse donc les eaux de ce lac dans le Poopo, au nord duquel il vient se jeter, en formant un delta connu sous le nom de £l Choro. Son parcours est d'en- viron 320 kilomètres, avec une pente égale à la déclivité de 118 mètres! Lane La Puente, le courant du Desaguadero serait de 22 m. 73 par minute. Dans son trajet, il dent des sinuosités ayant la forme d'un S allongé. Il se dirige d'abord du nord-ouest au sud-est, puis directement à l'est; nn il reprend sa direction primitive avant d'aboutir au Poopo. La position astronomique de endroit où le Desaguadero sort du Titicaca a été déterminée par le directeur de la Com- pagnie des chemins de fer du sud du Pérou, M. Bergelund, qui a bien voulu me communiquer le résultat de ses recherches. Ce point se trouve situé à 16°33'52” de latitude Sud et à Squier (1868) attribue au Desagua- une longueur de 160 milles, et, d’après dero une longueur de 170 milles et une Vivien de Saint-Martin, la pente du pente de 500 pieds environ; Clements R. Desaguadero serait égale à la déclivité de Markham (1874) donne à ce cours d’eau 14) metres. 16 LAC POOPO. 69° 2’23" de longitude Ouest de Greenwich. Ces observations ont été contrôlées et confirmées par le professeur Winslow, de l'observatoire d'Arequipa. Le Desaguadero reçoit des affluents qui traversent des dé- pôts permiens de sel et contribuent ainsi, en grande partie, à entretenir la salure des eaux du Poopo. Dans la première partie de son parcours, il est navigable et fréquenté par un bateau à vapeur à très faible tirant d’eau. Quelques auteurs indiquent au sud-ouest du lac Poopo un petit cours d'eau, désigné aussi sous le nom de Desaquadero, où plus communément sous celui de rio Laca-Ahuira, qui viendrait d'une lagune salée, située plus à l’ouest et appelée lagune de Cienaga où lago de Coipasa. Sur certaines cartes, sur celle d'Hugo *eck) en particulier, on trouve indiquée sur l'emplacement de cette lagune une pampa salina desséchée. Je ne puis donner aucun renseignement nouveau à ce sujet, n'ayant pas exploré cette région. VARIATIONS ANNUELLES DE LA HAUTEUR DU LAC. Le niveau du lac Titicaca augmente chaque année au moment de la fonte des neiges; 1l en résulte un courant dans le sens du Desagua- dero, qui grossit et vient se déverser dans le lac Poopo. A cette époque, le niveau du lac augmente donc un peu, et, bien qu'il ne soit pas sensiblement plus élevé que pendant l'hiver, l'étendue du lac est cependant beaucoup plus considérable; cela tient à son peu de profondeur et aux pentes très douces qui l'entourent. Le lac Poopo n'a pas d'effluent; à cause de sa faible profondeur relativement à sa grande superficie, il présente une immense surface d'évaporation qui compense l'absence d'écoulement de ses eaux. I est même incontestable que le niveau du lac tend à baisser de jour en jour, et il est possible que, dans un avenir plus ou moins lointain, le Poopo disparaisse pour faire place à une immense plaine de sel, analogue à la pampa de Empeza. © Huco Reck. Mapa topogräfico de la altiplanicie central de Bolivia. PL. IV. ] / 030 (e] EE — a. Poop Ô SR — — En —— = = = een CARTE BATHYMÉTRIQUE = ES D EE 65: s L — a —. Condo LAC POOPO =. a —— é : EE EE : (Altitude 3964 m) SE —— mes d'après les sondages L— & EE — = du D’ M.Neveu-Lemaire a © = ——— Profondeurs : — Pen — Ne à Com: à —— £ EN 0e 07 < = . T7 Rene = & = Æ Plus de a —, S 0/2: Sondages du DT Neveu-Lemarre ne à 0 0.35 » hypothétiques provenant = Ne de Bonché (1864) = = a D = KE d _— S 5 0 5 10 15 20 km. ampa Aulla = VA. LACS DES HAUTS PLATEAUX. 2 AMPUIMENIE NATIONALE. ON Ont LAG POOPO,. 19 IV. — PROFONDEUR ET FOND DU LAC. BaTaymÉTRIE. — J'ai fait environ soixante-dix sondages, tous par le procédé de la corde. La carte bathymétrique (pl. IV) et les coupes ci-jointes {pl V) montrent la répartition des fonds. Les courbes de niveau passent par des profondeurs de o m. 50, de 1 mètre et de 2 mètres; la teinte la plus claire indique les profondeurs de o à o m. 5o, la suivante de o m. 50 à 1 mètre, celle qui vient après de 1 à 2 mètres, et la plus foncée les pro- fondeurs supérieures à 2 mètres. Des deux coupes longitudi- nales, la première (AB) passe à peu près par le grand axe du lac et va de Pampa Aullagas à l'embouchure du Desaguadero, traversant El-Choro; la deuxième (CD) passe par le grand axe de l'ile Panza et fait avec la première un angle de 21 degrés. La coupe transversale (EF) est perpendiculaire à la coupe longi- tudinale (AB) et passe par le milieu de l'île Panza. J'ai été obligé, pour pouvoir représenter ces coupes, d'exagérer mille fois les profondeurs. Le lac Poopo est une grande lagune peu profonde; je n'y ai jamais rencontré 3 mètres de fond), et la profondeur maxima que Jai atteinte est de 2 m. 95. Sur les bords, la pente est excessivement douce, et l’on trouve 5, 10, 25, 50 centimètres sur une longueur de plusieurs kilomètres; cependant, vers le milieu de la côte est, on rencontre, relativement près du bord, des profondeurs de 2 mètres à 2 m. 50. A peu près à égale distance de cette côte et de l'ile Panza se trouvent les plus grands fonds, qui diminuent graduellement à mesure qu'on se rapproche de l'île. Celle-ci est entourée de bancs peu pro- fonds, surtout dans le prolongement de sa pointe nord-nord- ouest. On croyait jusqu'ici ce lac plus pro- Ao pieds anglais, mais nous avons déjà fond, et Reclus parle de profondeurs de fait remarquer qu'il y a sans doute une 20 mètres. On trouve sur la carte de Bon- erreur dans l'indication de l'unité de me- ché (1864) des profondeurs de 30 et sure, 20 LAC POOPO. Nature pu rovp. — Le fond du lac Poopo est entièrement formé d'une vase, de couleur gris noirâtre, qui répand une odeur nauséabonde. Cette vase renferme parfois de nombreuses coquilles, et en certains endroits, par exemple au voisinage de l'île Panza, elle est recouverte de plantes aquatiques qui arrivent jusqu'à la surface de leau. Autour du lac, comme autour de l'ile Panza, se trouvent des dépôts salins qui sont inondés pendant la saison des pluies. V. — L'EAU DU LAC. ComposiTrioN CHIMIQUE. — L'eau du lac Poopo est assez salée pour n'être pas potable. Je dois à M. Meiïllière, chef des travaux chimiques à l'Académie de médecine, l'analyse de cette eau; je tiens à lui adresser ici tous mes remerciements. ANALYSE DE L'EAU DU LAC POOPO (1) PAR M. MEILLIÈRE, Carbonate de sodium. 4... 0%'2 38 Chlorure de Sodium... 16 800 SULIUTE Ce SOUMET o 804 Sulfate de CALCIUM 2 150 SLA Tee MATE UM Eee ee o 464 Suliate de SOUMET Ce 2 258 SUTatEMePO SSI EE Re RC ee o 672 SHice se citant noie De eco 0 070 itbiunrss eee OR te er Fables traces. ACIdeDOrIQUE er er PTE Traces très notables. ILOTALR RS Re a Lee 235456 COULEUR ET TRANSPARENCE DE L'EAU. — L'eau du Poopo est trouble et boueuse. Sa couleur est jaunâtre, aussi bien sur les ® M. Meillière fait remarquer que pense que cette sulfuration est artifi- l'eau du lac Poopo était très sulfurée, au moment de son arrivée au laboratoire de l'Académie de médecine; mais ül cielle et que l'eau du lac devait être pri- mitivement sulfatée, sans trace de sulfure dosable. SY9vTInv vdwvd ‘570$ O00/ 598198ex0 7205 sauna puogoid s27 OOOI LES TO 221120) (952-pns-pns np na l'£foud) oi VZNVd ZTI 271073 SVOVIInv VaWr] LAC POOPO. 24 bords qu'au milieudu lac, et il est impossible de distinguer le fond, même à des profondeurs ne dépassant pas 2 5 centimètres. TEMPÉRATURE DE L'EAU. — Je donne dans le même tableau les températures comparées de l'air et de l'eau, prises à diffé- rentes heures de la journée, pendant mon séjour sur le lac Poopo. Étant donnée la faible profondeur du lac, je n'ai pris que la température de l'eau de surface. TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DE L'EAU OBSERVÉES SUR LE LAG POOPO. TEMPÉRATURE. TEMPÉRATURE. | STATION. de DE L’AIR. L'EAU DE SURFACE. 2 h. 10 soir. 3 h. 40 soir. 6 h. 30 soir. 7 h. 30 matin. 1 h. soir. 6 h. soir. 6h. 35 malin. 10 h. matin. G h. 19 soir. 6h. 45 matin. midi. 1 h. 57 soir. 6 h. 30 soir. 7 h. matin. midi. 6 h. 5 soir. 11h. 4o soir. 7 h. matin. midi. 4 h. 30 soir. 8 h. 53 soir. 3 h. 20 matin. 7 h. 30 matin. 24 LAG POOPO. Une seule fois, le 11 juin, à 4 h. 30 du soir, en un point où le lac présentait une profondeur de 2 m. 40, j'ai observé la température à 2 mètres, au moyen d'un thermomètre à renver- sement, et j'ai trouvé 7 degrés. Cette température était infé- rieure de 2°6 à celle de l'eau de surface et de 1 degré à celle de l'air. Les températures de l'air et de l'eau sont très variables d'un moment à l’autre, mais il existe toujours entre elles une cer- laine correlation. À l'exception des températures observées le 8 juin, à 10 heures du matin (air, 9 degrés; eau, 7 degrés), la température de l'eau a toujours été supérieure à celle de Fair. Les températures maxima de l'air et de l'eau ont été observées le même jour et à la même heure {air, 9°9; eau, 19°9); il en a été de même pour les températures minima (air, — À degrés; eau, o degré). À cette époque de l’année, le thermomètre descend chaque nuit au-dessous de o degré, et l'eau du lac, malgré sa salure, est congelée sur les bords. Généralement le vent souffle pendant le jour du nord-est au sud-ouest; pendant la nuit, du sud-ouest au nord-est, avec quelques légères variations à l'est. Courants. — A l'époque où j'ai parcouru le lac, je n'ai constaté aucun courant; mais il est possible qu'après la saison des pluies il en existe un plus ou moins appréciable venant du Desaguadero et s'avançant dans le lac, du nord au sud. Bonché, sur la carte dont nous avons déjà parlé (pl. 1), indique ce courant qui passe entre la côte est du lac et l'ile Panza, mais beaucoup plus près de l'ile que de la côte; il est vrai que son exploration eut lieu de janvier à mars, c'est-à-dire en été, au moment de la saison pluvieuse. Mirage. — Ce phénomène s'observe sur le lac Poopo ou sur ses rives d’une facon très intense, et l'on est constamment le LAC POOPO. 25 jouet de nombreuses illusions. Une petite balza apparait comme un vaisseau gigantesque, les bandes de flamants semblent d'im- menses forêts roses, et il est impossible, quand on ne connaît pas exactement sa situation, de distinguer l'ile Panza des fausses iles qui l'entourent. Ces effets de mirage sont faciles à expli- quer : pendant l'hiver, la température de l'air est inférieure à celle de la surface de l'eau; les couches d'air en contact immé- diat avec l'eau sont donc plus chaudes que les couches sus- jacentes; il en résulte une réfraction du rayon visuel et un déplacement des objets dans le sens vertical; c'est ce qu'on appelle le mirage d'hiver. Je n'ai pu observer le nurage d'été, n'ayant pas navigué pendant cette saison sur le lac; ce mirage n'existe que si l'air atteint une température supérieure à celle de l'eau. VI — NAVIGATION, PÈCHE. Le lac Poopo n'est pas navigable sur une grande partie de son étendue; aussi est-il extrêmement rare d'y rencontrer une embarcation. Pendant notre croisière, nous avons aperçu une seule fois une balza, allant de la côte nord-ouest à l'ile Panza. Les poissons du lac, bien que comestibles, ainsi que nous avons pu le constater par nous-mêmes, sont trop petits pour que les Indiens se donnent la peine de les pêcher. VII — HYDROLOGIE. D'après Vivien de Saint-Martin, «dans une vallée appelée Quebrada del Diablo, au sud-est de Poopo, des eaux thermales fréquentées sourdent du milieu même d’un ruisseau ». Je n'ai pas visité ces eaux thermales, mais, aux environs de Pazña, près du petit village d'Urmiri, se trouvent des sources d’eau O Viviex De Saint-Martin (M.) et géographie universelle. Paris, 1890, €. IV, Roussecer (L.). Nouveau Dictionnaire de p- 891. 26 LAC POOPO. ! L minérale dont j'ai rapporté un échantillon qui a été également analysé par M. Meillière. Voici le résultat de cette analyse : ANALYSE DE L'EAU D’URMIRI PAR M, ME&ILLière, Carbonate de SOdiR ee EE 0170 Chlorure desodium ee ee tree Ter 4 577 Ghlorure deipotasSIUMEREE ERP PRE PER EP EEE 0 240 Ghilorure de Cali o 416 Choruretdelmannesiun "PERTE RP CCE Oo 147 SULLULE A8 SOUMET 0 040 SULIALE TE SOU EE PE RTE Traces. SIC: 2 2 en ee DER Ce D EE 0 00 PARIUME CS SE Lee ee D Se M ie Ce Traces. ACITeRDOTIQUE ee Er ner nn Ce Traces notables. BOTALA See ee UE 55640 On peut constater, en examinant l'analyse précédente, que ces eaux sont carbonatées sodiques et fortement chlorurées ; elles pourraient done avoir un emploi en thérapeutique". Au moment où elles ont été analysées, elles étaient, comme celles du lac Poopo, très sulfurées, mais cette sulfuration a dû se produire au cours du transport sous l'influence de sulfo- bactéries. L'estimation rigoureuse des sulfures ne peut, en effet, avoir lieu qu'à la source même, les composés sulfurés étant extrè- mement altérables. Lorsque cette évaluation ne peut être faite au moment de la prise de l'eau, M. Meillière conseille d'ajouter immédiatement une trace de formol, ce qui empêche le développement des sulfo-bactéries sans gêner en rien le dosage des éléments minéraux. ® Voir notes médicales. LAC POOPO. 2 SI TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS Plantes aquatiques et copépodes dans le filet. FAITES AU COURS DE L’EXPLORATION DU LAC POOPO. Ce) e : ; = | TEMPÉRATURE. NUMÉROS — |£S S à a OBSERVATIONS. DES STATIONS. i QUE EIRE HEURE. AIR. | EAU < A juin. cu 1 6 |o 05] 2h.10osoir. 9° 9119°9| En face Pazña. 6 3h. ho soir. 9 9112 3 On pêche à la dynamite plusieurs cen- 9 F à GE F taines d’Orestias Agassizi var. inornata. D 6 0 25 6h. 30 soir. 8 5/10 Mouillage, Pêche à la nasse sans ré- 7 7 h. 50 matin. | — 1 5 sultat. 3 7 o 30| 1 h. soir. 7 9112 9 À 100 mètres environ de S. ». Entre 3 et 4. 7 Profondeurs de o m.95 et1 m 6 h. soir. 11 2 L 7 1 à 9 | Mouillage. 8 6 h. 35 matin. a0o)NTREN F { Péche au filet fin qui ramène de Ja vase. 8 1 50 l On tue une poule d’eau et un plongeon. à : + { Péche au filet fin; copépodes . Bæc- Q Û 1 6o 10 h. matin. 9 FA À kella occidentalis, B. poopoensis. TN l m.;| Pèche à la dynamite de nombreux . rolondeurs de 1 m. O. Agassizi var. inornata. Entre 6 et 7. 8 l 2 m. 25; 2 m. 50. Par endroits, plantes venant jusqu’à | la surface de l’eau. 7 8 le 5o| 6 h. 12 soir. 8 : 9 9 Profondeurs de 2 m.50; 2 m. 30; Entre 7 et 8. 8 Re VE LE 1 M. 95; Oo m, 90. 8 Mouillage à 20 mètres de la côte est 2 Fe : 1 de l’île Panza. 8 a 25] 6 h.45 matin. |— / ® Plantes venant jusqu'à la surface de l’eau. [ Profor . 50; 0 m. 80; Entre 8 et 9. . { Profondeurs de o m. 50; o m. 80; Vo | o m. 65. 9 g lo 75] midi. (Ja lou) : Profonde Ë : Entre9et10. | 9 | rofondeurs de o m. 95; 1 m.; 1 M. 19; 1 m. 25. Pêche de surface au filet fin; copé- pus : Bœckella occidentalis , B. poopoensis. : Pêche à la dynamite sans résultat, fers y 10 (] 1 0 1h. DEASOIT 7 5J10 2 On recueille des plantes du fond et de nombreux mollusques : Paludestrina poo- poensis. Profondeurs de m. { Entre l0etll.| 9 { Profondeurs de 1. m. 70; 1 m. 80; l 1 m.090; 1 m.0; 1 m. 80. Il g |: 80| 6h.3osoir. | 7 5| 8 1) . 60; 1 m.3 Entre 11 et 12. rofondeurs de 1 m.60; 1 m. 30; 1 M.; O m. 4). 7 h. matin. 3 9| 6 | 9 "je Mouillage dans la baie San Epifania. 12 10 |o 30 midi. 52| 7 | Dee 6 h. 05 soir. n TL) Entre 12et13.| 10 |1 0 | Pêche de surface au filet fin au sud- 13 20020 lb os nn 32) MoN Ge Es Pate; 28 LAC POOPO. TEMPÉRATURE. NUMÉROS OBSERVATIONS. DES STATIONS. PROFONDEUR EN MÈTRES Mouillage près de l'ile Panza. Nom- 7 h. matin. é / breuses plantes aquatiques. Récolte de plantes aquatiques avec nombreux mollusques : Paludestrina poo- poensis. On tue un canard et une mouette. midi. Entre 15 Dragage au nord-ouest de l'ile Panza. 16 o 4o Nombreux ; mollusques : Paludestrina ” poopoensis. Débris de Potamogeton et d'une Characce. Entre 16e 1 M.80;1mM.90;92M.;2M.10; | Profondeurs de o m.50; 1 m.0; | 2 M. 15: 2 m. 25. 17 | 2 io| i h. 30 soir. | ] | 9 6 Température à à mètres : 7°. { Profondeurs de 2 m.45; 2 m.05; l 2 m. 79. 15 [2 95] 8 h.53 soir. 5 5| 6 Entre 18 et 19. Profondeurs de 2 m. 65 et 2 m. 50. Entre 17et1$. 19 2 50| | Prise d’un échantillon d’eau. { Profondeurs de 2 m.15; 2 m.10; \ 2 M.; 1 M.; O M. 80. 9 ati | A : 20 È à h. 20 matin. 2 Mouillage en face de Pazña, Prise d’un échantillon d’eau. Entre 19 et 20.) : h. 30 malin. LAG TITICACA. 29 CHAPITRE I LAC TITICACA. L — HISTORIQUE. Le lac Titicaca où Tuikaka a joué un rôle important dans l'histoire des anciens peuples du Pérou : c’est même dans une de ses îles, l’île du Soleil, que la légende quichua place l'origine des Incas. Les auteurs diffèrent un peu relativement à l'étymo- logie qu'it convient de donner au nom du lac. D'après Gareilaso de la Vegatl, ce nom vient de deux mots quichuas : tit, qui veut dire plomb, et caca {les deux c étant aspirés et gutturaux comme le ch allemand) , qui veul dire roc, rocher ou chaïne de montagne ; Tiricaca signilierait donc montagne de plomb. Pour J. Viscarra?, Titi Kaka de ait dire «cerro de estaño », c'est-à-dire montagne d'étain, ce que É. Reclus traduit par pierre d'étain. On à parfois désigné le lac sous d’autres dénominations, ayant pour origine le nom d’une ville située sur ses rives ou aux environs; c'est ainsi que l’on dit : lac de Puno, à cause de la ville du même nom, principal port du lac; laqune de la Paz, à cause de la proximité du lac et de la capitale actuelle de la Bolivie, bien que celle-ci en soit éloignée d'environ cinquante kilomètres; lac ou lagune de Chucuito, nom qui vient de la vieille ville de De, voisine de Puno et qui a donné son nom à une province riveraine, dont le chef-lieu est Juli. Ces différents noms ont été souvent employés au hasard ; ceux de Chucuito et de Titicaca sont les plus communs, mais J'emploierai uniquement ce dernier dans le cours de ce travail, () GarciILAso pe LA VEeGa. Comentarios Incas. Documentos auto-linqüisticos e isogra- reales de los Incas. Lisboa, 1609. fiados del Aymäru-Aymdra Protogonos de ©) Viscarra F. (J.). Copacabana de los los Pre-americanos. La Paz, 1901, p. 19. 30 LAC TITICACA. car c'est le plus ancien et le seul qui soit universellement connu et employé dans le pays. Comme le fait remarquer Vivien de Saint-Martin"), «le lac Titicaca, par son étendue, son altitude et les conditions du bassin fermé dont il forme le réservoir supérieur, est peut-être la nappe d'eau la plus remarquable du globe». Aussi al attiré depuis longtemps l'attention de nombreux voyageurs; je n'ai pas la prétention de les citer tous; je me bornerai à signaler le nom de ceux qui ont fait à ce sujet les travaux les plus im- portants. J. B. Pentland®, d'abord en 1827 et 1828, puis en 1837 EL 1090. proli ta de son séjour en Bolivie, où il était consul géné- ral de la Grande-Bretagne, pour relever les contours du lac; sa carte, bien que déjà ancienne, est beaucoup plus exacte que toutes celles qui ont été publiées depuis. Pentland indique seulement les routes qu'il a parcourues lui-même, et il note la hauteur des montagnes en pieds anglais; il ne donne pas la profondeur du lac. Alcide d'Orbigny® explorait la Bolivie à peu près à la même époque; il étudia l'histoire naturelle, spécialement la géologie des hauts plateaux, et navigua une huitaine de jours sur le Titicaca. La partie géographique de l'ouvrage de d'Orbigny est très importante; outre ses observations personnelles, il signale un certain nombre de cartes et de croquis dont quelques-uns relatifs au lac; Je crois utile de mentionner ces derniers dans l'historique, en conservant les numéros que d'Orbigny leur a assignés; ce sont : N°14, une carte manuscrite du colonel Aldahaus, relative à la partie septentrionale du lac de Ghucuito. O Vivien DE Sainr-MarriN (M.) et and Desaquadero in Peru and Bolivia, from Roussezer (L.). Nouveau dictionnaire de geodesic and astronomic Observations made géographie universelle. Paris, 1894, t. VI, in the years of 1827 und 1828, 1837 and p- 655. 1838. ® PexrcanD (J.-B.). The laguna of © D'OnBrGnY (A.). Voyage dans l'Ame- Titicaca and the valleys of Yukay, Callao rique meridionale , in-4°. Paris, 1835. Brave ni 12 5, du r LAC DE CHUCUITO OÙ DE TITICACA L _ F2 00— L de Chiquipa fie. LE N de = I. del! Campanario : > 2 26 I. Coati TT. N 1. Amantana ee. LE I. de Titicaca O É Luna, \ Chucuito L Taquili ou del Sol & IC © Puno © (en { A S) 14 ds ES A + }I. Guarinas Le à . : > San Pablo Fe _ . Copacabana G <\° É on A das > È =: Sao Pedro à Gr & t CHUCUITO À JDE _— à Pata on D ) PE D 1 Quebaya = x. Parity [. Chica 1 0 OÙ DE ne ° Taraco CVS rmmicacs Dékaguadero = Se ä TRS ES. Auaqui 0 10 2050 LORS 0) 60 70 89 æ Kilomètres de ! 17 72 17 Contours du lac Titicaca obtenus par la réunion des trois cartes itinéraires de Paur Marcoy, qui figurent aux pages 299, 277 et 291 de son Récit de voyages dans la région du lac Titicaca et les vallées de l'est du bas Pérou (Le Tour du Monde, 1877). LAC TITIGACA. 99 Ne à Tüiicaca, sans nom d'auteur. N°16, un croquis communiqué en 1833 représentant la partie nord du lac de Chucuito, d'eau ni de montagnes. une carte manuscrite intitulée : Plan de la laguna de Chucuilo par Jean-Chrétien Bawring, sans indication de cours N° 17, une carte manuscrite intitulée : Plan de la gran laguna de Titicacu, sans nom d'auteur. N° 16, un croquis manuscrit des alentours du lac de Chucuito ou de Titicaca, avec indication de J. de Paredon. la distance entre différents lieux, tracé par N° 19, un autre croquis manuscrit des alentours du lac de Titicaca, trouvé au couvent des Educandas de La Paz. Après d'Orbigny, Francis de Castelnau! ) et H. À. Wedell® parcoururent la Bolivie et la région du Titicaca; ils consacrèrent surtout leur temps à l'étude de l'histoire naturelle, recueillirent d'immenses collections, dont l'étude a fait l'objet d’une magni- fique publication, qui rend les plus grands services aux voyageurs et aux naturalistes qui parcourent aujourd hui les différentes contrées de l'Amérique du Sud. La faune du lac Titicaca occupe dans cet ouvrage une place Dors Un peu plus tard, Ernest et Alfred Grandidier®), Mariano Felipe Paz Soldan, E.-G. Squier et Clements R eu visitèrent le lac nl durant leur voyage en Amérique du Sud. Paz Soldan fit surtout des observations géographiques; D CasTEznAU (F. De). Expédition dans sur la géographie et les monuments du les parties centrales de l'Amérique du Sud. de Rio de Janeiro à Lima et de Lima au Para, 7 parties formant 6 volumes in-8° et Q volumes in-4° et in-fol. Paris, 1850- 1861, avec 500 planches et cartes noires et coloriées. } Waves (H. A.) Voyage au nord de la Bolivie, in-8° de 511 p. Paris, 1853 © Granninier (E.). Voyage dans l'Amé- rique du Sud, Pérou et Bolivie. Paris, 1861. ® Paz Sozax (M. F.). Geographia del Peru. Paris, 1862, 1, p. 409-410, ) Squier (E.-G.). Quelques remarques LACS DES HAUTS PLATEAUX. Pérou (Bull. de la Societé de Géographie , 5° série, XV, janv. 1868). — Observations on the geography and archeology of Peru, in-8°. New-York, 1870. — Die Sudperua-: nische von Mollendo nach dem Titicaca See (Zeitschrift Soc. Geogr. Berlin, n° 51, 1874, p. 229-235). @® Markaam (Czements R.). Travels London, 1862. -— Railroad and Steam communication in in Peru and India, im-8°. Southern Peru {Proceedings of Royal Geo- graphical Society, XVII, n° 3, 1874, p. 212). — Peru. London, 1880, p. 28 et 29. 2 IMPIUMLRIE NATIONALE. 34 LAC TITICACA. Squier, qui voyagea au Pérou en 1863, s'OCCupa principalement d'archéologie et étudia les monuments anciens, dont les vestiges sont encore si nombreux, soit dans les îles du lac, soit dans ses environs immédiats. Enfin Markham porta spécialement son attention sur les diverses langues indiennes, parlées dans la région du lac. Pre vint la remarquable expédition d'Alexandre Agassiz‘; il étudia le lac non seulement au point de vue de sa Eu mais encore au point de vue physique, et ce fut le premier qui donna des notions exactes sur la profondeur du lac et sur la température de eaux. Paul Marco”, dans un récit captivant de son voyage dans la région du Titicaca, donne en trois endroits différents des cartes partielles du lac. H'm'a paru intéressant de juxtaposer les trois cartes-itinéraires et de figurer les contours du lac que. lon obtient ainsi (pl. VI). En comparant la carte de Marcoy à celle de Pentland ou à la nôtre, on se rendra facilement compte de sa grande inexactitude; ce qui choquera surtout, ce sont les dimensions relatives du Grand et du Petit lac, qui sont presque d'égale grandeur, tandis qu'en réalité le Petit lac n'occupe guère qu'un sixième de la superficie totale. Le nombre, la forme et la situation des îles sont aussi tout à fait fantaisistes. Je citerai simplement J. Minchin®, G. Chaworth Musters el CG. Wiener®, qui ont aussi voyagé dans la région du Titicaca. Bien que Wiener ait fait en vapeur tout le tour du lac, la carte qu'il donne dans son ouvrage est peu précise, et les chilfres qu'il indique relativement à la profondeur du lac sont consi- dérablement exagérés. AGassiz (A.). Hydrog sraphical Sketch of Lake Titicacs dinos of American Arts and Sciences, NI, 187 76, p. 283). — Schizzo idrografñico del Be Titicaca (Cos- mos , IX, 1877, p. 321). © Marcoy (P.). Voyage dans la région du Titicaca et dans les vallées de l'Est du BasPérou (Le Tour du Monde, 1877, p- 207-336). © Mixcuix (J.). Altitudos en los Andes (Bull. Soc. géogr. Madrid, HE, n° 4, 1877, P- An ! Musrers (G. Cuawonru). Notes on ne lo accompany origin: al maps (Jour- nal of the Royal geogr Society, XLVII, 1877, p. 201-216). ! Waiexer (C.). Perou el Bolivie. Paris, 1880. *ANNAVH OAGVL A4 HIUVO ER Sn nm Es nm ES — c == gr ££ 9€ 6e 24 s4 8yG !S 3s Et AG € G 6 71 St el CT LT CR ES 1 a 25 E—+ £s Le Se — É — SLLES 8 102090 PAU 7 InbERD : æ RE —— > É —— — = —= — : æ- SN D __— = — = SG GERS ÿ RS — = = : — ÿ ÉeDoouY = pe He = - — = ; _._ zenraBUX 507 rie - CE ts Se = eZ É ee = — © 0910409 30 VONT — . [= £ er à. = gr 2 SE. IE = U£ = 2£E7 À Re Sy à 9 EC 559 = = kilomètres = ” CE chic x Bale de e, | Faear cola pte \r= 1 Achacache =ù Santiago de Huata Presqu'île de Acha.cache Dia Turn L COPACABANA ITaquiri a lunkichapi = STSSS hililaya SEM dès —> Kirin V AUOT DATE LAC TITICACA. 49 Le 29, je suis la côte dans toute sa longueur, me dirigeant au nord-ouest, et j'arrive le soir dans la baie de Puno où je reste pendant la nuit (stations 110 à 125). Le 30, je franchis la courte distance qui me sépare de a où Je passe toute la : jour née et toute la nuit (stations 124 e 1210)? Le 31, je me dirige vers l'ile Soto et, arrivé au milieu du lac, je fais une pointe au nord-ouest, en suivant toujours le grand axe; je mouille le soir dans la baie de Rhamès (stations 126 AM) Le 1% août, je regagne l'ile Soto et, après avoir touché de nouveau à Huaycho, je voulais revenir le soir même à Hua- qui; mais, surpris par le mauvais temps, je dus aller passer la nuit sur le banc situé entre Escoma et Carabuco (stations 138 à 141). Le », je rentre directement à Huaqui, où j'arrive le soir (sta- tion 142). Je quitte alors le Yavart et je séjourne encore deux jours sur les bords du lac, explorant à l'aide du canot du capitaine du port les environs de Huaqui {stations 143 à 150). Cette croisière dura dix jours, pendant lesquels je pus par- courir le lac dans toutes ses directions. Le 4 août, je m'embarquai de nouveau avec M. de Mortillet sur le Yavart pour visiter Copacabana. Trois jours après, nous revenions à Huaqui, d'où nous allions visiter les ruines de Tia- huanaco. De là nous regagnions La Paz, puis Pulacayo, et nous reprenions directement le chémin de l'Europe. Le 30 octobre 1903, nous débarquions à Bordeaux, et le soir même nous étions à Paris. Après avoir décrit le lac et indiqué les résultats de nos in- vestigations, nous donnerons à la fin de ce chapitre une série de tableaux résumant les opérations pratiquées sur le Titicaca du 14 juillet au 4 août 1903. LACS DES HAUTS PLATEAUX. l IMPRIMERIE NATIONALE, 50 LAC TITICACA. ILL — CONFIGURATION GÉNÉRALE. Ge? SiruarioN. — Le lac Titicaca est situé entre 15° 20’et 16° 35 de latitude Sud, et entre 70°45" et 71°10° de longitude Ouest de Paris. D'après Pentland, la longitude de Puno serait de 72° 29° 34° Ouest de Paris, et la latitude, déterminée par M. Bergelund, serait de 15° 50/35" Sud. Ce même auteur m'a donné la situa- tion de Chililaya et de Huaqui, autres ports du lac : Chililaya serait à 169174" et Huaqui à 16°35'27" de latitude Sud. La Puente donne comme position astronomique de Anco- raines : 11° b4'latitude Sud et 71° 1 2” longitude Ouest de Paris, et de Tiquina : 16° 14" latitude Sud et 71° 1 1" longitude Ouest de Paris. D'après cet auteur, le 16° parallèle diviserait le lac en deux parties inégales. Le lac est orienté nord-ouest sud-est. Aurirupe. — Le lac Titicaca est le lac le plus élevé de toute l'Amérique. Les nombres qui expriment son altitude varient considérablement suivant les auteurs; je crois utile de les men- lionner ici sous forme de tableau, après avoir réduit en mètres ceux qui étaient indiqués en pieds. mètres, mètres. Markham (1874)...... 3,718 | Justo Leigue Moreno... 5,815 Nestor R. Rocha (!..... 3,803 Garcilaso de la Vega. .. 3,816 Ninchin. 3,808 Markham (1880)...... 3,82/ De Lapparent ®)...... 3,808 ÉiPuente "+100 3,820 HAReclus. meer 3,819 Raimondi... "0e 3,890 Schrader (Atlas)(%).... 3,813 Hickmann (Atlas)lï)... 3,848 H. Leslie Ellis... "3011 Stieler (Atlas) 5)...... 3,894 0 Rocna (Nesror R.). Mapa del Lago Hicamaxx (A. L.). Geographisch- Titicaca. La Paz, 1896. slalisticher Universal Taschen-Atlas, in-4°. ® De LapparenT. Leçons de Géographie Wien, 1902. Édition française : Atlas physique. Paris, 1898, p. 672. universel. Politique, statistique, commerce, ® Scaraper (F.), Prupext (F.) et Ax- in-16°. Paris, 1902. THoine (E.). Atlas de géographie moderne. 6 Sriezer. Hand-Atlus. Berlin, 1888. Paris, 1895, carte n° 61. LAC TITIGACA. 51 mètres, mètres. Reiss et Stübel M. ,.... 3,861 SCOR gene ma dep 3,921 Péntlandi FRERE "CE 3,914 José Domingo Cortès 4,226 zen sodoueese 3,914 A l'exception du chiffre donné par Markham en 1874, qui est beaucoup trop faible, la plupart des autres sont exagéres. Ceux qui se rapprochent le plus de celui que nous avons trouvé sont ceux de Schrader et d'É. Reclus (3,813 m.). Nous avons, en effet, observé une altitude de 3,811 m. 70, ou en chiffre rond 3,812 mètres. Dimensions. — Si l'on consulte les auteurs, en ce qui con- cerne les dimensions du lac Titicaca, on constate que les me- sures données varient du simple au double, quelquelois plus. On s'en rendra facilement compte en examinant le tableau sui- vant qui donne la longueur et la largeur du lac en kilomètres, d'après les principaux auteurs LONGUEUR. LARGEUR. kilomètres. kilomètres. NN EN 0 D AN RM ee a RS ee ete de 110 30 ME no non Po De on 160 Hi IR CIS ne en ne lente 163 6o RAT ON ee ete eee ne de cteie 180 65 SAUT Re nee ren ice cac 199 80 à 96 AR PUGN LES ER ne nn er eicte le 194 68 VimentderSsameMantnee eee 200 70 PAZRSOL ANR ete ee eme Oui 223 Du Les dimensions donnéés par Markham, Reclus et Raimondi sont les plus exactes. Les nombres mentionnés par Reclus con- cordent presque avec ceux que j'ai obtenus. En eflet, d'après mes observations, le lac Titicaca mesure environ 160 kilo- mètres de long et 60 kilomètres à l'endroit le plus large. (0 Rerss et Srüper. Das Todtenfeld, ® Corrës (José DomnGo). Bolivia : von Ancon in Peru, Berlin, 1880-1887. Apuntes_ qeograficas, estadisticos de cos- @ PenrcaxD (J.-B.). The Laguna of tumbres descriptivos e lhistoricos. Paris, Titicaca. London, 1848. 1879, P. 7: = Qt 19 LAC TITICACA. La superficie du lac, calculée au planimètre Amsler, d'après mes documents, est de ,100 kilomètres carrés, abstraction faite des îles et des promontoires. A l'exception de Markham, qui donne un chiffre trop faible (2,500 square miles, soit envi- ron 4,000 kilomètres carrés), la plupart des auteurs indiquent des dimensions bien supérieures à celles que j'ai obtenues. José Domingo Cortès évalue la superficie du lac à 8,340 kilomètres carrés et Vivien de Saint-Martin à 8,331. Le chiffre générale- ment admis est de 8,300 kilomètres carrés {contour général, sans retrancher les îles ni les promontoires), mais il est mani- festement exagéré. D'après M. F. Paz Soldan, le périmètre du lac serait de 434 kilomètres. Bien qu'on ail exagéré sa superficie, le lac Titicaca n'en reste pas moins le plus grand lac de Amérique du Sud. I est envi- ron neuf fois plus grand que le lac de Genève (576 kilomètres carrés), mais il est seize fois plus petit que le lac Supérieur, en Amérique du Nord, dont la superlicie est évaluée à 83,630 kilo- mètres carrés. FORME; DIVISION. — On attribue souvent au lac Titicaca une forme ovale; je serais plutôt tenté de le comparer à un rec- langle, étant donné le parallélisme presque complet de deux de ses rives. Quoiqu'il en soit, la forme du lac est assez irré- gulière. La presqu'ile de Copacabana! et la presqu'île d'Acha- cache ou de Huata le divisent en deux parties bien distinctes, qui ne communiquent entre elles que par un étroit passage, le détroit de Tiquina®. La partie située au sud-ouest, environ six fois plus petite que l'autre, est désignée sous le nom de Petit lac ou de lac Inférieur; la partie située au nord-est est le Grand lac ou lac Supérieur. O3. Viscarra F. (op. cit., p. 63-64) p- 32), T'iquina viendrait de Tüti-hichi-na, écrit aussi Copacauana et Copakawana, qui veut dire : Guia al filon del estano, noms qui viendraient des mots indiens c'est-à-dire «guide vers le filon d’étain». Ccopa-cauana où Ccoppa-kcaquana où ® D'après BrzcINGHURST, le Petit lac ne Copaca-nana. mesurerait qu'un cinquième de la surface ® D'après J. Viscarra F. (op. cit., totale. LAC TITICACA. 53 Le Petit lac est lui-même formé du lac de Chililaya, appelé aussi lac de Huarina où de Tiquina, et du lac de Huaqui ou d'Unimarcal), séparés l'un de l'autre par un archipel compre- nant quelques grandes iles et de nombreux îlots. C’est du lac de Huaqui que part le Desaguadero, effluent du Titicaca. Certains auteurs Sobdr et le Grand lac en deux régions; ainsi J. Viscarra (pl. IX) désigne la partie nord-ouest sous le nom de Lago Atlantico où Chucuitu, d'où le nom de Chucuito®, donné quelquelois au lac tout entier; il appelle la partie sud- est, comprise de chaque côté de la presqu'ile de Copacabana, Lago Mediterraneo où Intuvara. Enfin il donne au lac de Chili- laya le nom de Lago Pacifico où Ingawy et au lac de Huaqui celui de Lago Desaquadero où Winaymarcu. C’est évidemment de ce dernier terme que vient le nom d'Unimarca employé par de nombreux auteurs pour désigner cette partie du Petit lac. Gozres ET BAIEs. — Le Grand lac présente quatre golfes principaux : le golfe de Ramès au nord-ouest, le golfe d'Acha- cache au sud-est, le golfe de Copacabana au sud et celui de Puno à l'ouest. Tandis que les trois premiers communiquent large- ment avec le lac, celui de Puno en est séparé par un détroit assez resserré. Au nord du lac et à l'est du golfe de Ramès se trouve une baie à contours assez dope la baie de Vilque- chico, avec la petite baie de Huancane. Partant de là, et suivant la côte nord-est jusqu'au golfe d'Achacache, on rencontre les baies de Moho, de Conima, de Huaycho, d'Escoma et de Carabuco. Au sud du golfe d’Achacache se trouve la petite bate de Santiago de Huata. Dans le golfe de Copacabana se trouvent la bate de Yunguyo et la baie de Pomata, puis, en remontant la côte sud- onest, on rencontre les petites baies de Jul et d'Ilave. Enfin citons, au nord du golfe de Puno, la baie de Paucarcolla. Le Petit lac renferme la baie de Huarina et la baie de Kirirv, D Unimarca ou Güinimarca veut dire quelques auteurs désignent cette partie du «lac desséché ». lac sous le nom de lac de Puno, du nom ® On écrit également Chacuyto, et de la ville située sur ses rives. 