- ■;■.." - m •, G716 187' ai tyt 53606 -bâte of Dr. J.A. Evans LES LOIS DE LA GÉNÉRATION SEXUALITÉ ET CONCEPTION TRAVAUX DU MEME AUTEUR, chez l'auteur, à Fraissé-Cabardès (Aude). Méthode de la réglementation de l'union conjugale : ire partie. Préservation de la grossesse dans les cas nécessaires. — Paris, 1872, in-8. 1 fr. franco 1 fr. i5 c 2e partie. Favorisation de la conception et de la grossesse dans les cas difficiles mais opportuns. — Paris, 1872, in-8. 2 fr franco 2 fr. i5 c L'avenir du mariage ou l'usage et l'abus dans l'union des sexes. — Paris, 1871, 1 vol. in-8, 3go p . . . . . 5 fr. Notice sur la guérison rapide de la diarrhée par le re- mède spécial du docteur Gourrier, propriétaire de la source anti- diarrhéique du domaine des Bouriettes. 3e édition, 1874 25 c Coulommiers . — Typog. A. MOUSSIN. REGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE. LES LOIS DE LA GÉNÉRATION SEXUALITÉ & CONCEPTION PAR H. M. GOURRIER Docteur en médecine de la Faculté de Paris, Membre de la Société des sciences physiques , chimiques et des arts industriels de Paris, des Sociétés scientifiques, agricoles et littéraires des Pyrénées-Orientales et des Bouches-du-Rhône, Membre des Jurys des concours et expositions régionales de France, Lauréat de la prime d'honneur régionale de l'Aude, Ex-médecin de la salubrité publique, etc. Dans le choix des sexes , il est des limites que ne doivent frauchir ni la volonté ni la science. (Prop. 88.) \ PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS J 19, RUE HAUTEFEUILLE, 19 /*' l875 A M. LE DOCTEUR PHILIPPE RICORD Ex-Président de l'Académie de Médecine, Grand Officier de la Légion d'Honneur, etc. A MONSIEUR JULES SIMON Membre de l'Institut. Hommage très-respectueux de l'auteur, H. M. GOURRIER. PREFACE Et renovabis faciem terras. L'espèce humaine vaut aujourd'hui moins qu'hier, demain elle vaudra moins qu'aujourd'hui ; et bientôt, si nous n'y prenons garde, nous en arri- verons aux avortons de la forme et de l'intelligence. La réglementation de l'union conjugale est notre seule ancre de salut, c'est par elle que l'espèce hu- maine arrivera à reconstituer sa vigueur primitive. L'auteur poursuit la réalisation de ce progrès à tra- vers les difficultés de plus d'un genre. Le livre sur Y Avenir du mariage ou l'usage et l'abus dans V union des sexes, et la Réglementation de l'union conjugale ont été ses premiers essais. Le 8 PRÉFACE livre actuel qui résume trente ans d'exercice et d'expérience, et qui n'est autre que la 3e partie delà Méthode de la réglementation, se rattache à ses publi- cations antérieures. C'est le complément de ses tra- vaux. Il comprend Y embryogénésie , les lois de la sexualité et de la conception, la prédomination numé- rique des sexes. De tout temps, l'obtention volontaire des sexes avait excité l'imagination des novateurs. Ici, rien de semblable ne se produit. Inconscient du péril- leux honneur d'avoir raison contre tous, et sans nier l'élévation du but, l'auteur nous prémunit lui-même contre les entraînements et les jugements préci- pités, et il nous montre simplement dans cette voie ce que l'on peut et ce que l'on doit faire. Nous avons dit le but, nous dirons les moyens d'action : i° Empêcher la conception qui risquerait de s'ac- complir dans des circonstances vicieuses, défectueu- ses, dangereuses ou anormales; PRl FACE 2° Favoriser la conception normale, régulière, sans fraude, bien accentuée, bien acceptée, bien conduite; 3° Indiquer les conditions nécessaires et les plus favorables à l'obtention des sexes; rectifier les rap- ports conjugaux, enfin mettre de côté les passions. C'est à chacun de ces points que répondent sé- parément les trois parties de la méthode de la ré- glementation de l'union conjugale, savoir : ire partie. — Préservation de la grossesse dans les cas nécessaires. 2e partie. — Favorisation de la conception et de la grossesse, dans les cas difficiles mais opportuns. f partie. — Lois de la sexualité et de la concep- tion. « Il en est de la production de l'homme comme « de toutes les autres productions. « A cette grande loi de la nature, il n'y a pas, « exprè^pour l'homme, d'exception possible. « Il subit la loi générale. 10 PREFACE « Mais comment ! nous dit-il encore, nous règle- « rons nos dépenses, notre temps, notre vie, notre « table, toutes nos heures, toutes nos fonctions, et « jusqu'à nos plaisirs, nous pourrions ajouter nos « passions Et nous ferons une exception « Et nous abandonnerons le sexe au hasard ! . . . . « Nous étudierons avec soin la médecine, Tin- a dustrie, l'agriculture, nous ferons avec grand soin « la part de nos affaires et de nos intérêts, et nous « laisserons de côté l'intérêt sexuel. Et nous négli- « gérons l'hygiène et l'étude d'une des fonctions les « plus précieuses et les plus essentielles de nous- « mêmes! Et personne ne nous mettra au courant « de ces choses, sous le prétexte qu'elles sont diffi- « ciles à dire... « Permettez-nous de penser que cela est tout sim- « plement absurde. » Examiné à tous les points de vue, le règlement de l'intérêt sexuel s'impose à nous comme une né- cessité impérieuse. PREFACE La conduite en cette œuvre n'est pas, sans doute, aussi facile qu'elle le parait, au premier abord ; car, lorsqu'on s'attaque à des corps organisés et vivants, il est des bornes que ne doivent franchir ni l'esprit ni la science. C'est ce que le Dr Gourrier nous force à discerner. Par sa publication, nous croyons donc répondre à un besoin réel et général. Ce livre s'adresse à tous, parce qu'il est utile à tous. Et c'est à cause de cela que l'auteur en a banni les expressions trop classiques, et cherché, malgré la diffusion de la science, à maintenir son style à une portée moyenne. Nous espérons que la presse médicale, qui suit avec sollicitude tous les progrès, ne se montrera pas choquée de la simplicité de son langage. RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE. LES LOIS DE LA GÉNÉRATION SEXUALITÉ ET CONCEPTION CHAPITRE PREMIER HISTORIQUE Opinions des auteurs anciens. Avant d'exposer notre manière de voir sur cet objet si délicat, nous éprouvons le désir de remon- ter, par la pensée et un examen rapide, à des tradi- tions antérieures, et d'énoncer, d'une façon succincte et synthétique, les opinions les plus saillantes des auteurs, sur un sujet qui a préoccupé de tout temps les hauts esprits, les hommes de pensée et d'autorité, les guides de l'espèce humaine. 14 HISTORIQUE Parmi ceux-ci, Hippocrate i et Avicenne après lui, parlant en hommes convaincus, nous ont laissé des descriptions qui témoignent de l'état peu avancé de la science à leur époque. Cependant, Avicenne a décrit d'une manière à peu près exacte, quoique exagérée, les aptitudes de la femme à la production du sexe masculin. C'est la partie la plus remarquable et la plus vive de son travail. Elle renferme, il est vrai, des exagérations, des inutilités, mais le fonds en est exact, et Avi- cenne se trouve, par hasard, dans le vrai en ce qui concerne la femme. il cesse de l'être aussitôt qu'il parle de l'homme, parce que son point de départ est inexact ou faux, et il fait, à plaisir, un tableau forcé de la puissance procréative de l'homme, prédestiné, selon lui, à la procréation des mâles. Michel Procope 2 n'est pas plus heureux dans ses hypothèses, qui reposent sur la différence de la qua- i . Hippocrate, Œuvres complètes, édition Littré. Paris, i839-i86i. 2. Procope Couteaux, l'Art de faire des garçons. Montpel- lier, 1770. OPINIONS DES AUTEURS ANCIENS 1 D lité de la semence, selon qu'elle provient du côté droit ou du côté gauche des organes de l'homme. Hufeland * en a fait justice par ses expériences zootechniques desquelles on n'a pas tiré toujours les conclusions les plus justes et les plus conformes à la vérité. Henke 2, Millot 3, en reportant à la femme les suppositions de Procope, relativement à la forma- tion du sexe par les ovaires droit ou gauche, ont également vu leurs affirmations détruites par les travaux anatomiques. L'illustre de Graaf 4, lui-même, qui a fait faire à la science un si grand pas, par ses dissections, s'est également trompé dans les conséquences et les appli- cations. Plus tard, l'examen des auteurs s'est porté sur la liqueur séminale et les animalcules spermatiques. i. Hufeland, V Art de prolonger la vie ou la macrobiotique. Nouv. édit. franc, par J. Pellagot. Paris, 187 1 , p. 398. 2. Henke, Ueber die Entwickelungskrankhtn. Nurnberg, 1814. 3. Millot, l'Art de procréer les sexes à volonté. 3e édition. Paris, 1802. 4. Graaf, Opéra omnia : D: virorum et mulierum organis generationi inservientibus. Amstelodami, 1 678. !Ô HISTORIQUE Harvey l pensait que la liqueur séminale de la femme était sécrétée dans l'utérus, où elle se trans- formait en œuf, au contact du sperme. Buffon, qui ne veut rien tenir que de lui-même, prétend que les ovaires ne sont que les testicules de la femme, qu'ils contiennent une liqueur spermati- que analogue à celle de l'homme. Que les sexes dépendent de la plus ou moins grande quantité de liqueur versée par l'un ou l'autre des époux dans l'acte copulateur. Ce ne serait que reculer la difficulté. Cet illustre savant, qui admet la génération spon- tanée pour les infiniment petits (par rapport à nous) et qui nie, pour eux, l'existence des œufs, aurait préféré faire rétrograder la science, modestement, plutôt que de renoncer à sa théorie des animalcules organiques, par laquelle il prétend expliquer tous les phénomènes de la nature. Jac. Fr. Ackermann 2 soutint qu'au début, l'em- i. Harvey, Exercitationes de generatione animalium. Hagae Corn., 1680. 2. Ackermann, Ueber die korperliche Verschiedenheit des Mannes vom Weibe. Frankfurt, 1788. OPINIONS DES AUTEURS MODERNES 17 bryon n'est ni mâle, ni femelle, et il attribue la formation du sexe au milieu dans lequel il se déve- loppe. Knox et Weber ont prétendu que l'embryon, dans le principe, était hermaphrodite. Aristote, saint Thomas d'Aquin *, Tiedemann , pensaient que tous les êtres étaient primitivement des femelles, c'est-à-dire des mâles inachevés. Opinions des auteurs modernes. Toutes ces théories ont fait leur temps. Aujourd'hui, les doctrines les plus avancées repo- sent sur des études et des travaux sérieux, bien qu'elles ne donnent pas encore le dernier mot de la science. 1. Voici le passage de saint Thomas : Femina, per respectum ad naturam particularem est ali- quid defîciens, et occasionatum quia virtus activa quae est in semine maris, intendit producere simile perfectum masculi- num sexum. Sed quod femina generatur, hoc est propter vir- tutis activae debihtatem, vel propter aliquam materiae indis- positionem, vel etiam propter aliquam transmutationem ab intrinseco, etc. l8 HISTORIQUE La généralité admet, avec MM. F. A. Pouchet1, Ch. Robin 2, Coste et beaucoup d'autres, que la femme pond tous les mois des œufs, pendant la pé- riode menstruelle, mais que cette ponte est indépen- dante des rapports sexuels. Qu'elle se produit, chez les animaux, à des époques périodiques, coïncidant avec l'écoulement sanguin, à partir de la puberté, jusqu'à l'époque critique. Qu'avant la puberté, les œufs existent dans les ovaires à l'état latent. Qu'en traversant les organes sexuels et pendant son évolu- tion, l'œuf éprouve des modifications, c'est-à-dire un degré de maturité de plus en plus avancé. Que la femme ne peut être fécondée que quand l'œuf n'a pas dépassé un certain degré de maturité, au moment où il est mis en contact avec les animalcules sper- matiques. Et la production des sexes serait liée, d'après cer- tains auteurs, notamment Warner, Schirac, Huber, au degré de maturité de l'œuf au moment où la li- queur le rencontre. i. F. A. Pouchet, Théorie positive de l'ovulation spontanée. Paris, 1847. 2. Ch. Robin, Dict. de médecine, i3® édition. Paris, 1 8 7 3 . Art. Génération et Ovulation. OPINIONS DES AUTEURS MODERNES Rien ne serait plus simple. Ces auteurs, s'appuyant des expériences faites sur les abeilles, soutiennent que l'œuf sorti de l'ovaire n'est ni mâle, ni femelle; que le milieu dans lequel il se développe est absolument sans influence sur la formation du sexe; que l'identité des deux sexes, pendant les premiers temps de la vie embryonnaire, constatée par de nombreuses observations, et notam- ment par Autenrieth , Tiedemann, Ackermann, Meckel, Serres * et autres, n'existe pas en réalité; qu'elle n*est qu'apparente, et que l'embryon porte avec lui, à son état de simple tache embryonnaire, le sexe qu'il doit revêtir un jour, et cela, aussitôt qu'il est sorti de l'ovaire. Que le sexe de l'embryon dépend seulement du degré de maturité que possède l'œuf au moment où il rencontre les spermatozoïdes. Qu'un œuf imparfai- tement mûr donne naissance à une femelle, tandis qu'un œuf parvenu à son parfait développement ou à son entière maturité donne un mâle. Ici, l'erreur et la vérité se coudoient. Mais s'il i. Serres, Anatomie comparée transcendante, principes d'embryogénie, de ^oogénie et de tératologie. Paris, i85q. 20 HISTORIQUE existe des vues étroites, c'est assurément en cette dernière manière de voir, qui rapporterait au hasard des rapprochements la solution d'un des plus grands, d'un des plus magnifiques problèmes de l'humanité. Cependant, depuis longtemps, des expériences ont été faites dans le but de vérifier la réalité des assertions ci-dessus. MM. Thury de Genève *, Cornaz et nous-même, ainsi que d'autres ont fait, sur les Bovines, M. Goste sur les Gallinacés, des expériences qui ont eu des chances diverses. Elles tendraient à prouver effecti- vement que le sexe obtenu pendant la première période de l'écoulement sanguin est plutôt femelle, tandis qu'à la fin de la période, c'est-à-dire à la fin de la chaleur, le sexe est plutôt mâle. Ces savants en ont conclu que le degré de matu- rité de l'œuf était la seule cause du sexe. Qu'au dé- but, l'œuf n'étant pas assez mûr et n'étant qu'impar- fait, il ne pouvait donner naissance qu'à des femelles, tandis que plus tard, lorsqu'il avait acquis toute sa perfection, il donnait alors naissance à des mâles. i. Thury, Mém. sur la production des sexes che^ les ani- maux et l'homme. Paris et Genève, 1864. OPINIONS DES AUTEURS MODERNES 2 I Nous avons répété nous-même ces expériences, et nous avons obtenu en effet les mêmes résultats. Nous avons remarqué, en outre, que la concep- tion était d'autant plus assurée que le rapprochement sexuel s'effectuait plus près de la fin de la chaleur, abstraction faite de l'obtention du sexe. Et que l'échec était certain, c'est-à-dire que la fécondation n'avait pas lieu, lorsque les rapportssexuels s'opéraient après la fin de la chaleur i. Mais nous sommes bien loin, comme on le verra plus tard, d'arriver aux mêmes conclusions que nos prédécesseurs, de formuler la même loi, d'énoncer la même méthode de génération et de sexualité. Cette différence, si ce n'est absolument dans les résultats, du moins dans les appréciations, dans les remarques, dans les déductions et les conséquences pratiques, tient à ce que nous partons d'un point de départ et de principes très-dirférents. Elle tient encore à la manière de procéder et d'o- pérer. i. Il y a plus de vingt ans que ces expériences se continuent. Du reste, dans le pays, cette opinion est généralement accré- ditée aujourd'hui. Peu s'en faut qu'elle ne soit passée en pro- verbe dans les vacheries. 22 HISTORIQUE Nous ne voulons cependant pas nier qu'il n'y ait, dans la théorie sus-énoncée, quelque chose qui ap- proche un peu du but : et, en cela même, notre amour de la vérité nous pousse à faire une grande concession, sur laquelle nous aurons prochainement à nous expliquer d'une manière catégorique. Continuons donc. Les instructions pratiques de M. Thury, pour obtenir, à volonté, des animaux de l'un ou de l'autre sexe dans les espèces animales, sont consignées en six propositions. Dès la quatrième, il est facile déjà d'y constater une grande hésitation. Nous citons : « 40 Lorsque plusieurs œufs « se détachent successivement de l'ovaire, pendant « la durée d'une même période génératrice (ani- « maux multipares et ovipares en général), les pre- « miers œufs sont, en général, moins développés, et « donnent des femelles ; les derniers sont plus mûrs (i et donnent des mâles (abeilles, coqs). Mais s'il « arrive qu'une seconde période génératrice succède « à la première, ou si les circonstances extérieures «ou organiques changent considérablement, les der- OPINIONS DES AUTEURS MODERNES 2 3 « niers œufs peuvent ne pas atteindre au degré su- ce périeur de maturité et donner de nouveau des « femelles. 