54 LAC TITICACA. dans le lac de Chililaya et les baies d'Ayqache, de Zepita et de Taraco, dans le lac de Huaqui. PRESQU'ÎLES ET caps. — Les deux seules presqu'iles qui mé- ritent ce nom sont la presqu'île de Copacabana et la presqu'ile d'Achacache", qui s'avancent l'une vers l'autre pour former le détroit de Tiquina, séparant ainsi le Grand et le Petit lac. Au nord-ouest de la presqu'île de Copacabana se trouve la pointe de Lampopayta. Dans le grand lac, la pointe de Capachica limite au nord-est le golfe de Puno, et la pointe de Chucuito le limite au sud-est. Sur la côte sud-est, au niveau d'Ilave et de Juli, se trouvent deux petits promontoires ; sur la côte nord-ouest, il en existe également au niveau d'Huaycho et d'Escoma; plus au sud se trouve la pointe de Kilima. On peut encore citer la pointe de Condorlamant près de Santiago de Huata. Dans le Petit lac, citons la pointe de Chillaya et la pointe de Carrapata, séparée de l'ile d’'Ampura par un détroit peu profond, enfin la pointe de Taraco, qui s'avance au milieu du lac de Huaqui et le divise en deux parties. Dérroirs. — Le détroit de Tiquina (fig. 3) fait communiquer le Grand et le Petit lac. Il est assez profond {39 à 81 mètres), très resserré, et ses rives sont presque coupées à pic de chaque côté. Wiener ne lui attribue que 40 mètres de large; cepen- dantil a plus de 1 kilomètre même dans sa partie la plus étroite. Dans le Grand lac on trouve le détroit de Titicaca, entre l'île du même nom et la presqu'ile de Copacabana; sa profondeur est de 62 mètres; puis le détroit de Chucuito, situé à l'entrée du golfe de Puno, entre les pointes de Copachica et de Chucuito; ce détroit, beaucoup plus large que les précédents, atteint en son milieu 7 mètres de profondeur. A l'entrée se trouvent les deux îles d'Amantani et de Taquili, séparées de la terre ferme, la première par le détroit d'Amantant, la seconde par le détroit ® On désigne encore cette presqu’ile du petit pueblo de Santiago de Huata ou sous le nom de /luato où Huata, en raison Huayta, situé au nord de la péninsule. LAC TITICACA. 55 de Capachica. Dans le Petit lac, je signalerai simplement un étroit passage, situé entre la pointe de Carrapata et l'île d’'Am- pura; c'est le détroit de Carrapata qui fait communiquer le lac de Chililaya et celui de Huaqui. I n'est pas navigable, car sa pro- fondeur est très faible et il est encombré de plantes aquatiques, dont beaucoup dépassent le niveau de l'eau. Cela explique pourquoi sur certaines cartes, erronées il est vrai, ce détroit Fig. 3. —- Le détroit de Tiquina, vue prise du Petit lac. n'est pas indiqué et l’île d'Ampura continue la terre ferme for- mant une presqu'île. Eduardo Idiaquez!! la désigne sous le nom de «presqu'ile de Cumana », et Marcoy appelle la bande de terre qui relierait cette presqu'île à la terre ferme cisthme de Yahi». Or cet isthme n'est autre chose que le détroit de Carrapata. Isrames. — Le seul isthme important est celui de Yunguyo, qui relie la presqu'ile de Copacabana à la terre ferme et sépare le lac de Huaqui du golfe de Copacabana. Get isthme est très q $ [! ® Inraquez (Enuarpo). Plano de una parte del departamento de La Paz y frontera del Peru entre los paralelos 15 y 17. 56 LAC TITICACA. étroit et très peu élevé au-dessus du niveau du lac. Son perce- ment réduirait considérablement le trajet des vapeurs allant de Puno à Huaqui, points terminus des chemins de fer péruvien et bolivien. Je citerai encore l'isthme de Capachica, situé entre la pointe de ce nom et la terre. Izes ET ÎLOTSU). — Dans le Grand lac, au nord-ouest de la presqu'île de Copacabana, est située la fameuse {le du Soleil (1) ou de Titicaca, la plus grande des îles du lac. Sa longueur est d'environ 10 kilomètres, sur 4 à 5 de large; cette île est assez élevée au-dessus du niveau du lac et ses contours sont découpés. D'après La Puente, son extrémité nord serait située à 1 5°5957" latitude Sud et à 71°35"12" longitude Ouest de Paris. Elle est séparée de la presqu'île par le détroit de Titicaca, au milieu duquel se trouve l'ilot Magdalena {2); dans le même détroit, au voisinage de la côte, se trouvent trois petits rochers. Au nord de l'ile du Soleil sont groupés six îlots, dont les principaux sont ceux de Chuca (3), de Coa et de Magotes. Au sud-est de la grande ile et au nord de la presqu'île de Copacabana se trouve l'ile de la Lune (4) où Coati, située, d'après La Puente, entre 16°243" et 16°3 12" latitude Sud; sa longitude serait de 71°26" 31" Ouest de Paris. Le long de la côte sud-est on ne rencontre que des îlots, qui sont, en allant du nord-est au sud-ouest, San Bartolome, Saco (5), Maurice et Quillata (6). À l'entrée du détroit qui donne accès dans le golfe de Puno se trouvent les deux grandes iles d'Amantant (7) et de Taquili (8) elentre les deux un rocher, le roc Quisata. Au nord-est de l’île d'Amantani, on remarque quelques flots et au sud de cette ile quelques rochers à fleur d'eau. Dans le golfe de Puno, il faut signaler les {lots de Thayakery (9), Esteves, Romero (10) et Blanco. Au fond du golfe de Ramès, quelques auteurs indiquent l'ile d'Apaca (11). ® Les gros chiffres placés, entre paren- permettent de se reporter au tableau qui thèses, à la suite du nom de certaines îles donne la synonymie de ces îles, page 58. LAC TITICACA. 57 Le long de la côte nord-ouest, on trouve tout d'abord quel- ques îlots situés soit dans la baie de Vilquechico, soit à son entrée; les principaux sont ceux de Huancane, de Parity (12) et de Chihuwy (15). En continuant vers le sud-ouest on rencontre les iles Riveros (14), Conima (15), Huarupaya [16), et plus au large la grande île de Soto (17), et l'archipel de Campanario comprenant l'ile de Campanario (18), l'élot de Khananma { 19) et d'autres flots; enfin, plus au sud, l'ile d'Apinquela (20). Entre l'archipel de Campa- nario et la côte se trouve l'archipel de la Grange, dont les deux iles principales sont Huilacota (21) et Choquella (22). On remarque ensuite l'ile Pulpito (23); enfin, à l'extrémité de la pointe qui contribue à former la baie de Santiago de Huata, l'élot de Cunduruvy (24), accompagné de quelques rochers. Dans le détroit de Tiquina se trouve lilot de Zuriuta (25) et, à son entrée dans le Petit lac, deux rochers. Le Petit lac renferme d'assez nombreuses îles, dont les prin- cipales forment l'archipel qui sépare le lac de Chililaya du lac de Huaqui : ce sont les iles d'Ampura (26), de Sicoya (27), de Suani (28), de (29), de Taquiri (30), de Paco (31), et les ilots de Cumana (32), de Quehuaya (33), d'Okoruny (34), de Kachilaya (35), de Mercedes, de Pariti, de Canña, ete. Dans le lac de Chililaya, à à l'est de la baie de Huarina, se trouve l'ile Soyata (36), puis, au nord et au sud de la pointe de Chililaya, deux très petits îlots. Enfin, dans le lac de Huaqui, au sud de la presqu'île de Copacabana, se trouve l'ile d'Aputa. Une même île est souvent désignée par les Indiens sous dif- férents noms; c'est pourquoi j'ai réuni dans le tableau suivant les principaux synonymes employés par les indigènes. La plu- part de ces noms sont des mots aymaras que ® Ces termes figurent presque tous (pl. IX), ainsi que dans son ouvrage : Copa sur la carte du Lac Titicaca de J, ViscarraA cabana de las Incas (op. cit. p-457et459). IOGOQE OU ND (@ +] 99 25 26. PAIE 28. 29. 30. SyIle LAC TITICACA. SYNONYMIE DES ÎLES ‘. GRAND LAC. Île du Soleil : Titicaca, Aymartharu, Aymarthañi, Aymarthawv. Île Magdalena : Ampatury, Ahmppatiry, Amppatiwy. Île Chuca : Khonaña, Khoryaya, Kooraña. Île de la Lune : Coali, Ccoya-ahti, Ccoaty, Koyata, Quyaty, Mamaty. Île Saco : Khespiny, Kherpiwy, Khespiwara. Île Quillata : Quijillata, Kylata, Khiayata, Kiïlata. Île d'Amantani : \mantana, Amantane, Miskiny, Mismiwy. Île de Taquili : Taqui, Taquila, Taqueli, Taqueti, Thayakiru, Thayakily, Ttakuly. Ë Île Thayakery : Ttacuny, Thakiny. . Île Romero : Koluta, Khunu-uta, Kyruta. . Île d'Apaca : Arapa, Kherwatta, Khessywatta, Keryuta. . Île Parity : Paaraytu, Pharahithy. . le Chikñwy : Chicchiny, Chhiuchiny. . Île Riveros : Zoxa, Zucka, Zoxo, Zoxka. . Île Conima : Apupany, Apapata, Apupaya. Île Huarupaya : Thiutiry, Tyutini, Tiutiwy. . Île Soto : Zutlu, Zuttuny, Zutiwy, Zutiaya. . Île de Campanario : Ccossecony, Kachkany, Khassuny. 19. 20. 21: Ile Khanauma : Kayruma, Kauna-uma. [le d'Apinquela : Apenguela, Apunguelas, Apuwila, Apunwila, Apurvira. Île Iuailacota : Güaïlacota, Titiwasca, Tikarasca , Thithirasca. 9. Île Choquella : Choquela, Ttacuny, Thakiny, Thayakery. 23: 24. Île Palpito : Wallakery, Wallakiwy, Wallatiry. [le Cunduriwy : Gunduriny, Cunduriry. . Île Zuriuta : Zuriny, Zuriry, Zuruta. PETIT LAC. Île d'Ampura : Apupa, Aputa, Apuso, Patapatani, Ppatappatany, Pakawy, Baura. Île Sicoya : Lizaquya, ZizkuwY, Zicuaya. Île Suani : Suana, Soana, Surica, Zuyaña, Zunimama, Zurumama. Île Anapia : Amuppia, Anuppia, Ahrappia, Chica. Île Taquiri : l'aquiry, Taquari, Ttakery, Ttaxhwiry, Thaxiry, lais. Île Paco : Paku, Ppako, Pakawara, Pakawy, Suriqui, Espinosa. ® Les noms écrits en caractères gras sont ceux des iles les plus importantes. LAC TITICACA. 59 32. Île Cumana : Kumara, Khunumama, Kumana. . Le Quehuaya : Quebaya, Keewayu, Kexowaya, Kheyawayu. 34. Île Okor uny : Ohckollu, Muyukullu. 35. Île Kachilaya : Kachiaya, Kachiwara. 36. Île Sojata : Ouaka, Phallany, Paarany, Pharany, Huarina, Amasa. RELIEF DU BASSIN DU LAC. — Le bassin hydrographique du lac Titicaca est limité à l’ouest par une chaîne de montagnes peu élevée au-dessus du niveau du lac, et dont la hauteur Fig. 4. — La Cordillère Royale vue du Grand lac. moyenne es, d'après Wedell, d'environ 4,400 mètres. Cette chaîne s'infléchit vers le nord, présente une échancrure située dans l'axe même du lac et forme la ligne de partage des eaux entre les affluents de l'Amazone et ceux du Te Mais ces montagnes sont situées à environ 120 kilomètres au nord-ouest du lac, de sorte que ses rives, à l'ouest, et surtout au nord, sont plates et monotones. A l'est le spectacle est tout autre, et l'on croit voir sortir de l'eau les sommets grandioses de la Cordillère Royale, les cimes neigeuses de l'imani, du Huayna Potosi et de FIHampu où 60 LAC TITICACA. Sorata, qui s'élèvent à 6,000 et 6.500 mètres au-dessus du niveau de l'Océan, et à plus de 2,500 mètres au-dessus du ni- veau du lac (fig. 4). En réalité, le pied de ces montagnes ne plonge pas dans les eaux du lac; il en est même très éloigné. De ce côté, les rives sont abruptes en beaucoup d’endroits. La presqu'ile de Copacabana est formée par des collines hautes d'environ 300 mètres, mais l'isthme de Yunguyo, qui la relie à la terre ferme, est très peu élevé au-dessus du lac. Cette presqu'ile est formée en partie par du terrain carboni- férien, et, à l'ouest de la péninsule, M. Dereims, au cours de sa mission en Bolivie, a signalé des dépôts de charbon, qui ne sont malheureusement pas exploitables. Au sud, les rives du lac sont basses et nues, arides et maré- cageuses; elles sont formées de grès rouge dévonien que l'on trouve abondamment à Huaqui et à Tiahuanaco. La présence de terrain carboniférien et dévonien aux alen- tours du lac à été signalée par d'Orbigny, Agassiz et Garmant’, Forbes"? et par beaucoup d'autres voyageurs. Je renvoie d'ail- leurs pour tout ce qui concerne cette question à la partie géo- logique de ce travail, confiée à mon collègue M. G. Courty. ArrLuEnTs. — Le Titicaca est alimenté par environ vingt- cinq rios, qui descendent des montagnes voisines et déversent dans le lac l'eau provenant des pluies et de la fonte des neiges. Ces affluents sont : Au nord, le rio Ramès où Ramis, qui reçoit à gauche le rio Azangaro et le rio Huancane, à droite le rio Pucara. À l'ouest, se jetant dans le golfe de Puno, le rio de Coata, qui reçoit le rio de Cabanilla et le rio de Juliaca où de Lampa, le rio de Paucarcolla ou Tlpa et le rio Totoral. ® AGassiz (A.) and GarMan (S. W.). del Sud del Perü. Traduccion de Enmunno Exploration of Lake Titicaca (The Ame- SoLoGurEN, in Boletin de la Sociedud geo- rican Journal of sciences and arts, XI, grfica de La Paz, Bolivia. Año nt, t. HI, 1876, p. 492). n° 4, Enero de 1901, p. 1-63, avec 1 carte 2 Forges (D.). Geologia de Bolivia y et 3 profils. LAC TITICACA. 61 Le long de la côte sud-ouest, le rio Blanco ou de [lave!”, qui reçoit le rio San Antono, le rio Angostura et de nombreux ruis- seaux ; le rio de Jul et le rio de Pomata ou Quitacalzon. Le long de la côte nord-est, les petits rios de Vilquechico et de Moho, le rio de Huaycho où Huaychu, beaucoup plus important, et celui d'Escoma; ces deux derniers sont parfois désignés sous les noms de rio Suches où Suchis, du nom du poisson que les Indiens appellent suche {Trichomycterus dispar) qui y vit proba- blement en assez grande abondance. Plus au sud se trouvent les rios de pe Calvario, Anansaya ou Ancoraimes, Upuisaya, Camata et Chinchaya. Dans la baie d’Achacache, le grand rio de Achacache, appelé aussi rt0 Keka où Queca-havira, et le rio Chanquisa, qui se jette dans la baie de Santiago de Huata. Dans le lac de Chililaya, le rio Batalla, le rio Carrapata et le rio Sehuenka. Dans le lac de Huaqui, au nord de la pointe de Taraco, le rio. Pucarant et le rio Vilque où Viacha, qui recoit le rio de Vil- laque et d'autres ruisseaux. Enfin, au sud de la pointe de Taraco, au fond du golfe du même nom, vient se jeter le rio Tiahuanaco. VARIATIONS ANNUELLES DE LA HAUTEUR DU LAC. — Le niveau du lac Titicaca varie de Fété à l'hiver. La fonte des neiges éternelles qui couronnent les hauts sommets de la Cordillère Royale détermine chaque été une élévation du niveau du lac. Cette élévation est variable d'une année à l'autre; pendant l'été de 1903, elle à été de 126 millimètres {chiffre communiqué par le capitaine du Yavart). La quantité d’eau qui arrive au Titicaca est bien supérieure à celle qui en sort par le Des- aguadero, et l'on s'est souvent demandé ce que devenait le sur- Dis, Pour certains auteurs, l'évaporation suffirait à expliquer la constance du niveau; pour d'autres, en particulier pour Cieza de Leon et Ulloa, les eaux du lac se perdraient par des ® Marcoy écrit Llave. 62 LAC TITICACA. écoulements souterrains. Celle dernière opinion me semble hasardée, et je me range à l'avis de Raimondi!, qui fait très justement remarquer que l'évaporation est tellement forte sur les hauts plateaux, qu'elle suffit amplement pour expliquer le niveau presque constant du lac malgré ses affluents et malgré les pluies. Indépendamment de toute influence saisonnière, on con- state depuis fort longtemps que le niveau du lac baisse de plus en plus chaque année. EFFLUENT OU ÉMISSAIRE DU LAG. — L’émissaire du lac Titi- caca est le Desaquadero ?. part du lac de Huaqui et va se jeter, comme nous l'avons dit dans le chapitre précédent, au nord du lac Poopo. IV. — PROFONDEUR DU LAC. Plusieurs explorateurs où géographes ont déjà donné des renseignements sur la profondeur du lac Titicaca; mais, soit que leurs instruments fussent imparfaits, soit qu'ils n'aient pu s'aventurer au milieu du lac, la plupart des nombres donnés jusqu'ici, à l'exception de ceux d'Agassiz, sont très approxi- matifs. En 1862, M. F. Paz Soldan parle d’une profondeur de 24 à 60 varas, c'est-à-dire environ 20 à 5o mètres, mais ces chiffres sont beaucoup trop faibles. En 1868, Squier dit que le lac peut atteindre en certains endroits 100 brasses, ou 182 mètres; celle mesure est encore inférieure à la réalité. Dès 1876, après l'expédition d'Agassiz®), les notions vagues que lon avait jus- qu'alors devinrent plus nettes. Agassiz fit environ 65 son- dages, dont 30 donnèrent plus de 20 mètres, et parmi ceux-ci 22 atteignirent 110 à 256 mètres. La plupart de ces sondages sont indiqués sur la carte de Raimondi; j'ai eu bien des fois l'occasion de les contrôler et de constater leur exactitude. Ramon (A.). El Perü, I, p. 326. — ® Voir p. 15. — ® Acassiz (A.). Op. cil. LAC TITICACA. 63 Plus récemment, Wiener! dit avoir fait une série de son- dages qui lui donnèrent «en beaucoup d'endroits», qu'il ne précise d'ailleurs aucunement, la profondeur de «550 mé- tres ». Le procédé qu'il a employé devait être défectueux, ear le lac ne me parait atteindre en aucun point une semblable pro- fondeur. Pour Elisée Reclus®, les plus grands fonds seraient de 218 mètres, nombre beaucoup trop faible. PROCÉDÉS DE SONDAGE. — J'ai pratiqué environ 120 son- dages, tant en canot sur le Petit lac, que pendant ma croisière à bord du Yavari sur le Grand lac. J'ai procédé pour ces son- dages de deux manières : dans le Petit lac, et en général quand la profondeur présu- mée ne dépassait pas 10 mèê- tres, J'aisondé à la corde, c'est- à-dire avec un bout de filin divisé en mètres au moyen de morceaux d'étofle entrelacés dans les torons et noués; à l'extrémité du filin était sus- pendu un poids. Pour les pro- Fig, 5. — Sondeur Thoulet. fondeurs au-dessus de 10 mètres, par conséquent pour la grande majorité des sondages, j'ai employé le sondeur Belloc, modilié par M. le professeur Thoulet. Ce petit appareil, d’un transport facile , et pouvant être manié au besoin par une seule personne, m'a rendu les plus grands services. Voici sa descriplion, que j'emprunte à M. Thoulet ® : «Deux flasques verticales en fonte malléable solidement reliées l'une à l'autre et dont les pieds sont fixés par des vis à une planchette de chêne (fig. 5) supportent un treuil T sur lequel est enroulé un fil métallique. Le treuil actionné par deux ma- (0 Waener (C.). Op. cit., p. 390. — © Reczus (1). Op. cit. — © Tuourer (J.). / Guide d'océanographie pralique, p. 95. 64 LAC TITICACA nivelles M porte en outre un encliquetage et, de l’autre côté, une sorte de canal entouré d’une corde. Cette corde plus ou moins serrée à l'aide de la manette M’ fait l'office de frein. Le fil, en partant du treuil, passe sur une première poulie P, puis sur la poulie P'et de là sur la poulie compteur P” dont le nombre de tours, chacun d’eux étant exactement de 1 déci- mètre, est enregistré par le compteur différentiel C, mû par une vis sans fin. Le fil se rend ensuite sur la poulie coupée Fig. 6. — A bord pendant un sondage. folle qu'on installe dans une position convenable, à une distance quelconque de l'instrument et au-dessus de l'eau. La pièce H, portant déjà le frein et la seconde poulie de renvoi, est main- tenue à son extrémité par un ressort à boudin R. On laisse descendre le fil entraîné par le poids du plomb en régularisant la descente avec le frein. Aussitôt que le plomb touche le fond, l'effort exercé par la poulie P', et par conséquent sur le ressort à boudin, cesse de se faire sentir; le ressort rappelle, le fil se détend, de sorte que l’on est immédiatement averti de l’arrivée du plomb sur le sol et qu'on n'a plus qu'à lire sur le compteur Oe ÿ 6,65 PUN 7 1. Romero [e) Acora ) avé Belen B£ de Fde ISSION G. DE CRÉQUI MONTFORT ET E. SÉNÉCHAL DE LA GRANGE ARTE BATHYMEÉTRIQUE DU LAC TITICACA dressée par le D' Neveu-Lemair Échelle de 1/525 000° _ __—— = 20 10 ma - Çolfe de = = 9" Achacache À Achacache Teintes bath : ; LÉ == S n Pablo® — Dt de Tiquina o Santiaso de Huata Presqu'ile de Achacache Huarina o apuncara * _ Sojat Sois af[ EX 45e ee, É eV: — ee Yunkichapi a Taquiri E— Ë E 6 PE T / T° 2 Chililaya © 1. Mercedès 1. Paco BI —eE;S. a < CE : _— Ampuraf: Anapia lle, !-Sicoya = Suanr +335 oe V_ Huot , del. NT MATINS L FU Eu [0] Huancane MISSION G. DE CREQUI MONTFORT ET E. SÉNÉCHAL DE LA GRANGE. ° Moho CARTE BATHYMETRIQUE DU LAC TITICACA dressée par Pusi » Dr Neveu-Lemaire. : Echelle de !/525.000° : . QE PR PAP ns + | n z > - su - 10 S 0 10 20 Jo Kil te =# * | ; E PÆ de FR Ch Amantani 1SCOMAa a Hs 85 203 + D hoele 2 ac fu , 77 È - ” de la Grange, “Baie de, "18 °R. Quisata \ Campanario © Ÿ, >? SPaucarcolla EE ET £ = 8,35 D requis le R A N D We A. C. ‘a LE 1. R . Re +, PUNOE 7 Chucuito 2e B° de Puno Sol olava ©) \ Pt£de = N 10 e Çolfe de TR 20 = = 272 — AE . 23 Zze R— ne L 7 D Ge «209 = = > v< 9 °J60.° 5, $ pËz — l.Chuca, RE À É É LL = . Achacache 34. to\ps =\ Achacache Acora cu L A Ce D TL + 2 LE À € - vKilime CCE. — 227 pot A1 L } - - 2 135 181 L 4 l a \ 1° F3 : È ke 1.Coati ou = (iso Santias'o de Huata \E deTiticaca\ > = 185 de la Lunè AT où du Soleil en Presqu'ile de Achacache 1gie ‘/T ee Huarina o 132 737% \. mast7 J = x s SKapunear fa] = : . = k — = PRESQU'IL ’ N SPedro 7 ‘'ésreD \ Tentes bathymetriques. = É DE gn P. Hi a 4 D de Tiquina #5e es #5 18 CE L Cora CAE UE À dE Tan F8" 9 25 é-dunkic hapi) RS = — Se — _ \ smPETITS 200 ‘hililaya 20 meuxw, £ é - À ner ; ; \ A . ÿ à 100 r* — 5 == . Mercedès PINS iri d oi Paco £ r 659 = = 27 AT CD @P°'e ra Carrapata w— 100 & 200 mn | C C — Ur Fa, É > = Suani “74%: cd {_/)o Pomata = 1 LAC vache Alu dela de 200 mètres ue fé Est “oTaraco ne A —, empruntes a la carte du Perow au 500000! de A. Raimondi — Zepita e 160 Chaffres de sondages (en mètres) du DT Neveu -Lemaire I s 116 BE — +“ Æ 8" = - | Desi guadero >= | v Huot , LU Æ. Morieu., Cr. NPEU LI" TI" ; LAC TITICACA. 65 différentiel le nombre de tours de la poulie P”, c’est-à-dire la profondeur. Pour relever le fil, on agit avec les manivelles qui font tourner le treuil. La planche supportant l'appareil sert de couvercle à la caisse qui le contient et dans laquelle on le transporte aisément. » J'avais adapté à l'appareil un fil métallique, auquel était suspendu un poids conique avec une concavité inférieure, où je plaçais du suif pour recueillir des fragments du fond. Ce fil métallique, d'environ 1 millimètre de diamètre, était très résistant, et j'ai pu y fixer des thermomètres à renversement, que j'envoyais à plus de 200 mètres, sans avoir jamais de rup- ture (fig. 6). BATHYMÉTRIE. — En examinant la carte bathymétrique (pl. XD) et les coupes (pl. XIT) jointes à cet ouvrage, on aura une idée exacte de la profondeur du lac et du relief du fond. Les courbes de niveau passent par des profondeurs de 25, 100 et 200 mètres. La teinte la plus claire indique les profondeurs de o à 25 mètres, la suivante, de 25 à 100 mètres, celle qui vient ensuite de 100 à 200 mètres, et la plus foncée les profon- deurs supérieures à 200 mètres. Les coupes longitudinales sont parallèles au grand axe du lac : la première (AB) passe par le milieu du détroit de Tiquina et le grand axe de l’île Soto, la seconde { CD) passe par le milieu du détroit de Titicaca et le grand axe de l'île du même nom, la troisième (EF) passe par Copacabana et le milieu de l'île d'Amantani. Les coupes trans- versales ne sont pas perpendiculaires aux précédentes, mais forment avec elles un angle de 64 degrés; elles sont d’ailleurs parallèles entre elles : la première (GH) passe par le détroit de Chucuito et le petit axe de l'île Soto, la seconde (1) passe par le milieu du Grand lac et Escoma, la troisième (KL) passe par le petit axe de l'île de Titicaca. On remarque tout d'abord que le Petit lac est beaucoup moins profond que le Grand. Ainsi, dans le lac de Huaqui on ne rencontre pas de fonds dépassant 5 mètres. Le lac de Chi- LACS DES HAUTS PLATEAUX. 5 IMÉRIMERIE NATIONALE. 66 LAC TITICACA. lilaya n'est pas beaucoup plus profond; cependant on trouve dans l'axe du détroit de Tiquina jusqu'à 18 mètres. Ce détroit, qui fait communiquer les deux lacs, présente déjà une plus grande profondeur, et les trois sondages que j'y ai faits m'ont donné 31, 38 et 81 mètres (pl. XII, M). Le Grand lac, dans son grand axe, au nord-ouest de l'ile de . Titicaca et autour de l'île Soto, présente des profondeurs dé- passant 200 mètres. J'ai trouvé 270 mètres au sud-est de l'île Soto, et 272 mètres dans le grand axe du lac; c'est la pro- fondeur maxima que j'aie atteinte. Agassiz avait déjà remar- qué que les points les plus profonds se trouvaient dans les parages de l'île Soto, et c'est entre cette île et le continent qu'il trouva une profondeur de 256 mètres, la plus grande qu'il ait obtenue. Tout autour de cette zone profonde, on trouve des fonds de plus de 100 mètres; ceux-ci se présentent surtout sur une large surface, qui s'étend parallèlement à la côte sud-ouest du lac et s'ayvance assez loin dans le golfe de Copacabana. Au fond des golfes, la profondeur est beaucoup moindre ; ainsi on trouve 10 à 17 mètres dans le golfe de Copacabana, très près de la côte il est vrai, 3 à 10 mètres dans presque toute la baie d'Achacache, et 6 à 14 mètres dans la baie de Ramès, située au nord-ouest. Cette partie du lac présente une pente douce qui s'avance jusqu'au niveau de File d'Amantani. Dans le détroit qui sépare la baie de Puno du Grand lac, on trouve des fonds de 30, 57 et 78 mètres, mais, dans la baie elle- même, la profondeur varie entre 5 et 8 mètres. A peu près vers le milieu de la côte nord-est, en face d'Escoma, se trouve un banc peu profond atteignant 20 à 24 mètres au nord-ouest et seulement 10 à 11 mètres au sud-est. Ce banc englobe l'archipel de la Grange et l'archipel de Campanario; il occupe à peu près le tiers de la largeur du lac. PL. XI. Dei. de TIQUINA IL d'AMPURA À (ALT. 3812 m.) 100 ----------- "NC"... 2OD =" ______XS 100 -—-------- "NC -------- COUPES DU LAC TITICACA es profondeurs sont exagerces 50 fois DO 22e RE PRESQU'ILE l-de TIT DE 1OOM==----==----- --- NS AMPURA e dr TARA CO DO One BDD == POSE EEE UT Al : A. ou 1 Fos Te, : ra REY 1 PENITS Dei. de TIQUINA LA AMPURA Phofs max. . 1 ANAPIA COUPES Echette DU Las ES Det. de TIQUINA CLOS en == = l.:de TITICACA STPABLO SF PEDRO JcopacagAnA CorAcaBAan A | | F ML. AMBOOD=--------- Re LAC TITICACA. 67 V. — LE FOND DU LAC. PROGÉDÉS DE RÉCOLTE. — Comme je n'avais pas à ma dispo- sition d'instrument spécial pour recueillir des échantillons du fond, je dus me contenter de placer dans la partie concave du poids de sonde un peu de suif, qui ramenait à bord quelques ID pes que fragments de vase, des grains de sable ou du gravier; je pou- vais également constater sur le suif l'empreinte des plantes. Dans les endroits profonds, J'ai récolté une certaine quantité Rte Je qu de vase à l’aide de la drague; enfin, après chaque mouillage, Ro D eh { 5 Je recueillis soigneusement tout ce que ramenait l'ancre. NATURE DU FOND. — Agassiz avait simplement constaté la présence d'un fond de vase d'une épaisseur assez considérable dans le Grand lac, et l'existence d’un fond sableux dans le Petit lac. Les échantillons que J'ai recueillis m'ont permis de donner d'autres détails sur la nature du fond. Le fond du Grand lac est presque partout formé d’une couche de vase gris noirâtre, quelquefois mais rarement jaunâtre (fig. 7). En certains endroits cependant, tels qu'au milieu du détroit de Tiquina, à l'entrée du golfe d'Achacache, sur le banc situé en face d'Es- coma, entre la pointe de Chucuito et l'ile de Taquili, dans une partie du golfe de Copacabana et au voisinage des grandes îles, on trouve du sable fin avec des coquilles brisées. Enfin, autour de l'ile Soto et au milieu du détroit de Titicaca, on trouve du gravier. Près des côtes, quand la pente est douce, une végé- tation abondante! tapisse entièrement le fond; c'est ce qui à lieu dans le golfe d'Achacache, sur une partie du banc d'Es- coma, dans le golfe de Ramès et dans celui de Puno. En cer- tains points même, des espèces de roseaux, désignés sous le nom de totoras, dépassent la surface de l'eau. Dans le Petit lac, le fond est formé de vase sableuse de O0 Voir Flore, p. 188. 68 LAC TITICACA. couleur gris cendré, présentant parfois des débris de coquilles. Surtout près des côtes, cette vase est recouverte de plantes aquatiques montant parfois jusqu'à la surface, et de totoras qui s'élèvent au-dessus de l'eau. Un peu plus loin des côtes, les toloras disparaissent, mais de nombreux végétaux lapissent encore le fond; on les distingue très bien, grâce à la trans- G. de Conacabana NATURE DU FOND BF Totoras Plantes Sieble se Gravrer Vase Fig. 7. — Carte indiquant la répartition des fonds dans le lac Titicaca. parence de l'eau. Enfin, à mesure que l’on s'éloigne du bord, les plantes deviennent plus rares et l'on aperçoit alors la vase du fond. Composirion cHimiQuE. — M. le professeur Thoulet à bien voulu étudier les échantillons de vase que je lui ai remis; je l'en remercie bien vivement et Je reproduis ici in extenso la note qu'il m'a communiquée à ce sujet. LAC TITICACA. 69 EXAMEN DE TROIS ÉCHANTILLONS DE FONDS DU LAC TITICACA PAR M. LE PROFESSEUR J. THOULET. L. St 30 (16 juillet 1903). — À environ 50 mètres du bord, en face de Chililaya, à une profondeur de quelques mètres. Arrêté par tamis 200 (sable et débris végétaux)....... 35 aprés acide et calcination. . 13 Vase fins-fins. ..... 24) G5 { après acide et calcination. . 3 vase calcaire... 41 l te ne en in “ Vase non calcaire après acide ELICALCINA TON EE a Ne en Re ie a tn cle 13 MaSeCaLCaire eee re ee MR nas nul RES De Re ne bg Feutre-orgamqueserrenensmmenctrme eee eme 12 100 100 Vase gris clair avec fines coquilles entières et en débris. Au nucroscope, spicules siliceux et diatomées, grains noirs combustibles (houille?); escarbilles ferrugineuses; patagonite opaque de couleur brique; obsidienne noire R., ponce bulleuse R. Quartz arrondi à enduit ferrugineux {d — 0"",2 ); les grains les plus petits (d= 0"%°,06) étant anguleux; amphibole hornblende R; olivine R; pyro- xène R; mica RR. Magma feutré à demi opaque, très abondant et semé de grains noirs opaques, qui, à l'état naturel, manifeste les phénomènes lumineux de la po- larisation. I perd cette propriété soit par calcination, soit par un passage à l'acide chlorhydrique, qui donne une solution verte très intense et, par conséquent, très ferrugineuse. La vase calcinée brûle en partie en dégageant une épaisse fumée d'odeur âcre. On peut donc la considérer comme un feutrage organique en même temps siliceux et calcaire. Les grains noirs opaques, peu attirables au barreau aimanté et dont beaucoup sont arrondis, disparaissent par le traitement à l'acide chlorhydrique chaud. IL St. 63 (27 juillet 1903). — Echantillon ramassé par la drague, à peu près au milieu du lac; profondeur, 226 mètres. Arrêté par tamis 200 (sable ,etc.). 4 après acide et calcination. . 3 Vases | JIns-Üns.-..... 5} 96 ltobospeoronnonanon sd 2 NAS CPP nine 93| eee diioc 78 CALCALT ER t atee ocis traces PEUT OT ANIQUE RE EE EE LE ie ce ee ee 17 70 LAC TITICACA. L'échantillon présente l'aspect d'une vase gris clair, feutrée et très fine; soumis au même traitement que l'échantillon St. 30, il se distingue de celui-ci par l'absence à peu près complète de calcaire et sa non-polarisation de la lumière qui en est la conséquence, ainsi que par l'abondance bien plus considérable des diatomées qui presque toutes sont rondes. En revanche, il contient absolument les mêmes minéraux. IE. St. 140.— Sable fin recueilli non loin de Huaycho, tout près du bord. Grains de quartz arrondis, de dimensions très uniformes (d — 0"",16 en- viron) et de couleur rougeâtre par suite d'un enduit ferrugineux. Quelques très rares grains volcaniques opaques et de couleur rouge. Le quartz res- semble de la facon la plus frappante à un échantillon de sable du Sahara recueilli à Hasi-bel-Kebach {Algérie méridionale ). En résumé, les fonds du lac Titicaca sont constitués par un feutrage or- ganique fortement incrusté de silice et de carbonate de chaux dans le Petit lac, mélangé à des diatomées, à des poussières minérales d'origine déser- tique, volcanique et peut-être météorique, apportées par les vents, ainsi qu'à quelques coquilles fines, entières et en débris, au voisinage du bord. VI. — L'EAU DU LAC. L'eau du lac Titicaca est de l'eau douce; Squier le dit claire- ment dès 1868. D'autres ont prétendu qu'elle était amère, un peu saumâtre el fangeuse. Quand Agassiz visita le lac en 1876, il trouva une eau claire et limpide, mais cette eau, bien que n'étant ni amère, ni saumâtre, avait un mauvais goût qui empé- chait de la boire. Cette saveur désagréable serait due, d'après le D' Barranca, aux environs de Puno, à la présence de sels de manganèse et spécialement de bicarbonate de’chaux formé par l’action de l'acide carbonique libre provenant de la putré- faction des plantes aquatiques : Myriophyllum et totora, sur le carbonate de chaux du lac. D'autre part, Raimondi!), qui fit l'analyse de l'eau du lac, ne trouva qu'une faible quantité de substances salines : un @® Rarmonpt (A.). El Peru, t. IT, p. 325. LAC TITICACA. 