6° « Il est évident qu'on ne peut atteindre à aucun « résultat certain lorsque les signes de chaleur (chez « les grands mammifères) sont vagues ou équivoques ; « cela n'arrive que chez les animaux libres ; mais « les animaux à l'engrais ou renfermés dans l'écurie « offrent quelquefois cette particularité anormale. » Malgré la mauvaise diction, on comprend à peu près ce que l'auteur veut dire ou enseigner. Existe-t-il rien de plus vague? Cependant, M. Coste a voulu vérifier les asser- tion de M. Thury, et dans ce but, il a fait des expé- riences sur les Gallinacés. Il a échoué, mais il n'a osé, en conscience, se prononcer dans aucun cas, et il a eu raison ; plus raison qu'il ne le croyait, peut-être ? Ses expériences lui ont cependant servi à affirmer que, pendant le trajet de l'œuf dans l'oviducte, vul- gairement la tripe de l'œuf, il y avait finalement un instant où l'œuf perdait la faculté de recevoir l'im- prégnation du mâle et demeurait stérile. Cette observation, excellente ici, excellente en 2 _j. HISTORIQUE général, et qui a beaucoup de rapport avec celles que nous ayons faites nous-même, chez les mammi- fères, aurait beaucoup moins de valeur, s'il était vrai qu'une seule imprégnation puisse suffire à la fécondation de plusieurs œufs de sexes différents. Quoi qu'il en soit, le docteur Warner, fort des expériences de MM. Cornaz et Thury, se retranche dans cet argument : que, pour être concluantes, les expériences de M. Coste auraient dû porter sur des animaux de même nature, et que, sans cette cir- constance, on ne peut être apte à les juger utile- ment. Mais, si l'on ne peut conclure des Bovines aux Gallinacés, ou réciproquement, à plus forte raison ne le pourrait-on pas des Abeilles aux Mammifères? Le docteur Warner ne semble pas s'apercevoir de cette pétition de principes, et il conclut des Abeilles et des Bovines à l'espèce humaine *. Le sexe dépendrait donc uniquement, d'après lui, du degré de maturité de l'œuf au moment de son i. On peut toujours conclure, en tout état de causes, et dans tous les règnes, mais il "faut conclure équitablement. M. Coste a été extrêmement prudent dans ses conclusions. OPINIONS DES AUTEURS MODERNES 20 imprégnation par le mâle; et l'œuf humain don- nerait naissance à un être féminin lorsqu'il aurait été fécondé dans les débuts de la période menstruelle, attendu que la femme résulterait d'un œuf impar- fait; et l'œuf humain donnerait naissance à un mâle, lorsque l'imprégnation par la liqueur séminale lui aurait été communiquée à la fin de la période, at- tendu que le sexe masculin dériverait d'un œuf hu- main fécondé lorsqu'il est parvenu à son état de maturité et de perfection i. L'auteur, après avoir ainsi fait abstraction d'une partie de son savoir et de son jugement, avoue pour- tant que sa règle sur la procréation volontaire des sexes comporte des exceptions apparentes. Il s'est aperçu, dit-il, en recherchant leurs causes, que plusieurs influences, et notamment Yétat physi- que des parents au moment des rapports sexuels, mo- difiaient la loi énoncée. Et c'est, dit-il, à ces modifica- tions que plusieurs auteurs ont attribué la cause de la production des sexes, confondant ainsi l'accessoire i. a La femme, moins parfaite que l'homme, dans sa na- a ture physique et morale, dérive donc d'un œuf incomple'te- « ment mûr. » D1 Warner.) Golrrieb. — Lois de la génération. 2 2 6 HISTORIQUE avec le principal. Et l'étude des causes de ces modi- fications l'amène à cette conclusion : que la diffé- rence dans la théorie n'est qu'apparente et qu'elle est la confirmation de ses principes. Cette conclusion, qu'il était impossible de prévoir, nous semble bien près de l'abandon ou de la néga- tion du principe lui-même ; on le verra plus tard, en suivant cette voie. D'après M. Boudin *, le sexe est influencé par l'âge des parents, par leur état physique, par les sai- sons et les climats. D'après lui, les hommes âgés ont plus de garçons que de filles; le sexe féminin prédomine lorsque la mère est plus âgée que le père; les deux sexes tendent à équilibrer leurs productions quand les parents sont de même âge. Et les maris étant, en France, généralement plus âgés que les femmes, on a voulu en conclure avec MM. Boudin et Hofacker 2 que l'influence de l'âge i. Boudin, De V influence de l'âge relatif des -parents sur le sexe des enfants (Ga%. viéd. de Paris, i863, et Comptes- rendus de VA Cad. des sciences, 2 3 fév. i863). 2. Hofacker, Ueber die eigenschaften welche sich bei vien- OPINIONS DES AUTEURS MODERNES sur le sexe était démontrée par ce seul fait, qu'en France, il naît plus de garçons que de filles. Cette observation ne manque pas d'une certaine vérité, comme on le verra par la suite ; mais, à elle seule, elle est insuffisante à la solution du problème. Les calculs du Dr. P. Lucas i relatifs à l'influence de l'âge sur la fécondité, lorsqu'ils ne portent pas sur la détermination du sexe, mais simplement sur l'énergie plus ou moins grande des deux sexes dans les différents âges, sont d'une exactitude rigou- reuse, dans toutes les espèces animales. En Angleterre et en Allemagne, Sadler et Ho- facker ont conclu du dépouillement des registres de l'état civiî que l'âge des parents influait sur la dé- termination des sexes. Faites de cette manière, quelle peut être la portée de ces relevés statistiques , si ce n'est de jeter du trouble et de l'incertitude dans l'esprit, les études et les idées des auteurs indécis, et il en existe. schen und thieren auf die Nachkommen vererben, Tubingue, 1828. 1. Lucas, Traité physiologique et philosophique de l'héré- dité naturelle. Paris, 1847-1850. 2 8 HISTORIQUE Les relevés statistiques, sans être d'un grand se- cours, ne sont cependant pas dépourvus d'utilité, mais ils ne sauraient servir de base à un système quelconque, et ne peuvent être invoqués que par- tiellement. On sait, du reste, la valeur des chiffres, et avec quel art il est possible de les grouper en faveur d'une opinion qu'on veut favoriser. Ils ne sauraient prou- ver tout ce que leurs auteurs ont prétendu tirer d'eux. Jusqu'ici, les statistiques neprouvent sérieusement qu'un fait : c'est la prédomination constante du sexe masculin, en tout temps, en tous lieux; c'est quelque chose. Les moyens indiqués par Girou de Buzareingues *, académicien et agronome distingué, pour l'obten- tion des sexes à volonté, n'ont pas plus de fondement. Ses expériences ont été faites sur les troupeaux. D'après lui, le mâle et la femelle transmettent d'autant plus certainement leur sexe, que le mâle est plus mâle, la femelle plus femelle. En un mot i. Girou de Buzareingue?, De la génération. Paris, 1828. OPINIONS DES AUTEURS MODERNES 20. que la sexualité pénètre plus avant dans la vie ou l'essence du sujet. Le Dr Lucas, tout en la combattant, émet une théorie erronée, mais qui ressemble beaucoup à la sienne. D'après cet auteur, la sexualité qui a le moins de puissance, cède à l'autre la propagation et les attri- buts médiats ou immédiats de leur obtention. Cet auteur, qui n'est pas le seul à faire de la science avec son imagination, serait dans le vrai, s'il n'avait entendu parler que du typa; ou s'il avait soutenu simplement que le type le plus accentué ou le plus constant était choisi comme représentant des pa- rents. Mais, partout et toujours, les auteurs ont confondu le sexe et le type. Nous reviendrons sur cet objet fort essentiel, et afin de ne rien négliger, nous parlerons aussi de la ressemblance (prop. 28, chapitre ni). Girou serait-il mieux dans le vrai lorsqu'il pose cet axiome : « Que la modération dans l'union sexuelle est « une des conditions les plus essentielles pour que « chacun des sexes garde son caractère ? » 2. 3o HISTORIQUE Le sexe, évidemment, ne peut dépendre de l'ac- tion modérée ou non des rapports sexuels, et cette modération, bonne en elle-même, n'est utile qu'à la conservation de la santé de ceux qui s'y réfèrent. Elle n'a donc, sur le sexe, qu'une influence tout à fait indirecte. Mais on ne saurait dénier l'influence partielle de cet élément, puisque la santé des parents fait partie des conditions de la production et de la fixation des sexes. Nous verrons de quelle manière elle se produit. Aucune expérience, dans l'espèce humaine, n'a été tentée, que nous sachions, chez les mêmes indi- vidus, en vue de la solution de ce grave problème. Les expériences de ce genre, inutiles du reste, seraient tellement difficiles, les éléments desquels elles se composent, et dont on serait obligé de tenir compte sont tellement compliqués, que les conclusions qu'on pourrait tirer d'un semblable travail seraient né- cessairement entachés d'inexactitude. Le mieux est donc d'observer, à cet égard, ce qui se produit naturellement, et d'en tirer des induc- tions. Chacun pourra ainsi, de lui-même, et selon sa sphère, être plus ou moins fixé, en tirant de son opinions d::s auteurs modernes 3 i propre fonds et sans avoir recours aux lumières d'autrui *. Nous avons passé en revue les opinions les plus saillantes des auteurs sur l'histoire des sexes, et, presque partout, cet historique ne nous a fourni que des erreurs et des incertitudes. Cependant, tous les auteurs que nous avons cités, tous ceux que nous citerons encore sont de bonne i. M. le Rapporteur de la commission de l'Académie de médecine , nommée pour faire un rapport sur ce mémoire (novembe 1872), a répondu qu'il « n'était pas de ceux dont on a pouvait faire un rapport. Qu'on ne saurait, en pareille ma- « tière, se prononcer sans avoir été témoin d'expériences sur « la loi très-importante que nous formulons, et qui" explique a le maintien de l'égalité des deux sexes malgré les influences « perturbatrices. Qu'il n'appartient à personne de nous con- « tredire ni de nous approuver sans preuves. Que tout est « au mieux, puisque nous continuons à nous occuper de ce « sujet auquel nous pouvons donner tous les développements a qu'il comporte. » Nous respectons cette opinion, et nous subissons cette dé- cision de la commission de l'Académie, comme étant souve- raine. Toutefois, nous ne saurions la partager, et nous nous rangeons à l'avis d'un de ses membres les plus éminents, en soumettant l'œuvre au jugement de tous, et en la livrant avec confiance à la publicité. 5 2 HISTORIQUE foi (ceux surtout qui ne concluent pas). Ils font des efforts pour arriver, ils recherchent avec ardeur la vérité, mais ils gravitent autour du but; ils se pas- sionnent pour des théories hasardées et qui plaisent à leurs imaginations infatigables. L'examen et la discussion de toutes ces théories exigeraient des volumes. Nous les leur consacrerions volontiers, si le débat pouvait servir à éclairer la po- sition, ou s'il pouvait faire faire un pas à la science. Mais elles sont tellement en opposition avec notre manière de voir, que nous craindrions qu'il n'y eût, pour le lecteur, aucune utilité à un semblable travail. La cause des sexes a été recherchée un peu par- tout, et principalement où elle n'existe pas; dans les vents, dans les saisons, dans les régions, et jusque dans les phases de la lune. Il est vrai que ces causes n'ont été mises en avant qu'en qualité d'influences générales. Ainsi, d'après Virey i, l'été serait favorable à la génération des mâles, l'hiver à celle des femelles. i. Virey, Philosophie de l'histoire naturelle ou des phéno- mènes de l'organisation des animaux et des végétaux. Paris, i835. OPINIONS DES AUTKURS MODERNES 33 Bailly pensait absolument le contraire et soutenait ia thèse opposée. Riecke soutient que les mois les plus favorables aux créations mâles sont les mois de mai, octobre, no- vembre et décembre. Fourier a démontré le peu de valeur de ces asser- tions, et Warner se range à son opinion, sans cepen- dant se montrer aussi affirmatif. Les anciens attribuaient aux vents une certaine influence. Ils prétendaient que les vents et les cha- leurs des régions méridionales énervaient les facultés vitales, et rendaient les mâles incapables de repro- duire leur sexe aussi fréquemment que dans le nord. Cette double erreur que nous avons signalée, en partie, dans le cours de ce travail, a été ressassée par une foule d'auteurs : par Pline, Columelle, Elien ; qui la tenaient eux-mêmes des écrits d'Aristote, qui lui-même la tenait des traditions les plus en vogue chez les Grecs. Venette, Virey, Demangeon * s'y sont également référés, d'après les dires du Dr Lucas. i. Demangeon, Anthropogénèse ou génération de Vhomme. Paris, 1829. 34 HISTORIQUE Sans nous arrêter à ces diverses opinions dont la discussion nous entraînerait trop loin, et qui méri- tent d'ailleurs peu d'attention, nous allons reprendre l'examen et la narration de l'union conjugale et de la conception, afin d'arriver à la connaissance des lois qui régissent la création des êtres animés et inanimés. Nous aurons parfois recours à quelques- unes de nos propositions éparses dans nos ouvrages qui ont rapport à la conception et à la non-concep- tion i. Nous les tirerons, du reste, un peu de partout, en complétant et en élucidant celles qui nous paraî- tront avoir besoin 'd'être éclairées. En cette chose, ne considérons que la lin. i. Gourrier, Réglementation de l'union conjugale, ire et 2e parties. Fraissé-Cabardès (Aude), 1872. LES LOIS DE LA SEXUALITE 3 5 CHAPITRE DEUXIÈME LKS LOIS DE LA SEXUALITE ET DE LA CONCEPTION Donnons d'abord quelques définitions. i. Qu'est-ce qu'une loi naturelle? C'est un principe fixe, invariable, immuable, qui rend compte de tous les phénomènes naturels, et ne corn porte pas d'exceptions. 2. Il n'y a qu'une seule loi naturelle. Il ne saurait y en avoir plusieurs, car ce qui est vrai pour un cas, est également vrai pour tous. Cette loi est donc universelle. LES LOIS DE LA SEXUALITE 3. La loi universelle, c'est l'harmonie, c'est-à-dire le concert de toutes les parties de la nature concourant à la même fin. 4- L'harmonie universelle ne peut exister que par l'équilibre. 5. La nature ne veut que l'équilibre en tout, et pour y arriver et s'y maintenir, elle obéit sans cesse aux nécessités sous lesquelles elle se trouve placée, soit en état de santé, soit en état de maladie. 6. C'est la nécessité la plus impérieuse qui est la plus suivie, c'est sur elle que s'arrête son choix. 7- La nature poursuit invariablement les deux buts suivants : i° La conservation du sujet. 2° La propagation du genre. 8. Ces deux bats constituent deux grandes puis- ET DE LA CONCEPTION 3 7 sances. Ce sont nos deux passions dominantes. Elles sont désignées, la première, par le nom d'instinct ou de sentiment de la conservation. C'est le besoin excessif de la vie, besoin qui est poussé si loin qu'il va jusqu'au désir de l'immorta- lité. La deuxième, c'est le besoin extrême de repro- duction. Ces deux puissances se partagent la vie. Elles réa- gissent sans cesse l'une sur l'autre, parce qu'elles vivent, entre elles, dans un antagonisme constant. A un certain âge, la deuxième l'emporte cepen- dant sur la première. 9- La propagation du genre se décompose en sexe et en type. A son temps, elle commande à tout l'or- ganisme. 10. C'est la mise en action des organes sexuels, en vue de maintenir l'équilibre de la production en rapport avec les ressources vitales, afin de ne pas éprouver d'interruption dans la chaîne des êtres. C'est la pondération de ses forces productives. Gourriër. — Lois de la génération. 3 38 LES LOIS DE LA SEXUALITE I I. La nature a donc pour mission de veiller, soit à l'entretien, soit à l'augmentation numérique de ses sujets, dans la mesure de la fertilité et des ressources du globe, et de pourvoir à leur remplacement dans la mesure de leur extinction. 12. Quels sont les sujets dont le remplacement est le plus urgent? Quel est, au point de vue du mariage ou de l'u- nion des sexes, celui des conjoints qui, dans l'ordre naturel, a le plus besoin d'être remplacé? C'est le sujet le plus faible, le plus débile, c'est celui qui doit durer le moins longtemps, c'est-à-dire celui dont la vitalité est la plus affaiblie ou compro- mise au moment même de l'acte générateur, quel que soit son sexe. i3. La propagation du genre s'opère donc tout natu- rellement par celui des conjoints qui a le plus pro- chain besoin de veiller à la conservation de son in- dividu. C'est lui qui fournit les éléments nécessaires LT DE LA CONCEPTION 3 9 à la continuation de l'œuvre de la nature, c'est lui qui fournit le sexe. Quant à l'autre, son tour viendra, à son heure; pour le moment rien ne presse, il a du temps de- vant lui. (Selon les lois naturelles et les probabilités, selon la santé présente). Dans le règne végétal, la nature agit également sous l'empire de la même loi. C'est encore la con- servation du sujet et la propagation du genre qui la guident. Aussi veille-t-elle au remplacement des sujets chétifs par Fexagération de leur production fruitière. Un arbre maladif et qui va mourir est chargé de fruits outre mesure. Chacun sait que c'est dans les organes de la fructification que se trouvent les moyens naturels de la reproduction des végétaux; et qu'on peut prolonger la vie d'un végétal annuel 40 LOIS DE LA. SEXUALITE ET DE LA. CONCEPTION ea retranchant ses organes floraux à mesure qu'ils se reproduisent. De même que, dans le règne animal, on peut pro- longer la vie et ménager la santé par le ménagement de la liqueur prolifique. Voyez-vous ce chêne maladif ? Il est couvert d'une magnifique glandée!... Et regardez ce pauvre poitrinaire, chargé de fa- mille, malheureusement entachée de cette maladie héréditaire. Loi implacable, qui punit les enfants des fautes de leurs pères!... l'hermaphrodisme 41 CHAPITRE TROISIEME L'HERMAPHRODISME. — LA SEPARATION DU SEXE ET DU TYPE. LA RESSEMBLANCE. LE TRIO COPULA- TEUR. Lorsqu'il y a, au moment précis de la conception, équilibre parfait entre les forces et les moyens vitaux des époux, le sexe est déterminé par les besoins géné- raux de remplacement delà branche la moins vitale. Dans ce cas, il y a rétrocession. i5. C'est alors qu'on peut le plus aisément produire les sexes à volonté. Cette puissance de réaction rétrograde a été, sinon 42 LHKRM\PHRODISME bien définie, du moins bien caractérisée et dénommée au sujet du type des animaux, par cette expression vulgaire de : Coup en arrière. Nous pourrions lui donner le nom de : Choc en retour. Il se passe là quelque chose d'analogue, et c'est un bon symptôme, en faveur des époux, de voir la na- ture obligée d'aller rechercher dans les générations antérieures, les symptômes de faiblesse qu'elle ne ren- contre pas chez les conjoints, et les éléments néces- saires à la continuation de son œuvre. Est-il possible de rapporter à l'équilibre des moyens vitaux, ou à l'harmonie des types, le déve- loppement anormal simultané des organes ou partie des organes réunis chez le même individu ? Non. En aucune façon. 16. On sait d'abord qu'il n'existe pasd'hermaphrodisme proprement dit, c'est-à-dire complet ; mais seulement des apparences, surtout à l'extérieur, à la surface. L'androgynie n'est donc pas admise, et chacun est fixé sur ce point. La cause de l'hermaphrodisme et l'hermaphrodisme des monstruosités se trouve dans l'arrêt ou l'exagéra- tion partielle du développement vasculaire des dis- positions primitives de l'embryon1. 17- L'hermaphrodisme complet est impossible dans l'espèce humaine, à cause du balancement des or- ganes et de leur symétrie. Les connexions osseuses du bassin s'y opposent, En un mot, il n'y a pas de place pour lui. Et puis, s'il existait, ce .serait là un défaut, une dégénération qui, selon nous, rapproche- rait les espèces animales des espèces ou des règnes dits inférieurs; tandis que la séparation distincte du sexe, chez les végétaux eux-mêmes, est une marque de leur relèvement, de leur splendeur. i. Telle est la manière de voir de M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire. M. Cl. Bernard nous explique ce que la célèbre théorie de ce savant peut avoir d'exagéré lorsqu'elle s'applique au dévelop- pement embryonnaire de toute la série animale. Mais elle n'en est pas moins exacte pour les faits de l'hermaphrodisme pro- prement dir. Les arrêts de développement ont des exemples trop frappants et trop multipliés dans la nature pour pouvoir être révoqués en doute. Aujourd'hui , la tendances des études et des idées est à l'hermaphrodisme primitif de l'œuf. MM. Balbiani et van Be- neden admettent l'hermaphrodisme morphologique de toute individualité animale. 44 LA SEPARATION DU SEXE ET DU TYPE L'infécondité ou la stérilité de naissance, en un mot, l'état de mule s'expliquent de même : par l'ar- rêt de développement, par l'écart ou la destruction complète ou partielle de l'harmonie physiologique, dans l'un des organes qui concourent à la génération. Les ouvrières des abeilles, par exemple, sont sté- riles, parce que leurs ovaires ont été comprimés pendant l'incubation , et qu'ils n'ont pu acquérir alors leur entier développement. La séparation du sexe et du type. 18. Il est donc avéré que, dans le cas d'équilibre de vitalité, il ne peut y avoir fusion des sexes, mais au contraire, fusion des charpentes ou des types. 19. La femme cesse d'être, alors, momentanément du moins, conservatrice du type de sa race. Prérogative ordinaire, et qui lui est propre, à cause de sa mise importante, et de ses apports considérables dans la création. Elle est de toute justice. LA SÉPARATION DU SEXE ET DU TYPE 4S 20. Cette disposition relative au type se produit en- core, lorsque le mâle possède un type bien accentué et qui a acquis la constance. Cette constance, pour être modifiée, déracinée, a besoin de rencontrer un type d'une constance encore mieux déterminée que la sienne. Elle vient alors s'y choquer, s'y rompre, donnant ainsi raison à ce vieux dicton : A constance, constance et demie. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit ici du type et non du sexe, choses qu'il est important de ne pas confondre, et qui ont été pourtant si long- temps confondues. Entre ces choses et leur action, il y a cependant une différence énorme. 21. Le sexe etletypesont indépendants l'un de l'autre, en sorte que, par la même imprégnation, on peut emporter à la fois le type du plus fort et le sexe du plus faible, 46 LA SÉPARATION DU SEXE ET DU TYPE 22. C'est le type qui veille à la force du sujet. Il em- prunte où il peut ; il emprunte partout. Son obtenu tion, sa modification sont une affaire de travail, car, à la longue, on fait du type ce qu'on veut, ou à peu près. Les animaux domestiques en témoignent assez. En fait de types, les plus accentués, les plus forts, les plus constants sont ceux qui s'imposent. 23. Toutefois, il est bon de noter ici que la première imprégnation est très-importante, en ce qu'elle peut influencer l'ovaire tout entier, ou seulement plu- sieurs œufs, de façon que les types des produits sub- séquents peuvent se ressentir parfois encore de l'effet d'un rapprochement antérieur. Car toutes les imprégnations n'ont pas la même valeur. Témoins, les types posthumes. C'est l'application extraordinaire à l'espèce hu- LA SEPARATION DU SEXE ET DU TYPE 47 maine, d'une faculté qui est fort ordinaire pour les espèces plus bas situées dans l'échelle animale *. M- Quant au sexe, rien de semblable ne peut se pro- duire. La nature n'en est pas la maîtresse, parce qu'elle n'est pas la maîtresse des rapprochements, ni des circonstances dans lesquelles ils s'effectuent. Ici, l'hygiène peut donc exercer son influence notable et certaine, et elle l'exerce en effet. 25. Le sexe de l'embryon est forcé, absolu, parce qu'il est, au point de vue général de l'humanité ou de la création, une affaire de péréquation. 1. M. Coste explique ce fait par un arrêt d'ovulation; Ziégler, par un arrêt de travail embryogénique ; Bischoff, par le fractionnement cellulaire dans une des phases du travail de l'évolution de l'œuf. A ce propos, M. Cl. Bernard se demande quelle peut être la cause de ce ressouvenir organique mâle : il la cherche dans une imprégnation insuffisante ou dans une fécondation incom- plète ; enfin, dans l'état plus ou moins avancé de la maturité de l'œuf. Et c'est, en effet, dans une maturité incomplète qu'il la trouvera. 48 LA SÉPARATION DU SEXE ET DU TYPE C'est par lui que la nature veille à la propagation du genre; et qu'elle assure l'équilibre de la produc- tion et de la numération de ses sujets. En résumé : le sexe et le type sont les péréqua- teurs de l'humanité. L'un est mobile, l'autre est fixe. L'un obéit à la loi du plus fort, l'autre à la loi du plus faible; et chacun agit ainsi au plus grand profit définitif de l'harmonie générale. Si nous avons divisé théoriquement l'action des puissances typique et sexuelle, c'est afin d'en faire saisir et d'en démontrer le mécanisme. Cependant, dans la nature, tout résulte, la plu- part du temps, de la fusion harmonique des élé- ments que, pour la facilité de la démonstration, nous avons représentés comme séparés. Le sexe et le type de l'embryon peuvent assuré- ment être fournis par le même individu,' lorsque la nature y trouve son compte; ou, séparément, par l'un ou l'autre des époux, comme nous l'avons déjà LA. SÉPARATION DU SEXE ET DU TYPE 49 dit. Cette fixation résulte d'un choix, et ce choix est bientôt fait; car il n'y a pas d'indécision dans la nature. La nature a ses lois , elle les subit. Le sexe et le type de ses sujets sont les deux cordes qu'elle fait vibrer, et c'est par eux qu'elle obtient des va- riétés et des nuances infinies. Celles-ci dépendent de l'union plus ou moins intime ou favorable qui s'opère entre sujets, soit par le hasard des rappro- chements, soit par la sélection, soit par l'effort des électricités, soit par le calcul des mariages ou des familles, soit enfin et surtout par l'état relatif de la santé des conjoints. 26. Les types s'améliorent ou se dégradent selon les circonstances. Il n'en est pas de même des sexes qui restent toujours à peu près ce qu'ils sont. 27- Dans les mariages consanguins, par exemple, les types finissent par s'altérer d'une manière affreuse. Pourquoi? parce que les électricités sexuelle ou au- tres y manquent d'affinité. Parce que la liqueur 5û LA RESSEMBLANCE spermatique ou Vaura seminalis ne se sent pas atti- rée aux ovaires. Aussi ces sortes d'unions sont-elles très-peu pro- ductives. Chez les sujets dissemblables, au contraire, l'é- lectricité sexuelle se développe et se marie mieux : l'attraction y est plus forte. Que faut-il en conclure? Pratiquement, il faut en conclure qu'il convient de ne pas semer toujours dans la même terre. Il en est de même dans la très-grande majorité des végétaux, où le croisement de la fécondation est nécessaire *. La ressemblance. 28. Quant à la ressemblance, le sexe n'a, sur elle, aucune influence; elle est donc sous la régence du type. Rien n'est plus variable, rien n'est plus mobile 1. Sachs, Scott, Hildebrand, Sprengel, Darwin, etc. LE TRIO COPULATRUR qu'elle, et, si l'on osait, on la comparerait aux nœvus maternus *. Le trio copulateur. Il est une classe de gens que nous avons caracté- risés, désignés et présentés dans l'un de nos ou- vrages2 sous le titre de : Trio copulateiir. Ce sont les phthisiques, les syphilitiques et les ra- chitiques. Ces gens-là ont une très-grande tendance à se reproduire, et il existe bien peu, pour eux, de terres infertiles. On en déduira, en temps et lieu, les conséquences. A quoi sert et à quoi tient leur salacité? « Il faut en rechercher la cause dans cette grande « loi de la génération qui pousse chaque individu à i. Où donc votre petite a-t-elle été pêcher sa beauté j A cette question malséante, une dame répondit simplement par ces mots : Dans les regards de sa mère.... Il existe bien des réponses qui ne valent pas cette réponse-là. 2. Gourrier, Y Avenir du mariage. 52 LE TRIO COPULATEUR « pourvoir à son remplacement , lors surtout qu'il « est atteint par un vice qui compromet gravement « la conservation du sujet ou qui pousse à la dégé- « nérescence de l'espèce. « Ces besoins, ces ardeurs et cette tendance con- « tinuelle à la reproduction, outre qu'elles fatiguent « beaucoup, sont un mauvais signe et un symptôme a du plus fâcheux augure pour celui qui en est ot atteint. Il n'en faut pas tirer vanité, ni enviera « personne cette exagération de la faculté prolifique, « car elle est généralement le triste apanage des gens « dont les jours sont comptés. « En effet, ce n'est pas sans motifs ou raisons « graves que la nature, chez ces gens-là, se montre « si pressée de se reproduire. « L'homme âgé se préoccupe davantage de con- « server sa santé. Après avoir pourvu, dans l'âge « adulte, à son remplacement, dans une certaine « mesure, cet objet devient, pour lui, fort secondaire, « si ce n'est fort nuisible. « C'est alors que la conservation du sujet prend « son plus grand développement , et que l'amour a physique cède le pas à l'amour paternel, car c'est à LE TRIO COPULATEL'R 5 3 « la lignée qu'est réservé tout l'avenir de la famille. (( Loi sublime, qui dégage peu à peu la pensée de « l'homme des objets actuels et terrestres, et des pré- « occupations secondaires de la vie matérielle, pour « diriger ses regards vers les horizons infinis! » D4 PRKDOMINaTION GENERALE DU SEXE MASCULIN CHAPITRE QUATRIÈME PREDOMINATION GENERALE DU SEXE MASCULIN. LA PROFUSION DR LA SEMKNCE. A QUOI TIENT L'ÉTAT PRÉCAIRE DE LA SANTE DE LA FEMME? Les études sur la numération sexuelle nous ont amené à ce résultat : 29. Que, dans l'état actuel, il y avait à peu près autant de femelles que de mâles, dans l'espèce humaine; soit, cependant, une différence de six pour cent en faveur du sexe masculin, dans tous les pays. PRÉDOMINATION GENERALE DU SEXE MASCULIN 5 5 30. Cette coïncidence de la prédomination générale du sexe masculin est extrêmement significative, quoique faible. Car, à elle seule, elle prouve que le sexe masculin est celui qui est le plus nécessaire à l'harmonie de la population du globe terrestre, et à l'exploitation de cette planète. Elle prouve qu'il est le plus facile à obtenir et à maintenir, puisqu'il se maintient malgré les guerres, puisqu'il se produit en dépit de toutes les espèces d'abus connus ou in- connus, dont nous pouvons rougir, et dont nous pourrions surtout nous repentir, abus par lesquels nous affaiblissons lafemme, par lesquels nous forçons la reproduction du sexe féminin, par lesquels nous faussons conséquemment l'harmonie de la nature. 3i. Cependant, nos abus n'ont pasencoreentièrement pu nous faire perdre la prédomination numérique masculine. Mais, si aujourd'hui elle n'est pas plus considérable , ce résultat anormal tient à deux causes : 5 6 PRÉDOMINATION GÉNÉRALE DU SEXE MASCULIN i° Aux excès et aux abus dans l'union des sexes, ainsi qu'aux maladies qui en sont la conséquence prochaine ou éloignée, mais qui touchent plus la femme que V homme. 2° A la loi de la génération qui veut que le sexe le plus faible soit le premier remplacé. « La santé et la vie de la femme s'en vont, sacri- « fiées au luxe et aux plaisirs du sens, c'est-à-dire à « l'ennemi commun. C'est que, dans ces cas, c'est « malheureusement la femme qui porte plus lourde- ce ment la peine du péché. « Pour elle, la nature est sévère ; car elle n'échappe « jamais. Elle est toujours la plus engagée. « Cela est dur, mais vrai, mais grave ; c'est la loi « du mariage. (( Voilà pourquoi la proportion des femmes est « encore aujourd'hui si forte. » 32. Maintenant, l'état précaire de la santé de la femme, et par conséquent de la population en général, tient PREDOMINATION GENERALE DU SEXE MASCULIN 5j en partie, aux procédés défectueux de la préserva- tion de la grossesse et aux abus sexuels. 33. A force d'abus, il ne se produit plus que des po- pulations appauvries et des types défectueux. Nous en arrivons aux avortons de la forme et de l'intelligence; et le nombre des naissances diminue, à cause des moyens vicieux et inopportuns opposés à la conception normale. L'équilibre se maintient, pourtant , mais il se maintient artificiellement, péniblement, et à force d'art, dans un milieu vicié où il se traîne. 35. Nous sommes dans le siècle des maladies de la matrice. De ce monde en mauvais état, de cette matrice douloureusement ulcérée, voudriez-vous faire sortir le sexe fort ? hélas!.... 58 PIŒDOMl NATION GÉNÉRALE DU SEXE MASCULIN N'essayez pas... Vous n'y parviendriez pas... Mais, pourquoi cette question, puisque vous ne voulez plus qu'elle travaille ? Et vous avez raison... peut-être... car, de ce sein endolori, vous n'obtiendriez qu'un malade !... LE FOiNDS ET LA SURFACE 5 9 CHAPITRE CINQUIÈME LE FONDS ET LA SURFACE. 36. En tout, il y a ce qu'on appelle le fonds, et la forme. L'homme n'échappe pas à cette formule. Les tempéraments ont subi, au fonds, depuis plus d'un tiers de siècle surtout, d'assez notables modi- fications; et par suite, la thérapeutique a été obli- gée de modifier assez sensiblement ses allures. Quant à la forme, en France, on en a généralement exagéré l'importance, et on lui a trop sacrifié. Plus nous nous sommes sentis corrompus , plus nous avons voulu cacher notre état. Les mots ÔO LE FONDS ET LA SURFACE nous effarouchent, et par suite, notre puritanisme hypocrite a pris le soin de polir nos surfaces *. 37- Dans le principe, la terre était chaude, fertile, moins cultivée qu'aujourd'hui, moins peuplée. La vie des habitants était longue, la femme était ferme , forte et féconde , la population s'en res- sentait. 38. Aujourd'hui, la terre s'est refroidie, elle est mieux cultivée, plus peuplée, mais elle est moins fertile. La femme, sans être moins féconde, produit moins. La population est chétive ; et dans la vie comme dans les romans d'aujourd'hui les faits sont entassés. I. Le reproche en question touche Paris plus que la pro- vince. Paris a donné l'élan, la vapeur et la presse ont fait le reste. Il ne nous appartient pas de nier l'influence et l'impor- tance des surfaces, loin de là, et nous la comprenons parfai- tement. Mais, nous disons aussi que quand la surface est nette ou blanchie, pour nous servir d'une expression consacrée, tout n'est pas fini pour cela. LE FONDS ET LA SURFACE 6l Une fièvre de luxe et de jouissance travaille et gagne de proche en proche; les abus et la débauche débordent de partout, et viennent, par leur multi- plicité, remplacer la longueur du temps. 39. Semblables à la corruption les vices et les virus sont moins profonds, mais ils gagnent en surface ce qu'il sont perdu en intensité. 40. Et si l'homme du xix° siècle ne représente plus que les x\\- de l'unité humaine * ; la moyenne de la vie s'est allongée en raison de la diminution du nombre de ces mêmes unités ; et ce, toujours en vertu de la loi de la compensation et de l'équilibre; parce qu'il faut que toujours la terre retrouve son compte, en dépit des fautes de ses habitants. Mais la science nous vient en aide. 1. Les animaux, au contraire, sont en progrès; car une tête de mule représente un cheval-vapeur Courrier. — Lois de la génération. 4 62 LA LOI DU PLUS FAIBLE CHAPITRE SIXIEME LA LOI DU PLUS FAIBLE. L'équilibre de la numération des êtres vivants peut-il être influencé sur la terre? 