71 demi-gramme par litre seulement, quantité qui ne peut suffire à la rendre non potable. En réalité, sur les bords, dans les endroits peu profonds, l'eau du Titicaca est légèrement boueuse, mais en plein lac elle est excessivement limpide. J'en ai bu, ainsi que tout l'équipage du Yavari, pendant toute la durée de ma croisière, et je l'ai toujours trouvée très agréable au goût. COMPOSITION CHIMIQUE. — Les échantillons que j'ai recueillis en différents endroits {stations 18, 60 et 149) ont été remis à M. Meillière, qui a bien voulu en faire aussi l'analyse. ANALYSE DE L'EAU DU LAC TITICACA PAR M. Meicziërs. Cirbonaterdercalcitnn ERP PREMIERE 0%" 018 Chlorure dessous, PMP ER OL o 465 SUITALE Te TS OU 0255 DU LTALE AT POLASSIUME Re à ce cel O 018 Sultateldeicalcruntee ae ee -ceeNR re ee O 19 DUAL TE MNAP NES Re 0 090 ST CE ER Re Re Sn al elec) ed 0 030 DORA AIS em ete 18" 071 La minéralisation de 1 gr. 071 trouvée par M. Meillière est donc supérieure à celle qu'indique Raimondi, ce qui n'empêche pas l'eau du lac d'être parfaitement potable. CouLEUR DE L'EAU. — | y a lieu de distinguer la couleur apparente et la couleur propre de l'eau. Si on regarde lhori- zon sous un angle très petit, l'œil étant très près de la surface du lac et par un temps calme, on voit par réflexion l'image du ciel et la côte opposée, c'est ce qu'on appelle la couleur appa- rente. Si, au contraire, on est assez élevé au-dessus de la surface du lac et que le regard plonge dans l'eau presque per- pendiculairement, on voit sa couleur propre. En hiver, partout où la masse d’eau est considérable, c'est-à-dire quand la pro- 72 LAC TITICACA. fondeur est supérieure à 25 mètres, la couleur propre de l'eau du lac Titicaca est d'un beau bleu d'azur plus ou moins foncé. Dans les baies peu profondes, surtout quand le fond est tapissé de plantes aquatiques, l'eau prend une teinte verdàtre; elle est même quelquefois boueuse tout à fait sur les bords, là où les bestiaux ont coutume de séjourner. Des aquarelles faites aux stations 81 et 87 m'ont permis de conserver ces colorations. Enfin, en certains points, par exemple dans la baie de Puno et dans le Petit lac presque tout entier, l'eau est tellement limpide qu'il est impossible de lui attribuer une couleur quelconque; lorsqu'on la regarde perpendiculairement à sa surface en des points où le fond ne dépasse pas 5 ou 6 mètres, elle semble complètement incolore et l'on aperçoit nettement tous les détails du fond. Ceci nous amène à parler de sa transparence. TRANSPARENCE DE L'EAU. — Pour mesurer la transparence de l'eau, je me suis servi d'un instrument très simple. C'est un disque en zinc de 30 centimètres de diamètre, recouvert d'une couche de peinture blanche; au centre de chacune des deux faces se trouve un anneau, celui de la face inférieure porte un poids, celui de la face supérieure une ficelle graduée en mètres. À l’aide de cette ficelle, on descend le disque dans l'eau jusqu'à ce qu'il disparaisse à la vue, et on note le nombre de divisions immergées. On peut également fixer le disque à l'extrémité du fil de sonde et lire sur le cadran du sondeur le nombre de mètres filés. L'eau du lac Titicaca est très transparente. Notons, tout d'abord, qu'elle l'est moins dans le Petit lac que dans le Grand. Ainsi, dans les parages de Chililaya, on voit nettement le fond du lac à 5 m.15 de profondeur; on distingue même parfaite- ment les poissons, les nombreux batraciens et même les petites coquilles qui reposent sur la vase; mais, à une profondeur de 6 m. 5o, on ne distingue déjà plus le fond, alors qu'en plein lac on aperçoit encore le disque blanc à 12 et 15 mètres. Cela tient à la profondeur beaucoup moins considérable du LAC TITICACA. 73 Petit lac. En effet, dans les baies peu profondes du Grand lac, la transparence de l’eau est aussi beaucoup moindre qu'au milieu de celui-ci. Toutefois, lorsque le lac a atteint une certaine pro- fondeur, plus de 5o mètres par exemple, celle-ci semble ne plus avoir d'influence, et la distance à laquelle le disque blanc cesse d'être visible est sensiblement la même. Le tableau suivant indique la distance à laquelle on peut voir le disque dans les régions profondes du lac. DISTANCE STATION. PROFONDEUR. 2 NQUIPRENRE LE DISQUE cesse d'être visible. juillet. mètres. 2h. 5 soir. 185 11 m. 50 (ombre). SD nie 13 m. Crabe 2DÈM- soleil ). 8 h. 24 matin. 11 M. soleil ). 1h. 51 soir. 14 m. soleil). à h. 51 soir. 12 M. (ombre). 3 h. 59 soir. 11 M. ombre). 3h. 27 soir. 10 M. ombre). 3 h, 55 soir. 2 14 m. soleil ). blanche au moment de sa descente dans l’eau. (1) Ces deux dernières mesures ont été prises, non plus avec le disque, mais avec le filet fin, également de couleur On peut déduire du tableau précédent que la profondeur moyenne à laquelle disparaît à l'œil nu un disque blanc de 30 centimètres de diamètre, à la fin de juillet, entre 2 et À heures du soir, est de 14 m. 30 au soleil et de 11 m.70 à l'ombre. La seule expérience faite le matin, à 8 h. 24, a donné au soleil 11 mètres. Si l'on compare la moyenne obtenue par le soleil avec la moyenne que donne Forel" pour le lac de Genève, à l'époque correspondante dans l'hémisphère nord, c'est-à-dire en janvier et par le soleil de midi, on s'aperçoit que les chiffres sont presque les mêmes. Pour le lac Titicaca, la moyenne de juillet est de (® Forez (F.-A.). Le lac Léman. Bâle, Genève, Lyon, 2° édit., 1886, p. 30-31. 74 LAC TITICACA. 14 m. 30, et pour le lac de Genève, la moyenne de janvier est de 14 m. 60. H serait très intéressant de pouvoir continuer ces expériences pendant l'été, pour voir si la transparence de l'eau varie dans des proportions aussi étendues dans les deux lacs, suivant les saisons. En effet, pour le lac de Genève, le disque est visible à 15 m. 4o en mars et ne l'est plus qu'à à m. 30 en août. La moyenne de l'hiver est de 12 m. 70; celle de l'été de 6 m. 60. La variation est-elle aussi grande pour le lac Titicaca, c'est un problème qu'un long séjour dans cette région permettrait de résoudre. MIRAGE ; COURANTS; SEICHES. — On observe constamment sur le lac Titicaca des effets de mirage, mais beaucoup moins in- tenses que ceux que l'on remarque sur le lac Poopo. H n'y a pas, dans le lac, de courants appréciables; cepen- dant en automne, à la fin de la saison des pluies, il existe un faible courant dans la direction du Desaguadero. On appelle seiches des variations singulières du niveau de l'eau d’un lac : sans cause apparente, l'eau s'élève sur le rivage de plusieurs centimètres ou de plusieurs décimètres d’un mou- vement lent qui peut durer de cinq minutes à une demi-heure, puis l'eau se retire avec la même lenteur au-dessous du niveau primitif pour s'élever de nouveau, et ainsi de suite. Ge phéno- mène semble exister dans tous les lacs et dans tous les étangs, quelles qu'en soient les dimensions; toutelois il n’est pas con- stant, car il peut se passer plusieurs heures de suite sans qu'il apparaisse. Forel®), en 1873, a montré «que ces seiches sont le fait d'un balancement, des vagues d’oscillation fixe de l'eau, qui balance d'une extrémité du lac à l'autre, dans un mouvement rythmique, isochrone, et d'amplitude décroissante, autrement dit dans un mouvement pendulaire ». @) Forez (F.-A.). Op. cit., p. 16. LAC TITICACA. 75 L'amplitude, c'est-à-dire la hauteur des seiches, est très va- riable; on l'étudie au moyen d'un instrument très simple, le plémyramètre de Forel, consistant essentiellement en un tube de verre horizontal rempli d'eau, où se meut une boulette de cire; suivant que le niveau du lac s'élève ou s’abaisse, la boulette de cire chemine dans un sens ou dans l’autre. J'ai confectionné cet instrument à bord du Yavari et je l'ai essayé à Puno. Mon ob- servation a duré plusieurs heures, mais je n'ai constaté aucune variation du niveau du lac. Cela ne veut pas dire que le phéno- mène des seiches n'existe pas dans le lac Titicaca; il faudrait pour l'étudier répéter un grand nombre de fois les expériences, que le manque de temps ne m'a pas permis de continuer. VII. — TEMPÉRATURE DE L'EAU. «Tout lac profond, dit Forel "), présente trois régions diffé- rentes au point de vue de la propagation des variations pério- diques de la chaleur : «1° Une région profonde, où les seules variations sont de périodicité lustrale ; «2° Une région moyenne, soumise aux variations annuelles de la chaleur ; «3° Une région superficielle, soumise aux variations diurnes. » Le lac Titicaca ne fait probablement pas exception à cette règle générale, mais, dans le court espace de temps que j'ai pu consacrer à son étude, il m'a été impossible d'établir les divisions précédentes. Aussi, dans les lignes qui vont suivre, je me con- tenterai de citer les résultats obtenus par les observateurs qui m'ont précédé et de rapporter mes propres observations rela- tives à la température du lac prise à différentes profondeurs, pendant le mois de juillet, c'est-à-dire dans la première partie de l'hiver sur les hauts plateaux du Pérou et de la Bolivie. ® Forez (F.-A.). Op. cit., p. 31-32. 76 LAC TITICACA. TEMPÉRATURE DE L'EAU DE SURFACE. — Les températures de l'eau de surface relevées par Agassiz sont relatées dans le tableau suivant : TEMPÉRATURES DE L'EAU DE SURFACE (D'APRÈS AGASSIZ). TEMPÉRATURE. TEMPÉRATURE. 7H AOMalns. ee da 07 TO Maine the ee 12° 9 LOMOIMAtDE EEE ee 17 OMibimatneeteee ce 16) 6) OMS O SOIT ER meer 14 À DD ONSOIT I ei eee 14 1 HMS OSOIT eee LD TANOBOIT LEE cer 1907 7e OEM Sono a 1917) 10 HAUTE 00 0 000 070€ 1/40 9 MATE ON 0 TNT MAT eee 110} dy 1) 00e Eee 12 6 nn DYÉONTLE 0 Co desc ie 19H l SOIT ANT OM Matin: evene 1907 JON2OMANEE ee 13 7 OMLOMatne ere 1919 DOMAINE 1002. 1OND0 Main er Une 13 9 110 DNOSOÏR RTC 13 À 1H /OMAUDE +0 1200 DD DISOU ER EE 0e 13 9 LOMDOMAUNeEE PE 17 8 Mate eee 11) DOM DISDIT er ee 13 6 IDatiNt. 00 Lo) 6 LDimatin. 260 100. 1 SOIT En Riche 10 Ces températures sont presque toujours plus élevées que celles de Fair et diffèrent très peu entre elles, le plus grand écart étant de 3°3 seulement. En 1897, R. de C. Ward prit aussi une série d'observations sur la température des eaux de surface du lac Titicaca, pendant deux traversées en bateau à vapeur qu'il fit de Puno à Chililaya. Voici la liste des températures, prises toutes les heures, qu'il observa pendant la première traversée, le 26 novembre 1897. TEMPÉRATURE. TEMPÉRATURE. 8} matin {Puno)....... 110% D ISOIT 2 on Te 14°5 DANS: =: 0-7 15) 6) D SOIT ns eme 14 6 OMAN RER 19 ISO AT me RER 14 4 AN AT 12 6 D'SOIT Re ar Er corset 14 À NÉ TRS RE PE 14 3 Ge SOIT arr MR 14 3 TA SOIT RE Le 14 À ® WarD (Rexé De C.). Water Surface gnol, par M. V. Bazriviax. Boletin de la temperatures of lake (Titicaca Annales de Sociedad geogräphica de La Paz ( Bolivia), géographie; Bibliographie annuelle, 15 sep- año 1, tomo 1, n° 2, 1895, päginas 219- tembre 1898, page 280). Traduit en espa- 221. LAC TITICACA. 77 Il faut remarquer que la température de l'eau la plus élevée a été trouvée à proximité de la côte, là où le lac est peu profond, dans la baie resserrée de Puno. Un autre fait important est la légère variation diurne de la température des eaux superficielles avec un maximum à 3 heures de l'après-midi. Enfin la tempé- rature de l'eau était notablement plus élevée que celle de Fair. Durant le voyage de retour, qui eut lieu le 28 novembre, le ciel fut nébuleux pendant toute la journée et un léger vent du sud-est ou le calme régnèrent jusqu'à 11 heures du matin, heure à laquelle le vent tourna au nord-est et devint très violent. La température de l’eau s'éleva jusqu'à 11 heures du matin, puis s'abaissa. Cette baisse de température fut probablement due à l'augmentation des nuages et au changement de direction du vent. La température de l'air fut inférieure à celle de l’eau, sauf à 2 heures de l'après-midi, dans la baie de Puno. Comme dans le premier voyage, la température de la baie était plus élevée que celles qui furent prises au large du lac. Pour prendre la température de l'eau de surface, je procédais de la manière suivante : je laissais immergé pendant dix minutes environ un seau en toile, amarré au bateau par un cäble, afin qu'il se mit en équilibre de température avec le milieu am- biant; je remontais alors à bord le seau et son contenu, où Je plaçais un thermomètre, qui me donnait la température de l'eau. C'est d'ailleurs le procédé généralement employé en mer pour de semblables recherches. TEMPÉRATURES DE L'EAU DE SURFACE (D'APRÈS MES OBSERVATIONS ). TEMPÉ- TEMPÉ- DATE. HEURE, RATURE. DATE» HEURE. RATURE: duel ro Son 1205 25 Juillet 7h99 mat °4 ON S Se AE 12 48 19) 5) DS SP NE 8 34 12 Dre eee SIA TUS) 129 DDC 10 39 12 DE SEE Ho) HO DONNER TT 1410000 12 DD Cr lamat. "1100 DD ete 2 9928s0ir 12 1 78 LAC TITICACA. TEMPÉ- TEMPÉ- DATE. HEURE. RATURE. DATE. HEURE. RATURE, obquilet "555560 1105007 uuiliet.. ro SOUS DA Tee 4 49 11 rio 0 6.0 8 4 l'OM? be md 8 20mat. 11 2 OMR PAM) TUE HI 1) DONS LE 10 44 TAN DS eee 9 bb 12 DONNER 1120 11 8 DORE DEN 12 DOTE ET 19 AGSsoir 12 DORE 8 5omat. 11 8 DONS DHENT Lo DNS 0.0 0 ce 12, 97IS0IR US A Pro late 9 14 Ka © Do a dre LRO 12 Pro on DIOE 8292 mat. A1 9 Jar se 109 2Mmat ME D}rboro ouate 9 91 112 DE Rite D NLO SOIT T2 DT eee 10 38 Hits) 1° août OO Mat: ALT TAN le etene RE) DT Hs 10 45 10 1 Pendant la fin de juillet et les premiers jours du mois d'août 1903, la température de la surface a varié entre 10°1 et12°5, c'est-à-dire de 2°/4; la moyenne de la température étant de 1160. En examinant le tableau précédent, on peut constater les faits suivants : 1° La température de la surface du lac s'élève, en général, jusqu'à 3 heures du soir pour redescendre ensuite. Les tem- pératures prises à plusieurs moments de la journée, le 25 et le 26 juillet, en sont un exemple. Ce fait concorde assez bien avec les observations d’Agassiz et de Ward. 2° Dans la même journée, la variation la plus grande que Jaie observée est de 1°6; la plus faible est de 0° 3. VARIATION DE LA TEMPÉRATURE DANS UNE MÈME JOURNÉE. RU EE ne cine AT JOUE seu ee see O7 D'OR ER EN MT 1 DOS nee ses. 0 9 D PE ER 1 6 DT de EN Le 0 D Je dois faire remarquer que les températures de surface relevées le 27 juillet, ont été prises en des points où le lac ® La température moyenne de l'eau teaux boliviens, est 6°2. La température de surface du lac de Genève en janvier, moyenne de l’année est 12°1 (Foret, qui correspond à juillet sur les hauts pla- op. cit.). LAC TITICACA. 79 présentait des profondeurs très variables, depuis 194 mètres jusqu'à 10 mètres, dans la baie d'Achacache; ceci explique . l'écart plus grand de la température. 3° La température de la surface est plus basse dans le Petit lac que dans le Grand, et dans les baies peu profondes du Grand lac qu'au milieu de celui-ci. Ainsi les deux températures les plus basses que j'aie observées ont été prises, l'une 10°2 dans la baie d'Achacache [profon- deur—10 mètres), l'autre 10°1 dans le petit lac aux environs de Huaqui (profondeur — 3 m. 30). Mais ceci n'est vrai que pendant l'hiver; pendant l'été, au contraire c'est dans les baies resserrées, comme la baie de Puno, que la température de l'eau superlicielle est la plus élevée, ainsi que le fait remarquer Ward. TEMPÉRATURE DU FOND. — Agassiz est le premier qui ait pris la température du fond du lac. Je donne sous forme de tableau les chiffres qu'il a obtenus. TEMPÉRATURE À DIFFÉRENTES PROFONDEURS (D'APRÈS AGASSIZ ). PRO- PRO- FONDEUR TEMPÉRATURE. PONDEUR TEMPÉRATURE. EN MÈTRES. Ki EN MÊTRES. ee SO 0e onu docs 1207 DT D D le ner he rien 10° 8 LÉ ee 0 a man oi dr 0 ni, dt RD RD Or Ter er 120 MOMO SR RNA NN ni ilruiy TA) E ES A AE ee 19 5 D 'OMUO RS Rene 9) E) MO OP nee ve Po Ro OO OPA RTE 11e) Vi OCDE raie O7 OMS Aer tient LOS MODO E Nec 1 H6r Otonto Demo RD NOMME ere 12 6 RUN ER à TU OST Re 1343 TMD OR e iQ 720000 cre 15} 2 DD LE re PU OR EE CL 12 7 HOMO Dee she aie 12/1 DA D OCR le 1 MOD T DES TRAD ne Dee 12 5 DO ON TOC ER U 11 1 MONO AC etes ete LONG MONO IEEE eee 120 AO Se dieser 112 2 DDOLOOP RE eee 1220 DOME eee 119) 40) HOT AE ee CAR 189 0 DOM OP rer i 12 À DD OMMOPe cet rie A 80 LAC TITICACA. En examinant ce tableau et celui qui donne les températures de leau de surface obtenues par Agassiz, on constate tout d'abord que la température du fond diffère peu de celle de la surface. Ce qui frappe ensuite, c’est la constance de la tempé- rature du fond qui varie seulement de 2°8, la plus élevée étant de 13° 4 et la plus basse de 10° 6. Fig. 8. — Immersion du thermomètre à renversement. J'ai pris également la température du fond {fig. 8), en me servant d'un thermomètre à renversement du modèle construit par M. Chabaud et employé par S.A.S. le prince de Monaco dans ses croisières scientifiques. Le thermomètre est enfermé dans une monture spéciale fixée au fil de sonde par deux vis (fig.9), et l'appareil est descendu à la profondeur voulue, le réservoir du thermomètre en bas (fig. 9 [a]). On le laisse immergé pendant dix minutes, temps ® CHapaup. Sur un nouveau modèle diverses profondeurs (Comptes rendus de nt x » CM . nl . de thermomètre à renversement pour l'Academie des sciences, séance du 11 jan- mesurer les températures de la mer à vier 1892). LAC TITICACA. 8l nécessaire pour que le mercure se mette en équilibre de tem- pérature avec l'eau, et on envoie alors, le long du fil de sonde, un petit poids annulaire appelé « messager», qui arrive sur un levier et fait basculer le thermomètre. il SONT ti ni] L & au | St | ù “OT EN ‘3 © : D AA à | RQ I, B i] ET l B|1 l T TEE à E ! ni k > | h, S lil QU if Fig. 9. — Monture du thermomètre à renversement. neo A, position de l'appareil pendant la : 3 Va descente ; B, position de lappareil Fig. 10.— Disposition pendant la montée. du tube thermométrique (d'après Chabaud). fe À deux reprises différentes, j'ai calculé la vitesse du messager et J'ai constaté qu'il avait parcouru, la première fois 200 mètres en 6g'1 et, la seconde fois 272 mêtres en 95”7; il faut done attendre environ 35 secondes par 100 mètres, avant de remon- ter l'instrument. D'ailleurs, pour des profondeurs ne dépassant pas 5oo mètres, on sent parfaitement, en appuyant la main sur le fil de sonde, quand le messager a atteint son but. LACS DES HAUTS PLATEAUX. 6 IMPRIMENIE NATIONALE. LAC TITICACA. Co [7 Le thermomètre ayant basculé, le réservoir se trouve en haut (fig. 9 [B]). Pendant ce mouvement de bascule, la colonne mercurielle se brise au niveau d'un petit étranglement du canal thermométrique et vient occuper l'extrémité opposée à celle où se trouve le réservoir, c’est-à-dire l'extrémité inférieure du tube, quand l'instrument remonte à bord. Une graduation spéciale permet alors de lire directement la température. La figure 10 montre la disposition du tube thermométrique. Celui-ci est placé dans une épaisse enveloppe de verre renfer- mant du mercure à l'endroit du réservoir; un bouchon B em- pêche le mercure de circuler dans l'enveloppe. On voit que, lorsqu on retourne linstrument, le poids du mercure contenu dans le réservoir n'agit pas sur l'étranglement. Au-dessus de celui-ci se trouve une petite chambre préservatrice, destinée seulement à recevoir le mercure provenant de la dilatation que subit le thermomètre en passant de couches froides dans des couches plus chaudes. Le tableau suivant donne les températures prises à des pro- fondeurs variant de 3 m.30 à 270 mètres. TEMPÉRATURE À DIFFÉRENTES PROFONDEURS (D'APRÈS MES OBSERVATIONS). PRO- , PRO- ; FONDEUR Loue FONDEUR dir HN ER RATURE. INSEE RATURE,. DO Te )° À Oo ot DE DD UE TA OR O6 Merise eh 9 à LODEL A Des el ie ee 11 À HOUR 0 Sapin ao optio To D) DO ee se à relie se 10 Ô MOOPEPEP RE CCC CIE 11 DD ie 0 Ô NO cesse ccrn qu O7Rebre Creer 10 Ô TD HO OID Do Haut D 0 iii TOM eee din, no) DOaD e Tee De dome 10 9 OLD ee OC rer 10 9 DTOIne cherie cine ip) DD ee Ce re LT MOT RTE OU CE 10 9 19e oulieceteene 10 © DO sde one O7 AS PAS D re int DORE ed ANT 10 9 OT DS DLLD D à 11 DONC EE CE CEE 10 9 L'ART CE TE D 0e ee ee 10 9 lHOPR eee ce Ur Lt LE à DT Oinatee anus 10 9 LAC TITICACA. 83 Les températures que j'ai prises sont toutes inférieures à celles qu'a observées Agassiz, et cette variation tient peut-être aux eflets de la périodicité lustrale. Car, bien que l'expédition d'Agassiz ait eu lieu en janvier et en février, c'est-à-dire en été sur 1 hauts plateaux, tandis que mes observations ont été faites en juillet et en août, c'est-à-dire en hiver, il est difficile d’expli- quer par ce seul fait les différences de températures observées à des profondeurs de 100, 200 et 250 mètres. Ce que jai remarqué, comme Agassiz, c'est la constance de la température qui a varié Ro de 2 degrés, la plus élevée ayant été de 11°4 et la plus basse de 9° 4. fn tempéra- ture de 11°4 a été trouvée à 185 mètres, et celle de 9°4 à 3 m. 30. Au delà de 240 mètres, la température a toujours été de 10°9. Si l'on prend la moyenne des températures de 5o en bo mètres, on obtient les résultats suivants : MOYENNE, De MARS ONE LeS nan eneneir ie ie e Da ere eme 10°3 DERD OLD OS MR RE Re times cc ile biens te 10 5 DÉBLO ORAN OR Se Re ete le velo sie 10 9 DEN OT ADI OO RS RES ee elle ee us Tu Def 002 DORA acer meer mec eue cent coectie DON7 AUEUESSOU SITE DO ie de drain miel soucie es etes 10 9 Ce tableau nous montre que la température du fond s'élève jusqu'à 150 mètres; elle atteint son maximum entre 150 et 200 mètres, pour redescendre ensuite. TEMPÉRATURE DES COUCHES MOYENNES. — Je n'ai pris qu'une série verticale de températures vers le milieu du lac (station 60). La profondeur à cet endroit était de 210 mètres; voici les résultats que j'ai obtenus : IFAMATSUTÉACE Ne Le nc eee 12 AMD ONE AR CT Ce ee 11 6 HempératureN ea nlo0mmetres eee eee 11 9 d LDO MES eme mi eee es ou TA aUSOnd 2 TOMeEILES) EE eee. 112 sl LAC TITICACA. H n'y a donc pas en ce point une différence de 1 degré depuis la surface jusqu'au fond. D'après les renseignements que l'on m'a donnés, le Grand lac ne gèle jamais; dans les golfes profonds du Grand lac et dans les baies du Petit lac, quand la profondeur est très faible, on observe parfois une mince couche de glace sur les bords. Dans tous les cas où J'ai constaté de la glace, celle-ci fondait dans la journée, pour se reformer pendant la nuit. VII. — CLIMAT. H est difficile de donner une idée juste du climat d’une ré- gion où l'on ne séjourne que fort peu de temps; aussi Je me contenterai de donner ici la liste des températures de l'air prises par divers observateurs et par moi-même sur lenac Titicaca, en y ajoutant mes observations personnelles, ainsi que les renseignements que j'ai pu obtenir de divers côtés. TEMPÉRATURE DE L'AIR. — Agassiz ll), pendant sa croisière, prit une série de températures dont voici la liste : TEMPÉRATURE DE L’AIR {D'APRÈS AGASSIZ ). EMPÉ- TEMPÉ- HEURE. z etes HEURE. TEMPS. a RATURE RATURE. 19 malin... D 10 matin... .[Obseur el pluvieux. h 3osoir..... 2 2 20 soir 10 matin... ) 10 soir Obseur et pluvieux. ÿ malin matin Clair. > 20 SOIT... Sn 14 matin... . [Obseur et pluvieux. DSOLEr CE Soleil, 20 malin... | Oh matin... 5 matin....| Soleil brillant. c 20 matin. TO SOIT. Soleil. ho matin.... Nuageux. 7 2 D SOIT: ee Soleil. D 00 25 matin.... Nuageux. ÿ matin ) 25 soir © AGassiz (A.). Op. cit. LAC TITICACA. 85 En se reportant aux températures de l'eau de surface prises aux mêmes heures, on pourra constater que le plus souvent celles-ci sont supérieures à celles de l'air; cependant huit fois la température de l'air a été plus élevée que celle de l'eau; rois fois, il est vrai, il n'y avait pas 1 degré de différence. En 1897, R. de CG. Ward) releva la température de l'air toutes les heures pendant sa traversée du lac entre Puno et Chililaya, le 26 novembre 1897; ses résultats furent les suivants : 8" matin (Puno})...... D ls aossonenessee 12° 3 OÉMAUD REC E Lt 10 DR SOIT ee ee ge 19 Ô DO MAN seen se css de TO NS OI tt eee no) p) TE ne To TNT E 11 DÉSOIT ES el 9 9 Midi nero cocur. lON7 GMSOIT SR sm mesrane LHC) M SOIR ere 10 D Ici la température de l'eau de surface, prise aux mêmes heures, a toujours été supérieure à la température de l'air. Le tableau suivant indique la série d'observations que j'ai faites pendant ma croisière ; elles concordent avec celles des auteurs précédents. TEMPÉRATURES DE L'AIR PRISES À L'OMBRE, STATION. DATE. HEURE. TEMPÉRATURE. D210 0) ; 24 juillet. S 5o soir. QE E ( Baietde Ghalla.. #2... | a J Le ; 7 É S: 57 | À 05 5 30 matin. DD SARDO CD PE Ce en Moule ec 29 9 » matin. 1170 DS One cabine ns ane ce 25 4 Ag soir. TANT SD Bale le HUayCho-te 2... 26 7 matin. 0) RÉ NS ARE Rn ee e 26 19 90 Soir. 8 à : 26 6 5o soir. SD AC ATADICO ee to cer u ) AS : 7 È { 27 6 50 matin. y S. 84. Golfe d’Achacache . ............. 27 12 19 soir. 9 2 ; 2 7 soir. 7 DS0mMSantaso JeFUAIA,,....,...:... V2 1 / 97 ie | 28 6 matin. 6 3 | ® Wanp (R. pe C.). Op. cit. 86 LAC TITICACA. STATION. DATE. HEURE. TEMPÉRATURE, 15 soir. [e 2] . Copacabana [ex] 15 matin. ®.)] . Baie de Puno 15 soir, 3 : 0 malin. 19 soir. À 4 30 soir. 45 matin. MColfe de Rames A5 soir. 5 2 8 6 8 6 ‘août, 45 matin. . 140. Huaycho midi. S. 141. Entre Escoma et Carabuco 45 soir. Entre SAR ELISATA2 Teese 2 30 matin, L'hiver est rigoureux sur les hauts plateaux; il est surtout remarquable par la sécheresse de l'air et par la baisse considé- rable de température qui survient au moment du coucher du soleil. Il y a par conséquent un écart très grand entre la tem- pérature de la journée et celle du soir et de la nuit; le thermo- mètre peut baisser subitement d'une dizaine de degrés au mo- ment où le soleil se couche. Dans la journée, la température est très douce; le matin et le soir, le thermomètre est au-dessous de o degré. Cet écart est beaucoup moins marqué sur le lac que sur la terre ferme; on peut s'en rendre compte en examinant le tableau ci-dessus. La température sur le lac ne varie guère plus de 6°3 dans la même journée, tandis qu'à Puno elle varie déjà de 13°2; or cette différence est encore plus accentuée lorsqu'on s'éloigne des rives du lac. PLUIES; ORAGES; VENTS. — La pluie et les orages sont très rares pendant l'hiver, qui, sur les hauts plateaux, est la saison sèche. L'été, au contraire, est la saison des pluies; les orages sont fréquents et terribles. Les vents sont très variables; pendant l'hiver, ils soufflent généralement dans la direction nord-ouest sud-est; pendant l'été ils viennent le plus souvent du sud et de l'est. [ls soufllent par- LAC TITICACA. 87 fois avec violence, soulèvent de la houle et provoquent des tempêtes assez fréquentes. D'après La Puente, on aurait observé sur le lac, en 1878, une trombe comparable aux trombes marines. IX. — NAVIGATION, PÈCHE. NaviGarTION. — Les Indiens qui vivent sur les bords du lac se servent d'embarcations très primitives appelées balzas, dont Fig. 11. — Une balza, embarcation en roseaux construite par les indigènes, nous avons déjà dit un mot à propos de la navigation sur le lac Poopo, et qui ont une grande ressemblance avec les embarea- lions égypliennes. Une balza est construite exclusivement avec des totoras, roseaux très communs sur les bords du lac. Ces roseaux sont réunis en bottes plus ou moins longues, juxta- posées ensuite les unes à côté des autres de facon à former un ensemble assez élégant (fig. 11). L'eau pénètre quelquefois dans l'embarcation, mais celle-ci étant plus légère que l'eau ne sombre jamais. Les Indiens naviguent sur leurs balzas en y 88 LAC TITICACA. adaptant une voile faite également de totoras, et, quand le vent fait défaut, ils se dirigent au moyen d'une longue perche, qui leur sert aussi d’engin de pêche. I y a des balzas de toutes dimensions. Les plus grandes peuvent contenir une douzaine de personnes, des mules et de nombreux bagages; les plus petites ne peuvent porter qu'une ou deux personnes. Ces em- barcations s'aventurent quelquelois très loin sur le lac, même par de mauvais temps. La photographie ci-jointe représente une balza que nous avons ramenée de Huaqui en France, et qui a figuré à l'exposi- tion de la Mission, au Trocadéro. Des embarcations plus perfectionnées ont aussi flotté sur le Titicaca. En 1832, le préfet de La Paz, Don Francisco Pinedo, avait fait construire une petite goélette, dont d'Orbigny put se servir pour naviguer sur le lac; je ne sais ce qu'elle est devenue. Plus tard, Marcoy®) à assisté à Puno au lancement d'une autre goélette, la Independencia, destinée à la navigation et au ee du lac Titicaca. Elle jaugeait 200 tonneaux, avait été construite à New-York et expédiée d'Islay à Puno par pièces détachées. Ce navire eut un triste sort et sombra sous voile à son premier voyage. Ce naufrage doit être attribué à l'ivresse du capitaine et du second et à la maladresse des matelots indigènes. Actuellement, trois bateaux à vapeur sont attachés au port péruvien de Puno : le plus petit, le Pirola, appartient au gou- vernement et est à la disposition des autorités de la ville; les deux autres, le Yavari et le Coya, appartiennent à la Com- pagnie des chemins de fer du sud du Pérou et sont aménagés pour recevoir des passagers et des marchandises. Ils allaient autrefois de Puno à Puerto-Perez ou Chüililaya; ils font main- tenant le service entre Puno et Huaqui, reliant ainsi le chemin de fer péruvien du Pacifique à Puno au chemin de fer bolivien ® Marco (P.). Voyage dans la région Bas-Pérou (Le Tour du Monde, 1877, du Titicaca et dans les vallées de l'Est du p: 297). LAC TITICACA. 89 qui va de Huaqui à La Paz. Le Yavari (fig. 12) est le plus ancien; il a été lancé en 1871; j'en ai déjà parlé à propos de mon itinéraire sur le lac, je n'y reviendrai pas. Le Coya! fut construit à Dumbarton et, après avoir été démonté, fut envoyé pièce par pièce à Puno, où il a été armé. I jauge » 50 tonneaux et mesure 52 mètres de long sur 8 mètres de large ; son équipage se compose d'une vingtaine de personnes et il est aménagé pour recevoir environ 75 passagers de pre- mière et de deuxième classes. Fig, 19, — Le Yavari, vapeur du lac Titicaca. Un autre vapeur, le Yapura, avait été lancé en mai 187; il est maintenant hors de service et lon peut voir sa coque sur les bords du lac, à quelques kilomètres de Puno. Ces différents vapeurs sont actuellement chaulfés au char- bon, mais pendant longtemps le seul combustible employé consistait en excréments de lamas où taquia, dont on fait encore usage dans la plupart des habitations des hauts plateaux. ® Cf Un steamer au-dessus des nuages (Lectures modernes, n° 44, 10 sept. 1905, p- 2679-2685). 90 LAC TITICACA. Dans les principaux ports, à Puno au Pérou, à Chililaya, Huaqui et Copacabana en Bolivie, il existe en outre des ca- nots qui peuvent au besoin aller à la voile; je me suis servi de ceux qui se trouvaient à Chililaya et à Huaqui pour explo- rer le Petit lac. On en rencontre également dans le détroit de Tiquina, qui font le trajet entre ee Pablo et San Pedro et réciproquement. PÈGHE. — J'indiquerai au chapitre suivant les engins de pêche dont je me suis servi pour capturer différents animaux ; je dirai seulement ici un mot de la pêche que pratiquent les Indiens, aussi bien sur les côtes du Pérou que sur celles de Bolivie; c'est ce que nous appelons en France la péche à la fouine. L'Indien pêche de sa balza; le baton qui lui sert à la gou- verner est terminé par un trident, avec lequel il pique les poissons qu'il est très facile de voir sur la vase du fond, même à o ou 6 mètres, à cause de la transparence de l'eau. Il est en général très adroit el manque rarement son coup. I se procure ainsi les différents poissons qui seront décrits plus loin : bogas, caños, pongos, caraches, suches, Mmaurts , qu'il consomme lui-même, ou quil va vendre sur le marché de” La Paz et des villages les plus rapprochés du lac. Je dirai aussi un, mot de la manière dont les Indiens se pro- curent les grèbes où mucutus, oiseaux très abondants dans les lotoras qui tapissent les rives du lac. D'après Marcoy "), les Indiens se servent d'un bateau de jonc plat et carré, sorte de radeau autour duquel se trouve un bor- dage assez élevé avec des ouvertures sur les quatre faces. L ‘Indien allume une torche et imite le cri des grèbes, qui S'approchent si près de lembarcation que Findien n'a plus qu'à les saisir par le cou. 9 Marcoy (P.). Op. cit. LAC TITIGACA. 91 X. — LE TITICACA AU POINT DE VUE POLITIQUE ET COMMERCIAL. Divisions POLITIQUES. — Une ligne imaginaire partage le Titicaca en deux parties à pa de be appartenant l'une au Pérou, l'autre à la Bolivie". Cette ligne part de Velillay, petit village voisin de Conima, vient nie un peu au sud de Coprienns elle traverse à peu près de louest à Test la presqu'ile de ce nom, enclave les îles d'Anapia et d’Aputa, contourne la pointe de Taraco et se termine au Desaquadero. De chaque côté du Desaguadero, à l'endroit où il sort du Titicaca, se trouve un village; l'un porte le nom de Desaquadero peruano, l'autre de Desa guadero boliviano. Le Pérou possède les rives nord et ouest avec les îles d'Es- teves, lieu de relégation durant les deux premières années de la guerre de ladépendenc les îles de Taquili, d'Amantani, de Soto , où l’on trouve quelques restes d'ancienne architecture, et quelques îlots de moindre importance. La Bolivie possède les rives est et sud avec la plus grande partie de la presqu'île de Copacabana, où lon rencontre encore des vestiges d'une civilisation extrêmement ancienne. Copaca- bana est aujourd'hui un lieu de pèlerinages célèbres. Une église imposante, mais qu'il est difficile de rattacher à un style quel- conque, se dresse sur le cerro de Llallaqua; elle est consacrée à la Milagrosisima Virgencita, que les Indiens viennent implorer à diverses époques de l'année de tous les coins du Pérou et de la Bolivie. Le détroit de Tiquina avec les deux petits villages de San Pedro et San Pablo sont aussi boliviens; il en est de même de l'ile de Titicaca, où se trouvent les ruines du temple du Soleil et du palais de Inca, et de l’île Coati ou de la Lune, qui contient encore les ruines du palais des Vierges du Soleil. Les Voir la carte générale de la Mission. 92 LAC TITICACA. iles du Petit lac, à l'exception des îles d'Anapia et d’Aputa, sont boliviennes. Le lac se partage de même entre les deux races indiennes aymaras et quichuas. À Texception de Puno et de la contrée située entre Puno et Huancane, qui sont peuplées d'Indiens Quichuas, toutes les autres rives du lac sont occupées par des Aymaras. CommErRGE. — Le lac Titicaca étant navigable même pour des bateaux d'assez fort tonnage, il en rar que des échanges commerciaux peuvent se ne facilement entre les des ports du lac. Les vapeurs attachés au port de Puno font le transit entre cette ville et les petits ports boliviens de la côte est, tels que Conima, Huaycho, Escoma, Carabuco, ainsi que ceux qui sont situés sur les bords du Petit lac, tels que Chili- laya et Huaqui. Outre ces voyages intermittents, le Coya et le Yavari font un service régulier de passagers et de marchandises entre Puno et Huaqui. I y a quelques années seulement, Chililaya ou Puerto Perez était le e port bolivien où arrivaient les bateaux à vapeur venant de Puno, et c'était par cette voie que se faisait tout le trafic entre La Paz, d'une part, Arequipa, Mollendo et la côte du Pacilique, d'autre part, grâce au chemin de fer péruvien qui va de Puno à Mollendo®. Aujourd'hui le Gouvernement bolivien a construit un chemin de fer allant de l'alto de La Paz, point situé à 10 kilomètres environ de cette ville, jusqu'à Huaqui, autre port du Titicaca, où viennent maintenant abou- tir les vapeurs du lac et par où se fait tout le transit. Mais pour que Huaqui füt accessible aux vapeurs, on a dû draguer sur une certaine étendue et creuser un chenal d’une prolon- deur d'environ 3 mètres. ® Koxer (W.). Die sudperuanische Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin, 1874, Eisenbahn von Mollendo nach dem Titi- p. 229-235. [ D'après MarkHam (C.-R.), caca See (mit einer Karte). Zeitschrift der The geographical Magazine, 1874, p. 37.] LAC TITICACA. 