41. Il le peut, sans aucun doute, par la quantité et par la qualité des produits de toutes sortes; parle perfectionnement de l'exploitation de la planète, par la restauration de ses habitants, 42. L'observation et l'expérience nous démontrent que LA LOI DU PLUS FAIBLE 63 c'est dans les variations et les alternatives entre le bien-être et le malaise que nous pouvons forcer la main à la nature et la contraindre à produire. 43. Que, pour cela faire, il faut ramener à en avoir besoin; qu'il faut l'affaiblir, afin de la forcer à réagir, sans quoi, il n'y a rien à faire qu'à échouer. 44. La nature ne saurait avoir deux manières d'opé- rer. Elle n'en a qu'une seule, de même qu'elle n'a qu'une seule loi : ou que, du moins, toutes se peu- vent ramener à l'unité l, parce que toutes dérivent d'un même principe. 45. Elle ne livre rien au hasard, à l'abandon ; de même qu'elle n'échappe pas non plus à la règle qu'elle s'est posée et à laquelle elle préside. 46. Il n'est pas, chez elle, de causes si minimes en 1. L'unité d'harmonie, c'est l'équilibre : l'unité de passion, c'est l'égoïsme : l'orgueil est un de ses dérivés. 64 LA LOI DU PLUS FAIBLE apparence, qui n'entraînent chez nous, à de très- grandes conséquences. 47- Aussi, ne nous répugnera-t-ii pas de diviser, par la pensée, la période menstruelle en deux parties inégales. Dans les débuts, la femme est souffrante, affai- blie, impressionnable, quelquefois malade. Dans la seconde période, au contraire, la fonction utérine s'étant établie, régularisée, la douleur cesse, la santé revient, reprend le dessus, l'équilibre se rétablit; et cette période, qui est la plus large, et qui est plus particulièrement celle de la réaction et de l'ovulation , est-elle toujours meilleure que la première. 48. A cette cause, la prédomination du sexe masculin se lie ; elle en dépendra toujours sensiblement, at- tendu que cette disposition fait partie intégrante de la loi de l'équilibre; et que, dans la nature, l'équi- libre est la condition indispensable à la reproduc- LA LOI DU PLUS FAIBLE 6 5 tion, indispensable à la vie et à leur fonctionnement régulier, indispensable à tout. 49. La différence actuelle, en faveur des naissances mâles, tient, en partie à ce que les rapports sexuels, un moment interrompus pendant la première partie de la période menstruelle, ont le plus souvent lieu, ou sont le plus souvent repris vers la fin de l'écoule- ment, alors que la santé de la femme s'est relevée. 5o. Si la femme se portait bien, toujours, au moment de l'acte générateur, il y aurait encore, rien qu'à cause de cette circonstance, un avantage, dirons- nous, bien plus marqué dans le nombre de nais- sances mâles, qui l'emporteraient, dans une notable proportion, sur celui des naissances femelles. 5i. En effet : une femme vigoureuse fait des garçons, lorsque sa vigueur ou sa vitalité dépassent, à ce moment, celle de son mari, et c'est alors celui-ci qui est remplacé. 66 LA LOI DU PLUS FAIBLE 52. Mais si, de vigoureuse, elle devient vultueuse, dans les premiers temps de sa grossesse, elle avortera d'un embryon mâle. 53. Le sexe de l'enfant est une preuve irréfragable de la faiblesse relative de la vitalité de son auteur, ou des besoins de remplacement de la branche qui le fournit. 54. Il prouve que ce côté de l'édifice humain avait, alors, besoin de réparation et de secours. 55. Le sujet dont la vitalité est la plus faible, au mo- ment de l'acte générateur, est donc celui qui régit le sexe de l'embryon, en vuedu maintien de l'équilibre de la production. C'est là que se trouve tout le secret, ou la plus grande partie du secret de ses forces ou de sa fai- blesse. LA LOI DU PLUS FAIBLE 6j 56. C'est la loi de la conception, c'est la loi du plus faible, c'est la pondération, sur notre globe, et des sexes et du temps, c'est-à-dire de l'espace compris, pour nous, entre la mort et la vie. C'est la vie qui appelle au secours. Et l'équilibre s'opère , en suivant la loi com- mune. 68 LES CONDITIONS DE LA. CONCEPTION CHAPITRE SEPTIEME LES CONDITIONS DE LA CONCEPTION ET DE LA PRODUCTION DES SEXES 57- D'après cela, soutenir qu'on est le maître absolu de produire les sexes à volonté est une prétention exagérée. Ce serait soutenir qu'on est au-dessus de la na- ture; ce serait soutenir que chacun est le souverain arbitre de sa santé; tandis que nous en sommes bien loin; tandis que la santé et la maladie dépendent souvent de causes qui nous échappent, que nous ET DE LA PRODUCTION DES SEXES 69 ignorons, et dont par conséquent nous ne pouvons nous rendre les maîtres. Témoin les constitutions médicales. 58. Mais il est incontestableque la santé et la maladie influent très-notablement sur la marche des phéno- mènes naturels, et par conséquent sur la fixation et la détermination naturelle ou artificielle des sexes. Qu'en conséquence, elles en sont les arbitres les plus habituels. 59. La santé et la maladie sont les péréquateurs des sexes, comme les sexes et les types sont les péréqua- teurs de l'humanité. Que faut-il entendre par les mots : Force et fai- blesse ? En fait de tempérament, en fait de santé et de gé- nération, la force ou la puissance ne consistent pas, comme en mécanique, dans la possibilité ou le pou- voir d'élever, en une seconde, le poids d'un kilog. à JO LIS CONDITIONS DF. LA CONCEPTION un mètre de haut. Et il est certain que si la force, la résistance, la vitalité, la puissance étaient enten- dues dans ce sens, elles conduiraient les appré- ciateurs aux erreurs de diagnostic les plus gros- sières. Le premier venu n'est pas apte à interpréter l'œu- vre d'un grand maître. Et, par quel privilège étrange, et pourquoi donc le premier venu serait-il plus apte à interpréter, sans étude et sans peine, l'œuvre de la nature? Pour se permettre d'inter- préter l'œuvre de la nature, il faut se sentir d'une certaine force, et surtout il faut se méfier des exa- mens et des jugements superficiels qui conduisent le plus souvent à l'erreur. Or, une erreur de pronostic, si elle n'est pas tou- jours absolument grave, et si elle ne compromet pas toujours une bonne cause, abaisse cependant plus ou moins celui qui la commet. ET DE LA PRODUCTION DES SEXES 7 I La force physique absolue de l'homme, quelque chétif qu'il soit, est encore supérieure à celle de la femme. Mais la puissance de santé, de vitalité, de réac- tion, c'est-à-dire de résistance à la mort, ne rési- dent pas uniquement dans les apparences ou les appareils extérieurs. Elle ne consiste pas dans la possibilité de pouvoir impunément gorger d'ali- ments tels quels un vaste viscère, sans en être ma- lade; mais, au contraire, elle consiste dans le fonc- tionnement harmonique de tous les organes vi- taux. Dans un tout petit corps de femme, la vie n'en est pas moins bien rivée. 60. La résistance delà femme à la douleur, sa vitalité est, en général, plus grande que celle de l'homme. La prédomination générale du sexe masculin puise encore à cette source. 72 LES CONDITIONS DE LA CONCEPTION La femme supporte mieux que l'homme la dou- leur. Pourquoi? Parce que la douleur est le lot de la femme; parce qu'elle ne peut y échapper; parce qu'elle est porte-graine; Quia friictas ventris sui, parce qu'elle est chargée de l'enfantement. Parce que, dès les débuts, l'élément femelle est fixe, passif, persistant jusque dans sa cellule. 61. L'état neuf des organes de la nouvelle mariée lui donne ordinairement, sur l'homme, un avantage marqué, dans la plupart des cas; c'est-à-dire lorsque la femme a été sage, et que l'homme ne l'a pas été. Il faut que la péréquation se rétablisse, et, en attendant, la postérité s'en ressent. Voici le libellé des propositions relatives au sexe de l'embryon. 62. i° La puissance de fixation du sexe est absolue. ET DE LA PRODUCTION DES SEXES j3 2° Elle est en raison directe du besoin de rempla- cement, et inverse de la vitalité de l'époux qui le fournit. 3° Le sexe de l'embryon est fixé au moment même de la perpétration de l'acte générateur. 63. Quant à la vitalité elle-même des sujets, elle est relative : aux conjoints, à leur sexe, à leur âge, à leur état physique; et elle varie, chez tous, en raison des milieux dans lesquels la vie s'effectue, et en rai- son de la manière dont elle est conduite. Il résulte de cet aperçu que l'obtention de tel ou tel sexe déterminé à l'avance est une chose difficile, et qu'il y faut des préparations. Il est bien plus facile d'expliquer théoriquement un événement accompli que de le produire ou même de le prédire. 64 Mais, pour obtenir, en général, un nombre plus GOURRIEK. — Luis do la génération. 74 LES CONDITIONS DE LA CONCEPTION considérable de mâles que de femelles, chose nor- male, la bonne santé de la femme est la condition nécessaire, comme la faiblesse ou l'émaciation de l'homme, la condition complémentaire. 65. C'est par suite de la santé de la jeune mère ou de la jeune fille, et de l'état neuf de leurs organes géné- rateurs que la première naissance est souvent mâle; tandis que la deuxième, au contraire, est souvent femelle, à cause de la fatigue de la gestation ou de la lactation précédentes. 66. Si, dans ces circonstances, la santé de la mère ne se relève pas, ou si le mâle ne s'affaiblit pas, les pontes femelles continuent. 67. Mais, au bout d'un certain temps de mariage, il est bien bien rare qu'un mari ne se soit pas re- trempé, car il a trouvé dans la couche nuptiale, le calme et le repos pour les jours passés. ET DE LA PRODUCTION DES SEXES 7 5 68. C'est dans l'état de malaise, de souffrance, c'est dans la convalescence des maladies aiguës, et dans la première partie de ses périodes menstruelles, que la femme est la plus accessible à la grossesse, et qu'elle se trouve dans la meilleure condition de son rem- placement par un produit de son sexe. 69. C'est dans les états ci-dessus désignés que la nature éprouve le plus grand besoin de remplacer cet être souffrant, et qu'elle fait le plus d'efforts pour se rat- tacher à la vie; qu'elle se roidit, afin de retrouver l'équilibre par la quantité des produits, et les chan- ces aléatoires d'une existence nouvelle. Vous enfanterez avec douleur, dit la Genèse. 70. La douleur est la condition de l'enfantement, comme la faiblesse est la condition de la conception, 76 Lb:S CONDITIONS DE LA CONChPTION comme la plus grande faiblesse relative est la condi- tion du sexe. Il faut, autant qu'on peut, imiter la nature, et venir à sa rencontre, elle nous épargne alors vo- lontiers la moitié du chemin. En médecine, c'est ce que nous cherchons à faire. En zootechnie, chez la femelle rebelle à la concep- tion, nous pratiquons journellement la faiblesse ar- tificielle, par la saignée, au moment de la monte. Pourquoi? c'est afin d'affaiblir la vitalité, et de forcer la femelle à se mettre à fruit. En agriculture, l'état major n'ignore pas cette vérité, et les pionniers la mettent en pratique, avec confiance, mais sans s'en rendre compte. On sait qu'une végétation luxuriante, exaltée, s'oppose à la fructification; mais que si l'on coupe quelques racines à l'arbre trop vigoureux, il réagit sur-le-champ, en se rattachant à la vie par la fructification. La pratique du retranchement en vert est tirée de ce principe. C'est une contrariété qu'on impose à la nature ; c'est une gêne contre laquelle on la force à réagir, en se rejetant sur la production fruitière. C'est également afin d'empêcher le développement du système foliacé qu'on suspend les arrosages pendant la floraison, pour le reprendre après. Si la vigne coule, avec la pluie, c'est qu'elle dé- veloppe, hors de propos, la vigueur des feuilles, et par conséquent la vigueur de l'arbuste, ce n'est pas la pluie seule qui fait couler le raisin, en délayant le pollen, car le raisin coule parfaitement bien sans eau. Mais lorsque le fruit est noué, c'est alors que l'arrosage ou la pluie sont de mise. Il est bon de songer à la conservation du sujet, après qu'on a assuré la propagation du genre. Chez le végétal, cette opération est doublement profitable, puisque, passé la floraison, ces deux buts peuvent être poursuivis conjointement. De la plante, on obtient, à force d'art, des variétés de fleurs magnifiques, très-doubles ; mais, on le sait, elles sont improductives. Une plante se met plutôt 78 LES CONDITIONS DE LA CONCEPTION à fleur lorsqu'on lui mesure strictement l'espace, la nourriture ou la vie en la colloquant dans un vase étroit. Dans la grande culture, une plante chétive et mai- gre rapporte force graine de bonne qualité, très-pro- lifique. Elle veut se rattacher à la vie future, elle s'y cramponne, elle réagit, c'est là son immortalité. Le mariage n'est, en somme, que la grande cul- ture de l'humanité. C'est le genre humain cultivé en grand ; c'est la réglementation de la production humaine sous la conduite de ses Guides. Et la vie, en général, n'est que le résultat du ba- lancement des deux puissances dont nous avons parlé : c'est-à-dire la conservation du sujet et la propagation du genre. Cette dernière coûte beaucoup plus que l'autre; aussi y est-il fait de bien plus grands sacrifices *. Il importe que la direction soit bonne. 1. Si grands, qu'on en perd le boire et le manger. Ce n'est pas une petite affaire que de se dépouiller du jeune homme. INFLUENCE DES EPIDEMIES SUR LA SEXUALITE 79 CHAPITRE HUITIÈME influence des epidemies , des armees , de l etat de paix et de l'état de guerre sur la sexualité. Quelle est, au point de vue de la guerre, l'impor- tance du sexe masculin? Poser cette question, c'est la résoudre. Au point de vue gouvernemental, politique, au point de vue du courage, de la force, de la défense du foyer et de la patrie, le mâle est d'une très- grande importance numérique, on verra plus tard se poursuivre ses avantages. Quelle est l'influence des épidémies, de la guerre, des armées sur la sexualité? Par les épidémies, la nature supprime rapidement 80 INFLUENCE DES EPIDEMIES tous les sujets véreux, sans acception du sexe; ou bien elle les force à se retremper, à réagir, en vue de la continuité de l'œuvre. Pour bien comprendre les conséquences et le mécanisme de cette combinaison naturelle, il faut l'analyser. Les besoins naturels excédant les ressources, la nature dégrève son budget, elle se décharge d'un poids incommode et trop lourd ; elle rentre instan- tanément en équilibre de numération par le mode le plus expéditif, par la suppression rapide, des sujets faibles, c'est-à-dire, de ceux qui présentent la plus grande facilité à se reproduire. Agissant ainsi absolument dans le sens inverse à nos pauvres axiomes : non bis in idem. Elle opère le sarclage des mauvaises plantes, afin de donner de l'air et delà nouriture aux bonnes. Elle agit par la maladie, par arrêt ou modification des conditions d'existence. Telle est sa méthode. La mort est l'arrêt final; la maladie est le pénultième. SUR LA SEXUALITÉ 8l Les armées, la guerre, au contraire, enlèvent à la nature ses plus beaux, ses plus jeunes, ses plus solides sujets, au moment pre'cis de leur plus grande auto- rité génésique. Elles suppriment, pour un temps, l'union utile des sujets mâles les plus vigoureux, de ceux qui, précisément, reproduiraient leur sexe avec plus de difficulté. Est-ce réellement un mal? Pour le savoir, examinons la situation inverse, et voyons ce qui s'y produit. Il s'y produit des naissances femelles et du liberti- nage. Est-ce un bien? assurément, non. * Nous ne sommes pas de ceux qui nient la valeur intrinsèque de la femme, sa valeur morale, bien loin de là. Nous savons son influence sur la moralisation de la famille; et nous savons, avec de Maistre, que 5. 82 INFLUENCE DES ÉPIDÉMIES c'est sur ses genoux que se forme ce qu'il y a de plus excellent dans le monde, un honnête homme et une honnête femme, c'est-à-dire le plus grand de tous les chefs-d'œuvre. Mais nous ne sommes pas de ceux qui pensent que ses mamelles doivent servir plus aux adultes qu'aux nourrissons. Après la guerre, après le service, après les abus, l'homme mutilé, affaibli, énervé, malade, reproduit son sexe plus facilement. Tandis qu'en paix, l'homme est mieux portant, il se soigne davantage, il abuse plus facilement delà femme, et il reproduit son sexe avec plus de difficulté. (Toutes circons- tances égales d'ailleurs). * • La guerre est un mal nécessaire, c'est la loi géné- rale, c'est la loi du monde, c'est la raison du plus fort. Or, au point de vue matériel, le plus fort est SUR LA SEXUALITÉ 83 celui qui règne et qui domine. C'est à constater, l'égalité n'existe en rien dans la nature. • • Chez les animaux, l'égalité n'existe pas davan- tage. Le plus fort opprime, détruit le plus faible. Celui-ci se débat, supporte, souffre, succombe quel- quefois... Tel est son sort : c'est la fraternité de Caïn. L'harmonie générale ne se trouble pas pour si peu, c'est l'ordre naturel des choses. Chez les végétaux, même loi, même influence, mêmes procédés. Le plus fort domine, étouffe, détruit le plus faible, se nourrit de ses détritus, s'échauffe de son soleil. La lumière l'inonde et l'harmonie règne encore sur les débris de la mort ! Et la foule passe , inconsciente, alors qu'elle pourrait admirer!.... En affaiblissant l'homme, la guerre travaille pour la création du sexe masculin. Il y a compensation 84 INFLUENCE DES EPIDEMIES parce qu'il y a retour à l'équilibre de numération. C'est mieux que mal. 72- La paix, par les abus sexuels et la fatigue de la femme, travaille pour le sexe féminin. C'est plus mal que bien. 73. C'est la loi du plus faible qui vient faire ici con- tre-poids, c'est la loi impérieuse, universelle, abso- lue, c'est la réaction. Rien, dans la nature, ne peut se soustraire à cette loi. Le végétal en subit les rigueurs parce qu'il est rivé au sol. Il a pour lui la résistance. C'est assez. L'animal a sur lui ces avantages : , L'instinct de la conservation, la locomotion ou la possibilité de se mouvoir. C'est peu. SUR LA SEXUALITÉ 85 Au-dessus de lui, l'homme paraît privilégié, car il possède la pensée, le raisonnement et la raison *. Est-ce un véritable privilège? A vous, lecteur, le soin de décider cette question. i. Desquels il fait souvent l'usage que vous savez.... 86 COMPARER POUR JUGER CHAPITRE NEUVIÈME COMPARER POUR JUGER 74- Au point de vue naturel, le mâle a donc une im- portance très-grande. La fécondation de l'œuf, tel est son rôle principal. Homo totus semenest, dit Fernel. 7*- La nature a répandu partout la semence à profu- sion, afin de parer aux nombreuses causes de sa dis- sémination. Et les organes mâles, dont les incapaci- tés sont, du reste, fort rares, ont été multipliés en COMPARER POUR JUGER 87 vue de la continuité de son œuvre, et afin d'éviter les lacunes. 76. Chaque sexe a son importance relative et absolue, et peut être considéré à plusieurs points de vue. Prenons nos exemples, ou mieux, pour ne blesser personne, prenons nos points de comparaison dans les espèces que nous appelons inférieures. Car un léger fanal suffit, parfois, à guider les pas. Celui-ci ne nous égarera pas. Nous avons vu que, chez les végétaux, les organes mâles étaient doués d'un luxe de développement extraordinaire, et que, dans ces règnes, la semence était déversée à grands flots. Cela tient à ce que le végétal est fixé au sol, et que la semence vient quel- quefois de fort loin le trouver, transportée par les vents. 88 COMPARER POUR JUGER Chez les animaux, chez les abeilles, par exemple, puisque nous avons déjà parlé d'elles, la Reine ou la mère est entourée d'une cour nombreuse, elle peut choisir entre mille maris, à l'époque nécessaire. Elle s'élance dans les airs, la fécondation s'opère, par un seul, et tous les mâles, après cette opération , unique pour un an, sont impitoyablement sacrifiés à l'intérêt général. Ils tombent tous, et sans excep- tion, massacrés sur le seuil de la ruche. Pourquoi ce massacre? c'est la reine qui l'or- donne. Mais que convient-il d'en penser? Ce phé- nomène n'est pas l'effet du hasard. Assurément, ce n'est pas une exception, puisqu'il se produit régu- lièrement depuis la création, et qu'il se perpétue dans la consommation des siècles. Dans cette république, les unes chassent les autres. Nous les imitons quelque peu dans notre ingérence domestique, ainsi que nous allons bientôt l'exprimer. Ici, la mesure est radicale. COMPARER POUR JUGER 89 Chez les animaux mammifères, la semence est avec grand soin ménagée; une seule fraction n'en est dissipée. Une loi sévère, la loi de Rut, loi que la femelle ne permet jamais au mâle d'enfreindre, s'op- pose à la dissémination inutile. La construction des organes, la disposition des sphincters leur viennent en aide; ils la ménagent et l'utilisent, compensant ainsi largement l'exiguïté de la masse par l'exagéra- tion de ses facultés prolifiques *. Pourquoi la nature agit-elle ainsi ? Parce qu'elle a fait de la vie ou de la création son but unique; parce qu'elle le poursuit à travers toutes les difficultés; et que, pour y arriver et s'y maintenir, aucun sacrifice ne lui coûte. Elle sait, pour cela, renverser tous les obstacles. Parce que la semence est, à son heure, et dans ce but, l'objet de toutes ses affections. Mais aussitôt 1. Les animalcules spermatiques. QO COMPARER POUR JUGER qu'elle lui devient inutile ou nuisible, elle en sup- prime courageusement la source. C'est une économie de force et de rouages. Dans l'espèce ovine, deux ou trois béliers, dans un troupeau de cent quarante brebis , suffisent ample- ment à la fécondation. Et, cependant, à la nais- sance des agneaux , on constate souvent plus de mâles que de femelles. Les éleveurs suppriment quatre-vingt-dix-huit pour cent d'organes mâles qui sont bistournés, et dont les sujets sont livrés, en leur temps, à la consommation. Pourquoi ? Parce que si ces mâles étaient conservés intacts dans le troupeau, ils se livreraient entre eux à des combats destructeurs qui mettraient en péril l'inté- rêt de cette cause. Puis, autre phénomène, il y aurait beaucoup trop de naissances femelles. Le sort de ces animaux ressemble donc un peu au sort des mâles des abeilles dont nous avons déjà parlé. Seulement, ces dernières vivant à l'état libre, COMPARER POUR JUGER 91 procèdent d'elles-mêmes au retranchement des inu- tilités ou des causes de nocuité. Dans les Bovines, un seul taureau suffit à vingt vaches, et cependant, à la naissance des produits, on compte plus de veaux que de velles. Ces animaux vivant séquestrés, l'homme est absolument le maître de leurs produits. S'il augmentait hors de mesure le nombre des mâles reproducteurs, il se produirait beaucoup trop de naissances femelles. * * * Chez les Gallinacés, un coq se mesure à douze poules, un canard à trois cannes, et cependant, à la naissance des produits, on constate souvent plus de mâles que de femelles; tandis que les pigeons, les pintades s'équilibrent par paires^ et, à la naissance, il y a à peu près parité dans les sexes. 92 COMPARER POUR JUGER 77- Tout est donc relatif à son but, à son utilité, et tout a été créé et mis en équilibre en raison de sa destination. La nature, pour y réussir, a pris deux fois ses précautions; elle a placé le remède à côté du mal. Il dépend de nous que cet équilibre ne soit pas rompu. Nous verrons plus tard ce qu'il en advient. L'état de domesticité des animaux, c'est-à-dire l'appropriation de l'animal aux besoins et au service de l'homme, est un élément d'une grande portée, et dont on doit tenir grand compte dans les appareille- ments. C'est ce qu'ont parfaitement senti les éleveurs. Aussi, est-ce par la réglementation de la passion sexuelle qu'ils procèdent; et, par suite, les animaux COMPARER POUR JUGER domestiques n'ont d'autres produits que ceux que l'homme permet ou décide qu'ils puissent avoir dans ces circonstances. Son intérêt lui sert de bous- sole 1. i. La passion en elle-même n'a rien de mauvais que l'ex- cès. C'est pourquoi elle a besoin d'être réglementée, comme toute chose. C'est le manque, c'est le défaut de réglementa- tion dans les choses sexuelles et la satisfaction illimitée de nos passions qui nous ont fait la situation actuelle, c'est-à- dire la dégradation organique. La passion, en somme, n'est que l'excès du besoin; elle ne peut être durable de sa nature. — Le Fouriérisme transfor- mait tout en attraction et en exaltation passionnelle , aussi n'a-t-il vécu qu'un jour. A cette satisfaction que nous cherchons sans cesse, à ce jeu auquel nous ne sommes que trop enclins, nous avons trouvé la dégradation croissante de nos charpentes, la ruine de nos tempéraments, le rabougrissement de la forme et de l'intelli- gence, en un mot, la moins value de notre espèce. Le Christianisme, au contraire, a parfaitement compris que l'exaltation de nos passions était une chose impraticable, qu'il ne nous était pas possible de les satisfaire ; que, d'abord toutes les ressources du globe n'y suffiraient pas, et qu'en entrant dans cette voie, il nous conduirait à l'abîme. Il a prêché la compression. Il a ainsi mis le doigt sur la plaie, la plaie sai- gnante, inguérissable; car, comment guérirait-on, si chaque jour revient aggraver.' Les satisfactions de ce genre deviennent, de nos jours, de moins en moins possibles, et s'il y a lieu de changer quelque chose à cet égard, c'est dans la condition de la sévérité que nous trouverons un refuge. C'est là, seulement, c'est dans la restriction, c'est dans la condition de la discipline réglemen- taire que nous devons nous renfermer. g4 COMPARER POUR JUGER C'est par la compression des passions, c'est par le retranchement raisonné de ce qu'il y a d'excessif dans ce premier besoin de la nature que les éleveurs ont apporté, soit dans les charpentes des animaux, soit dans le développement de leur chair, soit dans leurs diverses aptitudes, des modifications impor- tantes, et telles qu'ils sont parvenus, dans certains cas, à les rendre méconnaissables; qu'ils ont méta- morphosé leurs types par l'exagération de certaines parties de leurs corps, ou par la suppression natu- relle d'organes sans valeur, relativement à leurs intérêts. Combien plus sages nous sommes lorsque nous mettons de côté nos passions ! Examinons, pour nous en convaincre, notre propre manière d'agir, en dehors de nos préoccupa- tions sexuelles, et quand il ne s'agit que des passions des autres, ou seulement de notre intérêt bien entendu. COMPARER POUR JUGER 9 5 « En agriculture, par exemple, on fait ce qu'on « appelle : la semence. Cela veut dire qu'on sème et « qu'on soigne à part ce qu'il y a de plus conve- « nable, choisi dans le produit de tout le domaine, « pour le consacrer au produit futur. Lorsqu'on ne a possède pas chez soi de bons éléments, on va les « chercher ailleurs. « En économie jardinière, on choisit les porte- « graines. En zootechnie, on choisit les sujets de « reproduction. (Ce sont aussi les porte-graines). « On les apparie judicieusement. Lorsqu'on ne se « sent pas assez fort en cette science, on consulte les « gens les plus compétents; on ne permet pas aux «animaux le trop grand exercice sexuel; on en a règle, au contraire, avec soin le jeu et la dépense ; « on nourrit les reproducteurs avec choix; en un « mot, on agit avec beaucoup de mesure et de pru- « dence, pour être assuré d'avoir de beaux types, et « on les obtient en efïet. « C'est la sélection, c'est le choix des choix, c est « la réglementation 9 6 COMPARER^POUR JUGER « Pour une simple couvée d'œufs, les ménagères « prennent mille précautions; personne ne l'ignore. « Et pour réussir en quoi que ce soit, dans la «moindre opération, pour les choses même les « moins importantes, ne faut-il pas produire beau- « coup d'efforts? ou prendre de très-grandes précau- « tions? ou développer beaucoup d'adresse? « Peut-on en dire autant quand il s'agit de notre « pauvre espèce? hélas ! non. « Ces moyens-là sont bons pour l'avoine et la ca- « rotte, bons pour la jument, pour l'ânesse et pour a obtenir des mules; mais pour la femme fi !... « Combien de fois arrive-t-il qu'on puisse dire : « Ah ! le bel enfant ! on voit bien qu'on ne lui a rien « épargné « Combien de gens entourent la femme de soins a judicieux, lui choisissent sa nourriture, avant la « conception, lui donnent un supplément à propos, a et tel qu'il le lui faut lorsqu'elle nourrit ? « Cela se fait pour la jument, pour la vache, pour a la brebis; cela se fait en pisciculture; etc *. i. Chez les animaux, la femelle est choyée, soignée, res- pecte'e de tous. COMPARER POUR JUGER 97 « Cela ne se fait pas pour la femme. « Pour la femme!... allons donc ah! par « exemple 1 la femme... elle marchera bien comme « elle pourra... c< Nations , étonnez-vous.... étonnez- vous qu'en « agissant ainsi, vous ayez encore quelque chose de « passable !... » 78. Il en est de la reproduction de l'homme comme de toutes les autres productions. Il n'y a pas exprès pour l'homme, d'exception possible. Et quand il s'agit de la reproduction, il ne faut pas s'imaginer que nous puissions, impuné- ment, faire cinquante sottises sans que le produit s'en ressente. (Sexe et type.) Ce serait une grande erreur. La méthode de la Réglementation des fonctions génératrices nous mènera sur une pente meilleure1. 1. Emprunts à nous-mème. La méthode de la réglementa- tion de l'union conjugale envisage l'union du type à tous les points de vue, mais surtout : i° A celui de la santé des parents. 2° A celui de l'amélioration des produits et des races. 3° A celui de la conception et de la non-conception, c'cst- Gourrier. — Lois de la génération. ^ g8 DES RÉFUTATIONS CHAPITRE DIXIÈME DES REFUTATIONS De toutes les théories, soit anciennes, soit mo- dernes qui se soient appliquées à la solution du pro- blème actuel, deux principales seulement ont pré- valu. à-dire de la préservation et de la favorisation de la grossesse. 4° A celui de la fixation du sexe de l'embryon. Les lois et les contre-lois de la grossesse tendent simple- ment à la réglementation de la conception et à ses effets. Si ces mots sont trouvés nouveaux, la chose elle-même est loin de l'être et nous ne la donnons pas comme telle, car elle est mise en pratique journellement avec plus ou moins d'à- propos. Seulement, elle n'est pas encore assez généralement connue ni répandue parmi nous. Des considérations pécuniai- res, politiques, sympathiques ou autres y mettent assez sou- vent leur veto ; et l'on n'est pas habitué encore à ce néolo- gisme. DES REFUTATIONS 99 La première qui, sans dénier l'influence que l'âge relatif des parents, leur santé et leur état physique peuvent exercer sur la détermination ou la fixation du sexe par la nature, n'admet cependant d'autre terminaison possible, d'autre solution que celle qui le fait dériver du sujet le plus vigoureux. La seconde, au contraire, qui, sans tenir aucun compte des éléments précités, affirme que la cause unique du sexe de l'embryon réside dans le degré de maturité de l'œuf au moment même de la fécon- dation. Cette dernière manière devoir, qui est assurément la moins rationnelle, a cependant pour elle quelque chose de spécieux. Nous allons examiner ces deux hypothèses dans le courant de ce chapitre. * * * Les préceptes et la consécration de ces opinions ont dû nécessairement se traduire, dans la pratique et les applications, par une série de moyens, dont seul, le raisonnement a dû se contenter, faute de lOO DliS REFUTATIONS mieux. Cependant, il faut convenir que messieurs les auteurs modernes ne se passionnent pas, comme leurs prédécesseurs, pour des théories hasardées. Mais, sous l'empire de l'habitude, on se tient assez facilement dans les errements acquis, et l'on marche sans se donner la peine de descendre au fond des choses. Il est de fait qu'il est bien plus facile d'accepter une opinron toute faite, que de s'en faire une toute neuve à soi-même, ou de redresser les erreurs d'au- trui. Examinons la première hypothèse, celle qui a joui jusqu'ici de l'heureux privilège de gouverner, pour ainsi dire, le monde médical, le monde entier. D'après elle, un homme fort et une femme faible ne peuvent avoir que des fils, tant que la force de l'homme et la faiblesse de la femme seront en pré- sence. Or, c'est la plupart du temps le contraire qui se produit. Nous n'entendons pas soutenir qu'un homme fort DES REFUTATIONS ne puisse pas avoir de garçons ; nous disons seule- ment, qu'uni à une femme faible, il ne pourra les avoir que dans un moment d'affaiblissement de son niveau vital. Nous disons que la force est plus relative qu'absolue; que cette appréciation est très-difficile à faire; nous disons surtout que la personne la plus forte fournit plus au type qu'au sexe, sans nier, tou- tefois, que la femme soit ordinairement conserva- trice du type de sa race. En effet, si, à partir d'à présent, par impossible, le sexe était fourni par le sujet le plus fort, nous de- viendrions prochainement un monde de géants, par sélection naturelle, ou nous marcherions rapidement à la désorganisation, parce que l'accumulation du sexe fort nous ferait dérayer dès la deuxième géné- ration , et l'équilibre ne tarderait pas à être rompu. Eh bien, cela n'est pas possible; cela n'est pas vrai. Au lieu de cela, que voyons-nous, en effet? Nous voyons un monde de pygmées, nous voyons 102 DES REFUTATIONS des armées qui, pour se recruter, sont obligées d'a- baisser successivement la taille de leurs soldats1. Cette thèse ne peut donc se soutenir. Il est même étonnant qu'elle se soit produite, car l'expérience de chaque jour la dément absolument. Et si l'on essaye, dans ce sens, toute espèce de supposition, on arrive à l'absurde, au dérayement. Mais, si nous devenons des pygmées, ce n'est pas à la loi des sexes que nous devons en attribuer la cause, il faut, au contraire, attribuer la dégradation de nos charpentes à notre administration passion- nelle défectueuse, au défaut de réglementation. C'est au travail des sexes avant l'âge, c'est aux jouissances sexuelles anticipées et multipliées, c'est au puberti- i. Sur la frontière mal fermée, Marche aux bruits de petits tambours, Une pauvre petite armée.,. BÉR. Et nous dégénérons toujours. DES RÉFUTATIONS 103 nage ou à l'abus des pubères que nous devons, en grande partie, notre abaissement, et la loi des sexes n'est pour rien en cela. Oui. tels sont nos ennemis. Ce sont eux qui ont altéré, dégradé et rétréci nos moules, pour nous ser- vir d'une expression figurée, mais si chère à Buffon. Aristote était également de cet avis. « Rien, dit- « il, ne s'oppose plus à une bonne génération que « la précocité des mariages. Dans tout le règne « animal, les produits obtenus au premier éveil de « l'instinct sexuel sont constamment imparfaits. Le « moyen d'avoir des races naines de