95 Chililaya est maintenant une ville morte, abandonnée par tous les commerçants et peuplée presque exclusivement d'In- diens, par conséquent dépourvue de toute ressource. Huaqui, au contraire, prend chaque jour plus d’ importance à cause de la voie ferrée qui ÿ aboutit. Depuis quelques mois, le chemin de fer arrive même jusqu'à La Paz, ou plus exactement jusqu'au bord de la grande dépression où est construite cette ville, de sorte que le terminus de la ligne ne se trouve plus qu'à 4 kilo- mètres environ du centre de la capitale. Tant qu'on n'aura pas relié Huaqui à Puno par une ligne de chemin de fer longeant la côte ouest du lac, ainsi qu'on en à déjà fait le projet, le lac Titicaca restera, au point de vue com- mercial, une voie de communication très importante; c'est par son intermédiaire que se fait actuellement tout le transit entre l'Europe et la capitale de la Bolivie; c'est, en elfet, le chemin le plus direct. D'Europe on s embarque pour Panama, on descend la côte du Pacifique jusqu'à Mollendo, et là une voie ferrée aboutit à Puno, en passant par Arequipa; on traverse le Titi- caca de Puno à Huaqui, et là on trouve le nouveau chemin de fer qui, en quelques heures, conduit à La Paz. JA TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES re F1RNS ae TEMPÉRATURE 2 Ë A E à Cie INREE ; 5 à DE L'EAU. ES 1 LOCALITES. OM NATURE DU FOND. SE Ï © ZE EN 2 # A S ee HEURE. FOND. SURFACE. [e] juillet Il 14 |Chililaya, 16° 17 4" latitude Sud,| 3 45 [Vase grise et plantes. : entre la 2° et la 3° bouée en face le ponton. | Den |Ndem ere RAR heroes ere 3.45 Idem. 3 AN rAUINSdes St 21ELHE.---ere.e Surface. | ; . | l 14 |N.2,272 mètres. .............. J20 Plantes. 5 14 IN 22 0hmelres chere DAT) Idem. 6 1401 008melres cree 225) Idem. 7 140 060Pmetrest--ere chere 1 99 Idem. 8 14 |E. 1,666 mètres, à quelques cen-| o 30 Idem. laines de mètres du rivage. 9 14. /|IS.—-0.4;0001metres... LE D Idem. | 10 14 |A 50 mètres au N. de Chililaya...| 2 Idem. | 11 15 |S.-0. 18°S. de Chililaya; 750 m.| 2 Idem. 12 150 NnirelStnnretro Er eee Surface. 13 15 |S.-0.18°S.7501mètres.. - 1..." 2 4o Plantes. 14 15 |S—-0.18°S. 75o mètres... ...... 2 Idem. 15 15 | S.—0:18%S. 750 mètres..." 2 15 Idem. 16 15 ISO: 18%S-"boimneires.-.."". 2 Idem. 17) ns D LOS. 7p0imeIres-se-r-ee 1 75 Idem. 1S 15 | (Même endroit que St. 17)....... Surface. 19 15 |S.-0. 18°$. 750 mètres... ...... 1 Vase et plantes. 20 15 |IS.-018%S5Hometres.. "0". 2 Idem. 21 15 | (Même endroit que St. 20)....... 2 Plantes. 29 15 |S.-0. 18°5S. 750 mètres... ... ... 290 Vase et plantes. 93 15 |S.-0.18°S. 750 mètres; à l'enlrée| 1 go Idem. du détroit séparant la pointe de Carrapata de l'ile d'Ampupa. 24 15 | Un peu au nord de St. 29:...... 7 Idem. 29 15 |N.—E. 24° N. 2,000 mètres. ...... 1 80 Idem. 26 DO lHnIre St 2DI6t 27. -esece-esre Surface. 27 15 |N.-E, 24° N. 2,000 mètres. ....…. 1 099 Vase sableuse et plantes. 28 15 |N.-E. 12° N. 2,000 mètres. ..:... 2 55 Idem. 29 15 [N.-E.12° N. 2,000 mètres {Chili-| laya). ) 30 16 |Chililaya, extrémité du ponton...| 3 Vase grise. | 31 [16-18] Chililaya, 200 mètres de la der-| 3 50 Plantes. | nière bouée. | AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. DE HEURE. TEMPÉRATURE L'AIR. TT TENPÉRA- TURE. PROCÉDÉ DE RÉCOLTE, OBSERVATIONS. Sondage : ficelle et les. Nasse triangulaire. Filet fin. Sondage : ficelle et lest. Idem. Idem. Idem. Sondage. — Fusil de chasse. Sondage : ficelie et lest. Sondage. — Fusil de chasse. Idem. Filet fin. Sondage : ficelle et lest. Idem. Idem. Idem. Idem. Prise d’un échantillon d'eau. Sondage. — Fusil de chasse. Idem. Récoltes de plantes du fond. Sondage : fusil de chasse. Sondage : ficelle et lest. Pêche à la fouine. Sondage : ficelle et lest. Filet fin. Sondage : ficelle e lest. Idem. Chasse et pêche. Drague. Nasse triangulaire. Rien dans la nasse ; filet déchire. Nombreux crustacés et insectes. au transparente laissant voir le fond. Totoras dépassant la surface de l’eau. Plantes arrivant jusqu'a la surface, appartenant aux genres : My- rüophyllum , Potamogeton, Elodea, Cladophora; on tue 5 mouettes; on prend un poisson : jeune Orestias Agassizt. Quelques totoras. | On tue 2 plongeons. | Insectes et cladocères : Alonella Karua et Chydorus sphæricus. Toloras. On tue un cormoran et on récolte un mollusque : Planorbis andecolus. Dans les plantes on recueille un poisson : jeune Orestias albus, des amphipodes : Hyalella Neveu-Lemairei, H. so- lida, H. longipalma , H. Monforti, des mollusques : Palu- destrina culminea et des hirudinées. On tue un cormoran et un canard. Totoras dépassant la surface de l’eau. Récolte de plusieurs poissons : 15 Orestias luteus, 1 Orestias albus, 1 Orcestias T'schudii et 1 Orestias Neveui. Eau transparente laissant voir le fond. Nombreux crustacés, copépodes et cladocères On tue un ibis et on pêche plusieurs batraciens : Telmu- tobius peruvianus , et des poissons : Orestias Agassizi (4 va- riétés; 77 exemplaires), dont un renfermant Ligula sim- plicissima var. titicacensts. Nombreux mollusques dans la vase : Paludestrina andecola. Rien dans la nasse; deux insectes sur la bouce. 96 TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES NO CRE np NS : NET LOCALITÉS. 2a| à 7 É & = juillet 32 16 | Au niveau de Kiriri... :........ 33 16 | À 5 mètres S.—-L: de St. 32...... 34 16. |VA150 mètres S.-Æ.de St 33... 35 17 | Entre Chiilaya et St. 36........ 36 17 | O.-N.-0. de Chililaya; 830 m.... 37 My MON O0*833 metres... 38 17 NON-0833 mètres. "7... 39 17 ON = O7633/metres- ere 40 LYON = 0785%imetres. 0... Al 17 | O.-N.-0O. 833 mètres... ...….... A2 17 N.-N.-0. 8° N. 1,668 mètres..... 3 17 | N.-N.-0. 8° N. 1,666 mètres... ... ll 17 | N.-N.-0. 8° N. 1,666 mètres... ... A5 17 | S.-E. 16° S. 3,900 mètres... . . . AG 17 | S.-E. 16° S. 2,600 mètres (Chili- laya ). A7 18 | Environs de Chiliaya. .......... AS 19 | ChITAYA. 6-0... A9 °4 | Entrée du détroit de Tiquina ..... 50 24 | N.-0.14° O. 2 kilomètres; au milieu du détroit de Tiquina. OI 24 Entre St 50ebn2: 72525077 52 > | N.-0. 2 kilomètres; sortie du détroit de Tiquina. 55 °4 | N.-0. 10 kilomètres; entre le détroit de Tiquina et l'ile Coati. 54 | 04 | N.-0. 19 kilomètres; au nord de l'ile Coati. 55 54 [IN:-E:2,500 mèêlres...:. 56 | »4 | O.-S.-0. 12 kilomètres ; baie de Challa (île de Titicaca). 57 | 25 | (Même endroit que St. 56)....... 58 | 20 | N.-[. 1 kilomètres; sortie de la baie de Challa. 59 25 | N.-E. 2,200 mètres............. N.-0. 5,500 mètres au nord-ouest 60 | 25 de St.59 dans le grand axe du lac. 61 | 25 | N.-0. 7 kilomètres. ........... “ ; E re TEMPERATURE a £ Ton : DE L'EAU. 6 à NATURE DU FOND. Æ 7% EE — Où ; [4 & LA HEURE. FOND. SURFACE. 1 5o Plantes. 6 50 Plantes rares. 2000 Idem. Surface. 110 Vase et plantes rares. h 00 Vase et plantes. 5 00 Idem. 5—15 Idem. 5 15 | Vase et plantes rares. He AE Idem. h 79 Idem. 4 00 Vase et plantes. 5 oo |Vase el plantes rares. 2 05 Plantes. [/4 7 [A 32 00 38 oo |Sable fin ocre jaune.|12 5 s.] 10°8 1200 Surface. 81 00 | Vase gris noirâtre. |12 48 10 9 1240 185 00 Idem. 2 19 11 4 12 9 199 00 Idem. h 5 11 12.2 162 00 15 00 Vase el plantes. 15 00 Idem. 142 00 6 Am. 11 8 197 00 | Vase gris noirâtre. | 7 22 11 11 4 { 8 34 ALP) 12 Fe) A LODEL 210 00 g 10 [à 100m.: 11 5 9 91 a Don: 1100 \ 218 00 10 39 10 9 12 AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. (Suire.) 97 LU TEMPÉRATURE DE L'AIR. 00. | PROCÉDÉ DE RÉCOLTE, OBSERVATIONS. TEMPÉRA- HEURE, TURE. Sondage : ficelle et lest. Eau transparente. Totoras dépassant la surface de l’eau. Idem. Eau très limpide, mais on ne voit pas le fond du trou. Idem. Filet fin. Nombreux copépodes : Bæckella occidentalis, B. gracilipes , Cyclops mendocinus. Sondage : ficelle et lest. : Idem. 2 & £ & Idem. È e S = Idem. DE s > Idem. Ë 5 Idem. 3 : Idem. La E Idem. Idem. Idem. Chasse et pêche. On tue un oiseau et l’on recueille un batracien, Bufo spinulosus, des mollusques : Bulimus exornatus, B. culmineus , et des insectes. Chasse. On tue une oïe sauvage, 4 canards et un héron. Idem. Lézards et insectes. Sondeur Thoulet. Sondeur Thoulet et thermomètre Chabaud. Filet fin. Copépodes : Bœckella occidentalis, B. gracilipes , Cyclops mendocinus. Sondeur et thermomètre. Sondeur, thermomètre Transparence de l’eau : disque visible à 11 m. 50 (ombre). et disque. Idem. Transparence de l’eau : disque visible à 13 mètres ( ombre )et à 15 mètres (soleil); virage interrompu à plusieurs reprises, Sondeur Thoulet. 8 50 s. Des Sondage : ficelle et lest. ä Sable fin recueilli sur la plage de Challa et sur une plage 702 0 voisine, Bufo spimulosus, pêché à Ia surface. Amphi- É podes : Hyalella Neveu-Lemairei, H. Montfort. Mollusques : ‘5 Planorbis andecolus. © ; = se 5 30m 5 5 Drague. = Plantes aquatiques : Chara, Potamogeton et une muscinée, Sondeur Thoulet, Sondeur et thermomètre. Sondeur Thoulet. Prise d’une série verticale de températures. Thermomètre Chabaud. Transparence de l’eau : disque visible à 11 mètres ( soleil). 9 om. 11 8 Disque. Bouteilles diverses. Sondeur et thermomètre. LACS DES HAUTS PLATEAUX. Prise d’un échantillon d’eau (2 bouteilles). Prise d’un échantillon d’air à 9 h. 5 matin; altitude 3,811 m. 70; pression barométrique 474 millimètres ; température 11° 8. 7 IMPRIMERIE NATIONALE. 98 TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES AIRE É TEMPÉRATURE Ale : à » DE L'EAU. ENT LOCALITÉS. 4 £ NATURE DU FOND. ER _. CM Re = == Æ 4 8 QUE AR < ec HEURE, FOND. SURFACE. A 62 25 | N.-0. 5,800 mètres. ........ ...[226 oo | Vase gris noirâtre. [11 55m. 9° 7 122 53 | 25 | (Même endroit que St. 62).......1226 oo | Vase gris verdâtre et débris végétaux. 64 25 | (Même endroit que St. 62)......| Surface. 65 | 25 | N.-0. 6,200 mètres, vers le milieu|240 00 | Vase gris verdâtre. | 2 22 s.| 10 9 a (2 du lac. 66 | 25 | N.-0. 6 kilomètres............. 251 00 Idem. 2000 10 9 11 9 67 125 IN =ON65aommetress. 263 00 h 49 10 9 11 68 | 26 | N.—E. 5° N. 21 kilomètres et N.-E.| 10 oo 20° E. 1,500 mètres, baie de Huaycho. 69 | 26 | S.-0. 20° O. 1,500 mètres; sortie|134 oo 8 2om.| :1 11 9 de la baie de Huaycho. 70 | 26 | S.-0. 20° O. 17,200 mètres, pointe| 79 00 Gravier. 10 44 11 2 11 9 sud-est de l'ile Soto. FMI 08 NET ER Do0metress eee .-[270 00 | Vase gris noirâtre. [11 28 10 09 11 À 72 26 | E-S.-E, 2° 1/2 E. 9,100 mètres... |267 oo Idem. 12 46S. aie 73 | 26 | E.-S.-E, 2° 1/2 E. 9 kilomètres... [03 00 Idem. CET 10 9 12 1 74 | 26 | E.-S.-E. 2° 1/2 E. 8 kilomètres. ..| 24 oo Plantes. 3 14 11 4 12 2 75 | 26 | E.-S.-E. 2° 1/2 E. 8,500 mètres...| 11 00 Idem. 76 | 26 | E.-S.-E. 2° 1/2 E. 8 kilomètres. ..| 97 oo | Sables et débris de coquilles, 77 | 26 | (Même endroit que St. 76)...... 97 00 Idem. 78 | 26 | E.-N.—E. 4 kilomètres.. ....... 197 00 __ { 26 } E.-N.-E, 5,500 mètres. En face de) | _ 19 } a Cane 5 4o | Vase gris noirâtre. 80 | 27 S.-S.-0. 7,500 mètres.......... 194 00 8 22m.| 11 2 TO 81 | 27 | E.-S.-E. 2°1/2 E. 4,500 mètres. . |172 00 Vase bruntre. 9 91 122 de |0 82 | »7 | E-S.-E. 2° 1/2 E. 5,600 mètres. .|150 00 | Vase gris noirâtre. |10 38 11 2 11 8 83 | 27 E.-S.-E. 2° 1/2 E. 4,900 mètres. . [160 oo 11 4 11 Wl 9 SA | 27 | E—S.-E.10°E. 3,500 mètres; en-| 52 oo Sable et débris V2 DNS 9 ÿ NS trée du golfe d'Achacache. de coquilles. 85 | »7 | E.-S.E. 10° E. 4 kilomètres. Golfe! 9. 00 Plantes. d'Achacache. 86 | »7 | E.-S.-E. 10°E. 4 kilomètres. ...…. 33 00 87 | 27 | E.-S.-E. 10°E. 4 kilomètres. ....| 3 6o Plantes. 88 | 27 E.-N.-E. 1 kilomètre, puis! 3 4o Golfe N. 11° N.—0.1,500 m., . puis E.-N.-E. 11° E. d’Achaca METRE ï » kilomètres. SON MT UN MU NS rem ce rcercbe 3 6o CIO EC > 4o AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. (Suire.) 99 TEMPÉRATURE DE L'AIR. PROCEDE DE RECOLTE. OBSERVATIONS. TEMPÉRA- HEURE. ANS. Sondeur et thermomètre. Drague. La drague ne ramène que quelques boulettes de vase. Filet fin. Quelques copépodes : Bœckella occidentalis, B. gracilipes , Cyclops mendocinus. Sondeur et thermomètre. Idem. h &gs. GP ÿ Idem. 7 00 m. h5 Sondage : ficelle et lest. Mouillage. Sondeur et thermomètre. Idem. Idem. 1289015. 8 3 Idem. Le thermomètre à renversement n’a pas fonctionné, Sondeur, thermomètre, disque. Transparence de l’eau : disque visible à 14 mètres ( soleil). Sondeur et thermomètre. Récolte de mollusques Pyrqula Neveui, sur les plantes du fond appar- 1 af : B PP tenant au genre Chara, et d'amphipodes : Hyalella Montforti. Sondeur Thoulet, Idem. Drague. La drague ne ramène rien. Sondeur Thoulet. 6 Sos 7 | Sondage : ficelle et lest. Mouillage. Échantillon de vase ramené avec l'ancre. 6 50 m. 5 Sondeur et thermomètre. Idem. Aquarelle donnant la couleur de l’eau. Idem. Idem. 12 198. 02 Idem. Sondeur Thoulet. Idem. Sondase : ficelle et lest. Myriophyllum contenant des hirudinées, des amphipodes : Hyalella ©) Montforti, H. cuprea ct H. robusta, et des mollusques : Planorbis andecolus et Ancylus Crequit. Aquarelle donnant la couleur de l’eau, Idem. Idem. Idem. 100 TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES a = TEMPÉRATURE A RS ee Sel = ÿ à à DE L'EAU. els LOCALITÉS. £ À NATURE DU FOND. | 0 NS IRNNENRSS =, an A * z2| 4 8 à Le] E [en] HEURE. FOND. SURFACE. A juillet 91 | 23 \ ; / E.-N.-E. 1 kilomètre, puis N. 7,20 = 119N.-0.1,500 mètres, puis Ë E.-N-.E. 11° E. 5 kilomètres. 92 | 27 Sn PR ne oo ot 10,80 fist M 93127 IE. ee eee see 10,80 94 | 27 UP en cos mem mere 10,80 © 954,27 JO | ere. Lester 3,60 96 | »7 | Au fond du golfe d'Achacache. . 10,00 | Vase gris noirâtre ni s. 9° S 10° 2 et plantes. | DES 0 ° 0. 5 kilomètres, puis 27 D'325 2 7 SEULE 97 | Ty, à Du Pise etes, EE 6,30 | Vase gris noirâtre. DE 12,500 Ares Baie de San- | à db de Huata. 98 | 28 | O.5°N. 7 kilomètres........... 127,00 7 8m. TD 99 | 28 | O. 5° N. 5,200 mètres.......... 181,00 100 | 28 | O.5° N. 6,500 mètres .......... 19,00 LOL" SS8 NO SN: 6 krlomètres. .-.---.... 133,00 | Vase gris noirâtre. | 9 55 10 2 12 102 | 8 | S-S.-0.5°S. 1,500 mètres. Au| 185,00 N.-0. de l’île Coati. 103 | »8 | S.—S.-0.5°S. 4,200 mètres. Entrée] 62,00 Gravier. du détroit de Titicaca. 104 | 28 | S.-S.-0.5°S. 2,200 mètres. Sortie| 145,00 du détroit de Titicaca. 105 | 28 | S.-S.-0.5°S. 5 kilomètres. Golfe| 162,00 de Copacabana. 100128411550" 52$/%5,5o0 metres... 148,00 | Vase gris noirâtre. | 2 15 12 | 107 M 28"|:S-S.=0.525S. 6 Edometres. 114,00 Gravier. 108 128 4fS=S-F: 525 5b;500 metres... 81,00 Sable et débris de coquilles. | 109 | 26 HF 3256 kilometres.. cc. 17,00 Plantes. | 28 Re nt — | 110 E. 3°S. 2 kilomètres. Copacabana. 10,90 Vase et plantes. 29 111 | »9 | N.-0. 1/4 O. 6,200 mètres... ....| 137,00 85om.| 11 11 8 112 | 29 | N.-0. 1/4 O. 7,100 mètres... .... 137,00 113 | 29 | N.-0. 1/4 O. 6 50 mètres.......| 148,00 114 | 29 | N.-0. 1/4 O. 5,200 mètres.......| 159,00 115 | »9 | N.-0. 1/4 O. 8 kilomètres. ...... 146,00 Vase grisätre. 12 375. 11 2 12 116 | 29 | N.-0. 1/4 O. 6 kilomètres... :... 133,00 117 | 29 | N.-0. 1/4 O. 7 kilomètres. ...... 122,00 118 | 9 | N.-0. 1/4 O. 6 kilomètres. ...... 118,00 119 | 29 | N.-0. 1/4 O. 7 kilomètres. ...... 129,00 k 9 1102 22 120 | 29 | N.-0. 1/4 O. 6,500 mètres... .... 126,00 . AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. (Surre.) 101 TEMPÉRATURE DE L'AIR, ; : : + PROCEDE DE RÉCOLTE, OBSERVATIONS. TEMPÉRA- HEURE. TURE. Sondage : ficelle et lest, Idem. Idem. Idem. Idem. On manque d’échouer. Sondeur et thermomètre. On arrive à la limite des totoras ; mouillage. Sondage : ficelle et lest. Mouillage. Échantillon de vase ramené avec l'ancre. mn. < CCE] © Sondeur Thoulet. Idem. Idem. Sondeur et thermomètre. Sondeur Thoulet, Idem. Idem. Idem. Sondeur, thermomètre, disque. Le thermomètre à renversement n’a pas fonctionné. Transparence de l’eau : disque visible à 12 mètres {ombre ). Sondeur Thoulet. Idem. Idem. 8 195. 6 15 Sondage : ficelle et lest. Mouillage. Échantillon de vase ramené avec l'ancre, 19 M. = I © Lee] ——— Sondeur et thermomètre. Sondeur Thoulet. Idem. Idem. Sondeur et thermomètre. Sondeur Thoulet. Idem. Idem. Sondeur, thermomètre, disque. | Transparence de l'eau : disque visible à 11 m. Sondeur Thoulet, 5o (ombre), 102 TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES ————_—_—_—_————— Fe S CE TEMPÉRATURE 8 É a a Ë DE L'EAU. eh A LOCALITES. 4 e NATURE DU FOND. M SNL E ° ——_———— — 2 | g Æ À A Ex HEURE. FOND. SURFACE. juillet. 121 | 29 | N.-0. 1/4 O. 7 kilomètres. ...... 76,00 Sable et débris de coquilles. 122 | »9 | N.-0. 1/4 O. 9,500 mètres. Entre| 84,00 Idem. la pointe de Ghucuito et l'ile Taquili. 123 | 29 | N.-0.1/4 0. 7,500 mètres, puis 5,40 O.-S.-0. 10°, 9 kilomètres. Au milieu du golfe de Puno. { O.-S.-0. 10° $. 5,500 mètres, puis] nn \ O. 8° N. 3 kilomètres. {Puno). | 30 . 5,00 Plantes. 124 | 15° 50’ 35 latitude Sud......... L Ce eu 12911 20NIIPUNO0 ses esce-re-cevesse 50011 Idem. 126 | 31 | E.8°S.3 kilomètres, puis £.-N.-E. 57,00 | Vase gris noirâtre. [10 39 m.| 10°8 1125 10°N. 15 kilomètres. Sortie de la baie de Puno. 127 | 31 | E.-N.-E. 4 kilomètres. Entre la] 78,00 pointe de Capachica et l'ile Ta- quil. 198 | 31 | E.-N.-E. 6 kilomètres. Sud-est de| 155,00 l'île d'Amantani. 129 | 31 | E.-N.-E. 6,200 mètres ......... 185,00 130 | 31 | E.-N.—E. 7 kilomètres. ......... 212,00 131 | 31 | E.-N.-E. 7 kilomètres. ......... 272,00 3185. 12 132 | 31 | (Même endroit que St. 131)...... (250,00) 133 | 31 | (Même endroit que St. 131)...... (125,00) 134 31 1IN=06/400 mêtres..-.......1.. 255,00 135 | 31 | N.-0. 6 kilomètres............. 214,00 136 |“31 | N=0: 6,800 mètres..:-.:...... 55,00 137 | 31 | N.-O. 10 kilomètres. .......... 14,00 | 31 | N.-0. 92,500 mètres. Golfe de 13e Ramès. 6,50 139 | 1° | S.-E.6°E. 34,500 mètres. Au sud-| 197,00 10 2m. aux 11 2 ouest de l'ile Soto. 140 | 1° | SE, 6° E. 3 kilomètres, puis| 10,00 E.-N.-E. 7° E. 20 kilomètres. Huaycho (même endroit que St. 68). AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. (Surre.) 103 TEMPÉRATURE DE L’AIR. " PROCÉDÉ DE RÉCOLTE. A OBSERVATIONS. TEMPÉRA- HEURE. aan Sondeur Thoulet. Idem. 8 15. 8° 5 Sondage : ficelle et lest. Mouillage. 5 30 m 5 è ï ï 1 = en La nasse ramène un batracien : Telmatobius peruvianus, un 18184 18 0 25 poisson : Orestias luteus, et deux sangsues. s De ÿ s ; Êe " 8 30 7 9 Nasse triangulaire. en 4 : e #8 Essai infructueux de l'appareil destiné à constater le phénomène Es? des seiches. 6 45 m. 1 828 n : a .£ Dynamite. = | Un poisson : Orestias Agassizi var. Senechali. Sondeur et thermomètre. Sondeur Thoulet. Idem. Idem. Idem. Sondeur et thermomètre. Filet fin. Idem. Sondeur Thoulet. Idem. Idem. Idem. 8 45s. 10 ot _—_—_— Sondage : ficelle et lest. 6 45 m. 55 | Sondeur et thermomètre, midi. 10 8 Sondage : ficelle et lest. Léger accident au sondeur ; le poids reste au fond, Le sondeur est réparé. Point le plus profond qui ait été atteint. PERS 1 à AN Le thermomètre à renversement n’a pas fonctionné. Filet fin envoyé an moyen du fil de sonde à 250 mètres. Daphnia pulex var. titicacensis , Bosmina meridionalis. Transparence de l'eau : filet fin visible à 10 m. 50 (ombre). Filet fin envoyé à 125 mètres, Daphnia pulez var. titicacensis Cerio- daphnia solis, Bosmina meridionalis. Transparence de l’eau : filet fin visible à 14 mètres (soleil). Mouillage. Mouillage. On descend à terre et l'on recueille du sable de la plage, diverses plantes, des mousses roulées, un batracien, Bufo spinulosus , un rongeur, etc. 104 TABLEAU RESUMANT LES OPERATIONS FAITES ES = TEMPÉRATURE ea Bb à gé| ® | à À DE L'EAU. ll LOCALITÉS. 5 à NATURE DU FOND | OO AIN cie Æ à a é à E] = e HEURE, FOND. SURFACE. A août 141 | 1% | O.-S.-0. 7° O. 2 kilomètres, puis 6,30 S.-S.-E. 20 kilomètres, puis E.-S.-E. 9 kilomètres, puis E.- N.-E. 14° N. 3 kilomètres. Entre Escoma et Carabuco. 1221182 S.-S.E. 10°E. 55 kilomètres, puis 7:20 S. 4° O0. 7 kilomètres. Entre les iles de Taquiri et d'Anapia. 15e INT Environs immédiats de Huaqui... 4,00 Plantes. 144 | 4 (Entre StAuNte Stan) eee Surface. 145 | 4 N.-0. 1,500 mètres. Environs de 3,90 Plantes. Huaqui. 146 | 4 N.-0. 1,500 mêtres............ 3,30 | Vase et plantes rares.|10 45 m.| 9°4 10°1 147 | 4 RiN. SAkometres.--.-- Plantes. 148 | 4 S.-0. 2,500 mètres. Huaqui 16° 39" 27" latitude Sud. 149 l ITEM RS Ne en Rose 150 | 4 IBM see etes sais Se ets 8e AU COURS DE LA CROISIÈRE SUR LE LAC TITICACA. (Fix.) 105 TEMPÉRATURE DE L’AIR. A PROCÉDÉ DE RÉCOLTE. OBSERVATIONS. TEMPÉRA- HEURE; TURE. 745s. 6°5 Sondage : ficelle et lest. Mouillage. Idem. Idem. Filet fin. Sondage : ficelle et lest. Idem. Pêche à la fouine. Chasse. Péche. Bouteilles. —_—— Eau transparente laissant voir le fond, Copépodes : Bæckella et Cyclops. 1 Orestias Pentlandi, 2 Orestias Tschudit, 3 Orestias luteus, 3 Orestias albus. Parasites : Hedruris Orestiæ ; Echinorhynchus Orestiæ. (Graines de totoras. ) Un canard , un pelit rongeur. Mollusques : Planorbis montanus et œufs de plongeon, récoltés au bord du lac. Échantillon d’eau ( » bouteilles). Objets divers. 106 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. CHAPITRE IL. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. — GÉNÉRALITÉS. Pentland, d'Orbigny, de Castelnau, Agassiz sont les explora- leurs qui ont le mieux étudié l'histoire naturelle du lac Titicaca ; ils ont recueilli d'intéressantes collections, mais toujours peu nombreuses. Agassiz fait déjà remarquer la pauvreté de la faune du lac; il avait emmené avec lui de nombreux bocaux et des caisses destinées à contenir ses collections, mais 1l constate avec peine que, malgré ses efforts, il n'est parvenu à en rem- plir qu'une faible partie. En ellet, les organismes sont irès rares si l'on considère l'étendue et la antenne du lac; ils appar- liennent de plus à une faune et à une flore assez spéciales, les lacs des hauts plateaux formant, avec leurs affluents, un bassin complètement fermé. Les matériaux rapportés par les voyageurs dont je viens de citer les noms ont été étudiés par divers naturalistes et ont fait l'objet d'importantes publications. Mais, à côté de ces tra- vaux scientifiques, on trouve dans certains récits de voyage les assertions les plus invraisemblables relativement à la faune du lac. En ce qui concerne les poissons, par e exemple, P. Marcoy cile le «bagre» (Bagrus trachypornus) et le «peje-rey » (Atherina reqia) comme hôtes du Titicaca, en compagnie du «suchi» (Trichomycterus pictus). Or ce dernier vit bien dans les eaux du lac, mais les deux premiers sont des poissons du Pacifique. Si je cite ce fait, c'est que j'ai vu cette fâcheuse erreur reproduite dans certains ouvrages de vulgarisation publiés en Bolivie! Bien qu'on ait déjà décrit plusieurs représentants de la faune 0 Bazriviax (M. V.). Breves indicaciones para el immigrante y el viagero à Bolivia. La Paz, 1898, p. 14. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 107 du lac Titicaca, j'ai eu la bonne fortune de récolter quelques espèces et quelques variétés nouvelles, qui seront étudiées dans les pages suivantes par les naturalistes les plus compétents. M. le D'J. Pellegrin, préparateur au Muséum d'histoire naturelle, a bien voulu se charger de l'étude des poissons; M. A. Bavay a décrit les mollusques; M. Ed. Chevreux, les amphipodes ; Edward A. Birge, Ph. D., les cladocères, et G. Dwight Marsh, Ph. D., les copépodes. Je suis heureux d'adresser ici à nos collaborateurs, au nom des chefs de la Mission, comme au mien, nos plus sincères remerciements. Si la faune du Titicaca est pauvre, celle du Poopo l'est encore davantage; les espèces y sont moins nombreuses, mais quelques-unes d’entre elles sont représentées par un très grand nombre d'individus. Je citerai par exemple, parmi les poissons, la variété inornata d'Orestias Agassizi qu'on rencontre en grande abondance, et, parmi les gastéropodes, Paludestrina poopoensis, très commune dans le lac, et dont les coquilles vides se trou- vent par milliers sur ses rives. La faune du lac Poopo était totalement inconnue, lorsque Jai visité cette région; cependant je n'ai recueilli qu'un petit nombre d'espèces nouvelles et j'ai constaté que les mêmes orga- nismes se rencontrent parfois dans le Poopo et le Titicaca. Cela n'a rien d'étonnant au premier abord, puisque les deux lacs communiquent par le Desaguadero; néanmoins il me semble intéressant d'attirer l'attention sur ce fait, étant donnée la dif- férence considérable qui existe dans la nature de l'eau des deux lacs : tandis que l'eau du Titicaca est douce et ne contient que 1 gr. o71 de matières minérales par litre, l'eau du Poopo est très salée et en contient 23 gr. 456, dont 16 gr. 80 de chlo- rure de sodium. Il y a là, pour certains poissons et certains crustacés d'eau douce, une véritable adaptation à un nouveau milieu très différent du premier. Avant de laisser la parole aux spécialistes qui ont bien voulu déterminer les divers animaux que j'ai recueillis, je dirai quel- ques mots des engins de pêche qui n'ont servi à les capturer. 108 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Il. — ENGINS DE PÈCHE. Les engins qui n'ont servi à pêcher dans les lacs sont les suivants : 1° La drague de Ball (fig. 13), formée d'un sac ou plutôt d'une poche en filet très résistant et d'une monture en fer. On descend l'instrument à une profon- deur quelconque, et on le traîne sur la vase du fond pendant un temps qui peut varier d’une demi-heure à une heure, ou même davantage (fig. 14). On recueille ainsi les animaux ou les plantes qui vivent sur le fond. Jai descendu cette drague à plus de Fig. 13. — Drague de Ball. 200 mètres; malheureusement je n'ai ramené aucun orga- nisme, mas seulement un peu de vase qui a élé analysée par M. le professeur Thoulet". 2° Le filet fin, de forme conique et construit avec de la soie à bluter très fine, fixée à un cercle de cuivre. Ce filet est géné- ralement traîné lentement à peu de distance de la surface de l'eau, qui filtre à travers ses mailles, tandis que les animal- cules qui nagent à la surface se rassemblent au fond du filet (fig. 15). C'est grâce à cet instrument fort simple et très ma- niable que je me suis procuré d'innombrables petits crustacés, copépodes et cladocères, dont la description se trouve à la fin de ce chapitre. Je me suis encore servi du filet fin pour récolter la faune pélagique à différentes profondeurs. On lemploie alors de la manière suivante : on place à l'extrémité du filet un poids, retenu par des ficelles au cercle de cuivre, puis on descend l'appareil à 200 mètres, par exemple, au moyen du fil de sonde; on le remonte doucement et l'on peut ainsi recueillir (Voir, page 69. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 109 D ES Fig. 14. — Dragage à bord du Yavari. Fig. 15. — Mise à l'eau du filet fin. 110 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. les organismes qui vivent entre une profondeur de 200 mètres et la surface. Au même endroit, on descend de nouveau le filet, après l'avoir soigneusement lavé, Jusqu'à 150 mètres seule- ment, et on le remonte de la même manière; on le redescend encore à 100 mètres, puis à 50 mètres; on obtient ainsi une série d'organismes et l'on connaît la profondeur à laquelle ils habitent. 3° La nasse triangulaire, construite à bord sur le modèle de celles qu'emploie le prince de Monaco dans ses campagnes Fig. 16, — Fabrication d'une nasse à bord. scientifiques (fig. 16). C'est un appareil très facile à confec- lionner avec quelques morceaux de bois et du filet. On place dans la nasse des appâts, morceaux de poissons où débris de viande et on la descend le soir dans l’eau; elle est reliée au moyen d'un càble à une bouée, et le lendemain on la remonte à bord. J'ai pris ainsi plusieurs poissons et quelques batraciens. Il est très utile de fixer dans l'intérieur de la grande nasse de petites nasses métalliques en cuivre contenant aussi un appat; ces nasses à mailles très fines retiennent les animaux de FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. 111 petites dimensions, crustacés ou autres, qui s'échapperaient facilement à travers les mailles de la grande nasse. ñ° Les petites nasses métalliques, que j'ai employées pour les faibles profondeurs, spécialement dans le lac Poopo. 5° La dynamite, employée sans grand succès dans les baies peu profondes du lac Titicaca, mais qui m'a procuré dans le lac Poopo, à de très faibles profondeurs {moins de 1 mètre), des centaines de poissons. J'ai eu également recours aux Indiens qui péchent à la Jouine les poissons du lac. J'ai déjà décrit cette pêche, je n'y reviendrai pas; elle m'a procuré parfois de beaux poissons, dont une espèce nouvelle. Enfin, avec M. Bastide, chasseur expérimenté, nous avons tué, au fusil ou à la carabine, un grand nombre d'oiseaux d'eau. III. — VERTÉBRÉS. 1. Oiseaux. Les oiseaux rapportés par notre mission sont nombreux el leur description sera publiée ultérieurement; je me bornerai, en attendant, à donner le nom des espèces les plus répan- dues sur les lacs, espèces qui ont déjà été signalées par W. Na- tion, ornithologiste anglais. On rencontre en grande quantité sur le Titicaca : des mouettes : Larus serranus; des oies, des canards et des sarcelles : Bernicla melanoptera, Anas cristata, Querquedula oxyptera, Q. puna, Erismatura ferruginea; des grèbes et des plongeons : Podiceps caliparcæus, P. Roland, Tachybaptus dominicus, Centropelma micropterum; des foulques : Fulica arde- siaca, À. gigantea; des vanneaux, des bécassines, des avocettes : Tringa maculata, Ereunctes petrificatus, Actitis maculartus, Phegornis Mitchell, Gallinago andina, Recurvirostra andina, Nycticorax Gardini, Vanellus resplendens, Oreophilus ruficolls ; des courlis et des ibis : Falcinellus Ridgwayi, Theristicus caudatus ; enfin diverses espèces de flamants : Phœnicopterus ignipalliatus et Ph. andinus. 112 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. La plupart de ces oiseaux se trouvent aussi sur le lac Poopo; les flamants y sont particulièrement abondants. 2. BATRACIENS. Je n'ai rencontré dans la région des hauts plateaux que des batraciens anoures. Tous les adultes proviennent du lac Titicaca et ont été recueillis soit aux environs immédiats de Chililaya (stations 29 et 46), soit dans la baie de Challa (sta- tion 7), soit dans la baie de Puno (station 124), soit dans la baie de Huaycho {station 140). Le seul têtard que j'aie recueilli vient du rio de Pazña, affluent du lac Poopo. M. Mocquard, assistant au Muséum d'histoire naturelle, à bien voulu les déterminer, et je lui en suis très reconnaissant. Ces batraciens appartiennent à deux espèces : Telmatobrus peruvianus Wiegmann; adultes (ac Titicaca, sta- tions 29 et 124); T. peravianus Wiegmann; têtard (Rio de Pazña) ; Bufo spinulosus Wiegmann; adultes {lac Titicaca, stations 46, 57 et 140). 9. Poissons PAR LE D' JACQUES PELLEGRIN, Docteur ès sciences, préparateur au Muséum d'histoire naturelle. Considérations générales sur la faune ichtyologique des hauts plateaux péruviens et boliviens. — L'étude des poissons peuplant les cours d'eau et les lacs des hauts plateaux péruviens et bo- liviens est des plus intéressantes, étant données les conditions biologiques toutes spéciales dans lesquelles vivent ces animaux, à une altitude aussi considérable. C'est pourquoi les riches matériaux ichtyologiques rapportés par la Mission scientifique française dans l'Amérique du Sud de MM. de Créqui Montfort et Sénéchal de la Grange, à laquelle M. le D' Neveu-Lemaire était attaché comme zoologiste, méritent de fixer particulière- ment l'attention. IL n'est peut-être pas inutile de jeter d'abord d'une façon FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. I15 cénérale un Coup d'œil d'ensemble sur les poissons habitant En régions où ont eu lieu les principales récoltes faites par les les de la Mission, le lac Titicaca {3,812 mètres d'alti- tude), le lac Poopo (3,694 mètres) et son allluent, le Rio de Pazna. Ensuite les matériaux eux-mêmes pourront être étudiés en détail. La faune ichtyologique de régions si élevées, bien que situées sous les tropiques, est forcément très pauvre, peu d'espèces pouvant s'adapter à un séjour à une pareille hauteur, avoisi- nant 4,000 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Aussi deux genres seulement PORN S à la vérité, chacun plusieurs espèces, ont été signalés jusqu'ici dans le Titicaca et le Poopo: le genre Orestias, “e la famille des Cyprinodontidés, el le genre donne terus, de la famille des Siluridés. Les Cyprinodontidés forment une famille de petits où mi- nuscules poissons malacoptérygiens peuplant les eaux douces ou saumätres du sud de l'Europe, de l'Afrique et des deux Amériques. En dépit de leur nom qui signifie Gyprins à dents! et de l'aspect général de quelques espèces qui rappelle assez celui de poissons comme la carpe, ces animaux semblent, de l'avis de certains ichtyologistes modernes comme Boulenger, devoir être rapprochés surtout par leur structure anatomique des Ésocidés, c’est-à-dire des brochets. Leur régime alimen- laire est toutefois des plus variables, et lon distingue deux grands groupes dans la famille, le premier comprenant ceux qui sont carnivores ou inseclivores, dont l'intestin est assez court, et le second ceux qui sont végétariens, se nourrissant de plantes et de vase, dont l'intestin est plus long et décrit par- fois de nombreuses circonvolutions. Cette division, d’ailleurs, n'a guère qu'une valeur relative, aussi bien au point de vue anatomique que physiologique, et, comme nous le verrons, les formes de transition sont nombreuses, confirmant une fois de plus le vieil adage leibnitzien : Natura non facit saltus. © Du grec xurpivos «carpe», ddoûs «dent». LACS DES HAUTS PLATEAUX, Q) IMVRIMERIE NATIONALE. 114 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. En ce qui concerne la reproduction de la famille des Cy- prinodontidés, des faits curieux méritent d’être mentionnés. Les sexes, en eflel, présentent souvent un dimorphisme des plus marques, la Le ondation peui être interne et les petits peuvent naître vivants. I a ovoviviparité, ce qui est relativement fort rare chez les Téléostéens et ne se rencontre guère, comme on sait, d'une manière un peu générale dans la “bee des poissons que chez les Élasmobranches. Le genre Orestias, spécial aux lacs et aux cours d’eau les plus élevés de l'Amérique méridionale et dont la Mission de Créqui Montfort et Sénéchal de la Grange a rapporté des représen- tants de six espèces, fut formé par Valenciennes en 1 Fu Son nom est ré de celui d'une nymphe des montagnes”, afin, écrit le savant collaborateur de Cuvier, de 1 pale _. cette dénomination que ces poissons habitent les hautes montagnes de l'Amérique”. Ce que les Orestias présentent de plus remarquable et ce qui chez eux attire tout particulièrement l'attention et permet de les distinguer facilement des principaux autres genres de la famille des Cyprinodontidés, c'est l'absence aie de na- geoires ventrales, de catopes. Ce caractère se trouve seulement, dans da famille, dans un genre curieux habitant les étangs les plus élevés de l'Atlas on le genre Telha, et dans le genre récent Æmpetrichthys de He du Nord. sur quel il y aura lieu de revenir, car il présente avec le genre Orestias les plus étroites affinités. L'absence de ventrales ne doit pas d’ailleurs surprendre beau- coup; cette disposition, générale dans certains groupes comme les Murænidés, les Gymnodontes, par exemple, se retrouve par- fois chez des poissons appartenant aux familles les plus diverses. Ces nageoires, en eflet, jouent un rôle des plus secondaires dans la locomotion des poissons téléostéens, les nageoires im- paires, dorsale et anale, et surtout la caudale, ayant chez ces 1 C. R. Acad. des Sciences, t. VIT, 1839, p. 118. — Q) Opeoiäs, nymphe des mon- tagnes. — ( Cuvier et VazencreNNEs. Hist. nat. des Poissons, XVIII, 1846, p.223. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. [AI animaux une bien plus grande importance. Il n'est donc pas étonnant de les voir parfois disparaître, le défaut d'usage ame- nant forcément l'atrophie des organes. Cependant les anciens ichtyologistes attribuaient une valeur considérable au caractère, facilement accessible à la vue, de l'absence des ventrales, et ran- geaient dans le groupe assez hétéroclite des Apodes des animaux d'organisation très différente, mais tous privés de ces nageoires. En 1846, dans l'Histoire naturelle des Poissons, publiée en collaboration avec Cuvier, Valenciennes!) fait connaitre, d’après des exemplaires de Pentland, neuf espèces d'Orestias. Il mentionne que deux de celles-ci se trouvaient déjà figu- rées dans les dessins de Joseph de Jussieu, qu'Adrien de Jus- sieu lui avait communiqués. Ces neuf espèces sont : l'Orestias Cuvieri, TO. Pentlandi, TO. Humboldti, du lac Titicaca même, VO. Jussieui de ce lac, de la rivière de Guasacona et du lac Chinchero, FO. Agassiat du ruisseau de Corocoro, avec une variété du lac Chinchero et du lac Antonio, à l’est de Cuzco, l'O. Mülleri du Titicaca, VO. Owen, du lac Urcos, au sud de Cuzco, l'O. albus et l'O. lateus du Titicaca. Valenciennes, sans tenir compte de l'absence des ventrales, qui, aux yeux de bon nombre de ses prédécesseurs, avait tant de valeur, met les Ores- tias à leur vraie place, dans le groupe des Cyprinoïdes, au milieu d'autres genres de la famille des Cyprinodontidés, précédant immédiatement les Ésoces ou brochets; il indique du premier coup les formes principales du genre, et la presque totalité des espèces distinguées par lui, de prime abord, semble pouvoir être conservée. En effet, j'ai revu tous les exemplaires types de Valenciennes conservés dans les collections du Muséum d'his- toire naturelle de Paris, et cet examen m'a conduit à considérer comme valables huit des espèces de Valenciennes. Il n°y a que l'Orestias Humboldti qui ne parait pas devoir subsister et qui, semble-t-il, tombe en synonymie, étant fondé à la fois sur des jeunes de TO. Cuviert et de TO. Pentlandi. CNT ci p221-20 ne [SES] ES 116 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. En 1855, dans la partie consacrée aux poissons de ses Animaux nouveaux ou rares recueillis durant son expédition dans le centre de l'Amérique du Sud, F. de Castelnau! décrit une nouvelle espèce, l'O. Tschudi, qui, bien que non admise par les auteurs suivants, me paraît néanmoins pouvoir être con- servée, Castelnau figure avec elle deux des espèces de Valen- ciennes. En 1866, M. Günther®), dans son catalogue de poissons du Musée Britannique , ne laisse dans le genre Orestias que six des espèces de Valenciennes : l'O. Cuviert, VO. Pentlandi, VO. Jus- sieut, TO. Owent, auquel il ramène TO. Tschudu de Castelnau, VO. Mulleri et TO. luteus. En 1876, Cope® décrit trois nouvelles espèces du Titicaca, l'O. Bardu, VO. Ortonu, VO. frontosus. Ces trois espèces n'ont pas été conservées par Garman, qui à publié en 1895 une monographie des plus complètes de tous les Poissons de la famille des Cyprinodontidés. I distingue dix espèces dans le genre Orestias") : FO. Cuviert, VO. Pent- landi, VO. Mülleri, VO. Agassizu, avec comme variété FO. Owent, VO. albus, VO. luteus, VO. Jussieu, déja connues, el l'O. elegans des environs de la rivière Rimac, au Pérou, FO. oli- vaceus du lac Umayo, FO. Ince du lac Titicaca même, décrites comme nouvelles. Enfin, tout récemment, M. Boulenger® a donné la diagnose d'une forme encore inconnue du lac Tirapata, dans les Andes péruviennes, l'O. Tirapate. À cette liste il faut ajouter maintenant une nouvelle espèce que M le D' Neveu-Lemaire a été assez heureux de recueillir durant son voyage, et que je me suis fait un plaisir de lui dé- dier, l'O. Neveui Pellegrin. On peut-donc estimer à environ une douzaine le nombre des espèces actuellement connues du genre D Anim. nouveaux ou rares. Amér. Sud. ( Garmax. The Cyprinondonts (Men. Poissons, 1855, p. 51, pl. 27, fig. 1. Mus. Comp. Zool. Harv. College, XIX , n°1, Catal. Fish. of Brit. Mus., 1866, VI, 1895, p. 145 à 156). p. 328 à 351. 6 Ann. Mag. Nat. Hist. (7), X, 1902, ? Jour. Ac. Philad., VIII, p.185 à 187. p. 153. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PEATEAUX 1017 Orestias. Étant donné que quelques-unes ne se rencontrent pas dans le lac Titicaca, on voit que, en ce qui concerne le genre, les récoltes faites par la Mission de Créqui Montfort et Séné- chal de la Grange sont relativement très remarquables. Les autres Poissons d’eau douce recueillis appartiennent au genre Trichomycterus de la famille des Siluridés. C'est une des plus vastes et des plus riches en espèces qui peuplent les eaux douces, tropicales et tempérées du monde. On rencontre ses représentants dans les régions les plus diverses, quelques-uns même se sont adaptés aux eaux salées, mais ils ne s’éloignent Jamais beaucoup des côtes. En France, nous ne tone qu'une seule espèce indigène de la famille, l'énorme Silure glanis, qu ‘on capture mate, paraît-il, dans le Doubs, mais qui est surtout abondant dans le Rhin et le Danube, et qui atteint des proportions considérables, Jusqu'à 2 mètres, dit-on. Par contre, sous les climats tropicaux, les espèces de Siluridés de toutes tailles sont extrêmement nombreuses; ils loisonnent littéralement dans les eaux douces. Aussi la quantité et la variété des formes composant cette énorme famille sont telles, qu'on à dû la subdiviser en plusieurs sous-familles. Le genre Trichomycterus appartient au groupe des Silures opisthoptères, caractérisés par une dorsale rayonnée très re- culée, placée en arrière où au moins au-dessus des ventrales, quand ces nageoires existent, par une anale courte, une mem- brane branchiostège non soudée avec la peau de listhme du gosier, et par des ouvertures nasales éloignées lune de l'autre de chaque côté. Cette sous-famille est spéciale à l'Amérique du Sud, particulièrement riche en Siluridés. Le genre Trichomycterus est dû aussi à Valenciennes, qui en donna la ne dans le Recueil d'observations de zoologie de Humboldt®, Les Trichomycterus n'habitent pas seulement les lacs des hautes régions des Andes comme le Titicaca, mais on les rencontre aussi dans les cours d'eau des plaines basses; c'est 0 Varencrenxes, in Huusorpr Obs. Zool., 1833, 11, p. 347. 118 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX Re ils retiendront moins notre attention que les Orestias. La dorsale rayonnée est courte, composée d’un petit nombre de rayons el sans épine vulnérante; elle commence en arrière de l'insertion des ventrales. La dorsale adipeuse, si fréquente chez les Silures, est pour ainsi dire absente. Les dents sont villiformes, en large bande à chaque mâchoire. I existe deux barbillons nasaux, quatre maxillaires, en tout six barbillons. Les yeux sont petits, dirigés en haut. La tête est recouverte d'une peau molle. Enfin, ce qu'il y a de plus particulier chez ces poissons, c'est la présence de soies osseuses et rigides, prin- cipalement sur linteropercule. Is possèdent des ventrales, mais un genre voisin, l'Eremophilus, qu'on rencontre dans les eaux de la haute vallée de Bogota, dans les Andes, en est privé, de sorte qu'on trouve chez ces Siluridés, absolument comme chez les Gyprinodontidés, des formes apodes, c'est-à-dire sans ven- trales, à côté d’autres chez lesquelles ces nageoires sont pré- sentes. Des faits de cette nature se retrouvent, comme il a été déjà indiqué, dans un grand nombre de familles, mais il est intéressant de remarquer néanmoins que des modifications semblables se sont produites chez des espèces assez éloignées au point de vue zoologique, mais se trouvant dans des régions analogues et placées sans doute dans les mêmes conditions biologiques. L'une des espèces les plus curieuses, qui peut être prise comme type du genre Trichomycterus, est celle désignée fort justement par von Tschudi, en 1895, dans sa faune ichthyo- logique du Pérou, sous le nom de Pigydium dispar", à cause du remarquable dimorphisme sexuel qu'on constate entre les mâles et les femelles. Elle se rencontre dans les Andes du Pérou et de l'Équateur. Dans l'Histoire naturelle des Mr », Valenciennes dis- lingue huit espèces de Trichomycterus® he T.. punctulatus, le sd HA le T. maculatus et le T. nigricans sont moins intéres- | Tseaunr (J.-J. ui) launa Peruana , ? Hist. nat. des Poissons, 1846, XVII, Fo p.22 , Pl. à P- à 498. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 119 sants pour nous, comme provenant des plaines inférieures de l'Amérique méridionale, mais les espèces suivantes méritent de retenir notre attention, car elles ont été trouvées par Pent- land dans les ruisseaux qui se jettent dans le Titicaca ou dans les aMuents de l’Apurimac, une des sources de l'Amazone. Ce sont le Trichomycterus rivulatus de Guasacona, le T. Incæ du Rio Guüatanai à Cuzco, le T. gracilis du Rio de Azangaro, près de Guasacona, du Rio de Guatanai, près de Cuzco, du Rio de Pontezualo, près de Coroico, et du lac de la Compucila, dans les Andes, à l’ouest de Cuzco, le T. barbatula, de Guasacona et du Rio de Pontezualo, près Corsico. Castelnau donne aussi ensuite la description et la figuration de plusieurs Trichomycterus", parmi lesquels le T. pictus du Titicaca; mais toutes ces espèces ne sont pas conservées par Günther, qui, dans son catalogue, en 1864"), réduit à sept le nombre de celles qu'il considère comme admissibles : le T°. dispar Tschudi des rivières alpines du Pérou et de Guaya- quil, le T. maculatus C. V. de Santiago-du-Chili, le T. areolatus CG. V. du Chili; le T rigricans G. V. de Santa Catharina (Bré- sil) et du Chili (); le T. riwulatus G. V. de Guasacona:; le JE Lena Kner et le T°. laticeps Kner des Andes occidentales de l'Équateur. Depuis, quelques autres formes du genre Trichomycterus ont encore été décrites, notamment par Cope), et ce genre est pour le moins aussi riche en espèces que le genre Orestias ; mais beaucoup de celles-ci ne sont pas localisées seulement dans les hautes régions des Andes. D'autres représentants de la famille des Siluridés se rencon- trent aussi à une altitude considérable dans ces montagnes, mais n'ont pas été recueillis par la Mission; ce sont, par exem- ple, les Arges et les Astroblepus, les premiers possesseurs de ven- trales, les seconds en étant dépourvus. Ces poissons, d’une organisation assez différente des Trichomycterus, doivent, bien (, Op. cit., p- 49-00, pl. 24. ® Proceed. Amer. Phil. Soc. Philad., ®) Op. cit., 1864, t. V, P 2721402074. AMIS, p- 45. 120 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. qu'ayant le corps nu, être rapprochés de ces curieux Silures cuirassés comme les Loricaires et les Plécostomes, si abondants dans la plupart des cours d'eau de l'Amérique du Sud et qui rentrent dans la sous-famille des Silures protéropodes et dans le groupe des Hypostomatinés En résumé, on voit que la faune ichthyologique des lacs et des rivières des hauts plateaux des Andes, particulièrement au Pérou et en Bolivie, est, somme toute, assez pauvre. Elle provient sans doute d'espèces habitant les cours d’eau inférieurs qui se sont peu à peu adaptées à l'existence dans les régions élevées; mais, tandis que l'ensemble des formes dans les rivières équa- loriales basses est d'une richesse étonnante, d’une luxuriance extraordinaire, d'une variété prodigieuse, le nombre des genres est de plus en plus restreint à mesure qu'on s'élève à une alti- lude un peu considérable, car bien peu ont pu s’acclimater à un séJour si spécial. On peut constater toutefois que, parmi ceux-ci, les espèces sont assez nombreuses relativement, ce qui s'explique peut-être par ce fait que l'adaptation à la vie dans les hautes zones est probablement assez récente, si bien que nous nous trouvons en présence de formes encore en évolution, en pleine différenciation. Comme le fait remarquer Valenciennes, les Orestias présen- lent de grands rappor ts avec les l'undulus et dérivent sans doute de ces Poissons qui sont répandus abondamment, à lheure ac- luelle, dans les eaux douces, chaudes ou lempérées de l'Amé- rique méridionale ou centrale. Les Orestias sont tellement voisins du genre Æmpetrichthys de Californie, qu'il est très probable qu'on pourrait y faire rentrer celle forme dont la dentition pharyngienne indique une pro- fonde spécialisation. Les Trichomycterus, eux, se plaisent également dans les eaux des plaines ou dans celles de s T'ÉSIONS de des Andes. Quant 0 Tarte ReGan (M. C.) a donné tout ré- of the Fishes of the family Loricariidæ. cemment une monographie des plus com- (Tr. Zool. Soc., XVI. P. HE. Oct. 1904, plétes des Loric arte CF. À Monograph p- 191 à 324; pl. IX-XXT). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 121 aux Arges, on peul vraisemblablement les envisager comme des Loricariidés ayant perdu un revêtement cuirassé qui ne leur sert plus beaucoup dans des régions où la nourriture est peu abondante, la conflagration ae moins intense, les en- nemis plus rares. Étude spéciale des matériaux ichthyologiques rapportés par la Mission. — Ces considérations générales une fois exposées, il y a lieu de s s'occuper maintenant d'une façon plus spéciale des riches matériaux ichthyologiques rapportés par la Mis- sion scientifique française dans Amérique du Sud, dirigée par MM. de Créqui Montfort et Sénéchal de la Grange, et de observations anatomiques et biologiques qu'ils ont permis de faire. En ce qui concerne les poissons d'eau douce dans le lac Ti- caca, dans le lac Poopo et dans le rio de Pazna où ont eu lieu les principales récoltes ®, la Mission à recueilli un grand nombre de spécimens des deux genres qui S'y rencontrent. Le genre Trichomycterus est représenté par deux espèces : le T. dispar Tschudi et le T', rivulatus C. V. Dans le genre Orestias, six espèces ont pu être rassemblées : VO. Pentlandi G. V., TO. Fschadu GC. V., VO. Agassizi G. V., que jai été amené à diviser en quatre variélés, auparavant non encore décrites, l'O. albus GC. V., FO. luteus CG. V.: enfin une espèce nouvelle, FO. Neveui Pellegrin. Comme on le voit, étant donnée la pauvreté de la faune ichthyologique de ces régions, ces résultats sont des plus re- marquables; chaque espèce, d'ailleurs, est représentée par un nombre considérable d'échantillons en parfait état, qui n'ont servi à faire plusieurs remarques importantes sur ces formes encore assez peu connues. 0 PerreGrinx (J.). Mission G. de Cré- de France, XXIX ,23 févr. 1904, p. 90-96). qui Montfort et E. Sénéchal de la Grange. ® M. G. Courry, géologue de la mis- Note sur les Poissons des lacs Titicaca et sion, à recueilli en outre quelques Pois- Not les P les lacs Tit t l tre quelques P Poopo (Bulletin de la Société zoologique sons dans la lagune d'Ascotan (Chili). 122 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. C'est ainsi que j'ai été amené à nr'occuper particulièrement de la structure des os pharyngiens inférieurs dans le genre Orestias. J'ai déjà résumé les principaux résultats de mes obser- valions dans une note à l'Académie des sciences"). Les Pharyngiens inférieurs chez les Orestias. — L'étude des pharyngiens inférieurs, formés comme l'on sait, de chaque côté, aux dépens du cinquième are branchial, habituellement munis de dents, et jouant souvent un rôle important dans la masti- cation des aliments, est des plus intéressantes d'une façon générale chez tous les Téléostéens, et en particulier chez les Cyprinodontidés. Beaucoup de naturalistes, en effet, à la suite de Johannes Müller, ont attribué une importance considérable au caractère très objectif de la soudure des os pharyngiens inférieurs. C'est ainsi que l'on distingue encore généralement aujourd'hui parmi les Acanthoptérygiens ceux à pharyngiens séparés, comme la Perche par exemple, ceux à pharyngiens inférieurs réunis où Pharyngognathes, comme les Labridés et les Scaridés. Utile au point de vue d'une classification systématique, cette distinction ne révèle pas les rapports phylogénétiques réels, des Poissons à pharyngiens inférieurs soudés pouvant être extrème- ment voisins d'autres à os bien séparés. Des observations nombreuses ont été rassemblées, prin- cipalement chez les Acanthoptérygiens, et lon est arrivé à montrer que dans une même famille on pouvait rencontrer des différences considérables dans la forme, la structure, la dentition, et surtout dans le mode d'union des pharyngiens inférieurs. Dans une monographie consacrée par moi à l'étude d’une des plus importantes familles de Poissons acanthoptérygiens peuplant les eaux douces tropicales, la famille des Cichlidés, jai insisté sur les variétés considérables qu'on pouvait rencon- 0 PeczeGnin (J.). Sur les pharyngiens tias (Comptes rendus de l'Académie des inférieurs chez les Poissons du genre Ores- sciences, 31 octobre 1904 }- FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 123 trer dans la disposition de ces os et dans la forme des dents dont ils sont munis). Ces animaux, placés habituellement parmi les Pharyngo- gnathes à cause de Funion plus où moins intime de leurs pharyngiens inférieurs, offrent, en eflet, des différences très remarquables entre les types extrêmes. C'est ainsi, par exem- (@” ple, que le Cichlosoma labridens Pellegrin (fig. 17) présente un degré de soudure avancé de ces deux os, avec suture par engrè- Fig. 27. — Pharyngiens de Cichlosoma nement réciproque, ainsiqu' une ne surface alvéolaire munie de grosses dents arrondies, granu- leuses, sphéroïdales, rappelant tout à fait celles des Labres. Dans une espèce de Chætobranchus au contraire, le C. flavescens Heckel (fig. 18 [ret n]), les pharyngiens inférieurs très grêles sont seulement contigus, accolés par leur bord interne. IL y a simple juxtaposition, et la véritable union n'existe que tout à fait en avant, à la base de T'Y formé par les deux os. Fig, 18. — Pharyngiens de Chætobranchus. I et Il, C. flavescens ; III ct IV, G. semifascialus. Chez C. semifasciatus Steindachner (fig. 18 [nr etiv]), es- pèce des plus voisines de la précédente, les pharyngiens infé- rieurs présentent dans leur forme générale un aspect analogue, mais ils sont déjà mieux unis. O PezceGrin (J.). Contribution à l'étude (Mémoires de la Société zoologique de anatomique, biologique et taxinomique france, t. XVI, 1903-1904), pages 41 à des Poissons de la famille des Cichlidés 319). 124 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. On voit donc que chez les Cichlidés le mode de jonction de ces os est des plus variables, depuis le simple accolement {Chœtobranchus) conduisant par tous les intermédiaires à la suture par engrènement réciproque (Cichlasoma labridens) qui indique déjà une union avancée, une étape marquée dans la spécialisation, un stade vers la fusion absolue, où la ligne de dé- marcation n'est plus visible à l'extérieur, fait qui ne trouvera sa réalisation complète que chez les Labridés, seuls véritables Pharyngognathes. I en est de même dans un certain nombre de familles. Le D' Sauvage" a étudié sous ce rapport celle des Gerridés, dont les formes assez nombreuses sont extrêmement voisines les unes des autres. Il a constaté que les Gerres Plumieri C. V., G. abbreviatus Bleeker, G. kapas Bleeker, avaient les pharyn- giens inférieurs soudés, tandis qu'il n'en élait pas de même chez les Gerres punctatus CG. V., G. oyena Forsk., G. argyreus Forster. Dans la familles des Sciænidés, on peut citer le grand Pogo- nias | Pogonias chromis Linné), dont les pharyngiens inférieurs sont aussi unis, et des exemples analogues pourraient être multipliés surtout chez les Acanthoptérygiens. Chez les Malacoptérygiens, la ne est d'une facon géné- rale un peu plus rarement observée, ce qui n ni pas néanmoins qu'elle existe assez fréquemment. C'est ainsi que Müller divisait déjà, en effet, son ordre des Pharyngognathes en Pharyngognatht acanthopteryqu et en P. malacopteryqu. Dans ce dernier il faisait entrer les Scombresoces, comme les Belone, les Orphies de nos côtes chez lesquelles effectivement les pha- ryngiens inférieurs sont réunis. En ce qui concerne les Cyprinodontidés, qui doivent nous intéresser plus particulièrement, puisque c'est à cette famille qu'appartiennent les Orestias, on a déjà signalé une disposition particulière des pharyngiens inférieurs, indiquant une ten- M D' Sauvace. Note sur les plaques lion faite au Congrès de Clermont-Ferrand. pharyngiennes des Gerridæ (Communica- Ass. fr. p. l'av. des Se., 25 août 1876). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 125 dance marquée vers le fusionnement : c'est chez un très curieux poisson, décrit en 1893 par Gilbert, et provenant du désert Amargosa, à la limite de la Californie et de la Nevada. Cette particularité curieuse lui a valu d’ailleurs son nom générique d'Empetrichthys %. L'Empetrichthys Merriamt, la seule espèce connue, rappelle la forme des Fundulus, comme les Orestias. Il est, ainsi que ce dernier genre, privé de ventrales; l'intestin, assez court, est contenu une fois et demie dans la longueur du corps; les dents sont coniques, fixées, en bande; celles de la rangée externe plus volumineuses. Les pharyngiens supé- rieurs et inférieurs sont considérablement élargis et portent de grosses dents molariformes, sphéroïdales, à sommet arrondi. Les deux pharyngiens inférieurs, considérablement agrandis dans le sens transversal, sont étroitement accolés par le bord interne, indiquant un passage vers le fusionnement. En dehors des ÆEmpetrichthys, on à signalé dans la famille des Cyprinodontidés quelques faits analogues dans le genre l'undulus. En ce qui concerne particulièrement les Orestias, l'étude des matériaux rapportés par la Mission scientifique française n'a conduit aux constatations suivantes. Chez les Orestias, chaque pharyngien inférieur présente, à considérer une face supérieure libre, aplatie, dentifère, une face inférieure répondant aux tissus, un bord externe muni d'appendices où branchiospines, un bord interne contigu au bord similaire de los du côté opposé, un bord postérieur en rapport avec l'æsophage. I n'y a jamais soudure complète entre les deux os par les bords internes, mais l'union dans certains cas est néanmoins assez intime. Chez l'Orestias Pentlandi C. V. (fig. 19 [1]), les pharyngiens inférieurs réunis présentent grossièrement la forme d’un V, par suite du peu de longueur des bords internes accolés. Les bords externes sont munis de branchiospines bien développées et 0 Grivserr. Death Valley. Exp. Fishes, Éy, «dans», mérpos «pierre», y00s er ; Ve LE (£ l IX in North À merican F'auna, n° 7,p.233, pl. 5. {POISSON ». 7] Il | 126 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. assez nombreuses {17 environ). Les dents pharyngiennes sont petites, acérées, coniques. Chez l'Orestias Tschadu Cast. (fig. 19 [II]), l'ensemble des deux pharyngiens est à peu près triangulaire à cause de lal- longement des bords internes. Les branchiospines sont en core assez nombreuses (15), bien que de dimensions un peu moindres, Les dents pharyngiennes sont aussi coniques, petites, serrées (N. Fig. 19. — Pharyngiens inférieurs d’Orestias (grandeur naturelle). I, O. Pentlandi; IH, O. Tschudü; UT, O. albus ; IV, O. luteus. Chez l'Orestias albus G. V (fig. 19 [HIT), on retrouve des dis- positions analogues à celles de l'espèce précédente; les bran- chiospines sont toutefois en petit nombre (8). Les dents pha- ryngiennes, toujours coniques, sont plus espacées. Chez l'Orestias luteus C. V. (fig. 19 [IV]), des différences remarquables apparaissent, La surface alvéolaire a considé- rablement augmenté, donnant à l'en- semble de l'appareil un aspect cordi- forme. Les branchiospines, au nombre de 7 ou 8, sont rudimentaires. Enfin les dents, au lieu d'être coniques, sont granuleuses, en forme de bouton, à Fig. 20. — Appareil branchial : d'Orestias luteus C. et V. (gran SOmMmet nettement arrondi. Il en est eur nat elle . A . . ] ne de même des dents qui garnissent les pharyngiens supérieurs (fig. 20). Les différences de régime alimentaire que révèle l'examen du contenu intestinal expli- quent ces modifications de structure des os pharyngiens, véri- (Chez l'Orestias Aqassizi CG. V. var. © Cette disposition se rapproche étroï- typica Pellegrin , les pharyngiens inférieurs tement de celle qu'on rencontre chez présentent un aspect très semblable à celui l'Empetrich'hys Merriami Gilbert, qui con- qu'on observe chez l'O. Tschudii Castelnau. stituerait le terme extrême de la série. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 127 table appareil masticateur des poissons. Bien que la nourriture des Orestias soit parfois mixte, on constate le plus souvent une prédilection fort nette pour une nourriture spéciale animale ou végétale. Chez l'Orestias Pentlandi C. V., alimentation parait en ma- jeure partie végétale. On trouve cependant dans l'intestin quelques débris de crustacés, mais aucune trace de coquilles de mollusques. Chez l'Orestias Tschudii Cast., le contenu intestinal est assez varié : tantôt de petits crustacés, tantôt des substances végétales y prédominent. Les coquilles de petits mollusques y sont tout à fait accidentelles. Chez l'Orestias albus C. V., l'alimentation parait se composer principalement de petits crustacés. Les coquilles de mollusques y sont exceptionnelles. Chez l'Orestias luteus C. V., le contenu intestinal est composé presque exclusivement de petits mollusques gastéropodes ou lamellibranches, à coquilles dures et résistantes plus où moins brisées. En résumé, l'adaptation à un régime alimentaire divers parait avoir causé les différences de structure de l'appareil pharyngien chez les poissons du genre Orestias. Une nourri- ture très spécialisée, composée de petits mollusques à fortes coquilles, difficiles à broyer, transforme les surfaces alvéo- laires étroites à dents coniques des espèces se nourrissant de matières végétales où animales peu résistantes, en surfaces alvéolaires larges, à dents granuleuses, arrondies, en même temps que se produit une tendance marquée au fusionnement des deux os pharyngiens inférieurs. Poissons des lacs Titicaca et Poopo. — Voici la liste de tous les spécimens rapportés par la Mission des lacs Titicaca et Poopo ainsi que du Rio de Pazha et de la lagune d’Ascotan (Chili). M. le docteur Neveu-Lemaire a bien voulu me donner les noms locaux sous lesquels les espèces sont désignées dans le 128 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. pays. [ls précèdent immédiatement lindication de la pro- venance. Trichomycterus dispar Tscaupi. 10 spécimens adulles de 35 centimètres environ (suche). Lac Titicaca. La coloration de ces animaux est assez variable, Tantôt, sur un fond grisatre, il yaune foule de ponctuations où de vermi- culations foncées; tantôt, sur un fond très sombre, de multiples points où vermiculations clairs; enfin, parlois, la teinte est presque uniformément grisätre où brunâtre. 20 spécimens moyens de 19 à 20 centimètres {maurt). Lac Tilicaca. Ces poissons répondent parfaitement à la figure du Ÿ. pietus donnée par Castelnau 0, d’après un exemplaire de dimension identique (16 centimètres). Trichomycterus rivulatus Cuvier el VALENGIENNES. (PL XIIL.) 16 spécimens de ! à 9 centimètres. Rio de Pazna (lac Poopo). Je crois pouvoir ramener à cette espèce de Valenciennes ces exemplaires qui ne parviendraient jamais à une taille bien considérable. L'un d'eux, en effet, mesurant 9 centimètres de longueur, est une femelle contenant déjà des œufs inégalement développés et atteignant jusqu'à 1 millimètre de diamètre. Voici la formule des rayons des nageoires : dorsale, 9; anale, 7; pectorale, 9; ventrale, 5. La longueur de la tête est égale à la hauteur du corps qui est contenue 4 fois et demie à 3 fois dans la longueur {sans la caudale). La coloration est assez changeante. En général, sur un fond jaune orange, on voit de grandes maculatures foncées, irrégulières, très rapprochées, surtout antérieurement, où elles Op. cil., p. 90, pl. 24, fig. 2. zauud ‘ea ‘H ‘4 ‘(ourS) AHDITD — Ssonbigdvan SHp,p 212120S (S10f x 1SS019) A ‘o ‘SNALHUINAIN SNHALDANOHOIdL ‘IX ‘T4 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 129 arrivent à se confondre plus où moins. Le ventre est blanc jaunatre. La dorsale et la caudale sont parfois légèrement ponctuées, les autres nageoires uniformément claires. Les poissons du genre Trichoymeterus sont généralement cantonnés à l'embouchure des rivières. Orestias Pentlandi Cuvier et VALENCIENNES. 21 spécimens adultes de 20 centimètres environ {boga). Lac Titicaca. Chez la femelle, l'ovaire est unique, portant seulement anté- rieurement une trace de division médiane. Sur un spécimen de 20 centimètres, le diamètre des œufs dans l'ovaire est de 1 millim. 5 à 2 millimètres. Orestias Tschudii CASTELNAU. 3 spécimens de 17 centimètres, 18 centimètres et 20 centi- mètres (carache où harache). Lac Titicaca. Ce sont des adultes, mais les produits génitaux ne sont pas encore arrivés à complète maturité. Les nombres de ces exem- plaires sont les suivants : D., 15-16; À., 16-17; L. long., 33- JUNE T, 10-17. La coloration est uniformément noirâtre sur le dos et les flancs; le ventre est blanc jaunâtre; les nageoires ne sont pas ponctuées; elles sont grisätres où blanchâtres. Bien que PO. Fschudi ait été ramené par Günther à VO. Owent et par Garman à l'O. Agassizu, je crois néanmoins qu'il peut être séparé de ces deux espèces. Il présente, ilest vrai, avec cette dernière les plus étroites aflinités, mais on trouve déjà des œufs chez des spéci- mens d'O. Agassizu, de 6 centimètres D, ce qui semble devoir faire rejeter l'hypothèse suivant laquelle ceux-ci ne seraient que les jeunes de VO. Tschudii de beaucoup plus grande taille. En ® Les écailles en ligne longitudinale de la rangée qui se trouve au-dessus de la sont complées par moi seulement à partir fente branchiale. LACS DES IAUTS PLATEAUX. 9 IMVINIMÉNIE NATIONALE. 150 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. outre, quelques autres petits caractères me semblent encore justifier cette distinction. Voici d'ailleurs les nombres relevés par moi sur les trois spécimens types d'O. Tschudu mesurant 14 à 16 centimètres et dont la livrée est uniformément sombre : DER tlons 36 300 Brno Voici ceux des exemplaires types d'O. Agassizit mesurant Q centim. 5 el provenant du ruisseau de Corocoro : D., 15; A 1/-10: long 90-516 Bruit Orestias Agassizi CUVIER et VALENCIENNES. La coloration très bien conservée des spécimens rapportés par la mission de Créqui me permet de distinguer 4 variétés principales : 1° Var. mornata Pellegrin {pl. XIV, 1) : 12 spécimens de 7 à 11 centimètres (carache). Lac Titicaca. La livrée est à peu près uniforme, la teinte générale bru- natre où jaunâtre, parfois assez claire. Le dessous de la tête et le ventre sont blanchätres, la dorsale et la caudale ne sont pas ponctuées. > spécimens de 6 et 7 centimètres. Lac Poopo. Je crois devoir faire rentrer dans cette même variété ces deux exemplaires du lac Poopo (D., 14; A., 15-16; L. long., 30), dont la coloration, d'après une aquarelle que M. Neveu-Lemaire a bien voulu me communiquer, est uniformément verdâtre, sans aucune ponctuation aux nageoires. Malgré sa petitesse (7 centimètres), Fun des individus est une femelle à œufs mürs. M. Neveu-Lemaire la capturée en train de pondre et a même recueilli les œufs, d’un diamètre de 1 millim. 5 en- viron. Ce fait très intéressant semble justifier, comme il a été déjà indiqué, la distinction entre l'O. Tschudit et TO. Agassieir. On remarquera toutefois que, malgré les faibles dimensions de © PerreGrin (J.). Bull. Soc. Zool. Fr., plus où moins nettes d'une ligne longitu- 1904, p. 93. dinale foncée s'étendant de l'opercule à (Q) Cependant il existe parfois des traces l'origine de la caudale. Re C ORESTIAS AGASSIZIT, A, var. inornala ; B, var. typica ; var. Senechali ; D, var. Crequui. AGEVa ornala ; B, typica; C, S hali ; D Creq FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 133 l'animal qui les produit, les œufs ne sont pas sensiblement dif- férents comme diamètre de ceux des grandes espèces. La va- ration doit donc porter sur le nombre total des œufs, non sur leur volume. 2 spécimens de 6 centim. 5. Rio de Pazna. Ces exemplaires sont absolument semblables aux précédents. L'un d'eux a aussi un ovaire rempli d'œufs mürs. 2° Var. typica Pellegrin() (pl. XIV, 2) : 12 spécimens de 7 à 11 centimètres (carache). L ac Titicaca. 1 spécimen de 8 centi- mètres. Lagune d’Ascotan {Chili). La ein générale est la même que dans la variété pré- cédente; mais la D et la caudale sont finement ponctuées, et la Hat noire horizontale étendue le long des flancs est nettement visible, surtout sur le pédicule € Food Le nom de la variété provient de ce que la livrée se rapproche de celle des nn de l'espèce provenant du ruisseau de Corocoro. 3° Var. Senechali Pellegrin ©) (pl. XIV, 3) : 14 spécimens de 6 à 7 centim. 5 {carache). Lac Titicaca. La teinte générale est toujours la même que dans la variété Lypica; mais, de plus, on voit apparaître sur le dos, au-dessus de la ligne longitudinale devenue extrêmement nette, une dizaine de grandes taches foncées irrégulières. 2 spécimens de 5 et 7 centimètres. Rio de Pazña. Le grand est une femelle à œufs mürs, ce qui prouve que celte variété peut être séparée de la première, puisqu'on trouve dans les mêmes régions ces deux formes représentées par des individus de même sexe et de dimensions analogues. HSaVar. Gui Pellegrin (pl. XIV, 4) : 6 spécimens de 5 centim. 5 à 7 centimètres (carache). Lac Titicaca. IL y a de nombreuses petites taches foncées disposées sur trois à cinq rangées longitudinales et parallèles assez irréculières, sauf celle correspondant à la ligne médiane où les taches sont assez rapprochées et parfois même confondues. La dorsale et OT. cit., p. 93. — ® T. cit., p. 94. — GMT Cite proue 134 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. la caudale sont naturellement ponctuées, les pectorales et l'anale blanchatres. Je dédie bien volontiers cette belle variété, ainsi que la précédente, aux chefs de lexpédition française dans l'Amérique du Sud. 33 spécimens jeunes de 3 à 5 centimètres (Carache). Lac Ti- Hcaca. Ces jeunes rentrent dans les deux variétés précédentes. La coloration offre d’ailleurs des différences individuelles remar- quables et les formes mixtes sont assez fréquentes. Orestias albus Cuvier et VALENCIENNES. À spécimens adultes de 15, 16, 17 et 18 centimètres [caño ou haño). Lac Titicaca. Chez les femelles, l'ovaire est unique. Les œufs, à divers stades de développement, mesurent au maximum 1 millim. 