chiens consiste « à provoquer la précocité de la génération. Il en « est de même chez tous les animaux : Il en est de « même dans l'espèce humaine ; les mariages pré- ce coces ne donnent naissance qu'à une race petite « et sans valeur. » C'est pour avoir oublié cette grande loi que les 04 DES REFUTATIONS peuples ont rapidement marché vers la déca- dence, Les nations les plus policées de l'antiquité, la Grèce, l'Assyrie, Rome, sont tombées dans l'abru- tissement et l'esclavage, le jour où les fêtes de Vénus ont fait déserter les temples des autres dieux; et Rome eût péri avant la fin de la république, si les étrangers n'avaient continuellement comblé ies vides que ses désordres creusaient. La même remarque est applicable à Paris, où s'a- gite, sauf exceptions, une population fiévreuse, énervée, et avide d'émotions à tout prix. L'Espagne moderne, l'Afrique du nord nous ont donné récemment le même exemple. Le Dr Seraine a naguère encore attribué à de semblables motifs la dépopulation des îles Sand- wich1. i. Contributions à la géographie médicale; irc station de l'océan Pacifique. (Archives de médecine Navale. Paris, 1864, Tom. II, p. 480.) DES REFUTATIONS ICO Et nous-mêmes, nous sentons-nous absolument sans reproches à cet égard ? Et l'Allemagne n'aurait-elle, sur nous, aucune supériorité de ce côté ? Les anciens Germains, chez lesquels le développement corporel faisait l'admira- tion des autres nations de l'Europe, ne se mariaient jamais avant vingt-quatre ou vingt-cinq ans; et, jusque-là, ils conservaient la plus rigide chasteté. C'était une honte, pour un jeune homme , d'avoir connu une femme avant cet âge. 11 est donc certain que ce n'est pas à la loi des sexes que nous devons rapporter notre abaissement, mais à la loi des types, mais à nous-mêmes. Il nous est impossible d'altérer nos sexes, mais nous en faussons continuellement l'harmonie et la prédomination numérique, parce que nous altérons continuellement nos types. Faites, pour les types, les mêmes opérations que vous avez faites pour les sexes, alors vous serez dans le vrai. Mais vous avez confondu dans une même puissance IOb DES RÉFUTATIONS et ctans la même action deux éléments fort différents : la conservation du sujet et la propagation du genre; des puissances opposées qui sont en lutte continuelle et réagissent sans cesse l'une sur l'autre ; vous n'en avez tenu aucun compte, ou plutôt, vous n'y avez pas pensé. De là pourtant vient votre erreur. La nature n'a rien confondu. Elle a bien tout prévu. Et par la raison qu'elle a fait dériver le sexe de l'être le moins vital, elle a veillé au maintien de l'équilibre et de l'harmonie par le moyen du type qui est fourni par le sujet le plus fort, par la race la plus constante. • * Il était utile de dissiper cette longue confusion qui a duré pendant si longtemps, et qui a engendré une foule d'erreurs. C'est ce que nous avons cherché à faire en nos propositions de vingt à vingt-sept divisoires du sexe et du type. DLS REFUTATIONS 107 Toutefois, si vous considérez l'humanité en masse, vous serez bien forcé de reconnaître qu'elle ne puisse échapper à la loi universelle, et que son tableau d'ensemble ne soit que la répétition de ce que chacun de nous subit en particulier, savoir : L'enfance, l'âge adulte, la. vieillesse et la mort. C'est ainsi que Fourier considérait dans les globes : La croissance, la station, la décadence et la chute. C'est la loi. C'est dans la succession de ces divers éléments que nous vivons, et il nous est impossible d'y échapper. Examinons maintenant la théorie de la maturation graduée de l'œuf humain . Elle est basée sur une remarque unique, celle de la coïncidence des naissances mâles avec celle des rapprochements sexuels, opérés vers la lin de la cha- leur, chez les mammifères 08 DES RÉFUTATIONS Les éleveurs ont tenté, à cet égard, une série d'expériences, et comme ces expériences ont été sui- vies d'une certaine apparence de succès, ils se sont hâtés d'en conclure que le sexe de l'embryon ne dépendait que du plus ou du moins de maturité de l'œuf au moment des rapports sexuels. Il ne leur en a pas fallu davantage. La perspective attrayante de l'obtention volon- taire des sexes excitant l'imagination des novateurs, a promptement triomphé de la faiblesse du raison- nement, et le sophisme suivant : Post hoc, ergo propter hoc, a érigé en doctrine leur argumentation. Et cette confusion a fait chemin : l'erreur, pour faire chemin, n'a pas besoin d'apôtres. Cependant, après avoir proclamé d'une manière absolue l'infaillibilité de leur dogme, comme il con- vient au succès d'une idée spéculatrice, ses auteurs n'en ont pas moins conseillé de prendre, contre lui, des précautions dans la pratique. Défiants d'eux- mêmes, ils ont ordonné de lui adjoindre un régime fortifiant pour l'homme et débilitant pour la femme, DES RÉFUTATIONS IOO, ou réciproquement, selon que l'on désire un fils ou une fille, et prenant encore, en cela, le problème au rebours, ils sont tombés dans les anciens erre- ments, tout comme leurs prédécesseurs. * • Analysons donc rapidement, pour nous en con- vaincre, le mécanisme de l'évolution de l'œuf en dehors des rapports sexuels. Rappelons d'abord que l'œuf existe, en germe, jusque chez le fœtus même; qu'il croît en lui et avec lui, et qu'il se développe progressivement dans l'ovaire jusqu'à l'âge de la puberté. A partir de cette époque, jusqu'à l'époque criti- que, le rôle de la grappe ovarique est de mûrir et d'égrener sesœufs. Chaque mois, en effet, cette grappe fournit à la ponte un œuf, rarement davantage. Cet œuf, parvenu à son point de maturité, se détache alors tout naturellement de l'ovaire. Le début de la menstruation est le signal de son détachement. L'ef- fort pléthorique le sollicite à cet effet; le pavillon de la trompe de Fallope, embrassant l'ovaire, lui a permis, par ce moyen, le chemin de l'oviducte. Il le Gourrier. — Lois de la génération! 7 10 L)fc.S REFUTATIONS suit, il descend, et pénètre dans la matrice. L'écou- lement sanguin, qui survient à propos, favorise sa lubréfaction, facilite son transport, sa chute et son entraînement au dehors, tout en lui servant de véhi- cule. C'est la moindre de ses fonctions. C'est un petit accouchement mensuel qui n'est pas toujours exempt de douleur. Si les rapports sexuels sont pratiqués pendant son trajet, ou même à dater du moment où le pavillon de la trompe saisit l'ovaire et s'y applique, l'œuf peut être fécondé. Il se greffe ordinairement alors sur un des points de la matrice; son évolution cesse, et Técoulement sanguin s'arrête' avec lui. Mais les choses ne se passent pas toujours avec cette simplicité, il s'en faut bien ; et l'œuf, fécondé ou non, continue malgré tout son trajet. Entraîné par la menstruation et la loi de la pesanteur, il des- cend encore ; il a bientôt dépassé le point utile de son insertion utérine, et lorsqu'il est tombé trop bas, fécondé ou non, matière inerte ou vivante, il est sacrifié. Ce qui n'implique pas du tout qu'il soit DES REFUTATIONS 1 I [ plus ou moins mur, ni qu'il ait dépassé le point utile de son incarnation ou de la sexualité. Dans cette catégorie, il y en a des milliards, pour ne rien dire de trop fort. Et cette observation, M. Coste Ta faite chez les gallinacés, et nous l'avons faite souvent nous-même chez les mammifères. Cependant l'œuf ne se détache pas toujours de sa mère dès le début de la période menstruelle. Diverses causes peuvent en retarder ou en empêcher la chute. Si cette cause est légère, la ponte et la menstrua- tion n'en sont pas notablement dérangées; mais lorsqu'elle est plus grave, la dysménorrhée ou l'amé- norrhée se produisent, et la ponte n'a pas lieu, parce que l'œuf n'est par mûr. Les femmes alors disent qu'elles ont un retard. Dans les grandes secousses économiques, il est facile de comprendre que toutes les fonctions soient plus ou moins troublées. C'est ainsi que les sécré- I I 2 DES REFUTATIONS tions séreuses et muqueuses sont modifiées, les urines, les sueurs influencées, les poils ternis, arrê- tés dans leur croissance, les ongles déprimés. La sécrétion ovarique ne saurait être la seule qui échappe à cette influence ; elle subit le sort de ses sœurs, de toutes les sécrétions physiologiques, c'est-à-dire : modification, retard, arrêt ou exagéra- tion. De là les défectuosités, les difformités ou la faiblesse de l'œuf, exception peu rare, et qui se termine ordi- nairement par le sacrifice ou la perte du produit ovarique, et sans que personne en ait la cons- cience l. La cellule ovarique possède, dès le début, une vie et une activité qui lui sont propres, et qui con- tinuent jusqu'à la fécondation, époque à laquelle l'œuf est mûr, c'est-à-dire arrivé au maximum de complication morphologique. i. Une dame âgée nous disait, à ce propos : Je me rappelle que j'ai eu un retard et que j'étais malade lorsque je suis de- venue enceinte de ma fille. Elle a été couverte de mal gras pendant toute son enfance. Mariée à dix-huit ans, elle a eu deux enfants qu'elle n'a pu nourrir. Elle est morte à quarante- cinq ans, d'un cancer à l'estomac, après avoir été opérée d'un cancer au sein, par Nélaton. DI.S REFUTATIONS I l 0 Lorsque la fécondation n'a pas lieu, l'œuf mûr ne peut plus puiser dans ses propres forces la conti- nuation de sa vie. Il dépérit, il se désagrège et il meurt, après avoir parcouru déjà une première existence fertile en incidents t. Telle est la marche ordinaire des choses. Elle n'implique pas que l'œuf ait à se perfectionner ou à se mûrir en dehors de l'ovaire, mais seulement qu'il a à redouter une foule d'accidents, après son déta- chement de cet organe. L'évolution de l'œuf humain se fait dans un temps variable et qui dépasse de peu la période mens- truelle. Il est rare qu'elle se produise dans les inter- i. Revue scientifique des 3, 10, 17 octobre 1874. Tel est l'énoncé de M. Cl. Bernard, Revue scientifique des 9, 11, 17 octobre 1874. Ce savant professeur, fortement inspiré des travaux de M. Balbiani , admet, en effet, deux fécondations : l'une pri- mordiale, qu'il a appelée la préfécondation, la seconde sper- matozoïque, apportant à l'ovaire ou à la cellule son contin- gent de secours nouveau. C'est la fécondation proprement dite. C'est une impulsion nutritive nouvelle, qui dure autant que dure la nutrition totale de l'individu et se communique encore, par atavisme, dans la grappe ovarique du sujet qu'elle a formé. I 14 DES REFUTATIONS valles des mésades. Cependant ce phénomène peut encore exceptionnellement avoir lieu, en vertu d'exci- tations sexuelles notables. Ordinairement, lorsque l'œuf est détaché, que la trompe n'est pas oblitérée, que la menstruation est bien établie chez la femme, que la liqueur sperma- tique de bonne quantité, accompagnée de l'électri- cité sexuelle (l'aura seminalis des auteurs) a pu entrer en communication avec l'œuf, il y a fécon- dation, il y a sexe, il y a vie, et le tout est simul- tané. Il faut le concours de toutes ces circons- tances. Du conflit des deux sexes, deux effets ressortent ordinairement : i° l'imprégnation d'un ou de plusieurs ovules; 2° la fécondation de celui qui a atteint alors son maximum de complication morphologique. L'im- prégnation et la fécondation sont donc deux effets distincts. La première n'entraîne pas nécessairement la seconde. Elle n'a d'action que sur le type, et non sur le sexe du produit futur. Le sexe ne peut être DES RÉFUTATIONS I I 5 produit qu'au moment même de la perpétration de l'acte, parce qu'il a pour but la péréquation numé- rique et l'équilibre de l'animalité terrestre. La fécondation exige l'imprégnation de l'ovule à l'état de maturité complète; que cet ovule ait été ou non précédemment imprégné, c'est-à-dire que son type ait été ou non précédemment influencé. Mais, l'œuf est mûr, il est près de mourir, et va se détacher de l'ovaire. De son côté, l'élément mâle, parvenu à la dernière phase de sa vie, vient à sa ren- contre. Du conflit de ces deux corps, animés cha- cun d'une électricité différente, du choc de ces deux éléments contraires, dont l'énergie est épuisée, et qui, tous deux, sont destinés à périr, résulte, en vertu de l'attraction électrique, un corps nouveau, doué au plus haut degré de la faculté d'évolution nouvelle, puisqu'il est le germe de l'animal complet qui va entrer dans la vie. L'étincelle vitale vient de jaillir. Mais comment le sexe et la vie ont-ils pénétré cette matière? Gomment Tàme s'en est-elle instan- I l6 DES RÉFUTATIONS tanément emparée? Il est des mystères que l'homme ne pénétrera jamais. Est-un mal? Et serait-il plus avancé si les notions actuelles, au lieu de le faire rentrer dans une voie meilleure, lui donnaient la possibilité de transgresser les lois divines? Ce qu'il sait, c'est que c'est à cette date que com- mence la vie fœtale , la vie embryonnaire. Mais la vie ne se soutient pas toujours, parce qu'elle ne ren- contre pas toujours les conditions nécessaires à la continuation de son développement , la grossesse alors n'a pas lieu. Dans ces cas, il y a arrêt de développement pour l'entier embryon, comme dans les cas de monstruo- sités ou d'hermaphrodisme il y a arrêt ou exagéra- tion de développement partiel d'un organe; comme il y a arrêt de développement pour les fruits lors- qu'ils sont trop nombreux et qu'ils se sèchent et qu'ils tombent. Il en est de même dans tous les règnes, pour tous les végétaux, pour tous les animaux. DES REFUTATIONS I 1J Chez les gallinacés, les œufs sont fécondés avant la ponte. Chez les poissons, les œufs sont déposés dans les herbages ou sur le rivage : dès ce moment, ils sont parfaits, ils sont mûrs, rien n'y manque. Le mâle y laisse, en passant, sa traînée vivifiante, et les œufs sont fécondés par milliers : un seul mâle y suffit. Tous ces êtres s'animent dès lors, tous sont pourvus de sexes; tous vivent, mais tous ne réussis- sent pas à devenir adultes, parce que tous ne peu- vent pas persévérer dans la vie, parce que tous n'y rencontrent pas les conditions nécessaires à sa conti- nuation; parce que, surtout, rien n'est aussi fragile que la vie dans ses débuts *, parce qu'on a aussi- tôt fait d'en sortir que d'y entrer; enfin, parce que sans cette condition, il y aurait encombrement, excès numérique, exiguïté des espèces, rabougrissement des sujets, fatigue extrême des auteurs qui les sup- portent, parce qu'enfin l'harmonie serait rompue. C'est assez. i. Les Casuistes n'admettent le crime d'infanticide qu'à une certaine époque de la vie fœtale. I i 8 DES REFUTATIONS Un arbre sera chargé de. fleurs, tous les boutons s'épanouiront au soleil, et tous les ovaires seront fécondés par le pollen. Cependant tous les fruits ne tiendront pas. D'abord, parce qu'il y en aurait beau- coup trop, qu'ils seraient trop petits et n'auraient pas assez de pulpe. La nature, alors, fait ses retranchements, par les modifications des milieux, des circonstances et des conditions d'existence, par arrêt de développement, par les contre-temps qui surviennent. Un arbre qui s'est beaucoup chargé, se repose, l'année suivante, il se mesure. Si l'on fait, en terre, un trou au milieu d'un champ, l'eau s'y rend. Bientôt les grenouilles et les roseaux y paraissent, sans qu'il soit besoin de les y apporter. Mais, tout-à-coup, tout cela disparaît, le jour où la chaleur a fait évaporer le liquide, qui DES REFUTATIONS I !■ est la condition essentielle à la continuation de leur vie. Tel est le mécanisme de la vie et de la produc- tion. Tels sont les phénomènes de la sexualité et de la génération. Cela nous fait songer quelquefois à l'origine des prétendues générations spontanées, qui se retrouvent, en dépit de tous les efforts, partout où elles rencon- trent des circonstances propices. Conformément à cette loi universelle qui fait sourdre la vie, comme un torrent sans digue, dans tout milieu propre à la recevoir l. Cette digression nous a conduit un peu loin de la maturité ovulaire sexuelle, dont les dispositions rentreraient, il est vrai, d'une certaine façon, dans notre cadre ; car nous avons exposé et expliqué la différence de la santé de la femme durant les diverses i. Drouyn de Lhuys. Congrès international. Montpellier, octobre 1874. 120 DES REFUTATIONS phases de ses périodes naturelles et les conséquences qu'elles entraînent. Nous ne saurions toutefois les accepter à notre avoir, puisque nous en avons dé- montré l'erreur. Et la ruine de cette théorie se trouverait encore dans le seul fait des naissances multiples et de sexes différents , simultanément obtenues par une seule et unique imprégnation . Finalement, nous ne pouvons nous empêcher d'être choqué en entendant dire, par des hommes instruits, que quelques heures d'intervalle dans les rapprochements, suffisent à devenir les seuls arbi- tres et la seule cause des sexes, en dehors de l'in- fluence si réelle et si naturelle des parents, en dehors de l'harmonie admirable dont nous ne sommes, en définitive, que les rouages ou les atomes. Dire que la femme ne puisse être engendrée que par un œuf imparfait, sorti de son sein, tandis que ses entrailles apporteraient à la création d'un œuf mâle toute la perfection qui lui serait nécessaire ! Un œuf imparfait, pour la femme ! Et qu'y a-t-il DRS REFUTATIONS 12 [ donc d'imparfait dans la nature? inférieur!... Il n'y a rien d'inférieur dans la nature, hormis les erreurs humaines. Prouvez donc comment l'œuf mûrit et se perfec- tionne en dehors de l'ovaire ; tandis que c'est alors, au contraire, qu'il a à redouter les plus fortes et les plus multiples avaries? Prouvez donc en quoi l'œuf femelle est moins parfait que l'œuf mâle; même chez les gallinacés? Une simple affirmation ne saurait tenir lieu de preuves; et personne, que nous sachions, ne nous a encore apporté, jusqu'ici, la véritable cause de la sélection naturelle des sexes, ni la véritable raison de la prédomination de l'un des deux. Aujourd'hui, on est plus exigeant. On veut avoir la réponse au dernier pourquoi? Et il ne suffit pas, pour avoir raison, de pouvoir dire quelquefois : Post hoc, ergo propter hoc. La cause précède l'effet, sans doute, mais il faut savoir la discerner. Et il y a quelque chose au-dessus de nous. 122 NECESSITE DE LA REGLEMENTATION CHAPITRE ONZIÈME NECESSITE DE LA REGLEMENTATION DE L UNION CONJUGALE. 