5 à > millimètres de diamètre. Dans tous les exemplaires, il ya de chaque côté un vaste espace nu sur le dos, comme dans les deux spécimens types de Valenciennes, qui mesurent respec- Livement 15 centim. 5 et 18 centimètres et dont les formules sont les suivantes : D., 14; À., 14; L. long., 31; Br., 12. Ces chiffres s'écartent un peu de ceux relevés par moi sur le plus grand exemplaire rapporté par l'expédition de Créqui, mais ne justifient pas, à mes yeux, une distinction spécifique 2 Dre MT AE lon 09. bre 1 spécimen jeune de 4 centimètres. Lac Titicaca. 10 spécimens de 3 à 6 centimètres. Lagune d’Ascotan (Chili). Sur ces tout Jeunes exemplaires que je crois pouvoir ramener à l'O. albus, on constate déjà que les flancs et le pédieule caudal sont nettement écailleux, mais qu'en revanche le dos paraît nu comme le ventre, ce qui semblerait indiquer que la pré- sence où l'absence d'écailles dans ces régions est un caractère réellement spécifique, puisqu'elle se manifeste dès le plus Jeune age. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 13: © Qt Orestias Neveui PELLEGRIN(). (PI. XV.) Aspect général d'O. albus CG. V. Corps court, ramassé, com- primé sur les côtés; sa hauteur comprise trois fois dans la longueur (sans la caudale). Tête large, anguleuse, aplatie au- dessus; sa longueur contenue deux fois et demie dans celle du corps. | Ne large, environ aussi long que l'œil. Mächoire inférieure proéminente en forme de Ab, Bouche graude, presque verticale, sa largeur faisant environ la moitié de celle de la tête. Fente buccale étendue plus bas que le bord inférieur de l'œil qui est compris cinq fois dans la longueur de la tête, près de deux fois dans l’espace interorbitaire. Dents coniques assez peu nombreuses et moins fortes que dans O. Cuvrert C. V. Br anchiospines courtes, plus ou moins ramifiées, au nombre de 12 à la base du premier arc branchial. Écailles granuleuses sur- tout antérieurement, celles de la tête et de la nuque plus grandes et à granulalions plus denses. Dos complètement écailleux, aucun espace nu comme dans O. albus C. V. de chaque côté de la série écailleuse vertébrale. Ventre nu. Dorsale peu élevée, commençant à égale distance de la fente opereculaire et de l'ori- gine de la caudale. Anale opposée e à la dorsale, mais débutant un tout petit peu plus en arrière. Pectorale courte, arrondie, faisant les 2/5 de la tête. Tête et dos d’un brun violacé, avec une partie des écailles jaune, surtout postérieurement. Ventre blanc. Nageoires gri- sâtres, uniformes. PO ENR P ueb lone 6020 1Dr di: Longueur, 125 +25—150 ro Lac Titicaca. Nom local : kaño. Cette espèce e vient se placer entre O. albus GC. V. et O. luteus V. Elle est surtout voisine de la première, dont elle se dis- TAC 00: 136 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. lingue par la présence d'écailles sur toute la surface du dos. Elle correspond tout à fait à la figure donnée par Cuvier et Valenciennes pour l'O. albus, mais celle-ci est inexacte, car chez les types que j'ai examinés il existe un espace nu de chaque côté du dos, ainsi d'ailleurs que l'indique Valenciennes!) : «Une rangée de boucliers impairs, non imbriqués, est inégalement espacée sur le dos. Au-dessous, de chaque côté, est un large Espace nu.» La bouche plus grande, verticale, très développée, permet aisément de distinguer FO. Neveui de TO. luteus, où toute- fois le dos est aussi toujours complètement écailleux, ainsi que jai pu le constater sur la belle série de spécimens rap- portés par la Mission, ainsi que sur le type de Cuvier et Valenciennes. Je me suis fait un plaisir de dédier cette espèce à mon excel- lent collègue et ami, le D' Neveu-Lemaire, qui a recueilli des matériaux ichtÿologiques si intéressants dans la région du ieaca: Orestias luteus Cuvier et VALENCIENNES. 15 spécimens adultes de 13 à 16 centimètres (pongo). Lac Titicaca. L'ovaire est unique. Chez une femelle, je trouve des œufs à divers degrés de développement; les plus gros mesurent 2 millimètres de diamètre. Le dos est toujours complètement écailleux. Les écailles de la tête et de la nuque sont très fortement grenues chez ces adultes. Sur quelques exemplaires non encore complètement déco- lorés, on voit que le ventre devait être d'une belle couleur safran, justifiant l'épithète de luteus de Valenciennes. 1 spécimen de 8 centim. 5. Lac Titicaca. O Cuvier et Vazexcrenes. Hist. nat. des Poissons, XV!I, 1846, p. 243 et pl. 537. OC) AD TD 0 dP1T) SJAF,P 272120S “uxud ‘jeu ‘H ‘4 (91194710 AN9pPUPAr) ) ‘ds ‘aou ‘INZAAN SHILSA1O ‘AX ‘T4 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 137 Chez ce jeune individu, les granulations des écailles sont extrêmement faibles et peu nombreuses même sur la tête. PARASITES DES ORESTIAS PAR M. NevEU-LEMAIRE, Parmi les nombreux Orestias que j'ai recueillis dans les lacs des hauts plateaux, et qui viennent d’être décrits par M. le D' J. Pellegrin, an renfermaient des parasites. En 1880, | Moniez"® avait déjà décrit un nématode, Hedruris Orestiæ, qu'il avait trouvé en disséquant un seul Orestias, O. Mülleri Cuvier et Valenciennes, provenant du lac Titicaca. Neuf Hedruris S'Y élaient rassemblés en un même point de l'intestin moyen, tous bien séparés les uns des autres et parmi lesquels se trouvaient trois mâles et six femelles. Ces animaux étaient assez bien conservés; malheureusement, plusieurs d’entre eux avaient été coupés dans l'incision de Fintestin. Voici, d’ après Moniez, la diagnose de cette espèce : Hedruris Orestiæ Montrez, 1889. Description. — «Le corps mesure, chez la femelle, environ 7 millimètres de longueur sur une largeur de 400 y dans la région postérieure, à la hauteur de E bourse; la tête mesure 100 p de large. Le mâle ne dépasse ne > millimètres de long et sa plus grande largeur est de 225 y, la tête atteignant pr esque les mêmes D. toutes ces mesures étant pr 1ses sur l'animal comprimé dans une préparation. Le crochet, en- Le dans la bourse de la femelle, mesure, sans ses annexes, 25 p de long, ce qui est exactement la longueur du crochet dH androphora. Les œufs mûrs, assez ie comme dimen- sions, mesurent d'ordinaire environ 32 g, suivant leur grand ® Moniez (R.). Recherches sur le du Nord de la France, n° 10, 1° juillet genre Hedruris, à propos d'une nouvelle 1889, p. 361-385, avec une planche, espèce Hedruris Orestiæ (Revue biologique pl. VIL.) 158 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. axe 10 4 dans l'autre sens; 1ls sont arrondis aux extrémités; l'œuf qui contient les embryons développés peut atteindre 42 y de longueur environ sur un petit diamètre de 15 y.» Habitat. — Hedruris Orestiæ a été découvert dans l'intestin grêle d'Orestias Mülleri; Je l'ai retrouvé, dans le même organe, chez une autre espèce : Orestias albus Cuvier et Valenciennes. Ce poisson avait été pris dans le Petit lac, aux environs de Huaqui (station 147). Hedruris Orestie était, jusqu'à présent, le seul parasite connu des poissons du genre Orestias. En disséquant plusieurs de ces poissons, J'ai trouvé deux autres parasites, appartenant lun à l'ordre des cestodes, c'est une nouvelle variété de ligule, l'autre à celui des acanthocéphales, c'est un échinorhynque nouveau. Ligula simplicissima Runorpur var. titicacensis NEVEU-LEMAIRE, 1909. Description. — I s'agit d'une larve, c'est pourquoi nous l'avons désignée sous le nom de Liqula simplicissima, nom ré- servé Jusqu'ici à la forme asexuée des parasites de ce genre; mais, à cause de l'habitat et de la distribution géographique de cette forme larvaire, nous avons cru devoir en faire une variélé nouvelle", Elle se présente sous l'aspect d'un ver blan- châtre, aplali, à peine strié extérieurement et plus large a sa partie antérieure qu'à sa parlie postérieure (fig. Da): Etalé, le parasite mesure 42 millimètres de long sur 5 millimètres dans sa plus grande largeur et 3 millimètres dans sa partie movenne. Habitat. — Cette larve de ligule était hébergée par un Jeune $ oct Orestias Agassizt Cuvier et Valenciennes var. Crequu Pellegrin. Elle était seule dans la cavité générale du poisson, qu'elle rem- Neveu-Leuaime (M.). Mission de Cré- des poissons du genre Orestias {Bulletin qui Montfort et Sénéchal de la Grange de la Societé philomatique, 1905, p. 257- en Amérique du Sud. — Sur les parasites 259.) FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 159 plissait presque complètement, étant repliée trois fois sur elle-même. Le poisson ne mesurait pas plus de 37 millimètres; il était par conséquent moins long que son parasite. La figure ci-dessous montre d’ailleurs la position de la ligule dans l'ab- domen de l'Orestias et les dimensions relatives de l'hôte et du parasite. Les ligules vivent généralement à l'état larvaire dans la cavité abdominale des poissons, qui présentent un développement exagéré du ventre; après un temps plus ou moins long, elles apparaissent à l'extérieur, un peu en avant de l'anus, formant une pelite saillie appelée bouton des pécheurs, puis elles s'échap- pent au dehors par effraction à travers la paroi de l'abdomen. Le poisson infesté meurt quelquefois, mais le plus souvent il survit. =, Froriae En haut, Orestias Agassizit var. Crequit avec la ligule dans sa cavité abdominale {grossi deux fois) ; en bas, Ligula simplicissima var. lilicacensis (grossie deux fois). Une fois libre, la ligule vit quelque temps dans l'eau, où elle devient la proie d'un autre poisson où d’un oiseau aqua- tique. Dans le premier cas, elle est digérée; dans le second, elle poursuit son développement. Le plus souvent la ligule arrive dans le tube digestif de l'oiseau avec le poisson qui l'héberge; elle parvient alors à l'état adulte, met en liberté un grand nombre d'œufs et ne tarde pas à mourir. Les œufs arrivés dans l’eau tombent sur la vase, et il en sort bientôt un embryon hexacanthe muni de cils vibratiles, qui, ingéré par un poisson, donne naissance à une larve qui grossit 140 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. et envahit la cavité abdominale de son hôte. Tel est le cycle évolutif des ligules. La larve qui nous occupe était hébergée par un poisson pêché dans le lac Titicaca, aux environs ue Chililaya situé sur les bords du Petit lac (station 29). Il est probable que l'adulte est parasite des oiseaux aquatiques de cette région. En elfet, j'ai rencontré dans le tube digestif d'un plongeon de grande taille {Podiceps sp.?)", tué dans les même parages [station 10), une Jigule qui est vraisemblablement l'adulte de la forme larvaire que nous venons de décrire. Les plongeons, et proba- blement aussi d'autres oiseaux aquatiques, s'infecteraient en mangeant les Orestias contaminés. Echinorhynchus Orestiæ Neveu-LEMAIRE, 1905. Description. — Je ne décrirai ici que la femelle, n'ayant pu observer le mâle. C’est un petit ver de couleur jaunatre, cylin- drique et De à peu près le même diamètre sur toute sa longueur (fig. 22, A); il mesure 9 millimètres de long et sa largeur, dans la partie moyenne du corps, est de o en 6. La cuticule, examinée à l'œil nu ou à la loupe, semble lisse; mais, si on l'observe à un fort grossissement, on constate que le quart supérieur du corps présente une, fine striation. Ces stries sont de plus en plus écartées les unes des autres à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité inférieure (fig. 22, À et B). La partie supérieure striée est garnie de petits crochets co- niques (fig. 22, E); il en existe dix-neuf rangées. L'extrémité supérieure se continue par une trompe rétractile, munie de crochets acérés plus longs que ceux de la partie supérieure du corps (fig. 22, B et D). La trompe mesure‘o millim. 5 de long, sur o millim. 2 de large dans sa partie moyenne; les crochets (Cet oiseau est appelé Zabullidor par Acanthocéphale (Echinorhynchus Orestiæ les Espagnols et Keñokalla par les Indiens nov. sp.) parasite des poissons du genre aymaras. Orestias (Comptes rendus de la Société de ® Neveu-Leuamme (M.). Sur un nouvel biologie, LIX, 1° juillet 1905, p. 131). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 141 qu'elle présente sont disposés en rangées, qui sont au nombre d'une douzaine environ; je n'ai pu les compter exactement, la trompe n'étant pas complètement dévaginée. Il n'y a pas de cou distinct. La cuticule est lisse dans les trois quarts infé- rieurs du corps et l'extrémité inférieure est obtuse, conique et tronquée à la partie terminale (fig. 22, C). Habitat. — Je n'ai recueilli que deux exemplaires femelles; ils se trouvaient dans l'intestin d’'Orestias T'schudüi Cuvier et Va- lenciennes, pêché danse lac Titicaca, près de Huaqui, sur les bords du Petit lac {station AUDE Les Orestias se nourrissent pour la plupart de petits crustacés, particulié- rement d’amphipodes appartenant au genre Hyalella qui sont très nombreux dans les eaux du lac. Aussi est-il vrai- semblable d'admettre qu'Echinorhyn- chus Orestiæ vit à l'état larvaire chez différentes espèces du genre Hyalella et que les Orestias s'infestent en ava- lant les amphipodes contaminés. Nous savons, en effet, que la crevette d'eau Pr douce {Gammarus pulex) héberge La 2: extrémité supérieure [grossie 25 fois); GC, extrémité inférieure no bvncbost a ae CO en et Gt larve d'Echinorhynchus polymorphus, pa D rasite commun dans l'intestin grêle £: crochet de la partie supérieure du À on z O corps, vu de face et de profil. d'un grand nombre d'oiseaux d’eau de nos pays. En résumé, voici la liste des parasites actuellement connus des poissons du genre Orestias : PARASITES. HÔTES. Cestodes ...... Ligula simplicissima var. (LCACENSIS PER ee Orestias Agassizii var. Crequii. Orestias Mülleri. Nématodes. . ... Hedruris Orestie. ..... ; Orestias albus. Acanthocéphales. Echinorhynchus Orestiæ. … Orestias Tschudii. 142 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. IV. — MOLLUSQUES PAR À. Bavay 0), Les mollusques terrestres et fluviatiles, recueillis soit sur les bords; soit dans les eaux du lac Titicaca et du lac Poopo, com- prennent les espèces suivantes : 1° Un Bulimulus;: Bulimulus Chenu? Reeve, récolté mort et même subfossile à Tiahuanaco, à quelques kilomètres du lac. 2° Deux Bulimulus, recueillis vivants à Chililaya (Titicaca, station 46); Bulimulus exornatus Reeve, et Bulimulus culmineus d'Orbigny. 3° Deux Planorbis, provenant du lac Titicaca : Planorbis mon- tanus d'Orbigny (station 149), et Planorbis andecolus d'Orbigny (stations 19, 57 et 87). 4° Deux Paludestrina, provenant du lac Titicaca : Paludestrina culminea d'Orbigny (station 21), et Paludestrina andecola d'Or- bigny (station 30). 5° Une Paludestrina, provenant du lac Poopo : Paludestrina poopoensts, Bavay (station 10). 6° Une Pyrqula, provenant du lac Titicaca : Pyrqula Neveur Bavay (station 74 |; 7° Une Ancylus, provenant du lac Titicaca : Ancylus Crequü, Bavay {station 87). 8° Un Cyclas, provenant du lac Titicaca : Cyclas chilensis d'Or- bigny. 9° Un Pisidium de même provenance non déterminé et non décrit, l'échantillon étant unique. Si ce voyage scientifique ajoute trois espèces à la faune connue des Hautes Andes, il nous a permis de réunir en une seule deux espèces créées par d'Orbigny (voyage dans l'Amé- rique du Sud). 0 Bavay (A) Mission de Créqui et fluviatiles récoltés par le D' Neveu-Le- Montfort et Sénéchal de la Grange en maire (Bull. de la Soc. zoologique de France, Amérique du Sud. — Mollusques terrestres t. XXIX, 28 juin 1904, p. 152-156.) FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 143 Notre savant compatriote a signalé, en effet, parmi les mol- lusques du lac Titicaca, deux espèces de Paludestrina, qu'il nomme l’une P. andecola, l'autre P. culminea. Ces deux espèces de même taille et du même habitat se distingueraient Fune de l'autre en ce que la première serait à tours à pe ine CONVEXEs, le dernier caréné, la seconde serait à tours plus convexes et non carénés, à suture marginée, à bouche ovalaire el non angu- leuse. Elles vivraient ensemble, dans les mêmes conditions... M. Neveu-Lemaire ayant eu l'excellente idée de recueillir sur les bords des grands lacs des Andes, dans les dépôts laissés par les crues, les débris des coquilles des lacs, l'examen de ces débris m'a () permis de constater que lon peut trouver tous les intermédiaires q entre les individus répondant à la description de P. andecola et les in- À “ dividus répondant à celle de P. cul- ER minea. On trouve des exemplaires etP. andecola d'Orbigny (d'après l'auteur). ARours acseztarroncdis ét dontile MMM cures prandeur paturelc: bete, grossie; d, P. andecola. dernier est muni d'une carène sen- sible, d’autres munis de deux carènes obsolètes; on en trouve enfin à tours parfaitement plats, exagérant encore le caractère distinctif de P. andecola figuré par d'Orbigny: On peut conclure de cette comparaison que, si dans P. ande- cola la bouche est anguleuse, c'est par suite de la présence d’une carène sur Île ne tour; c'est la naissance de cette carène qui rend marginée la suture des tours de spire; ce sont des varia- tions LR ES Il y a donc lieu de réunir en une seule les deux espèces de Paludestrina du lac Titicaca établies par d'Or- bigny, et cette espèce unique doit garder le nom de P. andecola, premier donné. Les figures au trait ci-contre permettent de se faire une idée des variations du type (fig. 23 et 24). Cette espèce n’est du reste pas la seule du lac andésien qui soit ainsi variable. Parmi les débris rapportés par M. Neveu- Lemaire, j'ai trouvé des Planorbis montanus d'Orbigny en assez 144 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. bon état et répondant parfaitement à la description et à la figure de l'auteur, et d'autres individus, malheureusement en très æ & Ce d Fig. 24. — Individus provenant des récoltes de M. Neveu-Lemaire. pauvre élat, dans lesquels les carènes, simplement indiquées à la partie supérieure et à la partie moyenne inférieure des tours, acquièrent une importance telle que le faciès général de la coquille en est complètement Se changé (fig. 25 et 26). de us La Pyrqula Never décrite ici Planorbs M he Po atianes est bien constante dans sa forme dou ne générale, mais je pense que celle coquille, comme ses congénères du genre Pyrqula (P. nevadensis Stearns), se rattache de bien près aux Paludestrina. Je pense que la carène aiguë qui distingue notre espèce a pu naître sous l'influence des conditions particulières dans lesquelles se trouve le lac Titicaca, tout comme la carène ou les carènes de Paludestrina andecola où de Planorbis montanus. Paludestrina poopoensis Bavay, 1904. (Fig. 27.) Tesla parva, conica, anfractus 6-7 rotundatt regulariter accresci, sutura impressa junctt, ultimus dimidiam partem teste altitudine superans ; apertura ovalts inferne paululum effusa superne angulata, marqine subincrassato continuo. Color testæ albo-virens limo tenu conspurcatus, peristomatis fuscus. Dim. : alt. 5 nullim., lat. 2 mullim. 5. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. 145 Coquille petite, conique, munie d’une légère fente ombili- cale et formée de 6 à 7 tours de spire convexes, croissant très régulièrement et unis par une suture bien marquée; le der- nier tour forme plus que la moitié de la hauteur totale de la coquille. Ouverture ovale, un peu versante intérieurement, anguleuse au sommet, à bords continus un peu Épaissis. Couleur blanc verdatre, salie par un fin limon, bords de l'ouverture bruns. Cette espèce varie peu dans sa forme générale, mais son dia- mètre peut s'accroître ou diminuer par rapport à la hauteur de la coquille, de telle façon que le rap- port entre ces deux dimensions, qui est normalement 2,5/5, peut varier dans les cas extrêmes de 2/5 à 3/5. Il est bien certain que cette palu- destrine ne possède aucun caractère bien saillant qui la distingue de prime abord de ses congénères de l'Amérique a 3 du Sud. Je crois cependant que c'est É e e une forme bien fixée par la vie dans Bavay, 1904. les eaux salées du lac Poopo. En tous cas, elle diffère nettement de l'espèce du lac Titicaca, par ses tours beaucoup plus con- vexes et son sommet beaucoup moins aigu. Pyrgula Neveui Bavay, 1904. (Fig. 28.) Testatenuis, subpellucens, conica , anqusterimata ; anfractus 6 1 12, primt duo rotundatt, tertius subcarinatus, quartus et quintus com- planati et supra suturam carinatr, ultimus medio valde anqulatus et carinalus 2/5 altitudinis formans. Apertura brevrter ovalis, superne angulata; peristoma simplex extus non dilatatum nec reflexum, columellaris margo paululum in- crassatus reflezusque marqine externo callo tenuissimo junctus. Color testæ sordide albus ad aperturam fuscescens, peristomatis nigro fuscus. LACS DES HAUTS PLATEAUX. 10 DUPRIMERIE NATIONALE. 146 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Dim. alt. testæ : 5 muüllin., lat. : 3 mullim.; aperturæ all. 2 mullim., lat. : 1 mulim. 3/4. Pyrqulæ nevadensis Stearns, satis proxima, sed magis conica et elongata nec anfractibus rotundatis. Coquille mince, un peu transparente, conique, munie d'une petite fente ombilicale. Six tours et demi de spire, les deux premiers arrondis, le troisième un peu caréné, le quatrième et le cinquième plats et carénés au-dessus de la suture, le dernier fortement anguleux en son mi- lieu et caréné; la carène est creuse intérieurement; ce der- nier tour forme les deux cin- quièmes de la hauteur totale. Ouverture courtement ovale, anguleuse au sommet, péri- Fig. 28. — Pyrgula Neveui Bavay, 1 go. Doi stome simple, ni dilaté, ni ré- fléchi en dehors, bord colu- mellaire un peu épaissi et réfléchi et joint au bord externe par une très mince callosité. Couleur de la coquille, blanc sale, devenant un peu brunatre vers l'ouverture; le péristome est d’un brun noirâtre. Cette espèce est assez voisine de Pyrqula nevadensis Stearns; elle s'en distingue par le nombre plus considérable des tours, six et demi au lieu de cinq en outre. ch: nevadensis est plus courte, plus ovoïde, les tours étant un peu convexes et la ca- rène moins forte. Habite le lac Titicaca. Ancylus Crequii Bavay, 1904. (Fig. 29.) T'esta parva tenuts, elongata, CORDES apice acuto postertore el dexteram valde inflexo , struis concentricis numerosis tenutbusque ad- ornala. Apertura elongata, elliptica, antice latior, lateribus fere rectis, latero dextro subincrassato. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 147 Color albo-virens aut fulvus. Dim. teste alt. : 3 mullim.; aperturæ long. : 4 mullim. 5, lat. : 2 millim. Coquille petite, mince, comprimée, allongée d'avant en ar- rière, à sommet postérieur, aigu, très infléchi et se projetant à droite en dehors du périmètre de l'ouverture. La coquille est ornée de nombreuses et fines stries concentriques. L'ouver- ture est elliptique, plus large en avant, à côlés presque droits: le bord droit est un peu épaissi. Couleur blanc verdatre ou Fig. 29. — Ancylus Crequu Bavay, 1904. fauve a, vu par-dessus; b, vu par-dessus, d'avant en à di à arrière ; €, vu par-dessous. Cette espèce d Ancyle ne res- semble à aucune autre de l'Amérique du Sud. I n’en a été recueilli que quelques individus, en général fort petits. Habite le lac Titicaca. V. — ARTHROPODES (CRUSTACÉS). l. AMPHIPODES par Ed, CHEVREUX, Les Amphipodes du lac Titicaca ont déjà fait objet d'un mémoire publié par Walter Faxon! à la suite de l'exploration effectuée par Agassiz et Garman, en janvier et février 1875 Faxon signale la présence dans le lac de huit espèces d'Amphi- podes appartenant toutes, selon lui, au genre Allorchestes Dana. Sept de ces espèces sont nouvelles; la huitième ne serait autre qu'une forme commune dans les eaux douces de l'Amérique du Nord, forme décrite par Smith sous le nom de Hyalella inernus. } Agassiz (A.) and Garmax (S. W.). Maseum comparative Zoology at Harward Exploration of lake Titicaca, IV. — College, vol. IL, n° 16. Cambridge Mass., Crustacea, by Wazrer Faxon (Bulletin of 1876). 148 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Pour Faxon, Hyalella est synonyme d’Allorchestes, et le premier de ces deux noms génériques doit disparaître de la nomen- clature. On a beaucoup discuté à propos de la validité des genres Hyale Rathke 1837, Nicea Nicolet 1849, Allorchestes Dana 1852 et Hyalella Smith 1874. En 1888, Stebbing!!, après avoir résumé les opinions de tous les zoologistes qui s'étaient occupés de cette question, conclut en classant dans le genre Hyale Rathke (— Nicea Nicolet, — Allorchestes Dana) toutes les espèces dont le telson est fendu et, dans le genre Hyalella Smith, toutes celles dont le telson est entier. G. O. Sars en 1890, Della Valle en 1893, se sont rangés à cette opinion. Quelques années plus tard, Stebbing® a rétabli le genre Allorchestes pour recevoir une partie 1e espèces du genre Hyale, chez lesquelles le carpe des gnathopodes postérieurs du male se prolonge entre l'article méral et le propode. Les espèces décrites par Faxon doivent donc être classées dans le genre Hyalella. C'est également à ce genre qu'appartiennent les Amphipodes trouvés dans le lac Titicaca par le D' Neveu-Lemaire, et dont il a eu l’ama- bilité de me confier l'étude. Cinq des espèces de Faxon n'ont pas été retrouvées au cours de la récente exploration du lac, ce qui peut dépendre soit de la profondeur relativement grande de la plupart des pêches d'Agassiz, soit plus probablement de la saison, les pêches de ik exploration américaine ayant été effectuées en janvier-lévrier, tandis que celles du D' Neveu-Lemaire sont datées du mois de juillet. Plusieurs espèces non retrouvées (Hyalella armata, I. echina, H. longipes, H. lucifugax) sont remarquables par les nombreuses dents où épines dont leurs plaques coxales ou la ligne médiane dorsale de leur corps sont armées, ce qui leur donne une vague ressemblance avec certains Gammarides du lac Baïkal. D Cf. CHALLENGER, À mphipoda , p.172 Museum and other sources. Part IL Trans. à 174. Linn. Soc. of London (2). Zoology, VIH, / ® Amphipoda from the Copenhagen Part 8, 1899, p. 398. FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 149 Quatre des six espèces recueillies par le D' Neveu-Lemaire sont nouvelles. Les deux autres ont été sommairement décrites par Faxon; j'en donne ici une description plus complète. Les pêches proviennent des stations suivantes : Station 21, 19 Juillet 1903. Petit lac, près l'ile d'Ampura, profondeur 2 mètres. Sur les plantes aquatiques du fond. Hyalella Neveu-Lemairei Chevreux, A. solida nov. sp., H. longt- palma (Faxon), H. Montforti nov. sp. Station 57, 25 juillet 1903. Grand lac (baie de Challa, île du Soleil), profondeur 18 mètres. Sur les plantes draguées au fond. Hyalella Neveu-Lemairet Chevreux, H. Mont/ortt nov. sp. Station 74, 26 juillet 1903. Grand lac (entre la côte nord- est et l'archipel de Campanario), profondeur 24 mètres. Sur les plantes draguées au fond. Hyalella Montforti nov. sp. Station 87, 27 juillet 1903. Grand lac {baie d'Achacache), profondeur 3 m. 60. Sur les plantes du fond. Hyalella Monfort nov. sp., À. cuprea Faxon, H. robusta nov. sp. Hyalella Neveu-Lemairei CnEvREUx ". Station 21,15 juillet 1903. Nombreux exemplaires des deux sexes. Station b7, 25 juillet 1903. Deux femelles. Müle. — Le corps, assez comprimé, mesurait 7 millimètres de longueur®), dans la position où il est figuré ici (fig. 30). Les trois derniers segments du mésosome et les trois segments du métasome sont carénés sur la ligne médiane dorsale. Dans chacun de ces segments, la carène se relève en arrière pour former une large dent, aiguë à l'extrémité. La tête, aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux peu allongés, tronqués à la partie 0 Caevreux (E.). Mission de Créqui Société zoologique de France, XXIX , 24 mai Montfort et Sénéchal de la Grange. Note 1904, p. 191- 134]. préliminaire sur les Amphipodes recueillis ®) La longueur du corps est mesurée du par M. le D' Neveu-Lemaire dans le lac bord antérieur de la tête à l'extrémité Titicaca (juillet 1903) [in Bulletin de la du telson. 150 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. antérieure. Les plaques coxales des quatre premières paires, peu élevées, sont à peine plus hautes que les segments corres- pondants du mésosome. Le lobe postérieur des plaques coxales de la cinquième paire est plus étroit et plus haut que le lobe antérieur. L'angle postérieur des plaques épimérales des deux derniers segments du métasome se prolonge en arrière et se termine en pointe aiguë. Fig. 30. — Hyalella Neveu-Lemairer. Mäle, vu du côté droit. Les veux, assez grands, sont arrondis. Les antennes supé- rieures atteignent d longueur de Fensemble de la tête et du mésosome. Le De et troisième articles du pédoncule, à peu près d'égale taille, sont un peu plus courts que le premier article. Le flagellum, deux fois aussi long que le pédoncule, comprend seize articles. Les antennes inférieures sont aussi longues que l'ensemble de la tête, du mésosome et du métasome. Le pédoncule est remarquablement allongé. Son cinquième article atteint la longueur de l'ensemble des deux articles pré- cédents. Le flagellum se compose de dix-huit articles. Dans les gnathopodes antérieurs (fig. 31 [a]), le bord posté- rieur du carpe, fortement convexe, porte une rangée de soies spiniformes. Le propode est beaucoup plus large à l'extrémité FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 151 qu'à la base. Son bord palmaire, légèrement convexe, forme avec le bord postérieur un angle des armé d'une petite épine. Le dactyle, assez re est de la longueur du bord palmaire. Les gnathopodes postérieurs (fig. 31 [8]) sont plus longs et plus robustes que les gnathopodes antérieurs. Le carpe se pro- Fig. 31. — Hyalella Neveu-Lemairet. À, gnathopode antérieur du mäle; B, gnathopode postérieur du mâle; C, gnathopode postéricur de la femelle ; D, plaque coxale et article basal d'une patte de la cinquième paire de la femelle. longe en arrière pour former un lobe assez allongé, bordé de petites soies spiniformes. Le propode, quadrangulaire, est un peu plus long que large. Son bord postérieur se prolonge infé- rieurement, pour former avec le bord palmaire un angle un peu aigu, armé d’une petite épine. Le dactyle, grêle et recourbé, est un peu plus long que le bord palmaire. Les pattes de la cinquième paire sont beaucoup plus courtes que celles des deux paires suivantes. Les pattes de la sixième paire sont les plus longues. Le lobe postérieur de Far- ticle basal des pattes de la septième paire est fortement dilaté à sa partie inférieure. Dans les pattes des trois dernières paires, l'article méral et le carpe se terminent en arrière par un pro- longement anguleux, garni d'une touffe d'épines. 152 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Dans les uropodes des deux premières paires, la branche externe est plus courte que la branche interne. La branche unique des uropodes de la dernière paire n'alteint pas tout à fait la longueur du pédoncule. Le telson, un peu plus long que large, est arrondi à son extrémité, qui porte deux petites épines. Femelle. — De même taille que le mâle, la femelle s'en dis- tingue par ses antennes beaucoup plus courtes et par la forme de ses gnathopodes postérieurs. Les gnathopodes antérieurs sont semblables à ceux du male. Les gnathopodes postérieurs, un peu plus longs, en diffèrent surtout par le prolongement lobiforme, extrêmement allongé, du carpe et par la plus grande longueur du propode (fig. 31 [c]). Chacune des plaques coxales des troisième, quatrième et sixième paires porte une petite lamelle branchiale accessoire. Deux de ces lamelles accessoires sont fixées au bord supérieur des plaques coxales de la cinquième paire (fig. où [b]). Hyalella solida nov. sp. Station 21, 19 juillet 1903. Un exemplaire. s L'exe maire, un mâle paraissant adulte, mesurait un peu moins de 5 millimètres de longueur, dans la position où il est figuré ici (fig. 32). Le corps es obèse. Les téguments, beau- coup plus épais et plus rigides que chez les espèces voisines, sont couverts, dans leur partie dorsale, de nombreuses petites soies spiniformes. Les deux derniers segments du mésosome el les trois segments du métasome se terminent, à la partie dorsale, par une large dent plus où moins recourbée en avant. La tête, beaucoup plus longue que le premier segment du mésosome, présente des lobes latéraux larges et arrondis. Les plaques coxales des quatre premières paires sont bien plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Le lobe postérieur des plaques coxales de la cinquième paire est aussi large, mais plus haut que le lobe antérieur. L'angle postérieur FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 153 des plaques épimérales des deux derniers segments du méta- some se prolonge un peu en arrière et se termine en pointe, aiguë dans le premier de ces segments, un peu obtuse dans le segment suivant. Les yeux, très grands, sont ovales. Les antennes supérieures atteignent la longueur de l'ensemble de la tête et des trois pre- miers segments du mésosome. Les deuxième et troisième articles du pédoncule, à peu près d'égale longueur, sont un peu Fig. 32. — Iyalella solid. Male, vu du côlé gauche, plus courts que le premier article. Le flagellum, à peine plus long que le pédoncule, comprend neuf articles, garnis de petites soies. Les antennes inférieures atteignent la longueur de l'en- semble de la tête et des quatre premiers segments du mésosome. Le pédoncule est robuste et allongé. Son cinquième article est aussi long que l'ensemble des deux articles précédents. Le fla- cellum, également très robuste, est un peu plus court que le pédoncule et comprend dix articles finement ciliés. Dans les gnathopodes antérieurs (fig. 33[a]), le bord antérieur du carpe présente une échancrure garnie de quelques épines. 