79- La fonction utérine tient, dans la vie de la femme, une place très-considérable. Et tout ce qui aboutit, ou peut aboutir à la fonction sexuelle, occupe un rang élevé parmi les causes de sa santé. 80. Mais la femme ne fait plus assez d'enfants, et c'est un mal. Sa matrice ne travaille pas assez, ses DK L'UNION CONJUGALE 123 mamelles non plus, c'est un mal. L'inertie, l'immo- bilité ne conviennent qu'à la maladie. 81. Les organes sont faits pour servir. Servir modé- rément, si vous voulez, mais ils répugnent au repos absolu. Le repos forcé leur est contraire : La santé, la vie s'affectent autant de leur immobilité que de l'excès opposé ; leur durée s'en ressent. Voilà pourquoi l'hygième et la réglementation de l'union conjugale sont, pour la femme surtout, d'une importance capitale. Il n'y a pas, pour elle, de santé en dehors de ces conditions. « La règle générale, déduite de l'observation de «tous les peuples nous enseigne, dit Richerand, « que la reproduction de l'espèce est, pour la femme, « l'objet le plus important de la vie. Que c'est pres- « que la seule destination à laquelle la nature semble « l'avoir appelée, et le seul devoir qu'elle ait à rem- « plir à l'égard des sociétés humaines. Que tout ce 124 NECESSITE DE LA REGLEMENTATION « qui éloigne la femme de cette destination primi- « tive est à son désavantage, parce que dans son « organisation physique , tout y est évidemment a relatif. » Nous ajouterons comme hors d'œuvre, que tout le travail et tout le bonheur dont elle fait cadeau à l'homme, en dehors de ses fonctions et de ses apports en mariage, sont en supplément de son devoir. 82. Mais la fertilité de la femme se développe en raison de ses besoins de remplacement. Et lorsque sa vitalité s'abaisse, c'est alors que s'exalte sa fé- condité. Cela n'est pas un cercle vicieux, loin de là. C'est tout simplement l'effet de la réaction. C'est le ba- lancement des puissances, c'est l'équilibre. Il y a plus de femmes qu'il n'en faut, parce qu'elles sont trop faibles. Et les femmes naturellement stériles sont généra- lement fortes. DE L'UNION CONJUGALE 125 Vous avez vu que le service physiologique et l'u- tilité numérique du sexe féminin n'avaient rapport qu'au moule, au type, à l'enfantement ; qu'en con- séquence, elle n'était que relative. Tandis qu'au contraire, à tous les autres points de vue, soit au point de vue humain, terrestre, à celui de la déper- dition de la semence, à celui de la force, de la guerre, de la main-d'œuvre, de l'exploitation de la planète, à celui de l'équilibre et de l'harmonie, en un mot, c'était le sexe mâle qui devait prédomi- ner i. Partout c'est le mâle qui domine en effet. A lui le génie, à lui la force, à lui le nombre ; et la nature le guide, et lui indique, malgré ses erreurs, la voie qu'il doit suivre. Elle nous enseigne, par nos abus mêmes, par nos fautes, par l'altération de la santé de la femme, surtout, pourquoi celle-ci enfante trop de sujets de son sexe. Elle nous montre que la proportion féminine di- minuerait sensiblement, si la femme était plus forte, plus robuste, mieux constituée, mieux portante i. Pourquoi l'histoire ne nous a-t-elle pas transmis le nom des sœurs de Caïn et d'Abel? NÉCESSITÉ DE LA REGLEMENTATION surtout ; et que c'est dans ces conditions que l'équi- libre doit se retrouver. Et la vérité est que l'équilibre vrai ne se rétablira qu'à ce prix. Cette nécessité est assez impérieuse, ses résultats sont assez importants, pour qu'on y doive consacrer tous ses moyens, tous ses efforts. La femme le mérite assez. Et, cependant... nous sommes bien loin d'agir comme il faut avec elle.... Et l'acte le plus important de notre vie est livré à l'arbitraire, à l'abandon, au hasard, à la répétition la plus in- sensée, aux écarts les plus funestes. Aussi, au lieu de devoir à la vigueur de la femme l'équilibre de la pondération des sexes, ne devons- nous la prédomination numérique du sexe mas- culin, qu'à la faiblesse relative, et à l'inconduite de ses auteurs. DE L UNION CONJUGAL1 Car, ce la bonne ou de ritale, dépendent la bonne ou la mauvaise san: :i femme ; et. par consé plus ou moins normale ces sexes i. Sait-on ce qui arrive. Lorsqi lomératioo on exagère hors ie propos le nombre des mâles reproducteur Oui. Nous l'ave nature réj i une exagération apposée dans le nombre des nais- sances femelles. i. Il faut conveni ue depuis un quart de . on, nos filles se portent mieux que ne se portaient • mères. A quoi faut-il attribuer ce résultat? A. la nique de la grossesse, à l'avance- ment la manière de stiar ... etc. Jadis, le foie déprimé par les corps (les corsets) en fer. . pour - • _. . .le milieu de sa hauteur. Plus tard, la taille fut moins serrée, quoique .-.due encore. Aujourd'hui, on la remonte jusqu'à la hauteur de la ceinture et . os, . . se nble vouloir se maintenir, sans un retour sens l normal. 128 NÉCESSITÉ DE LA REGLEMENTATION Que messieurs les physiologistes veuillent nous expliquer pourquoi et comment ce phénomène se produit. Quant à nous, nous ne trouvons qu'une ré- ponse : c'est qu'il faut que la péréquation se ré- tablisse. Nous ne voyons pas qu'on puisse sortir de là. En attendant que ces paroles soient entendues des chefs des nations, méditées des Guides de l'espèce humaine : 85. Ne perdons pas de vue que c'est à la santé de la femme que nous devons travailler sans relâche. Que la santé de la femme sera la condition indispensable de notre succès, et du retour à l'état numérique normal des sexes. Et comme ce résultat est d'une très-grande uti- lité, d'une très-grande moralité, d'une très-haute portée, il en résulte que les efforts et les actes tentés DE L UNION CONJUGALE I 2 Q dans ce but sont absolument dignes de la plus sérieuse attention. 86. Et puisque c'est au moment même de la perpétra- tion de l'acte générateur que le sexe de l'embryon est fixé, il est facile d'en conclure que, pour être prêts à ce moment décisif, il faille s'y préparer par l'hygiène et d'avance. On a donc compris que la nature ne veut que l'harmonie universelle ; que c*est le besoin d'équili- bre de ses forces qui la sollicite; que c'est le besoin de remplacement de ses sujets qu'elle consulte; et que, dans sa sollicitude, elle veille à remplacer l'être le plus faible, celui qui risque de lui échapper, celui qui contient en germe ou renferme en nature la cause de sa fin la plus prochaine, relativement à l'être avec lequel il s'unit, quel que soit son sexe. 87. Que c'est dans le cas d'équilibre parfait des con- l30 RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE joints ou de leurs ascendants directs que l'obtention d'un sexe désiré peut être le plus aisément influencée et obtenue. 88. Et que, dans le cas de prédominance marquée de l'un des époux, il serait presque inutile de lutter contre elle, en vue de l'obtention du sexe de son auteur. Sinon, répréhensible de le tenter par des entreprises téméraires. Ce serait un attentat à la santé. Dans le choix des sexes, il est des limites que ne doivent franchir ni la volonté ni la science. LA REACTION I D I CHAPITRE DOUZIÈME LA REACTION Par les explications qui précèdent, et que nous soumettons à l'appréciation d'hommes compétents, en attendant le jugement de tous, nous avons dé- terminé les conditions de la conception et des sexes, et nous avons exposé comment se traduisent, en réalité, leur prédomination et leur équilibre, mal- gré les influences perturbatrices. La matière que nous avons traitée a dû paraître d'une simplicité singulière , quoique grave. Car l32 LA RÉACTION on ne peut s'empêcher de reconnaître à la loi que nous avons formulée une importance hors ligne, puisque de la vérité ou de l'erreur de son essence, et de la conduite en cette oeuvre, dépendent la prospérité ou la décadence de l'humanité tout en- tière. La décadence, aujourd'hui, réelle, évidente, palpa- ble, effrayante. Cependant, si nous jetons un coup d'œil rétros- pectif, nous ne pouvons taire notre étonnement en pensant que tant de siècles, que tant de savants et d'études sérieuses aient successivement essayé ou épuisé leurs efforts à la simple découverte de la vérité sans l'atteindre. Nous ne pouvons surtout nous empêcher d'être surpris qu'on ait agi avec autant de sagacité que de discernement en zootechnie, tandis que la déraison et l'indiscipline se sont concentrées dans les choses humaines. LA REACTION 33 A quelle cause faut-il les rapporter? N'est-ce pas à l'orgueil, à l'aveuglement de nos passions? N'est-ce pas à l'égoïsme que nous devons attribuer nos erreurs passées, nos erreurs présentes, erreurs d'une gravité extrême, puisqu'elles nous ont conduits à la situation actuelle dont nous subissons chaque jour les amères conséquences. Et maintenant, sans éprouver le désir de poser ici des conclusions que l'on peut prévoir, et qui res- sortent si claires à chaque page de cet opuscule *, nous essayerons de nous résumer en quelques mots. Pour cela, nous avons besoin de revenir encore aux définitions, car il ne faut jamais s'écarter des principes, et il est nécessaire de reprendre ici les choses de haut. Qu'est-ce que la Réaction? Qu'est-ce que la conception? Quel est son but? i. Mais qui, en dehors de l'Académie de médecine ou du corps médical, ont pourtant besoin d'être libellées. Gourrier. — Lois de la génération. o 34 la réaction Qu'est ce-que le sexe? Comment agit la nature dans ses créations? 89. La réaction, c'est la crise par laquelle la nature fait effort pour se rattacher à la vie, ou produire des êtres nouveaux. C'est un emprunt fait à l'ensemble dans un but final déterminé. 90. La conception, c'est la transmission de la vie. Nous l'avons définie ailleurs : Le résultat de l'opération vitale que la copulation a provoqué chez la femme, et d'où il est résulté que dans son sein, Tceuf humain a pris sexe et vie, qu'il s'y est individualisé. 91. Son but a été défini : La reproduction des types, en vue du maintien de l'équilibre de la succession des êtres vivants. 92. Au point de vue général le sexe peut donc être considéré : LA RÉACTION I 3 5 i° Comme l*organe qui préside à la reproduction du sujet. 2 Comme l'instrument de la réaction de la vie contre la mort, par suite de sa transmission à l'em- bryon. 93. Cest par le sexe que la vie se continue, se perpétue, se perpètre. Au point de vue moral, c'est le sexe qui fait l'être, l'individualité. C'est par le sexe et le libre arbitre bien ou mal régis que l'adulte marche bien ou mal en ce monde. Enlevez au sujet le sexe, et vous effacez à la fois de la vie le mariage, le but et la couleur. Vous altérez le sentiment, le cœur, l'amour, la poésie. Vous affaiblissez le libre arbitre ; partant, vous diminuez le mérite. Vous affectez l'àme et la reli- gion; car la grande force de la religion se trouve dans le mérite et l'amour bien placés. Vous supprimez la passion, vous anéantissez le contre-poids et l'équilibre. i36 LA REACTION Que restera-t-il donc, alors? Il restera matière, fibre et charpente. Mais, ni l'une ni l'autre ne sont faites pour marcher isolées; car le concert de toutes les parties constituantes du sujet sont nécessaires à la réaction et à l'harmonie qui en est la consé- quence. 94- Le sexe est donc indispensable au sujet qui pense. Le sexe est, par son but et son résultat, l'organe et l'intermédiaire delà plus belle, de la plus noble, de la plus magnifique des réactions de la nature. 95. La nature opère, en effet, la sélection du sexe, par sa réaction contre la faiblesse relative de celui des époux qui la transmet. 96. En tout, partout et toujours, la nature opère par réaction, afin de conserver l'équilibre. C'est la seule ressource qui lui reste. Mais elle est suffisante, car la lutte ne peut s'engager dans l'organisme qu'avec la certitude du succès. LA RKACTION I 5' 97- La réaction nous précède, nous suit, nous accom- pagne en tout temps, en tous lieux. Nous ne vi- vons que par elle, car le mécanisme de la vie n'est qu une longue suite de réactions. 98. F.t nous sommes bien proches de la mort lorsque nous ne sommes plus capables de réagir. 99. La réaction nous sert dans toutes les circons- tances . La médecine est la science qui nous enseigne à l'utiliser, à la diriger, à en tirer parti. On ne l'i- gnore" pas. La médecine révulsive, contro-stimulante, per- turbatrice, n'a en vue que la réaction vitale, c'est- à-dire le réveil de la vitalité prise dans son en- semble. Elle sollicite la révolte de l'organisme, la révolution du principe vital à faire effort contre les influences délétères. I 38 LA RÉACTION Elle fait appel à la masse, tant que celle-ci n'est pas trop compromise. 100. La puissance de la réaction se révèle partout dans la nature, et jusque dans les corps inanimés. Ainsi, en chimie, la création d'un produit quel- conque s'opère par la réaction. En physique, la réaction se révèle dans l'électri- cité, la lumière, la chaleur, la dilatation, le mou- vement, etc. En physiologie, le sommeil est une réaction contre la fatigue ou l'état de veille, la sueur contre le re- froidissement. Dans les affections de l'âme, la réaction s'opère en notre cœur, en notre cerveau, dans nos sentiments, dans nos passions. Alors, ce sont les larmes qui se produisent, c'est le cri arraché par la joie, par la frayeur, par la douleur. Le vagissement du nouveau-né, que sa mère LA RÉACTION I 3 9 écoute, est produit par la réaction contre les pre- miers effets des influences extérieures. C'est l'effet du brusque changement des milieux. 101. C'est par la réaction que la conception guérit le trouble accidentel ou provoqué en vue de la gros- sesse. C'est la pondération, c'est l'équilibre qui veulent se rétablir. 102. Aussi la portion riche de la société n'est-elle pas la plus féconde, la plus prolifique, à beaucoup près. Son organisme ne lui demande rien, car il est trop satisfait. Un boyau vide lui viendrait certainement en aide; ce serait un appel à la réaction, un appel à la masse, et cette masse-là peut bien fournir, car elle a de quoi répondre. En thérapeutique, c'est par la réaction que s'o- pèrent la détente et le retour à la santé, à l'équilibre des forces vitales. 40 LA REACTION En pathologie , l'inflammation et les produits morbides sont le résultat de la réaction et du travail de la nature qui veut guérir. En métaphysique, en éloquence, en politique et partout, enfin, nous constatons les effets de la réac- tion. Parfois même nous les recherchons, nous les provoquons. C'est par la réaction que souvent triomphe la vé- rité contre l'erreur; c'est par elle que se dresse l'op- position au pouvoir ; par elle que s'opèrent les grands mouvements oratoires, et quelquefois le triomphe des orateurs. Si le xixe siècle est le siècle des maladies utérines, le xxe sera le siècle de la réaction... Son prédéces- seur nous aura conduits sur la voie. Une belie découverte! direz-vous?... Oui , une application neuve, belle et toute ré- cente. Et sur ce terrain, Dieu nous aura préservé de l'erreur, sinon de l'orgueil. LA REACTION 14 I Voulez-vous savoir le secret du crescendo de l'ac- tivité humaine, et pourquoi l'homme du xixe siècle agit, invente dix fois plus que celui des siècles pré- cédents? C'est que, sous ses pieds, s'affermit la cer- titude, c'est que la vigueur de son action s'accroît en raison de la solidité de son terrain. Aujourd'hui, toute science nouvelle se bâtit vite, parce qu'elle s'aide de milliards de faits observés et calculés dans les sciences collatérales, et que bientôt elle a fait de son terrain un roc solide. ce Frappez du pied fortement , ne craignez pas, c'est ici le roc inébranlable du vrai ! » Et, de l'étincelle que vous aurez fait jaillir, vous verrez bientôt surgir des légions de travailleurs et de soldats i ! Mais, n'anticipons pas. Quittons ce terrain brû- 1. La méthode de la réglementation de l'union conjugale favorise essentiellement la production du sexe masculin. 