154 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Le bord postérieur, fortement convexe, porte une rangée d'épines. Le propode, quadrangulaire, est beaucoup plus large à l'extrémité qu'à la base. Le bord palmaire, garni de quelques longues soies et terminé par une petite dent arrondie, forme un angle droit avec le bord postérieur. Le dactyle, robuste et recourbé, est un peu plus court que le bord palmaire. Les gnathopodes postérieurs (fig. 33 [r]) sont très développés. Le Fig. 33. — Hyalella solida. A gnathopode antérieur ; B, gnathopode postérieur ; C, patte de la 3° paire; D, patte de la 7° paire ; E, uropodes de la dernière paire et telson. carpe se prolonge en arrière pour former un lobe étroit, très allongé. Le propode, très volumineux, quadrangulaire, est un peu plus long que large. Le bord palmaire, fortement convexe au voisinage de Farticulation du dactyle, forme un angle un peu obtus avec le bord postérieur. Le dactyle, très robuste et fortement recourbé, est un peu plus court que le bord pal- maire. Les pattes des troisième et quatrième paires (fig. 33 [c]), très robustes, sont garnies de nombreuses épines. Les pattes de FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 155 la cinquième paire sont beaucoup plus courtes que les pattes des deux paires suivantes, qui sont à peu près d'égale taille. Ces lrois paires de pattes portent de nombreuses pins et leur article basal est crénelé au bord postérieur (fig. 33 [p]). Une lamelle branchiale accessoire est fixée aux plaques coxales des pattes des troisième, quatrième, cinquième et sixième paires. Dans les uropodes des deux premières paires, la branche interne est à peine plus longue que la branche externe. La branche unique des uropodes de la dernière paire (fig. 33 [r]) atteint à peu près la longueur du pédoncule, qui est armé de cinq épines. Dans l'uropode droit de lexemplaire, la branche porte trois épines et deux soies; la branche de luropode gauche présente seulement une soie et deux épines. Le telson (ie 33 [e]), plus large que long, est régulièrement arrondi au bord distal, qui porte quatre petites épines. Hyalella longipalma {Faxow). Station 21, 15 juillet 1903. Trois males. Le plus grand de ces trois exemplaires mesurait 8 millimètres de longueur, dans la position où il est figuré ici (fig. 34). Le corps est modérément comprimé. Chacun des deux derniers segments du mésosome et des trois segments du métasome se termine, sur la ligne médiane dorsale, par une dent assez élevée, débordant peu sur le segment suivant. La tête, aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux assez saillants, arrondis. Les plaques coxales des quatre premières paires sont près de deux fois aussi hautes que les segments correspondants du mésosome. Le lobe postérieur des barre coxales de la cinquième paire est beau- coup plus haut et un peu moins large que le lobe antérieur. L'angle postérieur des plaques épimérales des deux derniers seoments du métasome se prolonge en arrière et se termine en pointe aiguë. 156 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. , Les yeux, de taille moyenne, sont régulièrement ovales. Les antennes supérieures égalent en longueur l'ensemble de la tête et des trois premiers segments du mésosome. Les articles du pédoncule décroissent progressivement en longueur et en gros- seur, du premier au troisième article. Le Faire à peine plus long que le pédoncule, comprend dix articles finement ciliés. Les antennes inférieures égalent en longueur l'ensemble de la tèle et des quatre premiers segments du mésosome. Le dernier article du pédoncule est plus long d'un tiers que article précédent. Le flagellum, un peu plus court que l'ensemble des deux derniers articles du pédoncule, comprend, comme dans les antennes supérieures, dix articles finement ciliés. 34. — Iyalella longipalma. Mile, vu du côté gauche. Le bord antérieur du carpe des gnathopodes antérieurs (fig. 35[4]) présente, comme d'habitude, une profonde échan- crure, garnie d'une touffe d'épines. Le bord postérieur, très fortement convexe, porte une rangée d'épines. Le propode, quadrangulaire, est beaucoup plus large à l'extrémité qu'à la base. Le bord antérieur est fortement convexe, le bord postérieur présente une légère concavité. Une forte dent sépare le bord postérieur du bord palmaire. Le dactyle, assez robuste, est légèrement recourbé. Les gnathopodes postérieurs (fig. 35 [8j) sont très développés. Le carpe se prolonge en arrière pour FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. 157 former un lobe étroit et allongé. Le propode, très volumineux, affecte une forme à peu près triangulaire. Le bord postérieur est très court. Le bord palmaire présente un contour ondulé, concave dans la partie où le dactyle se croise avec lui. Le dactyle, fortement recourbé, est plus court que le bord pal- maire. Les pattes des cinq paires suivantes sont longues el grêles. Les pattes de la dernière paire (fig. 35 [b]) dépassent un peu en longueur les pattes précédentes. Le bord postérieur de Particle Fig. 35, — Hyalella longipalma. 4, gnathopode antérieur; B, gnathopode postérieur; C, partie d'une patte de la 6° paire; D, patte de la 7° paire; Æ, uropode de la 2° paire; F, uropode de la dernière paire; G, uropodes de la dernière paire et telson. basal, irrégulièrement convexe, présente des crénelures assez accentuées. Le dactyle, long et grêle, est recourbé. Les pattes des cinq dernières paires portent une lamelle branchiale acces- soire (fig. 35 [c]);celle des pattes de la dernière paire (fig. 55 [p]) est rudimentaire. Dans les uropodes des deux premières paires (fig. 35 [E]), la branche externe est aussi longue que la branche interne. Le pédoneule des uropodes de la dernière paire (fig. 35 [r et 6]), très volumineux, un peu plus long que large, porte trois fortes 158 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. épines à l'extrémité de son bord externe. La branche unique, sensiblement plus courte que le poses se termine par deux petites soïes spiniformes. Le telson (fig. 35 [c]), un peu plus large que long, est régulièrement arrondi au bord distal, qui porte deux petites épines. Dans sa courte diagnose d'Allorchestes longipalmus, Faxon men- tionne la présence ee dent dorsale au bord postérieur du cinquième segment du mésosome. Cette dent, probablement très pelite, puisqu'elle n'est pas visible sur la figure d'ensemble qui accompagne le texte, n'existe chez aucun des trois exem- plaires recueillis. Hyalella Montforti nov. sp." Station 21, 15 juillet 1903. Nombreux exemplaires. Sta- tion 57, 2 Pnines 1903, une dizaine d'exemplaires. Station 74, 26 juillet 1903, quatre jeunes exemplaires. Station 87, 27 juil- let 1903, nombreux exemplaires. Mäle. — Le plus grand exemplaire recueilli mesurait 8 mil- limètres 1/2 de longueur, dans la position où il est figuré ici (voir fig. 36). Le corps est modérément comprimé. Le Per segment du mésosome se termine, sur la ligne médiane dor- SES par une dent aiguë, légèrement pro olongée en arrière. Chacun des deux premiers segments du métasome se termine par une large dent, qui ne déborde pas sur le segment suivant. Beaucoup d'exemplaires portent, au bord postérieur du troi- sième segment, une dent, moins accentuée, mais de même forme que les deux dents précédentes. Chez d'autres exem- plaires, cette dent n'existe pas et le segment déborde simple- ment plus où moins sur lurosome; c'est le cas de celui qui est représenté ci-contre. La tête, à peu près aussi longue que l'ensemble des deux } Un examen sommaire m'avait fait je l'ai citée, dans ma note préliminaire à la prendre tout d’abord cette espèce pour une Société zoologique de France, sous le nom variété de l'A{lorchestes latimanus Faxon , et de H yalella latimana (Faxon). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 159 premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux assez saillants, obliquement tronqués au bord antérieur. Les plaques re des quatre premières paires sont beaucoup plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Le lobe postérieur des homes coxales de la cinquième paire est un peu plus haut et plus étroit que le lobe antérieur. L'angle postérieur des plaques épimérales des deux derniers segments du métasome se prolonge en arrière el se termine en pointe aiguë. = ER Fig. 36. — Hyalella Montfort. Mäle, vu du coté gauche. Les yeux, de taille moyenne, sont ovales. Les antennes su- périeures sont aussi longues que l'ensemble de la tête et des six premiers segments du mésosome. Les articles du pédoncule décroissent progressivement en longueur et en grosseur, du premier au troisième article. Le Fran qui atteint près du double de la longueur du son. comprend quatorze articles, garnis de courtes soies. Les antennes inférieures sont aussi longues que l'ensemble de la tête, du mésosome et du 160 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. premier segment du métasome. Le dernier article du pédon- cule est notablement plus long que l'article précédent. Le fla- cellum, beaucoup plus long que le pédoncule, comprend seize Le articles garnis de petites sO16S. Le bord antérieur du carpe des gnathopodes antérieurs (fig. 37 [A]) présente une profonde échancrure, garnie d’une toulle d'épines. Le bord postérieur, fortement convexe, porte Fig. 37. — Hyalella Montfort. A, gnathopode antérieur du mäle; B, gnathopode postérieur; G, patte de la 7° paire; D, uropode de la dernière paire; £, uropodes de la dernière paire et telson; F, telson d'un autre exemplaire; G, gnatho- pode postérieur de la femelle. une rangée d'épines. Le propode, quadrangulaire, est beau- coup plus large à l'extrémité qu'à la base, son bord postérieur étant quelque peu concave, tandis que le bord antérieur est convexe. Le bord palmaire, garni de quelques épines, est sé- paré du bord postérieur par une petite dent. Le dactyle est légèrement recourbé. Les gnathopodes postérieurs (fig. 37 [8]) sont très développés. Le carpe se prolonge en arrière pour for- mer un lobe étroit et allongé. Le propode, très volumineux, FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. I61 quadrangulaire, est beaucoup plus long que large. Le bord palmaire est séparé du bord postérieur par une grosse dent obtuse. Le dactyle, assez fortement recourbé au voisinage de sa base, est modérément robuste. Les pattes des troisième et quatrième paires sont longues et grèles. Les pattes des trois dernières paires augmentent pro- ne nent en longueur, de la cinquième à la septième paire (fig. 37 [cl). Leur see basal, relativement peu développé, est plus long que large. L'article méral, le carpe et le propode sont plus larges à l'extrémité qu'à la base. Une lamelle bran- chiale accessoire est fixée aux plaques coxales des pattes des troisième, quatrième, cinquième et sixième paires. Dans les uropodes des deux premières paires, la branche externe est aussi longue que la branche interne. Les uropodes de la dernière paire (fig. 37 [n et E]) sont remarquablement al- longés. Le pédoncule dépasse l'extrémité du telson. Il porte un bouquet de fortes épines. La branche unique, aussi longue que le pédoncule, se termine par une petite épine accompagnée d'une toufle de soies. Le telson (fig. 37 [E]), plus large que long, est régulièrement arrondi au bord distal, qui porte deux fortes épines, chez l'exemplaire figuré ci-contre. Dans le telson de plusieurs autres exemplaires, chacune de ces épines est accompagnée d’une autre épine plus petite (fig. 37 [r}). Femelle. — Un peu plus petite que le mâle, la femelle s'en distingue par ses antennes plus courtes, bien que possédant au moins autant d'articles au flagellum, et par la forme de ses gnathopodes postérieurs. Les gnathopodes antérieurs sont sem- blables à ceux du mâle. Les gnathopodes postérieurs (fig. 3 [&]), beaucoup plus allongés, ne différent des Ron précédents que par la plus grande longueur de l'article basal, du carpe et du propode. Je prie M. de Créqui Montfort de vouloir bien accepter la dédicace de cette nouvelle espèce d'Amphipodes. LACS DES HAUTS PLATEAUX. 11 IMPRIMERIE NATIONALE, 162 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. Hyalella cuprea { Faxox ). Station 87, 27 juillet 1903. Un exemplaire. L'exemplaire recueilli est un male, mesurant 9 millim. 1/2 de longueur dans la position où il est figuré ici (fig. 38). Le corps est modérément comprimé. Les segments, très nettement délimités, ne portent pas de projections dorsales. La tête, beau- coup plus longue que le premier segment du mésosome, pré- sente des lobes latéraux peu saillants, arrondis. Les plaques Fig. 38. — Hyalella cuprea. Mâle, vu du côté droit. coxales des quatre premières paires sont à peu près deux lois aussi hautes que les segments correspondants du mésosome. Le lobe postérieur des plaques coxales de la cinquième paire est un peu plus étroit et plus haut que le lobe antérieur. L'angle postérieur des plaques épimérales des deux derniers segments du métasome se prolonge un peu en arrière et se termine en pointe algue. Les yeux, assez petits, sont ovales. Les antennes supérieures sont un peu plus longues que l'ensemble de la tête et des deux premiers segments du mésosome. Les deuxième et troi- sième articles du pédoncule, à peu près d'égale longueur, sont un peu plus courts que le premier article. Le flagellum, un FAUNE ET FLORE DÉS LACS DES HAUTS PLATEAUX. 165 peu plus long que le pédoncule, comprend onze articles garnis de courtes soies. Les antennes inférieures sont un peu plus longues que l'ensemble de la tête et des trois premiers seg- ments du mésosome. Le dernier article du pédoncule est un peu plus long que l'article précédent. Le flagellum, de la longueur du non se compose de onze ne Fig. 39. — Hyalella cupreu. À, gnathopode antérieur; B, gnathopode postérieur; C, patte de la 4° paire; D, patte de la 7° paire; E, uropode de la 2° paire; F, uropode de la dernière paire et telson. Le bord antérieur du carpe des gnathopodes antérieurs (fig. 39 [A]) présente une profonde échancrure, garnie d’une toufle d'épines. Le bord postérieur, fortement convexe, porte une rangée d'épines. Le propode, quadrangulaire, est beau- coup plus large à l'extrémité qu'à la base, son bord postérieur étant assez fortement concave, tandis que le bord antérieur est convexe. Le bord palmaire est séparé du bord postérieur par une petite dent arrondie. Le dactyle, recourbé, n'atteint pas tout à fait l'extrémité du bord palmaire. Les gnathopodes postérieurs (fig. 39 [B]) sont très robustes. Le carpe présente un prolongement lobiforme étroit et allongé. Le propode, très volumineux, affecte une forme à peu près triangulaire. Un Lilre 164 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. gros tubereule obtus sépare le bord postérieur du bord pal- maire. Le dactyle, très robuste, est fortement recourbé. Les pattes des troisième et quatrième paires (lg. Sole assez grêles, portent de nombreuses petites épines au bord postérieur. Les pattes des trois dernières paires sont robustes et garnies de nombreuses épines. Le bord postérieur de leur article basal est faiblement crénelé. Les dactyles sont gros et courts. Les pattes de la sixième paire sont les plus Dose et les pattes de la septième paire {fig. 39 [n]) ne dépassent pas de beaucoup en longueur celles de la cinquième paire. Une lamelle branchiale accessoire est fixée aux plaques coxales des gnathopodes postérieurs, ainsi qu'à celles des s pattes des quatre paires suivantes. Les pattes de la seplième paire portent une seule lamelle branchiale, semblable aux lamelles accessoires des pattes précédentes. Les branches des uropodes de la première paire, à peu PE d'égale taille, sont beaucoup plus courtes que le pédoncule. L à Mon externe des uropodes de la deuxième paire (fig. 39 [&]), un peu plus longue que le pédoncule, est beaucoup plus courte que la branche interne. Les uropodes de la dernière paire (fig. 39 [r]), absolument rudimentaires, n'atteignent pas l'extrémité du telson. La branche unique, beaucoup plus courte que le pédoncule, se Lermine par une pelile épine. Le telson (fig. 39 [r]), un peu plus large que long, porte une épine et une petite soie de chaque côté de son bord distal, qui est régulièrement arrondi. Hyalella robusta nov. sp. Station 87, 27 juillet 1903. Nombreux exemplaires. Müle. — Le corps, robuste et peu comprimé, atteignait 4 millim. 1 /2 de longueur dans la position où il est figuré ici (lig. 40). Les segments ne présentent pas de projections dor- sales. La tête, presque aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. 165 peu saillants, largement tronqués au bord antérieur. Les plaques coxales des quatre premières paires sont beaucoup plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Le lobe postérieur des plaques coxales de la cinquième paire est un peu plus haut et plus étroit que le lobe antérieur. L’angle postérieur des plaques épimérales des trois segments du méta- some est arou. Fig. 4o. — Hyalella robusta. Mâle, vu du côté droit. Les yeux, très grands, sont irrégulièrement ovales. Les an- tennes supérieures égalent en longueur l'ensemble de la tête et des trois premiers segments du mésosome. Les arücles du pédoncule décroissent régulièrement en grosseur et en lon- gueur, du premier au troisième article. Le flageHum, beau- coup plus long que le pédoncule, comprend neuf articles. Les antennes inférieures égalent en longueur l'ensemble de la tête et des cinq premiers segments du mésosome. Le dernier article du pédoncule est beaucoup plus long et plus étroit que l'article précédent. Le flagellum, beaucoup plus long que le pédon- cule, comprend onze articles, pour la plupart assez allongés. Le bord antérieur du carpe des gnathopodes antérieurs (fig. 41 [A]) présente une profonde échancrure, garnie d'une toufle d’épines. Le bord postérieur est moins fortement convexe que chez les espèces précédentes. Le propode est beaucoup 166 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. plus large à l'extrémité qu'a la base. Son bord postérieur se termine par une partie convexe qui se confond presque avec le bord palmaire et n'en est séparée que par une petite épine. Le dactyle, recourbé à l'extrémité, dépasse un peu en longueur le bord palmaire. Les gnathopodes postérieurs (fig. 41 [8]) ne sont pas très volumineux. Le lobe du carpe, très large, enve- loppe en partie le bord postérieur du propode. Ce dernier article, un peu plus long que large, est quadrangulaire. Son bord postérieur se termine par une petite dent qui déborde sur le bord palmaire. Le dactyle, assez robuste et régulière- ment recourbé, est de la longueur du bord palmaire. Fig. 41. — Hyalella robusta. À, gnathopode antérieur du mâle; B, gnathopode postérieur; C, patte de la 6° paire; D, patte de la 7 paire; £, uropode de la 2° paire; F, uropodes de la dernière paire et telson; G, uropode de la der- nière paire; //, gnathopode postérieur de la femelle. Les pattes des troisième et quatrième paires, assez allongées, portent de nombreuses épines au bord postérieur. Les pattes des trois dernières paires, remarquablement courtes et ro- bustes, ont l'article basal très dilaté, crénelé au bord posté- rieur. Les pattes de la sixième paire (fig. 41 [c]) sont un peu plus longues que celles de la septième paire (fig. 41 [n]). Dans ces trois paires de pattes, l'article méral et le carpe, très dila- FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 167 tés, se terminent en arrière par un lobe garni d'une toufle de longues épines. Une lamelle branchiale accessoire est fixée aux plaques coxales des gnathopodes postérieurs et des quatre paires de pattes suivantes. Les pattes de la septième paire ne portent pas de lamelles branchiales. Dans les uropodes des deux premières paires (fig. 41 [E :]), la branche externe est un peu plus courte « ue la branche in- terne. Les uropodes de la dernière paire (fig. 41 fret c]) sont très courts. Le pédoncule, un peu plus long que large, dépasse à peine l'extrémité du telson. Il porte une ir de trois fortes épines au bord externe. La branche unique, beaucoup plus courte que le pédoncule, se termine par une petite épine ac- compagnée d'une soie. Le telson (fig. 41 [F]), un peu plus large que long, est régulièrement arrondi au bord distal, qui porte deux petites épines. Femelle. — De même taille quele male, la femelle s'en dis- tingue par ses antennes plus courtes et par la forme de ses enathopodes postérieurs. Le pédoncule des antennes in férieures est moins allongé, le flagellum ne comprend que neuf articles. Les gnathopodes antérieurs sont semblables à ceux du mâle. Les gnathopodes postérieurs (fig. 41 [n]), beaucoup plus al- longés que les gnathopodes précédents, en diffèrent surtout par la forme plus étroite du propode qui est à peu près deux fois aussi long que large. Le bord postérieur se confond avec le bord palmaire. Le boites assez grêle, est faiblement recourbé. C'est bien probablement cette espèce que Faxon a citée, sans la décrire, sous le nom d'Allorchestes dentatus Smith, var. tnernus, et je l'ai moi-même désignée dans ma note préliminaire sous le nom de {yalella imernis Smith. Elle diffère de l'espèce de Smith par son aspect plus robuste, par ses yeux plus grands, par la forme du pr opode de ses gnathopodes antérieurs et par le peu de longueur de ses pattes des trois dernières paires. Les pièces buccales des espèces décrites dans le présent tra- vail ne présentant rien de particulier, il m'a semblé inutile 168 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. d'en faire mention. Je dirai seulement qu'on ne retrouve chez aucune de ces formes le caractère signalé par Stebbing pour une espèce nouvelle de Costa-Rica, Hyalella Faxont Stebbing, caractère consistant dans la présence de trois soies au lobe interne des maxilles de la première paire. Ge lobe ne porte que deux soies chez les exemplaires examinés des six espèces dé- criles ci-dessus. Le nombre des soies du lobe interne n'est, ïl est vrai, pas toujours constant chez une même espèce. En exa- minant quelques exemplaires d'une Hyalella, provenant de Guanajato (Mexique) et que je crois pouvoir identifier avec Amphithoe azteca de Saussure, j'ai trouvé cinq soies ciliées au lobe interne des maxilles de la première paire d'un mâle et quatre soies seulement chez un autre male de la taille du premier. 2. CLADOCÈRES PAR Epwarp À. BrrGe, Pa. D., . Professeur de zoologie à l'Université de Wisconsin (États-Unis). J'ai recu du docteur M. Neveu-Lemaire treize flacons con- Lenant des entomostracés provenant des lacs Titicaca et Poopo. Ces flacons renfermaient de nombreux copépodes qui ont été étudiés par le professeur C. Dwight Marsh, dont le rapport suit celle note. Les Cladocères proviennent de deux endroits seulement et ne renferment que cinq espèces, représentées par un petit nombre d'individus. Aucune de ces espèces n’est nouvelle; ce- pendant on peut considérer une ou deux formes comme repré- sentant des variétés nouvelles. Je n'ai pas eu assez de matériaux à ma disposition pour faire une étude d'ensemble des Clado- cères de cette région. Je n'ai trouvé que deux espèces prove- nant du lac Titicaca, qui n'ont pas été décrites par Moniez!? en 1889; et, d'autre part, la liste de Moniez comprend deux espèces qui ne figurent pas dans cette collection : Simocephalus cacicus etune espèce de Camptocercus. ( Montrez (R.). Sur quelques Clado- Titicaca (Revue biologique du nord de la cères el sur un Ostracode nouveaux du lac France, Lille, 1889). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 169 Daphnia pulex (DE GEER) var. Titicacensis, var. nov. (PL XVI.) Longueur de la femelle : 1 millim. 6o à 1 millim. 80, non compris l'épine, qui peut avoir de o millim. 20 à o millim. 25 de longueur; hauteur, o millim. 80 à o millim. 90. Le plus abondant des Cladocères du lac Titicaca est une variété de l'espèce polymorphe : D. pulex. Il a les caractères généraux de l'espèce, mais ceux-ci sont modifiés par suite de l'adaptation à une vie lacustre. La forme générale est ovale; la carapace est mince et transparente, ses impressions à peine visibles. L'épine est longue, mince, et forme une saillie chez les adultes vers le af ent de L carapace. Elle est souvent rompue chez les spécimens âgés et très détériorée chez un ou deux exemplaires. Les saillies abdominales sont très recroquevillées dans tous les spécimens. La saillie postérieure ou quatrième saillie ne peut être distin- guée. La première est bien distincte de la seconde; on n'y voit pas de soies. La seconde et la troisième présentent de nom- breuses soies. Le post-abdomen a la forme habituelle et porte de douze à quatorze dents anales. Les ongles sont d’une longueur moyenne; le bord dorsal montre quelquefois deux petites inci- sions, mais il est entièrement uni dans de nombreux cas. Le bord ventral est cilié et porte deux peignes. Le peigne proximal se compose de cinq ou six très jolies dents, à peine distinctes, même examinées à l’aide d’un fort grossissement, et le peigne distal a environ six grandes dents grandissant et s'écartant l'une de l'autre à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité distale. Les cœcums hépatiques sont longs et très recourbés; la ma- cula nigra est distincte. L'œil est it avec peu de lentilles saillantes et du pigment re On n'a pas trouvé plus de deux embryons dans la cavité incubatrice. Il m'est impossible d'identifier ce type avec aucun de ceux 170 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. de l'Amérique du Sud décrits antérieurement. C'est évidem- ment la même espèce que celle qui a été décrite par Moniez!), provenant du lac Titicaca, et qui a été identifiée par lui d'une manière douteuse avec D. pennata. Les spécimens examinés par Moniez furent pris dans l'estomac d'Orestias; étant ma- cérés, ils ne se trouvaient pas dans de bonnes conditions pour l'étude. Je possède un spécimen monté provenant de la col- lection de Moniez; quoique en très mauvais état, c'est évi- demment le même type que celui de la collection de Neveu- Lemaire. Ce n'est certainement pas Daphnia pennata, forme de D. pulex, qui vil dans les étangs et les endroits similaires, et qui est une variété trapue, opaque, renfermant de nombreux em- bryons. La variété du lac Titicaca est claire, transparente et vit certainement dans la pleine eau. Lac Titicaca, station 132 [entre 250 mètres et la surface); station 133, entre 125 mètres et la surface, 31 juillet 1903. Quelques spécimens, seulement femelles. Ceriodaphnia solis Moniez®, 1889. (PI. XVI.) Longueur, o millim. 80 à o millim. 90; hauteur, o millim. 60 à o millim. 65. Moniez donne comme caractéristique de cette espèce lab- sence d’une dépression au-dessus de l'œil, sur le bord dorsal de la tête. Gette dépression est peu marquée, mais elle ne manque entièrement chez aucun spécimen et la tête n'est pas aussi étroite au sommet que ses figures ne lindiquent. Le spécimen dont le contour a été dessiné par Moniez® doit avoir été vu quelque peu obliquement. Le contour dorsal de la tête ne dif- fère pas beaucoup de celui de Ceriodaphnia rotunda, comme le montre la figure de Lilljeborg®. I existe quelquelois un angle ® Montrez (R.). Op. cit., p. 6, fig. 7 et 8. — ® Moxiez (R.). Op. cit., p. 9, fig. 11, 12 et 13. — ( Lirrsesorc. 1900, pl. XXIX, fig. 15. CLADOCÈRES. 1 à 4. Daphnia pulex var. tiicacensis. 1, femelle (grossie 5o fois); 2, tête de la femelle (grossie 100 fois); 3, griffe terminale {grossie 280 fois); 4, post-abdomen (grossi 100 fois). 5 à 7. Ceriodaphnia solis. 5, antennule {grossie 280 fois); 6, post-abdomen {grossi 150 fois); 7, tête de la femelle (grossie 75 fois). S à 11, Bosmina meridionalis. 8, femelle (grossie 125 fois) ; 9, jeune (grossi 125 fois); 10, antennule (grossie 275 fois); 11, post-abdomen (grossi 275 fois). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 175 distinct, quoique atténué au sommet de la tête. Dans les autres spécimens, la tête est plus également courbée. Il Y a un angle distinct, bien que peu marqué, sur le devant de lantennule. Les antennules sont, telles qu'elles ont été décrites par Moniez, légérement recourbées, la soie latérale un peu éloignée du milieu et située sur un très grand tubercule. La carapace est marquée de réticulations hexagonales, tou- jours indistinctes et qu'il est souvent impossible d'apercevoir. Le post-abdomen est tel que Moniez l'a décrit et figuré, mais il est plus étroit vers son sommet. Il est très possible que cela soit dù simplement à ce que, dans tous mes spécimens, le corps est très fortement rétracté dans la carapace, et l'abdomen est par conséquent aussi fléchi que possible. La comparaison de ces spécimens avec les types originaux de Moniez ne permet pas de douter qu'ils n'appartiennent à la même espèce. Lac Titicaca, station 133, entre 125 mètres et la surface, 31 juillet 1903. Quelques femelles. Bosmina meridionalis SARS, 1903. (PI. XVI.) Quelques spécimens de cette espèce accompagnaient les genres Certodaphnia et Daphnia dans les échantillons recueillis aux stations 132 et 133. Ce type concorde dans tous ses détails essentiels avec B. meridionalis décrite par Sars, mais la hauteur de l'adulte est cependant un peu plus grande que ses figures ne lindiquent. Les spécimens sont mal conservés et la plupart des organes internès ne peuvent être distingués. La forme générale du corps est cependant bien conservée. Sars!) pense que cette espèce est probablement identique à 0 Sans (G. O.). Contributions to the Crustaceen. (Ergebnisse einer Reise nach knowledge of the fresch-water Ento- dem Pacific. Schauinsland, 1896-1897). mostraca of South America, as shown by Zoologische Jahrbücher. Abtheilung für Sys- artificial hatching from dried material tematik, Geographie und Biologie der (Archiv for Mathematik 0q Naturvidenskab. Thiere. B. XIX, Heft 5. Jena, 1903, Christiania, 1901).— Pacifische Plankton- pe 631, pl. XXXV, fig. 3, 3 a, 30,3 c. 174 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. celle qui a été décrite par Ekman!? sous le nom de B. coregont et qui provenait de Patagonie. La mème espèce a été aussi rapportée de Patagonie par Daday®. Sars note que cette espèce est actuellement la seule connue de l'hémisphère méridional, sans tenir compte des publications de Wierzejski®, qui rapporta B. cornuta Jur. de l'Argentine en 1892, et de Vavral?, qui trouva B. obtusirostris Sars dans ses collections de la Terre de Feu et des îles Falkland. Depuis la publication de Sars, Stingelin® a décrit B. Hagmannt provenant de l'embouchure de Amazone. B. meridionalis fut originairement trouvée en Nouvelle-Zé- lande. Sars n'en établit pas la comparaison avec les espèces européennes et dit simplement qu'il ne peut l'identifier avec aucune d'elles. J'accepte très volontiers son jugement, quoi- qu'il me semble que le type se rapproche beaucoup de cer- taines variétés de B. obtustrostris. est tout à fait probable que les spécimens de Vavra appartenaient à la même espèce. Alonella karua Kinc. Trois spécimens de cette espèce ont été trouvés parmi les échantillons recueillis à la station 12; ils appartiennent au genre Alonella et peuvent être rapportés, avec quelque doute, à l'espèce 4. farua. Les belles dents trouvées par Sars sur l'angle inféro-postérieur de la carapace n'existaient pas dans deux spé- cimens el se trouvaient très faiblement indiquées dans le troi- sième. Le post-abdomen n'était pas remarquablement plus large ® Exmax (S.). Cladoceren aus Patago- nien, gesammelt von der shwedischen Ex- pedition nach Patagonien, 1899 (Zoolog. Jahrbächer. Abtheilung für Systemalik , Geographie und Biologie der Thiere. B. XIV, Heft 1. Jena, 1900, p.73, pl. IV, fig. 20). ? Dapay(E. von). Mikroskopische Süss- wasserthiere aus Patagonien, gesammelt von Dr. Filippo Silvestri im Jahre 1899 u. 1900 ( Termeszetrajzi Füzetek, B. XXV. Budapest, 1902, p. 274). ® Wierzesski (A.). Shorupiaki twrotki (Rotatoria ) slodkowodne zebrane w Argen- tynie. Krakow, 1892, p. 7. (9 Vavra (W.). Süsswasser-Cladoceren (Hamburger Magalhuensische Sammelreise Hamburg, 1900, p. 14). ® SriNGELIN (T.). Entomostraken, ge- sammelt von Dr. G. Hagmann in Mün- dungsgebiet des Amazonas (Zoologische Jahrbücher. Àbtheilung für Systematik, Geo- graphie und Biologie der Thiere. B. XX, Heft 6. Jena, 1904, p. 582, pl. XX, fig. 5 et 6). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 175 vers le sommet et l'on voyait seulement quelques denticula- tions marginales. Étant donné le petit nombre de matériaux, J'ai pensé cependant préférable de pas décrire ce tÿpe comme une variété nouvelle. Chydorus sphaericus JURINE. Cette espèce, d'une aire de distribution très vaste, a déjà été rapportée du lac Titicaca et a été décrite par Moniez; j'en ai trouvé quatre spécimens parmi les échantillons provenant de la station 12, lac Titicaca. 93. COPÉPODES par C. Dwicur Mars, Pu. D. Les Copépodes qui font l'objet de cette étude ont été recueil- lis par le docteur M. Neveu-Lemaire dans les lacs Titicaca et Poopo, pendant les mois de juin, juillet et août 1905, c'est- à-dire pendant Phiver dans la région des hauts plateaux boliviens. La collection du lac Poopo, faite‘en juin, était très impor- lante, mais renfermait beaucoup de Copépodes encore Jeunes. D'autres spécimens recueillis dans les deux lacs étaient adultes pour la plupart. Parmi les Copépodes du Titicaca, nous avons trouvé : Cy- clops mendocinus Wierz, Boeckella occidentalis sp. nov. et Boe- chella gracilipes Daday ; et, parmi ceux du lac Poopo, deux espèces seulement, mais toutes les deux nouvelles : Boeckella occidentalis sp. nov. et Boeckella poopoensis sp. nov. La présence dans ces régions de ces espèces de Bocckella est d'un intérêt considérable, car c'est le point le plus septen- trional de l'Amérique du Sud où ce genre ait été rencontré. Le genre Boeckella fut établi par de Guerne et Richard? pour deux espèces : l'une, Boeckella braziliensis Lubbock, fut recueillie par Darwin en Patagonie; l'autre, Bocckella triarti- 0) De Guerne (J.) et Ricuarp (J.). moires de la Société zoologique de France. Revision des Calanides d'eau douce (We- Vol. Il, 1889). 176 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. culata C. M. Thomson), fut trouvée en Nouvelle-Zélande. Ces auteurs pensent qu'un troisième type, Centropages brevicaudatus Brady, doit appartenir à ce genre. En 1895, Poppeet Mrazek®, d'après des spécimens recueillis dans le sud de la Géorgie, ont délimité plus nettement B. brazt- liensis, espèce décrite d'une manière un peu insufisante par Lubbock. En 1896, Sars ajouta deux espèces de plus, pro- venant d'Australie. En 1897, Richard à décrit une nouvelle espèce provenant de Buenos Aires. En 1902, Daday°), dans un article sur les organismes mi- croscopiques d'eau douce de Patagonie, subdivisa le genre en deux autres : Boeckella et Pseudoboeckella. H reconnut neuf espèces de Boeckella appartenant toutes, sauf deux, à PAmé- rique du Sud et sept espèces de Pseudoboeckella, dont trois vivent en Nouvelle-Zélande et en Australie et quatre en Amé- rique du Sud. La division de ce genre était basée sur la struc- ture des endopodites des cinquièmes pattes chez le mâle. Dans le genre Pseudoboeckella, «les endopodites des pattes droite et gauche sont rudimentaires, en forme de doigt, ayant un à trois segments, dépourvus d'épines et de soies terminales ; ils dépassent rarement en longueur la moitié du premier seg- ment de l'exopodite ». Dans le genre Boeckella, «l'endopodite de la patte droite présente trois segments, le dernier segment muni de trois ou ( Trousox (C. M.). On New Zealand Buenos-Aires (Anales del Museo Nacional (Copepoda Trans. and Proceed. New Zea- land Institute. Vol. XV, 1882). ® Poppe (S. A.) und Mnazek (A.). Entomostraken von Sud-Georgien ( Beiheft zu Jahrbuch der Hamburgischen W'ssen- schaftlichen Anstalten, vol. XIT, 189). ® Sans (G. O.). On fresh-water Ento- mostraca from the neighborhood of Syd- ney, partly raised from dried mud. (Archiv Jor Mathematik og Naturvidenskab. Chris- tiania, 1890). © Ricnaro (J.). mostracés d'eau douce des environs de Sur quelques Ento- de Buenos-Aires,t. V,p. 221-252, 1897 )- — Entomostracés de l'Amérique du Sud, recueillis par MM. U. Deiters, H. von Ihering, G. W. Müller et C. O. Poppe. (Mémoires de la Societe z00log. de France. Vol. X, 1897). 