142 LA REACTION lant pour répondre à cette question à l'ordre du jour : Qu'arriverait-il, si, tout d'un coup, par un revi- rement subit, par une de ces chances heureuses et imprévues, les hommes, oubliant leurs traditions insensées et perdant la mémoire de leurs abus, re- venaient à la raison, à la saine pratique dans les rapports sexuels ? La réponse n'est pas douteuse. La santé de la femme serait immédiatement amé- liorée. Gomme conséquence, les naissances mâles aug- menteraient dans une notable proportion. Avec de meilleurs éléments, la race humaine se constituerait sur de meilleures bases; l'équilibre se rétablirait par la numération, par la force, par la santé géné- rale; et nous marcherions progressivement et ra- pidement ainsi à la restauration des charpentes humaines, à la régénération de l'espèce, à la recon- stitution des tempéraments, à l'harmonie, à la pros- périté. A cette source, chacun peut puiser, et largement. Tel est le but de cette conférence, et cette vérité LV RÉACTION 1-p sortira claire de la lecture des deux premières parties de ce travail. Dans la pratique, nous y convions tous les efforts, et si nous posons aujourd'hui la question de cette chance imprévue , c'est qu'elle ne nous paraît pas impossible. Mais, direz-vous , peut-être que, d'ores et déjà tels que nous sommes, nous sommes en équilibre, en harmonie, en prospérité ? N'affirme-t-on pas que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes? En effet, tout est relatif. Oui, nous sommes d'ores et déjà en équilibre. Car, en dehors de l'équilibre, il n'y a plus que chaos et anéantissement. Tels que nous sommes, nous vivons donc, mais nous vivons mal. Est pejor modus vivendi, c'est un pis aller. C'est l'équilibre dans la souffrance, ce n'est pas l'état normal. Faut-il s'en contenter? C'est l'équilibre, il est vrai, mais c'est un équi- i44 LA REACTION Jibie de tiraillement, par le fait de la lutte du mal contre le bien, ce n'est pas l'harmonie. C'est l'équilibre par la maladie contre la santé, contre la force, contre la vie, contre la raison, contre la nature. C'est l'unification des marasmes physique et mo- ral, ce n'est pas là l'état normal. C'est l'envahissement, c'est la prospérité des vices, c'est la résistance des vices, c'est le règne du mal, en tout et pour tout ; c'est la décadence, c'est l'hu- miliation, c'est la chute ! Faut-il s'en contenter? Eh bien, non! Car ce n'est pas là l'état normal, ce n'est pas là l'harmonie, ce n'est pas là notre affaire. Et nos aspirations, et nos travaux, et nos efforts communs nous découvriront, s'il plaît à Dieu, dans un avenir prochain, des horizons plus prospères. RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE 145 CHAPITRE TREIZIEME CONSÉCRATION PRATIQUE DE LA TROISIEME PARTIE DE LA MÉTHODE DE LA REGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE. Nous allons arriver enfin à la mise en pratique de cette partie de la méthode de la Réglementation de l'union conjugale. Nous dirons, dans ce grand intérêt, tout ce qui doit et peut être dit relativement à cette belle application. Le principe est d'une simplicité saisissante ; l'ap- plication exige une grande prudence. La première question qui se présente est celle-ci : Quel est le but du mariage? Gourricr. — Lois d-1 la génération. • Q 46 RÉGLEMENTATION DE LIJNION CONJUGALE Question étrange, en apparence, mais fort sim- ple et à laquelle, pourtant, on ne trouve pas toujours sur-le-champ la réponse l. Mais pour le médecin, pour les personnes que leur position oblige à faire abstraction du côté moral du mariage, pour ne considérer de ce grand acte que la fin, c'est-à-dire la consécration pratique, matérielle, physiologique et religieuse; pour nous, le but du mariage, c'est la transmission de l'étin- celle vitale. Pratiquement, nous avons divisé les époux en deux catégories. La première comprend les indifférents, ou im- prudents, classe ingrate, qui a posé une sourdine à 1. « Une dame très-austère, à qui l'on posait cette ques- tion, Mme de Gasparin, n'a pas craint, nous dit un auteur cé- lèbre, en touchant à ce sujet si délicat, de poser en principe la proposition suivante : Le but du mariage, c'est le mariage. L'enfant n'est que le second but, l'amour conjugal impose, selon elle, plus de re- noncement et de vertu que l'amour maternel; et l'enfant tou- che de trop prés à la mère pour ne pas se confondre en elle. Elle a énoncé cela simplement, naïvement, courageusement. Elle se sentait assez voilée de vertu pour ne pas imiter en cela la matrone de Perse. » Nous respecterons cette opinion, non moins que son au- teur. REGLEMENTATION DE L UNION CONJUGALE 147 son intelligence, et avec laquelle nous désirons en finir tout d'un coup. Nous nous bornerons à lui dire que la liberté la plus absolue n'a jamais fait contestation pour per- sonne, aux points de vue légal et physiologique. Que le point de vue moral ou religieux oppose seul un frein aux déviations. A ce sujet, nous avons écrit 400 pages, destinées à définir la liberté de l'homme et ses limites, à lui faire toucher du doigt le péril, et à rectifier les rapports conjugaux *. Nous n'y reviendrons pas. La deuxième catégorie d'époux renferme tous ceux qui attachent, et avec raison, selon nous, une importance souvent fort grande au choix des sexes, et principalement dans le grand courant de la vie, alors qu'on tiendrait à revenir sur les erreurs pas- sées et à réparer, si c'est possible. C'est pour ceux-là que nous écrivons. 1. Dr Courrier, L'avenir du mariage, ou d'usage et l'abus dans l'union des sexes. Paris. 1872. 48 RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE Ici, nous avons des distinctions et des classes à établir; mais elles sont faciles, et les époux viennent d'eux-même s'y ranger. Ce sont : Le mari fort i et la femme faible, voulant une fille (prop. n° 82). Le mari faible et la femme forte voulant un gar- çon (prop. nos 49 et suivants). Constitutions égales (prop. n° 87). Dans ces cas, que convient-il de faire? Dans les deux premiers cas, laisser agir la nature. Et la nature, qui ne se trompe jamais, comblera le vœu des époux. Dans le troisième cas, qui est encore assez simple, il faut légèrement affaiblir et fortifier. Il faut affai- blir celui des époux dont on désire le sexe, il faut diminuer sa vitalité et relever l'autre. Résultat certain et sans effort. 1. Les mots -.force ou faiblesse doivent être pris au figuré. Ils sont destinés à indiquer seulement le plus ou le moins de vitalité relative des conjoints. Cette note est prise afin de rendre à ces mots leur véritable portée, dont le sens usuel ne représenterait pas exactement la pensée de l'auteur. (Voir leur définition, chapitre 7% prop. n° 5q.) RÉGLEMENTATION DE L UNION CONJUGALE 149 Si, surtout, il se trouve, dans les ascendants di- rects des époux, des symptômes de faiblesse notable, du côté du sexe désiré, celui-ci se produira de lui- même, tout naturellement, et sans rien faire. Ce sera le choc en retour (chap. 111e, prop. nos 14 et i5, page 41). Si, au contraire, la même somme de vitalité exis- tait chez tous, on obtiendrait le résultat voulu, en affaiblissant légèrement la vitalité de celui des époux dont on veut obtenir le sexe. La nature se cabre, alors ; elle réagit. Tel est le principe. Quant à l'application pratique, elle est délicate, épineuse. La direction doit en être confiée à une main fort habile et très-exercée en ces matières. Ce qui signifie qu'on doit s'armer des conseils d'un praticien aussi instruit que sage, et qu'il serait imprudent de se lancer soi-même, et sans guide, dans un traite- ment quelconque. 50 REGLEMENTATION DK L'UNION CONJUGALE Pour le pronostic, sans traitement, il est excessi- vement difficile (voir les prop. de 5y à 60). La nature ne se trompe jamais, mais ses inter- prètes se trompent souvent ; et il est bien plus facile d'expliquer un fait accompli, que de le produire ou même de le prédire. Il est bien entendu que, si l'on se traite, les rap- ports maritaux doivent être supprimés, ou du moins suspendus, sauf exception décrite plus bas, pendant tout le temps du traitement, sous peine de manquer le but. Il y a donc un interrègne, ou il peut y en avoir un. Il est des pesonnes qui ne peuvent pas supporter l'interrègne sans faire une foule de... fautes. Cepen- dant, lorsqu'il est de peu de durée, l'abstention pure et simple des rapports maritaux semble seule être de mise. C'est le cas le plus ordinaire. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet. N'allons pas plus loin présentement, et traçons à grands traits RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE 1 5 I le régime : fortifier ou affaiblir momentanément la vitalité. Nous allons le faire autant qu'il soit possible de le faire dans un livre. Lorsqu'il ne s'agit que de donner un coup de fouet à l'économie, et non de lui imprimer des modifica- cations notables et durables, on peut employer les moyens suivants, qu'on trouve consignés dans les auteurs, dans le but d'obtenir un résultat inverse au nôtre, inverse à celui de la nature. Régime alimentaire fortifiant. Pendant les deux ou trois septénaires qui précè- dent les rapports utiles, la nourriture sera choisie parmi les aliments substantiels et azotés tels que : Potages gras, bon vin, biftecks, côtelettes et gigot de mouton, de chevreuil, gibier, le tout en variant les mets. Peu de fruits, en été. Les œufs et le pois- son peuvent être employés avec avantage. I 5 2 RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE Les légumes ne doivent pas être exclus de ce ré- gime, seulement, il faut veiller à leur accommode- ment. Dans tous les cas il ne faudrait pas, en suivant ce régime trop exclusivement, dépasser le but, c'est- à-dire se tonifiera l'excès. Car, on arriverait, par ce moyen, à l'irritation des voies digestives, aux con- gestions ; le but serait manqué, on obtiendrait un ré- sultat inverse à celui que l'on désire. Régime alimentaire débilitant. C'est le plus essentiel. C'est celui qui est le plus souvent mis en usage, parce que c'est ici le sexe le plus faible qui régit et fait la loi (c'est la loi du plus faible). Potages maigres^ et maigre chère. Viandes blan- ches, veau, poulet, agneau. Aliments féculents et mucilagineux. Soient : Toutes les pâtes , tous les légumes ; boissons aqueuses, rafraîchissantes, telles que la bière, l'eau rougie pendant le repas, et assez de fruits en été. (Régime diététique.) RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE I 5 3 Si l'on veut atteindre à un degré de débilité plus grand encore, il faut ajouter à ces moyens la diète modérée, le travail, l'eau à peine rougie prise en notable quantité, pendant le repas, les bains chauds et les lavements. Puis, enfin, si cela ne suffit pas, les boissons dé- layantes, les lavements émoliients et l'exercice du corps poussé jusqu'à la fatigue. Peu de tempéraments résistent à ce régime, lors- qu'il est suivi pendant un certain temps ; et il peut l'être, sans aucun danger. Il ne faut pas perdre de vue que l'affaiblissement ne doit être provoqué que passagèrement. Mais le régime alimentaire n'est pas, on le com- prend, la seule condition de la modification de la santé. Le répertoire hygiénique nous en fournit beaucoup d'autres, plus énergiques, plus cer- tains. Il est un état, surtout, qu'il est utile de signaler en finissant et sur lequel il est fort utile d'insister : c'est la convalescence des maladies aiguës. Alors que I 54 RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE les sens et les organes génitaux, se relevant de leur somnolence, commencent à secouer leur inertie, et à sortir de leur inaptitude ; que le corps fatigué, que l'économie déprimée, affaiblie, se trouve dans les meilleures conditions de génération et de sexualité tout à la fois (prop. 68). Celui qui désire tel ou tel sexe, désire d'abord un enfant. Le sexe n'est donc, pour lui, que le second but. Nous allons parler du premier. Nous avons dit partout que, pour concevoir, en dehors des conditions ordinaires, il fallait, soit un sujet faible, soit un affaiblissement passager, na- turel ou provoqué. Mais, lorsque la grossesse est obtenue, il faut veiller à ce qu'elle aboutisse. Les moyens à em- ployer pour cela rentrent dans la médecine géné- rale. REGLEMENTATION DE L UNION CONJUGALE I D > Mais ce qu'il est nécessaire d'ajouter ici, c'est que si une femme très-vigoureuse a pu, dans un petit moment d'affaiblissement passager, et dans ses rap- ports avec un mari faible, tromper momentanément la nature et concevoir malgré tout, sa conception a, contre elle, de grandes chances aléatoires. Si cette femme, de l'état de vigueur, passe à l'état de pléthore dans les premiers temps de sa grossesse, elle avortera très-facilement, malgré toutes les pré- cautions ou tous les ménagements qu'elle prendra. A moins que la nature ne pare à cet accident par des évacuations sanguines régulières, ou que la per- sonne ne soit soumise à un traitement hygiénique fort habilement combiné (prop. 52). Il est un vieux proverbe qui dit qu'il vaut mieux prévenir que réparer. C'est ici le cas, ou jamais. C'est encore au régime débilitant qu'il faudra avoir recours, mais nous ne saurions trop répéter ici qu'il faut s'aider des conseils d'un praticien éclairé *. i. Il ne serait peut-être pas inutile, dans ce cas, de s'assurer que les conseils émanent d'une personne dont les opinions sont identiques à celles de l'auteur. I 56 RÉGLEMENTATION DE l'uNJON CONJUGALE Nous avons établi dans nos fascicules précédents, douze influences principales qui ont, sur la con- ception, la non-conception et le sexe, une action certaine et souvent décisive. Autour d'elles vien- nent s'en grouper une foule d'accessoires ; car il est facile de comprendre qu'ici le nombre douze n'a rien de rigoureux. Elles ont été examinées et développées dans la première et la deuxième par- ties de ce travail auxquelles nous renvoyons le lec- teur !. En voici néanmoins le tableau synoptique. i° Influence de la santé des époux ou de l'un d'eux. 2° — des maladies des deux sexes ou de l'un des deux. 3° — de la convalescence des maladies ai- guës. i. Gourrier, Réglementation de l'union conjugale, première et deuxième partie, 1872. Fraissé-Cabarde's. (Aude.) RÉGLEMENTATION DE L'UNION CONJUGALE I 5y 4° Influence de la fatigue extrême. — Des exci- tations quelconques. 5° — de l'ébranlement moral ou physi- que. 6° — de l'âge des sujets. 7° — delà fréquence de l'acte générateur. 8° — de l'émaciation de l'homme. 9° — de la modération dans les services générateurs. io° — de Ja lactation. ii° — de la menstruation ou de la période intermensuelle. 1 2° — relative à la reprise des rapports ma- ritaux, i 3° — du calme et du secret dans les rap- ports sexuels. Ces influences doivent être envisagées à un point de vue différent selon le but qu'on se propose d'at- teindre, c'est-à-dire la favorisation de la conception, la préservation hygiénique de la grossesse , ou la I 58 RF.GLFMRNTATION DE L'UNION CONJUGALE fixation d'un sexe désiré. Et c'est pour l'avantage de nos lecteurs, et afin d'éviter les erreurs de prati- que que nous nous sommes décidé à scinder ou di- viser notre œuvre. C'est un sacrifice que nous avons cru devoir faire pour la plus grande facilité de tous ; de tous ceux, surtout, qui ne sont pas médecins. Revenons à présent à ce que nous avons appelé ^interrègne. C'est la suspension temporaire des rapports maritaux. Peu s'y décident. Nous ne voulons pas, contre la majorité, nous poser en juge. Mais nous voulons aborder la position telle qu'elle est , et non telle qu'elle devrait être. (Car les majorités n'ont pas tou- jours raison.) L'abstention pure et simple est de mise toutes les fois que le sujet a besoin de repos, a besoin de se fortifier, de se remettre, ou qu'il désire obtenir un sexe autre que le sien, pour prix de son sacrifice (prop. 83). RÉGLEMENTATION DE i/uNION CONJUGALE l5o, Dans le cas contraire, si l'homme, je suppose, vise à obtenir son propre sexe, il ne doit pas perdre de vue que c'est surtout par la santé et la vigueur de sa femme qu'il doit procéder (prop. 83). Qu'en conséquence l'exercice sexuel n'est nullement, pour lui, contre-indiqué, et qu'il peut le pousser même jusqu'à la fatigue et à la diminution de sa vitalité. Il est clair que, dans ce cas, l'épouse doit être soumise à la préservation hygiénique de la gros- sesse pendant le temps du traitement, à titre de ré- confortant. FIN, TABLE DES MATIÈRES Dédicace v Préface 7 CHAPITRE Ier. — Historique i3 Opinions des auteurs anciens î3 Opinions des auteurs modernes 17 CHAPITRE II. — Les lois de la sexualité et de la CONCEPTION 35 CHAPITRE III. — L'hermaphrodisme. — la séparation du sexe et du type. — la ressemblance. — le trio copulateur 41 La séparation du sexe et du type 44 La ressemblance 5o Le trio copulateur 5 1 CHAPITRE IV. — Prédomination générale du sexe masculin. — la profusion de la semence. — a quoi tient l'état précaire de la santé de la femme 54 CHAPITRE V. — Le fond et la surface bg CHAPITRE VI. — La loi du plus faible 62 CHAPITRE VII. — Les conditions de la conception ET DE LA PRODUCTION DES SEXES 68 CHAPITRE VIII. — Influence des épidémies, des ar- mées , DE L'ÉTAT DE PAIX ET DE LETAT DE GUERRE SLR LA SEXUALITÉ 79 CHAPITRE IX. — Comparer pour juger 80 CHAPITRE X. — Des réfutations 98 CHAPITRE XL — Nécessité de la réglementation de l'union conjugale 122 CHAPITRE XII. — La réaction 1 3 1 CHAPITRE XIII. — Consécration pratique de la 3e partie de la méthode de la réglementation de l'union conjugale 14b FIN DE LA TABLE DES MATIERES. Coulomfiiiers. — Typ. A. MOUSSIN 3 S06 I *%** < m mÊm 1 &¥*«^~-w"* :Wif