6) Dapay (E. von). Diagnoses præcur- sorie Copepodorum novorum € Patago- nia (Termeszetrajzi Füzelek, B. XX V. 1901). — Mikroscopische Süsswasserthiere aus Patagonien, gesammelt von Dr. Fi- lippo Silvestri im Jahre 1899 und 1900 (Termeszetrajzi Füzetek, B. XXV, 1902). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 177 quatre soies; l'endopodite est de la même longueur ou plus long que le premier segment de lexopodite ». En 1903, Sars® qui apparemment ne connaissait pas l'ou- vrace de Daday paru l'année précédente, a décrit Boeckella ortentalis parmi des échantillons recueillis dans la rivière Ke- rulen en Mongolie orientale. Cette découverte présentait un grand intérêt, car c'était la première fois qu'on rencontrait une espèce de ce genre dans un continent de l'hémisphère Nord. Dans B. nn les endopodites des cinquièmes pattes du male ont un segment, mais lendopodite droit est presque aussi long que les deux premiers segments de l'exopodite et il est en forme de corne, ne correspondant pas en cela aux caractères de lun ou de l'autre des genres qu'avait dessinés Daday. Un examen des figures de B. robusta Sars et de B. minuta Sars montre qu'eux aussi ne correspondent pas à l’une ou à l'autre des diagnoses de Daday, car dans chaque cas l’ endopodite droit de la cinquième patte du mâle n'a qu'un segment; mais il est beaucoup plus long que le premier segment de lexopodite. Ma nouvelle espèce B. occidentalis ble beaucoup à B. ortentalis. L'endopodite droit de la cinquième patte du mâle est allongé; il est nettement en forme de corne, mais il diffère de celui de B. ortentalis en ce qu'il est dentelé sur le bord in- terne. Ma première idée fut que, conformément à l'opinion de Daday, un nouveau genre pourrait être établi; 1 compren- drait B. ortentalis, B. occidentalis et probablement B. robusta et B. minuta. Un examen ultérieur montre cependant qu'il est presque impossible, avec nos connaissances actuelles, d'établir des limites génériques précises. Comme la représenté Daday, le segment terminal de l'exopodite de la cinquième patte de la Gil dans les genres Boeckella et Pseudoboeckella est habituel- lement armé de trois grossières épines ; chez Boeckella silvestrix, il figure deux soies internes en plus. ) Sans (G. O.). On the Crustacean zoologique de l'Académie impériale des fauna of Central Asia. Part III, Cope- sciences de Saint-Petersbourg, &. VHI, n°2, poda and Ostracoda (Annuaire du Musée 1903). LACS DES HAUTS PLATEAUX. 19 IMPRIMERIE NATIONALE, 178 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. Dans les espèces provenant des lacs Titicaca et Poopo, l'ar- mature, autant que j'ai pu l'observer, se compose toujours de trois épines. Chez B. braziliensis décrit par Poppe et Mrazek, il ya sept cpines el soies, tandis que Daday, dans sa description de la même espèce, trouvée en Amérique du Sud, ne signale que trois épines. Sars indique sept épines et soies dans B. orien- talis et dans B. robusta, mais seulement deux dans B. minuta. Il semblerait donc, autant que lon peut en juger d après les descriptions déjà publiées, que les espèces d'Australie, de Nou- velle-Zélande, d'Asie et de la Géorgie du Sud possèdent toutes, à l'unique exception de B. nunuta, une armature à sept épines et soies; tandis que les espèces sud-américaines, à l'exception de B. silvestrit, ont toutes trois épines seulement. Cette distinc- lion ne me semble pas avoir une valeur générique où même subgénérique, mais il paraît évident qu'il ÿ a eu une plus grande réduction des épines dans les espèces sud-américaines, et que les espèces de la Géorgie du Sud peuvent être plus étroitement rapprochées de ee d'Australie que de celles de l'Amérique du Sud. Quand nous comparons les cinquièmes pattes du male dans les différentes espèces, tandis qu'il ÿ a, en apparence, trois types différents : celui de B. ortentalis et de B. occidentalis, celui du genre Boeckella de Daday et celui du genre Pseudo- boeckella, du même auteur, il existe en réalité tant de liens qui rapprochent les types entre eux, qu'il me semble impossible, avec nos connaissances actuelles, de subdiviser le genre Boekella; et il est fort probable que des collections ultérieures, au lieu de rendre cette subdivision plus facile, montreront que les divers types sont si voisins, que leur séparation, excepté au point de vue phylogénétique, est impossible. Les questions de phylogénie soulevées par la distribution des espèces de ce genre sont très intéressantes et il n'est pas aisé de les résoudre. Fort probablement, l'évolution a été accompa- gnée d'une réduction des segments dans lendopodite de la cin- quième patte du mâle, et, dans quelques cas, d'une réduction FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 179 des épines du segment terminal de l'exopodite de la cinquième patte de la Eee En assignant une origine antarctique au genre Boeckella, on constate que les dans la cin- quième patte du mâle ont augmenté à mesure que le genre émigrait vers le nord, tandis que les changements qui se sont opérés dans la cinquième patte de la femelle ont été presque complets dans les espèces du Nouveau-Monde. La ressemblance entre les cinquièmes pattes du male chez B. ortentalis et chez B. occidentalis est un fait d'un grand intérêt, qui ne peut être expliqué qu'en supposant qu'il y a eu un déve- loppement similaire dans les continents occidentaux et orien- taux. La seule autre explication serait que B. ortentalis et B. occuentalis appartenaient à une faune résiduelle. L'histoire géo- logique rend cela impossible. I semble en effet très étrange que la marche de l'évolution ait pu produire les mêmes re dans des régions si éloignées, tant par l'espace que par le temps. Les questions relatives à la distribution géographique de ce genre ne pourront être résolues que lorsqu'on aura à sa dispo- sition des collections plus importantes. Boeckella occidentalis nov. Sp- (PL. XVIII, fig. 1, 3, 4,5 et 6.) Corps comprimé latéralement. Premier segment du céphalo- thorax égal aux trois suivants. Dernier segment du cephalothorax largement prolongé latéralement et en arrière chez la femelle. Le premier segment de l'abdomen de la femelle est égal en longueur au reste de l'abdomen. Il est dilaté en avant et un peu latéralement. Le second segment a la moitié de la longueur du troisième, et le troisième et la fourche sont égaux en lon- gueur. La longueur de la fourche excède de plus de deux fois sa largeur; elle est ciliée sur le bord interne. Lee antennes ont vingt-cinq segments et atteignent la fin de la fourche. Dans D droite “ee mâle, les segments précé- dant l'articulation géniculée sont nettement bombés. 180 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. Les cinquièmes pattes de la femelle sont courtes et robustes. L'endopodite atteint environ la moitié de la longueur du second segment de l'exopodite. Les épines de lexopodite sont fortes et pectinées. Le crochet, situé sur le bord interne du second seg- ment de l'exopodite, est fort, courbé, denticulé sur son bord externe. Le troisième segment de lexopodite est armé de trois épines. Chez le male, les cinquièmes pattes sont fortes, les seconds segments basals sont aussi larges que longs, ils sont armés d'une épine près de angle distal externe et d’une faible épine sur le bord interne. Le premier segment de l'exopodite externe est trapézoïde, plus large que ne et armé sur l'angle distal ex- terne d’une longue épine, qui a les trois quarts de la lon- gueur du second segment. Le second segment à trois fois la longueur du premier, c'est aussi le plus large; sa largeur atteint le tiers environ de sa longueur. Son bord interne est rude et présente un tubercule proéminent à une petite distance de lextrémité distale. Lépine de l'angle distal externe est longue, mince et pectinée. La griffe terminale est articulée, fortement courbée, et dépasse en longueur Fexopodite. L'endopodite droit présente un seul segment en forme de corne, à concavité dirigée en dedans; son bord interne pré- sente un tubercule. Il est attaché sur le devant du second seg- ment basal, et égale presque en longueur les deux segments ÉE l'exopodite. Dans la patte gauche, le second segment basal est fortement convexe sur son bord interne ; Der distal interne est bombé etarrondi. La longueur de ce segment est à peu près égale à sa largeur. Le segment de lexopodite est deux fois aussi long que large; l'angle distal externe est très allongé et arrondi. L'épine de ce segment est située dans le prolongement du segment et a seulement environ la moitié de la longueur de l'épine du se- cond segment de l'exopodite droit. Le crochet terminal s'élève de la face interne de l'exopodite; il est articulé, un peu plus long que le crochet de la patte droite, et porte une petite épine PL. XVII. COPÉPODES. 1à4, Cyclops mendocinus. 1, 4° patte de la femelle (grossie 225 fois); 2, antenne de la femelle {grossie 165 fois); 3, 5° patte de la femelle (grossie 225 fois); 4, abdomen de la femelle (grossi 165 fois). 5, Boeckella poopoensis , 5° patte du mâle (grossie 66 fo1s)-16cta7; Boeckellu gracilipes. 6, 5° palte de la femelle (grossie 165 fois); 7, 5° patte du mâle (grossie 165 fois). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 183 latérale sur sa partie basale. L'endopodite gauche n'a qu'un segment; il naît de la face interne du CT segment basal, et sa ira est variable. Quelquelois il est le à la moitié du segment de lexopodite. Sa base est bombée et garnie de poils sur le bord externe. Longueur de la femelle, 1 millim. 505; longueur du mâle, 1 millim. 43. Provenance : lac Titicaca et lac Poopo. Ces échantillons ressemblent plus à B. ortentalis qu'aucune autre espèce. Boeckella gracilipes {Dapay)". (PL XVIT, fig. 6 et 7.) Synonyme : Pseudoboeckella gracilipes Daday ? Il n'y a rien à ajouter à la description de Daday, mais il m'a paru bon de donner une figure de cette espèce. Mes spécimens correspondaient presque exactement à la description donnée dans le dernier ouvrage de Daday. Cetle espèce se trouve en abondance dans le lac Titicaca, mais on ne la rencontre pas dans le lac Poopo. Mes spécimens paraissent être un peu plus g orands que ceux qui ont été exa- minés par Daday; les A ont en moyenne 1 millim. 485 de long et les mâles 1 millim. 28. Boeckella poopoensis nov. sp. (PL XVI, fig. 53; pl. XVI, fig. 2.) Corps comprimé latéralement. Premier segment du cépha- lothorax égal aux trois suivants. Le dernier segment du céphalo- thorax est très étendu latéralement chez la femelle; il l'est beau- coup moins chez le male. Le premier segment de Fabdomen, chez la femelle, égale en longueur au reste de l'abdomen. Le second est plus court que le troisième et le troisième plus court ©) Dapay (E. von). Op. cit., 1901, ® Dapay (E. von). se cil., 1909, p 9548. ). 224-2927. Tab. V, fig. 1- 184 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. que la furca. Les branches de la furea sont ciliées sur le bord interne. Les antennes ont vingt-cinq segments et atteignent lextré- mité des soies de la furca. Chez le male, les segments précédant l'articulation géniculée sont très bombés. Les cinquièmes pattes de la femelle sont courtes et fortes. Les épines de lexopodite sont pectinées. Le troisième segment de l'exopodite est armé de trois épines. Le crochet, situé sur le bordinterne du second segment, est fort et pectiné sur son bord externe. L'endopodite égale en longueur les deux premiers seg- ments de l'exopodite. Le troisième segment de l'endopodite a cinq soies. D'après les descriptions, toutes les autres espèces, sauf B. gracilis, en ont six. Les cinquièmes pattes du male sont minces. Chacun des seconds segments basals présente une mince épine vers le milieu du post externe et une forte épine émoussée sur le bord interne. Le second segment basal de la patte droite est ovale et plus long que large. L'épine émoussée du bord interne est située à peu près vers le milieu de sa longueur. Le premier segment de l'exopodite droit est très court, sa longueur atteint seulement le liers environ de sa largeur. Lépine, sur son angle distal externe, aenviron un tiers de le longueur du second segment. Le second segment est près de deux o aussi long que large, son bord externe est convexe et linterne sinueux. L'épine sur l'angle distal externe est courte et courbée. Le crochet terminal est courbé, articulé et égale à peu près en longueur l'exopodite et le second segment basal. L'endopodite droit est mince, pré- sente deux segments et atteint environ la moitié de la longueur du second segment de lexopodite. Sa longueur est cependant quelque peu variable. Dans la patte droite, le second segment basal est trapézoïde el un peu plus large que long. L'épine du bord interne est située à l'angle distal. Le segment de l'exopodite est mince, sa longueur étant de trois a sa largeur. L'exopodite naît de la moitié externe du bord distal 4 second segment basal. PL. XVIIL COPÉPODES. 1, Boeckella occidentalis, 4° patte du mâle (grossie 165 fois). 2, Boeckella poopoensis, 5° patte de la femelle (grossie 190 fois). 3 à 6, Boeckella occidentalis : 3, 5° patte du mâle (grossie 165 fois); 4, abdomen du mäle (grossi 165 fois); 5, abdomen de la femelle (grossi 76 fois); 6, 5° patte de la femelle (grossie 165 fois). FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 187 L'épine de l'angle distal externe est courte et faible. L'ongle terminal est segmenté et très long, égalant en longueur tout le reste de la patte gauche y compris 1 segments pers Pa partie basale du crochet porte une épine latérale à environ un tiers de sa longueur. L’endopodite gauche à environ la même longueur que le droit, mais il est beaucoup plus fort. I part de 3 moilié interne du bord distal du second segment basal. Le premier segment est trapézoïde; c'est le plus Le ge à sa base; il est cilié sur le bord externe. Le second segment est allongé et trois fois aussi long que large. Une particularité remarquable de la cinquième patte du male est que l'épine terminale du premier segment de lexopodite droit n'est pas dans le plan du segment, mais se projette en arrière. Chez le mâle et la femelle, le troisième segment de lexopo- dite de la quatrième patte a deux soies externes, ressemblant en cela à B. occidentalis et différant pour la même raison de B. gracilipes. La femelle porte ordinairement six œufs dans le sac ovigère. Longueur de la femelle, 1 millim. 53; longueur du male, 1 millim. 4. Cette espèce n'a été trouvée que parmi les échantillons re- cueillis dans le lac Poopo. C'est de B. gracilipes qu'elle se rap- proche le plus, mais elle en diffère beaucoup et il est aisé de la distinguer. Cyclops mendocinus WIERZEISKI, 1892. (PL XVII, fig. 1-4.) Cette espèce a été décrite par Wierzejski) en 1892, et par PRichard® en 1895. Des femelles adultes de C. mendocinus ont été trouvées parmi les échantillons recueillis le 31 juillet dans le lac Titicaca. I y ® Wrerzeiskt (A.). Skorupiaki i wrotki i Umiejetnosei. Vol. XXIV, 1892, p. 10. (Rotatoria) slodkowodne zebrane W. Ar- Tab. VI, fig. 19-24. gentynie. Xrakow. Nakladem Akedenu D Ricuanb(] .). Op. cit.189p, p. 2, fig.1-4. 188 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. a un léger doute en ce qui concerne l'identification de cette es- pèce, car les spécimens du Titicaca ne correspondent pas exacte- ment à la description de C. mendocinus. La ressemblance est si grande, cependant, et les espèces de Cyclops sont si variables, qu F1 me semble prudent d'attendre une revision complète des Cyclops de l'Amérique du Sud avant de proposer un nouveau nom. Il est probable qu'une étude approfondie de ce genre ré- duira le nombre des espèces au lieu de les augmenter. À cause de cette incertitude, il m'a semblé intéressant de représenter l'espèce du Titicaca. Les antennes, dans les spécimens du Titicaca, sont légère- ment plus longues que le premier segment du céphalothor axe tandis qu es sont plus courtes de la description originale de Wierze]ski. La forme de la cinquième patte ie aussi légèrement de celle que représente la figure de cet auteur. La longueur des sacs ovigères chez les femelles est en moyenne de o millim. 856. Wierzevjski donne comme longueur 1 milli- mètre, mais on trouve à ce sujet de grandes variations, par- üiculièrement en ce qui concerne je individus qui habitent les lacs; ceux-ci ont les sacs ovigères plus petits que les individus de la faune littorale. Les femelles portaient de 5 à 8 œufs dans chaque sac. VI. — FLORE. Sur les bords du lac Titicaca se trouvent des totorales, véri- tables champs de totoras {Malacochæte totora). Ces plantes dé- passent la surface de l'eau et servent de refuge à des milliers d'oiseaux d'eau, qui, au printemps, ÿ construisent leurs nids. Ce sont les lotoras que les Indiens emploient pour la con- struction de leurs embarcations. Au fond du lac, nous avons déjà signalé la présence d'une végétation abondante. Ainsi qu'on peut le voir sur la carte des fonds (fig. 7), les plantes aqua- tiques sont surtout répandues au voisinage des côtes, dans les baies peu profondes du Grand lac et dans le Petit lac presque FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. 189 tout entier. La Puente cite les espèces suivantes : Myriophyllum liticacense, Asolla magellanica, Casalea Bonartensis. Les échan- üions que ] ‘ai recueillis pendant ma croisière ont été examinés par M. le docteur Langeron, et je le remercie d'avoir bien voulu m'en donner la détermination générique. Is appartiennent aux genres Myriophyllum, Potamogeton, Cladophora, Elodea et Chara. J'ai aussi recueilli des muscinées aquatiques, qui, en certains endroits, à Huaycho, par exemple, sont roulées par les vagues el se présentent sur la plage sous l'aspect de petites Peut très régulières de couleur brunatre. Les rives du lac étant en certains endroits à peu près com- plètement dépourvues de végétation , c'est dans l'eau même que les bestiaux vont chercher leur nourriture et, aux environs de Huaqui et de Chililaya, on voit journellement des bœulfs, dans l'eau jusqu'à mi-corps, se repaître de plantes aquatiques. Celles-ci sont aussi recueillies par les Indiens à l'aide de cro- chets et, après avoir été séchées, sont données comme pature au bétail. Toutefois les rives du lac sont plus fertiles en certains en- droits, et, aux environs de Moho, on cultive de l'orge { Hordeum vulqare), des pommes de terre {Solanum tuberosum), du quinoa (Chenopodium quinua), du maïs (Zea mais) , des fèves (Faba vulgaris) et de loseille {Oxalis tuberosa). On cultive aussi le maïs dans l'ile de Titicaca; cette culture est même fort ancienne, et la récolte était autrelois en partie consacrée comme offrande au dieu du r en partie distribuée au peuple par grains bien comptés. Dans le lac Poopo, « on trouve aussi des totoras, surtout à l'em- bouchure du Desaguadero, et d’autres plantes aquatiques dont je n'ai pu re en que des débris. Parmi eux se trouvent un Potamogelon et une petite characée non fructifiée, qu 1 n’a pas été possible de déterminer. La vase du lac renferme d'innom- brables diatomées. ® Reiss und Mais. Eine pflanzengeo- (Jahresbericht des Vereins für Geographie und graphische und culturgeschichtliche Skizze Statistik in Frankfurt-a.-Main, 1875-1878). 190 FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUNX. LISTE DES ESPÈCES ANIMALES ET VÉGÉTALES RECUEILLIES PAR LA MISSION DANS LES LACS DES HAUTS PLATEAUX®. BATRACIENS : Bufo spinulosus Wiegmann. T'elmatobius peruvianus Wiegmann. POISSONS : Orestias Agassizi C. el V. var. Crequii Pellegrin. O. Agassizi C. et V. var. inornata Pel- legrin. O. Agassizi C. et V. var. Senechali Pel- legrin. O. Agassizi C. et V. var: typica Pelle- grin. O. albus Cuvier et Valenciennes. O. luteus Cuv. et Val. O. Neveui Pellegrin. O. Pentlandi Cuv. et Val. O. Tschudii Castelnau. Trichomycterus dispar Tschudi. T. rivulalus Cuv. et Val. MOLLUSQUES : Ancylus Crequii Bavay. Balimus exornatus d'Orbigny. (Bords du lac Titicaca.) B. culmineus d'Orbigy. (Bords du lac Titicaca.) Cyclas chilensis d'Orbigny. Paludestrina culminea d'Orbigny. P. andecola d'Orbigny. P. poopoensis Bavay. Pisidium sp. ? Planorbis montanus d'Orbigny. P. andecolus d'Orbigny. Pyrgula Neveui Bavay. AMPHIPODES : Hyalella Neveu-Lemairei Chevreux. H. solida Chevreux. I. longipalma Faxon. H. Montforti Chevreux. H. cuprea Faxon. H. robusta Chevreux. CLADOCÈRES : Daphnia pulex {De Geer) var. titica- censis Birge. Ceriodaphnia solis Moniez. Bosmina meridionalis Sars. Alonella karua King. Chydorus sphæricus Jurine. COPÉPODES : Cyclops mendocinus Wierzejski. Boeckella occidentalis Marsh. B. gracilipes Daday. B. poopoensis Marsh. VERS : Ligula simplicissima Rud. var. titica- censis Neveu-Lemaire. Hedruris Orestiæ Moniez. Echinorhynchus Orestiæ Neveu-Le- maire. PLANTES : Chara sp. ? Cladophora sp. ? Elodea sp.? Malacochæte totora. Myriophyllum titicacense. Potamogeton sp.? Diatomées. ® Les noms imprimés en caractères gras indiquent les espèces ou les variétés nou- s velles décrites dans cet ouvrage. CONCLUSIONS. 191 CONCLUSIONS. Nous venons de donner une description détaillée des deux grands lacs des hauts plateaux boliviens : le Poopo et le Titi- caca. Nous connaissons leurs dimensions, leur alüitude, leur profondeur, la nature de l'eau qu'ils contiennent, sa lempéra- ture, les organismes qui y vivent; il nous reste maintenant à jeter un coup d'œil d'ensemble sur toute cette région. Nous savons ce qu'elle est actuellement, voyons ce qu'elle a pu être autrefois et essayons de déduire des diverses connaissances que nous avons acquises au cours de notre voyage ce qu'elle pourra devenir ultérieurement. Anciennement, les deux lacs devaient communiquer et leurs eaux s'élendaient probablement sur toute la partie du haut plateau située entre le 15° et le 21° degré de latitude Sud, et comprise entre la Cordillère occidentale d'une part, la Cordil- lère royale et la Cordillère de los Frailes d'autre part. J'ai, en effet, remarqué le long des montagnes voisines d'Oruro une ligne blanchâtre située à quelques mètres au-dessus de la plaine, qui semble indiquer le niveau de l'ancien lac. Ce fait a d’ailleurs été déjà signalé par Chaworth Musters(), en 1876. Cette vaste mer intérieure recouvrait la pampa de Empeza, à l'ouest d'Uyuni, et toute la région occupée aujourd'hui par le lac Poopo, Pazüa, Oruro, Corocoro, La Paz et le lac Titicaca. Les eaux se déversaient dans la grande dépression où est con- struite actuellement La Paz, et s'écoulaient par un large fleuve dans le bassin de l'Amazone. «Le plus grand lac de la terre alimentait alors le plus grand fleuve du monde. » D'après Agassiz, le lac d'Arapa au nord et celui d'Umayo à l'ouest seraient les restes de cette vaste mer intérieure, dont le niveau atteignait 4,000 mètres d'altitude. Depuis les temps historiques, les eaux du Titicaca et celles © Cuaworra Musrers (G.). Notes on Journal of the Royal Geographical Society, Bolivia to accompany original maps (in t XLVII, 1876-1877, p. 201. 192 CONCLUSIONS. du Poopo se sont certainement relirées. Autrefois, le Desa- guadero formait sans doute un détroit très large et parsemé d'îles qui reliait les deux lacs. À cette époque, la presqu'ile de Copacabana devait être une île, et l'isthme de Yunguvo, qui la relie aujourd'hui à la terre ferme, devait être recouvert d’eau. À l'appui de cette opinion, je citerai un passage de l'ouvrage de J. Viscarral. Une des pièces de vers qu'il rapporte au début de son livre est intitulée : « Historia de Copacabana isla del Lago ». D'autres faits nous montrent encore que le niveau du Titi- caca a fortement baissé. Agostin Tovar® fait remarquer qu'il existait autrefois près de Puno cinq îles, qui se sont trans- formées en terre ferme, et lon peut voir des coquilles d’eau douce qui parsèment les terrains délaissés. Dans les endroits où les côtes sont basses, les petits ports qui devaient être autrefois situés sur les rives du lac, tels que Huancane, Moho, Conima, Ancoräimes, Achacache, etc., en sont maintenant éloignés de deux ou trois kilomètres. On s'explique facilement que là où les rives sont très plates, le moindre changement de niveau peut découvrir de grandes surfaces; c’est ce que l'on observe pour le lac Poopo, dont les bords se retirent de plu- sieurs kilomètres pendant la saison sèche. D'après tout ce que nous venons de dire, il semble bien élabli que le niveau des deux lacs tend à baisser de jour en jour. I est donc fort probable d'admettre qu'à une époque plus où moins reculée, la partie sud du lac Titacaca ou Petit lac disparaîtra; étant donné son peu de profondeur, un abais- sement de niveau de quatre mètres en découvrirait la plus grande partie. Le Desaguadero, qui ne sera plus alimenté, se desséchera par la même occasion, et le lac Poopo avec ses quelques mètres de profondeur, ne recevant plus d'eau, dis- paraîtra complètement. Le bassin actuel se réduira de plus en plus et ne comprendra alors qu'une cuvette isolée, représentée par les parties profondes du lac Titicaca. (O Viscarra (JF). Op. cit., p. 6. — ® Tovar (A.). Bulletin de la Société de géo- graphie de Lima, août 1891. LISTE DES ILLUSTRATIONS ET DES CARTES. Pages. IL, 1 Carte du lac Poopo, par M. Bonché (1864}).............:.. 3 PISTE x ploration duMACIPOOPO ER eee CC CECI G bis STI tinErITeSUIeMaCROOPO TE EEE PE EE EE EC EC CEE 9 PSN artetbathymetrique duMdac POODO EEE ee -CRe e 17 PI V. Coupes du lac Poopo et profil de l'ile Panza (en couleur). .... 21 PI. VI. . Carte du lac Titicaca (d’après P. Marcoy}................. 31 PI. VIL Partido de Omasuyos perteciente a la provincia de La Paz (Tadeo Haenke) Peer EC eme mc ul eut 35 PL VI. Mapa topografico de la Laguna de La Paz i de Chucuito...... 39 PI. IX. Mapa del Lago Titicaca (d’après J. Viscarra F.)............. 43 er EE auvanidans latbare de HuayCho ECC EEE ne 47 Fig SOLDE dUMPORA TER AUAQUI EE ce eo: 48 PIX tinérairestunneslac DitiCaCA te EE ere A8 bis Fig. 3. Le détroit de Tiquina, vue prise du Petit lac.............. 55 Bio laiCordillère royalesvue du Grandilac 2" "RER CREER 59 Rio Sondeurelhoulet RE MR Rene tem ere 63 Bio RC A bordipendantun sondase tee ec 64 PI XL Carte bathymétrique du lac Titicaca [en couleur)........... GA bis PÉSXTE M CoupestdumiciDiicaca (en couleur)" -.---e- ---c- 66 bis Er Carterdes tondsidumaciTuicaca. 222... 68 Fig. 8. Immersion du thermomètre à renversement .....:......... 80 Fig. 9. Monture du thermomètre à renversement. ................ 81 Fig. 10. Disposition du tube thermométrique (d’après Chabaud)....... ô1 Bis ne Unea ze embarcationnindisene. +. rc: 0. 87 Bono Ne UG NS VaDeUTlUMRTHICACAR A NE RE Ce 89 Bo M Drae ue de ba me ce orne 108 ie Drasase bordure PERRET RE EE TEE 109 roro ANS asleautduinle en PAPERS ERP CRE ERP EEE 109 Ben AEabricatontdiunenasseatborde CARE A EN PER NE 110 Bi Pharyngienside Cichlosomallabnidense CU REC 123 Fig. 18. Pharyngiens de Chætobranchus flavescens et de C. semifasciatus. . 123 ET MP haTynetenstnlerieurs Tes Or as 126 Hr20wApparellbranchralid'Orestiasluteus. 4... ee 126 PI. XIIL Trichomycterus rivulatus (en couleur).................... 128 bis PI: XIV. Les quatre variétés d'Orestias Agassizi. ....:.............. 131 EX MR OrestiasiNeueurllentcouleur) ere er RCE 1306 bis Fig. 21. Liqula simplicissima var. titicacensis libre et dans la cavité abdo- minale d'Orestias Agassizi var. Crequü.................. 139 Ho DEC RNOnNyIcRUuNONEStLe RER EE CC 1/1 LACS DES HAUTS PLATEAUX. 19 BMPRIMENIE NATIONA LE, 194 LISTE DES ILLUSTRATIONS ET DES CARTES. ge Re ge D Paludestrina culminea et Paludestrina andecola, d'après d'Orbigny. 143 Mêmes espèces provenant des récoltes de M. Neveu-Lemaire ... 144 Nb LS (St) Fig. 25. Planorbis montanus, d'après d'Orbigny.................... 144 Fig. 26. Planorbis montanus, variété carénée...................... 144 His or RE cludes Tin NDOOPOENSSE EE EP ERP ER EE CE RTC 145 Hig-228-RPyrqula Neveute RER PER EC EE CE CT 146 EM OMAN CYLUSICTEQUE RS NN EC CT TT COR 147 Bis #50 MHyalella Neveu-Lemmrers males PP EPP ENTER EE CEE 150 Fig. 31. 1. Neveu-Lemairei, détails d'organisation... ............... TOI Ri99 0 yalellasolhda male Re PR PTE 153 His #59- ME Soda détails idiorsanisauon ee PE PE PER E EEE PERE 194 Bis yalellatlongipalma anale PE PEER PEER CPE CRETE 196 Mig Sb ET longipalma, details d'organisation eee PP PET PT PCT 17 He S G'MÉyalella Montfort Amal PE PCR RER PR RER EEE RE 199 For TPM ont/ontt, détails iorcanisaton PRE REP e 160 Fig 6 yulellaicupren Mal RP RE PR RC CRE RER 162 His So Cuprea detuls(lorcansauion, RCE PIECE ANERREESRE 163 Bio yulellamobusio male CEPREE CRC ERRREEREEEAIRERRT 165 Mo An NTobusla detuls d'organisation. +. C PETER ER 166 PL XVI Cladocères du lac Titicaca : Daphnia pulex var. titicacensis; Ce- riodaphnia solis; Bosmina meridionalis. ................. 171 PI. XVII. Copépodes du lac Titicaca : Cyelops mendocinus; Boeckella poo- poënsis:.Bqracilipes ER Re OT CRE 181 PI. XVIIL Copépodes du lac Titicaca : Boeckella occidentalis; B. poopoensis. 185 TABLE DES MATIÈRES. INTRO DUGLIO NU UE li CU V GAP RRESPREMIERESIPGILO0LO EE RER 1 MIS TOR QUE RS Re nt ee dal L DLL IN RARE 2 ere ae ie De ee ne ce co 0 6 DR ÉONEIGURATIONIGENÉRALES RE de à SEAT ON ER A RO PP RE ie 12 ACL EU COR A ee AR PE RP AS A Re 12 DMENSION SE EE ER Re 12 PORN EP NN den et tn 13 Cole ADALES RER a M nee NS SOUS 13 CAD RE Le Co le CC CC Ce 13 À H'ESNC EN OTS RER Re EN Tee Lure 119 ATEN LS RER TL RNA UT Ed 15 Désaou ad TO RP Re M ee rl ne 15 D Variations annuelles de la hauteur du lac... . 16 VAE OR ONDEURSE LRO NDIDURLA Ce Te 19 BAIN E EEE TE de a cc LE CCC 19 Nature du ON dE EE A Re RUE 20 RS SE AU D UE AGE nn Ce ce 20 Composition chimique par M. Meillière ................. 20 Couleuriettiransparencelde EAU Re PEER CEE EEE 20 Mempérature/derléaus tm NP ONE anne 23 COUT AN TS RER PE PT EE ER LR de ee 2/1 AURAS AS an RD Ra RD PU DO D ON Te 24 NIMMNEVICATIONCÉPÉGHE Se en ee Ce ie nn de cn 20 TIME MDROLOGIE ARS RE EE ER ee 25) T'ABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES AU COURS DE L'EXPLORATION DURLA CAE OO PO RSR NS AR nn PS RE SR NS GE ae 27 (CE LADY A eva NAN UE Ne ee Ro oc 29 L. TS DORIQUE PR Es TN AR UE RAS ENT ee 2€ TTRLLINE RARE ie A ee ST ONE Er EU Ne 42 196 TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE II. —— Lac Trricaca. (Suite.) TTRCONFIGURATIONIGENERACE ee ET ET SITUATION ER NT En UN AR ES AN ue ATEN ee M Re UE EE EE PE DIMÉNSIONS ET AE Ne EN ER Forme: AiVISION se 0 PP A NN RER Golfes étDa1es en SR PART RE D Presquitles etICApS REP EPP EPP PERRET PE PPT DÉTTOIS te een a nee a te RE EN ISTRMES RE UE ne ete ae IC EE Tes tel Mots a AE a PNA CE SR RER Réletdusbassmiduslac RP RP TE RTE TE AfuENtS-ronere ee ee SU ASE SN EE AVS PROFONDEURIDUALA Ce ea ET TL Procédés de:sonda9é. "2505000 RERO Bathymétrie ss hentai ce ets need CI CLRE V. LE FOND EDU LACS es RE Re CR TE Procédéside TÉCOITE SE Fee D er do TE Nature /dunfondé Mme ee croi M Composition chimique, par M. J. Thoulet.............. NL GTS EAU DU MAC ET AIT Ne A eo me ee CODES Composition chimique, par M. Melliere, ............... Couleur de lea SR I D TE fEransparence (de l'eau. ee CE CREER Mirapesscourants;iSelChES 6-6 CREER PO REC ER MIT OTEMPERATURELDE L'EAU: ce à me a em UN PT Température della surface. LOU PR Cm Températureidu fonde 2-00 Me PNR CRE Temperature des couches moyennes. "tr NII GLIMAT A soc 20e. 10 en Se UT CR Température de l'air... 4e... cer Pitnéss orages; Vents... eee. erete crc ; = LS TETE TEST - = TABLE DES MATIÈRES. 197 CHAPITRE IL — Lac Trricaca. Suite.) EXÉMINAVIGARIONSIPEGHE 2 eee ee D DR _ 07 REMERRO No o soudooderosccse AT IT CLS He 87 RÉCENT A eee tee A 90 X. LE LAC TITIGAGA AU POINT DE VUE POLITIQUE ET COMMERCIAL... . . O1 DIVISONSSPONQUES ARR EPP EE EP EP Re : OL Commerce 2er EN EEE MER te D ATOUT 92 TABLEAU RÉSUMANT LES OPÉRATIONS FAITES AU COURS DE LA CROISIÈRE SURVLE LAGMIITICACGA ee D Ne Ve te 94 CHAPITRE IIL -— FAUNE ET FLORE DES LACS DES HAUTS PLATEAUX. RG NERALIDE SE de A nu aout Ne Nc nt 106 LÉMENGINS DE PÉCHE 2 RE GS en PI ne 108 DAV ERLÉBRES ne eme ain ris aie un SUR de Gone LS Retro Lil ROIS AUTRE Re M Re te D at OU DATA DRD AT A CIN SE A ee UE ici 112 3. Poissons, par M. J. Pellegrin.. ...... ee ne 112 h. Parasites des Orestias, par M. Neveu-Lemaire. ......... 137 IV. Morzusques, par M. À. Bavay.. . ... A N ee LD V. ARTHROPODES (CRUSPAGES EEE ER EE ECR OR DST LATE 147 1. Amphipodes, par M. Ed. Chevreux.............. se LEA 7 2. Cladoceères, par Edward A. Birge. ...... Pre rs OS 3. Copépodes, par C. Dwight Marsh............ CR te 170 NIMETORE ER EE EE a EN UE TT ART Te 100 Lisre DES ESPÈCES ANIMALES ET VÉGÉTALES RECUEILLIES PAR LA MISSION DANS LES LAGS DES HAUTS PLATEAUX.. . ............... ee OO CONCLUSIONS EEE EEE MOT DE Re icte ee ere ee LOI LISTE DES ILLUSTRATIONS ET DES CARTES . ...................... 5 + 00 10) TABLE DES MATIÈRES ................. Me sue Date nooleo + ON AM FREn su # RATE AS RO RENE LE D sul Bi à ÿ UE eu ere x ROUE. ane dCi! M FA, ER RTL NL AAA an ANS NAANARAANRR, à Tran. à | RAA A Aa 8 2 an An RER ZEAP AA RER N'a Ÿ Es En Pie pe À AAA Lam ANAL" , NP si PQ } A | a anus sa PANIER EEREERES A à à EN ET A 2 A PM EN Y APN é > AA PQ AAARAAATSAAAR san’ RARE pros ‘ ARR at a ar ; US é | | AR 4 " A ÉES AA Ana ane 2" À PP a roses = , \ | EL +. en enr = A nn) | | | AR. PE Penn Dana samanñt AARRSARAT RAR ane nan Nan = = = F4 AN FAST RAR AAA AAA A a je AAA a AAA à À Ana À SEPT RE à ENS ES aa ARE INA REEET AAA DA ROSE RME TT AAEEN AAÂAe PARA AAA A eee à À eS ARP Ra: ; a Dame da Banana an ARÊSE 747 2- es. — IP NARARRA ET RAA/ sol el cime Lai. Le) Le RER Aa Renan a LAN 2 RES == CA 12 A) ésonnnan! . DR À RE DATA SE AaRez” AAR8A ana Aa narel AN 22 La aa RAT RARRARATAASS ANA AA ae 2022 mn LAAARRRA à HER A RS RAA a AA PNR PNA À AP a = Le 2 EST PA "AAA AA à A2 À Ana à Aer °tAa AP p* NE NS RES RS Ann Ann, PEN era2: Sens ir me AfnanaA mA à SP = = à ù : si w è à @ > AAnz : PA: = | n° AAARAAA | TER NT NAS A TAAAA4 R& ! 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